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(Neuf heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous avons maintenant le quorum. Nous allons commencer nos
travaux. Il s'agit pour cette commission, la commission de la culture, de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère des Affaires culturelles pour l'année
financière 1991-1992. Nous avons six heures de prévues pour
ça. Nous allons siéger jusqu'à 12 h 30. Sept heures? Sept
heures, vous avez raison, oui. Excusez. J'ai pensé que ça
pourrait s'arranger pour six heures, peut-être. Ha, ha, ha!
Une voix: Ah! Ça dépend de notre degré de
coopération et de celui de la ministre.
Le Président (M. Doyon): Bon. Alors, tout n'est pas perdu.
Ha, ha, ha! Nous avons sept heures. M. le secrétaire, est-ce que nous
avons des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Cardinal
(Châteauguay) remplacera M. Khelfa (Richelieu).
Le Président (M. Doyon): Soyez la bienvenue, Mme Cardinal.
Nous allons donc procéder à l'étude des crédits.
Nous allons commencer, comme d'habitude, par le programme 1. Mme la ministre,
est-ce que vous avez une déclaration ou des remarques
préliminaires à faire?
Remarques préliminaires Mme Liza
Frulla-Hébert
Mme Frulla-Hébert: Oui, M. le Président. D'abord,
je tiens à saluer tous et toutes qui sont ici et à remercier
d'ailleurs la commission de la culture de leur présence, d'une part;
deuxièmement, comme vous pouvez voir, je suis accompagnée de mes
sous-ministres, sous-ministres adjoints et ce qu'on peut appeler nos
associés qui seront ici aussi, pour m'aider à répondre aux
questions. Comme nous recevons plus de 20 000 demandes par année, vous
pouvez comprendre que je ne les sais pas toutes par coeur. Donc, il y aura
aussi des présidents d'organismes qui se joindront à nous, cet
après-midi, dont le président de la SOGIC, la Place des Arts, le
Grand Théâtre de Québec aussi. Alors, ils seront là
aussi pour répondre à vos questions; les questions auxquelles
nous ne pouvons répondre, évidemment, vous seront
acheminées, ça me fera plaisir de faire In suivi
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. Alors,
bienvenue à tous les gens qui vous accompagnent, particulière,
Mme la sous-ministre et je pense qu'à votre gauche... Pouvez-vous nous
le présenter, Mme la ministre?
Mme Frulla-Hébert: D'abord, à ma gauche, mon chef
de cabinet, M. Paul Langlois.
Le Président (M. Doyon): Oui, on lui souhaite la
bienvenue. Bonjour, M. Langlois.
Mme Frulla-Hébert: À ma droite, Mme Nicole Malo,
sous-ministre en titre; Mme Michelle Courchesne, sous-ministre adjointe; M.
Henri-Paul Chaput, sous-ministre adjoint ainsi qu'attaché politique et
aussi directeur des différents services.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, chers
collègues, je suis très heureuse et surtout très
fière de procéder aujourd'hui avec vous à l'étude
des crédits du ministère des Affaires culturelles. Cet exercice
nous fournit l'occasion de faire le point ensemble sur ce qui a
été réalisé et de nous tourner avec confiance vers
la prochaine année. Ce temps d'arrêt nous permettra aussi de
situer notre réflexion dans une vision ministérielle qui va
au-delà des préoccupations quotidiennes.
Et puisque nous parlons de vision plus large, M. le Président,
j'aimerais rappeler à mes collègues que, le 24 mars dernier, le
gouvernement du Québec célébrait le 30e anniversaire de
l'adoption de la loi créant le ministère des Affaires
culturelles. Voilà déjà 30 ans, et je le souligne avec
beaucoup de bonheur et de fierté, que ce ministère met tout en
oeuvre pour réaliser sa mission initiale.
Même si nous reconnaissons avec nos partenaires qu'il reste
beaucoup à faire, nous n'avons aucune hésitation à
affirmer que le ministère des Affaires culturelles a atteint, durant ses
30 ans d'existence, des résultats dont il y a lieu de se réjouir.
Aujourd'hui, l'organisation des milieux culturels repose sur des bases plus
solides. Une véritable dynamique culturelle s'est établie dans
toutes les régions du Québec. L'excellence de nos artistes et de
nos créatrices et créateurs, de même que celle de nos
compagnies et de nos institutions, est reconnue tant au Québec
qu'à l'étranger. Les artistes, les créatrices, les
créateurs québécois bénéficient d'un statut
professionnel reconnu par voie législative, ce qui est une situation
unique au monde. L'in-
frastructure culturelle du Québec est de plus en plus solide.
L'accessibilité aux activités et aux produits culturels ne cesse
de s'accroître. Les pratiques culturelles se sont renforcées de
manière significative. De nouveaux partenaires publics et privés
viennent de plus en plus se joindre au milieu culturel.
Au cours de ces années, la mission originale du ministère
a progressivement évolué, gardant par ailleurs le cap sur le
rayonnement de l'identité et l'accroissement du dynamisme culturel du
Québec, ceci par la protection et la mise en valeur de notre patrimoine,
par le soutien à la création, à la production et à
la diffusion des arts et des lettres.
Ce mandat, le ministère le réalise de plusieurs
façons, et notamment: en soutenant les individus et les organismes
culturels dans leurs différentes sphères d'activités; en
fournissant son appui au développement culturel sur tout le territoire
québécois; en créant un nécessaire partenariat avec
ses diverses clientèles, et particulièrement avec les
municipalités, sur le plan des orientations, de l'organisation et du
financement; en assurant la vitalité et l'accessibilité des
institutions et des organismes nationaux; en jouant un rôle de conseiller
auprès du gouvernement en ce qui concerne les objectifs visés et
les mesures envisagées en matière culturelle.
M. le Président, ce rappel de notre mission et de notre mandat
nous amène à situer le présent exercice dans une dynamique
historique. Mais auparavant, je pense qu'il est nécessaire de souligner
l'importance de la culture dans une société où cette
culture représente plus que jamais un enjeu intimement lié
à l'expression de notre identité. N'oublions pas, en outre,
qu'une véritable qualité de vie est définie et maintenue
par les manifestations de l'activité culturelle et artistique. Mes
collègues sont également au fait que, par le rayonnement qu'ils
assurent au Québec sur la scène internationale, nos artistes
contribuent largement à transmettre l'image d'une société
dynamique et tournée vers le prochain millénaire.
Tous ces facteurs sont déterminants dans le développement
de notre économie. Mais c'est surtout en regard de nos engagements
devant l'histoire qu'il nous faut poursuivre la démarche entreprise il y
a 30 ans.
J'ouvre ici une parenthèse, M. le Président, pour
féliciter ceux et celles qui, dans cette Chambre, ont cru au fil des ans
à la cause que je défends. Ceux et celles qui, peu importent
leurs allégeances politiques, ont mis tout en oeuvre pour promouvoir et
développer la culture du Québec dont nous avons tous et toutes
lieu d'être fiers.
Aujourd'hui, les milieux culturels affrontent de nouveaux défis.
D'abord, ils doivent assumer leur croissance, accroître la
clientèle qui assure leur survie, protéger la création,
promouvoir l'excellence et légitimer leur existence dans leur
environnement. Ils font face également à des contraintes
extérieures dont les plus importantes sont le phénomène de
la mondialisation, qui introduit sur le marché de nouveaux standards
réclamés par le public québécois et
nécessaires à l'exportation de nos produits à
l'étranger. Ceci impose à nos entreprises, industries et
organismes culturels l'intégration dans des réseaux dont les
règles échappent à leur contrôle. Les nouvelles
technologies qui entraînent des changements de plus en plus coûteux
dans les techniques de production; l'évolution de la démographie,
qui crée l'émergence de nouveaux publics; le développement
d'organismes, c'est-à-dire l'accroissement de l'offre, qui impose de
plus en plus aux organismes déjà existants les règles du
marché, de la compétition et de la concurrence.
Le ministère doit soutenir et accompagner les milieux culturels
dans ce contexte qui marque les années quatre-vingt-dix et s'ajuster aux
nouvelles réalités. C'est donc à cette croisée des
chemins que se situe l'année 1991-1992 dont je vous entretiendrai dans
quelques minutes.
Mais, tout d'abord, voyons ensemble les faits saillants de l'exercice
1990-1991. De façon générale, je peux affirmer, M. le
Président, que l'année 1990-1991 a constitué une
étape majeure dans le virage que le ministère des Affaires
culturelles a amorcé pour la nouvelle décennie. Nous verrons
aussi que c'est durant l'exercice 1990-1991 que le ministère a
établi sa démarche en vue d'actualiser les priorités
gouvernementales en matière culturelle.
Nous avons procédé au dépôt du projet de loi
sur le cinéma et nous préparons celui sur les conservatoires. Sur
le plan de la gestion, le ministère s'est engagé dans un
processus d'ajustement de ses services et de sa structure, afin de pouvoir
adapter sa réalité aux besoins exprimés par ses
clientèles.
Pour l'exercice financier 1990-1991, le ministère s'est vu
allouer un budget de 260 000 000 $. Afin de mener à bien sa mission, le
ministère a aussi obtenu le maintien de mesures fiscales pour aider le
secteur du cinéma et de l'audiovisuel.
Ces mesures permettent un appui financier majeur dans ce secteur
d'activité. Il faut considérer, comme l'an dernier, les
crédits aussi générés par la politique de
l'intégration des arts à l'architecture, de même que ceux
consentis par le programme d'emploi extra du ministre de la Main-d'oeuvre, de
la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle. Ces
crédits ont été de l'ordre de près de 6 000 000
$.
Par ailleurs, le gouvernement accordait au-delà de 40 000 000 $
au plan des équipements culturels en initiatives nouvelles, en plus
d'investir 32 000 000 $ dans le plan d'accélération des
investissements publics en matière d'équipements culturels. Ces
sommes dépensées pour soutenir la culture
québécoise témoignent de
l'intention éminemment claire du gouvernement de maintenir son
appui au milieu culturel et ce, dans une conjoncture économique
particulièrement difficile.
Comme je l'ai dit précédemment, M. le Président,
l'année 1990-1991 a constitué l'amorce d'un virage important pour
le ministère des Affaires culturelles. Nous avons
déclenché, de façon nette et irréversible, un
processus visant à définir nos priorités pour la prochaine
décennie. Ceci, non parce que le ministère avait
été dépourvu jusqu'à maintenant d'un tel
mécanisme - comment aurait-il obtenu les résultats que j'ai
énumérés auparavant s'il en était autrement? - mais
bien parce que le contexte même où s'inscrit notre
réalité culturelle l'exige. Nous avons vu en effet que
l'influence internationale, entre autres facteurs, contribue à moduler
à la fois les conditions d'exercice des créatrices et des
créateurs et les réactions des publics. C'est parce que nous
voulons participer à cette évolution plutôt que de la subir
qu'il est important de mettre a jour nos principes d'action et d'actualiser
notre mission intrinsèque.
C'est dans cette optique que deux gestes importants ont
été posés en 1990-1991. D'abord le ministère a
commandé l'étude sur le financement des arts de la firme Samson
Bélair Deloitte et Touche. Ce document soumet 18 recommandations dont
l'analyse de faisabilité est déjà amorcée. Il
confirme aussi avec éloquence ce que nous savions déjà,
c'est-à-dire que le fait de poser un regard strictement
conditionné par des facteurs de nature économique sur la
réalité culturelle constitue un danger tout aussi important que
s'il s'agissait d'exclure totalement la culture de la réalité et
de la dynamique économique. Cette observation déjà
ancrée dans notre façon de voir, mais nouvelle dans le secteur de
l'économie, représente une pièce importante dans les
échanges que nous entretenons avec nos partenaires.
Dans un deuxième temps, M. le Président, j'ai
créé le groupe-conseil sur la politique culturelle dirigé
par M. Roland Arpin, directeur général du Musée de la
civilisation. Comme nous l'avons fait pour l'étude sur le financement
des arts, le ministère soutient les travaux de ce groupe en lui
apportant un support documentaire important. À ce jour, le
groupe-conseil a largement consulté les clientèles en cause et
nous verrons plus loin quelles sont les suites que nous donnerons à ce
dossier.
Les démarches entreprises en vue de définir les politiques
dans le domaine du patrimoine et de la muséologie ont eu des suites
heureuses. Elles ont permis à ces deux dossiers, apparentés par
leur incidence sur le respect de notre mémoire collective,
d'évoluer à un tel rythme que nous serons en mesure de livrer
bientôt des propositions claires aux milieux visés. Bien
sûr, la cohérence de ces propositions avec le projet de politique
culturelle entraînera une multiplica- tion de leurs retombées.
Nos réalisations dans les domaines de la muséologie et du
patrimoine sont nombreuses. Le Musée des Acadiens à Bonaventure a
été inauguré récemment et nous avons
également célébré l'agrandissement du Musée
régional de Charlevoix à la Malbaie. De leur côté,
le musée McCord et le Musée des religions poursuivent leurs
travaux d'aménagement. Ce dernier ouvrira d'ailleurs ses portes
dès le mois prochain.
Permettez-moi aussi, M. le Président, de souligner le
renouvellement de l'entente du ministère des Affaires culturelles en
matière de patrimoine avec la ville de Québec. Cette entente
permettra un investissement de 20 000 000 $ sur une période de cinq ans
pour la restauration de propriétés municipales et de
propriétés privées. Elle permettra également
d'améliorer la connaissance historique, soit recherche, projet,
diffusion, archéologie, interprétation, et d'apporter le soutien
technique et professionnel nécessaire en matière de patrimoine.
La signature de cette entente a été l'un des premiers gestes que
j'ai posés comme ministre des Affaires culturelles. J'entends maintenir
cet engagement par rapport à notre mémoire collective pour les
années à venir.
Le ministère s'est aussi associé à la ville de
Montréal pour assurer la réalisation du projet du Centre
d'archéologie et d'histoire situé à la
Pointe-à-Callières qui mettra en valeur l'histoire de
Montréal et ce, dès 1992.
Dans le secteur du patrimoine documentaire, le ministère a
annoncé et mis en application la politique d'agrément des centres
d'archives privées, complétant ainsi l'application de la Loi sur
les archives. Déjà, le ministère a procédé
à l'agrément de huit centres d'archives privées en
octroyant à ces centres un soutien financier total de 203 000 $. Le
ministère facilite ainsi aux chercheurs l'accessibilité à
des documents importants pour la compréhension de notre histoire. Il
encourage aussi la diffusion et le développement des connaissances de
cette histoire dans l'ensemble de le population.
Dans le domaine des activités artistiques, le ministère a
poursuivi la démarche de révision déjà
amorcée. Ainsi, il a procédé à une
évaluation de l'ensemble des organismes oeuvrant dans le domaine du
théâtre. Cette opération s'est avérée
extrêmement enrichissante et constituera un élément
déterminant dans les interventions ultérieures du
ministère dans le secteur des arts de la scène.
Dans le même esprit, le ministère s'est interrogé
sur l'impact du soutien qu'il accorde aux conseils régionaux de la
culture. Les résultats de cette analyse ont été transmis
au groupe-conseil sur la politique culturelle qui les considérera dans
une juste perspective.
Dans le domaine du livre, le gouvernement du Québec a
décidé d'annuler l'impact de la TVQ sur l'achat de livres en
apportant une compensation directe aux consommateurs et ce, afin de
tenir compte des effets pressentis dans ce secteur névralgique de
l'activité culturelle.
En matière de cinéma, nous avons pu réaliser les
travaux de rédaction, de consultation et de mise en forme du projet de
loi déposé en mars dernier. Ce projet de loi apporte des
changements importants à la législation en vigueur. Tout en
assurant aux cinéphiles l'accès à des productions en
langues autres que le français, certains de ces changements devraient
permettre d'accroître le nombre de films et de copies de films
visés en français. Ils auront aussi comme effet de réduire
les délais de diffusion des versions françaises. Tel que
recommandé par l'Institut québécois du cinéma,
d'autres changements à la loi permettront d'établir de nouvelles
catégories de classement des films. De plus, ce système de
classement sera désormais étendu à la
vidéocassette. Nous aurons prochainement l'occasion de discuter de ces
propositions, M. le Président, à la présente commission.
(10 heures)
Dans le domaine de la formation musicale, nous avons poursuivi la
démarche visant à réviser la mission des conservatoires de
musique. Nous avons, à ce propos, mené des discussions intensives
avec les partenaires gouvernementaux et le personnel des conservatoires sur le
statut de ces institutions. Par ailleurs, les travaux concernant les programmes
d'études se sont poursuivis avec le corps professoral. En matière
de diffusion de la culture, le ministère des Affaires culturelles a
participé à plusieurs projets importants. Citons, entre autres,
les projets rattachés au Théâtre du Rideau vert, au
Théâtre d'aujourd'hui, à la salle Albert-Rousseau, à
la salle de l'UQAM et au Monument national. Je pense également aux
salles de spectacle de Gatineau, Baie-Comeau, au Théâtre Palace de
Granby.
Le programme d'aide aux équipements culturels a permis de
confirmer notre participation aussi à 17 projets de bibliothèques
dans 12 régions du Québec.
Le ministère a évidemment maintenu son soutien à
l'ensemble des activités culturelles. Près de 3500 organismes
culturels ou municipalités ont ainsi bénéficié de
l'aide gouvernementale. Au chapitre de l'aide aux artistes, près de 1000
individus ont été soutenus par des bourses.
Durant l'exercice 1990-1991, le Québec a assisté à
une prolifération des manifestations du génie artistique
québécois à travers des événements culturels
où le public est accouru nombreux. Je signale, entre autres, des
productions comme celle de Nelligan, des expositions magistrales comme
"Tunisie, terre de rencontre" et "Turquie, splendeurs des civilisations
anatolien-nes", présentées au Musée de la civilisation,
ainsi que les expositions sur Salvador Dali et Jaspers Johns,
présumées au Musée dos beaux arts de Montréal.
Ceci, sans oublier des productions théâtrales innovatrices et des
performances en danse de calibre international.
Sur la scène internationale, les artistes du Québec se
sont encore inscrits de façon fort éloquente dans les meilleurs
réseaux. Partout dans le monde et dans tous les secteurs, on a reconnu
l'originalité et la grandeur de leur talent. Parmi les artistes ou les
groupes qui ont connu le succès à l'étranger, mentionnons
le Cirque du Soleil qui s'est produit en Europe et aux États-Unis,
pendant que de nombreuses compagnies de théâtre, dont La
Marmaille, Dynamo et Ubu tournaient en Europe et que l'Orchestre symphonique de
Montréal et l'ensemble I Musici se produisaient aux États-Unis.
Enfin, parmi les événements importants de l'année
écoulée, mentionnons la participation d'O'Vertigo-Danse, de
Margie Gillis, de Carbone 14 et du Théâtre Repère au
prestigieux Next Wave Festival de New York, organisé par la Brooklyn
Academy of Music. Citons également le succès en Espagne de
l'exposition "La vie et l'art des Inuit", préparée par la
Fédération des coopératives du Nouveau-Québec.
Cette exposition avait auparavant circulé dans plusieurs grandes villes
européennes.
Le ministère est heureux aussi d'avoir pu contribuer au
succès de tous ces individus et organismes et iI est fort honoré
d'assumer toutes les responsabilités que cette reconnaissance
internationale nous impose.
Le ministère s'est engagé, au cours de l'année
1990-1991, dans un processus d'ajustement de ses services et de sa structure.
Il est important de comprendre, M. le Président, que la portée de
cette opération n'est pas strictement administrative. Elle nous permet
en fait de situer clairement le virage que notre organisation entend prendre.
Ce mouvement majeur s'appuie sur la nécessité de nous ajuster
à de nouvelles réalités, à de nouveaux défis
et enjeux ainsi qu'à un milieu culturel dans sa phase de
maturité. Cette mutation, qui s'inscrit dans les grands courants de la
gestion, vise plusieurs buts et notamment, situer dans de nouvelles
perspectives le service que nous offrons à notre clientèle,
implanter un partenariat plus efficace et identifier encore plus clairement le
leadership du ministère dans l'expertise des réalités
disciplinaires auprès des clientèles et des partenaires tant
publics que privés.
Nous verrons tantôt que les orientations qui seront prises en
1991-1992 constitueront un acquis indéniable pour la culture au
Québec. Et vous serez en mesure de constater également, M. le
Président, que dans une situation financière où il faut
faire plus sans ressources humaines additionnelles, nous avons conçu un
plan de gestion où le client, et ultimement la collectivité
québécoise, trouvera son bénéfice.
Par souci de cohérence, chacun des ministères et
organismes doit s'associer à certaines volontés communes
exprimées par les politiques gouvernementales. Pour le ministère
des Affaires
culturelles, ces politiques représentent l'occasion de s'inscrire
dans des mouvements globaux qui multiplient l'impact de ces activités et
permettent de marquer notre solidarité devant les changements qui
façonnent notre environnement.
En 1990-1991, cette philosophie s'est manifestée dans plusieurs
champs d'activités. Ainsi, nous avons continué d'appuyer la
volonté politique de régionaliser les services gouvernementaux.
En effet, nous avons instauré la direction de la
Montérégie, constitué une équipe pour desservir la
région de Laval, Laurentides, Lanaudière et affecté des
ressources pour les dossiers des régions de Chaudière-Appalaches
et de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine. Le ministère a
largement contribué aux politiques gouvernementales touchant la famille,
la jeunesse, et la condition féminine.
Dans le dossier de la relève, nous avons maintenu notre
engagement quant à la formation professionnelle; nous l'avons vu
notamment dans le secteur de la formation musicale. Nous avons aussi poursuivi
notre action dans le secteur de la danse, et ce, dans le cadre de l'entente
entre le ministère et l'École supérieure de danse. Nous
avons continué de réserver des crédits pour les artistes
de la relève dans tous les secteurs d'activité.
Finalement, l'ensemble de notre action visant la création de
nouveaux publics, ainsi que notre participation dans les secteurs des
bibliothèques, du théâtre pour la jeunesse, des camps
musicaux, contribuent à alimenter cette dynamique gouvernementale.
Voilà, M. le Président, ce que l'année 1990-1991 a
représenté pour notre ministère. Je voudrais aussi
souligner tout le travail que nous menons auprès de nos
clientèles dans les exercices des opérations courantes: soutien
technique, gestion de programmes, planification, évaluation, etc. Un
ministère qui traite, comme je l'ai dit tantôt, près de 20
000 demandes par année, dans plusieurs champs d'activité
différents, et qui est soumis à tant de législations
particulières, doit composer avec un volume inouï
d'activités diversifiées. L'énergie déployée
dans chacun des gestes posés auprès de nos clientèles
culturelles témoigne de notre engagement.
Et ce ministère, je vous l'assure, M. le Président,
gère son budget avec un niveau de productivité comparable et
même supérieur à celui d'autres organismes pour des
activités similaires. Vous conviendrez avec moi, M. le Président,
qu'un taux de 9,6 % pour la gestion des programmes d'aide financière aux
clientèles culturelles constitue une performance fort
intéressante. Une performance qui, dans l'entreprise privée,
serait qualifiée de grand succès. C'est donc dire que nous
assurons ainsi un retour aux clientèles du maximum des crédits
disponibles.
Le bilan de l'année 1990-1991 vous indique nettement que nous
sommes en période de transition, et l'enthousiasme de l'action me pousse
vers le prochain exercice où tant de réalisations importantes
doivent nécessairement se produire. Je suis donc à la fois fort
satisfaite de ce que nous avons réalisé et très confiante
surtout à l'égard de ce que nous allons accomplir. L'année
1991-1992 marquera la fin d'un cycle de planification. Aussi, nous assisterons
au parachèment de plusieurs dossiers pour lesquels nous avons investi
beaucoup d'énergie depuis deux ans. Je vous invite donc à
partager ce menu fort riche en projets, tout aussi captivants les uns que les
autres.
Pour réaliser son programme 1991-1992, le ministère
dispose de 288 800 000 $, soit une augmentation de 11,1 % par rapport aux
crédits de l'exercice précédent. Je vous rappelle que des
ajouts provenant d'autres sources gouvernementales sont
régulièrement effectués en cours d'année. Je pense
ici aux crédits accordés dans le cadre des programmes d'emploi de
travaux communautaires, des contributions de l'OPDQ, qui feront l'objet de
virements en cours d'exercice pour la réalisation de certains projets
d'équipement.
Bien sûr, il faut ajouter à cela l'impact des mesures
fiscales en matière de cinéma et de statut de l'artiste, ainsi
que les effets de la politique concernant l'intégration des arts
à l'architecture, fortement influencée par le plan de relance. Ce
plan permettra de réaliser, en 1991-1992, des projets culturels
nécessitant une participation du gouvernement du Québec de 31 900
000 $.
C'est de tous ces éléments qu'il faut tenir compte quand
on considère la participation gouvernementale en matière
culturelle. Tout d'abord, notre commission parlementaire aura l'occasion, en
1991-1992, d'entendre les groupes culturels sur deux projets majeurs: le projet
de loi sur le cinéma, en mai; et le projet de politique culturelle, soit
en octobre ou novembre. Le projet de loi sur le cinéma est une
pièce importante qui s'ajoute aux gestes posés en matière
fiscale et qui nous amènera à compléter, au cours de
l'année, les orientations générales en ce domaine. La
consultation en commission, quant au rapport du groupe-conseil sur la politique
culturelle, constituera l'événement majeur de l'année. Ce
sera l'occasion d'entendre tous les groupes et individus
intéressés à exprimer leur vision, leurs besoins et leurs
souhaits relativement à une politique culturelle. Cette consultation,
unique, nous l'espérons, devrait nous permettre de livrer notre
politique gouvernementale à la fin de l'année marquant notre 30e
anniversaire.
D'autre part, 1991-1992 sera l'occasion de rendre à terme,
après une longue mais nécessaire maturation, deux politiques
sectorielles: celle de la muséologie, et celle du patrimoine. En
muséologie, le ministère a déjà soumis en
consultation restreinte, un premier document de travail qui
présente notre lecture de ce champ d'action et qui propose les
orientations et les pistes qui nous semblent les plus justes. Des personnes
clés du secteur de la muséologie ont d'ailleurs été
invitées à participer à cette opération. Une
version révisée à la lumière de ces échanges
est en préparation. Nous comptons la faire connaître au plus tard
à l'automne prochain.
Dans le cas de la politique du patrimoine, nous pourrons compter sur un
document pour une première consultation restreinte au cours de ce
printemps. Mon objectif est aussi de livrer, dès l'automne, nos
orientations en nous assurant, bien sûr, de l'appui du milieu. Concernant
le secteur du patrimoine documentaire, nous assisterons à une
année particulièrement intense. Dans le domaine des archives
judiciaires, nous amorcerons la mise en application du plan d'action
adopté l'an dernier en collaboration avec le ministère de la
Justice. Nous préparons ainsi la voie aux chercheurs et aux chercheuses
pour qu'ils puissent disposer d'une quantité importante de
renseignements d'ordre juridique. Cette démarche représente une
étape majeure pour rendre l'histoire accessible aux
Québécois. Finalement, nous entendons réviser la
portée du dépôt légal de notre Bibliothèque
nationale pour couvrir des champs qui se sont développés avec la
technologie numérique et optique.
Quant au menu législatif, j'ai déjà
déposé le projet de loi sur le cinéma. J'en ai
expliqué tantôt les grands principes, mais permettez-moi d'ajouter
que cette révision de la loi était devenue essentielle à
cause de l'évolution extrêmement rapide de cette industrie. Avec
le projet de loi sur le cinéma et les modifications apportées aux
mesures fiscales, il est évident que la Régie du cinéma,
la Société générale des industries culturelles et
l'Institut québécois du cinéma seront interpellés
au premier chef. C'est à la Régie du cinéma que revient la
tâche de surveiller l'application des diverses mesures introduites dans
la loi. La SOGIC demeure l'organisme de soutien à la gestion des
programmes d'aide et à la gestion des mesures fiscales. L'Institut
québécois du cinéma continuera à jouer un
rôle majeur par ses avis à la ministre, avis qui ont d'ailleurs
été fort précieux jusqu'à ce jour dans la
révision de la loi en particulier. Le second projet de loi que je
souhaite présenter est celui sur les conservatoires de musique et d'art
dramatique. Nous avions d'ailleurs amorcé cette opération en
révisant la mission des conservatoires de musique.
Dans le domaine des grands projets, le programme de fin de construction
de l'année 1991-1992 sera aussi fort chargé. Permettez-moi de
vous faire l'énumération de ces projets. Je suis certaine que
cette simple lecture vous convaincra du dynamisme dont nous serons
appelés à faire preuve au cours des prochaines années.
Le Musée du Québec ouvrira ses portes le 16 mai 1991.
L'investissement de 22 400 000 $ qui a servi au réaménagement de
ce musée s'avérait absolument nécessaire Avec ses 13
salles d'exposition construites selon les normes les plus récentes, les
nouveaux bâtiments du Musée du Québec permettront à
cette institution de faire valoir les merveilleuses collections qu'elle doit
presque cacher depuis des années faute de conditions de diffusion
adéquate. Ce projet rendra aussi accessible à la population ce
joyau du patrimoine qu'est la vieille Prison des Plaines et vous aurez
l'occasion, M. le Président, d'être mis devant un exemple fort
réussi de restauration. Nous dotons donc la région de la capitale
d'un équipement digne de son histoire et de son statut.
À Montréal, le Musée d'art contemporain sera
achevé au coût de 31 900 000 $ et permettra
l'accessibilité, en plein centre-ville, a des oeuvres majeures. Le
Musée des beaux-arts de Montréal sera également
inauguré. Tous ont hâte de voir cet équipement à la
fois élégant, fonctionnel et majestueux. Pour sa part, la
Bibliothèque nationale espère regrouper ses services dans des
locaux mieux adaptés du centre-ville de la métropole. Quant
à la Société de la Place des Arts, elle complétera
ses travaux d'aménagement extérieur et intérieur. Ces
nouveaux espaces permettront aux Montréalais et aux visiteurs de
s'approprier ces lieux si importants pour la culture. Le quadrilatère de
la Place des Arts deviendra ainsi un haut lieu culturel non seulement pour les
Montréalais, mais pour le Québec tout entier. Tous ces
équipements majeurs à Montréal auront un effet synergique
les uns sur les autres et j'ai la conviction profonde que les effets
bénéfiques de cette effervescence se feront sentir dès
cette année. Il s'agit d'un apport gouvernemental de plus de 100 000 000
$ dans la région de Montréal. (10 h 15)
Je voudrais vous assurer tout de suite, M. le Président, que la
qualité de ces équipements essentiels ne me fait pas perdre de
vue que des équipements sont aussi nécessaires à la
diffusion de notre culture dans toutes les régions et j'entends, sur ce
chapitre, poursuivre nos engagements sur l'ensemble du territoire
québécois. Le ministère entend mener à terme
l'évaluation déjà amorcée de ses interventions en
matière d'aide aux artistes professionnels. Cette opération
devrait se terminer avant l'été et nous serons donc en mesure de
réajuster nos programmes à l'automne prochain, pour
l'année 1992-1993.
Par ailleurs, dans le cadre des législations sur le statut de
l'artiste, cette commission a déjà procédé à
la reconnaissance de huit associations en vertu de la Loi sur le statut
professionnel et les conditions d'engagement des artistes de la scène,
du disque et du spectacle et de deux autres associations en vertu de la Loi sur
le statut professionnel des artistes des arts visuels,
des métiers d'art et de la littérature. Cinq autres
demandes sont présentement en cours de traitement.
En plus du maintien de nos programmes en arts visuels, nous entendons,
cette année, réviser la politique d'intégration des arts
à l'architecture et réexaminer les instruments de gestion
afférents, ceci afin de les adapter à la diversité des
projets architecturaux et à la réalité des usagers de ces
ensembles.
Il faudra aussi souligner le 10e anniversaire de la gestion de cette
politique gouvernementale par le ministère qui, encore aujourd'hui,
suscite l'intérêt de plusieurs pays. Nous avons acquis
collectivement plus de 1000 oeuvres grâce à cette mesure, M. le
Président, et j'estime qu'il est primordial de poursuivre cette
démarche tout en actualisant les pratiques qui lui sont
rattachées.
Au niveau du service à la clientèle, les consultations que
nous avons effectuées, en 1990-1991, auprès de notre
clientèle dans le cadre de l'étude Samson Bélair et par
différents autres moyens ont permis au ministère de faire une
lecture de l'organisation et des ajustements nécessaires. Il est
maintenant en mesure de traduire concrètement, dans son approche et dans
sa structure, les changements qui, naturellement, doivent en
découler.
D'abord, nous verrons à l'application la plus rigoureuse possible
du principe du guichet unique: nos clientèles ne devraient s'adresser
qu'à un seul interlocuteur, quelle que soit sa demande et ce, le plus
près possible de son lieu de résidence, ce qui signifie une
déconcentration de la gestion de la majorité des programmes dans
chaque région.
Nous travaillerons aussi à la simplification des
opérations visant une démarche unique. Les artistes et les
organismes culturels devraient pouvoir réaliser une démarche
intégrée pour le soutien qu'ils demandent au ministère.
Cette façon de procéder signifiera une économie
d'énergie et pour eux et pour nous.
Nous prévoyons, d'autre part, un changement important qui
consistera dans la généralisation progressive d'ententes
triennales avec les organismes afin de leur permettre une planification
à plus long terme, en commençant par les organismes oeuvrant dans
le domaine du théâtre.
Finalement, nous actualisons notre stratégie et nos
mécanismes d'information. L'évolution de nos pratiques de gestion
commande, en effet, une mise à jour des mécanismes d'information
visant nos clientèles.
Le ministère se doit d'affirmer son leadership en matière
culturelle et cette affirmation ne peut se réaliser que par une
expertise crédible. L'année 1991-1992 sera donc porteuse de ce
message. À travers différentes manifestations d'importance
majeure, le ministère entend situer son leadership dans les grands
débats culturels.
Ainsi, grâce à l'entente MAC et ville de Québec, le
ministère participera à la rencontre internationale des villes du
patrimoine mondial reconnues par l'UNESCO en juillet prochain. Le
ministère organise également le colloque Recherche, arts et
culture, qui se tient en mai prochain sous l'égide de l'Association
canadienne-française pour l'avancement des sciences. Ce colloque vise
à susciter la concertation entre les personnes et les organismes
effectuant des recherches dans le domaine des arts et de la culture. Nous
voulons également provoquer un examen critique de la recherche
effectuée à ce jour, suggérer des voies à
privilégier dans ce domaine et inciter les participants et participantes
à entreprendre des recherches.
Pour sa part, la Commission des biens culturels poursuivra son travail
sur "Les chemins de la mémoire". Le succès du premier tome de cet
ouvrage est tel que l'on peut espérer une égale réussite
pour le second.
Afin d'accroître le leadership du ministère, nous
entendons, par la révision de sa structure administrative, positionner
fortement la culture dans les dynamiques de développement de
Montréal et de Québec en créant des directions
générales pour chacune de ces régions administratives.
Nous assurons également un renforcement de notre expertise dans les
différentes disciplines artistiques, en mettant sur pied un secteur de
programmes chargé de maintenir à jour les connaissances dans
chaque secteur et discipline. Le mandat de ce secteur amènera
également ses responsables à faire circuler davantage ces
connaissances et à les partager avec nos partenaires et
clientèles.
J'ai déjà indiqué, M. le Président,
l'importance pour notre organisation d'être solidaire des volontés
exprimées par le gouvernement du Québec. Nous continuerons donc
de participer aux discussions interministérielles sur le partage des
responsabilités entre le gouvernement et les municipalités. Nous
sommes aussi associés aux travaux du groupe interministériel sur
le développement régional. Cette question du partage des
responsabilités entre le gouvernement et les municipalités, M. le
Président, me tient particulièrement à coeur. Nous avons
déjà, au Québec, des exemples où les
investissements municipaux dans le domaine culturel et où le partage
avec les municipalités méritent notre attention. Nous croyons par
ailleurs, à la lumière des constats du rapport sur le financement
des arts, que nous devons travailler à intégrer davantage la
dynamique et la dimension culturelles dans les préoccupations des
municipalités ou des collectivités locales. Nous attendons
beaucoup, M. le Président, de ces discussions que nous souhaitons
entreprendre le plus rapidement possible.
En ce qui a trait aux politiques gouvernementales relatives à la
famille, à la jeunesse, à la condition féminine et aux
communautés culturelles, le ministère a toujours manifesté
un intérêt constant. Il entend donc maintenir
l'engagement selon lequel il ne soutiendra aucun produit constituant une
incitation à la violence, au sexisme et à la discrimination.
Finalement, le ministère continuera à soutenir la
volonté gouvernementale de s'associer aux pays de la francophonie et il
continuera de se préoccuper également de la situation
québécoise sur la scène internationale. Nous poursuivons
aussi nos discussions avec nos collègues du ministère des
Affaires internationales sur la définition de la politique
internationale du gouvernement.
Comme vous pouvez le constater, M. le Président, le travail
à abattre est à la fois à la mesure de nos ambitions qui
visent à épauler, à promouvoir et à
améliorer la démarche collective des Québécois en
matière culturelle. De toute évidence, nous voulons appuyer avec
encore plus d'énergie, si c'est possible, ce que nos artistes
québécois réalisent quotidiennement. Ils sont, vous le
savez tous, de grands ambassadeurs de notre culture
québécoise.
Il me fera plaisir, au cours de ces travaux, de fournir tous les
renseignements complémentaires que cette commission jugera utiles pour
mieux comprendre, analyser et, par le fait même, soutenir l'action du
ministère des Affaires culturelles. Merci, M. le Président, merci
à tous.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. La parole
est maintenant au député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, pour ses
remarques préliminaires.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, Mme la ministre, chers
collègues, mesdames et messieurs du ministère et des
sociétés d'État, MM. les observateurs, puisque nous en
avons, et cela est heureux, je ne prendrai pas 31 pages, je
préfère le questionnement direct et immédiat que la longue
tournure des phrases. La ministre, M. le Président, a mis beaucoup de
conviction dans la lecture de son texte et ça, je ne vais quand
même pas lui reprocher, sauf que ce texte, M. le Président, je
l'ai entendu, c'est une copie conforme de celui prononcé par sa
prédécesseure en 1989; c'est une copie conforme du discours
prononcé par la prédécesseure de sa
prédécesseure en 1986 et même ce que la
prédécesseure de sa prédécesseure disait en 1985,
au moment du discours du trône, puisque le premier ministre, n'ayant pas
été élu dans sa circonscription, c'est elle qui devait
assumer les fonctions de premier ministre par intérim.
M. le Président, si on avait ajouté un peu de musique,
puisqu'il faut toujours des référents culturels, à la
déclaration de la ministre, je pense que ça aurait
été malheureusement une mauvaise copie de cette chanson
célèbre de mon ami Ferré, psaume 151, Dies irae Seigneur.
La ministre est fière et heureuse, M. le Président, de nous
annoncer que l'office des tournées, promesse libérale de 1985
abandonnée en 1989, ne va pas ressusciter. La ministre est fière
et heureuse, M. le Président, de nous annoncer que la Loi sur les
bibliothèques publiques sera déposée. Ça fait
quatre ans que le rapport Sauvageau est publié et ça fait je ne
sais pas combien de temps qu'elle est au feuilleton. Loi sur les
conservatoires, la prédécesseure de sa
prédécesseure en parlait il y a six ans, la Loi sur le
patrimoine, mon Dieu! mais sa prédécesseure en parlait en disant
que c'était sa priorité prioritaire et la
prédécesseure de sa prédécesseure m'en a
parlé il y a quatre ans. La ministre est fière et heureuse de
nous apprendre qu'on ne verra pas la Maison de l'orchestre symphonique à
Montréal. La ministre est heureuse et fière de nous apprendre
qu'il y aura peut-être une politique globale d'aide aux musées,
qu'il y aura peut-être une politique d'accréditation des
musées, politique qui a été annoncée par la
prédécesseure de sa prédécesseure en 1986. La
ministre a également repris le vocabulaire de sa
prédécesseure et de la prédécesseure de sa
prédécesseure pour la révision des programmes d'aide aux
artistes. La ministre a oublié de mentionner l'engagement de la
prédécesseure de sa prédécesseure quant au palais
Montcalm pour en faire une maison de théâtre à
Québec.
Les seules grandes réalisations où la ministre doit
témoigner fierté et bonheur, M. le Président, et j'en
conviendrai avec elle, c'est le Musée du Québec, le Musée
de la civilisation, le Musée d'arts contemporain ainsi que les maisons
de la culture à Montréal, tous des projets, M. le
Président, initiés par le gouvernement du Parti
québécois. Le seule industrie florissante, actuellement, M. le
Président, est celle des comités, d'abord des firmes
privées, et auxquels on associe des membres du milieu de la culture pour
se donner bonne conscience.
La ministre pourra sans aucun doute, M. le Président,
tantôt, me faire part qu'il y aura, oui, une grande réalisation de
son gouvernement. Nous aurons un musée du rire, avec une salle
consacrée à l'humour noir où seront exposées les
promesses répétées et constamment reniées, depuis
deux mandats, pour ce qui est du 1 % du budget consacré aux arts et
à la culture. Le ministre faisait état de crédits de 288
759 500 $ et je vous épargne les sous. J'aimerais lui rappeler qu'il lui
manque encore tout près de 100 000 000 $. J'aimerais lui rappeler que,
durant le séjour de mon parti au gouvernement, nous avons fait augmenter
le budget de la culture de 24 points, alors que son gouvernement ne l'a fait
avancer que de 13 points.
Durant ce temps-là, M. le Président, eh bien! on taxe sur
la culture. Et je m'en voudrais, d'ailleurs, de ne pas dénoncer les
représentants du parti ministériel à cette commission qui
refusent encore d'accepter la suggestion de l'Opposition officielle, une
demande même for-
melle - je pourrais sortir tous les écrits - que le mandat de
surveillance des organismes d'État pour la commission de la culture
s'exerce auprès de la SOGIC, où il y a de nombreuses questions
à poser, Mme la ministre - vous allez en convenir vous-même, j'en
suis persuadé - et des effets des taxes sur les activités et les
produits culturels. Après un an et demi presque, près de deux ans
même du début de cette nouvelle Législature, nous attendons
toujours la réponse du parti ministériel. Durant ce
temps-là, M. le Président, nos ventes en librairie chutent, nos
périodiques culturels sont menacés et se meurent, notre
télévision, qui pourrait être le meilleur diffuseur de
notre culture, relève d'un ministère technique, dont le ministre,
d'ailleurs, se permet des remarques un peu farfelues. C'est vrai qu'il les fait
à l'étranger, mais les nouvelles nous parviennent quand
même assez rapidement. Je vous prierais de le remettre à l'ordre
à votre prochaine réunion du Conseil des ministres. Je pense que
ça fui sera profitable dans son apprentissage de ministre. Nos meilleurs
cinéastes quittent, nos meilleurs musiciens s'exilent et nos danseurs et
danseuses trouvent refuge dans les accueils pour les sans-abri, puisque ce sont
toujours les parents pauvres de notre culture. (10 h 30)
Alors voilà, M. le Président, 31 pages pour meubler le
vide, c'est à la fois trop peu et pas assez. Je pense que ces remarques
préliminaires suffisaient pour se rendre compte que plus ça
change et plus c'est pareil, qu'il y a quand même une continuité
entre l'actuelle, la prédécesseure et la
prédécesseure de la prédécesseure qui est, comme je
le disais tantôt: Oui, nous le ferons. Oui, nous le ferons. Sauf que le
porte-parole de l'Opposition se retrouve un peu dans le rôle d'un
réparateur de Maytag, comme nous le montre cette publicité
télévisée. Ce n'est pas moi qui ai été
épuisé dans l'étude de projets de loi émanant du
ministère des Affaires culturelles. Il n'y a eu qu'un seul projet de loi
significatif depuis les six ans que vous êtes au pouvoir; ça a
été la loi du statut de l'artiste où, d'ailleurs, l'Union
des artistes et l'Opposition ont dû tenir par le bras la ministre qui ne
voulait pas en consentir autant. Mais on a étudié des lois qui
modifiaient des virgules, changeaient des paragraphes, enlevaient des
parenthèses, mais je pense que l'expression est juste: La culture
auprès du Parti libéral n'a été qu'une
parenthèse. Je remarquais aussi, M. le Président, cette
espèce d'incohérence du discours qui a toujours été
tenu par les ministres libéraux de la culture au point où je me
suis toujours demandé: Sont-ils libéraux d'abord ou de la culture
avant? J'aurais préféré la deuxième
hypothèse, ma collaboration aurait été beaucoup plus
agréable et beaucoup plus facile. Mais ils ont fait le choix
d'être libéral d'abord et de la culture après. Quand elle
parlait des crédits de son ministère, elle incluait la
fiscalité, mais rappelons-nous, l'engagement solennel. Mais c'est tout
juste si on ne l'a pas fait en haut des marches de l'Oratoire Saint-Joseph.
L'engagement solennel du Parti libéral en 1985 de consacrer 1 % à
la culture, mais ce serait pour les artistes! Déjà l'actuelle,
comme sa prédécesseure et la prédécesseure de sa
prédécesseure - et allons-nous arrêter à l'actuelle
pour ce qui est du présent mandat et dernier sans aucun doute - se sont
fait rabrouer par le premier ministre lui-même qui a dit: Mais oui, mais
si on calcule tous les avantages fiscaux, eh bien, voilà! Alors, que
pouvons-nous conclure de cet engagement du Parti libéral en 1985, que
ça a été sans aucun doute la plus belle fourberie du
siècle et que le musée de l'humour effectivement aura sa place,
mais ce sera un humour très noir pour la culture au Québec.
M. le Président, je terminerai ces remarques en disant qu'en
définitive, l'étude des crédits, pour la sixième
année consécutive, pourrait tout simplement s'appeler, parce
qu'il faut un autre réfèrent culturel "Bonjour tristesse" et
c'est malheureusement le sort qui est réservé à la culture
depuis très exactement six ans. On va étudier le rapport d'un
grand comité, mais, au départ, je trouve passablement bizarre que
l'on fasse tellement éloge de ce rapport Coupet, je ne me souviens
jamais du nom... Je vous avoue que c'est avec peu d'enthousiasme que l'on songe
à cette étude, lorsqu'on retrouve dans un document
commandé par la ministre - mais c'est vrai que c'était la
prédécesseure, là, mais de toute façon, elle a pris
la relève - et quand on trouve en toute première page la phrase
la plus injurieuse que je n'ai jamais lue depuis que je m'occupe de ce dossier,
je pourrais même dire, depuis que j'existe, qui est: il y a trop de
production culturelle au Québec. Ha, ha, ha! C'est écrit
textuellement, madame, dans le rapport, vous l'avez lu, j'espère, mais
c'est épouvantable d'avoir écrit une phrase comme
celle-là: II y a trop de production culturelle au Québec. On
produit trop! Mais, madame, au niveau de la culture, j'espère que vous
allez convenir avec moi que l'abondance, c'est bien plus agréable que la
pénurie, et que si nous avons pu survivre comme société,
c'est d'abord et avant tout par notre identité. Et notre
identité, elle s'exprime par la culture, notre culture. Alors,
demandez-lui au moins de se rétracter et on lui en attribuera tous les
mérites, comme disait Talleyrand, que de persister et être vaincu
dans une affirmation aussi odieuse envers les milieux de la culture. Alors, M.
le Président, si vous me le permettez, nous passerons
immédiatement, quant à moi, à moins que certains
collègues aient des remarques, au programme 1.
Le Président
(M. Doyon): À moins qu'il y ait de
la part des membres de cette commission d'autres remarques, ou une
réplique de Mme la ministre?
Mme Frulla-Hébert: Une brève réplique,
d'abord, vous savez que quand on est titulaire d'un ministère, autant ma
prédécesseure, mon ex-prédécesseure
évidemment, nous sommes toutes des femmes, vous avez été
très chanceux, M. le député...
M. Boulerice: C'est le seul avantage que j'aurai eu.
Mme Frulla-Hébert: Eh oui! D'une part, vous savez, pour
reprendre l'allégation, le réparateur Maytag n'a rien à
faire, parce qu'habituellement, ça va trop bien.
M. Boulerice: Ha, ha, ha!
Mme Frulla-Hébert: Deuxièmement, je suis certaine
que nous allons revenir au niveau du budget total, j'aurais voulu éviter
de faire une guerre de chiffres, s'il faut en faire une, nous allons en faire
une.
M. Boulerice: Je vais...
Mme Frulla-Hébert: Nous sommes prêts.
Troisièmement, il y a deux ou trois choses, par exemple qui... Je ne
voudrais pas que l'atmosphère ici soit aussi misérable que
dehors. Ça me surprend d'ailleurs de voir le député
être si triste aujourd'hui. Au contraire, je me serais attendue à
autre chose. Mais il y a certaines précisions. D'abord, d'une part,
quand on a parlé de 1 % au niveau de l'engagement, relisez-le, c'est 1 %
à la culture incluant musées, incluant patrimoine, incluant...
Tout fait partie de la culture. Deuxièmement, pour reprendre les choses
qui m'ont frappée, la Maison de l'orchestre, ils n'ont pas de terrain.
