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(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Lemieux): La commission du budget et de
l'administration est réunie afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du ministère du Revenu pour
l'année financière 1992-1993. M. le secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Bleau (Groulx) remplacera M. Chagnon (Saint-Louis); M. Houde (Berthier)
remplacera M. Després (Limoilou) et M. Williams (Nelligan) remplacera M.
Gautrin (Verdun).
Discussion générale (suite)
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Est-ce qu'on pourrait fermer la porte, s'il vous plaît?
M. le ministre, j'aimerais revenir à un des
éléments que nous avons discutés hier soir, soit l'emploi
des occasionnels. Je me suis permis, ce matin, de prendre connaissance et de
lire en totalité la politique générale du Conseil du
trésor eu égard aux emplois des occasionnels. La première
question que j'aurais à vous poser: Est-ce qu'au ministère du
Revenu vous avez une politique interne d'embauché des occasionnels?
M. Savoie: Oui, effectivement.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous pourriez la
déposer, s'il vous plaît, devant cette commission?
M. Savoie: Je ne sais pas si nous l'avons ici, avec nous, mais
nous tâcherons de vous déposer cette politique-là dans le
plus bref délai.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'avez pas cette
politique-là actuellement?
M. Savoie: Non. On ne l'a pas ici.
Le Président (M. Lemieux): Vous ne l'avez pas. Est-ce que
c'est possible que je puisse avoir le dépôt de cette
politique-là avant la fin de l'étude de ces crédits, avant
midi?
M. Vaillancourt (Michel): Qu'est-ce que vous entendez par
politique?
M. Savoie: M. Vaillancourt.
Le Président (M. Lemieux): Ce que j'entends, c'est que...
Vous connaissez sans doute la politique générale du Conseil du
trésor eu égard aux employés occasionnels. Vous
n'êtes pas sans savoir que chaque ministère concerné a la
responsabilité d'engager ses occasionnels eu égard à une
politique, habituellement interne. J'ai vérifié dans deux ou
trois ministères avant de vous poser la question si, effectivement,
certains ministères avaient une politique interne d'embauché des
occasionnels, et la réponse a été affirmative en ce sens
que le Trésor donne les grandes balises et permet à un
ministère de se donner des règles de conduite. Or, j'aimerais
prendre connaissance de la politique d'embauché des employés
occasionnels du ministère du Revenu et, si possible... Non, pas si
possible. Je souhaite ardemment pouvoir en prendre connaissance avant la fin de
ces crédits, avant 11 h 50, avant l'adoption des crédits.
M. Savoie: Alors, nous allons tâcher de vous l'obtenir et,
si possible, de vous la transmettre cet avant-midi.
Coûts d'implantation de la TVQ et de la
TPS
Le Président (M. Lemieux): Et, suite au dépôt
de cette politique, j'aurai quelques questions à vous poser. Aussi,
brièvement, puisque M. le député de Montmorency veut
prendre la parole, j'aimerais avoir quelques commentaires, vos commentaires, M.
le ministre, eu égard à des remarques sur le rapport du
Vérificateur général eu égard aux commentaires du
ministère dans le cadre des coûts relatifs à l'implantation
de la taxe de vente du Québec, TVQ, qui étaient imputés
aux dépenses du ministère et dans lesquels le ministère
nous dit ceci: «Dans le cadre des travaux de développement des
systèmes et de mise en oeuvre du projet TVQ-TPS, le ministère, eu
égard à une demande du Vérificateur général,
considère difficile d'évaluer avec précision les
différentes portions des coûts à être imputés
et comptabilisés de façon distincte, soit à la TVQ, soit
à la TPS, compte tenu de la relation entre les systèmes au niveau
des opérations reliées à ces deux taxes.» Le
ministère fait état que, pour l'avenir, en collaboration avec les
organismes centraux, il semblerait qu'il ait l'intention de modifier cette
situation dans le cadre des mois qui viennent. J'aimerais savoir où en
est rendu le ministère dans cette différenciation de ces portions
de coûts à être imputées à la fois à la
TVQ et à la TPS.
M. Savoie: Oui, allez-y, M. Beaulieu. Je m'excuse.
M. Beaulieu (Jean-Paul): M. le Président, effectivement,
on a répondu au Vérificateur
général que nous étions à convenir avec des
représentants d'autres instances gouvernementales, à savoir les
représentants du Conseil du trésor et du Contrôleur des
finances, des modalités de comptabilisation du fameux compte à
fin déterminée, c'est-à-dire le 871...
Une voix: Oui, oui, on a su ça hier.
M. Beaulieu: À ce moment-là, pour un exercice
antérieur, c'est-à-dire l'exercice 1990-1991, la comptabilisation
qui avait été convenue avec les instances, c'était de
presque tout virer au compte à fin déterminée, compte tenu
que la compensation fédérale équivalait aux
déboursés qui avaient été encourus au cours de
l'année 1990-1991.
Le Président (M. Lemieux): II était de combien, ce
déboursé?
M. Beaulieu: les dépenses étaient de 17 100 000 $
en 1990-1991, par rapport à des compensations
fédérâtes de 18 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Beaulieu: Voulez-vous que je vous donne la ventilation?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: Les prêts d'effectifs, c'était 2 700
000 $; le développement, c'était 9 500 000 $; les
opérations, 5 500 000 $, alors que les compensations
fédérales correspondantes pour les prêts d'effectifs,
c'était 3 000 000 $ et le développement, 15 000 000 $.
C'était la première tranche. On comptabilisait la première
tranche à venir des revenus fédéraux. Dans l'entente, on
parle de 20 000 000 $ pour le développement.
Suite à cette comptabilisation, il y a eu beaucoup
d'échanges avec les représentants du Trésor et du
Contrôleur des finances sur les modalités pour comptabiliser les
dépenses en question. Hier, je vous faisais part de la difficulté
d'imputer, de façon très précise, une dépense pour
la TVQ ou une dépense pour la TPS. Pourquoi c'est compliqué?
Bien, je vais prendre deux ou trois exemples.
Prenons la vérification. En vérification, si on a des
vérificateurs, à un moment donné, qui vont travailler sur
le territoire pour vérifier des livres sur la TVQ ou la TPS, ça
devient très difficile d'imputer le nombre d'heures sur la TPS, le
nombre d'heures sur la TVQ. On a jugé opportun de comptabiliser de
façon globale toutes les ressources imputées aux deux taxes.
C'est ce qui a été convenu avec le gouvernement
fédéral, d'une part, pour le partage des sommes entre les deux,
et avec les instances gouvernementales. D'ailleurs, les modalités sont
complètement arrêtées, actuellement, et convenues avec le
Trésor et le Contrôleur des finances, de façon à ce
qu'on impute de façon globale.
Dans le compte à fin déterminée, il y a quatre
catégories. Il y a des dépenses extrabudgétaires pour les
prêts d'effectifs, comme je vous le disais, et, dans les autres
dépenses, il y a des dépenses de nature extrabudgétaire
pour les opérations commençant à compter de juillet. Les
autres dépenses sont, actuellement, pour l'exercice 1992-1993, toutes
virées dans le compte budgétaire, c'est-à-dire les
crédits permanents, compte tenu de la loi 70 qui a été
sanctionnée en décembre. ces modalités-là,
peut-être qu'on pourra les déposer un autre jour. ici, j'ai des
brouillons. ils sont un peu griffonnés. je pourrais les déposer,
avec l'accord du ministre, pour vous montrer un peu les modalités qui
ont été convenues pour la comptabilisation du compte à fin
déterminée. effectivement, on ne peut pas différencier. en
informatique, par exemple, on a un pont de communication qui est en train
d'être bâti pour échanger des données avec le
fédéral. ça, c'est les données tps, mais on fait
aussi de l'apparie-ment avec nos données tvq. donc, ça devient
difficile de différencier de façon extrêmement
précise la dépense tvq et la dépense tps. (10 h 10)
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Je comprends ce
que vous voulez dire.
M. Beaulieu: Ça va?
Le Président (M. Lemieux): II y a une chose, par contre.
Le Vérificateur général mentionnait, à 3.83:
«Tous les coûts de mise en oeuvre de la TVQ et de la TPS encourus
par le ministère au cours de l'exercice terminé le 31 mars 1991,
soit près de 15 000 000 $, ont été comptabilisés
dans le compte "Gestion TPS" et ainsi considérés comme comptes
à recevoir du gouvernement du Canada.» Vous me donnez l'impression
de considérer que ces 15 000 000 $, c'était comme si le
gouvernement du Canada remboursait tout, alors qu'à mes yeux il ne
rembourse pas tout mais il rembourserait 5 600 000 $. Il y aurait 9 400 000 $
de dépenses du gouvernement du Québec là-dedans. Est-ce
que c'est pour diminuer le coût de vos dépenses que vous
étalez ça sur un an?
M. Beaulieu: M. le Président... Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: ...le fédéral, dans le cadre de
l'entente, a consenti à rembourser au Québec. L'article bien
précis dit que, pour les fins de l'implantation de la réforme et
de l'harmonisation, un montant forfaitaire de 20 000 000 $ sera alloué.
Le fédéral va l'étaler sur quelques années au
niveau du déboursé. Pour les fins de comp-
tabilisation gouvernementale, comme le projet au ministère du
Revenu a débuté au cours de l'exercice 1990-1991, et c'a
été convenu avec les instances du Trésor et du
Contrôleur des finances, on a décidé de comptabiliser comme
un compte à recevoir...
Une voix: C'est effectivement pour ça...
M. Beaulieu: ...les 15 000 000 $. Donc, c'est une première
tranche parce que la dépense totale au niveau global était de 17
700 000 $. On a comptabilisé 15 000 000 $ dans un premier temps,
à venir du fédéral. Et la deuxième tranche qui
reste - les 5 000 000 $ - a été comptabilisée dans
l'exercice 1991-1992, qui s'est terminé le 31 mars dernier.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Je reviendrai
tout à l'heure. M. le député de Montmorency.
M. Filion: Toujours dans la même veine, j'aimerais savoir,
moi, le développement que vous faites sur l'ordinateur, tous les droits
d'auteur de ces développements-là, est-ce qu'ils vous
appartiennent conjointement avec le fédéral?
M. Beaulieu: À moins que mon collègue ne me
confirme le contraire, M. le Président, je crois que tout nous
appartient. Au niveau des travaux qui sont faits ici, à Revenu
Québec, ce sont nos travaux. Ça appartient à Revenu
Québec.
M. Filion: Toute la conception logicielle, logistique,
mécanique d'opération, ça appartient à Revenu
Québec?
M. Beaulieu: Ça appartient à Revenu
Québec.
M. Filion: Autrement dit, il ne pourrait pas se virer de bord
demain matin et dire: «On prend le "set up" qu'on a monté au
Québec et on l'applique à l'Ontario»,
unilatéralement, sans vous poser de questions? Je pose cette
question-là.
M. Beaulieu: Nous, on pourrait le vendre, possiblement. On
pourrait vendre...
M. Filion: II faut que ce soit bien clair. C'est ça que je
pose comme question.
M. Savoie: Non, non. Il n'est pas question de...
M. Beaulieu: II faudrait que les gens paient pour avoir,
effectivement, les conceptions qui ont été effectuées au
Québec.
M. Filion: Alors, eux, quand ils paient des sommes d'argent, ils
les paient à titre de rem- boursement de dépenses?
M. Beaulieu: Vous parlez du fédéral? M. Filion:
Oui.
M. Beaulieu: Le fédéral fait deux types de
versements. Le premier versement, c'était pour l'implantation. Il n'y a
pas de droits d'auteur rattachés à ça. C'est un genre de
dédommagement pour la réforme. La deuxième
modalité, c'est pour les opérations. C'est uniquement le
fonctionnement à partir de juillet - c'est-à-dire les ressources
affectées aux deux taxes - et ils donnent une compensation
financière. Il n'y a aucune condition rattachée au système
et autres. Ça appartient à Revenu Québec, en
totalité.
M. Filion: O.K.
Le Président (M. Lemieux): II semble que le Trésor
s'inquiète du coût total du développement de ce
système-là. Est-ce que c'est exact?
M. Savoie: II semble que...
Le Président (M. Lemieux): ...que le Conseil du
trésor s'inquiète eu égard au coût du
développement total de ce système-là, TVQ-TPS. J'ai des
chiffres ici, devant moi, qui me viennent du Trésor. Vous l'estimez
à combien, ce coût total du développement du système
TVQ-TPS?
M. Savoie: Oui, bien, c'est ça. On pourrait
répondre à ça comme on l'a fait hier.
M. Beaulieu: C'est autour de 75 000 000 $ ou 78 000 000 $, le
vrai chiffre, mais en informatique, la partie informatique...
Le Président (M. Lemieux): La partie informatique,
oui.
M. Beaulieu: Effectivement, je crois comprendre que les
principales interrogations du Trésor se situent...
Le Président (M. Lemieux): ...se situent au niveau de la
partie informatique. Je demande ça.
M. Beaulieu: ...au niveau de l'informatique. Au 31 mars, ce
n'était que 22 500 000 $...
Le Président (M. Lemieux): Et vous êtes rendus
à combien aujourd'hui?
M. Beaulieu: ...plus des brindilles. Et puis, pour l'exercice
1992-1993, compris, c'est 30 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Alors, 22 000 000 $ plus 30 000
000 $?
M. Beaulieu: Non. Plus 8 000 000 $. Le total cumulatif, sur trois
ans, c'est 30 000 000 $ en informatique sur un coût total de
développement de toute la réforme d'environ 78 900 000 $. Donc,
c'est à peine 40 % qui sont reliés à l'informatique.
Le Président (M. Lemieux): Et vous croyez être en
mesure d'arriver à développer ce système-là sans
avoir à augmenter ces coûts?
M. Beaulieu: On est en train de faire des tests en
laboratoire...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: ...et c'est des fonctions complémentaires qui
se poursuivent après la mise en place. On a quelques petites fonctions
qui ne sont pas nécessaires pour le 1er juillet.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez que vous
inquiétez beaucoup le Trésor.
M. Beaulieu: Nous sommes conscients qu'on...
M. Savoie: Le Trésor est toujours inquiet de la
situation...
Le Président (M. Lemieux): Avec raison, peut-être,
parfois.
M. Savoie: ...de l'évolution des dépenses à
travers l'ensemble...
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Montmorency?
M. Savoie: ...des dépenses gouvernementales et, en
conséquence, on cherche toujours à donner satisfaction au
Trésor et aux inquiétudes du Trésor. Il y a eu plusieurs
échanges, et vous comprendrez que toute la notion de la taxe de vente au
Québec et son implantation ont nécessité des ententes
spécifiques. Je pense qu'on a eu l'occasion de faire part de ces
orientations-là. Nous avons, jusqu'à date, en tout cas, une bonne
collaboration avec le Conseil du trésor, malgré la
sévérité des normes qu'ils ont mises en place pour
contrôler les dépenses.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Montmorency?
M. Filion: Oui, ça va.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse de vous avoir
coupé la parole un peu, M. le député.
Perception de la TVQ aux douanes (suite)
M. Filion: II n'y a pas de problème, M. le
Président. Moi, j'aimerais continuer quelques questions concernant le
fonctionnement de la TVQ aux douanes.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: J'aimerais savoir, sur le plan pratique, est-ce qu'il
y a des gens, d'abord, du ministère du Revenu, qui sont affectés
à cette perception-là?
M. Savoie: Non. Il faut comprendre qu'au niveau de la douane,
c'est un officier...
M. Filion: Des douanes.
M. Savoie: ...fédéral qui, comme on vous l'a
mentionné, a un formulaire.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Et ce que nous avons fait, c'est que nous avons
ajouté une ligne à ce formulaire, en vertu de l'entente qui a
été convenue, et il nous fera plaisir de vous transférer
ou déposer copie de ce formulaire-là, si nous sommes capables
d'en obtenir copie. Ensuite, en vertu de l'entente administrative, si vous
voulez avoir des détails sur le fonctionnement de l'entente
administrative, peut-être que copie de l'entente peut être
déposée; ça ne présente pas de
difficulté.
M. Filion: Oui, s'il vous plaît.
M. Savoie: Mais si vous voulez des détails précis
sur le fonctionnement une fois que l'argent est collecté, son transfert
et les coûts d'administration, comme nous l'avons expliqué hier,
M. Beaulieu se fera un plaisir, j'en suis certain...
M. Filion: D'y répondre.
M. Savoie: ...d'y répondre, oui.
M. Beaulieu: M. le Président, premièrement, la base
de taxation est totalement harmonisée.
M. Filion: Oui.
M. Beaulieu: O.K.? Ça facilite énormément le
travail des douaniers. Le fédéral a convenu... D'ailleurs,
c'était la seule façon de réduire les coûts
administratifs à leur strict minimum.
M. Filion: Oui.
M. Beaulieu: Donc, ils ont pris le logiciel qui est en train
d'être implanté, ils ont ajouté la TVQ par-dessus la TPS,
et, comme disait M. le ministre, ils ont ajouté une ligne au
formulaire.
Donc, le douanier, lorsqu'il prend une déclaration d'un
contribuable qui passe aux douanes, tout ce qu'il a à faire par rapport
aux biens qui sont taxés par rapport à la TPS, il fait tout
simplement... Si c'est la TPS, il ne se pose pas la question si c'est couvert
par la TVQ ou pas, c'est automatique. Autrement dit, c'est tout simplement une
règle automatique sur le logiciel, donc, ça n'ajoute en rien. On
n'a personne de Revenu Québec qui travaille avec les douaniers.
L'entente a été négociée. C'est eux qui en assument
la totalité du fonctionnement et nous remettent les sommes de
façon très courante, sur une base mensuelle.
M. Filion: c'est ce que je voulais savoir. la remise des sommes
au niveau de la perception de la tvq se fait quand? à tous les mois? le
15 du mois suivant?
M. Beaulieu: La date exacte, je vais la vérifier, un
instant. Avant midi, le 10e jour ouvrable du mois.
M. Filion: Alors, là, actuellement, on a quoi? On a trois
mois d'opération, à peu près. Trois mois et demi? Deux
mois et demi? Combien d'argent vous a été transféré
en deux mois et demi?
M. Beaulieu: 135 000 $ et 150 000 $ pour les deux mois les plus
tranquilles de l'année, au dire des douaniers. Et ils maintiennent,
selon leur simulation - parce que c'est basé sur l'achalandage sur une
base annuelle et le remboursement moyen qu'ils faisaient sur les taxes - que
ça va donner 7 000 000 $. C'est quelque 6 900 000 $, selon les
simulations très techniques des douaniers. Vont s'ajouter à cette
compensation-là, dans la même entente, les colis postaux, à
compter de juillet. Sur la base d'une pleine année, les colis postaux,
compte tenu de l'harmonisation de la base de taxation, c'est 5 000 000 $
additionnels, couverts par la même entente.
M. Filion: Les frais administratifs sont payés en
même temps?
M. Beaulieu: 500 000 $.
M. Filion: Mais on les paie à tous les mois? C'est
réparti à tous les mois, ces frais-là? Divisés
d'une façon...
M. Beaulieu: Équitable. M. Filion: ...égale?
M. Beaulieu: Égale.
M. Filion: Par 12. C'est beau. (10 h 20)
Coûts engendrés par le report de la
TVQ
On en a parlé rapidement hier, mais on n'a pas eu de
réponse; j'aimerais revenir également sur les questions
additionnelles. Quand on regarde le commentaire 32 du document d'étude
sur les crédits, on dit: «Les présentes données ne
comprennent cependant pas les compensations exigées par le
fédéral, jusqu'à un maximum de 5 000 000 $. Entente
modifiée du 24 octobre 1991.» On parle toujours du report de la
TVQ. Alors, le report de la TVQ, ici, vous dites que ça ne comprends
pas... Pourquoi, ça ne le comprend pas?
M. Savoie: Pourquoi ça ne comprend pas?
M. Filion: On dit: «Les présentes données ne
comprennent cependant pas les compensations exigées par le
fédéral, jusqu'à un maximum de 5 000 000 $. Entente
modifiée du 24 octobre 1991.» Pourquoi vous ne donnez pas
l'information?
M. Savoie: Celui qui a négocié l'entente et qui
voit au fonctionnement, c'est M. Beaulieu. Et les informations que, nous, nous
avons proviennent de lui. Alors, je crois préférable, justement,
que ce soit M. Beaulieu qui réponde directement. À ce
moment-là, on est à la source même des échanges et
de l'information.
M. Filion: Oui, très bien, M. le ministre.
M. Beaulieu: M. le Président, au 31 mars, l'entente qui a
été négociée par les Finances prévoyait,
donc, que les coûts encourus par le fédéral, jusqu'à
un maximum de 5 000 000 $, allaient être compensés par le
Québec. Au 31 mars, ces données-là n'étaient pas
disponibles. On va créer, d'ici à la fin d'avril, un compte
à payer. On va séparer en deux la modalité de 5 000 000 $,
mais on attend les factures du fédéral concernant ces
modalités des coûts encourus par le fédéral. Donc,
les factures ne sont pas encore parvenues à Revenu Québec. On
nous a avisés par téléphone récemment que la
facture pourrait totaliser autour de 4 000 000 $ à 4 500 000 $, mais ils
n'ont pas encore complété leurs travaux. Donc, on va
générer un compte à payer, au 31 mars, d'environ 2 500 000
$, sur l'exercice 1991-1992, et le solde, jusqu'à un maximum de 5 000
000 $, sera payé à même les deniers de 1992-1993. C'est
pour ça qu'on n'avait pas la ventilation précise, par
éléments. Ce sera principalement les dépenses de nature
informatique, des formulaires et autres, des ajustements sur leur
système. Compte tenu que ça devait entrer en force à
compter de janvier, ils étaient très avancés
là-dedans.
M. Filion: Mais ces frais-là, ça devient des frais
établis selon une formule ou vraiment selon
le coûtant? C'est quoi, la formule d'application pour
déterminer ces coûts-là? Est-ce que c'est dans l'entente
administrative, ça?
M. Beaulieu: Non, ce qui est dit dans l'entente administrative,
c'est que le fédéral nous présente des factures pour les
coûts qu'il a encourus à la suite du report. Donc, il doit faire
la démonstration, pour un maximum de 5 000 000 $, que...
M. Filion: Mais pourquoi un maximum? Où c'est
écrit?
M. Beaulieu: Ça a été négocié
par le ministre des Finances. C'est-à-dire que...
M. Filion: ça apparaît où, ces 5 000 000 $
là?
M. Beaulieu: C'est dans l'entente qui a été
négociée lors du report. Il y a eu un ajustement à
l'entente entre les deux ministres des Finances.
M. Filion: Est-ce que vous avez une copie de cette
entente-là?
M. Beaulieu: Suite au report qui a été
annoncé à la fin d'octobre, le ministre des Finances a
négocié avec son collègue du fédéral une
modification à l'entente de principe entre les deux ministres des
Finances, qui avait été convenue au mois d'août 1990,
laquelle modification à l'entente prévoyait une clause
particulière dans laquelle on spécifiait que les coûts
encourus par le fédéral, jusqu'à concurrence d'un maximum
de 5 000 000 $, seraient compensés par le Québec. À ce
moment-ci, on n'a pas encore les factures, mais on pense que ça va se
situer entre 4 000 000 $ et 5 000 000 $, les factures qui vont venir. Nous
autres, on va les analyser et, effectivement, on va juger, avec les experts, si
ce sont des coûts additionnels, compte tenu du report.
Vous comprendrez qu'à la date du report, qui est situé
à la fin d'octobre, le fédéral était très
avancé dans son développement systémique pour faire la
relation avec Revenu Québec. Donc, ils ont dû arrêter le
développement à ce moment-là, le mettre de
côté, et ils l'ont repris ce printemps-ci. Donc, ils ont dû
faire toutes sortes de modifications qui sont temporaires, à ce
moment-là, pour reprendre le développement, réactiver,
rappeler les consultants, et tout. On attend ces factures-là, mais une
bonne partie sera de l'informatique et les autres dans d'autres secteurs comme
le formulaire et...
M. Filion: Est-ce que vous pourriez déposer une copie de
cette entente-là à la commission?
M. Beaulieu: Oui, oui.
M. Savoie: Bon, au niveau du dépôt de l'entente, on
n'a pas d'objection du tout à déposer une copie de l'entente.
Mais, étant donné que c'est une entente qui est signée
également par le ministre des Finances, on va vérifier avec lui
pour être sûr qu'il n'y a aucun problème et, à ce
moment-là, on la déposera. Alors, la réponse est oui, on
va la déposer, sous réserve d'une vérification sommaire
auprès des Finances. Je me demandais si, effectivement, ça n'a
pas fait l'objet d'une intervention, l'automne passé, au niveau de
l'entente. Enfin!
M. Filion: Non, on n'avait pas copie de l'entente.
M. Savoie: On ne l'avait pas à ce moment-là,
non.
M. Filion: Non. C'est pour ça. C'est parce que je
cherchais à comprendre, quand je voyais votre marque, ici, de 5 000 000
$, entre guillemets, de pénalité administrative, je cherchais
dans l'entente qui existait et qui avait été signée, et je
ne trouvais pas de clause qui justifiait une telle charge. Alors, je me suis
posé la question d'où ça venait.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Et j'ose comprendre qu'un futur report, ce serait
encore une nouvelle entente où Ottawa déciderait combien
ça coûterait. C'est un peu ça, hein? Ça devient
discrétionnaire vis-à-vis...
M. Savoie: Ça devient effectivement...
M. Filion: ...du fédéral. C'est eux qui vont dire:
Ça va vous coûter tant.
M. Savoie: Ça devient, évidemment, très
hypothétique.
M. Filion: Bien, pas hypothétique. C'est une politique
discrétionnaire où Ottawa décide de la
pénalité, au fond.
M. Savoie: C'est-à-dire que ce qui pourrait intervenir
suite à un report additionnel est très hypothétique. On ne
connaît pas, évidemment, ce qui pourrait en résulter.
M. Filion: Je comprends, mais vous confirmez le principe à
l'effet que le fédéral, c'est lui qui décide combien
ça va vous coûter si vous voulez reporter.
M. Savoie: Non, non. C'est une affaire que... Je pense que M.
Beaulieu a bien expliqué qu'il y a eu des négociations, il y a eu
des échanges, des rencontres, il y a eu entente. Alors, ce n'est pas une
question d'imposer de facto une
ligne de conduite de la part du gouvernement fédéral.
M. Filion: II y a eu entente moyennant une
pénalité.
M. Savoie: II faut bien voir que c'est une opération,
à ce moment-ci, qui est conjointe et qu'il n'y a pas un rapport de
soumission de la part de Revenu Québec vis-à-vis de Revenu Canada
dans ce dossier-là. Il y a une volonté de, finalement, cohabiter,
d'occuper un espace semblable et il y a une volonté également de
procéder par entente négociée.
M. Filion: Alors, on aura une copie de l'entente. Je pourrai
l'examiner, à ce moment-là, et...
M. Savoie: C'est ça. On va...
M. Filion: ...projeter ce que pourrait donner un nouveau report,
peut-être, sur un plan hypothétique, comme vous le dites si
bien.
Crédit d'impôt aux gens à faibles
revenus
J'aurais une autre question, sur le numéro 36 des commentaires.
Est-ce que votre ministère a l'information du crédit
d'impôt que l'on donne aux gens à bas et faibles revenus?
M. Savoie: Oui, il y a eu des publications là-dessus, des
communiqués de presse, également, qui ont
été...
M. Filion: Parce que, ici, on passe quand même, pour le
vêtement, de 18 000 000 $ à 200 000 000 $ de taxe à la
consommation.
M. Savoie: C'est ça, oui.
M. Filion: Et quels sont les crédits que vous accordez?
Les 180 $ que vous donnez aux individus sur la taxe de vente à la
consommation, est-ce que vous avez les chiffres sur ça?
M. Savoie: Oui. Est-ce qu'on a une copie du dépliant qui
est rendu public? Pendant qu'on est à la recherche de l'information au
niveau de votre crédit... Au niveau de l'article 36, évidemment,
il n'est pas souligné qu'il faut tenir compte également du fait
que la taxe générale avait été baissée de 10
% à 8 % et de 9 % à 8 % sur l'ensemble des produits. 10 %
à 8 %, c'est pour la restauration.
M. Filion: Mais, peu importe! Vous avez une augmentation nette de
18 000 000 $ à 200 000 000 $ pareil.
M. Savoie: Oui, oui. Mais il y a eu une baisse globale.
M. Filion: Le taux, mais la charge fiscale est plus forte pour
les contribuables. C'est 182 000 000 $ de plus.
M. Savoie: Effectivement, là, on le constate. C'est quand
même les documents qu'on vous a fournis.
M. Filion: mais, là, c'est parce que je veux voir
maintenant, vraiment, le fardeau net de cette opération-là, et
c'est pour ça que je demande...
M. Savoie: Ah! le fardeau net de l'ensemble de
l'opération!
M. Filion: Au niveau des vêtements et des chaussures. On
donne un crédit, à toutes fins pratiques, en compensation aux
gens pour la charge additionnelle qu'ils ont...
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: ...en taxes à la consommation. Je veux voir ce
qu'est le fardeau net qu'ils ont reçu de cette
opération-là.
M. Savoie: Pour l'ensemble de l'opération, ça a
été neutre.
M. Filion: Bien, c'est ça que je veux voir... M.
Savoie: Oui. D'accord. M. Filion: ...si le crédit... M.
Savoie: C'est-à-dire que...
M. Gosselin (Gilles): M. Filion, ça, ça correspond
à l'élimination de l'exemption ou de certaines exemptions qui
étaient prévues dans la taxe de vente de l'époque.
M. Filion: D'accord.
M. Gosselin: Comme disait M. Savoie, cette
démarche-là s'est voulue neutre, globalement, et s'est
accompagnée, en même temps, d'une diminution de la taxe
générale de vente et d'une diminution de 2 % de la taxe repas et
hôtellerie. L'ensemble de l'exercice s'est voulu neutre, selon les
informations qui ont été transmises par le ministère des
Finances.
En 1990, les données que nous avons ici indiquent qu'il y a 268
000 contribuables qui ont été visés par ça.
C'étaient les personnes âgées, pour 29 200 000 $. (10 h
30)
M. Filion: C'est de crédit que vous me parlez,
là?
M. Gosselin: Les familles, c'est l'année d'ensuite.
Ça va venir cette année.
M. Filion: Je veux comprendre, là. Là, on est au 31
mars 1991. On se comprend bien? Quand vous donnez l'information, les 200 000
000 $ de taxes sur les vêtements, on est en 1991. C'est quelle date? Le
31 mars?
M. Savoie: je pense qu'effectivement votre première
question a été mal comprise par les intervenants, parce qu'on
cherchait surtout à répondre à votre question... ce que
vous voulez savoir... finalement, la première question portait sur les
crédits d'impôt qui sont en force cette année?
M. Filion: les crédits d'impôt qu'on a
accordés, aux gens parce qu'ils avaient une taxe à la
consommation plus élevée et plus large. on parlait de 180 $,
maximum, entre autres pour les personnes... alors, moi, je veux savoir: ces
gens-là qui ont bénéficié de ces
crédits-là, ça représente combien pour
l'année 1991?
M. Gosselin: En 1991, on commence les cotisations.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous identifier, s'il
vous plaît?
M. Gosselin: Gilles Gosselin.
M. Filion: Mais, ici, l'information sur les 200 000 000 $
d'augmentation, est-ce qu'il y avait des crédits à l'encontre de
ces 200 000 000 $? C'est ça que je pose comme question.
M. Beaulieu: M. le Président, Jean-Paul Beaulieu. Le
crédit de taxes à la consommation, pour l'année 1990, ne
couvrait que les personnes âgées, et l'application de la
réforme élargie commençait en janvier 1991, si je ne
m'abuse. Les crédits de taxes à la consommation pour la famille
s'appliquent pour l'année d'imposition 1991. Nous sommes en train de
cotiser l'année financière 1991. Les données ne sont pas
disponibles. Il faudrait se référer aux annexes techniques des
Finances sur l'estimé du crédit de taxes à la
consommation. Nous, on ne sera pas en mesure de le confirmer avant tard
à l'automne, parce qu'on cotise jusqu'à la fin août,
septembre, octobre.
M. Filion: Mais les 200 000 000 $ que vous avez ici, c'est
jusqu'au 31 décembre 1991?
M. Angers (Bernard): Ce sont des revenus, effectivement,
perçus pour 1991, dans ces secteurs-là.
M. Filion: Et ici, on dit: «Les taxes perçues pour
les vêtements. »
M. Angers: C'est ça.
M. Filion: alors, vous avez perçu 200 000 000 $ pour les
vêtements en 1991. je vous pose la question. ça s'arrête
où? c'est le 31 décembre 1991?
M. Beaulieu: Oui, oui, au 31 décembre 1991.
M. Filion: Bon. Jusqu'au 31 décembre 1991, vous avez les
taxes, mais vous n'avez pas les crédits accordés.
M. Beaulieu: Parce que le crédit de taxes est
accordé, dans le cadre du rapport d'impôt, pour la famille. Les
rapports d'impôt, les gens, pour l'année 1991, nous les ont
communiqués. Ils ont jusqu'au 30 avril pour nous les communiquer. On
cotise. On a commencé à cotiser, d'ailleurs, et on va terminer la
cotisation au cours de l'été et à l'automne, et on va
avoir les données plus définitives à ce moment-là
pour les crédits de taxes à la consommation. Les personnes
âgées ont été prévues initialement, compte
tenu de la clientèle. Les Finances ont jugé opportun de donner ce
qu'ils appellent un «pré» pour l'année 1990, un
prépaiement.
M. Filion: Savez-vous, à peu près, l'estimation du
crédit, ce que ça pourrait représenter?
M. Beaulieu: Je vais le vérifier avec mes gens, puis on
pourra vous revenir tout à l'heure, si vous n'avez pas...
