(Neuf heures une minute)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Bonjour, tout
le monde. À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission de la culture et de l'éducation ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires
du volet Culture et communications pour l'exercice financier 2014‑2015.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme
la Présidente. Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne) est remplacée par M.
Bernier (Montmorency) et M. Roberge (Chambly), par Mme Lavallée (Repentigny).
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Nous allons débuter par les remarques
préliminaires puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par
des blocs d'environ de 20 minutes, incluant les questions et les réponses. La
mise aux voix des crédits sera effectuée à la fin de la séance. Puisque nous
avons débuté à 9 heures — à 9 heures?
Oui, à 9 heures, on est à l'heure — et qu'une période de quatre heures doit être
consacrée à l'étude de ce volet ce matin, y a-t-il consentement pour
poursuivre nos travaux jusqu'à 13 heures? Merci.
En terminant, je vous invite, en fin de
l'exercice de l'étude des crédits, à poser des courtes questions, incidemment
fournir des réponses tout aussi brèves de façon de favoriser le plus grand
nombre d'échanges possible.
Culture et communications
Remarques préliminaires
Nous débuterons sans plus tarder avec les remarques
préliminaires. Mme la ministre, vous disposez de 12 minutes pour vos
remarques d'ouverture. La parole est à vous.
Mme Hélène David
Mme David (Outremont) :
Merci beaucoup, Mme la Présidente, messieurs mes collègues, mesdames mes collègues. Je suis très, très fière qu'on m'ait
confié la tâche d'oeuvrer à la défense de la culture québécoise dans
toutes ses manifestations, manifestations qui sont extrêmement variées. Il
s'agit d'embrasser du regard les responsabilités qui incombent à notre ministère pour réaliser que l'expression de la culture
touche véritablement tous les aspects de la vie des Québécoises et des Québécois. C'est ainsi que
l'action gouvernementale en culture s'étend à des domaines aussi divers
que le patrimoine, la muséologie, la
formation artistique, les chantiers archéologiques, le livre, le cinéma, les
équipements culturels, les expressions modernes de la danse, du théâtre et de
la musique et des arts numériques. Quant au volet communications de notre mandat, il nous amène à couvrir toutes les
déclinaisons de la télévision, de la radio et de la presse.
Cette vaste mission nous amène à intervenir dans
un périmètre politique, social et économique très étendu. Cela comprend les nombreux programmes touchant les
arts à l'école, le statut de l'artiste, le rayonnement international, la
propriété intellectuelle, la diversité culturelle ainsi que les ententes de
développement culturel avec les villes et les régions
du Québec. À cela s'ajoutent les nombreux services, programmes et activités en
culture et en communications relevant
des 12 sociétés d'État sous ma responsabilité, qu'il s'agisse des organisations
subventionnaires, des établissements de formation ou encore des
organismes tournés vers la diffusion, la conservation, la régulation et la
consultation.
Mme la Présidente, je suis d'autant plus
heureuse des responsabilités ministérielles qu'on m'a confiées que j'ai la profonde conviction que la culture est, à
l'instar de l'environnement, la justice et la paix, une de ces grandes
priorités de l'humanité qui transcendent les
clivages idéologiques. Bien sûr, je suis fière d'être membre d'une grande
formation politique du Québec, mais, s'il
est un camp dont je revendique l'appartenance, c'est celui de l'avenir, celui
de nos enfants et de nos
petits-enfants, qui désireront faire partie d'une nation prospère, fière et
solidaire, celui d'un peuple diversifié et inclusif. À cet égard, force est de constater que le peuple du Québec a
choisi clairement d'élire un gouvernement qui lui propose un projet
d'avenir. Il a opté pour un État présent, mais, à juste part, dont les
structures et les modes de gestion seront révisés.
Mme la Présidente, je crois que le Québec tout
entier peut être fier du budget récemment déposé par le gouvernement. C'est un budget courageux, visionnaire, conçu pour nous
permettre d'explorer de nouvelles
perspectives tout en demeurant près de l'essentiel.
Aussi, je remercie le
ministre des Finances, M. Carlos Leitão, ainsi que le président du Conseil
du trésor, M. Martin Coiteux, qui, en
dépit d'un contexte difficile, ont démontré que le développement culturel
occupe une place primordiale dans les réalisations futures du
gouvernement. J'en veux pour preuve le fait que le budget 2014‑2015 fait état d'une croissance de
l'ordre de 1 % pour les sommes consacrées à la culture. De façon générale,
le budget du ministère de la Culture
et des Communications est en augmentation depuis l'année 2003. Dans l'état
actuel des finances publiques, ce sont d'excellentes nouvelles.
J'ajouterai que le
gouvernement conserve une perspective inspirée qui tient compte du fait que la
culture est, pour le Québec, une
illustration éclatante de son savoir-faire, de sa créativité et de son esprit
d'innovation. Ce sont des avantages
déterminants, notamment sur la scène internationale. C'est
d'ailleurs pour cette raison que le premier ministre nous a enjointes, ma collègue la ministre des
Relations internationales et moi-même, à faire en sorte que la culture
soit de toutes les missions internationales du gouvernement. En conséquence,
mes premiers contacts avec nos partenaires étrangers vont dans le sens d'une
active complicité culturelle. Ainsi, le 19 juin dernier, j'ai pris part à une
rencontre réunissant à Québec
20 ambassadeurs et représentants des pays membres de l'Union européenne en
poste à Ottawa. Ce fut l'occasion de
les entretenir de notre dynamisme cultuel et de leur rappeler que le Québec a
joué un rôle majeur quant au respect
de la diversité culturelle dans l'Accord
économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. Chaque année, nous constatons que le rayonnement international du Québec ne cesse d'augmenter, et
la culture joue un rôle essentiel à
cet égard. C'est pourquoi je vais accorder un
soin tout particulier à cette question dans les prochaines années.
Cela
dit, d'autres missions ministérielles feront l'objet d'une attention toute
particulière de ma part. Je veux prendre un moment pour vous en toucher
un mot. Mme la Présidente, je suis très heureuse que le premier ministre et moi
partagions la conviction que le développement culturel au Québec, c'est aussi celui de tout le Québec. Cela signifie que nous allons être présents dans toutes les
régions, de la Gaspésie à l'Outaouais, des Appalaches aux vastes régions
du Nord. Nous avons, pour ce faire, des
programmes de partenariat en développement culturel qui constituent de
puissants outils d'épanouissement des arts,
des lettres et de la culture pour l'ensemble de notre territoire. Nous allons
mettre à profit les réussites du passé à cet égard pour améliorer le
cadre des accords avec les villes et les régions du Québec. Les partenariats
que nous leur proposerons leur donneront de nouveaux atouts, des
responsabilités étendues, ainsi que des moyens
pour stimuler la vitalité culturelle, économique et démocratique de leurs
communautés, tout en misant sur les services et la participation auprès
des citoyennes et des citoyens.
Mme la Présidente,
parmi les chantiers d'envergure qui nous attendent, il en est un qui fera date
dans l'histoire :
je fais allusion à la mise à jour de la politique culturelle gouvernementale du
Québec. Il s'agit d'une entreprise majeure qui sera effectuée en gardant
à l'esprit que cette excellente politique que nous devons à ma prédécesseure, Mme Liza Frulla, a fait énormément progresser
nos arts, nos lettres, nos institutions, nos industries et expertises
culturelles. Toutefois, après plus de 20 ans de mise en oeuvre, il est
nécessaire de l'actualiser. La nouvelle politique devra être en phase avec son temps et faire du développement
culturel une dimension intégrée à tous les aspects de la vie en société : politique, démocratique, social et
environnemental. Bien entendu, cette politique prendra la mesure de la
révolution numérique en cours, car la culture
est, pour ainsi dire, aux premières loges des grands bouleversements liés aux
nouvelles technologies. Nous devons mieux
comprendre ces phénomènes et surtout faire en sorte que notre culture tire
avantage des extraordinaires possibilités liées aux nouveaux environnements.
• (9 h 10) •
C'est dans cette perspective que nous allons procéder
à la mise en oeuvre de la Stratégie culturelle numérique du Québec. Celle-ci aura pour principal objectif de
hisser le Québec parmi les chefs de file dans l'espace numérique
mondial. Pour y arriver, nous allons cibler
des investissements en infrastructures, et user des nouveaux outils à notre
disposition pour encourager le talent, l'expertise et la formation, et donner
un nouvel élan à l'expression artistique tout en faisant en sorte que les
oeuvres et les produits québécois occupent davantage l'espace numérique.
Des projets en lien
avec la Stratégie culturelle numérique sont déjà bien enclenchés. Je prends
pour exemple La Fabrique culturelle de
Télé-Québec. Cette plateforme a été lancée avec l'aide de nombreux partenaires,
institutions et créateurs pour tirer le meilleur des médias numériques. Elle
offre un espace interactif novateur au public, aux artistes émergents de toutes
disciplines culturelles, aux acteurs de la culture de toutes les régions, aux
créateurs de contenu Web, aux passionnés de
culture de partout qui nous invite à lire, à aller au cinéma, à fréquenter les
musées, les théâtres et les salles de spectacles, bref, à participer à
la culture vivante.
Nous voulons, en
somme, que les nouvelles possibilités liées au numérique soient autant de voies
d'accès à la culture pour tous. C'est là un aspect très important, Mme la Présidente,
car l'avenir de la culture repose aussi sur notre capacité à accélérer
nos initiatives de développement des publics. Plus que jamais, nous devons
permettre à nos artistes et à nos écrivains
de rejoindre les citoyennes et les citoyens jusque dans tous les coins du
Québec. Plus que jamais, nous devons
encourager une stimulante diversité dans l'offre culturelle. Plus que jamais,
nous devons faire battre en retraite ce
phénomène d'exclusion culturelle qui fait que trop de nos concitoyens n'ont pas la chance d'expérimenter un lien vivant.
Je crois profondément
que la culture est appelée à être le sésame qui ouvre à toutes les portes de la
société du savoir. Elle sera un facteur
d'épanouissement personnel par l'éducation aux arts, par l'accès aux idées qui
élèvent la pensée ou tout simplement
par la pratique artistique qui fait du bien et donne confiance en soi. Elle
sera le tremplin avec lequel nous allons
collectivement accomplir notre destinée, riches de notre différence, de notre
créativité, du talent de nos créateurs, du formidable potentiel des jeunes de la relève, et elle continuera d'être
le ferment d'une identité fière et forte, celle d'un Québec sans peur et
sans complexe confiant en l'avenir.
Je suis maintenant
prête, Mme la Présidente, à procéder, en compagnie de mes distingués collègues,
à l'étude des crédits du ministère de la Culture et des Communications pour
l'exercice financier 2014‑2015.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci beaucoup,
Mme la ministre. J'invite maintenant la
porte-parole de l'opposition officielle à faire ses remarques préliminaires
pour un maximum de sept minutes.
Mme Véronique Hivon
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Alors, je vous salue. Je salue, bien sûr, la ministre, et toute son
imposante et impressionnante équipe, et ma collègue de la deuxième opposition,
et bien sûr tous mes collègues ministériels.
Je dois vous dire que je suis heureuse de mes
fonctions de porte-parole de l'opposition en matière de culture. J'aurais pu rester au gouvernement, j'aurais été
effectivement très heureuse, mais, vous voyez, la beauté des choses, c'est qu'après
18 mois à peine je n'ai pas perdu tous mes
réflexes d'opposition. Donc, j'imagine que ça devrait bien aller ce
matin pour poser des questions. Et, bien, je suis heureuse d'avoir cette
opportunité, évidemment, de poser des questions sur un enjeu qui est
fondamental, qui est plus qu'un enjeu, je pense, qui est une partie, bien sûr,
de qui nous sommes collectivement, la culture, la culture québécoise, qui doit
avoir toute la place qui doit lui revenir, bien entendu.
Je suis
heureuse d'avoir cette opportunité-là parce qu'évidemment, depuis le dépôt du
budget, il y a énormément d'inquiétude
dans le milieu culturel, je dirais, dans l'ensemble des milieux de la culture;
plus que de l'inquiétude, je pense, du
désarroi. On le voit encore ce matin avec la sortie des musées d'État qui se
disent exaspérés. Ce n'est pas rien. C'est une première, une telle sortie publique.
Alors, bien sûr, il y a beaucoup de questions,
parce que, dans le budget, à part les 2 millions pour les tournées et à part la reconduction de la stratégie
numérique qu'on avait annoncée il y a quelques
mois, mais qui elle-même fait l'objet d'une
diminution de budget de 40 millions, il n'y a à peu près aucun secteur du
milieu culturel qui est épargné. Donc, la production culturelle, bien
sûr, on va en reparler, avec les coupes de 20 % dans les crédits d'impôt,
l'édition, le livre, les arts médiatiques, les musées, le conservatoire, la
SODEC. Donc, écoutez, ce n'est pas rien, je
pense, ce qu'on est en train de vivre.
On a vu
plusieurs acteurs définir ce budget comme un budget catastrophe. Le collègue de
la ministre, le collègue... le député...
le ministre des Finances nous a dit que c'était exagéré de parler de
catastrophe, mais, depuis qu'il nous a dit ça, les épithètes de catastrophe continuent à se multiplier dans le milieu,
et ce n'est pas à tous les jours qu'on voit ça. Donc, je pense qu'effectivement le terme est bien choisi.
Il faut comprendre, bien sûr... et la ministre le sait, je n'en doute pas,
mais que, lorsque la culture représente
moins de 1 % de l'ensemble du budget du Québec, on ne peut pas penser
qu'on va faire des coupes et que ça
n'aura aucun effet quand chaque dollar compte et que, là, on voit les millions
et les millions de coupes qui s'annoncent. C'est une déstructuration
complète qui nous guette. Alors, oui, beaucoup d'inquiétude.
Et je dois
vous dire qu'au-delà des coupes en elles-mêmes et des décisions du budget en
elles-mêmes, moi, ce qui m'inquiète,
c'est qu'il semble y avoir un manque de sensibilité du gouvernement pour la
culture, j'en veux pour preuve les moments
forts d'un nouveau gouvernement :
l'assermentation des ministres. Alors, je suis allée voir, bien sûr, le
mandat qui avait été confié à la ministre de
la Culture par le premier ministre au mois d'avril. Eh bien, il n'y a rien de
concret sur la culture. On dit : «Au fil des années, notre formation [...] a
fait beaucoup pour [permettre à nos créateurs] de s'exprimer et de
rayonner. Nous continuerons à bâtir sur ces fondations[...]. La culture du
Québec se vit, s'affirme partout, dans nos grandes villes autant que dans nos
régions. Vous veillerez donc à ce qu'elle s'exprime, soit vue, entendue, connue
partout chez nous.» C'est très bien, mais je n'ai pas vu là-dedans cette vision
dont nous parlait la ministre dans ses remarques introductives et je pense que
c'est inquiétant.
Même chose
quand on est arrivés au moment du discours inaugural. La seule référence à la
culture est pour dire qu'on va
s'assurer que les artistes du Québec vont pouvoir faire partie des missions à
l'étranger. C'est très bien, mais je pense
que c'est un peu court quand on connaît toute l'importance du secteur culturel
pour le Québec. Bien sûr, la ministre m'a beaucoup rassurée quand je
l'ai entendue, dans sa première entrevue, dire qu'elle allait être une battante
de la culture, qu'elle allait se battre pour chaque sou, que ce n'est pas vrai
que la culture allait écoper dans cette ronde de compressions qui s'annonçait. Or, quelques semaines à peine plus tard,
on a le budget, et c'est la déception, c'est le désarroi, c'est la
consternation dans le milieu de la culture de voir toutes ces compressions qui
s'accumulent.
Donc,
j'espère qu'aujourd'hui la ministre va avoir l'occasion de rassurer les
différents acteurs du milieu culturel, qui sont, oui, très inquiets,
très inquiets pour leur avenir, très inquiets pour leurs secteurs, que ce
soient les musées, la production culturelle,
les arts médiatiques, le conservatoire, le livre. Tout le monde, à peu près,
est inquiet en ce moment dans le milieu. Et je pense qu'il va falloir
que la ministre nous donne des réponses très claires, très rassurantes par
rapport à l'avenir.
Parce qu'en
terminant je veux simplement dire que la culture, la ministre le sait, j'en
suis convaincue, mais c'est fondamental en soi, c'est fondamental en soi
et ça devrait déjà, en soi, parce que c'est si important pour un peuple de défendre vigoureusement sa culture, être suffisant
pour mettre ce secteur-là à l'abri des coupes comme ce qu'on voit en ce moment. Mais c'est aussi, si ce n'est pas suffisant
pour convaincre le gouvernement, une force économique, de développement économique, d'éducation formidable.
C'est plus de 130 000, selon les derniers chiffres que j'ai,
emplois qui sont liés au secteur culturel.
Ça, c'est plus que le secteur primaire. Donc, beaucoup, beaucoup plus que
beaucoup d'autres secteurs d'activité
dans notre société. Alors, les retombées économiques sont formidables. Le
rayonnement est extraordinaire, sans
compter tout ce que ça représente pour l'éducation et pour l'avenir de, bien
sûr, notre nation. Parce que le Québec est quand même une société
francophone dans une mer anglophone. On ne peut pas faire abstraction de cette
réalité-là. Il faut se battre, oui, comme la ministre l'a dit, et je vais
toujours être à ses côtés et une grande collaboratrice quand elle va se battre pour la culture. Mais là je
pense que les signaux alarmants s'accumulent, et aujourd'hui ça va être
très important d'avoir des réponses à nos questions et surtout de rassurer le
milieu. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 20) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. J'invite maintenant la porte-parole du deuxième groupe de
l'opposition à faire des remarques préliminaires pour un maximum de cinq
minutes.
Mme Claire Samson
Mme Samson : Merci, Mme la Présidente. Tout d'abord,
je tiens à vous dire que je suis très heureuse d'être ici ce matin pour cette étude des crédits. Je voudrais saluer tous les gens présents
dans la salle, certains que je connais mieux que d'autres, car l'étude
des crédits est une extraordinaire occasion pour nous d'exercer notre travail
de parlementaires. C'est un exercice qui est exigeant pour tout le monde, le
temps de préparation est important pour tout le monde.
Je salue d'abord la ministre, députée d'Outremont,
et je la remercie à l'avance pour sa collaboration et sa transparence durant
les travaux que nous amorçons. Ayant oeuvré moi-même depuis 40 ans dans le
domaine des communications et de la culture, je suis certaine que je partage
avec la ministre le souci de la défense de la culture québécoise. Je tiens également
à saluer ma collègue de l'opposition, de Joliette, et la personne qui
l'accompagne, ainsi que ma collègue députée de Repentigny.
Nous sommes
ici ce matin pour l'étude des crédits budgétaires. C'est un processus
nécessaire qui vise à s'assurer de la gestion
responsable des fonds publics, surtout dans le contexte actuel où les déficits
se suivent d'année en année. On veut aussi s'assurer de la pertinence des
objectifs fixés et surtout de leur atteinte.
Cela dit, Mme la Présidente, notre temps de parole est limité. J'aimerais pouvoir reporter les
minutes restantes pour poser des questions à la ministre. Pendant mon
intervention, j'ai l'intention de poser des questions courtes et claires pour
lesquelles je m'attends à recevoir des réponses concises qui vont directement
au but. Je vous remercie.
Discussion générale
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup. Alors, je suis maintenant
prête à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle, alors,
pour un bloc d'échange pour à peu près 20 minutes. Alors, la parole est à
vous, Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Alors, avant de
poursuivre, je veux simplement aussi présenter mon collaborateur, qui est
M. Christian Robitaille, de l'équipe de recherche de l'opposition
officielle.
Donc, sans grande surprise, je vais débuter en
abordant toute la question des coupes de 20 % dans les crédits d'impôt, des coupes paramétriques, donc, qui
touchent tous les crédits d'impôt et pour lesquelles, malheureusement,
le gouvernement n'a pas eu la sagesse d'exclure
le milieu de la culture. Donc, ça veut dire des coupes pour la
production cinématographique et télévisuelle, ça veut dire pour les services de
production cinématographique, pour le doublage de films, pour la production d'enregistrements sonores, pour la
production de spectacles, pour l'édition de livres, pour la production d'événements
multimédias. Donc, ça commence à faire beaucoup. Et évidemment, comme je
faisais référence dans mes remarques,
on voit, depuis cette annonce, une mobilisation de l'ensemble du milieu, bien
sûr, qui est touché, qui a fait une
sortie, d'ailleurs, conjointe, tous les partenaires, que ce soient les
artistes, les diffuseurs, les producteurs, les réalisateurs, les gens,
bien sûr, les artisans du milieu.
Ce que je veux savoir de la ministre : Le ministre des Finances nous a dit que,
non, il n'y avait pas eu d'étude d'impact
d'effectuée avant d'annoncer cette décision dans le budget, est-ce que la
ministre nous confirme qu'effectivement il n'y a pas eu d'étude d'impact
ou si elle, elle en a fait?
La Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David (Outremont) :
Alors, merci beaucoup. Je remercie ma collègue. Je voudrais préciser que moi aussi,
je suis... je pense que... On va pouvoir faire un travail sérieux, non
seulement ce matin, mais un travail pour les prochaines années, avec deux
collègues, entre autres, dont l'expertise n'est plus à démontrer sur la
question de la culture et...
Mme Samson, Mme Hivon, et je pense qu'on peut travailler en toute
collégialité. Je pense que — excusez,
il ne faut pas mettre les noms — la députée de Joliette a amplement montré
sa capacité et sa compétence à rassembler. Donc, je pense que nous pourrons
faire ensemble un bon bout de chemin, et la députée de...
Une voix :
Iberville.
Mme David
(Outremont) : ...Iberville — excusez-moi, je vais m'habituer à prononcer
les noms des comtés — a
aussi une expertise considérable. Alors, je me sens privilégiée d'avoir de
telles porte-parole en matière de culture.
Oui, il a coulé
beaucoup d'encre depuis la question des crédits d'impôt qui, je le répète,
sont, oui, en effet, comme ma collègue de Joliette le dit bien, des coupures ou
des... une mesure paramétrique, c'est-à-dire une mesure appliquée à de nombreux secteurs. On parle beaucoup du secteur
audiovisuel, cinéma, télévision, mais il y a des mesures... il y a des coupures de 20 % dans beaucoup
d'autres domaines aussi, donc, paramétriques comme étant, tel que le
ministre des Finances l'a bien dit, une
mesure immédiate pour un budget, un budget, si certains ont employé le mot de catastrophique pour ces
coupures-là, j'oserais employer le mot de catastrophique pour le budget que nous a légué... ou le déficit que
nous a légué nos prédécesseurs. Donc, à
déficit catastrophique, peut-être qu'il fallait des mesures un peu immédiates
pour essayer, déjà, d'enrayer l'hémorragie du
déficit budgétaire.
Cela dit, cela étant
donc quelques semaines après l'arrivée au pouvoir, nous avons déposé un budget
avec crédits, ce qui est déjà une
avancée formidable par rapport au précédent budget qui avait été déposé.
Et nous avons, à ce moment-là,
donc, exercé cette coupure paramétrique, avec la
précision... il est extrêmement important, je pense, de le dire et le redire pour nos collègues,
comme dit ma collègue de l'opposition, de Joliette, devant de nombreux invités très, très, très intéressés, évidemment, par toute cette question-là,
qui sont d'ailleurs pour la plupart invités par la collègue de... qui sont invités par les collègues
de l'opposition.
Donc,
ces coupures-là de 20 % vont être vues, comme l'a dit mon collègue du
ministre des Finances, au cas par cas, un
par un. Et c'est à ce point important que j'ai dit — et j'ai
travaillé très, très, très fort avec le ministère et les collègues — et je l'ai
dit publiquement, mes collègues le savent, autant de l'opposition que du parti
au pouvoir, donc, que nous allions
travailler très, très fort pour regarder et pour dire aux gens qui sont
inquiets : Bien, écoutez, venez vous expliquer. Et j'ai
le plaisir de vous annoncer : Je vais le... J'ai
le plaisir de vous annoncer qu'effectivement il y
aura une rencontre. J'avais annoncé qu'il y aurait, dès le mois de juillet, une rencontre, et c'est chose faite. Il
y aura donc une rencontre entre le sous-ministre des Finances, le sous-ministre
adjoint aux Finances et les associations du milieu culturel afin d'expliquer ce
qui sera attendu de la commission de la fiscalité. Par exemple, le processus
d'audition et toute autre question
préparatoire en vue de cette commission, la
date provisoire est le 3 juillet. Cette rencontre sera privée. Ça confirme l'écoute de mon gouvernement face aux
préoccupations exprimées par le milieu culturel, et
je remercie à l'avance le ministre des Finances d'avoir répondu avec diligence à ma demande.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la
ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Donc, je comprends
que la ministre confirme qu'il n'y a pas eu d'étude d'impact. Or,
simplement lui dire que le milieu, donc, qui s'est
mobilisé, dit qu'il
serait important d'agir et d'informer le
gouvernement des conséquences immédiates de
cette décision de coupes de 20 % dans la production culturelle, dans les
crédits d'impôt pour la production
culturelle. Ce sont, et c'est eux qui parlent,
des milliers d'emplois qui seront affectés à court et moyen terme si le
gouvernement persiste dans la voie des coupes. Donc,
pas d'étude d'impact.
Et
ce que je trouve très ironique, c'est que, là, on nous annonce une rencontre — je pense que c'est
effectivement la moindre des choses parce que
je pense qu'on est
face à une crise — pour
le 3 juillet, mais ce que ça veut dire, c'est
qu'il n'y a pas eu non plus, comme le
ministre des Finances aussi l'a dit, de consultations
avant auprès du milieu, ce qui nous aurait évité ce qu'on vit en ce moment avec l'effet déstructurant à
très court terme qui peut se vivre, et toute
l'inquiétude, et les impacts aussi à court,
moyen et long terme d'une telle décision.
Donc,
ce qui m'étonne aussi, puis la ministre va peut-être pouvoir nous éclairer, c'est que cette commission sur la fiscalité, elle est là d'abord et avant tout pour
identifier le reste des coupes, le reste des compressions qui doivent
venir, le 600 millions, si je ne m'abuse, qui n'est
pas encore identifié. Et là la ministre, ce qu'elle
nous dit, c'est qu'en
fait on va... On annonce des coupes dans le
budget, et ces coupes-là, à moins que je me
trompe, elles sont effectives, et là on
va aller consulter après. Puis là la
ministre, dans une sortie très remarquée, évidemment, elle a invité le milieu à
se battre. Elle dit que... en fait, à
se mobiliser et à aller faire des présentations devant la commission, donc en
se désolidarisant un peu du milieu, mais en les invitant à se mobiliser
puis en disant : Bien, allez devant cette
commission-là dire pourquoi ça n'a pas de sens. Il me semble que ça aurait été pas
mal plus productif de les consulter avant pour éviter cette décision-là,
qui est effective. Donc, j'aimerais que la ministre me dise est-ce que la
commission sur la fiscalité va avoir comme objectif d'annuler des
décisions du budget actuel.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
• (9 h 30) •
Mme
David (Outremont) : Oui. Alors,
beaucoup, beaucoup de contenu dans cette question, et je remercie, donc,
ma collègue de Joliette de me donner, comme ça, plusieurs éléments.
Je
voudrais refaire la précision que j'ai faite
en Chambre face à une question qui était un peu sur le même sujet et
avec les mêmes éléments. Donc, effectivement, non seulement, moi, j'oserais
dire, tout le gouvernement, le ministre des
Finances, même le premier ministre invite les gens qui sont concernés, les secteurs qui sont concernés par
l'ensemble de la commission de la fiscalité
à s'exprimer et à venir à la commission de la fiscalité, qui a été formée... Et
je le répète, le mandat de la
commission, c'est : identifier les ajustements possibles au régime fiscal
de manière à favoriser la croissance économique
par des investissements et le travail, tout en assurant une redistribution
équitable de la richesse collective.
Il y a effectivement
des consultations qui vont être menées, et, quand ma collègue de Joliette
dit : J'ai invité les gens à se battre,
la réponse que j'ai donnée, c'est : Se battre, c'est déjà bien commencé,
de la part du milieu. Je n'ai pas
dit : Battez-vous. J'ai dit : Se battre, c'est déjà bien commencé, de
la part du milieu. Autrement dit, les gens sont inquiets, les gens se
manifestent et vont continuer à se manifester.
