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(Neuf heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Étant à même de constater, avec l'arrivée du
député de LaFontaine, le quorum, nous pouvons commencer. Je
déclare donc la séance ouverte en souhaitant la bienvenue aux
députés tout d'abord, au critique de l'Opposition et à Mme
la ministre, M. le ministre, ainsi que les sous-ministres, chefs de cabinet et
le personnel du ministère qui viennent soutenir les ministres.
Je rappelle que le mandat de cette commission est de procéder
à l'étude des crédits budgétaires pour le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration pour
l'année financière 1991-1992. Nous avons une durée totale
de quatre heures qu'il n'est pas nécessaire de prendre absolument.
Ça dépendra des réponses et des questions. Je laisse
ça à la discrétion des membres de cette commission. Cet
avant-midi, nous consacrerons donc trois heures à ça, pour
revenir, cet après-midi, si c'est nécessaire, pour une heure
supplémentaire.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement pour cette séance.
Le Président (M. Doyon): Bon! Nous allons procéder
comme à l'accoutumée, programme par programme, s'il n'y a pas
d'objection. Nous allons procéder, à la fin de chaque programme,
à l'adoption des crédits pour le programme qui aura
été étudié.
Mme la ministre, vous avez peut-être - ou M. le ministre, je ne
sais pas comment vous vous partagez le travail, là - des remarques
préliminaires à faire.
Remarques préliminaires Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président. Il y avait
peut-être... Au départ, je voudrais vous présenter,
peut-être, les gens qui m'accompagnent. À ma droite, Marc Lacroix,
qui est mon directeur de cabinet; à mon extrême gauche, Giovanna
Allegra, qui est la directrice de cabinet, adjointe de Normand Cherry; mon
collègue, Normand Cherry; Norman Ridded, qui est mon sous-ministre;
derrière moi, à gauche, Robert Trempe, qui est le sous-ministre
adjoint aux opérations; Suzanne Masson, qui est la sous-ministre
adjointe à l'administration; Louis Pré- vost, secrétaire
général adjoint; Lucie Brière, adjointe administrative,
Nicole Brodeur, qui est sous-ministre associée aux politiques et
programmes; Raymonde Folco, présidente du Conseil des communautés
culturelles et de l'immigration; et, bien sûr, le personnel du
ministère.
Alors, M. le Président et chers collègues de
l'Assemblée, j'assistais, la semaine dernière, au concours d'art
oratoire de la CECM. La commission scolaire avait demandé aux jeunes de
IVe et Ve secondaire de prononcer une allocution sur le thème de la
Semaine interculturelle nationale, qui était: Prenons le temps de nous
connaître. Bien que tous les discours aient été de grande
qualité, l'un d'entre eux a particulièrement retenu mon
attention. Son auteur a lancé tout un défi à l'imagination
de l'auditoire, c'est-à-dire en parlant de: Imaginez Montréal
sans ses immigrants. Cet exercice, je ne l'avais jamais fait.
Après deux ans à la direction de ce ministère, on
en vient à considérer la présence des immigrants comme
bonne, normale, voire essentielle. Montréal sans ses immigrants, c'est
une ville semblable aux autres grandes villes, c'est une ville amputée
de près du cinquième de sa population. Montréal sans ses
immigrants, c'est une ville au dynamisme économique réduit, c'est
une ville où la diversité et l'enrichissement interculturels sont
absents.
Depuis quelques années, le Québec entier a pris davantage
conscience du phénomène et de l'apport potentiel de l'immigration
à son développement comme société distincte. Le
gouvernement du Québec est persuadé que l'immigration peut et
doit contribuer au redressement démographique, à la
pérennité du fait français, à la
prospérité économique et à l'ouverture du
Québec sur le monde. Cette contribution dépend d'abord de la
manière dont nous sélectionnons les candidats à
l'immigration. Elle dépend également de notre volonté et
de notre habileté comme Québécois à faciliter
l'intégration des immigrants à une société
résolument francophone, démocratique et pluraliste. 1990-1991
aura été, au ministère des Communautés culturelles
et de l'Immigration, une année charnière. Pour la première
fois, le gouvernement s'est donné une perspective à long terme
dans la gestion de son immigration. En plus de revoir et de restructurer
totalement son fonctionnement et son organisation, le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration a
bénéficié d'un développement important depuis 1987.
En quatre ans, le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration a vu son budget augmenter de plus de 300 %. Déjà,
les mesures mises en place commencent à donner des ré-
sultats.
Le Québec a accueilli 40 076 immigrants en 1990, soit une hausse
de 17 % en comparaison de l'année 1989, où le total des
entrées internationales s'établissait à 34 171. La part du
Québec de l'immigration canadienne est donc passée de 17,8 % en
1989 à 18,9 % en 1990. Cette hausse du mouvement s'explique
principalement par deux phénomènes. D'abord, la
régularisation de 3209 revendicateurs du statut de réfugié
déjà présents sur le territoire et dont il faut tenir
compte dans l'élaboration de nos statistiques. Deuxièmement,
l'importance de l'immigration en provenance du Liban compte pour le
cinquième des entrées internationales en 1990. La situation
politique au Liban s'étant modifiée, le flux migratoire libanais
a déjà beaucoup diminué.
Sur l'ensemble des immigrants admis en 1990, 60 % appartiennent à
la catégorie des gens indépendants, 23 % à la
catégorie de la famille et 17 % représentent des admissions de
réfugiés. Par rapport à l'an dernier, nous observons donc
une hausse de 17 % du nombre d'indépendants et une progression de 35 %
du nombre de réfugiés. Le Québec, conformément
à la politique qu'il poursuit depuis deux ans, a donc réussi
à augmenter considérablement son immigration économique
tout en jouant un rôle humanitaire accru.
M. le Président, depuis mon arrivée au ministère,
je me suis efforcée d'augmenter la proportion des immigrants qui
connaissent le français. Notre énoncé de politique propose
de doubler, d'ici 1995, le nombre d'immigrants francophones. En 1990, 37 % des
immigrants admis déclarent connaître le français. La
proportion d'immigrants ne connaissant que l'anglais se situe à 21 %,
alors que 42 % des immigrants ne connaissent ni le français, ni
l'anglais.
Ce n'est pas sans une certaine satisfaction, M. le Président, que
je constate que le nombre d'immigrants connaissant le français est en
hausse de 54 % par rapport à l'an dernier. En effet, entre 1989 et 1990,
on observe un changement dans la répartition des immigrants, selon leurs
connaissances linguistiques. Ainsi, la part des immigrants connaissant le
français est passée de 28 % en 1989 à 37 % en 1990, alors
que le nombre d'allophones est passé de 50 % du mouvement total de 1989
à 42 % de celui de 1990.
Mais la vérité a ses droits et je me dois d'ajouter que
cette hausse extraordinaire est due, en partie, à l'immigration
libanaise. Cette immigration est en diminution constante, nous l'avons dit,
compte tenu de la situation politique dans ce pays. Il est toutefois clair que
les mesures mises en place l'an dernier, dans notre bureau de Paris et au
Maghreb, devraient commencer à donner des résultats. Je l'ai
mentionné à plusieurs reprises et je le répète
aujourd'hui: l'atteinte de notre objectif ne sera pas facile. Les bassins de
francophones intéressés et intéressants pour le
Québec sont peu nombreux. Je me réjouis, cependant, de constater
que nous sommes sur la bonne voie et que des progrès significatifs ont
déjà été enregistrés. Espérons que
l'ouverture de notre bureau de Vienne, annoncée cette année, nous
aidera à maintenir ce pourcentage en recrutant dans les pays de l'Est
bon nombre de travailleurs spécialisés francophones.
Une étude du ministère, rendue publique cette
année, a également constaté que plus de 69 % des personnes
immigrées au Québec peuvent communiquer en français. Cette
analyse a été effectuée à partir des
résultats du recensement de 1986. Mises en rapport avec les
résultats de 1971 et de 1981, ces données montrent une
progression continue de la connaissance du français chez les immigrants.
En effet, en 1971, le français était connu de 52,8 % des
immigrants. En 1981, il l'était de 65 % d'entre eux.
La situation est tout aussi intéressante au niveau des transferts
linguistiques. L'étude précitée démontre que
l'adoption du français comme langue d'usage à la maison, chez les
immigrants dont la langue maternelle était autre que le français
ou l'anglais, est en hausse au Québec. Certes, un nombre important
d'immigrants conserve leur langue maternelle comme langue d'usage à la
maison. Mais en cas de transfert, soit 23 %, c'est maintenant majoritairement
vers le français que ces changements se produisent. Voilà qui
trace un portrait global de l'immigration au Québec en 1990. Nous sommes
donc, vous l'avez constaté, sur la voie de l'atteinte de nos
objectifs.
J'ai qualifié, un peu plus tôt, l'année 1990-1991
d'année charnière au ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration. Trois événements majeurs
survenus cette année m'incitent à utiliser ce qualificatif. Une
nouvelle entente remplaçant l'accord Cullen-Couture a été
signée avec le gouvernement fédéral; un
énoncé de politique a été publié; et le
Québec a tenu sa première Semaine interculturelle nationale avec
un succès inespéré.
Nous l'avons dit à plusieurs reprises, la nouvelle entente
Canada-Québec sur l'immigration constitue un gain majeur pour le
Québec. L'accord prévoit l'obligation du Canada de prendre avis
du Québec dans la planification de ses niveaux d'immigration. Il permet
au Québec de recevoir un pourcentage de l'immigration canadienne
équivalant à son poids démographique, plus 5 % s'il le
juge à propos. Il donne également au Québec le pouvoir de
sélectionner exclusivement les indépendants se destinant sur son
territoire. Enfin, Québec acquiert la maîtrise d'oeuvre
complète de l'intégration socio-économique et linguistique
des immigrants.
Les nouvelles responsabilités qui échoient au
Québec, suite à la signature de l'accord, vont permettre
l'élargissement de services déjà existants et même
l'apparition de nouveaux services. L'accord reconnaît au Québec le
droit d'utiliser des bureaux aux aéroports de Mirabel
et de Dorval, ainsi qu'aux autres ports d'entrée. Le
Québec pourra ainsi assurer une présence permanente
destinée à l'accueil des nouveaux arrivants, c'est-à-dire
les immigrants permanents et temporaires, dès leur arrivée sur le
territoire québécois. Par ailleurs, l'accord Canada-Québec
aura également des incidences à très court terme sur
l'offre de services en matière de formation linguistique. En prenant
charge de ce qu'il était convenu d'appeler le PNFE, c'est-à-dire
le Programme national de formation en établissement la première
mesure du MCCI a donc été de définir des critères
d'admissibilité qui permettent cet élargissement des
clientèles. Nous y reviendrons un peu plus tard.
Cet accord nous a menés à l'adoption de la loi 123, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Communautés culturelles et
de l'Immigration. Je désire ici remercier l'Opposition de sa
collaboration dans cette démarche puisque la loi devait être
adoptée avant le 1er avril 1991. Je désire également
remercier sincèrement, et du fond du coeur, le député de
Mercier qui, au cours de ce débat, a eu à mon égard des
mots d'une extrême gentillesse. Venant d'un homme de sa trempe, j'en suis
d'autant plus touchée.
Mais la politique étant ce qu'elle est, je me dois de clarifier
certaines déclarations faites au cours du débat. M. le
Président, l'accord signé en février dernier a
été rendu possible grâce aux ententes qui avaient
été conclues précédemment. Il faut avoir
l'honnêteté intellectuelle de l'admettre et nous le faisons.
L'actuelle entente est la quatrième que les gouvernements successifs du
Québec ont conclue avec Ottawa. Chacune a permis au Québec
d'avancer un peu plus, de faire un pas de plus vers le contrôle des
outils nécessaires au développement et à son
épanouissement comme société distincte.
Comme le disait le député de Mercier dans son intervention
sur ce même projet, et je cite: Chaque pierre de la pyramide servira,
tôt ou tard, peu importe l'avenir du Québec, qu'il soit
néo-fédéraliste, souverainiste, indépendantiste ou
les deux. Je pense que l'on aura en main les outils qui nous permettront de
poursuivre dans la voie tracée par MM. Couture et Cullens et,
maintenant, par la ministre actuelle. Fin de la citation.
MM. Cloutier, Bienvenue et Couture ont tous permis au Québec
d'avancer. M. le Président, des quatre ententes signées par le
Québec en matière d'immigration, trois ont été
signées par un gouvernement libéral et, qui plus est, toutes
trois sont des gouvernements dirigés par le premier ministre actuel et
député de Saint-Laurent. Trois sur quatre, voilà une bonne
moyenne dont l'équipe libérale peut s'enorgueillir.
Remplissant ainsi un engagement électoral, la publication de
l'énoncé de politique a fourni au gouvernement du Québec
l'occasion de présenter sa vision d'avenir de la contribution de
l'immigration à l'épanouissement d'un Québec francophone,
prospère et pluraliste. Elle lui a aussi permis d'affirmer sa
volonté d'agir dans cette voie et de lancer un appel à tous en
vue de relever le défi de l'intégration harmonieuse des
immigrants et la pleine participation des Québécois des
communautés culturelles à notre société.
En présentant cet énoncé, c'est la première
fois, à ma connaissance, qu'un gouvernement définit le
modèle selon lequel il entend intégrer ses immigrants. Les
orientations générales qui guident désormais notre action
sont de trois ordres: premièrement, le partage du français comme
langue commune de la vie publique de la société
québécoise; deuxièmement, le droit et le devoir de tous
les citoyens, quelle que soit leur origine, de participer et de contribuer
à la vie économique, sociale, culturelle et politique du
Québec; l'engagement à bâtir ensemble un Québec
pluraliste où tous les citoyens de toutes les cultures et de toutes les
origines pourront s'identifier et être reconnus comme des
Québécois à part entière.
De ces trois principes découle un énoncé d'attente
réciproque entre les nouveaux arrivants et leur société
d'accueil que j'ai appelé le contrat moral, qui est une rencontre du
projet migratoire individuel et du projet social de la société
d'accueil. Le contrat moral, dont la valeur est symbolique mais importante, met
en relief le fait que l'intégration réussie se fait à
deux, qu'elle est la responsabilité autant de ceux qui s'enracinent que
de ceux de la société d'accueil.
En février, en 63 heures d'audiences, près de 70 groupes
sont venus nous présenter leur vision des choses et faire des
suggestions aux parlementaires. Les groupes ont proposé au gouvernement
plusieurs idées, dont bon nombre seront retenues dans le plan d'action
que je compte bientôt déposer au Conseil des ministres et qui, je
l'espère, pourra être rendu public en juin.
