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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Lemieux): Selon M. le ministre et
l'Opposition officielle, nous procéderions par les déclarations
d'ouverture, pour entendre ensuite la Société des loteries,
c'est-à-dire Loto-Québec, puis suivra la Caisse de
dépôt. C'est ce dont vous convenez?
M. Levesque: Lorsqu'on reprendra notre discussion.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
À l'ordre, s'il vous plaît! La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Finances, programmes 1 à 5, et 8 et 9 pour l'année
financière...
S'il vous plaît, M. le député de Verdun! De ce
côté-ci, du côté droit, M. le député de
Verdun.
Alors, programmes 1 à 5, 8 et 9, pour l'année
financière 1993-1994.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, il y a un remplacement, M. Forget
(Prévost) est remplacé par M. Richard (Nicolet-Yamaska).
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. Organisation
des travaux
Permettez-moi de vous rappeler l'enveloppe de temps allouée
à l'étude de ces crédits. Une période de trois
heures a été allouée pour l'étude des programmes du
ministère des Finances, soit de 10 heures à 13 heures.
J'aimerais maintenant demander aux membres de cette commission de nous
préciser le mode d'étude des crédits qui est à
décider. Alors, est-ce que vous préférez faire
l'étude des crédits programme par programme, selon l'ordre du
livre des crédits, ou procéder à une discussion d'ordre
générale avec vote des crédits à la fin?
M. Gautrin: Programme par programme.
Le Président (M. Lemieux): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Verdun! M. le représentant de
l'Opposition officielle.
M. Léonard: Bien, il y a les notes d'ouverture que chacun
va lire, va présenter, c'est l'entente que nous avons, et je pense que
nous allons commencer par
Loto-Québec, parce que nous avons des questions à poser
à Loto-Québec, puis peut-être à la Caisse de
dépôt, de façon à les libérer, puis
après, on reviendra aux crédits.
Le Président (M. Lemieux): II pourrait y avoir des
discussions d'ordre général. Si vous jugez le cas que j'y aille
par programme, vous allez me le faire savoir. M. le député de
Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, moi, je souhaite qu'on
fonctionne programme par programme. Je pense que c'est la règle qu'on
doit suivre.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas
nécessairement la règle. S'il y a entente, il peut y avoir des
discussions d'ordre général...
M. Gautrin: II n'y a pas entente.
Le Président (M. Lemieux): ...avec vote des crédits
à la fin.
M. le représentant de l'Opposition officielle.
M. Léonard: Loto-Québec et la Caisse de
dépôt, ce sont des organismes qui relèvent de la
compétence du ministre des Finances, et nous aurions aimé pouvoir
poser des questions.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
représentant de l'Opposition officielle, et lorsque nous aurons
étudié les crédits du ministère des Finances comme
tels...
M. Léonard: On reviendra.
Le Président (M. Lemieux): ...on reviendra, à
savoir si nous procédons...
M. Léonard: On n'a pas l'intention de passer tout
Pavant-midi sur Loto-Québec. (10 h 10)
Le Président (M. Lemieux): Alors, d'accord. Je vous
remercie, M. le représentant de l'Opposition officielle, et
permettez-moi de vous faire état de la chose suivante: Quelle que soit
l'évolution de nos travaux, je vous avise qu'avant la fin de la
séance, soit vers 12 h 50, quelques minutes seront
réservées pour la mise aux voix des sept programmes afin que ce
soit effectivement adopté.
Secteur administration financière
Je permettrai maintenant les déclarations d'ouver-
ture, dans un premier temps, à M. le ministre, au porte-parole de
l'Opposition et aux autres membres, si c'est le cas de faire des remarques
préliminaires.
M. le ministre des Finances, nous sommes prêts à vous
écouter pour vos remarques préliminaires d'une durée
d'environ 20 minutes.
Déclarations d'ouverture M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque: M. le Président, je vous remercie. Nous
sommes réunis aujourd'hui pour analyser et discuter des crédits
budgétaires du ministère des Finances pour l'exercice financier
qui a débuté le 1er avril dernier.
Je tiens tout de suite à saluer tous ceux et celles qui nous
accompagnent cet avant-midi, autant de votre côté, M. le
Président, du côté de l'Opposition et du côté
du gouvernement, les membres de la commission, et également plusieurs
représentants des organismes, comme ceux de Loto-Québec, de la
Caisse de dépôt et placement du Québec et,
évidemment, du ministère des Finances, incluant toutes ses
directions, incluant également le Bureau de la statistique, le
Contrôleur des finances, etc. Tout le monde est ici pour faire en sorte
que je n'erre pas trop dans les réponses que j'ai à donner
à la loyale Opposition de Sa Majesté.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Et aux autres membres de cette commission.
Des voix: Et aux autres membres!
M. Levesque: Et aux autres membres de cette commission.
M. le Président, dans un premier temps, attendu que les
crédits des programmes 6 et 7 ont été déjà
discutés avec ma collègue, la ministre
déléguée aux Finances, Mme Robic, nos échanges et
discussions n'auront donc pas à porter sur ces questions et, en
conséquence, le document que vous avez en main ne fait pas
référence aux crédits de ces programmes.
Je voudrais aussi souligner, comme je viens de le faire, la
présence des représentants de la Caisse de dépôt et
placement du Québec, représentée par une
délégation importante, mais en particulier dirigée par le
président et chef de la direction, M. Jean-Claude Delorme, et le
président et chef de l'exploitation, M. Guy Savard, qui sont avec nous
ce matin. Et d'autres vice-présidents et représentants de la
Caisse. Également, du côté de Loto-Québec, le
président-directeur général, M. Michel Crête, et son
équipe.
Pendant que je parle d'équipe, je tiendrais... Je ne sais pas si
j'aurai l'occasion bien des fois de le faire, les budgets, ça n'arrive
qu'une fois par année, alors j'aimerais souligner l'excellente
collaboration qui nous est donnée par tous ces organismes, les membres
des orga- nismes, et tout particulièrement du ministère des
Finances où je tiens à souligner que, si, quelquefois, la
fonction publique peut être traitée d'une façon
peut-être injuste à cause d'une image, des fois, qui circule dans
notre folklore, il y a une chose que j'aimerais dire, c'est que l'équipe
au ministère des Finances, telle que je la connais depuis huit ans, est
une équipe qui donne le meilleur d'elle-même. Les gens qui sont
là sont d'une compétence remarquable et, en même temps, ils
sont d'une disponibilité exceptionnelle: jour, matin, midi, soir, fin de
semaine, tout y passe. Alors, je tiens à le dire, parce qu'on ne le dit
peut-être pas assez souvent, que ces gens-là travaillent d'une
façon qui mérite d'être soulignée.
Quant aux représentants des organismes, comme on l'a
mentionné tout à l'heure, ils pourront répondre aux
questions des membres de la commission concernant la gestion financière
de leur société.
Je voudrais en premier lieu, M. le Président, faire la
rétrospective des principaux dossiers traités par le
ministère des Finances au cours de la dernière année. Je
voudrais également rappeler aux membres de la commission, avec votre
accord, M. le Président, étant donné la proximité
du discours sur le budget, que je ne pourrai évidemment donner toutes
les explications qui attireraient normalement une curiosité
légitime de la part des membres de la commission.
Le secteur des politiques économiques a comme
responsabilité principale l'analyse et la prévision des
données sur la conjoncture économique et financière,
l'analyse des répercussions économiques des projets d'envergure,
l'étude et le développement des politiques économiques et
l'évaluation de l'impact des politiques sociales, fiscales et
budgétaires sur les perspectives et tendances de l'économie. Bien
que les signes de reprise aient été présents au cours de
l'année, le contexte économique est néanmoins
demeuré difficile et, plus que jamais, le diagnostic quant à la
situation économique a constitué un défi de
première importance.
Le secteur des politiques économiques a continué de
produire des analyses de pointe concernant l'évolution de
l'économie et des marchés financiers. Ce secteur a
également apporté une contribution importante à la mise en
place de mesures de soutien à l'économie annoncée par le
gouvernement à la fin de 1992. Il a aussi collaboré
étroitement aux travaux qui ont entouré la préparation du
document: «Vivre selon nos moyens». Quant à
l'évolution structurelle de l'économie, les travaux ont entre
autres permis de poursuivre le développement d'un système
d'indicateurs comparatifs de compétitivité de l'économie
québécoise par rapport à l'Ontario et aux divers pays de
l'OCDE.
Au cours de l'année, l'élaboration et la mise en place de
mesures pour renforcer la structure industrielle du Québec et
accroître le potentiel de croissance de l'économie sont
demeurées une priorité du secteur des politiques
économiques. Parmi les dossiers importants ayant requis la contribution
du secteur, il faut souligner celui du développement régional qui
a conduit à la création d'un véritable réseau de
sociétés régionales
d'investissement et à la mise en place de fonds d'aide pour
financer le démarrage des entreprises. De plus, une série de
mesures ont été élaborées en collaboration avec
d'autres ministères pour soutenir les efforts de modernisation des PME
et appuyer l'«entrepreneurship» régional, et pour favoriser
la complicité entreprises-travailleurs dans le cadre d'une aide fiscale
à la mise en place d'un régime de participation aux
bénéfices de l'entreprise.
Un mot sur le Bureau de la statistique du Québec qui
intègre et organise les données statistiques relatives aux
entreprises faisant affaire au Québec. Il organise aussi l'information
provenant de sources diverses relativement aux investissements et aux efforts
en recherche et développement, produit l'information statistique
financière reliée aux activités des gouvernements, des
institutions d'éducation, de santé et de services sociaux, ainsi
que des entreprises financières et non financières.
Le BSQ organise de façon intégrée les principales
statistiques économiques globales portant sur le Québec,
notamment celles sur le commerce interprovincial et international du
Québec. Le BSQ a complété la troisième année
de sa programmation triennale et la plupart des objectifs fixés au
départ ont pu être réalisés. Certaines
activités ont été abandonnées, d'autres ont
été ajoutées ou réorientées pour tenir
compte des nouveaux besoins et pour s'ajuster aux nouvelles
problématiques.
Du côté administratif, le BSQ a finalisé
l'élaboration de son plan directeur des systèmes d'information,
il a mis en place un système de gestion de projets. Ce système
d'information et de gestion permettra de mieux suivre les coûts et
l'évolution des travaux, répondant ainsi aux exigences du Conseil
du trésor et du Vérificateur général.
Au niveau de la programmation, le BSQ a entrepris le
développement des données trimestrielles sur le produit
intérieur réel par industrie. Les premiers résultats
devraient être diffusés en 1993-1994.
Le BSQ a continué la production et la mise à jour continue
des comptes économiques trimestriels. Plus de 300 simulations ont
été réalisées à l'aide du modèle
intersectoriel en 1992-1993.
Une consultation des clientèles a amené le BSQ à
revoir sa stratégie de diffusion des statistiques sur les industries
bioalimentaires. Elle s'est traduite par la réduction du nombre de
publications de 35 à 3 et par le développement de produits
spécifiques sur mesure.
L'année 1992-1993 aura aussi permis de finaliser l'inventaire des
ensembles de données statistiques disponibles dans l'administration
publique québécoise. Un répertoire sera publié au
cours des prochaines semaines.
Le BSQ a aussi produit pour la première fois une publication sur
les indicateurs sociaux au Québec. Au niveau des estimations de
populations, il complète actuellement d'importants travaux. (10 h
20)
Au cours de l'année, le BSQ a eu à discuter plusieurs
dossiers avec Statistique Canada, notamment l'épineux dossier du
recensement et du sous-dénombrement de la population où le BSQ
s'est vu confier le mandat de s'assurer que la méthodologie d'estimation
du sous-dénombrement de la population qui sera retenue par Statistique
Canada produise des estimations permettant d'obtenir des données de
population reflétant la véritable distribution interprovinciale
de population au Canada.
Enfin, le Fonds du BSQ a permis la réalisation de nombreuses
activités en 1992-1993. Le chiffre d'affaires a été de 1
500 000 $, comparativement à 1 300 000 $ l'année
précédente.
Je désire rappeler maintenant, relativement au secteur des
politiques fiscales et budgétaires, que son mandat consiste à
préparer les perspectives à court et à moyen termes de la
situation financière du gouvernement, ainsi que les mesures fiscales et
budgétaires contenues dans le Discours sur le budget. Ce secteur des
politiques fiscales et budgétaires analyse les structures de taxation,
leur interaction avec les régimes fiscaux du gouvernement
fédéral et des autres gouvernements du Canada, ainsi qu'avec les
programmes de transfert et de subvention.
Au niveau des relations fédérales-provinciales, il
effectue la prévision et le suivi des revenus de transfert en provenance
du gouvernement fédéral, analyse la dynamique des programmes de
transfert fédéraux aux provinces, et prépare les documents
nécessaires à la défense des intérêts du
Québec en ce domaine.
Enfin, il assure le suivi de la situation fiscale et budgétaire,
et de l'application des mesures fiscales adoptées par le gouvernement.
Les travaux du secteur des politiques fiscales et budgétaires
s'inscrivent dans le contexte de la situation des finances publiques que j'ai
eu, à plusieurs reprises, l'occasion d'exposer. Ces travaux se
retrouvent dans les documents budgétaires du ministère, les
synthèses trimestrielles des opérations financières du
gouvernement, ainsi que dans les déclarations au communiqué
ministériel sur le régime fiscal. Un grand nombre de ces travaux
ont été réalisés à partir d'études et
d'analyses détaillées qui ont demandé une quantité
impressionnante de travail. On n'a qu'à songer, M. le Président,
à l'ensemble des mesures fiscales et budgétaires annoncées
dans le cadre du Discours sur le budget.
En plus des travaux proprement reliés au Discours sur le budget,
le secteur des politiques fiscales et budgétaires a dirigé ses
efforts, au cours de la dernière année, sur l'analyse de la
situation des finances publiques du Québec et les orientations
privilégiées par le gouvernement en cette matière. Cela a
donné lieu à la publication, en janvier dernier, en collaboration
avec le secrétariat du Conseil du trésor, du document
intitulé «Les finances publiques du Québec: vivre selon nos
moyens». Ce document a mobilisé de façon intensive les
ressources de ce secteur. Il a nécessité la participation de
l'ensemble des directions qui ont eu à exposer l'état des
finances publiques, les tendances qui se dessinent à court et à
moyen termes, ainsi que les orientations adoptées pour assainir les
finances publiques et permettre à l'économie du Québec de
faire face au défi des années 1990.
Ce secteur a également poursuivi l'analyse de la
problématique des relations fédérales-provinciales, a
continué d'oeuvrer dans le dossier du renouvellement des arrangements
fiscaux dans la perspective d'une révision en profondeur des grands
programmes de transfert du gouvernement fédéral dans le sens des
intérêts du Québec.
Enfin, il faut souligner la poursuite des travaux menés au sein
de ce secteur en ce qui concerne la finalisation du réaménagement
de certaines responsabilités, notamment en ce qui a trait au transfert
aux municipalités du réseau routier local. Ces travaux ont
été menés conjointement avec le ministère des
Affaires municipales et le ministère des Transports.
Et, maintenant, il y a le secteur des politiques et opérations
financières, les responsables des affaires financières du
gouvernement. Il assure la gestion et le suivi des politiques et processus
financiers, et les relations financières entre le gouvernement et les
sociétés d'État. Ce secteur réalise
également les opérations de financement et de gestion de
l'encaisse et de la dette du gouvernement, ainsi que la coordination de
l'ensemble du financement du secteur public.
Le suivi et le contrôle financier des activités des fonds
spéciaux se sont poursuivis en cours d'année, tout comme le
développement de nouveaux moyens de financement, notamment, plusieurs
opérations de crédit-bail ont été effectuées
à des conditions avantageuses.
Le Fonds de financement a continué de fournir du financement
à meilleur coût aux établissements des réseaux de
l'éducation, de la santé et des services sociaux, ainsi qu'aux
sociétés d'État. Les prêts réalisés en
1992-1993 ont totalisé 1600 000 000$. Au 31 mars 1993, l'en-cours des
prêts du fonds de financement s'établissait à 2 600 000 000
$. Le financement regroupé permet de réduire les coûts de
financement des organismes publics et parapublics, permettant en outre aux
municipalités de bénéficier d'une plus grande
disponibilité de sources de financement, et de se financer ainsi
à meilleur compte par rapport à ce qui prévalait
antérieurement.
Quant aux opérations financières du fonds consolidé
du revenu, qui portent sur plus de 200 000 000 000 $ annuellement, on se
doit...
Excusez-moi. Non, non, c'est ça. Oui, mais il y a plusieurs
transactions qui se multiplient et qui font que le chiffre atteint ce montant.
Donc, on se doit de poursuivre l'amélioration des différents
systèmes afin de les rendre plus efficaces et de consolider les
coûts d'opération. À cet égard, des ententes ont
été prises avec des institutions financières concernant la
perception de la TPS et de la TVQ, et l'utilisation de l'échange de
documents informatisés par les mandataires du gouvernement. On a aussi
émis pour la première fois des feuillets de renseignements pour
fins fiscales relatifs aux intérêts sur les obligations
d'épargne du Canada à chacun des 250 000 détenteurs de ces
obligations.
L'utilisation de nouveaux instruments de perception et de paiement s'est
encore accrue cette année et explique notamment la diminution des
crédits dévolus à l'impression des chèques.
Rappelons que le nombre de chèques émis par le gouvernement est
passé de 28 000 000 en 1989-1990 à 12 000 000 cette
année.
En matière de planification financière, d'opération
de financement et de gestion de dettes, les conditions des marchés
financiers et la taille des besoins de financement du secteur public continuent
de représenter un défi de première importance. Le
ministère s'est donné la capacité et les instruments
requis pour le relever, et les résultats obtenus à cet
égard sont probants. Le ministère recherche continuellement de
nouvelles formes de financement qui permettront de réaliser ses
opérations avec plus de flexibilité et à meilleur
coût. Mentionnons à cet effet les programmes de billets à
moyen terme mis en place en Europe et aux États-Unis, le programme de
billets de trésorerie en dollars américains et la première
émission mondiale réalisée par le gouvernement.
La programmation des emprunts à réaliser est
établie sur la base d'une diversification appropriée des sources
de financement à utiliser. On aura réalisé en 1992-1993 un
programme de financement pour le secteur public d'un peu plus de 15 000 000 000
$ à des conditions très satisfaisantes. Les opérations
réalisées cette année auront même permis au
gouvernement de réaliser à l'avance une partie du financement
requis pour l'année financière 1993-1994. Pour l'année qui
commence, la poursuite de ces orientations devrait permettre au
ministère d'assurer avec un succès égal la
réalisation du programme de financement envisagé. Le processus de
planification en place permet de gérer le stock de dettes du
gouvernement en optimisant sa structure avec le double objectif d'en minimiser
le coût et le risque. On retient donc, à cette fin, une approche
de gestion active qui est à la fine pointe des développements en
recherche financière.