Le
texte a été modifié, je le répète, mais j'ose le ressortir encore une fois. Non
seulement ce n'était pas exactement ce
que j'avais dit, à ce point que Le Devoir a modifié, après la mise
en ligne, et j'ai la nouvelle version. Donc, je répète que non... Ce
n'est pas que je ne dis pas au milieu : Taisez-vous, ne vous inquiétez
pas, etc., le milieu a le droit de s'inquiéter, a le droit de venir témoigner à
la commission. Et non seulement ça, j'ai obtenu cette rencontre avec le sous-ministre des Finances le 3 juillet, où nous
invitons les milieux à venir — en priorité par rapport, j'oserais dire, à
bien d'autres milieux — à
venir entendre comment les choses vont se passer.
Alors, je voudrais
aussi répéter que le budget... le déficit auquel nous avons fait face est quand
même assez gigantesque, de
3,1 milliards de dollars. Je répète donc qu'il fallait prendre des
mesures, du côté du ministère des Finances et du président du Conseil du
trésor, qui sont des mesures qui ont été donc déposées dans le budget du mois
de juin.
Je répéterai à ma
collègue qu'il a été dit, bien clairement, qu'il y avait jusqu'au 31 août pour
soumettre les demandes à la SODEC, entre
autres, et qu'il y aura une flexibilité importante, donc, au moins jusqu'au 31
août. C'est gagné, et la SODEC regardera, avec une grande flexibilité,
les demandes par rapport aux différentes productions.
Donc, si on
parle de mesure d'impact, comme ma collègue me le demande, ça a été quantifié
pour la première année. Je dirais
qu'elles sont de 1,9 million de dollars. On est loin des 85 millions
auxquels ma collègue fait référence. On
parle de moins de 2 millions de dollars, pour
l'année 2014‑2015, d'effet de ces 20 % là. Si on pense que, jusqu'au 31
août, les demandes déposées seront
exemptes de cette coupure de 20 %, je pense que la commission de révision
de la fiscalité aura le temps de
faire son travail. Les milieux auront le temps de venir déposer leurs mémoires,
de venir expliquer. Et le ministre des Finances a bien dit : Les
mesures sont examinées une à une. Elles pourront être diminuées, maintenues, voire même augmentées dans certains cas. Donc,
évidemment, je suis très, très, très satisfaite d'avoir obtenu une
rencontre pour le milieu culturel, le 3
juillet, avec le sous-ministre des Finances, qui pourra, donc, leur donner tous
les renseignements nécessaires pour bien se préparer.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. La députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je note la satisfaction de la ministre à avoir
obtenu une rencontre avec le
sous-ministre des Finances. Je pense que les attentes à son endroit, je le dis
en tout respect, sont pas mal plus grandes que d'obtenir une rencontre. Je ne minimise pas ce qui pourrait
ressortir, j'espère que cette rencontre va être productive, mais je pense que les attentes du milieu sont pas
mal plus élevées, surtout après que la ministre ait fait cette
déclaration, en tout début de mandat, qu'elle allait se battre pour chaque sou,
et qu'elle allait être une battante et que la culture n'allait pas être mise de
côté et être sacrifiée dans la ronde des compressions.
Et je pense que ce que le milieu, j'ai bien
compris ses précisions sur le titre de la fameuse entrevue avec Le Devoir,
mais ce qu'elle dit quand même, c'est qu'elle demande au milieu de se... en
fait, elle invite le milieu à se mobiliser.
Elle leur dit qu'eux ont commencé à se battre et, en gros, que c'est bien. Mais
ce que le milieu souhaite, c'est que
la ministre se batte pour eux, c'est que la ministre soit conséquente avec la
déclaration qu'elle a faite en tout début de mandat, et que, oui, elle
obtienne une rencontre, mais surtout, qu'elle obtienne des résultats.
Je comprends que je n'ai pas eu de réponse à ma
question à savoir si cette commission-là sur la fiscalité allait servir à
renverser des décisions du budget, ce qui ne m'était pas apparu clair dans le
mandat, je n'en ai pas eu non plus sur les études d'impact, mais le chiffre de
85 millions, il est le chiffre pour les coupes qui sont annoncées pour les
trois prochaines années. Donc, oui, ce n'est pas pour l'année prochaine, mais
c'est le chiffre qui est là pour les trois prochaines années. Donc, je ne sais pas si la ministre remet en cause ce chiffre pour l'ensemble
des années qui sont concernées, mais c'est le chiffre qui ressort des documents
de son propre gouvernement.
Donc, moi, ma
question, c'est : Si la ministre ne semble pas à l'aise — je ferais cette affirmation-là — avec cette décision des coupes de 20 %... Parce qu'on ne sait pas, elle, c'est
quoi, sa position. Peut-être qu'elle peut nous le dire. Mais, si elle est en train de nous dire qu'on va
regarder tout ça, moi, je lui ferais une suggestion : Est-ce que la
ministre peut suspendre... avec son collègue, est-ce qu'ils peuvent s'entendre
pour suspendre, dès maintenant, cette décision-là des coupes de 20 % dans
le secteur de la production culturelle? On évite la catastrophe, on évite
l'impact déstructurant, démobilisant et,
comme ça, on se donne le temps de regarder tout ça. Puisqu'elle nous dit que la
commission de la fiscalité va regarder tout ça, on se donne le temps de
regarder tout ça d'ici l'automne et, après, il y a une décision plus avisée qui
est prise.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, encore une fois, merci beaucoup pour la question
très féconde qui me donne toutes sortes d'éléments que je veux
absolument aborder parce que, vraiment, la porte est grande ouverte, alors, allons-y, allons-y pour la bataille sur la
culture, alors on va se batailler. Non seulement on va se batailler, mais j'ai
obtenu quand même — quand même —110 millions de dollars, 110 millions de dollars pour une stratégie culturelle
numérique. Je ne suis pas sûre que nos
prédécesseurs, qui avaient annoncé cette stratégie culturelle, oui,
à 150 millions... C'est
tellement facile d'annoncer
150 millions quand on ne met pas de crédits qui vont avec. Le vrai test,
c'est au moment des crédits, et ma collègue
le sait très, très bien qu'il faut aller négocier avec les Finances, qu'il faut
aller négocier avec le Trésor. 110 millions de dollars pour mettre le Québec sur la mappemonde, pour mettre le
Québec sur le Web, pour donner accès, c'est une nouvelle extraordinaire.
Qui demandait... Quand je suis allée rencontrer, quelques jours après ma
nomination, les deux C.A., CALQ et SODEC,
ils m'ont dit : S'il y a une chose, Mme la ministre, une chose que nous
voulons que vous priorisiez, c'est la Stratégie culturelle numérique. Et
il y avait des diffuseurs, il y avait des producteurs, il y avait les écrivains, il y avait tout le milieu CALQ et SODEC,
ils sont derrière vous, ça touche à peu près toute la culture. 110 millions, moi, je considère... Je ne sais
pas si ma collègue le considère un bon coup, mais moi, j'oserais croire
que c'est un excellent coup pour les 10 prochaines années.
Je vais aussi
rajouter, puisqu'on parle de régions, et on parle de se battre pour la
culture : S'il y a des clientèles pour lesquelles je vais me
battre, et là-dessus je suis en parfait accord avec mon prédécesseur, le député
de... Bourget?
Une voix : ...
Mme David
(Outremont) : ...Bourget, mon prédécesseur à la Culture, je suis en
parfait accord avec ce qu'il disait par rapport à sa priorité en
culture. Il disait : Je veux être le ministre de tous les créateurs. Et je
sais de quoi je parle : mon prédécesseur était lui-même un artiste, on
pourrait dire, du milieu de la culture. Vous savez, il n'y a pas que des créateurs
riches, il y a des créateurs qui vivent vraiment à peu près d'amour, de culture
et d'eau fraîche. Alors, ces créateurs-là,
je veux aussi — et ces
créatrices — être la
ministre de tous ces créateurs. Pour cela, ce que ça veut dire, c'est
maintenir des budgets au CALQ et à la SODEC, ce que nous avons fait. Nous avons
augmenté de 1 % le portefeuille culture,
communications. Nous avons accordé 2,3 millions à la SODEC, qui nous a
remerciés, d'ailleurs. Pour pouvoir faire quoi?
Pour que nos artistes, nos créateurs, qui n'ont pas toujours beaucoup de sous,
je le répète, puissent aller à l'international.
Et ça fait depuis 2007... donc même sous le précédent gouvernement, ils n'ont
jamais eu l'argent récurrent pour
pouvoir aller à l'étranger. C'était une de leurs demandes. L'ADISQ a publié un
communiqué et ils ont remercié la ministre
de la Culture en disant : «L'ADISQ tient à remercier sincèrement la
ministre de la Culture et des Communications [...] des efforts qu'elle a
déployés — Ah!
bien là, je suis contente, c'est le milieu qui me remercie de mes efforts, donc j'ai dû me battre quelque part — pour réussir à doter enfin — enfin — d'un budget accru, de façon
permanente, deux programmes de la SODEC qui jouent un rôle essentiel dans
l'accessibilité des spectacles d'artistes québécois de la chanson dans toutes
les régions...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci...
Mme David (Outremont) : ...et dans
le rayonnement de ces artistes dans le monde.»
• (9 h 40) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En terminant, Mme la ministre. Merci. La députée de Joliette, il vous reste à
peu près trois minutes.
Mme
Hivon : Oui, merci. Alors, je reviens sur les crédits d'impôt. Je l'ai soulignée d'entrée de
jeu, évidemment, la question
de la stratégie numérique, mais je reviens sur la question
des crédits d'impôt. Si la ministre se réjouit d'une sortie qui note l'augmentation pour les tournées, j'imagine qu'elle prend acte
aussi des sorties qui sont moins enthousiastes des autres partenaires du milieu de la culture,
concernant notamment la question de la coupe de 20 % dans les crédits d'impôt de la production culturelle. Donc, j'espère qu'elle va leur donner autant
de résonnance. Et donc je reviens avec ma question, parce que je dois dire qu'on n'a pas eu de réponse
à savoir s'il y avait eu des études d'impact, mais on comprend qu'il n'y
en a pas eu, pas de consultation, on comprend qu'il n'y en a pas eu.
On ne sait pas c'est quoi, la position
personnelle de la ministre sur cette coupe-là paramétrique de 20 % dans les crédits d'impôt dans le secteur culturel.
Donc, ce que j'aimerais avoir comme réponse, c'est : Est-ce qu'elle
accepte notre proposition, donc, de
suspendre, avec son collègue des Finances, l'application de la mesure des
coupes de 20 % dans les crédits
d'impôt, en attendant, donc, que les représentations puissent être faites à la
commission de la fiscalité? Puisque tout semble se jouer dans cette
commission-là, donc, est-ce qu'elle accepte ma proposition de suspendre
l'application de la mesure?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Rapidement, la ministre, il vous reste une minute pour répondre à la question
de...
Mme David (Outremont) : Et
inquiétez-vous pas, je pense que je vais être capable tout à fait de me mettre dans ce temps d'une minute. Écoutez, je
répète : Jusqu'au 31 août... On va faire un petit calendrier,
là : jusqu'au 31 août, il
n'y a donc pas d'application du 20 % de coupures de crédits d'impôt. Après
ça, la commission, pour laquelle, je répète, j'ai obtenu une rencontre et, pour l'instant, c'est la seule rencontre
qui est annoncée, quel que soit le secteur gouvernemental, alors permettez-moi aussi d'être plutôt fière de
ce résultat, qu'on soit déjà au travail... et la commission, je le répète à
tout le monde et à ma collègue, évidemment, de Joliette, remettra son rapport
au mois de décembre, donc va travailler à une vitesse
importante. Et, au mois de décembre, on va être encore en 2014, donc je répète
que... Une étude de marché, nous savons combien ça pourrait coûter cette
année, c'est moins de 2 millions, les impacts de ça. Alors, la commission,
qui va terminer ses travaux en décembre, aura eu l'occasion d'entendre tous les
partenaires du milieu culturel.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Alors, on
est prêts à passer au côté ministériel. Je suis prête à reconnaître
comme intervenant M. le député de Sherbrooke. La parole est à vous.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Tout
d'abord, j'aimerais vous saluer,
saluer la ministre, les collègues du parti ministériel, les collègues également
des oppositions, tous les gens qui accompagnent la ministre. Et, Mme
la Présidente, vous me permettrez une
petite parenthèse pour adresser une salutation particulière à la directrice de cabinet de la ministre,
Isabelle Melançon, qui célèbre son anniversaire aujourd'hui. Alors, imaginez
comment elle est chanceuse de débuter sa
journée d'anniversaire avec quatre heures d'étude de crédits avec nous.
J'imagine que ça remplit son coeur de bonheur, et on est tout aussi
heureux de l'avoir avec nous ce matin.
Et je dois
vous dire, Mme la Présidente, que je suis très heureux de prendre la parole,
dans cette étude de crédits, à titre
d'adjoint parlementaire de la ministre
de la Culture et des Communications. Et
je suis très, très heureux d'avoir obtenu cette nomination-là de la part du premier ministre, c'est pour
moi un grand privilège de travailler avec une ministre d'une aussi
grande rigueur, qui connaît ses dossiers et qui fait preuve de leadership. J'en
prends à titre d'exemple : vendredi dernier, j'ai eu l'occasion de
représenter la ministre à l'inauguration de la Maison Drouin, à l'île
d'Orléans, où était d'ailleurs présent le député de Montmorency. Et, là-bas,
j'ai rencontré des gens, dont des fonctionnaires et également des intervenants du milieu culturel de l'île d'Orléans qui
étaient très heureux de la nomination de la ministre, qui m'ont dit que c'était une dame de culture qui
incarnait bien son ministère. Alors, pour faire un peu écho à la députée
de Joliette, le monde culturel québécois
n'est pas à feu et à sang. Je pense que les gens sont très heureux de pouvoir
travailler avec la ministre et il en est de même pour moi.
Je pense que c'est une ministre qui va laisser
sa marque et notamment par les projets qu'elle va piloter, notamment au niveau des infrastructures, les
infrastructures culturelles, autant sur le plan de l'immobilier que du
numérique, et c'est
sur cette question-là que j'aimerais amener la ministre, dans un premier temps,
sur les infrastructures immobilières. J'aurai l'occasion de revenir, un
petit peu plus tard, sur les infrastructures numériques.
Je pense que
tout le monde ici, Mme la Présidente, doit convenir qu'il est très,
très important d'avoir des infrastructures
culturelles de qualité, et on en a au Québec. Et je pense qu'on peut être très
fiers, à titre d'exemple, du réseau de bibliothèques que nous avons à travers le Québec, 1 200 bibliothèques... près de
1 200 bibliothèques, à travers le Québec, qui sont quand
même la porte d'entrée pour la
culture et en particulier pour nos jeunes. Alors, on doit se réjouir
de ça et on doit continuer à soutenir ce
type de projets là. Et je suis convaincu que l'ensemble des parlementaires, ici, ont des projets également qu'ils souhaitent concrétiser
dans leurs circonscriptions, des projets de nature culturelle. Moi, je peux vous dire qu'à Sherbrooke on en a, et j'en ai
déjà parlé avec la ministre et on va évidemment mettre toutes les énergies pour pouvoir les concrétiser dans le cadre de notre mandat. Évidemment, on a un projet de salle de diffusion, à Sherbrooke,
pour les enfants, alors... qui est une infrastructure qui est très souhaitée dans notre milieu, qui est très attendue. Et,
pour être père de deux jeunes enfants et
pour avoir assisté à des spectacles dans des salles de diffusion
conventionnelles, je peux vous dire que d'avoir une salle de théâtre
adaptée pour les enfants, c'est vraiment une nécessité.
Et on a un autre projet également qui est très
important, c'est le centre d'archives pour le Séminaire et le diocèse de Sherbrooke, question de pouvoir préserver notre patrimoine, qui est
très, très important, qui est une partie très importante de notre
histoire collective et qui est également un projet important pour nos
intervenants à Sherbrooke. J'ai eu
l'occasion de rencontrer notre évêque la semaine dernière, Mgr Cyr, qui m'a
parlé de l'importance de ce projet-là, tout en me faisant visiter
l'archevêché, qui fait sa grande fierté, qui, pour lui, est le plus beau à
travers le Canada. Effectivement, c'est un très, très bel édifice qu'on veut
préserver et qui est maintenant un attrait touristique pour notre
circonscription.
Alors, je
pense qu'il y a des projets, à travers le Québec et dans toutes les
circonscriptions, des projets qui nécessitent
l'attention de la ministre, du gouvernement. Et je crois, Mme la Présidente,
que c'est très important, lorsque la ministre
donne son accord à des projets, que ce soit fait de manière apolitique, que les
projets soient évalués en fonction de leur
qualité et de leur pertinence. Et j'ai la profonde conviction que c'est ces
principes-là qui vont guider la ministre dans l'octroi des projets
qu'elle fera au cours de son mandat.
Évidemment, on est aussi ici, aujourd'hui, Mme
la Présidente, pour étudier les crédits 2013‑2014, donc les crédits du gouvernement qui nous a précédés, le
gouvernement du Parti québécois, et il y a des projets de nature
culturelle qui ont reçu des ententes de principe en 2013‑2014. Et j'aimerais,
dans un premier temps, que la ministre puisse nous en faire état.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Sherbrooke. Mme la ministre.
• (9 h 50) •
Mme David
(Outremont) : Alors, merci beaucoup, cher collègue. Je n'osais pas,
moi, souligner l'anniversaire de
notre très bien-aimée Isabelle, mais, 40 ans, ça se fête quand même, et puis ça
pourrait se fêter ailleurs qu'à faire des études de crédits. Alors, je la remercie infiniment. Il restera quelques
heures dans la journée pour célébrer après. Mais elle est une directrice de cabinet exceptionnelle, et
la SODEC en sait quelque chose, certainement aussi, où elle oeuvrait
avant.
Alors,
écoutez, pour revenir, donc, à votre question, effectivement, nous regardons
les crédits 2013‑2014 du Plan québécois des infrastructures et je pense
que ce sont des montants extrêmement importants. Parce que, comme vous avez si bien dit, on parle de régions, on parle de
municipalités, on parle de très petites villes, de moyennes villes, de
grandes villes : je vois ici Percé,
Val-David — je
souris à ce nom-là — Port-Cartier,
Rouyn-Noranda, Forestville, et c'est vraiment... Saint-Paul, à Joliette,
tiens, Saint-Joachim, Sainte-Marthe-sur-le-Lac, Paspébiac, Chandler, Sept-Îles,
et évidemment, comme mon collègue l'a dit, pour chaque comté, ça peut être
très, très, très important.
Maintenant,
je serai, en 2014‑2015, certainement la ministre des bons projets
d'infrastructures et non pas la ministre qui pourra donner des projets. Je laisserai travailler les
fonctionnaires, je vais regarder tout ce qui était à l'étude, nous reprenons les dossiers. Ce qui est quand même un
peu frappant, je dirais, c'est qu'il y a un nombre assez spectaculaire
peinturé bleu, on pourrait dire, peinturé comtés du précédent gouvernement et,
alors que, bon, il y a quand même... je m'aperçois, on me donne des chiffres,
là, 72 % de ces ententes ou de ces études qui étaient dans des comtés du
Parti québécois, qui avait un peu plus que
43 % des sièges, donc 72 % de projets pour 43 % des sièges.
J'aimerais ça, en tout cas, dans le
prochain plan d'investissement... Plan québécois des infrastructures, que nous
regardions au mérite des projets et non
pas au mérite des circonscriptions. Alors, nous regarderons ça, les
fonctionnaires sont d'une grande, grande compétence pour regarder tout ça. Nous regardons donc les
différents projets et nous évaluerons au mérite et aux besoins
particuliers à partir de l'avis de nos excellents fonctionnaires.
La Présidente (Mme
Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Sherbrooke.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, je pense que ce que la ministre nous a donné
comme réponse, c'est quand même assez
étonnant, Mme la Présidente. 72 % des ententes de principe qui ont été
conclues par le gouvernement précédent l'ont été dans des
circonscriptions alors représentées par le Parti québécois, qui avait environ,
comme la ministre l'a dit, un petit peu plus de 40 % de représentation à
l'Assemblée nationale, donc 54 sièges sur 125.
Et, loin de
moi... Et je ne veux surtout pas imputer des motifs, Mme la Présidente, au
gouvernement précédent, mais le moins
qu'on puisse dire, c'est que la perception qui s'en dégage n'est pas très
favorable, et je pense que les gens qui nous écoutent auront le même
réflexe que nous. Alors, comme c'est important de pouvoir préserver la
confiance du public dans nos institutions,
dans l'Administration gouvernementale, est-ce que la ministre va revoir
l'ensemble des ententes de principe qui ont été conclues par le
gouvernement précédent?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, c'est clair que nous allons regarder les projets
afin qu'ils collent vraiment, vraiment
à la réalité des différentes communautés qui expriment des besoins. Nous allons
vouloir répondre aux besoins des différentes communautés, et ce, je
dirais, à des fins non partisanes. 72 % de projets dans des comtés,
disons, d'orientation plus péquiste, versus
7 % pour le PLQ, disons que ça fait une différence assez spectaculaire.
Et, je tiens à le répéter, je voudrais que la culture soit pour tous,
que la culture soit au mérite des besoins des communautés, et nous
travaillerons en ce sens.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. M. le député de Sherbrooke.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Je remercie beaucoup la ministre de sa réponse.
J'aimerais maintenant lui parler de
la Stratégie culturelle numérique. Lors de mon précédent préambule, je disais à
quel point c'était important qu'on puisse se doter d'infrastructures de qualité; bien, il en va de même pour les
infrastructures numériques. Je pense que les Québécois, dans toutes les régions du Québec, devraient
pouvoir s'en prévaloir et, en ce sens-là, moi, je me réjouis, Mme la
Présidente, de l'annonce qui a été faite par
notre collègue le ministre des Finances, le député de Robert-Baldwin, dans son
dernier budget, 110 millions pour la
mise en oeuvre de la Stratégie culturelle numérique du Québec.
110 millions de vrais dollars, Mme
la Présidente, alors, ce qui nous différencie du gouvernement précédent. Et je
voudrais savoir, de la part de la ministre : Dans cette enveloppe de 110 millions là, ça
sera quoi, la proportion qui ira pour des projets d'infrastructure numérique?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, merci, cher collègue. Écoutez, il est facile, je
pense, à donner la différence entre
le 100 millions qui est vraiment pour les infrastructures numériques et
10 millions pour le fonctionnement sur trois ans. Alors, écoutez, il faut comprendre que, de
l'infrastructure numérique — et là on est de notre temps, je dirais, ce
n'est pas comme du béton, construire une école, un hôpital — c'est
quand même dans ce qu'on appelle le Plan québécois des infrastructures. C'est très intéressant parce que ça pourra donner accès
à de l'argent, à des fonds, à des enveloppes pour de l'infrastructure numérique dans tous les domaines,
et 100 millions, c'est quand même beaucoup d'argent, qui
permettront à tout notre réseau culturel...
que ce soit les musées, les livres,
le spectacle, le cinéma, la vidéo, ça
va pouvoir permettre à tous
les diffuseurs, à la plateforme Web de Télé-Québec... On a parlé de la fabrique
culturelle, le portail des libraires, pretnumérique.ca, qui permet l'accès à des livres numériques par
l'entremise des bibliothèques publiques, le répertoire du patrimoine culturel dans le souci de diffusion des biens patrimoniaux protégés... Il faut
en parler, du patrimoine, je suis extrêmement honorée que ce soit au ministère
de la Culture. Une offre diversifiée en cinéma d'auteur dans toutes les régions du Québec, et ça, c'est important,
quand on dit qu'on veut protéger les artisans de la culture, qui n'ont pas
toujours les moyens et qui voudraient bien
qu'on regarde leurs films aussi partout au Québec, et ça, c'est un moyen.
Et ça, c'est quelque chose de très important et qui aide des créateurs, des créateurs d'ici à
pouvoir diffuser leurs films, leur cinéma d'auteur partout au Québec. C'est ça, aussi, la Stratégie culturelle
numérique, c'est non seulement de donner l'accès aux créateurs partout au
Québec, mais c'est de donner l'accès, partout au Québec, aux créateurs de
partout. Et donc, ça, on peut rire de ces petits argents, de tournées en
région, et tout, moi, je ne ris pas, je trouve que ce sont des argents extrêmement
bien investis qui permettent à nos créateurs de pouvoir diffuser, évidemment
avoir accès à l'offre du réseau muséal
québécois partout sur le territoire, et probablement qu'on aura l'occasion de
reparler des musées, mais la Stratégie culturelle numérique leur offrira
aussi la possibilité de pouvoir s'inscrire dans cette mouvance.
Nous avons
aussi rencontré les gens de l'ADISQ, qui nous demandaient vraiment, vraiment
beaucoup d'avoir des sous, de ce côté-là, pour pouvoir justement
dire : Vous savez, l'infrastructure numérique, ça peut être des gens qui viennent au travail le matin et qui travaillent,
comme on voit dans les films, sur Google et Yahoo et ces
entreprises, ils viennent créer des architectures numériques, et des
architectures numériques, ça fait partie de la Stratégie culturelle numérique. Pour faire quoi? Pour faire, entre
autres... par exemple, faire en sorte que vous, moi, n'importe qui
veuille acheter le dernier disque d'un
chanteur québécois, d'une chanteuse québécoise et qui va sur un célèbre YouTube
de ce monde ou iTunes et, comme par
hasard, parce que nous avons investi et que nous nous sommes très, très bien
positionnés dans ces immenses plateformes mondiales, que notre auteur, que
notre chanteur arrive, comme ça, tout de suite... Vous savez, la guerre des affichages, qui arrive en premier, en
deuxième, en troisième, ce n'est pas des farces, c'est ça, maintenant,
la concurrence mondiale. Et, si on veut que toute la production musicale
extraordinaire de nos artistes soit présente partout au monde, il faut investir
dans la Stratégie culturelle numérique.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Je suis
prête... Le député d'Ungava, la parole est à vous.
M.
Boucher : Alors, bon matin, Mme la Présidente. Mme la ministre, ça me
fait plaisir de vous voir. Bienvenue, ce matin, bienvenue à votre équipe aussi.
Et puis je voudrais juste vous corriger, Mme la ministre, je pense que
vous avez fait une erreur : ça ne se peut pas que votre adjointe ait 40
ans, là, c'est sûrement beaucoup moins que ça.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Boucher : O.K. Donc, vous savez,
bon, au Québec, il est important que le gouvernement, comme société, puisse aider et puis donner accès à ses créateurs.
Pourtant, on sait que, dans les années passées, l'aide à la tournée
était souvent incertaine et même non récurrente, puis on
sait qu'afin de permettre la circulation des spectacles de musique à l'échelle
du territoire du Québec, l'aide à la tournée est essentielle.
Le Québec est
grand, je peux vous en confirmer la chose parce que, bon, 55 % du Québec,
c'est moi tout seul qui l'ai, donc je peux vous dire que c'est vraiment
grand. Puis j'insiste sur le fait qu'il est important que les Québécois,
incluant ceux qui vivent en dehors des grands centres, puissent avoir accès aux
artistes émergents autant qu'à ceux qui sont déjà bien établis.
• (10 heures) •
Parce que,
vous savez, bon, avec la stratégie du Plan Nord, on arrive à dire : Bon,
bien, écoutez, là, il faut amener des
nouvelles familles à Chibougamau, à Chapais, à Lebel-sur-Quévillon. Mais vivre
dans un milieu, un milieu de vie, ce n'est
pas seulement des rues puis des magasins puis des maisons, c'est aussi un
milieu où est-ce qu'il y a moyen d'avoir accès à la culture, voir des
spectacles, puis avoir une vie intéressante, et puis passer un moment qui est
satisfaisant. Sans votre aide puis sans
l'aide gouvernementale, la population de mon comté ne pourra pas vraiment
espérer avoir accès à la culture autrement que par la télévision ou par
l'Internet. Donc, sans l'aide, par exemple, comment l'auditorium de La Porte-du-Nord, à Chibougamau, pourrait diffuser
des spectacles de qualité puis avec une programmation diversifiée pour
tous les goûts?
Il y a aussi, bon, dans mon comté — je
disais, tantôt, à la blague que j'avais plus que la moitié du Québec à moi tout seul — il y a la culture crie et la culture inuite,
deux cultures qui sont uniques au monde, je dirais, et puis qui sont
méconnues, qui méritent autant d'être connues que la culture plus
traditionnelle, si on veut, québécoise. On sait qu'à Montréal il y a un bouillon
de culture très riche, qu'on parle en art visuel, l'imprimé, des auteurs, la
musique, le théâtre, etc., c'est la même
chose du côté de Québec. Et puis ça, ça mérite d'être connu puis d'être reconnu
aussi partout sur le territoire, comme je disais.
