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(Quinze heures vingt-huit minutes)
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je signale qu'il est 15 h 30. Malgré ce qu'indique l'horloge,
là, il est 15 h 30. C'est la bonne heure. Il y a cinq minutes
d'arrière sur cette horloge qui me fait face. Donc, il faudra en tenir
compte dans le partage du temps et la fin de la commission.
Ayant quorum, je déclare donc que la commission de la culture
commence ses travaux et que la commission est ouverte. Le mandat de la
commission est le suivant. Il s'agit, pour la commission, de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires culturelles pour l'année financière
1992-1993.
M. le secrétaire, voulez-vous nous annoncer les
remplaçants, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: Très bien, M. le Président.
Mme Cardinal (Châteauguay) est remplacée par M. Bergeron
(Deux-Montagnes); M. Khelfa (Richelieu) est remplacé par M. Forget
(Prévost); M. Leclerc (Taschereau) est remplacé par M. St-Roch
(Drummond); Mme Loiselle (Saint-Henri) est remplacée par M. Camdem
(Lotbinière).
Le Président (M. Doyon): Qu'il en soit ainsi. Je signale
que suite à une entente qui a eu lieu entre la présidence ainsi
que la ministre et le critique de l'Opposition officielle, les travaux se
poursuivront au plus tard jusqu'à 23 heures ce soir et que, demain
matin, il n'y aura pas de séance de la commission. Nous adopterons nos
crédits avant 23 heures ce soir - oui, ça ne sera pas long, M. le
député... Les crédits seront adoptés comme cela se
fait d'habitude, à moins qu'il y ait des objections de la commission en
bloc a la fin des travaux de cette commission. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui, c'est effectivement l'objet de nos
discussions, M. le Président. Mais j'ajouterai quand même: Sous
réserve du rythme des discussions que nous avons à
l'intérieur de cette commission, sinon, nous nous en tiendrons à
l'horaire qui avait été établi par les leaders.
Le Président (M. Doyon): La présidence avait cru
comprendre qu'il y avait entente. Moi, je sais que les annonces ont
été données à l'Assemblée en fonction d'un
horaire possible pour demain. Donc, la porte est ouverte de ce
côté-là. C'est...
M. Boulerice: C'est une entente, M. le Président - je
m'excuse, je ne veux pas vous interrompre pour le plaisir de vous interrompre
-tacite, verbale qu'on a l'intention de respecter, s'il y a la bonne
collaboration habituelle de l'autre côté de la table.
Le Président (M. Doyon): Ce dont la présidence ne
doute pas.
Mme la ministre, est-ce que vous avez des remarques à faire avant
qu'on commence les demandes de renseignements proprement dites? (15 h 30)
Déclarations d'ouverture Mme Liza
Frulla-Hébert
Mme Frulla-Hébert: Oui, M. le Président. Nous avons
une allocution d'ouverture. Maintenant, je vais la couper puisque, finalement,
cette allocution, elle est imprimée. Mais il y a quand même
certains points que je voudrais absolument couvrir, ne serait-ce que pour
remettre les chiffres dans les bonnes colonnes et, finalement, pour donner
quand même une perspective générale à ceux qui sont
moins familiers avec le secteur.
Premièrement, j'aimerais saluer les membres de cette commission
qui consacreront avec nous les prochaines heures à discuter des
crédits alloués au ministère des Affaires culturelles.
À cette occasion, M. le Président, j'aimerais
évoquer devant vous les perspectives d'un avenir que nous croyons
à la mesure des énergies que nous avons consacrées tous,
je dois dire, vous le premier, M. le Président, ainsi que mon
collègue de l'Opposition, à la tenue de la commission
parlementaire.
M. le Président, l'année qui vient de s'écouler et
celle qui s'annonce constituent une période charnière que nous
examinerons plus attentivement durant les prochaines heures. Mais, avant
d'entrer dans le détail du récent exercice financier, j'aimerais
dresser un portrait global de la situation budgétaire du
ministère des Affaires culturelles et faire un survol des
investissements gouvernementaux en matière culturelle au cours des
dernières années, c'est-à-dire de 1985 à
aujourd'hui. Vous serez alors en mesure de constater, M. le Président,
que ces chiffres témoignent de façon éloquente - j'en
faisais d'ailleurs la démonstration, il y a à peine un mois,
à l'Assemblée nationale - de l'effort budgétaire
significatif consenti par le gouvernement actuel au ministère des
Affaires culturelles. Pour faciliter la compréhension et les
échanges, M. le Président, je voudrais rappeler que nous prenons
comme référence les crédits originaux consentis au
ministère. De cette façon, il nous est plus facile
d'établir une comparaison d'une année à l'autre et
d'un ministère à l'autre.
Pour 1992-1993, M. le Président, alors que l'augmentation moyenne
des crédits gouvernementaux est de 5,8 %, les crédits du
ministère des Affaires culturelles bénéficient d'une
augmentation de 12,4 % et s'élèvent, par conséquent,
à 324 500 000 $. Le budget du ministère est maintenant rendu
à 0,79 % du budget du gouvernement. Il était de 0,60 % en
1986-1987. Je précise cependant que plusieurs mesures gouvernementales
dans le domaine de la culture ne sont pas comptabilisées à
l'intérieur du budget du ministère. Ainsi, la mesure de
compensation sur la taxe de vente sur le livre coûte environ 32 000 000 $
au Trésor québécois. Cette somme n'apparaît dans
aucun budget. Ajoutée au budget du ministère des Affaires
culturelles, cette mesure, à elle seule, ferait monter la part de ce
budget à 0,86 % du budget de l'État. Je pense également,
M. le Président, au crédit d'impôt consenti dans le secteur
cinématographique. Une mesure évaluée à 30 000 000
$ et qui, si elle était ajoutée, elle aussi, au budget du
ministère des Affaires culturelles, ferait grimper sa part à 0,94
% du budget gouvernemental.
Voici maintenant quelques exemples de hausses substantielles de
crédits alloués dans le domaine des arts et de la culture.
J'ajoute aussi - ils ne sont pas comptabilisés - les 9 000 000 $ qui se
situent aussi dans le secteur de Loisir, Chasse et Pêche puisque nous ne
nous concentrons que sur le secteur professionnel mais non sur le secteur
semi-professionnel, malgré que nous apportions aussi support et
conseils.
Donc, entre 1986-1987 et 1991-1992 inclusivement, l'aide aux artistes
professionnels a augmenté de 110 % en dollars courants et de 66 % en
dollars constants; l'aide à la diffusion, de 166 % en dollars courants
et de 111 % en dollars constants. Quant à l'aide à la circulation
de spectacles, elle a progressé de 169 % en dollars courants et de 113 %
en dollars constants. Et enfin, l'aide à la formation professionnelle a
grimpé à 271 % en dollars courants et à 194 % en dollars
constants.
De tous les ministères, celui des Affaires culturelles est celui
qui, de façon globale, a connu l'une des plus fortes progressions
budgétaires depuis 1986-1987. Concrètement, cela signifie qu'en
crédits comparables le ministère a vu son budget augmenter de 90
% en dollars courants et de 50 % en dollars constants.
M. le Président, ceux et celles qui étaient
présents à l'Assemblée nationale, il y a quelques
semaines, reconnaîtront sans doute certains de ces chiffres. Lorsque le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques a soulevé la question
des crédits alloués au ministère des Affaires culturelles
- débat qui était prématuré, à
l'époque, puisque nous en étions à l'étude des
crédits un peu plus tard - nous avons livré certaines
données et réponses à ses questions. Nous devons les
rappeler aujourd'hui car ces chiffres sont indispensables à
l'échange que nous aurons autour de ces crédits.
Je ne cacherai pas qu'il me fait plaisir, M. le Président,
d'établir de nouveau une comparaison prouvant clairement que les efforts
financiers de mon gouvernement en matière de culture dépassent
largement ceux qui ont été consentis par les gouvernements ou le
gouvernement précédent.
À partir de l'examen de deux périodes de sept ans, la
première de 1979-1980 à 1985-1986, et la seconde, de 1986-1987
à 1992-1993, je comparerai l'augmentation du budget du ministère
des Affaires culturelles à celle du budget gouvernemental. Pour la
première période, le ministère des Affaires culturelles a
vu son budget augmenter de près de 96 000 000 $, tandis que le
gouvernement augmentait le sien de 12 400 000 000 $. La part relative de
l'augmentation du ministère par rapport à celle du gouvernement
d'alors ne représentait que 0,77 %.
Pour la deuxième période, soit celle de notre
gouvernement, les budgets du ministère ont augmenté de 154 000
000 $, et les crédits du gouvernement, de 12 600 000 000 $.
L'augmentation du budget du ministère, comparativement à celle du
budget gouvernemental, traduit cet effort et représente 1,22 %. À
la lumière de ces données, M. le Président, il est facile
de constater la bonne gestion des fonds publics de notre gouvernement et de
constater également que les sommes investies par l'actuel gouvernement
dans le champ des arts et de la culture sont supérieures aux
crédits alloués à ce secteur par l'ancien
gouvernement.
Maintenant, M. le Président, je passerai en revue l'année
1991-1992 qui s'est avérée, pour le ministère des Affaires
culturelles, une année de maturité et de consolidation. Une
année traversée de plusieurs moments où le sentiment du
devoir accompli a été au rendez-vous. Une année
jalonnée aussi d'anniversaires importants que je ne saurais passer sous
silence.
D'abord, l'anniversaire du ministère des Affaires culturelles qui
a fêté ses 30 ans d'existence. Ensuite, celui du Grand
Théâtre de Québec, qui célébrait, lui, ses 20
ans de création. Et, enfin, les 10 ans de mise en application par le
ministère des Affaires culturelles de la politique d'intégration
des arts à l'architecture et à l'environnement. Mieux connue sous
le nom de «politique du 1 %», cette mesure fort populaire offre un
plus grand débouché aux oeuvres des créateurs et des
créatrices du Québec, tout en permettant à la population
de mieux s'initier à l'art actuel. En 10 ans, près de 1000
oeuvres ont été produites, pour une somme d'environ 19 000 000 $,
dans le cadre de cette politique qui est une des seules du genre au Canada. Une
politique, M. le Président, dont les résultats sont bien concrets
et bien tangibles pour nos artisans et nos créateurs en arts
visuels.
En tant que gestionnaires des arts et de la culture au Québec,
nous sommes particulièrement heureux d'avoir contribué, durant la
dernière année, à l'essor de certains équipements
culturels majeurs qui ont été magnifiquement parachevés au
cours de l'année, notamment dans le domaine de la muséologie,
où le Québec bénéficie aujourd'hui de prestigieuses
institutions qui n'ont rien à envier aux autres du genre ailleurs dans
le monde. Le plus grand mérite du parachèvement de ces
équipements culturels est de permettre enfin aux oeuvres de nos artistes
de bénéficier d'une visibilité à la mesure de leur
talent et d'être accessibles à encore plus de
Québécois et de Québécoises, comme en
témoignent les quelque 44 000 visiteurs qui se sont
précipités au Musée des beaux-arts, en novembre dernier,
dans le cadre de la seule fin de semaine «portes ouvertes» donnant
accès à une rétrospective des oeuvres du peintre Jean-Paul
Riopelle. (15 h 40)
Pensons aussi aux milliers de visiteurs qui, depuis la
réouverture du Musée du Québec, ont pu y admirer les
oeuvres de Paul Lacroix, Betty Goodwin, Pierre Grange, Armand Vaillancourt, et
pourront très bientôt admirer celles de Jean-Paul Lemieux. On ne
pourrait passer aussi sous silence l'ouverture attendue du nouveau Musée
d'art contemporain qui s'apprête à recevoir Alfred Pellan dans ses
nouveaux murs, en plus d'y accueillir des oeuvres de Melvin Charney, de
Geneviève Cadieux, de Gilbert Boyer et d'autres artistes
québécois dont la réputation grandit ici et hors
frontières. Je m'en voudrais, M. le Président, d'omettre de
mentionner également le succès quotidien et remarquable du
Musée de la civilisation.
Au cours du dernier exercice, le ministère a investi aussi,
à l'intérieur de ses programmes réguliers, près de
58 000 000 $ pour soutenir le travail de nos créateurs et
créatrices, dont quelque 2 000 000 $ sont allés à la
relève dans les seuls secteurs du théâtre, de la danse, de
la diffusion, des arts visuels et de la littérature, alors que des
bourses totalisant plus de 5 000 000 $ ont été accordées
à 760 de nos créateurs, hommes et femmes.
Le ministère est fier également d'avoir reconnu
publiquement au cours de la cérémonie des Prix du Québec,
la créativité de l'écrivaine Nicole Brossard, de
Frédéric Back, du designer Michel Dallaire et du musicien Gilles
Tremblay à qui nous avons remis une bourse individuelle de 30 000 $.
En ce qui concerne le développement culturel, nous avons
poursuivi nos interventions auprès de nombreux partenaires publics et
privés en région, afin de promouvoir et de consolider nos actions
visant à permettre une plus grande accessibilité aux produits et
aux équipements culturels. Ainsi, les investissements publics du
gouvernement se sont traduits par une contribution significative dans le
domaine des équipe- ments culturels, en 1991-1992, soit: 34 300 000 $,
dont plus de 20 000 000 $ proviennent du plan d'accélération.
Les artistes et créateurs - on ne le dira jamais assez, M. le
Président - sont au coeur de notre identité culturelle. Le
ministère des Affaires culturelles leur apporte son appui par divers
moyens tels que l'aide financière directe mais, également, par le
soutien qu'il accorde aux institutions qui leur offrent des lieux de diffusion.
C'est pourquoi nous portons une très grande attention à la
consolidation de ces institutions culturelles et, en ce sens, plusieurs
interventions du ministère ont visé à supporter le
développement des institutions culturelles en 1991-1992. À titre
d'exemple, M. le Président, je soulignerai notamment: l'Orchestre
symphonique de Montréal, dont nous avons ajusté la subvention de
fonctionnement en octroyant à l'organisme une somme de 1 200 000 $.
Cette augmentation sera accordée également pour les exercices
financiers 1992-1993, 1993-1994, et elle fera passer le soutien du gouvernement
du Québec de 8 % à 15 % du budget de l'OSM, soit 2 400 000 $
annuellement.
L'amphithéâtre de Lanaudière, qui a
été pris en charge par la Société de la Place des
arts, afin d'alléger le fardeau du Festival de Lanaudière. La
Place des Arts doit présenter sous peu un plan d'opération
1992-1995 portant sur l'administration de l'amphithéâtre et nous
lui avons alloué une somme non récurrente de 100 000 $ pour
réaliser ce plan. Les Grands Ballets canadiens ont aussi fait l'objet
d'un appui financier significatif visant à consolider les
opérations de l'institution. Nous avons versé, en effet, un
montant additionnel de 420 000 $, ce qui fait passer la subvention de
fonctionnement de l'organisme de 830 000 $ à 1 300 000 $ pour
l'année 1991-1992. Ce montant est aussi récurrent sur les deux
prochains exercices financiers.
Pour clore ce chapitre, j'ajouterai que le ministère a
complété son étude d'évaluation de l'aide aux
artistes. Cette étude portait sur l'historique de l'aide individuelle
aux artistes, sur les comparaisons avec les programmes similaires dans d'autres
provinces ou pays, sur le perfectionnement du programme actuel, sur les effets
et sur la perception du programme et de son fonctionnement par les artistes.
Deux autres études d'évaluation ont aussi été
commencées. Elles portent sur l'évaluation de l'entente
auxiliaire Canada-Québec sur les équipements culturels et sur
l'évaluation de la Loi sur le développement des entreprises
québécoises dans le domaine du livre.
Les activités du ministère sur la scène locale et
nationale ne l'ont pas empêché de se montrer
particulièrement actif également sur la scène
internationale. Nous avons, en effet, collaboré de près au
rayonnement de la culture québécoise, outre-frontières,
à travers le talent et les prestations remarquables et remarquées
de
nos artistes et grandes compagnies artistiques qui nous font honneur
partout où elles se produisent.
Je soulignerai, entre autres, la tournée européenne de
l'Orchestre symphonique de Montréal, le Cirque du Soleil, qui a
signé un contrat en vue d'une tournée au Japon, les compagnies de
théâtre Repère et Dynamo Théâtre qui se sont
produites en Europe et aux États-Unis, ainsi que les compagnies de danse
O'Ver-tigo, La La La Human Step, les Ballets Jazz de Montréal et les
Grands Ballets canadiens qui ont tous été applaudies un peu
partout dans le monde.
J'aimerais souligner également la participation de plusieurs
artistes québécois au Festival Great Canada 91 à Tokyo,
ainsi que la première édition du Festival sans frontières
aux États-Unis. Du côté du théâtre pour la
jeunesse, les troupes La Marmaille, Le Carrousel et le Théâtre de
l'Arrière-Scène ont représenté le Québec au
Rassemblement international du théâtre enfance-jeunesse à
Lyon.
De nombreux événements culturels internationaux qui se
sont tenus au Québec ont également reçu l'appui du
ministère, comme le premier Colloque international des villes du
patrimoine mondial. Enfin, en collaboration avec le ministère des
Affaires internationales, nous avons été très actifs dans
la cogestion des projets de coopération culturelle, dans le cadre des
accords bilatéraux avec la France, la communauté française
de Belgique, la Flandre et la République de Russie, ainsi que dans le
cadre des programmes de coopération culturelle avec l'Afrique. Plus
d'une centaine de projets ont pu ainsi être réalisés
à l'intérieur de multiples secteurs culturels.
Un des faits marquants de l'année, M. le Président, a
été la consécration et la reconnaissance de la dimension
économique de la culture lorsque mon collègue, Gérald
Tremblay, a dévoilé la stratégie de développement
économique du gouvernement. On se souviendra que la culture a
été alors identifiée comme l'une des grappes industrielles
offrant un potentiel de croissance et, par conséquent, capable de jouer
le rôle de locomotive et de levier dans ce déveiopperrent.
La dimension économique de la culture, M. le Président, a
été en effet trop longtemps sous-est imée. Sans
réduire pour autant la réalité intrinsèque de la
culture, il ne faut pas craindre d'affimer que ce secteur, au plan strictement
économique, représente une activité de l'ordre de 3 500
000 000 $ par année et plus de 75 000 emplois. C'est avec beacoup
d'enthousiasme et de conviction que nous avons collaboré avec le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie afin
d'identifier et de circonscrire la grappe des industries culturelles. Ce
faisant, le gouvernement a posé un geste fondamental et
déterminant qui démontre, hors de tout doute, une
préoccupation constante d'inscrire les arts et la culture dans la
stratégie de base du dévelop- pement économique du
Québec. En fait, M. le Président, si on le compare à nos
22 secteurs manufacturiers, le secteur culturel arrive au neuvième rang
quant à la valeur des livraisons. Près de 60 % de ces
activités sont générées par les ventes de biens et
de services. De plus, entre 1981 et 1986, les emplois culturels ou connexes du
Québec ont augmenté trois fois plus rapidement que dans les
autres segments industriels.
C'est évidemment un secteur où la consommation est
importante. On estime, par exemple, que les Québécois ont
acheté en 1990 des disques pour 345 000 00C $, qu'ils ont assisté
à des spectacles pour 105 000 000 $ et qu'ils se sont procuré des
livres pour 470 000 000 $, sans parler des bibliothèques publiques qui
ont acheté, à elles seules, pour une vingtaine de millions. Au
cours de cette même année, les gens ont également
dépensé 215 000 000 $ dans la location et l'achat de
vidéocassettes préenregistrées, et environ 85 000 000 $ au
cinéma.
Pour l'exercice financier qui vient de se terminer, le ministère
n'a pas ménagé son soutien aux individus et aux organismes qui
oeuvrent dans le domaine des arts de la scène. Un budget de 33 100 000 $
a été consacré à cette fin. Pour faire suite aux
recommandations du Comité d'évaluation national de
théâtre, le ministère a conclu des ententes triennales avec
3 organismes théâtraux, soit Les Gens d'En-bas, le Parminou et le
Théâtre du Sang Neuf. Nous espérons porter à 29 le
nombre de ces ententes au cours du prochain exercice financier. Le
ministère a aussi mis sur pied le groupe de travail Comité
action-théâtre chargé d'examiner la condition du
théâtre dans la région de Québec. Quant aux
institutions nationales, M. le Président, nous parlerons tantôt de
ces institutions et, comme les directeurs généraux de ces
institutions ne seront pas avec nous, si nous ne pouvons répondre aux
questions, nous prendrons note des questions et nous vous répondrons par
la suite.
Je veux, en terminant, parler de l'administration du ministère
des Affaires culturelles. Afin d'améliorer le service à nos
clientèles, nous avons modifié la structure administrative du
ministère de façon à nous rapprocher davantage de la
population de certaines régions du Québec. C'est ainsi que vous
avons ouvert une direction régionale en Montérégie, et
désigné des équipes spéciales chargées de
représenter le ministère des Affaires culturelles dans les
régions de Laval-Laurentides-Lanaudière et
Chaudière-Appa-laches. Enfin, toujours dans la perspective de mieux
desservir nos clientèles, nous avons renforcé la présence
du ministère à Québec et à Montréal et
déconcentré l'administration de certains programmes.
Pour corriger certaines affirmations erronées entendues
dernièrement au sujet du coût de l'administration du
ministère des Affaires culturelles, j'aimerais préciser, M. le
Président, que nous continuons d'afficher à ce chapitre une
performance digne de mention. Le ministère traite au-delà
de 20 000 demandes annuellement, et ce, à l'intérieur d'un
environnement législatif et réglementaire très complexe.
Malgré ces défis, M. le Président, le ministère
maintient en deçà de la barre des 10 % le coût
d'administration des subventions aux individus, aux organismes sans but
lucratif, aux entreprises et aux municipalités. Ce taux qui était
à 10,6 % en 1990-1991, a été de 9,6 % en 1991-1992, et il
est estimé à 9,4 % pour le prochain exercice financier. Ce qui
prouve que le ministère gère son budget avec un niveau de
productivité comparable et même supérieur à celui
d'autres organismes qui exercent des activités similaires. En effet, si
l'on se compare à des ministères analogues et au Conseil des
arts, on constate que le coût moyen de l'administration des programmes
est de 11,3 %. Cette remarquable performance administrative a pour effet de
faire profiter de façon optimale les créateurs, les
créatrices et les institutions culturelles de ces sommes consenties par
l'État. (15 h 50)
Permettez-moi, M. le Président, de souligner publiquement la
qualité du travail et l'engagement des fonctionnaires du
ministère sans lesquels nous ne pourrions prétendre à un
tel rendement.
En conclusion, M. le Président, quel a été notre
parcours pour l'année 1991-1992? Un parcours, vous avez pu vous en
rendre compte, où nous avons investi énergie et passion pour la
culture québécoise, ses créateurs et ses
créatrices. C'est avec beaucoup d'enthousiasme aussi et en faisant appel
le plus souvent possible au partenariat, autant avec les municipalités
qu'avec les gens d'affaires, que nous avons poursuivi le parachèvement
des lieux permettant au génie créateur de nos artistes de
rayonner et de se mesurer avec les disciplines artistiques internationales.
Enfin, nous n'avons ménagé aucun effort pour appuyer ceux et
celles qui oeuvrent dans le domaine culturel à les aider aussi à
travers la récession qui n'est pas facile pour personne.
Avec ses 181 témoignages et ses 264 mémoires, la
commission parlementaire sur les arts et la culture a été,
évidemment, pour nous, l'événement majeur de
l'année. La commission a eu le mérite, dans le cadre d'un
exercice démocratique sans précédent, de jeter un
éclairage sur les femmes et les hommes qui créent la culture au
quotidien. Leur désir d'être reconnu à part entière
et de jouer un rôle important dans notre société a
été exprimé avec force et conviction. Soyez assuré,
M. le Président, que nous mettrons tout en oeuvre pour que ce
désir se transforme en réalité.
Tel que je l'avais annoncé, le groupe-conseil
présidé par M. Roland Arpin a déposé son rapport en
juin 1991. Tel que je l'avais annoncé, nous avons tenu la commission
parlementaire en octobre. Tel que je l'avais annoncé, nous
dépose- rons bientôt la première politique culturelle
québécoise et je suis profondément convaincue que cette
politique constituera une étape majeure dans notre cheminement collectif
et une assise prometteuse pour l'avenir de nos créateurs et nos
créatrices. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Merci beaucoup, Mme la ministre.
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous avez la parole
maintenant.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Mme la ministre, M.
l'adjoint parlementaire - je profite d'ailleurs de l'occasion, puisqu'elle est
fort belle, pour vous féliciter; si je ne l'ai pas fait par
écrit, c'est que je soupçonnais bien votre présence
aujourd'hui et je voulais le faire de vive voix - chers collègues de la
commission, M. le sous-ministre, mesdames, messieurs du ministère, et je
m'en voudrais de ne pas saluer la présence parmi nous de M. Faucher et
M. Patenaude, représentant la Coalition contre les taxes sur le
spectacle, qui assistent à nos délibérations.
Le monde des arts et de la culture subit durement les effets de la
récession. L'ensemble de l'industrie du spectacle accuse malheureusement
le coup. De tristes statistiques en témoignent pour 1991 et j'en faisais
état, d'ailleurs, dans une question à la Chambre, cet
après-midi. Dans le cas du théâtre, l'on assiste à
une diminution de 37 % des auditoires par rapport à l'année
précédente, alors que l'on constate une diminution de 52 % pour
le secteur des variétés et de 73 % pour la danse au cours de
cette même période. Le taux d'occupation des salles de diffusion
est à son plus bas depuis 10 ans. Dans le cas du cinéma, l'on
observe une baisse de la fréquentation des salles de 10,3 % en 1991.
Ce triste bilan de la situation des arts de la scène permet
à lui seul de mesurer toute l'importance de la décision que
s'apprête à prendre le gouvernement en matière de taxation
des activités culturelles. Contrairement à la décision qui
a prévalu dans le cas du livre, le gouvernement a choisi d'attendre le
discours sur le budget pour annoncer sa décision alors que, depuis le
1er mai, les organismes culturels doivent percevoir une TVQ de 8 % sur la vente
de billets ou d'abonnements pour des spectacles qui auront lieu après le
1er juillet prochain. En cas d'exemption, ce que je souhaite ardemment, ou en
cas d'un taux inférieur à 8 %, ces mêmes organismes
culturels devront alors entreprendre, à leurs frais, une campagne de
remboursement de leurs abonnés. Les milieux culturels attendent avec
impatience la décision du gouvernement. Ils se sont regroupés au
sein de la Coalition québécoise des arts de la scène pour
sensibiliser le gouvernement et l'opinion publique - avec beaucoup de
succès, quand il s'agit de l'opinion pu-
blique - sur les conséquences désastreuses d'un taux de
taxation cumulé de 26 % sur le prix du billet de spectacle. Les milieux
culturels bénéficient d'un appui important au sein de la
population, comme en témoigne le dépôt, cet
après-midi à l'Assemblée nationale, de la pétition
«Non aux spectaxes» réclamant l'exemption de taxes sur les
billets de spectacle, endossée par 175 000 personnes. Et je ne ferai pas
état du sondage d'opinion qui est paru récemment et qui justifie
la Coalition dans ses actions et ses gestes.
L'on sait que le gouvernement a décidé, de façon
impromptue, d'abolir la taxe sur les divertissements perçue par les
municipalités, privant ces dernières de revenus de 30 000 000 $
par année, sans leur offrir une compensation financière
adéquate. Or, l'abolition de la taxe sur les divertissements sans
compensation financière adéquate des municipalités ne peut
que conduire à un désengagement financier de celles-ci dans le
secteur culturel, ce qui envenimera davantage la crise du secteur des arts de
la scène.
Le gouvernement n'a toujours pas fait connaître, refuse de faire
connaître sa position à l'égard de la taxe de vente du
Québec. Divers scénarios circulent, dont celui d'un taux
réduit de 4 % ou même de 7 % applicable à tous les secteurs
d'activité.
Dans le contexte de récession actuel, de diminution
considérable de revenus aux guichets et de l'érosion du soutien
financier de l'État par une augmentation de ses efforts bien en
deçà du taux d'inflation et de l'augmentation des coûts de
production, un taux cumulé de taxation de 15,56 % ou même de 11,56
% sur le billet de spectacle est inacceptable parce qu'il ne peut que
contribuer à une détérioration de la situation
financière difficile de la très grande majorité des
organismes culturels. Le gouvernement est en partie responsable de cette
détérioration de la situation financière de ces organismes
en n'indexant pas, au cours des dernières années, les subventions
qu'il leur apporte.
Je rappellerais à la ministre, lors de l'introduction de la
scélérate taxe fédérale sur le livre, que
l'Opposition avait été une des toutes premières à
réagir et que le portrait sombre que nous avions dressé s'est
malheureusement avéré. Le gouvernement, devant la pression du
milieu, de l'Opposition, a reculé. Le fédéral n'a pas
reculé et on voit les effets pervers de cette taxe. Le gouvernement
fédéral a suggéré un plan de relance pour
l'édition. Alors, il s'agit tout simplement du pyromane qui offre ses
services comme pompier après.
À sa décision imminente en matière de taxation sur
les activités culturelles, le gouvernement doit saisir cette occasion
privilégiée qui lui est offerte pour démontrer que la
culture est une mission essentielle de l'État, comme le lui recommande
le rapport Arpin, et ce, à quelques semaines du dépôt de sa
politique culturelle.
Au terme des travaux de cette commission parlementaire de la culture
qui, l'automne dernier, a entendu 181 organismes et reçu 264
mémoires, la ministre des Affaires culturelles a suscité beaucoup
d'espoir et d'attentes. Il lui faudra bientôt livrer la marchandise. Le
non-respect de l'engagement électoral pris en 1985 par le Parti
libéral à l'effet de consacrer 1 % du budget global de
l'État à la culture a engendré scepticisme et
méfiance chez les milieux culturels à l'égard de ce
gouvernement. La ministre a d'ailleurs pu le constater lors des travaux de la
commission parlementaire. Sept ans après avoir pris l'engagement de
consacrer 1 % à la culture au cours du premier mandat de son
gouvernement, je tiens à rappeler qu'il manque 85 000 000 $ pour
atteindre l'objectif du 1 %. La part du budget consacré
s'élève à 0,80 %. Au rythme actuel, il faudra attendre
encore 10 ans pour l'atteindre.
Pour que la politique culturelle ait une portée véritable,
il faudra qu'elle aille au-delà de la volonté d'agir, que je ne
remets aucunement en cause de la part de la ministre. Je lui dis cependant
qu'il faudra que sa politique ait concrètement les moyens financiers
d'agir et que cela se traduise par un effort budgétaire additionnel du
gouvernement, en matière de culture, , tout à fait compatible
avec l'objectif du 1 %.
Étant donné la situation financière précaire
des organismes culturels en raison de la récession et de
l'érosion du soutien financier de l'État, je suggère bien
humblement à la ministre, dans la foulée du rapport Arpin, que
les efforts additionnels du ministère des Affaires culturelles soient
consacrés en priorité à la restauration des assises
budgétaires des organismes de création et de diffusion ainsi
qu'aux créateurs. (16 heures)
Cela m'amène à commenter l'augmentation des crédits
du ministère des Affaires culturelles pour l'exercice financier
1992-1993. Le ministère des Affaires culturelles affirme, avec raison,
que les crédits de son ministère, pour 1992-1993,
s'élèvent à 324 400 000 $, soit une augmentation de 35 700
000 $ ou une hausse de 12,3 % du budget du ministère des Affaires
culturelles par rapport à l'année précédente, et
que cette hausse de 12,3 % est supérieure à la hausse moyenne de
5,8 % consentie par le Conseil du trésor à l'ensemble des
ministères pour leur budget en 1992-1993.
Or, M. le Président, cette hausse de budget ne profite pas aux
artistes, aux organismes culturels et aux régions qui se retrouvent,
pour l'essentiel, dans une situation de gel budgétaire, comme en
témoigne la décomposition suivante de l'augmentation des
crédits de 35 700 000 $: 23 000 000 $ sont destinés au service de
la dette pour le financement de travaux à la Place des Arts, au
Musée du Québec, au Musée d'art contemporain et au
Musée des beaux-arts de Montréal, ce dernier étant un
musée privé, les
trois précédents étant des établissements de
l'État; 10 700 000 $ sont destinés à l'ouverture du
Musée d'art contemporain et du Musée des beaux-arts;
renouvellement des ententes sur la mise en valeur du patrimoine avec les villes
de Québec et de Montréal; contribution au redressement de la
situation financière de l'Orchestre symphonique de Montréal et
des Grands Ballets canadiens; élargissement du mandat de classement des
vidéocassettes à la Régie du cinéma; prise en
charge de l'amphithéâtre de Lanaudière par la Place des
Arts. Il ne reste donc que 2 000 000 $ pour tous les autres organismes
culturels et les artistes! - point d'exclamation dans mon texte. La Place des
Arts reçoit, à elle seule, plus de 16 200 000 $ de l'augmentation
du budget 1992-1993 du ministère pour les travaux d'Infrastructure et
pour cette prise en charge de l'amphithéâtre de Lanaudière.
Ces 16 200 000 $ représentent 45,3 % de l'augmentation du budget du
ministère des Affaires culturelles en 1992-1993.
Pour l'ensemble des organismes culturels, hormis la dizaine de ceux
visés par l'augmentation de 35 700 000 $, les crédits 1992-1993
se traduisent par une situation de gel ou de stagnation budgétaire.
Ainsi, à titre d'exemple, les 150 bibliothèques municipales
devront composer avec un budget global d'aide au fonctionnement du
ministère, qui passe de 16 013 900 $, en 1991- 1992 à 16 274 000
$, soit une augmentation de 1,6 % seulement ou une augmentation, et le chiffre
en devient ridicule, de 1734 $ par bibliothèque.
L'augmentation du budget du ministère ne profite donc ni aux
organismes culturels, ni aux artistes, ni aux régions. Cette situation
de gel ou de stagnation budgétaire n'est pas nouvelle. Les troupes de
théâtre, de danse, les arts visuels, les bibliothèques, le
secteur de la chanson et du disque, bref, tous les secteurs de la
création, de la production et de l'interprétation subissent,
depuis cinq ans, une diminution de la part qui leur est dévolue dans le
budget du ministère. Le constat est frappant et navrant lorsqu'on
procède à une analyse des dépenses du ministère des
Affaires culturelles, depuis l'année 1988-1989 dans les comptes publics
en observant l'évolution budgétaire du ministère jusqu'aux
crédits 1992- 1993 déposés le 24 mars dernier par le
président du conseil du trésor.
En 1988-1989, la part du programme 2, qui s'intitule
Développement des milieux culturels, qui regroupe l'ensemble des budgets
d'aide au fonctionnement des organismes culturels - et j'entends par là
troupes de danse, théâtre, bibliothèques, édition,
chanson, disque, etc. -avec une enveloppe globale de 120 000 000 $,
représentait 51,4 % du budget global du ministère. Avec des
crédits globaux de 133 500 000 $, l'enveloppe dévolue, dans les
crédits 1992-1993, à ce programme 2, Développement des
milieux culturels, ne représente plus que 41,1 % du budget 1992-1993 du
ministère, soit une diminution de plus de 10,3 % sur cinq ans, ce qui
est, admettez-le, considérable.
Pendant la même période, l'enveloppe budgétaire du
programme 1 destinée à la gestion interne du ministère
passe de 27 300 000 $, en 1988-1989, à 45 800 000 $ en 1992-1993. En
pourcentage, la part de la gestion interne passe de 11,6 % qu'elle était
en 1988-1989 à plus de 14,1 % en 1992-1993. Le nombre de fonctionnaires
autorisés au ministère passe de 749 qu'il était en
1988-1989 à 915 en 1992-1993.
Mais ce sont les organismes-conseils et surtout les
sociétés d'État, c'est-à-dire les musées
d'État, qui bénéficient, pour l'essentiel, de
l'accroissement du budget du ministère par suite des projets de
construction du Musée de la civilisation, du Musée du
Québec, du Musée d'art contemporain ainsi que de l'agrandissement
du Musée des beaux-arts de Montréal, musées privés
subventionnés. Regroupées dans le programme 4 du
ministère, ces sociétés d'État ont vu leur
enveloppe budgétaire passer de 61 100 000 $ en 1988-1989 à 121
700 000 $ pour 1992. La part de l'enveloppe budgétaire qui leur est
dévolue dans le budget global du ministère est passée de
26 % à 37,5 %, soit une augmentation de 11,5 % par rapport à une
diminution de 10,3 % de la part du budget consacrée aux subventions
d'aide au fonctionnement des organismes de création, de production et de
diffusion culturelles.
Cette diminution de l'effort budgétaire dévolu aux
organismes culturels par rapport aux sociétés d'État,
principalement les musées, contribue en partie à la
détérioration de la situation financière des organismes
culturels. Cette érosion s'explique aussi par le fait que l'augmentation
des budgets dévolus au cours des cinq dernières années au
soutien des organismes culturels se situe en deçà du taux
d'inflation ou de l'indice des prix à la consommation reconnu par le
ministère des Finances. En conséquence, malgré
l'augmentation des crédits au cours de ces cinq dernières
années, la valeur réelle du soutien financier de l'État a
diminué parce que cette augmentation se situait en deçà de
la hausse du coût de la vie ou des coûts de production.
L'on ne s'étonnera pas, dans un contexte de récession,
qu'avec la diminution des auditoires combinée à une
dévaluation réelle du soutien financier du ministère des
Affaires culturelles, la très grande majorité des organismes
culturels, et pas les moindres - l'Orchestre symphonique de Montréal,
les Grands Ballets canadiens, le Festival des films du monde, le
Théâtre du Nouveau-Monde - éprouvent de très
sérieuses difficultés financières et voient
s'accroître leur déficit d'opération, amenant le
ministère des Affaires culturelles à agir comme pompier, dans
certains cas, pour limiter les dégâts.
Voilà, M. le Président, l'essentiel des
remarques préliminaires que je tenais à faire à
l'ouverture de cette étude des crédits du ministère. Si
vous le permettez, je vous ferais, M. le Président, une suggestion,
toujours dans la foulée de l'entente qui existe entre le parti
ministériel et l'Opposition officielle. Nous pourrions aborder trois ou
quatre sujets d'ordre général avec la ministre avant d'aller
programme par programme pour l'adoption des crédits du
ministère.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Moi, j'accepte, M. le Président.
Il y a seulement une chose... On peut en discuter tout de suite ou on peut en
discuter plus tard, moi, je n'ai pas de problème. Mais il y a des choses
que j'aimerais rectifier et c'est un peu normal, parce que, nous,
évidemment, on a les chiffres toujours sous la main. Quand on parle, par
exemple, entre autres - comme je dis, si vous voulez parler de gestion du
ministère, plus tard, je n'ai pas de problème - qu'on part de
11,6 %, en 1988-1989, de crédits consacrés à la gestion
interne par rapport aux crédits totaux, et qu'on monte à 14,1 %,
incluant les sociétés d'État, je veux seulement rectifier,
M. le Président: en 1988-1989 les crédits de gestion interne
étaient à 16,1 %, c'est-à-dire 34 000 000 $ sur un total
de 213 000 000 $ et nous les avons réduits à 14,1 %, cela
incluant aussi l'augmentation, évidemment, de la gestion au niveau des
musées, etc., puisqu'il y a eu l'agrandissement... Donc, on est parti de
34 000 000 $ à 45 000 000 $ sur un budget total de 324 000 000 $. Donc -
incluant évidemment le personnel supplémentaire, etc., de
certaines sociétés d'État qui ont
bénéficié d'agrandissement - cette diminution a
été faite à cause d'une gestion interne et serrée
du ministère et il faut absolument corriger ça, ne serait-ce que
pour donner le crédit à ceux qui, justement, administrent ce
ministère de façon très rigoureuse. (16 h 10)
Discussion générale
Le Président (M. Doyon): merci, mme la ministre. alors, je
pense que les deux côtés s'entendent. vous pouvez y aller, m. le
député de sainte-marie-saint-jacques.