Ainsi, on peut estimer que les rappels par anticipation d'emprunts qui
ne seraient normalement venus à échéance que dans les
années ultérieures et les opérations de gestion du stock
de dettes, dont les transactions des changes, de taux d'intérêt et
de devises et les emprunts en monnaie étrangère, auront permis de
réduire le coût du service de la dette de sommes très
importantes.
Un mot sur le Contrôleur des finances, qui nous honore de sa
présence ce matin. Au cours de l'exercice financier 1992-1993, le
Contrôleur des finances a mis en place la majorité des conclusions
retenues dans l'étude sur l'exercice des contrôles financiers et
de la vérification interne au gouvernement du Québec.
Sommairement, cette étude prévoit que le volet de la
comptabilité gouvernementale soit regroupé centralement, la
fermeture des directions de la comptabilité dans les ministères
et organismes, le transfert d'activité dans les directions de gestion
financière et, enfin, le développement d'une nouvelle approche en
matière de contrôle et de vérification
financière.
La réorganisation des activités du bureau du
Contrôleur des finances a amené des changements.
Premièrement, au plan de la comptabilité gouvernementale, qui est
maintenant effectuée centralement. Deuxiè-
mement, au plan de la vérification et des contrôles,
où on a couvert environ les deux tiers des dépenses et des
revenus du gouvernement pour une première année. Et,
troisièmement, au plan des systèmes d'information, où on a
limité le niveau des dépenses du traitement informatique à
celui de 1988. enfin, m. le président, et je termine avec ça,
permettez-moi de présenter succinctement les crédits des
programmes que nous discuterons. ces crédits s'élèvent
à 5 396 555 500 $ en regard de 5 422 122 008 $ en 1992-1993, ce qui
représente une diminution des crédits de 25 566 508 $ ou 0,5 %.
de ce montant, nous avons 5 045 501 100 $ en crédits permanents ou
statutaires, donc, qui n'ont pas à être votés. le solde de
351 049 400 $, représentant les crédits à être
votés, se subdivise lui-même en trois blocs: un, les
crédits de fonctionnement, pour les opérations de fonctionnement
du ministère, pour un montant de 60 679 400 $; deuxièmement, les
crédits du fonds de suppléance de l'ordre de 198 686 100 $ et,
enfin, troisièmement, un montant de 91 683 900 $ représente la
partie des crédits à être votés pour les
intérêts sur le compte des régimes de retraite. (10 h 30)
m. le président, en comparant seulement les crédits de
fonctionnement de l'exercice financier 1993-1994 à ceux de 1992-1993,
nous avons une diminution de 5 094 800 $, soit une diminution de 7,7 %. cette
réduction importante reflète la gestion très rigoureuse
des activités que j'ai demandée à mon
ministère.
Pour terminer, M. le Président, je voudrais dire un mot sur
l'évolution de l'effectif au ministère des Finances en 1992-1993.
L'effectif total du ministère était de 1074, temps complet, alors
que, pour l'exercice financier actuel, le ministère disposera de 931
années-personnes, soit une réduction de 143 postes ou 13,3 %. Ces
réductions très significatives, tant sur le plan des
crédits de fonctionnement que sur celui des effectifs du
ministère, ont été rendues possibles à la suite,
entre autres, de la réorganisation des activités du bureau du
Contrôleur des finances. Et, M. le Président, je vous
remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre des
Finances.
M. le représentant de l'Opposition officielle, pour une
durée maximale de 20 minutes.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je voudrais
d'abord m'associer au ministre des Finances pour souhaiter la bienvenue
à tous les fonctionnaires qui sont ici ce matin et qui viennent, comme
à chaque année, défendre leurs crédits, ainsi
qu'à ceux qui représentent les organismes et qui relèvent
du ministère ou du ministre des Finances. Je voudrais effectivement, moi
aussi, les féliciter pour le travail qu'ils ont fait, qu'ils ont
accompli au cours de l'année, et j'ai eu l'impression que le ministre
des Finances avait l'air d'insister particulièrement sur cette
année. Est-ce qu'il se sent très pessimiste quant aux
résultats de la prochaine élection? C'est peut-être
ça qui le motive.
Et ceci étant dit, M. le Président... Ha, ha, ha! M. le
Président, je pense qu'effectivement il se fait un travail
considérable au ministère des Finances. Je crois que, s'il y a
vraiment un ministère qui a toujours eu la cote de
crédibilité dans l'opinion publique, c'est bien celui du
ministère des Finances.
Je voudrais simplement, pour commencer, en guise de note d'introduction,
reprendre un peu les mots du ministre où il se vante d'avoir
diminué ses crédits cette année. Je voudrais juste dire
que, moi, je pense qu'effectivement il peut y avoir une gestion rigoureuse au
ministère des Finances, je n'en disconviens pas, mais son analyse est un
peu courte parce qu'en disant qu'il a diminué ses crédits je vois
bien simplement que cela est dû principalement à la
réduction du fonds de suppléance où, là, on voit
qu'il y a plus de 235 000 000 $ de moins que d'habitude; tout de suite
là vous avez un montant qui vient complètement fracasser tout ce
qu'il vient de nous dire, parce que le fonds de suppléance explique en
très, très grande partie la modification ou la diminution des
crédits.
Par ailleurs, le service de la dette, lui, augmente et dépasse
pour la première fois au Québec le cap des 5 000 000 000 $, 5 130
000 000 $; c'est une somme considérable dans les états financiers
du gouvernement. Sur des crédits de 41 000 000 000 $, il y en a 5 000
000 000 $ qui vont au service de la dette; et, là, c'est une
augmentation de l'ordre de 213 000 000 $, et 213 000 000 $, c'est très
important.
Je voudrais souligner ces grands facteurs dans les chiffres du
ministère des Finances parce qu'on ne peut pas les passer sous silence.
Même si le ministre des Finances prétend qu'il a peu de
contrôle sur ces données, en particulier sur le service de la
dette, il reste quand même que cela relève de son
ministère, et j'aimerais en discuter un peu plus loin.
Je voudrais féliciter aussi les fonctionnaires, parce que nous
avons l'occasion de le faire un peu plus formellement ce matin, du document qui
a été produit: «Les finances publiques du Québec:
vivre selon nos moyens». Je pense qu'il recèle un travail
considérable. Nous avons eu des données inédites
là-dedans, nous espérons qu'à un moment donné il y
aura des séquences statistiques qui pourront être remises sous nos
yeux périodiquement. Nous avons pu nous en servir de façon
abondante au cours des travaux de la commission sur les finances publiques qui
a siégé au mois de février.
Ceci étant dit, je pense qu'il y a quand même des
données que nous aimerions avoir, que nous réclamons depuis
longtemps. Par exemple, cette fameuse étude sur les dédoublements
et chevauchements avec le gouvernement fédéral qui a
été faite sous l'égide du ministère des Finances
dans tous les ministères, ou pratiquement tous les ministères, et
que le gouvernement n'a jamais rendue publique. Et je suis sûr qu'il y a
quand même quelques fonctionnaires au ministère des Finances qui
les connais-
sent. Et ça aurait pu accompagner le document «Vivre selon
nos moyens», parce que nous sommes au carrefour, sur le plan de
l'administration publique.
De la même façon, nous avons constaté, par exemple,
que la synthèse des opérations financières était
disponible plus tôt que le ministre des Finances nous le faisait savoir
antérieurement. Il a pu produire son analyse le 1er février, par
exemple, pour celle de la période se terminant le 31 décembre; il
a pu la fournir publiquement le 1er février, juste à la veille de
la commission parlementaire sur les finances publiques. Et le document
«Vivre selon nos moyens», qui a été rendu public,
lui, vers la mi-janvier, les connaissait déjà puisqu'il en a tenu
compte dans ses statistiques.
Donc, le ministère des Finances disposait de ces données,
de ces analyses au moins à partir du 15 janvier. Je crois que,
dorénavant, je demanderais au bureau du ministre des Finances de ne pas
bloquer la diffusion de l'information qui est déjà disponible au
ministère et de la rendre publique le plus tôt possible, parce que
c'est un document que beaucoup d'analystes financiers examinent, que beaucoup
d'observateurs de la scène politique et économique scrutent
attentivement pour en tirer des conclusions.
Et je suppose bien aussi que le ministère des Finances, comme
d'autres ministères au gouvernement du Québec, s'étant
équipé abondamment d'ordinateurs de toute espèce on
en voit des commandes à chaque engagement financier je crois que,
dorénavant, on pourra en rendre compte beaucoup plus rapidement
qu'avant, et qu'on pourra s'aligner en quelque sorte même sur le secteur
privé qui, lui, dispose de ces états financiers quelques jours
après la fin de la période en cause.
Alors, je pense, ceci dit, que les travaux qui sont faits à la
direction des études des politiques économiques et fiscales sont
bien faits. Encore une fois, je m'associe aux félicitations qui ont
été faites par le ministre des Finances, ainsi qu'au Bureau de la
statistique du Québec et à tous ceux qui ont pu participer
à cela.
M. le Président, je voudrais maintenant, dans ces notes
introductives, aborder quand même un sujet que le ministre des Finances
écarte trop facilement lorsqu'on l'interroge à ce sujet: les
relations du budget fédéral et du budget du Québec. En
termes d'opération de son ministère et de ses
responsabilités comme ministre des Finances il doit en tenir compte, il
doit en rendre compte aussi à la population du Québec.
Je prends juste le poste le plus important du ministère des
Finances, qui est celui du service de la dette. L'an passé, cela aura
coûté aux Québécois 4918 000 000 $ en service de la
dette, en intérêts. il peut y avoir un peu de capital
là-dedans, mais, en gros, en intérêts. cette année,
ce sera 5 130 000 000 $, 5 131000 000$, pour arrondir, donc, des sommes
considérables. et le tout tient beaucoup, finalement, au taux d'escompte
qui commande le taux d'intérêt, et finalement aussi à
l'origine de ce taux d'escompte qui est le budget fédéral et qui
a des impacts ici.
(10 h 40)
Si c'est vrai que le ministre des Finances tient à être
fédéraliste, il doit être capable de parler à son
interlocuteur, à Ottawa, et faire les pressions qui s'imposent. C'est
quand même la deuxième province la plus importante du Canada, le
Québec. Donc, que les politiques budgétaires du gouvernement
fédéral aillent dans un sens ou dans l'autre, à un moment
donné, on ne peut pas être indifférent à
l'orientation de ces finances fédérales. Exemple: avant hier, le
ministre Mazankowski déposait un budget qui a fait sursauter beaucoup de
gens par le peu de contenu qu'il y avait, par l'absence des décisions
importantes qui auraient dû être prises et qui ne l'ont pas
été. Et puis, on voit qu'il y aura des impacts sur le budget du
Québec parce que, même depuis hier, le dollar a baissé:
0,86 $ hier. Ce matin, on disait, à la Bourse de Londres, 0,033 $ de
moins. Donc, on est à plus de 0,012 $, à ce stade-ci. Je ne sais
pas comment évoluent les changes ce matin, mais on voit tout de suite
qu'il y a un impact considérable. Le Québec, ayant pris
jusqu'à un certain point l'habitude d'aller emprunter à
l'étranger, il est frappé de plein fouet par les politiques
budgétaires fédérales. C'est évident.
D'autre part, les politiques monétaires du gouvernement
fédéral ont aussi leur importance. On s'attendait cette semaine,
avec un budget qui aurait été assez serré, que le taux
d'escompte baisse de 20 centièmes de point; or, il a monté hier
de 33 centièmes de point. C'est un demi-point de différence.
M. Chagnon: ...le dollar...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, s'il vous plaît, la parole est à M. le
député de Labelle.
M. Léonard: C'est un demi-point de différence. Le
député de Saint-Louis, oui, il pourrait me laisser parler. Je
pense qu'il faut constater et c'est ça le but de mon propos
que les politiques budgétaires et monétaires
fédérales, et budgétaires en particulier depuis 10, 12, 15
ans, ont une importance capitale sur les finances du Québec. Et le
montant de 5 130 000 000 $ qui est inscrit là découle directement
de ces politiques.
Le gouvernement du Québec, les finances du Québec sont
frappées évidemment par le fait que, le taux d'escompte
étant monté, son service de la dette lui-même augmente.
C'est important. Et le gouvernement fédéral va être
tôt ou tard mis devant l'obligation lui-même de
rééquilibrer son budget, à moins que, je ne sais pas, on
laisse tout aller, qu'on soit complètement irresponsables. Mais
là, si le gouvernement fédéral entend
rééquilibrer son budget, on peut se poser des questions sur
là où il va frapper. Et les postes importants qu'il y a dans le
budget fédéral sont peu nombreux, mais fort imposants. Ça
commence, évidemment, par les dépenses de la défense: 11
000 000 000 $ ou 12 000 000 000 $. Lorsqu'on arrive à des paiements de
transfert qui concernent les provinces de l'ordre d'une trentaine des
milliards, 35 000 000 000 $, on commence à avoir des montants
importants. Si le gouvernement
fédéral entend équilibrer son budget je
pense qu'il n'a pas voulu prendre de décision cette fois, on attend les
élections; c'est peut-être la seule explication valable à
ce budget sans saveur qui a été déposé il
reste qu'après les décisions importantes vont devoir tomber et
elles vont influencer le budget du Québec et par ricochet aussi le
service de la dette, parce que est-ce que le fédéral va
finalement pelleter son déficit aux provinces? En bonne partie, on peut
penser qu'il y en aura, du pelletage de ce type-là, et cela va nous
affecter de façon significative.
M. le Président, je dirais aussi qu'un autre aspect des choses
qui est un peu en dehors du budget du Québec et du poste du service de
la dette directe du gouvernement, c'est l'impact sur l'économie du
Québec de ses politiques de déficit budgétaire qu'il y a
depuis 15 ans au gouvernement fédéral. On le voit, le taux
d'intérêt réel est très élevé au
Canada, très élevé comparativement à d'autres pays
du G 7 ou de l'OCDE. Très élevé, de l'ordre de 7 % depuis
10 ans. C'est bon pour nos rendements à la Caisse de dépôt;
ça peut donner des bons rendements.
Ceci étant dit, ça ne règle pas
nécessairement l'état de notre économie, parce cela freine
l'expansion économique de façon considérable. L'impact de
ces finances fédérales en déficit chronique gêne
l'expansion de notre économie. Je parle devant un aréopage de
gens qui s'occupent de la finance, je n'ai pas d'explications à donner
plus que ça. Vous êtes tous convaincus, j'en suis
profondément convaincu moi aussi, mais cela est de notre
responsabilité, et je pense que le ministre, lorsque je lui pose des
questions en Chambre là-dessus, doit y répondre parce que, dans
son propre budget, le poste service de la dette relève ou découle
ou est tributaire de tous ces facteurs que je viens d'énumérer,
et on ne peut pas être insensibles à ce gonflement du service de
la dette.
Je sais qu'on pourrait dire qu'il y a 10, 15 ans il y avait aussi des
déficits, mais il y a une vieille phrase latine: O temporal o mores!
Aujourd'hui, il faut quand même rectifier le tir et la situation
d'aujourd'hui est plus grave que ce qu'elle était auparavant. On ne peut
pas laisser aller les choses comme cela. Je crois que le ministre doit se
rendre compte de l'importance de la question, intervenir auprès du
fédéral. Quant à nous, nos options là-dessus sont
assez claires, on les dit depuis longtemps, nous pensons qu'il y a un
gouvernement de trop, tout simplement, que cela gêne la prise de
décision par rapport à l'état, à l'équilibre
de nos finances publiques.
M. le Président, nous reviendrons sur différents sujets au
cours de l'avant-midi, sur les organismes d'État, sur différents
points. Je vais noter quand même comme remarque générale
aussi, ce qui n'est pas indifférent et que le ministre a abordé
lui-même: la réorientation ou la réorganisation du poste du
Contrôleur des finances. C'est une réorganisation importante;
effectivement, les crédits baissent, et j'aurai des questions à
poser parce qu'il est important que le contrôle financier du gouvernement
s'exerce très correctement. Nous avons eu des échos que le
Vérificateur général du gou- vernement se posait des
questions sur l'opérationalisa-tion je ne sais pas si on peut
qualifier l'opération de décentralisation, mais disons cela pour
l'instant à travers les ministères. J'ai toujours
pensé qu'on pouvait décentraliser beaucoup de décisions,
beaucoup de choses dans les ministères, mais que le contrôle de la
comptabilité était un poste très important pour ne pas
perdre les pédales.
M. le Président, donc, je reviendrai avec d'autres commentaires
au cours de l'avant-midi. Je vous remercie et, encore une fois, je voudrais
féliciter, en introduction, les fonctionnaires qui sont ici ce matin et
qui représentent bien le gouvernement du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle.
M. le député de Verdun, en remarques
préliminaires.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Brièvement, M. le Président. J'ai deux
types de remarques préliminaires à faire. D'abord, après
avoir écouté le député de Labelle, j'ai du mal
à comprendre...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous parler un petit peu
plus fort, M. le député?
M. Gautrin: Après avoir écouté le
député de Labelle, j'ai du mal à comprendre comment il ne
convient pas, il ne conclut pas et ne devient pas purement
fédéraliste.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, ce n'est pas le genre de débat qu'on a à faire ce
matin.
M. Gautrin: Ce n'est peut-être pas le débat, mais il
a ouvert la porte avec le budget fédéral, l'analyse...
Le Président (M. Lemieux): Non, non. S'il vous
plaît, M. le député de Verdun!
M. Gautrin: Et il est évident que s'il
préfère...
Le Président (M. Lemieux): Faites un peu comme «Le
Petit Poucet», semez-moi des cailloux, mais ramenez-moi à la
maison. La maison, c'est le livre des crédits.
M. Gautrin: Alors, M. le Président, brièvement.
..
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Gautrin: ...simplement parce qu'il a ouvert la porte et que je
ne voudrais pas la fermer pour le laisser sur cette base-là. Il est
clair et évident que la politique budgétaire a des effets sur la
monnaie canadienne. Il est
clair que la monnaie canadienne a des effets, bien sûr, sur la
politique monétaire et sur les taux d'escompte, ça c'est trivial.
Mais le choix qu'on a c'est: Est-ce qu'on veut avoir un pouvoir politique,
pouvoir faire ses décisions d'une manière démocratique ou
on laisse ça à des gens complètement à
l'extérieur, comme vous souhaitez que ça soit fait? Je sais que
ça n'est pas la place pour ça, mais je ne pouvais quand
même pas, M. le Président, laisser ceci traîner.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est bien. Vous me
ramenez à la maison, c'est bien. Continuez.
