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(Dix heures sept minutes)
Le Président (M. Doyon): Je déclare donc la
séance ouverte et je rappelle que le mandat de la commission de la
culture est le suivant: procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration pour l'année financière
1990-1991. C'est un ordre de l'Assemblée qui a été
donné le 29 mars 1990.
Je demanderais à Mme la secrétaire d'annoncer les
remplacements, s'il y en a.
La Secrétaire: II n'y a aucun remplacement.
Le Président (M. Doyon): Aucun remplacement, donc. Alors,
nous allons procéder, comme nous le faisons d'habitude, avec l'accord de
Mme la ministre et de M. le député. Le partage du temps se fait
selon les règles habituelles: remarques préliminaires d'une
vingtaine de minutes, après quoi M. le député pourra
disposer du temps dont il a besoin pour faire aussi ses remarques, s'il en a,
Mme la ministre disposant aussi d'une période de réplique, si
elle le juge à propos. Et, après, si vous voulez, nous pourrons
procéder, programme par programme, élément par
élément, ou y aller en vrac, comme vous le voudrez, étant
entendu qu'à la fin de la séance les crédits
budgétaires seront considérés comme adoptés,
c'est-à-dire que nous disposerons de deux heures, jusqu'à midi -
il est 10 h 10 - donc, jusqu'à environ 12 h 10 pour étudier les
crédits.
Alors, je souhaite la bienvenue à Mme la ministre. Je souhaite la
bienvenue à mes collègues, au critique officiel de l'Opposition,
M. le député de Mercier. Je demanderais à Mme la ministre,
peut-être, de nous présenter les gens qui l'accompagnent et de
procéder avec ses remarques préliminaires, si elle en a.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, merci, M. le Président. Je
voudrais vous présenter mon collègue délégué
aux communautés culturelles, accompagné de M. Normand Riddell, le
sous-ministre, de Mme Nicole Brodeur, sous-ministre associée, de Mme
Suzanne Masson, sous-ministre adjointe, et de M. Robert Trempe,
également, sous-ministre adjoint. Il y a également Mme
Westmoreland-Traorie, présidente du Conseil des communautés
culturelles et de l'immigration; et vous avez aussi les membres des cabinets,
de même que toutes les autres personnes qui ont travaillé à
l'élaboration de ces documents au ministère, et également
la secrétaire générale.
Le Président (M. Doyon): On leur souhaite la bienvenue, au
nom de la commission.
Remarques préliminaires Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, M. le Président, je vais faire
le bilan des actions et des activités du ministère au cours de la
dernière année.
Il y a un an et quelques semaines, le premier ministre me confiait Ja
direction du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Comme la grande majorité de la population, je savais
alors que l'immigration était un phénomène
déterminant, qu'elle représentait un apport économique et
culturel considérable et que, de plus en plus, cette
réalité serait présente dans notre quotidien. Mais, je
l'avoue aujourd'hui, j'étais loin de me douter de l'importance
réelle et de l'ampleur de l'impact qu'a sur notre société
la présence sur notre territoire de plus de 500 000
Québécois et Québécoises nés à
l'extérieur du Québec, de la richesse de leur contribution
à la collectivité et du rôle qu'ils jouent dans nos
institutions. Je souhaiterais que tous les Québécois d'origine
puissent vivre cette expérience. Elle est enrichissante et grandissante.
Je suis convaincue que le député de Mercier, qui a occupé
pendant plus de trois ans des fonctions similaires, sera d'accord avec moi sur
ce point.
M. le Président, la faiblesse actuelle de la croissance de la
population québécoise ainsi que la perspective d'une
décroissance à moyen terme soulève depuis quelques
années des inquiétudes nombreuses, quant aux conséquences
d'un tel phénomène sur le dynamisme futur de notre
société, sur les pians économique, social et culturel.
Sans représenter une panacée, l'immigration constitue un apport
immédiat de ressources humaines susceptibles de retarder
l'échéance du déclin démographique et de donner au
Québec le temps nécessaire pour assurer à moyen terme le
redressement de sa fécondité.
En 1989, grâce à une conjugaison de facteurs favorables et
au résultat de politiques appropriées mises en oeuvre au cours
des dernières années, on a fait la preuve qu'on peut recourir
à l'immigration pour contribuer à la réalisation des
objectifs démographiques. En effet, au cours de la dernière
année, le déficit migratoire interprovincial est demeuré
faible. La part relative du Québec dans l'immigration canadienne a connu
une progression sensible de 15,9 % à 17,7 % et le nombre de naissances a
continué d'augmenter pour la deuxième année
consécutive. Il s'agit de tendances toutes récen-
tes, mais qui permettent d'entrevoir avec plus d'optimisme le devenir
démographique du Québec et le rôle que peut y Jouer
l'immigration internationale. Cependant, si le recours à une immigration
accrue peut représenter un atout dans le développement de la
société québécoise, l'Impact positif d'un tel
phénomène dépend de notre capacité à assurer
l'intégration harmonieuse des nouveaux arrivants à la
communauté francophone. Étant donné notre situation de
peuple minoritaire en Amérique du Nord, l'atteinte de cet objectif
nécessite des efforts en matière de sélection, de
francisation et de sensibilisation à la réalité
québécoise qu'aucun gouvernement ayant à coeur les
intérêts du Québec ne peut ignorer.
Nous devons également répondre à des défis
qui ne nous sont pas spécifiques, mais que nous partageons avec
l'ensemble des sociétés démocratiques au sein desquelles
les exigences de Justice sociale et d'harmonie intercommunautalre doivent
désormais compter avec la réalité d'une population de plus
en plus diversifiée. L'égalité des chances et la
participation de tous les citoyens du Québec à notre vie
collective ainsi que le développement de relations interculturelles
positives sont devenus, comme ailleurs, des préoccupations importantes
de notre société. Par l'augmentation de 6 000 000 $ qu'il consent
au MCCI pour 1990-1991, le gouvernement du Québec manifeste clairement
l'importance qu'il accorde à cette question. C'est le ministère,
le MCCI, qui, cette année, profite de la plus forte hausse de son budget
en pourcentage. Cette augmentation est de l'ordre de 18,5 % en 1990-1991, alors
que pour les trois dernières années, il est important de le
souligner, les crédits ont augmenté de 83 %.
M. le Président, la commission me permettra ici de faire un bref
rappel des activités du ministère que J'ai dirigé au cours
de la dernière année. L'ampleur des responsabilités que
nous confie le gouvernement ainsi que le caractère nettement plus
exigeant des objectifs que nous devons désormais atteindre ont
nécessité la mobilisation de toutes les énergies et de
toutes les ressources dont nous disposons au ministère. En outre, il
nous est apparu qu'un développement accru du MCCI ainsi qu'une
redéfinition de ses structures et de ses modes de fonctionnement
constituaient des conditions essentielles à l'atteinte de nos objectifs.
C'est pourquoi j'ai entrepris, peu de temps après ma nomination, un
processus de restructuration et de consolidation de nos activités afin
de rétablir un nouvel équilibre des fonctions du ministère
et de développer l'infrastructure nécessaire au soutien et
à l'encadrement de toutes ces activités. Cette nouvelle structure
vise à développer certains types d'activité, tels la
conception et le développement de politiques et programmes et la
concertation gouvernementale, à accroître les services de soutien
et à régionaliser les services offerts à la
clientèle. Avec le temps et par- ticulièrement depuis l'avisv
favorable du Conseil des communautés culturelles et de l'Immigration, la
régionalisation s'est Imposée comme un des objectifs du
ministère. Nous avons, durant l'année écoulée,
amorcé un virage dans le sens de la réalisation de cet objectif.
Je désire d'ailleurs souligner le travail exceptionnel de toute
l'équipe des sous-ministres et de l'ensemble du personnel du
ministère pour qui ces bouleversements exigent une complicité de
tous les instants.
Le Québec a acueilll 33 602 immigrants en 1989, soit un volume
supérieur de 30 % aux admissions de 1988. En comparaison de la moyenne
annuelle des entrées des 10 dernières années, il y a
hausse des admissions de 55 % pour le Québec.
La catégorie des indépendants totalise près des
trois cinquièmes du mouvement total, avec 58 % des admissions. Cette
catégorie, soumise à la grille de sélection
québécoise, a enregistré une hausse de 34 % en 1969 par
rapport à 1988. Les Indépendants caractérisaient 42 % du
mouvement en 1985 alors que, depuis 1987, cette catégorie correspond
à plus de 60 % des immigrants sélectionnés par le
Québec.
Les Immigrants acceptés en vertu du rassemblement familial
représentent 27 % de l'immigration avec des effectifs en hausse de 19 %
par rapport à 1988, tandis que 15 % des immigrants ont été
admis comme réfugiés au sens de la Convention de Genève,
pour une augmentation de 38 % des effectifs acceptés dans cette
catégorie. Par ailleurs, l'ensemble des différents programmes
spéciaux et humanitaires conserve la même part relative qu'en 1988
avec 18 % de l'immigration totale. Par cette augmentation, on comprendra que le
Québec tient à continuer à assumer des
responsabilités de territoire favorisé et
industrialisé.
Les cinq principaux pays de provenance des Immigrants arrivés
chez nous l'année dernière sont, dans l'ordre: le Liban,
Haïti, la France, le Vietnam et Hong Kong. Notons que les trois premiers
pays en importance sont de culture française. Quant à l'Europe de
l'Est, en raison des bouleversements politiques qui y sont survenus, c'est un
vaste bassin de recrutement qui pourrait s'ouvrir au Québec dans les
prochains mois.
Avec la hausse des volumes d'immigration en 1989, on observe une
progression du nombre d'Immigrants francophones. Toutefois, cette progression
est nettement insuffisante pour le maintien de la part relative des
francophones dans le mouvement global, car l'augmentation des immigrants ne
parlant ni le français ni l'anglais a été beaucoup plus
importante. En effet, bien que la moitié des indépendants
sélectionnés - ceux qu'on appelle les requérants
principaux - soient francophones, les membres de leur famille connaissent le
français dans une proportion beaucoup plus faible. Parmi les
indépendants, les travailleurs sélectionnés sur la
base de leurs caractéristiques professionnelles selon le Guide de
l'emploi du Québec ou selon une attestation d'emploi, deux programmes
mis sur pied par notre gouvernement, sont très majoritairement
francophones, soit 80 % des requérants principaux. En revanche, les gens
d'affaires proviennent principalement du continent asiatique et connaissent peu
ou pas le français.
En dépit de ces contraintes, le ministère que je dirige
considère l'accroissement de l'immigration francophone comme une
impérieuse nécessité et il entend faire preuve d'une
imagination toujours plus grande pour continuer à accroître le
nombre d'immigrants francophones qu'il sélectionne. Déjà
plusieurs gestes significatifs ont été posés
démontrant clairement l'Importance que ce gouvernement y attache. Ainsi,
quelques mois seulement après mon arrivée à la tôte
du ministère, le Québec et la France ont signé une entente
en vue de favoriser l'établissement au Québec de ressortissants
français ou étrangers résidant régulièrement
en France. Il s'agit de la première entente
franco-québécoise en matière d'immigration. Elle vise
à faciliter l'établissement au Québec de francophones dont
la formation et l'expérience correspondent aux besoins à moyen et
a long termes de la société québécoise et de son
développement économique. La publicité qui a
entouré la signature de cette entente en France a
généré quelques milliers de demandes et nous accueillerons
bientôt les premiers Français venus au Québec en vertu de
ce programme.
De plus, en novembre dernier, j'ai effectué à Paris et
à Bruxelles une mission visant à évaluer la situation
quant à l'Importance du bassin francophone, de même que les
principaux traits des candidats potentiels dans les pays couverts par ces deux
bureaux. Je voulais également mesurer la capacité des services
d'immigration du Québec à répondre aux demandes de
certificat de sélection qu'ils reçoivent. Cette mission a
résulté en l'annonce de plusieurs mesures visant à
redresser la situation. Mentionnons notamment l'ajout de personnel de soutien
à Paris, l'augmentation du nombre d'entrevues de sélection par
conseiller, par jour, à ce bureau et l'envoi de trois missions
spéciales au Maghreb. D'autres mesures, à plus long terme
celles-là, ont également été prises, notamment
l'informatisation en priorité du bureau de Paris, la révision du
formulaire de demande de certificat de sélection du Québec, la
révision de la grille de sélection et la révision de notre
documentation à l'étranger.
Ces mesures qui seront mises en oeuvre à Paris porteront
certainement fruit dans quelque temps, mais nous sommes déjà sur
la bonne pente, puisque les efforts consentis de 1985 à 1989 sur le
territoire du SIQ-Paris ont fait en sorte que le nombre de CSQ, de certificats
de sélection émis s'est accru de 313 %, passant de 1613 à
5050.
De plus, en ce qui concerne la France elle-même, le volume des
candidats indépendants venant de ce pays a plus que doublé depuis
1986. Enfin, en collaboration avec le ministère des Affaires
internationales, nous avons entrepris de réévaluer l'ensemble de
nos opérations à l'étranger. Dans une optique de
performance accrue, nous voulons examiner l'allocation de nos ressources
à l'étranger dans le but, notamment, de favoriser l'immigration
francophone.
Vous me permettrez, M. le Président, d'ajouter ici que la mission
spéciale de quatre conseillers que nous avons envoyés à
Nicosie et qui visait à faciliter l'immigration au Québec de
ressortissants libanais, et ce, pour des raisons humanitaires évidentes,
a eu des effets secondaires intéressants. En effet, la grande
majorité des candidats passant par Nicosie sont de langue
française et cela augmentera ainsi le pourcentage de parlants
français dans notre immigration. Les effets de l'ensemble de ces mesures
se font déjà sentir.
Le programme des Immigrants investisseurs a connu des changements
importants en 1989-1990. J'ai signé avec mon homologue
fédéral, l'honorable Barbara McDougall, une entente
complémentaire à l'entente Cullen-Couture réaffirmant le
pouvoir du Québec dans la sélection de ses indépendants en
ce qui a trait aux investisseurs. L'entente complémentaire signée
fait suite aux modifications apportées simultanément aux
règlements provincial et fédéral, relativement aux
Immigrants investisseurs. Ces modifications, entrées en vigueur à
la fin de janvier 1990, visent notamment à préciser les objectifs
du programme, la nature des garanties pouvant être offertes à
l'Investisseur, les avantages que l'investisseur pourra retirer de son
placement et la taille de la corporation admissible.