Participation à un colloque du Centre de
rencontres et d'études des dirigeants des administrations
fiscales
Le Président (M. Lemieux): Je regardais dans la liste des
voyages hors Canada, et j'ai seulement une question. Remarquez que c'est
très pertinent. Ce n'est pas eu égard à la nature des
voyages. Ce que je regarde... On a participé - à l'annexe 4 -
à un colloque du CREDAF, Centre de rencontres et d'études des
dirigeants des administrations fiscales. Je trouve ça
intéressant, et j'aimerais seulement savoir, M. le ministre, qu'est-ce
que vos fonctionnaires ont retenu de l'intégration fiscale en
Europe?
M. Savoie: Celui qui a participé à cette
conférence, ça a été Me André Brochu. Non?
C'est vous, M. Angers. Je pensais que c'était Me Brochu. Alors,
peut-être que M. Angers qui, d'ailleurs, est déjà à
la table, pourra répondre à la question.
Le Président (m. lemieux): je trouverais ça
intéressant, peut-être, d'entendre m. angers là-dessus.
qu'est-ce qu'ils ont retenu de ce colloque d'intégration fiscale?
M. Angers: Le CREDAF, c'est le regroupement des administrations
fiscales des pays de
langue - totalement ou partiellement - française. Ça
regroupe, de mémoire, à peu près 25 pays, de plein droit,
principalement d'Afrique - l'Afrique noire et l'Arabie - la France, la
Belgique, quelques organismes internationaux et le Canada. Et le Québec
a été invité à participer. On est devenus membres,
je ne dirais pas à part entière, mais on a un statut, disons,
relativement spécial dans notre groupe. Suite au Sommet de la
francophonie, il y a deux ans, on nous a demandé de participer à
ces activités.
L'an dernier, l'exercice s'est tenu en France. Cette année, au
mois de juillet, c'est le Canada qui reçoit le groupe et ça va se
tenir dans la province de Québec, au mois de juillet.
La thématique de l'an dernier portait sur les ressources
humaines, sur la formation des agents fiscaux, parce que vous imaginez
qu'à l'intérieur de la francophonie il y a des écarts, en
fait, de statut, de richesse relative - c'est une agence de collaboration et
d'aide - et ça portait aussi sur l'organisation administrative et sur la
façon, en quelque sorte, de gérer les différentes lois
fiscales, qui varient d'un endroit à l'autre...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça touchait
des...
M. Angers:... et, évidemment, ça ne portait pas -
pour répondre à votre question...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Angers:... ça ne portait pas sur l'intégration
au Marché commun.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas ça que je
veux savoir.
M. Angers: C'est un pays... C'est-à-dire, vous connaissez
la francophonie?
Le Président (M. Lemieux): Et est-ce que ça
touchait la TVQ, eu égard aux modalités de la TVQ? Vous savez
que...
M. Angers: Non, ça ne portait pas là-dessus...
Le Président (M. Lemieux): Ça ne portait pas
là-dessus.
M. Angers:... du tout, ça portait sur le rapport, ou, du
moins, les gens étaient invités à faire part de leurs
expériences, de leurs succès, qui peuvent être
transférables à d'autres endroits. Et, nous, on y est
allés, on a fait deux présentations, de mémoire. Le
directeur général des ressources en a fait une sur la formation,
tout l'aspect de la formation, comment on essaie de tenir notre personnel
à jour en relation avec l'évolution fiscale que l'on
connaît dans les lois, comment on le forme et quels sont nos standards.
Ensuite de ça, on a parlé, évidemment, de l'organisation
administrative. Il s'agit d'un organisme, comme je vous l'ai dit, dont le
gouvernement nous a invités à joindre la démarche et qui
constitue un lieu d'échanges et de collaboration. Ça se traduit,
entre autres, pour l'Université de Sherbrooke, par des sessions qui sont
données à l'égard des gens d'Afrique, principalement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ça ne se traduira
pas par une réforme fiscale?
M. Angers: C'est-à-dire que je crois bien comprendre
là-dedans que les politiques fiscales, évidemment, demeurent du
ressort...
Le Président (M. Lemieux): Du ministère des
Finances.
M. Angers:... de chacune des juridictions. Le Président
(M. Lemieux): D'accord.
M. Angers: C'est vraiment un échange pour faire
connaître, à l'intérieur de la francophonie, les pratiques
administratives et les expériences qui peuvent être exportables,
de part et d'autre. Ce n'est pas toujours à sens unique. Il y a des
choses intéressantes qu'on a retenues de certains pays où,
finalement, ce qu'on constate, c'est que le bon sens a sa place à peu
près partout, sauf qu'il y a des endroits où on essaie de
traduire ça de façon un peu plus sophistiquée et avec des
systèmes administratifs plus élaborés. Mais c'est vraiment
un organisme, un commonwealth fiscal des administrateurs de ce
secteur-là, de langue française.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Savoie: Vous noterez qu'au niveau des dépenses de
voyage, des voyages hors Canada...
Le Président (M. Lemieux): Ah! Je ne critique pas la
pertinence.
M. Savoie: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Je trouve ça très
pertinent.
M. Savoie: Non, non, non, je voulais tout simplement ajouter un
petit commentaire.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, oui.
M. Savoie: Merci. Je voulais tout simplement souligner qu'il y a
une diminution au niveau des voyages hors Canada. On a réduit d'une
façon
substantielle; on parle, finalement, du tiers, un petit peu plus que le
tiers des dépenses pour les voyages. On ne sort plus.
Le Président (M. Lemieux): Peut-être une petite
question rapide. J'ai remarqué que, dans votre document, vous indiquez
les dépassements de moins de 25 000 $, mais est-ce qu'il y a eu des
contrats donnés à des firmes informatiques ayant des
dépassements de plus de 25 000 $?
M. Savoie: Ça, c'est aux engagements financiers.
Le Président (M. Lemieux): C'est dans les engagements
financiers.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Une voix: On a
répondu à ça.
M. Savoie: Oui, ça peut arriver, effectivement.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Non, mais, c'est
parce que comme j'ai remarqué... Les moins de 25 000 $, je les trouve
moins intéressants. C'est ceux de plus de 25 000 $ qui m'auraient
intéressé. Ça va, on verra ça aux engagements
financiers. M. le député de Montmorency.
Crédit d'impôt accordé à
l'étudiant
qui habite chez ses parents par rapport
à celui qui habite à
l'extérieur
M. Filion: Moi, j'aimerais revenir à des questions un
petit peu... pas très techniques mais d'équité, qui
appellent à la technique en même temps. J'ai écrit
récemment à votre ministère, M. le ministre, pour soulever
une situation d'iniquité des crédits d'impôt à
l'égard d'étudiants ou d'enfants qui habitent à
l'extérieur de la maison pour leurs études. Et parce que la
personne habite à l'extérieur, parce que l'institution est
éloignée, vous n'accordez pas de crédit d'impôt,
contrairement à la personne qui revient tous les jours à la
maison parce qu'elle habite avec ses parents. Alors, l'étudiant qui
habite avec ses parents, lui, a droit à ces crédits, et l'autre
qui, pour des raisons tout simplement physiques, doit aller à
l'extérieur, vous ne lui accordez plus de crédits, même
s'il est à la charge financière des parents sur le plan
technique. Et vous m'avez répondu en me disant que vous étiez
d'accord avec la situation un peu abracadabrante de l'interprétation
mais qu'au fond, c'est comme ça que vous l'interprétiez. Et
ça s'est arrêté là.
M. Savoie: Je peux vous dire que la politique fiscale n'est pas
déterminée par le ministère du Revenu. C'est quelque chose
qui est déterminé... (10 h 40)
M. Filion: Attention! L'interprétation des termes, c'est
chez vous que ça se passe.
M. Savoie: Oui, oui, je le sais, mais la politique fiscale est
établie par le ministère des Finances. C'est le ministère
des Finances qui donne les grandes orientations lors du dépôt du
budget et, nous, évidemment, nous sommes liés et nous appliquons
ce qui est déclaré par le ministre des Finances.
M. Filion: Oui, mais c'est trop facile, M. le ministre.
Écoutez, là...
M. Savoie: Je vais tout simplement faire une petite
vérification additionnelle. Évidemment, c'est ça. Ce que
je cherchais à obtenir, c'est exactement le montant qui est
accordé pour les personnes demeurant dans les régions
éloignées; il y a actuellement une politique, comme vous le
savez. J'imagine que votre question ne se réfère pas à
ça spécifiquement.
M. Filion: Non.
M. Savoie: On parle de quelqu'un, par exemple, qui demeure
à Québec, dont l'enfant poursuit ses études à
Montréal.
M. Filion: S'en va étudier à l'Université de
Montréal.
M. Savoie: C'est une autre orientation, qui est très
différente, par exemple, de celle pour quelqu'un de l'Abitibi, du
Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie, de la Côte-Nord...
M. Filion: Je comprends.
M. Savoie: ...qui, évidemment, n'a pas la
disponibilité de structures d'enseignement supérieur. En
conséquence, eux profitent de...
M. Filion: C'est parce que, dans la loi, on dit: «qui
habite ordinairement avec le particulier»; vous l'interprétez
comme étant: «il faut qu'il soit à la maison tous les
soirs». C'est à peu près ça que vous donnez comme
interprétation stricte. Mais c'est absurde, un genre
d'interprétation comme ça! Écoutez, il y a des
étudiants qui vont à l'extérieur parce qu'ils sont
obligés d'aller à l'extérieur. Vous les disqualifiez de
leur crédit d'impôt et, en même temps, ils sont même
considérés à charge pour les fins de demander une bourse
au ministère de l'Éducation. Vous avez une interprétation
complètement différente et vous me répondez en disant:
«On est bien d'accord avec l'interprétation absurde, mais on vit
avec ça.»
M. Savoie: Non, non. Il faut bien s'entendre, là. On n'est
pas d'accord avec des interprétations absurdes, au ministère du
Revenu,
et ça, dans tous les dossiers. Il faudrait que ce soit bien
clair.
M. Filion: En tout cas, inéquitables. Mettons
inéquitables, par rapport à d'autres interprétations qui
existent.
M. Savoie: Pour ce qui est de l'équité, le
ministère est toujours à la recherche de l'équité.
Maintenant, ce qu'on ne peut pas faire, par contre, c'est aller à
rencontre des directives gouvernementales. Ça, il faut que ce soit bien
clair. Dans la mesure du possible, le ministère du Revenu cherche
toujours à satisfaire sa clientèle.
M. Filion: Mais pourquoi le ministère de
l'Éducation va-t-il à l'encontre, lui, d'une
interprétation? Parce qu'elle est plus large, son interprétation;
il accepte qu'un enfant à charge soit un enfant qui étudie
à l'extérieur des lieux familiaux et qu'il ne revienne pas tous
les soirs à la maison. Il va être considéré à
charge pareil par le ministère de l'Éducation. Pourquoi, au
ministère du Revenu, vous y allez d'une façon plus
restrictive?
M. Savoie: Là, vous abordez une question très
précise sur l'interprétation et vous faites
référence à une lettre...
M. Filion: Que j'ai reçue.
M. Savoie: ...que vous nous avez transmise, j'imagine, il y a
quelque temps, et qui est évidemment traitée par le bureau des
plaintes. Peut-être que ce serait une occasion de voir M. Michel Gingras,
qui est responsable du comité des plaintes au ministère du
Revenu.
M. Filion: Oui. J'aimerais savoir comment ça fonctionne,
effectivement.
M. Savoie: Peut-être que Michel pourrait vous
éclairer davantage sur le traitement, par exemple, d'une plainte
semblable en ce qui concerne un cas spécifique, le cas que vous avez
mentionné.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats?
M. Gingras (Michel): Michel Gingras. Dans le dossier que vous
avez présentement, le problème avait été soumis
à la cour...
M. Filion: Oui.
M. Gingras: ...si je me souviens bien, et la cour avait
statué dans le même sens que le ministère.
M. Filion: Oui, ordinairement, ils sont allés dans le
même sens que le ministère.
M. Gingras: C'est ça. Alors, quand vous avez soumis le
problème, vous demandiez le changement de l'interprétation.
M. Filion: Je demandais qu'on arrête d'interpréter
aussi restrictivement que ça, oui.
M. Gingras: Sauf que l'interprétation, comme elle avait
déjà été soumise à la cour et qu'elle avait
statué dans le sens que M. Anjou et le ministre vous ont répondu,
on ne peut pas faire autrement que de respecter le jugement de la cour.
M. Filion: Oui, mais il faut aller plus loin que le jugement de
cette cour-là. Je posais la question: Est-ce que vous avez l'intention
de maintenir ce genre d'interprétation dans l'avenir?
M. Gingras: Je pense que le sous-ministre vous a répondu
dans ce sens-là.
M. Savoie: Le décision de la cour, je pense que...
M. Filion: La décision de la cour... Écoutez, les
tribunaux statuent sur ce que vous demandez. Si vous prenez une position
à l'effet que vous voulez effectivement faire deux poids, deux mesures,
sur le plan de l'application pour un enfant à charge, vous avez le droit
de le faire, mais c'est vous qui l'amenez devant les tribunaux. Ce n'est pas le
gars qui est allé devant le tribunal; c'est vous autres qui l'avez
refusé en disant: Non, non, nous autres, on considère que, quand
tu ne restes pas à la maison, chez vous, tu n'es pas à
charge.
M. Gingras: Mais le juge a reconnu la position du
ministère, que c'était comme ça que la loi devait
être interprétée. Donc, nous, on est obligés
d'appliquer la loi de la façon dont elle est
interprétée.
M. Filion: Bon. Alors, je vais poser ma question
différemment. Avez-vous l'intention de continuer à appliquer
cette loi-là intégralement ou, sinon, vous irez dans un sens plus
large et rejoindrez un concept d'équité comme au ministère
de l'Éducation?
M. Gingras: À ce moment-là, je pense que ça
prendrait un changement de la politique fiscale du gouvernement.
M. Filion: Ça prendrait un changement, mais la politique
fiscale, à l'intérieur, les changements techniques...
M. Gingras: Dans la loi du ministère du Revenu, ça
dit que l'enfant doit demeurer
ordinairement avec les parents. Dans le cas que vous avez
présentement...
M. Filion: Habiter ordinairement.
M. Gingras: ...il a été reconnu que l'enfant
n'habitait pas ordinairement avec ses parents durant toute l'année.
Durant les 12 mois, il était à l'extérieur de sa
résidence, il ne revenait pas chez lui.
M. Filion: Pour étudier. Il ne pouvait pas,
physiquement.
M. Gingras: II était à Montréal, je crois.
Il travaillait à Montréal l'été et il ne retournait
jamais chez lui.
M. Filion: II ne pouvait pas, il étudiait à temps
plein à Montréal.
M. Savoie: Regardez, ce qu'on sait, c'est que la politique
fiscale est à l'effet que, normalement, dans des cas semblables - et
c'est ce qui a été interprété par la cour -
ça ne donne pas droit à cette déduction-là. Il y a
eu, évidemment, procès. Le tribunal a statué
qu'effectivement l'article devrait s'interpréter dans ce sens-là
et que son élargissement, qui donnait droit à un crédit
additionnel, à ce moment-là, devient une orientation de politique
fiscale, ce qui ne relève pas de nous en tant que tel. On n'a pas
ça dans notre discrétion.
M. Filion: Mais, moi, ce que je veux savoir de vous, c'est:
Est-ce que vous faites des représentations en politique fiscale pour que
ce soit changé?
M. Savoie: Oui. Chaque année, le ministère du
Revenu fait une série de recommandations, assez volumineuse. Il y a un
échange avec le ministre des Finances; on discute des difficultés
et on donne nos recommandations au niveau fiscal.
M. Filion: À quel moment faites-vous ces
recommandations-là?
M. Savoie: Ça, ça se fait normalement en
février-mars.
M. Filion: Est-ce qu'actuellement elles sont faites?
M. Savoie: Oui, actuellement, elles sont faites.
M. Filion: Est-ce que vous l'avez inclus?
M. Savoie: II y a eu des discussions avec le ministre des
Finances sur certains problèmes concernant, justement, les
déplacements.
M. Filion: Je parle de ce problème-là, ici. Est-ce
qu'il a été inclus?
M. Savoie: Pas spécifiquement ce
problème-là.
M. Filion: Pourquoi vous ne l'avez pas inclus?
M. Savoie: Parce que ce problème-là relève
de la politique fiscale et il était au courant. L'an passé, j'en
avais discuté avec le ministre des Finances.
M. Filion: Bien, oui, mais vous êtes d'accord avec
ça, vous, qu'il y ait des étudiants qui sont obligés
d'étudier à l'extérieur et qui n'ont pas droit à
des crédits par rapport à d'autres qui reviennent à la
maison et qui ont droit à des crédits? Vous trouvez ça
équitable?
M. Savoie: Écoutez, on pourrait s'embarquer dans une
discussion. Je comprends que vous venez de Québec et que vous parlez
peut-être d'un cas. Votre cas, c'est quelqu'un qui étudie à
Montréal. C'est ça?
M. Filion: Un étudiant qui étudie à
Montréal.
M. Savoie: Bon, alors, de Québec à Montréal.
Je comprends que ça peut être prioritaire pour votre comté.
Vous comprendrez aussi que, pour voir l'ensemble du Québec, il faut
sortir de son comté. Il faut voir aussi que quelqu'un qui demeure, par
exemple, en Gaspésie ou sur la Côte-Nord, au Lac-Saint-Jean ou en
Abitibi-Témiscamingue, des régions éloignées
semblables, lui, on doit non seulement l'envoyer mais on doit également
voir à ses frais de repas, de logement, ses frais d'inscription. Et,
ça aussi, ça a un coût, et on n'a même pas
d'alternative dans ces régions-là. L'alternative n'existe pas.
Alors, en conséquence, il y a une politique fiscale qui se
détermine. On regarde le portrait global.
Je pense qu'à date les incitatifs que nous avons accordés
spécifiquement pour des étudiants et étudiantes - non
seulement pour un secteur comme Québec qui se destine vers
Montréal - sont plus avantageux, mais surtout pour les régions
éloignées. De ce côté-là, je pense que nous
avons très bien tiré notre épingle du jeu. L'orientation
se maintient, et les interventions pour les encourager.
Quant à une intervention spécifique, bien que je
sympathise avec le cas que vous m'avez soumis, il faudrait que ce soit...
M. Filion: Ce n'est pas une question de sympathie, c'est une
question d'équité, M. le ministre.
M. Savoie: Non, non, mais je sympathise
avec. Je ne suis pas du tout hostile à ça, dans le sens
que je trouve que c'est une intervention qui est valable. Comme
député de comté, on a un cas de comté et il faut le
défendre. Je comprends bien ça.
M. Fîlion: Ce n'est même pas dans mon comté,
c'est à l'extérieur. Il y a des gens qui sont lésés
parce qu'il y a des politiques restrictives.
M. Savoie: Mais, il faudrait absolument, à ce
moment-là, s'adresser au ministère des Finances. C'est là
que la politique fiscale s'établit. Il faut bien comprendre qu'au
ministère du Revenu on applique la politique fiscale telle
qu'élaborée par le ministre des Finances.
M. Filion: Je comprends, mais si vous ne lui dites pas qu'il est
dans l'erreur, comment voulez-vous qu'il le sache?
M. Savoie: Mais là, écoutez, c'est une
interprétation de votre part, comme quoi le ministre est dans
l'erreur.
M. Filion: Vous me le confirmez dans votre propre lettre. Vous me
dites dans votre lettre qu'effectivement ça n'a pas de bon sens, que le
ministre de l'Éducation, lui, est...
M. Savoie: Non, non, on ne dit pas ça dans nos
lettres.
M. Filion: Ah non? Ce n'est pas ça que vous dites?
M. Savoie: Non. Je voudrais que vous me la lisiez exactement.
M. Filion: Je vais vous la lire. Je vous lis exactement ce que
vous dites: «De plus, considérant que l'expression "habiter
ordinairement" n'est pas utilisée dans la Loi sur l'aide
financière aux étudiants, je suis d'opinion qu'un conflit
d'interprétation sur ce point ne peut, en l'occurrence, exister.»
C'est dans votre lettre, ça.
M. Savoie: C'est ça. Alors, qu'est-ce que ça
dit?
M. Filion: Ne venez pas me dire que vous ne l'écrivez pas;
vous l'avez écrit, vous le constatez, là.
M. Savoie: Que?
M. Filion: Qu'effectivement il y a une problématique
d'interprétation au ministère de l'Éducation et au
ministère du Revenu, que ce n'est pas la même base
d'application.
M. Savoie: Avec le ministère de l'Éducation, je
veux bien, mais pas chez nous. On ne dit pas «entre le ministère
du Revenu et le ministère des Finances», là.
M. Filion: Écoutez, non, non. Vous m'avez demandé
de vous l'expliquer, je vous le dis et vous confirmez que vous avez une
interprétation différente et une application de la politique
fiscale différente.
M. Savoie: On ne dit pas qu'on est dans-Mais ça ne rejoint
pas le point de vue que vous avez soulevé, comme quoi...
M. Filion: Oui, ça rejoint le point de vue. Je vous dis
qu'il y a une personne qui se qualifie comme enfant à charge au
ministère de l'Education et qu'elle ne se qualifie pas au
ministère du Revenu, et vous me dites que, non, effectivement, ça
n'existe pas, puis qu'on ne vous l'a pas confirmé. Vous me l'avez
confirmé dans votre lettre, ici.
M. Savoie: Ce qu'on vous a confirmé, c'est que la
définition qui est prévue au niveau du ministère de
l'Éducation n'est pas la même qui existe au ministère du
Revenu, en vertu de la politique fiscale établie par le ministère
des Finances. C'est ça qu'on vous confirme. En conséquence, le
débat, jusqu'à ce moment-ci, a porté sur ce que vous
constatez comme étant un problème d'interprétation qui
existe entre le ministère du Revenu et le ministère des
Finances.
M. Filion: Je vous parle d'une problématique de politique
fiscale.
M. Savoie: Non, non! Non, non! Laissez-moi terminer,
là.
M. Filion: C'est ce qu'on dit, et c'est ce que vous m'avez
dit.
M. Savoie: Laissez-moi terminer. Là, ce qu'on vous dit,
c'est qu'il n'y en a pas. Maintenant, là, vous soulevez le cas du
ministère de l'Éducation vis-à-vis du ministère du
Revenu et la définition de «personne à charge».
Ça, il faudrait reprendre...
M. Filion: D'enfant à charge. M. Savoie: ...les
explications.
M. Fîlion: Oui, mais vous me dites que vous ne voulez pas
le transmettre au ministre des Finances, qu'il n'a pas de bon sens dans ses
politiques.
M. Savoie: Non, non! Ce n'est pas ça que je vous ai dit.
Vous avez demandé si, cette année, on avait fait des
représentations, spécifiquement. (10 h 50)
M. Filion: Vous avez dit non.
M. Savoie: C'est ça. Parce qu'elles ont été
faites l'an passé. Alors, nous avons fait des représentations
l'an passé sur ce dossier-là.
M. Filion: Puis qu'est-ce qu'il vous a répondu?
M. Savoie: Écoutez, c'est dans la politique, c'est dans
l'étude du portrait général du ministère des
Finances. Ils ont examiné ça.
M. Filion: Puis il vous ont dit qu'il n'y avait pas
d'iniquité.
M. Savoie: Là, il faudrait voir le ministre des
Finances.
M. Filion: II faudrait voir le ministre des Finances.
M. Savoie: Oui, c'est ça. C'est exact.
Le Président (M. Audet): Mme la députée de
Groulx aussi avait une question.
Mme Bleau: Sur le même sujet, si, à l'occasion, un
enfant ou un jeune de Québec ne peut pas obtenir les cours qui le
tentent à Québec et, pour ça, doit s'expatrier à
Montréal, à ce moment-là, ça doit être
reconnu par vous, pas seulement au ministère de l'Éducation mais
au Revenu, pour les impôts.
M. Savoie: Non.
Mme Bleau: Est-ce que c'est reconnu, à ce
moment-là?
M. Savoie: Non. Mme Bleau: Pas plus?
M. Savoie: Pas plus, non. Supposons, par exemple, que quelqu'un
de la région de Québec veuille suivre un cours qui ne se donne
qu'à Montréal - je pense, par exemple, à un cégep
qui donne des cours spécifiques qui n'existent pas ailleurs - à
ce moment-là, non, il n'y pas de crédit d'impôt. Le
crédit d'impôt qui existe actuellement, c'est pour les
régions éloignées.
Mme Bleau: O.K.
M. Savoie: Oui, uniquement.
Mme Bleau: Mais, à ce moment-là, vous ne pourriez
pas faire des exceptions, si le jeune ne peut pas trouver le cours qu'il
désire suivre dans sa région, qui est Québec, et qu'il est
obligé de s'expatrier à Montréal?
M. Savoie: Je vais vous demander de répéter.
Mme Bleau: Si, vraiment, c'est prouvé que le jeune ne peut
pas suivre les cours qu'il désire suivre à Québec...
M. Savoie: Oui.
Mme Bleau: Parce que, là, on parle d'une place où
il y a déjà des universités et d'une autre place où
il y en a aussi.
M. Savoie: D'accord.
Mme Bleau: Mais si le cours ne se donne pas à
Québec et ne se donne qu'à Montréal, à ce
moment-là, l'enfant ne peut pas rester avec ses parents; c'est
impossible, il faut qu'il aille à Montréal.
M. Savoie: C'est ça.
Mme Bleau: Est-ce qu'à ce moment-là il y a des
choses de prévues au niveau de ses revenus?
M. Savoie: C'est-à-dire que non. Il faut toujours
soumettre le cas, puisqu'il peut y avoir une question de résidence.
Mme Bleau: Ça peut être une exception?
M. Savoie: Oui. Il peut y avoir une porte ouverte pour ce
cas-là.
Mme Bleau: Bon.
M. Savoie: II faut toujours vérifier les conditions
d'admissibilité ou non. Mais, d'une façon générale,
quelqu'un qui désire poursuivre ses études à
Montréal et qui, en conséquence, déménage à
Montréal, que l'étudiant déménage à
Montréal, à ce moment-là, il est
considéré...
Mme Bleau: II peut soumettre son cas pour être un cas
d'exception.
M. Savoie: C'est exact. Oui. C'est ça. Mme Bleau:
O.K.
M. Filion: Comment se fait-il qu'au comité des plaintes,
ce n'est pas automatique, ça, quand vous avez une question
d'équité comme ça, que vous transmettez au
ministère des Finances? Ce n'est pas automatique? Comment ça se
passe? Qui décide de ça?
M. Gingras: Quand un dossier traite de politique fiscale et que
ça va à rencontre de la loi ou qu'un contribuable ou un membre du
Parlement voudrait que la loi soit changée, il est certain qu'à
ce moment-là on transmet les
demandes au ministre des Finances; on les soumet pour demander que ce
soit regardé, étant donné que c'est un cas de politique
fiscale.
M. Filion: Puis celui-là avait déjà
été fait, alors vous ne l'avez pas
répété.
M. Gingras: C'est ça.
M. Savoie: C'est-à-dire que ça s'est fait l'an
passé. Ça ne veut pas dire que ça ne sera pas fait. Il
faudrait bien s'entendre, là. Je ne sais pas pourquoi on est
embarqué dans l'organisation de la politique fiscale du Québec,
mais ça ne veut pas dire, parce que ça ne s'est pas fait
l'année passée, que ça ne se fera pas cette année
ou que ça ne se fera pas l'année prochaine. Il y a des
considérations, des réflexions et des modèles qui doivent
être construits, des coûts à évaluer, la
rentabilité de ce genre d'opération et l'impact sur d'autres
mesures qui touchent, finalement, ce que vous voulez qu'on approche.
On l'a soumis l'année passée. C'a été
analysé aux Finances. Maintenant, il n'y a absolument rien. Et là
vous présumez que ça ne se fera pas cette année. Mais,
moi, je ne peux pas vous encourager, d'aucune façon, dans cette
présomption. Il n'y a rien qui empêche, par exemple, que le
ministre des Finances puisse, cette année, décider que, suite aux
représentations de l'an passé, ça puisse être inclus
dans les opérations budgétaires de 1992-1993.
Alors, on a fait la représentation l'année passée.
Vous nous avez demandé si on l'avait faite à la
présentation que nous avons faite. Il y avait, quoi, une centaine de
recommandations. Il y avait plusieurs recommandations. Évidemment, ce
n'était pas compris dedans, mais c'est déjà soumis. Ce
n'est pas parce que ce n'est pas accepté au moment où on
dépose la recommandation que c'est mis à la poubelle et que tout
le monde oublie ça. Il faut voir ça comme une approche beaucoup
plus sérieuse et beaucoup plus structurée que ça.
M. Filion: II y a un autre cas d'équité que je
soulevais récemment à votre ministère et, sur le plan
technique, vous ne sembliez pas avoir la solution. Probablement que c'est aussi
allé à votre comité. C'est concernant la Régie des
rentes du Québec qui a attendu cinq ou six ans avant de faire des
paiements pour des circonstances administratives inexplicables. La personne a
reçu la somme d'argent d'une façon forfaitaire, dans la
même année, parce que le ministère, au niveau de la
Régie des rentes du Québec, n'avait pas émis, à
chaque année, le feuillet, causant un préjudice à la
personne. Sur le plan technique, vous n'avez aucune solution à
ça. C'est ce qu'on semble me dire à votre ministère,
actuellement. Je n'ai pas encore reçu la lettre. Alors, j'aimerais
savoir ce que vous pouvez faire dans une circonstance comme ça. Vous ne
faites rien? Vous taxez la personne?
M. Gingras: Là, je ne peux pas vous répondre comme
ça, parce que le dossier, je ne le connais pas.
M. Savoie: On n'a pas suffisamment d'informations, là.
M. Gingras: Quand vous parlez d'un montant forfaitaire de la RRQ,
est-ce que c'est un montant pour invalidité, ou non?
M. Filion: C'est un montant pour invalidité.
M. Gingras: Bien, si c'est un montant pour invalidité, je
crois, si ma mémoire ne fait pas défaut, que la loi
prévoit déjà l'étalement du montant.
M. Filion: Oui, puis il y avait une partie qui était pour
autre chose. Ce n'était pas prévu, cette partie-là,
l'autre montant... Il y avait l'invalidité qui était
prévue, et l'autre montant ne l'était pas.
M. Gingras: On ne vous a pas répondu encore?
M. Filion: Bien, on m'a répondu au
téléphone. On m'a dit d'oublier ça, qu'on en avait juste
pour l'invalidité et que l'autre partie, c'était la même
mécanique d'injustice, que j'appelle de taxation, mais ils ne pouvaient
rien faire là-dessus. Ils fermaient le dossier. Non, mais, moi, je pose
des questions sur les rouages internes.
M. Savoie: Vous fartes référence à un cas
spécifique. C'est comme si on parlait de la maladie de quelqu'un qu'on
ne connaît pas, qu'on n'a pas vu, dont vous nous interprétez
à peu près la situation. Il est difficile, là, de...
M. Filfon: Je veux comprendre comment ça fonctionne dans
un cas comme celui-là. Vous allez faire quoi?
M. Gingras: Bien, dépendant des données du
problème, si vous me dites que c'est une rente d'invalidité,
bien, je ne comprends pas pourquoi on vous a répondu que ça ne
pouvait pas s'étaler sur les autres années. Il faudrait que je
voie le dossier.
M. Filion: Ce n'est pas une rente d'invalidité. C'est
vraiment une problématique administrative. Ils ne savaient pas s'ils
verseraient...
M. Gingras: C'est une rente de conjoint survivant? C'est l'un ou
l'autre.
M. Filion: Peut-être de conjoint survivant.
Je ne sais pas laquelle, de mémoire, mais elle ne se qualifie pas
selon votre régie de répartition.
M. Gingras: Alors, quand la situation d'un contribuable ne se
qualifie pas selon la loi qu'on a à administrer, dans la majorité
des cas, on refuse et on transmet la demande au ministère des Finances
pour que ce soit regardé dans le cadre de la politique fiscale du
gouvernement.
M. Filion: Mais vous ne pourriez pas demander au ministère
qui a retardé à émettre ses feuillets de faire en sorte
d'émettre des feuillets année par année? Vous pourriez
recotiser, à ce moment-là, sans être obligé de
passer par les Finances.
M. Gingras: Les raisons pour lesquelles les feuillets n'ont pas
été remis, on ne les sait pas.
M. Filion: Moi non plus, je ne les sais pas.
M. Gingras: Oui, mais il peut y avoir différentes raisons.
Ça peut être le citoyen qui a retardé à les
demander. Il y avait peut-être des circonstances qui font que ça a
pris plusieurs années avant d'être demandé. Là, il y
a beaucoup de circonstances.
M. Filion: Les circonstances sont à l'effet qu'il y a un
retard indu et que les feuillets auraient dû être émis avant
ça. Alors, est-ce que vous autres, par les communications entre
ministères, vous ne pouvez pas demander au ministère
concerné de réémettre ces feuillets pour que vous puissiez
les traiter selon des feuillets annuels qu'il aurait dû normalement
recevoir?
M. Gingras: Présentement, la loi ne permet pas de faire
une telle entente avec d'autres organismes.
M. Filion: ce n'est pas une entente, c'est demander de faire leur
travail convenablement pour qu'on ne cause pas préjudice à une
personne parce que quelqu'un a retardé l'exécution de son
travail. vous ne pouvez pas du tout communiquer? vous ne communiquez pas?
M. Gingras: Ah oui! On peut communiquer avec les autres
ministères ou avec les autres régies. C'est ce qu'on fait, mais,
de là à dire qu'on va reconnaître la faute du gouvernement
ou la faute de la Régie, ça dépend toujours des
circonstances dans lesquelles le dossier a été traité ou
de la façon dont le citoyen a fait sa demande à la Régie
des rentes, dans le cas que vous demandez.
M. Filion: Mais, dans le cas que je demande, est-ce que vous
pouvez faire automatiquement cette démarche-là ou si vous ne la
faites pas?