La Maison de l'orchestre, c'est à Montréal. On va attendre qu'ils
aient un terrain. Deuxièmement...
Une voix: Ils en avaient un.
Mme Frulla-Hébert: ...au niveau du Palais Montcalm, ce
n'était pas un engagement au niveau de la Maison du
théâtre, mais nous aurons l'occasion et je veux qu'on en parle.
Troisièmement, dans l'ensemble, effectivement, de dire que nous n'avons
rien fait, oui, je trouve un peu décourageant puisqu'il se
dépensait en 1970-1971, quand nous étions là, 44 % du
budget au niveau de la culture et pour se retrouver en 1985-1986 où le
gouvernement précédent, sans compter le service de dette,
dépensait 68 % de son budget. Nous en sommes maintenant à 74 % du
nôtre, mais il faut aussi, à partir de 1985, inclure le service de
dette qui est un investissement quand même de 130 000 000 $ au niveau des
milieux culturels en équipement et les services de dette aux
sociétés d'État de 100 000 000 $. Et comme disait quand
même mon bon ami Roland Arpin, président du Musée de la
civilisation qui est un succès en soi: Bien souvent, le contenant
appelle le contenu. Nous étions sous-développés au niveau
des infrastructures et nous sommes en train de corriger cette situation. M. le
Président, nous sommes prêts aux crédits.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. D'autres
remarques? Non. Alors, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: J'essaie de retrouver...
Le Président (M. Doyon): Le programme 1.
M. Boulerice: Oui, j'essaie de retrouver, M. le Président,
un article qui a été publié par quelqu'un du milieu du
cinéma, que je trouvais amusant. Il disait: II y a un ministre allemand
qui disait: Quand j'entends le mot "culture", je sors mon revolver. Le
gouvernement libéral, lui, sort ses comptables. Alors, Politique,
gestion interne et soutien. La coalition du monde des arts doit comprendre
qu'elle doit définitivement abandonner la lutte qu'elle mène pour
l'obtention du 1 %. J'espère que vous avez bien relu les interventions
de vos nombreuses prédécesseu-res - dès qu'il y en a plus
d'un, c'est nombreux - le 1 % devait être atteint avant la fin du dernier
mandat, selon un plan triennal, dixit la vice-première ministre. Et on
en est encore à 100 000 000 $. Et vous avez
bénéficié de nombreuses années de forte croissance
économique.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président. Le
Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Politique, gestion interne et soutien Objectif du 1 %
du budget
Mme Frulla-Hébert: Effectivement, l'objectif du 1 %, c'est
un objectif à atteindre. Nous en sommes rendus... Nous avons quand
même une augmentation cette année de 11,1 %. Nous sommes le
quatrième ministère, incluant celui de l'Immigration, qui avons
eu ou connu la plus forte augmentation. Si on se compare, par exemple, à
d'autres États, nous sommes quand même, selon l'étude
Samson Bélair, ni plus ni moins bien. Il y a aussi tout le jeu ou,
enfin, l'entrée de jeu des municipalités, ce que nous allons
discuter à la table Québec-municipalités, en septembre.
Ça reste et ça demeure un objectif à atteindre. Par
contre, il ne faut quand même pas oublier les investissements au niveau
du service de dette qui sont des investissements à la culture aussi. Il
ne faut pas oublier le programme du 1 % au niveau de l'architecture qui injecte
4 000 000 $ à la culture aussi. Il ne faut pas oublier le soutien du
programme EXTRA. Il ne faut pas se situer dans le MMSR, c'est-à-dire
dans le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Il ne faut pas oublier aussi l'appui
aux artistes amateurs, qui se trouve au niveau du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, qui est un ajout de 8 000 000 $ direct
à la culture aussi. Alors, si oui, le 1 % est et continue à
être un objectif à atteindre, de dire que la culture au
Québec n'est pas appuyée, moi, je m'excuse, mais je n'accepte pas
cette affirmation.
M. Boulerice: Qu'est-ce que vous attendez pour aller chercher
ça dans les autres ministères et vous donner un ministère
un peu plus fort? Vous dites que c'est éparpillé un peu
partout.
Mme Frulla-Hébert: Effectivement, il y a un besoin de
guichet unique. Il y en a aux Communications et il y en a à la
Main-d'oeuvre, il y en a aux Loisir, Chasse et Pêche, il y en a a l'OPDQ
et c'est aussi à la mise sur pied du groupe-conseil basé sur les
recherches et recommandations. Et je reviens aussi au rapport Samson
Bélair. Vous savez comme moi, M. le député, que quand une
firme est mandatée pour faire une recherche, eh bien, elle nous donne le
résultat de cette recherche et certaines considérations sont
prises en compte et il y en a d'autres qu'on laisse tomber. Qu'on dise qu'il y
a trop de productions au Québec, évidemment, je n'appuie pas et
pas du tout cette affirmation. C'était leur vision des choses.
Maintenant, il s'agit de le mettre dans la juste perspective. Revenir au
discours, c'est suite au rapport du groupe-conseil au niveau d'une politique
culturelle, c'est à ce moment-là et quand le milieu culturel se
sera exprimé, que nous verrons à des
réaménagements. Il faut aussi comprendre qu'il va peut-être
y avoir d'ici, je dirais, 18 mois, des réaménagements aussi -
nous y travaillons - au niveau fédéral-provincial. Alors,
ça va faire partie du tout.
Le Président (M. Doyon): Pardon, M. le
député, juste pour permettre à Mme la
députée de Châteauguay.
Mme Cardinal: Est-ce que vous avez terminé sur le
même sujet?
M. Boulerice: Non.
Mme Cardinal: Alors, terminez.
M. Boulerice: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Boulerice: Alors, c'est un objectif à atteindre. Bon,
ça me fait un petit peu penser à cette prière "L'an
prochain à Jérusalem". Les 100 000 000 $ qui vous manquent, votre
échéancier est lequel?
Mme Frulla-Hébert: Quand on parle d'un objectif à
atteindre, on parle... Je remets sur pied cet engagement du gouvernement en
1985, mais d'autre part, il va aussi falloir, lors de la mise sur pied de la
politique culturelle, remettre les bons chiffres aussi dans les bonnes
colonnes. Mais je reviens quand même à ce que je disais
tantôt, M. le député. Sans service de dette, vous
dépensiez 68 % du budget. Vous allez nous dire: Oui, mais c'est votre
promesse. Je suis parfaitement d'accord avec vous, mais je reviens quand
même au fait que vous dépensiez 68 % du budget sans service de
dette. Quelque part, nous avons aussi fait un effort majeur. On regarde. Nous
sommes présentement en conditions extrêmement difficiles et nous
bénéficions quand même d'une augmentation de 11,1 % qui est
bien au-dessus de l'augmentation gouvernementale totale. Mais je tiens à
répéter fermement que c'est un objectif à atteindre. Oui,
il faut de l'argent dans la culture et plus il y en aura, non seulement notre
culture, mais je pense aussi que notre économie s'en portera mieux.
M. Boulerice: Mais quand? La culture, ça ne vit pas
d'espoir, ça vit de réalité. Je veux dire, la production
d'une pièce de théâtre, ça ne se fabrique pas avec
l'engagement répété solennel, la flagellation annuelle du
ministère des Affaires culturelles. C'est quand?
Mme Frulla-Hébert: Vous savez...
M. Boulerice: Presque, à tous les ans, c'est atroce...
À tous les ans, la Coalition est obligée de venir à
Québec. On a dit que c'était historique effectivement. C'est la
première fois qu'un groupe regroupant tout le monde de la culture est
obligé de venir voir le premier ministre à chaque année
pour lui rappeler... Ça me fait un peu penser quand les femmes venaient
voir Duplessis pour obtenir le droit de vote.
Mme Frulla-Hébert: Elles l'ont eu. M. Boulerice:
Oui, 40 ans après. Mme Frulla-Hébert: Mais elles l'ont
eu.
M. Boulerice: Ha, ha, ha! Taschereau faisait ça. Elles
sont passées de Taschereau à Duplessis.
Le Président (M. Doyon): Ce n'est pas Duplessis...
M. Boulerice: Hein?
Mme Frulla-Hébert: La patience est une vertu. Il y a deux
choses ici qu'il faut faire.
M. Boulerice: Durant ce temps-là, ils meurent et ils
s'exilent.
Mme Frulla-Hébert: II faut d'abord, d'une part, continuer
justement notre discours sur le 1 %. Je vais vous le dire tout de suite. On va
mettre ça sur la table tout de suite au niveau des crédits.
Ça ne sera pas en 1991-1992. Ça, je peux vous dire ça tout
de suite.
M. Boulerice: De toute évidence. (10 h 45)
Mme Frulla-Hébert: Les conditions économiques... La
fonction publique accepte aussi un gel de salaire. Une augmentation de 11, 1 %,
avec toute l'énergie que ç'a pris comparativement aux autres
ministères pour aller la chercher, je peux vous dire que, pour cette
année, je me sens extrêmement satisfaite, d'une part.
Deuxièmement, ce qu'il faut aussi, c'est de réajuster. On a
demandé au ministère et le ministère se doit de le faire,
d'être plus efficace. C'était dit dans Samson Bélair. Nous
l'avons accepté. On est rendus à un tournant. Il s'agit
maintenant de réajuster aussi notre aide. Troisièmement,
d'être plus efficaces. On ne peut pas dire que 282 000 000 $, c'est rien
d'investi dans la culture en plus du service de dette. Je m'excuse, mais
ça non plus je n'achète pas ça. Alors, il s'agit, d'une
part, d'être plus efficaces; deuxièmement, de soutenir le
discours, et aussi de notre part, à nous, d'être plus efficace et,
troisièmement, d'aller chercher d'autres partenaires. On sait
très bien que les municipalités en soi ne font pas toutes, il y
en a qui le font. La municipalité de Drummondville, par exemple,
dépense 5 % de son budget au niveau de la culture, parce qu'elle y
croit. Il y a d'autres municipalités qui le font, autant à
Montréal autant à Québec, il y a aussi la
municipalité de mon comté, ville de LaSalle, qui dépense
au niveau de la culture, mais on s'aperçoit, comparativement à la
France par exemple, que les municipalités ne donnent pas ou ne font pas
toutes l'effort qu'elles pourraient faire au niveau du soutien de la culture,
d'une part. Donc, il faut sensibiliser aussi les partenaires.
Et, troisièmement, il faut, ensemble, se concerter et travailler
ensemble. Et ce n'est pas en décriant et puis en disant que le
gouvernement ne fait jamais rien, que ça va m'aider moi, de mon
côté à moi, dans mon discours.
M. Boulerice: Mais, madame, si vous avez épousé le
Parti libéral, je pense que vous devez accepter la famille. Pourquoi
vous ne l'avez pas respectée durant votre premier mandat, c'était
votre engagement?
Mme Frulla-Hébert: Ouf, M. le député, vous
savez, moi, je ne suis pas ici pour parler du passé...
M. Boulerice: Ça allait bien.
Mme Frulla-Hébert: Je n'y étais pas dans le premier
mandat. Je n'étais pas ici. Et je suis certaine qu'il y avait des
raisons, des raisons majeures pour que, non pas ma prédécesseure.
mais mon ex-prédécesseure fasso plutôt des actions au
niveau budgétaire qu'elle a entreprises. Mais je reviens encore à
dire que si elle n'a pas été chercher le 1 % en soi, elle a tout
de même été chercher le service de dette, elle a tout de
même augmenté le réseau au niveau des salles de diffusion,
elle a tout de même augmenté ou amélioré le
réseau au niveau des bibliothèques, elle a tout de même
fait une augmentation, ou enfin un meilleur réseau au niveau des
musées, et elle a tout de même été chercher le
statut légal de l'artiste qui est unique au monde. Alors, de toute
façon, je ne peux que féliciter les efforts de ma
prédécesseure qui est maintenant ministre de
l'Énergie.
Moi, j'aime mieux parler de l'avenir. Ça fait cinq mois que je
suis au ministère des Affaires culturelles, il y a des choses qui ont
été développées, il y a des plans qui vont
être réalisés. Vous dites que vous attendez depuis
longtemps, alors vous allez être ravi. Vous dites que, parce que
ça allait trop bien, vous n'étiez pas assez occupé, vous
allez être très occupé. Comme je dis, je veux parler de
l'avenir et non du passé, et je réitère mon engagement
à ajouter plus de fonds et plus d'argent à la culture, et je dois
vous dire, encore une fois, que, selon la condition économique, 11, 1 %,
ce n'est pas négligeable cette année.
M. Boulerice: Juste une petite correction. Vous avez dit que vous
préfériez parler de l'avenir que du passé, sauf que le
passé est toujours garant de l'avenir, il va de soi. Il faut toujours
être au courant des éléments du passé. Pour ce qui
est de la Maison de l'orchestre symphonique, j'aimerais vous rappeler qu'il y
avait un terrain à Montréal, mais la prédécesseure
de votre prédécesseure a annulé cela, peut-être
parce que c'était dans une circonscription péquiste, on ne sait
pas... Mais comment pensez-vous, vous, réussir l'atteinte du 1 %, alors
que la vice-première ministre, qui a une place de choix dans le coeur du
premier ministre, n'a pas réussi? Qu'est-ce que l'actuelle ministre a
que la vice-première ministre n'a pas ou n'avait pas?
Mme Frulla-Hébert: Vous savez, la vice-première
ministre a ramassé quand même une situation antérieure qui
était très difficile.
M. Boulerice: Oh, madame, je vous en prie.
Mme Frulla-Hébert: Non, mais il faut quand même le
dire, M. le député.
M. Boulerice: 0, 42 à 0, 67, 24 points d'augmentation.
Mme Frulla-Hébert: Mais il faut quand
même le dire, M. le député. 0,68 sans service de
dette, M. le député, il faut quand même le dire. Il faut
quand même être honnête. Comme je suis honnête à
dire que, présentement, nous en sommes à 0,74, mais il ne faut
quand même pas négliger l'argent qui est versé directement.
Là, j'enlève l'argent là parce que c'est quand même
aussi important mis sur le béton, mais l'argent qui est versé
directement au niveau culturel et qui n'est pas chez nous, mais qui est
ailleurs. Est-ce que il y a un besoin de regroupement? Moi, je pense que oui,
mais nous verrons ça plus tard.
Alors, comment on s'entend pour faire? Il y a toutes sortes de moyens.
Je me fie aussi beaucoup, M. le député, non seulement sur la
restructuration du ministère en vue d'être plus efficace, parce
qu'il y a un manque d'efficacité, au niveau de nos clientèles. Le
fait que nos clientèles se doivent de se présenter à
plusieurs guichets et non au guichet unique, évidemment, rend les
situations très difficiles. Nous travaillons à des ententes
triennales, surtout au niveau du théâtre, pour une meilleure
planification. Bon, ça, c'est d'une part. Et d'autre part, je mise
beaucoup, M. le député, et je le dis aussi à la commission
de la culture, sur l'énoncé de politique culturelle - le groupe
avec lequel je travaille très, très étroitement - et je
mise beaucoup aussi sur le discours culturel qui se doit d'être
déposé... ou, enfin, le projet de l'énoncé... en
octobre ou novembre pour, justement, amener tout le débat culturel, dans
sa juste perspective versus les années quatre-vingt-dix, sur la table,
il ne faut jamais négliger aussi, M. le député, les
modifications qui vont être apportées. Et on les sent, ces
modifications-là, au niveau fédéral-provincial. Là
aussi, nous visons à une meilleure efficacité, là aussi,
M. le député, nous visons à ce que nos priorités,
comme Québécois, soient mieux respectées.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée de
Châteauguay, vous avez la parole.
L'énoncé de politique culturelle
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. M. le
Président, nous attendons beaucoup de la mise sur pied de la politique
culturelle. Est-ce que vous pourriez nous donner l'échéancier que
vous entendez réaliser9 Est-ce que c'est pour le
présent ou pour très tard dans l'avenir?
Mme Frulla-Hébert: Quand on parle de politique culturelle,
j'ai annoncé le dépôt à l'Assemblée nationale
de l'énoncé politique pour le 14 juin et nous entendons aller en
commission parlementaire, soit fin octobre ou début novembre.
Entre-temps, nous allons non seulement approcher mais travailler avec les
différents groupes et aussi les différents ministères
impliqués, tel le ministère de l'Éducation, par exem-
ple.
Mme Cardinal: Donc, on peut espérer que ça va se
faire...
Mme Frulla-Hébert: Donc, on peut espérer... Nous,
ce qu'on vise, c'est une politique culturelle bien établie, bien
campée sur la table pour la fin de l'année 1991-1992,
c'est-à-dire pour la fin, justement, du 30e anniversaire du
ministère.
Mme Cardinal: J'ai une préoccupation, M. le
Président, à savoir que la danse a toujours été le
parent pauvre de la culture, et ça, je pense, depuis plusieurs
années. Je sais très bien qu'il y a des efforts qui ont
été faits en ce sens. J'apprécierais savoir si vous allez
continuer dans cette même veine pour améliorer ce statut, pour
donner les moyens, dans un esprit de justice et d'équité, afin
que d'autres formes que la forme classique pure qui est toujours,
évidemment, très importante et très
appréciée... Mais il y a aussi d'autres formes de danse qui,
à mon sens, n'obtiennent pas suffisamment de soutien.
Mme Frulla-Hébert: Au niveau de la danse, parce que ce
sera dans un programme, ça... Quand nous allons l'étudier
programme par programme, nous parlerons, justement, des investissements. Au
niveau de la danse, nous avons accordé une augmentation de 7,5 %, cette
année, justement pour le soutien. Maintenant, j'ai mentionné
aussi le soutien que nous apportons non seulement à la danse, au niveau
du Québec, mais aussi pour soutenir les troupes de danse comme je le
disais tantôt, Margie Gillis, O'Vertigo Danse pour, justement, leur
représentativité ou, enfin, leur représentation
internationale. Alors, effectivement, nous soutenons la danse au niveau des
écoles de danse, c'est-à-dire la danse classique, mais nous
allons aussi apporter une contribution certaine au niveau d'autres formes
d'expression, c'est-à-dire la danse moderne, dans le futur.
Mme Cardinal: Est-ce que, également, M. le
Président, vous avez l'intention d'aider la personne, l'artiste,
individuellement, à savoir, pouvoir se produire, par exemple, dans des
"one woman show", en français, dans un spectacle unique ou solo? Alors,
est-ce que, à ce moment-là, il y aura de l'aide ou une politique
d'aide à ces personnes?
Mme Frulla-Hébert: On a déjà cette politique
d'aide, c'est-à-dire politique de l'aide ou le soutien à
l'artiste.
Mme Cardinal: Mais elle est très minime.
Mme Frulla-Hébert: Et, évidemment, ce qu'on fait,
c'est que ce soutien-là, finalement... Les gens présentent leur
projet et le projet est
jugé par des jurys, c'est-à-dire par des pairs. Et si le
projet est jugé apte ou accessible au programme, alors, à ce
moment-là, ces gens-là ou ces artistes-là
bénéficient, justement, du soutien. Michel, est-ce qu'il y a des
choses à ajouter?
Mme Cardinal: Merci.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: J'ai bien apprécié la question de la
députée de Châteauguay. On va y revenir, pour ce qui est de
la danse, chère collègue. Vous avez entièrement raison,
c'est minime, l'aide. Une augmentation de 7,5 %, si on calcule l'inflation de 5
%, ça fait 2,5 %. Ce n'est pas un grand pas, c'est un petit pas, sans
jeu de mots.
Rapport Samson Béiair
Vous avez dit tantôt - et c'est la première fois qu'on a
l'occasion d'en parler, du fameux rapport Samson, Béiair - qu'il y avait
des recommandations que vous n'achetiez pas. L'expression est juste, comme vous
les avez payées effectivement, vous les avez achetées. Lesquelles
n'achetez-vous pas?
Mme Frulla-Hébert: Quand on parle de
recommandations...
M. Boulerice: Parce qu'il y en a 18 recommandations.
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que non. Au niveau
des recommandations, si on peut les prendre une à une, il y a certaines
recommandations qui sont applicables et d'autres qui le sont moins. Alors, si
vous voulez, on va les commencer et on va les commencer une à une.
Recommandation 1: Créer dans chaque région un fonds
régional pour le développement des arts de la culture. Les
entreprises privées et les particuliers seraient incités à
y contribuer par voie fiscale.
M. Boulerice: Je l'ai lu. Il n'y a pas besoin de faire la
lecture. Vous me dites oui ou non.
Mme Frulla-Hébert: Vous l'avez lu? Alors, au niveau de la
recommandation 1, pour le bénéfice de tous, il y a une
étude de faisabilité et d'impact qui est réalisée
avec la collaboration de ministère des Finances au cours des prochains
mois pour donner suite à cette recommandation qui est probablement,
à mon avis, une des recommandations les plus importantes.
Recommandation 2: Doter les grandes institutions d'un fonds de
réserve personnalisé alimenté par des fonds privés,
stimulés par des incitatifs fiscaux par le biais d'un programme
d'appariement avec le MAC. Ce rapport recommande la mise en place de plusieurs
fonds, c'est-à-dire des fonds régionaux de développement
des arts, des fonds de réserve nationale pour les régions, des
fonds de réserve personnalisée pour les grandes institutions.
Alors, encore un fois -parce qu'il faut les regarder puisqu'on vient de
recevoir le rapport, on l'a reçu quand même en mars - c'est une
recommandation qui est très intéressante. On vient d'entreprendre
l'étude de faisabilité au niveau des fonds et de l'application
des fonds pour essayer de voir si on est capable de mettre en place - toujours
avec les Finances - certaines mesures et certaines créations. Ces
recommandations et ces analyses ~ autant pour la recommandation 1 que pour la
recommandation 2 - nous seront fournies à la fin de janvier.
Recommandation 3: Créer une société de financement
des industries et activités... Je peux continuer?
Une voix:...
Mme Frulla-Hébert: Fin janvier 1992. Écoutez-moi
bien là. Sur 18 recommandations demandant aussi l'apport des Finances,
demandant aussi un apport au niveau de la fiscalité, des recommandations
qui sont quand même créatives, qui ne sont pas usuelles, il faut
quand même se donner le temps de travailler, d'une part. D'autre part, il
y a aussi qu'il faut même les arrimer avec la conclusion au niveau de la
politique culturelle. On continue.
Recommandation 3: Créer une société de financement
des industries et activités culturelles, c'est-à-dire une SOFIAC
à but lucratif en faisant appel à l'épargne publique et
à la compétence des institutions financières. Encore une
fois, ça fait partie des recommandations 1 et 2, recommandations qui
sont aussi intéressantes. Alors, pour toutes les recommandations
touchant la fiscalité, nous travaillons présentement avec le
ministère des Finances à voir si elles sont applicables.
Même chose avec "permettre aux industries culturelles de faire
partie des secteurs admissibles au programme des SPEQ" parce
qu'évidemment, ce n'est pas de notre ressort, c'est celui du
ministère des Finances. Mais, comme vous le voyez, le ministère
des Finances est quand même sensible à la culture puisqu'il a,
contrairement au fédéral, levé l'application de la
TVQ.
M. Boulerice: ...temporairement.
Mme Frulla-Hébert: Non, ce n'est pas temporairement, je
m'excuse.
M. Boulerice: Oui, c'est pour un an.
Mme Frulla-Hébert: Non, il a été
obligé de l'annoncer pour un an parce que la TVQ, telle
qu'on la connaît à 8%, ne s'appliquait que pour cette
année. Mais ce n'est pas, selon nos indications - sous nos pressions -
une situation temporaire, c'est une situation qui est permanente.
Même chose pour...
M. Boulerice: Juste pour le livre. Mme Frulla-Hébert:
Pour le livre, oui.
M. Boulerice: C'est parce qu'il va y avoir... En tout cas, on y
reviendra.
Mme Frulla-Hébert: Mais il y a tout de même 100 000
$... Minute, minute. Si vous voulez en parler tout de suite. Il y a tout de
même 100 000 $ pour les publications que nous avons ajoutés
justement, pour les périodiques culturels. Pour compenser la TVQ, il y a
100 000 $ que nous ajoutons au budget, en termes de subventions, pour aider les
périodiques qui n'en ont pas été exemptés.
M. Boulerice: Une autre victoire de l'Opposition. Bravo!
Mme Frulla-Hébert: Pardon? (11 heures)
M. Boulerice: J'ai dit: Une autre victoire pour l'Opposition.
Bravo!
Mme Frulla-Hébert: Non. Pourquoi une victoire? Bien, non.
L'aide aux périodiques a toujours été existante. Je dois
vous dire, par exemple, que vous nous avez appuyés, ainsi que tous nos
députés, au niveau de la TVQ et ceci, évidemment, ce n'est
pas une victoire pour vous mais ça a été un appui.
Mettre sur pied un programme de soutien de la gestion des organismes
artistiques et culturels, c'est-à-dire un PRO-PME et Culture,
évidemment, c'est super important - vous le savez comme moi - parce que
si on demande au gouvernement d'entreprendre ou de soutenir à lui seul
la culture, je peux vous dire tout de suite que c'est un discours perdu, non
seulement pour notre gouvernement mais aussi... Il l'était, à
l'époque, et je... Il y avait un article, d'ailleurs.... La culture
bordel, est-ce que vous avez lu ça, l'article du Devoir, le
vendredi 25 janvier 1991?
M. Boulerice: Vous savez bien que je lis tout, Madame.
Mme Frulla-Hébert: Ah bon! Alors, le parti des artistes
n'a jamais eu de véritable politique culturelle. Ça, on en parle,
de politique culturelle. On disait, ici: Mais voilà, huit années
de gouvernement péquiste ont laissé le monde de la culture sur sa
faim. Le Parti québécois qui a basé son option sur
l'identité d'un peuple ne l'aurait pas compris. Non, et c'est bien
étrange, note Pierre McDuff du Conseil québécois du
théâtre... qui est ici, d'ailleurs... Je tiens à le saluer.
Incompréhensible, fait Serge Turgeon de l'Union des artistes. De la
schizophrénie, tranche plus carrément René Dubois,
président du Centre des auteurs dramatiques et auteur du riche
mémoire déposé par le Conseil du théâtre
à la commission Bélanger-Campeau. Bon! Alors, si on n'a pas fait
beaucoup, vous n'avez pas fait mieux.
Recommandation: Mettre sur pied un programme de soutien.
M. Boulerice: On est 42, après on est 67.
Mme Frulla-Hébert: Donc, il faut attirer quand même
les PME, vous le savez comme moi et, comme je dis, autant notre parti que le
vôtre. Il faut attirer d'autres partenaires, il faut que les partenaires
de l'industrie privée qui investissent massivement dans le sport - je le
sais parce que j'en ai l'expérience et je l'ai fait - se doivent aussi
de croire que la culture, en bout de ligne - parce que c'est quand même
le discours de l'économie pour eux - est économiquement rentable.
Il faut aussi embarquer les municipalités. À la commission
parlementaire, nous inviterons des municipalités qui participent
fortement - les municipalités que je vous ai mentionnées, telles
Boucherville, Drummondville, l'Abitibi, je vais en Abitibi, d'ailleurs, jeudi
et vendredi - qui croient, elles, à l'investissement dans la culture,
que la culture apporte à la qualité de vie et que, en bout de
ligne, c'est économiquement rentable.
Alors, recommandation 6: Mettre sur pied un programme de soutien
à l'emploi de gestionnaires dans les organismes artistiques et
culturels. Même chose. Ça, c'est aussi une recommandation que nous
gardons. Accroître et réviser la répartition des budgets
destinés au perfectionnement. Ça, c'est une évaluation de
l'aide aux artistes professionnels que nous faisons à l'intérieur
même de la restructuration du ministère et qui se termine d'ici
quelques semaines, au niveau de l'évaluation. L'implantation de la
diminution de programmes, d'une part, et deuxièmement, la refonte, si on
veut, de programmes se fait ou sera mise en application avec le budget
1991-1992. Alors, cette évaluation constitue un outil de base pour
mesurer le réalisme et la pertinence de cette mesure. Favoriser la mise
sur pied du comité conjoint arts-affaires dans chaque ville ou
région. Je vous parlais des municipalités. Il faut absolument,
finalement, intéresser les municipalités aux arts... en fait,
celles qui ne le sont pas et qui disent que c'est l'affaire du gouvernement ou
d'autres plus grosses municipalités. Le ministère est d'accord
pour qu'il y ait de l'intérêt aux comités arts-affaires.
Par contre, ce n'est pas évident que le ministère va supporter
financièrement telle structure parce que Montréal, par
exemple, s'est dotée d'un tel comité en prenant appui sur
la chambre de commerce, donc sans injection de crédits publics. En voici
un, M. le député, où on dit. Oui, on est d'accord avec la
recommandation, mais c'est aux municipalités comme Montréal,
entre autres, de se doter de comités conjoints avec leur chambre de
commerce, appelés arts-affaires.
Recommandation 9: Accroître et accélérer la
diffusion des oeuvres artistiques partout au Québec. Bon, on sait que la
question de la diffusion est un problème majeur, on en est très
très conscients... Oui, on en est très conscients et je
laisserais d'ailleurs, Mme Michelle Cour-chesne - si vous me le permettez, M.
le Président - parler du problème de diffusion. C'est un
problème et là-dessus, vous pouvez nous piquer, M. le
député, nous prenons ça sur nous.
Le Président (M. Doyon): Madame la sous-ministre, en vous
identifiant, s'il vous plaît, pour les fins du Journal des
débats.
Mme Courchesne (Michelle): Michelle Cour-chesne, sous-ministre
adjointe au milieu culturel. Il y a eu, effectivement, au cours de
l'année 1990-1991, une étude extrêmement
intéressante produite par le groupe RIDEAU qui regroupe l'ensemble des
diffuseurs du Québec, démontrant que, effectivement,
particulièrement en période de difficultés
économiques, on pouvait envisager un problème majeur au niveau de
la diffusion, du genre, de l'achat et de la production de spectacles partout au
Québec. Donc, le ministère est très sensible à
cette problématique. Rapidement, nous en sommes à mettre sur pied
des tables de concertation à l'intérieur de chacune des
régions pour permettre la discussion entre les producteurs, les
diffuseurs et aussi toutes les compagnies de création qui doivent
assumer ces tournées au Québec et cette diffusion de spectacles
au Québec pour faire en sorte qu'on retrouve là ce dynamisme et
qu'on puisse permettre à la majorité de nos compagnies de se
produire partout en région. C'est un travail que nous amorçons
dès maintenant. Évidemment, le groupe Arpin sur la politique
culturelle devra se pencher spécifiquement sur cette question et nous
faire des recommandations très précises à ce sujet. C'est
donc un dossier que l'on suit de façon extrêmement précise
et serrée.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme Courchesne.
Mme Frulla-Hébert: Recommandation 10: Créer des
liens organisationnels entre les grandes institutions et les organismes de
petite et moyenne taille par le biais d'allocations budgétaires. Encore
là, nous sommes d'accord avec le principe. D'ailleurs. il y a certains
exemples que l'on doit citer. Malgré que nos institutions doivent de se
faire pardonner leurs demandes à même les budgets publics, ce
faisant, elles se doivent de rayonner en province. Donc, le ministère
est d'accord avec le principe. Par exemple, le Musée d'art contemporain
expose présentement au centre de diffusion culturelle Hamel-Bruneau et
le Musée de la civilisation réserve 300 000 $ par année
justement pour rayonner en province et il y a maintenant d'autres... Ce n'est
pas commune mesure, ce n'est pas une habitude de ces grands organismes, ce
n'est pas habituel, ce n'est pas dans leur culture. Il va falloir vraiment
forcer les grands organismes et les inciter plutôt fortement à
rayonner, à réserver une part du budget que l'on subventionne
aussi avec nos fonds pour justement rayonner en province.
Recommandation 11: Assurer une plus grande sélectivité
pour les nouveaux organismes et restreindre le renouvellement pour les
organismes non performants. Alors, nous y sommes Cette recommandation affirme
le principe selon lequel il faut consolider les organismes avant de
développer de nouvelles interventions. Encore une fois, il y a des
organismes présentement... En fait, c'est toute la théorie du:
Est-ce qu'on saupoudre, est-ce que tout le monde vivote? L'offre, grâce
aux efforts du milieu, grâce aux efforts aussi des gouvernements, s'est
développée et, maintenant, on se dit qu'il faut travailler sur la
demande. L'offre s'est développée et on parle d'une proportion de
40 % à 60 %. On faisait remarquer d'ailleurs, au niveau de la Coalition
des arts, que 40 %, c'est quand même beaucoup en termes de demande. C'est
vrai que c'est quand même beaucoup parce qu'on est parti de rien. Il y a
tout de même 60 % des Québécois qui ne touchent ni de
près, ni de loin, à un équipement culturel. Si on veut
parler de culture, si ensemble on veut parler de développement culturel,
si ensemble on veut parler de fonds alloués à la culture et de
fonds supplémentaires, il faut aussi que la population
québécoise soit - pas plus intéressée - encore plus
sensibilisée, encore plus réceptive. Alors, quels sont les moyens
que nous devrons prendre? Ce sont toutes ces questions qui sont
discutées présentement avec le milieu, au niveau du groupe Arpin,
et qui seront mises sur la table avec l'énoncé de la politique
culturelle.
Recommandation 12...
M. Boulerice: Mais avant, c'est quoi, dans le domaine culturel,
un organisme non performant?
Je vais me permettre de saluer l'arrivée de M. Patenaude du
Regroupement professionnel de la danse. Il va donc apprécier nos
discussions au niveau de la danse tantôt.
C'est quoi un organisme non performant au niveau de la culture? C'est un
concept, je vous avoue, plus ou moins nébuleux.
Mme Frulla-Hébert: En fait selon Samson Bélair
toujours - c'est un organisme qui, selon
eux, ne présente pas des caractéristiques
professionnelles, tout simplement. Les caractéristiques qui leur
permettent non seulement de donner un certain apport à la culture mais
aussi, finalement, qui sont vouées, d'une façon ou d'une autre...
soit par une performance administrative... autant par leur performance
administrative et artistique... à leur belle mort, toujours selon Samson
Bélair. Maintenant, ce sont des recommandations et à nous, de les
évaluer.
M. Boulerice: Bon. Alors, ça, c'est la définition
que donnent vos comptables. Mais pour vous, c'est quoi...
Mme Frulla-Hébert: Non, non, non. C'est-à-dire les
rapports, tout simplement.
M. Boulerice: ...la définition d'un organisme non
performant? Pour vous, c'est quoi?
Mme Frulla-Hébert: Ce sont des jurys qui... Ensuite de
ça, il ne faut jamais oublier que notre système, c'est un
système de jurys. Donc, les gens sont évalués par leurs
pairs. On serait très mal aisés... D'abord, je serais la
première, très mal aisée d'évaluer, ne serait-ce
que le contenu culturel. Évidemment, il en va de notre
subjectivité à tous et à toutes d'évaluer un
contenu culturel. Je dois absolument m'en tenir à leur évaluation
que c'est un organisme qui ne présente pas, en termes de performance
artistique et administrative, des performances satisfaisantes.
Dans le fond, leur recommandation, c'est... La recommandation du
financement, je dis, maintenant que tout ça, c'est à
l'étude. Leur recommandation, c'est de dire: On est une population qui
n'est quand même pas énorme, ici, au Québec. Alors, il
s'agit maintenant d'appuyer et de se donner, par des fonds publics - parce
qu'on gère des fonds publics - tout organisme ou toute troupe qui
présente, qui apporte et qui ajoute à la vie culturelle du
Québec, soit à son développement - donc, organisme
d'avant-garde, de création d'avant-garde, etc. - soit à son
éducation. Là, j'amène toute la question du
répertoire et je suis certaine que nous allons en parler plus tard.
M. Boulerice: Donc, organisme non performant, la vision
"économiciste" que donne Samson Bélair, là, vous ne
l'achetez pas, pour employer votre vocabulaire.
Mme Frulla-Hébert: Pardon?
M. Boulerice: Vous ne l'achetez pas, cette vision très
"économiciste"...
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que je
n'achète pas le... Moi, ce que je n'achète pas, c'est le
terme...
M. Boulerice: Si on peut poursuivre avec cet anglicisme...
Mme Frulla-Hébert: ...de performant ou de non performant.
On peut appeler contribuant ou non... On va revenir, tantôt, quand on va
regarder programme par programme. Il y a des études qui ont
été faites avec le milieu, au niveau du théâtre, par
exemple - je suis certaine qu'on va en discuter tantôt - et qui font en
sorte que par l'évaluation même des pairs, on peut dire: Bon, il y
a certains organismes qui apportent ou qui ajoutent à la vie culturelle,
qui ajoutent au développement culturel et d'autres qui n'ajoutent pas.
Maintenant, c'est la question que je mets sur la table pour les organismes.
S'il y en a, ce n'est pas à moi, c'est vraiment au milieu à me le
dire s'il y en a qui n'ajoutent pas. Est-ce qu'il est juste de priver de fonds
les organismes qui apportent, qui travaillent et qui, finalement, se
développent parce qu'il y a certains organismes qui en
bénéficient et qui ne devraient pas? C'est une question que je
pose au groupe Arpin et que je pose au milieu.
M. Boulerice: La recommandation 12?
Mme Frulla-Hébert: La recommandation 12. Évaluer et
pondérer l'utilisation de la gratuité. Toutes les questions de
gratuité... parce qu'on dit, ici: Comme outil d'animation, de
démocratisation des arts, de la culture... (11 h 15)
Nous sommes d'accord avec l'affirmation selon laquelle la question de la
gratuité ne fait pas l'unanimité dans le milieu. D'un
côté, on se dit: Si le spectacle est gratuit, les gens y vont,
mais ce n'est pas générateur de fonds... et parce que les gens y
vont quand c'est gratuit, quand c'est le temps de voir ces mêmes
artistes-là et de payer, ils n'y vont pas parce qu'on dit, tout
simplement: Oui, mais on est capable de les voir. Au Festival de jazz, par
exemple, on est capable de les voir gratuitement, d'année en
année. Alors, toute la préoccupation au niveau de la
gratuité rejoint assez d'intervenants parce que c'est une
préoccupation qui a été mise sur la table. Il y a
plusieurs intervenants qui nous en ont parlé. Donc, c'est une
préoccupation qui vaut la peine qu'on s'y attarde et qu'on programme une
évaluation beaucoup plus spécifique de cette question. Notre
rôle, a nous, ce n'est pas de dire: II y a gratuité, il n'y a plus
gratuité. On ne peut pas être un gouvernement aussi
interventionniste et je ne pense pas que c'est la volonté de qui que ce
soit. Par contre, on peut fournir du soutien de telle sorte que les divers
intervenants du milieu puissent étudier le phénomène de la
gratuité. Donc, ce qu'on fait, c'est un soutien à la recherche,
un support technique, etc.
M. Boulerice: Si on adopte ça, c'est ia fin
du Festival d'été de Québec.
Mme Frulla-Hébert: Comme je vous dis écoutez
bien... Tout le phénomène de la gratuité et l'étude
de la gratuité, ce sont les intervenants qui s'interrogent. Ce n'est pas
le ministère, ce sont les intervenants du milieu culturel qui
s'interrogent. Alors, nous, ce qu'on dit, c'est: Vous vous interrogez et il y
assez de monde qui s'interroge là-dessus... Alors, parfait, vous vous
interrogez. Nous, on peut vous donner le support financier pour aller plus loin
dans votre interrogation. Mais c'est vraiment une discussion au niveau du
milieu culturel. Le gouvernement ne peut pas arriver et bannir la
gratuité, ça n'aurait aucun bon sens. Alors, c'est vraiment une
interrogation du milieu culturel, pour le milieu culturel, milieu qui doit et
qui le fait par lui-même... Il s'organise de mieux en mieux et se
discipline aussi de mieux en mieux parce que les infrastructures sont plus
fortes.
Recommandation 13: Regrouper le nombre de programmes existants et
adopter un concept de porte d'entrée. Je l'ai dit tantôt, nous
avons annoncé... procéder au regroupement... Et il était
temps.
M. Boulerice: II était temps. Ça faisait six
ans!
Mme Frulla-Hébert: Oui, il était temps. Mais
là, c'est fait. Je vous le dis que je vais vous tenir occupé. Je
ne pense pas quitter demain.
M. Boulerice: Vous ne m'épuiserez pas, rassurez-vous quand
même.
Mme Fnrulla-Hebert: Pardon?
M. Boulerice: J'ai dit. Vous ne m'épuiserez pas,
rassurez-vous quand même.
Mme Frulla-Hébert: Bon, alors parfait, nous allons
travailler ensemble. Vous avez toujours dit que vous alliez travailler pour la
culture et non contre la ministre. Alors, nous formons une bonne équipe
et nous allons continuer ainsi que les députés de la culture.
Là, ce qu'on fait c'est que pendant 30 ans, des programmes se
sont ajoutés. On s'est retrouvés avec 56 programmes. Nous
annonçons maintenant... et je peux déposer d'ailleurs la liste
comparative des programmes pour votre gouverne. Je l'ai ici.
Le Président (M. Gobé): On accepte le
dépôt, Mme la ministre. Le document sera distribué à
chacun des membres de cette commission.
M. Boulerice: La recommandation 14, je vous avoue la trouver
intéressante. Ça fait des années que je la
réclame.
Mme Frulla-Hébert: Laissez-moi finir la 13 parce que
finalement, c'est un gros, gros travail au niveau du ministère. Il y a
toute un restructuration du ministère qui se fait et
présentement, il y a un gros travail qui s'est fait. Je dois souligner
le travaH de Mme Malo, ma sous-ministre et...
M. Boulerice: Joliettaine d'origine, je crois. Mme
Frulla-Hébert: Pardon? M.Boulerice: Joliettaine
d'origine? Une voix: Oui, oui.
Mme Frulla-Hébert: Ah, bon alors. C'est pour
ça...
M. Boulerice: Ça va être intéressant de
discuter avec elle du Festival de Lanaudière.
Mme Frulla-Hébert: Parfait, on va en discuter
ensemble.
M. Boulerice: On va profiter de la présence du leader de
l'Opposition, le député de Joliette.
Mme Frulla-Hébert: Alors, de toute façon, je tiens
à souligner le travail de Mme Malo, ma sous-ministre, ainsi que des
sous-ministres adjoints et de tous les directeurs. La restructuration du
ministère est plus qu'une restructuration, c'est aussi un changement
profond. Il y a une décentralisation. C'est un changement aussi de
culture. Prendre 56 programmes et les regrouper en 32 programmes, ce n'est pas
facile non plus parce que ça demande un changement au niveau des
façons de voir les choses, de devenir un guichet unique au niveau des
gens qui travaillent au ministère des Affaires culturelles. Certains
sont là d'ailleurs depuis la fondation du ministère,
c'est-à-dire depuis 30 ans. Alors, ça demande aussi tout un
changement de méthodes de travail et je tiens à souligner,
premièrement l'apport du ministère et sa volonté aussi de
participer à ce bouleversement.
Deuxièmement, je pense que je vais laisser Mme Malo - parce que
c'est une bonne nouvelle quand même pour le milieu, d'ailleurs, ils ont
travaillé tellement fort avant mon arrivée - nous en parler
pendant quelques minutes.
Le Président (M. Gobé): Mme Malo, vous avez la
parole.
Mme Malo (Nicole): Mme Nicole Malo, sous-ministre du
ministère des Affaires culturelles.
Nous avons, au cours de la dernière année, fait plusieurs
consultations avec l'étude sur le financement des arts, par nos contacts
personnels et une certaine lecture de la réalité des
milieux culturels et des nouveaux besoins. Nous avons fait un bilan des
interventions du ministère qui, il faut le dire, avait été
profondément réorganisé au début des années
1980, entre les années 1981 et 1983. C'est à ce moment-là
qu'on avait amorcé la régionalisation du ministère.
Nous avions, à l'époque de 1981-1983, un milieu culturel
beaucoup moins organisé que maintenant où à peu
près tout était en développement. Toute la structure des
programmes du ministère était axée ainsi: fournir le plus
de portes d'entrée au plus de clientèles possible, et essayer de
soutenir aussi les organismes culturels dans leur propre apprentissage
d'organisation et de gestion des milieux culturels, des produits culturels et
des organismes culturels. Nous nous retrouvons en 1991 avec un milieu culturel
beaucoup plus organisé et un milieu culturel qui fait face maintenant
à toutes sortes de réalités très
différentes, maintenant prêt à aborder avec nous un autre
mode de relations. En introduisant la notion de guichet unique le plus
possible, donc de donner à chaque organisme un répondant du
ministère dans sa région, en lui permettant de faire une demande
unique au ministère pour l'ensemble des demandes qui, jusqu'à
maintenant, se faisaient à travers deux ou trois programmes ou
même quatre programmes. En introduisant aussi la possibilité
d'élargissement d'ententes triennales, nous fournissons maintenant au
milieu culturel - plus en mesure et plus organisé - cette
possibilité de planifier à plus long terme et de disposer
vraiment d'une marge de manoeuvre beaucoup plus grande dans sa propre
organisation.
Nous procédons en 1991-1992 à la régionalisation de
la gestion des dossiers de musées, de centres d'exposition dans toutes
les régions du Québec et de la gestion des organismes en arts
d'interprétation, c'est-à-dire théâtre, danse,
musique, art disciplinaire dont la gestion avait été
conservée au central, principalement pour la région de
Montréal et de Québec, de sorte que maintenant, toutes les
troupes et tous les organismes culturels de Montréal seront
gérés de Montréal. Les organismes de Québec seront
gérés de la direction générale de Québec.
Cela, pour nous permettre de faire une intervention beaucoup plus
articulée à la fois au niveau de l'aide au fonctionnement, de
l'aide aux équipements et en intégrant toutes les composantes.
Nous retrouvons de plus en plus de dossiers qui impliquent des interventions en
matière de patrimoine, en matière d'équipement culturel et
de soutien à l'organisation et à la programmation des organismes.
Nous sentons ce besoin de continuer la régionalisation et d'intensifier
cette approche beaucoup plus intégrée auprès de nos
clientèles.
Le Président (M. Gobé): Merci, madame. M. le
député Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Tables sectorielles
M. Boulerice: Les réponses sont, à notre point de
vue, satisfaisantes. Quant aux autres, je pense qu'on en a déjà
discuté; de toute façon, on va en discuter dans l'autre volet,
inévitablement. L'autre question que j'aimerais poser, vous parlez de
votre table de concertation avec les municipalités. Comment pensez-vous
être crédibles face aux municipalités, madame, lorsque vous
allez leur demander d'investir plus dans le domaine de la culture alors que
votre gouvernement les endette de je ne sais combien de centaines de millions
de dollars actuellement? Comment pensez-vous établir une
crédibilité face aux municipalités quand vous êtes
partie prenante d'un gouvernement qui ne fait pas de partenariat avec les
municipalités mais bien du pelletage?
M. Chevrette: On vous écoute, madame.
Mme Frulla-Hébert: Vous savez que les
municipalités... D'abord, il y a deux choses. Premièrement, en
termes de culture." moi, je ne suis pas ici pour discuter, ni commenter. Le
ministre des Affaires municipales doit avoir ses raisons. Au contraire, il a
beaucoup, beaucoup plus d'expérience que moi...
M. Boulerice: Pardon?
Mme Frulla-Hébert: Beaucoup, beaucoup plus
d'expérience que moi.
M. Boulerice: Ça dépend dans quel domaine.
M. Chevrette: L'expérience puis le jugement, ce sont deux
choses distinctes, madame.
Mme Frulla-Hébert: Comme je le dis, on est ici aux
Affaires culturelles...
Le Président (M. Gobé): Je pense qu'on va laisser
Mme la ministre s'exprimer.
Mme Frulla-Hébert: Non, mais si vous permettez, on est ici
aux Affaires culturelles. Alors, je veux juste toucher le domaine sectoriel.
Les tables sectorielles devraient s'amorcer au mois de septembre, ce qui laisse
au ministre des Affaires municipales tout le loisir et le temps de finir. On
lui demande d'ailleurs d'achever sa discussion. Mais je reviens au niveau
culturel, nous, ce que l'on veut faire avec les municipalités ce n'est
pas de pelleter dans leur cour, au contraire. Puis ça, je veux que ce
soit noté. Au contraire, c'est vraiment d'échanger au niveau du
partenariat, premièrement, et deuxièmement, d'établir des
priorités qui sont conformes et complémentaires. Certaines
villes, je l'ai mentionné tantôt, telles Montréal et
Québec et certaines villes aussi qui sont plus petites, Saint-Hyacinthe
en est une, on parle de Boucherville,
de Châteauguay participent très bien au niveau de la vie
culturelle. Je parle de mon comté, la ville de LaSalle aussi. Certaines
villes sont convaincues de l'apport de la culture et y apportent d'ailleurs
fonds et soutien. La seule chose que l'on veut, c'est de pouvoir s'asseoir,
justement, avec les municipalités pour discuter d'une meilleure synergie
entre nos actions et les leurs. En termes culturels, c'est évident que
la discussion se situe présentement de façon globale et on doit
laisser le ministre des Affaires municipales achever ses discussions. Mais moi,
je suis convaincue quand même...
M. Boulerice: Ah! Pour achever, il va achever les
municipalités, ne vous inquiétez pas.
