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(Quinze heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Doyon): La séance de la commission
de la culture est donc à nouveau ouverte et je rappelle
brièvement que le mandat de cette commission est de procéder
à l'étude des crédits budgétaires des organismes
relevant du ministre responsable de la Charte de la langue française, ce
qu'on a fait ce matin, et on continue maintenant avec le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration pour l'année
financière 1992-1993. Les remplaçants ont été
annoncés ce matin, ce sont les mêmes.
Je souhaite la bienvenue à Mme la ministre, à M. le
ministre, à tous les collègues, ainsi qu'aux personnes qui
accompagnent les ministres, qui viennent du ministère. Je leur souhaite
donc la bienvenue au nom des collègues. J'invite Mme la ministre ou M.
le ministre, comme vous voudrez, à faire une déclaration
d'ouverture, en vous rappelant qu'on est un peu limités dans le temps
pour les déclarations d'ouverture. Alors, même si la
présidence n'a pas l'intention d'être stricte là-dessus, il
reste plus de temps pour les discussions par après, alors c'est
peut-être aussi bien de ne pas prolonger les déclarations
préliminaires trop longtemps. Alors, Mme la ministre, M. le ministre,
vous avez la parole.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, si vous le
permettez, je vais passer la parole à mon collègue
délégué, étant donné qu'il doit quitter pour
le Conseil des ministres.
Le Président (M. Doyon): Très bien. M. le
ministre.
Déclarations d'ouverture M. Normand
Cherry
M. Cherry: Alors, merci, M. le Président. Dans le cadre de
l'étude des crédits du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration, il me fait plaisir de vous présenter le
bilan de la deuxième édition de la Semaine interculturelle
nationale qui, comme vous le savez, s'est déroulée du 4 au 11
avril dernier. Cet événement visait deux objectifs bien
précis: premièrement, promouvoir l'apport des diverses
communautés culturelles à la société
québécoise, ce qui facilite une meilleure connaissance de
celles-ci au sein de la population et aussi une meilleure reconnaissance de
leur contribution à notre société; deuxièmement,
favoriser la compréhension, le dialogue et le rapprochement entre les
membres des diverses communautés et la société
d'accueil.
L'intégration harmonieuse est tout autant l'affaire du nouvel
arrivant que de la société québécoise. C'est
pourquoi la société d'accueil doit participer activement à
ce processus afin de faire en sorte que les nouveaux arrivants et les
Québécois des communautés culturelles continuent
d'être des éléments dynamiques à l'essor du
Québec.
Vous me permettrez de profiter de cette occasion pour remercier tous
ceux et celles qui ont, de près ou de loin, participé à
l'élaboration et à la tenue de cette Semaine. Tout au long, plus
de 285 événements de toutes sortes se sont
déroulés, et ce, dans tous les coins du Québec. J'aimerais
ici énumérer quelques-unes des activités et des
réalisations qui ont animé cette période: la
tournée d'entreprises québécoises appartenant à des
entrepreneurs issus des communautés culturelles, le lancement du
Répertoire des artistes québécois issus des
communautés culturelles et le lancement de la Semaine interculturelle
nationale à l'institut Armand-Frappier.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire, la raison pour laquelle j'ai choisi
ce fleuron québécois de la recherche biomédicale
mondialement reconnu était pour souligner le fait que 18 des 42 hommes
et femmes de science qui y oeuvrent sont des Québécois venus
d'ailleurs. Je tenais ici à rendre hommage à ces concitoyens qui
ont choisi de venir partager leur savoir-faire au Québec et ainsi de
contribuer à sa qualité de vie et à son rayonnement
international.
Les principales réalisations de la Semaine furent la publication,
bien sûr, de l'affiche de la Semaine, l'enregistrement de la chanson
thème «Prenons le temps de nous connaître»,
interprétée par des étudiants et étudiantes de
l'école Morand-Nantel, la collaboration des deux porte-parole, Daniel Do
et Sonia Benezra, le cahier spécial paru dans les quotidiens La
Presse et Le Soleil et, bien entendu, le Prix du rapprochement
interculturel.
Les prix des communautés culturelles que nous avons remis l'an
dernier ont changé d'appellation pour devenir les Prix du rapprochement
interculturel. Nous souhaitions ainsi que soient reconnues les actions et les
réalisations d'individus ou de groupes qui ont permis de promouvoir de
façon remarquable les contributions de nos citoyens des
communautés culturelles à la société
québécoise et de favoriser le rapprochement entre toutes les
Québécoises et tous les Québécois, et ce, de toute
origine.
Aux trois prix déjà existants, un quatrième a
été ajouté cette année. Ce prix est celui du
développement régional. Il vise à récompenser
l'apport extraordinaire d'un Québécois ou d'une
Québécoise des communautés culturelles au déve-
loppement de sa région. Il se veut l'expression de la
volonté du gouvernement du Québec de souligner l'apport des
communautés culturelles dans le développement de l'ensemble des
régions du Québec et s'inscrit à l'intérieur d'un
objectif plus large visant à favoriser la régionalisation de
l'immigration. En connaissant et en reconnaissant le rôle joué
dans leur communauté par les Québécois de
différentes origines, nos concitoyens qui vivent en région
pourront, en effet, mieux saisir les avantages d'une présence accrue des
nouveaux arrivants en terre québécoise, et plus
particulièrement dans chacune de leur région respective.
Le Prix de l'excellence souligne quant à lui l'apport
exceptionnel d'une personne issue des communautés culturelles dans l'une
de nos sphères d'activité de la société
québécoise, soit sur le plan national ou international. Il
couronne le travail assidu d'une femme ou d'un homme qui se traduit par un
engagement à jouer un rôle dynamique et prépondérant
au développement de la société québécoise,
que ce soit dans le domaine des arts, des sciences, de l'économie ou
tout autre dans lequel cette personne s'est illustrée. (15 h 30)
Le Prix aux organismes communautaires et de rapprochement,
accompagné d'une bourse de 15 000 $, est remis à un organisme ou
à un de ses membres ayant contribué à créer un
rapprochement entre une ou plusieurs communautés culturelles et la
société d'accueil. Ce prix permet donc de reconnaître le
travail d'un organisme ou d'un représentant d'un organisme dans la
communauté.
Et, troisièmement, le Prix au milieu des affaires et des
institutions vise à récompenser une entreprise ou une institution
ayant mis en place des programmes d'apprentissage du français,
d'égalité en emploi et de services à la clientèle
à l'intention des Québécois et des
Québécoises des communautés culturelles. Avec ce prix,
nous voulons souligner l'adhésion d'un membre corporatif de la
société aux valeurs d'équité, d'ouverture ou encore
de promotion de la langue de communication de la vie publique
québécoise.
Finalement, deux mentions au milieu des communications ont
été créées pour la presse écrite et
électronique, afin de souligner le travail de sensibilisation accompli
par un article, un reportage ou la diffusion d'un documentaire. Il est à
noter que nous remettrons plus de mentions semblables pour le milieu de la
publicité.
Nous avons décidé d'appuyer le Centre de recherche-action
sur les relations raciales et le Publicité Club de Montréal
lorsque, l'été dernier, ils ont institué un prix
d'excellence en publicité. La prise en charge d'un tel prix par des
organismes aussi crédibles ne peut que nous réjouir car elle
démontre que les organismes de la société
québécoise sont désireux de jouer un rôle de premier
plan à l'édification d'une société pluraliste.
À titre de coordonnateur de cette Semaine, le ministère
des Communautés culturelles et de l'Immigration a pu, une fois de plus,
compter sur l'appui de plusieurs organismes, institutions, entreprises et
organismes des communautés culturelles québécoises. La
participation et l'implication d'organismes, tels que Bell Canada,
HydroQuébec, le Mouvement Desjardins, l'Université du
Québec à Montréal, la police de la Communauté
urbaine et plusieurs autres, au sein du comité consultatif,
d'orientation et de développement de la Semaine démontrent, hors
de tout doute, cette volonté manifeste des leaders
socio-économiques du Québec d'oeuvrer au rapprochement
intercommunautaire.
De plus, l'engagement de représentants d'institutions de la
société d'accueil, d'organismes communautaires et, bien
sûr, des employés du ministère au sein des comités
de coordination, des activités publiques, de l'éducation et de
promotion en est, bien sûr, un autre exemple. Ces comités, qui
sont établis dans les régions de Québec, de l'Outaouais,
de l'Estrie, de la Mauri-cie-Bois-Francs et de Montréal, traduisent
ainsi la volonté du gouvernement du Québec de favoriser
l'immigration en région. Dans le contexte d'une perspective de
développement régional, il nous semblait non seulement logique,
mais impératif que les régions soient appelées à
participer à cette Semaine avec enthousiasme.
La Semaine interculturelle nationale appartient à ceux et
à celles qui y participent, c'est-à-dire toutes les
Québécoises et tous les Québécois. Ainsi, il nous
semblait que les idées les plus susceptibles d'emporter
l'adhésion de la population devraient être issues des organismes
et des citoyens qui ont à coeur l'intégration harmonieuse
à leur société d'adoption de nos concitoyens des
communautés culturelles. Voilà pourquoi nous les avons fortement
encouragés à mettre sur pied des activités qui, tout en
respectant l'esprit de la Semaine, feraient preuve d'imagination. De notre
côté, nous nous sommes engagés à les assister,
à compléter cette riche programmation et à la faire
connaître.
Compte tenu du nombre et de la qualité des activités
planifiées au cours de cette Semaine et de la couverture
médiatique à laquelle elle a eu droit, nous pouvons toutes et
tous être fiers de cette réussite collective, à
Montréal comme en région.
En 1989, notre formation politique s'était engagée
à tenir une semaine interculturelle nationale, et celle-ci est depuis
devenue l'événement marquant du calendrier du ministère
des Communautés culturelles et de l'Immigration. Je m'en voudrais de ne
pas mentionner ici l'enthousiasme et le dévouement dont tous les
organisateurs et participants ont fait preuve pen-
dant cette semaine de rapprochement interculturel. Ils continuent de
jouer un rôle extrêmement important à cet égard. La
Semaine interculturelle nationale se voulant un moyen de sensibilisation et une
manifestation de solidarité collective de premier ordre, on peut
être assurés qu'au fil des ans elle réussira à
façonner positivement le caractère de plus en plus pluricul-turel
du Québec.
Comme je le soulignais lors de mon allocution à la soirée
de remise du Prix du rapprochement interculturel, il est effectivement
impératif, en cette fin de siècle, caractérisée par
une mobilité des individus et des capitaux, que le Québec
d'aujourd'hui s'assure que les contributions historiques de toutes les
communautés culturelles québécoises soient reconnues et
promues. Alors que le Québec doit faire face à cette
réalité universelle qu'est l'immigration, il a tout
intérêt à s'assurer que ces citoyens qui proviennent
d'autres coins de la terre soient mis à pleine contribution afin de
l'assister à relever avec succès les nombreux défis
auxquels il est confronté.
Je vous dirai, M. le Président, en guise de conclusion, que
chaque fois qu'au nom de toutes ses citoyennes et de tous ses citoyens le
gouvernement québécois reconnaît l'apport exceptionnel de
ces Québécoises et de ces Québécois venus
d'ailleurs à son développement, c'est tout le Québec qui y
gagne et qui en sort grandi. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Merci beaucoup, M. le ministre.
Oui, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, le ministre
délégué m'a informé qu'il devait quitter pour
d'autres occupations. Alors, je voudrais souligner, avant qu'il parte, que la
Semaine interculturelle a été, je pense, un franc succès.
J'ai eu l'occasion, notamment, de participer à la remise des prix du
rapprochement interculturel. Je voudrais souligner deux choses: d'une part, que
l'idée d'élargir les prix en en faisant des prix du rapprochement
interculturel m'apparaît fort intéressante; je voudrais dire
également que la soirée de remise des prix a été,
quant à moi, un grand succès et je tiens à dire, au nom de
l'Opposition officielle, que le ministre délégué et la
ministre ont bien représenté le Québec à cette
cérémonie qui, à mon avis, a une valeur importante puisque
ça nous place comme une société ouverte, une
société d'accueil et une société pluraliste. Alors,
je félicite les deux ministres de cette activité-là.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Merci, M. le
député. Mme la ministre, peut-être.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président. Je demanderais
votre indulgence de même que celle des parlementaires parce que je pense
que le texte que je vais vous lire - je vais essayer de le lire assez
rapidement - va faire quand même un peu le bilan et va permettre,
probablement, de répondre à plusieurs questions qui pourraient
être soulevées. Je ne sais pas si vous me permettez...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, qu'est-ce que vous en pensez?
M. Bourdon: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
consulter un peu les notes de la ministre pour son allocution. Je tiens
à dire que c'est sûr que ça va prendre une certaine
durée et que, dans nos remarques préliminaires, mon
collègue de Mercier et moi, nous ne serons sans doute pas aussi longs.
Je ne dis pas que je suis d'accord avec tout ce que la ministre a l'intention
de nous communiquer, mais, dans la mesure où il y a de la substance et
où on apprend beaucoup sur le ministère, je pense qu'on ne
s'enfargera pas sur la longueur de l'intervention, puisque l'étude des
crédits, c'est l'occasion de faire le tour des activités d'un
ministère et la ministre fait partie de ces personnes qui le font.
Alors, on en apprend beaucoup, puis on a quatre heures; ces remarques vont bien
rentrer dans les quatre heures.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. Mme la ministre. (15 h 40)
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. Donc, avant
de commencer, je voudrais, M. le Président, vous présenter les
gens qui m'accompagnent aujourd'hui. À ma gauche, Mme Raymonde Folco,
présidente du Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration; à ma droite, vous avez bien sûr - je vais continuer
- mon attaché de presse et adjoint au cabinet, M. Bruno-Serge Boucher -
il a oublié d'écrire le nom, M. le Président - M. Norman
Riddell, qui est mon sous-ministre; Mme Nicole Brodeur, qui est derrière
moi, qui est la sous-ministre associée; M. Robert Trempe, qui est
également derrière moi, qui est sous-ministre adjoint; Mme
Susanne Masson, qui est sous-ministre adjointe également; Mme Francine
Émond, qui est secrétaire générale, et, bien
sûr, plusieurs directeurs et directrices des différents services
des ministères.
Le Président (M. Doyon): On les remercie d'être
là.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, le 12
décembre dernier, je présentais à plus de 400
représentants, partenaires et collaborateurs du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration,
nos nouveaux programmes d'aide financière qui sont depuis entrés
en vigueur le 1er avril 1992. Après de longs exposés et une bonne
période de questions, une jeune Québécoise d'origine
vietnamienne se présenta au micro et m'adressa la question suivante: Mme
la ministre, voilà quelques mois que je suis au Québec. J'ai
appris le français, je me suis trouvé un travail. Elle ajouta
avec beaucoup d'émotion dans la voix: Je suis très reconnaissante
au Québec de m'avoir acceptée et j'aimerais savoir pourquoi vous
m'avez fait l'honneur de me choisir et que vous me disiez comment je peux faire
pour rendre à mon nouveau pays la chance qu'il m'a donnée de
refaire ma vie et contribuer à son développement. Je fus
touchée par la spontanéité de cette jeune femme et par son
courage, et c'est l'un des plus beaux moments que j'ai vécus depuis
trois ans au ministère. Je lui ai répondu qu'il fallait continuer
sur la même voie, perfectionner son français, déjà
excellent d'ailleurs, et travailler à faire connaître aux
Québécois nés ici ses motivations et son désir de
participer à l'édification d'un Québec juste, ouvert et
pluraliste.
M. le Président, voilà trois ans maintenant que le premier
ministre m'a fait l'honneur de me confier la responsabilité du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration. Le
bilan du travail accompli depuis ce temps est convaincant. Les années
1989, 1990 et 1991 ont été, on s'en souviendra, des années
de grands bouleversements au ministère. En décembre 1990, je
rendais public l'énoncé de politique du gouvernement du
Québec en matière d'immigration et d'intégration. Ce
document contient les principes de base qui orientent l'action du gouvernement
en la matière. Accueilli positivement par la très grande
majorité des Québécoises et des Québécois,
ce document affirme sans ambages que l'immigration doit devenir un instrument
de développement du Québec et de préservation de son
caractère distinct. Il contient en outre la notion de contrat moral
entre l'immigrant et la société d'accueil qui, depuis, a fait
école. Ce concept nouveau a même été salué
par le Conseil économique du Canada et par l'OCDE.
En février 1991, je signais avec mon homologue
fédéral de l'époque, l'honorable Barbara McDougall,
l'accord Canada-Québec qui nous donne plusieurs pouvoirs
supplémentaires en matière d'immigration. Élément
nouveau de ce type d'entente, le fédéral a aussi convenu de se
retirer de tous les programmes d'intégration linguistique,
économique et culturelle des immigrants contre juste compensation
financière.
Finalement, en juin 1991, nous rendions public notre plan d'action
gouvernemental triennal qui comprend au-delà de 200 mesures. Le budget
du ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration est
passé de 36 500 000 $ en 1988-1989 à 110 000 000 $ en 1991-1992.
Cette croissance fulgurante a demandé aussi une réorganisation de
sa structure, tant au niveau des ressources humaines que de l'informatique.
Nous devions apprivoiser l'ensemble du phénomène de l'immigration
et de l'intégration des nouveaux arrivants, ainsi que toute la
délicate question des relations interculturelles. Il a donc fallu
développer des activités reliées, par exemple, à la
conception et au développement de politiques et programmes.
Nous avons réévalué l'ensemble de nos
opérations et nous avons réorganisé nos bureaux à
l'étranger. Nous avons consolidé le réseau des COFI et
travaillé à améliorer l'enseignement du français.
Nous avons mis l'accent sur la régionalisation des services en ouvrant
quatre directions régionales, à Montréal, Québec,
Hull et Sherbrooke.
L'année 1991-1992 est marquée par la mise en oeuvre de
l'accord signé avec le gouvernement fédéral et par
l'adoption de notre plan d'action gouvernemental. L'accord entré en
vigueur le 1er avril 1991 a, entre autres, nécessité un important
réaménagement de nos systèmes informatiques, notamment
pour l'émission des chèques d'allocations des stagiaires en COFI,
et un transfert de 41 personnes de la fonction publique canadienne vers la
fonction publique québécoise. Il aurait été
difficile de prendre en charge dès avril 1991 la totalité des
services techniques reliés à l'administration de l'accord et
d'assurer un service de première qualité à nos
clients.
Bien que le Québec soit le maître d'oeuvre des orientations
et des modalités des programmes d'intégration depuis avril 1991,
il nous a fallu sous-contracter avec le gouvernement fédéral
l'exécution des parties techniques de l'administration de ces
programmes, histoire de développer nos systèmes informatiques.
Nos amis de l'Opposition se réjouiront sans doute de savoir que,
jusqu'en janvier dernier, plusieurs fonctionnaires fédéraux ont
travaillé sous les ordres du gouvernement du Québec.
Une voix: C'est vraiment une joie. Des voix: Ha, ha,
ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Toutefois, depuis avril 1992, tout est en
place et le Québec dispense sur son territoire des services complets
d'intégration aux nouveaux arrivants. D'ailleurs, c'est hier que le
premier chèque du gouvernement du Québec a été
émis aux bénéficiaires. Outre ces mesures, nous avons
dû procéder à l'adoption de trois règlements afin de
donner une assise réglementaire à nos pouvoirs et
responsabilités en matière d'intégration linguistique et
d'assistance financière. De nouvelles directives et des modifications
à des programmes déjà existants ont également
été nécessaires.
