(Onze heures dix-sept minutes)
Le
Président (M. Habel) : Alors
à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de la culture et de l'éducation ouverte. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de procéder à l'étude
du volet Éducation préscolaire et enseignement primaire et secondaire des
crédits budgétaires du portefeuille Éducation, Enseignement supérieur et
Recherche pour l'exercice financier 2015‑2016.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacée par M. Morin
(Côte-du-Sud); M. Fortin (Sherbrooke) est remplacé par Mme Vallières
(Richmond); Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger) est remplacée par M. Auger
(Champlain); Mme Hivon (Joliette) est remplacée par M. Rochon
(Richelieu); et M. Turcotte (Saint-Jean) est remplacé par M. Bergeron
(Verchères).
Éducation préscolaire
et enseignement primaire et secondaire
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup, M. le secrétaire. Nous allons débuter par les remarques
préliminaires puis nous allons procéder à
une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant
les questions et les réponses. Et la mise aux voix des crédits sera effectuée
ce soir, à la fin de l'étude de ce volet.
Alors, comme
nous avons débuté nos travaux à 11 h 18 et qu'une période de deux
heures doit être consacrée à l'étude
de ce volet cet avant-midi, y a-t-il consentement pour poursuivre au-delà de
l'heure prévue, donc jusqu'à 13 h 18? Y a-t-il consentement?
Parfait.
Alors, nous allons débuter avec les remarques
préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 17 minutes.
M. François Blais
M. Blais : Merci, M. le Président.
Nous poursuivons aujourd'hui cet important exercice qu'est l'étude des crédits
du ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Au
cours de cette session, nous aborderons plus
en détail le volet Éducation préscolaire et Enseignement primaire et
secondaire. D'abord, pour ce premier tour
de parole qui m'est accordé, je présenterai quelques-uns des dossiers qui sont
prioritaires en ce moment au ministère, et ce, brièvement, car, vous le
savez, ils sont très nombreux.
Toutefois,
avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de saluer une nouvelle fois
mes collègues parlementaires qui
participeront aux échanges et remercier de leur présence les membres de mon
cabinet et les représentants du
ministère qui m'accompagnent, en particulier Mme Marie-Claude Champoux,
sous-ministre, et les membres de son équipe; et M. Stéphane
Gosselin, qui est à ma droite, directeur du cabinet, ainsi que des membres de
mon cabinet.
Je le disais lors de l'étude des crédits
provisoires du ministère, l'éducation constitue l'une des responsabilités
gouvernementales dont le budget de dépenses est le plus élevé. Celui-ci
atteint, en effet, 17 milliards de dollars cette année, tous ordres d'enseignement confondus, soit un budget en hausse de
plus de 2 milliards de dollars depuis 2010‑2011. Si l'on s'en tient
aux sommes affectées à l'enseignement primaire et secondaire, elles atteignent
plus de 9,2 milliards de dollars pour 2015‑2016. Ces investissements
attestent de l'importance que nous y accordons.
• (11 h 20) •
La majeure
partie de ces sommes est effectivement prévue pour l'organisation des services
éducatifs. Prenons, par exemple, les sommes dédiées au soutien des
élèves handicapés ou en difficulté qui ont été maintenues et même indexées annuellement au cours des dernières
années. En 2013‑2014, le ministère a consacré
2 280 000 000 $ aux services à ces élèves. Il s'agit
là d'un investissement majeur. Pensons également aux besoins en
infrastructures. Cette année, l'enveloppe budgétaire réservée aux commissions
scolaires dans le cadre du Plan québécois des infrastructures 2015‑2025 est de 1,4 milliard de dollars. Ces
investissements permettront encore cette année la réalisation de
nombreux projets, notamment d'ajout
d'espaces en formation générale et en formation professionnelle, le maintien de
bâtiments, d'embellissement de cours d'école.
Depuis la création du ministère de l'Éducation,
il s'est écoulé 50 années d'efforts et de succès qui ont fait progresser le Québec dans toutes les sphères
d'activité, et ce, de façon magistrale. Si l'année 2014 a permis de
souligner nos réussites passées, force est
de constater qu'un nouveau chapitre de l'histoire de l'éducation au Québec est
en train de s'écrire. Nous jetons dès maintenant les bases de nos succès
futurs et mettons en place les conditions qui permettront au système éducatif de relever les défis du
nouveau siècle : soutenir le réseau dans le développement des
compétences du XXIe siècle et dans son évolution au sein d'une société
numérique, améliorer l'efficience pour consacrer le plus de ressources financières aux services éducatifs,
poursuivre les efforts visant la réussite scolaire et l'adoption d'un
mode de vie physiquement actif, continuer à se démarquer parmi les meilleurs au
monde.
Pour être en
mesure de relever ces défis, il est impératif de dégager une marge de manoeuvre
qui nous permettra de diriger un
maximum de ressources vers les élèves. À cet égard, les contribuables québécois
sont en droit d'exiger que nous gérions
l'ensemble du système d'éducation de manière efficace, responsable, rigoureuse.
C'est ce que notre gouvernement a entrepris dès son arrivée au pouvoir
en nous engageant dans cette démarche de rigueur budgétaire. Nous avons dû, et auront encore à le faire d'ailleurs, prendre des décisions parfois difficiles, mais nécessaires
pour pouvoir conserver notre liberté de choix et celle des générations
qui nous suivent. Nous appelons à la collaboration des partenaires du milieu
dans cette période importante.
Ainsi, l'an dernier, le ministère a prêché par
l'exemple et posé des gestes concrets pour optimiser ses façons de faire et pour se recentrer sur sa mission
éducative, notamment en abolissant ses directions régionales.
Parallèlement, il a aussi lancé à l'ensemble
du réseau scolaire un appel à la rigueur, à l'innovation et à la collaboration.
Cette année encore, de nouveaux pas ont été franchis, seront franchis
sur la voie de l'efficience. Je pense notamment à la fusion du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport et de celui
de l'Enseignement supérieur et de la Recherche et de la Science, un
geste qui nous permet de tendre vers une
optimisation des effectifs et surtout un meilleur arrimage entre les différents
ordres d'enseignement.
Depuis mon arrivée en poste, j'ai également
poursuivi la réflexion quant à la modernisation du réseau scolaire. J'ai la conviction que nous pouvons
rendre le réseau scolaire public plus efficient, plus moderne pour la
réussite du plus grand nombre. Nous reconnaissons le travail de l'ensemble des
partenaires. Cependant, nous savons que nous pouvons
faire mieux. C'est pourquoi, avec l'équipe du ministère, j'étudie différentes
pistes d'action pour faire en sorte de mettre en place les conditions
permettant d'offrir, à la grandeur du Québec, des services toujours plus
performants et de qualité pour que tous les
élèves puissent bénéficier des mêmes chances de réussite, d'augmenter
l'efficience du réseau pour ainsi
dégager des ressources financières et les canaliser vers les services aux
élèves, d'actualiser les modes de gouvernance
du réseau scolaire, notamment par l'abolition des élections scolaires. Cette
démarche d'actualisation dans laquelle nous nous engageons nous
permettra de nous concentrer sur les enjeux qui sont au coeur de notre mission
et de recentrer les services vers les écoles afin que ce soit véritablement les
élèves qui en bénéficient.
Les grands enjeux et dossiers pédagogiques pour
2015‑2016. Tout d'abord, la valorisation de la profession enseignante et la formation des enseignantes et
des enseignants. Au-delà du processus de modernisation du réseau
scolaire, plusieurs dossiers retiendront
notre attention cette année. Laissez-moi vous les présenter brièvement. Je
tiens à rappeler que le Québec
possède l'un des meilleurs systèmes d'éducation au monde et que nos
enseignantes, nos enseignants font un travail remarquable. Pour
continuer de nous démarquer, nous devons toutefois poursuivre nos efforts
d'amélioration en continu.
J'entends
donc travailler à améliorer la formation des enseignantes et des enseignants
qui jouent un rôle central dans le
système d'éducation et dans la réussite des élèves. Transmetteurs de savoir et
intervenants de première ligne, ils se doivent d'être des modèles. S'il est essentiel de valoriser leur rôle, nous
devons également faire un effort supplémentaire pour que les meilleurs
candidats possible puissent accéder à cette profession importante pour nos
enfants et pour l'avenir de notre société.
Je souhaite
donc que nous rehaussions les exigences relatives à l'admission dans les
programmes d'enseignement, notamment
en ce qui a trait à la maîtrise du français. Je souhaite également faire la
promotion de l'accès à l'enseignement pour les diplômés issus de
disciplines fondamentales comme les mathématiques, l'histoire ou les sciences.
Deuxièmement, une stratégie de renforcement de
l'apprentissage des langues. Parmi les priorités, j'entends réserver une large place à l'amélioration et à la
mise en valeur de l'apprentissage du français, et ce, du préscolaire
jusqu'à l'éducation des adultes. Reflétant la priorité que le gouvernement y
accorde, l'amélioration du français se trouvera au coeur d'une stratégie de renforcement des langues. Je l'ai déjà dit à
maintes reprises, je crois profondément que l'école doit faire encore
davantage de place à la lecture, et ce, à tous les niveaux. Du temps de qualité
doit être dégagé chaque jour pour que nos enfants prennent l'habitude et
surtout développent le plaisir de lire, et nous y veillerons.
La stratégie de renforcement des langues inclura
également un volet consacré à l'amélioration des compétences en anglais langue
seconde, une demande d'ailleurs formulée par une majorité de parents. En effet,
dans le monde d'aujourd'hui, une
connaissance fonctionnelle de cette langue permet de s'accomplir sur plusieurs
plans, qu'on pense au marché du
travail, aux études supérieures, aux voyages, aux loisirs, sans compter l'accès
aux multiples sources d'information disponibles sur Internet.
L'une des façons de favoriser l'apprentissage de
l'anglais est de l'offrir de façon intensive en cinquième ou sixième année du primaire et de le rendre
accessible au plus grand nombre possible d'élèves. Très conscient des difficultés
particulières... particuliers, pardon, qu'il
aura à relever à cet égard, notre gouvernement est déterminé à en assurer une
implantation progressive et structurée, et ce, dans le respect du rôle du
conseil d'établissement de chaque école pour tenir compte de la réalité de
chaque milieu.
C'est cette même préoccupation de donner aux
élèves toutes les chances de réussir qui nous anime lorsque nous abordons le
déploiement de la maternelle quatre ans à temps plein en milieu défavorisé. En
cette deuxième année d'implantation, ce
service éducatif connaît un beau succès. En effet, alors qu'il comptait
50 classes en 2013‑2014, il s'étendait à 76 classes au début
de l'année scolaire en cours, et ce, partout au Québec. Près de
960 enfants profitent ainsi d'activités
diversifiées et signifiantes qui soutiennent leur développement global et à
long terme. Le déploiement se poursuivra.
Dans
un tout autre ordre d'idées, la prochaine année nous donnera l'occasion de
renforcer notre action en matière de lutte
contre la violence et l'intimidation à l'école. Je vous rappelle que, dans la
foulée du Forum sur la lutte contre
l'intimidation tenu en octobre dernier, le premier ministre s'est engagé à ce
qu'un plan d'action gouvernemental concerté
soit élaboré au cours de l'année 2015. Important partenaire de la démarche
menée par ma collègue la ministre de la Famille, ministre responsable
des Aînés, ministre responsable de la Lutte contre l'intimidation, le ministère
de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur
et de la Recherche collabore aux travaux, partage l'expertise qu'il a
développée dans ce domaine.
Devant les enjeux de
société préoccupants que sont la violence et l'intimidation, nous devons nous
assurer de la cohérence des actions des
écoles avec celles de l'ensemble de la société. Je suis convaincu qu'un tel
arrimage de nos actions permettra d'accentuer le mouvement de
mobilisation de l'ensemble de la société pour faire en sorte que le Québec soit
un endroit encore plus inclusif, respectueux, sain et sécuritaire.
En
conclusion, parallèlement à l'avancement de tous ces dossiers pédagogiques,
nous poursuivrons nos actions visant
la persévérance et la réussite scolaire, l'éducation tout au long de la vie et
la lutte contre l'analphabétisme, autant d'enjeux stratégiques pour le développement et l'avancement de notre société.
À mon sens, les défis de taille qui se posent à nous
justifient pleinement les efforts que nous consacrons à assainir les finances
publiques, à réduire la bureaucratie, à
simplifier les structures du réseau. Puisque notre développement et notre prospérité collective sont liés à notre
capacité de former avec succès des citoyens éclairés et outillés adéquatement,
nous avons besoin de cette marge de manoeuvre qui nous permettra de diriger un
maximum de ressources vers les élèves.
Voilà qui complète ce
survol des actions ministérielles à venir dans le secteur de l'éducation
préscolaire et de l'enseignement primaire et secondaire. Nous sommes maintenant
prêts à répondre à vos questions, chers collègues.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le ministre. Je tiens à mentionner
que le temps non utilisé par un groupe parlementaire pour ses remarques
préliminaires est toujours ajouté à son enveloppe de temps globale.
Alors, maintenant, je suis prêt à entendre la
porte-parole de l'opposition officielle et députée de Pointe-aux-Trembles
pour faire ses remarques préliminaires pour un maximum de 10 minutes.
Mme Nicole Léger
Mme
Léger : Merci, M. le Président. Alors, je salue les collègues
du deuxième groupe d'opposition, je salue le ministre et son équipe, son personnel, les collègues ministériels,
évidemment tout le ministère, je sais que c'est toujours beaucoup de
travail à préparer, les crédits, toute cette étude de crédits.
Par
contre, vous allez comprendre que je suis toujours quand même très, très
chanceuse, comme d'autres collègues, de
pouvoir faire cette étude de crédits là et d'être capable de porter la voix de
la population, mais particulièrement des jeunes, et des parents du Québec, et tout le personnel des enseignants,
la direction d'écoles, les professionnels du monde de l'éducation, qui
s'attendent à ce qu'on puisse avoir des réponses du ministre aujourd'hui par
cette étude de crédits.
Je
suis, en même temps, autant heureuse de pouvoir le faire pour parler en leur
nom, mais autant très triste et avec même
un brin de colère avec ce qui se passe depuis la dernière année. Et je peux
comprendre que le ministre est en poste depuis quelques mois... je ne sais plus combien de semaines, mais
j'espère qu'il ne nous dira pas ça aujourd'hui parce qu'il y a quand même des gens autour de lui qui
sont là depuis pas mal plus longtemps que le ministre actuellement. Et
j'ai une tristesse, évidemment, parce que ça ne va pas bien en éducation
présentement. C'est même très triste, ce qui se passe en éducation
présentement.
Et
le ministre nous a parlé de quelques pistes d'action qu'il veut faire, là, mais
je pense que, dans le quotidien, ce n'est pas ça qui se passe. Il y a
trois mots, présentement, dans le quotidien, de ce qui se passe avec le
ministère de l'Éducation, c'est :
bricolage, cafouillage, coupes sauvages. C'est ce qui se passe, actuellement,
dans le milieu de l'éducation, c'est
ce qui se passe, actuellement, sur le terrain. Alors, je ne peux pas être très
heureuse aujourd'hui de parler des coupures, qui sont importantes
actuellement puis qui vont avoir des conséquences parfois désastreuses et
parfois catastrophiques dans les régions du
Québec. Et ça, le ministre, il va falloir qu'il nous réponde aujourd'hui. Pour
moi, c'est important d'être capable
de demander au ministre toutes les implications et les effets directs et
indirects des coupures de ce gouvernement-là devant nous. Et, en même
temps, on s'attend à un plan d'éducation. Il a beau nous sortir quelques éléments que j'entends dans les remarques
préliminaires du ministre, mais, en même temps, quand on voit qu'un plan
d'éducation va peut-être se faire en 2020‑2025, je ne sais pas, mais moi, je
pense qu'on est en 2015, je crois qu'on est en 2015.
Alors, la dernière
année qu'on vient de passer... parce qu'on fait l'étude des crédits de cette
année-là, 2014 à 2015, du 1er
avril 2014 au 31 mars 2015, et... Je ne sais pas, mais, si on pose la
question à quelqu'un, on ferait juste un vox populi : Qu'est-ce que vous avez entendu de l'éducation des
dernières semaines, derniers mois et de la dernière année?, j'espère qu'on aura une réponse intelligente à
donner aujourd'hui, parce que, si je regarde le gouvernement devant moi,
dans la dernière année en éducation, à part
des éléments que je vais vous conter un petit peu tout à l'heure puis qu'on va
avoir le temps de se reparler, je ne vois
rien de positif qui s'est passé la dernière année, à part de quelques annonces
par-ci, par-là, là. Moi, je parle
d'une vision puis je parle de la suite des choses, je parle de construire le
Québec, je parle des effets directs sur nos jeunes puis la réussite
scolaire.
J'entends
le ministre, des fois, dire : La réussite scolaire, la réussite scolaire.
Mais, quand on voit des coupures drastiques...
des coupures draconiennes, pardon, qui est le vrai terme français, je ne pense
pas qu'il y ait de quoi se réjouir.
Alors, M. le
Président, je vais garder mon temps pour les questions plus précises par après.
Alors, je tiens à dire que je ne vois pas... Le ministre devant moi, j'espère
qu'on ne pourra pas toujours dire que c'est le ministre de la décroissance,
mais que ce soit le ministre qu'on est fiers en Éducation au Québec.
Le
Président (M. Habel) :
Merci, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles. Alors, un temps de six minutes sera
ajouté à votre enveloppe globale.
Maintenant, je suis prêt à entendre le porte-parole
de la deuxième opposition et député de Chambly pour faire ses remarques
préliminaires pour un maximum de sept minutes.
M. Jean-François
Roberge
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Alors, je salue aussi, évidemment,
la présence du ministre, de mes collègues parlementaires au gouvernement, de toute l'équipe ministérielle, qui, on le
sait, travaille très, très fort, évidemment
de ma collègue de l'opposition officielle.
Alors, ces
remarques préliminaires, je vais les faire, j'espère, assez brièvement pour
laisser plus de temps possible aux
questions, mais quand même je pense que c'est important de jeter les bases
puis d'y aller avec, peut-être, des énoncés de principes qui sous-tendent
ensuite les questions et les orientations.
Au coeur de l'engagement politique de ma
formation et au coeur de mon engagement politique aussi, il y a le principe de l'équité entre les générations. Et
c'est un principe au nom duquel on peut faire bien des choses. Comme on
peut faire dire aux chiffres tout et son contraire, on peut, au nom du principe
d'équité entre les générations, faire des choses
formidables et des choses aussi terribles. D'atteindre l'équilibre budgétaire au nom de l'équité entre les générations,
c'est la moindre des choses. Je pense que c'est une évidence, enfin dans notre
contexte démographique. Si on avait quatre enfants ou cinq enfants par famille,
ce serait peut-être autre chose, mais, dans notre contexte démographique,
d'atteindre l'équilibre budgétaire, c'est nécessaire.
Maintenant, comment on le fait? Voilà toute la
question, parce que, dans une vision à long terme qui vient justifier cette atteinte de l'équilibre budgétaire, il faut voir un continuum puis il faut penser
que ce n'est pas une industrie, une entreprise qui fait une
rationalisation pendant deux, trois ans puis qui va développer des marchés
dans les années à venir. Le gouvernement, c'est du monde, c'est des jeunes, puis, quand on parle d'éducation, c'est la jeunesse. Donc, on ne peut pas, pendant deux, trois
ans, sacrifier des jeunes en disant : Bien, plus tard, ça ira mieux, parce
que, pour eux, ça n'ira pas mieux. Ce n'est pas possible de rattraper le tort
qui peut leur être fait.
Et depuis — je
l'ai répété à quelques reprises, mais je pense c'est important — très
longtemps, depuis 1608 et avant, nos
ancêtres et les immigrants qui se sont joints à nous ont toujours
essayé de laisser mieux à la génération qui s'en vient, bâtir et laisser
mieux, ne pas faire des châteaux de sable. On fait un château de sable, c'est
bien amusant; arrive la marée, il ne reste
rien. Ça, ce n'est pas bâtir pour les générations à venir. Mais je pense qu'au Québec
les acteurs, de manière générale, et
les gouvernements, de bonne foi, ont
essayé de laisser mieux à la génération à venir. Et, en éducation, c'est
l'essence même de ça, donc, de bâtir, puis de donner aux jeunes des compétences pour
s'actualiser et bâtir un Québec qu'ils vont laisser à leurs enfants, et
ainsi de suite.
Donc, s'il y a
un domaine où on ne peut pas diminuer la qualité et la quantité des services au
nom de l'équité entre les
générations, bien, c'est l'éducation. On peut réorganiser, on peut administrer autrement,
on peut améliorer l'efficience, on ne
peut pas diminuer la quantité et la qualité de services directs aux élèves au
nom de l'équité entre les générations pour ces mêmes élèves. C'est le pire des sophismes, là. On se doit d'aider
plus, on se doit de trouver des façons d'aider mieux nos jeunes, on ne
peut pas les aider moins.
Pourtant,
c'est ce qui nous semble... c'est ce qui arrive. C'est ce que disent les
acteurs directs sur le terrain, c'est ce que disent les parents, les
professeurs. Évidemment, chacun des groupes, des fois, est représenté par des
groupes de pression qui ont leur agenda,
leurs intérêts, autant le gouvernement que des commissions scolaires, que des
fédérations de tous groupes, mais, quand on questionne directement les gens
directement sur le terrain, là, qui ne sont pas à travers un porte-parole, ils nous disent la vérité. Et on
n'aide pas plus, on n'aide pas mieux, on aide moins nos jeunes à
réussir. Et ça, bien, c'est un constat extrêmement grave qui nous dit qu'on ne
va pas dans la bonne direction, et on ne peut que le déplorer.
• (11 h 40) •
Je pense que l'éducation, des fois, on l'entend,
on entend parler que c'est un service essentiel. On ne peut pas seulement
penser que c'est un service essentiel pour limiter la capacité des
regroupements, là, à faire des moyens de pression.
Si c'est un service essentiel, bien, les enseignants doivent enseigner, j'en
suis, mais le gouvernement doit s'assurer de ne pas lui-même couper dans les services essentiels, sinon on va
faire appel à qui? Normalement, c'est le gouvernement qui doit s'assurer que les services essentiels
sont rendus. Si le gouvernement lui-même sabre dans l'éducation, il est
où, le mécanisme d'appel? Ça n'a pas de
sens. Ça n'a pas de sens, c'est lui qui devrait être le premier défenseur de la
jeunesse et des services qu'on leur offre
pour atteindre cette fameuse égalité des chances. Et l'égalité des chances, ça
ne veut pas dire l'égalité des moyens. On peut aider plus certains, on
peut donner une aide supplémentaire par région, par école, par élève avec des mesures professionnelles, mais il
faut atteindre cet objectif-là et ne pas confondre l'objectif et les
moyens. Et, quand on coupe dans les moyens, bien, évidemment, c'est plus
difficile d'atteindre l'objectif.
Alors, je vais m'arrêter ici en espérant avoir
des réponses aux questions aujourd'hui. Et même je vais avoir un petit peu plus
d'espoir que ça, non seulement avoir des réponses aux questions, mais même des
engagements à faire mieux. Merci.
Discussion générale
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup, M. le député de Chambly. Alors, je suis maintenant prêt à
donner la parole à la porte-parole de l'opposition officielle pour un premier
bloc de 27 minutes.
Mme Léger :
Merci, M. le Président. Alors, il y a quelques semaines, lors de l'étude du
quart des crédits, le ministre de l'Éducation a avoué que les écoles du Québec
subiront des compressions au moins aussi importantes que l'an dernier. On a parlé, l'an dernier, de
150 millions, les commissions scolaires parlent de 350 millions.
Alors, de ce que j'entends du
ministre, c'est au moins... à peu près 150 millions... si c'est similaire.
Mais on doit quand même se dire que ces
coupures, aujourd'hui, elles deviennent comme cumulatives. Le 150 millions
de l'année passée, il n'aura pas le même effet que le 150 millions d'aujourd'hui, parce que celui de l'année
passée, il est fait, on l'a déjà coupé. Alors là, on en ajoute encore 150 millions cette année. Je vais
faire un petit résumé un peu de l'histoire de la dernière année, quand je vous
dis : Ça se résume en trois mots, bricolage, cafouillage, coupes sauvages.
Bricolage, il
faut quand même se dire que tout ce qui s'est passé dans les fusions de
commissions scolaires qui se faisaient
sur un bout d'une carte, sur un bout de table n'importe comment, j'ai prié le
ministre à ce qu'il puisse nous la déposer,
qu'on puisse avoir un projet de loi, qu'on puisse travailler sur quelque chose.
Ça a été de périodes de questions en
périodes de questions où, toutes les fois que j'intervenais, j'avais toujours
des réponses assez évasives, puis ça demeurait toujours quand même un
bricolage sur un coin de table.
Cafouillage,
évidemment, parce que je pense qu'on n'est pas sans savoir de la dernière
année — ça a
coûté même le poste du ministre,
votre prédécesseur — différentes
déclarations d'un bord et de l'autre, qu'on parle d'achat de livres,
qu'on parle des fouilles à nu, qu'on
parle... bon, on aurait une liste, une litanie de déclarations malheureuses,
malencontreuses. C'est notre dernière année, ce cafouillage-là.
Et là,
mettons, on est rendus encore avec des coupes que je dis sauvages parce
qu'évidemment il faut parler du cumulatif
de ces coupes-là, qui va être des résultats difficiles pour la suite des choses
de toutes les écoles du Québec. Mais la
stratégie du gouvernement s'est faite en deux temps : la première, c'est
un peu... c'est le déni, de dire : Non, non, non, il n'y aura pas de coupes, il n'y aura pas de coupes,
c'est non, il faut qu'ils aillent dans les frais administratifs puis il
faut s'assurer que c'est des décisions des écoles du Québec, des commissions
scolaires, c'est leur décision. Moi, je leur demande
quand même cette coupure de 150 millions, mais il ne faut pas que ça
touche aux élèves, il ne faut pas que ça touche aux services pour l'aide aux enfants en difficulté, il ne faut
pas que ça touche à l'aide alimentaire, il ne faut pas que ça touche à
l'aide aux devoirs, etc.
L'an passé,
le ministre nous avait dit qu'il était pour publier les règles budgétaires...
Quand il publierait les règles budgétaires, ça donnerait, dans le fond,
un résultat avec le même type de déni. En fait, il n'a pas donné le choix aux écoles : Vous devez couper, puis voici la
liste de programmes à couper. Et on a un ensemble de coupures possibles
parce que l'enveloppe était globale, puis anciennement l'enveloppe était dédiée
particulièrement pour mieux répondre aux besoins
des élèves, l'ensemble de l'enveloppe des besoins aux élèves... il y avait
l'aide alimentaire, évidemment,
l'aide aux devoirs, Écoles en forme et en
santé, lecture à l'école, amélioration du français, prévenir l'intimidation et
la violence dans les écoles, les
besoins particuliers, l'accueil et la francisation. C'est une liste
d'allocations qui ont été regroupées au sein d'une même enveloppe, qui,
anciennement, étaient des enveloppes dédiées spécifiquement.
Mais là en donnant une enveloppe... en ayant
l'allocation générale, ce que les commissions scolaires ou les écoles demandaient... Par contre, quand tu la
coupes puis là tu dis : Je vous la coupe, bien là, vous-mêmes, là, les
écoles, coupez où vous voulez dans ça... Ça
fait que c'est un peu une sous-traitance. Si on envoie ça, là, on fait la
coupure générale puis on dit : Maintenant, c'est à vous à couper, alors là on dit à nos commissions scolaires ou à nos écoles du Québec : Bien,
coupez où vous voulez. Donc, on refile la facture, dans le fond. On refile le
fardeau de cette coupure-là directement aux écoles.
Puis là, bien, maintenant, après des mois qu'on
a nié les faits, le gouvernement a fini par être rattrapé par la réalité, les coupes libérales frappaient vraiment durement les écoles, puis il a fallu
qu'on rattrape tranquillement chaque fois. Donc, on ne touche pas, ne touchez pas, puis nous, on n'est pas responsables.
On envoie ça dans les commissions scolaires, on envoie ça dans les écoles du Québec, puis ce n'est pas de notre
faute. Mais maintenant on reprend la même chose. Alors là, on se retrouve, maintenant, cette fois-ci,
devant le ministre, qui nous dit : Je vais vous demander d'aller dans les
frais administratifs, ça va être difficile.
Parce que le premier ministre nous a dit ça. Je suis allée aux crédits avec le
premier ministre, le premier ministre a dit
ça, c'est la semaine passée, il a dit : On le sait que ça va être un
moment difficile, mais, vous savez,
je pense qu'il y a lieu... puis on se dit ça, et on est capables que ça ne
touche pas le service aux élèves, puis qu'on est capables de... puis
essayez d'aller dans l'administratif, puis ne touchez pas ailleurs.
Alors, M. le Président, c'est évident que ce
n'est pas ça qui se passe présentement. On constate que la même tactique se fait en cette deuxième année là et
c'est encore au moins, tout au moins, comme dit le ministre,
150 millions qu'il va y avoir de
coupures. Alors, comment pensez-vous... M. le Président, comment le ministre
peut penser que ces coupures ne toucheront pas les élèves directement?
Comment il pense que les écoles du Québec vont faire avec ce cumulatif-là de
coupures? Voilà la question au ministre.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Alors, une réponse courte
pour commencer : Ils vont le faire parce qu'ils l'ont fait dans le passé. Parce qu'on est passés au travers dans le passé,
on va passer au travers aussi cette année. C'est un test pour la
solidarité, là, des Québécois, là, cette
année, hein? C'est un test pour la solidarité et à ceux qui vont se solidariser
de la situation. On espère que ce
sera le plus grand nombre. Il y a beaucoup de choses qui ont été dites, puis,
d'une certaine façon, je pense que, pour ouvrir un débat, s'entendre sur
une base factuelle commune, c'est toujours utile, hein? Parce qu'une fois qu'on
a une base factuelle commune on peut ensuite argumenter peut-être sur les valeurs
ou sur les arbitrages à faire. Donc, il faut
bien comprendre, hein, que l'effort, et... alors, l'effort que l'on fait au
Québec, il est réel et il est important. Nous avions à résorber
7 270 000 000 $. Ça, c'est les chiffres du Vérificateur
général quand nous sommes arrivés. Il fallait résorber
ça, on a décidé de le faire sur deux années complètes. Donc, nous sommes dans
la deuxième année. C'est impossible pour le ministère de l'Éducation...
Mathématiquement parlant, M. le Président, c'est impossible pour le ministère de l'Éducation de ne pas faire une
contribution, hein, à cet effort-là, compte tenu de l'importance qui se
joue, hein, le poids qu'il détient sur le budget du Québec.
Ce n'est pas
la première fois que ce type d'effort là est demandé au Québec. C'est pour ça
que j'ai commencé en disant : Ça
s'est déjà fait par le passé, et même on a fait plus dans le passé, là, que ce
qu'on attend des Québécois et du milieu
de l'Éducation, là. Quelques chiffres, hein : 1996 à 1998, la diminution
du budget du ministère de l'Éducation, 3,9 %...
en 1996‑1997, pardon; 1997‑1998, 5,8 % de diminution du budget du
ministère de l'Éducation par nos collègues du Parti québécois; 1998‑1999,
une diminution de 0,4 %.
• (11 h 50) •
J'ai ici un
extrait du Soleil du 28 mars 1996, le titre : L'éducation
écope — c'est
sous le Parti québécois — Des compressions sans précédent de quelque
600 millions de dollars. En
dollars d'aujourd'hui, ça serait autour de 900 millions de dollars. Et c'est curieux, j'étais dans le secteur
de l'éducation à l'époque, je me souviens très bien de cette période-là,
ça avait aussi touché les universités. Je me souviens très bien des
conséquences, on a pris un certain retard au niveau de l'embauche des
professeurs. Il y a eu gel d'embauche des professeurs pendant une année ou deux
et ensuite — tiens
donc! — il y a eu une relance au niveau du
financement. On a atteint des périodes... en 2007‑2008, augmentation de
6,1 %. Et je me rappelle de cette
période-là, j'y étais, j'étais directeur de département. Il y avait des
capacités, des possibilités d'embaucher des professeurs, donc il y avait
vraiment, là, une relance, parce qu'il y avait des possibilités qui étaient ouvertes.
Et il y a eu, donc, de très bonnes années. Je continue : 2008‑2009,
6,8 % d'augmentation au ministère de l'Éducation, ensuite on a du
2,4 %, on a du 3,6 %, du 2,5 %, etc.
Donc, ici,
là, il me semble qu'on peut avoir une base factuelle commune, hein? Il y a une
année difficile à traverser, elle est
nécessaire. C'est impossible de penser que le ministère de l'Éducation ne
contribue pas à l'équilibre budgétaire. Maintenant, c'est une question, ensuite, si on s'entend sur cette base
factuelle là, de voir quels sont les meilleurs choix possibles et ce que nous envisageons, que nous
avons déjà envisagé et que nous envisagerons, là, pour la prochaine
année. Mais c'est sûr que tout le monde doit faire un effort.
Et moi, je me
souviens... je regarde, là, 1998‑1999 sous le Parti québécois, dernière année
des grosses coupures, 0,4 %. 1998‑1999, je suis professeur,
enseignant, ma première année sabbatique, 90 % de mon salaire plus, hein,
des montants de dépenses importants pour
faire un séjour à l'étranger. Donc, malgré ce contexte de coupures, hein, bien,
les professeurs de l'Université Laval, là...
je suis sûr, les professeurs des autres universités au Québec continuaient à
vivre, continuaient à pouvoir se déployer, faire des séjours à l'étranger, etc.
Donc, ce que
l'on fait aujourd'hui, là, ce n'est pas nouveau, ça s'est déjà fait, et bien
pire. Et aujourd'hui je ne veux pas
accuser le Parti québécois de l'avoir fait, je dis simplement que nous avons
passé au travers. Et en plus on a connu de meilleures années par la suite et on a pu se refaire. Et ceux qui sont
dans le milieu de l'éducation comme moi, qui ont été témoin de cette période-là ont bien vu le
rattrapage qui a été fait, notamment dans les universités, ce que je
connaissais mieux, disons, à cette époque.
Donc, c'est
le message qu'on doit lancer à la population : Il y a un effort réel, on a
déjà fait des efforts beaucoup plus importants dans l'histoire récente
du Québec, on a passé au travers. Je suis certain, là, qu'il y a eu, hein, des
conséquences, etc. Peut-être que, dans certains cas, dans... comme à
l'Université Laval, diminution de l'embauche des professeurs pendant un certain
temps... mais on s'est refaits par la suite. Et, moi, c'est le message d'espoir
et de solidarité que je veux lancer, là, aux Québécois pour la prochaine année.
Le Président (M. Habel) : Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
M. le Président, on entend à la fin un message d'espoir et de solidarité... Je
pense que le ministre... je pense
qu'il ne réalise pas... Je peux bien comprendre qu'il parle qu'au fil des
années le ministère de l'Éducation est un ministère important, puis
qu'il a à faire certaines compressions, puis qu'au fil des années il y en a
toujours eu pour... mais ce n'est pas de ça
que je lui parle, M. le Président. Ce n'est pas ça que je dis au ministre,
particulièrement. C'est qu'il y a un cumulatif de coupures, puis qu'à un
moment donné l'élastique est rendu à son maximum.
Est-ce qu'il sait qu'en 2015, qui s'en vient, on
est au maximum? Alors, il me fait la litanie que c'est normal qu'il y ait des coupures, c'est toujours
difficile, il y en a eu avant, il y en a toujours eu, ta, ta, ta. Là n'est pas
la question, présentement, M. le
Président. La question est : Actuellement, actuellement, en 2014 et 2015,
les coupures qui viendront ou qui
sont en train de se faire seront difficiles à absorber pour la suite des
choses. En ayant un discours de réussite éducative, en ayant un discours
d'aider nos enfants en difficulté, en ayant un discours d'aider nos enfants
dans des situations particulières, en ayant
un discours de vouloir que les enfants du Québec puissent mieux réussir, si...
en même temps, il fait ce
cumulatif-là, qu'il arrive aujourd'hui à faire ces coupures-là, c'est sûr qu'il
y a un impact. Puis j'aimerais que le ministre puisse le réaliser et non
pas simplement nous dire aujourd'hui que c'est normal qu'il y ait des coupes,
puis c'est... on doit tous faire ça, chaque ministère.
Je lui pose
une question encore plus précise : Il y a des règles budgétaires qui
doivent être annoncées bientôt... Et j'ai fait une motion tout à l'heure
en Chambre : «Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement que les
règles budgétaires qui seront prochainement remises aux commissions scolaires
protègent explicitement les services directs aux élèves, dont notamment l'aide
aux devoirs, l'aide alimentaire et l'achat de livres.» C'est cette motion-là, tout
à l'heure... Le gouvernement n'a pas accepté d'être en accord, de donner son
consentement par rapport à cette motion-là.
Donc, ce que je veux entendre du ministre : Les prochaines règles budgétaires,
est-ce qu'il va protéger les services aux élèves?
Le
Président (M. Habel) : M. le ministre.
M. Blais :
Donc, je n'annoncerai pas aujourd'hui les règles budgétaires, là, du budget qui
débute, ni demain. Avant, il y a
encore un peu de travail à faire au
niveau du ministère
sur ces règles budgétaires. On doit ensuite rencontrer des commissions
scolaires, voir si on s'entend bien,
si on a une compréhension commune. Parfois, c'est un peu complexe. Par
la suite, les règles budgétaires, là, seront, bien sûr, présentées.
L'enjeu, là, pour les
règles budgétaires, le scénario est assez simple, hein? Les commissions
scolaires nous ont demandé, dans un contexte
d'effort budgétaire, d'avoir une plus grande latitude par rapport aux règles budgétaires et pouvoir faire des choix. L'argument
est valable prima facie, c'est : Nous sommes plus près de notre réalité et
nous connaissons nos besoins, etc. Les
règles budgétaires, un peu à ce qui est proposé par ma collègue,
là, les règles budgétaires qui
viennent du ministère, qui sont
enfoncées dans la gorge des commissions scolaires parfois sont contre-productives,
elles ne nous permettent pas de faire des
choix intelligents. Laissez-nous à nous qui sommes près, là, des élèves, de
leurs besoins, de situations
particulières qui varient, là, d'une commission scolaire à l'autre,
laissez-nous la possibilité de faire des choix.
Je dois avouer que,
hein, je suis certain, dans beaucoup de cas, ça a été une bonne mesure. Dans
beaucoup de cas, dans beaucoup de commissions scolaires, il y a eu des choix
intelligents — on
n'en parle pas suffisamment, malheureusement — qu'on n'aurait pas faits au ministère, c'est
clair. Mais, on le sait bien, il y a eu un certain nombre de choix qui
ont fait les manchettes et qui aujourd'hui nous font réfléchir sur cette
demande qui est réitérée par les commissions scolaires de leur laisser la plus
grande latitude possible.
Le Président (M.
Habel) : Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme
Léger : M. le Président, je ne veux pas nécessairement savoir
la date et l'heure qu'il va déposer les règles budgétaires, je veux
savoir s'il va protéger explicitement les services directs aux élèves. C'est
ça, ma question que je demande au ministre.
Mais
en même temps je veux en profiter pour revenir sur le rapport de la firme
Raymond Chabot Grant Thornton... que
j'ai posé à la période de questions ce matin. Il m'a dit qu'il était très en
accord avec le rapport ce matin. Il m'a laissé entendre que c'était un bon rapport, les recommandations... bien, la
moitié de ces recommandations-là, parce que... des recommandations pour
une des coupures de 40 quelques millions de dollars, 40,6 millions de
dollars, et il y en a 22,4 millions qui
touchent directement les professionnels : 93 professeurs au primaire
et secondaire régulier que le rapport nous
dit de couper, 36 orthopédagogues — on sait le travail des orthopédagogues dans
les écoles, c'est majeur pour l'aide avec les enseignants — 56 professeurs
pour les jeunes handicapés ou en trouble d'apprentissage, 27 techniciens
en éducation spécialisée, huit préposés aux
handicapés. C'est ça, les mesures du rapport Raymond Chabot Grant
Thornton, c'est ça, le rapport. Alors, M. le
Président, quand je dis au ministre : Est-ce qu'il va, dans les règles
budgétaires, protéger explicitement
les services directs aux élèves dont notamment l'aide aux devoirs, l'aide
alimentaire, l'achat des élèves... mais c'est aussi lorsqu'il me dit que, dans le rapport qui a été soumis,
qu'il est d'accord avec les mesures, c'est des mesures d'aide directe
aux enfants... Alors, est-ce que le ministre est d'accord avec ces mesures-là
ce matin?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
• (12 heures) •
M.
Blais : Donc, que je crois, là, qu'il y a une lecture un peu biaisée
du rapport et que les informations, là, qui ne sont pas nécessairement
disponibles, et que ma collègue a peut-être obtenues des sources de la CSDM,
hein...
Le premier élément
qu'il faut retenir du rapport, c'est la page 1, hein, parce que, dans la
page 1 — je
vais me permettre à mon tour de lire — on dit : «En termes de taille, la CSDM
est deux fois plus grosse que la deuxième plus grosse commission
scolaire au Québec, soit la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys. La CSDM
dispose de 211 % du budget de Marguerite-Bourgeoys, de 208 % de son
nombre d'établissements et de 196 % de son nombre d'employés. Toutefois, le nombre d'élèves est seulement — seulement — 77 % plus élevé. En fonction de
comparables, on investit entre
75 millions et 136 millions de plus à la CSDM par élève. Les EHDAA
constituent 28,6 % de la clientèle de la CSDM, ce qui est [...]
plus élevé que le réseau, dont le taux s'élève à 25,8 %.»
Mme
Léger : ...j'ai demandé au ministre s'il va faire les coupures
que le rapport lui demande, de 22 millions sur 40 millions, et je lui ai bien dit que
c'étaient les professeurs, les orthopédagogues... pour protéger les jeunes
handicapés, à la page 27 de la section D5.
C'est la moitié, 22 millions sur 40 millions. C'est ce que je pose
comme question au ministre.
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : M. le Président, ma réponse c'était de la ramener à la page 1,
qui montre l'écart de ressources favorable à la CSDM et ensuite situer
l'extrait que ma collègue utilise.
Il
y a deux moments dans le rapport. Il y a la possibilité, pour 2016‑2017, pour
la CSDM, de revenir à l'équilibre budgétaire.
J'espère bien, hein, qu'elle va y arriver. C'est très clair qu'elle peut y
arriver. Ensuite, il y a une question à long terme : Est-ce que la
CSDM peut traverser, hein, une période de coupures en se réorganisant, en
redéployant ses services? Et là, bien sûr,
il y a un ensemble de propositions, elles sont multiples. On retient les
propositions, là, qui nous intéressent le plus. De l'autre côté, il y a
plusieurs propositions qui montrent que les écarts sont très importants en terme de ressources et, à la faveur de la CSDM,
qui nous indiquent, quand on regarde les extrants, c'est-à-dire quand on
regarde les résultats, la réussite, qui nous
indiquent que ce n'est pas nécessaire nécessairement d'avoir ce même type
de déploiement pour arriver à des résultats qui sont valables.
Mme
Léger : M. le Président, bienvenue au ministre qui a eu besoin
d'un rapport pour se faire dire qu'il y a une clientèle plus lourde à
Montréal parce que plusieurs écoles accueillent des enfants en difficulté qui
viennent d'un peu partout aux alentours de
Montréal et de l'île de Montréal. Alors, il a eu besoin d'un rapport pour qu'il
voie ça. Mais, en même temps, le
ministre ne peut pas me dire : Il y a d'autres choses dans le rapport. La
moitié des recommandations, un peu plus, 22 millions sur 40, il y a
plus de la moitié des recommandations, c'est des coupures de postes, des
coupures d'aide aux enseignants dans les
écoles, d'aide à nos jeunes en difficulté, d'aide à nos personnes... enfants
handicapés, d'aide pour toutes sortes
de soutiens à nos enfants qui ont des situations particulières. C'est ça, le
rapport. Alors, le ministre, il peut bien
me dire qu'il peut regarder ailleurs, mais c'est ça que ça veut dire, le
rapport. Est-ce qu'il va couper ces mesures?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Écoutez, là, les demandes qui sont faites à la CSDM, c'est
9 millions, là, d'ici 2016‑2017. C'est quoi? Mais ce n'est pas 1 % de son budget, qui est
un budget de 1 milliard de dollars. On n'en demande pas plus à la
CSDM, soit dit en passant, qu'on en demande
aux autres commissions scolaires. Et c'est drôle, les autres commissions
scolaires réussissent à le faire. Et je ne
comprends pas aujourd'hui pourquoi ma collègue s'époumone à prendre la défense
de la CSDM. Écoutez, là, la page 2,
hein : «...nous constatons que les porteurs des projets en cours de
réalisation ne s'attachent pas à des
projections concrètes de bénéfices attendus ni à des plans de projets
structurés, si bien que les retombées des pistes sont difficilement prévisibles. À cet égard, nous pouvons qualifier
l'approche de gestion de la commission scolaire de traditionnelle basée
sur l'expérience passée et peu appuyée par des outils de gestion lui permettant
de programmer les conséquences des actions ou des changements mis en place.
[...]ce qui explique l'imprévisibilité des résultats.»
Et on gère
1 milliard de dollars à la CSDM, quand même, hein? J'ai géré une faculté
qui avait 40 millions de dollars de budget annuel, on réussissait
quand même à gérer nos déficits, à avoir une prévisibilité sur deux ans. Donc,
je ne comprends pas pourquoi, en tout
respect, ma collègue s'époumone à défendre la CSDM aujourd'hui, alors qu'on a
un rapport indépendant — ce n'est pas mon rapport, c'est un rapport indépendant — qui montre bien le chemin à suivre
pour revenir à l'équilibre budgétaire dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Habel) : Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger :
Je ne m'époumone pas à défendre la commission scolaire de Montréal, je défends
les enfants en situation particulière, enfants en difficulté, l'aide aux
enseignants, les ressources demandées, puis il va les couper de 22 millions. Puis là on parle de la
commission scolaire de Montréal, mais, s'il veut, je vais lui parler d'autre
chose, je vais lui parler de Laval.
M. le Président, 16 millions... je vais vous déposer la lettre de la
commission scolaire de Laval qui parle de 16 millions. J'ai été ministre responsable de Laval, je suis très,
très consciente qu'il y a beaucoup d'efforts qui se font à la commission scolaire de Laval, dans les écoles de
Laval, particulièrement pour les enfants en situation difficile. Alors,
on vient de savoir que le 16 millions va être surtout dans les enfants en
difficulté.
Alors, M. le
Président, il peut bien me parler de Montréal. Ça fait que, là, il va me dire
que je m'époumone aussi pour Laval.
Je vais continuer, il y en a plein. J'en ai plein, j'ai plein de collègues qui
me donnent plein de démonstrations de différentes
commissions scolaires puis de services directs qui touchent aux enfants. On en
a plein en Montérégie, on en a plein... J'avais la députée de Duplessis
qui m'en a aussi fait la démonstration.
Alors, à
Laval... qu'est-ce que vous allez faire avec Laval? Ils vont couper
16 millions pour les enfants, dans son budget pour, déjà, la rentrée de 2015, particulièrement dans les enfants
en difficulté. Alors, c'est des compressions majeures.
Alors, je vais déposer la lettre, M. le
Président.
Document déposé
Le Président
(M. Habel) : Donc, vous
faites le dépôt de la lettre. Ça va être distribué à tous les
parlementaires. M. le ministre.
M. Blais : Oui. Alors, bon, je vois
que ma collègue a abandonné un petit peu la défense de la CSDM. Je comprends. La situation de Laval est assez
différente d'abord parce qu'on parle du budget à venir, hein, et ce budget
n'est pas connu par la commission scolaire de Laval, et, à la fois les montants
dont ils vont disposer, mais aussi les règles budgétaires dont la commission va
disposer qui pourraient, je dis «qui pourraient», qui sembleraient peut-être
être différentes comme règles budgétaires de ce qui a été fait pour l'année
dernière.
Ensuite, et
je le dis en tout respect, là, pour la commission scolaire de Laval, j'ai peu
d'expérience au ministère, mais j'ai compris une chose assez
simple : lorsqu'on nous interpelle sur les budgets, lorsque les entités
comme une commission scolaire nous
interpellent sur les budgets, il y a trois colonnes, hein? La première colonne
c'est celle de la période actuelle,
où on donne des chiffres importants, en général gonflés, calculés rapidement,
qui donnent l'impression, hein...
350 millions, je pense, qu'on a vus pour les commissions scolaires. Bon,
ils n'ont plus répété ce chiffre parce qu'on a dû les ramener quand même poliment à l'ordre... qu'il n'y avait aucune
coupure qui pouvait ressembler à 350 millions pour l'année en cours. On a vécu ça avec les
commissions scolaires. Laval a fait la même chose, a déduit du
350 millions sa part, 16 millions. Première colonne, on
informe le public, on alerte le public, on essaie de se positionner.
Deuxième colonne, et
c'est celle-là qui est la plus intéressante, c'est... Lorsque c'est possible,
et c'est arrivé dans le cas de Laval, on
nous demande une possibilité d'avoir un déficit. Cette possibilité-là, on
accepte de l'examiner. On accorde
parfois, sous certaines conditions, hein, et pour une période limitée dans le
temps, qu'une commission scolaire fasse un déficit. Ce qui est intéressant dans le
cas de Laval, c'est que les dernières années, lorsqu'il y a eu une
demande de déficit qui a été accordée, elle
a toujours fait mieux à la fin de l'année que ce qu'elle avait négocié avec le
gouvernement. C'est dire qu'on va partir de très loin, quand on parle de
16 millions, et, quand on va finir l'année... et on pourra s'en reparler
l'an prochain.
Le Président (M.
Habel) : Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme
Léger : Bien, la lettre que je viens de déposer, de la
commission scolaire de Laval... Je cite : «Toutefois, le
gouvernement a récemment annoncé des compressions budgétaires additionnelles de
200 millions dans le domaine de
l'éducation. Avec cette annonce, la commission scolaire de Laval estime qu'elle
sera contrainte de retrancher au moins 16 millions
dans son budget à la rentrée 2015. Devant cette réalité, il n'est plus possible
de préserver le modèle actuel, et nous sommes confrontés à identifier
des pistes qui affecteront inévitablement les services aux élèves.»
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre, pour 12 secondes.
M. Blais :
Alors, simplement de dire que la présidente de la commission scolaire de Laval
n'avait pas à sa disposition les règles
budgétaires qui lui permettaient de faire une affirmation comme celle-là, et
vous verrez, dans les prochains jours, semaines, qu'on est probablement
assez loin de ce type de coupure pour Laval.