Je retiens cependant de cette commission que, globalement, les
orientations novatrices de l'énoncé trouvent un écho
favorable dans la population. Ce qui me réjouit davantage, c'est que ces
groupes aient spontanément proposé au gouvernement leur
participation pour l'aider à relever le défi de
l'intégration. (10 heures)
Je veux remercier l'Opposition officielle et, en particulier, le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques pour sa collaboration dans
le cadre de cet exercice de première importance. J'ai également
effectué une tournée du Québec lors du lancement de cet
énoncé. Dans plusieurs régions, nous avons réuni
les leaders de la société d'accueil et des communautés
culturelles afin qu'ils se rencontrent dans l'esprit de
réciprocité que proposait l'énoncé. J'ai
rencontré plus de 1200 personnes, tant des communautés que de la
société d'accueil, et l'accueil fut des plus
enthousiastes. L'une des propositions importantes de
l'énoncé de politique est d'accentuer les activités de
rapprochement.
Dans cet esprit, remplissant ainsi un engagement électoral pris
en 1989 et donnant suite à une recommandation du Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration, le gouvernement
libéral mettait sur pied la première Semaine interculturelle
nationale. Le mandat de la réalisation de cette Semaine a
été confié à mon collègue
délégué et ministre du Travail. Je veux ici le
féliciter. Il s'est acquitté de sa tâche avec brio. Je lui
laisserai le soin, un peu plus tard, de vous parler de la Semaine
interculturelle. Ces trois événements majeurs,
l'énoncé, l'entente Canada-Québec, la Semaine
interculturelle, ne nous ont pas empêchés de poursuivre le travail
amorcé, depuis 1985, par ma prédéces-seure et
continué depuis mon arrivée, en mars 1989.
Les Centres d'orientation et de formation des immigrants, les COFI, ont
aussi connu une année charnière. L'année 1990-1991 a
été marquée par l'implantation d'un nouveau régime
pédagogique. Nos professeurs ont fait preuve d'une grande
coopération et je les remercie. L'année 1990-1991 a
malheureusement aussi vu l'allongement des listes d'attente dans nos COFI.
À un certain moment, les listes allaient jusqu'à un an, situation
qui était, nous en conviendrons tous, inacceptable. Cette situation
était provoquée par le sous-financement par le
fédéral de ce programme de francisation appelé le
PNFE.
Le 15 novembre dernier, suite à mes demandes
répétées, le gouvernement fédéral a
transféré au gouvernement du Québec la somme
supplémentaire de 1 400 000 $. La solution permanente demeurait la prise
en charge complète des activités d'intégration par le
Québec, comme Jacques Couture se proposait de le faire en 1978. Douze
ans plus tard, grâce à l'accord, nous l'avons
réalisée et le Québec a maintenant le plein contrôle
de ses instruments de francisation. L'accord donne au Québec, depuis le
1er avril courant, l'entière responsabilité de
l'intégration linguistique des immigrants. Les cours à temps
plein d'apprentissage du français offerts dans les COFI et
financés par le fédéral présentaient, au 31 mars
dernier, une liste d'attente de 3295 personnes et un délai d'attente
entre l'inscription et le début des cours d'environ 7 mois. Cette
situation s'explique, entre autres, nous l'avons dit, par le fait que les
achats de cours par le fédéral se sont situés en
deçà des besoins pour l'année 1990-1991. D'autre part, la
situation économique a pour effet que plus d'immigrants se retrouvent
sans emploi et deviennent donc disponibles pour suivre ce programme à
temps plein. Le même phénomène est, par ailleurs,
observable dans tous les autres réseaux de formation.
D'autre part, compte tenu des normes fédérales d'admission
à ces cours, les immigrants réputés avoir une connaissance
de l'anglais leur permettant d'obtenir un emploi... Entre 5 % et 8 %
étaient refusés à ces cours. Le rapatriement des
responsabilités de ce programme par le Québec a permis d'appeler
les correctifs susceptibles d'en faire un outil majeur d'intégration
à la société québécoise francophone, en plus
de favoriser une intégration plus facile au marché du travail.
Les deux principales mesures prises furent donc les suivantes: la modification
des critères pour rendre admissibles aux cours les immigrants ayant une
connaissance de l'anglais, le doublement de l'offre de services et de places
disponibles dans les COFI afin d'absorber progressivement la liste d'attente et
de réduire les délais d'entrée aux cours. Ceci se
réalise par la mise en place, à Montréal, d'un
deuxième horaire permettant de recevoir deux fois plus de groupes dans
les mêmes locaux.
Enfin, nous avons également poursuivi la signature d'ententes
avec les commissions scolaires pour offrir des cours de français aux
parents immigrants dans la même école que leurs enfants. Pour la
première fois, une telle entente a rejoint des parents immigrants
résidant à l'extérieur de 111e de Montréal, soit
ceux du territoire de la commission scolaire de Brossard.
Il importait, en période de ralentissement économique,
dans un contexte plus global de mondialisation de l'économie et des
marchés, de développer le secteur d'activité des gens
d'affaires au ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Je me suis d'abord rendue en Asie, en août dernier, afin
de constater sur place les besoins de ces gens d'affaires, qui constituent
près de 50 % du mouvement migratoire, et de discuter avec eux et avec
notre personnel en poste des améliorations à apporter à
nos programmes et pratiques. Les objectifs de la mission étaient de
mieux comprendre les besoins spécifiques de la clientèle, en vue
d'élaborer des programmes mieux adaptés à leur situation
et aux intérêts économiques de notre société,
de leur démontrer les avantages d'investir en région, de les
sensibiliser à nos besoins en matière de main-d'oeuvre
spécialisée et professionnelle, de leur rappeler l'importance
d'accroître la proportion de candidats gens d'affaires qui
s'établissent à demeure au Québec.
Au cours de cette mission, j'ai signé avec l'Alliance
française de Hong-Kong une entente de collaboration afin d'offrir des
cours de français à nos candidats à l'immigration de cette
région. Ces cours sont donnés aux frais du candidat et,
déjà, le nombre de places offertes ne suffit plus. Cette mission
en Asie du Sud-Est a mené à des réajustements et des
améliorations importantes de notre programme gens d'affaires, en
particulier au niveau du suivi des candidats.
Ainsi, et suite à l'accroissement des candidats de cette
catégorie dont la progression, depuis 1986, atteint 500 %, et
fidèle à l'orientation économique donnée en 1986,
le ministère a
pris deux types de mesures. D'une part, il a porté de 8 à
12 le nombre de conseillers économiques attachés à la
Direction des services aux gens d'affaires; d'autre part, il a
restructuré les services offerts à cette clientèle. Ce
réaménagement suit les grandes étapes du processus
d'immigration depuis l'information aux éventuels candidats, la
sélection des ressortissants et, pour fes immigrants reçus,
l'accueil, l'aide à l'établissement et la levée de
conditions imposées lors de l'octroi du visa permanent. Ce
réaménagement vise encore à bonifier les services offerts
par le ministère en les multipliant, en les personnalisant et en
élargissant leur portée.
Par ailleurs, en systématisant l'information qu'il possède
et en consolidant les liens qu'il a avec de nombreux organismes publics,
parapublics et privés susceptibles d'avoir un intérêt et de
jouer un rôle face aux immigrants investisseurs, le ministère est
maintenant en mesure de faciliter l'arrivée et l'établissement de
ceux-ci. Enfin, des modifications ont été apportées
à la réglementation fédérale sur les immigrants
investisseurs en valeurs mobilières. Le niveau minimal de
l'investissement a été porté à 350 000 $ pour une
durée de cinq ans. Le programme québécois étant
différent de celui des autres provinces, une période transitoire
de 18 mois a été négociée avec Ottawa.
Il serait beaucoup trop long, M. le Président, de passer en revue
toutes les activités du ministère entreprises en vue d'atteindre
ces objectifs et ainsi remplir les mandats qui lui ont été
confiés par le gouvernement. Vous me permettrez toutefois d'en
mentionner quelques-unes. L'intégration et la participation étant
faites d'une foule de petites choses, certains exemples valent la peine qu'on
les mentionne. Plusieurs projets-pilotes ont vu le jour. Qu'il me suffise de
mentionner notre projet commun UPA-MCCI qui vise à faciliter
l'intégration au milieu rural des travailleurs immigrants. Nous avons
également publié, à l'occasion du cinquantième
anniversaire du droit de vote des femmes, un volume reconnaissant la
contribution de bon nombre de femmes des communautés culturelles au
développement du Québec. Le gouvernement a également
souligné d'une façon particulière, cette année, la
Journée internationale pour l'élimination de la discrimination
raciale.
M. le Président, l'action gouvernementale en cette matière
déborde la lutte contre la discrimination. Elle est nettement positive.
Dans l'énoncé de politique, toute la troisième partie
porte sur l'intégration réussie des immigrants. On y voit
clairement que le meilleur moyen d'éliminer la discrimination est de
développer les relations intercommunautaires et de favoriser la
participation des nouveaux arrivants à tous les secteurs de la vie
économique, culturelle et sociale de la société d'accueil,
mais il faut aussi éviter l'angélisme. Il y a toujours des
situations propices à la manifestation de gestes d'intoléran-
ce.
C'est pourquoi, fidèle à l'esprit de partenariat
exprimé dans l'énoncé de politique, j'ai fait parvenir aux
autorités de plus de 80 municipalités du Québec un
exemplaire de la déclaration du gouvernement du Québec sur les
relations interethniques et interraciales. J'ai invité les mairesses et
les maires à profiter de cette célébration du 21 mars pour
trouver un emplacement de choix pour afficher cette déclaration dans
l'hôtel de ville de leur municipalité. Je demeure convaincue que
la vigilance contre toute forme de discrimination, alliée à une
conscience de plus en plus éclairée sur la contribution des
membres des communautés culturelles à tous les secteurs de notre
vie collective, sont deux aspects complémentaires de toute attitude
ouverte et positive face à l'intégration des immigrants.
Afin de poursuivre dans la même veine, le 20 mars 1990, mon
collègue, le ministre délégué, lançait le
programme d'accès à l'égalité dans la fonction
publique du Québec pour les Québécois des
communautés culturelles. L'objectif annuel du programme est d'atteindre,
pour les membres des communautés culturelles, 12 % de l'embauche. Nous
ne disposons pas encore des données des ministères dans ce
secteur. Cependant, étant donné le climat de récession, le
gel de l'embauche de la fonction publique et l'état nécessaire au
démarrage du programme AIDE, il ne faut pas s'attendre à des
résultats significatifs pour une première année
d'implantation. Le Conseil du trésor a la responsabilité de
l'élaboration du programme et l'Office des ressources humaines assiste
les ministères dans sa mise en oeuvre.
Nos efforts de régionalisation des services se sont
également poursuivis. Les directions régionales de Sherbrooke,
Hull, Québec et Montréal prennent graduellement leur place et
sont de plus en plus des intervenants sur lesquels il faut compter dans chacune
de ces régions. L'année 1990-1991 a marqué un tournant
important dans le domaine de la régionalisation de l'immigration.
L'énoncé de politique en fait un objectif stratégique et
propose des projets-pilotes, notamment avec le MAPAQ et l'OPDQ, pour attirer
des immigrants en région.
L'étude conjointe avec l'OPDQ sur les facteurs clés de
l'établissement en région et du potentiel des différentes
régions, est en phase de réalisation. D'autre part, le MCCI est
à produire un document sur les orientations et les stratégies en
matière de régionalisation, qui encadrera dans l'avenir les
actions du ministère dans ce domaine. Le document fait l'objet
actuellement d'une consultation de toutes les instances du ministère, de
même qu'auprès des organismes tels l'UPA, l'UMRCQ, l'UMQ, etc.
Dans le même temps, une étude a été entreprise sur
le bilan des expériences étrangères en matière de
régionalisation. Elle est en bonne voie. En même temps, des
expérien-
ces-pilotes commencent à se concrétiser en région,
comme celle mise en place en Estrie et qui a pour but de définir un
cadre d'accueil efficace pour attirer les immigrants investisseurs et faciliter
leur intégration dans la communauté d'affaires de la
région.
Pour sa part, le Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration a marqué, en 1990, le cinquième anniversaire de sa
création, en publiant un recueil qui expose sa nature, ses origines, ses
objectifs, ses réalisations et en mettant particulièrement
l'accent sur les 20 avis qu'il a préparés et qu'il a ensuite
transmis à la ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Tous les gestes posés par le Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration du Québec, au cours
de la dernière année, ont visé à créer une
sorte de symbiose qui puisse engendrer un climat d'harmonie et qui soit de
nature à susciter des attitudes d'accueil chez les uns et
d'intégration chez les autres.
Le 29 juin 1990, le premier ministre du Québec, M. Bourassa,
annonçait la nomination de Mme Raymonde Folco à la
présidence du Conseil des communautés culturelles et de
l'immigration, en remplacement de Mme Juanita Westmoreland-Traoré, dont
le mandat venait à échéance le 15 juillet 1990. Je profite
de l'occasion pour remercier Mme Westmoreland-Traoré de sa contribution
au Conseil et à l'avancement des communautés culturelles du
Québec. C'est une femme d'une qualité exceptionnelle et nous lui
souhaitons tous la meilleure des chances dans l'exercice de ses nouvelles
fonctions. Mme Folco accédait à la direction du Conseil
après en avoir assumé la vice-présidence aux
communautés culturelles durant deux ans. Son expérience
antérieure dans le monde de l'enseignement, des communautés
culturelles, aussi bien qu'auprès des populations amérindiennes,
l'ont largement préparée à ses nouvelles fonctions.
Afin de favoriser l'intégration sociale et culturelle, le Conseil
a publié, de concert avec les organismes intéressés, un
guide pour la Semaine interculturelle nationale. Ce guide a été
conçu comme un outil nouveau pouvant faciliter la réalisation
d'activités de rapprochement, d'abord, dans le milieu scolaire, mais
ayant des ramifications plus larges. Le Conseil est à finaliser une
étude sur le logement et les communautés culturelles et compte
nous présenter un avis sur le sujet prochainement. Il compte
également nous soumettre un avis sur les niveaux d'immigration
souhaités pour les années 1992, 1993 et 1994.