Au Nord, vous
avez des artistes, bon, comme Etua Snowball, par exemple, avec son groupe de
musique, Sinuupa, qui n'a absolument
rien à envier à personne, qui est d'une qualité exceptionnelle. Etua, qui a son
propre studio d'enregistrement dans
sa maison puis qui enregistre ses disques lui-même puis d'une qualité... bon.
Cette culture-là mérite aussi d'être
diffusée au Sud, hein? Ce n'est pas juste dire : Bon, bien, nous, au Nord,
on est des bons spectateurs puis on aimerait
avoir accès à la culture du Sud, c'est le mélange de tout ça. Vous avez
Elisapie Isaac, par exemple, de Salluit, qui, elle, n'a plus besoin de
présentation et puis qui mérite d'être connue mondialement, pas juste seulement
au Québec.
Il y a quelques années, vous avez eu l'Orchestre
symphonique de Montréal, avec Kent Nagano, qui était venu donner un spectacle à Kuujjuaq, où il y avait
vraiment eu quelque chose d'exceptionnel. Puis je me considérais comme
un des privilégiés d'avoir assisté à ce spectacle d'un soir, où il y avait une
oeuvre musicale présentée, accompagnée de chants
de gorge. C'est un spectacle qui pourrait facilement, bon, être à la Maison
symphonique de Montréal, puis tenir l'affiche,
puis faire bénéficier le public des grandes villes de cette chose-là, puis les
ouvrir à quelque chose qui, souvent, est méconnu, si ce n'est pas
carrément inconnu.
C'est la même chose du côté de
Lebel-sur-Quévillon. J'étais à Lebel-sur-Quévillon en fin de semaine, une belle communauté qui est isolée au Nord. C'est à
peu près deux heures de route dans toutes les directions pour quitter
Lebel. Donc, il faut que ces gens-là puissent avoir accès à la culture.
Vous savez aussi que, bon, nos artistes sont
notre fierté. On a toujours un petit sourire en coin quand on voit le Cirque du Soleil réussir à l'extérieur, un de
nos chanteurs, un Xavier Dolan qui est couronné à Cannes, même si on ne
le connaît pas puis que... Moi, je suis de
Kuujjuaq. Quand même, c'est... Tout ça, ça rejaillit sur nous puis ça nous fait
bomber le torse un petit peu, hein? Donc, c'est important que ces gens-là aient
l'appui aussi. Puis c'est une carte de visite inestimable pour le Québec, ça
met le Québec sur la mappe.
Donc, moi, je
voudrais savoir, Mme la Présidente, puis je voudrais demander à la ministre ce
qu'elle entend faire au cours de la
prochaine année pour soutenir l'accessibilité de nos artistes sur tout le
territoire, notamment dans ma région, puis, du même souffle, comment
elle compte soutenir le rayonnement de nos artistes à l'extérieur du Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Si vous me permettez, Mme la ministre, il ne reste plus de temps dans votre bloc pour répondre à la question, ça fait qu'on va
passer au groupe de deuxième opposition, puis, en revenant, si vous voulez, le député d'Ungava pourrait juste,
peut-être, reposer la question pour que la ministre ait du temps pour la
réponse. Ça vous convient? Merci. Alors, la parole est à vous, Mme la députée
d'Iberville.
Mme
Samson : Merci beaucoup. Alors, la première question sera assez
rapide, j'aurais besoin de trois chiffres, s'il vous plaît. Afin de bien comprendre l'évolution des dépenses de l'État
et de bien assurer un suivi, j'aimerais que vous me fournissiez un... pardon, j'aimerais, Mme la
Présidente, que la ministre me fournisse le total des dépenses
consolidées de son ministère pour 2012‑2013,
pour l'ensemble de son ministère, les dépenses consolidées probables pour
2013‑2014, donc la projection de clôture pour l'exercice 2013‑2014, et les
dépenses consolidées prévues pour 2014‑2015.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Écoutez, les
chiffres... Puisqu'à question exacte réponse exacte, vous me
donnerez deux secondes pour donner les réponses les plus exactes possible.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Est-ce que vous voulez poser une autre question pendant que...
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Exact. Allez-y.
Mme Samson :
...et, pendant que les gens vont vous...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...font la recherche.
Mme Samson :
O.K. Non, c'est bon, c'est bon.
Mme David
(Outremont) : Au niveau de 2013, 646 millions de dépenses; dépenses
probables, 2013‑2014, 662 millions; dépenses budget 2014‑2015, 666 millions, ce
qui confirme l'augmentation du 1 %.
Mme Samson :
O.K.
Mme
David (Outremont) : Je pourrais vous ajouter dans ça qu'évidemment ça
inclut — et j'en
parlerai plus si on me pose la
question — toute la
question du service de la dette, auquel j'ai fait référence, qui mange
25 %, j'oserais dire, du budget.
Mme Samson :
...
Mme David
(Outremont) : Pardon?
Mme Samson :
Je sais que vous avez beaucoup d'hypothèques, oui.
Mme David
(Outremont) : Mais c'est parce qu'on a eu des magnifiques projets
depuis quelques années.
Mme Samson :
Oui, mais vous avez beaucoup d'hypothèques.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Vous vous adressez à la présidence, hein, Mme la
députée d'Iberville, s'il vous plaît.
Mme
Samson : Deuxième question,
et ce sera un commentaire suivi d'une question, et ça va toucher le crédit
d'impôt. Je serai brève. Je l'ai déjà dit
lors de la période de la question : À mon avis, la coupure du crédit
d'impôt pour la production de services, et là on ne m'accusera pas de ma
vie antérieure, puisque je ne suis pas issue du milieu de la production de
services... mais que, d'un point de vue purement comptable, elle ne faisait pas
de sens, cette coupure-là, là. On coupe plus
de revenus potentiels à l'État qu'on coupe de dépenses de mesures fiscales. Les
chiffres le démontrent à partir du bureau de la statistique du Québec,
celle-là ne fait pas de sens.
En ce qui concerne le
crédit d'impôt à la production, il est évident que, si on «grand-périse» les productions en cours et celles qui vont
être produites jusqu'au 31 août, que les impacts à court terme ne seront pas
majeurs, mais les impacts les plus
importants vont être l'an prochain, puisque cette coupure-là, du crédit
d'impôt, bien sûr, il y a quelqu'un
qui devra ramasser la facture quelque part. À moins que la ministre puisse nous
confirmer qu'entre autres Télé-Québec
sera dotée, l'an prochain, d'un budget supérieur pour assumer ce manque à
gagner là dans ses budgets, quelqu'un
va devoir ramasser la facture, et probablement que le phénomène auquel on va
assister plutôt, ça va être une
croissance phénoménale du volume de... une décroissance du volume total de
production au Québec, donc des pertes
d'emploi importantes, mais une croissance importante de la production dite
«nonunion» — permettez-moi le terme anglais — c'est-à-dire
de production qui sera faite non... pas sous l'ombrelle de la loi sur le statut
de l'artiste. Et là ça va toucher non seulement le nombre d'emplois, mais le filet
social des artistes, c'est-à-dire leur régime d'assurance, leur régime de retraite, et c'est là que la planche
va retrousser, vraisemblablement, c'est là que l'impact va être le plus important.
Et
j'aimerais savoir de la ministre, dans son ministère, quelles sont les
ressources dont elle dispose pour
gérer, justement, les applications et tout ce qui découle de la loi du statut
de l'artiste. Et est-ce que ces budgets prévoient une croissance des coûts à
cet effet-là, compte tenu de ce que je viens d'expliquer, des problèmes qui
vont résulter dans le filet social des artistes et du volume de pression qui va
être ressenti?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
• (10 h 10) •
Mme
David (Outremont) : Je
remercie ma collègue d'Iberville, qui connaît quand même assez bien le
milieu. Elle dit quand même
qu'elle ne se sent pas, donc, en conflit
d'intérêts puisqu'elle n'était pas nécessairement directement
de ce secteur-là. Écoutez, je suis désolée
d'avoir à vous répondre un petit peu... les éléments que j'ai donnés à votre
collègue de Joliette, c'est-à-dire que vous faites une démonstration...
D'ailleurs, la CAQ a quand même à coeur les finances du Québec, je pense que
c'est clair et ça a été dit, et que, si, bon, on suivait le programme stricto
sensu de la CAQ, je ne sais pas si on n'en serait pas dans des coupures
autrement plus sévères et graves dans tous, tous, tous les domaines de la société. Donc, on est dans des coupures,
effectivement, qui vont avoir, je dirais, jusqu'au 31 août, une sorte de...
ma collègue parlait de moratoire, là, je
dirais de non-application jusqu'au 31 août. Et après ça n'oublions pas... Et,
je répète, le premier
ministre lui-même, en Chambre — je pense, vous y étiez, je ne me souviens plus, je m'excuse, chère collègue — il
a invité votre chef de parti, chef de la deuxième opposition, à venir donner ses
propositions à la commission sur la fiscalité.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui.
M.
Bernier : ...article 81. La députée peut être insatisfaite de la
réponse, mais il reste que c'est quand même très large comme possibilité
de réponse dans le cadre de l'étude des crédits. Donc, ceci en vertu de
l'article 81.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. Mais l'article 81 dit aussi que ça n'appartient pas à la présidence d'apprécier la
qualité des questions et des réponses. Alors, c'est évident que vous
avez fait un préambule qui a duré plus que quatre minutes. J'imagine que la ministre
va arriver à répondre précisément à votre question.
Mme Samson :
...je centre ma question pour qu'on soit plus clairs?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Non, je pense que vous étiez très claire, Mme la députée d'Iberville. Alors, je vais laisser quelques minutes à
la ministre pour répondre à votre question.
Mme
David (Outremont) : Alors, écoutez,
la question portait effectivement sur les crédits
d'impôt, la question portait sur les conséquences, entre autres, sur le
statut des artistes. Je pense qu'on saute un certain nombre d'étapes, et j'étais en train de dire les prochaines étapes.
Donc, commission de la fiscalité, possibilité pour tous les gens qui se
sentent préoccupés — et
je sens très bien que ma collègue d'Iberville est préoccupée par cette
question-là et qu'elle a une certaine connaissance en la matière — donc,
à venir proposer toute façon d'améliorer la question de la fiscalité, alors que
ça soit la fiscalité en culture ou la fiscalité dans d'autres domaines...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : ...répéter ma question : De quelles ressources dispose
le ministère pour gérer toutes les questions liées à la loi du statut de
l'artiste actuellement? Et quelles sont les ressources prévues, anticipées?
Autrement dit, je veux savoir quelles sont
les ressources dont le ministère dispose actuellement pour gérer toutes les
questions liées à la loi du statut de
l'artiste. Et est-ce que le ministère a vu venir la croissance de problèmes qui
vont être générés par les impacts de la coupure du crédit d'impôt?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors, parmi les faits saillants qui sont
directement en réponse à la question, à l'automne 2013, le ministère a
mis en place un plan d'accompagnement visant à faciliter les échanges en vue de la conclusion d'ententes dans le secteur
des arts visuels et de la littérature. Il y a même eu embauche d'un médiateur professionnel qui s'appelle Me
Jean Marois. À l'automne 2013, il y a eu aussi l'ANEL, l'Association nationale des éditeurs de livres, qui a refusé de
participer à ce plan d'accompagnement, mais qui a accepté de rencontrer l'UNEQ, l'Union des écrivaines et écrivains, en
présence du ministère pour faire un état de situation. En novembre 2013, signature d'une première entente entre le RAAV,
Regroupement des artistes en arts visuels du Québec, et l'Association des galeries d'art contemporain. Février 2014, début des négociations
entre le RAAV et le Regroupement des
centres d'artistes autogérés. Avril 2014, donc récemment, début des
négociations entre le RAAV et la Société des
musées québécois. Juin, donc très, très récemment, le RAAV et la SMQ finalisent
une trousse de contrat type commune.
Donc, le ministère
poursuit donc la mise en oeuvre d'une démarche concrète visant à permettre la
conclusion d'ententes entre les associations
d'artistes et de diffuseurs dans les secteurs des arts visuels et la
littérature, incluant le théâtre,
contribuant ainsi à l'amélioration de la condition socioéconomique des
artistes. Alors, il n'y a aucune coupure prévue pour accompagner le
milieu à ce stade.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. La députée d'Iberville.
Mme
Samson : ...pour une troisième fois. Quelles sont les ressources dont
dispose le ministère pour gérer toutes les questions liées à la loi du
statut de l'artiste?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Je répète qu'il n'y a pas eu de coupure prévue pour
accompagner le milieu, qu'il y a beaucoup de démarches qui se font avec le
milieu. Alors, peut-être que ma collègue pourrait préciser sa question. Parce
que, là, il y a un rapport entre le crédit d'impôt, les gens... je répète, il
va y avoir 1,9 million qu'il y aurait en 2014‑2015.
Il y aura une commission sur la fiscalité. Nous allons attendre les réponses de
la commission de la fiscalité avant de dire : Est-ce qu'il faut
aller de tel côté ou de tel côté?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Mme la Présidente, là, force m'est de constater, là, que la
ministre ne maîtrise pas totalement les impacts qui vont découler des
gestes qui ont été posés dans le dernier budget, de toute évidence. Il y a une
loi dont elle est responsable, qui est la
loi du statut de l'artiste, et ma question est très simple : De quelles
ressources dispose le ministère pour gérer les questions découlant de la
loi du statut de l'artiste?
M. Bernier : Question de règlement.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, M. le député de Montmorency.
M.
Bernier : Article 35 :
on ne peut pas inculquer des motifs à un député ou à un ministre. On pose une question, c'est correct,
mais on ne peut pas inculquer. Article 35.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, allez-y directement à votre question, Mme la députée, puis...
Mme Samson : ...financières et
humaines dispose le ministère pour gérer les questions découlant de la loi du
statut de l'artiste?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Alors, à question
claire, réponse aussi claire. Nous disposons de deux ressources équivalents
temps plein, équivalents temps plein, sur les deux lois sur le statut de
l'artiste. Il n'y a eu aucune coupure de ce côté-là,
et nous allons accompagner les artistes dans tout ce qui a trait à l'application de la loi sur le statut de l'artiste.
Je répéterai encore une fois qu'il faut peut-être attendre la question de l'automne, la commission
de la fiscalité pour voir ce qui va
arriver et le lien que fait ma collègue entre la loi sur le statut de l'artiste, où on
continue le travail avec les ressources du ministère — qu'il
y avait, qu'il y aura encore — et la question des crédits d'impôt.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : Je vais passer à une
autre question et je reviens sur le numérique. Si j'ai bien compris les remarques ou la réponse de la ministre
à un de ses collègues tantôt, le 100 millions prévu dans le budget des infrastructures
du Québec pourra servir à financer des tournées d'artistes
et des positionnements sur l'Internet ainsi que la toile... moi, je l'appelle la toile culturelle, mais ça s'appelle La
Fabrique culturelle. Est-ce que la ministre peut nous expliquer un peu plus en détail ou nous donner un
plan pour le déploiement du 100 millions dans plus de détails?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Merci, chère collègue,
de me poser la question. Ça me donne l'occasion de préciser un certain nombre de choses.
La tournée, c'est une tournée physique, là, on se comprend, c'est de la tournée de créateurs, de chanteurs, de producteurs
qui s'en vont, comme le député
d'Ungava l'a dit, aussi loin qu'Iqaluit, bon, etc. Ça, ce n'est pas
nécessairement prévu par la Stratégie culturelle numérique, là. On se comprend que, dans Stratégie culturelle numérique, il y a
le mot «numérique». Alors, est-ce qu'il y aurait des aspects de
promotion? Il y a toujours des aspects
numériques maintenant, mais ça ne va pas financer, comme tel, les tournées en
région pour prendre un autobus puis transporter le matériel. Ça, on l'a
dit et redit, nous avons mis de l'argent, 5,8 millions, pour les tournées régionales et internationales. Ça, ça
va être la partie de l'enveloppe qui va aider les gens, les créateurs,
les équipes de production, à pouvoir faire de la tournée régionale, nationale
et internationale.
Par contre,
dans votre question, il y a aussi : Qu'est-ce qui va pouvoir être couvert?
Et c'est sûr que la stratégie culturelle
va aider à la diffusion en ligne — ça, c'est très, très clair — de performances, de créations artistiques,
et ça va donc donner accès à l'offre
culturelle en région. Je reprends, mais je ne veux pas répondre tout de suite à
mon collègue d'Ungava, mais
l'extraordinaire concert de Kent Nagano avec les chants de gorge à Iqaluit, je
crois que ça se passait ou... aurait
normalement, avec sa stratégie culturelle, pu être diffusé et regardé par
l'ensemble de la population du Québec.
Ceci étant,
nous venons de confirmer, il n'y a même pas un mois maintenant, le budget de la
Stratégie culturelle numérique. Nous
sommes en plein développement de cette stratégie, et j'ai dit aux partenaires
et je dis à tous les partenaires du
milieu culturel et à ceux qui s'y intéressent — et je vous remercie de vous y
intéresser — que la
stratégie pourra être déployée et étudiée, elle est en plein
développement, et, dès l'automne, nous pourrons vous donner tous les détails
sur cette stratégie culturelle.
Par contre, je
tiens à rajouter... Et je suis contente, parce que, si vous avez plus... vous
demandez plus de détails, ça me fera
un immense plaisir de vous présenter ma collègue Michèle Fortin,
présidente-directrice générale de Télé-Québec, à qui nous avons octroyé cette année, en plus de la Stratégie culturelle
numérique, 1 million de dollars pour continuer le développement de
sa plateforme numérique, La Fabrique culturelle. Alors, j'aimerais
beaucoup, et je ne sais pas si c'est
pertinent à ce stade-ci que Mme Fortin puisse présenter vers où s'en va cette Fabriqueculturelle, qui est vraiment une initiative extraordinaire en termes
de numérique...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, Mme la députée.
• (10 h 20) •
Mme
Samson : Je m'excuse, j'aime
toujours entendre Mme Fortin, mais je préférerais
pouvoir utiliser le reste des périodes de questions qu'il me reste pour
des questions.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
C'est libre à vous, allez-y.
Mme Samson : Merci beaucoup. Donc,
je prends pour acquis qu'on pourra prendre connaissance du plan de déploiement
du 100 millions de la stratégie numérique à l'automne.
Mme David (Outremont) : Exactement.
Mme Samson : Merci. Mme la
Présidente, j'aimerais que la ministre nous parle un peu de TV5. À partir du moment où TV5 détient maintenant ce qu'on appelle
le 91H, le statut 91H qui est octroyé par le CRTC, et que, donc, TV5 recevra dorénavant des redevances de
câblodistribution qui seront imposées à tous les consommateurs, est-ce que la
ministre prévoit changer les crédits que le ministère accordait
traditionnellement à TV5 compte tenu de la situation financière différente de
TV5 depuis qu'elle a obtenu le statut 91H du CRTC?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Écoutez, TV5
Monde est une institution importante que j'ai eu moi-même l'occasion d'écouter à peu près de partout dans le
monde. C'est une branche de l'OIF, c'est une branche importante, c'est une initiative mondiale de la francophonie. Il y a
TV5 Québec-Canada, il y a TV5 Monde, mais, pour l'instant, nous restons
aux mêmes investissements que nous avons eus, que nous avons toujours eus,
c'est-à-dire 4,8 millions à TV5 Monde et 1,3 million à TV5
Québec-Canada.
Ceci dit, on
siège au conseil d'administration, Radio-Canada aussi y siège, et il y a
des réunions de prévues, c'est même la sous-ministre qui...
Une voix : ...
Mme David (Outremont) : Pardon?
Une voix : ...
Mme David (Outremont) : ...qui est
en novembre 2014, me précise-t-elle.
Alors, c'est
une question importante que vous soulevez là, parce que, vous savez, ça me
permet de faire un petit aparté sur l'importance de la francophonie
aussi. On n'est pas aux Relations internationales ici, mais on est quand même... votre question ouvre la porte sur le rôle
du Québec dans TV5 Québec-Canada, TV5 Monde, et je pense qu'il faut vraiment soutenir la langue française, et on
pourra peut-être en reparler dans une autre occasion lundi prochain,
soutenir la diversité des expressions culturelles. Donc, nous avons gardé
exactement le même soutien à TV5 maintenant. Alors, comment on veut travailler, quel contenu on veut y mettre? Est-ce qu'on
peut mieux s'insérer dans TV5 Québec-Canada, TV5 Monde? Ce sont des
crédits partagés, on le sait, avec les Relations internationales...
Mme Samson : ...
Mme David (Outremont) : Non, avec
les Relations internationales aussi.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la députée d'Iberville, il vous reste cinq minutes.
Mme Samson : Oui, très bien. Il me
reste cinq minutes?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
Mme Samson : Ah! Écoutez, je vais
aller fumer une cigarette. Allez-y! On va aller fumer une cigarette.
Des voix : ...
Mme Samson : Mme la Présidente, le
milieu des arts médiatiques craint, et l'a exprimé tout récemment, le transfert du programme Cinéma et vidéo, jusqu'ici
géré par le Conseil des arts et des lettres du Québec, à la SODEC, et
plus particulièrement à savoir si
l'enveloppe de 4,2 millions de dollars allait bel et bien suivre du
Conseil des arts et des lettres à la SODEC. Est-ce que la ministre peut
rassurer le milieu sur cette question?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors, c'est bien qu'il vous reste
cinq minutes, ça nous permet d'aborder des sujets que j'aurais
voulu aborder parce qu'ils sont importants. Ils sont importants parce que nous
avons eu des exercices à faire en arrivant, d'ailleurs, au ministère, et ce qui nous a permis,
effectivement, d'aller à la connaissance de ces extraordinaires
créations, qui datent de 1992, que sont le CALQ et la SODEC — pour
ceux qui ne le sauraient pas, le Conseil des arts et des lettres du Québec et
la société... attendez... des entreprises culturelles, voilà.
Alors,
écoutez, ça fait un certain temps déjà que... Et je vous ai dit que j'avais
assisté à une rencontre historique il y a à peu près trois semaines, un
mois, un mois et demi, là, le temps passe vite, là, des deux conseils
d'administration ensemble. Ce n'est pas neutre et ce n'est pas banal que je
revienne là-dessus, parce que le fait qu'ils soient tous les deux ensemble est un signe historique qu'ils se
parlent, qu'ils veulent travailler ensemble et qu'ils ont des travaux
communs. Et, dans les travaux communs, qui
sont entamés depuis plusieurs mois, d'ailleurs, et depuis sous le précédent
gouvernement, ils ont regardé... et
la sous-ministre précédente, qui a précédé
Mme Barcelo, donc, avait mis ensemble un certain nombre de ressources
pour regarder, entre le ministère, le CALQ et à la SODEC, toute la question
d'optimisation des ressources et d'assurer
la complémentarité des interventions. Parce
que, vous le savez, CALQ, SODEC, au
fil des ans, il y a eu beaucoup, beaucoup de programmes
et dans l'un et dans l'autre. Et, avec raison, les deux organismes,
consensuellement, veulent s'asseoir
ensemble pour regarder leurs propres orientations, où ils en sont après plus de
20 ans, donc, d'existence. Les deux
sont dans des travaux très importants de regarder leurs programmes.
Et ça s'adonne bien, parce que nous serons, au niveau gouvernemental en
général, en révision de programmes.
Alors, c'est dans ce
cadre-là et suite à un autre groupe que la précédente sous-ministre, avec le
précédent ministre, d'ailleurs, de la Culture, avait demandé un rapport du Groupe de travail sur les enjeux du cinéma, qu'on connaît dans le milieu et qui s'appelle communément le GTEC. Il y a eu
des travaux effectivement d'amorcés pour essayer d'éviter les dédoublements. Je pense que c'est vraiment
la question très,
très importante et d'actualité, ne
surtout pas dédoubler des choses qui
pourraient nous permettre de garder exactement les mêmes montants de subvention, mais, en même temps, de ne pas dédoubler les
interventions.
Alors,
ils ont commencé l'exercice avec le ministère. Et je vous dis maintenant, à ce stade-ci, que
les rencontres se poursuivent. Les rencontres ne sont pas terminées.
L'esprit de collaboration est là. Et ils ont donc entamé ce travail. Et je demande vraiment aux trois organismes
de trouver les meilleures pistes d'atterrissage possible. Et, pour
l'instant, il n'est pas question d'enlever 4 millions aux créateurs, qui
étaient dans le programme du CALQ, et de dire : Vous ne les aurez plus. On
est sur une question de qui fait quoi et comment on va organiser les choses.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Il vous reste à peu près 40 secondes, Mme la députée.
Mme Samson :
C'est bon. Est-ce que la ministre peut nous donner une idée de l'échéancier? À
quel moment les organismes vont arriver avec
un plan et des programmes qui auront été revus, corrigés, et qui pourront être
transmis à la communauté des arts médiatiques?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Je dirais : Écoutez, on n'est pas en termes
d'années, certainement. On est en termes de quelques mois, peut-être même le
mois de septembre, on me dit. Donc, ça travaille. Les gens travaillent vraiment en pleine collaboration, et je suis
convaincue qu'ils vont être capables d'arriver à des propositions
intéressantes.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci.
Mme Samson :
...beaucoup.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Alors, on va passer du côté
ministériel. Est-ce que, le député d'Ungava, vous voulez reposer votre
question pour que... La ministre aura plus de temps pour vous répondre.
M.
Boucher : C'est ça. C'est sûr que je vais vous faire grâce du
préambule, parce que je vais encore prendre tout le temps. Je m'excuse, hein? Quand je parle de mon
comté, je m'emporte. Puis, des fois, j'ai de la misère à me contenir. Je
pourrais vous en parler jusqu'à 1 heure, cet après-midi, puis je n'aurais pas
fini encore.
Alors,
dans mon préambule de la question, je vous disais... bon, pour faire voyager
les artistes, faire connaître la culture, autant nord-sud que sud-nord,
je voulais savoir, Mme la Présidente, auprès de la ministre, ce qu'elle entend faire, au cours de la prochaine année, pour
soutenir l'accessibilité de nos artistes sur le territoire, notamment dans ma
région, et puis, en même temps, comment elle compte soutenir le rayonnement de
nos artistes à l'extérieur du Québec.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci. Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors, M. le député d'Ungava, quel plaisir de
répondre à cette question, parce que, écoutez,
vous rendez-vous compte où on est rendus par rapport à où on est partis en
1961, quand la création du ministère de la Culture était, écoutez-moi
bien, l'article 1 du programme du Parti libéral du Québec sous Jean Lesage? Qui
avait écrit le programme du Parti libéral du
Québec en 1960? Quelqu'un qui s'appelle Georges-Émile Lapalme et qui a convaincu évidemment ses collègues d'en faire l'article 1.
Ce n'est pas rien, ça! Il y a des gens, chez mes collègues de
l'opposition, qui savent de quoi on parle quand on parle d'article 1. Alors,
écoutez, article 1 de la culture, c'est rêvé, je ne pouvais pas ne pas
souligner ça.
Imaginez qu'on est en 1961 et que le ministre qui est devenu
ministre de la Culture — quelle nouvelle! — Georges-Émile Lapalme, est obligé de convaincre ses collègues pour
l'achat d'un Riopelle à 4 000 $. Et le Conseil du trésor
trouve ça un petit peu cher, etc. Est-ce que ça vaut la peine? C'est qui, ça?
Ma voisine pourrait faire ça, des barbots de même.
• (10 h 30) •
Où est-ce
qu'on est 40 ans après, 50 ans après? On est en train de parler de culture
dans votre comté, en Ungava, après
50 ans où il y a eu pas moins... Et j'ai l'honneur de dire que je suis la
25e ministre de la Culture, il y en a eu 25. Et, depuis les 30 dernières années, mesdames, collègues de
l'opposition — parce
que je m'adresse aux femmes beaucoup — sur 30 ans de ministère de la
Culture, depuis 1985, il y a eu 28 ans de ministres féminines et il y a eu
deux ministres masculins, et j'ai nommé
Jacques Parizeau, pendant six mois, et, pendant 18 mois, Maka Kotto, donc
deux ans versus 28 ans. Donc, on
a fait énormément, énormément de progrès sur tous les plans, évidemment l'accès
des femmes, etc., mais aussi l'accès
à la culture partout en région. C'est phénoménal, en 50 ans, ce que le
Québec s'est développé en matière culturelle.
Et évidemment, avec le numérique qui est maintenant arrivé, imaginez la
multiplication des possibilités. Et le concert
dont vous parliez, et j'ai répondu un petit peu, ça aurait été... c'est
formidable avec les possibilités du numérique.
