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(Quinze heures quarante minutes)
Le Président (M. Doyon): Le quorum nous étant
maintenant assuré par la députée de Saint-Henri, il me
fait plaisir de déclarer la séance ouverte. Le mandat de la
commission est le suivant: il s'agit de procéder à l'étude
des crédits budgétaires du ministère des Communications
pour l'année financière 1991-1992. C'est un ordre de
l'Assemblée qui a été rendu le 27 mars dernier. Nous
allons donc consacrer quatre heures à cette opération.
Je demanderais à Mme la secrétaire de nous indiquer s'il y
a des remplacements.
La Secrétaire: Oui. M. Blais (Masson) est remplacé
par M. Boisclair (Gouin).
Organisation des travaux
Le Président (M. Doyon): Qu'il en soit ainsi.
Consentement?
Bon. Alors, nous allons donc procéder à l'étude des
crédits. Je vous rappelle que cette étude des crédits qui
va durer quatre heures doit se faire normalement et je pense que nous suivrons
la règle ordinaire, programme par programme, les choses étant
appelées au fur et à mesure. Nous pourrons cependant
procéder à l'adoption finale du programme à la fin du
programme au lieu de procéder élément par
élément, mais nous allons commencer par le programme 1.
Je demanderais à M. le ministre... M. le
député.
M. Boisclair: Je voudrais qu'on s'entende. On peut aussi y aller
de différentes façons. Vous savez comme moi, M. le
Président, qu'il y a différentes façons de
procéder. Au lieu d'y aller programme par programme, on peut y aller
aussi dossier par dossier, en fonction d'un certain nombre de priorités
que l'Opposition ou que tout membre de la commission peut fixer, comme
plusieurs précédents l'ont aussi démontré. C'est
une démarche qui me conviendrait plus, puisqu'il y a aussi des gens qui
viennent de l'extérieur, qui auront sans doute à accompagner le
ministre au cours de sa présentation. Qu'on pense aux
représentants des différents organismes qui relèvent de sa
compétence. Je crois qu'il serait intéressant, au lieu d'y aller
programme par programme, qu'on puisse y aller en fonction d'un certain nombre
de thèmes et, à la fin, adopter globalement l'ensemble des
crédits. C'est la démarche que je vous proposerais, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, vous avez des
préférences à ce sujet-là?
M. Cannon: C'est-à-dire, habituellement, M. le
Président, tout en respectant les propos que le député de
Gouin vient de mentionner, je pense qu'il est tout à fait normal que la
procédure indique que nous y allions programme par programme, peu
importe la priorité ou l'événement du moment, afin de
permettre une discussion ouverte, franche et équitable, je dirais, sur
l'ensemble des dossiers que peut soulever le député de Gouin
à l'égard du ministère des Communications.
Le Président (M. Doyon): Oui. Alors, la
présentation qui nous est faite dans les crédits 1991-1992 nous
permet de suivre les travaux beaucoup plus facilement en procédant par
programme. Je pense qu'il nous faut adopter un ordre quelconque. Je demande
donc a cette commission de se conformer aux programmes, rien n'empêchant
l'Opposition de passer plus ou moins de temps sur un programme plutôt que
sur un autre. Si le sujet qui doit être discuté avec plus
d'insistance est un sujet qui est à l'Intérieur d'un programme
ultérieur, l'Opposition, bien sûr, a le complet loisir de passer
rapidement sur certaines parties pour pouvoir consacrer ses efforts, ses
questions sur une partie ou un programme en entier qui viendrait par
après. Cette discrétion-là lui appartenant...
Oui, M. le député?
M. Boisclair: Rapidement, M. le Président, bien sûr
nous consentirons à la décision que vous rendrez. Cependant,
j'aimerais juste vous demander un peu de souplesse dans l'application de la
règle de la pertinence, puisque souvent, vous savez comme moi qu'il y a
un sujet qui pourra impliquer un programme et un autre à la fois; qu'on
parle de dossiers plus horizontaux. À ce titre, je vous demanderais une
certaine souplesse dans l'application de la règle de la pertinence.
Le Président (M. Doyon): Oui. Nous essaierons, là,
de faire l'affaire de tout le monde là-dedans, étant le plus
souple possible, tout en tentant quand même de procéder dans un
certain ordre, c'est-à-dire en commençant par le programme 1,
avec ce qu'il contient. Je pense que c'est suffisamment spécifique, avec
ce qu'on voit dans la ventilation des crédits. Ensuite, nous passerons
au programme 2. Le détail de certains sujets plus pointus pourra, bien
sûr, faire appel à des notions qui auront été
discutées préalablement et qui pourront l'être
ultérieurement. Mais, quand même, il faudra respecter le principe
que
les programmes sont adoptés les uns après les autres.
Ceci étant dit, M. le ministre, avez-vous une déclaration
préliminaire à faire?
Remarques préliminaires M. Lawrence
Cannon
M. Cannon: Oui, M. le Président, j'ai des remarques
préliminaires à formuler. Je tiens d'abord à remercier les
gens de la commission qui sont présents ici aujourd'hui afin de discuter
des crédits du ministère des Communications et vous me
permettrez, M. le Président, de présenter les gens qui
m'accompagnent pour cet exercice. À ma gauche, Luc Harrison, qui est mon
directeur de cabinet; à ma droite, M. Jacques Pigeon, qui est
sous-ministre en titre du ministère, la sous-ministre adjointe aux
médias, Mme Brigitte Bourque, qui est juste là, derrière
moi, le sous-ministre adjoint par intérim aux technologies, M. Bernard
Beauchemin, et le directeur général de l'administration, M.
Raynald Brulotte. Quant aux autres, au fur et à mesure que nous
arriverons à examiner les éléments de programme, ça
me fera plaisir de vous les présenter.
J'indique aussi au départ, M. le Président, que je n'ai
aucune espèce d'hésitation à référer des
réponses aux questions que le député de Gouin pourra
formuler à M. Pigeon, qui a une vaste expérience dans le domaine
des communications, et aussi aux autres officiers du ministère, afin de
permettre une plus grande transparence et afin de permettre des réponses
beaucoup plus précises aux questions qui sont posées.
Alors, j'ai aujourd'hui, M. le Président, l'honneur de
présenter pour la première fois les crédits du
ministère des Communications et ceux des trois organismes relevant de ma
responsabilité, soit la Régie des
télécommunications, la Commission d'accès à
l'information et la Société de radio-télévision du
Québec. Ces crédits serviront au cours de l'exercice 1991-1992.
L'étude des crédits représente un moment
privilégié dans notre vie démocratique. Elle permet aux
dirigeants des ministères et des organismes d'établir un bilan du
passé et de tracer les voies de l'avenir. C'est ce que j'ai l'intention
de faire dans cette brève présentation.
Depuis le 5 octobre dernier, au moment où le premier ministre me
confiait la responsabilité du ministère des Communications, j'ai
pu apprécier la place et l'importance des communications dans les
sociétés modernes et tout spécialement dans la
société québécoise. Partant de là, j'ai
mieux compris l'importance stratégique que le ministère des
Communications peut et doit jouer pour favoriser le développement de ce
secteur.
J'aimerais, M. le Président et chers mem- bres de la commission,
profiter de cette occasion pour sensibiliser les membres de la commission
à l'importance des communications et au rôle du ministère
que je dirige. J'aborderai ensuite la partie bilan et piste d'action.
Les communications revêtent, pour l'économie du
Québec, une importance que l'on a souvent tendance à
sous-estimer. Saviez-vous, par exemple, que les industries de la radio et de la
télévision, de la télédistribution, de la
publicité, de la presse écrite, des communications, de
l'informatique et de la production audiovisuelle regroupent quelque 2500
entreprises qui emploient plus de 70 000 personnes et génèrent
annuellement des revenus supérieurs à 7 000 000 000 $? On
concentre dans ce secteur près de 16 % de toutes les dépenses en
recherche et développement effectuées au Québec.
Finalement, les emplois y sont souvent hautement spécialisés et,
de ce fait, mieux rémunérés que la moyenne
québécoise.
Au-delà du poids économique direct que ces données
révèlent, l'importance des communications se manifeste encore
plus par leur effet structurant sur l'économie. L'utilisation des
technologies, notamment celle de l'information, permet aux entreprises
d'accroître leur productivité et leur performance. C'est pourquoi,
sans négliger l'impact culturel et social des communications, je veux
donner au cours de mon mandat la priorité aux aspects économiques
et technologiques de ce secteur.
Les communications peuvent jouer un rôle moteur dans le
développement de l'économie du Québec et j'entends que le
ministère accentue sa contribution dans ce développement. Voici
comment il peut jouer ce rôle. J'aimerais d'abord, M. le
Président, présenter le mandat du ministère des
Communications. Une des forces du ministère des Communications
réside dans la diversité de ses clientèles, dans la vaste
gamme de ses activités et surtout dans son champ d'action, qui va des
médias aux technologies de l'information en passant par l'information
gouvernementale et l'accès à l'information. Cette
diversité lui permet d'avoir un effet de synergie sur les actions de ses
partenaires.
Voici, à grands traits, l'essentiel du mandat du ministère
tel que défini dans la loi constitutive. Premièrement, le
ministère doit susciter, en matière de communication, des
retombées positives aux plans culturel, social et économique;
deuxièmement, il doit élaborer et proposer au gouvernement des
politiques en matière de communication, ainsi que coordonner et assurer
leur mise en oeuvre; troisièmement, faciliter les relations entre
l'État et les citoyens en favorisant la diffusion des renseignements sur
les services offerts par le gouvernement et les organismes publics;
quatrièmement, favoriser l'édition, la diffusion, la
commercialisation de l'information d'intérêt public; et,
finalement, offrir à l'appareil gouvernemental la gamme
complète des services reliés au domaine des
communications.
J'aimerais maintenant, M. le Président, avec votre permission,
porter à l'attention des membres de la commission de la culture quelques
réalisations du ministère des Communications au cours de
l'exercice 1990-1991, réalisations qui illustrent bien ce mandat. J'ai
dû faire des choix, le document "Bilan et orientations" en
présentant un portrait complet.
Quelques jours après mon arrivée à la tête du
ministère des Communications, je participais à une
conférence de presse en compagnie du président de la Chambre de
commerce du Québec et des représentants de partenaires du
ministère. L'événement servait à lancer un
projet-pilote d'accès direct à la banque de renseignements de
Communication-Québec, soit le projet "Entreprise". Cette banque
informatisée comprend plus de 3800 dossiers sur les programmes et les
services des gouvernements du Québec et du Canada. Ce projet s'inscrit
parfaitement dans l'un des mandats du ministère, soit la diffusion de
l'information gouvernementale. Il permet à la Chambre de commerce du
Québec, entre autres, d'offrir à ses membres l'accès aux
dossiers de la banque de renseignements de Communication-Québec, et plus
spécialement aux 350 dossiers d'intérêt pour les
entreprises et les promoteurs industriels. Il s'agit là d'un bel exemple
d'utilisation des nouvelles technologies pour donner une dimension moderne au
mandat du ministère.
Une expérience similaire est menée au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Grâce à un logiciel de repérage
des renseignements appelé "Molière", une trentaine de relayeurs
d'informations tels les CLSC, des bureaux de députés, des
collègues ont accès à la banque.
La deuxième réalisation que j'aimerais relever, M. le
Président, intéresse plus spécifiquement et
particulièrement le secteur des médias. Je vous souligne qu'au
Québec les secteurs de la télévision, de la
publicité, de la production audiovisuelle indépendante, de la
télédistribution et de la radio présentent un chiffre
d'affaires global de près de 1 300 000 000 $ et emploient plus de 14 000
personnes. Le Québec, avec ses 550 heures de fiction
télévisée produites annuellement, dispute à la
France le titre de plus important producteur d'émissions francophones de
télévision au monde.
Le secteur de la production audiovisuelle bénéficie du
soutien du gouvernement du Québec par le biais, entre autres, de mesures
fiscales. En décembre dernier, le ministre des Finances du Québec
annonçait une réforme de ces mesures fiscales. Le ministre des
Communications, en collaboration avec le ministère des Affaires
culturelles, a joué un rôle majeur dans l'élaboration du
nouveau programme d'aide. Ce programme permet d'échapper aux
procédures complexes d'appel public à l'épargne qui
caractérisaient l'ancien régime et permet que l'aide directe
fiscale bénéficie avant tout au producteur. À cette
réforme s'ajoutait la création par la SOGIC du Fonds d'aide
à la production d'émissions de variétés de
télévision. Ces deux mesures permettront d'injecter annuellement
32 000 000 $ dans la production cinématographique et
télévisuelle au Québec.
Il y a un petit peu plus de deux ans, le ministère mettait un de
ses locaux à Sainte-Foy à la disposition des producteurs
québécois de logiciels et de matériel informatique.
Ceux-ci, désormais, n'auraient plus à faire la tournée de
tous les ministères et organismes pour faire connaître leurs
produits. Il s'agit, bien sûr, M. le Président, du Centre de
promotion logiciel québécois. Une seule présentation
à cet endroit, nommé la Vitrine technologique, leur permettrait
de rencontrer leur clientèle potentielle. Le franc succès qu'a
connu le concept a amené le ministère à l'adapter et
à l'exporter à la région de Montréal. En juin
dernier avait lieu le lancement, justement, du Centre de promotion de logiciels
québécois, et ce Centre s'adresse aussi bien aux producteurs
qu'aux utilisateurs de logiciels, en plus de favoriser le développement
du marché pour les logiciels québécois,
particulièrement ceux de langue française ou multilingues.
Le Centre offre de multiples services axés sur le support
à la mise en marché, l'assistance-marketing et la promotion de
l'industrie du logiciel. Le Centre permet aux produits locaux de jouir d'une
meilleure visibilité et d'une meilleure mise en marché. Ces
quelques réalisations vous auront permis, je l'espère, de mieux
comprendre l'action du ministère des Communications.
J'aimerais maintenant revenir au coeur du sujet de cette séance
de la commission de la culture, soit les ressources financières dont
souhaitent disposer en 1991-1992 le ministère des Communications et les
trois organismes qui relèvent de mon autorité. Ces ressources,
qui se chiffrent à 275 113 000 $, commandent certaines explications. La
réalisation du mandat du ministère, j'aimerais le souligner,
s'effectue essentiellement grâce à deux sources distinctes de
financement, soit les crédits votés par l'Assemblée
nationale et les revenus réalisés par les quatre fonds
spéciaux dont dispose le ministère.
Pour l'année 1991-1992, les crédits à voter par
l'Assemblée nationale totalisent la somme de 117 840 100 $. De ce
montant, 49 281 000 $ sont consacrés aux activités
spécifiques du ministère des Communications, tandis que les trois
organismes relevant de l'autorité du ministère accaparent, de
leur côté, le solde des crédits à voter, soit 68 559
100 $. Il est prévu que la Régie des
télécommunications dispose d'une enveloppe de 1 940 100 $, la
Commission d'accès à l'information a des crédits de 2 588
100 $, et la Société de radio-télévision du
Québec, des crédits de 64 030 900 $. Je vous souligne que les
crédits de ces trois organismes feront l'objet d'une présentation
distincte.
En ce qui a trait à Radio-Québec, les crédits
demandés comprennent notamment une indexation de 2 789 100 $ pour tenir
compte des ajustements de salaire découlant des conventions collectives.
Ce total a par ailleurs été réduit d'un montant de 2 560
300 $ pour tenir compte de la politique budgétaire du gouvernement. Cela
signifie une diminution de 290 000 $ des crédits à voter par
rapport à ceux votés en 1990-1991. Il est bien évident
que, dans le contexte financier actuel, le gouvernement du Québec ne
pouvait exempter Radio-Québec de l'application de sa politique
budgétaire. Je dois me réjouir, par contre, des choix faits par
le conseil d'administration de cette société qui a
préservé toutes les activités régionales de
Radio-Québec, contrairement à l'autre télévision
publique diffusée au Québec.
Les fonds spéciaux mis en place par le ministère sont au
nombre de quatre. Il s'agit du Fonds des services informatiques, du Fonds des
services de télécommunications, du Fonds Les Publications du
Québec et du Fonds des moyens de communication. Ces fonds, dont les
budgets ne sont pas votés par l'Assemblée nationale, devraient
générer cette année, grâce aux services rendus au
ministère et aux organismes gouvernementaux, des revenus de l'ordre de
157 161 000 $.
En faisant l'addition des crédits votés par
l'Assemblée nationale et des revenus générés par
les fonds, vous pouvez constater que le budget global que je suis appelé
à gérer pour l'année 1991-1992 s'élève donc,
comme je vous l'ai indiqué précédemment, à 275 001
300 $, soit une diminution de 1 % par rapport à celui de l'exercice
précédent, qui s'élevait à 277 776 000 $. Cette
diminution s'explique en partie par une baisse des tarifs des services
dispensés par les fonds et aussi par l'application de la politique
budgétaire du gouvernement.
J'aimerais maintenant, M. le Président, présenter
l'utilisation que le ministère des Communications entend faire des
crédits qui lui sont alloués. Je porterai une attention
particulière à un certain nombre de dossiers et de projets
prioritaires.
Pour l'exercice 1991-1992, le ministère des Communications s'est
donné sept grandes priorités d'action auxquelles viennent se
greffer divers projets. Voici ces priorités. Premièrement, doter
le Québec d'une politique québécoise sur les
communications définissant les pouvoirs dont le Québec a besoin
pour lui permettre d'orienter le développement des communications sur
son territoire. Deuxièmement, faire en sorte que les décisions
fédérales en matière de concurrence dans les
télécommunications produisent le maximum de retombées
économiques pour le Québec. Troisièmement, obtenir les
autorisations pour implanter d'ici 1995 un service d'urgence 9-1-1 sur
l'ensemble du territoire québécois. Quatrièmement,
proposer au gouvernement et mettre en oeuvre une politique de commercialisation
des banques de données publiques. Cette politique doit concilier les
impératifs de la protection des renseignements personnels avec ceux de
l'accès et de la diffusion gratuite ou commerciale des informations.
Cinquièmement, réaliser des projets moteurs dans le
secteur des technologies en établissant deux réseaux
intégrés, l'un en radio mobile, l'autre en communication
informatique et bureautique. Sixièmement, mettre à jour le cadre
de gestion des technologies de l'information du gouvernement du Québec
et bonifier le concept de marché public, le tout pour développer
un meilleur arrimage entre le gouvernement et ses partenaires
économiques. Et, finalement, améliorer la qualité des
services rendus aux différentes clientèles du ministère
des Communications.
J'aimerais maintenant, M. le Président, présenter chacune
de ces priorités d'action. Vous ne serez pas surpris si je vous souligne
que j'ai inscrit l'élaboration d'une politique québécoise
des communications en tête des priorités du ministère que
je dirige. Le secteur des communications, on ne le dira jamais assez, occupe
une place prépondérante dans le développement
économique, social et culturel de la société
québécoise. Le gouvernement du Québec a des
responsabilités en la matière et il entend les assumer
pleinement. (16 heures)
À ce stade-ci de notre évolution collective, il est de
première importance, pour nous du Québec, de définir notre
propre modèle de développement dans les secteurs des
communications. Quelques expériences récentes que j'ai eu le
plaisir de vivre ne font qu'accroître l'urgence que j'attache à
cette démarche.
La Commission des droits d'auteur, qui relève du ministère
des Consommateurs et Sociétés du Canada, impose un tarif aux
câblo-distributeurs québécois à la suite de la
signature du traité de libre-échange avec les États-Unis.
Ce tarif ne tient nullement compte du fait que la population
québécoise écoute principalement les émissions
produites au Québec alors que le reste de la population canadienne
écoute davantage les émissions américaines. Cette
décision a pour effet de fixer à 11 800 000 $ la facture que les
câblodistributeurs québécois doivent payer aux
Américains plutôt qu'à 4 800 000 $.
Depuis le jugement de la Cour suprême dans l'affaire Alberta
Government Telephone, une épée de Damoclès est suspendue
sur la juridiction québécoise des entreprises de
télécommunication, juridiction qui ne couvre que 12 % des
activités en téléphonie sur son territoire. Je redoute que
le gouvernement fédéral n'essaie de cisailler ce fil, d'autant
plus qu'il a annoncé, il y a un certain temps déjà, son
intention de déposer une politique dans le domaine des
télécommunications. Cette politique pourrait aller dans le sens
d'une centralisation complète des pouvoirs.
La Société Radio-Canada décidait récemment
de fermer toutes les stations de télévision dans l'Est du
Québec. Cette décision de réduire ses services
régionaux de façon uniforme à travers le Canada va
à rencontre du respect du principe du caractère de la
radiodiffusion de langue fançaise. En procédant de la sorte, la
Société ne respecte pas non plus la Loi sur la radiodiffusion qui
dit que la programmation de Radio-Canada doit chercher à être de
qualité équivalente en français et en anglais.
J'aimerais faire un bref aparté au sujet de cette décision
de Radio-Canada et de la situation de la télévision francophone
en général. Les difficultés actuelles s'expliquent,
à mon avis, par une série de décisions du gouvernement
fédéral: d'abord, le sous-financement de la
télévision française de Radio-Canada, la nouvelle licence
d'exploitation d'une station de télévision privée
accordée par le CRTC, l'augmentation du volume de messages publicitaires
diffusés par la Société Radio-Canada, volume qui est
passé d'un maximum de 8 minutes à 12 minutes par heure de
diffusion. Ces décisions et les trois exemples que je mentionnais
précédemment indiquent clairement l'urgence de se doter
rapidement d'une politique québécoise des communications.
Trois questions m'intéressent tout spécialement:
premièrement, le coût et la pertinence des chevauchements des
compétences; deuxièmement, le développement de l'industrie
québécoise des communications et, finalement, la protection et la
défense de la culture québécoise. Je veux cette politique
positive et tournée vers l'avenir. Cette politique devra aussi
présenter une vision de développement des communications au
Québec, les grands axes de ce développement et la façon
dont le gouvernement entend utiliser les nouveaux leviers de décisions
qu'il réclame. L'exercice est fort avancé. J'attends un rapport
sur les éléments de cette politique à la fin du mois
d'avril. La politique sera rendue publique une fois qu'elle aura
été approuvée par les différents comités
ministériels et, bien sûr, par le Conseil des ministres.
L'éventualité d'une plus grande concurrence dans le
domaine des télécommunications, principalement dans le service
téléphonique interurbain, retient la manchette de plusieurs
médias ces jours-ci. Tout naturellement, le sujet fait l'objet d'une
priorité d'action du ministère, la deuxième pour
1991-1992. Cet intérêt des médias s'explique par le
début des auditions publiques du CRTC à la suite du
dépôt de la requête de la compagnie Unitel qui cherche
à concurrencer les compagnies de téléphone sur le
marché de l'interurbain. Il s'agit là d'un débat majeur
que le ministère des Communications entend suivre attentivement.
Il faut se rappeler, M. le Président, que les services de
télécommunication représentent un secteur
stratégique pour l'économie du Québec. Les revenus des
entreprises se chiffrent à 2 400 000 000 $ annuellement. Dans le seul
domaine de l'interurbain, les revenus devraient atteindre au Québec 4
000 000 000 $ d'ici le tournant du sièclt. La ministère des
Communications souscrit à quatre objectifs dans l'analyse de ce dossier:
premièrement, doter la Québec d'infrastructures et de services de
télécommunication les plus efficaces possible;
deuxièmement, favoriser le développement des entreprises de
télécommunication sur le territoire québécois;
troisièmement, préserver l'universalité et
l'accessibilité du service téléphonique; et, finalement,
maximiser les retombées économiques au Québec. Il faut par
contre se rappeler qu'avec le partage actuel des responsabilités en
matière de télécommunication, le Québec ne
représente qu'un intervenant parmi tant d'autres devant le CRTC.
J'ai entrepris, il y a quelque temps, une tournée des
régions du Québec. J'ai alors pu apprécier combien la
troisième priorité d'action du ministère répondait
bien, elle aussi, aux besoins de la population. Il s'agit de l'implantation
d'un service téléphonique d'urgence 9-1-1 à travers le
Québec. Le ministère des Communications a préparé
un projet en collaboration avec les ministères de la Santé et des
Services sociaux, de la Sécurité publique, des Affaires
municipales et de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Ce projet vise
à offrir le service d'urgence à tous les citoyens du
Québec. Nous voulons le faire de manière uniforme sur l'ensemble
du territoire. Une fois le projet approuvé par le Conseil des ministres,
on peut prévoir que l'implantation région par région
devrait s'effectuer d'ici 1995.
Une attention toute particulière sera portée aux
retombées économiques de cette implantation, considérant
l'intérêt pour cette technologie dans les marchés
nord-américain et internationaux. C'est pourquoi le ministère des
Communications entend favoriser le développement d'une expertise et de
produits québécois exportables.
La quatrième priorité touche un sujet qui devrait
être familier aux membres de cette commission. En effet, plusieurs
d'entre vous ont participé aux discussions entourant la révision
quinquennale de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics
et sur la protection des renseignements personnels. L'exercice a permis
d'améliorer la loi et aussi servi à identifier deux thèmes
où il fallait approfondir la réflexion, en l'occurrence la
commercialisation des banques de données gouvernementales et la
protection de la vie privée. En ce qui a trait à ce dernier
point, un colloque organise par l'Université de Montréal à
l'initiative du ministère des Communications aura lieu en mai
prochain.
J'ai de plus formé un groupe de travail pour étudier la
question de la commercialisation des banques de données. Pour
l'essentiel, le groupe de travail a recommandé, premièrement, que
les renseignements personnels, quels qu'ils soient, détenus par des
organismes publics ou leurs
mandataires ne puissent être utilisés à d'autres
fins ou dans un autre contexte que ceux pour lesquels ils ont été
recueillis. En d'autres termes, aucun renseignement personnel n'est commercial
isable. Deuxièmement, qu'un organisme désirant commercialiser la
banque de données s'assure que les moyens technologiques utilisés
comme supports protègent la finalité première pour
laquelle les renseignements ont été recueillis.
Troisièmement, que la valeur économique des banques de
données des organismes publics ainsi que le respect du droit d'auteur de
ces organismes sur ces banques soient pris en compte lorsqu'il y a
commercialisation. Et, finalement, que la politique proposée s'applique
à tous les organismes publics visés par la Loi sur l'accès
aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels. Il y a environ 3700 organismes.
Ces propositions nécessiteront certaines modifications
législatives de sorte que le droit d'accès à l'information
et la diffusion de l'information puissent coexister harmonieusement. J'entends
donc donner suite à ces recommandations. J'ai d'abord demandé un
avis à la Commission d'accès à l'information concernant le
rapport. Je l'attends très prochainement et, partant de là,
j'entends déposer à l'automne prochain un projet de loi qui
portera sur la commercialisation des banques de données publiques.
D'autre part, je vous souligne que le ministère de la Justice
doit convoquer, au cours des prochains mois, une commission parlementaire sur
la question de l'extension au secteur privé des principes de protection
des renseignements personnels. Il s'agit d'une question qui m'intéresse
au plus haut point et je suivrai attentivement les débats de cette
commission.
Un personnage fort connu décrivait ainsi le rôle que
peuvent jouer les gouvernements au chapitre du développement
technologique. Je le cite: La liste des ingrédients nécessaires
au développement de la haute technologie est connue, mais on se rend
compte qu'il ne suffit pas de les réunir. Ils doivent faire partie d'une
dynamique dont le gouvernement doit être le catalyseur. En fait, ce
développement doit être un processus autogénérateur.
Il faut donc agir sur les éléments qui permettent cette fonction.
Le gouvernement peut faire une contribution positive en
accélérant le flux des idées, des personnes et des
technologies, puisque les interactions et la coopération entre les
intervenants, notamment les entreprises, les centres de recherche,
universités, administrations locales, sont déterminantes. Cette
nouvelle forme de catalyse sociale qui reste encore à développer
sera d'ailleurs, à l'avenir, un des plus grands défis des
gouvernements. Cette citation est tirée du livre Défi
technologique dont l'auteur est le premier ministre, M. Bourassa.
Je crois que la cinquième priorité d'action du
ministère des Communications pour l'exercice 1991-1992 s'inscrit bien
dans cette approche. Cette priorité porte sur la réalisation au
gouvernement des projets moteurs en technologie. Au cours de la prochaine
année financière, le ministère entend, une fois
l'approbation du Conseil du trésor obtenue, faire progresser
principalement deux projets. Le premier projet consiste à
réaliser un réseau intégré de communication
informatique et bureautique. Les ministères et les organismes du
gouvernement du Québec disposent de 20 réseaux de communication
informatique. Le ministère des Communications cherche à les
remplacer par un réseau intégré de communication
informatique et bureautique.
Ce projet générera d'importantes retombées
économiques pour le secteur privé, associé à
chacune des étapes de sa réalisation. Un tel réseau
permettra au gouvernement de réaliser des économies
significatives en ce qui a trait au coût d'exploitation de ce
réseau. Il favorisera également l'ajout des nouvelles fonctions
qui rendent possible les développements technologiques.
Le deuxième projet vise à mettre sur pied une
infrastructure de radiocommunication. Cette infrastructure permettra
d'harmoniser plusieurs réseaux de communication publics utilisés
par les employés du gouvernement du Québec. La mise en place de
ce réseau entraînera des investissements majeurs au cours des
prochaines années. Une fois implanté, ce réseau devra
permettre d'améliorer la sécurité publique par une
meilleure couverture du territoire québécois ainsi que par une
fiabilité et une souplesse accrue des communications.
La sixième priorité touche les technologies de
l'information. Celles-ci exercent et exerceront une influence majeure sur le
marché du travail et sur l'économie en général.
L'action du gouvernement peut être double, soit stimuler directement le
secteur ou bien influer sur son évolution par ses achats de biens et de
services. Le gouvernement du Québec entend agir de deux façons.
Je vous rappelle la création récente du Fonds de
développement technologique, ce fonds de 300 000 000 $ qui permet au
gouvernement du Québec d'aider les projets mobilisateurs qui ont une
durée de deux à cinq ans et qui regroupent des entreprises et le
milieu de la recherche. Je vous signale, M. le Président, que la plupart
des projets soutenus jusqu'à maintenant proviennent du secteur des
technologies de l'information.
D'autre part, en 1989-1990, les ministères et les organismes ont
investi plus de 600 000 000 $ dans le domaine des technologies de
l'information. C'est ici que le ministère des Communications entend
jouer un rôle important au cours de la présente année
financière. Le ministère collabore présentement avec le
Conseil du trésor dans le but de réviser le cadre de gestion des
technologies de l'information. Cette démarche vise à rendre
davantage intégrée et efficiente la gestion des technologies de
l'information au Québec. Elle tient compte de l'évolution
rapide
des technologies au cours de la dernière décennie et
devrait faciliter l'évaluation des projets d'investissement et des
bénéfices afférents. Ce nouveau cadre de gestion a aussi
pour objectif...
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, je me permets de
vous signaler que vous avez une trentaine de minutes d'écoulées.
Si on veut passer à l'étude proprement dite des
crédits...
M. Cannon: Oui. Si vous êtes d'accord, M. le
Président, il ne me reste que deux pages et demie, alors...
Le Président (M. Doyon): Très bien. M. Cannon:
Simplement pour conclure. Le Président (M. Doyon): Hn
terminant.