Tel que prévu dans la nouvelle réglementation
fédérale, l'entente complémentaire définit les
mécanismes de collaboration entre les deux ordres de gouvernement, en ce
qui a trait à la sélection de cette catégorie
d'immigrants. En 1989-1990, la performance du programme québécois
investisseurs en valeurs mobilières, créé en 1987, a
continué de progresser. Le Québec se place en tête des
provinces canadiennes en ce qui a trait aux fonds transférés au
Canada, et ce, devant l'Ontario et la Colombie-Britannique. En effet, au 31
octobre 1989, plus de 121 000 000 $ avaient été
déposés chez les courtiers québécois, en vertu de
ce programme, dont plus de 50 000 000 $ ont déjà
été investis dans des entreprises québécoises. En
comparaison, 111 000 000 $ ont été transférés en
Colombie-Britannique et 60 800 000 $ en Ontario.
Plus que le programme IIVM, c'est-à-dire Immigrants investisseurs
en valeurs mobilières, c'est l'ensemble de ces audacieuses initiatives
de
recrutement de gens d'affaires qui connaît un vaste succès.
En effet, en 1988, plus de 40 % des gens d'affaires ayant obtenu un visa
canadien, avaient comme destination le Québec. Au même moment, 26
% avaient comme destination l'Ontario et 27 % la Colombie-Britannique. Outre
les incidences directes sur l'investissement et l'emploi, il faut aussi
considérer les effets d'entraînement sur le développement
économique. Les gens d'affaires immigrants apportent une
expérience inédite et un savoir-faire innovateur. Ils permettent
une ouverture sur le monde, grâce aux liens qu'ils ont avec leur pays
d'origine. Ce sont des atouts économiques importants dans le contexte
d'une libéralisation des échanges et d'une économie
mondiale de plus en plus articulée et interdépendante.
En vue d'augmenter l'apport des capitaux des immigrants gens d'affaires,
le ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration
développera dès cette année des services d'accueil et
d'aide à l'établissement adaptés à cette
clientèle. Nous entendons par cette mesure augmenter le taux de
réalisation des projets d'affaires présentés par ces
immigrants au moment de leur sélection.
Le mouvement des personnes à la recherche d'un refuge qui
exprimaient leurs demandes en sol canadien n'a pas connu de répit en
1989. Face à ce phénomène qui a pris de l'ampleur au cours
des dernières années, la loi C-55 a été mise en
application en janvier 1989. Celle-ci visait à rendre l'ensemble du
processus d'examen des revendicateurs du statut de réfugié
beaucoup plus rapide, lui conférant ainsi, selon l'intention du
législateur fédéral, un caractère dissuasif
à l'égard des personnes présentant une demande d'asile non
fondée. Après plus d'un an de fonctionnement du nouveau
système, force est de constater que cette loi est loin de porter les
fruits attendus. En effet, au cours des derniers mois de 1989, le Québec
a connu des arrivées mensuelles de revendicateurs d'un niveau comparable
à celui qu'il connaissait au moment où la loi fut
déposée aux Communes, au printemps 1987, soit environ 800
nouveaux cas par mois. Le Québec a demandé maintes fois la
simplification et la clarification du processus de reconnaissance du statut de
réfugié, en vue d'une réduction des délais de
traitement. Le Québec considère que ces délais sont longs,
qu'ils nuisent aux efforts de régularisation du mouvement et qu'ils
constituent des contraintes quant à la démarche
d'intégration des personnes qui, à la fin, reçoivent le
droit d'établissement. Enfin, fait non négligeable,
l'incapacité du gouvernement fédéral à
contrôler les frontières nationales continue de perturber la
planification des intentions d'accueil du Québec.
En 1990, dans le cadre de la planification des Intentions d'accueil, le
Conseil des ministres a choisi d'adopter une approche réaliste et
pragmatique en fixant les niveaux d'immigration, pour la présente
année, à l'Intérieur d'une fourchette de 34 000 à
36 000 personnes. De ce nombre, la répartition suivante est
visée: 54 % dans la catégorie des indépendants, 30 % dans
la catégorie famille et 16 % pour les réfugiés.
Le ministère propose la poursuite de l'orientation inscrite dans
la foulée des décisions entérinées depuis 1986,
soit une progression soutenue et réaliste des efforts de recrutement et
de sélection visant à favoriser la venue au Québec d'un
volume d'immigrants correspondant à sa problématique des
ressources humaines et à sa capacité d'accueil.
Afin de faire un succès de l'intégration des immigrants
à la majorité québécoise, il faut, en tout premier
lieu, que soit mis à leur disposition les moyens d'acquérir
rapidement une connaissance d'usage du français. C'est là la
première condition essentielle pour que leur établissement au
Québec constitue non seulement une réussite personnelle, mais un
enrichissement pour la société québécoise, une
contribution au maintien et au renforcement de son caractère distinct.
Il s'agit là d'un défi majeur pour la société
québécoise francophone auquel le gouvernement s'est engagé
à consacrer toutes les ressources nécessaires, car il y
reconnaît là un enjeu déterminant pour le devenir collectif
du Québec.
Déjà, la situation actuelle est encourageante. Les
données du recensement de 1986 indiquent que 69 % de toute la population
immigrée présente au Québec est en mesure de converser en
français. Il s'agit là d'une amélioration sensible par
rapport au passé. Pour contribuer à améliorer encore
davantage cette situation et pour assurer l'apprentissage du français
aux nouveaux Immigrants qui arrivent chaque année, le ministère
diversifie ses formules d'apprentissage du français pour les immigrants
adultes, afin de mieux répondre aux situations particulières qui
sont les leurs. De plus, par le passé, le Programme national de
formation en établissement, ce qu'on appelle le PNFE,
défrayé par le gouvernement fédéral, était
notre seule source de financement. Au cours des dernières années,
le financement québécois s'est sensiblement accru, passant de 5 %
à 14 % en cinq ans, donc, triplant depuis 1986. En 1989-1990, environ 5
300 000 $ ont été consacrés à la francisation
initiale des adultes nouveaux arrivants dans le cadre des programmes
québécois conçus pour les clientèles non desservies
jusqu'alors, particulièrement les femmes ne se destinant pas au
marché du travail. En définitive, c'est plus de 50 % du budget
total du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration qui sont consacrés en 1990-1991 à des
activités de francisation.
Outre le fait de consacrer des ressources financières
importantes, il faut noter, M. le Président, que nous avons
signé, avec deux commissions scolaires, un protocole d'entente
permettant d'offrir des cours de français et d'Intégration
à la vie québécoise aux immigrantes
et aux Immigrants dans les écoles primaires et secondaires
relevant de ces commissions scolaires. En vertu de ces ententes, un groupe de
parents, dont les enfants fréquentent déjà l'école,
ont commencé leur apprentissage du français et de la vie
québécoise à la môme école que leurs enfants
et pendant que ceux-ci sont en classe. En synchronisant la formation des
adultes et l'enseignement aux enfants, le programme permet de rejoindre plus
facilement les femmes immigrantes et qui, lorsqu'elles ont des enfants
d'âge scolaire, sont souvent plus disponibles durant les heures où
les enfants sont en classe. (10 h 30)
De plus, au cours de la prochaine année, le ministère sera
en mesure d'offrir, en collaboration avec le gouvernement
fédéral, des cours de français langue seconde pour des
femmes immigrantes dans les entreprises. En effet, une nouvelle option du
programme Acquisition de compétence, intitulée Apprentissage de
la langue en milieu de travail, s'avérera une formule très
intéressante pour les entreprises. Le budget disponible pour le
Québec sera de 1 400 000 $. Tous les plans de formation devront
être approuvés par le Québec et l'Office de la langue
française s'associera au ministère pour faire la promotion de ce
programme.
Compte tenu des nouveaux défis qu'il doit relever, le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration a aussi
entrepris une opération de redéfinition et de consolidation de
ses activités de francisation. Il a notamment décidé, en
1989, d'élaborer un régime de formation officielle et un plan de
développement pédagogique qui serviront de cadre à
l'ensemble de nos activités de francisation. Tout comme le
ministère, les COR, les Centres d'orientation et de formation des
immigrants, ont plus de 20 ans. Le démarrage et le développement
de ces centres se sont effectués selon un modèle qui a
laissé beaucoup d'initiative aux professeurs et qui s'est largement
appuyé sur des expertises individuelles.
Même si on ne dispose pas de l'instrumentation permettant
d'apprécier systématiquement ces interventions, on sait de
manière empirique que les efforts consentis ont largement porté
fruit et que le réseau des COFI joue un rôle important dans
l'intégration des Immigrants. Toutefois, le réseau des COFI
était à un moment de son histoire où il était
nécessaire de préciser davantage ses objectifs en regard de la
francisation des immigrants et de consolider ta structure des services offerts.
Ainsi, les programmes de formation ont été définis au
cours de la dernière année de façon à structurer
l'enseignement et, en conséquence, baliser et soutenir le travail
d'encadrement et d'évaluation.
Au niveau des ressources didactiques, le matériel était
abondant, mais devait être encore mieux adapté à la
clientèle. Des critères écrits et connus ont
été définis de manière à faciliter la
sélection et la production de matériel per- tinent à
l'atteinte d'objectifs précis. Dans ce nouveau contexte, le travail
d'encadrement pédagogique pourra facilement s'exercer, les responsables
pédagogiques disposant de documents de référence
autorisés et bénéficiant du support et des ressources
essentielles à une intervention cohérente et appuyée.
En dépit de ces initiatives récentes, tant sur le plan de
la diversification de l'offre des services que sur un plan plus qualitatif, la
proportion de la clientèle potentielle rejointe par les divers services
de francisation indique qu'il y a lieu de redoubler d'ardeur. Une
intensification des efforts s'impose donc par l'accroissement des ressources
consacrées et surtout par le développement de programmes pour
accroître la participation de certaines clientèles qui ne sont pas
rejointes. C'est dans cette optique que le MCCI compte prochainement
réaliser une évaluation globale portant, notamment, sur
l'accessibilité des clientèles à tous les programmes de
francisation.
Il reste encore beaucoup à faire dans la gestion des relations
interculturelles, des conflits Interculturels, interraciaux et
interconfessionnels. Conscient de cet état de fait, le MCCI assume de
plus en plus son rôle de sensibilisation, de formation et d'information
auprès des institutions publiques, parapubliques et privées. Ce
rôle se concrétise par la mise sur pied de projets-pilotes pour
soutenir les initiatives interculturelles et de projets de recherche-action
auprès d'un bon nombre d'institutions.
Le temps s'écoule, M. le Président, mais vous me
permettrez de mentionner qu'un grand nombre d'activités et de programmes
de rapprochement ont été perpétués ou mis sur pied
par le MCCI en 1989. La plupart de ces derniers furent sous la
responsabilité des ministres délégués aux
Communautés culturelles, Violette Trépanier et Normand Cherry.
Ainsi, la mise sur pied d'un réseau de répondants dans tous les
ministères, tant au niveau politique qu'administratif, fut une action
majeure. Je mentionnerai également l'opération Nouveaux visages
qui aura permis à des journalistes stagiaires des communautés
culturelles d'acquérir de l'expérience dans les médias du
Québec. Ce programme connaîtra sans doute un développement
important cette année, sous l'impulsion de mon collègue, le
ministre délégué aux Communautés culturelles.
Les programmes d'accès à l'égalité pour les
Québécois des communautés culturelles ont vraiment pris
leur envol au cours de la dernière année. Qu'on pense au
programme d'obligation contractuelle pour les minorités visibles en
vigueur depuis avril 1989 ainsi qu'à l'annonce, le 21 mars dernier, par
le président du Conseil du trésor et par mon collègue, le
ministre délégué, de la mise sur pied d'un programme
d'accès à l'égalité dans la fonction publique pour
les minorités visibles et les communautés culturelles de langue
maternelle autre que française
et anglaise.
Malgré certaines difficultés systémiques qu'il est
difficile de surmonter, comme la disponibilité des emplois à
Québec alors que les candidats se trouvent à Montréal,
nous entendons réserver 12 % de toutes les embauches permanentes aux
Québécois et Québécoises des communautés
culturelles. Nous pourrons ainsi assurer aux membres des communautés
culturelles une représentation plus juste au sein de la fonction
publique québécoise.
Enfin, quatre projets-pilotes furent mis de l'avant par le
ministère en 1989-1990, en collaboration avec autant d'institutions,
dans le but de soutenir ces dernières dans leurs actions en
matière de relations Interculturelles. En faisant cette revue sommaire
des activités de l'année, M. le Président, je ne peux
évidemment passer sous silence ia contribution du Conseil des
communautés culturelles et de l'immigration. Pendant la période
1989-1990, le Conseil a effectué des recherches et des consultations en
favorisant le thème de l'Intégration économique et sociale
des nouveaux immigrants et des membres des communautés culturelles.
Ce thème d'intégration a émergé
progressivement de l'ensemble de ses travaux. Par ses multiples facettes, ce
thème réunit et rejoint les objectifs de l'ensemble des
Québécois: de la part de la société majoritaire,
l'objectif de bâtir une société francophone
cohérente et unie et, de la part des minorités ethnoculturelles,
l'objectif de la pleine participation dans une société pluraliste
et égalitaire. Au niveau de l'Intégration sociale et culturelle,
le Conseil a élaboré, de concert avec les organismes
intéressés, un guide pour une semaine interculturelle nationale.
Ce guide a été conçu comme un outil nouveau pouvant
faciliter la réalisation d'activités de rapprochement, d'abord
dans le milieu scolaire, mais ayant des ramifications plus larges. Le Conseil a
complété et adopté un avis sur les nouvelles
présences de créateurs des communautés culturelles et
s'apprête à le diffuser.
Le Conseil a également organisé une consultation majeure
sur les jeunes des communautés culturelles sous le titre
"Identité et intégration". Dans un premier temps, les jeunes
eux-mêmes ont été consultés. Ils ont apporté
les conclusions de leur journée à la table ronde des intervenants
tenue le 1 er mars dernier.
Cette énumération n'est pas exhaustive. Le temps qui m'est
imparti ne me permet pas de décrire en détail le travail
considérable accompli par le Conseil des communautés culturelles
et de l'immigration. Par sa participation à de nombreuses
conférences et séminaires, par ses consultations et par sa
présence au sein de comités consultatifs, le Conseil essaie
d'insérer son travail dans l'ensemble des actions publiques et
privées qui ont un impact sur l'immigration, les nouveaux arrivants et
les membres des communautés culturelles, ces dossiers étant
porteurs de l'avenir pour notre société.
