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(Quinze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Doyon): À l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je veux souhaiter la bienvenue
à tout le monde et déclarer la séance ouverte. Je vous
indique que oui, il est 15 h 37. Je vous rappelle que le mandat de la
commission est le suivant: il s'agit de procéder à l'étude
des crédits budgétaires du ministère des Affaires
culturelles pour l'année financière 1990-1991. C'est un ordre de
l'Assemblée nationale en date du 29 mars 1990. Nous avons une
durée totale prévue de six heures. Le temps est normalement
partagé également entre les deux formations politiques.
Après avoir souhaité la bienvenue à Mme la ministre,
à ses sous-ministres et à tous les gens qui l'accompagnent, je
demanderais à Mme la Secrétaire de nous indiquer s'il y a des
remplacements.
La Secrétaire: 11 n'y a aucun remplacement pour la
séance.
M. Boulerice: II y aura Mme Blackburn qui va remplacer M.
Paré.
Le Président (M. Doyon): Alors, Mme Blackburn
(Chicoutimi), remplace M. Paré (Shef- ford). Quelqu'un d'autre, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques?
M. Boulerice: Non, les autres membres qui s'ajouteront
tantôt sont membres de droit de la commission.
Le Président (M. Doyon): Alors, donc, comme je le disais,
les règles de fonctionnement sont les règles normales de
commission parlementaire étudiant les crédits.
Théoriquement, le temps est partagé à part égale
entre l'Opposition et le gouvernement. Donc, Mme la ministre, s'il n'y a pas de
motion préliminaire, je vous inviterais à faire vos remarques qui
vont ouvrir la discussion, après nous avoir, peut-être,
présenté les gens qui vous accompagnent. Mme la ministre.
Remarques préliminaires Mme Lucienne
Robillard
Mme Robillard: M. le Président, oui, ça me fait
plaisir de vous présenter les gens qui m'accompagnent, À ma
droite, Mme la sous-ministre, Nicole Malo, Mme Micheiie Courchesne,
sous-ministre adjointe, et M. Henri-Paul Chaput, sous-ministre adjoint aussi.
Et à ma gauche, mon directeur de cabinet, M. Stéphane Bertrand
et
Mme Danielle Vachon, attachée politique.
Alors, M. le Président, voilà déjà
près de huit mois que je suis à la barre du ministère des
Affaires culturelles, ce ministère, comme vous le savez, dont le mandat
se situe au coeur même de notre démarche collective d'affirmation
de notre identité et de notre spécificité culturelle.
C'est par l'expression de notre création, sous toutes ses formes, par la
conservation et la mise en valeur de notre patrimoine, le plus riche qui soit
au Canada, en fait, c'est par la présence d'une vie culturelle intense
que s'entretient et que grandit notre fierté d'être
Québécois, d'être francophones. Cette fierté nous
permet de nous ouvrir au monde, d'accueillir d'autres cultures chez nous et de
faire rayonner la nôtre au-delà de toutes les frontières.
Ce ministère qu'on m'a confié, vous en conviendrez avec moi, M.
le Président, fascine par sa diversité, diversité dans les
contenus, diversité dans les clientèles, que ce soit les
artistes, les organismes grands et petits, les gens d'affaires, les
municipalités, et diversité des richesses que recèlent les
relations à entretenir avec nos partenaires gouvernementaux et
privés. Il fascine également par le dynamisme que
démontrent les milieux culturels et par leur volonté de
contribuer activement au développement et au rayonnement du
Québec.
Je l'ai déjà dit devant cette commission, M. le
Président, nous vivons une période d'effervescence, de
création, un éclatement des talents autant chez les
créateurs, les artistes que les gestionnaires d'organismes culturels et
cela, avec un public qui répond de plus en plus et, surtout, de mieux en
mieux. Sans être le signe d'une santé financière à
toute épreuve, elle indique toutefois une amélioration de la
condition économique des milieux culturels, amélioration qui se
traduit pour quelques-uns en un succès financier, pour un plus grand
nombre, en un équilibre très fragile et pour certains, en un
niveau de revenu des plus précaires.
Consciente de cette situation, j'aborde avec vous aujourd'hui la
défense des crédits du ministère des Affaires culturelles,
une étape importante dans notre processus de gestion gouvernementale
pour faire le point, clarifier les faits et les données,
présenter nos réalisations et livrer les principales avenues
d'intervention que nous avons retenues pour la prochaine année.
Les réalisations de l'année 1989-1990 sont significatives
et celles que je prévois pour 1990-1991 le seront tout autant. Si je ne
peux assurer aux milieux culturels que 1 % du budget de l'État sera
atteint dès cette année, je peux leur assurer que nous maintenons
le cap et que nos interventions visent et viseront à atteindre cet
objectif primordial.
Pour présenter en capsule l'année 1989-1990, disons que ce
fut une année d'accroissement significatif des fonds publics
affectés à la culture, une année d'implantation et
d'apprentissage des nouvelles règles du jeu en regard du statut
professionnel des artistes et des créateurs, une année de
consolidation et de poursuite des objectifs d'amélioration du soutien
aux organismes et aux industries culturelles, d'accès des
Québécois aux produits culturels d'ici et d'ailleurs, de soutien
à la relève professionnelle et finalement, une année
marquée par un très grand rayonnement culturel à
l'échelle nationale et internationale et par le renforcement du
partenariat public et privé.
Comme vous le savez, en avril 1989, le gouvernement du Québec
allouait des crédits de 241 000 000 $ au ministère des Affaires
culturelles plus 3 000 000 $ non récurrents. Le gouvernement maintenait
également l'abri fiscal applicable au cinéma et à
l'audiovisuel qui allait constituer pour le cinéma un apport de
près de 20 000 000 $ auxquels s'ajoute l'effort consenti pour aider la
production télévisuelle indépendante. Globalement, cela
représente une contribution de 66 500 000 $.
De plus, ce sont 2 000 000 $ annuellement que consacrent divers
organismes gouvernementaux et ministères à l'intégration
des arts à l'architecture et 2 000 000 $ qu'a alloués le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle à son programme de travaux
communautaires. Le gouvernement autorisait également de nouveaux
engagements en capital de 20 000 000 $ pour poursuivre le plan
d'amélioration des équipements culturels, de 9 000 000 $ pour la
restauration du parc immobilier patrimonial et de 8 000 000 $ pour
compléter sa contribution à l'agrandissement du Musée des
beaux-arts de Montréal.
L'année 1989-1990 a aussi été celle où l'on
a vraiment pu observer les premières retombées de la Loi sur le
statut professionnel et les conditions d'engagement des artistes de la
scène, du disque et du spectacle. Après une première
année d'implantation, la Commission de reconnaissance des associations
d'artistes a reconnu sept associations professionnelles. Elle a
également attribué un statut d'artiste à plusieurs
techniciens et professionnels oeuvrant dans le secteur du cinéma et de
l'audiovisuel. Il est clair qu'à ce jour, la retombée la plus
immédiate de cette loi a été la révision du
bulletin d'interprétation du ministère du Revenu pour
l'année d'imposition 1989. Si nous ne pouvons quantifier dès
cette année les effets de cette mesure, nous pouvons toutefois
témoigner de la satisfaction des artistes à son égard.
Mais l'application de cette loi et surtout de cette pratique de la
reconnaissance est encore trop récente pour que nous puissions en
évaluer l'impact. Sans doute, se dégagera-t-il la
nécessité d'y apporter des ajustements comme à toute
nouvelle loi. Comme elle restructure en quelque sorte les règles de
pratique et les relations de travail dans ce domaine, il importe de nous
assurer qu'elle sert les objectifs visés de reconnaissance des droits
des artistes sans mettre en péril la santé de l'industrie et sa
compétitivité sur le marché national et international.
C'est donc avec un esprit très ouvert que nous suivons les travaux de
cette commission et que nous recevons les représentations des
différents groupes concernés.
Quant à la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts
visuels, des métiers d'art et de la littérature et sur les
conditions de diffusion de leurs oeuvres, elle a été
progressivement mise en application à compter du 1er avril 1989. Tout
d'abord, dès le 1er avril, les dispositions concernant les contrats
entre artistes et diffuseurs sont entrées en vigueur et la Commission de
reconnaissance s'est vu octroyer des crédits additionnels pour se
préparer à remplir pleinement le rôle que lui confie la
loi. C'est au 1er novembre 1989 que la section sur la reconnaissance des
associations est entrée en vigueur. Je me permets d'ajouter, M. le
Président, que pour aider les associations à adapter leurs
statuts et règlements et leur organisation aux nouvelles lois, le
ministère leur a versé plus de 230 000 $ dans le cadre du
Programme d'aide à l'amélioration du statut de l'artiste. Les
artistes, comme producteurs de biens culturels, seront d'accord avec moi pour
affirmer que leurs gestes prennent un sens dans la mesure où la
collectivité peut recevoir leur message. Cet échange se fonde
évidemment, avant tout, sur la sensibilité des publics qui doit
être interpellée par l'artiste. Mais il est cependant
facilité par les moyens concrets que nous mettons à la
disposition des artistes par nos programmes d'aide aux équipements
culturels, d'aide aux réseaux de diffusion, d'aide au cinéma,
d'aide aux bibliothèques, etc.
Dans le secteur des bibliothèques, par exemple, l'année
1989-1990 a vu la création de sept nouvelles bibliothèques
publiques autonomes, ce qui porte la population maintenant desservie par un
service de bibliothèque au Québec à près de 5 800
000 personnes, soit 89 % de la population totale. Il s'agit là d'une
augmentation de 1,3 % par rapport à l'an dernier à pareille date.
En contribuant ainsi à l'amélioration des services de lecture
publique, le ministère s'inscrit en partenaire actif pour faciliter la
protection de notre langue et soutenir les efforts
d'alphabétisation.
En matière d'équipements culturels, de concert avec nos
partenaires, nous avons continué à soutenir le
développement et l'amélioration des outils de diffusion et de
production de la culture dans plusieurs régions. Nous avons
contribué à la réalisation du Centre de production
cinématographique à Montréal. Nous poursuivons
également, tel qu'il a été annoncé, le
parachèvement de nos grands projets, soit le Musée du
Québec, le Musée des beaux-arts de
Montréal, le Musée d'art contemporain et le
quadrilatère de la Place des Arts.
La diffusion de notre culture repose certes sur des réseaux
d'équipement, mais aussi sur des infrastructures solides et autonomes.
Ainsi, au Québec, en 1989-1990, le réseau des organismes
régionaux en arts visuels a reçu une aide accrue de la part du
ministère.
Reconnaître aux artistes un statut de professionnel, c'est
reconnaître qu'ils portent en eux le pouvoir de concrétiser
l'imaginaire, de lui donner la vie et surtout de nous le servir de telle
façon qu'on s'y reconnaisse et qu'on l'habite. Mais cette merveilleuse
faculté qu'ils possèdent de nous révéJer à
nous-mêmes ce que nous sommes suppose aussi la maîtrise de
techniques et de connaissances précises ainsi qu'une activité qui
s'exerce avec rigueur. C'est dans cette perspective, M. le Président,
que la formation professionnelle prend tout son sens. Et l'année
1989-1990 a connu, à ce chapitre, plusieurs développements
majeurs.
D'abord, en formation musicale, tel que prévu, le
ministère des Affaires culturelles a fait connaître la nouvelle
mission des conservatoires de musique, qu'il entend continuer à
actualiser. Cette mission vise l'accès à une formation musicale
de qualité à tous les niveaux et la complémentarité
des partenaires du milieu dans un effort constant d'utilisation optimale des
ressources collectives. La nouvelle mission est assortie d'un plan d'action qui
comporte les éléments suivants et dont l'application est
actuellement en cours: révision du régime pédagogique,
révision des lois, création d'un comité permanent de
formation en musique au ministère des Affaires culturelles et
coordination interministérielle.
Dans le domaine de la danse, misant sur l'excellence et
l'accessibilité de cette discipline, la ministre des Affaires
culturelles a confié à l'École supérieure de danse
du Québec le mandat d'améliorer et de promouvoir la formation en
danse classique. Un plan triennal de développement de la formation en
danse classique a été déposé par l'École et
accepté par le ministère, qui a signé avec elle une
convention. Le plan prévoit, entre autres, la création d'un jeune
ballet qui, d'ailleurs, a fait ses premières armes le 4 mai dernier,
à Chicoutimi, dans un milieu particulièrement
intéressé par la danse. J'ai eu moi-même l'occasion, M. le
Président, de voir ce jeune ballet justement dimanche, à
Saint-Jean-sur-Richelieu.
Pour ce qui est des métiers d'art, la formation dispensée
par l'Institut des métiers d'art et par le Centre de formation et de
consultation en métiers d'art, à travers les
écoles-ateliers, soutenues par le ministère des Affaires
culturelles, est maintenant reconnue pour l'obtention d'un diplôme
collégial. Cette intégration aux cégeps marque un pas
important vers la reconnaissance du statut de nos artisans.
Dans le domaine de la conservation et de la restauration, notre
ministère, le ministère de l'Enseignement supérieur et de
fa Science, le gouvernement fédéral et l'Université Laval
se sont associés en vue d'établir un programme d'études
dans ce secteur d'activité crucial pour notre patrimoine historique et
artistique. Il est, en effet, primordial que cette science puisse être
enseignée en français au Canada, ce qui ne se fait pas à
l'heure actuelle, et que nous puissions former des restaurateurs
compétents pour répondre à des besoins croissants. Le
développement de ce programme suit son cours, conformément au
processus en place dans le milieu universitaire. Nous espérons que ce
programme pourra recevoir ses premiers étudiants en septembre 1991.
Il en va de même dans le domaine du cinéma. L'Institut
national de l'image et du son travaille, en effet, à
l'élaboration d'un projet d'école, grâce à l'aide de
notre ministère et du gouvernement fédéral. Le
ministère assure la concertation avec le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, le ministère des Communications et le ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science.
Sur la scène internationale, les artistes québécois
ont offert un produit de qualité, original et distinct, dont
l'authenticité est reconnue partout dans le monde. L'aide significative
de l'État à la diffusion internationale repose, d'abord et avant
tout, sur une volonté d'investir dans l'excellence, de favoriser les
manifestations susceptibles de générer le plus de
retombées culturelles et économiques, de tirer le meilleur parti
des ententes de coopération et de notre participation au sein des
réseaux de la francophonie, et de permettre, aussi, l'accès aux
moyens de perfectionnement adéquat.
Concrètement, cela représente des allocations de
crédits de l'ordre de 6 000 000 $, répartis dans des
activités de production, de promotion et de commercialisation,
axées sur le marché international, des stages de
perfectionnement, le soutien à l'organisation, au Québec, de
manifestations d'envergure internationale. De plus, le ministère des
Affaires culturelles participe financièrement aux travaux du
réseau culturel des sommets de la francophonie, à la
préparation de congrès internationaux, qui se tiendront au
Québec d'ici 1992 et à la promotion culturelle dans les
délégations de Paris, New York et Toronto.
Nous savons que notre mémoire collective s'alimente à
diverses sources, le patrimoine bâti et le patrimoine documentaire
notamment. Dans le domaine du patrimoine bâti, notre volonté de
multiplier les effets de notre action a rejoint celle de partenaires
responsables. Ces derniers admettent comme nous que le coût d'une
restauration reportée ne peut que devenir exorbitant et que nous devons
assumer collectivement nos
responsabilités. Vous le savez déjà, c'est un fait
établi, l'impact économique des investissements dans le
patrimoine immobilier sur la création d'emplois est déterminant
puisqu'un dollar investi dans la restauration crée deux fois et demie
plus d'emplois que dans la construction traditionnelle.
Le ministère a maintenu sa participation en matière de
restauration du patrimoine par le biais de ses programmes d'aide à la
restauration et par le biais d'ententes avec les municipalités.
L'année 1989-1990 a également été celle du
renouvellement de l'entente sur la mise en valeur du patrimoine avec la vilIe
de Montréal pour laquelle le gouvernement investit 17 500 000 $ sur cinq
ans. Ce fut aussi la dernière année de l'entente similaire avec
la ville de Québec. Dans le cadre de ces différentes ententes,
des projets de restauration, de mise en valeur et d'animation ont pu être
réalisés et ont pu ainsi contribuer à actualiser le
pouvoir de notre passé sur ce que nous serons pendant les prochaines
décennies.
En ce qui a trait au patrimoine documentaire, le gouvernement a
adopté le Règlement sur l'agrément d'un service d'archives
privées au début de la présente année. Il s'agit
d'un volet important de la Loi sur les archives qui devient ainsi effectif.
L'année 1989-1990 aura aussi été la première de la
Bibliothèque nationale à titre d'organisme autonome. Le dynamisme
qui se dégage de cette institution et la volonté qu'elle exprime
de jouer un rôle encore plus actif nous confirment le bien-fondé
de cette décision.
Cette année constitue donc pour mol, M. le Président,
l'incitation à continuer à répondre aux aspirations
légitimes non seulement des clientèles que l'on appelle
"culturelles", mais aussi de l'ensemble de la population. C'est la traduction
de ce défi en gestes concrets pour l'année 1990-1991 que ]e
voudrais maintenant partager avec vous.
Ces résultats, si bons soient-ils, ne pourront être
suffisants, compte tenu des besoins exprimés et de l'urgence d'y
pourvoir. Aussi, notre performance de l'année dernière
constitue-t-elle un élément de motivation pour celle qui vient et
la légitimité de notre cause nous engage à l'excellence
dans nos démarches à venir. C'est dans cette perspective que nous
avons fait le point sur nos préoccupations et déterminé
nos projets prioritaires pour 1990-1991.
Comme il se doit, je vais vous présenter globalement les
crédits du ministère des Affaires culturelles qui se chiffrent,
pour l'année 1990-1991, à 261 700 000 $. Ce budget augmente
à un rythme plus rapide que le budget de l'État et que celui de
l'inflation. Bien qu'il soit encore insuffisant, j'estime qu'il traduit
concrètement l'engagement du gouvernement. Il ne faut pas oublier non
plus qu'en cours d'année, comme tous les ans, des ajouts sont
effectués au ministère des Affaires culturelles par le biais de
programmes d'autres ministères. Je prends l'exemple des crédits
provenant de l'OPDQ ou des programmes d'emploi. L'effet gouvernemental se
manifeste aussi par des mesures assumées financièrement à
l'extérieur du ministère des Affaires culturelles, telles les
mesures fiscales en cinéma que le ministre des Finances a reconduites en
1990-1991.
Les artistes dont le statut de professionnel est maintenant reconnu en
matière fiscale bénéficient de nouveaux avantages.
L'application du nouveau règlement sur l'intrégration des arts
à l'architecture, qui est administré par le ministère des
Affaires culturelles, est également une source de revenus pour nos
artistes, revenus qui proviennent des ministères et organismes
constructeurs. Finalement, des crédits en immobilisations de 31 500 000
$ sur le ministère des Affaires culturelles sont inscrits au plan
d'accélération des investissements dans le domaine des
équipements culturels et s'ajoutent aux programmes courants du
ministère pour l'année 1990-1991.
Ce sont des réalités dont il est important de tenir compte
lorsque l'on parle du budget que le gouvernement consacre à la culture.
Il est évident que des crédits additionnels seraient
nécessaires et je peux assurer la commission de mon engagement à
poursuivre l'objectif du gouvernement à cet égard. (16
heures)
Venons-en maintenant à nos priorités pour 1990-1991. J'ai
affirmé à maintes reprises, depuis mon arrivée au
ministère des Affaires culturelles, la nécessité de
réviser nos objectifs en matière culturelle, et ce, nonobstant le
rythme de révolution de nos ressources. En effet, eussions-nous atteint
ou dépassé le 1 % du budget de l'État que je tiendrais le
même langage. Il est important, primordial même, que l'intervention
de l'État se situe dans un contexte global, où l'action de nos
partenaires et la nôtre soient propulsées au maximum de leur
efficacité. C'est pour cela que j'ai amorcé un processus de
réflexion et que j'ai tenu à ce que des représentants
d'organismes culturels, des associations d'entreprises et des organismes
gouvernementaux soient consultés dans le cadre de l'étude que
j'ai confiée à Samson, Bélair, Deloitte et Touche. La
question du financement est au coeur de la problématique actuelle et, si
elle s'exprime plus immédiatement par un besoin de crédits
additionnels, elle se pose en termes plus complexes. De plus en plus de
partenaires reconnaissent que nous en sommes à un palier de
développement qui a amené des changements profonds dans
l'organisation des activités culturelles au Québec. Une plus
grande compétence en gestion, une maturation des organisations, une
croissance, également, et un marché plus évolué,
plus étendu et plus exigeant, sans compter la mondialisation des
tendances qui se profilent. Cette nouvelle réalité commande que
nous nous interrogions non seulement sur l'importance de l'aide qui doit
être apportée par l'État, mais également sur les
formes que devrait prendre cette aide, et cela, c'est le milieu qui nous
le demande, M. le Président.
Notre façon actuelle d'intervenir s'est avérée
très efficace au cours des années quatre-vingt. À preuve,
le foisonnement de nouveaux organismes dans toutes les sphères de la vie
culturelle. Le contexte des années quatre-vingt-dix n'impose-t-il pas,
cependant, des ajustements et, en particulier, des formes de soutien encore
plus structurantes, qui respectent davantage l'autonomie et la
compétence administrative de nos organismes culturels? C'est
essentiellement l'objet de l'étude en cours. La réflexion que
suscitera cette étude l'automne prochain devra donc porter non seulement
sur le financement, mais également sur les perspectives des
années quatre-vingt-dix et les grands axes d'intervention que
l'État québécois devra privilégier. J'ai
l'intention, à cet égard, de soumettre à la consultation
les résultats de l'étude et les bases de notre questionnement
quant aux orientations gouvernementales pour les années
quatre-vingt-dix. Il n'est pas dans mon intention de faire de cette
préparation aux années quatre-vingt-dix un prétexte
à l'inaction. Certains besoins appellent des décisions plus
immédiates et certains secteurs requièrent, pour diverses
raisons, que l'on agisse dès maintenant.
La Loi sur le cinéma, qui date de 1983, de même que son
application suscitent encore dans le milieu plusieurs controverses. Depuis mon
arrivée, plusieurs représentations m'ont été
faites. L'Institut québécois du cinéma a tenu des
audiences sur le classement des films et sur les permis d'exploitation de
salles de cinéma. L'évolution des comportements, en regard de
l'abri fiscal, a aussi mis en lumière des faiblesses dans la structure
générale de l'aide gouvernementale au cinéma. C'est donc
convaincue de l'urgence de définir des orientations et de se donner des
moyens plus adéquats que j'ai demandé au ministère, en
collaboration avec les organismes de cinéma, de faire de ce dossier une
priorité. À ce moment-ci, nous entrevoyons la possibilité
d'apporter des modifications à la Loi sur le cinéma et de
soumettre un document d'orientation dès l'automne, et des ajustements au
cadre financier en 1991-1992. C'est dans cette perspective que nous nous sommes
associés au ministère des Finances et au ministère des
Communications, tel que l'a confirmé le ministre des Finances dans son
discours sur le budget.
Nous espérons aussi que 1991-1992 sera l'année de
l'implantation du programme de formation que l'Institut national de l'image et
du son prépare actuellement. Nous soutenons ce projet avec la
collaboration de nos collègues du ministère des Communications,
du ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle et du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, ainsi qu'avec le gouvernement
fédéral.
Les développements que l'on a connus au cours de l'année
1989-1990 et la volonté que le milieu a démontrée de
façon très concrète me laissent espérer que l'on
pourra franchir des étapes majeures cette année dans ce dossier
du cinéma. Nous respectons toutefois les impératifs de ceux qui
sont concernés au premier chef et les assistons avec conviction dans
leur démarche en concertation avec nos collègues des autres
ministères.
Dans deux secteurs apparentés, le patrimoine et la
muséologie, j'entends resituer notre action. Ils ont déjà
fait l'objet de travaux préparatoires et nos partenaires dans ces
milieux attendent d'y être associés. Il est presque
Inévitable que la réflexion pour ces deux secteurs repose sur la
même philosophie, étant entendu que les paramètres
d'intervention restent différents et spécifiques à chacun
des secteurs. Nous envisageons donc pour 1990-1991 de soumettre à la
consultation des groupes concernés deux documents distincts; l'un sur la
muséologie et l'autre sur le patrimoine.
L'année 1990-1991 sera par ailleurs marquée dans ces
domaines par le renouvellement de l'entente sur le patrimoine avec la ville de
Québec. Nous avons également révisé notre programme
d'aide à la restauration pour permettre une gestion plus adéquate
des projets d'envergure et l'intégration dans un même programme de
nos contributions aux municipalités.
Est-il nécessaire d'insister sur le succès
phénoménal de notre Musée de la civilisation qui boucle sa
première année complète de fonctionnement? Ce musée
a non seulement à son crédit un record de fréquentation et
des expositions d'une exceptionnelle qualité, mais également, if
joue un rôle de premier plan dans la circulation des expositions au
Québec et à l'étranger.
Les travaux d'agrandissement du Musée du Québec et du
Musée des beaux-arts de Montréal prendront fin, à toutes
fins utiles, au cours de la présente année, tandis que
débute la construction du Musée d'art contemporain. Le
ministère aura également contribué à
l'agrandissement et à l'amélioration de musées
privés tels que le musée McCord d'histoire naturelle et le Centre
d'exposition du Musée des religions à Nicolet.
J'aurai le plaisir d'exposer aux congressistes du congrès de la
Société des musées québécois, le 8 juin
prochain, les réflexions que m'inspire l'évolution des
musées au Québec depuis les 15 dernières années et
les principaux éléments du contexte général qui
déterminera le sens des orientations à venir.
Au cours du prochain exercice, nous entendons franchir une étape
importante de la politique sur les archives, celle qui concerne
l'agrément de centres d'archives privées. Nous désirons
également augmenter le nombre et la portée des ententes avec des
partenaires gouvernementaux ou privés tels qu'Hydro-Québec en
matière de gestion documentaire. Les actions
déjà entreprises en ce sens laissent présager des
résultats importants dont nous pourrons faire état publiquement a
très court terme.
De plus, les Archives nationales et le ministère de la Justice
travailleront de concert à l'application des recommandations du
Comité interministériel sur les archives judiciaires. Ce champ
d'archives est immense et revêt une importance considérable comme
source de connaissances sur notre histoire. C'est donc un grand pas en avant
qui sera fait avec la mise en place des mesures qui assureront une meilleure
gestion et une plus large diffusion de ces richesses archivistiques.
Les engagements déjà pris en 1989-1990 en matière
de formation musicale se concrétiseront, entre autres, par la
révision du statut corporatif du Conservatoire de musique et du
rôle que doit jouer le ministère à l'égard de la
formation musicale en concertation avec le ministère de
l'Éducation et le ministère de l'Enseignement supérieur et
de la Science.
L'état actuel des travaux me porte à croire que nous
pourrons, dès l'hiver prochain, prendre les décisions
nécessaires et les rendre effectives en 1991-1992. Il va sans dire que
les milieux concernés seront consultés. En outre, nous devrions
statuer de façon définitive sur le nouvel emplacement du
Conservatoire de Montréal.
La condition des artistes en arts de la scène - en musique, en
danse et en théâtre - repose sur la présence d'organismes
qui leur offrent la possibilité de faire valoir leurs talents. De
même en est-il de l'accès des Québécois et des
Québécoises aux oeuvres de répertoire comme aux oeuvres de
création. Il est donc des responsabilités d'État de nous
assurer que les compagnies de ballet et de théâtre et les
organismes de musique, les orchestres particulièrement, puissent
bénéficier de conditions financières plus
adéquates. C'est là une condition pour maintenir et stimuler le
dynamisme que nous observons actuellement dans ce domaine.
Depuis mon arrivée au ministère, j'ai rencontré la
plupart des représentants de ces secteurs d'activités culturelles
et tous m'ont exprimé des besoins importants, bien sûr. Tous
insistent également sur le besoin de consolider les organismes actuels
et d'assurer une équité dans l'aide accordée, cette
équité devant s'établir sur le niveau de performance et de
développement des organismes.
En 1990-1991, le ministère pourra donner suite en partie à
cette demande en accordant une aide additionnelle de près de 2 500 000 $
aux arts d'interprétation. Ainsi, les organismes de théâtre
se partageront une aide additionnelle de 840 000 $, les organismes en musique,
890 000 $, et les organismes en danse, 600 000 $, sans compter des
crédits additionnels aux organismes en arts multidisciplinaires et aux
événements majeurs. Certains diront que ces crédits sont
encore insuffisants et je suis d'accord avec eux.
Cependant, à l'examen des crédits du ministère, ils
reconnaîtront qu'il s'agit ici d'un effort significatif que je compte
poursuivre au cours des prochaines années.
L'année 1990-1991 sera certainement marquée par un effort
important au chapitre des équipements culturels, ces instruments majeurs
de diffusion, et ce, tel que l'a annoncé mon collègue, le
ministre des Finances, par le plan d'accélération des
investissements qui s'ajoute aux programmes d'aide courants. Pendant
l'année, le gouvernement engagera plusieurs dizaines de millions de
dollars dans ce volet. D'ailleurs, plusieurs projets ont déjà
été annoncés publiquement.
En outre, l'année 1990-1991 nous permettra, je le souhaite, de
conclure une première entente de développement culturel avec la
ville de Montréal en vue de faciliter davantage la concertation avec ce
partenaire majeur et de renforcer le rôle de la métropole en ce
qui a trait au rayonnement culturel du Québec.
J'ai déjà annoncé le rapprochement des services du
ministère de la région de la Monté-régie.
Voilà une autre contribution au développement culturel d'une
région en plein essor et un geste concret pour rapprocher le
ministère de sa clientèle. Je suis personnellement convaincue que
le développement d'une région peut être grandement
facilité par un tel rapprochement.
Nous nous apprêtons à soumettre à l'Assemblée
un projet de loi sur les bibliothèques publiques dès ce printemps
de même qu'à finaliser un plan quinquennal permettant de
pratiquement compléter le développement de ce service essentiel
à la population. Nous devons poursuivre nos consultations avec les
premiers responsables de bibliothèques, les municipalités et les
groupes intéressés. J'espère pouvoir rendre publiques nos
orientations l'automne prochain.
Voilà, M. le Président, l'essentiel de notre plan de
travail pour l'année 1990-1991. J'aurai l'occasion, au cours de ces
travaux, de vous fournir les précisions que la commission souhaitera
utiles. Vous conviendrez que le programme de travail est ambitieux. Il traduit
ma volonté de soutenir le développement des arts et du patrimoine
par une intervention marquante de l'État axée sur des objectifs
partagés par le milieu et par nos partenaires à l'aide de moyens
adaptés à la réalité des années
quatre-vingt-dix. Voilà notre engagement à l'égard du
ministère des Affaires culturelles qui détient l'un des mandats
les plus fondamentaux du gouvernement, celui de soutenir et de promouvoir notre
démarche collective d'affirmation de notre identité et de notre
spécificité culturelle et l'expression de l'excellence dans la
création et par la mise en valeur de son patrimoine. Je vous remercie,
M. le Président. (16 h 15)
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre, pour ces
remarques d'ordre général.
Maintenant, je demanderais au critique de l'Opposition officielle, le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, s'il a aussi des remarques
de cette nature à faire avant qu'on commence l'étude des
crédits, programme par programme.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Oui, M. le Président, mais,
évidemment, je prendrai beaucoup moins que 35 minutes comme telles. La
première chose, je vais vous présenter Mme Harnois qui est
recherchiste. Vous avez tous remarqué que Mme Harnois est enceinte,
comme à ma première étude des crédits, lorsque je
suis arrivé comme député et que mon chef m'a confié
ce passionnant dossier, l'épouse de mon recherchiste était
également enceinte. Il a été père d'un joli petit
bonhomme qu'on prénomme Julien, très exactement 20 minutes
après la fin de l'étude des crédits. Alors, vous
remarquerez, M. le Président, que l'Opposition se préoccupe des
nouvelles clientèles au niveau de la culture, de la fréquentation
de nos musées, de l'écoute de notre musique, etc.
Pour aller dans le vif du sujet, je vais saluer Mme la ministre et lui
souhaiter la meilleure des chances puisqu'il s'agit de sa première
défense des crédits, et je souligne bien le mot "défense",
parce que, malheureusement, j'ai bien peur qu'elle va être en
défense. Je relisais, la semaine dernière, M. le
Président, c'est un auteur que vous connaissez, Stéphane Zweig,
La confusion des sentiments, et je me disais: Est-ce que je vais
blâmer la ministre pour son inaction depuis huit mois ou bien me
désoler que l'excellente administratrice qu'elle était, où
elle a fait sa marque, se soit embarquée dans la galère
libérale? Je vous dis bien "galère", M. le Président,
puisqu'elle parlait elle-même de gouvernail alors que, malheureusement,
on doit constater que son navire a malheureusement peu de voiles et surtout
aucun vent financier pour les gonfler.
Le discours que Mme la ministre vient de nous servir, je le qualifierais
de "réviationniste" et même déviationniste, pour employer
l'ancien vocabulaire qu'on retrouvait en Europe de l'Est. Ça l'est par
rapport aux propos de sa prédéces-seure. Tantôt, quand elle
faisait allusion au Musée de la civilisation, sa
prédécesseure nous accusait d'avoir construit un
éléphant blanc et accusait l'ancien ministre de la Culture, M.
Richard, de s'être construit un monument à sa gloire. Aujourd'hui,
je pense, enfin, que la ministre, si on peut me permettre l'analogie, n'a pas
les bras assez longs pour se péter les bretelles sur le succès du
Musée de la civilisation. Je ne sais pas si c'étaient des propos
mesquins de sa prédécesseure, mais je dois admettre qu'elle a eu
au moins, elle, l'honnêteté de le faire. Voilà.
M. le Président, en plus de ça, si on regarde
attentivement le cahier, on s'aperçoit que la ministre, malheureusement,
n'est pas en communication avec son voisin d'en avant, qui est le ministre
responsable de l'Environnement, puisqu'on a distribué un cahier de 1156
pages recto seulement. Alors, vous vous imaginez, au nombre qui a
circulé, on en est à 20 000 et quelques pages. Je pense qu'on
aurait pu être plus raisonnables à ce niveau-là. Cette
préoccupation doit s'exercer à travers tous les
ministères. Vous savez, culture, oui, mais il aurait fallu penser
à sylviculture également, ce que, malheureusement, la ministre
n'a pas fait.
Quand on regarde les crédits 1990-1991 qui
s'élèvent à 261 800 000 $, sort effectivement une
augmentation de 8,3 % par rapport aux crédits de l'exercice
précédent qui, eux, étaient de 241 600 000 $, les
crédits consacrent l'échec du gouvernement libéral
à réaliser la promesse électorale du 1 %. Le budget du
ministère représente, cette année, après cinq
budgets - nous en sommes au sixième - 0,73 % du budget de l'État,
soit une progression de 0,06 % en cinq ans. Donc, il manque toujours 100 000
000 $ pour faire un chiffre rond, soit 96 000 000 $ pour le donner de
façon précise, pour la tête de la fallacieuse promesse du 1
%. Cette année, la ministre, évidemment, ne peut pas se
défendre avec les annonces qui pourraient se faire au moment de la
lecture du budget, parce que le gouvernement a inversé la
procédure et que cette étape est déjà passée
et qu'aucune somme additionnelle n'a été injectée pour
1990-1991. Récemment d'ailleurs, le 12 mai, pour être
précis, la Coalition du monde des arts, avec une nouvelle porte-parole,
Mme Pauline Martin, que je salue d'ailleurs, rencontrait le premier ministre
qui disait ne pas avoir renoncé à l'objectif de vouer 1 % du
budget de l'État à la culture. Il n'a pourtant
précisé aucune date précise pour la réalisation de
cette promesse vieille de cinq ans. Et quand on regarde le rythme de
progression, dont notamment celui de cette année, 0,06 %, eh bien! le 1
% sera sans doute atteint d'ici une bonne vingtaine d'années. Ce qui me
fait dire que le premier ministre Bourassa est à la culture ce que
Taschereau a été au droit de vote des femmes. Le monde de la
culture devra faire probablement 20 pèlerinages annuels, se faire servir
une tasse de thé, ou un verre de lait, peut-être, au cabinet du
premier ministre, pour s'en retourner encore bredouille. Et l'augmentation des
crédits que l'on voit, de 20 000 000 $ en 1990-1991, s'explique
essentiellement M. le Président, par l'indexation, les ajustements de
loyer et les coûts du service de la dette des équipements
culturels.
Dans un fameux communiqué intitulé "La ministre des
Affaires culturelles passe à l'action", ce que j'ai appelé le
communiqué de Fort Lauderdale, en attendant probablement celui de Old
Orchard, cet été, la ministre annonçait qu'elle commandait
une étude à une firme privée pour amorcer une
réflexion sur les modes de
financement dont pouvaient être dotés les milieux culturels
pour sortir de ce cercle vicieux. Et c'était là où on
voyait l'injure de dépendance envers l'État, comme si les
artistes étaient des quêteux. Cette initiative de la ministre a
été critiquée de toutes parts, les milieux culturels,
politiques, les éditorialistes, notamment. Je me rappelle
l'éditorial de M. Lesage, dans Le Devoir: L'Opposition a
demandé à la ministre, par un communiqué de presse et une
interpellation, de soumettre cette importante question à des audiences
publiques. Il semble qu'à une variante près, nous aurons
probablement des consultations, mais il ne faudrait surtout pas, à
l'issue de ce travail, en arriver au couperet gouvernemental et que
l'État continue de se défiler à la sauvette. Comme le
disait, effectivement, M. Lesage, il faudrait enfin jouer franc jeu, cartes sur
table, je le cite. Parce que la ministre, dans son discours tantôt - et
j'ai pris bonne note de ce qu'elle disait - est effectivement en contradiction
flagrante avec le programme de son parti et surtout aux propos que tenait le
premier ministre. Parce qu'elle dit, en page 17: "II ne faut pas oublier non
plus qu'en cours d'année, comme tous les ans, des ajouts sont
effectués au budget du ministère des Affaires culturelles par le
biais de programmes d'autres ministères. Je prends pour exemple les
crédits provenant de l'OPDQ ou des programmes d'emploi. L'effort
gouvernement se manifeste aussi par des mesures assumées
financièrement à l'extérieur du ministère des
Affaires culturelles, telles les mesures fiscales en cinéma, que le
ministre des Finances a reconduites en 1990-1991." Et ça, de toutes
façons, je l'avais bien dit, c'était du vieux stock, puisque
c'était une redite.
En fin de compte, M. le Président, pour résumer, parce que
j'ai le goût qu'on aille immédiatement aux programmes et
éléments un par un, en 35 minutes on a eu une reformulation de
cette vieille fable de La Fontaine qui est: La cigale libérale ayant
chanté tout l'été se retrouva à l'automne fort
dépourvue, puisque le 1 % ne fut point obtenu. Voilà
l'état dans lequel se trouve la culture au Québec, avec
peut-être quelqu'un qui tient le gouvernail, mais je le
répète, malheureusement, aucune voile, et surtout aucun vent -
quand je dis vent, je le répète, je parle d'argent - pour pousser
ce navire, qui est, effectivement, et c'est à propos de le rappeler, au
moment où le premier ministre du Québec, après avoir bu
les meilleurs vins au monde, paraît-il, les vins ontariens, essaie de
faire adopter la notion de société distincte pour le
Québec... Eh bien, notre première distinction n'est-elle pas
notre culture et la langue qui la sous-tend? Donc, triste bilan comme tel. Je
ne reprendrai pas les termes d'un autre éditorial, je les trouvais
peut-être un peu trop excessifs, mais ce serait dommage, M. le
Président, que l'on revive, durant les cinq prochaines années -
remarquez que les sondages nous prouvent que cette hypothèse-là
s'exclut au fur et à mesure que le temps passe - cinq autres
années libérales au niveau de la culture, parce que je pense que
ce ministère, après, se retrouverait sans aucun doute sous la
tutelle du ministère de la Santé et des Affaires sociales,
tellement il aura été - j'emploie l'expression -
"magané".