M. Cannon: Merci. D'autre part, je disais: Elle tient compte de
l'évolution rapide des technologies au cours de la dernière
décennie et devrait faciliter l'évaluation des projets
d'investissement et les bénéfices afférents. Ce nouveau
cadre de gestion a aussi pour objectif d'accueillir plus facilement les
propositions dites spontanées des fournisseurs. Ces propositions peuvent
souvent contribuer au développement d'une expertise
québécoise exportable.
Dans le même ordre d'idées, la prochaine année devra
voir le fruit du travail d'un comité interministériel mis sur
pied par le ministère des Communications qui étudiera la question
de l'harmonisation des politiques gouvernementales dans le domaine des
technologies de l'information. Il s'agit d'établir une meilleure
adéquation entre les investissements demandés aux partenaires
économiques du gouvernement du Québec et le marché qui
leur est ensuite offert. (16 h 15)
La septième et dernière priorité d'action, M. le
Président, bien qu'elle s'adresse à la gestion interne du
ministère, n'en est pas moins importante. Il s'agit de
l'amélioration de la qualité des services dispensés aux
clientèles et aux partenaires du ministère, ce qui ne justifie
pas que les employés du ministère ne donnent pas des services de
qualité, tout au contraire. Je voudrais même profiter de
l'occasion pour leur rendre hommage. En quelques mois à peine, j'ai pu
apprécier leur compétence, leur enthousiasme et leur sens du
devoir.
Malgré tout, je crois que l'on peut toujours faire un peu mieux.
Le récent rapport de la commission du budget et de l'administration,
intitulé "Au service des citoyens, la raison d'être de la fonction
publique du Québec", fait de la qualité des services aux citoyens
une de ses dominantes. Cette démarche vers une meilleure qualité
des services nécessitera une mobilisation générale de tous
les employés du ministère. C'est ce que nous nous emploierons
à réaliser au cours des prochains mois.
En conclusion, les propos des pages qui précèdent
démontrent l'importance du secteur des communications dans ia vie de la
collectivité québécoise. Ce secteur est tellement
indissociable de notre devenir collectif que je crois fermement que le
Québec devra y jouer un rôle beaucoup plus grand que par le
passé. C'est principalement par notre projet de politique
québécoise des communications que nous atteindrons cet
objectif.
Vous avez constaté comme moi que les décisions du
gouvernement fédéral n'ont pas toujours rencontré les
intérêts du Québec, bien au contraire. Le bilan que j'ai
fait récemment des politiques fédérales dans le secteur de
la télévision au Québec illustre fort bien cette
réalité. Le projet de la politique québécoise des
communications présentera notre vision du secteur et la façon
dont les communications pourront servir au développement d'un
Québec fort.
Alors, en terminant, merci, M. le Président, de votre
attention.
Le Président (IW. Doyon): Merci, M. le ministre. Ceci
termine vos remarques préliminaires. Maintenant, la parole est au
député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: M. le Président, je serai moins long que le
ministre. Le député de La Peltrie est ministre depuis peu, mais a
rapidement appris les trucs: lorsqu'on ne veut pas débattre le fond des
choses et les questions qui nous semblent prioritaires, il est toujours
loisible, et c'est son droit de le faire, d'utiliser ses remarques
préliminaires pour utiliser du temps qui, normalement, sert à
questionner et à faire le point sur un certain nombre de dossiers.
Je tiens, M. le Président, à souligner qu'effectivement il
n'y a pas longtemps que je suis membre de l'Assemblée nationale, mais je
pourrais tout de même témoigner de mon expérience
passée, l'an dernier, où à cette même commission
j'avais l'occasion de participer à ce même exercice, à
savoir l'étude des crédits du ministère des
Communications. C'est d'une façon bien différente qu'on avait
entrepris l'étude de ces crédits où, d'entrée de
jeu, la ministre avait fait part de sa volonté de passer rapidement aux
échanges, aux questions qui, sûrement, étaient plus
instructives pour les membres de la commission qu'un discours qui pourrait
ressembler à celui qu'on entend dans d'autres instances qui sont parfois
moins dignes de comparaison.
M. le Président, je ne peux cependant passer sous silence un
certain nombre d'éléments. Le ministre, effectivement, nous a
parlé des réalisations du ministère. Je me permettrai,
à mon tour, de saluer les différentes personnes qui
l'accompagnent, des gens que j'ai eu l'occasion
de voir l'an dernier, particulièrement M. Pigeon, sous-ministre,
et aussi l'ensemble des présidents, Mme Bertrand, M. Paul-André
Comeau que je salue, le nouveau président de la Commission
d'accès à l'information, M. Demers, de la Régie des
télécommunications, avec qui j'aurai le plaisir d'échanger
tout à l'heure, et d'autres; Mme Bertrand, aussi, présidente de
Radio-Québec. Alors, toutes ces personnes qui se sont
déplacées pour participer à cet exercice, je tiens
à vous remercier.
C'est un exercice qui, je l'espère, nous permettra de faire le
point et de faire la lumière sur un certain nombre de dossiers parce
que, au-delà des réalisations du ministère, je crois que
nous avons comme responsabilité, comme parlementaires, de voir et
d'étudier aussi les différentes positions plus politiques qui
sont assumées par le ministre. Au-delà des réalisations
qui sont de la responsabilité de l'appareil, je dirais, bureaucratique
de son ministère, le ministre a aussi un certain nombre de positions et
doit assumer un certain leadership dans les dossiers qu'il a à
défendre selon son champ de compétence et selon ses
priorités.
M. le Président, au-delà de ces réalisations, sur
lesquelles le ministre nous a longuement entretenus tout à l'heure, je
dois quand même souligner que sur ce second élément,
à savoir les positions politiques et aussi l'initiative que le ministre
a su développer au cours des quelques mois depuis qu'il a
été nommé ministre - ça fait, quoi, pas tout
à fait un an, ça fait quelques mois qu'il est ministre - il a
bien sûr eu la responsabilité d'abord de se familiariser avec
l'ensemble de ses responsabilités, mais a sûrement eu aussi
l'occasion de se pencher sur un certain nombre de dossiers
d'actualité.
Je crois qu'il y a un dossier qui a particulièrement retenu son
attention et qui a retenu, en tout cas, mon attention depuis quelques mois.
C'est, bien sûr, le dossier de l'industrie télévisuelle
québécoise. Le ministre, bien sûr, conseille Ottawa, mais
reste inerte lorsqu'il s'agit de Radio-Québec. Radio-Québec,
selon la présidente elle-même - et je le lui disais cet avant-midi
en Chambre - vit en ce moment des heures difficiles. L'épreuve est
réelle. L'ampleur du problème ne fait pas de doute et il ne fait
pas de doute non plus de l'ampleur des conséquences quant à la
situation actuelle et aussi quant à la situation à plus long
terme.
Il faut aussi souligner le silence du ministre sur le dossier du partage
des responsabilités en matière de
télécommunication. Bien sûr, il nous en a glissé
quelques mots dans sa présentation, tout à l'heure, mais
comparativement à l'attitude plutôt agressive à laquelle
nous avait habitués la députée de Marguerite-Bourgeoys,
actuelle ministre des Affaires culturelles, je dois vous dire que je suis un
peu surpris de voir la façon dont on traite un dossier qui devait
pourtant être prioritaire, après l'échec du lac Meech. On
avait placé le dossier des communications comme un des dossiers devant
faire l'objet de négociations immédiates. À
l'époque, on parlait même d'une seconde ronde.
Le ministre est ûrement conscient de cette réalité
et il sait fort bien que déjà des compagnies
québécoises dans l'industrie des
télécommunications, plus particulièrement dans le secteur
de la téléphonie, invoquent l'absence de
cons-titutionnalité dans des affaires qui l'opposent à la
Régie des télécommunications. Effectivement, le ministre
avait raison, tout à l'heure, dans sa présentation de dire qu'il
y a au-dessus de nous une épée de Damoclès. Mais je suis
convaincu que ce ne sont pas ces propos qui se veulent rassurants qui vont
faire que la situation va changer et ce ne sont pas ces propos rassurants qui
modifieront la Constitution et qui empêcheront des compagnies
québécoises ou toute autre intéressées à
invoquer l'absence de constitution-nalrté devant les tribunaux
québécois.
Un troisième dossier où il serait important de
réfléchir - et j'espère qu'on pourra le faire cet
après-midi - est celui des logiciels québécois, un
dossier, bien sûr, peu reluisant pour le ministre des Communications. Par
exemple, alors que son ministère démolit sans plus
d'égards la réputation du logiciel québécois World
Génie, le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie fait l'analyse suivante et je cite: "World Génie surclasse
de loin tous les traitements de texte comparables dans l'environnement MS-DOS."
Je crois qu'il est important de souligner cette situation-là.
Nous aurons aussi, je l'espère, tout à l'heure, M. le
Président, l'occasion de discuter d'autres dossiers qui nous
intéressent à un plus haut niveau, celui de la concurrence
où le ministre, effectivement, nous a entretenus de son
intérêt pour le dossier sans nous présenter de position,
sans nous présenter son analyse. Nous pourrons parler, bien sûr,
de la loi d'accès à l'information, du service 9-1-1 qui a fait
l'objet, effectivement, d'un certain nombre de prises de position du
ministre.
Mais l'objectif, M. le Président, aujourd'hui - et
j'espère que l'ensemble des membres de la commission parlementaire
poussera dans le même sens - c'est qu'il faut que le ministre se
prononce. Il faut que le ministre fasse plus que nous décrire sa vision
administrative du ministère. Il faut aussi qu'il nous parie de la
façon selon laquelle il a l'intention d'influencer le cours des choses,
quelle est sa vision plus générale à lui, comme ministre
politique et non seulement comme administrateur de fonds publics. Soit, il
s'agit là d'une responsabilité importante, mais il a aussi la
responsabilité de défendre les intérêts du
Québec et de défendre les intérêts des citoyens et
citoyennes de ce Québec.
M. le Président, je pourrais parler plus longtemps. Il est
déjà 16 h 25, j'apprécierais
qu'on puisse rapidement passer à l'étude des
différents programmes.
Motion proposant de visionner un vidéoclip
préparé par l'équipe de l'émission
"Nord-Sud"
Vous nous avez suggéré, M. le Président, tout
à l'heure, de fonctionner programme par programme. J'aimerais
immédiatement faire deux motions, M. le Président, la
première qui se lirait de la façon suivante: "Que la commission
de la culture, dans le cadre de l'étude des crédits du
ministère des Communications et plus spécialement ceux
dévolus à Radio-Québec, au programme 6 de ce
ministère, procède au visionnement d'un enregistrement
vidéo d'une durée de 15 minutes réalisé par
l'équipe des recherchistes et des techniciens de l'émission
"Nord-Sud" de Radio-Québec et portant sur l'historique et l'avenir de
cette émission."
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il y en a qui veulent
parler sur la recevabilité de cette motion, à savoir que cette
commission est invitée à procéder, lors de l'étude
des crédits, au visionnement d'un vidéo d'une durée de 25
minutes? Est-ce que quelqu'un veut parler sur la recevabilité de cette
motion? M. le député de LaFontaine.
M. Gobé: Bien, sur la recevabilité, je ne le sais
pas, M. le Président, mais il me semble qu'après tout le temps
qui a été débattu pour faire le discours de
présentation de M. le ministre et l'épaisseur des cahiers que
nous avons à étudier, nous devrions passer sans plus tarder
à l'étude des crédits et peut-être voir le
vidéo plus tard en comité, avec le député de Gouin,
qui certainement se fera un plaisir de venir le regarder avec nous. Mais je
pense que... Il nous reste quoi, une heure à peine?
Une voix: Non, non. Trois heures.
M. Gobé: Trois heures, pardon, et moi j'ai personnellement
un certain nombre de questions importantes à poser au ministre qui
concernent des sujets importants...
Le Président (M. Doyon): Je dois vous interrompre, M. le
député de LaFontaine. Vous parlez vraiment sur le fond de la
motion. J'ai invité à des commentaires sur la recevabilité
de cette motion.
M. Gobé: Je reviendrai sur le fond s'il y a
débat.
Le Président (M. Ooyon): Est-ce que certains d'entre les
membres de la commission veulent parler là-dessus? M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Bien, sur le fond ou sur la...
Le Président (M. Doyon): Sur la recevabilité.
M. Boisclair. s>ur la recevabilité? Je crois que non; elle est
conforme en tout point à notre règlement.
Le Président (M. Doyon): Je vais donc suspendre pendant
cinq minutes, le temps de vérifier le règlement, avant de me
prononcer sur le caractère de recevabilité de cette motion.
Suspension.
(Suspension de la séance à 16 h 26)
(Reprise à 16 h 29)
Le Président (M. Doyon): Cette commission est saisie d'une
motion présentée par le député de Gouin qui vise,
comme je le disais, à permettre à cette commission de visionner
un vidéo. C'est une motion qui peut, à la rigueur, s'apparenter
à une motion préliminaire qui concerne l'organisation technique
ou pratique des travaux. Évidemment, quand on dit organisation
fonctionnelle, technique et pratique des travaux, normalement on parle des
heures de séance, on parle du huis clos, on parle des gens qu'on veut
entendre, et nous sommes ici en face d'un précédent.
À la rigueur, sans que je me prononce pour toujours
là-dessus, je considère que cette motion peut être
considérée comme recevable, donc nous pouvons en discuter sur le
fond. J'invite peut-être M. le député de Gouin à
nous faire valoir les arguments suite à cette déclaration de
recevabilité.
M. Boisclair: M. le Président, très rapidement, il
était de mon intention de peut-être immédiatement annoncer
la deuxième motion qui suivra, qui se lirait de la façon
suivante; je vais tout simplement vous l'annoncer. Et je serai sur le fond pour
vous expliquer, là, ce qui me motive.
Le Président (M. Doyon): Je regrette, M. le
député, nous allons...
M. Boisclair: Oui, oui, mais je veux juste motiver ma... Je
comprends très bien que je dois d'abord commencer par
celle-là...
Le Président (M. Doyon): C'est ça.
M. Boisclair: ...mais je veux juste motiver ce qui m'amène
à présenter cette motion-là. J'aimerais, M. le
Président, que nous puissions, tout à l'heure, dans le cadre
d'une motion que je présenterai, essayer de procéder
imédiatement à l'étude des crédits attribués
à la Société de radio-télévision du
Québec, au programme 6. Ce
sera l'objet d'une motion que je présenterai tout à
l'heure, et j'aimerais que dans ce cadre-là, M. le Président,
nous puissions visionner un vidéo préparé par
l'équipe de réalisation et l'équipe des techniciens de
"Nord-Sud", qui était adressé aux membres du conseil
d'administration de Radio-Québec, qui avait pour but d'instruire les
membres du conseil d'administration de Radio-Québec sur l'importance de
l'émission "Nord-Sud", sur ce qu'a été l'émission
"Nord-Sud" depuis son existence, de quelle façon elle a contribué
à ouvrir l'esprit des Québécois et
Québécoises, de quelle façon elle a contribué aussi
à développer une fenêtre sur le monde et permis un
échange fort apprécié par l'ensemble des
Québécois et Québécoises.
Non seulement, M. le Président, cette expertise
développée par les gens de "Nord-Sud" nous est-elle
présentée dans ce vidéo-là, mais elle nous
permettra aussi, si jamais nous avions l'occasion de visionner ce vidéo,
M. le Président, de voir jusqu'à quel point c'est une
émission qui est de qualité. Ça nous permettra aussi
d'apprécier le dévouement des réalisateurs et des
techniciens, des gens qui travaillent à la réalisation de cette
émission-là. Ça nous permettra aussi, M. le
Président, d'apprécier, comme parlementaires et comme membres de
cette commission, l'importance de cette émission-là. Je crois
qu'il s'agit de 15 minutes que, j'en suis conscient, on nous enlèvera
pour discuter d'autres sujets, mais compte tenu des priorités... Nous
nous devons peut-être de fonctionner par priorité. Si
c'était rien que de moi, M. le Président, nous
procéderions et nous débattrions du dossier des communications
pendant 7, 8, 9 ou 10 heures. Nous avons 4 heures qui nous sont
réparties, il s'agit tout simplement de fixer des priorités. Pour
moi, le dossier de Radio-Québec et le dossier de "Nord-Sud"
m'apparaissent comme une priorité. Alors, c'est dans ce sens-là,
M. le Président, je crois, qu'il serait instructif pour l'ensemble des
membres de cette commission, pour être bien sûr de savoir de quoi
l'on parle et pour être bien sûr aussi d'être à
même d'évaluer l'impact des décisions qui se retrouvent
dans le cahier des crédits et des gestes que les différents
administrateurs, particulièrement de Radio-Québec, auront
à faire, pour être à même de bien les
apprécier, qu'il serait très pertinent et instructif que
l'ensemble des membres de la commission puisse visionner ce document
préparé, bénévolement d'ailleurs, par les
réalisateurs et les techniciens de Radio-Québec. C'est un
vidéo d'une durée de 15 minutes qui relate l'ensemble des
interventions de "Nord-Sud" depuis l'entrée en vigueur de
l'émission.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le député
de Gouin. M. le député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec attention l'exposé de mon collègue
député de Gouin et je dois dire que, moi aussi, pour avoir
visionné cette émission, "Nord-Sud", je dois dire que c'est une
excellente émission, une émission qui avait certainement un
rôle non seulement éducatif pour les Québécois et
Québécoises, mais aussi un peu un rôle d'ambassadrice, car
j'ai cru la voir déjà sur une télévision
française iors d'un voyage que j'ai fait. Je dois donc reconnaître
qu'en effet c'est là une émission extrêmement
importante.
Je déplore, moi aussi, malheureusement la situation que peut
connaître actuellement Radio-Québec, comme tout le monde et
chacun, mais c'est une situation qui est réelle et, quand même que
nous en parierions pendant des heures, elle ne se réglera pas
forcément ici.
Ceci étant dit, notre collègue de Gouin nous demande de
visionner un vidéo. Je trouve très intéressant que les
gens de Radio-Québec aient pu produire un vidéo pour expliquer
quelles sont leurs émissions, mais je déplore beaucoup que les
gens de Radio-Québec n'aient pas pris la peine de nous l'envoyer. Je
suis un peu insulté, comme parlementaire, de voir que notre
collègue le député de Gouin a en main un vidéo
d'une société d'État, produit donc avec des moyens
d'État, pour défendre une cause d'État, une cause aussi
importante que les télécommunications, aussi importante que
"Nord-Sud", et que nous autres, les parlementaires du gouvernement, ceux qui
ont certainement le plus d'importance auprès des ministres, nous ne
l'ayons pas. Croyez-moi, M. le Président, je crois qu'il l'a depuis
quelques jours. Si je l'avais eu hier à mon bureau de comté,
j'aurais pu, hier soir, après mes activités de comté,
quand je suis rentré a la maison vers 23 h 30, le mettre dans mon
vidéo et le regarder, et ce matin j'aurais été prêt,
parce que je savais que nous avions cette étude aujourd'hui, et à
midi nous avions, à la place du lunch, avec le ministre et son cabinet,
une préparation de commission. J'aurais pu l'en aviser et lui dire:
Hé! j'ai vu un vidéo de Radio-Québec et ça pose
certaines questions.
Maintenant, on nous arrive ici avec ça, on nous demande à
chaud de regarder un vidéo, sans pouvoir avoir de réflexion, sans
pouvoir avoir les deux côtés de la médaille, et
malheureusement je dois dire que j'en suis déçu de la part des
gens de Radio-Québec, parce que c'est une émission que j'aime
bien. Je me serais attendu à ce qu'ils nous appellent, même,
qu'ils viennent nous le montrer s'ils avaient un message à passer, et
c'est avec plaisir que nous l'aurions écouté. Malheureusement, je
crois que ce n'est pas le temps, maintenant, pour l'instant.
Le cahier est très épais, je l'ai dit. Le ministre a
déjà pris 30 minutes pour nous expliquer son programme. Vous avez
qualifié son discours de sans valeur. Peut-être que pour vous il
l'est, pour moi il avait une certaine valeur, il nous annonçait un
certain nombre de choses, et
il reste ici de nombreuses questions à poser.
Mon collègue à côté m'a fait valoir tout
à l'heure qu'il y avait un certain nombre de dépenses qui
l'intéressaient, parce que ça semblait l'inquiéter, dans
cette période de finances difficiles. Moi-même, j'ai des questions
à poser en ce qui concerne la télévision francophone au
Canada et j'ai l'intention de prendre tout le temps nécessaire pour que
le ministre puisse me donner non seulement son administration, mais sa
philosophie et ce qu'il entend faire comme politique dans ce
dossier-là.
Malheureusement, moi je ne peux pas voter, M. le Président, pour
nous payer un petit programme télévisé en commission
parlementaire. On a des crédits à étudier et je
souhaiterais que les gens de Radio-Québec ou vous-même nous
adressiez cette cassette. Nous pourrons la regarder par la suite et nous ferons
part de nos commentaires au ministre.
Je ne parlerai pas plus longtemps parce que le temps court. En effet; on
perd du temps et c'est dommage. Il y a des problèmes très
importants à aborder et j'entends qu'on les aborde le plus vite
possible, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
LaFontaine. Le député de Richelieu.
M. Khelfa: M. le Président, en écoutant la motion
initiale, la première proposition qui est sur la table, à l'heure
actuelle, du député de Gouin, et en écoutant ses
interventions sur la motion, je constate qu'il voulait nous amener des
arguments pour sa deuxième proposition, ou bien c'est une
stratégie et ça lui revient, ça ne me revient pas. Je
serais tenté, M. le Président, d'en appeler de votre
décision, mais, comme vous me connaissez, je suis respectueux de la
présidence et je vous dirai immédiatement, pour ne pas perdre du
temps: On va voter contre. Je veux voter contre et j'incite tout le monde
à voter contre cette proposition pour éviter une perte de temps
inutile puis arriver au sujet initial de la raison même de cette
commission d'aujourd'hui, étude des crédits du ministère
des Communications.
Sur ce, j'arrête, pu/s, comme je vous ai dit,
M. le Président, je suis très respectueux de votre
décision, mais je ne la partage pas.
Le Président (M. Doyon): M. le député, on en
prend note. M. le député de Gouin, avez-vous quelque chose
à dire en réplique?
M. Boisclair: Non, je voudrais le plus rapidement, moi aussi,
qu'on commence à le faire. Alors, c'est pour ça que...
Le Président (M. Doyon): Alors, Mme la secrétaire,
nous allons donc voter. Ceux qui sont en faveur de la motion et ceux qui sont
contre.
La Secrétaire: M. Bradet?
M. Bradet: Contre.
La Secrétaire: M. Doyon?
Le Président (M. Doyon): Abstention.
La Secrétaire: M. Gobé?
M. Gobé: Contre.
La Secrétaire: Mme Loiselle?
Mme Loiselle: Contre.
La Secrétaire: Et puis M. Khelfa?
M. Khelfa: Contre.
La Secrétaire: M. Boisclair?
M. Boisclair: Pour.
La Secrétaire: La motion est rejetée: quatre voix
contre, une pour et une abstention.
Motion proposant que la commission procède
d'abord à l'étude du programme 6
M. Boisclair: M. le Président, j'aimerais présenter
une seconde motion: "Que la commission de la culture, dans le cadre de
l'étude des crédits du ministère des Communications,
procède d'abord à l'étude du programme 6."
Le Président (M. Doyon): Alors, vous avez écrit
cette motion, monsieur?
M. Boisclair: Oui.
Le Président (M. Doyon): Merci. Alors, sans plus
d'ambages, je déclare cette motion receva-ble. M. le
député de Gouin, sur le fond de la motion.
M. Boisclair: Bon, bien, alors, s'il y a bien un débat qui
est d'actualité et sur lequel, je crois, l'ensemble des membres de la
commission parlementaire, de la même façon que le
député de LaFontaine tout à l'heure l'a exprimé,
voulait poser des questions, c'est bien le dossier de la société
d'État et le dossier de Radio-Québec. Je crois qu'il y a des
décisions importantes qui ont été prises par le Conseil
des ministres, par le ministre et par les membres du conseil d'administration.
Je crois que c'est aussi un sujet d'intérêt public, par
l'intérêt manifesté par plusieurs personnes dans ce
dossier, si ce n'est qu'à voir l'ensemble des lettres et des propos qui
ont été tenus dans les différents médias
récemment sur cette question-là.
Je crois aussi, M. le Président, connaissant
l'intérêt que les Québécois et
Québécoises ont su démontrer à l'occasion d'un
récent sondage, où on nous indiquait que plus de quatre
Québécois sur cinq sont favorables - le sondage nous indiquait
que quatre Québécois sur cinq y croient - qu'on devrait investir
plus d'argent dans le réseau public de télévision.
J'oublie le libellé exact, mais ça ressemble à
ça.
Alors, M. le Président, je crois que c'est un des débats
les plus importants que nous aurons à faire aujourd'hui et, pour que ce
débat puisse se faire en plein jour et non pas comme parfois nous avons
l'occasion de le faire, à des heures tardives dans ce parlement et
parfois aussi en commission, je voudrais profiter de l'occasion aussi où
plusieurs intervenants de Radio-Québec sont ici présents. Je
crois que nous devrions profiter de cette occasion pour faire le débat
devant tous. Je crois que nous ne devons pas avoir honte de faire de
débat. Bien sûr, il y a d'autres dossiers importants. J'aimerais
bien discuter tout à l'heure du dossier du partage des
compétences et d'autres dossiers.
M. le Président, vous avez décidé tout à
l'heure qu'on allait étudier programme par programme le cahier des
crédits. C'est votre décision et vous savez comme moi que l'an
dernier nous avons procédé de façon différente.
Cependant, je respecte bien sûr votre décision d'étudier
programme par programme. Mais ceci ne nous empêche pas de faire une
certaine priorité dans les programmes, parce que vous savez fort bien
qu'en quatre heures nous n'avons peut-être pas le temps de passer
à travers l'ensemble des programmes, et vous rappeler, M. le
Président, que, si nous voulions tout simplement jouer le jeu de la
procédure, je pourrais vous indiquer, par exemple, qu'à
l'occasion du programme 1, nous parlons de la coordination des affaires
fédérales-provinciales. On sait, par exemple, que le
comité Peters-Girard est un comité qui intéresse les deux
gouvernements, les deux ministères, et qu'à ce titre, nous
pourrions très bien discuter de la problématique de la
télévision à l'intérieur du programme 1 et de
l'élément 1.
Alors, si nous sommes pour à chaque fois essayer de juger de la
pertinence de nos interventions, dans chacun des éléments des
programmes, je crois que nous nous embarquons dans une procédure qui ne
sera peut-être pas à la hauteur de ce que les gens attendent de
nous, parlementaires.
Alors, M. le Président, c'est tout simplement pour éviter
plus tard des débats, parce que, comme je vous le répète,
on pourrait très bien à l'intérieur, par exemple, du
programme 1 où on aura à traiter d'une politique
québécoise sur les communications, parler de Radio-Québec,
de la même façon qu'on pourrait, dans le cadre des affaires
fédérales-provinciales, parler du comité Peters-Girard
qui, lui aussi, fait référence à l'univers
télévisuel.
Alors, c'est dans ce sens-là, M. le Prési- dent. Je
souhaite qu'on puisse faire le débat sur l'avenir de Radio-Québec
en pleine connaissance de cause et à la clarté du jour aussi, et
non pas qu'on fasse ce débat-là ce soir, à 20 heures, 21
heures ou 22 heures, alors que plus personne ne nous écoute et alors ]ue
les gens qui sont intéressés et qui se sont
déplacés de Montréal ne seront peut-être pas ici.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le député
de Gouin. M. le député de LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Non seulement il
est de tradition, mais le règlement de cette Chambre est formel
lorsqu'il dit que, lorsque nous procédons à l'étude des
crédits, nous devons les prendre dans l'ordre, en commençant par
le premier et en terminant par le dernier, ceci sauf dérogation, et
cène dérogation doit se prendre avec le consentement unanime des
membres de cette commission car, pour déroger à un ordre de la
Chambre en commission parlementaire, si mes connaissances du règlement
sont exactes, ça prend le consentement de tous les membres.
Moi, M. le Président, je ne suis pas prêt à donner
mon consentement. Ce sera clair au départ, le débat. Je vais vous
dire pourquoi en trois ou quatre mots. Le député de Gouin, M. le
Président, nous demande de passer à Radio-Québec. Moi, je
suis bien d'accord pour passer à Radio-Québec. Je disais
précédemment que j'ai un nombre de questions très
importantes à poser au ministre. Bien, elles ne sont pas seulement sur
Radio-Québec, mes questions, elles sont sur la télévision
francophone en général. Si on commence à s'embarquer dans
Radio-Québec tout de suite alors qu'il arrive vers la fin, eh bien, on
va certainement manquer, parce que j'ai l'impression que le
député va vouloir prendre tout le temps sur Radio-Québec,
avec l'impatience qu'il met pour vouloir en parler tout de suite, et j'ai
l'impression que je vais manquer des questions très importantes dans
d'autres domaines avec le ministre, en particulier, M. le Président, sur
ce qu'est la télévision francophone au Canada et en
Amérique du Nord, et ça, pour moi, c'est très important,
parce qu'on parle là de la promotion de la francophonie, de la promotion
de la langue française, de la culture française et de la
promotion des acteurs et des gens de théâtre
québécois dans les productions télévisuelles
à travers le Canada. Ça, pour moi, c'est bien plus important, M.
le Président, que faire de la petite politicaillerie sur
Radio-Québec.
Il y a aussi une chose. Si le leader du député de Gouin
était venu nous voir, était venu voir notre leader et lui avait
dit: Écoutez, on voit que Radio-Québec n'est pas en avance,
est-ce qu'il y aurait moyen de prendre une entente pour le passer tout de
suite? probablement que dans une petite séance de travail on aurait pu
en disposer et en discuter. Moi, j'aurais été très
intéressé à en discuter. Là j'aurais dit:
Oui, mais peut-être qu'on pourrait passer telle autre chose en
deuxième. Mais ce n'est pas ça qui est arrivé, on nous
arrive encore là et le temps coule. Est-ce que le député
de Gouin veut faire passer le temps sur des motions, M. le Président, ou
est-ce qu'il veut vraiment procéder au début des travaux et
passer à Radio-Québec?
Si on n'avait pas fait la première motion pour voir un
vidéo... Il a dit: Vous voulez voir un vidéo? Maintenant, le
vidéo n'est plus important, on veut discuter de Radio-Québec.
Bien, il faudrait savoir ce qu'on veut, là. M. le Président, il
faut qu'on commence l'étude des crédits le plus vite possible,
parce que là il y a des choses importantes de 1 jusqu'à la fin,
de A jusqu'à Z.
Moi, j'ai hâte de parler de Radio-Québec, M. le
député de Gouin. Je comprends votre impatience. Je comprends que
vous avez là un rôle politique à jouer, mais nous avons
aussi un rôle de responsables du gouvernement, et des fois
l'intérêt public ne doit pas passer forcément par la
politicaillerie et par l'intérêt, comment dirais-je, du spectacle
de la chose. (16 h 45)
Alors, s'il vous plaît, M. le Président, appelez vite le
vote là-dessus, parce que moi je m'oppose. Il n'y a pas de consentement.
Ça prend le consentement, selon une décision qui a
déjà été rendue, M. le Président, par la
présidente Madeleine Bélanger dans une procédure
équivalente. Vous pourrez trouver ça dans le livre des
jurisprudences. La décision et l'ordre de l'Assemblée nationale
étant d'étudier chacun des programmes, la présidence doit
les mettre en discussion un à un. Une discussion générale
sur l'ensemble des programmes ne peut avoir lieu que du consentement de tous
les membres de la commission. Donc, pour déroger, ça prend le
consentement.