M. Gautrin: M. le Président, le but et pourquoi j'ai
demandé de faire des remarques préliminaires, c'est, dans la
discussion des crédits, sur un seul point. Vous n'êtes pas sans
savoir, et le ministre n'est pas sans savoir qu'une loi qui porte le
numéro 198, qui a d'ailleurs été étudiée
ici, article par article, dans cette commission, peut être adoptée
assez rapidement par l'Assemblée nationale. Cette loi a pour effet
d'entraîner des réductions d'effectifs importantes, tant dans
l'encadrement que dans le nombre d'employés de la fonction publique. Je
m'efforce donc, chaque fois qu'on discute des crédits, de voir avec le
ministre concerné comment les réductions qui ont
déjà été faites, quel état et quel effet
cela a sur le fonctionnement du ministère et quelles sont les
réductions qui peuvent encore être obtenues à
l'intérieur du ministère. (10 h 50)
Donc, M. le Président, dans mes interventions, je me limiterai
uniquement à l'analyse du personnel et uniquement à la partie
gestion des ressources humaines du ministère des Finances. Et la raison
pourquoi j'ai voulu qu'on analyse programme par programme, et non pas en
général, c'est parce que, pour chacun des programmes, il y a des
réductions, et je dois féliciter le ministre et ses
fonctionnaires parce que les documents sont extrêmement clairs à
cet effet, mais je voudrais pouvoir échanger sur l'évolution des
politiques de personnel dans chacun des programmes. C'est la raison pourquoi
j'ai demandé qu'on analyse programme par programme.
Je serais prêt à débattre beaucoup plus longtemps
sur le premier point, la porte qui avait été ouverte par le
député de Labelle, mais je pense que ce n'est pas la place
aujourd'hui.
Le Président (M. Lemieux): Oui, s'il vous plaît. Il
y aura d'autres forums, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon M. Chagnon: Merci, M. le Président. Le
député de labelle a soulevé quelques questions, ainsi que
le député de verdun. c'est étonnant que seulement le
député de verdun, semble-t-il, ait vu le fait que le
ministère des finances voit un décroissement de ses effectifs de
près de 13 %, soit 140 employés de moins. évidemment, les
questions qui seront soulevées plus tard sûrement par le
député de verdun sont à l'effet, comme il vient de nous
l'indiquer, qu'il voudra savoir de quel type de personnel on pourra se passer
des services l'an prochain et quels sont les avantages financiers que cela
pourra nous procurer.
Je pense que c'est au moins aussi important, comme vision des
crédits du budget du ministère des Finances pour 1993-1994, que
la diminution du fonds de suppléance. Il y a effectivement une
diminution du fonds de suppléance, c'est assez normal compte tenu de
l'année, mais la diminution de postes, elle, prend toute une autre
signification qui démontre, sans l'ombre d'un doute, la volonté
du ministère des Finances de prendre le leadership, je dirais,
auprès du gouvernement pour faire en sorte de voir à diminuer les
effectifs. Il y a donc une volonté gouvernementale qui est
sérieuse et qui est prise en considération de façon
intéressante par le ministère des Finances.
Le député de Labelle a soulevé le fait que, pour la
première fois, le coût de nos emprunts va dépasser 5 000
000 000 $. C'est un fait. Il a omis, malgré la citation latine à
propos, de nous dire en français qu'il a fait partie du gouvernement le
plus dépensier que le Québec ait jamais connu. Il a omis de nous
dire qu'à l'époque de 1980-1981, lorsque son gouvernement
empruntait près de 4 000 000 000 $, en dollars constants, M. le
Président, ça ferait en sorte de nous amener tout près des
10 000 000 000 $ que les Onta-riens empruntent actuellement. Alors, on a eu,
grâce à lui et à ses collègues, un gouvernement de
Bob Rae 13 ans avant l'Ontario au Québec. Ce qui fait que la machine
infernale dont on a hérité, et qui faisait en sorte de
dépenser, d'avoir un emprunt énorme au niveau des
opérations courantes et des besoins financiers nets extrêmement
importants en 1985-1986, n'a pu faire autrement que d'engendrer d'autres
déficits dans les années suivantes, même si nous avons
passé tout près, en 1988-1989, de pouvoir finalement arriver
à combler nos besoins financiers courants.
Le député de Labelle s'étonne, compte tenu de
l'habituel appariement des budgets fédéraux et provinciaux, que,
suite au dernier budget fédéral, le taux d'escompte d'hier ait
augmenté de 33 points. Mais il oublie facilement que le dollar canadien,
lui, a baissé de 86 points hier. Il y a une relation directe entre la
valeur du dollar et les taux d'intérêt. Bon, on pourra toujours
dire que la politique budgétaire fédérale ne plaît
pas au député de Labelle elle ne semble pas plaire
à bien du monde, de toute façon mais le
député de Labelle nous convie à un grand happening
politique où le Québec serait un État indépendant
vivant de la monnaie fédérale, ayant choisi d'utiliser la monnaie
canadienne, sous prétexte qu'on a un gouvernement de trop. Cherchez
l'erreur, M. le Président!
Choisir, de son propre chef, de se greffer à une monnaie d'un
pays qu'on veut voir étranger, se refuser d'avoir toute espèce
d'autorité morale ou politique sur la politique monétaire de son
voisin, tout en ayant parasité sa monnaie, ne peut pas faire bien, bien
sérieux sur le plan d'une vision politique, d'une vision de
société dans laquelle on voudrait nous embarquer, M. le
Président.
Je convie le député de Labelle à
réfléchir davantage sur les effets vicieux, pernicieux de la
politique fiscale et monétaire à laquelle il voudrait, lui et son
parti il n'est pas tout seul, évidemment, je ne voudrais pas lui
mettre le fardeau plus pesant que ses épaules pourraient en prendre
convier la population du Québec. Il y a un non-sens dans cette
politique-là, et je le dénonce ce matin, tout en nous conviant
à regarder de plus près chacun des postes budgétaires que
les crédits du ministère des Finances nous amènent
à regarder ce matin. Merci M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Saint-Louis.
Alors, tel que convenu entre, à la fois, le groupe de
l'Opposition officielle et le parti ministériel, nous allons
immédiatement entendre Loto-Québec, l'organisme
Loto-Québec.
M. Gautrin: Ce n'est pas ça, M. le Président. Ce
n'est pas ça qu'on avait convenu, on avait convenu de passer programme
par programme.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Verdun. Il a été convenu de
procéder à l'étude programme par programme au niveau des
crédits du ministère. Nous avons ici deux organismes relevant du
ministère des Finances auxquels l'Opposition officielle a des questions
à poser, et il a été convenu entre le parti
ministériel... Nous allons revenir, eu égard à chacun des
programmes du ministère des Finances que vous retrouvez à 1
à 5, 8 et 9, mais il y a aussi des organismes qui relèvent du
ministre des Finances et auxquels l'Opposition officielle a
décidé de poser certaines questions. Et, dans ce cas-ci, tout
à l'heure, il y eu une entente à l'effet que nous allons
procéder immédiatement, dans un premier temps, à entendre
Loto-Québec, dans un deuxième temps, à entendre la Caisse
de dépôt et, dans un troisième temps, à
étudier les crédits du ministère des Finances dans la
masse de temps qui nous est allouée, qui est de trois heures, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je ne voudrais pas retarder
inutilement le débat, mais on pourrait vérifier sur les
galées, je doute qu'il y ait eu entente. Et on vérifiera sur les
galées à cet effet-là.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a aucun problème,
mais...
M. Gautrin: On pourra vérifier là-dessus, si vous
voulez. Je ne voudrais pas retarder inutilement et faire chercher les...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non, ça va;
j'étais présent, M. le député de Verdun.
Brièvement, M. le député de Labelle.
M. Gautrin: Je maintiens que je doute qu'il y ait eu entente
à cet effet-là, M. le Président, très
certainement.
M. Léonard: Moi, j'ai bien compris qu'on s'était
entendus avec le ministre des Finances. De toute façon, M. le
Président, un coup les notes d'ouverture terminées, la parole me
revient. J'interroge des gens, des organismes d'État ou le ministre des
Finances. À ce titre-là, je rappellerais au député
de Verdun que lui-même, qui a présenté le projet de loi 198
en appelant à l'imputabilité des hauts fonctionnaires de l'Etat,
j'ai devant moi le président de Loto-Québec, puis j'aurais des
questions à lui poser. Est-ce que le député de Verdun va
s'opposer à l'opération?
M. Gautrin: M. le Président, est-ce qu'on pourrait quand
même rappeler que le député de Labelle s'était
opposé à ce projet de loi alors que... Ha, ha, ha! Là, il
veut en retirer les bénéfices.
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur ce, M. le
député de Labelle et M. le député de Verdun, nous
allons maintenant... Écoutez, nous n'avons que trois heures, et je sais
qu'il y a des gens qui ont des questions à poser aussi à la
Caisse de dépôt. Alors, nous allons procéder
immédiatement avec Loto-Québec, qui est sous la
responsabilité du ministre des Finances.
Loto-Québec
M. Levesque: M. le Président, je demanderais au
président-directeur général, M. Michel Crête, de
présenter ceux qui l'accompagnent.
M. Crête (Michel): M. Claude Trudel, à mon
extrême gauche, qui est premier vice-président de la loterie, et
M. Vincent Trudel, qui est le président opération casino,
société casino.
Une voix: Aucun lien de parenté?
Le Président (M. Lemieux): C'est ce que j'allais demander
aussi, vous n'êtes pas des personnes liées?
M. Crête: Père et fils, mais il faut deviner lequel!
Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous sommes prêts,
M. le député de Labelle, vous avez la parole.
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je suis
heureux que le président de casinos du Québec soit ici ce
matin, même si, ayant voté contre cette question
d'imputabilité externe, telle que l'exprimait le projet de loi 198, je
vais poser des questions au président sous le couvert de son
ministre-tuteur qui est ici présent.
Le Président (M. Lemieux): On s'entend bien
là-dessus, «sous le couvert de son ministre-tuteur».
D'accord; ça va là-dessus.
M. Léonard: Son ministre de tutelle. Je ne sais pas
comment on le dit. (11 heures)
Le Président (M. Lemieux): Oui, ça va.
Implantation de casinos au Québec
M. Léonard: Je pense que la question des casinos est d'une
grande actualité politique, elle défraie les conversations des
citoyens du Québec, et je pense qu'ici c'est l'occasion de poser un
certain nombre de questions. Le gouvernement du Québec a finalement pris
la décision de se lancer dans l'aventure des casinos. Et je dois dire
qu'il n'a pas, comme ses prédécesseurs, résisté
à la tentation d'empocher quelques dizaines de millions annuellement.
Ses difficultés financières l'ont finalement emporté sur
les questions de sécurité publique, sur les enjeux sociaux et
toutes les autres questions qui pourraient se poser autour des casinos.
Alors, le gouvernement a opté pour établir deux casinos
dits de type européen: l'un à Montréal, l'autre dans
Charlevoix. C'est la décision qui semble percer à travers les
journaux et les réponses aux questions que nous avons posées
à l'Assemblée nationale. Dans un cas, à Montréal,
l'ouverture était prévue pour le mois de juillet prochain et
l'ouverture va se faire plutôt le 1er octobre. Le président pourra
infirmer, confirmer. Dans Charlevoix, il n'y a pas encore de date
prévue, on attend de connaître le dénouement de l'affaire
Malenfant. Je ne sais pas si c'est vraiment cela, mais il reste que ça a
l'air d'être reporté à beaucoup plus loin.
Si la politique du gouvernement était l'ouverture de deux
casinos, il se pourrait bien aussi qu'il y en ait davantage sur le territoire
du Québec, parce que tout le monde en revendique. On parle de deux
autres casinos sur les réserves mohawks, puis il y a une demande aussi
pour la ville de Québec. Et vous voyez que c'est un appel d'air, tout le
monde en veut! Dans ce dernier cas, dans le cas de Québec, même si
on affirme qu'il n'y a aucun projet à l'étude chez
Loto-Québec et au Conseil des ministres, on peut quand même dire
ou souligner que, dans ces matières, il y a rarement fumée sans
feu. Il doit y en avoir un petit feu qui couve sous la braise quelque part.
Et aussi, la venue d'éventuels concurrents ne semble pas
inquiéter Loto-Québec. On avoue candidement qu'on connaissait
cette possibilité, mais que l'on n'a pas évalué l'impact
que cela pourrait avoir. Bref, la demande en termes de casinos semble
illimitée. Chacun rêve dans son coin à un petit casino ici
et là. Mais, en ce qui concerne Québec, permettez-moi de dire que
ça n'est pas la même réaction lorsqu'on a proposé de
créer une loterie pour financer le nouveau Colisée; là, on
a tout de suite conclu à la saturation des marchés, ça ne
devait pas se faire.
Sur un autre plan, les coûts monétaires. Les travaux...
M. Levesque: Si M. le député de Labelle me
permettait à ce moment-ci...
M. Léonard: Oui. O.K., allez-y.
M. Levesque: Seulement parce qu'il y avait je pense que
c'est important que je le dise une sorte de préambule à
ses questions, un long préambule dans lequel le député de
Labelle a mentionné que nous avions sacrifié le côté
sécurité publique, etc., aux besoins financiers du gouvernement.
Je ne peux pas souscrire à cela. Nous avons trop pris de soin, de temps,
nous avons trop consacré d'énergie, nous avons trop
analysé, consulté, visité, nous avons eu trop de
réunions je ne sais pas combien avec tous les
éléments qui pouvaient nous assurer la sécurité
publique, soit du côté des corps policiers et nous avons le
ministre de la Sécurité publique qui est intervenu combien de
fois pour s'assurer que tout était mis en place pour assurer ce respect
de la moralité, etc., que je ne peux pas souscrire à cette partie
du préambule, M. le Président.
Mais, en dehors de ça, je laisserai le président ou les
autres de l'équipe répondre aux questions que le
député de Labelle veut leur poser. Je voulais simplement, au
départ, vous faire part de cette information que je voulais donner
à la commission.
Deuxièmement, évidemment, quand on parle de nombre de
casinos qui pourraient s'ajouter, je voudrais tout de suite dire que
Loto-Québec fonctionne évidemment avec une grande autonomie.
Mais, lorsqu'on en arrive à des décisions de cette nature, elles
ont été passées par le Conseil des ministres et il y a une
ligne de conduite qui a été bien précisée quant au
nombre et même à la localisation, même aux endroits qui
seraient approuvés. Alors, je voulais simplement dire ça, sans
vouloir retarder...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: Le ministre des Finances, quand il me
répond, ajoute à ce que je dis, finalement. Quand il parle de
toutes les précautions urbi et orbi qu'il a prises, cela indique
justement l'ampleur des problèmes que la venue des casinos pose.
M. Levesque: Pourrait.
M. Léonard: ...pourrait poser. Et c'est juste le temps qui
va nous dire ce qui va arriver. Alors, là-dessus, je pense qu'il y a des
expériences ailleurs et il y a des problèmes. Je ne peux pas ne
pas relever, disons
ici, un appel d'offres qui a été fait par
Loto-Québec. Je pense que ça indique quand même un certain
nombre de choses. Juste un petit paragraphe dans un appel d'offres qui est paru
je n'ai pas la date, là je vous lis la phrase: «Les
documents de soumission peuvent être obtenus à compter du 22 mars
1993 sur remise d'un montant remboursable de 25 $.» On ajoute aussi:
«L'argent comptant ne sera pas accepté.» J'espère
que, dans le cas des lotos, on ne prend pas de pente savonneuse comme
celle-là. Ha, ha, ha!
M. le Président, je reviens sur les coûts monétaires
de l'opération. Les travaux qui doivent être effectués au
Palais de la civilisation ont été estimés à
l'origine à 86 000 000 $. Et, depuis, ces travaux ont été
réévalués à 95 000 000 $. Donc, tout de suite, il y
a quand même des opérations qui ont l'air d'être pas mal
plus coûteuses que ce qu'on pensait.
Mais il y a aussi autre chose en ce qui concerne les coûts
monétaires. La SQ, l'unité casino de la SQ qui est en train de se
mettre en place coûterait annuellement 1 500 000 $. En ce qui a trait
à la police de la CUM, qui, elle, devra assurer la
sécurité autour des casinos, on estime les coûts annuels de
sécurité à 2 000 000 $. Donc, on en est tout de suite
rendus à 3 500 000 $. On attend, les corps policiers attendent la
réponse du gouvernement là-dessus. Qui va payer la note? Est-ce
que ça va être les casinos? Est-ce que ça sera pris sur les
fonds ordinaires du gouvernement? Est-ce qu'on en a tenu compte dans les
crédits? Vous pouvez peut-être...
M. Crête: Voulez-vous que je réponde au fur et
à mesure? Je peux vous laisser aller...
M. Léonard: Bien, je vais faire juste une autre chose et,
après ça, je vous poserai des questions plus précises.
M. Crête: Oui. O.K.
M. Léonard: En ce qui concerne les coûts sociaux,
aux yeux de M. Jean-Paul Roy, qui était porte-parole de
Loto-Québec, la décision de l'Ontario d'ouvrir, elle aussi, des
casinos et les démarches des Mo-hawks, la demande de certaines personnes
à Québec constituent la preuve que le gouvernement a pris la
bonne décision. Cette déclaration nous apparaît bien
téméraire quand on connaît l'ampleur des problèmes
sociaux que cela peut causer.
Les autres le font, donc c'est une bonne chose. C'est toujours le fameux
complexe du «moé tou» qui joue. C'est bon pour les casinos
aussi. Il y a des casinos ailleurs. Je ne sais pas comment le ministre va
pouvoir résister à des pressions ultérieures. La
même chose aussi sur le plan des coûts sociaux. Là, on
justifie la décision en disant: Les autres ont pris la décision
d'ouvrir des casinos, donc, nous autres aussi, on le fait parce que c'est une
bonne décision. Je pense que c'est un raisonnement un peu court; en tout
cas, la réponse aux questions qui avaient été
posées le dénotait.
Première question, M. le Président. Est-ce que l'ouverture
du casino de Montréal est toujours prévue pour le 1er octobre
1993?
M. Crête: Oui, oui. À date, j'ai
vérifié encore la semaine dernière, on est vraiment, selon
l'expression anglaise, «on target» pour arriver à ce que le
casino nous soit livré pour le 15 septembre et qu'on ait une
période d'une quinzaine de jours de rodage à vide pour faire
pratiquer les employés, enfin, pour apprivoiser ce type
d'établissement là. On devrait être en mesure d'ouvrir pour
le 1er octobre.
M. Léonard: À faire le ménage avant
l'ouverture. Quinze jours pour faire le ménage.
M. Crête: Plus que le ménage, c'est vraiment de
jouer et de faire rouler les caisses, la voûte, le central. Enfin, c'est
une opération, comme vous le savez, qui met en cause 775
employés, grosso modo, pour le casino. À ce nombre s'ajoutent 250
personnes qui travailleront dans les services connexes, de restauration et bar;
donc, on parle de 1000 personnes. Et c'est, je pense, une règle
générale très connue que, quand un casino ouvre, on se
doit de le faire tourner à vide. Donc, ça nous prend une
clientèle particulière qui va jouer avec de faux jetons pendant
une période de temps pour qu'on s'assure que, sur le plan de la
sécurité, sur le plan des flux monétaires, sur le plan
général de fonctionnement, on n'ait pas de pépins lors de
l'ouverture.