Application de la TVQ dans le secteur des arts de la
scène
M. Boulerice: Oui, eh bien, le premier sujet, la ministre s'en
doute - du moins, si ce n'est pas le cas, je serai déçu - la taxe
de vente du Québec sur les spectacles et l'abolition de la taxe
d'amusement. On connaît déjà les implications. Je pense que
l'exemple du livre est malheureusement un triste exemple, mais il devrait nous
servir effectivement d'exemple. C'est, sans aucun doute, dans le cas de la taxe
sur le livre, un autre bel exemple du fédéralisme
asymétrique dont le parti auquel appartient Mme la ministre est friand.
Il y a les réactions tout à fait légitimes qui sont celles
d'une coalition regroupant 175 000 signatures. Je pense que c'est une des plus
importantes pétitions à être déposées
à l'Assemblée nationale. Également, j'en ai fait mention
tantôt succinctement, cette enquête d'opinion, qui a
été menée par une firme respectable et publiée par
un journal qui l'est tout autant, et qui montre hors de tout doute que les
Québécois et les Québécoises appuient leurs
artistes.
Alors, la question que je poserais à la ministre: Est-ce que le
scénario de l'exemption de l'application de la TVQ, pour le secteur des
arts de la scène, est toujours considéré par le
gouvernement? L'est-il toujours ou le gouvernement entend-il appliquer la TVQ
à un taux réduit au secteur du spectacle, comme à
l'ensemble des autres secteurs d'activité?
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, M. le
député, vous savez comme moi qu'on ne peut se substituer au
ministre des Finances. Notre position à nous a été
très claire. Nous avons été les premiers à dire et
à décrier que 26 %, c'était impensable. Ceci dit, j'appuie
et j'abonde dans votre sens quand vous parlez du 7 % de TPS qui a
été ajouté comme ça à la taxe d'amusement
qui existait déjà, de 10 %, et qui a changé, du jour au
lendemain, le portrait global de l'industrie des arts de la scène, entre
autres au Québec.
Nous, évidemment, notre position, en plus de dire que 26 % est
inacceptable, c'est d'avoir le moins de surcharge possible sur le prix net des
billets. Nous avons travaillé très fort et nous continuons
d'ailleurs à travailler très fort avec les intervenants du
ministère des Affaires municipales et du ministère des Finances.
Nous avons fait valoir tous les arguments, finalement, au niveau, d'une part,
du coût des billets. Nous avons comparé aussi le
phénomène de taxation par rapport à d'autres
phénomènes de taxation qui se passent partout dans le monde. Par
exemple, en Europe, un taux qui varie de 2,10 % à 18,5 %. On parle
d'ailleurs d'avoir un taux d'à peu près 15,5 % lors de la
formation de la Communauté économique européenne.
Maintenant, ceci dit, on s'est comparé aussi au reste des
provinces canadiennes. Donc, tous ces scénarios-là ont
été regardés. Notre position de base, je le dis, le moins
de surcharge possible sur le prix net des billets. Maintenant, je dois laisser
au ministère des Finances, je disais le plaisir, mais aussi la
responsabilité de voir, comme il l'a fait d'ailleurs pour le livre, les
impacts nets et ses agissements au niveau de la TVQ.
M. Boulerice: M. le Président, je comprends fort bien la
ministre lorsqu'elle me dit qu'elle ne peut se substituer au ministre des
Finances, et c'est d'autant plus vrai que l'on sait que le ministre des
Finances est le premier ministre. Ce que j'aimerais obtenir de la ministre - la
ministre a une opinion, du moins je le souhaite, du moins je l'espère -
quelle est la position de la ministre face aux taxes sur le spectacle? Elle est
pour? Elle est contre? Elle est à moitié pour? Elle est à
moitié contre ou est-elle ni pour ni contre, tout au contraire?
Mme Frulla-Hébert: Écoutez...
M. Boulerice: Est-ce que la ministre a émis une opinion au
Conseil des ministres? La ministre a-t-elle émis une opinion
auprès du premier ministre, du ministre des Finances ou de l'adjoint
parlementaire au ministre des Finances, le député de Bonaventure?
Lui a-t-elle dit: Je suis contre toute taxe sur le spectacle, compte tenu des
difficultés actuelles et de la fragilité de ces industries, de
ces entreprises au Québec? Oui ou non?
Mme Frulla-Hébert: M. le député, quand
quelqu'un dit que nous, notre position, c'est le moins de surcharge possible au
niveau du prix net d'un billet, je pense que la position est claire.
Maintenant, je dois aussi respecter les obligations et les
responsabilités du ministre des Finances. Si vous me demandez si j'ai
émis une opinion, quand on fait partie d'un comité tripartite, ce
n'est sûrement pas pour écouter les autres parler. Maintenant, je
sais que le ministre des Finances doit étudier les divers impacts. Je
sais que le ministre des Finances a aussi une question d'équité
et d'équilibre à respecter. Alors, nous, notre travail est fait.
On continue d'ailleurs d'appuyer dans le sens, comme je vous l'ai dit, de moins
de surcharge possible. Alors, si, demain matin, vous me dites: II n'y a plus
rien, eh bien, évidemment, nous, on prône l'accessibilité.
L'accessibilité veut dire le prix le plus bas possible. Mais je dois
aussi respecter les obligations du ministre des Finances.
Vous avez dit tantôt: La taxe d'amusement a été
enlevée, etc. À ce que je sache, il n'y a pas de loi de
déposée pour abolir la taxe d'amusement, au moment où on
se parle. Vous avez dit: II n'y aura pas de compensation aux villes. Il n'y a
rien qui a été décidé ou, enfin, annoncé au
moment où on se parle. Et tout le sera d'ailleurs dans un avenir
très prochain.
M. Boulerice: Je ne sais pas, mais je pense qu'il y a des
difficultés d'interprétation. Au départ, c'est inscrit
dans la loi 145. Vous l'avez lue.
Mme Frulla-Hébert: Une technicalité...
M. Boulerice: Vous êtes parlementaire d'abord et avant
tout.
Mme Frulla-Hébert: II doit le déposer.
M. Boulerice: Et la deuxième, le ministre en a fait
l'annonce au congrès de l'Union des municipalités du
Québec. Mais votre collègue, le ministre de la
Sécurité publique, ministre des Affaires municipales, ministre
responsable de l'Habitation s'est substitué au ministre des Finances
sans aucune gêne et a fait connaître lui-même ses intentions.
Vous me dites que 26 %, c'est inacceptable. Qu'est-ce qui est acceptable pour
vous?
Mme Frulla-Hébert: Bon, premièrement, je veux
répondre...
M. Boulerice: Vous me dites: Le moins.
Mme Frulla-Hébert: Non, non, d'accord, mais je veux
répondre. Premièrement, le ministre des Affaires municipales,
question de technicalité, doit redéposer une loi au niveau de
l'abolition de la taxe. Il doit le faire avant le 15 mai. Ça, c'est une
chose. Deuxièmement, s'il a annoncé au niveau de... Non, non, il
doit déposer parce que, même si ça été
annoncé dans la loi 145, question de technicalité maintenant,
pour que ça se fasse, il doit redéposer sa décision.
Deuxièmement, au niveau des compensations, s'il a annoncé
son intention, il n'y a rien qui a été annoncé
officiellement, au niveau de l'agis-sement, d'une part, au niveau du 10 % et au
niveau des compensations. Alors, ça, c'est une chose. Et dire qu'il
s'est substitué au ministre des Finances... Non, il ne s'est pas
substitué au ministre des Finances puisque, lui, dans sa loi à
lui, c'est sa responsabilité de le faire. D'un autre côté
et de notre côté à nous, comme je vous l'ai dit, le moins
de surcharge possible; 26 %, oui, c'est inacceptable, et je pense que, de toute
façon, j'ai eu l'appui, là-dessus, de tous mes collègues,
ministres, députés, etc. Mais à partir de ce
moment-là, et vous le savez comme moi, on s'est tous assis ensemble,
surtout les trois principaux intéressés, pour regarder l'ensemble
des scénarios. Et, d'une façon ou d'une autre, quand on parle de
moins de surcharge possible, si vous me demandez mon désir, si tout
pouvait être gratuit ou à peine chargé, ça ferait
encore plus mon affaire.
M. Boulerice: Bon, alors, si je décode bien, vous dites:
Pas 26 %; 26 %, c'est trop. C'est vrai qu'on vit des avantages du
fédéralisme à l'intérieur de ce 26 % puisqu'il y a
9 % de taxe, 7 %, dis-je plutôt de... Ils n'ont pas augmenté,
ça m'étonne. C'est 7 % de taxe fédérale. Mais pour
ce qui est de la TVQ, zéro de taxation - puisque zéro est un taux
de taxation - zéro, c'est acceptable pour vous? C'est souhaitable?
Vous
privilégiez? (16 h 20)
Mme Frulla-Hébert: J'ai dit, M. le député,
le moins de surcharge possible, mais je ne peux pas me substituer au ministre
des Finances. Je ne peux pas. La seule chose que je dis, et je pense que les
gens de la Coalition le savent: Nous avons travaillé très,
très, très fort pour en arriver à des résultats qui
vont être acceptables pour tous. Et, comme je vous dis, notre objectif
à nous, c'est deux choses. Encore une fois, le moins de surchage
possible au prix net et rendre ou travailler le plus possible au niveau de
l'accessibilité.
Maintenant, il y a autre chose aussi. C'est que chacun, et vous le savez
comme moi, a ses responsabilités gouvernementales à respecter. Et
je dois laisser le loisir et le plaisir au ministre des Finances d'annoncer ses
intentions quant à la taxation.
M. Boulerice: Est-ce que vous croyez que 15,56 %, ça n'a
pas un impact psychologique important et que ça va contribuer encore
à cette désaffection des salles de spectacle dont les chiffres,
d'ailleurs, devraient vous impressionner, là? Ils ont été
cités.
Mme Frulla-Hébert: II n'y a pas juste la taxation, par
exemple. Il faut quand même être réaliste et les gens de la
Coalition, que j'ai rencontrés tantôt, le sont aussi. Il y a tout
le phénomène de la récession économique. Alors, si
15,56 %, 26 %... Au moment où on se parle, de toute façon, la TVQ
n'est pas appliquée. Alors, on parle de 17 %. Si 17 % a eu un effet, oui
il a eu un effet, mais il y a tout le phénomène aussi de la
récession économique qui a eu un effet. Alors, ce sont ces effets
combinés qui font en sorte que l'industrie des arts de la scène,
au moment où on se parle, se retrouve dans une situation qui est
précaire.
Maintenant, il y a autre chose. On nous a demandé aussi de
participer à un plan de relance, idée à laquelle j'ai
donné, avec enthousiasme, d'ailleurs, mon accord. Un plan de relance qui
devrait être applicable pour la saison automnale. Et, dans ce plan de
relance, il s'agirait de regarder évidemment tous les effets
négatifs, mais de regarder aussi ce qui arrive présentement dans
le milieu. On parle de la désaffection, par exemple, des arts ou du
secteur des arts de la scène. D'un autre côté, on fait
salle comble aux «Misérables», par exemple. Alors, il s'agit
aussi de voir l'impact de tout ce qui se passe et la dynamique aussi de ce qui
se passe dans le milieu.
M. Boulerice: Quand vous parlez d'un plan de relance, je veux y
revenir, mais vous ne trouvez pas - et je me suis commis dans un article qui a
été publié par le journal La Presse sur
l'«insoutenable légèreté de l'État dans le
domaine de la culture» - que c'est un petit peu aberrant de voir que, de
la main droite, on dit à des organismes culturels, à des
entreprises culturelles: On va vous donner 20 %, 30 %, 40 % de subvention et,
de la main gauche, on leur dit: On va aller vous chercher 15,56 % de vos
recettes des revenus de guichet. Je ne sais pas où est la logique,
là. Et quand vous me dites «un plan de relance», est-ce que
ça signifie qu'il y aura des crédits additionnels ajoutés
au budget? Et, si vous répondez oui, le calcul se fait très
rapidement: c'est 324 000 000 $.
Mme Frulla-Hébert: Comment? M. Boulerice: Non, de
plus.
Mme Frulla-Hébert: Comme ça. 324 000 000 $ comme
ça.
M. Boulerice: Attention, là! Par rapport aux
crédits de 324 000 000 $. Il faut se comprendre, là. Combien
ça représente en termes de crédits?
Mme Frulla-Hébert: Écoutez. Premièrement, on
a parié du plan de relance pas plus tard que cet après-midi.
D'abord, la première étape, c'est l'histoire de la taxation. Vous
savez, quand vous parlez de 15,56 %, d'abord, au moment où on se parle,
on est à 17 %. Deuxièmement, 15,56 %, je trouve que c'est un peu
prématuré. On n'a pas encore la décision et
l'aboutissement de nos négociations avec le ministre des Finances.
Alors, c'est quand même prématuré de parler de ce qui
pourrait se passer ou arriver sinon. Au moment où on se parle, on
travaille avec quelque 17 %, c'est-à-dire la taxe d'amusement plus la
TPS qui a été imposée et qui a changé tout le
portrait. Ce sont les données avec lesquelles on travaille. Et, à
ce que je sache, il y eu un communiqué, d'ailleurs, qui a
été émis à notre demande, par le ministère
des Finances, pour dire que la TVQ qui aurait pu s'appliquer le 1er mai ne le
sera pas et, si jamais elle était appliquée, elle sera
reportée au 1er juillet. Alors, on parle d'une situation qui est
hypothétique. Nous, on sait avec quoi on travaille. On travaille avec
des scénarios qui sont mis sur la table, que nous avons discutés
avec les deux différents partenaires, c'est-à-dire les Affaires
municipales et le ministre des Finances. Maintenant, au moment où on se
parte, on attend aussi l'aboutissement.
Mais je ne veux quand même pas parler d'une situation qui n'est
pas là, qui est hypothétique. On parle du 15,56 %; tout d'un coup
que ce n'est pas ça? On est à 17 %, tout d'un coup que ça
reste à 17 %? On ne le sait pas. Alors, on le saura bientôt.
M. Boulerice: Écoutez, là, je vous avoue que je ne
comprends pas tellement votre logique de me dire que c'est
prématuré pour moi d'espérer peut-être...
Mme Frulla-Hébert: Ah, je ne vous dis pas que c'est
prématuré d'espérer, au contraire.
M. Boulerice: ...une maigre diminution de quelque 1 % parce que,
écoutez, le patient est sous perfusion; vous n'allez quand même
pas me dire que c'est prématuré d'essayer de trouver un
remède.
Mme Frulla-Hébert: Non, je ne dis pas que c'est
prématuré d'espérer, je vous dis que c'est
prématuré quand même de regarder la situation en disant:
Oh, ça va être désastreux! Ce qu'on espère, je pense
qu'on le fait tous ensemble. Alors, là-dessus, je suis d'accord avec
vous.
M. Boulerice: Quand vous me dites que c'est
prématuré d'examiner la situation et de dire que ça va
être désastreux, les chiffres nous confirment que c'est
actuellement désastreux. Mais est-ce que vous admettez que les
entreprises du secteur des arts de la scène doivent prélever,
depuis le 1er mai, de la TVQ à un taux de 8 % pour les spectacles et les
abonnements prenant effet après le 1er juillet, que cela affecte non
seulement la vente de billets ou d'abonnements, ce qui a un impact
immédiat, mais que ça risque aussi d'exposer ces entreprises
à une opération vraiment vaste de remboursement si jamais vous
réduisez le taux de la TVQ ou encore, si jamais, par
bénédiction, on décidait, comme dans le cas du livre,
d'exempter le billet de spectacle de l'application de la TVQ, d'où la
perversité de l'attente du discours du budget? Est-ce qu'il y a des
dispositions transitoires qui vont s'appliquer en vertu des dispositions de la
loi du ministère du Revenu? Ça a son importance.
Mme Frulla-Hébert: C'est ça, mais dans la
disposition transitoire, ce que j'ai, c'est tout simplement que la TVQ ne
s'appliquera pas à ces prix, c'est-à-dire les prix
d'entrée, entre le 30 avril et le 1er juillet 1992, lorsque les droits
sur les divertissements s'appliquent. Autrement dit, si les droits sur les
divertissements s'appliquent, pas de TVQ. C'est vrai que c'est transitoire, je
suis d'accord, excepté que je vous dis que, dans un avenir très
rapproché, nous aurons tous la réponse * cette question.
M. Boulerice: Si vous avez acheté vos billets pour la
saison de l'Opéra de Montréal, vous avez payé la TVQ de 8
%.
Mme Frulla-Hébert: C'est faux. Non, c'est pour ça
qu'il l'a émis. C'est justement à cause de ces abonnements. Nous,
ce qu'on a vu, c'est que, comme on était en période
d'abonnements, nous avons demandé au ministère des Finances
d'émettre ce communiqué. D'ailleurs, je peux déposer le
communiqué si vous ne l'avez pas vu. Le communiqué a
été émis et c'est pour ça...
M. Boulerice: Alors, écoutez, si ce n'est pas vous, que
votre collègue se hâte parce que ça n'a pas
été compris comme ça par bien des organismes
culturels.
Mme Frulla-Hébert: On a parlé aux organismes
culturels. En envoyant le communiqué, on a parlé aussi aux
organismes culturels. Entre vous et moi, c'est sûr, je pense, que nous
avons tous hâte de régulariser la situation. Maintenant, il faut
aussi comprendre la problématique du ministère des Affaires
municipales, à l'intérieur même de sa problématique
globale et celle des Finances, à l'intérieur même d'une
crise économique, de la récession, des pressions
générales faites par les Québécois et
Québécoises, ainsi que par tous les secteurs. Alors, il faut
quand même entrer ça en ligne de compte, à la
décharge de mes collègues. (16 h 30)
M. Boulerice: Nous avons accueilli, tous deux, à
l'unisson, les maires des municipalités, qui sont venus à la
commission cet automne et qui nous ont fait part de la partie de leur budget
qu'ils consacraient au développement culturel, au soutien, aux
entreprises et institutions culturelles et même aux artistes de leur
municipalité, de leur région. On s'en est réjoui, on les a
même félicités. Mais la taxe d'amusement, est-ce qu'il y a
une décision de prise pour la taxe sur les divertissements, puisque les
municipalités se voient dilapidées d'au-delà de 35 000 000
$, à quelques sous près? Est-ce que vous pouvez nous donner la
garantie que la compensation financière aux municipalités sera
adéquate? Tel que c'est actuellement, il faudra prévoir la
disparition du Conseil des arts de la Communauté urbaine de
Montréal, alors que la Communauté urbaine de Québec
rêvait de se doter d'un tel conseil. Il faudra prévoir la
disparition de la CIDEC et d'autres organismes municipaux qui font quand
même beaucoup pour la culture.
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, on peut
espérer ensemble, sans être alarmiste. Je sais que M. Levesque...
D'abord, nous avons eu des contacts de très, très près
avec les municipalités, d'une part. Vous savez qu'on travaille aussi
avec eux à la table Québec-municipalités, sur d'autres
sujets, et on y reviendra.
Deuxièmement, M. Ryan - quand on parle de scénario -
travaille très, très fort avec l'ensemble des
municipalités, dont les présidents de l'Union des
municipalités, et les autres, d'une part, et ils ont rencontré
aussi M. Levesque la semaine dernière. Alors, je ne peux que dire que
mes collègues ministres, qui sont aussi députés de leur
région, sont très sensibles aux demandes des maires des
municipalités. Et, encore là, je vous dis que tout ça fait
partie de négociations globales en fonction du futur budget de la
province.
M. Boulerice: Si je me fie aux commentaires que nous font le
maire de la métropole et le maire de notre capitale, je pense qu'on est
loin de la convivialité et de l'espérance que la ministre
témoigne dans son discours. Est-ce qu'elle reconnaît que cette
décision du gouvernement sur la compensation financière va avoir
un impact extrêmement important quant à l'implication des
municipalités...
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: ...dans la politique culturelle qu'on est en train
d'écrire à son ministère?
Mme Frulla-Hébert: Non seulement je le reconnais, mais je
reconnais aussi le partenariat privilégié des
municipalités, surtout dans certains secteurs. Maintenant, il faut aussi
que j'amène sur la table quelque chose qui m'a profondément, je
dirais, froissée la semaine dernière, c'est qu'avant même
qu'on parle d'abolition de la taxe d'amusement, avant même qu'on parle de
compensation, avant même qu'on parle d'imposition de la TVQ, notre maire
de Montréal a aussi annoncé des coupures dans les piscines et les
bibliothèques, et ça, avant même que la situation se
règle. Alors, j'espère seulement que, tous ensemble - et je crois
à la bonne volonté de tous les membres de cette commission ainsi
qu'à la bonne volonté de mon collègue - quand on se bat,
justement, ou qu'on prône l'importance de la culture, l'importance du
partenariat, on dise tous les mêmes choses, en fonction des mêmes
objectifs. Ce que je ne voudrais pas non plus, c'est qu'on prenne le milieu en
otage pour aller faire des gains financiers et se servir de ce milieu qui n'est
quand même - et on le sait - pas riche, fragile, pour, justement, s'en
servir à ses propres fins.
Alors, je reviens au partenariat des municipalités. Oui, les
municipalités sont les partenaires principaux, et il faut que les
compensations soient adéquates, d'une part. Mais, deuxièmement,
je fais aussi confiance à mon collègue des Affaires municipales,
puisque, lui, il regarde dans son portrait global et que, moi, personnellement,
je ne suis pas au courant de toutes les modalités et de toutes les
tractations qu'il a globalement avec les municipalités. Mais,
là-dessus, vous dites la même chose qu'on dit, c'est-à-dire
que s'il y a compensation - et ça prend des compensations -il faut que
ces compensations-là soient remises à la culture. Et je ne veux
pas que le milieu soit pris en otage non plus, comme on a très tendance
à le faire.
M. Boulerice: Voyez-vous, c'est ce qui m'agace dans le discours,
madame, quand je vous entends, vous, votre collègue des Affaires
municipales, votre collègue des Finances: le portrait global. Je ne peux
pas accepter que l'on regarde la culture dans le cadre d'un portrait global.
J'ai toujours dit qu'il faudrait la regarder dans une optique
spécifique. Et il y a un très beau synonyme à
«spécifique», c'est «distinct». Je pense que
c'est un mot qui vous touche.
Mme Frulla-Hébert: Mais, faites attention! Vous savez que,
quand je parle de portrait global, je parle au niveau financier. Et les
contribuables, en récession, regardent aussi l'ensemble de leur
portefeuille en portrait global. Nous, notre rôle, c'est non seulement de
prôner la culture mais de l'aider à ce qu'elle soit vivante et
vibrante. C'est pour ce fait aussi qu'on est prêts, demain, à
participer à un plan de relance - je n'aime pas «relance»,
j'aime mieux «action-spectacle» - pour aider, justement, à
ramener les gens dans les salles et à sensibiliser aussi les gens
à ce qui se passe. Mais il faut quand même être aussi
réaliste et se dire que la récession, évidemment, a fait
ses ravages sur tout le monde et que la situation actuelle, c'est un effet
grandement dû, justement, à cette condition économique qui
est très difficile.
M. Boulerice: Mais là, attention. Je vais vous rappeler
cette phrase du 3 septembre 1964, de Georges-Emile Lapai me, qui fut le premier
ministre des Affaires culturelles du Québec, qui disait: Ne venez plus
m'opposer économie et culture.
Mme Frulla-Hébert: Mais on ne veut pas faire ça non
plus. Au contraire...
M. Boulerice: Le premier précède l'autre. Mme
Frulla-Hébert: ...même. Au contraire. M. Boulerice: Je
parle de culture.
Mme Frulla-Hébert: Non... Oui, d'accord, mais, au
contraire, entre vous et moi, ce qu'il ne faut pas faire non plus, c'est de
«ghettoïser» la culture de telle sorte que la culture ne soit
pas considérée dans l'économie. Et c'est exactement ce
qu'on fait. C'est que la culture, en soi, doit être vive, vivante. La
création, c'est notre matière première. Mais la culture
peut aussi être un joueur important dans le développement
économique du Québec au niveau de ses industries ou de ses
entreprises culturelles.
Soutien aux organismes culturels
M. Boulerice: Nous allons, M. le Président, poursuivre au
niveau du budget comme tel. Est-ce qu'on a démystifié les
chiffres quant à l'augmentation et aux affectations de cette
augmentation? Est-ce que la ministre peut reconnaître que la diminution
de l'effort du ministère à l'égard des artistes et des
organismes culturels, dans l'ensemble du budget du ministère, contribue
à une détérioration de la situation
financière des organismes culturels - déjà
confrontés à la récession, on ne cesse de le dire - ce qui
équivaut à une dévaluation réelle du soutien du
ministère aux organismes culturels, l'amenant à jouer,
forcément, le rôle de pompier, comme ça a été
le cas pour l'OSM et les Grands Ballets?
Mme Frulla-Hébert: Première chose: que l'on joue un
rôle de pompier, ça... Oui, on joue un rôle de pompier. Oui.
Et, dans la condition économique actuelle, je ne pense pas qu'on va
sortir de ce rôle-là jusqu'à ce que la condition
économique, finalement, se rétablisse, d'une part. Donc,
effectivement, on joue un rôle de pompier, mais c'est aussi notre
rôle d'aider les organismes culturels qui sont en difficulté et
d'essayer de trouver des solutions, quand solutions il y a.
Par contre, j'aimerais revoir le budget en entier. Il y a des choses que
vous n'avez pas vues. C'est-à-dire que vous savez comme moi que,
partout, au niveau de tous les ministères, cette année, il n'y a
pas d'indexation. Donc, cette mesure est applicable à travers - comme je
vous le disais - le gouvernement et tous les ministères. L'indexation,
l'année passée, était de 4,3 %. L'année
précédente, elle était à peu près de 3,6 %.
Cette année, s'il y avait eu indexation, ça aurait
été une indexation - si je me fie à riPC - de 2,7 %. (16 h
40)
Gouverner, c'est trouver des solutions. Alors, M. le
député, ce que nous avons fait, c'est que nous avons
trouvé certaines solutions, justement, non seulement pour respecter la
mesure gouvernementale imposée, mais une solution aussi pour compenser
le manque d'indexation et le doubler. Donc, j'explique. En 1992-1993, c'est
vrai que le ministère a augmenté de 12,4 %, ce qui fait que c'est
le sixième ministère en importance en termes d'augmentation. Par
contre, j'ai, dans cette augmentation, réussi à obtenir des
crédits supplémentaires de 5 000 000 $ pour répondre
à des problèmes ou aux problèmes dont nous discutons
présentement. Ces 5 000 000 $ proviennent de quoi? Ces 5 000 000 $
proviennent du réaménagement du service de la dette. Donc, nous
avons observé la règle gouvernementale, c'est-à-dire la
non-indexation, et, ce que nous avons fait, c'est que nous avons
été chercher 5 000 000 $, donc le double de ce qu'on aurait eu si
on n'avait eu que l'indexation, tel l'année passée. Il y a 2 500
000 $ qui iront aux arts de la scène, il y a 300 000 $ additionnels dans
les industries culturelles, 300 000 $ pour la formation professionnelle,
notamment en danse, 800 000 $ pour les musées régionaux et 1 000
000 $ pour soutenir la création de nos artistes.
Donc, c'est ces 5 000 000 $ supplémentaires qui ont
été accolés à la création et aux artistes.
Le reste, je vous l'accorde, ce sont des augmen- tations aussi, dues à
l'agrandissement de nos musées. Mais, entre vous et moi - et je sais que
vous êtes quand même un adepte de musées et d'arts visuels -
c'est aussi et beaucoup de la culture. Et on doit en être fiers,
d'ailleurs, de nos musées. C'est un coup que nous avons donné, et
je pense que, quand on voit le succès à l'ouverture du
Musée des beaux-arts, le succès du Musée de la
civilisation et le succès espéré du Musée d'art
contemporain, qui est unique en son genre en Amérique, je dirais en
Amérique du Nord, plutôt, alors, à ce moment-là, je
pense qu'on joue notre rôle pour la culture.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre va consentir à
l'honnêteté intellectuelle et dire que, dans le programme 2,
Développement des milieux culturels, si on avait pleinement
indexé, selon la formule qui est habituelle pour l'État
québécois, si on avait pleinement indexé les budgets, on
n'aurait pas... Il y avait 120 000 000 $ en 1988-1989; cette année, il y
a 133 000 000 $. Je vous épargne les milliers. Si ça avait
été pleinement indexé, on aurait eu 179 000 000 $. Donc,
il manque 46 000 000 $ pour le développement des milieux culturels.
Mme Frulla-Hébert: Mais, là, on parle
d'indexation... Pleinement indexé depuis quand? Moi, je vous parle... Si
j'indexais...
M. Boulerice: Depuis 1988-1989, madame. Vous avez eu une
prédécesseure et la prédéces-seure de votre
prédécesseure, mais, quand même!
Mme Frulla-Hébert: Moi, je suis obligée de parler
pour la période pendant laquelle j'ai été à la
tête du ministère. Si on parle de l'indexation globale depuis
1988-1989, à ce moment-là, je sais qu'il y a eu indexation.
Maintenant, je l'ai ici, l'indexation. C'est ça. C'est que, au niveau du
budget, effectivement, on est parti de 56 400 000 $ en 1986-1987 pour en
arriver à 87 400 000 $ en 1992-1993.
Maintenant, au moment où on se parle et pour l'année,
finalement, en cours, je ne peux qu'être... honnêtement, là,
je suis très fière de ce qu'on a fait. Je suis très
fière d'avoir été chercher 5 000 000 $ pour le remettre -
d'abord, c'est plus que l'indexation - justement, au milieu culturel, à
travers la condition économique actuelle et à travers la
règle gouvernementale du Conseil du trésor de la non-indexation.
Maintenant, si vous me dites: Aimeriez-vous doubler, tripler, en avoir plus? La
réponse, c'est oui. C'est évident.
M. Boulerice: Donc, vous l'admettez, il n'y a pas eu de pleine
indexation selon l'IPC depuis 1988-1989. Alors, on peut vous donner... En
1988-1989, c'était 4 %; c'était 5 % en 1989-1990; 4,8 % en
1990-1991; 5,6 % en 1991-1992. Ça n'a jamais été
indexé. Donc, il y a un manque à
gagner à ce niveau-là. Donc, il y a un manque à
gagner de 46 000 000 $.
Mme Frulla-Hébert: L'année passée, on a
indexé et... Comme ma sous-ministre était là avant moi, je
vais lui passer la parole. Mais, l'année passée, on a
indexé - ça, je le sais parce que j'étais là - tout
le monde à 4,6 %. Cette année, là, si on avait
indexé selon l'IPC, c'est 3 000 000 $ qu'on aurait été
chercher. On a été en chercher 5 000 000 $ en
récupérant le service de la dette. Bon. Alors...
M. Boulerice: Sur un budget de 75 000 000 $, Mme la ministre,
là...
Mme Frulla-Hébert: Mais vous parlez d'augmentation, vous
parlez d'indexation. On parle de la même chose, là. Indexation
pour indexation, et ça, c'est remis directement au milieu culturel.
Alors, qu'on garde le même vocabulaire, là.
M. Boulerice: C'est ça. Ça ne
récupère pas les arrérages quant aux années
antérieures.
Mme Frulla-Hébert: Est-ce que vous pensez... Je suis
d'accord, mais...
M. Boulerice: Puis là vous me dites: Oui, mais c'est moi
qui y étals. Mol, je n'ai jamais été au gouvernement, et
vous me rassortez les personnes qui ont été ministres sous le
gouvernement de mon parti.
Mme Frulla-Hébert: C'est évident que si vous aviez
été là, ça n'aurait pas été le
cas.
M. Boulerice: Moi, je vous dis, madame, que quand on entre dans
une famille, on ne renie pas l'héritage. Même s'il y a des meubles
qu'on n'aime pas, on ne choisit pas juste les bijoux. Vous êtes
obligé de prendre la chaise en même temps.
Mme Frulla-Hébert: Ce que je dis, c'est que... Au
contraire, non seulement je ne renie pas l'héritage, mais si on en est
où on en est à partir de 1985, et si on en est quand même
à une augmentation appréciable du budget, c'est à cause de
mes prédécesseures. Et si on a les infrastructures qu'on a, c'est
beaucoup aussi à cause de Mme la vice-première ministre. Mais ce
que je dis présentement, c'est que je suis obligée de parler pour
les périodes que je connais. L'année passée,
c'était 4,3 %; en 1990-1991, c'était 3,6 %; et, cette
année, c'a été 2,7 %, qui aurait équivalu à
3 % - nous en sommes à 3 000 000 $ - et nous en sommes à 5 %.
M. Boulerice: Nous prenons acte qu'il manque 46 000 000 $ parce
qu'il y a eu manque d'indexation...
Mme Frulla-Hébert: Mais c'est vos chiffres, ça.
M. Boulerice: ...et vous vous rappellerez - vous n'étiez
pas parlementaire, et je ne sais pas si vous étiez membre de cette
formation politique - en novembre 1985, après une commande qui avait
coûté, mon dieu, une somme quand même dérisoire - je
pense que ça avait été 50 000 $ - le parti libéral
s'était fait construire la politique culturelle du parti libéral
du québec. un outil de développement économique et social.
on retrouve, à la page 14: «le prochain gouvernement
libéral s'engage - et c'était la vice-première ministre,
titulaire du ministère des affaires culturelles qui le faisait au
discours d'ouverture, en l'absence du premier ministre retenu pour cause de
défaite dans la circonscription de bertrand - à allouer au cours
de son premier mandat 1 % de son budget total à la culture, et ce, sans
jouer sur les mots, sans faire de pirouettes similaires à celles du
gouvernement sortant.» ah! la ministre reconnaît-elle, d'une part,
qu'en termes de pirouettes, elle a bien appris, et qu'il manque toujours 85 700
000 $ au budget du ministère pour atteindre l'objectif du 1 %? je vous
répète que, sans y mettre tout, ça a également
été une déclaration du premier ministre en chambre, en
réponse à une question que je lui posais.
Mme Frulla-Hébert: C'est vrai. Mais, bon, si vous voulez
ressortir les chiffres, on va les ressortir, ces histoires-là. De 1986
à 1993, notre variation est de 154 000 000 $ en ajout. De 1979 à
1986, on avait 95 000 000 $ d'ajout. Là, vous allez dire: Bien, oui,
mais c'est votre promesse, ce n'est pas la nôtre. Mais, là, sans
jouer sur les mots, vous savez que, premièrement, le milieu - veux veux
pas, ça reste un symbole - a dépassé ce discours-là
pour la simple et unique raison que c'est un discours qui est un peu
piégé. au lieu d'avoir - bien, là, je parle, là -
la tps, si on avait fait comme le fédéral, c'est-à-dire
d'en arriver à donner des subventions, on aurait pu faire ça. au
lieu de donner 32 000 000 $ par année en déductions fiscales, on
aurait pu tout simplement dire: bon, bien, parfait, on va accomplir !a
même chose, mais on va le donner par subventions. ce que le
fédéral a fait. première page du devoir: le
fédéral donne 130 000 000 $ pour cinq ans - 130 000 000 $ pour
cinq ans quand, nous autres, on donne 32 000 000 $ par année. bon. c'est
quand même de l'argent investi dans la culture! ce n'est pas des
pirouettes, c'est quand même là! si ça avait
été en subventions, ça aurait été
ajouté directement.
Les 30 000 000 $ que l'on donne, encore en crédit d'impôt,
dans le milieu du cinéma, de la télévision, puis tout
ça, c'est quand même un ajout directement à culture,
ça. C'est vrai que ce n'est pas dans le budget du ministère
des
Affaires culturelles. C'est vrai que, quand le discours a
été apporté au niveau du programme du parti, ça
n'existait pas, ces mesures-là. Mais, en 1992, il faut quand même
vivre avec l'évolution au niveau de la synergie entre ministères,
d'une part, et l'évolution au niveau de la façon de faire. Mais,
ça aussi, c'est des ajouts directement à la culture. Je parle de
62 000 000 $, là, puis je n'ai pas fait le relevé de tout le
reste, non plus. Alors, d'une certaine façon, je pense que, au niveau
culturel, dans le contexte actuel et dans la mesure du possible, et en poussant
comme on pousse aussi, on fait notre part. Je ne dirai pas plus que notre part,
parce qu'il y en a toujours à faire, mais on fait notre part au niveau
culturel. (16 h 50)
M. Boulerice: Mais, en 1985, votre formation politique nous
accusait d'ajouter des déductions fiscales - haro sur le baudet - que
c'était honteux, que c'était hypocrite, etc.
Mme Frulla-Hébert: Bien, je n'ai pas de preuve de
ça.
M. Boulerice: Mais ce qui se passe avec votre budget, là,
c'est exactement la même chose que vous faites, en allant en chercher un
petit peu là. Mais vous disiez bien: Total, sans jouer sur les mots,
sans faire de pirouettes. Ce n'est pas ça qui est là. Et
après, quand vous me dites que, pour ce qui est du 1 %, c'est un
discours que le milieu a dépassé, bien, moi, je vous inviterais
à une relecture du communiqué que la coalition pour le 1 % a
émis le matin de notre intervention, qui le réclamait encore et
qui estimait, et là je cite le communiqué de mémoire, M.
le Président, puisque je l'ai lu, relu et rerelu, «que ce
gouvernement lui avait menti».
Mme Frulla-Hébert: Bon, premièrement, là,
sur ce que notre gouvernement, à l'époque, vous disait, moi, je
n'en ai pas de preuve, rien de tangible; c'est votre souvenir versus les
nôtres.
M. Boulerice: Non, c'est votre programme qui l'écrit.
Mme Frulla-Hébert: Le programme du 1 %, ça, je suis
d'accord. Deuxièmement, moi, honnêtement, là, j'aimerais...
Écoutez, vous savez comme moi qu'on se bat toujours pour en avoir plus,
mais j'aimerais aussi, sans, au contraire, renier le passé, apprendre du
passé, regarder vers l'avenir. On parle maintenant de l'inclusion de la
culture au niveau d'une stratégie de développement
économique du Québec. Ça, ça va nous ouvrir des
portes. Ça nous ouvre des portes face à divers programmes, divers
programmes au MIC, divers programmes à la SDI, divers programmes aux
Finances, d'une part. Ce sont toutes des actions concrètes que l'on
apporte au niveau culturel.
Je reviens encore - et je dois revenir encore - au niveau de certaines
mesures fiscales. Les 32 000 000 $, là, donnés directement au
livre et en fonction du livre, ça aurait pu être une subvention.
Le milieu du livre nous a dit: Non, pas de subvention, parce que les
subventions, une année tu l'as, une année tu ne l'as pas. Alors,
essayez de le faire au niveau de la taxation. Mais, en bout de ligne, ça
revient exactement à la même chose parce que, finalement, c'est de
l'aide et, ça, c'en est une mesure, c'est de l'aide directe. Le
cinéma, c'est de l'aide directe. Alors, je ne peux pas ne pas le prendre
en considération.
M. Boulerice: Et là je ne sais pas si vous écoutez
bien ce que vous dites; j'espère que vous vous le dites, là,
à vous-même...
Mme Frulla-Hébert: Que je me le dis?
M. Boulerice: ...attention avec votre plan de relance, pour ce
qui est de l'industrie du spectacle! Attention! Il y a préventif et il y
a curatif. Parce que, dans le cas du livre, ça a été la
même chose, ça a été du curatif, ça n'a pas
été du préventif. Enfin, du préventif et non pas du
curatif.
Mme Frulla-Hébert: C'est l'inverse. Excepté qu'il y
a eu une mesure qui a été appliquée dans le cas du livre.
Maintenant, ce qu'on dit aussi, c'est qu'il ne faut pas oublier que le livre,
là, on peut comparer ça... Le livre est l'équivalent du
lait, dans le sens ou c'est la nourriture principale et première en
termes d'éducation, en fait, je dirais, moi, de l'intellect humain,
d'une part. Deuxièmement, encore une fois, oui, il y a une mesure au
niveau du livre, une mesure directe. Maintenant, allons voir ce que le ministre
des Finances va nous annoncer très prochainement - c'est dans quelques
mois, mais c'est très prochainement - au niveau du spectacle.
M. Boulerice: Bon, bien, alors, M. le Président, juste une
petite remarque, là, pour employer la poésie de la ministre: si
le livre est le lait, on va voir que les bibliothèques ne sont pas les
fermes laitières qu'on souhaite au Québec.
Mme Frulla-Hébert: Ha, ha, ha!