Quand j'entends aussi la ministre - et c'est là-dessus que je
vais conclure, - jouer quand même la carte de l'honnêteté en
disant: Notre façon actuelle d'intervenir - "notre" était un
"notre" de pluriel et non pas de majesté, j'en suis persuadé -
s'est avérée fort efficace au cours des années
quatre-vingt! Elle sait fort bien que nous avons partagé la
moitié des années quatre-vingt. Donc, c'était un "notre"
fort honnête de sa part. Par contre, quand elle me parle du contexte des
années quatre-vingt-dix, j'ai bien hâte de l'entendre
épiloguer sur la grande différence qui peut exister entre les
années quatre-vingt-dix et les années quatre-vingt, pour que l'on
sente le besoin de tout bousculer, comme elle le fait avec ce comité que
je n'avais pas hésité à qualifier de "comité
clôture à neige", au sujet du financement de la culture au
Québec.
Alors, voilà, M. le Président, pour les remarques
préliminaires. Je ne sais pas à ia fin si je serai encore au
niveau de la confusion des sentiments face à la ministre, libre à
elle de me rassurer, du moins, je l'espère. Si vous le voulez bien, nous
allons procéder, je vous le suggérerais, de façon que l'on
puisse faciliter également le travail de la commission, mais aussi du
personnel du ministère qui entoure Mme la ministre et que je salue. Nous
allons aller programme par programme, élément par
élément, de façon que ça se déroule dans
l'ordre de présentation du cahier comme tel, et non pas s'amuser
à zigzaguer d'un programme à l'autre.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques pour ces remarques d'ordre général.
Je demanderais aux autres membres de la commission si quelqu'un a des remarques
préliminaires à faire avant que nous commencions l'étude
de ces crédits.
M. Larouche: Non.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou, à vous la parole.
M. René Serge Larouche
M. Larouche: Merci. On vient d'entendre la voix du
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, on vient de se rendre
compte qu'il a plus de voile que de gouvernail, si on veut rester dans les
sports nautiques. Alors, si on réfère..
M. Boulerice: Vous êtes la terreur, vous, avec la
voile.
M. Larouche: C'est clair qu'en termes de ce qui a
été fait par le gouvernement libéral depuis disons 1985,
je pense qu'il faut replacer certains faits. Quand on parle d'augmentation du
budget, on partait, en 1985, avec 163 400 000 $ d'augmentation, 43 % du budget
global au niveau de la culture, comparé à 22 % pour les autres
dépenses au niveau de l'État. Alors, c'est la plus grande
proportion, depuis quinze ans, lorsqu'on atteint 0,73 %, 0,75 %. Alors, la plus
grande proportion depuis quinze ans.
M. Boulerice: M. le Président, est-ce que mon
collègue m'excuserait si je l'interromps une seconde...
Le Président (M. Messier): Oui, allez.
M. Boulerice: ...qu'il puisse demander qu'on vienne régler
la climatisation. Il fait très froid dans cette salle.
Une voix: C'est déjà fait.
Le Président (M. Messier): C'est fait? La demande est
faite?
M. Larouche: La demande est faite.
M. Boulerice: Je m'excuse, M. le député
d'Anjou.
M. Larouche: Alors, je passe sous silence, évidemment, la
Loi sur le statut de l'artiste, qui est extrêmement importante pour les
arts et les personnes qui sont dans le milieu: productions
cinématographiques concernant l'abri fiscal, concernant les jeunes
artistes - sans donner le nombre exact à qui ça a profité
- concernant les agents culturels dans les régions, la création
du centre de production cinématographique à Montréal, 1
700 000 $, la mise en valeur du Vieux-Montréal pour 17 000 000 $, le
rapport Sauvageau, les travaux sur les bibliothèques, depuis 1985, 13
900 000 $ au niveau des bibliothèques. Alors, c'est un peu tout
ça. Je n'ai pas honte de notre performance au niveau de la culture.
C'est clair que, peut-être au niveau de l'Opposition, Ils se croient les
thuriféraires de la culture. (16 h 30)
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Larouche: Et nous, on arrive dans le décor et on est
obligés de composer avec ça. On parle de triste bilan, on parle
de 1 % qui n'est pas atteint. Durant la période des questions,
étant donné que souvent, les questions on ne me les pose pas
à moi, alors j'en profite pour lire. Et ce matin, j'ai reçu un
livre de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale, je ne l'avais
pas lu, et je l'ai feuilleté. Ça s'appelle Mega Trends 2000. Je
l'avais commandé. Ça prend toujours un mois ou deux avant qu'on
l'ait, et je l'ai feuilleté. Et on parle du futur, des années
quatre-vingt-dix à l'an 2000, en dix secteurs, et puis houpl j'arrive au
chapitre II, "Renaissance in the arts". J'ai dit: Mon Dieul on a la commission
de la culture cet après-midi, ça va me faire quelque chose
à dire.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Larouche: J'ai regardé ça et, justement, je
rencontrais la ministre à l'heure du lunch, elle a dit: Mon Dieu! M.
Larouche, vous n'êtes pas préparé. J'ai dit: Ne vous
inquiétez pas pour ça. Alors, voilà, j'ai jeté un
coup d'oeil. Qu'est-ce que je vols au niveau de ça? Je ne veux
certainement pas vous faire un résumé de toute ma lecture, mais
c'est clair que l'orientation du ministère des Affaires culturelles au
Québec est dans l'orientation des années 2000.
Et j'invite le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
à jeter un coup d'oeil sur ça. Par exemple, quand on dit qu'il y
aura de plus en plus d'impact des sociétés privées dans
les arts, on verra, - et je résume très rapidement - des
compagnies, au lieu de subventionner des matchs de boxe et de sport, de
basketball ou de ce que vous voudrez, subventionner des concours artistiques et
ainsi de suite. Alors, j'invite à cette lecture intéressante le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Je voudrais terminer mon intervention, parce que je ne suis quand
même pas titulaire du ministère. Il y a une chose
extrêmement intéressante ici. Quand on parle de 1 %, il faut que
ce soit comparatif. On dit ici que le gouvernement américain alloue 176
700 000 $ aux arts en 1988. Le gouvernement américain dépense par
personne 1143 $ pour la défense, 74 $ pour l'éducation et 0,70 $
per capita pour les arts. Là, j'ai pris ma calculatrice et j'ai
divisé, moi, notre budget de 271 000 000 $ par 6 500 000, ça fait
40 $ et quelques sous per capita. Et il est intéressant de voir aussi,
au niveau comparatif, pour les pays de l'OCDE. On parle du gouvernement
suédois qui dépense environ 35 $ per capita, mais disons que ce
sont des chiffres américains, alors ajustons au taux de change, ce qui
fait à peu près 40 $; les Hollandais 27 $; l'Allemagne de l'Ouest
27 $; et les Britanniques à peu près 9 $; et les Français
autour de 30 $. Alors, ce sont des chiffres qui sont intéressants
à prendre en perspective.
Je termine en disant que je suis heureux de lire tous ces documents. Et
c'est clair que ces briques-là qui nous sont présentées,
c'est suite à des renseignements pour l'Opposition officielle, ce n'est
pas pour nous, on ne les a pas demandés. Ils sont là en deux
volumes. Je n'ai jamais vu des budgets aussi détaillés et,
vraiment, pour 0,38 $, tout est là. Alors, je me demande si les
questions ont été posées en fonction d'une sorte de
méfiance sur la gestion du ministère des
Affaires culturelles. Je ne me plains pas qu'il y ait 900 pages, mais je
ne voudrais pas que, d'autre part, on se plaigne que ce ne soit pas recto
verso. Il faut tout prendre dans son ensemble. Et moi, je suis heureux de voir
que le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques a sensiblement les
mêmes préoccupations que les nôtres, mais qu'il est
peut-être un peu plus vite sur ses patins.
Le Président (M. Messier): Est-ce que vous avez,
terminé, M. le député d'Anjou?
M. Larouche: Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Messier): II serait peut-être bon
de donner la référence au député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques sur le volume en question.
M. Larouche: Alors, Mega Trends, je vais la donner et ça
paraîtra aux débats, et c'est William Morrow & Company Inc.
New York, 1990. Alors, c'est très récent. Ça date de
très bientôt. La direction de la bibliothèque pourrait
peut-être lui en faire parvenir une copie, M. Bonneau, mon ancien
collègue.
Le Président (M. Messier): Ce sera sûrement fait.
Mme le ministre.
Mme Robillard: M. le Président, je tiens à noter
quand même ma surprise sur le fait que les remarques préliminaires
du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques ont été
très courtes...
Le Président (M. Messier): Mais avant toute chose,
j'aimerais savoir...
Mme Robillard: Oui...
Le Président (M. Messier): ...s'il y a d'autres
intervenants? Ça va.
Dépôt d'un document sur les
activités culturelles et de loisirs des Québécois
Mme Robillard: Alors, je ne sais pas si je peux me permettre de
déduire, à ce moment-là, que M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques est fort satisfait du bilan que j'ai
déposé et même des perspectives d'avenir, vu que ses
remarques ont été vraiment, mais vraiment fort limitées.
Mais, si je peux aider les membres de cette commission à préparer
la période de questions sur la défense des crédits, si
vous me le permettez, M. le Président, j'avais promis aux membres de
cette commission, lors des engagements financiers, de déposer une
étude qui a été faite sur le comportement des
Québécois en matière d'activités culturelles et de
loisirs, et nous venons de recevoir cette étude, il y a quelques jours
à peine, et nous allons découvrir tous ensemble de façon
fantastique que les Québécois et les Québécoises
ont augmenté leur activité de lecture au Québec.
Le Président (M. Messier): Vous voulez en faire un
dépôt, Mme la ministre?
Mme Robillard: Pardon?
Le Président (M. Messier): Vous voulez en faire un
dépôt?
Mme Robillard: Oui. Je voudrais demander la permission pour en
faire un dépôt.
Le Président (M. Messier): Oui, il y a consentement?
M. Boulerice: J'aurais préféré en Chambre,
mais ça va aller ici.
Le Président (M. Messier): Je n'ai même pas besoin
de demander le consentement, il paraît que c'est d'emblée.
Mme Robillard: M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques avait demandé le dépôt en cette
commission parlementaire...
Le Président (M. Messier): Ah oui!
Mme Robillard: ...M. le Président, lui-même. Alors,
nous allons découvrir que la...
Le Président (M. Messier): J'autorise le
dépôt.
Mme Robillard: ...lecture est légèrement à
la hausse chez les Québécois, que l'écoute musicale est
répandue à plus de 80 % dans la population, que la population est
même plus nombreuse à visiter les musées et les centres
d'exposition et, en plus, que les trois quarts de nos répondants
affirment faire des sorties à des cinémas et à des
spectacles. Alors, on va s'apercevoir, M. le Président, que les
Québécois et les Québécoises sont fortement
intéressés à la vie culturelle du Québec.
Le Président (M. Messier): Parfait, merci beaucoup, Mme la
ministre. On va passer à l'étude, élément par
élément, programme par programme.
Politique, gestion interne et soutien
M. Boulerice: Nous irons à programme 1, Politique, gestion
interne et soutien, tout en me permettant de conseiller à M. le
député d'Anjou de fréquenter, également, la
bibliothèque de l'UNESCO, et de lire Harpag Bosch, ce qui va lui
permettre de comprendre qu'on ne peut comparer le Québec aux
États-Unis, qui est une petite
société, et où la recommandation des Nations unies,
enfin de l'UNESCO, United Nations Educational Scientlfic and Cultural
Organization...
Le Président (M. Messier): Oh! Très bel accent.
M. Boulerice: ...dit très bien que toute
société dont le bassin de population est de moins de 10 000 000
d'habitants a besoin d'un support massif de l'État. Alors...
Une voix: Est-ce que je peux vous interrompre un petit peu?
M. Boulerice: ...j'ai été heureux de contribuer
à l'éducation de mon collègue au niveau de la lecture.
Le Président (M. Messier): Ça viendra plus tard, M.
le député d'Anjou.
M. Boulerice: Maintenant, que la ministre ne s'y trompe pas, la
brièveté de mes remarques s'inspire de l'interpellation où
j'avais dit, "Paroles Paroles, paroles", cette chanson de Dalida.
Effectivement, je suis très insatisfait et j'irai au niveau des
questions.
L'objectif du 1 % du budget pour la culture
Dans La Presse du mardi 30 janvier 1990, on lit: Dans les faits,
lors d'une rencontre avec la Coalition tenue à la fin de septembre...
Ceci, entre parenthèses, est tout ce qui s'est dit sur le 1 %. Voyez, il
s'est dit beaucoup mais très peu fait. On dit: Dans les faits, lors
d'une rencontre avec la Coalition tenue à la fin novembre, la nouvelle
ministre, Mme Lucienne Robillard, annonçait qu'elle ramenait l'objectif
à 0,85 % pour cette première année, soit une augmentation
d'une trentaine de millions de dollars. Mme Robillard a dit négocier
serré et faire tout en son pouvoir pour atteindre cet objectif du 1 % le
plus tôt possible, idéalement dès le prochain exercice.
Alors, Mme la ministre, compte tenu des chiffres qui nous sont
donnés, est-ce que vous pouvez avoir l'honnêteté d'admettre
malheureusement votre échec et de nous dire que cette promesse du 1 %
formulée par l'équipe libérale en 1985,
réitérée par le premier ministre il y a un mois, pour
laquelle votre prédécesseure avait dit que c'était en
1991, l'exercice 1990-1991, vous, c'est pour quel exercice, madame?
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
M. Boulerice: C'est pour quelle année, votre atteinte du 1
%?
Le Président (M. Messier): Je pense que ça
été dit dans les remarques préliminaires, mais on va vous
écouter à nouveau.
Mme Robillard: Merci, M. le Président. Alors, comme je
l'ai déjà mentionné, au niveau des Affaires culturelles,
malheureusement, étant donné la conjoncture économique
actuelle et les problèmes que nous avons au plan budgétaire qui
ont été accentués, comme vous le savez, par les
décisions du fédérai, nous ne pourrons pas atteindre le 1
% dès cette année, mais j'ai bien dit, M. le Président,
que nous maintenons le cap. À cet effet, comme l'a dit d'ailleurs M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, on note encore une
augmentation d'au-delà de 8 %, au-delà de l'inflation, du budget
des Affaires culturelles, et au-delà même de la moyenne de
l'augmentation des dépenses de l'État. Alors, je pense que
ça nous montre très clairement la volonté gouvernementale
de s'en aller vers le 1 %. Depuis 1985, en moyenne, chaque année, nous
augmentons le budget des Affaires culturelles de 7 % au Québec, alors,
je pense que c'est très clair, la volonté gouvernementale.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup.
M. Boulerice: On ne parle pas, M. le Président, des
chiffres bruts, mais bien du 1 %. Quand on regarde la progression, eh bien, de
toute évidence, on s'aperçoit que le 1 % n'est pas atteint; nous
sommes à 0,73 %, madame. Le 1 %, là, les 100 000 000 $ qui
manquent, c'est pour quelle année, vous? Pour Mme Bacon, c'était
1990-1991; pour votre premier ministre, c'était le premier mandat. Mme
Bacon avait demandé une extension pour...
Le Président (M. Messier): Vous parlez de la
vice-première ministre?
M. Boulerice: De la vice-première ministre, oui, pour son
deuxième mandat. Vous, j'espère que vous n'avez quand même
pas la prétention de vouloir le faire reculer au troisième ou au
très hypothétique troisième mandat. C'est quelle
année, vous? C'est l'an prochain?
Mme Robillard: Alors, voyez-vous, M. le Président...
M. Boulerice: Parce que, 0,08 % d'augmentation, avouez comme moi
que c'est beau maintenir le cap, mais le vent, encore là, ne souffle pas
tellement fort.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, comme nous le voyons, il y
a toujours eu une augmentation substantielle du budget du ministère des
Affaires culturelles, et bien que nous n'ayons pas réussi à
atteindre le 1 % dans notre premier mandat, nous avons eu le courage, M. le
Président, de reins-
crire cet engagement électoral, de nous fixer cette contrainte.
Pourquoi? Pourquoi avons-nous fait ça comme parti? C'est parce que nous
croyons vraiment que nous devons continuer à Investir dans la culture.
M. le Président, de 0,71 % l'an dernier quand les crédits avaient
été déposés, cette année, on recommence
à 0,73 %. C'est déjà une augmentation, et c'est comme
ça depuis 1985. Chaque année, nous augmentons. Alors, nous
atteindrons ce 1 %, M. le Président, le plus rapidement possible.
M. Boulerice: Écoutez, entre écrire puis promettre,
je veux dire, on peut peut-être répondre qu'on n'a rien
écrit, mais notre progression à nous a été de 0,25
%, et vous, elle est de 0,08 %. Je ne sais pas lequel des deux bateaux
naviguait le mieux, mais, hors de tout doute, j'ai l'impression qu'on avait une
vitesse de croisière beaucoup plus rapide que la vôtre, surtout
à une période qui était financièrement beaucoup
moins facile. Mais là, si vous commencez à me rappeler le
gouvernement fédéral, je vais vous dire que je devrais
peut-être faire l'étude des crédits avec le ministre
fédéral des Communications, la prochaine fols.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, nous allons rectifier les
données de mon collègue, le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, et lui rappeler que si on regarde de façon
très précise les crédits originaux du ministère des
Affaires culturelles du temps que l'Opposition était au pouvoir, ils
sont passés de 0,44 % à 0,60 %. Que je sache, ça fait 0,16
% de différence. Et que nous, nous les avons passés de 0,60 %
à 0,73 %, M. le Président, ça fait 0,13 % de
différence, avec un nombre d'années plus limité, en cinq
ans, comparativement à huit ans. Alors, dans ce sens, M. le
Président, je pense que notre augmentation a été graduelle
et plus substantielle que ce que le parti de l'Opposition a pu faire en
matière de culture.
Le Président (M. Messier): Merci. Pendant que le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques fait certains calculs,
pour...
M. Boulerice: Non, ils sont terminés, M. le
Président.
Le Président (M. Messier): Ils sont déjà
terminés. Pour les prochaines générations qui vont lire
les débats, lorsqu'on parle du 1 %, est-ce qu'on parle du 1 % du PIB,
des dépenses gouvernementales ou des recettes gouvernementales?
Mme Robillard: On parle du 1 % des dépenses
gouvernementales.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre.
M. Larouche: J'aurais un petit mot, moi. Le Président
(M. Messier): Oui, pendant... M. Larouche: Un petit rien du tout.
Le Président (M. Messier): Oui, oui. Ça va.
M. Larouche: C'est tout simplement parce qu'on a
référé à l'UNESCO. Le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques m'a référé à d'autres
lectures de l'United Nations Educational, Scien-trfic and Culture Organization,
qui est l'UNESCO.
M. Boulerice: And Cultural Organization. (16 h 45)
M. Larouche: C'est ça, l'UNESCO? Savez-vous que c'est
l'organisation internationale la plus mal gérée au monde? Preuve
à l'appui, je pourrai soumettre tous les documents de Frede-rico Mayor,
qui en est son directeur général. D'ailleurs, les
Américains s'en sont retirés, les Anglais. C'est l'organisation
internationale la plus mal gérée. C'est justement pourquoi ils
arrivent avec des choses farfelues, les trois quarts du temps. Ce n'est pas
parce que c'est une organisation internationale qu'il faut se plier à
genoux. Ils sont riches au détriment des gouvernements des autres. Moi,
c'est mon opinion sur cette affaire-là. C'est l'organisation
internationale la plus mal gérée. On est 20 fois mieux
gérés au Québec que l'UNESCO. Ça, je suis
prêt à le soutenir n'importe quand, devant n'importe qui. Je peux
vous soumettre tous les chiffres en conséquence.
M. Boulerice: M. le Président.
Le Président (M. Messier): Là, c'est parce que...
Juste un instant.
M. Larouche: J'ai terminé.
Le Président (M. Messier): On enverra peut-être la
copie à notre ambassadeur, M. Jean Drapeau, directement sur place.
M. Larouche: Justement. Il y a notre ambassadeur là-bas,
le gars à baignoire.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, une simple
précision concernant l'UNESCO parce que très souvent, mon
collègue, le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, la cite
en exemple. Je veux spécifier que l'UNESCO, quand elle utilise le terme
"culture", l'utilise d'une façon beaucoup plus générale
qu'il est utilisé au Québec. À ce moment-là, quand
l'UNESCO utilise ce terme,
cela inclut aussi tout le champ de l'audiovisuel. Alors, c'est beaucoup
plus large que le budget du ministère des Affaires culturelles. Il
faudrait être très nuancé quand on utilise (es
données de l'UNESCO.
Le Président (M. Messier): Parfait. Merci, Mme la
ministre, de ces rectifications. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui, M. le Président, je trouve ça un
peu paradoxal la charge de M. le député d'Anjou alors que le
premier ministre et le ministre des relations internationales et la ministre de
la Culture étaient tellement fiers d'avoir obtenu le siège de
l'UNESCO à Québec. Vraiment, je veux dire...
M. Larouche: Au moins, ce siège-là va être
bien géré.
M. Boulerice: C'est un peu hypocrite de célébrer
l'arrivée et après ça, de vouloir tuer l'occupant.
Ça paraît un peu bizarre. Mais quant aux chiffres, pour la
cinquième fois consécutive, je vais offrir à Mme la
ministre, en espérant que, cette fois-ci, elle aura le courage de me
répondre oui... Êtes-vous prête, madame, à relever ie
défi que je vous ai lancé quatre fois d'un débat devant
les artistes justement sur les chiffres au niveau de la culture, des budgets de
la culture? Je vous relance pour la cinquième fois, madame, le
défi. Êtes-vous prête, devant les artistes, à la date
et au lieu qui vous conviendra mais devant le milieu de la culture? J'attends
toujours votre réponse.
Le Président (M. Messier): A cette question fort
précise.
Mme Robillard: M. le Président, je suis toujours
étonnée de cette demande du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Pourquoi suis-je étonnée? Je ne sais
pas si vous avez remarqué, M. le Président, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques a très peu de
questions sur la culture à la période de questions. Là
où les vrais débats doivent se faire à l'Assemblée
nationale, tous les jours, à la période de questions, je n'ai
jamais de question sur la culture. Serait-ce que la culture n'est pas une
priorité pour le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques? Et,
M. le Président, quand il réussit à obtenir de son parti
une question, c'est toujours la sixième ou la septième. Est-ce
là un ordre de priorité pour le parti de l'Opposition?
Aujourd'hui, nous nous retrouvons en commission parlementaire. Nous
sommes là pour débattre les chiffres. Je suis toujours
étonnée de cette demande de M. le député de
Sainte-Ma-rie-Salnt-Jacques. Je pense qu'il pourrait très bien utiliser
les travaux parlementaires pour débattre cette question.
Le Président (M. Messier): M. le député.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre pourrait m'indiquer le
nombre de lois qu'elle a déposées en Chambre, ce qui me
permettrait de la questionner? Vous savez, la ministre ne fait rien, mais c'est
dangereux d'en abuser.
Le Président (M. Messier): On est en période de
rationalisation. Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, si le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques mesure l'efficacité du ministère
des Affaires culturelles et l'aide aux artistes en calculant le nombre de
lois... Vous savez, M. le Président, je serais très
étonnée que les artistes veuillent être encore plus
réglementés au Québec qu'ils ne le sont
déjà.
M. Boulerice: Je pense que les artistes aimeraient beaucoup avoir
une loi de la fiscalité dans le sens de l'étalement des revenus.
Alors, à ce moment-là, les paroles de la ministre m'atteignent
peu. Mais je remarque qu'elle ne répond toujours pas à la
question. Le 1 %, pour elle, c'est quelle année?
Mme Robillard: Le plus rapidement possible, M. le
Président.
Le Président (M. Messier): Cette réponse,
merci.
M. Boulerice: Le plus rapidement possible? Ah! bon. D'accord. Et
"le plus rapidement possible", pour vous, c'est combien d'années?
Mme Robillard: M. le Président... Le Président
(M. Messier): Oui.
Mme Robillard: ...aussitôt que nous allons pouvoir faire
avancer ce dossier du financement au-delà de ce que nous avons fait
depuis 1985, c'est-à-dire 7 % par année en moyenne,
aussitôt que nous allons pouvoir la faire augmenter encore plus
rapidement, nous allons le faire, M. le Président.
M. Boulerice: Est-ce que je dois bien comprendre, M. le
Président, qu'elle le fait augmenter à 7 % par année, donc
qu'elle va l'atteindre en faisant geler le budget de l'État? Parce
qu'elle fait toujours la dichotomie entre les crédits de son
ministère et la part que cela représente dans le budget total de
l'État, ce qui fait que le 1 %, on y est toujours aussi
éloigné qu'on l'était quand ils ont pris le pouvoir.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, le
député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques prouve lui-même par ses
énoncés qu'il ne faut pas canaliser toute l'énergie
seulement sur ce 1 %, qu'il faut aller au-delà de ce 1 %, et surtout
voir à des politiques très fermes pour soutenir nos artistes au
Québec. Ça, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques n'en parle jamais de toutes les politiques qui les
soutiennent présentement. Il ne nous parle jamais du statut de
l'artiste.
M. Boulerice: Quand elle dit au-delà du 1 %, est-ce
qu'elle dit qu'elle veut aller au-delà du 1 % ou est-ce qu'elle parle
d'autre chose?
Mme Robillard: M. le Président, nous aurons l'occasion,
à l'automne, au dépôt de l'étude sur le financement
des arts et de la culture au Québec, de s'interroger longuement, non
seulement sur les besoins, parce que nous les connaissons déjà
beaucoup et nous savons que ces besoins sont au-delà du 1 %, M. le
Président, mais surtout sur les moyens d'atteindre ce 1 % et d'aller
au-delà du 1 % surtout. C'est de bonifier l'aide gouvernementale et
surtout de prévoir. Si cette culture est si intense au Québec,
présentement, en 1990, que va-t-elle être d'Ici dix ans? C'est
dans cette optique-là, M. le Président, que, en commission
parlementaire, nous aurons l'occasion d'échanger à l'automne.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre.
M. Boulerice: Donc, on constate encore une fols que le 1 %
demeure toujours une promesse...
Le Président (M. Messier): Une promesse
libérale.
M. Boulerice: ...libérale, effectivement. Duplessis a fait
trois élections sur le pont de Trois-Rivières, qui a fini par
tomber. Alors, je pense que l'analogie, encore là, est assez
intéressante. Toujours à titre indicatif, M. le Président,
si vous le voulez bien, on n'adoptera pas programme par programme, mais le bloc
à la fin.
Mme Robillard: M. le Président, c'est tout à fait
différent de ce que M. le député de Saint-Jacques a dit
tantôt.
M. Boulerice: Non, non, pas du tout. Le Président (M.
Messier): Non, on va...
M. Boulerice: J'ai dit qu'on fonctionnait programme par...
Le Président (M. Messier): Par programme.
M. Boulerice: C'est vrai que c'est votre première
étude, là, mais quand même!
Mme Robillard: M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques!
M. Boulerice: On va aller programme par programme.
Le Président (M. Messier): C'est un petit peu insidieux,
ce que vous venez de dire là, M. le député.
M. Boulerice: Ce n'est pas insidieux, je veux dire...
Le Président (M. Messier): Bien oui, mais...
M. Boulerice: ...avec toute l'amitié qui nous
caractérise.
Le Président (M. Messier): Du moins, je
l'espère.
M. Boulerice: On va aller programme par programme dans
l'étude, mais on va voter en bloc, à la fin, et non pas un par
un.
Le Président (M. Messier): Est-ce que ça vous
intéresse de fonctionner comme ça? C'est parce que Mme la
ministre, après le programme, pourrait libérer ses
fonctionnaires.
Mme Robillard: En autant, M. le Président, qu'on ne
revienne pas sur des questions du programme 1 juste avant l'adoption
finale.
Le Président (M. Messier): Je pense que ça
serait...
M. Boulerice: Non, je n'ai pas d'objection, là. Absolument
pas. Écoutez, moi..
Le Président (M. Messier): On devrait y aller de bonne
foi.
M. Boulerice: Là, je ne sais pas si c'est la crainte, j'ai
l'impression qu'elle me voit dans sa soupe méchant, etc. Ce n'est pas le
cas.
Le Président (M. Messier): Non, ça a l'air bon.
Mme Robillard: Ah! M. le Président, je me suis tellement
ennuyée de mon collègue, vous savez, lui qui est si près
de la communauté juive. Il était absent, dimanche, au Festival
des Séfarades.
Le Président (M. Messier): Non. Dimanche... Mme
Robillard: Et son absence...
Le Président (M. Messier): Mme la ministre, là,
vous...
Mme Robillard: Oui, oui, son absence a été
notée par toute la communauté juive.
M. Boulerice: J'aimerais vous faire remarquer, Mme la ministre,
et vous demander de vous excuser, que j'étais effectivement
présent et que, contrairement aux députés libéraux,
j'ai été invité à la fête privée
après.
Mme Robillard: Alors, vous devriez faire le message.
M. Boulerfce: Et vous avez apprécié les toiles de
Lynda Sandhans, j'ose espérer, vous qui n'aimez pas l'art moderne et
l'art contemporain.
Mme Robillard: Vous devriez faire le message à votre
collègue, le député M. Godin, qui était
là.
M. Boulerice: Pardon?
Mme Robillard: Ah! Mais, dans notre cas, nous sommes très
autonomes.
Le Président (M. Messier): On est très loin, on est
très loin de l'étude des crédits.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Messier): On devrait revenir au programme
1, élément 1.
M. Boulerice: Oui. Est-ce que j'ai bien compris, dans le
programme 1 toujours, Politique, gestion interne et soutien, que l'étude
Samson, Bélair, ça serait pour l'automne 1990? C'est bien
ça que vous avez dit?
Mme Robillard: Oui, M. le Président. J'attends les
résultats de l'étude pour septembre 1990.
M. Boulerice: D'accord. Et, forcément, la commission
parlementaire sur le financement des arts, bien, aura lieu?
Mme Robillard: On pourra sûrement regarder ça
à l'automne, M. le Président.
M. Boulerice: Comment, regarder? Vous n'en faites pas un
engagement formel?
Mme Robillard: Mais oui, je l'ai déjà fait. Je vous
le répète.
Le Président (M. Messier): Comme il y a le principe de
l'alternance, je ne sais pas si, parmi les députés
libéraux, les députés ministériels, il y en a qui
veulent poser des questions. Vous avez le loisir, tout le loisir d'en poser. Il
n'y a aucune gêne.
M. Boulerice: Dans Politique, gestion interne et soutien,
programme d'aide aux associations.
Mme Robillard: Où ça?
Le Président (M. Messier): Excusez-moi, ici...
Mme Robillard: Ce n'est pas dans le bon programme, ça.
Le Président (M. Messier): Dans quel programme?
M. Boulerice: Programme 1, toujours, Politique, gestion
interne...
Mme Robillard: Ce n'est pas le programme, ça.
M. Boulerice: Au tout début, ça, page 19. Mme
Robillard: Page 19?
M. Boulerice: Page 8 du cahier des crédits comme tel, page
8...
Une voix: Quelle page, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques?
M. Boulerice: C'est la page 8. Mme Robillard: Avec quel
cahier?
M. Boulerice: Le vôtre, madame, pas le mien.
Le Président (M. Messier): Non, mais il serait
peut-être bon de spécifier.
Mme Robillard: Je vous écoute, M. le
député.
Le Président (M. Messier): II y a eu des échanges
verbaux non enregistrés?
Programme d'aide aux associations
M. Boulerice: Des paroles verbales, oui. Alors, au cahier des
crédits, page 8, on peut lire que la Direction des politiques et de
l'évaluation a procédé en 1989-1990 à
l'évaluation du programme d'aide aux associations et que des
recommandations sont en préparation. Cette Direction en était
à sa première année de fonctionnement, d'ailleurs. Et,
à la page 19, on peut lire qu'il y aura implantation d'un cadre
d'évaluation-contrôle des programmes, élaboration d'une
politique culturelle et orientations gouvernementales en matière de
financement des arts. La question que j'aimerais poser, c'est: Quels sont les
éléments qui ont amené la Direction des politiques et de
l'évaluation à revoir le program-
me d'aide aux associations?
Mme Robillard: M. le Président, quand on a fait les
prévisions budgétaires pour cette année - mais
c'était déjà noté au sein du ministère - on
s'est aperçu qu'il y a un montant, je dirais, relativement important qui
est donné aux associations, au programme d'aide aux associations, non
seulement aux associations nationales, mais aux associations régionales
qui sont nées partout dans le Québec. Et, au fi) des ans, on
s'aperçoit que cette enveloppe budgétaire augmente d'année
en année et qu'elle a peut-être aussi certains problèmes
d'équité d'une région à l'autre ou d'une
association à l'autre. Alors, il est très clair que, depuis que
nous avons cette Direction, fort heureusement, des politiques et de
l'évaluation, et je pense que tout ministère se doit d'avoir un
département d'évaluation, il s'agit pour nous, graduellement, au
fil des années, d'évaluer tous nos programmes, de regarder les
indicateurs de performance, autant en termes quantitatifs que qualitatifs,
d'essayer de regarder les écarts qui existent dans les aides qu'on donne
aux associations. Dans le fond, c'est que le milieu culturel a tellement
changé depuis une dizaine d'années au Québec, M. le
Président, qu'il est important qu'on réévalue chacun de
nos secteurs, d'autant plus s'il y a une somme d'argent importante qui est
donnée aux associations. Alors, c'est dans ce contexte-là que
notre Direction des politiques et de l'évaluation a
procédé à l'évaluation du programme d'aide aux
associations, et j'attends les recommandations sous peu sur ce sujet.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. M. le
député.
M. Boulerice: Quand on parle de programmes d'aide aux
associations, cela concerne-t-il tous les programmes de soutien aux organismes?
Lesquels? (17 heures)
Mme Robillard: Alors, ce sont les associations, tant au plan
national qu'au plan régional, qui se sont formées dans presque
chacune des régions du Québec et quand, en plus, on s'est mis
à regarder de très près tout ce foisonnement, je dirais,
d'associations et d'organismes régionaux qui se sont créés
au fil des ans, nécessairement aussi ça nous a fait regarder de
façon particulière les Conseils régionaux de la culture
qui sont présents dans toutes les régions du Québec. Et
les CRC autant que tous les autres programmes du ministère seront aussi
évalués dans l'atteinte des objectifs qu'ils doivent avoir. Alors
c'est dans ce contexte d'étude de toutes les associations, des
organismes de soutien, dans le fond, aux artistes qu'on a à
l'échelle du Québec, avec un montant d'argent important qui est
accordé à ces organismes, que se fait le cadre
d'évaluation présentement.
M. Boulerice: Quelles sont les intentions de la ministre?
À quoi doivent s'attendre ces associations-là? Est-ce que les
décisions qu'elle va prendre vont être liées aux
résultats de l'étude commandée à Samson
Bélair?
Mme Robillard: Quand on regarde le mandat d'évaluation des
associations, c'est de regarder les objectifs qui sont poursuivis par ces
associations-là, et surtout les résultats qui sont atteints. Et
de voir: Est-ce que tous sont nécessaires? Est-ce qu'il y a de la
duplication? Est-ce qu'il y a des écarts dans les subventions, qu'on
devrait réajuster notre programme? C'est dans ce contexte-là
qu'est faite l'évaluation du programme d'aide. Si, en plus, on doit
regarder la dimension du financement de ces associations-là, alors
sûrement qu'il y aura un lien à faire avec l'étude de
Samson Bélair.
M. Boulerice: La ministre a parlé des Conseils
régionaux de la culture. Dans le programme de mon parti politique il est
clairement indiqué qu'ils sont des interlocuteurs
privilégiés du ministère des Affaires culturelles. J'ai
tenu, comme porte-parole à la culture, que le programme de mon parti
porte cette mention. Est-ce que le ministère songe à se
désengager auprès des Conseils régionaux de la
culture?
Mme Robillard: M. le Président, ce n'est absolument pas
dans ce contexte-là qu'est faite l'évaluation
présentement, au niveau des associations, et l'évaluation aussi
au niveau des CRC. D'ailleurs, M. le Président, vous me permettrez de
saluer M. Paquet, qui est ici présent, qui s'occupe des Conseils
régionaux de la culture au Québec. Pour vous dire que les
Conseils régionaux, autant que n'importe quelle autre instance, sont
tout à fait d'accord pour évaluer leurs propres programmes et
rectifier ie tir, si c'est nécessaire par rapport aux objectifs qu'ils
poursuivent. Alors, M. le Président, les Conseils régionaux de la
culture, à l'heure actuelle, jouent un rôle-conseil auprès
de la ministre et un rôle de concertation dans les régions du
Québec où ils sont implantés, et un rôle qui est
important pour le milieu culturel et il faut regarder ce rôle des
Conseils régionaux, par rapport au rôle des associations aussi,
qui sont présentes partout sur le territoire du Québec.
Le Président (M. Messier): Merci
M. Boulerice: Je sais que vous les avez rencontrés - nous
avons reçu d'ailleurs une série de cartes postales empreintes
d'impressionnistes - mais vous leur demandez de procéder à leur
évaluation. En 1986-1987, il n'y a eu aucune indexation, aucune
augmentation. En 1987-1988, aucune indexation, aucune augmentation. En
1988-1989, indexation de 5 %. 1989-1990, aucune indexation ou augmentation.
1990-1991, pas
d'indexation ni d'augmentation de quelque nature que ce soit, même
pas une légère aide supplémentaire pour défrayer
une partie des coûts engendrés par l'évaluation que vous
leur commandez, tel le déplacement, en l'occurrence, de deux membres de
la Conférence, à Québec. Ils sont privés d'outils
indispensables de travail. Qu'est-ce que la ministre entend faire? La
Conférence est inquiète des suites possibles à
ça.
Le Président (M. Messier): Allez-vous pouvoir les
rassurer?
Mme Robillard: M. le Président, oui, j'ai
déjà rencontré la Conférence. Je leur ai
déjà expliqué exactement les choix que je devais faire.
Mais ce qui est important de préciser aujourd'hui, c'est quand on fait
des choix budgétaires, c'est qu'on fait des choix. Donc, on priorise.
C'est ce qui s'appelle diriger un ministère, faire des choix. Dans ce
contexte-là, cette année, avec l'augmentation des crédits
qui a été accordée au ministère des Affaires
culturelles, j'ai dû faire des choix. Les choix que j'ai faits sont
d'augmenter non pas des structures de concertation, et, quelle que soit leur
efficacité, je n'ai pas posé un jugement sur l'efficacité
des structures de concertation, j'ai fait le choix, la marge de manoeuvre, au
plan budgétaire, qui était possible, de l'accorder en direct
à la clientèle, aux artistes et aux créateurs et non pas
à des structures de concertation. C'est un choix que j'ai fait, M. le
Président.
M. Boulerice: Oui, mais quand vous parlez de choix, vous
rendez-vous compte qu'ils ont subi près de 20 %, en définitive,
de manque à gagner, si on calcule uniquement l'indice d'inflation?
Comment pouvez-vous faire une profession de foi sur leur utilité, leur
grand rôle - et vous avez toujours, d'ailleurs, salué le dynamisme
qu'ils contribuaient à créer en régions, si je me fie au
communiqué que je lisais attentivement et presque religieusement tous
les matins, parce qu'on en recevait régulièrement - comment
pouvez-vous prétendre à ça, lorsqu'ils ont
déjà, depuis cinq ans, juste si on considère le facteur
inflation et non pas la charge additionnelle de travail que vous leur avez
donnée, moins 20 %...? C'est beau prioriser, mais là, vous les
avez effectivement priorisés comme devant financièrement
disparaître par asphyxie financière.