M. Léonard: Et qu'en est-il du casino de Charle-voix? (11
h 10)
M. Crête: Vous l'avez mentionné tout à
l'heure, on vit avec une décision d'ouvrir un casino dans Charle-voix.
Maintenant, nous avions, à l'époque, fait une recommandation, en
fait, qui s'appuyait sur les recommandations des différents intervenants
du milieu. Il y avait la chambre de commerce, il y avait la municipalité
régionale de comté, il y avait, évidemment, le maire de La
Malbaie, l'association touristique régionale, j'en oublie
peut-être, qui, dans le cadre de ce contexte, nous avaient fait une
recommandation privilégiant comme site le Manoir...
Une voix: Richelieu.
M. Crête: ...Richelieu. Évidemment, je ne vous
cacherai pas qu'il y avait un certain malaise au niveau de certains, dès
ce moment, parce qu'ils souhaitaient qu'on soit à l'extérieur du
Manoir, tout en étant sur le site du Manoir. Eux voyaient la
présence du casino comme étant une façon de supporter cet
hôtel qui se veut, un peu, le moteur économique, sur le plan
touristique, de la région de La Malbaie. Alors, nous avions
communiqué, à l'époque, au gouvernement, ces
recommandations et je dois vous dire que nous sommes toujours en attente d'une
décision définitive sur le dossier pour des raisons, je pense,
qui sont devenues de plus en plus évidentes.
M. Léonard: Est-ce que, quant à vous, vous remettez
en cause la décision d'aller dans Charlevoix, actuellement?
M. Crête: Pas du tout. M. Léonard: Pas du
tout.
M. Crête: Pas du tout. On ne remet pas ça en cause.
C'est une question de temps, j'imagine. Mais, comme je vous le
répète, il y a une décision du gouvernement qui doit nous
venir, à savoir à quel moment on amorcera les travaux.
M. Léonard: Est-ce que je peux poser une question au
ministre? Qu'est-ce que vous attendez pour aller de l'avant là-dedans,
dans Charlevoix?
M. Levesque: II s'agit de voir à quel endroit et quels
sont les immeubles disponibles. Du moment qu'on touche à ça, on
arrive dans un contexte où il y a encore des incertitudes. Mais,
dès que l'incertitude est levée, nous devrions être
capables de procéder.
M. Léonard: Oui, mais, quand vous avez annoncé la
décision, il y a un an, ces données étaient
déjà connues.
M. Levesque: Pas aussi précisément que maintenant.
Vous savez dans quelle période... Il y a eu un processus où
c'était réglé, puis ce n'était pas
réglé, puis on avait sauvé de, puis on avait fait ci, fait
ça, puis finalement, bien, d'une étape à l'autre, on
attendait le mois suivant, ça devait être réglé. On
n'a pas fait exprès, vous savez, pour retarder la mise en place...
M. Léonard: En fait, pour dire les choses clairement,
c'est que, finalement, c'est un peu lié aux déboires qu'a connus
M. Malenfant.
M. Levesque: C'est clair que ce n'est pas étranger
à tout ça.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a d'autres dossiers que
Loto-Québec étudie, en termes de relocalisation, à l'heure
actuelle?
M. Crête: Rien de façon concrète. Vous savez
qu'à Loto-Québec, recherche et développement, c'est un
volet qui est actif. On est en recherche de façon perpétuelle,
tant sur des nouveaux modes de communication que des nouvelles
opportunités de jeux. Si vous me posez la question à savoir, par
exemple, la mention que vous faisiez de Québec, non, il n'y a pas
d'étude de faisabilité sur Québec.
M. Léonard: Dans votre recherche et développement,
vous ne faites pas affaire, vous n'avez pas fait appel au Fonds de
développement technologique. Il y a plein de fonds là,
inutilisés. M. Crête: Non.
M. Levesque: II y en a moins, là. M. Crête:
On pourrait. Ha, ha, ha!
M. Léonard: Ha, ha, ha! 61 000 000 $ en quatre ans,
ça, ce n'est pas un score...
M. Levesque: II y en a moins, là. Il y en avait plus, mais
il y en a moins, là.
Casino de Montréal
Coûts de l'aménagement et revenus
prévus
M. Léonard: Bon. Sur les coûts d'aménagement,
maintenant, est-ce que les coûts d'aménagement, au Palais de la
civilisation, à Montréal, sont toujours évalués
à 95 000 000 $?
M. Crête: Oui. Vous avez fait référence
à une période antérieure où on aurait avancé
un chiffre, il faut se rappeler que ce chiffre avait été
avancé de façon très hypothétique parce qu'à
l'époque il n'y avait pas eu d'étude de faisabilité de la
part d'ingénieurs ou d'architectes. Donc, on avait pris des standards de
construction pour établir ces coûts. Par exemple, un
stationnement, ça vaut normalement 1500 $ la place de stationnement. Ou
15 000 $, plutôt. Quand vous en fabriquez tant, ça vaut 15 000 000
$. Alors, on avait retenu 15 000 000 $ comme standard. Un pont à
construire, ça devrait coûter, selon la ville, nous disaient-ils
à l'époque, tel montant, et s'ajoutait à ces
premières dimensions qu'on regardait une ampleur dans le casino qui
était différente de celle que l'on connaîtra au moment
où il sera ouvert.
De façon plus précise, on avait prévu au
départ, au moment où on avait fait ces exercices-là
c'était des exercices préliminaires on avait prévu
la mise en place de 1000 appareils à sous. En termes de
rentabilili-té, puis, finalement, en tenant compte de la capacité
de l'édifice, on a opté pour passer à 1200 appareils
à sous. Et ça, évidemment, c'a eu un impact sur nos
coûts de construction.
Également, le troisième étage de l'édifice
est un étage qui, dans notre projet initial, ne devait être
utilisé d'aucune façon. Nous allons l'utiliser maintenant
partiellement, avec quatre petites salles de réception, et nous avons
également prévu que, sur cet étage, tous les travaux qui
pourraient nous permettre un agrandissement éventuel du site seraient
complétés. Donc, les travaux de structure ou les travaux
importants de mécanique et d'électricité sont
complétés en vue d'un agrandissement possible des aires de jeux
vers cet étage-là.
Or, évidemment, quand on avait fait nos premiers estimés,
on n'avait pas comptabilisé ces coûts, la raison
étant qu'on croyait que ces
réaménagements-là pourraient se faire de façon
mineure, sans interrompre les activités du casino; mais ce n'est pas le
cas. Alors, si on ne les faisait pas puis qu'on devrait attendre et un jour
dire «Bien, on veut prendre une expansion», il faudrait
carrément fermer les portes pendant un mois ou un mois et demi pour
procéder à certaines démolition et reconstruction; on ne
peut pas faire les deux en même temps. Vous connaissez la structure de
l'édifice, il y a un atrium central qui fait en sorte... Contrairement
à un édifice traditionnel où, entre un étage et un
deuxième, il n'y a pas de communication autre que les escaliers ou les
ascenseurs, dans notre cas, il y a un atrium central qui permet une
communication du bruit et de tout ce qu'on peut imaginer entre chacun des
étages. Alors, il fallait donc qu'on complète l'infrastructure.
Et, essentiellement, c'est ce qui nous a amenés vers ces
chiffres-là.
Maintenant, au moment où on se parle, nous suivons
hebdomadairement le niveau de la dépense dans la construction, que ce
soit au niveau des soumissions des différents contracteurs, et je dois
vous dire qu'on a plus souvent qu'autrement d'agréables surprises. Parce
que les temps étant ce qu'ils sont, dans le monde de la construction, il
y a plusieurs contrats qui ont été octroyés pour des
montants inférieurs à ce qu'on avait estimé.
M. Léonard: Vous n'êtes pas en train de faire faire
les travaux au noir là, quand même?
M. Crête: Non, non, pas à ce point-là.
M. Léonard: Ha, ha, ha! Ce serait mal débuter.
Est-ce que Loto-Québec va produire des états pro forma de ses
opérations de casino?
M. Crête: Oui. On va faire un budget consolidé.
M. Léonard: Publiquement. Les décisions sont
prises, on a toujours réclamé, nous, dans l'Opposition, qu'il y
ait un dossier qui soit mis sur la table, complet, donnant les pour et les
contre. Le gouvernement ne l'a pas fait. Je suppose...
(Consultation)
M. Crête: Je voudrais comprendre. N'étant pas un
expert dans le domaine des finances publiques comme vous pouvez l'être,
quand vous parlez d'un budget pro forma vous parlez...
M. Léonard: Des états... En fait, vos
prévisions...
M. Crête: Des états financiers...
M. Léonard: Vos prévisions de revenus, vos
prévisions en termes d'opération, où est-ce que vous en
êtes? Nous avons réclamé le dépôt du dossier
à l'Assemblée nationale, puis le ministre des Finances qui est
ici, à ma connaissance, ne l'a pas fait, n'a pas déposé un
dossier complet sur cette question-là. En tout cas, personne... Et,
à ce stade-ci, bon, il y a des casinos qui se construisent mais on ne
sait pas encore sur quoi reposent finalement les décisions
gouvernementales. Et je pense qu'un des éléments,
là-dedans, il y a toujours des états financiers pro forma ou des
prévisions de revenus, à tout le moins. Vous engagez 1000
personnes; vous devez savoir comment vous allez les payer, à partir de
quels revenus vous allez les payer. Donc, vous en avez fait des
prévisions.
M. Crête: Oui. Sous cet angle-là, oui.
M. Léonard: Est-ce qu'on peut les connaître?
M. Crête: On les a d'ailleurs communiquées, oui. On
parle de revenu, dans le cas du casino de Montréal... Je peux vous
donner les chiffres. On parle de 112 000 000 $ de revenu brut, le revenu brut
étant le revenu escompté des lots, et un revenu net
d'opération qui serait de l'ordre de 49 000 000 $.
M. Léonard: Bon, 49 000 000 $ de revenu net. (11 h 20)
M. Crête: De revenu net, après avoir payé
à la fois nos frais d'opération et avoir payé
l'amortissement nécessaire pour les... C'est ça. J'ai un exemple
ici, pour les premiers six mois d'opération. Dans le fond, c'est un peu
une division par deux ou à peu près. On aura 57 000 000 $ pour
les premiers six mois d'opération, 57 370 000 $, pour un net de 22 482
000 $. Évidemment, la première année, c'est une
année qui est plus difficile parce que je vous ai expliqué tout
à l'heure que c'est une année où on doit tourner à
vide. Quand on opère pendant quelques semaines sans clients mais avec
les dépenses, c'est un peu plus cher. Déjà, il y a des
gens qui sont engagés.
M. Léonard: Donc, ça va être plus payant
à terme.
M. Crête: Ça devrait normalement être un peu
plus payant, oui. D'ailleurs, la structure de revenu net qu'on retrouve pour le
casino de Montréal fait de ce casino-là un des plus rentables en
Amérique actuellement, parce que les pourcentages de revenu ou de
bénéfice net sur le bénéfice brut varient
considérablement d'un casino à l'autre. Je vous donnerais,
à titre d'exemple, des casinos comme le Taj Mahal qui va chercher dans
les 400 000 000 $ de revenu brut; il est capable de montrer un revenu net de
l'ordre de 20 000 000 $ à 25 000 000 $. Nous, on va être plus
près de l'ordre de 40 % du brut en continuant à payer
l'amortissement...
M. Léonard: Est-ce que là c'est une indication de
la voracité du ministre des Finances?
M. Crête: Pas du tout. Non, ça n'a rien à
voir.
On est en quelque sorte privilégiés parce que les
casinos...
M. Levesque: Vous pouvez badiner de temps en temps.
M. Chagnon: C'est une indication de la qualité de la
gestion du futur casino.
M. Crête: C'est ça aussi, je n'osais pas le
dire.
Vous parliez tout à l'heure de dépenses de construction.
Bien, je peux vous donner les chiffres que j'ai ici. La construction du casino,
donc, l'édifice lui-même, on s'attend d'y dépenser 26 500
000 $ à l'intérieur de l'édifice, 14 600 000 $ pour le
stationnement, 2 500 000 $ d'aménagement extérieur qui sera
réalisé, cette fois-là, par la ville de Montréal,
plus particulièrement par M. Bourque du Jardin botanique.
M. Léonard: Est-ce que vous allez les rembourser pour
ça?
M. Crête: Oui. Bien, enfin, pour ce qui touche
immédiatement notre périmètre qui est défini comme
étant le périmètre du casino. On aurait pu le faire, mais,
finalement, on a opté pour le faire faire par le Jardin botanique; ils
ont une assez bonne expérience là-dedans. Et 4 200 000 $ pour le
prolongement du pont de la Concorde, qui avait été coupé
au terme d'Expo 67. Alors, ce pont-là, une fois prolongé,
amènera les véhicules en provenance de Montréal via le
pont de la Concorde directement à l'intérieur du stationnement
qui sera un stationnement fermé, couvert et recouvert d'un parc floral
remarquable.
M. Léonard: Ça va être beau.
M. Crête: Ça devrait. Je peux vous dire que chaque
fois qu'on l'a fait visiter à des gens de l'étranger qui sont
dans le domaine... On transige beaucoup actuellement avec les gens de Holland
Casino qui sont un peu le pendant de Loto-Québec en Hollande; ce sont
eux qui administrent les huit casinos d'État de Hollande. On a eu
également la visite de gens de Nice, d'Espagne. On reçoit la
semaine prochaine des gens de l'Ontario. Beaucoup sont venus des
États-Unis, et c'est unanime: le site du casino de Montréal va
faire en sorte qu'il va être incomparable dans le monde.
M. Léonard: Ça va être un endroit
privilégié pour le président de la Loto. Avec
l'enthousiasme avec lequel il en parle, j'ai l'impression qu'il va s'y trouver
souvent.
Une voix: On va regagner son salaire, peut-être. Ha, ha,
ha!
Services de sérucité
M. Léonard: Les coûts de sécurité.
Bon. La SQ dit que ça va lui coûter 1 500 000 $, et puis la police
de la CUM, c'est 2 000 000 $. Donc, on en est à 3 500 000 $. Qui paie
cette facture-là? Est-ce que les services vont être
remboursés par le casino?
M. Crête: Bon. Vous posez la question et le débat
n'est pas complété là-dessus, mais je peux quand
même vous faire part de notre point de vue sur la question. Lorsqu'on
parle d'une tarification en ce qui a trait à la police de la
Communauté urbaine de Montréal, il y a eu toutes sortes de
chiffres qui ont eu cours à la police de Montréal; notamment, le
président de la commission de sécurité, qui est le maire
de Dorval, je pense, lui avait avancé le chiffre de 6 000 000 $. M.
Alain Saint-Germain, qui est le directeur de la SPCUM, a plutôt
avancé le chiffre de 1 000 000 $.
Nous avons contacté les gens de Winnipeg, nous avons
contacté la Gendarmerie royale du Canada qui supervise ces
activités-là ailleurs au Canada, nous avons contacté les
corps de police de Hollande et nous avons amené avec nous des
représentants de la Communauté urbaine et de la
Sûreté du Québec. Nous avons fait la même chose dans
le Sud de la France, en Espagne. Ce qui ressort de façon presque
automatique, c'est que la présence d'un casino n'entraîne pas de
coûts additionnels de police autres que des coûts standards que
l'on retrouve pour n'importe quel type d'activité qui implique du
public.
Dans le cas du casino de Montréal et je vous laisse
réfléchir à cette problématique-là
nous allons payer un compte de taxes de l'ordre de 2 400 000 $ par
année. Si on devait être tarifés de façon
supplémentaire pour les frais de police, s'il y en avait, il faudrait
peut-être s'interroger sur l'édifice de Loto-Québec
où on paie 1 900 000 $ et où on ne fait pas appel, d'aucune
façon, au service de police. Donc, on embarque dans un processus de
tarification qui, je pense, dépasse largement le débat qu'on
devrait avoir uniquement sur le casino, et on devrait probablement l'envisager
sous un angle différent. Opérer un bar ou opérer une
discothèque à Montréal, il est clair que c'est plus
criminogène que d'opérer un restaurant ou que d'opérer un
cinéma, mais il n'y a pas de tarification.
M. Léonard: M. le Président, j'aimerais quand
même que le ministre se manifeste là, parce que le
président-directeur général de Loto-Québec est en
train de dire qu'il ne paiera pas de coûts additionnels pour la police.
Ils sont en train...
M. Crête: Je vous ai fait part de notre position, mais je
laisse...
M. Léonard: Oui, mais disons quand même que je vois
très bien venir l'argumentation à l'heure actuelle. Vous ne la
reconnaissez pas, mais j'ai ici, par exemple, un article du journal Le
Devoir, du 12 mars dernier ce n'est pas loin où la SQ
prétend, elle, que ça va coûter... Je la cite. Puis, en
plus, la CUM. Et la CUM, en particulier, ici, a déjà
affirmé que le nouveau casino lui coûterait quelque 2 000 000 $ et
25 policiers
supplémentaires. Elle a transmis une demande à
Québec pour qu'ils paient la note. Les pourparlers se poursuivent, mais
ce n'est toujours pas réglé, et le directeur adjoint de la SQ a
rappelé que Québec avait choisi l'emplacement de l'île
Notre-Dame précisément pour diminuer les risques d'implantation
du casino pour la sécurité publique.
Je comprends que, pour vous, vous essayez de minimiser vos coûts.
Vous dites que c'est criminogène, mais que c'est très difficile
à évaluer. Il reste quand même... Là, ce que je
comprends ce matin, c'est qu'on est en train de dire que, finalement, ce n'est
pas significatif, que le gouvernement du Québec, via Loto-Québec,
ne remboursera pas les services de police ni de la SQ ni de la CUM.
M. Levesque: Voici. Lorsqu'il y a des coûts du
côté de la Sûreté, je dois dire que c'est
prévu dans les crédits que nous avons ou que nous aurons à
voter. Quant à la question de la Communauté urbaine et de son
service de sécurité, de ce côté-là, les
conclusions ne sont pas à terme. Je sais que mon collègue, le
ministre de la Sécurité publique, s'occupe de ce
côté-là de l'aspect des choses, mais ce que disait le
président-directeur général est un fait. C'est ce qu'on
m'a dit, du moins; tous les rapports que j'ai eu l'occasion de voir ou
d'entendre, c'était à l'effet, justement, que ça ne
causait pas tous les problèmes et l'augmentation de coût que
pouvaient prétendre certains intervenants. Mais, de là à
dire que le coût est zéro, je ne suis pas rendu là;
j'aimerais mieux attendre encore que les discussions soient
terminées.
M. Léonard: Oui, mais ça va ouvrir, là!
M. Levesque: Ah non! ça n'ouvre pas demain. M. Léonard:
Ça ouvre au mois d'octobre. M. Levesque: On a le temps! On a
le temps!