Mme Frulla-Hébert: Je suis convaincue... Bien, il y a des
choses, il y a des apports - vous allez être d'accord avec moi -
où il y a quand même besoin d'une restructuration. Je reviens au
principe que 1500 municipalités au Québec, c'est beaucoup. Mais
ceci dit, ce sont ses discussions à lui. Mais je suis quand même
convaincue que quand nous allons nous asseoir avec les municipalités,
c'est-à-dire en septembre, au niveau de la table
Québec-municipalités-culture, la discussion se situe quand
même à un autre niveau et vraiment dans un autre domaine, domaine
où les municipalités - plusieurs, entre autres, les grosses -
sont convaincues de l'apport de la culture. Maintenant, il faut que ce soit un
effet d'entraînement au niveau, premièrement, des petites et,
deuxièmement, voir encore une fois comment nos actions peuvent
être mieux synchronisées, tout simplement. Ce n'est pas de
pelleter la culture mais c'est d'intéresser les municipalités
à s'intéresser elles-mêmes davantage à la culture,
sans, pour nous, nous décharger de nos responsabilités.
M. Boulerice: Je vous en prie, cher collègue. Ententes
MAC-villes
M. Messier: De façon tangible, comment va-t-on la
percevoir, cette nouvelle relation, au ministère des Affaires
culturelles? Vous pariez de Duchesnay, je vais y revenir tout à l'heure.
Mais de quelle façon, sur le terrain, on va voir l'implication?
Mme Frulla-Hébert: Bien, c'est-à-dire qu'on le fait
déjà. Il y a des espèces de projets-pilotes qu'on a
commencés et qui fonctionnent très bien. Par exemple, les
ententes MAC-villes, autant au niveau de Montréal que de Québec.
Nous sommes en train d'en développer d'autres, avec Laval, par exemple.
Des ententes où, au niveau du patrimoine, des musées, des
bibliothèques, c'est-à-dire au niveau des infrastructures, nous
mettons... Dans le cas de Québec, c'est une entente de 40 000 000 $,
plus ou moins, où nous mettons 20 000 000 $ La ville de Québec
met 20 000 000 $ et c'est pour une période de cinq ans. Ce que l'on
fait, c'est que tout développement, au niveau du patrimoine, au niveau
mu-séal - le patrimoine, c'est seulement pour Québec. Pour
d'autres villes, c'est peut-être d'autres... C'est parce que. ici, dans
la ville de Québec, au niveau du patrimoine, elle a des besoins
énormes. Mais au niveau de l'entente MAC-villes, c'est une entente sur
le patrimoine où tous les projets sont analysés mais avec un
groupe qui réunit autant les gens du ministère que les gens de la
ville. Les projets sont analysés par priorité et c'est la ville
qui est maître d'oeuvre des projets.
M. Messier: Est-ce que...
Mme Frulla-Hébert: Maintenant, il y a certaines ententes
culturelles ou de développement culturel qui sont faites - c'est vrai -
avec les villes et qui sont aussi intégrées à l'entente
MAC-villes. Ce sont, finalement, des ententes globales qui touchent tous les
secteurs. Mais ça, ça veut dire que chacun des projets est
analysé avec la ville, selon les priorités de la ville et aussi,
celles du ministère. Si on veut développer un secteur qui a des
besoins versus un autre, c'est la ville qui est le maître d'oeuvre parce
que la ville, évidemment, doit soutenir, si on veut, les
opérations.
M. Messier: Est-ce que la formation d'un guichet unique pourra
favoriser le transfert de certaines responsabilités? Le fait de
récupérer certains budgets d'autres ministères...
Disons... Je fais référence au Festival culturel des Mas-koutains
où on n'a pas pu avoir de subvention parce que vous vous occupez des
professionnels et que ça, c'est une clientèle d'amateurs. Il a
fallu faire affaire avec le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche et, d'après moi, ce n'est pas sa vocation. Est-ce qu'on
pourrait...
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que...
M. Messier:... peut-être favoriser un transfert de sommes
d'argent au niveau des municipalités ou des organismes dans les
régions? (11 h 30)
Mme Frulla-Hébert: Là, vous touchez un bon point.
Finalement, quand on parle de toute la politique, nous, au niveau des Affaires
culturelles, et c'est un bel exemple... Aux Affaires culturelles, on ne
s'occupe que du secteur professionnel, on ne touche pas au secteur amateur.
C'est le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui
touche à tout le secteur amateur et qui, évidemment, juge si un
organisme doit être subventionné versus un autre. Ça fait
partie, ça va faire partie des discussions que nous avons et que nous
aurons avec les différents ministères et d'une discussion
qui est beaucoup plus globale au niveau de l'énoncé
politique. Au moment où on se parle, le système est fait en sorte
qu'on n'y touche pas. Évidemment, on ouvre la concertation autant avec
le ministère de l'Éducation, le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche qu'avec le ministère des Communications pour
voir justement s'il y a lieu... Mais on ne peut pas s'Ingérer dans
d'autres ministères non plus. Il faut faire attention, il faut y aller
au niveau d'une politique globale. Une fois que la politique globale est
entérinée par le gouvernement, alors les choix se placent.
Le Président (M. Gobé): Merci, Madame. J'ai juste
un petit complément de question, si vous permettez, Mme la ministre. Si
je comprends bien vos derniers propos, Mme la ministre, vous semblez nous
indiquer qu'il pourrait y avoir une espèce de confusion entre le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et la culture
dans le cas des amateurs. Je crois qu'à ce titre-là, c'est un
point très important quand on sait qu'une grande partie de la culture
est faite par des amateurs, les professionnels ne représentant que la
pointe de l'iceberg. C'est un anglicisme que le mot iceberg, dans cette
commission de la culture, c'est dommage mais c'est une image. Je crois que vous
avez conscience de ça car, en effet, il peut paraître un peu
paradoxal pour un ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ¦
d'avoir à prendre des décisions concernant la culture et d'avoir
à mélanger ça avec les loisirs. Est-ce que vous entendez
faire des démarches plus poussées dans ce sens-là ou
est-ce que c'est déjà commencé? Est-ce juste une
impression que vous nous avez donnée aujourd'hui? C'est très
intéressant comme approche.
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'on doit
aborder... Premièrement, une correction: On s'entend entre
ministères, c'est très facile, surtout avec le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, il n'y a pas de confusion dans le
sens où on s'entend très bien.
Mais il y a toute la question du partenariat à l'interne qui
devra être abordée de façon ouverte, ce qui n'a pas
été fait à date. Chacun travaillait de façon
sectorielle du mieux qu'il pouvait, mais il va falloir ouvrir maintenant cette
notion de partenariat, si encore un fois on en est - comme Mme Malo le disait
tantôt - à une ère de meilleure efficacité,
d'implication... On revient avec le terme partenariat et on essaie de plus en
plus... La restructuration de ministère et la décentralisation du
ministère sont faites en fonction de ça. Les ententes avec les
municipalités sont faites en fonction de ça. Quand on
amène sur la table la notion de partenariat et de partenaires, ce n'est
pas antagoniste, ce n'est pas le ministère qui chapeaute et qui devient
le grand parrain de tout le monde, c'est vraiment un ministère
partenaire.
Quand on développe la notion de partenariat, il faut ensuite se
regarder à l'intérieur de son propre système et voir
maintenant où et par qui le secteur culturel est touché, et
développer de plus en plus cette notion de partenariat ou encore la
notion de guichet unique, mais là il faut s'asseoir avec les
ministères pour en parler.
Le Président (M. Gobé): C'était ma
dernière question. Vous pourriez aller jusqu'à souhaiter que tout
ce qui concerne le loisir culturel soit sous la responsabilité de la
culture.
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'il faut faire
attention parce qu'il y a une question loisirs proprement dits...
Le Président (M. Gobé): Mais on parie culturel,
culture.
Mme Frulla-Hébert: ...et il y a troupes d'amateurs. Au
moment où on se parte - évidemment, comme on le sait, c'est dans
l'autre ministère - il faudrait s'asseoir avec le MLCP et voir si un
partenariat accru... ou encore voir maintenant quelle est l'implication de tout
le secteur amateur et développement culturel au niveau de l'amateurisme.
Ça, il va falloir le regarder de près et je dois vous avouer que
jusqu'à maintenant, ça n'a pas été fait.
Le Président (M. Gobé): Mais c'est votre intention
de le faire d'après ce que je vois.
Mme Frulla-Hébert: Oui, c'est mon intention de le faire et
d'ouvrir... Je dis que toute la question du partenariat...
Le Président (M. Gobé): C'est clair comme...
Mme Frulla-Hébert: ...autant au niveau du ministère
de l'Éducation qui attend d'ailleurs nos suggestions et nos
recommandations après le travail du groupe-conseil qui, pour l'instant,
a terminé ses consultations avec les différents partenaires du
milieu, qui attend nos propositions pour voir la mise en oeuvre. Même
chose pour le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
ils attendent tout simplement nos recommandations et nos suggestions pour
pouvoir voir de quelle façon on peut mieux travailler ensemble.
Le Président (M. Gobé): Donc, lors de la prochaine
étude des crédits, l'année prochaine, on pourrait avoir
des résultats.
Mme Frulla-Hébert: Nous l'espérons.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: C'est ce que nous visons aussi.
Le Président (M. Gobé): Avec le consentement de
notre collègue, c'est l'alternance qui doit jouer.
M. Boulerice: Mais n'abusez pas.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Saint-Hyacinthe, avec cette grande invitation à...
M. Messier: C'est parce que vous avez parlé de
décentralisation ou de déconcentration des programmes. Nous, les
députés de la Montérégie, on espère vous
voir pour l'inauguration du bureau régional en Montérégie,
situé à Saint-Jean, à quelques kilomètres de
Saint-Hyacinthe. On a failli l'avoir. Je peux au moins me consoler, c'est en
Montérégie.
Est-ce qu'on parle de décentralisation ou de
déconcentration des programmes vis-à-vis des directions
régionales?
Mme Frulla-Hébert: On parle de déconcentration.
M. Messier: Donc, pouvoir...
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que la mise en
oeuvre du programme - la philosophie du programme, la définition du
programme, les objectifs, etc. - la gestion du programme ainsi que les
enveloppes budgétaires afférentes seront simplement
transférés. Donc, déconcentration au niveau des
régions.
M. Messier: Dans un laps de temps relativement court? Est-ce que
c'est l'ensemble des programmes ou quelques programmes? Est-ce que ça va
se faire dans un laps de temps relativement court?
Mme Frulla-Hébert: Je vais laisser Mme Malo, qui s'occupe
de la gestion, vous en parler.
Mme Malo: Actuellement, les directions régionales
gèrent plusieurs programmes, donc la totalité des programmes
d'aide financière au patrimoine. Elles gèrent aussi les
programmes d'aide aux artistes, les programmes de soutien à des
organismes culturels. Comme je vous ai dit, les musées et les centres
d'exposition étaient gérés... et les budgets
étaient centralisés. Ce sera déconcentré cette
année dans l'ensemble des régions, musées et centres
d'exposition. Pour Montréal et Québec, surtout, on avait
conservé la gestion centralisée de certains organismes en arts
d'interprétation. La gestion de ces dossiers sera
déconcentrée dans Montréal et Québec.
Nous allons procéder cette année à une
évaluation de l'ensemble des dossiers sur les événements
majeurs et nous comptons procéder à une déconcentration de
la gestion des événements majeurs pour 1992-1993. Nous allons
aussi considérer de quelle façon nous pouvons rap- procher
davantage tout le secteur des bibliothèques de la gestion
régionalisée, et nous faisons, sur un calendrier de deux ou trois
ans à venir, une déconcentration de la plupart des programmes
d'aide financière.
Il reste certains programmes qu'il ne serait pas souhaitable ni possible
de décentraliser, comme, par exemple, tout le soutien à la
circula tion des spectacles hors du Québec. C'est une enveloppe qui doit
subir une évaluation nationale. Il reste aussi l'aide aux artistes qui
présentent quelques années d'expérience et qui demandent
une évaluation nationale pour être comparés à des
pairs du même type d'expérience et du même niveau
d'expérience. Donc, il va rester quelques programmes qui ne seront sans
doute pas "régionalisables", si on veut, mais notre objectif, c'est que
la totalité des programmes qui puissent être gérés
sur une base régionale le soient dans une période maximale de
deux ans.
M. Messier: Merci, Mme Malo.
Le Président (M. Doyon): M. le député,
d'autres questions?
M. Messier: J'en ai d'autres, oui, mais je pense que...
Le Président (M. Doyon): Ultérieurement?
M. Messier: ...ultérieurement. Je vais laisser la place au
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Rapatriement des pouvoirs en matière de
culture
M. Boulerice: il y a une aile souverainiste importante dans le
Parti libéral, Mme la ministre. Personnellement, je m'en réjouis.
Samedi, il y a deux semaines, d'ailleurs, il y avait un
dîner-bénéfice au profit de la campagne de financement dans
ma circonscription et il y avait de nombreux anciens organisateurs du Parti
libéral de Sainte-Marie-Saint-Jacques, même des membres de
l'actuel exécutif du Parti libéral qui étaient
présents et qui ont pris, d'ailleurs, leur carte de membre du Parti
québécois dans ma circonscription. Donc, c'est une
complète adhésion à la souveraineté. J'ai vu
là, aussi, une façon délicate de leur part de
témoigner de l'efficacité de leur député dans leur
circonscription. Je vous avoue que j'en étais presque ému, des
choses comme celle-là.
Maintenant, je ne sais pas si, au niveau de la souveraineté, la
ministre appartient au groupe du samedi ou du dimanche. Je fais allusion au
Parti libéral. Certains votaient le samedi, d'autres applaudissaient le
dimanche. Cette aile souverainiste du Parti libéral est
bafouée,
désavouée continuellement par le premier ministre du
Québec. Même, encore, dans une récente déclaration,
hier soir, avec monsieur Getty, le premier ministre d'Alberta, je crois. Alors,
la ministre, je pense, va être sans doute intéressée
à parler de politique culturelle versus souveraineté. Est-ce que
la ministre croit que le rapatriement des pouvoirs d'Ottawa et surtout
l'argent, puisque c'est le nerf de la guerre, ça peut s'effectuer dans
le régime politique actuel?
Mme Frulla-Hébert: Je pense qu'on n'est pas ici pour
parler... si j'étais du samedi ou du dimanche - de toute façon,
nous sommes lundi, mardi plutôt.
Une voix: Ne vous fiez pas au député de LaFontaine,
Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Ha, ha, ha! C'est parce que lui, il est
une journée en retard en France. Deuxièmement, je pense autant
aux Communications, vous savez comme moi, qu'aux Affaires culturelles. J'ai
dénoncé et décrié le système, pas parce
qu'il y a de la mauvaise volonté de part et d'autre, mais tout
simplement parce que le système était contradictoire en termes
d'action et en termes philosophiques, autant du côté
fédéral, on se doit de promouvoir la culture canadienne sur le
territoire canadien, autant au niveau provincial, on se dit une
société distincte et on l'est. On se doit de promouvoir et de
développer la culture québécoise. Ce faisant, certains
intervenants ont essayé... Je parle de mon ex-homologue qui est
maintenant à la Défense, et qui, avec toute la bonne
volonté développait ou enfin, s'impliquait au niveau du
Québec, selon ses priorités et celles de son gouvernement; il le
faisait avec diligence et avec bonne volonté. Le problème, c'est
que ses priorités n'étaient pas toujours les nôtres. Le
problème, c'est qu'on pouvait promettre au niveau fédéral
et ensuite de ça, il y a toute la part de la machine
fédérale qui est autre chose. Mais on pouvait promettre au niveau
fédéral ou se promener dans diverses villes et comtés, on
pouvait promettre des infrastructures, on promettait du support, mais toujours
en disant tout simplement avec la promesse la phrase suivante: Dépendant
de l'intervention du provincial... Ce qui fait que si le provincial ne voulait
pas, après tous les espoirs, etc., après avoir monté toute
une population, après avoir monté une ville entière, le
provincial se retrouvait toujours, et se retrouve encore toujours, dans le
rôle de celui qui se doit de dire non. Alors, combien de projets
où nous aurions préféré attendre pour en
développer d'autres.
M. Boulerice: Oui. Mais là, ce n'est pas la
réponse. Ma question était... Mme la ministre, je suis
obligé de vous reprendre. Vous vous égarez...
Mme Frulla-Hébert: Bien, je vous explique le contexte.
M. Boulerice: Est-ce que vous continuez à dire que le
rapatriement de tous les pouvoirs est possible dans le régime politique
actuel?
Mme Frulla-Hébert: Au niveau culturel, je pense
effectivement que le rapatriement des pouvoirs est - écoutez, on ne peux
pas prédire l'avenir - fort problable. Nous allons y travailler
très fort. S'il y a un domaine, autant au niveau québécois
qu'au niveau des autres provinces, s'il y a un domaine où on ne peut pas
nous enlever, si on veut, notre volonté, notre juridiction, c'est bien
le domaine de la culture. Alors, on peut interpréter les changements
ministériels. On peut interpréter, comme on veut, tous ces
changements au niveau du cabinet fédéral, les changements de
dimanche. Mais ceci dit, non seulement, comme je répète, nous
croyons que c'est possible, mais nous allons travailler à ce que ce soit
possible. Autant je l'ai fait aux Communications, autant au niveau de la
culture... Au niveau de la culture, évidemment, le fait que ce ne soit
pas enchâssé dans la constitution, c'est d'autant plus
réalisable. (11 h 45)
M. Boulerice: Au niveau de la communication, vous admettrez que
les progrès sont minces...
Mme Frulla-Hébert: Ah, il ne faut pas dire ça!
M. Boulerice: ...mais en persistant dans votre assertion, Mme la
ministre, que c'est possible dans le contexte actuel, vous ne vous
éloignez pas du milieu de la culture, parce que tous les groupes qui
sont intervenus à la commission Bélanger-Campeau ont dit que ce
n'était pas possible sans souveraineté? Il y a même M.
Turgeon qui a dit avec une voix peut-être plus portante que les autres,
compte tenu de son elocution, et qui fait partie de votre groupe-conseil, que
ce n'était pas possible sans la souveraineté. Là, vous
vous éloignez très nettement du milieu de la culture.
Mme Frulla-Hébert: Ce n'est pas évident. M.
Boulerice: Lui dit le contraire de vous.
Mme Frulla-Hébert: Avec tout le respect que je dois
à mon ami Serge Turgeon, qui est un conseiller précieux, aux
intervenants, ce n'est pas évident. Pas plus que c'est évident de
dire que la dette serait de 302 000 000 000 $. Vous allez avouer avec moi, de
part et d'autre, quand on parie de rapatriement de pouvoirs ou de
séparation pure et simple comme dirait mon collègue Gil
Rémillard, de séparation pure et dure, on est quand même
dans l'inconnu. Ce
n'est pas évident de dire que quand on s'assoit pour une
négociation de pouvoirs, au moins au niveau des pouvoirs culturels... Je
sais qu'au niveau des communications, oui, II y a un problème au niveau
constitutionnel quant aux télécommunications, mais il y a un
cheminement qui se fait. Je m'excuse, au niveau culturel ce n'est pas
évident qu'on ne peut pas s'asseoir. Dire que le champ culturel en soi
devrait être dirigé et être entre les mains du Québec
puisque les Québécois se doivent d'être garants de leur
culture en tant que société distincte d'une part, et que
finalement, ce champ culturel se doit d'être transféré tel
une péréquation avec les fonds, ça s'est fait au niveau de
l'immigration, je ne vois pas pourquoi ça ne se ferait pas au niveau de
la culture.
Ceci dit, il est hors de question aujourd'hui de parler
d'allégeance à la souveraineté ou non... mais de parler
tout simplement de fonctionnement. Ce n'est pas évident. Chose certaine,
il y a une duplication. De toute façon, on est en train de travailler
à la demande, d'ailleurs, du comité constitutionnel. Il y a une
duplication au niveau des services et des programmes. Les programmes sont
collés, ils sont pareils. Il y a un coût à cette
duplication qui est ridicule pour les Québécois et les Canadiens
de payer. Alors, ce n'est absolument pas évident, et moi je pense
sincèrement qu'en 1990, avec de la logique, avec des preuves à
l'appui, on peut faire un grand chemin.
M. Boulerice: Êtes-vous d'accord avec la déclaration
que faisait votre ancien collègue Séguin, qui disait que si les
Québécois connaissaient le coût du
fédéralisme ils le quitteraient le plus rapidement possible? Vous
avez parlé de dédoublement de structures, etc. Je pense que c'est
une observation assez intéressante de la part d'un ancien ministre du
Revenu, première question. Deuxième question, où en
êtes-vous au niveau des négociations avec le gouvernement
fédéral central du Canada pour ce qui est du rapatriement des
pouvoirs du Québec?
Mme Frulla-Hébert: Bon, ceci dit, finalement, à
l'affirmation de mon collègue M. Séguin, i! a peut-être
raison. Mais je peux vous dire aussi que si les Québécois
connaissaient le coût de la séparation, il y en a peut-être
qui n'y iraient pas non plus. Alors, c'est de part et d'autre, là.
M. Boulerice: Là, elle dit dimanche.
Mme Frulla-Hébert: Non, sans affirmer que je suis samedi
ou dimanche. D'une part, je répète logiquement que c'est vrai, le
fédéralisme coûte cher. Peut-être que oui il y a
duplication, et oui il est temps qu'on change de système. D'autre part,
on tombe aussi dans l'inconnu, et on est en train de l'évaluer ensemble
par des comités constitutionnels
Au niveau des négociations avec.. Finale ment, les
négociations au niveau fédéral provln cial, bien vous
savoz comme moi que ce n'est pas à nous, c'est à mon
collègue le ministre Gil Rémillard d'entreprendre des
négociations. Elles se font d'une façon globale. On nous demande
à chacun des ministères de fournir - on est en train de le faire
présentement - un document sur l'impact de ces transferts de pouvoirs et
nous sommes en train d'y travailler. Donc, c'est un travail qui se fait
indépendamment de l'autre travail qui, pour nous, est la gestion
quotidienne, et qui fait en sorte qu'on tient à ce que le gouvernement
fédéral s'accroche à nos priorités, et n'arrive pas
dans le système pour développer selon ses priorités, en
tenant compte que le gouvernement fédéral a globalement un budget
qui est quand même fort supérieur au nôtre. Juste pour vous
dire que nous allons rencontre» très bientôt le nouvel
homologue pour nous assurer qu'il part du bon pied.
M. Boulerice: Vous n'êtes pas chanceuse. Au lieu d'avoir
Warren Beatty, vous allez avoir Perrin Beatty.
Mme Frulla-Hébert: Bien oui. On avait souhaité
Warren Beatty. Malheureusement...
M. Boulerice: Malheureusement, mais ce rapport sur les
coûts, est-ce que ça va être disponible pour les membres de
la commission?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire disponible,
là, c'est du travail interne.
M. Boulerice: Mais ça va être rendu public.
Mme Frulla-Hébert: Écoutez, ce sera disponible au
niveau du contexte global. C'est un travail interne qui se fait pour,
justement, le groupe constitutionnel qui est formé et qui est
mené par son président, Gil Rémillard. Alors, quand
celui-ci rendra les documents disponibles, les documents seront
disponibles.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. M. Boulerice: Je
n'ai pas terminé.
Le Président (M. Doyon): Vous n'avez pas terminé.
Alors, en terminant...
M. Boulerice: Est-ce que la...
Le Président (M. Doyon): Après, M. le
député de LaFontaine, vous aurez la parole.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre a
obtenu des précisions quant au coût global? Mme
Frulla-Hébert: Pardon?
M. Boulerice: Vous avez dit que vous étiez pour demander
au ministre fédéral. Vous avez déjà demandé
ou vous êtes en voie de demande pour ce qui est des coûts du
rapatriement de ces pouvoirs?
Mme Frulla-Hébert: Non, non. Les études qui se
font, ce sont les études internes. On ne demandera pas au ministre
fédéral tout simplement de faire nos études pour nous.
C'est comme dans tous les ministères. Ce sont des études d'impact
qui se font en fonction, justement, du comité constitutionnel pour
donner des éléments ou, enfin, des outils à ce
comité présidé par M. Rémillard, à ce
comité de travailler tout simplement. Ça se fait au niveau de
l'environnement, ça se fait au niveau d'autres ministères, ce
n'est pas une surprise. Ça, ça a été dit d'ailleurs
publiquement il y a peut-être un mois et demi.
M. Boulerice: Et...
Mme Frulla-Hébert: Mais nous rencontrons l'homologue
fédérai, par exemple, au niveau du quotidien. Ça, je peux
vous dire ça tout de suite.
M. Boulerice: ...très brièvement, puisqu'on est
toujours dans l'élément 1. Bon. L'échéancier du 14
juin pour ce qui est du groupe-conseil...
Le Président (M. Doyon): Monsieur, est-ce que vous avez
fini le sujet que vous étiez en train de discuter, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques?
M. Boulerice: Je suis toujours dans le même programme.
Le Président (M. Doyon): Oui, évidemment. M. le
député de LaFontaine.
M. Gobé: Alors, merci. Juste parce que j'ai entendu
quelques réflexions de la part de mon collègue de
Sainte-Marie-Saint-Jacques qui, quelquefois, se laisse un peu aller à
des considérations qui peuvent un peu prêter à critique ou
à commentaire. Cette fois-ci, vu qu'il l'a fait...
M. Boulerice: Vous, vous êtes du dimanche, que
voulez-vous?
M. Gobé: ...je ne peux m'empêcher de le faire. M. le
Président, je vous demanderais de bien vouloir lui demander la
même tolérance qu'on a vis-à-vis de ses
élucubrations. Bien, qu'il nous écoute.
Le Président (M. Doyon): Alors, vous avez la parole M. le
député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Lorsque j'entends
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques nous dire qu'un
Québec souverain serait tellement plus efficace ou plus propice à
l'épanouissement de la culture québécoise, moi, je
m'interroge sur une chose. Comment se fait-il que les artistes sont encore en
train de nous demander à nous, après 8 années ou 10
années de pouvoir du Parti québécois de 1976 à
1985, qu'on mette 1 % du budget de l'État sur la culture? Si leurs
considérations étaient si culturelles que ça lorsqu'ils
ont eu le pouvoir, c'est là qu'ils auraient dû poser ce genre de
geste. Il n'y a rien qui me dit qu'advenant un Québec souverain, qu'un
gouvernement québécois, quel qu'il serait, probablement,
peut-être, le leur, ne préférerait pas peut-être
acheter des chars d'assaut pour une armée afin de jouer un rôle
international plutôt que de subventionner la culture.
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que c'est une
question au député ou à la ministre.
M. Gobé: Lorsqu'on voit que...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques...
M. Boulerice: Mais non. Mais si c'est une question au
ministre...
M. Gobé: Je termine, M. le Président...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, la parole...
M. Boulerice: ...qu'il fasse des élections, qu'il
patiente, je lui répondrai.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, la parole est au député de
LaFontaine et je vais le laisser terminer. M. le député.
M. Boulerice: Faites des élections, je vous
répondrai.
M. Gobé: Quand, M. le Président, j'ai vu dans...
J'ai entendu beaucoup de déclarations de ténors du Parti
québécois. J'ai rarement entendu parler de mesures qu'il
prendrait advenant la souveraineté pour la culture mais j'ai entendu
parler qu'il ferait une armée. Il me semble qu'il serait plus
intéressant pour son parti de parler de ce qu'ils feront avec la culture
après la séparation qu'ils veulent faire plutôt que ce
qu'ils vont faire pour faire une armée qui commandera beaucoup d'argent.
Alors, je crois que la préoccupation me semble beaucoup plus
extérieure dans son parti que la culture. Je vous
demanderais de ne pas politiser cette question qui est très
importante et qui, je crois, peut aussi bien s'épanouir dans le cadre
actuel. Au point où nous en sommes actuellement, ça s'est fait
dans le Canada, je pense que ce n'est pas si mal. C'est perfectible. Il y a
toujours des choses à améliorer et nous y travaillons. La
ministre y travaille, les ministres précédents y ont
travaillé et je crois que jeter la serviette, c'est la politique des
faibles qui préfèrent toujours aller voir ailleurs si l'herbe
n'est pas plus verte. Alors, nous avons des acquis, nous avons des forces,
utilisons-les. Essayons de récupérer les leviers qui nous
manquent, s'il nous en manque. Mais de grâce, M. le député,
évitez de politiser à ce niveau-là, ce genre de choses.
Vous ne rendez service ni à la culture, ni aux artistes, ni aux membres
de cette commission qui sont autour de cette table. Merci.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le député
de LaFontaine. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous
avez maintenant la parole.
M. Boulerice: Si la culture attend après le
député de LaFontaine, elle va aller loin. Moi, je n'ai pas fait
la guerre d'Algérie, monsieur. Je n'ai jamais fait de guerre coloniale.
J'aimerais vous le rappeler. Je n'ai jamais fait de guerre coloniale, M. le
député de LaFontaine, n'est-ce pas? Alors, nous irons... Entre
parenthèses, je me permettrai d'ajouter qu'il contredit son premier
ministre qui parlait de souveraineté culturelle. Ah! Regarde donc
ça. Il y a un manque d'unité de discours dans cette formation
politique, c'est étonnant. Alors, nous irons au programme 2,
Développement des milieux culturels.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que sur le programme 1, il
y a d'autres interventions? M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Je sais que nous allons revenir sur les
conservatoires tout à l'heure. Est-ce que vous préférez
qu'on revienne au volet 3 pour les conservatoires parce qu'il est fait mention
dans votre plan d'action que vous allez déménager et relocaliser
le Conservatoire de musique et d'art dramatique à Montréal?
Mme Frulla-Hébert: Bon, on peut en parler tout de suite,
on peut y revenir au programme 3... au programme 3.
M. Messier: Au programme 3. On y va pour le programme 3.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Est-ce qu'on
peut procéder à l'adoption du programme 1? Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Adopté. Nous sommes
maintenant au programme 2. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Développement des milieux culturels
Soutien à l'implantation et à
l'amélioration des équipements culturels
M. Boulerice: Oui, alors l'élément 2, Soutien
à l'implantation et à l'amélioration des
équipements culturels, pages 36 à 39 de votre grand cahier.
Qu'est-ce qui explique la baisse de 32,6 % des crédits réguliers
en 1991-1992? Vous n'avez pas Investi dans la guerre d'Algérie, je suis
certain.
Mme Frulla-Hébert: Là, vous pariez... M. le
Président, M. le député parle de la baisse de 4 700 000 $
à 3 100 000 $. C'est tout simplement un choix que nous avons fait cette
année, c'est-à-dire de prioriser l'aide aux organismes et aux
artistes plutôt que l'implantation d'équipements culturels. Donc,
c'est pour ça qu'H y a une diminution de 1 750 000 $ à ce
programme. L'impact de cette décision sur le secteur des
équipements culturels va être limité par contre dans la
mesure où le ministère a bénéficié d'une
enveloppe de 50 000 000 $ en 1990-1991 qui permettait la mise en chantier des
projets les plus importants pour le développement culturel. Nous nous
attendons de recevoir pour 1991-1992 une enveloppe pour les projets en service
de dette dont le montant exact sera connu parce que c'est au niveau du Conseil
du trésor. La décision du Conseil du trésor sera connue en
1991, c'est-à-dire en juin 1991, ce qui fait que nous avons... Donc,
pour les équipements culturels, on continue les projets qui ont
été mis sur pied mais nous stoppons les projets pour aider les
organismes.
M. Boulerice: Dans le service de la dette, quelles sont les
prévisions d'engagements pour les deux dernières années du
plan triennal dont le cahier de renseignements fait mention?
Mme Frulla-Hébert: Le service de dettes?
M. Boulerice: Vous me dites que je n'aurai pas ça en juin.
Les prévisions d'engagements...
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que vous... Non, le
service de dettes...
M. Boulerice: ...pour les deux dernières
années.
Mme Frulla-Hébert: ...on ne l'aura pas nous-même
avant juin. C'est en négociation avec le Conseil du trésor.
M. Boulerice: Les critères d'évaluation qui
permettent l'obtention de subventions sont lesquels?
Mme Frulla-Hébert: C'est conforme au programme. Ça
fait partie... Tous les critères d'évaluation... On parle
d'organismes?
M. Boulerice: Oui.
Mme Frulla-Hébert: Au niveau des équipements
culturels et tout ça? Ça fait partie des normes. Ce sont des
programmes normes et les critères sont là. Les programmes ne sont
pas changés.
Le Président (M. Ooyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Dans le programme 2, élément 2, il est
fait mention que les milieux dépourvus d'infrastructures culturelles...
Je pense que vous savez... Le programme 2, élément 2, dans les
objectifs, II est fait mention...
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Messier: ...que vous voulez aider ou considérer les
milieux d'infrastructures culturelles. Je vous annonce que la ville de
Saint-Hyacinthe a présenté ou présentera un projet de
salle de spectacles et nous sommes vraiment dépourvus en matière
culturelle. Est-ce que ça va être... On marque ici que c'est avec
la direction régionale? Est-ce que la direction régionale ne fait
que l'étude de pertinence et après ça, c'est le
ministère des Affaires culturelles, le bureau central, qui
décidera des sommes d'argent à investir dans un projet
d'équipements culturels comme ça?
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, pour la
Montérégie, il y a une étude qui est faite au niveau des
salles de spectacles...
M. Messier: Oui, où c'en est rendu ça?
Mme Frulla-Hébert: ...parce qu'on le fait au fur et
à mesure... On le fait d'ailleurs dans plusieurs régions du
Québec parce que ce n'est pas vrai qu'on va monter des salles de
spectacles. Les salles de spectacles se devront d'être
complémentaires. On a beaucoup, beaucoup, beaucoup de demandes. Chacune
des petites municipalités veut avoir sa salle de spectacles mais quelque
part, il faut quand même penser à une certaine synergie justement.
L'étude au niveau de la Montérégie...
M. Messier: Oui.
Mme Frulla-Hébert: ...devrait être remise au mois de
juillet. Maintenant, la direction...
M. Messier: Cette année? (12 heures)
Mme Frulla-Hébert: Juillet de cette année. La
direction régionale fait part de ses recommandations parce que c'est
elle qui est vraiment collée au milieu, d'une part, et d'autre part, on
tient compte des recommandations de la direction régionale. Mais ce
n'est pas elle qui prend quand même la décision finale.
Maintenant, au niveau de l'étude pour la
Montérégie, elle est faite - vous le savez comme moi - en
collaboration avec les villes de Lon-gueuil, Saint-Hyacinthe, Valleyfield,
Granby et Saint-Jean-sur-Richelieu et elle contribue d'ailleurs à la
participation financière de Beloeil. Finalement, le dépôt
du rapport final, c'est le 31 juillet 1991 et le début de
l'étude, le 15 février 1991. Donc, c'est en cours.
M. Messier: O.K. Merci.
M. Boulerice: Le projet de salie de spectacles dans le
comté de L'Assomption - dans la ville même de L'Assomption - c'en
est où, ça? Une belle circonscription, de surcroît!
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, je vais laisser
Mme Courchesne pour les détails.
Le Président (M. Doyon): Mme Courchesne.
Mme Courchesne: Suite au sommet de Lanaudière, il avait
été convenu que la MRC de L'Assomption produisait une
étude de faisabilité pour déterminer la pertinence d'une
salle à L'Assomption ou à Repentigny. Selon nos informations, la
MRC a reçu le rapport de cette étude, il y a deux semaines, et
c'est encore la MRC qui étudie ce rapport-là. Ils ne nous ont pas
fait connaître, au moment où on se parie, la teneur de cette
étude. Donc, nous sommes en attente, sur ce dossier-là. C'est
à la MRC de faire son choix de localisation d'une éventuelle
salle de spectacles.
Salle Albert-Rousseau
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la sous-ministre. Mme
la ministre, j'aimerais vous dire deux mots sur la salle Albert-Rousseau. La
salle Albert-Rousseau a terminé, depuis un certain temps, la phase I. Le
ministère des Affaires culturelles a fait une contribution très
considérable pour tout ce qui a touché la phase I,
c'est-à-dire l'entrée des décors, la scène, les
loges, etc. et c'est de l'ordre de plusieurs millions de dollars. Maintenant,
reste la salle elle-même, c'est-à-dire les sièges, la
réfection de l'entrée, de l'accueil, de la billetterie, etc. Vous
avez annoncé, Mme la ministre, récemment, une subvention de 3 790
000 $ ou 3 795 000 $ pour cette phase II. Il est important que tout ça
se réalise en conjonction avec les plans qu'a le
cégep de Sainte-Foy en ce qui concerne l'ajout d'un certain
nombre de classes autour de la partie mécanique - si on peut l'appeler
ainsi - de la salle Albert-Rousseau, ce qui aurait pour effet, tout d'abord, de
sortir les élèves des boîtes à savon, des
écoles préfabriquées. Il faut savoir que le cégep
de Sainte-Foy a 5200 ou 5300 élèves, qu'il a cette
capacité-là, reconnue par le ministère, et que, en
même temps que cette capacité est reconnue, il n'a pas les locaux
nécessaires, ce qui l'oblige à recourir à des
écoles préfabriquées.
Le seul moyen de régler ce problème-là, c'est que
ça se fasse en même temps que la phase II. Il est important que
tout ça puisse se faire maintenant parce que ne pas le faire maintenant,
ce serait condamner le cégep à ne plus jamais le faire, ça
deviendrait trop coûteux. Ça aurait pour effet aussi - l'ajout de
ces quelques salles-là - de sortir les professeurs des chambres
privées, des petites chambres qui leur servent de bureau dans les
résidences d'étudiants. C'est une situation qui dure depuis trop
longtemps et qui est devenue absolument intenable. On est devant une situation
particulière, c'est-à-dire que le ministère des Affaires
culturelles, qui a l'habitude, dans ce domaine-là, de s'entendre avec
d'autres partenaires - et je dois vous donner ce crédit-là - se
voit dans l'obligation de faire des efforts de coordination avec le
ministère de l'Enseignement supérieur, avec le cégep
proprement dit, le conseil d'administration de la salle Albert-Rousseau
étant lui-même d'accord pour que ces choses-là se fassent
en même temps. Est-ce que vous avez des nouvelles à ce
sujet-là, Mme ia ministre, dont vous pourriez nous faire part et qui
réjouiraient sûrement toute la population de Louis-Hébert
et celle de toute la région de Québec? C'est une salle
importante.
Mme Frulla-Hébert: On sait, M. le Président, tout
l'effort que vous avez mis pour la salle Albert-Rousseau et on sait que c'est
un dossier qui vous tient à coeur. Donc, parce que ça vous tient
à coeur, ça nous tient à coeur. Nous avons investi,
effectivement, 3 937 000 $. On l'a annoncé, d'ailleurs, ensemble et vous
avez annoncé plus particulièrement les détails... C'est un
investissement qui fait partie du plan d'accélération. C'est un
projet, d'ailleurs, de 5 250 000 $. Effectivement, le cégep est
présentement en demande au Conseil du trésor pour ia somme de 1
000 000 $. Selon nos recommandations et ce que Mme Courchesne me dit aussi,
c'est que Mme Robillard a entériné cette demande. Donc, elle est
présentement au Conseil du trésor et devrait passer au Conseil
des ministres sous peu. Vous pouvez être sûr qu'une fois rendue au
Conseil des ministres, elle aura mon appui indéfectible ainsi que celui
de plusieurs partenaires. Finalement, c'est en bonne voie de
réalisation. On est très positifs quant à l'accep- tation
de ça.
Le Président (M. Doyon): C'est un bel exemple de
coordination et de travail en équipe, Mme la ministre. Je me permettrai
de vous demander une autre chose, comme j'en ai demandé beaucoup
jusqu'à maintenant; celle de faire part au président du Conseil
du trésor que vous êtes d'accord avec cette façon de
procéder telle que suggérée par le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. D'ailleurs, le caucus des
députés de la région de Québec - je vois ici mon
collègue de Charlevoix et les autres 10 députés qui sont
membres de ce caucus de la région de Québec - a fait part au
Conseil du trésor de même qu'à la ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, de son accord complet; que
tout ça se fasse concurremment, de façon à régler
en même temps le problème de la salle Albert-Rousseau - on ne peut
plus arrêter ce train-là parce que la phase I est
réalisée, la phase II est devenue absolument essentielle - et,
ça rime à ça, toute la question de l'aménagement de
nouvelles salles de cours.
Alors, je pense que c'est important, Mme la ministre, que vous puissiez
continuer votre appui à la démarche qu'ont faite les
députés de la région de Québec à ce
sujet-là. Ça, c'est pour le plus grand bien des arts du
spectacle. On sait le créneau que remplit dans la région de
Québec la salle Albert-Rousseau. C'est une salle qui est essentielle et
complémentaire à celles du Grand Théâtre. C'est une
salle importante, de l'ordre de... je ne voudrais pas me tromper 1600 places,
je pense... Non, je pense que c'est 1200 ou 1300 places.
Mme Frulla-Hébert: 1200 places, je pense.
Le Président (M. Doyon): Oui, je pense que c'est
ça. C'est complémentaire au Grand Théâtre. Elle a
une place absolument essentielle dans toute la vie culturelle de la
région de Québec. C'est important que nous continuions nos
efforts et que nous mettions, comme vous avez accepté de le faire,
l'argent nécessaire.
Mme Frulla-Hébert: C'est déjà fait
d'ailleurs. Nous avons signifié au Conseil du trésor que nous
sommes d'accord à 100 % avec le projet.
Le Président (M. Doyon): Bel exemple de
réalisation.
Mme Frulla-Hébert: Merci. Le Président (M.
Doyon): M. le député. Le palais Montcalm
M. Boulerice: Je ne sais pas quelle est la position du caucus des
députés libéraux de la
région de la capitale nationale, mais j'ai hâte de
connaître votre position. J'en ai fait mention dans des notes... Le
palais Montcalm. Il y a des silences étonnants dans...
Mme Frulla-Hébert: Deux choses sur le palais Montcalm. Je
dois vous dire que nous travaillons d'ailleurs avec le maire L'Allier
là-dessus. Le palais Montcalm nous a présenté... Enfin, la
ville de Québec nous a présenté un projet où on
parlait d'une salle de spectacles de 900 places pour la diffusion
théâtrale tout en permettant une certaine polyvalence pour y
présenter d'autres spectacles, une petite salle polyvalente de 200
places, des salles de répétition, des ateliers, des magasins
d'accessoires et de costumes et des bureaux administratifs, pour un coût
total de 12 600 000 $ à financer via le service de la dette du
gouvernement du Québec, donc, nous.
Finalement, la part du fédéral était égale
à la nôtre, c'est-à-dire qu'on mettait 4 725 000 $, le
fédéral mettait 4 725 000 $ et la part de la ville était
de 3 150 000 $. L'état du dossier est celui-ci: le Trident a pris la
décision de rester au Grand Théâtre parce qu'il ne faut pas
oublier non plus que nous finançons le Grand Théâtre. Il ne
faut quand même - et ça, je pense que la ville de Québec ou
le maire est en accord avec nous - pas appauvrir un endroit ou un de nos
organismes pour en subventionner un autre. Il ne faut tout de même pas se
tirer dans le pied!
Alors, le Trident a pris la décision de rester au Grand
Théâtre. Selon mes dernières discussions avec le maire, la
ville de Québec conserve au palais Montcalm sa vocation de
théâtre multidisciplinaire et va opter beaucoup plus pour la
restauration et la mise aux normes du bâtiment plutôt qu'une
transformation majeure de l'ordre de 12 600 000 $. D'une part, il faut quand
même l'apport du fédéral et, d'autre part, si les ambitions
sont moins grandes, compte tenu aussi du besoin de la capitale au niveau des
salles... On pariait de la salle Albert-Rousseau qui a une vocation de
tournée. Ensuite, le Grand Théâtre, vocation musicale; le
Trident, vocation théâtrale. On sait que le centre Capitol devient
un studio de production, donc un concept unique au Québec,
complémentarité aussi, salle multidisciplinaire, peut-être,
pour couvrir d'autres besoins tels que les troupes ou les spectacles de
théâtre itinérants, par exemple, qui vont de ville en ville
et qui ont besoin d'une salle qui est quand même plus grande que celle du
Trident pour faire leurs frais.
Nous en sommes là au niveau du palais Montcalm - discussions avec
la ville - et nous nous entendons pour une salle multidisciplinaire. Donc,
ambitions moins grandes, fonds moins grands, et on peut peut-être
s'arranger en famille sans aller demander la part du fédéral.
M. Boulerice: Ça va se décider quand,
ça?
Mme Frulla-Hébert: Ça va se décider
probablement au cours des prochains mois parce que la ville se doit aussi de
nous dire ce qu'elle veut et le budget qu'elle a à investir dans cette
salle-là. Comme on parie du projet d'une salle exclusivement pour le
théâtre qui, je pense, selon notre étude et notre
étude, aussi, avec la ville, aurait probablement contribué
à un déficit au niveau du Grand Théâtre et à
ne pas faire ses frais non plus, être déficitaire si elle ne
gardait que cette vocation, à ce moment-là, on retourne au
concept d'une salle multidisciplinaire et, ce faisant, on regarde le concept en
soi avec les architectes. Donc, au cours des prochains mois, ça devrait
se décider, mais on est loin d'être contre. Au contraire, la
question du palais Montcalm, c'était de lui donner sa vocation propre et
de pallier aux besoins de la capitale. Ceci dit, nous allons non seulement
suivre, mais conseiller et être partenaires avec la ville de
Québec là-dedans.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, pour le palais
Montcalm, aussi, je dois vous dire que vous avez, sur cette approche-là,
l'appui des députés de la région de Québec. Il y a
eu plusieurs choses qui ont été dans l'air en ce qui concerne le
palais Montcalm. On connaît les études qui ont été
faites et qui visaient à en faire une salle consacrée
exclusivement au théâtre, avec les difficultés que
ça comportait et les coûts très importants, avec la
possibilité de vider le Grand Théâtre de Québec d'un
locataire important. De ce côté-là, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques se posait des questions et
je lui réponds derechef que les députés de la
région de Québec sont d'accord avec l'approche que vous avez
prise, et nous souhaitons que ça se réalise en ce
sens-là.
Société du théâtre
Capitol
J'aimerais vous entretenir, Mme la ministre, deux minutes, du Capitol.
Vous avez annoncé récemment une subvention de l'ordre - je ne
voudrais pas me tromper - je pense, de 1 500 000 $ pour la réfection du
Capitol. J'aimerais savoir de votre part quelle sera la vocation du Capitol.
Disons, entre parenthèses, dès maintenant, que je souhaiterais,
si jamais vous signiez le protocole d'entente - peut-être que vous allez
nous dire que ça s'en vient, que c'est signé, je ne sais pas -
que vous fassiez une condition qu'on francise le nom Capitol. Je trouve
irritant que Capitol s'écrive sans "e" alors que le vrai mot, c'est
Capitole. Les Romains nous ont appris que c'est comme ça que ça
s'écrivait, pourquoi écrirait-on Capitol à l'anglaise,
à l'américaine ou quoi que ce soit? Le Capitole, c'est comme
ça que ça s'écrit en français. Il n'y a aucune
raison pour que, à Québec, le ministère des Affaires
culturelles s'embarque dans une galère avec une salle de spectacles de
diffusion
ou je ne sais pas trop quoi avec un nom anglais. Les "e" sont importants
dans la langue française, nous y tenons beaucoup, ils sont très
commodes et nous ne devons pas les sacrifier. Ils sont parfois discrets,
souvent on ne les prononce pas, ce sont, comme très souvent, de
très bons députés, ils sont importants parce qu'ils font
un travail discret, mais efficace. Sauvons les "e" et commençons avec le
Capitole.
Mme la ministre, j'aimerais, après vous avoir entendue sur le
Capitol, vous entendre sur ce qu'on fait avec te Capitol. (12 h 15)
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, je vous
remercie de la suggestion. Nous en prenons note et, à partir de
maintenant, nous allons l'appeler le "Capitole". Premièrement, la
contribution, c'est la répartition des Investissements de la part du
ministère des Affaires culturelles parce qu'il y a d'autres
intervenants. Il va y avoir le ministère des Communications au niveau du
studio et il y a aussi une demande faite par les promoteurs au niveau du
fédérai. Donc, le ministère des Affaires culturelles
investit 2 500 000 $ et la vide, 1 000 000 $. Dans les 2 500 000 $, nous y
retrouvons 1 500 000 $ dans le plan d'accélération des
investissements que nous avons annoncé il y a un mois et demi, et
l'autre 1 000 000 $ se prend à l'intérieur même de la
fameuse entente dont on parlait tantôt l'entente MAC-ville de
Québec, pour la restauration. Pourquoi? D'abord, parce que le
théâtre Capitol - vous le savez comme moi - c'est un monument
historique classé...
M. Boulerice: Le style Beaux-arts, le seul à
Québec.
Mme Frulla-Hébert: Pardon?
M. Boulerice: Le style Beaux-arts...
Mme Frulla-Hébert: Absolument. C'est un
théâtre magnifique...
M. Boulerice: J'ai été le premier à
intervenir...