La mise en oeuvre de l'accord s'est finale-
ment concrétisée par l'inauguration, vendredi dernier, de
nos services d'accueil aux aéroports de Mirabel et de Dorval. Les
nouveaux arrivants, dès leurs premiers pas au Québec, ont ainsi
une prise de contact immédiate avec nos services et leur nouvelle
société d'accueil. Afin d'assumer nos responsabilités,
plusieurs actions devaient être posées et nous pouvons maintenant
dire: Mission accomplie.
Un grand moment de l'année 1991-1992 a été la
publication de notre plan d'action qui porte sur l'immigration et
l'intégration. Au chapitre de l'immigration, il appartient au
gouvernement du Québec, en vertu de la loi, de définir les
niveaux d'immigration. Comme cela était proposé dans notre plan
d'action, nous avons procédé à une planification
pluriannuelle, contrairement à ce qui se faisait
précédemment. J'ai donc annoncé, en juin dernier, que les
niveaux d'immigration seraient gelés à 45 000 pour 1992 et
portés à 47 000 en 1993, puis à 49 000 en 1994. Cette
planification fait toutefois l'objet d'une réévaluation
annuelle.
En 1991, le Québec a admis sur son territoire 37 000 personnes
sélectionnées dans le cadre du mouvement régulier
d'immigration. De plus, 14 000 revendicateurs de statut, pour la plupart
déjà présents sur le sol québécois, ont vu
leur statut régularisé. Notre part de l'immigration canadienne
est donc passée de 19,1 % à 22,5 % en 1991. Nous nous rapprochons
de plus en plus de l'objectif de 25 % que notre gouvernement s'est fixé
il y a quelques années déjà. De manière plus
précise, sur l'ensemble des immigrants admis en 1991, 45,1 % provenaient
de la catégorie des indépendants, 24,8 % de la
réunification familiale et 30,1 % de la catégorie des
réfugiés. Ce dernier chiffre inclut, bien entendu, les
revendicateurs de statut de réfugié régularisé en
1991. La hausse de 23 % l'an dernier à 30 % cette année est
principalement attribuable à l'accélération du processus
de régularisation du statut de réfugiés déjà
présents sur notre territoire.
On observe une baisse du nombre d'indépendants par rapport
à l'an dernier. Cela s'explique principalement par trois facteurs
objectifs, le premier étant le rétalissement partiel de la
situation au Liban. Vous vous souviendrez, M. le Président, que
j'indiquais à cette commission l'an dernier, à cette même
occasion, que l'admission au Québec de bon nombre de citoyens libanais
qui fuyaient leur pays pour des raisons de guerre civile rendait les
statistiques de 1990 difficilement comparables, tant du point de vue du nombre
des indépendants que de la progression du nombre d'immigrants
connaissant le français. La baisse du nombre d'indépendants est
également attribuable à un deuxième facteur, soit
l'ampleur de la récession économique qui sévit
actuellement en Amérique du Nord. Ce n'est un secret pour personne, M.
le Président, que les migrants, en particulier les indépendants,
recherchent une amélioration de leur situation économique. On ne
se surprendra pas qu'en période de récession, dans le pays
d'accueil, la demande diminue. Finalement, la régularisation de 14 000
revendicateurs est aussi une explication de la baisse en pourcentage de la
proportion d'indépendants admis au Québec en 1991. (15 h 50)
M. le Président, l'une des orientations majeures de notre
énoncé de politique, qui s'est traduite par diverses mesures du
plan d'action, est l'augmentation de l'apport de l'immigration francophone.
L'année dernière, nous avions enregistré un pourcentage de
37 % au chapitre de la connaissance du français chez les admis de
l'année. J'indiquais alors que cette hausse était due en bonne
partie à l'immigration libanaise. Comme je le disais
précédemment, cette source est depuis en diminution rapide. Je
suis particulièrement heureuse de vous dire aujourd'hui que,
malgré cette baisse, nous avons réussi à maintenir ce
pourcentage et même à le faire augmenter très
légèrement. En effet, 37,4 % des admis de 1991 déclarent
connaître le français à leur arrivée. Les mesures
mises en place au cours des dernières années, et dont nous avons
déjà fait état, donnent donc des résultats. La
régularisation de bon nombre de revendicateurs de statut nous a
également aidés à maintenir cette proportion.
Pour atteindre les objectifs énoncés dans le plan d'action
en matière d'immigration francophone, il nous faut sans cesse songer
à de nouveaux bassins de recrutement. Dans cette perspective, on
comprendra rapidement l'importance que peut revêtir, comme nouveau bassin
de recrutement, le réseau de l'Alliance française qui est
présente dans 112 pays du monde, qui compte plus de 1000 associations
indépendantes et qui rejoint plus de 350 000 étudiants que l'on
peut soupçonner avoir un préjugé favorable au
français ou à la culture française.
La collaboration entre le gouvernement et cet organisme est
déjà bien amorcée. Des cours de français sont
donnés à nos candidats de Hong-kong, via l'Alliance
française de ce pays; au Mexique, nos candidats se voient accorder une
réduction des frais de scolarité; des discussions ont
été enclenchées avec les Alliance française de
Taiwan, Moscou et Kiev. J'entends resserrer cette collaboration afin
d'atteindre les deux objectifs suivants: rendre accessible à des
candidats à l'immigration qui se destinent au Québec
l'apprentissage du français dans leur pays de résidence, avant
leur établissement au Québec, et organiser des rencontres
d'information et diffuser de la documentation sur les possibilités
qu'offre le Québec auprès de la clientèle de l'Alliance
française.
Environ 5 000 000 de personnes en Roumanie connaissent le
français, ce qui constitue un bassin non négligeable
d'émigrants francophones.
Les changements politiques survenus en Europe de l'Est au cours des
dernières années nous donnent accès à ces nouveaux
bassins. C'est pourquoi, l'an dernier, nous avons ouvert à Vienne un
service d'immigration du Québec, où des conseillers sont
actuellement en poste, couvrant ainsi tout le territoire de l'Europe de l'Est.
Je me suis donc rendue en Roumanie et en Hongrie afin d'évaluer le
potentiel de ces candidats, tant au plan linguistique qu'au plan
socioprofessionnel. L'adoption internationale était également au
programme.
Je me suis également rendue à Moscou pour rencontrer des
représentants des communautés dont certains membres ont
déjà exprimé leur intérêt à immigrer
au Québec. Suite à cette mission, des pourparlers avec des
leaders de la communauté juive ont été entrepris. Cela a
mené, vendredi dernier, à la signature d'une entente entre cette
communauté et le gouvernement sur l'accueil des Juifs russes
désirant immigrer au Québec. Lors de cette mission, j'y ai
également rencontré des représentants de l'Alliance
française afin, comme je le disais plus tôt, d'explorer les
possibilités de faciliter l'apprentissage du français sur place.
Tous nos collègues ayant à coeur la pérennité du
fait français au Québec se réjouiront de ce nouveau
créneau qui, j'en suis persuadée, nous aidera grandement à
atteindre notre objectif de 1995.
Notre plan d'action prévoit une série de mesures qui
visent la réalisation du deuxième grand volet de notre
énoncé de politique, soit l'intégration des immigrants.
L'intégration des nouveaux arrivants ne saurait être
limitée à la connaissance du français.
L'intégration économique est aussi un élément
essentiel à la réussite du projet migratoire de tous les
individus. Pour les immigrants allophones ou anglophones, les cours offerts en
COFI abordent la question de la recherche d'emploi. Malheureusement, les
immigrants francophones qui sont non admissibles aux COFI étaient
laissés à eux-mêmes et faisaient souvent face à des
échecs répétés et à des refus
démotivants. Combien d'immigrants, par exemple, se sont vu refuser un
emploi pour avoir envoyé une offre d'emploi ou un curriculum vitae
manuscrit alors que cela est la règle dans plusieurs pays où l'on
procède à des analyses graphologiques avant l'embauche.
Nous mettrons donc en place prochainement un programme d'information
pour l'intégration socioprofessionnelle des immigrants francophones. Les
séances, d'une durée totale de 25 heures, seront
articulées autour de deux volets. D'abord, il s'agira de renseigner les
participants sur les caractéristiques et le mode de vie du Québec
et, dans un deuxième temps, ils seront informés des
métiers et professions du marché québécois de
l'emploi et des techniques de recherche de travail.
En juin dernier, je m'engageais à ouvrir la porte des
corporations professionnelles aux nou- veaux arrivants. La présence au
Québec de personnes possédant une formation professionnelle
acquise à l'étranger et provenant d'institutions de plus en plus
variées pose aux corporations professionnelles un problème de
taille. Elles ne disposent pas en effet des ressources nécessaires pour
évaluer toutes ces formations et pour en déterminer la valeur.
Ainsi, je rencontrais en décembre dernier les présidents et les
directeurs généraux de 40 corporations pour leur faire part de
nos projets et pour établir avec eux des bases de collaboration qui
facilitent l'intégration économique des nouveaux arrivants.
Déjà, les fonctionnaires de mon ministère ont
rencontré plus d'une quinzaine de ces corporations. Elles sont
invitées à nous aider à définir nos besoins en
main-d'oeuvre, à trouver un moyen efficace, rapide et équitable
de reconnaissance des diplômes et, enfin, a mettre sur pied avec notre
concours des moyens de rattrapage et d'actualisation des connaissances des
candidats.
Toutefois, M. le Président, certains mythes ont la vie dure.
Combien de fois entendons-nous dire, par des personnes malheureusement mal
informées, que les immigrants sont des assistés sociaux
chroniques. J'ai d'ailleurs toujours trouvé curieux que l'on puisse
qualifier les nouveaux arrivants à la fois d'assistés sociaux
permanents et de voleurs de jobs.
Le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration a commandité cette année deux études visant
à connaître les modalités d'établissement des
immigrants et leur insertion économique. Ces études constituent
une banque de données fort riche qui nous permettra d'adapter encore
mieux nos programmes de première ligne et notre soutien aux nouveaux
arrivants. Nous y apprenons, entre autres, qu'après quatre mois
d'établissement la moitié de tous les immigrants ont obtenu un
emploi. Après 10 mois, ce pourcentage passe à 65 %. Pendant la
période de non-emploi, à l'arrivée, 77 % des immigrants
ont recours à leurs économies personnelles ou à l'aide des
parents comme source de revenu. Nous pouvons tirer une conclusion importante de
cette étude: la preuve est maintenant faite que les immigrants ne sont
pas un fardeau pour la société pendant leur période
d'adaptation et d'intégration au Québec.
Une seconde étude nous révèle également deux
données importantes. Premièrement, à partir de
données de 1987, on apprend que, parmi les immigrants arrivés au
Québec en 1980-1981 et qui sont encore au Canada, 93 % résident
toujours au Québec. Quant à l'évolution de leurs revenus,
on constate qu'elle est positive et, de surcroît, qu'en un laps de temps
relativement court les revenus moyens des contribuables immigrants ont rejoint
et même dépassé ceux de l'ensemble des contribuables.
Notre plan d'action engage non seulement l'action du ministère
des Communautés culturelles et de l'Immigration, mais celle de 43
ministères
et organismes. Ces efforts sont coordonnés par le
répondant du MCCI dans chacun de ces organismes, tandis que les
résultats sont suivis par le Secrétariat à la coordination
du plan d'action dont le MCCI s'est doté.
Le ministère administre maintenant un nouveau fonds d'initiatives
de près de 6 000 000 $ sur trois ans, qui sert à appuyer des
projets novateurs d'autres ministères et organismes favorisant
l'adaptation de leurs services ou la formation interculturelle du personnel.
Vingt-cinq projets ont été acceptés pour l'année
1991-1992.
L'un des engagements fondamentaux de ce plan d'action était la
révision, en fonction des objectifs de notre énoncé de
politique, de tous nos programmes d'aide financière. Le travail est
maintenant terminé et les nouveaux programmes sont en place depuis le
1er avril dernier. Le budget total d'aide aux organismes a été
légèrement augmenté cette année et
redistribué en fonction de nos nouvelles priorités. Bien
sûr, une période de transition et d'ajustement est à
prévoir. Suite à l'expérience et aux commentaires des
organismes, il est possible que nous devions réajuster certaines
modalités, le cas échéant.
Les programmes sont au nombre de quatre. Le programme d'accueil et
d'établissement des immigrants se destine aux organismes communautaires
qui offrent des services directs d'accueil et d'établissement. Il appuie
les projets qui contribuent à améliorer les services offerts. Il
finance également les activités de jumelage entre nouveaux
arrivants et personnes bénévoles de la société
d'accueil. Le programme de soutien et d'insertion en emploi se destine aux
organismes communautaires spécialisés dans les services
d'insertion en emploi adaptés aux besoins des nouveaux résidents
permanents. Le programme d'adaptation des institutions se destine aux
institutions qui mettent en oeuvre des projets d'invervention, de formation et
d'information contribuant à les adapter à la
réalité pluraliste du Québec. Et, enfin, le Programme de
relations intercommunautaires vise à favoriser le rapprochement entre
les communautés culturelles et la société
québécoise en vue de contrer les effets des pratiques
discriminatoires et du racisme.
La lutte contre le racisme et la discrimination constitue un
élément important, voire essentiel, du Programme de relations
intercommunautaires. Bien que le Québec ne soit pas une
société plus raciste qu'une autre, il existe ici, comme partout
ailleurs, des individus et des organisations qui font la promotion de cette
idéologie indigne du genre humain. Il faut les dénoncer avec
force et tout faire pour les contrecarrer. (16 heures)
Ainsi, à titre d'exemple, mentionnons la création d'un
groupe de travail sur la communauté noire d'expression anglaise,
grâce à la participation de mon ministère, de la ville de
Montréal, de la Communauté urbaine de Montréal et des
leaders de la communauté noire. Ce groupe a pour but d'établir
les priorités d'intervention auprès de cette communauté
souvent victime de discrimination à cause, entre autres, de son double
statut minoritaire. Nous avons également mis sur pied, avec le
gouvernement fédéral et la ville de Montréal, un
comité tripartite visant à harmoniser nos interventions et
à joindre nos ressources dans cette lutte.
Notre plan d'action prévoit également toute une
série de mesures reliées à l'égalité en
emploi, à l'accès au logement et aux services, à des
programmes d'insertion socio-économique et à des moyens de
favoriser le rapprochement entre tous les groupes de la population. Nous
souhaitons qu'ainsi les échanges se multiplient et que disparaissent les
craintes nées de l'ignorance. Bon nombre de ces projets sont
déjà en place.
Le Conseil des communautés culturelles et de l'immigration,
présidé par Mme Raymonde Folco, prend une part active dans cette
action. C'est à son initiative que nous devons, entre autres,
l'organisation de la Journée internationale contre la discrimination
raciale. Je veux ici rendre hommage au travail de son équipe, de ses
vice-présidents et vice-présidentes, des membres du Conseil et de
ses employés. Leurs avis éclairés sont essentiels à
notre réflexion.
En plus de poursuivre nos activités de recrutement de gens
d'affaires à l'étranger, nous avons mis l'accent sur leur
établissement au Québec. Trop souvent, ces personnes
étaient laissées à elles-mêmes une fois
arrivées au pays, sans contact d'affaires, un peu abasourdies par la
complexité de nos lois fiscales et corporatives.
Voilà pourquoi nous avons mis en place des sessions de formation
conçues pour répondre aux besoins d'entrepreneurs immigrants qui
doivent comprendre rapidement les diverses réalités du monde des
affaires québécois. Nous avons aussi organisé des visites
économiques en région afin de permettre aux immigrants gens
d'affaires de connaître le potentiel commercial et industriel des
diverses régions du Québec. Ces visites sont organisées
conjointement par le MCCI, le ministère de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie, l'Office de planification et de développement du
Québec et certaines corporations de développement régional
et institutions financières.
De plus, un projet-pilote entre le MCCI et la Société
montérégienne de développement a été mis sur
pied. Ce projet vise à favoriser le rapprochement des immigrants gens
d'affaires avec le milieu financier de la Montérégie et leur
adaptation à la vie québécoise. J'espère que
d'autres régions prendront exemple sur la Rive-Sud de Montréal et
participeront à de tels programmes. Enfin, des entrevues
personnalisées avec des conseillers du ministère pour informer
les gens d'affaires des services disponibles au
Québec ont été multipliées.
Le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration a, au cours des dernières années, et plus
particulièrement au cours de celle qui vient de s'écouler,
accentué sa collaboration avec Montréal qui célèbre
cette année ses 350 ans. Depuis sa naissance, la métropole du
Québec a été le creuset de l'intégration des
nouveaux arrivants attirés par la grande ville et les retrouvailles avec
des ressortissants de leur communauté.
Après une première entente signée il y a deux ans
avec la CIDEM pour mieux encadrer les mesures prévues pour l'accueil et
rétablissement des immigrants investisseurs, mon ministère a
signé, au cours de la dernière année, un protocole
d'entente avec cette ville. Ce protocole affiche clairement la volonté
des deux partenaires de favoriser l'insertion économique des immigrants
et des Québécois des communautés culturelles et de
soutenir leur accès aux services et à l'emploi. Le protocole
indique également notre volonté de mettre en commun ressources et
connaissances afin de mieux servir notre clientèle. Le ministère
contribue également au développement pluraliste de
Montréal par la mise en place d'une série de mesures comprises
dans le plan stratégique du Grand Montréal.
Voilà, M. le Président, un résumé succinct
de l'action du ministère que je dirige. Mes deux premières
années au ministère furent celles des grands projets; la
dernière, celle de la consolidation et de la mise en oeuvre de l'entente
signée avec le gouvernement fédéral et de notre plan
d'action. Fort de notre énoncé de politique, des succès de
notre plan d'action et du nouveau partage des responsabilités entre
Québec et Ottawa, nous pouvons envisager l'avenir avec plus de
confiance. En plus de poursuivre nos efforts dans tous ces domaines et dans la
mise en oeuvre de notre plan d'action, nous entendons accentuer notre travail
de régionalisation. L'immigration est un facteur de développement
économique et peut contribuer au développement des régions
du Québec.
Même dans les régions où sévit le
chômage, plusieurs entreprises éprouvent des difficultés
persistantes à recruter le personnel qualifié dont elles auraient
besoin à court terme. La formation professionnelle des jeunes et des
chômeurs constitue la première solution, mais cet instrument ne
répond pas toujours entièrement aux besoins des entreprises. Je
suis convaincue que le taux de rétention des immigrants en région
repose avant tout sur l'identification d'emplois pouvant être
occupés par ces immigrants et sur leur intégration
économique. Pour ce faire, la participation des intervenants
socio-économiques est indispensable. Une fois que les régions
nous auront signalé leurs besoins en main-d'oeuvre qualifiée,
nous pourrons ajuster nos pratiques de sélection afin de
privilégier les candidats dont l'intention de s'établir en
région est sérieuse. Or, la volonté d'aller de l'avant
avec cet ambitieux projet doit émerger des décideurs
régionaux à qui il appartient de choisir les instruments de leur
propre développement. L'idée de la régionalisation de
l'immigration doit dépasser les milieux qui sont déjà
familiers avec les personnes immigrantes pour imprégner ceux qui ne les
connaissent pas.