Le Président (M. Habel) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je suis prêt
maintenant à reconnaître quelqu'un de la banquette ministérielle, le
député de Papineau. C'est à vous pour un temps du gouvernement de
23 minutes.
M. Iracà :
De combien, M. le Président?
Le Président (M.
Habel) : De 23 minutes.
• (12 h 10) •
M. Iracà :
Merci. Alors, merci beaucoup, M. le Président. À mon tour de saluer mes
collègues de la partie gouvernementale, et
de l'opposition officielle, et de la deuxième opposition, toute l'équipe
également qui accompagne le ministre,
une équipe exceptionnelle qui fait un travail acharné de tous les instants. Et
ça me fait encore plaisir d'être ici, aux crédits de l'Éducation, comme
l'année passée. Je salue également... je prends le temps de saluer les... à peu
près 1 200 employés qui
travaillent dans le domaine de l'éducation dans mon comté, Papineau, dans les
diverses écoles qui existent au niveau primaire, secondaire dans mon
comté, tant dans la Petite-Nation que dans le secteur Buckingham, Masson-Angers, Gatineau, secteur Templeton. Alors,
je les salue, ces employés, parce que
je les connais à peu près tous
pour les avoir côtoyés pendant plusieurs années. Je sais également qu'ils font
un excellent travail et qu'ils font une différence sur le terrain avec les
étudiants et qu'ils ont à coeur la réussite scolaire de leurs étudiants.
On a fait le choix,
puis je vais faire la mise en contexte et je vais parler des regroupements de commissions
scolaires, mais on a fait le choix, nous, au gouvernement, de ne pas
léguer, à nos enfants, une hypothèque. Alors, on a fait le choix d'agir
avec une rigueur budgétaire pour, justement, assurer la pérennité de nos
services, tant en santé, dans différents
services sociaux et aussi, également, un élément important, en éducation. On
veut s'assurer, là, qu'on lègue à nos enfants un régime budgétaire
équilibré, mais un régime avec des services sociaux adéquats, qui fonctionnent.
En
éducation, le ministre l'a mentionné en introduction, nous sommes, dans
le monde, classés, à chaque année, dans
les meilleurs au monde au niveau de l'éducation et de notre taux de diplomation, le
taux de performance en éducation. On est
toujours classés dans les meilleurs au monde. Alors, il faut quand même
se le rappeler, mais, pour qu'on demeure là, pour qu'on puisse y demeurer, il
faut s'assurer que la prochaine génération puisse avoir les moyens de
faire en sorte de se maintenir dans
ce peloton de tête là. Donc, ça passe nécessairement par une rigueur
budgétaire, et, comme je mentionnais hier,
ce n'est pas parce qu'on est dans les meilleurs qu'on ne doit plus se poser des
questions. Qu'est-ce qu'on peut faire au niveau des structures? Qu'est-ce qu'on peut faire améliorer ce qui est
en place? Je pense que, justement, c'est l'occasion de le faire en ce moment, pendant qu'on a un bon
succès au niveau éducation si on se compare avec les autres pays du
monde. C'est le temps de le faire, cet exercice-là, et c'est le temps de
regarder nos structures. Je pense que c'est le temps de regarder les structures
que l'on a, d'où le thème des regroupements de commissions scolaires que je
veux aborder.
Je
veux faire un petit rappel aussi pour rectifier le contexte politique des
dernières années. Il faut quand même se rappeler que le précédent gouvernement a, pendant 18 mois, là, il faut
le faire, fait des coupes de 288 millions en 18 mois. On est loin de ces montants-là, là. Et on se
souviendra de la taxe déguisée des commissions scolaires, qui avait
haussé les taxes pour absorber les coupes
dans les écoles que le Parti québécois avait faites, 280 millions, là,
288 millions. Alors, et ça, ça
avait été fait sans égard aux personnes... La députée de Pointe-aux-Trembles
parlait des difficultés de certains élèves dans les écoles, qui avaient
besoin de services. Tu sais, il y a eu des coupes de 288 millions sans
égard à ces élèves-là, ces enfants-là qui avaient besoin de services à ce
moment-là.
Alors,
nous, on veut s'assurer de ne pas défendre la bureaucratie, de ne pas défendre
les structures, mais défendre, justement, l'élève dans la classe qui a
besoin de services, qui a besoin d'un éducateur spécialisé, qui a besoin d'un psychologue,
qui a besoin d'aller voir un orienteur, qui a besoin d'aller voir un
travailleur social parce qu'il vit des difficultés
dans sa vie, que ce soit de manière permanente ou temporaire, mais qui a besoin
d'un coup de pouce, d'un coup de main pour faire en sorte qu'il puisse
réussir son année scolaire. C'est là-dessus, nous, qu'on veut prioriser et non
sur les structures et la bureaucratie.
Ceci étant dit, j'ai été président de commission
scolaire pendant 10 ans. J'ai géré un budget d'à peu près 65 millions avec
mes collègues autour de la table. Quand je suis arrivé là, moi, je me souviens,
là, je ne me souviens pas
de l'année, mais je me souviens, quand je suis arrivé là, la commission
scolaire était déficitaire de 3 millions, 3 millions sur 62 millions à peu près, à ce moment-là,
et on a réussi, M. le Président, en à peu près une année, à résorber le
déficit, non seulement résorber le déficit
de 3 millions, mais de dégager un petit surplus. Comment? En restructurant
au niveau du transport scolaire. On a
restructuré le transport scolaire pour faire en sorte qu'il n'y ait pas d'autobus jaune vide qui se déplace d'un quartier à l'autre. On s'est assuré
que les autobus soient optimisés au niveau de la capacité de ces
autobus-là pour qu'ils embarquent le plus
d'élèves possible et on a sauvé beaucoup d'argent. On a restructuré au niveau
informatique également, au niveau du dédoublement de postes. Et il n'y a aucun
service aux élèves qui a été affecté.
On a réussi à
résorber un déficit de 3 millions et dégager un surplus par la suite, et,
pendant les 10 ans que j'ai été là, on
a déposé des budgets équilibrés. Alors, je sais de quoi je parle quand on dit...
Je pense qu'on est capables de faire des efforts dans les structures
actuelles que nous avons pour s'assurer que les services demeurent tout en
absorbant des coupes pour faire notre part pour agir avec rigueur budgétaire
pour s'assurer qu'on lègue à la prochaine génération un service de qualité et
qu'on s'assure de la pérennité des services.
Alors, le
réseau scolaire actuel est en place depuis 1988 parce qu'avant il faut se
souvenir qu'il y avait beaucoup, beaucoup
de commissions scolaires. Je pense, c'était 142, le nombre, mais sous toutes
réserves, je ne me souviens pas du chiffre
exact, et, après ça, ça avait diminué à 68 commissions scolaires... 64
commissions scolaires. Donc, depuis, le nombre de commissions scolaires
n'a pas changé, mais l'environnement a grandement évolué, notamment en ce qui
concerne l'évolution du nombre d'élèves dans chaque commission scolaire, en
hausse importante dans certaines régions et en diminution dans d'autres
régions.
Le nombre
d'élèves en formation générale des jeunes, en formation professionnelle et en
formation générale des adultes varie
grandement d'une commission scolaire à l'autre, passant de 749 à la commission
scolaire de la Moyenne-Côte-Nord à
97 429 à la commission scolaire de Montréal. Plus de la moitié des
commissions scolaires francophones, 33
sur 60, et anglophones, six sur neuf, essentiellement situées en région,
regroupent moins de 10 000 élèves en formation générale des jeunes, en formation générale des
adultes et en formation professionnelle. Les disparités entre les
commissions scolaires en termes d'effectifs
scolaires, de coûts par élève et notamment de variété des services offerts aux
élèves ont amené le gouvernement
actuel à annoncer, très tôt dans son mandat, son intention de revoir les
structures et les modes de gouvernance des commissions scolaires.
Je me souviens, moi, à l'automne dernier, à
l'occasion de quelques rencontres Table Québec-Commissions scolaires, avec Mme la présidente de la Fédération
des commissions scolaires, Josée Bouchard, que je connais très
bien, que je salue parce que je suis certain, M. le Président, qu'elle nous
écoute attentivement, à l'heure actuelle; avec sa directrice générale, Pâquerette Gagnon que je salue également;
également le vice-président, M. Richard Flibotte que je salue, des gens de coeur... J'étais là, moi, quand
Josée a gagné son élection à la présidence de la Fédération des
commissions scolaires, où elle avait succédé
à André Caron qui avait été là pendant 10 ans. Donc, je les salue. C'est
des moments que j'ai vécus avec eux, des beaux moments, et c'est des
gens quand même qui sont dévoués.
Et, malgré les divergences d'opinions lors des
rencontres Table Québec-Commissions scolaires, parce qu'on s'entendait sur beaucoup de choses, mais il y a
des choses où qu'on s'entendait moins, puis c'est normal... Je les salue
parce qu'ils ont toujours été au
rendez-vous. Ils ont toujours été au rendez-vous. Et aussi il y avait les
représentants des commissions
scolaires anglophones qui étaient là — mon collègue David pourrait vous en parler
plus longuement tout à l'heure — mais eux également, les représentants des
commissions scolaires anglophones, ont toujours été au rendez-vous, ont
toujours été là lors de ces rencontres.
• (12 h 20) •
Et, lors de
ces rencontres à l'automne dernier, il a été déposé des scénarios pour des
regroupements de commissions scolaires
et pour analyse. Alors, la fédération
des commissions scolaires francophones, anglophones sont reparties
avec les différents scénarios proposés pour
faire état de ça aux commissions
scolaires qu'ils représentaient, et
chaque commission scolaire est revenue par voie de résolution avec... disant
souvent ceci, disant : Nous, on aimerait mieux le statu quo. Alors,
évidemment, une bonne majorité des commissions
scolaires disent : On aimerait
mieux le statu quo, que ça ne bouge pas, qu'on demeure comme ça. Mais,
advenant le cas que ce n'est pas ça, dans la résolution... la majorité des
résolutions disaient : Bien, voici,
vous avez proposé, je ne sais pas, moi, dans une région, une commission scolaire; nous, on aimerait mieux en avoir deux, alors qu'initialement
c'était quatre.
Alors, toutes les commissions scolaires sont
revenues avec des résolutions suite à la proposition initiale qui avait été faite par le ministre précédent en
disant leurs préférences. Mais évidemment, ce qui se dégage, ce qui s'est
dégagé de ça, c'est qu'il y avait quand même
beaucoup d'ouverture pour des regroupements, pour des fusions, pour
travailler ensemble. Et je me souviens, moi,
juste avant de partir, quand j'étais président, on parlait déjà, à mots
couverts, là, mais de fusion de
services entre les commissions scolaires, que ce soit en transport, en
informatique, au service de la paie, aux ressources humaines. Ça se parlait déjà, mais évidemment, l'être humain
étant ce qu'il est, les gens veulent souvent garder ce qu'ils ont et les gens peuvent être
réfractaires aux changements. Donc, c'est normal, ça fait partie de la vie.
Donc, il faut, je pense, à la lumière
du premier jet qui a été envoyé, être ouvert au changement, et je pense qu'à la
réception des résolutions je pense
qu'on s'est aperçus qu'il y avait quand même des commissions scolaires, et des
gens, et des personnes qui travaillent en éducation, en lien avec les
structures, qui étaient très ouverts, très ouverts au changement pour faire en
sorte qu'on simplifie la bureaucratie, qu'on simplifie la structure.
Donc, ma
première question, parce que je vais avoir une sous-question pour le ministre
en lien avec les regroupements de
commissions scolaires, les structures, la bureaucratie. Je sais que le ministre
a accordé une entrevue, qu'il a
donnée récemment. Je pense que ça a permis de confirmer, à mon avis, que le
chemin choisi était celui du regroupement des commissions scolaires. Alors, dans un premier temps, j'aimerais
revenir un peu en arrière dans ce débat afin que le ministre nous expose les raisons qui justifient
les interventions projetées sur des structures des commissions
scolaires.
Le
Président (M. Habel) : M. le ministre.
M. Blais :
Merci beaucoup, merci à mon collègue, merci, M. le Président. Écoutez, les
interventions sur les structures en général,
ce n'est pas a priori pour marquer la réussite scolaire. Les études les plus
sérieuses sur la réussite scolaire
disent encore aujourd'hui que la réussite, elle dépend avant tout d'un
enseignant et d'une stratégie pédagogique, là. Mais surtout c'est important parce qu'on y met beaucoup de ressources,
on y met beaucoup d'énergie et de temps, et, si on peut les rendre plus
efficientes, bien, c'est autant de gains, hein, pour la mission première de
l'éducation. Donc, on a quatre fronts devant
nous, hein, auxquels nous avons décidé de nous attaquer. Vous les avez
mentionnés, donc il y a la question des taxes scolaires, de la fusion
des commissions scolaires, de la gouvernance et des élections.
Je
vais commencer peut-être par les taxes scolaires. Les taxes scolaires, bon,
c'est une taxe foncière dont l'origine remonte
au XIXe siècle, donc cette taxe-là, elle est antérieure à l'impôt sur le
revenu, 1917 pour l'impôt sur le revenu, là, au fédéral. Donc, je pense, pour les taxes scolaires, 1846 ou 1854, quelque
chose du genre, on pourrait me le dire peut-être derrière. Et ce régime-là a beaucoup évolué pour tenir compte, bien sûr,
de l'évolution, hein, de, disons, de l'hétérogénéité qu'il y a au niveau foncier, hein? Mettons-nous en
tête ce qu'était le XIXe siècle,
etc., il y avait probablement une certaine homogénéité, une certaine continuité dans la valeur foncière. Aujourd'hui, les choses évoluent très rapidement.
Donc, c'est un outil fiscal qui est
difficile à manipuler — vous l'avez déjà manipulé, hein, mon collègue, en tout cas, dans
votre vie antérieure — pour
assurer l'équité et pour assurer la prévisibilité.
Lors
du dernier budget, mon gouvernement a annoncé son intention de réviser la taxe
scolaire. À vrai dire, la taxe scolaire,
elle est en partie, disons, en partie seulement, contrôlée par le gouvernement
du Québec. C'est le cas depuis
de très nombreuses années, mais l'enjeu maintenant, c'est d'assurer qu'il
puisse y avoir une certaine équité et avoir aussi une certaine prévisibilité dans ses augmentations. Ce n'est pas
facile. Ceux qui se sont penchés sur la question, surtout sur l'enjeu de l'équité, hein, vont vous dire que
c'est assez difficile comme outil, là, à manipuler, comme outil fiscal, du
moins la conception de l'équité qu'on se fait, là, au XXIe siècle. Et ça, il y
a un engagement de notre part.
Sur
la question maintenant des élections scolaires, écoutez, il y a beaucoup de
débats au Québec sur cet enjeu depuis plusieurs années. Mon gouvernement
a toujours appuyé les commissions scolaires, continue d'appuyer le rôle, hein,
d'une entité intermédiaire. Appelons ça encore commissions scolaires ou un
autre nom si vous préférez. Mais on sait qu'il
y avait un enjeu plus difficile avec les élections scolaires. Mon prédécesseur
s'était levé ici, en Chambre, en disant, bon, en s'adressant à la population et en lui disant : Écoutez, il
y a un test. Je vous demande ce que vous en pensez, et allez voter, donc vous signifierez votre intérêt pour cette modalité-là. Parce qu'encore une fois, quand on regarde ce
que la population veut, elle veut une représentation, elle veut être
présente sur les commissions
scolaires, mais elle ne croit plus aux modalités actuelles de la
représentation. C'est comme ça qu'il faut le dire, je crois.
Donc, mon
prédécesseur, quelques jours avant de quitter ses fonctions, bien, il avait
annoncé qu'il ne croyait plus au mode
électif. J'ai réitéré, là, il y a quelques semaines que je n'y croyais plus non
plus. Vous comprenez qu'il peut y
avoir certaines réticences, notamment par rapport à ceux qui ont connu, qui ont
exercé puis qui sont élus aujourd'hui, mais je pense vraiment qu'il faut
passer à autre chose, et les options sont nombreuses. Une fois qu'on a décidé
que ce modèle-là de désignation n'est plus
le modèle auquel on souscrit, on peut se tourner vers d'autres modèles de
désignation qui nous permettent, là,
d'assurer la présence d'une communauté, là, sur les instances de gouvernance du
milieu scolaire. Donc, moi, je ne suis pas très inquiet sur notre
capacité à trouver des modèles. Je pense qu'au contraire on va avoir plusieurs propositions
dans les prochaines semaines, prochains mois.
Il y a
un enjeu particulier, vous le savez, avec la communauté anglophone. La
communauté anglophone a des droits, ça lui est reconnu notamment par l'article
23 de la charte canadienne. J'ai la responsabilité, comme ministre de l'Éducation, de protéger les droits de la communauté anglophone et de trouver un
arrangement, là, qui va lui permettre de faire en sorte qu'elle ait encore... demain comme hier, qu'elle ait
encore le contrôle, comme lui accorde la charte des droits, le contrôle sur ses institutions. Donc, je ne suis
pas vraiment inquiet qu'on va aussi trouver une formule avec
la communauté anglophone pour faire en sorte qu'elle soit rassurée à ce
niveau-là.
Donc, troisième
enjeu, les fusions des commissions scolaires. Alors, ça, c'est un sujet assez intéressant
et pour lequel il peut y avoir beaucoup
de passion et... parce que, bien
sûr, la difficulté
au Québec, c'est surtout pour les petites commissions scolaires. À vrai dire, quand on examine de près, on se
rend compte qu'il y a certaines petites commissions scolaires qui réussissent à tirer leur
épingle du jeu en termes d'efficience, c'est-à-dire à offrir des services aux
élèves à un coût qui est comparable à des
plus grosses. Mais c'est plutôt l'exception que la règle. En général, les plus
petites ont de la difficulté, et le
regroupement peut être une bonne solution ou encore, vous l'avez évoqué, là, le
partage, la collaboration au niveau du partage de responsabilités.
• (12 h 30) •
La question qui est
intéressante, parfois qui est plus difficile à aborder, c'est la question de l'identité,
hein, c'est-à-dire les citoyens sont portés à s'identifier à une commission
scolaire, et il peut y avoir de la résistance au changement. On l'a connu par le passé, on l'a connu encore récemment
dans les débats sur les fusions, mais ce qui est intéressant à remarquer, et le Québec est un beau laboratoire pour ça, c'est que vous avez, sur
le territoire québécois,
des commissions scolaires très grandes, une grande étendue, je pense à
certaines commissions scolaires anglophones, dont
la performance, en termes de réussite scolaire, est exceptionnelle. Alors, on
voit bien que même la question de la taille,
de l'étendue sur un territoire, ne fait pas loi nécessairement, on a des
exemples ici même — il
ne faut pas regarder dans d'autres provinces — de
réussite.
Donc, c'est la raison
pour laquelle on veut aller vers des fusions. Je pense qu'on a des très bonnes
raisons de montrer que certaines commissions scolaires, en
tout cas, quand elles sont fusionnées — on
l'a fait par le passé — ont
réussi à livrer, hein, un meilleur coût des
services, et, surtout, il faut le faire pour les élèves, s'assurer que les
services se rendent un peu partout, là, sur le territoire et au meilleur
coût.
Le dernier élément, je vais terminer là-dessus,
M. le Président, c'est l'enjeu de la gouvernance. Alors, quel
est le type de gouvernance qui nous convient aujourd'hui, au XXIe siècle, compte
tenu à la fois du rôle du ministère de l'Éducation, du rôle des commissions
scolaires, hein, et de l'école? Et, quand j'entends mes collègues en Chambre,
j'entends presque toujours la préoccupation de faire en sorte que les écoles
aient le plus de moyens à leur disposition pour
prendre des décisions qui conviennent à leur environnement, qui conviennent
à leur culture. Donc, on parle de plus en plus de décentralisation.
Alors, on va examiner ça aussi dans les prochains mois.
La
Loi sur l'instruction publique n'est pas une loi centralisatrice, soit dit en passant. Quand on regarde la loi, on la lit attentivement, on se rend compte que les outils de la
décentralisation sont déjà dans la loi, il s'agit de savoir si on
peut, mais aussi si on veut les appliquer,
qu'est-ce qu'on est prêt à décentraliser, pour lequel il y aurait
un gain, et qu'est-ce qui mérite d'être partagé par une entité, là, qui
est un peu plus, disons, supérieure, que ça puisse être une commission scolaire
ou même le ministère. C'est le genre de question qu'on se pose en ce moment par
rapport à l'avenir de la gouvernance des commissions scolaires.
Le Président (M. Habel) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, je suis prêt à reconnaître le porte-parole de la deuxième opposition, le député de Chambly,
pour un bloc de 21 minutes.
M. Roberge :
De?
Le Président (M. Habel) :
21 minutes.
M. Roberge :
Merci. Merci, M. le Président. Alors, il y a évidemment les acteurs classiques
de l'éducation qui sont impliqués au premier
chef dans l'éducation de nos jeunes, donc les écoles, les directions
d'école, les commissions scolaires. Il y a aussi des partenaires, des organismes qui
prennent des initiatives extrêmement intéressantes, et j'ai le goût de vous entretenir ce matin de la Fondation
Lucie-et-André-Chagnon, qu'on appelle tout
simplement souvent la
fondation Chagnon, impliquée depuis longtemps au Québec. Elle contribue à la mobilisation
d'un grand nombre d'acteurs de la société civile, donc des organismes, des institutions,
des intervenants, pour renforcer la capacité d'agir sur beaucoup d'objectifs qu'ils se sont fixés dans des sphères
déterminantes de la réussite scolaire. Depuis 2007, il y a
des partenariats à long terme et à différentes longueurs selon les différents
organismes, parce que la fondation Chagnon parraine plusieurs organismes.
On pourrait nommer celui... réussir, pour la persévérance scolaire, Québec en
forme, un qui me tient particulièrement à coeur, c'est Avenir d'enfants, qui fait objet
d'une entente depuis 2009, une entente sur 10 ans — donc, je
parlais de partenariat à long
terme — où le gouvernement s'était engagé à mettre 15 millions par année, la fondation, elle, met 25 millions par année.
Donc, c'est 40 millions par année qui sont ajoutés... enfin, qui sont
dédiés à cette société Avenir d'enfants, qui
a fait l'objet d'une révision dernièrement. Les parlementaires ont dit que
c'était très bien, il y a
peut-être des lacunes, comme dans tout organisme, là, pour améliorer... que ce
soit plus effectif, peut-être, mais il
y a quand même une satisfaction générale.
Je
veux questionner plus précisément par
rapport à un autre organisme,
l'organisme qui s'appelle Réunir Réussir, comme on dit des fois, R² ou R au carré, là, pour les deux R, Réunir
Réussir, qui, elle, fait la valorisation de l'éducation, qui aide et encourage l'encadrement
parental, donc on n'est pas dans la petite enfance, dans le 0-5 ans, comme
Avenir d'enfants, qui est plus dans la
réussite scolaire, la persévérance scolaire, qui fait du développement de plusieurs
ressources, des acteurs qui agissent directement sur la persévérance scolaire dans les communautés. Donc, la fondation
Réunir Réussir, qui est extrêmement importante, qui est dans plusieurs communautés.
Et j'aimerais savoir où en est l'entente de partenariat entre le gouvernement
et la fondation Réunir Réussir.
M.
Blais : Si je ne me trompe
pas, là, il y a des ententes qui vont se terminer bientôt. Donc, dans le cas de
R2, hein, je pense que c'est réussir réunir, c'est le 30 septembre
2015; il y en a une autre, QEF, c'est le 31 mars 2017; et, dans la
dernière, c'est le 30 septembre 2019. Le AE, c'est...
Une voix :
Avenir d'enfants.
M.
Blais : Avenir d'enfants, d'accord.
C'est le 30 septembre 2019. Donc, il y a un certain nombre, hein, il y a
des fins des ententes qui sont annoncées. En ce moment, il y a des discussions
pour renouveler ces ententes-là. Il y a un intérêt,
il y a des visions qui ne sont pas nécessairement communes, hein, tout à fait normal, dans la
discussion pour une entente. Donc, il y a des choses qui ont assez bien
fonctionné dans ces ententes, donc on est assez contents, mais on veut prendre le temps, avant de négocier une
nouvelle entente, pour bien, bien connaître exactement quelles sont les
attentes, parce que la fondation Chagnon, vous le savez, a quand même des
attentes assez importantes, nous devenons des partenaires,
hein, nous ne décidons pas, là, de manière unilatérale. Il y a une discussion
bilatérale, parfois, qui implique aussi d'autres ministères, et c'est
dans ce contexte-là, là, qu'on envisage de débuter, là, des négociations pour
l'entente qui se termine.
Mais ce n'est pas
impossible aussi que la fondation Chagnon se repositionne, hein? Je pense
que...
Une voix :
...
M.
Blais : Donc, ce n'est pas du
tout impossible qu'elle se repositionne. On me dit, bon, pour le moment, en
ce moment, là, la fondation ne prévoit pas le renouvellement de ces ententes.
Ça pourrait venir un peu plus tard, lors de discussions, mais je pense que la
fondation veut se repositionner par rapport à ses priorités.
Le
Président (M. Habel) : M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Écoutez, c'est extrêmement, extrêmement inquiétant, parce qu'on avait quelque
chose qui fonctionnait très bien, la fondation Réunir Réussir, donc R2,
active, on parle de 50 millions de dollars par année. 50 millions de dollars par année, c'est
énorme, et... Donc, 25 millions du gouvernement, mais 25 millions aussi
qui ne viennent pas, là, des taxes et
des impôts, qui viennent d'une fondation privée, et là vous me dites qu'il est
possible, même probable, que la
jeunesse et que les jeunes soient privés de ce 50 millions là. Donc, le
gouvernement se prive de 25 millions qui
viennent d'une fondation privée, et le gouvernement, donc, n'investira pas ce
25 millions là. J'aimerais savoir qu'est-ce qui accroche. Est-ce
que c'est le gouvernement qui refuse d'allonger les 25 millions par année?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui, peut-être... Donc, les 25 millions dont il est
question ne sont pas enlevés aux enfants. Ce 25 millions là, bien
sûr, il appartient à la fondation, puis la fondation a décidé de ses priorités,
ce n'est pas au gouvernement de décider des
priorités de la fondation. Ces 25 millions sont peut-être disponibles pour les
enfants ou d'autres missions. En ce moment,
c'est la fondation qui nous l'a dit, hein, c'est ce qu'on m'explique, qu'elle
pensait réviser ses priorités. Donc, elle n'a pas annoncé qu'elle
voulait renouveler les ententes à long terme, mais cependant on discute avec la
fondation Chagnon pour voir à la... pour s'assurer que la fin des ententes,
hein, qu'elles ont... qu'on poursuive nos activités jusqu'à la fin des
ententes. Donc, on est entre deux périodes. Il faut reconnaître le droit à la
fondation Chagnon de choisir ses priorités.
Le Président (M.
Habel) : M. le député de Chambly.
• (12 h 40) •
M.
Roberge : Je ne questionne absolument pas, absolument pas l'autonomie
de la fondation Chagnon à diriger ses choses,
là. Je ne suis pas là, là. J'ai posé la question, je vais la reposer :
Est-ce que le gouvernement, le gouvernement, lui, s'engage à mettre ce
25 millions dans la réussite scolaire? Advenant le cas où le gouvernement
échoue à s'entendre avec la fondation Chagnon,
bien, ça serait-u drôle, il économiserait tout à coup 25 millions, parce
qu'en ce moment, là, la fondation Chagnon met 25 millions, le
gouvernement, là, en met 25 millions. Ce que je comprends, c'est que cette
entente est en péril. Si la fondation
Chagnon investit son 25 millions autrement, écoutez, ça serait dommage si
ça ne va pas en réussite scolaire. Mais moi, je questionne le
gouvernement. Ce 25 millions-là, sera-t-il au rendez-vous pour les jeunes
de toute façon?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Merci, merci pour la question. Donc, la fondation Chagnon...
Donc, d'abord, on va terminer les ententes. Les ententes actuelles sont
maintenues. La question qui nous intéresse, je pense, moi et mon collègue,
c'est : Est-ce qu'il y aura des
nouvelles ententes? Ce qu'on m'a dit, c'est que la fondation Chagnon veut
demeurer sur le terrain de la réussite scolaire, c'est ce qui
l'intéresse, ça serait encore sa priorité. Il semble que la formule est
peut-être changée. Vous savez comme moi que,
disons, les champs d'application de la réussite scolaire sont assez nombreux.
Alors, on verra, là, quelle est la
vision de la fondation Chagnon et si, bien sûr, nous la partageons, hein, parce
qu'il faut bien... hein, c'est une entente bilatérale. Et, si nous la
partageons, les chances sont assez bonnes, me dit-on, là, qu'on puisse
continuer dans le domaine de la réussite scolaire.
Le Président (M.
Habel) : M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Je sais que les autres ententes sont en cours, on ne les
questionne même pas. Mais, pour réussir réunir, R2, si l'entente n'est pas reconduite avec la
fondation Chagnon, le gouvernement s'engage-t-il d'une autre façon
d'investir ce 25 millions dans des mesures liées à la réussite scolaire?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M. Blais :
Votre question, c'est... Finalement, la formulation, c'est : Est-ce que
vous allez ajouter 25 millions supplémentaires à votre budget pour combler
le déficit, hein, le manque à gagner du départ de la fondation Chagnon pour
qu'on continue le même niveau d'activité? Alors, aujourd'hui, je ne suis pas en
mesure de vous répondre à cette question-là.
On n'est pas du tout en mesure. Notre priorité, là, c'est de maintenir une
relation avec la fondation Chagnon, qui
nous permette éventuellement d'avoir une autre entente, donc d'avoir encore ces
25 millions. Mais, encore une fois, le gouvernement du Québec est intéressé, je pense, comme mon collègue, à
avoir des partenaires. Mais cette entente-là, elle doit être bilatérale,
et on doit y voir nos intérêts, et on doit avoir la même lecture de nos
objectifs.
Alors, il est trop
tôt, pour le moment, pour dire que cet argent-là va disparaître. Ce que je
comprends, c'est qu'il y a un intérêt pour la fondation Chagnon de continuer.
Si jamais il y a une rencontre sur des objectifs, hein, si jamais il y a une rencontre sur un programme qui
pourrait, hein, nous convenir et dont on pourrait faire la preuve que c'est un R2, disons, amélioré,
c'est ça, l'enjeu, alors, à mon avis, les chances sont bonnes qu'on puisse
poursuivre.
Pour le moment, cet
argent n'est pas disparu, ne s'est pas évanoui. On a la même sensibilité, je
pense, de part et d'autre, de faire en sorte
que ça puisse se continuer, mais pas, bien sûr, à n'importe quelles conditions.
Je pense que c'est la même chose du côté de notre partenaire.
Le Président (M.
Habel) : M. le député de Chambly.
M. Roberge : Donc, advenant le cas
où, sur la validité du programme et l'objectif final, il y avait une entente entre la fondation Chagnon et le gouvernement, le 25 millions
du gouvernement est-il budgété et disponible pour être au rendez-vous au 30 septembre? Parce qu'évidemment
que, si l'argent n'est pas là, il n'y aura pas d'entente. On sait que la
fondation Chagnon a l'argent. Le gouvernement, dans ses mesures de coupures,
a-t-il prévu cet argent-là de manière à ce que l'entente soit renouvelée?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Les appariements, là, de
l'entente avec la fondation Chagnon, ces appariements-là viennent du Secrétariat à la jeunesse, hein, ne viennent pas
directement du ministère de l'Éducation. Donc, c'est des ententes, là,
qui sont un peu au-dessus de nous.
Cependant, bien, vous le savez, les sommes que le ministère de l'Éducation
investit dans la réussite scolaire
sont assez importantes. Il y a une partie des enjeux que vous soulignez, là,
qui appartiennent au Secrétariat à la
jeunesse. Mais, bien sûr, on va participer aux discussions, parce qu'il faut
commencer par définir si, comme gouvernement, donc pas uniquement le
ministère de l'Éducation, mais, comme gouvernement, on veut poursuivre ce type
d'entente là, si on trouve que c'est gagnant-gagnant.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly.
M. Roberge : Merci. Écoutez, on ne
peut pas être plus dans le flou. La seule chose qu'on sait, c'est qu'on ne le sait pas, c'est que, le 30 septembre, l'entente
finit. Sera-t-elle renouvelée? On ne le sait pas. Les programmes
seront-ils là? On ne le sait pas. Les
enfants qui comptent sur ce programme auront-ils
l'aide? On ne le sait pas. Les intervenants pourront-ils agir? On ne le sait pas. Le gouvernement a-t-il le 25 millions? On nous dit que c'est au-dessus de nous. Mais je questionne le gouvernement,
il me dit que c'est au-dessus de nous. Bon. Alors, avançons. Avançons. C'est
comme... il y a déjà un politicien qui a
déjà dit : Nous sommes au bord du gouffre. Suivez-moi, nous ferons un pas
en avant. J'ai l'impression que je viens d'entendre cette maxime répétée
à nouveau.
Les enfants en difficulté d'apprentissage, parce
qu'il y a plein de façons de les aider et d'en parler, de ces enfants
vulnérables. Parmi les enfants qu'on dit EHDAA, donc élèves handicapés ou en
difficulté d'adaptation et d'apprentissage,
la sous-catégorie qui augmente le plus proportionnellement, ce sont les enfants
ayant un trouble du spectre de
l'autisme, qu'on dit ayant un fameux TSA. En cinq ans, le nombre d'élèves ayant
cette caractéristique a doublé, une augmentation de 100 %, ce qui
est énorme.
Or, les services pour venir en aide à ces
enfants-là n'ont pas doublé. Donc, forcément, c'est plus difficile en 2015 qu'en 2010, si on a un diagnostic, d'avoir
des services, et même avoir un diagnostic prend souvent plus d'un an.
Donc, c'est clair, on ne les diagnostique pas assez vite, et, une fois
diagnostiqués, c'est comme si on mettait une étiquette puis, après ça, on les
mettait sur une liste d'attente. On dirait un rapport comme on en a vu ces
dernières années.
Alors,
qu'est-ce que le gouvernement va faire pour améliorer la rapidité à laquelle
les enfants peuvent avoir un diagnostic?
Et je demande particulièrement si c'est... Les parents s'inquiètent à savoir
est-ce que leur enfant a un trouble du spectre de l'autisme.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais :
Oui, merci. Donc, l'enveloppe, là, pour cette clientèle-là, soit un enfant
handicapé, déficit d'attention, au Québec,
est de 2,8 milliards de dollars sur une enveloppe, pour le primaire et le
secondaire, de 11 milliards de dollars. Donc, c'est énorme, hein? Moi, ma première réaction, quand je suis
arrivé au ministère, c'est que j'avais l'impression que c'était
difficile d'expliquer, puis mon collègue l'a dit, cette clientèle-là a doublé
pour différentes raisons, notamment parce que les mécanismes d'évaluation sont
beaucoup plus importants qu'ils l'étaient par le passé.
Alors, pour
comprendre exactement comment ça fonctionne aujourd'hui, les commissions
scolaires reçoivent un finalement
additionnel pour cette clientèle, et c'est les commissions scolaires
elles-mêmes qui décident du déploiement des ressources pour s'assurer que, bon, ce déploiement-là ressemble le plus
possible aux besoins. Donc, on n'intervient pas commission scolaire par
commission scolaire pour dire : Bien, vous, pour ces enfants-là, voilà la
ressource que vous allez mettre en place,
pour tel autre enfant, voici une autre ressource, etc. Les commissions
scolaires sont en mesure de faire ces choix.
Ma
préoccupation, et c'est une... disons, c'est une préoccupation d'un ministre
qui arrive et qui prend contact avec les
dossiers, c'est de voir l'importance de l'augmentation de cette enveloppe,
l'importance de l'augmentation du nombre de cas diagnostiqués. Et une de mes inquiétudes, c'est : Est-ce qu'on
priorise, en ce moment, au Québec, les bonnes clientèles? Parce que, si
on démultiplie les cas répertoriés — je pense que c'est vraiment
ça qui arrive en ce moment — une
de mes inquiétudes, c'est : Est-ce qu'on assure que les cas, disons, les
plus lourds, les plus importants ont les ressources à leur disposition
tellement la pression sur le système a augmenté ces dernières années? Donc,
j'ai demandé, là, aux fonctionnaires de regarder ces aspects-là.
L'enveloppe
est très importante, elle est en poussée croissante. On doit contrôler, bien sûr,
nos coûts. Les jeunes dans ces
situations-là, les élèves, sont de plus en plus nombreux. La question, c'est de
savoir : Est-ce qu'on priorise bien, hein, au niveau de
l'intervention?
• (12 h 50) •
Le Président (M. Habel) : Merci beaucoup. Pour un temps restant de trois
minutes, M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Très brièvement, sur le diagnostic, est-ce que le ministre croit qu'il y a en
ce moment un surdiagnostic des enfants ayant un TSA?
M.
Blais : Bien, c'est un
jugement clinique que je ne peux pas faire. Je ne suis pas en mesure de faire
un jugement clinique. Ce qui est
certain, c'est qu'on diagnostique aujourd'hui des enfants qui n'étaient visiblement pas
diagnostiqués quand j'étais à l'école primaire et secondaire puis qui
souffraient probablement — je
me rappelle de certains de mes compagnons,
de mes compagnes — de
troubles de déficit d'attention ou de léger autisme. Je me rappelle de quelques
personnes. Aujourd'hui, on a une capacité
de diagnostic qui est beaucoup plus importante. Ça, je le reconnais. Est-ce qu'il faut parler de surdiagnostic? Je ne porterai pas un jugement clinique là-dessus.
Mais, clairement, il y a eu une poussée très importante de cette enveloppe et du nombre
d'enfants diagnostiqués, et la question, c'est de savoir : Est-ce qu'on peut continuer à ce rythme-là?
Est-ce que ce rythme-là est soutenable? Et, s'il n'est pas soutenable, est-ce
qu'on devrait voir à mieux prioriser nos actions?
M. Roberge :
Oui, clairement, et ce n'est pas quelque chose qui est payant. J'ai lu, des
fois, dans les médias, où on questionnait
le diagnostic des commissions
scolaires en disant : Bien,
s'ils sont plus financés pour tel type d'élève, peut-être que les commissions scolaires sont intéressées à surdiagnostiquer. Pour moi,
quand on va sur cette piste-là, là, on
fait erreur. Diagnostiquer coûte cher, puis, après ça, il y a
une obligation de services pour ces enfants-là. Ça fait
que, pour moi, c'est quelque chose qui est à écarter, ce n'est certainement pas une façon de se financer ou ce n'est certainement
pas de la malveillance des commissions scolaires que de donner un diagnostic à un enfant. Le
problème, c'est qu'ensuite les commissions scolaires n'ont pas les
moyens d'aider les enfants et les professeurs qui, voyant leur clientèle
changer, voyant les enfants identifiés, sont dans une obligation de les aider.
Et donc le problème ensuite, c'est qu'il y a peut-être... C'est
sûr qu'il n'y a pas un surdiagnostic, mais c'est encore plus sûr qu'il n'y a pas un suraccompagnement, il
y a un sous-accompagnement de ces enfants-là qui ont besoin d'aide.
D'ailleurs,
le Protecteur du citoyen s'est penché sur cette question
il n'y a pas très longtemps — ah!
j'ai du temps, je me demandais, le
président me faisait signe — et il s'est questionné sur les enfants ayant
un TSA ou d'autres handicaps, et il y
a des recommandations extrêmement importantes du Protecteur du citoyen qui...
Une des recommandations, je vais vous la lire, afin de viser une plus
grande équité : «...définir une date de référence standard — donc
la date d'entrée dans le réseau — pour [positionner les enfants sur une] liste
d'attente — ce qui
est un bon parcours de services.» Parce que, c'est bien facile, une fois qu'on s'inscrit pour un diagnostic ou un
service d'aide, mais, des fois, ça peut être au CLSC, ça peut être à
l'hôpital, ça peut être à l'école, et on peut être sur deux, trois listes
d'attente et attendre et attendre encore.
Donc, est-ce que, de
manière globale, comme ça, je vais y revenir plus tard, mais est-ce que le
ministre a pris connaissance du rapport du Protecteur du citoyen et a
l'intention d'y donner suite?
Le Président (M. Habel) : Merci, M. le député de Chambly. Écoutez, M. le
ministre, vous pouvez y répondre sur le temps du gouvernement ou vous
pouvez y revenir par la suite.
M. Blais :
On va revenir là-dessus.
Le Président (M. Habel) : Parfait, merci. Donc, je vais céder la parole
maintenant au député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. M. le ministre, chers collègues du
côté ministériel, collègues de l'opposition,
de la deuxième opposition, les membres du cabinet, mes estimés anciens collègues
du ministère, que j'ai le plaisir de côtoyer depuis longtemps, mes
salutations.
J'aimerais, M. le
Président, réaborder la question des élections scolaires, en constatant que le
ministre en a parlé déjà, mais il me semble
qu'on parle d'un enjeu qui fait couler beaucoup d'encre, et avec raison. C'est
un enjeu très important, et on veut
s'assurer que nos réflexions sont rigoureuses. Je me permets de dire que ce
débat a été déclenché, des fois, par la formation de deuxième opposition
de façon un petit peu trop facile. Mais là on a un enjeu devant nous, et le
ministre s'est prononcé, on a des pistes à suivre.
Juste un petit
rappel. Quand on parle des dernières élections qui ont eu... le
2 novembre 2014, le taux de participation pour l'ensemble du Québec a
atteint un niveau historique et malheureux de quelque 5,54 %. C'était de l'ordre
de 4,87 % pour ce qui a trait aux 60 commissions scolaires francophones du
Québec; un taux beaucoup plus intéressant, mais quand même inquiétant, de
16,88 % pour les neuf commissions scolaires anglophones.
Pour
avoir coordonné, dans ma vie professionnelle antécédente, deux campagnes
électorales scolaires pour les neuf commissions scolaires anglophones à
travers le Québec, je sais que l'exercice n'est pas facile, de faire connaître les candidats et candidates, d'inciter un intérêt
médiatique, de se procurer les budgets nécessaires. Par contre, le taux
de participation, ce novembre passé, en parle longuement. De toute évidence, il
y a un problème.
Par contre, de ma
compréhension, et j'inviterai tantôt le ministre à le préciser, il ne remet pas
en question le palier de gouvernement qui s'appelle actuellement commission
scolaire. C'est un palier qui lie l'école publique à sa communauté, un palier qui est perçu par les Québécois d'expression
anglaise, comme les Québécois de la communauté majoritaire, j'oserais dire, comme une pierre angulaire de l'avenir même
de cette communauté dans le cas de la communauté d'expression anglaise
surtout.
Ça, je peux vous
affirmer sans équivoque, pour avoir été le directeur général pour 10 ans de
l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec, quand on parle
de ce palier, on parle d'un lien essentiel avec la communauté, avec les écoles. Dans le cas de ces
neuf commissions scolaires anglophones, elles ont et elles continuent de
toujours privilégier l'innovation et la
flexibilité. Ça s'impose quand on parle des écoles très écartées, des
populations d'une faible densité.
L'innovation est de mise chaque matin, et, de ce qui se passe au sein de la
commission scolaire, ça descend à l'école pour équiper et outiller les
enseignants, enseignantes pour faire leur travail essentiel en ce qui a trait à
la réussite scolaire.
Souvent, les
programmes d'une excellence hors pair sont développés, élaborés par le réseau
des conseillers pédagogiques et en
orientation, ce qui fait en sorte que parmi les 10 meilleures commissions
scolaires sur le plan persévérance
scolaire apparaissent six des neuf commissions scolaires anglophones. Alors, je
trouve ça d'une importance capitale de décortiquer, de scinder les
questions des élections et l'avenir de la démocratie scolaire à la notion de
ces instances imputables à la population et ces instances-là locales.
Ce
qui m'amène, M. le Président, à me permettre deux questions au ministre, de lui
demander, dans un premier temps, s'il
est en mesure de nous assurer qu'il ne remet pas en question l'existence des
commissions scolaires, ni leur imputabilité, ni leur rôle primordial au
sein de leurs communautés, mais qu'on est en train de parler de l'enjeu des
élections à suffrage universel.
Suite
à ça, j'aimerais l'inviter d'élaborer un petit peu, si on est pour passer à un
autre modèle que les élections à suffrage
universel, d'élaborer sur les modèles possibles qui sauvegarderaient
l'implication de la communauté au sein de ces commissions scolaires.
Le Président (M. Habel) : M. le député de D'Arcy-McGee. Je tiens à rappeler
au gouvernement qu'il lui reste un bloc de 18 minutes. Donc, M. le
ministre.
• (13 heures) •
M. Blais :
Merci beaucoup. Effectivement, je pense que ça mérite d'être dit et redit.
Donc, ce qui est remis en question maintenant, là, par le gouvernement, là,
c'est la pertinence du modèle des élections scolaires tel qu'on l'a connu. À vrai dire, il faut faire attention parce
qu'on a souvent une courte vue en cette matière. Les élections scolaires
universelles, au suffrage universel que l'on connaît aujourd'hui, je pense,
remontent à 1973 — est-ce
que je me trompe? — ou peut-être 1976, mais je pense que c'est
1973. Auparavant, c'était un modèle qui était un peu plus... quasi
censitaire, hein, plutôt que le suffrage universel. Donc, c'est une... dans
l'histoire, la longue histoire des commissions scolaires, là, le suffrage
universel est assez récent.
Donc,
ce que l'on a dit, et je pense qu'il y a quasi consensus en Chambre là-dessus,
c'est que nous avons encore besoin d'un organisme d'entité intermédiaire
pour appuyer les écoles. On ne veut pas que les écoles commencent à s'occuper des salaires, qu'elles s'occupent à
elles seules des rénovations, qu'elles s'occupent à elles seules du
transport scolaire, alors que plusieurs
écoles peuvent bénéficier, hein, du transport scolaire. Donc, il
y a une surdécentralisation
qui serait nocive, là, au développement d'un projet scolaire, et c'est pour ça qu'on a besoin d'une entité administrative, là, qui puisse appuyer les écoles. Donc, notre objectif,
ce n'est pas du tout de remettre en question cette entité-là — appelons-la
commission scolaire, probablement qu'elle va s'appeler encore commission
scolaire dans le futur — mais
de trouver un nouveau modèle de désignation.
Alors, mon collègue
me demande : Bien, quel pourrait être ce modèle? Est-ce qu'on a des idées?
Je vais être prudent là-dessus, mais je vais dire un peu ce que j'ai déjà
évoqué comme possibilité. Vous savez, il y a déjà certains scénarios. Quand il est fait par des personnes
assez connues, là, au Québec, dont M. Proulx, l'ancien président du
Conseil supérieur de l'éducation, qui pensait qu'on était rendus à une époque
où on pourrait désigner des représentants, des représentants qui sont déjà associés directement, impliqués dans le
milieu scolaire... Alors, qui sont ces personnes? Bien sûr, les parents, tout d'abord; ensuite, ajoutons
des représentants du milieu municipal peut-être. Pourquoi? Parce qu'on sait bien qu'il y a des intérêts communs entre le
milieu municipal et le milieu scolaire. Il y a des infrastructures, hein,
que les uns et les autres peuvent utiliser,
donc il y a peut-être un avantage à ce qu'il y ait une représentation à ce
niveau-là. On a parlé, qui...
M. Proulx, si je me souviens bien, parlait de représentants du milieu
collégial qui ont un intérêt marqué pour la réussite des élèves,
d'autres ont parlé, même, de représentants du milieu communautaire ou du milieu
des affaires. Donc, on a une idée que l'on
peut trouver différentes personnes pour qu'une communauté soit représentée
correctement au sein de cette instance-là.
Il y aura un enjeu
plus particulier. Je sais que mon collègue a cette sensibilité par rapport à la
communauté anglophone, là, parce que, là,
nos obligations, là, disons, nos obligations constitutionnelles sont claires.
Et là, encore une fois, moi, je suis sûr... puis je l'ai mentionné à des
représentants de la communauté, je vais le dire : On va trouver des solutions. En fin de compte, les Québécois, qui
sont une minorité linguistique en Amérique du Nord, sont bien placés
pour comprendre l'importance d'avoir un contrôle sur leurs institutions. Pensons
simplement aux autres francophones du Canada,
on le sait bien, lorsqu'il est question de protéger leurs institutions, la
première qui est en cause, c'est l'école, hein, parce que l'école est un véhicule de transmission culturel fondamental.
Donc, je pense qu'il n'y a personne ici, au Québec, qui ignore
l'importance pour une communauté d'avoir un certain contrôle sur ses
institutions.
Je
l'ai dit, je le répète, j'ai une obligation, à titre de ministre de
l'Éducation, de défendre, de protéger les intérêts de cette communauté. Je suis certain qu'on va
trouver un véhicule, là, qui va convenir et qui, finalement, est peut-être
un peu plus d'avenir que le véhicule actuel, qui a probablement mal vieilli
avec le temps.
Le Président (M.
Habel) : M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Si je peux me permettre une petite question d'appoint
sur ce sujet, et on passerait à un autre sujet après... Est-ce que le ministre
compte... travaille de près avec les instances actuelles, s'il y a l'ouverture,
je l'espère, pour explorer d'autres modèles?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui, disons que... Bon, vous comprenez qu'avec les commissions
scolaires pour le moment c'est plus difficile, mais, même là, il y a un
enjeu qui est intéressant pour elles, pour les commissions, parce qu'on
travaille sur plusieurs fronts. On l'a
mentionné tout à l'heure : on travaille sur le front des taxes scolaires,
là où elles ont une expertise, sur la
question de la gouvernance, là où elles ont une expertise, et la question
importante des fusions, où elles peuvent nous aider beaucoup, là, à
avancer. Il y a un désaccord, pour le moment — on ne peut pas le nier — sur
l'enjeu des élections, mais, même là, même là...
Je pense que la plupart des commissions scolaires ont résisté... à l'époque,
rappelez-vous, dans le débat qui allait
permettre à des parents, hein, donc, identifiés par les conseils
d'établissement, si je ne me trompe pas, à être présents aux réunions
des commissions scolaires. Rappelez-vous qu'il y a eu un peu de résistance à l'époque. Et les commissions scolaires le
reconnaissent et aujourd'hui, bien, ils trouvent qu'on est passés à autre
chose, que l'apport des parents était, bien
sûr, un apport qui était fort utile. Donc, je pense qu'on va, à un moment
donné, dépasser la résistance et
aller vers des propositions. Moi, je les invite, là, à faire des propositions. Elles ont une expertise, et puis on ne veut pas la perdre, là,
pendant ces changements.