Cette énumération, M. le Président, n'est pas
exhaustive. Le temps qui m'est imparti ne me permet pas de rendre justice au
travail considérable accompli par le Conseil. Comme vous pouvez le
constater, M. le Président, nous avons travaillé fort en
1990-1991: un énoncé de politique, une nouvelle entente
fédérale-provinciale, une semaine interculturelle, une loi, une
commis- sion parlementaire, la régionalisation des services, la refonte
de nos programmes aux gens d'affaires, l'implantation d'un nouveau
régime pédagogique et j'en passe. Sans le concours du
sous-ministre, M. Norman Riddell, et de son équipe, sans doute l'une des
plus performantes au sein du gouvernement, et des membres de mon cabinet, qui
ont travaillé sans relâche, nous n'aurions jamais pu accomplir
autant. Je suis reconnaissante à tous les employés du
ministère pour leur fidélité à nos objectifs, leur
soutien et leur détermination. À tous, merci. (10 h 15)
Nous n'avons toutefois pas l'intention d'en rester là en
1991-1992. Autant 1990-1991 aura été une année
charnière dans le développement du ministère, autant
l'année qui s'annonce en sera une de consolidation de nos acquis.
L'accent sera mis cette année sur la mise en oeuvre du nouvel accord
fédéral-provincial et sur l'intégration,
élément essentiel de la réussite des individus
visés de la collectivité toute entière.
Pour l'année 1991-1992, le budget du ministère sera de 114
100 000 $, soit plus du double de ce qu'il était au cours de l'exercice
précédent. Cette augmentation est essentiellement le
résultat des budgets transférés au gouvernement du
Québec par le gouvernement fédéral, à la suite de
la signature de l'accord en matière d'immigration et
d'intégration des immigrants, le 5 février dernier. La
compensation financière prévue par l'accord sert donc à
financer l'augmentation du budget du ministère, tout en tenant compte de
la contribution que le gouvernement fédéral faisait auparavant au
coût de francisation des immigrants qui se destinent au marché du
travail. Cette augmentation du budget nous permet d'apprécier les
premières retombées de l'accord et elle nous permettra d'amorcer
la mise en place de mesures prévues dans l'énoncé de
politique, notamment au chapitre de l'apprentissage du français des
immigrants.
Nous avons également fixé nos niveaux d'immigration pour
1991 à l'intérieur d'une fourchette de 44 000 et 47 000. Ce
nombre est conforme à l'orientation générale du
gouvernement du Québec, qui vise une augmentation soutenue et
réaliste des niveaux en fonction de la capacité d'accueil de
notre société. Plus que jamais, les Québécois et
Québécoises peuvent s'attendre, cette année, à voir
un ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration
mettre de l'avant des mesures concrètes découlant des principes
de l'énoncé, de la commission parlementaire et de l'accord
Canada-Québec. À moins d'imprévus, un plan d'action sera
déposé en juin et nous poursuivrons la revue de nos programmes
à la lumière de nos objectifs.
Voilà comment nous voyons l'année 1991 1992. Après
une année de bouleversements et de réalignements, il faudra
prendre le temps de tout mettre en place pour que jamais personne ne puisse
imaginer Montréal ou le Québec sans ses
immigrants. Merci, M. le Président, et j'aimerais passer la
parole à mon collègue qui pourrait vous dire quelques mots sur la
Semaine interculturelle.
M. Boulerice: En arménien.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques, s'il vous plaît, vous n'avez pas encore la
parole.
M. Boulerice:...
Le Président (M. Gobé): Pas encore, mais ça
viendra, ne vous en faites pas.
M. Boulerice: Vous êtes jaloux de l'amitié qui me
lie au ministre délégué, je le vois bien.
Le Président (M. Gobé): Non, je ne saurais
être jaloux de cette amitié. Au contraire, je l'encourage
fortement, dans votre cas.
M. Cherry: Je peux les assurer que ça n'atteindra d'aucune
façon la qualité de l'amitié qui existe entre nous.
Le Président (M. Gobé): M. le ministre
délégué aux Communautés culturelles, si vous voulez
faire une rapide présentation, car le temps passe.
M. Normand Cherry
M. Cherry: Bien sûr. M. le Président, c'est avec
beaucoup de plaisir que, dans le cadre de l'étude des crédits du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, je
vais vous présenter le bilan de la première édition de la
Semaine interculturelle nationale, qui s'est déroulée, comme on
le sait tous, du 5 au 12 avril 1991. On se souviendra que, l'automne dernier,
je lançais cette semaine qui avait pour thème Prenons le temps de
nous connaître. Cet événement visait essentiellement deux
objectifs: tout d'abord, promouvoir l'apport des communautés culturelles
à la société québécoise et faciliter, au
sein de la population, une meilleure connaissance des multiples
communautés qui composent le Québec et, deuxièmement,
favoriser la compréhension, le dialogue et le rapprochement entre les
membres des diverses communautés et la société
d'accueil.
Lorsque nous avons pris l'initiative d'instaurer la Semaine
interculturelle nationale, nous souhaitions vivement qu'elle ne reste pas la
chasse gardée du ministère, mais plutôt que tous les
milieux et leurs intervenants se joignent à nous pour enrichir cet
événement du plus grand nombre possible d'idées et de
projets. C'est avec beaucoup de satisfaction que je puis vous dire que, pour
cette première Semaine, mission accomplie.
Permettez-moi de profiter de cette occasion pour remercier tous ceux et
celles qui ont travaillé, de près ou de loin, à
l'élaboration et à la tenue de cette semaine. Plus de 240
activités de toutes sortes se sont déroulées tout au long
de cette semaine. Je vais vous faire la liste de quelques-uns: vernissages et
expositions, salon d'artistes et d'artisans, performances
théâtrales, semaine du cinéma à l'Office national du
film. À cette occasion, la ville de Montréal a été
animée d'une centaine d'activités telles que colloques,
séminaires, conférences, débats publics. À noter
qu'un forum sur l'apport positif de l'immigration au développement du
Québec et une rencontre-témoignage ont été
organisés lors de la journée de l'immigration.
Il ne faut également pas oublier les réalisations
spéciales, comme la tournée des quartiers ethniques de
Montréal par ma collègue, le lancement de la politique de
rapprochement interculturel à Radio-Québec, le lancement de la
Semaine interculturelle nationale, ici même à Québec, au
Musée de la civilisation, la superbe affiche de la Semaine
interculturelle nationale, la chanson thème, "Fracasser le silence"
interprétée par Mme Diane Massicotte et dont les paroles sont de
M. Pierre Shea et la musique de M. Gilles Bernier et, bien sûr, le Prix
des communautés culturelles qui innovait cette année en
décernant trois prix: le prix d'excellence, le prix des organismes
communautaires et de rapprochement et le prix du milieu des affaires et des
institutions.
Pourquoi trois prix cette année? Par le passé, nous ne
récompensions qu'une ou plusieurs personnes pour leur contribution au
rapprochement entre les communautés culturelles et la
société québécoise. Cette année, nous avons
voulu souligner plus particulièrement la contribution des deux
partenaires du processus d'intégration: les membres des
communautés culturelles et, évidemment, la société
d'accueil, en leur remettant deux prix additionnels. En guise de notre
appréciation, nous leur avons remis une magnifique sculpture, oeuvre
d'art, signée par Danielle Thibeault. Plusieurs activités ont
aussi été organisées en région, à
Québec, en Outaouais, en Estrie, ce qui ne fait que témoigner du
dynamisme qui anime nos communautés culturelles et ce, à travers
l'ensemble du territoire québécois.
Cette année, nous en étions à la première
édition de la Semaine interculturelle nationale et je suis convaincu que
cet événement est appelé à prendre une importance
grandissante. Vous vous souviendrez aussi que notre formation politique
s'était engagée, en 1989, à tenir une semaine
interculturelle nationale, et celle-ci est en voie de devenir un des
événements marquants du calendrier du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration.
En terminant, je m'en voudrais de ne pas souligner l'implication et le
dévouement dont tous les organisteurs et participants ont fait preuve
dans le rapprochement interculturel. Ils
ont un rôle extrêmement important à jouer à
cet égard. La Semaine interculturelle nationale se voulait un outil de
sensibilistion et de rapprochement de permier ordre et je suis très
confiant que la deuxième édition de cette Semaine connaîtra
un aussi grand succès. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le ministre. Sur
ces mots, je vais maintenant reconnaître M. le député de
Mercier et porte-parole officiel de l'Opposition en matière
d'immigration et de communautés culturelles. M. le député
de Mercier, vous avez la parole.
M. Gérald Godin
M. Godin: M. le Président, je vous remercie de me donner
la parole, d'autant plus que j'ai des remarques à faire à la
ministre qui ne seront pas sur le même ton que mes discours habituels la
concernant. Elle a dit, elle-même tout à l'heure, que le
ministère, dans l'année dont nous sortons, était au coeur
de bouleversements, de réalignements, etc., mais malheureusement, dans
le cahier des crédits je n'ai pas vu apparaître quelque
renseignement qui m'aurait permis à moi, de l'Opposition officielle, de
voir un peu où le ministère s'en va. Il est bien sûr qu'on
a eu les chiffres de l'année passée, les chiffres comparatifs
d'ailleurs, fort utiles, mais il aurait été encore plus utile
pour le député de quelque parti que ce soit de connaître
mieux les nouveaux programmes que la ministre ou son ministère, son
équipe du ministère, a en tête, pour que nous puissions
voir un peu où le ministère s'en va avec ses nouvelles
responsabilités, son nouveau budget, qui est du double de l'an
dernier.
Faute de ces renseignements, nous n'avons pas pu comprendre exactement
l'avenir immédiat, prochain et futur du ministère. Et je pense
que, ce faisant, Mme la ministre a un peu rompu avec une tradition qui a
été installée, il y a quelques années
déjà, de fournir pas seulement des chiffres, mais
également des principes de base et surtout une définition de base
des nouveaux programmes quand il y en avait.
Je pense, entre autres, au programme des semaines communautaires
ethniques. J'aurais aimé savoir où le ministère en est
à ce sujet, combien de projets ont été
réalisés depuis un an ou le seront dans les années qui
viennent, parce que ça ne se fait pas en deux semaines,
évidemment. Un centre communautaire, c'est quasiment aussi important que
bâtir un édifice dans les grandes villes du Québec.
Deuxièmement, M. le Président, on doit dire que les
chiffres que donnent la ministre par rapport aux immigrants
"francophonisables", comme on les appelle, impressionnent cette année.
Mais à la lecture plus fine des renseignements et à
l'écoute de son discours attentivement, on se rend compte que le
principal pays d'origine de ces nouveaux immigrants du Québec,
c'était le Liban. Donc, dans la mesure où le Liban s'est
démocratisé partiellement, ce robinetià va se fermer de
lui-même. On aimerait savoir le plus tôt possible vers où,
vers quelles régions du monde, vers quels pays, le ministère va
orienter ses microscopes dans l'avenir, pour prévoir un peu le maintien
de la performance et des chiffres de l'année qui s'écoule, qui
vient de se terminer, M. le Président.
D'autre part, M. le Président, nous aimerions savoir aussi la
position du ministère par rapport aux réfugiés, il y a
peut-être une source de bons immigrants pour le Québec,
"francophonisables" éventuellement, et le ministère ayant fait
l'expérience dans le passé avec les Vietnamiens, qui se sont
implantés aussi bien à Sherbrooke, dans le comté de la
ministre qu'à Montréal, évidemment, et à Hull sans
jamais avoir été, à mon avis, un fardeau pour le
gouvernement du Québec. Nous aimerions savoir quelles sont les
prochaines sources que le ministère a étudiées pour
planifier ses cours de français, ses modes d'intégration et ses
programmes de rapprochement entre ces nouveaux immigrants qui sont
peut-être des réfugiés. D'ailleurs, on n'a aucun chiffre
sur les réfugiés dans le rapport du ministère, ce qui
indique peut-être le peu d'intérêt que le ministre porte
à ces futurs citoyens du Québec.
J'aimerais savoir aussi... Plongeons immédiatement dans le fil du
sujet. Dans les nouveaux venus du Liban, peut-on avoir une ventilation de ceux
qui sont venus ici comme indépendants, investisseurs,
réfugiés ou dans le cadre de la réunification des
familles? C'est fa première question que je poserai à la ministre
parce que je veux savoir un peu l'intérêt qu'elle a porté
aux réfugiés, au cours de l'année que nous étudions
présentement. C'est ma première question, M. le
Président.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que, M. le député de
Mercier, vous voulez avoir des réponses aussi sur les autres questions
que vous avez posées auparavant ou si vous préférez que je
réponde à cette...
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, je pense
que n'avais pas reconnu encore votre droit de parole.
Mme Gagnon-Tremblay: Je m'excuse, M. le Président. Je
m'excuse, c'est parce que... Je m'excuse.
Le Président (M. Gobé): II y a peut-être
d'autres membres de cette commission qui ont des remarques préliminaires
à faire. La tradition voulant que chacun puisse s'exprimer en commission
parlementaire, non seulement la tradition mais le règlement, et que, par
la suite, le ou la ministre puisse faire quelques rapides commen-
taires quant aux remarques préliminaires, et après, nous
passons à l'étude des crédits avec chaque programme et
chaque élément de programme. Alors, j'aimerais maintenant donner
la parole à M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques qui
- j'avais cru voir - désirait nous faire part de ses remarques. Vous
avez la parole, M. le député.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, très brièvement, M. le
Président, en vous saluant, en saluant Mme la ministre, M. le ministre
délégué et, très assurément, mon
collègue, député, ami, voisin, mentor même...
M. Godin: Pas menteur! (10 h 30)
M. Boulerice: Non, pas menteur, mais mentor puisqu'il m'a
beaucoup appris dans ce dossier. J'espère avoir beaucoup retenu, surtout
de son humanisme. Je voudrais renchérir, M. le Président, en
disant que j'ai écouté très attentivement la
présentation que nous ont faite successivement la ministre en titre et
le ministre délégué.
J'aimerais bien venir renforcer l'assertion immédiate qu'a faite
mon collègue, le porte-parole de l'Opposition officielle pour les
communautés culturelles et l'immigration, qui est dans tous les discours
d'ouverture qui ont été tenus, M. le Président. Il y a un
silence tragique, à mon point de vue, au niveau des
réfugiés et des revendicateurs de statut. Déjà, la
prédéces-seure de sa prédécesseure... Je suis
obligé, M. le Président, d'employer ces termes,
"prédécesseure de sa prédécesseure". Cela est
également le cas au niveau des Affaires culturelles puisque les femmes
sont bousculées dans leurs postes au niveau du parti ministériel.
La prédécesseure de ses prédécesseures avait
vécu un drame au Québec, qui était les
réfugiés turcs, et voilà que ce drame se
répète, s'est répété récemment avec
ces réfugiés éthiopiens qui ont dû se rendre
à la frontière américaine.