M. Léonard: Là, si je comprends, il n'y a pas de
tarification envisagée? Finalement, s'il y a des coûts
additionnels... Par hypothèse, en tout cas, d'après les
déclarations des chefs, des responsables des corps de police, il y
aurait des coûts additionnels importants: 1 500 000 $ et 2 000 000 $,
dans un cas et dans l'autre. Là, dans le premier cas, vous dites:
Ça, c'est des budgets généraux du Québec; donc,
c'est le citoyen, tous les citoyens qui vont payer pour les coûts de la
sécurité. Parce que c'est ça que ça veut dire, si
c'est dans le budget général du Québec, il n'y a pas de
facture faite, en particulier, à une institution ou casino où on
a identifié des coûts de fonctionnement ou de
sécurité publique importants. Dans l'autre cas, ça va
être les citoyens de Montréal qui vont payer pour ça. (11 h
30)
M. Levesque: Nous aurons l'occasion, au cours des prochaines
semaines ou mois, de répondre d'une façon plus satisfaisante
à cette question-là, j'en suis convaincu; mais, pour le moment,
je ne m'avancerai pas davantage. Tout ce que je peux dire, c'est que les
coûts, quels qu'ils soient, du côté de la
Sûreté du Québec, sont dans les crédits normaux
votés par la Législature. S'il y avait un coût additionnel
qui soit inclus là, on pourra l'identifier. Je ne sais pas si les
crédits de ce ministère ont déjà été
faits; je ne le sais pas.
M. Léonard: En réalité, ce qu'on doit
conclure aussi, c'est que vous avez pris la décision de l'implantation
des casinos sans avoir une idée très claire des coûts de
sécurité publique...
M. Levesque: Oui, oui.
M. Léonard: ...que cela entraînait.
M. Levesque: On sait que...
M. Léonard: Bien, si c'était clair, vous pourriez
envoyer la facture.
M. Levesque: On avait des demandes de certaines compensations,
mais personne ne pouvait le faire d'une façon bien précise non
plus parce que c'était une expérience assez nouvelle. Mais, comme
on faisait nous-mêmes notre propre enquête, si vous voulez,
là-dessus, on s'est aperçus à visiter ailleurs, en Europe
en particulier, qu'il n'y avait pas de montant substantiel qui devait s'ajouter
de ce côté-là parce qu'il n'y avait pas d'impact
réel sur la sécurité, pas plus que d'autres
activités...
M. Chagnon: Que le nouveau Forum.
M. Levesque: Bien oui, qu'on pourrait avoir. Comme le dit le
député de Saint-Louis, un nouveau Forum à Montréal,
ça ne veut pas dire qu'à ce moment-là ça veut dire
que... Ou un Colisée à Québec. Ça ne veut pas dire
que toutes les forces de sécurité devraient être
augmentées.
D'ailleurs, il ne faut pas oublier, comme le disait le
président-directeur général, que la ville de
Montréal, elle-même, bénéficie de l'implantation, et
grandement. Je pense que la ville de Montréal était très
heureuse de voir venir Loto-Québec, particulièrement, pour
rénover et restaurer cet édifice qui pouvait causer certains maux
de tête quelque part. Alors, je pense qu'en tenant compte de tout il n'y
a personne, beaucoup, à Montréal qui y perd.
M. Léonard: M. le Président, le président de
Loto-Québec dit qu'il paierait 2 400 000 $ en taxes municipales. Il
reste que si la facture, juste de sécurité publique, pour la CUM
est de 2 000 000 $ et que pour la Sûreté du Québec elle est
de 1 500 000 $ mais seulement pour la CUM, de 2 000 000 $
ça commence à faire des sous.
Mais je voudrais revenir là-dessus, sur les coûts de
sécurité, parce que Le Soleil du 2 mars a quand même
commis un article important. «En pertes de salai-
re...» Je le cite, le titre, «En pertes de salaire chaque
année, le jeu coûte 25 000 000 $ aux employeurs. Véritable
révélation, selon le président du Conseil du patronat, M.
Ghislain Dufour. Une étude rendue publique hier par le professeur Robert
Ladouceur, de l'Université Laval, révèle que les
employeurs doivent assumer au moins 25 000 000 $ annuellement en pertes de
salaire par leurs employés aux prises avec la passion du jeu.» et
on cite des exemples: «retard au travail, absentéisme, manque de
productivité, vol et même le congédiement constituent des
phénomènes fréquents chez les joueurs pathologiques. de
façon très conservatrice, les malades du jeu engloutissent 500
000 000 $ par année, précise l'étude
dévoilée hier, et ils prendront tous les moyens pour y parvenir,
quitte même, dans 37 % des cas, à voler leur employeur.»
c'est quand même... bien, je cite le président du conseil du
patronat. je pense que... bon.
M. Chagnon: Un article du Soleil.
M. Léonard: Article du Soleil, 2 mars 1993, si vous
voulez vous y référer, et il y a eu aussi l'article du Devoir
du 12 mars 1993 où l'on parle des coûts de la
sécurité publique là-dedans.
Moi, ce que je déplore ce matin, c'est que, finalement, on doit
constater que le gouvernement a pris la décision sans faire vraiment
l'évaluation des coûts de sécurité publique dans ce
dossier. Parce que c'est ça que ça veut dire. Parce qu'il est
incapable de mettre un chiffre concret, précis, sur ces
opérations de sécurité publique.
Je reviens. Le dossier n'a pas été rendu public,
finalement. Là, ce que je vois, on est en train de minimiser les
coûts de la sécurité publique pour la CUM en disant: Bon,
on paie des taxes, nos taxes foncières, et il n'est pas question de
tarifer. Mais je dois souligner que le gouvernement, quand il est question de
lui-même et de ses usagers, il tarife de plus en plus; c'est sa politique
avouée depuis plusieurs années.
M. Levesque: C'est-à-dire, en deux mots, qu'on ne veut pas
payer pour des choses qui n'existent pas, mais on est prêt à payer
pour des choses qui existent. C'est clair. Je pense que, lorsque les
discussions seront terminées, lorsque les chiffres seront plus
précis, on pourra arriver à une conclusion. C'est ce que j'ai
dit.
M. Léonard: Bon, sur un autre...
M. Levesque: D'ailleurs, le président-directeur
général voulait ajouter quelque chose là-dessus. Il m'a
demandé de...
M. Crête: Bien, peut-être plus que deux mots. Je
voudrais vous rappeler qu'en termes de sécurité probablement
qu'un des grands éléments de confusion vient de l'importance
relative qu'on veut accorder à la présence ou à la
non-présence de forces policières en périphérie du
casino, qu'il y en ait ou qu'il n'y en ait pas.
Vous avez mentionné 2 000 000 $ tout à l'heure; je vous
rappelais que le directeur de la sécurité publique à
Montréal, M. Alain Saint-Germain, parlait plutôt, lui, de 1 000
000 $, et le président parlait de 6 000 000 $. Ce qui laisse croire que,
de leur côté, les devoirs ne sont pas complétés non
plus.
Mais j'aimerais vous préciser qu'à l'intérieur
même du casino et à l'intérieur du site, du
périmètre du casino, nous aurons un certain nombre de personnes
affectées à la sécurité. Au total, quand on compte
à la fois les agents de sécurité, les gens qui sont en
surveillance, le personnel d'encadrement de ces personnes-là, ça
dépasse facilement les 100 personnes. Moi, j'ai 105 personnes qui
vont... Alors, autant la sécurité est forte à
l'intérieur du site, autant elle est minime ou, enfin, non
nécessaire en périphérie, dans le
périmètre.
M. Léonard: En tout cas!
M. Crête: Vous savez, dans ce domaine-là, on le
verra quand on le vivra. J'étais à Londres au mois de janvier.
Vous savez que la ville de Londres abrite actuellement 22 casinos. Je n'ai
jamais entendu personne, dans la ville de Londres, dire que la présence
des casinos constituait une dépense fantastique sur le plan des
dépenses de sécurité publique.
Vous avez mentionné également le professeur Ladouceur. Je
voulais simplement vous mentionner que, dans notre approche, depuis un certain
nombre d'années, Loto-Québec se préoccupe de ces
questions-là, de jeux pathologiques, de joueurs à
problèmes. Nous avons versé, bon an, mal an, des fonds en
subvention à la recherche dans le domaine du jeu, dans le domaine des
joueurs compulsifs et notamment au professeur Ladouceur pour un
montant de 830 000 $ au cours des 14 dernières années et, plus
particulièrement, 220 000 $ au cours des trois dernières
années, parce que c'est lui qui, dans le fond, est reconnu comme
étant la sommité dans le domaine.
Une voix: C'est lui qui a gagné le gros lot, M. le
député.
M. Léonard: En tout cas, on peut au moins mentionner son
objectivité parce que, même si vous le financez, il vous dit des
choses, puis il les rend publiques. Alors, à ce moment-là, il dit
le contraire de ce que vous dites.
M. Crête: Oui, oui, mais on se comprend bien
là...
Une voix: C'est lui qui a gagné le gros lot!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. président-directeur général, oui.
M. Crête: Je voulais simplement vous mentionner que nous
sommes conscients de certains problèmes.
Je voudrais cependant éviter ou éliminer ce qu'on peut
penser à l'occasion, c'est: pas de casino, pas de problème; s'il
y a un casino, tous les problèmes arrivent.
Vous avez le phénomène des courses de chevaux qui a
été, pendant bien des années, un élément
bien important pour les joueurs compulsifs, les joueurs à
problèmes. Vous en avez probablement tous connu un jour ou l'autre qui
étaient reconnus comme étant des joueurs excessifs dans le
domaine des courses de chevaux. Depuis un certain nombre d'années,
depuis l'ouverture des casinos d'Atlantic City, il existe, en partance de
Montréal, et probablement que la même chose existe
également en partance de Québec, des tours qui s'organisent
quotidiennement; je dis bien quotidiennement sur Atlantic City: avion ou
autobus.
J'ai eu l'occasion, personnellement, moi, de prendre des vols sur Las
Vegas, également à partir de tours nolisés strictement
pour le jeu: 440 places, deux fois par semaine, sur Las Vegas. Alors, c'est un
phénomène qui existe, qui est réel. Moi, je pense qu'on
doit prendre les moyens qui s'imposent pour minimiser les impacts
négatifs du jeu. C'est bien clair.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je citais
l'étude de la CUM, le service de police de la CUM qui disait que
ça coûterait 2 000 000 $ et 25 policiers supplémentaires.
Alors, ça, l'article du Devoir, si ça, c'est
démenti, au moins qu'on mette les chiffres sur la table, qu'on mette le
dossier sur la table. (11 h 40)
Je voudrais poser une autre question qui s'adresse au ministre. Est-ce
que Loto-Québec ou au président a
évalué l'impact sur les profits du casino de Montréal de
l'ouverture possible des casinos sur les réserves mohawks? Parce qu'il
reste qu'ils les réclament. Alors, est-ce qu'il y a eu une étude
de faite là-dessus, il y a eu des choses? Est-ce que vous êtes
plus avancés là-dedans que vous ne l'êtes en ce qui
concerne la question de la sécurité publique, ou moins?
M. Levesque: II faut bien comprendre que Loto-Québec agit
dans ce domaine à l'intérieur de la décision du Conseil
des ministres. Et, dans la décision du Conseil des ministres, il n'a
jamais été question de ça.
M. Léonard: Alors, vous niez qu'il y ait quelque
fumée ou quelque feu sous la fumée?
M. Levesque: Ah, peut-être qu'il y a de la fumée!
Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Quelque feu qui justifie la fumée.
Une voix: Des signaux de fumée.
(Consultation)
M. Léonard: S'il y en avait sur les réserves
mohawks, est-ce que ça tomberait sous le coup...
M. Levesque: Si... C'est une question hypothétique,
à ce moment-là.
M. Léonard: O.K. Vous ne voulez pas y répondre,
c'est une autre chose.
M. Levesque: Ce n'est pas parce que je ne veux pas y
répondre, mais, pour moi, ce n'est pas dans le...
M. Léonard: II reste que ça a été de
notoriété publique; ça a été soulevé
dans le public. Il pourrait y avoir...
M. Levesque: Vous pouvez demander au président s'il a
examiné l'impact, je n'ai pas d'objection.
M. Crête: Je vais vous répondre par un
élément qui nous a été fourni par M. Joe Norton
qui...
M. Léonard: Donc, vous avez eu des discussions avec M.
Norton?
M. Crête: Non. Mais je sais qu'il a commandité une
étude de marketing sur la possibilité d'avoir un casino dans la
réserve indienne. Les conclusions de cette étude-là
étaient à l'effet que la ville de Montréal, disons que le
grand bassin montréalais pourrait accueillir, sans qu'il y ait de
phénomène, je dirais, de réduction des revenus de l'un et
de l'autre, pourrait accueillir jusqu'à six casinos. Donc, c'est une
source qui n'est pas la nôtre.
M. Léonard: Donc, c'est des petits pains qui vont se
multiplier, si je comprends, qui risquent de se multiplier.
M. Crête: Ce n'est pas ce que je vous dis. Je dis que cette
étude-là semblait démontrer que, malgré la
présence de six casinos, ça ne devrait pas affecter les revenus
de l'un ou de l'autre.
Une voix: On va manquer de réserves! Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Léonard: Dans la région de Québec. Il a
été question du casino de Charlevoix et, dans Québec
même, il n'y en aurait pas? Est-ce que c'est possible, pour financer le
Colisée, qu'il puisse y avoir un casino à Québec?
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Levesque: Je dois toujours répondre la même
chose, c'est que tout cela s'opère, fonctionne à
l'intérieur d'une décision du Conseil des ministres, et,
dans cette décision-là, il était question du casino
de Montréal à l'île Notre-Dame et d'un casino dans
Charle-voix. Et voilà.
M. Léonard: À ce que je vois, Loto-Québec a
beaucoup d'ambition en ce qui concerne les casinos, mais il reste que les
dossiers ont l'air moins étoffés en ce qui concerne la
sécurité publique, à ce stade-ci, en tout cas. Avant de
conclure au bien-fondé de la décision du gouvernement, on va
attendre un peu; en l'absence de dossiers, d'ailleurs, qui n'ont pas vraiment
été rendus publics... Je regrette de le dire, c'est ça.
Parce que les dossiers publics, ça peut exister, ça peut
être rendu public. À l'occasion de grandes décisions,
même, on peut faire des commissions parlementaires; dans ce
domaine-là, on n'a pas vu de volonté du gouvernement de le
faire.
M. Levesque: Mais, voyez-vous, M. le Président, nous avons
donné... et on vient de le faire encore...
M. Léonard: II faut les arracher.
M. Levesque: ...quelles sont les sommes qui étaient
prévues comme investissement, quelles sont les sommes qui sont
impliquées dans le fonctionnement des casinos, quels sont les revenus
bruts, quels sont les revenus nets qui sont escomptés. Tout ça,
ça a été rendu public. Moi, je n'ai aucune objection
à ce que Loto-Québec, en autant que ça ne nuise pas
à son rendement, puisse rendre public tout ce qu'elle voudra. Je n'ai
jamais bloqué quoi que ce soit du côté de
Loto-Québec, pour être aussi transparent que possible, tenant
compte, évidemment, de certaines réserves qui doivent être
maintenues dans une opération commerciale.
M. Léonard: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Alors, je tiens
à remercier les membres...
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président, j'ai des
questions.
Le Président (M. Lemieux): Mais brièvement, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Pourquoi brièvement?
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que j'ai une
enveloppe de temps...
M. Gautrin: Mais non, mais écoutez. Moi, j'avais
souhaité... Et on n'avait pas donné notre accord pour qu'on
analyse programme... qu'on commence...
Le Président (M. Lemieux): D'accord, d'accord, M. le
député de Verdun, allez-y.
M. Gautrin: ...par les sociétés d'État. Si
vous voulez commencer par les sociétés d'État, on va
commencer.
Le Président (M. Lemieux): C'est que je regarde
l'enveloppe de temps. Allez-y, M. le député de Verdun.
M. Gautrin: Moi aussi, je regrette qu'on n'ait pas
commencé par le programme 1 comme on aurait dû le faire
normalement.
Une voix: Moi, j'aurais voulu commencer par la Caisse de
dépôt.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Verdun.
Restructuration de l'effectif
M. Gautrin: Merci. Je vous rappellerai, M. le président de
Loto-Québec, dans la même introduction que j'ai faite tout
à l'heure, qu'il est probable que l'Assemblée nationale soit en
mesure d'adopter assez rapidement le projet de loi 198. Ce projet de loi va
demander aux sociétés comme la vôtre un plan de
réduction d'effectifs à partir des effectifs en date le 1er avril
1993. Alors, je voudrais, avec vous, échanger je n'ai
malheureusement pas eu, à part ici, l'organigramme de Loto-Québec
savoir quels sont les effectifs, actuellement, à
Loto-Québec, comment vous pouvez réduire vos effectifs à
Loto-Québec, compte tenu, bien sûr, que je mettrai à part
l'existence d'une nouvelle activité, qui est l'activité casino.
Donc, je voudrais pouvoir échanger avec vous sur quel est votre
encadrement, quels sont vos secteurs, quelles sont les possibilités de
réduction, comment vous voyez les réductions de personnel dans un
horizon de trois ans.
M. Crête: M. le député, je vous
répondrai que Loto-Québec avait déjà amorcé
ce programme de restructuration de l'entreprise en 1991, où, à
cette époque, nous comptions 697 employés. En 1993-1994, nous en
comptons 663, et nous sommes passés par un creux, en 1993, de 647. Cette
réduction-là a été particulièrement. ..
M. Gautrin: En 1993?
M. Crête: Oui, en 1993, nous en avions 647, et 1993-1994,
663.
M. Gautrin: Donc, vous avez réengagé...
M. Crête: Oui, mais c'est...
M. Gautrin: ....dans un deuxième temps.
M. Crête: Mais je vais vous expliquer, là,
pourquoi.
M. Gautrin: O.K.
M. Crête: D'abord, je vous donne, là, quelques
chiffres qui pourraient être intéressants. Le nombre de cadres, en
1991, était de 109; il est passé à 99 en 1992, pour une
réduction de 10 %; il est passé à 87 en 1993, pour une
nouvelle réduction un peu plus importante; et, finalement, il sera de 86
en 1993-1994.
Le nombre de professionnels est passé de son côté de
195, en 1991 toujours, à 187, en 1992, à 181, en 1993, et
là on augmente à 186 en 1994; j'y reviendrai, là aussi,
pourquoi.
Techniciens et employés de bureau. Bon. Techniciens: 88, 86, 86
et, finalement, 90. Emplois de bureau: 305, 296, 293 et 301.
M. Gautrin: Vous auriez objection à déposer ce
document à la commission?
M. Crête: Pas du tout, pas du tout. Document
déposé
Le Président (M. Lemieux): J'en autorise le
dépôt.
M. Crête: Alors...
Une voix: II va donner ses... Ha, ha, ha!
M. Gautrin: Ça va vite, avec vous, monsieur!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Ha, ha, ha! Ça va.
J'en ai fait faire une photocopie.