Tout en demeurant respectueux du consensus social, le gouvernement
libéral prendra les devants pour provoquer une prise de conscience du
potentiel de l'immigration comme facteur de développement
régional. Nous accentuerons également l'information
régionale aux candidats à l'immigration. Un projet-pilote en ce
sens a déjà pris forme au ministère en collaboration avec
la région de Québec.
Voilà, M. le Président, les propos que je désirais
tenir devant cette commission aujourd'hui. Ils sont empreints de satisfaction
devant le chemin parcouru et de détermination pour celui qui reste
à faire. L'équipe du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration a cru aux réformes entreprises tout au
long de ce processus de changement. Je veux leur rendre hommage. Sans eux, rien
de tout cela n'aurait été possible. Je veux remercier nos
sous-ministres, nos fonctionnaires, mon collègue
délégué, bien sûr, et mon cabinet pour tous les
efforts déployés depuis trois ans maintenant.
M. le Président, le Québec n'a pas le droit de
décevoir cette jeune Vietnamienne d'origine dont je vous parlais tout
à l'heure. Elle a mis toute sa confiance dans le Québec et ses
habitants. Elle est prête à bâtir avec nous tous une
société plus juste, plus humaine et plus forte. Soyons, comme
collectivité, à la hauteur de cette confiance. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, Mme la
ministre. Je demanderai donc maintenant au porte-parole de l'Opposition
officielle de bien vouloir faire lui aussi quelques remarques
préliminaires. Ce sera M. le député de Pointe-aux-Trembles
ou de Mercier?
M. Bourdon: De Pointe-aux-Trembles.
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Godin: Nous sommes frères siamois!
Le Président (M. Gobé): D'accord. Parce que nous
sommes habitués à vous, M. le député de Mercier,
alors... Nous accueillons donc M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Godin: Oui, d'accord. Ce n'est pas une grosse erreur.
Le Président (M. Gobé): Je vous laisse maintenant
la parole pour des remarques prélimi-
naires qui sont, en général, d'une vingtaine de minutes.
M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, je vais partager le temps de
parole de l'Opposition avec mon collègue de Mercier. Je voudrais d'abord
remercier la ministre de nous avoir livré un bilan exhaustif de
l'état du ministère, qui nous donne des bonnes indications non
seulement du travail qui est fait, mais du travail qui reste à
faire.
Je pense que les relations interculturelles sont de plus en plus un
sujet de préoccupation pour le ministère, préoccupation
dans le sens de travailler au rapprochement interculturel. Étant
donné la situation économique que l'on vit, je pense que c'est
une bonne orientation d'accorder de l'importance à ces choses et
à ces rapports qui peuvent devenir tendus quand la société
comme telle vit des tensions. Les tensions interculturelles, interethniques
sont quelque chose que ce ministère doit continuer de se faire un devoir
de travailler à améliorer.
De l'ensemble de ce qui est dit, je voudrais prendre un certain nombre
de points sur lesquels on aura l'occasion de revenir à l'étude
des crédits proprement dits. Je pense, notamment, à l'immigration
en région, qui est un objectif de l'énoncé de politique et
de la ministre qui, à notre avis, pour se réaliser, suppose deux
conditions: d'une part, des conditions économiques, puisque l'immigrant
recherche d'abord et avant tout l'intégration économique par le
milieu du travail, et l'allocution de la ministre explique bien que, dans la
très grande majorité des cas, c'est ce qui se passe. (16 h
10)
Ce que j'entends par là, c'est que c'est sûr que la
métropole exerce un attrait considérable sur l'immigrant. C'est
un phénomène qui n'est pas particulier au Québec. Aux
États-Unis, la Californie et l'État de New York reçoivent
un grand nombre des immigrants qui s'installent aux États-Unis parce
que, dans une métropole, on trouve, entre autres - et la ministre le
souligne dans son allocution - des gens de même origine que nous qui
constituent, je dirais, une société d'accueil à
l'intérieur de la société d'accueil. Dans ce
sens-là, si on peut déplorer qu'à l'occasion il n'y ait
pas assez de contacts entre la société d'accueil et les membres
des communautés culturelles, il faut quand même constater que la
communauté culturelle à laquelle appartient le nouvel arrivant ou
la nouvelle arrivante est une ressource supportante aussi et que, dans ce
sens-là, une ville comme Montréal) qui attire 87 % des
immigrants, va continuer d'être un pôle d'attraction
considérable.
Pour ce qui est de la régionalisation de l'immigration, nous
pensons donc qu'il y a des conditions économiques à réunir
pour la favoriser, mais aussi des programmes et des mesures
particulières, parce que, au colloque qui s'est tenu à Hull sur
cette question-là de la régionalisation de l'immigration, le
document du ministère montrait qu'aux États-Unis, entre autres,
les expériences réussies ont été des
expériences qui faisaient appel au volontariat, pour commencer, et,
deuxièmement, que la collectivité locale était
associée à la démarche et qu'il y avait des ressources
supportantes, des ressources d'encadrement pour les immigrants qui acceptaient
d'y aller.
À cet égard, le même document du ministère
nous apprenait qu'aux États-Unis, à l'époque de
l'arrivée importante de réfugiés indochinois, les
politiques autoritaires ont été un échec, dans le sens que
les nouveaux arrivants allaient temporairement à la région
assignée. Mais, comme nous vivons - et on en est fort heureux - dans des
pays libres, dès qu'ils le pouvaient, dès que les conditions
qu'on avaient mises à leur accueil étaient réunies, ils se
rendaient vers les régions qui les attirent naturellement. Mais, dans ce
sens-là, je pense que le colloque de Hull et l'action du
ministère ont le mérite de d'abord sensibiliser, de tenter de
sensibiliser la population des régions à la réalité
de l'immigration.
Je pense, M. le Président, qu'à cet égard il est
bon, à l'occasion, de rappeler un fait historique qu'on a tendance
à oublier, qui est que la population du Québec a connu au XIXe
siècle une immigration très considérable qui a
touché plus de 20 % de sa population. On se rappelle que, de 1830
à 1875, il y a près de 500 000 Québécois qui ont
immigré pour des motifs qui tenaient à l'économie à
l'époque et, donc, les Québécois, je dirais, ont une
mémoire historique de ce qu'est le phénomène de
l'immigration. Ils ont une connaissance aussi, les Québécoises et
les Québécois, du statut de minoritaire, puisque, dans le pays
où ils se trouvent encore - et je ne veux pas passer à la
question de l'avenir du Québec ce faisant - ils sont eux-mêmes
minoritaires.
D'une certaine façon, M. le Président, si les
Québécois décident cette année, ou l'an prochain,
ou une autre année, ça n'a guère d'importance,
d'accéder à la souveraineté, je pense que ce sera
foncièrement parce que, au Canada, leur différence n'est pas
admise. L'échec du Canada, je pense, sera le résultat de la
négation de la différence québécoise. Dans ce
sens-là, si on veut réussir comme société, il faut
nous-mêmes admettre la différence des autres. Et, admettre la
différence des autres, quant à moi, à l'égard de
notre minorité historique, la minorité
anglo-québécoise qui partage depuis des siècles le
territoire avec nous, c'est admettre la différence des nations
autochtones, bien que ce ne soit pas simple, après ça, de savoir
comment organiser les relations, et, finalement, c'est admettre les
différences de toutes les communautés qui s'installent ici avec
nous.
À cet égard-là - je termine là-dessus, M. le
Président - je trouve qu'il faut continuer et j'ajoute, d'une
façon bipartisane, parce que je ne sache pas qu'il y ait de
différence fondamentale dans les conceptions des deux partis principaux
à l'Assemblée nationale sur la façon de voir
l'immigration, que je pense qu'il faut avoir en mémoire la très
belle phrase que j'ai entendu prononcer un jour par Jean-Claude Icart lorsqu'il
disait: «Bien sûr, la rivière se jette dans le fleuve, mais,
en s'y jetant, elle change le fleuve.
Le Président (M. Gobé): Alors, merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. M. le député de
Mercier, vous avez maintenant la parole.
M. Gérald Godin
M. Godin: M. le Président, je vous remercie. Je vais
commencer par quelques fleurs à la ministre. Je constate que le
ministère de l'Immigration est entre bonnes mains, autant par
l'équipe de la ministre que par la ministre elle-même qui
manifeste, chaque fois qu'elle parle, une connaissance et une affection qui la
portent vers les futurs citoyens du Québec. Et je voulais commencer par
ça, M. le Président, parce que c'est important. J'ai couvert,
moi, des études de crédits de plusieurs ministères, avec
mes 15 ans sur place, ici, et c'est toujours un plaisir... Il y en a que je
crains comme la pluie. Quand on me dit: Cette année, tu fais tel
ministère, là j'ai presque un frisson dans le dos parce que je me
dis ça va être long et plate. Quand on m'annonce que c'est avec la
ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, là je
me détends un peu plus et je me dis: Je suis sûr qu'on va
apprendre des choses et qu'on pourra poser les questions que l'on veut pour
atteindre l'objectif qu'elle a très bien décrit au début,
qui est que l'immigration embellit le Québec, l'enrichit beaucoup aussi
et fait la preuve que le Québec n'est pas «une tribu
antisémite et née de prostituées», mais, au
contraire, une société très civilisée. Donc, elle
est au coeur, je dirais, de la problématique de la réalité
identitaire du Québec. Cette réalité nous voudrions, nous,
de ce côté-ci de la Chambre, que ça corresponde à ce
qu'elle nous décrit depuis le début, c'est-à-dire une
société généreuse, ouverte et qui veut que tout le
monde ici, immigrants ou réfugiés, ou futurs détenteurs de
statut, soit heureux, fasse bien sa vie, et surtout devienne le plus tôt
possible un Québécois ou une Québécoise à
part entière.
Alors, M. le Président, j'aimerais d'abord demander à la
ministre si la constitution du réseau d'ordinateurs est
complétée pour tous les bureaux et pour tous les groupes couverts
par le ministère. Et ça m'amène à ma
première question. Je vais parler un peu, comme d'habitude, de Charybde
en Scylla, en passant un peu du coq à l'âne. Et je ne vise
personne en disant «du coq à l'âne».
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Godin: J'aimerais savoir si le ministère a en main, par
exemple, pour ce qui est des réfugiés qui sont déjà
chiffrés, c'est-à-dire numérotés et
évalués en nombre... Est-ce qu'on a pour ce groupe-là les
pays d'origine? Parce que, si on les avait, ça faciliterait l'action du
ministère, action, j'imagine, qui serait à ce moment-là
conjointe avec celle du fédéral, comme elle l'a été
à une époque ancienne avec les réfugiés
haïtiens. Seule une action main dans la main des deux niveaux de
gouvernement peut régler ces questions-là, et ainsi le
ministère saurait auprès de quel groupe il devrait aller pour
tenter d'obtenir une entente spécifique et distincte avec le
fédéral pour tel groupe, parce que ce tel groupe là
correspond à ses critères et ajoute un profil que le
ministère a choisi de privilégier: francophonie, connaissance du
Québec et la propriété de suffisamment de fonds pour se
débrouiller sans avoir recours aux services gouvernementaux du
Québec. Ma première question, ça serait celle-là.
(16 h 20)
La deuxième, j'aimerais savoir s'il y a des statistiques ou une
étude, qu'on appelait à l'époque longitudinale, sur les
anciens réfugiés du camp de Phanat Nikhom près de Bangkok,
pour savoir si ceux-là qui sont passés par une école que
tous les ministres de l'Immigration ont vu fonctionner et également des
cours de français et des cours de civilisation
québécoise... J'aimerais savoir si ce groupe-là de
nouveaux Québécois a un comportement différent de ceux qui
viennent comme indépendants, pour savoir si, au fond, l'investissement
assez léger que le gouvernement du Québec peut faire
là-dedans avec l'aide du fédéral, d'ailleurs, si je me
souviens bien, est rentable et, si oui, sur quels points en particulier:
intégration plus rapide, succès économique et social plus
rapide? Ce qui pourrait donner des raisons au ministère de
développer ce genre de modèle d'intégration pour les pays
d'où on attend, dans les années qui s'en viennent... Je pense
nommément à Hong-kong et à d'autres pays, les pays de
l'Est. Si le modèle Phanat Nikhom a fonctionné aussi bien, sinon
mieux, que prévu, on pourrait peut-être le multiplier,
l'étendre et s'assurer que les bienfaits que le modèle apporte
à nos futurs citoyens sont transférables de Vienne à
Bangkok ou de Bangkok à Vienne, devrais-je dire, et à Hong-kong.
Parce que, au fond, quand on adopte de telles politiques, ce n'est pas pour le
Québec qu'on fait ça, c'est pour nos futurs citoyens du
Québec. Et, donc, encore là, c'est une belle preuve de
générosité internationale et universelle. Donc, si le
ministère avait le temps, dans les 12 mois qui s'en viennent, de
procéder à de telles comparaisons, ça pourrait être
utile pour l'avenir.
M. le Président, moi, vous savez que je parle peu, alors j'ai
terminé.
Le Président (M. Gobé): Vous avez terminé,
M. le député de Mercier?
M. Godin: Oui, merci.
Organisation des travaux
Le Président (M. Gobé): Alors, dans un but
d'organisation des travaux, est-ce que vous préféreriez que nous
commencions - on a deux programmes, on a le programme 1 et le programme 2 -
programme par programme ou qu'il y ait une discussion générale
qui se fasse et qu'après ça on adopte les deux programmes dans
leur ensemble?
M. Bourdon: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député.
M. Bourdon: ...je suggérerais peut-être... D'une
part, mon collègue de Mercier a posé un certain nombre de
questions ou a soulevé un certain nombre de questions et, si la ministre
était d'accord, on pourrait peut-être se rendre à 17 heures
dans un échange général comme ça...
Mme Gagnon-Tremblay: On peut, à la toute fin...
M. Bourdon: ...avant de passer à l'étude des
éléments de programme un par un.
Le Président (M. Gobé): Bien écoutez, moi,
personnellement, je ne vois pas d'inconvénient. Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: On peut les adopter à la toute fin
et, finalement, répondre aux questions.
Le Président (M. Gobé): Oui, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: On est ici, finalement, pour
échanger. Alors, on peut...
Le Président (M. Gobé): Oui, je pense que c'est une
formule très facilement réalisable à cette commission.
Mme Gagnon-Tremblay: On peut attendre à la toute fin.
Le Président (M. Gobé): Alors, donc, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, c'est vous qui allez maintenant
prendre la parole, si je comprends bien.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que je réponds... Est-ce que
je peux répondre aux questions?
M. Bourdon: Je souhaiterais que la ministre, si elle le veut,
réponde aux remarques de mon collègue.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, d'accord, parfait.
Le Président (M. Gobé): Oui. Alors, allez-y, Mme la
ministre.
Mme Monique Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, M. le Président, au
départ, en premier lieu, je voudrais bien sûr remercier les
députés de Pointe-aux-Trembles et de Mercier des bonnes paroles
qu'ils ont eues à mon égard. Bien sûr, je n'ai pas pu faire
tout ce travail seule, c'est parce que j'ai été
accompagnée d'une équipe formidable, je pense, qui m'a suivie au
cours de ces trois dernières années, et je veux dire aussi que
j'ai eu des prédécesseurs, au ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, qui avaient aussi
tracé la voie. Alors, je pense que, dans ce sens-là, le
député de Mercier...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: ...en était également un.
Alors, je voudrais répondre à la première question
du député de Mercier concernant notre système
informatique. Je dois vous dire que c'était un travail de taille.
C'était un travail d'envergure, finalement, qu'on avait à faire
au ministère, puisqu'on commençait à peu près
à zéro. On s'était donné un plan sur un minimum de
trois ans. Je dois vous dire qu'il y a beaucoup de choses d'enclenchées,
entre autres, au ministère, à Montréal même. Quant
à nos bureaux à l'étranger, tout n'est pas terminé
encore. On peut dire cependant qu'on a un système de Car-dex à
peu près dans tous nos bureaux à l'étranger, mais le
système informatique n'est pas encore complété. Nous le
compléterons au cours des prochaines années, nous y allons... Je
pense que ce qui était important, c'était de se donner les outils
nécessaires ici, au ministère, pour s'assurer aussi d'être
capables de faire le suivi, d'être capables aussi de mieux
intégrer. On se rend compte maintenant, après quelques
années, qu'on commence à avoir des études, à avoir
des données qui nous permettent de poser des gestes, données
qu'on n'avait pas auparavant. Alors, je dois vous dire que le système
n'est pas tout à fait complété, bien sûr, mais que
nous avons prévu de le compléter sur une période un petit
peu plus longue.
Quant aux réfugiés, je sais que le député de
Mercier est très sensible à la cause des réfugiés,
et avec raison aussi. Je dois vous dire que les principaux pays proviennent,
finalement, entre autres... Je veux dire qu'au niveau du recrutement, les pays
d'origine, on les recrute prin
cipalement, bien sûr, à Bangkok, à notre bureau de
Bangkok, dans une proportion de... Les principaux pays là où on
les recrute actuellement, c'est Bangkok et Hong-kong. Ça, ça
exclut, bien sûr, ceux qui revendiquent le statut de
réfugié. Ceux qui revendiquent le statut de réfugié
proviennent principalement du Liban, de l'ancienne Union soviétique, du
Sri Lanka, de l'Iran, de la Roumanie, du Zaïre, du Salvador, du Gana, de
la Somalie et des Seychelles. ceux que nous sélectionnons à
l'étranger actuellement: 80 % ont été
sélectionnés dans cinq bureaux à l'étranger. il
s'agit tout d'abord de hong-kong pour 23 %, de bangkok pour 20 % et, pour les
ressortissants de l'asie du sud, principalement des khmers et des afghans.
ensuite, on retrouve, au siq de rome, au bureau de rome, 17 % et, à
celui de bruxelles, 10 %. c'est des gens qui sont généralement
sur le territoire. et une grande majorité de polonais et
d'éthiopiens. finalement, à mexico, 10 % pour les
réfugiés d'amérique latine, notamment des
salva-doriens.
Je dois vous dire cependant que, suite à des rencontres que j'ai
eues avec certains hauts commissariats aux réfugiés, les pays ont
maintenant tendance à vouloir rapatrier les réfugiés dans
les camps dans leur propre pays et il y a une diminution énorme de
réfugiés dans des camps. Entre autres, au camp de Phanat Nikhom,
actuellement, en Thaïlande, on veut vraiment fermer les camps. On en a
déjà fermé plusieurs et on veut vraiment fermer les camps.
Notre pourcentage a diminué au point que nous ne pourrions pas, nous
aurions de la difficulté à organiser une classe de
français, par exemple, une classe d'accueil au cours de la prochaine
année. Alors, nous avons envisagé de fermer Phanat Nikhom parce
que la clientèle n'est plus là. Cependant, actuellement, il y a
quelqu'un du ministère qu'on a envoyé au Viêt-nam, sur
place, pour voir, par exemple, si on ne pourrait pas, au Viêt-nam
même, par l'entremise, par exemple, d'Alliance française, avoir
des cours de français, pouvoir donner des cours de français sur
le territoire vietnamien.
Justement, lorsqu'on parle de fermeture ou de rapatriement, entre
autres, de réfugiés à l'extérieur, je rencontrais
ce matin l'ambassadeur du Viêt-nam au Canada qui disait justement que le
pays a un programme très impressionnant pour rapatrier les gens.