Je ne sais pas où en est le dossier actuellement. Ils sont
rentrés, sauf que nous en sommes, à chaque année, toujours
avec le même problème au niveau des réfugiés, des
revendicateurs du statut de réfugié, et je me serais attendu, ce
matin, à une déclaration éminemment politique de la part
de la ministre quant à la position de son gouvernement face au
gouvernement fédéral, qui détient encore la moitié
des pouvoirs dans ce domaine, compte tenu de l'entente administrative, puisque
c'est bien l'expression, qui a été signée entre le
gouvernement fédéral canadien et le gouvernement du
Québec.
Donc, je vous le dis tout de suite, une première déception
de voir qu'on donne une emphase à l'immigration régulière,
on donne une surimpression photographique dans le texte de l'immigration
économique, mais malheureusement, un pan très important, qui est
celui des réfugiés avec tous les volets que ça comporte,
est tristement absent du discours à la fois de la ministre et du
ministre délégué. Une grande déception au
départ, à l'ouverture de cette commission, et je partage le point
de vue de mon collègue, le député de Mercier.
M. Messier: M. le Président...
Le Président (M. Gobé): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. M. le député
de Saint-Hyacinthe...
M. Messier: Ça va.
Le Président (M. Gobé): ...des remarques
préliminaires vous aussi?
M. Messier: Non, c'était juste pour vous rappeler à
l'ordre, M. le Président. Ça va.
Le Président (M. Gobé): Pas de remarques
préliminaires?
M. Messier: Non, ça va. Je fais miens les propos de la
ministre.
Le Président (M. Gobé): Nous allons donc
maintenant, Mme la ministre, vous passer la parole afin que vous puissiez faire
quelques réponses à ces remarques préliminaires, mais
assez rapidement pour que nous puissions passer à l'étude des
crédits.
Discussion générale
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord, M. le Président. C'est
parce que je voulais tout simplement répondre aux questions de...
Le Président (M. Gobé): Oui, allez-y. Vous avez...
Aux questions directement?
Mme Gagnon-Tremblay: On m'a posé plusieurs questions.
Le Président (M. Gobé): C'est parce qu'on a...
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce qu'on veut que je réponde
seulement à la dernière?
Le Président (M. Gobé): Est-ce qu'on ne commence
pas programme par programme, M. le député de...
M. Godin: M. le Président, comme on a des échanges
sur des sujets vitaux importants, je pense qu'on doit laisser la ministre
donner son opinion sur ce qu'on a dit et répondre à nos questions
dès maintenant, si elle le juge à
propos, quitte à passer aux chiffres, malgré leur
importance, après qu'on aura fait le tour des questions que nous allons
poser à la ministre, d'autant plus qu'elle est prête à
répondre.
Le Président (M. Gobé): Bon, s'il y a entente entre
les membres, c'est la manière avec laquelle nous allons fonctionner, car
on doit, au début de chaque étude de crédits,
déterminer la façon dont on fonctionne. Certaines personnes
veulent qu'on étudie les programmes les uns après les autres et
parler au fur et à mesure des sujets pertinents à chaque
programme. D'autres préfèrent aborder globalement... et si c'est
là votre souhait, M. le député, et que l'ensemble des
membres le partage, je n'y vois absolument aucun inconvénient.
M. Godin: M. le Président, le président sait
probablement que cette commission-ci, ce ministère-là et les
rapports de ce ministère-là avec l'immigration sont tels que nous
brisons les traditions et nous faisons passer nos préoccupations, je
dirais, passionnelles, émotives ou humanitaires avant tout le reste, M.
le Président. L'un n'empêche pas l'autre, M. le Président,
quitte à revenir quand nous serons sur les chiffres mêmes relatifs
à tel ou tel programme ou telle ou telle préoccupation
humanitaire de l'Opposition ou du ministère, quitte à revenir sur
les points que nous jugeons plus importants que d'autres.
Le Président (M. Gobé): C'est avec plaisir que la
présidence va accéder à votre souhait, M. le
député. Alors, Mme la ministre, si vous voulez
procéder.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Pour répondre à la
première question du député de Mercier, je dois vous dire
que vous n'avez peut-être pas eu toute l'information pertinente que vous
auriez souhaitée, mais je dois dire, cependant, que nous avons
répondu aux questions qui nous avaient été posées.
Alors, si on avait eu ces questions, on aurait peut-être pu
répondre, mais peut-être aussi que c'est parce qu'on pense que
tout est terminé, mais vous savez, chez nous, actuellement, il fallait
définir le cadre, il fallait aussi prendre de nouvelles
responsabilités.
Quand, par exemple, vous parlez de centres communautaires, alors, il
faut vous dire qu'actuellement, les décisions ne sont pas prises quant
à la révision des programmes de subvention aussi bien que la
révision des programmes de francisation. Nous avons, par exemple, pris
de nouvelles responsabilités dues à l'entente qui a
été signée avec le gouvernement fédéral, et
nous devions faire très rapidement. Vous êtes fort au courant de
cette entente entrée en vigueur à compter du 1er avril dernier.
Donc, tous les programmes dont nous avons la responsabilité maintenant,
provenant du gouvernement fédéral, nous sommes en train de les
réviser, comme nous sommes en train de réviser nos propres
programmes de subvention.
Nous avons fait, l'année dernière, des consultations. Nous
avo.is embauché une firme privée. Nous avons fait des
consultations avec les groupes communautaires. Le travail se poursuit au sein
du ministère et ce sera seulement en 1992, l'an prochain, que nous
serons en mesure d'aviser sur les nouveaux programmes qu'on mettra en force,
mais ces programmes seront toujours afin de répondre aux objectifs qu'on
connaît déjà dans l'énoncé de politique,
c'est-à-dire toujours en fonction de nos objectifs de rapprochement et,
bien sûr, d'intégration. Donc, ces programmes-là seront
connus l'an prochain. Nous sommes en train de travailler sur ces
programmes.
C'est la même chose, par exemple, pour les programmes de
francisation. Nous avons pris sous notre responsabilité le programme de
PNFE qu'on donne dans les COFI, mais nous sommes en train d'évaluer tous
les programmes de francisation que nous donnons, les programmes à temps
partiel, les programmes québécois - ce sont des programmes
à temps partiel - pour s'assurer qu'on atteint les clientèles le
mieux possible, partout là où elles sont un plus grand
pourcentage des clientèles. Là aussi, nous ferons connaître
ces nouveaux programmes l'an prochain seulement, parce que nous devons prendre
encore cette année pour pouvoir les connaître davantage,
c'est-à-dire avoir de meilleurs programmes.
Quant aux Libanais, vous avez parlé des Libanais du bureau de
Nicosie qui fermera probablement parce qu'il y a de moins en moins de personnes
qui se présentent à ce bureau. Je dois vous dire que nous avions
déjà un bureau à Damas et, justement, au cours de la
période difficile, les gens ne pouvaient pas se rendre à Damas.
Maintenant, les futurs candidats ou les candidats ou candidates se rendent
à Damas. Alors, c'est pour ça que nous aurons le personnel
nécessaire pour répondre aux nombreuses demandes à Damas
et nous prévoyons, bien sûr, la possibilité de fermer
Nicosie parce que c'est ce que le gouvernement fédéral pense
faire aussi. Alors, actuellement, ça allait bien parce que nous
étions au même endroit pour pouvoir émettre des certificats
de sélection et donner le visa en même temps. Alors, si le
gouvernement fédéral se retire, bien sûr que le
Québec devra aussi faire la même chose, mais nous assurons, bien
sûr, le transfert à Damas parce qu'il y a déjà ce
bureau.
Aussi, pour l'Europe de l'Est, j'ai mentionné dans mon discours
que nous avons ouvert un bureau à Vienne pour pouvoir
sélectionner, justement, des immigrants provenant de l'Europe de l'Est.
En réponse à votre question concernant les
réfugiés, je suis un petit peu étonnée parce que je
suis très sensible. Je ne sais pas l'image
qu'on a de moi quant aux réfugiés, mais je suis
très sensible à cette catégorie d'immigrants. Je connais
et je suis aussi - comment pourrais-je dire donc? - ça me dérange
beaucoup, ça me déchire même de voir que nous pourrions...
On souhaiterait faire plus aussi, mais, vous savez, il y a des millions et des
millions de réfugiés partout. Je pense aussi que le Québec
ou le Canada doit aider à travers l'aide internationale.
Malgré tout ça, dans mon discours, j'ai bien
mentionné qu'il y avait eu une progression, l'année
dernière, en 1990, de 35 % du nombre de réfugiés. Je dois
vous dire aussi que nous avons tout le problème des revendicateurs du
statut de réfugié. On ne doit pas quand même se soustraire
à ses responsabilités. J'ai dit à plusieurs occasions que
s'il nous en arrive 1000 par mois au Québec, on doit prendre en compte
ces personnes qui nous arrivent, 1000 par mois. On comprend qu'il y en a
à l'extérieur, mais on doit s'occuper de ces personnes.
Vous savez que le problème des demandeurs d'asile prend une
importance grandissante. Mouvement sud-nord, mouvement est-ouest, la question
est maintenant inscrite. Je dois vous dire que ça prend tellement
d'importance actuellement, surtout avec toutes les guerres que connaissent les
différents pays. La question est maintenant inscrite à l'ordre du
jour international. Il y a une réunion ministérielle de l'OCDE
qui est prévue. On veut faire le sommet économique à
Londres en juin 1991 parce qu'on se rend compte de l'importance que prend ce
mouvement, et on s'inquiète parce que nos préoccupations, c'est
d'offrir une protection à ceux qui en ont besoin, c'est de
protéger aussi l'existence des programmes sociaux que nous
possédons déjà. Comme gouvernement, il faut aussi
s'assurer de protéger ces programmes, assurer un accueil aussi serein de
la part de la population d'accueil. Il faut que la population d'accueil puisse
accueillir aussi ces personnes.
Donc, au Québec, il ne faut pas ignorer qu'il y a 41 000
personnes en attente du statut de réfugié. Vous savez
qu'actuellement, c'est tout près de 125 000 000 $ de dépenses
annuelles en services sociaux. Donc, je ne peux pas cacher mon
inquiétude face à l'immigration non francophone, démunie
de cette catégorie de revendicateurs qui nous arrivent encore. Il faut
les prendre en charge. Donc, c'est pour ça que j'ai souvent dit que si
on continue à recevoir à ce rythme-là, il faut penser
qu'on va continuer à sélectionner autant de
réfugiés à l'étranger alors qu'ils arrivent ici. Je
dois vous dire que je suis ce dossier de très près, bien
sûr, d'une part, pour encourager le fédéral à faire
respecter sa loi, d'autre part, pour raccourcir les délais de traitement
des dossiers.
Il y a un nouveau ministre qui a été nommé
récemment au poste de l'immigration. Je compte le rencontrer le plus
rapidement possible pour le sensibiliser à ces difficultés que
nous avons et aussi faire en sorte que l'on puisse arriver à trouver un
moyen de régler ces dossiers le plus rapidement possible, mais qu'on ne
crée pas possiblement un deuxième "back log", comme on pense
qu'il pourrait arriver si l'on continue de cette façon-là.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Mercier.
Coupures dans le Fonds d'aide aux
réfugiés
M. Godin: M. le Président et Mme la ministre, si la
préoccupation est tellement grande, comment se fait-il que, dans les
chiffres du budget de l'an prochain, il y a une coupure de 25 000 $ dans le
Fonds d'aide aux réfugiés? Est-ce qu'on peut savoir dès
maintenant quel est votre solde disponible dans ce programme-là pour
qu'on puisse...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, d'accord. Vous savez, M. le
député, il s'agit d'un fonds qui est très minime parce que
c'est pour aider, par exemple, comme notre école, l'école
Phanatnikhom en Thaïlande, qui reçoit des réfugiés.
Bien sûr que nous, on a un petit budget de rien pour aider des
réfugiés à l'étranger et je souhaite qu'on ait
davantage là où on va sélectionner, mais il y a d'autres
budgets au gouvernement pour aider les réfugiés.
Par exemple, récemment, mon collègue au MAI a
donné, je pense, 100 000 $ pour les Kurdes. Alors, il y a d'autres
budgets. Ici, au ministère, on s'occupe davantage... C'est un petit
budget pour aider davantage les réfugiés qu'on sélectionne
à l'étranger, qui sont en attente et qui ont besoin de services,
qui ont besoin de vêtements, qui ont besoin... un peu comme on aide,
malgré qu'on l'ait fait, par contre, dans certains cas et on continue
à le faire. Cette année encore, on a fourni récemment,
nous aussi, parce qu'il nous restait encore des budgets dans ce
fonds-là, 10 000 $ à l'association kurde, ici à
Montréal, pour qu'on puisse les ajouter aux 100 000 $ qu'avait
donnés, par exemple, mon collègue du MAI. Donc, nous avons
donné aussi 35 000 $ au comité intergouvernemental pour
l'immigration. (10 h 45)
Alors, finalement, le budget, voyez-vous, on a donné à
Développement et paix, c'est-à-dire l'aide médicale pour
la Palestine, 25 000 $, l'organisation internationale pour l'immigration et
l'école du Québec en Thaïlande, 30 900 $. Alors, là,
nous avons une école du Québec, nous avons des gens qui sont
sélectionnés, qui attendent de venir au Québec. Alors, je
pense que c'est normal qu'on ait cette école-là en premier lieu.
L'Organisation canadienne pour la solidarité et le développement
de l'aide aux réfugiés en Thaïlande, 30 000 $; la Commission
internationale catholique pour l'immigration (assistance aux
réfugiés mozambiquains et malawis), 35 000 $; puis,
naturellement, je partais tout à l'heure de l'opération
Kurdistan, là, Croix-Rouge, 10 000 $, pour un total de 130 900 $. Comme
je le mentionnais, ce n'est pas nécessairement uniquement par notre
entremise. Moi, je veux aider les réfugiés que nous
sélectionnons ou que nous allons sélectionner, mais c'est par
d'autres moyens que le gouvernement peut aider les réfugiés dans
le monde.
Par exemple, je regarde, M. le député de Mercier, en 1985,
on accueillait 12,7 % de réfugiés. En 1989, nous avons
augmenté à 14,9 % et, en 1990, je suis rendue à 17 % par
rapport aux entrées. En 1990, 8315 certificats de sélection ont
été émis à des revendicateurs du statut de
réfugié, c'est-à-dire à des réfugiés,
et en 1989,7216.
Le Président (M. Doyon): M. le député.
Fonds d'aide international
M. Godin: Oui. Je n'ai pas eu ma réponse très
précise sur la masse des arrivants du Liban. Combien relevaient du
programme réunification de familles, indépendants, investisseurs,
des réfugiés du Liban seuls...
Mme Gagnon-Tremblay: Du Liban. La ventilation, oui. Ce ne sera
pas tellement long. Je vais essayer de l'obtenir.