Je ne donne pas mon consentement. Peut-être que d'autres
collègues feront la même chose. Alors, moi, sans plus attendre,
à moins que d'autres collègues ne veuillent parler, je
demanderais qu'on prenne le vote et qu'on commence vraiment l'étude des
crédits, parce que je commence à trouver un peu ridicule,
là... à moins qu'il n'y ait d'autres motions, je ne le sais pas,
mais moi j'ai hâte de commencer.
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Donc, j'ai déclaré... Oui, M. le
député.
M. Boisclair: C'est juste en conclusion. Je comprends du
député de LaFontaine qu'il ne veut pas faire le débat
à l'heure actuelle devant l'ensemble des intervenants. Je comprends
qu'il a honte de la décision de son gouvernement, qu'il refuse d'en
parler devant tout le monde. Je comprends aussi, M. le Président, du
député de LaFontaine qu'il est incapable d'identifier les
véritables débats qui mobilisent l'opinion publi- que. Je sais
comme lui qu'il y a d'autres dossiers importants sur lesquels nous devons et
nous allons discuter. Je suis même prêt à lui dire, s'il a
peur que je prenne l'heure ou les quatre heures qui nous sont dévolues
pour discuter de Radio-Québec, je suis même prêt à
amender ma motion pour lui dire qu'on ne prendra pas plus qu'une demi-heure. Je
suis prêt à faire ça pour qu'on puisse passer rapidement
aux autres questions.
Ce n'est pas de la politicaillerie, M. le Président, que de
vouloir identifier les débats prioritaires et d'éviter qu'on soit
pris à 20 heures, 21 heures ou 22 heures à discuter de cette
question-là. Je comprends de votre attitude et de l'attitude
peut-être du ministre, qui reste silencieux dans ce débat, qu'il
ne veut pas faire le débat.
On va se le dire ouvertement, M. le Président, il y a des
journalistes qui sont ici. Il y a des journalistes qui sont venus parce qu'ils
sont intéressés à discuter de cette question-là
parce que, eux, beaucoup mieux que moi et beaucoup mieux que l'ensemble des
gens membres de cette commission parlementaire, savent que ça
intéresse l'opinion publique québécoise et seraient
intéressés, demain, à parler de Radio-Québec
à leurs lecteurs. Ils sont assez compétents, M. le
Président, pour faire une analyse à la fois des propos de
l'Opposition et de ceux du ministre.
Alors, M. le Président, je comprends que je n'ai pas le
consentement et que, dans ce sens-là, effectivement il va falloir
procéder au programme 1. Ceci étant dit, ce sera ma
dernière remarque et je suis prêt à procéder
immédiatement à l'étude du programme 1, Coordination et
gestion interne, qui cependant, je le rappelle, nous amènera à
discuter de la télévision, puisqu'on parle de politique
québécoise sur les communications dans cet
élément-là.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Viger, vous avez demandé la parole.
M. Maciocia: Oui, M. le Président. Seulement pour le bon
déroulement de la commission, j'aimerais que vous preniez note que le
député de Gouin a prononcé des mots, tantôt, qui ne
sont pas tellement parlementaires, le mot "honte". Par l'article 35, je vous
demanderais de... pour le bon déroulement, pas pour autre chose, M. le
Président, uniquement pour ça. C'est important qu'on ait du
respect réciproque à la commission. On peut avoir des
divergences, mais il faut avoir du respect pour chacun.
Le Président (M. Doyon): Très bien. Ces remarques
étant faites et la présidence en ayant pris note...
M. Gobé: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le
député
de LaFontaine.
M. Gobé: ...étant donné que le mot "honte"
m'était imputé, vous me permettrez de faire une
légère mise au point. Non seulement je n'ai pas honte de ce que
je fais, mais je pense que je dois être fier de faire en sorte que les
crédits du ministère soient étudiés dans l'ordre,
dans le règlement et dans l'harmonie. Je pense que, jusqu'à
maintenant, si on n'avait pas eu tout ce débat stérile pour la
motion du vidéo, on serait encore dans le vidéo, là - il
ne faut pas charrier - puis la motion de Radio-Québec. On aurait
déjà commencé. Si le député de Gouin a des
questions très importantes sur Radio-Québec, bien, qu'on passe
plus rapidement sur les autres affaires. Nous, on va aller seulement à
l'essentiel aussi, à ce qui nous tient à coeur, puis il va nous
rester du temps pour faire Radio-Québec.
Mais là, on perd notre temps puis, de motion en motion, de
question en question, j'ai l'impression qu'on va se rendre jusqu'à
l'ajournement des travaux et on n'aura pas commencé le travail
seulement. La vraie honte, elle est là. La honte, elle n'est pas sur les
parlementaires, elle est sur le fait qu'on n'a pas encore commencé
à discuter un demi-penny du budget de Radio-Québec. La
voilà, la honte, où elle doit être. Je demande le vote, M.
le Président.
Le Président (M. Doyon): Merci. Alors, Mme la
Secrétaire, j'ai considéré cette motion comme étant
recevable. Elle traite de l'organisation et de la planification des travaux de
cette commission. Elle n'exige pas le consentement. C'est une motion qui est
recevable. Donc, je vous demanderais d'appeler le vote sur la motion qui a
été présentée par le député de Gouin
à l'effet de commencer par le programme 6.
La Secrétaire: D'accord. M. Bradet?
M. Bradet: Contre.
La Secrétaire: M. Doyon?
Le Président (M. Doyon): Abstention.
La Secrétaire: M. Gobé?
M. Gobé: Contre.
La Secrétaire: M. Khelfa?
M. Khelfa: Contre.
La Secrétaire: Mme Loiselle?
Mme Loiselle: Contre.
La Secrétaire: M. Boisclair?
M. Boisclair: Pour.
La Secrétaire: La motion est rejetée, quatre voix
contre, une voix pour, une abstention.
Coordination . . gestion interne
Le Président (M. Doyon): Alors, en tant que
président et compte tenu du vote qui vient d'être pris, j'appelle
donc les membres de cette commission a l'étude du programme 1 du
ministère des Communications intitulé Coordination et gestion
interne. M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Oui. Merci, M. le Président. Une question
peut-être très, très rapide pour commencer avant de
débuter sur l'élément politique québécoise
sur les communications sur lequel j'aimerais m'attarder. J'aimerais juste
demander au ministre une question très simple. Dans la liste des
contrats de moins de 25 000 $, il y a une série de trois contrats qui
ont été réalisés par le Bureau de coordination de
Montréal. Je retrouve ça à la page 89, au programme 1,
Coordination et gestion interne. Bureau de coordination de Montréal,
est-ce qu'il s'agit bien là de la même chose? Et comment se
fait-il que ces trois contrats-là ne semblent pas vraiment rentrer dans
le cadre des activités du ministère des Communications ou
semblent plutôt relever de la compétence du Comité
interministériel sur le développement du Grand Montréal
dont l'ancienne ministre des Communications était membre?
M. Cannon: Sans doute, M. le Président, que ces contrats
relèvent de l'autorité de notre ministère, et vous me
permettrez de demander au sous-ministre de compléter les renseignements
là-dessus.
M. Pigeon (Jacques): Oui. Nous avons entrepris...
Le Président (M. Maciocia): Voulez-vous vous identifier,
monsieur?
M. Pigeon: Jacques Pigeon, mon nom, sous-ministre des
Communications. Nous avons entrepris, il y a déjà un bon nombre
de mois de ça, de regarder la contribution que les industries des
communications pouvaient faire à un éventuel programme de relance
de la ville de Montréal. C'est dans ce contexte-la que nous avons
effectué un travail qui a d'ailleurs été ensuite soumis au
Comité ministériel sur le Grand Montréal et qui va
être incorporé dans ie grand projet que le gouvernement va se
donner dans le cadre de ses activités de relance de Montréal.
M. Boisclair: M. le Président, je remercie M. Pigeon de
cette réponse. J'aimerais qu'il soit consigné au
procès-verbal qu'on me fera parvenir
ces documents-là, si c'est possible, s'il vous plaît.
M. Cannon: Je n'ai pas d'objection, au contraire, à faire
parvenir nos documents. Toute la transparence possible pour le
député de Gouin.
Politique québécoise des
communications
M. Boisclair: Le programme 1, M. le Président, nous
amène à discuter de la politique québécoise sur les
communications. Un de ces éléments importants est le groupe de
travail Peters-Girard sur lequel le ministre nous a entretenus tout à
l'heure, M. Girard dont l'expérience et aussi l'expertise sont
reconnues, puisqu'il est lui-même un ancien président de
Radio-Québec. En juillet 1990, M. le Président, le
ministère des Communications du Canada annonçait la
création d'un groupe de travail, donc, sur la situation
économique de la télévision canadienne. Ce groupe a pour
mandat d'examiner la structure du réseau de télévision
canadienne et de faire les recommandations nécessaires au renforcement
de ses composantes; il doit également étudier le problème
de la concurrence, plus particulièrement sur le marché
francophone, plus exigu.
En septembre 1990, alors que le ministre fédéral faisait
connaître les noms des membres de ce groupe de travail, il
annonçait que le groupe devait soumettre son rapport en mars 1991. Nous
sommes en avril, M. le Président, et nous l'attendons toujours. Nous
devons constater aussi que, bien que la situation la plus dramatique se vive au
Québec - et c'est un commentaire du directeur des relations publiques du
ministère des Communications à Ottawa qui, effectivement,
souligne que la situation se vit de façon plus dramatique à
Montréal - l'initiative vient encore d'Ottawa.
Donc, j'aimerais demander au ministre: Est-ce qu'il est d'accord avec
son homologue fédéral pour dire que, d'une part, c'est au
Québec, à cause d'un marché exigu, que se vit avec plus
d'acuité ce problème-là? Quelles sont ses propositions
à lui dans ce dossier-là? Et aussi lui demander quand nous
connaîtrons les résultats du groupe de travail Peters-Girard qui
devait être terminé en mars.
M. Cannon: Sur la question des résultats quant aux
recommandations qui pourraient être formulées par le groupe
Peters-Girard, le député a lui-même répondu à
sa propre question en disant qu'il s'agissait là d'une initiative du
ministre fédéral des Communications. Donc, par conséquent,
le ministre fédéral des Communications, M. Masse, est libre de
déposer ou de retarder. Donc, la question devrait normalement s'adresser
à lui.
Je dirai par contre que j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Girard qui,
comme vous le savez, copréside ce comité, afin de lui faire
valoir pour l'essentiel la position québécoise en cette
matière, laquelle position a été largement décrite
dans les journaux en fin de semaine, à l'occasion de mon discours,
vendredi dernier, devant le Publicité Club. Si les membres de la
commission n'ont aucune espèce d'objection, je serai prêt aussi
à vous faire parvenir une copie de ce discours qui...
M. Boisclair: Je l'ai.
M. Cannon: ...résume essentiellement la position du
gouvernement du Québec là-dessus.
Pour la question plus large encore qui est celle de la politique des
communications du Québec, je rappellerai à mon collègue
que la dernière fois qu'une politique québécoise des
communications avait été initiée, c'était sous la
direction de Jean-Paul L'Allier, l'actuel maire de la ville de Québec,
et qui à l'occasion était le ministre des Communications sous le
régime du Parti québécois, et elle visait essentiellement
à rapatrier tous les pouvoirs. Il n'en avait pas, de vision des
communications. Ni Louis O'Neill ni Jean-François Bertrand n'ont
jugé opportun que le Québec se dote d'une politique des
communications, laissant faire, je présume, les instances
fédérales, laissant aussi le beau risque faire son chemin.
Moi, je vous dis que d'ici la fin de l'été nous aurons une
politique québécoise qui, comme je l'ai mentionné dans mon
intervention plus tôt, visera essentiellement à ce que nous
puissions répondre à des questions. Qu'allons-nous faire lorsque
nous aurons des juridictions et des compétences? Comment allons-nous
orienter non seulement l'industrie télévisuelle, mais aussi
l'informatique et tous les autres secteurs d'échanges
électroniques qui existent dans notre marché et dans notre
industrie québécoise?
Dans ce sens-là, je pense que le député conviendra
avec moi qu'il est tout à fait logique et normal que, à la veille
de nous remettre en question comme collectivité, nous nous devons, nous
aussi, de faire notre bout de chemin, aux Communications, afin de donner une
perspective et une orientation sur l'avenir dans ce secteur-là. Si le
député, en terminant, veut contribuer par ses propositions et ses
suggestions, je suis tout à fait heureux de les accueillir. Je l'invite
à le faire.
M. Boisclair: M. le Président, je remercie le ministre
pour son invitation, mais c'est d'abord lui qui a une responsabilité de
ministre. J'ai bien vu, cet avant-midi, qu'il avait bien hâte de se
retrouver dans l'Opposition pour nous poser des questions, mais c'est moi, a
l'heure actuelle, qui ai le privilège de poser des questions et c'est
lui qui a la responsabilité d'y répondre.
Effectivement, j'ai pris connaissance du discours qu'il a
prononcé au Publicité Club, mais
faut-il rappeler aussi ce que bien des gens en ont dit. Permettez-moi de
citer un article du Devoir: "M. Cannon n'a pas beaucoup discuté
de la seule télévision publique qui tombe sous sa
compétence, Radio-Québec, qui affronte une des pires crises de
son histoire depuis que le Conseil du trésor a refusé d'indexer
son budget." En d'autres mots, M. le Président, le ministre nous parle
beaucoup de ce qu'Ottawa devrait faire, mais il reste quelque peu inerte devant
la situation à Radio-Québec qui, pourtant, est sous sa
compétence.
M. le Président, ce que nous demandons, c'est: Quelles sont ses
propositions, au ministre québécois? Il nous dit qu'il a
rencontré son homologue fédéral. Il nous dit qu'il a eu
l'occasion d'en parler ou, en tout cas, qu'il l'a sûrement
déjà rencontré. Il nous dit qu'il a eu l'occasion de faire
valoir son point de vue à l'occasion de son discours au Publicité
Club. Ce que je lui demande: Sur l'espace télévisuel
québécois, quelles sont ses propositions, quelle est sa vision
des choses? Ou est-ce qu'il va attendre de se réfugier derrière
un comité fédéral et va-t-il attendre que ce comité
rende public son rapport avant de prendre position ou d'essayer d'influencer le
débat? De quelle façon veut-il l'influencer, ici au
Québec?
Récemment, on nous annonçait la mise à pied de
plusieurs employés à Télé-Métropole. On
pourrait parler tout à l'heure, et je le ferai, de
Télévision Quatre Saisons. Mais, ici au Québec, quelles
sont les propositions du ministre?
Le Président (M. Maciocia): M. le ministre.
M. Cannon: Le député vient de mentionner qu'il a eu
l'occasion de voir mon discours.
Malheureusement, je ne constate pas qu'il l'ait lu, ce discours...
M. Boisclair: Oui.
M. Cannon: ...puisque dans le discours il y retrouve des
éléments qui, notamment, font le tour de l'ensemble de
l'industrie télévisuelle au Québec, et ça inclut
à la fois la télévision publique et la
télévision privée. Mais, puisqu'il m'offre l'occasion de
pouvoir répondre à ses questions, vous me permettrez, M. le
Président, de prendre quelques instants du temps des gens de la
commission pour pouvoir résumer un peu ce que nous avons
discuté.
Alors, il faut comprendre que l'industrie télévisuelle au
Québec, et non seulement au Québec, mais en Amérique du
Nord, connaît des difficultés quand même circonstantielles,
lesquelles difficultés sont causées par la baisse de revenus.
D'où proviennent ces baisses de revenus? Bon, pour l'essentiel, ces
baisses de revenus proviennent du secteur des revenus autonomes, donc des
revenus de la publicité. Radio-Québec, Radio-Canada, les autres
télévisions dans le secteur privé ne sont pas
différentes de cette chose-là. Au fart, c'est, je pourrais dire,
le dénominateur commun qui rallie toutes ces forces-là.
L'action fédérale comme vous l'avez mentionné, a
été encle, jhée l'an passé et, au Québec,
nous avons fait des démarches et des propositions. Parmi les
propositions que nous avons faites... Simplement avant d'arriver
là-dessus, il faudrait aussi mentionner au député que ce
n'est pas simplement au Québec qu'on connaît des
difficultés dans cette industrie. CBS, je pense, et vous l'avez vu comme
moi, lundi ou mardi, annonçait la mise à pied de 400 de ses
employés. En France, c'est la catastrophe. En Suisse, c'est
également la catastrophe. Alors, le Québec n'est pas
épargné de ce mouvement que l'on voit se dessiner à
travers le monde. (17 heures)
Une des choses au niveau du secteur de la publicité, on s'est
aperçu que la publicité est en croissance depuis 1986. Pour la
période de 1986 à 1989, il y a une croissance au niveau des
revenus de publicité. De toute façon, à l'exception bien
sûr de cette année, où la stabilité, peut-être
la décroissance, mais les chiffres, nous ne les avons pas... mais la
prévision que nous pouvons en faire, c'est que, oui, il y a une
diminution pour cette année. Alors, grosso modo, c'est 395 000 000 $
à 400 000 000 $ de revenus de publicité qui sont
générés à travers les secteurs tant public que
privé.
Pourquoi le marché montréalais est différent depuis
maintenant plusieurs années? D'autres acteurs sont venus sur le terrain,
notamment l'introduction de la Télévision Quatre Saisons,
où le ministère québécois des Communications et
où le gouvernement du Québec s'y étaient opposés en
disant que l'assiette et le marché n'étaient pas suffisamment
grands, suffisamment larges pour pouvoir permettre l'introduction d'un autre
acteur. Mais, en dépit de tout cela, la décision a
été prise de permettre à TQS de pouvoir opérer une
station et, donc, une antenne.
À ça il s'est rajouté aussi l'introduction de la
télévision payante et cinq canaux spécialisés qui,
l'an passé, ont grugé à eux seuls 7 000 000 $ de
publicité. Ces phénomènes-là ont fait qu'on se
retrouve dans un marché où l'offre est de loin supérieure
à la demande, puisque Radio-Canada avait obtenu de la part...
Oui, M. le député.
M. Boisclair: Votre analyse du marché est des plus
pertinentes, M. le ministre, je ne voudrais pas vous interrompre
là-dessus, mais ce que je vous ai demandé, c'est: Qu'est-ce que
vous avez l'intention de faire devant cette situation-là?
M. Cannon: Non, mais c'est parce que...
M. Boisclair: Je crois que la situation, nous
la connaissons tous très bien.
M. Cannon: Non, bien, justement, M. le député, vous
m'avez fait la démonstration que vous ne la connaissiez pas, la
situation, et je me permets de vous livrer pour l'essentiel ce que j'ai dit
vendredi. Dans ce sens-là, pour bien comprendre le contexte
économique dans lequel nous nous trouvons et la raison pour laquelle
nous avons offert des solutions, il faut quand même comprendre et
être capable de diagnostiquer le marché, donc le secteur
industriel, de la même façon que moi. Est-ce que vous êtes
d'accord avec ça?
M. Boisclair: Oui. M. le Président...
M. Cannon: Oui, mais si vous voulez passer à autre chose,
allez-y.
M. Boisclair: ...nous pouvons chacun tirer notre analyse... Nous
pouvons chacun tirer nos conclusions quant à l'analyse du marché
et je pense, comme économiste, que je suis très bien placé
aussi pour tirer des conclusions. Je demanderais juste au ministre qu'il nous
parle de ses propositions d'action. Il nous parle de Télévision
Quatre Saisons et de Télé-Métropole, il nous parle de la
segmentation du marché, mais n'empêche qu'il reste silencieux
devant l'entente que TQS a signée avec Canwest Global qui aura comme
effet d'introduire possiblement une nouvelle chaîne dans l'espace
télévisuel québécois.
M. Cannon: Je comprends que le député est ambitieux
et qu'il veut passer ses "plugs" politiques, mais si le député,
encore une fois, avait lu mon discours, il se serait rendu compte que j'ai fait
un appel...
M. Boisclair: M. le Président, il ne peut pas...
M. Cannon: ...pour que nous puissions... M. Boisclair:
Vous savez comme moi...
M. Cannon: Si, M. le Président, je peux terminer et
compléter ma réponse...
Le Président (M. Maciocia): Oui. Juste un instant.
M. Boisclair: J'en fais une question de règlement. Vous
savez comme moi, M. le Président, que le ministre ne peut pas me
prêter des intentions et ne peut pas douter de la vérité et
de la véracité de mes propos.
M. Cannon: Je n'ai absolument, M. le Président...
M. Boisclair: Je l'ai lu, son discours.
Le Président (M. Maciocia): Absolument. Je ne crois pas...
Oui.
M. Cannon: ...nullement mis en cause la réputation ni
l'intégrité du député. Au contraire, je
présume qu'il l'a lu et je rafraîchis... et je rappelle à
sa mémoire ce qui a été dit vendredi, puisque ça ne
m'apparaft pas comme étant pertinent au moment où on se parle. Je
vais simplement lui rafraîchir... et lui dire que j'ai demandé,
à l'occasion de ce discours, M. le député de Gouin, qu'il
y ait un moratoire de cinq ans sur l'introduction de tout nouveau partenaire
dans l'industrie télévisuelle, et ça, je vous le rappelle
pour votre bonne gouverne et pour l'analyse et le diagnostic que vous
désirez faire dans le marché.
Mais je rappellerai aussi qu'en même temps j'ai demandé,
compte tenu du fait que l'offre est de loin supérieure à la
demande, à ce que Radio-Canada diminue les minutes publicitaires qui lui
sont consacrées actuellement par le CRTC, faisant passer de 12 à
8 minutes, afin de créer la rareté. Lui qui est économiste
doit savoir qu'il y a moyen de diminuer cette offre-là, donc d'augmenter
les prix. Nous avons, selon les autorités du ministère et les
collaborateurs ici, estimé que ça pourrait rapporter plusieurs
millions de dollars, je crois, aux alentours de 20 000 000 $.
À cela s'ajoute la nécessité de reconnaître -
et je l'ai dit à maintes reprises - le caractère distinct, compte
tenu du fait que le gouvernement fédéral - et je l'ai dit encore
une fois dans mon discours - a reconnu par le biais de la Loi sur la
radiodiffusion, C-40, le caractère équivalent ou, enfin, le
caractère distinct, mais l'équivalence quant à la
production française et à la production anglaise. Ce que nous
avons simplement demandé, c'est que cette équivalence soit
reconnue afin que nous puissions continuer le travail qui a été
fait par la Société Radio-Canada, lui fournir les outils pour
pouvoir continuer son ouvrage.
Donc, là nous estimons que, sans pour autant reconnaître
que le sous-financement est de l'ordre de 100 000 000 $ comme l'a dit M.
Delaney, nous croyons qu'avec 30 000 000 $ supplémentaires, le
gouvernement fédéral pourrait aider justement Radio-Canada
à passer à travers une période difficile, libérant
ainsi des revenus au niveau publicité pour le secteur privé et
aussi pour Radio-Québec qui, comme vous l'avez mentionné, n'est
pas étrangère. Elle oeuvre dans ce secteur d'activité
économique, donc par conséquent a aussi à faire face
à ces difficultés. Bon.
Ceci étant dit, une dernière mesure a été
proposée, celle de créer un bureau de commercialisation où
ensemble l'industrie télévisuelle, les partenaires dans le milieu
publicitaire, mais aussi
les dirigeants et les propriétaires de ces stations-là
pourraient mettre ensemble leur travail et aller solliciter auprès des
annonceurs nationaux, aller solliciter auprès de ces annonceurs la force
et mettre en évidence la qualité exceptionnelle des
télédiffuseurs québécois pour que ceux-ci puissent
porter le message publicitaire des annonceurs. Alors, en gros, vous avez, M. le
député, les éléments essentiels pour ce que nous
jugeons comme étant tout à fait normal quant à la relance
de ce secteur-là.
Simplement, pour conclure, vous dire que c'est tout près de 1 000
000 000 $ qui sont consacrés à la télévision tant
publique que privée, 400 000 000 $ qui proviennent de la
publicité, 400 000 000 $, Société Radio-Canada,
Québec, Radio-Québec, SOGIC, Téléfilm, etc.
Ça fait beaucoup d'argent sur la place publique et nous croyons que nous
pouvons être plus efficaces avec le dollar du contribuable, parce que, en
bout de piste, vous et moi, vous le savez, vous représentez des
électeurs, donc par conséquent des contribuables qui sont, eux,
tannés de ces chicanes stériles, qui sont tannés des
chevauchements et qui voudraient voir pour ce montant-là une
véritable télévision qui opère et qui fonctionne
bien sans que celle-ci soit assujettie, comme l'a été
Radio-Canada, à des coupures sauvages dans l'Est du Québec
où on prive 1 000 000 de population de nouvelles et de
télévision qui, normalement, lui étaient rendues par le
passé. Moi, je pense qu'avec le montant d'argent qui est là, il
est tout à fait normal que nous le fassions.
Dans le cas de Radio-Québec, nous avons été
particulièrement vigilants, parce qu'il aurait été
très facile pour Mme Bertrand et les gens du conseil d'administration de
dire: Nous allons fermer les régions et, voilà, nous allons
récupérer tous ces montants d'argent là. Ce n'est pas le
cas, ce n'est pas ce que nous avons fait. Ce qui a été fait,
c'est justement de maintenir les régions, mais aussi de permettre une
augmentation au niveau de la coproduction. Voilà le secteur
télévisuel.
M. Boisclair: Je vois, M. le Président, que le ministre
avait hâte de nous parler de Radio-Québec. Il a ouvert la porte.
Mais, avant d'y arriver, ma compréhension des faits est quelque peu
différente de celle du ministre. Je comprends qu'il a effectivement
demandé un moratoire sur l'introduction de nouvelles chaînes, mais
cependant, et qu'il me corrige si je suis dans l'erreur, ma
compréhension des choses, c'est que TQS, Télévision Quatre
Saisons pourrait être temporairement sauvée à cause de
l'entente qui est intervenue avec Canwest Global qui investira une somme
importante. On parle de quelque chose de l'ordre de 65 000 000 $ dans CFCF,
mais l'entente aussi, telle qu'elle a été signée,
prévoit que CFCF déposera une demande auprès du CRTC pour
obtenir l'autorisation de diffuser à
Montréal le signal de Global. C'est l'entente telle qu'elle est
intervenue.
À moyen terme, malgré les propos du ministre, cela
voudrait dire la venue d'une troisième télévision
anglophone au Québec, ce qui porterait le total des te.avisions à
sept dans le marché québécois. Le ministre sait fort bien
que la seule intervention qu'il peut faire, c'est de déposer un
mémoire au CRTC, et qu'à ce titre il peut, bien sûr,
intervenir politiquement auprès de son homologue, et souvent nous savons
que les relations se font de gouvernement à gouvernement, mais
n'empêche que c'est le CRTC qui aura à prendre une décision
et que le ministre a bien peu d'influence sur les décisions qui
interviendront au CRTC. Malgré le moratoire qu'il a demandé, ma
compréhension des choses est que le danger demeure et que nous risquons
fort, compte tenu de l'entente qui a été signée pour
sauver Télévision Quatre Saisons, de nous retrouver avec une
troisième chaîne anglophone à Montréal.
M. Cannon: Je pense qu'il ne faut pas, quand même,
être alarmiste, là, quant à l'intention du nouveau
propriétaire ou, enfin, celui qui a injecté de l'argent dans
l'entreprise. Vous avez vu comme moi le communiqué de presse qui parlait
de tout cela et la position qu'a prise M. Pouliot, mais aussi son
vice-président, M. Bélanger.
Vous l'avez mentionné, c'est sûr que ça ne
relève pas de notre juridiction, mais il faut faire preuve de vigilance
dans ce dossier-là. Il faut être en mesure de pouvoir
défendre les intérêts du Québec dans ce
dossier-là. Je l'ai mentionné, je le réclame, je tiens
à ma position et je pense que vous êtes solidaire avec moi
là-dessus, que nous ne pouvons pas permettre, comme
société québécoise et aussi du point de vue
économique, l'introduction d'une nouvelle chaîne, d'un nouveau
signal au Québec. Il faut que le marché québécois
puisse se stabiliser, se résorber avant même que nous songions
à faire quoi que ce soit de ce côté.
Encore une fois, j'invite les députés à la plus
grande prudence dans ce dossier-là. Il ne faut pas être alarmiste,
il ne faut pas, justement, croire que par exemple TQS va aller
spécifiquement à rencontre de la déclaration qu'elle a
faite devant le comité Peters-Girard, où elle a identifié
comme étant la problématique majeure dans son industrie
l'introduction de nouveaux partenaires. Ça serait tout à fait
irresponsable, voire, je dirais, irrégulier de sa part,
incohérent de sa part, deux mois, ou trois mois ou quatre mois
après avoir présenté devant Peters-Girard une position, de
demander de modifier cette position-là en disant: On voudrait avoir une
nouvelle antenne.
Alors, nous allons suivre ça avec beaucoup
d'intérêt, et la vigilance s'impose, vous avez raison
là-dessus. Mais je suis sûr et certain que
ces entreprises-là sont des entreprises privées, qu'elles
investissent nécessairement pour pouvoir faire de l'argent et que le
contexte actuel, comme vous l'avez mentionné et comme vous l'observez,
et à juste titre, comme moi, n'est pas un contexte qui se prête
à la rentabilité de cette entreprise et des partenaires dans
l'industrie.
Le Président (M. Maciocia): M. le député de
Gouin, juste un instant, j'ai une demande de la part du député de
LaFontaine.
M. Gobé: Oui. Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir de vous avoir à cette présidence aujourd'hui.
M. le ministre, un peu dans le même ordre d'idées, vu qu'on
est au programme 1 et qu'on parle de politique québécoise sur les
communications, entre autres, et affaires fédérales-provinciales
aussi, bien entendu, il y a quelque chose qui m'a toujours beaucoup
affecté. Ça fait plusieurs années que je pose la question
et je n'ai pas eu de réponse satisfaisante, sinon je ne reviendrais pas
avec maintenant. Ça m'est revenu à de nombreuses reprises dans
les discussions avec des citoyens ou avec des gens. Comment se fait-il, M. le
ministre, qu'une chaîne de télévision...
Vous savez qu'à Montréal, on a le câble, comme dans
beaucoup de régions du Québec. Il y a à peu près
24, 25 canaux de télévision; certains sont très
intéressants, d'autres le sont un peu moins à l'occasion; on y va
de Télé-Rencontres en passant par l'encan Sablier, la
météo, The Gazette, enfin, toutes sortes de choses,
là. Vers 2 heures du matin, il y a des jeux vidéos. Enfin, il
manque juste les messageries roses, là, puis je pense que, un peu comme
ils ont à Paris, on aurait couvert tout le spectre de ce qui peut se
faire dans une télévision.
Comment se fait-il que, dans le temps, on avait une chaîne qui
s'appelait TVOntario? C'était distribué au canal 24. La semaine
était diffusée en anglais, et je vais y venir, et la fin de
semaine était diffusée en français, et je vais y revenir.