Politique culturelle du gouvernement du
Québec
M. Boulerice: Donc, nous allons passer au programme 1. Je
m'excuse, toujours dans la discussion générale, sur le
dépôt de la politique culturelle. Je pense que c'est le 26
février dernier que la ministre annonçait que c'était pour
la mi-juin. C'était au moment des engagements financiers comme tels:
«Mon objectif à cet
égard est d'y parvenir avant le début de
l'été 1992.» Alors, la question: Est-ce que la ministre
maintient toujours comme échéance la mi-juin pour déposer
sa politique culturelle?
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: Oui. Bon, enfin, on a un oui quelque part! Est-ce
que le Conseil des ministres en a été saisi ou, à
défaut, quand compte-t-elle la soumettre au Conseil des ministres?
Mme Frulla-Hébert: On assume... C'est-à-dire que,
pour l'instant, nous avons consulté l'ensemble des ministres. Vous
savez, ce qui est très important dans cette politique culturelle
là, c'est que ce n'est pas la politique culturelle de la ministre des
Affaires culturelles. C'est une politique culturelle pour le Québec, une
politique culturelle, je dirais, gouvernementale, d'une part, où tous
les intervenants qui ont, de près ou de loin, une intervention à
faire, soient non seulement impliqués mais soient partie prenante de
cette politique culturelle. Et quand je parte des intervenants de près
et de loin, je parie aussi de mon vénérable collègue de
l'Opposition.
Alors, on suit tout simplement les procédures normales. Nous
sommes en train de travailler très fort. On consulte, évidemment,
à l'interne, et les procédures seront observées pour un
dépôt. Vous me demandez à quelle heure et quel jour, je ne
vous dirai pas, aujourd'hui, à quelle heure et quel jour. Moi, la seule
chose que je vous dis, c'est que notre objectif ferme est de déposer,
tel que nous l'avons dit aux crédits, la politique culturelle avant la
fin de juin.
M. Boulerice: La réponse habituelle d'un ministre, c'est:
Dans les meilleurs délais.
Mme Frulla-Hébert: Fin juin, moi. Je vous ai dit...
M. Boulerice: Alors, c'est plus précis. Vous, vous nous
avez dit fin juin.
Mme Frulla-Hébert: ...au niveau des
échéanciers, vous serez d'accord avec moi, on avait dit: rapport
Arpin, le 14 juin - il a été déposé le 14 juin;
commission parlementaire au mois d'octobre - commission parlementaire au mois
d'octobre; et dépôt de la politique à la fin de juin, et
nous essayons. Je vous le dis, on travaille très fort pour observer les
échéanciers promis.
M. Boulerice: D'accord. Est-ce que la mise en oeuvre de la
politique va bénéficier d'un effort financier additionnel
dès cette année, c'est-à-dire au moment du discours sur le
budget, ou s'il faut attendre aux crédits de 1993-1994, qui seront
déposés, forcément, en mars 1993? Donc, est-ce que le
financement de la politique culturelle devra attendre encore un an, puis-
qu'elle implique sûrement un effort financier additionnel? Sinon, je ne
vois pas quel genre de politique la ministre va présenter.
Mme Frulla-Hébert: Compte tenu aussi de votre
réflexion, qui est parallèle - et je suis certaine qu'on va se
rejoindre, de toute façon -je vais vous laisser la surprise, quand je
vais la déposer.
M. Boulerice: On verra qui surprendra l'autre.
Des voix: Ha, na, ha!
Mme Frulla-Hébert: C'est plus facile dans votre cas, il
faut quand même l'avouer.
M. Boulerice: Donc, la ministre ne nous dit pas qu'il y aura des
crédits supplémentaires dans le dépôt du budget?
Mme Frulla-Hébert: La ministre, elle vous dit simplement
que nous travaillons... Vous ne savez pas comme on travaille d'arrache-pied
pour déposer cette politique culturelle d'ici la fin de juin.
M. Boulerice: D'accord.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lévis voudrait la parole. Vous êtes-vous entendus?
M. Boulerice: Oui, oui. On s'est entendus, mon cher
collègue.
Protection des sites du patrimoine mondial
M. Garon: M. le Président, j'aimerais connaître...
Au fond, le but de mon intervention, c'est un peu concernant la région
de Québec et la partie qui concerne le site historique, mais aussi la
partie qui est reconnue comme patrimoine mondial par l'Unesco, pour savoir
quelle est l'orientation du ministère des Affaires culturelles
là-dedans. Parce que je dois vous dire que je suis un peu, quand... Je
vais vous poser une question. Les citoyens sont un peu au courant de la
correspondance que vous avez eue là-dedans, notamment avec le maire de
Québec et le député de Taschereau, et également de
l'historique de l'action ou de l'inaction, ou de la présence inactive
mais qui cautionnait ce qui s'est fait dans ce site-là au cours des
dernières années, notamment concernant Les Terrasses du
Vieux-Port. Et puis, là, les gens ne savent plus trop, trop à
quoi s'en tenir, puis ils voient des conséquences importantes à
ce qui peut arriver là-dedanc, notamment à cause d'un discours
qui a été fait, qui indique un peu l'orientation du Comité
du patrimoine mondial, un discours que faisait, le 1er juillet dernier, Mme
Christina
Cameron, qui disait, à l'occasion du premier Colloque
international des villes du patrimoine mondial, en parlant des problèmes
d'administration et de sauvegarde de l'intégrité des sites
protégés inscrits sur la liste de l'Unesco, et je cite «Le
Comité du patrimoine mondial doit avoir la preuve que tous les
éléments modernes ne se retrouvent pas en nombre tel qu'ils
détruisent, en fait, le caractère patrimonial du site. Il est
question ici de l'intégrité d'un site historique. Le
Comité s'assure également que les autorités locales
disposent d'un plan d'aménagement et que les lois du pays comportent des
engagements précis en matière de protection du patrimoine. Pour
atteindre à une protection adéquate, le Comité
vérifie l'existence d'une zone tampon appropriée entre le centre
historique et les autres quartiers. Bien entendu, nous parlons ici d'obligation
des États signataires de la convention concernant la protection du
patrimoine mondial.» (17 heures)
Implantation du cinéma IMAX à
Québec
Or, à Québec, il n'y en a pas, de zone tampon autour de
l'arrondissement, ni de plan d'aménagement connu pour la zone riveraine
historique qui appartient, d'ailleurs, en quasi-totalité au gouvernement
fédéral. Et dans les lettres que vous avez fait parvenir, la
lettre que vous avez écrite au maire, ça a été
considéré comme un feu vert au projet IMAX, et les gens ont le
sentiment très net que votre lettre a eu un poids considérable
pour que le fédéral autorise les choses. Vous dites: «Cher
Jean-Paul, j'ai bien reçu votre lettre du 3 septembre dernier relative
à une modification du zonage d'un terrain situé dans le
Vieux-Port en vue de l'implantation de la maison de l'image. Je vous remercie
d'avoir porté ces informations complémentaires à mon
intention. Je suis assurée que ce projet sera un élément
important dans la mise en valeur du Vieux-Port de Québec.»
Par ailleurs, dans l'autre lettre, du 9 avril 1992, à Jean
Leclerc, vous laissez entendre très nettement que vous n'avez pas
d'autorité là-dedans. La lettre est longue, je ne voudrais pas la
lire au complet. Si vous le souhaitez, je pourrais la lire mais,
là-dedans, vous laissez entendre clairement, quand vous écrivez
à M. Leclerc... Je suis aussi bien, peut-être, de la lire pour
voir à quel point c'est... «Cher Jean, la présente fait
suite à votre lettre du 9 mars dernier relativement à la position
du ministère des Affaires culturelles dans le projet de construction du
cinéma Imax dans le Vieux-Port de Québec. «Comme vous le
savez, lors de l'inscription du Vieux-Québec sur la liste du patrimoine
mondial, les gouvernements du Canada et du Québec ainsi que la ville de
Québec ont convenu d'unir leurs efforts en vue de respecter les grands
principes des chartes internationales approuvées par l'UNESCO. Cette
responsabilité est partagée par les trois partenaires dans les
limites de leur juridiction respective. Dans le cas présent, le site
visé pour ce projet est situé sur les terrains d'une
société de la couronne, sous la juridiction du gouvernement
fédéral. De plus, le site étant en dehors de
l'arrondissement historique, les promoteurs n'ont pas à obtenir
d'autorisation en vertu de la Loi sur les biens culturels. Il convient aussi
d'ajouter que ce projet a fait l'objet d'un long débat public et est le
résultat d'un processus démocratique.
Par ailleurs, le ministère a toujours considéré que
la ville de Québec avait toute l'expertise nécessaire pour
évaluer à sa juste valeur les projets qui lui sont soumis. C'est
pour ces considérations que j'entends n'exercer mes pouvoirs que sur le
territoire de l'arrondissement historique de Québec, comme m'y autorise
la Loi sur les biens culturels.
Par ailleurs, pour exercer pleinement sa juridiction, le
ministère, comme ses partenaires, a dû adopter des politiques,
programmes et plans d'action publics qui guident les gestes de conservation et
améliorent le cadre de vie des résidents des quartiers anciens.
C'est dans cet esprit que ma prédécesseure, Mme Lucienne
Robillard, avait demandé à M. Aylmer MacKay, ministre des Travaux
publics et responsable du Vieux-Port de Québec à l'époque,
de participer activement aux discussions et aux décisions sur
l'aménagement de ce territoire. Je compte réitérer cette
demande.»
Alors, les gens sont inquiets, et vous avez sans doute entendu parler
des réunions qui ont eu lieu récemment, puisque la coalition qui
avait amené le gouvernement à établir la commission
Boulay, qui était une commission fédérale avec des gens
nommés - il y avait eu un moratoire -avait remis des conclusions avec
lesquelles les gens étaient d'accord. Finalement, c'est comme s'il n'y
en avait pas eu, de commission, de sorte que la coalition a
décidé de se remettre sur pied il y a quelques jours, et on en
entend parler davantage dans les journaux.
Les gens sont inquiets, à raison, à mon avis, parce que,
tantôt, ce qu'on appelle l'arrondissement historique... Ce site que j'ai
connu, moi, au cours des dernières années, à un moment
donné, ça faisait dur. L'avantage de «1534-1984»,
ça a été d'enlever des choses et de mettre en valeur un
espace que les gens souhaitent garder le plus possible comme espace vert, parce
qu'il permet, en même temps que c'est un espace pour les citoyens,
d'avoir une vue sur Québec, une vue extraordinaire sur les remparts, sur
l'ensemble du Vieux-Québec. Si on bousille ce site-là du
côté du fleuve, en même temps qu'on empiète sur la
zone portuaire qui se développe actuellement avec les croisières,
on est en train de bousiller tout le site et l'accès au site par des
bâtisses qui sont considérables et qui vont faire en sorte qu'on
va se retrouver dans une affaire
historique avec, en même temps, un tas de bâtisses qui n'ont
pas d'affaire là. Pas parce que les projets, en soi, sont mauvais. Le
projet I MAX, la maison de l'image, ce n'est pas un mauvais projet, mais c'est
l'endroit qui n'est pas l'endroit. Un mur de briques à cet
endroit-là, c'est fou raide, à mon avis, et ceux qui ont
donné leur consentement à ça, je ne les comprends pas.
C'est pour ça, quand on dit qu'il y a des gens à
Québec qui ont de l'expertise, que je ne suis pas sûr, parce que
ça va être les mêmes qui ont accepté les Terrasses du
Vieux-Port, avec un parking en bas, avec des logements par-dessus, qui est une
horreur. Ce n'est pas parce que le projet ne serait pas bon ailleurs mais,
à cet endroit-là, c'est fou raide aussi. Alors, là, on se
retrouve avec une affaire qui est en train d'être, à mon avis, un
monument à la bêtise humaine. Si on ne veut pas scraper un des
plus beaux endroits, à mon avis, et un des plus beaux sites au monde,
moi, je pense que votre ministère va devoir intervenir avec des
idées claires, parce que la capitale, ça n'appartient pas rien
qu'à la ville mais ça appartient aussi a l'État.
Mme Frulla-Hébert: Oui, c'est ça. D'accord.
M. Garon: II y a beaucoup de gens qui ont leur mot à dire
là-dedans. Souvent, les gens me demandent: Pourquoi vous en parlez? Vous
êtes de Lévis. Moi, je considère que Québec,
ça m'appartient aussi, d'autant plus que j'y ai passé plus que la
moitié de ma vie et que ça appartient à tous. Moi, je
trouve que ce qui se passe là... On va passer tous pour une gang de
caves si on laisse faire ce qui est en train de se passer là,
pièce à pièce.
Mme Frulla-Hébert: En général, pas
pièce à pièce.
M. Garon: Tantôt, c'est un «bull» qui fait un
stationnement la nuit. Moi, je pensais que le fédéral avait
arrêté après qu'il eût brûlé les
maisons, la nuit, à Forillon. Un stationnement qui se fait la nuit!
Tantôt, c'est une maison de l'image qui arrive là, c'est les
ferrasses du Vieux-Port, mais quand on additionne tout ça...
Mme Frulla-Hébert: C'est ça.
M. Garon: ...on se retrouve à avoir l'air d'une gang de
sauvages.
Mme Frulla-Hébert: C'est ça.
M. Garon: Et c'est pour ça que, moi, je pense que...
Mme Frulla-Hébert: M. le député, je pense
que... D'abord, premièrement, quand je vous écris «Cher
Jean», je suis sincère.
M. Garon: Ah! Je ne vous...
Mme Frulla-Hébert: Mais, vous savez, dans le cas d'IMAX,
vous avez parfaitement raison. On est très inquiets. Maintenant, le cas
d'IMAX. D'abord, IMAX est un projet qui est situé en dehors des limites
légales de l'arrondissement historique. Ça, c'est d'une part.
Deuxièmement, quand la ville a fait des audiences publiques pour
changer, évidemment, au niveau de la hauteur, et tout ça, tout le
monde était pour, d'autre part. Et, troisièmement, la Commission
des biens culturels, qui est un organisme qui est aviseur et dont on suit les
avis - c'est un organisme qui est indépendant, et on suit ses avis - a
reconnu comme très acceptable et important aussi, finalement, le projet
IMAX. C'est sûr qu'à part ça il y a eu des
représentants au niveau du tourisme. C'est un projet qui peut être
moteur pour les environs. Alors, c'est ce qui a pesé dans la
balance.
Où je vous suis et où je suis parfaitement d'accord, c'est
que c'est la somme de tous ces projets qui fait en sorte que le Vieux-Port, tel
qu'on l'a présentement, ça va donner quoi? On a eu le même
problème à Montréal. Alors, ce qu'on a fait, c'est que,
suite à ça, suite au projet, suite... Bon, il semblait que tout
le monde était... Nous autres, là, même si, demain matin,
on arrive et on dit: Non, on ne peut pas, et tout ça, c'est en dehors de
nos limites et en dehors des arrondissements, surtout que la Commission des
biens culturels a donné son aval, d'une part, et elle représente
un peu notre... Finalement, c'est l'organisme aviseur et conseil.
Mais, ce qu'on a fait, c'est que j'ai, suite à ça, suite
aux représentations, quand on a vu, finalement - surtout quand le projet
a démarré -les tollés, j'ai envoyé une lettre
à M. MacKay, M. Blais, M. Loiselle, M. Corbeil et M. L'Allier pour leur
demander - et là, évidemment, avec cette formation et coalition -
de faire vraiment une... d'avoir un organisme qui soit aviseur pour le
développement global du Vieux-Port, un peu comme on le fait à
Montréal - et, à Montréal, finalement, ça marche -
pour ne pas qu'il y ait, justement, un ensemble de projets comme ça,
développés au gré des bonnes idées - il ne faut pas
s'en faire, là - de tout un chacun.
Alors, c'est un peu la réponse à votre question. Ce que je
souhaite, ce que je souhaite profondément, c'est qu'on réponde,
autant au niveau fédéral que municipal - et je sais que le milieu
va répondre quand même positivement -positivement à nos
souhaits. À date, ça n'a pas été facile avec le
Vieux-Port et avec les intervenants autour. Mais, là, on a
décidé de remettre énormément de pression.
M. Garon: Mais, même le projet IMAX, entre vous et moi,
pour quelqu'un qui reste là... D'abord, il faut dire une chose, le
dimanche, quand il y a le moindrement de monde, tout est
bloqué, parce que c'est des petites rues. On n'est pas sur des
autoroutes. À mon avis, le gouvernement, actuellement, est bien
positionné pour mettre I MAX à la place qu'il devrait être.
À mon avis, l'édifice devrait être attenant au Centre des
congrès. C'est là qu'il serait bien mieux placé pour
pouvoir dire à des gens qui viendraient à des congrès:
Voici ce que vous pourriez voir à Québec. Et même, il
pourrait servir quand les congrès seraient plus gros; on pourrait
utiliser la salle, en plus. (17 h 10)
Moi, à mon avis, ce n'est pas l'endroit, et la Commission des
biens culturels, l'avis qu'elle a donné... Moi, je l'avais lu, l'avis.
Tous ceux qui l'avaient lu l'avaient interprété comme un non. Ils
ont été estomaqués de voir que d'autres qui l'avaient lu
l'avaient interprété comme un oui. Mais c'est un avis tellement
tiède! J'imagine que c'est un peu comme un chameau qui va traverser le
désert: il y va, mais il y va, comprenez-vous, comme quelqu'un qui est
obligé d'y aller. Alors, personne n'a compris, et moi, je me rappelle,
quand les gens ont eu cette... Là, ils étaient convaincus que
ça voulait dire non. Mais il y en a qui ont interprété
ça comme un oui. Pour montrer à quel point...
Une voix: Votre non sera un oui.
M. Garon: ...la... Non, sans blague! Mais l'avis n'était
pas vraiment... Je ne comprends même pas pourquoi ils n'ont pas
été plus tranchés que ça. Parce que, IMAX, au fond,
ce n'est pas que les gens soient contre le projet IMAX, mais ce n'est pas la
bonne place pour faire ça.
Mme Frulla-Hébert: C'est la localisation. Mais l'immeuble
d'IMAX...
M. Garon: Mais, pourquoi pas...
Mme Frulla-Hébert: ...est du même gabarit que les
autres immeubles qui sont autour et environnants.
M. Garon: II n'y en a pas, là.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Garon: Mais, desquels vous parlez?
Mme Frulla-Hébert: En termes de hauteur.
M. Garon: La maison Gauvreau-Beaudry? C'est ça. À
cet endroit-là, c'est un quai qu'il y a. Il n'y a pas de bâtisse
là.
Mme Courchesne (Michelle): En face, de biais avec les immeubles
fédéraux. Il y a quelques immeubles fédéraux dans
ce coin-là. Ils sont du même...
M. Garon: Oui, mais c'est beaucoup plus loin, là. Ce n'est
pas...
Mme Courchesne: Oui, mais... Puis, en face. En termes de hauteur,
là.
Le Président (M. Doyon): Mme la sous-ministre, voulez-vous
vous identifier, juste pour les fins du Journal des débats, si
vous êtes pour intervenir?
Mme Courchesne: Michelle Courchesne, sous-ministre.
Excusez-moi.
Le Président (M. Doyon): Allez!
Mme Courchesne: On a fait une étude architecturale, en
termes de hauteur, entre autres, parce qu'on ne voulait pas que l'immeuble soit
beaucoup plus haut que les autres immeubles qui sont adjacents, et en face, et
de biais, et ceux qui sont là, juste à l'entrée du bassin
Louise. Alors, on ne voulait pas que ce soit complètement
démesuré sur le plan architectural, et la ville s'est
assurée aussi qu'il soit implanté de façon à
minimiser au maximum cet effet de mur dont vous parlez. C'est évident
qu'un cinéma, tu ne peux pas avoir de fenêtres à
l'intérieur de ça. C'est évident que IMAX, c'est un
écran géant, mais pour l'implantation on essaie de discuter
très fort avec la ville pour minimiser l'impact visuel à son
maximum par rapport à l'effet que ça pourrait créer. Et
les discussions ne sont pas totalement terminées sur cette
implantation-là et comment on peut faire pour amoindrir le choc visuel
par rapport au bassin Louise.
Mme Frulla-Hébert: Parce que ce qu'on ne peut pas faire,
c'est l'empêcher. Ce qu'on peut faire, par exemple, c'est forcer et
émettre quand même des avis ou donner des conseils sur l'ensemble.
Ça va être la même chose au niveau du palais des
congrès, ou enfin, l'édifice des congrès à
Québec. Ça peut être affreux au niveau visuel, tu ne peux
pas l'empêcher. Mais, quelque part, on essaie, là, avec tout ce
qu'on peut - on a nos compétences - d'émettre nos avis.
M. Garon: C'est parce que, M. le Président, la
sous-ministre vient d'employer les bons termes, à mon avis. Elle a dit:
On fait ce qu'on peut pour empêcher, pour amoindrir - comment avez-vous
dit ça?
Mme Courchesne: L'effet visuel, le choc visuel.
M. Garon: L'effet visuel, le choc visuel de cette
bâtisse-là. Dans le fond, c'est ça. Parce qu'elle n'a pas
d'affaire là. Essentiellement, c'est des bâtisses du XVI le
siècle ou du début du
XVIIIe siècle qui, par définition, ne sont pas hautes.
Puis cette masse de briques là va arriver là. Ça n'a pas
de bon sens! Puis, moi, je pense que c'est une erreur. Je comprends qu'il y a
peut-être gens qui ont donné des O. K. qu'ils n'auraient pas
dû donner, à des moments donnés, mais, moi, je pense qu'il
ne faut pas faire l'erreur alors qu'il n'y a rien de construit actuellement.
C'est vraiment une gaffe, ça.
Par définition, si on met l'endroit le plus beau au monde,
à peu près, pour la vue, pour des gens qui se promènent,
qui regardent le paysage, tout ça... Puis, aujourd'hui, les gens
recherchent ça de plus en plus. Bien, là, à ce
moment-là, comprenez-vous, par définition, un
établissement qui n'a pas besoin de vue... Par définition, au
contraire, s'il en a une, il faut qu'il se l'enlève pour exister.
J'ai entendu l'autre jour, à la radio, à un moment
donné, il y avait un débat. Une chance que je n'y suis pas
allé, je me serais choqué d'entendre des propos de même. Il
y avait celui qui s'occupe du tourisme qui disait: Oui, mais qu'est-ce que vous
voulez, il y a beaucoup de monde qui va là, à la Pointe à
Carcy. C'est vrai qu'il y a beaucoup de monde qui va là, mais ils
regardent passer les glaces, ils n'achètent rien. À ce
moment-là, bâtissons les plaines d'Abraham, si c'est ça le
raisonnement! À ce moment-là, les plaines d'Abraham, ça ne
sert à rien. Il faudrait mettre des bâtisses là-dessus au
plus sacrant! C'est pour ça que ça n'a pas de bon sens, ce qui se
passe.
Mme Frulla-Hébert: Mais, fait à considérer:
nous autres, là, on n'a aucune juridiction là-dessus. Le
fédéral peut bâtir ce qu'il veut.
M. Garon: Oui, oui. Non, non. Vous avez une
autorité...
Mme Frulla-Hébert: On a une autorité morale...
M. Garon:... morale.
Mme Frulla-Hébert:... mais dans la mesure où le
fédéral dit: C'est chez nous et on bâtit; dans la mesure
où la ville fait des audiences publiques et que les gens autour disent:
Oui, on bâtit, puis ils disent que c'est bon, puis que ça attire,
puis tout ça... Alors, d'un autre côté, vous savez, ils
peuvent bien bâtir ce qu'ils veulent, hein! Parce que, au niveau des
audiences, là, il ne faut pas oublier, il y a eu des audiences publiques
et le monde est allé et il a dit oui. Il y a eu ça. Puis, en
plus, la Commission des biens culturels qui donne un avis positif!
M. Garon: Non, non, non. Il n'y a pas eu de...
Mme Courchesne: II y a eu des audiences.
Mme Frulla-Hébert: Mais il y a eu des audiences! Oui, oui,
oui, il y a eu des audiences! Certainement!
M. Garon: Les audiences que j'ai vues, moi, qui ont
entourloupé tout le monde, c'est la commission Boulay qui disait d'avoir
des espaces verts à ces endroits-là. Et il n'y pas eu...
Mme Frulla-Hébert: La ville a fait des consultations. Il
faudrait vérifier. Oui, il faudrait que vous vérifiiez, je vous
le dis.
M. Garon: Oui, mais il n'y a pas eu grand monde qui a
été consulté là-dedans. Et quand on regarde
ça, moi, je pense que vous avez une autorité morale importante
là-dedans. Parce que les Affaires culturelles... Parce que, là,
un jour, ils diront: Voici tous ceux qui ont laissé faire ça.
Puis ça va être un monument à la bêtise, moi, j'en
suis convaincu. Pas parce qu'une maison de l'image, ce n'est pas bon, mais ce
n'est pas le bon endroit. Regardez bien, là. On dit: II y a ça.
Là, à l'endroit qui est magnifique, à côté
des Terrasses du Vieux-Port, on a fait un stationnement; c'est des automobiles
qu'il y a là. On a fait un terrain de stationnement.
Mme Frulla-Hébert: Mais c'est pour ça. Là,
je vous rejoins.
M. Garon: là, il y a les terrasses du vieux-port. à
côté, là, sur le seul site qui reste encore - un des seuls
sites - on veut rajouter maintenant une école navale.
Mme Frulla-Hébert: Bien, c'est tout ça, puis un
musée...
M. Garon: Par définition, pour faire de la parade, on
tasse le monde.
Mme Frulla-Hébert:... fédéral. M. Garon:
Oui.
Mme Frulla-Hébert: Mais, c'est pour ça... Là
où je suis d'accord, c'est que ça prend un plan d'ensemble. C'est
pour ça que non seulement M. MacKay... Parce que ça n'a pas
donné grand-chose... On lui a écrit, et aux trois ministres
fédéraux, plus le maire, en leur disant: S'il vous plaît,
on va établir ensemble un organisme de concertation pour le
développement du Vieux-Port. Ce qui est inquiétant aussi, ce
n'est pas seulement ce qui se bâtit présentement mais les plans
futurs
M. Garon: Est-ce que votre ministère - ça m'a
été demandé - a fait des analyses concernant ce
dossier-là?
Mme Frulla-Hébert: Non.
M. Garon: Parce que les gens trouvaient que vous aviez vite
donné une approbation au maire L'Allier. Est-ce qu'il y a eu des
analyses préalables faites à votre ministère pour dire
que, dans ce coin-là, on peut bâtir des bâtisses de cette
nature-là? Ou, à la Direction régionale du
ministère, est-ce qu'ils ont eu des analyses là-dedans, de
quelque nature que ce soit, concernant les études, les
évaluations internes au ministère des Affaires culturelles pour
autoriser des bâtisses comme ça, comme le cinéma ou la
Maison de l'image?
Mme Frulla-Hébert: On n'a pas d'autorisation à
donner, M. le député.
M. Garon: Même pas! Vous avez une autorité
morale.
Mme Frulla-Hébert: On a eu des discussions avec les
fonctionnaires. Mais, c'est ça. Non, non, non, pas d'autorisation. Ce
n'est pas pareil, ça! Un matin, ils retombent dans le site historique;
là, on est des intervenants majeurs.
M. Garon: Oui, mais la zone tampon, c'est pareil.
Mme Frulla-Hébert: Mais on n'a pas d'autorisation. Alors,
on a eu des grosses discussions avec... Ma sous-ministre me disait: Au niveau
de l'administration, ils ont eu des discussions avec les autorités
municipales. Quand on parle, justement, d'amoindrir l'impact visuel, ça
fait partie de l'ensemble des discussions. Quand on parle d'implantation...
Parce que c'est aussi une question d'intégrer le moderne à
l'ancien. Mais quand on parle aussi du développement en
général du Vieux-Port, finalement, encore là, on joue de
notre autorité morale. Quand Lucienne a écrit à M. MacKay,
c'était son autorité morale. Il n'a pas répondu, ce n'est
pas compliqué! Alors, là, j'ai envoyé une lettre partout
et j'ai fait valoir mon autorité morale. Et là j'ai bien
hâte de voir ce que ça va donner.
M. Garon: Je pose une dernière question. Est-ce qu'il y a
des études qui ont été faites, concernant cet
endroit-là, par le ministère? Est-ce qu'il y a des documents ou
des études, des évaluations? Ou encore, les lettres que vous avez
écrites à ce sujet-là, est-ce que ce serait possible de
rendre ça public pour que les gens puissent...
Mme Frulla-Hébert: Les lettres? Oui. Ça, on peut
vous déposer toutes les lettres. Je vais laisser la parole à ma
sous-ministre, là.
Le Président (M. Doyon): Mme la sous-ministre.
Mme Courchesne: Oui, on peut vous fournir toutes les lettres que
Mme Hébert a signées aux collègues fédéraux,
soit MM. MacKay, Pierre Blais, Gilles Loiselle et Jean Corbeil. Ces
lettres-là sont parties, et on peut vous les remettre. Si Mme
Hébert n'a pas d'objections, c'est public, il n'y a pas de
problème avec ça.
M. Garon: Et les études et les évaluations du
ministère concernant le site, ou la zone tampon, ou cet
endroit-là?
Mme Courchesne: C'est-à-dire que le ministère n'a
pas produit de plan d'aménagement du site du Vieux-Port. Nous, on est
très impliqués dans l'arrondissement historique du
Vieux-Québec, place Royale et ses abords. On n'a pas de plan
d'aménagement que, nous, on ait fait sur ce secteur-là. Par
contre, on a discuté sur ce dossier-là,
précisément. Il y a eu plusieurs rencontres avec les
fonctionnaires municipaux sur ce que je disais tantôt: les gabarits,
l'implantation, les zones qu'on va faire autour, l'aménagement
très immédiat à l'édifice. Et c'est évident
que le ministère réclame depuis au moins trois ou quatre ans ce
plan d'ensemble auprès du gouvernement fédéral. Ce n'est
pas nouveau. Comme il y a un comité du Vieux-Port à
Montréal, sur lequel il y a des représentants du
ministère-Mais, vous le savez, ce comité a été
aboli avec les années. (17 h 20)
Une voix: Celui de Québec?
Mme Courchesne: Celui de Québec n'existe pas comme
à Montréal. Je peux vous dire qu'à Montréal les
discussions ont souvent été très vives, très
pénibles, très difficiles pour, justement, faire valoir la
protection du Vieux-Montréal et, dans le cas du Vieux-Québec,
bien, ça a tout simplement été aboli. Ça n'existe
simplement pas. On n'a même pas d'interlocuteur administratif auquel on
peut s'adresser par rapport à l'aménagement du Vieux-Port. Tout
ce qu'on a essayé a été sans réponse. On revient
à la charge cette fois-ci. Il est évident que le biais qui va
être aussi le plus efficace, c'est de délimiter avec les instances
municipales les choix d'aménagement concernant les abords - ce que vous
appelez la zone tampon, qui n'est pas directement sur le terrain
fédéral - d'avoir une bonne réglementation municipale et
un bon plan d'ensemble sur, au moins, la juridiction municipale proprement dite
du secteur. Et, ça, je peux vous dire que je pense qu'avec ce
dossier-là les autorités municipales en sont pleinement
conscientes. En tout cas, au niveau des fonctionnaires, on a une très
bonne collaboration pour progresser dans ce sens-là. Tout comme il y a
aussi une bonne sensibilisation de la ville en ce moment sur l'avenir de la
place Royale et de tout le secteur historique.
M. Garon: C'est parce que, comme M. Tessier, directeur
régional des Affaires culturelles, était présent sur les
comités qui ont choisi les sites comme celui des Terrasses du Vieux
Port... Votre autorité morale, au fond...
Mme Courchesne: Jean-Guy, quand il était... Ça fait
longtemps, ça.
M. Garon: Je ne parie pas de vous, et je ne fais pas d'affaires
personnelles. Je ne veux pas que vous pensiez...
Mme Frulla-Hébert: Parce que c'est ça,
l'autorité morale. Ce n'est pas comme l'autorité légale ou
financière.
M. Garon: Oui, mais l'autorité morale, c'est dans les
institutions. Alors, ce qui arrive, c'est que, quand il y a eu des gens qui ont
été présents dans le passé, rien que leur
présence, même si elle est silencieuse, déjà, c'est
une complicité, puis les gens peuvent, après ça, invoquer
ça comme un feu vert. C'est pour ça que, dans l'affaire de la
Maison de l'image ou des choses comme ça, et avec les projets un par un,
on peut condamner l'ensemble mais approuver chacun des projets un par un.
Alors, ça revient, en fait, à bousiller le site de la même
façon.
Mme Frulla-Hébert: Mais c'est pour ça que sur le
groupe, à l'époque, siégeait quelqu'un du
ministère. Maintenant, ça a été aboli. Ce n'est pas
compliqué. Alors, c'est fédéral.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Lévis, avez-vous d'autres questions?
M. Garon: Moi, je veux simplement manifester le souhait que le
ministère des Affaires culturelles s'implique davantage par rapport - je
ne dirais pas à la ville de Québec - à la capitale, qui
est la capitale de son pays. Je pense que dans tous les pays du monde les
États s'impliquent davantage par rapport à leur capitale.
Là, actuellement, moi, je trouve qu'on va tous passer pour une gang dp
sauvages si les choses continuent à se faire comme elles se font
actuellement. On est en train de détruire le plus beau site, à
mon avis, la vue sur un site extraordinaire, tant vers le fleuve que vers les
murs ou vers les remparts, ou vers les maisons qui ont été
bâties là au cours des siècles précédents.
Elles sont en train d'être bousillées par des équipements,
au fond, qui n'ont pas d'affaire là, qui sont bons en soi - chacun est
bon en soi - mais à un autre endroit.
Mme Frulla-Hébert: Juste pour finir sur une bonne note,
quand on dit: Impliquez-vous, on a tout de même donné 22 000 000 $
en partenariat avec la ville pour, finalement, ce qu'on appelle
l'arrondissement historique. Deuxièmement, on re- lance encore, on
refait des appels encore au fédéral pour dire: S'il vous
plaît, on «peut-u» avoir un mécanisme de concertation?
Vous l'avez aboli. On «peut-u», s'il vous plaît, le remettre?
Et, encore là, on joue de notre autorité morale. On va voir ce
que ça va donner.
Pour le reste, on essaie, mais il y a aussi les pressions du milieu
auprès de l'autorité municipale. Nous, ce qu'on veut, comme la
sous-ministre l'a dit, c'est délimiter cette zone tampon et voir ensuite
avec la municipalité ce qu'ils font. Mais, encore une fois - vous l'avez
bien dit - on joue mais selon notre autorité, qui est morale, dans
ça. Tandis que, au niveau du patrimoine, au niveau de l'entente 22-22
qu'on a avec la ville, alors, à ce moment-là, on s'entend
ensemble sur des projets, on s'entend ensemble sur la façon de faire, et
là on développe. Mais ce n'est pas la même chose, surtout
dans le cas du Vieux-Port.
Où je suis d'accord avec vous, c'est que si tous les projets qui
sont valables en soi sont mis ensemble, ça peut faire une pizza
épouvantable qui ferait en sorte qu'on démolisse
complètement le site visuel et le site du Vieux-Port. On est très
inquiets. On ne peut pas dire qu'on ne l'est pas, on l'est, inquiets.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Chicoutimi, je regrette...
Mme Blackburn: Très brièvement.
Le Président (M. Doyon): Sur la même question,
madame la députée?
Mme Blackburn: Non. Juste pour voir pourquoi ça fonctionne
à Montréal et ça ne fonctionne pas à Québec,
leur concertation, et comment ça se déroule ou ça se passe
dans les autres capitales canadiennes. Ça me surprendrait que
Victoria...
Mme Frulla-Hébert: Question de volonté.
Mme Blackburn: ...laisse faire n'importe quoi sur son territoire.
J'aimerais que vous vérifiiez ça, pour le «fun». Je
vais vous dire une chose: Avez-vous l'intention de vous impliquer dans le
projet de la ville qui viserait à faire un stationnement souterrain en
face du Musée de la civilisation?
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, pourquoi ça
fonctionne à Montréal? Je pense que c'est au niveau des
intervenants, parce que c'est la bonne volonté des intervenants, veux
veux pas. À Montréal, c'a été très
pénible, très difficile. Là, ça semble fonctionner
un peu mieux. Ça fonctionne mieux. Finalement, on est concertés,
puis tout ça. Phyllis Lambert est là-dedans, etc. On est quand
même concertés beaucoup mieux. Pourquoi ça ne fonctionne
pas ici? C'est la
volonté des intervenants, la volonté municipale - parce
que, dans ce cas-ci, fédéral et municipal, ils s'adonnent bien -
la volonté fédérale et la volonté provinciale. La
seule chose qu'on dit, c'est que la volonté provinciale, elle est
là. Maintenant, il s'agit de voir les autres partenaires et leur
volonté, aussi. Ce qui se passe ailleurs au niveau... On sait
très bien aussi qu'en Ontario ça se développe très
bien, le bord du lac. À Montréal et à Québec, bien,
ça prend du temps. Mais à Halifax, c'est un désastre,
à ce qu'on me dit. Alors, il faut se consoler un peu.
Le Président (M. Doyon): M. le député de La
Prairie.
Mme Frulla-Hébert: Ce n'est pas juste nous autres.
Financement de la bibliothèque
Louis-Braille
M. Lazure: Oui, M. le Président. Merci. C'est un autre
sujet, si vous le permettez. Vous me voyez venir. C'est la bibliothèque
Louis-Braille. Mme la ministre a annoncé il y a quelque temps qu'il y
aurait peut-être une somme d'environ 80 000 $ qui serait versée.
Juste pour situer la question dans son contexte historique, cette
bibliothèque-là a été subventionnée,
à toutes fins pratiques, par le budget du ministère de la
Santé qui...
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, me
permettez-vous? Avant que le député de Lévis ne quitte, on
voudrait lui souhaiter bonne fête.
Le Président (M. Doyon): Alors, la présidence se
joint à vous, Mme la ministre, ainsi que les autres collègues,
j'en suis certain.
M. Lazure: Elle était vraiment sincère quand elle
disait: «Cher Jean», hein!
M. Garon: C'était Jean Leclerc.
Mme Frulla-Hébert: D'ailleurs, en même temps, c'est
la fête de ma sous-ministre.
M. Garon: Ah! oui?
Mme Frulla-Hébert: C'est aussi la fête de ma
sous-ministre.
Le Président (M. Doyon): Alors, M. le député
de La Prairie.
M. Lazure: Bon, alors, pour situer la question dans son contexte
historique, cette bibliothèque, qui est la seule pour les
handicapés visuels au Québec, remonte très loin dans
l'histoire et n'a pas été financée de façon
correcte par le ministère des Affaires culturelles, jamais dans le
passé. Il y a bien eu une petite subvention de 7000 $ ou 8000 $, qui a
été stoppée, d'ailleurs, il y a deux ans, je ne sais pas
pourquoi. Mais le financement se faisait par le biais du budget de
l'institution, l'institut Nazareth et Louis-Braille. Tout le monde convient
qu'il est temps de mettre fin à cette situation et tout le monde
convient que le ministère des Affaires culturelles doit financer cette
bibliothèque-là au même titre qu'il finance toutes les
bibliothèques publiques au Québec. D'ailleurs, la
bibliothèque de l'institut Louis-Braille apparaît dans votre -
comment vous appelez ça - répertoire. Apparaissait, dois-je dire,
parce qu'en 1991 ça n'apparaît plus. Je ne sais pas pourquoi, mais
en 1990 ça apparaissait et ça avait toujours apparu. Mais, en
1991, ça n'apparaît plus. Alors, ça, c'est ma
première question, mais secondaire. Mais, plus importante, le
ministère a l'air de vouloir enfin accorder un traitement
équitable à cette bibliothèque-là, qui est la
seule, je le répète, pour l'ensemble des handicapés
visuels du Québec. Alors, qu'est-ce que la ministre peut nous dire
aujourd'hui?
Mme Frulla-Hébert: Bon, premièrement, si les
budgets, ou enfin, si les crédits sont acceptés, les 80 000 $,
finalement, tel qu'annoncé lors des engagements financiers, seront
accordés à la bibliothèque.