M. Gingras: Bien, il faudrait avoir un peu plus de détails
pour savoir exactement quels sont les faits qui entourent le dossier dont vous
parlez. (11 heures)
M. Savoie: On peut également prendre connaissance du
budget 1991-1992, à l'annexe A, les pages 89 et 90, où,
justement, on traite des éléments que vous avez soulevés
au niveau de la Régie des rentes du Québec et qui risquent de
répondre au questionnement que vous faites.
M. Filion: C'est que la réponse, je l'ai eue
verbalement.
M. Savoie: Et suite à notre recommandation. Oui, c'est
ça, oui.
M. Filion: Vous avez fait des recommandations?
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Filion: Je vais regarder ça.
M. Savoie: D'accord.
M. Filion: J'aurais, oui, d'autres questions. Est-ce qu'il y a
des gens qui ont des questions parce que...
M. Savoie: Oui, sur le...
Le Président (M. Audet): Continuez, M. le
député.
M. Savoie: O.K.
Vérificateurs du ministère
M. Filion: J'aimerais aborder un peu l'aspect vérification
de votre ministère.
M. Savoie: Vérification.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: C'est un bon dossier, ça.
M. Filion: J'aimerais que vous m'expliquiez combien vous avez de
vérificateurs au ministère du Revenu.
M. Savoie: Alors, on va voir, dépendant de la question.
Vous pouvez y aller.
Le Président (M. Audet): ...voulait s'identifier, s'il
vous plaît.
M. Robert (Marcel): Marcel Robert...
Le Président (M. Audet): M. Marcel Robert.
M. Robert: ...sous-ministre adjoint à la
vérification. Nous avons actuellement environ 800 vérificateurs
au ministère du Revenu.
M. Filion: Ça, ça inclut les vérifications
de taxe de vente et d'impôt sur le revenu?
M. Robert: Oui, les deux.
M. Filion: Combien à l'impôt sur le revenu?
M. Robert: Disons qu'on peut dire que c'est divisé
également.
M. Filion: 400?
M. Robert: 400,400.
M. Filion: Dites-moi, dans les 400, combien sont affectés
aux individus, aux particuliers?
M. Robert: Vous parlez de l'impôt? M. Filion: Oui,
l'impôt.
M. Robert: On peut dire que la moitié des gens de
l'impôt sont affectés aux individus.
M. Filion: Et aux entreprises, 200? M. Robert: L'autre
moitié.
M. Filion: Comment ça se répartit au niveau des
entreprises, les petites, les moyennes et les grosses? Comment ça se
répartit, ces 200 vérificateurs-là?
M. Robert: On a des sections qui sont composées de
professionnels, qui font plus particulièrement les grandes entreprises.
Dans l'ensemble de la vérification, nous avons 350 professionnels. On
peut dire que, dans les grandes entreprises, si on divise la moitié en
impôt, on a 175... Disons qu'on peut avoir à peu près 160
personnes qui travaillent pour les grandes entreprises.
M. Filion: Les grandes entreprises, c'est combien de chiffre
d'affaires ça?
M. Robert: c'est-à-dire qu'on a divisé, à
l'intérieur de notre réorganisation, l'entreprise qui a un
chiffre d'affaires en haut de 3 000 000 $.
M. Filion: Vous avez 175 personnes qui font la
vérification pour des entreprises de plus de 3 000 000 $ de chiffre
d'affaires?
M. Robert: C'est ça.
M. Filion: Les enquêtes spéciales, est-ce que
ça fait partie de l'équipe de vérification ou si c'est
à part?
M. Robert: Ça fait partie de la vérification parce
que ça ne s'appelle plus les enquêtes spéciales. Ça
s'appelle l'observance fiscale.
M. Filion: Oh! Oh!
M. Savoie: Vous avez une copie de l'organigramme du
ministère. Je pense que, dans les documents que nous avons transmis,
vous avez un organigramme complet avec les responsabilités. Les
enquêtes spéciales sont indiquées.
M. Filion: Alors, dans les 400 personnes, il y a 175 personnes
aux grandes entreprises, 25 personnes aux entreprises de moins de 3 000 000 $.
C'est ça?
M. Robert: C'est-à-dire que... Est-ce que vous parlez de
taxe ou d'impôt?
M. Filion: Toujours d'impôt. Moi, je suis toujours dans mes
vérifications d'entreprises.
M. Robert: Vous restez toujours à l'impôt, hein? Si
vous restez toujours à l'impôt, on a dit tantôt qu'on avait
400 personnes qui étaient, disons, affectées à la taxe et
400 personnes a l'impôt...
M. Filion: Oui.
M. Robert: ...dans les vérifications. On peut dire qu'on
peut avoir 200 personnes à l'impôt, qui sont dans les petites
entreprises, et 200 personnes dans les grandes. Après ça, il faut
diviser entre les particuliers et les corporations. Dans les grandes
entreprises, c'est pratiquement seulement des corporations qui sont
vérifiées. Dans les petites entreprises, c'est pratiquement
seulement les particuliers ou les petites entreprises qui ont un chiffre
d'affaires en bas de 3 000 000 $. Mais on ne divise pas, dans les petites
entreprises, entre les corporations. Les particuliers, c'est difficile pour moi
de donner une réponse précise à ça.
M. Filion: autrement dit, ce serait peut-être quelque chose
comme 225 personnes, individus et petites entreprises, et 175 personnes pour
les grosses entreprises.
M. Robert: On peut diviser ça comme ça.
M. Filion: Et pour les enquêtes spéciales, combien
de personnes?
M. Robert: À peu près 60 personnes. C'est seulement
des professionnels.
M. Filion: Est-ce que vous avez des équipes
spéciales pour des projets spéciaux?
M. Robert: Vous voulez dire des équipes
spéciales... Ordinairement, nos équipes spéciales se
prennent à l'intérieur de nos ressources, excepté qu'on a
eu un projet spécial pour les patrouilleurs. Ça, ça a
été pris à l'extérieur de nos ressources.
M. Filion: Ah oui! La police sur le tabac?
M. Robert: C'est ça.
M. Filion: Autrement dit, vous allez chercher dans votre masse de
vérificateurs ce dont vous avez besoin pour un projet particulier?
M. Robert: C'est ça.
M. Filion: Est-ce que les vérificateurs, ça a
augmenté depuis plusieurs années, ça? Les 800 personnes,
est-ce que ça a bougé?
M. Robert: Non, depuis quatre ou cinq ans, le total des gens qui
travaillent à la vérification a été de 1200
personnes environ, entre 1100 et 1200 tout le temps. Puis, les 800 personnes
qui sont des vérificateurs, ça n'a pas bougé. Depuis
quatre ou cinq ans, on avait un projet qu'on appelle une phase, et ces
gens-là, on les avait engagés comme occasionnels pour une
période de trois ans. Puis, on les a toujours renouvelés, ces
gens-là, depuis trois ans, mais on n'a pas augmenté le nombre de
nos vérificateurs. Ça a des chances d'augmenter au 1er juillet
avec les gens du fédéral.
M. Filion: Oui, on parlait de 1500 personnes au total. Moi,
j'aimerais comprendre. À l'intérieur de la vérification
chez vous, est-ce qu'il y a quelque chose qui se fait de façon
particulière pour l'économie au noir?
M. Savoie: Je n'ai pas compris la question. Je m'excuse,
là. J'étais en train d'obtenir des informations.
M. Filion: Parce que je voulais savoir... je lui posais des
questions...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: On regardait comment s'organisait la
vérification chez vous.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Je lui demandais si, concernant l'économie au
noir, on avait pensé à des projets spéciaux de
vérification.
M. Savoie: Par économie au noir, vous voulez dire des
activités légales, mais dans l'économie souterraine?
M. Filion: Appelez-la souterraine si vous voulez, celle qui ne
paraît pas.
M. Savoie: Oui. Les interventions du ministère au niveau
de la vérification?
M. Filion: Oui, sur l'économie au noir, qui est
grandissante.
M. Robert: On a des vérifications
régulières, soit par la déduction à la source, soit
par nos vérifications de corporations et de particuliers qui sont faites
suivant une programmation pour l'ensemble de toutes les corporations. Puis,
quand on fait nos vérifications, il y a un élément qu'on
vérifie très particulièrement, qui s'appelle la
déduction à la source, pour savoir si tous les gens qui
travaillent pour l'entreprise sont payés régulièrement.
Or, on en a fait un nombre, je ne dirais pas considérable, mais suivant
nos procédures de programmation, puis, à chaque année, on
trouve des gens qui ne sont pas sur les listes de paie et on travaille de cette
façon-là, et par l'employeur, et pour les employés.
Ça, c'est notre travail qu'on fait régulièrement. On n'a
pas d'opérations spéciales dans ça.
M. Filion: Rien de spécial?
M. Robert: On n'a rien de spécial dans ça, mais on
a...
M. Filion: Autrement dit, quand un fléau naît dans
l'économie, vous ne faites rien de spécial par rapport à
un fléau identifié?
M. Robert: C'est-à-dire que ça, c'est
général. Quand un fléau naît, c'est-à-dire
que ça dépend. On en a fait un spécial pour le tabac. Un
fléau... on en a fait un spécial.
M. Filion: Vous avez mis une police du tabac mais, sur le plan de
la vérification, vous avez fait quoi?
M. Robert: Au point de vue du tabac? M. Filion: Du
tabac.
M. Robert: Depuis trois ans, on a formé un comité
ad hoc dans le tabac pour s'occuper de... Ça avait commencé il y
a trois ans. Dans ce temps-là, il y avait une sorte de problème
interprovincial, puis il y avait un problème international.
Interprovincial, c'est qu'il y avait du tabac qui se transportait d'une
province à l'autre. Nous avons formé une équipe
spéciale et nous avons rencontré les gens des autres provinces et
des États américains. Nous avons réussi, dans l'espace
d'un an et demi, à éliminer tout le trafic interprovincial de
tabac qui se faisait. Nous avons installé un nouveau système
de
marquage, après discussions. Nous avons discuté avec le
gouvernement fédéral et, tous ensemble, nous avons réussi
à éliminer le commerce interprovincial.
Il est resté le commerce international. Nous avons
continué notre comité ad hoc que nous avions formé. Nous
avons augmenté nos vérifications chez tous les manufacturiers.
Nous avons entretenu des contacts très directs avec nos 108 grossistes
que nous avons vérifiés avec un système de taxe
mémo pour calculer leurs achats à tous les jours, pour voir
exactement s'ils nous remettaient la taxe et si la taxe baissait. Nous avons
également, avec un système d'inspecteurs, vérifié
les 14 000 détaillants du Québec pour savoir s'il y avait,
à certaines occasions, du tabac illégal dans leurs boutiques.
Nous avons également engagé, disons, des cadres spéciaux
qui ont permis une relation entre les inspecteurs et la vérification, et
la vérification a vérifié tous les commerces qui
semblaient avoir une espèce de possibilité d'avoir de la fraude
dans ça. Ça fait que nous avons pratiquement, à ce
niveau-là, je pense, balayé la province au peigne fin. (11 h
10)
M. Filion: Mais combien avez-vous mis de personnes pour faire
cette opération-là de 108 grossistes et de 14 000
détaillants au niveau du tabac, opération tabac?
M. Robert: Nous avions environ 50 vérificateurs, mais
quand, à l'occasion, nous sentions le besoin d'augmenter le nombre de
personnes, nous nous faisions aider par notre direction de vérification
en taxe qui nous aidait dans ce domaine-là.
M. Filion: Mais comment peut-on justifier qu'à ce
moment-là on continue à assister, malgré vos
vérifications, à une espèce de livraison de marchandises
aux États-Unis qui reviennent sur notre territoire sans taxation?
M. Robert: C'est très simple. C'est que tout manufacturier
a le droit de vendre, pour l'exportation aux États-Unis, à
n'importe qui. Ils ont le droit; la loi leur permet de faire ça. Or, il
s'est vendu des cigarettes aux États-Unis pour l'exportation d'une
façon très légale. Une fois qu'elles sont vendues aux
États-Unis, nous, on vérifie la transaction, et elle est vendue,
elle est légale. Quand la marchandise revient, ça, ça ne
peut pas se trouver par la vérification. On n'a pas l'autorité
d'aller vérifier tous les grossistes des États-Unis parce que,
dans le fond, ce n'est pas notre territoire et ce n'est pas notre monde. On ne
peut pas aller vérifier ces gens-là pour toutes sortes de
raisons. N'importe quelle province n'a pas à aller vérifier un
grossiste dans l'État de New York parce que ce n'est pas notre
territoire.
Or, naturellement, il s'agit d'effectuer de la surveillance pour savoir
si la marchandise revient au canada. c'est différent de la
vérification. c'est un système de surveillance. on appelle
ça des filateurs, des gens qui suivent, qui surveillent ce qui se
passe.
M. Filion: Mais vous connaissiez ceux qui avaient acheté
aux États-Unis?
M. Robert: On les connaît tous.
M. Filion: Mais vous n'avez pas d'entente avec les
États-Unis pour faire des vérifications spécifiques?
M. Robert: C'est-à-dire que les ententes entre pays se
font entre pays. Les seules ententes qu'on peut avoir, nous autres, le
Québec, c'est des ententes avec des États américains. On
ne peut pas avoir d'ententes, la province de Québec, avec la patrouille
de frontière aux États-Unis parce que ça dépend du
gouvernement américain.
M. Filion: Oui, ce n'est pas la patrouille de frontière;
c'est la vérification de la personne à qui vous avez vendu du
Canada. Vous pouvez faire une vérification, à cette
entreprise-là, via le...
M. Robert: On ne peut pas vérifier. On peut, avec nos
systèmes d'entente, demander à l'État
américain...
M. Filion: Oui.
M. Robert: ...de vérifier et de nous donner un rapport.
Mais ça, c'est un...
M. Filion: Est-ce que vous l'avez fait?
M. Robert: On l'a fait. On a eu des rapports, on a eu des
chiffres. On n'a pas eu de rapport de vérification.
M. Filion: Alors, ils n'ont pas fait la vérification.
M. Robert: C'est-à-dire qu'ils ont fait des
vérifications, mais nos ententes nous permettent d'avoir des
informations, mais ne permettent pas d'avoir des rapports de
vérification sans avoir de...
M. Filion: Alors, vous n'avez pas d'entente.
M. Robert: C'est-à-dire qu'il y a une entente qui nous
permet d'avoir de l'information.
M. Filion: Et l'information de vérification dont vous avez
besoin ne vous a pas été donnée.
M. Robert: C'est-à-dire qu'on n'a pas eu de
programme de vérification et on n'a pas eu non plus les chiffres
de... On a eu les quantités dont on a eu besoin, toutes les informations
dont on a eu besoin. On a des informations comme ça, excepté
qu'on ne peut pas taxer ces gens-là. Si ces gens-là font de
l'ouvrage illégal, je ne peux pas savoir, dans une vérification,
s'ils ont vendu ça, eux autres, à un passant américain qui
était peut-être un Canadien qui s'en revenait chez nous. Mais,
dans tes livres du commerce américain, c'est légal.
M. Filion: Avez-vous fait des vérifications
spécifiques dans des zones plus fragiles? On sait que, sur les
réserves indiennes, c'était susceptible de se retrouver dans des
commerces de détail. Est-ce que vous avez fait des procédures de
vérification à ce niveau-là?
M. Robert: On a fait toutes les procédures qu'on pouvait
faire relativement à tous les contribuables qui sont des contribuables
québécois, y compris les Indiens. Les seules choses qu'on n'a pas
faites à date, c'est des perquisitions sur les réserves
indiennes.
M. Filion: Pourquoi?
M. Robert: Parce que c'est un territoire fédéral et
qu'on a jugé, l'ensemble du ministère, qu'on ne pouvait pas faire
de perquisition sur des réserves indiennes.
M. Filion: Ah oui?
M. Robert: Mais on a fait quand même des perquisitions
relatives à des Indiens pour tout ce qu'ils possédaient en dehors
des réserves.
M. Filion: Vous n'avez aucun pouvoir de perquisition.
L'avez-vous, le pouvoir, ou vous ne l'avez pas?
M. Robert: Naturellement... On vient de m'informer que les biens
des Indiens sont insaisissables sur une réserve.
M. Savoie: l'article 87 de la loi sur les indiens stipule
clairement que les droits de saisie... on ne peut pas saisir les biens d'un
indien sur une réserve.
M. Filion: Ni son stock? Ni son inventaire de biens d'un
commerce?
M. Savoie: Évidemment, H y a des liens, il y a des
éléments qui permettent de saisir. On a le droit d'intervenir,
dans certains cas.
M. Filion: mais vous avez le droit de saisir des biens qui sont
en inventaire dans une entreprise qui est opérée par un indien
qui vend surtout à des non-indiens?
M. Robert: II faut faire une distinction entre la réserve
puis... Si l'Indien vend à l'extérieur de la réserve, on
peut faire ce qu'on veut. On est chez nous. Mais, dans la réserve, on ne
peut pas. Si l'Indien a un compte de banque dans une banque à
l'extérieur de la réserve, on peut saisir le compte de
banque.
M. Savoie: Mais à l'intérieur de la
réserve?
M. Robert: À l'intérieur de la réserve, on a
des limites très précises.
M. Filion: Comme, par exemple, ce qui avait paru dans les
journaux: Le fisc réclame 52 000 000 $ à un Mohawk à
Kahnawake. Avez-vous réussi à percevoir la taxe sur ça?
Est-ce que vous n'avez pu rien faire avec ça?
M. Robert: Bien, c'est un cas où le... D'abord, c'est un
cas particulier. C'est un cas où il y avait une prétention dans
ça qu'il avait acheté des cigarettes d'un grossiste de
Montréal. Ça fait qu'il avait acheté d'un grossiste de
Montréal, naturellement. Par la suite, on a établi des chiffres
avec toutes les informations qu'on a eues à l'extérieur et on a
établi qu'il rayait ce montant des frais d'administration.
M. Savoie: Mais il faudrait... Je pense que ça, c'est en
appel.
M. Robert: Oui.
M. Savoie: Cette décision-là est en appel,
actuellement. Alors, il y a sub judice. Il faudrait faire attention parce que,
effectivement, on conteste la décision, et c'est en appel.
M. Filion: Quand vous avez fait votre vérification sur la
réserve, vous avez le droit d'aller vérifier, même si vous
ne saisissez pas. Vous avez droit de vérifier sur la réserve
l'opération ou le commerce qu'ils y tiennent.
M. Robert: C'est-à-dire qu'actuellement on vérifie
seulement les gens qui nous demandent des remboursements de taxes, que ce soit
des hôpitaux ou que ce soit ceux qui nous demandent des remboursements de
taxes parce qu'ils ont vendu à des Indiens, puis ils ont payé la
taxe, au début, au grossiste. On vérifie seulement ces
gens-là, actuellement.
M. Filion: Mais les commerces, vous les vérifiez
aussi?
M. Robert: Les commerces sur les réserves? M. Filion:
Oui.
M. Robert: Non, on n'a pas beaucoup de commerces sur les
réserves. Puis, actuellement,
on fait nos vérifications régulières, mais on n'en
fait pas beaucoup... Dans les réserves, on ne va pas sur la
réserve pour faire une vérification.
M. Filion: Vous ne faites pas ça? M. Robert:
Non.
M. Filion: Mais vous savez qu'il y a beaucoup... Moi-même,
je l'ai soulevé. Sur des réserves, actuellement, on fait le
commerce, on ne perçoit pas la taxe de vente, puis on vend à des
non-autochtones?
M. Robert: On envoie des cotisations en essayant de trouver des
manières, d'autres sources, d'autres manières de trouver nos
cotisations... prouver nos cotisations qu'à l'effet de livrer ça
sur les réserves.
M. Filion: Entre autres, avec la police du tabac. C'est le genre
de solution que vous voyez?
M. Robert: La police du tabac n'a aucune relation avec ça.
La police du tabac, c'est une police qui s'oriente sur les
frontières.
M. Filion: Je comprends, sauf que si la police du tabac surveille
le tabac qui rentre sur les réserves, ça ressemble un peu au
contrôle indirect d'aller voir où ils ont acheté, puis de
qui ils ont acheté, puis d'aller vérifier des documents sur
place. ces inventaires physiques là, c'est visible?
M. Robert: Oui, notre rôle le plus particulier dans ce
domaine, c'est de couper l'approvisionnement à ceux qui font le commerce
de contrebande à l'intérieur du Québec actuellement, leur
couper l'approvisionnement. On leur coupe l'approvisionnement en
empêchant le tabac de revenir dans la province, puis, pour ça, on
protège le revenu du gouvernement et, plus important que tout ça,
on protège le commerce de ceux qui paient leurs taxes, des
Québécois grossistes qui paient leurs taxes. On protège ce
commerce-là.
M. Filion: Je comprends très bien, mais comment
voulez-vous contrôler, avec 60 personnes, l'entrée routière
qui est à peu près pleine de passoires? Puis c'est prévu.
Il y a un paquet d'endroits où on peut passer de la marchandise, quand
on sait pertinemment que cette marchandise va se retrouver à un endroit
bien précis pour être revendue sur le territoire
québécois. Je ne vois pas comment vous pouvez...
M. Savoie: Oui, c'est ça parce que là, je trouve
que ça tourne en rond un peu.
M. Robert: Naturellement, on pense que c'est mieux de faire
quelque chose que de ne rien faire. Puis je pense qu'on a des bons... À
date, on a des preuves que ça va bien.
M. Filion: Mais vous ne pensez pas que ça serait d'aller
directement sur le territoire, puis de vérifier de fond en comble les
commerces qui sont là?
M. Savoie: Ça ne réglera pas du tout le
problème, parce que ça ne se passe peut-être pas sur la
réserve en tant que telle. Je pense que ça se passe à
l'extérieur, surtout.
M. Filion: Non, mais écoutez, si ça se passe
à l'extérieur de la réserve, c'est encore mieux. On
pourrait tout saisir.
M. Savoie: C'est des gens qui font de la contrebande. On ne parle
pas d'une opération qui amène une apparence de
légitimité. C'est tout à fait le contraire. Ça se
passe le soir dans des entrepôts clandestins établis sur
l'ensemble du territoire. Il n'y a aucun contrôle qui puisse se faire
d'une façon spécifique. C'est des interventions ad hoc qui
doivent se faire et doivent se maintenir.
M. Filion: Écoutez, la marchandise... Vous êtes
capable de faire une piste du suivi de la marchandise quelque part. Ça
ne se peut pas...
M. Savoie: C'est très difficile, parce qu'on joue avec
cinq juridictions, finalement. On est carrément assis sur cinq
juridictions, lorsqu'on pense, par exemple, à Akwesasne. Akwesasne,
c'est une réserve indienne qui est située sur...
M. Filion: Vous n'avez pas la collaboration du
fédéral là-dedans? (11 h 20)
M. Savoie: Écoutez bien. C'est parce que c'est
compliqué. Je vais tâcher tout simplement de... Je comprends que
c'est un...
M. Filion: Dossier important.
M. Savoie: ...dossier complexe, là, à saisir, mais
il faut comprendre que la réserve d'Akwe-sasne est située, est
campée sur une partie du Québec, une partie de l'Ontario et une
partie de l'État de New York. Ce qui divise la réserve, ce sont
des poteaux à l'intérieur de la réserve. Alors, d'un
côté du champ, vous êtes dans l'État de New York.
Vous faites deux petits sauts et là, vous êtes situés au
Québec, et vous prenez un pas à droite et vous êtes
situé en Ontario. Finalement, les juridictions se chevauchent et se
protègent. Le Code criminel...
En 1987, lorsque j'étais aux Affaires autochtones, on faisait
face à des situations sur la réserve... on parle de 10 000
Mohawks. Alors, ce n'est pas une petite réserve. Ils sont aussi nombreux
à Akwesasne que tous les Cris au
Québec, pour vous donner un ordre de grandeur. Il y avait, par
exemple, un cas d'infraction avec armes et avec assaut. On faisait
évidemment - ça se passait au Québec - appel aux forces
policières du Québec. Le type déménageait de
l'autre côté du poteau, où on n'a plus juridiction.
Là, à ce moment-là, il fallait faire appel à la
Sûreté de l'État de New York qui, elle, évidemment,
a ses restrictions quant au niveau de la... On a cherché à
créer une police communautaire, les Peacekeepers, pour intervenir
avec... Tous les problèmes que ça soulève...
Ce que je tâche de vous faire comprendre, c'est que c'est
très complexe. Un carton de cigarettes, qui a été vendu
à un marchand qui circule dans l'État de New York, dans le
coffret d'une voiture, par un Américain, il n'y a pas de crime. Il n'y a
pas de crime à ce moment-là.
M. Filion: Écoutez, M. le ministre...
M. Savoie: Lorsqu'il change, lorsqu'il traverse, et là, je
vous le dis, pour avoir vu ces poteaux-là et y avoir marché, on
parle de grands champs vides avec un poteau ici ou là. Ça,
ça indique qu'on change de juridiction, non seulement du Canada aux
États-Unis, mais également du Québec, de l'Ontario et de
l'État de New York, avec toutes les complications que cela...
M. Filion: Oui. Écoutez... M. Savoie: Juste...
M. Filion: ...m. le ministre, on reconnaît que ie
problème, c'est un problème d'entreprise sur notre territoire
et on essaie de prendre des mesures de contrôle avec une police qui,
à toutes fins pratiques, ne vire nulle part. comment voulez-vous...
M. Savoie: Oui, mais ce n'est pas seulement le Québec,
primo. De toute façon, la contrebande ne se fait pas uniquement au
Québec. Il faudrait bien saisir que ça se fait...
M. Filion: Non, mais...
M. Savoie: ...à travers le Canada et, également, en
Ontario, pour que ça soit bien clair qu'il ne s'agit pas seulement
uniquement de Mohawks, comme autochtones, il s'agit de Blancs, d'Indiens, de
façon générale. On peut parler des Indiens, par exemple,
qui sont près des frontières; on a des difficultés un peu
partout. Évidemment, la concentration se fait à cause de la
situation géographique. C'est une situation géographique
incroyable, incroyable. Lorsqu'on est né à Saint-Régis,
dans la communauté d'Akwesasne, où il y a 4000, 5000 Mohawks, et
que, par la suite, on va aller se servir, par exemple, d'un service social qui
est situé du côté de l'Ontario, du côté
ontarien de la même réserve, je ne sais pas si vous commencez
à voir les complexités juridiques des administrations
là-dedans.
M. Filion: Écoutez, je vais passer la parole au
président pour une couple de questions et je reviendrai, parce qu'il y a
autre chose que je veux qu'on vérifie à ce niveau-là
aussi.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency. Dans un premier temps, j'espère
qu'on aura la politique en matière de gestion des occasionnels d'ici
à 11 h 45.
M. Savoie: On s'en occupe, là, au moment où on se
parle. Je pense qu'il y a quelqu'un qui s'en vient avec le document.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Merci.
M. Savoie: Vous comprendrez qu'on est à la pointe de
Sainte-Foy, là...
Le Président (M. Lemieux): Ah! oui, je connais très
bien.
M. Savoie: ...à environ une vingtaine... une demi-heure
de...
Le Président (M. Lemieux): Je connais très bien
l'endroit. Par le boulevard Champlain, ça doit vous prendre environ
20,25 minutes.
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): J'ai l'impression.
M. Savoie: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Savoie: Si tout va bien.
Garantie de paiement dans le cas d'une contestation de
dette fiscale
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, j'aurais besoin
de votre compréhension et de vos éclaircissements juridiques
relativement à l'article 10 de la Loi sur le ministère du Revenu
de même qu'à l'article 1030 de la Loi sur les impôts et du
règlement sur l'administration fiscale, chapitre M-31. Ces articles
couvrent principalement un contribuable qui demande à une institution
financière une lettre de garantie à la suite de contestation
d'une dette fiscale devant une cour de justice où il est souvent
appelé à débourser un montant plus que substantiel,
lorsqu'il a à renouveler cette garantie après une opposition
à vos services.
Le sens de ma question est le suivant: Lorsque l'article 10 nous dit:
«Un débiteur en vertu d'une loi fiscale ou toute autre
personne
peut offrir, en garantie du paiement de la dette, des
sûretés réelles ou personnelles que le ministre peut
accepter», le «peut» me semble non pas coercitif, il me
semble permissif, il me semble laisser au contribuable une certaine latitude,
à savoir s'il a à débourser ou à offrir une
sûreté réelle ou non.
J'ai pris connaissance de la Loi sur les impôts, chapitre IV,
Paiement sur cotisation, de l'article 1030, où on nous dit: «Tout
contribuable doit, dans les 30 jours qui suivent la date du dépôt
à la poste d'un avis de cotisation, payer au ministre les impôts,
intérêts et pénalités exigibles de lui et encore
impayés, qu'une opposition ou un appel ou qu'un appel sommaire
interjeté en vertu du chapitre IV de la Loi sur le ministère du
Revenu soit en cours ou non à l'égard de la
cotisation.»
Au niveau des garanties de paiement, à la section II, il est dit
qu'aux fins du deuxième alinéa de l'article 10, que je vous ai
cité précédemment, le ministre doit accepter une
sûreté qui lui est offerte en garantie du paiement d'une dette si
cette sûreté est une lettre de garantie visée à
l'article 10R2. Et, à l'article 10R2, on dit: «Une lettre de
garantie offerte au ministre doit: «1° être émise par
une institution bancaire et financière ayant son siège social ou
une place d'affaires au Québec». la question que je vous pose:
l'article 10, est-ce qu'il oblige vraiment le contribuable à avoir
à vous donner une garantie? dans le cas où ce
contribuable-là vous offre une garantie en cas de contestation ou
d'opposition, et si le service lui reconnaît avoir raison, même
s'il doit se rendre jusqu'à la cour du québec, est-ce que le
remboursement de ces frais-là sur ses lettres de garantie... est-ce
qu'ils lui sont remboursés par le ministère? parce que je veux
que vous sachiez bien que, pour un citoyen ou une citoyenne qui fait une
opposition et qui a à verser une lettre de garantie, c'est très
dispendieux. j'ai pris la peine moi-même de vérifier aux
institutions bancaires, et le renouvellement ne se fait pas automatiquement et
gratuitement. ce citoyen-là, qui a un droit qui lui est accordé
par la loi sur le ministère du revenu, vous le forcez à
débourser une somme qui est quand même très
substantielle.
J'ai un cas en main où il est rendu à 800 $ pour obtenir
une lettre de garantie. C'est du net, ça. Vous savez, vous êtes
tous des comptables, au ministère du Revenu, vous avez une idée
de ce qu'il faut pour gagner 800 $. Vous n'êtes pas tous des comptables,
mais il y en a certains, et vous avez une idée de ce qu'il faut pour
gagner 800 $ en net. Alors, chaque année, vous obligez ces
contribuables-là, qui se prévalent d'un droit, à avoir
à vous fournir une lettre de garantie. Je le comprends, mais là,
ma question est la suivante: Est-ce c'est ultra vires, votre article 10?
Première question en droit. Et la deuxième:
Advenant le cas où un contribuable a gain de cause en Cour du
Québec, est-ce qu'il y a un remboursement de ces frais-là qui lui
ont été occasionnés, suite à une demande de lettre
de garantie? C'est le sens de ma question, M. le ministre.
M. Savoie: Je ne sais pas si vous vous rappelez, lorsque nous
avons travaillé ensemble la loi sur la taxe sur le tabac de même
que la loi sur la taxe sur les carburants, à ce moment-là, il y
avait, si ma mémoire est fidèle, à l'article 37... Je n'ai
pas de document. Je vous cite ça de mémoire, mais je ne voudrais
pas... On avait soulevé la question, justement, des sûretés
qui pouvaient être exigées et ça a fait l'objet d'une
très longue discussion qui a duré plusieurs heures, justement. On
avait, à ce moment-là, expliqué en long et en large la
nature du «peut», les balises qui sont impliquées et le
souci qu'on apportait à ce genre d'exercice.
Le Président (M. Lemieux): Quelle est la nature du
«peut», au ministère? Quelle est votre politique, eu
égard à la nature du «peut», au ministère,
à l'article 10?
M. Savoie: Au niveau du «peut»,
spécifiquement, au niveau de l'article 10, je pense que M. Cayer pourra
certainement répondre à votre question. Mais, avant de
céder la parole à M. Cayer, je pense qu'il est important que les
membres de la commission saisissent bien la différence entre un
«peut» et un «doit». Le «peut» n'est pas
discrétionnaire dans le sens de discrétion absolue. Il a des
balises. Je ne sais pas si vous vous rappelez les textes de Me Dussault, dans
ce traité de droit administratif.
Le Président (M. Lemieux): Je me souviens de
«Rédaction et interprétation des lois» de
Louis-Philippe Pigeon.
M. Savoie: Oui, mais là...
Le Président (M. Lemieux): Je fais la distinction entre le
«peut» et le «doit», M. le ministre.
M. Savoie: Oui, mais je pense surtout à M. Dussault, au
niveau de son traité de droit administratif, où il a longuement
élaboré sur la notion du «peut» et du
«doit», qu'il s'est attaqué, là, de façon
très sérieuse, à des balises qui doivent être
ajoutées, les règles de conduite qui en résultaient et que
ça présumait des ensembles de principes de droit qui devaient
être respectés.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais vous faire
remarquer, M. le ministre...
M. Savoie: Dans le...
Le Président (M. Lemieux): ...les lois fiscales, c'est une
interprétation très stricte. Ce n'est pas une loi qu'on doit
interpréter d'une manière... C'est très strict, pour des
cas vraiment particuliers. J'aimerais seulement vous rappeler ça aussi,
dans votre interprétation. En tout cas, je vous écoute.
Allez-y.
M. Savoie: On se pose la question, là. (11 h 30)
Le Président (M. Lemieux): On vous écoute.
Allez-y.