Le Président (M. Habel) : Merci beaucoup,
M. le ministre. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le Président.
J'aimerais passer à une autre question, maintenant, qui va dans le même sens. Tout à fait un autre sujet, mais je crois
qu'il faut qu'on se rappelle que tous ces gestes sont dans l'optique de maximiser la réussite scolaire. Un sujet qui
touche profondément à ça, c'est la
formation des enseignants et enseignantes.
On parle de
cette profession bien souvent comme vocation, et à juste titre. Un de mes actes
dont j'ai été le plus fier quand
j'étais directeur général de l'Association des commissions scolaires
anglophones a été de dégager une petite somme pour promouvoir l'école publique — quelque chose, d'ailleurs, qu'on a besoin de
faire à chaque jour — et,
pour le faire, on a interpellé les Québécois
d'une certaine renommée de nous rappeler d'un enseignant ou une enseignante
qui a changé leur vie. Et moi, j'ai eu le plaisir de compléter la campagne en
faisant lire les entrevues avec, entre autres, Brian Murray, le directeur général des Ottawa Senators — on peut parler bien de lui, compte tenu que
les Canadiens se sont débarrassés des Senators — et
j'ai fait l'entrevue avec lui, et ça n'a pris que trois secondes — pour
un homme d'un certain âge qui connaît
actuellement des problèmes de santé, alors nos pensées sont à lui — ça n'a pris que quelques secondes pour parler de son prof de gym aux
années 60. M. Murray, on peut s'attendre, peut-être était un grand
athlète dans le temps aussi, mais son prof
de gym lui a pris en main et il a dit que... bon : Vous cherchez une
carrière en athlétisme, dans les sports? Vous avez à vous mettre à la
tâche pour les sujets qui comptent, vous former comme citoyen. Et ce prof l'a
accompagné puis il l'a mis sur la bonne voie.
Je trouve
qu'on ne peut jamais dire trop souvent comment ces gens-là sont des
intervenants, après des parents, enfin,
les plus clés dans l'avenir de nos enfants, ce qui nous interpelle à nous
assurer qu'on prend soin de cette profession et qu'on lui donne l'appui nécessaire. Et ça ne suggère pas qu'il n'y a
pas des actions à apporter pour améliorer la profession et la formation
des enseignants.
En 2004, dans son avis sur la profession
enseignante, le Conseil supérieur de l'éducation recommandait au ministre de
l'Éducation «de rappeler que l'enseignement est une profession dont l'exercice
exige l'acquisition d'une expertise
[particulière] et que cette expertise se traduit, dans les faits, par la
maîtrise de compétences professionnelles, d'établir des "normes professionnelles" pour l'exercice de la
profession enseignante afin de spécifier les seuils de compétence
nécessaires pour accéder à la profession et pour l'exercer». Dans ce même avis,
le Conseil supérieur de l'éducation recommandait aux universités «de rehausser
le niveau d'exigence pour l'accès à la formation initiale des enseignants,
concernant la langue d'enseignement».
Plus récemment, le comité d'experts dirigé par
Mme Pauline Champoux-Lesage et M. Marcel Leblanc s'est à nouveau penché sur cette question. Ce comité a eu
pour mandat de mener une réflexion sur la gouvernance, l'administration,
la gestion et le financement des commissions scolaires et de formuler des
recommandations au gouvernement en ces
matières. Dans le rapport, qui a été remis en juin 2014, ces experts
mentionnent que, et je le cite, «la qualité
de la formation initiale des enseignants et les exigences liées à l'obtention
d'un brevet d'enseignement sont d'autres facteurs importants qui
contribuent à la réussite éducative tout en valorisant la profession. En
Finlande — l'exemple
qu'on aime citer assez souvent — un pays souvent cité [...] les critères
d'admission aux programmes de formation en enseignement sont élevés et un
diplôme de maîtrise est requis pour avoir le droit d'enseigner.»
Les experts ajoutent : «10 ans après
le constat effectué par le Conseil supérieur de l'éducation, le comité considère que les critères d'admission aux
programmes de formation en enseignement dans les universités québécoises
ne sont toujours pas assez exigeants.»
Ce qui
m'amène, M. le Président, à poser la question suivante au ministre : Quand est-ce que des
changements seront apportés afin de s'assurer que ces recommandations seront
mises en oeuvre? Et est-il possible de mener ces changements à coût raisonnable
ou bien faut-il prévoir des budgets importants pour mener des grandes réformes?
• (13 h 10) •
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le député de D'Arcy-McGee. M. le ministre, il reste 6 min 15 s.
M.
Blais : Très bien. Avant de répondre à la question, je vais revenir,
si vous voulez bien, sur votre introduction. Je vais rendre un hommage
personnel. Moi, j'ai trois enseignants qui m'ont marqué — vous
allez voir que c'est assez hétérogène — donc : soeur Émilienne Brisson,
peut-être qu'elle nous écoute aujourd'hui, mais, bon, elle souffre d'Alzheimer, donc je ne sais pas si c'est possible
pour elle maintenant de nous suivre, mais c'est celle qui m'a initié à
la musique quand
j'étais à l'école primaire; le Pr Andrew Quinn, au cégep, il était un
existentialiste qui m'a initié à la philosophie et qui m'a fait lire tout Jean-Paul Sartre avant mes 20 ans; et le
Pr Jean-Nicolas Kaufmann, qui était mon directeur de thèse avec Georges Leroux, qui m'ont initié, là,
à la philosophie analytique. Moi, c'est trois enseignants qui, peut-être
dans une même salle, ne se seraient
peut-être pas entendus, mais, à différents moments, là, de mon propre parcours,
là, d'étudiant, qui m'ont marqué mais vraiment profondément, chacun
d'entre eux, profondément, et puis je les remercie.
Maintenant,
sur la question de la formation des enseignants, écoutez, on l'a vu encore ce
printemps, les futurs enseignants du
Québec ont de la difficulté à réussir, en fin de parcours, des examens de
français. Et, quand on regarde d'un
peu plus près, disons, les critères pour les exigences, en général les
exigences sont relativement faibles. Dans certains cas, on parle de moyenne, au collégial, autour de
20, 21. Comme je disais souvent à mes propres étudiants... Moi, j'avais bloqué, disons, j'avais contingenté des programmes
de ma faculté, il y a quelques années, à 22, et je disais aux étudiants qui considéraient que j'étais élitiste en
demandant une cote R de 22, je leur disais : Écoutez, si vous avez
une cote R de moins de 22, c'est probablement parce que vous avez
eu du bon temps au cégep; alors, il faut être content, là, du bon temps que vous avez pris pour vous, mais vous avez
un problème sérieux. Et, je le dis plus sérieusement, nous avions des indications
claires que les risques d'échec d'un étudiant en sociologie ou en sciences
politiques qui rentrait avec une cote R plus faible que 22 étaient très élevés. Et ça, ça veut dire quoi? Ça
veut dire des personnes qui ont vécu échec par-dessus échec parce que l'université n'a pas eu le
courage de lui dire : Écoutez, on ne pense pas que ça va aller pour vous ou encore, si vous voulez vraiment rentrer,
faites vos preuves, et, quand vous aurez fait vos preuves, vous pourrez accéder
à la...
Et
je connais un peu la logique qui est parfois, parfois clientéliste dans les
universités québécoises pour des raisons que je comprends et je pense que là où on n'a pas le droit de se
permettre, disons, de faire d'erreur, c'est dans la sélection des étudiants. Je
ne dis pas que la cote R fait foi de tout, hein? Ça a été repris, parfois
un peu caricaturé, mais la cote R, hein, on le sait, est un excellent
prédicteur de réussite, hein? On peut avoir de bons résultats quand on a une
cote R plus faible parce qu'on
se découvre, un jour ou l'autre, une vocation, un intérêt, mais en général la
cote R est un excellent prédicteur de réussite.
Donc,
les solutions à notre disposition, là, sont doubles : ou bien on demande
aux universités d'avoir un plancher de
cote R ou bien on contingente carrément le programme, comme on fait dans
d'autres domaines, notamment. Bon, le programme
le plus connu, c'est le programme de médecine. Évidemment, si on va vers le
contingentement, il faut que l'on
accepte d'avoir une gestion de l'offre, hein, et donc il ne faut pas créer
artificiellement une rareté de cette profession-là. On sait qu'il y a
des secteurs, déjà, où on a de la difficulté à recruter. C'est pour ça que j'ai
demandé aussi — vous
rassurer — pour voir s'il y a un profil possible, oui,
un profil possible pour des étudiants qui ont bien performé dans les disciplines, notamment, bien sûr, les disciplines
scientifiques où on a des besoins — l'histoire, le français aussi — qui
sont reconnus. Donc, il y a déjà un passage
qui est possible, mais ce passage-là, je le trouve assez lourd, donc, si on
pourrait le simplifier et le faciliter au Québec... Parce que je pense qu'avec un bon encadrement, avec des stages
appropriés, il est possible pour un historien
passionné qui a eu d'excellents résultats d'enseigner l'histoire au Québec. Il
me semble que ce serait un peu
inquiétant que ça ne soit pas possible. Donc, augmenter le bassin et surtout
augmenter le bassin d'étudiants qui ont été performants, qui ont un
engouement. On voit en ce moment des étudiants qui commencent dans les facultés
de pédagogie, d'éducation, et qui... pour
lesquels l'enseignement était leur troisième choix. Vous vous rendez
compte, hein? Alors, j'espère qu'ils vont
trouver quelque chose à leur mesure dans ce troisième choix là, mais c'est un
indicateur sérieux, là, qu'on ne valorise pas suffisamment cette
profession, ni à l'entrée ni dans la perception populaire, d'ailleurs.
Le Président (M.
Habel) : Merci beaucoup. M. le député de D'Arcy-McGee, il vous reste
30 secondes.
M.
Birnbaum : Bien, tout simplement peut-être, M. le
Président, pour demander au ministre
s'il est confiant que les instances
vont être au rendez-vous pour ces nouvelles exigences, c'est-à-dire les universités, les élèves
qui risquent de choisir cette profession.
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui, donc il y a un enjeu de gestion de l'offre et de la
demande. Ça, je reconnais que c'est plus complexe que pour les facultés de médecine. Pour les
universités, écoutez, tout dépend, bien sûr, de leur financement, hein,
parce que celles qui ont peut-être péché davantage par clientélisme, celles-là,
il pourrait être plus difficile d'avoir une version contingentée de leurs
programmes.
Mais la fin, ce n'est
pas le financement, là, hein, la fin, c'est d'aller chercher les meilleurs
candidats possible.
Le Président (M.
Habel) : Merci beaucoup, M. le ministre. Donc, je vous remercie pour
votre collaboration.
La
commission suspend ses travaux jusqu'à 15 heures, où elle poursuivra l'étude du
volet Éducation préscolaire, enseignement primaire et secondaire.
Je tiens à signifier
aux députés et aux gens qui nous accompagnent qu'ils peuvent laisser leurs
documents dans la salle lors de la suspension, elle sera sécurisée, et on se
revoit à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à
13 h 17)
(Reprise à 15 heures)
Le Président (M. Habel) : Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de la culture et de l'éducation reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La
commission est réunie afin de poursuivre l'étude du volet Éducation
préscolaire, Enseignement primaire et secondaire. Donc, je cède
immédiatement la parole à la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : Merci, M. le
Président. Alors, nous poursuivons l'étude des crédits pour la partie primaire
et secondaire. J'aimerais qu'on puisse
parler de l'annonce du gouvernement cet automne dernier, dans le fond, qui
s'est faite sur les fusions des commissions scolaires. Vous l'avez
abordé un peu tout à l'heure, vous avez dit... le ministre a dit, M. le Président, qu'il travaillait sur plusieurs
fronts. J'ai bien écouté qu'il parlait des taxes, et de la gouvernance, et
des fusions. Nous avons eu, je pourrais dire,
depuis cet automne, différentes déclarations par rapport à ça. On a des
commentaires aussi des différentes associations, ou groupes, ou mouvements
syndicaux, peu importe, qui ont eu quelquefois
des discussions avec des gens du ministère, et nous voulons... nous ne savons
pas, à ce moment-ci, où s'en va le gouvernement par rapport à ces
dossiers, ces trois dossiers-là, si ce n'est qu'on a entendu que le ministre
nous a parlé de... par rapport aux élections... ses déclarations par rapport
aux élections scolaires la semaine dernière.
Je veux
mettre ça clair auprès du ministre, nous avons clairement dit que nous, comme
formation politique, nous sommes pour les fusions, mais des fusions
intelligentes. Et nous avons déjà, lorsque nous étions au pouvoir... Dans le budget de mon collègue député de Rousseau, le
ministre des Finances, ça avait été clairement identifié, ce désir de
vouloir faire les fusions de commissions
scolaires. Et là ce que j'aimerais savoir du ministre... C'est que j'avais eu
des discussions avec votre
prédécesseur par rapport... qu'il ne fonctionnerait pas nécessairement juste
par décret, que ça se fasse dans un projet
de loi. J'ai dit en période de questions : Est-ce que le ministre peut
être clair aujourd'hui? S'engage-t-il à faire adopter une nouvelle carte des commissions scolaires dans
un projet de loi et non par un simple décret ministériel? Le ministre de
l'époque m'a dit : Ma réponse est
simple, oui, ça va être un projet de loi. Donc, il a été clairement identifié
que c'était un projet de loi.
Par contre,
je dois quand même dire au ministre que c'est... lorsqu'on veut donner un
nouveau modèle d'organisation scolaire
ou de vouloir faire des fusions des commissions scolaires, d'une part, il faut
quand même se dire que les commissions
scolaires... il faut que le ministre puisse savoir que les commissions
scolaires, c'est un budget de 10 milliards, les commissions scolaires, et ça fait 170 ans qu'on a des
commissions scolaires au Québec. Je peux comprendre qu'on veut
peut-être, sur un bout de table, faire un peu de bricolage, parce que c'est ce
qu'on a senti, les derniers mois, que c'était du bricolage, c'était fait sur un
bout de table.
Alors,
j'aimerais bien savoir du ministre comment il va procéder par rapport à ce défi
de vouloir faire des fusions de
commissions scolaires. Est-ce qu'il va le faire dans un projet de loi où on va
y retrouver les taxes scolaires, la gouvernance et les fusions des
commissions scolaires? Et, de sa réponse, je vais poursuivre, dépendant ce
qu'il va me dire.
Le Président (M. Habel) : Merci, Mme
la députée. M. le ministre.
M. Blais : Donc, en ce moment, là,
la projection qui est faite, là, c'est qu'effectivement, ces quatre différents fronts là, on puisse les aborder à l'intérieur
d'un projet de loi. Disons, je mets peut-être... je serai prudent sur les... je
serais prudent sur — je
vais augmenter ma voix aussi, là — la question des taxes scolaires parce
que, bon, là, est-ce qu'on veut utiliser ce
véhicule-là ou pas? Il est un peu tôt, mais, pour les autres, on pense que ça
serait nécessaire d'y aller par un projet de loi.
Mme Léger :
M. le Président, on ne peut pas arriver avec un projet de loi sans qu'on ait eu
le temps de discuter avec les
partenaires. Et j'ai beaucoup d'inquiétude sur la manière que fait le
gouvernement dans différents dossiers, celui de consulter plus ou moins les partenaires. Il y a peut-être une petite
rencontre de temps en temps, c'est toujours derrière des portes closes, c'est toujours, hein, des petites
rencontres privées. Je pense qu'on est en droit d'avoir des grandes
consultations préalables à cette
initiative-là que le gouvernement voudra faire avec un projet de loi. Je crois qu'il faudra peut-être, au bout de la ligne, d'avoir un projet de loi, mais, avant
de faire un projet de loi... Parce qu'à date le gouvernement, lorsqu'il
dépose des projets de loi, souvent, c'est
des... ou c'est des projets de loi qui... parfois c'est de l'improvisation,
c'est mal ficelé, puis on a toujours à retravailler, amender par-dessus
amendement.
Alors, ce que
je demanderais au ministre, c'est qu'il puisse y avoir des consultations
larges, préalables avant de déposer un projet de loi pour que tout le
milieu de l'éducation puisse venir, pour que le milieu de l'éducation puisse donner leur opinion. Ils ont des idées, le milieu
de l'éducation. Tous les gens qu'on rencontre ont beaucoup d'idées à
mettre sur la table puis tous les gens qu'on rencontre sont conscients de la
problématique ou du prochain défi qu'il y aura avec les commissions scolaires
ou avec la gouvernance, entre autres. Je pense que ça serait de bon augure et
d'une ouverture du ministre à ce qu'il puisse
ouvrir des consultations larges, publiques pour que les gens puissent venir
s'exprimer. On ne peut pas mettre à terre
une façon de faire depuis tant d'années sans nécessairement prendre le
temps de vraiment voir puis avoir les idées des gens.
Et là, de ce que je vois depuis les derniers
mois, au ministre puis le ministre précédent, on arrachait d'avoir des bouts pour que je puisse arriver... En tout
cas, quand on est arrivés et qu'il m'a dit qu'il y avait un projet de loi,
là... Ça a pris beaucoup de périodes de
questions pour qu'il puisse me dire qu'il était pour y avoir un projet de loi.
Mais maintenant, dans le projet de
loi, je veux dire, peu importe comment il est fait, il va y avoir des
consultations dans un projet de loi. C'est
normal d'avoir des consultations, mais je pense que ça mérite beaucoup plus que
ça. Ça mérite peut-être un avant-projet
de loi, mais ça mérite tout au moins des grandes consultations pour que les
gens puissent parler. J'aimerais avoir l'opinion du ministre, avant
qu'il dépose un projet de loi, s'il va faire des consultations générales
larges.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Je
veux peut-être rappeler qu'il y a eu... notamment sur la question des fusions,
il y a eu beaucoup de consultations. Je
pense que, même, vous y avez participé, je pense qu'il y a eu des discussions
avec mon collègue, là. En tout cas,
il y a eu beaucoup de consultations avec les commissions scolaires, il y a eu
beaucoup de rencontres avec les commissions
scolaires, avec des représentants parfois des municipalités, la ville de
Montréal notamment, je me souviens, donc... avec des députés, au besoin,
qui étaient intéressés par la question.
Donc, il y a
déjà, en ce moment, comment dire... il y a un actif, en ce moment, par rapport
aux fusions. On ne partira pas de
rien. Il y avait déjà des projets de fusion, qui sont des projets qui sont bien
encadrés, là, c'est-à-dire on sait que les gens, après discussion, etc.,
ont vu un intérêt à une fusion. Et, je ne vous le cache pas, il y a même des
commissions scolaires qui aimeraient qu'on
puisse procéder dès maintenant, certaines d'entre elles, à ces fusions-là.
Pour le moment, j'hésite. Ce n'est
pas la voie que je privilégie, je préfère voir l'ensemble que d'y aller, disons,
morceau par morceau. Je pense que vous avez une préoccupation qui est
semblable à la mienne là-dessus.
Donc, il va y avoir consultation, on ne peut pas
y arriver sans consultation, mais il va y avoir aussi, suite à ce projet de loi là qui va être important, hein, je
pense... et il va y avoir aussi commission parlementaire. Je pense que
les représentants, là, des formations
politiques vont demander à ce que ce soit le plus large possible. Mais on ne
part pas de rien, hein? On a quand
même un actif qui est assez important, et l'idée c'est de finaliser sur
certains enjeux sur lesquels on est un peu moins avancés.
Il faut
comprendre aussi qu'il y a des sujets pour lesquels les consultations aussi
larges peut-être que celles que vous avez mentionnées, là, sont
efficaces, mais d'autres sujets, c'est beaucoup moins efficace. Par exemple,
dès qu'on touche à des questions de
territoire, de définition de territoire, qui fait partie du nouvel ensemble,
qui ne fait pas partie du nouvel
ensemble, on sait que c'est toujours très difficile, pour les gens qui
contribuent, là, au dialogue, de prendre la distance nécessaire. Alors, on rencontre des gens. Il y
aura consultation surtout là-dessus. Je peux vous dire que la Fédération
des commissions scolaires est très intéressée
à participer au débat; du côté anglophone, c'est la même chose. Et on
arrivera à un projet de loi dans lequel on
pourra ouvrir... lorsqu'on aura vraiment le projet lui-même, on ouvrira les
discussions pour le rendre encore plus... l'améliorer, parce que tout
est perfectible.
Le Président (M. Habel) : Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles.
• (15 h 10) •
Mme Léger : On ne peut pas...
C'est absolument important que le ministre saisisse vraiment ce qu'il est en train de faire. C'est important... Une commission scolaire, entre
autres... si je prends la commission scolaire... parce que la gouvernance, c'est une autre affaire. Quand
vous dites qu'il y a déjà des choses de faites pour la gouvernance,
c'est complètement nouveau, là. La gouvernance,
il n'y a pas grand-chose de fait avant, là, ce serait nouveau, ce qu'on est
en train de faire pour la gouvernance. Ça
fait que ce n'est pas... ne me dites pas que vous avez déjà entamé des choses
sans nécessairement que ça se fasse d'une façon plus publique.
Mais, au niveau des fusions des commissions
scolaires, ça a un impact important dans les régions du Québec. Quand vous dites : Les gens n'ont pas
nécessairement toujours la distance nécessaire, bien, c'est des milieux de
toutes les régions du Québec. Une commission
scolaire, là, c'est très important pour la vitalité économique d'un milieu,
d'une région. Et, pour moi,
j'aimerais signifier au ministre qu'une consultation, là, ça ne peut pas se
faire parce que vous rencontrez la Fédération des commissions scolaires
ou parce que vous rencontrez un groupe d'associations, peu importe lequel. Ce n'est pas suffisant. Moi, je ne sais pas, vous ne
m'avez pas consultée. Je ne sais pas si vous avez consulté mon collègue de Chambly, je ne sais pas... Nous autres, on n'a
pas été consultés. Ça fait qu'on va être consultés, j'imagine,
simplement quand il va être rendu au projet de loi.
Je pense que
c'est majeur comme transformation pour notre société puis je crois que ça
mérite des consultations larges avant
que vous déposiez un projet de loi pour permettre à tous les acteurs... parce
que venez... le ministre ne peut pas me dire aujourd'hui qu'il a parlé à
tout le monde. Le ministre ne peut pas me dire aujourd'hui que tous les gens concernés par le milieu de l'éducation... parce
qu'une commission scolaire, c'est une chose, mais tout ce que ça
implique au niveau de la gouvernance aussi,
qui est l'autre dossier important, ça mérite... Je pense, si le ministre veut
être constructif puis veut y faire sa
marque comme ministre de l'Éducation, ça mérite qu'il consulte largement avant
de déposer un projet de loi. C'est majeur, à mon avis, et je pense qu'il
va satisfaire le milieu de l'éducation qui a des choses à lui dire.
Moi, je
rencontre beaucoup de monde du milieu de l'éducation. On fait plein de
rencontres avec plein d'associations,
puis ils nous disent tous qu'ils ont plein d'idées, qu'ils voulaient le
partager. Mais, si vous le partagez en portes
closes ou parce que des gens de votre cabinet ou tout ça, qu'ils rencontrent un
groupe puis... ce n'est pas suffisant. On
veut connaître l'opinion de tout le monde, largement, publiquement pour que ce
débat-là sur l'éducation, qui est majeur par rapport aux fusions des commissions scolaires pour les régions, qui
est majeur pour les types de gouvernance que vous allez faire... Moi, je crois que c'est des
dossiers importants. J'invite ardemment le ministre de faire des grandes
consultations puis prendre le temps de faire les choses.
Et puis je ne
sais pas quand encore, mais qu'il... parce que... j'espère qu'il ne déposera
pas ça comme ça, de même, puis on va
partir l'été, puis on ne sait pas trop qu'est-ce qui va se faire, mais, de ce
que j'ai entendu, c'est avant 2016. Alors,
il est ardemment temps, parce que, vous savez, une année scolaire, là, ça se
prépare. Alors, il est ardemment temps qu'on fasse des larges
consultations.
Je ne peux
pas croire que le ministre a toutes les idées, puis ils savent tout ça, qu'il a
entendu tout le monde puis qu'il sait
l'impact puis les... Alors, vous êtes là, pas depuis longtemps. Le ministre, il
est un ministre récent actuellement dans cette fonction de ministre de
l'Éducation, mais, je veux dire... je sais, il connaît le milieu de
l'éducation, là, ce n'est pas à ce
niveau-là, mais je pense qu'on ne peut pas faire... J'entendais tout à l'heure
les commissions scolaires... le député
de D'Arcy-McGee, avec raison, sur les commissions scolaires anglophones. Il y a
plusieurs... beaucoup d'éléments juste pour les fusions des commissions scolaires
puis pour la gouvernance, qui est majeure, et ça a un impact important.
C'est 10 milliards de budget, là, ça a un impact important.
Alors,
j'insiste encore fortement et je vais le dire sur toutes les tribunes que je
pourrai le dire, je vais le dire partout, je vous le dis, M. le Président, je souhaite ardemment puis j'espère que
les gens du ministère de l'Éducation écoutent bien : Je crois que c'est à l'avantage de toute la
société québécoise qui ont à coeur l'éducation au Québec, je pense que
c'est un moment important pour le nouveau ministre de l'Éducation de prendre le
temps de consulter d'une façon large la population du Québec, qu'on puisse
s'exprimer sur l'avenir des commissions scolaires. Quand ça fait 170 ans
que les commissions scolaires existent puis c'est 10 milliards de budget,
je pense que ça mérite une attention un peu plus particulière que juste un projet de loi puis que, là, les gens vont
venir pour... des consultations générales normales. Je pense que ça
mérite plus que ça puis j'aimerais convaincre le ministre du bienfait de ces
larges consultations publiques.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Oui. Écoutez, je pense qu'on s'entend sur le fait, là,
qu'avant de déposer un projet de loi il faut réfléchir beaucoup,
consulter. Il y a un amoncellement de rapports, de positions qui ont été prises
depuis quoi, là... au moins une dizaine
d'années, il y a eu une augmentation de ces contenus-là sur l'avenir des
commissions scolaires. Donc, on sait, là, beaucoup de choses déjà. On
connaît la position des acteurs les plus importants.
Je pense que
la population, ce qu'elle attend de nous, c'est que nous agissions, c'est que
nous donnions une vision de ce qui
mérite d'être fait pour moderniser les commissions scolaires. Je pense qu'elles
en ont besoin. Les commissions
scolaires ont rendu des grands services dans l'histoire du Québec, il faut le
reconnaître. Mais ce que l'on veut maintenant, hein, c'est de définir une vision la plus cohérente possible, la présenter
à la population et surtout la présenter ici même, dans cette Chambre. Il me semble
qu'on va être d'accord là-dessus, le lieu, hein, où les débats doivent se
faire, où les choses peuvent être décidées, c'est quand même au Parlement.
Donc, moi,
j'ai confiance à la fois que, donc, le travail de fond se fait sur une vision
claire pour des commissions scolaires
modernes, du XXIe siècle, et j'ai confiance qu'on va arriver à une
proposition qui va rallier beaucoup de gens ici, en Chambre, et qui va rallier aussi une bonne partie de la population.
La population ne veut plus qu'on discute et qu'on consulte là-dessus de
manière, disons, indéfinie, là. Elle veut qu'on prenne des décisions, qu'on
propose une vision, qu'on propose une
démarche et ensuite on pourra, entre collègues, en discuter et recevoir, bien
sûr — vous
avez raison de le mentionner, là — tous les interlocuteurs
intéressés.
Le Président (M. Habel) : Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme Léger : M. le Président,
il me reste combien de temps?
Le Président (M. Habel) : Il vous
reste 4 min 30 s.
Mme Léger :
Quatre minutes. Ça va vite. Alors, je veux confirmer avec le ministre. Donc, ce
que je comprends du ministre, c'est
qu'il va y avoir un projet de loi. Ce que je comprends du ministre, c'est qu'il
veut des consultations. Ce que je comprends
du ministre, c'est qu'il veut que le projet de loi... les consultations vont se
faire sur les fusions et la gouvernance, pas certain sur les taxes,
c'est un autre... Mais ce que je comprends, j'aimerais ça qu'il me le confirme,
si j'ai bien compris ce bout-là. Le deuxième bout, c'est que j'aimerais bien le
convaincre de larges consultations.
Je vois que
vous réfléchissez beaucoup, M. le ministre. M. le Président, le ministre
réfléchit beaucoup. Je pense que c'est
un moment important au niveau de... charnière dans le milieu de l'éducation,
des changements qui vont être apportés dans
les prochaines semaines, prochains mois. Et je voudrais... J'argumenterais, je
ne sais pas, jusqu'à la fin des temps, comme on peut dire, mais pour
vraiment influencer le ministre à ce qu'il puisse écouter tout le milieu de
l'éducation, qui a beaucoup de choses à lui
dire, puis qu'il apprendrait beaucoup. Avant qu'il dépose un projet de loi,
qu'il puisse faire des grandes
consultations, puis que ce ne soit pas derrière des portes closes, qu'il soit
un ministre rassembleur, un ministre qui
a une vision du gouvernement puis qui a le goût de travailler avec ses
partenaires, pas dans des rencontres privées, mais d'une façon large, et que nous, comme opposition
officielle et deuxième opposition, on puisse y contribuer, parce que je
pense que tout le monde a des idées, puis ça peut être très positif.
Je lui tends
toute la main, là, parce que je le critique souvent, vous savez, mais là je lui
tends la main puis je suis en train de lui dire, là : Regarde, on
est prêts à travailler, mais il faut qu'il fasse ce bout-là.
Le Président (M. Habel) : Alors, M.
le ministre.
M. Blais : Bien, écoutez, moi, je
remercie d'abord ma collègue, parce que je sais que son intérêt, là, pour la
question, c'est un intérêt qui est authentique, là, tout à fait authentique.
Encore une
fois, là, je ne veux pas répéter, mais on est rendus à un moment où, bien, on
veut présenter un projet de loi. Et,
dans ce projet de loi, il y aura une vision, hein, du type de commissions
scolaires dont on a besoin. Oui, je vais consulter, portes closes ou portes ouvertes, différents groupes, etc.,
mais on a déjà une panoplie d'informations sur ces questions-là, qu'on a
accumulées, là, depuis des années, et on connaît les positions les plus
importantes. Et, quand on ne les connaît pas, on peut faire en sorte d'aller
chercher les informations.
Ce qui est
important, je pense, pour la population, là, assez rapidement, là, c'est d'en
arriver au dépôt d'un projet de loi qui va donner de la vision... C'est
le risque, hein? Quand un gouvernement... Quand un parti politique présente un projet de loi, le risque
qu'il prend, hein, c'est que ce projet de loi là ne soit pas à la hauteur de la
Chambre, ne soit pas à la hauteur des attentes de la population. Donc,
c'est le risque que j'assume comme ministre de l'Éducation.
Et ensuite
elle peut être convaincue d'une chose : il y aura une consultation large,
il y aura différents points de vue possibles sur la question. Je ne suis
pas du tout inquiet, là, que la démocratie délibérative va être au rendez-vous.
Le Président (M. Habel) : Mme la
députée de Pointe-aux-Trembles.
• (15 h 20) •
Mme Léger :
M. le Président, au-delà des gens du milieu de l'éducation, je pense que la
population serait très satisfaite et heureuse d'entendre tous les
pourparlers qu'on pourrait avoir en consultation puis de voir où on en est rendus en éducation par rapport particulièrement
sur les fusions et la gouvernance, qui sont des éléments, je pense,
qui... il y a beaucoup d'intérêt derrière ces sujets-là. Mais ma question
est : Quand? Quand?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Oui, quand, le dépôt?
Mme Léger : Quand, les consultations
générales larges?
M. Blais : Quand on sera prêts.
Quand on sera prêts puis quand le projet de loi sera prêt, hein? Parce que, là,
on aura une discussion...
Mme Léger : Est-ce que c'est
avant la fin de la session?
M.
Blais : Bon, je l'annoncerai en temps et lieu, puis vous serez parmi
les premiers informés de la chose. Mais, quand le projet de loi sera prêt, on aura... en anglais, on dit un
«position paper», mais j'essaie de le dire en français... mais, en tout cas, on aura, là, hein, un point de vue,
là, complet, une position gouvernementale sur une question qui
intéresse, bien sûr, la population, puis ma
collègue a raison d'insister là-dessus. On aura la vision, on aura... du
gouvernement, et là on pourra ouvrir les discussions, améliorer le
projet de loi, puis je sais que vous allez participer à cette discussion-là. Je
sais aussi que vous avez des points de vue sur la question, que vous allez
être, bien sûr, appelée à...
Le Président (M. Habel) : Merci.
Merci beaucoup. Le temps alloué à l'opposition officielle est terminé. Je
reconnais maintenant la députée de Richmond pour un temps de 20 minutes.
Mme
Vallières :
Merci beaucoup, M. le Président, bien apprécié. Salutations aux collègues avec
qui j'ai la chance d'être ici
aujourd'hui, salutations au ministre également qui met énormément d'énergie et
d'intérêt à nous répondre le plus adéquatement
possible. C'est vraiment très, très apprécié... de l'ouverture de vos réponses.
On est tous ici parce qu'on a un intérêt pour l'avenir de nos enfants,
on a un intérêt pour notre éducation. C'est notre futur aussi.
Je ne vous cacherai pas que c'est non seulement
à titre de députée que je tenais à être ici aujourd'hui, mais également parce que j'ai un intérêt personnel,
étant la maman de deux belles grandes filles : Clémence, qui est en
quatrième année, et Roséliane, en secondaire
I. Ce sont des dossiers que je suis tout particulièrement de près, non seulement
comme parlementaire, mais aussi comme maman,
à gérer les devoirs et leçons, le parcours scolaire de mes enfants aussi.
Alors, c'est toujours des questions qui me
préoccupent grandement et pour lesquelles j'ai une attention particulière, tout
comme le ministre, d'ailleurs. Alors, on s'entend bien sur plusieurs dossiers,
on en discute régulièrement.
Une des
préoccupations que j'ai au quotidien avec mes fleurs, comme je les appelle chez
nous, c'est la qualité du français. L'apprentissage du français, en
fait, il faudrait que j'y aille même dans un contexte plus global, question préoccupante, hein? On voit aujourd'hui les
jeunes, de plus en plus, avec les médias électroniques, avec les textos et
tout ça... je me demande, comme parent, et
donc on se demande comme parents... On voit passer certains messages,
certains échanges qu'ils ont entre eux, les
enfants, puis on se demande où on s'en va avec tout ça et l'importance que le
français occupe dans la place de... dans le
quotidien de nos tout-petits aussi. On ne se cachera pas que c'est à travers
l'école et leur éducation que l'apprentissage du français doit être
fort, constant pour conserver nos acquis, et qui passe certainement par une
stratégie de renforcement, selon moi, de façon très, très personnelle.
Et j'en
viendrais donc avec des questions concernant, justement, l'apprentissage du
français aux niveaux primaire et secondaire. On en entend souvent parler
aussi, hein, mais, quand ça ressort dans l'actualité, on le voit souvent sous l'angle... dans l'actualité, par exemple, quand il
y a une baisse des résultats des élèves dans les épreuves ministérielles
ou, par exemple, quand il y a des lacunes
particulières de français chez des enseignants. Au-delà de ça, interrogeons-nous :
On en est où aujourd'hui avec cet apprentissage-là?
Il y a un plan d'action. Pour ceux qui
connaissent le dossier un peu, on l'appelle le PAF, là. Il y a 22 mesures dans le PAF, et qui ont été mises en oeuvre en
2008, et qui avaient reçu un accueil, je vous dirais même, très favorable,
là, par le milieu de l'éducation. Puis, en
2014, l'Association québécoise des professeurs de français a demandé au
précédent ministre, justement, de faire un état de situation sur les mesures
qui avaient été mises en place en 2008.
Pour
moi, comme parent, le français passe beaucoup — c'est une valeur personnelle que j'ai — par la lecture, mais c'est démontré
également dans différentes études, évidemment. Et on a participé à un programme
international de recherche en lecture
scolaire, d'ailleurs — je pense, ça peut intéresser les gens de savoir ça — et j'ai été un peu déçue à voir les
résultats mitigés qui ont été observés. Quand on parle au plan international
et, si on prend les élèves de quatrième année — comme je vous disais, ma Clémence, à la maison,
est en quatrième année — on maintient une bonne position puis on devance certains pays francophones. Mais par contre, à l'échelle
canadienne, j'observais que les élèves du Québec arrivent à un niveau
inférieur aux autres provinces, sauf pour les enfants du Nouveau-Brunswick.
Pour
moi, les compétences... et l'importance des compétences en lecture a été
confirmée dans une étude, entre autres,
de l'Institut de la statistique, qui a révélé qu'à partir du moment où les
élèves terminent leur sixième année avec de plus faibles compétences en lecture... vont éprouver davantage de
difficultés à d'autres niveaux, dans d'autres apprentissages au
secondaire par la suite, et non seulement en français, mais également dans
différentes matières.
Donc,
on a, oui, un plan d'action sur la lecture à l'école, qu'on appelle le PALE
pour les gens qui suivent le milieu de
l'éducation un peu, et ce que j'aimerais savoir du ministre, c'est les
résultats des élèves en lecture et en écriture. C'est une préoccupation
constante, évidemment, que j'ai, comme parent, et donc que plusieurs ont comme
parents, mais aussi l'ensemble du réseau
scolaire. Et, par rapport à la lecture particulièrement, quelles sont les
intentions du gouvernement ou quelle
action on entend privilégier pour la préoccupation, très personnelle, mais
aussi comme parlementaire, pour amener nos enfants à plus de lecture
qui, je crois pertinemment, amène à une meilleure maîtrise, une meilleure
qualité du français aussi?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Alors, merci beaucoup pour la question. Tout d'abord, si
on essaie de regarder les choses en un seul plan, là, et de façon macro, on peut dire ceci : Les élèves
québécois sont très bons en mathématiques, sauf ma fille parfois, qui a un peu de difficultés, là, mais, disons,
l'ensemble des élèves québécois sont très bons en mathématiques. En
sciences, ils sont bons, même une moyenne supérieure; et en littératie, donc,
c'est plus faible.
Est-ce
que les choses ont évolué? Je voyais un rapport récent dans... le compte rendu
d'un rapport récent qui nous indiquait que la qualité du français des
élèves québécois n'a pas beaucoup bougé depuis 50 ans. Donc, les problèmes d'hier ne sont peut-être pas les problèmes
d'aujourd'hui, mais, quand on regarde l'ensemble de l'oeuvre et malgré
les efforts, hein, qu'on y a consacrés, les
énergies, les ressources, hein, il semblerait, là, je ne sais pas si tout le
monde derrière moi est d'accord là-dessus, mais que finalement les
progrès sont assez limités sur un espace de 50 ans. Donc, le chantier est
encore ouvert.
Il
y a un engagement de mon prédécesseur, que je maintiens, c'est de déposer, au
cours des prochains mois, une nouvelle
stratégie de renforcement des langues, français et anglais. Dans cette stratégie,
là, on va identifier des mesures concrètes,
des cibles aussi pour faire en sorte, là, qu'on puisse, disons, évaluer les
améliorations, là, tangibles, là, notamment au niveau du français, ce qui ne se mesure pas, ne se contrôle pas,
dit-on. Donc, l'objectif, là, de cette stratégie-là, c'est de toucher
l'enseignement du français et de l'anglais sur les deux plans.
Je
pense que c'est assez important de rappeler pourquoi la maîtrise de la langue,
c'est un enjeu, disons, crucial pour une société. Il n'y a pas la langue
d'un côté et la pensée de l'autre, et la langue et la pensée doivent se
rencontrer, hein? La pensée, c'est la
langue. L'usage d'une langue qui est plus raffinée, d'un vocabulaire qui est
plus complet, c'est un appui nécessaire à la pensée. Donc, hein, on
touche, là, des questions extrêmement importantes quand on parle de la qualité
du français. Bien sûr, il y a l'orthographe, etc., il y a les accords, mais,
au-delà de tout, il y a la richesse d'un vocabulaire qui nous permet de penser plus
loin.
• (15 h 30) •
Vous avez insisté sur
l'enjeu de la lecture. La lecture demeure le moyen le moins dispendieux et le
plus efficace encore aujourd'hui d'améliorer
les capacités en littératie d'un ou d'une élève. Ça, c'est bien connu. Vous
allez le voir très rapidement, notamment au
niveau du vocabulaire, les enfants qui lisent, hein, font des pas de géant, là,
du point de vue du vocabulaire.
Alors, je l'ai mentionné ce matin, je vais le réitérer, l'importance de
s'assurer que, dans nos écoles, aujourd'hui,
il y ait un temps dévolu à chaque jour pour la lecture. Il ne s'agit pas
d'avoir beaucoup de temps nécessairement, mais ne serait-ce que 10, 15
minutes, 20 minutes par jour, s'asseoir et se tremper dans la lecture d'un livre. Et, vous allez voir, c'est surprenant,
des enfants qui n'avaient jamais trouvé leur livre et puis qui finissent
par en trouver un. Et Dieu sait qu'à notre époque il y a une littérature
jeunesse, là, à laquelle on ne pouvait même pas rêver, là, quand j'étais d'âge
primaire.
Donc, on va déposer
cette stratégie de renforcement des langues. Du point de vue de l'anglais, je
pense qu'il y a des progrès intéressants.
Quand on mesure un peu les capacités linguistiques des jeunes Québécois, là,
notamment au niveau de l'anglais, là, je pense qu'on voit des progrès qui sont
intéressants. Vous savez que mon gouvernement est favorable à l'enseignement de
l'anglais intensif, et ça, je sais que ça a fait... il y a quelques années, ça
a fait, disons, des débats presque de société, de savoir si on devait aller
aussi rapidement dans l'anglais intensif, et je pense qu'on a levé deux
difficultés fondamentales. La première difficulté était un peu... — comment
je pourrais dire? — un
peu idéologique et identitaire. On doit
maîtriser parfaitement sa langue avant d'en apprendre une autre. Il s'agit de
permettre à notre identité, là, comme
francophones en Amérique... de protéger notre identité comme francophones en
Amérique. Je pense que ce débat-là
maintenant... ce débat-là, il est clos. S'il faut attendre que l'on parle
parfaitement le français, personne d'entre nous ici, là, ne va
s'intéresser à l'usage de l'anglais.
L'autre
question était... ou l'autre, disons, discussion, était de nature — comment je pourrais dire? — pédagogique.
Est-ce que ce n'est pas un risque d'aller
vers l'anglais intensif pour des jeunes de cinquième année ou de sixième
année du primaire? Est-ce que ce n'est pas un risque qu'il y ait une
détérioration au niveau de la qualité du français? On a eu, je pense, des rapports, notamment le dernier
rapport du Conseil supérieur de l'éducation qui nous a dit : Non,
l'anglais intensif n'est pas un danger pour
l'enseignement et la qualité du français, sous certaines conditions, bien sûr.
Je pense que c'est un rapport intelligent et nuancé et je crois
qu'aujourd'hui il y a un consensus sur ces deux enjeux, hein, alors, l'enjeu
identitaire et l'enjeu pédagogique, quelle est la bonne approche.
Maintenant,
il s'agit de voir de la façon par laquelle on va déployer l'anglais intensif
sur le territoire du Québec. Pour le moment, je pense qu'on a fait un
certain nombre de progrès. Je pourrai tout à l'heure peut-être parler, là, du nombre... je les ai ici, je crois, le nombre de
commissions scolaires... oui, voilà. Le niveau d'implantation actuel de
l'anglais intensif au Québec est en croissance constante, et on le fait sur une
base volontaire, hein, sans forcer les commissions scolaires, sans forcer les enseignants, bien entendu. Donc, aujourd'hui,
il y a 40 commissions scolaires qui participent, hein, au programme
d'anglais intensif, 236 écoles publiques, 1 313 élèves de cinquième année
et 8 995 élèves de sixième année.
C'est drôle,
parce que, récemment, j'ai reçu une correspondance d'une classe de sixième
année qui participait à l'anglais
intensif. Alors, les jeunes me donnaient des suggestions pour améliorer le
système d'éducation au Québec et la plupart me disaient : M. le
ministre, ne touchez pas à l'anglais intensif, c'est vraiment bien, on aime
beaucoup ça. L'enthousiasme n'était pas
aussi fort pour éthique et culture religieuse, je dois le reconnaître. Mais,
pour l'anglais intensif, c'était
intéressant de voir que, sur une trentaine de jeunes correspondants, là,
l'essentiel de cette correspondance-là, c'était que l'expérience de
l'anglais intensif, c'est une expérience extrêmement positive.
Nous avons eu
un rapport de l'ENAP en 2014. Les constats de l'ENAP sont les suivants :
oui, les parents souhaitent une
meilleure offre de l'enseignement de l'anglais de langue seconde à l'école. Ils
demandent que le niveau d'anglais des élèves,
de leurs enfants, soit supérieur au niveau de maîtrise actuel qui est jugé,
pour la plupart des parents au Québec, insuffisant. Pour l'enseignement
de l'anglais langue seconde en première et deuxième année du primaire, 86 %
de la population est en accord avec la mesure, et, bien sûr, en autant que ça
se fasse de façon progressive et structurée. Et, récemment, on a eu un échange,
là, avec une fédération, là, d'enseignants qui nous disait que, bon, si nous
voulions continuer avec ce programme d'anglais intensif, il fallait s'assurer
que les conditions soient respectées à l'intérieur des classes et à l'intérieur
de l'école.
Bon, en ce qui concerne l'anglais intensif à la fin du primaire, voilà où est-ce que
je voulais me rendre, un bon nombre
de preuves scientifiques aujourd'hui concluent que c'est efficace d'enseigner l'anglais de cette façon, et
90 % de la population est en accord,
90 % de la population est en accord avec la mesure de l'enseignement
intensif de l'anglais langue seconde.
Cette mesure répond, semble-t-il, aux attentes des parents, et la majorité des
parents d'élève handicapé ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage est en faveur de la participation de leur enfant à cette
mesure. Je le mentionne parce que, bien sûr,
un des arguments par rapport à l'anglais intensif, c'est la crainte... des
élèves qui sont en difficulté plus
grande puissent mettre à mal leur année scolaire s'ils devaient, là, vivre,
avec leurs autres collègues, là, élèves,
là, une période trop intensive d'anglais alors qu'ils avaient de la difficulté
à suivre les matières de base. Alors, les parents nous disent : Allez-y, mais, bien sûr, mettez en place les
mécanismes, là, pour protéger les élèves les plus fragiles.
Le
Président (M. Habel) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Richmond, vous avez encore
4 min 30 s.
Mme
Vallières : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci énormément, M. le ministre, pour l'étendue de
vos réponses. J'ajouterais à ça que c'est vraiment en lisant qu'on se donne le
goût de continuer de lire aussi. Donc, vous avez tout à fait raison là-dessus.
J'aimerais vous faire part d'une expérience
personnelle. L'école où les enfants vont, justement, a été une des premières écoles à mettre en place un système
pas de devoirs ni de leçons, lecture seulement à la maison. Alors, je fais part de mon expérience personnelle tout simplement pour vous dire à quel point c'est inquiétant comme parent quand on voit ça arriver en se disant : Ça y est, je n'aurai plus de contrôle sur
son apprentissage, mais qu'après quelques semaines on est en mesure de constater l'allègement de
l'atmosphère dans la maison par rapport au suivi qu'on a à faire, mais le
plaisir qu'on retrouve comme parent aussi à
travailler avec nos enfants puis à s'asseoir, à faire de la lecture, un peu
comme c'était dans la petite enfance.
Et ce plaisir-là leur donne le goût également... nous voient faire quand on est
avec eux dès le bas âge. Alors, ça a
été une très, très belle réussite dans notre école. Alors, je tenais
aujourd'hui à en faire part, qu'effectivement, comme parent, ça peut être apeurant, mais je pense que ça peut être une
mesure qui soit éventuellement intéressante de regarder un petit peu plus en profondeur. Plusieurs écoles le font maintenant,
et les résultats académiques sont toujours en croissance. Alors, je
trouve que c'est une très bonne leçon à en tirer.
Et, par rapport à l'anglais intensif, j'ai eu la
chance, en sixième année, de faire une demi-année, moi, en anglais intensif. Ça a été fort enrichissant et ça
m'a donné non seulement le goût de l'anglais, mais de pousser dans
d'autres domaines aussi. On ne voyait pas toujours nécessairement la même
matière, et je pense que c'est intéressant pour l'ouverture qu'on donne. Et, des fois, on va aller chercher aussi,
pendant ces cours intensifs là, le petit déclic qui fallait pour la persévérance chez certains. Ça a été aussi une
expérience des plus bénéfiques et positives. Alors, j'espère que la majorité
des enfants pourront y avoir accès, qu'ils auront un choix, à tout le moins
dans leurs milieux, pour pouvoir y accéder. Et je suis contente d'entendre le
ministre dire effectivement que c'est une valeur supplémentaire, une valeur
ajoutée, là, dans notre système d'éducation.
Et, en même temps, d'entendre les chiffres, la croissance des écoles publiques
également qui adhèrent à ce modèle-là, c'est fort intéressant.
• (15 h 40) •
Puisqu'il reste peu de temps, une autre
préoccupation que j'ai, parce que je l'ai vu, également, sur le terrain, naître dans l'école où vont mes enfants en 2013,
c'est la maternelle quatre ans, la maternelle quatre ans qui a été mise
sur pied, donc je le disais, en
septembre 2013 dans les milieux davantage défavorisés. C'est des endroits
qui étaient ciblés. Alors, l'école de
mes enfants est une de ces écoles-là dans la MRC qui est une des plus pauvres
des MRC au Québec, d'ailleurs. Et,
pour vous mentionner à quel point on peut, comme parlementaires, par de telles
décisions, changer la vie d'un
enfant... On voit ces enfants-là arriver et on les voit, à la fin d'une année
préscolaire quatre ans, comme ça, à quel point c'est plus enrichissant et comment ils peuvent grandir aux côtés
des leurs en apprenant avec les tout petits aussi, mais, en même temps, triste à la fois de constater
qu'il y a tant d'inéquités chez nos
enfants quand ils arrivent sur nos bancs d'école, même si petits, ne
serait-ce que pour savoir écrire leur nom, du moins, reconnaître les lettres,
être capables d'attacher des chaussures.
Alors, vraiment, pour les préparer à arriver au niveau scolaire et
qu'ils partent sur une base solide comme
les autres amis qui sont à côté d'eux, je
pense que c'est très, très
important. Et donc j'aimerais tout simplement avoir une petite idée par
rapport au scénario envisagé, là, pour la rentrée scolaire 2015‑2016, donc pour
la prochaine entrée scolaire, en fait, par rapport aux maternelles quatre ans,
l'intention de déploiement, là, de la part du ministère.