M. Crête: Alors, quand vous nous parlez des chiffres de
1993-1994, nous sommes remontés, c'est vrai. Il faut se rappeler que,
1993-1994, c'est l'année où nous mettons de l'avant le casino de
Montréal. Alors, à l'intérieur de l'équipe de
Loto-Québec, on a dédié une partie des ressources à
travailler à la mise en place de ce casino-là, et ce ne sont pas
des employés du casino, mais bien ceux de Loto-Québec qui sont
engagés, et je vous donne un exemple: On a engagé, pour la partie
sélection des employés, près de 15 professionnels
spécialisés en embauche ou en recrutement pour procéder
à l'étude des quelque 127 000 dossiers que nous avions
reçus, et où on fait une analyse systématique de tous ceux
qui ne sont pas tombés à l'occasion du tirage, là, que
nous avons conduit il y a quelques semaines. Alors, c'est ce qui explique,
donc, cette remontée dans notre effectif.
En ce qui nous concerne, nous sommes très fiers, dans le fond, de
déposer ces chiffres-là, parce qu'ils témoignent, je
pense, d'un souci d'économie important au niveau des dépenses
d'opération de la Société. Si je m'en tiens au discours
récent de M. Johnson, bien, on y souscrit; non seulement on y souscrit,
je dirais je le lui ai dit, d'ailleurs on avait pris un peu
d'avance sur cette approche-là. Si on peut mesurer, chez nous, l'impact
de cette décroissance, elle s'accompagne, malgré tout, d'une
croissance de nos ventes, et, donc, sur le plan de la productivité, nous
sommes en mesure d'établir des quantums de ventes par catégorie
d'employés, ou par cadre ou par employé en général,
où la croissance est fort importante quand on conjugue et la baisse et
l'augmentation de nos ventes. (11 h 50)
Maintenant, comme dans toute chose, il y a une certaine limite où
il nous faut être prudents, ne pas dépasser. Évidemment,
ces efforts-là, on les a faits, nous, dans le passé. Donc, on n'a
peut-être pas attendu le signal de départ de cette étape
cette année, c'est fait. Là, nous sommes en phase expansionniste
importante, avec le casino de Montréal, et, éventuellement, un
deuxième. Alors, nous avons, disons, retenu une approche aussi
rigoureuse que celle qui s'applique à Montréal, mais il est
évident qu'on ne pourra pas vous annoncer que l'an prochain nous allons
diminuer; l'an prochain, la Société comptera probablement 1600
personnes.
M. Gautrin: Je vous remercie, M. le Président. Ça
termine mes questions.
Le Président (M. Lemieux): Je remercie les membres de
Loto-Québec de leur participation.
Nous allons suspendre environ deux minutes pour permettre à la
Caisse de dépôt et placement de bien vouloir prendre place.
(Suspension de la séance à 11 h 52)
(Reprise à 11 h 56)
Caisse de dépôt et placement du
Québec
Le Président (M. Camden): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous accueillons maintenant les membres et représentants de la
Caisse de dépôt et placement du Québec. Nous avons
évidemment son président, M. Delorme, ici ce matin. Je pense que
M. Delorme a quelques commentaires préalables à nous formuler. M.
Delorme.
M. Delorme (Jean-Claude): M. le Président, merci. Tout
d'abord, je voudrais dire que, si l'an dernier nous n'avons pas eu le plaisir
de prendre la parole au cours de la réunion de cette commission, nous
sommes heureux aujourd'hui de pouvoir non seulement faire un survol rapide des
activités de la Caisse, mais ensuite de répondre aux questions
des membres de cette com-
mission. À cette fin, je suis entouré d'un certain nombre
des membres de la direction de la Caisse. Tout d'abord, à ma gauche, M.
Guy Savard, qui est le président et le chef de l'exploitation de la
Caisse; derrière moi, M. Jean-Claude Scraire, qui est premier
vice-président à la direction générale des
immeubles; M. Serge Rémillard, qui est le premier vice-président
finances et administration; M. Philippe Gabelier, qui est vice-président
aux affaires publiques, et Mme Carmen Crépin, qui est
vice-présidente et secrétaire du conseil de la Caisse.
Alors, M. le Président, on peut difficilement aborder la question
des activités de la Caisse sans faire allusion, naturellement, à
la situation économique dans son ensemble. Comme c'est un sujet
cependant sur lequel plusieurs se sont exprimés au cours des derniers
mois, je me bornerai simplement à rappeler que l'année 1992 est
une année qui a été une année de reprise, mais de
reprise beaucoup plus faible qu'on ne l'avait prévu. Cependant, quand on
se compare, on se console, comme on dit, et je crois qu'il faut convenir que la
situation économique dans laquelle se sont trouvés le
Québec et le Canada n'a pas été exceptionnelle par
comparaison à celle des autres pays, notamment de l'Amérique du
Nord, et encore davantage de l'Europe et du Japon. En fait, s'il y a une
différence qui démarque notre économie de celle des autres
pays, c'est qu'elle est probablement davantage engagée dans la voie de
la reprise que ne le sont les économies d'Europe.
Au cours de cette année, on a asisté à un
très grand nombre de faillites, de fermetures d'usines, de
restructurations, de consolidations, et tout cela a eu pour effet de nous
placer devant un paradoxe, c'est-à-dire que l'industrie, par suite des
restructurations, est devenue, et je crois que c'est reconnu, beaucoup plus
productive qu'elle ne l'était auparavant, et donc beaucoup mieux en
mesure de faire face aux nouveaux défis qui s'annoncent. En revanche,
cependant, et c'est l'aspect pénible, cette restructuration a eu un
impact considérable sur l'embauche, de telle sorte qu'on se retrouve
devant une reprise qui ne crée à peu près pas d'emplois.
(12 heures)
Au cours de mes remarques, M. le Président, je voudrais
éviter autant que possible de déverser une avalanche de chiffres
sur les membres de la commission, parce que je ne crois pas que ça
servirait une fin utile et je ne crois pas que ce soit l'aspect auquel
s'intéresse tout particulièrement cette commission.
Sûrement que je vous donnerai des chiffres ici et là, mais,
cependant, j'aimerais faire valoir, tout au cours de ma présentation,
quatre aspects qui, je l'espère, amèneront la commission à
voir la Caisse au-delà des chiffres et au-delà des ordinateurs et
de l'informatique, et cela permettra de plonger dans ce qui, pour nous,
constitue l'essentiel des activités et, surtout, représente
l'orientation stratégique de la mission.
Donc, il y a quatre points que j'essaierai de faire ressortir en
particulier, dont les deux premiers découlent de la mission comme telle.
Comme tout le monde le sait, la mission de la Caisse est à double volet
et son objectif premier est évidemment de réaliser le rendement
financier optimal sur ses placements. Le deuxième volet, cependant,
l'amène à faire une contribution au dynamisme de
l'économie du Québec. Ce sont donc les deux premiers points qui,
je l'espère, se retrouveront en filigrane dans la présentation
que je vous ferai.
En troisième lieu, la Caisse poursuit aussi des stratégies
d'investissement et de placement qui reposent sur la préoccupation
qu'elle a de construire et de consolider parce qu'elle estime que c'est
essentiel un réseau de partenaires et un réseau
d'intermédiaires financiers qui, en se ramifiant, peuvent
eux-mêmes contribuer, avec la Caisse, à la réalisation de
sa mission.
Et enfin, même si les actions de la Caisse prennent
généralement, et c'est tout naturel, la forme d'investissements
financiers, il ne faudrait pas en conclure cependant que la réalisation
de sa mission ne repose pas également sur des types d'action qui ne
comportent pas d'investissements financiers, mais qui sont néanmoins
efficaces quant à l'économie en général.
M. le Président, ça m'amène donc maintenant
à rappeler brièvement les rendements financiers que la Caisse a
obtenus en 1992, et je les résumerai comme ceci. Tout d'abord, en termes
de revenus perçus, les résultats se chiffrent à tout
près de 3 000 000 000 $. Deuxièmement, pour ce qui est du
rendement global sur ces opérations de placement, le rendement se
chiffre à 4,5 %, c'est-à-dire à plus de 2 points de
pourcentage au-dessus de l'inflation.
Cependant, la Caisse, comme vous le savez, administre des fonds qui sont
ceux de ses déposants, et avec chacun de ses déposants elle
établit des politiques de placement. Dans la plupart des cas, les
objectifs de ses déposants sont des objectifs à long terme en
raison même de leurs obligations. Donc, pour véritablement juger
du rendement de la Caisse, il faut reconnaître qu'elle doit
elle-même être un investisseur à long terme et, par
conséquent, c'est sur une période beaucoup plus longue qu'un an
qu'on doit juger son rendement. Et, à cet effet, j'aimerais rappeler
que, sur une période de 5 ans et de 10 ans, les rendements de la Caisse
moyens annuels sont supérieurs aux indices correspondants. Pour une
période de 5 ans, ils se sont chiffrés à 9,7 % et, sur une
période de 10 ans, à 11,7 %.
M. Chagnon: Avec une inflation moyenne de combien?
M. Delorme: Avec une inflation moyenne, pour les 10 ans, de
l'ordre de 4 %, si ma mémoire est fidèle.
M. Savard (Guy): 7,6 % au-dessus de l'inflation.
M. Delorme: alors, un revenu net de 7,6 % sur les 10 ans.
J'aborderais maintenant l'ensemble des activités de la Caisse du
point de vue de son action dans l'économie en général et
dans l'économie du Québec en rappe-
lant les quatre points que j'ai signalés au départ. tout
d'abord, au chapitre des obligations, qu'est-ce que ça signifie que le
portefeuille de la caisse? ça signifie pour l'instant un portefeuille
d'actions du québec de l'ordre de 15 000 000 000 $, dont environ 50 %
sont des obligations du gouvernement du québec lui-même. c'est
là les activités du marché primaire. nous avons
également augmenté considérablement nos activités
sur le marché secondaire des obligations, et notamment des obligations
du québec. nos transactions, en 1992, se sont chiffrées à
30 000 000 000 $.
La raison pour laquelle je souligne notre activité sur le
marché secondaire des obligations, c'est que ce n'est pas uniquement une
opération rentable et faite dans ce but, mais elle a aussi pour effet et
pour but, devrais-je dire, de tempérer la volatilité des
écarts et aussi de contribuer à maintenir un marché
ordonné sur ces obligations, ce qui, indirectement, contribue à
améliorer le rendement de ce véhicule.
Au chapitre des hypothèques, un portefeuille de 2 000 000 000 $,
qui représente 3 % de l'offre hypothécaire au Québec.
C'est un portefeuille qui, si on ajoute à celui de la Caisse celui de
ses partenaires, parce qu'elle agit en partenariat, couvre l'ensemble du
Québec; et la répartition régionale est à peu
près semblable à la répartition de la population.
Au chapitre des immeubles, c'est un portefeuille qui, au Québec,
représente plus de 2 000 000 000 $ et, aussi, un aspect qu'on oublie
bien souvent, tout près de 700 emplois permanents au Québec. Il y
a aussi la génération de dépenses d'investissement,
liées à la réfection, à la restauration des
immeubles ou à la construction, qui, en 1992, se sont chiffrées
à 65 000 000 $ avec, évidemment, création correspondante
d'emplois. marché boursier. un portefeuille de plus de 11 000 000 000 $,
dont 4 000 000 000 $ sont investis dans des sociétés qui ont des
activités ou même leur siège social au québec. c'est
aussi une opération qui nous amène à verser quelque 2 500
000 $ de commissions aux courtiers établis au québec. c'est ce
qui nous amène également à contribuer d'une manière
extrêmement importante aux activités de la bourse de
montréal, et tout le monde sait combien une bourse est importante au bon
fonctionnement d'un marché des capitaux, de telle sorte que nous pouvons
dire qu'à l'heure actuelle 80 % de nos opérations
boursières se font sur la bourse de montréal, ce qui
représente, pour la bourse elle-même, environ 12 % de son volume
d'affaires, ce qui n'est pas négligeable.
Je pourrais ajouter également, mais brièvement, la
participation que la Caisse a prise aux marchés de produits
dérivés qui ont été créés par la
Bourse de Montréal et auxquels la Caisse a participé très
activement. Alors, donc, tout cela contribue à faire de Montréal
un centre financier important.
Au chapitre des participations, ici, je voudrais qu'on se comprenne
bien, les participations sont des investissements qui, contrairement à
nos investissements sur les marchés boursiers, sont des investissements
qui sont, devrais-je dire, conventionnés, c'est-à-dire qui
comportent un accord avec les autres actionnaires ou les actionnaires
majoritaires de l'entreprise. Ce sont donc, dans le jargon du métier,
des investissements privés, bien que, dans plusieurs cas, il s'agisse
d'investissements faits dans des sociétés dont les titres sont
déjà cotés en Bourse. En 1992, nous avons effectivement
conclu 32 projets d'investissement du type participation pour une somme totale
de l'ordre de 334 000 000 $. Une somme engagée, mais qui n'a pas
été complètement déboursée jusqu'ici, nous
en avons déboursé à peu près la moitié. Ce
chiffre se compare à 8 000 000 $ en 1991.
Par la suite, j'arrive à un autre programme de la Caisse qui,
lui, est plus particularisé, mais particulièrement efficace
aussi, celui du développement régional. C'est un sujet, je crois,
qui préoccupe tous ceux qui s'occupent de la chose publique et, donc,
à sa façon, la Caisse a voulu également y contribuer par
la mise au point d'un réseau de sociétés régionales
d'investissement. Les premières sociétés régionales
d'investissement remontent, je crois, à 1988 mais, depuis quelques
années, c'était un programme qui manifestait assez peu de
dynamisme, de telle sorte qu'en 1991-1992 la Caisse a voulu le relancer et a
réussi à le faire en partenariat avec trois autres institutions
financières, soit la Banque Nationale, le Fonds de solidarité des
travailleurs du Québec et le Mouvement Desjardins. (12 h 10) c'est un
programme qui, toutes contributions confondues, constituera un réservoir
pour les sociétés régionales d'investissement de l'ordre
de 100 000 000 $, et la part de la caisse sera d'environ 20 %. les autres
partenaires contribueront également dans la même proportion, soit
20 %, mais à ces 80 % s'ajouteront les 20 % qui proviendront du milieu
lui-même, c'est-à-dire de la région elle-même. donc,
je crois que c'est un programme qui non seulement correspondra à des
besoins locaux, mais permettra donc à la caisse d'étendre son
rayonnement; elle permettra également de le faire en concertation avec
les gens du milieu, et je crois que c'est là une carastéristique
extrêmement importante.
Ce sont des sociétés qui, par définition, se
consacreront à un volet de projets demandant un investissement de 500
000 $ et moins. À l'heure actuelle, nous avons cinq
sociétés régionales en opération et nous
prévoyons, avec nos partenaires, en créer quatre autres au cours
de 1993, de telle sorte que les neuf couvriront l'ensemble des diverses
régions du Québec.
Ce qui m'amène à un autre secteur d'investissement qui est
semblable à certains égards mais différent par ailleurs,
celui du programme d'investissement de capitaux de risque qui se fait, soit
directement ou soit par le biais de sociétés, de fonds à
vocation générale ou à vocation spécialisée.
À l'heure actuelle, notre programme nous a amenés à
investir dans 10 fonds pour un engagement total de l'ordre de 80 000 000 $. Si
l'on ajoute, et c'est ce qui est important, à ces 80 000 000 $ les
sommes qui seront investies par nos partenaires, c'est-à-dire les autres
investisseurs des fonds, nous arriverons à créer un autre
réservoir de fonds qui sera de l'ordre de 660 000 000 $. Je parle au
futur, mais je
devrais parler au présent parce qu'un grand nombre de ces fonds
existent déjà. En fait, ils existent tous même s'ils n'ont
pas eux-même investi la totalité du capital qui a
été souscrit.
Donc, ces fonds dans lesquels nous participons, de même que les
sociétés régionales d'investissement, ont pour effet de
permettre à la Caisse, je dirais, d'irradier dans divers milieux et
d'étendre sa participation, son activité, et surtout de
l'étendre dans des secteurs de pointe, dans des secteurs qui, par
définition, sont particulièrement complexes, et qui demandent une
très grande expertise. Et, évidemment, la Caisse n'a pas toute
les expertises, mais, en s'associant cependant à des fonds qui eux ont
déjà cette expertise, elle peut le faire en minimisant son risque
et en se permettant d'agir d'une façon beaucoup plus efficace.
Les secteurs vers lesquels les investissements seront dirigés
seront, par exemple, ceux de la haute technologie, la haute technologie
médicale, la haute technologie des télécommunications,
l'environnement, l'information, la communication comme telle, de telle sorte
que nous pourrons atteindre plusieurs secteurs vitaux et tisser encore d'une
façon plus serrée les réseaux de la Caisse afin de pouvoir
établir des têtes de pont avec lesquelles, éventuellement,
faire d'autres investissements.
Nous avons, par le biais de cette même stratégie que
j'appelle «la stratégie de réseau»... Il serait
peut-être bon de souligner que cette stratégie de réseau
caractérise à peu près tout ce que nous faisons; et
pourquoi? Parce que la Caisse, étant donné sa taille, peut
beaucoup plus facilement que d'autres établir des relations avec des
institutions financières ou des institutions industrielles, soit au
Québec, soit à l'extérieur du Québec, et donc elle
souhaite en faire bénéficier ses propres partenaires. C'est ce
qui l'a amenée, d'ailleurs, à pousser une pointe du
côté international.
Je crois que je vous ai déjà parlé ou vous
connaissez déjà les accords que la Caisse a conclus au cours des
dernières années avec des organismes européens, notamment
Euroclinvest, du Crédit Lyonnais, la Caisse des dépôts et
consignations de France, Siparex, Pargesa, Cobepa. Et, maintenant, nous avons
également conclu, au cours des derniers mois, des accords et même
annoncé un programme d'accords semblables avec des fonds situés
aux États-Unis, encore une fois dans les domaines plus
spécialisés que j'ai mentionnés tout à l'heure. Et
tout cela dans le but d'en arriver à consolider ce réseau parce
que notre stratégie n'est pas simplement d'investir à
l'étranger pour y réaliser un rendement acceptable, bien
sûr, mais d'amener ces institutions, ces partenaires étrangers,
dans un mouvement de retour d'ascenseur, à investir, à
considérer des investissements avec la Caisse ou sans la Caisse au
Québec. Et nous croyons que la notion de la mondialisation de
l'économie, qui est tellement répandue, n'aurait pas de sens si
un investisseur du type de la Caisse n'allait pas élargir son
réseau.