M. Savoie: Je me demande si ce n'est pas autre chose, là.
Il y a, au niveau de l'article 10, comme dans l'ensemble des dispositions au
niveau de la Loi sur le ministère du Revenu, des conditions qui
permettent au ministère d'agir correctement, comme H se doit pour
l'application de sa loi. Spécifiquement, quant aux balises de l'article
10, de la façon dont on évalue, on pourra peut-être tout
d'abord entendre M. Cayer, sous-ministre adjoint au ministère.
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais savoir aussi, M. le
ministre, si vous êtes au courant si, effectivement dans votre gestion
journalière, de facto, comme ça, si, en cas de gain en cour, que
ce soit à la Cour du Québec, H y a un remboursement de ces frais
substantiels qui a été demandé.
M. Savoie: Oui. C'est ça. Bien là, c'est parce que
là, la question se pose au niveau de l'article 10. On va attendre M.
Cayer pour voir ce qu'H va nous répondre et, ensuite, on y reviendra
Le Président (M. Lemieux): D'accord, oui. M. Cayer.
Voulez-vous vous identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats?
M. Cayer (Gabriel): Gabriel Cayer, directeur
général de la perception. Voici comment ça se
déroule et comment le ministère applique la loi et quelle
politique administrative il s'est donnée pour gérer ces
dispositions. D'abord, un contribuable qui reçoit un avis de cotisation
peut le contester par voie d'avis d'opposition et, malgré ce fait, il
doit quand même payer le montant qui lui est réclamé.
Le Président (M. Lemieux): Vous vous fondez sur quel
article, là?
M. Cayer: 10.30.
Le Président (M. Lemieux): L'article 10.30, l'article que
j'ai cité tout à l'heure.
M. Cayer: Qui dit que tout compte doit être payé
dans les 30 jours suivant l'avis de cotisation.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Cayer: Par ailleurs, le contribuable peut choisir,
malgré cette obligation, de ne pas payer son compte s'il est en
opposition et de fournir une sûreté que le ministère est
tenu d'accepter, s'il s'agit d'une lettre de garantie bancaire, d'un titre ou
d'une hypothèque conventionnelle.
Le Président (M. Lemieux): II a l'obligation de fournir
cette sûreté?
M. Cayer: Non.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il a
l'obligation?
M. Cayer: Lui, il a le droit de ne pas payer et de fournir une
sûreté que le ministère est tenu d'accepter, s'il s'agit
d'un titre, d'une lettre de garantie bancaire ou d'une hypothèque
conventionnelle. Dans le cas d'une garantie bancaire, il y a des frais; dans le
cas d'un titre, il n'y a aucuns frais. Le contribuable dépose, par
exemple, dans son institution financière une obligation du Québec
pour et à l'acquis du ministère du Revenu, et ça ne lui
coûte rien. Il a quand même l'obligation sur son titre, dans
l'institution financière de son choix, et il retire même les
intérêts. Il peut aussi fournir encore une autre hypothèque
conventionnelle et, s'il dégage une équité sur l'immeuble
suffisante pour couvrir la dette, le ministère est tenu de
l'accepter.
Par ailleurs, et là, on recoupe l'article 10, le ministère
peut accepter d'autres sûretés et même, dans des
circonstances, ne pas en accepter du tout, ne pas en exiger du tout. Donc, il a
une obligation d'accepter trois sortes et il peut en accepter d'autres. Par
exemple, il peut prendre une hypothèque légale qui ne coûte
rien au contribuable, sauf à sa radiation. Il peut exiger un
cautionnement personnel. Il peut exiger un transport de créances. C'est
lui qui fixe les règles du jeu, et tout ça se retrouve dans un
dépliant qui énonce exactement ce que le ministère doit
faire. Et si, dans certaines circonstances, le contribuable n'est pas en mesure
de garantir la dette, le ministère très souvent prend une entente
conforme à la capacité de payer du débiteur, et ce, tant
que dure le litige.
Le Président (M. Lemieux): Qu'est-ce qui en est des
frais?
M. Cayer: Les frais, à votre dernière question, le
ministère ne rembourse évidemment pas les frais inhérents
à une sûreté, mais il y a des moyens, comme je vous le
disais tantôt, pour qu'il n'y ait pas de frais reliés à
ça.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes conscient que
vous ne donnez pas beaucoup de
marge de manoeuvre à un contribuable. S'il ne paie pas,
obligatoirement, il doit donner une garantie.
M. Cayer: S'il ne paie pas, il doit donner une garantie, mais je
vous ai expliqué qu'il y a des circonstances où elle ne
coûte pas cher.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça arrive
assez souvent qu'il y ait des circonstances? Habituellement, la règle
générale, c'est que vous exigez une garantie?
M. Cayer: La règle générale, c'est que le
contribuable paie ou il offre une sûreté qu'on est tenu d'accepter
et, très souvent, nous prenons une hypothèque légale qui
ne coûte à peu près rien, finalement, sur l'immeuble, la
résidence du débiteur.
Le Président (M. Lemieux): Quand vous dites: Nous
prenons... le ministère...
M. Cayer: Nous prenons, c'est-à-dire qu'on n'a pas besoin
de son acceptation. On l'en informe, c'est tout.
Le Président (M. Lemieux): La règle
générale, est-ce que ce sont des demandes de garantie ou une
lettre de garantie, ou si ce sont des hypothèques légales que
vous prenez?
M. Cayer: C'est des hypothèques légales qui sont
une forme de garantie et qui ne coûtent, finalement, au contribuable, que
la radiation, soit 75 $.
Le Président (M. Lemieux): Règle
générale, vous avisez les contribuables. Vous avez un
dépliant où vous avisez les contribuables des différentes
possibilités qui s'offrent à eux.
M. Cayer: C'est exact.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Montmorency.
M. Filion: Oui. J'aimerais savoir, M. le Président,
à combien on évalue l'économie au noir dans la
construction, au ministère du Revenu? À combien on évalue
les transactions qui, à toutes fins pratiques, ne sont pas
repérées, ni vérifiées, ni cotisées?
M. Savoie: Je pense qu'il faudrait s'entendre d'abord sur le
vocabulaire, pour être certains qu'on parle de la même chose. Ce
que j'ai appris comme vous, c'est que le marché au noir,
l'économie au noir, ce sont finalement des termes qui sont suffisamment
imprécis. On parle surtout d'économie souterraine.
M. Filion: Souterraine.
M. Savoie: Je pense que ça, c'est important parce que
l'économie souterraine, ça présuppose une activité
légale, dans le sens qu'on ne parle ni de prostitution, ni, par exemple,
de drogue, ni d'acte illégal.
M. Filion: Que l'opération soit légale ou
illégale, on ne paie pas d'impôt.
M. Savoie: C'est ça. C'est finalement ce que vous appelez
le marché au noir.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Lorsqu'on parle des activités au niveau de la
construction, on parle d'une économie souterraine. Donc, ce sont des
opérations légales. En 1986...
M. Filion: Mais il y a des opérations illégales
aussi dans la construction.
M. Savoie: Oui. Mais ça, on ne les touche pas dans ces
opérations-ci. On parle d'activités qui excluent...
M. Filion: Légales.
M. Savoie: ...la prostitution, la drogue, des choses comme
ça. Au niveau de l'économie souterraine, il y a eu une
étude qui a été préparée en 1986-1987 et qui
est arrivée à des chiffres qui sont très difficiles
à évaluer. Si ma mémoire est fidèle, au niveau de
cette étude - et j'ai eu l'occasion d'examiner et de lire - on parlait,
à ce moment-là, au niveau de l'économie souterraine,
c'est-à-dire de l'ensemble de l'activité, de 800 000 000 $.
M. Filion: Dans la construction?
M. Savoie: Oui. Et ça, on vous parle d'un moment
précis, en 1986-1987. Je vous dis ça sous réserve parce
que c'est de mémoire. Je n'ai pas de document ou de rapport devant moi,
et on parle quand même d'une lecture qui date de plus de 20 mois,
là. Alors, ça vous donne...
M. Filion: C'est les seuls chiffres que vous avez.
M. Savoie: Et ça nous donne une indication. Ce que le
rapport indiquait, et c'est ça que je trouve plus intéressant,
c'est que c'est assez difficile à évaluer, d'une part, d'une
façon précise. Deuxièmement, c'est que ce n'est pas aussi
substantiel qu'on pourrait le croire, suite à la lecture des articles
qui circulent actuellement. Troisièmement, c'est qu'il y a des
interventions dans ce secteur-là pour rétrécir les
activités, interventions qui se font d'une façon de plus en plus
constante, et on devrait voir une accélération au cours des
prochaines années pour empê-
cher justement son développement. Peut-être,
quatrièmement, vous me permettrez d'ajouter que nous croyons, nous avons
la croyance qu'effectivement la mise en place de la TVQ et de la TPS va
réduire ces activités-là à cause du
bénéfice que procurent les intrants.
Dossier du vidéo-poker
M. Filion: Toujours dans l'économie souterraine, comme
vous dites si bien, concernant l'amusement, le vidéo-poker, à
combien vous l'estimez, le marché ou l'économie souterraine?
M. Savoie: Je n'ai pas vu d'évaluation. Je crois,
là, qu'on n'est pas vraiment au niveau de l'économie
souterraine.
M. Fiiion: Là, vous êtes dans l'économie au
noir?
M. Savoie: Oui. Je pense que ce sont des activités d'ordre
illégal.
M. Filion: Illégal.
M. Savoie: Oui, et c'est une autre opération. Je pense que
ce à quoi vous faites référence, c'est, finalement, ces
machines de vidéo-poker qui opèrent et qui paient des prix qui
sont considérables, et qui sont utilisées pour des fins autres
que d'amusement.
M. Fiiion: Et ça, vous l'évaluez à combien,
de l'intérieur?
M. Savoie: Ça, c'est très difficile à
évaluer. Je n'ai pas vu de statistiques spécifiques sur
l'évaluation.
M. Filion: Vous n'avez aucun rapport sur ça?
M. Savoie: Pardon?
M. Fiiion: Vous n'avez jamais vu de rapport sur ça?
M. Savoie: C'est-à-dire que je n'ai pas vu de
données qui répondent à votre question, mais j'ai
déjà vu des rapports. Je me suis déjà enquis, j'ai
déjà visité ces machines-là, j'ai jasé avec
des propriétaires pour voir le fonctionnement, comment ça
fonctionnait lorsque c'était tard le soir, qui en étaient les
utilisateurs. Il y a eu une enquête en bonne et due forme faite au niveau
de ces machines-là. C'est un dossier qui nous préoccupe depuis
fort longtemps.
M. Fiiion: La Sécurité publique ne vous a jamais
fourni d'informations dans ce sens-là?
M. Savoie: C'est-à-dire que même la Sécu-
rité publique, à ma connaissance, n'a pas de données
précises. On a peut-être évalué ce qu'on appelle un
«ballpark figure», mais, à ma connaissance, il n'existe pas
de données spécifiques.
M. Fiiion: Vous deviez prendre une décision dans ce
dossier-là qui, maintenant... ça fait déjà un mois
qu'on devrait savoir où on s'en va. Est-ce que vous avez une meilleure
idée aujourd'hui de quelle tendance va prendre le vidéo-poker au
Québec?
M. Savoie: Oui. Effectivement, on a une bonne orientation. La
décision est imminente, comme vous le savez, et pourrait se jouer au
Conseil des ministres cet après-midi.
M. Fiiion: Cet après-midi?
M. Savoie: Oui, c'est ça. Une orientation pourrait
être donnée.
M. Fiiion: Très bientôt. M. Savoie: Oui.
M. Filion: J'aimerais poser quelques questions au niveau de la
Régie des loteries. Comment ça opère, la Régie des
loteries, sur le plan de la vérification de ce genre de commerces avec
les permis qui ont été émis? (11 h 40)
M. Savoie: Au niveau de la Régie, il y a des inspecteurs.
Ces inspecteurs-là font le tour. Dans le rapport de présentation
que je vous ai fait, on a parlé d'enquêtes qui ont eu lieu au
cours de l'année 1991-1992. On dit que les enquêteurs de la
Régie des loteries ont complété quelque 220
enquêtes, en 1991-1992, portant sur des présumées
infractions, des présumées fraudes, des erreurs commises par des
détenteurs de licence ou autres organisateurs.
M. Fiiion: En 1991-1992. M. Savoie: Oui. C'est
ça.
M. Fiiion: Ces enquêtes-là ont résulté
en combien de pénalités ou d'argent additionnel ou de fraudes, ou
de...
M. Savoie: II faudrait peut-être demander au
président de la Régie, M. Savard, de répondre.
M. Savard (Marcel): Marcel Savard, président de la
Régie. Ces enquêtes-là ont permis d'augmenter
considérablement les revenus de la Régie, de 1988 à 1989,
de 12 000 000 $ dans les appareils d'amusement... Excusez-moi. De 6 000 000 $
à 12 000 000 $.
M. Savoie: Au niveau des enquêtes, les 220 plaintes... les
220 enquêtes...
M. Filion: Vérifications.
M. Savoie: ...ont donné lieu à quelle sorte
de...
M. Savard: II y a cinq enquêteurs qui se promènent
un peu partout dans les arcades, dans les bars et qui voient à ce que
les appareils d'amusement, ce qu'on appelle le vidéo-poker, soient munis
de vignettes qu'ils paient 750 $, des vignettes d'appareils, des appareils de
type A, comme on les appelle, qui coûtent 750 $.
M. Filion: Vous avez cinq vérificateurs pour faire combien
d'établissements dans une année? Combien vous avez
d'établissements à vérifier à travers le
Québec?
M. Savard: II n'y a pas de nombre. On ne connaît pas le
nombre d'établissements, mais il y en a beaucoup.
M. Filion: Est-ce que vous croyez que c'est suffisant? On dit
qu'il y a 20 000 machines qui n'ont jamais été
enregistrées.
M. Savard: non, il n'y a pas 20 000 machines qui n'ont jamais
été enregistrées. il n'y avait peut-être que 25 %
des appareils qui étaient enregistrés, il y a cinq ans, et,
aujourd'hui, on prétend que, jusqu'à ce qu'on cesse
d'émettre des vignettes, il y avait peut-être 75 % des appareils
qui étaient vignettes.
M. Filion: II restait 25 %...
M. Savard: Oui.
M. Filion: ...qui ne l'étaient pas.
M. Savard: Qui ne l'étaient pas, pour lesquels on...
M. Filion: Ce qui veut dire combien de machines à peu
près?
M. Savard: Bien, 5000.
M. Filion: Pas plus de 5000?
M. Savard: Pas plus de 5000.
M. Filion: Alors, il y a de la fausse information qui circule
parce qu'on parle de 10 000, même de 20 000 machines qui...
M. Savard: actuellement, oui, parce que, depuis le mois
d'octobre, la régie n'émet plus de vignettes, depuis le jugement
de la cour suprême.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Montmorency. Est-ce que c'est la politique en
matière de gestion du personnel qui...
M. Savoie: Oui, c'est ça.
Le Président (m. lemieux): alors, est-ce qu'il serait
possible d'en autoriser le dépôt immédiatement pour que
j'aie au moins 5 minutes pour en prendre connaissance?
M. Savoie: Oui, oui. Certainement! On va la déposer.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'en autorise...
M. Filion: Ces vignettes que vous... Le Président (M.
Lemieux): ...le dépôt.
M. Filion: On sait qu'il y a toujours un débat
légal qui suit tout ça. Actuellement, comment est-ce que
ça fonctionne? Est-ce que vous saisissez à vue les machines?
M. Savard: On a saisi à vue les machines jusqu'au 31
octobre 1991.
M. Filion: Pour l'instant, vous tolérez, quoi,
jusqu'à ce que le problème juridique soit éclair-ci?
M. Savard: Exactement.
M. Filion: Parce qu'il semble qu'il y ait confusion, là.
Ce n'est pas tout à fait clair que ce soit illégal.
M. Savard: Actuellement, on a avisé les détenteurs
de permis d'appareils que nous remboursions, jusqu'à un maximum de six
mois, les vignettes de 750 $, de retourner les vignettes, et nous les
remboursons.
M. Filion: O.K. Mais je veux dire, sur le plan de la
légalité, on ne le sait plus. Il y a eu un jugement récent
à l'effet qu'une machine a été saisie et purs, bon, il y a
eu gain de cause, et on ne sait pas...
M. Savoie: Ce n'est pas la même chose, ça. C'est
d'autres circonstances. Il faut bien comprendre qu'un ne porte pas sur
l'autre.
M. Filion: Au moment où on se parle, est-ce que les gens
qui opèrent, c'est toujours illégal dans votre esprit?
M. Savoie: C'est-à-dire qu'actuellement les gens, qui
opèrent, opèrent en vertu d'un permis qui a été
émis avant le mois d'octobre, qui a toujours cours, qui ne sera pas
renouvelé, et il y a actuellement une espèce de tolérance
donnée
en attendant que le permis expire.
M. Filion: Et vous allez décider ce que vous allez faire
avec ça cet après-midi.
M. Savoie: C'est ça. Oui, c'est ça.
M. Filion: alors, 500 000 000 $ ou 600 000 000 $, est-ce que
c'est raisonnable de penser qu'à travers les
non-étiquetées ou les machines...
M. Savard: II n'y a jamais eu d'étude de faite par la
Régie, et je n'ai pas connaissance que la SQ ou la
Sécurité publique ait fait d'étude exhaustive.
M. Filion: Dans ce sens-là.
M. Savard: On lance un chiffre de 300 000 000 $, 350 000 000 $,
jusqu'à 500 000 000 $.
M. Filion: Est-ce que la Sécurité publique est
toujours contre qu'on légalise ce genre de commerce là?
M. Savoie: La Sécurité publique,
c'est-à-dire à la Sûreté du Québec, a des
préoccupations au niveau de ces appareils.
M. Filion: Mais est-ce qu'ils sont toujours contre dans leur
positionnement face à l'étude du dossier global?
M. Savoie: II faut bien s'entendre. Ils ne sont pas contre les
machines. Ils ont des préoccupations quant à l'utilisation qu'on
fait de ces machines-là et à leur utilisation, surtout par le
monde interlope. Les préoccupations sont vives et elles sont
présentes.
M. Filion: J'aimerais savoir... Ça va, M. Savard. J'aurais
une autre question, ici, qui s'adresse au ministre, bien sûr. C'est
concernant la TVQ et l'exemption de certains praticiens. J'aimerais savoir si
les psychothérapeutes vont pouvoir bénéficier de
l'exemption. Actuellement, à l'Association des thérapeutes
conjugaux et familiaux du Québec, ils se voient
«préjudiciés». lis ont l'impression de ne pas
être reconnus au niveau du Code des professions comme étant une
profession de la santé qui devrait être exempte des services...
comme étant un service exempt de la TVQ.
M. Savoie: Mais de qui parlez-vous exactement?
M. Filion: De l'Association des thérapeutes conjugaux et
familiaux du Québec.
M. Savoie: L'Association des thérapeutes, et qui n'est pas
reconnue, ni par le ministère du revenu du québec, ni par
l'office des professions du québec, ni par le ministère du revenu
à ottawa.
M. Filion: C'est-à-dire que c'est ça. M. Savoie:
C'est ça.
M. Filion: C'est que vous ne les avez pas exclus ou inclus dans
les services exonérés.
M. Savoie: C'est ça, oui.
M. Filion: alors, la question qui se pose, actuellement, et qui
fait des tollés: pourquoi leur corporation professionnelle, qui est une
corporation professionnelle de la santé... d'ailleurs, les psychologues
sont exemptés.
M. Savoie: Est-ce qu'ils sont une corporation professionnelle de
la santé, eux?
M. Filion: Écoutez, je pense que vous devriez être
en mesure de me répondre à ça. C'est vous qui êtes
le ministre responsable des corporations professionnelles.
M. Savoie: Bien, c'est parce que, tantôt, vous m'avez dit
non, puis moi...
M. Filion: Si j'ai une association de personnes
thérapeutes.
M. Savoie: Cette association-là, à ma connaissance,
évidemment, n'a pas de statut. Il n'y a pas de demande actuellement sous
traitement, sauf le principe général des médecines douces
qui est actuellement sous étude au niveau de l'Office des professions.
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce qui est reconnu par le
ministère du Revenu est beaucoup plus large que, par exemple, ce qui est
reconnu en vertu du Code des professions du Québec. Il y a des
autorisations qui se sont données comme non sujettes à la taxe de
vente du Québec, qui ne sont pas partie de l'Office des professions du
Québec. En conséquence, ce n'est pas un critère absolu,
mais je voulais tout simplement rendre leur statut clair.
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Ils ne font pas partie de l'Office des professions,
c'est-à-dire qu'Hs ne sont pas sujets au Code des professions du
Québec. Ils ne sont pas reconnus par le ministère du Revenu du
Québec et ils ne sont pas reconnus par le ministère du Revenu du
Canada. Là, ces gens-là vous font une demande pour se faire
reconnaître. Est-ce ça?
M. Filion: Non. Ces gens-là demandent,
actuellement, d'être considérés comme des
professionnels de la santé et, à ce titre-là, qu'il soit
prévu qu'ils soient inscrits dans la loi.
M. Savoie: II faudrait qu'ils s'adressent...
M. Filion: maintenant, ma question est la suivante: est-ce que
vous avez l'intention de reconnaître cette association comme étant
des gens qui rendent des services dans le domaine de la santé?
M. Savoie: Actuellement, ils ont communiqué avec nous, ils
nous ont écrit. Je n'ai pas la lettre devant moi et je n'ai pas de note.
Est-ce que vous avez une date sur la lettre que vous avez devant vous?
M. Filion: Bien, moi, j'ai une date qui est le 24 mars où
ça a été reçu.
M. Savoie: Le 24 mars. Bien, vous comprendrez que, du 24 mars au
15 avril, pour examiner un dossier de cette nature-là et y donner une
réponse, on va prendre un petit peu plus de temps que ça.
M. Fiiion: Mais il y a une lettre qui vous a été
adressée à vous le 21 février.
M. Savoie: Oui, c'est ça, oui. Ça donne une
idée, là, du moment d'intervention. Il y en a d'autres qui sont
des corporations professionnelles reconnues, qui sont, justement, par exemple,
sur la ligne en ce qui concerne une reconnaissance qui leur permet d'être
exclues de la taxe de vente, avec lesquelles nous avons échangé.
Maintenant, ces thérapeutes conjugaux, c'est ça...
M. Filion: Thérapeutes conjugaux et familiaux du
Québec.
M. Savoie: ...et familiaux du Québec, évidemment,
leur demande sera traitée et ils auront une réponse en bonne et
due forme.
M. Filion: Doivent-ils s'attendre à une réponse
avec le budget du Québec ou si ça devient une décision
interne, chez vous? (11 h 50)
M. Savoie: Non. Je ne crois pas que ça fasse une
intervention de la part du ministre des Finances à ce moment-ci. Je
pense qu'on va tout simplement avoir un examen du dossier, et une
réponse leur sera communiquée lorsque nous aurons l'ensemble des
éléments de la réponse.
M. Filion: Ça fait partie de votre comité des
plaintes qui va recommander au ministre des Finances, ou si c'est vous qui
allez décider de donner un changement technique à la loi?
M. Savoie: Non, je ne crois pas, non. Le comité des
plaintes est... Là, il ne s'agit pas d'une plainte. Il s'agit d'une
demande d'inclusion dans une liste qui donne accès à une
déduction au niveau de la taxe de vente. Alors, il y a un traitement
à côté actuellement. Ce n'est pas au niveau du
comité des plaintes que ce sera analysé.
M. Filion: Mais vous serez en mesure très bientôt de
répondre à cette demande-là.
M. Savoie: Oui. J'imagine, oui, qu'on sera en mesure, dans un
temps relativement court, de vous donner une réponse à
ça.
M. Filion: Rapidement. Oui, ce ne sera pas très long. Les
formulaires d'impôt...
M. Savoie: Ah! Ah! On est sur la glace mince, M. le
député.
M. Filion: Pas du tout.
M. Savoie: Oh oui!
M. Filion: Pas du tout.
M. Savoie: Ça nous fera plaisir. Allez-y.
M. Filion: Mais vu que ça peut être un petit peu
plus long et que mon collègue veut poser une question, je vais lui
laisser poser la question et je reviendrai après.
M. Savoie: Ah! oui? À quelle heure on termine nos...
M. Filion: Midi.
Le Président (M. Lemieux): À midi. M. Savoie:
À midi. Donc, dans 10 minutes.
Politique d'embauché des occasionnels
(suite)
Le Président (M. Lemieux): je vais être assez
rapide, moi. alors, m. le ministre, on m'a remis votre manuel de gestion des
ressources humaines, la gestion, les emplois et les occasionnels.
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): On nous indique quelles sont
les conditions pour qu'un employé occasionnel soit engagé et
à quelles conditions ces demandes-là seront acceptables. Si on
regarde la page 2 de votre manuel de gestion, on nous dit ceci. On nous donne
une analyse de la demande et l'application des divers modes de notation pour
combler un emploi occasionnel, selon un ordre de priorités qui est ici
déterminé: banque ministérielle, fichier
ministériel, liste de
rappel ministérielle, liste de rappel interministérielle
et le fichier ministériel comme tel. Vous nous avez fait état,
hier, qu'il y avait effectivement des gens qui avaient appliqué au
ministère du Revenu.
Vous nous avez fait état qu'il y avait plusieurs milliers de
personnes sur ces listes-là. Ma question est simple et est la suivante:
Pouvez-vous indiquer à quel endroit, à l'intérieur de ce
manuel de gestion des ressources humaines, il est indiqué qu'il vous est
permis ou qu'il est permis à votre service de faire de la sollicitation
pour remplir vos listes, et ça, de façon personnalisée? Je
ne le vois pas.
M. Savoie: Parce que, là, vous faites
référence à la police du tabac toujours, hein? C'est
ça?
Le Président (M. Lemieux): Je fais toujours
référence à la police du tabac, à la façon
dont vous avez comblé vos emplois.
M. Savoie: Alors, on vous avait expliqué, hier, qu'il y
avait eu urgence et, à cause de cette...
Le President (M. Lemieux): J'ai...
M. Savoie: Non, non, mais c'est parce que je cherche à
répondre à votre question.
Le Président (M. Lemieux): J'ai compris qu'il y avait eu
urgence.
M. Savoie: Oui, mais H faudrait écouter la réponse.
C'est que, compte tenu de l'état de l'urgence et compte tenu du fait que
ce n'est pas un précédent du tout, ce qui s'est passé, ce
n'est pas une anomalie et ce n'est certainement pas amoral, ce que nous avons
fait, c'est que, compte tenu des circonstances, nous avons dû agir d'une
façon rapide et efficace, compte tenu, justement, du
développement, dans un très court laps de temps, du
développement exponentiel de ce trafic-là et de l'attention que
ça obtenait de la part du public.
Alors, ça nous a forcés, on a été
obligés de faire cette intervention-là en respectant,
évidemment, les principes du gouvernement.
Le Président (M. Lemieux): Je vous demande où, dans
votre manuel de gestion des ressources humaines de votre ministère,
à quel endroit... Je ne veux que le voir, le lire pour le
comprendre.
M. Savoie: Oui. Là-dessus, je vais céder la parole
à M. Michel Vaillancourt, sous-ministre adjoint aux ressources
humaines.
Le Président (M. Lemieux): J'ai compris le fait que
c'étaient des emplois qui étaient très particuliers. Je
n'ai pas vu exactement l'addenda de ces emplois-là ni la
détermination des conditions d'attribution, des conditions d'admission
de ces emplois-là. Je suis conscient de tout ça, du
caractère d'urgence. Je veux simplement que vous m'indiquiez, pour
comprendre, pour ma curiosité intellectuelle, où est-ce que vous
situez ça dans votre manuel de gestion des ressources humaines.
M. Vaillancourt: Bon. Pour répondre à votre
question, quand on reçoit une demande, on y répond de la
façon qui est indiquée là, soit par le recours aux banques
ministérielles de surplus, ceux qui sont sur des listes de rappel, ceux
qui sont sur des listes de rappel ministérielles ou
interministérielles, et ensuite par le biais du fichier
ministériel. Cette commande-là ne se situait évidemment
pas dans le cadre de gens qui sont appelés d'année en
année à exercer maintes fonctions. Donc, ils n'étaient pas
inscrits sur des listes d'appel.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez des
professionnels inscrits sur ces listes de rappel?
M. Vaillancourt: Oui. Il y a certaines fonctions...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez
vérifié...
M. Vaillancourt: ...qui reviennent d'année en
année. Attendez un petit peu.
Le Président (M. Lemieux): ...leur expérience.
M. Vaillancourt: Attendez un petit peu. Comme ils
n'étaient pas... Ce sont des gens qui étaient inscrits comme
enquêteurs en matière frauduleuse. C'est un corps d'emploi dans
l'ensemble de la classification de la fonction publique. Il n'y avait pas de
listes de rappel chez nous et, à ce moment-là, on fait appel, tel
qu'indiqué dans le livre de procédure, au fichier
ministériel. Le fichier ministériel qui comprend, comme je vous
l'ai dit hier, à peu près 16 000 candidatures au ministère
du Revenu...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Vaillancourt: ...comprenait, dans ce corps d'emploi là,
15 noms. Ces noms-là ont été aussi
référés, conformément à ça, au
directeur concerné à la vérification, qui a fait
l'adéquation qu'y pouvait faire entre ces 15 candidatures et le profil
des postes qu'il avait à combler. À ma connaissance, il a retenu
3 ou 4 de ces candidatures-là sur un total de postes à combler de
60, d'où la nécessité de procéder à d'autres
modes de dotation pour convenir de répondre, de façon la plus
urgente possible, aux réquisitions qui nous étaient faites. C'est
à ce moment-là que,
compte tenu du profil spécifique de l'emploi à combler, il
est apparu plus simple de faire appel aux procédures que vous
connaissez.
Le Président (M. Lemieux): Ça vous est apparu plus
simple?
M. Vaillancourt: Plus simple et plus rapide. Le
Président (M. Lemieux): Plus rapide...
M. Vaillancourt: parce que, autrement, m. le
député, on a l'expérience, au ministère du revenu,
d'appel de candidatures dans certaines régions où, facilement, on
se ramasse avec 6000 ou 7000 candidats. c'est évidemment
difficile...
Le Président (M. Lemieux): Mais, monsieur...
M. Vaillancourt: ...compte tenu aussi des délais
importants que cause une procédure d'appel au public en termes
d'affichage, en termes de justice à apporter à tout le monde.
Quand on procède de cette façon-là, il faut
procéder à des procédures d'enquête,
d'établissement de questionnaires d'emploi, de description, etc., bon,
tout le processus.
Le Président (M. Lemieux): Je suis conscient de ça,
M. le directeur du personnel, des délais et puis... Mais ce dont je vous
faisais état hier, c'est que, lorsqu'on fait des lois, on se donne des
normes, on se donne des critères, on se donne une façon
d'opérer et, ce qui m'inquiète dans tout ça, c'est que
certaines personnes aient pu... Êtes-vous en mesure, ici, aujourd'hui, de
m'affirmer qu'aucune de ces personnes-là, après l'analyse du
dossier et des expériences, n'était en mesure de combler
peut-être un de ces emplois-là? Si vous êtes en mesure de
m'affirmer ça aujourd'hui que, vraiment, aucune de ces
personnes-là qui étaient à vos fichiers, eu égard
à votre mode de dotation que vous-mêmes vous êtes
donné, ne pouvait être admissible à ce concours-là,
ça va.
M. Vaillancourt: Là, vous faites référence,
M. le député, à un autre type de problématique qui
n'est pas celle décrite dans ça. Ça, c'est un manuel de
gestion à partir des candidatures reçues.
Le Président (M. Lemieux): D'accord.
M. Vaillancourt: Vous faites probablement, là, allusion
à la politique d'inscription à des emplois occasionnels, qui est
une politique gouvernementale générale où il y a un guide
d'emploi à la disposition du public. Les gens prennent connaissance de
ces guides-là et font application pour un poste d'employé
occasionnel. Au ministère du Revenu, on indique, à ce
moment-là, qu'ils inscrivent leur curriculum vitae, etc., leurs
préférences pour l'ensemble des corps d'emploi qu'on utilise le
plus fréquemment au ministère du Revenu: auxiliaire de bureau,
agent de bureau, technicien, etc.
Le Président (M. Lemieux): Peut-être dans ce corps
d'emploi là aussi.
M. Vaillancourt: ...types de professionnel. Et les gens, il leur
est indiqué, à ce moment-là, qu'on retiendra - je ne me
rappelle plus si c'est eux qui l'inscrivent - leur inscription pour trois corps
d'emploi et lesquels sont les plus fréquemment utilisés. Or,
c'est de là que vient le très petit nombre de candidats inscrits
comme inspecteurs en matière frauduleuse.
Le Président (M. Lemieux): Et sur lesquels...
M. Vaillancourt: C'est assez rare qu'on fasse application dans
ces matières-là et que les gens veuillent que leur candidature
soit retenue à ce titre.
Le Président (M. Lemieux): Sur les 15, il n'y en avait que
3?
M. Vaillancourt: Je ne dis pas qu'il n'y en aurait pas
possiblement d'autres.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'ils ont passé
des entrevues?
M. Vaillancourt: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Ils ont passé des
entrevues...
M. Vaillancourt: Je ne voudrais pas vous induire en erreur,
mais...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Vaillancourt: ...je sais que les 15 dossiers qu'on avait
à notre disposition ont été transmis au secteur
concerné pour analyse. Je ne sais pas, là, s'il y a des
critères spécifiques à l'emploi requis qui ont fait qu'un
certain nombre a été rejeté ou, par suite d'entrevues...
Je ne pourrais pas vous le dire.
Le Président (M. Lemieux): J'aurais été
intéressé de savoir ça. Ça va pour le moment. On
aura l'occasion de revenir dans l'avenir sur ce dossier-là. On doit
malheureusement adopter les crédits. Allez-y, M. le député
de Montmorency, il nous reste...
M. Filion: Rapidement, j'aimerais juste savoir, parce que la
question est courte: Quand allez-vous déposer votre fameux rapport sur
la police du tabac? Vous deviez le déposer pour le
31 mars. Vous aviez dit 90 jours?