On va commencer par la première. Ma première question, dans le
temps, avait été, mes premières interrogations: Pourquoi
et comment se fait-il qu'au Québec, société
majoritairement francophone, qui a pour but de faire la promotion de la langue
française, on reçoive une télévision qui s'appelle
TVOntario la semaine alors que la fin de semaine ils diffusent en
français? (17 h 15)
À l'origine, j'avais cru qu'ils diffusaient en Ontario seulement
en français les fins de semaine et que la semaine c'était en
anglais, que c'était peut-être parce que les francophones de
l'Ontario travaillaient la semaine et que seulement la fin de semaine ils
avaient le temps de les voir, mais très vite je me suis rendu compte que
c'était une chaîne à part entière qui existait, qui
avait une mission culturelle et non pas politique comme telle, non pas
d'information, mais culturelle. C'était un peu le PBS ontarien
francophone, un peu le Radio-Québec ontarien, un mélange FR3
français, quelque chose d'assez intéressant, quelque chose qui
pouvait avoir aussi bien des émissions pour enfants, éducatives,
des émissions pour les cinéphiles.
On voit des films extrêmement importants qu'on ne voit dans aucun
autre canal de télévision. Même Radio-Québec a de la
difficulté à nous présenter les Jean de Florette et
compagnie, ancienne version. Ils nous présentent les nouvelles, mais les
anciennes, les vieilles, celles qui avaient quelque chose de culturel,
d'intéressant - je ne veux pas dire que les autres ne le sont pas
actuellement - les origines du cinéma, des choses qui nous
ramènent à la base de la culture francophone des 50, 60
dernières années, des choses qui permettraient à
tous...
Je vois le député de Gouin qui rigole, mais c'est vrai que
dans ce temps-là il n'était pas né...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gobé:... et il ne sait pas de quoi je parle, M. le
Président, parce que, justement, il ne le voit pas. Il ne le voit pas,
on ne lui transmet pas, dans notre société, ces
valeurs-là, toutes ces choses qui sont faites par le cinéma. En
tout cas, c'est le véhicule moderne depuis 30, 40 ans de diffusion de la
culture. C'est évident que ça peut le faire sourire, mais il n'en
reste pas moins que ces oeuvres, entre autres, cinématographiques, ont
transmis un certain nombre de valeurs à travers notre
société, et je trouve dommage qu'on les voie peu ou pas, ou
rarement sur nos chaînes à nous.
Il se trouvait que cette chaîne, TVOntario - je ne veux pas faire
la promotion du gouvernement ontarien, loin de moi cette idée; je parie
sur un point de vue uniquement culturel - diffusait entre autres ces
émissions-là.
Il arrive, M. le Président, qu'au lieu de voir sur les
chaînes, à l'heure dîner, à l'heure de ce qu'on
appelle le souper ici au Québec, lorsque les enfants sont devant la
télévision, sur toutes les chaînes c'est des nouvelles,
c'est des téléséries, enfin, toutes sottes de choses.
À Radio-Québec il y a une table ouverte.
Une voix: Passe-Partout.
M. Gobé: II y a une gang de gens qui discutent et qui
essaient de refaire la société à leur manière.
Une voix: Passe-Partout.
M. Gobé: Passe-partout, mais ça, c'est pour les
plus jeunes, bien entendu, les petits. Je ne pense pas qu'à 8, 9, 10, 11
ans, 12 ans on
regarde encore Passe-Partout; du moins, ma fille à moi, à
11 ans, ne le regarde plus.
Quand vous regardiez TVOntario, M. le Président, même si
elle était en anglais à cette époque-là, il y avait
des émissions éducatives pour enfants. TVOntario en
français, à cette heure-là, diffuse des émissions
éducatives. Quand on voit qu'il y a 22 sur 22 ou 23 chaînes sur le
câble, à Montréal, il y a, quoi, TQS, TVA,
Radio-Québec, Radio-Canada, TV5, il y en cinq qui diffusent des
émissions en français, avec un minimum d'éducation. Si on
appelle la Roue de fortune ou si on appelle les émissions de TVA
culturelles, TQS, c'est la même chose, Radio-Québec dans les
nouvelles...
À Radio-Québec, on a un débat autour d'une table
avec Jean-François Bertrand ou je ne sais pas trop qui. Et puis à
Radio-Canada, bien, là, eux, ils tombent dans les nouvelles aussi, puis
à TV5, bien, ils nous passent le TF1, ou FR3, ou la Belgique ou la
Suisse.
Très beau, pour un gars qui vient de la France, d'origine comme
moi, je trouve ça intéressant. Bon, ça apporte un vision
un peu différente, mais, pour un enfant de 11 ans qui est né au
Québec, vous savez, à l'heure du dîner le soir, ce qui
s'est passé à Paris ou à Bruxelles, pour lui ce n'est pas
forcément un meilleur impact éducatif.
Moi, je me pose la question, M. le Président, pourquoi, alors
qu'au Québec on est une société minoritairement
francophone en Amérique du Nord - on le dit partout et on se plaint
partout, on veut même se séparer du reste du Canada parce qu'on
est minoritaire et on veut se protéger, le principe de la cloche
à fromage - on a une télévision francophone qui est faite
à nos frontières, qui utilise, M. le Président, M. le
ministre, des artistes québécois. Parce que très souvent
les productions de TVOntario, en français, sont fartes avec des artistes
québécois, du Québec. Donc, ça crée des
emplois pour ces gens-là. Ça a des retombées ici au
Québec aussi, mais ça apporte aussi un message culturel
francophone un peu différent du nôtre, parce qu'il est vrai que la
réalité des Franco-Ontariens n'est pas forcément la
même réalité tout à fait semblable à celle
des Québécois. Mais le TV5, alors, parlez-m'en pas, la
réalité est complètement différente. On a
peut-être plus d'intérêt à voir la
réalité franco-ontarienne de TVOntario que la
réalité française ou belge de TV5.
M. le ministre, pourquoi un gouvernement comme le nôtre n'oblige
pas les câblodistribu-teurs à diffuser non pas TVOntario en
anglais, on n'en a pas besoin, on en a assez... Il y en a deux, PBS, et on a
toutes les émissions anglophones. On a le 12, on a CJOH d'Ottawa,
Cornwall, ça vient chez moi, là, à
Rivière-des-Prairies, dans ma maison. Qu'est-ce que ça peut bien
me faire, ça, CJOH? Qu'est-ce que ça me change? J'ai assez de
CFCF.
Par contre, lorsque les ondes sont embouteillées par, des fois,
des productions qui sont de peu de qualité éducative, ou des
émissions à bon marché parce que les gens, à
Montréal, le marché étant tellement saturé, n'ont
plus les moyens ou ont peu de moyens pour faire de la production
d'émissions intéressantes, pourquoi nous privons-nous, M. le
ministre - je vous vois sourire et j'aimerais que ce soit de joie devant ma
question - pourquoi privons-nous les Québécois francophones, les
seuls francophones en Amérique du Nord, d'une autre chaîne de
télévision qui nous coûterait peu, si ce n'est rien, alors
qu'elle est disponible à notre porte? Est-ce que c'est pour des raisons
de politique? Est-ce que c'est parce que votre ministère n'y a jamais
pensé? Est-ce que c'est parce que les câblosélecteurs n'en
veulent pas? Est-ce que c'est parce que les télédiffuseurs font
de la pression pour ne pas voir une autre station de télévision
qui prend l'auditoire pour la cote d'écoute? Ou est-ce simplement parce
que les relations fédérales-provinciales ne l'ont pas permis? Ou
est-ce que c'est parce que nous n'avons pas de relations Québec-Ontario
en matière de télécommunication? Je ne sais pas, il y a
différentes causes possibles.
Pourriez-vous, M. le ministre, m'expliquer et expliquer en même
temps à tout le monde qui nous écoute? Parce que c'est une
question, je pense, importante lorsqu'on parle de quelque chose qui renforce la
présence télévisuelle francophone au Québec.
Sans vouloir faire de verbiage, je vous dirai que la majorité de
nos jeunes passe plus de temps devant la télévision
française que devant l'édition. Pourtant, on a fait, il n'y a pas
si longtemps que ça, des manifestations et des pétitions pour
empêcher qu'on mette la TPS sur les livres. Il y a combien de jeunes qui
lisent, M. le Président, par rapport à ceux qui regardent la
télévision? Je me serais attendu à ce que les mêmes
personnes qui mettaient une pétition sur les livres fassent une
pétition pour qu'on ait TVOntario, si vraiment ils voulaient
défendre la culture ou défendre la langue française, la
culture française.
Voilà, M. le ministre, les questions que je me pose et sur
lesquelles j'aimerais que vous élaboriez, si vous le pouviez, et que
vous m'expliquiez...
Le Président (M. Maciocia): M. le ministre.
M. Cannon: Merci. On se croyait un peu à
l'Assemblée nationale, vous me traitiez de président; ça
me rappelle des souvenirs, alors que je présidais les travaux.
M. Gobé: Ah oui, c'est vrai.
M. Cannon: Simplement, je suis convaincu que le
député de Gouin, malgré son jeune âge, a
eu l'occasion de voir tous ces films-là à (a
télévision de Radio-Québec. Il contribue à
ça. Mais, sur la question de Télévision Ontario, qui est
la télévision éducative aussi, il faut dire que le
problème en est un de droits d'auteur. Je l'ai souligné dans les
remarques préliminaires que j'ai eu l'occasion de vous faire plus
tôt, et il faut se rappeler qu'en gros, le principe, c'est que les
entreprises de câble, les câblodistributeurs doivent payer pour un
signal, un signal éloigné, dépendant de la provenance de
ce signal-là, et en conséquence c'est modéré ou
pondéré par le nombre d'abonnés à ce réseau
de câble, ce qui fait qu'il y a un montant qui est versé à
la Commission du droit d'auteur pour que celle-ci puisse répartir ces
sommes d'argent.
CFCF, qui était celle qui portait TVOntario, en voyant
l'imposition du montant que devait verser cette compagnie à la
Commission des droits d'auteurs, a décidé de pouvoir porter le
signal américain de PBS, plutôt, puisque ce signal était
plus rapproché, donc par conséquent venait meubler la disparition
d'un canal spécialisé par l'introduction d'un autre canal qui
coûtait moins cher.
J'ai eu l'occasion de rencontrer le ministre fédéral des
Communications, bien sûr, à ce sujet, en compagnie de mon
collègue ici, le sous-ministre. Nous avons fait le tour de la question.
Je vous dirai bien confidentiellement qu'il a reconnu, je dirais,
l'incohérence de la décision du gouvernement
fédéral dans la question des droits d'auteur et qu'il s'est
engagé résolument à travailler afin que nous puissions
déterminer des critères qui tiennent compte davantage de la
spécificité du Québec, c'est-à-dire du
marché québécois.
Il faut dire aussi, M. le député, en terminant, que,
compte tenu des directives, des règlements et des lois qui existent, il
aurait fallu à TVOntario, si elle envoyait son signal au Québec,
payer des droits nationaux de la même façon que si
Radio-Québec envoyait son signal au Nouveau-Brunswick. Elle le fait
déjà, mais elle est obligée de payer des droits nationaux
d'auteur. Dans ce sens-là, la Télévision Ontario avait
refusé de le faire. C'est un peu, là, l'envers de la
médaille, si vous voulez, pour vous fournir l'explication.
Mais, oui, il est tout à fait normal que nous devions multiplier
les efforts. Je connais votre préjugé favorable pour TV5 et je
connais le préjugé favorable pour bon nombre de
Québécois pour permettre, dans la gamme de canaux
spécialisés, de pouvoir offrir une variété de
canaux qui, eux, sont francophones et qui permettent justement de solidariser
et de renforcer, je dirais, la communauté culturelle francophone du
Québec, et il me semble que c'est notre devoir de le faire.
M. Gobé: Oui, M. le ministre...
M. Boisclair: Est-ce qu'il y a alternance? Le Président
(M. Maciocia): Oui.
M. Gobé: Bien, je pense que je n'ai pas parlé
beaucoup jusqu'à date.
Le Président (M. Maciocia): O.K...
M. Gobé: M. le député va avoir amplement le
temps, par la suite. J'ai une autre question, mais dans d'autres programmes,
plus tard. Vous aurez au moins trois programmes pour vous tout seul.
M. Boisclair: Est-ce qu'il y a alternance?
M. Gobé: M. le ministre, c'est le même sujet.
Le Président (M. Maciocia): Un instant, M. le
député. Est-ce que c'est sur le même sujet?
M. Boisclair: Bien, c'est parce que c'est...
M. Gobé: Bien, je n'ai pas fini ma réponse à
la question.
M. Boisclair: Non, vous devez, M. le Président, si je ne
m'abuse, et corrigez-moi si je me trompe, faire respecter la règle de
l'alternance.
Le Président (M. Maciocia): Oui.
M. Boisclair: Si j'ai eu l'occasion de poser plusieurs questions
de suite, c'est qu'il n'y a personne qui s'est manifesté. Moi, je
voulais tout simplement revenir - ce n'est pas sur le même sujet du tout
- sur le sujet que je débattais tout à l'heure qui est l'entente
qui a été signée entre TQS et Global.
M. Gobé: Mais je pense qu'on a droit à 20 minutes
par intervention, M. le...
Le Président (M. Maciocia): Oui. Seulement, vous
savez...
M. Gobé: Est-ce que j'ai utilisé les 20
minutes?
Le Président (M. Maciocia): Non. Vous avez raison, M. le
député de LaFontaine, seulement, quand même, l'alternance
est, disons, de rigueur à un certain moment.
M. Gobé: Oui, mais une intervention...
Le Président (M. Maciocia): Mais seulement, s'il y a du
bon vouloir d'un côté et de l'autre, alors à ce
moment-là il n'y a pas de problème.
M. Gobé: O.K. Est-ce que tu permettrais trois minutes?
M. Boisclair: Oui, oui. Rapidement.
M. Gobé: O.K. Je comprends. Après ça, tu as
au moins deux programmes tout seul parce que je n'ai pas de question sur ceux
qui suivent pour l'instant...
Le Président (M. Maciocia): Allez-y, monsieur.
M. Gobé: M. le ministre, est-ce qu'il n'y aurait pas un
intérêt de communiquer avec votre collègue de la culture?
Car, lorsqu'on sait que TVOntario français utilise un certain nombre de
productions québécoises... D'accord? Est-ce qu'ils doivent avoir
des retombées économiques? Parce qu'ils ne doivent pas les avoir
gratuitement, ces productions-là. Est-ce qu'il n'y aurait pas un
intérêt à ce que, entre le ministre de la culture du
Québec et de l'Ontario, les Communications du Québec et de
l'Ontario il puisse y avoir une sorte de concertation qui ferait en sorte que
les productions québécoises télévisuelles puissent
être diffusées par TVOntario? Et nous pourrions peut-être
avancer l'idée qu'en contrepartie nous pourrions avoir une certaine
entente quant à la réception de leurs signaux sur le câble,
afin de... Ça aiderait tout le monde parce que, s'ils diffusent plus,
bien, nos acteurs à nous, nos Serge Turgeon et compagnie, vont
être contents probablement, parce que c'est une audience pour eux, c'est
des contrats pour eux, en tenant compte aussi que cela peut amener pour la
francophonie québécoise un atout supplémentaire.
Je crois que lorsqu'on parle de francophonie, d'après ce qu'on
peut voir, il n'y a pas de coût qui existe, parce qu'on a fait une
Bélanger Campeau parce qu'on n'était pas satisfaits de notre
spécificité culturelle; c'était pour savoir où on
s'en allait au niveau de la langue, de la culture. Parce qu'on est prêts
à aller dans des choses comme celles-là. Je crois qu'on devrait
être capables de tout mettre en oeuvre pour protéger notre culture
et notre langue et je me demande si le fait d'ajouter un canal de
télévision francophone, même s'il vient d'Ontario, à
notre grille montréalaise où on est noyés par les ethnies
qui s'en viennent... Il y a la télévision italienne à
Montréal, grecque, puis on bloque TVOntario. Alors, imaginez, pour
l'intégration des immigrants, plus ça parle français
à la télévision, meilleur c'est.
Alors, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, là, de peut-être
sortir des ornières actuelles, puis de faire bouger un peu le
fédéral - je sais que ce n'est pas facile pour vous, M. le
ministre, on sait que vous faites beaucoup d'efforts de ce
côté-là - et puis de voir s'il n'y aurait pas moyen de
demander aux gens de travailler sur ce dossier-là pour essayer d'arriver
à quelque chose? Si on travaille pour essayer,
généralement, avec bonne volonté, ça prend un peu
de temps, c'est vrai, mais on finit toujours par arriver à quelque chose
de satisfaisant pour tout le monde et, vous con aissant, M. le ministre, et
votre côté positif, je suis certain que ça ne prendrait pas
grand temps pour que vous obteniez des résultats et puissiez satisfaire
tous les Montréalais en particulier, là, qui étaient
heureux de cette télévision, mais surtout tous les
francophones...
M. Cannon: Merci, M. le député.
Le Président (M. Maciocia): M. le ministre.
M. Gobé: ...et j'ai terminé, après
ça.
M. Cannon: II faut dire que, oui, on m'indique qu'il y a eu, par
le passé, des efforts qui ont été consentis afin
qu'à la fois au Québec et en Ontario on puisse regarder, je
dirais, à accentuer et à développer des rapprochements.
Mais il faut dire aussi que les intérêts ne convergent pas
toujours en même temps. (17 h 30)
Comme élément d'information aussi, je vous dirai que
l'écoute demeure quand même très marginale. L'observation
que l'on faisait, à l'époque, de l'auditoire qui captait le
signal de TVOntario, était de moins de 1 %, tout en reconnaissant, par
ailleurs, la nécessité, comme vous l'avez dit et à juste
titre, de renforcer, dans la mesure du possible, les signaux en provenance
d'endroits où la francophonie peut exceller et où elle se trouve.
Ça nous apparaît intéressant. Mais il y a toujours un
coût économique rattaché à ça et, comme je
l'ai mentionné plus tôt, j'estime que la meilleure chose à
faire, c'est que le gouvernement fédéral modifie ses
critères quant à l'imposition des droits d'auteur et qu'il
permette, justement, une meilleure accessibilité, surtout pour les
produits qui sont consommés ici au Canada, afin que nous puissions avoir
une libre circulation, je dirais, des biens et des produits. Alors, les
représentations sont faites. J'ai là-dessus la complicité
totale du ministre fédéral des Communications qui lui aussi a
dénoncé, comme je l'ai mentionné plus tôt,
l'illogisme de cette décision. Mais ça, c'est entre vous et moi
et il ne faut pas le répéter trop fort.
M. Gobé: Merci beaucoup. Nous sommes satisfaits. On
souhaite bonne chance aux démarches qui vont être entreprises.
J'espère que, l'année prochaine, on pourra en reparler pour vous
féliciter des résultats.
Le Président (M. Maciocia): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Je voudrais revenir rapidement
à l'entente sur le sujet qu'on discutait, avant de passer
à un autre intervenant. Quelle est votre position, M. le ministre, sur
cette entente? Est-ce que vous l'approuvez ou est-ce que vous la
désapprouvez? Quelles sont les conditions que vous allez y mettre?
Est-ce que vous avez l'intention de déposer un mémoire au CRTC,
puisque cette entente devra être approuvée par le CRTC? Votre
ministère, par le passé, a parfois déposé des
mémoires devant le CRTC, sans aller présenter lui-même les
mémoires. Est-ce que c'est de votre intention de présenter un
mémoire au CRTC? Et si oui, quelle position allez-vous défendre?
Et, de façon générale, est-ce que vous approuvez
l'entente?
Le Président (M. Maciocia): M. le ministre.
M. Cannon: Oui, merci. À la question, directement, je
dirais au député de Gouin que ça va dépendre, bien
sûr, de la manière dont sera formulée la requête
devant le CRTC. Comme on m'indique, ou bien on convertira CFCF, ou bien on
rajoutera. Je pense que le temps nous l'indiquera et la vigilance dans ce
secteur-là s'impose, bien sûr. Sur la question plus précise
quant à notre position de voir un autre partenaire financier venir en
aide à CFCF, je ne peux que me réjouir de voir qu'il y a d'autres
partenaires canadiens qui viennent rajouter, dans les liquidités de
l'entreprise, des montants substantiels qui permettent à
Télévision Quatre-Saisons de pouvoir continuer son travail et de
vivre dans un marché, comme on l'a mentionné vous et moi,
hautement concurrentiel et très compétitif. Alors, on ne peut pas
s'offusquer, s'opposer à ce qu'il y ait des investisseurs qui viennent
investir dans la télévision de chez nous, mais, encore une fois,
je vous rappelle que ça se fait dans le respect des autres. J'ai
indiqué un moratoire et je suis convaincu que ceux et celles qui
dirigent ce poste-là auront aussi à coeur les
intérêts du public qu'ils desservent, donc les
intérêts du Québec et des Québécois.
M. Boisclair: Est-ce que vous êtes prêt à
aller défendre ce moratoire-là devant le CRTC?
M. Cannon: Je pense que le CRTC demeure un organisme
"régulatoire" sur le plan politique. Je pense que c'est clair. Celui qui
vous parle est allé faire une déclaration politique qui lie le
gouvernement du Québec. Lorsque je dis que, pour cinq ans, nous voulons
un moratoire, je parle au nom de mon gouvernement et c'est un message clair aux
politiciens à Ottawa qui font partie non seulement du cabinet, mais
aussi de la Chambre des communes comme députés, qui connaissent
l'urgence, et je ne crois pas avoir besoin de convaincre mon homologue au
fédéral de cette nécessité, lui qui connaît
depuis longtemps, par l'introduction de la commission Peters-Girard et la mise
sur pied de Peters-
Girard, cette nécessité de faire quelque chose dans
l'industrie.
M. Boisclair: !! n'empêche que le CRTC jouit d'une
très grande autonomie à l'égard du gouvernement
fédéral. Est-ce que vous avez l'intention de défendre
cette position devant l'organisme qui aura à prendre la décision?
Malgré les intentions politiques énoncées par notre
gouvernement du Québec et par le gouvernement fédéral, il
n'en demeure pas moins que l'organisme qui aura à prendre une
décision, c'est le CRTC, ce n'est pas le Conseil des ministres. Il y a
eu une modification, là, il y a peut-être un certain pouvoir,
j'aimerais peut-être qu'on me... Il y a un pouvoir de directive?
M. Cannon: II y a un pouvoir de directive, puis peut-être
que M. Pigeon peut vous fournir les réponses.
M. Boisclair: Depuis récemment, je crois. Le
Président (M. Maciocia): Oui, M. Pigeon.
M. Pigeon: Jacques Pigeon, mon nom. La loi fédérale
sur la radiodiffusion a été adoptée par la Chambres des
communes et le Sénat il y a déjà quelques semaines. Elle
n'est pas encore entrée en vigueur, à ma connaissance, ou elle
doit entrer en vigueur d'ici quelques jours. La loi change la structure des
pouvoirs et donne un pouvoir de directive au ministre qui, j'imagine, pourrait
lui permettre de tracer un peu le cadre à l'intérieur duquel le
CRTC serait obligé d'opérer, entre autres en s'appuyant sur la
reconnaissance du caractère distinct ou la structure du marché.
Il y a des possibilités, en vertu de la nouvelle loi, que le ministre
fédéral pourrait utiliser, qui n'existaient pas en vertu de la
loi de la radiodiffusion à l'heure actuelle. C'est pour ça que
c'est difficile de dire à ce moment-ci, ne connaissant pas la nature de
la requête et ayant des nouveaux véhicules qui pourraient
s'offrir, quel est celui qu'on conseillerait au ministre dans ces
circonstances-là.
M. Boisclair: De façon plus générale, sur le
dossier qui est à l'heure actuelle devant le CRTC, celui de la
concurrence, de façon plus générale, est-ce que vous avez
déposé un mémoire devant le CRTC?
M. Cannon: Vous vous référez à Bell-Unitel,
je présume?
M. Boisclair: Non, non, non. M. Cannon: Non?
M. Boisclair: Je parle de ce qui se discute à l'heure
actuelle à Radio-Canada, les régions et tout ça.
M. Cannon: Ce n'est pas sur la concurrence, M. le
député, là.
M. Boisclair: Non, je m'excuse, ce n'est pas sur la concurrence,
effectivement, c'est sur le rôle en région, je m'excuse.
M. Cannon: Oui. Bien ça, on a fait une intervention
politique, je pense que vous avez une copie...
M. Boisclair: Oui, j'ai vu, effectivement, la lettre.
M. Cannon: ...de ce que j'ai envoyé à M. Colville,
de ce que j'ai envoyé à M. Masse. Un peu comme le sous-ministre
vient de le dire, politiquement, nous voulons choisir le meilleur
véhicule possible pour faire valoir la position. C'est encore une fois
cette notion de reconnaître les équivalences entre la
Société Radio-Canada et CBC. C'est pour ça que, vendredi
dernier, on a réclamé aussi un montant qui, lui, servirait
à combler ce manque à gagner au niveau du sous-financement. Je ne
sais pas si ça répond à votre question?
M. Boisclair: Oui, ça répond très bien.
À l'époque, une des premières interventions que j'ai eu a
faire comme porte-parole en matière de communications était sur
le dossier des quotas de chansons françaises sur les radios. J'avais
pris connaissance du mémoire déposé par le gouvernement du
Québec, c'était un mémoire conjoint, à
l'époque, qui avait été déposé par le MCQ
puis le MAC, le ministre des Affaires culturelles. On m'avait fait part d'une
certaine volonté. Est-ce qu'il est de votre volonté de continuer
cette pratique de déposer des mémoires devant le CRTC ou si vous
allez privilégier les relations de gouvernement à
gouvernement?
M. Cannon: M. Pigeon peut peut-être vous familiariser avec
ça.
M. Pigeon: Oui, peut-être, sur deux éléments.
Les comportements que nous adoptons dépendent de la nature des dossiers.
Lorsque, par exemple, il s'agit d'entreprises monopolistiques, dans le domaine
des télécommunications, le gouvernement du Québec
intervient comme partie au dossier. Lorsqu'il s'agit de secteurs qui sont
compétitifs, le gouvernement du Québec essaie de se tenir
au-dessus de la mêlée et intervient au niveau des politiques, au
niveau des choix, au niveau des orientations. Voilà la ligne de conduite
que les différents ministres qui se sont succédé au
ministère des Communications ont adopté au cours des
dernières années. Alors, l'ordre des choses est un peu
modifié avec la nouvelle loi de la radiodiffusion. Nous intervenons
généralement sur les questions de principe, comme nous l'avons
fait pour les quotas sur la musique francophone, s'il s'agissait d'une
réorganisation de la structure et du système, mais nous
préférons toujours le faire par la voie politique quand c'est
possible plutôt que d'aller confronter l'organisme de
réglementation avec des choix politiques comme tus.
M. Boisclair: Deux autres questions sur le dossier, toujours dans
le programme 1, sur les relations fédérales-provinciales.
À l'époque, il y avait un certain nombre de craintes qui avaient
été exprimées, si je ne me trompe pas, par l'Institut
canadien d'éducation des adultes, sur la possibilité que tout le
secteur de la télévision éducative tombe sous la gouverne
du fédéral. C'est une crainte qui avait été
soulevée, dont on avait débattu. Je ne sais pas si la
réflexion, ou si vous avez eu un certain nombre de commentaires de
juristes ou de constitutionnalistes sur cette question-là, s'il y a des
modifications qui ont été apportées dans la loi qui a
été adoptée par la Chambre des communes et qui n'est
toujours pas en vigueur.
Le Président (M. Maciocia): M. Pigeon.
M. Pigeon: Je peux répondre à ça, M. le
ministre d'aujourd'hui n'y était pas à ce moment-là. La
ministre d'alors avait fait des revendications et des représentations
verbales, écrites et documentées que nous avions aussi
transportées dans le cadre...
M. Boisclair: Ça ne me surprend pas, M. Pigeon.
M. Pigeon: ...de l'entente de concertation et d'harmonisation et
nous n'avons pas eu vraiment de réponse intelligente et
structurée venant du gouvernement du Canada. Il a continué son
bonhomme de chemin sous la pression principalement du président de
TVOntario dont on a évoqué les activités tout à
l'heure, qui avait monté un lobby à tout casser pour faire en
sorte...
M. Boisclair: Figurer.
M. Pigeon: . ..d'abrier un peu la télévision
ontarienne dans le cadre de la loi fédérale.
M. Boisclair: Alors, c'est le statu quo, si je comprends
bien.
M. Pigeon: C'est le statu quo.
M. Boisclair: Et est-ce que...
M. Pigeon: Alors, le débat politique...
M. Boisclair: Et le débat politique, je présume, M.
le ministre, que c'est un...
M. Pigeon: Là, le ministre va le reprendre
avec sa politique dont il a parlé tout à l'heure.
M. Boisclair: C'est un dossier qui, je présume, doit vous
préoccuper au plus haut point.
M. Cannon: Ça va faire partie de l'ensemble du document
qui sera déposé, qui sera élaboré dans la politique
des communications.
M. Boisclair: Oui. Pour en revenir encore sur un autre
élément, qui peut-être sera résolu dans cette
politique à venir dont j'aimerais peut-être discuter tout à
l'heure, il y a un débat qui a fait couler beaucoup d'encre aussi, sur
lequel est intervenu à plusieurs reprises votre
prédéces-seure, c'est celui du partage des responsabilités
en matière de télécommunications. Vous avez
évoqué tout à l'heure les conséquences du jugement
de l'Alberta Government Telephones, et le point de vue que l'Opposition a
toujours soutenu est à peu près le suivant en disant: Si on
applique le même raisonnement que la Cour suprême a utilisé
pour déterminer la nature de l'entreprise AGT, si on appliquait ce
même raisonnement aux entreprises québécoises, elles
seraient reconnues comme des entreprises de nature interprovinciale, donc
relevant de la compétence du fédéral même si elles
ne sont pas membres de Telecom Canada, simplement à cause des services
qu'elles offrent et parfois des interconnexions qui se retrouvent aux
frontières.
C'est d'ailleurs l'argument, je crois, juridique qui se tient, qui est
invoqué, d'ailleurs, je crois, par Téléphone
Guèvremont dans une cause qui l'oppose à la Régie des
télécommunications, et on aura peut-être l'occasion d'en
discuter avec le président de la Régie tout à l'heure.
Mais, n'empêche que ce dossier devait faire l'objet de
négociations politiques. Le premier ministre même avait reconnu le
dossier des communications, tout comme le dossier de l'immigration, à
l'époque, avant que survienne une entente, comme dossier prioritaire
pour les Québécois et Québécoises. Où en
sommes-nous sur ce dossier-là? Est-ce que oui c'est toujours un dossier
qui est prioritaire à l'agenda? Est-ce qu'on va attendre que les
tribunaux tranchent la question puisque ça risque d'être le cas,
vu la requête qui se trouve à l'heure actuelle devant les
tribunaux, requête du même type que celle que pourront utiliser
d'autres compagnies dans d'autres affaires qui pourront un jour les opposer
à la Régie des télécommunications?
Qu'en est-il dans ce dossier-là? Est-ce que vous faites
vôtres les propositions de la ministre, la députée de
Marguerite-Bourgeoys, qui, à l'époque, proposait, avec un
schéma très clair là, un partage de
responsabilités, une nouvelle entente fédérale-provinciale
avec une délégation et une modification importante au rôle
du CRTC? Qu'en est-il dans ce dossier-là? Est-ce qu'il y aura un
énoncé de politique de votre part qui devrait venir, à mon
avis, pour que rapidement le gouvernement du Québec puisse affirmer une
position? Le fédéral, malgré sa position plutôt
ferme, est demeuré ei'encieux depuis un bon bout de temps dans ce
dossier-là. Mais maintenant que la question de Meech est
réglée et qu'or, peut peut-être parler de façon plus
ouverte des relations fédérales-provinciales, qu'en est-il de ce
dossier-là, M. le ministre?