La présidente du Conseil des communautés culturelles et de
l'Immigration, Mme Juanlta Westmoreland-Traoré, a accompli un travail de
premier ordre et je tiens, moins d'un mois avant le cinquième
anniversaire de l'organisme qu'elle préside, à lui rendre
hommage, de même qu'à toute son équipe.
Compte tenu des caractéristiques de la société
québécoise majoritairement francophone, l'intégration
harmonieuse des immigrants et des Québécois et des
Québécoises des communautés culturelles à cette
société constitue un défi majeur pour le Québec.
Notre gouvernement doit donc mettre en place tous les éléments
permettant la francisation de la population Immigrante afin d'assurer la
pérennité du Québec francophone. Il est important de se
rendre compte que sélection, francisation et Intégration forment
un tout Indissociable. Chacune des politiques de ces secteurs doit s'arrimer
et, ultimement, être complémentaire. C'est le grand défi
que doit relever le ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration cette année. Cet exercice trouvera son aboutissement dans
la publication d'un document par lequel le gouvernement soumettra ses
orientations concernant l'immigration et les communautés culturelles. De
ses orientations énoncées dans une politique d'immigration et
d'Intégration découlera un plan d'action qui précisera les
activités aux mesures devant être réalisées à
travers l'ensemble des ministères et organismes concernés au
cours des trois prochaines années. Ce projet de politique sera, bien
entendu, soumis à la consultation publique.
En terminant, je réitère que le ministère que je
dirige entend continuer a jouer un rôle clé dans l'avenir de la
société québécoise moderne, pluriethnique et
francophone. Le défi est de taille, mais nous sommes persuadés
qu'avec l'appui du premier ministre et de mes collègues
députés, avec la volonté et le dynamisme du personnel du
ministère et la collaboration de nos partenaires, mon collègue le
ministre délégué et moi réussirons à le
relever honorablement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Doyon): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Mercier aurait peut-être quelques remarques
à faire...
M. Godin: M. le Président.
Le Président (M. Doyon): ...avant de procéder
à l'étude des programmes.
M. Gérald Godin
M. Godin: Moi, j'ai des remarques, mais plutôt
brèves, comme d'habitude. Nous, notre tâche consiste Ici à
vérifier entre les propos et les discours publics du gouvernement, de
la
ministre et de son collègue, et la pratique qui est faite sur le
terrain, s'il y a convergence ou divergence. On a constaté, à
quelques occasions, qu'il y avait de très beaux projets mais que, dans
(a pratique, ces projets-là restaient dans l'ordre des projets et ne
s'enracinaient pas dans la réalité vécue par les
réfugiés. Je pense, par exemple, aux réfugiés
grévistes de la faim. On a attendu fort longtemps pour avoir des
résultats et on attend encore, pour certains dossiers, que ça
bouge.
D'autre part, la ministre trace un tableau qui nous semble bien
rosé pour ce qui touche les gens d'affaires, d'autant plus que nous
avons été informés que la nouvelle entente, un ajout
à l'entente Couture-Cullen, en fait, a diminué la performance du
Québec en Imposant des critères nouveaux qui correspondaient
moins bien à la réalité observée sur le terrain.
J'aimerais savoir de la ministre si elle a un commentaire à faire sur
cette... Au-delà des chiffres qu'on a eus, qui indiquent effectivement
une belle performance, nous aimerions savoir s'il est vrai que les provinces
qu'on peut qualifier de jalouses de la performance du Québec, entre
autres la Colombie-Britannique et l'Ontario, qui ont fait modifier les
critères québécois pour s'avantager elles-mêmes,
J'aimerais savoir de la ministre si elle peut nous confirmer si, effectivement,
elle a été informée elle-même que Toronto et
Vancouver ont fait des pressions auprès du gouvernement
fédéral pour que le fédéral resserre les
critères québécois de manière à ce que nous
soyons moins compétitifs avec ces provinces.
Une voix: ...question, M. le député de Mercier.
M. Godin: C'est ma question à la ministre.
Le Président (M. Doyon): Avant de commencer la
période de questions, il serait peut-être intéressant de
savoir s'il n'y a pas d'autres interventions préliminaires. Est-ce qu'il
y a d'autres députés? M. le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, ça va?
M. Boulerice: Non non, j'ai entendu qu'Alphonse Allais appelait
les paroles verbales et, comme le dit mon collègue, j'ai bien hâte
qu'on aille au fond des choses...
Le Président (M. Messier): Ça viendra, ça
viendra.
M. Boulerice: ...et il a fait justement allusion à ces
femmes qui attendent désespérément leur enfant et que nous
soutenons, d'ailleurs, avec l'un de vos collègues, le
député de Lafontaine, M. Gobé, qui, lui aussi d'ailleurs,
est à la veille de dénoncer l'Inaction du ministère dans
ce dossier. Mais on y reviendra un petit peu plus tard dans le débat,
Mme la ministre.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Est-ce que les
députés libéraux ont des questions, pas des questions mais
des remarques préliminaires?
M. Khelfa: Permettez, M. le Président...
Le Président (M. Messier): M. le député de
Richelieu, je vous laisse le temps imparti.
M. Albert Khelfa
M. Khelfa: Merci. Comme on le constate, M. le Président,
la présentation de la ministre regroupe l'action globale du gouvernement
pour viser, comme la ministre l'a mentionné, à avoir un
Québec français, avec tous les critères et les fonctions
qui s'Imposent pour qu'on atteigne cet objectif, et j'ai vu ici que vous avez
mentionné qu'on ne peut pas poser de questions, mais, quand même,
j'ai vu ici des programmes multiples qui sont intéressants pour inviter
les immigrants, les Québécois de nouvelle souche à
intégrer la communauté francophone et le Québec
français d'aujourd'hui et de demain. J'aimerais peut-être revenir
un peu plus tard sur la précision, sauf que, dans les remarques
préliminaires, vous avez mentionné, Mme la ministre, un point que
je trouve très important, celui au niveau de la tolérance de la
société. Et nous, comme porte-parole, que ce soit de l'Opposition
ou du gouvernement, ou d'intervenants de tous les milieux, je pense que ce
serait intéressant que nos discours respectifs soient des discours de
tolérance et d'Invitation à travailler avec l'ensemble des
souches et des couches de la société. C'est un point important,
c'est un point qui pourra permettre d'éviter ce qu'on a vu d'une
façon embryonnaire dans quelques régions du Québec. Merci,
M. le Président. (10 h 45)
Le Président (M. Messier): Sur des paroles fort sages, qui
auraient pu venir de l'Opposition officielle aussi, j'invite peut-être le
député de Mercier à commencer.
Discussion générale
M. Godin: M. le Président. Je voudrais dire à mon
collègue de Richelieu qu'il n'a pas été question ici de
propos qui n'étaient pas marqués d'une ouverture d'esprit. Je ne
comprends pas pourquoi il passe cette remarque, à moins qu'il ne cherche
à gagner du temps et à nous en faire perdre, à nous. Ma
question est très simple à la ministre. Je veux juste
vérifier si elle a été informée que l'Ontario et la
Colombie-Britannique ont fait des pressions pour que le fédérai
modifie les critères de sélection des gens d'affaires, à
la baisse ou à la hausse, suivant les dossiers, de manière
à ce que nous récoltions moins de candidats qu'il y a en un an ou
18 mois.
Immigration, critères de
sélection
Mme Gagnon-Tremblay: Là-dessus, M. le Président, je
dois avouer que le programme qui a été créé par le
Québec est un programme qui est très attractif et qui a toujours
un peu dérangé les autres provinces. Alors, dire que les autres
provinces n'ont pas fart certains efforts pour faire modifier les
critères ou pour faire, tout simplement aussi pour éliminer le
programme, ce serait dire des faussetés. Je pense que oui, il y a eu des
pressions. Cependant, nous avons quand même maintenu ce programme. Nous
avons fait des ententes avec le gouvernement fédéral pour que ce
programme, ces critères soient davantage des critères
correspondant aux besoins de nos entreprises québécoises.
M. Godin: Quel est le statut de cette entente? Est-ce que c'est
le même statut que l'entente Couture-Cullen, sous forme d'annexé
à l'entente Couture-Cullen?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça. M.Godin:
Oui? Directement?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est une annexe à
Cullen-Couture.
M. Godin: Est-ce qu'on peut présumer que, si le lac Meech
se signait, l'annexe serait intégrée, institutionnalisée,
comme il a été question de le faire pour Couture-Cullen?
Mme Gagnon-Tremblay: Elle serait constitu-tionnalisée
comme Couture-Cullen. Je peux peut-être vous donner, vous faire part des
modifications. Est-ce que vous en avez pris connaissance ou si...
M. Godin: Non, je vous écoute, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Les modifications réglementaires qui
ont été apportées comme je le mentionnais, c'est pour le
rendre compatible sur trois points avec le programme fédéral
aussi, et pour le rendre compatible aussi avec nos entreprises.
C'est-à-dire que les garanties offertes aux investisseurs doivent porter
uniquement sur les actifs de la corporation dont la valeur n'est pas fixe et
déterminés par un placement de 250 000 $, ce qui signifie...
C'est au niveau de la garantie. Autrefois, c'est qu'on pouvait avoir une
garantie par une tierce personne, tandis que, là, la garantie doit
être donnée soit sur l'Immeuble, ça peut être un
nantissement commercial sur l'équipement, l'outillage. Alors, la
garantie n'est plus la même. La garantie a été
modifiée.
Ensuite la taille de l'entreprise où se fait le placement est
fixée à 35 000 000 $ par rapport à 50 000 000 $ autrefois.
Il faut que l'entreprise ait un capital de 50 000 000 $. Il y a la
définition de l'investisseur aussi qui a été
modifiée. Les projets de modifications, ont été mis en
vigueur en janvier 1990 et, comme on le mentionnait, une entente
complémentaire a été signée à l'entente
Couture-Cullen entre les deux gouvernements. Je dois ajouter que ça n'a
pas eu d'effet sur la performance de notre programme parce que, quand on
regarde encore les statistiques, voyez-vous, le nombre de dossiers
initiés en 1986 était de cinq, bien sûr on
commençait à ce moment-là; en 1987, on a eu 179 dossiers
d'initiés; en 1988, 315; en 1989, l'année dernière, 494,
pour un total, depuis la création du programme, de 993, avec des
investissements, des engagements totaux de 248 000 000 $. Et je vous faisais
part tout à l'heure, dans mon discours, qu'il y a déjà 121
000 000 $ qui ont été transférés au Québec,
dont 50 000 000 $ et quelques sont déjà engagés, sont
déjà Investis dans des entreprises québécoises.
M. Godin: M. le Président.
Le Président (M. Messier): Avec grand plaisir, M. le
député de Mercier.
M. Godin: Est-ce que la ministre peut nous dire de quel pays
d'origine sont la majorité de...
Mme Gagnon-Tremblay: Hong Kong. M. Godin: Hong Kong.
Mme Gagnon-Tremblay: II faut dire que les demandes sont de plus
en plus nombreuses actuellement. On sait ce qui se passera en 1997. Je dois
vous dire que les investisseurs, actuellement, se tiennent très proche
de la porte.
M. Godin: Donc, vous vous attendez qu'il y ait une augmentation
encore plus importante des dossiers de Hong Kong, à la veille de
l'échéance de 1999.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous avons tout lieu de croire qu'il y aura
vraiment un nombre important de demandes au cours des prochaines
années.
Francisation des immigrants
M. Godin: Maintenant, dans un autre domaine, M. le
Président, la ministre, et le gouvernement, s'est targuée
à plusieurs reprises de franciser les nouveaux venus. On constate, par
ailleurs, que dans les périmés, II n'y a jamais eu autant de
périmés pour les cours de français qu'au cours de l'an
dernier. Donc, on se demande où est la cohérence ou la logique
entre les déclarations...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, nous avons fait
énormément d'efforts, et nous avons plus que
quadruplé, au cours des dernières années, nos budgets. Je
mentionnais également que le ministère est en
réorganisation, actuellement. Nous sommes à réorganiser
les différentes directions, à réorganiser l'ensemble du
ministère. Alors, il peut arriver qu'à l'occasion,
peut-être, on n'ait pas les effectifs au moment où on le
prévoit ou, pour toutes sortes de raisons, il arrive qu'on n'est pas
capables de dépenser toutes les sommes. Je dois vous dire que,
justement, dans le cadre du programme de suppression des arrérages de
réfugiés, entre autres, et c'est là, je pense, qu'on
retrouve une partie des...
M. Godin: De la péremption.
Mme Gagnon-Tremblay: ...de la péremption, oui, les
prévisions transmises par Emploi et Immigration Canada étalent
surévaluées. Alors, pour les cours à temps partiel, la
clientèle desservie en région a été
légèrement inférieure aux prévisions. Et, comme je
le mentionnais tout à l'heure, il y a eu une Importante restructuration
dans le programme québécois de francisation des immigrants, le
programme qu'on avait créé. Et l'application tardive de ces
nouvelles mesures a occasionné la péremption partielle de
certains crédits afférents aux programmes; le retard dans
l'obtention de locaux additionnels, aussi, parce que ce n'est pas juste, vous
savez, d'avoir les ressources financières, encore faut-il avoir les
locaux. Et on sait très bien, par exemple, que, dans la région de
Montréal, ce n'est pas toujours facile d'avoir des écoles
élémentaires de la taille d'une école
élémentaire, par exemple d'avoir les locaux nécessaires.
Et ça crée un autre problème, aussi, qui nous oblige
souvent, à périmer certaines sommes. Et Je dois vous dire,
cependant, que cette année, le ministère a obtenu, contrairement
à bien d'autres ministères, 98 ressources nouvelles. Alors, c'est
vraiment la volonté. Je pense que ça démontre bien la
volonté du gouvernement de vouloir agir dans ce sens.
M. Godin: Dans les critères du ministère, M. le
Président, combien d'heures sont considérées comme
suffisantes pour rendre un Immigrant ou un réfugié fonctionnel
dans une langue qui n'est pas la sienne et qui est le français?