M. Savoie; Non, non. Je n'ai pas dit le 31 mars. J'ai fait la
conférence de presse le 16 ou le 17 janvier.
M. Filion: Vous aviez dit 90 jours. (12 heures)
M. Savoie: Et j'avais dit trois mois plus tard que je rendrais
cette politique publique et, à ce moment-là, ça nous
amenait dans ces jours-ci, vers Pâques. Ce qui a été
convenu, c'est...
Le Président (M. Lemieux): Dans deux minutes, vos
crédits ne seront pas adoptés, M. le ministre. Alors, je vais les
adopter tout de suite.
M. Savoie: Oui, je veux tout simplement terminer ma
réponse.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, j'ai deux minutes.
Alors, moi, je ne prends pas le risque. Je suis obligé de vous
interrompre. Je fais adopter les crédits et vous reviendrez. Est-ce que
les crédits du programme 1, Administration fiscale, sont
adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les crédits
du programme 2, Aide aux parents pour leurs revenus de travail, sont
adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les crédits
du programme 3, Contrôle des jeux de hasard, sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'ensemble des
crédits budgétaires du ministère du Revenu pour
l'année financière 1992-1993 sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (m. lemieux): adopté. alors, vos
crédits sont adoptés. pour plus de sûreté,
maintenant, vous pouvez continuer, m. le ministre.
M. Filion: m. le président, je voudrais juste
déposer, ici... il y a des questions qu'on avait posées
auxquelles on n'avait pas eu de réponse. j'aimerais...
M. Savoie: M. Beaulieu m'avait indiqué justement qu'il
avait une réponse à votre question. Peut-être que M.
Beaulieu pourrait donner votre réponse.
M. Filion: non. c'est une liste de questions qu'on avait
posées. j'aimerais déposer la liste des questions auxquelles on
n'avait pas eu de réponse, pour qu'on puisse être certains que
vous ne l'oublirez pas.
M. Savoie: Correspondance, là. C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous allons vous la
transmettre. J'autorise le dépôt et nous allons vous la
transmettre.
M. Savoie: M. Beaulieu avait un complément de
réponse, si ça peut vous intéresser.
M. Beaulieu: Sur le crédit de taxe à la
consommation.
M. Filion: Oui, oui.
M. Beaulieu: Jean-Paul Beaulieu. Selon le discours sur le budget
du 2 mai...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît.
M. Beaulieu:... du 2 mai 1991, le ministère des Finances a
établi le crédit de taxe à la consommation à 151
000 000 $ pour une pleine année, c'est-à-dire pour l'année
1991, plus environ 54 000 000 $ d'ajustement aux prestations des programmes
d'aide sociale. Donc, c'est autour de 200 000 000 $. Vous avez noté,
tout à l'heure, près de 230 000 000 $ de hausse au niveau de la
taxe, au niveau des vêtements et des chaussures. Il faut se rappeler
qu'il s'agit de la hausse de taxes pour l'ensemble des contribuables. Il y en a
plusieurs dans cette catégorie-là qui ne sont pas des gens
à faibles revenus.
Il y a aussi une note dans le tableau du ministère des Finances
qui a la baisse au niveau de la taxation, où le niveau global est de 239
000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la commission ayant
terminé ses travaux, nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 12 h 1)
(Quinze heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Secteur marché financier
La commission du budget et de l'administration est réunie cet
après-midi afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires des programmes 6 et 7 du ministère des
Finances pour l'année financière 1992-1993. Permettez-moi de vous
rappeler l'enveloppe de temps allouée à l'étude de ces
crédits. Il s'agit d'une période de quatre heures qui a
été allouée pour l'étude des programmes 6 et 7 du
ministère des Finances. C'est donc dire qu'on devrait terminer vers 19 h
30 environ.
J'aimerais demander aux membres qu'ils puissent nous préciser le
mode d'étude des crédits, c'est-à-dire est-ce qu'ils
préfèrent faire l'étude programme par programme selon
l'ordre du livre des crédits ou si vous préférez une
discussion d'ordre général avec vote des crédits à
la fin? M. le député de Gouin.
M. Boisclair: Je préférerais, comme on l'a fait
l'an dernier, M. le Président, avec le consentement de la ministre, que
l'on fasse une discussion générale et qu'on se réserve
cinq minutes pour adopter les crédits dans leur ensemble à la fin
de la discussion.
Le Président (M. Lemieux): Je tiens tout de même
à préciser que, quelle que soit l'évolution de nos travaux
je vous avise que, 10 minutes avant la fin de la séance, soit à
19 h 20 environ, je procéderai à la mise aux voix des deux
programmes. Dans un premier temps maintenant, vous me permettrez de demander
à Mme la ministre si elle peut nous faire une déclaration
d'ouverture ou des remarques préliminaires. Il en sera de même du
responsable, du porte-parole officiel de l'Opposition et, si c'est le cas, pour
un député ministériel. Mme la ministre, nous vous
écoutons pour une période de 20 minutes, eu égard à
vos remarques préliminaires ou déclarations d'ouverture.
Remarques préliminaires Mme Louise
Robic
Mme Robic: Oui. Je vous remercie, M. le Président. Avant
de débuter, j'aimerais vous présenter les gens qui m'accompagnent
aujourd'hui. À mon extrême gauche, Jean Martel, qui est le
sous-ministre au ministère des Finances; j'ai également Alfred
Pilon, qui est mon directeur de cabinet, et, à ma droite, j'ai M. Paul
Fortugno, qui est le président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec et...
Une voix: Jacques Labelle.
Mme Robic: ...M. Labelle - je m'excuse, M. Labelle, j'ai eu un
blanc de mémoire - qui est également à la Commission des
valeurs mobilières du Québec.
Le Président (M. Lemieux): Je crois que vous cachez votre
surintendant du courtage immobilier en arrière.
Mme Robic: Mon surintendant... C'est ça, M. le
Président. Ils sont tous là.
Alors, M. le Président, pour une troisième année,
il m'est agréable de procéder, en compagnie des membres de cette
commission, à l'étude de certains crédits 1992-1993 du
ministère des Finances et qui concernent les organismes et directions
relevant de ma compétence. Il s'agit, plus particulièrement, de
l'analyse des crédits de l'Inspecteur général des
institutions financières et de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, soit les enveloppes budgétaires
prévues aux programmes 6 et 7 du ministère des Finances.
Il faut cependant préciser que le programme 5 du ministère
des Finances inclut certains crédits affectés au sous-ministre
adjoint aux politiques, institutions financières, et à la
direction des politiques dont il est responsable, et au Service du courtage
immobilier dont la responsabilité m'a été confiée
au mois de juin 1990. Ces crédits seront toutefois soumis à
l'examen de cette commission dans le cadre de l'étude des crédits
du ministère lui-même. C'est pourquoi je n'entends pas m'y
attarder, sauf pour compléter, au besoin, les réponses qui ont
été soumises à l'Opposition officielle et qui s'y
rapportent.
Comme à l'habitude, M. le Président, je dresserai un bref
état du mandat des autorités administratives dont les budgets de
fonctionnement nous sont soumis pour étude aujourd'hui. Et, par la
suite, avec les hauts fonctionnaires responsables des organismes
étudiés, nous mettrons en lumière certains
éléments significatifs des crédits budgétaires dont
leur organisme a été pourvu.
Comme je l'ai indiqué précédemment, le budget du
bureau de l'Inspecteur général des institutions
financières est prévu au programme 6 du ministère des
Finances. L'inspecteur général a pour principale mission
d'assurer la surveillance et le contrôle des institutions
financières québé-
coises et des intermédiaires de marché. Son action, qui se
situé principalement au plan de l'application des lois, couvre
essentiellement quatre grands secteurs: les assurances, les
intermédiaires de marché, les institutions de dépôts
et les entreprises.
Les crédits budgétaires pour l'Inspecteur
généra) s'élèvent à 23 939 600 $ pour
l'exercice 1992-1993 comparativement à 22 011 800 $ pour l'exercice
précédent, soit une augmentation de près de 9 %. Cette
augmentation en période de restrictions traduit les efforts
déployés par le gouvernement qui continue ainsi de
«prioriser» la protection des épargnants.
Le budget de la Commission des valeurs mobilières du
Québec est prévu au programme 7 du ministère des Finances.
La Commission a pour mandats, notamment: d'assurer la protection des
investisseurs, de favoriser le bon fonctionnement du marché des valeurs
mobilières, de régir l'information des porteurs de valeurs et du
public en général sur les personnes qui émettent des
titres dans le public et d'encadrer l'action des intermédiaires de
marché en valeurs mobilières.
Le budget de la Commission s'élève à 10 700 300 $
pour l'exercice 1992-1993 comparativement à 8 054 900 $ pour le
précédent exercice, soit une augmentation d'environ 33 %. 11 est
encore important ici de noter que cette augmentation des crédits
disponibles témoigne encore une fois de la reconnaissance par le
gouvernement libéral de la nécessité de favoriser,
malgré un contexte budgétaire difficile, un développement
des activités de surveillance de la commission.
Avant d'aborder le bilan des activités de l'exercice 1991-1992,
M. le Président, je tiens à réitérer à cette
Assemblée l'importance du secteur financier au Québec. Vous
n'êtes pas sans savoir que le secteur financier est le plus important
système financier sous juridiction provinciale au Canada. En fait, il
n'est devancé que par le système financier sous juridiction
fédérale.
Notre système financier est aussi profondément
ancré dans la population à laquelle il offre ses services.
Plusieurs de nos institutions financières accentuent le caractère
autochtone et, oserai-je dire, distinct de notre système financier. En
chiffres, plus de la moitié des 70 000 000 000 $ d'épargne
confiés par les Québécois aux institutions
constituées au Québec sont gérés par des
coopératives ou des mutuelles. C'est donc dire l'emprise et
l'implication des Québécois dans la gestion financière de
leur richesse collective.
Le secteur financier, c'est aussi un élément important de
notre devenir collectif. Il joue un rôle primordial dans le
développement économique du Québec. Il canalise
l'épargne des Québécois et agit comme intermédiaire
entre épargnants, consommateurs et investisseurs, et, par le fait
même, contribue puissamment au développement de tous les autres
secteurs de l'économie, en générant notamment 176 000
emplois. (15 h 30)
Le secteur financier n'échappe cependant pas aux
difficultés qui, en ce moment, affectent cette économie. Les
difficultés d'une économie en récession ne peuvent faire
autrement que se répercuter sur la situation financière des
institutions. Certaines s'en tirent mieux que d'autres. En
général, le ralentissement de l'économie a frappé
les institutions financières au Québec avec une vigueur
correspondant à celle qui a frappé les champs de
spécialisation de leurs activités. D'autres, dont la situation
financière est déjà précaire, n'ont pas
été en mesure de redresser leur situation. Nous avons
vécu, malheureusement, un tel cas récemment au Québec.
C'est, cependant, dans l'adversité que la solidité des
institutions se vérifie. Les institutions financières doivent,
les premières, être capables de non seulement survivre aux
périodes de ralentissement économique, mais aussi être en
mesure de favoriser et de prendre avantage de la période de croissance
qui va suivre. Les Québécois et Québécoises sauront
relever le défi et nous sommes, j'en suis sûre, à l'aube
d'une période où le secteur financier québécois
consolidera ses progrès et reprendra avec encore plus de vigueur son
rôle de moteur de la croissance économique du Québec. Nous
entendons donc continuer à promouvoir le développement de nos
institutions, tout en nous assurant, M. le Président, que leur
développement se fasse dans le meilleur intérêt de la
société québécoise, en maintenant les hauts
standards de protection du public.
C'est dans ce contexte, M. le Président, que je me suis
affairée, au cours de la dernière année, à
l'accomplissement des tâches qui me sont attribuées à titre
de ministre responsable du secteur des institutions financières. Nous
avons identifié les priorités et avons mis en place les mesures
susceptibles de favoriser la croissance et le développement de nos
institutions.
À cet égard, un certain nombre de dossiers ont connu leur
aboutissement et vous me permettrez, M. le Président, de vous dresser un
bilan sommaire du travail ainsi réalisé sous ma
responsabilité. Certes, il ne s'agit pas là d'un bilan exhaustif,
car les dossiers ont été nombreux, mais il n'en est pas moins
impressionnant et il vous démontrera, sans l'ombre d'un doute, le
travail immense qui a été accompli au cours de la dernière
année.
Je voudrais, M. le Président, d'ailleurs, profiter de cette
occasion pour remercier publiquement le bureau de l'Inspecteur
général, la Commission des valeurs mobilières, le Service
du courtage immobilier, la Direction des politiques, institutions
financières, du ministère des Finances et mon cabinet pour leurs
énergies qui ont été consacrées à
l'avancement des dossiers au cours de ce dernier exercice.
Vous vous rappellerez, M. le Président, le 28 mars 1991, j'avais
le plaisir de m'associer à mes homologues des autres provinces pour
annoncer la conclusion d'une entente interprovinciale visant l'harmonisation
des principaux thèmes de réglementation, des
sociétés de fiducie et des sociétés
d'épargne. L'harmonisation a pour but premier de permettre à nos
institutions de connaître le meilleur développement possible dans
l'espace économique canadien. Pour ce faire, nous désirons
d'abord éliminer toute contrainte et tout coûts inutiles pour les
institutions qui désirent étendre leurs activités à
l'extérieur du Québec, si tel est leur choix. Nous
désirons, en outre, les exposer à une concurrence loyale dans
leur marché naturel, le Québec, pour qu'elles soient
continuellement forcées à progresser et, enfin, nous
désirons réaliser toutes ces conditions dans le respect des
compétences de chaque niveau de gouvernement.
Au cours de l'exercice 1991-1992, nous avons poursuivi les discussions
d'harmonisation auxquelles le gouvernement fédéral s'est joint.
Il s'agit, pour nous, M. le Président, comme je l'ai déjà
mentionné, de préserver entièrement notre juridiction sur
le secteur financier québécois, de s'assurer de la
solvabilité de toutes les institutions faisant affaire au Québec
et de permettre aux institutions québécoises l'accès le
plus libre possible à l'ensemble du marché canadien. La
tâche est importante et nous avons bon espoir de réussir ce tour
de force extraordinaire. Encore une fois, le Québec assume dans ce
dossier un rôle prépondérant dans ces discussions.
Éventuellement, d'autres catégories d'institutions
financières, notamment les assureurs, bénéficieront aussi
des avantages découlant de l'instauration d'un cadre
réglementaire harmonisé.
Au cours de l'exercice qui vient de se terminer, le secteur des
assurances a également fait l'objet d'une attention particulière.
La liquidation des Coopérants ne saurait, évidemment, être
passée sous silence. S'il est extrêmement décevant qu'un
tel événement se soit produit, il est non moins nécessaire
d'en examiner les causes et d'en tirer les leçons qui s'imposent. C'est
ce à quoi nous nous affairons actuellement. La faillite des
Coopérants est une expérience doublement malheureuse puisqu'il
n'a pas été possible à la fois de sauvegarder
l'intérêt des détenteurs de police et de sauver
l'entreprise. Nous avons réussi l'essentiel, à savoir la
protection entière et totale des droits des détenteurs de
police.
Toujours dans le domaine de l'assurance, le financement des assureurs
québécois a continué de faire l'objet de mon attention au
cours du dernier exercice et un groupe de travail sur le financement des
compagnies d'assurances de personnes a été formé. La
problématique évolue rapidement dans ce domaine et il est
primordial que le gouvernement demeure parfaitement informé et
approfondisse constamment sa ré- flexion. Cette réflexion ne doit
pas, cependant, se faire en vase clos. C'est la raison pour laquelle j'ai
demandé au ministère des Finances de s'associer à
l'industrie dans l'élaboration de nos politiques, afin de m'assurer que
les solutions retenues répondent efficacement aux besoins de l'industrie
et aux orientations gouvernementales.
Le groupe de travail se penchera d'abord sur les mesures visant à
préparer une mise en application harmonieuse des normes à venir.
Deuxièmement, il lui appartiendra de formuler ses suggestions sur la
manière dont les assureurs de personnes pourraient utiliser plus
efficacement le capital qui leur est actuellement disponible.
Troisièmement, il suggérera des façons d'améliorer
leur capacité de financement en capital de risque. Enfin, il identifiera
les différentes conditions et modalités d'accès aux
marchés de capitaux auxquelles devront faire face les assureurs
québécois pour pouvoir financer leur croissance au cours des
prochaines années.
Contrairement à ce que semble croire le député de
Gouin, le gouvernement ne peut se permettre d'improviser, ni d'agir avec
précipitation dans ce dossier. Il nous faut identifier des avenues
réalistes et favoriser des mesures qui permettront véritablement
à nos compagnies de continuer à se développer.
Nos efforts en vue d'établir des normes de capitalisation pour
nos assureurs se poursuivent. Cette importante question sera, bien entendu,
abordée par le groupe de travail, mais là ne s'arrêtent pas
nos efforts. En effet, nous travaillons en étroite collaboration avec le
gouvernement fédéral et l'industrie à l'élaboration
de normes de solvabilité qui, ultimement, auront un impact sur
l'ensemble des assureurs-vie au Canada. Nous entendons, comme je l'avais
annoncé dans mon rapport quinquennal sur les assurances, imposer des
normes qui assureront la solidité financière de nos institutions,
tout en tenant compte de leur spécificité, et nous entendons
aussi faire en sorte que les assureurs québécois soient à
même de satisfaire à des normes aussi rigoureuses que n'importe
quel de leurs concurrents. C'est là encore une fois, une question
très délicate. Des normes de capitalisation adéquates
constitueraient pour une industrie un avantage concurrentiel important. Elles
procurent la stabilité nécessaire à ce genre
d'activité, tout en laissant de la marge de manoeuvre aux
sociétés. Des normes trop ou insuffisamment rigoureuses, au
contraire, nuiraient à l'industrie, étant trop coûteuses
dans un cas et l'exposant à l'instabilité dans l'autre.
M. le Président, nous avons été également
très actifs dans le secteur des valeurs mobilières au cours de la
dernière année. Après avoir adopté le projet de loi
101, Loi modifiant la Loi sur les valeurs mobilières, qui, notamment,
rendait plus rigoureux le régime de réglementation applicable aux
financements immobiliers
réalisés par le biais de sociétés en
commandite, j'ai eu à me prononcer sur les recommandations du Protecteur
du citoyen dans le cadre de l'affaire Paré. Je rappellerai seulement que
je suis confiante que les nouvelles mesures contenues dans la loi et les
instructions générales mises de l'avant par la Commission pour
préciser te cadre réglementaire devant s'appliquer aux placements
immobiliers vont en grande partie enrayer la cause principale de tels abus.
Dans le secteur des intermédiaires de marché, tout a
été fait pour la mise en oeuvre du nouveau régime.
Celui-ci est en opération depuis le 1er septembre 1991. Les conseils des
assurances fonctionnent. Il en est de même pour l'Institut
québécois de planification financière qui a émis
ses premiers diplômes le 17 mars dernier. Ces secteurs sont donc
maintenant encadrés par les divers règlements qui ont
été adoptés. (15 h 40)
Le conseil d'administration de la nouvelle Association des courtiers et
agents immobiliers du Québec a été constitué. Ce
conseil a pour tâche d'élaborer les nouveaux règlements qui
régiront le secteur, tant au point de vue qualification que
déontologie. Et l'on prévoit que le nouveau régime
pourrait entrer en vigueur au cours du printemps 1993.
Encore une fois, M. le Président, nous sommes intervenus sur la
scène nationale, entre autres, en collaborant à
l'élaboration des règles applicables aux membres de la Caisse
canadienne de dépôts de valeurs et de sa réglementation.
Nous avons fait en sorte, M. le Président, que soient pris en compte de
façon adéquate les intérêts du Québec et de
ses institutions.
Toujours sur la scène nationale, nous nous sommes penchés
sur la réforme des institutions financières
fédérales afin de nous assurer que le gouvernement
fédéral, par le biais de sa réforme, ne s'immisçait
pas dans les champs de juridiction exclusive au Québec. Comme vous
pouvez le constater, M. le Président, les tâches sont nombreuses,
variées et d'une complexité souvent croissante.
M. le Président, parmi les éléments
prévisibles du programme de travail à venir, le dossier de
l'harmonisation du cadre réglementaire demeure prioritaire. Nos efforts
couvrent présentement tous les aspects de la réglementation et
devraient s'étendre aussi à d'autres segments du secteur des
institutions financières, notamment au secteur des assurances.
Je ne saurais trop insister sur l'importance de ces discussions et du
rôle prépondérant qu'a été appelé
à jouer le Québec afin de protéger le droit fondamental du
Québec à légiférer en matière d'institutions
financières, favorisant ainsi l'épanouissement de ses propres
institutions.
Toute la question du financement des assureurs du Québec
continuera de recevoir ma pleine attention. Il s'agira, entre autres, de
développer les moyens devant permettre aux assureurs du Québec de
rencontrer rapidement des exigences de capital comparables à celles des
autres juridictions en Amérique du Nord, tout en préservant leur
capacité de croissance. Mais, M. le Président, je le
répète, ce processus sera graduel et se fera en concertation avec
l'industrie.
Pour ce qui est des politiques en matière d'institutions
financières, le processus d'élaboration du prochain rapport
quinquennal concernant l'application de la Loi sur les sociétés
de fiducie et les sociétés d'épargne entrera dans une
phase plus intensive durant la présente session. Il en sera ainsi pour
le rapport quinquennal concernant l'application de la Loi sur les valeurs
mobilières qui sera devancé par le début des consultations
privées de cet automne.
Là ne s'arrêtera pas cette réflexion. Nous croyons,
M. le Président, que le secteur financier québécois entre
dans un nouveau cycle. Le Québec détient une expertise et une
avance au niveau du décloisonnement, alors que d'autres entament
à peine ce processus. Afin de conserver notre leadership, il est
maintenant temps de fixer de nouveaux paramètres de
développement. C'est dans cet ordre d'idées que j'ai
déjà annoncé le début d'un processus qui conduira
à un nouvel énoncé de politique en matière
d'institutions financières au Québec et qui mettra à
profit le bilan positif des dernières années.
En conclusion, M. le Président, le Québec a brillamment
réussi à se doter d'un important secteur financier. La
réforme du cadre réglementaire de ces institutions a permis de
développer un réseau important et sain de fabricants et de
distributeurs de services financiers. Inutile d'insister sur l'importance d'un
tel secteur pour notre développement. Immanquablement, les
réformes en cours, tant au niveau canadien qu'à
l'étranger, les traités internationaux qui touchent les services
financiers, la globalisation des marchés, de même que la
conjoncture économique influenceront le développement de nos
propres institutions et nous pressent d'adapter nos politiques touchant leur
développement, leur surveillance et contrôle, ainsi que tout autre
volet de protection de l'épargne.
Dans cet esprit, de concert avec l'industrie et toutes les parties
intéressées, nous entendons réévaluer nos
politiques de développement, de protection de l'épargne et de
régime d'indemnisation. C'est là, M. le Président, un
domaine où tout évolue très rapidement. Le Québec
continuera de tracer la voie et continuera d'assumer à
l'intérieur du Canada un rôle de leader sur le plan de la
réglementation et de la surveillance du secteur financier en participant
activement à la consolidation de l'industrie dans la position enviable
qu'elle s'est taillée, tout en «priori-sant», bien
sûr, la sécurité des épargnes du public. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
ministre déléguée aux Finances. M. le
député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Je serai bref pour
nous permettre rapidement d'entrer dans le coeur du sujet. Permettez-moi, tout
de même, de rappeler qu'au cours des quatre prochaines heures nous allons
étudier les crédits des programmes 6 et 7 du ministère des
Finances. La défense de ces crédits appartient à Mme la
ministre déléguée aux Finances, dont je salue la
présence, ainsi qu'à tout le personnel qui l'accompagne.
Avant d'aborder l'étude des crédits 1992-1993, je crois
qu'il convient de passer en revue l'année financière 1991-1992
qui s'est terminée le 31 mars dernier. Pour la ministre
déléguée aux Finances, je crois qu'on peut parler d'une
année difficile, pour ne pas dire davantage. J'espère qu'elle ne
va pas m'en vouloir de lui rappeler certains souvenirs. Tout d'abord, M. le
Président, au niveau des institutions financières, on se
souviendra que, suite au dépôt du rapport Garneau, à
l'automne 1990, l'Opposition officielle avait demandé et obtenu la tenue
de consultations particulières sur le financement des compagnies
mutuelles d'assurances de personnes. D'entrée de jeu, la ministre
déclarait que toutes les compagnies québécoises
d'assurances de personnes étaient financièrement saines et
qu'aucun problème de solvabilité n'était connu en
particulier du côté des compagnies à charte du
Québec. C'était, M. le Président, quelque peu
étirer la vérité que d'affirmer cela puisque, dans le
milieu, il apparaissait clairement que telle n'était pas la
vérité, chez les Coopérants du moins, et on connaît
la suite.
Devant les déboires des Coopérants, l'Inspecteur
général réussissait à conclure une entente visant
à sauver les Coopérants, avec la SIAP et l'Industrielle-Alliance.
On le sait, cela a échoué et on peut affirmer que l'attitude de
la SIAP en a certainement déçu plusieurs des deux
côtés de cette table, pour ne pas dire, M. le Président, en
a choqué plus d'un. Surtout, M. le Président, qu'on s'est rendu
compte qu'il n'y avait guère d'avantages pour le Québec à
adhérer à un organisme comme celui de la SIAP. J'ai
récemment posé des questions à la ministre lors d'une
interpellation, sans succès, la ministre préférant
plutôt s'en tenir à ses textes déjà écrits,
sans même tenir compte des sujets que j'abordais. Ce jour-là, M.
le Président, nous avons atteint certainement un sommet dans l'art du
dialogue de sourds. Aujourd'hui, M. le Président, soyez assuré
que je reviendrai à la charge. Peut-être qu'avec la
présence de l'Inspecteur général la ministre se sentira
plus sûre et obtiendrons-nous quelques réponses.
M. le Président, au niveau des valeurs mobilières, je
crois aussi que 1991-1992 n'a guère été une année
plus réjouissante. Rappelons, M. le Président, l'affaire
ScotiaMcLeod, rappelons l'affaire Paré et de nombreuses autres
étalées au grand jour dans les journaux. En particulier, M. le
Président, dans le cas de l'affaire Paré, je ne peux passer sous
silence les conclusions du rapport du Protecteur du citoyen. Ce dernier a
blâmé très sévèrement la Commission des
valeurs mobilières du Québec pour le rôle qu'elle a
joué dans cette affaire; 18 recommandations ont été
formulées par le Protecteur du citoyen, dont 2 ont créé un
certain émoi puisqu'elles visaient à indemniser les victimes de
ce promoteur au comportement frauduleux. La CVMQ s'est sentie visée, et
c'était le cas. Il semble maintenant s'être engagé une
chicane de personnalités entre son président et le Protecteur du
citoyen. J'espère qu'aujourd'hui nous serons capables de tenir un
débat à un niveau un peu plus élevé.
La ministre aussi a rejeté les conclusions du Protecteur du
citoyen, soit en disant qu'on avait déjà pris des mesures, soit
en disant que le Protecteur du citoyen faisait fausse route, soit en invoquant
le fait qu'il s'agissait d'une fraude et que, peu importe ce que l'on fait, on
ne peut empêcher quelqu'un de malhonnête de frauder. La
réponse de la ministre était fondée sur un rapport
préparé par le ministère des Finances. Je n'ai rien contre
ce rapport, M. le Président, sauf qu'on peut se demander si ce dernier
n'est pas en conflit d'intérêts. En effet, à supposer, par
exemple, que les recommandations sur l'indemnisation soient retenues, ce sera
le ministère des Finances qui devra payer. M. le Président, je
crois qu'il y aura lieu d'en reparler de façon positive, je
l'espère.
En ce qui a trait aux crédits pour 1992-1993, je souligne que ces
crédits et particulièrement ceux accordés à
l'Inspecteur général des institutions financières et
à la Commission des valeurs mobilières du Québec
connaissent une croissance importante cette année. Près de 10 %,
dans le premier cas, et plus de 30 %, dans le second. Cependant, nous aurons
à questionner un certain nombre de ces éléments,
particulièrement en ce qui a trait aux prêts et avances
identifiés pour la Commission des valeurs mobilières du
Québec de l'ordre de 8 800 000 $.
Dans le cas de la Commission des valeurs mobilières du
Québec, le Conseil du trésor nous indique que cela se justifie
par l'accroissement de l'autofinancement de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Je crois qu'il y aura lieu d'en discuter.
Je sais aussi qu'il s'agit d'une recommandation du rapport Mallette et que j'y
ai souscrit l'an dernier. J'aurais certainement aussi l'occasion d'y revenir et
d'aller un peu plus en détail. Chose certaine, cependant, M. le
Président, la justification du Conseil du trésor n'est
certainement pas tombée dans l'oreille d'un sourd en la personne de
l'Inspecteur général des institutions financières qui, on
le sait, s'autofinance depuis longtemps, ce qui ne l'empêche pas
pour autant d'éprouver des difficultés à obtenir
les crédits dont il a besoin. On se souviendra à cet égard
des difficultés que nous avait décrites l'Inspecteur
général au sujet des postes qu'H avait obtenus et que, faute
d'avoir été capable de les combler en raison d'un processus de
dotation trop lent, on les lui avait enlevés l'année suivante. Il
semble, M. le Président, encore cette année, qu'H y ait quelques
difficultés de ce côté, chez les occasionnels, cette fois.
(15 h 50)
Pour en revenir à l'autofinancement, je constate que c'est chez
l'Inspecteur général que le degré d'autofinancement est
passé de 1,02 % à 1,7 % entre 1985-1986 et 1990-1991.
L'Inspecteur général semble devenu une espèce de vache
à lait pour le gouvernement du Québec et je crois qu'il en sera
question dans le cadre de nos échanges.
En conclusion, M. le Président, je terminerai ici mes quelques
remarques préliminaires et, comme je l'ai déjà
indiqué, j'espère que nos échanges se dérouleront
dans un climat certainement propice à la discussion et que nous serons
capables de revenir à la fois sur certains événements
survenus en 1991-1992, et aussi pour pouvoir déboucher sur l'avenir en
discutant de ce qui nous attend pour 1992-1993. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. Est-ce qu'il y a des députés
ministériels qui ont des déclarations d'ouverture ou des
remarques préliminaires? Ce n'est pas le cas. Alors, M. le
député de Gouin, la parole est à vous.
Discussion générale
Qualité des informations transmises à
l'Opposition
M. Boisclair: M. le Président, avant d'entrer dans les
programmes particuliers que nous aurons à étudier, j'aurais
peut-être un certain nombre de commentaires à formuler en ce qui a
trait à la qualité des informations qui nous ont
été transmises par nos services respectifs du leader du
gouvernement et du leader de l'Opposition. Je voudrais souligner que
l'exercice, finalement, auquel nous nous livrons cet après-midi en est
un qui, bien sûr, repose sur la transparence et sur la
véracité des informations qui nous sont
présentées.
À cet égard, je me dois de souligner que plusieurs
questions qui ont été adressées par le biais de nos
leaders respectifs soit n'ont pas été répondues ou
répondues incorrectement. Alors, j'aimerais immédiatement -
peut-être qu'on pourrait en prendre bonne note, peut-être que la
ministre n'est pas au fait de ces choses-là, je pense que son personnel
en conviendra rapidement - lui adresser un certain nombre de re- marques.
Peut-être qu'il y aurait lieu, dans une séance ultérieure
ou par un autre processus quelconque, de nous acheminer ces informations, mais
permettez-moi, cependant, d'en faire la liste.
D'une part, M. le Président, en ce qui a trait aux renseignements
généraux de l'Opposition officielle, à la demande 3 sur la
liste des voyages hors Québec, l'organisme a répondu, dans votre
cas... Parce qu'on nous a soumis trois cahiers: le vôtre, pour votre
ministère, ensuite de ça, celui de la Commission des valeurs
mobilières du Québec et le cahier de l'Inspecteur
général des institutions financières. Mais, pour le
premier cahier, qui concerne directement les activités de la ministre et
de son cabinet, le ministère a répondu à la question 3 en
donnant la liste des voyages hors Canada, et c'était
spécifié, dans les questions, qu'on devait nous fournir la liste
des voyages hors Québec. Aussi, les dates des voyages et à quel
titre la ministre et son personnel participaient aux rencontres, entre autres,
dans le cas de la Semaine Québec-Hongrie, n'ont pas été
soulignés.
À propos de la demande 9 portant sur les points-bonis, le
ministère n'a pas répondu à cette demande. Pourtant, il y
a une directive du Conseil du trésor qui est très claire à
cet effet. L'Opposition se demande pourquoi on n'a pas répondu à
cette question. À propos de la demande 10 portant sur les cotisations
des clubs privés, le ministère nous renvoie au Conseil du
trésor. Cependant, il faudrait reformuler la demande car le Conseil du
trésor ne répond que pour lui et c'est chacun des organismes ou
des ministères qui doit fournir ces réponses. À propos de
la demande 15 sur les tarifs (droits et permis), dans le cas tout particulier
de la Commission des valeurs mobilières du Québec, l'organisme
refuse de répondre, prétextant que c'est non applicable aux
crédits. M. le Président, vous aurez convenu, tout comme moi, que
c'est la responsabilité de l'Opposition de désigner... Elle a le
droit de demander ce qu'elle veut aux crédits pour mieux surveiller
l'administration gouvernementale.
À propos de la demande 23 concernant la ventilation des
transferts fédéraux dans le cadre des programmes à frais
partagés, le ministère refuse de répondre,
prétextant que c'est non applicable aux crédits. L'Opposition,
encore une fois, est en droit d'obtenir, à ce moment-ci, de tels
renseignements, d'autant plus que tous les autres ministères
répondent favorablement à cette demande. À propos de la
demande 24 concernant les comités et rencontres
fédérales-provinciales, l'endroit où ont eu lieu ces
rencontres n'est pas donné. Particulièrement concernant un voyage
effectué par le chef de cabinet de la ministre, on ne précise pas
sur quel sujet avait lieu la réunion de travail et on ne précise
pas, non plus, s'il y a lieu, les gens qui l'accom pagnaient.