Maintenant, je veux souligner d'autres éléments
qui sont extraordinaires. Quand j'étais au lancement du dernier film de Denys Arcand, Le règne de la beauté, et il l'a
fait lors de... Mme Robert l'a fait aussi lors du dernier autre film, elle présente toujours l'initiative du
Wapikoni mobile. Wapikoni Mobile, c'est Manon Barbeau. C'est un
programme que nous supportons à hauteur de
80 000 $ par année. Ça fait des tournages extraordinaires, des courts
métrages. Ça met en scène tout ce que
les artistes de votre région, qui, on le répète... Vous dites que votre comté
est grand, deux fois et demie la France,
37e pays au monde si c'était un pays. Imaginez-vous la grandeur du
territoire que vous couvrez. Alors, la culture doit être présente aussi
dans ce territoire-là. On met 2,3 millions pour les tournées; oui, les
gens vont pouvoir y aller. Depuis 2007, le milieu demandait cette récurrence
des budgets, et ces budgets-là sont là.
J'étais, il y a quelques jours, dans un
symposium à Saint-Marc-sur-Richelieu sur les arts métissés, et là c'était
l'inverse. Et c'était non seulement extraordinaire, c'était émouvant d'avoir
les cultures allochtones et les cultures autochtones.
Alors, il y avait 11 communautés au nord du 49e parallèle — puis là vraiment, au nord, vous connaissez
ça beaucoup mieux que moi — jusqu'au 55e si je ne me trompe pas. Il y
avait vraiment beaucoup de monde, des artistes de partout qui étaient dans une immense tente avec
des artistes du Sud et qui partageaient sur leurs expériences, et
c'était vraiment... On a soupé ensemble, c'était vraiment une expérience formidable.
Et évidemment que le ministère de la Culture était le ministère qui avait
énormément aidé donc à la réalisation de ce symposium.
Donc, il se fait des choses extraordinaires, et
ce n'est certainement pas pour aller en diminuant, étant donné qu'avec le Plan
Nord que nous allons remettre...
Une voix : ...
Mme David
(Outremont) : Pardon? Ah! excusez. J'ai eu l'impression que quelqu'un
m'avait parlé. Alors, avec cette relance, nous allons être au
rendez-vous avec la culture partout.
J'oserais ajouter aussi, et ça, c'est très,
très, très frais, la signature pas plus tard qu'hier entre le premier ministre du Canada et le premier ministre du
Québec sur une entente énorme pour les municipalités, entente de
10 ans, vous lirez les journaux. Tous les
maires ont l'air absolument ravis. Et ça inclut, et le premier ministre du
Québec a tenu à le dire avec beaucoup de satisfaction... C'est un
premier ministre qui croit à la culture, qui en consomme lui-même beaucoup. Il a précisé dans cette annonce que la
culture allait être incluse dans les développements des municipalités,
des infrastructures. Quelle belle nouvelle pour vous, M. le député d'Ungava,
entre autres!
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. M. le député de Montmorency.
M. Bernier : Merci, Mme la
Présidente. Donc, permettez-moi de vous saluer, Mme la ministre, Mme la sous-ministre et... la sous-ministre et le
personnel du ministère de la Culture qui vous accompagne, saluer les
collègues et prendre quelques instants...
Tout à l'heure, vous avez souligné l'anniversaire d'une personne fort
importante qui est à vos côtés. C'est également l'anniversaire d'une
personne fort importante pour le Québec, c'est l'anniversaire du premier
ministre aujourd'hui. Donc, je désirais le souligner, c'est son anniversaire,
ça fait que je pense que c'est également important de le faire.
Je veux également juste apporter quelques
commentaires suite aux questions de l'opposition en ce qui regarde
les commissions. En ce
qui me concerne, en tant que président de la Commission des
finances publiques, j'ai donc eu à entendre
pendant plusieurs heures le président du Conseil du trésor et le ministre des
Finances, tous les deux pour une période d'environ 10 heures, donc
je pense avoir quand même assez bien compris que ces commissions vont faire l'objet d'études et d'analyses au niveau de la
commission des programmes, des programmes du gouvernement du Québec, et
que cette étude-là et le travail qui va être fait va permettre de savoir si les
programmes sont suffisamment financés, s'ils
sont encore utiles ou s'il y a lieu de les modifier. La même chose du côté de
la fiscalité, où il y aura des propositions de faites. L'un des objectifs de la commission de la fiscalité, c'est de
permettre au Québécois qui fait les efforts additionnels pour accroître
ses revenus qu'il lui en reste plus dans ses poches, c'est un des objectifs. Et
le résultat et le travail de ces commissions seront des recommandations, ils ne
viennent pas se substituer aux décisions du gouvernement. Ça a été clairement établi, ce sont des
recommandations, et c'est le gouvernement qui décide, qui va décider par
rapport aux recommandations qui seront faites. Je désirais, Mme la
Présidente, apporter cette précision. Je pense que ça a eu lieu de bien mettre
les choses en perspective.
Je
désire également, Mme la Présidente, remercier le personnel du ministère de la
Culture. Moi, je suis député de Montmorency
depuis 2003 et j'ai eu à travailler en étroite collaboration avec le personnel
du ministère de la Culture, je vois
plusieurs personnes avec qui on a eu l'occasion de se rencontrer sur divers
sujets. Pourquoi? Parce que Montmorency, à ce moment-là, recoupait l'île d'Orléans et la Côte-de-Beaupré, et
c'est là que l'histoire a commencé, et c'est là où on retrouve le plus
grand nombre d'éléments au niveau de la culture du Québec. Et j'ai été témoin
des investissements qui ont été faits. Bien sûr, il a fallu travailler, il a
fallu démontrer chacun des dossiers.
Juste pour vous citer quelques cas, prenons
l'exemple de l'île d'Orléans. Nos gens, avant d'arriver à Québec, sont arrivés à l'île d'Orléans. Donc, les
principaux attraits qui ont été aidés par le ministère de la Culture, pensons,
bien sûr, à ce qu'on appelle La Fondation François-Lamy avec la maison des
aïeux, avec son jardin où plusieurs familles américaines, canadiennes pourront
retrouver leurs ancêtres au niveau des terres qu'on retrouve sur l'île
d'Orléans... Vous l'avez mentionné tout à
l'heure, le député de Sherbrooke, la Maison Drouin, qui est fort importante,
qui a été rénovée au cours des
dernières années. Et je veux saluer ici le président de la fondation qui vient
de terminer son mandat, M. Blouin, Alex Blouin, qui s'est investi grandement dans cette rénovation. Donc,
c'est la maison d'un agriculteur qui a été préservée dans son entité. On
n'est pas venus modifier cet élément pour en faire un bâtiment ancien avec des
rénovations modernes. Non, on a conservé l'aspect ancien du bâtiment tel qu'il
est, et je vous invite à le visiter, c'est magnifique. Il y a aussi le Manoir Mauvide-Genest, le seigneur de l'île, qui est
fort important et qui a été conservé, rénové, et qui était dans un état
assez difficile. Il y a le parc maritime, parce que c'était l'endroit où les
goélettes étaient bâties; l'Espace Félix-Leclerc,
les programmes d'aide au niveau des rénovations des maisons ancestrales de
l'île d'Orléans. Ce sont tous des investissements fort importants qui
ont été faits et qui se poursuivent, parce que plusieurs d'entre eux font l'objet
de subventions en ce qui regarde des programmes au niveau de leur
fonctionnement, et ça, je veux le mentionner. Je veux le mentionner, c'est
important.
• (10 h 40) •
Il y a aussi
la Côte-de-Beaupré, Côte-de-Beaupré
avec, si on passe par Boischatel, La Maison Vézina ou l'ancienne Maison Wolfe, encore une fois, qui a été rénovée
au complet. Et, si on va à Château-Richer, la même chose, le Moulin du
Petit-Pré.
Si on s'étend
au niveau de Charlevoix, auquel j'ai eu également
l'occasion de travailler, les nombreux musées qu'on y retrouve, les nombreux petits musées, vous avez mentionné, Mme la ministre, tout à l'heure, les investissements qui étaient requis par rapport au ministère de la Culture dans le maintien de ces musées. Effectivement, s'ils ne reçoivent pas la subvention,
malheureusement on est obligés de fermer. C'est ça, la réalité.
Donc, il faut poursuivre dans ce sens-là, et moi, je vous encourage à
travailler dans ce sens-là.
Et en passant, bien sûr, le Québec, on ne peut
pas s'empêcher de penser au niveau de nos bâtiments religieux. Combien
d'églises ont été rénovées et maintenues en état sur l'île d'Orléans? Je vous
invite encore une fois à aller les
visiter : la basilique de Sainte-Anne; à Beauport, l'église de La
Nativité. Ce sont tous des bâtiments que, si le ministère de la Culture
n'avait pas été présent, aujourd'hui ils seraient dans un état difficile, et
c'est important de le dire.
Vous l'avez
mentionné tout à l'heure, les gouvernements libéraux ont été des gouvernements
importants et ont toujours mis en évidence et ont toujours pris à coeur
la culture du Québec. Bien sûr, dans un état des finances actuel, chacun doit faire son effort, mais, Mme la
Présidente, moi, je veux vous sensibiliser à tous ces investissements
importants qui ont été faits et qui doivent se poursuivre pour être capable de
les maintenir dans nos régions du Québec. Donc, j'aimerais vous entendre par rapport à cette situation versus l'état
actuel des finances, versus ce qui a été annoncé. Je pense que ces gens-là sont en attente aussi, méritent
d'être informés sur ce qui s'en vient, donc j'aimerais vous entendre sur
ça.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez, parler patrimoine, c'est parler du
passé, mais c'est beaucoup parler de
l'avenir, parce que, quand on parle de préservation du patrimoine, ce n'est pas
juste de la préservation statique, il faut que ça soit une préservation
vivante. Et j'en parlais avec les gens du patrimoine culturel, le Conseil du
patrimoine culturel, d'ailleurs, qui m'a
demandé de se présenter à moi. Je suis allée les rencontrer avec un grand,
grand plaisir, tout en précisant à
quel point ils avaient leur autonomie et ils avaient... Il y a une qualité de
gens qui font partie de ce conseil du patrimoine
et qui donc appliquent la nouvelle politique sur le patrimoine culturel adoptée
depuis 2012. Donc, le patrimoine est quelque chose d'extrêmement
important pas seulement au Québec, hein, partout, partout dans le monde, mais nous devons, nous devons nous préoccuper de notre
patrimoine. Le patrimoine est évidemment en lien très, très, très fort
avec la culture, donc, la culture.
Et je parlais de la création du ministère de la
Culture, mais, si on retourne 50, 100 ans en arrière, c'est les églises
beaucoup, beaucoup, le patrimoine, mais c'est aussi dans des lieux
exceptionnels comme nous sommes ici, à l'Assemblée nationale. Donc, il est
très, très clair que nous devons maintenir — et c'est maintenu — des
budgets pour le patrimoine, entre autres religieux. Ça, c'est 10 millions
par année pour faire le maintien, comme on dit, le maintien d'actif pour le...
C'est aussi la restauration puis, évidemment, le
recyclage des édifices religieux, mais il y a aussi le Fonds du patrimoine culturel québécois, qui est un fonds
qui est quand même important et qui, en fait, plus ou moins a cinq
volets, dans ce fonds du patrimoine, et
c'est important parce que ça veut dire qu'on prend ça très au sérieux. Il va y
avoir sur un prochain plan décennal,
donc, pas loin de 109 millions de dollars de dédiés au Fonds du patrimoine
culturel québécois, dont 30 millions en 2014‑2015. Alors, ce sont
des montants significatifs. Il y a beaucoup de projets, il y a pas loin de 586 projets qui sont annoncés depuis... en
fait qui ont été faits entre 2006 et le 31 mars 2014, pour
214 millions de dollars. Évidemment, dans les cinq volets, bien
c'est la protection des biens protégés par le gouvernement ou le ministère de la Culture, parce que nous protégeons nos biens, et ça, c'est extrêmement important. Il y a la mise en valeur des immeubles et des
sites d'intérêt patrimonial par les municipalités. Il y a la conservation et la
mise en valeur des oeuvres d'art intégrées à
l'architecture, parce que vous savez qu'on a une politique
de 1 % d'intégration d'oeuvres
d'art pour un certain nombre
d'édifices gouvernementaux. J'assistais même à la Commission de la construction
du Québec, où Mme Diane Lemieux, ex-ministre de la Culture
elle-même... qui n'est pas soumise à ce 1 % d'oeuvres architecturales,
mais qui a insisté pour mettre ce 1 % d'oeuvres d'architecturales, un
nouvel édifice sur Henri-Bourassa de la Commission de la construction du
Québec, une oeuvre absolument magnifique que je vous invite à aller voir. Et,
ces oeuvres-là, c'est beau de les mettre,
mais encore faut-il les entretenir, parce que, si elles sont toutes en train de
perdre, évidemment, de leur valeur,
ce n'est pas mieux. Il faut aussi renouveler les expositions permanentes des
institutions muséales, c'est important, ça aussi. Et finalement il faut
faire effectivement beaucoup d'études, de diffusion, de sensibilisation,
d'inventaires de mise en valeur du patrimoine culturel.
Donc, je dirais, c'est une responsabilité du
ministère de la Culture qui a une énorme importance, que nous ne négligerons pas. Vous dites qu'il ne faut pas
négliger la culture; le patrimoine fait partie de la culture. Et, quand on
voyage, nous-mêmes, quand on va à l'île d'Orléans, quand on va sur la Côte-de-Beaupré,
dont vous parlez, quand on va n'importe où au Québec, on retrouve, je dirais,
une espèce de sentiment de fierté de dire : Il y a telle ou telle église,
il y a tel ou tel lieu patrimonial, et on est tellement contents de les voir en
bonne santé.
J'ai été à
Tadoussac aussi, j'ai l'impression que j'ai fait beaucoup de petits voyages
comme ça. J'étais à Tadoussac, au Festival de la chanson de Tadoussac,
il y a deux semaines, et il y a cette église de 1745 qui est remarquablement conservée et qui est sur le bord de l'eau, c'est
de toute beauté, et il y avait le centre de traite des fourrures juste à
côté. Mais ça, ça prend des sous, mais ce
sont des sous extrêmement bien investis parce qu'entre autres c'est du
patrimoine culturel et touristique. Parce que, là, on fait un heureux mélange,
convergence, j'oserais dire, de tourisme des baleines,
de tourisme du lieu extraordinaire du fjord du Saguenay et de tourisme
culturel, parce que c'est un festival de la chanson où j'ai assisté à un
spectacle inoubliable de Robert Charlebois dans une église. Donc, en même
temps, on avait tout ça, c'était absolument
magique. Mais ces moments magiques là, justement, ils sont là parce qu'on
préserve le patrimoine, parce qu'on
préserve les tournées en région, parce qu'on préserve les festivals partout en
région puis parce qu'on a un patrimoine visuel absolument, absolument
fabuleux.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. En quelques secondes, M. le député de Montmorency.
M.
Bernier : Bien, je pense que vous l'avez bien mentionné. Le Québec,
sur le plan touristique, c'est important d'être capable de bien conserver ces éléments-là, parce que c'est un
élément où nos gens... On le fait, nous, quand on va à l'extérieur; bien, les gens qui viennent, ils
viennent ici également pour la même chose. Donc, on se doit de maintenir
ces investissements-là parce que, sur le plan économique, sur le plan
touristique, ça demeure un des éléments importants. Donc, quand on vient visiter... Vous avez parlé de sites, vous avez
parlé d'artistes, et le Québec s'est toujours vendu aussi à
l'international de par sa culture, mais ici on se doit de poursuivre nos
investissements dans ce patrimoine. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député. On va passer
du côté de l'opposition officielle. Mme la députée de Joliette, la
parole est à vous.
Mme
Hivon :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je vais y aller avec des questions assez
brèves, donc j'apprécierais évidemment avoir des réponses assez brèves
aussi.
Je vais
poursuivre dans le sujet qu'a abordé ma collègue d'Iberville, donc, en lien
avec le transfert potentiel du programme
Cinéma et vidéo du conseil... donc du CALQ vers la SODEC. Je voudrais
simplement avoir des confirmations de la ministre. Donc, je comprends
que ce n'est pas de ce seul programme qu'on parle mais bien de l'ensemble des programmes pour voir lesquels vont rester au CALQ
versus lesquels pourraient être transférés à la SODEC, et vice versa.
Donc, est-ce que j'ai une confirmation à cet égard-là?
Par ailleurs, est-ce que, dans l'exercice qui
est en cours, les budgets... Est-ce qu'il y a un engagement que les budgets vont être maintenus? Parce que, tout à
l'heure, la ministre a dit : Pour l'instant, le 4 millions est là. Je
n'ai pas beaucoup aimé le «pour
l'instant». Donc, j'aimerais savoir : Est-ce qu'il y a un engagement ferme
qu'il n'y aura pas là une occasion ou un prétexte pour effectuer
d'autres coupes?
Et
finalement, parce que je pense que les consultations avant plutôt qu'a
posteriori peuvent être une bonne idée, comme nous le démontre toute la question des coupes dans les crédits
d'impôt, est-ce que la ministre s'engage à consulter avant les
recommandations qui vont être faites le milieu des arts médiatiques?
• (10 h 50) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Mme la ministre, alors, il y
a trois questions dans sa question. Trois petites questions, oui.
Mme David (Outremont) : O.K. Alors,
la première, c'est : CALQ, SODEC, est-ce que c'est l'ensemble des
programmes ou seulement ce programme-là? Écoutez, les collègues CALQ et SODEC
sont là, ils pourront compléter s'ils
veulent, mais ils sont dans un travail actif de regarder l'ensemble de leurs
programmes et regarder à l'effet... Et c'est une efficience dont l'on doit se féliciter, de regarder qu'il n'y ait
pas de doublon de l'un par rapport à l'autre. Et, vous savez, je le
répète, depuis 22 ans que les deux entités existent, ils ont développé de
multiples programmes, ils en sont conscients
tous les deux. Le CALQ est en train de faire tout un plan stratégique avec
différents volets. Ils ajoutent des volets,
et c'est tout à leur honneur, de multidisciplinaire par exemple. Alors, oui, il
y a des remises sur la table de l'ensemble des programmes pour regarder : Est-ce que
c'est mieux que ce soit nous? Est-ce que c'est mieux que ce soient
d'autres? Alors, par exemple, les arts
multidisciplinaires comme la Tohu, bon, le CALQ va s'en occuper à partir de
maintenant. C'est tout à fait normal. Et, si
on était dans la stagnation complète, vous, probablement que vous seriez déçue,
de dire : Comment ça se fait qu'il n'y a jamais rien qui bouge,
qu'il n'y a pas... Vous ne vous posez aucune question sur les programmes en 2014? Alors, pour cette question-là,
effectivement, ils regardent mutuellement, et ensemble, et
réciproquement la question, évidemment, de leurs programmes.
Pour la
question du CALQ, on pourrait facilement dire que non seulement on n'a pas
coupé au CALQ, mais on a ajouté 1 million en crédits
supplémentaires pour le soutien à la création et à la diffusion hors Québec.
J'y reviens, c'est quand même 1 million
de plus pour soutenir dans le programme des tournées dans le domaine des arts
et des lettres, la politique
internationale, etc. Alors, il y a 1 million de plus. Et, sur l'ensemble,
bien là laissez-les travailler, laissons-nous travailler, le ministère
fait partie de ces réflexions-là.
Je sais que la députée est toujours inquiète
quand on parle de coupes. Je rappellerai que, dans le précédent gouvernement, disons que, des coupes, il y en a eu
quand même plus qu'une. Et c'est sûr que le précédent gouvernement était tout aussi préoccupé, on pourrait dire, de
la situation financière, enfin on l'espère, même si le déficit était
extrêmement élevé. Alors, que nous ayons un
souci d'efficience, que nous ayons un souci de révision de programmes, je pense
que c'est bien le moins que l'on
puisse faire par rapport à la situation budgétaire extrêmement inquiétante. Et,
dans ce contexte-là, je le répète, je
suis encore très satisfaite de voir que ces deux organismes travaillent
ensemble, que nous avons pu assurer le budget des deux organismes et que
nous ayons pu même mettre 1 million de plus pour la tournée dans le CALQ
en particulier.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Par ailleurs, j'ai noté aux crédits une diminution de 2 millions à la
SODEC. Mais ma question, c'était vraiment :
Est-ce qu'il y a un engagement qu'il n'y aura pas, à travers cet exercice, de
coupe supplémentaire, de diminution des budgets au total, CALQ et SODEC,
donc des différents programmes qui sont examinés? Et la deuxième,
c'était : Va-t-il y avoir des consultations avec le milieu avant que les
recommandations ou que les actions soient prises, vous avez dit, à l'automne?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Écoutez, nous sortons d'un exercice budgétaire exigeant,
rigoureux, difficile. Nous essayons de travailler avec tous les partenaires
culturels en leur demandant de faire le maximum pour être, j'oserais dire, de bons citoyens qui travaillent avec nous,
ce qu'ils font d'ailleurs pour pouvoir faire face à la situation
budgétaire extrêmement, extrêmement fragile en ce moment. Je répéterai qu'en
2013‑2014 il y a eu une croissance des dépenses consolidées de 5,4 %. Alors, il y a quand même la révision des
programmes qui s'en vient. Et, je le répète, la révision des programmes
se fait à l'intérieur des programmes CALQ et SODEC, se fera, j'oserais dire, à
la grandeur du Québec, la révision des programmes, pour être plus efficace.
Et la question de l'ensemble de la masse
budgétaire est totalement indépendante de l'inquiétude qui a été manifestée. Et je vois que la députée de Joliette
lit bien les journaux et reprend la nouvelle de la veille, et donc ils
sont inquiets par rapport à ça. La réponse est claire : La question du
4,1 millions n'est pas une question que ces créateurs pour lesquels il y a une réflexion entre la CALQ
et la SODEC en ce moment... que ce 4 millions là s'appliquerait à
ces créateurs-là. Il n'en a jamais été question.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Je suis
heureuse d'entendre que, pour la ministre, c'est clair, mais je comprends qu'il
n'y a pas d'engagement de la ministre de maintenir les budgets, donc, des
programmes à travers l'exercice, donc on ne sait pas ce qu'il va advenir des différents budgets, des différents programmes
qui sont sous examen, et qu'il n'y a pas non plus d'engagement à tenir des consultations avec le
milieu. Je pense que ce serait une excellente idée de consulter le
milieu avant de prendre des décisions à cet égard-là.
Je vais
maintenant passer aux questions relatives aux musées, parce que, oui, je lis
effectivement mes journaux et j'écoute ce qui se passe, et, après, il y
a quelques semaines, une entrevue au Devoir de M. Côté, qui est
directeur du musée des civilisations... Ce
matin, ce sont les quatre directions des musées d'État qui donc se disent
exaspérées par Québec, par ce à quoi
ils font face en termes de coupes. Donc, c'est une autre sortie assez
exceptionnelle des quatre musées, une sortie commune.
Donc, dans un premier temps, j'aimerais que la
ministre me confirme les montants, donc, des coupes dans les budgets de fonctionnement. Musée de civilisation,
on parle de 944 000 $; Musée des beaux-arts de Montréal,
700 000 $; Musée national des
beaux-arts du Québec, 550 000 $; Musée d'art contemporain,
445 000 $. Donc, est-ce que la ministre confirme que ce sont les montants qui sont donc
coupés cette année dans les budgets de fonctionnement de nos musées?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez, je vais revenir sur la question que la
ministre pose sur l'austérité. J'aimerais rappeler que, sous un précédent
gouvernement qu'elle a très, très bien connu, dont elle a fait partie, c'est même le ministre des Finances qui a fait son mea culpa, le
titre s'appelait Déficit zéro, en date du 30 novembre 2013, Nicolas Marceau fait son mea culpa, et le ministre Maka Kotto qui disait même :
Si j'avais su, j'aurais pas venu, étant donné les coupures qu'il devait faire au ministère de la Culture. Alors,
je pense que nous ne sommes pas... Je ne parle pas de 1922, je ne parle
pas de 1932. Je parle de 2013.
Alors, l'austérité et
la rigueur budgétaire à laquelle nous devons faire face est un résultat aussi
de la situation, évidemment, du Québec
actuellement. Et le premier ministre l'a dit, là, il y a le précédent
gouvernement, mais il y a une accumulation
aussi de situations qui font en sorte que le Québec doit être courageux dans
ses décisions, doit être visionnaire et doit prendre des mesures
importantes.
Alors, à la question,
évidemment, qui concerne les musées, écoutez, c'est vrai, c'est vrai que les
musées sont un joyau absolu du Québec. C'est vrai qu'il y a au-dessus de
480 musées au Québec et dans les régions. Il n'y a pas que les musées nationaux et le Musée des
beaux-arts, il y a aussi des musées régionaux, et, avec mes collègues qui
ont parlé des régions, je pense qu'ils
apprécient beaucoup, beaucoup qu'il y ait des musées aussi en région. Et nous
avons conservé les budgets...
Mme
Hivon :
...coupes pour les quatre musées d'État.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. On va...
M. Bernier :
...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, c'est ça qu'on fait, M. le député de
Montmorency. Oui, merci.
Mme
David (Outremont) : C'est vrai qu'on a demandé des efforts de
concertation et de collaboration entre les musées nationaux et le Musée des beaux-arts de Montréal. Tel que quoi? Tel
que qui? Tel que le rapport Corbo, demandé par le précédent gouvernement
sur l'avenir du réseau muséal... a demandé sur les institutions muséales. Ce
rapport, qu'on cite tant, que les collègues
des musées, avec raison, citent beaucoup, parce que c'est un rapport qui est
bien fait, ils le citent
partiellement en disant que, oui, M. Corbo demandait un réinvestissement
dans les musées, mais il demandait aussi des mesures d'efficience qu'on
a demandées aux musées et il recommandait beaucoup de choses. Il recommandait
la mise en place d'un réseau muséal plus
fort qui passe par la fédération, la fusion et l'intégration d'établissements
abordant les mêmes missions, un partage de
direction et de coordination du collectionnement, une rationalisation du
financement vers les établissements viables, en pages 89 et 90...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En conclusion, Mme la ministre.
• (11 heures) •
Mme
David (Outremont) : ...une fusion, une collaboration, à la
page 101, d'établissements afin de créer une muséologie cohérente, une mise en commun des
ressources provenant des musées, bibliothèques et centres d'archives, une redéfinition des missions de chaque établissement
muséal afin d'éviter les dédoublements.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En conclusion, Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : En conclusion, ce que nous demandons et qui est très peu
dit par les musées, et c'est clair... et
nous avons demandé à M. Corbo, dont la crédibilité ne fait aucun doute, et
c'est le précédent gouvernement qui
l'a nommé à cette fonction, d'accompagner les musées dans des mesures
d'efficience, pas des coupures, des mesures d'efficience pour qu'ils puissent
travailler beaucoup plus ensemble, et ça ne sera que profitable, entre autres,
pour la mise en marché...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, madame...
Mme David
(Outremont) : Oui. C'est fini?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre.
Mme
Hivon :
...Mme la Présidente. Alors...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Oui. Je demanderais la collaboration, parce que j'essaie de faire des questions
directes, donc j'aimerais avoir des réponses... Je comprends qu'elle peut
prendre un petit peu plus de temps, elle répond, mais je demanderais qu'on
reste sur le sujet.
Justement,
le rapport Corbo, c'était un tout, c'était une vision d'ensemble, et donc, oui,
plus d'efficience, mais un réinvestissement
dans les musées. Là, on est loin du réinvestissement, on est dans des
compressions de près de 3 millions dans nos musées d'État et, ce matin, on parle même de coupe à blanc dans
les musées. Moi, en tout cas, je n'ai jamais entendu ça.
Et juste des petits
exemples. Musée, donc, des beaux-arts de Montréal, on dit qu'on va devoir
couper dans les services éducatifs. Donc, la
culture, oui, ça sert à l'éducation, et on veut amener les jeunes vers la
culture. Ensuite, on dit : La
survie du Musée de la civilisation à Québec est compromise, dit le directeur.
On va fermer des journées d'ouverture d'une partie des musées qui
relèvent du Musée de la civilisation. Ensuite, on dit que, pour le MAC, on va
fermer la médiathèque du musée. Donc, ce n'est
pas rien, ce qui est en train de se produire, et ça va, oui, complètement à
l'encontre des recommandations du rapport Corbo. On est loin des
réinvestissements, on est dans les coupes.