Le Président (M. Habel) : Merci
beaucoup, Mme la députée. M. le ministre, il ne vous reste que 20 secondes, mais
vous pourrez y revenir par la suite dans un prochain bloc. Donc, allez-y.
M.
Blais : Je vais peut-être
simplement corriger quelque chose que j'ai dit tout à l'heure. Donc, le
problème de ma fille en
mathématiques, c'est un problème avant tout d'assiduité dans ses études, hein? Si
jamais elle faisait un effort, je suis certain qu'elle participerait à
améliorer la moyenne québécoise.
Le Président (M. Habel) : Merci,
M. le ministre. Je vais passer maintenant
la parole au député de Chambly
pour un bloc de 18 minutes.
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Tout à
l'heure, avant le dîner, je
complétais mon intervention en parlant des enfants handicapés ou en difficulté d'adaptation, d'apprentissage, et j'en étais venu
à parler du rapport du Protecteur
du citoyen, qui s'intéressait particulièrement aux élèves handicapés ou ayant
un TSA, trouble du spectre de l'autisme, et j'en étais à parler des recommandations
de ce rapport du Protecteur du citoyen.
Une des recommandations — je
vais en nommer quelques-unes — à mon sens, très importantes, parce que, souvent, le citoyen se perd dans la multitude
d'intervenants... Comme je disais, il s'agit de troubles, des troubles d'apprentissage, mais ça peut être aussi des
difficultés de santé, comme un handicap, des fois, et on peut à la fois
s'adresser à l'école, mais aussi aux CLSC ou
à l'hôpital. C'est très difficile pour le parent ensuite d'avoir un continuum
de services. Une des recommandations qui est importante quand on
s'inscrit sur une liste d'attente, c'était d'avoir une date de référence standard, donc de dire :
L'enfant... ou le parent, plutôt, inscrit son enfant, supposons, le 5 mai 2015,
et là, à partir de là, il entre sur
une liste d'attente pour le réseau. Et avoir un réseau intégré... peu importe,
dans le fond, ce sont tous des services gouvernementaux, que ce soit au
CLSC, à l'hôpital, etc. Donc, une date de référence standard, c'est une des
recommandations du Protecteur du citoyen.
Une autre, qui est
d'avoir une meilleure coordination des services, la recommandation, c'est de
désigner un intervenant pivot de première
ligne, dès le début de ce qui s'appelle le parcours de services, parce que
c'est à long terme et c'est sur
plusieurs institutions. Des fois, l'enfant peut changer d'école ou peut passer
de l'école primaire à secondaire. Donc, avoir un intervenant pivot qui
va suivre l'enfant.
Une
autre recommandation importante, c'est de regrouper, de mettre en commun les
ressources des programmes encore une
fois, donc c'est beaucoup une question de coordination. Et je termine avec la
dernière, qui n'est quand même pas un ultimatum, mais presque, qui est
de dire, à la page 24, très important : «...de désigner un répondant pour
le suivi de ce rapport...» On sent que le
Protecteur du citoyen n'a pas tellement confiance, il demande au gouvernement
de désigner un répondant pour le
suivi de ce rapport et d'élaborer un plan d'action avec une date d'échéance
d'ici le 19 juin 2015. Le Protecteur du citoyen dit : Là, là, ça
nous prend quelqu'un le 19 juin 2015 pour faire un suivi.
Donc, sur ces
recommandations, j'aimerais savoir l'opinion du ministre. Est-ce qu'il compte
faire un suivi à ces recommandations, à mon sens, importantes et suivre cette
date d'échéance, d'avoir un répondant, à tout le moins pour le 19 juin 2015?
Le Président (M.
Habel) : Merci, M. le député. M. le ministre.
M.
Blais : Très bien.
Donc, c'est un rapport de 2009, hein, et vous m'avez demandé plus tôt, aujourd'hui — en
tout cas, si on parle bien du même rapport, c'est un rapport de 2009 — si
je l'avais lu. Donc, je ne l'ai pas lu, là. Je dois vous avouer que j'ai accordé beaucoup
de temps à lire le rapport Parent depuis ma nomination. C'est cinq volumes,
donc, je ne sais pas, ça doit être autour de
2 500 pages, et je progresse. Ce
qui va vous intéresser cependant, là, pour aller à ce rapport-là, si on
parle bien du même, hein... C'est bien celui de 2009? Est-ce qu'on s'entend?
M. Roberge :
Non, non.
M. Blais :
Ah! non? O.K. Alors...
M. Roberge :
C'est sorti en 2015, là, il y a deux mois, peut-être. On va le retrouver, là.
Je ne vous sors pas quelque chose qui date d'il y a six ans...
M. Blais :
Alors, on était perdus, parce qu'on...
M.
Roberge : ...qui aurait dit
au gouvernement : Je vous donne jusqu'en 2015 pour trouver peut-être quelqu'un qui va s'y intéresser,
là. Non, non, non. On va vous le retrouver.
M. Blais : Je
connais votre perspicacité, pardon, parce qu'hier on a eu une discussion sur la
formation des pompiers ensemble. Alors,
c'est peut-être quelque
chose d'aussi pointu. On va vérifier
pour le rapport de 2015, là, parce que, depuis tout à l'heure, je pense,
on s'est associé un rapport de 2009.
M. Roberge : 24 mars 2015.
Excusez-moi, je veux... Le rapport du Protecteur du citoyen.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly, je vais laisser le ministre poursuivre.
M. Blais : ...petite confusion sur
le rapport, on ne s'y reconnaît pas, ni moi ni les gens derrière.
Le Président (M. Habel) : Parfait. M.
le député de Chambly, allez-y.
M.
Roberge : Écoutez, de toute façon, on en a encore pour une
partie de la journée sur ce même sujet, alors, même dans un autre bloc de 20 minutes, on y
reviendra, si vous voulez. Mais donc c'est le 24 mars 2015, alors ce
n'est vraiment pas quelque chose qui remonte aux calendes grecques ou au
rapport Parent.
Je change de
sujet complètement, et, comme on dit, on reviendra dans un autre bloc sur le
sujet précédent. Une commission qui est encore active, là, je ne recule
pas de plus de... je ne change pas de décennie, là, je suis dans la bonne décennie, la Commission consultative de
l'enseignement privé fait un suivi des écoles, je crois que ça s'appelle
les agréments, là, pour savoir si les écoles ont un permis, est-ce que c'est un
permis complet, est-ce que sous révision, est-ce que c'est temporaire, deux
ans. Les écoles sont parfois sous surveillance, et il y en a qui sont
complètement en dessous du radar, qu'on les
appelle carrément les écoles illégales. Ce qu'on se rend compte, c'est que
plusieurs écoles au Québec ont leur
permis, donc ne sont pas sous le radar, ont leur permis, mais ne se conforment
pas à 100 % aux exigences, que ce soit le nombre d'heures
d'enseignement, le curriculum, le personnel est-il vraiment qualifié et est-ce
que le matériel est du matériel approuvé par
le MELS. J'aimerais savoir quel suivi le nouveau ministre entend faire de ces
écoles qui ont un permis, mais qui sont sous supervision.
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le député de Chambly. M. le ministre.
M.
Blais : Bon, il y a
différents types de renouvellement, là. Certaines écoles sont renouvelées avec
une période de temps assez limitée parce que les enjeux de conformité,
je suppose, sont plus importants, donc on veut s'assurer qu'assez rapidement on atteint un seuil, là, qui
est acceptable. D'autres, selon le type de difficulté, hein, l'importance de la difficulté, là, on peut l'étendre sur un certain temps, mais il y a un
suivi constant. C'est-à-dire qu'il n'y a pas, de ma part, en ce moment, là — je suis là depuis deux mois — il n'y a pas, de ma part, une intention de
changer nos méthodes de suivi, là, par rapport à ce qui se faisait dans
le passé.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Ce n'est quand même
pas de la faute du ministre actuel, mais le fait est que, depuis
10 ans, les ministres de l'Éducation se succèdent, ils sont toujours
en train de s'approprier leurs dossiers, puis ça change rapidement, mais ça fait qu'il y a des écoles qui n'ont
plus de permis depuis fort longtemps ou qui n'en ont même jamais
eu et qui fonctionnent. On les
appelle carrément les écoles illégales. Elles n'ont pas de permis, elles
fonctionnent sans permis. Et, dans
ces écoles-là, ce n'est pas peut-être, c'est : les élèves n'ont pas les services
auxquels ils ont droit. Ils ont des professeurs qui violent carrément la loi, des enseignants sans autorisation, des
matières obligatoires peu ou pas enseignées, encore moins évaluées. Le gouvernement
actuel s'était engagé, dès le départ, à avoir une ligne plus ferme, à ce qu'il
y ait un changement, parce que c'était un peu du laxisme, du laisser-aller.
J'aimerais savoir, sur ces écoles illégales, qu'est-ce que le ministre entend
faire pour régulariser cette situation et assurer aux élèves l'éducation à
laquelle ils ont droit.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
• (15 h 50) •
M.
Blais : Je pense qu'il y a deux
groupes... si je comprends bien la question, là, il
y a deux groupes d'écoles, là,
qui sont l'objet de nos préoccupations. Il y a
les écoles, disons, qui ne se conforment pas, mais qui ne sont pas
clandestines. On les connaît, on connaît les
gens qui sont là. Elles ne se conforment pas pour différentes raisons. Vous
pourriez être surpris parfois, il y a des écoles, hein, qui ne sont pas
rattachées à des communautés culturelles, par exemple, ça peut arriver, mais alors... Bien sûr, quand elles ne se
conforment pas, il faut s'assurer qu'il y ait un changement. Donc, elles
font partie d'un processus qui les amène éventuellement à se conformer. Ça se
fait régulièrement.
L'autre objet
de préoccupation, c'est les écoles clandestines. Alors, on ne les
connaît pas, ou, en tout cas, elles se cachent,
ou elles nous échappent, etc. C'est tout un autre enjeu, parce que, là, bien
sûr, il faut travailler en collaboration avec d'autres services. Donc,
il y a un comité interministériel sur les écoles clandestines qui a été mis sur
pied, et sur la fréquentation scolaire. Et le but de ce comité, c'est de
favoriser la collaboration et les échanges d'information. Parce que, lorsqu'on a affaire à une école clandestine,
puis je pense que c'est votre préoccupation en ce moment, c'est le
bien-être des enfants avant tout, hein, qui
est en cause. Et là il faut faire intervenir dans la collaboration notamment la
Protection de la jeunesse, parce qu'il s'agit
de voir qu'est-ce que la Protection de la jeunesse, compte tenu de la loi qui
est à notre disposition, une loi qui
nous permet d'intervenir auprès des familles, qu'est-ce que la Loi de la
protection de la jeunesse nous donne comme outils et ne nous donne pas
comme outils. Parce que le ministre de l'Éducation ou la Loi sur l'instruction publique... l'instruction privée n'est pas une
loi qui permet, par exemple, de prendre un enfant de force, de le retirer de chez ses parents, etc., pour
s'assurer qu'il aille à l'école. On n'a pas ce pouvoir-là, hein? Donc, ce
pouvoir-là, il appartient à la Direction de
la protection de la jeunesse, et, en ce moment, je dis bien en ce moment, la
Direction de la protection de la jeunesse utilise ce pouvoir exceptionnel
lorsqu'elle évalue que les enfants sont en danger pour leur développement. Ils vont examiner à la fois la
situation scolaire, ce qui nous préoccupe aujourd'hui, mais aussi la
situation parentale et familiale. Et...
Le Président (M. Habel) : ...le
ministre poursuive? Parfait, allez-y.
M.
Blais : Oui. C'est
intéressant, hein? Donc, le but, hein, du comité interministériel, le but du
comité interministériel en ce moment, là, c'est de voir comment on
pourrait mieux collaborer au niveau des informations, d'échange d'information, parce que, souvent, ces écoles clandestines,
elles sont connues par la Protection de la jeunesse avant le ministère
lui-même. Et ensuite est-ce qu'au niveau des interventions on ne peut pas avoir
des interventions communes avec ces enfants et leurs parents?
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Je vous remercie. Donc, depuis longtemps, ces écoles — on les appelle clandestines ou
illégales, c'est correct — fonctionnent depuis très longtemps. Ce qu'il
y a de nouveau, c'est ce comité interministériel. Qu'est-ce que ça a changé? Il y avait des écoles illégales,
arrive un comité, il y a encore des écoles illégales. Est-ce que,
vraiment, il y a des écoles clandestines ou illégales qui ont fermé? Est-ce
qu'il y a vraiment des enfants qui ont été retirés de leur garde parentale? Parce que c'est ce que le
ministre a dit, là, si leur développement est menacé, semble-t-il qu'ils
peuvent être retirés. Est-ce que c'est arrivé depuis la création de ce comité
ministériel?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Et avant et ça va arriver
encore, hein? Il y a toujours un risque que des groupes, que des écoles
clandestines puissent exister au Québec ou ailleurs dans le monde, ça existe
partout. Donc, c'est arrivé avant, ça va arriver encore. La question pour nous
maintenant, c'est de favoriser la collaboration et les échanges d'information
avec le ministère.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly.
M.
Roberge : En fait, je ne voulais pas savoir si ça arrivait qu'il y ait
des écoles clandestines; ça, je le sais qu'elles existent. Ce que je veux dire, c'est : Des interventions de la
protection de la jeunesse sont-elles intervenues dans ces cas précis
depuis la création de ce comité?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : La réponse, c'est... si
on lit simplement les journaux, parce que c'est des dossiers quand même pas du domaine public, là, mais, si on lit simplement
les journaux, on voit bien que, oui, il y a eu des interventions,
parfois du ministère, parfois de la Protection de la jeunesse, dans des écoles
clandestines.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly, en vous rappelant qu'il vous reste cinq minutes.
M. Roberge : Merci. Cette espèce de
dialogue entre le gouvernement et les écoles clandestines illégales me trouble un peu. On tolère l'illégalité, la
clandestinité, on accepte ça, et puis on dit : Bon, bien, tant qu'ils ne
sont pas en danger, ça semble poser
bien peu de problèmes. Il y a même eu une négociation entre le gouvernement et
une école juive illégale qui
s'appelait l'académie Yeshiva Torath Moishe. Excusez-moi pour ma prononciation,
je suis désolé, je suis désolé de l'avoir mal prononcé. C'est loin
d'être ma langue maternelle ni même seconde. Mais, quand même, il y a eu une négociation et une entente où on a dit :
Bien, finalement, comme cette école est illégale, on a juste à dire que ce
n'est plus une école, et, pouf, ça
devient légal. Les enfants vont être scolarisés
à la maison. Alors, ce qui s'appelait école s'appelle maintenant
établissement, et ça devient légal parce qu'un établissement, ça peut exister, et les
enfants seront scolarisés à la maison.
Voilà, il me semble, l'entente qui est intervenue entre le gouvernement libéral
et cette école. Est-ce que c'est la façon
de faire? Est-ce que c'est la vision qu'on peut s'attendre à voir? Est-ce que
c'est la procédure qui va être appliquée avec les autres écoles
clandestines, tout simplement les déclarer légales en disant que les enfants
n'ont qu'à être scolarisés à la maison?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Donc, hein, toujours, je
pense, respecter la hiérarchie qu'on a posée tout à l'heure. Donc, il y a des
écoles qui ne sont pas légales ou conformes, hein, que l'on amène à la
conformité. Dans les écoles juives orthodoxes, il y a des écoles qui n'étaient pas conformes et qui le sont
aujourd'hui. Donc, elles ont progressé vers la conformité. On doit être
contents pour ces écoles-là et surtout pour les enfants de ces écoles-là.
Dans le cas des écoles ou
l'école particulière dont vous parlez, pour laquelle il y a eu une entente,
l'entente a peut-être été un petit peu
caricaturée, mais, si je comprends bien l'entente, encore une fois, je suis là
depuis peu de temps, l'entente, c'était de s'assurer que les enfants
soient scolarisés. Ils ne pouvaient pas être scolarisés dans cet endroit-là. Donc, que l'on continue à faire des activités si
l'on veut, mais il faut s'assurer de la scolarisation des enfants. Et
l'entente visait à ce que la commission
scolaire elle-même — je pense
que je ne me trompe pas — supervise tous ces enfants et s'assure qu'ils soient ou bien dans une école scolaire reconnue ou bien,
dans certains cas, en scolarisation à la maison.
Je vous rappelle que la scolarisation à la
maison, au Québec, n'est pas interdite. Au contraire, on a un rapport récent du Vérificateur général du Québec qui nous
dit que, d'une certaine façon, les enfants qui seront scolarisés à la
maison réussissent assez bien. Moi, j'ai été le premier étonné de voir ces
résultats-là. Donc, ces enfants-là sont donc sous la supervision, aujourd'hui,
d'une commission... peut-être de deux commissions scolaires?
Une voix : ...
M. Blais : Non, non, je parle des
enfants de l'école juive.
Une voix : ...
M.
Blais : Oui, c'est ça. Bon, donc, voilà, ils sont encadrés. Tous ces
enfants-là sont connus de la commission scolaire et ils sont suivis par
la commission scolaire.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly.
M.
Roberge : Merci. Donc, de ce que ces écoles clandestines aient été
trouvées par le gouvernement ou, je pense, avec l'aide des journalistes, c'est certainement une bonne chose, donc
ça permet de faire un suivi par les commissions scolaires, mais cette façon de faire, cette pseudo solution que de
dire : Bien, maintenant, on n'a qu'à les scolariser à la maison, si l'école est clandestine et illégale et
que l'école, dans ce cas-ci, refuse de se conformer, on n'a qu'à les
renvoyer à la maison, c'est quelque chose
qui semble bien peu acceptable, de l'aveu même du Protecteur du citoyen. Je
cite un autre rapport du protecteur,
que vous connaissez, celui-là, donc remis le 28 avril, il n'y a pas très
longtemps. Et donc Mme Raymonde
Saint-Germain, dans ce rapport, disait, et je la cite : «Je suis
préoccupée que les critères et les méthodes d'évaluation soient très variables et que certains milieux scolaires
n'aient pas toute l'expertise requise pour accompagner les
parents-éducateurs.»
Donc, non seulement les parents éducateurs n'ont
certainement pas, dans la plupart du temps, la formation pour être des éducateurs, mais en plus on dit que
ceux qui sont censés les encadrer n'ont pas l'expertise pour les
encadrer. Comment pouvez-vous vous satisfaire de si peu?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre, il vous reste 30 secondes.
M.
Blais : Je ne me rappelle pas d'avoir dit que je me satisfaisais de si
peu, là. Donc, la Vérificatrice générale vient de remettre son rapport
il y a quelques jours. On a déjà eu des échanges avec elle et on a dit que,
pour l'essentiel, on endossait les
recommandations du rapport puis on va lui donner suite dans les prochains mois.
Il faut faire attention dans la
lecture, parce que, hein, la vérificatrice reconnaît, hein, que cette pratique-là
n'est pas une pratique qui est condamnable en soi, mais il y a même des succès étonnants au niveau de chacun de ces
élèves. Il y a un problème, je le reformulerais, d'homogénéité dans les
pratiques entre les commissions scolaires, puis, visiblement, elle nous demande
de faire en sorte qu'il y ait un meilleur
encadrement de ces enfants-là et une plus grande homogénéité au niveau des
pratiques, mais je ne pense pas
qu'elle condamnait, là, complètement les pratiques actuelles. Il y a
d'excellentes pratiques, en ce moment, au Québec, pour superviser ces
enfants.
Le
Président (M. Habel) :
Merci, M. le ministre. Alors, nous sommes rendus au bloc de la banquette
ministérielle, et je reconnais le député de Côte-du-Sud.
• (16 heures) •
M. Morin :
Merci, M. le Président. Je vais vous parler de maintien des bâtiments, mais,
avant tout, j'aimerais mettre mon
petit mot sur l'anglais intensif. Moi, ma priorité n'est pas pour mes enfants,
mais je suis rendu à l'étape de mes petits-enfants; c'est différent de
la députée de Richmond et de mon collègue de gauche, Champlain. <499 Je suis très sensible à mes
petits-enfants.
L'anglais
intensif volontaire, c'est bien, c'est 90 % des parents qui sont d'accord. Mais ça pose problème pour
certaines écoles où la migration de certains élèves se dirige vers l'école
voisine. Donc, c'est assez difficile à gérer, et j'espère, mon côté positif, que les conseils d'établissement qui vont
voir ces élèves migrer vers une autre école, à la paroisse voisine, vont
s'apercevoir que l'anglais intensif est une priorité.
Donc, le Plan québécois des infrastructures
s'étend à l'ensemble des ministères au Québec, et le secteur de l'éducation est
au coeur de préoccupations gouvernementales en infrastructures, naturellement.
En effet, avec plus de 5 000 bâtiments
dédiés à l'éducation, le parc immobilier du ministère de l'Éducation, on peut
comprendre que c'est le plus gros,
autant en termes de superficie que de bâtiments eux-mêmes. Chaque année, les
commissions scolaires évaluent leurs besoins
et les priorisent. Bien entendu, les nouvelles initiatives en infrastructure...
mais il faut également que les commissions scolaires ciblent les travaux
de réfection des bâtiments déjà en place afin d'en assurer leur longévité.
Vous savez, M. le Président, moi, j'ai
deux commissions scolaires. Une dans le Bas-Saint-Laurent, la commission
scolaire de Kamouraska—Rivière-du-Loup,
j'en profite pour saluer Mme Édith Samson, la présidente qui préside cette commission scolaire avec doigté, et la
commission scolaire de la Côte-du-Sud, en Chaudière-Appalaches, et je
salue également mon cher ami Alain Grenier, M. Alain Grenier. Je le connais
plus, un peu, lui. Je les salue parce qu'ici la commission scolaire de la
Côte-du-Sud, le 27 novembre 2014, ils ont eu une enveloppe budgétaire de
4 094 512 $. Tout à l'heure, quand je vous parlais de cibler les
travaux, ces commissions scolaires sont vraiment attentives aux besoins des
écoles.
Ici,
l'école primaire Aubert-De Gaspé à Saint-Aubert, on parle de rénovation des
salles de toilette et fenêtres; l'école secondaire Bon-Pasteur à L'Islet, remplacement des fenêtres — école Bon-Pasteur à L'Islet, j'étais à cette
école lundi avec la vice-présidente
de l'Assemblée nationale, Maryse Gaudreault, on s'est rendus aussi à Saint-Pamphile,
une très belle visite; école primaire
des Hauts-Sommets à Sainte-Perpétue, remplacement du système de ventilation;
école secondaire Louis-Jacques-Casault à Montmagny, rénovation des
salles; école primaire Monseigneur-Sirois, Cap-Saint-Ignace, remplacement du système de ventilation; école
primaire de Sainte-Félicité, réfection des murs extérieurs; école
primaire, Saint-Just-de-Bretenières, remplacement du système de chauffage;
école primaire Saint-Nicolas à Montmagny, remplacement du système de chauffage;
école primaire Saint-Pie-X à Montmagny, réfection de la cour d'école et du
stationnement; école primaire Saint-Thomas à Montmagny, réfection de la cour
d'école et du stationnement. Donc, la commission scolaire de la Côte-du-Sud
fait bien son travail.
Maintenant,
la commission scolaire de Kamouraska—Rivière-du-Loup a reçu un montant de
3 885 733 $. Je prends la
peine de vous nomenclaturer ces écoles parce que, vous vous imaginez, moi, j'ai
45 municipalités. Donc, ça touche à beaucoup de milieux, et l'école du village, on en parle assez souvent,
c'est important. Donc, si on veut que notre école reste ouverte et que les enfants aiment aller à l'école
parce qu'il y a des locaux adéquats, des petits gymnases adéquats...
donc, ça fait l'effet contraire, les enfants veulent aller à l'école.
Ici,
pour la commission scolaire de Kamouraska, j'ai l'école Étoile-Filante de
Saint-Onésime-d'Ixworth, remplacement des revêtements de plancher; école
J.-C.-Chapais de Saint-Denis-De La Bouteillerie, réfection d'un mur extérieur — et en plus, bien, ça vous fait connaître les
noms de mes municipalités; polyvalente La Pocatière, réfection des
salles de toilette et accessibilité à l'immeuble; école Sacré-Coeur à La
Pocatière, réfection des revêtements de plancher et de plafond — La
Pocatière, c'est la ville... mon alma mater, en passant; école de la
Marée-Montante à Saint-Roch-des-Aulnaies,
rénovation des salles de toilette; école Saint-Bruno, une très belle petite
municipalité dans le comté de
Kamouraska, rénovation des salles de toilette et des fenêtres; école secondaire
Chanoine-Beaudet de Saint-Pascal, remplacement
du système de chauffage et des portes et fenêtres. École secondaire
Chanoine-Beaudet de Saint-Pascal, je me demande si... mon ancien attaché
politique, Simon Laboissonnière, a dû faire ses classes là.
Donc,
vous voyez que les divers programmes du ministère, ils sont bien connus puis
ils ont un impact direct sur
la qualité de l'éducation dans toutes nos
régions, même dans Kamouraska et Montmagny-L'Islet. M. le ministre,
comment le ministère autorise-t-il ces sommes aux commissions scolaires pour
qu'elles puissent maintenir leurs infrastructures en bon état et garder le cachet d'une école? Comment se fait la
sélection des projets d'agrandissement et de construction de nouvelles
écoles que moi, je n'ai pas vraiment?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre, après ce beau survol de la Côte-du-Sud, c'est
à vous.
M.
Blais : Oui, j'ai remarqué. Alors, merci beaucoup, M. le Président.
Donc, si on prend uniquement le réseau des
commissions scolaires, hein, on met de côté le collégial, si je me souviens
bien, et aussi les universités, ça représente environ 45 % des
principaux immeubles détenus par le gouvernement du Québec aujourd'hui. Donc,
en superficie seulement, c'est près de la
moitié de tous les immeubles du gouvernement du Québec, avec plus de
15 millions de mètres carrés. Donc, c'est un patrimoine bâti, là,
extrêmement important.
Bien
sûr, les enjeux aussi sont de taille. Une bonne partie, hein, de ce patrimoine
bâti a été érigée dans les années 50-60, et il demande de plus en plus
d'entretien. Il ne faut pas oublier aussi qu'une partie non négligeable de la démographie québécoise s'est déplacée du milieu
rural vers les grands centres, et, souvent, on a vidé une partie des
centres vers la périphérie. Donc, même si on a moins d'enfants qu'on pouvait en
avoir dans les années 70, ils ne sont pas nécessairement
aux mêmes endroits, donc ce qui exige des investissements importants uniquement
pour faire en sorte que les écoles
pour nos enfants soient à la fois adéquates, mais soient le plus près possible
de leur milieu de vie naturel et familial.
Donc, chaque année,
le ministère priorise les besoins des commissions en fonction des enveloppes
octroyées par le Conseil du trésor. Pour le
PQI de 2015‑2025, c'est une somme de 1,4 milliard de dollars qui est
prévue pour les infrastructures
scolaires. Ensuite, c'est le ministère qui a la responsabilité de mesurer les
besoins, bien sûr, en collaboration avec
les commissions scolaires, et ensuite d'investissements qui sont requis soit
pour l'entretien, soit pour le maintien ou soit pour la création, là, de nouvelles infrastructures. Et le ministère
distribue les sommes à partir d'une grille d'analyse, là, qui se veut la plus objective possible. On tient
compte, bien sûr, de la vétusté ou non des infrastructures et des
besoins de l'évaluation qu'on fait de
l'évolution de la démographie dans un milieu, et d'alternatives, si une
alternative est possible.
Donc,
en plus de maintenir les bâtiments du réseau en bon état, le ministère doit
s'assurer que chaque enfant ait accès
à une éducation de qualité, le plus près possible, je dis bien le plus près
possible, de son milieu de vie. On sait bien que c'est un enjeu important qui emmène parfois des discussions, là,
assez franches entre les parents, notamment, et les commissions
scolaires.
Donc,
le ministère détermine les projets, les besoins en ajout d'espace pour répondre
notamment à la croissance démographique, et beaucoup de Québécois ne le
savent pas, mais, au Québec, on construit à toutes les années, hein... à tous les ans, pardon, on construit de nouvelles
écoles, notamment des écoles primaires pour répondre aux besoins d'une
population qui évolue, là, donc, qui s'est installée à différents endroits.
Donc,
les besoins anticipés quant à l'ajout d'espace pour la formation générale sont
basés sur deux considérations : la
première, bien, vous le devinez, ce sont les facteurs démographiques,
l'augmentation du taux de natalité. Donc, dès qu'on voit un boom dans une région en particulier, de l'immigration
aussi, donc une évolution probable des effectifs ou de la demande de ces effectifs dans les prochaines années, assez rapidement,
on se met en contact avec la commission
scolaire ou, en général, c'est la commission scolaire qui se met en contact avec le ministère pour dire : Il faut préparer le
terrain ou bien à l'ajout de classes ou bien à la construction de nouvelles
écoles. Vous comprenez qu'on ne peut pas faire ça du jour au lendemain.
Deuxième considération, la capacité des écoles
déjà en place de recevoir ses élèves pour des fins de scolarisation. Les
facteurs démographiques primaires, aujourd'hui, au Québec, la grande tendance,
quand même, c'est qu'il y a une croissance
de l'effectif scolaire de niveau primaire, et cette croissance-là, elle est
suffisamment marquée, là, pour que ça exige du gouvernement du Québec
des investissements plus importants, là, dans la construction des écoles dans
les prochaines années.
Sur la capacité des écoles en place maintenant,
il arrive souvent que l'on soit obligés d'ajouter des classes au primaire de façon temporaire ou de façon
permanente. Moi, je me souviens très bien de mon école secondaire, où on
avait ajouté des annexes. Je ne sais pas comment on appelait ça à l'époque, là.
J'ai un très bon souvenir de cet endroit-là, d'ailleurs,
parce que ça avait ajouté deux classes flambant neuves, là, dans une école qui
était quand même déjà un peu vieillotte.
Donc, on fait souvent des annexes. C'est parfois un premier pas pour une
solution à long terme ou, parfois, c'est simplement une mesure
transitoire pour une construction.
Donc, au
total, le ministère a reçu, des commissions scolaires linguistiques, 110
demandes cette année pour de nouveaux projets d'ajout d'espace, et, en
général, c'est surtout en formation générale.
• (16 h 10) •
Le
Président (M. Habel) :
Merci, M. le ministre. Alors, je reconnais la députée de... Richmond? La
députée de Richmond, c'est à vous.
Mme
Vallières :
Merci, M. le Président. En fait, c'est que, tout à l'heure, j'ai posé une
question rapidement, là, sur la maternelle
quatre ans. Tout simplement pour resituer mon collègue ministre, je parlais de
l'importance pour moi, pour les milieux défavorisés, de l'implantation
des maternelles quatre ans. Je mentionnais que mes enfants sont dans une école de milieu défavorisé, justement, où une
maternelle préscolaire quatre ans a été inaugurée en septembre 2013,
dans la première cohorte, justement, et à
quel point ça fait une différence dans la vie de ces enfants-là, mais dans la
vie aussi de l'ensemble de l'école,
qui a pu profiter de l'arrivée de ces tout-petits-là. Puis c'est d'ailleurs
très impressionnant quand on les voit
arriver, hein? Ils sont vraiment tout petits, il y a une différence entre
quatre ans et cinq ans, mais à quel point ils peuvent s'enrichir de cette expérience-là et, finalement, arriver au
préscolaire cinq ans et... je dirais même arriver en même temps que les
autres enfants de d'autres milieux, qui viennent dans cette même école-là, qui
amènent une certaine équité par rapport à ce que d'autres ont pu profiter s'ils
étaient en CPE ou encore dans des milieux peut-être un petit peu plus
favorisés.
Donc, je
disais, M. le Président, justement à quel point ces enfants-là pouvaient en
bénéficier, puis surtout c'est impressionnant de voir à quel point le
seul fait que les parents n'ont pas été habitués ou n'ont pas eu des
expériences positives nécessairement avec le monde scolaire, à quel point
amener les enfants plus tôt à l'école peut leur permettre une adaptation plus
facile au milieu scolaire... Donc, expérience très, très, très intéressante
pour moi.
Et je me
demandais, justement, par rapport au ministère, quelles sont les intentions de
déploiement. Je sais que, nous, dans
notre milieu, alors qu'il y a certaines régions qui avaient de la difficulté à
remplir les premiers groupes lors de la première cohorte, chez nous, il
y en avait déjà beaucoup trop, beaucoup, beaucoup de parents qui étaient
intéressés par cette mesure-là. Et comment
on peut compter, à ce moment-là, sur le gouvernement pour continuer à le mettre
en place? Est-ce que c'est une
intention? Comment on va le déployer pour qu'on puisse aider le maximum
d'enfants à avoir des conditions le plus favorables possible pour déjà,
dès le plus jeune âge, leur donner le goût de la scolarité, leur donner le goût tous les jours d'aller à l'école et qu'ils
soient égaux à tous leurs autres amis qui sont là, qui sont peut-être de
milieux un peu plus favorisés? Alors, tout
simplement pour savoir où on s'en va, là, avec le dossier des maternelles
quatre ans de façon très générale.
Le Président (M. Habel) : Merci, Mme
la députée. M. le ministre, il vous reste cinq minutes.
M. Blais : Bien cadrer, là, les
objectifs, là, des maternelles quatre ans, donc, hein, d'abord, ça se fait, là,
en complémentarité, là, avec le
développement d'un réseau de
garderies. Le constat, c'est que les petits enfants, les enfants des familles défavorisées ne fréquentaient pas nécessairement
les garderies et qu'il fallait peut-être trouver une solution pour s'assurer que l'entrée, là, scolaire se fasse dans
les meilleures conditions possibles. On a une littérature abondante, là.
Moi, j'avais des collègues, à l'Université Laval, qui étaient très ferrés sur ces questions-là, une littérature très
abondante où on peut, à partir de marqueurs
socioéconomiques, là, évaluer le niveau de risque, là, d'un enfant, qu'il
décroche, par exemple, avant 16 ans, qu'il redouble ses années
scolaires, donc. Et ces marqueurs-là, bon, ils sont très jeunes, ils
sont liés au milieu socioéconomique.
Donc, compte tenu que la solution des garderies
n'était pas nécessairement la solution qui réussissait, hein, de ramasser tous ces jeunes-là, de leur assurer
les meilleures conditions pour se préparer à l'école, il y a
eu ce projet qui était un projet, il
faut bien le dire, assez innovateur, parce
qu'il faut nommer les choses comme
elles sont. On cible, dans ce projet,
des enfants de milieux ou dans des conditions défavorisées, hein, en général,
ce que l'on ne fait pas, et on les cible à partir d'expériences qui ont
été faites notamment aux États-Unis. En particulier dans la communauté noire,
on a fait des expériences
qui démontraient que, si on prenait des jeunes de milieux extrêmement défavorisés dans la communauté noire et on leur donnait un encadrement, là, suffisant en âge préscolaire, que
les conditions de réussite par la suite, du primaire, mais aussi du
secondaire, ça va aussi loin que ça, que ces conditions de réussite étaient nettement
améliorées.
Donc, il y avait
une littérature sur le sujet, et donc on a mis sur pied, je dirais, sur une
base volontaire, si je me souviens
bien... Mais je pense que ces classes-là, on a proposé aux commissions scolaires, probablement en commençant par les commissions scolaires où, là, les environnements, là, s'y
prêtaient bien, là, en termes de degré de défavorisation... Et par la suite, en 2013‑2014, je peux vous dire
qu'aujourd'hui il y a 50 classes, au Québec, de ce type de
prématernelle, des maternelles quatre ans, pardon, oui, il y a aujourd'hui 50
classes, là, qui fonctionnent assez bien.
Donc, aujourd'hui, notre préoccupation, c'est de
faire l'évaluation, hein, de cette nouvelle formule. Bon, l'évaluation, quand on en parle aux enseignants, quand on en
parle aux commissions scolaires, aux écoles et aux parents, je pense que l'évaluation est assez, même,
très positive. Évidemment, on n'a pas encore fait une étude longitudinale
sur plusieurs années de la différence que ça fera dans le parcours scolaire de
ces enfants-là, mais tout nous indique que c'est
une façon, là... donc, c'est un moyen, un moyen, je peux vous le dire, qui est quand même
assez exceptionnel, là, d'intervenir
très tôt, là, dans la petite enfance pour améliorer les conditions de vie puis
les conditions d'apprentissage, là, de ces futurs élèves.
Donc, l'évaluation que nous en faisons, elle est positive, et nous voulons continuer
l'expérience. Le budget total en ce moment est de 11,4 millions
pour les 76 classes que nous aimerions avoir, là... C'est bien ça que nous
avons en ce moment?
Une voix : ...
M. Blais : ...que nous avons en 2014‑2015.
Parce que, tout à l'heure, j'ai dit 60, mais c'était...
Une voix : ...
M. Blais : Oui, c'était en 2013‑2014,
je me suis trompé d'année. Donc, le budget, c'est 11,4 millions pour les 76 classes. Donc, hein, ça augmente assez
rapidement. Ce montant comprend une allocation de base pour la classe maternelle de quatre ans, une allocation de
23 398 $ pour l'ajout d'une ressource humaine autre que l'enseignant,
bien sûr, et un montant de 150 $ par
enfant alloué pour le volet parent, c'est-à-dire pour favoriser, là, si
possible, les conditions de l'implication du parent auprès de son
enfant.
Le
Président (M. Habel) : M. le
ministre, le bloc de la partie gouvernementale est terminé. Je cède
maintenant la parole à la députée de Gouin pour un temps de 21 minutes.
• (16 h 20) •
Mme David
(Gouin) : Merci, M. le Président. Mes hommages à M. le ministre, à
tous mes collègues.
21 minutes, ça n'est pas beaucoup, je vais donc aller droit au but.
Moi, je
prends pour acquis au point de départ, lorsque je m'adresse, par votre
entremise, au ministre de
l'Éducation, à n'importe quel ministre de l'Éducation, que ce ministre, s'il a accepté de s'occuper de l'éducation,
c'est qu'il y croit et c'est qu'il
veut que nos élèves réussissent, les élèves de tous les milieux et de toutes
les régions, les petits comme les grands. Ce ministre est de bonne foi,
ce ministre veut vraiment que les écoles offrent aux enfants le meilleur environnement
possible. Moi, je prends ça pour acquis au
point de départ. Je le dis sincèrement. Mais le problème,
c'est que je suis devant une contradiction, et j'aimerais évidemment que
le ministre m'éclaire. Depuis cinq ans, le réseau scolaire public a subi 1 milliard de dollars de compression,
auquel s'ajoutent cette année, en équivalent du 0,2 % de croissance, là,
autour de 350 millions de compression.
Alors là, on
est devant un problème. Depuis que toutes ces compressions ont commencé, et
particulièrement dans les dernières années, ce qu'on a vu dans la vraie
vie, là, tous les jours, ce sont des programmes d'aide aux enfants diminués.
Tous les gouvernements, le précédent, celui-ci, nous ont dit : Les coupures
qu'on fait ne toucheront pas les enfants. Mais, dans les faits, et tout le
monde le sait, on touche les enfants. Alors, on parle d'aide aux devoirs,
d'aide alimentaire, des programmes de lutte
au décrochage scolaire, programme de lutte à la violence et à l'intimidation,
aide aux écoles de milieux défavorisés,
Écoles en forme et en santé, Jeunes actifs au secondaire, on parle de la
réduction du nombre d'heures, par
exemple, des postes d'animateur à la vie communautaire, orthopédagogues, autres
professionnels, les personnes qui
travaillent auprès des élèves en difficulté ou handicapés. Il y a pour vrai des
coupures de postes, il y a pour vrai
des coupes dans des programmes, et j'entends les ministres de l'Éducation qui
se succèdent, depuis que j'ai été élue députée, dire : Non, on ne
touchera pas aux services aux élèves. Mais le problème, c'est qu'on touche aux
services aux élèves.
Alors, moi, ce que je voudrais demander au
ministre de l'Éducation, c'est : Mais comment est-ce qu'on peut continuer dans le sens des coupes budgétaires et
continuer en même temps de dire qu'il n'y aura pas de problème, que ça
n'aura aucun impact sur les services à nos enfants?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Bien, sincèrement, je vous dirais : Parce qu'il le faut,
tout simplement, hein, parce qu'il le faut. Quand on regarde un peu l'évolution, là, des budgets, là,
du ministère de l'Éducation, j'ai l'évolution devant moi, là : 2006‑2007,
2,9 % d'augmentation; 2007‑2008,
6,1 % d'augmentation; 2008‑2009, 6,8 % d'augmentation; ensuite,
2,4 %; 3,6 %; 2,5 %.
Donc,
moi, je fais partie de ce milieu, l'éducation, depuis quoi, là, 30 ans,
là, et on le travaille un peu ce matin, on a regardé l'évolution des budgets. Il y a eu des années vraiment fastes,
intéressantes. Je les voyais quand j'étais dans ce milieu-là. Il y a des
années plus difficiles pour différentes raisons.
Je pense que
les Québécois, aujourd'hui, sont convaincus d'une chose : il faut vivre
selon ses moyens. Alors donc, tout le
monde devrait être convaincu de ça, et donc, lorsqu'il y a des efforts à faire,
ces efforts, on ne les fait pas pour nous uniquement, mais pour nos enfants. Donc, on a reconnu qu'il y a des
efforts, en ce moment, qui sont demandés, hein? On ne nie pas que c'est une année exigeante, c'est la
deuxième année, hein? On était confrontés à 7 270 000 000 $
à résorber en deux ans, on le fait en
deux ans. On arrive cette année au bout, là, du passage. Alors, moi, quand je
regarde les budgets qui ont été
accordés à l'éducation, là, de ces quatre ou cinq dernières années, si je me
souviens bien, c'est autour de 2 milliards de dollars. C'est des
sommes importantes.
J'ai vu, dans les années 90, on en a parlé ce
matin, les coupures du Parti québécois, qui étaient des coupures massives comparativement à ce qu'on traverse en ce
moment, j'ai vu qu'il y avait des effets dans les universités, j'ai vu qu'on embauchait moins de professeurs dans les
universités pendant ces années-là, et ça adonne bien, parce que, par la
suite, on a ajouté des ressources, on a ajouté du personnel pour encadrer les
étudiants, on a ajouté des professeurs.
Donc, je pense que les gens, là, quand on leur
parle, on leur explique la situation, ils la comprennent, ils sont d'accord
pour qu'on fasse un dernier effort pour revenir à l'équilibre budgétaire. C'est
tout.
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le ministre. Mme la députée de Gouin.
Mme David (Gouin) : Merci, M. le
Président. Alors, ce que j'entends implicitement, c'est que, oui, on va demander des efforts aux écoles, aux enseignants,
aux parents, aux enfants. Oui, ce que j'entends, là, c'est : Oui,
c'est vrai, parce qu'il le faut pour nos
enfants, dit le ministre. Mais nos enfants, nos enfants, ils sont en ce moment
dans les écoles, mes petits-enfants sont en ce moment à l'école. Je veux
bien travailler pour les générations futures, surtout lorsqu'on parle d'environnement — mais ça, on en parle moins — mais moi, je voudrais qu'on travaille pour
la génération présente. Et ça ne me
console pas du tout de repenser aux coupes massives, effectivement, que le
gouvernement du Parti québécois a faites dans les années 90; je les ai
combattues vigoureusement. Alors, ce n'est pas consolant, là.
Moi, ce que
je voudrais dire au ministre, c'est que je ne suis pas certaine, moi... en
fait, non, je pense que la majorité des gens ne croient pas qu'il faut
en ce moment couper dans les écoles et dans les services aux élèves. Le
ministre était très fâché ce matin parce que
la CSDM a envoyé une lettre aux parents pour dire : Bien, on est désolés,
mais on va devoir faire des coupes. Le mot «tutelle» a même été
prononcé. Mais je voudrais rappeler que, le 23 avril, c'est la commission scolaire de Laval qui annonçait tout
aussi publiquement que 500 postes étaient menacés dans la commission scolaire. La commission scolaire les Draveurs, en
Outaouais, parle de reclassifier des postes de techniciens en éducation spécialisée
en préposés, ce qui n'est pas du tout la même chose. La commission scolaire
Harricana, en Abitibi, dit publiquement qu'elle va faire des compressions de
1 million et que les élèves vont être touchés. Ce matin, j'apprends aussi
qu'une coalition qualifiée de quasi historique est formée par la presque
totalité des comités de parents, des commissions
scolaires de l'île de Montréal et de Laval et que cette coalition veut
s'étendre. Les parents disent au ministre : Cessez les coupures, ça
fait mal à nos enfants.
Je repose donc la question au ministre, il est
ministre de l'Éducation, je pense qu'il n'a le soutien ni des enseignantes et enseignants ni des parents dans ce
travail de diminution, clairement, de la qualité de l'école
publique : Est-ce qu'il est prêt à revoir les coupures annoncées dans
l'éducation?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Non. Donc, c'est tout à fait normal, le budget du ministère
de l'Éducation, c'est un budget
extrêmement important dans le budget du gouvernement du Québec. Les
efforts que l'on a à faire comme société, comme gouvernement, hein, c'est des efforts qui nécessitent, hein, que
les plus gros ministères — puis
c'est normal, c'est de la pure mathématique, hein? — fassent
un effort. Je rappelle qu'il y a eu des augmentations de 2,9 %,
6,1 %, 6,8 %, 2,4 %, 3,4 %, 3,5 %, 5,1 %, 4,4 % dans les dernières années,
puis je ne remonte pas aux calendes grecques, là, hein, c'est les dernières
années.
Donc, que
l'on fasse un effort, que l'on ralentisse du point de vue de la croissance des
dépenses, mais effectivement que l'on
fasse un effort. Et les exemples, là, sont nombreux. On pourra parler... Les
exemples qui ont été utilisés, c'est la CSDM, si je comprends bien, et la commission scolaire de Laval. Dans le
cas de la commission scolaire de Laval, disons, c'est plus facile à démanteler, la structure de l'argumentation, parce
qu'ils n'ont pas reçu, hein, leurs crédits, ils n'ont pas reçu non plus les règles budgétaires. Et je leur
demande d'être prudents, parce que les règles budgétaires
pourraient — je
dis bien pourraient — être différentes des règles budgétaires de
l'année dernière. Donc, ils auront peut-être des surprises intéressantes
dans la gestion de ce qu'on leur demande comme effort à réaliser. Le
16 millions, hein, qui est véhiculé par
la commission scolaire de Laval, on ne réussit pas à le reconstituer. J'ai beau
faire un effort, le seul effort qu'on peut faire, c'est faire une règle de trois à partir du 350 millions, sur
lequel la Fédération des commissions scolaires aujourd'hui a reculé en
reconnaissant qu'effectivement le calcul avait peut-être été fait de façon un
peu expéditive. Donc, bien sûr, si le point de départ est erroné, la conclusion
mathématique risque d'être erronée.
Maintenant, la
commission scolaire de Montréal, on le sait bien, la commission scolaire de
Montréal a des ressources extrêmement importantes, les plus importantes du
Québec pour la commission scolaire la plus populeuse aussi du Québec. Mais, quand on compare, avec des simples règles de
trois, des effectifs partout à la commission scolaire, et même si on tient compte des difficultés qu'il peut
y avoir dans cette commission scolaire, on ne réussit pas à
reconnaître... on revient toujours à la même
difficulté, les ressources sont toujours plus importantes là que partout
ailleurs au Québec. Alors, c'est assez difficile en ce moment pour le ministre de
l'Éducation de dire, hein, aux commissaires scolaires : Faites un
effort, c'est une dernière année, s'il y a une commission scolaire qui a déjà
beaucoup plus que les autres et qui refuse de faire cet effort.
C'est
pour ça que l'enjeu, c'est très important en ce moment, c'est un enjeu de
solidarité, là. On a une année à traverser
ensemble et il faut s'assurer que tout le monde soit solidaire devant cette
année-là, et la commission scolaire de Montréal a tous les éléments
devant elle aujourd'hui pour faire les efforts nécessaires et pour y arriver.
• (16 h 30) •
Le Président (M.
Habel) : Mme la députée de Gouin.
Mme David
(Gouin) : Il me reste combien de temps, s'il vous plaît, M. le
Président?
Le Président (M.
Habel) : Il vous reste 11 minutes.
Mme
David (Gouin) : Merci. Je ne
parlerai pas trop longtemps du cas spécifique de la commission scolaire de Montréal, mais je
rappellerai encore une fois au ministre que, si les comités de parents de la commission
scolaire de Montréal ont décidé de s'allier aux comités de parents de
Laval et veulent avoir cette coalition à la grandeur du Québec, c'est peut-être parce
que les parents de Montréal
appuient aussi leur commission
scolaire, qui n'est peut-être
pas sans défaut, mais qui est sans défaut?
Moi,
je ne discuterai pas des méthodes de gestion, ici, de la commission scolaire.
Je veux simplement dire une chose :
J'ai lu le fameux rapport, le rapport, avec un grand L, donc, Raymond Chabot
Grant Thornton, ce n'est pas
difficile de le trouver, de toute façon. On trouve un peu de tout et son contraire dans ce rapport, c'est intéressant, on critique la CSDM, mais on reconnaît qu'elle fait de grands
efforts et on reconnaît même qu'elle est prête à arriver à l'équilibre budgétaire
en 2016‑2017 — ce
n'est pas si mal, quand même — mais on lui propose clairement de couper
dans les services aux élèves. Donc, lorsque la CSDM envoie une lettre aux
parents, à mon avis, elle n'est pas du tout éloignée — contrairement
à ce que dit le ministre — de
la substance du rapport, que j'ai entre les mains, entre autres à la
page 27.
Mais je ne veux pas
en discuter longtemps, de la CSDM; c'est un cas de figure. Mais rappeler
peut-être au ministre qu'il y a des coûts de
système en éducation comme il y a des coûts de système en santé ou dans
d'autres ministères, que les salaires forment à peu près 80 % du
budget des écoles, des commissions scolaires, en fait, là, et que, là, si on
veut couper dans l'éducation, c'est-à-dire ne même pas couvrir les coûts de
système, bien — moi,
je fais un plus un égale deux — ça veut dire qu'obligatoirement on va
geler les salaires des enseignantes et enseignants. C'est, comme par hasard, ce
que propose le collègue du ministre qui est au Conseil du trésor. En fait, ce
qu'on est en train de faire, c'est de faire payer par les enseignantes et
enseignants — majoritairement
des femmes, surtout au primaire — le coût de l'équilibre budgétaire.
Moi, je voudrais
demander au ministre s'il pense que ça, c'est la bonne façon d'attirer des
jeunes à devenir enseignantes et enseignants à l'école publique.