M. Godin: Rien ne presse, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Si vous avez une autre question en
attendant, M. le député de Mercier, je pourrai vous fournir cette
information dans les minutes qui suivront.
M. Godin: Oui. Mon autre question, M. le Président, si
vous me le permettez-Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Godin: ...c'est de savoir comment s'articule, parce que
ça a toujours été difficile cette articulation-là,
le rôle du ministère de l'Immigration par rapport au rôle du
MAI, dans le cas des réfugiés. À une époque pas
tellement ancienne, c'était l'Immigration qui jouait le rôle de
sonnette d'alarme et qui décidait d'envoyer, par exemple, des sommes en
Italie, lors d'un tremblement de terre.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez...
M. Godin: Avec le temps, le ministère des Affaires
internationales a pris tranquillement, mais sûrement le rôle du
ministère de l'Immigration, mais dans l'opération, on a perdu un
peu de la sensibilité qui caractérise depuis toujours, depuis
Jacques Couture, enfin, depuis le ministre
Bud Cullen, que les gens de l'Immigration avaient de par la
présence de personnes sur le territoire, d'agents d'immigration qui
sensibilisaient le ministère de l'Immigration au central. Et lui, il
devait presque jouer, faire du tir au poignet avec le MAI pour décider
lesquels étaient aidés et quand. J'aimerais savoir si
l'articulation est mieux huilée maintenant qu'elle ne le fut, il y a
quelques années, et si c'est encore l'Immigration qui sensibilise le MAI
pour...
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, vous parlez, M. le
député de Mercier...
M. Godin: Du fonds d'aide.
Mme Gagnon-Tremblay: ...de l'aide internationale qu'on accorde
aux réfugies.
M. Godin: Le fonds d'aide, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Le fonds d'aide international,
finalement.
M. Godin: Oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, je ne pourrais pas vous
répondre au nom du MAI sur le montant de ce fonds. Cependant, je dois
vous dire que le ministère a 15 bureaux d'immigration à
l'étranger. Nous n'avons pas de délégations du
Québec partout, mais nous sommes dans les ambassades du Canada,
là où il n'y a pas de délégation. Nous sommes quand
même très au fait des mouvements; nous sommes très au
courant des mouvements et des besoins. C'est pourquoi souvent, aussi, nous
travaillons beaucoup avec les hauts commissariats aux Nations unies, les
réfugiés. Donc, nous sommes très au courant aussi des
mouvements. À ce moment-là, nous travaillons, bien sûr,
avec le MAI parce que vous savez que c'est le MAI, par exemple, à
l'étranger, qui a la responsabilité de l'administration,
finalement, des bureaux. Mais cependant, je ne pourrais pas vous donner, par
exemple, les sommes dépensées par le MAI à ce
niveau-là.
M. Godin: Ce n'est pas tellement les sommes qui
m'intéressent que l'articulation, par exemple, pour le Pérou, qui
est le nouveau Kurdistan au plan des problèmes vécus par la
population. Est-ce que c'est l'Immigration qui va sonner la cloche d'alarme
pour que le MAI s'ouvre les yeux et fasse sa part?
Mme Gagnon-Tremblay: Comme il s'agit d'une réponse
administrative, parce que c'est très administratif, je demanderais
à mon sous-ministre de répondre à cette question.
Peut-être qu'il pourrait vous éclairer davantage que je peux le
faire.
M. Godin: Aucun problème, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M.Riddell
Le Président (M. Doyon): M.Riddell, en vous
identifiant, s'il vous plaît.
M. Riddell (Norman): Merci, M. le Président. M. Godin, le
député, a posé une question concernant le nombre de CSQ
émis pour les immigrants en provenance du Liban. C'est une question. Il
y avait une autre question concernant le fonds d'aide aux
réfugiés.
Mme Gagnon-Tremblay: L'articulation entre le MAI et nous.
M. Godin: Comment fonctionne le couple MAI et MCC, MI... MIC?
Mme Gagnon-Tremblay: MCCI.
M. Godin: Quand arrive un drame humain quelque part dans
l'univers, est-ce que c'est encore le MCCI, comme depuis des années, qui
sonne la cloche dans tous les ministères? Par exemple, au Pérou,
ils ont besoin d'antibiotiques et de soins médicaux. Il faudrait donc,
à ce moment-là, que le MCCI, le plus sensible, à mon avis,
des ministères du Québec, à ces
problèmes-là, sonne les cloches au ministère de la
Santé et des Services sociaux pour que celui-ci fasse sa part pour
soulager la misère humaine dans cette partie-là du monde,
d'autant plus qu'on nous annonce que le choléra est en train de s'en
venir en Amérique du Nord, en passant par Miami, et que, donc, par
conséquent, il faut intervenir le plus tôt possible avec
générosité, mais également avec réalisme,
pour que les Péruviens se débarrassent de cette maladie mortelle
le plus tôt possible et que le Québec, par ricochet, se
protège lui-même. Donc, je demande à la ministre, au
ministère et au sous-ministre aussi, évidemment, comment
s'articule la patente d'aide aux réfugiés?
M. Riddell: Le monde, en général, pour la politique
internationale au Québec, est avec le MAI. Donc, c'est normalement au
ministère des Affaires internationales du Québec d'identifier les
crises qui pourraient être causées par les guerres ou les
désastres...
M. Godin: Naturels.
M. Riddell:... naturels et d'alerter le gouvernement du
Québec à ce sujet. Il existe même un fonds, à ma
connaissance, au sein du MAI, pour que le gouvernement québécois
puisse aider les personnes en situation de détresse. Et
récemment, le ministre l'a mentionné, le MAI a contribué
100 000 $ pour soulager un tout petit peu la très malheureuse situation
dans laquelle les Kurdes se trouvent.
Notre ministère aussi - et le député est bien au
courant du fait - possède un petit fonds qui s'appelle le Fonds d'aide
aux réfugiés, mais le monde du MCCI est plus étroitement
lié à l'immigration et pas nécessairement à la
situation internationale, où les personnes se trouvent en situation de
détresse. Donc, l'objectif principal de l'utilisation de notre fonds est
d'aider les réfugiés qui sont aptes à devenir immigrants.
Par exemple, une partie de ce fonds est utilisée annuellement pour
soutenir l'école Phanatnikhom. Le député est bien au
courant de ça...
M. Godin: À Bangkok?
M. Riddell: Oui, à Bangkok. Donc, il existe un
mécanisme au Québec, qui est sous la responsabilité du MAI
pour développer une réponse générale
québécoise aux situations causées par les guerres ou les
désastres naturels, mais en même temps, il existe au MCCI la
possibilité d'intervenir dans le cas où ces personnes sont
peut-être aptes à devenir immigrantes au Québec. En plus,
nous travaillons très étroitement avec le MAI parce que depuis la
mise en place de la loi pour le nouveau ministère des Affaires
internationales, tous ceux qui travaillent pour le Québec à
l'étranger sont les effectifs du MIA. Donc, il existe une étroite
collaboration entre les deux ministères pour identifier les situations
où, éventuellement, on pourrait avoir une immigration.
Je vous donne l'exemple du Liban. Il y avait une guerre civile au Liban
qui a incité beaucoup de Libanais à quitter leur pays. Donc, nous
avons travaillé en étroite collaboration avec le MAI pour qu'on
ouvre rapidement à Nicosie un bureau qui, dans l'année 1990, a
émis un total de 5500 CSQ pour les personnes qui, en grande partie,
étaient dans la catégorie des indépendants, mais dans un
certain sens, étaient des gens qui quittaient une situation intenable
dans leur pays et qui voulaient s'établir ailleurs. Donc, il existe ces
deux types de collaboration entre le MCCI et le MAI, mais notre rôle est
surtout en ce qui concerne l'immigration.
M. Godin: M. le Président, j'ai eu mes réponses.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le député
de Mercier. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Certificats de sélection
M. Boulerice: Oui, M. le Président, si mon collègue
le permet, deux brèves questions à Mme la ministre. La
première. Lorsque nous n'avons pas de délégation
générale à l'étranger - il est libre à nous
d'en ouvrir - et que nous devons nous installer dans une maison
étrangère, qui est les ambassades du Canada, pouvez-vous me dire
comment cela fonctionne, si c'est le fédéralisme
pur et dur, la souveraineté avec association, sans
représentation supranationale, il va de soi? Comment ça
fonctionne à l'intérieur des ambassades?
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire que nous sommes...
M. Boulerice: Et votre réponse n'est pas:
Étiez-vous du groupe du samedi ou du dimanche?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire que ce n'est pas
l'état de guerre. Nous sommes encore très libres de nos
mouvements. C'est que nous avons pleine autonomie. Nous avons pleine autonomie
non pas seulement sur nos fonctionnaires, mais sur notre façon de faire,
notre gestion. Je pense qu'il s'agit tout simplement, lorsque nous sommes dans
des ambassades, c'est pour une question de sécurité,
premièrement. Deuxièmement, c'est aussi pour une question
d'efficacité, étant donné que nous avons des certificats
de sélection à émettre et qu'on doit travailler avec le
gouvernement fédéral pour l'émission de visas. Quant
à la gestion, quant aux décisions à prendre, bien
sûr que c'est au Québec à qui reviennent ces
décisions et cette gestion.
M. Boulerice: Ma deuxième question. Vous avez parlé
d'une augmentation des immigrants de langue fançaise comme tels et vous
avez cité une immigration francophone en provenance du Moyen-Orient,
donc, les Libanais. À part les Libanais, quelle est la proportion des
parlant français parmi les nouveaux immigrants?
Mme Gagnon-Tremblay: En attendant de vous donner cette
réponse, je vais donner l'autre réponse au député
de Mercier, si vous le permettez, M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: ...sur la provenance des candidats de
Nicosie. Vous avez demandé, tout à l'heure, la ventilation des
candidats de Nicosie.
M. Godin: La réunification, les indépendants, les
investisseurs et les réfugiés.
Mme Gagnon-Tremblay: Pardon? M. Godin: Les quatre volets
étant... Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ça.
M. Godin: ...réunification de familles,
indépendants, investisseurs et réfugiés.
Mme Gagnon-Tremblay: Les certificats de sélection qui ont
été émis à Nicosie l'ont été pour 344
familles et, à Damas, - je vous parlais tout à l'heure du bureau
de Damas - nous avons, la même année, émis des CSQ, des
certificats de sélection, à 586 familles; pour les
réfugiés: 5 à Nicosie, 20 à Damas; des parents
aidés - c'étaient des parents, finalement, des gens du
Québec qui ont fait venir des parents qui étaient... - 1119
à Nicosie, 643 à Damas; des gens d'affaires: à Nicosie:
14, à Damas: 435. L'autre catégorie: les indépendants.
3997 à Nicosie, 2159 à Damas, pour un total de 5479 à
Nicosie et 3893 à Damas. (11 heures)
La provenance des parlant français. Ça, ce sont des
personnes qui ont été admises au Québec en 1990;
Bruxelles: 246. Ce sont des Français seulement. Damas: 2458,
Français et Anglais: 2998; Paris: 2418 et Français, Anglais:
978...
M. Boulerice: Mme la ministre... Mme Gagnon-Tremblay:
Oui?
M. Boulerice: ...vous n'avez pas très exactement saisi le
sens précis de ma question.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah bon!
M. Boulerice: Je disais, à part l'immigration
libanaise...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Boulerice: ...quel pourcentage de tous les autres, entre
guillemets, qui sont entrés était francophone ou parlait
français?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce serait très difficile de faire...
Il faudrait faire le calcul. Là, j'ai ici le nombre. Vous avez
Port-au-Prince, vous avez Rome, vous avez l'opération Québec
aussi... Je peux vous le donner par bureau, mais là, il faudrait faire
tous les calculs pour pouvoir avoir le pourcentage. Là, en excluant le
Liban parce que c'est... Normalement, le pourcentage de personnes qui
connaissaient le français, comme je le mentionnais dans mon discours,
était environ de 28 %, généralement. Cette année,
nous avons une très nette augmentation, tout près de 37 %, qui
est due en bonne partie, comme je |e mentionnais tout à l'heure,
à l'immigration libanaise.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut postuler que l'augmentation de
l'immigration francophone était liée, à venir
jusqu'à date, ou continuera peut-être de l'être uniquement
à cause de conditions géopolitiques?
Mme Gagnon-Tremblay: Comme je vous le disais tout à
l'heure, c'est que - dans notre
énoncé de politique, on en a parlé en commission
parlementaire - l'objectif qu'on tend à viser au cours des prochaines
années, c'est 40 %, mais on l'obtiendra... Ce sera très difficile
de l'atteindre. Ce n'est pas facile, ce ne sera pas facile de l'atteindre,
compte tenu des bassins, compte tenu aussi des mouvements. Alors, il pourrait
arriver... C'est un chiffre qui va varier. Voyez-vous, cette année, nous
sommes partis à peu près à 27 %, 28 %, nous avons
augmenté à 37 %. Il est possible que, l'an prochain, il y ait une
diminution.
Cependant, ce qu'on essaie de faire... c'est là... On a plus de
ressources à Paris et on veut faire du recrutement. On essaie,
finalement... On pense qu'on va pouvoir aller chercher un pourcentage plus
considérable... Ça ne veut pas dire des Parisiens là,
ça veut dire aussi tout autre parlant français. Aussi, je vous ai
parlé du bureau de Vienne. Là, il y a une proportion de
francophones aussi; je pense chez les Roumains, entre autres. Il y a
possibilité d'aller chercher une proportion de parlant français
aussi dans ces pays, à partir de notre bureau de Vienne. Mais comme je
le mentionnais, ce n'est pas nécessairement un pourcentage qui sera
facile à atteindre.
M. Boulerice: Merci.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Mercier.
M- Godin: M. le Président, un chiffre. J'aimerais savoir
de la ministre si on a les soldes migratoires interprovinciaux. Ça s'est
rétabli en 1984-1985, je pense. Je veux savoir si le
rétablissement s'est maintenu ou si on est retombé dans nos
vieilles habitudes de laisser partir ou de perdre nos immigrants qui, souvent,
nous ont coûté cher...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un solde qui est positif,
actuellement. Alors, en 1988, le solde net total était de 16 619; en
1989, il était de 23 509 et, en 1990, il est de 25 801. Alors, depuis
1985, ce solde ne cesse d'augmenter.
M. Godin: Positivement.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, positivement.
M. Godin: M. le Président, ça répond
à mes questions sur ce sujet-là. Je remercie la ministre.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que vous êtes
prêts à adopter le programme 1? Non, d'accord. On va continuer en
regardant le programme 1. Quand vous aurez terminé vos questions, on
procédera à son adoption, à moins que le
député de Saint-Hyacinthe ait des questions. Oui, M. le
député.