Deuxièmement, effectivement, nous donnons notre appui aux
bibliothèques. Par contre, le problème avec Louis-Braille, c'est
que c'est aussi une bibliothèque, somme toute, pédagogique dans
le sens où, tout comme on ne finance pas les institutions et les
bibliothèques scolaires... Finalement, c'est un peu le même cas au
niveau de la bibliothèque Louis-Braille. Ce que je veux dire, c'est
qu'il pourrait y avoir plusieurs intervenants parce que, d'un
côté, c'est un Intrant de plus. Et, comme vous l'avez dit,
ça n'a jamais été accordé, finalement, autant dans
les années soixante-dix que dans les années quatre-vingt et,
effectivement, on regarde ça et on est pas mal tous responsables. Alors,
ce qu'on a voulu faire, c'est qu'on s'est dit: Bon, bien parfait! Quelle est la
situation globale et comment, sincèrement, on essaie de donner le
meilleur service aux aveugles, finalement, qui en ont besoin? (17 h 30)
Et, si vous me le permettez, je vais passer la parole à celui qui
a eu, pas plus tard que les 10 et 24 avril, des discussions avec les
organismes, autant Louis-Braille que l'INCA ou La Magnétothèque,
pour qu'il vous fasse part un peu où on en est rendu au niveau de nos
discussions avec eux et quelles seront, finalement, les étapes à
suivre. Mais ce que je peux vous annoncer, c'est que si les crédits sont
acceptés, les 80 000 $, effectivement, vont être donnés.
Ça, c'est une première étape.
M. Lafleur (Pierre): Pierre Lafleur, Direc-
tion générale des arts et des lettres au ministère
des Affaires culturelles.
Le Président (M. Doyon): Vous avez la parole, M.
Lafleur.
M. Lafleur: Merci. Nous avons effectivement rencontré la
Direction générale de l'institut Nazareth et Louis-Braille ainsi
que la Direction des services complémentaires, dont les services de
bibliothèque, à quelques reprises depuis la fin du mois de mars
dernier. L'organisme est évidemment saisi du fait d'une première
subvention majorée au fonctionnement - en autant que les crédits
soient votés - de 80 000 $ cette année. L'organisme s'est
engagé à déposer par lettre au ministère des
Affaires culturelles - et c'est important dans les perspectives de
développement de nos relations futures avec l'institut Nazareth et
Louis-Braille - un plan directeur de développement de sa
bibliothèque, lequel devrait nous être déposé, selon
M. André Vincent, directeur des services complémentaires de la
bibliothèque de l'institut Nazareth et Louis-Braille, d'ici la fin de
juin. À partir de quoi on sera en mesure de cibler, au cours des
années, quelle pourrait être, le cas échéant, la
part d'implication du ministère des Affaires culturelles dans ce
dossier-là.
M. Lazure: Une question précise. Vous accordez, si je
comprends bien, là, pour la croissance régulière des
bibliothèques publiques, un certain budget chaque année. Et il me
semble que c'est un budget qui représente l'acquisition d'environ 400
titres, n'est-ce-pas?
Mme Courchesne: Ça varie d'une municipalité
à l'autre.
M. Lazure: En gros, là?
M. Lafleur: C'est-à-dire que le modèle
idéal...
M. Lazure: Non. Ma question précise... M. Lafleur:
Oui?
M. Lazure: Est-ce que vous allez accorder à Louis-Braille
une subvention pour l'accroissement annuel régulier, et que ça ne
soit pas toujours remis en question? Pourquoi ça serait remis en
question, Louis-Braille, à chaque année, comme un cas
particulier, alors que les bibliothèques, dans l'ensemble du
Québec, ce n'est pas remis en question?
Mme Courchesne: II y a juste un phénomène, M.
Lazure, dont il faut être bien conscient. Chaque livre en braille...
M. Lazure: Coûte plus cher. Oui, oui.
Mme Courchesne: ...coûte entre 4000 $ et 6000 $, puis
parfois plus. Ça, c'est les données de M. Vincent. «Les
Filles de Caleb», là, c'est en 12 livres épais comme
ça à produire. Donc, évidemment, on ne parle pas vraiment
des mêmes coûts. On ne peut pas comparer cette
bibliothèque-là à toute autre bibliothèque au
Québec. Mais...
M. Lazure: Non, M. le Président, je n'en étais pas
sur le prix, là, mais sur le principe d'avoir un budget d'accroissement
annuel.
Mme Courchesne: ...c'est parce que c'est important dans le
dossier actuel, ce prix-là.
M. Lazure: Oui, oui. Non, je conçois très bien que
ça coûte beaucoup plus cher.
Mme Courchesne: Alors, c'est pour ça, je pense, que le
plan directeur de développement, et qui passe aussi, peut-être,
par l'étude de l'équipement nécessaire pour fabriquer le
livre en braille... Parce que, ça aussi, ça a une grande
influence sur l'accessibilité et le nombre de livres qu'on peut produire
dans une année. Alors, c'est pour ça que ce plan-là, on
mise beaucoup dessus pour être en mesure, effectivement, d'évaluer
une action structurante. Je comprends que ce que vous voulez dire, c'est que,
au fond, il faut minimiser l'insécurité de l'organisme et
s'assurer qu'il est capable de progresser normalement. Et c'est dans ce
sens-là que le dossier sera regardé pour avoir une action
structurante sur la bibliothèque et donner l'accessibilité aux
gens qui en ont besoin.
M. Lafleur: Quant au nombre de titres, qui est un nombre
idéal de 400 titres, M. Vincent est pleinement conscient, dans
l'élaboration de son plan directeur, qu'il s'adresse à une
population cible de 2000 lecteurs de braille au Québec et qu'il a 800
abonnés. Si c'est une question, véritablement, de progression du
nombre de nouveaux titres à être traduits en livres, ça
peut se situer seulement au fur et à mesure des années,
d'où l'importance d'un plan de développement.
M. Lazure: Pour terminer, je comprends bien que les 80 000 $,
c'est le début d'un système régulier de subvention
annuelle, au même titre que toutes les autres bibliothèques
publiques.
Mme Courchesne: Oui.
M. Lazure: Bon. Et que ça va aller croissant. Et pourquoi
est-ce que... C'est vrai qu'il n'apparaî! plus, en 1991, dans le
répertoire?
Mme Courchesne: Écoutez. Moi, de mémoire, j'avais
vérifié le dernier répertoire qui est sorti
et, il y a trois mois, il était encore là. M. Lazure:
1990. Mais 1991?
Mme Courchesne: Non, le dernier. Mais je peux vous assurer que la
subvention...
M. Lazure: Mais il y est ou il n'y est pas, là?
Mme Courchesne: ...de 8900 $... M. Lazure: On me dit qu'il
n'y est plus.
Mme Courchesne: bien, écoutez, la dernière version
que j'avais, qu'on a vérifiée au moment des questions à
l'assemblée nationale, on l'a sortie, on l'avait montrée à
madame, et il était là.
M. Lazure: Ah! Vous ne l'avez pas ici?
Mme Courchesne: Et la subvention n'a jamais été
coupée. C'est 8900 $ par année. Celle-là, elle n'avait pas
été coupée. Donc, la bibliothèque était
présente dans le répertoire.
M. Lazure: Bon, alors, les gens de l'institut prétendent
que la subvention a été coupée pendant deux ans et que
ça n'apparaît plus.
Mme Courchesne: Non.
M. Lazure: Alors, il faudra réconcilier. Merci.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le député
de La Prairie. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, si
vous voulez continuer.
Compétence du Québec en matière
culturelle
M. Boulerice: Oui, une toute dernière question d'ordre
général, et après, M. le Président, si vous me
permettez cette expression, nous «clencherons» vers les programmes.
Une question où la ministre, au tout début, était
arrivée forte. Malheureusement, durant quelques jours, on a dû la
soutenir, mais elle a repris un peu de vigueur, sauf que, ces derniers temps,
on ne l'entend pas beaucoup, et j'aimerais être rassuré: Est-ce
que la ministre maintient toujours sa position de rapatrier tous les pouvoirs,
responsabilités, ainsi que les fonds fédéraux
dévoués à la culture au Québec?
Mme Frulla-Hébert: Je suis toujours en ligne avec les
demandes traditionnelles du Québec au niveau constitutionnel.
M. Boulerice: Est-ce que je dois interpréter que les
demandes traditionnelles du Québec, pour elle, signifient et
désignent le rapatriement des fonds dépensés au
Québec par les institutions nationales, c'est-à-dire
Radio-Canada, l'Office national du film, Téléfilm Canada, le
Conseil des arts, la Bibliothèque nationale, le rapatriement des
pouvoirs réglementaires du Conseil de la radiotélévision
canadienne, le rapatriement du pouvoir fédéral de
légiférer en matière de droits d'auteur et ce fameux C-62
sur les télécommunications?
Mme Frulla-Hébert: Ouf! Je vais parler de ma...
Permettez-moi, là, je ne veux pas me prononcer pour mon collègue,
mais je vais parler pour ma juridiction et ce sur quoi j'ai juridiction. C'est
que je demande ce que j'ai toujours demandé, qui est en ligne,
d'ailleurs, avec ce qu'on a toujours demandé au Québec,
c'est-à-dire la compétence exclusive sur le territoire
québécois des pouvoirs en matière culturelle. Je ne veux
plus, enfin, mon souhait, c'est qu'il n'y ait plus de dédoublements et
de chevauchements, comme on en vit présentement.
M. Boulerice: Donc, est-ce que j'interprète bien la
ministre: Elle aimerait avoir Téléfilm, elle aimerait...
Mme Frulla-Hébert: En effet.
M. Boulerice: ...avoir le Conseil des arts...
Mme Frulla-Hébert: En effet.
M. Boulerice: ...elle aimerait avoir la Bibliothèque
nationale.
Mme Frulla-Hébert: En effet.
M. Boulerice: D'accord. Maintenant, elle ne veut pas se
prononcer, disant que c'est à son collègue, sur les pouvoirs
réglementaires du CRTC. Vous voulez sur les droits d'auteur, j'ose
espérer, là?
Mme Frulla-Hébert: J'ose espérer. Mais nous avons
déjà...
M. Boulerice: Voilà. Alors, j'ai bien
espéré.
Mme Frulla-Hébert: Mais il faut quand même, au
niveau des droits d'auteur, faire attention, parce qu'il s'agit aussi...
Effectivement, nous avons une loi au niveau des droits d'auteur; nous sommes
intervenus au niveau de la loi sur les droits d'auteur qu'a
déposée le gouvernement fédéral, mais il y a toute
l'entente des accords internationaux. Alors, dans la mesure où, au
niveau des accords internationaux, toute la question du droit d'auteur va nous
servir, alors, à ce moment-là, oui, effectivement.
M. Boulerice: Bon. Maintenant, la ministre, j'y reviens, ne veut
pas se prononcer, en disant:
C'est le dossier de mon collègue, il s'agit du CRTC, du C-62 sur
les télécommunications, de l'ONF, de Téléfilm, de
Radio-Canada. À ce moment-là, la ministre est-elle consciente que
si le Québec ne récupère pas ces institutions ou
organismes d'État, ce qu'elle va nous apporter au mois de juin, sa
politique, sera une politique provinciale de la culture? Parce que si on ne
contrôle pas, dans le sens d'administrer et de gérer, culture et
communications - d'ailleurs, les fédéraux ont bien compris:
ça ne s'appelle pas ministère de la Culture, au
fédéral, ça s'appelle le ministère des
Communications - vous n'influencez, madame, que 15% de la culture
québécoise.
Mme Frulla-Hébert: Bon. Premièrement, on l'a dit au
début, et c'est même écrit dans le rapport Arpin, que le
document que l'on déposera au mois de juin, c'est un document, c'est une
politique effectivement québécoise, et c'est un document pour ne
pas être paralysé au niveau des offres, du débat
constitutionnel, etc., parce qu'on a des devoirs, aussi, à faire, et on
avait des questions à se poser au niveau du Québec. C'est un
document qui sera québécois, répondant aux interrogations
québécoises, d'une part, mais qui sera en mesure, d'autre part,
d'offrir les structures nécessaires pour pouvoir assumer des
responsabilités élargies. (17 h 40)
Et ça, ça a été dit en commission
parlementaire; vous vous souvenez, quand on disait: On ne veut pas non plus que
la culture soit - pour, finalement, reprendre les paroles de certains - la
cerise sur le sundae; on veut que la culture fasse partie des
négociations globales. Alors, évidemment, mon choix, je l'ai dit,
je le répète: Je veux et je voudrais une juridiction totale et
complète en matière culturelle sur le territoire
québécois. Maintenant, je sais que tout ça fait partie des
négociations globales avec le ministère fédéral, et
on attend, évidemment, les offres.
M. Boulerice: Avec les garanties de
réinvestissement...
Mme Frulla-Hébert: Absolument.
M. Boulerice: ...tout ça. Est-ce que l'ancienne ministre
des Communications, à l'époque où elle était
ministre des Communications, souhaitait le rapatriement des pouvoirs...
Mme Frulla-Hébert: Absolument.
M. Boulerice: ...en communications pour le Québec?
Mme Frulla-Hébert: L'ancienne ministre ne se dédit
jamais, excepté qu'elle n'est plus ministre des Communications et,
malheureusement ou heureusement, dépendant des cas...
M. Boulerice: Elle n'a pas perdu la mémoire,
j'espère.
Mme Frulla-Hébert: On n'a pas perdu la mémoire, du
tout. Quand j'étais là, j'ai mis mes positions très
claires, mais je n'y suis plus et je dois absolument en référer
à mon collègue.
M. Boulerice: Donc, j'ai compris. Il y a quand même une
cohésion que je salue, c'est-à-dire le rapport Arpin, dans ses
éléments motiva-teurs, et le rapport Allai, e...
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: ...qu'on connaît.
Mme Frulla-Hébert: Oui. Cohésion.
Le Président (M. Doyon): Alors, ceci termine les sujets
d'ordre général, d'après ce que je comprends. Oui, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: J'ai une question subsidiaire à celle du
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. À combien
estime-t-on le coût des chevauchements et dédoublements des
programmes fédéraux sur le territoire
québécois?
Mme Frulla-Hébert: II va y avoir, d'ailleurs, un document
qui va être déposé d'ici 15 jours à la commission
des offres constitutionnelles et, à ce moment-là, nous aurons
l'ensemble des données, à savoir ceci... Et ce qui n'a jamais
été fait, d'ailleurs, depuis 1867 - l'intervention du
gouvernement provincial - parce que, de part et d'autre, on s'est fait souvent
dire que, bon, le provincial ne mettait jamais d'argent, on n'ajustait jamais,
et tout ça. Donc, on va avoir le bilan de l'intervention du gouvernement
provincial, le bilan de l'intervention sur le territoire du gouvernement
fédéral et, à ce moment-là, une déduction au
niveau des chevauchements.
Alors, je vous dirais que le document va être déposé
d'ici une quinzaine de jours, et c'est complexe. On va s'apercevoir que de
dire: Bon, bien, parfait, autorité complète sur la culture au
Québec, autant ça semble simple dans son principe, dans son
fonctionnement sur le territoire - parce que le côté culturel n'a
jamais été inscrit dans la Constitution de 1867 et donc ça
s'est toujours fait par le pouvoir de dépenser -autant c'est complexe.
Mais on dépose ça d'Ici 15 jours, pour une raison, c'est pour
faire la lumière. Parce qu'on parle beaucoup, encore une fois, mais,
nous, on voulait avoir l'ensemble des données pour faire la
lumière au niveau des interventions sur le territoire de part et
d'autre, pour voir plus clair et pour que tout le monde parte sur la même
base et dise les mêmes choses.
M. Messier: Et qui va faire le dépôt à la
commission parlementaire? Vous, en tant que ministre, pour le
ministère?
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Messier: II y a une partie immobilisation et il y a une partie
fonctionnelle. Merci.
Le Président (M. Doyon): très bien, m. le
député. m. le député de sainte-marie-saint-jacques,
peut-être qu'on commence les programmes?
M. Boulerice: Pour le bénéfice de mon honorable
collègue, c'était 500 000 000 $ au Québec, le
fédéral. Les institutions nationales, 500 000 000 $ au
Québec.
Alors programme 1, élément 1.
Planification, gestion interne et soutien
Mme Frulla-Hébert: On fait les coins ronds, là.
Emplacement de l'annexe culturelle de la
Délégation générale du Québec à
Paris
M. Boulerice: En page 85 de l'énoncé de politique
des Affaires internationales - puisque le Québec a des affaires mais n'a
pas de relations -on disait: «Favoriser l'établissement progressif
d'un espace culturel francophone». Or, M. le Président, on a
assisté à un événement pour le moins un peu
contradictoire, la fermeture des locaux de l'annexe culturelle de la
Délégation générale du Québec, qui
était située sur la rue du Bac, donc à toute
proximité de Saint-Ger-main-des-Prés, pour la rapatrier à
la Délégation même, sur la rue Pergolèse, qui est un
quartier résidentiel peu achalandé - et je serai
généreux en employant ce mot; je pourrais dire peinard, galant,
dépendant des heures - donc renonçant à une vitrine dans
tous les sens du terme. Est-ce que la ministre a été
consultée avant que la Délégation du Québec
à Paris ne prenne la décision de rapatrier rue Pergolèse
les activités de son annexe culturelle?
Mme Frulla-Hébert: Oui. Premièrement, pour vous
répondre, vous savez que... D'ailleurs, vous étiez en territoire
français, ça ne fait pas si longtemps...
M. Boulerice: En même temps que vous, effectivement.
Mme Frulla-Hébert: ...en même temps que moi. Alors,
vous savez que les travaux de construction derrière la
Délégation, c'est-à-dire rue Pergolèse, vont
très bien. Donc, rapatriement au niveau de la Délégation,
et je dois vous dire que, ça, ça fait notre affaire dans le sens
où on concentre, finalement, les activités à la même
place, ce qui fait que ça facilite non seulement les échanges,
mais aussi les rapports. Souvent, bon, il y a des oublis du côté
culturel; eh bien! là, tout le monde est rapatrié à la
même place. La bibliothèque sera rapatriée là.
Quant à la vitrine, il n'est pas question de ne pas avoir de
vitrine. La seule chose qu'on essaie de regarder, c'est de voir peut-être
une façon meilleure de fonctionner. Moi, ce que j'aimerais, c'est qu'on
ait une vitrine pour nos produits québécois en arts visuels, mais
que ça se fasse d'une façon peut-être beaucoup plus
dynamique que ce qu'on a présentement. Ça peut être des
galeries d'art où on expose et on vend. Ça peut être... Et
c'est ça qu'on est en train de travailler avec la
Délégation et avec, évidemment, les Affaires
internationales. Mais, comme je vous le dis, ce serait une solution, une
façon beaucoup plus dynamique qui impliquerait peut-être - je dis
bien peut-être - les gens du milieu, les «galeristes» d'ici
et de là-bas, de telle sorte que nos artistes visuels ne feraient pas
qu'exposer mais ils pourraient vendre, ils pourraient, finalement, être
présents, mais de façon beaucoup plus dynamique sur le
territoire.
M. Boulerice: Bon, alors, la ministre a été
consultée, elle a répondu oui. Mais la ministre
connaît-elle Paris?
Mme Frulla-Hébert: Un peu. M. Boulerice: Bon.
Mme Frulla-Hébert: Ou si... Bien, relativement bien.
M. Boulerice: Alors, est-ce que la ministre connaît cet
arrondissement?
Mme Frulla-Hébert: Mais ça ne veut pas dire que la
vitrine va être au 16e arrondissement non plus, là.
M. Boulerice: Elle va être où, votre vitrine?
Mme Frulla-Hébert: Ah, mais non! C'est parce que ça
peut être totalement indépendant. Au moment où on se parle,
la vitrine, elle est en bas. Évidemment, vous êtes allé,
à l'époque, aux services culturels. Quand j'y suis allée,
là...
M. Boulerice: L'annexe, la rue du Bac, la Samaritaine.
Mme Frulla-Hébert: ...je louais l'annexe. Exactement! Vous
allez être d'accord avec moi que l'exposition, au niveau de nos artistes
en arts visuels, n'était pas vue, de façon
générale, par l'ensemble des gens. Nous autres, ce qu'on veut, ce
n'est pas seulement exposer nos artistes - parce qu'on peut se servir de la
Délégation
pour ce faire; on peut se servir de l'ensemble du complexe de la
Délégation pour exposer - c'est trouver une vitrine en soi, et
propre, la publici-ser, y faire un plan de marketing, etc., pour que nos
artistes puissent, finalement, y être bien représentés et
mieux représentés.
M. Boulerice: Mais, êtes-vous en train de me dire que vous
cherchez d'autres locaux?
Mme Frulla-Hébert: Bien, oui! Bien, oui, c'est ce que je
vous dis!
M. Boulerice: Mais, c'est ce qu'on vous demande, parce que...
Mme Frulla-Hébert: Ah, bon! Oui, oui.
M. Boulerice: ...sur Pergolèse, c'est le quartier des
ambassades, là.
Mme Frulla-Hébert: Non, non, mais c'est ça. Non,
c'est parce que...
M. Boulerice: Si on transposait par rapport à
Montréal, c'est la même chose que si on prenait la Place des Arts,
puis on la mettait à Hampstead...
Mme Frulla-Hébert: Oh! Absolument.
M. Boulerice: ...ou le Musée d'art contemporain.
Mme Frulla-Hébert: Non, non, je sais, parce que quand j'y
vais, j'y vis. Alors, ce n'est pas ça, c'est que, là, au moment
où on parle, c'est beaucoup plus une fermeture qu'un
déménagement. Ce qu'on fait, là, c'est qu'on cherche pour
la vitrine, oui, effectivement, un autre local.
M. Boulerice: Bon, vous êtes en train de me dire que c'est
une relocalisation temporaire...
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: ...à la Délégation...
Mme Frulla-Hébert: Oui, absolument, oui.
M. Boulerice: ...et que vous allez la remettre dans un endroit
qui a quand même une certaine connotation...
Mme Frulla-Hébert: Plus stratégique. M.
Boulerice: ...plus stratégique... Mme Frulla-Hébert:
Plus visible. M. Boulerice: ...plus achalandée... Mme
Frulla-Hébert: C'est ça.
M. Boulerice: ...donc, potentiellement, peut-être
Saint-Germain-des-Prés, entre parenthèses, les locaux...
Mme Frulla-Hébert: Ou dans le Marais.
M. Boulerice: Des anciens... Pourquoi pas dans le Marais,
à côté d'un petit restaurant gentil qui s'appelle Les
Bourgeoises, ou sur la rue des Mauvais Garçons, peut-être? Je ne
le sais pas.
Mme Frulla-Hébert: Ce serait agréable.
M. Boulerice: Ce serait agréable. Ou bien donc...
Mme Frulla-Hébert: On peut rêver. M. Boulerice:
...près de la...
Mme Frulla-Hébert: En tout cas, il y a beaucoup de
places.
M. Boulerice: ...près de la Bastille...
Mme Frulla-Hébert: Connaissant Paris, il y a beaucoup de
places.
M. Boulerice: ...qui est l'endroit de l'ébul-I it ion
culturelle.
Mme Frulla-Hébert: En tout cas, de toute façon, on
cherche. Mais, ce n'est qu'une fermeture temporaire, et on parte d'une
relocalisation. Chose certaine, ce qu'on essaie de trouver, c'est vraiment une
formule. Ce n'est pas juste le local, mais c'est vraiment une formule pour que
ce soit du milieu, plus dynamique et plus valable aussi pour nos artistes.
M. Boulerice: Mais, il y avait peut-être aussi un... Oui,
il y a le modèle de Prague, comme le souligne M. Chariand, qui est
intéressant. Mais, il y avait aussi une occasion unique de
concrétiser le fédéralisme rentable qui était de
prendre l'ancien Centre culturel canadien, rue Montaigne, bien situé, et
d'y mettre les services culturels québécois.
Mme Frulla-Hébert: Dépendant de leur bail. (17 h
50)
M. Boulerice: Et que le Canada disparaisse de Paris, bon, mon
Dieu, contre mauvaise fortune, bon coeur, hein! Voilà!
Renouvellement de l'entente avec les
«majors»
Toujours dans le programme 1, élément 1, le renouvellement
de l'entente de Québec avec les «majors». Une question que
j'aimerais poser à la ministre, c'est: Pourquoi, dans le cas du
renouvellement de l'entente avec les «majors», la
ministre n'a-t-elle pas obtenu que cette entente couvre le secteur des
vidéocassettes?
Mme Frulla-Hébert: Pour la seule et unique raison
qu'après consultation avec les représentants de l'Association des
distributeurs, avec ce qu'on nous offrait, on s'est entendus qu'au niveau de la
vidéocassette c'était couvert par la loi; ils doivent passer par
un distributeur québécois. Et, de pair avec le milieu, en
consultation avec le milieu, on s'est entendus pour ne pas signer l'entente. Ce
n'était pas assez avantageux.
M. Boulerice: Mais pourquoi la prédéces-seure de
votre prédécesseure a insisté en 1986?
Mme Frulla-Hébert: Elle insistait en fonction de
résultats concluants. Il ne faut pas oublier qu'en 1986 la situation de
la vidéocassette n'était pas la même qu'en 1992. Alors,
pour l'instant, ils doivent passer par des distributeurs
québécois. Alors, on s'en tient à ça et, comme je
vous le dis, effectivement, toute la discussion avec les «majors»,
contrairement à ce qui a été écrit, notamment dans
Le Devoir, par Mme Petrowski...
M. Boulerice: Vous ne l'aimez pas, vous aussi?
Mme Frulla-Hébert: Hein? C'est quand même une
négociation qui a été extrêmement complexe.
D'ailleurs, j'ai avec moi notre expert qui s'en occupe depuis le tout
début avec Mme Bacon, mon sous-ministre, Henri-Paul Chaput... Il est
parti, Henri-Paul? Ah, bon! Excusez-moi; Henri-Paul avait un rendez-vous, de
toute façon. Mais c'est une discussion qui est très complexe.
D'abord, parce qu'il y a deux paliers. Il y a nous qui avons signé une
entente; nous sommes un des seuls avec ce qui reste... Je pense que c'est
l'Italie qui a signé une entente avec les «majors», d'une
part, et le reste du Canada n'en a pas signé. Si le reste du Canada
avait signé une entente avec les Américains, évidemment,
au niveau constitutionnel, ça nous faciliterait beaucoup, beaucoup la
vie. Alors, ce qu'on a fait, c'est qu'au niveau du film on s'est entendu
d'abord pour le français à l'écran, d'une part, pour
réduire de 60 % à 45 %. On a consolidé et
«grandpérisé», si on veut, finalement, ce qu'on
appelle «le club des sept», mais en refusant - parce qu'il y a eu,
évidemment, des fusions -d'inclure un autre joueur dans ce
club-là au niveau du film. Et, évidemment, tout ce qui est film
français, si on veut, ou enfin, européen, doit passer par les
distributeurs québécois, et aussi les films appartenant ou ayant
des droits d'autres compagnies qui ne sont pas dans la clause et qui doivent
distribuer leurs films au Québec; on doit passer par un distributeur
québécois.
Maintenant, au niveau de la vidéo, les gains qu'on faisait
étaient minimes, donc on préférait s'en tenir à
l'article de loi.
M. Boulerice: Je comprends bien que la seule différence
qui existe, on la retrouve au point 3, et je vais être obligé de
lire dans le texte: «The producer of a film, to establish its status as
producer of a film, the member must file with the Régie du cinéma
du Québec an affidavit attesting that he has already invested and/or
advanced, or expects to invest and/or advance 50 % of the total values of the
funds invested in that film.» C'est ça?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'il y a eu des
gains. Il y a eu des gains au niveau de l'argent investi en territoire
québécois, d'une part, premièrement au niveau de la
promotion des films, de l'argent dépensé en promotion au niveau
des films. Deuxièmement, on a eu des gains aussi pour protéger
notre industrie de distribution. Entre autres, seuls les membres en
règle de la MPAA en date du 1er janvier 1987 peuvent se prévaloir
du protocole. Maintenant, on sait qu'il n'y en a plus. C'est-à-dire
qu'il y avait sept membres; de ces sept membres, il y a eu une fusion, donc,
ils sont rendus à six. Ils ont voulu avoir un autre membre dans le club,
entrer un autre membre, on a refusé et, finalement, après vives
discussions, cette clause a été acceptée.
Maintenant, finalement, les membres de la MPAA ne peuvent distribuer,
ici au Québec, aucun film tourné dans une autre langue que
l'anglais, sauf s'ils en sont les producteurs ou s'ils ont injecté 100 %
des coûts de production. Donc, ils ne peuvent pas non plus distribuer au
Québec un film tourné en langue anglaise, à moins d'en
détenir les droits de distribution aux États-Unis. Ça, on
l'a consolidé, et je dois vous dire que le Québec compte
aujourd'hui des sociétés de distribution parmi les plus
importantes au Canada, et c'est vraiment grâce à la Loi sur le
cinéma et à l'entente conclue avec les «majors».
Maintenant, c'est sûr que si le Canada concluait une entente, si
le Canada se réservait un territoire exclusif dans tout le territoire
canadien, bien, là, évidemment, ça donnerait
énormément de poids à notre entente, ou enfin, beaucoup
plus de poids.
M. Boulerice: Mais pourquoi ne pas avoir haussé à
un niveau supérieur à 6 500 000 $ le seuil minimal des fonds
à investir pour un «major»?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'on commence
à 6 500 000 $; après ça, on monte à 7 000 000 $...
Non, C'est 6 500 000 $, 7 000 000 $, et on monte jusqu'à 8 000 000 $, si
ma mémoire est bonne.
M. Boulerice: C'est 4 500 000 $, 6 500 000 $. 8 000 000 $ en
1996.
Mme Frulla-Hébert: En 1996, oui.
M. Boulerice: Ce n'est pas beaucoup, hein? Parce que ça
limite la possibilité pour les citoyens québécois de
distribuer les films en langue anglaise.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: 8 000 000 $, là.
Mme Frulla-Hébert: Bien, c'est-à-dire que 8 000 000
$... Si on regarde maintenant les profits, si on regarde le coût du
cinéma présentement, si on regarde l'ensemble des obligations,
aller chercher 8 000 000 $ en 1996, c'était déjà un gain
appréciable, compte tenu qu'ils ne font ça nulle part ailleurs,
sur aucun autre territoire.
M. Boulerice: Quelle panne y a-t-il, madame?
Mme Frulla-Hébert: Est-ce qu'on pourrait... Je ne sais
pas, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Suspension, deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise à 19 h 43)
Le Président (M. Gobé): À quel endroit en
étions-nous rendus? Programme 1, élément 1. Alors,
mesdames et messieurs, si vous vouiez bien prendre place autour de la table, la
commission va reprendre ses travaux.
Bonsoir! Donc, lorsque nous avons ajourné nos travaux cet
après-midi, nous étions à l'étude du programme 1,
élément 1, et c'est M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques qui avait la parole. Alors, je vous la cède
tout de suite, mais je tiendrais à préciser auparavant que, tel
qu'entendu, la commission terminera ses travaux aux alentours de 23 heures.
Pourquoi aux alentours et pas à l'heure précise? Il se peut
qu'une dernière question soit en train de recevoir sa réponse
à 23 heures, et on attendra la fin de cette réponse pour ajourner
nos travaux et mettre ainsi fin à notre mandat.
M. Boulerice: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Et, bien entendu, nous
adopterons à ce moment-là l'ensemble des programmes. Ils seront
adoptés en bloc à la fin de la séance. Alors, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous avez maintenant la
parole.
Développement des milieux culturels Soutien au
cinéma
M. Boulerice: S'il plaît à la présidence que
nous procédions de la sorte, nous le ferons, M. le Président.
Nous irons au programme 2, élément 1, soutien au
cinéma.
Le 7 juin 1991, j'aimerais le rappeler, à l'étude
détaillée du projet de loi 117, la ministre déclarait:
«Une vraie politique sur le cinéma, je l'ai promise pour
1992-1993, après la sortie de la politique globale.» Fin de la
citation. On sait que le milieu québécois du cinéma
réclame avec insistance depuis quelques années une politique
globale de l'État dans le secteur du cinéma. Et l'Institut
québécois du cinéma remettait, en janvier 1990, à
la prédécesseure de Mme la ministre, Mme Robillard, les
orientations en matière de cinéma recommandées au
gouvernement du Québec. Alors, hormis le programme qui a remplacé
le régime de déductions fiscales pour investissement dans une
production cinématographique et le projet de loi 117 proposant des
mesures sur le doublage et le classement des films, la ministre n'a toujours
pas fait connaître la politique sectorielle du gouvernement, puisqu'elle
disait qu'elle le ferait après la politique globale. Alors, comme on
nous a annoncé la politique globale à la mi-juin, fin juin tout
au plus, quel est l'échéancier - je pense que ma question
découle - de la politique sectorielle sur le cinéma?
Mme Frulla-Hébert: Les principales orientations sont
intégrées à la politique culturelle. Donc, fin juin.
M. Boulerice: Intégrées à la politique?
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: D'accord. Bon, forcément. Fin juin, oui,
ça va. Est-ce qu'elle a consulté l'Institut
québécois du cinéma sur les questions d'orientation de la
politique sectorielle?
Mme Frulla-Hébert: Toujours. D'ailleurs, nous travaillons
de très, très près avec l'Institut québécois
du cinéma. De toute façon, il me fait plaisir d'annoncer la
nomination de son nouveau président, qui est M. Frappier -
président du conseil d'administration, s'entend. Alors, nous
avons...
M. Boulerice: Je lui ai envoyé des félicitations,
pas plus tard que ce matin.
Mme Frulla-Hébert: Bon. Alors, c'est ça. M.
Frappiei, M. Théroux, représentant des distributeurs, M. Gendron,
représentant des exploitants de salles, M. Louis-Georges Girard,
représentant des interprètes-comédiens, M. Jefferson
Lewis, représentant des scénaristes, Mme Babalou Hamelin,
représentante des techniciens, M. Roger Favreau, représentant des
réalisateurs, Mme Hélène Lauzon, représentante des
industries techniques, Mme Sylvie Sauriol, représentante des
commerçants au détail de matériel vidéo, M.
André Paquet, représentant de la coopération francophone
internationale, Michel Rodrigue, représentant du domaine de la
télévision, Mme Érica Pomerance, représentante du
milieu professionnel anglophone et Mme Nicole Benoit... Comme on s'en souvient,
dans la Loi sur le cinéma, on inclut les représentants des
consommateurs, donc, Mme Nicole Benoit, représentante des
intérêts des consommateurs.
M. Boulerice: La ministre a écouté, je ne vais pas
lui en tenir rigueur.
Mme Frulla-Hébert: Alors, je pense qu'on a un bon conseil
d'administration.
M. Boulerice: Et qu'est-ce qu'il advient de l'Institut national
de l'image et du son?
Mme Frulla-Hébert: On travaille présentement...
Vous savez, l'Institut de l'image et du son... Vous parlez de l'INIS, hein, pas
du musée...
M. Boulerice: Oui, oui.
Mme Frulla-Hébert: Bon, alors, il y a deux choses.
D'abord, on travaille beaucoup avec l'Institut. D'ailleurs, on a
prolongé le mandat des gens qui sont en place, et on essaie maintenant
de regarder si, conjointement, il y a possibilité de faire un maillage
avec une de nos grandes institutions. D'ailleurs, en ce qui concerne le secteur
cinéma - parce qu'il y a certaines questions que vous posiez avant - il
y a Henri-Paul, ici, qui est avec nous.
M. Boulerice: On pourrait en avoir d'autres.
Mme Frulla-Hébert: Henri-Paul a travaillé beaucoup
avec l'INIS; la dernière représentation date d'il y a trois
semaines, et Henri-Paul va nous faire part de... Si vous voulez, M. le
Préside?*
Le Président (M. Gobé): Certainement.
Peut-être voudrez-vous vous identifier pour les besoins de la
transcription.
M. Chaput (Henri-Paul): Oui, Henri-Paul Chaput.
Le Président (M. Gobé): Alors, bonsoir, M. Chaput.
Vous pouvez donc maintenant vous adresser aux membres de cette commission et
répondre aux questions.
M. Chaput: Alors, M. le Président, le projet de l'INIS
auquel le député fait référence nous a
été soumis au cours des derniers mois. Il y a eu, avec le conseil
d'administration, un certain nombre de rencontres dans l'optique de faire
consensus sur un projet qui serait acceptable et défendable au niveau de
nos intérêts au Québec. Vous savez qu'on est aussi en
collaboration avec le volet télévision du ministère des
Communications du Québec. Et ce projet devrait normalement être
soumis à la ministre très prochainement, à sa phase
finale.
M. Boulerice: Est-ce qu'on prévoit une décision
quant au financement dans le cours de l'année 1992?
Mme Frulla-Hébert: C'est tôt. Nous, on appuie le
projet, d'ailleurs, à 100 %, d'une part. Deuxièmement, il y a un
besoin d'avoir un institut superspécialisé pour des gens qui ont
déjà une formation et qui pratiquent déjà.
Maintenant, au moment où on se parle, les ficelles ne sont pas toutes
attachées au niveau du projet. Mais, honnêtement, je
l'espère beaucoup.
M. Boulerice: D'accord. Nous continuerons dans le programme 2, M.
le Président, toujours élément 1. Il y a eu la crise
financière au Festival des films du monde et, forcément, une
crise de crédibilité qui a suivi. Avant d'investir dans un plan
de relance du Festival, Québec et Ottawa avaient mandaté, en
janvier 1992, la firme SECOR - qui d'autre, d'ailleurs! - pour réaliser
une étude complète du fonctionnement du Festival afin
d'identifier des mesures palliatives, de façon à éviter
que le déficit accumulé du FFM n'entrave le développement
de celui-ci.
Alors, je sais que SECOR a remis, à la mi-février, un
rapport préliminaire dans lequel elle recommande que M. Losique s'occupe
de la programmation et qu'il confie l'administration à un
véritable administrateur avec qui il devra partager son pouvoir
omniprésent, qualité, par certains, d'autocratique. Bref, le
Festival des films du monde va bien, mais il subsiste encore certains
problèmes. Est-ce que la ministre a en main le rapport final de la firme
SECOR sur le Festival des films du monde?
Mme Frulla-Hébert: On attend le document final, final,
d'ici une dizaine de jours.
M. Boulerice: Une dizaine de jours. Mme Frulla-Hébert:
Oui.
M. Boulerice: II sera rendu public quand? (19 h 50)
Mme Frulla-Hébert: Aussitôt qu'on l'aura, d'ici une
dizaine de jours. Ça veut dire, donnez-nous, mettons, 15 jours,
là, et on le rendra public.
M. Boulerice: Bon.
Mme Frulla-Hébert: Mais, comme je l'ai dit l'année
passée, je vais le répéter cette année,
officiellement: Pas question de tuer l'âme du Festival, mais question de
l'entourer. C'est juste pour déclaration claire, nette, à ceux
qui, éventuellement, l'apprendront.
M. Boulerice: C'est une perspective à laquelle nous
souscrivons.
Programme 2, élément 3, cette fois-ci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, M. le
député.
Soutien au patrimoine
M. Boulerice: Soutier: au patrimoine. Vous vous sentez sans aucun
doute concerné, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Peut-être
pourriez-vous préciser, mon cher collègue.
M. Boulerice: Nous y viendrons sans doute, M. le
Président. Le budget 1991-1992 était de 15 269 500 $. Il est, en
1992-1993, de 14 363 400 $, donc une diminution de près de 1 000 000 $
par rapport à l'année dernière, soit 6,3 %, du moins. Dans
le sommaire des crédits de transfert, on note une diminution de 801 700
$ au chapitre des transferts aux municipalités en matière d'aide
à la mise en valeur du patrimoine. Or, il semble que les
municipalités fassent les frais de bien des choses. Comment la ministre
justifie-t-elle une diminution des crédits, en 1992-1993, de l'ordre de
906 100 $ au chapitre, justement, du soutien au patrimoine, donc une diminution
de 801 700 $ pour les transferts aux municipalités?
Mme Frulla-Hébert: C'est tout simplement
l'étalement des ententes avec les villes de Québec et de
Montréal. Avec l'accord des municipalités, nous avons
étalé les ententes d'un an; donc, c'est un réajustement de
1 000 000 $, en fait.
M. Boulerice: Vous me dites que ce n'est pas une diminution mais
un étalement dans le temps?