Mme Robillard: M. le Président, je pense qu'il est bon de
noter, et M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques doit
sûrement être au courant, que l'on subventionne, à l'heure
actuelle, les CRC au Québec, à 90 % de leur budget.
Comparativement à d'autres structures de concertation, je pense que le
montant de notre participation est énorme. Et encore une fois, je
comprends qu'ils doivent travailler avec un personnel limité.
D'ailleurs, c'est la môme situation pour les fonctionnaires de mon
ministère aussi. Je comprends très bien ça. Sauf que si,
cette année, j'ai été capable d'augmenter de 2 500 000 $
le secteur des arts d'interprétation, si je suis capable de donner 840
000 $ dans le domaine du théâtre, c'est parce que je ne donne pas
100 000 $ aux CRC. C'est comme ça que les choix se font, M. le
Président. Et j'ai décidé de privilégier de
façon particulière les artistes et les créateurs avant
toute structure de concertation.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. Est-ce
qu'il y a d'autres questions, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques?
M. Boulerice: Quand on va voir plus loin où vont les
crédits, contrairement à votre prédéces-seure, le
béton ne vous fait pas peur. Donc, dans votre assertion à savoir:
Je veux favoriser les créateurs, les créateurs, les
créateurs, les créateurs, etc., je trouve qu'il y a dichotomie de
langage, comme tel. Vous les subventionnez à 90 %, oui, vous leur donnez
0,90 $ pour chaque dollar, mais leur dollar ne vaut plus 1 $, depuis tout le
temps, chère madame. Donc, 90 % d'un dollar qui ne vaut plus que x
cents, vous êtes capable de me dire que c'est sain et c'est bon?
Mme Robillard: M. le Président, il me semble que, lors de
mes remarques préliminaires, j'ai dit très clairement que je
savais que les besoins étaient grands. Je savais que l'aide
donnée aujourd'hui au secteur du ministère des Affaires
culturelles n'est pas suffisante pour répondre à tous les
besoins, mais que, par ailleurs, on continuait à augmenter le budget. Et
en augmentant ce budget, on doit faire des choix. Je sais que les CRC, comme
beaucoup d'autres associations, beaucoup d'autres organismes culturels qui ne
sont pas indexés non plus cette année, doivent faire des efforts
importants pour maintenir leur mandat et agir avec efficacité dans leur
milieu. Mais encore une fois, M. le Président, j'ai fait des choix et
j'ai décidé de donner les surplus du ministère directement
au secteur des arts d'interprétation.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. M. le
député d'Anjou.
M. Larouche: Concernant les subventions aux organismes, moi, ce
qui me surprend un peu, c'est que, juste en jetant un coup d'oeil au niveau
détaillé des subventions, si je regarde:
Les subventions du patrimoine, aide à la restauration, je
vois...
Une voix: C'est le programme 2?
M. Larouche: Non, non. Je parle juste en termes
généraux. Ce n'est pas ça que je mets en
question. Je parle juste... Par exemple, on regarde: Le comté de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, réfection du clocher de l'église, 120
000 $. Un peu plus loin: L'aide aux organismes en matière de
patrimoine... Tout en regardant ça, je me dis: Mon Dieu! Comment je
ferais, moi, député d'Anjou, pour avoir du patrimoine, pour avoir
des arts?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Larouche: Et là, je vois: Aide aux organismes en
matière de patrimoine...
M. Boulerice: J'ai beaucoup de respect pour mon collègue.
Je pense qu'il est totalement hors d'ordre.
M. Larouche: ...de la Maison du Fier-Monde: 9700 $
M. Boulerice: On est hors d'ordre.
M. Larouche: Centre de lecture et d'écriture: 9035
$...
Le Président (M. Messier): M. le
député...
M. Larouche: ...et je n'ai pas fini. Je vais revenir sur
ça. Parce que nous autres aussi on a besoin de la culture.
Le Président (M. Messier): Programme 2, je crois.
M. Larouche: Mais ce que je veux dire, le point que je veux dire,
c'est que moi, si d'Anjou, je découvre que j'en ai moi aussi du
patrimoine, c'est que je vais en demander au ministère des Affaires
culturelles. Comment seront subventionnés ces nouveaux
besoins-là? C'est pas juste d'indexer ceux qui en ont. Ça me fait
penser un peu à la personne qui, justement, trouve 2 $ et croyant en
trouver 3 $, il dit: J'ai perdu une piastre. Comprenez-vous? Alors tu as 2 $,
t'es chanceux. Mais moi aussi j'en ai des besoins et on en a tous dans nos
comtés. Moi je ne suis pas jaloux des autres comtés qui en ont.
Mais moi aussi j'en ai des besoins de patrimoine et de culture dans Anjou. On
va y revenir plus tard. Alors l'indexation, moi je dis: C'est beau, mais
pensons aux nouveaux besoins. Il faut nous laisser un peu de la place dans le
nouveau budget.
Le Président (M. Messier): On est de retour au programme
1.
M. Larouche: Merci.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Ah mais non, mais écoutez. I! faudrait que
mon collègue d'Anjou soit raisonnable. De toute façon, il va
trouver son compte forcément au cours de ces interventions. La ministre
va subventionner le folklore quelque part. Alors on ira là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Larouche: Ne vous moquez pas du folklore.
Une voix: Remarque...
M. Boulerice: Non, mais votre intervention était de cette
nature.
Le Président (M. Messier): Les couteaux volent bas. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques on s'adresse à la
présidence et la présidence à la ministre.
M. Boulerice: Non, mais qu'il soit pertinent.
Le Président (M. Messier): C'est ça.
M. Boulerice: Alors, M. le Président, nous en avons fait
pour le programme 1 parce qu'il y a des gens qui veulent être
libérés.
Délégations à
l'étranger
Le Président (M. Messier): Dans le programme 1, j'aurais
peut-être une question au niveau des relations internationales. Parce que
je vois à la page 10 que vous faites une rétrospective des
activités réalisées en 1989-1990. Moi, pour ma part, au
niveau des délégations du Québec, qu'est-ce qui est fait
là-bas? Est-ce qu'il y a des retombées ici au Québec suite
aux représentations que vous faites ou suite aux choses qui sont faites
dans les délégations, disons notamment à Paris, New York,
je ne sais pas, Toronto, pour nous ici au Québec de ces
délégations du Québec?
Mme Robillard: Vous savez, M. le Président, qu'à
l'heure actuelle dans nos délégations du Québec, nous
avons trois conseillers culturels particuliers à Paris, à New
York et un à Toronto, mais que, dans les autres
délégations, très souvent c'est le directeur des affaires
publiques qui va jouer un rôle en matière culturelle. Alors, il
est très clair pour nous autres que ces conseillers culturels jouent un
rôle très important au sein de la délégation pour
établir des contacts dans le milieu, directement, là-bas, avec
les leaders et pour soutenir aussi nos artistes qui sont de passage dans ces
régions-là, pour essayer d'établir un réseau de
marché, en somme, d'essayer de développer un partenariat avec le
milieu dans lequel ils sont pour permettre à nos
artistes du Québec de se produire. Et, dans ce sens-là, je
peux vous dire qu'à date les résultats que nous avons obtenus
avec ces conseillers culturels sont fort importants. Et je pense, entre autres,
à notre conseiller culturel à New York qui est Mme Lucie
Duranceau. Quand on regarde tout ce qu'un conseiller culturel peut faire dans
une délégation pour aider nos artistes, c'est énorme.
Notre conseillère culturelle là-bas, pour une
période de référence très courte, en l'espace de
trois mois, a réussi à soutenir la présence de 12 artistes
québécois qui oeuvrent en arts visuels ou en art
d'interprétation, a réussi à ce que ces artistes se
produisent là-bas et soient accueillis dans des institutions artistiques
comme le New York Sculpture Centre, le New Muséum of Contemporary Art.
Elle a donné de l'aide à trois compagnies artistiques: deux en
théâtre, une en danse. En somme, vous pouvez voir un peu comment
ces conseillers culturels, qu'ils soient à New York ou à Paris ou
ailleurs - dernièrement j'étais à Los Angeles et j'ai eu
à discuter avec le directeur des affaires publiques - soutiennent nos
artistes quand ils vont à l'étranger mais aident à
développer de nouveaux marchés pour eux. Et donc, c'est un
rôle essentiel pour le rayonnement international.
Le Président (M. Messier): Merci. Est-ce qu'il y a
d'autres députés?
M. Boulerice: Programme 1 considéré comme
adopté.
Le Président (M. Messier): II y a peut-être d'autres
questions. Est-ce qu'il y a d'autres questions du côté
ministériel? Ça va. Est-ce que vous voulez procéder tout
de suite à l'adoption du programme 1? Adopté? Adopté.
Ça vient de libérer la moitié de vos fonctionnaires, Mme
la ministre. Le souper vous attend. (17 h 15)
Mme Robillard: Juste un.
Le Président (M. Messier): Juste un. Mon Dieu.
M. Boulerice: Chanceux!
Le Président (M. Messier): Les deux autres... Parfait. Bon
souper, monsieur...
Mme Robillard: L'International.
Le Président (M. Messier): C'est le monsieur responsable
des relations internationales. Enchanté.
M. Boulerice: Ah! Bien c'est dommage qu'il quitte. Je voulais lui
parler de Londres, moi.
Le Président (M. Messier): De Londres, allez-y.
M. Boulerice: II n'y a pas d'attaché culturel à
Londres. J'en discutais avec...
Le Président (M. Messier): Ah! On est dans le programme
1.
M. Boulerice: Remarquez qu'on aurait pu le prendre avant, mais en
tout cas, très brièvement là. Il y a quand même...
Non, non, rassurez-vous. Vous ne raterez pas votre dîner en ville ce
soir. J'étais à Londres récemment et j'avais une
discussion avec notre délégué général, M.
Scowen, et il y a une percée assez intéressante des produits
culturels à Londres. Sans que la délégation comme telle
exige un attaché culturel comme il peut en exister, comme il en existait
un à Paris autrefois. C'est une appréciation que je fais de son
travail, madame, et je ne me gênerai pas pour la faire.
Mme Robillard: ...ça peut être historique.
M. Boulerice: Londres aimerait bien avoir un certain support,
est-ce que vous avez déjà fait des contacts avec votre
collègue, le ministre des Affaires internationales, pour qu'il y ait une
certaine forme de support parce que c'est le conseiller politique qui doit s'en
occuper avec l'aide d'une autre personne dont je ne me rappelle plus du tout le
nom. Mais je me souviens, en tout cas, au moment où j'y étais,
à une période d'effervescence culturelle
québécoise, on venait de jouer la pièce de Tremblay, on
attendait les Ballets jazz, il y a eu le succès énorme de
"Jésus de Montréal". On attendait la pièce de... Ciel!
Ça m'échappe. Je vois tellement de théâtre; au lieu
de poser des questions, je préfère aller au théâtre
et voir les artistes, moi.
Le Président (M. Messier): Et, à maintes reprises,
vous rencontrez la ministre.
M. Boulerice: Non, malheureusement, je ne l'ai pas vue au bal du
Musée d'art contemporain cette année.
Le Président (M. Messier): C'est l'activité qu'elle
a manquée.
M. Boulerice: Je le regrette beaucoup. C'est une activité
qu'elle a malheureusement manquée. Mais est-ce qu'il y a eu des contacts
avec votre collègue? Parce que, vraiment, il y a un besoin non pas d'un
attaché, mais disons peut-être comme un agent de relations,
quelque chose comme ça. Ou sinon, je pense que ça serait
peut-être quelque chose à discuter avec le ministre des Affaires
internationales, parce que je pense qu'il a marché très
honnêtement.
Le Président (M. Messier): Le message étant
passé pour Paris, on attend pour Londres.
Mme Robillard: De fait, M. le Président, nous avons
été sensibilisés à quelques reprises par notre
délégué du Québec, M. Scowen. Présentement,
c'est un conseiller, le conseiller des affaires publiques qui s'occupe des
affaires culturelles. Et M. Scowen aimerait bien avoir un conseiller culturel.
Naturellement, ça veut dire un effectif de plus que nous allons
transférer, à ce moment-là, au ministère des
Affaires internationales. Pour nous, c'est ce que ça veut dire. Par
ailleurs, nous reconnaissons le bien-fondé, je dirais, du marché
anglais qui est énorme et, comme le dit M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques: Où c'est possible pour plusieurs artistes
québécois de se produire même sur la scène de
Londres. À cet égard-là, j'ai demandé à ma
sous-ministre, Mme Malo, de rencontrer M. Scowen. Alors, elle sera donc
présente à Londres à compter du 23 juin jusqu'au 4
juillet, pour voir avec M. Scowen... étudier les possibilités et
voir ce qui pourrait être fait dans le domaine culturel.
M. Boulerice: À la bonne heure! Mme la ministre!
Le Président (M. Messier): Je souhaite bon voyage à
Mme Malo.
M. Boulerice: Bon voyage, Mme la sous-ministre. Je me permettrai
de vous indiquer quelques bons restaurants. Chez Turner's d'ailleurs, dans le
Chelsea.
Le Président (M. Messier): M. le député.
M. Boulerice: Oui. Alors, on est au point 2.
Le Président (M. Messier): Alors, on va suspendre... Mme
la ministre aimerait se divertir un peu.
M. Boulerice: Non, elle a une rencontre avec le ministre des
richesses naturelles, elle aussi.
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président (M. Messier): La commission suspend ses
travaux pour quelques instants. Nous allons revenir.
M. Boulerice: Ah! Nous notons l'heure. (Suspension de la
séance à 17 h 20)
(Reprise à 17 h 22)
Le Président (M. Doyon): Donc, nous reprenons nos travaux,
et nous avons fini le programme 1, d'après ce que je comprends, nous
sommes maintenant... Nous arrivons au programme 2, alors, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, est-ce que vous avez des
questions à poser sur le programme 2.
Développement des milieux culturels
M. Boulerice: Voilà, monsieur, là où il y a
eu le massacre à Leslie pour emprunter au film américain
célèbre. La ministre, dès sa nomination, parlait du
patrimoine, eh bien, patrimoine historique, archéologique et naturel, 14
% de coupures; aide à la restauration, 32,6 % de coupures; aide aux
organismes, projets nationaux, 65,7 % de coupures, stages à
l'étranger pour les artisans formateurs, 100 % de coupures;
interventions auprès des gens, 100 % de coupures, aide aux artistes
professionnels, 7 % de coupures, puis elle disait tantôt qu'elle voulait
cibler vers l'artiste; aide diffusion hors Québec, moins 20,3 % de
coupures, aide aux musées et centres d'exposition
accrédités, moins 9 % de coupures; aide à l'animation dans
les bibliothèques publiques, moins 73,3 % de coupures; soutien aux
organismes régionaux de développement en métiers d'art,
moins 0,9 % de coupures," aide à la relève industrielle, moins 50
% de coupures; aide à l'intervention régionale, moins 16,7 % de
coupures; tournées, promotions, cinémas, programmes non normes,
moins 52,2 % de coupures, commercialisation, métiers d'art à un
programme non norme, moins 50 % de coupures. Je pense qu'après ce
bilan-là, il y a des questions qui s'imposent. Est-ce que la ministre
peut nous dire quels sont les critères qui l'ont amenée à
accepter de couper complètement ou partiellement une quinzaine de
programmes d'aide au chapitre du développement des milieux culturels qui
s'adressaient très directement, pour plusieurs, à l'artiste
même?
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, est-ce que je pourrais
avoir la référence exacte, s'il vous plaît, à quel
tableau se réfère M. le député?
Le Président (M. Doyon): II vous le dit illico.
M. Boulerice:. Liste détaillée de l'ensemble des
programmes d'aide administrés par les ministères avec leur budget
respectif pour 1989-1990 et les dépenses prévues pour 1990-1991,
à partir de la page 822 chez vous. Nous, on s'est fait notre propre
tableau à partir de ça. On travaille bien.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, est-ce que ces
renseignements vous suffisent ici? Non. Demandez-en d'autres?
M. Boulerlce: Je vais vous donner un exemple. Aide aux
musées et centres d'exposition accrédités.
Mme Robillard: Mais, monsieur...
Le Président (M. Doyon): Un instant, M. le
député. Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, c'est parce que,
voyez-vous, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques dit qu'il
s'est fait d'autres tableaux à partir des tableaux. Ça devient
compliqué. Est-ce qu'il pourrait travailler à partir des
crédits de transfert à ce moment-là?
M. Boulerice: C'est à partir de ça, madame. C'est
Programme d'aide administré par le ministère des Affaires
culturelles, direction des ressources financières, 900417. Dans votre
cahier.
Mme Robillard: Lequel? Alors, on commence par l'aide aux
musées et centres d'exposition. M. le Président,
j'apprécierais si on allait "item" par "item".
Le Président (M. Doyon): Bien sûr. Mme Robillard:
Ça va être plus...
M. Boulerice: Non, on n'ira pas "item" par "item".
Mme Robillard: Mais oui, mais je peux vous donner...
M. Boulerice: Patrimoine historique, archéologique et
naturel.
Mme Robillard: Regardez... M. le Président.
M. Boulerice: Moins 14 % de coupures. Pou-vez-vous m'expliquer
pourquoi?
Mme Robillard: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): M. le député. Mme
la ministre, je vous écoute.
Mme Robillard: Je vais vous donner seulement un exemple, si M. le
député ne veut pas y aller "item" par "item". L'aide aux
musées passe de fait de 12 489 000 $ à 11 363 000 $. Alors,
là on pourrait conclure, comme le fait M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, à une coupure de 1 125 000 $. Pourtant on
s'aperçoit, quand on regarde ces crédits, que ces crédits
incluaient des crédits non récurrents de 1500 $...
Une voix: 1 500 000 $.
Mme Robillard: Excusez-moi, 1 500 000 $, pour une subvention
ponctuelle au Musée des beaux-arts et donc, quand on enlève ce
montant de 1 500 000 $, on s'aperçoit que c'est une augmentation de 374
200 $ qui est donnée, donc une indexation de 7,9 %. Comprenez-vous, M.
le Président? De là l'importance, non pas de globaliser
l'ensemble, mais de regarder "item" par "item", si M. le député
de Saint-Jacques a des questions à poser, nous allons lui
répondre.
M. Boulerice: Alors, elle a choisi celui qu'elle
préférait là.
Mme Robillard: Lequel?
M. Boulerice: Mais Patrimoine historique, archéologique et
naturel, il y a 14 % de coupures.
Mme Robillard: Oui, alors celui-là s'explique par le
fait... Ce n'est pas une coupure, M. le Président. Cela s'explique par
le fart que le Conseil du trésor nous a demandé que 1 000 000 $
soient convertis au service de la dette.
M. Boulerice: Ce n'est pas une coupure ça.
Mme Robillard: Dans ce domaine, mais non. L'aide va être
quand même donnée, mais sous une forme différente.
M. Boulerice: Comment?
Mme Robillard: Par service de dette.
Le Président (M. Doyon): Une autre question, M. le
député?
M. Boulerice: Non, non, non, mais je trouve intéressant.
Elle accepte le principe de service de dette, et je prends la sous-ministre
à témoin, sa prédécesseure fuyait le mot "dette"
comme on fuit la peste. Il y a un changement de cap là.
Le Président (M. Doyon): Mais c'est peut-être pour
ça, monsieur, qu'il décide de payer.
M. Boulerice: C'est intéressant là comme changement
de cap dans ce ministère. Autrefois le service de la dette était
un mot qu'il né fallait pas prononcer et là, la ministre s'en
sert allègrement. C'est un changement d'orientation à
l'intérieur du ministère.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, il m'ap-parart tout
à fait normal que, quand nous avons des projets d'envergure qui engagent
des sommes importantes, on songe à une dette, comme on songe à
une hypothèque sur une maison.
M. Boulerice: C'est exactement l'argumen-
taire que j'employais pour essayer de convaincre votre
prédécesseure.
Mme Robillard: Alors vous n'aurez pas besoin de me convaincre, M.
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Le Président (M. Doyon): Quelle belle unanimité! Je
m'en réjouis. M. le député.
M. Boulerice: Les deux qui sont complètement
coupés, vous ne viendrez pas me dire que c'est le service de la dette
que vous allez envoyer en stage à l'étranger, les artisans
formateurs. Et Intervention auprès des jeunes, c'est à la page
827 de votre cahier.
Mme Robillard: L'aide aux artisans formateurs. Alors le stage
à l'étranger... M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la ministre.
Mme Robillard: Le stage à l'étranger pour les
artisans formateurs, cet "item" a été incorporé à
l'"item" précédent qui s'appelle Aide aux artistes
professionnels.
M. Boulerice: Très bien. Et il a été
diminué, lui.
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Boulerice: Pourquoi, à l'Aide aux artistes
professionnels, une diminution de 7 %? Vous transférez, mais vous les
coupez par ricochet.
Mme Robillard: De fait, M. le Président, quand on regarde
l'aide aux artistes et aux créateurs, on note qu'il y a une diminution
de 462 000 $. Quand nous avons regardé... M. le Président, si
vous permettez.
Le Président (M. Doyon): Oui. Continuez.
Mme Robillard: Quand on a regardé ce programme-là
qui, comme vous le savez, s'adresse particulièrement à des
personnes physiques, Mme X, M. Y, on s'est aperçu que dans chacune des
disciplines professionnelles on répondait au-delà de 25 % de la
demande. Notre taux de réponse était au-delà de 25 %,
alors que pour certains organismes sans but lucratif qui engagent aussi ces
mêmes personnes, ces mêmes artistes et ces mêmes
créateurs, eux, avaient un problème important d'équilibre
budgétaire. Alors, le choix que nous avons fait, M. le Président,
c'est de diminuer, de fait, le Programme d'aide aux artistes et aux
créateurs tout en assurant qu'il y aura toujours un taux de
réponse de 25 % dans chacune des disciplines et nous avons
augmenté les organismes qui engagent ces mêmes créateurs et
ces mêmes artistes, comme je le disais tantôt, en
théâtre, en musique et en danse.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Richelieu, vous aviez une question? Un instant, M. le député.
Patrimoine historique, archéologique et
naturel
M. Khelfa: Merci, M. le Président. C'est toujours dans le
programme 2, élément 3. Dans le cadre des ententes entre le
ministère des Affaires culturelles et les villes sur le patrimoine,
comme vous le savez, le patrimoine, pour le comté de Richelieu, est
très important, compte tenu que le premier arbre de Noël a
été installé à Sorel en 1781 et le drapeau, notre
ralliement, notre fierté...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Richelieu, je pense que nous sommes encore dans l'élément 2 ou
l'élément 1.
Mme Robillard: Est-ce qu'on y va par élément, M. le
Président?
Le Président (M. Doyon): Oui, on peut.. Comme vous
voudrez, mais c'est peut-être plus simple parce que vous avez plusieurs
cahiers devant vous et j'imagine que ça va être encore plus
difficile que ça ne l'est maintenant si on veut procéder...
M. Khelfa: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le
député.
M. Khelfa: Le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
s'est promené entre les éléments 2, 3 et 4.
Le Président (M. Doyon): Au programme 1? M. Khelfa:
Au programme 2.
Le Président (M. Doyon): Au programme 2. Alors, allez.-y
M. le député de Richelieu si tel est votre...
M. Boulerice: Tant qu'il ne nous parlera pas de sa montagne de
fer, ça va.
M. Khelfa: C'est patrimonial, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Une voix: Oui, oui. C'est sûrement une oeuvre d'art, cette
montagne-là.
M. Khelfa: Comme je disais tantôt, dans le comté de
Richelieu, le comté riche lieu de patrimoine où le drapeau du
Québec a été conçu par l'abbé Elphège
Filiatrault... Vous connaissez
ça, M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques?
M. Boulerice: Ah! Je vais souvent dans votre circonscription.
Vous en verrez le résultat à la prochaine élection.
M. Khelfa: Je l'ai constaté à la dernière
élection. J'ai augmenté ma majorité, M. le
député.
M. Boulerice: Alors, ne soyez pas inquiet, M. le
député de Richelieu.
M. Khelfa: Continuez à revenir. Ça m'encourage. Mme
la ministre, vous avez parlé précédemment des ententes
antérieures avec la ville de Montréal en matière de
patrimoine. Pouvez-vous nous parler de la présente entente concernant la
période de 1989-1994? Peut-on déjà évaluer un bilan
partiel des 12 derniers mois de l'entente, en attendant, bien sûr, qu'un
jour on puisse faire une entente avec la ville de Sorel?
Mme Robillard: M. le Président, je voudrais bien que M. le
député précise sa question. Est-ce qu'il s'agit bien de
l'entente en matière de patrimoine 1989-1994...
M. Khelfa: C'est ça, madame.
Mme Robillard: ...qu'on a signée avec la ville de
Montréal?
M. Khelfa: C'est ça. Mme Robillard: C'est
ça? M. Khelfa: Oui.
Mme Robillard: M. le Président, Sorel fait partie de la
Montérégie. Donc, je vais m'en tenir strictement à la
région de Montréal, n'est-ce pas, M. le Président?
M. Khelfa: Oui, madame.
Mme Robillard: Alors, le bilan partiel après 12 mois, on
peut vous dire que l'entente qui a été signée, M. le
Président, l'an dernier, totalise 34 000 000 $. Elle se répartit
sur cinq exercices financiers différents et on peut s'apercevoir que
dès la première année on commence à avoir des
résultats. Il faut vous dire quand même qu'on a signé cette
entente-là en juin 1989. Donc, la période est plus
écourtée. Malgré ça, le bilan des activités
demeure positif. D'abord, on a réussi à faire une programmation,
un plan d'action quinquennal sur cinq ans, afin de voir venir les cinq
années et de s'entendre avec la ville de Montréal sur les projets
ou la programmation conjointe.
Deuxièmement, on a aussi réussi à inaugurer des
nouveaux locaux pour le laboratoire d'ar- chéologie de Montréal.
Cet équipement-là existait, comme vous le savez, depuis 1982.
Mais on a réussi, grâce à l'Initiative de la
Société d'archéologie, à améliorer les
services qui sont donnés par l'organisation du laboratoire
d'archéologie.
En plus, présentement on a un projet de publication des
différents feuillets thématiques qui sont en cours
d'élaboration pour les programmes d'archéologie. Je pense que ce
sont toutes des choses qui ont été faites dans la première
année et on s'aperçoit que vraiment l'entente va nous permettre
même de décider conjointement de participer à des
événements spéciaux en matière de patrimoine et
d'archéologie. Je peux vous dire qu'on s'est déjà entendu
avec la ville de Montréal sur les projets suivants: le circuit
d'architecture dans le grand Montréal; l'exposition architecture et
société; l'atelier international d'architecture; un livre de
prestige sur le patrimoine architectural du Grand Montréal.
Concernant cette entente qu'on a avec la ville de Montréal, je
pense que ça va nous permettre d'arriver avec les dirigeants municipaux
à amorcer des négociations en vue, j'espère, de
procéder d'ici la fin de l'année à une signature avec la
ville sur une entente plus globale en matière de développement
culturel.
Alors, à date, après moins d'un an, je dirais que les
résultats sont plus que positifs.
M. Khelfa: Merci, Mme la ministre. Juste pour compléter,
j'aimerais vous féliciter, Mme la ministre, pour votre approche,
considérant que la culture n'est pas une dépense, c'est un
investissement.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Tournée, promotion, cinéma
M. Boulerice: Que Staline se le tienne pour dit! Qu'est-ce qui
explique que le programme non norme Tournée, promotion, cinéma
soit amputé de1 500 000 $?
Mme Robillard: Où ça?
M. Bouierice: Bien, arrêtez de me demander où
ça, là! C'est vous qui êtes du ministère.
Mme Robillard: M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, ce serait tellement plus facile si vous m'indiquiez
à quelle page vous êtes. Là, je soupçonne que vous
faites référence au budget...
M. Boulerice: Bien oui.
Mme Robillard: ...du Centre de production
cinématographique, qui était non récurrent. Le
Président (M. Doyon): M. (e député.
Mme Robillard: Alors, comme vous le savez, en 1989-1990, M. le
Président, on avait obtenu un budget supplémentaire pour le
Centre cinématographique de Montréal. Donc, il est tout à
fait normal que cette année ce budget soit retiré, vu que
c'était non récurrent.
M. Boulerice: Bon! Vous m'avez donné la réponse,
là. Pourquoi... Mais, à ce moment-là, je vais vous poser
une autre question. Vous aviez dans votre programme la création d'un
Office des tournées, en 1985; vous ne l'avez pas repris dans le
programme électoral de 1989. Pourquoi? C'était
intéressant, ça.
Mme Robillard: Si on se réfère, M. le
Président, aux engagements électoraux de mon parti en 1989, je
pense que ça ne faisait l'objet d'aucun engagement, à ma
connaissance.
M. Boulerice: C'est ça. Je vous demande:
Pourquoi l'avez-vous retiré? C'était plus facile à
réaliser que le 1 %. Vous auriez pu mettre celui-là à la
place.
Mme Robillard: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: ...cet engagement de 1985 de l'Office des
tournées avait comme mandat très, très principal de
s'occuper de tout le rayonnement international. Présentement, comme vous
le savez, on a beaucoup de programmes au sein du ministère qui
s'adressent à cet élément-là. Je vous ai même
dit qu'on avait accordé 6 000 000 $ de budget à tout l'aspect
international et qu'en plus notre SOGIC a une responsabilité du soutien
à l'international. Dans ce contexte-là, peut-être que
l'Office des tournées dont parle M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques n'était plus aussi pertinent en 1990 qu'il
l'était en 1985.
M. Boulerice: Ne croyez-vous pas qu'il serait encore pertinent,
cet Office des tournées, mais qu'il n'avait pas, parce que j'ai bien lu
votre programme... Il n'était pas juste international, madame. Je pense
que M. votre directeur de cabinet se rappelle bien le programme de son parti.
C'était "tournées", mais ce n'était pas
spécifié que c'était uniquement international.
Mme Robillard: Non. M. le Président...
M. Boulerice: Ça permettait également des
tournées au Québec. C'est un des graves problèmes, la
tournée au Québec.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: De fait, il y avait la diffusion internationale et
la diffusion à l'intérieur du Québec et, comme vous le
savez, concernant la diffusion à l'intérieur du Québec, le
ministère des Affaires culturelles, présentement, soutient de
façon importante RIDEAU, qui est tout notre réseau de diffusion
à l'intérieur du Québec.
M. Boulerice: D'accord. Alors, nous irons à
l'élément 3.
Salle Albert-Rousseau
Le Président (M. Doyon): Avec votre permission, M. le
député, j'aimerais peut-être dire deux mots, étant
donné que le règlement me le permet, concernant la salle
Albert-Rousseau.
La salle Albert-Rousseau, Mme la ministre, comme vous le savez, est
située au cégep Sainte-Foy, dans le beau comté de
Louis-Hébert. C'est une salle d'envergure qui peut loger plusieurs
centaines, 1500 ou 1600 personnes, je pense, et c'est une salle qui est
très utilisée et qui a sa raison d'être dans la
région de Québec. D'ailleurs, le "développement" de cette
salle-là a fait suite à un désir qui avait
été exprimé par le ministère de l'Éducation,
à l'époque, de permettre aux institutions scolaires,
collégiales entre autres, de s'ouvrir encore plus sur le public et,
à partir de ce moment-là, le cégep Sainte-Foy, se
conformant à ces désirs exprimés par le ministère
de l'Éducation, a envisagé la possibilité de faire de la
salle Albert-Rousseau une grande salle de spectacle, une salle de
théâtre et une salle qui pourrait servir à la
communauté de la région de Québec, à la
collectivité.
Évidemment, c'est une salle qui avait besoin de
rénovation, de réparations et, à la suite des
interventions que j'avais faites auprès de votre
prédécesseure, Mme Bacon, le ministère avait
accepté de participer financièrement d'une façon
très importante au programme de rénovation de la salle
Albert-Rousseau, le tout devant se faire sur un certain nombre d'années
et en deux phases. La première phase, vous le savez, a été
complétée. Elle a été annoncée par
vous-même il y a quelque temps. Ça a nécessité une
contribution gouvernementale d'importance de l'ordre de 2 700 000 $ qui a
été versée dans le cadre de l'entente-auxiliaire
Canada-Québec sur les équipements culturels. La part du
ministère, là-dedans, pour la phase I a été de
pratiquement 2 000 000 $, 1 972 000 $.
Dans le moment, évidemment cette première phase consistait
à rénover plus particulièrement la scène, tout ce
qui avait trait aux coulisses, tout ce qui avait trait à
l'équipement scénogra-phique comme tel, et il reste la
deuxième phase, évidemment, à parachever. La salle
Albert-
Rousseau ne peut pas être laissée comme ça. Il reste
à revoir toute la suite du projet. Actuellement, le conseil
d'administration de la salle Albert-Rousseau désire avoir confirmation
de l'intention, déjà annoncée d'ailleurs, du
ministère de mener à bien ce projet-là, de le faire dans
des délais qui sont les plus rapides possible, compte tenu de la
planification qu'exige une telle opération. On doit tenir compte de la
programmation, on doit tenir compte des équipements qu'on doit
commander, etc. Alors, il est important que le travail qui a été
amorcé puisse se continuer. Le milieu artistique de Québec attend
ça. C'est une nécessité pressante et les gens du
cégep ont communiqué avec moi à de nombreuses reprises et
vous savez combien de fois je vous en ai parlé et combien de fois je
peux en avoir parlé à votre...
Ne vous impatientez pas, M. le député, ce sera plus long,
je vous avertis tout de suite. Étant président, je peux me le
permettre. Et c'est un conseil que je vous donne amicalement.
Les démarches qui sont en cours visent à avoir les
assurances nécessaires de la part de vous comme je les ai eues de votre
prédécesseure à l'effet que la phase II serait
menée à bien. La situation est telle, actuellement, que pour
pouvoir procéder dans des délais normaux il faudrait que le
gouvernement, le Conseil du trésor donne des indications
précises, des engagements fermes pour que le conseil d'administration
puisse préparer les plans et devis, aller en appel d'offres et
possiblement donner les contrats le plus rapidement possible, de façon
que les travaux soient faits l'année prochaine, que l'argent ne soit
déboursé que l'année prochaine et qu'on affecte le moins
possible la programmation et, partant, les revenus que la salle Albert-Rousseau
génère.
Alors, je voudrais, Mme la ministre, pour le bénéfice de
cette commission et pour le bénéfice des gens de la région
de Québec, qui tiennent énormément à la salle
Albert-Rousseau, que vous nous fassiez le point sur cette salle: quelles sont
les intentions gouvernementales, quels sont les montants que votre
ministère est prêt à investir, et donner les assurances
nécessaires à cet effet-là. Je vous écoute donc
là-dessus, Mme la ministre. (17 h 45)
Mme Robillard: M. le Président, comme vous l'avez
déjà mentionné et comme vous le savez, le ministère
des Affaires culturelles a déjà reconnu la pertinence du projet
de la salle Albert-Rousseau. Dans un premier temps, comme vous le savez, nous
avons participé à la phase I du projet; maintenant, on se situe
à la phase II. À ce stade-ci, je peux vous dire, M. le
Président, que, de fait, le projet qui est sur la table, de
compléter ce projet d'Albert-Rousseau par la phase II, est vraiment
reconnu et pertinent pour le ministère des Affaires culturelles,
à tel point que, même, on prévoit le mettre dans notre plan
triennal d'immobilisations. Donc, M. le Président, il y a la
volonté du ministère des Affaires culturelles de vraiment finir
la phase II.
Cependant, à ce stade-ci, au début de juin 1990, je dois
vous dire que je n'ai pas encore reçu une confirmation formelle, du
Conseil du trésor, du service de la dette qui va m'être
accordé. Il est difficile pour moi de donner un accord ferme, je dois
d'abord connaître le service de la dette qui va m'être donné
par le Conseil du trésor. Comme vous l'avez mentionné, aussi,
c'est un projet, lors de la phase I, où nous avons travaillé en
collaboration avec le fédéral par le biais de l'entente
Canada-Québec sur les équipements culturels et cette entente
auxiliaire avec le fédéral est actuellement en négociation
pour une reconduction de l'entente. J'aimerais bien que le gouvernement
fédéral s'implique aussi dans la phase II du projet.
Par ailleurs, M. le Président, je peux vous dire que,
actuellement, nous étudions la possibilité, à
l'intérieur du ministère, de donner quand même au conseil
d'administration d'Albert-Rousseau un accord de principe, de sorte que
ça lui permettrait d'élaborer les plans et devis pour continuer
le projet.
Le Président (M. Doyon): C'est ce dont il a besoin
très rapidement; on me parle de la mi-juin, nous y sommes presque.
Alors, Mme la ministre, je vous remercie de cet engagement et j'en ferai part
aux dirigeants de la salle Albert-Rousseau. Je sais qu'ils sont en contact avec
Mme la sous-ministre Courchesne qui suit le dossier et qui devrait, je pense,
recevoir une lettre d'ici peu, à laquelle je lui demanderais
peut-être de répondre avec diligence pour confirmer ce que vous
venez de nous annoncer.
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vous avez la
parole.
Aide à la restauration
M. Boulerice: Je vous remercie de votre question, M. le
Président. Effectivement, le développement du patrimoine à
Québec a toujours été une de mes grandes
préoccupations. J'ai mené une bataille épique pour sauver
un immeuble dans le Vieux-Québec; malheureusement, on l'a
transformé en condos, mais, enfin, que voulez-vous!
Dans l'élément 3, est-ce que vous pouvez m'expliquer
pourquoi il y a un resserrement du programme d'aide à la restauration?
C'est à la page 51 de votre cahier.
Mme Robillard: M. le Président, concernant le programme
d'aide à la restauration, de fait, vous voyez pointé à la
page 51 que nous voulons procéder à un resserrement de ce
programme pour, en somme, faire une meilleure gestion du programme d'aide
à la restauration. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques se souviendra sûrement que ma
prédécesseure appelait toujours
ce programme le "bar open". Vous vous souvenez de ça, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. C'était un programme
qui n'était pas bien balisé et on avait besoin, vraiment, d'avoir
un cadre beaucoup plus structuré concernant tout cet
élément de programme, de façon à nous permettre
aussi d'être capables de faire des étalements au niveau des
projets et même de contrôler les inscriptions au programme en
matière d'accès au programme. Alors, c'est dans ce
contexte-là que nous allons resserrer le programme d'aide à la
restauration.
M. Boulerice: Donc, je postule que votre programme est
prêt. Est-ce qu'on peut nous le...
Mme Robillard: Oui.
M. Boulerice: ...déposer, nous le faire connaître?
Est-ce qu'on peut le voir et le critiquer, s'il y a lieu?
Mme Robillard: Ça nous fera...
M. Boulerice: Et l'approuver, peut-être. Non, mais...
Mme Robillard: Non.
M. Boulerice: ..."critique" n'est pas négatif. Une
critique peut être élogieuse.
Mme Robillard: M. le Président, ça me fera plaisir
de faire parvenir le programme au député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je vous remercie, Mme la ministre. Maintenant,'
vous aviez annoncé une politique du patrimoine qui n'a pas
été déposée et qui n'a pas été
soumise pour consultation publique. Est-ce que vous pouvez m'expliquer
pourquoi?
Mme Robillard: Oui, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Comme vous le savez, nous avions...
M. Boulerice: Parce que c'est la troisième année.
Je m'excuse, mais ça va finir par rejoindre le 1 % dans le temps.