Mme Frulla-Hébert:... dans le Vieux-Québec qui
appartient maintenant à la Société du théâtre
Capitol appartenant aux Productions Guy Cloutier et aux Productions de la
Capitale. La Société prévoit redonner au monument
historique - c'est là qu'on entre en jeu - sa vocation culturelle
initiale parce qu'elle prévoit restaurer l'immeuble et son décor
intérieur de façon, comme vous dites, intégrale, en le
dotant par compte d'équipements ultramodernes permettant de produire en
permanence des spectacles de style cabaret ainsi que des productions
télévisuelles. C'est un concept qui est unique au Québec
et qui se fait dans la ville de Québec. Quand on parle de
déconcentration, si on veut, de la culture ou enfin, des moyens de
diffusion, etc., c'est aussi un très bel exemple. Au lieu de se faire
dans la métropole, à Montréal, le projet se fait dans la
ville de Québec, ce qui est un concept fort intéressant et un
concept aussi Intéressant quand on parle de centre de congrès,
etc., pour la ville de Québec. Alors, c'est unique. II sera doté
de restaurants d'une part, et finalement, au deuxième étage,
selon les plans des architectes, d'un hôtel, oui, de services
hôtelliers et de sièges ou salles de spectacles pour assister aux
différentes représentations. Alors, regroupement de studios, de
services hôtelliers et restauration du théâtre. Il
était temps d'ailleurs, puisque le théâtre était en
train de se détériorer de façon permanente. C'est pourquoi
nous avons entrepris, accéléré d'ailleurs, le projet
à cause justement de la détérioration du
théâtre.
Le Président (M. Doyon): Vous m'en voyez réjoui,
Mme la ministre, parce que j'ai un attachement sentimental pour le
théâtre Capitol. Vous me permettrez de rappeler qu'en
versification, alors que j'étais étudiant, j'avais eu une
très bonne note en version latine - M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques rappelle souvent des souvenirs - et la
récompense que j'avais eue, c'était d'aller voir Le Cid avec
Gérard Philippe en 1953 ou 1954. Alors, ça m'a marqué
considérablement, ayant eu le plaisir de voir Gérard Philippe
ici, à Québec. Ce n'était pas donné à tout
le monde, quand on faisait ses études dans un endroit aussi
reculé, comme au Séminaire de Saint-Georges de Beauce, et
ça m'est resté comme étant l'une des voix de ces
années-là. Je le dis avec fierté parce que c'est pour
ça que... M. le député s'amuse, que l'on parle...
M. Boulerice: Ah non! monsieur, Ha, ha, ha!
Vous m'avez fait peur, j'ai cru que vous alliez dire que vous faisiez
partie des oies du Capitole. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): Oh! Je ne vois pas trop le
rapport. Vous m'excuserez, mais je continuerai mon propos en vous disant, Mme
la ministre, que le fait que vous preniez ces mesures pour préserver le
Capitol me réjouit à plus d'un titre, dont celui que je viens de
vous expliquer, les souvenirs que me rappelle le Capitol. Alors que
j'étais étudiant et que Gérard Philippe - ce
n'était pas n'importe qui - nous honorait ici à Québec de
sa présence dans ce classique des classiques qu'est Le Cid Mme la
ministre, merci beaucoup de pouvoir continuer à faire survivre le
Capitol, c'est extrêmement important et vous m'en voyez très
heureux.
M. Boulerice: J'ajouterai également, Mme la ministre,
à ces félicitations puisque j'étais déjà
Intervenu il y a quatre ans en Chambre, auprès de la
prédécesseurs de votre prédécesseure, pour la
sauvegarde du théâtre Capitol. Je me réjouis,
mais je pensais que l'allusion aux oies du Capi-tole plairait à
la ministre puisque c'est quelque chose de typiquement romain. Ceci dit, il est
bien dommage, par contre, que la prédécesseurs de votre
prédécesseure n'ait pas eu le même souci pour ce qui est de
l'ancienne pharmacie Montréal sur la rue Sainte-Catherine, qui
était un bijou de style Art déco commercial et qu'on a
refusé de classer. C'est devenu une succursale de Radio Shack avec un
Burger King, enfin, quelque chose dans ce genre-là. Ceci dit, nous
irons, si vous le permettez, au musée de l'humour.
Mme Frulla-Hébert: D'accord.
Complexe "Juste pour rire"
M. Boulerice: Un projet de 20 000 000 $ pour l'aménagement
à Montréal d'un complexe "Juste pour rire". Non, ce n'est pas
drôle. J'aimerais demander à la ministre: Qu'advient-il de ce
projet? L'argent a-t-il été versé?
Mme Frulla-Hébert: D'abord, il faut quand même
apporter une nuance au musée de l'humour. Vous me demandiez tantôt
quels sont, selon Samson Bélair, les organismes qui ne sont pas -
comment est-ce qu'on dirait - adéquats ou performants? Alors, il ne faut
quand même pas qualifier les efforts et les efforts innovateurs non
plus... Tout fait partie, d'ailleurs, de notre développement culturel
que ce soit la danse, que ce soit le théâtre ou que ce soit
d'autres formes d'interprétation. L'humour en est une, d'une part.
D'autre part, je ne défends pas le concept, mais je défends quand
même le principe, c'est-à-dire que quand quelqu'un ou un organisme
promoteur nous soumet des choses ou des projets qui sont peut-être
différents et insolites, bien, il s'agit aussi - c'est notre devoir - de
les considérer et de les regarder parce que ça fait aussi partie
du développement de notre culture. Je dois aussi mettre en
évidence que "Juste pour rire", par exemple, est un festival qui est
unique au monde comme festival. Il y en a d'autres maintenant qui se sont
développés mais "Juste pour rire" en soi est un festival unique
qui a développé des talents tels André-Philippe Gagnon,
Pierre Verville, par exemple; ce sont des talents qui ne se seraient pas
développés s'ils n'avaient pas eu, justement, un moyen de
diffusion tel le festival. Il faut que j'apporte aussi la contribution du
festival aux cégeps. Leur apport aux cégeps, c'est de
développer tout ce côté qui est aussi hors de la
scène et qui est le côté humoristique. Encore là, je
ne me tais pas le défenseur outre mesure du projet puisque
c'était un projet qui a été entériné par
autre que moi, dont le président du Conseil du trésor. Mais je
dois quand même être honnête, à savoir que ce n'est
pas parce que c'est de l'humour que ce n'est pas culturel; ce n'est pas parce
que c'est de l'humour et que c'est du divertissement populaire que ça ne
fait pas partie de notre culture, et que nous n'avons pas, justement, des
talents incroyables dans ce secteur précis d'activités. Ceci dit,
au niveau de tout le dossier du musée de l'humour, j'ai l'experte avec
moi, celle qui est passée à travers vents, marées et
discussions. Je vais lui laisser la parole puisque ça a
été, je dois dire, son dossier de l'année ainsi que celui
de Lanau-dière.
Le Président (M. Doyon): Mme Courchesne, à vous
voir rire, je pense que c'est de vous dont on parle, alors...
Mme Courchesne: C'est le mot "experte" qui me fait rire, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Vous avez la parole, Mme
Courchesne.
Mme Courchesne: Écoutez, en ce moment, nous rencontrons
régulièrement les promoteurs du projet parce que nous discutons
des dernières modalités de signature du protocole d'entente.
Parallèlement, le promoteur doit aussi, de son côté,
compléter la composition de sa structure financière auprès
des institutions bancaires. Vous le savez, nos 5 500 000 $ se font par le biais
d'un service de dette et pour ce faire, le promoteur doit, de son
côté, démontrer qu'il y a une institution financière
qui l'appuie dans ce dossier. Il s'emploie à le faire en ce moment.
Autre détail, il y avait un troisième ou quatrième
partenaire au dossier, la SIMPA, puisque la propriété du
bâtiment est partagée entre l'Académie de l'humour et la
SIMPA. Il y a discussion en ce moment pour la signature du bail qui est en
train de se faire. Donc, le dossier suit son cours. Il progresse et c'est
là où nous en sommes.
M. Boulerice: La ministre ne conviendrait-elle pas que - cette
industrie étant éminemment rentable, tous les indicateurs nous le
prouvent - ces 5 500 000 $ auraient été plus profitables si on
s'en était servis pour soutenir des arts plus fragiles, comme la danse
et le théâtre.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: C'est vrai qu'il y a des secteurs qui
sont quand même fragiles et que l'on supporte aussi. On y reviendra au
niveau de la danse et du théâtre. Quant au projet en soi, il y a
deux choses. Les autres partenaires ont fortement Indiqué leur
intérêt, tels la ville de Montréal et le
fédéral. C'est encore un exemple du système qui fait en
sorte que, après en avoir eu la promesse, et fait briller
énormément d'espoir, on a encouragé le promoteur à
s'engager dans des dépenses aussi énormes, on laisse encore au
gouvernement, enfin au ministère des Affaires culturelles du
Québec, le fait de dire oui
ou non, une fols la chose faite. Ceci dit, il y a deux choses aussi, il
y a la restauration, ou enfin, toute la construction. Donc, on s'implique au
niveau du service de dette, au niveau de la construction de l'édifice
d'une part, et d'autre part, il n'y a pas de honte non plus à encourager
les artistes qui permettent à la population, spécialement en ces
temps difficiles, de se dérider un peu. Il y a un bon nombre d'artistes
aussi qui gagnent leur vie par le biais de l'humour. Il y a un bon nombre
d'artistes, il y a beaucoup de... D'abord, l'Académie de l'humour en
soi, c'est générateur d'emplois, II y a une cinquantaine de
personnes qui y travaillent. Il y en a d'autres aussi qui vont s'y joindre, et
il y a énormément d'artistes et de créateurs qui vont
profiter de cette infrastructure-là, justement, pour y travailler et
simplement faire fructifier cette création. Ce n'est pas vrai de dire
que le développement de l'humour en soi est égal à
profitabilité. Je veux dire, il y a tout de même tout un effort
aussi au niveau de l'Académie de l'humour, je l'ai dit tantôt, au
niveau des cégeps. Alors, il y a un support global à l'industrie
que nous apportons. Est-ce que ces mêmes sommes-là auraient
été disponibles au niveau du secteur fragile? Ce ne sont pas des
vases communicants, malheureusement, et c'est un projet qui en soi est unique,
qui a eu l'aval du comité ministériel de Montréal, du
fédéral, de la ville de Montréal, énormément
de pression, etc. C'est un projet qui est aussi unique au monde en soi, et pour
cette région, pour le développement touristique aussi de
Montréal et de la région de Montréal, c'est un projet
qu'il a été jugé bon d'encourager. Maintenant, encore une
fois, est-ce que ce sont des vases communicants? Je veux quand même vous
dire que les 5 000 000 $ sont pris à même le service de dette, et
ce qui est dépensé au service de dette n'est pas forcément
dépensé au niveau des industries, autres industries culturelles.
Tel est le système, c'est ça.
M. Boulerice: Mme Bissonnette, le 21 juillet, écrivait, et
je vais vous citer un paragraphe, je pense que ça résume tout:
C'est pourquoi le Théâtre du Nouveau Monde qui enchante le public
montréalais dans un édifice qui tombe en ruines accumulera encore
longtemps les études de faisabilité avant de voir poindre
quelques millions. C'est pourquoi le ministère des Affaires culturelles
a écarté, il y a quelques années, un projet de
regroupement des galeries d'art dans une manufacture rénovée,
pour une fraction du coût du complexe du rire. C'est pourquoi la Maison
du théâtre pour la jeunesse, une discipline où le
Québec excelle, loge toujours dans un sous-sol de cégep, et que
le projet du musée de l'enfant ne décolle pas, pas plus que celui
de la cité du cinéma ou de la maison des écrivains... -
Ça, c'est réussi, pour la Maison des écrivains, sans le
fédéral, mon oncle d'Ottawa n'y a pas participé - ...le
centre international d'art contemporain, celui des célèbres 100
jours fait parler de lui à travers la planète. Ces
problèmes aigus de logement ne sont pas à la veille
d'émouvoir le Conseil du trésor. L'article disait: En rire pour
ne pas pleurer, l'inculture politicienne se donne en spectacle. Je pense que
tout a été dit.
Le Président (M. Doyon): Ceci termine l'avant-midi. Nous
suspendons nos travaux jusqu'après la période des questions,
probablement vers 15 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 16 h 5)
Le Président (M. Doyon): La commission de la culture
reprend maintenant ses travaux et continue l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires culturelles. Nous
étions au programme 2 qui était sous étude. M. le
député Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
avait terminé avec le musée du rire. Moi, j'ai des questions
à poser sur ce dossier-là.
Le Président (M. Ooyon): Allez, M. le
député.
M. Messier: Parfait. Je vais juste peut-être
enchaîner sur les propos du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, le temps de retrouver mes notes. Je veux juste
savoir quelle est la participation financière du promoteur, M. Gilbert
Rozon?
Mme Frulla-Hébert: Je vais demander à Mme
Courchesne parce que là, c'est tout l'ensemble des...
Le Président (M. Doyon): Mme Courchesne.
Mme Courchesne: Sur l'immobilisation comme telle, le promoteur
doit assumer toute la partie commerciale du bâtiment puisque vous savez
qu'il est divisé en deux, plus il doit aussi endosser un autre montant
équivalent de 5 500 000 $ et il doit garantir sa levée de fonds
sur 2 500 000 $.
M. Messier: Sa participation financière est de 5 500 000 $
et il doit...
Mme Courchesne: II doit de plus exercer une levée de
fonds...
M. Messier: De 2 500 000 $.
Mme Courchesne: De 2 500 000 $.
M. Messier: Est-ce que sa levée de fonds est
commencée?
Mme Courchesne: Ce qu'on nous dit, et ce qu'il négocie,
c'est de garantir cette levée de fonds, soit auprès d'une
institution financière et il nous a déposé un plan de
commandite pour l'établissement de l'Académie de l'humour.
M. Messier: Je voulais juste savoir si vous n'allez pas un tout
petit peu à contre-courant. Le milieu artistique, pour le peu que j'en
connais, si on se réfère à M. Godbout, Mme Lachan-ce,
etc., sont contre le projet et il semble que le milieu artistique est contre le
projet de M. Rozon. C'est peut-être plus sur la pertinence de mettre de
l'argent dans du béton à ce niveau-là que sur la
pertinence du projet tel quel. Je veux juste savoir votre appréciation
par rapport à ça?
Mme Frulla-Hébert: Au niveau du projet, je pense qu'on en
a longuement discuté avant le repas. Le projet a été
annoncé par le président du Conseil du trésor, on se le
rappelle, au mois de juillet. Les sommes d'argent qui ont été
investies, au niveau du béton, par le ministère des Affaires
culturelles ne seront pas versées tant que le promoteur ne nous assurera
pas de son financement, c'est-à-dire au niveau de la banque, de ses
commanditaires. Et s'il n'est pas capable de mettre le projet en soi, on ne
versera pas d'argent.
M. Messier: Est-ce qu'il en va de même pour le gouvernement
fédéral?
Mme Frulla-Hébert: Le gouvernement fédéral a
assuré, en fait, sa contribution. Mais c'est toujours la même
chose au niveau du gouvernement fédéral. C'est sûr que si
le gouvernement provincial... Parce que nous sommes les seuls à avoir
les analystes et nous sommes aussi ceux qui sont toujours
considérés comme étant la bête noire, le
fédéral promet toujours selon l'analyse du provincial. Alors,
c'est toujours le provincial qu'il y a là et qui a l'odieux de dire non.
La même chose pour la ville tant qu'à ça. Mais c'est
sûr que si le promoteur ne respecte pas les conditions émises par
le Conseil du trésor - et je répète, c'est le
président du Conseil du trésor en tant que président de
Montréal qui a accepté le projet - ce faisant, le promoteur
n'aura pas l'argent alloué parce que, ça, ça fait partie
du service de la dette et qu'on paie après.
M. Messier: Advenant l'hypothèse qu'effectivement, il
trouve source de financement, est-ce que le ministère des Affaires
culturelles va avoir une voix au conseil d'administration du projet ou il
sera...
Mme Frulla-Hébert: On n'a jamais de voix au conseil
d'administration du projet.
M. Messier: Donc, il sera le seul gestionnaire avec possiblement
un conseil d'administration.
Mme Frulla-Hébert: C'est parce que dans le cas du
musée, on ne participe pas au fonctionnement...
M. Messier: Non, mais strictement dans les immobilisations.
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que l'argent qui
est versé, c'est au niveau de la construction même du projet. Mais
au niveau du fonctionnement, c'est très clair dans la décision du
Conseil du trésor, décision émise par le ministère
des Affaires culturelles, qu'on ne participe pas au fonctionnement du
projet.
M. Messier: Vous êtes assuré du promoteur que,
jamais dans l'avenir, il ne va demander au ministère des Affaires
culturelles d'intervenir financièrement pour le fonctionnement du
musée.
Mme Frulla-Hébert: C'est une condition du Conseil du
trésor.
M. Messier: Merci.
M. Boulerîce: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Boulerice: ...vous me permettrez de vous dire qu'avant de
quitter, j'ai trouvé très agréable votre intervention au
sujet du Capitol. Vous avez demandé à la ministre de voir
à la francisation du Capitol en disant: Si on n'ajoute pas le "e", ne
subventionnez pas. J'apprécie que vous, vous privilégiez les
mesures coercitives pour la francisation, alors que le ministre responsable de
la Charte, lui, ne veut que des mesures incitatives.
Ceci dit, pour être dans la foulée de ce que vient de poser
M. le député de Saint-Hyacinthe, je pense qu'effectivement, la
question est très pertinente. Je l'ai bien dit, cet avant-midi: Pourquoi
mettre 5 500 000 $, alors que l'on aurait pu favoriser des secteurs aussi
fragiles, et je citais le théâtre, la danse? Donc, je donnerai un
autre exemple, à l'ouverture de cette deuxième partie. Et en
parlant de la musique, Mme la ministre, puisque l'occasion est fort belle, il y
a, dans cette salle, de nombreux représentants, des musiciens de
l'Orchestre symphonique de Québec pour qui le manque à gagner est
insignifiant, si l'on considère les 5 500 000 $ qui seront
injectés dans le festival "Juste pour rire", alors que l'Orchestre
symphonique de Québec en est presque à pratiquer la symphonie des
adieux, actuellement.
Si vous le permettez, Mme la ministre, je vais compter sur votre
collaboration. Compte
tenu que ma collègue, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière est disponible et à cette commission et
qu'elle est députée de la région de la capitale nationale,
je vous demanderais que l'on passe immédiatement à l'Orchestre
sym-phonique de Québec.
Mme Frulla-Hébert: C'est parce qu'il y a deux ou trois
choses qui ont été soulevées. Je voudrais juste fermer la
boucle sur les 5 500 000 $, encore là, décidés par le
Conseil du trésor, parce qu'il faut quand même mettre les pommes
avec les pommes et les poires avec les poires. Quand on parle d'investissement
au niveau du béton, à ce moment-là, on se retourne et on
regarde ce qu'on fait dans les secteurs qui sont effectivement plus fragiles au
niveau de l'investissement - au niveau du béton - au niveau de la
diffusion. Alors, c'est vrai qu'il y a eu le musée "Juste pour rire"
promis par le président du Conseil du trésor, d'une part, en
juillet, mais de l'autre côté - c'est quand même
générateur d'emplois, il faut quand même être juste -
il y a eu notre investissement dans le Théâtre d'aujourd'hui,
l'investissement dans le Rideau vert - en termes de béton, là -
Agora, la danse, la salle de l'UQAM, le Monument national, le Musée des
beaux-arts - nous allons en parler tantôt, c'est un agrandissement, c'est
du musée mais tout ça fait partie de la culture
québécoise - le Musée McCord, le Musée d'art
contemporain, la Place des Arts, on parlait tantôt de la salle
Albert-Rousseau. Ça, ce sont tous des investissements de béton.
Oui, on peut isoler "Juste pour rire", mais il faut quand même savoir que
nous avons, autant dans le plan de relance promis où, enfin, un
investissement de 32 000 000 $, autant dans nos affaires courantes, en termes,
encore là, d'investissement au niveau de l'infrastructure, mis aux
alentours de 60 000 000 $ et plus depuis deux ans. Donc, il ne faut quand
même pas isoler le "Juste pour rire" - le musée - en termes de
notre implication dans son fondement, au niveau du béton. Et ce n'est
pas vrai, le système ne fonctionne pas ainsi. Quand on fait partie d'un
service de la dette, ce n'est pas vrai que les 60 000 000 $ du service de la
dette vont être transférés - ce ne sont pas des vases
communicants - directement au soutien. Ce n'est pas comme ça que
ça fonctionne. Mais, au moins, on a un système de service de
dette, mis sur pied depuis 1985, pour s'assurer de l'infrastructure et pour
s'assurer au moins d'avoir des lieux pour que, justement, nos acteurs, tous nos
artistes - le monde des arts - puissent se produire. Ça, c'est une
chose.
On va parler maintenant, si vous voulez bien, de l'OSQ.
Orchestre symphonique de Québec
M. Boulerice: Oui. Alors, on amorce le débat de l'OSQ,
vous me permettez de faire une petite entrée en matière. Je vous
remercie d'ailleurs de consentir à ce que l'on en discute
immédiatement. Ça devient, je vous avoue, drôlement triste
quand la seule avenue pour faire carrière en musique classique au
Québec, la seule voie soit celle de l'exil. Savez vous, Mme la ministre,
que le directeur de l'Orchestre de Nice est un jeune Québécois?
Et on pourrait multiplier, je ne sais pas par combien, les cas où nos
meilleurs musiciens nous quittent. Nous les avons formés, ils vont
enrichir d'autres orchestres d'autres pays, mais cela se fait toujours à
notre détriment. Et quelle valorisation allons-nous donner à nos
conservatoires de musique qui sont, entre parenthèses, excellents si,
lorsqu'ils y entrent, ils ont l'assurance - je devrais même dire la
"désassurance" - que lorsqu'ils vont en sortir, ils ne pourront
même pas s'exercer au départ dans un orchestre de leur pays. Je
trouve la situation passablement triste. Dans le cas de Québec comme
telle, je dis et je le répète, l'État a donné
à cette ville le statut de capitale. Quand un État donne à
une ville qui n'est pas sa métropole le statut de capitale, il est tenu
à des engagements particuliers face à cette ville, compte tenu
des obligations qui sont imposées à une ville qui a le statut de
capitale.
Faisons la tournée de tous les pays du monde où la
capitale n'est pas la métropole. Songeons aux Pays-Bas où c'est
La Haye qui est la capitale, mais ce n'est pas la métropole.
Une voix:...
M. Boulerice: Amsterdam n'est pas la capitale, c'est la
métropole. C'est Amsterdam, la métropole. Ne me mélangez
pas de canal ou de canaux.
Donc, si on regarde la situation comme telle, Dieu seul sait que,
jusqu'à date tous les commentaires qui ont été
donnés, pour ce qui est de l'Orchestre symphonique de Québec,
étaient que c'était un orchestre qui vraiment commençait
à compter dans ce qu'on va appeler les ligues majeures. Le terme est
peut-être un peu sportif pour qualifier un orchestre symphonique, mais
dans les ligues majeures... Il y a d'ailleurs un excellent article dans
L'Actualité du mois dernier ou de la semaine dernière
parce que je crois que c'est maintenant hebdomadaire ou bi-hebdomadai-re...
Enfin, peu importe, l'article était là.
Si on regarde le budget, si le budget avait été
indexé de 4 % par année depuis 1986, il atteindrait 1 370 000 $
en 1991-1992, soit 250 000 $ de plus que le budget actuel. Ce ne serait qu'une
simple indexation...
Je salue également la présence de mon collègue et
ami, le député de Lévis.
On parle d'un règlement possible entre l'orchestre... Le
différentiel serait, si ma mémoire est bonne, si mes sources sont
bonnes - je ne doute pas de mes sources - entre 100 000 $ et 200 000 $.
Donc, on comblerait de façon à ce que les musiciens
conservent leurs postes et qu'il n'y ait pas deux catégories de
musiciens. La solution ne tient, en définitive, qu'à une simple
indexation du budget. Alors, quand on regarde les chiffres qu'a si
éloquemment soulignés le député de Saint-Hyacinthe,
on y va de 5 500 000 $ pour rire. Je crois qu'une indexation de 4 % est minime
- c'est minime - et avec l'assurance que l'argent ira aux salaires de
musiciens, au maintien des musiciens. Je ne veux pas de grand ensemble de
musique de chambre à Québec. Je veux que notre capitale nationale
conserve un orchestre symphonique. Je ne vous ferai pas l'étymologie du
mot "symphonique", vous en connaissez la signification autant que moi.
Ça ne tient qu'à cela. Le ministère a l'argent. Anticipons
sur l'arrivée du 1 %. À moins que le 1 % soit comme cette
pièce de Beckett "En attendant Godot".
Mme Frulla-Hébert: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Je vais faire une intervention. On peut
discourir tant qu'on veut, Mme la députée est là, et par
respect aussi pour les musiciens qui sont derrière moi, je fais une
intervention.
Premièrement, tout simplement pour dire que nous formons, dans
nos conservatoires seulement, 30 à 35 finissants par année. S'ils
veulent rayonner hors Québec et promouvoir la culture
québécoise, on ne peut les attacher, d'une part. Et on doit non
seulement s'en féliciter, mais les féliciter.
Deuxièmement, je trouve incroyable qu'on politise les discussions
sur les relations du travail, comme on le fait présentement. Je l'ai dit
au conseil d'administration que j'ai rencontré, aux Amis de la musique,
Mme Lemire, à la présidente de l'Association des musiciens. L'OSQ
et les musiciens sont en arbitrage devant le ministère du Travail. Je
veux profiter de l'occasion pour souligner le fait que les deux parties ont
exprimé leur grande satisfaction quant au travail de l'arbitre et que,
pour la première fois depuis le début du conflit, les deux
parties se sont parlé la semaine dernière. On doit s'en
féliciter et féliciter les deux parties.
À cette occasion, on le sait, il y a une entente de principe qui
a été déposée sur la table de travail, mais tout
n'est pas terminé pour autant, il faut que les deux parties
t'entérinent. Tant que le processus ne sera pas terminé, ce n'est
pas vrai que je vais faire une intervention. C'est dans les mains du
ministère du Travail et on ne s'immisce pas dans les affaires du
ministère du Travail. Ça, c'est très clair, ça a
été dit très clairement autant à l'Orchestre qu'aux
parties concernées. Donc, on est peut-être à quelques
heures d'une entente. Alors, vous allez tous comprendre qu'à ce
stade-ci, je ne peux commenter davantage, mais je peux vous assurer, par
exemple, qu'en tant que ministre des Affaires culturelles, lorsque le processus
sera complété, je vais me prononcer. Mais je ne le ferai pas tant
que le processus ne sera pas complété. Je l'ai dit, il y a trois
semaines, et je le répète maintenant. C'est la dernière
intervention que je vais faire là-dessus.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre.
M. Boulerice: Et moi, Mme la ministre, je vous répondrai
que je ne fais pas de la politique partisane là-dessus, mais je vous dis
que c'est une décision politique. Et c'est ça, une politique
culturelle, de décider si, oui ou non, on se donne les moyens d'avoir,
dans la capitale, un orchestre symphonique qui porte vraiment son nom et qui
est capable de faire le travail dévolu à un orchestre
symphonique. C'est ça, prendre une décision politique.
Mme Frulla-Hébert: Je prendrai la décision une fois
que le travail sera terminé. Merci.
M. Boulerice: On a beau tenter de guérir, mais on aurait
pu prévenir. Quand on regarde les augmentations de 1980 à
1984-1985 et après, qu'on voit, en 1985-1986, où cela stoppe, on
s'aperçoit que le fond du problème vient, effectivement, de la
non-indexation des budgets dévolus à l'Orchestre symphonique de
Québec.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gobé): Très bien. M. le
député de Lévis, vous avez demandé la parole.
M. Garon: Oui, M. le Président. Je ne suis pas certain que
c'est une question d'arbitrage, je pense plutôt qu'il y a une question de
gestion là-dedans. Quand on regarde l'ensemble de l'affaire de
l'Orchestre symphonique, je comprends qu'il y a interruption de travail et
qu'il y a arbitrage, c'est une chose. Regardons les moyens qu'ont pris les
musiciens pour sensibiliser les gens. Il arrive, par hasard, que le
président du conseil d'administration, c'est le directeur du Soleil.
Les moyens qu'ont dû prendre les musiciens pour faire entendre leur
voix sont un peu exceptionnels. Je trouve ça humiliant un peu que les
gens soient obligés, au moment des concerts, pour faire entendre leur
voix, de prendre le micro, de dire ce qui se passe, pour sensibiliser le
public.
Quand on regarde le conseil d'administration, c'est un conseil
d'administration de 50 personnes, au-dessus de 50, 60 personnes. On dit
que, pour des raisons historiques, les gens qui faisaient un don de tel
montant étaient membres du conseil d'administration. On se retrouve avec
un conseil d'administration farfelu, au fond. Ce n'est pas ça, un
conseil d'administration. Ce n'est pas un club honorifique. Je pense qu'il y a
des questions qui touchent plus que des questions de travail. C'est en termes
d'orientation de l'orchestre. C'est pour ça, je pense que vous pouvez
jouer un rôle important. Je regarde l'affrontement qu'il y a là,
je ne veux pas faire de politique avec ça, mais je pense, que, comme
gouvernement, c'est vous qui avez peut-être le plus la solution dans vos
mains. Si vous apportez une solution, je pense que c'est vous qui allez avoir,
en grande partie, le crédit de l'avoir fait.
Je pense bien que, sur le plan politique, là-dedans, c'est rare
que l'Opposition ait le crédit d'une solution. Ça n'arrive
quasiment jamais. Ha, ha, ha!
Je pense qu'il y a des interrogations sérieuses sur l'orientation
de l'Orchestre. Et en termes de régions, également, est-ce que
l'Orchestre doit être seulement l'Orchestre sym-phonique de Québec
ou être l'Orchestre de tout l'est du Québec, où il n'y a
pas d'orchestre? Est-ce que, dans les négociations de travail - et
là, je vais en dire un mot - on ne devrait pas, au contraire, demander
plus de disponibilité aux musiciens dans les négociations pour
qu'ils puissent aller plus facilement en dehors? Par exemple, j'étais
vendredi à Gaspé. Moi, j'ai dit que c'était plus important
actuellement à Québec un vrai orchestre symphonique qu'un
cotisée. À mon avis, on en a déjà un
cotisée. L'Orchestre symphonique, s'il tombe, ça va être
difficile de le remonter. Bien, croyez-le ou non, il y a des gens qui sont
venus me dire - je ne savais même pas que ça avait
été publié à ce moment-là - on vous a
entendu à la radio - je n'ai pas donné d'entrevue
là-dessus pourtant, ça devait être quelqu'un qui l'a
rapporté, en tout cas, peu importe - que vous pensiez que c'est
important, l'Orchestre symphonique, que ça devrait être en
même temps l'Orchestre symphonique pour l'est du Québec. La
personne, qui était de Gaspé, se plaignait, elle disait: Quand
ils vont en dehors, ils vont à Rimouski, mais ils ne viennent jamais ici
à Gaspé. Elle disait: Moi, je suis contente que vous soyez
intervenu en faveur. Ça devait être une personne qui aimait la
musique.
Alors, je pense qu'actuellement, l'orientation que vous pouvez donner
dans ce dossier-là peut être majeure, en termes de ce qui va se
passer dans l'avenir. Parce que là, moi, je n'aime pas ça, comme
personne de la région, de voir un affrontement comme celui-là qui
n'est pas normal. Et ce que je remarque, en même temps, c'est qu'il y a
des gens qui disent qu'ils sont prêts à s'impliquer et qu'on ne
cherche pas leur implication. On les trouve plutôt comme
bénévoles. Les bénévoles, je pense qu'ils devraient
occuper plus de place, avoir des représentants des
bénévoles. Et ce n'est pas de même que ça se passe.
En tout cas, ce que j'ai entendu dire, à date, du fonctionnement de
l'administration de cet orchestre-là, je n'ai pas vu ça souvent.
Je pense que la grosse question, c'est: Est-ce qu'il doit y avoir, oui ou non,
un orchestre symphonique à Québec? On me dit que c'est le plus
vieil orchestre symphonique au Canada. Les gens ont été capables
de faire en sorte qu'il en existe un jusqu'à maintenant. Moi, je pense
que vous pouvez jouer un rôle de leadership là-dedans. Je ne vous
le dis pas pour essayer de vous tanner, ou des affaires de même, pour
essayer de faire de la politique, je n'ai pas le goût de faire de...
J'aimerais ça que ça marche. Et quand la ministre donne des
subventions, elle peut poser des conditions et, à mon avis, elle doit
même en poser. Moi, j'aimerais ça qu'à l'Orchestre
symphonique, il y ait d'abord un vrai conseil d'administration. Qu'on ne traite
pas le chef d'orchestre comme si c'était la cinquième roue du
bicycle, comprenez-vous, que comme...
M. Boulerice: II n'est même pas invité au lancement
de la programmation...
M. Garon: Ça n'a pas de bon sens. Moi, les gens me
disent... Il y en a qui sont d'accord avec les musiciens, d'autres avec le
conseH d'administration. Mais même ceux qui sont d'accord avec le conseil
d'administration ne sont pas d'accord sur la façon dont on traite les
gens dans cette affaire-là. Et je me dis que si on réussit
à traiter le chef d'orchestre comme ça, imaginez-vous que le
musicien qui est moins connu, on peut le traiter un peu du revers de la main.
Et j'ai vu beaucoup de personnes, parce que je ne suis pas un expert en
matière culturelle, j'ai questionné beaucoup de personnes. Et je
vais vous dire ce que les gens m'ont dit. Ils me disent tous la même
chose, ils disent que c'est un orchestre qui s'est beaucoup
amélioré, qui peut aller aujourd'hui à l'extérieur,
qui est en demande, qui fait des enregistrements qu'il ne faisait pas avant.
Mais il y a des gens qui veulent l'encarcaner - Pourquoi? je ne le sais pas -
par exemple, au Grand Théâtre, alors qu'on devrait le faire
sortir. On devrait, au fond, lui faire jouer un rôle plus grand dans
l'est du Québec. Autrement, vous savez, au Québec, les gens se
plaignent beaucoup, au fond, qu'il y a des choses à Montréal et
que, quand arrive le reste du Québec, il n'y a pas grand-chose. Moi, je
pense qu'il ne faut se gêner aussi pour donner un coup de main
peut-être additionnel à l'Orchestre symphonique de Québec.
Quand est arrivé le centre des congrès à Montréal,
le reste du Québec a payé. Quand est arrivé le Stade
olympique, c'est tout le Québec qui paie pour le Stade olympique. Il y a
beaucoup de choses à Montréal que les Québécois
n'auront jamais. Mais là, je vous le dis, dans le cas de l'Orchestre
symphonique, il y a un choix à faire. On me dit
qu'une ville comme Vienne, par exemple, qui a cinq ou six orchestres
symphoniques... (16 h 30)
Mme Frulla-Hébert: Sept.
M. Garon: Hein? Sept? Qu'on fasse un effort particulier pour
Québec en posant des conditions, pour une obligation de résultats
aussi. Moi, je pense qu'on doit demander plus de disponibilité, parce
que si on veut aller à Thetford, à Baie-Comeau - il va y avoir
une salle de spectacle, à Baie-Comeau - tantôt, on parle de faire
un centre des congrès à Québec, je pense qu'il va y avoir
éventuellement un centre des congrès plus important à
Québec. Bien, c'est évident que quand on a des congressistes,
2000 congressistes, il n'y a pas la possibilité autant, mais si on a un
centre des congrès qui peut accueillir 5000, 6000 personnes avec des
couples - ça veut dire un grand nombre de personnes - alors là,
il va être bien plus facile souvent de prévoir une soirée
d'orchestre symphonique pour les congressistes qui vont être ici avec des
congrès plus importants.
Moi, je pense que vous pouvez jouer un rôle de leadership
là-dedans, comme ministre des Affaires culturelles, pour obliger des
gens à s'impliquer davantage en faveur de leur orchestre et pour faire
en sorte de dépoussiérer l'administration. Un conseil
d'administration de 50, 60 personnes, moi, je ne crois pas à ça.
Il y en a 60 et personne n'est responsable. Et, au fond, il devrait y avoir un
conseil d'administration beaucoup moins considérable mais ce dont j'ai
peur... Parce qu'il y a des gens là-dedans, il y a des gens qui ont des
talents et, à un moment donné, si ça commence à se
faire ou si des gens commencent à quitter, bien, ce qui a
été bâti et ce qui a pris du temps à se bâtir,
ce sera peut-être détruit pour plusieurs années à
venir. Et je ne veux pas que vous sentiez que...
Mme Frulla-Hébert: Non. C'est parce que, écoutez,
il faut comprendre, et tout le monde, ici, dans la salle doit... Il faut
comprendre aussi la position et vous savez comme moi que, quand il y a une
proposition sur la table, il faut que les deux parties l'entérinent. De
ce côté-là, je ne peux pas intervenir ni de part ni
d'autre. C'est dans les mains du ministère du Travail à ce
niveau-là. Mais ceci dit par exemple, ce qui se passe est anormal. La
façon dont ça s'est passé, c'est anormal. Vous savez,
comme nous, qu'on ne nomme pas le conseil d'administration. Comme nous, on ne
nomme pas le président. Mais, chose certaine, c'est que, s'il y a de
l'aide à donner, oui, on peut mettre nos conditions. Alors, nous, on
attend. On suit le dossier, de toute façon, de très très
près. On attend que tout le processus... Parce que le processus a
été enclenché. Il fallait être conscient de ce que
ça voulait dire aussi, aller devant un arbitre. Ça voulait dire
mettre son dossier dans les mains du ministère du
Travail. Il y a ce processus-là qui doit se terminer, et
après ça, là-dessus, je peux assurer tout le monde ici
présent que nous allons regarder non seulement le dossier de
près, mais essayer de voir à ce que ça ne se produise
plus. Vous me dites: Bon, l'Orchestre doit sortir et doit rayonner Je suis
d'accord. L'Orchestre de Montréal le fait, l'Orchestre symphonique de
Québec se doit de le faire. Je suis d'accord avec ça. Ce n'est
pas nous. On n'est pas contre ça, excepté qu'on est entré,
nous, en poste en plein milieu d'un conflit et, ensuite de ça, en plein
milieu d'une demande d'accréditation et d'un processus. Parfait. Mais,
ceci dit, effectivement, ce qui se passe présentement, non, ce n'est pas
normal. Est-ce qu'on aime ça? Non, on n'aime pas ça. Et une fois
que les deux parties auront entériné ou enfin qu'on verra la fin
ou la conclusion de tout ça devant l'arbitrage, vous pouvez être
assurés que nous allons non seulement mettre nos conditions, mais on va
se pencher - de toute façon, on le fait déjà là -
on va se prononcer et se pencher sérieusement sur toute l'orientation,
tout le dossier.
Il faut quand même dire, par contre, à la décharge
du gouvernement, qu'effectivement, c'est le plus vieil orchestre au Canada,
d'une part, et que sur un budget de 4 000 000 $, il y a tout de même des
fonds publics. Nous, notre contribution s'élève à 1 300
000 $ et l'ensemble des fonds publics correspond à 50 % du
fonctionnement de l'orchestre. Ceci dit, oui, il faut absolument aussi que la
population québécoise et de la ville... Je le dis ça, je
le répète, il faut aussi trouver les moyens pour que la
population aussi soutienne cet orchestre qu'elle aime tant. C'est facile
d'avoir une pétition de 6000 noms, c'est facile de signer les 6000 noms,
mais comme j'ai dit à Mme Lemire, si chacun - c'est déductible
sur l'impôt ça, en plus - mettait un montant, 100 $, 50 $
déductible, 25 $, ce n'est même pas un repas au restaurant, si
chacun des 6000 noms à côté avait mis une contribution
financière, on aurait un fonds suffisant aussi pour bien partir et bien
consolider. Alors, il y a tout ça aussi dans la discussion...
M. Garon: Mais...
Mme Frulla-Hébert: Donc, ceci dit, une fois que le tout
sera fait, sera sorti du ministère du travail, non seulement je me
prononcerai, mais nous y mettrons des conditions quant à notre aide
parce que, là-dessus, vous avez parfaitement raison.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je vous écoute. Je vais vous le dire comme je le
pense. Je regarde des entreprises comme Hydro-Québec qui sont des
entreprises d'État aujourd'hui. Ce n'est pas déductible
d'impôt, l'argent qu'elles vont donner pour l'Orchestre
symphonique. Si Hydro-Québec était une compagnie privée,
par exemple, pour des fins d'impôt, elle donnerait des montants
importants. Mais on a des entreprises d'État... Aujourd'hui, un grand
nombre de sièges sociaux ne sont pas à Québec, ils sont
à Montréal, mais, dans le fond, quand Hydro-Québec est
à Montréal, entre vous et moi, elle prend
l'électricité des différentes régions du
Québec. Qu'elle en redonne un peu - moi, je pense à l'Orchestre
symphonique -pour que l'Orchestre symphonique puisse aller jouer dans les
régions où elle prend l'électricité pour avoir son
siège social à Montréal, moi, je trouve que ça
ferait un peu partie de la justice distributive. C'est parce qu'à
Québec, vous ne trouvez pas... Pour des raisons politiques, il y a
beaucoup de sièges sociaux importants au Québec, Caisse de
dépôt, qui sont a Montréal, beaucoup d'organismes. Alors,
quand on arrive pour faire les campagnes de financement à
Québec...
Mme Frulla-Hébert: C'est plus difficile.
M. Garon: ...normalement, les organismes sur lesquels on pourrait
compter ne sont pas là.
Mme Frulla-Hébert: Mais on subventionne plus, par exemple,
aussi.
M. Garon: Pardon?
Mme Frulla-Hébert: C'est parce que...
M. Garon: Oui.
Mme Frulla-Hébert: ...le montant de subvention par rapport
aux revenus, on tient ça en ligne de compte. C'est plus
élevé. La contribution d'organismes d'État au niveau des
arts, ça, c'est tout un dossier. Vous savez, quand on parle de politique
culturelle et d'énoncé, c'est tout un dossier qu'il va falloir
regarder parce qu'il faut voir aussi la proportion de cette contribution.
Combien Hydro généralement investit dans la culture? On sait que
des grandes entreprises comme Bell, par exemple, le fait au niveau des
conservatoires, d'une part, au niveau des concerts Bell. Il y a d'autres
entreprises. Il y a des entreprises qui se donnent comme devoir d'investir dans
la culture et il y en a d'autres qui ne le font pas, parce que nos grands
entrepreneurs sont aussi aidés par la Caisse de dépôt.
L'entreprise privée est souvent aidée par la Caisse de
dépôt, et souvent le discours culturel s'arrête là
où les subventions se doivent d'arriver. Alors, évidemment, on ne
peut pas leur tordre le bras non plus, en tout cas de notre part, au niveau
sectoriel. Mais il y a toute la discussion au niveau de l'énoncé
de politique. C'est un volet, finalement, que l'on tient en ligne de compte et
ça fait partie aussi de toutes les recommanda- tions, tout le dossier du
financement des arts aussi. Comparativement, par exemple, aux
sociétés anglophones, où le mécénat est
extrêmement développé, ici au Québec, on a de la
difficulté. Que ce soit dans le domaine culturel ou ailleurs, mais
surtout dans le domaine culturel, on a de la difficulté à aller
chercher. C'est vrai qu'on est moins. On est 6 200 000. Nos entreprises sont
moins grosses, sont moins fortes, mais il y a certainement du travail à
faire à ce niveau-là et un travail, je dirais, énorme.
M. Garon: En Amérique du Nord, on est sans doute l'endroit
où il y a le plus de sociétés d'État parce qu'on
l'a fait défensivement pour occuper plus de place comme
Québécois.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Garon: Si on comparait... Moi, j'aimerais ça... Je ne
vous dis pas ça pour... Vous n'êtes pas là depuis
longtemps.
Mme Frulla-Hébert: II y en a beaucoup en Ontario.
M. Garon: Vous héritez. Vous n'avez pas pris le
ministère sous bénéfice d'inventaire. Quel que soit le
passé, je pense qu'il serait intéressant de voir combien les
compagnies d'électricité donnent aux États-Unis par
rapport à notre compagnie, ici? Domtar? Les compagnies de papier donnent
combien aux États-Unis par rapport à ce qu'elles donnent ici? Des
compagnies, par exemple, qui ont eu des bénéfices.. Vous aviez
raison quand vous avez parlé de la Caisse de dépôt.
Regardons Provigo, Métro, même Steinberg Ces gens-là ont
été financés grâce à nos fonds de retraite.
Ils s'impliquent comment par après? Je pense bien que le
propriétaire de Steinberg actuellement n'aurait jamais acheté
Steinberg si c'avait été avec son propre argent. Grâce
à la Caisse de dépôt. Il s'implique comment, M. Gaucher,
lui, dans l'Orchestre symphonique par après? Est-ce qu'il va dire: Mon
siège social est uniquement à tel endroit. Moi, je pense qu'il y
a une responsabilité sociale des entreprises, sur le plan culturel, que
je ne suis pas certain qui est jouée, bien que ces entreprises-là
aient une implication publique, des fonds publics par les organismes
gouvernementaux ou paragouvernementaux comme aucune entreprise en
Amérique du Nord.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Garon: Moi, je pense que, là-dedans, je ne vous passe
pas une commande - je n'ai pas d'affaire à vous passer de commande
d'abord -mais comme ministre des AHaires culturelles, je pense que vous
êtes mieux placée peut-être que n'importe quel autre
auparavant pour jouer ce rôle-là parce que j'ai remarqué
que quand vous
êtes impliquée dans des dossiers - ça ne fait pas
longtemps que vous êtes là - vous avez du succès.
Mme Frulla-Hébert: Merci. On va essayer. On va vous
impliquer aussi au niveau de certaines campagnes de financement, M. le
député. Il faut juste dire une chose, par exemple...
M. Garon: Pourquoi?
Mme Frulla-Hébert: ...l'information, c'est que...
Une voix: Vous allez prendre la relève.
Mme Frulla-Hébert: ...l'OSQ, comme président,
campagne de financement quand même. Alors, votre nom est mis sur la
liste. Vous faites bien ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Frulla-Hébert: L'OSQ, par exemple, a doublé, et
ça, c'est tout en son honneur, ses commandites depuis deux ans, mais ses
principaux commanditaires sont quand même la Banque Royale,
Hydro-Québec, Du Maurier et Bell. À quel titre et à quel
niveau? Ça, il faut voir au niveau du conseil d'administration, mais il
a quand même réussi à aller chercher quelques gros
commanditaires Maintenant, en termes de commandites, c'est vrai que c'est plus
difficile à Québec qu'ailleurs. Par contre, on vient de sortir du
fameux dossier de Lanaudière, et là, c'est un problème au
niveau de la situation économique. C'est difficile pour les compagnies
en général. Lanaudière a un problème de
commandites. Il y en a d'autres, enfin, les festivals en général.
Il y a le Festival de jazz qui est à la porte. Vous allez dire: C'est
Montréal. C'est tout simplement parce que je vous sensibilise à
une situation présente qui n'est pas très facile pour nous au
niveau des arts. Enfin, comme je vous le dis, la suggestion est bonne, votre
nom est pris.
M. Boulerice: Je n'ai pas demandé de prendre mon nom.
Mme Frulla-Hébert: Mais vous avez raison, effectivement,
ces grands qui bénéficient de tous nos fonds publics se devraient
de redonner à la culture. De toute façon, je vous enjoindrais
tous, collectivement, à m'aider dans ce discours parce qu'il s'en
vient.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre.
M. Garon: II m'en reste juste une dernière.
Le Président (M. Gobé): Oui, allez-y, M. le
député, en terminant.
M. Garon: D'abord, il y a l'orchestre sym-phonique des jeunes de
Lévis à qui on essaie de donner un coup de main en autant que
possible, mais je n'ai pas d'objection à ce que tous les gens
s'impliquent davantage. Ce que j'aimerais savoir de vous - et c'est la
dernière question que je vais vous poser - considérez-vous, comme
les Affaires culturelles, que c'est important qu'il y ait un orchestre
symphonique à Québec?
Mme Frulla-Hébert: Oui. La réponse, c'est oui.
Le Président (M. Gobé): Merci, madame. M. Garon:
Pardon?
Mme Frulla-Hébert: La réponse, c'est oui. M.
Garon: Oui. Merci.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. Mme
la députée des Chutes-de-la-Chaudière, vous aviez une
petite question. Vous m'avez fait signe.
Mme Carrier-Perreault: Moi, ça va être très
bref. Je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont été dites et
je pense qu'il y a aussi beaucoup de gens de Québec qui vous ont
sensibilisée au dossier de l'Orchestre symphonique. J'ai eu aussi les
copies de certains dossiers que vous aviez vous même reçus. Je
pense que c'est une chose très claire, maintenant, que les gens, chez
nous, tiennent à garder l'Orchestre symphonique et en meilleure
santé possible. Deuxièmement, ce que j'ai compris de votre
intervention... D'ailleurs, je voudrais retenir que ça a bien du bon
sens. Je pense, d'ailleurs, que tous les députés de la
région, on devrait avoir notre nom, en fait, parmi les donateurs et les
gens qui encouragent l'Orchestre.