J'en arrive rapidement à terminer, M. le Président, en
disant que, du côté des immeubles, nous prati- quons une
stratégie semblable, une stratégie d'appui aux partenaires dans
leurs efforts de restructuration, dans leurs efforts d'expansion. Je voudrais
ajouter, comme je l'ai mentionné au début, qu'il y a des actions
de la Caisse qui sont tout aussi efficaces sur le plan de sa contribution au
dynamisme de l'économie du Québec mais qui ne prennent pas
nécessairement la forme d'investissements. J'en signalerai
quelques-unes. Premièrement, un programme d'encouragement, de soutien
aux intermédiaires financiers de manière à ce
qu'eux-mêmes puissent embaucher du personnel de recherche, des analystes,
à Montréal, et qu'eux-mêmes s'établissent aussi
à Montréal, si ce ne sont pas des intermédiaires
financiers québécois.
Nous avons nous-mêmes, d'ailleurs, à la Caisse, mis
l'accent sur l'innovation, sur la formation du personnel. Pourquoi? Parce que,
comme vous le savez, le milieu du placement en est un qui s'est
développé à un rythme fulgurant au cours des
dernières années, qui se complexifie constamment. Et donc,
à moins que la Caisse puisse renouveler constamment les connaissances de
son personnel, elle pourra difficilement jouer le rôle de premier pas
qu'on attend d'elle.
Nous avons, dans cette veine, établi un service de recherche, un
service de formation, et nous comptons parmi notre personnel 37 employés
qui ont le diplôme de «Certified Financial Analyst», qui est
la reconnaissance, dans le domaine du placement, de la compétence. C'est
un cours particulièrement rigoureux qui s'échelonne sur trois
ans, et nous en comptons 37. C'est la plus grande concentration d'analystes de
ce type au Canada, sûrement, pour ne pas dire sur un territoire plus
grand. Nous en avons un nombre semblable, sinon plus élevé, qui
sont en voie d'obtenir ce diplôme. Nous avons donc consacré, comme
politique, 2 % de notre masse salariale au programme de formation.
Donc, M. le Président, pour conclure, même si je serais
porté à vous en dire encore davantage, je dirais que toutes nos
stratégies sont axées sur le rendement financier optimal qui est
la mission première de la Caisse et, deuxièmement, qu'elle
pratique des stratégies qu'elle veut concrètes et pragmatiques de
manière à pouvoir intervenir là où il y a des
carences, des inefficacités de marché des capitaux et où,
évidemment, le rapport rendement-risque est acceptable; et, enfin,
d'établir un partenariat entre la Caisse et les institutions avec
lesquelles la Caisse fait affaire de manière à associer ses
partenaires à l'action de la Caisse et au développement de
l'économie du Québec.
Je vous remercie.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
président-directeur général.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: Merci, M. le Président. Je remercie M.
Delorme de son exposé. Il nous a donné beaucoup d'information,
à tel point que je m'interroge sur l'angle sous lequel je vais
l'interroger.
Je dois d'abord faire une première remarque.
Le Président (M. Lemieux): Pardon?
M. Chagnon: Si le député n'a pas de questions, je
pourrais m'essayer.
Le Président (M. Lemieux): Non. M. le
député de Labelle, allez-y.
M. Léonard: Le député de Saint-Louis, ce
matin, est très dissipé, M. le Président, il m'interrompt
à tout bout de champ par de petites remarques.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, il faut le
comprendre, il a commencé par s'asseoir sur votre siège. (12 h
20)
M. Léonard: M. le Président, je voudrais d'abord
dire mon accord avec le président de la Caisse de dépôt et
placement à l'effet qu'on ne peut tirer une conclusion sur un taux de
rendement d'une seule année. Vous aurez remarqué que je n'ai pas
harcelé le ministre des Finances de questions parce que le taux de
rendement cette année avait été plus faible que les autres
années. Je comprends aussi que les aléas du marché font
que, effectivement, une année sur l'autre, ça peut varier.
Donc, cela se comprend facilement. Je ne sais pas si le ministre des
Finances aurait pu répondre, d'ailleurs, à la question. Mais,
ceci étant dit, comme je ne la lui ai pas adressée...
M. Levesque: Ce n'est pas moi qui fais les placements, vous
savez. La Caisse est pleinement autonome.
Reprise économique
M. Léonard: Je comprends. J'ai lu le rapport du
président de la Caisse. J'ai relevé une phrase qu'il a
écrite à la page 11 de son rapport, sur laquelle je voulais
l'interroger davantage. À la page 11, colonne de droite, il dit ceci: La
croissance peu vigoureuse des dépenses publiques et l'application de la
TVQ à des nouveaux secteurs illustrent le faible soutien du secteur
public à l'activité économique. Et, en particulier, la fin
du programme gouvernemental d'aide à la construction Mon taux, mon toit,
conjugué à un taux d'inoccupation élevé et aux
modifications de la TVQ, a ralenti l'accroissement de l'investissement
résidentiel.
Je pense que, lorsque vous commentez la faible reprise de
l'activité économique, vous avez ciblé des points
très importants. Dans le discours de Mazankowski d'avant-hier, il y a
une chose qui m'a particulièrement frappé, et je la mets un peu
en relation avec ce que vous avez écrit: Les rendements de la TPS
avaient été prévus au budget fédéral de l'an
dernier à 18 600 000 000$, ils ont été de 15 300 000 000$;
donc, 3 300 000 000 $ de moins que prévu. On peut dire, d'une part,
faible activité, faible reprise économique, mais aussi je pense
qu'il y a un vaste phénomène d'évasion fiscale. le point
que je voulais soulever, c'est que, dans les années ultérieures,
le gouvernement fédéral prévoit accélérer la
perception de la tps à un taux annuel d'environ 13 %, 40,5 % sur 5 ans.
est-ce que ça ne serait pas encore de nature à freiner la reprise
économique qui vient? est-ce que, pour vous, ça peut avoir un
impact assez important sur l'économie en général?
M. Delorme: C'est une question qui se projette dans l'avenir et
à laquelle il n'est pas facile d'apporter une réponse.
M. Léonard: C'est un budget qui a été
déposé là.
M. Delorme: oui, oui, c'est exact. mais ce n'est pas facile,
cependant, de chiffrer l'impact qu'une orientation comme celle-là
pourrait avoir. je crois que les économistes, tant du québec et
du canada que de l'étranger, y compris l'ocde, semblent être
unanimes pour placer la croissance de l'économie du canada pour 1993 et
1994 autour de 3 % à 3,5 % et 4 % respectivement. si l'on examine la
croissance de l'économie canadienne au cours des 30 dernières
années, on se rend compte qu'elle a été, en moyenne
annuelle, de l'ordre d'à peu près 4 %.
Évidemment, il y a eu des périodes fastes, surtout de 1960
à 1975, suivies de périodes moins dynamiques. Mais l'ensemble
tourne autour de 4 %. Donc, si les tendances se poursuivent, je ne crois pas
que ça ait pour effet de réduire la croissance de
l'économie. Elle est, au dire des économistes, bien
engagée; elle est fortement soutenue par les exportations, notamment,
vers les États-Unis, parce qu'aux États-Unis la reprise est
également bien engagée. Alors, je ne crois pas qu'une situation
comme celle-là puisse ralentir d'une façon marquée
l'économie, d'autant plus, d'ailleurs, qu'il y a des économistes
qui commencent à prédire est-ce qu'ils ont raison? le
temps le dira que la croissance économique de 1993 sera
supérieure à celle sur laquelle les économistes se sont
mis d'accord jusqu'ici. Mais les économistes ont déjà eu
tort.
M. Léonard: Le FMI l'a révisé de 4,4 %
à 3,2 % aussi; ils ont reculé un peu. Au cours de l'année
1992, on a fait la même chose, on est revenu un peu en arrière. On
prévoyait une croissance et c'a été -1,8 %.
M. Delorme: Oui.
M. Léonard: C'est ça. Alors, je comprends.
Quant à vous, à la Caisse, est-ce que vous prévoyez
un taux de rendement très supérieur ou passablement
supérieur l'an prochain?
M. Delorme: Je ne crois pas qu'on puisse prévoir un taux
de rendement global, étant donné la variété des
investissements de la Caisse. Cependant, nous constatons jusqu'ici un dynamisme
particulier au niveau
du marché boursier canadien.
Maintenant, pour ce qui est du marché obligataire, comme vous
l'avez vous-même souligné dans vos remarques préliminaires
ce matin, le marché a assez mal réagi, je dirais, en fin de
journée hier et au cours de la nuit, de telle sorte qu'on peut
prévoir que c'a eu sûrement un impact. Par contre, la situation
semble vouloir se stabiliser. À tout événement, il serait,
à mon point de vue, prématuré de tirer des conclusions sur
la réaction à plus long terme du marché. Je crois que ce
qui est important, ce qui est fondamental, ça va être le
degré de confiance que les investisseurs vont avoir dans
l'économie canadienne telle qu'elle se présente au lendemain du
budget fédéral, parce que les marchés réagissent
toujours... bien souvent, disons, à l'aspect psychologique.
M. Léonard: est-ce que vous pensez que les taux
d'intérêt réels vont se maintenir longtemps à 7 %?
là, ils sont autour de 7 % depuis un bon bout de temps; en fait, c'est
presque le rendement de la caisse. sur 10 ans, c'est ça, 7 %.
M. Delorme: le taux directeur, à mon avis, est toujours
autour de 6 %. et, évidemment, les taux d'intérêt
réels qu'un grand nombre d'investisseurs...
M. Léonard: Surtout dans le domaine commercial, c'est
celui-là dont on parle le plus.
M. Delorme: Oui. Mais je crois que, 7 % comme taux réel,
c'est un peu élevé pour l'instant. Maintenant, je crois
qu'à l'heure actuelle, d'après ce que nos économistes nous
disent, et, d'ailleurs, c'est assez évident, l'économie
canadienne a besoin d'être soutenue. On ne sent pas de pression
inflationniste; donc, à part les soubresauts comme celui qui s'est
produit hier, il est concevable de prévoir qu'il n'y aura pas
d'augmentation... Je m'exprimerai différemment en disant que les taux
d'intérêt se maintiendront probablement à un niveau
semblable. Mais il n'y a pas de pression à la hausse pour l'instant,
étant donné la situation économique dans son ensemble.
Investissements dans des sociétés
à capital de risque
M. Léonard: J'aimerais vous interroger un peu sur vos
sociétés à capital de risque. Je pense que c'est un
secteur très important. Il est très lié au
développement technologique, à la recherche-développement,
en quelque sorte. Vous dites qu'il y aura 660 000 000 $ à peu
près d'investis dans ce secteur; donc, vous avez 10 fonds pour 80 000
000 $. Vous l'appliquez de façon régionale ou bien si c'est
à l'ensemble du Québec, que ce sont des fonds
indifférenciés? Quel est le taux de rendement que vous escomptez
de ces capitaux de risque? C'est très élevé,
généralement, mais sur l'ensemble de vos fonds?
M. Delorme: Premièrement, les participations de la Caisse
dans des sociétés d'investissement, et je ne parle pas des
sociétés régionales d'investissement...
M. Léonard: Oui, O.K. C'est deux choses différentes
là.
M. Delorme: Oui. ...sont des investissements qui vont se faire
dans une grande partie au Québec; cependant, il y a une foule de ces
fonds qui considèrent également des projets d'investissement en
dehors du Québec. C'est de cette façon-là que j'ai
parlé, tout à l'heure, d'établissement de
réseaux.
Maintenant, dans ces investissements, il y en aura de toutes sortes, et
le risque pourra varier énormément. Il est établi qu'il y
a sûrement de ces projets qui ne connaîtront pas le succès
escompté, et c'est dans la nature même des investissements
à capitaux de risque; d'autre part, cependant, il y en a qui vont
connaître des succès qui vont aller même au-delà des
espérances. Donc, je crois qu'un taux de rendement de l'ordre de 10 %
à 15 % serait probablement celui, sur une période donnée,
qu'on pourrait escompter recevoir d'investissements de ce genre. (12 h 30)
M. Léonard: Vous le mettez sur 10 ans? Quand vous
escomptez vos placements en capitaux de risque, c'est sur 10 ans que vous le
faites?
M. Delorme: Oui, en général, oui. Il y a toujours
une période, évidemment, de rodage, de démarrage,
mais...
Participation dans Univa
M. Léonard: Est-ce que... Là, je vais vous poser
une question. Est-ce que vous considérez que vos placements dans Univa
sont des capitaux de risque ou des participations? Ha, ha, ha!
M. Delorme: Ha, ha, ha! Vous savez, l'expression consacrée
«capital de risque», techniquement, s'applique à un certain
type d'investissement...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Delorme: ...du type de ceux, d'ailleurs, dont je viens de
parler, mais tout investissement, même le bas de laine sous son lit,
comporte un élément de risque.
M. Léonard: Ah, là, c'est les voleurs, là.
Ha, ha, ha!
M. Delorme: Donc, à des degrés divers, il y a
toujours un risque. Je ne crois pas que techniquement on puisse
considérer notre investissement dans Univa comme un investissement de
capital de risque.
M. Léonard: Je pensais bien, je pensais bien.
Mais est-ce que vous confirmez les nouvelles dans les journaux, à
l'heure actuelle, sur l'investisseur américain qui se dessine,
Warburg...
M. Delorme: Warburg Pincus.
M. Léonard: Oui. C'est ça. Les tractations vont bon
train. J'imagine que vous ne pourrez pas répondre à toutes les
questions, mais, quand même, est-ce qu'il y a des choses à dire
à cette commission-ci, dans l'état actuel des choses? Je vous
ouvre la porte.
M. Delorme: Oui. Je la vois très grande ouverte, mais vous
avez vous-même fait allusion à la possibilité que je ne
puisse pas répondre à toutes les questions; donc, vous ne m'en
avez posé qu'une seule, mais tellement grande, cependant, qu'elle
pourrait englober à peu près tous les aspects de ce dossier.
Je crois que, dans l'ensemble, tout ce qui pouvait être dit
publiquement l'a été; par contre, il y a assez peu à
ajouter, en fait, à ce qui a déjà été dit,
parce que le dossier, en ce moment, est un dossier qui fait l'objet, comme il a
été dit dans les journaux, d'une vérification diligente de
la part de cet investissement américain et, donc, tant et aussi
longtemps que cette vérification ne sera pas terminée, il n'y
aura pas de conclusion. Quant à nous, nous sommes en discussion. Nous
entretenons des rapports avec les actionnaires majoritaires, mais il n'y a rien
de vraiment concret qui en est sorti jusqu'ici.
M. Léonard: Disons qu'il y a un différentiel de
prix des actions quand même assez important entre 11,50 $, qui
était proposé il y a...
Une voix: Blackstone.
M. Léonard: ...trois, quatre mois, avec Blackstone.
M. Delorme: Oui.
M. Léonard: À l'heure actuelle, c'est 8,58 $.
Une voix: C'est ça.
M. Léonard: Je sais que ça peut se justifier pour
d'autres considérations. Est-ce que vous pouvez expliciter davantage
là-dessus?
M. Delorme: Oui. Bien, premièrement, l'offre qui a
été faite par Warburg Pincus, sous réserve d'un certain
nombre de conditions, a été faite à 8,85 $, vendredi
dernier. Votre question, donc: comment comparer cette offre de 8,85 $ avec la
soi-disant offre de 11 $? Bien, premièrement, celle de 8,85 $ ne
s'applique qu'à une partie des actions, 22 %, et elle est faite à
un actionnaire qui est Unigesco, alors que la proposition antérieure,
dont on a abondamment fait état dans les journaux, était
effectivement une proposition. C'était une proposition qui
évoquait la possibilité d'une offre à 11 $; elle
était assortie d'un certain nombre de conditions et elle a
été, par la suite, comme vous le savez, retirée.
Maintenant, est-ce qu'il y a un lien de cause à effet entre le retrait
de l'offre et la position prise par la Caisse? C'est une question d'opinion,
mais il n'en reste pas moins, cependant, que c'était une proposition qui
n'était pas encore arrivée au stade de l'offre
concrète.
M. Léonard: Bon. Je suppose que...
M. Delorme: Et nous estimions, comme nous l'avons dit, que,
même au prix évoqué, nous n'étions pas vendeurs.
Mandat de développement
économique
M. Léonard: Je reviens. De façon
générale, bon, par rapport au deuxième volet de votre
mandat, qui est le développement économique, vous croyez que la
Caisse a des perspectives précises, actuellement, sur différents
secteurs. Je comprends que, quand vous parlez de société
régionale, de société à capital de risque,
là, vous visez des secteurs très précis, mais est-ce que,
par exemple, quand vous parlez de vos réseaux, il y a une correspondance
quelconque avec, bon, l'idée qui circule des grappes ou de diffusion de
connaissances, plutôt je préfère de beaucoup
l'option diffusion des connaissances et diffusion de...
Bon, enfin, quand vous parlez de réseau, c'est ça, c'est
l'organisation de toute une infrastructure économique. Vous allez
toujours dans ce sens-là, vous avez des perspectives précises
dans certains secteurs, au cours de l'année qui vient, ou si c'est juste
en termes de principe que vous l'avez évoqué?
M. Delorme: Pour resituer cette question dans le contexte
véritable des activités de la Caisse et permettre d'en
apprécier la portée en relation avec l'ensemble des
activités, je dirais que ces stratégies que j'ai
évoquées ne font appel, effectivement, qu'à une part
relativement modeste du capital de la Caisse, c'est-à-dire moins de 5
%.
Deuxièmement...
M. Léonard: Ce sont vos actions minières, dans
votre portefeuille. Ha, ha, ha!
M. Delorme: C'est une façon de voir les choses. D'autre
part, je crois qu'un grand nombre de projets auxquels la Caisse
s'intéressera ou s'est intéressée dans le passé,
mais c'est valable également pour l'avenir, seront des projets qui lui
seront présentés par des entrepreneurs, par des industries, et
donc, dans la mesure où ce sera un projet qui sera rentable, nous le
considérerons, évidemment, avec faveur. Ça
représentera toujours une très grande partie des activités
de la Caisse.
Cependant, nous croyons que la Caisse peut soit
prendre des initiatives, soit favoriser certains projets
d'investissement dans des secteurs qui lui apparaissent comme étant plus
porteurs, où il y a peut-être des carences du marché. Et
j'en ai évoqué plusieurs. Par exemple, dans le domaine de la
haute technologie et des biotechnologies, en particulier, et il y en a
d'autres, aussi, auxquelles on peut songer, qui sont d'une nature
différente mais tout aussi importantes, comme, par exemple, dans le
domaine des institutions financières: participation de la Caisse au
capital des institutions financières de manière à
consolider leur capitalisation, à consolider leur présence sur
les marchés dans d'autres domaines que nous explorons, qui pourraient
être la recherche et le développement.
M. Léonard: Vous avez mentionné... M. Delorme:
Oui.
M. Léonard: ...un soutien à des
intermédiaires financiers pour qu'ils viennent ici, au
Québec...
M. Delorme: Oui.
M. Léonard: ...et je n'ai pas trop saisi ce que cela
voulait dire.