Alors, moi,
j'aimerais savoir... La ministre de la Culture, qui nous dit que tout le monde
doit faire son effort... Je veux
bien, mais la culture, ce n'est pas n'importe quoi, et ce n'est pas vrai qu'on
peut regarder ça de manière paramétrique. Et on a vu des investissements de plus de 20 millions pour les
minicentrales, pour repartir les minicentrales parce que c'est supposé
être une bonne chose. Pourquoi on ne pourrait pas voir que la culture, elle est
préservée?
Donc,
j'aimerais savoir ce que la ministre a à dire aux directions des musées d'État
qui, de ce que je comprends, n'ont
pas été rencontrées. Donc, encore une fois, est-ce qu'elle pourrait les
rencontrer? Et quelles solutions va-t-elle leur transmettre, lorsqu'elle
va les voir, par rapport à ces effets catastrophiques de ces dernières
compressions sur leur mission même?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Alors, je
commencerais en disant que non seulement je les ai rencontrés, non seulement je les ai rencontrés en personne, mais je
les ai tous rencontrés, et je vais nommer Mme Bondil, M. Brian Levitt,
M. Alexandre Taillefer, à qui j'ai encore parlé pendant une demi-heure hier,
John Zeppetelli, que je suis allée voir et rencontrer personnellement et qui
sont venus me voir à mon bureau. J'ai rencontré Margaret Delisle et Michel
Côté. J'ai rencontré Line Ouellet et j'ai parlé au téléphone à M. Pierre
Lassonde pendant au moins 20 minutes.
Alors, je
pense qu'en très peu de temps j'ai déjà non seulement pris contact... ce
n'était pas un téléphone dit de courtoisie,
comme on aime bien dire, c'étaient de vrais téléphones de contenu. À chacun,
j'ai dit la même chose. À chacun, j'ai
dit : Écoutez, nous travaillons avec vous, nous ne travaillons pas contre
vous. À preuve, il y a quand même un budget, en 2014‑2015, pour le Musée national des beaux-arts, de 15 millions
de dollars d'investissement du budget du Québec; le Musée d'art
contemporain, 9 millions; le Musée de la civilisation, 24 millions;
le Musée des beaux-arts de Montréal, 16 millions;
les institutions muséales, à travers le programme de PAFIM, 28 millions.
Alors, nous aidons leur service de la dette, et ça, c'est remarquable,
et j'aimerais que la députée de Joliette s'en souvienne toujours quand elle
pose les questions. Par exemple, au Musée
national des beaux-arts, il y a presque 1 million de plus en service de la
dette que nous assumons. Oui, il y a eu beaucoup de développement dans
les musées, c'est vrai, et nous en sommes très fiers, mais il faut aussi
assumer le service de la dette qui est passé de 21 % à 25 % en
quelques années.
Alors, au fonctionnement, nous avons demandé des
budgets... nous avons demandé qu'ils travaillent plus ensemble, qu'ils soient accompagnés par celui-là même qui a des idées,
qui a écrit ce rapport et qui va les aider à regarder comment on peut mieux travailler. À travers la
Stratégie culturelle numérique, il y aura aussi du positionnement, de la
mise en marché, du marketing, etc.
Donc, je crois, au contraire, que, dans les
circonstances actuelles, avec les budgets actuels, nous continuons à aider nos musées. Oui, le Musée des beaux-arts est passé de 11 à 33 éducateurs en très peu
de temps. Alors là, peut-être qu'ils vont devoir baisser de 33 à 26, mais je
rappellerais qu'ils sont passés de 11 à 33 tout récemment. Je
rappellerais aussi qu'il y a un projet extrêmement important, pour le Musée des
beaux-arts, d'agrandissement. Il y a une collection qui a été donnée par Michal et Renata Hornstein, qui vaut 75 millions, d'oeuvres d'art, et évidemment qu'on est d'accord pour construire une nouvelle salle qui accueillera
cette collection extraordinaire de maîtres anciens. Mais, pour décider que
ça n'aille pas ailleurs au monde, cette collection-là, il fallait que le gouvernement
du Québec accepte d'investir au Musée des beaux-arts pour construire une salle
additionnelle.
La même
chose, M. Lassonde, généreux mécène pour le Musée national des beaux-arts... Vous passez devant tous les
jours, ça va être un extraordinaire pavillon.
Alors, oui, on veut aider les musées au maximum
de notre compétence. On demande un effort qui est de 400 000 $ ou
500 000 $. Je répéterai, au Musée des beaux-arts, que, oui, il y a
une coupure de 717 000 $. Il y a un réinvestissement
récurrent, qui n'a jamais eu lieu, même pas sous votre précédent gouvernement,
de 500 000 $ par année au Musée des beaux-arts.
717 000 $ moins 500 000 $, ça fait 217 000 $ de
coupure sur un budget, au Musée des beaux-arts,
de 16 423 040 $. Je pense que tout le monde doit faire un
effort. Nous allons accompagner les musées. Il va y avoir une révision des programmes, et ça, je l'ai dit à
chacun des présidents de musée, des présidents de conseil
d'administration. La révision des programmes
comprendra aussi la révision de toute la question du réseau muséal. Si on peut
faire mieux...
Le
Président (M. Bernier) : ...si la députée peut reposer une
autre question. Vous aurez l'occasion d'y revenir. Allez-y.
Mme
Hivon :
Oui, merci. Alors, sur ce thème, effectivement, il y a un paradoxe, hein? C'est
qu'en ce moment il y a un agrandissement au Musée des beaux-arts puis il
y a une coupe importante dans les budgets de fonctionnement. Donc, on investit dans l'immobilisation, mais on
désinvestit dans le fonctionnement. Donc, je ne sais pas trop comment ça
va arriver, mais, bon, j'imagine que la ministre va trouver des solutions d'ici
là.
Deux
questions très précises. Donc, la ministre y a fait référence, cette volonté
qui apparaît dans les documents budgétaires
de regrouper les services administratifs des musées, donc est-ce que la
ministre peut nous dire ce qu'elle a en tête et quel est son échéancier? Et l'autre mesure... effectivement,
puisqu'il me reste peu de temps, question concrète : Est-ce que la mesure — parce que l'éducation et la culture,
évidemment, ça va de pair, je suis sûre que la ministre en est tout à fait consciente — qui avait annoncée, donc, l'année dernière,
comme quoi les adolescents, donc les 13-17 ans, pourraient fréquenter les musées pour 1 $, est-ce
qu'elle va être maintenue? Donc, échéancier pour le regroupement et la forme
du regroupement administratif, et, deux, la mesure du 1 $ pour les
adolescents, la fréquentation dans les musées.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Mme la ministre, il vous reste deux minutes pour répondre aux deux
questions de la députée de Joliette.
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez, je répète que le PQ a quand même fait un
certain nombre de compressions dans les
musées, et ils ne sont pas tout à
fait surpris que nous ayons à prendre
un budget qui est extrêmement rigoureux, sérieux, et que nous devions
donc demander à tout le monde d'y participer.
Par ailleurs, je rajouterais, et je suis contente qu'on me rappelle de le dire parce qu'il y a beaucoup de choses à dire en peu de temps, que les musées d'État sont maintenant
admissibles au programme Mécénat Placements Culture. Ça veut dire
250 000 $ de plus par année pour différents projets. Et ça, c'est
extrêmement important, le programme mécénat culture.
Tout le monde a accueilli le fait qu'on mette 5 millions de plus par année. Et les musées seront admissibles. Ça aussi,
c'est une bonne nouvelle pour les musées.
Je
répéterais pour ma collègue qu'il y
a eu un rapport du Vérificateur général, en 2010‑2011, qui allait exactement dans le sens du
rapport Corbo, qui allait exactement dans le sens sur des avenues d'amélioration,
notamment sur des partenariats possibles.
Donc, écoutez, à moins que vous n'aimiez que la stagnation dans
notre société, je pense qu'il faut voir les questions de rapprochement, de mise en marché, pas seulement
en termes de : on va mettre administrativement des
gens ensemble. On va le faire de façon
intelligente. On va demander aux gens. Et c'est ça, M. Corbo, qu'on lui
demande de faire, on lui demande de regarder comment il est possible de faire
quelque chose.
Et je vais vous
donner une idée comme ça qui pourrait être intéressante, et M. Taillefer s'en
plaignait, et je le dis publiquement parce
qu'on s'en plaignait quand j'étais aussi dans le milieu universitaire, et dans
le programme du parti, c'était la
question de trop de paperasse administrative. Bien, s'ils se mettent ensemble,
collectivement, ils vont pouvoir peut-être, au lieu d'avoir chacun
quatre personnels à temps plein pour remplir des paperasses, les mettre en
commun, et déjà on vient de sauver... Et moi, je n'appelle pas ça un
rapprochement administratif trop dangereux, là.
• (11 h 10) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. On va passer sur le côté du gouvernement. Je cède la parole au député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. Bon matin à vous, Mme la Présidente.
Bon matin, Mme la ministre, à toute l'équipe ministérielle ici présente, aux
collègues du côté gouvernemental ainsi qu'à tous mes
collègues de l'opposition.
Tout d'abord, permettez-moi de revenir sur les propos sur TV5 de la députée d'Iberville, simplement pour dire ma grande admiration pour TV5, surtout depuis qu'ils
ont diffusé jusqu'en Europe les images de ma petite fillette en
compagnie du premier ministre, premier ministre que je salue bien bas
aujourd'hui, en cette journée qui lui est toute spéciale.
Je
vais commencer en avouant ma grande fierté, Mme la ministre, d'avoir une
ministre qui est aussi près du milieu culturel
québécois. Si, comme moi, vous la suivez, Mme la Présidente, si vous la suivez
sur les réseaux sociaux, vous savez qu'elle
ne manque pas une seule opportunité de participer, avec des activités, avec le
milieu des artistes, le milieu des artistes,
le milieu des gens qui travaillent en culture, le milieu de la préservation et
de la valorisation de notre patrimoine à nous tous.
Seulement cette
semaine, en plus des célébrations montréalaises de la Saint-Jean et en plus de
sa préparation à son apparition aujourd'hui ici, elle était... je vais
simplement lister quelques endroits : elle était à l'édition 2014 du Printemps numérique, elle était à l'ouverture de
la Maison Félix-Leclerc, elle était au Rendez-vous des arts métissés et
elle était, en plus, au spectacle J'aime
ma langue dans ta bouche. J'espère, Mme la ministre, que vous vous êtes
bien amusée.
Tout ça pour dire
qu'au cours des prochaines années je m'engage à m'assurer qu'elle connaisse
également le milieu de la culture en
Outaouais, le milieu de la culture dans le Pontiac. Quand on entend les
ministres dire — et on
les entend souvent dire — qu'ils
vont visiter les quatre coins de notre province, eh bien, un de ces coins, si
on regarde géographiquement, un de ces
coins, c'est le Pontiac. Alors, il me fera plaisir qu'elle m'accompagne pour la
tournée des artistes du Pontiac. Il
me fera plaisir qu'elle m'accompagne pour visiter la galerie d'art d'Aylmer,
qu'elle m'accompagne pour assister à
un spectacle à La Basoche, peut-être. Et elle parlait plus tôt de moments
magiques... Si elle est toujours à la
recherche de ces moments magiques, Mme la Présidente, elle pourrait
m'accompagner, et je suis certain qu'elle serait émerveillée à écouter
la musique et la musique classique au festival Under The Pines à
Bristol.
Mais j'aimerais
revenir, Mme la Présidente, sur les remarques d'ouverture de la ministre. Elle
a touché sur sa vision de la culture, sur ce
qu'elle veut entreprendre. Et on sait que les ministres de la Culture passés
ont tous laissé une empreinte, ont
tous laissé une marque bien distinctive, une marque bien à eux sur le
ministère, mais également sur le milieu de façon plus générale. Alors,
elle y a touché un peu dans ses remarques d'ouverture, et je sais qu'elle
brûlait d'envie de continuer dans cette
veine, et moi, je brûlais d'envie d'entendre ce qu'elle avait à nous dire.
Alors, j'aimerais savoir : Quelle sera sa remarque à elle, quelle
sera sa vision à elle pour le milieu culturel québécois?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : C'est
une question profonde. C'est une
question, pour quelqu'un qui est là depuis deux mois, évidemment, qui...
Je me garde quand même une petite réserve d'un certain nombre de
considérations, parce que j'ai trop de respect pour ce
milieu-là. Les gens qui travaillent autant au ministère, si vous saviez comme ils
connaissent leur métier. Moi, j'ai toujours
eu un respect infini... Et j'ai été sous-ministre à l'Enseignement supérieur,
je le dirais autant pour l'Enseignement
supérieur que je le dis pour le ministère de la Culture. Et tous nos
partenaires qui sont derrière, ce sont des gens d'un exceptionnel
engagement pour le travail qu'ils font. Et le milieu de la culture, c'est un milieu qui mange de la culture. Vous parliez J'ai
la langue dans ta bouche — c'est comme ça que ça s'appelait — c'est
une autre expérience d'un moment magique dont je pourrais vous parler.
Mais
je me sens investie... Et là je ne veux pas faire de pathos, mais certainement
que mes collègues de l'opposition seront
d'accord avec moi, le ministère de la Culture, ce n'est pas n'importe quel ministère. C'est un ministère important. C'est un ministère qui est né officiellement en
1961 sous le régime libéral — avant
ça, on parlait peut-être moins, sous le régime duplessiste, de la
culture — mais
on va reculer beaucoup plus loin que ça, et là je suis obligée de dire qu'il y a un peu de sang qui coule dans mes
veines de ce qu'on a appelé être le premier ministre de la Culture avant
le titre, c'est-à-dire mon grand-père Athanase David. Laurent-Olivier était
aussi mon arrière grand-père, le président de la
Société Saint-Jean-Baptiste, ce que le nouveau jeune président de 26 ans m'a
bien dit sous la flotte pendant qu'on était dans le défilé de la Saint-Jean : Ah! votre arrière grand-père
était mon aïeul comme président. Mais Athanase a écrit des livres absolument remarquables sur la politique
culturelle du Québec à ce moment-là, et je vais vous citer juste un exemple.
En
1915, c'était même avant l'arrivée d'Athanase, et je suis allée faire la remise
extrêmement touchante du Prix
d'Europe. Le Prix d'Europe, ça existe depuis 1911, vous rendez-vous compte? On
est en 2014. Ça fait 103 ans que le
Prix d'Europe existe. Pourquoi ça s'appelle Europe? C'est parce qu'à l'époque
c'était le seul endroit où les gens allaient pour se faire former un petit peu plus, hein? Les gens allaient beaucoup
en France. Ça s'appelait le Prix d'Europe, et on aidait déjà des
créateurs dans quatre instruments : piano, violon, les cordes, et puis,
bon, il y avait les percussions puis il y avait la voix.
Donc,
dans les secteurs comme ça, il y avait un concours et il y a eu des gagnants
mais absolument, absolument exceptionnels. J'en note juste un, mais ça
fait 103 ans — j'étais
pour remettre les derniers — en
1915, un dénommé Wilfrid Pelletier. Wilfrid
Pelletier, là, ça lui a permis d'aller où? Ça lui a permis d'aller en Europe.
C'étaient des bourses, à l'époque,
que mon grand-père a beaucoup, beaucoup bonifiées et donc c'étaient des bourses
d'à peu près 5 000 $.
S'il n'était pas allé en Europe, Wilfrid
Pelletier, s'il n'était pas devenu l'immense artiste qu'il est devenu, est-ce
qu'on serait allés le chercher à New
York en 1934 pour créer un orchestre symphonique dont mon grand-père disait à
l'époque — et
je m'excuse, là, de faire référence à lui, mais ça me touche beaucoup :
Écoutez, il est peut-être temps que les Canadiens français aient leur orchestre dans l'Est de Montréal? Pourquoi il disait
ça? Parce que le côté anglophone de Montréal avait de la musique classique et avait vraiment
beaucoup, beaucoup de philanthropie, etc. Il a dit : Moi, en bon patriote,
parce qu'il était assez nationaliste, je
veux qu'il y ait un orchestre symphonique — ça s'appelait des concerts
symphoniques — des festivals
dans les parcs dès 1934, mais du côté de l'Est, comme il disait, pour que les
francophones aient accès. Alors, il est allé chercher Wilfrid Pelletier, et la suite est évidente : la
Salle Wilfrid-Pelletier, la Place des Arts, les développements qu'on a
eus depuis ce temps-là.
On
a fait des choses, et il faut le répéter, il faut en être fier. Quel que soit
le gouvernement, on a fait des choses absolument exceptionnelles en
culture. Pourquoi on a fait ces choses-là? Entre autres, oui, et le premier
ministre l'a encore dit le jour de la Saint-Jean,
la culture, c'est l'identité, c'est la langue. Alors, avec cette culture-là, ça
nous permet d'exister, nous, petit
huit millions, sur l'ensemble de la planète. Nous avons vraiment réussi à faire
une place extraordinaire. Je ne suis
pas ici pour parler de langue, mais je suis ici quand même pour parler de la
culture et des choses extraordinaires.
Maintenant, devant ce
poids historique et ce poids des 24 prédécesseurs comme ministre de la Culture,
dont j'ai dit que les 30 dernières années,
c'étaient des femmes, et c'est tout à notre honneur, mesdames, je pense que
nous avons un devoir non seulement de mémoire, mais un devoir de vision
d'avenir. Et, dans ce devoir de vision d'avenir, il est évident que nous devons le faire tous ensemble parce que, pour
l'instant, on ne peut pas dire que l'argent coule à flots, c'est vrai, mais nous faisons cet effort financier
rigoureux pour être sûrs de pouvoir donner une croissance à nos enfants,
nos petits-enfants et qu'ils puissent continuer à développer cette culture-là
qui fait notre grande, grande fierté.
• (11 h 20) •
Donc, en termes de
legs, on pourrait parler certainement, certainement de quelque chose
d'extraordinaire en 1992 qu'a fait ma collègue Liza Frulla, et je la remercie.
Elle a créé la politique culturelle qui a maintenant 22 ans. Le ministère est déjà au travail pour faire le
bilan de cette politique culturelle, et imaginez si je pouvais un jour
présenter au Conseil des ministres, à
l'Assemblée nationale, la nouvelle politique culturelle qui embrasserait
évidemment tous les secteurs et la
mise à jour de ce qui s'est passé depuis 22 ans. On n'était pas beaucoup à
l'ordinateur en 1992, comme on
est maintenant. Il n'y avait pas le numérique développé comme maintenant. On
doit absolument avoir une réflexion. Et ma
collègue de Joliette va être contente de savoir qu'il va y avoir évidemment
énormément de consultations. Ce n'est pas moi qui vais écrire la politique culturelle, c'est tous ensemble que
nous allons l'écrire, et nous inclure dans ça, entre autres, la
stratégie culturelle, la vision pour les musées. La révision des programmes va
nous aider pour ça. Donc, c'est extrêmement important de mettre à jour cette
politique culturelle.
Je suis très contente
aussi que le premier ministre ait dit qu'obligatoirement — on
est très contents, dans ce sens-là, qu'il
emploie le mot — qu'il y
ait une composante culturelle aux missions internationales. J'ai participé, en
2010, à une mission qui était présidée par le premier ministre de l'époque,
Jean Charest, en Inde, et je m'occupais du volet éducation. Et je vois l'importance, si on avait eu des artistes, si on
avait eu des gens qui sont dans la production, des gens qui sont dans différents domaines. Nous, nous
travaillons déjà à l'international, nous avons des artistes en résidence,
nous avons des gens qui sont dans les délégations, mais le rayonnement, on n'a
pas idée, pour un si petit peuple, du rayonnement que nous avons à l'international, et ça, j'y tiens énormément. C'est
vraiment... Écoutez, le dernier Festival de Cannes, qui a... personne
n'a oublié la performance de Xavier Dolan. Mais c'est quelqu'un qui a, quoi,
qui a 25 ans, qui pourrait être, pour
plusieurs — pas pour
Isabelle — qui
pourrait être notre fils et qui, vraiment, est un jeune doué
extraordinaire.
Mais je continue. Au Prix
d'Europe, Bénédicte Lauzière, qui a gagné le prix de violon, cette fille-là est
toute jeune. Elle étudie... elle est passée
par le conservatoire, elle est passée par McGill, elle est au Juilliard School
de New York, et cette jeune fille-là,
c'est une Québécoise. Il y avait quatre Québécois extraordinaires qui étaient
dans ce concours-là, et ce sont des jeunes formés dans nos écoles. Mais
ça, ça veut dire qu'on a développé des conservatoires de musique, des facultés de musique, des offres en enseignement
supérieur, on a développé des offres d'art dramatique. On a beaucoup, beaucoup
de jeunes qui sont émergents, et je voudrais laisser un ministère de la Culture
qui est visionnaire, qui a une nouvelle politique culturelle, qui a une
nouvelle stratégie culturelle, qui est présent à l'international le plus
possible et qui n'oublie pas, et j'insiste,
qui n'oublie pas les régions, parce que les régions, nous investissons
beaucoup. Et, oui, je vais aller en
Outaouais. Ça va me faire plaisir, cher collègue. Je voudrais être partout en
même temps. Je suis à beaucoup d'endroits, et, à chaque endroit, pour
moi, c'est un émerveillement parce que je pense que nous sous-estimons, nous
sous-connaissons vraiment ce qui se fait dans les régions.
J'étais au Musée d'art contemporain de
Baie-Saint-Paul, qui a une très belle collaboration, d'ailleurs, avec le Musée des beaux-arts de Montréal, et il y a un
projet extraordinaire, écoutez, sur l'Holocauste, à Baie-Saint-Paul, un
projet avec la communauté juive. Je vais
être très, très impliquée si on me le demande. Je pense qu'il y a des projets
formidables comme ça. Je pourrais multiplier
les exemples, mais, oui, on doit être présents dans toutes les régions, parce
que, comme je l'ai dit pour Tadoussac, et c'est vrai pour votre région,
c'est vrai pour l'Ungava, il faut absolument... c'est vrai pour les Îles-de-la-Madeleine, il faut que la culture
se développe partout parce que la culture, c'est l'âme du peuple, c'est
l'âme des régions, c'est l'âme des villes.
Quand j'étais
à Falstaff, organisé pour les écoles en milieu défavorisé, dont
d'ailleurs la femme de Gilles Duceppe est
une grande porteuse de ce projet, c'est L'Opéra de Montréal avec des écoles
défavorisées de Montréal... Écoutez, de voir ces jeunes des milieux les
plus défavorisés, c'est une priorité, je l'ai dit, c'est une priorité pour moi,
c'est aussi la jeunesse — je n'ai pas eu le temps de répondre à ma
collègue de Joliette — la culture et l'éducation. Mais d'avoir ces jeunes, qui ne sont probablement jamais allés dans
un centre comme, je ne sais pas, moi, la Place des Arts, être eux-mêmes en
train de jouer de l'opéra, de faire les décors, de jouer de la musique, de
faire la mise en scène, les costumes, c'est vraiment
extraordinaire. Alors ça serait un autre de mes legs d'être sûre que la culture
pénètre dans les milieux, en région et dans les milieux les plus
défavorisés.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Ça va, M.
le député de Pontiac, oui? Alors, M. le député de Montmorency, vous avez
à peu près six minutes.
M.
Bernier : Merci. Je vais essayer de faire rapidement. On va parler,
Mme la ministre, d'un dossier un petit peu plus difficile. On va parler
du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec.
Le rapport annuel du conservatoire pour l'année
2012‑2013 vient d'être déposé. Il appert des états financiers que le déficit annuel est de 3 millions et un peu plus, que le déficit accumulé est
d'au-delà de 10 millions. Ces problèmes financiers sont récurrents,
et on évoque aussi des problèmes financiers de déficit structurel, ce qui est
plus difficile. On lui demande et on peut...
idéalement que ces problèmes, ce sont des problèmes d'offre de services
et des problèmes de gouvernance, et
le précédent gouvernement a, bien
sûr, été sensible à cette situation.
Même un communiqué qui avait été émis par le précédent ministre, le député
de Bourget, qui mentionnait, le 20 février 2014, avoir agi pour l'avenir du Conservatoire de musique et d'art dramatique du
Québec... Il avait alors apporté des changements importants au conseil d'administration du conservatoire, nommant Mme Monique Goyette comme présidente de
l'organisme et six nouveaux administrateurs.
Une consultation devait être entreprise pour développer une vision d'avenir.
Première question : Est-ce que cette consultation a eu lieu?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Alors, j'ai
trois minutes peut-être, à peu près?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
3 min 30 s, oui.
M. Bernier : J'ai d'autres
sous-questions, si vous...
Mme David
(Outremont) : Non, c'est parce que ça me fait un peu de peine même de
parler des conservatoires en seulement trois minutes. Le directeur
général, M. Desjardins, est ici. Écoutez, j'ai connu les conservatoires dans
une autre vie, à l'Enseignement supérieur,
parce qu'il y a des programmes de formation et il y a même des programmes
de maîtrise. Les conservatoires, je pourrais
dire, tout comme les facultés de musique et l'offre de formation musicale et
d'art dramatique ont explosé dans les
dernières années. Et les conservatoires ont été créés il y a quand même de
nombreuses années, ont été une occasion
extraordinaire pour des jeunes dont je parlais tout à l'heure, en région, de
pouvoir se former.
Maintenant, les conservatoires sont dans un
déficit structurel important, c'est clair. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, on le sait, il n'y a pas de cachette.
Ce qui m'a un peu renversée et désolée, je dois dire, moi qui ai siégé pendant 60 heures au moins à la commission
parlementaire... j'étais, à ce moment-là, sous-ministre adjointe à
l'Enseignement supérieur du précédent MELS, et on avait fait le projet
de loi sur la gouvernance des collèges et des universités.
Et donc, la gouvernance, on en a parlé, on en a lu, il y a eu des dizaines et
des dizaines de mémoires, et un des constats,
c'est que, quand on est président d'un conseil d'administration, on ne peut pas
en même temps être rémunéré pour faire enquête sur ledit conseil et sur
ladite organisation.
Alors,
je ne comprends pas exactement ce qui s'est passé, mais le même jour, la même
date, le 7 février 2014, mon
prédécesseur envoie une lettre à la présidente du conseil d'administration...
en fait, la nommant présidente du conseil d'administration et, en même
temps, lui demande de faire enquête sur le même conservatoire et de façon
rémunérée jusqu'à hauteur de 90 000 $, ce qui est quand même un
contrat... On parle de dépenses du côté de l'opposition, 90 000 $ de contrat pour faire en cinq
mois un rapport sur les conservatoires, peut-être que ce 90 000 $ là
devrait être utilisé à aider, quand on voit des argents comme ça qui
sont dépensés...
Mais ce qui
m'a beaucoup inquiétée et sur lequel j'ai été obligée d'agir immédiatement, je
ne pouvais pas faire comme si je n'avais pas vu que, la même journée, il
y avait deux mandats qui étaient envoyés en même temps : un de présider un conseil d'administration et l'autre
d'être rémunérée pour faire enquête sur l'organisme même qu'elle
préside. Et ce n'est absolument pas un
jugement sur la personne, que je respecte, que j'admire, c'est sur le
processus, le processus de mettre quelqu'un qui enquête sur
l'organisation dont elle est imputable.
Alors, il y a un problème qui était suffisamment
important pour qu'on demande qu'il y ait une fin de mandat pour les deux, dans les deux cas, c'est-à-dire et
le mandat d'enquête et le mandat de présidence de conseil
d'administration. Et j'ai signé hier une
lettre nommant un nouveau président du conseil d'administration, M. Jean-Pierre
Bastien, à qui nous donnons jusqu'au
30 septembre 2014 pour présenter un plan de redressement. Ça ne sera pas
facile, et là je n'aurai pas le temps, probablement, Mme la Présidente,
d'élaborer...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Vous avez une minute.
• (11 h 30) •
Mme David
(Outremont) : J'ai quand
même une minute pour dire que je sais — et je veux que M. Desjardins l'entende bien, les conservatoires l'entendent
bien — que ce
n'est pas une situation facile, je sais qu'il y a une énorme baisse de clientèle due à toutes sortes de
facteurs — et là on
reviendra à une question, peut-être, et je l'espère, de l'opposition,
sur la culture et l'éducation — une énorme baisse d'inscriptions, et d'inscriptions dans les facultés de musique,
d'inscriptions aux cégeps qui offrent des programmes en musique, d'inscriptions
aux conservatoires. Est-ce qu'il y a trop d'offres, est-ce qu'il n'y a pas assez de demandes? Il y a
toutes sortes de questions par rapport à ça, et il faut regarder la
question de la gestion, des chiffres, mais,
au-delà des chiffres, il faut regarder la question de la musique en région et
de l'art dramatique, de l'accès qu'il
faut préserver. Donc, c'est complexe, on va regarder l'ensemble de la
situation, mais il faut absolument
que nous trouvions une solution pour le déficit structurel des conservatoires.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. On va passer du côté du deuxième groupe de
l'opposition officielle. Mme la députée d'Iberville, la parole est à vous.