Si j'ai compris comme il faut ce que vous avez dit tout à
l'heure, Mme la ministre, est-ce que c'est un engagement? Vous dites
qu'après le règlement du conflit, cette espèce de conseil
d'administration énorme, la corporation, la réglementation de
cette corporation qui, vous êtes sûrement au courant, ne laisse pas
nécessairement entrer... En tout cas, ce n'est pas facile, semble-t-il,
de devenir membre de la corporation. Il y a des questions qui sont
restées complètement en suspens. Moi-même, on m'a remis, en
fait, le budget de l'Orchestre et je ne sais pas si les gens, au moment
où on se parte, ont réussi à mettre la main dessus, mais
il semble que c'est quelque chose, un réel budget ventilé de
façon claire où on peut vraiment voir l'argent qui est mis du
côté administration ou du côté des musiciens, etc.,
un budget réellement ventilé. Tout ce qu'on a réussi
à avoir, à venir jusqu'à date, il semble que ce soit ce
budget-là que j'ai
en main, et je dois vous avouer que ce n'est pas facile de s'y
retrouver. Alors, est-ce que je peux comprendre, d'après les propos que
vous avez tenus antérieurement, que c'est un engagement de votre part de
tout revérifier un peu le fonctionnement de ça?
Mme Frulla-Hébert: Finalement, oui, c'est un engagement de
ma part, c'est évident. On attend, par contre, que le dossier... C'est
important que les deux parties se parlent aussi, parce qu'on a la version d'un
côté, il y a l'autre version aussi. Disons que c'est important que
les deux parties se parlent. Je pense que quelque part, nonobstant les
méthodes de l'un ou de l'autre, il faut quand même essayer, dans
cette phase-ci, de régler quand même, je dirais, certains
problèmes ou certaines divergences, essayer au moins par la
communication et le dialogue, et là, nonobstant les parties, autant d'un
côté que de l'autre. Ceci dit, une fois que le dossier sera sorti
des mains du ministère du Travail, il y a une proposition sur la table,
l'arbitre, je pense, a fait un travail honnête, je vous dis que c'est un
engagement de notre part de regarder non seulement le dossier - on a
commencé d'ailleurs - mais d'abord de se prononcer, de regarder le
dossier à fond. On n'est pas plus heureux que vous et que n'importe qui
ici de la situation, et je pense que ça n'aide pas non plus le milieu
culturel, parce que, vous savez, d'un côté, vous avez les
proculture qui comprennent et qui viennent du milieu - moi, je viens d'un
milieu de communications, donc j'étais peut-être un peu plus du
côté des patrons, mais quand même - qui comprennent, qui
veulent aider, ceux qui s'impliquent d'ailleurs dans les campagnes de
financement, ceux qui s'impliquent dans les conseils d'administration et qui le
font à titre gratuit, tout simplement parce qu'ils aiment le
théâtre, parce qu'ils aiment la musique. Ça, c'est d'une
part, et il y a les autres. (16 h 45)
Je tiens quand même à répéter qu'il y a 60 %
de la population québécoise qui ne touchent ni de près ni
de loin à un équipement culturel, et quand un conflit comme
ça est mis sur la table, que ce soit au niveau de la musique, du
théâtre, que ce soit n'importe où, c'est la perception -
moi, je viens du marketing - c'est souvent une perception négative qui
reflète tout ça et, en bout de ligne, quand on essaie de
défendre le dossier, quand on essaie de promouvoir et qu'on met
ça dans la balance avec tous les autres, et tout ça, des fois,
c'est une perception négative qui reste en disant: Eh bien, le milieu,
coudon, ça ne se réglera jamais, ils ne sont jamais contents,
etc. Ça, ça ne nous aide pas non plus. Alors, je peux vous dire
que, quand je parle de dialogue, malgré les situations difficiles, c'est
sûr qu'on bout de ligne, quand on n'est pas capable, on n'est pas
capable, mais qu'on essaie, en tout cas jusqu'en dernier, le dialogue, et, moi,
je vous réitère mon engage ment, une fois que ce sera sorti du
ministère du Travail, à revoir toute la situation. Nous l'avons
fait pour Lanaudière et je pense qu'on a eu un certain succès, M.
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques?
M. Boulerice: On va en reparler.
Mme Frulla-Hébert: On l'a fait ensemble, en collaboration
d'ailleurs avec tous les députés locaux, ainsi que votre...
M. Boulerice: Leader.
Mme Frulla-Hébert: ...leader. Bel appui à part
ça de votre leader, et ensemble on l'a réglé. Eh bien, ce
sera la même chose.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. M.
le député. Avez-vous fini, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière?
Mme Carrier-Perreault: Disons que je voulais dire que vous avez
raison quand vous parlez de perception négative quand il y a un conflit.
C'est vrai que c'est toujours difficile après de remettre ça en
place, mate il reste quand même que, quand on arrive avec le genre de
recommandation avec laquelle on est arrivé. ça donne aussi une
perception qui est très négative, parce que l'impression qui
reste dans le public, c'est que les musiciens dans l'Orchestre symphonique, ce
n'est pas très important.
Mme Frulla-Hébert: Je suis d'accord.
Mme Carrier-Perreault: En fin de compte on sait très bien
qu'un orchestre sans musiciens, ce n'est pas... En tout cas, je ne sais pas
à quoi... Disons que dans ce sens-là, la perception, autant de la
recommandation, laisse une perception qui est très négative.
Mme Frulla-Hébert: Je suis d'accord. Tout le conflit, la
tournure, etc., je pense que ce n'est pas bon pour personne.
Le Président (M. Gobé): Merci, mesdames M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous avez maintenant la
parole
M. Boulerice: Lorsque nous parlerons du Festival de
Lanaudière, n'ayez pas peur, j'ai toujours été reconnu
pour mon honnêteté, je vous donnerai les félicitations que
vous méritez.
Mme Frulla-Hébert: Eh bien, mon Dieu! je n'en demandais
pas tant. M le députe
M. Boulerice: J'ai toujours aimé vous en donner plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: L'abondance est toujours plus agréable que
la pénurie. Mais, ceci dit, je suis toujours accroché à
cette phrase. Nietzsche disait de la musique: Sans elle la vie serait une
erreur. Et je pense qu'il avait bien raison. Mais n'allez-vous pas convenir
avec moi, vous avez dit: L'important est que les deux parties se parlent.
Voilà! J'en suis. Mais le fond du problème ne vient-il pas, outre
la non-indexation, donc négligence du ministère, qu'il y a une
partie qui traite l'autre comme des deux de pique? Quand on lance la
programmation et qu'on n'invite pas le directeur de l'Orchestre, je vous avoue
que je me pose de sérieuses questions quant à l'administration et
la direction de cet Orchestre. Quand on considère les musiciens et les
musiciennes comme n'étant que de simples exécuteurs de
partitions, je me dis qu'il y a un sérieux problème.
Rappelez-vous, puisque vous étiez dans les communications, cette
ancienne pub de Dofasco, qui disait: "Notre principale qualité: nos
produits; notre principale richesse: nos employés. " Je pense que pour
l'Orchestre symphonique, la principale qualité est effectivement sa
musique, et la première richesse, c'est ses musiciens. Alors, il y aura
grandement avantage - et je n'hésiterai pas à employer le mot -
si on n'est pas capable d'imposer le ménage, de le faire, parce que
cette situation va se revivre. Vous en convenez?
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Je pense que j'ai fait tous les
commentaires nécessaires, et comme je vous dis, il y aura des choses
à revoir et à vérifier.
M. Boulerice: Et quant au principe de l'indexation, puisqu'on le
retrouve dans bien des éléments et bien des programmes du budget,
est-ce que le principe de l'indexation va s'appliquer en 1991-1992 pour
l'Orchestre symphonique de Québec?
Mme Frulla-Hébert: Vous savez,...
M. Boulerice: La réponse est claire. C'est oui ou c'est
non.
Mme Frulla-Hébert: Absolument, mais au niveau de
l'indexation, et c'est ce que je vous ai dit au début, je n'entrerai pas
aujourd'hui dans les détails. Je ne veux pas entrer dans ces
détails. Une chose par exemple, c'est qu'il faut que je rejette, M. le
député, vos allégations. L'appui du gouvernement à
l'OSQ a été sans pareil au Québec et même au Canada.
Alors, ce n'est pas vrai qu'on ne l'a pas appuyé. Quand, il y a trois
ans, on a demandé un redressement au niveau triennal, ça a
été un redressement très très important. Alors,
toute réponse ici peut influencer un certain processus qui, au moment
où l'on se parle, n'est pas dans nos mains. Alors, je vous l'ai dit, je
me prononcerai une fois le processus terminé.
M. Boulerice: Alors, c'est quoi le budget de subvention
prévu pour l'année 1991-1992 pour l'Orchestre symphonique de
Québec? Et quel était celui de l'an dernier?
Mme Frulla-Hébert: Ce que l'on fait, présentement,
c'est un budget qui est global et la décision, au moment où on se
parle, n'est pas encore prise, enfin, elle n'est pas dans le ciment. Encore une
fois, je vous le dis, je ne parlerai pas de chiffres aujourd'hui sur aucune
question ou aucun organisme spécifique. Je ne parierai pas de chiffres
aujourd'hui.
M. Boulerice: Si vous ne voulez pas, Mme la ministre, parier de
chiffres à l'étude des crédits du...
Mme Frulla-Hébert: Spécifiques au niveau des
organismes. Non. Et vous savez comme moi...
M. Boulerice: Oui, mais...
Mme Frulla-Hébert:... M. le député, vous le
savez comme moi. J'apprécie beaucoup l'intervention du
député de Lévis parce que c'est une intervention qui est
globale. Moi, je vous ai dit qu'une fois que le processus sera terminé,
nous nous prononcerons. Nous n'aimons pas ce qui se passe, nous n'aimons pas la
tournure des événements, nous n'aimons pas ce que nous entendons,
mais nous allons laisser le processus suivre son cours, et vous savez comme moi
que toute discussion autre que ça peut influencer le processus. Et, M.
le député, je vous l'ai dit, je ne m'embarquerai pas
là-dedans.
M. Boulerice: Mais vous êtes en train de me dire... Pour
vous, c'est un détail, mais moi je trouve que ce n'est pas un
détail de voir des musiciens entrer au bureau de
l'assurance-chômage dans quelques jours ou quelques semaines. Vous
êtes en train de me dire...
Mme Frulla-Hébert: Pas du tout. Pas du tout.
M. Boulerice:... que l'article publié dans Le Soleil, le
27 mars, au sujet d'une nouvelle programmation, eh bien, que l'Orchestre
symphonique l'a faite dans le vent puisqu'elle ne connaît pas son budget.
Comment va-t-elle faire venir Franz-Paul Decker?
Mme Frulla-Hébert: Elle connaît son budget. Chose
certaine, c'est qu'il n'y aura pas de baisse, au moment où on se parie.
À partir de là,
mais pas du tout...
M. Boulerice: C'était quoi le budget l'an dernier,
déjà? Le budget de l'an dernier, c'était quoi?
Mme Frulla-Hébert: 7 500 000 $ pour la musique globale.
Vous savez que le secteur musique...
M. Boulerice: La subvention, c'était combien?
Mme Frulla-Hébert:... a reçu une augmentation, au
niveau de ses subventions, de 25 % sur quatre ans. L'année
passée, tout le secteur musical a été un secteur de...
M. Boulerice: Oui, mais là, on parle de Québec.
Mme Frulla-Hébert: 7 500 000 $; on augmente maintenant de
320 000 $.
M. Boulerice: La subvention à l'Orchestre symphonique de
Québec, l'an dernier, était de combien?
Mme Frulla-Hébert: 1300 000 $. M. Boulerice:
Vérifié?
Mme Frulla-Hébert: À peu près, là.
C'est ça, 1 300 000 $. 1 320 000 $. On donnait 1 120 000 $ en 1988-1989,
1989-1990; ça, ça faisait partie d'une entente triennale.
Ça, c'est le même genre d'entente qu'on fait maintenant que ce
soit avec le théâtre, que ce soit avec d'autres organismes, une
entente triennale qui a été acceptée par la ville et la
CUQ. Alors, 1 320 000 $, gouvernement du Québec; 125 000 $, la ville. Ce
sera bon aussi, hein? Je vous fais part, M. le député, au niveau
de la municipalité, 125 000 $, la ville. Et la CUQ, 313 000 $.
M. Boulerice: Alors, vous comprendrez bien que ce dossier sera
suivi très attentivement par l'Opposition officielle, très
assurément par mes collègues de la capitale nationale, auxquels
se joindront les députés ministériels, j'en suis certain,
et par moi-même en premier chef.
Mme Frulla-Hébert: Ça va me faire plaisir et votre
attention sera sûrement égale à la mienne.
M. Boulerice: Si vous réussissez, ils joueront la
première de Mahler, Frère Jacques.
Mme Frulla-Hébert: Et j'y serai.
M. Boulerice: J'aurai plaisir, madame, à vous avoir
à mon bras. La musique adoucit les moeurs.
Mme Frulla-Hébert: Ça me fera plaisir de vous
accompagner.
M. Boulerice: Vous pouvez maintenant nous laisser, chers
collègues.
Mme Frulla-Hébert: Ce sera nprès le petit souper
que vous êtes censé me cuisiner, hein? On s'entend?
M. Boulerice: Madame, je vous en prie, les éléments
de vie privée ne tiennent pas place dans cette commission.
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président (M. Gobé): Alors, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je vous remercie d'avoir consenti à... Je ne
veux pas bousculer. On ne bouscule...
Mme Frulla-Hébert: M.le Président, je tiens
juste...
Le Président (M. Gobé): Madame, oui. Mme
Frulla-Hébert:... à souligner... Le Président (M.
Gobé): Allez-y.
Mme Frulla-Hébert:... la présence maintenant de M.
Robert Brisebois, vice-président de la SOGIC. Le président devait
être avec nous, mais comme il revient du MIP-TV, son...
M. Boulerice: II voyage beaucoup, lui, c'est vrai.
Mme Frulla-Hébert:... avion est en retard.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M.
le député!
Mme Frulla-Hébert: Me Michel Fortier aussi,
secrétaire de la SOGIC; de la Place des Arts, directeur
général, M. Guy Morin; du Grand Théâtre, Mme
Michelle Mercier, directrice générale; de la Régie du
cinéma, M. Claude Benjamin. Et, éventuellement, M. Cyrille Simard
sera ici aussi, de la Commission...
M. Boulerice: Je les salue tous avec vous en me permettant
d'avoir une pensée particulière pour le directeur
général de la Place des Arts, mon ancien collègue et ami,
M. Morin, qui d'ailleurs m'avait montré le magnifique cadeau qu'il
s'était acheté, qui était, si vous me permettez
l'expression, un petit "kit" de chef d'orchestre où il pratiquait les
partitions. Voilà un amoureux de la musique qui, sans doute, est
très solidaire avec l'Orchestre symphonique de
Québec.
Le Président (M. Gobé): Très bien, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Sur ce, nous allons
continuer l'étude des crédits. Alors, je vous encouragerais
à poser des questions à Mme la ministre.
M. Boulerice: Nous allons au patrimoine.
Le Président (M. Gobé): Patrimoine, c'est le
programme 3? Vos connaissances musicales sont profitables pour l'ensemble de la
commission, à n'en point douter.
Patrimoine historique, archéologique et
naturel
M. Boulerice: M. le Président, à
l'élément 3, Patrimoine historique, archéologique et
naturel. Donc, c'est aux pages 43 à 49 de votre cahier, je tiens
à vous le répéter. Eh bien, alors, écoutez.
1988-1989, première déclaration, dépôt prochain
d'une politique du patrimoine qui sera suivi d'une consultation à
l'automne...
Mme Frulla-Hébert: Ah oui!
M. Boulerice: Ça, c'était la
prédécesseure de votre prédécesseure, en 1989-1990.
Le dépôt prochain d'un projet de politique du patrimoine sera
soumis à une consultation publique au cours de la présente
année. 1990-1991 - là, c'est votre deuxième
prédécesseure - la Direction générale du patrimoine
prévoit finaliser le projet d'orientation en matière de
patrimoine culturel et le soumettre à la consultation publique au cours
du présent exercice. 1991-1992 - quatrième déclaration
consécutive - la Direction générale du patrimoine
intensifiera ses efforts en vue de la finalisation et de la consultation sur un
projet de politique du patrimoine. Le patrimoine ayant une connotation dans le
temps, je calcule que cet énoncé fait maintenant partie du
patrimoine des énoncés culturels de votre ministère.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Est-ce que je pourrais vous demander où en
sont rendus les travaux d'élaboration de cette politique, travaux qui
devaient être complétés à l'automne 1988? Je veux
dire, la patience a ses limites...
Mme Frulla-Hébert: Oui, vous avez raison, mais, vous
savez...
M. Boulerice: ...et il y a sans doute des fonctionnaires qui sont
morts depuis le temps.
Mme Frulla-Hébert: ...il y a autant la politique du
patrimoine que la politique "muséa-le". Nous allons être chanceux
parce que, finale- ment, je vais récolter l'ensemble du travail et nous
allons pouvoir les déposer. Je vous l'ai dit, je vais vous tenir
occupé. La politique du patrimoine... D'abord, seulement pour les
intervenants qui sont ici, on parle de politique du patrimoine parce qu'elle
vise à susciter une réflexion de l'ensemble des intervenants
intéressés pour identifier les gestes et les actions à
poser, comme on dit, pour que le patrimoine culturel des
Québécois continue de vivre. Donc, il faut réaffirmer les
orientations, les grands principes qui doivent nous guider, actualiser les
approches et les modes d'intervention. Alors, j'imagine qu'évidemment,
quand on parle de patrimoine, on fait appel à différentes
écoles, écoles de pensée, etc. Donc, ça prend quand
même un certain temps pour tout mettre ça sur pied ou, enfin,
mettre les grands principes sur pied, ne serait-ce que sur papier. Donc, cette
politique sera l'occasion pour le ministère de clarifier son rôle
dans le nouveau contexte aussi et de revoir ses priorités d'intention et
ses modes de fonctionnement. Donc, le projet de politique du patrimoine est sur
le point d'être complété, et au cours des prochains mois.
Et je passerai la parole à Mme Malo qui est là quand même
depuis un certain temps et qui peut vous expliquer le cheminement, à
partir de mon ex-prédécesseure, de ma prédécesseure
et de moi-même. (17 heures)
En fait, la politique fera l'objet, au cours des prochains mois, d'une
consultation au niveau des milieux intéressés. Si je ne m'abuse,
la politique, elle est presque prête, mais il ne faut pas oublier non
plus autant la politique "muséa-le", on en parlera plus tard, que la
politique du patrimoine. Elles sont prêtes, elles sont
complétées, on a consulté le milieu, mais elles ne sont
pas indépendantes de l'énoncé global de politique
culturelle qui sera déposé le 14 juin. Là-dessus, M. le
Président, si vous me le permettez, je passerai la parole à Mme
Malo puisqu'elle s'occupe de cette politique depuis quelque temps.
Une voix: C'est la seule qui me résiste encore.
Mme Malo: M. le Président, pour compléter ce que
vient de dire la ministre...
Le Président (M. Gobé): Oui, madame.
Mme Malo: ...il faut dire qu'il y a eu, effectivement, en
1988-1989, une première démarche d'analyse de toute cette
question de la politique du patrimoine qui nous a permis, d'une part, de revoir
l'intervention législative puisque, avant ça, on avait quand
même toute la Loi sur les biens culturels qui constituait la base de la
politique du patrimoine et des interventions du patrimoine en matière de
patrimoine du gouver-
nement. Donc, cette première année de travail a permis de
faire le point sur la situation, où on en était, de consulter
aussi un groupe, à partir d'un groupe-conseil qu'avait constitué
Mme la ministre à l'époque, d'essayer de faire le tour de la
question. Nous avons poursuivi, et la conclusion était qu'il fallait
pousser plus loin les analyses de façon à pouvoir non seulement
dresser les grandes lignes de force dans les interventions gouvernementales,
mais d'aller plus finement, les attentes du milieu étant beaucoup plus
précises dans le domaine du patrimoine, que d'énoncer des grandes
orientations, celles-ci étant relativement supportées encore,
celles qui étaient déjà énoncées dans la
loi. Donc, nous sommes à l'étape finale, après ce travail
de précision, de retourner voir des groupes et des personnes
représentatives du milieu du patrimoine, d'aller tester ces
éléments de réflexion, ce que nous allons faire au cours
de mai et juin. Effectivement, nous allons clore le dossier politique du
patrimoine cette année.
M. Boulerice: Alors, pour clore, est-ce que la ministre s'engage
à déposer ceci avant la fin juin afin qu'on puisse tenir des
consultations à l'automne? Elle veut me tenir occupé, alors, je
lui fais l'offre.
Mme Frulla-Hébert: Ce sera plus vers l'automne.
M. Boulerice: Vous le déposeriez à l'automne pour
des consultations plus tard à l'automne et au début de
l'hiver.
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que.. Mme Malo.
Mme Malo: Si vous me permettez.
M. Boulerice: Je ne voudrais pas retrouver, dans le cahier de
1992-1993, un cinquième énoncé.
Mme Frulla-Hébert: Moi non plus. Mme Malo: Non, moi
non plus.
Mme Frulla-Hébert: Honnêtement, là... Mme
Malo.
Mme Malo: Ce que nous faisons en mai et juin, c'est d'aller
rencontrer des personnes représentatives du milieu culturel avec une
proposition qui fait l'état de la question et qui lance des
orientations. Et notre lecture de ce que nous devrions faire, c'est tester ces
idées auprès des gens qui sont vraiment sur le terrain, qui
travaillent en patrimoine et qui s'investissent en patrimoine et revenir
exactement la même démarche que nous avons faite en
muséologie - travailler avec les précisions nécessaires
et, à l'automne, déposer un projet qui aura eu une
première validation du milieu.
Restauration du Vieux-Québec
M. Boulerice: D'accord. Si on parlait maintenant de l'entente au
sujet du Vieux-Québec, qui est un territoire quo je connais bien, j'ai
la chance d'être dans ce coin. Quelles sont les sommes qui ont
été dépensées en 1990-1991?
Mme Frulla-Hébert: L'entente au niveau du
Vieux-Québec, c'est l'entente MAC-ville. Alors, c'est 5 000 000 $ au
service de la dette, qu'on m'informe, en 1990-1991, mais, maintenant, il y a
aussi toute l'entente MAC-ville que j'ai signée en entrant. Il y a 20
000 000 $ du gouvernement du Québec et 20 000 000 $ de la ville de
Québec, donc, une entente de 40 000 000 $ sur cinq ans.
M. Boulerice: Ça, ça n'a pas commencé
à être dépensé. D'accord. Quels sont les projets qui
pourront déménager avec les 3 700 000 $ prévus pour
1991-1992?
Mme Frulla-Hébert: Excusez-moi?
M. Boulerice: Quels sont les projets qui pourront démarrer
avec les 3 700 000 $ prévus pour 1991-1992?
Mme Frulla-Hébert: Les projets qui s'inscrivent à
l'entente vont se regrouper sous quatre catégories: recherche,
interprétation, archéologie; mise en valeur des
propriétés municipales et aménagement urbain; mise en
valeur des propriétés privées, ça, c'est la base de
l'entente et soutien technique et professionnel, soit l'engagement de
personnes-ressources. C'est d'ailleurs l'entente la plus importante jamais
signée avec une ville, hein? Donc, on accorde évidemment à
la ville de Québec, plus spécifiquement dans le secteur du
Vieux-Québec, une importance...
M. Boulerice: Capitale.
Mme Frulla-Hébert:... capitale. Voilà!
M. Boulerice: C'est capital d'avoir une importance capitale pour
la capitale, j'en conviens. Est-ce que vous avez donné des indications
de priorités quant à la place Royale qui, malheureusement, a subi
un désastre assez considérable?
Mme Frulla-Hébert: On va mettre cette année,
d'abord dans la première année, l'accent sur le programme PARCQ,
c'est-à-dire aussi tout le programme de restauration surtout au niveau
de l'entente, au niveau des bâtiments. La place Royal, le
ministère des Affaires culturelles a pris depuis quelques années
tous les moyens nécessaires pour qu'on puisse faire en sorte que
ce secteur urbain... Oui?
M. Boulerice: Je sais. Je vais le préciser, je pense que
ça va aller mieux.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: Oui, je sais, il y a sur Saint-Pierre, etc., des
édifices dont on n'avait pas commencé la rénovation comme
telle, et là, je vois inévitablement quand je rentre chez moi que
c'est commencé, c'est même très débuté. Il y
a même des bâtiments... Celui qui s'est effondré là
est complètement rénové. Mais sur la place Royale comme
telle, vous vous rappelez cet incendie désastreux du restaurant?
Mme Frulla-Hébert: Oui. La maison Paradis.
M. Boulerice: Je ne me souviens pas de son nom, mais on y
mangeait bien, en tout cas. Est-ce qu'on a donné les indications
très précises de priorisation pour cette partie, ce
bâtiment-là?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'on a
donné des indications précises au niveau des trois
bâtiments, d'une part, au niveau de leur restauration. Maintenant, il y a
aussi des discussions avec la ville au sujet du concept en soi et de la
vocation de la place Royale. Est-ce que c'est une vocation purement
pédagogique ou si on en crée un quartier et, à ce
moment-là, il y a une vie de quartier aussi? Alors, c'est une discussion
que nous avons avec la ville. Mme Courchesne, de toute façon, est une
des personnes qui font partie du comité, et si vous me permettez, M. le
Président, Mme Courchesne fera un compte-rendu sur ces discussions.
Mme Courchesne: Effectivement, par l'intermédiaire de
l'entente MAC-ville, nous sommes en train de réactualiser nos
interventions sur place Royale et nous questionner, par ailleurs, sur, par
exemple, le type de fonctions qu'on doit y rencontrer. Il est évident
que place Royale doit faire partie de l'habitation commerciale et,
évidemment, il ne faut pas négliger non plus la vocation
touristique de cet endroit. Donc, dans nos interventions, de façon
intégrée, comment pouvons-nous assurer l'harmonie du
développement de ces trois fonctions, et il faut se le dire, pour
permettre notamment aux citoyens du quartier d'avoir une vie agréable
où ils se sentent chez eux et pouvoir avoir des interventions au niveau
de l'aménagement urbain, que ce soit au niveau de la circulation, du
stationnement, et tout ça? Comment concilier avec la venue des touristes
qu'on ne doit pas négliger.
Alors, actuellement, il y a un groupe de travail, par le biais de cette
entente, qui se penche sur cette question-là et soumettra des
recommandations très précises pour faire en sorte qu'on ait une
place Royale telle que les gens qui y vivent le désirent et le
souhaitent, en essayant de concilier les intérêts de la
majorité et du plus grand nombre.
Il faut bien se dire qu'il y a quand même parfois certaines
fonctions qui peuvent paraître contradictoires ou qui peuvent se rejeter
l'une l'autre, mais, par contre, en faisant de bons aménagements
urbains, il y a moyen de concilier le tout.
M. Boulerice: D'accord, mais vous allez convenir avec moi, Mme
Courchesne, qu'au-delà du respect de tous ces concepts - il y a quand
même des avenues de solutions, j'en suis persuadé - à cause
de cet incendie, la place Royale a été atrocement
mutilée.
Mme Courchesne: Oui.
M. Boulerice: Donc, il y a priorité de restauration sur
place Royale.
Mme Frulla-Hébert: Là-dessus, je pense qu'on n'a
pas été très clairs au niveau de la question que vous avez
posée. C'est la Société générale, la SOGIC,
qui, dans le cadre de son mandat, a le mandat de restauration. Elle a
reçu des crédits de 7 600 000 $. C'est la SOGIC qui
procédera aussi à la restauration des trois immeubles qui seront
utilisés à des fins de logement et de commerce. Donc, ça,
c'est la phase I. Maintenant, la ville de Québec poursuivra
l'aménagement urbain des rues Sous-le-phare et Cul-de-sac, et c'est le
Musée de la civilisation qui animera la Place Royale dans le cadre de
son mandat de gestion ou de l'interprétation, en collaboration avec les
services de loisirs de la ville de Québec et le Festival
d'été de Québec.
M. Boulerice: D'accord. Pour ce qui est de l'entente avec la
ville de Québec, vous ne trouvez pas que c'est un petit peu injuste que
la ville de Québec doive investir autant que le gouvernement du
Québec pour la mise en valeur de ses biens culturels? D'une part, cette
ville est classée patrimoine mondial, cette ville a statut de capitale
et petite adéquation arithmétique - je dis arithmétique
parce que c'est élémentaire; ce n'est même pas
mathématique, c'est arithmétique - quant il y a 1 000 000 $ pour
la ville de Montréal à investir, on est 1 000 000 à le
payer; quand il y a 1 000 000 $ à investir de la part de la ville de
Québec, ils sont 160 000 à le payer. Donc, quand vous faites un
"fifty-fifty" - si je peux employer cette expression latine - dans le cas de
Québec, je vous avoue que c'est passablement désavantageux pour
eux et peu incitatif. J'en avais des commentaires en route pour notre
Parlement, même ce matin, de la part de hautes autorités.
Mme Frulla-Hébert: Oui. On sait lesquelles.
M. Boulerice: Ah là! si vous m'espionnez en plus.
Mme Frulla-Hébert: On devine. Là-dessus, je ne peux
pas être d'accord avec l'allégation. C'est vrai que Québec
a été classée comme ville patrimoine mondial, mais les
retombées sont énormes pour la ville de Québec, d'une
part. On parle d'une des ententes ou, sinon, l'entente la plus importante. La
ville a accepté aussi cette entente-là, on ne tord pas le bras
à personne, et le gouvernement investit énormément aussi
au niveau de la ville de Québec. Il y a l'entente, c'est vrai, au niveau
du patrimoine, mais il ne faut pas oublier que nous avons quand même deux
musées nationaux ici, dont le Musée de la civilisation et le
Musée du Québec, financés à 95 %. Ça, c'est
pour la ville de Québec, quand même.
M. Boulerice: Méchant ancien gouvernement!
Mme Frulla-Hébert: Vous allez dire: Oui, mais ça a
des retombées partout, mais c'est phénoménal. Et il y a la
cathédrale anglicane où nous contribuons, où nous avons
annoncé d'ailleurs, au niveau du plan de relance. Il y a le Musée
du séminaire. Donc, il ne faut quand même pas regarder l'enveloppe
d'une façon isolée, mais H faut regarder quand même tous
les Investissements au niveau gouvernemental que nous mettons ici dans la ville
de Québec. Alors, ça, je ne partage malheureusement pas votre
opinion là-dessus ni l'opinion de ceux qui ont la même opinion que
vous. Je tiens à vous dire aussi que M. Cyrille Simard, de la Commission
des biens culturels, est ici avec nous, à votre demande.
Soutien aux fonctions culturelles
M. Boulerice: Je l'ai bien reconnu, oui. Nous irons maintenant
à l'élément 4, Soutien aux fonctions culturelles, un vieux
"remake" de votre formation politique, les bibliothèques publiques.
Bibliothèques publiques
Ça fait longtemps qu'on en parle, c'était une
préoccupation de votre prédécesseure et de la
prédécesseure de votre prédécesseure, mais il y a
au moins une continuité dans les rapports ou les reports, plutôt.
C'est au feuilleton depuis un an. C'était même prévu,
l'adoption, pour 1990. Alors, je ne sais pas, moi, ce qui bloque le
dépôt de ce projet de loi depuis un an.
Mme Frulla-Hébert: C'est très simple. Le projet de
loi et tout le plan d'action qui est relatif au dossier des
bibliothèques publiques...
M. Boulerice: Les gens du milieu vous l'ont retourné.
Mme Frulla-Hébert:... est un projet que nous devons
discuter avec les municipalités Alors, ça fait partie de la
discussion. C'est un des éléments importants de la table
Québec municipalités sur la culture qui, comme je vous l'ai dit,
devait commencer ou devrait commencer ses travaux au mois de septembre.
M. Boulerice: Mais II y a quand môme des
éléments de politique qui ont été soumis à
certains membres de bibliothèques publiques, on leur a montré une
esquisse et on vous l'a un peu retournée, je crois. (17 h 15)
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'on a fait la
consultation au niveau de cette politique et aussi au niveau du projet de loi.
Maintenant, tout le dossier des bibliothèques publiques, c'est quand
même un dossier qui est prioritaire pour nous depuis 1985. C'est vrai que
nous étions très en retard au niveau des bibliothèques, et
nous avons tout fait, finalement, pour essayer de compenser ce retard, si on
veut. Maintenant, quant à la concertation au niveau du projet de loi, iI
y a une équipe au ministère qui est à revoir avec le
Conseil consultatif de lecture tout l'ensemble de la loi sur les
bibliothèques, d'une part, et parallèlement à cette
action, le groupe-conseil qui est aussi chargé de définir une
politique culturelle touchera aussi toute la question des bibliothèques.
Mais il y a toute l'implication au niveau du fonctionnement des
municipalités versus le gouvernement, et ce sera impossible pour nous de
déposer un projet de loi au niveau des bibliothèques sans que les
municipalités soient non seulement consultées mais participent
aussi très activement dans cette discussion. Alors, honnêtement,
c'est ce qui nous retarde.
M. Boulerice: Je saute au financement des bibliothèques
publiques. Quand vous dites que c'est une grande préoccupation, je suis
obligé de vous dire: Soyez quand même un peu prudente dans vos
affirmations, puisqu'en 1986-1987 vous les avez coupées de 4 000 000 $.
4 000 000 $ de coupures également en 1987-1988. Vous avez
augmenté, mais ce qui ne rejoignait pas 1985-1986, en 1988-1989, et ce
n'est qu'en 1989-1990 que vous avez réussi à ramener cela
où ce l'était en 1985-1986, au niveau du développement des
bibliothèques publiques comme tel. Une question que j'aimerais vous
poser: Combien de bibliothèques, parce que les bibliothèques dont
la situation est un petit peu dramatique... La bibliothèque à
Chicoutimi est dans un ancien magasin de meubles sur la rue Racine. Je vous
avoue que...
Mme Frulla-Hébert:... projet. Ça s'en vient au
sommet, là.
M. Boulerice: À Repentigny, c'était à
côté de l'aréna.
Mme Frulla-Hébert: Même chose à Repen-tigny,
ça a été annoncé.
M. Boulerice: C'était très intéressant de
lire et d'entendre "score, score", parce que les jeunes jouaient au hockey
à côté.
Mme Frulla-Hébert: Mais on attend les dossiers de la
ville. Au dernier sommet, celle de Chicoutimi, si ma mémoire est bonne,
a été annoncée, et à Repentigny... Il faut attendre
la demande des dossiers de la ville. Et c'est là, quand on parie de la
contribution et l'apport des municipalités au niveau des
bibliothèques... Au Québec, quand on parle de la contribution
locale par habitant, finalement, selon nos données ici... En Ontario,
par exemple, les contributions locales par habitant sont près du double
de celles du Québec, alors qu'en Colombie-Britannique elles sont
supérieures de près de 50 %. Alors, quand la contribution locale
est évidemment supérieure et quand les municipalités, je
dis pas toutes, parce qu'il y en a qui y croient, mais quand certaines
municipalités n'y croient pas, bien c'est sûr que c'est
très difficile pour nous aussi de développer ou de continuer
à développer un système ou un réseau de
bibliothèques qui est solide autant par ses infrastructures que par son
contenu. Il y a un sous-financement local des institutions, et, selon
Statistique Canada, seulement 13 % des dépenses publiques en
matière culturelle sont assumés par les municipalités
québécoises, et le pourcentage atteint 23 % en Ontario et
dépasse 50 % dans la plupart des pays européens. Alors, on sait
qu'il y a là un problème.
Maintenant, il faut quand même rappeler qu'entre 1985 et 1989, le
nombre de bibliothécaires diplômés a connu une hausse de
30,2 %, et le nombre de prêts par habitant est passé de 3,7
à 4,3 livres, soit une augmentation de 16,2 %, et que le pourcentage de
la population desservie est passé de 85,5 % à 90,5 %.
Considérant les régions éloignées et notre
géographie, l'effort a quand même été important.
C'est sûr que le programme d'aide à l'implantation des
bibliothèques a permis de porter à 150 le nombre de
municipalités et rejoindre plus de 1 200 000 personnes. Ce qui fait
maintenant qu'il faut absolument - et je reviens encore quand je parle de
l'apport local - que les municipalités se conscientisent au
phénomène des bibliothèques, et à ce
niveau-là, elles doivent participer de façon beaucoup plus
accentuée, un peu à l'image des autres provinces canadiennes,
puisque, souvent, on se compare soit à l'Ontario ou à la
Colombie-Britanniquo.
M. Boulerice: Est-ce que vous avez lu le sondage qu'a fait faire
la bibliothèque de Montréal sur les habitudes des
Montréalais pour ce qui est de la lecture?
Mme Frulla-Hébert: Pardon?
M. Boulerice: Est-ce que vous avez lu le sondage que la ville de
Montréal a fait faire au sujet de l'utilisation de ses
bibliothèques, le taux de fréquentation, etc.? Je vous en
donnerai une copie, ça va me faire plaisir.
Mme Frulla-Hébert: Parfait. On a notre étude,
à nous, sur le comportement et le taux de fréquentation, alors on
pourra s'échanger les copies.
M. Boulerice: Mais Montréal a fait la sienne
elle-même. C'est assez intéressant.
Mme Frulla-Hébert: La bibliothèque centrale.
M. Boulerice: Près de 40 % des Montréalais
fréquentent une bibliothèque. Majoritairement, on souhaite
beaucoup plus de livres, plus d'heures d'ouverture, plus de best-sellers, etc.
Ce que je veux savoir, c'est qu'en 1988, la contribution des
municipalités était de 79,3 %. En 1991, c'est rendu à
combien? La contribution des municipalités...
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que les demandes au
niveau des municipalités vont entrer d'ici un mois. Là-dessus,
Mme Courchesne, est-ce que vous avez des précisions?
Mme Courchesne: Comme vous savez, chaque année, les
bibliothèques nous soumettent leurs prévisions de
dépenses, à peu près au début mai. D'ici le 15 mai,
nous devrions avoir le portrait total de ce que les municipalités ont
l'intention d'investir à l'intérieur de leur bibliothèque.
C'est un pourcentage qui connaît quand même certaines variations
d'année en année. Par contre, depuis deux ou trois ans, il a
été à la hausse. Qu'est-ce que ce sera cette année?
On peut anticiper encore une hausse assez importante des municipalités,
des indications qu'on a jusqu'à maintenant.
M. Boulerice: Parce que, vous savez, il ne faut pas jeter trop de
pierres aux municipalités. Déjà, votre collègue des
Affaires municipales en lance tellement. En 1988, les municipalités ont
quand même fait leur part, 75 400 000 $ contre 19 691 912 $ pour ce qui
est du ministère. C'est ça que je vous pose. En 1991, c'est...
L'an dernier?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'au
fonctionnement, on ne conteste pas que les municipalités font leur part.
C'est normal aussi, parce que c'est leur responsabilité. Mais,
finalement, c'est tout l'entretien et aussi au niveau de l'achat de livres, au
niveau des collections, l'entretien des collections, au niveau du contenu.
Et c'est ce partage-là qu'il va falloir discuter aussi.
C'est-à-dire: Est-ce que notre contribution, à nous, ne se
limitera qu'à l'achat de livres, qu'au contenu et on laissera la
totalité du fonctionnement aux municipalités comme dans les
autres provinces? C'est peut-être là aussi une solution. Mais
chose certaine, H y a eu quand même 22 000 000 $ de
dépensés dans le secteur des bibliothèques cette
année, ce qui n'est pas à dédaigner, non plus.
M. Boulerice: 22 000 000 $, donc c'est...
Mme Frulla-Hébert: Mais ce qu'il faut aussi, c'est de
construire un véritable réseau. On est sous informatisé,
par exemple. Alors, toute la question de l'informatisation, c'est une question
qui est capitale; toute la question du perfectionnement au niveau du personnel;
les échanges de données qui ne se font pas, parce que les
bibliothèques travaillent en vase clos, probablement parce qu'elles sont
sous-informatisées. Alors, ce sont toutes des questions auxquelles on se
doit de répondre. Mais, l'objectif premier, c'est vraiment de construire
un véritable réseau, ce que l'on n'a pas, présentement,
donc, plus efficace. Et, évidemment, on y gagne par l'efficacité,
c'est sûr, par le prêt de livres.
M. Boulerice: Combien de bibliothèques affiliées
aux bibliothèques centrales de prêt ont été mises en
place l'an dernier?
Mme Frulla-Hébert: J'ai la liste de celles qui ont
été mises en place. En 1990-1991, 12, pour une population de 17
170 habitants. Évidemment, on parle de Dubuisson, Moisie,
Pointe-Calumet, Saint-François-du-Lac, village
Saint-François-du-Lac, paroisse Saints-Martyrs-Canadiens,
Saint-Dominique, Sainte-Sabine, Lac-des-Aigles, Saint-Hubert, Cap-Santé,
Saint-Janvier-de-Joly. Au niveau du total global, on a 800 bibliothèques
affiliées.
M. Boulerice: Dans le 22 800 000 $ pour l'an prochain, c'est quoi
la répartition entre le développement, implantation et BCP? Et
non pas BPC.
Mme Frulla-Hébert: À ce moment-là, on attend
les demandes des municipalités à ce niveau-là. Vous savez
que leur année fiscale ne correspond pas à la nôtre; alors,
ce qui fait qu'une fois que nous aurons les demandes des municipalités,
à ce moment-là, on pourra faire la ventilation.
M. Boulerice: L'an passé, ça avait
été quoi? Ça peut être indicatif de ce que ça
risque d'être cette année?
Mme Frulla-Hébert: À l'implantation, l'an
passé, nous avons accordé 1 035 475 $.
M. Boulerice: Et les bibliothèques centrales de
prêt?
Mme Frulla-Hébert: Ça. c'est pour les
bibliothèques publiques autonomes. Au niveau des bibliothèques
centrales de prêt, on est autour de 8 000 000 $. C'est ça?
Une voix: Oui. C'est ça. L'an dernier, on était
autour de 8 000 000 $.
M. Boulerice: 7 163 100 $. C'est beau. Mme
Frulla-Hébert: C'est ça Pardon? M. Boulerice: 7 163
100 $.
Mme Frulla-Hébert: Au niveau de l'ensemble des
bibliothèques?
Une voix: C'est ça. On n'a pas l'ensemble
Mme Frulla-Hébert: Au niveau des BCP. 22 000 000 $, 7 000
000 $ au niveau des BCP; y a-t-il d'autres ventilations?
M. Boulerice: Non, ce n'est pas mortuaire. C'est la
démolition du collège de Chambly qui est mortuaire, M. le
député de La Prairie...
Une voix: Ah oui. C'est le collège des frères de
Saint-Gabriel...
M. Boulerice: Le président de la Commission des valeurs...
Les frères de Saint-Gabriel, oui.
Mme Frulla-Hébert: Pas Chambly, Saint-Bruno.
Une voix: Saint-Bruno, Mont-Saint-Hilaire. Merci.
M. Boulerice: Mais c'est dans le comté de Chambly.
Ça, c'est un comté mal défendu.
Mme Frulla-Hébert: Ça, c'est ma
prédéces-seure, le comté de ma
prédécesseure.
M. Boulerice: Voilà qui malheureusement s'est fait faire
une entourloupette par son collègue du Loisir, Chasse et
Pêche.
Le Président (M. Gobé): Alors, nous allons revenir,
pas à nos moutons, mais à nos livres.
M. Boulerice: II y a d'excellents livres que je vous
suggère, qui est Le mouton de Panurge. Oui, allez-y...
Le Président (M. Gobé): Vous êtes
très. Oui, on connait ça, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, et on voit l'occasion dans certains partis
politiques.
M. Boulerice: Ah! Cessez de faire de la politique partisane et
parlez de vous.
Le Président (M. Gobé): Bon. Mme la ministre,
précédemment, avec le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques et à juste titre d'ailleurs, vous parliez de
développement de nouvelles bibliothèques, je présume, ou
d'agrandissement de bibliothèques existantes. Et il se trouve qu'on
parle beaucoup de développement de nouvelles bibliothèques en
région, dans différentes régions du Québec, ou dans
différentes villes périphériques de la ville de
Montréal. Est-ce que vous pourriez m'indiquer s'il y a des
prévisions en ce qui vous concerne pour le développement ou
l'aide au développement de bibliothèques à
l'intérieur de la ville de Montréal et plus
particulièrement dans la région est de Montréal?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'au niveau de
Montréal, on ne subventionne pas au niveau de l'immobilisation, on ne
subventionne qu'au fonctionnement.
Le Président (M. Gobé): Et pourriez-vous
m'expliquer pourquoi?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que c'est
uniquement pour la ville de Montréal. Mme Courchesne, je pense, va
pouvoir vous répondre.
Le Président (M. Gobé): Allez-y, madame
Mme Courchesne: En fait, il y a quelques années, la ville
de Montréal a préféré intégrer les
bibliothèques dans différents quartiers au niveau des maisons de
la culture. Et comme les maisons de la culture sont de responsabilité et
on regroupe des activités qui sont essentiellement à vocation
locale et municipale, le ministère n'a pas, sauf une qui est la maison
de la culture Frontenac, où le ministère a participé, mais
pour l'ensemble des autres maisons de la culture à la ville de
Montréal, nous n'avons pas participé, puisque notre contribution
sur l'ensemble des autres équipements culturels, comme par exemple, les
théâtres, les salles de spectacles, où, très
occasionnellement, la ville participe, nous avons donc pris un peu la
responsabilité de ces immobilisations-là plutôt que celle
des bibliothèques déjà intégrées à
l'intérieur des maisons de la culture où les vocations
étaient essentiellement de responsabilité municipale. C'est un
peu une explication historique do ce qui s'est fait dans le temps sur
l'ensemble du territoire montréalais.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que c'est une
règle immuable?
Mme Courchesne: II n'y a jamais rien d'immuable, là, mais
disons que ce serait...
Mme Frulla-Hébert: Mais disons que compte tenu...
Le Président (M. Gobé): Je vais venir au point
après.
Mme Frulla-Hébert: ...des enveloppes budgétaires
que nous avons, compte tenu du travail énorme que nous avons à
faire, parce qu'évidemment, on parle de développer un
réseau, et compte tenu aussi de notre implication au niveau .de la ville
de Montréal et des sommes importantes qu'on y verse, au moment où
on se parle, oui, c'est immuable.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que la ville de
Montréal vous fait des demandes malgré cela?
Mme Frulla-Hébert: Non, sauf évidemment pour la
relocalisation de la bibliothèque centrale qui est un dossier qu'on
travaille de très près et qui est un dossier qui est à peu
près ficelé, mais... (17 h 30)
Le Président (M. Gobé): J'aimerais vous poser une
question maintenant avec un court préambule. Le quartier
Rivière-des-Prairies, qui est l'ancienne ville de
Rivière-des-Prairies, situé dans le nord-est de Montréal,
quartier qui est enclavé de Montréal par Montréal-Nord,
Anjou et Saint-Léonard, qui est un quartier où résident
actuellement 38 000 personnes dont une grande partie sont de jeunes familles,
avec des enfants, a encore comme service de bibliothèque un service de
bibliobus, comme je connaissais dans les campagnes françaises lorsque
j'ai été élevé quand j'avais 10 ans et 11 ans.
C'était dans les années 1957-1958, je ne suis pas si vieux que
ça. Et, est-ce que vous trouvez normal, Mme la ministre des Affaires
culturelles, qu'à l'aube de l'an 2000, dans une société
québécoise qu'on dit francophone, dans un milieu de
Montréal où une forte population immigrante réside,
où donc les besoins d'acclimatation à la culture française
sont évidents et sont impérieux, un autobus démodé
passe une fois par 15 jours et que les gens doivent y faire la queue,
été comme hiver, afin d'avoir des services culturels de
bibliothèque?
Mme Frulla-Hébert: Si vous me demandez si je trouve
ça normal, la réponse, c'est non. Si vous me demandez maintenant
si la ville de Montréal, avec les budgets qu'elle a, se doit de
s'occuper elle-même de ses priorités, la réponse, c'est
oui. Parce qu'il ne faut pas oublier, là, notre apport au niveau
gouvernemental à la ville de Montréal. Vous savez, tantôt,
on discutait, on parlait de Québec, on parlait des différentes
municipalités, et puis on parlait de Montréal. On parlait aussi
de tout l'investissement que nous apportons que ce soit au niveau des grandes
institutions, que ce soit la Place des Arts, le
Musée des beaux-arts, le Musée d'art contemporain, et tous
les théâtres, que ce soit du Rideau Vert au TNM, ou la
relocalisation de la bibliothèque centrale, etc. Je pense que
Montréal, au niveau gouvernemental, n'est pas
défavorisée.
Maintenant, il s'agit de faire pression aux bonnes instances et qui sont
celles de la ville de Montréal. La ville de Montréal se doit
aussi, de par ses représentants, ses élus, d'être vigilante
au niveau de ses priorités.