M. Cannon: Lorsque je suis arrivé au ministère, il
était question... En tout cas, parmi les sujets les plus actifs au
ministère des Communications, il y a toujours, évidemment, la
question des relations fédérales-provinciales, dont, notamment,
le dossier de la loi des télécommunications que le gouvernement
fédéral, donc le ministre fédéral, avait
l'intention de déposer. J'ai eu l'occasion de rencontrer en Europe le
ministre fédéral qui m'a fait part de son intention d'aller de
l'avant avec la loi sur les télécommunications. J'ai
rencontré le ministre au mois de janvier dernier et, d'une façon
beaucoup plus à point ou approfondie, je dirais, nous avons eu
l'occasion de discuter de cette chose-là.
Je lui ai fait valoir, à ce moment, qu'avec l'échec de
l'accord du lac Meech le contexte politique avait drôlement changé
au Québec, que les Québécois collectivement étaient
en train d'examiner leur avenir par l'entremise de la Commission
Bélanger-Campeau et que ma formation politique était en train
d'examiner aussi la direction qu'elle devait prendre face, justement, à
cet échec des conditions que le Québec avait mises de l'avant
pour réintégrer la famille canadienne. (17 h 45)
Quant à moi, j'ai invité le ministre fédéral
à faire preuve d'une solidarité peu commune et à tenter de
redéfinir une nouvelle politique des télécommunications
qui tiendrait compte notamment de la volonté des Québécois
d'éviter des chevauchements, des dédoublements, d'éviter
que nous puissions dépenser inutilement des montants d'argent et nous
concurrencer, de faire en sorte que, comme collectivité, nous puissions
tous les deux sauvegarder et faire la promotion de la langue française
et se servir de ce véhicule-là pour le développement
économique des Québécois et des Québécoises.
Là-dessus, je vous dirai que j'ai simplement eu en retour un bilan de ce
que le ministre fédéral avait fait auprès des autres
ministres des Communications, à l'effet que tantôt c'est le
Manitoba ou c'est l'Alberta...
M. Boisclair: II y a une entente qui a été
signée.
M. Cannon: ...qui avait accepté ça... Oui, c'est
ça, qui avait signé une entente, un échange de lettres,
etc., moyennant un certain nombre de conditions. Je lui ai dit que je ne me
prêtais pas
à ce genre de choses là. Je lui ai dit clairement que nous
attendions le dépôt de la Commission sur l'avenir politique et
constitutionnel du Québec, que j'allais déposer une politique
québécoise des télécommunications et que, quant
à moi, toute initiative de sa part, dans le contexte qu'il me
présentait, ne serait pas la bienvenue, que je la refuserais
immédiatement et qu'une fois que nous aurions terminé et que nous
aurions décidé ce que nous voulons faire ici au Québec,
c'est avec plaisir que je lui ferais part de tout cela. Et j'entends continuer
cette démarche-là jusqu'à ce que nous puissions
déposer cette politique.
M. Boisclair: Est-ce que le jugement rendu dans l'affaire de
l'AGT cause des problèmes au niveau de l'administration de la
juridiction québécoise, à savoir au niveau de la
Régie? Il y a Guèvremont...
M. Cannon: Non, à date, je ne pense pas, mais M. Pigeon
peut peut-être compléter.
M. Pigeon: Dans le cas de Téléphone
Guèvremont, c'est une cause qui est quand même sub judice. Il y a
des limites à en parler. Mais, fondamentalement, le processus judiciaire
suit son cours. Là, on est sur la question de fond en Cour
supérieure. Alors, il peut s'écouler encore une période de
temps qui, j'imagine, dans ce cas-là, pourrait être encore plus
longue que la période de temps qui serait nécessaire pour en
arriver à un règlement politique quelconque. Il y a eu une petite
période de temps où une décision a été
rendue par un tribunal qui a eu pour effet de soustraire la compagnie à
la juridiction de la Régie. Ça a été
renversé ensuite par le même niveau d'instance. Alors,
aujourd'hui...
M. Boisclair: II n'y a pas d'autres compagnies qui invoquent cet
argument-là...
M. Pigeon: Pas à ma connaissance.
M. Boisclair:... dans des affaires qui... Non?
M. Pigeon: Non.
M. Boisclair: O. K. Est-ce que vous faites vôtres, M. le
ministre, les propositions de votre prédécesseure, la
députée de Marguerite-Bour-geoys, à l'égard du
partage? Elle proposait une formule très claire de partage des
compétences.
M. Cannon: J'ai eu l'occasion de le dire plus tôt, M. le
député, qu'il y avait une position pré-Meech et une
position après Meech qui était en voie d'élaboration. Et
je fais mienne la proposition après Meech qu'on aura l'occasion
d'examiner attentivement ensemble.
M. Boisclair: La députée de Marguerite-
Bourgeoys avait d'ailleurs dit, à l'époque, que l'attitude
du gouvernement fédéral était contraire à l'esprit
de l'entente du lac Meech. Je veux vous demander, M. le ministre: Est-ce que,
sur cette politique des communications que vous entendez présenter, vous
pouvez peut-être nous faire part de l'échéancier et est-ce
que vous pouvez nous assurer qu'il y aura un débat public sur cette
nouvelle politique? Est-ce qu'il y aura une consultation quelconque et est-ce
que l'ensemble des différents intervenants ou groupes
intéressés pourront se faire entendre sur cette
politique-là?
M. Cannon: Je pense qu'avant de m'engager dans une consultation
populaire ou publique - c'est sûr qu'une politique, c'est toujours un
document de discussion - je préfère faire cheminer ce document
à l'intérieur des différents comités
gouvernementaux, notamment le COMPACS, comme vous le savez, pour ensuite
aboutir au Conseil des ministres où il y aura une discussion, en
discuter aussi au caucus de mon parti. Et en temps opportun, selon
l'échéancier qui sera déterminé par le Conseil des
ministres et par le premier ministre, on verra à dévoiler et
aviser, justement, ce que nous avons l'intention de faire avec cette
politique
M. Boisclair: Est-ce que vous avez un échéancier de
réalisation?
M. Cannon: L'échéancier de réalisation,
j'estime que je pourrai le présenter au Conseil des ministres fin juin,
début juillet, enfin au début de l'été.
M. Boisclair: Au début de l'été, vous allez
présenter votre échéancier et non pas la politique.
M. Cannon: Non, non, non.
M. Boisclair: Présenter la politique?
M. Cannon: La présenter au Conseil des ministres.
M. Boisclair: Présenter votre politique... M. Cannon:
Oui.
M. Boisclair:... fin juin, au Conseil des ministres.
M. Cannon: C'est ça.
M. Boisclair: En tout cas, à ce moment-ci, j'aimerais
peut-être vous faire valoir l'intérêt que je pense que
l'ensemble des membres de cette commission ont pour tenir un débat
public, à l'occasion duquel l'ensemble des intervenants pourront se
faire entendre...
M. Cannon: Je pense que, là-dessus...
M. Boisclair: ...parce que je suis convaincu que cène
poiitique-là va déboucher sur d'autre chose que sur...
M. Cannon: Oui.
M. Boisclair: J'espère, à tout le moins, qu'elle va
déboucher sur d'autre chose que sur une politique. Il y aura sans doute
un projet de loi, il y aura des gestes concrets qui seront posés
par...
M. Cannon: Je pense que là-dessus, M. le
député, il y a pas mal convergence dans le secteur des
communications là où on devrait aller. Comme je l'ai
mentionné, c'est de savoir qu'est-ce qu'on fait après. Et c'est
la réponse que j'obtiens ou que je tente d'obtenir. Je suis très
heureux de voir que vous êtes prêt à collaborer à
cette démarche-là et à y apporter une contribution. Je
pense qu'il y va de l'ensemble de la collectivité
québécoise à cet égard-là. Comme je vous le
dis, si, au Conseil des ministres, nous jugeons que cette politique-là
doit faire l'objet d'un débat public, on verra à trouver les
structures nécessaires pour pouvoir favoriser ce débat-là.
Vous savez qu'il n'y a pas juste en commission parlementaire qu'un débat
peut se tenir, il peut se tenir sur la place publique, etc. Alors, non, on aura
l'occasion certainement d'en discuter à nouveau.
M. Boisclair: Cette politique vous amènera sans doute
à faire une série d'études sur l'impact du rapatriement
d'un certain nombre de pouvoirs du gouvernement fédéral.
Déjà, un certain nombre de vos collègues ont entrepris,
ont passé des commandes au sein de leur appareil respectif pour
évaluer l'impact autant sur les compétences que sur les
coûts d'un éventuel rapatriement de l'ensemble des pouvoirs dans
leur secteur à eux. Est-ce que ce même type d'étude est en
marche dans votre ministère?
M. Cannon: Mon ministère n'est pas en marge des autres
ministères et, oui, nous préparons cette documentation-là,
ces analyses et ces études.
M. Boisclair: II s'agit d'une étude qui aura comme
objectif d'évaluer les impacts au niveau de la réglementation,
les impacts financiers d'un éventuel rapatriement des pouvoirs en
matière de communications?
M. Cannon: Je pense que c'est une étude qui se veut,
d'abord et avant tout, un diagnostic de la situation, comme je l'ai
mentionné plus tôt, les chevauchements, les dédoublements,
de bien fixer sur papier les quanta, tant du côté
fédéral que du côté québécois, et
comment on peut être plus efficace, comment on peut être plus
efficient dans notre approche. Oui, ces études-là, parce qu'il ne
s'agit pas d'une étude spécifique ou d'une observation
spécifique, c'est un ensemble de documents qui sont en
préparation.
M. Boisclair: Qui sont en préparation et sous la
responsabilité, je présume, de M. Pigeon, sous-ministre. Est-ce
qu'il y a un mandat très clair qui a été...
M. Cannon: Ultimement sous ma responsabilité et
exécuté par M. Pigeon.
M. Boisclair: Oui, je comprends très bien cette nuance.
Quel est le mandat - je comprends très bien cette nuance-là -
très clair qui a été donné? Quel est l'objet du
questionnement que vous faites?
M. Cannon: Bien, comme je vous l'ai mentionné, l'objet du
questionnement, c'est de connaître les montants d'argent qui sont
dépensés ici et là pour tel secteur d'activité dans
le secteur des communications, tant ici qu'une analyse de ce qui se fait du
côté fédéral. Aussi, non seulement en termes de
montants d'argent, mais en termes de dédoublement: qui fait quoi, de
tenter de répondre à ça. C'est une observation, je dirais,
un peu comme un bilan financier qui est une photo de la situation. Ça se
veut un bilan financier de l'exercice, tant du passif que de l'actif. C'est
à partir de ces éléments-là que nous allons pouvoir
tirer des conclusions et des recommandations à formuler.
M. Boisclair: Je présume que ces études-là
seront prêtes pour le dépôt de votre politique. Donc, au
plus tard au mois de juin, vous disposerez de ces études-là?
IUI. Cannon: Le document comme tel sera largement étoffé
de statistiques, de renseignements de toutes sortes, mais surtout d'exemples et
d'analyses d'impact des politiques du gouvernement fédéral.
M. Boisclair: Et qui vous guideront dans la rédaction de
votre politique, donc ce sera prêt pour le mois de juin.
M. Cannon: Ça devrait normalement, comme je vous l'ai
mentionné, faire l'objet de discussion au Conseil des ministres en
début d'été.
M. Boisclair: Est-ce que c'est un genre de document que vous avez
l'intention de rendre public?
M. Cannon: Vous m'avez posé cette question et je vous ai
dit que ça dépendra de la décision du Conseil des
ministres.
M. Boisclair: Est-ce que, selon vous, c'est un genre de document
qui devrait être rendu public?
M. Cannon: Selon moi...
M. Boisclair: Quelle recommandation allez-vous faire au Conseil
des ministres?
M. Cannon: ...je pense qu'il y a une démarche qui est
faite pour, justement, mettre en évidence des choses dans le secteur des
communications, des objectifs que nous devons poursuivre. Et, par
conséquent, si j'annonce publiquement l'élaboration d'une
politique québécoise dans le domaine des communications, il faut
présumer aussi que j'ai l'intention de la rendre publique.
M. Boisclair: La politique, mais les études aussi?
M. Cannon: De la rendre publique, la politique.
M. Boisclair: Mais les études?
M. Cannon: Non, les études comme telles vont faire partie
de ce document qui sera là. Il n'y a pas de... Je vous dirai que je n'ai
pas, par exemple, mandaté tel économiste à
l'Université Laval ou dans un autre secteur pour aller faire une
étude exhaustive, par exemple, du secteur de la téléphonie
au Québec et au Canada, etc.
M. Boisclair: Donc, ce sont des choses...
M. Cannon: Non, c'est à partir d'observations que nous
avons, donc à l'intérieur du ministère.
M. Boisclair: C'est une étude qui se fait à
l'interne.
M. Cannon: Oui, c'est ça.
Services téléphoniques
interurbains
M. Boisclair: Parfait. Peut-être aborder un autre objet de
discussions fédérales-provinciales qui est celui de la
concurrence dans le milieu de l'interurbain. Le CRTC tient des audiences
publiques sur la possibilité d'introduire la concurrence dans les
services téléphoniques interurbains. Le Conseil examine ainsi une
requête d'Unitel, comme vous le savez, qui souhaite concurrencer Bell. En
mars dernier, le CRTC a tenu des audiences à Montréal. Plusieurs
organismes, tels le Conseil du patronat, la Chambre de commerce de
Montréal, la FTQ, la CSN, la CEQ se sont opposés à
l'introduction de la concurrence dans le secteur téléphonique.
Une coalition a d'ailleurs été formée en février.
D'autres groupes, comme l'Association des consommateurs du Québec et la
Chambre de commerce de Sainte-Foy favorisent la concurrence. La position de
votre ministère est, à ce jour, inconnue si ce n'est que pour
quelques discussions que j'ai pu avoir avec M. Pigeon, à
l'époque, et avec M. uelwasse qui, je crois, a quitté le
ministère aujourd'hui. Mais il serait intéressant de voir, d'une
part, quelle est votre position dans ce dossier-là. Est-ce que vous avez
l'intention de soumettre un mémoire au Conseil des ministres? Est-ce que
c'est déjà fait? Quelle position entendez-vous défendre
devant vos collègues? Je crois que c'est un dossier d'importance majeure
pour l'ensemble de ceux et celles qui utilisent ces services. Mais je crois que
les gens, à bon droit, s'attendent plutôt à une position
claire de votre part dans ce dossier.
M. Cannon: Les gens sont habitués à avoir des
positions claires de ma part.
M. Boisclair: Oui. Ça dépend si c'est le samedi ou
le dimanche. Ça dépend si on est le samedi ou le dimanche.
M. Cannon: Je suis heureux de savoir, M. le député,
qu'encore une fois vous...
M. Boisclair: Ça dépend si on est le samedi ou le
dimanche.
M. Cannon: Je suis heureux de savoir, M. le député,
qu'encore une fois vous soulignez la deuxième priorité du
ministère. C'est heureux parce que, oui, ça retient beaucoup
notre attention, la concurrence dans le secteur de l'interurbain. Je vous dirai
qu'actuellement les collaborateurs du ministère s'affairent à
préparer un mémoire qui, lui, sera soumis au Conseil des
ministres. L'analyse de la documentation, tant du côté de Bell
Canada que d'Unitel a été faite. C'est terminé. Nous
avons, moi personnellement et aussi M. Pigeon et les officiers du
ministère, rencontré les gens d'Unitel, rencontré les gens
de Bell Canada et on a positionné, c'est-à-dire qu'on n'a pas
positionné mais qu'on a posé des questions beaucoup plus
d'appoint, beaucoup plus d'intérêt. Et, à la suite de ces
discussions-là, de cet échange d'information, nous sommes en
mesure, comme je vous le mentionne, de préparer et de présenter
très prochainement au Conseil des ministres un document qui
témoignera de la position du gouvernement du Québec à
l'égard de la demande d'Unitel. Le ministère aussi est
très présent à chacune de ces discussions qui se tiennent.
D'ailleurs, celles qui se sont tenues au mois de mars à Montréal
ont vu la présence des officiers du ministère et aussi de notre
procureur qui est là. Donc, je tiens à rassurer le
député que le ministère des Communications sera
présent tout au long de ces discussions qui auront lieu au CRTC et que,
lorsque nous aurons choisi le meilleur véhicule possible pour annoncer
nos
couleurs et notre position, nous le ferons savoir en temps et lieu.
M. Boisclair: Mais là, j'aimerais ça, M. le
ministre, aller plus loin avec vous sur ce dossier-là. Ce que vous
m'avez dit ce sont des choses de commune renommée: un mémoire au
Conseil des ministres entre avril et juin, en juillet, sans doute, un
mémoire au Conseil des ministres. Mais n'empêche que je crois que,
puisque la requête d'Unitel présentée au CRTC est quand
même déposée depuis un bon bout de temps, on connaît
les enjeux, on connaît le rapport Shermann, on connaît l'ensemble
aussi des résultats d'expériences étrangères, mais
est-ce que, par exemple, pour vous, une requête semblable à celle
d'Unitel permettrait d'améliorer le développement du
réseau public? (18 heures)
M. Cannon: Ça, je vais vous dire bien franchement, je n'ai
pas l'intention d'annoncer cet après-midi la position du gouvernement du
Québec à l'égard de cette demande d'Unitel. Je le
répète, c'est un travail qui s'effectue par mon ministère,
qui sera soumis au Conseil des ministres et on avisera en temps opportun.
L'enjeu est considérable, le développement économique du
Québec est en cause et, dans ce dossier-là, comme dans d'autres
dossiers, ce sont les intérêts du Québec qui vont
primer.
M. Boisclair: Mais est-ce que, par exemple, vous... Il y a
plusieurs enjeux là, on ne se fera pas de cachette, on parie des
engagements qui ont été pris, entre autres, par Unitel en
matière de recherche. On parle du rapport Shermann qui en est
arrivé à la conclusion que les impacts en matière de
recherche et l'analyse que les gens d'Unitel faisaient, entre autres, qu'en
stimulant l'offre, on va se trouver à augmenter la demande et que, par
conséquent, il y aura des revenus plus importants, qu'on sera capables
d'investir de façon plus considérable en matière de
recherche et développement ainsi de suite, se retrouver avec une plus
grande efficacité... Bon, on connaît le débat. Mais est-ce
que je peux vous demander, selon vous, si, par exemple, votre conception de
Bell est telle? Est-ce que vous croyez que c'est un monopole naturel, Bell
Canada?
M. Cannon: Je vous dirai simplement, M. le député,
que je suis très fortement préoccupé par la nature de la
recherche et du développement, des retombées économiques
que le Québec peut obtenir dans ce dossier-là et ça fait
partie, je dirais, de mes critères d'appréciation tant du
côté de la proposition d'Unitel que de celle de Bell Canada. Je
vous dirai encore une fois que, quand la position sera connue, ça va me
faire plaisir d'aller la débattre avec vous. Je sais que vous tentez
aujourd'hui de savoir quelle est l'orientation que je voudrais bien prendre.
Moi, je vous dirai que cette orientation-là sera connue lorsque j'aurai
l'aval du Conseil des ministres.
M. Boisclair: Mais, à tout le moins, est-ce que vous
pouvez nous donner l'assurance que si, par exemple, vous acceptez une
requête ou l'autre, vous le ferez en fonction d'un certain nombre de
critères? Par exemple, que, si la requête d'Unitel vous semble
satisfaire les intérêts des Québécois et
Québécoises et de ceux et celles qui utilisent ce service, vous
exigerez de cette compagnie qu'elle investisse des sommes en matière de
recherche et développement ou qu'elle ait des bureaux au Québec
ou... Je présume que vous ne le ferez pas à n'importe quel
prix.
M. Cannon: M. le député, c'est dans les
intérêts supérieurs du Québec que nous allons
prendre la décision.
M. Boisclair: Mais c'est difficile d'évaluer ces
intérêts supérieurs là lorsque nous ne connaissons
même pas... Vous pourriez au moins me faire part de vos critères
d'évaluation sans me dire... Quels critères vous guident, par
exemple?
M. Cannon: En temps opportun, vous aurez l'occasion de voir quels
seront les critères qui décideront et détermineront la
position du Québec.
M. Boisclair: Oui mais, sans m'annoncer de décision, il y
a sûrement un certain nombre de préoccupations qui doivent vous
motiver dans ce dossier-là. Par exemple, la création d'emplois,
l'impact qu'une décision peut avoir sur les petites et moyennes
entreprises, sur le développement du marché de l'emploi, sur
l'assimilation de la recherche et du développement. Quelles sont les
préoccupations qui vous guident dans... Vous me parlez de
l'intérêt supérieur des Québécois,
mais...
M. Cannon: Vous avez parlé et vous avez touché des
secteurs d'activité économique. Je suis tout à fait
d'accord avec vous. Ce sont des éléments qui doivent être
considérés, pris en considération comme les
éléments du consommateur, de la consommatrice. Donc, quand je
vous dis que c'est dans l'intérêt supérieur du
Québec et des Québécois, c'est dans ce sens-là que
nous allons prendre la décision.
M. Boisclair: Est-ce que vous me dites que vous mettez tous ces
critères sur le même pied d'égalité?
M. Cannon: Ce que je vous dis, c'est que nous allons pouvoir
rendre cette politique-là publique et que vous aurez, vous, à
apprécier si oui ou non l'ordre des priorités vous satisfait
ou
si ça ne vous satisfait pas. Quant à moi,
j'établirai mes priorités et je pourrai à ce
moment-là les défendre, non seulement les priorités, mais
les critères qui ont guidé la décision gouvernementale
d'appuyer, de rejeter ou de faire je ne sais quoi avec la proposition
d'Unitel.
Le Président (M. Maciocia): M. le député de
LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Dans votre
chapitre Communautés culturelles, M. le ministre, j'ai lu avec attention
quel était le mandat ou la mission d'un groupe de coordination du
dossier des comités culturels.
M. Boisclair: M. le Président, je ne veux pas interrompre
mon collègue, mais là...
M. Gobé: Non, non, allez!
M. Boisclair: ...si on suit l'ordre, on va suivre l'ordre
là. On est toujours à la politique.
M. Gobé: Est-ce qu'on est encore dans le même
programme?
M. Boisclair: On peut sauter immédiatement. J'en suis
toujours dans les affaires fédérales-provinciales. Si vous
voulez, je peux... Parce qu'on pourrait revenir puis suivre...
M. Gobé: Oui, pas de problème, oui. M.
Boisclair: J'achevais de toute façon.
Le Président (M. Maciocia): Est-ce que ça va, M. le
député de LaFontaine?
M. Gobé: Je suis prêt à collaborer avec
plaisir.
Le Président (M. Maciocia): Parfait, allez y, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: C'est juste pour dire que je ne sors pas plus
instruit de cet échange que je ne l'étais avant de
l'entreprendre. Une chose est sûre c'est que j'aurais pratiquement le
goût de vous rappeler au règlement, M. le ministre. J'ai certes le
droit de...
M. Cannon: Connaissant votre grande gentillesse, M. le
député de Gouin, vous ne le ferez pas.
M. Boisclair: Je ne le ferai pas. Ie n'oserai pas le
faire, M. le ministre.
M. Cannon: C'est ça- Moi qui ai exercé beaucoup de
largesse à votre égard, lorsque j'exécutais la tâche
de vice-président.
M. Boisclair: Ce que j'aimerais quand même mettre en relief
c'est qu'il y a des enjeux importants autant pour les consommateurs, que pour
les entreprises. Je crois qu'il y a des arguments de part et "autre qui valent
la peine d'être mis en lumière.
Vous dire très honnêtement, je vous pose des questions sans
même avoir toutes les réponses. Je vous dis ça de
façon très candide. Cependant, d'un côté très
personnel, moi, je n'ai pas peur de... Notre formation politique prendra
certainement une position dans le débat, mais il y a quand même le
fardeau de la preuve et je crois que c'est Unitel qui l'a. Il nous reste
à faire une démonstration qui, à mon avis, à
l'heure actuelle, n'est peut-être pas très claire. J'ai
manqué un bout du débat là, en ce sens que je n'ai pas
suivi les derniers déroulements, et je n'ai pas été
à même d'analyser tout le contenu de la requête, mais, en
tout cas, j'espère que la sensibilité dont vous avez
semblé faire preuve, que cette même sensibilité vous
guidera lorsque viendra le temps de présenter un mémoire au
Conseil des ministres et de prendre une décision. Je suis convaincu, en
tout cas, que vous êtes conscient des impacts d'une décision
semblable à celle-là.
M. Cannon: Juste peut-être, M. le député de
Gouin, pour vous indiquer qu'une décision comme celle-là ne doit
pas être prise à la légère, vous avez absolument
raison. La quantité industrielle de documents qui sont soumis de part et
d'autre...
M. Boisclair: Et souvent contradictoires les uns des autres.
M. Cannon: C'est ça.
M. Boisclair: Les chiffres sur la nécessité de la
demande et sur...
M. Cannon: C'est pour ça qu'on ne peut pas avoir
immédiatement une réponse à telle position ou telle autre
position. Un questionnement beaucoup plus aigu, beaucoup plus
détaillé s'impose dans ce cas-là. C'est pour ça que
les officiers du ministère, qui suivent de très près
révolution de ce dossier, la présence aux auditions, comme je
vous dis, lorsqu'il y a une question qui exige un éclaircissement, ils
n'hésitent pas à communiquer, soit avec les gens de Bell Canada
ou avec les gens d'Unitel, pour qu'on puisse, comme je le dis, avoir la
meilleure position possible pour les intérêts du
Québec.
M. Boisclair: Une dernière remarque, cependant. Je
comprends comme vous qu'il y a des éléments très pointus
qui nécessitent une réflexion, mais il y a aussi que cette
décision frappait une conception plus globale de la définition de
marché de ce que vous... Ça, une
fois que vous aurez défini cette conception-là, une fois
que vous aurez embarqué à une prémisse, ce sera possible
pour vous de développer un raisonnement, peu importe la position que
vous allez déterminer. Et, dans ce sens-là, c'est pour ça
qu'on pourra tout faire dire aux chiffres, aux statistiques, à
l'élasticité sur l'offre et la demande. J'ai vu des chiffres et
il y a des études qui se contredisent. Shermann dit une chose, les
spécialistes d'Unitel disent une autre chose. Mais, je crois que,
d'abord et avant tout, ça fera appel à votre compréhension
de ce marché des télécommunications et de la
téléphonie.
M. Cannon: Nous, comme politiciens, on a une
responsabilité d'être capables de vulgariser les informations qui
sont exigées pour pouvoir aller transmettre et porter le message. Je
suis convaincu que vous me dites que vous aussi vous êtes
intéressé à ce que le Québec en sorte gagnant,
comme moi. Dans ce sens-là, je suis pas mal convaincu que vous allez
épouser notre cause.
Fonds de développement
fédéral
M. Boisclair: Rapidement, un dernier élément sur le
dossier fédéral-provincial. Le renouvellement de l'entente du
fonds de développement fédéral, qu'en est-il exactement?
Il y a un certain nombre de notes qui nous laissent croire que c'est incertain.
Est-ce qu'il y a des précisions là-dessus?
M. Cannon: Oui, M. le sous-ministre, M. Pigeon, peut
peut-être répondre là du côté administratif de
la chose.
Le Président (M. Maciocia): M. Pigeon.
M. Pigeon: Nous sommes à une entente - nous étions
plutôt, c'était l'an dernier - une entente sectorielle à
l'intérieur d'un cadre général, et un cadre
général qui n'a pas été renouvelé entre les
deux gouvernements, le gouvernement du Québec jugeant que les offres du
gouvernement du Canada étaient dramatiquement insuffisantes. Alors nous,
on n'a même pas eu l'opportunité, dans ce contexte-là,
d'engager un dialogue et d'entreprendre un processus de renouvellement.
M. Boisclair: Quelles seront les conséquences de ces
offres qui, aux yeux du gouvernement du Québec, apparaissent... Il y a
plusieurs organismes qui bénéficient de ces ententes-là.
Concrètement, ça veut dire quoi, le non-renouvellement de
l'entente EDER?
M. Pigeon: En termes globaux, le montant que le
fédéral offrait par rapport à celui de la dernière
entente quinquennale était une fraction.
C'est pour ça que le gouvernement du Québec a jugé
que c'était insuffisant comme base de démarrage de
négociations. C'était un bon véhicule pour coordonner des
actions, s'assurer d'une convergence entre les actions du gouvernement du
Canada et du gouvernement du Québec, notamment dans un secteur où
la juridiction va être tout à fait partagée. Il y a des
restes là-dessus, mais la conjoncture est aussi ce qu'elle est et nous
faisons, dans les circonstances, le maximum possible de façon à
ce que les démarches des deux gouvernements dans le secteur des
communications demeurent aussi convergentes que possible, même s'il n'y a
pas une structure politique formelle comme l'était le cadre de
l'entente.
M. Boisclair: Mais les chiffres aux crédits nous indiquent
qu'en 1990-1991 c'est 3 800 000 $ qui ont été injectés par
les deux ministères. C'est de l'argent qui se trouve à
disparaître à l'heure actuelle?
M. Pigeon: Non, ce n'est pas de l'argent qui disparaît
complètement. D'abord, l'entente, même si elle est échue
depuis quelques jours, il y a des projets qui continuent durant l'année
en cours et il y en a pour à peu près 800 000 $ de
déboursés qui restent à faire dans le cadre de l'entente.
Donc, il y a encore un secrétariat qui est opérationnel pour ce
genre de...
M. Boisclair: II n'y en a pas de nouvelle? M. Pigeon:
Pardon?
M. Boisclair: II n'y a pas de nouvelle entente comme...
M. Pigeon: II n'y a pas de nouvelle entente et il n'y aura pas de
nouveaux projets dans le cadre de l'entente. Mais, cependant, il y a des sommes
d'argent qui étaient réservées à l'entente et qui,
maintenant, vont être utilisées strictement par le
ministère dans le cadre de projets et que nous allons tenter, dans toute
la mesure du possible, d'harmoniser avec des actions fédérales
chaque fois que ce sera possible, pour le bénéfice des industries
et des contribuables.
M. Boisclair: Quel montant était réservé aux
ententes dans les crédits?
M. Pigeon: Ça, c'est une question à laquelle il
faut répondre avec la même prudence que le ministre a
utilisée tout à l'heure pour le dossier des
télécommunications. L'entente avait un budget global sur un
certain nombre d'années, mais il y a aussi des déboursés
qui se font d'année en année. Alors, des projets sont
initiés. La première année, on dépense très
peu et il y a un "cash flow", alors il faut faire bien attention à la
façon dont on situe tout ça. D'ailleurs, dans
les 40 000 000 $ qui étaient dévolus à l'entente,
il y en a une bonne partie qui était échue au budget du
ministère des Communications et nous avons rallongé nos budgets
en cours d'année, soit avec de l'argent provenant de l'OPDQ ou d'autres
ministères. Oui, c'est arrivé. D'ailleurs, il y en a un autre qui
va être annoncé prochainement où il y a un autre
ministère important du gouvernement du Québec qui y est
associé. Alors, généralement, la plus grosse partie des
budgets émargeait chez nous, mais nous avons eu des compléments
très importants qui venaient d'ailleurs.
M. Boisclair: Mais qu'est-ce qui va arriver de ces
sommes-là? Est-ce qu'on...