Ça ne veut pas dire, bien sûr, que les gens, pour toutes sortes de
raisons, auront le goût de retourner quand même. Mais, même
au niveau des hauts commissariats aux réfugiés, on incite
fortement les gens à retourner et on s'assure aussi que ces
personnes-là, dans leur pays, ne seront pas réprimandées
ou qu'on ne sévira pas contre elles. Je dois vous dire qu'actuellement
le bassin rétrécit un peu à l'extérieur. (16 h
30)
Maintenant, oui, je vais répondre à votre autre question
sur le comportement des réfugiés qui arrivent ici au
Québec. C'est sûr que les réfugiés qui sont
allés dans une école du Québec comme, par exemple, Phanat
Nikhom - on leur a fait apprendre le français, on leur a donné
aussi une idée de la culture québécoise - pour ces
personnes-là, c'est beaucoup plus facile d'intégration
lorsqu'elles ' arrivent. Ça ne veut pas dire pour autant qu'on n'a pas
du travail à faire au niveau de l'intégration, parce que ce sont
aussi des personnes qui sont très démunies, c'est-à-dire
qui ont été, comment pourrais-je dire, marquées par des
guerres ou qui ont été marquées par toutes sortes de
choses. Bien sûr qu'il faut travailler beaucoup sur ces personnes. Mais,
en général, ce sont des personnes qui s'adaptent assez bien et
assez rapidement. D'ailleurs, on a une étude - on vient de vous en
remettre une copie - sur le portrait d'un processus. C'est la première
année d'établissement d'immigrants admis au Québec en
1989. Alors, comme je vous le disais, c'est la première fois,
finalement, qu'on peut avoir des données un peu plus précises sur
les comportements, entre autres. Cette étude qui vous a
été remise aujourd'hui sera complétée par le
ministère pour répondre vraiment à la question justement
du député de Mercier sur le comportement des
réfugiés par pays de provenance. Alors, c'est une étude
qui sera complétée pour répondre plus
spécifiquement à votre dernière question.
Le Président (M. Gobé): Oui, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. J'étais absorbé dans
la lecture d'un document.
Discussion générale Adoption
internationale
M. Bourdon: M. le Président, un des élé-i
ments importants, je pense, de la réflexion devrait être la
question de l'adoption internationale et Mme la ministre en parle quelque peu i
dans son allocution d'ouverture. Ce que j'entends par là, c'est que
c'est sûr qu'en termes d'adop-i tion ce qui peut être fait se fait
dans des i conditions où l'intégration à la
société d'accueil est comme patente, et évidente, et
assumée par i la nouvelle famille de l'enfant. À cet
égard-là, j'aimerais savoir un peu quels sont les rôles
respectifs du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration et du Secrétariat à l'adoption internationale qui
est au ministère de : la Santé et des Services sociaux.
D'entrée de jeu, je confie à la ministre qu'une
Québécoise d'origine roumaine, qui réside i dans mon
comté, m'avait approché. On a appelé ; au
Secrétariat à l'adoption internationale et je i
n'étonnerai pas la ministre en disant que l'accueil a été
très administratif. Il n'y a pas eu moyen de savoir si on pouvait avoir
des rensei-s gnements pratiques pour cette personne, pour
savoir comment fonder une société, entre autres, pour
faciliter l'adoption de personnes, d'enfants en Roumanie. Je ne le dis pas en
termes de critique négative, mais je me dis que le ministère a
certainement un rôle à jouer, à cet égard-là,
vis-à-vis du Secrétariat à l'adoption internationale qui
m'apparait jouer un rôle plus administratif et juridique que de
promotion, qui, sans doute, dépend un peu plus du ministère des
Communautés culturelles.
Alors, je ne sais pas si la ministre pourrait nous indiquer à peu
près ce qui se dessine dans ce domaine-là?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je pense qu'au
niveau de l'adoption internationale le Secrétariat à l'adoption
internationale relève, bien sûr, du ministère de la
Santé et des Services sociaux. Le rôle que nous, du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration,
pouvons jouer, c'est celui, bien sûr, d'émettre des certificats
pour permettre à ces personnes-là d'immigrer et de venir au
Québec. Cependant, dans notre énoncé de politique,
c'est-à-dire dans notre plan d'action, nous nous sommes engagés
à faire une étude des différents pays, des bassins,
finalement, d'adoption et aussi à étudier les lois existantes
dans ces pays-là pour faciliter, justement, la tâche au
Secrétariat à l'adoption et aussi aux organismes qui travaillent,
qui oeuvrent pour l'adoption internationale.
J'ai eu l'occasion, lorsque je suis allée en Roumanie, l'automne
dernier, de m'enquérir, bien sûr, de toutes les difficultés
et de rencontrer, entre autres, la présidente de la commission
d'adoption en Roumanie parce qu'on s'était rendu compte qu'il y avait eu
des adoptions faites un peu de façon sauvage, dans le sens que des
enfants avaient été adoptés alors que les parents
étaient là et... Bon, on a voulu cesser ça. Il y a eu un
moratoire qui a été mis, par exemple, sur l'adoption
internationale en Roumanie, moratoire qui a été levé tout
récemment. Mais, aussi, on devait passer à l'adoption d'une loi
pour déchéance des droits parentaux.
Si ma mémoire est fidèle, ce qu'on m'avait dit, l'automne
dernier, c'est qu'il y avait tout près de 40 000 enfants de zéro
à trois ans qui étaient dans les orphelinats et qu'il y avait
tout près de, je pense que c'est 7000 enfants de sept ans et plus,
également dans les orphelinats. Cependant, ce sont des enfants qui ont
été mis dans les orphelinats mais qui ont encore des parents, qui
ont toujours des parents. C'est parce que les parents ne pouvaient pas subvenir
à leurs besoins. Alors, là, il faut que le pays, naturellement,
puisse passer une loi pour aviser ces parents, ou bien rencontrer ces parents
individuellement, ou faire en sorte que les parents puissent être
déchus de leurs droits parentaux avant de pouvoir adopter.
Récemment, j'ai eu des contacts avec le consul de la Roumanie qui
me disait que, main- tenant, on laisse adopter des enfants, par exemple,
handicapé^ pour le moment, sauf que ça devrait aller
peut-être un petit peu plus tard à l'été. Mais je
dois vous dire qu'il y a un organisme, qui est très connu dans la
région ici, qui a des contacts très réguliers et une
très bonne collaboration avec la commission de l'adoption en Roumanie.
Actuellement, il y a déjà 24 enfants que cet organisme a
réussi à faire venir. On s'est assuré qu'il y ait toujours
une dizaine de dossiers sur le bureau de la présidente de la commission.
On a établi une bonne collaboration. On a offert la nôtre et,
aussi, on échange régulièrement avec la commission.
Lorsque je suis allée au Mexique, également, j'ai fait des
contacts au niveau de l'adoption internationale. Le gouvernement du
Québec a signé des ententes avec certains pays. Ça
facilite et bien sûr que c'est préférable, parce
qu'à ce moment-là c'est beaucoup plus facile. Dans chaque pays,
on préfère, bien sûr, que ces enfants-là soient
adoptés par des gens du pays avant de penser qu'ils pourraient
être adoptes par d'autres pays. Mais je pense que le Québec est
bien reconnu et on essaie d'être beaucoup plus actif.
M. Bourdon: Je voudrais demander également à la
ministre s'il y a une réflexion d'entreprise sur le coût de
l'adoption internationale. On parle d'un coût qui peut aller
jusqu'à environ 20 000 $, ce qui, j'ai l'impression, restreint... Il y a
comme une restriction d'ordre économique à la possibilité
de procéder à de l'adoption.
Mme Gagnon-Tremblay: Quand je suis allée, justement, en
Roumanie, j'ai demandé qu'on me fasse parvenir des coûts et
comment, par qui, par exemple, on pourrait procéder, comment on pourrait
le faire. Généralement, d'après l'organisme dont je vous
parlais tout à l'heure, on me dit que ça coûte, en
Roumanie, 8000 $ à 9000 $ à peu près. Souvent, aussi, les
coûts sont reliés à la présence des parents sur le
territoire pendant un certain temps, avant que tous les documents soient
signés. Ça fait partie de l'étude que nous sommes en train
de faire au niveau des bassins et, par exemple, des pays qui auraient des lois
parce que chaque... Naturellement, c'est difficile de donner aussi une
idée fixe des coûts étant donné que les lois du pays
peuvent être différentes et peuvent exiger aussi des gestes
différents.
Accessibilité aux COFI
M. Bourdon: J'ai une autre question. La ministre, dans son
allocution, parle de l'accès aux COFI pour les immigrants francophones
qu'on veut intéresser à venir en plus grand nombre. Je pense que
son allocution souligne une contradiction qui est qu'à première
vue - je ne dis pas que c'est un fondement réel - l'im-
migrant francophone peut trouver que, parce qu'il parle français,
il reçoit moins que l'immigrant qui ne parle pas français. Dans
le fond, ça pose la question qu'il ne faut pas, non plus, être
obsédé uniquement par la question de l'intégration
linguistique à la société d'accueil qui, certes, est
essentielle et importante, mais que l'intégration est aussi d'ordre
social, économique et culturel. Est-ce que la ministre pense qu'il y
aurait possibilité d'envisager que l'accès aux COFI soit
éventuellement élargi à l'ensemble des immigrants, quitte
à ce que, dans les COFI, les immigrants parlant déjà
français soient intégrés dans un programme
différent? Je vais être clair à cet égard-là.
Si une personne n'a pas à apprendre le français, elle a à
apprendre notre pays et ça veut dire, entre autres, les lois sociales en
vigueur, les coutumes, en fait. Je me demande si, à cet
égard-là, on peut penser que la mesure pourrait être
étendue aux immigrants parlant français. (16 h 40)
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense, M. le Président, que le
député de Pointe-aux-Trembles a tout à fait raison.
D'ailleurs, c'est ce que j'ai annoncé récemment. Il faut dire
qu'avant que nous ayons signé cette entente avec le gouvernement
fédéral, étaient éligibles aux COFI les personnes
se destinant au marché du travail, ne parlant pas une des deux langues
officielles, ce qui veut dire que les allophones seulement étaient
éligibles aux COFI. Suite à la signature de l'entente que j'ai
signée avec Barbara McDou-gall, on a admis, depuis l'année
dernière, les immigrants parlant anglais. Maintenant, on les a inclus
dans nos cours de COFI. Quant aux immigrants parlant français, les
parlant français, vous avez tout à fait raison de dire qu'il y a
aussi... On s'est rendu compte qu'il y avait un grave problème parce que
ces personnes-là ne savaient pas toujours comment faire une recherche
d'emploi. La recherche d'emploi dans des pays est fort différente de
celle qu'on fait, ne serait-ce que la poignée de main, ne serait-ce que
le regard - bon, pour toutes sortes de raisons - à cause des cultures
différentes. Ce qu'on a décidé de faire, à ce
moment-là: on a préparé un programme de 25 heures, qui
commencera à la fin du présent mois, qui sera donné aux
immigrants parlant français sur la culture québécoise, sur
la façon de faire un curriculum, sur, par exemple, la façon de
rechercher de l'emploi. Alors, ce cours débutera à la fin du
présent mois.
M. Bourdon: Est-ce qu'il serait pensable, dans un avenir
prochain, que l'accès aux COFI soit élargi aux immigrants parlant
français?
Mme Gagnon-Tremblay: là, il faut voir, cependant. c'est
que le cours des cofi, quand même, est structuré autour d'un
apprentissage de la langue française. il faudrait voir et aussi...
Bien sûr qu'il y a des allocations aussi qui sont reliées
à tout ça. Il faut voir la capacité de payer, bien
sûr. Ce qui est important, c'est que la personne puisse intégrer
le marché du travail le plus rapidement possible. Nous pensons,
actuellement, comme la personne n'a pas à apprendre le français,
que 25 heures de cours pourraient être suffisantes. Alors, bien sûr
qu'à ce moment-là nous verrons à voir s'il n'y aurait pas,
par exemple, du transport, s'il n'y aurait pas des services de garde qu'on
pourrait offrir. Mais, quant aux 25 heures, il y a moyen, je pense, de
s'organiser pour que les personnes puissent avoir les cours tout en
n'étant peut-être pas à temps plein. Aussi, c'est sûr
que, c'est certain... Quand je parle de COFI - c'est parce que là il
faut s'entendre - c'est que, pour moi, les COFI, c'est 600 heures et plus. Les
nouveaux cours, les 25 heures vont être données en COFI. On va se
servir naturellement de ces locaux-là pour donner nos cours, mais ce
n'est pas, par exemple, identifié comme pour les autres immigrants, les
allophones entre autres.
M. Bourdon: Est-ce que la ministre pourrait nous dire combien il
y a d'enseignants dans les COFI que le ministère coiffe maintenant?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Vous allez permettre...
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...qu'on me donne les chiffres exacts. J'ai
une idée, mais le chiffre exact... Parce qu'il y a beaucoup
d'occasionnels aussi, étant donné que ça peut aller
à la baisse aussi bien qu'à la hausse.
M. Bourdon: En attendant, Mme la ministre, peut-être
savoir... Le Programme québécois de francisation des immigrants,
d'après ce qu'on peut voir aux crédits, il y aurait une
diminution importante du nombre de bénéficiaires. On parle de 938
personnes de moins entre 1990-1991 et 1991-1992.
Mme Gagnon-Tremblay: Au niveau du PQFI? M. Bourdon:
Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, d'accord. Il y a 466 enseignants...
M. Bourdon: O.K.
Mme Gagnon-Tremblay: ...au niveau des COFI, et la diminution du
PQFI s'explique parce que nous avons... Depuis que nous avons été
chercher les programmes du gouvernement fédéral, nous avons
harmonisé le tout, nous avons fait de nouveaux programmes, de sorte que,
actuellement, le PQFI se trouve inséré dans
le PNFE, dans le programme PNFE. Nous sommes aussi à
réévaluer pour voir comment on peut atteindre les
clientèles. Je pense que ce qui est important au niveau du
français, c'est, premièrement, d'évaluer, parce que ce
n'est pas toute la clientèle qui passe aux COFI non plus, il nous en
échappe. Aussi, souvent, en cours de route, lorsque les personnes
trouvent de l'emploi, elles quittent.
Alors, ce qui est important, c'est de savoir comment on peut atteindre
cette clientèle et ce qu'on peut faire, que ce soit, par exemple, au
niveau des COFI, que ce soit au niveau des investisseurs, que ce soit, par
exemple, dans le milieu de travail, que ce soit à la maison aussi, parce
qu'on a même eu des cours qu'on a donnés aux femmes à la
maison, mais on se rendait compte qu'il y avait une difficulté. Elles ne
venaient pas comme on aurait souhaité qu'elles viennent. Alors, on est
en train de faire des recherches pour savoir pourquoi elles ne viennent pas et
comment on pourrait atteindre ces personnes-là, même,
peut-être, par le truchement de la télévision
communautaire. On essaie de développer, actuellement, au
ministère, une série de moyens pour atteindre les personnes et
leur enseigner le français.
Aussi, ce qui arrive, c'est que... Bon, mon sous-ministre me le note.
Vous vous souviendrez que la liste d'attente, au niveau du PNFE était
tellement longue, il y avait tellement de gens qui attendaient, avant qu'on
signe l'entente avec le gouvernement fédéral, que les gens
allaient dans l'autre cours. Maintenant que la liste est résorbée
et que le délai est normal, les gens préfèrent aller
à temps plein dans l'autre cours et avoir toutes les allocations.
M. Bourdon: Vous parlez de l'attente qui est plus normale
maintenant. Ça peut vouloir dire un temps d'attente de combien de
temps?
Mme Gagnon-Tremblay: Trois mois environ. Deux à trois
mois. Mais peut-être trois mois, à ce moment-ci.
Le Président (M. Gobé): Alors, est-ce tout, M. le
député de Pointe-aux-Trembles? M. le député de
Mercier.
M. Godin: M. le Président, merci.
Le Président (M. Gobé): Je vous en prie.
M. Godin: J'aimerais savoir, de la part de la ministre, si le
ministère parraine encore ou couvre encore de son parapluie les cours de
langue maternelle aux enfants allophones.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous voulez dire la langue d'origine, les
cours de langue d'origine.
M. Godin: Oui, langue d'origine. Voilà!
Mme Gagnon-Tremblay: II y a encore un petit budget. Le budget
n'est pas augmenté cependant. Nous l'avons laissé... Nous sommes
en train de l'évaluer. Bien sûr qu'il n'y a aucune décision
de prise, actuellement, mais c'est certain que, dans un contexte, par exemple,
de rareté des ressources, ma priorité va toujours au
français.
M. Godin: C'est clair, Mme la ministre.
Le Président (M. Gobé): Oui. Alors, est-ce que nous
allons maintenant passer aux programmes?
M. Bourdon: Non.
Le Président (M. Gobé): Oui, allez-y, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Si c'est possible, je voudrais savoir de la ministre,
pour ce qui est des COFI, s'il serait exact de dire que, d'une certaine
manière, ce moyen d'intégration, qui est important, ne va pas se
diversifier un peu comme le système d'éducation
québécois en général. Ce que j'entends par
là, c'est qu'il y a une période où les nouveaux arrivants
passent par un COFI. Ils sont initiés à la langue. Ils ont une
allocation, mais je suppose, ce que je déduis un peu de vos propos, Mme
la ministre, c'est que, d'une certaine manière, il y a peut-être
à développer... Bon, vous parlez d'un cours sur mesure de 25
heures pour les immigrants parlant déjà français, pour les
initier. Dans le fond, ça pose la question du temps partiel, des cours
du soir. Vous parliez même de cours à domicile. Dans le fond,
est-ce que les COFI ne devront pas de plus en plus s'adapter aux
clientèles comme le fait le système d'éducation en
général? Parce qu'il y a des gens qui travaillent, mais qui
pourraient, le soir, aller chercher des choses. Je peux comprendre un immigrant
inscrit dans un COFI qui a une opportunité de trouver un emploi, il
risque de laisser tomber pour prendre l'emploi. Ce que je veux dire, ce n'est
pas de compliquer les questions, mais de répondre aux diverses sortes de
besoins qui existent.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr, M. le député
de Pointe-aux-Trembles, qu'il y aura toujours une clientèle qui aura des
besoins un peu plus spécifiques. Quand on arrive, on ne parle pas la
langue, ni l'une ni l'autre. Je pense qu'à ce moment-là le COFI
permet, à la sortie - pour certains, ça dépend,
naturellement, du degré d'absorption et ça dépend,
naturellement, du pays d'où vous venez - peut-être de baragouiner
le français. D'autres vont le parler un peu mieux. Bien sûr,
aussi, qu'il va falloir penser à une amélioration, à un
perfectionnement de ce français. C'est sûr que, si, par exemple,
on sort du COFI, je ne pense pas que l'on puisse inté-
grer la fonction publique du jour au lendemain. Il faut quand même
être capable d'écrire le français correctement et il faut
être capable de le parler correctement. C'est pour ça, d'ailleurs,
qu'on essaie de diversifier.