Mme Robillard: Nous allons parler de cette année, M. le
Président, si vous voulez bien. Nous avions planifié de faire une
consultation sur la politique du patrimoine, au printemps 1990, et une autre
consultation sur la politique en matière de muséologie, pour
l'automne 1990. Maintenant, nous nous sommes aperçus, au niveau des
études et de la réflexion, que ces deux champs d'activité
avalent de plus en plus, je dirais, d'affinités en termes d'approche et
de philosophie d'action et qu'il vaudrait mieux, peut-être, mettre sur la
table en même temps les deux politiques, bien qu'elles conservent un
caractère distinct, pour qu'on puisse voir le patrimoine par rapport a
la muséologie. C'est dans ce contexte-là, M. le Président,
que nous entendons faire la consultation, à la fois sur la politique du
patrimoine et la politique de la muséologie, l'automne prochain.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre.
M. Boulerice: J'ai bien compris que la politique va être
déposée cet automne?
Le Président (M. Doyon): Oui.
M. Boulerice: À la reprise de la session. Mais elle va
être déposée avant parce que cet automne, c'est pour
consultation.
Mme Robillard: Nous allons procéder, M. le
Président, à l'automne, à la consultation des deux
politiques: celle en matière de patrimoine et celle en matière de
muséologie.
M. Boulerice: Donc, vous la déposez cet automne. Vous ne
pouvez pas consulter si la loi n'est pas déposée. Ou c'est un
document d'orientation plutôt que vous allez lancer.
Mme Robillard: C'est un document de consultation, M. le
Président, sur les deux politiques.
M. Boulerice: Ah! Donc, ce n'est pas une loi.
Mme Robillard: Non, ce n'est pas une loi.
M. Boulerice: D'accord. Après la consultation viendra une
loi.
Mme Robillard: Si c'est nécessaire, suite à la
consultation, M. le Président.
M. Boulerice: D'accord. Mais l'engagement parlait plutôt
d'une loi et non pas d'un document de consultation, les trois années
précédentes.
Mme Robillard: Je pense qu'il a toujours été
question d'une politique du patrimoine.
M. Boulerice: Bien, une politique, c'est une loi.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. M. le
député d'Anjou.
Mme Robillard: Monsieur...
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la ministre, vous voulez
ajouter quelque chose?
Mme Robillard: Bien, M. le Président, je pense que, quand
on parle de politique, ça veut dire des grandes orientations que le
gouvernement entend prendre dans une sphère en particulier. Il se peut
que ça nécessite des amendements législatifs, comme il se
peut que non, "dépendamment" de la politique et des choix d'orientation
que nous faisons.
M. Boulerice: La politique datant quand même d'un certain
temps - et ça, ce sont vos propres paroles - à ce
moment-là, l'hypothèse qu'il y ait des amendements, c'est
beaucoup plus probable.
Mme Robillard: M. le Président, ce n'est pas à
rejeter mais je pense que, dans un premier temps, il faut bien s'entendre sur
les orientations qu'on va poursuivre au Québec dans ces deux
domaines-là.
M. Boulerice: En tout cas, le document d'orientation est fait par
le ministère et non pas par une firme.
Mme Robillard: Les deux documents de consultation,
présentement, M. le Président, sont faits à
l'intérieur du ministère des Affaires culturelles.
M. Boulerice: Je m'en réjouis parce que j'aurais
été déçu qu'on n'utilise pas les excellentes
ressources que nous avons.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou.
M. Larouche: Concernant, mettons, le programme 2, qui est
divisé, en fin de compte, en trois éléments, le
quatrième étant au service de la dette... Ça me rappelle
une anecdote. J'étais sur le bord de la mer et il y avait des gros
goélands; j'essayais de nourrir les petits et c'étaient les gros
qui arrivaient. Là, le petit restait petit. C'est pour ça que,
tantôt, je me suis un peu fait rabrouer en me faisant dire que
j'étais un peu folklorique. Dans le fond, je me dis: II a probablement
raison, c'est vrai que c'est folklorique que de parler un peu pour son
comté, puis sa région. Moi, je suis président du caucus
ministériel de l'est de Montréal, c'est 18 comtés, et j'ai
passé à travers le cahier. Je suis arrêté à
du folklore, il y avait La Bottine Souriante du comté de Joliette, 9250
$.
Là, je regardais ce qu'on a pu présenter à Anjou.
C'est clair qu'au niveau, par exemple, du patrimoine on en a moins que dans le
comté de Sainte-Marie-Saint-Jacques, avec le beau clocher et tout. Tant
mieux pour Sainte-Marie-Saint-Jacques. Mais je regarde maintenant au niveau de
l'élément Soutien aux fonctions culturelles. Si j'y reviens,
c'est justement un peu pour river le clou concernant l'indexation. Quand on
parle d'indexation pour ceux qui ont déjà puis qui
enlèvent aux petits goélands qui n'ont déjà rien...
Je le sais que dans le comté d'Anjou il y a, par exemple, l'école
de danse DTL, zéro, une troupe de théâtre qui est morte,
zéro. Je suis passé à travers tout le cahier, je n'ai rien
vu, je n'ai rien vu pour Anjou, puis il y a 18 comtés dans l'est, et la
part du gros lion, la part du lion va à Sainte-Marie-Saint-Jacques avec
- j'ai fait le total - 239 685 $. Je suis...
M. Boulerice: il y a un bon député, hein! Un bon
député, le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Larouche: II y avait un bon député, l'an
passé, avec Sainte-Marie, aussi. Alors, le partage des deux... Moi, je
dis: Je me réjouis pour Sainte-Marie-Saint-Jacques, mais, si je reviens
sur cette question, c'est pour, justement, parler de l'indexation. Tous ceux
qui ont déjà ne peuvent pas être indexés, il faut en
laisser à d'autres qui vont naître, qui se développent
ailleurs. C'est pour ça que je reviens. Puis, je ne voudrais pas poser
de questions particulières concernant certaines modalités
d'attribution, mais, quand on regarde ça globalement, je me dis: Coudon,
je ne sais pas, peut-être que je pourrais avoir un élément
de réponse, juste un, pour ne pas monopoliser plus de temps. Je veux
dire, l'attribution, est-ce que c'est de l'indexation? Ah! ceux qui ont, c'est
vrai, c'est notre bon vieux groupe de Sainte-Marle-Saint-Jacques; tiens,
voilà 10 000 $. Mais comment c'est pour Pointe-aux-Trembles, son
collègue qui s'appelle... Comment il s'appelle, le collègue de
Pointe-aux-Trembles?
M. Boulerice: M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Larouche: M. le député de Pointe-aux-Trembles,
Mme la députée de Bourget... On ne voit pas ça, les 18
comtés de l'est, tout ce que tu vois, c'est Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Eh, qu'ils sont culturels! Puis regarde, c'est lui qui se bat le plus. Est-ce
qu'il faudra que je me batte aussi autant que mon collègue pour avoir
une petite part pour notre troupe de danse DTL? Ou pour une petite pièce
de théâtre?
M. Boulerice: Je vous remercie de l'hommage que vous me rendez,
M. le député, d'être en effet un grand batailleur pour ma
circonscription.
M. Larouche: Bon, bien, je vous en félicite. Mais je
voudrais peut-être voir comment ça se fait, cette
indexation-là, versus un nouveau groupe.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, je peux vous dire que les
choix que nous avons faits cette année l'ont été à
l'effet de ne pas faire une indexation automatique partout dans tous les
programmes, mais de refaire des choix, où est-ce que nous accordons les
subventions, dans quels secteurs, et ce, naturellement, basé sur la
performance artistique, sur la qualité, bon, etc., plein de
critères. Donc, ce n'est pas une indexation automatique, vous avez
raison, ce qui nous permet de refaire des choix d'allocation de subventions.
Mais je voudrais aussi mentionner, M. le Président, que le rôle
essentiel du ministère des Affaires culturelles, c'est vraiment d'aider
les artistes professionnels qui ont déjà un statut professionnel.
C'est le mandat essentiel du ministère des Affaires culturelles. Quand
une troupe commence et qu'elle a un statut qu'on dit d'amateur, la personne qui
travaille de 9 à 5 et qui, le soir, fait de la photographie ou fait de
la danse, bon, qui n'en fait pas une profession, parce qu'on dit des troupes
d'amateurs, ces gens sont aidés par mon collègue le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui, d'ailleurs, a annoncé
cette semaine un programme de 500 000 $ pour toute la relève en
matière de loisirs culturels. AJors, il s'agit de voir, M. le
Président, si dans le comté d'Anjou nous avons des troupes
professionnelles de danse qui auraient droit, à ce moment-là,
à être aidées par le ministère des Affaires
culturelles. C'est une question à examiner.
M. Larouche: Ça n'entre pas dans le 1 % quand le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche donne pour la
culture. Ça, ce n'est pas de la vraie... Alors, il y a la culture
professionnelle puis la culture d'amateur? C'est ça? Nous autres,
à Anjou, on est des culturistes amateurs. On est des culturistes,
quoi.
Des voix: Culturistes! Ha, ha, ha!
Le Président (M. Doyon): Je constate qu'il est 18 heures,
donc je suspends les travaux de cette honorable commission jusqu'à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 4)
Le Président (M. Doyon): La commission parlementaire de la
culture reprend ses travaux pour poursuivre l'étude des crédits
du ministère des Affaires culturelles. Quand nous nous sommes
laissés, à 18 heures, la parole était au
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques que je reconnais de nouveau,
s'il a quelque chose à ajouter à ce qu'il disait tout à
l'heure.
M. Boulerice: Je pense que Mme la ministre veut intervenir
très brièvement.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, donc.
M. Boulerice: Elle reconnaît là
l'élégance coutumiôre du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques à l'égard du ministre.
Le Président (M. Doyon): C'est mauvais de souffler notre
propre trompette.
M. Boulerice: Ah non! Au contraire! "I always beat the right
drum."
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robillard: M. le Président, je sais que le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques reconnaît
déjà mon efficacité, alors je voudrais bien lui
déposer sur place le programme de restauration de biens patrimoniaux,
mais en même temps tous les programmes 1990-1991 qui vont s'appliquer au
niveau du ministère des Affaires culturelles, si vous permettez.
Le Président (M. Doyon): C'est comme si c'était
fait, Mme la ministre.
M. Boulerice: Je vous en sais gré, madame.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui. Dans le cas de l'élément 3 du
programme 2, j'avais trois brèves questions à poser à Mme
la ministre, à moins qu'on ne m'interrompe par des lectures
étrangères: la liste des monuments classés, des deux
reconnaissances et de la résiliation de reconnaissance qui a
été faite.
Mme Robillard: Je vais commencer par la résiliation qui a
été faite.
M. Boulerice: Remarquez, vous pouvez nous la faire parvenir comme
telle. Je ne tiens pas nécessairement...
Mme Robillard: Oui. Alors, peut-être que pour la
résiliation je peux vous dire qu'il s'agit du déclassement du
domaine Gill Odanak, dans la région de la Mauricie-Bois-Francs, qui
s'est fait en mai 1989, suite à un incendie majeur. Quant à la
liste, M. le Président, nous allons la faire parvenir au
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Mais j'aimerais lui dire en
même temps, M. le Président, que la semaine dernière, lors
du congrès d'architecture, à Montréal, nous avons
lancé un premier livre sur les sites et monuments classés au
Québec, dans toute la région Est du Québec, un livre qui
s'appelle "Les chemins de la mémoire", sur lequel notre Commission des
biens
culturels a travaillé; l'année prochaine, nous lancerons
un deuxième tome sur toute la région de Montréal et la
région Ouest du Québec.
M. Boulerice: C'est dommage que la ministre n'ait pas lu
l'article, la réflexion, surtout, que j'avais faite sur le patrimoine et
que j'avais intitulée "Donnons un avenir à notre passé"
mais je pense qu'il n'est pas trop tard; je lui échangerai très
volontiers une copie de cette réflexion contre une copie du livre
qu'elle vient de citer.
Le Président (M. Doyon): Un marché de dupes, je
pense, je crains.
M. Boulerice: Ah non, monsieur.
Le Président (M. Doyon): Merci, M. le
député.
M. Boulerice: Tlmeo Danaos et dona feren-tes. Allez-vous le lui
dire? Mais non.
Entente-cadre sur le Vieux-Québec
Le point 6. La ministre, à tort, il va de soi, me blâmait
de ne pas la questionner, mais je l'ai questionnée au sujet de
l'entente-cadre sur le Vieux-Québec. Elle avait dit à M. le maire
de Québec, M. L'Allier, de ne pas s'inquiéter, de ne pas
s'énerver, que la question était précipitée. Je
voudrais savoir dans quelle mesure ma crainte anticipée n'est pas vraie
et que l'entente a été renouvelée. Et quelles sont les
sommes qui seront injectées par les ministères dans cette
entente?
Mme Robillard: M. le Président, comme j'avais
déjà répondu au député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, l'entente, présentement, avec le
Vieux-Québec est en train d'être renégociée. Je peux
vous dire que la négociation va très bien présentement et
que j'entends soumettre très prochainement au Conseil des ministres le
cadre de la nouvelle entente.
M. Boulerice: J'aime toujours vos "dans les meilleurs
délais", "très prochainement", etc. Très prochainement,
ça signifie quoi pour vous? Vous me dites que ça va bien. Donc,
si ça va bien, vous avez quand même un pronostic: d'ici deux ou
trois semaines, d'ici un mois, un mois et demi au plus tard, quelque chose
comme ça?
Mme Robillard: M. le Président, sûrement que d'ici
deux mois le dossier va être complété.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, est-ce que je
peux poser une question supplémentaire à ce sujet-là?
Combien y avait-il eu de dépensé en fonction de cette
entente-là précédemment, sous l'entente qui est venue
à échéance dernièrement? Quels sont les montants
qui ont été dépensés et quels sont les montants
impliqués dans celle que vous êtes en train de négocier? Un
ordre de grandeur, en tout cas.
Mme Robillard: Ce que je peux vous dire, M. le Président,
c'est que, avec Ottawa, on a deux ententes différentes; il ne faut
jamais mêler les deux. On a, premièrement, une entente sur le
développement culturel. Ça, c'est nouveau, c'est une entente
qu'on a signée en septembre 1989 avec la ville de Québec sur une
période de trois ans, qui va nécessiter des fonds de 300 000 $ de
la part du ministère des Affaires culturelles, 100 000 $ par
année. De l'autre côté, il y a l'entente sur le patrimoine
avec la ville de Québec. Comme vous le savez, on a déjà eu
une entente de 1978 à 1985; c'est une entente qui, à ce
moment-là, totalisait 3 000 000 $ et nous l'avons renouvelée de
1985 à 1990. Pour nous, ça voulait dire, dans la dernière
entente, une contribution de 6 500 000 $. Donc, depuis 1978, nous avons
injecté approximativement 9 600 000 $ dans l'entente sur le patrimoine
avec la ville de Québec.
M. Boulerice: Je vois la fierté de la ministre de
répondre à cette question spontanée de la part de M. le
Président de la commission, spontanée et cartonnée,
d'ailleurs, mais, en fait, on a les supports techniques qu'on peut, quand on
veut interroger.
Le Président (M. Doyon): Est-ce que vous avez une
question, M. le député?
M. Boulerice: Oui.
Le Président (M. Doyon): Alors, posez-la.
M. Boulerice: Est-ce qu'on peut avoir l'heure juste quant aux
échanges et aux transactions dans le dossier de la vente du
théâtre Capitol? Parce qu'il y avait une entente verbale qui avait
été prise entre le promoteur et M. Couture. Je m'excuse!
Enfin...
Le Président (M. Doyon): Vous lisez mal votre cahier, M.
le député. Je ne sais pas s'il a été mal
préparé ou si vous lisez mal.
M. Boulerice: Non, il n'a pas été mal
préparé, il a été préparé...
Le Président (M. Doyon): Alors, lisez-le comme il le
faut.
M. Boulerice: II n'a pas été préparé
par le ministère, il a été préparé par moi,
alors je l'ai bien préparé.
Le Président (M. Doyon): Oui...
M. Boulerice: Maintenant, vous pouvez peut-être poser votre
deuxième question, durant ce
temps-là. Il y a un promoteur, M. Labadie, qui nous indiquait que
M. Couture, de votre ministère, lui laissait jusqu'au 17 avril pour
déposer un projet et faire une offre d'achat à
l'ex-propriétaire. Alors, il nous apparaît que la transaction ah:
eu lieu avant le 17 avril, malgré l'entente verbale qui avait
été prise entre le promoteur et M. Couture. Naturellement, je
fais toujours allusion au théâtre Capitol, qui est le seul
édifice de style Beaux-Arts qui existe à Québec et pour
lequel, d'ailleurs, je suis intervenu plusieurs fols en Chambre et en
commission parlementaire.
Mme Robillard: M. le Président, est-ce que je peux
entendre la question?
Le Président (M. Doyon): Je pense que le
député a de la difficulté à lire le texte. Moi non
plus, je n'ai pas compris de question, alors je lui redonne la parole, ne
pouvant faire mieux et n'ayant pas son cahier.
M. Boulerice: Bon. Alors, le théâtre Capitol a
été vendu récemment à M. Guy Cloutier qui aurait
l'intention de restaurer cet édrfice pour en faire une salle de
spectacle. Cela étant bien entendu et bien compris, merveilleux.
Pourtant - virgule - un promoteur nous indiquait que M. André Couture -
que je n'ai pas le plaisir de connaître personnellement mais qui est de
votre ministère, madame - lui laissait jusqu'au 17 avril pour
déposer son projet et faire une offre d'achat à
l'ex-propriétaire. Or - virgule -il apparaît que la transaction
ait eu lieu avant le 17 avril, malgré l'entente verbale prise entre le
promoteur et M. Couture. Parenthèse, le promoteur est M. Roger Labadie,
fermez la parenthèse. J'espère que ma ponctuation est aussi bonne
que celle de votre question, M. le Président, oui?
Le Président (M. Doyon): C'est parce que je ne vois pas de
point d'interrogation, c'est ce qui m'inquiète dans votre... Je ne sais
pas c'est quoi votre question non plus.
M. Boulerice: Elle est pourtant très claire.
Le Président (M. Doyon): Vous affirmez des choses.
M. Boulerice: Non, je n'affirme pas, je pose une question.
Le Président (M. Doyon): Quelle est-elle?
M. Boulerice: J'ai droit au même traitement, de toute
façon, mais...
Le Président (M. Doyon): Je n'ai pas entendu de question,
mais vous pouvez élaborer si vous voulez.
Mme Robillard: M. le Président... M. Boulerice:
Est-il vrai...
Mme Robillard: Alors, M. le Président, je peux...
M. Boulerice: O.K., on ne jouera pas le jeu de la Chambre,
là, hein!
Mme Robillard: Non, non, mais je peux élaborer, si vous
voulez, sur le dossier du théâtre Capitol. Nous savons tous que le
théâtre Capitol..
M. Boulerice: Attention, Mme la ministre, entre
élaborer...
Mme Robillard: M. le Président, vous permettez?
Le Président (M. Doyon): Oui, Mme la ministre, vous avez
la parole.
Mme Robillard: Merci. Nous savons tous que le
théâtre Capitol a été vendu récemment
à une filiale des Productions Guy Cloutier. Nous avons même, au
ministère des Affaires culturelles, informé le vendeur que nous
renoncions à utiliser notre droit de péremption, permettant ainsi
à la transaction de se réaliser. Donc, au moment où on se
parle, le théâtre Capitol appartient aux Productions Guy Cloutier.
(20 h 15)
M. Boulerice: D'accord.
Mme Robillard: N'est-ce pas? Donc, concernant M. Labadie et ses
intentions, nous n'avons rien à voir, nous, avec les transactions
privées, en tant que telles. Vous savez que, au plan patrimonial, cet
édifice, comme tel, est un monument classé et que le nouveau
propriétaire, qui est Les Productions Cloutier, a l'intention de
restaurer l'immeuble tel qu'il était. C'est dans ce contexte-là
que le ministère des Affaires culturelles va s'impliquer dans ce
dossier. M. Couture, qui est un fonctionnaire de mon ministère, n'a
jamais rien promis à M. Labadie et, surtout, il n'y a jamais eu
d'entente verbale de faite.
M. Boulerice: Vous affirmez. Mme Robillard: Oui.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Bureau régional en
Montérégie
M. Messier: Merci, M. le Président. Le programme 2,
élément 1, page 39. Il est indiqué et on l'avait fait
inscrire, il y a un
certain temps, dans le caucus de la Montérégie,
l'ouverture d'un bureau régional. Vous avez donné droit à
ce bureau régional. Le sort a voulu que ce soit la région de
Saint-Jean qui bénéficie de vos largesses. Ma question est:
Comment va le déroulement? Est-ce qu'on s'attend à l'ouverture du
bureau régional de la Montérégie d'une façon
incessante?
Mme Robillard: M. le Président, de fait, j'ai
annoncé la création d'une Direction régionale, en
Montérégie, du ministère des Affaires culturelles. C'est
une région, comme nous le savons, qui est en plein essor, tant au niveau
de sa population - une région très, très peuplée et
qui est toujours en croissance - qu'au niveau de la vitalité culturelle
de la région. Selon la planification qui avait déjà
été faite au niveau du ministre des Affaires culturelles, il
était déjà question d'ouvrir une Direction
régionale en Montérégie. Alors, à ce
moment-là, j'ai considéré que la Montérégie
était une région suffisamment autonome en soi, qu'elle
n'était pas seulement la rive sud de Montréal et que, pour
rapprocher le ministère de la clientèle de la
Montérégie, rien de mieux que d'ouvrir une Direction
régionale. De fait, cette Direction sera ouverte dès l'automne
prochain, dans la ville de Saint-Jean. Alors, le processus est en cours
présentement pour le choix du directeur, de même que pour
l'assignation du personnel.
M. Messier: Dans le processus, est-ce que ça va bien?
Mme Robillard: Oui.
M. Messier: Ça va bien. Une sous-question à
celle-là, et ça tient compte principalement de la biennale qu'on
a eue il n'y a pas tellement longtemps, dans la ville de Granby, biennale
où vous avez donné l'accréditation au centre d'expression
de Saint-Hyacinthe, et où il était fait mention aussi qu'il
devait y avoir une étude concernant les salles de spectacle en
Montérégie. Ma question est de savoir quand est-ce que commence
le processus d'examen de la capacité de la Montérégie de
recevoir des salles de spectacle.
Mme Robillard: Oui...
M. Messier: Parce qu'il devait y avoir une implication des
municipalités. On avait fait inclure la ville de Saint-Hyacinthe parce
que le milieu s'était manifesté ouvertement pour avoir une salle
de spectacle. Vous avez mis une sorte de moratoire sur les ouvertures de salles
de spectacle et compte tenu d'une étude d'impact sur les salles de
spectacle.
Mme Robillard: M. le Président, j'aimerais bien
préciser à mon collègue que, lors de la biennale de la
Montérégie, nous avons décidé... Étant
donné les nombreux projets qui nous étaient
présentés pour les salles de spectacle, soit en termes
d'agrandissement de salles de spectacle, soit en termes de nouvelles salles de
spectacle, Étant donné, donc, le nombre de projets et
étant donné aussi le fait qu'en Montérégie,
présentement, nous n'avons pas de réseau de diffuseurs... Je
m'explique. C'est que les diffuseurs qui sont présents en
Montérégie ne fonctionnent pas en réseau et, donc, ne
fonctionnent pas non plus de façon complémentaire, au niveau de
la programmation. Alors, dans ce contexte-là, j'ai demandé qu'une
étude sur les salles de spectacle soft faite non seulement sur la
pertinence d'avoir une salle, mais surtout, et d'abord et avant tout, sur la
complémentarité des salles pour que nous ayons un réseau
de diffusion. Donc, nous devons, dans les prochaines semaines, M. le
Président, rencontrer les municipalités concernées,
élaborer les devis de l'étude; habituellement, je peux vous dire
que le délai que nous avons pour effectuer une telle étude est
autour de six à huit mois, de façon réaliste, ce qui veut
dire que, dans le courant de l'année 1990, nous devrions avoir les
résultats de l'étude des salles de spectacle en
Montérégie.
M. Messier: Aussi, les conclusions d'études, est-ce
qu'elles sursoient à toute nouvelle implantation de salle de spectacle
ou... en Montérégie?
Mme Robillard: De nouvelles salles de spectacle ou des
agrandissements, ou des rénovations de salles?
M. Messier: Des agrandissements, ça vient d'être
fait à Granby, je crois?
Mme Robillard: Oui, oui. J'ai annoncé, la semaine
dernière, M. le Président, le projet le plus important du plan
d'accélération des investissements dans le secteur public et
c'est la rénovation du théâtre Palace, à Granby, et
le ministère des Affaires culturelles va contribuer pour une somme de 4
500 000 $. Donc, M. le Président, vous voyez qu'en ce qui concerne la
rénovation et l'agrandissement des salles, c'est toujours possible de le
faire, mais ça ne remet absolument pas en cause le fait que Granby devra
aussi participer à l'étude pour se situer en
complémentarité avec le réseau des autres salles de la
Montérégie.
M. Messier: O.K. Concernant les équipements culturels
d'ordre provincial, quels sont les grands dossiers que vous avez sur la table
à dessin et qu'est-ce que vous allez faire bientôt par rapport au
développement culturel? Est-ce qu'il y a des dossiers qui sont
présentés qui devraient nécessiter des sorties ou des
investissements de votre ministère?
Le Président (M. Doyon): MM. les députés,
à l'ordre, s'il vous plaît.
M. Messier: Pour rassurer le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, ce ne sont pas des questions cartonnées.
Mme Robillard: Alors, M. le Président, je peux vous dire
que, étant donné le plan d'accélération que mon
collègue, le ministre des Finances, nous a accordé lors du
discours sur le budget, qui est de l'ordre de 32 500 000 $, ça va nous
permettre dès cette année, dès 1990-1991, d'engager des
sommes en matière d'équipement culturel, surtout dans les
bibliothèques, les salles de spectacle - je l'ai déjà dit
- le patrimoine et les sociétés d'État. Et quand je
regarde les choix que nous allons faire dans un plan
d'accélération et que nous avons déjà faits, on a
regardé aussi la nécessité de bons équipements
culturels partout au Québec, en régions. Si on veut vraiment que
l'accessibilité à la culture soit un fait dans toutes les
régions du Québec, il faut aussi des équipements de base,
des infrastructures et l'un des - je dirais - deuxièmes critères
qui nous a guidés, outre l'accessibilité à la culture en
région, c'est aussi de voir les projets dans lesquels les milieux
culturels et les municipalités étaient impliqués dans le
développement des équipements culturels et, à cet
égard-là, nous avons ou nous allons annoncer des projets dans
neuf régions différentes du Québec. Vous avez
mentionné tantôt le théâtre Palace, à Granby,
je pourrais vous citer comme exemple une bibliothèque à
Saint-Romuald ou une autre à Sainte-Thérèse, ou une autre
à Roberval. Bon, alors ça, ça fait partie de notre plan
d'accélération. Maintenant, si vous me parlez des projets
d'équipement majeurs qui sont sur la table, vous savez que le Palais
Montcalm est l'un de ces équipements majeurs qu'on devra étudier
et finaliser sous peu, pour la région de Québec, et, pour
Montréal, je pourrais vous donner l'exemple du Monument national ou de
MACTEJ. Alors, il y a encore beaucoup de projets d'équipement culturel
qui sont en cours à l'échelle du Québec.
M. Messier: À la suite de vos échanges avec le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques - et c'est juste pour
m'assurer - le moindrement que le secteur privé veut s'impliquer dans
des activités d'ordre culturel, est-ce que vous allez prioriser ces
types de dossier? Le moindrement qu'un investissement est là, est-ce que
vous allez prioriser ces dossiers pour lesquels certains ont des promoteurs
privés?
Mme Robillard: M. le Président, il est certain qu'une de
nos conditions de base est le fait que l'organisme ou le promoteur du projet
est vraiment un organisme à but non lucratif. Qu'il soit privé ou
pas, il faut la condition de base, que ce soit à but non lucratif.
Deuxièmement, il est certain que, dans l'ensemble de nos projets,
le partenariat est sûrement un facteur qui peut aider à la
réalisation du projet. Et quand je parle du partenariat, ça peut
être du partenariat public, comme du partenariat privé. Alors,
sûrement que nous allons considérer ce partenariat dans le choix
des projets.
M. Messier: Merci, Mme la ministre.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre. Le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Bibliothèques publiques
M. Boulerice: Bien, la question du député de
Saint-Hyacinthe n'aura pas été sans mérite. Elle permet de
constater que le comté de Shefford est bien défendu par son
député, qui est bagarreur et qui obtient pour sa circonscription
ce dont elle a besoin. Je vais vous parler de l'élément 4. Le
soutien aux...
Mme Robillard: Pardon.
M. Boulerice: ...aux fonctions culturelles. Comment se fait-il,
Mme la ministre, qu'il y a un préavis d'une loi - loi favorisant le
développement des bibliothèques publiques et modifiant diverses
dispositions législatives - et que là, c'est disparu?
Mme Robillard: M. le Président, je voudrais seulement
rappeler au député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, que je suis
moi-même députée de la Montérégie et que je
sais très bien défendre ma région et c'est une des raisons
essentielles pour lesquelles j'ai accédé à la demande de
Granby et de la municipalité de Granby de doter cette ville d'une salle
de spectacle importante. Quant à la question des bibliothèques,
de la loi sur les bibliothèques, M. le Président...
M. Boulerice: Ah! oui, et qui est en préavis et qui a
disparu, là.
Mme Robillard: Oui, j'ai mentionné dans mes remarques
préliminaires, M. le Président, qu'étant donné ce
dossier et toutes les consultations que nous avions effectuées sur le
sujet, il y a des nouveaux, pas des nouveaux partenaires, mais des partenaires
qui nous ont demandé de nouvelles consultations sur le dossier: les gens
concernés par le projet, d'une part, et donc les bibliothécaires
et d'autres personnes impliquées, et, d'autre part, les
municipalités. Donc, il est de mon intention, M. le Président, de
déposer ce projet de loi, j'ose l'espérer, à la prochaine
session parlementaire.
M. Boulerice: Donc, les municipalités vous ont fait des
représentations?
Mme Robillard: Oui, M. le Président, je pense que le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques... D'ailleurs, des
représentations que j'ai reçues des municipalités, la
majorité d'entre elles portaient les termes "copie conforme au
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, alors il est sûrement
très bien au fait des représentations que j'ai eues des
municipalités.
M. Boulerice: Est-ce que la ministre va les rencontrer à
la table Québec-municipalités?
Mme Robillard: M. le Président, j'ai déjà
rencontré la table Québec-municipalités sur le projet de
loi. Alors il n'est absolument pas exclu qu'il y ait de nouvelles consultations
avec les municipalités, d'autant plus, M. le Président, que mon
collègue, le ministre des Affaires municipales, comme vous le savez, a
annoncé la création d'un comité ministériel pour
regarder l'ensemble des responsabilités que nous partageons avec les
municipalités. Et j'aurai moi-même l'honneur et le plaisir de
faire partie de ce comité ministériel. Alors sûrement que
j'aurai l'occasion de parler à nouveau avec les
municipalités.
M. Boulerice: Donc, je comprends que vous avez l'intention de
modifier les articles de votre projet de loi qui contrarient les
municipalités.
Mme Robillard: M. le Président, je n'ai émis aucun
avis sur aucun changement, à ce stade-ci, sur le projet de loi. Je pense
que le projet de loi, dans ses principes de base, est un projet de loi qui se
défend très bien, étant donné le stade
d'évolution des bibliothèques publiques, au Québec. Quant
aux moyens mis de l'avant, il est toujours possible de regarder les nuances
qu'on peut y apporter.
M. Boulerice: Et quand on parle de tarification, pour vous, quel
devrait être le sens de tarification, quand il s'agit des
bibliothèques? (20 h 30)
Mme Robillard: M. le Président, je pense qu'au niveau des
bibliothèques publiques, il y a un principe de base à respecter,
à savoir que les services donnés par une bibliothèque dans
ses services de base comme tels devraient être accessibles et gratuits
à notre population, pour les résidents de la municipalité
où se trouve cette bibliothèque-là. Et quand je parle de
services de base gratuits, je parle d'accès à cette
bibliothèque, d'entrer dans cette bibliothèque de prendre un
livre dans la bibliothèque, d'être capable de le lire sur place,
d'être capable de l'emprunter, ce qui n'est... Alors, c'est ce que
j'appelle des services de base, ce qui n'empêcherait pas une tarification
de tout autre service qui se greffe à une bibliothèque.
M. Boulerice: Est-ce qu'un prix d'abonne- ment à la
bibliothèque, une carte d'usager est pour la ministre une
tarification?
Mme Robillard: M. le Président, je fais une distinction
entre la carte d'usager et un emprunt de livre à une
bibliothèque, mais vous voyez, je pense que tous ces
éléments du projet de loi et le détail du projet de loi
pourront sûrement être discutés en commission parlementaire
et encore plus avec cette commission-ci, M. le Président, dès
l'automne.
M. Boulerice: Ah! on va sans doute parler du Festival
d'été de Lanaudlère. Mais la ministre n'a quand même
pas répondu directement à ma question. Est-ce qu'un abonnement,
c'est-à-dire détenir une carte d'usager, moyennant un prix qui
serait fixé, constitue pour elle une tarification? C'est la question
très claire que je lui pose. Et là, elle a vagué,
puisqu'elle a un vocabulaire maritime depuis le début de la commission,
mais elle n'a pas répondu directement.
Mme Robillard: M. le Président, J'ai beaucoup de culture.
Alors, je vais répondre à M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques qu'une carte d'usager, qui est habituellement une
carte d'entrée à la bibliothèque, une carte
plastifiée dont le coût habituellement est minime et, quand je
parle de coût minime, c'est souvent 5 $ et moins pour avoir votre petite
carte plastifiée pour emprunter des volumes, pour moi, ça
m'apparaît un tarif acceptable pour une bibliothèque.
M. Boulerice: Et quel sens donne-t-elie au mot "autonomie", dans
le cas des municipalités face aux bibliothèques?
Mme Robillard: M. le Président, est-ce que la question
pourrait être plus précise?
M. Boulerice: Vous dites que j'en ai reçu une copie
conforme, eh bien, les municipalités, elles le disent très bien,
etc., mais parlent qu'elles ont une autonomie. Alors, dans le cas d'une
bibliothèque, pour vous, leur autonomie va jusqu'où?
Mme Robillard: M. le Président, la municipalité,
dans ce domaine-là, de façon très particulière, est
sûrement autonome, puisque, dans tous les cas, c'est d'abord et avant
tout la municipalité qui initie le processus. C'est elle qui
décide d'avoir une bibliothèque sur son territoire. Si la
municipalité ne le demande pas, ne s'implique pas dans le dossier, les
citoyens n'auront pas de service de bibliothèque. Alors, c'est d'abord
et avant tout elle qui décide d'avoir ce service de bibliothèque,
qui va le gérer par la suite, qui va le développer, mais ce,
à l'intérieur de grandes politiques gouvernementales.
M. Boulerlce: Je ne sais pas si la ministre veut ajouter, sinon
j'aurais une autre question à lui poser relativement au même
sujet. La ministre avait donné un préavis, donc il y a eu une
rédaction. Pourquoi la ministre n'a-t-eile pas jugé à
propos, de façon à s'éviter ce délai, dans son
comité de rédaction, non pas de consulter mais bien d'impliquer
très directement les principaux concernés dans la
rédaction comme telle de la loi, les représentants des
municipalités et un représentant mandaté par l'association
des directeurs de bibliothèque.
Mme Robillard: M. le Président...
M. Boulerice: Faire participer ou au lieu de les faire...
Mme Robillard: ...vous savez... M. Boulerice:
...réagir?
Mme Robillard: M. le Président, il y a différentes
façons de consulter les gens et de les impliquer à
différentes étapes du processus. Je ne pense pas que nos
associations soient intéressées à se mettre à
rédiger des articles de loi. Ce qui est le plus important, c'est qu'on
s'entende sur les principes de base. À la suite de ça, nous avons
des légistes spécialisés pour faire nos articles de loi et
nous revenons en consultation, très souvent sous forme de commission
parlementaire. Alors, je pense que le processus est très bien
respecté au niveau de la consultation des milieux.
M. Boulerice: Mais là, je vais contredire la ministre,
parce que, quand je pariais de culture politique et les discussions qu'on a
eues dans cette Assemblée nationale, j'aimerais bien lui rappeler que
l'Union des artistes a participé à la rédaction d'articles
et même d'amendements et de sous-amendements à une loi qu'elle
célébrait tantôt, qui est le statut de l'artiste, qui est
malheureusement devenu une statuette, puisque le 1 % n'étant pas
atteint, à quoi cela sert-il de pouvoir signer librement ses contrats
d'association ou d'emploi, quand, en fin de compte, il ne s'en
créé pas tellement plus, puisqu'il n'y a pas d'argent? Mais nos
associations, Mme la ministre, sont prêtes et sont
intéressées à le faire, je viens de vous donner un exemple
qui est on ne peut plus éloquent.
Mme Robillard: M. le Président...
M. Boulerice: Naturellement, ça peut être votre
philosophie de gestion, ça, de les faire réagir au lieu de les
faire agir avec vous, ça, vous en conviendrez.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, tout d'abord, je voudrais
dire à mon collègue, le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, de ne pas considérer ou de ne pas, je
dirais, citer notre loi sur le statut des artistes avec l'ironie avec laquelle
il le fait présentement. Et je l'encouragerais à parier avec le
président de l'Union des artistes et à parier du taux de
satisfaction qu'il y a d'avoir cette loi au Québec, avant de la
qualifier de quelque nature que ce soit. Je pense que les premiers
concernés, qui sont les artistes et les créateurs, en sont
largement satisfaits. Deuxièmement, M. le Président, je dis que
nous avons consulté et qu'il est possible de consulter les milieux
culturels avant la rédaction d'un projet de loi. Donc, on ne situe pas
le milieu en réaction, on va le consulter avant la rédaction du
projet de loi, et les consultations dans ce domaine-là remontent
même à la commission Sauvageau. Alors, vous voyez, M. le
Président, je pense que les milieux ont été
impliqués et ils le seront aussi après le dépôt du
projet de loi pour réagir au texte comme tel.
M. Boulerice: Je veux relever l'incohérence du propos.
Être consulté avant la rédaction, et lorsque la
rédaction arrive, elle n'est pas satisfaisante, on la retire.
Mme Robillard: M. le Président, il y a toujours des
idées nouvelles qui peuvent arriver sur un projet de loi. Et la ministre
que vous avez devant vous est tellement ouverte et souple à toute
suggestion, alors, M. le Président, je pense que M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques devrait se réjouir
qu'on ait reporté le projet de loi. Ça lui permettra lui aussi de
réfléchir davantage sur les principes de base.
M. Bouierice: J'aimerais tout simplement, M. le Président,
répondre à la ministre que je ne voudrais pas qu'elle tombe dans
le travers d'une très grande partie de ses prédécesseurs
qui déposaient des lois de quatre articles, mais avec 38 amendements qui
accompagnaient les articles. Alors, c'est pour ça que j'essaie de lui
faire bénéficier de l'expérience que j'ai accumulée
au cours des cinq commissions parlementaires précédentes et
tenter de lui éviter des pièges. C'est en bonne charité
chrétienne que je fais ça. Mais quand elle me dit que je trouve
risible le statut de l'artiste, non, madame, je pense que cette loi-là
était extraordinaire, et d'ailleurs l'Opposition a concouru à son
adoption en présentant des amendements. Mais je m'aperçois que la
ministre, si M. le député d'Anjou citait tantôt des
lectures, j'en aurais une très saine à lui suggérer.
Malheureusement, elle n'était pas au lancement de ce livre, et je le
regrette. Le livre de M. Lacroix, La condition d'artiste: une injustice.