Le Président (M. Gobé): Je vais vous
démontrer, Mme la ministre, dans les quelques minutes qui suivent, un
peu l'incongruité de certaines réglementations, certaines
applications de programmes lorsqu'ils sont dirigés par Québec, et
loin probablement de la réalité montréalaise. Si vous
prenez la ville d'Anjou, qui a moins de résidents que le quartier
Rivière-des-Prairies qui, comme je vous l'ai dit auparavant, est
enclavé, la ville d'Anjou reçoit et a reçu de votre
ministère, non pas sous votre gouverne à vous, des subventions
pour le développement. La ville de Montréal-Nord, la même
chose. Et l'an dernier, j'obtenais de votre prédécesseure, Mme la
ministre Lucienne Robillard, de l'aide pour construire une bibliothèque
à Montréal-Est, une ville de 3000 habitants.
M. Boulerfce: Le Koweït de Montréal.
Le Président (M. Gobé): Non, non, permettez,
monsieur. Et vous voyez là un peu le ridicule de tout cela. C'est qu'un
quartier de Montréal, qui est une ville annexée par les hasards
du processus électoral, qui est enclavé par des
municipalités qui, elles, ont le droit de recevoir des subventions pour
le développement, qui ont moins d'habitants et de résidents que
ce quartier-là, le quartier de Rivière-des-Prairies, lui. doit se
contenter de gens avec un bibliobus. Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
là, Mme la ministre, avec votre sens aigu de vos responsabilités
en matière de développement culturel... En plus, vous savez, Mme
la ministre, vous êtes certainement d'origine italienne, et dans le
quartier Rivière-des-Prairies, une grande partie de la population est de
même origine, une autre partie est d'origine française, d'autres
d'origine haïtienne. C'est donc un quartier extrêmement sensible, je
le répète, à l'acculturation. Dans un dessein d'aider ces
gens-là à s'intégrer à la société
québécoise, je crois qu'il y a urgence et que, devant les
atermoiements, peut-être pour des raisons budgétaires ou autres -
et je ne porte pas de jugement là-dessus, mais même si je pouvais
en porter - de la ville de Montréal, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de
votre part, en tant que ministre, d'intervenir rapidement auprès des
autorités de la ville de Montréal...
Mme Frulla-Hébert: ...faire des représentations,
oui, parce qu'on leur offre 3 000 000 $...
Le Président (M. Gobé): et de voir peut être
à arriver avec quelques encouragements? Lorsqu'on va les voir et qu'on
arrive les mains vides, c'est sûr qu'on nous écoute, mais il n'y a
pas grand-chose qui bouge...
Mme Frulla-Hébert: Les mains vides, pour la ville de
Montréal, je m'excuse là, M. le député, mais je
vous arrête. On leur donne 3 000 000 $ au niveau du fonctionnement. On
peut faire des représentations par exemple, parce que vous avez raison,
vous notez une situation qui me semble, de prime abord, anormale. Maintenant,
c'est un quartier, c'est le choix de la ville. Qu'on fasse des
représentations à travers ou, enfin, en même temps que nous
apportons toute l'aide, là-dessus, on en prend note et nous le ferons,
mais de dire, par contre, que... Non, au niveau de la ville de Montréal,
je pense qu'on fait largement notre part.
Le Président (M. Gobé): Est-ce que vous savez, Mme
la ministre, que ce quartier est situé dans l'est de Montréal?
Qu'il est un quartier défavorisé, un quartier que nous tentons de
rénover, de régénérer? Vous savez qu'il y a des
programmes pour aider le développement économique dans l'est de
Montréal. Est-ce qu'il ne devrait pas y avoir des programmes pour aider
le développement culturel de l'est de Montréal qui a
été trop longtemps négligé, depuis une quinzaine ou
une vingtaine d'années, par les pouvoirs publics - dernièrement,
ça s'est amélioré depuis que nous sommes là -
qu'ils soient provinciaux, fédéraux, municipaux et la CUM, bien
entendu? Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, dans la même philosophie que
celle d'aider le développement économique, d'aller akjer ces gens
de l'est de Montréal à se cultiver? Est-ce que vous ne verriez
pas là une mission, un rôle de leadership? Et ça
retomberait sur vous. J'écoutais le député de Lévis
tout à l'heure qui parlait de l'Orchestre symphonique de Québec
et je trouvais très intéressante, son approche. Je vous fais la
même approche, Mme la ministre. Y aurait-il moyen que vous preniez un
peu, avec votre responsabilité et votre prestige de ministre de la
Culture ou des Affaires culturelles, comme on dit ici, ce leadership et de
faire en sorte que les braves gens de Rivière-des-Prairies puissent
obtenir ce que tout citoyen montréalais, ce que tout citoyen
québécois, a le droit d'obtenir, c'est à-dire la moindre
des choses pour les affaires culturelles, une bibliothèque?
Mme Frulla-Hébert: Oui. Mais, finalement, dans le respect
de l'autonomie de la ville, nous allons quand même, et nous pouvons le
faire ensemble, faire des pressions et des représentations à
l'intérieur même aussi des enveloppes ou, enfin, en prenant comme
excuse, si on veut, les enveloppes globales qu'on leur donne. Chose certaine,
il y a certaines politiques qui se
doivent d'être respectées. Malheureusement, il et»
faut, sinon ce serait la confusion totale, mais, d'autre part, effectivement,
on peut jouer un rôle au niveau des pressions à faire. Je ne pense
pas, à ce niveau-là, que la ville serait contre non plus. C'est
peut-être, pour toutes sortes de raisons, un secteur qui a
été particulièrement négligé, mais je dois
quand même dire que la ville de Montréal en soi, au niveau
culturel, est consciente de son rôle, joue et accepte de jouer aussi un
rôle important. C'en est une municipalité qui croit quand
même que la culture, en bout de ligne, au niveau de la qualité de
vie et au niveau de l'économie, ça rapporte.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre, en
terminant, mon bon ami, le maire Choquette, président de la
conférence des maires de banlieue, qui était chez moi en fin de
semaine pour assister à la confirmation de ma jeune fille dont il est le
parrain, me disait que votre ministère lui avait octroyé
certaines sommes de subventions pour construire une bibliothèque, et
là, on parle de la ville d'Outremont, une ville...
Mme Frulla-Hébert: Non, excusez-moi, je suis une
ex-résidente d'Outremont et au niveau de la ville d'Outremont, il y a eu
référendum et c'a été battu.
Le Président (M. Gobé): Je n'ai pas fini, madame.
Le maire me disait...
Mme Frulla-Hébert: Je m'excuse, là.
Le Président (M. Gobé): Voulez-vous me laisser
finir mon intervention? Le maire me disait que vous aviez octroyé une
aide et une subvention pour les aider à construire une
bibliothèque. Elle ne le sera pas, pour des raisons politiques, les
citoyens ont décidé qu'ils n'en voulaient pas, mais il n'en reste
pas moins que votre ministère était prêt à venir en
aide à la ville d'Outremont, et je trouve un peu anormal qu'on aille
aider Outremont, comme ville à bâtir une bibliothèque et
qu'on n'aille pas aider Rivière-des-Prairies. En tout cas, le niveau
culturel et le besoin d'équipements culturels dans
Rivière-des-Prairies, dans l'est de Montréal, est bien plus
important qu'à Outremont.
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, à
Outremont, ça ne se fera pas pour toutes les raisons.
Deuxièmement, c'est une ville comme une autre.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais ce n'est
pas...
Mme Frulla-Hébert: Je m'excuse, mais on n'est pas ici pour
faire de la discrimination dune ville versus une autre, d'autre part...
Le Président (M. Gobé): Non, mais ce qui est bon
pour l'un est bon pour l'autre.
Mme Frulla-Hébert: ...et troisièmement, on l'a
expliqué pourquoi on ne le faisait pas à Montréal. On l'a
expliqué. Parce que l'entente avec la ville de Montréal est une
entente sur le fonctionnement, 3 000 000 $, et parce qu'on s'implique dans tous
les autres organismes de diffusion, alors que pour les autres villes on ne le
fait pas.
Le Président (M. Gobé): Oui, mais Outremont, ils
vont à la Place des Arts. La Place des Arts est bien plus proche
d'Outremont que de Rivière-des-Prairies.
Mme Frulla-Hébert: Bien oui, mais ce n'est pas dans la
ville d'Outremont.
Le Président (M. Gobé): Ah bien voilà!
madame. C'est là que je vais vous démontrer l'incongruité
un peu du règlement.
Mme Frulla-Hébert: Non, mais vraiment... On parle d'une
discussion empirique, M. le député, parce qu'elle ne se fera pas,
la bibliothèque.
Le Président (M. Gobé): Ce n'est pas empirique pour
les gens de Rivière-des-Prairies quand ils font la queue devant un
minibus, madame.
Mme Frulla-Hébert: Mais qu'est-ce qu'on vous dit? C'est
qu'on va faire des pressions au niveau de la ville de Montréal pour que
la situation se corrige à l'intérieur même, en respectant
leur autonomie parce qu'on doit le faire et, deuxièmement, aussi, je
suis certaine, en les conscientisant, parce que ce n'est pas à
l'avantage de la ville de Montréal non plus d'oublier un quartier tel
que le quartier de Rivière-des-Prairies. Alors, nous allons vous aider
et nous allons jouer ce rôle de conscientisation.
Le Président (M. Gobé): M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Équipements culturels dans l'est de
Montréal
M. Boulerice: M. le Président, je suis heureux de vos
propos et j'ai de la difficulté à trouver les mots pour exprimer
cette satisfaction. Je suis aux portes de l'est, donc le développement
de l'est me préoccupe autant que vous et, à ce niveau-là,
on collabore. Il faudrait peut-être rappeler à la ministre que le
gouvernement précédent avait voulu faire un immense
investissement culturel aux portes de l'est, avec la maison de l'Orchestre
symphonique, mais ça a été, comme on dit en bon
Québécois, scrappe par la prédécesseure de votre
prédécesseure, donc la vice-première ministre. Et toujours
en parlant de
la prédécesseure de votre prédécesseure,
elle a complètement refusé d'acheter le théâtre
Félix-Leclerc qui pouvait être un lieu culturel. Le seul
élément culturel qui existe à part les maisons de la
culture est le théâtre Denise-Pelletier qui est situé dans
le quartier Hochelaga-Maisonneuve, alors que l'on s'entend, l'ensemble des
députés, que s'il y a des programmes de relance économique
au niveau de l'est de Montréal, je ne vois pas que ce serait discriminer
et de jouer ville contre ville que d'avoir un plan de relance culturelle pour
ce qui est de l'est de Montréal. À ce niveau-là, vos
propos étaient fort pertinents, M. le Président. Ce n'est pas
discriminer par rapport à d'autres quartiers, mais c'est de tenir compte
d'une situation particulière qui existe.
Mme Frulla-Hébert: Excusez-moi, là, mais comme je
l'ai dit au député, je ne suis pas contre vos propos, au
contraire. On parle d'une situation très spécifique, qui est les
bibliothèques. S'il y a lieu de s'asseoir avec la ville de
Montréal et de revoir avec elle nos implications et priorités,
nous allons le faire. Donc, ce n'est pas contre vos propos et ce n'est pas
contre les dossiers spécifiques. Maintenant, si vous voulez qu'on parle
de la maison de l'Orchestre sym-phonique de Montréal, on peut en parler.
Nous n'étions pas contre, au contraire, mais avec les
événements ou les derniers événements au niveau de
l'Orchestre, bien, évidemment, il faut retourner ou il faut que
l'Orchestre revienne avec un projet, ce qu'il va faire, je pense, dans les
prochains mois.
M. Boulerice: Mais ce ne sera pas dans l'est. Dans l'est, c'est
les fermetures d'usine; dans l'ouest, c'est les équipements culturels.
Vous nous dites: Non, je ne suis pas contre. Bien, alors, nous, on vous
dit...
Mme Frulla-Hébert: Mais ça prend un projet.
M. Boulerice: ...allez voir la ville de Montréal et
arrivez avec générosité en disant qu'il faut une relance
au niveau du développement culturel à Montréal et nous
sommes prêts, en concertation avec vous, à le faire et nous allons
apporter - le terme est impropre, mais c'est celui qu'on emploie - des
"argents" supplémentaires. Culturellement, ce n'est pas loin
d'être sinistré.
Une voix: Ça l'est. M. Boulerice: Ça l'est
Mme Frulla-Hébert: Au niveau de la ville de
Montréal, vous savez, au niveau gouvernemental, il y a quand même
des sites d'intérêt. Je suis d'accord qu'ils ne sont pas
culturels, mais quand vous parlez d'un site sinistré, vous parlez de
l'ensemble de la situation de Montréal. Moi, je parle du Stade
olympique, du Jardin botanique et du Biodôme. Ce n'est pas à
dédaigner non plus, d'une certaine part. Maintenant, vous allez dire
qu'au niveau culturel, ça, c'est autre chose, mais on parle de projets
au niveau de Montréal. Le Stade olympique, ce n'est pas petit. Le
Biodôme, c'est 40 000 000 $ d'investissements et plus Le Jardin
botanique, ce n'est pas petit non plus, là On ne peut pas dire que ce
n'est pas d'intérêt, enfin, au niveau de l'achalandage. Au niveau
culturel, s'asseoir avec la ville de Montréal, voir et réviser
ses plans... Je tiens d'ailleurs à dire bonjour à mon
ex-critique. Vous parlez toujours de ma prédécesseure et la
prédécesseure de la prédécesseure, alors, voici
votre prédécesseur. Bonsoir.
M. Boulerice: II n'était pas à la culture.
Mme Frulla-Hébert: Aux Communications, mais ce n'est pas
grave. C'est votre prédécesseur pour moi pareil. Alors, ceci
dit...
M. Boisclair: Ça se chevauche. Mme
Frulla-Hébert: Pardon? M. Boisclair: Ça se
chevauche.
Mme Frulla-Hébert: Bien, c'est ça. Oui, ça
se chevauche.
Le Président (M. Gobé): S'il vous plaît, M le
député, vous prenez place à cette table et vous vous
joignez à nous ou, alors, vous laissez le déroulement de la
commission se faire en paix.
Mme Frulla-Hébert: Alors, ce qu'on dit. c'est que
s'asseoir avec la ville de Montréal...
M. Boulerice: On ne peut pas empêcher un coeur d'aimer
Mme Frulla-Hébert: ...et revoir au niveau de ses
priorités au niveau de l'est de Montréal et considérer
vraiment l'est de Montréal comme une région stratégique et
anémique, d'abord, il faudrait regarder tout l'ensemble On est
prêt à le regarder avec vous et à aller faire des pressions
au niveau de la ville.
M. Boulerice: Mais le Stade olympique, je vous avoue que les
produits culturels, ils sont rares.
Le Président (M. Gobé): Mme la ministre...
Mme Frulla-Hébert: Effectivement, je parte des grands
projets quand même, des grands projets d'investissement.
Le Président (M. Gobé): ...ne vous
inquiétez
pas, le même genre de recommandation se fait au niveau d'autres
ministères en ce qui concerne l'est de Montréal, par
moi-même, par le caucus des députés de l'est de
Montréal, qui est très sensible à ces choses-là et
probablement par les gens de l'Opposition. Il y a un certain nombre de points
sur lesquels nous avons concordance. C'est que l'est de Montréal est
vraiment... Il parle d'une région sinistrée, je dirais une
région oubliée. Nous sommes les marges de l'empire
montréalais. Nous sommes à l'extrême, nous sommes
très loin, et on souffre réellement de carences en termes
d'équipement culturel, d'équipement sportif. Le Stade olympique,
ce n'est pas les jeunes gens de Pointe-aux-Trembles ou de
Rivière-des-Prairies qui vont aller faire du jogging au Stade olympique,
ce sont les gens qui viennent voir du baseball, voyez-vous. Alors, je crois que
vous devez comprendre notre sensibilité et notre attention
particulière à l'est de Montréal. Je prends bonne note et
je suis très heureux de voir que vous l'avez dit, et je trouve que c'est
très rafraîchissant de l'entendre. J'espère que ça
va donner des suites avec la ville, que vous entendiez peut-être
considérer l'est de Montréal d'un côté culturel un
peu particulier. Et je vous y encouragerai, car si vous étiez
amenée à y venir, vous vous rendriez compte que c'est vraiment le
désert culturel, qu'il n'y a rien, il n'y a pas de maison de la culture,
il n'y a pas de cinéma, ou peu, il y a trois cinémas à la
Place Versailles, c'est tout. Il n'y a pas de salle de théâtre,
pas de salle de concert. Et pour aller de Pointe-aux-Trembles à la Place
des Arts, des fois c'est une heure, 45 ou 50 minutes. Il n'y a pas de transport
en commun non plus. Et nous sommes la ville de Montréal et l'est de
Montréal.
Mme Frulla-Hébert: À ce moment-là, de deux
choses l'une, l'intervention peut venir, de façon globale, du
comité ministériel de Montréal.
Vous êtes chanceux j'y suis.
Le Président (M. Gobé): C'est ça, oui. (17 h
45)
Mme Frulla-Hébert: Deuxièmement aussi, il faut
quand même faire l'analyse des besoins. Quand on parle de la Place des
Arts, il y en a une Place des Arts. Les gens de Saint-Eustache, les gens de
Laval, les gens de la Rive-Sud et de la Montérégie, vont à
la Place des Arts. Maintenant, qu'il y ait une maison de la culture, j'en suis,
un besoin de bibliothèques, j'en suis. Bon. À ce
moment-là, on pourrait regarder finalement les besoins dans leur
ensemble.
Le Président (M. Gobé): Mais je crois qu'il faut
voir ça en effet de manière un peu plus globale. Actuellement, il
y a un sous-centre-ville qui est en train de se créer dans l'est de
Montréal, avec la ville d'Anjou comme noyau, vous savez, le carrefour de
la route 25, le boulevard Métropolitain, en allant vers
Rivière-des-Prairies, Pointe-aux-Trembles et Trois-Rivières. Je
crois qu'il faudrait, à ce moment-là, essayer de favoriser un
regroupement d'un certain nombre de choses, afin de faire en sorte que
l'ensemble de l'est puisse avoir accès rapidement à des salles de
concert ou à des salles de théâtre, parce qu'il n'y en aaucune ici. De de Lorimier jusqu'à Pointe-aux-Trembles au bout de
I'île, me disait mon collègue, il y a deux cinémas. Alors,
vous comprendrez...
M. Boulerice:... c'est la programmation là.
Le Président (M. Gobé): Vous comprenez notre
interrogation et je vous remercie. Vous êtes nouvelle dans ce
ministère et je le sais. Vous n'avez pas la responsabilité de
ça. Je ne veux pas vous mettre le blâme. Même si je le dis
avec véhémence, c'est parce que je le vis tous les jours et je
vois les gens qui le vivent, mais je suis certain, Mme la ministre, maintenant
que vous en êtes consciente, qu'on va avoir de l'aide et que quelqu'un va
nous appuyer dans ces démarches-là auprès du comité
ministériel de Montréal.
Mme Frulla-Hébert: Parfait.
Le Président (M. Gobé): Merci, Mme la ministre. M.
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Aide aux musées privés
M. Boulerice: Oui. Soutien aux fonctions culturelles, l'aide aux
musées privés. Bon, alors là, la politique globale n'a
toujours pas été déposée. On est encore aux voeux
d'intentions, et à la lecture frénétique et anxieuse du
feuilleton de l'Assemblée nationale, je vois que le budget de 1991-1992
comporte une modeste, pour ne pas dire une chiche augmentation de 500 000 $. Si
je comprends bien, avec une augmentation aussi minuscule, il n'y aura pas
d'accréditation pour le Centre canadien d'architecture.
Mme Frulla-Hébert: Le Centre canadien d'architecture,
effectivement c'est une accréditation... On parle d'accréditation
pour le Centre canadien d'architecture, qui est différente d'autres en
termes de fonctionnement. Le Centre canadien d'architecture demande une
accréditation surtout pour être reconnu au niveau international.
On sait d'ailleurs tout l'apport de Mme Lambert, de l'entreprise privée.
Mme Lambert investit 9 000 000 $ de sa poche par année. Alors, elle
demande une accréditation justement, ne serait-ce que pour pouvoir
finalement positionner son musée au niveau international. Et, oui, il y
aura probablement accréditation. On est en discussion avec le Conseil du
trésor, selon
une formule quand même très spéciale et aussi
beaucoup moins forte en termes d'aide que les autres musées. S'il n'y va
que de nous, il y a une grande possibilité d'accréditation.
M. Boulerice: Et l'Écomusée du Fier-Monde?
Mme Frulla-Hébert: Là, honnêtement, nous
avons travaillé très fort avec l'Écomusée du
Fier-Monde, et comme la personne qui travaille très fort avec
l'Écomusée du Fier-Monde est la même qui a travaillé
très fort sur Lanaudière et qui est la spécialiste, je
passe la parole, s'il vous plaît, à Mme Courchesne.
M. Boulerice: Vous donnez de bonnes nouvelles, madame, ou vous ne
parlez pas.
Mme Frulla-Hébert: Vous n'avez pas le droit de
bâillonner, M. le député, le sous-ministre.
Mme Courchesne: En fait, il y a eu une rencontre avec...
M. Boulerice: On a tous les droits.
Mme Courchesne: Moi, j'ai rencontré l'organisme, suite aux
engagements financiers, tel que nous l'avions promis au mois de mars dernier.
Je dois dire que les gens du ministère ont eu deux ou trois rencontres
depuis avec les gens de l'Écomusée. Il y avait une urgence dans
ce dossier, c'était de faire reporter le délai de la CDEC pour
l'acquisition du bâtiment.
M. Boulerice: Le bain Laviolette.
Mme Courchesne: Ou bain Laviolette, ce qui a été
fait. Le délai a été reporté au 15 juillet 1991.
Maintenant, nous avons aussi reprécisé certaines données
du dossier avec les gens de l'Écomusée. Ils doivent nous
soumettre, au mois de mai, un rapport de faisabilité de
l'Écomusée, précisément au bain Laviolette, avec
une ventilation de l'ensemble des coûts impliqués, notamment au
niveau du fonctionnement parce que c'est quand même une question
cruciale. Une fois aménagé ce bain Laviolette, il faut
certainement que l'organisme puisse en assurer les opérations,
même s'il y avait accréditation. Donc, c'est un peu là
où on en est avec l'organisme. Nous souhaitons aussi pouvoir
repréciser des séances de travail sur ce dossier-là, et je
pense que, jusqu'à maintenant, ils sont satisfaits de l'ordre des
précisions qu'ils ont reçu du ministère, et je peux vous
dire que ça se fait sur une base très
régulière.
M. Boulerice: Vous dites qu'ils sont satisfaits?
Mme Courchesne: Sur l'évolution depuis le mois de mars, je
pense qu'il y a quand même un pas de franchi, oui.
M. Boulerice: Puisque c'est à vous, Mme la ministre, que
je dois m'adresser, parce que je vous informe de la procédure
parlementaire, c'est une tolérance que de permettre au sous-ministre de
parler. Je pourrais refuser de les entendre, mais je ne commettrai pas cette
indélicatesse. La principale compétence d'un ou d'une ministre
est de s'entourer de gens compétents, donc ses sous-ministres et ses
hauts fonctionnaires. Il y a moyen de finir par donner une date.
Mme Frulla-Hébert: On va donner une date.
M. Boulerice: Ça fait six ans, madame, qu'on est
là-dessus...
Mme Frulla-Hébert: C'est vrai
M. Boulerice: ...comme sur le 1 %.
Mme Frulla-Hébert: On va donner une date, M. le
député. D'abord, je vous remercie de laisser parler mon monde,
mais comme je vous l'ai dit au début, avec 20 000 demandes, si vous
voulez avoir des réponses directes, il faut laisser parler notre monde,
parce que je ne les sais pas toutes par coeur, et pour être plus efficace
aussi. D'autre part, vous savez, ce n'est pas le fait qu'on ne veut pas
accréditer, au contraire, mais il faut quand même s'assurer que,
si on accrédite un organisme, cet organisme est capable de prendre en
charge, au niveau du fonctionnement, l'équipement qu'on leur donne.
C'est sûr que la ville de Montréal va donner le bain Laviolette,
ils ne savent pas quoi faire avec 1 $, tiens, le bain, ils s'en
débarrassent. Excepté que, d'un autre côté, II faut
quand même sas surer que l'organisme... Parce qu'on parle d'une grande
surface. Deuxièmement, il y a l'entretien de cette surface-là. Il
faut s'assurer aussi que l'organisme est capable de monter des expositions,
d'avoir une collection significative et de pourvoir à son
fonctionnement.
Alors, nous, ce qu'on souhaite, présentement, c'est une
séance de travail, ce qui n'a jamais été fait, avec
vous-même pour faire le tour du dossier et vous faire bien comprendre
où on en est rendu au niveau du dossier et les enjeux de ce
dossier-là. Si demain matin on est tous convaincus que la solution au
niveau du bain Laviolette est la meilleure solution possible, on va
l'accréditer, mais avant de prendre l'organisme et de lui donner des
infrastructures - on n'est pas sûr, même eux sont censés
revenir avec leur réponse ou, enfin, un dossier - il faut quand
même s'assurer qu'ils sont capables de l'opérer et de la faire
fonctionner.
M. Boulerice: Parce que..
Mme Frulla-Hébert: Alors, si vous voulez,
on peut organiser immédiatement ensemble une date. On va en faire
une date, immédiatement, une rencontre avec vous et nous, et nous allons
mettre le dossier sur la table.
M. Boulerice: À 50 mètres du bain Laviolet-te, dans
mon bureau de circonscription, je serai heureux de vous accueillir et vous
montrer...
Mme Frulla-Hébert: Avec plaisir
M. Boulerice: ...ces magnifiques tableaux contemporains que j'ai
dans mon bureau, ce qui fait partie de la promotion que le porte-parole de
l'Opposition pour les arts et la culture doit faire de l'art contemporain
québécois.
Mme Frulla-Hébert: Moi, je le fais, mais avec mes artistes
du comté.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Frulla-Hébert: Je le fais, j'ai la même
politique et je vous en félicite et, finalement...
M. Boulerice: Inciter nos collègues à faire de
même.
Mme Frulla-Hébert: Oui, on incite les collègues
à faire la même chose. Nous, dans le bureau de comté, c'est
la même chose mais avec les artistes du comté, par exemple.
M. Boulerice: Ceci dit, l'Écomusée du Fier-Monde,
ça entre clairement dans ce que vient de dire le président de
séance et député de LaFon-taine du développement
culturel de l'est de Montréal.
Mme Frulla-Hébert: On n'est pas contre.
M. Boulerice: Ce musée veut faire l'histoire de cet
immense quartier industriel et ouvrier. Ce coin, c'est la rue des Pignons. Vous
étiez fière, hier soir, d'inaugurer le théâtre
Jean-Duceppe. Et j'étais triste de ne pas accompagner la famille
Duceppe. Je me préparais à être contre mais tout contre
vous aujourd'hui. Géographiquement, c'est le meilleur endroit. C'est un
grand axe. C'est près de bâtiments qui ont une importance
culturelle quoiqu'on en ait fait, j'aimerais bien en parler avec M. Delage,
Au-pied-du-courant, un petit peu massacré à mon point de vue.
C'est très bien situé. Avez-vous vu les plans de transformation
du bain Laviolette? Je vais commencer par vous poser une autre question.
Avez-vous visité le musée de la Gare d'Orsay? En y allant, la
question que je me posais était: Est-ce qu'on a fait un musée
dans la gare ou un musée avec la gare?
Mme Frulla-Hébert: Oui
M. Boulerice: Si on a fait un musée avec la gare, c'est
magnifique. Si on a fait un musée dans la gare, c'est un échec.
Et les jeunes architectes qui ont fait les plans ont le même génie
que cette architecte italienne qui a fait Orsay. Et ils sont en train de faire
un musée avec la piscine et non pas un musée dans la piscine
comme telle, quoique l'espace piscine sert. C'est ça qui est
merveilleux. Donc, moi, je dis au départ que 80 % de la
problématique, si on peut employer le terme est déjà
résolue.
Mme Frulla-Hébert: Fais attention. On n'est pas contre, M.
le député...
M. Boulerice: On devient intimiste.
Mme Frulla-Hébert: ...de l'endroit au niveau du bain
Laviolette... Bien, il est tard. Au contraire, nos préoccupations, c'est
d'apporter une solution à la mesure des aspirations des promoteurs, si
on veut, ou enfin, de ceux qui sont là, qui dirigent
l'Écomusée du Fier-Monde et, encore la, on n'est pas contre un
musée de ce genre spécialement dans le quartier. On n'est pas
contre, c'est seulement de mettre les deux solutions ensemble. Et, encore une
fois, nos études avec nous et avec l'organisme, sont quand même
assez avancées, et, comme je vous dis, on va s'asseoir ensemble et nous
allons regarder l'ensemble de la problématique. Le bain Laviolette, de
toute façon, c'est une solution qui a été apportée
quand? L'été dernier? Hein? À peu près
l'été dernier. Il y a de tout. La problématique de
l'Écomusée, ça, ça fait longtemps. Le bain
Laviolette est entré en jeu il y a à peu près huit mois.
On a fait notre bout de chemin. On a fait notre bout de chemin avec la ville
aussi pour se donner le temps et, encore une fois, c'est tout simplement... On
veut que ce soit un succès et on ne veut pas que l'organisme soit pris
avec quelque chose, qu'il ait de la difficulté, qu'il soit pris avec un
éléphant blanc dans les mains, tout simplement. Et
peut-être qu'il y aurait lieu aussi... Vous savez, on regardait une autre
solution, il y aurait peut-être lieu de regrouper, hein? L'autre
députée qui n'est pas loin de vous, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, elle aussi... Alors, peut-être qu'il y aurait lieu
de regrouper les deux pour en faire un vrai écomusée. Il y aurait
peut-être lieu de faire un certain regroupement et on pourrait le situer
là. Il n'y a pas de problème avec ça. C'est juste de
s'assurer que l'organisme, on lui trouve une solution, encore une fois,
à la mesure de ses aspirations. Mais on est prêts à
ça. Ce n'est pas le fait qu'on retient l'accréditation. C'est
juste d'avoir la bonne solution, tout simplement.
M. Boulerice: Bon. Alors, 1951, boulevard de Maisonneuve Est,
à l'heure et à la date qui vous convient.
Mme Frulla-Hébert: Avec plaisir. On conviendra de
ça tout de suite après.
M. Boulerice: Je ne sais pas si c'est à l'intérieur
de cet élément, mais je vais quand même poser la question
et je suis certain que vous ne serez pas procédurière. Vous avez
des nouvelles au sujet du projet d'incubateur culturel que vous a
présenté la CDEC et la Corporation de développement
économique et communautaire Centre-sud et Plateau Mont-Royal qui se sont
donné une fonction culturelle inspirée, sans doute, par leur
député? Vous avez reçu de nombreuses correspondances
là-dessus d'ailleurs. Ils vous ont même demandé une
rencontre ou, à tout le moins, avec quelqu'un de votre cabinet.
Là, j'ai le triste sentiment qu'il n'y a pas eu d'accusé de
réception.
Mme Frulla-Hébert: Je vais vous dire, honnêtement,
c'est peut-être passé au niveau du cabinet ou au niveau de
l'administration. On va vérifier, tout simplement.
M. Boulerice: Bon, alors, écoutez, on profitera de votre
passage pour faire...
Mme Frulla-Hébert: Mais, à mon niveau à moi,
je peux vous le dire, je ne suis pas au courant du dossier du tout.
M. Boulerice: Comme ils sont étroitement liés
à l'Écomusée du Fier-Monde, on pourra peut-être
profiter de votre passage et faire un éventail...
Mme Frulla-Hébert: Absolument. Et on fera la demande pour
retracer tout ça, et on en prend bonne note. Absolument, avec
plaisir.
M. Boulerice: D'accord, maintenant, Mme la ministre, M. le
Président suggère, pour des raisons humanitaires, que nous
suspendions durant quelques secondes.
Le Président (M. Gobé): Â votre convenance,
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. C'était pour
vous.
M. Boulerice: Alors, je consens à ce que ce soit
immédiatement.
Le Président (M. Gobé): C'était pour vous.
C'est pour que vous puissiez fumer une cigarette, parce que vous savez, la
nouvelle loi ne permet plus de fumer dans les salles de commission.
M. Boulerice: Je suis bien content de ça, M. le
Président.
Le Président (M. Gobé): Je vous voyais jouer avec
vos cigarettes et j'ai eu l'impression que vous aviez envie de fumer. Et vu
qu'il est prévu par la loi que vous pouvez allez à
l'extérieur...
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, nous avons
quand même des gens qui sont ici, à votre demande, au niveau des
organismes. Enfin, je vous laisse à vous... Je vois le temps passer, et
ils sont là pour répondre à toutes vos questions, et avec
plaisir.
Le Président (M. Gobé): Nous le souhaitons.
Mme Frulla-Hébert: Alors, je tiens seulement à vous
le rappeler.
Le Président (M. Gobé): Je vous remercie, Mme la
ministre. Alors, je suspends les travaux pour quatre minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise à 18 h 13)
Le Président (M. Gobé): Et nous allons continuer,
après cette petite suspension, l'étude des crédits. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Situation des théâtres
M. Boulerice: M. le Président, si vous le permettez, on
ira aux arts de la scène, le théâtre. L'article du 19 avril
le disait bien, M. le Président: Les théâtres sont à
bout de souffle. Le Conseil québécois du théâtre a
lancé un véritable cri d'alarme au cours d'une conférence
de presse. Je pense qu'il y a inévitablement une espèce de
souffle d'inquiétude sur les théâtres
québécois, et ça, je pense que Jean Beaunoyer dans La
Presse d'ailleurs résumait très bien la situation.
Même le Globe and Mail, imaginez-vous bien, disait: "Short falls
threaten Quebec theatre, representatives say." Déficit de 2 500 000 $,
les compagnies théâtrales aux abois. Et quand on sait que le
théâtre, puisqu'il faut absolument donner une vision
"économiciste" de la culture, ce qui est à mon point de vue
très restrictif... Je revoyais des statistiques dans la condition
d'artistes ou de l'injustice qui avait été, ce qui a
été écrit par Jean-Guy Lacroix, et j'avais d'ailleurs
assisté au lancement à l'Université du Québec
à Montréal: en 1985, 53,6 % des comédiens gagnaient moins
de 5000 $, 9,7 % gagnaient entre 15 000 $ et 24 900 $, 22,5 % gagnaient entre
5000 $ et 14 000 $, un petit 9,1 % gagnaient entre 25 000 $ et 49 000 $ -
ça, c'est ceux sans doute qui ont eu la chance de frapper une
série télévisée, comme on dit - et 5,1 % gagnaient
plus de 50 000 $. Or, les gens du théâtre forcément crient
au secours et trouvent largement insuffisantes les subventions que les
gouvernements accordent à leur art. Ils se
plaignent de la subvention du ministère des Affaires culturelles
qui passe de 8 059 000 $ qu'elle était l'année dernière
à 8 544 300 $, donc un maigre gain, chiche gain, pour employer mon
expression de tantôt, de 500 000 $.
M. le Président - et j'ose espérer que la ministre partage
mon point de vue à ce niveau-là - malgré ce que peuvent en
penser certaines bonnes âmes et certains critiques, au moment où
l'écriture théâtrale québécoise atteint une
force incroyable, où l'écriture théâtrale
québécoise est célébrée partout, je veux
dire, le théâtre québécois fait un tabac, comme on
dit en français parisien, à Limoges, à Avignon; ça
avait été la plus belle des surprises que m'avait
réservée notre délégué général
à Londres, M. Reed Scowen, en me disant que "Being at home with Claude*
avait eu un succès phénoménal à Londres, un
succès phénoménal. Et au moment même, et c'est un
dossier que j'ai transmis à votre collègue des Affaires
internationales, mais je fera) suivre une copie à votre bureau, le seul
projet au niveau théâtral qui a reçu l'accréditation
de l'UNESCO est un projet québécois. Alors, pour employer ce
vocabulaire québécois usuel, au niveau du théâtre,
je pense qu'on n'a pas à souffrir de complexe. Nos écrivains, au
niveau du théâtre, sont extraordinaires. Il y a une
poussée. Je prends, ça y est je vais avoir un blanc de
mémoire, mais René... Bon, c'est bête oublier son nom, Dieu
seul sait que je le vois au moins une fois par semaine, mais enfin...
Voilà que nos comédiens sont
célébrés, le président de la République
française donne la Légion d'honneur à Marie Laberge qui,
en plus d'être auteure, peint. Nos metteurs en scène sont
extraordinaires. Mes plus belles soirées, je ne vous le cacherai pas, se
passent au Théâtre d'aujourd'hui, se passent au Quat'Sous, se
passent au Théâtre de la Bordée, avec des productions
authentiquement québécoises, puisque je vous parlais de
l'écriture théâtrale québécoise, et des
adaptations puisqu'il faut quand même s'ouvrir aux autres, encore
là, qui sont "L'arbre des Tropiques" qui a été un
succès mais phénoménal là encore. Mais nos
théâtres sont sur le point de fermer. Et nos théâtres
aussi sont pénalisés actuellement par la taxation et seront
grandement pénalisés puisque la taxation va atteindre
malheureusement très bientôt le montant astronomique de 25 %.
Je dois vous avouer que les inquiétudes, le cri d'alarme que
lancent les gens de la scène, je pense - je ne pense pas, je crois -
j'estime qu'il est justifié et je le partage entièrement. Et s'il
y a - et ce n'est pas faire injure à tous les autres arts
d'interprétation - un endroit, effectivement, où le Québec
a fait des pas de géant, c'est bien dans le domaine du
théâtre. Et c'est reconnu partout. Le théâtre
québécois, où qu'il soit, attire. Et les
Québécois sont friands de théâtre. Vous avez les
habitudes de consommation culturelle, où le théâtre a une
porte impor- tante. Sauf qu'il faut se dire aussi, par contre, qu'il y a des
supports qui, malheureusement, n'existent plus, la
radiotélévision nationale ne présente que très
rarement du théâtre à la télévision qui
était un moyen de propagation de donner le goût du
théâtre. On avait pensé, nous, à l'élection
de 1985, à un engagement électoral que je trouvais
intéressant et qui était de consacrer 20 000 000 $ pour les
loisirs artistiques, comme disait Duplessis les "loisirs zartisti-ques", les
"zarts zartistiques" là, en se disant: II faudrait peut-être
donner à tous ces clubs d'âge d'or du Québec de l'argent,
mais pour des activités culturelles, et on pensait notamment au
théâtre. Donc, je me dis: II est minuit moins cinq. C'est
peut-être d'emprunter, encore là, au théâtre que de
dire cette phrase-là. Et puisque votre ministère doit
évaluer les compagnies de théâtre, est-ce qu'au
départ vous entendez rencontrer le Conseil québécois du
théâtre qui est le porte-voix et qui, surtout, détient
l'expertise?
Mme Frulla-Hébert: C'est Malraux qui disait que le
théâtre est la caricature du sublime. Il avait bien raison, et
vous avez raison aussi, en fait, d'apporter toutes ces louanges à nos
compagnies théâtrales et à nos artisans au niveau du
théâtre parce que c'est vrai. S'ils n'étaient pas
là, le théâtre n'existerait pas.
Deux choses. Je veux quand même remettre tout ça dans une
certaine perspective. On ne dit pas qu'il n'y a pas un manque d'argent. On ne
dit pas aussi qu'il n'y a pas un besoin, d'une certaine façon, de
regarder - on en parlait ce midi - aussi le tout dans un ensemble global. J'ai
rencontré le Conseil, il y a un mois. Je rencontre demain les 13
compagnies théâtrales de la région de Québec que
nous subventionnons. Quand je parlais hier soir justement, à la Place
des Arts, avec Michel Dumont, qui disait: On a de la difficulté, on
n'est pas capables de mettre sur pied, finalement, des pièces de
répertoire parce qu'on ne peut pas avoir une très grande
distribution, et tout ça, c'est vrai que c'est inquiétant. C'est
très inquiétant. Il y a une chose, par exemple. Il faut quand
même, ne serait-ce que pour nous tous, se remettre en situation.
En cinq ans, l'aide apportée par le ministère aux
organismes de production en théâtre s'est accrue de près de
65 %, en passant de 5 265 200 $ en 1985-1986 à 8 544 300 $ en 1991-1992.
Donc, une augmentation quand même de 65 %. Il s'agit d'un taux de
croissance annuelle moyen de 10,8 % pour cette période-là, et,
par ailleurs, le nombre de compagnies subventionnées reste stable,
c'est-à-dire de 55 qu'elles étaient au fonctionnement en
1985-1986, on en dénombre maintenant 52. Pour ce qui est des projets de
production, leur nombre varie entre 25 et 30 annuellement pour l'ensemble du
territoire. Nous, on prévoit qu'en 1991-1992, le nombre de com-
pagnies restera sensiblement le même et on a augmenté de 6
%. Donc, cette augmentation de 6 % du budget du théâtre, soit
environ 500 000 $, est dans la continuité du soutien qui est
apporté dans ce secteur. Pour la période de 1986-1987 à
1991-1992, il s'agit quand même d'une croissance annuelle moyenne de 9,6
%, pour un nombre stable de compagnies. Ça, c'est important, pour un
nombre stable de compagnies. Donc, en chiffres absolus, l'augmentation de notre
soutien est réelle et est plus que le double du taux d'inflation. Vous
me dites que c'est un secteur qui est quand même névralgique,
c'est vrai. On parte du phénomène de taxation. Je peux vous dire
ceci: Je suis, à ce niveau-là, à la table
Québec-municipalités avec le ministre des Affaires municipales
et, là-dessus, je peux vous assurer que nos discussions avec les
municipalités à ce niveau-là et les pressions qu'on fait,
il y a tout lieu de penser que les municipalités vont être
beaucoup moins gourmandes, et on va apporter aussi certaines compensations,
mais il n'y aura pas une taxation de 25 %, c'est impensable. C'est
déjà assez élevé, vous allez me dire, je suis
d'accord avec vous, mais pas de 25 %, d'une part. Deuxièmement, il y a
la récession qui n'aide pas non plus. On sait que les salles sont
remplies... Finalement, au niveau de la fréquentation, il y a une
diminution de 15 % à 20 %. Ça n'aide pas non plus, mais c'est
faux aussi de dire que le secteur du théâtre, on ne s'en occupe
pas. On s'en occupe peut-être dans la mesure de nos moyens. On aurait
besoin de plus, mais... Il y a une consultation qui a été faite
par le milieu au niveau de l'ensemble de la problématique, une
évaluation des différents organismes, des différentes
troupes. C'est une évaluation que nous avons. À ce
niveau-là, maintenant, on en est à s'asseoir avec le milieu, voir
et signer certaines ententes triennales, oui, de voir aussi avec le milieu,
parce que c'est des évaluations qui sont faites par le milieu, voir
maintenant si le milieu accepte ces évaluations.
Chose certaine, c'est qu'effectivement, bien souvent, les troupes qui
sont à succès, qui peuvent aller chercher plus de moyens, si on
veut, qui sont habilitées par leurs structures à aller chercher
plus de moyens sont moins subventionnées. Alors, ce qu'on fait dans le
fond, c'est qu'on subventionne moins le succès. Est-ce que c'est bien?
Écoutez, c'est une question à se poser. Moi, personnellement,
j'ai des problèmes avec ça, mais est-ce que c'est bien? Mais ce
qu'on fait aussi, c'est qu'on fait énormément de saupoudrage.
Pourquoi? Pour pouvoir développer la création dans son ensemble.
Maintenant, il y a toutes sortes de questions qu'on doit aussi se poser
là-dessus. C'est vrai que, d'un côté, on demande plus
d'argent, mais, de l'autre côté, la question que je pose et que je
continue de poser au milieu, et nous allons trouver la réponse ensemble,
c'est: Est-ce que nous sommes efficaces? C'est-à-dire que tout l'argent
que nous avons, dont nous disposons présentement, les 8 544 300 $,
est-ce qu'ils sont employés de façon extrêmement efficace?
Alors, c'est toutes ces questions-là que nous allons poser.
M. Boulerice: Quand vous dites: Est-ce efficace? Posez-vous la
question aux troupes théâtrales? Parce que je pourrais vous dire
qu'elles sont des modèles de management.
Mme Frulla-Hébert: Non, non, je parle du ministère
en fonction des groupes de théâtre. C'est pour ça
maintenant qu'on revient, qu'on parte d'ententes triennales, parce que,
justement, les troupes se sont dotées de management beaucoup plus
solide. Maintenant, on peut entrevoir des ententes qui sont triennales et les
gens peuvent aussi planifier à long terme. Enfin, à tous les
niveaux, au niveau de l'administration en général, c'est des
ententes dont ils ont besoin. Là-dessus, je suis d'accord avec vous. La
seule chose, c'est que nous, comme ministère, les 8 544 300 $ que nous
distribuons, la distribution que nous faisons et la façon dont nous le
faisons, est-ce que c'est la façon la plus efficace au niveau du
théâtre et en fonction des besoins et des objectifs que nous
voulons atteindre? Ça, c'est la question qu'on pose au milieu et que
nous allons travailler avec le milieu, en tenant compte aussi de
l'évaluation globale qui a été faite par le milieu et en
mettant tout ça sur la table.
M. Boulerice: Mais c'est beau de dire, là: On travaille
avec le milieu, on pense avec le milieu et on a des transes
métaphysiques, sauf que ça n'empêche pas que le
Théâtre de la Bordée est fermé jusqu'en septembre,
ce qui, à mon point de vue, est une catastrophe dans une ville où
ce n'est quand même pas l'abondance. Deuxièmement, écoutez,
c'est bien beau de leur dire: Oui, on travaille avec vous, mais il y a
l'échéance. C'est facile de les faire asseoir, ils sont
déjà à terre. Il manque 2 500 000 $.
Mme Frulla-Hébert: Au niveau du Théâtre de la
Bordée, ça a été leur décision, d'une part.
Deuxièmement, on travaille très fort avec la Bordée, et ce
serait injuste de dire que dans ce dossier-là, vraiment, les gens qui
travaillent autant au niveau du ministère qu'au niveau de la
Bordée et au niveau du cabinet, ils n'ont pas eu une entente soutenue.
Ce qu'on fait, et selon leur volonté aussi, c'est que la Bordée
convenait d'une entente de principe par laquelle le ministère s'engage
à les soutenir financièrement pour les trois prochaines
années. Donc, on s'en vient à une entente triennale pour les
aider aussi à mieux planifier. Il faut savoir aussi que nous avons
aidé la Bordée au niveau de ses nouveaux locaux, si on veut,
d'une part, et de l'aménagement. Ils ont aussi eu droit à leur
subvention au fonctionnement. Maintenant, on parte d'entente
triennale et on veut soutenir de façon particulière la
Bordée, qui est aussi un organisme producteur de théâtre et
un gestionnaire dans les deux côtés, donc producteur de
théâtre et gestionnaire d'un lieu de spectacles. Donc, c'est
injuste de dire que la Bordée est fermé et tout ça, tel
qu'on le voyait dans le journal. Ça, je ne l'accepte pas.
M. Boulerice: Ceci dit, compte tenu de la situation qui a
été décrite, est-ce que vous n'allez maintenir
l'augmentation qu'à 500 000 $ ou bien donc vous allez chercher des
crédits supplémentaires? Parce que si vous n'allez pas chercher
des crédits supplémentaires, Je vous préviens, vous voulez
les asseoir autour d'une table, mais il n'y aura plus grand monde autour de la
table au rythme où ça va.
Le Président (M. Gobé): Madame, je vous demanderais
de répondre assez rapidement, si vous le pouvez, sinon de garder votre
réponse pour la reprise de la session, car nous allons devoir,
malheureusement, ajourner étant donné que l'heure est
passée et qu'il y a aussi un caucus qui doit se dérouler dans
cette salle, par la suite, et le temps de mettre un peu d'ordre, je crois que
nous n'avons guère le temps. Donc, si vous pouvez répondre en
deux minutes, oui, sinon, à ce soir.
Mme Frulla-Hébert: Bon. On va revoir... M. Boulerice:
C'est du bâillon, mais enfin...
Mme Frulla-Hébert: Je pense qu'on va revoir le dossier du
théâtre...
Le Président (M. Gobé): Alors, je suspends les
travaux de la commission jusqu'à ce soir, 20 heures, en cette salle. Bon
appétit à tout le monde et merci.
(Suspension de la séance à 18 h 31)
(Reprise à 20 h 9)
Le Président (M. Doyon): Donc, nous allons continuer nos
travaux. Nous étions à i'étude du programme 2 des
crédits du ministère des Affaires culturelles. Je pense que M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques avait posé une
question à Mme la ministre qui devait entamer notre dernière
partie avec la réponse. Est-ce qu'elle est prête à la
donner?
Mme Frulla-Hébert: Non. C'est-à-dire qu'on parlait
du théâtre, au niveau des crédits additionnels pour le
théâtre, nous allouons, sur un budget de 3 200 000 $
supplémentaires directement au milieu cuturel, 3 700 000 $, 500 000 $
d'augmentation au niveau du théâtre. C'est le montant que nous
allons allouer cette année au niveau du théâtre.