Même, actuellement, on essaie de donner des cours sur mesure. On
expérimente des cours sur mesure comme, par exemple, dans le
réseau de l'hôtellerie, avec le syndicat même, actuellement,
et aussi avec les infirmières. On essaie de perfectionner la langue
à travers des cours plus pointus, en fonction du marché du
travail. C'est certain, je pense, qu'il y aura toujours des besoins comme tels
pour une clientèle, mais ce qui est important, cependant, c'est que nos
locaux servent, par exemple, à l'éducation ou puissent servir
à ces besoins diversifiés. (16 h 50)
Je dois vous dire que déjà, actuellement, nos locaux sont
utilisés à un fort pourcentage, étant donné que,
pour être capable de diminuer notre liste de demandes suite à la
signature de l'entente, on a dû mettre sur pied des doubles horaires.
Alors, vous avez des étudiants qui commencent à 8 heures le matin
et qui terminent à 14 heures. Il y a une autre équipe qui
commence et qui termine. Alors, nos classes sont utilisées avec du
double horaire actuellement parce qu'on ne peut pas non plus trouver ces types
de bâtisses. Par exemple, à Montréal, partout sur le
territoire, ce n'est pas toujours facile. Alors, on essaie de faire du double
horaire. Aussi, ça donne naturellement, bien sûr, une
flexibilité pour les gens, comme vous le disiez tout à l'heure,
qui travaillent. On est en train d'évaluer cette
expérience-là actuellement aussi.
M. Bourdon: D'accord. J'aurais une question à la ministre
sur un tout autre sujet qui, en apparence, n'est pas lié, mais je pense
qu'il l'est. Je pense à la nouvelle carte électorale dans le sens
suivant: aux dernières nouvelles, ITle de Montréal va
perdre trois comtés. Pourtant, quand on regarde les chiffres du
recensement de 1986 et qu'on les compare à celui de 1981 - le
recensement de 1991 est attendu incessamment, on pourra vérifier la
tendance - on découvre que l'île de Montréal, de 1981
à 1986, a connu une augmentation de population. La ville-centre a connu
un certain exode, mais la banlieue sur l'île a compensé et il y a
eu une certaine augmentation de population. Mais ce qui est paradoxal, c'est
que la première version de la carte prévoyait la disparition de
certaines circonscriptions en région. Je n'en suis pas sur le
mérite. Les gens des régions ont réagi fortement, et
c'était parfaitement légitime de leur part, de telle sorte que le
Directeur général des élections, avec la contrainte de 125
circonscriptions, s'est mis à chercher où prendre les
comtés qu'il faut ajouter en couronne de Montréal, où il y
a une augmentation de population qui est marquée. Comme, dans la
couronne de Montréal, il y a des circonscriptions à ajouter et
que lui, le Directeur général des élections, a la
contrainte des 125, il les enlève sur l'île de Montréal. Ce
n'est pas la loi qui lui impose ça dans sa dimension de permettre un
flottement de plus ou moins 25 % de la moyenne, c'est la contrainte d'avoir
à arriver avec 125 circonscriptions. Or, Montréal est
touchée spécifiquement par ça à cause notamment des
nouveaux arrivants, des revendicateurs de statut de réfugié,
parce que pour avoir... J'ajoute, Mme la ministre, que la loi
québécoise dit que le partage de la carte électorale se
fait selon le nombre d'électeurs inscrits à l'élection
précédente. Alors, Montréal est désavantagée
à tous égards, parce que la dernière enumeration s'est
faite en août. On prétend qu'il a manqué au moins 20 000
étudiants universitaires parce que les étudiants d'une des quatre
universités, en août, risquent d'être dans leur
région d'origine au Québec plutôt qu'à
Montréal.
Les immigrants reçus qui n'ont pas encore la citoyenneté
n'ont pas le droit de vote. Ils ont donc tendance à ne pas s'inscrire
sur la liste électorale. Quant aux revendicateurs de statut, ils ne
l'ont pas non plus. Si on regarde, dans le fond, des chiffres approximatifs, si
on parle de 40 000 revendicateurs de statut et d'une arrivée d'à
peu près 40 000 immigrants par année, on se retrouve
peut-être avec 125 000 ou 150 000 personnes qui ne figurent pas sur les
listes mais qui font partie de la population active. Au fédéral,
les circonscriptions sont divisées par population et non par
électeurs inscrits sur la liste. Vous avez eu une manifestation de ce
symptôme à la dernière élection municipale de
Montréal où, en se servant des statistiques provinciales et
fédérales, la ville s'attendait à 700 000 inscriptions,
puis il n'y en a eu que 625 000.
Or, dans le fond, la question que ça pose, c'est
évidemment - mais ce n'est pas l'objet de nos crédits - la
question du poids relatif de la métropole dans la représentation
politique au Québec. Mais je pense que ça pose aussi la question
de la dichotomie entre la population et les inscrits sur les listes. Je
m'explique à cet égard-là. Un revendicateur de statut, un
réfugié ou un immigrant, un député le
représente même s'il n'est pas sur la liste électorale.
S'il éprouve des difficultés, il va s'adresser, et c'est normal,
au bureau de comté de son député pour les régler.
Je n'en suis pas sur le fardeau de tâche des députés, mais
ce que je veux dire, c'est que, si je simplifiais à outrance, je dirais
que les trois comtés que l'île de Montréal va perdre, c'est
l'équivalent des 150 000 nouveaux arrivants qui n'ont pas encore le
statut d'électeur. Je ne dis pas qu'ils ne seront pas
représentés, ils vont l'être par le député de
leur circonscription, mais il y a là, il me semble, un problème
assez criant. Je me demande si la ministre a une opinion à cet
égard-là.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, bien sûr que
je n'ai pas de pouvoir sur la carte électorale parce que, même
dans la région de l'Estrie, on se bat aussi pour conserver un
comté, qui est le comté de Richmond. Cependant, je comprends la
difficulté et c'est pourquoi, dans le plan d'action que j'ai
déposé l'année dernière, on retrouve une mesure de
collaboration avec le Directeur général des élections pour
voir, par exemple, à renseigner mieux, à informer mieux les
Québécois des communautés culturelles, afin qu'ils
s'inscrivent davantage sur les listes électorales. Alors, ce travail se
fait en collaboration avec le Directeur général des
élections. Aussi, personnellement, je ne manque aucune occasion, surtout
dans - on ne peut pas se le cacher - les débats qui s'en viennent sur
l'avenir du Québec. C'est important que ces Québécois
à part entière puissent participer aussi à ces
débats, puissent faire valoir leur point de vue. Alors, moi, je ne
manque jamais une occasion de les sensibiliser et de souhaiter qu'ils
s'inscrivent justement sur les listes, pour pouvoir participer à la vie
québécoise, à la vie électorale du Québec
aussi. Mais, bien sûr que la carte électorale ne relève pas
malheureusement là de... Mais, je suis consciente du
problème.
M. Bourdon: D'accord. Alors, M. le Président, on pourrait
passer à l'étude des programmes.
Le Président (M. Gobé): Avec plaisir. Je ne sais
pas... Oui, M. le député de Richelieu, vous avez demandé
la parole.
M. Khelfa: Oui. Merci, M. le Président. Avant de passer
aux programmes comme tels, j'aimerais, si vous me permettez, intervenir
rapidement pour souligner que le travail colossal que la ministre de
l'Immigration et des Communautés culturelles abat à la tête
de ce ministère porte fruit. Puis, on peut le constater sur le terrain,
à l'intérieur de toutes les communautés. Même, c'est
reconnu par l'Opposition, ce qui me réjouit grandement que l'Opposition
reconnaisse ce travail colossal.
J'ai eu l'occasion de rencontrer le député de
Pointe-aux-Trembles sur le terrain, dans quelques communautés.
Effectivement, on constate que le gouvernement du Québec ouvre les
portes et qu'il est attentif aux besoins de ces communautés. C'est un
travail que j'aimerais souligner, qui porte fruit pour l'aspect
économique de la mission du gouvernement, la mission du
ministère, mais surtout sur l'aspect humain. Faire un rapprochement des
communautés avec l'ensemble de la vie quotidienne
québécoise, c'est une mission importante.
J'aimerais souligner un point et vous demander une question, Mme la
ministre. Le contrat moral que vous avez énoncé
dernièrement, j'aimerais avoir votre réaction, la réaction
de votre ministère, sur l'évaluation de l'impact de ce contrat
moral. Comment c'a été reçu par les communautés,
sur le terrain? J'ai quelques commentaires qui sont très positifs, mais
j'aimerais vous entendre sur l'évaluation de votre part.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, M. le Président, je dois dire
que le contrat moral a été bien reçu. Entre autres, il a
été très bien reçu par le Conseil économique
du Canada et aussi par l'OCDE. Je pense que c'est la première fois qu'on
retrouvait là un contrat, en ayant des engagements de part et d'autre,
c'est-à-dire aussi bien de l'immigrant que de la société
d'accueil. (17 heures)
Je dois vous dire qu'actuellement nous sommes en train de le
développer, ce contrat moral, afin de bien le faire connaître
à la population ou aux gens qui voudraient venir et s'établir au
Québec, et aussi face à la société d'accueil.
Alors, on travaille actuellement sur le contrat. Le Conseil des
communautés culturelles nous donne un coup de main aussi au niveau des
accommodements. Maintenant, on l'inclut, on en parle, d'un contrat moral, dans
la documentation qu'on remet aux immigrants qui arrivent à
l'aéroport. Justement, on va vous remettre une pochette contenant toute
la documentation qui est donnée à l'aéroport aux
immigrants lorsqu'ils arrivent, maintenant que nous avons inauguré,
vendredi dernier, nos services à l'aéroport. Alors, vous avez un
peu une idée de la documentation remise aux immigrants lorsqu'ils
arrivent en sol québécois. Il y aura, c'est-à-dire, un
dépliant qui sera inclus. Plus tard, nous aurons un dépliant sur
le contrat moral qui sera inclus dans cette pochette. Nous sommes actuellement
à le terminer, ce contrat moral.
M. Khelfa: Merci. Puisque nous sommes... Est-ce que je peux
continuer, rapidement? Est-ce que vous sentez une sorte de volonté des
immigrants d'aller vers les régions? Vous avez mentionné, dans
votre discours de présentation, une entente avec la SMD, la
Société montéré-gienne de développement.
Est-ce que cette approche pourrait être généralisée
dans d'autres régions au Québec?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr que la
régionalisation, actuellement, ce n'est pas quelque chose qu'on peut
dire qu'on a atteint. D'ailleurs, on s'était dit que, la
régionalisation, ce n'est pas quelque chose de facile, ce n'est pas du
court terme, c'est du moyen et du long terme. J'ai toujours mentionné
qu'on ne peut pas imposer la région aux immigrants et qu'on ne peut pas
imposer les immigrants à la région. Il faut aussi préparer
les attitudes, les mentalités. Il faut préparer le terrain.
C'est pourquoi, actuellement, nous travaillons sur plusieurs projets en
collaboration avec les régions, que ce soit des projets au niveau
économique, d'intégration économique entre autres,
pour s'assurer que les régions vont pouvoir prendre en main, finalement,
le défi qu'on veut relever. Il faut travailler aussi pour être
capable d'identifier des pénuries de main-d'oeuvre qualifiée. Il
faut être capable d'identifier aussi des secteurs d'activité.
Là, on pourrait proposer, par exemple, à des
entrepreneurs, ou encore à des investisseurs, d'aller investir dans les
régions parce que, jusqu'à maintenant, les personnes qu'on a
envoyées dans les régions ont toujours été des
réfugiés. Non pas que les réfugiés ne soient pas
une richesse, loin de là, mais je pense qu'il faut être capable
d'amener aussi de l'immigration économique, ce que j'essaie de voir avec
les bassins francophones. J'essaie de voir avec les bassins, entre autres, en
France, dans les régions de la France, s'il n'y aurait pas des personnes
qui auraient le goût de venir et d'aller davantage en région que
de demeurer dans la grande ville de Montréal. Là, c'est ce qu'on
essaie d'expérimenter et de recruter, des gens des régions qui
pourraient venir en région, au Québec.
M. Khelfa: Merci, Mme la ministre.
Le Président (m. gobé): alors, merci beaucoup, m.
le député de richelieu. c'était fort intéressant.
nous allons maintenant passer aux programmes. m. le député de
mercier.
M. Godin: Une petite dernière.
Le Président (M. Gobé): Bien oui, allez-y. Je vous
en prie.
Programme d'accès à
l'égalité en emploi
M. Godin: Merci beaucoup, M. le Président. Mme la
ministre, j'aimerais savoir quel est l'état de la situation dans le
domaine de la création d'emplois pour les nouveaux
Québécois dans la fonction publique.
Mme Gagnon-Tremblay: Dans la fonction publique. Bon, je
pourrais...
M. Godin: Le célèbre programme...
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Je pourrais parler, par exemple,
pour notre ministère, en premier lieu, étant donné que je
pense qu'on est un modèle et qu'on atteint notre objectif. Cependant,
c'est que, bien sûr, dans la fonction publique, on se rend compte que
c'est assez lent. Je pense bien qu'on souhaiterait que ce soit plus fort, mais
il y a toutes sortes de raisons. Une des raisons, c'est qu'on fait de moins en
moins d'embauché. Il y a aussi le fait que la majeure partie des
ministères, ou tous les ministères - sauf, par exemple,
l'Immigration - sont ici à Québec. Mais, j'ai comme
l'impression... Aussi, il faut dire une chose, c'est que les programmes
d'accès à l'égalité visent les minorités
visibles, plutôt. Bien sûr, à ce moment-là, il y
a...
On se rend compte qu'il y a une clientèle, dans la fonction
publique, qui ne s'identifie pas aux Québécois des
communautés culturelles. Vous avez, par exemple, les Français,
les Belges. Vous avez plusieurs nationalités, ou des personnes qui sont
ici depuis 15 ans, depuis 20 ans, qui ne s'identifient plus aux
communautés culturelles, mais qui s'identifient aux
Québécois fonctionnaires, de la fonction publique du
Québec. Alors, ça fausse un tout petit peu nos données
quand on dit, par exemple, qu'on n'atteint pas, ou qu'on atteint un faible
pourcentage.
Là, actuellement, on essaie de voir à l'intérieur
de la fonction publique, finalement d'avoir une idée plus juste de cette
clientèle qui ne s'identifie pas, mais qui fait quand même partie
d'un bassin. Mais on peut dire quand même qu'actuellement, compte tenu de
l'embauche qui se fait au gouvernement, on n'atteint pas, bien sûr,
l'objectif qu'on avait visé. Je dois vous dire cependant que le
président du Conseil du trésor travaille actuellement - je
travaille en collaboration avec le président du Conseil du trésor
- pour voir comment on pourrait mieux contrôler les différents
ministères et, aussi, peut-être, rendre un peu plus imputables les
gens qui ont à prendre des décisions de sorte qu'ils soient
obligés de nous indiquer les raisons pour lesquelles on n'a pas
embauché ou on n'a pas atteint l'objectif. J'essaie de voir aussi si on
ne pourrait pas, dans la fonction publique, accepter, par exemple, des
stagiaires pour permettre à ces personnes d'avoir une expérience
québécoise qui leur permettrait par la suite d'aller sur le
marché du travail dans le privé. Nous travaillons actuellement
sur ça.
M. Bourdon: M. le Président, à cet égard,
dans les programmes d'accès à l'égalité,
d'habitude, on s'interroge, entre autres, sur les qualifications
professionnelles de la clientèle cible. Je pense qu'à cet
égard ce serait peut-être intéressant d'avoir
éventuellement un recensement plus pointu des fonctionnaires issus de
communautés culturelles. Je pense qu'il faudrait voir le problème
au sens large, dans le sens qu'il n'y ait pas juste la fonction publique
fonctionnaire, mais des secteurs comme l'éducation et les hôpitaux
où il y a déjà une certaine représentation.
Les chiffres qu'on a à l'heure actuelle parlent d'une
présence de fonctionnaires issus des communautés culturelles qui
tournerait autour de 3 %. Je sais que les chiffres méritent d'être
raffinés. Mais, en tout cas, chose certaine, si, par exemple,
après avoir mieux fait l'étude, on arrivait à 4 %, 5 % ou
6 %, il y aurait sous-représentation de toute façon.
Maintenant, dans le livre des crédits, on voit que les
crédits du Programme d'accès à l'égalité en
emploi dans les secteurs parapublic,
municipal et privé, qui étaient de 100 000 $ l'an
passé... Il n'y a pas de prévision cette année. Est-ce
qu'on peut savoir pourquoi il n'y a pas de prévision à cet
égard, pour ce qui est du Programme d'accès à
l'égalité en emploi dans les secteurs parapublic, municipal et
privé? Il y avait 100 000 $ l'an passé et il n'y a pas de
prévision de crédits cette année.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense qu'il faut dire aussi que les
sommes qui avaient été versées, c'étaient des
sommes ad hoc, des sommes temporaires, dans le sens que ce qu'on avait fait -
naturellement, le gouvernement avait déjà mis en place un
programme d'accès à l'égalité - ce qu'on voulait
aller chercher auprès de ces entreprises ou de ces institutions,
c'était: Les personnes qui ont passé à travers un
Programme d'accès à l'égalité ou qui ont eu un
emploi à travers le programme d'accès à
l'égalité, est-ce qu'elles sont encore en place? Sinon, pourquoi
elles ne le sont pas?
On a vu, par exemple, des femmes comme pompiers, ou encore des
chauffeurs de camions, ou des choses comme ça. La somme qu'on avait
réservée, au ministère, c'était pour faire toutes
sortes d'études comme ça, pour voir si la clientèle qui
est passée à travers un Programme, qui a eu un emploi à
travers le programme d'accès à l'égalité, si cette
personne est encore à l'emploi. Sinon, pourquoi ne l'est-elle plus?
Justement, mon sous-ministre m'avise que, l'an prochain, cette somme sera de
350 000 $ pour pouvoir compléter ces données, ces analyses.
Pour revenir au pourcentage, je dois vous dire que, chez nous, on a 12 %
de la clientèle. Donc, sur un objectif de 9 %, on a
dépassé. On était beaucoup plus haut que ça
l'année dernière. C'est parce qu'on a changé la
définition. La définition n'est plus la même.
L'année dernière, je pouvais fort bien - il y a deux ans,
c'est-à-dire... L'année dernière, je parlais encore de 20
% chez nous. Mais, comme on a changé la définition pour exclure,
comme je vous le disais tout à l'heure, certaines clientèles,
entre autres les parlant français, les Français, les Belges,
ainsi de suite, on a diminué - même les anglophones - à 12
%, compte tenu de cette modification de la définition de... (17 h
10)
M. Bourdon: Remarquez, Mme la ministre, qu'à cet
égard il y a une association qui existe au Québec, qui s'appelle
l'Association des fonctionnaires issus des communautés culturelles et
qui a l'originalité de regrouper des fonctionnaires de tous les niveaux
- fédéral, provincial et même municipal dans le cas de
Québec. Il y a un des dirigeants qui est un haut fonctionnaire de la
ville de Québec. J'aime le terme «issus des communautés
culturelles» parce que, dans le fond, l'équilibre à
rechercher, c'est d'avoir, au sein de la fonction publique, une juste
représentation des Québécois de toutes origines. Dans ce
sens-là, ce n'est pas... Ce que je veux dire par là, Mme la
ministre, c'est qu'il ne s'agit pas de poser aux gens un problème
d'identité, quasiment. Dans le fond, c'est une question d'accès
à l'emploi. J'ai rencontré, récemment, une jeune
Québécoise dont les parents étaient d'origine
haïtienne qui, elle, est née au Québec, et qui racontait,
dans une réunion à laquelle je participais, que, jusqu'au
cégep, elle ne s'était jamais demandée si elle
était d'une communauté culturelle. Là, elle
décrivait son cheminement. Je trouvais ça passionnant parce
qu'elle a dit: Finalement, à l'Université McGill où je
vais, on est 40 % de francophones dans mon département. Maintenant, j'ai
essayé de m'intégrer à la communauté haïtienne
de Montréal, mais je ne parle pas créole et je ne mange pas comme
les autres. Je trouvais ça éminemment sympathique. Elle a dit:
C'est parce que, maintenant, ça ne me préoccupe plus. Je suis une
Québécoise francophone. Dans le fond, c'est ça qu'est la
question.