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M. Blais :
Écoutez, là, je peux peut-être revenir sur la question de la CSDM parce que je
ne suis pas certain qu'on s'entend
parfaitement, là... Je n'ai pas vu, dans le rapport, qu'il y a tout et son
contraire, hein, je n'ai pas vu ça du tout.
J'ai vu d'abord un rapport qui souligne, dès le départ, qu'il y a eu une bonne
collaboration de la CSDM, et donc qu'il y a eu accès à toutes les informations nécessaires pour pouvoir tirer
les conclusions. Les conclusions sont fortes, hein, sur la situation de dégradation à la fois du
leadership entre les commissaires et la gestion, mais aussi la dégradation de
la gestion elle-même, hein? On dit : «Pour une organisation de
cette envergure, qui gère des sommes aussi importantes[...], il est inhabituel de constater si peu d'outils de
planification, [si peu] de suivi [...] de contrôle administratif et
financier.»
Ce
qui est intéressant dans le rapport, cependant, c'est que la conclusion est
ouverte, hein, on dit : Il y a, dans cette commission, des forces vives. Il y a une volonté, hein, il y a des gens
en mesure, hein, de réformer la pensée et d'en arriver à une commission
scolaire renouvelée du point de vue de la gestion, des mécanismes de gestion.
Donc, ce n'est pas un rapport qui ferme les
portes, qui condamne uniquement, c'est un rapport qui montre des faiblesses
extrêmement importantes à une époque
où les choix budgétaires doivent être faits, et ces choix-là devraient être
faits de manière imminente, mais en même
temps il y a une ouverture pour dire : Il y a des forces vives dans cette
commission, et la situation peut être prise sous contrôle si jamais la
volonté politique y est. Donc, ça, je pense, c'est important de le souligner en
ce moment parce que l'idée d'un rapport qui
est purement négatif, hein, qui essaie uniquement de poser des problèmes et qui
ne voit pas des solutions, je pense, c'est une image qui ne correspond
pas du tout, là, au rapport.
Sur la question,
maintenant, budgétaire et des propositions du gouvernement face à des corps
d'emploi, on ne fera pas aujourd'hui la
négociation. La négociation, elle est bien entamée. Ce qui est important, hein,
quand on regarde un peu, là, la
situation du personnel enseignant, que ce soit du primaire, du secondaire et
même collégial, universitaire, que je connais un peu mieux, il y a des
demandes qui sont faites dont le but, hein, c'est de dégager les sommes... Et
je ne parle pas uniquement du gel salarial,
je parle de l'organisation du travail, notamment, et je pense, en
particulier... j'ai une sensibilité en ce moment pour les cégeps en
région, qui vont traverser des périodes difficiles, hein, si on ne réussit pas
à réorganiser le travail comme le demande, disons, la partie patronale.
Donc,
il y a en ce moment des propositions de réorganisation du travail qui sont
intéressantes qui permettent de faire
des économies substantielles qui pourraient être injectées ou réinjectées dans
l'éducation, sans parler de la question du gel ou du non-gel, là, qui
est un autre enjeu de négociation. Alors, c'est ça qu'il faut regarder d'un peu
plus près.
Le
Président (M. Habel) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Gouin.
Mme
David (Gouin) : M. le Président, le sens de ma question était assez
clair, c'est : Va-t-on vraiment attirer des jeunes — jeunes
femmes, en particulier, puisque c'est elles qui enseignent au primaire — à avoir envie d'enseigner en se
faisant promettre un gel salarial?
Et
là j'aimerais juste rappeler, pour le bénéfice des gens qui nous écoutent,
qu'une jeune enseignante au primaire commence à 38 000 $ par
année; le gars qui a fini sa cinquième année de secondaire qui s'en va
travailler dans une mine gagne 80 000 $ par année en commençant.
Chanceux, tant mieux pour lui, mais je ne trouve pas que ça soit une situation
très valorisante pour nos jeunes enseignantes.
Mais le ministre me
parle d'organisation du travail. C'est intéressant, parce que je voulais
effectivement aller là-dessus. Je sais fort
bien — parce
que j'ai vu ce qu'on appelle, dans le jargon, le dépôt patronal — que ce qui est demandé aussi aux enseignantes et enseignants, ce n'est
pas seulement un gel de leur salaire, c'est, par exemple, qu'on
réaugmente le ratio prof-élèves au primaire
et au secondaire, alors qu'on l'avait abaissé sous un précédent gouvernement
libéral, que j'avais félicité à
l'occasion parce que j'aime bien féliciter aussi. Mais là on propose de le
réaugmenter et, qui plus est, on va
utiliser une pondération différente. En fait, il n'y aura à peu près plus de
pondération. Donc, un élève en difficulté, c'est comme un élève qui n'en
a pas, c'est un élève au lieu d'être du deux pour un.
Et là moi, je ne peux pas m'empêcher de dire au
ministre : Mais, sérieusement, là... Il a dû visiter des écoles — comme moi, je l'ai fait dans ma
circonscription — il
a dû constater que, déjà, dans les écoles primaires, secondaires, l'équipe enseignante fait tout ce qu'elle peut pour
répondre aux besoins de toutes sortes d'enfants différents qui sont dans les mêmes classes. Puis là on voudrait
augmenter le nombre d'enfants par classe et ne plus tenir compte des
difficultés des enfants. Moi, je demande, là-dessus, au ministre de l'Éducation
s'il est du même avis que son collègue du Trésor.
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Alors, ce n'est pas le président du Conseil du trésor qui a
fait cette demande-là, c'est des représentants des commissions scolaires, des directions d'établissement, qui nous ont
dit : Écoutez, la formule qu'on a utilisée est une formule beaucoup
trop mur à mur.
Je rencontrais
récemment une enseignante de 25 ans de métier, enseignante au primaire,
première année du primaire. Elle me
disait : Écoutez, moi, j'ai 17 enfants dans ma classe en ce moment,
je n'en ai jamais eu aussi peu, puis je suis dans un milieu privilégié en plus, l'école publique, dans un milieu
privilégié; M. Blais, donnez-moi-z-en cinq de plus et, s'il vous
plaît, enlevez-en cinq là où vraiment il y a des besoins, là où on est dans des
milieux défavorisés, c'est ça qui va faire la différence.
Ça
tombe bien parce qu'elle parlait d'expérience, mais les études nous montrent
exactement ce qu'elle disait... nous
prouvent exactement ce qu'elle disait — pardon, je suis un peu fatigué — c'est-à-dire qu'il n'y a pas de honte,
au Québec, à avoir diminué les ratios de façon progressive et partout, on n'a
pas à être gênés de ça. Mais n'importe quel spécialiste
de la réussite scolaire — je vous mets au défi d'en trouver — va vous dire : À choisir entre une
diminution mur à mur et des diminutions bien situées, notamment — c'est
la proposition du gouvernement en ce moment — les premières années du primaire — c'est bien ça? — et les milieux défavorisés, faire des
économies, investir dans l'encadrement individualisé et les orthopédagogues,
c'est clair que c'est ça qu'il faut faire.
Bien sûr, si l'argent
poussait dans les arbres, on n'aurait pas ce problème-là, on ne poserait pas le
problème de cette façon-là. Mais, à niveau
donné, monétaire, il serait de loin préférable de réorganiser nos classes,
mettre les efforts là où c'est
nécessaire, notamment dans les premières années du primaire dans les milieux
défavorisés. Et c'est le type de proposition qui est sur la table en ce
moment. Je comprends que ça représente quelque chose pour les enseignants, je comprends qu'on touche la tâche des enseignants,
je comprends très bien ça, mais, du point de vue de la réussite
scolaire, on pourra avoir un débat, et les spécialistes sont là pour l'animer,
pour montrer qu'il y a des réaménagements possibles qui nous permettraient de
faire des économies substantielles.
Et
là où je vous rejoins sur la place du
président du Conseil du trésor, c'est que le président du Conseil du trésor, à plusieurs reprises, l'a dit
publiquement : Les efforts ou les sommes que l'on va aller chercher à ce
niveau-là — et
elles sont considérables, hein, ces sommes-là — elles pourront être
réinvesties en éducation.
• (16 h 40) •
Le Président (M.
Habel) : Merci, M. le ministre. Mme la députée, il vous reste
30 secondes.
Mme
David (Gouin) : En 30 secondes, M. le Président, ce que je vais
dire tout simplement, c'est que le ministre ne me rassure pas du tout. À l'instar de beaucoup de parents, de
grands-parents québécois, je demeure très inquiète de ce qui se passe dans nos écoles publiques, très inquiète
de la négociation en cours parce que ce que je vois dans les faits,
c'est qu'en même temps qu'on va augmenter le
ratio d'élèves par classe et ne plus pondérer les enfants en difficulté, en
même temps on diminue le nombre de
spécialistes qui aident les enseignants à s'occuper des enfants. Alors, pour
moi, c'est raté, ça n'est pas intéressant pour les enfants et pour leurs
parents.
Le Président (M. Habel) : Merci, Mme
la députée. Maintenant,
je vais changer pour le bloc du gouvernement avec le député de Papineau.
M. Iracà : Alors, merci, M. le Président. Ça me fait
encore plaisir, là, de prendre la parole et d'intervenir pour cette étude de crédits en lien avec l'éducation,
un sujet extrêmement passionnant. Donc, je suis certain qu'il y a plusieurs personnes qui nous
écoutent cet après-midi.
Je
veux aborder le sujet concernant le développement d'une culture entrepreneuriale chez les jeunes, donc,
les PME, en lien avec l'école. Tout le monde sait qu'au Québec on a, je dirais, une problématique au niveau de
la création des petites et moyennes entreprises. Si on se compare aux
autres provinces du Canada et à certains autres pays, on a un travail à faire là-dessus. On a un travail à faire pour
qu'on développe davantage de petites et moyennes entreprises au Québec.
On connaît tous — dans mes années, ou
les gens un petit peu plus vieux que moi, ou un petit peu plus jeunes — l'État
providence, où on étudiait dans des cours traditionnels et on avait un emploi
au gouvernement dans les organismes
publics ou parapublics. C'était un peu, là, la marche à suivre. Et on a
développé, au Québec, l'État le plus lourd en termes de nombre d'employés versus les autres provinces et versus
d'autres pays également, ce qui a occasionné la situation dans laquelle on se retrouve aujourd'hui. Alors, il faut
s'assurer que les finances publiques soient bien gérées et qu'on ne
lègue pas à nos enfants une hypothèque, une dette insurmontable comme d'autres
pays ont fait. On ne veut pas se retrouver là.
Donc, il faut changer un peu la dynamique
économique du Québec, il faut créer des petites et moyennes entreprises, il
faut donner confiance aux jeunes dans nos écoles qu'ils vont être capables de
réussir, qu'ils vont être capables de démarrer des entreprises, que ce soient
des petites, des moyennes, qu'il ne faut pas se décourager. Ce qui arrive — et je pense qu'on l'a tous vécu un peu — il y a plusieurs personnes, plusieurs jeunes
qui ont des bonnes idées à l'école,
ça chemine dans leur tête, mais peu à peu ça se peut qu'ils se découragent en
cours de route parce qu'il y a trop de difficultés,
c'est trop lourd, aller chercher des autorisations, et tout ça, ils ne savent
pas comment s'y prendre. Ça peut être compliqué pour des jeunes
entrepreneurs. C'est pour ça, d'ailleurs, que nous tentons par tous les moyens
de réduire la bureaucratie, réduire la
paperasse. C'est aussi pour les jeunes entrepreneurs, là. Je veux dire, on l'a
fait dans plusieurs ministères, mais c'est aussi pour faire en sorte que
les jeunes qui ont des bonnes idées ne soient pas découragés par la montagne de
paperasse à remplir en lien avec leurs idées.
Moi, je me
souviens, M. le Président, ma première job au primaire, c'était une petite
entreprise. J'avais décidé de vendre
de la limonade sur la rue Cadillac à Val-d'Or. J'étais au primaire avec un de
mes amis, on avait installé une table, et mon fournisseur de limonade,
j'étais chanceux, c'était ma grand-mère, qui demeurait chez moi — c'est
une famille italienne, donc les grands-mères
demeurent habituellement au même endroit que les parents — et elle me fournissait en limonade, et on avait décidé de vendre de la
limonade durant l'été. Je la vendais 0,25$ chaque verre de limonade. Et
ça n'a duré, malheureusement, pas assez
longtemps, ça a duré deux jours parce qu'à un moment donné il y a un monsieur
qui est passé puis il m'a dit : Tu
sais, petit garçon, ça prend un permis pour vendre de la limonade. Je n'ai pas
réalisé, sur le coup, je suis devenu
rouge comme une tomate, là, puis je suis quasiment parti, là, en bougeant,
«shakant», là — permettez-moi
l'expression — avec
mon gros pot de limonade, un petit peu découragé, et mon entreprise a terminé à
ce moment-là après deux jours d'opération.
Puis c'était rentable, je vous le dis, M. le Président, j'ai fait beaucoup
d'argent, puis j'avais la chance d'avoir un fournisseur qui n'était pas
très exigeant pour la ristourne.
Donc, je fais
une analogie pour dire : Voyez, il y a quand même plusieurs années, là,
j'ai été découragé parce qu'un monsieur
est passé pour me dire : Ça prend un permis. Puis il avait raison, le
monsieur, là, dans le fond, pour vendre des choses, ça prend un permis, là. Sauf qu'il faut inculquer, au Québec, à
nos jeunes, l'espoir, l'espoir qu'ils sont capables de créer une
entreprise et que ce n'est pas insurmontable, ce n'est pas une montagne qui va
faire en sorte que ça va les décourager
comme il m'est arrivé il y a plusieurs années. Donc, je pense que c'est
possible, je pense qu'il y a des choses à faire, il faut inculquer cet esprit-là, au Québec, d'entrepreneurship à
nos jeunes pour qu'on crée de la richesse. Puis je vais vous dire, on a
besoin de faire ça, on a besoin de faire en sorte qu'on ait plusieurs esprits
administrateurs au Québec.
Nous sommes
en train de développer le Plan Nord, qui avait été mis sur la glace. On a fait
des belles annonces dans les derniers
jours pour relancer le Plan Nord. Bien, ça, ça va créer plusieurs emplois, mais
ça va créer aussi par la bande le besoin
de petites entreprises qui vont fournir les minières au Nord. Alors, les jobs
du Nord, bien, il va y avoir des jobs dans
le Sud aussi, mais ça va prendre des gens qui créent des petites et des moyennes
entreprises pour fournir le matériel pour
le Nord. Mais ça, ça ne se fait pas tout seul, alors je pense que la nouvelle
génération et la génération, également, actuelle devra s'impliquer activement. Puis je suis certain qu'on a la
chance... Moi, je suis plus positif que négatif par rapport à l'avenir, on a une très belle jeunesse,
M. le Président — vous en
faites partie — au Québec
et des gens dynamiques, courageux, ambitieux qui veulent réussir, et il
faut juste leur donner les moyens pour qu'ils puissent réussir. Et je pense qu'on a du chemin à faire là-dessus au Québec parce
qu'effectivement... parce qu'on travaille sur la relance économique,
parce qu'on a annoncé le Plan Nord, il y a tout le projet maritime aussi au
Québec, auquel on va s'attarder dans les prochaines semaines, qui va créer des
emplois un peu partout au Québec et qui va nécessiter la création
d'entreprises.
Et j'ai rencontré, moi... J'en ai parlé hier
soir, j'ai eu la chance de participer à un colloque où il y avait là les 30 meilleurs... en Alberta, là, dans l'Ouest du
Canada, les 30 meilleurs pays en éducation, et les provinces du Canada, nous y étions. Je parlais avec des pays comme
l'Allemagne, la Suède, où eux ont développé cet esprit d'entrepreneuriat
très jeune dans les écoles, très tôt avec
des programmes et des cours qui sont directement en lien avec la création de
jeunes entreprises et de nouvelles entreprises dans tous les domaines,
là : la nouvelle technologie, quand on parle aussi d'agriculture, les
fermes, la relève à ce niveau-là.
• (16 h 50) •
Parce que la population étant vieillissante ici,
au Québec, je vous dirais que les nouvelles entreprises qui ont 100 % de
chances de fonctionner, ce sont ceux qui sont liés à la main-d'oeuvre — en
soudure, en mécanique, en menuiserie — ce sont des métiers qui vont... et qui sont
actuellement en très forte demande. Le taux de placement des gens qui étudient en formation professionnelle au
secondaire, et en formation technique, et souvent en formation professionnelle
est de 100 % en cuisine, en soudure, en mécanique. Un jeune qui entre
là-dedans aujourd'hui est assuré d'avoir un emploi et non seulement assuré d'avoir un emploi, pourrait,
avec des programmes, je pense, facilitateurs, créer d'autres emplois, s'ouvrir une compagnie et créer d'autres emplois. Je pense
que c'est ce qu'on a de besoin au Québec. Et, dans ce colloque-là, plusieurs pays avaient de bonnes idées là-dessus et qui
faisaient en sorte que certains pays avaient un taux de chômage extrêmement bas, un taux de chômage
extrêmement bas, un taux de décrochage aussi extrêmement bas, et on en faisait partie, là. On est dans les meilleurs pays
au monde au niveau de l'éducation, mais il y en a encore qui sont un peu
meilleurs que nous, puis je pense qu'il ne
faut pas se gêner pour regarder ce qui se fait ailleurs pour faire en sorte
qu'on puisse s'améliorer à tous les jours.
Donc, les
défis du Québec en matière d'entrepreneuriat demeurent grands. En effet,
plusieurs indicateurs relèvent la faiblesse
relative des intentions d'entreprendre, le déclin du taux entrepreneurial et du
taux de création d'entreprises ainsi que
les difficultés anticipées en matière de relève pour les entreprises
existantes. Les efforts doivent se poursuivre pour susciter le
développement d'une culture entrepreneuriale — comme je mentionnais
tantôt — chez
les jeunes.
Au cours des dernières années, différentes
initiatives ont été mises de l'avant afin de développer cette culture
entrepreneuriale, je pense à la Stratégie d'action jeunesse, à la Stratégie
québécoise de l'entrepreneuriat, entre autres, il y en a d'autres. Je comprends que la Stratégie québécoise de
l'entrepreneuriat adoptée en novembre 2011 est pilotée par le ministre des Finances et le ministre de
l'Économie. C'est notamment dans ce cadre que le ministère de l'Éducation a
mis sur pied des projets pour le développement de la culture entrepreneuriale
chez les jeunes.
Alors, ma
question pour le ministre de l'Éducation concernant le développement d'une
culture entrepreneuriale chez les jeunes est fort simple, j'aimerais que
le ministre nous dresse un portrait des mesures mises en place par son ministère
au cours des dernières années afin de développer une culture entrepreneuriale
chez les jeunes. Au-delà des mesures pilotées par les ministres des Finances et
de l'Économie, quelles sont, en fait, les mesures qui relèvent de ses
responsabilités en Éducation?
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le député de Papineau. Étant pour la première fois président au salon bleu,
sachez que je vais garder un souvenir impérissable de votre histoire
d'entrepreneuriat au sujet de la limonade. M. le ministre.
M.
Blais : Oui, effectivement, moi aussi, M. le Président, là, je comprends que notre collègue a vécu, dans
sa tendre enfance, des déboires
financiers importants, puis c'est peut-être ce qui explique
qu'il s'est tourné vers la politique, hein?
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Blais : Peut-être pour aligner un
peu la discussion sur ce dont on parle exactement quand on parle de culture entrepreneuriale, parce qu'il peut y avoir méprise... Moi, j'ai deux
filles, là, qui ont fréquenté une école primaire entrepreneuriale — je pense, c'est une des premières, là, si je me souviens
bien — dans la
région de Québec, dans un milieu assez
défavorisé. Et j'étais un petit peu... j'avais des petites appréhensions, comme
parent, là, vis-à-vis le projet des écoles entrepreneuriales parce que
je le voyais de façon purement mercantile, ou capitaliste, ou... hein, donc...
Et, comme je suis un humaniste de formation,
bon, j'avais certaines inquiétudes. Et finalement on nous a expliqué dès le
départ que la culture
entrepreneuriale, ce n'est pas nécessairement une culture du domaine des
affaires privées, mais c'est avant tout une culture d'avoir des projets dans différentes sphères de l'activité
humaine, d'avoir des projets et d'apprendre à construire des projets, à les réaliser pour différentes fins.
Et il faut vous le dire, en général, ce n'était pas pour des fins
commerciales, mais c'était, en général, pour
des fins humanitaires, hein, que les enfants préparaient des projets, allaient
chercher... de faire des levées de fonds, etc. Donc, ça a un sens
beaucoup plus large, hein, que simplement mercantile.
Maintenant, pour répondre à la question, le
ministère de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, nous
oeuvrons depuis plus de 15 ans, là, à promouvoir, sous différents fronts,
les valeurs et la culture entrepreneuriale
dans les écoles primaires, les écoles secondaires et dans les centres
d'éducation aux adultes et de formation professionnelle. On a eu l'occasion d'en discuter un peu hier, d'ailleurs,
aux crédits. Donc, les actions du ministère se déclinent en deux types
de mesures : des mesures de sensibilisation, donc d'ouverture à cette
réalité, et des mesures, disons, plus complètes, de formation.
Donc, pour
les mesures de sensibilisation — je
pense que c'était une des préoccupations de mon collègue — nous visons les jeunes directement et le personnel
enseignant ainsi que les directions d'école. Donc, une mesure de
sensibilisation à l'entreprenariat peut
prendre la forme d'une allocation budgétaire pour des activités et pour
encourager des jeunes à des projets types de valeur entrepreneuriale.
Du côté de
l'accompagnement en entreprenariat du personnel enseignant et des directions
d'école, le ministère de l'Éducation
bénéficie, depuis 2011, d'une entente avec le Secrétariat à la jeunesse, qui
l'appuie en ce sens, et ce partenariat permet de renforcer la cohérence
et l'arrimage des interventions.
La collaboration du ministère de l'Éducation
dans le cadre de la Stratégie québécoise de l'entrepreneuriat a, pour sa part, permis de réaliser un projet pilote
qui s'est échelonné sur trois ans, de 2011 à 2014. Un projet
entrepreneurial a été développé dans les écoles secondaires de 17 régions du
Québec. Une approche de type entreprenariat-études, tout d'abord, a été mise en place dans 10 régions du
Québec. Dans ces régions, les professeurs en formation professionnelle, technique, préuniversitaire ont reçu un soutien
afin d'assurer aux élèves choisissant cette approche une sensibilisation
à l'entreprenariat. Dans les sept autres
régions, un projet entrepreneurial d'envergure a été réalisé dans les écoles
secondaires.
Et
l'évaluation des projets a permis de faire des constats intéressants, puis je
vais vous demander votre attention là-dessus parce que ça va vous
intéresser. Tout d'abord, l'engagement des élèves est remarqué à chacune des
étapes de la démarche. Les différents
projets ont apporté aux élèves un plus grand sentiment de fierté parce qu'il y
a, bien sûr, une réalisation au bout,
là, du processus. Les élèves acquièrent une meilleure connaissance de leurs
forces, de leurs intérêts par rapport à la culture entrepreneuriale, ils
développent des valeurs entrepreneuriales, qui ne sont pas uniquement les
valeurs de compétition, comme on pourrait
l'imaginer, mais qui sont aussi les valeurs de coopération, de collaboration.
Ça, j'insiste beaucoup, beaucoup là-dessus parce qu'on a peut-être un
préjugé par rapport à la culture entrepreneuriale, que c'est avant tout une
culture individualiste. On imagine un entrepreneur, quelqu'un qui a réussi,
etc., contrairement à notre collègue, peut-être quelqu'un qui a réussi, là,
dans les affaires. Et donc ce n'est pas du tout ça, hein? On insiste beaucoup — en
tout cas, moi, j'ai vu mes filles à l'oeuvre — sur la coopération, là, pour atteindre... pour la
réalisation de projets. Et finalement
les retombées positives ont été observées quant à l'engagement des intervenants
et des enseignants.
Je peux vous dire que
ce qui compte, une des conditions de réussite, là, d'un profil entrepreneurial,
c'est les enseignants parce que ça oblige,
disons, à sortir du cadre scolaire habituel, hein, ça prend du temps à
l'intérieur du cadre scolaire. Et ce
qu'on voit fréquemment, c'est que des formations, hein, qui sont connexes au projet
sont rattachées, hein, pour conduire
à la production et à la réalisation du projet. Donc, il faut que les
enseignants soient d'accord avec la vision de l'école et il faut que les
enseignants y participent le plus pleinement.
Pour ce qui est des
mesures de formation, maintenant, il y a trois... oui, il y a trois programmes.
Le premier programme, c'est un programme de
formation qui vise à développer une culture entrepreneuriale. Il y a trois
programmes en place : le programme
optionnel de Sensibilisation à l'entreprenariat, le programme d'études
Lancement d'une entreprise et le
programme Gérer efficacement ma nouvelle entreprise. Ensuite, le programme
optionnel de Sensibilisation à l'entreprenariat est destiné aux élèves du deuxième cycle du secondaire. Il a été
enseigné en 2013‑2014 dans 54 commissions scolaires au Québec et 11 établissements d'enseignement privés.
Donc, ça veut dire que ça a pris vraiment une dimension importante au
cours des dernières années. C'est un programme qui varie entre 50 et 100 heures
et qui amène les élèves à mieux se connaître
à l'égard de l'entreprenariat et à mettre en oeuvre un projet entrepreneurial
pour développer leur esprit d'entreprendre.
Finalement,
le programme d'études Lancement d'une entreprise est destiné aux jeunes du
secondaire, 16 ans et plus, et aux
adultes qui désirent démarrer une entreprise. Peut-être que notre collègue
aurait dû suivre cette formation avant de se lancer dans la rue pour
vendre à qui mieux mieux sa limonade. Donc, dans ce cas-ci, c'est un programme
de 330 heures, qui mène à l'obtention d'une
attestation de spécialisation professionnelle. Au terme de cette formation,
chaque participant a un plan d'affaires, vous vous rendez compte, hein, un plan
d'affaires en main.
Le programme Gérer
efficacement ma nouvelle entreprise est une formation postdémarrage
d'entreprise dispensé par le réseau public
des services aux entreprises des commissions scolaires. C'est un programme
d'ailleurs qui est, à ce qu'on m'a
dit, assez populaire. Il est destiné aux nouveaux entrepreneurs et à ceux qui
sont dans les toutes premières années d'exploitation d'une entreprise.
Il vise à améliorer les habiletés en gestion des jeunes entrepreneurs.
Je
termine. Avec ces programmes de sensibilisation et ces programmes de formation,
le gouvernement s'est doté, au cours
des dernières années, au sein même du réseau de l'éducation, d'outils, hein,
prometteurs, dans certains cas, même, je
dirais substantiels, pour développer une culture entrepreneuriale positive, pas
uniquement mercantile, pas uniquement individualiste chez les jeunes.
• (17 heures) •
Le Président (M.
Habel) : Merci, M. le ministre. Alors, nous allons passer à
l'opposition officielle avec le député de Richelieu.
M. Rochon :
Merci, M. le Président. Alors, on va laisser de côté la limonade de mon éminent
collègue d'en face, ce qui ne veut pas dire que le ministre ne sera pas
dans le jus, il le sera peut-être même davantage. L'élection partielle dans Richelieu, elle a permis aux Soreloises et
aux Sorelois d'assister à un impressionnant défilé de limousines, les
ministres donnant sur le terrain
l'impression de faire partie d'un grand ensemble à cordes. Je fais le
mouvement. Ils étaient tellement nombreux qu'on avait du mal à discerner
qui tenait la place de premier violon. L'orchestre, depuis le résultat de ce scrutin, il s'est tu. Et puis les gens de chez
moi, bien, ils sont en train de se convaincre qu'il ne s'agissait que d'une
opération politique dans le sens le plus péjoratif de l'expression.
Est-ce
que le ministre de l'Éducation peut dissiper cette impression qui s'installe
chez les gens de chez moi et confirmer
aujourd'hui ce qui a circulé pendant toute la campagne électorale, c'est-à-dire
que l'argent, les crédits seront au rendez-vous pour l'agrandissement de
l'école primaire de Saint-Roch-de-Richelieu?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
Une voix :
...
M.
Blais : Oui, très bien.
Alors, ce qu'on me dit, là, c'est... Bon, il y a plusieurs projets à l'étude en
ce moment au Québec, vous le savez,
hein, M. le député, ils sont très nombreux. Le ministre n'intervient pas, vous
comprenez aussi, n'intervient pas en
amont dans l'évaluation des projets. Les projets sont étudiés à partir de
critères, des critères qui sont définis depuis longtemps et qui... et
des fonctionnaires sont à l'oeuvre pour évaluer les projets.
Donc, je ne vous
annoncerai pas aujourd'hui... même si je le pouvais, hein, je ne vous ferai pas
une annonce aujourd'hui. Je ne pense pas que
c'est l'occasion pour faire une annonce de ce type-là aujourd'hui. Je comprends
que cette école-là, en ce moment, elle est... le projet est sous
évaluation. Je comprends que le dossier chemine normalement, naturellement, sans intervention politique. Je
pense que vous avez cette préoccupation-là. En tout cas, j'ai compris
dans votre propos que vous aviez une
préoccupation par rapport à des interventions politiques qui seraient
déplacées, et, en temps et lieu, on fera les annonces.
M. Rochon : En tout respect, M. le
ministre, pendant la campagne électorale, toutes les études semblaient complétées. Journal La Voix : «On est
les dindons de la farce», lance, désabusé, le directeur général de la
commission scolaire de
Sorel-Tracy, qui dénonce l'improvisation ministérielle. «On doit faire des
choix avec [...] des orientations qui ne sont pas claires.» C'est
inquiétant.
Il me semble
que c'est au contraire aujourd'hui, M. le ministre, une belle occasion de
calmer l'inquiétude du directeur général de la commission scolaire de
Sorel-Tracy, l'inquiétude des autorités municipales de Saint-Roch-de-Richelieu
et de son maire, Claude Pothier, et particulièrement l'inquiétude des parents
d'élèves de Saint-Roch-de-Richelieu.
Le
Président (M. Habel) :
...député de Richelieu, et j'invite tout le monde, quand même, à la prudence
dans les propos qu'ils imputent. Alors, M. le ministre.
M. Blais : Oui. Alors, je ne sais
pas si mon collègue, peut-être... je comprends qu'il est nouveau, là, mais comprend bien l'exercice des crédits budgétaires,
hein? Donc, les crédits budgétaires, ce n'est pas le moment de faire des
annonces par rapport aux crédits qui s'en viennent, du tout. C'est d'abord le
temps d'évaluer, hein, l'année qui s'est terminée et regarder
effectivement — moi,
je suis très ouvert là-dessus, puis on l'a fait, là, depuis le début hier — les orientations pour l'avenir. Je suis très à l'aise
avec ça. Mais je ne vous ferai pas d'annonce par rapport au budget d'une
commission scolaire.
En ce moment,
là, les budgets des commissions scolaires sont en train d'être finalisés. On
est en train de finaliser les règles
budgétaires. Alors, ce que j'entends parfois, et c'est peut-être le cas de
votre commission scolaire, ce que j'entends parfois, des chiffres qui sont évoqués par les commissions scolaires, je
vous demande et je leur demande d'être très, très, très prudents pour deux raisons, hein? Ces
chiffres-là sont généralement obtenus à partir d'une simple règle de trois,
d'un chiffre qui a été avancé par la Fédération des commissions scolaires il y
a quelques semaines, de compressions de 350 millions de dollars. On sait que ce chiffre ne tient sur
absolument rien, et la Fédération des commissions scolaires,
aujourd'hui, le reconnaît, elle ne l'utilise plus. Donc, si votre commission
scolaire, ensuite, a fait une règle de trois pour définir ce qui serait sa part
dans cette compression, elle est à des lieues de distance de la réalité.
Deuxième
élément pour lequel il faut qu'ils soient prudents, particulièrement pour
l'année qui commence, c'est qu'il est possible, c'est probable qu'il y
ait des modifications aux règles budgétaires. Ces modifications aux règles budgétaires pourraient être suffisamment
importantes pour que les scénarios catastrophes que l'on se met parfois
dans la tête ou qu'on essaie de mettre dans
la tête des gens ne se présentent pas de la même façon qu'on peut le croire
aujourd'hui. Donc, prudence. Les règles budgétaires vont être annoncées dans
les prochaines semaines, je crois, et on verra que ce n'est pas du tout le type
de scénario catastrophe qui circule en ce moment, là, sur certains réseaux.
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le ministre. M. le député de Richelieu.
M.
Rochon : Les gens de... Je
vais terminer avec ça. M. le Président, les gens de chez moi, ils ont très
frais à la mémoire ce défilé de limousines auquel je référais tout à
l'heure. Et la chanson qui résonne dans leur tête, c'est une chanson de Félix
Leclerc, que vous devez connaître, vous êtes un homme de grande culture :
«La [journée] des élections,
Il t'appelait son fiston.
Le lendemain, comme de raison
Il avait oublié ton nom.»
On a
l'impression que c'est ça aujourd'hui, les promesses pendant la campagne
électorale... Puis aujourd'hui on nous dit, au sujet de cette école,
qu'il faut que les études soient complétées. Elles semblaient complétées
pendant la campagne, mais enfin... Il y a un échéancier, M. le ministre? Il y a
un échéancier?
M.
Blais : En ce moment, il y a des centaines de projets à l'étude, hein,
et tous ces projets-là suivent leur cours, leur cours normal, sans
intervention politique ni de ma part ni, je l'espère, de votre part.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Richelieu.
M.
Rochon : ...occupait, là,
une banquette dans une limousine pendant la campagne électorale, M. le
ministre.
Le
Président (M. Habel) : Je
pense que, jusqu'à maintenant, les propos se déroulaient très bien, donc
j'invite tout le monde, quand même, à la
prudence et à rester vigilants dans leurs propos. Alors, est-ce que, M. le
député de Richelieu, vous aviez une autre question? Non. Ce sera à
la députée de Pointe-aux-Trembles.
M. Rochon : J'ai terminé. Je cède la
parole à la députée de...
Le
Président (M. Habel) : Donc,
Mme la députée de Pointe-aux-Trembles, il vous reste un temps de
13 min 20 s.
Mme Léger : Je pense qu'on ne
peut pas, M. le Président... Le travail d'un député est absolument important, et le député de Richelieu le fait très bien et il parle
au nom de sa population, puis je pense qu'on n'a pas à lui reprocher
qu'il parle au nom de sa population puis
qu'il veut que les projets dans sa circonscription avancent. Quand le ministre
parle de vouloir... ne pas penser à faire des scénarios catastrophes, bien,
c'est à lui de les éteindre. Puis il peut en faire, des annonces, puis il peut nous le dire aujourd'hui. Ça lui appartient, au
ministre de l'Éducation, de faire les choix qu'il a à faire au ministère
de l'Éducation.
Alors,
je veux revenir, M. le Président, ou plutôt amorcer la partie que je considère
importante en éducation, celle du rôle des
enseignants et la valorisation des enseignants. Parfois, cette valorisation-là
est galvaudée parce qu'on ne sait plus ce que c'est, la valorisation des
enseignants, mais c'est avant tout de reconnaître la profession... que les enseignants sont des professionnels. C'est aussi
de donner des ressources à nos enseignants, donner des ressources aux
enseignants pour leurs classes, particulièrement pour la réussite de leurs
élèves, qu'elles soient de toutes formes de ressources. C'est aussi leur
permettre de faire des formations.
• (17 h 10) •
C'est
aussi leurs conditions de travail, évidemment, mais c'est aussi d'accompagner
puis avoir des mesures de soutien
d'accompagnement. Je pense, entre autres, à nos jeunes enseignants qui... Il y
a une étude qui détermine que les enseignants
que ça ne fait peut-être
même pas quatre ans, cinq ans, qui sont des jeunes enseignants puis qui
abandonnent à un haut taux la profession
d'enseignant parce qu'ils sont mal accompagnés ou qu'ils n'ont pas d'aide
suffisante... Je suis convaincue que le ministre est conscient de ce
défi-là de garder... de la rétention de nos enseignants dans les écoles.
Évidemment, ça amène
toute la discussion qui a été amorcée tout à l'heure un peu sur la hausse du
ratio des maîtres-élèves, et j'ai pu
comprendre la réponse du ministre... de mon collègue de Chambly, lors de la période de
questions, à un moment donné, que le ministre a dit, à la question du ratio : Il
faut bien comprendre qu'il n'y a pas eu de demande bien sûr de
mon collègue — je
le cite, là — du
Conseil du trésor, il n'y a pas eu de demande de sa part pour
modifier les choses, modifier les
ratios. Cette demande-là, elle est venue de qui? Elle est venue du ministère de l'Éducation, de personnes qui sont dans les commissions
scolaires, les directeurs d'école qui nous ont dit : Écoutez, on peut
possiblement... c'est en discussion, mais on peut possiblement faire mieux avec
l'organisation actuelle des ratios au nom de la formation.
Écoutez,
je pense que le ministre va se souvenir que ce n'était pas sa meilleure
réponse. J'essayais de comprendre un
peu ce qu'il voulait dire à travers ça, mais ce qu'on sait, c'est que les
directions, les directeurs d'école particulièrement, sont contre la hausse du nombre d'élèves par
classe. J'ai ici l'affirmation de Mme Normand-Charbonneau, la présidente
de la Fédération québécoise
des directions d'établissement, qui représente 70 % des directeurs d'école du Québec. Elle dit : «Tu
peux pas t'amuser à diminuer et augmenter pour une question d'argent. Le
gouvernement savait combien ça coûtait. Si on leur a donné la diminution de
ratio, c'est parce qu'on y croyait. Quand tu es dans des milieux où il y a beaucoup
d'élèves en difficulté, si tu diminues le ratio, ça va aider.» Ça va faire une
différence, entre autres pour les enfants... les situations d'écoles plus...
d'enfants défavorisés.
Alors,
ce que j'entends... le ministre, tout à l'heure, il a l'air à nous dire qu'il y
a un impératif budgétaire qui vient peut-être conclure ou vient donner
peut-être ce qui... qui vient donner l'impact de peut-être la prochaine... la
décision qu'il prendra sur le ratio
particulièrement. Puis là on nous dit que c'est peut-être dans le cadre d'une
négo, parce que j'ai entendu le ministre dire ça, le précédent ou vous,
je ne me souviens plus lequel des ministres que j'ai eus devant moi qui a dit ça, là, qui nous a dit que : Ah!
c'est dans la négo, on verra dans la négo. La négo, c'est une chose, parce que
la hausse des maître-élèves, c'est aussi une
partie de l'enseignant, mais il y a une partie qui concerne l'élève. Alors, les
élèves, c'est... une des conditions importantes de la réussite scolaire des
élèves, le ratio, avec d'autres types de mesure, j'en conviens, et encore plus
dans les écoles défavorisées... Alors, avant de toucher le ratio maître-élèves,
c'est peut-être important de parler avec le
milieu de l'éducation parce qu'on n'est farouchement pas en accord avec la
hausse du ratio maître-élèves. Alors, j'aimerais ça entendre le ministre
sur cette situation-là et ce défi qu'il a devant lui.
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Alors, je remercie ma collègue de me permettre peut-être
de reprendre les passages qui ont été plus difficiles. Alors, parfois, on peut manquer, là, au niveau des
explications. Ce que je voulais dire tout à l'heure, ce qui est
important, hein, c'est bien sûr la demande, hein, qui est une demande en
négociation, quel sera le résultat de cette demande?
On le verra beaucoup plus tard, à la fin des négociations. Mais cette demande,
elle n'est pas venue, il faut bien le comprendre,
du Conseil du trésor. Le Conseil du trésor l'apporte, mais elle est venue des
milieux de l'éducation, principalement,
me dit-on, des commissions scolaires qui disaient qu'il faudrait un peu plus de
souplesse, hein? Ce que l'on a fait,
ce n'était peut-être pas mauvais en soi, mais ça apportait des contraintes.
Donc, le président du Conseil du trésor l'apporte avec lui dans la
négociation, mais, bien sûr, elle est venue du milieu scolaire.
Cette
demande, sa justification... et je comprends bien que, dans le fond, les ratios
ont deux aspects, hein, qui sont des
aspects complémentaires, mais distincts logiquement. Le premier aspect, on
parle de la charge de travail des gens, hein? On ne parle même pas de réussite scolaire, on parle de la charge
de travail des gens, et c'est toujours délicat quand on attaque cette question-là. Je comprends très bien
la réaction des enseignants ou des syndicats d'enseignants. Et l'autre
aspect, bien sûr, c'est la réussite, jusqu'à quel point une diminution des
ratios favorise la réussite. Et c'est là-dessus qu'il y a moyen, je pense,
d'avoir une discussion, hein?
Ce
que l'on veut faire, ce n'est pas une question, là, de faire des économies pour des économies. On veut
que, si une souplesse est rétablie, on puisse réinvestir les économies,
notamment pour les clientèles qui en ont le plus besoin. On a parlé aujourd'hui, hein, du potentiel des maternelles quatre ans,
on a parlé du primaire, première année, deuxième année et des milieux défavorisés, hein? Notre approche,
c'est de réinvestir en priorité dans ces milieux-là où on a une
littérature, je pense, claire et abondante, que, si on doit prioriser
nos actions, c'est là qu'il faut le faire plutôt que d'avoir une politique
qui est peut-être un peu trop mur à
mur. C'est sujet à négociation, je pense. Je ne veux pas aller plus loin
là-dessus, je veux simplement vous expliquer la rationalité. La rationalité, ce
n'est pas, là, de le faire pour le faire, mais d'avoir des économies
pour réinvestir dans les politiques qui sont plus favorables à la réussite
scolaire.
Mme
Léger : Tous les
enseignants vont dire, tous les enseignants...
au-delà de la négociation, M. le Président, tous les enseignants vont
dire que leur charge est lourde aujourd'hui. Tous les enseignants vont vous
dire... Puis, si je regarde
le document de l'Institut de la statistique qui est fait aussi avec Je suis, je
serai, là, qui est la trousse SYNEL, là, qui est peut-être connue par le ministère, évidemment, près de la moitié
des enfants, 46 % considérés comme vulnérables à la fin de la maternelle, présentaient un
rendement scolaire sous la moyenne en quatrième année du primaire,
comparativement à seulement 14 % des enfants non vulnérables. Près
d'un enfant sur quatre né au Québec à la fin des années 90 était considéré comme vulnérable à la fin de la
maternelle dans au moins un domaine de développement physique, cognitif
ou socioaffectif. Et je pourrais continuer
comme ça, le guide est très... la trousse est très intéressante pour ces
données-là.
M. le Président,
c'est évident qu'il ne faut pas que le ministre soit... qu'on dicte l'avenir,
dans le fond, de l'éducation et particulièrement les fondements importants de
l'éducation. À mon avis, un des principes guideurs est vraiment le ratio. L'aide aux enseignants, oui, par des ressources, oui,
par de l'accompagnement, oui, par des enseignants ressources aussi, parce qu'on remet en question
aussi les enseignants ressources, mais c'est évident que la hausse du
ratio est absolument... c'est un enjeu
majeur qui n'est pas juste un enjeu de négociation. Et, si on veut la réussite
scolaire, je veux bien croire que
j'ai entendu le ministre précédent du ministre actuel dire que ce n'est pas
nécessairement... la littérature nous dit
que peut-être que ça n'aide pas la réussite scolaire, nécessairement, le ratio.
Je pense qu'il y a plein d'autre littérature qui dit tout à fait le
contraire et la majorité des littératures dit le contraire au niveau des ratios
maître-élèves.
Alors,
je veux dire au ministre, M. le Président, que j'espère que ça ne sera pas une
question de colonne de chiffres qui va déterminer la hausse du ratio
maître-élèves dans les classes.
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : On ne fera peut-être pas une bataille de spécialistes; on
n'est, ni moi ni ma collègue, spécialistes dans le domaine. Je parlais à
un ancien collègue qui a une chaire d'étude sur la réussite scolaire,
récemment, il me dit : Bien sûr, bien
sûr que diminuer ou améliorer les ratios, en soi, ce n'est pas une mauvaise
idée. Ce n'est pas une mauvaise idée, il
n'y a pas de honte pour le Québec d'avoir fait ça. Mais, quand on regarde les
sommes que ça représente, importantes, et ce que l'on pourrait faire
avec des réaménagements intéressants, les gains seraient encore plus
importants.
Donc,
c'est ça, l'enjeu et, encore une fois, c'est un enjeu de négociation. Et, quand
ma collègue disait tout à l'heure : Je ne connais aucun enseignant aujourd'hui, là, qui pourrait appuyer
cette mesure, je lui rappellerai ce que j'ai dit un peu plus tôt
aujourd'hui, hein? J'ai parlé à une enseignante de 25 ans d'expérience,
primaire, première année, 25 ans, elle en a
17 dans sa classe, elle m'a dit : M. Blais, M. le ministre, hein,
donnez-m'en cinq de plus, hein, ils sont dans le milieu ici assez facile. Donnez-m'en cinq de plus, j'en ai
jamais eu aussi peu, et, si possible, enlevez-les dans les milieux
défavorisés où il y a vraiment des enjeux, où il y a une priorité.
Donc,
c'est vraiment le sens des priorités qui est interpellé ici, ce n'est pas en
soi la mesure, hein, d'amélioration des
ratios. Je le disais tout à l'heure : Si l'argent était abondant,
probablement qu'on pourrait défendre cette mesure-là, mais, dans un contexte de rareté, dans un contexte
de solidarité, là, comme celui que nous traversons en ce moment, ça vaut
la peine d'avoir le sens des priorités. On verra maintenant... puis je le dis
en tout respect, là, pour les enseignants, je comprends
qu'on touche à un élément très sensible, leur charge de travail. Je le dis en
tout respect pour les enseignants, ça mérite
quand même d'être regardé compte tenu des économies substantielles qui
pourraient être faites et réinvesties là où c'est le plus urgent de
réinvestir au Québec.
• (17 h 20) •
Le Président (M.
Habel) : Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme
Léger :
...j'entendais le ministre, il disait... vantait du gouvernement libéral précédent, avec l'autre premier ministre à l'époque, que... il
était tout fier de dire : Les augmentations en Éducation de 4 %, 5 %... Bien, une des augmentations qui a été faite, ça a été entre
autres le ratio, parce que
c'est sa collègue de l'époque, Michelle Courchesne, en 2008, qui avait fait cette initiative-là de...
Puis là vous êtes en train de nous dire que c'est peut-être
une erreur. Il est en train de nous dire que... peut-être regarder ça
autrement.
Alors,
je veux bien croire que le ministre essaie de nous dire que c'est quelque chose à regarder puis c'est quelque chose à voir, bien, moi, s'il s'attaque à la hausse des
ratios, vous pouvez être sûrs qu'il va avoir une levée de boucliers partout au Québec, parce que
c'est absolument... c'est une des mesures importantes d'aide et de
soutien aux enseignants. Je veux bien
croire qu'il peut dire : Je veux regarder autre chose. Ce n'est pas
suffisant, juste le ratio. Il faut même essayer de le baisser davantage, le ratio, parce que la tâche est lourde
chez nos enseignants. Et évidemment, accompagné de d'autres mesures, c'est là qu'est la réussite. Puis toutes
les études le démontrent, que la réussite est avec la baisse des ratios,
avec l'accompagnement des enfants et le soutien aux enfants en difficulté.
C'est comme ça qu'on réussit à aider nos enfants puis nos jeunes dans nos écoles
du Québec si le ministre a vraiment cet objectif-là et cette priorité-là au ministère
de l'Éducation.
Le Président (M.
Habel) : Merci, Mme la députée. Il ne reste que 20 secondes.
M.
Blais : Bon, tout simplement écouter la voix de la sagesse d'une enseignante avec 25 ans de
métier : M. le ministre,
si vous devez prendre les décisions difficiles, donnez-m'en cinq de plus.
Donnez-m'en cinq de plus et diminuez là où ça compte, notamment dans les
milieux plus défavorisés que le mien.
Le Président (M.
Habel) : Merci, M. le ministre. Alors, nous allons passer du côté du gouvernement
avec le député de Papineau.
M.
Iracà : Merci beaucoup, M. le Président. Je vais poursuivre dans la même lignée de
l'entrepreneurship. Je pense que c'est un sujet majeur, auquel il faut
prendre le temps de discuter, surtout dans la période des crédits, parce que, pour l'avenir du Québec, ça ne se bâtit pas... l'avenir du Québec
ne se bâtira pas simplement en pensant que l'argent pousse dans les arbres
et que tout va se régler comme par magie, en citant des refrains de Félix
Leclerc, que j'aime beaucoup, que
j'ai écouté beaucoup quand j'étais au cégep. J'ai découvert Félix
Leclerc par le tard, là, les chansons... Mais je pense que ça prend du concret, ça prend du développement
économique, ça prend des entreprises, ça prend des gens qui engagent des gens.
Alors, le ministre
a développé une réponse très, très intéressante suite à ma question tout aussi intéressante. Puis, initialement, j'avais
parlé de mon entreprise, là, et d'ailleurs j'en profite pour vous remercier de m'avoir
écouté, d'avoir écouté mon
traumatisme que j'ai vécu lors de ma jeunesse. Mais j'ai vécu quand même,
je dois vous le dire, deux belles journées,
là. Les deux journées où ça a fonctionné, là, c'était fantastique. J'ai encore
de très, très beaux souvenirs de ça et j'espère que les jeunes au Québec
pourront avoir de belles réalisations, de beaux souvenirs face à la création
d'entreprises qui vont durer plus longtemps
que la mienne. Je le souhaite beaucoup. Mais, ceci
étant dit, ça a fait du bien d'en
parler.
Alors, ma question,
en lien avec l'entrepreneuriat... les explications données par le ministre de l'Éducation ont été utiles en ce qu'elles nous rappellent tous les
efforts qui sont faits pour développer une culture entrepreneuriale chez
nos jeunes. Nous sommes mieux à même de
comprendre les mesures qui sont mises en place par le ministère
afin d'atteindre cet objectif.
Au-delà de la description de ces mesures, le ministre peut-il nous fournir
une idée plus précise des ressources consenties et des résultats
concrets atteints?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Oui. J'ai quelques
chiffres sur le sujet. Donc, en termes d'investissement, tout d'abord, c'est
près de 1,5 million qui est investi par
le ministère dans la mesure Sensibilisation en entreprenariat, dont on parlait
tout à l'heure, au primaire, au
secondaire, chez les adultes et en formation professionnelle; environ
200 000 $ dans le déploiement du programme d'études Sensibilisation à l'entreprenariat et
135 000 $ dans le déploiement d'une culture entrepreneuriale dans les
écoles primaires et secondaires. Ensuite, le ministère soutient le Concours
québécois en entreprenariat depuis 1998. Une
subvention de 160 000 $ a été consentie à l'organisme pour l'exercice
financier 2014‑2015. Donc, ce concours récompense notamment des projets
entrepreneuriaux d'écoles primaires et d'écoles secondaires.