Le Président (M. Doyon): D'accord. Merci, Mme la
ministre.
Mme Frulla-Hébert: Donc, à propos des
crédits additionnels, oui, il y en a, de l'ordre de 500 000 $.
Maison Stuart-Henry
Le Président (M. Doyon): J'ai dû m'absenter tout
à l'heure. Je me demande s'il a été question - je ne
voudrais pas le faire si ça a été discuté - en ce
qui concerne la maison Stuart-Henry qui est une maison, d'après ce que
je comprends, classée historique et qui faisait l'objet d'un programme
de la ville de Québec dans le cadre d'un ensemble de visites
d'intérieurs anciens, d'après ce que j'ai compris. Il avait
été question de ça dans l'entente qui avait
été signée entre le ministère des Affaires
culturelles et la ville de Québec, d'après les informations que
j'ai. Permettez? Merci. Je sais que pour toutes sortes de raisons, la ville de
Québec, dernièrement, a dû changer son fusil
d'épaule à ce sujet-là. Ce que je me demandais, c'est si
cette maison-là, premièrement, qui vient d'être vendue ou
est sur le point d'être vendue, si elle ne l'a pas déjà
été, est vraiment classée monument historique ou si elle
est préservée comme étant dans le périmètre
de la maison Krieghoff au bout de la rue Cartier, sur la Grande Allée?
Ou encore, est-ce que les fonds qui avaient été accordés
dans l'entente à la ville de Québec ont été
dépensés? S'ils ne le sont pas, qu'est-ce qu'il advient de ces
fonds-là?
Mme Frulla-Hébert: Bon. D'abord, concernant la maison
Stuart-Henry et ses jardins, c'est un bien historique classé qui
bénéficie de toute la protection et des avantages des biens
classés...
Le Président (M. Doyon): Depuis quand?
Mme Frulla-Hébert: ...autant au niveau
extérieur...
Le Président (M. Doyon): Depuis quand, Mme la ministre?
Depuis quand est-elle classée?
Mme Frulla-Hébert: Depuis environ trois ans, me dit-on.
Alors, les propriétaires nous ont informés qu'ils avaient
reçu une offre d'achat d'une firme privée et ils devront me
donner un avis écrit d'au moins 60 jours avant de procéder
à la signature de l'acte de vente. Le ministère doit donner son
accord sur toute transformation éventuelle du lieu, parce que la maison
est classée autant au niveau extérieur qu'intérieur. Donc,
c'est le ministère, selon la procédure au niveau du patrimoine,
qui doit donner son accord.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que cette protection
là couvre aussi les jardins qui entourent la maison?
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Le Président (M. Doyon): Ce sont des jardins...
Mme Frulla-Hébert: À l'anglaise.
Le Président (M. Doyon): À l'anglaise, oui.
Mme Frulla-Hébert: Oui, absolument. Ils sont
exceptionnels. Oui.
Le Président (M. Doyon): Pour ce qui est du projet de la
ville de Québec de faire un chapelet de maisons dont l'intérieur
pourrait être visité pour permettre aux gens de se faire une
idée de ce qu'étaient les intérieurs d'autrefois, est-ce
que vous étiez partie prenante dans ce projet-là, le
ministère des Affaires cultureWes?
Mme Frulla-Hébert: En fait, via l'entente Mac-ville,
c'est-à-dire que la ville de Québec voulait justement mettre sur
place tout un réseau d'intérieurs anciens et, au moment où
on se parle, la ville remet en question cette volonté. En fait, il y a
eu deux choses: il y a eu une étude par le Conseil des monuments et
sites du Québec sur la création du concept, donc la
faisabilité du concept. Alors, il y a eu une étude de 43 000
$et...
Le Président (M. Doyon): Payée par qui?
Mme Frulla-Hébert: Qui était payée par
l'entente Mac-ville, c'est-à-dire moitié-moitié, pour voir
la faisabilité. De l'autre côté, il y a eu la location de
la maison Stuart-Henry, du terrain et des meubles, ainsi que leur entretien
pour 77 000 $, mais ça c'est la maison en soi. Donc, il y a une
étude qui a été faite, payée par l'entente
Mac-ville. Au moment où on se parle, la ville remet en question, non
seulement le bien-fondé, mais aussi les coûts, et tout ça,
les investissements, donc le concept global.
Alors, la décision finalement va impliquer que la ville et le
ministère, nous allons devoir redéfinir l'utilisation des 1 700
000 $ qui étaient prévus dans l'entente-cadre. Alors, c'est tout
ça. Donc, il faut s'asseoir avec la ville et revoir finalement tout
ça.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que vous me dites, Mme la
ministre, qu'il y avait 1 700 000 $ qui étaient prévus pour ce
programme de réseau d'intérieurs de maisons anciennes?
C'était combien? Il me semble que ça n'a pas de bon sens.
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que le projet de
mise en valeur était prévu dans le cadre de l'entente sur les
biens culturels du Vieux-Québec. Cette décision impliquait que la
ville et le ministère devaient redéfinir l'utilisation des 1 700
000 $, c'est-à-dire de tout refaire, finalement, c'est la restauration
du patrimoine, d'une part, et toute la mise en valeur aussi du patrimoine. On
remet en question cette décision de créer ce réseau de
sites anciens qui avaient aussi une valeur touristique.
Le Président (M. Doyon): Moi, ce que je comprends
difficilement, Mme la ministre, c'est que vous êtes deux partenaires dans
cette entente-là, deux partenaires qui se sont mis d'accord sur des
projets donnés, qui se sont entendus que les choses étaient pour
se faire de telle façon. Les deux ont signé, les deux ont
accepté d'y participer. Je comprends que la ville de Québec...
Est-ce que la ville de Québec peut, unilatéralement - je veux
juste savoir si c'est comme ça que ça marche - dire: En
dépit de l'entente, je décide de changer mon orientation,
c'est-à-dire de modifier unilatéralement l'entente, et vous
autres, le ministère, maintenant, ajustez-vous? Ce que j'aimerais savoir
de vous, Mme la ministre: De quelle façon êtes-vous intervenue ou
avez-vous pu intervenir dans la décision qui, à ce que je
comprends, est déjà prise par la ville de Québec de se
retirer - juste un moment, je vais terminer - de ce programme de visite des
intérieurs anciens? La ville de Québec dit: Nous, on n'a plus les
moyens, on n'y va plus. D'après ce que je comprends, c'est prévu
dans l'entente. Comment cela peut-il se passer, alors qu'il y a une entente et
que l'entente est signée? Il y a eu des accords qui ont
été donnés de part et d'autre et qu'une partie... C'est
comme si le ministère des Affaires culturelles, par exemple,
décidait, à un moment donné, de se retirer de ça en
disant: Ça ne fait plus notre affaire. Est-ce que ce serait possible,
ça?
Mme Frulla-Hébert: D'abord, l'entente avait
été signée avec l'administration précédente
au niveau du projet, et la nouvelle administration le remet en question. Donc,
on n'a pas terminé les discussions, c'est tout simplement que
l'administration le remet en question et, avec nous, veut revoir si elle peut
se servir de cet argent, ensemble, si on peut s'en servir pour une utilisation
à d'autres fins. Autrement dit, s'en servir à meilleur escient.
Non, c'est impossible, on ne peut pas se retirer unilatéralement; comme,
nous, on ne peut pas se retirer puis dire: On retire notro argent Ça ne
se fart pas. Mais c'est sur la base de discussion, et les discussions ne sont
pas terminées encore.
Le Président (M. Doyon): L'entente a-t-elle
été signée de façon définitive ou si elle
est encore en discussion?
Mme Frulla-Hébert: Non. Elle est signée de
façon définitive.
Le Président (M. Doyon): Elle a été
signée de façon définitive. Cette entente
prévoyait-elle un programme de la nature de celui qui est
abandonné? C'est un fait qu'il est abandonné par la ville de
Québec. Est-ce qu'on trouvait ce programme-là dans l'entente?
Est-ce que c'était prévu dans l'entente?
Mme Frulla-Hébert: Oui. Ça, c'était
prévu dans l'entente et tout le concept de l'entente a été
élaboré par l'administration précédente.
Le Président (M. Doyon): Ça, je comprends
ça.
Mme Frulla-Hébert: Maintenant, quand on se retrouve avec
une nouvelle administration, il s'agit de revoir si les priorités sont
les mêmes ou ne sont pas changées. Ce n'est pas un parti qui
traîne l'autre et vice versa, mais ça fait partie, comme je le
disais ce matin, du partenariat qui existe entre Québec et la ville,
tout simplement, et les discussions ne sont pas terminées. Vous dites:
La ville se retire. Nous, on vous dit que les discussions là-dessus ne
sont pas terminées.
Le Président (M. Doyon): Enfin, je dis ça, Mme la
ministre, parce que voyant que la maison était louée par la ville
et que la ville n'a pas renouvelé...
Mme Frulla-Hébert: Oui, la maison était
louée par la ville.
Le Président (M. Doyon): La ville n'a pas renouvelé
sa location, en disant: Nous, on ne pourra plus marcher là-dedans, donc
on se retire comme locataire. Maintenant, vendez-la si vous voulez, on n'est
plus intéressé. De là, je tire la conclusion que le
programme est abandonné, ou je me trompe beaucoup parce que la maison
Stuart-Henry, c'était un gros morceau de ça, puis si ce n'est
plus là, ça tourne à vide.
Mme Frulla-Hébert: Bien, il y a des façons
différentes de voir. C'est-à-dire que, si l'entreprise
privée achète la maison, elle doit se soumettre aux exigences du
maire pour tout changement, ce qui n'exclut pas non plus la possibilité
de faire la visite des intérieurs. Alors, comme je le dis, il y a toute
la redéfinition des ententes, d'une part, et, d'autre part, nous allons
définir ensemble, avec le nouvel acquéreur, les principes
d'intervention et d'utilisation pour une mise en valeur de qualité.
Le Président (M. Doyon): Pour terminer là-dessus,
Mme la ministre, vous aurez compris que c'est un élément
important du patrimoine histo- rique...
Mme Frulla-Hébert: Absolument.
Le Président (M. Doyon):... de maisons qu'on ne retrouve
plus. C'est pour ça, d'ailleurs, que j'ai compris que le
ministère s'y était intéressé au début.
C'est pour ça que je me réjouissais de voir que la ville de
Québec était intéressée à en tirer profit et
à la mettre en valeur. Maintenant, il ne faudrait pas... Je ne sais pas
ce qu'on a l'intention de faire avec cette maison-là, mais j'imagine que
les gens qui l'achètent vont vouloir faire autre chose que, je ne sais
pas, la faire visiter parce que ça ne doit pas avoir été
vendu pour rien.
Mme Frulla-Hébert: Mais, M. le Président, on ne
peut procéder à aucun changement sans permission, justement, du
ministère des Affaires culturelles, puisque le site est classé,
intérieur, extérieur, jardin. Alors, il n'est pas question de
dilapider le patrimoine, au contraire. C'est pour ça que, compte tenu
justement de la classification, c'est une police d'assurance, parce que la loi,
en soi, nous protège.
Le Président (M. Doyon): Vous en êtes la gardienne,
Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Merci, M. le Président.
Ça et d'autres choses.
Le Président (M. Doyon): Pendant que le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques est en train de regarder ses
notes, à moins que vous n'en ayez déjà discuté,
vous me permettrez, peut-être, de dire deux mots du Musée du
Québec. Est-ce que vous avez eu l'occasion d'en parler pendant mon
absence?
Mme Frulla-Hébert: On n'est pas rendus là
encore.
M. Boulerice: On n'est pas encore rendus au Musée.
Le Président (M. Doyon): Vous n'êtes pas rendus au
Musée, bon, alors, on peut peut-être...
M. Boulerice: On y chemine, rassurez-vous, cher
Président.
Le Président (M. Doyon): Alors, on y arrivera. Je vous
laisse... Si vous voulez, M. le député qu'on le fasse tout
à l'heure, ça ne fait pas de différence. Vous pouvez y
aller.
Soutien à la danse
M. Boulerice: Alors, à 4, Soutien aux fonctions
culturelles, on va aborder un dossier particulier. Après, si vous
êtes consentante,
Mme la ministre, on regardera les dossiers où les
présidents de sociétés d'État sont présents
de façon à pouvoir les libérer le plus rapidement
possible.
Dans le programme 4, Soutien aux fonctions culturelles, est-ce que vous
pourriez m'indiquer quel est le montant qui sera dévolu à la
danse en 1991-1992?
Mme Frulla-Hébert: Au niveau de la danse. En 1991-1992, 3
367 000 $, une augmentation de 7,5 % versus un budget de 3 167 600 $ en
1990-1991.
M. Boulerice: Donc, il y a une augmentation de 2,5 %. Si on
enlève l'indice d'inflation de 5 %, l'augmentation se borne à 2,5
%.
Mme Frulla-Hébert: En fait, quand on calcule
l'augmentation, on calcule aussi l'indice d'inflation, parce qu'on n'est pas
obligé de donner l'inflation, non plus. Au moment où on se parle,
c'est assez dur partout...
M. Boulerice: Oui, mais c'est 7 % fictif, je
préfère 2 %... Je ne dis pas que je le préfère,
mais je le constate.
Mme Frulla-Hébert: Nous autres, on préfère
dire que c'est une augmentation de 7,5 %.
M. Boulerice: Si je vous comprends, vous préférez
employer le chiffre le plus élevé. Mais il ne correspond pas
à la réalité, comme telle. Les 3 367 000 $, ils sont
ventilés de quelle façon?
Mme Frulla-Hébert: Ce qu'on fait présente ment,
c'est qu'on est en train de regarder les besoins et, finalement, soumettre le
plan global au niveau de l'aide. On est pleine demande de subventions, au
moment où on se parle. Alors, autant pour la danse que les autres
secteurs, on est en train d'évaluer les besoins et d'évaluer les
subventions au fur et à mesure qu'elles entrent.
M. Boulerice: Combien de troupes ont été
aidées l'an dernier?
Mme Frulla-Hébert: 45.
M. Boulerice: 45? Combien y a-t-il eu d'individus qui ont pu
bénéficier de bourses pour des stages, du perfectionnement et de
la création?
Mme Frulla-Hébert: On ne l'a pas en termes d'individus. On
pourrait vous le faire cheminer, par exemple, en termes d'individus.
M. Boulerice: Ça va cheminer vite? Les 3 000 000 $ que
vous avez, 3 320 000 $, je pense. Est-ce qu'ils incluent le fonctionnement de
l'Agora de la danse? J'ai eu le plaisir d'aller à l'espèce de
préouverture, là?
Mme Frulla-Hébert: Non.
M. Boulerice: Un budget à part, il est de combien?
Mme Frulla-Hébert: Je vais passer la parole à
Michelle, là...
M. Boulerice: Elle est spécialiste dans tout.
Mme Frulla-Hébert: Au niveau des programmes, tous les
programmes, là, tout ça...
M. Boulerice: C'est un compliment que je lui fais là, ce
n'est pas un reproche.
Mme Frulla-Hébert: C'est ça Au niveau des
programmes, donc le programme 2, c'est Mme Courchesne qui s'en occupe.
Mme Courchesne: Comme vous savez, l'Agora de la danse a
procédé à une avant-avant-première, il y a deux
semaines, lors d'une petite ouverture, parce que, entre autres, le Festival de
théâtre des Amériques aura des représentations qui
se tiendront là, prochainement. Mais la vraie ouverture de l'Agora de la
danse est prévue pour septembre prochain. Ceci dit, les gens de l'Agora
se sont d'abord attardés à former un conseil d'administration, ce
qui a été fait il y a environ un mois. Ils sont en train, en ce
moment, surtout avec la construction qui est presque terminée,
d'établir leur budget de fonctionnement et Ils sont sur le point de nous
le soumettre pour étude et analyse, pour que cette subvention soit
dégagée pour l'ouverture au mois de septembre. Ce ne sera pas une
subvention qui va s'établir sur une année complète, elle
va s'établir évidemment sur à peu près six mois.
C'est via le programme d'aide à la diffusion et non pas via le programme
danse.
M. Boulerice: Est-ce qu'il y a des compagnies de danse qui ont
demandé au ministère des subventions pour des
représentations à des festivals étrangers l'an
dernier?
Mme Frulla-Hébert: Bien, il y a O'Vertigo qui a
demandé. Margie Gillis, est-ce qu'elle a...
M. Boulerice: Demandé, et après ça, obtenu
aussi?
Mme Frulla-Hébert: Carbone 14... Ah non! c'est vrai, c'est
au théâtre, Margie Gillis... Margie Gillis aussi?
Mme Courchesne: Oui. Il y a Marie Choui-nard aussi.
Mme Frulla-Hébert: II faudrait... Cette
liste-là...
Mme Courchesne: On pourrait vous la fournir, cette
liste-là et on pourrait vous fournir aussi tout le détail des
subventions octroyées au cours de l'année 1990-1991
là-dessus. De mémoire, là, je ne pourrais pas vous le
dire.
M. Boulerice: Comment expliquez-vous que le Québec est
toujours tristement absent de Montpellier-Danse? Je veux dire à la
blague, les deux seuls Québécois qui sont à
Montpellier-Danse: le premier danse très mal, le deuxième,
probablement beaucoup mieux, c'est le président du Regroupement des
professionnels de la danse, puis le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Mais je vous avoue que ce n'est pas ça qui
hausse le prestige de la danse québécoise dans mon cas; dans le
cas de notre ami, M. Patenaude, lui, ça va. Il n'y a personne qui veut y
aller, quoi? Pourtant, l'événement européen...
Mme Frulla-Hébert: Bien, les demandes... Encore là,
Mme Courchesne, les demandes au niveau du programme...
Mme Courchesne: II est évident qu'au niveau de
l'évaluation de ces programmes d'aide à l'étranger, elles
sont évaluées par les comités d'évaluation, par les
jurys et ce n'est pas nécessairement par discipline ou par secteur
d'activités. Donc, chaque année, le taux de réponse se
situe entre 15 % et 20 %, et ils doivent refaire leur demande année
après année. Je ne pense pas que ce soit contre le festival de
Montpellier particulièrement ou que ce festival-là ne soit pas
privilégié ou quoi que ce soit, ça fait tout simplement
partie du processus d'évaluation qui est pris en compte par rapport
à ça.
M. Boulerice: Vous dites que le taux de réponse est de 15
%.
Mme Courchesne: Oui. 15 %à20 %.
M. Boulerice: Pour ce qui est des théâtres, le taux
est de combien, lui?
Mme Courchesne: Pour l'aide à l'étranger et
à la diffusion, la moyenne depuis plusieurs années... D'ailleurs,
ce n'est pas une moyenne récente, c'est une moyenne qui est là au
ministère depuis que nous y sommes, trois ou quatre ans; avant,
c'était comme ça aussi. Ça a toujours été
une moyenne respectée.
M. Boulerice: O.K. Entre 15 % et 20 % que vous me dites, pour la
danse. Pour le théâtre?
Mme Courchesne: Attention! C'est autre chose, le
théâtre, il faut faire les distinctions. Très souvent
aussi, au niveau de la danse, on peut s'inscrire via le programme d'aide aux
artistes, parce que très souvent, les danseurs peuvent se servir de ce
programme-là pour aller se perfectionner à l'extérieur.
Donc, on est passé de 260 000 $ en 1987-1988 à 760 000 $ en
1991-1992. En fait, il y a plusieurs portes d'entrée pour les danseurs
pour aller à l'extérieur et rayonner à
l'étranger.
M. Boulerice: Combien de troupes ont été
aidées, pour ce qui est de Québec? (20 h 30)
Mme Frulla-Hébert: Combien de?
M. Boulerice: Troupes.
Mme Courchesne: ...ont été aidées, à
la ville de Québec?
M. Boulerice: Pour la capitale.
Mme Courchesne: Dans la région de Québec?
Mme Frulla-Hébert: Au fonctionnement, une troupe
seulement, c'est Danse Partout. Quand on regarde la fiche, Danse Partout, au
niveau de l'aide à la production, c'est 31 % des subventions
totales.
M. Boulerice: Elle avait demandé combien?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire 145 000 $ qui
représentent finalement 31 % de 470 000 $.
M. Boulerice: Attendez, je m'excuse là, vous allez un peu
vite. Danse Partout a obtenu combien déjà?
Mme Frulla-Hébert: 145 000 $.
M. Boulerice: Dommage que vous n'étiez pas à la
soirée de gala, c'était réussi.
Mme Frulla-Hébert: 145 000 $.
M. Boulerice: 145 000 $.
Mme Frulla-Hébert: 145 800 $.
M. Boulerice: Enfin un merveilleux spectacle de 15e
anniversaire.
Mme Frulla-Hébert: Quoi? Pardon?
M. Boulerice: J'ai dit qu'ils ont eu un magnifique spectacle pour
leur 15e anniversaire.
Mme Frulla-Hébert: ...spectacle d'anniversaire, oui.
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il n'y a pas, Mme la
ministre, une autre troupe de danse semi-professionnelle à
Québec, qui est la troupe
Migration? Est-ce que Migration ne fait pas partie des troupes de la
région de Québec qui...
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Le Président (M. Doyon): ...reçoivent une
subvention de votre ministère?
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire qu'on ne
subventionne pas les troupes, les troupes appliquent aux projets. Aux projets
de formation, Migration, oui, au niveau des projets de fonctionnement, elle a
reçu 20 000 $.
Le Président (M. Doyon): 20 000 $ pour une troupe de 16
personnes, ce n'est pas exagéré?
Mme Frulla-Hébert: Aux projets. C'est ça, c'est
parce que Migration c'est une troupe folklorique semi-professionnelle?
Le Président (M. Doyon): C'est ça.
Mme Frulla-Hébert: Alors, Hs sont aux projets et non pas
au fonctionnement. Donc, c'est 20 000 $ pour un projet.
Le Président (M. Doyon): Pour l'année
1990-1991.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
M. Boulerice: Ils ne vont pas mourir gras.
Mme Frulla-Hébert: Pardon?
M. Boulerice: Je dis ils ne vont pas mourir gras.
Mme Frulla-Hébert: Bien c'est au niveau du projet
là, c'est du semi-professionnel aussi. Mais au niveau de la danse, quand
on regarde dans l'ensemble, c'est vrai qu'il y a beaucoup à faire. Par
contre, il y a beaucoup qui a été fait aussi par le
ministère. Nous avons majoré de 1400000$ à 2000000$, donc
30 % sur cinq ans, ce qui permet une majoration au niveau des salaires. Nous
avons un programme aux projets de production pour les chorégraphes
indépendants. Nous avons mis sur pied un plan de formation, donc
l'École supérieure de danse. Nous aurons une évaluation
des écoles à la fin de mai 1991, ce qui nous permettra de faire
nos choix et nos orientations au niveau de la danse professionelle, enfin le
portrait de la danse au Québec. On a défini aussi un corpus
pédagogique pour les ateliers de danse moderne, et ça, on en
discute avec le ministère de l'Enseignement supérieur. Au niveau
des dossiers de l'immobilisation, il y a l'Agora de la danse d'une part, il y a
la salle de l'UQAM qui accueille Montréal Danse, il y a les Grands
Ballets qui ont reçu et qui reçoivent 100 000 $ par année
pour leur tournée.
Il y a aussi des organismes de services indépendants pour des
chorégraphes, des organismes de services administratifs pour des
chorégraphes indépendants, pour la gestion des petites compagnies
qui n'ont pas de structure. Ce programme a été mis sur pied en
août 1990.
Donc, il y a eu quand même énormément à
faire. Est-ce qu'il en reste? Oui, mais comme on dit, il y a eu un net
progrès au niveau de l'aide depuis 1988-1989. D'ailleurs, il faut
souligner le travail justement du Regroupement des professionnels de la danse
et l'excellent mémoire qu'ils ont soumis au groupe-conseil au niveau
d'une politique culturelle.
Maintenant, le Regroupement des professionnels de la danse a aussi
poursuivi son action dans le cadre du suivi de l'étude sur la
santé et la sécurité au travail. C'est un dossier qui est
fort important et que nous allons pousser a fond. Donc, il y a du travail
à faire malgré que... Évidemment, quand on regarde le
niveau des salaires et les conditions de travail, c'est un secteur que nous
voulons aider, structurer et supporter.
M. Boulerice: Compte tenu de la précarité de ce
secteur, ne pensez-vous pas qu'il aurait été
préférable, au lieu de les inviter à déposer un
mémoire, d'inviter vraiment un représentant à
siéger au groupe-conseil?
Mme Frulla-Hébert: Vous savez, pour le groupe-conseil, on
a eu plusieurs demandes des différents groupes et spécialement
des groupes de création pour siéger au groupe-conseil. Les gens
qui siègent au groupe-conseil sont, à cause de leur
expérience personnelle... Certains regroupent des expériences
variées du milieu beaucoup plus que par les organismes qu'ils
représentent. Il ne faut pas oublier non plus que le groupe-conseil
rencontrait les intervenants du milieu pour déposer
l'énoncé de politique culturelle et aller ensuite en commission
parlementaire. Alors, c'est sûr qu'il y aurait eu lieu d'inviter à
peu près tout le monde. Mais chose certaine, c'est que pour avoir un
groupe efficace, ça prend quand même un nombre un peu plus
restreint. Ces gens-là sont beaucoup plus des gens qui travaillent
à la formation après avoir rencontré les intervenants
importants du milieu.
Alors, ils ont rencontré l'Association des galeries d'art,
l'Association des organismes musicaux du Québec, l'Association des
producteurs de films, les réalisateurs et réalisatrices, la
Conférence des créateurs et créatrices, la
Conférence nationale des conseils régionaux de la culture, le
Conseil des métiers d'art du Québec, le Conseil
québécois du théâtre, la Guilde des musiciens, le
Regroupement des centres d'artistes, le Regroupement des professionnels de la
danse, la Société des musées
québécois...
M. Boulerice: Madame, ça va, le bottin
téléphonique.
Mme Frulla-Hébert: ...et l'Union des écrivains pour
en arriver à un énoncé politique. Donc, la
représention et les mémoires tiennent lieu finalement d'une
présence, compte tenu du processus que nous avons mis sur pied.
Organismes-conseils et société
d'État Société générale des industries
culturelles
M. Boulerice: Merci bien. SOGIC.
Mme Frulla-Hébert: Je vais demander, si vous le permettez,
M. le Président, au représentant de la SOGIC, c'est-à-dire
son président - il est ici - M. Charles Denis.
Le Président (M. Doyon): Alors, vous pouvez dire à
M. Denis de bien vouloir s'avancer, s'il vous plaît.
Il est entendu que nous quittons le programme 2 pour le moment. Nous y
reviendrons ultérieurement pour pouvoir l'adopter à moins que ce
ne soit le désir de la commission de procéder à son
adoption tout de suite, quitte à ce qu'on revienne.
M. Boulerice: On le fait globalement, on va le faire
globalement.
Le Président (M. Doyon): On a déjà
adopté le programme 1.
M. Boulerice: Non, on n'a jamais adopté...
Le Président (M. Doyon): Oui, on a adopté le
programme 1.
M. Boulerice: Ah bon!
Le Président (M. Doyon): On reviendra quand même
simplement au cas où on ne l'aurait... Le programme 2 est adopté
sous réserve que nous y reviendrons tout à l'heure pour continuer
à en discuter. Simplement pour que ce soit plus facile pour M. le
secrétaire, le programme 2 est adopté.
Bienvenue M. Denis. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous pouvez commencer.
M. Boulerice: Pour la deuxième année
consécutive, le budget de la Société
générale est à la baisse: 8,9 %, l'an passé, et 6,4
%. Alors, c'est en chute libre. Est-ce que la ministre peut donner des
explications quant à cette baisse depuis 1989-1990?
Mme Frulla-Hébert: Alors, la diminution de 6,4 %, c'est
l'application des mesures d'équilibre budgétaire et c'est
l'effort que nous avons demandé à tous nos organismes et
sociétés d'État, effort qui est comparable à celui
demandé aux ministères et celui fait par le gouvernement. C'est
l'application des mesures d'équilibre et c'est ensuite aux
présidents des diverses sociétés d'État de les
appliquer selon, justement, ces objectifs.
M. Boulerice: Est-ce qu'il y a moins de personnel à
l'emploi de la Société en 1991-1992 par rapport à
1989-1990?
Mme Frulla-Hébert: C'est le même nombre de
personnel. M. le Président, permettez-moi de passer la parole à
M. Charles Denis.
Le Président (M. Doyon): M. Denis, voulez-vous vous
identifier avant de commencer, s'il vous plaît?
M. Denis (Charles): Oui, Charles Denis,
président-directeur général de la...
Le Président (M. Doyon): Bienvenue.
M. Denis: ...Société générale des
industries culturelles.
Le Président (M. Doyon): Vous avez la parole.
M. Denis: Merci bien, M. le Président. Le personnel est
à peu près, disons, le même nombre que l'année
dernière. Il y a eu une ou deux personnes d'engagées au
patrimoine. Sinon, c'est à peu près la même chose que
l'année dernière. Ça se situe aux alentours de 56, 57
personnes.
M. Boulerice: Donc, les compressions sont effectuées
où?
M. Denis: Les compressions, j'imagine qu'elles sont
effectuées au niveau, par exemple, de l'amélioration du
fonctionnement. Il y a eu, par exemple, une informatisation qui nous a permis
de fonctionner avec un personnel d'un nombre à peu près
égal. Je crois que tout ce qui concerne, par exemple, le service des
loyers du patrimoine est maintenant informatisé, et ça permet,
j'imagine, que le nombre de personnes à l'emploi de la SOGIC reste
à peu près semblable.
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, si vous
permettez, nous avons les données devant nous.
Au niveau du budget de transfert, par contre, il y a 11 %
d'augmentation. Donc, l'aide aux industries culturelles s'est vue
augmentée de 11 %.
M. Boulerice: Mais quand on coupe 600 000 $, il y a des choses
qui ne se font plus ou on en fait moins. Ce sont lesquelles?
Mme Frulla-Hébert: Ce n'est pas 600 000 $, c'est 209 000
$. Alors, c'est probablement une rationalisation au niveau de certains
effectifs. C'est une gestion très serrée au niveau administratif,
mais tout comme nos programmes réguliers du ministère où
on s'est dit: Oui, nous, nous allons couper quand même. Si on se
réfère au programme 1, 1 700 000 $, on s'est dit: On va investir
moins dans le béton et on va investir plus dans les programmes où
l'aide et le soutien aux artistes... L'application enfin, le même
objectif s'applique, quand c'est possible, aux diverses sociétés
d'État.
M. Boulerice: Comme la SOGIC a le mandat de promouvoir et de
soutenir les industries québécoises, comment se fait-il qu'elle
conserve un volet de promotion auprès des producteurs de films
étrangers et surtout américains?
M. Denis: Je peux...
Mme Frulla-Hébert: Je passe la parole à
monsieur...
M. Denis: Avec votre permission. Mme Frulla-Hébert:
Oui, c'est ça.
M. Denis: Ce n'est pas exactement, disons, un volet promotion que
nous avons à l'égard des producteurs américains,
producteurs étrangers d'ailleurs. C'est un bureau qui existe depuis
plusieurs années et qui fait de l'accueil, c'est-à-dire qui
dirige vers les pouvoirs publics responsables de l'octroi des permis, de
certaines autorisations. Il y en a beaucoup, vous savez, lorsqu'on tourne un
film. C'est un organisme qui ne fait pas tellement de la promotion, mais
plutôt de la coordination lorsque des producteurs étrangers
viennent au Québec et veulent tourner au Québec. Il y a
là, tout de même... Il faut voir également une
considération purement économique et financière. Des
tournages étrangers représentent des retombées
extrêmement intéressantes pour la région ou l'endroit,
disons, où le tournage a lieu et je pense qu'en collaboration avec le
bureau de promotion de la ville de Montréal ainsi que celui de la ville
de Québec - la ville de Québec vient de se doter d'un bureau
d'accueil au cinéma... (20 h 45)
Donc, je pense qu'il y a là un travail qui est intéressant
à deux titres. Premièrement, disons que ça permet tout de
même à des gens qui ne sont pas nécessairement très
au courant de la façon dont on tourne au Québec de se retrouver
dans les différentes administrations avec lesquelles ils doivent
travailler. Deuxièment, ça a également un
intérêt dans la mesure où ça permet à
beaucoup de techniciens du cinéma de se familiariser avec des techniques
que les producteurs américains importent avec eux. Il faut tout de
même bien reconnaître que sur le plan de la technique du
cinéma, les Américains disposent vraiment de ce qu'on appelle en
anglais "the state of the art", c'est-à-dire les meilleures formules. Ce
sont des gens qui sont extrêmement qualifiés et je pense que nos
gens - c'est l'écho que j'en ai eu régulièrement - ont
beaucoup appris en tournant avec les producteurs américains qui viennent
ici.
Mais, il ne faut pas non plus... Vous savez, ça a diminué
un petit peu l'année dernière... Oui, exactement, disons. Je
pense que ce n'est pas un service qui est extrêmement coûteux, mais
je pourrais, si vous le voulez, M. le député, vous en faire
l'historique. Disons que ça s'est un petit peu promené à
travers un certain nombre de ministères et, à un certain moment,
ça s'est retrouvé à la Direction des industries
culturelles du ministère du Commerce extérieur et lorsque ce
service a été transféré à la SOGIC, le
bureau d'accueil des cinéastes étrangers a suivi. Je pense que
c'est une opération extrêmement valable et relativement peu
coûteuse.
M. Boulerice: Bon, ça peut être valable,
effectivement, d'avoir une expertise au niveau technique, comme tel. Moi, je
vous avoue que ce qui m'intéresse aussi, c'est le contenu, et le
contenu, ça, ça pourrait toucher le cinéma
québécois comme tel, le cinéma du cru. Il se fait du
cinéma québécois; il se fait très peu de
cinéma canadien dans cette dimension d'anglo-phonie. Mais je lisais,
effectivement, les dernières statistiques: 95 % des tournages se font
à Montréal, mais c'est en chute libre par rapport à
Toronto. Pourquoi il y a ça chez vous s'il y a un bureau du
cinéma à la ville de Montréal? Ça ne fait pas
double emploi, en définitive?
M. Denis: Non, je ne pense pas, parce que, encore une fois, le
bureau de la ville de Montréal est responsable uniquement des
autorisations, des permis et de la coordination à l'intérieur de
la ville de Montréal. Prenez "Les fous de Bas-san", par exemple, qui a
été tourné en Gaspésie, il y a eu un travail
considérable qui a été fait, ou bien lorsqu'on a
tourné chez M. Malenfant au Manoir Richelieu. Il y a un "James Bond" qui
a été tourné au Manoir Richelieu et, ça. je sais
que les gens de La Malbaie ont été extrêmement heureux de
ce tournage parce que tout le monde travaillait. Ça allait des
menuisiers aux peintres, en passant par les électriciens, etc., les
traiteurs, les restaurants, et tout ça. C'est une manne lorsqu'un
tournage a lieu dans une région, incontestablement. Auparavant, il y
avait l'Industrie et le Commerce qui disait: Ça ne nous concerne pas,
ça concerne le ministère des Affaires culturelles, et ensuite
ça allait aux Affaires internationales. Finalement, je pense que la
décision qui a été prise il y a quelques années...
Ça nous permet également une chose, si vous me permettez un mot
de plus, M. le député,
ça nous permet de situer, si vous voulez, l'impact du tournage
américain et de le relativiser par rapport à ce qui se fait au
point de vue cinématographie québécoise. Ça, c'est
important également. C'est une dimension sur laquelle j'aimerais
peut-être un peu attirer votre attention.
M. Boulerice: Ce service représente quelle proportion de
la masse de votre budget?
M. Denis: Écoutez, c'est une personne qui s'en occupe,
mais qui bénéficie, évidemment, de l'appui logistique, si
vous voulez, des autres services de la SOGIC. En fait, c'est Mme Bonin qui en
est reponsable et qui dispose... Je pense que son budget se situe autour de 180
000 $. Il est notamment utilisé pour financer une brochure qui s'appelle
"Tourner au Québec", "Shooting in Québec". Bien oui, c'est
surtout...
M. Boulerice: Ça peut porter à confusion.
M. Denis: Mais "shooting" dans le bon sens du terme. C'est
surtout destiné, effectivement, à des cinéastes qui
parlent anglais, vous savez.
Des voix: Ha,ha, ha!
M. Boulerice: L'état de la collaboration avec le bureau du
cinéma de Montréal?
M. Denis: Excellente. M. Lafond et moi étions ensemble
à Location Expo qui est une manifestation où se retrouvent tous
les - excusez-moi d'utiliser l'expression, encore une fois, c'est un
phénomène qui est très américain -"State Film
Commissioners". D'ailleurs, Mme Bonin possède le titre de "Film
Commissioner". Elle fait partie de l'Association of Film Commissioners et
à Location Expo, nous avions un stand commun avec la ville de
Montréal et la ville de Québec.
M. Boulerice: On voyage beaucoup dans votre service.
M. Denis: Nous avons un mandat de marchés
extérieurs qui nous a été confié par un
décret du mois de mars 1988, et je pense qu'il y a effectivement
beaucoup de choses à faire sur les marchés extérieurs.
L'ouverture est une des dimensions fondamentales de l'administration actuelle
de la SOGIC.
M. Boulerice: Le ministre délégué à
la Francophonie est un "trottinard" si on le compare... Je vois que Mme
Bouchard est allée à Karlovy Vary en République
fédérative tchèque et slovaque - où ils ont des
chambardements politiques eux aussi - pour une première participation au
Festival international du film. Il y avait d'ailleurs M. Verbert qui y
était. Est-ce qu'il y avait un film québécois qui
était en participation à ce festival?
M. Denis: Oui, "Jésus de Montréal". D'ailleurs, le
président Vaclav Havel a demandé un visionnement particulier de
"Jésus de Montréal" et il l'a obtenu effectivement.
Si vous me permettez de situer un petit peu l'effort du
côté de Karlovy Vary. Je pense que c'est un effort
extrêmement valable qui est fait à l'heure actuelle. Vous savez,
les pays de l'Est, c'est vraiment, }e pense, une nouvelle frontière des
pays occidentaux. Il est très important que nous y soyons
présents et je pense que l'une des façons les plus rapides
d'être présents dans les pays de l'Est, pays de l'ancien bloc
communiste, c'est justement peut-être par la littérature, par le
cinéma, par la musique. Il s'est fait justement avec la
Tchécoslovaquie des choses extrêmement intéressantes et un
rapprochement entre les milieux culturels tchécoslovaques et
québécois s'est manifesté au cours de la dernière
année. La présence du cinéma québécois
à Karlovy Vary a été très remarquée. Nous
avons d'ailleurs participé à une émission en Pologne et,
là également, nous avons rencontré un certain nombre de
cinéastes polonais qui connaissent très très bien, sur une
base personnelle, nos meilleurs cinéastes comme Roch Demers, comme Roger
Frappier, etc. Il y a un goût de travailler ensemble énorme entre
ces gens-là et les cinéastes québécois.
Je pense que c'est faire preuve de vision et également c'est
faire preuve de solidarité, parce que ces gens-là ont beaucoup de
ressources sur le plan culturel, mais ils sont assez démunis au point de
vue ressources financières. Je pense que des formules de coproduction
avec ces pays-là dans un avenir assez proche pourraient être assez
fertiles. Vous savez que Roch Demers a utilisé un réalisateur
polonais pour son dernier film "Le jeune magicien", Waldemar Dziki.
M. Boulerice: C'est la question que j'allais vous poser, est-ce
qu'il y a déjà des intentions de coproduction avec ces pays?
M. Denis: J'ai un projet de coproduction à l'heure
actuelle entre le Québec et la Pologne. Effectivement, je peux vous le
confirmer. C'est un projet encore. Les gens sont en train de se parler, et nous
essayons au maximum de faciliter les échanges.
Maintenant, il y a une chose que je voudrais vous dire. Un exemple de
cette collaboration remarquable - c'est très difficile d'en saisir
immédiatement la portée - c'est l'exemple du film fait par Roch
Demers en coproduction avec des Tchécoslovaques sur le président
Vaclav Havel. Ce film a remporté... Son premier visionnement mondial a
été fait à Washington à la Smithsonian Institution,
et à la fin de ce film, c'était très émouvant, il y
a eu de la part des 1000 personnes qui étaient dans cette salle une
ovation debout. Or, il s'agissait donc d'une coproduction
québéco-tchécoslovaque qui faisait l'objet d'une ovation
debout à Washington. Je pense que tout ce domaine de la dimension
internationale à laquelle nous sommes extrêmement attentifs
à la SOGIC commence déjà à porter des fruits et
continuera de porter des fruits.
M. Boulerice: La SOGIC... Je ne sais pas, moi, si le
député de Saint-Hyacinthe avait des questions, ça ne me
fait rien de revenir.
Le Président (M. Doyon): Oui. M.le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Merci. Sur les voyages. Je reviendrai sur le mandat
parce que je connais peu la SOGIC, sauf peut-être une intervention dans
le comté de Saint-Hyacinthe. J'ai appris que la SOGIC était
intervenue et ça s'est soldé par une faillite de 300 000 $. Je
pense que vous avez subi une perte de 300 000 $ avec le Club Maska. Là,
j'ai appris que vous aviez investi de l'argent dans ce club, mais j'y
reviendrai plus tard.
Sur les voyages, on voit dans le livre: État des finances des
entreprises gouvernementales, 154 000 $ de frais de voyage. Après un
calcul, vous avez 56 employés, 154 000 $. Je regarde juste pour le
ministère des Affaires culturelles, avec 240 employés, 182 000 $.
Ça fait une disproportion, il me semble, malgré que vous avez un
mandat de voyager. Est-ce que vous, personnellement, vous voyagez beaucoup?
M. Denis: Non, non. Excusez. Allez-y, je vous en prie.
M. Messier: Je vous posais la question: Est-ce que, vous,
personnellement, vous voyagez beaucoup?
M. Denis: Certainement.
M. Messier: J'aimerais ça avoir, pour la dernière
année, la liste de vos voyages ainsi que les montants ainsi que...
M. Denis: Certainement. Je peux vous la donner
immédiatement. Je l'ai comme ça. On commence au mois de janvier.
Il y a le stand de la SOGIC au MIDEM où 32 producteurs et distributeurs
de musique sont présents. Dieu sait si, vous savez, la chanson
québécoise a été un ambassadeur extrêmement
solide de notre culture. Ensuite, il y a Berlin, il y a le Festival du film de
Berlin où, par exemple, cette année, nous n'avions rien, mais
l'année dernière nous avions en compétition...
M. Messier: Excusez moi. Quel est le coût du premier
voyage?
M. Denis: Le coût du premier voyage? M. Messier:
Oui.
M. Denis: Ça, vous savez, c'est ce qu'on appelle des
stands collectifs. Ça relève de la division des services
extérieurs. Le coût du voyage au MIDEM, c'est un budget d'environ
60 000 $; Berlin, c'est un peu moins. Oui, mais il y a un stand. Attention,
vous savez, il y a toute une infrastructure qui est mise en place, cinq cabines
d'écoute sont installées avec une zone d'accueil. Ce sont des
investissements relativement lourds, ce n'est pas simplement un voyage, en
définitive. La personne qui voyage le plus, peut-être, c'est M.
Gérard Villeneuve du côté des industries culturelles en
général et, évidemment, M. Verbert et Mme Bouchard du
côté du cinéma Mais là, encore une fois, il faut
voir ça en termes de présence et en fermes d'appui à nos
entreprises, voyez-vous. C'est très rare que je circule seul.
J'accompagne toujours un groupe d'entreprises qui peut aller à
Francfort. Mais je vais vous donner la liste. Je vous ai dit que je vous la
donnerais, je vais vous la donner. Berlin, c'est une petite opération,
un budget d'environ 20 000 $. Ensuite, il y a le MIP-TV, ça, c'est
environ... Il y avait 13 sociétés québécoises qui
étaient aidées par la SOGIC, dans un stand comprenant six cabines
de visionnement; vous voyez un peu l'installation assez élaborée
que ça représente. Ensuite, il y a le Festival du film de Cannes
où, cette année, nous avons un film dans la grande
compétition des créateurs, la Quinzaine des réalisateurs.
Également, nous avons, dans la compétition officielle -
excusez-moi si je fais un peu de publicité pour tout ça - un film
d'animation que la SOGIC a financé seule, Téléfilm n'est
pas dedans, avec un programme, comme le dit M. Brisebois, assez extraordinaire
qui s'appelle l'aide aux jeunes créateurs. C'est le programme d'aide aux
jeunes créateurs qui a financé ce court métrage
d'animation qui s'appelle "Mal de bloc". Ça, c'est dans la
compétition officielle. C'est un six minutes. D'autre part, il y a le
film de Forcier qui est à la Quinzaine des réalisateurs et qui va
être présenté le dimanche 12 mai au soir, à 22 h 30,
ce qui est... (21 heures)
Le Président (M. Doyon): M. Denis, je dois vous
interrompre un instant. Il est 21 heures. Est-ce qu'il y a consentement pour
continuer les travaux de cette commission?
M. Boulerice: Consentement
Le Président (M. Doyon): Consentement. Vous pouvez
continuer, M. Denis.
M. Denis: Merci, M. le Président. Après Cannes,
bien, cette année, pour la première fois, nous sommes
allés à Karlovy Vary. Alors, ça, c'était un peu la
suite d'une mission qui avait
été dirigée par M. Ciaccia et au cours de laquelle
j'avais fait beaucoup de rencontres. J'avais pris l'engagement que nous
serions, pour la première fois, présents à un festival du
cinéma des pays de l'Est. Ça a été fait et
ça a été un très gros succès. Ensuite, nous
participons souvent au Festival de télévision de Banff qui a lieu
au mois de juin où nous remettons un prix, le prix
Alberta-Québec, pour le cinéma tandis que le prix
Québec-Alberta pour la télévision est remis, au moment du
Festival des films du monde, ici, à Montréal. Ensuite, il y a ce
que j'appellerais le vaisseau amiral de la présence
québécoise sur le plan culturel, le stand de la SOGIC à la
Foire du livre de Francfort. Cette année, 54 éditeurs
étaient présents à ce stand. C'est une très grosse
opération. Je vous ai mentionné quelques chiffres pour vous
situer celle-ci. C'est une opération qui implique une dépense
pour la SOGIC de plus de 100 000 $. Mais, par contre, c'est une
présence...
M. Messier: Est-ce que ça se fait en collaboration avec le
ministère des Affaires culturelles et le ministère des
Communications, le ministère des Affaires internationales? Vous
n'êtes pas seuls dans cette galère-là?
M. Denis: C'est une opération qui est menée dans le
contexte du mandat que nous avons reçu de diffusion et de promotion sur
les marchés extérieurs des produits culturels. Vous savez, il y a
une dimension beaucoup plus, peut-être, économique. La SOGIC c'est
la Société générale des industries culturelles,
vous savez. Alors, la dominante, si vous voulez, c'est beaucoup plus du
côté économique que du côté culturel. La SOGIC
ne fait pas affaire avec des artistes ou avec des écrivains. Nous
faisons affaire, par exemple, avec Roch Demers mais nous ne faisons pas affaire
avec Michel Côté. Nous faisons affaire avec Jacques Fortin de
Québec-Amérique pour parler de l'édition, mais nous ne
faisons pas affaire avec ses auteurs. Nous travaillons avec les gens qui sont
les industriels de la culture. Je pense que c'est important qu'on introduise
cette distinction pour le bénéfice de...
M. Messier: Toute proportion gardée, c'est rentable.
M. Denis: Oui. Pour terminer, je dois vous dire qu'il y a
également une manifestation qui a lieu à Cannes qui s'appelle le
MIPCOM. Alors, vous allez me dire: Pourquoi y a-t-il le MIPCOM et pourquoi le
MIP-TV?. Le MIP-TV est un marché de projets. L'été s'en
vient, les gens disent: Qu'est-ce que tu vas faire, t'as l'intention de tourner
quoi cet été, etc.? Le MIPCOM qui a lieu au mois d'octobre,
à peu près en même temps que Francfort, est un
marché de réalisations, de projets réalisés au
sujet desquels on cherche beaucoup plus à distribuer qu'à
cofinan- cer. Le cofinancement et la coproduction se font plutôt au mois
d'avril au MIP-TV. La diffusion et la distribution internationale se font
plutôt au mois d'octobre alors que le film ou la série sont
terminés ou presque terminés. Ces sept ou huit manifestations
sont les principales dont la SOGIC est responsable.
M. Messier: O.K. Ça va pour ça. Je regarde les
états financiers de la SOGIC. Il y a une partie subventions et il y a
une partie investissements. Pourquoi subventions? Pourquoi investissements?
Pourquoi ce n'est pas 100 % subventions? Pourquoi ce n'est pas 100 %
investissements? C'est...
M. Denis: Non, non. C'est très simple. Tout ce qui porte
sur ce qu'on appelle... Vous savez, il y a trois étapes, si vous voulez,
dans un projet audiovisuel. Il y a le développement, il y a la
production et il y a la diffusion, la promotion. Tout ce qui est
développement et production constitue un investissement de la part de...
Nous investissons dans un film. Nous nous attendons à un retour.