M. Godin: Programme 1, élément 1, Politiques et
programmes, il y a 3 000 000 $ de plus. Est-ce que nous pourrions savoir
quelles modifications seront ou ont été apportées dans les
politiques et programmes qui justifient une hausse de 3 000 000 $ dans les
crédits?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, si vous voulez, M. le
Président, je passerai la parole à M. Riddell, mon
sous-ministre.
Le Président (M. Doyon): M. Riddell, vous avez la
parole.
M. Riddell: M. le Président, nous sommes en train, au
MCCI, de compléter une réorganisation du ministère qui a
commencé l'an passé, où on a transféré un
ministère qui était organisé pour le recrutement, la
sélection, l'intégration et les services professionnels à
un ministère qui est maintenant organisé pour les politiques et
programmes, opérations et services professionnels. Donc, une partie de
l'augmentation des dépenses que le député a notée
est là pour compléter la mise en place de la Direction
générale des politiques et programmes que la ministre a
jugé nécessaire pour que le Québec se donne des politiques
claires, basées sur des informations sûres. Nous avons, depuis
deux ans maintenant, concentré beaucoup d'argent pour la recherche et
nous continuons de le faire parce que nous croyons qu'il est très
difficile de développer des programmes, par exemple, pour la
francisation des immigrants, sans connaître plus les attitudes et les
performances des programmes actuels.
Une autre partie de l'augmentation que le député a
mentionnée est liée au fait que nous avons à mettre en
oeuvre, bientôt, l'énoncé de politique que la ministre a
dévoilé au mois de décembre et le plan d'action qui,
normalement, serait déposé et adopté par le gouvernement
prochainement.
Donc, la mission, ce que nous appelons la mission horizontale du
ministère, c'est-à-dire la responsabilité de la
coordination des programmes et des politiques de tous les ministère du
gouvernement, est renforcée par l'ajout d'un certain nombre d'effectifs
et ça ajoute à nos budgets. Deuxièmement, nous aurons
aussi à gérer certains programmes qui sont liés
directement à l'énoncé de politique et c'est à
travers la Direction générale des politiques et programmes que
nous avons l'intention de le faire. Donc, ça explique l'augmentation,
qui est considérable, d'à peu près 47 % dans le budget des
politiques et programmes. Ça passe de 5 800 000 $ à 8 600 000 $,
pour une augmentation d'à peu près 2 700 000 $ entre 1990-1991 et
1991-1992.
M. Godin: Ça va, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. D'autres questions, M. le
député?
M. Godin: Non. D'ailleurs, la ministre avait déjà
dit que ça ne serait que l'an prochain que nous aurions les
réponses plus...
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Godin:... complètes à nos inquiétudes par
rapport aux programmes et politiques qui ne sont pas, pour l'instant, dans le
cahier des crédits.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Godin: Une dernière...
Le Président (M. Doyon): Oui, oui, bien sûr, M. le
député. Pas de problème.
M. Godin: M. le Président, j'aimerais savoir de la
ministre si, quand M. Riddell parle de recherche, ça inclut la recherche
sur la performance des réfugiés de la mer, il y a quelques
années. Il y avait une étude en cours au ministère, qu'ils
appelaient longitudinale, sur les Vietnamiens, qui permettrait de
vérifier le degré de succès, d'intégration
économique ou autre...
Mme Gagnon-Tremblay: De rétention?
M. Godin:... des réfugiés de la mer, par exemple,
les plus démunis, peut-être, des dernières 10
années? Et nous aimerions savoir si ces recherches se poursuivent pour
qu'on puisse faire une espèce de diagnostic sur la performance et donc
décider, après avoir ces renseignements-là...
Mme Gagnon-Tremblay: On me dit...
M. Godin:... d'accepter d'autres réfugiés en aussi
grand nombre peut-être qu'à l'époque des "boat people", et
ceux-là venant d'autres régions du monde où il y a des
difficultés politiques, humanitaires ou autres.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, on m'avise justement
que cette étude est terminée et qu'on va vous faire parvenir une
copie dans les jours qui suivent.
M. Godin: Merveilleux.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député.
M. Godin: M. le Président, ça confirme qu'à
force de poser des questions, on fait sortir les chats de leur cachette et
puis...
Mme Gagnon-Tremblay:... les bons chats.
M. Godin:... et on obtient les renseigne- ments qu'on veut. Il
faut donc continuer, M. le Président, à chercher sous les
meubles, sous les tapis même, pour avoir des réponses
complètes. On va continuer à faire ça, M. le
Président, mais toujours dans la bonne humeur, comme la ministre le
sait, et dans le respect mutuel. M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Je ne peux pas faire autrement
que d'être d'accord avec ça, M. le député.
M. Godin: Je le savais, M. le Président, vous connaissant
depuis quelques années.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Godin: J'ai terminé pour...
Le Président (M. Doyon): Le programme 1.
M. Godin:... le programme 1. J'ai terminé, oui.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que le programme 1 est
adopté? Le programme 1 est adopté.
M. Godin: On est à quel élément là-dedans?
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Godin: On est dans le programme 1. Au lieu de dire
là-dedans, je vais dire le programme 1 et nous voulons poser des
questions, comme on dit maintenant dans ie nouveau vocabulaire du Parlement,
plus pointues, sans l'intention de faire mal, évidemment, mais des
questions plus pointues sur des programmes extrêmement importants pour le
fonctionnement et sutout l'intégration éventuelle de tous nos
nouveaux compatriotes québécois dans l'avenir. M. le
Président, je ne peux pas malheureusement... si vous demandiez: Est-ce
que l'élément 1 est adopté? Je vous dirais oui. Mais
est-ce qu'on adopte par élément ou par programme?
Le Président (M. Doyon): Par programme, normalement.
M. Godin: Par programme, normalement. Disons que ça exclut
l'adoption du programme.
Le Président (M. Doyon): Bon. Attendons pour le programme,
donc, que vous ayez fini de repasser tous les éléments du
programme...
M. Godin: D'accord.
Le Président (M. Doyon):... et, à ce
moment-là, nous adopterons le programme en entier. Alors, nous passons
donc à l'élément 2, si c'est ça que vous voulez
faire, qui traite des services
à la clientèle.
M. Godin: Nous aimerions savoir, M. le Président, si la
ministre le permet, s'il y a eu des changements importants d'appliqués
ou qui vont l'être pour les cours de français. Le nombre d'heures
de cours per capita, si vous voulez, était l'objet d'une bonne
discussion, à l'époque, entre les experts, le syndicat, le
ministère et les médias.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous parlez de l'augmentation de l'offre de
services, finalement.
M. Godin: Non, je veux savoir quels changements ont
été apportés...
Mme Gagnon-Tremblay: O.K. D'accord, c'est ça que j'ai
dit.
M. Godin: ...dans les cours de français ou le seront dans
les mois qui viennent.
Mme Gagnon-Tremblay: Le nombre d'heures demeure actuellement et
va demeurer, au cours de l'année, le même qu'il était
l'année dernière, c'est-à-dire que nous offrons 650 heures
à ces personnes, plus une possibilité de 150 heures
supplémentaires. Si, par exemple, la personne, après 650 heures,
juge qu'elle a suffisamment la connaissance du français pour pouvoir
aller sur le marché du travail... Sinon, à ce moment-là,
on peut lui offrir 150 heures de plus.
M. Godin: Sous-question, même sujet. Les gens, les
candidats en attente de statut sont-ils couverts par ce
programme-là?
Mme Gagnon-Tremblay: Ils ne le sont pas par celui-ci, mais
cependant, nous leur offrons, dans le cadre d'un programme
québécois à temps partiel des cours de français
depuis 1987.
M. Godin: Est-ce que c'est augmenté, cette année,
soit en nombre de cours, soit en budget?
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, c'est que,
généralement, nous offrons le cours et, à ma connaissance,
nous n'avons refusé personne. Est-ce que nous refusons des personnes
dans ce temps partiel? À ma connaissance, nous ne refusons personne au
niveau du temps partiel.
M. Godin: II y a une liste d'attente assez longue. (11 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: L'année dernière, il y a eu
certains problèmes parce que, étant donné que nous
n'avions pas suffisamment d'argent pour donner des cours dans l'autre
programme, c'est-à-dire le programme qu'on administrait pour le
fédéral, le PNFE, on a vu une clientèle qui s'est
dirigée vers ces cours à temps partiel parce qu'on n'avait pas
suffisamment de cours à leur donner, on n'avait pas eu suffisamment
d'argent.
Cependant, cette année, le problème serait censé se
résorber dans le sens que, comme je le disais, nous voulons doubler le
nombre de personnes pouvant avoir accès aux cours de français en
faisant du double horaire. Alors, comme je le mentionnais dans mon discours,
nous avons une liste d'attente d'au-delà de 3000 avec un délai de
sept mois. Ce que nous voulons faire, c'est que nous voulons réduire
cette liste-là à environ 1000, à compter de l'an prochain,
avec un délai normal de trois mois environ. Actuellement, il y a des
professeurs à temps partiel, des occasionnels qui ont accepté de
donner des cours le soir, par exemple, à compter de 15 heures ou 16
heures, faire du double horaire dans tous nos locaux.
Pour une information supplémentaire, M. le député
de Mercier, c'est qu'en 1990-1991, dans notre programme PQFI qu'on appelle, le
Programme québécois de francisation des immigrants, il y a eu
1410 stagiaires. Il y a eu une augmentation de 59,1 % par rapport à
l'année précédente. Alors, c'est à ce programme que
les revendicateurs ont accès. Il peut s'agir de revendicateurs; il peut
s'agir aussi de personnes, comme je le mentionnais tout à l'heure, qui,
faute de place dans l'autre programme, se sont inscrites dans ce
programme-ci.
On se rend compte, cependant, qu'il y a une difficulté aussi, une
difficulté dans le sens que, tout en voulant maintenant permettre
à la clientèle d'immigrants ne connaissant que la langue anglaise
dans nos COFI, qui représente, je le mentionnais tout à l'heure,
de 5 % à 8 %... Cette clientèle n'était pas eligible
auparavant. Maintenant, depuis qu'on a signé l'entente, cette
clientèle est eligible. Donc, on va avoir de 5 % à 8 %
d'augmentation.
Nous voulons, en même temps, réduire aussi la liste
d'attente. Elle est de 3000. Nous voulons la réduire, nous pensons que
nous pouvons la réduire avec nos horaires partagés, à
compter de l'an prochain peut-être, l'échelonner à peu
près de 1000 à 1200. Mais, en même temps, compte tenu qu'on
est dans un contexte un peu plus difficile au niveau économique, un
contexte de récession, vous avez de ces personnes qui arrivent, qui ont
de la difficulté à trouver un emploi, qui, normalement, ne
passeraient pas par le COFI, mais dès qu'elles se trouvent un emploi,
elles iraient à l'emploi. Alors là, compte tenu qu'on a de la
difficulté à se trouver des emplois, on vient au COFI suivre le
cours de français. Là aussi, il y a une augmentation de la
demande. La demande est passée, ces mois-ci, comparativement... à
presque 200 de plus par. mois, actuellement. Nous avons des demandes de tout
près de 200, si ma mémoire est fidèle... C'est ça.
Nous avons 600 nouvelles demandes par mois, comparativement aux 350 ou 400 que
nous avions auparavant. Alors, on voit que les gens n'ayant pas
d'emploi, ne se trouvant pas d'emploi, viennent davantage aux cours.
M. Godin: Est-ce que Mirabel est encore aujourd'hui le principal
port d'arrivée des...
Mme Gagnon-Tremblay: Avec Dorval. M. Godin: Avec Dorval. Mme
Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Godin: C'est encore le Québec qui est le
préféré.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah, pour le Canada?
M. Godin: Non, non, je veux dire...
Mme Gagnon-Tremblay: Pour le Québec.
M. Godin: ...pour le Québec, évidemment, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ça.
M. Godin: Donc, Dorval et Mirabel, toujours les deux
principaux...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça, oui. Comme je l'ai
mentionné dans mon discours également, c'est que nous ouvrirons
des bureaux, cet été, à Dorval et Mirabel, pour être
capables d'accueillir les gens qui arrivent au Québec.
M. Godin: Quel est le chiffre mensuel d'arrivées de
réfugiés, par exemple, à Mirabel?
Mme Gagnon-Tremblay: De réfugiés, vous parlez?
M. Godin: À Mirabel. "C'est-u" aussi...
Mme Gagnon-Tremblay: De revendicateurs?
M. Godin: De revendicateurs?
Mme Gagnon-Tremblay: De revendicateurs, actuellement, c'est
environ de 1000 à 1100. C'est énorme, énorme.
M. Godin: Ça n'a pas diminué par rapport à
une couple d'années.
Mme Gagnon-Tremblay: Non. Ça avait diminué.
Lorsque, par exemple, la loi C-55 a été mise en vigueur, il y a
eu une diminution assez remarquable. Cependant, maintenant, voyant, par
exemple, que la loi a de la difficulté à être
appliquée, qu'on prend beaucoup de temps à traiter les dossiers,
aussi à cause, bien sûr, du mouvement et des guerres, c'est
inévitable... Tout à l'heure, je mentionnais que même
l'OCDE veut faire une rencontre avec les pays pour discuter de ce
problème parce que le mouvement est très fort actuellement et
tous les pays se questionnent beaucoup. Comme je le mentionnais, ça met
des pressions énormes slt nos structures et aussi sur nos finances.
M. Godin: Quel est le principal pays, M. le Président,
d'origine de ces 1000 à 1200...
Mme Gagnon-Tremblay: Revendicateurs? M. Godin:
....revendicateurs? Mme Gagnon-Tremblay: Le Liban.
M. Godin: Encore le Liban. Donc, on peut dire qu'il n'est pas
question que le Québec signe une entente, comme avec la Turquie à
l'époque, exigeant l'émission d'un visa, même temporaire,
à tous ceux qui veulent venir au pays, au Canada ou au Québec,
pour diminuer un peu la pression. Non?
Mme Gagnon-Tremblay: Je demanderais à mon sous-ministre de
répondre, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): M. le sous-ministre.
M. Riddell: Nous constatons, juste pour reprendre un petit peu,
deux tendances en ce qui concerne les revendicateurs du statut de
réfugié: une augmentation de la demande... La ministre a
mentionné que c'a baissé, mais ça augmente maintenant et
de l'ordre de 1100 nouvelles demandes par mois. Deuxièmement, il y a une
autre tendance qui commence à paraître. On remarque que des
personnes qui sont ici avec un statut légal, c'est-à-dire les
gens qui ont un visa de visiteur, demandent parfois le statut de
réfugié, et la demande des personnes qui sont déjà
sur place, à l'intérieur du Canada légalement, augmente.