Mme Frulla-Hébert: Oui. M. Boulerice: D'accord.
Mme Frulla-Hébert: en fait, c'est 400 000 $...
excusez-moi. 40 000 000 $ pour québec et... non, non, mais
l'étalement, c'est 400 000 $ pour québec et 600 000 $ pour
montréal, pour un total de 1 000 000 $.
M. Boulerice: Et à quel moment est prévu le
dépôt de la politique sectorielle du ministère sur le
patrimoine?
Mme Frulla-Hébert: Elles sont toutes en même temps:
musées, patrimoine, cinéma. Il ne faut pas aller pièce
à pièce, mais les grands principes seront déposés
tous en même temps et on travaille, d'ailleurs, avec chacun des secteurs
et des intervenants des secteurs.
Soutien aux fonctions culturelles Situation dt
Théâtre du Nouveau Monde
M. Boulerice: Programme 2, élément 4, cette
fois-ci, Soutien aux fonctions culturelles. Ça fait
référence à l'article... J'ai connu l'insoutenable
légèreté de l'État, c'est-à-dire la gestion
des crises. La crise du TNM, un cas parmi d'autres de crises financières
des organismes culturels. Il y a eu l'OSM, les Grands Ballets, et il faut quand
même se rappeler l'Orchestre symphonique de Québec. Et je pense
qu'on nous pardonnera de chiffrer cette situation, mais l'absence, encore
là, d'une simple Indexation régulière des subventions au
TNM au coût de la vie depuis seulement cinq ans représente
aujourd'hui un manque à gagner de plus de 450 000 $. «Le TNM,
comme d'autres institutions théâtrales ou d'autres secteurs des
arts de la scène, est condamné au succès à cause,
paradoxalement, de ses succès. La part qu'occupe la subvention du
ministère des Affaires culturelles dans ses revenus totaux était,
en 1989-1990, de 15 %, soit 6 % en dessous de la moyenne mentionnée par
le rapport Arpin, à la page 272, pour mémoire. Il devait se
procurer plus de 60 % de ses revenus par ses propres moyens et prévoir
des taux d'assistance de 80 %. La pression sur le succès des spectacles
est devenue intolérable.» C'était le mémoire du TNM
présenté à la commission parlementaire sur la politique
culturelle, et c'est à la page 26 de ce mémoire. On sait que
ça a provoqué le départ du directeur, M. Rei-chenbach, la
démission du président, le remplacement par Mme Pintal.
Résultat, un déficit de 1 000 000 $. Est-ce que la ministre a
reçu des propositions concrètes du conseil d'administration du
Théâtre du Nouveau Monde?
Mme Frulla-Hébert: Oui. Nous travaillons. On avait
demandé au TNM, d'ailleurs, un plan de redressement. Je rappellerai
quand même au député que la situation qui prévalait
au TNM relevait de deux choses: d'une structure orga-nisationnelle qui
était fort fragile et aussi d'un historique porteur d'une partie
importante de notre évolution théâtrale au Québec.
On se rappellera que le TNM, il n'y a pas si longtemps, s'est vu
résorber son déficit avec l'aide d'Hydro-Québec, entre
autres. Effectivement, la direction du TNM, comme vous l'avez mentionné,
vient
d'engager une nouvelle directrice générale, a revu et
corrigé sa structure organisationnelle, et nous attendons impatiemment
le nom d'un président du conseil d'administration. Ce président
sera connu sous peu.
Maintenant, ce qu'il faut, c'est trouver au TNM une solution qui soit
permanente. Donc, il y a eu plusieurs rencontres - et elles se continuent -
avec le TNM, en fonction, premièrement, d'un plan de redressement. Il
fallait faire le point sur le dossier, analyser tous les besoins financiers et
arriver avec un plan de redressement. Et je dois dire que les discussions vont
quand même bon train. C'est sûr que nous en arriverons à une
résolution finale, certainement, d'ici la fin de l'année, enfin,
la fin de l'année parlementaire, c'est-à-dire.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre reconnaît que la crise
financière du Théâtre du Nouveau Monde représente
l'exemple, malheureusement peut-être, le plus concret des
difficultés qui assaillent les organismes culturels, notamment en raison
de la diminution des revenus aux guichets due à la récession,
mais aussi attrlbua-ble, en bonne partie, à l'érosion de la
valeur réelle des subventions apportées par le ministère,
en deçà du taux d'inflation, c'est-à-dire la
non-indexation des subventions?
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, je
répète que, cette année, nous avons réussi à
aller chercher plus que l'indexation. L'indexation serait aux alentours de 3
000 000 $; nous avons été chercher 5 000 000 $, dont 2 500 000 $
seront donnés aux arts de la scène, d'une part.
Deuxièmement, effectivement, la condition économique actuelle
n'aide pas les organismes. On a énuméré toutes les raisons
avant le souper. Par contre, je dois avouer que la structure organisationnelle
n'aidait pas non plus l'organisme, et je ne suis pas prête à
mettre 100 % des causes des problèmes du TNM seulement sur la condition
économique, les subventions, etc. Le TNM, en soi, a quand même
été, comparativement à d'autres théâtres,
beaucoup aidé. Je dois aussi rappeler au député que,
depuis 1987, on a donné, au secteur théâtre, 45 %
d'augmentation et, chaque année, le théâtre est le secteur
qui bénéficie le plus d'augmentations, parce que nous sommes
conscients que ce n'est pas un secteur facile. Mais le milieu aussi doit se
poser les bonnes questions.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre a relu ses chiffres? En
1989-1990, 125 529 000 $, le programme 2, Développement des milieux
culturels.
Mme Frulla-Hébert: Ce n'est pas juste le
théâtre.
M. Boulerice: Le budget. 125 770 000 $, 125 981 100 $, pour
revenir à 133 597 400 $ cette année; 8 000 000 $ sur quatre
ans.
Mme Frulla-Hébert: Bien, ce n'est pas pire. En
théâtre, on est passé de 6 700 000 $ en 1987-1988 à
9 800 000 $ en 1992-1993.
M. Boulerice: Combien? (20 heures)
Mme Frulla-Hébert: De 6 700 000 $ à 9 800 000 $. Et
on aura, cette année, une augmentation de 14,7 % au niveau du
théâtre. Vous savez, il faut se poser aussi cette question, et je
ne l'ai pas, la réponse, mais c'est une question que je me pose. En
1991, au niveau des théâtres, des nouvelles compagnies, nous
avions 51 demandes. En 1992, 47 demandes. C'est aussi des questions que je pose
au milieu et que nous avons l'intention de poser globalement.
Subventions à l'Orchestre symphonique de
Montréal et aux Grands Ballets canadiens
M. Boulerice: Pouvez-vous nous indiquer à combien
s'élèvent respectivement les subventions de restauration
budgétaire consenties à l'OSM et aux Grands Ballets canadiens
pour 1992?
Mme Frulla-Hébert: L'OSM, il y a eu un réajustement
de 8 %... La partie gouvernementale à 15 %, donc une augmentation de 1
200 000 $, et les Grands Ballets canadiens, une augmentation de 420 000 $, ce
qui porte notre subvention à 1 200 000 $ pour les Grands Ballets.
Une voix: C'est 2 400 000 $.
Mme Frulla-Hébert: Et notre subvention... C'est ça.
Le total, maintenant, est de 2 400 000 $ pour l'OSM.
M. Boulerice: Est-ce que vous entendez donner suite à la
recommandation du rapport Arpin qui favorisait la restauration des assises
budgétaires des organismes culturels aux prises avec une
détérioration de leur situation financière par suite de la
non-indexation dont on voit les séquelles?
Mme Frulla-Hébert: C'est exactement pour cette raison que
nous avons réussi, tout en respectant la consigne gouvernementale de la
non-indexation, à aller chercher plus que l'indexation. Les 5 000 000 $,
c'est pour être remis, justement, à la consolidation des
organismes.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre se rend compte qu'elle est
presque en situation... Comment pourrais-je dire ça? Par un
laisser-aller, elle laisse le feu se déclarer et, après
ça, elle est obligée de jouer volontairement au pompier.
ce n'est pas agréable de jouer au pompier, et s'il y avait eu
cette pleine indexation, elle ne serait pas obligée d'employer des
enveloppes de restauration budgétaire.
Mme Frulla-Hébert: Je pense que dans notre secteur, veux
veux pas, indexation ou non - parce que, l'année passée, on a eu
l'indexation - il y aura toujours des situations difficiles. Il y en aura
toujours. Parce qu'on ne peut pas prévoir, par exemple, les nouveaux
intrants dans le milieu. On ne peut pas prévoir la conjoncture
économique deux, trois ans d'avance, même par rapport à des
programmations. C'est arrivé, ça. On ne peut pas prévoir,
bien souvent, très longtemps d'avance, même si on essaie, les
dynamiques dans chacune des villes, ce qui fait qu'il y aura toujours... Et
malgré que j'aimerais avoir des situations normales, avoir des
situations, finalement, tout simplement calmes, paisibles, où tous les
organismes ont leur subvention et, à partir de cette subvention, font
très bien jusqu'à l'année suivante, je ne m'attends quand
même pas à un paradis. Je sais qu'il va y en avoir, parce qu'on ne
peut pas, comme cette année, prévoir Les Misérables, on ne
peut pas prévoir Le Fantôme, on ne peut pas savoir quel sera
l'impact sur les différentes activités en 1995.
Le 350e anniversaire de Montréal, beaucoup d'activités
gratuites - est-ce que ça va avoir un impact sur le spectacle,
après? On ne le sait pas. On dit oui. L'accessibilité. Bon.
Alors, on ne peut pas empêcher les festivals. On ne peut pas
empêcher des représentations de l'OSM, par exemple, dans le parc.
Et ceux qui vont dans le parc, est-ce qu'ils vont aller payer pour aller les
voir à la Place des Arts? On ne le sait pas. Par contre, on ne peut pas
couper ça, parce que c'est de l'accessibilité, et c'est de la
culture pour tout le monde, et c'est ce qu'on veut. C'est pour ça que
les crises, ça prend des nerfs.
M. Boulerice: Un concours de souque-à-la-corde ne va pas
concurrencer le Théâtre du Nouveau Monde.
Mme Frulla-Hébert: non, mais il y a la
représentation à la cathédrale, finalement, de la messe de
l'osm, le dimanche; le te deum, le lundi soir, la grande fin de semaine du 350e
de montréal.
M. Boulerice: Dans le cadre de la politique, est-ce que vous avez
campé...
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: ...ce principe-là, de la restauration des
exercices budgétaires?
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: Et ça va se traduire, bon, forcément,
par des efforts budgétaires additionnels?
Mme Frulla-Hébert: Nous sommes en négociations.
M. Boulerice: C'est là que je crains, madame.
Mme Frulla-Hébert: Parce qu'on parle beaucoup de la
vitalité des organismes. Pour nous, c'est capital, mais il faut quand
même - et c'est ce qu'on essaie de faire en partenariat avec le milieu
global - considérer tous les facteurs qui font en sorte que certains
secteurs doivent se réadapter, si on veut, à la dynamique,
finalement, au fur et à mesure qu'elle se développe.
M. Boulerice: d'accord. ça va. m. le président,
nous irons, toujours au programme 4, à l'aide financière aux
bibliothèques publiques, en vous disant, et je vous sais à
l'écoute...
Le Président (M. Gobé): Oui, j'y suis.
M. Boulerice: ...que vous consentirez sans aucun doute
tantôt, à l'arrivée de notre collègue, Mme la
députée de Chicoutimi, que l'on revienne brièvement, parce
qu'il semble qu'il y ait une problématique tout à fait
particulière dans le chef-lieu de sa circonscription, qui est la ville
de Chicoutimi.
Le Président (M. Gobé): Oui, on reviendra en
arrière. Il n'y a pas de problème.
M. Boulerice: D'accord.
Le Président
(m. gobé): j'aimerais vous
faire part, m. le député de sainte-marie-saint-jacques, que notre
collègue, le député de d'ar-cy-mcgee, vient de me
mentionner qu'il aimerait poser à la ministre une question qui concerne
le cinéma. vous pouvez y aller, nous étions sur ce
sujet-là.
Mme Frulla-Hébert: II est passé.
M. Boulerice: Le mot «fin» est déjà
apparu sur l'écran, mais...
Le Président (M. Gobé): C'est ça. Alors,
vous pouvez y aller.
M. Boulerice: ...vous pouvez toujours y aller.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, M. le
député... si vous nous promettez de rester avec nous pour le
reste de la commission.
Implantation du cinéma IMAX à
Québec (suite)
M. Libman: Sans vraiment connaître la discussion qui a eu
lieu tout à l'heure, c'est difficile de poser des questions.
Peut-être que je pourrais parler un peu avec le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques avant qu'on réaborde ce sujet.
Peut-être.
Le Président (M. Gobé): À votre guise. M.
Boulerice: Vous pouvez y aller.
Le Président (M. Gobé): Vous pouvez y aller.
Allez-y.
M. Boulerice: Je vous en prie.
M. Libman: Est-ce que la ministre a parlé de l'emplacement
du projet? Est-ce que vous avez abordé en profondeur le sujet de
l'emplacement, les difficultés de l'emplacement...
Mme Frulla-Hébert: D'IMAX? M. Libman:... d'IMAX,
oui?
Mme Frulla-Hébert: On a eu la visite du
député de Lévis, et nous avons abordé, pendant
quand même un bon bout de temps, la question d'IMAX. Ce qu'on a
rappelé au député de Lévis, c'est deux choses.
Premièrement, au niveau de tout ce qui s'appelle les terrains du
Vieux-Port, ces terrains-là ne se trouvent pas dans l'arrondissement
historique. Donc, nous avons une autorité morale, mais on n'a pas une
autorité réelle. Ce sont des terrains fédéraux, et
les fédéraux font ce qu'ils veulent sur leurs terrains. Ce qui
fait que le projet IMAX a été, finalement, accepté par le
gouvernement fédéral, a été accepté par la
ville. Il y a eu des audiences publiques quant au projet même et aussi
quant à la hauteur du projet; tout semblait accepté, et le projet
a eu lieu. Il y a eu aussi un avis de la Commission des biens culturels donnant
son aval au projet.
Mais, d'autre part, nous sommes consultés pour minimiser, si on
veut - mais consultés comme experts - l'impact visuel du projet sur le
terrain. Ce que nous avons fait, parce que nous sommes très inquiets du
développement du Vieux-Port. Malgré que ce ne soit pas sous notre
juridiction mais sous la juridiction fédérale, j'ai écrit
une lettre à M. Lolselle, à M. MacKay, qui est responsable des
Travaux publics, à M. L'Allier, à M. Blais et à M.
Corbeil, député de Québec, pour leur demander si on
pouvait remettre la Table de consultation sur le développement du
Vieux-Port - table qui existait, que le fédéral avait dissoute -
pour parler du développement, parce que, là, on parle d'un
musée naval, on parle d'une école navale, on parle de toutes
sortes de projets qui, en soi, sont des bonnes idées, mais qui, mis tous
ensemble, évidemment, défigureraient tout le paysage du
Vieux-Port. (20 h 10)
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, vous avez
mentionné des noms de députés de Québec. Je pense
que...
Mme Frulla-Hébert: Enfin, non, mais, M. MacKay, c'est
Travaux publics...
Le Président (M. Gobé):... vous vouliez dire M.
Jean Corbeil, ministre des...
Mme Frulla-Hébert: C'est ça. Loiselle...
Le Président (M. Gobé):... Transports,
député fédéral
d'Anjou-Rivière-des-Prairies...
Mme Frulla-Hébert: Ah! c'est vrai, c'est Anjou, c'est
votre député.
Le Président (M. Gobé):... et non de
Québec.
Mme Frulla-Hébert: C'est votre député. Mais
M. Lolselle...
Le Président (M. Gobé): Non, parce qu'il y a
peut-être eu...
Mme Frulla-Hébert:... et M. Blais. Le Président
(M. Gobé):... confusion.
M. Boulerice: Non, mais en politique, une règle de
communication est de ne jamais parier de quelqu'un qui n'est pas connu. Mais,
enfin, c'est votre choix.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! M. le député de D'Arcy-McGee, vous avez la
parole.
M. Libman: Et cette intervention parmi les autres, pour
étudier toute cette question, était en réponse aux
recommandations de la Commission des biens culturels qui invite la ministre
à étudier sérieusement avec tous ses partenaires
l'ensemble de la problématique.
Mme Frulla-Hébert: Entre autres... M. Libman:
Alors, ça, c'était l'intention.
Mme Frulla-Hébert:... il y a eu des démarches,
déjà, de faites. Comme je vous le dis, il y avait un
comité qui existait il y a quelques années et qui a
été dissous par le fédéral, comme à
Montréal. À Montréal, il y a un comité qui existe
présentement où, évidemment, les
discussions sont très intenses. Ce n'est pas facile, mais on
essaie au moins d'avoir un développement approprié pour
Montréal. On essaie de faire la même chose pour Québec. Ma
collègue avait envoyé une lettre à M. MacKay, lettre qui
est restée vraiment sans réponse. Alors, cette fois-ci, je
réitère l'appel aux députés fédéraux
et au maire de Québec à s'asseoir et à voir: Maintenant,
qu'est-ce qu'on fait avec le Vieux-Port? Il faut comprendre la
différence entre Québec, patrimoine mondial de l'UNESCO et
l'entente que nous avons faite avec la ville de Québec sur le patrimoine
- 22 000 000 $ - 22 000 000 $ - où on s'entend sur des projets et on les
fait ensemble. Au Vieux-Port, l'autorité n'est que morale.
M. Libman: Non, mais de la même façon que vous
interviendrez maintenant pour discuter l'ensemble de ces questions, est-ce que
vous avez émis vos opinions sur la question d'IMAX spécifiquement
et l'emplacement d'IMAX, l'impact visuel, l'impact architectural? Sur cette
question, est-ce que vous avez dit aux autorités fédérales
que cet emplacement n'est pas le meilleur pour un tel projet?
Mme Frulla-Hébert: Nous avons discuté avec la
ville. Il y a eu des discussions avec la municipalité, surtout.
Évidemment, le fédéral fait ce qu'il veut sur son terrain,
mais nous avons eu des rencontres avec la ville. Mais il ne faut pas oublier
qu'autant la ville que le fédéral étaient très
positifs sur ce projet-là qui est, finalement, un projet touristique
intéressant. On ne peut pas dire que ce n'est pas un projet qui
apportera une certaine vitalité dans ce secteur-là, un projet qui
peut attirer pour faire visiter le Vieux-Port. Ils avaient toutes sortes de
raisons qui étaient récréotouristiques pour prôner
ce projet-là.
M. Libman: Mais l'opinion du ministère des Affaires
culturelles du Québec... Moi, quand je vois ce projet, ça
m'étonne que votre ministère ne crie pas à haute voix
auprès des autorités fédérales. Pourquoi on
amène un projet comme ça et on le place dans un contexte si
important, si riche, si architectural, un projet jucle comme ça, sans
vraiment demander ou faire une vraie enquête en profondeur pour vraiment
examiner l'impact visuel, architectural, historique d'un tel projet dans cet
emplacement? Moi, je trouve un peu surprenant que votre ministère n'ait
pas réagi plus agressivement contre l'emplacement de ce projet.
Mme Frulla-Hébert: Dans la mesure où la
municipalité fait des audiences publiques et que les gens sont d'accord;
dans la mesure où le fédéral, qui est maître sur son
terrain, a dissous lui-même la corporation pour le développement
de son propre terrain; dans la mesure où la Commission des biens
culturels, qui est quand même l'organisme aviseur du ministère, se
prononce d'accord, alors, à ce moment-là, n'ayant aucune
autorité légale, n'ayant aucune autorité proprement dite,
bien, finalement, nous avons laissé aller le projet, parce qu'on n'avait
pas le choix.
Mais on s'est dit: Parfait! maintenant, si vous avez besoin de nous
pour, justement, minimiser l'impact visuel, alors, nous sommes disponibles.
Mais ce qui est encore plus important, en fait, comme on en discutait avec le
député de Lévis qui s'inquiète des
différents projets qui s'en viennent et qui sont dans la tête du
fédéral, c'est aussi d'avoir un plan de développement
cohérent au niveau du Vieux-Port. Mais il semble que le
fédéral n'accède pas à notre demande: une lettre
restée morte et les appels de ma prédécesseure
laissés morts, un comité qui a été dissous avec Mme
la vice-première ministre, une lettre de ma prédécesseure,
sans réponse, et là je fais une autre tentative.
M. Libman: Est-ce que des études ont été
faites sur les retombées de la construction de ce cinéma? Est-ce
que votre ministère a fait des études?
Mme Frulla-Hébert: Non.
M. Libman: Pas d'études comme ça?
Mme Frulla-Hébert: Sur les retombées, les
études ont été faites, j'imagine, par le
fédéral et la municipalité. Un instant, ma sous-ministre,
peut-être, M. le Président, a quelque chose à ajouter.
Mme Courchesne: Je veux juste dire que, nous, on a regardé
le projet d'un point de vue architectural, d'un point de vue de l'implantation:
le gabarit, le volume architectural. Mais, si on parie de retombées
économiques ou touristiques, ou autres, ce genre de
retombées-là, ça, on n'a pas fait ça. Ce n'est pas
à nous; on n'a pas fait ces choses-là.
M. Libman: Est-ce que votre ministère a fait des
études ou des évaluations internes sur ce projet?
Mme Frulla-Hébert: Oui, oui, mais les évaluations
en ligne de compte... C'est-à-dire que, pour en arriver à des
évaluations architecturales, il y a eu certaines évaluations
internes qui, j'imagine, ont été faites. Mais il faut quand
même comprendre que c'était la volonté des partenaires, c'a
été la volonté des partenaires impliqués. Et celui
qui a poussé le plus fort sur le projet, bien évidemment, c'a
été, oui, la municipalité, mais aussi le
fédéral.
M. Libman: Alors, il n'est pas question de
déposer ces études et ces évaluations internes.
Est-ce qu'il y a...
Mme Frulla-Hébert: Ce qu'on a, à l'interne,
ça, on peut le déposer. Il n'y a pas de secret, mais c'est
conjoint avec la municipalité. Parce que c'est dans le cadre de
l'entente, dans la mesure où la municipalité a
décidé et s'est retournée vers nous et nous a
demandé, comme conseiller, si on voulait les aider pour le projet
global, le gabarit, etc. On a participé comme conseiller, alors,
à ce moment-là, en séance de travail, et c'a
été, finalement, l'ensemble de notre rôle. Et, comme je
vous le dis, encore une fois, nous faisons appel au fédéral pour,
justement, le développement, mais c'est sur son terrain. Nous
espérons une réponse positive. Et, encore là, je peux
déposer les lettres que j'ai envoyées à mes
collègues.
Le Président (M. Gobé): Alors, très bien, M.
le député de D'Arcy-McGee. M. le député de
Saint-Hyacinthe, c'est sur le même sujet?
M. Messier: Non, parce qu'on en a jasé longuement cet
après-midi. Non, c'est le programme 2, élément 3. Parce
qu'on peut jouer un petit peu sur les éléments, et tout
ça.
M. Boulerice: Mais il faut jouer quand vous êtes
présent.
Le Président (M. Gobé): Oui, c'est parce qu'on
avait convenu de les...
M. Messier: Oui, mais c'est parce que ça va rapidement.
Non, juste une petite question d'information, rapidement.
Le Président (M. Gobé): Très rapidement.
Mais, pour le reste de la séance, il serait préférable,
lorsqu'on aborde le programme et l'élément, que le
député de Sainte-Marle-Salnt-Jacques l'introduise et, si des
collègues ou d'autres membres de la commission ont envie d'intervenir,
bien, qu'ils prennent la suite.
M. Messier: Moi, c'est juste un...
Le Président (M. Gobé): Mais on va faire une petite
dérogation pour vous, M. le député, rapidement.
M. Messier: ...point d'information.
Le Président (M. Gobé): Rapidement, par
exemple.
M. Messier: Parce que, à la lecture du document... Merci,
M. le Président, de votre diligence. À la lecture du document,
là, au point de vue archéologique - je pensais que le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques l'aurait soulevé,
parce qu'on est passé par là ce matin - on fait encore des
fouilles pour trouver le tombeau de Samuel, sur la rue Buade.
M. Boulerice: C'est familier! Samuel de Champlain.
M. Messier: Bien, Samuel de Champlain, oui.
M. Boulerice: C'est un ami personnel de Champlain...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: ...mais, quand même!
M. Messier: Samuel de Champlain, oui.
M. Boulerice: Ça a l'air qu'il l'a très bien
connu.
M. Messier: Non, parce qu'on poursuit la même route, et on
a vu, ce matin, qu'effectivement ils font des travaux, des fouilles
archéologiques. Est-ce que le ministère contribue, ou si c'est
strictement la ville de Québec qui fait les travaux? Ou si c'est le
ministère des Affaires culturelles qui, pour la xième fois, fait
encore des recherches là pour retrouver le tombeau?
Mme Frulla-Hébert: Bien, les fouilles, on me dit... Parce
que, là, je n'ai pas... Je ne pense pas qu'on essaie encore de trouver
le tombeau. Mais je peux passer la parole à... On me dit que c'est des
fouilles qui sont municipales.
M. Messier: Des fouilles permanentes?
Mme Frulla-Hébert: Je vous présente M. Guillemette,
qui est directeur général de la Direction de Québec.
M. Guillemette (Adélard): C'est des fouilles qui sont
faites conjointement avec la municipalité et
l'évêché, enfin, une des 14 hypothèses pour trouver
le tombeau de Champlain, éventuellement, oui, sous la rue Buade. Mais,
en réalité, les fouilles, on les mène parce que la
basilique veut faire une chapelle à la gloire de monseigneur de Laval,
de sorte que c'est une incidence, si vous voulez, au projet principal. Or,
comme c'est une hypothèse parmi les 14 - parce qu'il y en a 14, qui vont
du bas de la côte de la Montagne jusqu'à la rue Buade - alors, on
en profite pour faire des fouilles. Mais, le projet principal, ce n'est pas
ça, c'est pour faire, donc, une chapelle à la gloire de
monseigneur de Laval.
M. Messier: À combien estime-t-on les coûts
rattachés à ces fouilles?
M. Guillemette: Comme, nous, nous ne sommes pas impliqués
du tout dans ces fouilles,
c'est la ville, donc...
M. Messier: Strictement la ville.
M. Guillemette: ...au moment où je vous parle, je ne
pourrais pas vous donner de chiffres précis sur la valeur des fouilles,
ni leur ampleur. (20 h 20)
M. Messier: O.K. Parce que, jadis, il y avait un fonctionnaire du
ministère des Affaires culturelles, un dénommé M.
Lévesque, je pense, qui avait fait... René Lévesque,
oui.
M. Guillemette: Du ministère du Loisir. Un fonctionnaire
du ministère du Loisir.
M. Messier: Ça n'a rien à faire avec le
ministère des Affaires culturelles?
M. Guillemette: Pas du tout. M. Messier: Parfait!
merci.
Le Président (M. Gobé): Êtes-vous satisfait,
M. le député?
M. Messier: Excusez-moi!
Le Président (M. Gobé): Vous êtes satisfait
de votre question?
M. Messier: Très satisfait.
Le Président (M. Gobé): Alors, voilà, c'est
bien. Donc, nous allons maintenant retourner voir notre collègue, le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. M. le député,
vous avez la parole.
M. Boulerice: M. le Président, on est quand même
heureux de la question de M. le député de Saint-Hyacinthe,
puisque ce serait forcément un événement majeur pour les
Québécois de retrouver la sépulture de Samuel de
Champlain. Quant à l'intervention de mon collègue de
D'Arcy-McGee, M. le Président, je vous avoue que c'est avec beaucoup de
satisfaction que j'ai entendu sa critique, voire même sa condamnation
sans réserve des actions du gouvernement fédéral au
chapitre de l'occupation des territoires au Québec.
Nous passerons, M. le Président, à l'aide aux
bibliothèques. La ministre, en parlant du livre, au début de nos
travaux, a dit que le livre était le lait. Je lui disais que nous
analyserions plus tard. Vous étiez absent, M. le sous-ministre adjoint.
Votre absence, d'ailleurs, avait suspendu toute joie en cette salle. Alors, la
ministre disait que le livre, c'était le lait.
Mme Frulla-Hébert: L'équivalent du lait.
M. Boulerice: L'équivalent du lait. Alors, je lui dirais:
On verra dans quel état les bibliothè- ques, qui sont sans doute
les fermes laitières de la bibliothéconomie, vont nous le
donner.
Soutien aux bibliothèques publiques
Alors, je vais vous donner quelques statistiques, pas très
glorieuses, sur les bibliothèques publiques du Québec. Le nombre
de livres disponibles par habitant n'est encore que de 2,5, alors que la norme
recommandée est de 3, en moyenne; les bibliothèques autonomes
n'atteignent la norme d'espace qu'à 64 %; seulement 57 % des
bibliothèques autonomes ont intégré des documents
audiovisuels à leur collection; le Québec était, en 1983,
la neuvième sur neuf provinces pour la collection totale, en moyenne,
par bibliothèque; neuvième sur neuf pour le nombre des
prêts directs, en moyenne, par bibliothèque; huitième sur
huit pour le nombre d'employés à temps plein, en moyenne, par
bibliothèque; huitième sur neuf pour le total des dépenses
d'opération, en moyenne, par bibliothèque; 440 000 $ par rapport
à la moyenne canadienne de 806 000 $, et 717 000 $ en 1989.
Alors, on voit, M. le Président, que la seule province canadienne
qui pourrait rivaliser avec nous - et je ne pense pas qu'on en tire beaucoup de
gloire - est la province de Terre-Neuve. On voit que l'état de la
situation est passablement dramatique, et je m'en voudrais de ne pas
remémorer aux membres de cette commission qui n'étaient pas ici
en 1986, à ma première étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles, que la ministre d'alors avait
opéré un véritable massacre à la scie dans l'aide
aux bibliothèques, massacre, d'ailleurs, qu'elle avait
perpétué une deuxième fois dans le budget de 1987.
L'histoire a ses droits, donc il faut le rappeler.
Mais quand on regarde les crédits de 1992-1993, on voit un
transfert aux municipalités, 16 274 $, et la ministre nous parle
toujours de l'état de presque adoration mutuelle qu'il peut exister au
niveau de la table de concertation avec les municipalités. Je ne sais
pas si ça va durer longtemps, cet état d'esprit, mais, en 1991,
c'était 16 013 900 $. Donc, si on fait un calcul rapide, on
s'aperçoit qu'il y a une augmentation mirobolante de 260 100 $, soit
seulement 1,6 % de plus que le budget de l'année dernière. Mais
si on continue encore, non pas en mathématiques, parce que c'est
tellement simple que c'est de l'arithmétique, les quelque 150
bibliothèques reçoivent cette année une augmentation
moyenne de 1734 $ par bibliothèque.
Je vous vois inquiet, M. le Président, vous qui ne vivez qu'avec
un vieux bibliobus dans votre circonscription. On sait que la TPS a
provoqué une diminution de 10 % des achats des bibliothèques.
Selon le comité des bibliothèques publiques de la région
de Québec, le ministère des Affaires culturelles ne respectera
pas l'engagement pris en 1989 de payer 10 % des frais de fonctionnement des
bibliothèques, excluant
l'achat de livres. La proportion a été réduite
à 8,5 % en 1990, à 7,9 % en 1991, forçant ainsi les
bibliothèques à couper - et c'est là où on se dit:
Mais y a-t-il justification d'avoir une bibliothèque? - les heures
d'ouverture, l'achat de livres et les activités d'animation. Je pense
que l'Union des municipalités l'a confirmé, enfin, les unions,
puisqu'il s'agit autant de l'Union des municipalités que de l'Union des
municipalités régionales de comté. Le ministère
procède là, comme dans bien d'autres domaines, à un
délestage progressif en réduisant la valeur réelle de son
aide au fonctionnement des bibliothèques.
Alors, la question: Comment la ministre peut-elle répéter
à satiété l'importance de sensibiliser les jeunes à
la lecture et offrir concrètement une augmentation aussi faible que
celle que je viens de donner, soit 260 000 $ en 1992-1993, sur un budget de 16
000 000 $, aux bibliothèques publiques, soit, je le
répète, 1734 $ par bibliothèque municipale, en moyenne?
Alors, quand elle parlait de lait, là, je veux dire qu'il est
écrémé, c'est le cas de le dire, hein! Comme le dit
l'expression, c'est du petit lait.
Mme Frulla-Hébert: Je vais tenter de l'enrichir, moi
aussi, avec ma part de statistiques, d'y mettre un peu de chocolat. En
1987-1988, la part du budget aux bibliothèques était de 15 000
000 $.
M. Boulerice: 9 000 000 $ de coupures la semaine
dernière.
Mme Frulla-Hébert: 15 000 000 $ - on parle de 1987-1988 -
pour en arriver, en 1992-1993, à 23 000 000 $, donc une augmentation
budgétaire de 49 %. Depuis cinq ans, nous avons construit pour 47 000
000 $ de bibliothèques au Québec. Nous avons maintenant, en
termes de municipalités desservies, 1032 municipalités, soit 156
par des bibliothèques autonomes et 876 par des bibliothèques
affiliées aux bibliothèques centrales de prêt. On sait
aussi que le nombre d'abonnés, pour 1990, est de 1 600 000. Quant
à la ville de Montréal - je suis certaine qu'on va en parler - on
a une entente avec la ville qui fait en sorte que la ville s'occupe de ses
infrastructures en termes de bibliothèques et, nous, on s'occupe du
reste. D'ailleurs, calculant la Place des Arts, le Musée des beaux-arts,
la Pointe-à-Callière et le Musée d'art contemporain, je
pense qu'on a fait notre part, entre autres - parce qu'il y a d'autres choses -
pour la ville de Montréal en termes d'Infrastructures. Alors, c'est
normal que la ville de Montréal prenne aussi en charge ses
bibliothèques.
Cela dit, s'il n'y a pas d'augmentation au niveau des
bibliothèques dans le budget, c'est parce que c'est probablement le seul
budget où je m'étais référée directement
à la politique culturelle. Pourquoi? Parce que nous avons,
effectivement, une table de concertation - en fait, on en a trois - avec les
municipalités. On en a avec l'Union des municipalités
régionales, avec l'Union des municipalités et on en a aussi avec
les villes de Montréal, de Québec et de Laval. Dans ces trois
tables là, on veut établir un plan d'action pour les
bibliothèques, en partenariat avec les villes, non pas pour se
délester, elles l'ont bien compris, mais pour augmenter le partenariat
et être aussi plus efficaces, chacun de notre bord, si on veut, avec
l'argent que l'on investit dans les bibliothèques. Alors, si je dis que
les bibliothèques sont importantes, oui, si je le maintiens aussi,
oui.
On s'aperçoit aussi qu'il y a un autre facteur. C'est qu'au
niveau de l'incitation à construire des bibliothèques dans le
milieu, compte tenu de la situation économique, nous allons de l'avant
avec des plans de construction et beaucoup de municipalités reculent, au
moment où on se parle, à notre grand désarroi, soit parce
qu'elles sont battues en référendum ou parce qu'on veut attendre
une situation économique meilleure. Alors, c'est la situation à
laquelle on a à faire face au moment où on se parle. Quant au
plan des bibliothèques, quant aux 35 recommandations du rapport
Sauvageau qui n'ont pas été appliquées, il va falloir se
référer à la politique culturelle parce que c'est
là, finalement, que le dossier des bibliothèques est
traité à fond. (20 h 30)
M. Boulerice: M. le Président, autant que la ministre je
déplorerai que l'on se refuse à la construction de nouvelles
bibliothèques. J'aimerais bien, personnellement, être capable de
dialoguer avec ces populations-là et leur montrer le bien-fondé
et l'importance d'une bibliothèque, parce que ça a vraiment un
rôle moteur, le développement du secteur du livre, de
l'édition. C'est, pour la plupart des villes, le principal point
d'ancrage de la vie culturelle de ces petites villes. Donc, je vais
déplorer, sans aucun doute, avec elle qu'il y ait des
municipalités qui ne veulent pas embarquer, alors que l'exemple d'autres
municipalités devrait être contagieux et qu'il s'agit de
réussites majeures. Je pense, notamment, à Mascouche, qui est un
modèle comme tel.
Au-delà de déplorer cet état de fait actuel, est-ce
que la ministre ne pourrait quand même pas penser qu'il y en a qui sont
là et qu'il faut continuer de les équiper, et continuer de les
faire progresser? Écoutez, il y a eu 9 000 000 $ de coupés. Il y
a eu 4 000 000 $ en fonctionnement, 5 000 000 $ en équipement en
1987-1988. Ces chiffres illustrent ce que j'avais appelé le massacre
à la scie, à l'époque, de la part de la
prédécesseure de sa prédécesseure, et on sait que
c'est passé de 10 % en 1986-1987 à 10 % en 1989 et à 7,9 %
en 1991. Donc, comme je le disais, des heures d'ouverture réduites,
l'achat de livres et des activités d'animation en quantité
insuffisante.
Alors, quand on regarde l'augmentation, ça
ne donne pas de réponse. La ministre a mentionné le
rapport Sauvageau qui a été publié en 1987. On a vu,
d'ailleurs, la loi apparaître et disparaître au feuilleton de
l'Assemblée nationale. À partir de Sauvageau, est-ce qu'elle
entend véritablement donner une suite, soit une nouvelle loi sur les
bibliothèques publiques et la mise en place d'un plan quinquennal de
développement et d'aide financière aux bibliothèques
publiques? Mais, quand je parle d'une aide financière aux
bibliothèques publiques, je la dis fondée sur un partage des
responsabilités entre le ministère et les municipalités.
C'est l'équivalent de ce que les bibliothécaires appelaient - et
je me souviens, je les avais rencontrés, puisqu'ils étaient en
congrès - et ça fait tout honneur au ministre qui, à
l'époque s'en occupait, un plan Vaugeois II.
Mme Frulla-Hébert: Je dois vous dire qu'au moment
où on se parle on dessert quand même 88 % de la population, ce qui
est nettement mieux que ce qui se faisait, quand même, au début
des années quatre-vingt, en termes de construction. Maintenant, quand on
parle d'une augmentation de 49 % à partir de 1987-1988, ce n'est quand
même pas peu dire. Ce que je dis présentement, c'est qu'il reste
environ, en général, 35 recommandations à mettre en
application, ce que nous avons l'intention de faire. Au niveau du plan de
développement on le retrouvera dans la politique culturelle, d'une part.
Mais c'est impossible pour nous, au moment où on se parle, parce qu'on
n'a pas fini nos négociations, nos discussions avec les
municipalités. C'est impossible pour nous, premièrement, de
mettre directement le plan d'action et de le sortir présentement - il
sera prêt pour mi-juin ou fin juin - et, deuxièmement, de
déposer la loi, parce qu'au niveau de la loi il y a aussi un fait, il y
a un facteur, et ce facteur-là, c'est la gratuité, tout le
principe de la gratuité. C'est sûr que c'est un principe que l'on
veut discuter, évidemment, très sérieusement avec les
municipalités, sachant que les municipalités, au moment où
on se parle, il y en a quand même une vingtaine qui appliquent des frais
au niveau des bibliothèques.
M. Boulerice: Vous avez pané de tarification. Est-ce que,
dans la législation, vous prévoyez des standards de
tarification?
Mme Frulla-Hébert: Bien, c'est ça qu'on est en
train de discuter et c'est pour ça que la loi n'est pas
déposée. Parce que c'est ce qu'elle avait. Quand je suis
arrivée, la loi avait été au feuilleton. Quand je suis
arrivée, on a parlé de la tarification. Et c'est pour cette
raison et parce que nous devons discuter avec les municipalités; et je
dois avouer que le principe de tarification de base, peut-être pour des
valeurs ajoutées, ça m'inquiète beaucoup.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut s'attendre à un projet de
loi pour l'automne 1992?
Mme Frulla-Hébert: En général,. le projet de
loi, il est prévu pour 1992, mais tout dépend des
négociations avec les municipalités. J'essaie le plus possible,
quand on parle de partenariat, de travailler de façon incitative et non
pas coerci-tive, même si on a la possibilité de le faire.