Mais la question de l'emploi, par les temps qui courent, est sensible et
chez les Québécois de souche et dans les communautés
culturelles. Quand on y prend garde, les Québécois de souche
disent: II y a de l'emploi juste pour les immigrants, certain. Chez les
immigrants, on dit: Évidemment, il faut être
Québécois de souche pour trouver un emploi. La
réalité entre les deux, c'est que peut-être qu'il manque
d'emplois, au Québec, pour tout le monde. Mais chaque groupe qui part
d'une réalité où il y a un sous-emploi a tendance à
prêter à l'autre une capacité de s'en trouver bien plus
grande que ce que c'est, dans le fond. Mais je crois, moi, que c'est une
question qui est essentielle et qui revient souvent quand on parle aux
communautés culturelles.
En plus, il y a une chance qui va se présenter de rétablir
l'équilibre dans les fonctions publiques - parce qu'il y en a plusieurs
- parce que l'État québécois moderne s'est
constitué de 1960 à 1965 et, qu'à partir de 1995, les
mises à la retraite vont commencer à s'accélérer.
Je pense que ce qui est vrai des Québécois issus de
communautés culturelles est vrai pour d'autres groupes. Je pense aux
handicapés, aux autochtones, aux femmes, etc. Pour les programmes
d'accès à l'égalité, c'est bien plus simple
d'obtenir des résultats spectaculaires quand il y a des postes. Quand il
n'y a pas de postes... Comme il ne s'agit pas d'enlever ceux qui sont
déjà dedans... Mais, à partir de 1995, il va y avoir un
renouvellement substantiel des employés de l'État, à tous
égards, au Québec. Donc, si des programmes se sont
élaborés, j'ai le sentiment que ça pourra jouer un
rôle.
J'ajouterais un autre point, qui est l'image que les
Québécois issus des communautés culturelles ont de la
fonction publique québécoise. À cet
égard-là, le ministère est exemplaire, dans ses
publications, de montrer que les Québécois ne
sont pas tous blancs, que les Québécois ont plusieurs
origines, de montrer... Ça, dans la fonction publique, je pense que
ça va être une question de nommer aussi des personnes issues des
communautés culturelles à des postes qui comptent et où
les gouvernements ont un pouvoir discrétionnaire pour nommer. Dans le
fond, d'une certaine manière, il faut que l'image que les
Québécois des communautés culturelles se font de la
fonction publique soit valorisante, dans le sens qu'ils s'y sentent de plus en
plus représentés, et représentés par des personnes
en autorité, que ce n'est pas comme fonctionnaires de deuxième
classe qu'on est en train de les recruter.
Le Président (M. Gobé): Alors, très
bien.
M. Bourdon: On pourrait passer à l'étude des
programmes.
Le Président (M. Gobé): Je pensais qu'on y
était rendu déjà, à vous entendre parler.
M. Godin: On n'était pas loin.
Communautés culturelles et immigration
Le Président (M. Gobé): Alors, nous allons
commencer par le programme 1. Je pense qu'on va laisser les intervenants
intervenir librement à l'intérieur du programme. On ne commencera
pas par appeler les différents éléments, si vous
êtes d'accord.
M. Bourdon: Oui.
Le Président (M. Gobé): Oui, je pense que c'est
plus pratique comme ça.
Transferts fédéraux
M. Bourdon: Oui. J'aurais une première question, M. le
Président. On voit, dans l'état global des crédits du
ministère, qu'il y a une augmentation de 10 000 000 $ cette
année. D'abord, ça étonne, parce que c'est plus que
l'inflation et, dans d'autres commissions parlementaires, on n'entend parler
que de moins que l'inflation. Est-ce que la ministre est capable
d'établir quelle partie des 10 000 000 $ vient d'un transfert de
ressources, qui, avant, étaient au fédéral, vers le
ministère? Dans le fond, si on sortait les crédits non
augmentés du ministère, est-ce qu'ils sont en croissance ou en
décroissance?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que c'est assez facile, M. le
Président, étant donné que, l'année
dernière, suite à l'entente que nous avons signée, nous
avons obtenu du gouvernement fédéral 75 000 000 $; cette
année, 8? 000 000 $. Donc, il y a déjà, là. une
dif- férence de 7 000 000 $ qui provient justement du gouvernement
fédéral.
M. Bourdon: c'est donc dire que, comme l'augmentation des
crédits du ministère est de l'ordre de 10, ce n'est pas
attribuable au transfert de ressources.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, qui est attribuable, en bonne partie,
au transfert de responsabilités.
M. Bourdon: C'est ça, c'est ce que je veux dire. Si le
transfert de...
Mme Gagnon-Tremblay: II y a l'indexation, bien sûr...
M. Bourdon: C'est ça.
Mme Gagnon-Tremblay: ...sur la partie de...
M. Bourdon: La partie ancienne...
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. C'est ça.
M. Bourdon: ...si on peut l'appeler comme ça...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, oui, oui.
M. Bourdon: ...est augmentée de 3 000 000 $, ce qui
correspond à peu près à l'indexation.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça.
M. Bourdon: Et il y a un apport de 7 000 000 $...
Mme Gagnon-Tremblay: 7 000 000 $.
M. Bourdon: ...qui provient des transferts du...
Mme Gagnon-Tremblay: Du transfert du gouvernement
fédéral.
M. Bourdon: C'est ça. Les 7 000 000 $ en question, est-ce
que la ministre pourrait nous expliquer dans quels secteurs on peut les
répartir? Je ne parle pas à 10 000 $ près, mais en
gros.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous m'avez demandé des
renseignements supplémentaires...
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...et ça fait partie de ça
également. On me dit que c'est difficile étant donné que
c'est une enveloppe qui a été
négociée globalement. Ce n'est pas en fonction de
l'augmentation du nombre d'immigrants, ou de ci, par exemple, dans un cours.
C'est une enveloppe qui a été négociée globalement.
Dans certains cas, on peut même avoir moins de personnes qu'on
était supposé en avoir. On pourrait donner moins de services ou
plus de services dans un secteur, mais, finalement, ça a
été négocié auprès du gouvernement
fédéral globalement. Alors, c'est difficile de décortiquer
et de vous dire exactement, les 7 000 000 $, sur quoi. Je ne sais pas si mon
sous-ministre, peut-être, pourrait apporter une explication
additionnelle, parce que c'est très technique aussi.
M. Riddell (Norman): II faut se rappeler d'abord, comme la
ministre l'a dit, que la compensation que nous recevons du gouvernement
fédéral est une compensation globale. Donc, il n'y a pas, au
ministère, strictement parlant, des programmes financés par les
deux gouvernements. Le gouvernement fédéral donne un certain
montant d'argent au gouvernement du Québec parce qu'il s'est
retiré de certaines fonctions ici, au Québec, et le Trésor
nous donne l'argent. Donc, l'argent est attribué au budget du
ministère. Et, si vous voulez voir un peu où l'argent est
ailé, les 10 000 000 $ de plus que nous avons reçus cette
année, il y a une augmentation dans les traitements d'à peu
près 4 000 000 $. Dans l'année 1991-1992, nous n'avons pas
financé les postes à 100 %. On avait un ajout de postes
très important et il était très peu probable que le
ministère soit capable de doter tous les postes tout de suite. Donc,
nous avons utilisé une partie des crédits pour financer d'autres
activités dans le ministère au lieu de périmer l'argent
parce qu'on n'a pas pu embaucher des personnes. Cette année, nous avons
dû financer les postes à 100 %, ce qui explique une augmentation
d'à peu près 3 900 000 $ dans les traitements.
Il y a une augmentation aussi d'à peu près 3 700 000 $
dans le fonctionnement du ministère, qui est liée essentiellement
à la réalisation des projets immobiliers et informatiques du
ministère. La ministre a parlé d'un programme d'informatisation
du ministère, un programme qui se déroule sur une période
de trois à quatre ans. C'est une partie de l'argent qui se trouve
là. L'autre partie se trouve dans les loyers. Vous êtes
probablement au courant que la ministre a récemment inauguré le
Centre régional du Parc à Montréal, qui représente
un gros investissement de la part du ministère.
Il y avait aussi une augmentation dans les budgets de transfert, cette
année, de presque 3 000 000 $. Nous avons augmenté l'argent dans
les transferts, l'accord nous permet de le faire. Une partie importante de
cette augmentation se trouve dans une augmentation d'à peu près 1
200 000 $ dans le Fonds d'initiatives que la ministre a créé pour
financer des changements structurels dans la société
québécoise, pour que les institutions de la société
québécoise reflètent mieux la nouvelle
réalité du Québec. (17 h 20)
M. Bourdon: Maintenant, les transferts du fédéral
ont porté sur des programmes et sur des fonctionnaires. Je comprends que
le transfert a été effectué globalement, de telle sorte
qu'on ne peut pas suivre à la trace ce qui est advenu de chaque
fonction. Dans les programmes que le Québec assume maintenant, qui
étaient auparavant assumés par le fédéral, est-ce
que certains de ces programmes ont été diminués? Ce que je
veux dire par là, c'est: Est-ce qu'une personne d'une communauté
pourrait dire, par oxomplo: Maintenant que le Québec s'en occupe, il y a
des programmes qui sont moins généreux qu'avant?
Mme Gagnon-Tremblay: Non. En somme, ce qui arrive, c'est comme
vous le disiez tout à l'heure. Le gouvernement fédéral
transfère au ministre des Finances ou au gouvernement du Québec
un certain montant d'argent. Après ça, on retrouve dans nos
budgets, bien sûr, la somme dont on a besoin pour pouvoir faire
fonctionner notre ministère en fonction des nouvelles
responsabilités. Mais il n'y a pas de diminution de projets, sauf que,
bien sûr, il faut comprendre qu'il y a des programmes qui ont
été fusionnés. Alors, il pourrait arriver, par exemple,
dans les programmes de subvention aux organismes... Les organismes avaient des
subventions provenant du gouvernement fédéral et, maintenant,
auront des subventions provenant du gouvernement du Québec. Nous avons
réorganisé nos programmes de subventions, nous en avons fait
faire une évaluation par une firme privée.
Nous sommes arrivés à quatre nouveaux programmes,
actuellement, aussi avec des fonctions nouvelles. On veut cibler davantage sur
l'accueil, l'établissement, le rapprochement, entre autres. On veut
aussi s'assurer que ces programmes-là vont répondre vraiment aux
besoins, c'est-à-dire qu'on ne veut pas une multiplication d'organismes
ou de projets quelconques, mais on veut travailler avec ceux et celles qui
travaillent déjà, qui ont fait des preuves déjà. On
préfère leur donner plus d'argent s'il le faut et en faire aussi
des organismes pluriethniques et non pas monoethniques, de sorte qu'il y ait du
rapprochement à l'intérieur des communautés. Or, il
pourrait arriver, pour toutes sortes de raisons, que certains groupes, par
exemple, pourraient voir une diminution peut-être dans certains
programmes de subventions, non pas parce qu'on a diminué les budgets,
mais parce qu'ils ne correspondent plus tout à fait ou pas tout à
fait aux orientations qu'on s'est données. Comme je le mentionnais dans
mon discours du début, comme il s'agit d'une année de transition,
nous allons être très flexibles, nous allons utiliser beaucoup de
souplesse pour s'assurer que les gens ne seront pas
pénalisés.
Crédits périmés
M. Bourdon: Maintenant, dans les informations qui nous ont
été transmises, le ministère prévoit des
crédits périmés de l'ordre de 5 800 000 $ pour l'exercice
1991-1992. Dans le cahier des crédits du Conseil du trésor, la
différence entre les crédits et les dépenses probables est
de 2 400 000 $. Est-ce qu'on peut savoir ce qui explique cette
différence-là?
Mme Gagnon-Tremblay: Moi, je sais qu'on a eu des
périmés de 5 800 000 $ qui nous ont été
demandés par le Trésor. Mais peut-être qu'à ce
moment-là Mme Masson, qui est sous-ministre adjointe, ou M. Riddell, qui
est sous-ministre, pourrait répondre à votre question plus
précise. Mme Masson.
Mme Masson (Suzanne): L'explication vient du fait qu'en cours
d'année il y a des budgets qui s'ajoutent au budget de départ. Le
budget de départ était de 110 000 000 $ et, en cours
d'année, on a eu un ajout de budget. Par exemple, pour le programme
EXTRA, qui est administré par le MMSRFP et qui permet l'embauche de
bénéficiaires de l'aide sociale, c'est un budget qui nous est
transféré. Donc, en cours d'année, le budget
évolue, il y a des transferts. Par exemple, on a aussi eu un transfert
de la Société immobilière, pour des loyers. Alors,
ça devient très difficile de comparer ce que vous avez là
par rapport au budget de départ. C'est ce qui explique les
différences. Les périmés, c'est 5 800 000 $.
M. Bourdon: O.K.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, ce qui arrive, si ma
mémoire est fidèle, c'est que nous avions un budget de 110 000
000 $. En cours de route, notre budget a augmenté à cause de ces
transferts. On est monté à tout près de 113 000 000 $ et
on a eu des périmés de 5 800 000 $.
M. Bourdon: D'accord.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Pointe-aux-Trembles. Notre collègue de Mercier
me faisait signe à plusieurs reprises. Je crois qu'il avait une
question.
M. Godin: Désespérément, M. le
Président. Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Vous avez la parole, M. le
député. Je ne vous oubliais pas, mais je voyais que votre
collègue était dans une continuité de questions et je
pensais qu'il valait mieux ne pas l'interrompre, quitte à revenir par la
suite.
M. Godin: II ne faut pas freiner un cheval qui est en train de
gagner!
Le Président (M. Gobé): Inquiétez-vous pas,
je vais être là pour voir a vos intérêts.
M. Godin: Une dernière question, M. le Président,
à la ministre. Le programme des centres communautaires a-t-il
été abandonné en chemin?
Mme Gagnon-Tremblay: Le programme des centres communautaires
n'existe plus au Québec, au ministère. On avait des engagements
qu'on a respectés, qui sont maintenant complétés, je
pense. Oui, ils sont entièrement complétés.
M. Godin: Toute la liste prévue... Mme Gagnon-Tremblay:
Oui, c'est ça.
M. Godin: ...est maintenant... La boucle est bouclée.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça. La boucle est
bouclée et nous n'investissons plus dans les centres communautaires
étant donné, je pense, qu'on n'a pas les moyens d'investir dans
du béton. Au contraire, on demande aux communautés plus anciennes
de partager et d'aider les communautés qui sont nouvellement
arrivées pour aussi mieux se connaître et rapprocher les
communautés entre elles. Bien sûr, on ne peut pas payer des
centres communautaires partout. On ne peut pas se permettre ça.
M. Godin: Excusez-moi, M. le Président, je complète
par un commentaire.
Mme Gagnon-Tremblay: Peut-être pour compléter, M. le
député de Mercier. C'est que non seulement il faudrait ouvrir des
centres communautaires pour chacune des communautés, dans chacune des
directions régionales, dans chacune des villes, mais, souvent, dans une
même communauté, il faudrait en ouvrir peut-être deux ou
trois parce qu'elles ne s'entendent pas toujours entre elles.
M. Godin: C'est vrai, sauf que j'ai constaté, dans le cas
de certaines communautés, que, quand on leur donne, mettons, le maximum
- c'était 100 000 $, je crois - quitte à ce que les
communautés trouvent le reste... Comme les Grecs ont fait pour leur
centre communautaire qu'ils appellent le Salle-Québec. Malgré
qu'il y avait de l'opposition, évidemment, à l'intérieur
de la communauté, comme partout, ça a rapproché les gens
parce qu'il y a eu une mise en commun de ressources, de
bénévolat. Ça a contribué pour beaucoup, je veux
dire, à la santé morale de la communauté grecque pour au
moins un an et demi, à ce que j'ai pu constater.
Donc, il ne faut pas oublier que le programme même du
ministère, tel que conçu à l'époque, impliquait la
participation de la base, si on peut dire, parce que nous voulions aussi
vérifier s'il y avait, dans la communauté en question, un
intérêt suffisamment grand, des ressources suffisamment
importantes pour s'assurer que le centre communautaire non seulement soit
bâti, d'ailleurs souventefois avec des matériaux achetés
dans la communauté elle-même par ceux qui étaient
chargés du projet... Après avoir constaté, donc, un
intérêt réel de la communauté pour son propre centre
communautaire, on a constaté que le centre était... Comme vous
dites, la boucle est bouclée. Ça veut dire que ça a
fonctionné, et puis je m'en réjouis. Même quand on part
avec un petit montant sur un projet qui a l'air énorme, on peut
être assuré que la communauté elle-même, ses
organismes à elle, la caisse populaire ukrainienne, par exemple, ou
d'autres institutions financières de la communauté mettent la
main à la pâte et complètent le montant si c'est requis. En
plus, ça fait travailler les gens de la construction pendant les
périodes difficiles. J'avais escompté, vu le contexte
économique actuel, que le ministère, loin de le suspendre, aurait
augmenté même la part du budget qui serait allée là
pour créer des emplois et s'assurer - comme les Cent Fleurs de Mao
Tsê-tung - qu'il pousse, sur le territoire du Québec, autant de
centres communautaires que les communautés en veulent. En tout cas, on
verra à la prochaine étude des crédits ce qui en est, mais
je déplore que ce soit tombé.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense, M. le député de
Mercier, que le projet a eu du succès - vous l'avez mentionné -
sauf qu'en cours de route on s'est rendu compte que c'étaient les
communautés beaucoup mieux nanties qui pouvaient en profiter parce que
les autres ne pouvaient pas toujours souscrire la portion, par exemple, dont on
aurait eu besoin pour pouvoir bâtir. Cependant, ce qu'on s'est dit... On
s'est posé la question: Est-ce que c'est la vocation du ministère
des Communautés culturelles et de l'Immigration ou si ça ne
pourrait pas être la vocation d'autres ministères? Je pense, par
exemple, qu'à travers le développement régional, les
enveloppes qui seront décentralisées prochainement, ce qu'on
espère, c'est que le milieu puisse aussi définir des projets.
À travers, par exemple, cette enveloppe-là, ça
n'empêcherait pas le gouvernement de souscrire pour des centres
communautaires. Cependant, on ne pense pas que ce soit la vocation du
ministère, chez nous, qui, par exemple, a d'autres
responsabilités. Dans ce sens-là, je ne manque jamais une
occasion, moi, de sensibiliser les autorités municipales de même
que les commissions scolaires, par exemple, à ouvrir leurs portes et
à faire en sorte qu'on puisse partager nos locaux, qu'on puisse partager
nos bâtisses avec des communautés qui sont ici et qui n'ont pas eu
cette chance, par exemple, d'avoir ces services avec un centre communautaire
qui a été construit spécifiquement pour elles. (17 h
30)
M. Godin: M. le Président, j'ai ma réponse.
Le Président (M. Khelfa): Merci.