M. le Président, aussi en ce qui a trait au deuxième
cahier, celui de la Commission des valeurs mobilières du Québec,
faut-il vous spécifier qu'à la question 3 sur la liste des
voyages hors Québec l'organisme a répondu en donnant, lui aussi,
la liste des voyages hors Canada, alors que la question était bien
claire à cet égard? À la question 7 portant sur les frais
de transport, d'hébergement et de repas, on ne nous a pas fourni la
ventilation des dépenses, tel que spécifié aux
troisième, quatrième et cinquième points. À propos
de la question 9 sur les points-bonis, on n'a pas répondu à cette
question. Encore là, on peut se demander si les employés ont
respecté ou pas la directive du Conseil du trésor. En ce qui a
trait à la question 10, portant sur les cotisations des clubs
privés, encore une fois, la Commission a refusé de
répondre à ces questions, rappelant que c'était au Conseil
du trésor d'y répondre. Pourtant, des demandes adressées
au Conseil du trésor nous indiquent que c'est à chacun des
organismes ou ministères de répondre à ces questions.
À propos de la question 15 sur les tarifs (droits et permis), la
Commission des valeurs mobilières du Québec refuse de
répondre prétextant que c'est non applicable aux crédits.
Je crois que l'Opposition, encore une fois, est en droit de demander ce qu'elle
veut aux crédits pour mieux surveiller l'administration
gouvernementale.
En ce qui a trait aussi aux questions particulières pour la
Commission des valeurs mobilières du Québec, la question
particulière 2 a été répondue de façon
incomplète puisqu'on ne retrouve pas les informations pertinentes pour
l'année 1990-1991. La question 6 aussi quant au plan directeur des
ressources humaines; la Commission n'a pas cru bon de répondre à
cette question, s'en remettant essentiellement au plan directeur pour les
ressources informatiques. À la question particulière 9, les
réponses sont incomplètes. En effet, malgré une
référence directe dans la question aux informations ayant trait
à 1991-1992, on ne retrouve pas dans la réponse de la Commission
les références à 1991-1992, pas plus qu'on ne
répond en ce qui a trait aux prévisions pour les trois prochaines
années de revenus autonomes. Je tiens aussi à souligner que, dans
le cas de la Commission des valeurs mobilières du Québec, on n'a
pas précisé la procédure d'appel d'offres pour les
contrats de moins de 25 000 $, ce que pourtant l'Inspecteur
général a fait avec beaucoup d'ouverture et beaucoup de
clarté. Il nous a indiqué de quelle façon ces contrats
avaient été assignés avant de les octroyer.
En ce qui a trait, M. le Président, aux questions qui
étaient adressées à l'Inspecteur général des
institutions financières, encore une fois cette même remarque
générale s'applique: on fait référence aux voyages
hors Canada alors qu'on demandait bien la liste des voyages hors Québec.
À propos de la demande 7, portant sur les frais de transport,
d'hébergement et de repas, je pense qu'il était très clair
que l'Opposition s'attendait à avoir une ventilation pour ces
dépenses-là, tel qu'on le spécifiait aux troisième,
quatrième et cinquième points. Et, à propos de la demande
15 sur les tarifs, l'organisme, encore une fois, refuse de répondre
à cette question, malgré qu'il l'avait fait pour l'année
financière 1990-1991. On nous avait fourni la liste des tarifs en
vigueur à l'époque.
Donc, je ne veux pas m'étendre plus longtemps. Je présume
de la bonne foi des gens qui sont ici, mais j'apprécierais que
rapidement on puisse nous fournir des réponses à ces questions
qui ont été formulées dans les délais et dans le
respect de la tradition parlementaire, en respectant ce souci de transparence
auquel, je suis convaincu, la ministre adhère. Je souhaiterais que,
comme la tradition le veut, on prenne note de ces questions et qu'on puisse
nous les acheminer dans les meilleurs délais. Parce que la liste est
longue.
Mme Robic: M. le Président, vous comprendrez que
l'Opposition peut poser les questions. Nous choisissons une réponse,
c'est à nous d'y répondre. Nous avons répondu à ce
qu'on a cru être nécessaire pour la bonne marche de cette
commission. Vous pourrez poser vos questions. Si vous croyez qu'il manque des
réponses, vous pourrez les poser pendant cette session. Quant aux
crédits de 1990-1991, M. le député, je voudrais vous
rappeler que c'est les crédits 1991-1992 que l'on examine
aujourd'hui.
M. Boisclair: M. le Président, je ne veux pas
m'étendre longtemps sur le sujet, mais tous les membres de cette
commission conviendront qu'on participe cet après-midi à un
exercice d'imputabilité et qu'à cet égard la tradition de
longue date dans ce Parlement est à l'effet... Je pense que le chef de
cabinet qui était au bureau du whip auparavant pourra lui-même en
témoigner: on a l'habitude... Dans ce respect, dans le souci de
transparence, les responsables des différents ministères ont
à chaque fois répondu à l'ensemble des questions. Les
précédents sont là. Entre autres, en ce qui a trait aux
tarifs, aux droits qui sont imposés par les organismes, l'an dernier,
les organismes y avaient répondu. Cette année, ils n'y
répondent pas. J'ai dressé une liste, entre autres, sur les
voyages hors Québec. L'an dernier, nous avions la liste des voyages hors
Québec. Cette année, on nous donne exclusivement la liste des
voyages hors Canada. On ne nous répond pas à la question des
transferts des points-bonis qui auraient pu être donnés à
certains employés des organismes, malgré une directive du Conseil
du trésor. L'Opposition est légitimée, je crois, de se
demander si cette directive du Conseil du trésor a été
respectée. Je ne voudrais pas refaire la Ijste. Je voudrais tout
simplement qu'on puisse convenir que l'Opposi-
tion est en droit... et que la ministre a cette responsabilité,
comme la tradition le veut, de répondre à l'ensemble de ces
questions.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre. (16
heures)
Mme Robic: Non, je n'ai pas de réponse à ça,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Alors, M. le
député de Gouin, vous avez...
M. Boisclair: Bien, M. le Président, je veux tout
simplement... J'ai adressé une série d'au-dessus de 20 questions.
M. le Président, vous convenez, vous qui présidez ces travaux
depuis longtemps, qu'on participe cet après-midi à un exercice
d'imputabilité et qu'à cet égard, si la ministre a des
choses à cacher, qu'elle nous le dise. Mais, moi, je présume de
l'ouverture d'esprit et de la transparence dont la ministre a toujours su faire
preuve depuis que je suis membre de cette commission.
Mme Robic: C'est juste.
M. Boisclair: Je voudrais tout simplement que cet exercice
soit... Parce que les discussions vont se faire entre les bureaux de
leaders.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, ça fait deux jours que j'ai de la difficulté à
contrôler la manifestation de mes émotions. Donnez-moi une chance
aujourd'hui. M. le député de Gouin, en respect avec le
règlement en vertu de l'article 81, c'est évident que vous ne
pouvez pas faire un rappel au règlement, vous le savez aussi bien que
moi, sous prétexte que la réponse de la ministre est
insatisfaisante. Et vous avez aussi employé un langage que je dois
qualifier d'antiparlementaire lorsque vous faites état, en vertu de la
jurisprudence, que Mme la ministre a des choses à cacher. Je bien
essayer de faire respecter l'ordre, puis les droits de parole. Moi, je ne peux
pas aussi défendre la ministre, vous défendre ou défendre
un autre parlementaire qui invoque qu'il juge des réponses
insatisfaisantes. Il faut que je m'en tienne à ça. Alors, je vous
donne votre temps de parole sur les programmes, tel que convenu.
M. Boisclair: Mais on n'a pas du tout... M. le Président,
est-ce que vous convenez avec moi que, de longue tradition dans ce Parlement,
à chaque fois que l'Opposition adressait des questions
particulières aux différents ministres, ça a toujours
été le cas dans le passé qu'on répondait à
ces questions-là?
Le Président (M. Lemieux): La tradition, ce n'est pas une
règle. Vous connaissez bien votre histoire du... Ce n'est pas une
règle. Il y a des ministres qui peuvent y répondre, puis il y a
des ministres qui ne peuvent pas y répondre, m. it député
de gouin. c'est à la discrétion de mme k ministre. alors,
là, la parole est à vous pour une période de 20 minutes.
et j'aimerais mentionner i mme la ministre qu'à chacune des
interventions ou à chacune des questions qui lui est posée elle a
un droit de réplique de 20 minutes. alors, m le député de
gouin, la parole est à vous.
M. Boisclair: D'accord. Je voulais toui simplement souligner, M.
le Président, que normalement, les ministres s'engagent à le
faire Je constate que ce n'est pas le cas dans le cas de la ministre
déléguée aux Finances.
Commission des valeurs mobilières
Alors, je vais peut-être aborder les crédits qui sont
dévolus à la Commission des valeurs mobilières du
Québec. Je crois que cette année a certainement été
une année déterminante pour la Commission des valeurs
mobilières du Québec, en ce sens que les observateurs avertis et
ceux qui se tiennent au courant des activités ont certainement pu noter
un changement de cap important dans l'administration de la Commission des
valeurs mobilières du Québec. Et, pour faire cette
démonstration, M. le Président, je rappellerai les propos
qu'à la fois le président et la ministre ont tenus à
l'occasion de la défense des crédits de 1990-1991.
Mandat
La ministre disait - il y avait tout ce débat sur le mandat de la
Commission des valeurs mobilières - et elle s'adressait à moi au
moment où elle prenait la parole: «Que vous vouliez
interpréter le mandat de la Commission d'une façon ou d'une
autre, c'est votre privilège, excepté qu'il y a un mandat de la
Commission et, si vous ne le comprenez pas, le mandat, c'est bien sûr
qu'on va avoir des problèmes à s'entendre ce matin. Le mandat de
la Commission est clair, il n'y pas une multitude de façons de
l'interpréter, il n'y en a qu'une seule», nous disait la ministre
le 18 avril 1991. Elle précisait sa pensée un peu plus loin en
disant: «Encore une fois, M. le Président, je reviens sur la
mission de la Commission. C'est la protection du public, laquelle s'accomplit
par la divulgation d'une information complète et véridique. Ce
n'est pas le mandat de la Commission d'évaluer le risque inhérent
à toute valeur mobilière, mais d'assurer la divulgation et la
transparence. Le mandat n'est pas d'assurer que les obligations
contractées par un émetteur vont nécessairement se
réaliser. Ce n'est pas le mandat de la Commission», nous
disait-elle. «La Commission ne donne pas des avis aux investisseurs. Elle
doit s'assurer que le public a l'information complète qui lui permette
de prendre une décision éclairée».
Cependant, le président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, dans une entrevue qu'il accordait à
la La Presse le 6 décembre 1991, disait: «Ces gestes
découlent d'une philosophie non conventionnelle dans les valeurs
mobilières. Il dit - et c'est cité entre guillemets:
«Lorsqu'il y a un abri fiscal, la Commission va examiner le mérite
du projet. Nous ne nous contenterons plus de la règle de
divulgation». Et c'est ainsi qu'il s'exprimait lorsqu'il parlait des
projets de recherche et de développement.
Et dans le bulletin, «L'Émetteur», adressé au
personnel de la Commission, le président signait de sa main: «Nous
devons développer un véritable culte qui tourne à
l'obsession même de la protection du public investisseur». Je ne
peux que souligner ces propos, pour le moins intéressants, M. le
Président. Il disait même: «À cet égard, nous
sommes devenus plus critiques dans l'examen des dossiers qui nous ont
été soumis. De plus, nous avons pris des mesures inédites
en adressant des mises en garde sur les dangers que représentent
certaines formes d'investissements.»
Alors, la question que je serais tenté de poser à la
ministre, à ce moment-ci, c'est: Est-ce que la ministre maintient, comme
elle l'a fait le 18 avril 1991, que la Commission ne doit pas donner d'avis aux
investisseurs et qu'elle doit uniquement s'assurer que le public a
l'information complète?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: D'ailleurs, M. le Président, le
député de Gouin a oublié de dire que j'ai dit
complète, véridique et neutre, M. le Président. C'est
ça l'important. La Commission n'a pas comme mandat d'analyser le
placement et de lui donner sa valeur. Le mandat de la Commission, c'est de
s'assurer que toute l'information est incluse dans le prospectus, qu'elle est
véridique et qu'elle demeure neutre. C'est le choix de l'investisseur,
en s'informant, de faire son achat ou de ne pas le faire. Mais ce n'est pas
à la Commission d'évaluer la qualité de ce placement.
C'est à la Commission de donner toute l'information nécessaire
et, on le répète à bien des endroits, cette information
doit demeurer neutre.
M. Boisclair: M. le Président, je prends note qu'on envoie
deux messages. D'un côté, la ministre nous dit qu'on doit s'en
tenir à la règle de la divulgation pour permettre aux
investisseurs de faire les choix les plus éclairés possible, en
respectant cette tradition dans l'interprétation du processus
économique que, plus les gens seront informés et moins il y aura
de barrières aux marchés, plus ils pourront prendre des choix les
plus efficaces possible. Mais il n'en demeure pas moins que publiquement le
président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec a dit et je cite: «Nous ne nous contenterons plus de la
règle de divulgation». Alors, je veux tout simplement que ceux qui
s'intéressent, qui participent particulièrement au marché
boursier puissent avoir un message clair. Est-ce que, oui ou non, les
responsables de la Commission des valeurs mobilières du Québec
s'en tiennent à la règle de la divulgation ou si plutôt,
comme le président le maintient dans un article de journal où il
est cité entre guillemets, il se permettra d'examiner les dossiers au
mérite?
Mme Robic: M. le Président, je demanderais au
président de la Commission des valeurs mobilières de
répondre à cette question.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le président
de la Commission des valeurs mobilières.
M. Fortugno (Paul): Merci, M. le Président. Il n'y a pas
d'ambiguïté dans l'approche que la Commission avait prise. Je pense
que vous faites allusion à des projets de recherche-développement
au cours de l'année 1991. Lorsqu'on parle de ce que les
Américains appellent «blue sky», de l'interventionnisme, si
vous voulez, d'une action prise par une commission qui examine au
mérite, le but de ça, c'est qu'on dévoile tous les
renseignements qui sont exigés en vertu de la loi, en vertu des
règlements et en vertu des instructions générales. Ce que
la Commission avait pris comme point de vue, à l'époque, ce n'est
pas un avis que nous avons lancé aux investisseurs comme tels dans le
bulletin. Nous avons exigé des émetteurs, nous avons mis en garde
les émetteurs qui adoptaient une forme, si vous voulez, de
véhicule d'investissement qui est la société en nom
collectif, nous les avons mis en garde de dévoiler dans le prospectus
les risques, de dévoiler dans le prospectus que le crédit
d'impôt offert n'est disponible que pour les investisseurs qui
participent aux activités de recherche-développement de
façon régulière, continue et importante. On voulait
absolument empêcher que les épargnants investissent dans un
véhicule où ils ne sont pas du tout au courant du risque qui est
illimité. C'est l'essence même... Donc, si vous voulez, oui, c'est
une mesure préventive, mais c'est une mesure préventive qui
s'inscrit dans la doctrine d'une information pleine, complète et
véridique. Il n'y a pas de conflit comme tel. Ce n'est pas le rôle
de la Commission d'examiner un placement à son mérite comme
tel.
M. Boisclair: Vous avez été mal cité dans
La Presse...
M. Fortugno: Je n'ai pas été mal cité du
tout.
M. Boisclair: ...lorsque vous dites que vous allez les
évaluer au mérite? (16 h 10)
M. Fortugno: Pas du tout, pas du tout. Je crois que les
journalistes ont bien compris et, du moins, les rédacteurs de
«L'Émetteur» ont bien compris. Écoutez, ça
appartient à l'épargnant de prendre ses décisions,
d'accepter un risque ou non. Nous avons exigé des émetteurs,
surtout de ceux qui ont adopté cette forme d'investissement, d'inclure
dans les documents, d'expliquer aux investisseurs l'énorme risque qu'ils
encourent.
Organigramme
M. Boisclair: Oui, un autre sujet, M. le Président. Est-ce
que l'organigramme qui a été fourni à l'Opposition
officielle dans les demandes de renseignements généraux est
toujours celui qui est en vigueur à l'heure actuelle?
M. Fortugno: Non, monsieur. Non. Depuis que l'organigramme a
été fait, il y a eu une fusion des enquêtes
spéciales avec les enquêtes.
M. Boisclair: Est-ce que le président de la Commission des
valeurs mobilières pourrait nous indiquer ce qu'il est advenu de M.
Bouchard qui était responsable, chef des enquêtes et, aussi, de
Mme Blais qui était chef du Service des enquêtes
spéciales?
Une voix: M. Bouchard.
M. Fortugno: Ils sont toujours là.
M. Boisclair: Mais s'il y a eu fusion? Parce que, effectivement,
l'information que nous avons, c'est qu'il y a eu fusion malgré
qu'à l'époque on a vanté les mérites d'avoir un
service d'enquêtes spéciales et un service d'enquêtes
régulier. La modification qui avait été apportée et
annoncée au mois d'août, si je ne m'abuse...
M. Fortugno: D'accord.
M. Boisclair: ...a mené à la création de ces
deux postes avec deux chefs d'équipe. J'apprends que l'information
transmise n'est pas mise à jour et qu'il y a eu fusion entre les deux
services. Est-ce que le président ou la ministre pourrait nous expliquer
ce qui a motivé cette réunion des deux services pourtant tout
nouvellement créés? Le président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec allait quand même loin. Il
disait: La force d'une organisation, c'est toujours les personnes. Si les
personnes sont à la bonne place, si elles sont motivées, cela
profite à l'organisation, disait-il. Est-ce qu'il y a eu un changement
dans l'orientation et dans l'organisation de la Commission, et qu'est-ce qui
l'a motivé?
Mme Robic: M. le président de la Commission.
M. Fortugno: M. le député, premièrement, les
deux cadres qui occupaient le poste de chef des enquêtes, ainsi que de
chef des enquêtes spéciales étaient des professionnels avec
prime. Ils n'occupaient pas un poste officiel de cadre.
Depuis la création de la section des enquêtes
spéciales, le président de la Commission s'est inspiré
d'une catégorie d'enquêteurs que je puis appeler aujourd'hui un
juriscomptable. Si vous me permettez le terme anglais, «forensic
accountant». Le genre de comptable qui a eu une expérience
à la CECO, le genre de comptable qui a comme base de formation la
comptabilité, mais, toutefois, a une formation qu'on n'apprend pas
à l'université, mais dans le cadre d'un organisme quelconque, une
formation d'enquête.
Ce qui existait auparavant, c'était une section d'enquête
qui était principalement formée par des policiers et non
nécessairement formée par un ensemble de juriscomptables. Pour
faciliter l'efficacité dans les enquêtes qui sont conduites au
sein de la Commission, ce que j'ai voulu viser, c'est une section des
enquêtes spéciales éventuellement qui aura comme culte et
comme approche qui est tout à fait spéciale, l'approche d'un
juriscomptable.
M. Boisclair: Est-ce que je vous comprends bien en disant que
l'équipe qui était supervisée par Mme Blais ne
répondait pas à cet objectif de «forensic accounting»
et vous...
M. Fortugno: Pas du tout. L'équipe de Mme Blais,
c'était tous...
M. Boisclair: Qui était aux enquêtes
spéciales.
M. Fortugno: ...des «forensic accountants». Lorsque
j'ai regroupé les trois sections, l'inspection, l'enquête et
l'enquête spéciale, j'ai voulu inculquer au sein à la fois
des inspecteurs, parce que le chef de l'inspection aujourd'hui, c'est l'ancien
chef des enquêtes...
M. Boisclair: M. Bouchard?
M. Fortugno: Non, non. C'est Jean-Yves Béliveau. M.
Bouchard était l'enquêteur le plus senior à la Commission.
Ce que j'ai voulu faire, c'est faire un genre d'équipe homogène
avec le même genre d'approche qui se veut une approche beaucoup plus
comptable qu'une approche policière. La raison est bien évidente:
le volume de travail au sein de la Commission, lorsqu'on avait examiné
tous les dossiers, est beaucoup plus important dans les domaines qui
nécessitent un juriscomptable que dans un domaine où un policier,
avec une expérience en matière de crime économique, serait
plus utile. Par exemple, les délits d'initiés, ça serait
plutôt une activité qui colle au crime économique de
formation policiè-
re, tandis que, pour des affaires, comme vous connaissez très
bien, Massé, Foisy, Paré et tout ça, ça prend
absolument des gens avec une formation qui se rapproche de celle d'un
juris-comptable.
M. Boisclair: Alors, M. Bouchard et Mme Blais ont perdu leur
prime et sont intégrés dans ce nouveau...
M. Fortugno: Non, ils ont gardé leur prime...
M. Boisclair: Oui.
M. Fortugno: ...et ils sont intégrés dans
l'équipe.
M. Boisclair: En gardant leur prime. À la question 11,
toujours dans le cahier des crédits, vous nous indiquez que la
Commission a consacré quelque chose comme 2000 $ pour le départ
de M. Cusson qui était, si je ne me trompe pas - c'est dans les
activités sociales - ...
M. Fortugno: Question 11.
M. Boisclair: ...vice-président de la Commission.
M. Fortugno: Oui, oui.
M. Boisclair: Vous avez fêté son départ et je
reconnais que c'est tout à fait légitime.
M. Fortugno: On a fait la même chose avec Paul Guy.
M. Boisclair: Oui. C'est tout à fait... Je ne dis pas un
mot contre ça.
M. Fortugno: Oui, oui.
M. Boisclair: Je voulais tout simplement savoir si le bulletin
«L'Émetteur», est payé à même le fonds
social des employés?
M. Fortugno: Oui.
M. Boisclair: II est payé à même le fonds
social. Est-ce que vous comptabilisez le temps qui est réparti pour
l'organisation du tournoi de golf, les frais, entre autres, de poste, du
matériel de la Commission, son papier à en-tête, ses
lettres, ses enveloppes, les timbres, d'une façon particulière,
le temps qui est mis par le personnel, entre autres? Je crois que c'est Mme
Blais, d'ailleurs, qui s'occupe...
M. Fortugno: Non, Mme Blais ne s'occupe pas de ça cette
année.
M. Boisclair: ...du tournoi de golf, non?
M. Fortugno: Non.
M. Boisclair: Mais, en tout cas, peu importe la personne qui s'en
occupe, est-ce que vous comptabilisez d'une façon quelconque le temps et
l'argent qui sont mis par la Commission pour l'organisation
d'événements semblables à ceux-là?
M. Fortugno: je me suis assuré que le temps qui a
été mis à l'organisation d'une telle activité
sociale a été effectué hors des heures normales du
travail.
M. Boisclair: Vous nous dites que ça a tout
été fait à l'extérieur des heures normales de
travail?
M. Fortugno: Apparemment.
M. Boisclair: C'est ce que vous maintenez?
M. Fortugno: C'est ça qu'on me dit.
M. Boisclair: Est-ce que c'est ce que vous maintenez?
M. Fortugno: Oui, oui.
M. Boisclair: Parfait. Combien de postes, cette année, sur
un... J'y vais en vrac, sur l'organigramme toujours. Il y avait 118 postes
autorisés, si je ne me trompe pas. C'est l'organigramme qu'on nous
fournit.
M. Fortugno: D'accord.
M. Boisclair: Combien de postes ont été
autorisés et n'ont pu être comblés à cause de
restrictions à l'embauche?
M. Fortugno: Si vous me permettez, je vais le demander
à...
M. Boisclair: Oui, oui. Je n'ai pas...
Mme Robic: Non, non, il n'y en a pas.
M. Fortugno: ...mon directeur de l'administration.
Mme Robic: Je m'excuse, mais il n'y a pas eu de restrictions ni
au niveau de l'Inspecteur général des institutions
financières ni au niveau de la Commission des valeurs
mobililères. Ils n'ont pas été coupés dans leur
budget.
M. Boisclair: D'accord. Alors...
Mme Robic: II n'y a pas eu de restrictions.
M. Boisclair: M. le Président, si la ministre maintient
ça, peut-elle m'expliquer comment il se fait qu'à la page 71 du
document qu'on nous
remet on dit, en parlant du Service du contentieux, et je cite:
«Depuis le rapport Mallette, deux postes d'avocat sont venus s'ajouter au
service, ce qui permet d'améliorer la capacité de répondre
aux demandes qui lui sont adressées. Par ailleurs, un de ces postes n'a
pu être comblé par suite des restrictions sur l'embauche»?
C'est l'information qu'on a transmise à l'Opposition officielle.
Mme Robic: Ah bon!
M. Boisclair: Je voulais savoir combien... Ce n'est pas moi qui
l'ai écrit; je vous le lis, à la page 71 du cahier que
vous-même ou votre cabinet m'a remis.
Une voix; Novembre et décembre?
M. Boisclair: Est-ce qu'il y a eu des restrictions à
l'embauche? Et, si oui, pour combien de postes?
M. Fortugno: Non. On avait une vingtaine de postes à
combler. Il y a eu un gel d'effectifs au cours de l'année et il y a
juste entre novembre et décembre qu'on a pu combler certains postes.
Donc, à cause des restrictions, de la politique, si vous vouiez, du
Conseil du trésor, il y a eu une période d'un mois où on
pouvait doter.
M. Boisclair: Oui, mais pouvez-vous doter en un mois?
Mme Robic: Bien oui, puisqu'ils en ont fait deux sur trois; ils
auraient pu faire le troisième. Malheureusement, ils ne l'ont pas
fait.
M. Fortugno: Ça prend trois mois, d'abord que
l'exercice...
M. Boisclair: Ça prend trois mois.
M. Fortugno:... de dotation... On peut doter à
l'intérieur du mois...
M. Boisclair: Oui.
M. Fortugno:... et débuter l'exercice de dotation
avant.
M. Boisclair: Oui.
M. Fortugno: C'est ça qui...
M. Boisclair: Alors, il y a donc un poste, compte tenu que vous
n'avez pas réussi à doter à temps, que vous avez perdu
parce que c'était le cas l'an dernier pour l'Inspecteur
général. Le processus de dotation, à ma
compréhension des choses, est certainement un processus plus long qu'un
processus d'un mois.
M. Fortugno: Oui. Mais, au cours de l'année, on a pu quand
même doter certains postes par voie de mutations. (16 h 20)
M. Boisclair: Je comprends ça, mais ça crée
d'autres... Il faut quand même - net, net - ajouter du personnel d'une
façon ou d'une autre. Ce que je veux savoir: Est-ce qu'il y a d'autres
postes? On me dit qu'il y a trois nouveaux postes qui avaient été
accordés. La ministre m'a dit qu'il y en a deux sur trois qui ont
été dotés.
Mme Robic: Ils étaient là.
M. Boisclair: C'est parce que, moi, on me dit qu'il y en a un qui
n'a pas pu être comblé. C'est à la page 71 du document
qu'on me remet, au milieu de la page, au service du contentieux.
Mme Robic: M. le Président, est-ce qu'on pourrait passer
la parole à M. Labelle qui va expliquer la différence du
poste?
M. Labelle (Jacques): De façon à bien comprendre,
au cours de l'exercice, il y a eu effectivement une certaine restriction
à l'embauche, c'est-à-dire qu'on ne pouvait pas embaucher du
nouveau personnel.
M. Boisclair: Si vous me permettez, l'ajout de combien de
personnes supplémentaires était prévu?
M. Labelle: Si vous me permettez, je vais finir et...
M. Boisclair: Oui, parfait.
M. Labelle:... après ça, on pourrait
peut-être revenir, si on veut bien se comprendre. Le processus de
dotation qui veut, justement, qu'on passe par le processus de recrutement est
un processus qui peut s'évaluer à peu près à trois
mois. Il y a eu effectivement une période, au cours de l'exercice,
où on aurait pu engager, mais, malheureusement, le processus d'embauche
n'étant pas déclenché, c'est-à-dire le concours de
recrutement n'étant pas déclenché, la période
était trop courte pour lancer le concours de recrutement et pouvoir
doter des postes. Maintenant, quant aux postes qui étaient prévus
pour être comblés, ce n'étaient pas des nouveaux postes,
c'étaient des postes qui étaient vacants à la Commission,
soit par des départs... Donc, ce n'est pas un ajout de postes qui avait
été accordé à la Commission à ce
moment-là, si bien qu'il n'y a pas eu de postes, non plus, qui ont
été perdus.
M. Boisclair: vous me dites qu'il n'y avait, pour l'exercice
1991-1992, aucun poste supplémentaire qui était prévu.
est-ce que je vous comprends bien?
M. Labelle: À savoir si des nouveaux postes, au cours de
l'exercice, ont été accordés?
M. Boisclair: Oui, pour l'exercice. Écoutez, moi,
l'information que j'ai, c'est qu'il y a 118 postes autorisés, alors
qu'il y en avait 114 pour 1990-1991. Donc, c'était l'ajout de cinq ou
six postes.
M. Hardy (Raymond): Excusez! Mon nom est Raymond Hardy, je suis
le directeur de l'administration. Est-ce que je peux essayer de répondre
à votre question?
M. Boisclair: Oui.
M. Hardy: En fait, il n'y a pas eu d'ajout de nouveaux postes,
dans le courant de l'année. Par contre, il y a eu une conversion de 10
postes occasionnels en postes réguliers, fonctionnaires. C'est ça
qu'est l'explication, finalement. Mais il n'y a pas eu de nouveaux postes,
comme tels, qui ont été ajoutés à nos effectifs.
C'est la conversion de postes occasionnels en postes permanents.
M. Boisclair: D'accord. Mais comment se fait-il, alors, qu'on
nous indique dans les cahiers de crédits qu'il y a un poste qui
«n'a pu être comblé par suite des restrictions sur
l'embauche»? Ce seraient donc, si je poursuis votre raisonnement, des
postes d'occasionnels qui auraient dû être transférés
en personnels réguliers et qui ne l'ont pas été?
M. Hardy: C'est ça, exactement.
M. Boisclair: Et combien de ces postes d'occasionnels
prévus auraient être transférés en employés
réguliers, mais ne l'ont pas été? Est-ce que c'est le seul
cas?
M. Hardy: Je pense qu'il y en a 4, actuellement, qui ne sont pas
encore comblés, sur les 10. On a des gens occasionnels qui sont
actuellement en poste, par exemple. Ils terminent leur contrat dans quelques
mois et, d'ici là, on verra à doter les postes par des personnes
régulières.
M. Boisclair: D'accord. Et ce sont essentiellement des
délais de temps qui vous ont empêchés de procéder au
transfert, si je peux m'exprimer ainsi...
M. Hardy: Oui.
M. Boisclair: ...de personnes occasionnelles à personnes
à temps plein?
M. Hardy: c'est dû aussi au fait qu'il y avait des
occasionnels déjà en poste et que les contrats se terminent dans
les mois à venir, en mai ou en juin.
M. Boisclair: Cette année, vous prévoyez l'ajout de
combien de personnes supplémentaires? Le président de la
Commission espérait avoir des budgets qui allaient passer de 8 000 000 $
à 13 000 000 $ et qui lui auraient permis l'embauche de 58 personnes
supplémentaires. Est-ce qu'on pourrait savoir exactement combien de
postes sont prévus cette année, d'ajout de personnel?
Mme Robic: Je vous rappellerai, M. le Président, que l'an
dernier il y avait eu le dépôt du rapport Mallette qui
présentait un plan triennal de réorganisation pour la Commission
des valeurs mobilières du Québec, rapport avec lequel
j'étais en accord pour la majorité des recommandations. Plusieurs
de ces recommandations, d'ailleurs, avaient déjà
été mises en place par la Commission des valeurs
mobilières au moment même de l'étude des crédits de
l'an dernier. Ce plan triennal demande, bien sûr, des ajouts de postes.
J'ai avisé le président de la Commission des valeurs
mobilières que j'étais tout à fait d'accord avec la
majorité des recommandations de ce rapport et nous avons fait une
demande au Conseil du trésor, demande qui nous a été
accordée. Dans ce nouveau budget de 1992-1993, la Commission des valeurs
mobilières du Québec a obtenu un nombre de postes additionnels et
je pense, M. le Président, qu'on en est très fiers, puisque ces
25 postes additionnels...
M. Boisclair: 22. Aux crédits, on nous indique 148 et
126.
Mme Robic: O.K. 22 postes additionnels pour la prochaine
année. Alors, encore une fois, je vous rappelle que tous les
ministères ont subi des coupures, qu'il y a eu des restrictions
budgétaires partout dans tout le réseau et que, malgré
ça, nous avons pu convaincre le Conseil du trésor et le Conseil
des ministres de l'importance de doter la Commission des valeurs
mobilières de ces postes additionnels. Alors, nous en sommes fort
satisfaits, M. le Président. C'est un début et je vous rappelle
que ce plan est un plan triennal.
M. Boisclair: Donc, vous me dites que les postes vont être
accordés sur trois ans?
Mme Robic: Non.
M. Boisclair: Sur un an?
Mme Robic: M. le député de Gouin, vous êtes
bien trop intelligent pour jouer ce jeu-là, hein?
M. Boisclair: Est-ce que le président de la Commission,
qui disait publiquement que son budget allait passer à 11 000 000 $ et
demandait 54 ou 56 postes - j'oublie la référence exacte,
mais certainement au-dessus de 50 - estime que, compte tenu des nouveaux
véhicules d'épargne qui se sont développés au fil
des ans et compte tenu aussi du mandat de la Commission, avec les ressources
qu'il a, il pourra accomplir correctement sa mission?