Les résultats
maintenant. Les résultats sont fort impressionnants, tant en nombre d'élèves
rejoints qu'en termes de projets
entrepreneuriaux réalisés. Chaque année, environ 2 500 projets
entrepreneuriaux sont réalisés au Québec par les jeunes du primaire et
du secondaire, 2 500 projets dans le cadre de la mesure de sensibilisation
à l'entrepreneuriat. Plus de 3 000 jeunes du secondaire bénéficient du
programme d'études Sensibilisation à l'entreprenariat, et près de 8 000
inscriptions sont enregistrées au programme d'études Lancement d'une
entreprise. Donc, 2 500 projets
entrepreneuriaux, 3 000 jeunes du secondaire à l'intérieur du
programme d'études Sensibilisation à l'entreprenariat et 8 000
inscriptions enregistrées au programme d'études Lancement d'une entreprise.
Donc, on a
vu, hein, que les progrès sont importants. Moi, je me souviens d'une époque où, disons,
c'était presque à l'origine, là...
disons sous forme d'embryon, là, qu'on parlait, là, d'insérer une culture
entrepreneuriale dans les écoles. Je pense
que maintenant les résultats sont concluants, et ce qu'il y a
aussi d'intéressant, c'est qu'il y a encore des écoles
qui veulent s'inscrire dans cette
mouvance-là. Donc, on peut penser que le plafond n'est pas encore atteint, que
ça pourrait encore connaître une croissance dans les prochaines années.
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le ministre. M. le député de Papineau.
M. Iracà : Bien, simplement pour conclure, je pense que, pour ceux qui nous
écoutent, ça donne de l'espoir. Ça donne
de l'espoir aux jeunes aussi parce qu'ils peuvent avoir non seulement juste une
idée, mais ils peuvent aussi avoir l'espoir
que cette idée-là se concrétise avec les investissements et les sommes
d'argent qui sont investies, justement,
pour aider les jeunes à développer leur fibre entrepreneuriale.
Et je suis
très heureux, moi, d'avoir entendu le ministre me parler de ses filles parce
que le milieu entrepreneurial n'est
pas seulement pour les garçons, hein? Plusieurs jeunes filles ont cette
fibre-là. J'en ai, moi, dans mon comté, là... Au dernier souper de la
chambre des commerces dans la Petite-Nation, il y a une entreprise de jeunes
filles qui ont gagné un prix parce qu'elles
ont mis temps et effort et elles ont été récompensées. Donc, c'est encourageant
pour les jeunes filles, les jeunes
garçons, de savoir que, oui, au niveau de l'école, il y a des choses qui se
passent. Et je sais que notre collègue ministre du Développement
économique travaille très, très fort également pour alléger la bureaucratie, à
alléger le nombre de formulaires à remplir
pour ceux qui veulent se partir une entreprise. Donc, pour les gens de tout
âge... Mais, si, en même temps, il y
a un effort qui se fait à l'école, bien là, on rame tout le monde dans le même
sens, on rame pour faire en sorte
qu'au Québec il se développe des petites et moyennes entreprises dans tous les
domaines, dans tous les secteurs et à tous âges.
Alors, c'est
une excellente nouvelle, c'est une bonne nouvelle. Ça sert à ça, les études de
crédits, ça sert à dire : Bon, voici plus concrètement où on s'en
va. Puis là je pense que le ministre vient de dire concrètement, avec ce qu'il
a énuméré, des choses positives concernant
les petites et moyennes entreprises au Québec. Alors, c'est une bonne
nouvelle, merci beaucoup, M. le ministre.
• (17 h 30) •
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le député de Papineau. Est-ce que, M. le ministre, vous voulez ajouter quelque chose? Sinon, je peux reconnaître le
député de D'Arcy-McGee. M. le député de D'Arcy-McGee, c'est à vous.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. J'aimerais qu'on aborde le sujet du cours d'éthique et culture
religieuse, un sujet... de ma lecture, une
autre fois, qui s'insère complètement dans notre objectif partagé de la
réussite scolaire. Si on parle de
former nos jeunes de façon complète, pour être un citoyen responsable et engagé
au Québec, c'est un programme qui, de ma lecture, est très important et
surtout, dans le contexte, ça a été, en quelque part, une dernière étape dans
la déconfessionnalisation de nos écoles. Mais il
me semble que, des fois, on oublie
que cette opération, qui a fait, malgré les difficultés, le consensus des Québécois et Québécoises, l'idée derrière ça, souvent peut-être
mal comprise, n'était jamais de vider
l'école de son rôle de veiller à la vie spirituelle, dans le plus grand sens du
terme, de nos jeunes, dans tout le respect de leurs... les choix de leurs parents et d'eux en grandissant. Mais la vie
spirituelle, c'est-à-dire, on se trompe, des fois, en croyant qu'on
parle d'une école vide de son sens, l'école laïque, dont l'enfant n'a pas à se
sensibiliser à la place des religions, de la
croyance, et tout ça. Tout cela pour dire qu'il me semble... et que, malgré des
moments difficiles, on parle d'un
programme qui a toute sa place au sein de nos écoles. Et je peux dire que c'est
un des programmes... Dans mes tâches antérieures, je n'avais pas une responsabilité
directement pédagogique, mais on avait à offrir nos commentaires sur chacun des programmes. Et vous savez qu'on n'est
pas loin de l'instauration des régimes pédagogiques de A à Z qui a changé le programme. Voilà un que j'ai lu du début
à la fin et il me semble que c'est un programme, comme je dis, qui
a toute sa place.
En même temps, bon, il
faut noter que les avantages mis de l'avant concernant l'implantation du
programme à l'époque étaient de ne plus
diviser les élèves d'une même classe selon leur appartenance religieuse au
moment du cours d'enseignement
religieux et de permettre à tous les élèves du Québec de se familiariser avec
à la fois notre diversité et l'héritage
commun et l'histoire du Québec. Le moins qu'on puisse dire, et il faut
l'admettre aussi, c'est que ce programme, pour les raisons qu'on connaît, n'a pas fait unanimité,
ni lors de son implantation ni, par la suite, dans son interprétation et
son application.
S'il y a une matière
scolaire qui est sensible et qui doit être enseignée avec doigté, c'est bien
celle du cours Éthique et culture
religieuse. Alors que l'on croyait ce cours bien implanté et maintenant
bien reçu dans la population en général, il faut dire qu'il
y avait une cause qui faisait son
parcours au tribunal... les tribunaux, pour finir à la Cour suprême du Canada, qui a rendu une décision, il y a
un mois à peu près, dans l'affaire Loyola High School contre la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, et qui vient de jeter, en quelque part, un doute sur la validité du contenu du
programme Éthique et culture religieuse.
Il est utile de
rappeler que cet établissement catholique anglophone de Montréal a contesté la
décision de la ministre de l'époque de refuser de reconnaître son
programme confessionnel et qui équivalait au programme Éthique et culture religieuse. Le jugement, comme je dis, a
été rendu le 19 mars 2015 et a donné raison à l'institution de Loyola
High School. On a tendance à croire que ça ne met pas du tout en péril le
bien-fondé du cours à travers le Québec, mais la cour estime que le caractère
confessionnel du programme proposé par l'école ne justifie pas un refus
d'équivalence par la ministre.
Bon,
M. le Président, suite à cette mise en contexte, j'aimerais
demander au ministre, compte
tenu de la récente décision de la Cour suprême du Canada qui ramène à l'avant-plan le cours
Éthique et culture religieuse, mais qui a aussi causé, peut-être en quelques coins, de la confusion quant à son
enseignement dans nos écoles, pour le bénéfice des collègues et des citoyens qui nous écoutent... J'aimerais
que le ministre nous rappelle les finalités de ce programme et les
orientations ministérielles qui ont guidé son implantation.
Le Président (M. Habel) : Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. M. le
ministre, en vous rappelant qu'il vous reste 7 min 30 s
pour ce bloc.
M.
Blais : Oui. Alors, le cours d'éthique, culture religieuse, peut-être
un des projets d'enseignement québécois les plus importants, quand on y
pense, là, quoi, des 10, 15 dernières années, parce que... et il
participe, bien sûr, de la déconfessionnalisation,
vous aviez raison de le mentionner, là, du système d'éducation québécois, mais
aussi du fait que nous vivons aujourd'hui dans une société pluraliste et
que l'école doit rendre compte à la fois de cette pluralité des convictions des uns et des autres, mais aussi du fait que la religion... ou
les religions restent le principal, disons, phénomène culturel de
l'histoire de l'humanité... Hein, il n'y a rien d'aussi important, je pense,
dans l'histoire de l'humanité, que l'importance
des religions, que ce soit au niveau culturel ou au niveau politique.
Donc, il faut trouver une façon d'étudier les religions, de les
comprendre, sans demander aux élèves un acte de foi par rapport à l'une ou
l'autre.
Donc,
le cours d'éthique et culture religieuse, hein, essaie d'atteindre les deux objectifs :
donc, de comprendre des grandes
traditions, notamment les grandes traditions monothéistes. Je pense
qu'il y a une place un peu plus
importante aux grandes traditions
monothéistes, mais aussi aux autres traditions religieuses un peu plus périphériques, là, si je peux parler ainsi. De comprendre, bien sûr, leurs origines, les principaux éléments de
dogmatique, je suppose, et aussi comment elles sont pratiquées aujourd'hui
dans le monde, dans un esprit d'ouverture, au sens culturel du terme. Et d'autre
part, bien sûr, il y a l'élément éthique, c'est-à-dire de faire en sorte que
les jeunes puissent apprendre à développer une logique délibérative dans leur vie. Alors, hein, face à des problèmes... des
problèmes de conscience, des problèmes éthiques, des problèmes moraux,
leur apprendre à argumenter : tout d'abord, en respect d'autrui tout
d'abord, mais à structurer une argumentation
éthique et, si possible, essayer de remonter en amont de leur argumentation
éthique pour voir quels sont les principes auxquels ils adhèrent, peut-être
implicitement, sans le savoir.
Donc,
c'est les deux éléments, là, du cours d'éthique et de culture religieuse :
connaissance des cultures religieuses ou
des doctrines, les grandes doctrines, et aussi l'espace délibératif et définir
une éthique pour soi-même, ou comprendre qu'on vit dans une société pluraliste, avec des éthiques différentes, des
éthiques de vie ou des projets de vie différents; faire en sorte de définir comment le vivre-ensemble
demeure possible, sans être substantiellement lié par une seule
croyance, hein, ce qui n'est plus possible, bien sûr, dans une société
pluraliste comme la nôtre.
Maintenant,
le jugement de la Cour suprême, il est intéressant. Il est tout en nuances, ce
jugement; il faut le lire. Il est très ferme sur un certain nombre de
points. Tout d'abord, qu'on ne devrait jamais être exempté, hein... les élèves québécois
ne devraient jamais être exemptés de ce cours. Il a une place importante dans
le cursus et le Québec doit être fier d'avoir développé ce cours.
Le deuxième
élément important, c'est que les enfants qui appartiennent... oh! pardon, les
enfants qui fréquentent, excusez-moi, des écoles scolaires
confessionnelles, comme le cas de Loyola High School et d'autres écoles, c'est
en particulier ces enfants, hein, qui
devraient suivre ce cours. Ils en ont besoin encore plus que les autres, hein, parce qu'une des craintes que l'on pourrait avoir, là, si on est dans une école
confessionnelle, c'est que les autres confessions soient, volontairement ou non, disons, dépréciées, hein?
Donc, c'est un renforcement de la place de ce cours pour tous les élèves
québécois, mais en particulier pour les élèves qui sont dans les écoles
confessionnelles.
Cependant, et
c'est là que le ministère est interpellé par la cour, Loyola High School aussi
est interpellée parce que Loyola
devra présenter un nouveau projet de cours d'éthique et culture religieuse. Là
où nous sommes interpellés, c'est que
nous devons... la cour nous demande de reconnaître la foi ou la confession
religieuse comme un aspect dont on ne peut pas se départir à volonté, en disant : Bien, voilà, nous, on va
vous présenter notre religion comme les autres. Non, on a le droit de mentionner pourquoi nous adhérons à cette
religion-là, en respect pour les autres traditions religieuses, hein,
donc une forme de neutralité par rapport aux autres. Mais, quand il s'agit de
présenter la religion ou la confession d'une école, il est possible, pour les
enseignants, de mentionner, d'expliquer la genèse, hein, de l'adhésion à une
confession religieuse particulière, et ça, en respect, bien sûr, pour les
autres confessions religieuses.
Donc, c'est à
ce moment-là, hein, que la cour nous demande une certaine ouverture, pour ne
pas que les enseignants eux-mêmes soient complètement en porte-à-faux
par rapport à leurs croyances, hein? Parce que la culture est un fait, mais la croyance
est aussi un fait, hein, et il faut pouvoir reconnaître les deux. Donc, c'est
un ajustement qui, pour le moment, nous semble raisonnable, du moins en
principe. Il s'agira maintenant de voir comment Loyola High School comprend
cette demande-là. Et, bon, je comprends qu'ils vont faire une
contre-proposition, là, prochainement, là, que nous allons évaluer.
Ce qui est
important aussi dans le jugement, c'est que c'est encore au ministère d'évaluer
la proposition, hein? Donc,
l'institution n'est pas partie avec un mandat de définir pour lui-même sa voie.
Cette voie-là, la proposition mérite encore
d'être évaluée, puis on reconnaît, disons, la légitimité du ministère et son
autorité, là, sur la définition du projet qui sera retenu.
• (17 h 40) •
Le
Président (M. Habel) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, M.
le député de D'Arcy-McGee, il vous reste 55 secondes.
M. Birnbaum : Bon. Pour m'assurer
d'une précision : moi, ma lecture de la décision, il n'y a rien qui porte atteinte aux programmes actuels au sein des écoles
publiques du Québec. Est-ce que je me trompe? Ai-je bien raison qu'il
n'y a aucun changement nécessité par la décision en ce qui a trait aux
programmes actuels dans les écoles publiques?
M.
Blais : ...changement dans
le public, vous avez raison, des ajustements qui peuvent être demandés... ils
ne sont pas nécessairement
demandés, mais qui peuvent être demandés pour les écoles privées
confessionnelles, si vous voulez.
Le
Président (M. Habel) : Merci beaucoup. Alors, nous allons reporter le 15 secondes ultérieurement.
Donc, je suis prêt à céder la parole au député de Chambly pour le prochain et
dernier bloc avant l'ajournement, pour un temps de 18 min 10 s.
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Alors, je vais continuer sur ce même
thème du cours ECR, Éthique et culture religieuse, dont parlait le
ministre à l'instant. Cette décision de la Cour suprême, que j'ai lue avec
attention, est très importante parce
qu'elle a fait essentiellement deux choses : elle est venue confirmer la
légalité de ce cours et l'importance de
ce cours; on ne peut pas être exempté de ce cours-là. Par contre, elle est
venue apporter une nuance en donnant un devoir au gouvernement, dire : Bien, si une école confessionnelle demande,
j'appellerais ça, un microaménagement, là, ce n'est pas une grande modification, elle aura le droit de
le faire. Par contre, le cours d'éthique et culture religieuse est vu comme un cours de religion, alors que ce n'est pas ça, hein? Il y a
la culture religieuse, mais qui est une culture plurielle. Il y a un cours...
il y a de l'éthique, des notions d'éthique qui peuvent être portées sur un
sujet religieux mais tout autre, puis la pratique du dialogue qui sont
sur des enjeux des fois sociaux, philosophiques, etc.
Donc, la Cour
suprême est venue confirmer la validité de ce cours-là, est venue dire qu'on ne
peut pas être exempté de ce cours-là d'aucune façon. C'est tout un acte
de foi, et c'est le cas de le dire, que de croire que des parents qui
envoyaient leurs enfants dans une école clandestine et qui sont maintenant
forcés de faire l'école à la maison vont enseigner
ce cours d'éthique et culture religieuse, plurielle, de façon
correcte. Est-ce que le ministre a réellement
confiance que les parents qui envoyaient
leurs enfants dans une école clandestine religieuse peuvent s'acquitter
correctement de cette tâche de donner le cours d'ECR?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Peut-être...
on va revenir sur un point antérieur — parce que c'est assez important, là — sur
le rapport du Vérificateur général; on a retrouvé un petit peu de ce
dont on parlait. C'est un rapport qui a été remis au ministère, qui s'adressait et qui a été remis au ministère de la Santé et des Services sociaux. Il
ne s'adressait pas, c'est ce qu'on me dit, au ministère de l'Éducation... C'est pour ça
qu'on avait de la difficulté à s'y retrouver tout à l'heure. On va
vérifier, avant la fin bien sûr, là, pour
les mécanismes de contrôle pour l'atteinte des objectifs du cours Éthique et
culture religieuse, dans le cas où
une personne... c'est un enfant qui est issu, là, d'une école... d'une ex-école
clandestine ou pas, là, comment on
peut vérifier — c'est
ça, je pense, qui compte — l'atteinte d'un certain
nombre d'objectifs à l'intérieur de ce cours-là. Je vais
vérifier, je vais vous revenir là-dessus. Si vous voulez aller sur un autre
point...
M.
Roberge : Mais je vais
poursuivre sur ce thème des élèves privés de l'éducation à laquelle ils ont
droit, une éducation qu'ils ont besoin pour faire leur chemin dans la
vie, ensuite dans le marché du travail, mais dans la société québécoise et
partout, parce qu'ils ne peuvent pas vivre, là, tout le temps, à l'intérieur de
l'église, dans un ghetto.
Je vais citer
ce qui devrait être la bible, c'est le cas de le dire, des gens qui
s'intéressent à l'éducation, la fameuse LIP, la Loi sur l'instruction publique,
qui nous dit que l'école est obligatoire.
La section II s'appelle d'ailleurs «Obligation de fréquentation scolaire». Ça ne peut pas tellement
être plus clair que ça. L'article 15 nous dit : Est exempté de
fréquenter une école un enfant qui... et là il y a l'alinéa 4°. Donc, pour être
exempté — ce
n'est pas évident — un
enfant qui «reçoit à la maison — donc, c'est prévu — un enseignement et y vit une expérience éducative
qui, d'après une évaluation faite par
la commission scolaire [...] sont équivalents à ce qui est dispensé ou vécu à
l'école». Donc, pour être exempté de l'obligation
de fréquentation scolaire, il faut recevoir à la maison une expérience
éducative évaluée par une commission scolaire
équivalente à ce qui est dispensé à l'école. Ce n'est pas quelque chose, là,
que... Ce n'est pas un droit dont on peut se prévaloir, comme ça, tout
simplement.
Alors, comment justifier, alors, que l'on tolère
qu'il y ait non seulement, en ce moment, 1 100 élèves qui font
l'école à la maison, et ça peut être fait très correctement, mais plus de
2 000 qui ne subissent aucun encadrement? Il y a 2 000 enfants, en ce moment, au Québec, qui vivent l'école
à la maison, mais sans être répertoriés par les commissions scolaires,
et ça encore, c'est le rapport du Protecteur du citoyen, mais qui adresse, là,
ici, un rapport au ministère de l'Éducation
le 28 avril dernier. Comment justifier qu'on tolère qu'il y ait
2 000 élèves sans aucune supervision, alors que la Loi sur l'instruction publique nous
dit... Écoutez, c'est la loi, nul ne peut ignorer et défier la loi, encore
moins évidemment le ministre de l'Éducation.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Donc, deux choses. Tout d'abord, le 2 000, bien sûr, se
retrouve dans le dernier rapport du Protecteur du citoyen. Donc, c'est
un chiffre qui a été fourni, par le ministère, ici, de manière extrêmement
indirecte, hein? On ne sait pas si ces
2 000 là existent, on ne sait pas où ils sont et qui ils sont, hein? Donc,
c'est une estimation indirecte, mais ça a été fourni par le ministère,
puis je vais l'endosser, là, pour l'exercice de la question.
Ce qu'on me dit, c'est qu'en ce moment, au
Québec, on n'a pas les moyens de répertorier tous les enfants et de savoir où sont les enfants, où ils sont logés
et à quelle école ils vont. Donc, il y a des enfants qui peuvent faire
partie de... bien sûr, d'immigrants qui sont
illégaux ou quasi illégaux. Il y a un retour radical à la terre — ça arrive parfois — qui a
été effectué par un jeune couple, etc. Donc,
il n'y a pas de croisement d'information, hein, qui permet de répertorier,
au Québec, aujourd'hui — c'est bien ça — tous les enfants, donc de les suivre et de
voir s'ils sont bien inscrits, donc s'ils fréquentent. Et l'enjeu, c'est
un enjeu d'accès à l'information, le ministère est en demande par rapport à
Santé et Services sociaux, je pense?
Une voix : Avec la RAMQ.
M. Blais : Avec la RAMQ. Hein, parce
que le fichier qui serait probablement le plus solide, qui permettrait d'inférer, hein, la présence de... l'existence de
ces enfants-là, ce fichier est considéré, pour des raisons légales,
comme étant un fichier confidentiel, donc il y a des représentations pour y
arriver. Donc, ça ne veut pas dire...
Et peut-être l'autre point, c'est que le
ministère ne dit pas que ces enfants-là sont supervisés, sont en situation d'études à la maison. À vrai dire, on ne sait pas
où ils sont et on ne sait pas ce qu'ils font, hein? Donc, c'est assez
sérieux comme situation. Mais on se frappe, disons, à des objections par
rapport à la confidentialité, etc., des dossiers et des croisements de dossiers
entre les ministères.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly.
• (17 h 50) •
M.
Roberge : Écoutez, je ne savais pas qu'on était à ce point dans le
brouillard. C'est certainement une situation à laquelle il faut remédier
pour le bien des élèves. Parce que, bon, il y a eu une résolution unanime ici,
il n'y a pas très longtemps, pour avoir un
registre québécois des armes à feu, on veut savoir où sont les armes; il
faudrait savoir où sont les enfants aussi, hein? Je pense que c'est
quelque chose qu'on ne peut pas tolérer.
Alors, si on
a besoin de mesures législatives, si vous avez besoin d'une collaboration pour
modifier les lois, pour s'assurer que la RAMQ collabore avec le
ministère de l'Éducation pour être capable de savoir où sont les enfants, pour
les scolariser, pour permettre aux commissions scolaires de jouer leur rôle...
Parce que la Loi sur l'instruction publique
confie un rôle important, on précise que c'est les commissions scolaires qui
doivent évaluer ce qui se passe
à la maison. Or, si on ne sait pas que les enfants sont à la maison, la commission
scolaire ne peut pas faire son travail.
Le problème, par contre, il est en amont aussi.
C'est que, même quand on sait que les enfants sont scolarisés à la maison, et
là c'est le rapport du Protecteur du citoyen qui nous le dit, les commissions
scolaires peinent à jouer leur rôle. Et
encore, là, le Protecteur du citoyen dit : Le suivi de leur apprentissage par les
établissements scolaires est disparate,
parfois inadéquat. Le Protecteur du citoyen nous dit que c'est une situation
qui «soulève des inquiétudes notamment quant à la capacité de s'assurer que les enfants
reçoivent une éducation au moins équivalente à celle qu'offre le
réseau scolaire».
Or, la loi le
précise, l'expérience éducative doit être équivalente à ce qui est dans le
réseau scolaire. Donc, en ce moment,
on bafoue la loi, puis, au-delà des considérations légales, il y a
les élèves. Le Protecteur du citoyen constate que la collaboration entre les
instances scolaires et les parents peut devenir compromise à ce point qu'il n'y
aurait parfois aucune communication entre eux. Donc, à ce moment-là, on sait où
ils sont. Là, le Protecteur du citoyen nous parle d'enfants répertoriés où on sait qu'ils sont scolarisés à la maison, qu'il y a
un conflit, une chicane, et que, ah bon, bien, dans certains cas, les
parents refusent de collaborer.
Donc, dans
ces cas précis là... Là, je vais poser ma question de façon très
précise. Dans les cas très précis où on sait que les enfants sont
scolarisés à la maison, où la commission scolaire peine à valider la
scolarisation et où les parents rompent les liens avec la commission scolaire, qu'est-ce
que le ministre a l'intention de faire pour s'assurer que ces enfants-là
puissent être formés, scolarisés et prendre leur place dans cette société?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Plusieurs
choses, peut-être. Donc, il faut comprendre... Donc, il y a
un élément important sur... Je vais vous dire tout de suite en commençant : Moi, j'ai lu le rapport
cette semaine, j'ai appris autant de choses que vous, hein, donc, dans
ce rapport. Notamment, là, à la fois sur le succès — ça m'a étonné — de
ces élèves, et aussi le fait qu'on puisse évaluer qu'il y a entre 1 000 et
2 000 enfants qui ne sont pas répertoriés, donc c'était tout nouveau pour
moi.
Ce qui est
intéressant, je pense, dans le rapport, c'est que le Protecteur du citoyen,
qui, en général... en tout cas, dans
le passé, a toujours défendu le caractère hermétique, hein, et de silo des
ministères pour ne pas qu'on communique des informations de nature
confidentielle... aujourd'hui, disons, moi, j'ai l'impression... change sa
chemise de bord et nous dit : Écoutez,
dans certains cas, il s'agit... Quand il s'agit du bien des enfants, le
Protecteur du citoyen vient appuyer le ministère et peut-être les
ministères, là, qui sont réservés et qui, dans le passé, ont toujours défendu
l'idée que la confidentialité de leurs dossiers était primordiale, donc, pour
qu'on change d'attitude. Donc, ça, je pense qu'il y a un changement, en ce
moment, qui est important, qui mérite d'être souligné.
L'autre point — je ne veux pas me répéter
là-dessus : mais ces enfants-là ne sont pas à l'extérieur du système
scolaire pendant une vie, hein? Parfois, ça peut être pendant une année;
parfois, ça peut être pendant six mois, parfois,
ça peut être plus longtemps dans les cas exceptionnels. Donc, il ne faut pas
imaginer... Je ne pense pas... Il ne faudrait pas surtout que les
auditeurs qui nous entendent aujourd'hui pensent que les enfants... qui, de la
première année du primaire jusqu'à la
cinquième année de leur secondaire, sont dans cette situation-là d'éducation à
la maison. Ça m'étonnerait, ça doit être des cas absolument
exceptionnels. Donc, il faut faire attention.
Maintenant, la question que vous posez,
c'est : Comment le gouvernement du Québec — hein, puis je comprends votre préoccupation — peut s'assurer du respect de la Loi de
l'instruction publique puis de l'obligation pour un enfant d'être scolarisé? Cette Loi de l'instruction publique, à
l'article 17, dit aussi que les parents ont une obligation, hein, ont une obligation de prendre les moyens
nécessaires pour que les enfants puissent fréquenter l'école. Alors, on
revient à la discussion que l'on a eue un
peu plus tôt avec les outils à notre disposition. On pourrait imaginer, pour
l'exercice, utiliser un moyen aussi coercitif et aussi d'exception que la
protection de la jeunesse, hein?
La protection
de la jeunesse, quand il y a des cas aussi... des cas patents d'enfants qui ne
fréquentent pas l'école, peut intervenir, mais elle n'intervient
jamais — c'est
une règle de conduite — sur
un groupe, elle intervient toujours sur les
cas isolés. Et la protection de la jeunesse a aussi comme obligation de
maintenir une confidentialité par rapport aux évaluations du niveau de
risque qu'ont les enfants.
Donc, le problème que nous avons, c'est que le
ministère de l'Éducation n'est pas la protection de la jeunesse et ne détient pas les pouvoirs de la protection de
la jeunesse. Et la protection de la jeunesse elle-même, qui détient des
pouvoirs exceptionnels, en ce moment, au Québec — on pourrait avoir une
discussion de fond là-dessus — n'utilise pas nécessairement dans tous les cas ses pouvoirs pour forcer la
scolarisation. Elle l'utilise dans certains cas, mais pas toujours, et
là on pourrait avoir une longue discussion sur cette façon de faire de la
protection de la jeunesse.
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le ministre. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Donc, je comprends que la scolarisation à la maison, vous
l'avez dit, peut parfois bien se faire, là; je sais qu'il y a toujours des histoires où ça fonctionne très bien. Mais
c'est quand même quelque chose qui soulève de nombreuses
inquiétudes : les commissions scolaires peinent à encadrer les enfants,
les parents qui décident de ne pas collaborer...
bien, très, très, très peu de moyens pour réellement s'assurer que l'enseignement
se fait. Donc, c'est clair que ce n'est pas une solution à un problème.
Et donc on peut s'étonner que cette scolarisation à la maison soit la solution
aux problèmes de certaines écoles illégales, là, clairement.
Je vais
changer de sujet. Sur un autre sujet, votre gouvernement... enfin, le
gouvernement en place s'est avancé sur
le sujet des commissions scolaires, d'une réorganisation des commissions
scolaires. Le mot «fusion» a été employé, ou «regroupement». J'aimerais
savoir : Est-ce qu'il y a une cible approximative ou précise du nombre de
commissions scolaires à terme à la suite de cette réorganisation?
Le
Président (M. Habel) :
Merci, M. le député de Chambly. Je vous rappelle qu'il va vous rester trois
minutes pour ce bloc. Donc, M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Donc, en ce moment, non, il n'y a aucune cible. A priori,
j'ai mentionné qu'il y a eu un travail qui a été fait par mon
prédécesseur. Ce travail-là nous permet de donner une zone, là, où on est en
rendus, mais il n'y a aucune cible pour le
moment. La seule cible, c'est les gains d'efficience qui sont possibles et
qu'on peut démontrer suite à une étude comparative des commissions
scolaires.
Le Président (M. Habel) : M. le
député.
M. Roberge : Merci. Est-ce qu'on a
un échéancier à peu près quand les consultations — ma collègue en a parlé — vont
commencer, à peu près quand le dépôt de loi... pardon, le projet de loi serait déposé et... voilà, donc sur la réorganisation des commissions
scolaires.
M.
Blais : ...consultations...
Sur la question des fusions, il y a eu beaucoup
de consultations avec... sur la Table, disons, Québec-Commissions scolaires. Il y a eu beaucoup, beaucoup de discussions, il y a des gens qui sont prêts pour la fusion, pour le mariage. D'autres
ont déjà commencé, même, à entreprendre des mesures de collaboration. Je pense notamment,
là, aux commissions scolaires anglophones.
Notre cible gouvernementale, c'est qu'à l'été 2016 ce soit mis en place, c'est-à-dire cette nouvelle gouvernance là soit en place : à la fois les
fusions, la gouvernance et... et les élections, bien sûr... pardon...
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly.
M. Roberge : Donc, effectif à l'été
2016. On ne sait pas si le projet de loi...
M. Blais : Pour la rentrée 2016, si
vous préférez.
M.
Roberge : C'est ça. Donc, on ne sait pas si le projet de loi sera
déposé à l'automne 2015 ou à l'hiver 2016.
M. Blais : Non. Il ne faut même pas
présumer de l'adoption du projet de loi en ce moment.
M. Roberge : O.K. Merci. Il me reste
quoi?
Le Président (M. Habel) : Il vous
reste 1 min 15 s.
M. Roberge : Une minute? Merci.
Revenons sur l'essence des choses dans le fond, les services aux élèves pour
les mener vers la réussite, les moyens qui peuvent les mener à la réussite si
on laisse un peu les structures de côté.
Puis c'est ce qui faisait l'objet de la campagne électorale. En campagne, je
n'ai jamais entendu parler que le parti actuellement au pouvoir visait une réorganisation des commissions
scolaires; c'était vu comme quelque chose de formidable, des partenaires
extraordinaires, il n'était pas question de toucher à ça.
Par contre,
en campagne électorale, il y avait quelque chose, il y avait un programme qui
disait, et je cite : «...nous allons
assurer un service d'aide aux devoirs dans toutes les écoles primaires...»
C'était «nous allons», là... futur proche, ça. Et «nous allons
étendre l'aide aux devoirs aux écoles secondaires». C'est des engagements très,
très clairs dans le programme électoral. Ça, c'était là.
Or, l'an 1,
dans les mois qui ont suivi, là... hein, des affaires de semaines, là, après
l'élection, où, normalement, on est
censés commencer à remplir nos engagements, il y a eu des coupures directes
dans l'aide aux devoirs. Donc,
on annonce qu'on va assurer un service dans
toutes les écoles primaires et étendre l'aide aux devoirs au secondaire,
mais, tout de suite après, il y a eu des coupures directes...
Il me reste du temps?
• (18 heures) •
Le Président (M. Habel) : Non... à
la suite des travaux.
M. Roberge : Ah! j'étais parti.
Le Président (M. Habel) : Je vous
remercie pour votre collaboration.
La commission
suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30, où elle poursuivra le volet Éducation
préscolaire, enseignement primaire et enseignement secondaire. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 19 h 32)
Le
Président (M. Habel) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! La
Commission de la culture et de
l'éducation reprend ses travaux. Je demande à toutes les personnes de
bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est réunie afin de poursuivre
l'étude du volet Éducation préscolaire, Enseignement primaire et secondaire.
Alors,
d'emblée, je vais laisser la parole à la portion gouvernementale pour un temps
de 16 min 30 s. Alors, qui sera le premier intervenant du
côté du gouvernement? M. le député de Papineau, vous avez un temps de
16 min 30 s.
M. Iracà : O.K. Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, je vous souhaite une excellente soirée, un
bon début de soirée.
Écoutez,
on a eu beaucoup de plaisir depuis le début des commissions,
depuis vendredi dernier, à discuter ensemble des crédits budgétaires sur un sujet extrêmement passionnant qu'est
l'éducation, et sujet extrêmement important pour tout le monde, donc je pense
qu'il est important de continuer les discussions, continuer à éclaircir
l'avenir à court terme en lien avec les crédits budgétaires.
Alors, j'en profite pour vous saluer, saluer mes
collègues de la partie gouvernementale, le ministre, toute son équipe, qui est
encore là, fidèle au poste — alors,
je tiens à le dire, c'est important, ils sont toujours là, matin, midi, soir — et mes collègues de l'opposition, ça me fait
plaisir de vous voir avec votre beau sourire. Bravo! Merci beaucoup.
Alors,
écoutez, il faut quand même avoir du plaisir dans ce qu'on fait, alors c'est correct,
là, de... c'est un sujet sérieux, mais il faut quand même avoir du
plaisir dans ce qu'on fait.
Je vais
aborder, M. le Président, le sujet que l'on a effleuré, je pense que c'est
hier, concernant la persévérance scolaire,
un sujet... on a effleuré pas par manque d'intérêt, pas parce qu'on ne voulait
pas en discuter, c'est parce qu'on a manqué
de temps, tout simplement. Alors je trouve important qu'on puisse revenir sur
un sujet quand même d'importance pour
tous les jeunes du Québec, pour tous les Québécois, un sujet qui concerne
toutes les tranches de la société. Alors, je souhaite qu'on puisse
l'aborder ensemble.
La persévérance, c'est tout un enjeu. C'est tout
un enjeu non seulement pour le Québec, mais pour, je pense, toutes les provinces du Canada, plusieurs pays
dans le monde. Comment on peut faire pour garder nos jeunes à l'école,
pour aller chercher le potentiel et utiliser
le maximum du potentiel de nos jeunes pour qu'ils puissent obtenir un diplôme?
Et là on ne parle pas nécessairement de diplômes universitaires. Oui, ceux qui
veulent et ont le désir, le potentiel d'aller à l'université, bravo, mais il y a beaucoup
de diplômes autres qu'universitaires : il y a les diplômes au cégep,
les techniques, il y a la formation professionnelle au niveau
secondaire. Et je vous dirais, M. le Président, on en a parlé un peu, mais, dans un avenir très immédiat... même je pense que,
présentement, le taux de vieillissement de la population, on le
connaît, au Québec, là, il y aura, dans les prochaines années, plus de gens
âgés de 55 ans et plus que moins de gens âgés de 55 ans et moins, donc je pense qu'il est important,
au niveau de la main-d'oeuvre, que nos jeunes puissent être formés en formation
professionnelle, formation technique. Il
y a beaucoup, beaucoup
de possibilités d'emploi dans ces niveaux-là, et le taux de placement
est de 100 %.
Je le disais ce matin : Un jeune qui se
lance en formation professionnelle — soudure, menuiserie,
mécanique, mécanique petits moteurs
industriels — le taux
est de 100 %. Donc, il n'y a aucune raison, aucune raison qu'un
jeune abandonne l'école en se disant :
Il n'y a pas d'avenir, ça ne me donne rien, pourquoi j'irais chercher un
diplôme? Les raisons sont là, M. le Président, les raisons, c'est qu'il
va avoir un bon emploi, il va avoir un salaire respectable, il va se faire
respecter et il va acquérir la valeur du travail professionnel bien fait.
Alors, il n'y a aucune raison que nos jeunes au Québec abandonnent leur cheminement scolaire à moitié chemin. On ne peut
pas accepter ça. On ne peut pas accepter ça, ici, au Québec, il y a trop
de potentiel à développer. Et je faisais référence, cet après-midi, aux petites
et moyennes entreprises qui vont démarrer, on l'espère ardemment, dans les
prochaines semaines, les prochains mois suite à nos belles annonces que nous avons fait dernièrement avec le Plan Nord, la
Stratégie maritime. Il va y avoir des emplois, nous sommes en train de
relancer l'économie au Québec comme jamais.
Oui, oui, on a fait, dans cette première année,
un... on a jeté un regard sur nos structures, sur comment ça fonctionne chez nous. Y a-tu moyen de faire
autrement? On a fait un ménage pour s'assurer qu'il n'y a pas
dédoublement, dédoublement de services, dédoublement de structures. On est en
train de le faire, mais on s'attaque aussi en même temps, et on va s'attaquer encore plus férocement — j'essaie de trouver le bon mot — à la relance économique pour créer de l'emploi, pour créer des entreprises. Et
évidemment il va y avoir un besoin énorme en main-d'oeuvre, mais en
main-d'oeuvre qualifiée, diplômée, pour faire en sorte que nos jeunes
puissent se trouver un emploi rapidement après leurs études.
Mais il faut quand même qu'ils puissent faire
leurs études, alors il faut trouver des modèles. Et là-dessus je souligne
l'effort exceptionnel des enseignants dans nos écoles, des directeurs d'école,
des techniciens en éducation spécialisée,
des psychoéducateurs, des psychologues, des orienteurs, qui font un travail
exceptionnel et qui vont, par tous les
moyens, accrocher nos jeunes à l'école, qui diffèrent de la structure
conventionnelle parfois, que ce soit par le sport... il y a des
techniciens en sport.
Moi, je peux vous parler de deux écoles
secondaires dans mon comté, Louis-Joseph-Papineau et Hormisdas-Gamelin. Il y a des équipes de football implantées
là depuis plusieurs années — puis je sais que ça existe dans
d'autres écoles secondaires, là — implantées depuis plusieurs années. Mais,
eux, ce qu'ils disent à un jeune qui veut jouer au football parce qu'il aime ça, parce qu'il veut faire du
sport, parce qu'il a besoin de bouger : Bien, si tu veux faire partie de
l'équipe, mon grand, il va falloir que tu
passes ton cours, il va falloir que tu mettes l'effort à l'école, il va falloir
que tu nous amènes des preuves que tu
étudies, que tu... Si tu tiens à demeurer dans l'équipe, bien, il va falloir
que tu travailles fort puis il va falloir que tu travailles fort non seulement
sur le terrain, mais sur le banc d'école.
• (19 h 40) •
Alors, ça, c'est des formules qui fonctionnent,
c'est des formules, là, qui ont prouvé leur efficacité, qu'il faut encourager,
qu'il faut aider. Moi, quand l'équipe de football vient me voir, pour les
encourager, je suis toujours au rendez-vous parce que je sais, M. le Président,
que ça donne des résultats. Je sais qu'un jeune peut être motivé par autre
chose que strictement le rendement académique, mais par des choses qui vont
susciter un intérêt. Puis là, M. le Président, j'ai mentionné le sport, il y a
les arts, il y a la culture, il y a toutes sortes de choses
qui font en sorte... art, culture, sport... il
peut y avoir toutes sortes d'organisations... les groupes m'échappent, là, mais
qui font en sorte que le jeune va être rattaché à l'école. C'est ça qui va le
tenir sur le banc de l'école bien plus que la matière conventionnelle.
Il y a beaucoup d'étudiants que la matière
conventionnelle strictement enseignée avec un enseignant, avec un tableau, avec des livres qui sont passés en
classe... qui vont réussir, puis ça va être bien correct pour eux, mais il y en
a d'autres, beaucoup d'autres qui ont besoin
d'un peu plus que ça, qui ont besoin d'un petit à-côté qui va faire en sorte
que ça va leur donner la motivation pour continuer à l'école, réussir,
exploiter leur plein potentiel et aller chercher, en bout de piste, un diplôme.
Alors, c'est
important que le taux de diplomation au Québec soit le plus élevé possible
parce que, comme je vous le mentionnais,
nous sommes à relancer l'économie. Il va s'ouvrir beaucoup de petites et
moyennes entreprises, et il faut que ces gens-là puissent aller
travailler, il faut que ces gens-là puissent être qualifiés.
Alors, depuis
plusieurs années, le gouvernement et le milieu scolaire consacrent des
ressources importantes à la lutte au
décrochage scolaire. Et, malgré tous ces efforts, encore trop de jeunes
quittent l'école sans diplôme ni qualification, ce que je mentionnais
précédemment.
Nous ne le
dirons jamais assez, M. le Président, il est de notre devoir, en tant que
membres de la société, de tout mettre
en oeuvre pour améliorer le taux de diplomation chez nos jeunes. Nous devons le
faire d'abord pour les jeunes eux-mêmes, dont l'avenir est directement
relié à leur formation, mais également pour le Québec, qui a besoin d'eux pour
relever les futurs défis socioéconomiques et culturels.
En plus des
impacts négatifs pour les élèves, il importe de porter à votre attention que le
décrochage entraînerait pour le
Québec un manque à gagner de 1,9 milliard. Et ça, je tire ça, là — je l'avais mentionné — du rapport Ménard, qui date de 2009,
rapport Savoir pour pouvoir : entreprendre un chantier national pour la
persévérance scolaire. Le phénomène du décrochage scolaire est donc un défi
non seulement scolaire, mais aussi sociétal.
De ma lecture
de l'actualité, deux constats semblent avoir rallié tous ceux et celles qui se
sont prononcés publiquement, ces
derniers temps, sur les solutions possibles pour contrer le décrochage
scolaire. Premièrement, l'école ne peut plus à elle seule assumer toute
la responsabilité de hausser le niveau de persévérance et de réussite scolaire.
La persévérance scolaire dépend de nombreux
facteurs, qu'ils soient d'ordres familiaux, personnels, scolaires ou
relevant du milieu dans lequel vit un jeune.
L'enjeu est donc plus large, et tout le monde dans cette pièce sera d'accord
avec le fait qu'aucun progrès ne peut
être réalisé sans une étroite collaboration avec les parents, la communauté et
le milieu de l'emploi.
Il est impératif de valoriser davantage
l'éducation. Nous devons travailler avec nos collaborateurs pour que la persévérance et la réussite scolaire deviennent
une valeur fondamentale de la société québécoise. Les élèves ont besoin
de savoir que nous, les adultes, en tant que
parents, grands-parents, entraîneurs sportifs, nous sommes derrière eux et
que nous croyons en eux. Nos jeunes filles
et surtout nos jeunes garçons... Puis je dis «surtout les jeunes garçons» parce
que le tableau de... au niveau de la
diplomation... est toujours plus bas chez les jeunes garçons, alors il y a un
défi là. C'est pour ça que, tantôt,
je parlais de sport. Il y a peut-être d'autres sports, il y a le hockey, je
sais qu'il y a beaucoup de programmes en sport-études — hockey,
soccer et football, évidemment — qui sont déjà implantés dans certaines
écoles secondaires, mais qui restent à être exploités pour faire bouger les
jeunes garçons. Ce qui arrive dans ces programmes-là, M. le Président... Je le sais parce que j'ai un garçon
qui est en sport-études hockey. Lui, il faut qu'il bouge, alors, une fois
qu'il a bougé, il est correct, il va être
capable d'écouter ce que l'enseignant a à dire. Alors, pour lui, là,
sport-études hockey, c'est une réussite, c'est une bonne chose. Il a
besoin de ça, puis ça fait en sorte qu'il est beaucoup, beaucoup plus attentif lorsqu'il est en classe. Il est capable d'être
assis comme plusieurs de ses amis et d'écouter après avoir fourni un
effort physique qui lui plaît et qui fait en
sorte qu'il raccroche à l'école. C'est un exemple vivant, là, puis qui est près
de moi.
Alors, il faut leur dire qu'il est tout à
fait — à
nos jeunes — normal
et naturel d'être fiers de réussir leurs... à l'effet
qu'ils sont capables de réussir. J'avais parlé hier du programme 6-9-15 — je ne veux pas revenir en détail
parce que je l'avais quand même expliqué assez
bien — qui fait
en sorte que, dans notre région, surtout en Outaouais parce qu'on est limitrophes à l'Ontario, l'emploi est facile.
Alors, c'est un couteau à double tranchant. Surtout au niveau des jeunes
garçons, on s'est aperçu que, bien, oui, ils
sont capables d'avoir un emploi facilement, assez bien payé dans les
circonstances. Mais le revers de la médaille, c'est qu'il y en a, de ces jeunes
hommes là ou jeunes filles là aussi, qui quittent l'école. Alors, ça, c'est un
drame à plus long terme, c'est un drame à plus long terme.
Donc, le
programme 6-9-15... Je sais qu'il y a plusieurs directeurs d'école, plusieurs
organismes qui travaillent en éducation qui ont fait le tour des
chambres de commerce, qui ont rencontré les employeurs pour les sensibiliser à
ne pas engager les étudiants avec un trop
nombre d'heures par semaine, surtout en période d'examens, de faire en sorte
qu'ils ne finissent pas plus tard que neuf heures, d'où le neuf dans le 6-9-15,
de faire en sorte qu'ils ne travaillent pas plus que 15 heures par
semaine, d'où le 15 dans le programme 6-9-15.
Alors, c'est un programme très intéressant. Je
sais qu'il n'est pas appliqué de manière uniforme partout au Québec, mais je peux vous dire une chose : En
Outaouais, les employeurs ont été sensibilisés. C'est sûr que ça demande
un rappel constant, à chaque année, des employeurs pour faire en sorte qu'ils
passent le mot à ceux qu'ils engagent. Et il y
a même des employeurs qui sont allés plus loin que ça, là, qui ont demandé les
bulletins aux jeunes qu'ils engageaient pour s'assurer qu'ils n'avaient pas d'échec pour les maintenir au
travail. Écoutez, ça, là, ça s'approche à une approche systémique, là. Si ce n'est pas ça, là, je me
demande ce que c'est, là. Là, on parle de l'enseignant, l'éducateur, le
parent, là on est rendus avec l'employeur,
ce qui est une excellente chose. Tout le monde est sensibilisé pour la
persévérance scolaire.
Alors, M. le
ministre, pourriez-vous, s'il vous plaît, pour le bénéfice de tous les gens qui
nous écoutent, nous faire un bref rappel des actions gouvernementales
menées à ce jour pour contrer le décrochage scolaire?
Le Président (M. Habel) : Alors,
merci beaucoup, M. le député de Papineau. Il reste une minute, alors vous
pourrez compléter au prochain bloc, si vous le désirez. Alors, M. le ministre.
M.
Blais : Oui, bien, peut-être, pour un petit peu circonscrire la
situation, je vais donner quelques données qui sont importantes, là, parce qu'il y a une évolution quand même
intéressante, là, sur la question du décrochage scolaire au Québec. On sait qu'on avait un taux de décrochage
scolaire, il y a, quoi, une dizaine d'années, qui était particulièrement
inquiétant. Alors, l'augmentation du taux de
diplomation ou de qualification chez les jeunes âgés de moins de 20 ans
est de 7,9 points de pourcentage au
cours de la dernière décennie, ce qui signifie qu'on est passés d'un taux de
réussite de 66,8 % en 2002‑2003,
donc il y a une douzaine d'années de ça, à 64,7 % en 2012‑2013. Ça
continue à croître, hein? Donc, on est dans une pente ascendante. Et
l'objectif de notre gouvernement, c'est toujours d'atteindre 80 %, là, en
2020.
Donc, la
réduction, maintenant, du taux de sortie sans diplôme ni qualifications — une autre mesure en formation générale des jeunes — est de 6,9 points de pourcentage au
cours de la dernière décennie, c'est-à-dire qu'on est passés de
22,2 % en 2002‑2003 à 15,3 %. Bien sûr, c'est corollaire des
statistiques de tout à l'heure.
Le Président (M. Habel) : ...
M. Blais : Ah! je reviendrai,
d'accord. Merci.
Le
Président (M. Habel) : ...revenir
par la suite. Alors, je vais céder la parole au député de Verchères pour
un temps de 20 minutes.
• (19 h 50) •
M.
Bergeron :
Je vous remercie, M. le Président. Je profite de l'occasion pour vous saluer,
saluer les gens de la table. Vous me
permettrez de saluer M. le ministre, saluer mes collègues des différentes formations politiques,
le personnel du ministère, les membres du personnel politique du ministre
et saluer tout particulièrement ma collègue de Pointe-aux-Trembles, la remercier de
me permettre de m'adresser quelques moments à vous, M. le Président. Je la
remercie de la compréhension dont elle a fait preuve par rapport à une problématique
qui affecte tout particulièrement des enfants de ma circonscription.
J'entendais
mon collègue de Papineau parler de persévérance et de réussite scolaire,
et ça sonnait comme musique à mes
oreilles, puisqu'il faut, évidemment,
mettre en place des mesures, des facteurs pour favoriser cette persévérance
et cette réussite scolaire. On avait prévu,
d'ailleurs, dans la stratégie Agir autrement, présentée par la ministre
libérale Michelle Courchesne, un certain nombre de facteurs pour assurer
la réussite scolaire, notamment et particulièrement dans les milieux plus
défavorisés.
J'entendais le ministre nous parler tout à
l'heure des taux de décrochage. Bien, à Saint-Amable — parce
que je vais vous parler de
Saint-Amable — on a
affaire à une municipalité qui connaît l'un des taux les plus importants
de croissance, un des âges moyens les plus
bas au Québec, mais un taux de défavorisation qui est presque à la limite
supérieure à 9. L'indice est à 9 à Saint-Amable. C'est d'ailleurs le seul
secteur de tout le territoire de la commission scolaire des Patriotes qui a un taux de défavorisation si
élevé. Bien, le taux de décrochage, il est de 37 % à Saint-Amable chez les
jeunes de moins de 25 ans. Alors, c'est
dire à quel point les interventions sont importantes à Saint-Amable. Elles sont
nécessaires, elles sont indispensables.