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, écoutez, on prétend,
entre 600 et 800 heures, pour être capables de se débrouiller,
être capables de converser et de se débrouiller. Bien sûr
que parfois il est nécessaire de compléter une autre formation,
mais dans la majeure partie des cas, entre 600 et 800 heures.
M. Godin: Est-ce qu'il y a un examen qui confirme le
résultat des cours, à la fin de cette
période-là?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous sommes en train de mettre sur pied,
parce que ça n'avait pas été fait auparavant, des
mécanismes qui Votit nous permettre d'évaluer nos stagiaires.
Cette année, je vous faisais mention, dans mon allocution du
début, que nous avons élaboré du matériel
pédagogique, chose qui n'avait jamais été faite. Depuis 20
ans, on n'avait jamais été capables de donner du matériel
pédagogique à nos professeurs. Ces gens avaient toujours
enseigné suite à des initiatives, avaient un peu fait oeuvre de
défricheurs, et, pour la première fois, on est capables
maintenant, on leur a donné du matériel didactique, qui a
été fait en fonction des besoins élaborés entre
autres, par le COFI de Québec, ici, qui avait déjà fait sa
propre documentation, son propre matériel. Et nous entendons, bien
sûr, évaluer tous ces nouveaux apprentissages et voir s'il y a
lieu, aussi, d'ajuster nos politiques, étant donné que ça
va nous permettre d'être capables de faire davantage de suivi qu'on
pouvait le faire auparavant.
M. Godin: Donc, il y aura, si je comprends bien, un examen en fin
de course, pour vérifier l'efficacité de votre nouveau
matériel.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, le matériel sera remis
bientôt, mais ce qui est important, c'est justement d'être capables
d'évaluer les apprentissages. Alors, il y a une partie de l'année
qui sera consacrée à l'élaboration, comme je le
mentionnais, tout à l'heure, d'une politique, définissant les
buts et le cadre d'évaluation pour nos programmes de formation et la
production des instruments d'évaluation sera amorcée en 1990-1991
et complétée en 1992. Puis, il y a le perfectionnement des
professeurs, c'est une mesure nouvelle. Des activités de
perfectionnement seront réalisées cette année. Le plan de
perfectionnement visant l'Implantation du nouveau programme et l'Introduction
du nouveau matériel didactique sera complété en cours
d'année. Sa mise en oeuvre devrait débuter au printemps 1991.
En somme, en matière de développement pédagogique,
comme je le mentionnais, il y a le programme de francisation qui a
été approuvé récemment, il y a le matériel
didactique, l'évaluation des apprentissages qu'on entend faire, 1e
même que le perfectionnement des professeurs.
M. Godin: J'aurais une question, M. le Président. Est-ce
que la rumeur est vraie que le fédéral a l'intention de couper
ses transferts pour la prochaine année financière?
Mme Gagnon-Tremblay: Non, actuellement, rien n'indique que le
gouvernement fédéral coupera dans ses transferts. Je dois vous
dire cependant que pour un certain programme, nous poursuivons nos
négociations avec le gouverne-
ment fédéral. Et, actuellement, ces
négociations-là ne sont pas terminées. Elles vont bon
train, mais il n'y a rien qui nous indique qu'il pourrait y avoir une coupure.
Cependant, je dois vous dire, lorsqu'on dit qu'on pense, qu'on croît que
les stagiaires ne pourraient pas être admissibles à ces
programmes, qu'il n'y a pas seulement le programme fédéral. C'est
que nous avons le programme québécois, et il n'y a personne qui
est refusé a notre programme québécois pour suivre des
cours. Ce sont des cours qui sont donnés, bien sûr, à temps
partiel, dans les COFI même, à temps partiel, de soir, ou
même, on essaie de les ajuster, même les fins de semaine. Mais il
n'y a aucun immigrant qui ne sera pas accepté dans ces cours. Il y a des
disponibilités et toute personne qui en fait la demande, nous nous
assurons que cette personne-là puisse avoir accès à des
cours de français.
M. Godin:...
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas le PNFE du
fédéral, mais c'est le cours québécois.
M. Godin: La ministre est convaincue qu'elle aura les fonds
requis du trésor québécois si jamais le
fédéral devait réduire le moindrement ses transferts ou
ses paiements?
Mme Gagnon-Tremblay: Moi, je dois vous dire que cette
année, j'ai obtenu 6 000 000 $ supplémentaires, justement pour la
francisation, 6 000 000 $ qui nous permettront, d'une part, d'ajouter à
notre programme de PQFI, qui nous permettra aussi, bien sûr, de
régionaliser. Comme je le mentionnais, c'est le ministère qui a
obtenu la plus forte proportion, en termes de pourcentage, de crédits
additionnels, cette année.
M. Godin: Sauf qu'il y a une péremption de 1 300 000
$...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est pour les raisons que je vous ai
données tout à l'heure...
M. Godin: Ah, d'accord. O.K.
Mme Gagnon-Tremblay: Comme je vous dis, actuellement, nous sommes
à la recherche d'un local. Nous devons absolument transférer
certains COFI qui sont dans des écoles, actuellement, très
vétustés. Alors, nous sommes à la recherche de certains
locaux. La SIQ travaille actuellement avec le ministère pour trouver ces
locaux. Nous avons ouvert certaines classes à l'école William
Hingston, à Parc Extension. Nous sommes actuellement à voir et
évaluer si on peut obtenir des espaces plus grands à cette
école pour nous permettre aussi d'ouvrir à cette école une
direction régionale du ministère. Parce que je vous parlais tout
à l'heure que nous avions l'intention de régionaliser et d'ouvrir
des direc- tions régionales dans les différentes régions.
Il y en aura une qui sera ouverte à Hull, une autre à Sherbrooke,
une à Québec et deux à Montréal, dans le but de
desservir la clientèle et de décentraliser nos services.
M. Godin: Dans les cas comme ça, vous travaillez avec la
commission scolaire de la ville ou de la région où les cours se
donnent, si Je comprends bien?
Mme Gagnon-Tremblay: Actuellement, nous avons déjà
les COFI, nous avons déjà les écoles qui sont ouvertes.
Donc, II y a par exemple le COFI qui, actuellement, devrait être
fermé, à cause de sa vétusté. Alors, c'est pour
ça que nous sommes à la recherche d'une école beaucoup
plus grande, une polyvalente s'il y a lieu, ou quelque chose, un édifice
beaucoup plus grand, qui nous permettrait de transférer certains cours
qui sont donnés dans ces écoles vétustes, et aussi,
peut-être, d'agrandir et d'en donner davantage.
M. Godin: Puisqu'on parle de "démontréall-sation"
ou de régionalisation, quelles villes ont été choisies par
votre ministère pour l'Implantation de ces bureaux régionaux et
ces cours de français pour les réfugiés ou immigrants qui
iraient s'Installer dans ces nouveaux centres? (11 heures)
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas compris le début de votre
phrase. Quelles étaient...
M. Godin: Puisqu'on parle de régionalisation, quelles
villes ont été choisies par votre ministère?
Mme Gagnon-Tremblay: Quelles villes? Alors, comme je le
mentionnais, Sherbrooke, Hull et Québec, et deux directions
régionales à Montréal, là où il y a
déjà des COFI. Nous avons décidé d'ouvrir là
où il y avait déjà des COFI. Et, naturellement, là
où il y avait déjà une population immigrante, aussi.
M. Godin: Donc, 11 y avait déjà une masse critique
de gens, réfugiés ou autres, dans ces
régions-là...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, dans la région...
M. Godin: ...sans laquelle masse critique, le
déménagement, enfin, ou la régionalisation a moins de
chance de réussir.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est ça. La directrice
régionale de la direction de Québec est déjà
embauchée. Le directeur régional de la région de
Sherbrooke est déjà embauché. Ces personnes doivent, au
cours de la prochaine année, travailler avec tous les groupes
soclocom-
munautaires, les participants, les intervenants du milieu,
c'est-à-dire les municipalités, les municipalités
régionales de comté, les commissions scolaires pour voir vraiment
à bien Informer la population sur l'Immigration et voir aussi à
former de véritables partenariats avec l'ensemble de ces
intervenants.
M. Godin: Est-ce que vous constatez, M. le
Président...
Le Président (M. Messier): M. le député de
Mercier.
M. Godin: ...que, dans les régions à forte
majorité francophone, l'Intégration réussit mieux que dans
les régions où c'est moins francophone, ce qui était,
disons, le principe de base derrière l'idée d'une
"démontréalisation" de l'Implantation?
Mme Gagnon-Tremblay: Bien sûr que dans des petites
régions - je pense par exemple à la région de l'Estrie,
parce que c'est celle que je connais le plus - c'est sûr qu'à ce
moment-là, c'est beaucoup plus facile d'intégrer des personnes
à la communauté francophone, à la société
francophone. Encore faut-Il cependant les retenir. Et pour pouvoir les retenir,
iI faut aussi être capable de leur trouver de l'emploi. Ce n'est pas
seulement la question de la langue, mais il faut être capable de leur
trouver un emploi. Mais, généralement, lorsqu'on peut leur
trouver un emploi, Us sont heureux de demeurer dans ces régions et bien
sûr qu'ils apprennent plus facilement le français. C'est plus
facile au niveau de l'intégration, l'intégration est beaucoup
plus facile.
M. Godin: M. le Président, mon collègue avait une
question.
Le Président (M. Messier): Oui. Est-ce qu'il est possible
d'attendre, M. le député de Sainte-Marie-Salnt-Jacques? Sur le
principe d'alternance, il y avait le député d'Anjou et je vous
reconnais par la suite. Merci beaucoup.
Une voix: Ça reste dans l'Est.
Le Président (M. Messier): À moins que ce soit une
question qui se rattache...
M. Larouche: Non, mol, c'est une question qui touche plus le
"management" public.
Le Président (M. Messier): Est-ce que votre question, M.
le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, se rapporte à la
question principale?
M. Larouche: Si ça se rapporte à l'autre, il peut y
aller tout de suite.
Le Président (M. Messier): On va attendre le oui ou le non
du député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Oui, moi, ça s'adresse directement...
Le Président (M. Messier): C'est un oui, parfait.
M. Bouierice: Alors, la question que je voudrais poser à
la ministre: Est-ce que la ministre convient que, dans la francisation,
l'environnement est important?
M. Godin: L'environnement linguistique.
M. Bouierice: L'environnement linguistique. Si l'environnement
linguistique est important, comment la ministre peut-elle m'expliquer que son
ministère arrête son choix sur des locaux qui sont situés
dans Parc Extension, qui est très loin d'être un milieu
francophone? Vous êtes certes de Sherbrooke, mais je pense que vous
connaissez quand même Montréal.
Mme Gagnon-Tremblay: Un peu moins.
M. Bouierice: Ce n'est pas l'endroit où on vit très
aisément en français.
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, alors, M. le Président, bien
sûr, je connais un peu moins Montréal. Par contre, j'ai des
personnes au ministère qui connaissent très bien. Je vous disais
tout à l'heure qu'il y a une difficulté. Le ministère a
quand même des contraintes. Parce qu'on ne peut pas trouver des
écoles partout, des édifices partout là où on le
voudrait. Il faut que ces édifices soient aussi situés
près des bouches de métro, soient accessibles pour la
clientèle. Cependant, ce qui est important, il faut aussi se dire que
cette clientèle ne demeure pas nécessairement là. Cette
clientèle circule. Ces gens suivent des cours pendant 600 heures ou 850.
Alors, ces gens se côtoient mais retournent dans leur milieu. Ça
ne veut pas dire que ces gens habitent le secteur. C'est la raison pour
laquelle je disais qu'il faut être près d'une bouche de
métro, II faut être près des circuits de transport pour
permettre à cette clientèle d'aller et venir. Mais c'est une
clientèle aussi qui est très changeante. C'est une
clientèle qui, lorsqu'elle a terminé ses 600 heures ou ses 850
heures, retourne sur te marché du travail partout dans la région,
soit à Montréal ou à l'extérieur.
M. Bouierice: Mais elle passe quand même 600, 700 ou 1200
heures.
Mme Gagnon-Tremblay: Ils sont dans une classe. Ils ne sont pas
dans la rue, ils sont dans une classe. Ils étudient le français
et les us et coutumes du Québec.
M. Boulerice: Mais, en tout cas, je veux dire... Il y en avait un
dans ma circonscription, et on voyait bien que ces gens-là,
écoutez, ne connaissaient pas le phénomène du "busslng".
Dès que la cloche sonne, c'est le péril jaune et on s'en retourne
à la maison. Les gens évoluaient dans le quartier avant de
retourner dans le lieu de résidence. On sentait très bien qu'il y
avait une espèce d'intégration qui se faisait puisque, avant de
retourner à la maison, il allait chez le charcutier au coin de
Saint-Denis et Duluth, II allait chez le pâtissier au coin de Rachei et
Saint-Hubert, donc dans un milieu très francophone. Déjà,
il y avait tout de suite, immédiatement, un transfert entre
l'apprentissage de la langue dans la classe et son utilisation pratique dans
des situations d'échanges commerciaux, tandis que dans Parc
Extension...
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, c'était
peut-être vrai au moment où le Québec accueillait, je ne
sais pas, moi, 5000 immigrants annuellement. Lorsqu'on en accueille de 34 000
à 36 000 et qu'il nous arrive en plus de 700 à 800 revendicateurs
de statut de réfugié mensuellement, ce n'est plus la même
chose. Je pense que ce n'est plus le cas de dire: Ce serait peut-être
souhaitable que la personne puisse aller chez son boulanger du coin et qu'elle
puisse aller à son cours de français, et ainsi de suite. Alors,
c'est la quantité, et nous, comme je le mentionnais, nous avons beaucoup
de contraintes pour trouver des locaux accessibles. Je pense aussi que
ça peut quand même être intéressant dans un quartier
à haute densité ethnique, à un moment donné, qu'on
sente qu'il y a un effort de francisation qui se fait pour ces
immigrants-là, dans un lieu qui soit visible. On dit: Voici, c'est
à cet endroit où on va apprendre le français. Ce n'est
quand même pas mauvais non plus.
M. Boulerice: Et l'inverse. N'est-il pas vrai que de les avoir
dans des milieux très francophones, ça aide à
l'acceptation d'immigration?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne peux pas dire le contraire. M. le
député, si vous avez des suggestions à me faire ou si vous
pouvez me trouver un local qui réponde aux exigences du ministère
actuellement et qui permettrait de donner des cours de français à
un nombre important d'immigrants, j'attends vos suggestions. Je serais
tellement heureuse de pouvoir avoir des suggestions.