M. Godin: Je remercie la ministre et son ministère.
Le Président (M. Khelfa): D'accord. D'autres questions? M.
le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, toujours dans le programme 1,
élément 1, est-ce qu'on pourrait nous expliquer les 2 500 000 $
de crédits périmés pour le Fonctionnement Personnel,
à l'élément 2 du programme 1?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous me permettrez, M. le Président,
de demander à un de mes sous-ministres de répondre à cette
question, s'il vous plaît.
Le Président (M. Khelfa): M. le sous-ministre. Oui, M. le
sous-ministre, allez-y.
M. Riddell: Vous parlez des périmés de 2 400 000 $
dans le fonctionnement du personnel à l'élément 2. Nous
avons dû reporter la dotation de 45 nouveaux postes qui était
normalement prévue pour le 1er avril et le report de la dotation de ces
postes a produit un périmé d'à peu près 2 000 000 $
ici. Il y avait aussi un certain délai dans les autres
réalisations qu'on recevait des agences centrales pour la dotation
d'autres postes qui a eu un effet ici aussi.
Le Président (M. Khelfa): Oui, M. le député.
Traitement des demandes de statut de réfugié
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais parler un peu du
traitement des demandes de reconnaissance de statut de réfugié.
On en a parlé un peu en introduction. La ministre a fait état de
l'amélioration sensible qui est survenue depuis trois ans à cet
égard-là. Mais il y a encore, selon les derniers chiffres
officiels, une quarantaine de mille personnes qui revendiquent le statut de
réfugié. Est-ce que le ministère a des indications du
délai que ça va prendre avant que ce qu'on a appelé
l'arriéré soit comme, je ne dis pas complètement aboli -
il y aura toujours un certain arriéré... Quand la situation
aura-t-elle atteint un point plus normal qu'elle ne l'est actuellement?
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire quand même que, sur
les 35 000 revendicateurs qui sont arrivés, par exemple, avant 1989,
quand
le gouvernement fédéral a adopté la loi C-55, sur
ces 35 000 là, il en reste environ 4000 actuellement. Donc, il y a eu
quand même un traitement assez considérable. C'est pour ça
d'ailleurs que, cette année, on retrouve un nombre beaucoup plus
considérable de réfugiés. Il y en a plusieurs qui ont
été sélectionnés sur place et qui provenaient de
ces revendicateurs. Donc, il y aurait environ 4000 personnes et, sur le nouvel
arrérage, il y en a environ de 11 000 à 12 000 actuellement qu'il
resterait à traiter, parce qu'il y a une espèce de
«backlog» qui s'est formé à nouveau. Dans cet
arrérage, il y en aurait environ de 11 000 à 12 000. Bien
sûr qu'actuellement le gouvernement fédéral songe aussi
à revoir sa loi, parce que, comme on le sait, le gouvernement du Canada
accepte beaucoup de revendicateurs parce que ces personnes-là sont ici,
sur le territoire, depuis tellement longtemps qu'il se sent un peu une
obligation aussi envers ces personnes. Donc, le Canada en accepte actuellement
environ 69 %. On voit qu'il y a une diminution par rapport à
l'année dernière qui était à tout près de 80
%, 85 %, alors que d'autres pays, par exemple, comme la Grande-Bretagne, je
pense que c'est 21 %; la France, c'est 7 %. Alors, on voit qu'on est quand
même très généreux. Et le gouvernement
fédéral veut essayer de resserrer, de voir à ce que le
traitement se fasse plus rapidement aussi, de sorte que ces personnes-là
ne soient pas déchirées, obligées de quitter trois, quatre
ans après, mais qu'elles puissent savoir immédiatement si on les
reconnaît comme des revendicateurs de statut de réfugié ou
bien si on ne les reconnaît pas.
M. Bourdon: Maintenant, une question... Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Je m'excuse. On peut vous donner un nombre
exact aussi qu'on a ici. C'est compliqué. C'est parce qu'il y a avant
C-55 et après. Alors, ça ne donne rien.
M. Bourdon: C'est ça. Il y a des organisations de
défense des réfugiés qui, il y a quelques semaines, ont
mis en cause aussi des quotas qui seraient donnés aux commissaires. Je
vous avouerai qu'il me semble qu'un quota va à rencontre du principe
d'étudier chaque demande à son mérite, parce que, si le
commissaire est chargé, a une obligation de résultat, eh bien, on
peut penser que son indépendance sera en cause et qu'il ne rendra pas
une décision dans chaque cas qui lui sera soumis. Est-ce qu'à cet
égard-là le ministère a fait une réflexion
là-dessus?
Mme Gagnon-Tremblay: écoutez, moi, je doute et personne ne
m'a confirmé qu'il y avait des quotas qui avaient été
donnés, ou des instructions comme telles. bien sûr que ce qu'on
demande aux commissaires, c'est de respecter... c'est le fédéral
bien sûr, c'est de la responsabilité exclusive du
fédéral, mais, que je sache, on demande aux commissaires de
respecter la loi, c'est-à-dire non pas de respecter, mais je veux dire
d'appliquer la loi en vertu des conventions signées et de s'assurer
qu'il s'agit vraiment de réfugiés et non pas de personnes qui
veulent améliorer leur situation économique. Mais je n'ai pas eu
aucune confirmation à l'effet qu'il pourrait y avoir des niveaux comme
tels. Il faudrait peut-être, à ce moment-là, que le
gouvernement fédéral puisse nous le confirmer. Mais, moi, je n'ai
pas entendu parier de telles difficultés.
M. Bourdon: Maintenant, est-ce que le fédéral
décrète encore des moratoires à l'endroit de certains
pays? Je m'explique là. Est-ce qu'il y a comme une liste de pays
où on considère qu'il y a des problèmes sérieux au
point que des personnes qui en viennent seraient en danger si elles y
retournaient? Vous avez mentionné plus tôt le Liban. C'a
été évident pendant de trop longues années. Mais
est-ce qu'à cet égard-là il y a comme une recension de
faite des zones réputées dangereuses par le gouvernement
fédéral?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr que je ne pourrais pas vous
dire quels sont les pays que le gouvernement fédéral identifie
maintenant comme des pays à risque. Je voudrais vous dire que ça
évolue aussi dans le temps, dépendamment des situations.
Cependant, je dois vous dire qu'il y avait des catégories comme, par
exemple, l'année dernière, lorsqu'on parlait des gens de l'Europe
de l'Est, on les considérait comme des réfugiés - il y a
deux ans - maintenant, on ne les considère plus comme des
réfugiés. On est porté à penser aussi que, dans les
pays comme le Viêt-nam, par exemple, les risques sont moins grands.
Je pense que je ne suis pas en mesure d'évaluer. Seul le
gouvernement fédéral, à travers ses services, peut
évaluer les risques dans les pays et détermine, finalement, c'est
quoi comme risque, qu'est-ce que ça représente comme risque.
Le Président (M. Khelfa): Merci, Mme la ministre. Y a-t-il
d'autres questions dans le programme 1?
M. Bourdon: Oui, M. le Président. Dans son plan d'action,
le ministère prévoyait créer un programme de subvention
aux organismes communautaires oeuvrant dans le domaine des relations
intercommunautaires, ayant comme objectif le rapprochement avec la
majorité québécoise de souche. Est-ce qu'on pourrait avoir
une idée globalement de combien d'argent comportent ces
enveloppes-là pour les organismes communautaires et combien
là-dedans serait de l'argent neuf, qui n'est pas une consolidation de
programmes qui existaient auparavant?
Mme Gagnon-Tremblay: II s'agit d'un programme d'environ 1 200 000
$. Bon, à savoir est-ce que c'est de l'argent neuf, j'ai
mentionné au début qu'il y avait une légère
augmentation, mais il ne s'agit pas de sommes d'argent considérables. Ce
n'est pas des fonds qu'on est allé chercher, des millions de dollars et
des millions de dollars. On a plutôt fusionné, harmonisé et
fait de nouveaux programmes avec ce qu'on avait. Bien sûr, l'objectif
c'était, avec l'assiette qu'on avait, comment on pouvait la distribuer
de façon à rapporter les meilleurs fruits possible. Bon,
peut-être pour vous donner une idée, finalement, de ce qu'on
avait, c'est que nous avions auparavant 11 programmes, pour un montant de 4 500
000 $, et maintenant nous avons 5 programmes, pour un montant de 5 600 000
$.
M. Bourdon: Maintenant, de quelle façon le
ministère va procéder pour accorder les subventions? Parce que je
suppose bien qu'il va y avoir plus de demandes qu'il y a de ressources
disponibles. Alors, de quelle façon le tri va se faire?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous ai mentionné tout à
l'heure que nous avions fait, avant d'instaurer ces nouveaux programmes, une
évaluation de tous nos programmes et aussi comment, par exemple, on
pourrait organiser nos nouveaux programmes. Nous avions fait faire cette
évaluation-là par une firme privée. Alors, bien sûr
que ces programmes sont bien encadrés. Bon, je ne dirais pas qu'il y a
des normes, mais... Oui, il y a des normes, effectivement. Il y a des normes,
il y a des objectifs et, dans la pochette qui concerne tous les programmes,
qu'on pourrait vous remettre, vous allez pouvoir voir qu'est-ce qui guide notre
action du fait qu'on accorde des subventions aux organismes communautaires.
Plan d'action du ministère
M. Bourdon: Maintenant, M. le Président, je voudrais
passer au plan d'action pour l'intégration. Alors, je parle de l'appui
que le ministère veut apporter à des initiatives d'institutions
et d'organismes communautaires contribuant à lutter contre la
discrimination en emploi. Est-ce qu'on peut savoir qu'est-ce qui a
été prévu et quelle sorte de résultats on escompte?
Je parle des programmes pour lutter contre la discrimination en emploi.
Mme Gagnon-Tremblay: En emploi.
Le Président (M. Khelfa): Mme la ministre.
M. Bourdon: C'est la page 47 du plan d'action qui parlait de
ça. (17 h 40)
Le Président (M. Khelfa): M. le sous-ministre, s'il vous
plaît.
M. Riddell: Comme la ministre vous l'a expliqué,
auparavant on avait 11 programmes et maintenant on en a 5. Donc, vous trouvez
le volet dont vous parlez, et qui est mentionné dans le plan d'action,
à l'intérieur du Programme de relations intercommunautaires dont
la ministre a parlé tout à l'heure, qui a un budget d'à
peu prèsi 200 000 $.
M. Bourdon: D'accord. Et c'est là qu'on trouve
l'adaptation des institutions, l'intégration au marché du
travail, en fait...
M. Riddell: Oui.
M. Bourdon: ...des volets de...
M. Riddell: Mais il y a deux autres endroits au ministère
où on trouve les fonds pour favoriser l'adaptation de la
société: il y a des programmes pour l'adaptation des
institutions, et il y a le Fonds d'initiatives.
M. Bourdon: O.K.
Le Président (M. Khelfa): D'accord. Est-ce que le
programme 1 est terminé, M. le député?
M. Bourdon: Non, j'en aurais encore un peu.
Le Président (M. Khelfa): Allez-y.
M. Bourdon: O.K.
Le Président (M. Khelfa): Un peu.
M. Bourdon: On a parlé également d'appui au
jumelage des nouveaux arrivants avec des personnes bénévoles de
la société d'accueil. Est-ce que la ministre pourrait nous
indiquer quels projets sont soutenus à cet égard-là?
Le Président (M. Khelfa): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président, si vous me
donnez quelques minutes, parce qu'il s'agit quand même d'un nouveau
programme.
Le Président (M. Khelfa): D'accord. Prenez le temps qu'il
faut.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un programme qui existe
déjà dans la région de Québec, qui fonctionne
très bien dans la région de Québec.
M. Bourdon: La maison internationale des femmes, entre autres, a
jumelé...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Bourdon: ...300 nouvelles arrivantes avec près d'un
millier de foyers.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça. C'est un programme qui
fonctionne très, très bien dans la région de
Québec, et c'est un programme que nous voulons justement étendre
à d'autres régions ou à d'autres groupes.
Je rappelle, M. le Président, que le député de
Pointe-aux-Trembles pourrait passer à une autre question et...
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...je pourrai répondre à sa
dernière question.
Le Président (M. Khelfa): C'est une excellente suggestion.
M. le député de Pointe-aux-Trembles, avez-vous d'autres questions
dans le même programme?
M. Bourdon: Ce ne sera pas long, M. le Président.
Le Président (M. Khelfa): D'accord.
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais revenir un peu
à une question qu'on a abordée tout à l'heure, je parle du
Programme d'accès à l'égalité en emploi dans les
secteurs parapublic, municipal et privé. Le sous-ministre nous a
parlé de 350 000 $, mais est-ce qu'il serait possible d'avoir un peu
plus de détails sur comment ces sommes-là vont être
dépensées?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est quatre projets que nous avons
déjà annoncés et, comme je le mentionnais tout à
l'heure, c'est pour vérifier, finalement, ce qui a été
fait jusqu'à maintenant au niveau des programmes d'accès à
l'égalité. Il y en a un, entre autres, si ma mémoire est
fidèle, à la ville de Montréal, mais on va vous donner
plus de détails. La ville de Montréal, entre autres,
Hydro-Québec, la Commission de transport de Montréal. Le
quatrième s'en vient, M. le Président.
Le Président (M. Khelfa): Prenez le temps, madame.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez, il y a 600 pages de texte,
alors...
M. Bourdon: Oui, oui, ce n'est pas simple.
Le Président (M. Khelfa): Oui, 600 pages de texte, c'est
bien fait.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci. La SPCUM, c'est ça. Il y a la
ville de Montréal, la STCUM, la Commission de transport,
Hydro-Québec et la SPCUM, qui est la commission de police de la
Communauté urbaine de Montréal.
M. Bourdon: Le Service de police de la Communauté
urbaine.
Mme Gagnon-Tremblay: Le Service de police, oui. Pour 1992-1993,
l'appel des projets pour l'exercice se fera auprès de 8
municipalités, 85 organisations du secteur privé et 20
sociétés dû secteur parapublic. L'envoi est prévu
pour la deuxième semaine du mois de mars, ce qui veut dire que c'est
probablement fait au moment où on se parle. Le montant à
distribuer est de 350 000 $, incluant une somme de 100 000 $ qui sera
préalablement distribuée aux projets retenus lors de la
sélection 1991-1992.
M. Bourdon: Est-ce que ces travaux-là vont donner lieu
à des publications dont il serait possible de consulter les
résultats, dans le fond?
Mme Gagnon-Tremblay: Possiblement, parce que ça va nous
permettre, finalement, de savoir exactement quelle direction on prendra,
dorénavant, au niveau des programmes d'accès à
l'égalité. Ça va nous indiquer si on est dans la bonne
voie.
M. Bourdon: Parfait.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour revenir à votre question
précédente, M. le député de
Pointe-aux-Trembles...
M. Bourdon: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...le programme de jumelage est
déjà inclus dans le programme d'accueil et d'établissement
des immigrants. C'est un budget de 3 500 000 $ environ. Alors, c'est
déjà inclus là-dedans. Comme je vous le dis, ce qu'on
essaie de faire, c'est de favoriser, bien sûr, le jumelage comme, par
exemple, l'expérience que vit actuellement la société
québécoise ici, la ville de Québec.
M. Bourdon: D'accord. Maintenant, j'en viens au plan d'action du
ministère, à la page 31. On parle du maintien d'un budget
spécial d'encadrement organisationnel et pédagogique des milieux
à haute densité ethnique afin de soutenir le perfectionnement du
personnel enseignant, de soutenir aussi le personnel enseignant sur le plan
pédagogique, d'élaborer et de produire des outils
pédagogiques et d'évaluation adaptés à une
population pluriethnique et de parfaire la connaissance des
caractéristiques sociales et culturelles des élèves et le
rapprochement entre l'école et la famille. Alors, est-ce qu'on peut
savoir qu'est-ce que cet effort-là va représenter au plan des
crédits pour l'année?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, ça ne se
retrouve pas dans nos crédits, ça se retrouve dans les
crédits du ministère de l'Éducation, étant
donné que, dans le plan d'action, on retrouve tous les ministères
du gouvernement et plusieurs organismes qui doivent nous aider, naturellement,
à atteindre les objectifs de notre plan d'action. On ne retrouve pas
cette somme dans nos crédits, mais bien dans les crédits du
ministère de l'Éducation, puisque c'est le ministère de
l'Éducation qui s'est engagé à poursuivre ce type
d'étude.
M. Bourdon: Est-ce qu'à la connaissance de la ministre le
ministère de l'Éducation a des crédits de prévus
spécifiquement pour ces fins-là dans les crédits de cette
année?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, nous nous assurons, justement, que
l'étude soit faite, parce que, nous, on a un rôle de coordination
et on a le rôle, actuellement, de voir à ce que le plan d'action
soit respecté. Jusqu'à maintenant, on peut dire que le suivi est
en cours et, jusqu'à maintenant, on peut dire que les actions qui ont
été posées en fonction du plan sont satisfaisantes, mais
bien sûr qu'on pourra avoir une meilleure évaluation à
compter de l'an prochain. (17 h 50)
M. Bourdon: Maintenant, dans le plan d'action, à la page
32, on parlait de l'octroi d'une subvention annuelle supplémentaire aux
établissements du réseau dont la proportion
d'élèves allophones dépasse les 5 % pour 1991-1992. Est-ce
que je dois comprendre que ça aussi c'est aux crédits du
ministère de l'Éducation?
Mme Gagnon-Tremblay: Ça aussi, également, ça
relève du ministère de l'Éducation.
Le Président (M. Khelfa): D'accord.
M. Bourdon: Ça fait le tour de ce programme-là.
Le Président (M. Khelfa): D'accord. Est-ce que le
programme 1 est adopté?
M. Bourdon: Oui, adopté.
Le Président (M. Khelfa): Merci. On passe au programme
2.
Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration
Régionalisation des immigrants
M. Bourdon: M. le Président, pour ce qui est de la
régionalisation des immigrants, il y a eu un colloque important à
l'Université du Québec à Hull. Est-ce que la ministre
pourrait nous mettre au courant du suivi du colloque et de l'état de la
réflexion du ministère, pour ce qui est de l'effort d'essayer de
régionaliser davantage l'immigration?
Le Président (M. Khelfa): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Les actes du colloque ont été
connus la semaine dernière, lors de la Semaine interculturelle.
Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion d'en prendre connaissance. Alors, je
ne pourrais pas dire actuellement quel est le suivi. Mais, bien sûr, je
vous mentionnais que nous poursuivons notre réflexion sur la
régionalisation et possiblement qu'à l'automne on sera en mesure
de faire connaître notre réflexion et aussi de voir, par exemple,
s'il n'y aurait pas lieu d'inclure des incitatifs et comment on pourrait le
faire pour aider à la régionalisation avec, bien sûr,
l'aide aussi des collaborateurs des différentes régions.