Mme Samson : Merci, Mme la
Présidente. Mme la Présidente, je ne ferai pas de préambule à ma question,
alors la piste d'atterrissage va être moins large et moins longue. Mme la
Présidente, j'aimerais que la ministre nous donne les trois principaux
objectifs du ministère pour 2014‑2015 et les indicateurs de performance reliés
à ces trois principaux objectifs.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, il y a deux questions dans votre question?
Mme Samson : L'objectif et
l'indicateur, la mesure.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Parfait. Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Écoutez, trois... C'est bien, ça a la vertu d'être
clair, un, deux, trois, les indicateurs. Alors, écoutez, je dirais que
la Stratégie culturelle numérique est certainement un objectif, j'ai dit, qu'on
voudrait déployer et présenter dès le début du...
Une voix : ...
Mme David
(Outremont) : Oui? Bien, oui, c'est ça. Donc, la stratégie, le plan...
Excusez, on m'a distraite. La Stratégie
culturelle numérique. Il y a un plan stratégique 2012‑2016 qui a déjà été mis
en place avec, effectivement, tous ses indicateurs. Alors, écoutez, vous
voulez que je réponde rapidement, donc je ne voudrai certainement pas passer à travers tout le plan stratégique, mais je
veux rassurer ma collègue qu'il y a un plan stratégique qui était le
même avant moi, qui a été fait... 2012, on était sous le précédent
gouvernement, mais il y a quand même cinq enjeux très importants, et la culture a un champ de compétence du Québec et une
assise de l'identité québécoise. Vous allez dire : Oui, mais est-ce qu'il y a des indicateurs? Il y a
quand même des actions d'ici le 31 mars 2016, il y a des actions pour
multiplier les expériences culturelles par
les jeunes de toutes les régions, je l'ai dit, je viens d'en parler, c'est
absolument important, cette partie-là.
Il y a quatre mesures, d'ici le 31 mars 2016,
pour les contenus culturels numériques, puis il va y avoir de nombreuses mesures ciblées qui vont être mises en
oeuvre. Il y a 75 initiatives qui ont été ciblées, d'ici au 31 mars
2016, pour la culture à l'international. Donc, ça reprend les éléments que j'ai
donnés, un petit peu, comme ça, en... ad lib, tout
à l'heure, avec mon collègue du gouvernement. Et il y a la diffusion de la
culture dans les régions, je pense qu'on a déjà un indicateur très précis, qui est d'avoir remis et investi de
l'argent pour les tournées en région puis pour la culture en région. On
a parlé des musées en région. Il y a l'Agenda 21 de la culture et le
développement durable : là aussi, il y a un
inventaire d'actions réalisées qui doit être ciblé le 31 mars... la cible,
c'est le 31 mars 2015. Et évidemment, évidemment,
la politique culturelle gouvernementale du Québec, qui sera déposée le 31 mars
2016. Et pourquoi 31 mars 2016? Parce qu'évidemment il y aura énormément
de consultations et nous voulons être sûrs qu'il y ait une très forte adhésion;
il faut prendre le temps de la faire.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson :
J'aimerais juste éclaircir un point. Il y a deux plans stratégiques du
ministère qui existent, à l'heure actuelle,
et qui se chevauchent, un couvrant la période 2011‑2015 et un couvrant la
période 2012‑2016. Est-ce que la ministre nous dit que c'est le plan
2012‑2016 qui sera suivi?
Mme David
(Outremont) : Absolument — que j'ai ici, si vous voulez
en prendre connaissance.
Mme
Samson : Je vous remercie. J'ai une autre question, on va parler de
Télé-Québec un peu, si vous le permettez. Et je vous réfère à notre question n° 46, que nous avons déposée.
Nous n'avons eu, pour cette question, qu'une réponse partielle. Entre
autres, est-ce que la ministre pourrait nous transmettre les budgets annuels de
Télé-Québec depuis 1995, un historique des
budgets depuis 1995, incluant les montants qui ont été destinés aux primes de
départ et le plan de réduction des effectifs?
On remarque que, pour
2013‑2014, Télé-Québec est déficitaire. Alors, un, est-ce qu'on pourrait avoir
les chiffres, depuis 1995, de façon à bien
comprendre l'évolution de Télé-Québec? Et quels sont les objectifs concrets
du gouvernement, en regard de Télé-Québec, pour l'avenir?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Alors,
pour les chiffres depuis 1995 — c'est ça? — évidemment qu'on regarde en ce moment, mais
on va vous les envoyer si vous ne les avez pas reçus, les chiffres exacts depuis
1995. Peut-être que Mme la Présidente a tout ça en tête par coeur, là,
mais...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Je vous...
Mme David
(Outremont) : On va certainement... Ça va nous faire plaisir de vous
les envoyer.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui. Je vous demanderais, Mme la ministre, de les
faire parvenir ici, à la commission, puis nous, on va s'assurer...
Mme David
(Outremont) : Parfait.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...que tous les membres de la commission
reçoivent...
Mme David
(Outremont) : Puissent avoir les chiffres exacts.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...le même document, oui.
Mme
David (Outremont) :
Impeccable. Ça sera fait dans les plus brefs délais. Votre
deuxième question, c'est sur la situation un peu générale de Télé-Québec...
Mme
Samson : Les objectifs que
le ministère formule à l'endroit de Télé-Québec et les plans pour Télé-Québec
pour l'avenir.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme
David (Outremont) : Écoutez,
voilà un bel exemple, voilà un bel exemple d'une réflexion que nous
avons à faire. Il y aura
une révision de programmes qui touchera... Évidemment, on l'a dit, il n'y a pas de secteurs de la société qui
seront exclus. Donc, Télé-Québec est une création du gouvernement du Québec.
C'est une institution que j'aime beaucoup, que j'ai eu l'occasion de participer entre
autres à travers Canal Savoir. Il y a une réflexion à faire. Le budget de Télé-Québec, effectivement, a été un peu déficitaire. Et Mme Fortin, qui est présente — si jamais ça vous intéresse, vous me le direz,
là, vraiment je suis ouverte à ça — fait des efforts énormes pour maintenir le
cap avec, évidemment, des budgets qui
sont ceux qu'on peut lui donner, ceux
qu'elle peut aller chercher, vous le savez très bien, en commandite, etc. Elle a fait des efforts remarqués
et remarquables pour tenir Télé-Québec, je veux dire, vraiment avec toute son
énergie.
Son dernier
bébé — et
elle le présente vraiment comme ça, hein, Mme Fortin — c'est La Fabrique
culturelle, que nous avons ici. Je vous
invite à aller regarder sur le site Web, c'est extrêmement intéressant. Elle
nous a dit : Écoutez, on a bien
commencé. C'est mars 2014, hein? Il y a eu énormément de travail en amont,
c'est clair, mais ça a été lancé récemment.
Déjà, il y a un travail exceptionnel qui est fait. Je pense que La Fabrique
culturelle a un avenir extraordinaire. Donc, la P.D.G. de Télé-Québec est très consciente
que, là aussi, il faut qu'il y ait un effort d'innovation et de
création. Et qu'est-ce qu'elle a fait, Mme
Fortin? Elle a demandé à ses directions régionales... Parce que
Télé-Québec — c'est
comme le réseau de l'Université du Québec — a des antennes dans
différentes régions, et c'est comme la Bibliothèque... Archives nationales, qui a aussi des antennes en région, et on en est
extrêmement satisfaits, et donc elle a demandé aux professionnels des
régions, dans les différents points de service, de travailler presque
exclusivement, je pourrais dire, à la plateforme de La Fabrique culturelle.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : Oui, merci. J'aurais
une question. Ma question suivante touchera la Régie du cinéma. Alors, il y a quelque temps, la Régie du cinéma a retiré
à Alliance Vivafilm son permis de distribution au Québec parce que, son
actionnariat ayant changé, les intérêts de l'entreprise étaient plutôt détenus
par des intérêts ontariens. J'aimerais que la
ministre nous donne une idée du sort que la Régie du cinéma entend réserver à
d'autres distributeurs dont l'actionnariat est aussi composé d'intérêts
torontois, entre autres Métropole Films et une autre filiale de eOne, de
Toronto.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Alors, si...
je ne sais pas à qui je dois demander la permission, mais, comme on a la chance — à vous,
Mme la Présidente? — d'avoir
le président de la Régie du cinéma, M. Michel Létourneau, je pourrais
lui demander d'apporter les précisions à la question de la collègue.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça prendrait le consentement des membres de la commission pour pouvoir écouter
monsieur... Oui.
Mme Samson : Si ça peut être assez
bref, il n'y a pas de problème, absolument pas.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui? Alors, on inviterait le... Monsieur.
M. Létourneau (Michel) : Bien,
bonjour. Merci de me donner l'occasion de...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Juste vous identifier, pour les fins d'enregistrement, s'il vous plaît.
M. Létourneau (Michel) : Oui,
bonjour. Michel Létourneau.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Létourneau.
• (11 h 40) •
M. Létourneau (Michel) : Michel
Létourneau. Je suis président de la Régie du cinéma.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci.
M. Létourneau (Michel) : Je ne sais
pas comment répondre à cette question-là. Il y a eu effectivement une audience avec Alliance, il y en a
une de prévue avec Métropole, et il y
en aura sans doute d'autres, puisque notre mandat, c'est de faire respecter la loi, notamment l'article
104, dont l'essentiel de cette partie de la loi veut s'assurer que les
gens qui ont un permis de distributeur général
au Québec soient des entreprises québécoises.
Alors, dans le cas d'Alliance, on a convenu, après analyse, qu'ils
n'avaient pas... ils ne se qualifiaient pas. Métropole sera entendue au mois
d'août et on verra pour la suite.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. Létourneau. Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : À ce moment-là, ma question est la suivante : Quel sera le plan b,
advenant que les prochaines auditions font en sorte que et Métropole
films et Séville subissent le même sort qu'Alliance? Il n'y aura plus, à toutes
fins pratiques, de distributeur au Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Est-ce que c'est la ministre?
Mme
Samson : Est-ce que la ministre a un plan b dans l'éventualité où les
deux autres sociétés qui feront l'objet d'audiences, on va se retrouver
devant la situation où il n'y aura plus de distributeur québécois au Québec?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Écoutez, ce
sont des questions de distributeurs : distributeurs indépendants,
distributeurs qui ont leur siège social à une place où à l'autre. Je
pense que la Régie du cinéma a sa sorte d'autonomie dans ces audiences-là, c'est pour ça que j'ai demandé au
président de répondre à ces questions-là. Si les décisions venaient à
être qu'il ne reste plus de distributeur au Québec, je pense que certainement
que ma collègue serait d'accord pour dire qu'on a une certaine inquiétude par rapport à ça et qu'il
va falloir regarder ça de très, très près. Alors, c'est ce que je peux
vous répondre pour l'instant.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : Peut-être que M.
Létourneau a déjà fait ou entamé une partie de cette réflexion-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. Létourneau.
M. Létourneau (Michel) : J'ai tenté,
avec les compagnies dont vous avez parlé, notamment le consortium eOne , de voir
avec eux ce qui pourrait être fait dans l'éventualité, parce qu'on parle bien
d'éventualité ici, puisqu'ils n'ont pas été entendus et que l'analyse de la
preuve qui serait déposée devant nous n'a pas été analysée.
Cela dit, la situation de la distribution au
Québec est extrêmement préoccupante, le milieu nous en fait part et, de toute évidence, je pense qu'il y aurait un
chantier qui devrait être ouvert avec l'ensemble des distributeurs
québécois pour évaluer effectivement un plan
b ou un plan c, dans la mesure où les décisions de la régie, dans un avenir à
moyen terme, seraient de même nature pour
d'autres entreprises. Mais, à ce moment-ci, il est un peu prématuré de présumer
qu'ils subiraient le même sort qu'Alliance.
Mais je pense que, si on est dans les si, les hypothèses, il y aurait
effectivement une réflexion en profondeur à faire sur le pourquoi de la loi et
aussi comment on va encadrer et s'assurer qu'au Québec on a encore des
distributeurs domestiques, si je peux m'exprimer comme ça.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : Merci, Mme la
Présidente. J'aimerais maintenant qu'on aborde un peu la question du Bureau du
cinéma et de la télévision du Québec. Dans les questions que nous avons
déposées et pour lesquelles nous avons demandé
un complément d'information, il a été, à toutes fins pratiques, impossible pour
nous d'obtenir ces informations. Nous
aimerions connaître la liste des projets et des activités du BCTQ — communément appelé le BCTQ — au cours de 2013‑2014, et son plan d'affaires pour 2014‑2015, ainsi que les
résultats de leurs différents démarches et démarchages dans les marchés particulièrement américains, mais
aussi européens, ce que ça a pu générer comme retombées économiques pour
le Québec en fait de productions étrangères sur le territoire du Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Alors, le
BCTQ, pour les gens qui se demanderaient, c'est vraiment le Bureau du cinéma et de la télévision, comme vous avez
bien dit d'ailleurs, est un organisme sans but lucratif qui a pour
mission de contribuer au développement et la compétitivité du Québec comme
centre de production cinématographique et télévisuelle de calibre
international. Alors, il agit à titre de secrétaire de la grappe du cinéma et
de la télévision.
Donc, il y a
beaucoup de partenaires dans ce bureau-là, beaucoup de ministères; la ville de
Montréal, de Québec; le MAMOT, le
ministère des Relations internationales; la SODEC, etc. Ce bureau-là est
financé en partie dans le cadre de l'appel à projets, accueille, sous
forme de subventions à raison de 100 000 $ par année, depuis sa
création — alors,
depuis 2006 — pour soutenir les activités de l'organisme en
lien avec la promotion du Québec comme lieu d'excellence pour les
tournages étrangers.
Ceci étant
dit — et ça va
peut-être répondre à votre question, mais vous ne serez pas très heureuse de la
réponse : c'est que, dans votre question, qui est dans la demande de
renseignements particuliers, vous demandez la liste des projets déposés par des
sociétés québécoises et canadiennes pour 2013‑2014, liste des projets acceptés,
des montants consentis, des projets refusés, montants refusés, et la réponse
qui vous a été donnée, c'est que cette information est fournie, donc, «par un tiers et ne peut être communiquée en vertu des
articles 23 et 24 de la Loi sur l'accès à l'information». Donc, ce sont
des informations protégées.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci. Mme la députée d'Iberville.
Mme
Samson : Mme la Présidente, est-ce que la ministre peut nous dire qui
est le tiers en question qui fournit les renseignements, sinon le BCTQ?
Mme David (Outremont) : C'est le BCTQ.
Mme
Samson : Pourquoi on ne peut pas avoir accès aux... Le BCTQ est
financé partiellement par le ministère et on ne voit pas pourquoi, comme
le ministère finance une partie des activités du BCTQ, pourquoi on ne pourrait
pas avoir à notre disposition les résultats des actions entreprises par le
BCTQ, l'investissement qui est consenti dans le démarchage, et les retombées
économiques dont bénéficie le Québec découlant de ce démarchage-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Alors, je
vous réponds à travers la bouche de la Loi d'accès à l'information, article
24 : «Un organisme public ne peut communiquer un renseignement fourni par
un tiers lorsque sa divulgation risquerait
vraisemblablement d'entraver une négociation en vue de la conclusion d'un
contrat, de causer une perte à ce tiers, de
procurer un avantage appréciable à une autre personne ou de nuire de façon
substantielle à la compétitivité de ce tiers, sans son consentement.»
«Un organisme public — article
25 — doit,
avant de communiquer un renseignement industriel, financier, commercial, scientifique, technique ou syndical
fourni par un tiers, lui en donner avis, conformément à l'article 49,
afin de lui permettre de présenter ses
observations, sauf dans [le] cas où le renseignement a été fourni en
application d'une loi qui prévoit que le renseignement peut être
communiqué et dans les cas où le tiers a renoncé à l'avis en consentant à la
communication du renseignement ou autrement.»
Donc, selon nos avis juridiques, nous ne sommes
pas en mesure de donner ces renseignements. Maintenant, il y a une assemblée
générale du BCTQ le 10 juillet, alors peut-être vous pourrez poser les
questions à ce moment-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : Mme la Présidente, là,
on n'a pas demandé de secret d'État ou de secret industriel, là. Juste savoir combien d'investissements ont été consentis
dans le démarchage et combien ça a généré de revenus économiques pour le
Québec. Deux chiffres.
M. Bernier : Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui. M. le député de Montmorency.
M.
Bernier : Même si les questions de la députée d'Iberville sont
intéressantes, l'article 82 : donc, la ministre peut décider qu'elle ne peut vous fournir les
renseignements. Et elle vous a donné... Et elle lui a donné les raisons, les
motifs pour lesquels elle ne peut répondre à la question. Donc, l'article 82.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui, M. le député. Je pense que la
députée d'Iberville, là, a le droit de s'exprimer si elle n'est pas
satisfaite. Je ne pense pas qu'elle avait des...
M. Bernier : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...elle a imputé des motifs à la ministre. Alors, reposez votre question.
M. Bernier : Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
M.
Bernier : ...on connaît ça. Elle peut poser toutes les questions
qu'elle veut. Sauf que l'article 82 précise que la ministre peut décider
de ne pas répondre. O.K.? Et elle a donné les motifs. C'est sur ça que je vous
interpelle.
Mme Samson : Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson : La ministre ne souhaite
pas répondre à cette question?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Non.
Mme Samson : J'ai compris. J'ai
compris.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Je peux
intervenir?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
Mme David (Outremont) : Alors, je
vais faire une offre à ma collègue. Ce qu'on peut faire dans ce genre de cas là, c'est qu'on peut demander au BCTQ la
permission et lui demander de fournir cette information. Nous avons
besoin de son consentement. Alors, si vous
acceptez d'attendre un petit peu, nous pouvons demander au BCTQ et son
consentement et ses données, et à ce moment-là ça se fera à travers le
BCTQ et, j'imagine, à Mme la Présidente. Et, si le BCTQ refusait, bien, il
refusera et puis j'aurai fait mon possible, nous aurons fait notre possible.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Est-ce que ça vous convient, Mme la députée d'Iberville?
Mme Samson : Tout à fait.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, les documents seront
transmis à la commission...
Mme Samson :
À la commission.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...pour qu'on puisse les distribuer à tous les
membres.
• (11 h 50) •
Mme Samson :
J'aimerais maintenant qu'on parle un peu du doublage. Dans le cahier des
réponses, aux demandes de renseignements particuliers, à la question 78, qui
est la dernière de nos questions, il est inscrit que des échanges ont eu lieu, en 2013‑2014, entre le ministère
de la Culture et des Communications et les associations du secteur de
l'industrie du doublage afin d'évaluer la situation, que l'on jugeait critique.
Notre question
demandait les montants dépensés pour ce forum et l'état du suivi des
recommandations du rapport du forum. Est-ce
que la ministre peut nous dire combien a coûté ce forum et où en est le suivi
de façon plus précise?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : C'est en train d'être vérifié. Parce que je comprends,
de la question, que c'est un montant exact
sur un forum qui aurait eu lieu, évidemment, bien avant que j'arrive, là.
Alors, on va lire la réponse qu'on vous a fournie à cette question 78,
dernière des questions. Donc : «Toutes les recommandations contenues dans
le rapport du 16 avril 2010 du forum sur le développement du doublage ont fait
l'objet d'un suivi.
«En 2013‑2014, des
échanges ont eu lieu entre le ministère [...] et les associations du secteur
afin d'évaluer la situation du doublage et de planifier, le cas échéant, une
prochaine rencontre», donc, bientôt.
«Les intervenants
concernés n'ont présenté aucune requête particulière.»
Ce
sont les renseignements qu'on vous a donnés. Le rapport du forum est déposé le
22 août 2010 et les autorités donnent suite à une série de
recommandations. Alors, écoutez, je vous fais grâce de toutes les
recommandations sur le doublage. Ce que vous
voulez, et je comprends, c'est : vous voulez savoir combien a coûté ce
forum en 2010. Alors, écoutez, Mme la Présidente, les chiffres doivent
exister quelque part, alors on vous les fournira avec plaisir.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Parfait. Merci, Mme la ministre. Il
vous reste trois minutes, Mme la députée d'Iberville.
Mme Samson :
Oui. Est-ce que la ministre peut nous donner la lecture qu'elle fait de l'état
de l'industrie du doublage aujourd'hui au Québec?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
(Consultation)
Mme David
(Outremont) : Écoutez, je sais que récemment il y a quand même eu un
certain nombre de préoccupations par rapport aux coupures de crédit de
20 %, alors j'imagine que le... vous appelez ça industrie, est en réflexion par rapport à ça, aura des
recommandations. Il y a eu quand même pas mal de travail fait depuis 2007, et
c'est clair que, s'il y a un autre forum,
comme j'ai dit tout à l'heure, qui a eu lieu en 2010, nous serons présents,
parce que les échanges avec le ministère de la Culture et les
associations du secteur se sont poursuivis, et ils évaluent la possibilité de faire un prochain forum. Je pense que les
messages depuis le précédent forum, c'est d'avoir des mesures
incitatives plutôt que coercitives. Donc, une position qui est la même depuis à
peu près 10 ans au Québec, donc sous différents gouvernements, autant péquistes
que libéraux, il y a eu toujours cette idée d'être dans des mesures
incitatives.
Et
il y a eu beaucoup, beaucoup de travail fait dans ce domaine-là, puis la part
de films destinés aux salles de cinéma dont
le doublage a été fait au Québec par les «majors», comme on dit, était de
79 % en 2012. Alors, peut-être que votre inquiétude, c'est que ça
diminue. On va tout faire en sorte, et surtout s'il y a un prochain forum, pour
que l'industrie du doublage soit protégée comme les autres industries. Je sais
que ça donne du travail à beaucoup de nos comédiens, beaucoup de nos artistes
qui font du doublage souvent pour se permettre un petit peu de vivre. J'en
connais une en particulier que j'ai
rencontrée, je ne sais pas si on peut la nommer, mais elle est
supersympathique, elle s'appelle Geneviève Brouillette, elle fait beaucoup de doublage. Et on sait que c'est un
exemple parmi tant d'autres de gens qui veulent travailler et qui veulent gagner leur vie, et que le
doublage, bien, c'est aussi bien, quand ce sont des films distribués au
Québec, que ce soit des doublages faits ici, et on va essayer de protéger au
maximum...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, Mme la députée.
Mme
Samson : ...la ministre nous donne sa lecture du secteur du doublage.
Est-ce que, selon elle, ça va bien, ça va mieux que ça allait, c'est
pire que c'était, c'est le statu quo? Sa lecture du secteur du doublage au
Québec.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : En une minute, Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Combien?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Une minute.
Mme
David (Outremont) : O.K. Bien, ce qui est intéressant, c'est qu'il y a
eu beaucoup d'avancées, au Québec, par rapport au doublage. Il faut
maintenir les acquis, c'est vrai. Le 5 mai 2011, deuxième rencontre des
membres du forum, satisfaction,
satisfaction, et, je répète, de toutes les parties face au travail accompli et
à l'évolution du secteur. Donc, le secteur évolue, le secteur continue à
avoir des liens importants avec le ministère de la Culture, avec la Régie du
cinéma, l'Union des artistes, société des auteurs, télévision, etc. Et nous
allons regarder, effectivement, la suite des choses avec attention, et nous
allons regarder à partir de tout ce qui a été fait et éventuellement, s'il y a
besoin d'un nouveau forum, on fera un nouveau forum, et on sera des partenaires
importants. On va rester très, très vigilants par rapport à ce secteur-là.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Alors, on va passer, du côté ministériel, la parole au
député de Sherbrooke.
M. Fortin (Sherbrooke) : Oui. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. À ce stade-ci, j'aimerais interpeller la ministre
sur le mandat qu'elle m'a confié et que j'ai accepté avec grand plaisir la
semaine dernière, un mandat sur la réflexion
des libraires agréés. Et c'est un sujet qui préoccupe les différents
gouvernements qui se sont succédé depuis la fin des années 90 et qui a
préoccupé le gouvernement qui nous a précédés, on doit le dire. Le ministre de
la Culture de l'époque, l'actuel député de
Bourget, avec le concours des autres parlementaires, ont amorcé une réflexion
sur ce sujet-là, ont entendu plusieurs groupes en consultations
particulières, en août et en septembre 2013. 42 groupes se sont fait entendre ici, à l'Assemblée nationale, pour
trouver justement une solution pour que l'on puisse préserver nos
libraires agréés au Québec.
Suite à ces consultations-là, le ministre de
l'époque avait annoncé, en décembre, qu'il souhaitait déposer un projet de loi
pour réglementer le prix des livres. Dès lors — l'intention du ministre — notre
formation politique avait exprimé certaines réserves et, lors de la campagne
électorale, le premier ministre a été clair que, pour nous, il n'était pas
question de réglementer le prix des livres. Alors, avant le dévoilement de mon
mandat la semaine dernière, notre position était fort bien connue.
Et pourquoi notre formation politique a adopté
cette position-là, je pense que c'est important de le rappeler, Mme la Présidente, c'est entre autres pour
protéger les consommateurs, notamment les moins bien nantis, qu'ils
puissent continuer à avoir accès aux livres pour avoir accès à la culture. Et
parce que l'on... Il faut bien s'entendre, là, si on décide de réglementer le prix du livre, hein, c'est pour faire un prix
plancher et non pas un prix plafond, alors on comprend facilement que les
prix seraient à la hausse et on veut s'assurer que les Québécois puissent
continuer à avoir accès aux livres.
Ceci étant
dit, je tiens tout de suite à rassurer la députée de Joliette. On ne partage
peut-être pas le même moyen, mais on partage le même objectif,
cependant : de soutenir nos libraires partout au Québec. Et nous faisons
les nôtres, aussi, les observations qui ont été faites, par les parlementaires,
suite à ces consultations particulières là qui se sont déroulées en été et
automne 2013, et je voudrais juste vous les citer, Mme la Présidente.
Les deux
observations qu'ont formulées les parlementaires dans leur rapport sont les
suivantes : «La commission reconnaît
que [les] librairies indépendantes au Québec vivent une situation difficile et
précaire.» Deuxième observation : «La
commission reconnaît qu'il est impératif de tenter de préserver les librairies
indépendantes de nos villes, villages et quartiers afin d'empêcher leur
hécatombe.»
Alors, on est
pleinement conscients de la situation que vivent les libraires au Québec, et il
faut agir pour pouvoir les préserver, et ce, pour différentes
raisons : parce qu'elles jouent un rôle important dans notre société. Tout
d'abord, elles sont des références, les
libraires sont des références pour les gens qui vont les consulter. Elles
offrent aussi des produits spécialisés
qu'on ne retrouve pas nécessairement dans les grandes surfaces. Et finalement,
aussi, elles sont un outil de diffusion
de la culture en région, en région éloignée où, parfois, également, les grandes
surfaces ne sont pas nécessairement présentes. Alors, c'est pourquoi
c'est important, là, de pouvoir préserver nos libraires pour que, partout à
travers le Québec, on puisse encore avoir accès à la culture.
• (12 heures) •
Ceci étant dit, Mme la Présidente, comme je vous
le disais, il y a un travail qui a déjà été fait. Dans notre recherche d'alternative à la politique du prix
unique du livre, on ne va pas reprendre non plus le processus à zéro.
Nous allons prendre contact avec l'ensemble
des groupes qui sont venus témoigner en commission parlementaire pour
pouvoir échanger avec eux, pour qu'on puisse
trouver des solutions qui feront le plus grand consensus possible, non seulement les groupes qui sont venus, mais les groupes, aussi,
qui nous signifieront leur intérêt à ce qu'on puisse les rencontrer. Et, à cet effet-là, Mme la Présidente, j'ai eu l'occasion, déjà, depuis l'annonce de mon
mandat, de m'entretenir avec
M. Foulon, du conseil consultatif du
livre et de la lecture, et, avec lui, on a convenu de se rencontrer très
prochainement. Il était très heureux que je l'appelle. Il a pris le
temps de prendre mon appel, même s'il était sur son 18e trou, alors, comme
quoi il est très préoccupé par le sujet qui
nous occupe présentement. Ça me fera plaisir de le rencontrer, d'échanger
avec lui avec les gens du ministère très prochainement.