M. Pigeon: La plus grande partie des sommes pourra être
affectée pour des projets qui seront initiés par le
ministère des Communications et, dans d'autres cas, qui pourront
également être jumelés avec d'autres actions du
gouvernement du Canada.
M. Boisclair: Est-ce que ceci amènera le gouvernement du
Québec à présenter des crédits
supplémentaires ou si c'est le genre de transfert de... Est-ce que vous
serez à même de transférer, par exemple, cet argent d'un
programme à l'autre?
M. Pigeon: Non, non. C'est dans notre base budgétaire.
M. Boisclair: Oui.
M. Pigeon: C'est dans notre base budgétaire et nous
restructurons nos programmes pour tenir compte de la fin de l'entente.
M. Boisclair: Mais là, ça fait partie d'un
programme. EDER fait partie d'un élément de programme.
M. Pigeon: II reste un bout de programme EDER pour finir
l'entente et une bonne partie de l'argent qui servait à l'EDER
l'année précédente est réaffectée au budget
de développement d'entreprises du ministère.
M. Boisclair: Est-ce qu'il y aurait moyen de me faire...
M. Cannon: Ce n'est pas coutume au ministère des
Communications, depuis que M.
Pigeon est là, de présenter des crédits
supplémentaires.
M. Pigeon: II n'y a pas beaucoup de ministères qui
présentent des crédits supplémentaires.
M. Boisclair: Je suis convaincu.. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Boisclair: ...qu'ils aimeraient bien le faire parfois.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Est .e qu'il y aurait moyen d'avoir une analyse
détaillée de ce que ça représente là, parce
que ce n'est pas simple en termes d'affectation de nouveaux postes, de nouveaux
programmes? Vous parlez d'un réaménagement de la base
budgétaire. Ce serait intéressant de voir exactement quel
genre...
M. Cannon: Un document sur EDER?
M. Pigeon: On peut vous fournir un document là-dessus. On
pourra...
M. Boisclair: ...d'écritures seront faites et qu'est-ce
qu'on fera de cet argent-là.
M. Pigeon: Oui. On a...
(18 h 15)
M. Boisclair: Je suis convaincu qu'il y a d'autres programmes ou
d'autres éléments de programme qui seraient
intéressés à mettre la main sur cet... Alors, moi,
ça clôt sur les affaires fédérales-provinciales.
Le Président (M. Maciocia): M. le député de
LaFontaine.
Communautés culturelles
M. Gobé: Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Pour
en revenir où nous en étions précédemment, comme je
le disais, M. le ministre, j'ai vu que vous aviez un dossier traitant des
communautés culturelles. Il est assez important parce qu'on y passe une
page et demie à peu près. À sa lecture, ça apporte
un certain nombre de questions. On sait, en particulier, que la majorité
des nouveaux arrivants au Québec sont concentrés dans la
région de Montréal. Ça, c'est une des premières
choses. Je vois avec satisfaction que vous avez un bureau de coordination
à Montréal qui assume un certain nombre de mandats.
Une première question. Est-ce que c'est un bureau de coordination
qui a juste pour but de s'occuper des communautés culturelles ou si
c'est le bureau de coordination des communications en
général?
M. Cannon: On me dit qu'il y a une personne qui travaille sur ce
dossier-là, M. le député.
M. Gobé: II y a une personne?
M. Cannon: Oui.
M. Gobé: Donc, il y a une personne qui est
en charge personnellement des communautés culturelles.
D'accord.
Ça veut dire que ce qu'on peut voir dans votre bilan, qui est
assez ambitieux, dépend d'une seule personne. Mais est-ce qu'à ce
moment-là ça a été écrit pour mettre un peu
d'action? C'est parce que là, une personne, M. le ministre, je veux
dire, quand même qu'elle commencerait le matin à 6 heures et
qu'elle finirait à 6 heures...
M. Cannon: C'est parce que, M. le député de
LaFontaine, il faut comprendre qu'elle fait une coordination, hein. Ce n'est
pas elle qui fait la job de bras là. Elle est en
complémentarité avec d'autres à l'intérieur de
l'action et de l'appareil gouvernemental et aussi à l'intérieur
du ministère.
M. Gobé: Donc, c'est une personne qui est un peu le chien
de garde des communautés culturelles, qui a pour but d'aller voir que
ces groupes-là ne soient pas oubliés...
M. Cannon: C'est ça.
M. Gobé: ...qu'il y ait une connotation un peu, hein?
M. Cannon: C'est ça.
M. Gobé: D'accord. C'est que, voyez-vous, à un
moment donné, il se donne des missions et des missions qui me semblent
des fois un peu paradoxales. On dit: "...augmenter l'utilisation des services
gouvernementaux par les communautés culturelles notamment par un
meilleur accès à l'information." Est-ce à dire que votre
ministère ferait la promotion de l'aide sociale, de
l'assurance-santé, de l'assurance-maladie, de la CSST? Est-ce que c'est
ça? Est-ce que c'est quelqu'un de votre ministère qui est en
charge d'augmenter l'utilisation de ces services-là?
M. Cannon: Non. Vous savez, au niveau de
Communication-Québec, on répond à un certain nombre de
demandes qui proviennent de ce milieu-là. Alors, ça nous permet
d'augmenter aussi les services gouvernementaux. C'est dans ce
sens-là.
M. Gobé: Mais est-ce qu'il n'y aurait pas lieu
peut-être à ce moment-là que la mission soit d'informer les
communautés culturelles des différents services à leur
disposition plutôt que d'en augmenter l'utilisation? Là, qui dit
augmenter, eh bien! moi, si je veux augmenter mes ventes, augmenter les votes,
je vais en faire la promotion.
M. Cannon: Le rôle du ministère des Communications
notamment, comme vous avez pu le constater dans notre mandat, c'est d'informer
aussi, de renseigner. Nous avons en Communication-Québec probablement le
meilleur véhicule en Amérique d'j Nord pour ce faire. C'est des
millions de demandes, c'est des gens totalement dévoués à
la cause. On me dit ici qu'il y a neuf langues qui sont utilisées afin
de permettre aux Québécois et aux Québécoises
d'avoir des renseignements sur l'action administrative gouvernementale.
Même, je dirai, il y a des ententes qui sont signées, notamment
à Drummondville. J'imagine que c'est un peu partout comme ça sur
le territoire avec le gouvernement fédéral où le
répondant à Communication-Québec est en mesure d'orienter
sous forme de guichet unique le contribuable vers tel ministère ou tel
autre ministère, ce qui m'apparaît éminemment souhaitable
et tout à fait conforme au rôle que nous devons jouer à
l'intérieur du ministère et à l'intérieur de
l'appareil gouvernemental pour renseigner les Québécois sur
ça.
M. Gobé: D'ailleurs, j'applaudis cette mesure, M. le
ministre, qui, je crois, s'est faite dans les dernières années
sous le règne de votre prédécesseur, M. French, si je me
rappelle bien, qui avait à coeur cet accès des communautés
culturelles à une information sur les différents services pour
lesquels elles pouvaient être en cause: assurance-santé,
assurance-maladie, enfin, ces choses-là. Mais...
M. Cannon: On le fait aussi... Juste pour compléter, on le
fait régulièrement au niveau, par exemple, des critères
devant guider la publicité d'un ministère ou d'un autre.
M. Gobé: Oui. Mais je vais y venir un peu plus loin, M. le
ministre. Mais moi, mon interrogation a été quand j'ai vu
"augmenter l'utilisation des services". Mais moi, je sais qu'on essaie de
diminuer certains services parce que ça coûte trop cher ou parce
qu'il y a de l'abus. J'ai l'impression que quelqu'un, pas vous, bien entendu,
parce que, M. le ministre, vous ne pouvez pas voir tout ça, mais qu'il y
a quelqu'un chez vous qui... Ou, alors, ça a été mal
écrit, ou il y a quelqu'un qui ne comprend pas la mission, parce que
moi, si je vois "augmenter" ce n'est pas "informer". Augmenter, c'est pousser
à la consommation. Alors, est-ce que ce serait une mauvaise
écriture de la mission ou quelqu'un chez vous qui n'aurait pas...
M. Cannon: Je ne sais pas, M. le député. Moi,
ça m'apparaît bien clair là. "Augmenter l'utilisation des
services gouvernementaux", c'est-à-dire que, par le biais de
Communication-Québec, c'est faire en sorte que ces gens-là
puissent avoir des réponses, notamment aux questions, par un meilleur
accès à l'information. Donc, on se réfère
directement au travail exceptionnel de Communication-Québec.
M. Gobé: Alors, on ne parle pas tout à fait... On
ne donne pas la même teneur aux mots de la langue française, parce
que moi, quand je dis augmenter, c'est accroître et, quand je dis
accroître, c'est en prendre plus, c'est consommer.
M. Cannon: Mais auprès des communautés
culturelles.
M. Gobé: O.K. En tout cas, c'était simplement cette
mise au point que je voulais vous faire. Je ne veux pas en débattre tout
le temps, mais il me semble que ça paraît un peu paradoxal que
votre ministère ait pour mission d'augmenter la consommation des
services. Mais, je vais aller un peu plus loin. "Augmenter la consommation -
vous aimez ça augmenter chez vous - des médias francophones par
les allophones". Est-ce à dire qu'il y a quelqu'un chez vous qui
s'occupe de faire lire Le Journal de Montréal plus souvent par
les allophones? C'est ça?
M. Cannon: Je vais laisser le sous-ministre répondre
à vos questions.
M. Gobé: Parce qu'on augmente beaucoup de choses, mais
c'est quoi ça?
M. Pigeon: Ça, si vous me permettez - Jacques Pigeon, mon
nom - c'est vraiment un dossier qui nous tient à coeur. Il est
important. Nous l'avons entrepris depuis un bon nombre d'années. Il est
important, si l'on veut que les communautés culturelles fassent partie
de la grande communauté québécoise francophone en
majorité, qu'entre autres elles participent à la vie des
médias en français. Et avec différents organismes, on a
organisé des colloques. On essaie de faire en sorte que, par exemple,
les grands médias y voient aussi leurs intérêts. Comme une
grande partie de l'accroissement de la population se fait par les allophones,
si les allophones ne lisent pas, par exemple, les médias francophones,
ils vont perdre leur assiette publicitaire, il va y avoir des diminutions
importantes.
Donc, il est important de faire en sorte que nos propriétaires de
médias soient très éveillés à cette
question-là, qu'ils sachent toute l'importance d'adapter leur produit
pour accueillir les communautés culturelles, et nous oeuvrons un peu
comme un "rapprocheur" entre les différents groupes, organisant
différents types d'événements. Les différents
ministres sont allés à plusieurs reprises rencontrer les groupes.
On a organisé un colloque. On fait des choses avec différents
comités d'action des communautés culturelles. On travaille avec
le ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration,
justement pour faire notre contribution à tout ce processus
d'intégration des allophones dans la société
québécoise et les médias, c'est une des composantes.
M. Boisclair: Est-ce qu'on peut passer à d'autres points
du programme, M. le Président?
M. Gobé: M. le député, je pense que lorsque
vous avez eu votre temps de parole, je vous ai laissé parler. Je pense
qu'il y a un certain nombre de questions qui m'intéressent. Si elles ne
vous intéressent pas, eh bien, je peux bien comprendre, mais moi,
personnellement, j'aimerais ça avoir des réponses. Je crois que
le droit de parole de chacun étant, en cette commission...
M. Boisclair: Non, je voulais juste faire part de ma
volonté, de mon intention...
M. Gobé: Oui, oui.
M. Boisclair: C'est tout simplement ça.
M. Gobé: Mais je n'ai pas fini, vous permettez?
M. Boisclair: Oui, oui. Je n'ai pas le choix.
M. Gobé: Dans tout votre bilan là, on voit beaucoup
de choses comme ça, mais il y a une chose qu'on ne voit pas, au
ministère des Communications. La discrimination raciale,
l'intégration des immigrants, on en parle beaucoup, on parle d'augmenter
la consommation des médias, d'augmenter les services gouvernementaux. On
parle de tout ça. Mais, y a-t-il un programme chez vous qui vise
à sensibiliser les Québécois et les
Québécoises qu'il y a une nouvelle réalité qui
existe à Montréal? Vous avez, un certain nombre de
communautés, pour lesquelles vous intervenez à l'occasion
très bien, qui sont les communautés grecques, les
communautés italiennes, les communautés portugaises, dans le
temps, les communautés vietnamiennes aussi un peu, ce sont de vieilles
communautés, sauf peut-être la vietnamienne, qui sont au
Québec depuis 25, 30 ans, pour certains, qui sont déjà
très bien intégrées.
Mais on fait face maintenant, depuis quelques années, à un
afflux d'un nouveau genre d'immigrants de nouvelles régions du monde, de
régions totalement différentes des nôtres, avec des
religions totalement différentes de nous, des habitudes de vie
totalement différentes et des coutumes aussi différentes. Nous
avions en commun, mon ami le député de Viger et moi, pas
forcément la même langue, lui étant d'origine italienne et
moi française, mais au moins la même religion qui était
notre base, le creuset de notre culture, que vous-mêmes, les
Québécois, vous aviez. C'était facile de nous
intégrer avec vous parce que nous avions au moins fait le petit
catéchisme ensemble, peut-être pas dans la même langue, mais
on apprenait le même catéchisme et la même Bible. On avait
donc une base commune,
de certaines valeurs morales qui découlaient de ça.
Là, on fait affaire, on reçoit maintenant de nouveaux
arrivants, de nouvelles personnes qui viennent de régions du monde
où les religions, où les cultures, où les coutumes
véhiculent d'autres valeurs totalement différentes de celles que
les arrivants plus anciens que nous pouvaient avoir et que vous, comme
Québécois de vieille souche - c'est comme ça qu'il faut
appeler ça maintenant - ou de souche, vous avez.
Est-ce que votre ministère est conscient de ce
phénomène qui s'est développé depuis deux, trois
ans dans la grande région de Montréal? Est-ce qu'il est conscient
que les 55 000 immigrants, que l'énoncé de politique de
l'immigration de la ministre Gagnon-Tremblay propose de faire venir au
Québec année après année, vont venir en très
très grande partie de ces régions totalement différentes
des bassins traditionnels de notre immigration? Et est-ce que vous avez quelque
chose qui est prêt pour, d'abord, que nos Québécois
francophones et les communautés déjà existantes soient
prêts à subir ce choc? Parce qu'il va y en avoir un, choc, ne nous
leurrons pas, il va être là. Vous allez voir. Il a eu lieu
ailleurs dans d'autres pays du monde, il n'y a pas de raison que nous ne
l'ayons pas. Est-ce que... Parce que ce n'est pas juste auprès des
communautés qu'il faut faire de la communication et de la
sensibilisation, mais auprès des gens qui sont déjà
là. Est-ce que vous avez des plans pour préparer ces
communautés-là, aussi, a la réalité
québécoise, canadienne, qu'ils vont trouver en arrivant et qui
est différente?
M. Cannon: Pour ce qui est des pians d'intégration, etc.,
il faudrait adresser votre question notamment au ministre responsable de
l'immigration, des communautés culturelles, etc. Sauf que ce que je peux
vous dire, c'est que nous contribuons très largement, par notre action
vis-à-vis des communautés culturelles et des minorités qui
font maintenant partie de, je dirais, la mosaïque
québécoise. On le fait par la publicité, j'ai eu
l'occasion de vous le mentionner. On incite les ministères à
"visibiliser" les communautés culturelles dans leur publicité, et
ça, de toutes les recommandations que j'ai vues de la part du
sous-ministre, c'est toujours une recommandation qui est présente. Dans
ce sens-là, je pense que nous le faisons, nous sommes prêts
à modifier les structures linguistiques, chez nous, au ministère,
pour accommoder notamment ces bassins de population avec des gens qui sont
capables de parler leur langue et de le faire à la fois en
français et dans la langue d'origine, afin de permettre à ces
communautés-là de mieux s'intégrer, de mieux s'adapter
à la vie québécoise, comme vous l'avez si bien
mentionné, essentiellement des gens que vous retrouvez aussi dans votre
comté, parce que c'est un comté où il y a beaucoup de
nouveaux arrivants. Je com- prends votre préoccupation. Alors, oui,
ça nous préoccupe énormément et oui nous voulons
faire en sorte que les Québécois soient
intégrés.
M. Gobé: Comme ministère des Communications, vous
avez une possibilité d'édition, de production
télévisuelle, enfin d'intervention. Vous pouvez être
certainement à la pointe de l'intégration.
M. Cannon: Oui, oui, absolument.
Le Président (M. Maciocia): Est-ce que...
M. Boisclair: Oui, si on pouvait passer monsieur...
Le Président (M. Maciocia): Est-ce que le programme 1 est
adopté?
M. Boisclair: Le numéro 1, et je suis même
prêt à adopter le numéro 2.
Le Président (M. Maciocia): Même le programme 2?
M. Boisclair: Oui. Je serais prêt à passer au 3.
Le Président (M. Maciocia): Est-ce que le programme 2 est
adopté aussi?
M. Boisclair: Oui, adopté.
Le Président (M. Maciocia): Mais étant
donné...
M. Boisclair: II nous reste encore trois minutes. Juste prendre,
aller très rapidement, ce sera réglé. De toute
façon, on a déjà 15 minutes à rajouter.
Le Président (M. Maciocia): Oui, c'est ça.
Étant donné l'heure, je préfère qu'on suspende les
travaux jusqu'à 20 heures. Les travaux sont suspendus jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 28)
(Reprise à 20 h 20)
Le Président (M. Doyon): La commission de la culture
reprend maintenant ses travaux en continuant l'étude des crédits
du ministère des Communications. Nous sommes au programme 3. Je suis
prêt à accorder la parole au député de Gouin.
M. Boisclair: Oui. En précisant qu'il nous reste - quoi -
1 h 45, environ?
Le Président (M. Ooyon): Je vais vérifier, je
vous le dirai tout à l'heure.
Technologie de l'information
M. Boisclair: Parfait! J'aimerais peut-être aborder la
question du 9-1-1. M. le ministre, vous avez fait un certain nombre d'annonces
depuis votre nomination. Vous en faites d'ailleurs un dossier prioritaire. On
évalue les coûts de l'implantation du système 9-1-1
à environ 35 000 000 $. Il y a déjà différentes
possibilités de financement qui sont étudiées: on parle
d'impôt sur le revenu, on parle d'une taxe spéciale, on parle d'un
montant qui pourrait être ajouté sur le compte de
téléphone, on parle de 0,98 $. Est-ce qu'il y a un mémoire
qui a été déposé au Conseil des ministres? Quand
prévoit-on... Vous dites sur une période de cinq ans, je
crois.
M. Cannon: Oui, c'est ça.
M. Boisclair: Qu'en est-il exactement?
M. Cannon: J'ai mentionné, dans mon intervention, que le
document qui circule actuellement à l'intérieur du gouvernement
prévoit une implantation graduelle sur une période de cinq ans,
région par région. La raison pour laquelle ça se fait de
cette façon-là, c'est que, techniquement parlant, il faut aussi
que le partenaire qui exécute le travail, c'est-à-dire Bell
Canada avec ses commutateurs, soit en mesure de pouvoir implanter le logiciel
que nous désirons mettre en application et que les autres entreprises,
quant à la façon d'organiser, je dirais, la technologie de
pointe, puisque l'un des objectifs qu'on poursuit dans ce dossier-là
comme dans les autres dossiers à caractère technologique, c'est
d'être capable, plus tard, d'exporter ce produit sur des marchés
autres que le marché québécois, puisque nous croyons qu'il
y a potentiellement un marché extrêmement intéressant pour
ce genre de choses là... Donc, en résumé, le dossier
chemine à travers les différents ministères. Je pense que,
compte tenu des événements qui se sont produits et du rapport du
groupe De Coster, ça ajoute davantage de poids à ce
dossier-là.
M. Boisclair: Est-ce que vous avez présenté un
mémoire au Conseil des ministres?
M. Cannon: Le mémoire sera présenté au
Conseil des ministres lorsqu'il aura franchi le COMPACS.
M. Boisclair: L'implantation du service ailleurs que dans la
région métropolitaine est prévue pour quand? Quel est
l'échéancier de réalisation? Quand est-ce que vont
commencer les travaux?
M. Cannon: Encore une fois, ça va dépendre de la
capacité de Bell Canada de pouvoir livrer ses équipements en
temps. Donc, ça va exiger, de ce côté-là, une
coordination. Mais bien avant de commencer ces choses-là, si nous
obtenons l'aval du Conseil des ministres ce que je souhaite de tout coeur et ce
pourvoi je vais me battre, nous allons donc, à ce moment-là, je
souhaiterais l'automne prochain, déposer un projet de loi pour fins de
consultation. À ce moment-là, l'ensemble de
l'échéancier dont nous parlons pourra être
discuté.
M. Boisclair: Quel moyen de financement envisagez-vous? Est-ce
que vous retenez toujours...
M. Cannon: Je pense que vous avez fait pas mal le tour des
options. Il n'y a rien, au moment où on se parie, qui a
été franchement arrêté. Vous avez pas mal fait le
tour des options qui se présentent.
M. Boisclair: Vous êtes conscient aussi que, dans la mesure
où on ajoute 0,98 $ sur la facture de téléphone, c'est
0,98 $ plus la taxe fédérale, plus la taxe provinciale.
M. Cannon: Out.
M. Boisclair: Quant à moi, c'est une formule à
laquelle il faudrait penser à deux fois. Si on implante ce
système-là, ce n'est pas pour financer le fédéral
ni pour en tirer des profits sur la taxe de vente.
M. Cannon: Non. Au stade où nous en sommes, nous sommes en
train d'articuler un certain nombre d'hypothèses; je pense que vous les
avez mentionnées. Il est sûr aussi que, dans bien des
régions au Québec, il y a des citoyens qui sont
déjà récipiendaires, si vous voulez, des bienfaits du
9-1-1. Il y a d'autres régions qui sont sur le point de mettre en
application un projet qui est fort bien articulé. Je pense notamment
à la région de l'Outaouais et aussi à la région de
Sherbrooke, à des groupes que j'ai rencontrés. Mais comme je l'ai
mentionné tout à l'heure, il nous intéresse
énormément de pouvoir procéder région par
région dans ce dossier-là et d'essayer d'avoir un consensus
très large pour que l'objectif de l'accessibilité et de
l'universalité soit respecté afin que l'ensemble des citoyens sur
tout le territoire québécois puissent bénéficier de
ce service d'urgence.
M. Boisclair: Donc, en y allant région par région,
mais en retenant toujours une formule uniforme de financement.
M. Cannon: Oui.
M. Boisclair: Donc, l'implantation en région,
malgré les démarches entreprises à Sherbrooke et
en Outaouais, ne pourra pas se faire tant et aussi longtemps...
M. Cannon: C'est-à-dire que nous croyons qu'il y a...
M. Boisclair: ...que le projet de loi ne sera pas
déposé.
M. Cannon: Oui. L'une des choses que nous...
M. Boisclair: Donc, ce qui veut dire pas avant un an au
moins.
M. Cannon: ...disons souvent à ces groupes-là,
c'est que nous croyons pouvoir négocier compte tenu des économies
d'échelle.
M. Boisclair: J'ai de la difficulté à vous
entendre.
M. Cannon: M. le Président, on a, malheureusement, de la
misère à se comprendre.
Le Président (M. Doyon): Oui. Alors, je demanderais aux
membres de la commission, s'il vous plaît, d'observer un semblant de
silence. M. le député.
M. Cannon: Alors, je disais donc, M. le député de
Gouin que, ce faisant, région par région, nous croyons que,
regroupées, nous pouvons avoir des économies d'échelle
substantielles et que nous pouvons aussi dicter le type et la forme de
technologie que nous voudrions voir appliquée au logiciel de base. Dans
ce sens-là, ça se complique un petit peu. Nous avons et nous
prêtons notre concours technique, des collaborateurs du ministère,
à ces régions, à ces regroupements de
municipalités. Ceux qui veulent bien s'en servir, nous avons des gens
qui sont à leur disposition afin de leur fournir tous les renseignements
possibles quant à l'application et à l'implantation
éventuelle sur leur territoire.
Je parlais de Sherbrooke et de l'Outaouais, les deux régions sont
fort bien organisées. J'ai rencontré, en compagnie des
députés de ces régions-là, les responsables de ce
mouvement-là du 9-1-1, tout en leur disant le plan ou l'intention
gouvernementale, ne voulant pas, par ailleurs, freiner leur intention de
procéder le plus rapidement possible, parce que, dans certains cas, Bell
Canada est déjà prête à fonctionner. Alors, nous
pouvons leur prêter notre concours technique pour ce faire, ce qui ne
mettra pas, je ne le pense pas, en péril l'éventuelle application
du 9-1-1 sur l'ensemble du territoire.
M. Boisclair: Donc, malgré le fait que vous n'ayez pas une
politique arrêtée sur le financement, sur l'utilisation, par
exemple, du logiciel qui sera choisi, sur différentes formules, vous
êtes déjà prêt, vous seriez prêt à
immédiatement procéder dans certaines régions pour
l'implantation du systèrr.3.
M. Cannon: C'est-à-dire que je laisse la volonté
des citoyens aller de l'avant, dans ces dossiers-là. Si, effectivement,
les gens dans les régions veulent aller de l'avant, moi, je ne peux pas
les contraindre à ne pas aller de l'avant. Au contraire, s'ils veulent
aller de l'avant, ils le font et ils trouvent leur formule de financement. Ce
que je dis...
M. Boisclair: Vous...
M. Cannon: Non, ce que je dis, c'est que je veux éviter,
tantôt, que, sur l'ensemble du territoire, il y ait tellement de
dilapidation et des efforts perdus... C'est pour ça qu'il est
nécessaire d'avoir une intervention gouvernementale. Mais je ne peux pas
aller plus vite que la technologie, et je pense que les gens que j'ai
rencontrés ont bien compris cette chose-là et qu'ils sont
prêts à attendre après le gouvernement.
M. Boisclair: J'aimerais cependant rappeler aux membres de la
commission, qui m'écoutent avec beaucoup d'intérêt, qu'il y
a déjà plus de trois ans, le ministre French faisait de ce
dossier une priorité. Mme Hébert, il s'agit de relire
l'étude des crédits à l'époque, le ministre qui a
précédé... Je m'excuse, c'est le ministre Dutil. J'invite
le ministre à relire l'étude des crédits...
M. Cannon: Ce n'est pas M. French, ni Mme Hébert.
M. Boisclair: Non, non, M. Dutil qui... Je vous invite à
relire le Journal des débats à l'occasion de
l'étude de crédits, pas l'an dernier, l'autre avant. M. Dutil
faisait une priorité de l'implantation du système 9-1-1. Mme
Hébert, à l'époque, en avait aussi parlé, de
façon peut-être moins claire, en des termes moins clairs que les
vôtres. Mais je pense que vous comprenez bien qu'il y a
déjà un bout de temps qu'on en parle, qu'il n'y a pas grand-chose
qui s'est fait et qu'aussi, une intervention rapide est d'autant plus
pertinente, en ce sens qu'il y a sans doute des économies
d'échelle importantes à réaliser et que c'est
peut-être dans l'intérêt de bien des gens de
développer une formule, un concept qui soit reconnu comme efficace.
Parce que vous savez comme moi qu'il y a différentes solutions qui sont
sur la table. On parle, dans certains cas, de centrales
téléphoniques, dans d'autres cas d'appels qui pourraient
être automatiquement acheminés vers, par exemple, le centre de
police. On dit que plus de 80 % des appels s'adressent aux services policiers.
Mais j'aimerais tout simplement rappeler aux membres de la commis-
sion que ça fait longtemps qu'on en parle, qu'une intervention
rapide est souhaitée et que...
M. Cannon: II ne faut pas non plus laisser l'impression...
M. Boisclair:... vous puissiez assurer l'initiative dans ce
débat-là.
M. Cannon:... vous en conviendrez avec moi, que, sur le
territoire québécois, il n'y a personne qui est en mesure de
pouvoir bénéficier du système 9-1-1: 30 % de la population
en bénéficient, actuellement. Je pense qu'il est important aussi
de noter... Vous me parlez du développement technologique. J'ai eu, la
semaine dernière, l'opportunité - c'est-à-dire il y a deux
semaines - de visiter les entreprises CML dans la région de
Hull-Outaouais qui, elles, se spécialisent notamment dans la
configuration des logiciels de commutateurs pour le 9-1-1. C'est une firme
québécoise avec... Je dirai pour mes collègues de la
région de Québec que c'est des ingénieurs qui viennent de
l'Université Laval qui travaillent dans cette entreprise, ce qui m'a
grandement étonné en termes de recrutement. Je suis très
heureux de voir ça, alors qu'il y a bien des gens qui pensent qu'ils
traversent la rivière pour aller dans le parc technologique Kanata, mais
ce n'est pas le cas, il y a des gens qui travaillent là, très
activement. C'est une entreprise qui vient de décrocher quelques
contrats aux États-Unis et nous tentons, dans les démarches du
ministère, de favoriser un partenariat entre cette entreprise-là
et Northern Telecom pour qu'ensemble ils développent ce logiciel qui
sera adapté à nos besoins. Mais, encore une fois, la
période de vérification, les tests qui doivent être
effectués font en sorte qu'il y a des délais. Alors, quant
à celui qui vous parle, moi, je suis tout à fait favorable - et
je pense que c'est l'intention du gouvernement - à l'application du
9-1-1, à l'implantation du 9-1-1, mais pas de n'importe quelle
manière, pas de n'importe quelle façon. Il faut que nous le
fassions avec le moins d'écueils possible pour que nous puissions aussi
avoir des économies d'échelle substantielles. Et je pense que
vous êtes d'accord avec ça.
M. Boisclair: Mais j'ai déjà entendu ça.
J'ai lu les mêmes propos de M. Dutil, votre ancien...
M. Cannon: Je ne pense pas que M. Dutil ait visité CML ni
Northern Telecom parce que c'est nouveau.
Logiciels québécois
M. Boisclair: Non, non, mais il a quand même
manifesté cette même intention. Je pense que M. Pigeon pourrait
sûrement en témoigner. Puisqu'on en est dans la question justement
des logiciels québécois, j'aimerais... Un autre
élément du programme m'amène à discuter de cette
question particulière. Je ferai référence à une
correspondance que vous avez eue avec ma collègue, la
députée de Chicoutimi, et je crois qu'elle a envoyé aussi
une copie conforme de sa lettre au ministre de l'industrie et du Commerce.
Plusieurs indications, non seulement dans ce cas-ci, mais dans le cas aussi de
Procol où il y a eu des démêlés avec le
ministère de l'Industrie et du Commerce, nous indiquent et nous
laisseraient croire, à tout le moins, que le logiciel
québécois serait victime d'injustice. Au ministère des
Communications on manquerait de confiance, apparemment, dans le génie
québécois et ça conduirait à la destruction du
présent et de l'avenir économique et technologique du
Québec, dit-on.
Le cas de l'entreprise québécoise Softma-tion, conceptrice
du logiciel de traitement de texte WordGenie, est révélateur
d'une situation problématique au ministère des Communications.