M. Boulerice: En 1990, on avait commencé à faire
l'évaluation de la loi 51, qui devait être, en principe,
terminée en 1992. C'en est où?
Mme Frulla-Hébert: Au moment où on se parle, on a
non seulement commencé, mais il y a une révision qui est en train
de se faire au niveau de la loi, avec les intervenants. D'ailleurs, celui qui
s'occupe justement de ce projet de loi, de la révision et de tout le
secteur du livre, M. Bonneau, est avec nous, et ça me fait plaisir,
puisqu'il est très actif au niveau de l'édition et du livre - il
a été très actif avec nos partenaires - de lui passer la
parole si vous voulez bien, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Alors, le président
le veut bien, madame, mais si vous voulez vous identifier pour les besoins de
l'enregistrement.
M. Bonneau (Michel): Michel Bonneau, directeur du livre, de la
lecture et des bibliothèques publiques. Très actif, mais moins
depuis trois mois.
Mme Frulla-Hébert: Oui, parce que M. Bonneau vient de
revenir.
M. Bonneau: Je recommence cette semaine.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. Bonneau, passez
aux faits et aux réponses, s'il vous plaît.
M. Bonneau: Oui. Écoutez, en ce qui concerne
l'évaluation de la loi sur les industries culturelles, dans le domaine
du livre, c'est une opération qui est en cours. Nous avons fait toute
une série de consultations récemment, nous faisons une
étude de marché qui doit se terminer très bientôt,
et il est prévu que le Conseil consultatif de la lecture et du livre
enverra le premier rapport au mois de juin. De fait, nous estimons que,
dès l'automne, tout le processus d'évaluation sera
complété. À la suite de cette évaluation,
vraisemblablement, il y aura des gestes qui seront posés.
Le Président (M. Gobé): Très bien. Merci
beaucoup de vos explications. M. le député de Sainte-Marie, vous
êtes satisfait de l'ensemble des réponses? Alors, j'ai d'autres
questions - je vois le député de Saint-Hyacinthe - sur le
même programme, peut-être, Mme la ministre, et j'aimerais vous
faire quelques remarques sur
quelques questions en particulier, et mon collègue de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, je sais, partage grandement mon opinion sur un
certain nombre de points; sur d'autres, un peu moins, mais sur celui-là,
je suis certain qu'il la partage.
C'est que, comme il l'a mentionné, les gens de
Rivière-des-Prairies - c'est la troisième, quatrième
année que j'en parle à cette commission -n'ont toujours pas de
bibliothèque. C'est toujours un vieux minibus qui vient, un
«bibliobus», comme on l'appelle, et les gens sont ainsi
privés d'accès facile aux services culturels. Lorsqu'on sait que
Rivière-des-Prairies est dans la région de Montréal, un
quartier de Montréal qui regroupe une trentaine de milliers d'habitants,
on peut quand même se poser un certain nombre de questions. Pourquoi?
Alors, on a dit que c'était M. le maire, je pense. Mais,
vous-même, vous vous étiez engagée, Mme la ministre, en
commission parlementaire, à mettre certaines sommes d'argent ou à
envisager la possibilité de mettre des sommes d'argent si la ville le
demandait. On voit que la ville, à date, à ma connaissance, n'a
pas fait de demande, premièrement. Alors, je ne crois pas que vous ayez,
vous-même, pu avancer un projet, car je ne crois pas qu'il soit à
nous autres... Connaîtriez-vous un moyen...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): ...Mme la ministre, au nom
des...
Mme Frulla-Hébert: II serait temps, M. le
député, que...
Le Président (M. Gobé): Je n'ai pas terminé
ma question, Mme la ministre. Peut-être y a-t-il un moyen pour aider les
gens de l'est de Montréal, de Rivière-des-Prairies, qui n'ont pas
de bibliothèque, pour accélérer ce projet, d'autant plus
que je dois déplorer en même temps qu'actuellement les politiques
budgétaires de la ville de Montréal font en sorte qu'on va fermer
les bibliothèques municipales pendant une partie de l'été,
alors que c'est la période où, peut-être, les enfants et
les gens sont en vacances et ont le plus le temps ou le goût de lire.
Est-ce que vous pourriez répondre à ma question, madame? Ne
pourriez-vous pas, comme ministre des Affaires culturelles, protectrice de la
culture au Québec, envoyer une lettre à M. le maire de
Montréal pour lui demander de bien vouloir faire des économies
ailleurs qu'en fermant les bibliothèques? Peut-être qu'en coupant
un voyage ou deux à l'étranger... Rio de Janeiro, ça a
dû coûter 30 000 $; et Paris, quand Ils y vont à sept, huit,
comme il y a quelque temps, ça doit coûter pas loin de 30 000 $
aussi. C'est les 60 000 $ qui vont être économisés en
fermant les bibliothèques les fins de semaine et pendant
l'été. Et je crois que, comme gouvernement, comme ministre, vous
ne devriez pas laisser passer cette chose-là. Et je serai solidaire de
vous, moi, comme membre de la commission de la culture, si vous envoyez une
lettre, peut-être au nom de la commission. Certainement que mon
collègue de Sainte-Marie-Saint-Jacques, qui se bat pour enlever les
taxes sur les produits culturels pour les rendre plus accessibles, partagera
mon opinion et la vôtre, et on pourrait peut-être faire pression
auprès des autorités municipales pour qu'on donne l'exemple et
qu'on ne mette pas cette mesure anticulturelle. Ça, c'est pour la
deuxième. Alors, ma première question, c'était
Rivière-des-Prairies; la deuxième, c'est les fermetures des
bibliothèques, à Montréal, l'été. (20 h
40)
Mme Frulla-Hébert: Je suis un peu surprise de la
non-réaction du maire, surtout qu'on se souvient de l'échange
épique que vous avez eu avec le maire Doré en commission
parlementaire sur ce même sujet et de la promesse même du maire de
faire diligence, puisque lui-même a avoué que
Rivière-des-Prairies, surtout avec le développement qui
s'annonce, aurait besoin du minimum comme équipement culturel,
c'est-à-dire, entre autres, d'une bibliothèque. Ça va me
faire plaisir d'appuyer votre demande, parce qu'effectivement nous n'avons
aucune demande dans nos cahiers. Et c'est aussi compréhensible, puisque
la ville de Montréal s'occupe de ses bibliothèques, comme je le
disais tantôt, et, nous, on s'occupe du reste des infrastructures. Donc,
je pensais sincèrement que le projet allait maintenant bon train. Je
sais que vous avez rencontré aussi certaines personnes du conseil
municipal, je crois, sur ce sujet-là, suite à la commission
parlementaire. Alors, je pensais que, finalement, le projet se dessinait
très bien. Donc, nous allons vous appuyer avec plaisir, d'autant plus
que ce même maire qui est venu en commission parlementaire parler de la
métropole culturelle, ce même maire qui fait peur au milieu en
disant que si on coupe la taxe d'amusement il n'investira plus dans la culture,
avant même que tout se dessine, décide de fermer et les piscines
et les bibliothèques. Honnêtement, je ne trouve pas le discours,
en fait, très conséquent et cohérent. Alors, ça va
me faire plaisir de vous appuyer. Et, s'il le faut, nous allons suivre avec
vous le dossier de très près, et je suis certaine que je serai
appuyée par l'ensemble de mes collègues.
Le Président (M. Gobé): C'était là
l'essentiel de mon intervention sur les bibliothèques. Je vous remercie,
Mme la ministre, et je remercie mon collègue de
Sainte-Marie-Saint-Jacques d'avoir bien voulu me laisser aborder ce sujet, et
même l'introduire, gentiment, d'ailleurs.
M. Boulerice: Effectivement, M. le Président, et je pense
que l'Opposition officielle aura pris acte. Je transmettrai l'information
à mes collègues demain, que vous auriez
préféré une
bibliothèque pleine de livres à un hôpital avec peu
de services.
Le Président (M. Gobé): Alors, nous n'ouvrirons pas
ce dossier-là maintenant, M. le député.
M. Boulerice: Alors, je pense que vous faites avancer bien des
débats, ce soir, M. le Président, et je vous en remercie.
Maintenant, quant aux bibliothèques, ma collègue, la
députée de Chicoutimi, aimerait également intervenir,
puisque le développement des bibliothèques dans sa région,
notamment dans sa ville, semble ne pas avoir rejoint le degré de
qualité qu'elle souhaiterait.
Le Président (M. Gobé): Alors, Mme la
députée de Chicoutimi, c'est toujours un plaisir de vous avoir
à cette commission. Partout où vous passez, vous amenez des
dossiers très intéressants et, en plus, une bibliothèque,
je partage probablement... Encore là, vous avez ma solidarité,
car j'ai moi-même ce genre de problèmes. Alors, je vous passe la
parole et, par la suite, je reconnaîtrai M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Mme Blackburn: Merci. Vous avez raison, dans mon comté, on
loue et on est fier de certaines réalisations, de certains
équipements, et je pense, plus récemment, au Conservatoire de
musique qui a aménagé de nouveaux locaux. Je n'en dirais pas
autant des salles de spectacle; ça, c'est une autre chose. Mais, quand
même - je pense aux hôpitaux, à l'université - on a
des équipements dont on est fier. Je n'en dirais pas autant de la
bibliothèque municipale de Chicoutimi dont on dit qu'elle est la plus
mal équipée, à tous les plans, en Amérique du Nord
- vous savez, il y a des records dont on aimerait se passer - pour les villes
de taille comparable, évidemment. Tant en termes de collections,
d'espace de plancher, de services que de personnel, vraiment, c'est
l'indigence; je pense qu'on peut le dire, et c'est connu. Je sais que le maire
et la ville de Chicoutimi avaient présenté une demande à
l'occasion du Sommet économique, qui n'avait pas été
retenue dans les priorités parce que, finalement, ils en avaient
englobé pas mal grand dans ce projet. Cependant, de ce projet est
demeuré celui de construire une bibliothèque municipale. Je
voudrais connaître l'état d'avancement du dossier et les
intentions de la ministre dans ce dossier.
Mme Frulla-Hébert: Votre problème, je l'ai dit en
commission parlementaire, ce n'est ni votre volonté - au contraire - ni
la mienne, c'est votre maire, dans le sens où le dossier, au moment
où on se parle, n'est pas complètement finalisé au niveau
municipal, d'une part. Deuxièmement, nous, on entend dire qu'il sera
prêt pour 1993-1994; on trouve ça très loin. Moi, la seule
chose dont je peux vous assurer, c'est qu'aussitôt que le projet sera
déposé... Nous trouvons tellement déplorable le fait
qu'une ville de l'envergure de Chicoutimi, avec le dynamisme de Chicoutimi, ne
possède pas cette infrastructure qui est, au moment où on se
parle, à 20 % de la superficie reconnue à laquelle la ville
aurait droit. À ce moment-là, je peux vous dire qu'aussitôt
que le dossier finalise sera déposé nous allons faire diligence,
et c'est sûr qu'aussitôt que tout sera finalisé nous allons
l'accepter sur-le-champ. Le problème, honnêtement, c'est l'inertie
du conseil municipal.
Mme Blackburn: Alors, ce que vous me dites, c'est que le conseil
municipal n'est pas plus avancé que ça dans ses travaux, et que
ça irait en 1993-1994 avant qu'il ne présente une demande au
ministère des Affaires culturelles?
Mme Frulla-Hébert: Là, ce qu'on dit, c'est que la
demande... Nous, ce qu'on a entendu, on a entendu même 1992-1993,
1993-1994, là. Alors, ce qu'on dit, c'est que la demande, au moment
où on se parle, est en cours, comme elle était en cours
l'année passée, comme elle était en cours l'année
d'avant, d'une part. Maintenant, ils doivent eux-mêmes s'entendre sur le
plan de développement et, une fois qu'ils se seront entendus, ils
doivent finalement nous le soumettre. Chose certaine, avant de parler des
autres projets, notre projet à nous, majeur puis primordial, c'est celui
de la bibliothèque.
Mme Blackburn: est-ce à dire que s'ils
réussissaient à s'entendre sur un projet dans les prochains mois
il y aurait les budgets disponibles?
Mme Frulla-Hébert: Nous allons faire de la place pour la
bibliothèque de Chicoutimi. Nous allons la mettre en
priorité.
Mme Blackburn: Et c'est de quel ordre de... Mme
Frulla-Hébert: Tout dépend du projet.
Mme Blackburn: Oui, mais, évidemment, vous vous en doutez
un peu, là.
Mme Frulla-Hébert: Finalement, ça va au prorata de
la population, au prorata de la superficie, etc., et tout dépend du
projet. Une fois qu'ils nous soumettent le plan de développement et le
projet, là, nos gens, avec M. Bon-neau, s'asseoient avec la ville; on
évalue le projet au niveau architectural et là on
détermine le partage des coûts. On est partenaires à 75 %
là-dedans, et il y a toujours la question: Est-ce que c'est avec ou sans
centre culturel? C'est tout ça qu'on attend, et ce n'est vraiment pas
d'aujourd'hui.
Mme Blackburn: Et la contribution du ministère, c'est de
l'ordre de 75 %.
Mme Frulla-Hébert: Oui, des coûts admissibles.
Mme Blackburn: Des coûts admissibles. D'accord. Et, du
moment où on accepte la construction d'une nouvelle bibliothèque,
est-ce qu'il y a des budgets qui sont prévus pour les acquisitions?
Mme Frulla-Hébert: Toujours.
Mme Blackburn: Parce que, là, on est en retard sur les
acquisitions, je n'ai pas besoin de vous le dire.
Mme Frulla-Hébert: Ce qui arrive, c'est qu'on donne 75 %
au niveau des coûts admissibles de la construction. Ensuite, au niveau du
fonctionnement, là, on ajuste les subventions à cause de la
superficie, d'une part; et, au niveau des budgets d'acquisition,
évidemment, on est partenaires à 100 % avec la ville.
Mme Blackburn: Alors, si je résume, vous attendez le maire
là-dessus.
Mme Frulla-Hébert: Bien, comme d'habitude. On le lui a
dit, d'ailleurs, en commission parlementaire, directement, et vous le lui avez
dit aussi, directement.
Mme Blackburn: Bien. Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Alors, c'est tout pour
vous, madame?
Mme Blackburn: Oui, ça va. Je souhaiterais
réintervenir sur le volet développement régional.
Le Président (M. Gobé): Alors, maintenant, je
reconnaîtrai M. le député de Saint-Hyacinthe, en
espérant que vous aurez une bonne réponse, comme moi et comme Mme
la députée de Chlcou-timl. Allez-y, c'est le moment. Je pense
qu'il y a d'autres demandes de bibliothèques.
M Messier: Non, c'est déjà fait. On a
annoncé l'année dernière l'agrandissement et la
finalisation du dossier de Saint-Hyacinthe. On est ravis. Ça va
relativement bien, merci. Non, c'est concernant l'aide aux bibliothèques
centrales de prêt. Je voudrais savoir s'il y a une adéquation
entre le découpage des BCP et le découpage par région
administrative qu'on connaît, fait par l'OPDQ.
Mme Frulla-Hébert: On me dit que, maintenant, oui.
M. Messier: Oui?
Mme Frulla-Hébert: On a un ajustement, puis tout
ça. Est-ce que, M. Bonneau, vous avez quelque chose à ajouter
là-dessus?
M. Bonneau: Tout ce qu'on peut dire sur le découpage du
territoire, c'est que le territoire des BCP est ajusté au territoire des
MRC.
M. Messier: Des MRC. O.K.
M. Bonneau: Alors, des bibliothèques centrales de
prêt vont couvrir un certain nombre de MRC en fonction des régions
administratives, règle générale.
M. Messier: O.K. Quelles sont les subventions pour la
Montérégie? À la page 160, je vois deux chiffres: 199 225
$ et un autre chiffre de 578 375 $. Page 160 du document qui a
été fourni à l'Opposition.
M. Bonneau: Sur une demande particulière? M. Messier:
Je ne le pense pas... Oui. Mme Frulla-Hébert: On a
donné... M. Bonneau:155?
M. Messier: Page 160. (20 h 50)
Mme Frulla-Hébert: C'est ça. BCP,
Montérégie: 578 000 $ et...
M. Messier: Et 199 225 $, à la huitième ligne.
Mme Frulla-Hébert: Oui, c'est ça, 199 225 $.
M. Messier: Est-ce qu'il faut faire l'addition des deux
ou...?
Mme Frulla-Hébert: Alors, il faut faire le... M.
Messier: Le total? Mme Frulla-Hébert: Le total, 578 000 $.
M. Messier: Le total donne 578 000 $? Mme Frulla-Hébert:
Oui.
M. Messier: O.K. Et, ça, ça couvre 1 200 000 de
population.
Mme Frulla-Hébert: Non.
M. Messier: Non, non. La Montérégie, si on parle du
découpage, s'il y a une adéquation MRC-région
administrative...
Mme Frulla-Hébert: Excusez-moi. Ça, c'est juste les
petites municipalités, avec les BCP.
M. Messier: Oui.
Mme Frulla-Hébert: II y a toutes les bibliothèques
autonomes aussi à ajouter à ça.
M. Messier: Oui, oui. Mais il y a quand même 1 200 000 de
population dans la Montéré-gie.
Mme Frulla-Hébert: Bien, oui, mais on les dessert avec des
bibliothèques autonomes aussi.
M. Messier: Oui, oui. Oui, oui. Mme Frulla-Hébert: Ah!
O.K.
M. Messier: Mais je parle juste des bibliothèques
centrales de prêt.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Messier: Puis je dis qu'il y a 1 200 000 de population en
Montérégie, avec 578 000 $ de population, il y a quand même
des grandes... Pourquoi vous me dites non, là?
Mme Courchesne: Si vous me permettez, M. le Président,
c'est que les 578 000 $ couvrent uniquement les bibliothèques qui
desservent les municipalités de 5000 habitants et moins.
M. Messier: Oui.
Mme Courchesne: Quand vous partez de 1 200 000 de population, il
y a Longueuil, Brassard, Boucherville, ces villes-là...
M. Messier: Oui
Mme Courchesne: ...et, ça, ça n'est pas inclus dans
le budget de 578 000 $.
M. Messier: Je sais. Oui, oui.
Mme Courchesne: C'est dans un autre budget, d'accord, pour les
bibliothèques autonomes.
M. Messier: Oui. Mais je vais vous dire que, toutes proportions
gardées, avec 1 200 000 de population... En termes de population, la
région la plus grande après Montréal, avec 578 000 $... Je
regarde la Mauricie, 843 000 $, puis, je ne sais pas combien il y a de
population en Mauricie, mais...
Mme Frulla-Hébert: C'est parce qu'il y a plus de BCP qu'il
n'y a de bibliothèques centrales.
M. Messier: Oui, mais c'est quoi les critères?
Mme Courchesne: Excusez-moi. Dans le cas de la Mauricie, les
régions administratives ne sont pas tout à fait ajustées.
C'est la seule BCP au Québec où on déborde sur la
région administrative gouvernementale, puisque ces gens-là vont
jusqu'à Joliette. La Mauricie déborde sur le territoire de
Lanaudière. Alors, c'est pour ça que, dans ce cas-là, vous
n'avez pas de comparable avec comparable par rapport aux régions
administratives.
M. Messier: Donc, on n'est pas capable de comparer, à
savoir si on est sous-financé en Montérégie versus une
autre région au Québec?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que, seulement dans
le cas de la Mauricie, par exemple, il y a toute la question des services
techniques. M. Bonneau.
M. Bonneau: C'est ça. Les services techniques
centralisés pour les BCP sont à Trois-Rivières.
Mme Courchesne: Pour l'ensemble des BCP du Québec, les
services techniques et informatiques, etc., sont centralisés à
Trois-Rivières pour l'ensemble du Québec. Alors, c'est pour
ça que, eux, ils ont aussi une petite aide additionnelle par rapport aux
autres BCP au Québec. L'espèce de siège social, si vous
voulez, là...
M. Messier: Oui, oui.
Mme Frulla-Hébert: ...est à
Trois-Rivières.
M. Messier: Mais je ne suis pas capable de faire de calcul
comparable pour savoir si on est aidé. Parce qu'on essaie de faire un
certain rattrapage en santé et services sociaux; pour la culture, on
vient d'avoir notre bureau à Saint-Jean. On a eu une chaude lutte avec
Saint-Hyacinthe. Je voulais juste savoir, comme président du caucus des
députés de la Montérégie, si on était juste
sous-financés mais, là, on n'est pas capable de faire de
comparaison.
Mme Frulla-Hébert: C'est parce que dépendant... La
Montérégie ayant des grandes villes de 5000 habitants et plus,
à ce moment-là, la Montérégie a plus de
bibliothèques autonomes que de BCP, versus d'autres régions qui
ont plus de BCP que de bibliothèques autonomes. Mais on est capable de
sortir, finalement, les chiffres globaux, toute la ventilation au niveau du
service des bibliothèques en Montérégie. Ça, si
vous le voulez, il n'y a pas de problème.
M. Messier: J'aimerais ça l'avoir.
Mme Frulla-Hébert: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe, merci, mesdames. Je me dois de revenir
maintenant à M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
qui a des questions fort intéressantes à vous poser,
semble-t-il.
M. Boulerice: Enfin, ce n'est pas nécessairement une
question, ce sera sans aucun doute une requête, Mme la ministre. C'est la
dernière intervention quant à la discussion sur les
bibliothèques publiques.
La question s'adresse à vous, la requête s'adresse à
vous, mais il y a tout lieu de croire que ce serait M. Bonneau qui pourrait
coordonner une telle opération. Est-ce que ce serait possible que les
services de M. Bonneau nous fassent, sans pour autant aller dans le raffinement
extrême, une espèce d'étude comparative des villes de
taille identique? Parce que je vous avoue que le cas de Chicoutimi me heurte
particulièrement. J'ai vu, de visu, comme la ministre, l'état de
la bibliothèque. Ce serait une étude un peu comparative. Par
exemple, Sherbrooke, Jonquière, Trois-Rivières, qui sont des
villes sensiblement de même taille, on pourrait mettre en
parallèle l'état des bibliothèques dans ces
municipalités. Vous l'avez déjà?
Mme Frulla-Hébert: Ça, on serait capable. Je pense
qu'on est capable de le fournir, parce qu'on a déjà
l'information. Est-ce que la comparaison est faite? M. Bonneau va nous
répondre.
M. Bonneau: D'abord, dans le recueil annuel des statistiques des
bibliothèques publiques, vous remarquerez qu'elles sont par tranches de
population. Donc, déjà, on a un premier indicateur et Chicoutimi
est comparée avec des villes de sa taille. Mais on a toutes les autres
données qui nous permettent, rapidement, de fournir ces études,
ces comparaisons.
Mme Frulla-Hébert: Et si c'est pour aider à monter
un dossier, par exemple, comme pour la ville de Chicoutimi, la
bibliothèque, là, pour finalement sensibiliser encore plus la
population et le maire, il n'y a pas de problème, on va vous aider.
M. Boulerice: Très rapidement. Bon, c'est une statistique
de 1989, mais il y a tout lieu de croire que l'écart en 1989...
M. Bonneau: En 1990.
M. Boulerice: En 1990, d'accord.
M. Bonneau: On a les statistiques de 1990.
M. Boulerice: Parfait! Merveilleux!
M. Bonneau: 1991 même... 1990.
M. Boulerice: Enfin, je vous sais diligent, alors je ne
m'inquiète pas. Effectivement, je pense que ma collègue, la
députée de Chicoutimi, apprécierait recevoir une copie de
ce document.
Les conseils régionaux de la culture. Ils ont
bénéficié en 1991-1992 d'une enveloppe budgétaire
globale de 1 869 600 $.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que la commission
prend note de votre volonté d'envoyer le document, madame?
Mme Frulla-Hébert: Oui, oui, elle peut.
Le Président (M. Gobé): Alors, la commission prend
donc note de votre décision.
Financement des arts et de la culture au
Québec
M. Boulerice: On sait que l'existence des conseils
régionaux de la culture a toujours été menacée.
Dès les premières études des crédits de ce
ministère que j'ai faites, déjà, c'était dans le
décor en termes d'interrogation et, surtout, de difficulté
à le vivre pour les conseils régionaux de la culture, qui se
sentaient menacés. Le rapport Arpin, on doit le dire, malheureusement,
n'a pas aidé à calmer, si ce n'est à rassurer les conseils
régionaux de la culture, puisque ce rapport s'interrogeait sur la
pertinence de maintenir les conseils régionaux de la culture. Nous
avons, quant à nous de l'Opposition officielle,
réitéré l'importance que nous attachions aux conseils
régionaux de la culture en termes de développement
régional, en termes d'expertise sur le terrain et en termes
d'appréciation pour l'étendue du travail. Je pense avoir toujours
été clair et, surtout, honnête dans mon
appréciation, et ça ne heurtait pas qui que ce soit. Oui, il y a
des conseils régionaux qui, malheureusement, ont été
peut-être à une certaine époque moins performants que
d'autres, mais ce n'était pas une raison, à mon point de vue,
pour vouloir abolir les conseils régionaux de la culture. Il semble que
les conseils régionaux soient importants, puisque la ministre a consenti
à une subdivision pour ce qui est du Conseil de la culture du
Bas-Saint-Laurent: Îles-de-la-Madeleine et Gaspésie ont maintenant
le leur de façon distincte, et je m'en réjouis.
Alors, la première question portera sur l'aide financière.
La première question, c'est: En 1992-1993, par rapport aux 1 869 600 $,
à combien l'enveloppe budgétaire est-elle
évaluée?
Mme Frulla-Hébert: Dans le cas des conseils
régionaux de la culture il y a deux choses. D'abord, il y a la
Conférence...
M. Boulerice: Oui, il y a la Conférence et les
conseils.
Mme Frulla-Hébert: ...d'une part, et on a donné
aussi, finalement, de l'argent, du financement au niveau des conseils
régionaux en fonction et dans le cadre du dossier de la
régionalisation, dans le dossier de mon collègue, M. Picotte. Je
pense que l'existence des conseils régionaux de la culture, en soi -
c'est-à-dire d'organismes qui sont dans le milieu et qui travaillent
à regrouper les intervenants du milieu, autant du niveau touristique que
du niveau des affaires ou du milieu même, et travaillant activement
à ce niveau-là - n'est plus remise en question. La seule chose,
c'est qu'il va y avoir - oui, il va y avoir; tout semble, en tout cas,
l'indiquer - un plan dynamique de régionalisation, et il faut que l'on
s'adapte par rapport à ce plan-là. (21 heures)
Maintenant, au niveau des budgets, l'année passée la
subvention a été indexée; cette année, le
même budget contribue à la Conférence régionale,
d'une part, et on aide aussi financièrement, justement en fonction du
plan de régionalisation. Il y a une chose, par exemple, c'est qu'au fur
et à mesure que les besoins vont se faire sentir, au fur et à
mesure que la problématique va se développer, nous travaillerons
avec eux, parce que, finalement, les sous-ministres et des fonctionnaires, on
les voit souvent. Nous travaillons avec eux, justement, pour qu'ils puissent
jouer un rôle important à l'intérieur même des
instances qui vont être régionales, qui vont être nouvelles,
si le plan est appliqué tel que présenté par M.
Picotte.
M. Boulerice: Bon. Si je vous interprète bien, le mandat
et la structure comme telle, ce n'est pas remis en cause.
Mme Frulla-Hébert: Le mandat et les conseils
régionaux... C'est-à-dire que les conseils régionaux, vous
le savez comme moi, se sont posé eux-mêmes des questions. Et il y
avait certains conseils régionaux qui étaient très forts,
très dynamiques, qui allaient très bien et d'autres,
honnêtement, qui n'avaient même pas leur raison d'être.
Alors, ils ont fait eux-mêmes leur examen de conscience. Certains
conseils régionaux, tels ceux de Sherbrooke, entre autres, se sont
beaucoup améliorés avec Mme Marchessault, etc., le
Bas-Saint-Laurent. Alors, non seulement ce n'est pas mis en cause, mais on va
essayer de travailler avec eux, en fonction des nouvelles instances, et en
fonction du plan gouvernemental futur qui est la régionalisation.
M. Boulerice: L'enveloppe budgétaire globale 1992-1993, on
me dit qu'elle serait identique.
Mme Frulla-Hébert: L'enveloppe est identique, mais il va y
avoir d'autres programmes ajoutés en fonction de cette étude que
l'on fait avec eux au niveau de leur positionnement face aux nouvelles
instances régionales. L'enveloppe est de 1 869 000 $. C'est ce que j'ai:
CRC, 1 532 000 $; Conférence des CRC, 45 000 $. Il y a Avataq, 137 000 $
et autres organismes, 155 000 $.
M. Boulerice: Mais les sommes qui seront ajoutées seront
prises où? À partir de crédits supplémentaires?
Mme Frulla-Hébert: Via la Conférence. Oui, via la
Conférence. Supplémentaire, ajout.
M. Boulerice: Oui, mais la Conférence est
déjà dans le 1 869 000 $. Ce n'est pas de l'argent neuf, c'est
des transferts.
Mme Frulla-Hébert: Dans le budget de transferts de Mme la
sous-ministre.
M. Boulerice: C'est-à-dire qu'on enlèvera un petit
montant à la Conférence pour l'ajouter aux conseils
régionaux?
Mme Frulla-Hébert: non, non, on va ajouter. c'est un
montant additionnel ajouté au 1 532 000 $, à même le budget
de la sous-ministre.
Mme Blackburn: Bien. Alors, j'ai un certain nombre de questions.
La première: Évidemment, comme le ministre Picotte parle d'un
projet de réforme du développement régional et de
décentralisation en faveur des régions, est-ce qu'il n'aurait pas
été intéressant qu'on ait ici les crédits
ventilés par région? Si on veut savoir ce que ça veut dire
dans les faits, de façon concrète, pour chacun... Là, on a
les crédits ventilés par élément.
Mme Frulla-Hébert: On les a.
Mme Blackburn: Mais, par région, vous les avez? Est-ce
qu'il serait possible de les avoir?
Mme Frulla-Hébert: Absolument, oui. On peut même en
faire des photocopies. On peut vous les donner tout de suite.
Mme Blackburn: Bien.
Mme Frulla-Hébert: Nous avons deux crédits avec des
organismes d'État, donc, des organismes situés surtout dans les
régions de Montréal et de Québec.
Mme Blackburn: Oui, on les a vus.
Mme Frulla-Hébert: Et on a aussi les dépenses de
transferts sans les organismes et sociétés d'État. On va
s'apercevoir qu'on fonctionne pas mal au prorata de la population. Je peux en
faire faire des copies.
Mme Blackburn: Parce que le rapport...
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est un
document que vous déposez à cette commission?
Mme Frulla-Hébert: Je peux déposer ce document.
Document déposé
Le Président (M. Gobé): Alors, c'est donc un
document dépose à cette commission. Qu'on en fasse copie et
distribution à chacun des membres de cette commission.
Mme Blackburn: Le rapport Coupet, qui a été
commandé par votre ministère, qui est intitulé
«Étude sur le financement des arts et de la culture au
Québec» et qui a été publié en 1990
démontrait que si le Saguenay-Lac-Saint-Jean représentait 4,4 %
de la population québécoise, il ne recevait que 1,8 % du budget
de transferts du MAC. Et vous retrouvez ça aux pages 86 et suivantes. En
fait, ça représente un manque à gagner, au plan des
transferts, de 4 140 000 $ si on avait la quote-part. Et ça, ça
ne prend pas en compte, évidemment, le transfert aux institutions
nationales.
Là, je n'ai pas vu la ventilation que vous avez faite. Dans le
budget que vous présentez, est-ce qu'il y aura un réajustement
prévu pour 1992-1993, tel que le suggérait et le recommandait le
comité Coupet?
Mme Frulla-Hébert: II y a deux choses au niveau du rapport
Coupet. Premièrement, on parle d'objectifs à atteindre et,
deuxièmement, on a aussi minimisé l'apport des
municipalités. Ce rapport Coupet a travaillé seulement avec des
chiffres donnés, mais il a minimisé le rôle des
municipalités, soit les municipalités fournissant des locaux
gratuits, des services gratuits. Donc, c'est pour ça qu'on dit tout
simplement que c'est une bonne mesure, mais ce n'est pas les chiffres exacts.
Au niveau du Saguenay-Lac-Saint-Jean, on répartit nos budgets... En
fait, c'est 3 % de nos budgets pour cette région-là versus 4,3 %
de la population. Donc, II y a un manque à gagner, effectivement.
Ça c'est sans les organismes. Et, effectivement, avec les
organismes, c'est sûr que c'est encore plus bas. Pourquoi? Parce que le
problème dans la grande ville - entre autres, II y a Chicoutiml et
Jonquière - de Chicoutimi, c'est que c'est difficile d'avoir des projets
dans un sens où, si on veut mettre sur pied une bibliothèque, un
centre culturel - on ne l'a pas encore, le projet. Donc, on ne peut pas non
plus développer seul.
Mme Blackburn: Oui, mais quand même, ça n'explique
pas tout l'écart. Vous savez, on est avec un écart qui frise...
On pariait ici de 4 000 000 $. Oui, c'est bien ça.
Mme Frulla-Hébert: II y a 100 organismes et c'est de 3 %
versus 4 %.
Mme Blackburn: Quand vous dites: On a minimisé le
rôle des municipalités, ça ne veut pas dire pour autant que
ces municipalités en mettent plus et que vous en mettez moins.
Mme Frulla-Hébert: Non, pas du tout! Non, non, non, tout
au contraire.
Mme Blackburn: Alors, c'est pour ça que je me dis... Moi,
ici, je questionne, j'interroge la ministre des Affaires culturelles. Alors, je
reviens un peu sur cette étude-là. Dans cette étude, quand
on sait que les grandes institutions absorbent systématiquement la
croissance du budget de transferts du MAC, entre 1985 et 1990, selon ces
informations, leur budget a augmenté, respectivement, entre 33 % et 42
%. Puis elles accaparent quelque 75 % des budgets de transferts du service de
la dette. Dans le budget déposé aujourd'hui, on remarque une
augmentation substantielle aux organismes nationaux: la Place des Arts, 15 000
000 $; les musées d'État, 3 000 000 $. Et ça
représente donc, par rapport au service de la dette, 75 % cette
année - 75 %, l'augmentation du budget de transferts aux
entreprises.
Est-ce que la ministre des Affaires culturelles est consciente qu'elle
perpétue et renforce les organismes d'État - ça, ça
peut toujours aller - mais qu'en même temps, elle ne prend pas en compte
la recommandation du rapport Coupet qui suggérait un début de
redressement en vue de corriger ce qu'il estimait, lui, être une
iniquité, une injustice à l'endroit des régions?
Là, je parle pour toutes les régions, pas seulement pour la
mienne.
Mme Frulla-Hébert: Je dois vous dire qu'au niveau des
immobilisations, effectivement, il y a un gros coup qui a été
donné dans les grandes institutions muséales parce qu'on
était très en retard au Québec, comparativement à
ailleurs, tout simplement, que ce soit ailleurs au Canada ou ailleurs dans le
monde. Les répercussions de ça, on les voit présentement
dans le budget. Maintenant, que ce soit le Musée du Québec, le
Musée de la civilisation, à Québec ou, encore, à
Montréal, ce sont des institutions qui sont là non pas seulement
pour accueillir le noyau de gens environnant, mais pour accueillir aussi toute
la population du Québec. Alors, effectivement, là, il y a eu
quand même une pression importante. Ça crée une pression
importante sur notre budget actuel.
Par contre, quand on regarde la population du Grand Montréal, par
exemple, on parle quand même d'à peu près 48 % à 50
% de la population qui réside à Montréal, donc, 48 %
à 50 % de la
masse des contribuables aussi. Donc, qu'on équipe nos grands
centres et institutions d'importance, je pense que c'est dynamique et valable
non seulement pour le développement culturel, le développement
touristique, etc., mais, honnêtement, on essaie de ne pas négliger
pour autant les régions. Votre retard, au niveau du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, si on regarde au niveau des organismes, veux veux pas,
c'est beaucoup un retard dû à un manque, si on veut, d'organismes
importants. Et, bien souvent - et je reviens au partenariat avec les
municipalités - on a un partenariat avec les municipalités et
ça crée une dynamique qui fait en sorte que des budgets sont
investis. Pourquoi? Parce que les projets appellent évidemment des
sommes, etc., et, dans certaines régions, c'est plus fort que dans
d'autres. (21 h 10)
Mme Blackburn: Oui, mais, écoutez, je regarde le tableau
qui est présenté en page 85: Bas-Saint-Laurent, 3,1 % à
1,9 %; le Saguenay, juste le Saguenay, 2,9 %, 1,8 % des investissements;
Abitibi-Témiscamingue, 2,3 % pour 1,5 % du budget; la Côte-Nord,
1,6 % pour 1 %. C'est la même situation dans toutes les régions,
indépendamment de la volonté des maires ou des instances
municipales en place. Là, ce que recommandait le rapport, c'était
un réajustement et un redressement de la situation et ce que je
constate, c'est que le budget de cette année vient renforcer la
tendance; il ne vient pas la diminuer, il vient la renforcer. Moi, vous savez,
je n'oppose pas le développement de Montréal au
développement...
Mme Frulla-Hébert: Ou de Québec.
Mme Blackburn: ...des régions. Je n'ai jamais fait
ça. J'estime même qu'on devrait penser plus régions
à Montréal - région sud, région nord - et on ne le
fait pas. Et ça, c'est un autre débat à faire, mais il
n'en demeure pas moins qu'avec le budget, pour la partie que je connais
actuellement, puis avec les informations que j'ai, vous renforcez la
tendance... Est-ce qu'il y a d'autres éléments de ce budget par
lesquels on va redresser un peu la situation? Je pense en particulier au
programme Musique et danse; il y a une augmentation de 2 300 000 $. Ça
passe de quelque 11 000 000 $ à quelque 13 000 000 $. Ça fait
quatre ans qu'il y a un moratoire sur l'enseignement de la musique dans les
régions et elles ont le même budget. Est-ce que l'augmentation de
2,3 % sera affectée à la formation musicale en région, en
priorité? Est-ce qu'on va lever ce moratoire-là?
Mme Frulla-Hébert: Si on regarde présentement au
niveau, évidemment, de tout ce qui s'appelle enseignement, enseignement
musical surtout, on travaille très fort, on est en discussion avec le
ministère de l'Éducation, au moment où on se parle.
Maintenant, quand on parie du budget des régions en
général, on passe de 128 000 000 $, en 1991-1992, à 133
000 000 $, en 1992-1993. Il faut aussi comprendre que certaines régions
au Québec, malgré tout, ont des projets qu'elles soutiennent ou
nous demandent de soutenir, mais qu'elles n'ont pas d'occasions peut-être
aussi fréquentes que d'autres régions qui contiennent des villes
peut-être plus importantes, ou dont le dynamisme, tout simplement
dû à la condition économique... Sept-îles, par
exemple, affiche un dynanisme extraordinaire à cause d'Alouette, r*onc
salle de concert, bibliothèque moderne, e'iC. Pourquoi? Parce que cette
région-là, au moment où on se parle,
bénéficie d'un dynamisme... Ce qui fait que les demandes viennent
aussi et, finalement, elles sont souvent acceptées et travaillées
de pair avec le ministère. Mais il y a d'autres régions
où, en termes de dynamisme, parce qu'il y a d'autres difficultés
ou d'autres défis dans ces régions-là, les demandes sont
un peu moins grandes. Mais on ne peut pas arriver sur un terrain non plus et
créer pour créer. Il faut absolument que les demandes aussi
viennent du milieu pour...
Mme Blackburn: Ma question était claire et précise,
là. Ça fait quatre ans qu'il y a un moratoire sur l'enseignement
de la musique...
Mme Frulla-Hébert: On regarde enseignement et musique.
Mme Blackburn: Quatre ans. Il y a une augmentation de 2 300 000 $
dans cette enveloppe. Est-ce qu'il y en aura une partie importante qui va aller
en région de manière à lever le moratoire sur
l'enseignement de la musique? Je vous écoute et je vous entends, mais je
peux difficilement partager votre vision des choses. Moins vous allez donner
d'argent dans les régions, moins elles seront en mesure de relever les
défis et, quand vous imposez un moratoire sur l'enseignement de la
musique et de la danse dans ma région, où il y a des projets pas
mal intéressants - à Chicoutimi en particulier - qui vous ont
été présentés, avec des briques comme ça qui
faisaient état de projets de développement en danse, qui auraient
pu être une première, ça n'a pas passé. Alors, quand
vous me dites ça, en même temps, je me dis que les gens se
découragent; ils ont fait ça, ils ont tenu cette
démarche-là à bout de bras. Là, tout ça,
c'est en train de s'écraser. Alors, il ne faut pas s'étonner que,
cette année, ils ne le représentent pas.