J'ai eu l'occasion également de parler avec
M. Richard Prieur, qui est le directeur général de l'Association nationale
des éditeurs de livres, de l'ANEL, et on a convenu également de se rencontrer
très prochainement. Il était très, très heureux que j'entre en contact avec lui aussi rapidement
après l'annonce de mon mandat. Il appréciait beaucoup la proactivité de notre gouvernement dans ce dossier-là. Et, une fois que j'aurai fait ces rencontres-là,
j'ai bien l'intention, si elles le
désirent, de rencontrer les porte-parole de l'opposition
avant de faire des recommandations à
la ministre. Je pense que
le premier ministre a été très,
très clair qu'on doit travailler dans
un esprit de collégialité. On n'a pas le monopole des bonnes idées non
plus, et il n'y a pas personne qui les a dans cette Chambre, alors c'est
pourquoi je veux travailler de concert avec les oppositions, en m'inspirant — et je dois le dire, parce que, de ce côté-ci
de la Chambre, on est capables de reconnaître
les bons coups de nos adversaires — de toute la démarche qu'a fait la députée de
Joliette dans le cadre du projet de loi n° 52, qui a manifesté
beaucoup d'ouverture et qui a, justement, travaillé en collégialité avec
l'ensemble des parlementaires. Alors, sur ce
mandat-là que m'a confié la ministre, c'est un peu ce que j'entends faire
aussi, également.
Donc, avant
de lui faire des recommandations, que j'aimerais lui remettre d'ici quelques
mois, plus précisément cet automne,
donc, je consulterai au préalable les oppositions et on pourra également faire
rapport de ce qui nous a été dit lors de nos rencontres avec nos
intervenants.
Évidemment, Mme la Présidente, lors de ces
rencontres-là, je vais devoir aborder des pistes de solution potentielles avec les gens que je vais rencontrer,
des pistes de solution qui me seront soumises par la ministre, qui ne
seront pas exclusives, mais, quand même,
pour amorcer la discussion, on va suggérer aussi des alternatives au prix
unique du livre. Alors, j'aimerais tout simplement que la ministre nous
entretienne sur ces pistes de solution potentielles.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député. Mme la ministre.
Mme David (Outremont) :
Écoutez, avec cette magnifique introduction, je suis tellement, tellement fière
d'avoir demandé à mon collègue député de
Sherbrooke de relever ce défi important. Le livre est un vecteur extrêmement important de l'identité culturelle
québécoise. Ce n'est pas un petit secteur, c'est un vecteur extrêmement
important, et il a fait un exposé, ma foi, qui est digne du mandat que nous lui
avons confié et qu'il va relever avec énormément...
et qu'il a déjà commencé à relever et pour lequel il donnera des recommandations
dans un esprit de grande collaboration, et j'espère que mes collègues de
l'opposition seront au rendez-vous.
Nous le répétons, le livre est un secteur
extrêmement important. Mon collègue ne va pas recommencer à zéro, et, je tiens à le répéter, nous l'avons dit
pour... Je ne sais pas si un jour on va l'appeler la loi Hivon ou la loi...
on n'a pas le droit de dire les noms, là, mais la loi sur l'aide médicale...
sur les soins de vie, il faut bien dire le titre. Donc, je pense que nous ne recommencerons
pas à zéro, c'est clair. Il y a eu des mémoires déposés, il y en a eu plusieurs, il y en a eu de nombreux. Donc, mon
collègue député de Sherbrooke va reprendre avec les principaux acteurs concernés, et va reprendre avec les collègues et
du milieu et de l'opposition. Et ce qui est important de dire,
évidemment, c'est que ce mandat de réflexion concerne, oui, les librairies
agrées indépendantes tout particulièrement, pour les fins de compréhension. Il y a évidemment ce qu'on
pourrait appeler la distribution grande surface, la distribution
librairies indépendantes agréées et les librairies à succursales. Il y a comme
trois grandes catégories de librairies. Et il y a, évidemment, un souci pour la
question des librairies agréées indépendantes. Et les librairies agréées
indépendantes sont des librairies partout sur le territoire du Québec. On ne
veut pas s'en passer, on ne peut pas s'en passer.
Une fois
qu'on a dit ça... parce que nous voulons, et nous l'avons dit, mon Dieu, pour
les musées, nous l'avons dit pour le patrimoine, nous l'avons dit pour
l'éducation, nous le disons pour le tourisme, les régions sont extrêmement
importantes, et ils doivent pouvoir avoir accès à une qualité de diffusion, à
une qualité de diffusion de livres digne de ce nom. Et nous ne pensons pas que
la question du prix unique du livre règle la question entière des librairies
agréées indépendantes, qu'elles soient en
région, qu'elles soient dans les grandes villes, parce qu'il y a un compétiteur
encore plus terrible, qui s'appelle les
achats sur le Web. Et je pense que tout le monde est conscient que c'est
facile, chez vous, le soir, d'acheter un
livre à partir de grandes, grandes plateformes internationales. Comment
compétitionner ça? C'est à ça aussi que le député de Sherbrooke devra réfléchir, aidé,
évidemment, par le milieu, qui ont certainement beaucoup de réflexions à
ce sujet-là.
Nous avons déjà beaucoup d'aide aux librairies
agréées indépendantes. Il y a toute la question des ventes de livres
institutionnelles. Il y a toute la question, évidemment, des livres numériques,
que nous aidons parce que nous aidons à la
mise en forme numérique, j'oserais dire, d'un certain nombre de livres, et il
faudrait vraiment se mettre des oeillères
pour ne pas penser que toute la question du livre numérique va prendre une
place de plus en plus importante. Alors,
il faut que la personne qui, par exemple, achète un livre numérique, d'abord,
l'achète, le plus possible, j'oserais dire, d'une librairie québécoise
ou d'une plateforme québécoise, puisse acheter un livre, même papier, à partir
d'une commande numérique, mais qu'il puisse aller le chercher dans sa librairie
en région, si elle est en région.
Et c'est
clair que c'est une question fort complexe, tellement complexe que, peut-être,
peut-être, oui, que ça va mener à une
réouverture, souhaitée par ma prédécesseure, Christine St-Pierre, souhaitée par
ma prédécesseure, de la loi du livre.
La loi du livre a quand même un certain nombre d'années, déjà, de vie, et,
comme toute loi, comme tout processus, je pense qu'il faut absolument
mettre à jour, se poser les bonnes questions et arriver à des réponses qui,
dans le cas du livre, doivent protéger l'accessibilité et la pleine diffusion.
Alors, oui,
il y a la question de ce fameux prix des livres, mais il n'y a pas que ça, et
loin de là. Il y a vraiment des questions de diffusion et
d'accessibilité. Et moi, je voudrais que la question de la littératie au
Québec, qui est une question éminemment
complexe et importante... et on sait que ça passe beaucoup par le lectorat, la
littératie... donc, la question de la littératie doit être vraiment une
question prioritaire.
Et la question des librairies indépendantes,
c'est la question, oui, des livres institutionnels, qui passent, évidemment, souvent, les ventes, par les
librairies indépendantes agréées. Il y a le fait que la TVQ est à 0 %,
c'est quand même une bonne nouvelle. Mais quoi faire avec les livres
numériques? Comment, donc, repenser toute cette question d'accès aux livres? Je pense que, plus on aura des
accès qui seront près des nouvelles pratiques de nos jeunes, entre
autres...
Et les jeunes, ça commence très tôt. Est-ce
qu'on a déjà pensé que des livres numériques, ça peut être pour des livres jeunesse? Dès deux ans, ils sont... Et,
on le sait, les enfants, les bébés naissent avec des tablettes dans les
mains et vont se mettre à apprendre
l'alphabet, lire sur la tablette. On n'a pas idée, on est trop vieux peut-être,
tous ensemble, même, pour imaginer ce
que ça va être dans 10 ans ou dans 15 ans. Il faut penser à ça, le
mandat est extrêmement important, rigoureux.
Et je remercie, encore une
fois, mon collègue de prendre ce temps de nous remettre, dans quelques mois,
ses orientations. Et j'inviterai vraiment les collègues, et le ministère de la
Culture, et les fonctionnaires, qui vont être en parfaite collaboration avec le député de Sherbrooke, d'apporter les
idées importantes pour ce secteur si vital de la société. Je voudrais que les gens comprennent que, quand ils
vont parler à l'adjoint parlementaire, député de Sherbrooke, c'est comme
s'ils parlaient à la ministre, et ça, je voudrais
que ça soit clair. Il va être, pour les prochaines semaines, prochains
mois, mes yeux, mes oreilles, et nous allons
partager ensemble. Alors, je voudrais que les gens viennent le rencontrer et
qu'on arrive à des solutions qui, comme je l'ai dit, n'excluent pas la question
de dire : Écoutez, c'est tellement
important, il y a tellement d'aspects que, oui, peut-être, nous irons vers une mise
à jour de la loi du livre.
• (12 h 10) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Ça va,
M. le député de Sherbrooke? Alors, M. le député de D'Arcy-McGee, la
parole est à vous.
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente.
Chers collègues du côté ministériel, collègues des deux formations de l'opposition, Mme la ministre, Mme la directrice
du cabinet, bonne fête à mon tour, et à tous nos autres fonctionnaires
que je salue et que je remercie, au nom de
mes concitoyens de D'Arcy-McGee, et, j'ose croire, au nom de tous les
Québécois qui apprécient votre travail très, très important.
Bon, j'aimerais aborder avec Mme la ministre le
sujet de notre Bibliothèque et Archives nationales du Québec, un bijou pour nous tous, qu'on soit à Montréal ou en région.
J'ai été fasciné, impressionné de consulter le site Facebook du
ministère tout dernièrement et de noter qu'on est à notre 25 millionième
visiteur à cette admirable institution dont je suis sûr... à plusieurs
reprises, ma fille Zoë, qui est en train d'étudier la stratégie et production
des événements culturels à l'UQAM, donc...
Par ailleurs, il me semble que la ministre ainsi que notre gouvernement
auraient à rendre compte à ma fille Zoë et
comme à nous tous, les Québécois et Québécoises, en ce qui a trait à notre
performance dans le domaine de la culture, et j'ai toute confiance qu'elle va
être fière des résultats, comme nous tous.
Il me semble que de parler de la bibliothèque,
c'est de parler de la revalorisation des bibliothèques, surtout dans une ère technologique, où son importance est
capitale pour accompagner nos jeunes, compte tenu de ces... l'évolution de notre société en termes d'apprentissage et
d'éducation, et aussi de nous accompagner tous dans notre apprentissage,
continuer et revaloriser, en conséquence, le rôle de bibliothécaires aussi.
J'ai eu le privilège, dans mon ancienne vie
professionnelle comme directeur général de l'Association des commissions
scolaires anglophones du Québec, de mettre en branle un groupe de travail sur
la cyberintimidation. Je crois qu'on va
constater qu'on parle d'un sujet très important, et dont une de nos
constatations les plus fructueuses, à ma surprise, je l'admets, était avec l'Association des bibliothécaires du
Québec, parce que, des fois, on oublie que nos experts dans ce domaine-là et les établissements dont ils
sont responsables sont à la fine pointe de ces technologies-là, et voilà
toute une ressource pour nous tous.
Ce qui m'interpelle à inviter la ministre de
nous parler davantage de la Grande Bibliothèque et les archives du Québec, et de parler, peut-être, un petit peu
plus de la fréquentation de ces institutions tellement essentielles, et
peut-être élaborer sur le mandat régional de
ces bibliothèques, et surtout de l'accessibilité, la démocratisation de
l'apprentissage, en quelque part, qui est représenté par le travail de ces
beaux établissements-là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député. Mme la ministre, la question était très large, mais
vous avez 2 min 30 s pour répondre.
Mme David (Outremont) :
Ouf! Peut-être qu'on reportera après, mais c'est triste, parce qu'évidemment
c'est un autre de nos joyaux absolument exceptionnels, au Québec, qui a été
inauguré sous le règne d'une de mes prédécesseures,
Line Beauchamp. Donc, c'est un joyau formidable pour... et ce qui est encore
plus exceptionnel de ce joyau de la culture, au Québec — on
parlait du livre, on ne peut pas être plus dans cet univers-là — c'est
qu'il y a plus de 2 millions de visiteurs... 2,6 millions de
visiteurs par année — vous
rendez-vous compte? — dans
les 12 édifices de la BANQ, parce qu'on
doit dire qu'il y a des BANQ en région aussi. Et j'ai eu le plaisir, là
aussi — je sors
beaucoup, c'est vrai, mais ça aussi, c'est un moment très, très, très
émouvant — de
recevoir la 25 millionième — vous rendez-vous compte? — personne
qui a franchi, le 16 mai dernier, les tourniquets de la Grande
Bibliothèque. Cette personne, que j'ai rencontrée,
à qui j'ai parlé — et je
vous jure que ce n'était pas du tout, du tout organisé, comme on dirait, avec le gars des vues — était
une dame qui s'appelle Michèle Nnanga Abate, qui est une dame qui habitait
Verdun, venait trois fois par semaine
fréquenter la bibliothèque et profitait de toutes les installations. C'est une
dame, donc, qui n'est pas née au Québec, qui est arrivée je ne me
souviens plus exactement à quel âge, mais, quand même, disons, 15 ans à
peu près, et qui fréquente... Et j'ai dit :
Vous fréquentez vraiment trois fois par semaine? Et elle me dit : Oui, c'est un lieu formidable d'inspiration,
de rencontres et de culture.
Et il faut dire que la Grande Bibliothèque est
un lieu de culture et d'inspiration. Pourquoi? Parce qu'entre autres
M. Berthiaume, avant ça, évidemment, Mme Bissonnette, qui a été l'âme
créatrice de toute cette vision-là, ont pensé à des aspects absolument
fabuleux. Si vous l'avez déjà visitée, vous savez de quoi je parle. Il y a des
endroits pour les enfants qui sont tout à fait exceptionnels, et on sait à quel
point ça commence très tôt. Et mon collègue de D'Arcy-McGee, qui a aussi pas mal connu le milieu de l'éducation, le
sait, c'est très tôt qu'on doit habituer les enfants à aimer lire.
Et ce n'est pas une bibliothèque statique. Et je
veux saluer Mme Carole Payen, d'ailleurs, qui est avec nous et qui est la nouvelle — oui, je la cherchais — directrice générale par intérim, donc, en
attendant que nous confirmions, officialisions le remplaçant ou la
remplaçante pour le président-directeur général. Et c'est une bibliothèque qui accueille,
entre autres, les enfants, effectivement, les adolescents, qui a une section
extrêmement importante pour les gens
issus de l'immigration, pour les nouveaux arrivants. Il y a même un bureau
d'Emploi-Québec, que j'ai vu moi-même, qui est là la fin de semaine, le
soir.
Donc, ce
n'est pas un lieu statique où on va comme, excusez, mais peut-être à notre
époque, emprunter des livres, en sortir. C'est un lieu de vie, c'est un
lieu extrêmement vivant. J'ai participé moi-même, parce que j'ai organisé une
exposition en partenariat, à l'époque de mon ancienne vie, avec le Musée des
beaux-arts... — Musée
des beaux-arts! — l'Université
de Montréal, excusez. Et donc des expositions qui intéressent, par exemple, les
personnes en situation de handicap. Ce n'est
pas rien, être un non-voyant, et venir à la bibliothèque, et pouvoir avoir
des services extraordinaires en braille aussi. Donc, je pense que cette
bibliothèque-là non seulement est un joyau, c'est un joyau vivant qui a encore
un immense avenir et que nous devons protéger.
La
Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Alors, on va passer au côté de l'opposition
officielle. Mme la députée de Joliette, la parole est à vous.
Mme
Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Alors, pour ce dernier bloc, j'aimerais aborder trois sujets. Donc, je
vais essayer qu'on y aille rondement.
Premièrement,
je vais faire suite aux propos du député de Sherbrooke sur toute la question de
l'avenir du livre et des librairies agréées ou indépendantes. Dans ce
secteur-là aussi, il y a une certaine consternation, inquiétude depuis vendredi. Et je soumettrais bien respectueusement
que, si l'avenir du livre est si important, encore une fois, on aurait
une belle occasion, en ne coupant pas dans
les crédits d'impôt pour l'édition du livre, d'envoyer un signal à cet égard.
Mais on a déjà abondamment parlé des crédits d'impôt.
Donc, écoutez, c'est certain que, quand on
envoie un communiqué un vendredi après-midi pour annoncer quelque chose, des fois ça donne l'impression que
c'est une manière de se sortir d'une situation difficile. Et je dois
vous dire que je suis plutôt perplexe, parce
qu'autant pour les coupes dans les crédits d'impôt, autant pour les coupes pour
les musées, pour la réorganisation
des programmes entre le CALQ et la SODEC, il n'y a pas eu de consultation a
priori. Dans ce cas-ci, c'est tout l'inverse. On a eu des consultations
étendues, plus de 40 groupes pendant des semaines en commission parlementaire, et là on vient nous dire qu'on va
réinventer la roue en reconsultant tous ces gens-là qui ont présenté des
mémoires il y a moins d'un an, je le dis, à
l'automne dernier, et on va aller reconsulter tous ces gens-là pour trouver
de nouvelles solutions qui n'auraient pas à ce jour émergé.
Donc, loin de
là... je ne connais pas bien encore le député de Sherbrooke, mais il m'apparaît
quelqu'un de très compétent. J'ai
regardé son C.V., qui m'apparaît aussi excellent, mais je ne pense pas qu'il a
une expertise nécessairement particulière
dans le livre. Et je me dis : Là, on va
aller rouvrir complètement les consultations, alors qu'il y a une
commission parlementaire, il y a eu un ministre, qu'il y a eu des experts qui
se sont penchés sur tout ça. Alors, je ne vous
cacherai pas que ça donne l'impression ou bien qu'on sait déjà où on veut
atterrir, mais qu'on ne le dit pas tout de suite, ou bien qu'on veut
gagner un peu de temps.
Alors, j'aimerais simplement savoir quel est le
délai de la ministre pour nous faire part de ses nouvelles solutions à la question de l'avenir des
librairies indépendantes, qui, oui, est un domaine excessivement fragile avec
pas moins de sept librairies qui ont fermé les portes depuis janvier.
• (12 h 20) •
La Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David (Outremont) :
Alors, écoutez, les mots commençant par c ont l'air de préoccuper beaucoup ma
collègue : consternation, catastrophe.
Elle reprend les mots qui sont utilisés par les gens qui sont inquiets. Écoutez,
consternation... Je me garderais une petite
gêne, là, pour parler de consternation. Je pense qu'au contraire... et je l'ai décrit le mieux possible, avec le plus de détails
possible sur d'où on part, le travail qui a
été fait, que nous reconnaissons. Mon
collègue l'a bien dit, je le répète, il
y a eu un travail de fait, il y a eu
des mémoires d'écrits. Il n'est pas question
de redemander d'écrire des mémoires, il y a
des mémoires qui ont été écrits. J'oserais même dire qu'il y avait
eu des travaux bien en amont de votre initiative de faire de la consultation. Il y a eu des
rapports, depuis 2001, sur cette question-là. Il
y a des questionnements internationaux sur cette question-là. Il
n'y a pas seulement
au Québec, là, où on parle de la question des librairies
agréées dépendantes, de la question des librairies
qui perdent de la clientèle. En France, c'est la même question. On est
en France, le haut lieu culturel de
publication de livre et d'édition, etc.
Donc, ce
qu'on dit, c'est que nous avons le même constat, nous le partageons, le constat que les
librairies agréées indépendantes, qui ont probablement d'autres
appellations dans d'autres pays et d'autres mesures, il y en a qui ont dit oui au prix unique, il y en a
qui ont dit non au prix unique, et il
faut vraiment contextualiser en fonction de notre situation au Québec. Nous ne reprenons pas à zéro, au
contraire, si je peux rassurer la députée, ils auront... De toute façon, l'immense question, qui
n'est pas réglée du tout, du tout avec le prix unique du livre, et j'ai hâte
que ma collègue puisse répondre à cette question :
Qu'est-ce qu'on fait avec les immenses plateformes de vente de livre sur le
Web? Ce n'est pas le prix unique, parce qu'il
est tout, pendant neuf mois, le même prix, que la personne qui va acheter chez
une plateforme qui — je
ne sais pas si j'ai le droit de la nommer, qu'on ne la nommera pas — que
tout le monde utilise souvent, malheureusement, pour acheter des livres. En quoi, voulez-vous me
dire, le prix unique du livre va régler ça? Ça n'aide pas les librairies indépendantes agréées. Il faut s'ouvrir les
yeux sur l'ensemble de la situation. Et donc le député, mon adjoint
parlementaire, va regarder, à partir de tout
ce qui a été dit et à partir de l'objectif auquel on
veut arriver. La différence,
c'est que le moyen ne sera pas à travers uniquement la question que les
collègues avaient proposée, de l'opposition, c'est-à-dire le prix unique
du livre.
Alors, il y a le Conseil
consultatif de la lecture et du livre, qui est aussi un organe où il y a des
experts. Alors, les experts, on n'en manque
pas, on va être à l'écoute. Et puis je ne suis pas consternée qu'on reprenne là
où il y a eu des discussions qui ont été faites, une commission parlementaire. Nous
allons continuer les travaux et nous allons tenir compte de tout ce qui a été dit et tout ce qui pourrait être dit à mon
collègue, y compris par les députés de l'opposition.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Mme la
députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Merci, Mme la Présidente. Donc, quel est l'échéancier pour avoir les solutions
de la ministre?
Mme David (Outremont) :
Je l'ai dit tout à l'heure, l'automne, ça aussi.
Mme
Hivon :
Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la députée.
Mme
Hivon :
Maintenant, j'aimerais aborder la question de l'avenir des médias, et je dois
vous dire qu'il y a à peine même pas une
heure, il y a une nouvelle à laquelle on s'attendait,
malheureusement, d'une autre série de compressions majeures à Radio-Canada, là, donc, ça vient de tomber. Donc, il y a
d'autres compressions de 100 millions, donc, une diminution de 25 % de la main-d'oeuvre de Radio-Canada d'ici
2020, donc, des compressions qui vont
amener plus de 1 000 autres postes supprimés.
Alors, bien
sûr, j'ai déjà questionné la ministre en Chambre sur la question de l'avenir
des médias avec tout ce monde qui est
en mutation, notamment les médias régionaux, les quotidiens régionaux, avec des
décisions aussi qui ont été annoncées récemment. Et j'aimerais savoir,
là, très concrètement, quelles représentations elle a faites à ce jour, en lien
avec les coupes à Radio-Canada, auprès de son homologue fédéral.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, plusieurs choses
à dire. Je partage, et je l'ai dit à
ma collègue, évidemment, de Joliette,
l'inquiétude sur la question de la création. Radio-Canada, nous le disons,
nous le répétons, est évidemment, on le sait, de compétence fédérale, mais il
y a des créateurs, évidemment, francophones québécois, il y a des créateurs en région. J'ai rendez-vous, la semaine prochaine, le 2 juillet, c'est le
2 juillet, avec Mme Shelly Glover, donc, qui sera à Québec.
Je lui ai déjà parlé, ça sera donc la deuxième rencontre, cette
fois-ci en personne. Donc, je ne suis pas inactive en ce qui a trait à
toutes les discussions que nous pourrions avoir par rapport à toute la question
de la culture, des médias, tout ce qui concerne à la fois le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial.
J'ajouterai
cependant qu'il y a un ministre aux Affaires intergouvernementales, mon
collègue Jean-Marc... il ne faut pas
le nommer, excusez, le ministre des Affaires intergouvernementales, qui s'est
prononcé très clairement sur les inquiétudes
pour les francophones hors Québec. J'ajouterai par ailleurs qu'en région le
ministère de la Culture a toujours été présent et aide les médias communautaires.
Ça, c'est très important à dire, parce que les
médias communautaires en régions sont lus,
sont partagés, c'est très important, et nous
mettons pas loin de 5 millions de dollars en 2013‑2014 — 4 690 799 $ — pour les médias communautaires. Alors, je
pense que, dans les programmes, justement... Et vous avez ces données-là puisque vous les avez même demandées. Alors,
j'insiste sur le fait que nous devons être présents, nous devons, par rapport au gouvernement fédéral,
faire le maximum qu'on peut, mais en même temps
nous maintenons le plus possible tous les argents que nous pouvons pour
aider les médias communautaires.
Nous allons
aussi rencontrer, dans la semaine du 7 juillet — parce que j'essaie de répondre à toutes
demandes de rencontre qui peuvent nous aider
à partager les préoccupations — Mme St-Onge de la CSN, qui voulait
justement parler de cette
question-là, Mme Shelly Glover, et nous avons aussi envoyé, et là
peut-être que ça sera pour une prochaine question, je ne sais pas, de ma
collègue, un mémoire au CRTC en date d'hier.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui. Alors, je note bien que la
ministre nous rappelle, oui, que Radio-Canada relève du fédéral, c'est d'ailleurs
très malheureux. Nous, on a une solution assez globale à ça, qui serait d'avoir
tous nos leviers, tous nos pouvoirs, notamment
en matière de culture et communications. Et je pense que ça nous permettrait
d'ailleurs d'avoir une vision beaucoup plus cohérente et des actions
beaucoup plus structurées pour toute notre industrie des communications.
Mais, d'ici
là, évidemment... je pense que Mme la ministre, qui a dit qu'elle allait se
battre pour la culture, ça passe aussi par se battre auprès du
gouvernement fédéral, dans une situation qui — là, je pense qu'elle va en
convenir avec moi — est excessivement préoccupante pour les
artisans de Radio-Canada et pour l'accès, de manière générale, évidemment, à tout ce qui se fait, se diffuse avec
la société fédérale d'État. Et je lui demande donc ce qu'elle va
demander spécifiquement au gouvernement fédéral
lors de cette rencontre, quelles représentations, concrètement, elle va faire pour l'avenir de Radio-Canada au Québec. Parce
que, oui, son collègue des Affaires intergouvernementales a parlé des
francophones hors Québec, mais il y a tout un bassin ici de francophones du
Québec, de Québécois qui s'attendent à des gestes forts de la ministre de la
Culture du Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Merci. Mme la ministre.
Mme David (Outremont) :
Alors, je comprends de ma collègue qu'elle sera très intéressée à pouvoir, de
son côté, se battre pour un autre avenir ou une autre situation
qui concerne peut-être plus son propre parti. Mais, ceci dit,
nous avons pris le parti, nous, de notre gouvernement, de ne pas avoir la chaise vide, et je pense qu'en six semaines
j'ai eu plus de contacts avec ma collègue
de Patrimoine Canada que le prédécesseur, dans son gouvernement, en a eus en 18 mois. Donc, je suis extrêmement satisfaite
d'avoir déjà eu deux contacts significatifs :
un la semaine prochaine, un il y a quelques semaines, trois semaines, à peu
près, et je serai aussi à la Conférence de Charlottetown au mois de septembre.
Alors,
la politique de la chaise occupée, ça veut quand même
dire quelque chose, ça veut dire que nous sommes là pour faire partie des gens qui réfléchissent à
tous les enjeux. Et réfléchir aux enjeux, ça peut être les enjeux... évidemment,
quand ce sont des ministres
de la Culture, on va parler de
culture, et je serai extrêmement honorée et contente de faire partie de
ce groupe-là. Alors, oui, nous allons parler de tous les enjeux qui concernent
la culture, des inquiétudes qui sont partagées.
Et plus j'aurai de contact avec ma collègue, plus nous pourrons, donc, partager sur ces
enjeux-là, les enjeux de l'information, les enjeux de la rencontre en septembre, dont le
sujet, aussi, du numérique. Donc, il
y a beaucoup d'enjeux qui sont en
cause dans ça, il n'y a pas que Radio-Canada. Et, je le répète, Radio-Canada, les décisions ne
se prennent pas au Québec, et on peut souligner, effectivement,
l'inquiétude que nous avons par rapport à la création, par rapport à l'importance
de l'information et de la production au Québec.
• (12 h 30) •
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Merci, Mme la Présidente. Oui. Alors, la ministre le
mentionne de manière fort à propos, l'avenir des médias, oui, ce n'est pas, ce qui nous préoccupe, que ce qui se passe à
Radio-Canada, quoique c'est majeur. Et je pense que le gouvernement du
Québec et la société québécoise en général doit s'en saisir, parce que ça nous affecte énormément. Mais, oui, ce sont
beaucoup d'autres décisions. Le monde des médias, le monde des journaux
est en totale mutation. Et, comme je l'ai
dit déjà à ma collègue, je l'invite à ce qu'on collabore, à ce qu'il y ait une
réflexion en profondeur sur cet avenir des médias au Québec, notamment en
région.