Parfois, nous avons eu, d'ailleurs, un retour total de l'investissement
effectué. Dans le cas, par exemple, du "Déclin de l'empire
américain", nous pouvons mettre un maximum de 500 000 $ dans un film.
Nous avons retrouvé nos 500 000 $ et même un peu plus. Ce n'est
pas toujours le cas, je le reconnais tout de suite. Mais, encore une fois, il
faudrait élaborer sur des questions d'exiguïté du
marché québécois et la nécessité, justement,
de constamment ouvrir sur la scène internationale non seulement dans un
but de se tenir au courant, de garder le pouls, mais également dans un
but de financement.
M. Messier: Donc, toute proportion gardée, vous avez des
investissements de tout près de 10 000 000 $, de 9 282 000 $. Quelles
ont été les retombées? Vous avez parlé d'un projet,
là, mais dans l'ensemble des projets, quelles ont été...
Est-ce que vous avez subi plus de pertes?
M. Denis: Je peux vous donner un pourcentage, parce que tout
n'est pas encore rentré, de l'année qui nous occupe. Le
pourcentage de retour se situe entre 6 et 10 %. Ce n'est pas beaucoup. Je vous
dis, on ne peut vraiment pas fonctionner uniquement avec l'étendue du
marché québécois. Il faut absolument ouvrir sur la
scène internationale et sur les États-Unis. On fait des efforts
assez considérables du côté des États-Unis,
également, mais là c'est tellement difficile. Vous connaissez le
problème, les Américains ne veulent pas de produits
doublés. Il y a des percées qui se font à l'heure
actuelle, les "Filles de Caleb", par exemple, on me dit que c'est tout
récent. La productrice Lorraine Richard aura réussi à
faire une assez belle percée. Mais là encore, vous savez, c'est
plutôt expérimental.
M. Messier: C'est 13 000 $, environ, que vous avez investi dans
les "Filles de Caleb"? Non?
M. Denis: 150 000 $.
M. Messier: 150 000 $?
M. Denis: 13 000 $, peut-être, en développement.
M. Messier: Parce que vous avez différents programmes de
diffusion.
M. Denis: En développement. Pour finir mon explication,
diffusion et promotion, ça, nous fonctionnons sur une base de
subventions. Voyez-vous? La partie investissement, c'est le
développement et la production. La partie subvention, c'est la diffusion
et la promotion, la mise en marché, d'une façon
générale.
M. Messier: Est-ce que vous allez vous impliquer dans la
deuxième partie des "Filles de Caleb"? C'est un projet en cours?
M. Denis: Comme je réponds toujours dans ces
cas-là, je vais vérifier si la demande est rentrée. Mais
il est certain que nous serons très heureux de faire le maximum si Mme
Richard s'adresse à nous. Je peux vous dire une chose, elle sera
contente de l'entendre, elle a certainement un préjugé favorable
à la SOGIC. On serait mal placés pour...
M. Messier: Peut-être une dernière question avant do
passer la parole Quand vous investissez dans un film, est-ce que vous ave/ le
choix du lieu de tournage?
M. Denis: Non.
M. Messier: Vous ne pouvez pas l'imposer? Vous n'avez rien
à dire par rapport au lieu de tournage?
M. Denis: Non. Le lieu de tournage...
M. Messier: Vous avez parlé du comté de Charlevoix,
tout à l'heure, du Manoir Richelieu, ou à Montréal,
ça va de soi.
M. Denis: Oui. Ça, c'est un film américain. Nous
les avons dirigés. Dans le cas du Manoir Richelieu, on les a
dirigés vers le Manoir Richelieu. Mme Bonin, justement, a eu de longues
tractations avec M. Malenfant d'ailleurs, qui a fait de son côté
un gros effort. Ils avaient besoin d'un château, lequel prenait feu.
C'est ce qui s'est passé. Ça a été...
Le Président (M. Doyon): M. Malenfant n'a pas
été subventionné pour son rôle de
général dans le film?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): La première a lieu
à Québec, après demain. M. le député de
LaFon-taine, vous aviez une question?
M. Gobé: Oui. Merci, M. le Président. Tout d'abord,
M. Denis, permettez-moi de vous saluer. Ça fait près de 17 ans
que nous nous connaissons et il me fait plaisir de vous retrouver ce soir
à cette commission, vous ici et moi là. L'histoire a parfois des
raccourcis assez intéressants lorsqu'on peut regarder ça. On sait
que vous avez une grande expérience dans la promotion des produits
culturels québécois, particulièrement sur le marché
français, européen, le marché francophone...
M. Denis: Américain également. Je travaille
beaucoup...
M. Gobé: ...américain aussi. Vous avez
oeuvré aussi longtemps au ministère de l'Industrie et du Commerce
pour la promotion de ces mêmes produits.
M. Denis: C'est ça, oui.
M. Gobé: Alors, vous êtes peut-être à
même de nous éclairer, un peu, ce soir, par vos expériences
et les constats que vous avez pu faire durant votre carrière qui a
été certainement assez fructueuse. Comment se fait-il que les
produits, les productions, tes créations québécoises,
aussi bien cinématographiques que romans-feuilletons, ont tant de
difficulté à percer sur les marchés extérieurs?
Est-ce que c'est dû à la production, au style, à la langue?
C'est quoi? Quelles sont les principales... Parce qu'on voit que c'est minime.
Je lisais dans un journal qu'il se vendait pour à peu près 7 000
000 $, je pense, de productions étrangères. Je suis heureux
d'avoir lu ça et de vous retrouver aujourd'hui. Je sais qu'il y a une
difficulté quelque part et que vous devez y travailler. Vous devez
déjà avoir essayé de la cibler. C'est quoi? Si vous l'avez
trouvée, comment peut-on y remédier?
M. Denis: Les difficultés sont de plusieurs ordres. Je
vous donne en vrac ce qui me vient à l'esprit. Dans le cas, par exemple,
des pays francophones, notamment la France, vous avez une question de niveau de
langage qui entre en ligne de compte tout de suite. Il ne faut pas minimiser
ça. Je pense qu'à l'heure actuelle, il y a des expériences
très intéressantes qui se font du côté de la
"coscénarisation" franco-québécoise. Il y aura un
magnifique choc "transcultureT qu'on va surveiller avec
énormément d'intérêt. On va essayer de faire
travailler ensemble de
jeunes scénaristes québécois et de jeunes
scénaristes français sur une série de 13 émissions.
C'est un problème. Quand vous avez un personnage - enfin, je ne veux pas
citer de film en particulier ni quoi que ce soit - qui arrive devant un
auditoire parisien, vous avez parfois un problème de terminologie qui
donne un peu de mal.
Du côté des Américains, le problème est
différent. Les Américains, ça, on travaille
là-dessus, et je pense qu'à l'heure actuelle, comme ils sont pris
à la gorge, les Américains, ils ont besoin... Les films
coûtent de plus en plus cher et ils se tournent de plus en plus vers ce
qu'on appelle de la production indépendante. Le problème, c'est
que les Américains n'ont jamais accepté de films doublés
ou de films sous-titrés. D'ailleurs, le sous-titré, il n'en est
absolument pas question, ce n'est pas dans les moeurs des États-Unis.
Alors qu'au contraire, en Europe, par exemple, les films, les gens se font un
point d'honneur dans des pays dont la culture est relativement plus
répandue comme la Tchécoslovaquie ou la Suède...
Là, les gens, les cinéphiles voudront avoir le film dans la
version originale sous-titrée en suédois, en polonais ou en
tchèque, voyez-vous. Les Américains n'en veulent pas. Alors, on a
de ce côté-là, un assez gros problème. On garde un
certain espoir dans le mesure où, comme la production coûte de
plus en plus cher aux États-Unis et comme il y a de plus en plus de
vecteurs avec le câble, la télévision payante, la
télévision à la carte, "pay-per-view", etc., il y a une
demande pour des programmes énorme, et je pense que c'est une chance
qu'on va exploiter très sérieusement. Tout à l'heure, M.
Brisebois mentionnait, par exemple, les ventes faites par la productrice
Lorraine Richard concernant les "Filles de Caleb", etc. Je pense qu'ils sont en
train de changer là-dessus. Mais l'Américain veut avoir
absolument un produit qui a été tourné en
américain, même pas en anglais; même les films anglais ont
des problèmes aux États-Unis. Les films anglais, vous n'en verrez
pas, repris par les distributeurs américains. Vous allez voir des films
anglais aux États-Unis sur le réseau PBS où, en
général, l'auditoire a un certain niveau intellectuel. Dans la
population générale, ils n'accepteront pas de voir un film
anglais en heures de grande écoute. Alors, comment est-ce qu'on peut
décrire ce phénomène? Je ne sais pas, il y a...
M. Gobé: On volt en France ou en Europe de plus en plus de
productions ou de coproductions franco-italiennes ou franco-allemandes, et on
voit qu'ils ne tournent pas dans la langue d'origine. Ils tournent en anglais
dans certains cas et ils font la postsonorisation, par la suite. Est-ce que ce
ne serait pas, peut-être, une recommandation que vous pourriez faire
à nos producteurs de dire: Écoutez, arrêtez de tourner en
québécois d'ici, faites-le, si vous voulez, pour le local, mais
étant donné qu'une partie de votre production - pour rentabiliser
cette production - doit être exportée aux États-Unis ou en
France...
M. Denis: Ça se fait...
M. Gobé: Est-ce qu'on ne devrait pas mettre l'emphase
là-dessus?
M. Denis: Non. Non. Mais ça se fait, vous savez, nous
avons... D'ailleurs, nous avons la possibilité à la SOGIC, de
mettre jusquà 20. % de notre budget de production dans de la production
de langue anglaise - je vous signale ça en passant - ce qui est beaucoup
mieux que dans le cas de l'Ontario Film Development Corp., où ils n'ont
pas un seul sou qui peut aller dans de la production de langue
française. Alors là, de ce côté-là, je crois
qu'on n'a pas besoin du tout de se sentir mal à l'aise. Il y a une
production de langue anglaise qui se fait, même de la part de
cinéastes québécois francophones, mais surtout, et
ça, je pense que M. Lang vient de tenter d'y mettre fin en France, il y
avait un glissement des cinéastes français vers la production en
langue anglaise. Encore une fois, même avec leur marché de 60 000
000 $, ils se sentaient un peu à l'étroit et ils avaient
commencé... Je pense que les pouvoirs publics en France viennent
récemment de prendre des mesures très vigoureuses pour freiner ce
glissement vers la production en langue anglaise. D'ailleurs, c'est toujours le
même problème, vous savez. Que voulez-vous faire avec un film?
Voulez-vous faire une opération financière ou bien voulez-vous
faire un témoignage culturel? C'est ça, le problème.
Je pense qu'en ce qui concerne la SOGIC, nous n'avons pas le choix. Nous
avons un mandat culturel. La SOGIC est financée par le gouvernement du
Québec afin de témoigner de la spécificité
québécoise. Nous n'avons pas beaucoup de marge de manoeuvre pour
utiliser nos fonds aux fins de films, entre guillemets, commerciaux.
M. Gobé: Donc, on ne peut pas vous reprocher de faibles
ventes ou de faibles pénétrations à l'étranger
à cause de ces paramètres-là, la langue en particulier. On
se doit donc de reconnaître que c'est du culturel que vous faites plus
que des affaires. C'est de la promotion et de la diffusion culturelle
québécoise. (21 h 15)
M. Denis: C'est de la diffusion culturelle, mais par contre -
vous savez, j'arrive du MIP-TV - je peux vous dire une chose: même si
c'est le marché international des programmes de
télévision, voilà vraiment...
Une voix: ...d'Américains...
M. Denis: ...oui, d'abord, il y a beaucoup d'Américains,
tout se passe pour ainsi dire en
anglais et là, vous vous rendez compte vraiment que, disons, la
dimension culturelle est très peu présente dans...
M. Gobé: Est-il exact que 90 % des productions, des
émissions de télévision qui sont diffusées sur les
chaînes françaises, ou près de 90 %, seraient d'origine
autre que française?
M. Denis: Non, je pense que ce n'est pas tout à fait
exact, parce que, tout de même, il y a des quotas qui ont
été imposés. Mais vous avez effectivement une grosse
présence américaine sur les ondes françaises. Tout passe,
vous savez: Dallas, Dynasty, Santa Barbara, tous les "soaps", ce qu'on appelle
les "soaps" américains, passent sur les chaînes
françaises.
M. Gobé: Notre place à nous,
Québécois, là, ou Canadiens français sur...
M. Denis: Non, non, non, il y a eu beaucoup de coproductions et
beaucoup d'utilisation. Mais le reproche que les professionnels de
l'audiovisuel québécois font aux Français, c'est qu'il y a
eu beaucoup de choses achetées, mais que ça ne passe pas en
heures de grande écoute. Ça, évidemment, c'est le genre de
choses sur lesquelles on travaille avec nos amis français en ce moment,
c'est de...
M. Gobé: En terminant, parce que je ne veux pas prendre le
temps de tout le monde, êtes-vous optimiste?
M. Denis: Oui, oui, mais il faut continuer. Il faut faire preuve
de persistance. Il faut comprendre une chose, c'est qu'on a ici une position
exceptionnelle à Montréal. C'est un carrefour, c'est une plaque
tournante. On est entre deux mondes. Je pense qu'on a un avantage énorme
que peu d'autres pays possèdent. Il faut absolument qu'on
bénéficie et qu'on utilise au maximum cet avantage comparatif
qu'on a à Montréal, situé qu'on est entre les
États-Unis et l'Europe. Je suis très confiant.
Le Président (M. Doyon): Merci M. Denis. Juste avant de
passer la parole, une question très simple. Est-ce qu'il n'y a pas moyen
de se servir de TV5 là-dedans? Comment ça fonctionne avec TV5 et
vous autres? Est-ce que vous avez de bonnes relations, est-ce que vous pouvez
leur vendre des productions? Mme la ministre le sait peut-être?
Mme Frulla-Hébert: Bien d'abord, je veux vous juste
informer que TV5 relève évidemment du ministère des
Communications...
Le Président (M. Doyon): Oui, bien sûr.
Mme Frulla-Hébert: ...maintenant au niveau
delà...
Le Président (M. Doyon): Ça, je sais ça.
Mme Frulla-Hébert: ...production - ça me fait bien
de la peine d'ailleurs de le laisser aller. Mais au niveau de la production,
c'est sûr qu'avec la programmation de TV5 il y a des émissions
québécoises, des coproductions qui sont diffusées a TV5
dépendant d'une grille de programmation. Maintenant, il y a eu de
grandes transformations fartes au niveau de la programmation. Moi, quand j'ai
quitté, on était à l'heure de ces grands changements. On a
accompli les changements structurels. Maintenant, il restait des changements
techniques, c'est-à-dire des changements au niveau techique, au niveau
de la programmation. Je ne sais pas si M. Denis a plus d'informations.
Moi...
Le Président (M. Doyon): Ce que je veux savoir, moi, c'est
très simple.
Mme Frulla-Hébert: Mais on se sert de TV5 pour diffuser
nos productions.
Le Président (M. Doyon): D'après ce que je
comprends, on cherche des débouchés pour les productions
québécoises. Je regarde TV5, on est partie prenante
là-dedans, on est partenaire. Alors, je me dis: Est-ce que vous avez vos
entrées à TV5 ou pas? M. Denis, peut-être?
M. Denis: Je peux répondre...
M. Boulerice: Bien, on a nos entrées, sauf que TV5 n'entre
pas dans les foyers européens, ils n'ont pas le câble.
Mme Frulla-Hébert: Français, surtout
français.
Le Président (M. Doyon): C'est en train d'évoluer
ça, ça évolue.
M. Denis: La Saône-et-Loire, par exemple... J'ai
rencontré son député lorsque j'étais à
Cannes et il m'affirmait qu'à la fin de l'année, toute la
Saône-et-Loire serait câblée. Je donne cette information au
député.
M. Boulerice: ...l'Atlantique .
M. Denis: En ce qui concerne TV5, oui, nous avons d'excellentes
relations avec TV5. Je dois vous donner un exemple très concret: TV5 a
cofinancé avec nous un documentaire qui s'appelait "Le voyage de
Ninuvik". Nous avons d'excellentes relations. D'ailleurs, vous savez...
Le Président (M. Doyon): C'était une
première ou si ça s'était déjà fait?
M. Denis: Non, ça s'est déjà fait, mais
ça se fait de plus en plus, je dirais. D'ailleurs, ils sont nos voisins.
Vous savez que nous sommes dans l'immeuble de Téléport et que TV5
se trouve également dans l'immeuble de Téléport.
Le Président (M. Doyon): Une raison de plus.
M. Denis: M. James Baer, son directeur, est un excellent ami avec
qui nous avons de très bonnes relations. De plus en plus, TV5 cofinance
de la production dans laquelle nous sommes également.
Le Président (M. Doyon): Très intéressant.
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je suis d'accord avec M. Denis, c'est un quartier
où il y beaucoup de convivialité.
Une voix:...
M. Denis: Excusez-moi de ne pas l'avoir mentionné.
M. Boulerice: Vous avez mentionné l'aide aux jeunes
créateurs, cela représente quelle proportion et, en chiffres
réels, quel montant de votre budget total?
M. Denis: Cette année, ça été 1 500
000 $.
M. Boulerice: 1 500 000 $. Combien de jeunes créateurs ont
pu bénéficier de ce programme cette année?
M. Denis: II y a eu 32 projets en développement, 15 en
production, 9 sont déjà rendus en distribution et il y a 8
projets qui portent sur le perfectionnement. Ça, ça ne concerne
que la partie cinéma, partie pour laquelle le budget est de 900 000 $.
Il y a 600 000 $ pour la télévision et 900 000 $ pour le
cinéma.
M. Boulerice: 900 000 $ pour le cinéma? M. Denis:
Oui.
M. Boulerice: Mais, si je fais l'addition... Vous m'avez dit
32,15, 9 et...
M. Denis: Dans le rapport annuel qui va sortir incessamment, il y
a, comme dans le rapport annuel de l'an dernier, le détail des projets
au complet qui sera fourni avec les noms des jeunes - il faut qu'ils aient
moins de 35 ans - et le montant qui est appliqué par la SOGIC pour
chaque projet.
M. Boulerice: L'évaluation moyenne des coûts par
projet est à peu près de combien?
M. Denis: En développement, 8 000 $; en production,
quelques dizaines de milliers de dollars. Ça varie
énormément. Ça varie entre 22 000 $ et 42 000 $. On a la
liste ici. Par exemple, pour L'ESPACE VIVANT, c'était 22 000 $, pour la
production, et pour L'Asile, c'était 42 000 $. Ce sont des courts
métrages.
C'est justement l'un de ces courts métrages qui se retrouve
à Cannes, dans la compétition officielle. C'est vraiment quelque
chose d'assez extraordinaire de voir que des jeunes qui ont assez peu
d'expérience, mais qui ont énormément de ferveur, se
retrouvent dans la compétition officielle à Cannes avec ce court
métrage d'animation de cinq minutes. C'est vraiment un
phénomène remarquable, vous savez.
M. Boulerice: Vous êtes l'objet de critiques assez
virulentes. Un article dans le Voir du mois de février n'y allait
pas de main morte. Des relations on ne peut plus tendues avec les Films du
Crépuscule... Vous répondez quoi à cela?
M. Denis: Je pourrais, si vous voulez, vous donner la
totalité de ce dossier. C'est un peu délicat, je vous le dis
très franchement. Je pense que, dans ce cas-là, il y a
effectivement eu des problèmes assez importants. Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise? C'était une situation assez...
Je pense d'ailleurs qu'à l'heure actuelle, il y a des rencontres
de manière à ce que les choses reviennent à la normale
avec cette maison de distribution, qui est une excellente maison de
distribution, qui a beaucoup aidé les jeunes et qui a amené
beaucoup de productions de l'Amérique latine. Nous voulons avoir de
bonnes relations avec cette maison de distribution, mais nous sommes tenus tout
de même - ce sont des fonds publics, M. le député - de
faire respecter les normes et les critères qui sont les
nôtres.
M. Boulerice: Vous avez employé le mot, et personnellement
j'y suis sensible, vous avez fait de la prospection face à l'Europe de
l'Est. Bravo! Par contre, nulle part, je n'ai lu une prospective identique face
à l'Amérique du Sud. Je pourrais peut-être vous donner un
exemple, un pays qui bouge énormément, actuellement, le
Chili.
M. Denis: Oui. Je dois vous dire une chose. Encore une fois, nous
sommes la Société générale des industries
culturelles. Vous êtes certainement au courant des problèmes de
paiement qu'un bon nombre de pays sud-américains possèdent.
Ça, ça a été vraiment un problème avec les
pays d'Amérique latine. On ne peut pas sortir de pesos argentins
d'Argentine, par exemple. Quand on fait, par exemple, de la diffusion en
Argentine, l'opération est très compliquée. On est
obligés de passer par un bureau qui se trouve à New York. Ce pays
est obligé de faire très
attention à ses clevises. Le problème des moyens de
paiement a été quelque chose qui nous a peut-être
amenés à regarder plus vers l'Europe, vers les États-Unis
que vers l'Amérique latine.
L'autre point, c'est qu'il y a eu des festivals importants en
Amérique latine. Je me souviens, par exemple, que la femme d'un
président mexicain avait organisé à Cancun un festival. Ce
festival, qui a été très intéressant, est
tombé. Encore une fois, les gens n'ont pas toujours la persistance
nécessaire pour que ces manifestations se continuent. Mais avec le
Festival des films du monde, par exemple, que nous appuyons
énergiquement, nous avons un panorama du cinéma de
l'Amérique latine qui est, je crois, l'un des plus intéressants
qui soit donné parmi tous les festivals du monde entier. Le panorama du
cinéma d'Amérique latine est remarquable. La connaissance que
nous avons ici, cinéphiles québécois, du cinéma
sud-américain, on la doit largement à la prospection faite par
Serge Losique en Amérique du Sud, et également au travail de M.
Dussault.
M. Boulerice: Je vous remercie, M. Denis. On conclut pour
SOGIC.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Oui. Je voulais revenir... Vous avez investi à
Saint-Hyacinthe, mais je l'ai su juste après coup, lorsqu'on a fart
faillite. Je sais qu'il y a eu un projet de présenté dans le
cadre de l'ancienne raffinerie de sucre. On voulait faire des studios. Est-ce
que c'est un dossier qui vous est passé dans les mains?
M. Denis: Oui. C'est un dossier qui est chez nous, à
l'heure actuelle.
M. Messier: Est-ce qu'il est encore actif?
M. Denis: On n'a pas réussi, vraiment, à être
satisfaits des propositions qui nous ont été fournies par les
promoteurs. Il y a eu un certain nombre de difficultés. Vous savez, du
côté du financement des entreprises à la SOGIC, on a deux
grands services. On a le financement des entreprises et l'investissement dans
l'audiovisuel. Du côté du financement des entreprises, on a
étudié la situation de ces parcs d'amusement. Vous savez que la
plupart ont fait faillite, à travers le monde, à l'exception de
ceux de Disney. On n'a pas l'impression qu'à l'heure actuelle, on a
suffisamment d'information qui nous permette de songer à entrer dans un
financement de ce côté-là. Pour le bien des promoteurs
d'ailleurs, qui n'ont pas terminé leur travail.
M. Messier: On me dit qu'il y a certains problèmes au
niveau des studios d'enregistrement, la capacité. On a peut-être
Télé-Métropole qui loue des studios. Il y a
peut-être, je pense, Radio-Québec. Je pense même que
Radio-Québec avait la volonté d'agrandir ses propres studios. Je
ne sais pas si c'est tombé. Mais est-ce qu'il y a sursaturation ou
est-on en manque de studios d'enregistrement dans la périphérie
de Montréal ou au Québec?
M. Denis: Vous savez, vous allez trouver des gens qui nous disent
qu'on manque de studios. Moi, je vous donne mon point de vue strictement
personnel. Je ne pense pas qu'il y ait vraiment un manque de studios. Il y a
des moments où il y a beaucoup de films qui se tournent en même
temps. Là, c'est certain. Mais, je pense qu'à l'heure actuelle...
D'ailleurs, il y a de nouveaux studios. Je pense, par exemple, à des
jeunes qui ont ouvert un studio du côté du canal Lachine et qui,
avec leurs économies, ont équipé... Il y a des studios qui
se créent. Il y a d'ailleurs la possibilité de tourner du
côté de M. Hoppenheim, le studio de...
Des voix: Panavision. (21 h 30)
M. Denis: ...Panavision, c'est ça, le studio de Panavision
qui n'est pas toujours utilisé à 100 %. Alors, je vous donne la
situation. Je rencontre des gens qui me disent: C'est épouvantable, on
n'a pas assez de studios. J'en ai d'autres qui me disent: Écoute, il y
en a bien assez, etc. Je pense qu'il faut situer le témoignage qu'on
reçoit selon la période de l'année. Quand il se fait
beaucoup de tournages, c'est-à-dire en été par exemple, II
y a peut-être à ce moment-là peu de studios qui sont
disponibles. Mais le dossier de la raffinerie de Saint-Hyacinthe est toujours
actif, sauf que nous continuons d'avoir des relations avec les promoteurs. Mais
pour eux, d'ailleurs, on dit: Soyez beaucoup plus rigoureux dans vos
propositions. Mais on ne les a pas écartés définitivement,
loin de là.
Musées d'État
Le Président (M. Doyon): Merci, M. Denis. Donc, ça
termine pour la SOGIQ. Merci beaucoup. Qui représente les musées
d'État?
M. Boulerice: Mon voisin. Alors, je regarde les budgets
attribués...
Mme Frulla-Hébert: M. le Président, j'aurais une
suggestion.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la ministre.
Mme Frulla-Hébert: Si vous le voulez bien puisqu'on peut
faire les musées d'État, mais il se fait tard et il y a aussi le
président de la Régie de la Place des arts qui est venu de
Montréal.
Est-ce que vous verriez des objections à ce qu'on finisse les
organismes et qu'on fasse les musées après ou...
M. Boulerice: Le musée est en relation, le musée
d'Art contemporain est en relation avec la Place des arts, madame.
Géographiquement, au départ, il partage le même espace.
Le Président (M. Doyon): De toute façon, il nous
reste à peine quelques dizaines de minutes...
M. Boulerice: Voilà.
Le Président (M. Doyon): ..pour terminer nos travaux. Nous
allons devoir choisir, parce que nous ne pourrons pas...
M. Boulerice: Bon, alors je choisis le musée d'Art
contemporain de Montréal au grand étonnement de votre
sous-ministre adjoint.
Mme Frulla-Hébert: Non, pas du tout. Alors, est-ce qu'on
peut peut-être, parce qu'on n'aura pas le temps...
Le Président (M. Doyon): Alors, on peut peut-être
libérer les autres personnes qui sont ici et qui ne pourront pas
être entendues. Est-ce que quelqu'un a des objections à ce qu'on
les libère?
M. Boulerice: Non, mais si M. Morin avait la gentillesse de
rester, je crois que j'apprécierais.
Le Président (M. Doyon): Alors... Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Doyon): on demande à M.
Morin...
M. Boulerice: Qui bene amat, bene castigat. Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): M. Morin, vous pouvez rester.
Alors, Mme la ministre, avant d'entreprendre le musée d'Art
contemporain, vous me permettrez de vous parler du Musée du
Québec, très brièvement. Pouvez-vous nous faire un bref
rapport, Mme la ministre, sur ce qui se passe avec le Musée? Il y a eu
menace de grève. Je pense que c'est réglé, fort
heureusement.
Mme Frulla-Hébert: Premièrement, les travaux de
construction et d'agrandissement du Musée du Québec se sont
terminés en septembre 1990. Donc, le Musée a fermé ses
portes en août pour permettre de finaliser les travaux
d'aménagement et on prévoit l'ouverture le 11...
Le Président (M. Doyon): Au mois de mai?
Mme Frulla-Hébert: ...ou le 16 mai. Pardon? En mai. Bon,
maintenant, au niveau...
Le Président (M. Doyon): Quelle date au mois de mai, vous
dites, Mme la ministre?
Mme Frulla-Hébert: Si je ne me trompe pas, date
prévue, le 16 mai.
Le Président (M. Doyon): Le 16 mai.
Mme Frulla-Hébert: Oui.
Le Président (M. Doyon): C'est une date importante pour
nous à Québec ici.
Mme Frulla-Hébert: Oui, et c'est un musée qui va
être superbe, mise en valeur de la prison, etc. D'abord, le Musée,
au niveau des moyens de pression du syndicat: le Musée du Québec
négocie avec les deux syndicats représentant ses employés
réguliers et occasionnels. Les négociations avec le syndicat des
professionnels du gouvernement du Québec ont débouché sur
un accord de principe intervenu le 16 avril et ratifié par les membres
le 17 avril. Quant aux négociations avec ses employés de soutien
représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique,
affilié à la FTQ, elles se déroulent actuellement en
présence d'un conciliateur du ministère du Travail. Les points
suivants sont en litige: la classification, la notation, le statut permanent,
le service continu, les mouvements de personnel, les occasionnels. Ces
syndicats ont voté le recours à la grève au moment
jugé opportun. Actuellement, le Musée maintient sa
décision d'ouvrir le 16 mai, et dans le but de faire débloquer la
négociation, le Musée a déposé au ministère
un projet de CT visant à se faire autoriser rapidement le niveau de ses
effectifs réguliers. Donc, puisque la moitié du personnel de
soutien a le statut d'occasionnel, le déblocage à ce niveau
pourrait faciliter le règlement. Donc, on travaille très fort.
L'un est réglé, le Musée travaille très fort
maintenant pour régler avec le ministère du Travail l'autre
volet.
Le Président (M. Doyon): Ce qui reste à
régler concerne combien d'employés? Quel est le personnel
touché par ça? C'est beaucoup de monde?
Mme Frulla-Hébert: Non.
Le Président (M. Doyon): Non? La grosse partie est donc
réglée. Est-ce qu'on peut considérer que la partie
principale est réglée?
Mme Frulla-Hébert: II y a 35 professionnels, les
professionnels ont réglé. Ils sont 35 en nombre.
Le Président (M. Doyon): Oui, ça c'est fait.
Mme Frulla-Hébert: C'est peut-être une cinquantaine
qui restent. Mais il y a possibilité de règlement à
ce...
Le Président (M. Doyon): Bon.
Mme Frulla-Hébert: Ça serait dommage de retarder
l'ouverture et puis tout ça, une ouverture tant attendue.
Le Président (M. Doyon): Oui, oui, on va y arriver. M. le
député, vous permettrez, on n'a pas abusé jusqu'à
maintenant. Le temps devant moi est de deux tiers pour l'Opposition, un tiers
pour les ministériels. Alors, c'est très raisonnable. Le
Musée du Québec nous intéresse, c'est important pour nous
et je comprends que le musée d'Art contemporain est important à
Montréal. Mme la ministre, pour ce qui est du fonctionnement et de
l'opération, la mise en oeuvre du nouveau Musée du Québec,
est-ce qu'on parle d'une augmentation importante du budget, une augmentation
importante de personnel? C'est de quel ordre?
Mme Frulla-Hébert: On parle d'une augmentation de 3 000
000 $, d'au-delà de 3 000 000 $, parce que, évidemment, quand on
augmente la superficie, on augmente le budget de fonctionnement par rapport
justement aux mètres carrés, donc à la superficie. Donc le
budget du Musée du Québec est de 11 452 000 $.
Le Président (M. Doyon): Pour l'année
1991-1992?
Mme Frulla-Hébert: Pour l'année 1991-1992.
Le Président (M. Doyon): À comparer à ce
qu'il était la dernière année de fonctionnement,
c'était quoi?
Mme Frulla-Hébert: II était à 8 300 000
$.
Le Président (M. Doyon): 3 000 000 $ de moins.
Mme Frulla-Hébert: C'est ça.
Le Président (M. Doyon): Le personnel passe de quoi
à quoi? Est-ce que vous avez ça à la portée de la
main?
Mme Frulla-Hébert: Ça, nous pourrons vous donner
l'information ou vous la faire parvenir, on ne l'a pas ici. On ne l'a pas avec
nous.
Le Président (M. Doyon): Alors, on va continuer à
suivre les événements de très près, Mme la
ministre, parce qu'il y a un certain temps qu'on attend cette ouverture
là et...
Mme Frulla-Hébert: Ça serait dommage qu'on remette
l'ouverture. Le Musée est magnifique.
Le Président (M. Doyon): II ne faut pas que ça
rate. M. le député de Sainte-Marie-Saint -Jacques.
M. Boulerice: L'architecture est intéressante, j'en
conviens avec vous. J'ai fait un petit calcul, alors vous reconduisez la
subvention de 1990-1991, soit 4 100 000 $, vous ajoutez pour prise en charge du
nouvel immeuble, je ne sais pas, enfin je fais un chiffre rond, 1 800 000 $, ce
qui fait 5 900 000 $. Le musée dispose d'autres revenus, habituellement,
d'environ 500 000 $, et il les gère bien. Votre
prédéces-seure, et la prédécesseure de votre
prédécesseure avaient l'habitude de confisquer leur
excédent. Vous semblez vouloir leur laisser, grand bien vous fasse.
Mais, si je regarde avec le budget qu'ils ont, mettons environ 6 000 000 $, 6
200 000 $, ils doivent assurer le fonctionnement de la Cité du havre
jusqu'en décembre 1991, la programmation de la Cité du havre
jusqu'en février 1992, le maintien des réserves à la
Cité du havre pouvant aller jusqu'après l'été 1992,
donc jusqu'en mars 1992 en tous cas, prendre en charge l'immeuble à la
Place des Arts entre août et novembre 1991, on ne connaît pas les
conditions d'occupation. Déménagement en novembre et en
décembre 1991, d'où fonctionnement complet à la Place des
Arts de décembre 1991 à mars 1992, préparer l'ouverture,
mai-juin 1992, donc programmation, expositions, activités, animation,
éducation, cérémonie, la ministre va vouloir être
là, ou le ministre... 1992, vous savez hein? Le musée ne dispose
que de sa marge de crédit, 500 000 $ depuis 1990. Moi, je vous avoue que
ça m'inquiète. Ça m'inquiète grandement.
Mme Frulla-Hébert: Deux choses d'abord. Je les rencontre
la semaine prochaine. Alors, tout le budget fera l'objet de discussions.
Maintenant, l'ajustement à la subvention de fonctionnement, suite
à la relocalisation et à l'agrandissement du musée d'Art
contemporain est de 1 500 000 $.
M. Boulerice: Alors, c'est plus bas que ce que, moi, j'avais
calculé. Eh bien!
Mme Frulla-Hébert: 1500 043 $.
M. Boulerice: Très généreux, moi, j'avais
mis 1 800 000 $. Il y aurait avantage à m'avoir comme ministre.
Mme Frulla-Hébert: Maintenant, qui se rajoute aux 5 600
000 $ de fonctionnement.
M. Boulerice: Pardon? Leurs 5 600 000 $, je m'excuse, madame,
incluent, là, le..
Mme Frulla-Hébert: Incluant, oui. Excusez-moi, vous avez
raison, oui.
M. Boulerice: Oui, malheureusement.
Mme Frulla-Hébert: Incluant. Donc, ça fait un
budget total de 5 600 000 $.
M. Boulerice: J'aurais dû vous laisser aller et vous faire
signer.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Frulla-Hébert: Ne vous inquiétez pas, je
vérifie toujours les chiffres que je signe. Oui, c'est ça, pour
un budget total de 5 600 000 $. Mais, de toute façon, je m'assois avec
eux la semaine prochaine.
M. Boulerice: Vous vous assoyez.
Mme Frulla-Hébert: Nous allons jaser. Vous allez
être le premier à dire: Bon, bien ça y est, vous donnez
tout aux musées et vous ne donnez pas aux arts de la scène.
Écoutez, on a un budget de...
M. Boulerice: Non, parce que, là, j'ai...
Mme Frulla-Hébert: ...288 000 000 $ au moment où on
se parle, et je peux vous assurer que je n'en aurai pas plus cette
année.
M. Boulerice: II n'y en aura pas plus cette année.
Mme Frulla-Hébert: Je n'en aurai pas plus cette
année, ça, c'est sûr.
M. Bouierice: Bon. Soulignez pour le rapport analytique de nos
travaux que nous diffuserons parce que tantôt je vous ai entendu dire au
président que vous ajoutiez 3 000 000 $ au Musée du Québec
parce que la superficie...
Mme Frulla-Hébert: C'est-à-dire que le Musée
du Québec ouvre au mois de mai. Lors de l'ouverture du musée
d'Art contemporain, qui sera l'année... Enfin, l'autre budget de
l'année suivante, à ce moment-là, on verra, on
réajustera au niveau de l'ouverture, mais le Musée du
Québec ouvre cette année. Donc, il a son augmentation et son
budget enfin, en termes d'ouverture.
Société de la Place des Arts
M. Boulerice: Une question qui me préoccupe et c'est pour
cela que la présence du directeur général de la Place des
Arts est intéressante. Le musée d'Art contemporain, ça va
fonctionner comment? C'est la souveraineté? C'est une
souveraineté-association? C'est un fédéralisme
renouvelé? C'est un fédéralisme pur et dur? Ça va
fonctionner comment?
Mme Frulla-Hébert: M. le Président,
là-dessus, je vais laisser...
M. Boulerice: Qu'est-ce que la ministre a pensé, elle
aussi? Remarquez que je pourrais lui poser la question un samedi ou un
dimanche, à elle aussi.
Mme Frulla-Hébert: Je vous ai dit que ça fera
partie d'une conversation lors d'un souper merveilleux que vous allez me
cuisiner, vous m'avez dit. Alors, je vais laisser la parole au président
de la Place des Arts qui était là d'ailleurs pour les
négociations avec son corps syndical.
M. Morin (Guy): Mme la ministre, je vous remercie de ma promotion
en tant que président...
Le Président (M. Doyon): Voulez-vous vous identifier, s'il
vous plaît? Simplement vous demander de vous identifier pour les
fins...
M. Morin (Guy): Guy Morin, je suis le directeur
général de la Place des Arts.
Le Président (M. Doyon): C'est fait.
M. Morin (Guy): La situation. Comme vous le savez
peut-être, il y a eu un comité de médiation qui a
déposé un rapport sur la juridiction des techniciens de la Place
des Arts sur la partie du quadrilatère où sera situé le
musée d'Art contemporain. Il y a déjà quelques mois de
ça, à la fin de l'année 1990, effectivement. Et depuis, il
y a eu moult négociations entre les membres du syndicat des techniciens,
IATSE, et la Place des Arts ainsi qu'entre la Place des Arts et le musée
d'Art contemporain, afin d'essayer de rendre pratiques ces recommandations
consignées au rapport du comité de médiation. Ce n'est pas
chose facile. À ce moment-ci, nous en sommes rendus à rencontrer
le gouvernement, le ministère des Affaires culturelles plus
précisément, dans à peu près une dernière
étape pour formuler une dernière recommandation qui
émanera cette fois-ci non pas d'un comité de médiation qui
a terminé son mandat, mais bien de la Place des Arts, du musée
d'Art contemporain et devant satisfaire les techniciens IATSE aussi bien que
les techniciens de la fonction publique qui forment l'unité
d'accréditation située et ayant droit au musée d'Art
contemporain.
M. Boulerice: Mais c'est un peu sibyllin, M. le directeur
général. Le musée sera-t-il souverain?
M. Morin (Guy): Le musée, sur le plan
opérationnel, sera entièrement souverain.
M. Boulerice: Donc, il n'est pas locataire, il est
propriétaire.
M. Morin (Guy): Non, il est locataire, mais il aura plein droit
d'opération. Il sera complètement autonome sur le plan
opérationnel. Il y aura une entente. Il y aura un protocole d'entente
entre le musée d'Art contemporain, la Place des Arts et, bien sûr,
le gouvernement du Québec en ce qui a trait aux conditions, à
titre d'exemple, énergétiques. La Place des Arts fournira
l'énergie au musée d'Art contemporain,
l'électricité, le gaz naturel, ainsi de suite, peut-être le
gardiennage. Ce protocole-là reste à être fait et la raison
pour laquelle il n'est pas encore rédigé, c'est que nous devions
attendre que la construction soit plus avancée pour le faire. À
titre d'exemple, les compteurs électriques, chose qui paraît
insignifiante en soi, mais nous regroupons tous les compteurs
électriques pour éviter d'avoir un compteur au musée d'Art
contemporain ou à la Place des Arts, et ainsi de suite. Ça
coûte près de 1 000 000 $ seulement pour regrouper les compteurs,
mais on repaie ces 1 000 000 $ en moins de quatre ans en ce faisant. Alors, une
fois regroupés - c'est ce qui sera fait cet été -
ça fera partie du protocole entre le musée d'Art contemporain et
la Place des Arts, et ainsi de suite. Le musée, donc, sera
complètement autonome sur le plan opérationnel, mais il y aura
une convention qui devra être signée entre les trois parties en
question, soit le gouvernement, le musée et la Place des Arts.
M. Boulerice: Mais pour ce protocole d'entente, vous avez
donné une date prospective qui était...
M. Morin (Guy): À la fin de 1991, ça devrait
être signé avant la fin de 1991. Le musée prendra
l'édifice graduellement, pour votre information. Il ne prend pas
l'édifice dans sa totalité, il le prend par partie, par
particule, et le tout sera complété pour novembre ou, au plus
tard, décembre 1991. Alors, le protocole devra être signé
avant cette date-là. Par la suite, de décembre jusqu'à mai
1992, bien, ce sera l'installation museologique, l'installation des salles
d'exposition, etc. Donc, ce sera signé avant la fin de
l'année.
M. Boulerice: L'une des choses dont j'avais rêvé, le
directeur général de la Place des Arts faisait partie du
rêve collectif lui aussi, puisqu'il était au sein de
l'administration du musée, c'était le jardin de sculptures.
Qu'est-ce qui en arrive?
Mme Frulla-Hébert: Le projet a été
présenté au ministère par le musée comme le
prolongement de ses salles d'exposition, comme vous le savez. Il est inscrit
dans la liste des projets du plan d'accélération pour un montant
de 800 000 $. Finalement, le musée a confié à une firme le
mandat de préparer les esquisses, et, ce qui est arrivé, c'est
qu'à partir d'une dernière évaluation du jardin
d'intégration, le Conseil du trésor nous a informés qu'il
jugeait peut-être prématuré d'autoriser
l'aménagement d'un jardin de sculptures, mais, finalement, c'est encore
à l'étude. Je pense qu'on va retourner au Conseil du
trésor avec les précisions nécessaires, mais le projet
n'est pas mis au rancart, au contraire. C'est une question de sommes
allouées, une question de budget, tout simplement une masse
monétaire, mais ce n'est pas un projet qui est mis au rancart, au
contraire.
M. Boulerice: D'accord. Ça répond à mes
questions. M. Morin, vous pouvez regagner la métropole. Retournez-y
prudemment, nous ne tenons pas à vous perdre.
M. Messier: J'ai une question à M. Morin.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de Saint-Hyacinthe, avant le départ de M. Morin M. le
député.
M. Messier: Oui, strictement sur la Place des Arts. C'est que je
faisais un calcul comparatif entre le Grand Théâtre de
Québec et la Place des Arts. Dans vos services administratifs, sur des
dépenses de 12 242 000 $, vous avez des services administratifs de 5 377
000 $ pour 43, 9 %. À la Société du Grand
Théâtre, des dépenses de 6 140 000 $, 819 000 $ de frais
d'administration pour 13, 3 %. Il y a quelque chose qui ne marche pas.
Ça coûte 13, 3 % à Québec de services administratifs
et, vous, ça vous en coûte 43 %. Qu'est-ce qui se passe chez
vous?
M. Morin (Guy): M le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. Morin.
M. Morin (Guy): II ne se passe rien de particulier, si ce n'est
qu'une présentation comptable. Si on ramène l'administration et
non pas les services administratifs sur une base comparable, Place des Arts,
Grand Théâtre, vous arriveriez à la Place des Arts à
14 %. Dans les 40 % de la Place des Arts, vous retrouvez les services de
soutien à la production, vous retrouvez les communications, vous
retrouvez d'autres services. La ventilation n'est pas la même. Je peux
vous la donner en détails, je l'ai préparée.
M. Messier: J'ai le livre. Ça m'apparaît quasiment
comparable à ce dont vous me faites mention. Les services de soutien
pour 4 400 000 $ chez vous sont de 3 440 000 $ pour le Grand
Théâtre de Québec, à 1 000 000 $ près.
M. Boulerice:...
M. Messier: Oui, mais 30 % d'augmentation, juste des frais
d'administration.
Le Président (M. Doyon): De différence, vous voulez
dire.
M. Messier: De différence, oui. Le Président (M.
Doyon): Oui. M. Messier: En tout cas...
M. Morin (Guy): C'est une question de présentation, M. le
député.
M. Messier: Par manque de temps, j'aimerais que vous m'envoyiez
une petite lettre juste pour montrer pourquoi ça coûte plus cher
chez vous, puis si ça ne coûte pas plus cher, dites-moi
pourquoi.
M. Morin (Guy): C'est uniquement une question de ventilation. Je
vais vous la donner tout de suite, en sortant. Je l'ai préparée
même.
M. Messier: O.K. Parfait. Merci.
M. Morin (Guy): C'est fait.
M. Messier: Ah! vous attendiez ma question?
M. Morin (Guy): Bien sûr.
M. Messier: Ah! ah! on m'a vendu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Alors, c'est déposé.
M. Messier: Ah! j'en prends bonne note.
Le Président (M. Doyon): C'est du coulage.
M. Messier: Du coulage? Oui, vous allez me donner ça
à la toute fin? Merci beaucoup, M. Morin.
M. Morin (Guy): Merci.
Le Président (M. Doyon): Nous pourrons le faire viser par
le Grand Théâtre de Québec. Ils sont peut-être ici.
Ils vont nous dire si c'est vraiment comparable.
M. Boulerice: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui. Il nous reste à peine
deux minutes, M. le député.
M. Boulerice: Oui, mais la ministre va bien vouloir
consentir.
Le Président (M. Doyon): Non, ce n'est pas la ministre qui
va décider ça, je regrette.
M. Boulerice: Bon. On verra. Le Festival de Lanaudière, la
première chose. Je parle au nom du leader de l'Opposition et en mon nom
personnel. La collaboration entre vous-même, votre chef de cabinet, et
l'ensemble du personnel de votre ministère a été vraiment
exemplaire. Je pense qu'il faut le dire.
La solution qui est envisagée dans le contexte, je pense,
convient autant au député de Joliette qu'au député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques et à l'ensemble des gens. Les deux seules
questions que j'aimerais vous poser: est-ce que vous pouvez me donner la
garantie que le siège social de l'administration sera forcément
à Joliette et qu'au conseil d'administration, on pourrait retrouver une
majorité quand même de gens originaires de la région et
oeuvrant dans la région de Lanaudière, de façon que ce
festival conserve quand même toujours ses racines
lanaudiériennes... lanaudoises, oui?
Mme Frulla-Hébert: En ce qui concerne Lanaudière,
c'est un festival qui va rester à caractère très
"jolienne", dans un sens où il va y avoir des représentants au
conseil d'administration. Maintenant, il faut comprendre aussi qu'on parle de
la gestion d'un équipement de 7 000 000 $. Donc, en termes de gestion,
les problèmes qui sont structurels d'ailleurs et qui étaient
inhérents au festival proviennent, et de beaucoup justement, de
l'équipement, de l'extérieur, et du site qui est magnifique. Mais
au niveau de toute la gestion de l'équipement, on va essayer de trouver
le meilleur organisme ou la meilleure façon possible de bien exploiter
cet équipement-là. Chose certaine, il y aura une
représentativité de Joliette, une très bonne
représentativité de la région de Joliette.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. Ceci
termine le temps qui était mis à notre disposition par l'ordre de
la Chambre. Est-ce que le programme 3 est adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Le programme 4 est-il
adopté? L'ensemble des crédits du ministère des Affaires
culturelles est-il adopté pour l'année financière
1991-1992?
M. Boulerice: Sur division.
Le Président (M. Doyon): Maintenant que tous les
crédits sont adoptés, j'ajourne les travaux de cette commission
sine die. Merci beaucoup à Mme la ministre, merci à Mmes les
sous-ministres, M. le sous-ministre, à tous les gens qui l'ont
accompagné.
M. Boulerice: Permettez-vous, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Boulerice: Une petite seconde. Mme Harnois, qui m'assiste
depuis déjà deux ans, malheureusement termine ce soir. J'aimerais
la remercier et lui offrir des voeux particuliers de succès dans ses
nouvelles entreprises qui sont d'ailleurs des entreprises très
familiales.
Je veux également en profiter pour vous remercier, Mme la
ministre, remercier votre personnel, votre équipe, le président
et mes collègues de la commission pour cette journée fort
remplie.
Mme Frulla-Hébert: Merci. Merci à tous. Merci, M.
le Président. Merci aux membres de la commission de la culture. Bonne
chance à votre collaboratrice. Sincère bonne chance. Merci aussi
à tous ceux qui ont contribué au travail des crédits et
à tous ceux qui m'entourent. Bonne soirée.
Le Président (M. Doyon): Merci. Bonne chance à Mme
Harnois. Donc, les travaux sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 21 h 56)