M. Fortugno: M. le député de Gouin, lorsque j'avais
mentionné une cinquantaine de postes, ça s'inscrivait dans la
même veine que le rapport Mallette qui est un rapport triennal. Bien
sûr, la demande au Conseil du trésor était appuyée
par le rapport Mallette également et je dois dire que, sans être
pour autant content, pour utiliser un jargon, je pense que 25 postes, 3 permis
et 22, est un chiffre qui me sourit beaucoup. Oui, comme je l'ai
répété dans les années passées, ça va
permettre à la Commission de continuer à accomplir sa mission et
aussi de mettre l'accent au sein de l'encadrement du marché et dans
d'autres secteurs opérationnels de la Commission.
M. Boisclair: est-ce que vous prévoyez être capable,
compte tenu des délais pour faire la dotation, d'embaucher ces 22
personnes supplémentaires, qu'on ne se retrouvera pas avec les
mêmes problèmes qu'on a connus cette année pour ce poste et
que l'inspecteur a connus l'an dernier aussi?
M. Fortugno: M. le député de Gouin, parmi les 22
postes que j'ai, il y a aussi des occasionnels professionnels au sein de la
Commission. Il y a des dotations qui sont en cours à l'heure actuelle
avec des listes d'éligibilité pour les postes qui s'en viennent
dans l'année.
M. Boisclair: Combien de postes?
M. Fortugno: Je crois que je serai en mesure d'accomplir le
mandat que la Commission s'est dessiné il y a deux ans, le mandat qui
lui revient en matière internationale, au Québec en
matière d'application de la loi et...
M. Boisclair: Combien de postes occasionnels allez-vous
transférer?
M. Fortugno: Je ne le sais pas encore. On ne peut pas les
transférer comme ça; il faut que les gens occasionnels
appliquent.
M. Boisclair: D'accord, je comprends très bien. Il faut
qu'ils appliquent, il faut qu'ils rencontrent les conditions.
M. Fortugno: Nous avons fait un concours, puis je crois qu'il y
avait 143 postulants. Il y a eu un examen dans une salle pour recevoir tous ces
gens-là et c'est un processus.
M. Boisclair: Le processus est en cours.
M. Fortugno: Les occasionnels risquent aussi de ne pas avoir le
poste plus tard. (16 h 30)
M. Boisclair: Donc, vous estimez être capable au cours de
cette année financière, de combler ces 22 postes?
M. Fortugno: Je m'empresse immédiatement aussitôt
que le tout est confirmé.
M. Boisclair: Aussitôt que vous aurez quitté la
salle. Oui, d'accord.
Mme Robic: M. le Président, je pense qu'on peut dire que
la réorganisation est bien enclenchée. D'ailleurs, ça nous
a valu des compliments de certaines personnes qui ont pu, dernièrement,
examiner le travail que fait la Commission des valeurs mobilières. Entre
autres, un qui n'est certainement pas un des moindres, c'est le Protecteur du
citoyen qui me dit que, depuis la venue de M. Fortugno et de la ministre - je
vais m'envoyer des fleurs, moi aussi; je n'attendrai pas que vous le fassiez,
M. le député de Gouin; je suis sûre que vous ne ferez pas,
alors je vais le faire moi-même - il y a eu des gros changements et
beaucoup d'amélioration. Je pense qu'il faut rendre hommage, à ce
moment, aux gens de la Commission des valeurs mobilières pour leur
travail et, je pense que vous l'avez vu vous-même, le travail s'accomplit
d'une façon efficace et rapide quand il s'agit de la protection des
épargnes des épargnants.
M. Boisclair: C'est pour ça qu'ils n'ont pas
été capables de combler le troisième poste qu'ils auraient
dû combler.
Voyages à l'étranger
Ceci étant dit, passons peut-être à un autre sujet.
Nous avons été un peu surpris, en faisant les croisements entre
différentes informations que vous nous avez fournies, d'apprendre, entre
autres, que les voyages à l'extérieur du Canada -puisque ce sont
les informations qu'on nous avait données - ont augmenté, entre
1990-1991 et 1991-1992, de 64 %, passant de 31 449 $ à 51 601 $. Au
moment où même vous, comme ministre, êtes soumise à
des règles beaucoup plus strictes pour les voyages à
l'étranger, au moment aussi où la Commission se plaint ou, en
tout cas, manifeste une certaine volonté pour obtenir des crédits
supplémentaires et du personnel supplémentaire, je suis surpris
de voir qu'on passe de 31 000 $ à 51 000 $, particulièrement dans
une année, dans un contexte difficile où on reconnaît que
tout le monde a besoin de ressources. Cette recommandation d'augmenter les
voyages à l'étranger ne faisait certainement pas partie du
rapport Mallette, pas plus qu'un voyage de trois jours à Washington, qui
coûte autant qu'un voyage de quatre jours à Paris. Alors, je
ne sais pas si la ministre trouve normal de voir une augmentation
semblable à celle-là et je ne sais pas si elle a des
commentaires. Je parle toujours bien des voyages à l'extérieur du
Canada, puisque c'est la seule base de références que nous
ayons.
Mme Robic: Oui. M. le Président, si vous me le
permettez, je vais commencer la réponse et, quant aux coûts, je
demanderai au président de la Commission de répondre à
cette partie de la question. Mais, M. le Président, oui, ça fait
partie des recommandations du rapport Mallette, l'internationalisation, et on
ne peut pas s'internationaliser en restant chez nous. C'est bien sûr,
quand on veut s'internationaliser, qu'on veut compétitionner à
l'intérieur des frontières du Canada ou à
l'extérieur, qu'il faut absolument créer de ces
contacts-là et savoir ce qui passe partout à travers le monde.
Quand on parle d'harmonisation, on parle d'harmonisation à
l'intérieur du Canada, mais on parle également aujourd'hui d'un
marché international. On sait, M. le Président, que l'avenir est
à l'international, à la mondialisation et que notre
compétition n'est plus notre voisin, elle est internationale. Donc, il
faut être à l'affût de l'information. Il nous faut
également participer et nous faire connaître,
premièrement.
Deuxièmement, M. le Président, si vous regardez plusieurs
de ces voyages-là, c'a été pour conclure des ententes avec
d'autres pays. C'est tout à l'honneur du Québec et de la
Commission. M. le député, je comprends qu'à chaque fois
qu'ils sont allés faire un voyage ils n'ont pas signé une
entente, mais il y a eu plusieurs ententes de signées, si vous
préférez, plusieurs ententes de signées. C'est des
ententes importantes qui sont tout à l'honneur du Québec et de la
Commission des valeurs mobilières. On reconnaît au niveau
international la compétence de la Commission des valeurs
mobilières du Québec à pouvoir aider dans la formation,
dans la distribution d'information, et je trouve ça extraordinaire,
premièrement. Deuxièmement, les retombées pour le
Québec peuvent être également fort importantes.
Alors, oui, M. le Président, il y a des restrictions. Même
à l'achat, au nombre de plumes, il y a des restrictions, M. le
Président. Mais, de penser qu'on pourrait, demain matin, arrêter
de voyager, ce serait se refermer sur nous-mêmes et ce serait très
dangereux pour notre avenir. Quant aux voyages eux-mêmes, si vous voulez
avoir le détail et les coûts, bien, là, je vais demander au
président de la Commission de vous les expliquer.
M. Boisclair: M. le Président, si vous me permettez, ce
que je comprends des propos de la ministre, c'est que la directive qui est
bonne pour le Conseil des ministres n'est pas bonne pour la Commission des
valeurs mobilières du
Québec, et la Commission des valeurs mobilières du
Québec a fait plus de voyages à l'étranger qu'en a fait le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Alors, je comprends très
bien, là. On peut tenir un discours vertueux et généreux
sur l'internationalisation des marchés, j'en suis. Cependant, il y a
aussi un contexte dans lequel on évolue et je ne vois pas pourquoi les
directives qui sont bonnes pour le Conseil des ministres... On en fait part
même publiquement. On dit que chaque voyage doit être
justifié; on doit certainement être beaucoup plus judicieux dans
les choix de conférences, de voyages ou de missions qu'on peut
effectuer. Je suis surpris. Je ne parle pas d'une augmentation de 10 % ou de 15
%, Mme la ministre; je vous parle d'une augmentation de 64 %, passant de 31 000
$ à 51 000 $. C'est une augmentation qui, à mes yeux,
apparaît contraire à toutes les directives que le gouvernement du
Québec tente d'émettre à l'heure actuelle et c'est
d'autant moins judicieux que la Commission cherche, par tous les moyens, toutes
les façons possibles, à obtenir des budgets
supplémentaires.
Mme Robic: M. le Président, je veux rassurer le
député de Gouin. Cette directive s'applique également
à la Commission des valeurs mobilières du Québec et nous
avons demandé à la Commission des valeurs mobilières du
Québec, à partir du moment où nous avons reçu cette
directive, de bien vouloir s'y conformer et d'aviser la ministre des voyages
qu'elle a l'intention d'accepter. Oui, vous avez raison, il faut regarder
ça d'une façon sérieuse, mais de là à
pouvoir dire que, demain matin, on peut arrêter de voyager quand on
participe activement à l'organisme international et qu'on veut continuer
à influencer cet organisme, bien, je vais être obligée de
vous dire qu'il va continuer à y avoir des voyages, mais que nous
allons, bien sûr, les regarder en tenant compte de cette directive.
M. Boisclair: Une augmentation de 64 % est donc normale?
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières.
M. Fortugno: Merci, M. le Président. J'aimerais soulever
deux affaires assez importantes. Vous allez remarquer que la plupart des
voyages, ce n'est pas seulement des voyages en matière de colloques, de
séminaires ou de formation. C'est des voyages d'affaires.
La Commission, depuis que je la préside du moins, depuis que je
suis là, on a signé trois ententes internationales pour
l'échange d'informations qui est essentiel dans un marché
international, là où il n'y a pas de frontières, pour
protéger les épargnants. C'est essentiel qu'on sache, nous, au
Québec, les données financières de quelqu'un qui est
inscrit hors de notre ter-
ritoire. C'est la première raison de certains de ces
voyages-là.
M. Boisclair: est-ce que c'est plus important que les voyages que
le ministre de l'industrie et du commerce peut faire pour aller chercher des
investissements?
M. Fortugno: Écoutez-moi! Oui. Notre deuxième
rôle, le deuxième motif sur lequel j'insiste, c'est parce qu'il y
a un partenariat que la Commission mousse, si vous voulez, avec l'industrie.
Ça fait partie de s'occuper, si vous voulez, de l'économie du
Québec et du bon fonctionnement du marché.
M. Boisclair: Je comprends ça, mais pourquoi une
augmentation de 65 %?
M. Fortugno: Le troisième volet, si vous me
permettez...
M. Boisclair: L'an dernier, c'était la même
chose.
M. Fortugno: Permettez-moi. Il y a une dernière
clé, c'est très important, à mon sens, et j'y tiens, c'est
que la province de Québec et la Commission occupent le champ
constitutionnel en valeurs mobilières, surtout sur le plan
international. Ça, c'est essentiel à l'heure actuelle.
M. Boisclair: Tout ce que vous me dites là, c'était
aussi vrai en 1990-1991, et je suis tout à fait d'accord avec vous. J'en
suis. Vous n'avez pas à me convaincre de ça. Nous-mêmes,
comme parlementaires, sommes appelés à entretenir des relations
avec des parlementaires d'autres États, que ce soit pour la francophonie
ou que ce soit avec les pays du Commonwealth. Je trouve ça bizarre et,
de la même façon, le président de l'Assemblée
nationale serait interpellé s'il y avait une augmentation de 64 %. Moi,
j'en suis, là, mais qu'est-ce qui a été plus important en
1991-1992 qu'en 1990-1991? Je vous parle de 64 % d'augmentation, passant de 31
449 $ à 51 601 $. Plus particulièrement, je suis intrigué
de voir que le voyage de Mme Gagné de trois jours à Washington a
coûté 2000 $ alors que le voyage de Mme Hotte de quatre jours
à Paris a coûté 1524 $. Alors, je suis heureux de savoir
que ça coûte moins cher d'aller passer plus de temps à
Paris que d'aller à Washington. On va tous s'y rendre.
M. Fortugno: Je dois souligner que Mme Hotte, comme
vice-présidente, allait négocier à Paris, tandis que la
conférence annuelle, il y a une cotisation à ça.
M. Boisclair: Oui. Combien? (16 h 40)
M. Fortugno: Si vous voulez avoir des pré- cisions,
là... Les conférences annuelles en matière de valeurs
mobilières se situent entre 500 $ et 1000 $.
M. Boisclair: On pourrait peut-être me fournir cette
information là.
M. Fortugno: Oui, oui. Ça me fera plaisir. M.
Boisclair: Parfait. Vous estimez normal...
M. Camden: Peut-être si le député de Gouin me
le permet, considérant...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: ...que ça fait déjà un certain
temps, je lui recéderai tout ça.
M. Boisclair: Vous diriez au président du Conseil du
trésor qu'il n'y a pas de petites économies à faire? C'est
ce que vous disiez hier.
M. Camden: Non, c'est lui qui indiquait ça. Alors, vous
reprenez là ses propos. Remarquez que je me réjouissais de tout
ça.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez la parole, M. le
député de Lotbinière.
Interventions sur la scène
internationale
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président. Dans la
même perspective du sujet en relation avec la scène internationale
et plus particulièrement de cette stratégie d'intervention
internationale qui vise à promouvoir et à consolider la double
mission de la Commission des valeurs mobilières du Québec, au
chapitre plus particulièrement de la protection des épargnants
et, ce qui manifestement nous intéresse à bien des égards,
du développement du marché québécois, est-ce que le
président ou Mme la ministre pourraient nous informer du nombre, de la
nature et de la portée des interventions qu'il y a eu au cours de la
dernière année sur la scène internationale?
Mme Robic: M. le président, s'il vous plaît.
M. Fortugno: Merci, M. le Président. Les champs
d'activité que nous avons recensés nous ont amenés
à élaborer une stratégie sur trois ans, suite au rapport
Mallette, qui se déploie sur deux axes. Le premier répond
à notre préoccupation d'assurer la protection des
épargnants, surtout dans le contexte des marchés internationaux.
Et parmi les modes d'intervention que nous avons privilégiés, de
pair avec nos homologues des autres pays, il y a la signature d'ententes
d'assistance mutuelle et d'échanges d'informations et de collaboration
technique. Actuellement, la Commis-
sion comme telle a signé des ententes avec les États-Unis,
la France et la Hongrie. D'autres signatures sont prévues pour 1992,
pour cette année, avec la Grande-Bretagne, les Pays-Bas, le Mexique et
la Belgique. Des négociations sont en cours avec le Japon, Hong-kong et
l'Italie. Ces accords sont prévus pour 1993. Le choix de ces pays est
déterminé en vertu des activités courantes qui se font
entre les deux marchés, soit le marché québécois et
le marché dans ces pays.
Maintenant, le deuxième axe de notre stratégie
internationale, nous avons voulu assurer la présence
québécoise dans la redéfinition, si vous voulez, de la
dynamique politique économique qui se passe en Europe centrale et en
Europe de l'Ouest. Il y a aussi les pays tiers qui sont à la recherche
des formules de modernisation. Nous avons participé, si vous voulez,
avec l'ensemble de l'industrie au Québec à un échange
d'expertise, ce qui permet que l'expertise québécoise peut
être mise en valeur et rentabilisée par le biais de transfert
d'expertise et d'assistance technique.
La présence publique du Québec dans le domaine
répond à un objectif de positionnement du secteur privé.
On peut penser, entre autres, au Mouvement Desjardins qui a
développé certaines ententes avec un mouvement coopératif
en Hongrie. Actuellement, la Commission des valeurs mobilières du
Québec a été la première à poursuivre un
programme structuré de coopération professionnelle avec les pays
d'Europe centrale, en l'occurrence la Hongrie. Ça, c'est sans l'OICV et
sans autre organisation internationale. Pour la Hongrie, la Banque mondiale a
considéré 11 commissions de valeurs mobilières à
travers le monde, pour lui venir en aide. Ils ont choisi le Québec parce
qu'on avait un programme structuré. Des négociations sont en
cours, à l'heure actuelle, pour la Roumanie, les pays Baltes et la
Russie.
Il me fait plaisir aussi de vous souligner que récemment la
Commission des valeurs mobilières du Québec a été
accréditée comme centre d'expertise au sein de certaines
institutions financières internationales dont la Banque
européenne de reconstruction et de développement, la BERD, la
Banque mondiale et la Société financière internationale.
Si vous voulez, en somme, c'est une stratégie de développement du
marché québécois, tout en assurant la protection des
épargnants.
M. Boisclair: Sur ce sujet, M. le Président, est-ce qu'il
est vrai que le président de la Commission s'est déjà
rendu en Europe, sans que l'entente soit entérinée par le
ministère des Affaires internationales, ce qui aurait causé un
imbroglio? Est-ce qu'à chaque fois que vous allez signer une entente,
bien sûr, vous avez besoin de l'imprimatur du ministère des
Affaires internationales?
M. Fortugno: Oui.
M. Boisclair: Et est-ce qu'il est vrai que, récemment, il
y a eu un problème car, à un moment donné, vous
étiez là-bas et l'entente que vous aviez signée
n'était pas encore approuvée ou n'avait pas suivi tout le
processus d'évaluation du ministère des Affaires
internationales?
M. Fortugno: Pas du tout. Le président de la Commission
était en Suisse, parce qu'il y avait une conférence avec les
institutions financières de l'Europe, à Bâle. Par la suite,
il fallait que je fasse une escale à Paris pour signer l'entente. Le
personnel de la Commission, ainsi que celui du ministère des Affaires
internationales étaient sur place et mettaient la touche finale, si vous
voulez, à l'entente qui était prévue pour signature.
M. Boisclair: Deux autres questions peut-être qui ont trait
au cahier, avant qu'on aborde les dossiers de fond. À la page 62, vous
nous dites qu'il y a six dossiers à l'étude à l'heure
actuelle par le Protecteur du citoyen. Dans combien de cas, est-ce que la
Commission a reçu un avis de lésion de la part du Protecteur du
citoyen?
M. Fortugno: Aucun. L'affaire Paré, puis c'est tout.
Aucun.
M. Boisclair: Donc, dans les autres cas, vous n'avez pas
reçu d'avis de lésion du Protecteur du citoyen? On pourrait
peut-être, à ce moment-ci - c'est un sujet qui est certainement
intéressant et qui pourra certainement... - au-delà des questions
plus techniques d'administration et tout ça, aborder quelques dossiers
de fond. Le premier que j'aimerais aborder avec vous, M. le Président,
c'est celui du salaire des dirigeants des entreprises dont on devrait assurer
la divulgation.
Divulgation des salaires des dirigeants
d'entreprises
Tout à l'heure, on nous disait jusqu'à quel point il est
important que la Commission puisse assurer un certain leadership dans cette
affaire. Le président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec a certainement assumé un leadership important, puisque le
27 avril, l'an dernier, à peu près à pareille date,
puisque c'était à l'occasion de l'étude des crédits
qu'il avait rencontré le journaliste, le président se
prononçait favorablement à la divulgation du salaire des cadres
dans les prospectus. Je le cite: «Celui qui va me faire rebrousser chemin
a besoin d'avoir des arguments à toute épreuve», a
déclaré Paul Fortugno. Et il disait plus loin: «Les
entreprises publiques appartiennent aux actionnaires. Ces derniers ont le droit
de faire les
rapprochements qui s'imposent entre la rémunération et les
incitatifs versés et la performance ou les résultats obtenus. Ils
ont le droit également de s'enquérir s'il y a dilapidation des
avoirs ou s'il y a une sortie massive de capitaux au profit d'une quelconque
élite.»
Alors, je voudrais savoir si c'est toujours l'opinion, à tout le
moins, que partage la ministre. Que se passe-t-il dans ce dossier au moment
où le cabinet ontarien du gouvernement Rae étudie une proposition
de M- Wright, qui est le président de la Commission des valeurs
mobilières de l'Ontario, qui a une formule originale, qui est un peu
à mi-chemin entre celle des États-Unis et celle du Canada? Alors,
je voulais savoir ce qu'a fait le président ou le gouvernement pour en
arriver, finalement, à une divulgation des salaires des dirigeants
d'entreprises, quel est l'échéancier dans ce dossier et quand
nous pourrons avoir une proposition quelconque sur la table à
étudier.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: Merci, M. le Président. Oui, c'est bien
sûr que, nous aussi, nous regardons ce dossier-là de près.
Nous devrions pouvoir arriver avec notre choix dans peu de temps. Mais je vous
avoue que je regarde avec beaucoup d'ouverture la position qu'a prise en ce
moment l'Ontario Securities Commission et je serais portée à
croire que ce serait une position qu'on pourrait très bien tenir. Mais
on n'a pas encore arrêté notre décision
là-dessus.
M. Boisclair: On faisait état, entre autres, dans le
rapport Mallette, dans les orientations stratégiques, que la Commission
des valeurs mobilières du Québec devait certainement jouer un
rôle plus important, particulièrement au Canada, sur
l'élaboration de la réglementation du marché des valeurs
mobilières au Canada. (16 h 50)
À l'heure actuelle, l'Ontario est la seule à occuper le
terrain sur ce dossier au Canada; à tout le moins, c'est ce qu'une revue
de presse récente nous permet de conclure. On sait que le
président de la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario a
déposé un projet qui est à l'étude à l'heure
actuelle au cabinet. Est-ce que la réponse du gouvernement et de la
Commission des valeurs mobilières à cette recommandation du
rapport Mallette qui suggère que la Commission joue un rôle plus
important sur l'élaboration de la réglementation, est-ce que la
réponse de la Commission à cette préoccupation, c'est de
laisser la Commission de l'Ontario seule sur la glace? Sinon, est-ce que la
ministre est d'accord avec la position du président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec qui dit très clairement:
«Celui qui va me faire rebrousser chemin a besoin d'avoir des arguments
à toute épreuve»? Finalement, est-ce que la ministre a des
arguments à toute épreuve?
Mme Robic: Alors, M. le Président, le député
de Gouin aime s'amuser!
M. Boisclair: Bien, je ne m'amuse pas, je cite.
Mme Robic: C'est parce que vous exagérez. Le
député de Gouin exagère tout le temps. On parle ici de la
divulgation de salaire pour prétendre que la Commission des valeurs
mobilières laisse la Commission de l'Ontario gérer toute la
réglementation à travers le Canada.
M. Boisclair: Sur ce débat-là, sur ce
débat-là.
Mme Robic: écoutez, il ne faut tout de même pas
exagérer là. on est la table et c'est de tout temps que la
commission des valeurs mobilières du québec joue un rôle
important, sinon prédominant, au niveau canadien quand il s'agit de
réglementation. on est là à la table. parce que, nous, une
fois on n'était pas les premiers arrivés à une solution,
ça ne veut pas dire qu'on n'est pas intéressés au
problème et qu'on ne le regarde pas. bien oui, on le regarde, ce
problème-là. il y a déjà une divulgation qui est
faite. il ne faut pas prétendre que ça n'existe pas, la
divulgation. elle n'est peut-être pas satisfaisante aujourd'hui. nous
regardons les possibilités. nous avons regardé ce qui se fait aux
états-unis et nous réalisons que même les
états-unis, après l'entente d'information que nous avons
signée, acceptent la façon dont nous obligeons nos entreprises
à faire leur divulgation en ce moment. donc, ce n'est pas si mauvais que
ça, premièrement. et, deuxièmement, on trouve que
l'ontario est peut-être arrivé avec une solution mitoyenne. et
moi, m. le président, je n'ai pas de problème à accepter
une bonne solution même si elle vient de l'ontario.
M. Boisclair: Alors, est-ce que la ministre est d'accord avec le
président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec qui réclame une divulgation pleine et complète?
Mme Robic: M. le Président, je pense que j'ai donné
ma réponse.
M. Boisclair: Oui ou non? Je n'ai pas compris.
Mme Robic: M. le Président, il faudrait qu'il
écoute ce que je dis là, avant de préparer sa prochaine
question.
M. Boisclair: Je ne prépare pas ma prochaine question.
Est-ce que vous êtes d'accord avec la position du président de la
Commission des valeurs mobilières du Québec? Est-ce que vous
faites simplement regarder ce qui se passe en Ontario? Quand avez-vous
l'intention, au Québec,
de prendre une décision sur ce sujet?
Mme Robic: Alors, M. le Président, je ne vous donnerai pas
une date exacte.
M. Boisclair: À peu près.
Mme Robic: Mais, M. le Président, je viens de dire, si
vous voulez que je répète là...
M. Boisclair: Oui, allez.
Mme Robic: ...je viens de dire qu'on regarde ce problème,
que, pour nous, ce n'est pas un problème aigu. Il y a une divulgation
qui se fait présentement. Ce genre de divulgation est accepté par
la Commission des États-Unis qui a signé une entente avec nous et
qui accepte la façon dont on fait les choses, malgré qu'elle le
fait différemment. Nous regardons la position de l'Ontario. Je vous dis
que je trouve qu'ils ont peut-être trouvé une voie
intéressante et que, quand j'aurai pris ma décision finale, je
vous en informerai.
M. Boisclair: La seule...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
député de Gouin, c'est que votre temps de parole est
terminé en ce qui a trait aux 20 minutes. Mais je veux vous faire
comprendre qu'il y a une distinction entre l'enveloppe de temps qui nous est
allouée, dont 50 % appartiennent au parti ministériel, et le
nombre d'interventions de 20 minutes que vous pouvez faire. Et, à venir
jusqu'à maintenant, vous avez pris 1 h 30. Les réponses de Mme la
ministre ne sont pas incluses dans votre intervention. Je vous ai laissé
quand même aller en ne partageant pas l'enveloppe de temps de part et
d'autre parce qu'il n'y avait pas de questions du côté du parti
ministériel. Mais est-ce qu'il y a des interventions du
côté du parti ministériel? M. le député de
Lotbinière, est-ce que vous avez des interventions?
M. Camden: J'aurai peut-être l'occasion de revenir tout
à l'heure sur d'autres sujets, M. le Président.
M. Boisclair: La préoccupation que nous essayons de faire
valoir, je pense qu'elle est fondée. Je peux citer des gens qui
disaient, sur le retard que le Canada prenait: «We think this would
encourage bad habits and perhaps damage the image of Canadian stocks in the US
market. You have got to remember the tendancy is good news, you get out early;
bad news, you try to postpone. So that should be a worry and a concern to
investors.»
Ce que je veux tout simplement illustrer, c'est que je crois que,
rapidement, on doit se brancher sur cette question-là, autant que
possible essayer, bien sûr, de jouer un rôle déterminant
dans le débat. J'aimerais bien que les propos du président de la
Commission des valeurs mobilières du Québec qui, franchement, en
toute honnêteté s'est dit favorable à une divulgation
pleine et complète des salaires des dirigeants d'entreprises, soient
revus et qu'on puisse finalement en arriver à une politique qui serait
semblable à celle des États-Unis.
Ceci étant dit, M. le Président, je voudrais
peut-être passer à un autre dossier qui est celui de la
création d'une commission fédérale des valeurs
mobilières du Québec. On sait que le président, encore
là, est allé tout de go parler franchement, comme il a l'habitude
de le faire, et s'est opposé à la création d'une
commission fédérale des valeurs mobilières, position
à laquelle, je pense, même, non seulement l'Opposition, mais le
gouvernement, bien sûr, se rallient. On trouvait un peu étrange,
cependant, que ce soit le président de la Commission qui se fasse le
porte-parole du gouvernement dans ce dossier. Nous aurions de beaucoup
préféré que ce soit la ministre qui clairement indique ses
intentions à ce sujet. Mais on ne s'accrochera pas les pieds dans les
fleurs du tapis à se préoccuper de détails plus
protocolaires qu'autre chose. Mais il y a quand même des choses
importantes et des rumeurs, aussi, qui circulent auprès des gens qui
s'intéressent à la réglementation des valeurs
mobilières du Québec.
Reconnaissance de i'ACCOVAM-Québec et
inspection de nos courtiers par l'IDA
J'aurais quelques questions très rapides à poser sur ce
dossier. Où en est, d'une part, le dossier de la reconnaissance par la
Commission des valeurs mobilières du Québec de
I'ACCOVAM-Québec? Le président de la Commission des valeurs
mobilières actuel a dit au début de son mandat que ce serait
réglé en quelques jours. La deuxième question qui
m'apparaît importante, c'est que bien des gens prétendent que
l'IDA nationale hériterait du mandat national d'inspection des courtiers
en valeurs mobilières, y compris ceux du Québec. Est-ce que la
Commission est d'accord avec cette proposition-là? On sait qu'il y a la
proposition de l'Ontario dans le portrait. Finalement, sur ces deux sujets, sur
la reconnaissance de I'ACCOVAM-Québec qui devait être
réglée dans les quelques jours suivant la nomination du
président et sur la possibilité que ce soit l'IDA nationale qui
fasse l'inspection des courtiers, y compris ceux du Québec, est-ce qu'il
y a une position claire sur ce sujet et, si oui, dans quel sens?
Mme Robic: M. le président, je vais vous donner la parole
dans une minute, mais vous comprendrez que les préambules du
député de Gouin me forcent à répondre. Encore une
fois, le député de Gouin se rappelle bien ce qu'il veut se
rappeler. On me donne ici une note. C'est le 24
janvier 1992 que j'ai cité publiquement que je m'opposerais
à une commission des valeurs mobilières nationale.
«C'est-u» assez clair, ça?
M. Boisclair: Ça n'a pas fait beaucoup de bruit.
Mme Robic: C'est parce que vous parlez tellement fort alentour
que vous ne m'écoutez pas. Vous devriez m'écouter. Je m'excuse,
là, mais je le dis, Vous êtes trop occupé à lire
votre prochaine question; vous n'écoutez pas ce que je vous dis quand je
vous parle. M. le Président...
M. Boisclair: C'était pire que ça à
l'interpellation.
Mme Robic: ...les commissions des valeurs mobilières de
chaque province de ce pays ont fait la preuve que ça pouvait fonctionner
sans avoir besoin d'un organisme national pour chapeauter les commissions des
valeurs mobilières. Elles font la preuve que, quand les
présidents de chaque commission de chaque province s'assoient alentour
d'une table, ils peuvent discuter ouvertement des problèmes auxquels ils
font face, de l'avenir, des besoins dans l'avenir et échanger. C'est un
échange de toute importance, lis le font très bien. Ils arrivent
avec des suggestions à chacun de leurs ministres. On peut harmoniser nos
politiques et on peut souvent tirer des expériences des autres
provinces. Ça a été bénéfique à cette
industrie. Alors, vous comprendrez que «if it ain't broken, why change
it?» - C'est ça, l'expression? C'est ça l'expression.
Une voix: «Do not fix it.» (17 heures)
Mme Robic: «Do not fix it». Merci. Alors, je pense
ici qu'on a un modèle exceptionnel, il faut, au contraire... Il y a bien
d'autres provinces, bien d'autres ministres, mes homologues provinciaux, qui
sont tout à fait d'accord avec ce que je dis. On a un système qui
fonctionne, on n'a pas de raison valable de le changer. Au contraire, je pense
que ça pourrait faire en sorte que nos présidents se sentent
moins écoutés et sentent qu'ils ont un rôle moins important
à jouer. Puis, je veux que mon président continue à avoir
le rôle aussi important qu'il a à jouer alentour de cette table.
«C'est-u» assez clair, M. le Président?
M. Boisclair: hélas! non. je suis d'accord avec cette
position-là, j'ai même eu l'occasion de l'exprimer moi-même
dans un communiqué. deux questions claires...
Mme Robic: Vous faites beaucoup de communiqués, c'est
vrai.
M. Boisclair: ...et je les répète: Où en est
la reconnaissance par la Commission des valeurs mobilières du
Québec de l'ACCOVAM-Québec? Le président actuel de fa
Commission a dit que ce serait réglé dans les quelques jours
suivant sa nomination. Deuxième chose, il y a des rumeurs fondées
et persistantes à l'effet que l'IDA nationale se verrait octroyer le
mandat de faire la vérification de l'ensemble des courtiers, y compris
ceux du Québec. Je ne vous parle pas de rescinder toute la Commission
des valeurs mobilières du Québec. Ça, c'étaient les
propositions fédérales et on sait ce qui leur est arrivé.
Mais, cependant, sur ces deux questions-là, l'ACCOVAM et l'IDA qui
aurait le mandat d'inspecter les courtiers, où c'en est rendu et quelle
est la position du gouvernement ou du président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, je me dois de favoriser le débat en toute équité.
J'ai peut-être des remords, parce que j'ai aussi comme
responsabilité de faire appliquer le règlement. Si vous regardez
au livre des crédits, vous allez constater que la Commission des valeurs
mobilières ne fait l'objet que d'un seul programme et que votre temps,
qui était de 20 minutes, est épuisé en vertu de l'article
284.
M. Boisclair: On a deux programmes.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez 20 minutes pour
chacun des programmes. Or, il y a un programme seulement. Vérifiez au
livre des crédits.
M. Boisclair: J'ai posé une question, j'aimerais juste
qu'on puisse y répondre.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, ce que je veux
vous faire comprendre, c'est que le temps alloué ou le temps que vous
aviez de disponible pour la Commission des valeurs mobilières serait
épuisé.
M. Boisclair: on a deux programmes, m. le président,
à étudier. comment voulez-vous, si on suit cette
logique-là, qu'on puisse passer quatre heures en commission?
Le Président (M. Lemieux): Regardez bien, je vais vous
l'expliquer.
M. Boisclair: L'ordre de la Chambre, c'est clair, c'est quatre
heures.
Le Président (M. Lemieux): Je vais vous l'expliquer. Je
vais vous expliquer ça très rapidement. «Le temps de parole
dont dispose chaque membre d'une commission vaut pour chaque
élément d'un programme et peut être utilisé»
en une seule intervention. Et ce temps de parole est de 20 minutes, mais vous
n'êtes pas le seul membre autour de cette table.
M. Boisclair: Je sais, mais vous avez demandé à
deux reprises...