M. Bourdon: Est-ce qu'à la connaissance de la ministre, en
agriculture en particulier, il y a un travail de recherche qui se fait sur les
possibilités d'implantation, puisque, dans l'étude que le
ministère avait rendue publique au colloque de Hull, une des
expériences les plus réussies aux États-Unis touchait le
milieu agricole, puisque l'expertise des nouveaux arrivants était
d'évidence un apport en arrivant? Est-ce qu'à cet
égard-là il y a des contacts avec le ministère de
l'Agriculture et où en est-on à cet égard-là?
Mme Gagnon-Tremblay: Notre ministère travaille
actuellement en étroite collaboration avec le ministère de
l'Agriculture du Québec dans le but justement de développer des
idées ou encore de voir comment on pourrait, par exemple, inciter des
immigrants provenant de régions, comment ils pourraient s'établir
en région, utiliser les terres qui sont inoccupées actuellement,
produire des cultures peut-être diverses, différentes. Justement,
le travail se fait actuellement avec le ministère de l'Agriculture.
Je pourrais même vous donner une idée du projet. Le projet
porte actuellement sur trois aspects prioritaires de la problématique
actuelle du secteur agricole: la relève agricole, la main-d'oeuvre
agricole salariée et la régionalisation de l'immigration. Alors,
le volet spécifique financé par le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration vise essentiellement
à dégager les caractéristiques du processus d'insertion
des exploitants agricoles des régions de l'Estrie, de Saint-Hyacinthe,
de Saint-Jean, de Valleyfield, où ils se concentrent
particulièrement, à analyser la qualité de l'accueil, les
stratégies d'insertion, la spécificité des trajectoires en
milieu rural, à examiner les modes d'établissement professionnel,
la participation aux institutions et aux associations, tels les syndicats, les
groupes communautaires et ethniques, l'engagement social dans la
collectivité à travers les réseaux d'entraide et de
loisirs.
Le Président (M. Khelfa): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, sur le programme 2.
Émission des certificats de
sélection
M. Bourdon: Oui, M. le Président. Quant au programme
d'immigrants investisseurs, je voudrais juste d'abord vérifier les
chiffres qu'on a. Il semblerait que, pour ce qui est de l'émission d'un
certificat de sélection, le total serait passé de 8865 à
6971. Je parle de ceux émis à l'étranger. Maintenant, pour
ceux émis au Québec, il y aurait eu une baisse aussi de 1777
à 1535, soit moins 13 %. Est-ce que cette fluctuation à la baisse
est attribuable principalement à la situation économique?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense qu'elle est attribuable à
quelques facteurs. Premièrement, elle est attribuable, entre autres,
à la guerre du Golfe. Vous savez, quand il y a eu la guerre du Golfe,
à ce moment-là, de nombreux dossiers ont même
été, à un moment donné, détruits. Alors, je
pense aussi que les gens... les gens n'ont pas pu sortir, non plus. Alors,
c'est attribuable à la guerre du Golfe. C'est attibuable aussi au
fait... Vous vous souviendrez que notre bassin principal, notre bassin
peut-être le plus substantiel, au cours des dernières
années, provenait de notre bureau de Hongkong. On sait, par exemple,
qu'en 1997 l'Angleterre devra remettre Hongkong à la Chine; donc, les
gens ont voulu sortir très rapidement. Aussi, on se rend compte qu'il y
a une diminution au bureau de Hong-kong et non pas uniquement au niveau du
Québec. Le gouvernement canadien a émis, cette année,
moins de visas pour l'ensemble du Canada. Donc, nous aussi, on subit cette
baisse, actuellement. C'est pourquoi, actuellement, on exploite d'autres
bassins d'immigrants investisseurs. On sait quand même qu'ils ne sont pas
aussi nombreux qu'on le désirerait, mais ces bassins-là sont
quand même importants. Alors, actuellement, le ministère planifie
ou vérifie là où on pourrait se retrouver dans quelques
années pour aller recruter des immigrants investisseurs.
M. Bourdon: Est-ce que la ministre peut nous donner une
idée des régions du monde où ça semble plus
prometteur?
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que, à part Hong-kong, il y
a beaucoup d'immigrants investisseurs qui proviennent de Taiwan, il y en a
beaucoup qui proviennent aussi du Caire, par exemple, de l'Egypte, du
Moyen-Orient, entre autres, en général.
Le Présient (M. Khelfa): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, avez-vous d'autres questions?
Mme Gagnon-Tremblay: Pour compléter, ce qu'il est
intéressant de voir, c'est que les demandes d'immigration
adressées au bureau de Hong-kong, au bureau fédéral, ont
chuté de 57 % de 1989 à 1991 - alors que, pour le Québec,
les visas se sont accrus - c'est-à-dire - attendez une petite minute -
passant de 21 934 à 9428. Pendant la même période, les
demandes, dans la catégorie gens d'affaires, ont baissé de 83 %,
passant de 8001 à 1358 en 1991. De 1988 à 1991, la part du
Québec quant à l'émission des visas s'est accrue de 295 %,
passant de 6 %, c'est-à-dire 1380 en 1988, de l'ensemble des visas
émis, à 17 %, 5464 en 1991. Donc, on voit que le Québec
est allé chercher une forte proportion de l'augmentation, mais tout en
considérant que c'est dans un marché qui, au niveau canadien, est
diminué.
M. Bourdon: Maintenant, pour ce qui est de l'émission de
certificats de sélection à l'étranger, ce qu'on peut voir
aussi dans les diverses catégories - familles, réfugiés,
parents aidés, gens d'affaires et indépendants - c'est que, de
1990 à 1991, le nombre total aurait baissé de 45 000 à 30
000. Est-ce qu'il y a quelque chose qui explique cette diminution?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je pense que c'est... Il faut faire
attention parce qu'on inclut toujours dans ces proportions-là, aussi,
les revendicateurs de statut de réfugié qui sont
régularisés sur notre territoire; il faut les comptabiliser.
Alors, il y a une proportion de gens, de réfugiés qui
étaient ici. Une fois qu'ils ont été acceptés par
le gouvernement fédéral, nous les comptabilisons soit au niveau
des réfugiés ou soit au niveau de la catégorie des
indépendants. Oui. Peut-être que mon sous-ministre pourrait vous
donner le renseignement.
Le Présient (M. Khelfa): M. le sous-ministre, allez-y.
M. Riddell: Merci. Je crois que le député parle
d'émission de CSQ dans le réseau. En effet, en 1990, le
réseau a émis à peu près 45 000 CSQ et, dans
l'année 1991, le réseau a émis 31 500 CSQ. La ministre a
déjà expliqué les deux raisons principales pour la baisse.
Premièrement, quand l'économie québécoise marche
plus lentement, les gens sont moins intéressés à venir et,
donc, ils se présentent dans nos bureaux en nombre plus limite.
Deuxièmement, la guerre du Golfe a causé beaucoup de
problèmes dans le réseau, au Moyen-Orient, et nous avons dû
suspendre nos opérations pendant un moment. C'est pourquoi nous n'avons
pas pu atteindre nos objectifs du Moyen-Orient pendant la période. (18
heures)
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense que j'ajouterais peut-être un
troisième facteur. C'est que, l'année dernière, il ne faut
pas oublier qu'on a sélectionné 8000 Libanais à notre
bureau
temporaire à Nicosie. La situation s'est maintenant
stabilisée. Donc, on n'a pas, maintenant, ces 8000 personnes.
M. Bourdon: d'accord. puisqu'on parte de bureaux à
l'extérieur, est-ce qu'on pourrait nous indiquer au total combien il y a
de bureaux du ministère de l'immigration à l'étranger? et
comment ça se compare à la structure fédérale
équivalente?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, nous avons 13 bureaux à
l'étranger. C'est sûr que partout où on a des bureaux
à l'étranger, on s'assure que le gouvernement
fédéral soit là, pour que le gouvernement
fédéral puisse émettre les visas. Mais je ne pourrais pas
vous dire... C'est certain que le gouvernement fédéral a des
ambassades du Canada un peu partout. Une centaine au moins. On me dit que la
liste est dans l'organigramme qu'on vous a fourni.
M. Bourdon: D'accord. Autrement dit, le nombre va augmenter, pour
le Québec, à une étape ultérieure.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que le gouvernement du
Québec...
M. Bourdon: Je parle de notre développement politique.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Mais, vous savez, le gouvernement du
Québec ne peut pas se permettre d'être partout. Il faut dire,
cependant, que, même si nous avons 13 bureaux à l'étranger,
nous faisons des missions dans différents pays. Alors, nous faisons des
missions à partir de bureaux. Donc, là encore, on est toujours
accompagnés du gouvernement fédéral pour s'assurer de
l'émission du visa.
M. Bourdon: Si on me le permettait, je reviendrais un peu sur les
programmes d'accès à l'égalité en emploi parce que,
dans le plan d'action, à la page 49, on parle de la constitution et de
la mise à jour d'une banque de candidatures et d'une banque de
personnes-ressources. Est-ce qu'à cet égard-là c'est une
mesure à laquelle on a donné suite?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous parlais tout à l'heure du
Fonds d'initiatives qui permet à des organismes gouvernementaux de
puiser à même ces fonds pour adapter ces institutions. Alors, nous
avons donné une subvention à l'Office des ressources humaines
pour permettre de monter, d'organiser cette banque. C'est l'Office des
ressources humaines qui va faire ce travail pour nous et nous lui avons
accordé la subvention pour faire le travail.
M. Bourdon: Écoutez, sur un ton plus badin, est-ce que
l'Office va procéder par loterie, par tirage?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: II faudrait le lui demander.
Le Président (M. Khelfa): M. le député de
Pointe-aux-Trembles, toujours sur le programme 2, est-ce que vous revenez sur
l'accès à l'égalité ou bien c'est
adopté?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président... Le
Président (M. Khelfa): Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...est-ce qu'on pourrait suspendre cinq
minutes, s'il vous plaît, pour revenir?
Le Président (M. Khelfa): Oui. Mme Gagnon-Tremblay:
Merci.
Le Président (M. Khelfa): On suspend cinq minutes. On va
reprendre à 18 h 10.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
(Reprise à 18 h 10)
Le Président (M. Khelfa): Nous reprenons nos travaux. Nous
reprenons nos travaux, messieurs. Merci. Merci, messieurs. Nous sommes toujours
sur le programme 2 et nous avons failli l'adopter, M. le député
de Pointe-aux-Trembles, à moins que vous n'ayez d'autres questions
à poser.
M. Bourdon: M. le Président, sur la question de
l'immigration d'affaires, il y a un certain nombre de causes qui sont devant la
Cour supérieure, des personnes qui se plaignent de ne pas avoir obtenu
un certificat de sélection du Québec. Est-ce que la ministre peut
nous faire état où en sont rendues ces causes-là devant
des tribunaux?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est sûr que le fait que ce soit
devant la Cour, je ne peux pas, bien sûr, dévoiler... Bon. Je dois
vous dire que les causes seront plaidées les 4, 5 et 6 mai. C'est quand
même, je dirais, du droit nouveau, parce que c'est la première
fois qu'on accuse le ministère de ne pas vouloir émettre des
certificats de sélection. Je pense que nos fonctionnaires ont quand
même agi de toute bonne foi en émettant des certificats en
fonction d'une grille qui existe depuis fort longtemps. Il y a des gens qui
sont en désaccord avec ça, qui croient qu'on aurait dû
émettre des certificats. Alors, on verra, la Cour aura à juger
prochainement.
Le Président (M. Khelfa): M. le député.
M. Bourdon: Une autre question qui me vient à l'esprit, M.
le Président, sur le Conseil des communautés culturelles. La
hausse des crédits est légèrement inférieure
à l'inflation, et je sais que le Conseil est très actif. Est-ce
que c'est son efficacité qui fait qu'il n'a pas besoin de plus de
crédits?
Le Président (M. Khelfa): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président. Naturellement,
c'est ce que le Trésor donne étant donné que le
fonctionnement n'est pas indexé. C'est pour ça qu'on retrouve une
somme qui n'équivaut pas à l'inflation, étant donné
que le fonctionnement n'est pas indexé.
M. Bourdon: Est-ce que c'est une directive de portée
générale du Conseil du trésor qui fait que...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Bourdon: II y a un autre point que je voudrais aborder, celui
du Bureau de révision, qui est un tribunal administratif qui vise
à offrir un mécanisme de révision de certaines
décisions. Son existence est prévue dans la loi du
ministère. Est-ce qu'on peut avoir une idée du nombre de fois que
des justiciables ont fait appel au Bureau de révision?
Mme Gagnon-Tremblay: Au 31 mars 1992, 109 demandes de
révision ont été déposées auprès du
BRI, auprès du Bureau. La quasi-totalité de ces demandes concerne
la révision d'une décision du ministère refusant une
demande d'engagement, alors qu'une demande concerne une décision
annulant l'engagement déjà accepté.
M. Bourdon: O.K. Est-ce qu'on a une idée de la proportion
de demandes qui sont accueillies et de celles qui sont rejetées?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Le Bureau a rendu, au 31 mars 1992, 30
décisions. De ces décisions, 25 ont confirmé la
décision du ministère, alors que 5 l'ont infirmée.
M. Bourdon: une autre question qui me vient à l'esprit, m.
le président. le budget du bureau de révision passe de 174 000 $
à 253 000 $, et ma question c'est: comment le bureau de révision
a-t-il réussi à passer à travers les limitations de
dépenses du conseil du trésor?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un budget qui a été
établi par décret. Quant à la suite, je vais demander
à mon sous-ministre de vous donner l'information, M. le
Président.
Le Président (M. Khelfa): M. le sous-ministre,
allez-y.
M. Riddell: II faut se rappeler que c'est la première fois
que le Québec possède un Bureau de révision en
matière d'immigration. En allouant les montants pour le Bureau, je crois
que le gouvernement voulait être prudent et, donc, le Bureau a
été créé avec un personnel très
limité.
Nous avons constaté, pendant l'année, qu'il y avait un
certain intérêt pour le BRI. Il y a 109 demandes de
révision qui ont été déposées et il est
devenu assez clair que l'effectif prévu n'était pas suffisant.
Pour cette raison, Me Senécal, qui est chargée du Bureau de
révision, a demandé l'ajout de deux postes, ce que le
ministère a considéré tout à fait raisonnable dans
les circonstances, et le gouvernement a accordé, par décret, le
montant que vous voyez dans le budget ici.
M. Bourdon: Sur un tout autre sujet, dans les crédits, on
a le Programme des langues ethniques. Le terme m'apparaît un peu
spécial. Il y a un budget de 250 000 $. Est-ce qu'il serait possible de
savoir qu'est-ce que ça comporte?
M. Riddell: Le Programme des langues ethniques est un programme
de subventions du ministère où le gouvernement donne de l'argent
aux communautés pour apprendre leur langue à leurs enfants. Le
programme est en cours en ce moment. Le ministre a donné des subventions
qui devraient normalement permettre aux communautés de donner leurs
cours de langues ethniques jusqu'à la fin de juin, jusqu'à la fin
de l'année scolaire.
Mais, comme la ministre l'a mentionné tout à l'heure, le
programme est en évaluation, étant donné la rareté
des ressources et les priorités que le ministère
possède.
Le Président (M. Khelfa): Merci, M. le sous-ministre. M.
le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Juste une question additionnelle. Qu'est-ce qui
distingue le Programme des langues ethniques du Programme d'enseignement des
langues d'origine du ministère de l'Éducation? La raison de sa
disparition serait-elle que ça se trouvait à faire comme double
emploi?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est adultes, enfants.
Le Président (M. Khelfa): Merci, Mme la ministre. Sur le
programme 2 toujours.
M. Bourdon: En terminant le programme 2, M. le Président,
on a fait des demandes de renseignements supplémentaires aussi. S'il y
avait moyen d'avoir des réponses.
Mme Gagnon-Tremblay: À propos de la demande no 3, portant
sur la liste des voyages hors Québec, on me dit que la réponse se
trouve à la page 157 de votre document.
À propos de la demande no 7, portant sur les frais de transport,
d'hébergement et de repas, comme mon sous-ministre le mentionnait tout
à l'heure, c'est que notre système SYGBEC n'est pas bâti
pour donner cette information. Les données seront saisies autrement
à l'avenir, mais, actuellement, on ne possède pas ces
données très précises.
À propos de la demande no 10, portant sur la cotisation de clubs
privés, il n'y a aucune cotisation. Il n'y en a pas.
À propos de la demande no 15, concernant les tarifs, droits et
permis, la raison pour laquelle on ne les a pas fournis, c'est qu'on nous avait
dit qu'étant donné qu'il s'agissait de crédits et non pas
de revenus on ne discutait pas de ça ici. Mais on peut facilement vous
donner la réponse. Finalement, il s'agit de revenus provenant des
concessions, entre autres, des photocopies, de la récupération de
frais de traduction, de la vente de matériel, de disposition de surplus,
de location de locaux - tous des petits montants - des téléphones
payants, par exemple, des recouvrements des années antérieures,
recouvrements de subventions des années antérieures, des avances
permanentes récupérées, l'intégration... C'est
ça, 75 000 000 $ provenant du gouvernement fédéral et la
remise de la TPS, pour un total de 75 199 540 $. Ça, c'est 1991-1992.
(18 h 20)
Concernant la demande no 23, pour la ventilation des transferts
fédéraux dans le cadre des programmes à frais
partagés, on vous a fait mention qu'il s'agit d'un montant global qui
n'est pas décortiqué, qui n'est pas ventilé. Je pense que
ça complète finalement les renseignements additionnels que
l'Opposition voulait obtenir.
Le Président (M. Khelfa): Merci, Mme la ministre. Compte
tenu que c'était la dernière intervention sur le programme 2, M.
le député de Pointe-aux-Trembles, est-ce que le programme 2 est
adopté?
M. Bourdon: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Khelfa): Merci. Est-ce que les
crédits du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration sont adoptés?
M. Bourdon: Adopté.
Le Président (M. Khelfa): Ceci met fin à nos
travaux. Mais il reste quelques minutes, M. le député de
Pointe-aux-Trembles, si vous voulez faire des remarques pour terminer, et la
ministre aura quelques minutes pour terminer.
M. Bourdon: M. le Président, je voudrais remercier la
ministre et les personnes qui l'accompagnent de leur collaboration. On a eu un
exposé de substance au départ et on a eu des réponses
satisfaisantes aux questions qu'on a posées. Je pense que ça fait
un excellent tour d'horizon des activités et des projets du
ministère, et je remercie de nouveau la ministre de s'être
prêtée de bonne grâce à l'exercice qui, je pense, va
mieux faire connaître et aux membres de cette commission et à la
population du Québec les activités du ministère.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci. M. le Président. Je voudrais
également joindre ma voix à celle du député de
Pointe-aux-Trembles pour remercier également, bien sûr, le
député de Pointe-aux-Trembles et le député de
Mercier, de même que les collègues et, bien sûr, toute
l'équipe qui m'entoure: Mme la présidente du Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration, tous mes sous-ministres et
tous les gens qui travaillent au ministère. Je pense qu'on ne dira
jamais assez souvent «merci» pour la collaboration qu'ils nous
donnent à tous les jours dans ce grand défi qu'on doit relever.
Parce que, vous savez, ce n'est pas quelque chose qui est facile, finalement.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Khelfa): Merci, Mme la ministre. De ma
part, j'aimerais remercier tous les membres de la commission, du
côté de l'Opposition et les membres du côté
ministériel, et vous remercier, Mme la ministre, ainsi que vos
précieux collaborateurs et collaboratrices. J'ajourne les travaux de la
commission sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 23)