Et
il y a eu un rapport qui avait été commandé par sa prédécesseure, la députée de
l'Acadie, la ministre actuelle des Relations
internationales, le rapport Payette. Et j'aimerais savoir si la ministre entend
donner suite au rapport Payette, justement, dans le contexte où nous
vivons des changements énormes en matière d'information au Québec.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, oui. Et on pourra même prendre avis de votre
collègue le député de Saint-Jérôme, qui en connaît un bout sur la convergence
des médias aussi. Alors, ça sera intéressant de voir s'il peut vous aider à m'aider dans ce domaine-là. Je pense qu'il
a un certain historique par rapport à ça. Alors, s'il peut aider pour
les médias en région, ça nous fera un immense plaisir de travailler avec le
député de Saint-Jérôme.
L'information
au Québec — rapport
Payette — un
intérêt public. Allons-y. Donc, il y a eu des travaux d'analyse, de consultation, il y a eu quatre grandes
orientations qui relevaient du ministère des Communications et de la
Culture, de la Condition féminine à
l'époque, qui ont été dégagées. Et, dans ça, il y avait l'adoption d'une loi
sur le statut de journaliste professionnel.
Alors là, on pourrait en parler longuement. Je ne sais pas, peut-être que ma
collègue aussi, d'Iberville — excusez, je commence à être mélangée un peu — est bien au courant de ça. Ce n'est pas
évident. Et le consensus, vous essayerez de l'avoir. Si vous êtes capables d'aller le chercher, le consensus, au
sein même du milieu, ça nous fera plaisir d'aller regarder cette question-là du statut de journaliste
professionnel. Mais je pense qu'à l'intérieur même du milieu, il y a
énormément d'avis divergents. C'était une des orientations.
Une autre, c'était la
consolidation du rôle de tribunal d'honneur du Conseil de presse. Je voudrais
souligner que le Conseil de presse du Québec
est significativement, à hauteur d'à peu près 315 000 $, supporté par
le ministère de la Culture. Les gens
du Conseil de presse travaillent bien. Ils ont ce qu'on appelle un tribunal
d'honneur parce que ce n'est pas un ordre professionnel, il n'y a pas de
comité d'inspection professionnel, ils ne sont pas sous la loi des professions,
ils ne sont pas sous l'Office des
professions. Donc, ils ont ce qu'on appelle une sorte de tribunal d'honneur où
nous invitons d'ailleurs une certaine compagnie, qui n'a jamais voulu,
qui s'appelle Québecor, faire partie du tribunal d'honneur, de réintégrer le
Conseil de presse.
Alors,
ils sont ensemble, ils contribuent pour avoir une sorte, je dirais, de lieu où
les gens peuvent porter plainte et rendre un certain nombre de décisions
ou de suggestions. Il n'y a pas de possibilité, on le sait, comme dans les
ordres professionnels, d'avoir des sortes de tribunaux qui radient ou qui font
des gestes qui sont légalement encadrés. Mais tout
ça a été suivi selon le rapport Payette. Il y a eu l'élargissement du mandat de
Télé-Québec pour créer une plateforme Internet
d'informations régionales et interrégionales, et puis, les médias
communautaires, on a continué à bonifier l'aide.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : ...Mme la ministre. Mme la députée de Joliette.
Mme
Hivon : Oui,
merci. Donc, je comprends... Je vais passer à mon autre sujet, mais, si la ministre
veut préciser... Je comprends qu'il n'y a pas d'autre action de prévue à court terme en lien avec le rapport
Payette, elle pourra me le confirmer.
Je voulais, en
dernier lieu, aborder la question des immobilisations. Je comprends, dans les documents,
donc, budgétaires, sur le plan des infrastructures, que, donc, 80 % de
l'enveloppe totale du 1,5 milliard va être consacré au maintien, donc, au
maintien des infrastructures en bon état. Donc, un 20 % potentiellement
pour des projets qui sont amorcés, en développement ou de nouveaux projets.
Donc, en fait, je voulais
savoir, à partir de maintenant, pour la prochaine année, de quelle somme la
ministre va disposer pour de nouveaux projets, donc pas des projets déjà faits,
déjà annoncés, déjà en cours. Combien pour de nouveaux projets? Et,
sous-question, évidemment, il y a une préoccupation, notamment dans la région
de Québec, avec deux projets, projet du Diamant et projet de la chapelle
historique du Bon-Pasteur. Pour les deux, il y avait des montants qui avaient été annoncés. Je comprends
que ces montants ne sont pas au rendez-vous pour cette année. Est-ce qu'effectivement la ministre me confirme ce fait?
Et est-ce qu'elle peut me dire s'il y a un engagement d'aller financer
ces projets pour l'année prochaine?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la ministre, il vous reste à
peu près 2 min 30 s pour répondre aux trois questions de
la députée de Joliette.
Mme David (Outremont) : Alors, je
vais aller tout de suite pour les projets de Québec dont ma collègue s'inquiète. Évidemment, on sait que mon
prédécesseur était bien découragé du précédent gouvernement, d'avoir mis
tous en veilleuse les grands projets immobiliers. Alors, il était vraiment
désespéré. Ce que j'ai à dire là-dessus, c'est qu'en ce qui concerne le projet du Diamant, j'ai non seulement parlé à Robert
Lepage lui-même, non seulement j'ai rencontré le maire de Québec aussi, j'ai parlé beaucoup à mon collègue qui s'occupe
de la Capitale... Ah! je ne devais pas nommer les noms? Je ne le sais
plus, là, excusez.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
C'est correct.
Mme David (Outremont) : On parle
beaucoup avec le collègue responsable de la
Capitale-Nationale. Et il est clair que nous avons mis une parenthèse. Et je
suis ravie de vous entendre bien exprimer l'état de situation pour l'instant, pour l'instant. Donc, le PQI, le
premier ministre l'a dit et redit, ça se remodèle d'année en année, donc il y a des projets qui sont remis à plus
tard. Nous en avons annoncés qui vont clairement être faits, dont, entre
autres, autour du 375e anniversaire,
que le précédent gouvernement s'était empressé d'enlever, l'oratoire
Saint-Joseph, et que nous nous sommes empressés de ramener. Donc, il y a
un jeu comme ça, vous le savez très bien, parce que vous avez procédé
exactement aux mêmes choses il n'y a pas moins d'un an, un an et demi.
Donc, il y a
des choses qui peuvent un peu bouger comme ça. Il y a des projets
extraordinaires qui sont en route en ce
moment, vous le savez, ça se construit. Alors : le Musée national des
beaux-arts, le Musée des beaux-arts, le Musée d'art contemporain, qui
aurait besoin d'espace. En nouvelles initiatives, 2014‑2024, on en a pour
279 millions. Maintien d'actifs, vous avez raison, 1,5 milliard. Mais
ça serait une catastrophe, là — j'emploie le mot — s'il
n'y avait pas de maintien d'actifs, parce que c'est bien beau de construire,
encore faut-il maintenir. Si vous êtes propriétaire d'une maison, vous le savez. C'est plate de refaire la
plomberie, mais, des fois, il faut refaire la plomberie parce que la
maison ne vaut plus rien quand on essaie de
la revendre. Donc, du maintien d'actifs, c'est important. Des nouvelles
initiatives, c'est important, mais, attention, nouvelles initiatives égalent
budgets de fonctionnement qui vont suivre après.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Il reste peu de temps...
Mme
Hivon :
C'était combien d'argent pour des nouveaux projets cette année? Est-ce qu'il y
a un engagement pour les deux projets dont j'ai parlé pour l'année
prochaine?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Rapidement, Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Bien, je
vous ai répondu pour Le Diamant, c'est...
Mme
Hivon : Ma
question, c'était : Combien d'argent pour de nouveaux projets, cette
année, qu'il reste?
Mme David (Outremont) : Pour de
nouveaux projets? Écoutez, je vous ai dit tout à l'heure : On a une liste,
on va les regarder. Nous venons d'arriver,
nous avons une liste de projets qui sont à différents stades et nous
regardons lesquels nous allons retenir. Et ça fera l'objet de différentes
annonces au cours de l'année.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, Mme la ministre. Alors, on va passer au dernier bloc sur le côté
ministériel. Alors, la parole est au député d'Ungava.
• (12 h 40) •
M. Boucher : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Depuis la présentation du budget, on entend toutes sortes d'histoires, là, de catastrophes, coupures à
blanc, massacres à la scie. Bon, première bonne nouvelle : depuis le 4
juin, je pense que la terre a continué de
tourner. Ça fait que, jusqu'ici, ça va bien. Présentement, je crois que la
province de Québec paie, uniquement
en intérêts, des milliards de dollars par année. Puis c'est là qu'on est
aujourd'hui, puis c'est à partir de là qu'on
part. C'est sûr que, pour nos prêteurs, c'était une bonne nouvelle, hein? Pour
ceux qui ont des obligations d'épargne ou
des prêteurs internationaux au Québec, ces gens-là sont heureux, bon, ils font
de l'argent. Mais c'est des milliards de dollars qu'on n'a pas pour l'éducation, pour la santé et, de façon plus
spécifique aujourd'hui, pour la culture, pour nos artistes, pour
construire des musées, construire des infrastructures, etc.
Vous savez, le
dernier budget, bon, a été qualifié de sérieux, orienté vers la croissance
économique. Tout le monde est d'accord pour atteindre le déficit zéro puis
régler le problème des finances publiques, mais en autant que ça ne nous touche pas personnellement. On peut couper le
voisin, mais pas nous. Mme la Présidente, suite au dernier budget, la grande
majorité des sommes en culture ont été maintenues — ça, je pense que c'est
quelque chose qu'il faut souligner, et puis c'est quelque chose qu'on doit
remettre à l'avant-scène — ça,
malgré la situation sérieuse des finances publiques.
Par
contre, force est de constater que les musées de l'État ont été affectés par
une réduction de la somme qui leur est accordée pour leur
fonctionnement. On reconnaît, bon, l'importance des musées, hein? Les musées,
ce n'est pas juste pour enfermer des
vieilles affaires poussiéreuses, là. Un musée, c'est un milieu de vie, que ce
soit pour l'éducation de nos jeunes, pour leur éveil aux arts visuels ou
pour l'industrie touristique, par exemple.
Alors, je voudrais
savoir de Mme la ministre, compte tenu que toutes les organisations
gouvernementales ont des efforts à faire en vue du rétablissement des finances
publiques, qu'est-ce qui est envisagé par la ministre pour les musées d'État.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David
(Outremont) : Alors, écoutez, ça me permet de revenir sur la question
des musées, qui est une question fort
importante, et de parler éducation aussi. Parce que, là, vous m'avez ouvert une
porte importante. Et la collègue de Joliette aussi avait parlé un petit
peu d'éducation, n'est pas beaucoup revenue. J'ai fait beaucoup de visites des
musées depuis six semaines et j'ai remarqué effectivement l'effort considérable
qu'ils font dans le domaine éducatif. C'est-à-dire
qu'il y a un nombre de visites assez spectaculaire. Et nous avons réduit les
prix d'entrée au musée, pour les jeunes en bas de 17 ans, à 1 $, ce
qui est extrêmement raisonnable. Et ça, c'est pourquoi? C'est pour permettre
aux jeunes — et
en plus on subventionne les écoles dans l'entente culture-éducation — d'aller
dans les musées. Quand j'y suis allée, ils avaient des concours, ils
fabriquaient des chapeaux. C'était vraiment très intéressant au Musée d'art contemporain.
Au Musée des beaux-arts, il y a des salles exceptionnelles pour ça. Et Musée de
la civilisation, Musée national des beaux-arts, on le voit bien que la culture,
ça se développe. Et il faut la développer le plus tôt possible.
Alors,
le ministère de la Culture, en lien avec le ministère de l'Éducation, a une
entente culture-éducation où, dans le fond,
une fois qu'on a dit que ça coûte 1 $ par enfant, le plus grand budget
pour permettre aux enfants et à leurs professeurs d'aller au musée, ça a
l'air simple à dire, c'est le transport. Il faut les partir du point a puis
l'amener au point b. On subventionne à hauteur de 75 % le coût de
transport des autobus jaunes qui partent de l'école, qui vont au musée. Mais ça a l'air de rien, mais les commissions
scolaires n'ont peut-être pas cet argent-là pour le faire. Alors, l'entente
culture-éducation que je veux développer
encore plus, sur laquelle je veux mettre un accent particulier, parce que je
crois fermement que, si les enfants,
les jeunes vont dans les bibliothèques, vont dans les musées, bien, ils vont y
aller toute leur vie parce qu'ils
vont découvrir, là, des gens extraordinaires, des oeuvres extraordinaires...
Alors, ces ententes culture-éducation sont maintenues, doivent être maintenues et doivent être regardées
attentivement. Et je me suis assurée d'avoir évidemment la plus grande
collaboration de mon collègue le ministre de l'Éducation.
Alors,
sur le sujet des musées, évidemment, nous soutenons les musées en région. On a 120 institutions muséales
reconnues et soutenues — on
me donne des chiffres ici — on
donne, en programmes d'aide, 17 millions, c'est quand même beaucoup d'argent,
et, en services de dette — mais
il faut le dire, parce que ça, c'est notre hypothèque de maison — on
donne 11 millions aussi, ce qui fait près de 29 millions d'argent que
nous mettons pour les institutions muséales
en plus, en plus de tous les millions que nous mettons pour les trois musées
nationaux. Au total, c'est quand même 65 219 000 $ que
nous mettons pour soutenir nos musées.
Et je pense que c'est
quand même la motivation de mon gouvernement et des gouvernements qui ont
précédé aussi, et j'en ai parlé, depuis 60
ans, depuis 100 ans, comment on a développé le ministère de la Culture. Quand
on parle de 65 millions pour les musées, on n'est plus en train de
se demander si on va mettre 5 000 $ sur une toile de Jean-Paul Riopelle. On est en train de se demander
comment on va faire pour accueillir un mécène exceptionnel, qui
s'appelle Michal Hornstein, et sa femme
Renata, qui veulent donner l'équivalent de 75 millions de toiles de grands
maîtres. Mais ça, c'est extraordinaire, et c'est avec des mécènes, c'est
avec le placement mécénat culture qui va aider beaucoup, c'est avec la
Stratégie culturelle numérique dont les musées vont pouvoir profiter. Tous ces argents-là,
toutes ces idées-là sont des idées pour développer la culture au Québec. Mais,
j'insiste, il faut commencer presque dès la naissance. Et la stratégie
culturelle numérique va aider pour des visites virtuelles de musées, pour des livres jeunesse ou même des livres bébé, 0-3 ans,
à partir du numérique, à partir des tablettes. On va aider pour les
maisons théâtres, on aide pour le développement de nos enfants qui seront
effectivement nos créateurs de demain et non seulement nos créateurs, mais nos
visiteurs de demain dans toutes nos installations culturelles.
Alors, est-ce qu'il
me reste encore du temps ou...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste 10 minutes, Mme la députée.
Mme
David (Outremont) : Écoutez, je peux continuer ou vous pouvez me poser
une autre question. Moi, des fois, quand je commence...
M. Boucher :
Et je pense que c'est fort intéressant, comme vous le dites, Mme la ministre,
et puis... En passant, si vous entendez parler d'un Riopelle à
4 000 $, je serais preneur.
Côté
touristique, j'aimerais que vous développiez peut-être un petit peu plus
là-dessus. On a parlé, bon, à l'interne, les enfants, mais le
rayonnement extérieur qui fait que les gens d'ailleurs viennent ici, entre
autres, pour voir ça.
Mme David (Outremont) :
Les gens viennent d'ailleurs, parce qu'au Festival de la chanson de Tadoussac,
là, il y avait quand même le président de
l'ensemble des festivals de la France, il y avait toute une table, là, de
producteurs de spectacles français
qui étaient là, il y avait des Belges, il y avait des Suisses. Et on est à
Tadoussac, je le répète, là, dans un lieu
qui était fabuleux. Alors, ces producteurs venaient de la francophonie, étaient
immensément admiratifs de ce que nous faisons.
Nous le faisons en français, j'oserais dire dans un français d'une grande
qualité et dans un français pour lequel on a un souci particulier et avec des créateurs extraordinaires. Donc, quand
on parle de culture, on parle d'un réseau culturel, maintenant, qui existe au Québec, qui est très,
très mature, qui pourrait l'être encore plus. Je suis sûre, entre autres,
qu'on pourrait faire des choses encore bien plus extraordinaires dans votre
comté qui est un comté, on le sait, immense. Je pense qu'une de nos responsabilités collectives — et ça, je le dis très, très sérieusement,
là, je ne brûle pas du temps, là, je le dis très sérieusement — c'est la responsabilité par rapport à l'art
autochtone, c'est la responsabilité de beaucoup mieux connaître ce qui se fait au nord du 49e parallèle,
et ce n'est pas seulement le Plan Nord pour des ressources naturelles,
qui sont extraordinaires aussi, mais c'est aussi le Plan Nord pour la culture,
le développement durable et l'éducation.
• (12 h 50) •
Et,
quand on parle d'initiatives comme j'ai parlé tout à l'heure, de Wapikoni
mobile ou d'échanges Nord-Sud par rapport à la culture, je pense que ça
doit être une responsabilité collective, collégiale et qui ne concerne pas
qu'un gouvernement, mais qui concerne tous
les citoyens, parce que je pense qu'en 2014 on ne peut plus se permettre,
disons, d'oublier qu'on a eu des gens qui
ont peuplé ce Québec. Vous allez dire, vous aimeriez en avoir en plus
grand nombre dans votre immense territoire, mais on est... C'est important à la
fois d'être dans toutes les régions du Québec,
y compris la région de Gatineau, et il faut être aussi partout à
l'international. J'ai voyagé partout dans le monde dans les dernières
années. J'ai été absolument stupéfaite de voir à quel point le Québec est connu
pour sa culture et sa culture francophone,
et on le fait en immense majorité en français, c'est tout à notre honneur. J'entendais un
rappeur absolument fabuleux, qui s'appelle David Goudreault, qui fait des
monologues, je l'avais entendu. Il inaugurait le Sommet de la Francophonie qui
s'est tenu à Québec en 2010. Une autre chose formidable qui a eu lieu. Et je
pense que nous avons énormément,
énormément à nous féliciter de la qualité de nos producteurs
et de nos créateurs, et tout ça étant fait en français.
Donc,
moi, je pense que, pour votre question sur les musées, oui,
les musées sont une composante absolument essentielle, et je pourrais
vous parler d'autres musées, Baie-Saint-Paul, La Malbaie, j'ai été en voir plusieurs,
ce sont des gens qui sont passionnés, mais, à l'international, nous avons aussi
et beaucoup de budget accordé aux différentes délégations pour les aspects
culturels. Il n'y a pas loin, donc, d'un demi-million pour toutes les
délégations qui sont de Barcelone à New York, Mexico, Los Angeles, Séoul, etc.
Donc, nous, nous envoyons et nous faisons profiter nos créateurs partout sur la
planète.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, Mme la ministre. Il reste six minutes, s'il y a
un prochain intervenant.
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, M. le député de Pontiac.
M.
Fortin (Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. Je vais tenter de faire ça assez rapidement,
mais, tout d'abord, j'aimerais commencer en rassurant la députée de Joliette,
qui a exprimé une ouverture, mais, en même temps, une certaine réserve par rapport à l'expertise de notre collègue
de Sherbrooke en ce qui a trait au monde du livre. Le
député de Sherbrooke, évidemment, est quelqu'un que moi-même j'apprends à
connaître à tous les jours, et il nous fait preuve de son sérieux, et donc je n'ai aucun doute qu'il a déjà lu,
qu'il a déjà étudié tout ce qu'il y a à savoir sur l'industrie du livre au Québec. Et donc je suis certain que vous ressortirez
grandie de votre expérience de travail avec le député de Sherbrooke.
J'aimerais
revenir un peu sur des remarques en terminant : j'aimerais revenir sur les
remarques d'ouverture de la ministre, qui avait fait allusion au fait que, quand on
parle de culture, ces manifestations touchent un peu à tous les aspects
de notre vie de Québécois. Elle faisait référence, un peu plus tôt, au fait
que, quand le gouvernement et le ministère de
la Culture agit, il agit, en ce qui a trait au patrimoine... évidemment, ça, on
le sait, mais on parle de formation artistique, on parle de livres, on parle de chantiers archéologiques, de danse, de
théâtre, de musique, on parle de toutes ces choses-là, du multimédia,
sur lequel on s'est attardés un peu aujourd'hui, et je suis certain que j'en
oublie plusieurs qu'elle a nommés plus tôt. Mais donc c'est vraiment quelque
chose qui touche à la vie des gens à tous les jours. Et, à cet effet, d'autres
ordres de gouvernement ont aussi mis l'épaule à la roue, Mme la présidente,
vous le savez.
Par exemple, la MRC
de Pontiac chez nous, ça fait 10 ans qu'ils ont adopté une politique
culturelle. Et, suite à cette politique — la ministre sait comment ça
fonctionne — il
y a eu une entente de développement culturel avec le ministère qui a pris lieu. Et cette entente-là, ça veut dire qu'il y a
un plan d'action avec le ministère et la MRC, qui vise à valoriser la culture de chez nous et également qui
vise à ce que cette culture-là rayonne à nos visiteurs et non seulement
aux gens qui habitent chez nous. Et c'est
particulièrement important, parce que nous, on est une région où les gens
viennent pour passer une saison, hein? On sait que, l'été, la population double
presque chez nous, alors c'est particulièrement
important de rejoindre ces gens-là. Et ça a permis de développer toutes sortes
d'outils. Par exemple, la Tournée des
églises du Pontiac a vu le jour grâce à cet investissement-là. Et je pense à
l'église Saint-Alphonse-de-Liguori, à Chapeau, qui est tellement
magnifique, mon grand-père en a parlé jusqu'au jour où il est décédé, Mme la
Présidente. Je pense à l'église
Sainte-Marie, je pense au village de Shawville qui a cinq églises à l'intérieur
de son village, mais qui est le seul au Québec à ne pas avoir une église
catholique. Donc, la tournée des églises, chez nous, est particulièrement intéressante. Donc, ça a permis des choses comme
ça. Et je suis particulièrement fier, vous commencez à le comprendre, du
rayonnement artistique dans mon comté, dans ma région, et du travail qui est
fait ainsi pour valoriser la relève.
Donc, peut-être, en terminant, j'aimerais ouvrir
la porte pour que la ministre nous
dise comment ces investissements-là, en culture, permettent justement
ce rayonnement-là, et, du fait même, vu qu'il ne reste que quelques
minutes, Mme la Présidente, peut-être qu'elle pourra s'en servir pour ses
remarques de clôture. Merci.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. le député. Mme la ministre, il vous reste à peu près trois
minutes, si vous voulez...
Mme David (Outremont) : Alors, ça va
me donner l'occasion...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
...enrichir...
Mme David (Outremont) : Vous me
ferez les gros yeux, je vous surveillerai, pour me dire que ça achève.
Écoutez,
ça me donne l'occasion de remercier les 12 sociétés d'État dont le ministère
a la responsabilité. Ce n'est pas rien, 12 sociétés d'État, là. Elles sont formidables, elles accomplissent
un travail exceptionnel. Il y a un objectif
que je me donne dès cette année, qui m'a
surpris, honnêtement, quand j'ai regardé la situation
des différents conseils d'administration. Il n'y a pas eu beaucoup, beaucoup de travail fait au niveau de combler les
postes des différents conseils d'administration, et j'ai trouvé que...
nous avons dénombré, comme on dit, 38 postes à combler dans les différents conseils
d'administration des sociétés d'État.
Je vous ai parlé de gouvernance tout à l'heure.
C'est un de mes soucis, parce que je pense que, quand on a une bonne gouvernance claire, transparente, modernisée, ça nous permet d'avoir des outils formidables pour une
saine gestion. Alors, 38 postes à combler si
on me demande un de mes objectifs. Vous allez dire : Ce n'est peut-être
pas le plus grand objectif
d'un ministère de la Culture, mais, oui, c'en est un, parce que
la gouvernance, c'est extrêmement
important. Nous allons donc apporter une attention particulière pour combler
les postes dans les sociétés d'État, et je pense que les sociétés sont tout à
fait d'accord avec ça. Il y aura même un projet de loi déposé pour la
Bibliothèque et Archives nationales — j'aurais
pu le dire tout à l'heure, le temps est toujours trop court — parce qu'il y a une gouvernance qui était depuis le début, mais qui attendait peut-être
un nouveau président, je ne sais pas, mais le président, P.D.G., est à la
fois président du conseil d'administration, et, pour n'importe qui qui a suivi les travaux un
peu de l'IGOPP, de la gouvernance d'organisations publiques et privées,
ce n'est pas comme ça que ça doit fonctionner. Il doit y avoir un P.D.G., il
doit y avoir un président de conseil d'administration. Voilà un exemple d'un
travail sur lequel nous allons nous atteler et qui est déjà commencé, de toute
façon, en ce qui concerne la BANQ. Alors, la gouvernance est quelque chose de
très important, mais l'ensemble aussi de toute la question du bon
fonctionnement des sociétés d'État.
Je veux effectivement remercier toutes ces sociétés,
remercier tout le travail accompli par mes collègues en des moments, effectivement, pas toujours faciles. Alors, on veut préserver la culture, on
veut laisser notre marque, on veut que la culture soit présente partout,
parce que, sans culture, il n'y a pas d'âme dans un peuple, j'y crois
fermement. Mais il faut le faire, effectivement, à partir des moyens qui sont à
notre disposition. Et moi, j'oserais dire que, tant qu'à aller dans les mots qui commencent par c, j'irais
avec le mot courage, et je pense que le mot courage, c'est tellement plus facile d'annoncer que des
bonnes nouvelles, mais, par en arrière, on augmente le déficit. J'aimerais tellement
ça que tout le monde me remercie, me félicite, j'ai donné des millions de plus
partout. Écoutez, ce n'est pas toujours — et le premier ministre l'a dit — de gaieté de coeur qu'on fait ça. On fait ça
pour l'avenir du Québec, on fait ça pour nos enfants, nos
petits-enfants, on fait ça pour avoir des finances les plus saines possible,
générer de la croissance, pouvoir diminuer
le fardeau de la dette, pouvoir avoir beaucoup plus d'argent au ministère, non
pas dans nos hypothèques puis dans nos dettes, mais dans l'argent à
mettre dans les frais de fonctionnement, je serais la plus heureuse des
ministres de l'Éducation... excusez, de la Culture et des Communications,
responsable de la Protection de la langue française.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En conclusion.
Mme David (Outremont) : En
conclusion...
Des voix : ...
Mme David (Outremont) : En
conclusion pour Mme Samson...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
En deux minutes.
Mme David
(Outremont) : En conclusion pour la députée d'Iberville —excusez, c'est de sa faute — le forum pour le BCTQ a coûté
140 000 $. Alors, il a coûté 75 000 $ en 2008‑2009 et
25 000 $ en 2009‑2010, et les actions découlant des recommandations
du forum en 2011‑2012 ont coûté 40 000 $, ce qui fait un total de
140 000 $.
Une voix : ...
Mme David (Outremont) : Ça, c'est le
BCTQ. Vous vouliez savoir combien avait coûté le forum, vous l'avez demandé.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui.
Une voix :
...
Mme David (Outremont) : Non, vous
l'avez aussi demandé, le doublage. Il y avait plusieurs questions.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, c'est le temps qui nous a... Il n'y a plus de temps qui nous reste...
Une voix : ...
• (13 heures) •
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ce n'est pas grave, vous avez pris
l'engagement, Mme la ministre, de déposer les documents ici, à la commission. Alors, vous allez le faire, puis on va
s'assurer que tous les membres reçoivent l'information demandée par la
députée d'Iberville.
Adoption des crédits
Alors, le temps alloué à l'étude du volet
Culture et Communications étant presque... est écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix. Ainsi, le programme 1, intitulé Gestion interne,
Centre de conservation du Québec et Conseil du patrimoine culturel du Québec,
est-il adopté?
Mme
Hivon : Sur
division.
Mme Samson : Sur division.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Le programme 2, intitulé Soutien à la culture, aux communications et aux
sociétés d'État, est-il adopté?
Mme
Hivon : Sur
division.
Mme Samson : Sur division.
Documents déposés
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Sur division. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition.
Alors, la commission ajourne ses travaux au
lundi 30 juin 2014, à 9 heures, où nous entreprendrons l'étude du
volet Charte de la langue française. Merci, bon après-midi.
(Fin de la séance à 13 h 1)