Ainsi, le ministère aurait un système d'évaluation des
logiciels de traitement de texte vicié - et on pourrait répondre,
essayer d'en faire une certaine démonstration - et
préférerait à tout le moins le statu quo à
l'innovation et à la simplification. Selon nos sources, même s'il
est laissé de côté par le ministère des
Communications, le logiciel de traitement de texte WordGenie serait pourtant
supérieur à WordPerfect. Et là, je prends une citation de
gens du ministère de l'Industrie et du Commerce. Permettez-moi de citer
le journal Les Affaires du samedi, 6 avril: "S'il faut en croire Jean De
La Satrionnière, analyste de l'informatique au ministère de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie à Québec, WordGenie
surclasse de loin tous les autres traitements de texte comparables dans
l'environnement MS/DOS. "
À tout le moins, on peut reconnaître - et je pense que vous
le ferez facilement, M. le ministre - qu'il existe des points de vue divergents
quant à l'efficacité de ce logiciel. Le ministre, dans sa lettre
envoyée à la députée de Chicoutimi, parie d'une
seconde évaluation du produit. Est-ce que cela s'est fait? Et si oui,
quel en est le résultat?
Le Président (M. Doyon): M.le ministre.
M. Cannon: Oui, simplement, lorsque le député, M.
le Président, indique que le ministère des Communications manque
de génie et d'initiative, j'y trouve là des propos
peut-être un peu erronés, parce que...
M. Boisclair: Je citais. C'est ce qu'on dit. Je ne l'ai
pas...
M. Cannon: Oui, oui, bon alors...
M. Boisclair:... pris à mon compte.
M. Cannon:... j'espère et je sais que vous
ne tenez pas, justement, ces propos-là. Vous citez et vous
réclamiez que je puisse corriger justement ces propos-là.
Avant de céder la parole au sous-ministre pour qu'il puisse vous
répondre d'une façon plus précise quant à la nature
de la demande de la députée de Chicoutimi, je voudrais simplement
vous dire que, depuis plusieurs années maintenant, le ministère
des Communications s'inscrit dans les grands progrès technologiques qui
existent au Québec. Il suffit de penser au projet Macroscope qui a
été lancé il n'y a pas longtemps où, grâce au
Fonds de développement technologique du gouvernement du Québec -
un montant de tout près de 300 000 000 $ - il y a 300 000 000 $ qui sont
disponibles pour les firmes pour des projets qui durent de deux à cinq
ans. Il faut mentionner aussi que la majorité de ces projets-là,
à caractère technologique, touchent de très près le
ministère des Communications et, grâce au travail de partenariat
qui a été fait, d'initiative, je dirais de génie, dans
bien des cas, de regrouper les gens, je pense bien que le développement
technologique au Québec va de l'avant et surtout avec l'apport et
l'initiative des gens du ministère des Communications.
Alors, pour ce qui est plus précisément de la question qui
a été soulevée par la députée, votre
collègue de Chicoutimi, je demanderais à M. Pigeon,
peut-être de compléter ma réponse.
Le Président (M. Doyon): M. Pigeon.
M. Pigeon: Avec grand plaisir. Le domaine des logiciels à
très grand tirage, grand public, style, Lotus, 1, 2, 3, Frame Work, et
paticulière-ment dans le cas de WordPerfect, est un
phénomène mondial. WordPerfect, vous le savez probablement, est
le logiciel de traitement de texte dominant, avec plus de 60 % du marché
mondial, même plus de 60 % du marché francophone. Au gouvernement
du Québec, personne, ni une instance centrale ni nous, n'a
édicté un choix de logiciel de traitement de texte. WordPerfect a
été plutôt le choix de marché gouvernemental. Il a
été le choix des personnes qui ont à travailler avec, que
ce soit des secrétaires, des professionnels et autres. C'est un choix
qui s'est imposé de façon naturelle chez les personnes qui sont
des utilisatrices de ces produits-là, qui ont des produits à
livrer. Chez nous, comme dans la bureaucratie de la République
française, comme dans la bureaucratie de la communauté
française de Belgique et d'autres que je connais, il s'est
avéré que le produit WordPerfect a conquis, par tous les moyens
qu'on connaît, et sûrement que le système de distribution
très, très évolué, le système de licence
très articulé... Il y a des dizaines de millions de dollars qui
sont mis en promotion sur ces logiciels-là à travers le monde qui
sont conçus également pour des grandes administrations, si bien
que ce produit-là a été choisi, a été
épousé par les gens un peu partout. Donc, il s'est un petit peu
imposé. Le marché l'a un peu imposé comme standard. Donc,
ça a été un choix qui a été f?rt de cette
façon-là et non pas un choix qui a été fait de haut
en bas.
M. Boisclair: Je pourrais vous répliquer aussi que ce
n'est pas seulement une question de modifier les comportements des gens
à l'égard de ces logiciels, mais c'est aussi de simplifier,
d'augmenter l'efficacité et d'apporter une certaine amélioration,
puisque la démonstration par plusieurs experts semble...
M. Pigeon: Oui, je suis d'accord avec ça, mais je vous dis
que le marché, ce sont les utilisateurs. Au gouvernement du
Québec, au gouvernement du Canada, au gouvernement de la
République française et dans tous les autres, ce
produit-là a conquis d'emblée l'ensemble des grandes
bureaucraties et s'est avéré relativement bien adapté. Il
y a tout un phénomène sur lequel je passerai rapidement, de la
même façon que c'est le Lotus 1, 2, 3 qui a fait rentrer les
micro-ordinateurs dans les grandes administrations comme celle du gouvernement
du Québec. Donc, le produit - j'évite de me prononcer sur qui est
meilleur ou quoi - WordGenie est un produit fort différent. C'est un
produit qui est issu d'une logique et d'une façon de faire très
différente et c'est très difficile, dans une organisation,
d'avoir des produits qui sont difficilement compatibles surtout quand il s'agit
de traiter du texte comme ça. Donc, on se retrouve vraiment devant, dans
ce cas-là, pour le logiciel de traitement de texte, une situation de
fait, de facto, où les utilisateurs ont choisi ça et, comme je
vous dis, le gouvernement, ni par son bras Communications, Trésor ou
autre, n'a choisi de se différencier. Et j'insiste là-dessus,
notre comportement, comme bureaucratie québécoise, est à
peu près le même, est exactement le même que celui du reste
du monde occidental.
Et il n'y a pas beaucoup de produits de ce type-là que des petits
marchés comme le nôtre réussissent à
développer. Cependant, nous faisons des efforts exceptionnels pour
placer des produits québécois et, souvent, ce sont des choses qui
sont peu connues. Je vais vous en donner une illustration. Il s'est
développé au Québec un produit pour gérer des
salles d'ordinateurs, un produit qui s'appelle Strateck, un logiciel qui se
vend beaucoup plus cher d'ailleurs qu'un logiciel de traitement de texte. Notre
ministère a fait en sorte, en l'occurrence avec un partenaire qui
était Hydro-Québec, de voir à généraliser
l'utilisation de ce logiciel qui gère des grands centres
informatiques.
Je pourrais prendre tout un nombre d'exemples comme ceux-là.
Chaque fois que, dans le marché, le produit québécois
arrive assez tôt, avec un produit qui est perçu comme étant
acceptable, pour lequel on peut pousser un peu
dans l'administration publique ou dans l'administration parapublique,
nous le faisons. C'est le cas... Le ministre a parlé tout à
l'heure du logiciel de repérage Molière, que nous appuyons de
façon particulièrement vigoureuse et j'en ai tout une liste ici,
qu'il serait trop long de passer. SSM Procol, que vous avez
évoqué tout à l'heure, est également un produit
pour lequel on fait énormément de démarches. Notre vitrine
technologique: comme on n'est pas dans un univers où on dicte
l'utilisation des produits, sauf lorsqu'il s'agit de certains
éléments qu'on doit absolument normer, les grands logiciels de
base de données, des grands systèmes et des choses comme
celles-là, nous offrons aux producteurs québécois le
bénéfice de notre vitrine technologique pour leur permettre
d'avoir un avantage qui va compenser pour des inconvénients qu'ils ont,
à savoir d'avoir des systèmes de distribution qui sont moins
développés, d'avoir des systèmes de promotion et
d'accès à des grandes revues américaines et autres.
Donc, je dirais qu'au contraire je ne connais aucune - si on peut se
vanter deux secondes - administration au Canada qui fait autant d'efforts pour
être capable de placer des logiciels québécois chaque fois
que c'est possible. Mais là où nous avons le plus de
succès, c'est généralement dans des logiciels de niches,
dans des logiciels qui correspondent à un besoin très,
très particulier. C'est très rare, sauf peut-être qu'il y a
l'exception de Hugo Plus, le dictionnaire qui fait un malheur en France et
aussi chez nous et qui offre des compatibilités avec les logiciels que
j'ai évoqués tout à l'heure, où c'est possible. Nos
grands succès sont d'abord des succès de niches. Ce n'est pas
qu'on ne veut pas, mais, dans ce cas-là, comme pour le cas de Lotus et
quelques autres, on est pris dans un contexte mondial comme celui que je vous
ai décrit tout à l'heure.
M. Boisclair: Ce sont des propos, d'ailleurs, qu'on retrouve dans
la lettre du ministre Cannon.
M. Pigeon: Ce n'est pas tellement surprenant.
M. Boisclair: Mais, laissez-moi juste vous lire un certain nombre
de réflexions qui, je pense, résument bien l'intervention qui
représente un point de vue différent du vôtre, avec tout le
respect que j'ai pour les efforts que vous faites au ministère: On doit
décider et effectuer un changement lorsqu'il se justifie par les
bénéfices et avantages qu'il introduit: des économies, des
gains de productivité, une évolution. Il faut donc évaluer
attentivement les avantages coûts et bénéfices
impliqués. L'histoire des technologies de l'information, du traitement
de l'information et, en particulier, du traitement de texte est riche
d'exemples de changements d'habitudes des utilisateurs. Exemple: WordPerfect
qui a remplacé Multimake, qui avait lui-même remplacé World
Star, qui remplaçait des systèmes dédiés au
traitement de texte, qui remplaçaient la machine à écrire
électronique, qui remplaçait fa machine à écrire me
nielle, etc. La démonstration a été faite à
plusieurs reprises que l'effort requis pour commercialiser un produit est
inversement proportionnel à son innovation. Un produit très
innovateur technologiquement, nettement en avance de la compétition,
peut être mis en marché et conquérir ses
compétiteurs avec des ressources de commercialisation inférieures
à celles de ses compétiteurs au départ.
Là encore, les exemples sont nombreux. Lorsque vous parlez des
niches, effectivement, c'est l'argumentation que reprend le ministre, mais il y
a certaines personnes qui se demandent - et, je crois, à bon titre - que
sera le Québec lorsque toutes les niches seront occupées par des
produits étrangers. Un dépendant entièrement
colonisé, dit-il, un pur importateur, une nation du tiers monde?
Existe-t-il encore des niches de marché inoccupées? Qu'advient-il
de l'innovation? Les applications ne peuvent-elles plus évoluer?
Je crois qu'il y a un certain nombre d'interrogations qui sont
légitimes et que ce n'est pas tout simplement en disant: Bien, tout le
monde le fait, fais-le donc... C'est un peu comme les saucisses Hygrade: Plus
on en mange, plus elles sont fraîches et plus elles sont fraîches,
plus on en mange. Si c'est bon pour les saucisses, peut-être que ce
serait bon pour les logiciels québécois. D'autant plus que des
agences fédérales - on me parle d'une agence, le CRISP, j'oublie
exactement comment elle s'appelle - reconnaissent l'efficacité de ce
logiciel. Des gens du ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie semblent aussi porter un jugement différent du vôtre.
Je prends encore à témoin M. De La Sablonnière qui ne
tarit pas d'éloges et je le cite: À l'étage où
j'étais auparavant, il y avait sept personnes qui travaillaient avec
WoridGénie sans avoir suivi aucun cours; personne ne voulait revenir
à WorldPerfect, conclut-il pour se faire plus convaincant encore.
J'aimerais tout simplement souligner cette
réalité-là et souligner que, lorsque le ministre nous dit
que l'émergence des entreprises québécoises ne se fera
qu'à partir de niches de marché non occupées, est-ce que
cela signifie, par exemple, que son ministère refuse toute innovation ou
simplification dans les niches déjà occupées? On peut se
poser cette question-là. Vous semblez encourager le développement
des entreprises québécoises, mais, lorsque nos produits semblent
supérieurs, je crois qu'il y a d'autant plus d'intérêt
à le faire. Il y a aussi la question du système
d'évaluation qui, apparemment, favoriserait des produits
déjà établis. J'aimerais, moi, qu'on puisse approfondir
là.
M. Cannon: Je pense que vous tombez très
facilement là, je dirais, dans l'erreur, lorsque vous indiquez:
Éventuellement, y aura-t-il des niches pour que les entrepreneurs
québécois puissent fonctionner si un jour toutes les niches sont
occupées? Vous savez comme moi, vous avez oeuvré dans le secteur
de l'analyse financière, révolution rapide qui se fait dans le
domaine du marketing, dans le domaine de la technologique, de
l'entrepreneuriat, etc. Vous savez très bien que les choses
s'améliorent. Prenez simplement le téléphone des
années cinquante ou des années soixante et regardez les
progrès technologiques qui se sont faits. Je pense que vous allez
convenir avec moi qu'il ne faut pas tomber dans les arguments en disant: Oui,
il y a une fin éventuelle à tout développement. Ce n'est
pas tout à fait exact et c'est dans ce sens-là que le
ministère, chez nous, contribue à aider et à
développer.
(20 h 45)
Je veux simplement, avant de permettre au sous-ministre de continuer
l'illustration avec un autre exemple, vous dire que le ministère est
présent aussi dans plusieurs organismes. Nous appuyons le Centre de
promotion du logiciel québécois. Nous avons travaillé
à sa formation et nous l'appuyons. Il s'agit d'un regroupement de
personnes qui travaillent à fabriquer du logiciel
québécois ou des logiciels pour éventuellement en faire la
distribution et le développement. La Fédération de
l'informatique du Québec, c'est un autre organisme avec lequel on a une
collaboration assez étroite et avec qui on travaille.
Alors, ce sont là des organismes qui sont, à mon avis,
très représentatifs du milieu et qui travaillent en
étroite collaboration avec nous, non seulement au niveau de
l'échange des idées, mais aussi de la promotion de ce que nous
avons au Québec, qui est particulier dans bien des cas, mais où
on essaie aussi de tailler des créneaux et des niches pour pouvoir
exporter, pour pouvoir faire une piastre finalement. Je vais peut-être
laisser le sous-ministre vous donner juste un autre exemple, M. le
député, et...
M. Boisclair: Oui, mais ce que j'aimerais juste... parce que le
temps passe et vous savez comme moi que j'aimerais bien pouvoir entendre les
gens de la Commission d'accès et essayer de consacrer au moins une
demi-heure à la question de Radio-Québec... Mais, oui.
M. Pigeon: Écoutez, juste une minute. Un, je vous rappelle
que WordPerfect a les trois quarts du marché mondial; les trois quarts
du marché mondial. Ça en fait vraiment un être... C'est un
peu Ford et General Motors, du monde de l'automobile, mis ensemble. C'est
extrêmement difficile de s'attaquer à des géants de cette
taille-là.
Mais j'ai en tête, j'ai vu la semaine dernière un produit
qui s'appelle Silverrun, qui est un produit de génie logiciel, donc un
outil pour fabriquer des logiciels, un produit qui fonctionne très bien,
qui, comme on l'a pris tôt, est arrivé au bon moment dans le
marché. On est à le standardiser à travers le gouvernement
du Québec. Pour tous les informaticiens, ça va être leur
boîte à outils. Alors, chaque fois que c'est possible, on le fait,
mais là, comme je vous le dis, la taille du géant a fait que ce
n'est pas nous qui avons choisi, c'est les clients.
M. Boisclair: Moi, j'éviterais cependant, et je ne sais
pas s'il y a un... Je sais que votre ministère produit un bilan de
l'utilisation - j'oublie exactement comment il s'appelle - mais un bilan qui
résume...
M. Pigeon: J'en ai un ici.
M. Boisclair: ...l'utilisation, la façon dont c'est
utilisé. Je ne sais pas jusqu'à quel point il y a un certain
nombre de données qu'on y retrouve, mais ce serait intéressant de
voir... Juste, par exemple, à titre d'illustration, il y a un certain
nombre de questions: Quelle proportion des achats de logiciels par le
gouvernement est dirigée vers l'industrie québécoise, vers
les partenaires économiques ou vers les non-partenaires? Quels
organismes gouvernementaux sont sujets à la politique d'achat et
à la politique de partenariat économique du gouvernement? Des
organismes sujets a la politique, combien s'y soumettent? Quel est le bilan
réel de la politique d'achat du gouvernement du Québec? Quel
était le déficit de la balance commerciale du Québec en
technologie de l'information avant l'instauration de la politique du
partenariat économique et quel est le déficit aujourd'hui? Il y a
plusieurs questions, je crois, qu'on pourrait se poser. C'est sûr qu'on
ne pourra pas régler ça ce soir, mais
j'apprécierais...
M. Cannon: Peut-être qu'avec mon collègue, le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, vous allez pouvoir
trouver des réponses. Entre-temps, j'aimerais peut-être vous
déposer le document intitulé "Les technologies de l'information
au gouvernement du Québec 1988-1989; bilan et perspectives". C'est un
document quand même...
M. Boisclair: Dont j'ai copie.
M. Cannon: Oui. Alors, il peut répondre essentiellement
à un certain nombre d'interrogations que vous avez, mais non pas
à l'ensemble des questions. C'est pour ça que je vous invite
à revenir interroger le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie pour avoir de plus amples informations.
M. Boisclair: Mais, cependant, moi, j'inviterais le ministre
à porter une attention particulière à ce dossier-là
et à répondre, par
exemple, à ces questions que je viens de poser. Je suis convaincu
qu'il serait surpris des réponses qu'il y trouverait. J'ai, dans mon
comté, des gens que j'ai rencontrés qui vivent beaucoup de
problèmes. Je parle surtout des gens qui ont des problèmes avec
l'industrie et le commerce. Mais vous savez qu'il y a plusieurs partenaires
dans le développement de l'informatique au gouvernement du
Québec, ce n'est pas simple, on en a déjà discuté,
M. Pigeon s'en souvient: Approvisionnements et Services, Industrie et Commerce,
Conseil du trésor, les Communications. Ce n'est pas simple. Vous savez
aussi quels sont les propos qu'a tenus le Vérificateur
général à l'égard du développement...
M. Cannon: La préoccupation que vous avez, comme vous le
savez, ça fait partie de notre tableau de bord en termes de
priorités. J'ai demandé au sous-ministre de mettre en place
justement un comité de ces intervenants, comme vous venez de le
mentionner, afin qu'on se pose spécifiquement les questions que vous
soulevez ici, ce soir. Dans...
M. Boisclair: Quel mandat avez-vous confié à ce
comité-là?
M. Cannon: II y a le ministère de l'Industrie et du
Commerce...
M. Boisclair: Quel mandat?
M. Cannon:... le Conseil du trésor, etc. Alors, de
regarder la problématique que vous venez de soulever et le mandat...
M. Boisclair: Du développement du logiciel
québécois?
M. Cannon: Comment?
M. Boisclair: Du développement du logiciel
québécois?
M. Cannon: L'ensemble de la technologie d'information, de
façon générale, et ça, c'est le
"générique", ça inclut aussi le logiciel.
M. Boisclair: Et je présume qu'il devra faire rapport.
M. Cannon: Oui, ça fait partie des priorités du
ministère. Donc, l'an prochain, quand on va se retrouver, vous allez
nous demander le bilan.
M. Boisclair: Alors, je proposerais l'adoption du programme, M.
le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui. Est-ce que le programme 3
est adopté? Le programme 3 est adopté.
Nous passons maintenant au programme 4,
Régie des télécommunications.
Régie des
télécommunications
M. Boisclair: M le Président, j'ai juste un
problème.
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Boisclair: Avec tout le respect que j'ai pour le
président de la Régie, il nous reste seulement 40 minutes pour
discuter. Je préférerais qu'on adopte immédiatement cet
élément de programme et qu'on puisse...
Le Président (M. Doyon): Le programme 4?
M. Boisclair: Oui. Et qu'on puisse procéder à la
Commission d'accès à l'information.
M. Cannon: Si je comprends bien, la Régie des
télécoms, ça fonctionne bien, vous êtes très
satisfait.
M. Boisclair: Bien, j'aurais des questions. On a eu l'occasion
d'en aborder quelques-unes entre nous. J'aimerais bien aller au fond des
choses, mais, qu'est-ce que vous voulez, on doit faire des...
M. Cannon: Là-dessus, M. le député, je vous
répondrais que, quant à moi, j'étais prêt à
passer sept ou huit heures, hein? La négociation, c'est vous qui la
menez avec le bureau du leader.
M. Boisclair: Oui, et ça, j'en conviens très bien,
mais vous savez comme moi que, déjà, d'avoir été
capable d'aller chercher quatre heures pour le dossier des communications,
c'est déjà remarquable. Ça a souvent été
moins que ça dans le passé.
M. Cannon: Oui. Mais il faut dire aussi qu'on était
prêts.
M. Boisclair: Bien moi aussi, je suis prêt. Je pourrais
même adresser par écrit...
M. Cannon: Non. C'est parce que ça fait au moins deux
reprises, M. le député, que vous mentionnez que c'est le
gouvernement qui décide, alors que vous savez très bien que c'est
négocié entre les deux. Quant à moi, la directive que
j'avais donnée, c'est que nous étions prêts à
discuter de toutes ces choses-là.
M. Boisclair: Oui.
M. Cannon: Vous me dites que vous auriez voulu avoir sept heures,
huit heures. On a passé peut-être une heure à se chamailler
sur des procédures cet après-midi. Alors, c'est regrettable. Le
président de la Régie des télécom-
munications vient... Juste pour compléter...
M. Boisclair: Permettez-moi de vous rappeler que vous avez fait
un discours d'une demi-heure, aussi.
M. Cannon: Le président est ici pour répondre
à vos questions et vous jugez que ce n'est pas opportun. Donc, j'en
conclus que vous n'avez pas de questions à poser. Ça va bien.
Le Président (M. Doyon): Le programme 4 est-il
adopté?
M. Boisclair: M. le Président, permettez-moi tout
simplement de rappeler au ministre qu'il a pris une demi-heure pour faire sa
présentation. L'an dernier, nous avions pu passer...
M. Cannon: Deux minutes de trop.
M. Boisclair: ...l'ensemble des intervenants et le sous-ministre
Pigeon peut en témoigner. Le président aussi peut en
témoigner. L'ensemble des organismes étaient passés parce
que la ministre avait accepté de déposer son discours et qu'elle
n'avait fait que deux ou trois minutes de remarques préliminaires.
Il y a un certain nombre d'éléments,
particulièrement à l'égard de la protection de la vie
privée en matière de télécommunications, dont
j'aimerais discuter, particulièrement de l'avis de la Régie. Je
vais vous le demander, tiens! Est-ce que vous avez l'avis de la Régie en
matière de protection de la vie privée?
M. Cannon: Non. C'est à la fin du mois d'avril.
M. Boisclair: Et est-ce qu'on peut savoir combien de
mémoires ont été entendus à l'occasion de cette
commission? . % sM. Cannon: On va demander au
président de la Régie de venir si vous voulez le rencontrer.
Ça va me faire plaisir. M. Demers.
Le Président (M. Doyon): M. Demers, pour les fins du
Journal des débats, vous pouvez vous identifier, s'il vous
plaît?
M. Demers (Jean-Marc): Jean-Marc Demers, président de la
Régie des télécommunications.
Le Président (M. Doyon): Bienvenue.
M. Boisclair: M. Demers, je vous remercie, d'autant plus que
c'est la première fois qu'on a le plaisir de se rencontrer. Votre
prédécesseur a été appelé à des
fonctions importantes pour représenter notre gouvernement à
l'extérieur. Je crois que c'est tout à son honneur, quelqu'un
avec qui j'ai eu l'occasion d'échanger à plusieurs reprises et,
je pense, qui a été reconnu pour le travail qu'il a fait et je
tiens à le souligner. J'aimerais vous souhaiter bonne chance aussi dans
la réalisation de vcîre mandat.
M. Demers: Merci.
M. Boisclair: Compte tenu de la problématique que j'ai
exposée, j'aimerais revenir, par exemple, sur ce dossier-là qui
m'intéresse de façon plus particulière. La Régie
prévoyait remettre son avis à la fin mars au ministre. Si ma
compréhension des choses est exacte, est-ce que la Régie
s'apprête à déposer ce mémoire-là sur toute
la question de la protection de la vie privée en matière de
télécommunications?
M. Demers: C'est exact. Nous le remettrons au cours du mois, vers
la fin du mois d'août. Enfin, nous sommes à perfectionner le
rapport actuellement. Donc, toutes les auditions ont eu lieu, les
mémoires ont été étudiés et la
rédaction est en fin de course.
M. Boisclair: Combien de mémoires ont été
présentés à l'occasion de ces audiences?
M. Demers: Nous avons eu 12 personnes qui ont fait des
représentations, dont deux individus. Alors, si on compte les gens qui
sont venus aux auditions, ça fait 12 personnes, quoique nous ayons
envoyé...
M. Boisclair: Je présume que ces auditions... Ils avaient,
d'ailleurs, un mandat très clair quant au mandat pour les consultations
particulières, le document que vous avez fait circuler auprès des
gens qui se sont présentés en commission parlementaire. Quel
arrimage faites-vous avec les dispositions contenues à la loi
d'accès? Vous savez, comme moi, que la loi d'accès s'applique
seulement aux organismes publics. Mais est-ce que vous vous inspirez de
certaines dispositions, pour l'application d'un certain nombre de
règles, reconnues dans la ioi d'accès, dans la rédaction
de votre rapport, pour les appliquer finalement à une partie du secteur
privé?
M. Demers: Je crois que nous partons plutôt des
télécommunications comme telles et des problèmes qui ont
surgi avec la nouvelle technologie. Maintenant, je ne voudrais pas ici, avant
d'avoir déposé le rapport auprès de mon ministre,
illustrer trop précisément. Puisqu'on est à fignoler les
derniers ajustements au rapport, je ne sais pas jusqu'à quel point je
peux m'ouvrir à vous actuellement.
M. Boisclair: Est-ce que peut-être le ministre pourrait
préciser s'il entend... Je présume qu'il aura à prendre
connaissance du rapport dans les semaines qui viennent. Est-ce qu'il peut nous
dire de quelle façon il entend
intervenir et quelle est sa conception aussi de l'application de la loi
d'accès ou de ses principes au secteur privé? Il y a une tendance
qui est en train de se développer à l'heure actuelle, que je
crains énormément. Chaque industrie ou chaque secteur
d'activité économique est en train de se doter de ses propres
règles, que ce soient des codes de déontologie dans le cas des
institutions financières, et on l'a vu avec la modification de la Loi
sur les assurances. D'autres secteurs aussi sont en train de se doter de
règles internes. Il faut se dire pourquoi. C'est parce que, finalement,
on veut échapper à une règle plus générale
qui serait contenue dans une loi d'accès à l'information.
Est-ce que le ministre entend privilégier ce type d'intervention
ou est-ce qu'il va laisser le secteur et chaque industrie, dont celle des
télécommunications, développer sa propre
réglementation dans le secteur ou s'il entend agir de façon
globale, en collaboration, je le conviens, avec le ministre de la Justice, qui
nous promet déjà depuis belle lurette... Vous l'avez repris dans
votre présentation que le ministère de la Justice entreprendra
sous peu des consultations publiques, mais il y a déjà plus d'un
an et demi qu'on nous dit ça.
M. Cannon: Oui. Au fait, il y a plusieurs choses, là, dans
la question que vous venez de poser, M. le député. D'abord, je ne
peux pas présumer de la direction que je vais prendre à la
réception du document que M. Demers va me faire suivre, parce que je
n'en connais pas le contenu et vous direz que ce n'est pas la meilleure chose
à faire que de décider tout de suite ce que je vais faire avec le
document sans en avoir pris connaissance. Alors, je peux vous assurer que le
meilleur choix sera suivi au moment où j'aurai pris connaissance du
document.
La deuxième partie de votre question se réfère
directement au secteur privé. Tout à l'heure, on aura l'occasion
de discuter avec M. Comeau. Ce que je peux vous dire, c'est que, dans le cas de
la banque de commercialisation, c'est-à-dire du rapport qui a
été rendu public, là il y a des pistes à suivre.
J'ai demandé à M. Comeau et à ses commissaires de se
pencher sur cette question-là afin de nous donner la direction. Et,
comme vous l'avez si bien mentionné, à l'intérieur des
recommandations qui étaient contenues dans le rapport, il y en a une qui
touche plus particulièrement le secteur privé.
Et là-dessus, j'ai saisi - comme j'ai mentionné aux
membres de la Chambre - mon collègue, le ministre de la Justice, du
contenu du rapport qui a été déposé et aussi,
encore une fois, de mon grand intérêt de pouvoir participer avec
lui à une commission parlementaire qui aurait lieu cet automne, me
dit-on.
M. Boisclair: Faut-il rappeler que la com- mission de la culture,
si je ne m'abuse, s'est déjà penchée sur cette
question...
M. Cannon: Oui.
M. Boisclair: ...e recommandait, comme secteur prioritaire,
l'extension...
M. Cannon: Oui.
M. Boisclair: ...des principes de la loi d'accès et de la
protection des renseignements personnels au secteur privé. On
identifiait, à l'époque, comme secteur prioritaire, les
institutions financières et j'oublie les deux autres, mais il y avait
deux ou trois champs qu'on identifiait comme prioritaires. La réflexion
n'est pas nouvelle. Est-ce que je dois en arriver à cette
conclusion?
M. Cannon: C'est-à-dire qu'on pourra échanger un
peu plus tard avec M. Comeau, mais il y a toute la question de finalité
et puis comment on va procéder, etc. Il y a toute la question aussi qui
est soulevée par l'Europe 1992, les critères, etc., quant
à la possibilité, pour des entreprises québécoises,
de faire affaires dans ces pays-là qui doivent et devront se conformer
à des directives bien précises quant à la
confidentialité des documents, etc. (21 heures)
Alors oui, actuellement, c'est une chose très importante et sur
laquelle il faut qu'on se penche très rapidement. Je pense que je ne
vous apprends rien en vous disant ça. Moi aussi, j'arrive dans le
dossier, comme vous, vous êtes présent dans le dossier
peut-être depuis un petit peu... Quoi? Un an, un an et demi. Oui, c'est
important qu'on fasse quelque chose, et très rapidement, dans ce
secteur-la.
M. Boisclair: J'aimerais pouvoir passer à l'adoption
du...
Le Président (M. Doyon): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 4?
M. Gobé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
LaFontaine.
M. Gobé: M. le ministre, quelle est l'approche de la
Régie vis-à-vis des télécommunications
informatiques? Est-ce qu'il y a des gens en particulier qui traitent ça
ou est-ce que c'est traité comme les communications
téléphoniques normales?
M. Cannon: Je vais laisser à M. Demers le soin de
répondre là-dessus, sur les règlements, parce qu'il y a
beaucoup de lois qui touchent notre loi québécoise.
M. Deniers: M. le ministre, si j'ai... Une voix: Pas
encore.
M. Deniers: Excusez-moi. Je m'excuse, M. le député.
Si j'ai bien compris votre question, nous traitons des
télécommunications, qu'elles soient de voix ou de... Nous
réglementons les télécommunications qui sont faites par
nos entreprises, aussi bien la voix que les données.