Oui, il y a peut-être un statut, mais quand on regarde
l'étalement des revenus et tout
ça, on s'aperçoit que, malheureusement, quand on regarde
l'évolution du revenu moyen en dollars des auteurs, musiciens et
comédiens au Québec, selon Statistique Canada, je pourrais lui
faire le détail au complet, eh bien, tiens, elle peut voir par
l'étalage de la pyramide - on s'aperçoit que ça n'a
malheureusement pas modifié parce que son statut de l'artiste n'a pas
été accompagné d'une réforme de la fiscalité
dans le sens du revenu des artistes et l'étalement. Alors, c'est pour
ça que le statut est devenu, malheureusement, quelque chose de statique.
Je suis le premier à le regretter, et ce n'est pas ma faute si la
ministre ne va pas plus avant dans ce dossier-là et n'introduit pas une
loi, en collaboration avec son collègue, le ministre du Revenu, pour
l'étalement. C'est pour ça, tantôt, que je me disais que ce
serait peut-être intéressant d'avoir le ministre
fédéral des Communications à la commission parlementaire,
je pourrais peut-être lui poser certaines questions parce qu'il semble
que quand on ne plante pas notre drapeau sur un terrain, l'autre l'occupe et,
actuellement, j'ai l'impression qu'il occupe beaucoup de place.
Cela dit, Soutien aux fonctions culturelles, élément 4,
les bibliothèques publiques...
Le Président (M. Doyon): M. le ministre.
Mme Robillard: M. le Président, vous me permettrez quand
même de souligner que le livre auquel fait référence M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, il faudrait regarder
l'année des données sur lesquelles il s'appuie. Je pense, de
mémoire - il faudrait vérifier - que ce sont des données
qui datent d'autour de 1987. Il faudrait aussi considérer que nos lois
90 et 78 sont des lois relativement récentes et que, donc, il est
très difficile, au moment où je vous parle, de mesurer les
impacts précis. Il faut laisser le temps à cette loi de
s'appliquer pour qu'on puisse en mesurer les impacts, et ça va nous
prendre quelques années avant de le faire.
Le Président (M. Doyon): M le député de
Richelieu.
Arts d'interprétation
M. Khelfa: M. le Président, au programme 2,
élément 4, on note l'ajout de crédits additionnels pour
1990-1991 dans le secteur des arts d'interprétation. Est-ce que la
ministre peut nous préciser les motifs derrière le choix de ce
secteur bien particulier et nous donner plus particulièrement
l'état de la situation?
Mme Robillard: M. le Président, il s'agit d'un montant
supplémentaire qui est donné au secteur du théâtre,
au secteur de la musique et au secteur de la danse. Au niveau du
théâtre, il s'agit d'un montant de l'ordre de 840 000 $ que nous
donnons à ce secteur de façon particulière.
Depuis mon arrivée au ministère des Affaires culturelles,
j'ai rencontré la majorité de ces troupes de
théâtre. Vous savez, nous avons les théâtres qu'on
qualifie de théâtres associés ou de théâtres
institutionnels: le Trident à Québec, à Montréal,
le Rideau vert, etc., qu'on qualifie de théâtres institutionnels.
À part ça, nous avons beaucoup de troupes de théâtre
qui font de la création au Québec et beaucoup de ces troupes de
théâtre sont considérées comme des
théâtres de catégorie intermédiaire, et tout un
secteur qu'on a largement développé au Québec, c'est le
théâtre enfance-jeunesse qu'on a dans plusieurs régions du
Québec. Beaucoup de ces troupes de théâtre sont en
région et beaucoup de ces troupes de théâtre font de la
création.
Il m'apparaît important, dans le secteur du théâtre,
qu'on soutienne de façon très particulière et partout,
dans toutes les régions du Québec, le théâtre de
création qui se fait autant dans les troupes intermédiaires que
dans les troupes enfance-jeunesse. Donc, j'entends bien qu'une somme importante
de ces 840 000 $ soit donnée à ce secteur d'activité.
Maintenant, au niveau de la musique, M. le Président, nous allons
donner une somme supplémentaire de 889 000 $. C'est sûr que nous
allons essayer de réajuster les budgets régionaux en
matière de musique, mais nous allons aussi consolider des organismes
majeurs que nous avons au Québec et qui ont toujours des
difficultés financières, et je pense de façon
particulière à l'Orchestre symphonique de Montréal,
à l'Orchestre symphonique de Québec, à l'Opéra de
Montréal, à l'Opéra de Québec, aux Nouvelles
Variétés lyriques. Nous allons être capables d'augmenter
substantiellement leurs budgets pour l'année en cours. (20 h 45)
Maintenant, dans le secteur de la danse, c'est un secteur dans lequel
est consacrée une somme de 546 000 $ supplémentaire et,
essentiellement, nous allons regarder l'enveloppe régionale de ce
secteur, mais, de façon particulière, les Grands Ballets et les
Ballets Jazz, qui sont deux troupes importantes et qui ont des
difficultés présentement, à qui nous allons donner un coup
de main supplémentaire.
M. Khelfa: Merci Mme la ministre. M. Boulerice: Merci Mme
la ministre.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Bibliothèques publiques (suite)
M. Boulerice: Dans les bibliothèques publiques, la
question que j'aimerais poser, c'est pourquoi les crédits au sujet de
l'aide à l'animation dans les bibliothèques publiques passent de
300 000 $ à 80 000 $ en 1990-1991, alors que
l'an dernier, il y a 32 projets qui ont pu être
subventionnés grâce à ces crédits?
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, si vous me le permettez,
on essaie de retrouver l'"item". Or, M. le Président, je l'ai dit
déjà au début, quand nous avons eu à faire nos
choix budgétaires, nous avons dû regarder chacun des secteurs
d'activité et voir où nous allouions les budgets que nous
réussissions à avoir pour le ministère des Affaires
culturelles. Il y a des choix très difficiles qui ont dû
être faits. Comme vous le voyez, nous avons favorisé de
façon très précise tout le secteur des arts
d'interprétation. Dans le secteur des bibliothèques, de fait,
l'aide à l'animation est légèrement diminuée et il
y a tout le secteur des études en matière de bibliothèques
qui a été reporté pour l'année prochaine.
M. Chevrette: M. le Président, permettez-moi une
sous-question sur le même sujet?
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Joliette, leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Moi, je voudrais demander à la ministre si
c'est un choix politique, si j'ai bien compris sa réponse, que de mettre
800 000 $... À la réponse de M. Khelfa, député de
Richelieu, vous avez dit que c'était un choix politique que d'ajouter
des montants à certaines structures, mais quand on parle de
bibliothèques, il ne vous apparaît pas que c'est un choix
politique qui devrait aller de soi, la culture des citoyens
québécois?
Mme Robillard: M. le Président, si vous me le permettez,
quand on parle de choix politiques à cette phase-ci, je pense que ce
sont des choix qui ont été basés sur des besoins criants
dans le domaine de la culture dans les différents secteurs. Il est
certain que dans le domaine des bibliothèques publiques, nous ne
voulions pas toucher du tout à tout le secteur du fait d'avoir de
nouvelles bibliothèques publiques autonomes du fait d'avoir de nouvelles
bibliothèques centrales de prêts dans les petites
municipalités, toucher au secteur de l'achat des livres dans les
municipalités. Quand on parle ici d'une diminution au niveau de l'aide
au fonctionnement des bibliothèques publiques, il s'agit d'un montant de
142 000 $ pour l'ensemble du Québec. Alors, ça m'apparaît
minime en termes de conséquences, M. le Président.
M. Chevrette: SI je suis votre raisonnement...
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Chevrette: Toujours pour suivre votre raisonnement, Mme la
ministre, en 1989-1990, si on parie des programmes réguliers des
bibliothèques, je ne parle pas d'animation, vous m'avez répondu
sur l'aspect animation, de 300 000 $ vous baissez à 80 000 $. Mais au
niveau des budgets pour l'achat de livres, etc., c'est de 22 564 600 $ à
22 642 000 $, ça veut dire quelque 80 000 $ de plus pour les
bibliothèques, ce qui fait... C'est un budget qui fait suite au long
moratoire sur les bibliothèques. Le budget de cette année,
1990-1991, de 22 642 600 $, il fait donc suite au moratoire
décrété pendant de longues années. C'est parce que,
je vais vous dire, je vais aller droit au but. Vous avez annoncé un
nouveau programme lors du sommet de Lanaudière, vous avez annoncé
que vous y alliez dans les bibliothèques, cette année. D'accord?
À raison de 50 % pour les municipalités qui avaient des
bibliothèques en bas de 200 000 $, et de 75 % pour les
municipalités qui se dotaient de bibliothèques de plus de 200 000
$, si ma mémoire est fidèle. Vous me corrigerez au besoin. J'ai
dit tout ça de mémoire. Mais le budget, par rapport à l'an
dernier, est de 80 000 $ de plus, seulement.
Mme Robillard: M. le Président, je ne sais pas, mon
collègue, à quel tableau il se réfère, mais ce que
je veux vous dire...
M. Chevrette: C'est à vos documents à vous.
Mme Robillard: Oui. M. le Président, je tiens à
vous dire que...
M. Chevrette: Bon, c'est un bilan qu'on a fait des subventions en
développement, en implantation, plus bibliothèques centrales de
prêt. Les trois, combinés, faisaient, pour l'année
1989-1990 par rapport à 1990-1991, quelque chose comme 80 000 $ de plus.
C'est ça?
Mme Robillard: M. le Président, je voudrais d'abord dire
que mon collègue a parlé de moratoire, et il doit se
référer au moratoire sur les équipements culturels que,
à mon point de vue, depuis mon arrivée, j'ai
considéré comme levé, ce moratoire sur les
équipements culturels..
M. Chevrette: Oui, ça, je sais.
Mme Robillard: De toute façon, j'ai tellement
annoncé d'équipements culturels depuis mon arrivée, dans
toutes les biennales et les sommets, et, de façon particulière,
nous avons privilégié le réseau des bibliothèques,
dans tous les sommets, y compris dans le sommet de Lanaudière où
nous avons investi des sommes. Alors ça, il n'y a vraiment aucun
problème. Je pense qu'en termes d'immobilisation, il faut toujours faire
la distinction, il est très clair que nous nous sommes engagés
sur cette voie. Maintenant, quant aux
crédits comme tels, alloués au fonctionnement des
bibliothèques... Une fois qu'elle est construite, la
bibliothèque, dans le fond, on a une aide qui est donnée aux
municipalités et c'est dans ce contexte-là que, l'année
passée, notre aide était de 16 053 000 $, et cette année,
de 15 911 000 $. Et c'est là qu'on a une baisse de 142 000 $ pour
l'ensemble de la province et que je vous dis que ça va toucher
strictement l'aide à l'animation.
M. Chevrette: Ç'a été réparti
différemment, par exemple. Je vous donne un exemple. Quand vous avez
annoncé, au sommet de Lanaudière, 50 % pour l'instauration de
bibliothèques dans des municipalités qui commandaient des projets
de moins de 200 000 $ par rapport à 75 % pour les projets de 200 000
$... Vous vous rappellerez qu'à l'époque, II n'y a pas eu de
cachette. C'est parce qu'on ne pouvait pas discuter au Sommet parce que
j'aurais fait la discussion là. J'ai toujours trouve inconcevable que
dans une petite municipalité où il en coûtait
peut-être 150 000 $, on leur demandait un effort de 75 000 $, pour une
petite population de 600 à 700 personnes ou à 1000 personnes,
alors que dans une ville où on pouvait avoir un projet de 225 000 $ ou
de 250 000 $, eux, on ne leur demandait même pas un effort
équivalant à une petite municipalité pour avoir le
même service. Ma question est donc claire, Mme la ministre, c'est: Est-ce
que vous pouvez prendre une certaine forme d'engagement de réviser cet
aspect-là. Moi, ça m'ap-paraît tout à fait injuste
par rapport à l'accessibilité même de la personne à
un droit inaliénable qui est celui d'une lecture. Moi, ça
m'ap-paraît tout à fait inconcevable. Puis, je vous le dis,
j'aurais discuté au Sommet si les structures nous l'avaient permis,
parce qu'il me semble qu'une personne un tant soit peu sensible à ce
qu'il y a de plus fondamental au niveau culturel - c'est d'abord être
capable de lire - qu'on ne permette pas à ces petites populations
d'avoir un droit équitable par rapport aux grandes populations. Si vous
m'aviez dit: Joliette, puis... Je vais faire attention à ce que je vais
dire parce que ça va être écrit. Mais si vous m'aviez dit
que les citoyens de Joliette devaient payer au moins un coût
équivalant à un citoyen de Sainte-Marie-Salomé pour avoir
accès à une bibliothèque, j'aurais dit: C'est tout
à fait normal. Mais quand on demande le triple à un citoyen de
Sainte-Marie-Salomé pour avoir le droit ou accès à un
livre, comparativement à un milieu urbain où ils sont 18 000, 19
000, 20 000 à se payer ce service-là, ça m'apparaît
tout à fait déséquilibré, en termes
d'accessibilité. Ça fait longtems que je veux vous la poser,
celle-là, puis vous le savez à part ça.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, de fait, mon
collègue de Joliette m'avait soulevé cette question-là
lors de la séance à Joliette môme. Je pense, M. le
Président, que, de fait, quand on avait fixé les normes de ce
programme, à l'époque, il était beaucoup basé sur
les taux de taxation des municipalités qui existaient et les
capacités d'emprunt des municipalités. Mais, à fa
lumière de ce qui est avancé par mon collègue de Joliette
et des changements qui ont eu lieu dans plusieurs municipalités du
Québec, je peux prendre l'engagement que nous allons réviser ce
programme pour sûrement ne pas pénaliser les petites
municipalités au bénéfice des plus grandes, mais tout en
regardant leur taux de taxation et leur capacité d'emprunt aussi. Il
faut balancer ça, un ensemble de critères. Mais, dans ce
sens-là, on est prêts à réviser le programme.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Sherbrooke.
M. Hamel: M. le Président, je regrette de revenir un petit
peu en arrière. Suite à la question de mon collègue de
Richelieu, vous avez mentionné, et on l'a constaté dans les
crédits, des montants supplémentaires assez intéressants
concernant le théâtre et la musique. Vous avez partiellement
répondu à la question que j'allais vous poser, bien sûr
qu'il est question de consolidation, et je n'ai rien contre les institutions
nationales bien établies, mais j'espère qu'il y aura une
proportion intéressante pour les régions. De quel ordre peut-on
espérer une consolidation régionale en théâtre et en
musique pour les troupes dites intermédiaires de jeunesse, par exemple?
J'en ai une à l'esprit. Et concernant l'Orchrestre symphonique de
Sherbrooke, par exemple, est-ce que ça peut faire partie de ce
volet?
Mme Robillard: M. le Président, je peux vous dire que, de
façon particulière, dans le secteur du théâtre, nous
allons apporter une attention aux troupes en région, parce que c'est
là, souvent, que se trouvent nos troupes intermédiaires et nos
troupes enfants-jeunesse qui font de la création. Plusieurs d'entre
elles sont dans les régions. Je peux vous dire que, proportionnellement,
nos troupes intermédiaires enfants-jeunesse versus les troupes
institutionnelles, j'ose espérer que je vais être capable de faire
la répartition deux tiers-un tiers, donc, de favoriser les troupes
intermédiaires et enfants-jeunesse, comparativement aux troupes
institutionnelles.
M. Hamel: Merci beaucoup, Mme la ministre.
Le Président (M. Doyon): M. le député,
merci. Mme la ministre.
M. Hamel: Puis ce n'était pas une question plantée,
à part de ça.
M. Boulerice: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Le rapport Sauvageau a été
déposé il y a près de trois ans; il y avait le rapport
Mittermeyer avant, J'espère que la ministre les a lus, ça
dressait le portrait sans doute le pius sombre qui ne peut pas exister. Entre
parenthèses, si on regarde pour le développement des
bibliothèques publiques, 1984-1985, et le chiffre qu'on nous donne pour
1990-1991, il y aurait eu une augmentation de 834 000 $ uniquement. Je trouve
que, pour combler un retard qui nous plaçait juste en avant de
Terre-Neuve, je n'envie pas grand-chose à Clyde Wells, actuellement...
J'aimerais savoir combien de bibliothèques affiliées aux
bibliothèques centrales de prêts ont été mises en
place l'an dernier?
Mme Robillard: M. le Président, ce que je peux vous dire,
II est très difficle de repérer le nombre exact de petites
bibliothèques, mais on peut obtenir l'information supplémentaire,
M. le Président, et vous la transmettre, mais ce que je peux vous dire,
c'est qu'on rejoint 30 000 personnes de plus avec les bibliothèques
centrales de prêts, dans le courant de la dernière année.
Mais si M. le député veut recevoir la liste de chacune de ces
bibliothèques centrales de prêts, nous nous ferons un plaisir de
lui transmettre.
M. Boulerice: Donc, si je comprends bien, il reste encore 970 000
Québécois sans accès à la bibliothèque?
Mme Robillard: M. le Président, présentement, nous
sommes à 89 % de la population qui a accès à un service de
bibliothèque.
M. Boulerice: Et l'apport de la participation des
municipalités, est-ce que ça reste toujours dans la proportion 80
%-20 %? (21 heures)
Mme Robillard: M. le Président, c'est qu'on me pose des
questions précises sur chacun de nos programmes que nous avons au niveau
des bibliothèques, alors ce que je peux vous dire, c'est que les normes
demeurent sensiblement les mêmes présentement, donc sur le budget
total de fonctionnement, ça peut varier de 15 % à 20 % comme tel
du budget.
Le Président (M. Doyon): M. le député.
M. Boulerice: En 1980, la part des municipalités
était de 64 %. Méchant, mauvais gouvernement du Parti
québécois. Soutien aux fonctions culturelles... Entre
parenthèses, je me permets d'ajouter, la ministre tantôt a
parlé de levée de moratoire pour les bibliothèques.
Mme Robillard: Les équipements culturels, M. le
Président.
M. Boulerice: Les équipements culturels. Je ne comprends
pas, durant cinq ans, votre prédé-cesseure m'a dit qu'il n'y
avait pas de moratoire, puis vous vous me dites que vous levez le
moratoire...
Mme Robillard: M. le Président, c'est que, à
plusieurs reprises depuis mon arrivée au ministère des Affaires
culturelles, on m'a posé la question sur ce moratoire. Encore
aujourd'hui, un député de l'Opposition me pose la question et moi
j'ai toujours répondu: Quel moratoire? Alors, je considère qu'il
n'y a pas de moratoire sur les équipements culturels au Québec.
Ce qui n'enlève pas...
M. Boulerice: Bien, alors ne dites pas que vous levez le
moratoire!
Mme Robillard: Ce qui n'enlève pas le fait qu'il faut
faire des choix très très judicieux en matière
d'équipements culturels, M. le Président.
M. Boulerice: Les choix sont faits comment? Quels sont les
critères qui vous permettent la poursuite des équipements, et non
pas la levée du moratoire, puisqu'il n'y a pas de moratoire, quoiqu'il y
ait un moratoire non-moratoire. Quels sont les critères très
précis, là?
M. Chevrette: II faut ajouter, il y a eu un moratoire
décrété en novembre, en décembre 1985.
Mme Robillard: Oui, décembre 1985.
M. Boulerice: Ah bon! Vous confirmez un moratoire, là
?
M. Chevrette: Dans le discours inaugural, dans le discours
inaugural lu par Mme Bacon...
M. Boulerice: Ah bon!
M. Chevrette: Dans le mini-discours inaugural de Mme Bacon, il y
a eu un moratoire sur les équipements lourds, au moins, culturels,
voyons, "cristi", je ne suis pas fou, l'étais là! Il y a eu un
moratoire sur... La chicane de Montréal, baptême, ça ne
venait pas des limbes ça, Christophe, ça venait de quelque
chose!
M. Boulerice: C'est ça l'incohérence du discours,
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: C'est pour ça que j'essaie de comprendre,
moratoire, pas moratoire. Dites-le moi, il y en a eu un ou il n'y en a pas eu
un?
Mme Robillard: M. le Président, regardons
le présent et l'avenir. Depuis mon arrivée au
ministère des Affaires culturelles, je n'ai cessé...
M. Chevrette: Vous avez levé le moratoire.
Mme Robillard: ...d'annoncer des équipements culturels
partout, dans toutes les régions du Québec, et nous allons
continuer à le faire. Donc, regardons...
M. Chevrette: Donc, vous avez dégelé le
moratoire?
Mme Robillard: Bon. Alors si jamais il y a eu un moratoire, M le
Président, il n'en existe plus. Maintenant...
M. Boulerice: Quels sont les critères?
Mme Robillard: ...on me demandait quels sont les
critères...
M. Chevrette: ...le mensonge n'était pas de vous.
M. Boulerice: Vous m'arrachez les paroles de la bouche.
M. Chevrette: Qu'est-ce qu'il y a? Mme Robillard:
Alors...
M. Chevrette: Jusqu'à temps que le président me
l'enlève, je l'ai. C'est ça, M. Doyon?
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, vous avez la
parole pour le moment.
Mme Robillard: M. le Président, quels sont les
critères pour doter une région d'équipements culturels.
Alors c'est très clair que, premièrement, nous partons des
besoins de cette région, et à partir du moment où nous
visons, où nous avons comme principe de base l'accessibilité de
tous les citoyens du Québec à des produits culturels de base,
où qu'ils soient, où qu'ils demeurent, que ce soit en Abitibi ou
en Estrie, ou dans Lanaudière, on veut que tous nos citoyens aient une
vie culturelle au Québec. Alors, ce sont d'abord les besoins dans
chacune des régions, l'équité interrégionale, le
minimum de base, les infrastructures de base qui doivent exister dans toutes
les régions du Québec et ce, lié à une
planification, naturellement, des équipements en région selon les
secteurs d'activité et selon le marché de la diffusion.
M. Boulerice: C'est quoi le cadre minimal de base?
Mme Robillard: Je pense que tout est relatif selon les secteurs,
M. le Président. D'abord, quand on parle d'une bibliothèque - on
vient d'en parler longtemps, là - du secteur des bibliothèques,
il me semble que ça, M. le Président, c'est un produit culturel
de base. C'est l'ABC de la culture que d'avoir accès aux livres et
à la lecture. Alors, ça, je pense, en termes d'équipements
culturels, qu'on doit en avoir partout au Québec, des
bibliothèques.
M. Boulerice: Pour une salle de spectacle? Mais pour une salle de
spectacle, c'est quoi?
Mme Robillard: Quand on regarde les salles de spectacle, il faut
d'abord et avant tout regarder le marché de la diffusion dans lequel
elle se situe, la population qui est là présente, le rayonnement
des artistes dans la région. Ce sont tous des facteurs qui entrent en
ligne de compte, M. le Président.
Le cimetière juif Beth Israël
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, j'aimerais dire
quelques mots concernant une question qui me tient à coeur. Vous avez vu
dans les journaux et à la télévision ce qui s'est
passé récemment, malheureusement, dans le comté de
Louis-Hébert au cimetière juif Beth Israël où il y a
eu une profanation des tombes et avec des inscriptions antisémites qui
ont été faites sur ces monuments-là, monuments
funéraires, avec une... Évidemment, de la part de la population
en général, des dirigeants politiques de toutes natures,
dirigeants religieux, il y a une réprobation absolument
générale. Et je sais que ce cimetière-là, que les
dirigeants juifs de Québec, entre autres, de la communauté juive
de Québec, ont fait des démarches auprès de votre
ministère de façon à voir s'il n'y aurait pas lieu de
classer le cimetière Beth Israël comme monument historique et que
votre ministère a été saisi de cette demande. J'ai
d'ailleurs...
Une voix: Le 25 mai, je crois, que vous avez écrit
là-dessus?
Le Président (M. Doyon): ...M. le député,
c'est possible que j'aie écrit le 25 mai...
Une voix: C'est le 25 mai, si je souviens bien.
Le Président (M. Doyon): Je voudrais savoir de la part de
la ministre, si cette demande-là qui est devant son ministère et
qui, à mon avis, constituerait, par une réponse positive de la
part du ministère, une façon de souligner la réprobation
qu'on a faite en parole, mais que si on pouvait augmenter le genre de
réprobation que nous avons faite, si on pouvait, par exemple, classer ce
cimetière comme monument historique, ce serait une façon de
montrer à la communauté juive que nous joignons les gestes aux
paroles,
et je me demande où en est ce dossier-là, Mme la ministre,
si vous pouvez me répondre?
Mme Robillard: M. le Président, si vous me le permettez,
nous allons distinguer deux choses. Je pense que dans un premier temps, ce qui
s'est passé concernant les cimetières juifs partout dans le monde
et au Québec de façon particulière, je pense que tout le
monde, y compris les parlementaires à l'Assemblée nationale, ont
réprouvé ce qui s'était passé, et personne au
Québec n'était d'accord avec ça.
Le Président (M. Doyon): C'est évident.
Mme Robillard: Et tout le monde était là pour
soutenir la communauté juive. Il trouvait ces gestes vraiment
inacceptables. Ça, c'est un, et je pense qu'il ne faut pas mêler
cet événement-là par rapport à un classement
potentiel de monuments historiques. Pour moi ce sont deux choses
différentes. Quand on parle d'un classement potentiel d'un
cimetière, de fait nous avons reçu une demande de classement pour
le cimetière Beth Israël. Nous sommes à étudier
présentement cette demande de classement, et je tiens à vous
souligner, M. le Président, la complexité de ces études,
parce qu'il s'agit là de tout le patrimoine religieux, et nous en avons
au Québec du patrimoine religieux. Les églises, les
presbytères, les cimetières et, donc, il faut regarder l'ensemble
du patrimoine religieux et évaluer quels seront nos critères de
classement. Alors, oui, nous avons bien reçu cette demande, oui, nous y
avons un intérêt très particulier, et nous allons
l'étudier dans l'ensemble de la problématique du patrimoine
religieux au Québec.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, simplement, je
conviens avec vous facilement qu'il ne faut pas mélanger les gestes
absolument honteux qui ont été commis par des personnes qui sont
encore inconnues, et qui le demeureront peut-être, avec la demande qui
vous a été faite. Simplement, pour avoir rencontré les
gens de la communauté juive, ils nous font valoir... Il faut savoir le
côté émotif que ça touche chez eux. Ils nous font
valoir: Écoutez, nous savons que vous êtes complètement
scandalisés par ce qui est arrivé au cimetière Beth
Israël, mais au-delà de ça, nous vous signalons, M. le
député, et c'est dans votre comté, que nous avons, devant
le ministère des Affaires culturelles, une demande de classification
comme monument historique. Les choses vont plus ou moins vite et nous aimerions
qu'au-delà de ce que vous dites, M. le député - parce que
je leur avais envoyé un télégramme leur disant que je
sympathisais beaucoup avec eux et que j'étais honteux de ce qui
était arrivé par des gens avec lesquels je ne m'identifiais
absolument pas. Mais les gens de la communauté juive profitent de
l'occasion, à ce moment-là, pour nous faire valoir: C'est vrai
que vous sympathisez, M. le député, on vous croit sur parole,
mais il serait aussi à propos, peut-être, que... un signe
particulier que ça va au-delà des paroles, ce serait
peut-être la classification. Et je conçois très bien qu'il
y ait des critères clairs qu'il faut respecter, qu'il faut tenir compte
de l'ensemble de la situation, qu'il faut garder tout le patrimoine religieux
et tout ça. Mais ce sur quoi je veux attirer votre attention, Mme la
ministre, et ce n'est peut-être pas très bien compris par les gens
de la communauté juive, c'est de leur faire valoir la complexité
du sujet, la complexité de la demande. Et à ce moment-là,
je suis sûr qu'ils vont comprendre que les choses se déroulent
normalement et que... Mettons-nous à leur place. Quand on est victimes
de choses semblables, peut-être qu'on est plus sensibles à ce qui
peut nous sembler des retards ou un ralentissement dans l'étude qu'ils
désiraient voir faire de leur demande. Alors, c'est dans ce
sens-là que je fais mon intervention, Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, s'il y a quelqu'un qui est
sensible à la communauté juive, c'est bien celle qui vous parle.
Et dans ce sens-là, sachez que la demande que vous nous avez
adressée a été bien reçue à mon
ministère. Mais cette demande, comme je vous le dis, se situe dans une
situation complexe au niveau de l'ensemble du patrimoine religieux au
Québec, et vous savez, M. le Président, comment les recherches
historiques se font avec un certain temps et non pas rapidement, parce qu'il
s'agit vraiment de bien cerner la valeur historique. Et quand on s'adresse au
domaine des cimetières, encore une fois, au Québec -
cimetières, presbytères ou églises - c'est un domaine qui
est très vaste et complexe. Et dans ce sens-là, sachez que la
demande, elle est bien reçue et elle va être étudiée
à fond au ministère des Affaires culturelles.
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Moi, Mme la ministre, je vais terminer
là-dessus. Je suis content d'ailleurs de votre réponse. Ce ne
sont pas des farces. C'est plutôt rare qu'on fasse des compliments. C'est
qu'on a des mécanismes d'établis et si on se sert
d'événements politiques pour fausser le processus normal de
reconnaissance ou de... Le vrai terme, je ne l'ai pas mais il viendra. Je vais
y réfléchir et je... Parce que ça m'a un peu
fâché, je vous le dis tout de suite, l'approche du
député de Louis-Hébert. À mon point de vue, c'est
se culpabiliser pour des écervelés, c'est d'essayer d'acheter a
posteriori des gestes d'imbéciles posés, et profiter de ces
gestes d'imbéciles pour reconnaître une faute collective alors que
c'est limité à des individus. Et ça, c'est
complètement aberrant que d'avoir ce réflexe, à mon point
de vue, de se culpabiliser collectivement à cause
d'individus qui ont posé des gestes innocents, de fausser des
règles normales, établies normalement, et qui ont fait leur
preuve par le passé.
L'implication politique dans la reconnaissance de sites historiques ou
dans la désignation de sites ou de bâtisses ou de milieux
historiques, à mon point de vue, c'est fausser toute... c'est d'oublier
le sens même de ce que c'est, la reconnaissance culturelle ou la
reconnaissance d'un site patrimonial. À mon point de vue, on ne doit
surtout pas avoir une sensibilité à cet argument-là. Au
contraire, si j'étais ministre - et je l'ai été, Mme la
ministre - au contraire, s'il y a quelque chose, c'est d'avoir une
réticence. Quand on veut être objectif et qu'on est ministre, on
développe même une imperméabilité vis-à-vis
ce genre d'argumentation-là. On devient quasi non objectif et on risque
de retarder l'échéance qui aurait été normale. Mais
si jamais un type d'argumentation sortait publique dans tel sens, on aurait
peur de passer pour quelqu'un qui a plié à ce type
d'argumentation. C'est vrai ou faux?
C'est exactement le sentiment naturel humain. On ne peut pas... parce
qu'on a une demande expresse... On risque de retarder l'échéance
quand on se prête à de tels arguments, alors que le dossier suit
son cours normal. Je le sais, c'est humain. Et pour avoir été
ministre, il s'agit que quelqu'un utilise ce genre d'argument pour
précisément retarder l'échéance. Mol, je trouve
ça tout à fait incorrect. Je vous le dis très
honnêtement et j'espère qu'on ne l'utilisera jamais, ce genre
d'argument, pour reconnaître ou des monuments, ou des lieux, ou des
sites, appelons ça comme on voudra, pour les classer. Non, je pense
qu'on viendrait fausser tout le processus d'accréditation dont on est
fiers, au Québec, et qui n'a jamais été critiqué,
soit dit en passant, sous aucun gouvernement que je connais depuis 1960. (21 h
15)
Donc, s'il vous plaît, réglons les choses politiques par
des motions non annoncées, comme ça a été fait par
le député de Mercier, appuyé par le gouvernement,
voté à l'unanimité par la Chambre, mais chaque chose en
son temps, chaque chose dans sa case, s'il vous plaît. Si on est rendu
à utiliser des cases politiques, on risque précisément
d'éliminer toute la dimension beauté - ce n'est pas
"beauté", le mot qui me vient à l'esprit, mais j'ai de la
difficulté à l'exprimer - on vient d'enlever toute la dimension
de la noblesse de la culture en utilisant souvent des arguments politiques.
Le Président (M. Doyon): Là-dessus, Mme la
ministre, vous me permettrez, étant donné que je suis
concerné là-dedans, je pense que les événements,
très souvent, nous interpellent et les événements nous
obligent à nous poser un i certain nombre de questions. Quand des
contri- i buables, des commettants, pour plusieurs d'entre i eux, m'indiquent
qu'il y a une demande qui a été présentée au
ministère, que cette demande-là a été faite en
bonne et due forme, je pense qu'il est de mon devoir de député,
tout simplement, de m'assurer que tout a été bien reçu,
que les choses sont traitées normalement. Il ne s'agit pas de faire de
traitement de faveur, de passe-droit ou de se culpabiliser, d'acheter la paix
et de dire: On s'excuse au nom des autres des bêtises qu'on n'a pas
faites, nous. Il s'agit tout simplement de faire en sorte que le
ministère sache qu'il y a des gens qui suivent le dossier et qui
s'informent, des gens qui posent des questions, ce qui est parfaitement
légitime.
J'ai posé des questions en ce qui concerne le classement de
l'église de Sainte-Foy, la vieille église brûlée
à Sainte-Foy. Je ne l'ai pas fait dans un but de donner mon appui au
curé et à la fabrique qui s'inquiétaient de ça, ce
n'était pas une position religieuse de ma part, je voulais m'assurer que
tout se passait normalement et que le ministère disposait des
renseignements dont il avait besoin pour prendre une décision. C'est
dans ce sens-là que j'ai écrit à la ministre, que j'ai
écrit ouvertement et que j'aborde ce sujet-là ouvertement, pas
parce que je me sens coupable, pas parce que je veux acheter la paix, pas parce
que j'ai des excuses à présenter au nom d'autres personnes avec
lesquelles je ne m'identifie tout simplement pas, mais parce que quand il y a
des gens qui sont inquiets dans mon comté, je suis, en même temps,
Inquiet pour eux parce que je conçois mon rôle de
député comme ça. Je sais qu'il y a des fonctionnaires qui
vont tout mettre ça dans la balance et qui vont analyser ça
froidement, je sais que ce sont des professionnels qui sont capables de faire
un travail de professionnel selon des critères qui ont fait leurs
preuves, mais moi, comme député, ce n'est pas ma job de regarder
si c'est justifié ou pas.
Une voix: Bon, en ce qui concerne...
Le Président (M. Doyon): Non, M. le député,
je vais terminer. Je ne vous ai pas interrompu, je n'ai pas interrompu le
député de Joliette et je vais continuer ce que j'ai à
dire.
Dans les circonstances, quand quelqu'un de mon comté se sent
blessé, se sent traité injustement, je sympathise instinctivement
avec lui et je fais en sorte de saisir les autorités d'une chose comme
ça, étant certain que le professionnalisme, l'esprit
d'équité, la façon d'évaluer la situation vont
primer. Mais ce n'est pas faire des pressions indues, comme
député que de s'inquiéter avec les gens qui
s'inquiètent, d'avoir mal quand les gens ont mal, de ne pas chercher la
justification bureaucratique pour ne rien faire. C'est ça que je n'ai
pas voulu trouver. J'aurais très bien pu, comme député,
c'aurait été beaucoup plus facile de dire: On pale des
fonctionnaires, on les paie à gros prix, ce sont des gens qui sont
habitués de faire ça, je n'ai pas à
intervenir, à moins que vous ne vous plaigniez que vous avez
été l'objet de discrimination ou que vous ayez été
traité injustement. Ça n'a pas été ça, ma
réaction, elle a été Instinctive, ç'a
été de saisir la plus haute autorité du ministère
du dossier, sachant qu'elle regarderait le dossier d'une façon normale,
équitable, avec la distance et le recul nécessaires que moi je
n'avais pas, dans les circonstances, étant donné que
c'était dans mon comté, que c'étaient des gens de mon
comté qui étaient blessés et qui avaient de la peine. Dans
les circonstances, c'est pour ça que je suis intervenu, et je ne pense
pas avoir d'excuse à faire, je ne pense avoir enlevé quoi que ce
soit à qui que ce soit.
C'est tout ce que je voulais dire là-dessus, Mme la ministre,
parce qu'on peut toujours déformer une Intervention et y voir une
façon de tenter de faire valoir un point de vue qui est non valable.
Quand on voit ça d'un bout de la lorgnette, qui est celui que je vous
expose, je pense qu'il y a moyen de comprendre les gestes qui sont
posés. M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Aide aux musées privés
M. Boulerice: Cela dit, Mme la ministre, nous allons passer au
Soutien aux fonctions culturelles, l'aide aux musées privés. Mme
la ministre, au moment où il y a une baisse de 9 % dans l'aide aux
musées et aux centres d'exposition et où les musées
privés demandent 4 000 000 $ de plus pour leur fonctionnement, je pense
qu'on est en mesure de s'interroger. Dans le cahier que vous nous avez remis,
malheureusement, nous n'avons pas la répartition des 11 300 000 $ qui
sont prévus, cette répartition entre le Musée des
beaux-arts et les 119 musées privés qui réclamaient ces 4
000 000 $ supplémentaires. Alors, j'aimerais bien savoir quels sont les
crédits attribués l'an dernier et cette année.
Mme Robillard: M. le Président, l'an dernier, le budget de
l'aide aux musées et aux centres d'exposition était de 12 489 700
$; cette année, 11 363 900 $. Maintenant, il faut noter que, dans cette
somme, il y a des crédits non récurrents de 1 500 000 $ qui
étaient pour le Musée des beaux-arts, n'est-ce pas?
M. Boulerice: C'est ça, le musée qui avait fait
éponger sa dette quand on avait confisqué les profits du
Musée d'art contemporain. C'est ça. Je me rappelle bien, oui.
Mme Robillard: Ce que je peux vous dire, M. le Président,
c'est que c'était une subvention ponctuelle, au Musée des
beaux-arts, de 1500 $. Donc, si on exclut cette somme de 1 500 000 $, ça
veut dire qu'au programme d'aide aux musées et centres d'exposition,
pour cette année, nous avons une augmentation nette de 374 200 $.
Maintenant, ça signifie que, pour les petits musées, en
1989-1990, nous avions réussi à augmenter l'aide aux petits
musées de 8 % et, cette année, avec cette somme de 374 000 $,
nous allons encore réussir à augmenter l'aide aux petits
musées de presque 8 % du budget.
M. Boulerice: Est-ce que vous pouvez m'indiquer quel est le
montant total, comme je vous le demandais, pour les musées
privés, sur ces 11 363 900 $? Parce qu'une fois payés le
secrétariat, le ménage, le chauffage, un musée
privé dispose d'environ 1000 $ par jour pour organiser des expositions,
ce que vous a dit, d'ailleurs, M. Côté, le directeur.
Mme Robillard: M. le Président, pour l'année
1989-1990, il s'agit d'une somme de 4 701 903 $, à l'exclusion...
M. Boulerice: 1990-1991, vous m'avez dit? Mme Robillard:
1989-1990. M. Boulerice: Ah! 1989-1990.
Mme Robillard: A l'exclusion du Musée des beaux-arts, du
musée maritime Bernier et du musée McCord. Donc, à cette
somme que je vous ai mentionnée, M. le Président, nous ajoutons
cette année 374 000 $ pour les petits musées.
M. Boulerice: Ce qui fait, cette année? Non, mais il faut
en parler, même si c'est de l'accréditation nouvelle. On est entre
nous. Franche camaraderie.
Mme Robillard: Est-ce que j'aurais une question, M. le
Président?
M. Boulerice: Le montant total. Ah! Bien, comme d'autres
collègues l'ont fait, M. le Président, il ne faut pas s'en
formaliser.