M. Boulerice: Je suis heureux de voir chez vous cette attitude.
SI votre prédécesseur avait eu la même et m'avait
consulté, il y avait deux écoles dans ma circonscription qu'on
vous aurait volontiers offertes.
Le Président (M. Messier): Le message est passé, M.
le député de Sainte-Marie-Saint-
Jacques. Je vais laisser la parole au député d'Anjou.
Modification de la structure budgétaire
M. Larouche: Alors, après avoir entendu la ministre, ce
qu'on a, c'est les intentions politiques du ministère et du gouvernement
Alors, on doit quand même se réjouir de la clarté de ces
objectifs-là. D'autre part, on doit se réjouir qu'D y ait une
augmentation de 18 % au niveau du budget qui fait, en fin de compte, à
peu près 8 300 000 $ de plus. Mol, je pose une question, comme je le
disais tantôt, au niveau du "management" public. Alors, elle va
s'adresser beaucoup plus, je pense, au sous-ministre et au sous-ministre
adjoint. Si on analyse de façon comparative les pages 17, 18, 19, 20, 21
et 22, alors l'ensemble, quand même, des crédits
budgétaires... Je laisse le soin à l'Opposition de travailler sur
d'autres dossiers, mais pour ce dossier-là, dans l'ensemble du budget,
on voit que l'ensemble des crédits est divisé en trois
éléments: le premier élément, Direction
générale des programmes et des politiques, c'est de la
technostructure; troisième élément, encore de la
technostructure, Secrétariat général du ministère
et Direction de la planification et évaluation, et Direction
générale des services professionnels; et l'élément
2 se trouve à être le coeur des programmes, Services à la
clientèle. Alors, on voit qu'il y a une augmentation de 8 341 000 $. Au
niveau de la technostructure, élément 1, on augmente de 1 800 000
$. Au niveau de l'élément 3, on augmente de 5 800 000 $ et au
niveau des Services à la clientèle, comparativement à
1989-1990 et 1990-1991, on augmente de 732 000 $. Moi, je dis que nos
Intentions politiques, les intentions gouvernementales sont claires, mais je me
surprends de voir qu'on en donne plus à la technostructure qu'au
service. Pour moi, c'est une question de "management" public. Alors, je veux
m'assurer que nos Intentions gouvernementales passent et je pense qu'elles
auraient plus de chances de passer en mettant plus de services à la
clientèle. C'est certainement une question qui s'adresse au
sous-minlstre ou au sous-minis-tre adjoint mais, évidemment, si Mme ta
ministre veut m'éclairer sur ça...
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, si vous le
permettez, je vais commencer la réponse...
Le Président (M. Messier): Vous allez pouvoir
élaborer, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: ...et je passerai la parole.
Le Président (M. Messier): C'est ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Je crois que c'est
tout à fait normal, parce que, tout à l'heure, je vous
disais que nous étions en réorganisation. Pour être capable
de donner ces services et d'accueillir, II faut avoir les structures
nécessaires. Alors, quand je suis arrivée au ministère, ce
qui était important, je me suis dit: Quand on pense accueillir un nombre
grandissant d'immigrants, II faut être capable de les accueillir. Il faut
être capable de les intégrer. Il faut être capable de les
franciser. Alors, c'est la réorganisation du ministère qui
demande des ressources supplémentaires. Et ce qui fait que,
peut-être, on voit une augmentation grandissante. Comme on
réorganise le ministère, il est très difficile de comparer
l'année dernière, c'est-à-dire l'année
précédente, l'année 1988-1989 avec 1989-1990, parce que
les directions ou les éléments ne correspondent pas
nécessairement, parce qu'on a modifié tout l'organigramme du
ministère. Par contre, pour terminer, avant de passer la parole à
mon sous-ministre, je dois vous dire qu'il y a quand même 50 % du budget
du ministère qui est alloué à la francisation. M. Riddell,
s'il vous plaît.
M. Riddell (Norman): Je crois, M. le député, que la
ministre vous a déjà donné la réponse. Si vous
remarquez à la page 20, en bas de page, nous avons indiqué que
les variations par élément de programmes sont fournies à
titre indicatif seulement, parce que nous avons complètement
modifié la structure budgétaire du ministère entre l'an
passé et cette année. Donc, il n'est plus possible, sauf comme
exercice, de comparer les chiffres, de comparer l'an passé et cette
année. Ce n'est pas pour la même chose. J'aimerais aussi souligner
d'autres points. Vous dites que l'élément Politiques et
programmes, c'est de la technostructure. En partie, je crois que vous avez
raison, mais j'aimerais attirer votre attention sur le fait que
l'élément Politiques et programmes est responsable pour
réaliser le mandat horizontal du MCCI. Le gouvernement doit, dans son
ensemble, s'occuper de la clientèle immigrante et des communautés
culturelles, ici, au Québec. Ce n'est pas seulement à travers le
MCCI. Donc, cette action horizontale, cette action de coordination se trouve
à l'intérieur de l'élément Politiques et
programmes, et c'est très important, je crois, pour le succès du
programme d'intégration que le gouvernement se donne.
Une autre chose qui est peut-être à remarquer, c'est que la
pratique dans la préparation des budgets fait en sorte que tous les
loyers sont attribués à l'élément 3. Dans d'autres
organisations, on attribue les loyers au programme...
M. Larouche: Ce sont les loyers de l'élément 2 qui
s'en vont à l'élément 3.
M. Riddell: Oui. Donc, tous les loyers pour
l'élément 2 qui représentent les opérations se
trouvent à l'élément 3. Le loyer est très
élevé pour le ministère. La même chose en ce qui
concerne l'informatique. Nous avons reçu 1 000 000 $ en
développement pour l'informatique, et cet argent, comme pour les loyers,
est attribué à l'élément 3, mais ça sert
l'élément 2. Et, finalement, même avec cette pratique qui
diminue dans un certain sens l'importance des opérations dans la
présentation du budget, nous avons quand même 52 % du budget du
ministère qui est dans l'élément 2, qui s'appelle Services
à la clientèle.
Le Président (M. Messier): Je vous remercie beaucoup.
Avant toute chose, M. Riddell, parce qu'elles vont se poser des questions, au
Journal des débats. D'ailleurs, on les salue, parce qu'elles vont
transcrire ce que vous venez de dire. On ne vous avait pas nommé,
d'ailleurs. C'est M. Norman Riddell? C'est bien ça?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. Messier): Elles vont se poser la question
à savoir qui a cette voix mélodieuse là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: Nous l'avons présenté. C'est
parce que, peut-être, au début, vous n'étiez pas sur ce
fauteuil, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Parfait. Mais il sera toujours
intéressant de se nommer avant.
Mme Gagnon-Tremblay: De se nommer, d'accord.
Le Président (M. Messier): Vous, on vous connaît; M.
Riddell, peut-être un petit peu moins. Il serait peut-être
intéressant de se nommer.
M. Larouche: Ça explique les distorsions au niveau...
Mais, en fin de compte, je suis satisfait de la réponse. Ce dont on veut
s'assurer, c'est qu'on soit capables en termes administratifs de
réaliser nos projets de politiques gouvernementales. Alors, la
réponse me satisfait. Merci.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Mercier.
Réorganisation du ministère
M. Godin: M. le Président, merci. Est-ce que la ministre
peut nous dire quand la réorganisation du ministère dont elle
nous parle chaque année va atteindre la fin de son
échéancier, pour qu'on puisse enfin savoir... Est-ce que
l'échéancier est pour bientôt ou pour un autre
tantôt? (11 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, la
réorganisation du ministère va se faire ou se fait sur une
période de trois ans. Nous ne pouvons vraiment pas faire cette
réorganisation à moins qu'on ait vraiment une période de
trois ans. Elle est commencée et elle se poursuivra cette année
et l'an prochain. On a vraiment prévu trois ans pour pouvoir faire cette
réorganisation, qui est majeure. Vous comprenez qu'on demande des
efforts incroyables à la machine, aux gens qui travaillent actuellement
au ministère. C'est une transformation majeure, et on ne peut pas la
faire avec... Même si on avait des ressources supplémentaires, on
ne pourrait pas la faire en moins de temps cette période, dans un
délai plus court.
Paiement des transferts
M. Godin: M. le Président, au programme 1, au sujet des
paiements de transferts, je constate que, depuis 1985-1986, en pourcentage du
budget total, ça diminue de 12,5 % à 8,5 %. Donc, les paiements
de transferts diminuent d'année en année, ce qui donne des
frissons quand on pense à l'ampleur des programmes du ministère
et surtout à l'importance que le gouvernement dit accorder à ce
sujet-là de l'immigration au Québec et aussi surtout face
à l'arrivée massive de réfugiés à Mirabel et
ailleurs aux frontières du Québec, parce que le Québec est
reconnu comme étant, dans les provinces canadiennes, la plus
généreuse à l'égard de ses réfugiés,
en principe. Comment expliquer que les transferts diminuent d'année en
année, de 1985-1986 jusqu'à maintenant? Comment explique-t-on
ça?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, est-ce que, M. le
député de Mercier, vous voulez parler des transferts du
gouvernement envers des organismes?
M. Godin: Non, avant le transfert... Mme Gagnon-Tremblay:
Du fédéral... M. Godin: ...du fédéral...
Mme Gagnon-Tremblay: ...au provincial?
Une voix: Non. C'est le total des paiements de transferts que le
ministère fait aux organismes.
M. Godin: Non, je pense... Vous avez raison, madame, la question
est bien posée. Il s'agit des paiements de transferts que le
ministère donne aux organismes qui font des demandes au
ministère. Et là, on diminue de 12,5 % du budget total à
8,5 %.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, permettez-vous que
mon sous-minlstre, M. Riddell, réponde à cette question?
M. Godin: Bien oui, évidemment.
Le Président (M. Messier): Avec le plus grand des
plaisirs, Mme la ministre. M. Riddell, nous sommes tout ouïe.
M. Riddell: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Messier): il me fait plaisir.
M. Riddell: En ce qui concerne les transferts, il est tout
à fait vrai que le pourcentage du budget du ministère qui se
trouve dans les transferts envers les ONG est diminué par rapport au
passé. Il y a peut-être quelques éléments qui
expliquent cette situation. Premièrement, comme la ministre l'a
souligné tout à l'heure, le ministère est en
développement, et nous avons des dépenses très
importantes, par exemple pour l'implantation de l'informatique. C'est un
coût qu'on paie pour l'équipement et ensuite, ça ne sera
plus dans notre budget. C'est une somme qui gonfle artificiellement, si vous
voulez, le budget du ministère pendant une courte période: donc,
des pourcentages qui sont alloués ailleurs ont tendance à
baisser. La deuxième chose est que le ministère, comme je l'ai
indiqué tout à l'heure, est très soucieux que les autres
ministères du gouvernement prennent leurs responsabilités envers
notre clientèle. Donc, à cause de ce souci, la ministre a
négocié avec son collègue du MSSS un transfert d'une
partie de notre budget de transferts envers le MSSS pour que ce
ministère s'occupe de la livraison des services liés à la
santé et mettent les ONG directement en lien avec le ministère.
Donc, iI y a un transfert des budgets de transfert du MCCI vers les
ministères sectoriels. Finalement, la ministre a demandé au
ministère d'évaluer à fond le programme de transfert du
ministère, parce que nous avons beaucoup de programmes et il
était très Important, avant d'ajouter des sommes importantes,
d'établir les objectifs de ce programme, de vérifier que ces
objectifs correspondent aux objectifs gouvernementaux et qu'on a des moyens de
mesurer que les objectifs du gouvernement pourraient être atteints. Cet
exercice est déjà en marche et devrait être
complété au cours de l'année.
Le Président (M. Messier): Est-ce que Mme la ministre
voudrait ajouter des...
Mme Gagnon-Tremblay: Non, çava. Le
Président (M. Messier): Çava? M. Godln: M. le
Président...
Le Président (M. Messier): M. le député de
Mercier.
M. Godin: J'aimerais savoir avec combien d'organismes de
santé et de services sociaux le ministère a eu une entente, cette
année ou l'an prochain, qui justifierait les transferts dont parle le
sous-ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, on va pouvoir donner
les chiffres dans quelques minutes mais, comme je le mentionnais et comme mon
sous-ministre le mentionnait, il ne s'agit pas uniquement de ce transfert, il
s'agit de quantité d'éléments qui ont fait que... Mais, si
vous voulez nous donner un petit peu de temps, M. le député de
Mercier.
M. Godin: Oui, d'accord, on est là pour ça.
Mme Gagnon-Tremblay: Mes fonctionnaires sont à la
recherche des chiffres.
Le Président (M. Messier): Est-ce que M Riddell peut
prendre la parole, Mme la ministre?
M. Riddell: Si je peux vous donner un complément
d'information...
Le Président (M. Messier): Juste un petit instant, s'il
vous plaît. Ça me prendrait l'autorisation de Mme la ministre.
Vous passez la parole à M. Riddell?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, s'il vous plaît, oui.
Le Président (M. Messier): Parfait.
M. Riddell: M. le Président, les transferts sont de
l'ordre de 100 000 $, et si nos Informations sont correctes, il s'agit de six
organismes. Si la ministre est d'accord, on sera en mesure de communiquer au
député la liste des organismes.
Mme Gagnon-Tremblay: On pourrait la déposer un peu plus
tard.
Le Président (M. Messier): Est-ce qu'il y a consentement
pour le dépôt de...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président, il semble que
je n'ai pas l'information détaillée. Alors, si M. le
député de Mercier souhaite avoir l'information
détaillée, à ce moment-là, on pourrait
déposer le document plus tard.
Le Président (M. Messier): O.K., ça va.
M. Godin: Maintenant, dans un autre ordre d'idées...
Le Président (M. Messier): Juste, peut-être une
petite...
M. Godin: ...puisqu'on n'a pas d'ordinateur... Le
Président (M. Messier): Juste un... M. Godin: Oh! Excusez,
oui?
Le Président (M. Messier): II y a peut-être une
question du député de Richelieu. Si vous passez à un autre
élément du programme, il y a peut-être le
député de Richelieu qui voudrait poser une question. On vous
revient par la suite, M. le député de Mercier. M. le
député...