Or, je vais vous parler d'une histoire, M. le
Président, d'une histoire simple, mais tellement simple que ça fait deux ans qu'on essaie de s'en extirper, M. le
Président. Il y a trois bâtiments scolaires sur le territoire de Saint-Amable
pour enseigner au niveau primaire :
l'école l'Envolée, l'école Le Sablier et il y avait un tout petit bâtiment
qu'on appelait le Boisé, qui
était rattaché à l'école l'Envolée. Évidemment, le taux de croissance de la
population est tellement élevé que, rapidement,
on a convenu qu'il fallait agrandir le Boisé. Alors, on a agrandi
le Boisé pour accueillir le surplus de population, mais le Boisé, comme on l'agrandissait, on
lui on donné un statut d'école à part entière, c'est devenu l'école
l'Odyssée. Alors, je vous rappelle que
Saint-Amable a un taux de défavorisation de 9, M. le Président. Mais,
voyez-vous, l'école l'Odyssée, on a
voulu appliquer à cette école un ratio maître-élèves d'un milieu régulier parce
que l'école l'Odyssée ne figure pas sur la liste nationale des écoles en
milieux défavorisés. C'est le même bâtiment, situé au même endroit, desservant la même communauté, la même clientèle
dans le même milieu, mais cette même école, parce qu'elle a un autre
nom, ne peut pas appliquer le ratio maître-élèves d'un milieu défavorisé.
Alors, on a
demandé une nouvelle école il y a deux ans pour Saint-Amable parce que la
croissance de la population requiert
qu'il y ait une nouvelle école à Saint-Amable, et on s'est fait répondre que,
bien non, ce n'est pas admissible, puisqu'on
on est capables d'entrer tous les élèves de la rentrée 2015, peut-être même
celle de 2016, à l'école l'Odyssée, puisqu'on
applique, on devrait appliquer un ratio maître-élèves d'un milieu régulier.
Alors, j'ai expliqué le tout à la ministre Malavoy, et on m'a expliqué que la seule façon de se tirer du fait que
l'école n'était pas dans la liste, c'était qu'il y ait une entente entre
la commission scolaire et le syndicat. Alors, M. le Président, c'est tellement
vrai qu'il y a une entente entre la
commission scolaire et le syndicat que, depuis l'avènement de l'école
l'Odyssée, nous continuons d'appliquer le ratio maître-élèves d'un
milieu défavorisé et qu'à deux reprises la commission scolaire et le syndicat
ont indiqué à la ministre qu'ils étaient d'accord pour maintenir ce ratio à
l'école l'Odyssée.
Nous étions sur le point de régler le problème
de Saint-Amable lorsque sont survenues les élections. Et vous connaissez le résultat, il y a eu un nouveau
ministre. On est repartis à zéro avec le nouveau ministre. On a même eu
une rencontre en octobre dernier avec le
ministre Bolduc. Et là, comme on avait perdu notre fenêtre d'opportunité pour
une nouvelle école pour la rentrée de 2015,
on était sur le point de conclure avec le ministre Bolduc pour des modulaires
pour la rentrée de 2015, le temps que nous
puissions régler le problème pour la rentrée de 2016. Vous savez ce qui est
arrivé, on a changé de ministre, et là on a
recommencé à nouveau, de nouveau, avec le nouveau ministre. Et d'ailleurs je
tiens à remercier le ministre de sa
patience, de son écoute. Nous avons eu des discussions fort constructives
jusqu'à présent, mais je pense qu'il faut rapidement trouver une
solution à long terme pour Saint-Amable.
Il y a une solution, M. le Président, qui a été évoquée publiquement, celle de mettre des tout-petits de
Saint-Amable dans un autobus et de
les envoyer à Sainte-Julie. Taux de défavorisation de 1 à Sainte-Julie, c'est
un milieu aisé, Sainte-Julie, situé à plusieurs kilomètres, dans
certains cas plus de 20 kilomètres de Saint-Amable, M. le Président.
Alors, je comprends qu'il arrive des fois
qu'on déplace des enfants d'une communauté à une autre. Ça arrive même sur le territoire
de la commission scolaire des Patriotes, mais je ne crois pas que ça arrive,
M. le Président, qu'on déplace des petits d'un milieu défavorisé pour les envoyer dans un milieu aisé. Ça, je pense que
ça n'arrive pas. On a demandé au ministre Bolduc parce qu'on nous disait : Oui, oui, il y a des cas. On a dit :
Oui, mais quels sont ces cas? Bien, on n'a jamais été capables de nous
démontrer qu'il y a un seul cas comme celui-là nulle part ailleurs au Québec,
M. le Président.
Alors,
je me suis dit : Puisqu'on est en ère d'austérité, je comprends qu'on
cherche à économiser des sous; c'est légitime,
j'imagine, quand on veut absolument couper partout. Bien, j'ai réussi à
obtenir, via l'accès à l'information, un document qui avait été préparé par la commission scolaire des Patriotes
et remis au sous-ministre, M. Thibault, concernant le scénario visant à mettre des enfants dans un
autobus et les envoyer à Sainte-Julie, avec tout ce que ça comporte
comme possibles préjudices pour ces enfants, qu'ils ne pourront pas compter sur
les services auxquels ils ont droit en tant qu'enfants
de milieu défavorisé et l'option des modulaires, M. le Président. Alors, vous
serez curieux d'apprendre, M. le Président,
que les deux options coûtent à peu près 750 000 $ à mettre en oeuvre.
Donc, cette solution qui vise à mettre des petits de Saint-Amable de
milieu défavorisé puis les envoyer à Sainte-Julie dans un milieu aisé coûterait
à peu près le problème de l'école de Saint-Amable.
Alors, j'en appelle au ministre, M. le Président.
J'en appelle au ministre, comme j'ai eu l'occasion de le faire privément
à plusieurs reprises, pour que nous puissions trouver une solution qui soit
dans l'intérêt des petits de Saint-Amable.
Je
vous ai parlé du taux de décrochage à Saint-Amable, je vous ai parlé du taux de
défavorisation. Saint-Amable est le seul endroit sur le territoire de la
commission scolaire des Patriotes où on peut établir la maternelle quatre ans, mais on ne peut pas établir la maternelle quatre
ans, M. le Président, parce qu'on n'a pas l'espace pour établir la
maternelle quatre ans. Donc, en ne réglant pas le problème d'école, on n'est
pas capables de régler le problème de la maternelle quatre ans pour la
commission scolaire des Patriotes.
Alors,
j'en appelle à M. le ministre pour que nous puissions trouver une solution pour
les petits de Saint-Amable, et je
suis convaincu que M. le ministre, lorsqu'il aura soupesé les critères du
ministère entre déplacer des enfants d'un milieu à l'autre et de prendre en considération l'intérêt de jeunes d'un milieu
défavorisé qu'on voudrait envoyer dans un milieu aisé sans les
ressources dont ils ont besoin pour réussir... Et là je prends à parti mon
collègue de... je prends au mot mon collègue
de Papineau lorsqu'il nous parlait de persévérance et de réussite scolaire.
Bien, il faut maximiser les conditions permettant aux jeunes de
Saint-Amable de réussir et de contrer ce taux de décrochage extrêmement
ahurissant pour une municipalité de la
Montérégie, et de ce secteur généralement aisé qu'est la commission scolaire
des Patriotes. Alors, encore une
fois, j'en appelle à M. le ministre, en me disant que, lorsqu'on aura à faire
l'arbitrage entre les règles qui visent à faire en sorte qu'on puisse déplacer des jeunes d'une communauté à une
autre et la règle qui veut qu'on ne mette pas des jeunes dans un milieu défavorisé dans un ratio
maître-élèves qui ne va pas favoriser leur réussite scolaire, le ministre
aura à coeur ce qui est sa mission
fondamentale, qui doit être sa motivation fondamentale, c'est-à-dire la réussite
des enfants.
Alors, je tiens à
remercier M. le ministre d'avoir soumis cette question à l'évaluation des
fonctionnaires. J'en suis très heureux et
j'ai bon espoir, j'ai bon espoir, M. le Président, qu'on trouvera une solution
pour le bien des enfants de Saint-Amable.
Le Président (M. Habel) : Merci, M. le député de Verchères, en vous
rappelant qu'il reste encore 10 minutes au bloc. M. le ministre.
• (20 heures) •
M. Blais :
Alors, d'abord, je remercie le collègue pour sa question, puis je ne doute pas
du tout une seule seconde de l'authenticité,
là, de la représentation qu'il fait aujourd'hui. Pour répondre, disons, un peu
de façon rapide, et ensuite je
développerai, là, il n'y a aucune décision qui est prise en ce moment dans ce
dossier-là. Ce dossier-là ou cette demande-là,
hein, ce projet fait partie de centaines de projets qui sont examinés
aujourd'hui. Je pense que mon collègue sait
très bien que ces projets-là sont examinés avant tout par les fonctionnaires à
partir de critères que l'on s'est donnés. L'intervention politique est appropriée, à mon avis, puis encore une
fois, je suis nouveau, là, au ministère, mais elle est appropriée lorsqu'il y a des incongruités dans un
dossier, lorsqu'il y a des situations auxquelles on n'avait pas pensé,
qui ne nous permettent pas des arbitrages intelligents. Je pense que c'est un
peu ça qu'il attend de moi.
Pour
le moment, dans le suivi de ce dossier-là, je ne veux pas faire d'intervention.
Je lui ai déjà dit, je pense que ça
serait très inapproprié de faire une intervention de quelque nature que ce
soit. Attendons la fin du processus, attendons les motivations, hein,
les justifications. Ça semble être un dossier assez complexe, mais on a de plus
en plus de dossiers complexes de cette
nature-là. Et ensuite, si on est face à des critères, hein, qui ne répondent
pas, disons... des critères qui ne sont
pas capables de servir la situation particulière, si situation particulière il
y a, là, je serai toujours prêt à en discuter. Mais on n'est pas à ce seuil-là, et ce serait très délicat pour moi
d'aller plus loin puis de faire une intervention politique aujourd'hui
sur un dossier de cette nature.
Le Président (M.
Habel) : Merci, M. le ministre. M. le député de Verchères.
M.
Bergeron :
M. le Président, je ne veux pas prolonger indûment. Je pense que je me devais,
de la façon la plus franche, la plus
directe, la plus correcte possible, exposer publiquement cette problématique
qui, je pense qu'on le voit, me tient à coeur. C'est une
problématique... vraiment, là, je pourrais inviter M. le ministre à venir faire
un tour à Saint-Amable, voir de ses yeux la situation dans notre communauté.
Cela dit, je comprends ce qu'il me dit puis, comme
je le disais, je suis reconnaissant que le dossier soit présentement évalué. Cependant, je tiens à signaler à M. le
ministre, M. le Président, que nous avons déjà dépassé de longue date
les délais. Normalement, nous devions
recevoir une réponse du ministère sur les modulaires avant Noël. Là, la
commission scolaire doit aviser les parents
sur ce qui va se passer pour la rentrée scolaire de 2015. Alors, moi, je
comprends, là, qu'on doive suivre tout le cheminement administratif,
mais je veux juste vous signaler qu'on est dans ce dossier-là depuis 2013. Et, lorsque nous avons rencontré le ministre
Bolduc, l'automne dernier, et je vais terminer là-dessus, et le
ministre et le sous-ministre nous ont dit,
nous ont laissés sur ces mots, et je les cite : Nous devrions être en
mesure de nous entendre.
Alors,
ces mots sont porteurs d'espoir pour les gens de Saint-Amable, mais jusqu'à
présent nos espoirs ont été cruellement
déçus. Et j'aime à croire que nous pourrons trouver rapidement ce terrain
d'entente que nous recherchons depuis déjà deux ans, mais les délais
sont déjà dépassés. On a besoin d'agir rapidement, M. le Président.
Alors,
j'enjoins le ministre à prendre en considération également cette situation
temporelle qui est très difficile pour la
commission scolaire, très difficile pour les enfants, les parents de
Saint-Amable, et qui requiert qu'on puisse donner des réponses
rapidement, parce que, si on doit installer des modulaires pour septembre, il
faut avoir l'autorisation. Puis pour qu'on
puisse procéder, on aurait déjà dû être en processus pour aller de l'avant,
mais on n'a pas pu le faire à cause de tous
ces délais dont je vous ai fait part, M. le Président, et dont le ministre
n'est pas responsable. Mais il faut quand même vivre avec ces délais-là,
M. le Président.
Alors, encore une
fois, j'implore le ministre. Je comprends qu'il y a un processus administratif
puis je n'en disconviens pas, mais j'implore
le ministre de faire en sorte que, s'il est possible de hâter les choses du
côté de la machine, du côté du
ministère, bien, qu'on le fasse autant que faire se peut parce que les gens de
Saint-Amable s'attendent à ce qu'on prenne
une décision rapidement, et ce, dans l'intérêt des petits de Saint-Amable,
compte tenu des chiffres assez effarants que j'ai eu l'occasion de vous
exposer, M. le Président.
Le Président (M.
Habel) : Merci, M. le député de Verchères. M. le ministre.
M. Blais :
...
Le Président (M.
Habel) : Parfait. Merci. Je cède maintenant la parole à la députée de
Pointe-aux-Trembles.
Mme
Léger : Merci, M. le Président. Le 9 mars dernier, sous la
plume de la journaliste Daphnée Dion-Viens, on pouvait lire dans LeJournal de Québec que, selon la Fédération autonome de l'enseignement,
le ministre désire faire disparaître les
enseignants-ressources, véritables bouées de sauvetage pour les élèves en
difficulté. Le Québec compte 600 enseignants-ressources, selon
l'article.
J'ai
regardé un peu ce que voulait nécessairement dire «enseignant-ressource». On a
consulté et on a trouvé un document informatif à ce sujet intitulé Regard
sur les pratiques d'intervention de l'accompagnement individualisé au
secondaire par le ministère de l'Éducation. On pouvait y lire :
«Depuis 2006, les
commissions scolaires et les écoles secondaires du Québec peuvent libérer un
enseignant d'expérience de sa tâche, et ce,
jusqu'à 50 %, pour qu'il puisse soutenir personnellement et pédagogiquement
les élèves qui risquent de décrocher.
Le recours à l'enseignant-ressource permet de personnaliser les relations entre
les enseignants et les élèves et, plus particulièrement, les élèves à
risque.»
Quand
je lis ça... Je lis aussi la date, «depuis 2006». Alors, encore une autre
mesure qui a été mise en place par un ministre libéral que l'actuel
ministre remet en question comme mesure. Alors, ma question au ministre :
Est-ce qu'il s'engage à maintenir intégralement le financement de ces
600 enseignants-ressources pour 2015‑2016?
Le Président (M.
Habel) : Merci, Mme la députée. M. le ministre.
M.
Blais : Très bien,
merci. Donc, on m'explique, là, que 600 enseignants-ressources qui ont été
négociés lors de la convention collective 2010‑2015... C'est bien ça. Il
y avait, dans, disons, dans les crédits... pas dans les crédits, mais dans les engagements du gouvernement
précédent — c'est
bien ça, hein? — donc, il
y avait, dans les engagements du gouvernement
précédent — là,
maintenant, je pense que je retombe sur mes pieds, là — l'engagement d'ajouter
600 autres enseignants-ressources. Alors, cet engagement-là du
gouvernement précédent, comme plusieurs autres engagements du gouvernement précédent, est tombé, faute de
fonds. Vous vous rappelez qu'il n'y a pas eu de crédits qui ont été
déposés au budget du gouvernement du Parti québécois, donc on ne pouvait pas...
on n'a jamais trouvé les sommes, hein, qui étaient nécessaires au financement
de ce projet-là.
Mme Léger :
M. le Président, dans la dernière négociation, il y avait ces
600 enseignants-ressources-là. Là, je
parle s'il va maintenir intégralement
ces 600... Je ne parle pas de 600 nouveaux, là, je parle des 600 qui sont déjà dans cette négociation-là qui a été
faite en 2010. Alors, est-ce que, M. le Président, est-ce que le ministre va
maintenir intégralement les 600 enseignants-ressources pour l'année qui
s'en vient, 2015‑2016?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Alors, voilà, merci. On se rapproche de la question puis de la
compréhension. Alors, oui, ces 600 enseignants-ressources sont
conventionnés, ils sont maintenus, et les fonds sont là, là, pour supporter la
mesure.
Mme Léger :
Est-ce que, M. le Président... Donc, je comprends que les
600 enseignants-ressources... on va maintenir
intégralement le financement pour 2015‑2016. Parce qu'à la table des négos il
semblerait que ce n'est pas ça qui se passe présentement, on remet en
question de maintenir le financement de ces 600 enseignants-ressources.
Alors, je
veux être sûre que le ministre dit clairement, parce que le monde nous écoute
présentement... Est-ce qu'il va maintenir intégralement le financement
de ces 600 enseignants-ressources?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Donc, je comprends bien la question. Donc, ces
600 enseignants-ressources ne font pas partie de la négociation
actuelle. Il n'y a pas de demande, disons, patronale par rapport à leur
existence ou à leur avenir.
Mme Léger : Donc, on
maintient... Je répète pour être sûre que j'ai bien compris. On
maintient — je
veux l'engagement ferme du ministre — que les
600 enseignants-ressources vont... on va maintenir leur financement pour
2015‑2016.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Oui. Alors, il n'est pas
sur la table de négociation, donc c'est maintenu.
Mme Léger : Je suis très contente. Je vais, avant... Il ne me
reste pas beaucoup de temps. Je veux quand même juste dire... Tout à l'heure, j'entendais le député de Papineau.
Je voulais juste lui faire un petit rappel parce que, lorsqu'il a parlé
des mesures de sensibilisation à l'entrepreneuriat, il parlait beaucoup
d'entrepreneuriat, mais, vous savez, ces mesures-là
sont dans les 32 mesures d'allocation aux besoins des élèves que
l'enveloppe a été coupée. Alors, je voulais juste lui rappeler ça, qu'on faisait... Je suis bien
d'accord avec lui, que c'est absolument important, l'entrepreneuriat, mais,
en même temps, le ministère de l'Éducation, votre gouvernement a coupé dans ces
mesures-là.
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Alors, le bloc est terminé du côté de
l'opposition officielle. Nous allons passer du côté du gouvernement avec le
député de... Papineau? Le député de Papineau.
• (20 h 10) •
M. Iracà :
Alors, en lien avec la persévérance scolaire, là, je pense que, suite à ma
question, le ministre n'avait pas eu
la chance de terminer sa réponse. Et, dépendamment de sa réponse, je vais
peut-être avoir une sous-question.
Alors, là-dessus, je vais laisser le ministre compléter sa réponse à ma
question.
M.
Blais : Bon, quand on a
commencé tout à l'heure, on a vu qu'il
y a quand même une amélioration, là, de la situation, là, du décrochage scolaire au Québec.
C'est une bonne chose, mais il y a encore pas mal de travail à faire, surtout
si on veut se rendre en 2020 avec l'objectif de 80 %.
Cependant, lorsque l'on ventile les résultats,
il faut admettre que les problèmes sont assez sérieux à certains endroits. Par exemple, les élèves issus de milieux
défavorisés, hein, le taux de décrochage est de 23,5 %. Les élèves
issus de l'immigration, le taux de
décrochage est de 30,5 % en 2012‑2013. Les élèves handicapés ou en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage,
le taux est de 40,2 %, hein? Donc, hein, c'est des groupes, là, qui sont
particulièrement touchés par le décrochage.
Et les élèves des commissions scolaires à statut particulier, notamment et
surtout à forte majorité d'élèves autochtones, disons-le comme ça, le
taux va à 65,4 %. Vous vous rendez compte, hein, du défi de société que
nous avons encore vis-à-vis ces groupes-là. Donc, c'est bien de voir que la
moyenne, hein, globale s'améliore, mais qu'il y
a des poches, disons, de résistance, là, où il y a un travail extrêmement
important à faire pour atteindre des résultats qui sont un peu plus
acceptables qu'aujourd'hui.
En ce qui concerne maintenant le taux de sortie
sans diplôme ni qualification chez les garçons, près d'un sur cinq, hein, 18,8 %, sort de l'école au Québec
sans aucune qualification ni diplôme du secondaire et n'est pas inscrit
dans le système scolaire l'année suivante.
Donc, on le sait bien, je pense que ça a été mentionné tout à l'heure dans
l'échange, que, pour les garçons, il y a
vraiment un enjeu particulièrement important en regard du décrochage scolaire.
C'est pour ça que tout ce que l'on
peut faire, je pense, par rapport notamment et pas exclusivement à la formation
professionnelle, là, ça peut être...
et l'alternance travail-études, stages-études, etc., ça, ça peut être bénéfique
sous certaines conditions, notamment pour les garçons, mais pas
exclusivement pour les garçons.
Donc, tel qu'annoncé par mon prédécesseur, le
ministère a entrepris des travaux en vue de l'élaboration d'une première politique de persévérance et de
réussite scolaire, et nous avons comme objectif de mener à terme cette
politique et que les initiatives ministérielles et celles des réseaux
d'éducation convergent vers une vision commune, une vision intégrée de la réussite de tous les élèves. Cette politique
viserait justement à doter tout d'abord le milieu scolaire, ses partenaires, les familles et la société civile
d'une vision commune, d'une vision intégrée de la persévérance et de la
réussite scolaire; deuxièmement, de renforcer les interventions visant à
soutenir les apprentissages et accompagner les
élèves les plus vulnérables — on vient d'en parler tout à l'heure, on les
a énumérés — afin de
faciliter leur cheminement scolaire,
de réduire les écarts de réussite et de favoriser l'égalité des chances; de
soutenir et accompagner le personnel enseignant
et les administrateurs scolaires; de canaliser la mobilisation autour de la
persévérance et de la réussite scolaire.
Encore une
fois, on en a parlé un peu cet après-midi, hein, dans un échange que j'avais
avec un ancien collègue, là, dont la
spécialité, là, c'est la réussite scolaire, il me disait que les études
longitudinales, lorsqu'on élimine les... lorsqu'on contrôle bien les
variables, continuent de montrer que l'enjeu se passe encore dans la relation
entre l'enseignant, et l'élève,
et bien sûr la stratégie — appelons ça comme ça — la stratégie pédagogique, hein, l'approche
pédagogique qui est utilisée, là, par
l'enseignant. Encore aujourd'hui, hein, il y a encore un espace pour améliorer les choses, notamment pour la formation des enseignants et la formation continue, hein, des
enseignants. Et finalement canaliser la mobilisation de la société en général
autour de la persévérance et de la réussite scolaire. La politique
poursuivra la cible fixée de hausser le taux de diplomation ou de
qualification à 80 % chez les élèves de moins de 20 ans d'ici 2020.
Le
Président (M. Habel) : Merci, M. le ministre. Je suis maintenant prêt à reconnaître le député de Champlain, en lui rappelant qu'il
reste 11 min 35 s pour ce bloc.
M. Auger : Merci, M. le Président.
J'aimerais aborder un thème qui est très important pour moi, pour mes enfants, vos enfants — peut-être pas les vôtres, M. le Président,
mais ceux du Québec — soit la
lutte contre l'intimidation et la violence à l'école.
Malheureusement, M. le Président, malgré tous
les efforts des intervenants, qu'ils soient communautaires, scolaires, gouvernementaux, le phénomène est
encore très et trop présent dans nos établissements scolaires. Ce
phénomène évolue dans le temps, et les
progrès technologiques, si chers à notre belle société, contribuent
malheureusement à son expansion.
Avant de questionner le ministre, permettez-moi,
M. le Président, de faire un bref retour chronologique des actions gouvernementales
dans ce dossier. C'est en 2008 que le gouvernement libéral a mis en place un
plan d'action pour prévenir et traiter la
violence à l'école. C'était une première pour le Québec. Ce plan d'action
visait à soutenir les milieux scolaires dans leurs actions pour diminuer
la violence dans leurs établissements.
En février 2012, le Québec se dotait d'une
nouvelle stratégie gouvernementale de mobilisation de la société québécoise
afin de lutter contre l'intimidation et la violence à l'école. Cette dernière
se déclinait en quatre actions : mobiliser,
communiquer, légiférer et agir. Elle s'articulait autour du thème L'intimidation,
c'est fini. Moi, j'agis. Cette stratégie
n'était pas seulement dirigée vers la mobilisation des élèves, mais également vers celle des
parents, du personnel scolaire et vers tous les Québécoises et Québécois.
Nous ne le répéterons jamais assez, M. le
Président, l'intimidation nous concerne tous. C'est donc dans cette perspective que nous devons prendre les moyens
nécessaires pour faire cesser les actes d'intimidation et de violence
dont sont victimes, entre autres, certains
enfants. Ensuite, la loi n° 56 a été adoptée en juin 2012. Elle visait entre
autres à offrir à nos élèves un
milieu d'apprentissage sain et sécuritaire et précisait les devoirs et les
responsabilités de tous les acteurs scolaires
face au phénomène de l'intimidation. Cette loi, en venant amender la Loi sur
l'instruction publique et celle sur l'enseignement privé, précise les
dispositions qui doivent être prises en oeuvre par le réseau scolaire afin
d'enrayer au maximum l'intimidation et la violence dans nos écoles.
De nos jours,
M. le Président, il est très important qu'une commission scolaire puisse
veiller à ce que chacune de ses écoles
offre un milieu d'apprentissage sain
et sécuritaire, de manière à ce que tout élève qui la fréquente puisse y
développer son plein potentiel et à l'abri de toute forme de violence ou
d'intimidation. La loi précise également l'obligation,
tant pour les établissements d'enseignement publics que privés :
premièrement, d'adopter et de mettre en oeuvre un plan de lutte contre l'intimidation et la violence;
deuxièmement, de désigner une personne chargée de coordonner les travaux d'une équipe en vue de lutter contre
l'intimidation et la violence; et, finalement, de préciser leurs règles
de conduite. Ces dernières sont présentées par le directeur lors d'une activité
de formation sur le civisme au début de chaque année scolaire.
Et finalement rappelons-nous les paroles du premier
ministre lors de la dernière campagne électorale, et je le cite : «Un
geste d'intimidation, de violence ou de maltraitance est un geste de trop.
Chaque personne doit pouvoir s'épanouir dans
un environnement sain et sécuritaire. Chaque personne, quels que soient son
âge, son sexe, son orientation sexuelle,
son origine ethnique, a droit à la dignité. Un gouvernement libéral fera de la
lutte contre l'intimidation une priorité.»
M. le ministre,
depuis le 7 avril 2014, c'est votre collègue la ministre de la
Famille qui est responsable de la lutte contre l'intimidation. C'est son ministère qui coordonne les actions
gouvernementales, mais votre ministère collabore également aux travaux
et met son expertise dans ce domaine à la disposition des autres ministères
concernés par ce phénomène.
Mes
questions, M. le ministre. Premièrement, pouvez-vous nous expliquer
concrètement comment votre ministère collabore
aux travaux, quelles sont les actions qui ont été déployées et finalement
quelles sont les ressources financières consacrées par votre ministère à
la lutte contre l'intimidation et la violence à l'école?
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup, M. le député de Champlain. J'en profite pour saluer la ministre
de ma région. Alors, je cède la parole au ministre.
• (20 h 20) •
M.
Blais : Quand on essaie de comprendre, disons, les actions, là, sur ce
front-là, il faut commencer, je pense, par la lutte contre la violence,
hein, parce que là où, je pense, il y a eu... Le Québec a connu un certain
succès grâce à une politique assez bien organisée d'intervention. Moi, j'ai un
bon ami qui a été très actif, là, sur l'élaboration de cette politique-là puis sa mise en place dans des milieux difficiles, disons, des
écoles secondaires de Montréal. On a commencé sur le front de la lutte contre la violence à l'école, puis je pense
que, hein, tout le monde s'entend sur le fait qu'on a connu des
succès.
L'intimidation, c'est
autre chose, hein? C'est quelque chose, je dirais, de plus récent dans les préoccupations
sociales. On a tous été victimes d'intimidation. Peut-être même parfois, quand je me rappelle ma jeunesse, je me
dis : J'ai probablement aussi été fautif à quelques reprises, probablement
par ignorance et malgré moi. Mais donc c'est une thématique
aujourd'hui qui atteint une bonne frange de la population, les parents et les
enfants. Je peux le témoigner, les enfants
sont de plus en plus conscients que, disons, des blagues de mauvais goût à
répétition deviennent, un jour ou l'autre,
de l'humiliation, et l'humiliation, c'est le début de la fin, hein, c'est-à-dire c'est le début de situations où on perd confiance en soi, où on se cache, où on ne joue pas... on ne prend pas
la place qu'on devrait prendre comme enfant, là, comme élève à l'école.
Donc,
je pense qu'on a raison... le Québec a
raison de vouloir s'attaquer au problème de l'intimidation dans ses
différentes facettes, et, bien sûr, à l'école, on a un rôle particulièrement important.
Il faut donner au premier ministre du Québec,
là, tout le mérite qu'il a d'avoir posé le problème publiquement et d'avoir
voulu organiser une rencontre avec les principaux intervenants. C'est un
engagement que mon parti politique avait pris lors de la dernière élection, de
tenir, hein, cette rencontre-là sur l'intimidation pour s'assurer qu'on en fasse une priorité pour le Québec
puis qu'on pose les actions concrètes.
Maintenant, pour
aller à la question de mon collègue, les actions du ministère, tout d'abord,
nous soutenons la mise en oeuvre de dispositions qui pourraient être prises dans la Loi de
l'instruction publique et la loi des écoles privées sur l'intimidation et la violence, et notre intention, c'est d'en
faire un suivi rigoureux et de voir jusqu'à quel point les choses peuvent être améliorées, là, au cours des
prochains mois, des prochaines années. Nous avons produit... le ministère
a produit, plutôt, des outils pour
aider les commissions scolaires et les écoles à s'approprier la loi puis les ressources
de la loi, des diaporamas ont été
développés, des «Q&A», des questions et réponses aussi, là, pour les
intervenants. Le ministère, en collaboration
avec ses partenaires, notamment l'Institut Pacifique, la Fondation Jasmin-Roy,
Tel-Jeunes, ensemble pour la diversité,
a proposé du matériel pédagogique pour sensibiliser les élèves du primaire et
du secondaire à la problématique de la
cyberagression. L'un des objectifs ici, c'est de les amener à développer une
utilisation responsable et une utilisation positive des médias sociaux
et des différentes technologies de communication.
Le
ministère a produit aussi des documents pour les écoles, notamment sur la mise
en oeuvre et l'actualisation de leur plan de lutte contre l'intimidation
et la violence, un guide pour soutenir l'intervention, document de soutien pour
la précision des règles de conduite, outil pour l'évaluation des résultats de
la lutte contre l'intimidation et la violence, document de référence sur l'intimidation et la violence. Le ministère assure
aujourd'hui le soutien d'un expert par région, les agents de soutien
régionaux. Nous analyserons, dans le rapport annuel 2013‑2014 des commissions
scolaires, les renseignements utiles sur la
nature des événements violents qui se sont produits dans les écoles et du suivi
qui leur a été donné. Je crois
maintenant que les événements violents sont obligatoirement répertoriés par les
commissions scolaires, ce qui est
un... je pense que... un outil de mesure assez important pour suivre
l'évolution d'une des formes, disons, les plus inacceptables
d'intimidation. Ce sera le deuxième rapport annuel contenant ces
renseignements, que nous aurons à notre disposition prochainement, si je
comprends bien, l'automne prochain. Les commissions scolaires ont reçu du ministre
des propositions pour produire cette section de leur rapport annuel.
Le
ministère suit l'évolution des travaux de la chaire sur la sécurité et la
violence en milieu éducatif. Cette chaire regroupe des chercheurs du Québec, d'Europe et vise notamment les
objectifs suivants : l'avancement de la recherche, le soutien à la formation initiale et continue du
personnel scolaire. Le ministère soutient financièrement la chaire. Il lui
verse une subvention de 1 million de dollars étalée sur cinq ans, de 2012
à 2016‑2017. Il soutient toujours, le ministère, financièrement, le monitorage national de la violence dans les écoles
québécoises dont la première collecte de données a été réalisée en février et en mars 2013 par l'équipe
de chercheurs sur la sécurité et la violence dans les écoles
québécoises. Les résultats ont été dévoilés à l'hiver 2014, et cette recherche
s'inscrit dans les travaux de la chaire sur la sécurité et la violence en
milieu éducatif. La deuxième collecte de données est prévue pour mars, avril
2015. C'est bientôt, ça.
Une voix :
C'est en cours.
M. Blais :
C'est en cours. Finalement, le ministère a collaboré avec des partenaires de la
communauté à l'élaboration d'activités
pédagogique pour prévenir l'homophobie et lutter contre les stéréotypes
sexuels. Les outils ont été lancés dans la semaine contre l'intimidation
et la violence en 2014. Voilà.
Le Président (M. Habel) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, je cède la
parole au député de Chambly, qui dispose de 11 minutes pour son
dernier bloc.
M. Roberge :
Merci, M. le Président. Alors, tout à l'heure, avant de souper, au moment où
s'on s'est quittés, je revenais sur les
promesses, en fait les engagements du parti actuellement au pouvoir il y a de
ça un petit peu plus d'un an, et je
lisais dans le programme qu'il y avait des engagements très fermes :
assurer un service d'aide aux devoirs dans toutes les écoles primaires, ensuite étendre l'aide aux
devoirs dans les écoles secondaires. Et justement, donc, dans l'an 1 de
ce gouvernement, il y a eu une coupure
directe dans les services d'aide aux devoirs et, à l'an 2, ce que j'entends
tantôt à une question posée par ma collègue, c'est que le ministre
choisit maintenant de laisser plus de latitude aux commissions scolaires, qui deviennent plus libres, entre
guillemets, de couper là où elles le souhaitent. Sous prétexte de
décentralisation, on se déleste de cette obligation-là.
Alors,
comment penser que de telles décisions, c'est-à-dire prendre un engagement,
faire le contraire à l'an 1 et s'en
délester à l'an 2, comment penser que ça, ça ne va pas alimenter le cynisme de
la population envers la classe politique?
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M. Blais : Oui. Tout d'abord, peut-être...
la pause a été utile, là. On m'a remis un document qui va intéresser notre
collègue, là, sur la scolarisation à la maison — on a eu un échange
là-dessus — un
document d'orientation qui est produit par le ministère,
hein, puis qui est disponible. Et bien sûr la Protectrice du citoyen nous a
quand même interpellés par rapport à ce document-là, considérait que c'était
bien, mais qu'il fallait aller plus loin au niveau de l'encadrement. Donc, je
pourrai vous le remettre tout à l'heure sans problème.
Maintenant,
sur la question de l'aide aux devoirs et de son financement ou de la perte de
financement, là, il faut bien comprendre ce qui...
Mme Léger : ...déposer ce
document-là pour que je puisse avoir une copie aussi?
M. Blais : Bien sûr, oui, puis il
est disponible sur le site Internet du ministère de l'Éducation.
Le
Président (M. Habel) :
Est-ce que vous souhaitez... M. le ministre, est-ce que vous souhaitez le
distribuer ou le rendre public?
M. Blais : J'en ai une seule copie.
Mme Léger : On fait des
copies?
M. Blais : Oui. Il y a des gens qui
font des copies ici? Ah! très bien.
Le Président (M. Habel) : Oui, oui,
oui, il n'y a pas de problème.
M. Blais : Alors, voilà. Il n'y a
aucun problème, il est disponible sur le site Internet du ministère.
Document déposé
Le Président (M. Habel) : Parfait.
Alors, il sera déposé. Merci.
M.
Blais : Donc, oui, sur la question du financement de l'aide aux
devoirs, là, il faut bien comprendre qu'explicitement
il n'y a pas eu de coupure de 50 millions de l'aide aux devoirs, hein? Il
y a eu une compression budgétaire non
pas sur l'aide aux devoirs, mais sur une enveloppe générale dans laquelle il
est vrai, je vous l'accorde, on retrouve, parmi, hein, d'autres dépenses
potentielles, d'autres programmes, on retrouve l'aide aux devoirs. Et les
commissions scolaires nous ont demandé — ma compréhension — d'avoir
une certaine latitude par rapport à la gestion de cette enveloppe-là dans un contexte de compressions. Nous leur avons accordé
cette latitude, et donc il y a certaines commissions scolaires... donc
même, je pense, plusieurs ont maintenu l'aide aux devoirs, d'autres ne l'ont
pas maintenue.
Et, je vous
dirais, pour ajouter à la complexité puis à l'intérêt aussi de la réflexion
là-dessus, des commissions scolaires
nous ont dit : Écoutez... ont fait des représentations pour nous expliquer
que, dans certains cas, ils préféraient une mesure comme la
récupération, hein — que
vous connaissez bien, que je connais bien aussi avec mes filles, en passant — et l'aide aux devoirs, parce que l'aide aux
devoirs était une mesure, dans leur cas, qui était une mesure qui était
peu utilisée, hein, et ils préféraient aller prendre l'argent pour aller
financer de la récupération.
• (20 h 30) •
Le
Président (M. Habel) :
Merci, M. le ministre. Je vais laisser le député de Chambly poser une autre
question.
M. Roberge : Oui, bien, c'est parce
que ma question était d'abord sur le cynisme, là on est sur autre chose. Bon, c'est sûr que, l'an 1, l'an 2, on oublie
cette promesse-là. Là, je veux savoir : Est-ce qu'il y a une intention, du
côté du ministre, de remplir cet engagement
très, très clair, assurer un service d'aide aux devoirs dans toutes les écoles
primaires d'ici la fin du mandat? Est-ce que cet engagement-là sera rempli ou
pas?
M.
Blais : Très bien. J'ai été un petit peu interrompu. Je comprends
que... Je m'excuse si je prends trop de temps, là. Donc, l'engagement, il est maintenu. Les commissions scolaires nous
ont demandé un espace pour faire des choix. Nous sommes, en ce moment,
en train de définir les règles budgétaires. Je peux vous le dire, ils nous
demandent encore cet espace, hein, pour
faire des choix, et on est en train d'évaluer si on va, disons, circonscrire
l'enveloppe — je pense que c'est votre
préoccupation — et
la définir pour qu'elle soit utilisée, ou encore offrir la possibilité, suite
aux représentations qu'ils nous font, d'aller plutôt vers la récupération, donc
des séances de récupération où il y a plus de participants pour l'aide aux
devoirs. Pour le moment, ce n'est pas encore décidé, on est en discussion avec
eux sur la règle budgétaire qui va être définie pour l'année qui vient.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly.
M.
Roberge : Bon, je comprends qu'on verra peut-être aux études des
crédits l'an prochain, voir si c'est orienté en fonction de ce qui avait été promis quand même aux citoyens, une
espèce de contrat moral, normalement, hein? Tu sais, on promet quelque
chose, les gens nous élisent, on le fait. Ils nous font confiance, on recommence.
Il me semble que ça devrait se passer comme ça, mais je me fais peut-être des
idées.
On parlait
aussi de s'assurer «du nombre adéquat de spécialistes»... tout de suite après,
là, «prioriser le diagnostic hâtif
chez les jeunes montrant des difficultés d'apprentissage et [...] en s'assurant
du nombre adéquat de spécialistes». Et là,
écoutez, ma collègue a parlé tout à l'heure de ce qui se passait à la CSDM, là,
le nombre de spécialistes va vraisemblablement baisser. Mais je pense qu'on a
amplement parlé du cas de la CSDM, là, aujourd'hui.
Si je vous amène à la commission scolaire des
Draveurs : alors, aujourd'hui — ce n'est pas vieux, là — le journal LeDroit publiait les intentions...
Je n'ai pas l'attention du ministre. Lui, il va me répondre sur un autre sujet,
tantôt. Une fois, c'est un gars...
Une voix : ...
M.
Roberge : O.K. Merci. Alors, le journal LeDroit disait,
aujourd'hui, donc publiait ce que la commission scolaire des Draveurs disait, et la commission scolaire des
Draveurs nous dit que, cette année... en fait, pour l'année 2015‑2016, donc
l'année à venir, il va y avoir : deux postes de moins d'enseignants en
insertion sociale; quatre postes de moins de conseillers pédagogiques — j'en
conviens, eux, ils n'interviennent pas directement sur les élèves, mais quand même; deux postes de moins de psychologues à
temps plein, qui interviennent évidemment directement sur les élèves;
deux postes de moins d'orthopédagogues. Alors, c'est vraiment, mais c'est
vraiment des services directs aux élèves.
Alors, encore
une fois, on a un engagement, là, de programme électoral qui dit : On va
s'assurer du nombre adéquat de spécialistes. Est-ce que le ministre
pense qu'il y avait, en 2014, au moment de la campagne électorale, trop de
spécialistes dans nos écoles?
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Non, je n'ai pas de raison de penser ça ni de le confirmer ni
de l'invalider. Donc, moi, je comprends les représentations actuelles,
là, hein, les commissions scolaires, qui nous parlent de 16 millions... à
la Fédération des commissions scolaires, qui
nous parle de 350 millions, qui n'en parle plus maintenant parce qu'elle a
réalisé, bien sûr, que ça n'avait
aucun sens de lancer des chiffres comme ça. Je comprends des commissions
scolaires de région de faire des calculs, de faire des règles de trois,
et de dire : Bien, voilà, nous, ce qui va arriver chez nous.
Mais,
sincèrement, c'est uniquement de la représentation... on est au niveau de la
représentation en ce moment — je le
dis avec respect — politique,
hein? Les règles budgétaires vont être connues dans les prochaines semaines,
les niveaux de financement vont être connus dans la prochaine semaine,
et, je l'ai mentionné à quelques reprises, il y a à la fois les montants qui
seront accordés, mais la nature... des règles budgétaires sont assez
importantes et on verra bien quel sera le résultat.
Mais, moi,
disons, je ne peux pas, là, commenter des commissions scolaires en ce moment
qui nous apprennent ce que vont être leur situation, alors que les
règles budgétaires ne sont pas définies. Je trouve qu'on perd beaucoup de temps
avec ça.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Chambly.
M.
Roberge : Je vais retenir le premier mot. Quand j'ai posé la question,
j'ai obtenu «non». Donc, est-ce qu'il y a trop de spécialistes l'année passée? La réponse, c'était «non». Alors,
si on en enlève, ça va être donc qu'on va en manquer.
Anglais intensif au primaire, le ministre en a
parlé tout à l'heure, c'est quelque chose qui est ambitieux. C'est quelque chose qui peut être aussi hasardeux, selon la façon dont on le fait. Mais
j'ai compris que le ministre ne voulait pas implanter mur à mur et forcer cette implantation. J'ai une question
sur le programme. On dit qu'on veut encourager l'implantation d'un programme d'anglais intensif au troisième cycle du
primaire. Est-ce que le ministre aurait l'intention de créer un curriculum,
de créer un programme?
Parce qu'en ce moment c'est un ajout de temps
pur et simple, il n'existe pas un curriculum d'anglais intensif. Il me semble que ce serait une bonne chose pour
que ça ne soit pas un peu du n'importe quoi qui peut se faire d'une
école à l'autre. Alors, je ne prétends pas que c'est programme
n'importe quoi, mais ça peut être un
peu de tout. Est-ce que le ministre
pourrait s'engager à créer un curriculum et un programme d'anglais intensif
pour qu'on puisse ensuite l'évaluer? Parce que, sinon, on veut implanter
quelque chose, mais on ne sait pas ce qu'on implante.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre, il reste 1 min 15 s.
M.
Blais : Oui, c'est bon. Je trouve que le propos est un peu sévère, là,
dire c'est un peu n'importe quoi quand je pense à ceux qui font ça et ont la réussite, ceux qui nous en parlent,
notamment des enfants. Quand on regarde le progrès au niveau de
l'anglais, là, je trouve ça un petit peu dur de dire c'est un peu n'importe
quoi.
Alors, la
question, maintenant : Est-ce qu'on envisage d'avoir un programme en bonne
et due forme? La réponse, c'est oui.
Donc, maintenant qu'on a développé une expertise sur le terrain, qu'on a vu les
difficultés, mais qu'on voit aussi très
clairement les succès, là, on m'informe ici que c'était déjà envisagé puis que
ça va probablement être le cas cette année.
Le Président (M. Habel) : Il vous
reste 30 secondes, M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Bon, bien, mon Dieu! Je salue cette initiative du ministre
parce que... Après, je m'étais repris en passant, j'avais dit c'est
n'importe quoi, ce pourrait être n'importe quoi puisqu'il n'y avait pas de
balise. De savoir qu'un programme va être
bâti, je pense que c'est quelque chose de très positif. Les professeurs à qui
on va confier tout ce temps vont
avoir des balises, puis, ensuite, bien, évidemment, on pourra avoir peut-être
un test standardisé. Et je lance... juste... il me reste peut-être trois secondes pour
dire : Et donc, pour la suite, ça appelle une modification du
curriculum au secondaire, parce que les écoles secondaires qui vont recevoir
ces élèves-là vont certainement devoir aussi s'adapter. Évidemment, on ne
voudrait pas qu'ils perdent tout ce qu'ils ont acquis. Merci.
Le
Président (M. Habel) :
Merci, M. le député de Chambly. Alors, nous allons passer du côté ministériel,
avec le député de Champlain.
M. Auger : Merci, M. le Président.
J'aimerais, M. le ministre, que l'on puisse revenir, là, sur les ressources
financières qui seront consacrées à la lutte contre l'intimidation et la
violence à l'école.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre. Je tiens à vous rappeler qu'il vous reste 16 min 24 s
pour ce bloc.
M. Blais : Je m'excuse, je reviens
sur terre. Merci, M. le Président.
Donc, sur la
réussite de l'élève, hein, puis les conditions de la réussite de l'élève, là, on sait que ça passe, hein, par un environnement puis des conditions, là... un
environnement sain et sécuritaire. Depuis 2008‑2009, près de
6 millions ont été investis, chaque
année, dans le réseau scolaire, expressément pour la prévention et pour le
traitement de la violence. En 2014‑2015,
le budget prévu est de 5 890 000 $, dont 4 470 000 $
pour les commissions scolaires afin de remettre en place des programmes de prévention et de service
de soutien aux élèves suspendus ou expulsés, et 1 million de
dollars pour le soutien en région.
Le Président (M. Habel) : M. le
député de Champlain.
M.
Auger : Merci. M. le ministre, il existe un service offert aux jeunes
victimes d'intimidation, qu'on appelle le protecteur de l'élève. Est-ce
qu'on peut avoir des explications, M. le ministre?
• (20 h 40) •
M.
Blais : Oui. Alors, la fonction du protecteur de l'élève a été
récemment créée à la suite de la mise en vigueur de nouvelles dispositions législatives en matière de
suivi à donner aux plaintes des élèves ou de leurs parents. Le protecteur
de l'élève n'est pas uniquement un
représentant des parents ni un médiateur.
Il relève du conseil des commissaires, mais ce n'est pas un employé de la commission
scolaire à proprement dit. Il agit
donc, hein... ça a été une des conditions, je pense, de sa mise en place, le protecteur de l'élève agit
donc en toute indépendance. Après avoir examiné une plainte, le
protecteur de l'élève émet des recommandations au conseil des commissaires.
À quel moment
peut-on demander son intervention? Le protecteur intervient une fois que le
plaignant a épuisé les autres recours prévus par la procédure d'examen
des plaintes. Il revient à dire que le protecteur de l'élève intervient à la
demande d'un élève ou d'un parent qui n'est pas satisfait, au terme de toutes
les étapes, du résultat de sa démarche pour résoudre un différend.
Toutefois — ça mérite d'être rappelé — le
protecteur de l'élève peut se saisir d'une plainte à toute étape de la
procédure d'examen de la plainte lorsqu'il estime que son intervention est nécessaire
afin d'éviter que le plaignant ne subisse un préjudice. Le protecteur de
l'élève peut rejeter, après analyse sommaire, toute plainte qu'il juge frivole,
vexatoire ou de mauvaise foi. Il peut également
refuser ou cesser d'examiner une plainte s'il a des motifs raisonnables
de croire que son intervention n'est pas utile ou si le délai écoulé entre le
déroulement des événements et le dépôt de la plainte rend son examen
impossible.
Le
Président (M. Habel) :
Merci, M. le député de Champlain. Alors, je suis prêt à reconnaître un autre
intervenant, qui sera le député d'Ungava.
M. Boucher : Alors, M. le Président,
dans un premier temps, auriez-vous l'amabilité de m'instruire du temps qu'il me
reste?
Le Président (M. Habel) : Il vous
reste un temps de 12 min 48 s exactement.
M.
Boucher : Merci. Ce n'est
pas que je suis inquiet de ma longévité, mais je voulais juste savoir,
m'informer. C'est toujours un peu gênant de demander combien de temps il nous
reste, ça peut porter à confusion.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Boucher : Écoutez, M. le ministre, je vais vous amener sur un autre terrain, concernant les élèves
handicapés, en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage. Vous savez, bon, je ne veux pas dire que je suis âgé, mais je
ne suis quand même...
M. Auger : Pas jeune.
M. Boucher : ...pas jeune, comme me
souffle mon voisin de Champlain — je vais m'en souvenir, je vous remercie quand même — et puis, quand j'étais jeune, bon, à
l'école, au primaire, des élèves handicapés, je ne me souviens pas...
s'il y en a eu, je ne me souviens pas qu'il y ait eu ça dans nos classes. On
avait tendance à placer ces gens-là dans des classes
spéciales et puis un petit peu à éluder leur présence du système régulier
scolaire. Par la suite, bon, à raison, il a
été décidé d'intégrer ces gens-là dans le milieu régulier scolaire autant que
possible, question qu'ils ne soient pas
ostracisés, en marge de la société, pour, eux-mêmes, premièrement, qu'ils soient bien adaptés à la société dans laquelle ils vont être appelés à vivre éventuellement et puis, deuxièmement, ouvrir un peu les oeillères et l'horizon, là,
des gens dits normaux, entre guillemets, face aux personnes
handicapées ou avec des difficultés
quelconques, soit de mobilité ou quoi
que ce soit, pour mieux les accepter dans la société. Souvent, le préjugé,
c'est l'ignorance de l'autre, hein, c'est la peur de l'autre, puis la
seule façon de combattre ça, c'est d'amener ces gens-là ou toute autre personne
contre qui des préjugés peuvent être véhiculés dans la société... d'amener à
une rencontre qui va faire que, finalement, ces gens-là s'apprivoisent et puis
apprennent à vivre ensemble, côte à côte.