Mme Robillard: Alors, le montant pour cette année, M. le
Président, pour les petits musées, est de 5 206 000 $.
M. Boulerice: Ça, ça inclut
l'accréditation?
Mme Robillard: Ça l'inclut.
M. Boulerice: Oh! On est très loin des 4 000 000 $ qui ont
été demandés! Très loin!
Mme Robillard: M. le Président, de fait, on n'accorde pas
4 000 000 $ supplémentaires strictement aux petits musées
régionaux. Cependant, l'effort qui est fait cette année, c'est
d'aller encore au-delà de l'indexation. On va à près de 8
%.
M. Boulerice: Je trouve que la ministre dit "petits musées
régionaux" un petit peu du bout des lèvres. Je pense que ces
"petits musées régionaux", comme vous le dites, sont en passe de
devenir de grands musées, ne citerais-je que le musée de Joliette
- j'espère que vous l'avez vu...
Mme Robillard: M. le Président...
M. Boulerice: ...Rimouski... Je n'ai pas terminé, si vous
me permettez, madame.
Mme Robillard: Je permets.
M. Bouierice: Sept-îles, etc. Je pense que ce sont des
petits musées en taille, mais de grands musées, pour la plupart,
dans leurs collections. Si on regarde le musée de Joliette, entre
parenthèses, qui est le seul musée en Amérique du Nord
à avoir des vierges à la tête penchée, qui est une
caractéristique des sculptures des XIle et Xllle siècles... C'est
quand même intéressant, il ne faut pas rire de ça, Mme la
ministre. C'est quelque chose d'unique. Seuls de grands musées
européens peuvent se vanter d'avoir ça. Nous avons, nous, la
chance de l'avoir à Joliette, grâce à l'action du
père Corbeil, qui a été le fondateur de ce musée,
un excellent, extraordinaire collectionneur. Donc on est vraiment très
loin des 4 000 000 $ qui ont été demandés et, quand on
regarde l'augmentation que vous allouez et qu'on divise par 119, eh bien, je
vous avoue que, pour employer une expression familière des jeunes, c'est
tout juste si ça va payer la gomme balloune.
Mme Robillard: M. le Président, M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques m'a très bien saisie quand je disais
"petits musées régionaux". C'était "petits" en superficie,
mais, de fait, nous avons une qualité, dans certains musées du
Québec en région, qui est vraiment exceptionnelle. J'ai
moi-même visité le musée de Joliette dont parle M. le
député et, de fait, la qualité de la collection est
très, très, très élevée, au musée de
Joliette. Maintenant, je ne nie pas le fait qu'il y a des besoins plus grands
dans les musées régionaux. Mais, étant donné les
choix budgétaires que nous avions à faire, nous avons
pensé que ce secteur-là, de fait, méritait une indexation,
et nous sommes allés au-delà. Nous sommes à près de
8 % d'augmentation pour ce secteur. Alors, M. le Président, je pense que
ça démontre notre effort, bien que je sois consciente que les
besoins sont très grands dans toutes les régions du Québec
concernant nos musées; s'ils existent, ces musées,
présentement, M. le Président, c'est dû, je dirais, au
dynamisme des gens en place qui donnent beaucoup de leur temps pour faire
fonctionner ces musées partout dans le Québec, comme d'ailleurs
dans le réseau des bibliothèques centrales de prêts. On ne
le dit pas assez souvent, M. le Président, mais, si nous avons des
bibliothèques centrales de prêts avec des bibliothèques
affiliées partout au Québec, c'est parce qu'on a un réseau
de bénévoles incroyable dans toutes les régions du
Québec. Donc, le bénévolat, dans le secteur culturel, est
devenu un partenaire majeur, je dirais.
M. Boulerice: Je me souviens qu'à l'étude des
engagements financiers la ministre m'avait parlé d'une politique
d'accréditation des musées, en disant qu'elle n'était pas
pour en accréditer tant qu'elle n'aurait pas déposé une
politique d'accréditation des musées. Oh, surprise, le lendemain
matin, elle accréditait un musée de la région de la
Beauce-Appalaches, donc ce qui la mettait - et j'emploierai le mot puisqu'un
autre ne serait pas jugé parlementaire - en très flagrante
contradiction avec les propos qu'elle me tenait la veille dans l'enceinte
même de l'Assemblée nationale. Où en est-on avec la
politique d'accréditation des nouveaux musées? (21 h 30)
Mme Robillard: M. le Président, de fait, je me rappelle
très bien qu'aux engagements financiers nous avons discuté de
cette question, de la politique d'accréditation des musées. Ce
que j'avais affirmé, à ce moment-là, je le
répète aujourd'hui. C'est que nous aurons une politique
d'accréditation claire, dont les critères seront
équitables pour toutes les institutions muséales existantes et
futures, quand nous aurons une politique de muséologie au Québec;
tantôt, j'ai dit que ce sera au courant de l'automne que nous allons
soumettre le document à une consultation. Par ailleurs, j'avais aussi
dit, et je le maintiens, que nous avions quand même une souplesse par
rapport à cette future politique d'accréditation qui permettait
qu'entre-temps, étant donné les besoins dans certaines
régions du Québec, étant donné le fait que,
souvent, ça été le résultat de conférences
socio-économiques dans le Québec, que ça faisait partie
des priorités définies par les régions elles-mêmes,
par les milieux eux-mêmes, que certaines demandes, vraiment, se sont
situées dans des régions qui étaient les plus
défavorisées en matière de ressources muséales...
Donc, nous avons accepté, je dirais de façon exceptionnelle,
l'accréditation de certains musées, en attendant cette politique
officielle muséologi-que pour l'ensemble du Québec.
L'écomusée de la Maison du
Fier-Monde
M. Boulerice: M. le Président, je remercie beaucoup la
ministre de me donner elle-même... Petite parenthèse, je pense
qu'il y a une interprétation un peu élastique des discussions,
à l'étude des crédits. J'ai bien relu la transcription, la
dernière phrase, quant à la souplesse, et j'ai l'impression...
C'était peut-être un aparté que j'ai eu en dehors de la
salle avec la minis-
tre, parce que, quand j'ai fait une relecture, hier, je n'ai pas
retrouvé cette phrase, à moins que je n'aie mal lu; si
c'était le cas, je serais le premier à m'en réjouir. Mais,
la ministre ayant parlé de cette souplesse, à ce
moment-là, elle me donne l'argument, effectivement, que je cherchais,
enfin, que j'avais mais que je vais reprendre. Bravo pour la souplesse. La
ministre ne convient-elle pas que Montréal constitue une région
on ne peut plus importante au Québec, puisqu'il y a un bon nombre de
personnes qui y vivent, qu'il y a des régions qui sont malheureusement
défavorisées? Je pourrais vous dire que le centre-est de
Montréal, malheureusement, au niveau muséologique est
défavorisé comme tel.
D'ailleurs, c'est votre gouvernement qui nous a enlevé des
équipements culturels comme la maison de l'Orchestre symphonique qui
devait être à Berri-Demontigny; c'est votre gouvernement qui a
refusé de sauver Félix-Leclerc et qui le met en péril pour
que ça devienne un club de danseuses nues. Remarquez que, si
c'était le gouvernement fédéral, je suis certain que la
banque interviendrait rapidement, mais on n'a malheureusement pas cet
instrument-là. Mais il y a l'écomusée du Fier-Monde que
Mme la ministre connaît bien. À l'hiver, le dossier de
l'écomusée a été transféré à
la Direction régionale de Montréal. Donc, s'il y a une Direction
régionale de Montréal, c'est qu'on considère que
Montréal est une région, n'est-ce pas, même si on n'a pas
encore eu de grand sommet, nous, cette cour des miracles dont elle parle. Au
milieu de mars, il y a eu une première évaluation qui a
été faite par la Direction régionale et la direction des
musées, c'est-à-dire M. Fortin, Mme Lachance et Mme Pelletier; le
20 mars a débuté l'évaluation systématique de
l'écomusée par M. Laurier Lacroix, l'écomusée a
dû répondre à un questionnaire, le même qui est
administré au musée accrédité ou en voie
d'accréditation; en avril, une évaluation de la collection de
R.G.R. McDonald est entreprise conjointement par les Archives nationales, cette
fois-ci par M. Louis Côté, et un représentant de la
Direction régionale du ministère des Affaires culturelles dont
malheureusement le nom m'échappe.
Suite à ces rencontres, le ministère des Affaires
culturelles a avisé l'écomusée qu'il y aurait une
réponse définitive au début de juin. L'état de la
situation actuelle à l'écomusée, Mme la ministre, je vais
vous en parler et vous m'écoutez, je pense, aussi attentivement que
votre sous-ministre, l'écomusée ne survit que par le
bénévolat. Il réussit à peine à maintenir
ses acquis. Il en est rendu à un point tournant de son
développement: ou bien le musée progresse, ou bien,
malheureusement, il régresse, et je pense que vous ne voudriez pas
porter le poids de cette régression. Il survit, aussi, grâce aux
fruits d'un bingo d'Ozanam, imaginez-vous bien, madame. Donc, II lui faut un
budget de fonctionnement et l'écomusée est maintenant
propriétaire à 50 % du journal local Les Nouvelles du centre-sud,
un excellent journal qui dessert ma circonscription et qui apporte beaucoup.
Donc, il fait la preuve de solides administrateurs puisque ce journal
fonctionne bien.
L'écomusée reçoit l'appui de la ville de
Montréal. J'ai eu l'occasion d'en parler avec Mme Verdon, qui est
chargée du dossier de la culture, j'ai eu l'occasion d'en parler avec
Mme Forget, qui s'occupe très activement des dossiers de la culture,
elle aussi, et qui est représentante de la ville de Montréal au
conseil d'administration du Musée d'art contemporain. Le musée
reçoit l'appui d'Héritage-Montréal, donc je n'ai pas
besoin de vous dire que c'est un appui on ne peut plus prestigieux puisque
Héritage-Montréal - sans jeu de mots - c'est un héritage
que nous a laissé - quoique, heureusement, elle ne soit pas
décédée et Dieu lui prête longue vie - Mme Phyilis
Lambert, qui a tellement fait pour la culture au Québec. Je pense
d'ailleurs à son centre d'architecture qui est merveilleux. Donc, c'est
un musée qui répond effectivement à toutes les
données que vous venez d'énoncer, il y a très exactement
trois minutes.
Une question que je vous pose: Qui prendra la décision de
l'accréditation? Est-ce vous, Mme la ministre, à partir de cette
souplesse que vous avez évoquée tantôt, ou bien si c'est la
Direction régionale, Inspirée par votre esprit de souplesse? Et
quand viendra-t-elle, cette décision? Et là, je le dis sur un ton
très calme et très posé. Mais je vous préviens,
ça ne durera pas. Ce n'est pas une menace, c'est une promesse.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
M. Boulerice: Contrairement à celle du 1 %, je vais la
tenir.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, est-ce que vous
allez oser répondre?
Mme Robillard: M. le Président, comme vous voyez, ce long
plaidoyer du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, fait
état vraiment de toutes les actions qui ont été prises par
mon ministère à date et, comme vous l'avez vu, il y en a
plusieurs.
M. Boulerice: Et que j'ai donc poussées.
Le Président (M. Doyon): M. le député, s'il
vous plaît.
Mme Robillard: Donc, nous voyons, n'est-ce pas, M. le
Président, comment ce dossier a été actif au niveau du
ministère des Affaires culturelles, comment nous lui avons donné
de l'importance, comment nous nous en occupons, M. le Président. C'est
même clair - M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
l'affirmait lui-même -que nous allons sous peu rendre une
réponse
concernant l'écomusée. Alors, M. le Président, je
pense que, au niveau du ministère des Affaires culturelles, vraiment,
c'est un dossier qui a suivi son cours, auquel nous avons accordé une
certaine priorité dans l'étude des besoins. Nous sommes
très conscients que les locaux actuels de l'écomusée ne
permettent ni un fonctionnement adéquat ni une augmentation potentielle
d'utilisation de ce musée-là, à cause des contraintes
physiques importantes. Dans ce sens-là, nous sommes tout à fait
d'accord avec les discussions qui ont cours présentement avec les
autorités municipales pour essayer de regarder les différentes
possibilités et de voir aussi la participation financière
à cet égard-là.
Maintenant, concernant le mandat de l'écomusée, M. le
Président, il est très clair que l'écomusée est en
train de réfléchir sur le fait de peut-être changer son
mandat initial et qu'il devienne vraiment un musée de l'histoire
industrielle du Québec. Dans ce sens, il est important, à ce
stade-ci, que le mandat et les objectifs poursuivis par le musée soient
très clairs. Donc, M. le Président, d'ici quelques semaines,
sûrement que je serai en mesure de répondre directement à
l'écomusée du Fier-Monde face à sa demande.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Boulerice: Je...
M. Messier: Merci, M. le Président?
M. Boulerice: Fiche quel numéro, là?
Le Président (M. Doyon): M. le député de
Saint-Hyacinthe a la parole.
La bibliothèque du séminaire de
Saint-Hyacinthe
M. Messier: Merci. M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques m'inspire. Il a parié
d'éléments particuliers, tout à l'heure. Je voudrais juste
savoir... C'est peut-être une question qui va être plus longue que
la réponse. Le séminaire de Saint-Hyacinthe a une
bibliothèque relativement spécialisée, une vieille
bibliothèque, et, si je me réfère au séminaire de
Saint-Hyacinthe, c'est une école privée, actuellement, qui vit
certains problèmes avec le ministère de l'Éducation par
sous-financement. Elle a des problèmes avec sa bibliothèque qui
est effectivement très vieille et vraiment pas adéquate. Est-ce
qu'il y a des programmes, au niveau de votre ministère, qui pourraient
aider le séminaire de Saint-Hyacinthe, pour restaurer sa
bibliothèque, l'entretenir et fa garder la plus adéquate possible
pour les futurs utilisateurs et même pour les prêtres qui sont sur
place, au séminaire?
Mme Robillard: Ce que je peux vous dire, M. le Président,
c'est que, habituellement, le ministère des Affaires culturelles
n'intervient pas dans les bibliothèques ou dans les équipements
du réseau scolaire. Nous intervenons dans les bibliothèques qui
sont accessibles au public en général, à l'ensemble d'une
population. Si ma mémoire est bonne, il y a déjà une
bibliothèque publique à Saint-Hyacinthe pour la population...
M. Messier: Oui, mais celle du séminaire est très
spécialisée. C'était l'école des prêtres du
temps et, par legs, elle a eu énormément de vieux documents, des
anciennes bibles des années quinze cent et quelques. Ce n'est vraiment
pas adéquat, ils sont en train de les perdre, ces vieilles bibles, ou
peu importent les autres livres qu'ils ont en leur possession. C'est vraiment
remarquable, la quantité de livres qu'ils ont en main, mais le chauffage
n'y est pas, la climatisation n'y est pas, l'humidité n'y est pas, il
n'y a absolument rien. M. Dion, qui est l'archiviste engagé par le
séminaire de Saint-Hyacinthe, fait un travail remarquable, mais ils
n'ont pas les outils nécessaires, les outils financiers, à tout
le moins, nécessaires pour remettre en bon ordre la bibliothèque
du séminaire de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, je pense qu'il y a deux
éléments qu'il faut considérer. S'il s'agit vraiment d'une
bibliothèque, il faut absolument que ce soit le réseau de
l'éducation qui s'en occupe. S'il s'agit de fonds d'archives... C'est
peut-être ça, la question: Est-ce que ce sont des fonds d'archives
qui sont d'une qualité telle qu'il faudrait les protéger au
Québec et voir ce qu'on pourrait faire? Dans ce sens-là, s'il
s'agit d'archives et non pas d'un service de bibliothèque, il y aurait
peut-être lieu de faire évaluer le fonds d'archives par nos
Archives nationales et, à ce moment-là, le ministère des
Affaires culturelles pourrait entrer en ligne de compte.
M. Messier: Ce serait le séminaire de Saint-Hyacinthe qui
devrait faire une demande?
Une voix: Oui.
M. Messier: Parfait. Merci.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. Avez-vous
d'autres questions, M. le député de Saint-Hyacinthe?
M. Messier: Non, ça va, ça répond
adéquatement à mes questions.
Le Président (M. Doyon): M. ie député de
Sainte-Marle-Salnt-Jacques.
L'écomusée de la Maison du Fier-Monde
(suite)
M. Boulerice: M. le Président, je n'avais pas
terminé mon intervention, tantôt.
Le Président (M. Doyon): Alors, terminez, allez-y.
M. Boulerice: La question que je voulais poser à la
ministre est: Quel est le nom de la personne dans votre ministère qui
devra vous fournir une recommandation d'accréditation ou de
non-accréditation du musée?
Mme Robillard: Nous fonctionnons beaucoup, M. le
Président, au niveau du ministère des Affaires culturelles, en
gestion participative. Quand nous arrivons à des décisions aussi
importantes que l'accréditation des musées...
M. Boulerice: Excusez. Redites-moi ça sans rire, Mme la
ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Robillard: ...et surtout pour l'écomusée du
Fier-Monde, n'est-ce pas, c'est une décision très, très
importante à prendre.
M. Boulerice: Je vous le concède.
Mme Robillard: Cette recommandation me sera faite conjointement
et par la Direction régionale de Montréal, et par la Direction
des musées et, naturellement, par ma sous-ministre adjointe.
M. Bouierlce: SI j'ai bien compris, tantôt, vous m'avez
donné l'assurance que la décision serait rendue avant
l'ajournement de la session. C'est ça?
Mme Robillard: M. le Président, ce que j'ai
mentionné, c'est que nous avions eu beaucoup de rencontres avec les gens
de l'écomusée depuis quelques semaines, quelques mois, et que ce
dialogue actif se poursuivra dans les semaines à venir pour en arriver
à une décision. Je n'ai nullement pris d'engagement sur une date
précise, M. le Président.
M. Boulerice: Alors, vous savez fort bien, Mme la ministre, quel
intérêt je porte à la reconnaissance de
l'écomusée. Le dossier, effectivement, a cheminé, mais ce
n'est pas étranger aux pressions du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques à qui, d'ailleurs, vous avez reconnu,
à l'ouverture de la Maison de la culture Frontenac, qu'il était
très préoccupé par le développement culturel de sa
circonscription.
Le Président (M. Messier): Vous avez fait ça,
madame?
Mme Robillard: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: M. le Président, je vous demanderais, s'il
vous plaît, comme le président en titre, d'arrêter de faire
des commentaires à chacun des commentaires que je fais ou que Mme la
ministre fait. Cela dit, effectivement... Le temps fuit...
Le Président (M. Messier): Tempus fuglt. (21 h 45)
M. Boulerice: ...n'est-ce pas, M. le Président, et je ne
voudrais surtout pas en manquer. Effectivement, le dossier tient
énormément à coeur au député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Pourquoi ne pas, ce soir même...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: ...annoncer que vous allez l'accréditer,
madame? Je vous en attribuerai tous les mérites, madame, parce que les
gens de cette circonscription savent fort bien quelle a été
l'action de leur député dans ce dossier. Mais je vous louangerai.
Voyez-vous, M. Bourassa était tellement heureux de voir les louanges que
M. Brassard lui a adressées, et la promesse qu'il en ferait plus s'il
s'avouait souverainiste, alors, vous vous imaginez ce que vous aurez comme
parterre de fleurs si vous accréditez l'écomusée du
Fier-Monde, ce que, de toute façon, vous vous apprêtez à
faire, j'en suis persuadé, à voir cette étincelle soudaine
dans vos yeux.
Le Président (M. Messier): Vous allez avoir les
commentaires du député d'Anjou, Mme la ministre.
M. Boulerice: Non, il m'a promis de se taire.
Le Président (M. Messier): Est-ce que vous allez tenir
promesse, M. le député?
M. Boulerice: Je pense que je vais être obligé de
dîner avec vous, prochainement, M. le Président.
Le Président (M. Messier): On l'a fait hier. Mme la
ministre, sur la question bien précise.
Mme Robillard: M. le Président, je remarque et j'avais
déjà noté, vous savez, avant ajour-d'hui,
l'intérêt manifeste du député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques pour cet écomusée. Je suis certaine
qu'aujourd'hui les gens de son comté vont être très fiers
de lui d'avoir reparlé de cet écomusée. Je sais, M. le
Président, que M. le député défend très bien
ses dossiers au plan culturel. L'inverse me décevrait vraiment, M. le
Président, alors...
Le Président (M. Messier): Le député d'Anjou
en a fait la preuve tout à l'heure.
Mme Robillard: Oui, alors, M. le Président, je note
l'intérêt de M. le député et je l'assure encore que
ce dossier va demeurer aussi actif qu'il l'est depuis quelques mois au
ministère des Affaires culturelles.
M. Boulerice: Bon! J'ai bien retenu, malgré le
cortège de louanges, dans la réponse que M. Bourassa avait
donnée, qu'il n'était pas question de former un gouvernement de
coalition, alors n'en jetez plus, ma cour est pleine. Mais, pour ce qui est de
l'écomusée de la Maison du Fier-Monde, effectivement... Je me
demande pourquoi la ministre se plaît à faire languir
l'écomusée et le député qui porte... Oui, je sais,
madame, que mes propos vous séduisent, je le vois, d'ailleurs.
Le Président (M. Messier): Si ce n'est pas la personne, au
moins ce sont les propos.
M. Boulerice: Pardon?
Le Président (M. Messier): Si ce n'est pas la personne, au
moins ce sont les propos.
M. Bouierice: Ah! Monsieur, on n'ira pas dans les secrets. Vous
savez, Mme la ministre et moi, nous nous en souvenons, enfin, moi, je me
souviens mieux qu'elle, nous nous fréquentons depuis de nombreuses
années. Malheureusement, elle l'a oublié ou se force à
l'oublier, peut-être parce que nos discussions, à l'époque,
étaient plus vives et moins parlementaires, mais tout aussi empreintes
de cordialité. Alors, pourquoi, Mme la ministre, faire languir
inutilement l'écomusée du Fier-Monde et le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques? Pourquoi ne pas dire ce soir: Oui, je vais
annoncer l'accréditation dans... Écoutez, premièrement,
vous allez économiser un communiqué de presse, et je vous promets
que vous serez accueillie à l'écomusée et dans ma
circonscription avec tous les honneurs qui sont dus à votre rang.
Le Président (M. Messier): Pour le bénéfice
des gens de \a commission, Mme la ministre, pour cette partie-ci, c'est quoi,
ça, l'écomusée du 'Tiers Monde"?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Alors, permettez-moi de vous répondre, M. le
Président...
Le Président (M. Messier): Non, la parole est à la
ministre, on va voir si elle connaît bien son dossier. Il n'y a aucun
doute mais...
M. Boulerice: Oui, eh bien, je vous admire. Et sans assistance
là, sans assistance.
Le Président (M. Messier): Je veux savoir si le caucus des
députés ministériels de Montréal en a pris
connaissance, à savoir si son appui était indéfectible
à ce projet?
Mme Robillard: M. le Président, peut-être qu'on
pourrait demander au député d'Anjou s'il est au courant.
M. Larouche: J'ai vu qu'il y avait une subvention pour
l'écomusée du Fier-Monde dans le comté de
Sainte-Marie-Saint-Jacques. Pour l'écomusée du Fier-Monde, il y
avait 9700 $, mais je voudrais savoir c'est quoi le thème. Je n'y suis
pas allé.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre.
M. Boulerice: Mais je vous invite, M. le député, et
vous aussi, vous serez reçu avec tous les honneurs dus à votre
rang et l'amitié sincère que je vous porte.
M. Larouche: Si c'est dans l'est de Montréal, je suis
d'accord avec mon collègue.
M. Boulerice: C'est dans l'est. C'est sur la rue de Rouen.
M. Larouche: Ahl Pas de problème.
Le Président (M. Messier): II ne peut pas être plus
dans l'est que sur la rue de Rouen.
M. Boulerice: Voilà.
Mme Robillard: Alors, voyez-vous, M. le Président, quelque
part en 1982, un groupe de résidents, n'est-ce pas, du quartier...
M. Boulerice: Berthe Méthot, en particulier...
Le Président (M. Messier): Chut! Mme la ministre, on
est...
M. Boulerice: ...Michel Gendron, pour ne nommer que ces
deux-là, et j'oublie tous les autres; c'est dommage.
Le Président (M. Messier): Des connaissances personnelles
du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, mais nous qui ne les
connaissons pas...
M. Boulerice: Non, mais je connais tous mes commettants.
Le Président (M. Messier): Fantastique. Fantastique.
Mme Robillard: À ce moment-là, un groupe
de résidents a commencé à penser au concept de
l'écomusée dela Maison du Fier-Monde, dans tes
années quatre-vingt. Vraiment, ils avaient comme objectif la mise en
valeur de la culture et du patrimoine industriel et ouvrier du quartier
centre-sud de Montréal.
M. Boulerice: "Le faubourg à la mélasse", "Rue des
Pignons".
Le Président (M. Messier): Chut! Chut!
Mme Robillard: Alors, à ce moment-là, il
était très clair que les pôles de développement
étaient de faire de (a préservation du patrimoine un instrument
d'éducation et d'action collective dans le quartier, n'est-ce pas, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques...
M. Boulerice: À qui le dites-vous, madame!
Mme Robillard: ...et, donc, de créer un lieu où la
population se reconnaîtrait. C'était le concept qui était
autour de l'écomusée du Fier-Monde.
Le Président (M. Messier): On aurait pu faire ça
partout au Québec?
M. Boulerice: C'est une formule, si vous me permettez, M. le
Président...
Le Président (M. Messier): Avec la démonstration
que vous fartes, on aurait pu faire ça même à
Saint-Hyacinthe?
M. Boulerice: Effectivement!
Le Président (M. Messier): Quartier ouvrier.
M. Boulerice: L'écomusée est un concept...
D'ailleurs, j'avais - malheureusement, je l'ai oubliée - une magnifique
lettre mais je n'avais pas la traduction, puisqu'il me l'a adressée en
suédois - c'est sa langue maternelle - du professeur Svelt Lincoust qui
est un spécialiste mondial des écomusées, qui me disait
que c'était sans aucun doute un des plus beaux exemples
d'écomusée. Bon, la notion d'écomusée a
commencé, justement, dans les pays Scandinaves et, après, s'est
étendue en France. Effectivement, je pense que votre ville
mériterait un écomusée, comme Montréal
mérite celui-ci, puisque déjà, depuis 1982, on y
travaille. Mais est-ce que la ministre se rappelle, lorsqu'elle a
inauguré la Maison de la culture Frontenac, qu'il y avait une magnifique
exposition organisée par l'écomusée du Fier-Monde et que
j'avais eu d'ailleurs le plaisir de lui présenter la présidente
du conseil d'administration?
Le Président (M. Messier): Mme la ministre, moi, j'ai
failli avoir une Direction régionale, mais je ne m'embarquerai pas dans
un écomusée. Mme la ministre, à cette question bien
précise...
M. Boulerice: Ah, bien là, moi, je n'entre pas dans les
questions géopoiltiques!
Le Président (M. Messier): Ah, mais... Mme la
ministre.
Mme Robillard: M. le Président, je me souviens très
bien d'avoir rencontré des gens de l'écomusée du
Fier-Monde. D'ailleurs, je voudrais noter, M. le Président, que depuis
1988 le ministère des Affaires culturelles a quand même reconnu
d'intérêt culturel l'écomusée du Fier-Monde. Alors,
présentement, nous sommes à regarder, comme je vous l'ai dit,
à nouveau la question de la redéfinition du mandat de
l'écomusée et à voir les possibilités de son
développement pour le futur.
Le Président (M. Messier): Merci, madame.
M. Boulerice: Je pense que, comme on dit, une femme avertie en
vaut deux.
Le Président (M. Messier): Et davantage un ministre.
M. Boulerice: Et davantage une ministre. Alors, j'attends
impatiemment l'avant-veille...
Mme Robillard: M. le Président, est-ce que nous sommes
toujours dans le programme 2?
Le Président (M. Messier): Toujours... Soutien aux
fonctions culturelles
M. Boulerice: Nous sommes au programme 2, élément
4, Soutien aux fonctions culturelles, Aide aux artistes. Mais ce n'est pas
aussi rose que la ministre le prétendait tantôt. Quand on regarde
les chiffres, il apparaît que le ministère aurait eu besoin de 14
000 000 $ de plus pour répondre aux demandes des artistes, parce qu'il y
a eu pour 8 278 289 $ de bourses demandées et les bourses
accordées, 2 119 038 $, seulement 26 %, dans le type A. Dans le type
B... J'espère que mes collègues sont familiers avec le
vocabulaire...
Le Président (M. Messier): Le type B, c'est le
cinéma.
M. Boulerice: Par ailleurs, pour les bourses de type B
gérées par les Directions régionales, celles que,
malheureusement, il vous manque, M. le Président de séance, le
taux de succès n'est guère plus élevé. Bourses
demandées, 1465 artistes; 535 artistes seulement en ont obtenu, un taux
de 26 % encore une fois. Bourses relève en cinéma et
vidéo, 47 artistes; 30 artistes, 50 %, ça s'améliore quand
même un peu. Alors, au cahier
explicatif, on écrit qu'il y aura en 1990-1991 révision du
programme d'aide aux artistes. Remarquez que ce ministère est
spécialiste des révisions de programme. Il a d'ailleurs une
baisse de crédits prévue, pour 1990-1991, de 5 400 000 $ à
5 000 000 $; c'est à la page 827 de votre cahier, madame.
La question que j'aimerais vous poser, c'est: Puisque la ministre
réduit déjà les crédits en 1990-1991, est-ce que
c'est parce qu'elle a déjà pris une décision quant
à ce programme?
Mme Robillard: M. le Président, le Programme d'aide aux
artistes et aux créateurs, qui s'adresse à des personnes
individuelles, va passer de 5 812 000 $ à 5 350 000 $. Donc, c'est une
diminution du programme de 462 000 $ seulement. Maintenant, je le
répète, M. le Président, c'est un programme où,
à l'heure actuelle, nous avons un taux de réponse qui se situe
autour de 25 % de la demande et le choix que nous avons fait, encore une fois,
repose sur le fait que ces mêmes artistes et créateurs sont aussi
aidés par des organismes et des institutions culturels. Alors, au lieu
d'augmenter de façon individuelle des bourses qui, souvent, servent au
perfectionnement, nous avons décidé d'aider des institutions qui
engagent aussi ces artistes. C'est une question de choix, M. le
Président, et nous croyons que les...
M. Boulerice: Des institutions, vous dites. Mme Robillard:
Oui.
M. Boulerice: Quand vous dites "institution", vous lui donnez
quel sens? C'est un groupe?
Mme Robillard: Ça peut être un groupe, ça
peut être un théâtre...
M. Boulerice: Parce que vous avez dit "des personnes
Individuelles"; je vous avoue que...
Mme Robillard: Oui, c'est parce que quand on parle...
M. Boulerice: On va donner la notion de personnes collectives,
à ce moment-là.
Mme Robillard: M. le Président, quand on parle du
programme d'aide aux artistes, il s'agit de donner de l'argent, 300 $ à
M. Untel, 200 $ à Mme Unetelle, etc., des bourses de type A ou de type
B. Quand je parle de donner de l'argent à des institutions, je parle de
donner de l'argent à des compagnies de théâtre ou à
des compagnies de danse ou à des orchestres qui engagent des altistes et
des créateurs. C'est la distinction que je fais.
M. Boulerice: Si je comprends bien, la ministre accueillerait
très favorablement la demande que je vais lui présenter pour le
Choeur polyphonique de Montréal. Mme la ministre, j'espère,
connaît bien le Choeur polyphonique de Montréal qui
interprétait, vendredi il y a deux semaines, cette magnifique messe
solennelle de Mozart à l'église Saint-Jean-Baptiste de
Montréal. Si la ministre se rappelle bien, je lui avais vendu une
cassette de chants de Noël du Choeur polyphonique de Montréal,
cassette qu'elle a très souvent écoutée et qu'elle a sans
doute fort appréciée. Le Choeur polyphonique de Montréal
a, cette année, 20 ans. C'est merveilleux d'avoir 20 ans, on en a la
nostalgie, et je pense qu'il faut les célébrer. Le Choeur
polyphonique de Montréal, malheureusement, n'a pas eu de subvention
depuis de très nombreuses années.
Mme Robillard: Est-ce qu'il a fait une demande?
M. Boulerice: II a fait des demandes mais, malheureusement, on
lui répondait toujours qu'il n'entrait pas dans les cases de
l'espèce de jeu de Parcheesi des bourses comme telles, et voilà
qu'en plus il a reçu de Son Excellence Mgr Pabio Colino, qui est
maître de la basilique Saint-Pierre de Rome, l'invitation à
participer au congrès mondial des maîtres de choeur. Vous vous
imaginez quel honneur rejaillit sur le Québec de se retrouver
présent là-bas.
Connaissant maintenant qui est le ministre de la Culture de la
Cité du Vatican, le cardinal Poupart - aucun lien de parenté avec
l'ancien attaché de presse du premier ministre - je pense que ce serait
extraordinaire... De toute façon, je verrais très mal notre bon
ami Ronald cardinal; évêque, oui, il pourrait toujours continuer
d'être habillé en rouge, mais cardinal, c'est pourpre. Je ne sais
pas si la ministre pourrait accueillir très favorablement une demande
d'aide pour le Choeur polyphonique de Montréal qui célèbre
ses 20 ans, qui offre un magnifique spectacle. Je veux officiellement vous en
transmettre copie immédiatement...
Le Président (M. Messier): La demande est faite à
l'instant même, là.
M. Boulerice: ...à l'Instant même, mais je ferai une
photocopie demain; alors, le geste est symbolique pour ce soir, mais
très officiel dans la demande.
Mme Robillard: Je suis certaine, M. le Président, qu'il
s'agit ici d^un choeur qui a un statut professionnel au Québec, qui est
sûrement reconnu, donc qui se situe parmi nos artistes professionnels,
premièrement.
Deuxièmement, je suis certaine que, si ce Choeur a la
qualité de performance dont parie le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques et qu'il fait application dans un de nos programmes,
il recevra une cote très élevée d'un de nos jurys
de sélection, parce que, comme vous le savez, M. le
Président, l'ensemble des subventions au ministère des Affaires
culturelles est décidé après recommandation des
comités de sélection. Alors, ce n'est pas nos fonctionnaires, si
compétents et si professionnels soient-ils, qui prennent seuls les
décisions, mais des Jurys de sélection formés de leurs
pairs, à ces professionnels, donc qui connaissent très bien la
qualité de la performance. Alors, ça nous fera plaisir
d'accueillir cette demande, M. le Président, et de la soumettre à
un jury de sélection.
M. Boulerice: Bon. Il a fait une tournée en France,
d'ailleurs, qui a été fort célébrée, et,
comme je vous le dis, quand on reçoit une lettre du Secretario
Générale Del Congresso Mondiale di Maestil di Capella avec,
forcément, les armoiries du Vatican, je pense que, Mme la ministre, il
faut avoir quand môme quelque chose de très bien. Je pense qu'ils
ont du coeur à l'ouvrage, sans jeu de mots. C'est d'ailleurs une
histoire de coeur, ils le font de tout coeur. De toute façon, vous
n'auriez pas acheté de la camelote; vous avez bien acheté la
cassette que je vous ai vendue.
Cela dit, iI y a quand même une baisse, dans ce programme, qui est
de 400 000 $. Vous l'expliquez comment, cette baisse, quand même, de 400
000 $? Oui, vous voulez plutôt privilégier les associations, mais
les associations sont quand même nombreuses.
Le Président (M. Messier): Est-ce que vous avez une
réponse? Non? Ça va de soi comme réponse.
Mme Robillard: M. le Président, encore une fois, en aidant
les associations et les institutions culturelles, que ce soient les
théâtres, la musique ou la danse, ou que ce soit l'aide à
la promotion de disques, ou que ce soit l'aide aux éditeurs pour la
promotion aux auteurs de relève, par tous ces biais, nous aidons de
façon directe aussi les artistes et les créateurs. Alors, c'est
dans ce sens-là, M. le Président, que, quand même, nous
maintenons le même niveau de dépenses pour les artistes et les
créateurs.
Le Président (M. Messier); Suspension des travaux pour
quelques instants.
M. Boulerice: Ah! Ça rentre dans le décompte,
là.
(Suspension de la séance à 22 h 3) (Reprise à 22 h
8)
Le Président (M. Messier): Nous allons reprendre les
travaux...
M. Boulerice: Parce qu'il ne nous reste que quatre minutes avant
l'heure fatidique de minuit...
Le Président (M. Messier): Quatre minutes avant la fin des
travaux.
M. Boulerice: ...où, malheureusement, on ne peut
pas...
Le Président (M. Messier): Oui, oui, on commence. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, est-ce que vous avez
d'autres questions dans le volet 2, élément 4?
M. Boulerice: Voilà, Soutien aux fonctions culturelles. Le
sujet, c'est les arts, la scène, le théâtre. Encore
là, ce ministère est un chantier, M. le Président, parce
qu'il est écrit que le ministère procédera à la
réévaluation de son approche et de sa structure d'aide aux jeunes
théâtres pour favoriser l'émergence des meilleurs
éléments. C'est une noble intention. C'est à la page 76,
madame. Alors, est-ce que la ministre pourrait me dire quelles sont les lacunes
qui ont été observées par son ministère dans ce
dossier, et notamment par elle, d'ailleurs?
Mme Robillard: M. le Président, je l'ai dit au
début de nos travaux, au niveau du ministère des Affaires
culturelles, nous avons fait un choix: c'est celui de mettre en place de
façon régulière - et, M. le Président, il va
falloir que M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques retienne
bien ça parce que ça va revenir d'année en année -
de mettre en place de façon régulière, dans notre cycle de
gestion, l'évaluation comme faisant partie intégrante de tout
notre cycle de gestion; planification, organisation, contrôle,
évaluation. Évaluation, M. le Président, de façon
régulière, de tout ce que nous faisons pour voir si nous
atteignons les objectifs que nous nous sommes donnés et, donc, un accent
très particulier donné sur les résultats. C'est dans ce
sens-là, M. le Président, que tout au long de nos travaux vous
voyez que nous allons réévaluer chacun des programmes, et ce, de
façon régulière. Notre Direction des politiques et de
l'évaluation est toute récente au niveau du ministère des
Affaires culturelles, son mandat est jeune, mais je vous le dis, M. le
Président, et ce sera pour les années futures, de façon
régulière et systématique, il y aura une évaluation
qui sera faite de l'ensemble de nos programmes. C'est dans ce
contexte-là, M. le Président, que nous allons aussi
procéder au niveau du théâtre.
M. Boulerice: Qu'est-ce que c'est, un résultat, dans le
domaine du théâtre, madame?
Mme Robillard: M. le Président, "dépendam-ment" des
compagnies de théâtre, il y a des objectifs différents qui
sont visés. D'abord, il faut savoir dans quel type de compagnie,
dans
quel type de théâtre on se situe. Nous avons toujours des
objectifs de visés par toute compagnie théâtrale, en
matière de création, de production, de diffusion, de
qualité de la performance, de clientèle cible à atteindre,
de marché à atteindre. C'est dans tout ce sens-là, M. le
Président, qu'il faut regarder: quand on se fixe des objectifs, est-ce
qu'on les atteint ou pas?
M. Boulerice: II y a quelque chose qui m'étonne: dans la
qualité de la production, la ministre s'établit critique,
maintenant?
Mme Robillard: Pardon, M. le Président, je n'ai pas
saisi.
M. Boulerice: Vous avez parlé de qualité de la
production. La ministre s'établit critique, maintenant?