M. Godin: J'attends patiemment.
Le Président (M. Messier): ...de Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. C'est juste une
question à Mme la ministre. Dans votre présentation, vous dites
que, dans la dernière année, l'immigration provenait
majoritairement du Liban, d'Haïti, de la France, du Viêt-Nam et de
Hong-Kong, et que les trois premiers pays, le Liban, Haïti et la France,
fournissent une clientèle francophone. Est-ce que vous avez
retracé à l'intégration ceux qui viennent des deux autres
pays immigrants, le Viêt-Nam et Hong-Kong, dans le sens de leur
intégration à la communauté francophone?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne comprends pas votre question. Est-ce
que...
M. Khelfa: Là, on dit que...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, j'ai... Pour le début, ça
va. C'est votre question précise, là, qui...
M. Khelfa: Est-ce que vous êtes en mesure de retracer ou de
connaître l'intégration de la clientèle venant des deux
autres pays à la communauté francophone, ou bien si c'est
difficile de faire le relevé?
Mme Gagnon-Tremblay: Jusqu'à maintenant, nous n'avions pas
les mécanismes qui nous permettaient de faire le suivi. Nous sommes
actuellement en train de faire une recherche qui nous permettrait de
connaître la réponse à votre question.
M. Khelfa: Dans un deuxième temps, est-ce que votre
étude ou recherche pourra déterminer, dans le futur,
l'intégration des communautés à l'intérieur du
Québec non seulement dans les grands centres, mais aussi dans les
régions? Est-ce qu'il y a moyen de retracer l'intégration de ces
communautés à l'extérieur de Montréal, bien
sûr?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est que nous pourrons faire le suivi des
personnes qui arrivent, qui dorénavant arriveront, parce que,
premièrement, avec l'implantation de personnes à
l'arrivée, dans les aéroports, et aussi naturellement avec les
services qu'on pourra donner en régions, ça nous permettra de
faire un suivi et d'avoir en disponibilité toutes les statistiques,
choses que nous n'avons pas ou difficilement, maintenant.
M. Khelfa: D'accord, merci.
Le Président (M. Messier): M. le député de
Mercier, votre patience n'a pas été vaine.
M. Godin: Oui, M. le Président, merci.
Le Président (M. Messier): Ça me fait plaisir.
M. Godin: Comme le ministère ne consacre que 19 000 $
à la publicité pour ses cours de français dans les
médias pluriethniques, est-ce que ce n'est pas normal qu'il y ait tant
de péremption et qu'il y ait tant de réfugiés ou
immigrants qui ne parlent pas le français après plusieurs
années, même au Québec dans les COFI?
Mme Gagnon-Tremblay: Bon, écoutez.. Promotion des cours
de français
M. Godin: Est-ce qu'elle ne croit pas, M. le Président...
M. le Président, est-ce que la ministre ne croit pas que, s'il y avait
plus de publicité dans les médias pluriethniques à
Montréal annonçant un cours de français, il y aurait moins
de péremption et plus de francisation?
Le Président (M. Messier): Question très
pertinente. Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Alors, M le Président. Au
départ, il faut quand même admettre que les cours qui sont
donnés dans les COFI... Le programme fédéral, le PNFE,
n'est pas un programme comme tel de francisation, c'est un programme de
sécurité de revenu. Les gens qui sont admissibles à ces
cours sont des personnes qui ne parlent ni la langue anglaise ni la langue
française et qui sont destinées au marché du travail.
Donc, ce qui élimine quand même une clientèle assez
importante de nos nouveaux venus.
Nous avons mentionné aussi qu'il y a de plus en plus de gens
d'affaires qui arrivent. Bien souvent, ces gens ne passent pas non plus par le
COFI. Ces gens ont de l'emploi immédiatement lorsqu'ils arrivent,
entrent sur le marché du travail, suivent des cours aux adultes ou bien
parfois aussi peuvent suivre des cours chez
Berlitz ou ailleurs. Donc, finalement, notre plus forte clientèle
dans les COFI, c'est en partie la clientèle des réfugiés.
Même les revendicateurs de statut de réfugié ne sont pas
éligibles aux COFI. C'est pourquoi le Québec a créé
son propre programme de francisation et c'est pourquoi nous avons doublé
nos budgets à la francisation pour être capables de donner des
cours à toutes ces autres personnes qui voudraient se franciser. Bien
sûr, nous sommes conscients que ce n'est pas suffisant. Bien sûr
que nous nous disons qu'il faut absolument faire des efforts à tous les
niveaux, que ce soit sur le marché du travail, que ce soit dans les
entreprises, que ce soft par exemple... à tous les niveaux.
Donc, comme je le mentionnais, par ces cours, au niveau du COFI, on
n'atteint pas toute la clientèle. On n'atteint seulement qu'un
pourcentage. Si, bien sûr, le Québec pouvait à un moment
donné avoir un véritable programme de francisation au lieu d'un
programme uniquement de sécurité du revenu, ce serait très
différent.
Le Président (M. Messier): ...Mme la ministre.
M. Godin: M. le Président, autre question.
Le Président (M. Messier): Avec le plus grand des
plaisirs, M. le député de Mercier.
M. Godin: On a eu des statistiques sur le nombre de dossiers qui
sont passés par le bureau de Paris, grâce à l'implantation
de l'ordinateur, je pense, qui est de 20 000 dossiers pour 1988-1989. Il y a eu
un rejet de 17 559 dossiers, pour une performance de 2821 dossiers seulement.
Est-ce que la ministre a l'intention de modifier soit l'arrivée, la
sélection, soit d'autres paramètres, comme on disait hier en
Chambre, pour s'assurer qu'on en récolte davantage sur ces 20 000?
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire... Le SIQ à Paris,
l'informatisation n'est pas encore implantée. Je suis allée
l'automne dernier, alors c'est en train de se faire actuellement. Ce que nous
avons fait après mon passage au bureau, nous avons ajouté des
ressources, du personnel de soutien, pour permettre à nos conseillers de
faire beaucoup plus d'entrevues. Je dois vous dire que le SIQ de Paris est
beaucoup plus performant alors qu'il l'était. Il y a plusieurs
années, on ne faisait pas autant d'entrevues. Au contraire, compte tenu
des entrevues-personnes, le SIQ de Paris est beaucoup plus performant qu'il
l'était. Ce que nous avons fait, nous avons ajouté des ressources
supplémentaires et nous avons aussi exempter les conseillers de
l'Immigration à Paris de faire des missions ailleurs. Vous savez que le
SIQ de Paris, ce n'est pas uniquement l'immigration française. C'est que
le SIQ de Paris allait
faire des missions au Maghreb, entre autres. M. Godin: Et
à Beyrouth, je pense, aussi. Mme Gagnon-Tremblay: Pardon? M.
Godin: Au Liban aussi, je pense.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, plus main tenant.
M. Godin: Non.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui est arrivé, c'est que nous
avons envoyé des équipes volantes directement de Montréal
au Maghreb et nous avons ajouté aussi des conseillers à Nicosie
(Chypre) entre autres. Ce qui signifie que les conseillers de Paris ont pu
faire beaucoup plus d'entrevues. Je dois vous dire que nous sommes
passés, pour le nombre de certificats de sélection émis en
1985, de 1613 à 5050 en 1989. Au niveau des dossiers acceptés,
nous sommes passés de 864 à 2350 dossiers acceptés.
Maintenant, pour répondre à la deuxième partie de
votre question: qu'est-ce qu'on fait actuellement pour aussi admettre les
personnes qui sont refusées à la présélection? Je
dois vous dire que j'ai demandé à mes conseillers de revoir dans
leur présélection les dossiers qui avaient été
refusés en vertu de notre grille de sélection, entre autres du
guide de l'emploi au Québec aussi. Parce qu'on sait très bien que
la francisation, c'est une chose mais la question de l'em-ployabilité
aussi, le critère employabilité est éliminatoire. J'ai
demandé à ce qu'on regarde le profil de ces personnes et voir si
ces personnes pourraient s'adapter à une autre profession, par exemple,
ou pourraient faire autre chose au Québec si elles ont la
véritable motivation de venir au Québec. (11 h 30)
Alors, actuellement, cet échantillonnage se fait au bureau de
Paris et on est en train de rappeler certaines personnes qui avaient
été refusées dans un premier temps et de voir si ces
personnes, à cause de leur motivation, ne pourraient pas venir au
Québec quand môme.
M. Godin: M. le Président, la ministre nous avait
annoncé, au retour du voyage de Paris précisément, une
nouvelle grille qui tiendrait compte de nouveaux facteurs, de nouveaux
paramètres ou périmètres. Est-ce que cette nouvelle
grille-là est en voie d'atteindre son échéancier elle
aussi et d'être appliquée intégralement, de manière
à récolter plus de candidatures de pays francophones qui passent
par Paris, soit l'Afrique francophone, soit le Liban, soit le Maghreb, soit
l'Europe? C'est ma question, M. le Président.
Le Président (M. Messier): C'était votre question
et on attend la réponse.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, oui, actuellement
nous sommes à élaborer cette grille. Ce n'est pas tout à
fait terminé, mais ce que nous faisons actuellement à notre
bureau de Paris, c'est que nous appliquons cette grille avec beaucoup plus de
flexibilité pour attirer de plus en plus d'Immigrants francophones, en
attendant que la grille finale soit élaborée.
M. Godin: M. le Président, merci.
Coopérants
Le Président (M. Messier): II me fait plaisir, M. le
député de Mercier. Est-ce qu'il y a des députés
ministériels qui aimeraient, par le principe de l'alternance, poser des
questions? Ça va. J'ai peut-être une question, madame - je ne sais
pas si ça relève de vous ou du MAI - concernant les
coopérants. Je pense qu'il y a un bassin de 21 coopérants par
année, des coopérants français qui peuvent venir ici faire
leurs études ou faire un stage ici au Québec. J'ai posé la
question au MAI et je n'ai pas encore eu la réponse. Je vous la pose:
Est-ce que le nombre de 21 est fixé par vous ou par le ministère
des Affaires internationales? Il y a une autre question qui va suivre, suite
à la réponse.
Mme Gagnon-Tremblay: Ça n'a rien à voir avec le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, M. le
Président.
Le Président (M. Messier): Parce que dans votre... En tout
cas.
Mme Gagnon-Tremblay: Sauf qu'on les traite naturellement pour la
question de l'immigration, qu'on leur émet un certificat.
Le Président (M. Messier): Vous n'avez peut-être pas
la réponse, mais peut-être que vous l'avez. De ces
coopérants, j'en ai trois à Saint-Hyacinthe au Centre de
technologie textile: il y en a deux qui ont décidé de rester, le
troisième va possiblement faire la même chose que les deux autres
Français. Est-ce qu'il y a eu d'autres coopérants qui ont
décidé de s'inscrire au Québec et de demander le statut de
Québécois, Canadien?
Mme Gagnon-Tremblay: La résidence permanente?
Le Président (M. Messier): Oui, la résidence
permanente.
Mme Gagnon-Tremblay: II faut dire que lorsqu'une personne qui
obtient son certificat comme statut de coopérant ou comme
étudiant ou comme travailleur temporaire et qui décide de rester
au Québec, ne peut pas... Le Québec ne
peut pas les sélectionner sur place. Nous n'avons pas le pouvoir
de les sélectionner sur place. Ce coopérant, cet étudiant
doit retourner dans son pays ou retourner ailleurs dans un autre bureau et
faire sa demande. Le Québec ne peut pas sélectionner sur
place.
Le Président (M. Messier): Ça me paraît
aberrant un peu, parce qu'il est déjà sur place, il a fait son
stage et je regarde ceux qui sont à Saint-Hyacinthe, ils sont
très heureux, et surtout qu'ils ont fait leur formation et leur
université à l'extérieur, soit en France, et ont
réussi. Ça n'a rien coûté au Québec et on
n'est pas capables de les sélectionner sur place.
M. Boulerice: Mme la ministre dit qu'ils doivent retourner dans
leur pays, ils peuvent aller à Boston aussi. Il s'agit d'aller dans un
bureau d'immigration, c'est tout. Je suis heureux de vous avoir
informé.
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Messier): Oui, ça vient, M. le
député de Mercier, je veux juste avoir la réponse de Mme
la ministre.
M. Godin: Oui, d'accord.
Mme Gagnon-Tremblay: II s'agit de trouver la solution.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): Est-ce que vous avez
répondu à ma question?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): Je n'ai pas eu de
réponse à ma question. Je trouve ça aberrant qu'ils soient
obligés de retourner dans leur pays ou dans un autre endroit. Pourquoi
pas les sélectionner directement ici?
Mme Gagnon-Tremblay: En vertu des pouvoirs entre les
juridictions, entre le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial. Alors, le gouvernement fédéral ne permet pas au
gouvernement provincial de faire de la sélection sur place.
Le Président (M. Messier): Ça viendra un jour?
Merci, Mme la ministre. M. le député de Mercier.
M. Godin: M. le Président, est-ce que ces stagiaires ne
pourraient pas bénéficier, dans leur évaluation par vos
agents, d'une espèce de plus, vu leur expérience du
Québec? J'ai vu dans mon comté comme député et
comme ministre peu de temps après, et peu de temps au total, beaucoup de
très bons candidats et je me disais à l'époque: Si on leur
donnait un nombre de points x pour la connaissance du Québec, on
choisirait donc des gens déjà enracinés partiellement au
Québec et on faciliterait leur tâche à ces futurs
immigrants et, également, on donnerait à leur stage une
espèce de reconnaissance, parce que j'ai rarement vu de stagiaires qui
n'étaient pas extrêmement Intéressés par le
Québec. D'ailleurs, il y a beaucoup plus de stagiaires français
qui veulent rester ici que l'inverse. Je ne sais pas si ça indique
quelque chose, mais en tout cas.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, pour répondre
à la question du député de Mercier, je pense qu'il a tout
à fait raison. Et, déjà, nos conseillers le font, parce
qu'il ont quand même une marge de manoeuvre au niveau de l'adaptation.
Alors, comme cette personne-là connaît déjà le
français, connaît déjà le Québec, elle
reçoit généralement beaucoup plus de points à ce
niveau-là.
M. Godin: Alors, M. le Président, ça répond
à ma question admirablement bien.
Le Président (M. Messier): Ah mon Dieu! C'est super de
vous entendre ce matin.
M. Godin: Tout ce que je souhaite, c'est que les agents du
ministère écoutent leur ministre autant que moi!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): Ça viendra
peut-être un jour. Vous avez lancé votre message. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: C'est juste une petite question
complémentaire à celle de mon collègue et ami de Mercier.