Mais le problème dans le développement régional,
c'est que plus on centralise les investissements, plus on vide les
régions, par découragement. Et, cette année, les conseils
régionaux de la culture, avec le budget actuel, il y en a trois qui vont
présenter un budget déficitaire parce qu'ils n'arrivent plus
parce que le télépho-
ne continue à augmenter, les coûts de logement continuent
à augmenter, les frais généraux fixes augmentent.
Qu'est-ce qu'ils font? Ils prennent des gens à temps partiel.
Après ça, on leur demande d'être bons. Ils ne peuvent pas
être bons dans ces conditions-là. Ils ne peuvent pas exceller
parce qu'ils sont toujours en train de tirer le diable par la queue. Vous
savez, j'ai de la difficulté. Là, je voudrais savoir: Dans cette
enveloppe-là, est-ce que la ministre a l'intention de privilégier
les régions?
Mme Frulla-Hébert: Au niveau des régions, comme je
vous dis, on a une... Et vous avez raison dans un sens. Ce n'est pas notre
intention non plus de priver les régions par rapport aux grands centres.
On a des pressions présentement. Pourquoi? Pour finir la construction
des projets déjà en cours. C'est fait. Maintenant, quand on parle
de l'enseignement de la musique, je dois vous dire que je ne peux pas vous
donner de réponse tout de suite parce que, encore là, on est en
train de regarder tout l'ensemble du dossier avec l'Éducation. On a de
la difficulté, c'est un dossier complexe. Parce que, d'un
côté, nous, aux Affaires culturelles, par notre engagement
auprès de professionnels, par notre engagement auprès, entre
autres, de nos grandes institutions que sont les conservatoires... Vous allez
me dire: Oui, mais les écoles alimentent les conservatoires. Moi, je
veux bien, là, excepté que c'est difficile pour nous aussi de
faire grandir l'enseignement de la musique versus, par exempte, un
ministère qui serait le ministère de l'Éducation - je vous
fais part de nos discussions parce qu'elles ne sont pas réglées -
qui, lui, a l'argent, les compétences, les infrastructures
nécessaires pour prendre en charge selon nos objectifs et les faire
grandir. C'est à peu près le genre de discussions que nous avons
avec le ministère.
Mais vous dire présentement que je lève le moratoire et
tout ça... Au moment où on se parle, on est en discussion et je
ne suis pas en mesure de vous donner la réponse. Et ce que je ne veux
pas non plus, c'est augmenter le nombre des écoles de musique
accréditées pour ensuite se retourner et dire: Bon, bien
là, on va partager avec ce qu'on a, mais avec encore plus et crever
celles qui fonctionnent et qui essaient. Je parle de l'Abitibi, je parle des
régions éloignées, je parle de la vôtre, bien
sûr.
Mme Blackburn: C'est ça. Mais, vous savez, cinq ans de
moratoire sur une question... Chez nous, ça a été
important, la musique, la danse. Vous connaissez la qualité des
écoles qu'on a chez nous...
Mme Frulla-Hébert: puis vous avez un conservatoire
très dynamique. on a participé d'ailleurs au concours et on va
participer encore plus fort.
Mme Blackburn: ...dans ces différents secteurs-là.
Et cinq ans de moratoire, ça veut dire qu'on a réussi à
tuer tout espoir chez ces gens-là d'un minimum de développement.
Ça ne se fait pas, écraser des régions comme ça. Je
vous dis: Si, au moins, on avait l'espoir qu'une partie de ces 2 300 000 $ sera
redistribuée dans les régions, déjà... Là,
vous me dites: On va maintenir le moratoire aussi longtemps qu'on ne se sera
pas entendus. Je ne suis pas trop heureuse. La région ne sera pas
très, très, très heureuse avec une telle réponse.
Pas seulement ma région mais toutes les régions du Québec,
parce que ça affecte toutes les régions du Québec.
Mme Frulla-Hébert: On a soutenu l'école de danse...
Malgré le moratoire, on a soutenu l'école de danse, me dit ma
sous-ministre, chez vous, et on continue de la soutenir, entre autres.
Mme Blackburn: l'école de danse de l'académie de
ballet? parce que des programmes d'aide au fonctionnement des écoles de
danse en région, fixes, statutaires, ça n'existe pas. ça
veut dire que ça existe, un projet à la pièce. alors,
est-ce que la ministre me dit qu'elle a l'intention de changer ça?
Mme Frulla-Hébert: Oui. Ça...
Mme Blackburn: J'ai des bons amis dans ce milieu-là. Ils
vont être très contents. Je vais leur adresser votre
réponse tout de suite.
Mme Frulla-Hébert: Mais je vais vous dire
honnêtement, au niveau de la...
Mme Blackburn: Vous me dites combien aussi.
Mme Frulla-Hébert: Non, non. Au niveau de notre
implication dans les régions, nous, notre objectif, ce serait
d'augmenter notre apport à la création, d'augmenter tout le
secteur créatif, le secteur formation, etc. Ça, c'est notre
objectif premier, honnêtement, au niveau des régions. Et
là, évidemment, il faut voir la part des choses et voir
maintenant ce que ça implique au niveau apport financier.
Mais je veux passer la parole, parce qu'on parle d'écoles de
danse et tout ça, je veux quand même passer la parole à M.
Lafleur qui s'est quand même beaucoup impliqué, et M. Lafleur est
responsable aussi de l'ensemble des dossiers à travers le Québec,
de tous les dossiers sectoriels.
Le Président (M. Gobé): Alors, si vous voulez vous
identifier pour la transcription, et vous pourrez prendre la parole
après.
M. Lafleur: Pierre Lafleur, ancien directeur du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je connais relative-
ment bien les dossiers là-bas. Le dossier auquel vous faites
référence, Mme la députée, c'est le dossier du
projet de formation supérieure en danse à Chicoutimi avec le
regroupement des différentes écoles.
C'est un dossier qui, effectivement, n'a pas été
présenté cette année. C'est un dossier qu'on doit
évaluer, nous, au ministère des Affaires culturelles, en fonction
aussi de la réalité du bassin de formation en danse au
Québec. Des écoles supérieures, à l'heure actuelle,
on en a une. C'est l'École supérieure de danse du Québec.
Tout le monde a pu savoir, par le biais des médias, les
différents problèmes auxquels l'École supérieure de
danse a été confrontée au cours de l'année
dernière. (21 h 20)
En ce qui concerne également le dossier de la formation en danse,
en 1989, quand Mme Bacon lançait le plan de formation supérieure
en danse, mandatait l'École supérieure de danse sur une
série d'«attendus», il y avait un «attendu» qui
consistait à l'évaluation des écoles de danse sur le
territoire. On privilégiait, en premier lieu, trois régions, dont
la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les rapports d'évaluation
des écoles devaient être déposés il y a cinq mois
mais, dans le contexte conflictuel qu'on a pu connaître à
l'École supérieure de danse, cette opération est
retardée de quelques mois pour la bonne et simple raison que le porteur
du dossier de l'École supérieure de danse a
démissionné de l'École. On en est là pour
l'instant. Alors, c'est donc un dossier à reprendre, mais par force
majeure, compte tenu de circonstances qu'on ne pouvait pas contrôler.
Mme Blackburn: Et en raison d'un certain nombre de
difficultés qu'ils éprouvent année après
année à survivre et à bout de bras. Dans la région,
en matière d'écoles de danse, ce sont deux écoles - je
pense particulièrement à celles qui sont dans mon comté -
particulièrement performantes et qui ont formé des
élèves qui ont percé sur le plan international. Ce n'est
pas rien, faire ça dans une région comme la nôtre. Il me
semble que ça mérite un minimum de reconnaissance et il ne faut
pas les laisser poireauter trop longtemps.
Sur une tout autre question, en 1991-1992, le ministère avait
conservé le programme d'Aide aux équipements culturels mineurs,
sans émettre de budget. On a déjà eu quelque 50 000 $ qui
étaient gérés par la région. Est-ce que, cette
année, il y a quelque chose dans cette enveloppe-là?
Mme Frulla-Hébert: Oui, oui, il y a encore des fonds au
niveau de l'aide au développement mineur de l'ordre de 2 200 000 $,
d'une part. Alors, ça, évidemment, c'est pour les petits
équipements, c'est pour des systèmes de son, des choses comme
ça, pour aider.
Le Président (M. Gobé): Avez-vous terminé,
Mme la députée?
Mme Blackburn: J'aurais eu une autre question, mais je pense
qu'on pourrait y revenir.
Le Président (M. Gobé): Sur le même... Oui.
C'est parce que notre collègue, le député de Drummondville
- un haut lieu culturel d'ailleurs, au Québec, comme tout le monde le
sait - veut poser une question à Mme la ministre.
M. Boulerice: Même mondial, dit-on.
Mme Blackburn: Sur la mise en valeur du patrimoine.
M. St-Roch: Non, c'était en complémentaire à
la réponse qu'on a faite à Mme la députée de
Chicoutimi. On a dit qu'il y avait trois régions qui étaient
privilégiées. On a mentionné Chicoutimi. J'aimerais
connaître les deux autres, s'il vous plaît.
M. Lafleur: L'Outaouais et la région de Québec,
compte tenu de la tradition qui existe en danse dans ces
régions-là.
Mme Frulla-Hébert: Danse classique, s'entend. Le folklore,
c'est évidemment Drummondville qui...
M. St-Roch: On a du classique aussi, Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Oh! excusez-moi.
M. St-Roch: Une école qui a 30 ans d'existence,
d'ailleurs.
Le Président (M. Gobé): Alors, êtes-vous
satisfait, M. le député de Drummond? Est-ce que nous passons
à vous, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques ou si
nous continuons avec Mme la députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Non, ça va, j'ai terminé, M. le
Président. Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): Ça va pour
l'instant, oui? Quand vous voudrez, vous me ferez signe, si vous voulez parler.
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui. Alors, M. le Président, la question que
je vais poser à la ministre est fort simple: Pourquoi n'a-t-elle pas
choisi de se prévaloir de l'article 15 de la Loi sur les biens culturels
pour reconnaître la collection Lavalin comme Dien culturel, afin
d'empêcher son démantèlement par sa vente aux
enchères à Toronto?
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, est-ce
que la collection Lavalin a été mise aux enchères
à Toronto? Non.
M. Boulerice: Elle n'est pas aux enchères, mais si la
ministre a...
Le Président (M. Gobé): Madame, peut-être
pourrions-nous laisser M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
aller au fond de sa pensée, parce que peut-être allait-il
préciser...
Mme Frulla-Hébert: Allez-y donc.
Le Président (M. Gobé): ...exactement l'essence de
sa question.
M. Boulerice: La collection, effectivement, n'est pas mise
à l'enchère à Toronto, sauf qu'elle appartient au groupe
immobilier Marathon, et ce serait forcément à Toronto puisque,
à Montréal, malheureusement, le marché s'effondre; il
s'effondre également à Toronto; remarquez qu'il s'effondre
à peu près dans toutes les grandes capitales, sauf qu'il n'y a
rien de fait à date. Alors, s'il y a beaucoup, je serais heureux de
l'entendre et, maintenant, s'il y a beaucoup, est-ce que la ministre va nous
dire que les pièces maîtresses de cette collection seront
bientôt propriété de l'État et, si oui, dans quel
musée allons-nous les retrouver? J'aimerais bien savoir où nous
pourrons admirer ces pièces.
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, il a deux
évaluations qui ont été réalisées, deux
évaluations faites d'abord indépendamment par des
«galeristes». Il fallait évaluer la collection. Ensuite, il
y a eu des échanges qui se sont amorcés avec les
représentants des créanciers, c'est-à-dire le syndic de la
faillite, ce qui n'était pas une mince affaire, parce que vous savez
comme moi qu'il y a sept banques impliquées dans cette faillite.
Maintenant, à un moment donné, on ne savait plus qui était
propriétaire de quoi. Alors, à cause de la complexité de
l'ensemble du dossier, une complexité juridique, artistique aussi,
dû au précédent que constituait cette faillite,
évidemment, il a fallu trouver les Interlocuteurs valables. De notre
point de vue à nous, un, le dossier chemine très positivement.
J'ai toujours la possibilité dans les mains de déposer un avis de
classement. Mais, au moment où on se parle, à cause des
négociations que nous avons avec les banques, ce n'est pas
nécessaire. Si jamais la situation s'avère nécessaire,
parce qu'on veut, justement, vendre les collections aux enchères, les
sortir du Québec, je déposerai l'avis. Mais, dans le moment, ce
n'est pas nécessaire. On préfère négocier avec les
banques. On préfère convaincre aussi les banques ou certaines
banques de tout simplement bénéficier de certains avantages qui
existent, d'avantages fiscaux qui existent, et de remettre cette collection
à un musée - et, finalement, si on nous demande notre avis, nous
le lui suggérerons. Alors, on est en train de négocier. Le
dossier devrait se régler, je l'espère en tout cas, très
bientôt, mais c'est quand même un dossier extrêmement
complexe. L'État ne deviendra pas propriétaire des tableaux, non,
au moment où on se parle. Mais il n'y a pas de... En tout cas, comme je
vous dis, les négociations se font de telle sorte que les intervenants
ou, enfin, ceux qui possèdent la collection semblent
intéressés à bénéficier, justement, des
avantages fiscaux et, peut-être en tout cas, à céder cette
collection à un musée que nous aimons bien tous les deux. Les
discussions ne sont pas finalisées. Si jamais les discussions achoppent,
j'émets l'avis d'intention.
M. Boulerice: Bravo! Alors, je m'aperçois que la ministre
a à la fois compris, mais pas tout à fait compris le sens de mon
intervention. Quand j'ai dit que l'État en devenait propriétaire,
c'était justement dans l'optique...
Mme Frulla-Hébert: Du musée.
M. Boulerice: ...madame, de vous faire dire que, lorsque l'on
donne à un musée national, donc ça devient les choses de
la nation, donc de l'état.
Mme Frulla-Hébert: Voilà, en ce sens-là,
oui, mais ce que je voulais dire, c'est...
M. Boulerice: En ce sens-là, oui.
Mme Frulla-Hébert: ...qu'on n'achètera pas la
collection.
M. Boulerice: On sait fort bien que les modes de compensation
pour générosité, lorsqu'il s'agit de
mécènes, sont beaucoup plus avantageux lorsqu'il s'agit de donner
à un musée national qu'à un musée privé.
Mme Frulla-Hébert: Exactement. Et les compensations se
font aussi à deux niveaux, c'est-à-dire au niveau
fédéral et au niveau provincial.
M. Boulerice: Ah! oui, je suis bien d'accord. Or, il n'est pas
question, vous comprendrez comme moi, qu'on donne ça à un
musée national, dans le sens canadien de «national». C'est
une dimension que...
Mme Frulla-Hébert: Je vous ai très bien saisi.
M. Boulerice: ...je ne peux absolument pas acheter. Je serais
déçu que la ministre aille dans ce sens-là. Vous me dites:
Bientôt. C'est un mot fort galvaudé,
«bientôt».
Mme Frulla-Hébert: Non. Habituellement, on est assez
diligents. Mais quand on fait affaire avec quatre banques canadiennes, une
banque allemande, une banque sud-asiatique et deux japonaises, la seule chose
que je peux vous dire, c'est «dans un avenir le plus rapproché
possible», surtout qu'il y a des événements qui font en
sorte que nous aimerions bien régler bientôt. Encore une fois,
tout dépend des négociations. Mais je le dis, par exemple, si les
négociations achoppent - depuis le temps, là - j'émets
l'avis d'intention. Ça, c'est certain, la collection ne sortira pas du
Québec.
M. Boulerice: Enfin. Vous conviendrez avec moi que, si ça
pouvait se régler avant le 27 mai, ce serait une date qu'on
apprécierait mutuellement.
Mme Frulla-Hébert: Ce serait agréable.
M. Boulerice: Ce serait très agréable,
effectivement.
Une voix: ...mais on ne sait pas quelle année.
M. Boulerice: Pardon? Je précise bien 1992. Maintenant,
toujours dans Soutien aux fonctions culturelles, puisqu'on vient parler de la
collection Laval in et qu'on parle d'arts plastiques, il y a une volonté
manifeste, surtout - je dis de la relève, c'est un mot que je n'aime pas
- disons, de la continuité de vouloir se prendre en main, se prendre en
charge, non pas au niveau de la création, elle est excellente, mais
disons au niveau de la facilité d'exercer cette création. (21 h
30)
II y a un projet fort intéressant qui est un projet
d'établissement d'ateliers autogérés pour artistes, un
projet, d'ailleurs, suffisamment intéressant pour que la CIDEC de
Montréal accepte de subventionner l'étude de faisabilité.
La CIDEC a accepté, le ministère des Communications
fédéral, canadien a accepté. Donc, à eux deux ils
fourniront 75 % de ces frais d'étude. Il manque 5000 $ pour
réaliser une étude qui pourrait nous amener dans une avenue
très intéressante pour ce qui est des jeunes créateurs et
des jeunes créatrices. Il ne manque que 5000 $. Ces 5000 $ ont
été demandés au ministère des Affaires culturelles
du Québec, et le ministère des Affaires culturelles du
Québec répond: Non. Je vous avoue que quand on a un projet dont
la qualité est reconnue par le niveau municipal et le niveau
fédéral, je m'inquiète que le ministère, je vais
l'appeler «national», réponde non. Et surtout que c'est un
projet somme toute raisonnable dans sa demande, mais drôlement important
si on devait trouver une avenue. Alors, vous allez me régler ça
tout de suite? Je suis très heureux parce que je vais composer le
661-8000.
Mme Frulla-Hébert: C'est parce que ce que vous demandez...
C'est L'Oreille recousue, ça? Est-ce que c'est ça. C'est dans
votre comté, ça?
M. Boulerice: Effectivement, le Centre de production et diffusion
arts actuels, L'Oreille recousue.
Mme Frulla-Hébert: Oui, la réponse a
été négative tout simplement parce que ça n'entre
nulle part dans les programmes pour une étude de
préfaisabilité. Mais, parce que c'est quand même un projet
qui est valable, qui est aussi novateur, alors je répondrai
favorablement, moi-même personnellement, à votre demande.
M. Boulerice: Merveilleux! Je vous remercie.
Mme Frulla-Hébert: On ne peut pas faire ça pour
tous.
M. Boulerice: Toujours dans Soutien aux fonctions culturelles...
M. le Président, je suis heureux de saluer ce renversement de
présidence. Je suis encore aujourd'hui à me demander s'il n'y a
pas des éléments de géopolitique dans les
appréciations. J'ai appris, avec beaucoup de joie, que le Centre
canadien d'architecture, situé dans la circonscription de Saint-Louis a
eu son accréditation. Et je l'en félicite, je pense qu'il le
méritait bien. J'ai appris avec bonheur que mon collègue,
député du parti ministériel pour la circonsciption de
Saint-Hyacinthe, avait obtenu l'accréditation de son
écomusée - enfin, votre musée, c'est dans la notion
d'écomusée, votre musée. S'il vous plaît! Je vous en
prie. Si vous ne savez pas quel musée a été
accrédité chez vous...
M. Lemire: On en veut un, mais on ne sait pas lequel.
Une voix: Est-ce que tu parles du Centre... M. Boulerice:
C'est ça. Une voix:...
M. Boulerice: Ah bon! Mais comment se fait-il qu'il en existe
encore un autre qui, lui, a l'immense avantage d'être dans la
circonscription de Sainte-Marie-Saint-Jacques, et qui attend, et qui attend, et
qui attend toujours, et qui désespère, alors qu'on lui a fait
reprendre étude pardessus étude? Vous savez, ça me fait un
peu penser à cette gravure de Daumier sur les plaideurs, où
l'accusé demande à l'avocat: Comment va ma cause? Et il dit: Elle
marche, elle marche. Et il lui répond: Bien, au rythme où elle
va, je vais user mes chaussures.
Mme Frulla-Hébert: Je pense que j'ai été
claire aux engagements financiers. Je pense que,
plus clair que ça, tu meurs! Honnêtement, là! Le
CCA, c'était un dossier attendu et qui était très
clair.
M. Boulerice: Je vais répondre par la phrase de Boris
Vian, madame: «Ceux qui me disent: Je me tue à vous l'expliquer,
je les laisse mourir».
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Frulla-Hébert: Et je ne veux pas mourir avec mes
explications, mais au niveau du... D'abord, premièrement: est-ce qu'il y
a eu de la géopolitique? Il faut aussi dire qu'ici au Québec il y
a deux comtés qui bénéficient de la majorité de la
manne du ministère des Affaires culturelles, c'est le comté de
Saint-Louis et le comté de Salnte-Marie-Salnt-Jacques. Alors,
déjà en partant, il faut mettre ça clair.
Deuxièmement, au niveau de l'écomusée du
fier-monde, aux engagements financiers, j'ai mis sur table nos exigences. Je
pense que c'a été très clair. Maintenant, je vous avais
dit aussi que, à partir du 3 avril, il y avait des rencontres avec les
gens du ministère, etc. Alors, ça va me faire un très
grand plaisir. Nous avons le responsable avec nous, d'ailleurs, celui qui tient
ces gens-là par la main, M. Fortin. Lui-même va faire état
des rencontres et ce que nous avons eu...
M. Boulerice: Vous avez fait une longue promenade avec eux, M.
Fortin.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Frulla-Hébert: ...depuis les engagements
financiers.
Une voix: Oui, très longue.
M. Fortin (Robert): Vous n'avez pas d'autres dossiers dans le
comté?
M. Boulerice: Ah! si vous voulez ma liste d'épicerie, M.
Fortin, nous allons veiller tard, quoique la soirée est jeune.
M. Fortin: Effectivement, suite...
Le Président (M. Forget): Voulez-vous vous identifier, M.
Fortin?
M. Fortin: Robert Fortin, directeur à Montréal.
Effectivement, suite aux engagements de Mme Hébert lors de votre dernier
entretien à l'effet de continuer d'exiger certaines démarches de
la part des promoteurs de l'écomusée du fier-monde, à
savoir de poursuivre le développement de leur projet d'équipement
et d'effectuer des démarches de consolidation de leur organisation,
notamment par la recherche de partenaires financiers, soit au niveau des
centrales syndicales comme au niveau de l'appui déjà
manifesté par l'Université du Québec à
Montréal, nous avons rencontré encore à quelques reprises
- dont une rencontre, le 9 mars, qui avait été annoncée
lors des engagements financiers, entre la sous-ministre et moi-même et
les promoteurs du projet pour leur réitérer
l'intérêt...
M. Boulerice: M. le Président, une question de
privilège.
Le Président (M. Forget): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Ça m'est extrêmement difficile
d'entendre les explications que me donne M. Fortin. Je vous prierais de
demander à mes collègues de...
Le Président (M. Forget): Voici, Mmes et MM. les
députés, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
demande votre attention.
M. Fortin: Donc, rencontre du 9 mars pour réitérer
l'intérêt du ministère par rapport au projet et
réitérer les démarches attendues de l'organisme au niveau
de son projet d'équipement, comme au niveau de la consolidation de son
organisation. Les promoteurs se sont montrés satisfaits de ces exigences
ou de ces démarches requises qui avaient été
annoncées par Mme la ministre au moment des engagements financiers.
L'appui du ministère leur a été confirmé par une
lettre de Mme la sous-ministre qui a manifesté cet appui pour faciliter
les démarches du promoteur. Donc, ces démarches-là sont en
cours par le promoteur, et le projet avance au rythme du promoteur.
M. Boulerice: Êtes-vous en train de me dire, M. Fortin...
Au départ je sais que vous avez établi, avec les gens de
l'écomusée, un dialogue extrêmement fructueux. Ils voient
en vous, enfin, dans les interventions, vraiment une relation d'aide. Je ne le
dis pas pour vous flatter, c'est les échos qu'ils me donnent. Si vous
étiez mauvais, rassurez-vous, je ne me gênerais pas pour le dire,
mais c'est les commentaires qu'ils me donnent. Êtes-vous en train de me
dire là, parce que, bon, moi, je pousse sur vous, qu'il va falloir que
je les convoque, comme tout bon député autoritaire, et que je
pousse un peu sur eux autres?
Mme Frulla-Hébert: Je pense que c'est ce que M. Fortin est
en train de vous dire.
M. Boulerice: Bon, alors, les mots pour le dire viennent
aisément.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Non, mais je pense qu'on le
souhaite. J'ai eu le plaisir, d'ailleurs, d'en discuter avec les gens
des centrales syndicales, récemment. Je pense que ça peut
être un acquis extrêmement profitable pour l'est de
Montréal. Il faut faire attention. Au niveau des institutions
culturelles, Sainte-Marie-Saint-Jacques n'est pas gâté.
D'ailleurs, le premier geste de ce gouvernement a été de nous
enlever une institution culturelle qui était la maison de l'Orchestre
symphonique de Montréal. Il y a beaucoup d'organismes culturels, mais au
niveau des institutions, ce n'est pas l'abondance, maintenant.
Mme Frulla-Hébert: Elle est où?
M. Boulerice: Pardon?
Mme Frulla-Hébert: Où est-elle maintenant?
M. Boulerice: La maison de l'Orchestre symphonique était
au coin de Berri-UQAM, madame.
Mme Frulla-Hébert: Où est-elle
présentement?
M. Boulerice: Pardon? Elle n'est nulle part, madame.
Voilà! Mais je me doute que quand elle sera...
Mme Frulla-Hébert: Vous ne l'avez pas perdue.
M. Boulerice: Je l'ai perdue parce que, là, c'est un parc.
Je livrerai mon appréciation de ce parc à un autre endroit et
à un autre moment.
Le Président (m. gobé): mais, si je me souviens, la
maison de l'osm n'est-ce pas l'ancien premier ministre qui avait fait la
première pelletée de terre avant les élections?
M. Boulerice: Ma collègue, la députée de
Chicoutimi...
Le Président (M. Gobé): C'est M. Lévesque
lui-même qui vous l'avait enlevée.
M. Boulerice: Non, non, je m'excuse. M. Lévesque, avec M.
le maire Drapeau, dont je vous sais nostalgique...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: M. le premier ministre Lévesque et M. le
maire Drapeau avaient fait la pelletée de terre, j'étais
présent d'ailleurs...
Le Président (M. Gobé): Où ça?
(21 h 40)
M. Boulerice: Berri-UQAM, je vous le rappelle. Ça a
été - je vais employer un terme vulgaire, mais ça
décrit le geste - scrapé, comme on dit en bon
québécois, par la vice-première ministre, ministre des
Affaires culturelles. Ma collègue, la députée de
Chicoutimi me rapelle, avec beaucoup de pertinence, qu'on a sacrifié un
deuxième projet, qui était la maison des sciences et de la
technologie, qui devait occuper l'emplacement de ce qu'il était convenu
d'appeler, à l'époque, le Palais du commerce. Je me souviens,
d'ailleurs, que celui que j'ai défait dans cette circonscription, qui
était un député libéral, M. Viau, avait voté
contre, d'ailleurs, un autre projet d'écomusée, celui-ci
situé sur l'île Sainte-Hélène. C'était cette
esoèce de ferme...
Le Président (M. Gobé): Ce n'est plus dans votre
comté, là.
M. Boulerice: Voilà! On n'est pas gâté. Donc,
vous me dites que, dans le cas de l'écomu-sée, il faudrait...
M. Fortin: Une des démarches qu'on a faites, on a
contacté l'Association québécoise du patrimoine industriel
pour lui demander d'apporter son appui - quand je parle d'appui, c'est un appui
vraiment technique - au dossier. L'Association s'est montrée
intéressée. En plus, on a bien confiance aux résultats de
l'étude en cours, financée conjointement par le ministère
et la ville de Montréal, pour la faisabilité du projet
d'équipement. On a bien confiance que cette étude-là va
apporter les réponses à la faisabilité réelle du
projet.
Mme Frulla-Hébert: Permettez-moi d'ajouter, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Oui. Je vous en prie,
madame.
Mme Frulla-Hébert: Ce qui m'inquiète un peu, c'est
ce que M. Fortin laissait sous-en-tendre. C'est que, dans un sens, on est bien
prêt à apporter de l'aide et, vous, vous êtes constamment en
train de pousser et d'apporter de l'aide, mais il faut quand même
réaliser que le promoteur, quand il aura cet équipement dans les
mains, bien, c'est quand même un équipement à faire
fonctionner, à gérer, etc. Alors, il faut être aussi
certain de ses capacités à le faire.
Équipements culturels financés par le
service de la dette
M. Boulerice: À suivre, mais en mettant le point
après «suivre». Voilà! Toujours dans le programme 2,
l'élément 5, M. le Président - c'est dans le budget -
Service de la dette. J'aimerais savoir à combien s'élève
le budget d'ensemble prévu pour les projets d'équipements
culturels financés par le service de la dette en 1992-1993, ceci
incluant les plans d'accélération. Est-ce que c'est 62 000 000 $
par rapport à 107 600 000 $
en 1991-1992? Si oui, pourquoi y a-t-il un écart aussi grand?
Mme Frulla-Hébert: Au niveau du service de la dette, on va
déposer notre plan triennal dans les prochaines semaines et on a
toujours la réponse, au niveau du Trésor, du service de la
dette... L'année passée, c'était au début de
juillet. Mais votre question, encore?
M. Boulerice: Bien, c'est ça. Le budget prévu pour
les projets d'équipements sont financés, en 1992-1993, mais
incluant les plans d'accélération. De ce que j'ai lu, est-ce que
c'est 62 000 000 $ par rapport à 107 000 000 $ en 1991-1992? Ça
semble être moins.
Mme Courchesne: Notre budget, quand on parle du service de la
dette, c'est le remboursement de capital et intérêts, on s'entend,
sur les projets passés. Donc, cette année, on est
hypothéqué de ces montants-là pour les projets qu'on a
construits. Ce qu'on aura à dépenser au service de la dette, en
engagements au service de la dette pour l'année 1992-1993, nous
n'obtenons notre enveloppe qu'au mois... Habituellement, c'est à la fin
de juin ou à la mi-juillet, à la suite du dépôt de
notre plan triennal d'immobilisations au Conseil du trésor et de
l'approbation de notre plan par le Trésor.
M. Boulerice: vous répondez par voie de
conséquence. pour ce qui est des projections de 1992-1993, pour le
financement de nouvelles initiatives...
Mme Frulla-Hébert: II n'est pas encore
déposé.
M. Boulerice: ...il n'est pas encore déposé.
Programme 3, élément 3.
Le Président (M. Gobé): M. le député.
Institutions nationales
Conservatoire de musique et d'art dramatique du
Québec
M. Boulerice: Quand on regarde les crédits de 1991-1992 en
parallèle avec ceux de 1992-1993, on s'aperçoit qu'il y a une
diminution de 148 000 $ au budget du réseau des conservatoires. Alors,
la question: Est-ce que la ministre peut nous confirmer que le mandat des
conservatoires d'art dramatique et de musique ne sera nullement remis en
question par l'énoncé de politique?
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: Ça va bien. Et est-ce qu'elle peut faire le
point sur la concertation inter- ministérielle qui avait
été envisagée au chapitre de la formation artistique,
c'est-à-dire le mandat, l'échéancier?
Mme Frulla-Hébert: La concertation
interministérielle est en cours. Évidemment, le mandat des
conservatoires n'est nullement mis en cause. Maintenant, ce que nous voulons et
visons, et ça fait partie aussi de l'ensemble du dossier de
l'enseignement musical, c'est de voir comment non seulement on peut, je dirais,
faire grandir les conservatoires, oui, mais aussi dynamiser, si on veut, le
rôle et la présence des conservatoires dans chacun de leur milieu.
Alors, c'est l'exercice que nous faisons présentement avec les gens des
conservatoires, l'Enseignement supérieur d'une part, et
l'Éducation.
Ce qui n'est pas simple, c'est qu'au niveau de l'enseignement
supérieur, par exemple, au niveau de leur structure, les
universités forment des étudiants, que ce soit en musique, en art
dramatique, ils en forment 14 000 et, d'un autre côté, la
structure en elle-même n'est pas prête, n'est pas faite, je dirais,
présentement, pour inclure, si on voulait, les conservatoires, de telle
sorte qu'ils auraient un rôle synergétique avec ce qui se passe
dans les universités, et c'est ce qu'on est en train de regarder
ensemble. Mais ça, c'est tout un changement de structure et de
mentalité. Chose certaine, c'est que le conservatoire, comme lieu
d'excellence, n'est pas remis en cause, pas du tout.
M. Boulerice: Justement alors, puisqu'on parle de lieu
d'excellence, dans la liste des contrats de moins de 25 000 $, il y en a eu un
de donné pour dresser un portrait socio-économique des finissants
des conservatoires d'art dramatique.
Mme Frulla-Hébert: On va demander à M. Doré.
On pourrait probablement regarder où est-ce que...
M. Boulerice: C'est réalisé par Jean Joli-coeur et
associés, 370, rue Rachel est. Je vous préviens, ça, c'est
dans Saint-Louis et non pas dans Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Une voix: Quelle page? M. Boulerice: Page 42.
Mme Frulla-Hébert: Ma sous-ministre m'informe que c'est
une firme de sondage, une firme où on achète des banques de
données, des statistiques, et ce, régulièrement. C'est un
contrat qui a été donné par le Conservatoire
même.
M. Boulerice: Oui, mais il est produit, ce rapport, ce portrait
socio-économique des finissants.
Mme Frulla-Hébert: Oui, ça, ça fait partie
des banques de données des conservatoires mais souvent, à notre
service de recherche, on se sert de ces banques de données. Maintenant,
si vous êtes intéressé, on peut tout simplement le
produire. C'est public. Il n'y a pas de problème.
M. Boulerice: Bon. La diminution du budget est de 148 000 $.
Est-ce que c'est attribuable à une réduction du personnel
enseignant?
Mme Frulla-Hébert: C'est 2 % des effectifs. En fait,
mesure gouvernementale applicable sur tous les organismes administratifs. C'est
de l'attrition. On parle aussi beaucoup d'attrition.
Organismes-conseils et sociétés
d'État Bibliothèque nationale du Québec
M. Boulerice: Programme 4, Bibliothèque nationale du
Québec.
Mme Frulla-Hébert: M. Sauvageau est avec nous si... (21 h
50)
M. Boulerice: Oui, j'ai cru reconnaître, effectivement, M.
Sauvageau. Essentiellement, la Bibliothèque nationale est dans cinq
édifices. On n'a pas besoin de faire état de la situation. Je
pense que c'a été fait à la commission parlementaire, en
avril dernier. Le 1er avril même, d'ailleurs, vous avez annoncé
l'adoption, sous peu, d'un décret par le Conseil des ministres pour un
projet de 40 000 000 $ prévoyant la construction de deux
édifices. Le projet a forcément franchi les étapes
habituelles d'approbation: le Conseil du trésor, le comité
ministériel, le Conseil des ministres, à moins que ça
n'ait été la raison pour laquelle vous avez dû nous quitter
précipitamment tantôt. Le premier édifice sera
aménagé au coin de Bleury et De Maisonneuve. Le second serait
aménagé à l'est, rue... La rue Létourneux?
Mme Frulla-Hébert: C'est ça.
M. Boulerice: Létourneux et... Mh, d'accord. O.K. Je vois.
Est-ce que le décret a été adopté?
Mme Frulla-Hébert: Signé et envoyé au
Conseil du trésor.
M. Boulerice: L'échéancier prévu, quel
est-il pour ce qui est des plans et devis, la construction,
l'aménagement des locaux? On calcule quand même que ce projet est
en attente depuis bien des années.
Mme Frulla-Hébert: Au moment où on se parie, le
dossier est signé. En fait, on a procédé, avec la
Bibliothèque nationale, à tout finaliser. On s'aperçoit
même que dans ce dossier, éven- tuellement, c'est-à-dire
à moyen terme et à long terme, c'est sûr que l'on
ménagera ensuite, on sauvera des coûts. Donc, là, c'est
acheminé au Conseil du trésor pour analyse par le Conseil du
trésor, et on part de là.
Régie du cinéma
M. Boulerice: D'accord. Élément 3, qui est
l'entrée en vigueur de la loi 117, c'est-à-dire la Régie
du cinéma qui devait mandater... Quel est le bilan de l'entrée en
vigueur, le 1er janvier, des dispositions de la loi 117 relatives à la
réduction des délais de 60 à 45 jours pour le doublage
d'un film en version originale anglaise?
Mme Frulla-Hébert: Au niveau des conséquences... M.
Boucher est-il ici?
Une voix: Oui, il est là, en arrière.
M. Boulerice: Est-ce qu'il y a un suivi particulier qui a
été fait?
Mme Frulla-Hébert: Quand on parle de l'Institut... Le
voilà! Finalement, vous avez remarqué qu'au niveau des
cinémas, au niveau de la classification même dans les journaux,
c'est mis en application. Au niveau du classement vidéo, ça sera
mis en application d'ici... On parte de juin ou juillet. Juillet.
M. Boulerice: Vous aviez parlé du 15 juin. Mme
Frulla-Hébert: Le 15 juin?
M. Boulerice: On ne se battra pas pour deux semaines.
Mme Frulla-Hébert: Pour, justement, donner le temps, les
réajustements, si on veut, aux clubs vidéo. La Régie a
procédé à l'embauche d'analystes ou, enfin, de personnes,
justement, pour faire le classement. Ce projet-là a
nécessité des fonds mais, par contre, s'autofinancera,
finalement, par la suite. Maintenant, M. Boucher peut parler de tableaux et du
français à l'écran, si on veut.
M. Boulerice: C'est ça. La question, c'est: Est-ce qu'il y
a un suivi particulier qui a été fait?
Le Président (M. Gobé): Je vous demanderais de vous
identifier: nom, prénom, fonction.
M. Boucher (Bernard): Bernard Boucher, secrétaire
général de l'Institut québécois du
cinéma.
Le Président (M. Gobé): Et vous pouvez parler.
M. Boucher: En fait, ce que je peux vous
dire, c'est qu'il y a deux sources d'information. Les données de
1991 ne sont pas actuellement disponibles, compte tenu du traitement qu'on doit
faire à la Régie du cinéma dans la fusion des banques de
données en provenance de la Régie, en provenance du Bureau de la
statistique du Québec. Par contre, si on observe les chiffres, par
exemple, fournis par le BSQ - le Bureau de la statistique - sur les projections
en langue française au Québec au cours de la dernière
année, 1991, on a observé une augmentation. Donc, on peut dire,
les projections étant un des indicateurs principaux de mesure de la
présence du français à l'écran, qu'en ce
sens-là il y a eu amélioration. Il y avait un pourcentage qui
était passé, de 1989 à 1990, de 58 %, je crois, à
62 %. Si tout ça se maintient, d'après les premières
indications données par le BSQ, on pourrait dire qu'il y a au moins un
maintien de la place du français, une place relative, si...
M. Boulerice: D'accord.
M. Boucher: ...ça vous éclaire.
M. Boulerice: Et pour ce qui est du doublage, on a fait une
réduction du délai de 60 jours à 45 jours, à partir
du 1er janvier. Est-ce qu'il y a une espèce de suivi particulier?
M. Boucher: Oui. Déjà, pour l'année 1990,
les chiffres publiés en 1991 démontraient que la moyenne
était rendue à 33 jours - de mémoire. Le président
de la Régie disait déjà qu'après les deux premiers
mois de l'année 1992 on observait une réduction du délai,
je crois, à 21 jours. Et le nombre de films doublés au
Québec avait augmenté en 1991, selon les informations obtenues
auprès des maisons de doublage.
M. Boulerice: Et pour ce qui est des distributeurs, de respecter
le délai de 45 jours, il n'y a pas de problèmes majeurs?
M. Boucher: Non. Ça ne semble pas poser de
problèmes jusqu'à présent.
M. Boulerice: D'accord. Ça va. Je vous remercie.
Le Président (M. Gobé): D'autres questions sur cet
élément, M. le député? Vous voulez passer à
l'élément suivant?