Mme Robillard: M. le Président, je pense que M. le
député de Saint-Jacques ne saisit peut-être pas le langage
administratif que j'utilise. Dans toute évaluation, M. le
Président, il y a différents indicateurs de performance. La
qualité est un de ces indicateurs de performance. La qualité au
niveau du ministère des Affaires culturelles, par rapport à la
performance de nos organismes culturels, est déjà mesurée
et évaluée par nos jurys de sélection. Alors, nous sommes
très bien positionnés pour voir qu'est-ce que le milieu
lui-même pense de la qualité de nos organismes culturels.
M. Boulerice: Ça pourrait faire partie, si la ministre
acceptait l'invitation que je lui lance pour la sixième fois, d'un
débat sur la culture qui ne porterait pas uniquement sur les
chiffres.
Mme Robillard: Bon, on change, là.
M. Boulerice: Non, pas du tout. Non, c'est parce que les
statistiques, je m'aperçois que vous les manipulez. Vous savez, les
statistiques quelquefois sont aux politiciens ce que les lampadaires sont aux
ivrognes: c'est bon pour s'y appuyer, mais ça n'éclaire pas
nécessairement tout.
Mme Robillard: On appelle ça faire de la bonne gestion, M.
le Président.
M. Boulerice: Ah! Mais c'est quoi de la bonne gestion dans le
domaine culturel? Ne croyez-vous pas, Mme la ministre, que, s'il y a un domaine
où on doit prendre des risques, c'est bien le domaine de la culture?
Mme Robillard: Quand on est un bon gestionnaire, M. le
Président, on prend des risques; sinon, on n'a pas besoin d'être
gestionnaire.
Une voix: C'est vrai.
Mme Robillard: Si c'était si facile de prendre des
décisions, M. le Président, les machines pourraient prendre des
décisions à notre place. Si on est un bon gestionnaire, c'est
qu'on est capable de calculer les risques et que, malgré les risques et
les incertitudes, on prend des décisions. En matière d'affaires
culturelles, M. le Président, la gestion a des
spécificités très particulières; on ne gère
pas un organisme culturel, une entreprise culturelle comme on gère une
PME. Il faut une gestion adaptée aux besoins culturels. C'est tellement
spécifique, M. le Président, la gestion en matière
culturelle, qu'une grande école de Montréal, l'École des
hautes études commerciales, a même ouvert des cours particuliers
sur la gestion dans les milieux culturels. Vous voyez la
spécificité qu'il y a à agir comme gestionnaire dans le
milieu culturel? Et ce n'est pas n'importe qui qui peut s'improviser
gestionnaire dans le milieu culturel, c'est quelqu'un qui a les
habiletés, qui comprend ce milieu-là, qui a les affinités
et qui est très orienté sur la qualité des produits
culturels.
M. Boulerice: Pour ce qui est des équipements culturels,
il y a toujours cette ambiguïté moratoire et non-moratoire qui a
été levé sans avoir été établi.
Ça, l'histoire retiendra l'incohérence libérale
là-dessus, mais, naturellement, la ministre n'est quand même pas
coupable par héritage. Qu'est-ce qu'il advient des projets suivants: la
salle de spectacle de Sept-îles?
Mme Robillard: M. le Président, si vous permettez, me
donnez quelques secondes...
M. Boulerice: Avant que le fédéral
intervienne...
Mme Robillard: ...pour répondre...
M. Boulerice: ...lui qui devient le principal gestionnaire de la
culture au Québec, ces derniers temps.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre, vous avez
toujours la parole.
Mme Robillard: Merci, M. le Président. If est, de fait,
question d'une salle de spectacle à Sept-îles, parce que, comme
vous le savez, M. le Président, il n'existe pas de salle de spectacle,
présentement, à Sept-îles. Le comité du spectacle a
été obligé de présenter sa programmation dans un
auditorium de polyvalente. Alors, il y a une étude scénographique
qui a été faite pour une salle de 710 places qui a
été réalisée en 1987. Par la suite, le projet a
été présenté à la conférence
socio-économique. Et vous savez que ma prédécesseure a
donné son accord de principe, verbalement, et elle s'est engagée
à inscrire
le projet dans la programmation budgétaire, pour autant que les
crédits soient suffisants. Alors, par la suite, la ville a
modifié son projet afin qu'il soit plus satisfaisant au plan technique.
Il y avait toute une partie de congrès qui était reliée
à la salle de spectacle; ça, ça a été
complètement abandonné. La capacité de la salle a
été augmentée à 850 sièges.
Alors, l'état actuel du dossier, M. le Président, c'est
que la ville a déposé en décembre dernier les plans et
devis préliminaires, qu'un projet révisé de programmation
a été fait, un budget pro forma aussi, de fonctionnement pour les
trois prochaines années. J'ai même signifié, M. le
Président, mon accord de principe au maire de Sept-îles, le 8 mars
1990. La ville devrait entreprendre la préparation, à ce
moment-là, des plans et devis d'exécution après
l'approbation de son règlement d'emprunt par le ministère des
Affaires municipales.
Maintenant, M. le Président, le terrain qui a été
choisi pour construire la salle est actuellement occupé par des
installations du ministère des Transports. Alors, c'est très
clair que le ministre délégué aux Transports a
été informé par le maire de cet état de fait et
qu'il est d'accord pour déplacer les installations du ministère.
Alors voyez-vous, cette relocalisation-là des installations sera faite
d'ici deux à trois ans. Une occupation partielle du terrain est
cependant à négocier, pour la construction de la salle de
spectacle, entre-temps. Alors, M. le Président, vous voyez l'accord de
principe du^ 8 mars 1990 qui a été donné au maire de
Sept-îles signifie que nous sommes d'accord avec la réalisation du
projet.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre.
M. Boulerice: La salle de concert à Laval?
Mme Robillard: La salle de concert à Laval.
M. Boulerice: Oui.
Mme Robillard: M. le Président, présentement, comme
vous le savez, toute la, je dirais, frange urbaine nord a
présenté différents projets de salle de spectacle.
Saint-Eustache, d'un côté, a présenté un projet. De
l'autre côté, Sainte-Thérèse a
présenté un projet. Nous avons dû voir à la
complémentarité de ces deux salles. Et Laval, aussi, s'inscrit
dans un projet de salle de spectacle. À date, M. le Président,
nous sommes en train de favoriser une concertation entre ces villes de la
région nord de Montréal pour que vraiment leur projet de salle de
spectacle se situe en complémentarité l'une par rapport à
l'autre, la mission de l'une par rapport à l'autre, et ma
prédécesseure, pour la salle de spectacle, avait donné son
accord de principe pour l'année 1991-1992 ou 1992-1993. Alors, le
dossier suit son cours, présentement, au niveau des équipements
culturels, à mon ministère.
M. Boulerice: Le Centre culturel de Shawi-nigan?
Mme Robillard: Si vous me permettez, M. le Président, on
va faire une dernière vérification.
M. Boulerice: La Maison de la culture de
Lévis-Lauzon? La Maison de la culture de
Victoriaville, tout d'un coup, elle est... On a la documentation
prête.
Mme Robillard: M. le Président, le Centre culturel de
Shawinigan a été annoncé dans les projets de
1989-1990.
M. Boulerice: L'état de réalisation?
Mme Robillard: À l'heure actuelle, les plans et devis
définitifs sont en train d'être faits et ils vont aller en appel
d'offres.
M. Boulerice: Et la Maison de la culture de Lévis-Lauzon,
comme celle de Victoriaville, également? Ça a été
bon, ce programme du Parti québécois des maisons de la culture.
Montréal est très heureuse et je souhaiterais que les autres
villes puissent en bénéficier.
Mme Robillard: M. le Président, on y arrive, concernant la
Maison de la culture de Lévis-Lauzon. Vous comprenez, nous avons
tellement de projets d'équipements culturels au ministère des
Affaires culturelles que...
M. Boulerice: ...vous n'allez pas sombrer sous le poids, quand
même.
Mme Robillard: Nous avons beaucoup de projets, que nous avons
annoncés cette année et que nous projetons pour les années
à venir. Présentement, comme vous le savez, nous avons ce projet
de la Maison de la culture de Lévis-Lauzon et, dernièrement, nous
avons reçu un projet modifié de cette maison de la culture, qui
comprend une bibliothèque et un centre d'exposition, qui sera
localisé sur le terrain attenant à l'hôtel de ville actuel.
Je ne sais pas si M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques
était au courant en détail de ce dossier, il avait
été question que cette maison de la culture soit sur un site qui
appartenait au Mouvement Desjardins. Présentement, à l'heure
où on se parle, nous avons reçu un dernier projet de la ville et
le site du Mouvement Desjardins est abandonné; la ville n'a pas
réussi à faire une entente avec le Mouvement Desjardins. Donc, le
nouveau site qui est proposé est un site attenant à l'hôtel
de ville et est propriété de la ville. Ça nous
apparaît un site acceptable. Donc, le Mouvement Desjardins
n'est plus impliqué dans le dossier. À partir de
là, le ministère des Affaires culturelles va examiner la
dernière proposition qui a été faite par le maire.
Institutions nationales
M. Boulerice: D'accord. Nous irons maintenant au programme 3,
élément 3, les conservatoires.
Le Président (M. Doyon): Donc, est-ce que le programme 2
est adopté?
M. Boulerice: Adopté.
Le Président (M. Doyon): Adopté. Nous passons
maintenant au programme 3.
M. Boulerice: Certains peuvent prendre congé.
Le Président (M. Doyon): Patrimoine historique... Non. Un
instant.
M. Boulerice: Les conservatoires.
Le Président (M. Doyon): Institutions nationales.
Ça comprend trois éléments: les Archives nationales du
Québec, le Centre de conservation du Québec et, le
troisième élément, Conservatoires de musique et d'art
dramatique du Québec. J'indique, pour la compréhension de ceux
qui nous liront, que ce programme vise à favoriser l'enseignement des
arts d'interprétation par l'intermédiaire du réseau des
conservatoires, à favoriser la protection et la mise en valeur du
patrimoine archivistique, à permettre l'information, la sensibilisation,
l'expertise et la restauration des biens culturels.
M. Boulerice: Quelle est la position de la nouvelle ministre par
rapport au projet de réaménagement de la vocation des
conservatoires?
Mme Robillard: M. le Président, est-ce qu'il s'agit des
conservatoires de musique?
M. Boulerice: Oui.
Conservatoires de musique
Mme Robillard: M. le Président, comme vous le savez, la
mission des conservatoires de musique a été mise à jour,
renouvelée, réaffirmée pendant l'année 1989. Je
dois vous dire que cette mission des conservatoires, maintenant, de musique,
qui est axée vraiment sur la profession, la formation professionnelle de
qualité, qui est axée sur le fait que les conservatoires doivent
être aussi un support au milieu pour la formation musicale initiale et
aussi susciter des organismes, le développement d'organismes en
matière de musique... En somme, les trois axes de la nouvelle mission
des conservatoires, M. le Président, je me sens tout à fait en
accord avec cette nouvelle mission, d'autant plus que, lors de ma
tournée de toutes les régions du Québec, j'ai eu à
rencontrer des gens qui se sont impliqués dans le domaine de la musique
et je n'ai reçu que des satisfactions concernant cette
redéfinition de la mission des conservatoires. Alors, je pense qu'elle
va chercher un très large consensus dans le monde de la musique.
M. Boulerice: Pourquoi le dépôt du projet de loi
a-t-il été reporté?
Mme Robillard: M. le Président, que je sache, ce
dépôt de projet de loi n'a pas été reporté.
Nous le prévoyons pour une des prochaines sessions et, vraiment, depuis
la détermination de la nouvelle mission, il y a différentes
actions qui ont été posées. Il y a des choses qui ont
été faites et le projet de loi, la révision du projet de
loi devra se faire. Mais elle n'a été nullement
reportée.
M. Boulerice: Elle a été reportée, Mme la
ministre, puisque, le 4 mai 1989, votre prédéces-seure disait:
Avant de terminer, un mot sur le projet de loi que j'ai l'intention de
soumettre -elle parlait de cette loi - à l'Assemblée nationale
à l'automne prochain, au plus tard au printemps 1990. Le printemps, je
vous informe, se termine le 21 juin prochain.
Une voix: II n'est pas fini encore.
M. Boulerice: Oui, mais comme il vous reste tellement peu de
temps de législation, hein?
Mme Robillard: Alors, M. le Président, il s'agit
d'une...
M. Boulerice: Donc, il a été reporté. Vous
retirez vos propos.
Mme Robillard: ...planification des travaux d'un
ministère. Vous savez, quand on fait une planification dans un
ministère, ce n'est pas une planification statique. C'est une
planification dynamique. Donc, elle doit être continuellement mise
à jour, cette planification, et répondre aux priorités du
ministère. Et, dans ce cadre-là, concernant la Loi sur le
conservatoire, bien qu'elle ait été inscrite dans la
planification l'an dernier, me dit-on, à ce stade-ci nous
n'étions nullement prêts pour déposer le projet de loi sur
le Conservatoire. Mais, M. le Président, nous espérons le faire
dans les sessions qui viennent. Entre-temps, je dois vous dire que la mission
est en train d'être actualisée dans les conservatoires, la
nouvelle mission des conservatoires. Il y a énormément de travaux
qui ont été faits. Le
dossier avance et suit son cours.
M. Boulerice: La ministre pariant teHement abondamment que son
ministère réévaluait régulièrement son
fonctionnement, est-ce qu'elle a un comité de révision de la
planification de la planification? Parce qu'il y a eu tellement de projets de
loi qui ont été annoncés et on est encore au régime
Métrécal: l'assiette très nouvelle cuisine, absence de
générosité au niveau législatif dans le domaine de
la culture. Vous savez, je n'ai pas été le député
le plus occupé en termes de législation, hein?
Mme Robillard: M. le Président, je pense que le
député de Sainte-Marle-Salnt-Jacques, s'il a quelques notions en
gestion, conviendra avec moi qu'il est toujours important de penser gestion en
termes de cycle de gestion et, dans ce sens-là, de toujours mettre
à jour la planification qui est faite. Et je ne peux que louanger les
fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles; c'est de
façon régulière qu'ils mettent à jour leur
planification des dossiers et prennent en compte aussi les priorités qui
peuvent se dégager des besoins, aux nouveaux besoins qui se dessinent
aussi dans le domaine culturel.
M. Boulerice: Mais, vous savez, la notion de cycle s'appHque
également au gouvernement; donc, dépêchez-vous là,
parce qu'il peut peut-être y avoir un changement de cycle.
Mme Robillard: Pas trop d'espoirs, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Vous n'avez pas lu les derniers sondages,
chère madame.
Mme Robillard: N'ayez pas trop d'espoirs.
M. Boulerice: Vous n'avez pas lu les sondages, chère
madame.
Mme Robillard: Vous non plus, M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Ah oui, je les ai lus, madame, mais...
Mme Robillard: II faudrait les regarder dans le détail,
les derniers sondages.
M. Boulerice: Et j'étais beaucoup plus heureux
d'être député de Sainte-Marie-Saint-Jacques que de Chambly,
madame. Je me permets de vous le dire.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Robillard: Ah! M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, ça me fait plaisir de voir que vous
êtes heureux d'être dans l'Opposition. (22 h 30)
M. Boulerice: Pas du tout, madame. Le dernier sondage, mon Dieu,
quoi, je pense que vous perdiez avec 1700 voix, quelque chose comme
ça.
Mme Robillard: Nous sommes en 1990 et toujours au pouvoir,
n'est-ce pas, M. le Président?
M. Boulerice: Et moi, j'étais réélu avec une
forte augmentation de votes; je passais aux alentours de 10 000. La population
a toujours l'art d'apprécier un bon député, ça,
c'est connu; les Québécois ne sont pas ingrats.
Mme Robillard: II y a seulement 25 % d'abstentions, M. le
Président, dans le dernier sondage, vous savez.
M. Boulerice: Dans votre comté?
Mme Robillard: Dans l'ensemble du sondage
M. Boulerice: Ah! Ça a l'air que votre
prédécesseure a de la difficulté avec les BPC; vous,
ça pourrait peut-être être les BCP, mais, enfin, c'est une
autre chose. Les conservatoires d'art dramatique: ii y avait également
une réflexion sur la mission qui portait également sur le statut
comme tel du Conservatoire. Où est-ce qu'on en est? Est-ce qu'il y a un
document d'orientation? Est-ce qu'on prévoit modifier son statut?
Mme Robillard: Vous savez, M. le Président, que nous avons
eu au Québec des États généraux sur la formation
professionnelle en art dramatique et qu'à ce moment-là il
était très clair pour nous que nous devions prendre en compte les
résultats de ces États généraux qui ont eu lieu en
mai 1989, je vous le rappelle, M. le Président. Par la suite, il y a
même eu un Conseil supérieur de la formation en art dramatique qui
a été formé à l'occasion de ces États
généraux. Alors, présentement, le directeur
général du conservatoire et les directeurs des deux
conservatoires - comme vous le savez, nous avons un Conservatoire d'art
dramatique à Montréal et un autre à Québec - se
rencontrent sur le sujet pour faire la réflexion sur la mission du
Conservatoire. Il est très clair que la réflexion qui est
amorcée devra se situer dans une réflexion plus globale au niveau
du ministère des Affaires culturelles où, à ce
moment-là, on essaie de voir les responsabilités et les
orientations du ministère en matière de formation.
Alors, M. le Président, c'est sûrement un dossier, la
révision de la mission du Conservatoire d'art dramatique qui se
déroulera dans les mois, sinon, dans l'année à venir.
M. Boulerice: M. le Président, j'ai écouté
ce que la ministre m'a dit. C'est le discours auquel je m'attendais. C'est sans
surprise. Est-ce qu'elle me permettrait - j'ai malheureusement oublié
tantôt de lui en parler dans l'élément 4, soutien aux
fonctions culturelles - de lui parler du fonds d'appui au financement
privé? Tout le monde sait que c'est un de ses plus illustres
prédécesseurs, M. Clément Richard, qui avait
instauré ce fonds d'appariement et, en 1987-1988, votre
prédéces-seure l'avait coupé de la moitié et, en
1988-1989, elle annonçait que le programme était soumis à
une évaluation, puisqu'il semble que ce soit le mot de passe. Alors,
où en êtes-vous dans votre évaluation? Vous allez me dire
que c'est cyclique, que ça fait partie d'une planification
stratégique, qu'on n'a pas encore tout à fait mesuré les
résultats, mais, au-delà de ça, ça avait quand
même généré 7 000 000 $ sur une période de
deux ans. C'était quand même assez intéressant.
Mme Robillard: M. le Président, le dossier
d'évaluation du fonds d'appui au financement privé ou du fonds
d'appariement, tel qu'il était appelé dans le milieu, est un
dossier complété. Je me le rappelle de mémoire, je n'ai
pas le dossier d'évaluation avec moi ici, M. le Président, mais,
de fait, comme le dit le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, je
pense qu'il avait été un élément majeur d'appui au
milieu.
Ce que l'étude nous a permis de réaliser par ailleurs,
c'est beaucoup de forces et certaines faiblesses. De mémoire encore une
fois, M. le Président, je vous préciserais que, parmi les
faiblesses notées dans cette formule du fonds d'appariement, sans aucune
balise en tant que telle, était le fait que certaines régions du
Québec avaient été défavorisées par rapport
à cette formule-là étant donné que c'était
plus difficile de faire appel au secteur privé que dans certains grands
centres ou dans certaines régions où il y avait des entreprises
d'importance. Alors, dans les régions où il y avait seulement des
PME, ça devenait très difficile pour eux d'utiliser le fonds
d'appui, le fonds d'appariement. Il y avait une question aussi
d'équité, selon les disciplines culturelles, qui se posait. On
s'apercevait que, dans certains domaines, c'était plus difficile d'aller
chercher du financement privé.
Tout ça pour vous dire, M. le Président, que
l'évaluation de ce fonds, qui a été tellement utile, a
été faite et va sûrement nous servir suite à
l'étude qui sera déposée sur le financement des arts. Si
nous reconduisons cette formule, nous pourrons, à ce moment-là,
suite à l'évaluation, l'orienter en conséquence. Alors,
c'est sûrement une des modalités qui va être regardée
de très près, suite à l'étude sur le financement
des arts.
M. Boulerice: Donc, là, vous n'avez aucune proposition
concrète à mettre sur la table dans les semaines qui
viennent?
Mme Robillard: Non, M. le Président. Je pense que j'ai
annoncé qu'on regardait le financement des arts dans sa globalité
et qu'on regardait différentes formules de financement, dont le fonds
d'appariement peut être une formule parmi d'autres.
M. Boulerice: Donc, c'est lié à - comment
s'appellent-ils? - les clôtures à neige que j'appelais...
Mme Robillard: C'est lié à l'étude... M.
Boulerice: Samson, Bélair.
Mme Robillard: ...présentement qui est faite par la firme
Samson, Bélair.
M. Boulerice: Programme 4. Sociétés d'État
et organismes-conseils.
Mme Robillard: Est-ce que le programme 3 est adopté, M. le
Président?
Le Président (M. Doyon): Le programme 3 est
adopté.
M. Boulerice: Oui, M. le Président.
Organismes-conseils et sociétés
d'État
Le Président (M. Doyon): Nous passons au programme
4...
M. Boulerice: Alors, la Commission des biens culturels.
Le Président (M. Doyon): ...qui consiste dans les
éléments suivants: la Commission des biens culturels, l'Institut
québécois de recherche sur la culture, le cinéma, les
musées d'État, la Société de la Place des Arts de
Montréal et la Société du Grand Théâtre de
Québec. Je signale, pour l'intelligence de ces débats, que ce
programme vise à soutenir et à développer des
organismes-conseils et des sociétés d'État dont le
rôle est de fournir des expertises en matière de patrimoine, de
contribuer à des recherches et études sur divers aspects des
phénomènes culturels, de conserver et de mettre en valeur l'art
québécois, de promouvoir et d'aider la création et la
diffusion des oeuvres cinématographiques québécoises et de
mettre à la disposition d'artistes et de promoteurs de spectacles des
équipements majeurs de diffusion de spectacles et d'aide au
développement des industries culturelles, de favoriser la protection et
la mise en valeur du patrimoine littéraire québécois et
d'encadrer les relations du travail dans le domaine des arts, de la
scène, du disque et du cinéma.
M. le député, vous pouvez procéder.
M. Boulerice: Je vous remercie d'avoir éclairé les
membres de la commission...
Le Président (M. Doyon): Je n'éclaire pas
les...
M. Boulerice: ...qui étaient, sans aucun doute, ignorants
de ce programme.
Le Président (M. Doyon): Je regrette, M. le
député. J'ai pris...
M. Boulerice: Je vous en remercie. Il y avait peut-être le
risque que j'oublie ce que c'était, moi aussi.
Le Président (M. Doyon): M. le député, j'ai
signalé, pour l'intelligence de nos propos et aux gens qui liraient le
Journal des débats, que je désirais dire ce
qu'était le programme 4, ce que j'ai fait. Et tout commentaire de votre
part est superflu. Procédez!
M. Boulerice: Wo! M. le Président, on n'est pas au
tribunal.
Le Président (M. Doyon): Procédez!
M. Boulerice: Enfin, l'histoire se rappellera de vous et j'en
suis heureux. La ministre...
Le Président (M. Doyon): Vous ne laisserez pas beaucoup de
marques, je peux vous dire ça. Votre marque sera très très
légère. Vous pouvez procéder.
M. Boulerice: Ah! J'en aurai laissé une qui est celle de
ne pas avoir insulté un peuple en ridiculisant son héros
national, vous qui pleuriez tantôt sur des tombes sur lesquelles moi
aussi, j'ai pleuré. Je n'ai jamais insulté le Venezuela,
monsieur, avec son héros national qui était le
général Bolivar. J'aimerais vous le rappeler, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Je pense, M. le
député, que la seule personne que vous ridiculisez actuellement
est vous-même.
M. Boulerice: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Et, puisque vous parlez du
général Bolivar, je vous indiquerai que j'ai toujours
considéré que le général Bolivar avait sa place en
Amérique latine, dans son pays, que c'était un
général qui avait fait de très grandes choses et que,
quand le Venezuela mettra la statue de Laurier, la statue de Papi-neau ou la
statue de René Lévesque à Caracas, nous leur rendrons la
pareille. J'ai toujours considéré que Bolivar, avec tout le
respect que j'ai pour lui, était un président, un directeur
d'exécutif, qu'en tant que tel il n'avait pas sa place devant le palais
de justice et que, en pleine crise, de dépenser 300 000 $ pour
l'installer devant le palais de justice, ce n'était pas le moment. C'est
ce que j'ai dit. Et, là-dessus, j'ai eu l'appui de la population. La
preuve, c'est que j'ai été réélu. La preuve, c'est
que cette chose-là était connue et que la majorité que
j'ai obtenue au lendemain de cette affaire-là a été le
double de celle que j'avais obtenue à l'élection
précédente. Dire que Bolivar a peu d'accointances avec les
Québécois, c'est dire une évidence et si c'est insulter
Bolivar que de dire cette chose-là, c'est tout simplement ne pas savoir
de quoi on parle et que le ridicule que vous voulez faire retomber sur les
autres, M. le député, ne retombe que sur vous, et je vous laisse
la parole maigre tout.
Commission des biens culturels
M. Boulerice: Vaut mieux en rire, sinon on pourrait en pleurer.
M. le Président, vous avez vous-même, tantôt, fait allusion
à un classement. Les avis de classement viennent de la Commission des
biens culturels, vous en convenez avec moi. Alors, le sujet est
forcément d'importance. Je ne sais pas comment on classe dans d'autres
pays, mais ce qui m'intéresse, c'est comment on classe ici. Selon la
Loi, justement, sur les biens culturels, la Commission doit donner son avis au
ministre sur toute question que celui-ci lui réfère. Donc, la
ministre aurait pu référer à la Commission ie point que
vous avez soumis tantôt; je ne sais pas si elle l'a fait. Mais on
remarque que le budget de 1990-1991 est à la baisse de 2,8 % par rapport
à 1989-1990, donc il passe de 371 900 $ à 361 600 $. Alors, la
ministre, ayant tellement parlé de patrimoine - et on voit qu'elle a un
attachement à la préservation du patrimoine - comment peut-elle
justifier, premièrement, cette baisse? Sur quelles questions - et
ça, c'est la première que je vais lui poser - la Commission
a-t-elle joue son rôle d'aviseur en 1989-1990? Vous pourrez nous envoyer
la liste si vous ne l'avez pas.
Mme Robillard: Non, M. le Président, vous savez, de fait,
la Commission des biens culturels a presque trois rôles auprès du
ministre des Affaires culturelles. Elle a d'abord un rôle d'aviseur, un
rôle de conseiller et un rôle d'auditeur, je pense. Dans ce
sens-là, de fait, il y a énormément d'avis qui sont
donnés à la ministre sur différents sujets. Naturellement,
il y a toujours des avis qui sont donnés sur les classements. Il y a des
avis qui peuvent être donnés aussi sur les archives en tant que
telles: par exemple, l'agrément des archives privées qu'on devait
faire ou par rapport à des protocoles d'entente qu'on veut signer avec
des institutions, telle Hydro-Québec, concernant la gestion
documentaire, par rapport à des subventions qui sont
données. Alors, ce sont des multiples avis au cours de l'année,
M. le Président.
M. Boulerice: La Commission a-t-elle des commandes
précises venant de la ministre pour 1990-1991?
Mme Robillard: Alors, il est certain, M. le Président, que
la Commission des biens culturels va être utilisée dans la
politique du patrimoine et dans la politique de la muséologie au
Québec. Elle va être appelée à donner son opinion
sur ces politiques.
M. Boulerice: La Commission va... J'ai bien compris,
là?
Mme Robillard: La Commission...
M. Boulerice: L'écomusée? (22 h 45)
Mme Robillard: Ha, ha! La Commission des biens culturels, comme
je vous l'ai dit, peut aussi d'elle-même décider de regarder
certaines questions qui touchent de près ou de loin le patrimoine.
À cet égard, la Commission en tant que telle va sûrement,
dans la prochaine année, d'abord s'attaquer à son mandat premier,
mais aussi s'occuper, comme je l'ai dit tantôt, de la publication du
deuxième tome des "Chemins de la mémoire" et, en plus, faire une
réflexion sur un nouveau concept qui est en train de se
développer au Québec, qui s'appelle l'"économusée",
et de voir la distinction entre l'"économusée",
l'écomusée et le musée. La Commission pourra
sûrement nous faire des recommandations dans ce domaine.
M. Boulerice: Mme la ministre va voir que le porte-parole de
l'Opposition a de la suite dans les idées. Votre
prédécesseure, à moins que je n'aie pas été
informé, est restée sourde à cinq appels
consécutifs. Je me vois même dans l'obligation d'adresser un
blâme à une compatriote. J'ai, à chacun des engagements,
à chacune des études des crédits du ministère, fait
état - M. le sous-ministre va vous le dire - de cette magnifique
collection de livres anciens qui est actuellement au cégep de Joliette,
qui est en train de dépérir. Madame, relisez la transcription des
débats de toutes les études des crédits, je vous ai
suppliés d'aller sauver ce trésor. Personne ne l'a fait.
Naturellement, je n'ai pas les moyens de l'acheter. Dieu seul sait que, si je
les avais, ce serait la première chose que je ferais. Est-ce qu'on ne
pourrait pas confier immédiatement à la Commission la tâche
d'aller voir ce qui se passe au collège de Joliette avec cette
extraordinaire collection qui a été ramassée par le
père Laroche, conservée avec amour, mais qui est dans un
état incroyable? Que la Commission y aille. Voilà une commande
précise qu'on devrait peut-être lui donner.
Mme Robillard: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au député de Sainte-Marie-Saint-Jacques si le
collège de Joliette comme tel a fait une demande à mon
ministère ou à la Commission?
Le Président (M. Doyon): Vous pouvez demander ça,
Mme la ministre, oui.
M. Boulerice: Je ne sais pas. Je ne sais pas s'ils l'ont fait,
mais, comme c'est mon alma mater, et on ne peut pas me le reprocher, et que je
sais que c'est une magnifique collection - je vous le dis tout bonnement,
étant collectionneur moi-même, je suis en mesure
d'apprécier modestement ce qu'il y a - il y a un trésor
là, madame, et c'est dans une salle qui nous servait de vestiaire quand
j'étais collégien et qu'on allait jouer au hockey. Alors, vous
vous imaginez. Et des livres du XVIIe et même du XVIe siècle sont
là.
Mme Robillard: M. le Président, j'aimerais demander au
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques... Je n'ai aucune objection
à ce que la Commission des biens culturels ou peut-être les
Archives nationales, dépendamment du type de documents auxquels on se
réfère présentement... Il faudrait regarder de qui c'est
le mandat. Je n'ai aucune objection, un peu comme le député de
Saint-Hyacinthe, tantôt, le mentionnait pour le séminaire de
Saint-Hyacinthe, à ce qu'il y ait une collaboration avec le
ministère des Affaires culturelles, mais il faut absolument, avant que
le ministère s'implique, que le collège lui-même soit
d'accord avec notre implication.
M. Boulerice: Alors, madame...
Mme Robillard: Je demanderais peut-être que le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, vraiment, s'informe
auprès des autorités du collège et, s'il y a un accord de
principe des autorités du collège, ça nous fera plaisir de
collaborer pour regarder de quoi il s'agit.
M. Boulerice: Si vous voulez me confier un rôle de
sous-ministre, madame, ce n'est pas l'ardeur de la tâche qui va me faire
reculer, sauf que j'aurais bien aimé qu'on mandate quelqu'un
spécifiquement dans votre ministère pour aller s'occuper de ce
dossier.
Mme Robillard: Mais non...
M. Boulerice: Je vais téléphoner aucollège de Joliette demain pour leur demander s'ils sont d'accord
que le ministère aille voir ce qu'il y a là. Je remplirai, comme
je vous le disais, mon rôle de ministre de coeur des Affaires
culturelles.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, je considère qu'il
s'agit là d'un rôle de député et même si ce
n'est pas son comté, ça semble être son comté de
coeur.
M. Boulerice: Oh oui! Ha, ha, ha!
Mme Robillard: Alors, plusieurs de mes collègues, tout au
cours de l'année, font des démarches auprès de moi pour
répondre aux besoins de leur comté, et ce n'est pas un travail de
sous-mlnistre, c'est vraiment un travail de député que de
répondre aux besoins des organismes de sa circonscription. Si M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques veut se donner cette peine
pour son aima mater, ça nous fera plaisir de lui répondre.
M. Boulerice: Sauf qu'à chaque fois que j'en faisais
état, votre sous-ministre opinait toujours de la tête en disant:
Oui, c'est un sujet très intéressant, et j'attendais toujours que
le ministère agisse.
Mme Robillard: M. le Président, nous attendrons la demande
du député de coeur de Joliette dans ce dossier.
Le Président (M. Doyon): Je ne crois pas que vous puissiez
faire plus, Mme la ministre.
M. Boulerice: Ah oui, elle va faire plus après, elle va
classer, M. le Président.
Mme Robillard: Ah!
Institut québécois de recherche sur la
culture
M. Boulerice: J'en suis persuadé, quand elle va avoir
l'évaluation de cette richesse extraordinaire. Nous sommes à
l'IQRC. Le budget est augmenté de 5,1 %. Les discussions étaient
interrompues l'an dernier. Il semble que le processus soit repris et je le
sais, parce que vous m'en avez informé personnellement, que vous avez
demandé au professeur Dumont de continuer d'assumer la présidence
de l'Institut. Il y a des questions que j'aimerais vous poser. Quels sont les
effectifs de l'Institut pour 1989-1990 et 1990-1991, parce que ces informations
n'apparaissent pas au cahier explicatif?
Mme Robillard: M. le Président, comme vous le notez pour
la majorité de nos organismes d'État, pour la
Société de la Place des Arts, pour la Société du
Grand Théâtre, comme ces effectifs ne font pas partie des
effectifs du ministère et ne sont pas notés au niveau des
crédits... Il est noté strictement le budget global de
l'organisme. Maintenant, en regard de l'Institut québécois de
recherche sur la culture, il faut noter, M. le Président,
qu'au-delà du personnel permanent de l'Institut, comme c'est un institut
de recherche, il fonctionne beaucoup à contrat au niveau des recherches.
Alors, M. le Président, voilà l'état de la situation pour
l'ensemble de nos organismes. Il s'agit ici de discuter des budgets
globaux.
M. Boulerice: Mais, par contre, je vous le rappelle, Mme la
ministre, dans les demandes générales de l'Opposition auxquelles
vous êtes tenue de répondre, il n'y a pas eu de réponse
quant aux organismes et sociétés en termes d'organigramme,
publication, contrat, etc.
Mme Robillard: M. le Président, si nous avons omis de
répondre à une seule question, nous allons nous empresser de le
faire dans les semaines qui viennent.
M. Boulerice: Plusieurs questions, malheureusement, Mme la
ministre.
Mme Robillard: Plusieurs?
M. Boulerice: Pour toutes les sociétés. Nous avons
demandé l'organigramme du ministère ou de l'organisme - donc,
tous les organismes - les publications régulières du
ministère et de tous les organismes - tous les autres ministères
d'ailleurs, entre parenthèses, l'ont fait - la liste des voyages hors
Québec depuis le 1er avril 1989, la liste des dépenses en
publicité, la liste des sondages effectués durant l'exercice
financier 1989-1990 à la demande des ministères, organismes,
sociétés, régies et commissions qui s'y rattachent - bon,
on a eu celui-ci et je vous en suis reconnaissant; j'ai l'impression que
ça va être un document très intéressant à
lire - la liste des contrats de moins de 25 000 $... Enfin, écoutez, il
y en a, il y en a, il y en a. Ça ne s'adresse peut-être pas tout
à vous, mais il y en avait au moins 21. Le nombre total
d'employés du cabinet...
Mme Robillard: M. le Président...
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: ...de fait, tous les organismes dont le budget
n'est pas voté de façon spécifique par l'Assemblée
nationale, nous n'avons pas pensé que vous vouliez les avoir en
détail. Mais si vous voulez avoir l'ensemble de ces
réponses...
M. Boulerice: Tous les organismes qui apparaissent sous la
rubrique "ministre": Commission de reconnaissance des associations d'artistes,
Société générale des industries culturelles,
Institut québécois du cinéma, Régie du
cinéma,
Commission des biens culturels, Institut québécois de
recherche sur la culture, Musée du Québec, Musée de la
civilisation, Musée d'art contemporain, Société du Grand
Théâtre de Québec, Société de la Place des
Arts, Bibliothèque nationale. Enfin, là, je comprends que vous ne
pourrez pas les fournir ce soir, mais...
Mme Robillard: M. le Président, je vais regarder ça
avec mes sous-ministres. On me dit que c'était la pratique par rapport
aux autres ministères, que les organismes dont le budget n'était
pas voté par l'Assemblée nationale, que ces détails de
chacun des organismes n'étaient pas fournis, que c'était la
pratique pour l'ensemble des ministères.
M. Boulerice: C'a été remis par tous les autres
ministères cette année. Je suis certain que vous ne voulez pas
faire exception. C'est parce qu'ils apparaissent au cahier.
Mme Robillard: M. le Président, si vous voulez, on va
prendre le volume 1. Commission des biens culturels. Ce n'est pas ça que
vous avez?
M. Boulerice: C'est "Questions particulières". On ne l'a
pas, madame. C'est "Réponses aux demandes générales".
Mme Robillard: Nous allons vous le fournir, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Très bien, Mme la
ministre. Merci.
M. Boulerice: Alors, pour revenir à l'IQRC, Mme la
ministre.
Mme Robillard: Oui.
M. Boulerice: Le professeur Dumont, qui est sans aucun doute un
des intellectuels les plus célébrés de la francophonie, a
accepté la prolongation de présidence, mais, au-delà de
ça, est-ce que vous pouvez nous faire part de vos intentions quant
à l'avenir de PIQRC?
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: Est-ce que je pourrais demander au
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques d'être plus
précis? Je pense que l'Institut joue un rôle, que son budget est
reconduit pour l'année prochaine.
M. Boulerice: Je sais bien, c'est parce que... Je vais refaire un
peu l'historique, si vous le permettez. L'Institut québécois de
recherche sur la culture est un organisme autonome, relevant directement. Votre
prédécesseure a déposé un projet de loi sur l'IQRC,
un projet de loi quant à son financement. Là, est arrivée
aussi discussion concernant une modification éventuelle de son statut
entre le ministère des Affaires culturelles et le ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Science. L'Université Laval
avait montré son intérêt d'établir un lien
d'association plus étroit avec l'Institut et le ministère devait
être en mesure d'annoncer ses intentions en ce qui a trait à
l'avenir de l'Institut dans l'option du maintien et de l'importance qu'il
accorde à ce secteur d'activité. Quelles sont vos intentions?
C'est à la page 125, dans votre cahier.
Mme Robillard: M. le Président, de fait, il y a eu des
discussions que j'ai reprises moi-même avec M. Dumont, le
président actuel de l'Institut, concernant son statut. Vous n'êtes
pas sans savoir qu'il s'agit ici d'un institut de recherche et qu'on pense
souvent que les centres de recherche doivent être très près
des centres universitaires. Dans ce sens-là, M. le Président, je
continue le dialogue avec mon collègue, le ministre de l'Enseignement
supérieur, pour voir si le mandat de l'Institut québécois
de recherche sur fa culture aurait avantage à être plus
près du réseau universitaire. (23 heures)
M. Boulerice: L'Université Laval maintient toujours...
Mme Robillard: J'écoute, M. le Président.
J'écoute M. le député.
M. Boulerice: Bon. Alors, vous avez dit que vous aviez des
discussions avec votre collègue de l'Enseignement supérieur, mais
qu'est-ce qui le freine, lui? Parce qu'il n'y a pas d'entente à date. Le
statut de l'IQRC est encore ambigu.