Effectivement, la ministre parlait de réaménager la grille. Je
vois que, dans "adap-tabiltté", il y a connaissance du Québec et
on accorde deux points. Donc je pense que la solution se trouve
inévitablement là. Dans le cas de stagiaires de pays de la
francophonie, il ne s'agit pas de leur donner deux points, mais d'y aller avec
un nombre un petit plus élevé. "Qualités personnelles", ce
sont tous des gens de qualité, on le sait. S'ils ont été
acceptés pour être stagiaires, les 15 points-là, je pense
que la solution pourrait effectivement se retrouver là. Mais je
m'aperçois d'une chose. Est-ce que je me trompe si je pense que la
ministre actuelle ne partage pas le point de vue de sa
prédécesseur quant à l'immigration francophone?
Le Président (M. Messier): Une question tendancieuse. Mme
la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: II faudrait peut-être demander le
point de vue de ma prédécesseur.
M. Boulerice: Votre prédécesseur trouvait que
C'était discriminatoire de privilégier ceux qui avaient une
parenté culturelle et linguistique avec nous. Je vols le changement et
je m'en réjouis, dans un certain sens.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, il faut dire que
toute immigration, lorsqu'on fait de la sélection, est un peu
discriminatoire en partant et nous cherchons une clientèle qui
réponde aux besoins du Québec francophone, qui soit
"intégrable" et réponde aussi aux besoins du Québec
francophone et économique.
Le Président (M. Messier): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Richelieu, une question pour vous.
M. Khelfa: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Ça me fait plaisir.
Nouveaux visages
M. Khelfa: Tantôt, dans votre présentation, Mme la
ministre, vous avez mentionné une opération intéressante
ou un programme intéressant qui s'appelle Nouveaux visages et qui est
sous la direction du ministre délégué aux
Communautés culturelles. Est-ce que ces stages ont eu lieu tel que
prévu? Ça, c'est dans un premier temps. Dans un deuxième
temps, est-ce que cette clientèle a des difficultés d'adaptation
dans le milieu? Et, peut-être, pourrais-je revenir selon la
réponse de M. le ministre concernant les deux paramètres de ce
programme?
Le Président (M. Messier): M. le ministre
délégué.
M. Cherry: Merci. Pour répondre au premier volet de votre
question, la première phase a eu lieu, celle qui couvrait la
période de 1987 à 1989, et ça s'est fait en étroite
collaboration avec la Fédération professionnelle des journalistes
du Québec. C'est un programme qui s'adresse à ceux qui ont
déjà une expérience dans ce domaine-là, dans le
domaine des communications. Et lors de cette première phase, cinq
candidats ont été retenus. Les cinq stages ont eu lieu: trois
dans la région de Montréal et deux à l'extérieur de
Montréal. Deux de ces cinq stagiaires ont obtenu un emploi permanent.
Tous ceux qui avaient postulé pour se qualifier pour ce concours,
même s'ils n'ont pas été retenus comme les cinq stagiaires,
font maintenant partie d'une banque, d'un réservoir dans lequel ils
pourront être sélectionnés pour des emplois futurs dans ce
domaine.
Ça, c'est dans un premier temps. Donc, au niveau de...
M. Khelfa: De la réalisation.
M. Cherry: Oui, une première phase a OU lieu.
Deuxièmement, oui, on pense qu'on peut identifier cela comme un
succès et, l'anticipation du suivi de votre question, c'est que,
déjà, la phase 2 est prévue pour 1990-1992, toujours en
collaboration avec le ministère et la Fédération
professionnelle des journalistes du Québec. Il y aura, dans un
deuxième temps, 14 stagiaires, mais nous élargirons les
possibilités. Dans le premier temps, ça s'était
limité à la télévision. Maintenant, ça
s'étendra aux gens de la radio et de la presse écrite. Il y a 14
stages qui sont prévus pour les deux prochaines années.
M. Khelfa: Est-ce qu'il y a eu des difficultés dans ce
programme, des difficultés d'adaptation quelconque? Est-ce que ces
programmes, ces stages ont donné une sorte d'emploi permanent à
quelques stagiaires?
M. Cherry: Oui, dans un premier temps, deux des cinq premiers
stagiaires ont déjà un emploi permanent et vous me permettrez
d'ajouter que ia Société Radio-Canada est en communication avec
nous pour voir de quelle façon nous avons fonctionné, nous
informant qu'il est de son intention d'appliquer, à l'intérieur
de la Société, un programme similaire à celui que le
ministère, en collaboration avec la fédération, a mis sur
pied.
M. Khelfa: Donc, si on évalue ce programme, c'est un
programme très positif.
M. Cherry: II semble porter d'excellents résultats.
M. Khelfa: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Messier): II est intéressant de
savoir que Radio-Canada est vraiment impliquée dans le processus. M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Boulerice: Je suis heureux, M. le Président, que vous
ayez fait mention de la présence de la télévision de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, je m'en réjouis.
Le Président (M. Messier): Soit en présence de Mme
Blouin.
M. Boulerice: J'aimerais poser une question à Mme la
ministre au sujet des réfugiés et de la réunification des
familles. Elle sait fort bien qu'en décembre dernier, un groupe de 16
réfugiés latino-américains amorçait une
grève de la faim de 25 jours pour accélérer la
réunification des familles. Les réfugiés avaient mis fin
à leur grève, M. le Président, le 5 janvier, au moment
où 41 personnalités québécoises engageaient des
pressions auprès des ministres du Québec et d'Ottawa pour
accélérer cette réunification des familles.
À l'heure actuelle, sur les 130 enfants que comptent les familles
de réfugiés, seulement 18 sont au pays, dont la moitié
sont entrés illégalement. Il semble bien, pour ceux qui se fient
aux moyens légaux, que l'attente soit drôlement longue. Je pense
que tout le monde a pris connaissance de l'article qui a été fait
par Mme Tasso à qui, d'ailleurs, je rends hommage puisqu'elle a toujours
eu cette très grande sensibilité. J'étais présent
à cette fête des mères, mais des mères,
malheureusement sans enfant, qui a eu lieu au centre Saint-Pierre-Apôtre.
Je pense que ce n'était pas tellement agréable, M. le
Président, de voir ces femmes privées de leurs enfants depuis je
ne sais pas combien d'années, avec même le sentiment de se
demander: est-ce que ces enfants-là vont me reconnaître?
Je ne vous le cacherai pas, et je l'ai annoncé publiquement, ces
parents viennent régulièrement à mon bureau de
circonscription où ils peuvent utiliser les lignes
téléphoniques de mon bureau pour continuer de communiquer avec
leurs familles dans les pays d'Amérique Centrale et d'Amérique du
Sud et malheur à celui qui voudrait m'en faire le reproche. Quand on
voit ces femmes ressortir de mon bureau en larmes, je pense qu'il est
drôlement pénible, M. le Président, de voir une situation
comme celle-là, alors qu'on sait fort bien que ceux qui sont
revendicateurs du statut de réfugié seront acceptés de
tout façon.
Alors, j'aurais trois questions très précises à
adresser à la ministre. La ministre peut-elle nous dire comment il se
fait que les démarches soient aussi ardues dans un dossier comme
celui-ci, un dossier, d'ailleurs, qui reçoit la sympathie unanime des
Québécois et une sympathie aussi unanime des deux formations
politiques, puisque, je vous le répète, il y a la présence
de votre collègue, le député de LaFontaine?
Le Président (M. Messier): En son absence, je vous laisse
la parole.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je pense que, sans
approuver pour autant le recours à la grève de la faim, il faut
comprendre que la longue période de séparation de ces gens d'avec
leur famille est pénible et je pense que la situation peut devenir
insoutenable si comme revendicateurs ils sont convaincus que les proches dont
ils sont séparés se trouvent en situation de danger. Ça,
il faut bien l'admettre. Je dois vous dire cependant, que l'admission sur le
territoire national et l'examen des requêtes du statut de
réfugié représentent des juridictions strictement
fédérales. Le ministère des Communautés culturelles
et de l'Immigration a suivi de près l'évolution de cette
situation. Il y a des fonctionnaires du ministère qui sont
demeurés en étroite relation avec leurs homologues
fédéraux et mon cabinet a aussi contacté à
plusieurs reprises celui de la ministre fédérale, Mme Barbara
McDougall. J'ai écrit aussi au groupe de personnalités
québécoises. Je les ai rencontrées à mon bureau en
février 1990. Je dois vous dire que la situation est actuellement la
présente, d'après les résultats de toute cette
démarche.
Au 18 mai 1990 - c'est quand même relativement récent - la
situation pour les 18 revendicateurs ayant fait une grève de la faim
était la suivante. Dans trois cas, les membres de la famille
étaient déjà arrivés au Québec. Dans un cas,
les visas de résidence permanente étaient émis et
l'arrivée au Québec était imminente. Dans deux cas, les
demandes étaient acceptées et l'émission des visas de
résidence permanente devait intervenir sous peu et, dans huit cas, les
demandes de réunification avaient été refusées, le
fédéral ayant jugé, après examen sur place, que les
personnes demeurées dans le pays d'origine n'étaient pas en
danger. Ainsi, sur les 14 dossiers où une décision est
intervenue, il y a eu six acceptations et huit refus. Par ailleurs, dans trois
cas, le fédéral n'a pu rencontrer les membres de la famille
à l'étranger, malgré des relances effectuées
auprès de ceux-ci. Un revendicateur a été retourné
dans son pays d'origine. Voilà la situation au 18 mai 1990. (11 h
45)
M. Boulerice: Alors la situation au 18 mai 1990, Mme la ministre,
elle est en partie ce que vous dites, mais elle est également
différente. J'y reviendrai tantôt.
Vous avez parlé de contacts entre les fonctionnaires de votre
ministère et ceux de Mme McDougall à Ottawa. Combien de fois
avez-vous rencontré votre homologue fédérale concernant ce
dossier depuis janvier?
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai renconté mon homologue une fois
depuis janvier, mais vous comprenez que ce n'est pas tous les jours qu'on
rencontre ses homologues fédéraux. Je dois vous dire, cependant,
que nos fonctionnaires ne cessent de discuter et je pense aussi que ce sont les
fonctionnaires qui, en bonne partie, sont au fait de toute la procédure.
Encore faut-il vous rappeler que ce dossier relève du gouvernement
fédéral et que, malgré tous les efforts que l'on fait,
c'est le gouvernement fédéral qui, sur place, dans les pays,
procède aux vérifications qui s'imposent. À ce
moment-là aussi, c'est très difficile. Si, par exemple, on me dit
que les vérifications ont été faites et que, pour une
quantité de raisons que je ne voudrais pas énumérer ici,
ces personnes ne peuvent pas venir, à ce moment-là, je dois quand
même prendre en considération les recommandations qui me sont
faites.
M. Boulerice: Est-ce que Mme la ministre a
demandé à sa vis-à-vis quelle était la
définition fédéraledu mot "danger"? Je pense qu'on
a abondamment utilisé le dictionnaire hier, on pourrait s'en servir de
nouveau. C'est quoi, le danger? Est-ce que le gouvernement
fédéral se borne à évaluer le danger dans le sens
de dangers physiques, quand on sait fort bien - je ne veux pas pratiquer mon
ancien métier ici, quoique j'en ai souvent la nostalgie - qu'il y a
d'autres dangers que les dangers physiques?
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne voudrais pas entrer dans tout le
détail de la notion de danger, parce que là, bien sûr, on
pourrait sortir non seulement les dictionnaires, mais la réglementation
et les lois fédérales. Cependant, je dois vous dire qu'ils
prennent beaucoup en considération le fait qu'un enfant soit seul dans
son pays, qu'il est demeuré seul ou s'il vit encore avec des parents. Il
y a certains cas par exemple - là, je ne veux pas tous les
énumé-rer - pour lesquels on m'a dit que les grands-parents ne
voulaient pas laisser aller les enfants. Ils avaient les enfants à leur
charge et ils ne voulaient pas les laisser aller. Dans un autre cas, le couple
était en instance de séparation ou de divorce. Là aussi,
il y avait un certain problème avec les enfants. Donc, il y a quand
même, je pense, des motifs qui... Je n'ai pas en main le portrait global,
mais je me fie à ce que nous avons, aux informations que nous avons
reçues du gouvernement fédéral.
M. Boulerice: Donc, vous me dites, madame, que vous vous fiez
à l'évaluation qui est faite par le fédéral.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, M. le
député...
M. Boulerice: Je vous trouve un peu périlleuse.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, M. le député,
je ne peux quand même aller sur place moi-même et inventorier tous
ces cas, ce n'est pas moi qui suis en mesure de faire ça. Il faut bien
se fier à quelqu'un qui est habitué à le faire dans ces
pays, qui connaît bien les faits, qui connaît bien, aussi, les
dangers, justement, que vivent ces personnes dans ces pays.
M. Boulerlce: Mais n'avons-nous pas, madame, des
représentants au Mexique, au Venezuela, en Haïti, en Argentine, qui
pourraient faire une évaluation, mais une évaluation avec les
yeux des Québécois? Vous me parlez des grands-parents, je suis
bien prêt à entendre ça, mais je pense que les enfants
reviennent aux parents.
Mme Gagnon-Tremblay: Je suis très sensible à cette
problématique et je sympathise beaucoup avec les parents. Comme vous le
disiez, bien sûr qu'il est tout à fait normal que les enfants
reviennent aux parents. Mais, je vous réitère encore une fois,
quand bien même je le verrais avec mes yeux à moi, quand bien
même on le verrait avec les yeux du gouvernement provincial, qu'il y a
toujours une réglementation au fédéral, une loi
fédérale et ce n'est pas notre réglementation ou nos
émotions qui vont primer. Finalement, c'est toujours la loi
fédérale, la réglementation fédérale et,
là, je suis vraiment impuissante.
M. Boulerice: La ministre, M. le Président, a
employé le mot clé. Elle a prononcé le mot provincial.