Donc, ça a
été fait dans le passé. C'est ce qu'on voit souvent dans les écoles, mais,
malgré tout, pour ces gens-là, il y a des cas où l'élève, bien que... comment dire,
qu'assimilé au programme normal, a besoin de support spécial pour bien réussir ses études. Au cours de l'an 2000, le
ministère de l'Éducation avait adopté la Politique de l'adaptation
scolaire, Une école adaptée à tous ses
élèves. Cette politique
soulignait l'importance de la prévention basée sur la mise en
place de conditions propices aux apprentissages, M. le ministre, et la
nécessité d'intervenir rapidement, dès les premières manifestations des
difficultés.
La politique
recommandait que l'organisation des services éducatifs soit au centre de l'élève
et au service de l'élève, ce qui est
bien important, et qu'elle soit basée sur une approche
individualisée de réponse aux besoins et aux capacités de ce dernier.
Donc, dans ce cas-là, du tapis mur à mur, ce n'était pas indiqué, c'était vraiment
cibler quels étaient et quels sont les besoins
spécifiques d'un élève puis essayer de cerner tout ça et puis de le mettre dans
un milieu qui favorisera son apprentissage,
son adaptation et son plein développement pour qu'éventuellement il puisse devenir un citoyen
actif et qui sera pleinement intégré au marché du travail autant que
possible, autant que faire se peut.
Dans la Loi
sur l'instruction publique, on reconnaît à chaque élève le droit de recevoir
des services éducatifs qui lui sont
adaptés. Dès qu'une difficulté ou un handicap empêche un élève ou bien de
poursuivre ses apprentissages tels que visés
par le programme de formation ou de progresser dans son insertion
sociale, le directeur ou la
directrice de l'école doivent établir
un plan d'intervention qui pourra permettre de fournir un service éducatif
adapté aux besoins de l'élève en question.
Cette
politique constitue le principal outil de référence pour les écoles. Le
personnel enseignant et le personnel professionnel
sont interpellés. On invite le réseau scolaire à s'engager dans quatre actions
importantes, puis je vais vous les
citer, M. le ministre. Premièrement, il faut agir tôt et dans une perspective
de prévention — ce qui
est bien important. Vaut mieux prévenir que guérir, comme dit le vieil
adage.
Deuxièmement,
il faut adapter les services éducatifs aux besoins des élèves handicapés, en
difficulté d'adaptation ou d'apprentissage, les EHDAA, comme on dit dans
le jargon.
Troisièmement,
on doit mettre l'organisation au service des élèves en la fondant sur une
évaluation individuelle de leurs
capacités et de leurs besoins, ce qui est bien important. Des fois, il ne faut
pas mettre la barre trop haute non plus, ce qui viserait plus à décourager l'élève qu'à le stimuler. Il faut mettre
la barre à un endroit où il sera capable d'atteindre ses objectifs.
Et
finalement, en quatrième position, privilégier l'intégration à une classe
ordinaire dans le milieu le plus près possible
de son lieu de résidence. Donc, plutôt que l'élève doive prendre un autobus et
puis se rendre dans un quartier voisin
ou même dans une ville voisine, autant que possible aller à l'école du
quartier, fréquenter ses amis puis ses collègues qui habitent sur sa rue et dans les alentours, donc bien l'intégrer à
son milieu et puis faire que son milieu l'accepte bien, et vice versa.
Alors, M. le
ministre, j'aurais une question pour vous puis après ça deux sous-questions,
possiblement. Dans un premier temps,
on dit que l'effectif des élèves ayant des handicaps et des difficultés
d'adaptation et d'apprentissage est en hausse dans le secteur public
depuis les 10 dernières années. M. le ministre, pouvez-vous nous expliquer
pourquoi il en est ainsi?
Le Président (M. Habel) : Merci, M.
le député d'Ungava. M. le ministre.
• (20 h 50) •
M.
Blais : Alors, la réponse, je dirais, n'est pas simple, simple, là.
Donnons quelques chiffres, là, ça va être assez évocateur. D'abord, effectivement, au cours des 10 dernières années,
dans le réseau public, l'effectif HDAA a connu une très forte croissance en augmentant de 25 % entre
2003‑2004 et 2013‑2014. Et, dans la même période, on observe une
diminution de l'effectif régulier de 18 %. Donc, ce n'est pas tout à fait,
là, un jeu à somme nulle. La part relative des élèves HDAA par rapport à l'effectif total est plus importante :
elle est passée de 15 %, en 2003‑2004, à 21 % — un sur cinq,
même un peu plus — en 2013‑2014,
et la croissance continue, il n'y a rien qui nous indique qu'on a atteint un
plafond.
Et, pour répondre à votre question, il existe
plusieurs facteurs en mesure d'expliquer la croissance des élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou
d'apprentissage. Voici les plus importants : bien sûr, la connaissance
scientifique et médicale qui ont connu un essor important au cours des 10
dernières années en la matière; aussi, les diagnostics
se sont raffinés et les personnes qualifiées pour poser ces diagnostics
aujourd'hui sont en plus grand nombre, je dirais, sont aussi plus accessibles à une plus grande partie de la
population. Aujourd'hui, des parents, s'ils le désirent, qui sont inquiets du développement de leur enfant,
peuvent aller en clinique privée — elles se trouvent partout — et avoir des évaluations, disons,
sérieuses sur le diagnostic de leur enfant et de ses difficultés
d'apprentissage, une sensibilisation aussi accrue, dans la population, à
l'égard des différents types de difficulté et de handicap qui amènent davantage
de personnes à consulter aujourd'hui que
dans le passé pour une évaluation et un dépistage, avant la fréquentation
scolaire... qui était davantage fréquent.
Alors,
si on prend tous ces éléments-là ensemble, le fait que les diagnostics sont
plus précis, sont plus nuancés qu'auparavant, qu'ils sont plus
accessibles, plus courants, qui sont réalisés même en âge préscolaire, on a
vraiment les principales explications. Donc,
il n'y a pas de raison de penser, disons, qu'il y a des raisons... des
problèmes de santé publique, hein,
qui se sont accrus, là, hors de ces variables-là. Et ces variables-là sont
importantes, comme je l'ai mentionné, je
pense, un peu plus tôt dans la journée. Quand on regarde par en arrière, on se
rappelle nos compagnons, nos compagnes d'école
au primaire, on se rend compte qu'effectivement, probablement, il y avait déjà,
à cette époque-là, sans diagnostic, des personnes qui souffraient de
troubles, de difficultés d'adaptation ou d'apprentissage.
Le
Président (M. Habel) :
Merci, M. le ministre. Alors, je devance le député d'Ungava : il lui reste
3 min 19 s pour terminer le bloc. Alors, c'est à vous.
M. Boucher :
Mon chronomètre marche, et il est tout à fait en accord avec vous, donc me
voilà rassuré. Vous savez, selon la
théorie d'Einstein, hein, si on voyage à très grande vitesse, notre temps
raccourcit. Mais je vois qu'on voyage présentement à la même vitesse
parce que notre temps est égal, donc on est correct, on peut continuer.
Je suis
d'accord avec vous, M. le ministre : autrefois, on n'entendait pas parler
d'un élève dyslexique ou dysphasique
ou des choses comme ça. Il y avait souvent... Dans nos classes, on
disait : Bien, lui, il est tannant. Lui, c'est un... Ah! il n'est pas bon à l'école, il ne
comprend rien. Les jeunes étaient affublés de choses comme ça, mais
maintenant on a mis des mots et puis des
critères diagnostiques pour mieux, comme on dit, synthétiser quel est le
problème que l'élève rencontre et
puis mieux l'outiller pour faire en sorte qu'éventuellement cet élève-là puisse
réussir puis développer son potentiel
et non pas soit poussé à la marge de la classe en disant : Bien, de toute
façon, lui, il ne comprend rien, puis il ne réussira pas, puis ça ne donne rien de perdre du temps avec lui. Puis
souvent, bien, être capable de... comment dire, de l'orienter déjà,
souvent, sur un jeune âge.
On sait que
tel élève, à cause de sa difficulté, ne pourra peut-être pas poursuivre des
études universitaires, mais ferait
quand même un très bon technicien ou un très bon travailleur dans le domaine
d'un diplôme d'études professionnelles, par exemple, donc... Puis de
l'intéresser, dès le jeune âge, peut-être à ces genres de chose là plutôt
que... Puis que l'élève développe ce que je
pourrais appeler un parcours de réussite et non pas un parcours d'échec, hein?
Ou, quand tu es le moins bon de la
classe, tu achètes l'idée que tu es le moins bon, puis tu achètes l'idée que tu
n'es pas bon, puis tu achètes l'idée que tu ne réussiras jamais, puis
souvent, bien, ces gens-là se découragent puis se ramassent en marge de la
société. Même si le talent n'a peut-être pas
été distribué également à travers toutes les classes puis la facilité aux
études n'est peut-être pas égale pour
tous, que chacun ait son parcours de réussite, entre guillemets... et puis il
peut dire : Bien là, regarde, moi, je suis bon dans ça, moi, je réussis dans ça. Moi, on m'a demandé de faire une maquette,
c'est moi qui ai fait la plus belle de la classe. Moi, on m'a demandé de faire telle chose, j'ai été bon dans ça.
Donc, voir, développer le talent de chacun puis leur développer une confiance en eux-mêmes pour
finalement, là, que ces élèves-là puissent trouver leur place dans le
système scolaire et puis dans la société en général aussi.
Il me reste à peu près une minute, M. le
Président, si je comprends...
Le Président (M. Habel) : Il vous
reste 38 secondes.
M.
Boucher : 38 secondes. Bien, écoutez, je comprends qu'on aura un autre
bloc. M. le Président, serait-il possible de transporter ces 38 secondes
là...
Le Président (M. Habel) : ...le
temps à l'autre bloc aisément. Alors, je vais céder la parole...
M. Boucher : Je vous en saurais gré,
M. le Président.
Le
Président (M. Habel) : ...je
vais céder la parole à la députée de Pointe-aux-Trembles pour un dernier
bloc de 20 min 32 s.
Mme Léger : Merci, M. le
Président. Je ne dirais pas : Combien qu'il me reste de temps?, moi non
plus.
Dans le monde
de l'éducation, l'hiver a été marqué par l'affaire de la jeune fille de la
polyvalente de Neufchâtel qui a dû se
mettre à nu pour une fouille alors que l'école soupçonnait un trafic de drogue.
Évidemment, il n'est pas question de
discuter les détails parce qu'on sait que l'affaire est devant les tribunaux.
On n'a pas besoin non plus de revenir sur les déclarations du ministre
précédent, on va oublier ça, mais par contre j'aimerais avoir la suite des choses
par rapport aux actions que le ministre
peut peut-être entreprendre par rapport à des balises
claires, dans les commissions
scolaires, dans les écoles du Québec.
Est-ce que
vous trouvez acceptable qu'il n'y en a pas, de balise, présentement, ou que les
commissions scolaires se retrouvent un peu à y aller selon comment ils font
les choses ou comment ils voient les choses? Alors, ce que je demande au
ministre : Est-ce qu'actuellement il est en train de préparer certaines balises, ou
il y a une réflexion qui se fait au niveau du ministère de l'Éducation?
Mais me donner un peu les échéanciers par rapport à ça.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Donc, la réponse,
c'est oui, il y aura une suite. Il y a un rapport qui a été
demandé par mon prédécesseur, qui a été déposé; j'en ai pris
connaissance, les fonctionnaires aussi en prennent connaissance. Ce rapport-là,
je vais rendre... mon
intention, je l'ai déjà dit publiquement, c'est de le déposer, là, très prochainement, là, très bientôt, là. Vous
l'avez mentionné, il y a un arrière-fond, disons... il y a un arrière-fond
juridique, là, en ce moment, puisqu'il y a des débats juridiques autour des événements, là, qui ont amené, là, à la
réalisation de ce rapport, donc c'est pour ça que je retiens, là, mes propos. Mais, prochainement, à la
fois le rapport mais les suites à donner à cette situation-là, hein,
seront rendus publics.
Le Président (M. Habel) : ...Mme la
députée...
Mme Léger : ...le ministre
dit «très bientôt», et il y a aussi le rapport que... son attaché de presse a
dit publiquement que c'était pour être
public bientôt. Alors, le très bientôt, le bientôt, est-ce qu'on peut s'attendre
avant la fin de la session? Est-ce que c'est quelque chose d'une semaine
ou c'est pas mal plus tard que ça?
M. Blais : Pour moi, très bientôt,
c'est avant la fin de la session.
Mme Léger :
D'accord, merci. J'aimerais revenir sur les enseignants par rapport à ce que le
ministre a tenté de dire. Il l'a
glissé un petit peu tout à l'heure, mais j'aimerais ça aller un peu plus en
profondeur sur l'entrevue qu'il a donnée, au Journal de Québec, concernant les enseignants et la profession
d'enseignant, où il a dit qu'il voulait redorer le blason des
enseignants. Alors, c'est sûr que ça a suscité un peu toutes sortes de
réactions.
Que veut
dire : redorer la profession? Est-ce que la profession... Est-ce que le
ministre a déjà déterminé que la profession
était ternie, manquait de prestige? Qu'est-ce qui se passe dans la profession
d'enseignant? Alors, avant d'aller un petit peu plus loin, j'aimerais un
peu que le ministre puisse clarifier sa pensée à ce niveau-là.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M.
Blais : Je pense que... donc, il y avait... D'abord, il y a eu le
contexte des nombreux... des échecs, dont on parle sur une base assez régulière, aux tests de
français en fin de parcours. Je trouvais que ce n'était pas normal et que
c'était un gaspillage humain aussi qu'il y
ait autant d'échecs aussi importants en fin de parcours, là, d'une formation,
là, sur plusieurs années. Mais je dois vous dire...
Bon, on va
parler, parce qu'on doit le faire, là, on va parler beaucoup, dans les
prochains mois, de structure. On a commencé
à en parler un peu aujourd'hui, mais je l'ai dit et je le répète : Moi,
mon souhait, là, après mon passage dans ce ministère, mon souhait, là,
c'est bien sûr d'avoir revalorisé cette profession-là. Parce que cette
profession-là, elle est extrêmement importante et, dans les prises de position
que j'ai eues, là, ces derniers temps, j'avais toujours à l'esprit, là, cet
enjeu-là.
Je sais bien
qu'on traverse une période particulière au niveau financier, je sais bien qu'on
voudrait faire plus à bien des
égards, mais cette profession-là, elle est fondamentale. Pour moi, un
enseignant, ça doit être un modèle, hein? Sur le plan intellectuel, ça doit susciter l'intérêt, là, d'un jeune, à tous
les niveaux d'ailleurs. Puis ça doit être aussi un modèle, disons-le,
sur le plan moral, sur le plan de sa personnalité. C'est l'image, là, que j'ai
d'un enseignant. Puis ça tombe bien, il y en
a beaucoup... moi, j'en ai fréquenté beaucoup dans ma vie et, si on peut faire
plus pour la profession, aller chercher les meilleurs, se donner les
conditions pour aller chercher les meilleurs, aller recruter dans un bassin un
peu plus large qu'aujourd'hui, je vais tout faire, là, pour qu'on puisse
progresser sur ce front au cours des prochaines années, j'espère.
Le Président (M. Habel) : Mme la
députée.
• (21 heures) •
Mme Léger :
M. le Président, c'est sûr que, lorsqu'on
parle de donner les meilleures conditions, c'est sûr que ce n'est pas le 3 % sur cinq ans qu'on entend présentement qui va aider. On n'est pas en train d'enrichir nos enseignants,
on est en train de les appauvrir. Puis ce
n'est pas non plus en augmentant le ratio prof-élèves qu'on vient aider la
profession. Là, je dis ça en passant au ministre
pour qu'il s'en souvienne qu'en même temps, ce qu'on dit puis les actions qu'on
fait, il faut que ça soit quand même, tout ça, cohérent.
Je veux
revenir à l'examen de français. On faisait un résumé sommaire pour un enseignant.
J'ai posé la question aux enseignants, comment se font les examens de
français, puis je vais vous le décrire pour les gens qui nous écoutent. La procédure, c'est : les étudiants
font généralement un examen diagnostic à l'entrée du bac pour avoir
le suivi approprié. Ils sont par la
suite tenus de réussir le TECFÉE, T-E-C-F-E-E, avec une note minimale de
70 %, et ce, avant de pouvoir
faire le stage 3. Lors de l'embauche dans une commission scolaire, ils
passent généralement un autre examen maison en français.
Alors, c'est
ça, la procédure. Alors, quand on dit que les professeurs... tu sais, on remet
un peu en question aussi tout le processus, mais, en tout cas, au moins des
résultats en français, mais il y a quand
même un processus qui est quand même là. Ça n'enlève pas que, peut-être, il y a lieu de mieux regarder encore les choses, mais je pense
qu'il faut que ça se fasse avec les
partenaires, il faut que ça se fasse avec les enseignants eux-mêmes. Alors,
j'invite vraiment le ministre et son équipe
de vraiment parler avec les partenaires concernés par la
profession, par la profession d'enseignant, ça, d'une part.
Mais
tout à l'heure, quand je vous ai amené au redorer le blason,
vous avez expliqué un peu, mais ça n'enlève pas quand même la profession en
elle-même, où il y a quand
même un temps, dans la formation des
enseignants, de pédagogie. Alors,
quand vous parlez des bacheliers d'histoire, ou des bacheliers en physique, ou
certains bacheliers que vous avez tout à l'heure... amorcé cet
après-midi, je veux bien croire qu'on peut avoir des bacheliers en histoire, on
peut avoir des
bacheliers en physique ou ailleurs, mais il y a un moment important
aussi puis il y a une formation importante au niveau de la pédagogie. Alors, on peut
bien avoir des enseignants en histoire, peut-être, mais vous savez que, dans
nos commissions scolaires, dans nos écoles secondaires particulièrement, on peut avoir un prof d'histoire qui enseigne autre chose, hein?
On s'entend que, des fois, pour terminer des tâches, finir des tâches, on n'est
pas toujours dans le même domaine qu'on a à enseigner.
Alors,
j'aimerais ça que le ministre puisse me dire comment il voit... quand il parle
du bachelier en histoire, d'aller un petit peu plus... d'être un peu
plus précis dans sa façon de nous l'exprimer, parce qu'il y a un temps
pédagogique, il y a un temps de formation en
pédagogie qui est absolument importante pour être capable d'enseigner. On peut
avoir des excellents historiens, ça ne veut pas dire qu'ils sont nécessairement
bons pour enseigner puis d'être en lien avec nos enfants. Alors toute cette relation-là, prof-élève, même les enseignants
nous le disent que ce n'est pas toujours
évidemment non plus, ce lien, cet
attachement-là qui se fait particulièrement au primaire, le lien entre l'enseignant et
l'élève, qui est de plus en plus... pas nécessairement facile. Alors, je
souhaite que le ministre puisse préciser sa pensée.
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Oui. Merci. Sur la question
d'améliorer le recrutement puis améliorer... oui, d'améliorer le
recrutement pour les futurs maîtres, je vais vous dire que cette proposition-là
a été très, très, très bien reçue dans les milieux de formation par les enseignants, notamment, qui trouvent effectivement qu'il y a
un problème, qu'il y a un laisser-aller. Les doyens sont peut-être un petit peu
inquiets parce qu'ils ont des préoccupations financières que les
enseignants ne partagent pas au même
niveau, mais ça a été très bien reçu. Je pense à M. Égide Royer, qui est un...
bon, quelqu'un qui est assez reconnu dans le milieu de l'éducation, qui a dit que, oui, il faut commencer par là. Aujourd'hui, on prend des étudiants qui sont
beaucoup trop faibles, malheureusement, en formation
des maîtres, et ce n'est pas une bonne garantie de succès par la suite.
Donc, ça, je pense que cette partie-là a été bien reçue.
Sur la question de la
maîtrise disciplinaire, là, je comprends que, quand on est enseignant, il faut
une certaine versatilité, donc il faut à la
fois connaître les formules pédagogiques qui sont appropriées pour l'enseignement d'une ou de quelques disciplines, là, il faut aussi connaître le
système scolaire, son fonctionnement, etc. Donc, il y a un besoin de formation.
Mais, essentiellement,
moi, je connais bien... je les ai fréquentés, les étudiants universitaires, notamment
les étudiants, par exemple, en sciences politiques — c'était
mon domaine — mais
en histoire aussi. J'ai enseigné l'histoire des idées politiques, il y avait souvent des étudiants en histoire dans mes
classes, et je peux vous dire qu'il y
a une différence très importante.
Prenons le cas des historiens, je connais mieux ça. Entre un historien qui a
deux années de formation en histoire et deux
années, disons, en formation des maîtres et un historien qui a trois années,
donc qui a un bac complété en histoire,
le niveau, hein, de compétence disciplinaire n'est pas du tout le même. Et,
pour quelqu'un comme moi, qui accorde une grande importance à l'enseignement
de l'histoire, et compte tenu de la complexité de cette discipline-là, je considère
que, oui, il faut valoriser, sans exclure les autres, il faut favoriser, dans
des matières aussi importantes que l'histoire et d'autres matières, une
maîtrise qui est de niveau du baccalauréat.
Le Président (M.
Habel) : Mme la députée.
Mme Léger :
M. le Président, je voudrais juste que le ministre nous rassure ou assure... Est-ce
que, dans le fond, les... Ce qui est important, c'est que les
enseignants aient le même nombre de crédits en pédagogie, peu importe
d'où ils viendront. Alors, est-ce qu'il peut nous rassurer que ça, c'est ferme?
On ne peut pas avoir deux types puis trois
types, là, d'enseignants. Il faut qu'il y
ait une base, qui est importante, du
nombre de crédits en pédagogie qui soit pareille. Est-ce que le ministre
peut m'assurer de ça?
M.
Blais : Donc, M. le Président, ce que ma collègue appelle les normes de crédits en pédagogie,
disons, c'est une catégorie assez générale pour parler à la fois de la
psychologie de l'enfant, de son développement, etc. Il y a des formations de ce type-là. Donc, ce que l'on... il y a déjà, en ce moment, un passage, hein, pour les étudiants, par exemple, en bac en
histoire pour devenir maître, donc, et ce n'est pas le même nombre de crédits,
ce n'est pas le même nombre de crédits que dans la formation, disons,
qui est la plus générale.
Ce
que j'ai demandé, hein, à ce qu'on le regarde : Est-ce qu'on peut accélérer... Si on peut accélérer ce passage-là, pour le moment, je ne peux pas vous dire, là, s'il
y aura plus ou moins de crédits, mais, si c'est possible de l'alléger un
peu pour favoriser le passage, compte tenu qu'il faudrait élargir, dans la
mesure du possible, si on veut avoir de meilleurs candidats, une des choses
qu'il faut faire, c'est élargir la banque de recrutement possible.
Le Président (M.
Habel) : Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme
Léger : M. le Président, je ne sais pas... Je peux comprendre qu'il veut élargir, mais qu'il me
rassure sur le même nombre de crédits
qu'ils auraient et le même nombre de stages aussi, parce qu'il y a les stages, là, qui sont
importants. Alors, ça, je pense que c'est
essentiel. Alors, est-ce que le ministre peut nous rassurer? Même s'il veut
élargir, là, qu'il nous rassure sur ça.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : Je
connais un peu la formation, donc la contrainte qui est la plus difficile,
disons, à lever, c'est la contrainte des stages, parce que le profil des stages,
en ce moment, fait en sorte d'exclure presque de facto, hein, des personnes qui auraient un bac, c'est-à-dire... ou
d'allonger beaucoup leurs études. Alors, c'est là-dessus qu'il faut
jouer. Il faut jouer sur ce que vous avez
appelé les crédits de... bien, appelons ça la psychopédagogie pour élargir,
mais aussi la formule des stages, qui est une formule, en ce moment, qui
est contraignante pour ce type de profil là.
Le Président (M. Habel) : Mme la
députée.
Mme Léger :
O.K., donc, M. le Président, il ne me garantit pas. Est-ce que vous me le
garantissez ou pas, M. le ministre?
M. Blais : Bien, c'est ça. Vous
garantir, c'est-à-dire...
Mme Léger : Qu'il y aurait le
même nombre pour s'assurer que...
M.
Blais : Non, ça, je ne vous garantis vraiment pas ça, parce que je
vous ai dit, au contraire, que je trouve que c'est une formule contraignante, et «contraignante», c'est une
expression qui est péjorative ici, dans le contexte, si on veut atteindre cet objectif-là. Maintenant, il faut
voir exactement comment on pourrait organiser le profil des stages, là,
pour...
Mme Léger : Est-ce que ça
veut nous dire qu'on aurait deux catégories d'enseignants?
M. Blais : Pardon, je n'ai...
Mme Léger : Est-ce que ça
veut dire qu'on aurait deux catégories d'enseignants?
M. Blais : Bien, c'est-à-dire qu'en
ce moment on a déjà...
Mme Léger : Est-ce que vous
allez faire des niveaux d'enseignants qui n'auront pas le même bagage?
M. Blais :
Non, pas au sens de statut d'enseignant, certainement pas, mais on a déjà des
passages, des voies de passage pour
des profils qui sont différents. Ça existe déjà, hein? Un étudiant qui a un
baccalauréat en histoire peut devenir maître dans une école sous
certaines conditions. Je pense, si je me souviens bien, c'est un programme de
maîtrise, hein, qu'il doit faire.
Mme Léger : Ça, on va suivre
ça de près. On va suivre ça de près, M. le Président. Il me reste encore un peu
de temps ou...
Le Président (M. Habel) : Six
minutes.
• (21 h 10) •
Mme Léger : Je sais, j'essaie
de me dépêcher aussi, là. Je voudrais revenir, M. le Président, sur l'avenir de
l'éducation, parce que, dans le discours du budget, le ministre des Finances
disait ceci : «Mon collègue, le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Recherche, présentera prochainement notre vision du système
d'éducation à l'horizon 2020‑2025.
«Cette vision
sera notamment fondée sur la persévérance scolaire, [...]la valorisation de la
profession d'enseignant et sur une
plus grande autonomie de l'école. Elle intégrera également un volet consacré à
la formation professionnelle.
«Par ailleurs, notre gouvernement analysera le
mode de définition des taxes scolaires et les révisions pouvant y être apportées.» On nous avait déjà dit que
c'était en début 2015 qu'on verrait tout ça, là, mais avec le ministre
précédent.
Alors, on veut des bonnes nouvelles. Il n'y a
que des mauvaises nouvelles en éducation. Alors il est supposé avoir un plan. Est-ce qu'il y a une vision? Il y a un
plan? Est-ce qu'on va avoir des actions concrètes en éducation?
Alors, il semble y avoir une... en tout cas,
sur votre table à dessin, il y a l'air d'avoir beaucoup de choses, mais on
est actuellement en mois d'avril 2015, et, pour moi, il n'y a rien de
concret présentement. Et puis pourquoi qu'on nous parle de 2020? C'est loin, ça, 2020, là, c'est dans cinq ans.
Alors, est-ce que ça veut dire que... Vous ne serez même pas là,
c'est nous autres qui vont être là.
Non, mais, tu sais, quand on entend ça... Écoutez, il y a beaucoup
de monde qui rit de ça, là, parce qu'on dit 2020‑2025.
Ce n'est quand même pas d'aujourd'hui. Alors, depuis quand qu'on fait des plans
qui sont si loin? Oui, on peut peut-être prévoir aujourd'hui pour des
plans de cinq ans ou des plans de 10 ans, là, ça va, mais là on commence en
2020.
Le Président (M. Habel) : M. le
ministre.
M. Blais : La question, c'est? Juste
pour... La question, c'est?
Mme Léger :
Est-ce que vous allez avoir un plan? Quand vous allez le faire, le plan? Est-ce
qu'on attend en 2020 pour qu'il y ait
un plan en éducation? Et quand est-ce
qu'on va avoir des bonnes nouvelles?
J'en ai dit beaucoup, de questions, là, M. le Président, j'ai donné beaucoup
de questions. On va-tu avoir des bonnes nouvelles en éducation? On va-tu avoir des
actions concrètes en éducation? Rassurez le monde qui nous écoute. Qu'est-ce qui se passe en éducation? Ça fait un an qu'on attend. On n'entend que
«coupures», puis je pense qu'on a hâte de voir... Ce gouvernement que
vous faites partie, est-ce qu'il a une vision en éducation? Puis là celle qu'on
voit, c'est en 2020.
Le Président (M.
Habel) : M. le ministre.
M.
Blais : Quand je compare ma responsabilité avec mon collègue de la
Santé, je me dis qu'on n'est pas du tout dans les mêmes secteurs, hein, et dans les mêmes problèmes. On sait bien
qu'en santé il y a des enjeux assez difficiles, l'accessibilité. La population est assez insatisfaite de l'accessibilité
en santé. En éducation, on n'a pas ce type de problème là. Les enfants vont dans les écoles, ils
progressent. On a de bonnes nouvelles au niveau des scores internationaux de
nos enfants, on a des bonnes nouvelles, on l'a vu, au niveau du décrochage scolaire.
Il était temps, parce qu'il y avait des enjeux. Donc, il y a des réussites
formidables. Moi, je l'ai dit, là, je suis un enfant de la réforme, je viens
d'un milieu modeste, j'ai eu l'occasion
d'étudier jusqu'au doctorat, j'ai eu l'occasion de circuler dans plusieurs
universités dans le monde. Donc, tout
ça, là, c'est des réussites, hein? Tout ça, c'est des réussites. Et ce type de
réussite là, il y en a encore à tous
les jours dans l'éducation. Donc, je ne peux pas voir les choses aussi noires,
là, qu'on veuille les dépeindre, parce que
ce n'est pas la réalité, même si, bien sûr, oui, il y a des enjeux financiers.
On vit dans une période plus difficile, mais il y a tellement de réussites, j'en ai tellement vu, moi, dans le monde
universitaire, des jeunes exceptionnels qui allaient faire des séjours à
l'étranger, ce que je n'aurais jamais pu penser à leur époque. Donc, au
baccalauréat en sciences politiques, aller
faire une session ou deux sessions en Sciences Po Paris et revenir, on fait
tout ça au Québec. Donc, les réussites sont nombreuses, les bonnes
nouvelles sont nombreuses. Il y en a à tous les jours.
Une voix :
...
M.
Blais : Oui. Alors là, je voulais juste camper un peu la question des
mauvaises nouvelles. Je n'ai pas... hein, je n'ai pas la vision que vous
avez, une vision aussi négative que la vôtre.
Maintenant,
pour ce qui est de 2020, hein, ce que mon gouvernement veut, là, c'est qu'on
essaie de réfléchir aux besoins, là, de structures modernes, donc
notamment tout l'enjeu au niveau des commissions scolaires. On en a parlé aujourd'hui, on sait très bien, là, où est-ce
qu'on veut intervenir pour avoir des structures modernes. Je vous rappelle
que ces structures-là, elles ont évolué avec
le temps, et on a mis sur pied, dans les années 60, un ministère de
l'Éducation. Soit dit en passant, les commissions scolaires étaient contre,
vous le savez probablement, étaient contre la création d'un ministère de
l'Éducation. Donc, comment on va faire évoluer ces structures-là et ce dont on
a besoin? On a aussi des enjeux au niveau de la formation professionnelle...
Une voix :
...
Le Président (M.
Habel) : Mme la députée.
Mme
Léger : Quand on aura
un plan? Parce qu'il parle de 2020‑2025.
Je veux savoir, en 2016, 2017, 2018, quand on va avoir quelque chose.
Le Président (M.
Habel) : Alors, en 44 secondes.
M. Blais :
Oui. Prochainement, prochainement, on va déposer...
Mme Léger :
Très, très bientôt.
M.
Blais : Oui. C'est-à-dire, prochainement, on va déposer probablement un des projets
de loi les plus importants sur la
restructuration des commissions scolaires au Québec. Probablement qu'on n'a pas
vu ça depuis, quoi, 20 ou 25 ans.
Mme Léger :
Vous me permettez, pour terminer...
Le Président (M.
Habel) : Mme la députée de Pointe-aux-Trembles.
Mme
Léger : ...de dire merci au recherchiste qui était avec moi,
Jean-Philippe Rochette, député de Richelieu, député de Verchères, qui m'ont accompagnée, M. le Président, les cabinets
du whip et du leader qui nous aident. Je remercie le ministre et les
collègues de cette étude de crédits et tout le ministère, évidemment, qui
travaillent toujours très fort pour essayer
d'avoir la documentation, les contenus qu'il faut au ministre. Je n'ai pas vu
grand papiers qui circulaient, par exemple.
Le ministre avait des petits bouts de papier
jaune, là, alors, des petits post-it, il
faut faire attention à ça,
hein, je vous le dis. Alors, je voulais vous
remercier, M. le Président, pour la suite des choses. Alors, ça va être
chargé les prochaines fois si le ministre ne nous donne pas assez
d'information sur son plan puis sa vision.
Le Président (M. Habel) : Merci
beaucoup, Mme la députée de Pointe-aux-Trembles. Alors, je vais passer au dernier bloc de
la soirée avec la banquette ministérielle. Alors, ce sera le député d'Ungava.
M. Boucher : ...combien?
Le
Président (M. Habel) : M. le député d'Ungava, il reste 17 minutes
à votre temps.
M.
Boucher : Très bien, M. le Président. Écoutez, M. le
Président, j'ai devant moi un tableau
qui est, ma foi, un peu déprimant.
Vous savez, il y a des fois où j'aimerais retourner à mes
20 ans — je
ne vous expliquerai pas pourquoi exactement,
je vous laisse l'imaginer — mais, quand je regarde ça, je suis fier de
mes 52 presque 53 ans. J'ai devant moi le compteur de la dette québécoise, M. le Président, compteur de
la dette qui cumule la dette brute du gouvernement du Québec, sans Ottawa, évidemment. Réseau de la santé, réseau de
l'éducation, municipalités et autres entreprises sous la responsabilité
du gouvernement du Québec, au moment où on
se parle, ça indique 275 033 655 000 $, et les autres
chiffres vont trop vite, je ne suis pas capable de vous le dire. Tout
ça, c'est presque de l'argent de Monopoly, c'est fictif, c'est... mais c'est de
la vraie argent, puis, un jour, il faudra que ça se paie, ça, M. le Président.
Souvent, on nous
accuse de l'austérité, de l'austérité toxique. C'est épouvantable, on est en
train de mettre le Québec à feu et à sang.
Je pense qu'on est dans un processus de rigueur budgétaire, M. le Président,
qui s'impose, parce que, quand je
regarde tourner ce compteur-là, dette par contribuable de
68 100,55 $, je suis content de ne pas avoir 20 ans, M.
le Président, parce que nos jeunes vont
devoir payer ça, puis il faut que ça s'arrête, il faut que ce compteur-là
ralentisse, dans un premier temps, et puis se mette à reculer
éventuellement, dans un deuxième temps. Présentement, bon, tous les ministères, y compris le ministère du ministre de
l'Éducation, sont dans un exercice d'équilibriste, je dirais, où on doit
marcher sur un fil de fer avec un poids
énorme sur les épaules. Comment ralentir ce compteur-là ou voire même
peut-être l'arrêter éventuellement tout en maintenant les services, tout en
maintenant l'accessibilité, tout en maintenant ce à quoi le citoyen est habitué depuis des années? Je vous dirais que, dans
un film Mission impossible, ça serait probablement la plus
impossible des missions à faire, et puis là-dessus je lève mon chapeau à tout
l'appareil gouvernemental.
On parlait tout à
l'heure, bon, des élèves handicapés puis en difficulté d'apprentissage. M. le
ministre nous disait que cette proportion
d'élèves là augmente quand même relativement rapidement au cours des dernières
années. Et puis, avec le compteur que j'avais sous les yeux, là — pour
me remettre en état, j'ai remis mon compteur normal des minutes dont je dispose
pour parler, parce que l'autre compteur, je le trouve un petit peu trop déprimant
en cette fin de soirée — on a des choix à faire, puis, malgré tout,
ce n'est pas vrai qu'on laisse tomber la population. Et puis ces élèves-là qu'on parlait tantôt, pour les intégrer au
système, bon, plusieurs d'entre eux n'ont besoin que d'un bureau, papier,
crayon puis d'un professeur pour qu'ils puissent compléter leur parcours
scolaire, mais certains ont besoin de palliatifs, d'aide spécialisée.
Je
vais vous donner un exemple de mon comté. J'en profite, la députée de
Blainville n'est pas là, elle m'a reproché ce matin de toujours parler de mon comté et puis que... elle trouve ça
intéressant, par exemple. Ça fait que, là, je vais en profiter, elle n'est pas là. La députée de
Pointe-aux-Trembles ne m'a pas donné sa réprobation encore, peut-être qu'elle
est plus patiente ou qu'elle ne m'a pas assez entendu. Quant au député de
Chambly, bien, ça me semble un individu empathique, il est prêt à m'entendre
encore une fois.
• (20 h 20) •
Je
vais vous donner un exemple d'un jeune qui vit dans un des villages nordiques,
dont la mère avait été frappée par
une voiture de façon accidentelle, bien évidemment, alors qu'elle était
enceinte. Ce jeune-là, alors qu'il était foetus, a été gravement blessé lors de l'accident puis est
né sérieusement handicapé. Pour lui, c'est vraiment de piger le mauvais numéro à la loterie de la vie, comme on peut dire,
car, si ça n'avait pas été de cet accident fortuit là, il serait né de façon tout à fait normale, naturelle puis, aujourd'hui, il ne serait ni plus brillant ni moins brillant
que les autres, il serait comme il serait puis il aurait un cheminement
tout à fait normal. Mais aujourd'hui ce jeune-là a des sérieux handicaps, a un retard mental, a des sérieux... — comment
dire? — des
hauts et des bas, mais des obstacles à surmonter que tous les jeunes n'ont pas. À l'école, aujourd'hui, le jeune, aux alentours de 15, 16 ans, dans ces coins-là, a bénéficié
d'un professeur... je ne sais pas
comment le traduire, là, en anglais, on dit le «shadow teacher», en français,
probablement un professeur aidant ou un
titulaire aidant, qui le suit, qui l'aide premièrement à s'habiller quand vient
le temps d'aller dehors, parce que, pour lui, seulement s'habiller, c'est déjà un premier obstacle à surmonter, puis,
dans ses devoirs, dans ses leçons à l'école, dans son apprentissage,
bien c'est sûr qu'avec lui ça va un petit peu plus lent. Sa vision est
affectée. Donc, pour lui, voir au tableau
normal, même avec des lunettes, ce n'est pas suffisant, donc il doit avoir des
outils spéciaux pour que quelqu'un soit assis à côté de lui pour
l'accompagner tout au cours de son cheminement scolaire.
Ce jeune-là, bon,
essaie de développer son plein potentiel, puis j'espère qu'il saura trouver sa
place dans la société des adultes, à la
porte de laquelle il est présentement en train de frapper. Et puis souvent ce
jeune-là, bon, souffrait aussi
d'intimidation à l'école, hein? Celui de qui on rit à l'école, bien c'est le
plus gros, le plus grand, celui qui n'est pas pareil comme les autres, et, si vous avez le malheur d'être handicapé,
ah!, bien là, vous êtes la cible parfaite, vous êtes sans défense et pas
comme les autres. Donc, ce jeune-là a eu de l'intimidation de façon innommable,
et puis, pour lui, son parcours scolaire,
une partie a été un véritable calvaire. La commission scolaire avait mis sur
pied un programme justement pour... quand
je parle de commission scolaire, c'est la commission scolaire Kativik, qui gère
les écoles en milieu Inuit... un programme
qui s'appelait Blueprint for Life, où c'était un programme de hip-hop, où
c'étaient des danseurs de hip-hop, des danseurs professionnels qui, dans
certains cas, ont même dansé avec certains artistes fort connus. Et puis ils se
promenaient de village nordique en village nordique et faisaient danser...
Une voix :
...
M. Boucher :
Oui, je vous remercie. Encore une fois, on voyage à la même vitesse. E=mc²
s'applique parfaitement, M. le Président, j'ai le même minutage que vous.
Donc,
je disais que ce groupe-là de danse de hip-hop se promenait de village nordique
en village nordique, animait des
sessions de danse pour les jeunes sur la musique techno, hip-hop... en tout
cas, comme les jeunes aiment bien. Mais la particularité
de ça, c'est que les danseurs en question étaient aussi psychologues, travailleurs
sociaux, travailleurs de rue. Donc, l'idée,
c'était... Bon, c'est sûr que, si on disait : Bon, ce soir, à l'aréna, on
fait une session sur l'intimidation, je vous parie ma chemise qu'il y aurait peut-être eu deux, trois jeunes. Je
vous dis : Ce soir, Blueprint for Life est en ville, puis il y a des sessions à l'aréna. Ah! bien là,
tassez-vous, là, l'aréna n'est pas assez grande pour accueillir tout le
monde. C'était effectivement ce qui se
passait. Ils faisaient danser les jeunes, leur montraient des chorégraphies,
des «moves», comme ils disaient,
puis, en même temps, avait des sessions dans lesquelles on parlait
d'intimidation, d'inceste, de menaces, de suicide, de civisme, de
vandalisme, de respect de l'autre.
Et
puis le jeune dont je vous parlais tantôt, qui était sérieusement handicapé et
puis qui était mis de côté, a été intégré
à ces groupes-là. Puis, après le départ... parce que, malheureusement, bon, ces
groupes-là ne peuvent pas rester au Nord pour l'éternité, mais, après le
départ de la présence de quelques semaines de ce groupe-là, ce jeune-là a passé
d'éternelle victime à à peu près intégré au groupe et même héros du groupe
parce que, bon, malgré ses handicaps, il avait quand même un certain talent
pour la danse. Et puis il y avait, entre autres, un des danseurs qui s'appelle
Luca Patuelli — peut-être quelqu'un le connaît sous le
nom de Lazylegz — un jeune
qui danse du hip-hop avec des béquilles. Vous l'avez sûrement déjà vu à la télé ou un petit peu partout. Lazylegz
était là. Un autre jeune, qui est d'origine japonaise, qui s'appelait Tommy Guns, avec seulement une
seule jambe, qui, lui, dansait le hip-hop puis montrait aux jeunes qu'il
n'y a pas de limite. La seule limite, c'est celle que tu t'imposes toi-même.
Donc, ce jeune-là
était intégré et puis, aujourd'hui, plutôt que d'être en marge de la société,
de se sentir mis de côté puis peut-être
avoir même des idées noires, puis de dire : Bon, bien là, cette vie-là qui
ne m'a pas beaucoup gâté, ce serait
peut-être mieux d'y mettre un terme... Puis, comme on voit souvent,
malheureusement, dans les villages nordiques, là-bas, le suicide est assez présent, et puis c'est toujours un drame,
de perdre un jeune, là, qui, pour des raisons des fois un petit peu...
qui n'a pas reçu l'encouragement au moment approprié.
Mais
tout ça, ça coûte des sous, malheureusement. Je veux dire, dans la vie... on
vit dans un monde où il n'y a rien de gratuit, tout coûte quelque chose.
Puis là-dessus j'en viens un peu à ma question pour M. le ministre. M. le ministre, bon, comme je relatais dans mon laïus,
ma présentation, tous ces efforts-là, entre autres, d'intégration des
jeunes souffrant de troubles... soit de handicap, de troubles d'adaptation ou
d'apprentissage au sein des classes normales ont besoin de ressources. Pouvez-vous me détailler, M. le ministre, les
ressources financières qui sont dédiées chaque année à ces élèves-là, particuliers, qui fréquentent nos
établissements puis qui leur permettent d'avoir un cheminement scolaire
qui correspond à leurs besoins?
Le Président (M.
Habel) : Alors, merci au député d'Ungava. Je passe la parole au
ministre.
M.
Blais : Alors, merci, M. le Président. Comme il a été mentionné par
mon collègue, là, l'approche québécoise en matière de soutien à cette
clientèle-là, c'est une approche qui est fortement intégrative. On le sait, il
y a eu beaucoup de débats là-dessus. Est-ce
qu'on doit les séparer? Est-ce qu'on doit les mettre avec les autres? Et les
conclusions, du moins de l'expérience
québécoise, c'est que l'intégration, c'est encore ce qu'il y a de plus payant
pour ces jeunes-là, même si, bien
sûr, ça peut être lourd parfois. On le sait bien, il y a des débats là-dessus,
ça peut être lourd parfois, ça peut être lourd pour les enseignants, les enseignants ont besoin d'être appuyés dans
leur mission pour y arriver. Si on prend l'intérêt du jeune en difficulté, hein, comme étant notre priorité,
il y a des raisons de continuer à avoir une approche qui recherche avant tout l'intégration dans des classes
régulières. Et ça coûte des sous. En 2013‑2014, c'est
2 280 000 000 $ qui ont été investis, une
augmentation de 186 millions depuis 2011‑2012. Et, on l'a mentionné, les
sommes augmentent et elles augmentent même
assez rapidement, à tel point qu'on se demande si on va pouvoir maintenir le
rythme ou s'il va falloir changer le
modèle, hein, changer l'approche, etc., examiner de manière un peu plus
critique nos façons de faire pour voir si on peut continuer à rechercher, là, les grands objectifs de réussite
scolaire, mais avec des coûts que l'on peut contrôler un peu mieux qu'on ne l'a fait, là, ces dernières
années. Ça, je pense que c'est un défi, là, pour le Québec et pour le
ministère.
Les sommes
maintenant. Ces sommes de 2 280 000 000 $ sont réparties en
trois catégories d'activités : l'enseignement à proprement dit, les
activités de soutien complémentaires à l'enseignement et l'organisation des services et les gestions des équipements. Et, si
je comprends bien les explications qu'on m'a données au ministère, là, depuis mon arrivée, ces sommes, pour l'essentiel,
sont versées aux commissions scolaires, qui décident de leur allocation et qui décident de la stratégie, du déploiement
des ressources, là, pour arriver à la meilleure intégration possible et à
la réussite scolaire. C'est pour ça que,
quand on compare des pratiques d'une commission à l'autre, quand on compare
les profils professionnels d'une commission
à l'autre, on est surpris parfois de voir qu'il y a des différences assez
importantes.
Dans
le cadre des conventions collectives, des sommes supplémentaires de près de
200 millions ont été allouées en 2013‑2014 pour continuer à
accroître les services à ces élèves.
Le Président (M.
Habel) : Le député d'Ungava, il vous reste trois minutes.
M.
Boucher : Trois minutes. Merci beaucoup, M. le Président. Alors,
merci, M. le ministre, pour vos explications fort intéressantes et à propos, comme toujours. Je veux profiter de ce
temps-là pour remercier mes collègues de m'avoir enduré encore parler de
mon comté, mais, que voulez-vous, je l'aime, hein? On n'empêche pas un coeur
d'aimer, comme disait ma mère.
M. Iracà :
Nous, on t'aime.
• (21 h 30) •
M. Boucher : Ah! merci, M. le député
de Papineau. Vous m'allez droit au coeur. Donc, c'est ça, blague à part, je
vous remercie. Je vous remercie aussi au nom de ces élèves-là qui sont en difficulté
puis qui ont besoin d'aide pour développer ce que j'appelle vraiment un parcours de
réussite, un parcours où chacun peut avoir des objectifs à sa portée, à sa mesure, et puis se développer un
parcours de réussite, un parcours de fierté et construire sa confiance en
soi. Je pense que c'est la façon de préparer nos adultes en devenir et puis de les
rendre productifs dans la société puis faire en sorte, là, que chacun
trouve sa place.
Donc, encore une fois, je remercie mes collègues de la banquette ministérielle, mes collègues
d'en face, M. le Président.
Puis, M. le ministre, je vous passerais la parole pour vos remarques de
fermeture.
Le Président (M. Habel) : Il vous
reste 1 min 45 s, M. le ministre.
M. Blais : Bien, écoutez, à mon tour
de remercier tous les collègues. Je veux remercier tout d'abord les représentants, là, du ministère qui sont ici, là,
qui nous accompagnent, ça a été une longue journée. Je dois dire que
c'est mon deuxième exercice de la sorte. Je suis impressionné par le travail
qui est fait par la fonction publique pour nous préparer à cet exercice. Moi, je trouve que j'y ai gagné beaucoup, parce
que, comme je suis assez... nouvellement... je suis nouvellement arrivé, pardon, dans le ministère,
là, j'ai appris énormément en peu de temps, là, sur des éléments, là,
dont j'ignorais même l'existence il y a à peine quelques semaines.
Donc, je vais
essayer, oui, modestement et à mon rythme, je vais essayer de continuer, là, à
apprendre ce que j'ai à apprendre,
là, pour ma meilleure connaissance du ministère, mais je remercie beaucoup les
fonctionnaires qui sont ici, mon équipe
aussi, mes collègues, hein, députés du gouvernement, les collègues aussi de
l'opposition pour la journée qu'on a passée
ensemble. Je pense qu'on a avancé sur plusieurs points, on a pu clarifier un
certain nombre de choses. J'ai laissé ouvertes quelques portes aussi, il
faut s'en garder un peu, là, pour l'avenir. Je pense que moi, je suis assez
optimiste par rapport aux réalisations du Québec
en matière d'éducation. On a des raisons d'être fiers lorsqu'on parle... ce que
les jeunes ont aujourd'hui à portée de main
dans les écoles, là, que ce soit du primaire, secondaire et aussi des
universités, il n'y a aucune comparaison à
ce que j'ai pu avoir, moi, à portée de main, là, lorsque j'ai fait mes études.
Donc, je pense que le Québec a progressé, et il faut continuer à mettre
l'emphase sur l'importance de l'éducation, bien sûr, dans les prochaines
années.
Alors, je veux remercier tout le monde et je
vous souhaite une bonne fin de soirée.
Adoption des crédits
Le
Président (M. Habel) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, le temps alloué à l'étude du volet
Éducation préscolaire, enseignement primaire
et secondaire, étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise
aux voix des crédits. Le programme 4, intitulé
Éducation préscolaire et enseignement primaire et secondaire, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Léger : Sur division. Sur
division.
Le Président
(M. Habel) : Adopté sur
division. Alors, les autres crédits, du programme 1, 2, 3, 5, 7 et 8
seront adoptés après l'étude du volet Enseignement supérieur et recherche, le
30 avril.
Donc, à mon
tour aussi de vous remercier de votre collaboration. Je remercie les gens de
l'opposition officielle, je remercie
les gens de la deuxième opposition, les gens qui accompagnent le ministre
aujourd'hui, le ministre et les gens de la banquette ministérielle ainsi
que les gens à la table, qui m'ont accompagné aujourd'hui.
Alors, la
commission ajourne ses travaux au jeudi 30 avril 2015, après les
affaires courantes, soit vers 11 heures, où elle entreprendra
l'étude du volet Enseignement supérieur et recherche du portefeuille Éducation,
Enseignement supérieur et Recherche. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 21 h 34)