M. Delorme: Bien. Vous savez que les intermédiaires
financiers qui ont pignon sur rue à Montréal, à
Québec ou ailleurs, en fait, au Québec, sont bien souvent
reliés à des maisons dont les sièges sociaux sont
situés à l'extérieur du Québec, soit même aux
États-Unis. Donc, nous voulons, à défaut d'un mouvement
naturel de leur part, favoriser l'établissement de bureaux signifiants,
d'activités signifiantes, en matière d'intermé-diation
à Montréal. Et c'est pour cette raison que nous entretenons avec
ces maisons des relations étroites afin de favoriser, justement,
l'implantation de ces bureaux.
Par exemple, nous traitons avec la maison State Street, des
États-Unis, qui gère des fonds pour nous et qui fait une partie
de la garde de nos valeurs. Eh bien, cette société s'est
établie à Montréal et je crois qu'elle compte un nombre
assez important d'effectifs à Montréal, évidemment, des
postes très spécialisés dans le domaine de la finance. (12
h 40)
On peut dire également la même chose du réseau CDS
qui est un réseau qui regroupe les banques et les intermédiaires
financiers et qui fait, à toutes fins pratiques, office de chambre de
compensation pour le règlement des comptes entre intermédiaires
financiers lorsqu'il y a vente et achat d'actions. Eh bien, cette entreprise
qui est née à Toronto, grâce aux efforts de la Caisse, a
quand même, au cours des ans, établi un bureau de quelque 20 ou 25
personnes à Montréal.
Alors, ce sont des moyens comme ceux-là que nous prenons pour
faire en sorte que Montréal demeure un centre financier important parce
que ça nous apparaît essentiel pour le financement des entreprises
de pouvoir avoir accès à des intermédiaires
financiers.
M. Léonard: M. le Président, il nous reste peu de
temps. Alors, je remercie beaucoup, en ce qui me concerne, le président
de la Caisse et le président et chef de l'exploitation aussi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis, j'aurais bien aimé...
M. Léonard: C'est parce que j'avais d'autres questions
à poser sur les...
M. Chagnon: Oui, j'imagine. Je remercie le député
de Labelle qui me regardait en train de m'imaginer que je passerais encore une
fois cette année au bout du rouleau, puisque l'an dernier... Ça
me permet de remercier les membres de la Caisse de dépôt
d'être venus ce matin et de leur souhaiter la bienvenue, avec le
député de Labelle et les autres membres de la commission. On se
souviendra que l'an dernier on n'avait pas pu, personne, poser une question aux
gens de la Caisse de dépôt. Alors...
Le Président (M. Lemieux): Et vous comprendrez que
j'aimerais que vous arrêtiez vos commentaires tout de suite parce que,
moi aussi, je serais intéressé à poser des questions sur
les sociétés régionales d'investissement en
région.
M. Gautrin: Est-ce que, M. le Président, on va pouvoir
aborder le programme 1?
Le Président (M. Lemieux): Vous n'êtes pas sans
savoir qu'il y a trois ou quatre ans j'en avais parlé.
Mais allez-y tout de suite, M. le député de
Saint-Louis.
M. Gautrin: M. le Président, est-ce que, le programme 1,
on va...
M. Chagnon: J'ai l'impression que cette année...
Le Président (M. Lemieux): Parce qu'il nous reste 10
minutes.
M. Chagnon: C'est ça, oui.
M. Gautrin: C'est ridicule, écoutez!
M. Chagnon: Cette année, c'est le ministère qui
vient de passer au bout du quai.
M. Gautrin: Non, non. Mais si on avait suivi ce qui avait
été...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Verdun, vous devez comprendre que je n'ai pas la responsabilité d'avoir
réservé la période de temps nécessaire, c'est une
entente qui se fait entre les leaders.
M. Gautrin: Bien, M. le Président, si vous aviez compris
au début je vous inviterais fortement à relire les
galées qu'il n'y avait pas d'accord quant à la
manière dont on a procédé ici... Je vous inviterais
fortement à regarder où on aurait dû commencer normalement,
par le programme 1 du ministère, les passer dans l'ordre, et
après faire les sociétés d'État. Et je vous
inviterais à relire les galées à cet effet-là.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le
député de Verdun, je vais suivre votre conseil et je vais relire
les galées, à savoir s'il y avait une entente entre les
partis.
Maintenant, la parole est au député de Saint-Louis. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le député de Verdun a sûrement
en partie raison, mais il faut dire que les institutions parlementaires donnent
toujours un avantage net... et c'est le seul, d'ailleurs, qu'ils ont. Alors,
ils doivent en profiter au maximum. C'est l'avantage de l'Opposition.
M. Léonard: Ne perdez pas de temps, allez-y,
là.
M. Chagnon: Vous avez pris les trois quarts du mien, alors, je
peux bien en perdre un peu.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y. Allez-y, M. le
député de Saint-Louis.
Rendement des placements
M. Chagnon: Vous avez un rendement de 4,5 %.
M. Gautrin: Prends ton temps, prends ton temps, Jacques! Ha, ha,
ha!
M. Chagnon: Vous avez un rendement de 4,5 %, M. le
président. D'autres sociétés du même type que la
vôtre ont eu des rendements supérieurs dans la même
conjoncture, que ce soit la caisse de retraite des enseignants de l'Ontario,
que ce soit soit Duff & Phelps, que ce soit... Est-ce à cause d'une
stratégie de placement différente? En fait, est-ce conjoncturel
ou structurel comme problème? Est-ce que votre loi, est-ce que le fait
d'avoir 50 % de la Caisse qui soient placés en obligations fait en sorte
de vous nuire sur le plan du rendement ou... Qu'est-ce qui fait que cette
année, par exemple, le rendement n'a pas été aussi
satisfaisant, même eu égard à l'inflation, que celui qu'on
a vu dans les années passées?
M. Delorme: Premièrement, je ne crois pas qu'il y ait quoi
que ce soit dans la loi qui nous impose des contraintes telles que nous
puissions expliquer une baisse de rendement d'une année à
l'autre.
Deuxièmement, ce que vous dites au sujet de certains autres
fonds, c'est-à-dire que certains autres fonds ont fait des rendements
plus élevés, est exact. Mais c'est là que nous nous
retrouvons justement devant une difficulté qui est inhérente
à la Caisse parce qu'il est toujours extrêmement difficile de
comparer deux choses, notamment, de comparer la Caisse, qui est un fonds de 41
000 000 000 $, avec d'autres caisses qui, bien souvent, ont des actifs de
l'ordre de quelques millions de dollars.
M. Chagnon: Mais ce n'est pas le cas des deux que j'ai
mentionnés.
M. Delorme: Ce n'est pas le cas des deux que vous avez
mentionnés, c'est vrai. Cependant, j'ajouterais, et je crois que c'est
le point le plus important, que nous avons des déposants et nous
établissons avec eux, année après année, une
politique de placement. Comme je l'ai dit dans mes remarques, en
général, ces déposants ont des objectifs à long
terme parce qu'ils n'ont pas d'obligation de liquidités
immédiates, comme c'est le cas d'autres fonds.
Deuxièmement, nous avons une pondération qui
découle de cette politique de placement particulière qui ne
correspond pas à la pondération des autres fonds. Par exemple,
nous avons 48 % de notre actif en obligations, non pas uniquement en
obligations du Québec, mais en obligations en général.
Bon. Est-ce que c'est un frein? Bien, en 1992, le rendement des obligations,
même si globablement il était légèrement, à
la Caisse, inférieur à l'indice, étant donné que
nous étions surpondérés à 48 % en obligations,
ça nous a donné, évidemment, une bonne partie du
rendement.
D'autre part, il y a aussi plusieurs de ces fonds qui publient bien
souvent leurs résultats non pas globaux, mais à partir d'un fonds
particulier. Us le font une année, mais on n'est pas sûr de les
revoir l'année suivante. Ça ne s'applique pas cependant à
des caisses comme celles que vous avez...
M. Chagnon: Duff & Phelps.
M. Delorme: OMERS ou Teachers. C'est une question de
pondération, c'est une question aussi de stratégie, et il est
extrêmement difficile de comparer les rendements d'un fonds avec un autre
parce qu'ils sont trop disparates.
Je crois que le chef de l'exploitation voudrait ajouter quelque
chose.
M. Savard: Je pourrais peut-être ajouter à la
question qui a été posée: Est-ce que la présence de
la Caisse, forte en obligations, est contraignante? Sur 10 ans, contrairement
à ce que ça devrait normalement donner comme résultats sur
10 ans, les obligations ont rapporté 13,4 %, tandis que les actions ont
rapporté 9,9 %, quand les indices étaient de 12,7 % versus 9,2 %.
C'est donc dire que la Caisse a été avantagée dans les
derniers 10 ans d'être en obligations plutôt que d'être en
actions. C'est le cas, entre autres, de
teachers, de l'ontario, qui part d'une position très, très
forte en obligations à peu près 75 % de son portefeuille
est en obligations mais qui a une stratégie de revenir en actions
de façon importante sur une certaine période d'années.
alors, nécessairement, le résultat... ils auraient eu de
meilleurs résultats s'ils étaient demeurés en obligations
l'an passé.
Il faut quand même dire que les résultats de la Caisse l'an
passé ont été, dans tous les véhicules, soit
égaux ou supérieurs aux indices, je pense que c'est important de
dire ça, même si, de façon brute, le résultat est
faible.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ça va?
M. Chagnon: Une dernière question rapide, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, parce que je vais
permettre aussi à M. le député de Verdun d'en poser
une.
M. Chagnon: Dans un cas comme celui de la vente de Provigo, vous
avez une participation qui est importante quand même. Lorsqu'on est au
conseil ou lorsqu'on est dans la peau du président de la Caisse, quel
est l'intérêt premier de la Caisse de dépôt, est-ce
que c'est le rendement ou le développement économique qui entre
en ligne de compte quand on vient pour évaluer si on vend ou si on ne
vend pas dans cette condition-là?
M. Delorme: Vous placez votre doigt sur une question
éminemment délicate. Je crois qu'il faut reconnaître que la
Caisse a une mission à deux volets, et on ne peut pas en sortir. Donc,
le défi qui se pose à la direction de la Caisse, que ce soit sur
un dossier dont personne n'entendra parler ou sur un dossier aussi public que
celui d'Univa, le défi qui se pose à la Caisse est de concilier
ces deux objectifs. Puisque vous posez votre question dans le cas d'Univa, je
dirais que lorsque le dossier nous a été présenté,
au moment de l'offre qui a été finalement retirée...
Une voix: Blackstone? (12 h 50)
M. Delorme: Oui. ...nous sommes arrivés à la
conclusion, parce que c'est un dossier que nous connaissons depuis longtemps,
qu'Univa avait un potentiel d'appréciation important à court et
à moyen termes en raison, d'une part, des investissements qui avaient
été faits antérieurement et, d'autre part, en raison de la
reprise de l'économie. Par conséquent, nous avons tenu compte de
cet aspect du rendement financier.
Évidemment, il y a l'aspect purement spéculatif qui peut
être pris en ligne de compte également, mais, vous n'oublierez pas
cependant que cette proposition, qui évoquait la possibilité d'un
certain prix pour les actions, était conçue, néanmoins,
sous forme de ce qu'on appelle, en grec, un «leverage buyout» qui
avait ou qui aurait eu pour effet d'imposer à Univa un fardeau
d'endettement important, et donc qui aurait vraisemblablement handicapé
son potentiel de croissance pour les années à venir. Alors, c'est
une dimension qui, je crois, ne doit pas être étrangère aux
considérations dont la Caisse doit tenir compte pour traiter d'un
dossier comme celui-là.
M. Chagnon: Merci, M. le président. Ce n'était pas
du grec ancien, ça, par exemple.
Le Président (M. Lemieux): Rapidement, M. le
député de Verdun, si vous avez une question, et une
réponse très brève, ou seulement on va prendre note de la
question.
M. Gautrin: Compte tenu du temps, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Rapidement, oui.
M. Gautrin: ...je vais poser ma question d'une manière
globale. Pourriez-vous déposer l'organigramme de la Caisse, les
réductions que vous avez faites, si vous en avez fait dans les
dernières années en termes du personnel d'encadrement, du
personnel, et les réductions que vous pensez pouvoir faire dans les
années qui vont venir? Je comprends que vous n'avez pas ça tout
de suite. Je ne vous demande pas de répondre, parce que notre temps est
très limité, mais je souhaiterais que vous soyez en mesure de les
déposer et de nous les transmettre.
Le Président (M. Lemieux): Le tout dans le cadre et dans
l'esprit, j'imagine, du projet de loi 198.
M. Gautrin: Du projet de loi 198. Merci, M. le
Président.
M. Léonard: Le taux uniforme.
Le Président (M. Lemieux): Alors, peut-être...
M. Gautrin: Pardon?
M. Léonard: Le taux uniforme.
M. Delorme: C'est difficile de répondre à une
question qu'on ne me pose pas.
M. Gautrin: Alors, je vous la pose, M. le président, si
vous le voulez.
M. Delorme: Est-ce qu'on a le temps?
Le Président (M. Lemieux): Non, on n'a pas le temps,
malheureusement.
M. Delorme: Non? Bon.
M. Gautrin: Alors, je vous demande de le déposer; c'est
ça.
Le Président (M. Lemieux): Par contre, ce que demande M.
le député de Verdun, M. le président, c'est que, dans
l'avenir, que la Caisse de dépôt puisse faire parvenir à
cette commission parlementaire la réponse à sa question.
M. Delorme: Bien.
M. Léonard: Si la loi 198 est adoptée.
M. Gautrin: Pas du tout, c'est une question qui n'a rien...
Le Président (M. Lemieux): Non, pas du tout. Alors, on
s'entend bien?
M. Léonard: C'est en dehors de la loi 198?
M. Gautrin: Mais ça peut être utile dans ce
cadre-là.
M. Delorme: M. le Président, moi, je suis tout à
fait prêt à me conformer aux prescriptions de la commission.
Le Président (M. Lemieux): C'est le voeu du
député de Verdun.
M. Delorme: Encore faut-il qu'elles nous soient connues,
cependant. Deuxièmement, si je ne peux pas répondre à la
question qui est au moins sous-jacente à l'intervention, je voudrais
avoir la possibilité, non seulement de soumettre des chiffres, mais de
soumettre également des explications, parce que je crois qu'on doit
concevoir, à la Caisse, la notion de productivité avec la
même rigueur que celle qui a inspiré la loi 198, mais dans un
contexte qui correspond davantage à ses opérations qui sont bien
différentes de celles du gouvernement.
M. Gautrin: Tout à fait d'accord. M. Delorme:
Merci.
M. Gautrin: Si j'avais eu la chance de pouvoir parler avant, la
chance d'échanger là-dessus... je suis parfaitement d'accord avec
votre base de...
M. Léonard: Le projet de loi 198 ne tient pas compte de
ces explications...
M. Gautrin: Je suis désolé. Encore une fois, vous
démontrez que vous n'avez pas compris. Une fois de plus!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Verdun. Merci, M. le député de
Verdun.
Malheureusement, moi-même, je voulais revenir sur les
sociétés régionales d'investissement; j'en avais
déjà fait état en 1985-1986. On va revenir sur le sujet,
ou on aura peut-être l'occasion à nouveau on en discutera
avec l'Opposition officielle, avec les membres de cette commission de
convoquer à une séance spéciale la Caisse de
dépôt. On verra dans l'avenir, et on aura peut-être
l'occasion de discuter de cette chose-là.
Maintenant, je vais passer immédiatement à l'adoption des
crédits. Est-ce que les crédits du programme 1, Études des
politiques économiques et fiscales, sont adoptés?
M. Gautrin: J'aurais souhaité qu'on puisse les
étudier plus en détail, mais...
Adoption de l'ensemble des crédits
Le Président (M. Lemieux): Pardon? Est-ce que les
crédits du programme 1, Études des politiques économiques
et fiscales, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que les
crédits du programme 2, Politiques et opérations
financières, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que les
crédits du programme 3, Contrôleur des finances, sont
adoptés?
M. Léonard: J'aurais aimé beaucoup d'explications
là-dessus.
M. Gautrin: J'aurais eu beaucoup de questions à poser,
mais je vais dire «adopté» pareil.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Merci, M. le
député de Verdun. Est-ce que les crédits du programme 4,
Fonds de suppléance, sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les crédits
du programme 5, Gestion interne et soutien, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les crédits
du programme 8, Statistiques, prévisions socio-économiques et
recherches d'ensemble, sont adoptés?
M. Gautrin: Là, j'aurais eu des questions aussi à
poser, mais adopté.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les crédits
du programme 9, Service de la dette directe et intérêts sur le
compte des régimes de retraite, sont adoptés?
M. Gautrin: Adopté.
M. Léonard: 5 000 000 000 $. Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du ministère des
Finances, pour l'année financière 1993-1994, sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Je permettrai
quelques mots de fermeture d'abord à M. le député de
Labelle, et après à M. le ministre, brièvement.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais remercier
d'abord les deux organismes qui sont venus ici ce matin, que nous avons
entendus un peu plus longuement que d'autres, et en particulier
Loto-Québec et la Caisse de dépôt et placement. Je voudrais
remercier aussi les fonctionnaires qui sont venus aujourd'hui. Même si
nous n'avons pas scruté en détail leurs crédits, je pense
que j'ai eu l'occasion de les féliciter pour leur travail, et
c'était très sincère de ma part. Une autre fois, nous
irons plus en détail. L'an dernier, comme l'a dit le
député, c'était la Caisse de dépôt qui
n'avait pas fait un long exposé; alors, cette année, c'est au
tour du ministère.
Alors, je vous remercie beaucoup, puis je vous souhaite tout le
succès que vous méritez, d'ailleurs, dans vos opérations
au cours de l'année qui vient.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle.
M. le ministre des Finances.
M. Levesque: Je veux me joindre au député de
Labelle et aux membres de la commission pour vous remercier, M. le
Président, et remercier tous ceux qui ont participé à
cette commission ce matin, à ces séances très importantes,
d'ailleurs, où on a eu l'occasion, non pas seulement de regarder les
crédits du ministère, mais, également, nous avons eu
l'occasion d'échanger avec deux de nos sociétés
d'État les plus importantes. Et c'est pourquoi j'ai bien
apprécié cet exercice.
Je remercie tous ceux qui y ont participé: M. le
président, M. le chef de la direction de la Caisse de dépôt
et placement, M. le président et directeur de l'exploitation, ainsi que
le président et directeur général de Loto-Québec et
ceux qui l'accompagnaient, et tous les autres qui ont participé d'une
façon un peu plus silencieuse à l'ensemble des
délibérations. Mais qu'on soit assuré que si c'a
été adopté d'une façon aussi efficace, c'est qu'il
y avait beaucoup de travail qui avait été préparatoire,
fait par tous ceux qui nous font l'honneur de leur présence ici ce
matin. Et je vous remercie, vous, M. le Président, en particulier, pour
avoir très bien présidé nos travaux.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre.
Alors, je remercie les membres de cette commission et les fonctionnaires
qui y ont participé La commission, ayant accompli son mandat, nous
ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 57)
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