Inévitablement, quand on veut absolument se considérer comme une
province, on reste une province. Compte tenu qu'on est une
société distincte - enfin, nous, on ne se pose pas la question
devant le miroir, le matin, on le sait depuis des siècles, quoique les
autres nous le refusent - et qu'on a toujours eu une attitude d'accueil tout
à fait différente des réfugiés, contrairement aux
autres provinces du Canada, la ministre ne pense-t-elle pas, au-delà des
juridictions, qu'il serait peut-être temps que le gouvernement du
Québec cesse d'être provincial dans un dossier comme
celui-là, qu'il se comporte comme un gouvernement national, qu'il
regarde Ottawa et qu'il lui dise: Nous, ces enfants-là, les parents sont
ici et ils sont d'excellents Québécois, nous les voulons? Cessez
qu'on se comporte, dans ce dossier-là, et je vais employer le mot, en
perron de porte devant une réglementation fédérale. On
veut de nouveaux pouvoirs, voilà l'occasion d'en exercer un et en
ciblant des cas très précis. Est-ce que le Québec a un
poids politique? Est-ce que la ministre a un poids politique face à Mme
McDougall?
Le Président (M. Messier): II n'y a pas de doute sur le
poids politique, Mme la ministre?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, M. le Président... que je sache,
M. le député, le Québec n'est pas encore
indépendant et le Québec est toujours...
M. Boulerice: Ça viendra.
Mme Gagnon-Tremblay: ...est une société distincte,
mais est encore une province qui fait partie de la Fédération
canadienne, de la Confédération. À partir de ça,
maintenant, je dois vous dire, aussi, et là, je pense bien, tout comme
ma collègue, Mme McDougall, que ce ne soit pas non plus l'objectif, ce
n'est pas ce que vous avez voulu dire sûrement, que McDougall aurait
intérêt à laisser mourir les enfants qui sont
réellement en danger. Je ne pense pas que ce soit, finalement,
l'objectif que vous visez.
Par contre, tout à l'heure, vous me félicitiez d'avoir
cette préoccupation de l'immigration
francophone et il faut... D'avoir la préoccupation de
l'immigration francophone - ou bien, vous ne me félicitiez
peut-être pas, M. le député, mais, quand même, vous
sembliez être heureux de voir que j'avais cette préoccupation de
l'immigration francophone- il faut quand même admettre que ce mouvement
de revendicateurs, de réfugiés, actuellement - je le mentionnais
tout à l'heure - crée, aussi des demandes supplémentaires
au niveau de nos structures, au niveau de l'harmonisation de nos
différents programmes et aussi de l'intégration, parce que, comme
on le mentionnait, nous avons à régulariser les cas de 35 000,
ici, au Québec, et il nous en arrive de 700 à 800 par mois.
Finalement, lorsqu'on parle d'intégration, il faut quand même dire
qu'actuellement nos structures ne sont pas prêtes à accueillir
autant de personnes revendiquant le statut de réfugié.
M. Boulerice: Écoutez, je suis dans une situation,
malheureusement... Entre parenthèses, j'aime féliciter un
ministre libéral quand il a une bonne idée. Je ne me
gênerai jamais de le faire. Donnez-m'en plus souvent l'occasion, je vous
en serai reconnaissant. Mais, là, le grand drame, c'est "tempus fugit"
et il y a un sujet qu'on aimerait beaucoup aborder à cette commission,
sauf que je tiendrais quand même à vous rappeler qu'il ne s'agit
pas de boîtes de conserve, comme je le répétais très
souvent à votre prédécesseur, lorsqu'il s'était agi
des Turcs, il s'agit d'enfants. Je pense que le gouvernement du Québec
devrait être capable de faire entendre le message fort et très
clair auprès du ministère fédéral de l'Immigration,
en disant, dans ces cas très précis où les parents sont
déjà ici: Eh bien, nous voulons les enfants avec nous.
Maintenant, à ceci, êtes-vous prête, Mme la ministre,
avant la fin des travaux du Parlement, soit à rencontrer à
nouveau le groupe des personnalités québécoises et des
représentants de cette communauté?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, bien sûr, pour
répondre à votre question, M. le député de
Saint-Jacques, que je n'hésiterai jamais...
M. Boulerice: Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mme Gagnon-Tremblay: ...Sainte-Marie-Saint-Jacques, je
n'hésiterai jamais à rencontrer qui que ce soit. Je sais dans
quelle situation se trouvent ces personnes. Je n'hésiterai jamais. Et
non seulement je n'hésiterai pas à les rencontrer, mais si vous
avez des faits nouveaux, je vous demanderais de me les communiquer, soit de me
les communiquer directement à moi ou à mes fonctionnaires, de
sorte qu'on puisse vraiment suivre de très près les dossiers et
s'assurer qu'on accorde, au gouvernement fédéral, toute
l'attention que nécessitent ces dossiers.
Le Président (M. Messier): Mme la ministre, juste,
peut-être, M. le député de Mercier, une petite remarque. Il
ne faut jamais... Lorsque c'est le temps, il faut féliciter le
gouvernement. Disons qu'on peut avoir des remords de conscience par la suite,
si vous ne le faites pas Immédiatement. Sur ces paroles, je laisse la
parole au député d'Anjou.
M. Boulerice: M. le Président.
Le Président (M. Messier): Ça fuse de partout, les
félicitations.
Programme d'accès à
l'égalité
M. Larouche: Une question pour le ministre
délégué aux Communautés culturelles. Le 20 mars
1990, vous avez proposé un programme d'accès à
l'égalité. Alors, je présume qu'il est déjà
en marche et je voudrais m'informer. Comment les membres des communautés
culturelles acceptent-ils ça et comment sont-ils favorisés, dans
l'ensemble, par ce nouveau programme-là? Au moins, est-ce qu'ils en
profitent?
M. Cherry: Dans un premier temps, non seulement nous annoncions
cela Ici, à Québec, le 20 mars dernier, évidemment en
collaboration avec ceux qui sont responsables de l'application de ça, le
président du Conseil du trésor d'abord et l'Office des ressources
humaines ensuite, mais le soir même, je me dirigeais à
Montréal pour aller annoncer aux gens des communautés
culturelles, au-delà d'une centaine de leaders des différents
groupes, le programme, en quoi il consisterait dans ses grandes lignes et nous
assurer qu'ils... Finalement, le programme répond à une de leurs
demandes. Ce sont eux qui souhaitent occuper la place qui est la leur. Alors,
on les a informés des grandes lignes du programme. Nous les avons
également informés que ce que nous souhaitons, c'est qu'ils
occupent la place qui est la leur, avec compétence égale. Je
pense qu'il est important de le souligner, et je profite de la commission, il
ne s'agit pas de favoriser des gens qui n'en ont pas la compétence, mais
bien d'assurer qu'à compétence égale, 12 % des nouveaux
emplois réguliers dans la fonction publique provinciale seront remplis
par des gens des communautés culturelles. Également, nous les
assurons d'un suivi. Il y a déjà une première
période de sensibilisation auprès des leaders des
différentes communautés. Et au fur et à mesure que se
déroule le processus pour en assurer l'excellent fonctionnement, cela se
fait avec la collaboration des gens des communautés culturelles, avec
les gens des médias des communautés culturelles pour diffuser
l'information et publiciser les offres d'emploi.
M. Larouche: Maintenant, en examinant les
crédits d'autres ministères, par exemple à la
Justice, l'Office de la protection du consommateur, on voit qu'il y avait cinq
membres des communautés culturelles et qu'ils n'étaient plus que
deux. Moi, je voudrais savoir s'il y a des résistances au niveau des
ministères. Comment ça va? L'objectif est très louable,
mais comment cela fonctionne-t-il vos négociations avec les
ministères pour Implanter cette politique?
M. Cherry: Dans un premier temps, il nous a fallu nous assurer...
nous avons demandé et obtenu de chacun des 23 ministères une
personne qui était identifiée comme répondant du
programme. Nous avons jumelé cette personne-là avec quelqu'un du
cabinet et avec quelqu'un de l'Office des ressources humaines à
l'intérieur de chacun des ministères. Dans un premier temps, il
s'agissait de nous assurer qu'il y a des gens à qui nous pourrons nous
adresser, non seulement pour nous assurer de l'implication, mais
également du suivi de ce programme. Maintenant que ces gens sont
identifiés, il y a eu une série de visites qui a
été faite auprès de ces groupes-là -la
dernière a eu lieu il y a à peine dix jours -pour les informer du
fonctionnement de ce programme-là, quelle est la responsabilité
de chacun d'eux et quelle sorte d'appui ils peuvent attendre de notre part pour
en maximiser l'implantation. Alors, c'est l'étape où nous sommes
présentement. Il y a à peine deux mois que le programme a
été annoncé.
M. Larouche: Merci.
Le Président (M. Messier): Merci beaucoup, M. le ministre
délégué. Comme le temps fuit, M. le député
de Sainte-Marie-Saint-Jacques, brièvement.
M. Boulerice: Une très brève question que
j'aimerais adresser à M. le ministre délégué.
Est-ce qu'il peut m'Indiquer le nombre d'emplois qui vont être
créés dans la fonction publique québécoise cette
année de façon à ce que je puisse faire la correspondance
à quel nombre va équivaloir les 12 % promis?
M. Cherry: On parle d'emplois réguliers et, en se basant
sur l'expérience de l'année précédente, l'ensemble
de la fonction publique devrait accueillir entre 1500 et 1800 nouveaux emplois
permanents. Donc, 12 % de ce montant-là, on parle de 180 à 200
nouveaux postes...
M. Boulerice: Alors pour...
M. Cherry: ...réservés pour eux avec
compétence égale.
M. Boulerice: Alors, si je fais rapidement la calcul, vous
atteindrez votre but dans 27 ans. Je vous félicite.
Le Président (M. Messier): M. le ministre
délégué, sur cette affirmation.
M. Cherry: II faut se souvenir qu'au moment où on se
parle, seulement 1,7 % des emplois réguliers de toute la fonction
publique est consacré aux gens des communautés culturelles et,
avec l'application de ce programme, dans les trois prochaines années,
nous aurons réussi à doubler cette moyenne-là. Une fois
que le programme sera bien rôdé, nous regarderons, comme le veut,
je pense, l'ensemble de la collectivité québécoise,
comment y aller. Mais je pense qu'avant de partir à courir, il faut
d'abord apprendre à marcher et c'est ce qu'on est en train de faire.
J'ajoute en terminant que c'est la première fols qu'il y a un
gouvernement au Québec qui annonce d'une façon quantitative le
nombre d'emplois réservés. Il s'agit de consacrer le principe et
c'est ce que nous faisons pour la première fois au Québec.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le ministre
délégué.
M. Boulerice: Le ministre...
Le Président (M. Messier): M. le député.
M. Boulerice: Oui, une remarque. Le ministre a bien raison.
Effectivement, c'est la première fois qu'un gouvernement le fait, parce
que c'est la première fois qu'il y a moins de représentants des
communautés culturelles dans l'administration publique depuis 1985.
Alors, c'est une mesure corrective.
M. Cherry: Je sais, je sais.
M. Boulerice: Je suis très heureux qu'il essaie de
rattraper ce que le gouvernement précédent avait fait.
M. Cherry: Monsieur, vous me permettrez de répondre
à ça. Je citerai le chef de l'Opposition en Chambre qui disait
que, souvent, les statistiques sont à l'homme politique ce qu'est le
lampadaire à l'ivrogne. Il lui sert plus souvent à s'appuyer
qu'à s'éclairer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Cherry: Je rappellerai à mon collègue et ami du
comté de Sainte-Marie-Saint-Jacques que les chiffres qu'il indiquait
pour la période où le gouvernement de son parti en avait la
responsabilité comptabilisaient et les emplois permanents et les emplois
occasionnels et comprenaient également pour arrondir les chiffres les
gens de la communauté anglophone, ce qui n'est pas le cas de notre
programme d'accès à l'égalité qui
s'adresse aux gens des communautés culturelles.
Le Président (M. Messier): Merci, M. le ministre
délégué.
M. Boulerice: Son ébriété statistique est
quand même convaincante.
Le Président (M. Messier): Nous avons certains
problèmes d'horaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): Nous avons des problèmes
d'horaire. Peut-être un petit mot pour terminer, M. le
député de Mercier.
M. Godin: Non, pas pour terminer. C'est sur les statistiques. Je
voudrais citer Churchill là-dessus: "Les seules statistiques que je
crois, disait-il, c'est celles que je fais moi-même."
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Messier): Parfait. Merci beaucoup, M. le
député de Mercier. Mme la ministre, peut-être un mot de
remerciement, surtout pour la présidence et pour les fonctionnaires qui
vous ont accompagnée.
Mme Gagnon-Tremblay: Peut-être, M. le Président,
avant de terminer, parce qu'on devait aller jusqu'à 12 h 10. On m'avait
dit cela, mais je vous ferai remarquer que je... D'accord. Je voudrais tout
simplement demander au député de Mercier... Je demanderais son
attention au député de Mercier. Le député de
Mercier avait posé une question au feuilleton et nous y avons
répondu aujourd'hui par le dépôt du cahier aux
numéros 22, 23, 25 et 30. Alors, à ce moment-là, on me dit
qu'on n'aurait pas besoin de déposer à nouveau cette
réponse. Il s'agissait de la provenance des immigrants, de leur nombre
et ainsi de suite.
M. Godin: Oui, oui, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, nous y répondons aux
numéros 22, 23, 25 et 30 de votre cahier. Alors, je prends pour acquis
que nous n'aurons pas à faire le dépôt à
l'Assemblée nationale.
M. Godin: Une deuxième fois, non.
M. Boulerice: C'a été demandé, il y a
longtemps. Je veux dire que vos statistiques étaient en état
d'ébriété.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, bien sûr, je
voudrais remercier tous mes col- lègues et tous les gens qui
m'accompagnent pour cet exercice. Je dois vous dire que nous reviendrons, bien
sûr, l'an prochain avec encore de nouveaux éléments.
Le Président (M. Messier): Mol, à vous, madame, je
vous dis 146 fois merci. Aux députés ministériels et aux
députés de l'Opposition, merci beaucoup.
Avant toute chose, avant toute chose, je déroge à mon
mandat... Est-ce que les programmes 1 et 2 sont adoptés?
M. Godin: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Messier): Le programme 2 est-il
adopté?
M. Godin: Oui.
Adoption des crédits
Le Président (M. Messier): Parfait. Est-ce que l'ensemble
des crédits est adopté? M. le député de Mercier,
est-ce que l'ensemble des crédits est adopté?
M. Godin: Oui, adopté.
Le Président (M. Messier): Merci.
M. Godin: Adopté avec plaisir.
Le Président (M. Messier): On ajourne sine die.
(Fin de la séance à 12 h 5)