Ça nous inquète un peu. Donc, si j'ai compris votre question,
donner des visas de visiteur aux Libanais pour qu'ils puissent arriver plus
rapidement pourrait contribuer à l'augmentation de la demande
d'asile.
M. Godin: Est-ce qu'on a une idée du degré de
scolarité de ces personnes? Ou est-ce qu'on a les moyens d'obtenir ces
renseignements dans les formules qu'ils doivent remplir?
Mme Gagnon-Tremblay: On a le profil, oui. On a le profil de ces
personnes. On l'a par sexe, on l'a par langue, on l'a aussi... Parce que,
nécessairement, quand ils arrivent, une fois qu'ils sont arrivés,
il faut bien qu'ils viennent au ministère parce que nous leur donnons
quand même certains services. Aussi, ils ont droit aux services de
santé, ils ont droit à l'aide juridique, ils ont droit... On me
dit que nous n'avons pas le chiffre exact. Je vous donne une idée et
nous
vous ferons parvenir le profil exact de ces revendicateurs. Mon
sous-ministre va vous le dire, je pense, au lieu de...
M. Riddell: On va vous fournir les chiffres exacts parce que nous
avons le portrait des revendicateurs. Ils sont un peu plus masculins que
féminins. Je crois que ça indique que les personnes arrivent sans
leur famille et espèrent éventuellement faire arriver leur
famille par la suite. Donc, nous attendons un effet d'écho, une fois
qu'ils sont organisés. Deuxièmement, ils sont moins francophones
que l'immigration sélectionnée. En effet, ils sont francophones
à peu près à 15 %, ce qui pose un défi
considérable pour le Québec en termes de francisation si,
éventuellement, ils reçoivent l'autorisation de s'établir
au Canada.
En ce qui concerne la scolarisation, ils sont assez scolarisés,
peut-être un peu moins que l'immigration sélectionnée. En
ce qui concerne les métiers qu'ils exercent, il y a beaucoup moins de
correspondance entre les métiers que, eux, ils exercent et les demandes
qui existent dans notre économie que dans l'immigration
sélectionnée, et je crois que ça aussi, ça
s'explique. On sélectionne les personnes en fonction de la demande de
notre économie.
M. Godin: Des besoins.
M. Riddell: Donc, ça pose un autre défi pour le
Québec en termes de leur intégration économique. Mais la
ministre a mentionné: Nous avons l'étude et on peut vous fournir
les chiffres exacts.
M. Godin: M. le Président, j'ai une dernière
question sur les chiffres. Je termine sur les chiffres. Ce n'est pas ma force
normalement. J'aimerais savoir combien de fois, dans l'année qui se
termine, la ministre a eu recours à l'article 18c en dérogation?
18c, M. le Président, c'est la dérogation que la ministre peut
utiliser dans un cas de détresse exceptionnelle ou dans un cas de
misère grave. La ministre, donc... C'est probablement la seule ministre
du gouvernement du Québec qui a un tel pouvoir. Au
fédéral, on exige que chaque fois que 18c ou l'équivalent
est utilisé, on soumette la liste au Conseil des ministres et que le
ministre défende sa liste. Le Conseil des ministres tranche et juge sur
la foi du rapport verbal du ou de la ministre, parce que ça semble
très important aussi. Alors, j'aimerais savoir, pour ce qui est du
Québec et de la ministre provinciale ou québécoise de
l'Immigration, combien de fois le Québec a utilisé 18c pour
accepter quelqu'un qui, normalement, ne l'aurait pas été si on
avait suivi la procédure administrative aveugle et habituelle? C'est ma
question.
Le Président (M. Doyon): Vous comprenez la question, Mme
la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Alors, les articles 18c 1, 2 et 3,
parce que vous avez différentes catégories, c'est tout
près de 1250. Là-dedans, on inclut les Libanais aussi.
Moi non plus, je ne suis pas forte en... C'est-à-dire que j'ai
l'habitude d'être forte en chiffres, M. le député de
Mercier, mais il faut que je prenne un peu plus de temps pour les regarder. M.
le sous-ministre, voulez-vous répondre à cette question de
chiffres?
Le Président (M. Doyon): M. le sous-ministre.
M. Riddell: Comme la ministre l'a indiqué, elle a
employé l'article 18 à peu près 1250 fois pour
l'année 1990, et une partie des Libanais, une très petite partie
des Libanais était dans ce chiffre. Elle a aussi employé
l'article 40 de notre loi pour faire admettre les Libanais comme
indépendants.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord.
M. Godin: Voilà! M. le Président, est-ce la
commission est d'accord pour suspendre cinq ou six minutes?
Le Président (M. Doyon): Suspension pour cinq minutes.
M. Godin: À moins que la ministre ne soit pas d'accord,
évidemment.
(Suspension de la séance à 11 h 27)
(Reprise à 11 h 35)
Le Président (M. Doyon): À l'ordre! Nous
recommençons nos travaux. M. le député de Mercier, vous
aviez la parole.
Voyages à l'étranger
M. Godin: M. le Président, juste pour éclairer
notre lanterne à tous les deux, je disais, tout à l'heure,
à votre prédécesseur, M. le député de
LaFontaine, à titre intérimaire, je pense, qu'on
préférait, nous, poser toutes nos questions et, en fin de course,
adopter le programme. À moins que la ministre, pour des raisons de
recherche de renseignements ou de documentation, nous demande de nous en tenir
aux programmes dans l'ordre. Mon point suivant, M. le Président, serait
le voyage de Mme la ministre à Hong-Kong et ailleurs. Nous aurions
aimé avoir les dates des voyages en question, tous les voyages, parce
qu'ils ne sont pas dans le cahier.
Mme Gagnon-Tremblay: Les dates? La dernière semaine
d'août 1990. Eh, mon doux! On a été quoi? On pourra vous
donner la date exacte. Je sais que nous sommes partis la dernière
semaine du mois d'août 1990. Si vous désirez avoir la date de
retour, on pourra vous la donner.
M. Godin: S'il vous plaît, oui, et également le
nombre de personnes qui...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Le nombre de personnes, vous l'avez, je
pense.
M. Godin: On a ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ça. En somme, il y avait
un représentant du ministère et une attachée politique.
Alors, est-ce que vous avez les personnes aussi dans votre liste?
M. Godin: ...savoir la durée totale du voyage qui nous
permettrait de voir ce que coûte, en moyenne, par jour, par tête,
les voyages des fonctionnaires ou de la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: On pourrait vous l'envoyer, M. le
député de Mercier. En tout, c'est un montant de 20 399 $ pour la
ministre, M. Croft, directeur du ministère, Mme Pont-briand, du
ministère, et une attachée politique. Nous étions quatre.
C'est 5000 $ par personne pendant tout près de 15 jours. Nous sommes
allés 13 ou 14 jours, je pense. Je ne pourrais pas... Il faudrait quand
même que je vérifie.
M. Godin: On calculera, remarquez bien.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est 13 ou 14 jours.
M. Godin: On a nos propres moyens de calcul. Mais comme on a
horreur de se tromper dans les calculs, on préférerait que les
chiffres viennent de par chez vous.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une moyenne à peu près
de 5000 $. Nous pourrons vous donner la ventilation.
M. Godin: On aimerait avoir la liste de tous les voyages
effectués avec les dates de départ et de retour.
Mme Gagnon-Tremblay: De la ministre?
M. Godin: Non, non, des gens du ministère.
Mme Gagnon-Tremblay: Des fonctionnaires?
M. Godin: Soit le sous-ministre, la ministre, les agents.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Nous vous les fournirons. Nous ne les
avons pas ici. Ici, nous n'avons que la liste des voyages et par qui ils ont
été faits, mais nous pourrons vous fournir les dates et le nombre
de jours.
M. Godin: Le coût total de tous ces voyages au cours de
l'année écoulée?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le député de Mercier, hier,
j'ai fait additionner, parce que, moi aussi, je me préoccupe des voyages
et je pense que c'est environ 140 000 $. Il y a une diminution par rapport
à l'année dernière: 139 766 $. Vous savez aussi que nous
avons quand même certains fonctionnaires qui doivent voyager assez
fréquemment parce qu'on a 15 bureaux à l'étranger. Alors,
c'est un ministère qui est un petit peu différent aussi parce que
nous avons certains fonctionnaires qui doivent se rendre dans des bureaux
à l'étranger et nous avons des personnes qui sont allées,
pour l'ouverture du bureau de Vienne, explorer, par exemple, la
possibilité d'ouvrir le bureau de Vienne. Alors, c'est quand même
une diminution de 15 % par rapport à l'année dernière.
Quant à la ministre, elle n'a fait qu'un seul voyage et c'est son
voyage à Hong-Kong et en Thaïlande.
M. Godin: Qui a rapporté des investisseurs.
Mme Gagnon-Tremblay: Qui a rapporté aussi, finalement, qui
a permis de bonifier l'énoncé de politique. Par exemple,
ça m'a sensibilisée davantage aussi aux réfugiés
qui séjournent dans les camps, entre autres, en Thaïlande.
M. Godin: Là, vous m'avez par le point sensible, madame.
Vous le savez, d'ailleurs.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, le voyage à Bangkok,
c'était pour ça. C'était de me rendre à notre
école de français du Québec pour voir véritablement
ce qui se passait. J'ai pris connaissance, justement... J'ai rencontré
300 personnes qui étaient sélectionnées pour venir au
Québec. J'ai pu aussi, avec elles, discuter et savoir, finalement,
qu'est-ce qu'elles souhaiteraient. Entre autres, suite à cette
discussion, je me suis rendue compte qu'il se formait des groupes d'amis entre
ces personnes. Lorsqu'elles arrivent, par exemple, au Québec, souvent,
on les envoie soit à Hull, à Sherbrooke ou à
Québec, mais on ne vérifie pas, finalement, les sentiments, les
appartenances qui se sont créées entre ces groupes et, parfois,
ils sont divisés. Alors, je suis arrivée là en disant: II
faudrait quand même trouver une formule pour que ces personnes-là
puissent demeurer ensemble. Ça va permettre une meilleure
rétention, par exemple, dans les régions.
M. Godin: Une meilleure... C'est ça. Autrement dit, quand
il y a un mortier social ou autre entre un groupe de réfugiés
éventuels qui viendraient au Québec, si on peut maintenir cette
cohésion-là, ça aide à l'implantation dans telle ou
telle région.
Mme Gagnon-Tremblay: Ça m'a permis aussi de constater de
quelle façon on enseignait le français. Ça m'a permis de
constater, entre autres, que des réfugiés deviennent des
professeurs aussi pour enseigner, dépendamment de la connaissance de la
langue, soit pour enseigner à des petits bouts de chou, soit pour
enseigner à des analphabètes. Ça m'a permis aussi
d'apporter à Phanatnikhom toute une valise pour les analphabètes,
tout un petit truc, qui est une espèce de jeu avec des... Voyons,
comment pourrais-je dire, donc? C'est un programme qui a été fait
ici, au Québec, pour aider à l'étranger, dans ces
camps-là, entre autres, les analphabètes.
M. Godin: C'est une sorte de manuel scolaire, quoi'.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. C'est ça. C'est une trousse
pédagogique.
M. Godin: C'est bien.
Mme Gagnon-Tremblay: Je l'ai apportée avec moi
là-bas aussi.
Rapport Hardy
M. Godin: Vous nous aviez dit, l'année passée, que
vous feriez une évaluation de tous les bureaux de votre ministère
à l'étranger et qu'on aurait un rapport dans l'année qui
s'en venait, qui est maintenant. Est-ce que cette évaluation a
été complétée?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
M. Godin: Et quelle est votre évaluation ou votre bilan,
au moment où on se parle?
Mme Gagnon-Tremblay: C'était le rapport Hardy - c'est M.
Christian Hardy qui a fait cette évaluation - qui a été
déposé il y a quelques semaines, il y a quelque temps. Je dois
vous dire que c'est un rapport qui est très bien fait, très
sérieux. Bien sûr que, dans ce rapport, on nous fait beaucoup de
recommandations à l'effet de penser peut-être à fermer
certains bureaux et à en ouvrir ou commencer à explorer, par
exemple, d'autres endroits aussi pour ouvrir d'autres bureaux.
M. Godin: D'autres régions.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. D'autres régions.
M. Godin: Est-ce que nous pourrions avoir une copie de ce
rapport-là ou si c'est "for eyes only"?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, ce que mon sous-ministre me dit, M.
le député de Mercier, c'est que, éventuellement, nous
pourrons le rendre public. Suite à l'étude de ce rapport, nous
sommes en discussion avec le gouvernement fédéral, actuellement.
Ces discussions n'étant pas tout à fait terminées, on
préférerait retarder un petit peu sa publication.
M. Godin: C'est le secret industriel, quoi, qu'on veut
protéger. C'est le secret industriel.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. C'est parce que nous négocions
l'ouverture de certains bureaux. Vous savez, suite à ces
recommandations, il faut aussi s'assurer... Si le gouvernement
fédéral n'est pas là, à ce moment-là, c'est
très difficile ou il peut arriver que ça ne serve à rien,
nous, de penser ouvrir . certains bureaux, même si on nous a fait
certaines recommandations. Alors, il faut engager certaines négociations
préliminaires avec le gouvernement fédéral pour voir si le
gouvernement fédéral a l'intention aussi d'ouvrir. (11 h 45)
Prenez, par exemple, le poste de Vienne. Tant et aussi longtemps que le
gouvernement fédéral n'a pas décidé, par exemple,
n'a pas permis la sélection, parce qu'on les considérait comme
des réfugiés, à l'époque, tant que le gouvernement
fédéral n'a pas permis aux autres gouvernements de
sélectionner des indépendants, on ne pouvait pas le faire. Et
aussi, tant et aussi longtemps qu'il a décidé qu'il ne
décidait pas d'ouvrir un bureau quelque part, à ce
moment-là, nous devions attendre aussi. Alors, c'est ce type de
négociation que nous sommes en train de faire actuellement pour d'autres
secteurs, d'autres bureaux.
M. Godin: Et qu'on a plus de chance de mener à bien et
à terme si les documents de base aux négociations ne sont pas
connus de l'univers entier.
Mme Gagnon-Tremblay: Non. M. Godin: C'est ça que je
comprends. Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Godin: Non, c'est M. le sous-ministre.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le
sous-ministre.