Mme Robillard: Non, à l'heure où on se parle, M. le
Président, le statut de l'Institut n'est pas ambigu; il relève de
la ministre des Affaires culturelles au moment où on se parle.
M. Boulerice: Oui, mais qui n'en veut plus, là. Enfin,
l'ancienne.
Mme Robillard: Non, la ministre des Affaires culturelles actuelle
est en train de regarder, avec M. Dumont lui-même si le mandat de
l'Institut colle vraiment bien à la mission du ministère des
Affaires culturelles, et si c'est le meilleur endroit pour que cet Institut se
développe au maximum.
M. Boulerice: Vous parlez de sa "filiation" avec le
ministère ou de son association avec l'université?
Mme Robillard: De son affiliation avec la ministre.
M. Boulerice: Vous vous interrogez si c'est pour l'Institut un
bon compagnonnage d'être avec la ministre.
Mme Robillard: Je m'interroge sur le fait que l'Institut a,
d'abord et avant tout, un mandat de recherche et qu'habituellement les centres
de recherche sont près des réseaux universitaires, et c'est aussi
l'interrogation qui est soulevée par M. Dumont. Et, dans ce
contexte-là, je regarde si l'Institut doit demeurer où il est
présentement, à savoir relever de la ministre des Affaires
culturelles. Mais, entre-temps, M. le Président, l'Institut continue son
mandat, ses recherches qu'il a faites d'ailleurs depuis dix ans avec une
excellence remarquable, et je ne pense pas que cette remise en question de
l'affiliation de l'Institut touche en quoi que ce soit à la
qualité des travaux qui se font présentement à l'Institut.
Et, comme vous le voyez, le budget est reconduit pour l'année
prochaine.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre.
M. Boulerice: Un petit moment, je vous prie, M. le
Président. L'Institut, par contre, avait certaines réticences au
niveau de l'association avec l'université - et l'Opposition l'avait
exprimé - quant au niveau de son autonomie, et surtout son autonomie
financière, en se disant: L'université pourrait, si les balises
ne sont pas très bien tracées, réduire le budget comme tel
quant à la recherche propre au niveau de la culture. Est-ce que vous en
avez discuté de nouveau avec le professeur Dumont?
Mme Robillard: C'est très clair qu'à l'Institut,
comme pour tout centre de recherche, il faut garder une marge d'autonomie
importante, au niveau d'un centre de recherche ou d'un institut, en
matière de financement, oui, mais en matière de programmation au
niveau de sa recherche. Alors, il est très clair que la question de
l'autonomie de l'Institut est une question importante pour qu'il puisse
continuer sa mission.
M. Boulerice: Alors, quand vous me dites, Mme la ministre, que
vous vous interrogez, à savoir si la meilleure filiation est de relever
directement du ministère - et là, rassurez-vous, ce n'est pas une
question piège que je vous tends, parce que je pense que l'Institut
québécois de recherche sur la culture est vraiment un très
beau fleuron qu'on a au Québec - est-ce que ça veut dire que,
quant à vous, vous êtes quand même en réflexion, en
interrogation, à savoir: Est-ce que l'université aussi, ce serait
le meilleur endroit ou s'il n'y aurait peut-être pas une autre
hypothèse possible?
Mme Robillard: Vous n'êtes pas sans savoir,
M. le Président, que le mandat comme tel de l'Institut et tous
les volets des recherches présentement débordent de beaucoup la
mission des Affaires culturelles, et avec raison, je pense, pour toucher
à tous les aspects socioculturels de notre société, au
sens large du terme. Et je pourrais vous dire que si on regarde la mission des
ministères, l'Institut couvre le champs d'Intervention de plusieurs
ministères au gouvernement et pas seulement du ministère des
Affaires culturelles. Je pense, par exemple, à tout le champ de
recherche en matière d'intégration sociale des immigrants.
L'Institut accorde une attention très particulière au volet de
toutes les valeurs sociofamiliales, présentement, dans notre
société. Alors, vous voyez, ça déborde beaucoup les
affaires culturelles, ça peut englober le champ de l'immigration, le
champ de la famille, etc., le champ d'éducation... Alors, dans ce
sens-là, on essaie de voir à ce que l'Institut soit bien
positionné au niveau du gouvernement, pour remplir très bien son
rôle. Ça peut être le ministère des Affaires
culturelles, comme ça peut être le ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science, comme ça peut être le milieu
universitaire.
M. Boulerice: Je pense que ma collègue, la
députée de Chicoutiml, a une sous-question à ce
niveau-là, puisqu'on a beaucoup travaillé sur le dossier
ensemble.
Le Président (M. Doyon): II faut demander la parole au
président, Mme la députée.
M. Boulerice: Elle ne manquera pas de le faire.
Mme Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Oui, vous avez la parole.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. J'apprécie,
d'autant que je ne suis pas membre de la commission. Ça m'étonne,
je dois dire, de voir apparaître sur la table cette remise en question du
rattachement de l'Institut québécois de recherche sur la culture.
Je dois vous dire, en toute simplicité, que l'idée que vous
puissez remettre en question son rattachement en raison des explications que
vous donnez - on ne peut pas éparpiller l'Institut entre cinq
ministères - il ne serait pas, à mon humble avis, mieux
rattaché auprès d'un organisme d'éducation que je connais
bien, que je respecte, parce qu'il faut qu'il ait toute cette latitude qu'il a
actuellement et, en même temps, il m'a toujours semblé que
c'était l'espèce de joyau du ministère des Affaires
culturelles qui, par le biais de l'Institut québécois de
recherche sur la culture, se donnait une fenêtre sur tout le
développement social du Québec.
C'est vrai que l'Institut a fait des recherches sur la formation
professionnelle, sur les métiers, sur les régions. Il a fait une
gamme de recherches fort pertinentes, mais dans des secteurs extrêmement
variés. Je m'étais réjouie du fait que votre
prédécesseure, précisément, avait pris la
décision de le conserver, en dépit des transactions, à un
moment donné, qui avait eu lieu entre elle et le ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science pour rattacher cet institut...
à l'époque, on parlait de l'Université Laval. Moi, je
pense que le statut actuel de l'Institut québécois de recherche
sur la culture, c'est vraiment au ministère qu'il doit être. Moi,
je vous dirais que si jamais j'étais ministre des Affaires culturelles,
jamais II ne serait question de m'enlever l'Institut, parce que même
à la limite, il y a possibilité de sensibiliser votre institut
à des objets de recherche possibles, sans que ce soit de
l'ingérence.
Je comprends difficilement, j'avais félicité Mme la
vice-première ministre de cette décision, alors je
m'étonne qu'à nouveau ça revienne, ça refasse
surface. Si une telle décision devait être prise, il m'avait
toujours semblé que le meilleur rattachement serait à l'UQ,
à l'Université du Québec et non pas à
l'Université Laval, pour toutes sortes de raisons, le fait que
l'Université du Québec a des constituantes un peu partout au
Québec, qu'elle est mieux ancrée dans la tradition
québécoise, c'est-à-dire des universités du
Québec, mieux enracinée dans le Québec rural II me
semblait que le meilleur rattachement aurait été l'UQ, c'est une
opinion personnelle, mais je vous dis juste ça, parce que je ne peux pas
résister à l'idée de faire des remarques là-dessus
tant, pour moi, l'Institut est un joyau. Ça a été une
bonne décision de le rattacher au ministère des Affaires
culturelles, à mon avis. Puis, à nouveau questionner cette
idée-là, ça amène toujours une certaine
insécurité, qu'on le veuille ou non. Ça fait longtemps que
je n'ai pas vu M. Dumont, pour lequel j'ai beaucoup d'admiration. J'imagine que
son mandat va prendre fin à un moment donné, là. Il a
été reconduit? Alors, écoutez, c'était simplement
les commentaires que ça me suggérait. Je ne voudrais pas vous
retenir indûment là-dessus, parce que je sais que mon
collègue a encore plusieurs autres questions, et mol j'en avais deux.
Mais c'est tout à fait par hasard...
Mme Robillard: Si vous permettez, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: Si vous me permettez, M. le Président, ce
que je veux dire, d'abord, le mandat de M. Dumont...
Mme Blackburn: M. Dumont
Mme Robillard: ...est déjà terminé et il a
accepté temporairement, en attente de la nomination de quelqu'un
d'autre, d'assumer les fonctions. Par ailleurs, je peux vous dire que, oui,
comme ministre des Affaires culturelles, quand je suis arrivée au
ministère et que j'ai vu que l'Institut relevait directement du ministre
des Affaires culturelles, j'ai eu la réaction que vous avez aujourd'hui.
Cependant, dès mes premières rencontres avec M. Dumont, M. Dumont
lui-même me mettait sur la table toute une argumentation pour dire: Mme
la ministre, il faudrait réfléchir à ça à
nouveau. Alors, c'est donc avec M. Dumont que je réfléchis
à cette question. Mais sachez que si jamais il y a un changement
d'affiliation, ce sera vraiment pour permettre à l'Institut de jouer
encore plus son rôle, mais surtout de garder son autonomie, comme vous le
dites aujourd'hui.
Mme Blackburn: Pour ne pas devenir trop universitaire.
Mme Robillard: Oui.
Le Président (M. Doyon): Mme la députée.
Mme Blackburn: Merci. Deux brèves questions: La
première, on m'a appris que, selon des informations, un
redéploiement des budgets au poste équipements dans les
régions aurait entraîné une diminution des budgets
consacrés aux équipements. Dans la région du Saguenay,
c'est de l'ordre de 10 000 $. C'est un petit budget, c'est sur 50 000 $. Et on
me dit: La Côte-Nord, c'est 15 000 $ de moins. Est-ce que c'est juste et
qu'est-ce qui justifie un redéploiement qui viendrait pénaliser
les régions?
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, est-ce que vous permettez
qu'on revienne sur un programme qui a été déjà
voté?
Le Président (M. Doyon): Oui, je pense qu'on peut le faire
compte tenu des circonstances, à moins que vous n'ayez pas les
renseignements sous la main et que ça crée des embêtements,
mais je pense qu'il est de tradition de pouvoir le faire, même s'il a
déjà été voté, pour accommoder les
députés.
Mme Robillard: Malheureusement, M. le Président, on n'a
pas l'ensemble des données. On m'a dit qu'on a
rééquilibré, de fait, selon (es régions du
Québec. Mais on n'a pas la répartition ici par région pour
que je puisse répondre de façon spécifique à Mme la
députée.
Le Président (M. Doyon): Vous pourrez la faire
parvenir.
Mme Robillard: On peut lui faire parvenir l'information de
façon spécifique.
Mme Blackburn: Est-ce que vous pourriez nous envoyer un portrait
plus global de toutes les régions du Québec, les budgets qu'elles
avalent tes deux dernières année» et celui qui est
prévu pour cette année et comment ça s'est
redistribué? Parce que dans les équipements, surtout à
Chicoutimi, on est tellement pauvres en équipement culturel que
ça doit être ça qui favorise l'éclosion des talents,
ce doit être les carences en équipement. L'autre question: il y a
une demande de subvention qui vous a été adressée et qui
émane des Amis de Chiffon inc.
Une voix: Les Amis de Chiffon? Mme Blackburn: Oui. Une
voix:...
Mme Blackburn: Bien, ça les intéresse, ce type
d'épicerie là, chez nous. C'est avec ça qu'ils vivent. Les
Amis de Chiffon. Alors, c'est une petite troupe de théâtre qui a
ouvert une école chez nous qui reçoit des jeunes, c'est les
marionnettistes, et qui font un travail absolument remarquable. Alors, on vous
a fait tenir un document qui est assez important, j'imagine.
Une voix:...
Mme Blackburn: Non, ministère des Affaires culturelles,
demande de subvention présentée par... Alors, des projets...
Donc, vous n'êtes pas informés de cette demande-là?
Mme Robillard: M. le Président, est-ce que Mme la
députée pourrait nous spécifier quand la demande a
été déposée?
Le Président (M. Doyon): Mme la députée.
Mme Blackburn: Oui. La représentation a été
faite chez moi le 18 mal et à la direction régionale des affaires
culturelles, Chicoutimi, le 10 mai.
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: Alors, vous voyez, M. le Président, je peux
présumer que cette demande a été déposée
à la direction régionale et si elle correspondait à nos
critères d'admissibilité à nos programmes, elle est
acheminée à nos jurys de sélection. Comme je l'expliquais
tantôt, ce sont des jurys de sélection formés de pairs, de
gens du milieu du théâtre qui évaluent chacune des
demandes. Et ces jurys se tiennent présentement au moment où on
se parle.
Mme Blackburn: La décision devrait être rendue
quand?
Mme Robillard: Ça veut dire qu'on devrait recevoir
l'évaluation de l'ensemble. On peut parler d'un mois, un mois et demi
pour la réponse. (23 h 15)
Mme Blackburn: Un mois, un mois et demi. Ça veut dire
d'ici le début de juillet. Le début juillet?
Mme Robillard: Oui.
Mme Blackburn: Je peux vous demander: Comme c'est un
comité de sélection entre pairs, est-ce que toutes les
décisions du comité de sélection sont automatiquement
entérinées par ia ministre?
Mme Robillard: Ah oui! Je dois vous dire que les jurys de
sélection que nous avons présentement sont vraiment les mieux
placés pour évaluer la qualité des projets qui nous sont
soumis et ils fonctionnent aussi par cotes qui sont données à
l'ensemble. Alors, parfois, dans certains domaines, on peut avoir des gens qui
ont eu quand même une bonne cote du comité du jury de
sélection, mais le budget est de tant. Alors, on prend les premiers qui
ont reçu la plus haute cote. Mais je peux vous dire que c'est suivi
fidèlement.
Mme Blackburn: Est-ce qu'il y a des enveloppes
réservées pour chacune des régions?
Mme Robillard: Oui, selon les secteurs d'activité. Il y a
des enveloppes pour l'intervention régionale en tant que telle. Il faut
regarder dans quel programme se situe ce dossier-là de façon
particulière, comme il y a des enveloppes globales en matière de
théâtre aussi.
Mme Blackburn: Et c'est régional. Ça veut dire que
ce n'est pas parce que vous avez plus de projets qui émanent d'une
région que d'une autre qu'il y a un glissement là?
Mme Robillard: Non.
Mme Blackburn: Bien. Je vous remercie.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la
députée.
Institut québécois du
cinéma
M. Boulerice: ...cher collègue. Programme 4,
élément 3, Cinéma. Bien, c'est Claude Nougaro qui va avoir
raison à l'heure qu'il est sur "L'écran noir de nos nuits
blanches". Ha, ha, ha! J'aimerais savoir quand l'étude qui est
complétée par l'Institut va être disponible pour
consultation? Sur l'article 83.
Mme Robillard: M. le...
M. Boulerice: Une autre question, je m'excuse. Je pense qu'on a
une question au feuilleton là-dessus depuis fort longtemps.
Mme Robillard: Alors, M. le Président, de fait, j'ai
reçu - c'est un rapport à la ministre - les recommandations de
l'institut québécois du cinéma sur l'article 83. Mais
comme vous le savez, j'ai entrepris une réflexion globale sur l'ensemble
du secteur du cinéma dans ses différentes dimensions et non
seulement pour l'article 83. Vous savez tous, l'article 83, c'est pour la place
du français à l'écran. Alors, cet article pose
problème dans la législation actuelle, mais il y a beaucoup
d'autres articles qui posent problème. Je pense au secteur de la
production, au secteur de la distribution, à tout le secteur de la
vidéo. Donc, M. le Président, j'entends aller avec une
réflexion en profondeur sur les différents aspects de l'industrie
cinématographique au Québec et arriver avec un document de
consultation et un projet de loi à l'automne dans ce domaine-là.
Et, donc, la décision concernant l'article 83 sera prise à
même cette réflexion globale qui sera faite sur le domaine du
cinéma.
M. le Président, si vous permettez, je vais profiter de
l'occasion, par ailleurs, pour vous dire que l'Institut, dernièrement, a
procédé à des audiences publiques en matière de
classement des films et de permis d'exploitation. Cette fois-là, le
rapport est public et il sera déposé demain officiellement ou
connu publiquement. C'est l'Institut québécois du cinéma
qui le fera reconnaître demain. Donc, en avant-première, M. le
Président, ça me fait plaisir de le déposer aujourd'hui.
Il s'agit du comité d'audiences sur les permis d'exploitation de lieux
de présentation de films en public et du comité d'audiences sur
le classement des films, ces deux rapports sont datés de mai 1990; M. le
Président, si vous permettez.
Le Président (M. Doyon): Donc, ces deux rapports sont
déposés à la commission.
Mme Robillard: Ça me fait plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre.
M. Bouierice: Vous me gâtez, madame, ce soir.
Mme Robillard: Vous n'en doutez point, M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Pardon? Ah! Je croyais qu'on nous l'avait
donné en double!
Mme Robillard: Un sur le classement...
M. Boulerice: Ah, oui! Le comité d'audiences, O.K. et les
permis d'exploitation, d'accord.
Mme Robillard: Un sur le classement des films, et un sur les
permis d'exploitation.
M. Boulerice: Ouf! Vaste programme, aurait dit le
général. Doublage. Il n'y a rien dans le cahier au niveau du
doublage, alors... Puisqu'on fait souvent référence, puisque
c'est la commission de la culture, soit à des livres, des films ou des
chansons, alors je dirais: Quoi de neuf, Mme la marquise - c'est une vieille
chanson des années 30 - dans le dossier du doublage?
Mme Robillard: M. le Président, si M. le
député réfère à la problématique du
doublage avec la France...
M. Boulerice: C'est ça, oui.
Mme Robillard: ...de façon spécifique, dans ce
dossier avec la France, au moment où on se parle, il n'y a aucun
avancement de dossier. D'ailleurs, II n'y a pas de négociations sur le
dossier, sauf que vous savez que la France a changé son règlement
concernant les films canadiens. Les films canadiens qui sont doublés au
Québec peuvent maintenant être diffusés en France. Mais
suite à de nombreuses représentations qui ont été
faites dans ce dossier et, nous devons l'avouer, suite au manque de
résultats de ces négociations-là, je pense qu'on doit se
tourner vers une solution au Québec. Dans ce sens, M. le
Président, dans les réflexions que nous faisons sur le
cinéma, j'entends mettre de l'avant des mesures pour favoriser le
doublage au Québec.
M. Boulerice: Est-ce que... Bon, dans ce dossier, ma position
était très claire et je l'ai fait connaître à votre
prédécesseure, vous pouvez compter sur l'appui inconditionnel de
l'Opposition. Ça, c'est très clair. Maintenant, vous dites qu'il
n'y a rien, c'est mort, qu'il n'y a pas de négociations de quelque
nature que ce soit... Ça veut dire que vous n'avez pas pris de contact
de quelque manière que ce soit avec votre homologue en France, le
ministre de la Culture, de la Communication, des Grands Travaux, enfin, son
titre est long, notre ami Jack Lang...
Mme Robillard: Non, M. le Président, à date je n'ai
pas eu de conversation sur le sujet avec mon homologue. S'il accompagne M.
Rocard cette année au Québec, peut-être que nous aurons
l'occasion d'examiner ensemble cette question. Mais, M. le Président, je
privilégie avant tout d'essayer de voir: Est-ce qu'il n'y a pas une
solution à partir du Québec qui serait possible?
M. Boulerice: Bien, l'Union des artistes s'est retournée
vers le gouvernement fédéral et a demandé, pour parler en
bon français, de rendre la monnaie de la pièce, servir la
même médecine, imposer des quotas. Qu'est-ce que vous en pensez,
de ces mesures-là, vous? Seriez-vous favorable?
Mme Robillard: M. le Président, on parle bien de quotas,
présentement, là?
M. Boulerice: Oui, c'est ça...
Mm» Robillard: Est-ce qu'on parle du...
M. Boulerice: C'est ça, c'est ça, l'Union des
artistes...
Mme Robillard: Est-ce qu'on parle des quotas qui sont
donnés...
M. Boulerice: Oui, oui, oui.
Mme Robillard: ...pour la télévision?
M. Boulerice: Oui, oui, puis le CRTC a répondu que lui
prône les mesures incitatives.
Mme Robillard: Alors, M. le Président, les quotas,
vraiment, sont du mandat du CRTC, si je comprends bien, pour la
télévision.
M. Boulerice: Je sais bien, mais vous, qu'est-ce que vous en
pensez? Étiez-vous d'accord avec cette proposition de l'Union des
artistes?
Mme Robillard: M. le Président, on peut toujours examiner
la question des quotas et voir s'il ne peut pas y avoir, de ce
côté-là, une solution. Mais est-ce la meilleure solution en
matière culturelle, et je dirais pour le secteur spécifique du
cinéma? Et je peux vous dire que, présentement, je suis en
pourparlers réguliers avec les gens de l'industrie
cinématographique. Et pour toute la question du doublage des films au
Québec, il y a des suggestions qui me sont faites, présentement,
qui sont fort pertinentes et qui sont à l'étude, au sein du
ministère. Alors sûrement que d'ici une couple de mois, je vais
avoir l'occasion, avec M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, de discuter en profondeur de ce dossier et voir la
meilleure marche à prendre pour le Québec, pour favoriser
vraiment l'industrie du doublage au Québec, parce que c'est l'objectif
qu'on poursuit.
M. Boulerice: Je vous offre de nouveau, madame, dans ce dossier
ma plus entière collaboration. Et en espérant que M. le premier
ministre du Québec, même si M. le premier ministre de France vient
seul, puisse quand même aborder le sujet.
Je vais étonner votre sous-ministre, et j'ose espérer
qu'il ne fera pas de syncope. Je ne parlerai pas du Musée d'art
contemporain.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Je vois dans ses yeux la cruelle déception
que je lui cause, mais enfin, que voulez-vous, la vie étant ce qu'elle
est.
La SOGIC. Vous savez que j'ai horreur...
M. Messier: M. le Président, juste une petite
question...
Le Président (M. Doyon): Oui, M. le député
de Saint-Hyacinthe, vous avez la parole.
M. Boulerice: Allez-y, cher ami. M. Messier: Mme la ministre. Mme
Robillard: Oui.
M. Messier: En passant toujours par la présidence, il y a
combien de films américains traduits, ici, au Québec? Et quelle
est la masse salariale que ça représente à nos artistes
québécois? Est-ce que c'est une manne ou si c'est marginal
comme...
Une voix: C'est malheureusement marginal. Le Président (M.
Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: M le Président, il faudrait que je
consulte. Nous avons un rapport de la Régie du cinéma qui nous
donne très bien toutes ces données statistiques-là.
Malheureusement, nous ne l'avons pas avec nous aujourd'hui. Ça me fera
un très grand plaisir de faire parvenir ça au
député de Saint-Hyacinthe, et je suis heureuse de constater son
intérêt pour le domaine cinématographique.
M. Messier: On a déjà été la capitale
du cinéma, à Saint-Hyacinthe. Pendant la dernière guerre
mondiale on était le Hollywood québécois. Je vous enverrai
un livre là-dessus, Mme la ministre.
Une voix: Du western.
M. Messier: Non, ce n'était pas l'ONF, ce n'était
pas nécessairement western.
M. Boulerice: Si c'est malheureusement marginal, cher
collègue, en termes de retombées, c'est extrêmement
lucratif pour les comédiens et les comédiennes. C'est ça
qui est épouvantable.
M. Messier: Oui, j'en connais personnellement qui font
énormément d'argent avec ça.
C'est pour ça que je pensais que c'était
généralisé. Mais si on me dit que c'est marginal,
j'aimerais ça avoir les données, là.
Le Président (M. Doyon): M. le député
d'Anjou, vous avez une autre question là-dessus.
M. Larouche: Bien, c'était sur la question du doublage. Je
ne sais pas si c'est fini. Est-ce que je peux poser une question?
Le Président (M. Doyon): Bien sûr.
M. Larouche: II doit y avoir un contentieux, à quelque
part, quel est le point, en une minute, juste une minute - je ne peux pas avoir
la vie, je sais un peu ce qui se passe - mais le dernier point, s'il y avait un
genre de Meech, là, c'est quoi le point, là?
Mme Robillard: M. le Président, il s'agit de l'approche,
je dirais, que je pourrais qualifier de très protectionniste de la
France...
Une voix: C'est ça, une approche coloniale.
Mme Robillard: ...à savoir que les films doivent
être doublés en France pour être projetés en France.
Ça veut dire que si nous avons un film, par exemple prenons un film
américain qui a été doublé au Québec, parce
que ça existe, avec les artistes du Québec, ce film-là ne
pourra pas être projeté sur les écrans de cinéma, en
France, à moins d'avoir un autre doublage qui va être fait
là-bas, par des acteurs français. (23 h 30)
M. Larouche: C'est plus du protectionnisme.
M. Boulerice: C'est américain, ça.
Le Président (M. Doyon): C'est à peu près
ça.
M. Larouche: Ça éclaire ma lanterne.
M. Boulerice: Est-ce que je me trompe en ajoutant que ça
va pire que ça. Un film qui est une coproduction dans laquelle
Téléfilms Canada investit, donc qui est notre argent, ne peut pas
être doublé par nous. S'il est doublé par nous, cela ne
passe pas également. À moins que ça ait été
modifié récemment, mais c'était le cas, je crois. L'odieux
était poussé jusque là.
Mme Robillard: C'est ce qui vient d'être
réglé récemment, M. le Président.
M. Boulerice: Bon, O.K. Il me semblait que ça avait
été réglé. Mais ça a été,
à un moment donné, ça faisait également partie du
décor. Là, c'était l'injure à l'insulte, hein!
M. Larouche: C'est presque scandaleux.
M. Boulerice: Pardon?
M. Larouche: J'ai dit: C'est presque scandaleux.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: C'est une façon de l'exprimer.
M. Messier: Est-ce que la délégation du
Québec à Paris fait des représentations ou même, je
ne le sais pas, peut-être que le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques... Je sais que le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques a fait des reproches au délégué
culturel là-bas, à la délégation, mais je ne
connais pas cette personne-là. Mais sachant que notre
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques a beaucoup d'amis
députés français, sinon le premier ministre Rocard, est-ce
qu'il y a des représentations qui sont faites - le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques peut en faire via son ami, M. Rocard - via la
délégation ou via d'autres députés qui ont des
liens? Il y a quand même des groupements, soit l'AIPLF, l'Association
internationale des parlementaires de langue française. Vous avez
Amitié Québec-France. En tout cas, il y a des réseaux qui
ne sont peut-être pas officiels mais officieux. C'est quoi les
représentations qui sont faites à nos amis français?
Le Président (M. Doyon): Mme la ministre.
Mme Robillard: De fait, M. le Président, c'est un dossier
qui est suivi de près par notre délégation du
Québec en France. Mais à l'heure où on se parle, il y a de
nombreuses représentations qui ont été faites et qui n'ont
pas abouti et, ça, c'est dû, je dirais, à la force des
syndicats français dans le dossier. Alors, c'est un dossier qui est dans
un cul-de-sac présentement dans les négociations avec la France.
Alors, au lieu de continuer cette bataille avec la France, nous sommes en train
de regarder si nous, au Québec, on ne pourrait pas prendre des
décisions concernant l'industrie du doublage ici, selon nos lois
à nous.
M. Boulerice: Je vais, si vous me le permettez, M. le
Président, adresser une question à mon collègue, le
député de Saint-Hyacinthe. Est-ce qu'il a profité de son
amitié avec l'ancien premier ministre de France, M. Chirac, pour en
parier? Ha, ha, hai
M. Messier: Oh non! Je n'ai pas été jusque
là encore mais peut-être que je vais attendre qu'il revienne
à la présidence.
M. Boulerice: Puisque nous avons chacun nos premiers
ministres.
M. Messier: Je vais attendre qu'il revienne
à la présidence pour réétablir de nouveaux
contacts avec...
M. Boulerice: Ah! bien alors, à ce moment-là, j'ai
bien peur qu'on va être obligés d'attendre longtemps, mais
enfin...
M. Messier: Je ne pense pas. On ne sait jamais.
M. Boulerice: Écoutez, SOGiC...
M. Messier: Le RPR est encore vivant.
M. Larouche: C'est des mots qui sont écrits
maintenant.
M. Boulerice: Bien oui.
M. Larouche: II faudrait boycotter les films français.
M. Boulerice: Pardon?
M. Larouche: II faudrait boycotter les films français.
Société générale des
industries culturelles
M. Boulerice: Oui, mais pour les unilingues, c'est un peu
pénible. Dans le cas de SOGIC, qu'est-ce qui explique la baisse des
crédits de 8,9 % et est-ce qu'on pourrait avoir la ventilation des
coupures?
Mme Robillard: M. le Président, est-ce que c'est en
matière de cinéma seulement? Est-ce que M. le
député pourrait me préciser la page?
M. Boulerice: Non, c'est les crédits totaux, Mme la
ministre.
Mme Robillard: L'élément 7, M. le
Président?
Le Président (M. Doyon): L'élément 7, c'est
ça.
Mme Robillard: Alors, Ici, il s'agit, comme on le voit, M. le
Président, d'un budget de 3 583 900 $ ramené à 3 266 100
$, donc une diminution de 317 000 $, M. le Président, dont on volt les
explications à la page 149. Dans le fond, il s'agit d'une compression
que nous pensons que l'organisme est très bien en état
d'assumer.
Une voix: Certainement, Mme la ministre.
M. Boulerice: Le bilan du programme pour favoriser la
relève dans le secteur privé du cinéma, quelles sont les
prospectives pour 1990- 1991? Si on pouvait peut-être, avant, nous donner
les subventions accordées en 1989-1990.
Mme Robillard: M. le Président. Les budgets concernant la
relève en cinéma sont reconduits pour l'année 1990-1991,
ils sont de l'ordre de 1 500 000 $.
M. Boulerice: 1 500 000 $?
Mme Robillard: Oui.
M. Boulerice: Merveilleux!
Mme Robillard: D'ailleurs, M. le Président, ça me
fait plaisir de dire aux membres de la commission que l'ensemble du budget de
la relève est reconduit pour l'année 1990-1991.
M. Boulerice: Ça me fait plaisir, Mme la ministre, de vous
reparler de Azinamé International inc., qui, comme vous le savez, vous
demandait une subvention pour cet extraordinaire documentaire qui s'appelle:
"rendez-vous sur le Mont-Royal". J'ai envoyé le dossier à votre
directeur de cabinet. Il s'agit d'une page méconnue de l'histoire
scientifique. Vous n'êtes pas sans savoir que c'est à
Montréal que se sont réunies les sommités mondiales en
énergie atomique et c'est à Montréal, en
définitive, qu'a été créée la bombe
atomique. Je ne vous dis pas que c'est une gloire, mais il s'agit d'une saga
historique et scientifique de la plus grande importance. Bien des gens sont
intéressés à acheter ce documentaire. Je pense même
que Radio-Québec y est intéressé, la
Télévision française y serait
intéressée.
Le drame, c'est que la production est déjà très
avancée. Ils ont, d'ailleurs une documentation exceptionnelle avec des
pièces d'archives qu'ils s'engagent, d'ailleurs - et je pense que la
lettre d'introduction le... - à déposer où le
ministère le désirera, soit aux Archives nationales, ou à
la Bibliothèque nationale, parce qu'il y a un trésor d'archives
à l'intérieur de ça. C'est vraiment une saga. Je ne sais
pas si M. votre directeur de cabinet a pu lire le scénario au complet,
il y a une tonne de renseignements fabuleux qui sont uniques, qui viennent,
d'ailleurs, de gens aussi connus que Hans Halban et Jules Cuiron - il y a quand
même des grands noms dans le domaine scientifique - et il leur manque,
mon Dieu, je ne me souviens plus, mais je pense que c'est 50 000 $ pour le
terminer, quand on est assuré de la rentabilité, compte tenu que
les offres d'achat sont déjà là.
Mme Robillard: M. le Président, M. le député
mentionne une lettre qu'il nous a adressée. Est-ce que je pourrais
savoir la date de cette lettre?
M. Boulerice: Oh, la la! Je suis bien embêté,
mais ça date quand même de quelques mois. Il faudrait que
je revote dans mes dossiers, ici, au bureau, en haut, mais ça date de
quelques mois. Je suis en train même de me demander si ça n'a pas
été quelques jours ou quelques semaines, tout au plus,
après notre premier rendez-vous, madame, rendez-vous politique, je ne
voudrais pas que le Journal des débats, puisqu'on a pensé
à la postérité de ceux qui liraient...
Mme Robillard: M. le Président, nous allons devoir faire
une vérification et je vais demander à mon collègue, le
député, s'il peut nous préciser la date, ça
facilitera nos recherches et nous allons lui rendre une réponse sur ce
dossier.
Commission de reconnaissance des associations
d'artistes
M. Boulerice: Commission de reconnaissance des associations
d'artistes. Les crédits de 1990-1991 baissent à un niveau
inférieur, alors que la Commission n'est pas pleinement
opératoire. La Commission, cette année, a un mandat
élargi, parce que la loi 78 sur la reconnaissance des associations des
artistes des arts visuels, des métiers d'art, de la littérature
ainsi que des diffuseurs est en vigueur depuis le 1er décembre 1989.
Donc, la coupure de 189 900 $ m'apparaît inexplicable. Et Ottawa
s'apprête à intervenir. Je ne sais pas dans quelle mesure la
Commission aussi devra intervenir. Alors, cette coupure-là, elle est de
22,5 %, Mme la ministre.
Mme Robillard: Oui, M. le Président. Il s'agit ici d'une
diminution qui est vraiment basée sur les besoins de l'organisme en tant
que tel. Le budget 1990-1991 est réduit, comme vous le dites, de 189 900
$ par rapport à l'année précédente, mais dans la
mesure où les coûts de fonctionnement de la Commission en
1989-1990... Les coûts de fonctionnement ont été de l'ordre
de 500 000 $ globalement pour l'année complète. Un nouveau
budget, à ce moment-là, de 652 000 $ m'apparaît
adéquat, compte tenu de la mise en vigueur graduelle de la loi sur le
statut des artistes des arts visuels.
M. Boulerice: Vous ave2 périmé 300 000 $.
Mme Robillard: Alors, dans le fond, les besoins de l'organisme
sont de l'ordre de 500 000 $ et on leur donne 652 000 $. Il faut noter à
ce moment-là que, de fait, il y avait eu un crédit
périmé. Alors, c'est plutôt rare que ça se produit,
M. le Président, mais, voyez-vous, il y avait un budget qui leur avait
été accordé au-delà de leurs besoins.
M. Boulerice: D'accord. Il y a eu une surévaluation, en
fait.
Mme Robillard: Oui.
Projet de loi fédéral sur le statut de
l'artiste
M. Boulerice: De toute façon, il y aurait quand même
des réserves si jamais la Commission devait... O.K. Concernant le statut
fiscal, est-ce qu'on peut connaître votre position sur les dispositions
législatives que Ottawa veut mettre de l'avant?
Mme Robillard: M. le Président, ce ne sera pas long. Nous
allons vous répondre sur le projet de loi fédéral sur le
statut de l'artiste, d'ailleurs, qui a été déposé.
M. le Président, vous savez que ce projet de loi là est vraiment
inspiré de ce qui s'est fait au Québec. Le Québec pouvait
servir de modèle et le projet du fédéral s'inspire
beaucoup de l'expérience québécoise. On le note tout au
long de son projet. On s'aperçoit... Au Québec, on a la
Commission de reconnaissance des associations d'artistes. Au Canada, on va
avoir le Conseil canadien de reconnaissance des associations d'artistes.
Toutefois, il y a quand même une différence. C'est que le
fédéral semble avoir opté pour une loi qui englobe toutes
les catégories d'artistes, alors que chez nous, comme vous le savez, on
a deux lois différentes. Maintenant, ii reste à savoir: Est-ce
qu'il va avoir interférence ou complémentarité entre les
dispositions des deux lois, la reconnaissance canadienne, d'un
côté, et la reconnaissance provinciale, de l'autre?
Maintenant, dans tout son projet, le fédéral exclut une
intervention au niveau de programmes sociaux des provinces. Je pense que
ça, il faut le noter de façon très particulière.
Bon, il y a différentes choses qui touchent - si M. le
député est intéressé - la déduction des
dépenses au niveau fiscal, le don d'oeuvres pour les artistes, la
protection contre la faillite. Là, je vous rappelle que nous, on avait
voulu intervenir dans ce domaine-là, mais que ça avait
été impossible puisque la Loi sur la faillite relève du
fédéral. Alors, là, M. le ministre des Communications du
fédéral veut Intervenir et tant mieux s'il le fait à ce
sujet-là. Alors, quand on regarde l'ensemble du projet, je pense qu'il
peut être intéressant pour nos artistes du Québec. Il
s'agit de voir s'il se situe en complémentarité avec la
législation québécoise. C'est ce que je peux vous dire
à ce stade-ci.
M. Boulerice: Mais, par contre, pour ce qui est du
réaménagement du statut fiscal...
Mme Robillard: Oui.
M. Boulerice: Nous, on ne l'a pas abordé.
Mme Robillard: Nous, on l'a abordé, pas dans la loi en
tant que telle, mais peut-être par le bulletin d'interprétation
qui a été fourni par le ministère du Revenu et qui
considérait nos artistes comme des travailleurs autonomes au
plan fiscal. Maintenant, ici, quand je parte au plan fiscal, il s'agit
de la déduction des dépenses, et je vous noterai, M. le
Président, que la mesure fédérale, elle est au niveau de
la déduction des dépenses, elle est moins généreuse
que celle dont disposent les artistes québécois. Le
fédéral propose la limitation des dépenses artistiques
à 1000 $ ou 20 % du revenu, alors qu'au Québec, les artistes ont
le droit de déduire leurs dépenses artistiques jusqu'à ce
que celles-ci égalisent leur revenu, donc. 100 % de leurs
dépenses.
M. Boulerice: Oui, mais le fédéral, lui, dans son
réaménagement du statut fiscal, ne va-t-il pas jusqu'à
l'étalement des revenus? Donc, ça c'est une mesure beaucoup plus
intéressante pour l'artiste que les déductions que vous venez de
mentionner.
Mme Robillard: À ce stade-ci, en tout cas, de notre
étude du document du fédéral, M. le Président, je
ne vois pas la mesure de l'étalement du revenu contenue dans le
document.
M. Boulerice: O.K., si vous me permettez... Oui?
Mme Robillard: M. le Président, je vous mentionnerais que
c'est un texte d'intention qu'on a du fédéral sur le domaine, et
on n'a pas le projet de loi en tant que tel, avec les articles; alors,
peut-être que là, il y aura des différences ou des nuances
qui seront apportées.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. Je
signale aux membres de la commission que les six heures qui avaient
été prévues...
M. Boulerice: Non, il reste cinq minutes, encore.
Le Président (M. Doyon): ...pour l'étude des
crédits... Je suis informé par la secrétaire que le temps
est terminé; alors, je pense que la secrétaire doit savoir ce
qu'elle me dit. Dans les circonstances, je demande: Est-ce que le programme 4
est adopté?
Des voix: Adopté.
Adoption des crédits
Le Président (M. Doyon): Est-ce que l'ensemble des
crédits sont adoptés?
Des voix: Adopté.
M. Boulerice: Je m'excuse, mais c'est à l'Opposition de
répondre.
Le Président (M. Doyon): Qu'est-ce que l'Opposition
répond?
M. Boulerice: Répétez votre question. Le
Président (M. Doyon): Quand même!
M. Boulerice: Je vous remets la monnaie de votre pièce,
monsieur.
Le Président (M. Doyon): Je n'ai pas eu de "Non", alors je
considère que les crédits sont adoptés.
M. Boulerice: Ils sont adoptés, madame, et j'ai beaucoup
apprécié votre compagnie, cette première fois.
Le Président (M. Doyon): Alors, la commission
parlementaire ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 48)