M. Boulerice: Passons à l'élément
suivant...
Le Président (M. Gobé): C'est le 6.
Une voix: Élément 5.
Le Président (M. Gobé): Ah, le 5.
Société de la Place des Arts et
Société du Grand Théâtre de Québec
M. Boulerice: L'élément 5, la Place des Arts, le
Grand Théâtre de Québec. Lors de leur comparution à
la commission parlementaire sur le rapport Arpln, la Société de
la Place des Arts et celle du Grand Théâtre de Québec ont
respectivement demandé des modifications à leur loi constitutive
pour permettre de conserver leurs surplus budgétaires afin de les
réinvestir dans le soutien de nouvelles productions. Et la Place des
Arts, en 1988, elle, créait un fonds de production dont le but
était de permettre, justement, la création d'oeuvres
québécoises, mais les dispositions de la loi ne le lui permettent
pas. Le Grand Théâtre, lui, en vue d'assurer une plus grande
stabilité financière, recommandait dans son mémoire que la
Loi sur la Société du Grand Théâtre de Québec
soit amendée de façon à lui permettre de conserver ses
surplus budgétaires. Je pense que la ministre a deviné la
question. Est-ce qu'elle entend donner suite aux demandes des
sociétés de la Place des Arts et du Grand Théâtre de
Québec d'amender les lois constitutives?
Mme Frulla-Hébert: Oui. Nous travaillons d'ailleurs avec
les deux organismes pour analyser d'abord la loi et, finalement, amender
éventuellement cette loi en fonction de réinvestir certains
profits à la production même. Encore là, si possible, parce
qu'il faut faire quand même toutes les démarches
préalables, on aimerait bien pouvoir amender cette loi en 1992-1993, au
cours de l'année prochaine.
M. Boulerice: La Place des Arts, elle, le veut pour une fonction
très spécifique. Un fonds de production.
Mme Frulla-Hébert: Un fonds de production.
M. Boulerice: Le Grand Théâtre, lui, dit que c'est
pour une plus grande stabilité financière.
Mme Frulla-Hébert: J'aime beaucoup l'idée du fonds
de production.
M. Boulerice: Je vous avoue que j'aurais
préféré que le Grand Théâtre me parle d'un
fonds de production lui aussi. Mais, de toute façon, au niveau de
l'écriture, je ne pense pas que ce soit une loi extrêmement
difficile à refaire.
Mme Frulla-Hébert: Non, mais il y a certains
intervenants...
M. Boulerice: Là, vous me dites: 1992-1993.
Mme Frulla-Hébert: Bon, finalement, il y a le
dépôt de la politique et la mise en place de
certaines structures. Alors on se donne quand même une certaine
marge de manoeuvre en 1992-1993. Et puis il y a aussi certains intervenants.
Vous savez comme moi qu'il va y avoir des négociations à faire
avec le Conseil du trésor et le ministre des Finances. Il n'y a pas
à sortir de là. Parce que, au moment où on se parle,
ça va dans le fonds consolidé. Alors il faut avoir toute
la...
M. Bouierice: Oui. C'est ça, la saisie d'une bonne
gestion.
Mme Frulla-Hébert: Oui. Alors, il faut avoir toute la
démonstration, il faut faire toute la démonstration. Alors, c'est
pour ça que...
M. Bouierice: Vous êtes en train de me dire que le
ministre, président du Conseil du trésor, n'est pas
réceptif à des arguments...
Mme Frulla-Hébert: Non, non. Au contraire. Excepté
qu'on est en train de travailler, donc, on n'a rien de tangible. Finalement, on
n'a aucun outil vraiment tangible et prêt pour faire en sorte qu'on
puisse s'asseoir vraiment avec lui et apporter les arguments convaincants. Mais
je dois dire que ça joue beaucoup plus au niveau du ministre des
Finances qu'au niveau du Conseil du trésor.
M. Bouierice: Et, pourtant, le dicton dit: Ce que femme
veut...
Mme Frulla-Hébert: Attendez! Attendez! Je me donne
1992-1993. Une à la fois. Il ne faut pas user ce pauvre homme.
M. Bouierice: Oh! Oh! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bouierice: Madame, vous laissez des suspenses.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous pourriez
préciser le fond de votre pensée pour l'intérêt de
la commission, madame?
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: II ne faut pas que vos propos soient mal
interprétés.
M. Bouierice: Je ne voudrais surtout pas...
Le Président (M. Gobé): Vos propos étaient
enregistrés.
Mme Frulla-Hébert: 35 ans d'expérience politique,
ce pauvre!
M. Bouierice: 35 ans, ce n'est pas son âge.
C'est son expérience politique. Voilà!
Mme Frulla-Hébert: C'est son expérience.
M. Bouierice: C'est parce que là, je me demandais si la
ministre commençait à avoir des critères
spécifiques mais... Donc, c'est exclu, un dépôt d'ici le
mois de juin? (22 heures)
Mme Frulla-Hébert: Oui. Ça, oui,
définitivement.
M. Bouierice: Touiours pour la Société de la Place
des Arts et la Société du Grand Théâtre, il y a une
augmentation de 15 017 000 $; elle représente, à elle seule, 44 %
de l'augmentation totale des crédits du ministère par rapport
à l'an dernier. Elle est attribuée essentiellement à des
travaux relatifs à l'infrastructure de la Place des Arts et à la
prise en charge de l'amphithéâtre de Lanaudière. Les
travaux intérieurs et extérieurs du quadrilatère de Place
des Arts devraient être complétés d'ici août
1992.
Mme Frulla-Hébert: Le Musée d'art contemporain
aussi.
M. Bouierice: Je l'ai vu, de visu, d'ailleurs, récemment.
À combien s'élève le coût des ' travaux du
quadrilatère de la Place des Arts?
Une voix: 7 800 000 $.
M. Bouierice: Et les coûts de prise en charge de
l'amphithéâtre de Lanaudière?
Mme Frulla-Hébert: 277 000 $.
M. Bouierice: 200?
Mme Frulla-Hébert: 277 000 $.
M. Bouierice: D'accord. Quant au Festival international de
Lanaudière, est-ce que la ministre pourrait faire le point sur la
composition du conseil d'administration eu égard à la
représentativité des gens de la région de
Lanaudière, région qui me tient à coeur autant que ma
circonscription?
Mme Frulla-Hébert: D'abord, on sait qu'avec la prise en
charge de l'amphithéâtre le Festival lui-même devient
maintenant tout simplement un événement. Au moment où on
se parle, le président a été réélu, par
intérim, si on veut, pour une courte période de temps,
c'est-à-dire jusqu'à la fin du Festival. On peut vous fournir,
d'ailleurs, la liste des gens, parce que la plupart, pour assurer
l'intérim, ont été réélus. Maintenant, on
s'attend à sept postes vacants en septembre prochain, ce à quoi
on ajoute deux nouveaux postes - et, ça, c'est décidé -
pour la région; ça, ça a été
décidé par le conseil d'ad-
ministration. Mais, au moment où on se parle, le conseil
d'administration, jusqu'à la fin du Festival, est formé. Ils se
sont réélus mutuellement.
M. Boulerice: Le programme...
Mme Frulla-Hébert: Je dois dire, par exemple, que, quant
au Festival de Lanaudière, le festival-événement,
ça sera un événement qui s'étalera sur cinq
semaines et la programmation semble aller très bien, du fait qu'ils
n'ont plus, justement, l'amphithéâtre. Maintenant, quant à
l'amphithéâtre, là, il y a tout un plan de
développement travaillé par la Place des Arts, M. Morin et sa
présidente du conseil d'administration. Il semble que les relations
entre la Place des Arts, le Festival et la région de Lanaudière
aillent très bien.
Société générale des
industries culturelles (SOGIC)
M. Boulerice: Bon, nous irons au programme 4,
élément 6, SOGIC. Alors, on se rappelle tous que, en
décembre 1990, dans une déclaration ministérielle, le
ministre des Finances annonçait la création du programme de
crédit d'impôt remboursable doté d'un budget de 30 000 000
$ par année, qui était destiné aux producteurs et
géré par la SOGIC, en lieu et place, d'ailleurs, de la
déduction fiscale de 166 2/3 % qui était accordée aux
particuliers investissant dans des productions cinématographiques. Quand
on regarde le budget consacré par la SOGIC au soutien du cinéma,
les crédits de 1992-1993 s'élèvent à 15 038 000 $
comparativement à 14 411 700 $ en 1991-1992, soit une augmentation de
626 300 $ ou 4,3 %.
Première question que j'aimerais poser: Pour quelle raison les
résultats du nouveau programme de crédit d'impôt
remboursable pour les producteurs, géré par la SOGIC, a-t-il
entraîné des déboursés de l'ordre de 25 000 000 $,
donc inférieurs à l'objectif qui avait été
prévu de 30 000 000 $ et à la performance de l'ancienne
déduction fiscale qui, elle, avait coûté environ 35 000 000
$ en 1990?
Mme Frulla-Hébert: Avant, je vais laisser M. Denis
répondre aux questions techniques. Quant au budget de la SOGIC, il y a
eu un effort de rationalisation au niveau de l'administration interne. Comme on
a demandé à tous les organismes ainsi qu'à
nous-mêmes de fournir un effort majeur au niveau de l'administration
interne, alors, nous avons demandé aussi à nos
sociétés d'État, telle la SOGIC, de faire la même
chose. Donc, la réduction ne s'applique pas au programme et au milieu
mais s'applique beaucoup plus à une saine gestion interne.
Le Président (M. Gobé): Alors, je crois comprendre,
Mme la ministre, que vous deman- dez... Alors, M. le président de la
SOGIC, il me fait plaisir de vous accueillir ici. Je vous demanderais de bien
vouloir vous présenter et vous pourrez prendre la parole.
M. Denis (Charles): Charles Denis, prôsl dent-directeur
général de la SOGIC. Je pense que la réponse à la
question du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques est très
simple. Les 25 000 000 $ portent sur des décisions qui sont à
titre temporaire. Lorsque les décisions définitives, qui vont
être en plus grand nombre que les décisions préalables,
vont être entrées, je pense qu'on atteindra certainement les 30
000 000 $.
Il y a des productions qui se font sans faire appel, au départ,
aux crédits d'impôt, parce qu'il y a des producteurs, disons, qui
disposent de fonds pour leurs produits. Mais ils vont aller chercher, disons,
en fin de production, lorsque toute la comptabilité de la production
sera terminée, ils vont aller, à ce moment-là, chercher le
crédit d'impôt. Mais ils ne viennent pas chercher du financement
intérimaire que nous avons mis à la disposition des producteurs
et qui, pour mémoire, consiste en 75 % du crédit d'impôt
admissible. Je pense que c'est la raison pour laquelle le montant est
actuellement de 25 000 000 $, mais je pense que les 30 000 000 $... Lorsque,
disons, pour la période en question, toute la comptabilité va
être entrée, de toutes les productions, je pense qu'on va
certainement atteindre les 30 000 000 $ de crédit d'impôt. Sous
toutes réserves.
M. Boulerice: Et l'objectif budgétaire qui est visé
cette année, est-ce que c'est de l'ordre de 30 000 000 $?
M. Denis: Je pense que la décision du ministre des
Finances était de prévoir un crédit d'impôt, sur une
période de trois ans, de 30 000 000 $ par an. C'était ça,
disons, la décision de M. Gérard-D. Levesque le 19
décembre 1990. Encore une fois, il peut y avoir des chevauchements, si
vous voulez, pour deux raisons. D'abord, disons, le montant de 90 000 000 $
s'étend sur une période de trois ans. Deuxièmement, il
faut bien voir une chose, c'est qu'en général la production d'un
film prend entre 18 et 30 mois, à peu près. Donc, on sort de la
période d'un exercice financier - 1er avril au 31 mars, n'est-ce pas -
et je pense que ce programme va arriver à peu près juste dans...
J'ai l'impression, si vous me demandez une opinion personnelle, que ça
va effectivement se situer dans les 30 000 000 $ par an.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre entend apporter des
modifications au programme comme tel?
Mme Frulla-Hébert: Bien, le programme a
été mis sur pied en 1990. Le temps qu'on passe les
décrets, qu'on voit son effet... Alors, on va laisser aller pour...
C'est un programme sur trois ans. On va laisser aller et, au fur et à
mesure, nous avons demandé, d'ailleurs, à la
Société de faire une évaluation du programme de telle
sorte que, si tout va bien, on continue comme ça. On se rappelle que,
lors des «Gémeaux», par exemple, un volet, non seulement de
ce programme-là mais un autre volet ajouté de 2 000 000 $, a
reçu certains compliments et éloges, entre autres, par Mme
Aimée Danis. Alors, comme je vous le dis, on va laisser aller la
situation, la regarder évoluer, et s'il y a des changements à
apporter nous le ferons en cours de route. (22 h 10)
M. Boulerice: II y a une augmentation de 4,3 % de l'aide directe
à la production, de l'ordre de 626 000 $. Est-ce que la ministre entend
donner suite à des requêtes répétées des
milieux culturels - quand je dis «milieux culturels»,
forcément, je parle du milieu du cinéma - d'augmenter de
façon substantielle les budgets de la SOGIC au chapitre du soutien au
cinéma? Parce qu'il y a une croissance des coûts de production -
je pense que M. Denis va en convenir avec moi - alors que les ressources
financières allouées à ce secteur ont été
gelées ou ont été augmentées en deçà
du taux d'inflation depuis cinq ans.
Mme Frulla-Hébert: Sauf cette année.
M. Boulerice: Sauf cette année, oui, mais...
Mme Frulla-Hébert: L'aide au secteur du
cinéma...
M. Boulerice: ...ça n'efface pas les années
précédentes.
Mme Frulla-Hébert: ...quand on calcule le crédit
d'impôt, pour la SOGIC, notre aide se compare, je dirais même
équitablement sinon favorablement, à l'aide de
Téléfilm. C'est notre façon de fonctionner qui est tout
à fait différente. Nous, on fonctionne par déductions.
Attention! Nous, on fonctionne par deductions - ce que le fédéral
ne fait plus - versus Téléfilm qui fonctionne par aide et
subventions directes. Je vais laisser continuer M. Denis.
M. Denis: Si la ministre veut me permettre d'illustrer,
disons...
Le Président (M. Gobé): C'est le président
qui vous le permet.
M. Denis: Je m'excuse, M. le Président. Loin de moi
l'intention, vous savez, de ne pas tenir compte du respect qu'on doit aux
institutions parlementaires. Effectivement, la ministre donnait, disons, la
situation générale. Si je peux apporter quelques données
quantitatives, il est intéressant de constater que l'effort
déployé par le gouvernement du Québec à l'heure
actuelle se situe à 43 500 000 $: 30 000 000 $ de crédit
d'impôt; environ 10 000 000 $ de budget destiné à des
investissements et à des subventions à la promotion; 2 000 000 $
pour variétés, magazines; 1 500 000 $ pour la relève -
ça fait 43 500 000 $. je me souviens que m. desroches, le
président-directeur général de téléfilm,
mentionnait qu'il y avait un effort, du côté de la production
francophone à téléfilm, de l'ordre de 44 000 000 $.
pardon?
Des voix:...
Mme Frulla-Hébert: Ça ne peut pas venir de la
bouche même du président de Téléfilm.
M. Boulerice: Mais quand on regarde les chiffres, en subventions
directes en 1990, c'était de l'ordre de 70 000 000 $, 75 000 000 $.
Mme Frulla-Hébert: Bien, il faudrait regarder au
Québec. On peut revérifier les chiffres.
M. Denis: Téléfilm mentionnait 44 000 000 $?
Mme Frulla-Hébert: Oui. On a les mêmes chiffres.
M. Denis: Moi, je me souviens de cette déclaration. Sous
toutes réserves, disons, il mentionnait cet effort de 44 000 000 $.
Pardon?
Mme Frulla-Hébert: Ça ne serait pas la notion
anglophone, francophone?
M. Denis: Francophone! Francophone! Je mentionne
«francophone».
Mme Frulla-Hébert: Ils ajoutent peut-être la notion
anglophone. C'est possible.
M. Denis: Oui. Je dois dire que, du côté de la
production anglophone, disons, certaines responsabilités sont
assumées par la SOGIC, puisque nous avons, je crois contribué
à des investissements dans quatre productions anglophones, avec des gens
comme - comment s'appelle-il - Téléscène, son nom...
Une voix: Robin Spry.
M. Denis: Robin Spry, par exemple, qui est certainement un
cinéaste montréalais de langue anglaise extrêmement
respecté.
M. Boulsrice: Même s'il y a divergence au niveau des
chiffres... J'ai l'impression qu'on n'a peut-être pas lu le même
document, mais... Non, c'est le rapport annuel de 1990, c'est
75 000 000 $. On va quand même avouer qu'une augmentation de 4,3 %
après des années de gel, ça apparaît peu. S'il y a
un secteur où le Québec a des chances au niveau d'une
percée internationale, c'est bien au niveau du cinéma.
Mme Frulla-Hébert: II faut faire attention, parce que
l'efficacité, au niveau des 30 000 000 $ donnés en termes de
déductions fiscales, par exemple, avec les retombées... Ce
régime-là est beaucoup plus efficace que celui qu'on avait
auparavant. Celui qu'on avait auparavant, il faut penser aussi que... Et c'est
pour ça qu'on l'a changé, d'ailleurs, à la demande du
milieu. C'est vrai que ça paraissait beaucoup, 60 000 000 $ de
déductions fiscales, dans les chiffres, mais, en réalité,
c'était l'intermédiaire, c'est-à-dire que c'était
celui qui faisait l'entente financière, bien souvent, qui
bénéficiait de l'argent et non pas le producteur.
Nous, ce qu'on a voulu faire, c'est y aller avec les crédits
d'impôt, et c'est une mesure qu'on a travaillée. Je m'en souviens,
je l'ai travaillée autant aux Communications qu'aux Affaires
culturelles. C'est une mesure qui a été mise en place tout
simplement pour que l'argent aille directement aux producteurs et non pas
à des intermédiaires. Donc, cette mesure-là est beaucoup
plus efficace que la mesure précédente.
M. Denis: Elle implique plus le producteur également. Si
vous me permettez...
Le Président (M. Gobé): Oui, allez-y.
M. Denis: Si vous me permettez, M. le Président, elle
implique plus le producteur. À l'usage, en pratiquant, en administrant
ce programme, on s'aperçoit que le producteur se sent beaucoup plus
impliqué, dans un sens, avec le crédit d'impôt. Disons que
ça le concerne plus que l'abri fiscal ou, comme le soulignait
très bien la ministre à l'instant, il y avait tellement
d'intermédiaires là-dedans que, dans une certaine mesure,
ça dépersonnalisait un petit peu. Le producteur est plus
impliqué, disons, personnellement, avec la formule du crédit
d'impôt.
M. Boulerice: Pour ce qui est du suivi de la loi 117, M. Denis,
où en est rendue la SOGIC avec l'élaboration du premier plan
triennal, qu'on prévoyait, d'ailleurs, dans la loi 117?
M. Denis: II y a eu, disons, des consultations, des rencontres,
une réflexion qui a été menée avec le
ministère, et nous aurons encore des rencontres au cours des prochains
jours, justement sur cette question-là. Je pense que nous avons fait un
effort de réflexion que nous avons soumis à titre de projet au
ministère, qui a été remis, je pense, au mois de
février.
Mme Frulla-Hébert: En fait, il y a eu le premier document
qui nous a été remis au mois de février. Un
deuxième document nous a été remis, que j'ai vu
dernièrement. Et là il y a un projet. Puisque c'est une nouvelle
façon de fonctionner - on parle d'orientation - il y a des choses aussi
au niveau du fonctionnement qui ont évolué et que, de part et
d'autre, on veut voir changer. Alors, comme c'est effectivement, dans son
genre, le premier plan d'orientation à être approuvé, il y
a des directives qui s'en viennent et qui vont être remises à la
SOGIC, et des réponses... Finalement, face à ces
directives-là, nous allons attendre des réponses.
M. Boulerice: Et il sera opérationnel à partir de
quand?
Mme Frulla-Hébert: Ah! Je voudrais absolument qu'il soit
opérationnel certainement pour, sinon l'été, en septembre
prochain.
M. Boulerice: Septembre prochain.
Mme Frulla-Hébert: II y a toujours aussi l'intervention de
l'Institut québécois du cinéma, bon, et on veut vraiment
respecter, finalement, l'opinion du milieu.
Le Président (M. Gobé): Avez-vous terminé,
monsieur?
M. Boulerice: Non, je n'ai pas terminé, M. le
Président. L'Institut québécois du cinéma, dans un
document qu'il remettait à votre prédéces-seure, Mme
Robillard, en janvier 1990, parlait de reproches adressés à la
SOGIC, parlait de fossé, de son absence des débats importants,
d'une attitude distante, du refus de travailler en relation soutenue avec le
milieu, de remise en question de sa compétence professionnelle, de
bureaucratisation». Et, lorsqu'on a fait l'étude du projet de loi
117 - la transcription des débats est là - les critiques,
à nouveau, se sont exprimées. Le président, d'ailleurs, de
l'Institut, M. Link, avait maintenu en commission parlementaire, le 23 mai
1991, les mêmes critiques, et je le cite, c'est au Journal des
débats: «Malheureusement, nous n'avons pas noté une
amélioration sensible.» Je pense qu'a l'issue de cette commission,
après avoir entendu des propos de cette nature, qui ne nous
réjouissaient pas, il y a sans doute des interventions de votre part qui
sont venues. Est-ce que des changements ont été apportés
à la gestion de la SOGIC, compte tenu des critiques du milieu? (22 h
20)
Mme Frulla-Hébert: Je pense que je vais diviser ma
réponse en deux volets: le premier, c'est qu'il faut quand même
comprendre que la SOGIC accepte et refuse des projets, et tout organisme qui
accepte et refuse des projets est sujet, évidemment, aux
récriminations et critiques des mécontents. Sur ça, je
pense qu'on s'entend.
Par contre, effectivement, j'étais aux mêmes commissions
que vous, et il y a eu des remontrances sérieuses faites surtout au
niveau de l'accueil. Accueil, d'une part, et aussi transparence au niveau des
explications de la SOGIC. Nous avons transmis nos demandes et volontés,
et le plan directeur, le plan d'orientation qui se travaille conjointement,
d'ailleurs, en fonction d'une amélioration, si on peut dire, au niveau
du service à la clientèle, au niveau de l'accueil, tout en se
rappelant aussi qu'il y aura toujours des mécontents et qu'il y aura
toujours des récriminations en fonction des refus. Mais il y a toujours
place à amélioration, effectivement.
M. Boulerice: Je vais prendre votre réponse, Mme ia
ministre. Vous savez que, d'une part, la SOGIC est située dans ma
circonscription...
M. Denis: On ne vous voit pas souvent chez nous.
M. Boulerice: Pardon?
M. Denis: On ne vous voit pas souvent chez nous. Vous savez, j'ai
du café de Colombie qui est toujours au chaud. Ne vous gênez pas,
hein! S'il y a un problème, on discutera ensemble.
M. Boulerice: Si vous me dites que, de la Colombie, vous n'avez
que du café, j'accepterai. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Non, c'est une blague.
Le Président (M. Gobé): Et nous l'avons prise comme
telle.
M. Boulerice: Je vous dirai une chose, M. Denis, j'ai reçu
une éducation très sévère. Justement, à
Joliette, chez les Clercs de Satnt-Viateur...
M. Denis: Une ville que je connais bien.
M. Boulerice: Que vous connaissez bien et que vous
affectionnez.
M. Denis: J'ai été journaliste à
l'Étoile du Nord.
M. Boulerice: L'Étoile du Nord, effectivement, place
Bourget ou place du Marché.
M. Denis: M. Champlain Lépine.
M. Boulerice: Champlain Lépine, effectivement.
M. Denis: Vous m'excuserez si on raconte des vieux souvenirs
d'enfance, là.
Une voix: On est là pour ça, d'ailleurs. Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Donc, je vous disais que ce n'est pas dans mes
habitudes d'arriver à un endroit où je n'ai pas été
invité, mais je prendrai votre observation comme étant une
invitation.
M. Denis: Ah! certainement. SOGIC est ouverte, disons, à
toutes les clientèles.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Et spécialement aux buveurs de café;
c'est ça que vous voulez sous-entendre?
M. Denis: Je crois, d'ailleurs, qu'il y a eu quelques dossiers
sur lesquels, disons, on a attiré notre attention. Je crois qu'on s'en
est occupé avec pas mal de diligence, d'ailleurs.
M. Boulerice: C'est ce que j'allais dire, M. Denis. Je blaguais
tantôt en disant que je prenais votre commentaire comme une invitation,
donc un bristol verbal. C'est, mon Dieu, à un jet de pierres.
M. Denis: Exactement.
M. Boulerice: Donc, j'irai, oui, mais je ne vous
préviendrai ni de l'heure, ni du jour. Je serai comme l'archange
Raphaël. Ha, ha, ha! Mais, ceci dit, j'ai effectivement soumis certains
dossiers à votre bureau. Je ne vous cacherai pas que j'ai parlé
à des gens du milieu, et ils m'ont noté - et je pense que c'est
de mon devoir de le répéter ici, à cette commission, M.
Denis - ils m'ont fait part qu'ils sentaient un changement d'attitude de la
part de certains membres du personnel de la SOGIC. Alors, je suis vraiment
heureux, parce que ce n'est pas agréable d'être obligé de
faire un procès ou une interrogation très serrée à
une société aussi importante pour notre développement
culturel que celle que vous présidez.
Donc, toute amélioration, je pense, doit être
soulignée, en vous incitant à poursuivre, parce que ce serait
dommage que le milieu, notamment le milieu du cinéma qui était le
plus acerbe, perde confiance envers la SOGIC. Je pense que la SOGIC peut faire
énormément, mais, je vous le dis, ce n'est pas parfait. Vous ne
pouvez viser autre chose que la perfection, sinon... Mon courroux ne vous
impressionne peut-être pas, mais...
M. Denis: Non, non, soyez assuré que toute critique est
étudiée, analysée. Vous seriez surpris
de l'effort que nous faisons du côté, justement, de
l'analyse des critiques. Ce que je peux dire, peut-être, pour expliquer
certaines choses: Quand un nouvel organisme administratif s'insère dans
un tissu, évidemment, ça crée toujours un certain nombre
de commotions. Je crois que la SOGIC, tout de même, a vraiment
commencé à fonctionner à partir de 1989. Il y a eu des
problèmes d'insertion dans le milieu culturel. Je crois qu'il y a eu un
certain nombre de mesures qui ont été prises, à la demande
de la ministre et à mon insistance également, de manière
à ce que, du côté de l'accueil, il y ait des efforts qui
soient faits. Je crois que ça va beaucoup mieux. D'ailleurs, encore une
fois, Mme Aimée Danis, lors d'une grande manifestation,
récemment, signalait que, du côté de la SOGIC, il y avait
une attitude de coopération et d'empressement qui valait d'être
signalée.
Encore une fois, je suis tout à fait ouvert. Je suis un homme
d'ouverture. Je pense que je l'ai prouvé de différentes
façons. Pour moi, les critiques sont quelque chose de précieux
parce qu'elles permettent d'améliorer le service que la SOGIC peut
fournir à ses clientèles.
M. Boulerice: Donc, nous nous entendons. La SOGIC est importante.
La SOGIC est vraiment une société qui peut faire avancer la
culture au Québec dans certaines de ses manifestations. C'est
inévitable, j'en conviens, il y a toujours un élément de
critique, de toute façon. Au départ, vous êtes
associé au cinéma, et il n'y a pas de cinéma sans
critique. Bon, ceci étant dit, on ne poursuivra pas plus à fond
ce soir, M. Denis, mais puisque vous m'avez à la fois tendu la main et
ouvert la porte, alors, sans aucun doute, dans un avenir rapproché, on
pourra continuer à échanger.
M. Denis: Absolument.
M. Boulerice: Je vous dirai, seul à seul, ce que, moi,
j'estime les points encore à améliorer à
l'Intérieur de la SOGIC, parce que, rassurez-vous, je n'ai aucun plaisir
à recevoir, à entendre des critiques sur la SOGIC et à les
déposer sur la table de cette commission parlementaire. Alors, gardez
votre café au chaud, mais je ne veux pas du réchauffé, par
contre. On se reverra bientôt.
M. Denis: Non, non. Entendu.
M. Boulerice: D'ailleurs, je veux saluer M. Brisebois, votre
collègue qui est là. Voilà!
Le Président (m. gobé): merci. m. le
député de saint-hyacinthe, vous avez semblé manifester de
l'intérêt pour une petite intervention avec m. charles denis, si
je crois comprendre.
M. Messier: Oui, au niveau du cinéma.
Le Président (M. Gobé): Alors, allez-y directement.
Je pense qu'on a établi un bon dialogue; on va pouvoir le continuer
directement. Vous avez la parole, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Quels sont les budgets annuels consacrés
à la rénovation du patrimoine immobilier chez vous?
M. Denis: Bon, en fait, on peut dire qu'il y a plusieurs budgets.
Vous avez un budget de restauration qui s'étend, disons, sur une
certaine période - trois ans - qui est de 10 500 000 $; vous avez un
budget d'entretien de ce patrimoine qui se situe à peu près
à 2 000 000 $ - 1 800 000 $, enfin, un peu moins de 2 000 000 $. C'est
important, parce que nous devons faire face à des problèmes de
responsabilité civile dans certains cas. Donc, les assureurs nous disent
que la valeur du patrimoine, c'est un chiffre un peu fictif, mais, enfin, vous
savez comment les assureurs fonctionnent. Les assureurs évaluent, si
vous voulez, la valeur du patrimoine à 50 000 000 $. Je ne sais pas si
c'est ces chiffres que vous cherchez. Posez-moi d'autres questions.
M. Messier: Oui, j'y arrive. M. Denis: Oui, je vous en
prie.
M. Messier: au niveau de la place royale, je sais que vous
faites énormément de travaux. il y a un édifice au coeur
même de la place royale...
M. Denis: Oui.
M. Messier: ...qui a été détruit par le feu.
Est-ce que c'est un budget de rénovation ou un budget de destruction que
vous avez pour ça?
M. Denis: De rénovation.
M. Messier: De rénovation. Évalué à
com bien, et quand commencez-vous les travaux? (22 h 30)
M. Denis: Le budget Hazeur et Smith, je pense, est
évalué à 1 800 000 $. Je pense qu'il va falloir qu'on
s'assoie avec le ministère, parce que j'ai des indications que c'est un
budget qui est un peu faible.
M. Messier: II est à refaire au complet?
M. Denis: Oui, c'est à refaire au complet. On a fait des
travaux, des fouilles archéologiques pendant l'été
dernier, et ça fait partie, en définitive, de la troisième
tranche de restauration. En passant, disons que vous avez pu constater que nous
sommes très heureux, à la SOGIC, et l'équipe du Patrimoine
est extrême-
ment motivée de pouvoir signaler que les deux tiers des travaux
de la place Royale - où ça n'avait pas bougé, en
définitive, pendant une vingtaine d'années - en deux ans et demi,
ont été menés extrêmement rondement.
Mais je dois remercier ici le ministère qui a tout mis en oeuvre
de manière à faciliter des travaux qui, parfois, ont
été extrêmement compliqués. Dans un cas, par
exemple, les pierres s'effritaient comme de la cendre - avec des coûts
astronomiques, et je pense que les gens du Patrimoine, au ministère,
avaient raison: il fallait aller chercher le même type de pierre dans une
carrière à Beauport, qui était déjà en
exploitation au XXVIle siècle. C'a été très
coûteux. Mais il fallait le faire. Je dois signaler ici que j'ai eu un
appui absolument remarquable du ministère. C'est un effort financier
considérable, mais je crois - vous avez pu le voir - qu'enfin la place
Royale va être l'ensemble prestigieux qu'elle doit être en tant que
berceau de la présence française en Amérique du Nord.
M. Messier: Le pourcentage au niveau de la rénovation
immobilière, est de combien? C'est 70 % que vous...
M. Denis: Rénovation par rapport à
restauration?
M. Messier: Oui.
M. Denis: Vous savez, nous avons attaqué...
M. Messier: II reste quoi à faire sur la place Royale,
à part l'immeuble, le bâtiment dont on parle?
M. Denis: II en reste deux. H reste les maisons Hazeur et Smith
et puis ce qu'on appelle ITlot 4, disons. Et, là-dessus, en ce moment,
il y a une réflexion qui est menée sur la cadence à
laquelle les travaux de l'îlot 4 vont être menés.
L'îlot 4, ça peut être soit un immeuble, soit trois
immeubles, soit quatre immeubles. À l'heure actuelle, une
réflexion est menée entre le ministère et la SOGIC sur les
décisions qui vont être prises concernant l'îlot 4.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, en terminant?
M. Boulerice: Je m'en voudrais, pour ce qui est des travaux
à la place Royale, de passer ça sous silence. Je me fais sans
doute aussi le porte-parole du président de notre Assemblée
nationale. Durant des années, on a vu une ruine. On voit une magnifique
restauration qui est celle de la maison Paradis. Elle est vraiment très
belle. Les ouvriers y travaillaient encore ce matin, d'ailleurs, à des
détails de peinture.
M. Denis: Je m'excuse, M. le Président, je peux signaler
que le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, disons, est en train
de me passer la main dans le sens du poil en ce moment, parce que la maison
Paradis a été effectivement complétée. Nous sommes
en train de terminer ce qui va être un logement au premier étage,
et je vous réserve une grande surprise pour le
rez-de-chaussée.
M. Boulerice: Ah, oui! Est-ce qu'on pourra y boire du
café? On ne le sait pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Denis: Vous viendrez prendre un café, on en
reparlera.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est...
M. Boulerice: Ça va, à l'exception de deux
brèves questions. La première, à la page 25, dans la liste
des contrats de moins de 25 000 $, Taxi Coop Beauport, contrat de transport
privé-Pardon?
Mme Frulla-Hébert: Pour la revue de presse, le matin.
M. Boulerice: C'est pour la revue de presse, le matin. D'accord.
Et je vois qu'on a subventionné pour 9900 $ - ce qui, à mon point
de vue, n'est sans doute pas cher - M. Caldwell, qui est reconnu, pour une
recherche portant sur l'histoire et l'apport de la communauté anglophone
aux arts et à la culture québécoise. Est-ce que ce serait
possible d'en avoir une copie? Je pense qu'il y a là-dedans
matière à la fois à révélations,
puisque...
Mme Frulla-Hébert: Ce n'est pas tout à fait
complété, mais aussitôt qu'elle sera
complétée, oui, pas de problème.
M. Boulerice: D'accord. Eh bien, voilà! Ceci
complète l'étude des crédits pour 1992-1993, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): J'étais en train,
justement, de remercier notre invité, M. le président de la
SOGIC, pour avoir bien voulu venir nous rencontrer, et lui signifier que son
témoignage était terminé.
Mme Frulla-Hébert: Et tous les autres. Adoption des
crédits
Le Président (M. Gobé): Alors, ceci étant
dit, nous allons donc, maintenant, adopter...
M. Boulerice: Peut-être un petit mot de la fin, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Oui. Je pourrais adopter
les crédits...
M. Boulerice: Oui. Nous allons adopter les crédits.
Le Président (M. Gobé): ...et, après
ça, je donnerai un petit mot à chacun d'entre vous pour clore.
Ça permettra de régler le problème technique. Alors,
est-ce que les crédits du ministère des Affaires culturelles, les
programmes 1 à 4, sont adoptés?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère des Affaires culturelles sont
adoptés?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Gobé): Adopté. Et
maintenant, ce n'est pas terminé, il reste quelques minutes. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques et Mme la ministre, vous
pourrez, chacun à votre tour, adresser un petit mot de la fin. M. le
député, vous avez la parole.
Conclusions M. André Boulerice
M. Boulerice: Très brièvement, M. le
Président, d'abord, je veux vous remercier vous-même, remercier
Mme la ministre - les renseignements qu'on nous a fournis étaient assez
complets - remercier les fonctionnaires de votre ministère ainsi que les
dirigeants des sociétés d'État qui sont intervenus. Je
pense qu'on a fait un exercice utile. Je dois vous avouer, par contre, que nous
avons adopté ce budget, mais je m'en voudrais quand même de ne pas
faire une remarque. D'une part, les augmentations ne sont pas la où nous
les souhaitons ou les aurions souhaitées, et, forcément,
l'objectif du 1 % demeure un objectif encore fort éloigné puisque
nous sommes à au-delà de 80 000 000 $ de l'atteinte de cet
objectif qui était, je le rappelle, une promesse formelle de la
formation politique à laqueile appartient la ministre.
Je pense qu'il n'y aura pas de projet de loi déposé d'ici
les jours à venir, mais je sais que nous attendrons, pour ce qui est des
semaines à venir, la politique que la ministre a annoncée
à l'issue de la commission parlementaire. Donc, nous l'attendons, M. le
Président, il va de soi, avec impatience, mais nous l'attendons aussi
avec un intérêt et, disons, un préjugé favorable, en
espérant qu'elle apporte au milieu de la culture les réponses
qu'il souhaite et qu'on cesse de gérer les crises comme telles, ce qui
est pénible, sans aucun doute, pour celle qui assume les
responsabilités ministérielles, et ne procure pas
nécessairement un bonheur au porte-parole de l'Opposition. On
espère avoir des solutions durables, puisque c'est un mot qui est
à la mode actuellement. Des solutions durables pour un
développement durable de la culture au Québec.
C'est dommage, j'ai oublié - je voulais l'amener avec moi,
puisque j'ai cité le premier ministre des Affaires culturelles, M.
Lapalme... Il avait une merveilleuse phrase; il disait: Ah! les
Américains feront toujours plus que nous, les Américains auront
toujours plus d'argent que nous, les Canadiens anglais feront également
la même chose, mais, par contre, nous sommes capables, nous aussi - je le
cite de mémoire -de faire grand dans le domaine de la culture au
Québec. Et c'est d'ailleurs la raison première et la raison
fondamentale de notre distinction en Amérique du Nord. Alors, II
faudrait que ça soit une opinion partagée par l'ensemble de nos
concitoyens. Je le dis parce que je n'en suis pas tout à fait
persuadé. Il nous reste un travail de pédagogue à faire,
et j'offre mon concours à la ministre pour ce qui est de ce travail de
pédagogie, en sachant que dans la pédagogie il y a toujours un
élément critique qui intervient à un certain moment
donné.
Voilà, c'étaient les remarques que je voulais faire en
concluant, en remerciant de nouveau les personnes qui vous ont
accompagnée ce soir et en souhaitant prompt rétablissement
à votre sous-ministre, en espérant que son travail
d'écriture n'a pas été ralenti. (22 h 40)
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Mme la ministre.
Mme Liza Frulla-Hébert
Mme Frulla-Hébert: Je me joins à mon
collègue, le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, pour
remercier tout le monde: vous remercier d'abord, M. le Président, qui
faites toujours votre travail avec énormément de diligence,
remercier aussi les membres de la commission de la culture, mes
collègues, qui sont toujours d'un appui extraordinaire, remercier aussi
mes collègues du ministère qui, évidemment,
préparent ces données, qui prennent le temps, des semaines
à préparer ces données, ainsi que tous les
présidents de mes organismes qui sont ici. Nous sommes quand même
fiers de cette augmentation de budget. Nous sommes quand même fiers que
nous ayons pu avoir, grâce à tous nos efforts, 12,4 %, dont 5 000
000 $ remis au milieu culturel. Quant à la politique culturelle, je l'ai
dit, nous avons la ferme intention de la déposer d'ici la fin juin. Je
vais vous laisser, moi aussi, sur une citation. C'est Malraux qui disait que la
seule façon de mener une bataille, c'est de la gagner.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. M.
le député...
M. Boulerice: Avec ces appels incessants à Malraux, un
jour, un de Gaulle nous arrivera.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques...
Mme Frulla-Hébert: Ha, ha, ha! Je suis certaine que vous
allez le trouver.
Le Président (M. Gobé):... MM. les
députés, mesdames, messieurs les fonctionnaires, merci beaucoup
de votre collaboration, et le personnel qui nous accompagnait, le
secrétariat aussi.
La commission ayant maintenant accompli son mandat, je vais donc
ajourner les travaux sine die, et j'espère vous revoir l'année
prochaine.
(Fin de la séance à 22 h 42)