M. Riddell: Le document... La ministre a demandé à
M. Hardy de faire une étude du fonctionnement de notre réseau
à l'étranger et de faire des recommandations pour son
améliora-
tion. Et, étant donné que l'immigration est une affaire
qu'on fait à deux, c'est-à-dire nous et le gouvernement
fédéral, il y a pas mal de recommandations qui touchent notre
relation avec le gouvernement fédéral pour avoir un meilleur
fonctionnement.
Aussi la ministre a mentionné la question de la configuration du
réseau. Comme la ministre l'a dit, éventuellement, le rapport
pourra être public, mais étant donné qu'on explore un
certain nombre d'hypothèses avec un autre gouvernement, étant
donné qu'il est possible qu'on ne soit pas capable de donner suite, il
serait peut-être inopportun de dévoiler et avoir sur la place
publique des recommandations ou des commentaires qui soulèveraient
certains espoirs ou qu'on ne pourrait pas être en mesure de rencontrer.
C'est que c'est assez normal, aussi longtemps que c'est sujet à
négociation et, éventuellement, à décision, que le
gouvernement reste à l'interne, mais c'est une étude qui a
été très bien faite et nous sommes en train de mettre la
majeure partie des recommandations en vigueur dès maintenant.
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Godin: ...le bureau de Vienne, est-ce que c'est relié
à des facteurs d'aide à des groupes en particulier ou au
recrutement de groupes, le fait que le ministère aurait un bureau
à Vienne?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, je pense qu'à Vienne, nous
sélectionnons, bien sûr, en vue de la réunification de
familles. Nous sélectionnerons aussi - bien, c'est même
commencé - bien sûr, des indépendants. Je dois vous dire,
cependant, qu'il y a énormément de demandes au moment où
on se parle. Cependant, nous travaillons beaucoup aussi avec les
communautés culturelles, les organismes de ces communautés dans
la région de Montréal parce que ce sont des personnes qui auront
aussi besoin d'encadrement. C'est des personnes qui n'ont pas
nécessairement d'argent et ce sont des personnes aussi, bon, pour toutes
sortes de raisons, parce que le système d'emploi n'est pas le même
qu'ici, qui auront besoin énormément d'encadrement, entre autres,
pour se trouver un emploi et ainsi de suite. Donc, nous sommes actuellement
à travailler avec les organismes communautaires de la région de
Montréal qui pourraient aider, par exemple, à l'accueil de ces
personnes ici et voir comment on va pouvoir sélectionner. Le...
M. Godin: Est-ce que je dois comprendre, M. le Président,
que le bureau de Vienne est relié aux mouvements qui vont
découler de la situation dans les pays de l'Est, par exemple? Surtout
ça. Donc, surtout pour couvrir la Rouma- nie, la Pologne et d'autres
pays où il y a éventuellement des candidats qui seraient
intéressants.
Mme Gagnon-Tren.olay: En somme, c'est qu'on s'est établi
à Vienne parce qu'on n'a pas pu encore déterminer, dans l'Europe
de l'Est, là où on pouvait établir des... Oui, je pense
que c'était plus facile aussi avec le gouvernement
fédéral. Et le ministère a fixé au bureau de Vienne
un objectif provisoire, qui est vraiment provisoire, de 1200 certificats de
sélection pour 1991. Mais comme je vous dis, il y a
énormément de travail à faire à ce bureau. Il y a
des ressources supplémentaires qui seront envoyées dans le
courant de l'été, si ma mémoire est fidèle. C'est
ça, oui? Alors, nous sommes vraiment dans les locaux de l'ambassade du
Canada. Il y a un conseiller qui y a été affecté au cours
du mois d'octobre, et les structures de ce nouveau service ont
été mises en place en novembre et décembre. Donc, c'est
relativement récent. C'est tout récent. Les dossiers des
candidats sur ce territoire, qui étaient en traitement dans les... C'est
ça. Finalement, le bureau de Vienne est opérationnel depuis le
début de janvier et son responsable a commencé à effectuer
des missions auprès des services de visas canadiens du territoire.
M. Godin: Est-ce que ça inclut la fermeture du bureau de
Dusseldorf?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous n'avons pas d'agent d'immigration
là. Nous avons un bureau du Québec, mais pas d'agent
d'immigration.
M. Godin: II n'y a personne à l'immigration...
Mme Gagnon-Tremblay: Non.
M. Godin: ...dans le bureau à Dusseldorf?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, c'est ça. Il y a des missions
cependant. Il faut dire qu'il y a des missions qui sont faites dans ce pays
à partir de Bruxelles. Notre bureau de Bruxelles fait des missions
à Dusselforf.
M. Godin: Donc, Bruxelles rayonne. C'est comme Rome rayonne
d'ailleurs dans...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, sur l'Allemange. M. Godin:
...dans un grand périmètre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, dans les Pays-Bas, c'est ça.
M. Godin: Comme il y a beaucoup de Vietnamiens au Québec
dont la famille est restée ou a été forcée de
rester près de Hô Chi Minh-
Ville ou Hanoi. Comment est-ce qu'on dessert ces paroisses-là,
comme on disait dans l'Église, dans le temps?
Mme Gagnon-Tremblay: De notre bureau de Bangkok, nous faisons
actuellement quatre missions au Vietnam par année et on suit la
situation de près avec le gouvernement fédéral.
M. Godin: Et c'est la même chose pour...
Donc, Bangkok couvre Hanoi et Hô Chi Minh-
Ville, et Hong Kong couvre la Chine continentale.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça, oui.
M. Godin: Est-ce qu'il y a encore autant de demandes de
réunification des familles dans la part des Chinois de Montréal
qu'il y a toujours eu ou si ça a diminué? Ça a
diminué, donc. Ça a diminué.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est très stable. M. Godin:
Donc, ça bouge... Mme Gagnon-Tremblay: C'est très
stable. M. Godin: Ah bon!
Mme Gagnon-Tremblay: C'est très stable. Oui, c'est
ça. Tout à l'heure, on vous mentionnait que le Liban était
notre premier pays d'immigration. C'était en 1990. Le Vietnam est notre
troisième pays d'immigration.
M. Godin: Est-ce que, dans votre livre, vous les
considérez comme "francophonisables", des francophones ou, en
général, est-ce que vous savez s'ils connaissent plus...
Mme Gagnon-Tremblay: "Francophonisables"... C'est ça. On
n'a pas, parmi les différents groupes ethniques, de... Est-ce qu'ils
sont plus "francophonisables" ou non? Cependant, c'est qu'on...
M. Godin: C'est-à-dire ils ne sont pas...
Mme Gagnon-Tremblay: Je me rends compte cependant, à la
coutume, que l'usage, par exemple, c'est-à-dire l'expérience
qu'on a sur le territoire québécois... Je prends, par exemple,
dans la région de l'Estrie. Nous en avons énormément du
Vietnam. Ils s'habituent, ils se francisent assez facilement. On n'a pas
tellement de problèmes; ils sont assez "francophonisables". Mais
cependant, nous n'avons pas, nous, déterminé de catégories
de personnes qui seraient plus "francophonisables" ou moins
"francophonisables". Bien sûr qu'on...
M. Godin: Seule l'expérience, donc...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça, oui, oui. M. Godin:
...va permettre de voir la...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Mais ce qui est important, justement,
c'est de donner des cours de français à tous ceux qui ne parlent
pas la langue. Dans ce sens-là, le fait de doubler les cours cette
année va permettre à un plus grand nombre de personnes de pouvoir
avoir accès à des cours de français.
Programme PAÀ
M. Godin: Parlant des Vietnamiens et du fait qu'ils sont
arrivés ici en général les mains vides, sinon avec
quelques vases chinois qu'ils avaient réussi à sortir de leur
prison et qui leur ont permis souvent de se lancer en affaires. On m'avait
raconté, lorsque j'étais allé aux États-Unis, dans
un camp de réfugiés vietnamiens, qu'ils arrivaient en
Amérique du Nord avec des objets d'art chinois ou vietnamiens de grand
prix. Ça leur permettait de partir en affaires ou de s'installer dans
des maisons dignes de ce nom aux États-Unis et à Montréal
aussi. J'ai constaté que ça existait. Est-ce que vous avez...
Tout ça pour revenir à la question des réfugiés,
ceux qui arrivent ici, non pas avec de l'argent dans leurs poches, mais
l'équivalent, si vous voulez. Est-ce qu'on a pu les identifier? Est-ce
que ça n'ouvre pas la... Je ne parle pas des Kurdes, évidemment,
parce que ce n'est pas un peuple très très nanti dans quoi que ce
soit, ni les Péruviens pour d'autres raisons...
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais demander à mon sous-ministre
de répondre, M. le député.
M. Godin: Je vous écoute, M. le sous-ministre.
M. Riddeli: II existe un programme qui était, auparavant,
la responsabilité du gouvernement fédéral, mais qui, avec
l'accord Gagnon-Tremblay-McDougall, est maintenant de la responsabilité
du Québec, qui s'appelle le PAA. C'est un programme qui donne une
allocation de subsistance aux personnes qui sont réfugiées, qui
arrivent et qui sont reconnues comme réfugiées. Il y a des tests
pour déterminer si les personnes ont besoin de cet argent. L'argent...
Et le test, c'est à peu près la même sorte de test qu'on
applique pour avoir accès à l'aide sociale, ici au Québec.
Donc, je crois que le député pourrait avoir une certaine
assurance que nous ne sommes pas en train de donner l'argent de l'État
aux personnes qui n'ont pas besoin de cet argent. L'argent est vraiment fourni
aux réfugiés qui arrivent ici, qui sont démunis, qui ont
besoin d'argent pour acheter quelques meubles au début, quelques
vêtements et des vivres.
Nous n'avons pas, strictement parlant, un
inventaire des biens culturels qui arrivent avec les immigrants, mais
nous faisons... Nous sommes obligés, par les termes du programme PAA, de
faire une évaluation des biens que la personne possède avant de
lui accorder l'aide de l'État. Quelqu'un qui est riche...
M. Godin: ...pas besoin.
M. Riddell: ...ne se qualifie pas pour le programme PAA.
M. Godin: M. le Président, mon inquiétude n'est pas
qu'on fasse verser par un des ministères au Québec de l'argent
à ceux qui n'en ont pas besoin, mais bien plutôt de faire la
preuve, indirectement, que beaucoup de réfugiés arrivent aux
États-Unis ou ici avec des ressources privées et
cachées.
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire...
M. Godin: Est-ce que les formules permettent de leur faire
déclarer: Nous avons en main, à la maison, tel tableau...
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire, M. le
député de Mercier, que les gens, à ma connaissance
toujours, arrivent avec très peu d'effets. Je vous avoue que je suis
même surprise qu'ils arrivent... Ceux que nous accueillons actuellement,
généralement, n'ont même pas leur diplôme, leur
certificat d'études; ils arrivent vraiment complètement
démunis, avec absolument rien.
M. Godin: Est-ce que...
Mme Gagnon-Tremblay: Aussi, on me dit que, selon la Convention de
Genève, ces personnes sont traitées sans prendre en
considération les ressources...
M. Riddell: Pour déterminer...
M. Godin: Quelles qu'elles soient...
Mme Gagnon-Tremblay: ...pour déterminer si elles sont
réfugiées ou non.
M. Godin: Quelles qu'elles soient?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est ça. Ce n'est pas en
fonction de leurs ressources, mais en fonction vraiment des dangers...
M. Godin: De leur état de détresse...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça.
M. Godin: ...ou du risque pour leur vie...
Mme Gagnon-Tremblay: La situation pour leur vie.
M. Godin: ...et leur santé. Ça répond
à ma question, M. le Président. Je pense qu'on peut aller aussi
loin que de dire que le prorgramme 1 est adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Doyon): Le programme 1 est donc
adopté. Programme 2, maintenant, qui traite du Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration. Il n'y a pas
d'éléments différents dans ce programme. M. le
député, est-ce que vous avez des questions?
M. Godin: M. le Président, aucune question.
Le Président (M. Doyon): Aucune question. Est-ce que le
programme 2 est adopté?
M. Godin: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que l'ensemble des
programmes concernant les crédits du ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration est adopté?
M. Godin: Je pense que mon collègue avait peut-être
des questions avant que...
M. Messier: Ça va pour moi, M. le député. Je
pense que les questions étaient très pertinentes et les
réponses de la ministre l'étaient autant.
M. Godin: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Donc, l'ensemble des programmes
est adopté pour l'année 1991-1992. Cette commission ayant
terminé ses travaux et s'étant acquittée de son mandat,
ajourne ses travaux sine die. Merci à Mme la ministre, merci à
son chef de cabinet, à M. le sous-ministre et à toutes les
personnes qui l'accompagnaient, ainsi qu'aux collègues qui forment cette
commission parlementaire, particulièrement au député de
Mercier, critique de l'Opposition officielle.
M. le député, vous voulez dire un mot?
M. Godin: Je voudrais rendre hommage à toute
l'équipe de la ministre qui a décroché l'entente qu'on
connaît, l'entente Gagnon-Trem-blay-McDougall. C'est bien ça?
C'est toujours elle dont le nom apparaît sur les documents officiels? On
reconnaît la vitalité d'un ministère à la force de
l'équipe qui le constitue et surtout à la force des
résultats obtenus, aussi bien dans le recrutement des immigrants que
dans le recrutement également des réfugiés et dans
l'obtention des victoires menées avec le fédéral pour
obtenir encore un meilleur ministère, avec de plus forts pouvoirs pour
mieux remplir le rôle
qui, finalement et ultimement, est celui de ce
ministère-là.
Alors, M. le Président, je voudrais féliciter
l'équipe de Mme la ministre pour le beau travail accompli au cours de
l'année en cours et souhaiter que, l'an prochain, nous aurons les
réponses promises par la ministre. Je constate, cette année,
d'après la chronologie, que ce qu'elle nous avait dit l'année
passée, elle nous l'a livré. Je présume que, l'an
prochain, ce sera le même traitement. Donc, nous ajournons, M. le
Président, alors que l'Opposition est en pleine satisfaction. Ça
n'atteint pas encore l'orgasme, si vous voulez, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Godin:... ça viendra peut-être un jour.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Godin: M. le Président, je vous remercie beaucoup
encore une fois.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, vous me permettrez.
J'aurais une réponse, mais je n'oserai pas vous la dire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Je voudrais, M. le Président,
remercier aussi le député de Mercier pour son excellente
collaboration et je veux l'assurer que je continuerai, avec toute mon
équipe, à défendre ce dossier de l'immigration et
défendre les intérêts des communautés culturelles,
les intérêts du Québec aussi au cours de la prochaine
année, comme je l'ai fait avec vigueur dans l'intérêt,
justement, du Québec. Merci.
Le Président (M. Doyon): Donc, ajournement sine die des
travaux.
(Fin de la séance à 12 h 3)