M. Gobé: II n'y a pas de différence entre...
M. Demers: II y a des différences de tarification, si vous
voulez, mais c'est la seule différence que j'y vois, une
différence technique aussi, bien sûr, qui est basée sur le
fait qu'il y a des réseaux de données et qu'il y a des
réseaux de voix. Je ne sais pas si j'ai saisi votre question, mais tout
ce que font nos entreprises est sous notre juridiction. Il y en a plusieurs qui
font de la transmission d'informatique de télécommunications.
M. Gobé: Quel est le barème de comparaison, par
exemple, pour établir un tarif avec une compagnie qui est sous votre
juridiction, comparativement... À quoi vous établissez... Sur la
compétition, comment voyez-vous ça? Vous regardez
l'extérieur, l'intérieur?
M. Cannon: Si vous regardez le secteur de la
téléphonie, je pense que c'est clair, les comparaisons.
Québec-Téléphone, Bell Canada, etc., on tente toujours de
trouver une certaine base de profitabilité ou de rentabilité de
l'entreprise, de s'assurer que les tarifs sont les plus concurrentiels
possible, de ne pas pénaliser les citoyens dans l'établissement
de ces tarifs, de s'assurer aussi que le service est comparable avec le service
qui est dans une autre entreprise, à toutes fins pratiques, et, aussi,
un élément que nous retrouvons surtout dans le cas de
Québec-Téléphone, une obligation de consacrer une partie
de son budget à la recherche et au développement, de sorte qu'on
a pu voir le projet Consortel, etc. Alors, dans ce sens-là, le
comportement de la Régie des télécommunications du
Québec est, je dirais, semblable, même j'irais jusqu'à dire
supérieur à celui du CRTC puisqu'elle possède des outils
peut-être un petit peu plus modernes que le CRTC. Dans ce sens-là,
je pense que le travail qui a été fait et qui est fait
actuellement mérite d'être souligné avec beaucoup
d'attention, non seulement parce que les gens qui y sont sont très
compétents, mais aussi parce que les décisions qui sont rendues
rencontrent de façon générale l'aval non seulement des
entreprises, mais des citoyens qui sont touchés par ces
décisions.
M. Gobé: Vous avez parlé d'outils plus modernes que
le CRTC. Moi, je suis un peu profane dans ce domaine. Quand même, on a
à voter dessus, pour ou contre. Alors, c'est quoi, les outils plus
rr.oderr.33?
M. Cannon: Je pense que le meilleur véhicule, c'est que,
déjà, le temps d'attente - et je pense que c'est
déjà une chose extrêmement importante - pour une demande
qui est déposée devant la Régie est deux, trois, quatre
fois plus rapide que l'organisation fédérale. La structure est en
soi très légère, dans la mesure où elle est capable
de répondre à ça, et, en ce sens-là, beaucoup plus
moderne pour répondre, je dirais, à des choses qui apparaissent
dans le secteur des nouvelles technologies, que ce soit la domotique ou que ce
soit, par exemple, l'avis qu'on a demandé aux gens de la Régie
quant à la confidentialité des renseignements qui sont transmis
par les appareils téléphoniques, c'est-à-dire l'affichage.
Et c'est l'avis sur lequel la commission s'est penchée. Dans ce
sens-là, elle est capable de réagir plus rapidement que le CRTC,
donc plus moderne dans son approche.
M. Boisclair: J'ajouterais surtout depuis les modifications
législatives qui ont été apportées, pas la session
dernière, mais la session précédente.
M. Cannon: Oui, l'autre avant.
M. Gobé: Est-ce qu'il y a une coopération avec le
CRTC ou si chacun travaille dans son coin? Il n'y a pas une harmonisation
à faire? Est-ce qu'il y en a une?
M. Demers: On tente d'en faire. On a eu des échanges au
niveau des fonctionnaires de la Régie; deux ou trois sont venus à
la Régie, venant du CRTC, pour comprendre comment nous opérions
et, la même chose, nous avons envoyé deux ou trois officiers
seniors de notre Régie pour comprendre aussi comment on fixait les taux.
En fait, c'est les mêmes règles qui s'appliquent, mais dans un
contexte un peu différent, l'entreprise ou les entreprises qui sont
réglementées à Ottawa étant grandes, très
grandes par rapport aux nôtres ici qui sont plus modestes, mais qui
rendent d'aussi bons services.
M. Gobé: Une dernière question. Vous avez combien
d'employés dans votre Régie?
M. Demers: Nous sommes 28.
M. Gobé: Qui font quoi? C'est quoi, le profil d'un
employé? C'est un technicien, un ingénieur, un informaticien, un
analyste, un économiste?
M. Demers: Des analystes, des ingénieurs et des
avocats...
M. Gobé: Des avocats.
M. Demers: ...disons pour une quinzaine de personnes, et, les
autres, du support matériel et autres.
M. Gobé: Merci, M. Demers. M. Demers: Merci.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. Est-ce que le programme 4 est adopté?
M. Gobé: Adopté.
Le Président (M. Doyon): II est donc adopté. Le
programme 5 qui traite de la Commission d'accès à
l'information.
M. Boisciair: Moi...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Gouin.
M. Boisciair: ...je veux juste demander au ministre s'il serait
d'accord pour prolonger de 10 minutes nos travaux. Il me ferait plaisir de
demander à M. Comeau de se présenter. Sinon, je proposerai...
M. Cannon: La réponse à cette question, c'est un
ordre de la Chambre. Ce n'est pas entre mes mains à moi, c'est entre les
mains du président et des députés.
M. Boisciair: Bien, si vous donnez votre consentement et si les
députés donnent leur consentement...
M. Cannon: Déjà, on devait terminer à 21
heures, comprenez-vous, et il y a eu 10 minutes, 15 minutes; là, on
termine à 21 h 30 à date?
Le Président (M. Doyon): À 21 h 30, ça se
terminera.
M. Gobé: M. le Président, je dois faire remarquer
que, si mon eminent collègue n'avait pas présenté des
motions au début de la séance, on serait peut-être
déjà rendu à Radio-Québec.
M. Boisciair: Je propose l'adoption tout simplement du programme
5, si je ne m'abuse...
Le Président (M. Doyon): 5! Est-ce que le programme 5 est
adopté?
M. Boisciair: ...avec mes excuses pour M. Comeau à qui
j'écrirai.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. Comeau. Merci
beaucoup.
M. Cannon: M. Comeau, vous faites une très bonne job!
M. Boisciair: Programme 6.
Société de radio-U évision du
Québec
Le Président (M. Doyon): Donc, après l'adoption du
programme 5, nous passons au programme 6, la Société de
radio-télévision du Québec. M. le ministre veut
peut-être avoir des gens près de lui.
M. Cannon: Oui. Mme Bertrand. Est-ce que j'ai compris que le
député de LaFontaine voulait proposer l'adoption du programme
6?
Le Président (M. Doyon): C'est 5.
M. Gobé: Oui, c'est exact, M. le Président, M. le
ministre, pardon.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Gouin.
M. Cannon: Alors simplement, M. le député de Gouin,
à mes côtés, il y a Mme Bertrand et M. Alain Dufour, qui
est vice-président à l'administration aux finances.
M. Boisciair: Vous comprenez les intérêts que nous
avons pour le débat à Radio-Québec, compte tenu de tout ce
qui a été dit et compte tenu aussi des propos que Mme Bertrand a
tenus en conférence de presse, qui nous faisait très clairement
savoir à nous, parlementaires, que nous en étions vraiment
à la toute dernière limite, qu'il ne serait plus possible pour
Radio-Québec de s'acquitter de son mandat de télévision
publique et de télévision éducative si jamais on lui
appliquait des compressions supplémentaires, et je cite Mme la
présidente-directrice général, là-dessus, elle
disait: "Nous commençons à attaquer la structure même de
Radio-Québec." Je crois, M. le Président, que cette
décision, imposée par le Conseil des ministres, qui aura pour
effet... La non-indexation n'est pas un choix du conseil d'administration,
même que le plan directeur de 1989 à 1992 prévoyait une
augmentation des budgets de plus de 5 % en plus de l'indice du coût de la
vie, si je ne m'abuse. Il prévoyait, en tout cas, des augmentations
importantes du budget: 5 % en 1990-1991, 5 % en 1991-1992 et 5 % en 1992-1993,
ça, excluant l'augmentation du coût de la vie. La
réalité est fort différente: 3,4 % en 1990-1991 et une
diminution de 0,05 % en 1991-1992, donc une dichotomie importante entre ce qui
était prévu au plan directeur et ce qui est prévu aussi au
cahier de crédits qu'on nous a présenté.
Je crois que cette décision est d'autant plus surprenante de la
part du gouvernement du Québec que vous vous êtes opposé,
M. le minis-
tre, fermement et avec beaucoup de vigueur aux dernières
restrictions budgétaires survenues à Radio-Canada et que vous
sembliez très préoccupé par la crise majeure qui affecte
l'ensemble de l'industrie télévisuelle, particulièrement
en ce qui a trait à la télévision francophone. Je crois,
comme je vous le disais cet avant-midi, que, par vos gestes, vous êtes
venu, d'une certaine façon, aggraver et étendre cette crise. La
société Radio-Québec évaluait à 3 700 000 $
en dollars constants le manque à gagner qu'elle subissait annuellement,
en raison du fait que la hausse de la subvention gouvernementale de 3, 8 % ne
crouvrait pas l'inflation. Et je pourrais continuer, M. le Président,
longtemps, pour parler aussi de l'importance de la mission de
Radio-Québec et faire valoir d'autres intérêts, mais la
question finalement se pose. Nous aimerions, bien sûr, souligner la
façon dont ces compressions se sont faites, se sont
opérées. Faut-il rappeler aussi que ce n'est qu'à la
veille de l'ajournement pascal ou alentour du congé des fêtes que
les premiers sons de cloche, quant à la possible non-indexation de la
subvention, se sont fait entendre et qu'ils se sont concrétisés
dans un échéancier très court sans permettre un
véritable débat public sur Radio-Québec, malgré
l'intention qui avait été mise en lumière, mise en
vigueur, pas mise en vigueur, mais plutôt manifestée, à
l'époque, lorsqu'on parlait du... Souvenez-vous du débat qui a
entouré la formation du comité sur le développement des
régions ou du rôle de Radio-Québec dans les régions,
suite à la fermeture du bureau de Saint-Omer.
Tout ça pour dire qu'il faut comprendre aussi l'évolution
de la situation. Il y a une baisse importante des revenus autonomes. Faut-il
rappeler que nous sommes très loin des objectifs fixés dans le
plan directeur en termes d'atteinte d'objectifs, en termes de revenus
autonomes. On prévoyait une augmentation de 25 %. C'est une baisse de
près de 16 % ou 17 %, de mémoire. Alors, la situation de
l'ensemble n'est pas des plus réjouissantes pour Radio-Québec, et
Mme Bertrand soulignait, avec raison aussi, je crois que ce n'est pas
seulement... Il ne faut pas critiquer, ce n'est pas l'administration de
Radio-Québec qui en est responsable. Je crois que l'administration prend
pour environ 10 % des budgets de Radio-Québec.
On pourrait rajouter aussi dans le débat la diminution importante
du nombre d'heures produites à l'interne. On s'en va de plus en plus
vers de la production privée, vers des... Je vois la
présidente-directrice générale qui me fait signe que non.
J'aimerais lui sortir quelques chiffres tout à l'heure. J'y reviendrai.
Mais j'aimerais que le ministre, de façon générale, me
convainque. Cet après-midi, il n'a pas répondu à mes
questions. Il m'en a posé d'autres.
M. Cannon: Peine perdue d'essayer de vous convaincre.
M. Boisciair: J'aimerais entendre le ministre sur l'ensemble du
portrait et finalement quelle est sa conception du rôle d'une
télévision publique. Comme je lui disais cet après-midi,
si c'est pour faire de la télévision privée, la même
chose que la télévision privée, il n'y a pas grand
intérêt à...
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
M. Cannon: Je suis très heureux de voir, M. le
député, qu'on a établi une chose, c'est que c'est cet
après-midi que vous m'avez posé des questions. Parce que, depuis
16 heures cet après-midi, vous me parlez de ce matin, ce matin. Alors
là, on s'entend là-dessus. Au moins, voyez-vous, là, c'est
déjà un pas dans la bonne direction.
Je dirai au député simplement...
M. Boisciair: Je suis content de voir aussi, M. le
Président, qu'il commence à répondre aux questions et
qu'il ne m'en pose plus.
M. Cannon: Ha,ha, ha!
M. Boisciair: Non, mais franchement là.
M. Cannon: Mais peut-être que là, vous allez
écouter les réponses. Je dirai au député qu'il y a
un certain nombre de choses qu'il a soulevées. Il a parlé de
coupures. Il a parlé des réalités. Il a parlé de
Radio-Canada. Il a parlé de la manière dont la décision a
été rendue. Il a parlé des régions, etc. Bon, alors
on va essayer d'adresser ces questions-là dans l'ordre ou dans le
désordre, mais afin que le député puisse bien
comprendre.
Le gouvernement du Québec vit une réalité qui est
une réalité financière. La décision du Conseil des
ministres d'apporter des coupures paramétriques est une décision
qui, bien sûr, est lourde de conséquences puisqu'elle frappe tout
le monde dans la société. C'est un choix de gouvernement
d'apporter ces décisions-là et de faire en sorte que, dans la
mesure du possible, là où il y a des gestionnaires et là
où l'influence gouvernementale s'exerce, l'on puisse suivre cette ligne
de conduite. À cet égard, vous avez mentionné que le
gouvernement du Québec n'a pas jugé nécessaire d'indexer
la subvention à Radio-Québec. Là-dessus,
déjà, ce n'est pas tout à fait exact puisque ça
été indexé, mais il a été revu, il a
été indexé pour tenir compte de l'augmentation des
salaires. Mais aussi, cette indexation, elle a été
diminuée de sorte que le manque à gagner, par rapport à
1990-1991, le budget qui a été versé est un manque
à gagner de 290 000 $. Ça, c'est écrit, c'est clair dans
les documents. Ça, je vous l'ai dit cet après-midi. Parce que
là, j'essaye de reconstituer avec vous la problématique. (21 h
15)
Alors, dans ce sens-là, même si le gouver-
nement du Québec avait fourni 290 000 $ de plus,
Radio-Québec se trouverait dans une situation où elle serait
obligée d'apporter, je dirais, des mesures de saine gestion à peu
près semblables à celles qui ont été prises par la
présidente-directrice générale et le conseil
d'administration, puisque, dans un autre moment, vous allez voir dans les
états financiers qu'il y a un manque à gagner de 800 000 $ sur
les opérations de l'année passée. À cela s'ajoute
une diminution, comme vous l'avez mentionné à juste titre, des
revenus publicitaires de 1 300 000 $, de sorte qu'on se retrouve face à
une situation de 2 100 000 $ par rapport à l'année 1990-1991.
C'est ça la réalité.
Deuxième réalité qu'il ne faut pas oublier. Lorsque
vous me dites haut et fort que j'ai défendu les intérêts de
la télévision francophone, je vous dirai: Oui, et je vais
continuer à les défendre, puisque les reproches qui m'avaient
été faits concernaient la fermeture en région de
Radio-Canada sur laquelle je n'ai aucune responsabilité. Je peux, par
contre, dire aujourd'hui que Rimouski, Aima, Rouyn et Sept-îles, qui,
avant les mesures de gestion appliquées par Radio-Québec,
étaient présentes, le sont toujours. On a travaillé sur
d'autres secteurs. Dans ce sens-là, on se différencie et on se
distingue de la manière dont on a fait le travail en région. Les
régions ont été autrement renforcées qu'elles ne
l'étaient auparavant dans la mesure où nous avons appuyé,
au niveau régional, une augmentation, ici, c'est marqué, de 7 %,
si je ne m'abuse, 6 %, en termes de nombre d'heures de production
régionale. Ça, c'est une réalité aussi.
Pour ce qui est de la décision gouvernementale, je
répète: Ce n'est pas facile pour un gouvernement de prendre des
décisions, mais il y a des décisions qui ont été
prises. Le président le sait comme moi et comme d'autres
collègues de la région de Québec, nous sommes plus
durement touchés par un gel imminent des salaires des employés de
la fonction publique. Il aurait été tout à fait impensable
que le gouvernement du Québec, au-delà du montant de quelque 63
000 000 $ qu'il verse cette année à Radio-Québec, pour ses
opérations, ait rajouté là-dessus un montant qui viserait,
non seulement à combler l'écart des revenus manquants au niveau
publicitaire, mais aussi du manque à gagner des opérations
courantes de l'an passé. Impensable! Absolument et totalement
impensable! C'est une décision de gouvernement, c'est une
décision politique et, dans ce sens-là, je félicite Mme
Bertrand et les gens du conseil d'administration qui, à juste titre, ont
non seulement maintenu le mandat de Radio-Québec, mais, dans certains
cas et au niveau régional, l'ont renforcé. C'est une
télévision qui mérite les éloges des élus du
Québec et non pas qu'on leur tire dans les pieds. Au contraire, c'est
une télévision qui, de loin, a été
supérieure à Radio-Canada au niveau de la performance de sa
programmation et des émissions. Ça a été retenu et
reconnu par les pairs dans l'industrie, avec les 23 prix Gémeaux qu'ils
ont gagnés.
Là-dessus, je dis au député que je comprends qu'il
ne comprendra pas ma réponse, mais que je pense que l'enseï oie des
Québécois et des Québécoises vont comprendre
exactement la situation dans laquelle on se retrouve, la bonne gestion qui a
été faite par les gens de Radio-Québec pour arriver
à présenter un budget équilibré dans les
circonstances et de continuer à maintenir, dans un environnement
télévisuel extrêmement difficile, la qualité de
services qu'ils sont capables de faire. Là-dessus, si vous avez des
questions à poser, je vous écoute et je suis convaincu que Mme
Bertrand est en mesure de répondre à toutes les questions d'ordre
technique et administratif quant au mandat qu'elle est en train
d'exécuter.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
LaFontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Bonjour, Mme la
présidente. Pour être, à l'occasion, un
téléspectateur de votre chaîne, il me fait plaisir de
pouvoir en parler un peu avec vous. Il y a quelque chose qui me surpend tout le
temps, lorsque je regarde Radio-Québec, c'est qu'on a toujours
l'impression qu'on est le seul à le regarder. Pourriez-vous nous dire
quelle est votre cote d'écoute?
Mme Bertrand (Françoise): La part de marché global
de Radio-Québec est de 4 %. Maintenant, chaque émission au fond a
son public. Si on prend, par exemple un endroit où la programmation de
Radio-Québec est très présente en produit original
québécois, la programmation pour enfants, la part du
marché est de 13 %. Donc, de 16 h 30 jusqu'à 18 h 30.
Évidemment, lorsqu'on arrive en heures de grande écoute, comme
nous offrons une programmation de complémentarité et que nous
avons des grands succès comme les "Filles de Caleb" qui est un autre
créneau que celui de Radio-Québec, bien sûr, la part de
marché, le soir, tombe à 3 % et 4 %.
Une voix:...
Mme Bertrand: Excusez.
M. Gobé: Oui, je vous en prie.
Le Président (M. Doyon): Une question, M. le
député...
Mme Bertrand: Je veux juste poursuivre là-dessus. Les
grands "A". Je pense tantôt que vous faisiez allusion à Mme
Bertrand que vous n'aimez pas particulièrement.
M. Gobé: Je n'ai rien contre. C'est parce
que je ne vois pas ce que ça apporte à la
société.
Mme Bertrand: Enfin, l'autre Mme Bertrand. Alors, Mme Bertrand,
dans le document qu'elle a produit des grands "A" sur les femmes battues, a eu
1 300 000 de cote d'écoute, il y a trois semaines. Alors, je pense que
ça mérite d'être mentionné.
M. Gobé: Est-ce que dans le contexte de...
Le Président (M. Doyon): M. le député,
l'alternance m'oblige à donner la parole à M. le
député de Gouin.
M. Gobé: Allez-y, mon cher collègue!
M. Boisclair: J'aimerais demander - là, il me reste 10
minutes, alors j'essaierai de les utiliser avec le plus d'efficacité
possible - et adresser dans une même question plusieurs questions. Les
chiffres que j'ai sont à l'effet que, depuis 1983-1984, si l'on compare
1983-1984 à 1989-1990, les productions autonomes sont passées de
709,8 heures à 787,5 heures et les acquisitions sont passées de
266 heures, en 1983-1984, à 353 heures, en 1989-1990. Les coproductions
sont passées de 75,3 heures, en 1983-1984, à 269 heures, en
1989-1990, ce qui m'amenait, tout à l'heure, à dire
qu'effectivement on semble privilégier les acquisitions et les
productions aux productions autonomes.
J'aimerais aussi essayer de voir de quelle façon cette
non-indexation va affecter les activités de Radio-Québec,
particulièrement par rapport à la programmation, par rapport
à l'entretien du réseau d'antennes qui a nécessité
plus de 25 000 000 $ d'investissement, par rapport aux ressources humaines? Je
crois que les précisions sont quand même assez claires et que
toutes les informations sont connues à cet égard. De quelle
façon aussi le manque à gagner va être absorbé en
termes d'acquisition de coproductions et de productions internes? Ce sont des
éléments sur lesquels il serait intéressant de voir de
quelle façon ça va se traduire.
J'aimerais particulièrement prendre quelques instants pour
plaider pour l'émission "Nord-Sud"; on en dit que c'est quand même
... Les titres que j'ai dans le journal, dans Le Devoir du samedi, 6
avril: La survie de "Nord-Sud", une question de 500 000 $. C'est quand
même assez original qu'on force les artisans d'une émission qui a
fait ses preuves, qui est reconnue à l'échelle internationale,
une émission qui est écoutée un peu partout dans plusieurs
pays dans le monde... Je crois que le ministre sait très bien les prix
remportés par "Nord-Sud". On a même une production version
anglaise qui s'en vient avec Mme Flora MacDonald. On sait que "Nord-Sud" est
écoutée en Afrique du Sud, en Algérie, au Bangladesh, au
Costa Rica, à Cuba, en Guinée, en Indonésie, en
Jamaïque, au Népal, au Panama. Ce sont quand même des
réalisations qui sont intéressantes. "Nord-Sud" est
considérée comme le fleuron de Radio-Québec et de la
télévision québécoise. Des sondages, d'ailleurs,
par les employés de Radio-Québec sont là pour le
démontrer. Je crois aussi que la collaboration avec l'ensemble des gens
du milieu est démontrée et appréciée aussi.
Donc, qu'est-ce que vous voulez, j'adresse tout ça de
façon un peu... J'essaie d'en faire un tout cohérent, ce qui
n'est pas nécessairement facile, mais j'aimerais qu'on puisse regarder
cette question-là, particulièrement pour "Nord-Sud" et pour ce
qui est de cette tendance qui semble se dessiner depuis 1983-1984 de plus en
plus vers de la programmation à l'extérieur de la boîte, ce
qui est un peu original dans un contexte où on va construire... Il y a
une annonce qui a été faite dans le cadre de
l'accélération des investissements publics, de construire le
bloc, là, de production, cette espèce de studio de montage.
J'aimerais aussi qu'en conclusion Mme Bertrand puisse nous éclairer sur
l'article du Devoir de M. Sansfaçon où on fait état
d'une rencontre quelconque au Club Saint-Denis. Je ne porte aucune... Je
voudrais tout simplement avoir plus de renseignements à cet égard
et voir ce qui en est, et parler aussi, si c'est possible, de l'émission
Tandem" où il y a eu apparemment un certain nombre de
démêlés juridiques qui ont impliqué des sommes
importantes dans le règlement de ces conflits-là. Qu'est-ce qui
en est? De quelle façon ça a été
administré?
M. Cannon: Peut-être, M. le député,
très brièvement parce que je sais qu'il nous reste quatre
minutes, je vais demander a Mme Bertrand de répondre de façon
assez pointue aux questions que vous avez soulevées.
Mme Bertrand: Alors, je vais répondre tout de suite sur la
question de l'argent confié à l'extérieur. En
coproduction, nous avions une entente gouvernementale de confier 25 % de notre
budget de programmation. On a atteint, l'an passé, 23 %. On a fini cette
année avec 23 %. L'an prochain, ce sera 17 %. C'est pourquoi je faisais
le signe "non" quant à votre question tantôt.
Pourquoi les acquisitions augmentent? Les acquisitions augmentent parce
que, en moyenne, elles coûtent 5000 $ la demi-heure, alors que
"Nord-Sud", dont vous pariez et dont tout le monde s'inquiète,
coûte 70 000 $ la demi-heure. Il y a là, sur une question
où il nous manque de l'argent, une nécessité de vouloir
être présent à l'antenne avec des produits qui ressemblent
au mandat et à la mission de Radio-Québec et nous devons, bien
sûr, à un moment donné, additionner nos moyens, et on se
rend compte qu'on ne peut pas se payer tout ce qu'on souhaiterait. "Nord-Sud",
c'est une production importante pour
Radio-Québec; c'est un fleuron pour Radio-Québec et nous
allons entamer toutes les démarches nécessaires pour aller
trouver le financement. Maintenant, on ne peut pas à la fois faire de la
production régionale, à la fois faire de la programmation pour
enfants, à la fois faire "Nord-Sud", faire des émissions
économiques, tout faire, compte tenu, comme tout le monde, que nous
sommes dans la crise économique.
Donc, le cri que j'ai lancé vendredi passé, après
le conseil d'administration, c'est: II faut que vous soyez conscients, les
journalistes, le gouvernement, qu'on ne pourra pas tout faire si on n'a pas les
moyens de tout faire. On doit donc exercer des choix très difficiles.
Nous avons pensé que, compte tenu du mandat de Radio-Québec, il
valait mieux, à ce moment-ci, préserver la programmation
régionale, préserver la programmation pour enfants et là
où il y avait des coûts importants comparatifs, c'était
"Nord-Sud" avec 1 000 000 $ de frais directs. Alors, nous avons investi un
montant de 325 000 $ nous-mêmes et nous allons aller chercher des
partenaires parce que, effectivement, nous avons reçu beaucoup de
lettres de protestations, mais il n'y avait aucun chèque avec les
lettres.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Bertrand: Alors, je suis tout à fait inquiète
moi aussi du sort de "Nord-Sud", mais je suis inquiète du sort de
Radio-Québec dans son ensemble parce qu'il me semble que l'ensemble de
sa programmation mérite non seulement d'être consolidée,
mais d'être développée. Et sont disparues aussi
"Lumières", Transitions", Tandem", "Québec inc."; toutes ces
émissions m'inquiètent. "Nord-Sud", évidemment, a une
espèce de lobby; son club d'amis semble plus important. Alors, je dis
qu'il me semble - et c'est ce que j'ai dit à la conférence de
presse vendredi - que j'aimerais voir le même cercle d'amis se
dérouler pour l'ensemble de la programmation de Radio-Québec
M. Cannon: Et, lorsque, M. le député, vous
souleviez - Mme Bertrand l'a peut-être oublié dans son
intervention - lorsque vous parliez de la diffusion de "Nord-Sud" dans
plusieurs pays, en termes de revenus, ça rapporte, Mme la
présidente, 125 000 $. Je pense que c'est ce que vous m'indiquez...
Mme Bertrand: Oui, c'est ça.
M. Cannon: Alors, oui, c'est une programmation et un programme
exceptionnel en termes de qualité, mais il y a quand même
qu'au-delà du fait qu'il est distribué un peu partout à
travers le monde, c'est 125 000 $ de revenus que ça
génère, alors que les coûts de production sont de 1 000 000
$. Alors, oui, je pense que...
M. Boisclair: II y a 425 000 $ aussi en subventions en
coproduction. M. Cannon: Oui. C'est ça. M. Boisclair: Pour
un te *al de 980 000 $.
M. Cannon: Oui, oui. C'est ça, 980 000 $. 1 000 000 $,
c'est ce qu'on a mentionné là. On est pas mal proche là.
C'est les choses auxquelles on est conviés et, encore une fois, c'est
sûr que ce n'est pas facile, je l'ai indiqué à Mme Bertrand
lorsque nous avons eu notre rencontre d'il y a trois semaines. Ce n'est pas
facile de prendre des décisions comme celle-là et c'est beaucoup
plus difficile pour Mme Bertrand aussi, après ces années de
travail à bâtir des choses, de dire: Quels sont les
éléments que je conserve et quels sont les éléments
que je ne conserve pas? Et, dans l'arbitrage final, moi, je tiens à
souligner le travail exceptionnel qui a été fait par le conseil
d'administration et aussi par Mme Bertrand qui nous ont déposé un
budget équilibré. Et je suis convaincu qu'avec la modification
qui sera souhaitée et qui pourrait subvenir dans le marché, nous
pourrons aller chercher des manques à gagner importants au niveau des
revenus publicitaires pour que non seulement Radio-Québec, mais
également Radio-Canada, bref la télévision privée
au Québec puisse bénéficier d'un meilleur essor
économique pour combler les carences que nous connaissons.
Le Président (M. Doyon): M. le ministre, ces quelques mots
terminent l'émission. Je demanderais maintenant...
M. Cannon: Avant la fin de l'émission, vous me permettrez,
simplement, M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Oui, bien sûr.
M. Cannon: ...de vous remercier, de remercier mon critique, le
député de Gouin, de même que les autres membres de la
commission, ainsi que les collaborateurs et collaboratrices du ministère
qui sont avec moi aujourd'hui, de même que les responsables des
régies et des différents organismes relevant de ma juridiction.
À tout ce monde, merci infiniment de votre attention.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que le programme 6 est
adopté?
M. Gobé: Adopté.
M. Boisclair: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Surdivision.
M. Boisclair: Et, M. le Président, si vous me permettez
moi aussi...
Le Président (M. Doyon): Rapidement.
M. Boisclair:... de tout simplement conclure en remerciant les
gens qui ont participé à nos travaux et de demander a Mme
Bertrand... Nous n'avons pas reçu les réponses aux questions 1
à 17, questions particulières qui lui étaient
adressées.
Une voix: Questions générales.
M. Boisclair: Aux questions générales, pardon, sur
Radio-Québec, les questions 1 à 17 qui ont été
adressées par le biais des leaders. J'aimerais bien qu'on puisse obtenir
copie de ces réponses-là. C'est supposé avoir
été transmis au ministère. Je ne sais pas s'il y a eu un
oubli ou s'il y a eu un problème de transmission de ce
côté-là.
M. Cannon: Je pense que ce n'est pas dans l'habitude, si je
comprends bien, de Radio-Québec, de répondre à ces
questions-là.
M. Boisclair: Oui, oui. Tout le monde le fait.
M. Cannon: Comment?
M. Boisclair: Tout le monde le fait. La Commission le fait, la
Régie des télécommunications le fait.
M. Cannon: Je ne sais pas si, par le passé, ça a
été fait.
Le Président (M. Doyon): Ces discussions pourraient avoir
lieu à un autre moment. Ce n'est pas nécessaire d'en discuter
ici, à la commission.
M. Boisclair: C'est ça.
M. Cannon: M. le Président, on m'indique que oui. Alors,
avec la secrétaire, on va...
M. Boisclair: Alors, peut-être remercier, finalement,
l'ensemble des intervenants.
Adoption des crédits
Le Président (M. Doyon): Merci beaucoup. Cette commission
ajourne... L'ensemble des crédits est adopté?
M. Boisclair: Sur division. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Adopté sur division. Nous
ajournons donc à demain matin, 9 h 30. La séance est
ajournée.
(Fin de la séance à 21 h 34)