Le Président (M. Lemieux): Alors, si vous multipliez 12
par 20, vous allez voir qu'il est possible pour des parlementaires d'avoir, eux
aussi, à utiliser leur temps de parole. En plus, comme le temps de la
ministre n'est pas inclus dans votre temps de parole, il est donc très
facile de faire quatre heures. Moi, j'attire votre attention parce que je me
dois de faire respecter le règlement.
M. Boisclair: Moi je voulais faire deux heures sur la Commission
des valeurs mobilières et deux heures sur l'Inspecteur
général.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire que vous ne
le pouvez pas en principe. En vertu du règlement, vous pouvez le faire
si je ne comptabilise pas... Vous ne pouvez pas le faire même si je
comptabilise... C'est-à-dire que je n'ai pas à comptabiliser dans
votre temps de parole...
M. Boisclair: Ça a l'air bien compliqué.
Le Président (M. Lemieux): ...le temps de parole de la
ministre, mais vous disposez... Dans le livre des crédits, il y a un
élément et, si je lis 284, 285, c'est 20 minutes pour cet
élément-là, il n'y en a pas 2,3.
M. Boisclair: Est-ce qu'on peut suspendre ce débat, le
temps pour la ministre de répondre? Il y a nos experts là.
Le Président (M. Lemieux): Ah! si Mme la ministre veut
bien y répondre de consentement, moi, je... Mais il faut que j'aie le
consentement.
M. Houde: Ça ne me fait rien qu'on suspende, mais on ne
reportera pas ça à 20 heures pour plaire à...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, il n'est pas question
qu'on reporte quoi que ce soit.
M. Houde: Bon, c'est bien entendu, là. Je compte
là-dessus, moi.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que j'ai le
consentement à cet effet-là?
M. Boisclair: Non, juste ce débat. Je ne dis pas de
suspendre les travaux, mais de suspendre ce débat...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, je suis d'accord.
M. Boisclair: ...pour permettre à la ministre de
répondre et permettre à mes conseillers en droit parlementaire de
venir me rejoindre, ce qu'ils font à l'instant...
Le Président (M. Lemieux): Ah! il n'y a pas de
problème là-dessus, ça me fera plaisir de les voir.
M. Boisclair: ...pour qu'on puisse éclairer notre lanterne
là-dessus.
Le Président (M. Lemieux): Alors, si Mme la ministre veut
bien vous répondre.
M. Boisclair: Sur l'ACCOVAM et l'IDA.
Mme Robic: oui, m. le président, je n'ai aucune objection.
cependant, si vous me le permettez, je vais demander à mon
président de répondre à cette question.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. le président
et, par après, M. le député de Lotbi-nière a
demandé la parole.
M. Fortugno: Merci, M. le Président. Quant à la
première question, la reconnaissance de l'ACCOVAM, effectivement, je
crois que j'ai tenu parole, l'ACCOVAM a déposé une requête
au sein de la Commission des valeurs mobilières pour être
reconnue. Je crois que la requête a été publiée
aujourd'hui ou hier et vous devriez l'avoir bientôt dans le bulletin. Il
y a deux mois pour recevoir les objections, les commentaires, ainsi que la
position du personnel de la Commission des valeurs mobilières, puis des
audiences publiques à la fin de la période.
Votre deuxième question, la restructuration de l'industrie. Les
commissions de valeurs mobilières ne sont pas encore saisies, d'une
façon ou de l'autre, d'une position quelconque provenant des organismes
d'autoréglementation. Toutefois, je suis au courant comme vous des
rumeurs qui courent et il y en a beaucoup dans l'industrie, il y en a beaucoup,
surtout de l'ACCOVAM. On connaît ma position dans ce domaine et j'aurai
à me prononcer une fois que la demande officielle est faite, si demande
officielle il y a.
M. Boisclair: Je parle d'IDA pour le mandat de surveillance des
courtiers. Vous me dites que vous le ferez en temps et...
M. Fortugno: Mais ça, c'est la reconnaissance de
l'ACCOVAM. Ça s'inscrit là-dedans.
M. Boisclair: O.K. Mais, là, je ne sais pas si je peux
poser d'autres questions, M. le Président. Je voulais aborder...
Le Président (M. Lemieux): La parole maintenant est
à M. le député de Lotbinière. M. le
député de Lotbinière avait demandé la parole.
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président. De toute
façon, je pense que le député de Qouin aura l'occasion de
formuler d'autres questions. Je n'entends pas me prévaloir de mes 20
minutes au complet, pour avoir l'opportunité de revenir à
d'autres moments d'ici la fin de la séance.
Reddition de comptes sur son efficacité
Ma question s'adresse plus particulièrement peut-être au
président de la Commission des valeurs mobilières, à moins
que la ministre souhaite y répondre. On sait que la Commission des
valeurs mobilières s'est engagée dans un processus de reddition
de comptes sur son efficacité. J'aimerais savoir comment ça se
traduit dans votre organisme, M. le président, et où vous en
êtes à l'heure actuelle.
Mme Robic: M. le Président, je vais laisser
répondre le président de la Commission, mais je voudrais vous
dire que c'est un programme-pilote du Vérificateur
général, ce programme. C'est un programme fort
intéressant. C'est une première. Alors, on est heureux que le
vérificateur ait choisi la Commission des valeurs mobilières pour
ce programme-pilote et je vais demander au président de vous l'expliquer
et de vous dire où H en est rendu.
M. Fortugno: Merci, Mme la ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le président.
M. Fortugno: Merci, M. le Président. Maintenant, le
programme est un programme qui a été développé par
la Fondation canadienne pour la vérification intégrée.
C'est une approche de communication et de vérification de l'information.
Pour les fins du processus, l'efficacité a été
définie selon 12 dimensions. La direction doit se prononcer sur chacune
des dimensions dans sa déclaration annuelle. Les 12 dimensions sont:
l'orientation de la gestion, la pertinence, l'à-propos, la
réalisation des résultats escomptés, le degré de
satisfaction, les effets secondaires, les coûts et la
productivité, la capacité d'adaptation, les résultats
financiers, l'environnement de travail, la protection de l'actif, le
contrôle et la communication des résultats.
L'opération exige à l'heure actuelle et exigera encore des
efforts importants au niveau de la formation de notre équipe de
direction. Compte tenu des restrictions budgétaires, nous nous sommes
adressés à la Fondation canadienne pour la vérification
intégrée et on nous a accordé 25 000 $ afin de
subventionner des cours de formation pour la direction de la Commission.
Je crois personnellement, et j'y crois fermement, que les gestionnaires
du secteur privé, surtout ceux de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, doivent être prêts à
travailler dans le cadre d'un régime sévère d'obligation
de rendre compte, mais à la condition que les mécanismes qui
seront adoptés dans le cadre de la reddition de comptes soient des
mécanismes qui sont pratiques et utiles.
D'autre part, je crois que le processus va permettre à la
Commission de disposer des informations complètes, précises et en
temps opportun pour prendre des décisions éclairées et
rendre compte de ses décisions à vous autres, aux élus,
aux épargnants et au public, et pour répondre aux attentes de
plus en plus élevées du public et du gouvernement en
matière de protection. (17 h 10)
II y a des avantages également qui sont internes à la
Commission. Les avantages sont la mise en place d'un système
d'information de gestion structuré, ce qui aiderait la Commission
à mieux rendre compte de ses activités et de son
efficacité, parce que ce n'est pas seulement utile d'être efficace
et nécessaire, il faut le démontrer. La Commission a
décidé de mettre en fonction ce véhicule afin que la
mission qu'elle s'est donnée dans ce domaine de rendre compte soit
réalisée.
Maintenant, le projet aiderait aussi la Commission à poser les
bonnes questions. Qui est notre clientèle? Est-elle satisfaite de nos
services? Nos interventions sont-elles toujours appropriées,
suffisamment rapides et perçues comme telles par le public? Sommes-nous
certains que notre personnel est à la fine pointe des
développements du marché? Nos ressources humaines sont-elles
utilisées à leur plein potentiel? Il y a d'autres avantages.
Ça va permettre au public d'avoir une meilleure compréhension du
fonctionnement interne de l'organisme. Il y aura clarté des objectifs,
une gestion mieux structurée et une plus grande concentration sur
l'information nécessaire pour supporter le processus décisionnel,
et on vise également l'optimisation des ressources humaines et
financières.
Maintenant, le Vérificateur général de la province
de Québec agit présentement à titre de conseiller. Ses
gens sont présents à toutes nos réunions de formation et,
au cours du prochain exercice, ce rôle-conseil sera poursuivi et
complété par une vérification de la déclaration de
la direction de la Commission sur l'efficacité. Je parle de l'exercice
1992-1993.
Comme j'ai dit tantôt, c'est subventionné par la Fondation
canadienne pour la vérification intégrée qui a retenu, par
la voie des 25 000 $ qu'on nous a octroyés, les services d'un conseiller
en matière de vérification intégrée dans le domaine
public, qui vient de Peat, Marwick, Yves Gauthier. C'est tout ce que j'ai
à répondre là-dessus.
M. Camden: Vous faites référence, M. le
président de la Commission des valeurs mobilières, au fait que le
Vérificateur général est
devenu en quelque sorte un conseiller de votre organisme. Trouvez-vous
ça normal qu'une boîte semblable devienne en quelque sorte le
conseiller? Est-ce qu'un organisme comme le vôtre ne devrait pas assumer
lui-même ses conseils et avoir toute l'expertise et, évidemment,
le personnel technique à l'intérieur de sa boîte pour
pouvoir, évidemment, assumer ses responsabilités sans qu'une
autre boîte gouvernementale vienne assumer cette
responsabilité?
M. Fortugno: Vous permettez? Mme Robic: Ça va.
M. Fortugno: M. le député, pour le
Vérificateur général de la province, c'est un
projet-pilote. Il y a un autre organisme au Québec, c'est un
musée, qui a déjà emboîté le pas dans la
même direction. Au niveau canadien et au niveau national, c'est une
première, surtout pour un organisme comme la Commission des valeurs
mobilières du Québec, ça n'existe pas ailleurs. Le
Vérificateur de la province est très intéressé
à réaliser un projet qui forcerait, si vous voulez, les
fonctionnaires publics à rendre compte de leur gestion selon les 12
critères d'efficacité qui sont décrits par la Fondation.
Parce que le Vérificateur est membre aussi de la Fondation canadienne
pour la vérification intégrée et c'est un projet conjoint,
si vous voulez, entre le Vérificateur et la Fondation. En bout de ligne,
nous avons demandé au Vérificateur d'être le
vérificateur afin de faire une vérification
intégrée du rapport que nous allons faire. Donc, il est
très intéressé à assister à nos
séances de formation et à nos séances aussi
d'information.
M. Camden: M. le Président, je me réjouis fort bien
de l'intérêt du Vérificateur général à
cet égard-là, mais, à ce que je sache, le
Vérificateur général est un organisme qui relève
évidemment et dont...
Le Président (M. Lemieux): Parlez un petit peu plus fort,
M. le député de Lotbinière.
M. Camden: Oui. Je disais que le Vérificateur
relève, a été mandaté par l'Assemblée
nationale, reçoit son mandat de l'Assemblée nationale, et plus
particulièrement de son président. Ce n'est pas, à mon
sens, un bras du ministère des Finances. Je me réjouis fort bien
qu'il y ait des critères qui soient établis et qu'on veuille bien
atteindre ces objectifs, mais que le Vérificateur fasse partie d'une
boîte et d'un organisme pancanadien, c'est fort probablement très
valable. Et outre ce dans quoi vous êtes engagé à
l'égard de l'efficacité et de la reddition de vos comptes, est-ce
que vous avez songé à appliquer un programme de qualité
totale, faisant en sorte qu'à chacune des étapes du processus de
votre travail il puisse y avoir une qualité optimale qui soit produite,
faisant en sorte que le produit, à la toute fin, atteigne son summum ou
avez-vous l'intention de le faire après les étapes
suggérées et établies en concertation avec le
Vérificateur général?
M. Fortugno: Une fois qu'est mis en place le cadre de gestion en
matière de reddition de comptes, c'est sûr que la qualité
totale étant un programme gouvernemental auquel nous avons souscrit va
certainement faire partie intégrante, si vous voulez, de tout le
schéma en matière de gestion que la Commission entend
adopter.
Mme Robic: M. le Président, je vois ça d'un bon
oeil que le Vérificateur offre à un de mes organismes cette
possibilité de ce projet-pilote. Je pense qu'aujourd'hui on parle
d'efficacité et d'efficience, de productivité. Des fois, on
tombe, nous, dans chacune de nos boîtes, dans une routine. Et ça
fait du bien de voir des gens de l'extérieur qui viennent opposer des
questions, nous forcer à nous examiner, à examiner la
façon dont on travaille. Et je pense qu'on a tous besoin de ça,
à un moment donné. Alors, c'est ce que ce projet va permettre de
faire et il permet également à la Commission de mieux former son
personnel à identifier justement les faiblesses, mais également
les forces de son personnel, de ses directions pour pouvoir atteindre cette
qualité totale que l'on recherche. Et, dans ce sens, je pense qu'on ne
peut que louer cette initiative et j'ai l'impression que la Commission ne s'en
trouvera que mieux après cet exercice.
M. Camden: Vous comprendrez bien, M. le Président, que je
ne réprouve en rien cet exercice tout à fait valable auquel se
livrent la Commission des valeurs mobilières et le Vérificateur
général, sauf qu'il m'apparaît important qu'on prenne un
rythme accéléré, considérant l'état des
finances actuel. Et, comme député qui a été membre
du comité de rationalisation des finances de l'aile
ministérielle, on a un souci particulier à ce niveau, de
façon à ce qu'on soit le plus efficients possible non seulement
comme gouvernement, mais également comme appareil administratif qui est
souvent associé et confondu dans l'ensemble de la population pour
utiliser le plus efficacement les ressources financières qui nous sont
confiées par la population et qu'on puisse l'assumer le mieux
possible.
À l'égard de la qualité totale, est-ce que vous
avez établi un scénario, un plan, le momentum où vous
entendez vous engager dans ce processus?
Mme Robic: M. le président.
Le Président (M. Lemieux): Je pense, entre autres, M. le
président de la Commission des valeurs mobilières - je crois que
vous n'étiez pas président à l'époque - à
une certaine partie de
la clientèle qui avait à vous fréquenter. Ça
avait été soulevé par M. le député de Gouin,
si je me souviens bien. Entre autres, la clientèle juridique, qui avait
accès à vos services ou à vos bibliothèques et
ainsi de suite, avait certaines réserves eu égard à la
nature - je ne dirais à la qualité - à la promptitude des
services qui pouvaient lui être rendus. Et je me souviens que ça
avait été discuté en commission parlementaire, il y a deux
ou trois ans, cet aspect, cette notion d'efficience et d'efficacité
à la Commission des valeurs mobilières. Est-ce qu'il y a des
correctifs qui ont été apportés ou des
améliorations?
Mme Robic: M. le président. (17 h 20)
M. Fortugno: Les fonctionnaires de la Commission ont
déjà commencé à assister à au moins deux
réunions qui portaient sur la qualité totale. C'est sûr que
la Commission souscrit au programme que le gouvernement met sur pied dans ce
domaine-là, et nous avons l'intention de poursuivre nos efforts vers une
qualité totale au sein de la Commission, du moins de souscrire au
programme comme tel, mais ce serait plutôt dans le cadre, si vous voulez-
Parce que, vu les énergies que nous passons, à l'heure actuelle,
sur la reddition de comptes, ce que je souhaite, c'est qu'on y incorpore les
démarches que nous voulons faire vers la qualité totale, et la
formation qu'on doit avoir là-dedans et le programme qu'on doit adopter,
ça va s'inscrire plutôt dans le cadre de cette reddition de
comptes comme programme de formation.
M. Camden: Et dans le temps?
M. Fortugno: Pour répondre aux questions du
président, qui portaient sur les services que la Commission donne au
public, je n'ai pas eu, moi, de critique quelconque provenant des
professionnels, soit les avocats ou les comptables dans l'industrie des valeurs
mobilières, quant aux services que les fonctionnaires de la Commission
peuvent donner soit à la bibliothèque, à l'accès
aux dossiers ou ailleurs.
M. Boisclair: Encore sur ce sujet...
M. Camden: Oui, mais il faudrait peut-être...
M. Boisclair: Je ne le sais pas.
M. Camden: ...le limiter, M. le Président, à une
question. Je l'ai laissé aller pendant au-delà de 1 h 10,1 h
15.
Le Président (M. Lemieux):oui. alors, de consentement, on
vous limite à une question sur ce sujet-là et m. le
député de lotbinière va revenir.
M. Boisclair: Est-ce que le président, qui dit qu'il n'a
eu aucune critique des professionnels, a pris connaissance des sondages qui ont
été envoyés, entre autres le 27 février 1992,
à l'ensemble des partenaires intéressés à
l'industrie, sondages où on demandait aux gens, en passant, de
s'identifier, ce qui est contraire à toutes les pratiques pour les gens
qui font un sondage pour avoir le taux de satisfaction? Et a-t-il pris
connaissance des nombreuses critiques - j'en ai un, moi, rempli par quelqu'un
ici - qui sont adressées par des gens à l'égard des
partenaires de l'industrie? Alors, s'il veut maintenir son affirmation,
pourrait-il nous déposer les résultats du sondage et nous
expliquer selon quelles règles de méthodologie et selon quelles
règles de l'art du sondage on demande aux gens de s'identifier, ce qui,
bien évidemment, vient biaiser les résultats du sondage?
C'était inscrit: nom du répondant, nom de l'organisme ou
société et numéro de téléphone sur chacun
des sondages qu'on demandait aux gens de remplir. Voyons donc! Comment le
président peut sérieusement faire ce genre d'affirmation, M. le
Président?
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous déposer ce
document, M. le député de Gouin, à la commission?
M. Boisclair: Non, je ne tiens pas à le déposer
parce qu'il est identifié.
Le Président (M. Lemieux): Ah!
M. Boisclair: Parce qu'il est identifié.
M. Fortugno: C'est un sondage qui a été conduit
dans le cadre du programme de vérification intégrée. Ce
n'est pas voulu d'être un... Écoutez, ce sondage-là, qui a
été mené, a démontré un taux global de
satisfaction d'au-delà de 90 %, mais il y a des groupes cibles qui ont
été visés là-dedans, des émetteurs, des
courtiers, les intervenants dans le marché, les comptables et les
avocats qui font affaire avec la Commission, pour savoir, lorsqu'on traite d'un
prospectus, est-ce que les délais sont satisfaisants, etc.
C'était voulu dans le cadre de la reddition de comptes.
M. Boisclair: C'est ce qui est écrit ici et ça
vient de chez vous, ça.
M. Fortugno: Bien sûr, ça vient de chez nous.
M. Boisclair: Sur l'évaluation globale de son
efficacité.
Le Président (m. lemieux): m. le député
de... j'ose espérer, m. le président de la commission des valeurs
mobilières, tout en faisant peut-être la part des choses, la
balance des incon-
vénients, du pour et du contre, que vous portez quand même
une attention vraiment toute particulière à ce que la
qualité totale puisse être atteinte dans la mesure du possible, le
plus près de 100 %. Ce n'est pas une critique, je pense, que le
député de Gouin a voulu porter à votre attention, mais des
éléments de lait qui, peut-être, laissent sous-entendre
qu'il y aurait de l'amélioration dans la structure, au niveau du
fonctionnement de la structure. M. le député de
Lotbinière.
Restrictions au financement des projets de R &
D
M. Camden: Merci, M. le Président. Une autre question,
peut-être dans un cadre un petit peu différent, qui s'adresse
toujours au président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec ou, enfin, à Mme la ministre. Pourquoi la Commission
a-t-elle décidé, au cours de l'exercice, d'empêcher le
financement en matière de recherche et de développement, et plus
particulièrement celui relatif à la recherche qui avait un cadre
biomédical?
Mme Robic: M. le président.
M. Fortugno: Merci. Écoutez, dans un premier temps, il
faut préciser que la Commission n'a pas décidé
d'empêcher en général le financement des projets de
recherche et de développement. L'intervention de la Commission dans ce
domaine visait d'abord la protection des investisseurs, en prenant en
considération le véhicule utilisé par les
émetteurs. Et on revient, si vous voulez, à ce dont nous avons
discuté plus tôt, cet après-midi: les
sociétés en nom collectif qui me semblent n'être pas un
véhicule approprié pour recueillir les fonds auprès des
investisseurs.
D'ailleurs, ce genre de véhicule est formellement interdit dans
les appels publics à l'épargne dans le Code civil de la
France.
Au mois de septembre...
M. Camden: À ce que je sache, on n'est pas régi par
le Code civil de la France ici.
M. Fortugno: Non, non. C'est un véhicule qui est tout
à fait inapproprié pour faire un appel public à
l'épargne. Au mois de septembre 1991, l'an dernier, 14 projets de
financement ont été refusés. Un avis a été
publié dans notre bulletin de la Commission le 29 mai 1991, par lequel
les émetteurs étaient avisés des principaux points pouvant
amener un refus de projet soumis. Les points que nous avons soulevés
sont l'utilisation du véhicule, à cause de la
responsabilité inhérente qui est une responsabilité
illimitée, si vous voulez. Le détenteur de parts s'engage pour
l'ensemble de la dette de la société. Il y avait aussi
l'incertitude fiscale. Il y avait des doutes à cause du nombre de
participants, du nombre d'investisseurs impliqués dans chaque projet. il
y a lieu de douter que chacun participe de façon
régulière, continue et importante. nous avons voulu aussi
régler les conflits d'intérêts et nous avons demandé
à ces émetteurs de retenir les services...
Le Président (M. Lemieux): MM. les députés,
s'il vous plaît!
Une voix: On n'entend plus là.
M. Fortugno: ...d'un courtier indépendant et...
M. Camden: Si vous me le permettez, voulez-vous reprendre le
dernier bout? Je l'ai perdu. Il y avait un bourdonnement.
M. Fortugno: Pour éviter les conflits
d'intérêts, nous avons aussi publié que les
émetteurs devaient trouver un courtier indépendant par rapport
aux personnes reliées au projet. Et, quant à l'emploi du produit
de placement, les émetteurs étaient avisés que le
programme de recherche devait être appuyé sur un budget
détaillé. Le programme devait être établi par une
personne possédant une expérience pertinente et devait avoir fait
l'objet d'un rapport d'un expert indépendant sur la pertinence des
travaux proposés.
Pour contrôler la sortie de fonds, nous avons exigé que ce
soit déposé entre les mains d'un fiduciaire jusqu'à la
clôture et, pour assurer le suivi de l'avancement des travaux, nous avons
exigé qu'un comité de trois associés, dont deux
investisseurs indépendants, devrait être constitué au sein
de chaque société pour faire rapport sur l'avancement des
travaux.
Maintenant, le but principal n'était pas pour empêcher la
recherche et le développement, mais surtout pour la protection des
épargnants. C'était le but de notre politique à
l'époque. Et c'est toujours le but aujourd'hui.
M. Camden: Dans le même sens, M. le Président,
j'aimerais ça que vous nous précisiez davantage l'aspect de
l'incertitude fiscale. Ça fait référence à quoi
à ce moment? (17 h 30)
M. Fortugno: Bon. Le crédit d'impôt offert par le
fisc n'est disponible que pour les investisseurs qui participent aux
activités de recherche et de développement de façon
régulière, continue et importante. C'est à
l'opposé, si vous voulez, des contrats d'investissement immobilier, qui
utilisaient le véhicule du contrat d'investissement, dans le sens qu'on
exige pour qu'elle soit une valeur mobilière, que les détenteurs
de parts n'aient pas à participer à la gestion de l'affaire; sans
ça, ils encourent la responsabilité personnelle. Maintenant, pour
les sociétés en nom collectif, le fisc exige que le
détenteur de l'action, le sociétaire, l'associé soit
impliqué
personnellement et d'une façon continue pour avoir le
crédit d'impôt. Maintenant, on ne peut pas d'avance évaluer
ou mesurer le degré de participation de l'investisseur. C'est impossible
d'obtenir une décision du fisc là-dessus. Donc, il fallait que la
Commission agisse et il fallait que tous ces renseignements-là soient
dévoilés dans un prospectus.
M. Camden: J'aimerais revenir... Vous dites que ce n'était
pas possible d'avoir un avis du fisc.
M. Fortugno: C'était impossible d'avoir un avis du fisc
parce que ie degré de participation de l'investisseur est une question
de fart qui ne peut être déterminée qu'après coup.
Ce n'est pas lorsqu'on dépose un prospectus chez nous qu'on peut
évaluer le degré de participation. Et, lorsqu'on dépose
notre projet au fisc pour avoir le crédit d'impôt, c'est seulement
après coup qu'on peut connaître le degré de participation
de tout le monde. Compte tenu que la plupart des projets impliquaient de
nombreuses personnes, à mon humble avis, c'est quasiment impossible que
tous ces gens-là aient été personnellement
impliqués de façon continue dans les projets où on voulait
faire la recherche. Et, du moins, s'ils l'étaient, il fallait le
déclarer de façon ouverte et de façon claire, et
établir, dans le prospectus, les risques que les épargnants
peuvent encourir dans une telle situation.
M. Camden: Est-ce que je comprends bien que le fisc ne donne
aucun avis là-dessus, à savoir: Oui, c'est admissible au niveau
des déductions? Il ne se prononce qu'après le fait?
M. Fortugno: II ne donne aucune décision anticipée
là-dessus. On appelle ça un «ruling» dans le jargon
du fisc. C'est impossible à avoir.
M. Camden: Sans égard au risque.
M. Boisclair: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement.
M. Boisclair: Ne faut-il pas le consentement de l'ensemble des
membres de la commission pour qu'un fonctionnaire puisse s'adresser à
cette commission?
Une voix: Je m'excuse.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire qu'en vertu
de l'article 287...
M. Boisclair: Je vous rappelle la décision que vous avez
rendue au moment de l'étude du projet de loi sur L'Ancienne-Lorette.
Vous avez convenu qu'il fallait effectivement le consentement de l'ensemble des
membres de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Oui. C'est-à-dire que,
si je me souviens de l'article 287, je crois que c'est...
M. Boisclair: Je vous réfère à une
décision que vous avez déjà rendue.
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous... Vous ne l'avez
pas en note?
M. Boisclair: C'est la décision que vous avez rendue, vous
vous souvenez...
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que j'en ai rendu
pas mal dans ce livre-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boisclair: Lorsqu'on a étudié le projet de loi
de L'Ancienne-Lorette, vous aviez rendu une décision à l'effet
qu'il fallait le consentement de l'ensemble des membres de la commission.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, des fois, la
mémoire est une faculté qui oublie. Vous -allez me permettre de
regarder...
M. Boisclair: Ah oui, je vous donne tout ie temps de... Vous avez
rendu cette décision-là il y a deux mois.
M. Camden: Question de privilège.
Le Président (M. Lemieux): Question de privilège...
Question de privilège?
M. Camden: Oui. Je peux vous demander une chose? Où est-ce
que le député veut en venir? Je suis en train de formuler...
M. Boisclair: Faire taire des gens qui lisent des papiers
préparés d'avance.
Le Président (M. Lemieux): Pardon! Monsieur...
M. Camden: Aïe! Un instant, M. le député de
Gouin! C'est moi qui la pose, la question. Je vous écoute quand vous les
posez, ayez autant de respect. M. le Président, je formule des
questions.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Camden: J'ai patiemment écouté, tout à
l'heure, les questions qu'il a formulées. Il a obtenu les
réponses du président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Camden: II a obtenu les réponses de la ministre.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Camden: II a obtenu également des réponses de
collaborateurs du président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Camden: Où on veut en venir actuellement, c'est me
priver de l'opportunité de formuler, moi, à mon tour, des
questions et d'obtenir des réponses?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière, l'article 170 m'oblige... Un instant, je vais le trouver.
Non, c'est l'article 270.
M. Boisclair: C'est lui qui va rendre une décision.
M. Houde: Vous n'apprenez pas à respecter les autres, vous
autres. Nous autres, mais pas les autres! 50-50, vous l'avez dit tout à
l'heure, ça comprend pour les deux.
M. Boisclair: C'est pour ça que tu vas te faire battre
à la prochaine élection.
M. Houde: À l'école, à la petite
école...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Berthier! M. le député de Berthier, s'il
vous plaît! Écoutez, l'article 287 me semble clair. C'est
effectivement: «Le président ou le ministre qui répond de
ses crédits en commission peut intervenir aussi souvent qu'il le
désire». Ce qui signifie, à mes yeux, que c'est à la
ministre à répondre de ses crédits. Et, pour
qu'effectivement un fonctionnaire soit appelé à intervenir,
j'aurais besoin d'un consentement de cette commission...
M. Boisclair: II n'y en a pas, M. le Président.
Mme Robic: Alors, M. le Président, si je comprends
bien...
Le Président (M. Lemieux): ...et ce, malgré
l'usage. Alors, si j'ai... Oui, Mme la ministre, si vous comprenez bien...
Mme Robic: Oui, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): ...vos fonctionnaires, les
fonctionnaires qui...
Mme Robic: ...si je comprends bien... Le Président (M.
Lemieux): Oui.
Mme Robic: ...c'est qu'à partir de maintenant il n'y a
plus personne d'autre que moi qui a la parole ici, au bout de cette table?
C'est ça?
Le Président (M. Lemieux): Sauf s'il y a consentement de
cette commission, et ce, malgré l'usage.
M. Camden: Consentement.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce qu'il y a
consentement?
M. Boisclair: II n'y a pas de consentement.
M. Houde: M. le Président, si je comprends bien
l'Opposition officielle, c'est que, lorsque la ministre est ici avec ses
fonctionnaires, avec des gens compétents dans la matière qui
peuvent donner des réponses, des éclaircissements à
l'Opposition, elle ne veut pas les avoir. Il ne faudrait pas, par la suite,
qu'ils aillent dire: On pose des questions, mais on n'a pas les
réponses. C'est exactement ce qui se fait là. Il dit: Non...
Le Président (M. Lemieux): Mais ce n'est pas une question
de règlement, M. le député de Berthier. C'est un
commentaire intéressant, mais ce n'est pas une question de
règlement.
M. Camden: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière.
M. Boisclair: M. le Président, sur la décision que
vous avez rendue...
Le Président (M. Lemieux): Oui?
M. Boisclair: ...si le président a d'autres textes
préparés d'avance comme ça, qu'il les dépose devant
la commission.
Le Président (M. Lemieux): Non.
M. Houde: Des folies par-dessus le marché!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, il ne m'appartient pas d'avoir à décider de la teneur, de
la façon dont les réponses de Mme la ministre sont faites et je
pense que vous en êtes conscient. Moi, j'ai à faire appliquer le
règlement. M. le député de Lotbinière, la parole
est...
M. Houde: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Berthier. Oui, M. le député de Berthier.
M. Houde: Tantôt, vous avez demandé qu'il
dépose un document. Il n'a même pas voulu le
déposer.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Berthier, c'est un autre commentaire moins intéressant. Ce n'est pas une
question de règlement.
M. Houde: C'est l'Opposition officielle, ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière, aliez-y, s'il vous plaît. Soyons sérieux. On
continue, M. le député de Lotbinière. Il nous reste deux
heures et nous avons encore l'Inspecteur général des institutions
financières. J'aimerais au moins discuter du fichier central des
entreprises, puis aussi le courtage immobilier. Alors, il ne nous reste pas
beaucoup de temps. M. le député de Lotbinière.
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président. Toujours sur
mon temps, comme il est reconnu par ie règlement, je dois vous dire que
je déplore un peu cette attitude qui m'apparaft tout à fart
malveillante.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Non, je regrette, sur mon temps, je peux faire mon
appréciation.
Le Président (M. Lemieux): Non. En ce faisant, vous
contestez la décision de la présidence.
M. Camden: Non, je ne la conteste nullement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Si vous ne la contestez pas,
vous...
M. Camden: Je fais seulement une appréciation de la
collaboration de l'Opposition, ce qui m'apparaît tout à fait
différent.
Le Président (M. Lemieux): Oui, mais, vous...
M. Camden: Je déplore que, nous, on ne puisse pas avoir
les mêmes réponses auxquelles, eux, ils ont droit.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais ne prêtez pas
des motifs qui pourraient être d'une nature indigne au
député de Gouin, ce n'est pas le cas.
M. Camden: Et je tenais simplement à le noter au
Journal des débats, pour le bénéfice de tout le
monde. Et on en prend bonne note, bien évidemment.
Le Président (M. Lemieux): La parole est à vous, M.
le député de Lotbinière. Vous pouvez continuer.
M. Boisclair: La ministre n'est pas capable de répondre
à ses crédits?
M. Camden: Qu'est-ce que le député de Gouin fait?
Il présume, à ce moment-là, puis il lance n'importe quoi
en l'air.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez la parole, M. le
député de Lotbinière! Vous avez la parole!
M. Camden: Écoutez! Ça retentit jusqu'à ce
côté-ci de la table, M. le Président!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Prévost, qu'est-ce que vous avez à dire, vous?
M. Forget: J'écoute le député de
Lotbinière.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Probablement que le député de
Prévost souscrivait à mes propos!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Houde: II les endosse comme le député de
Berthier!
M. Camden: Ah! Je me réjouis que mes collègues
m'endossent. Ils m'appuient.
Une voix: C'est un vrai cirque!
Publications de la Commission
M. Camden: C'est un vrai cirque, certain! M. le Président,
à l'égard de la Commission des valeurs mobilières, il y
avait un certain nombre d'éléments... Hier, on en a fait
état avec le président du Conseil du trésor de petites
économies qui étaient loin d'être banales, mais qui
entraient en ligne de compte. J'ai pris connaissance des publications qu'on
nous a laissées ici dans la pochette et de la liste également des
publications régulières pour la période se terminant le 31
mars 1992. Est-ce que la liste qui est établie se retrouve au complet
dans cette pochette?
Mme Robic: M. le Président, je m'excuse, j'ai
manqué d'attention. Est-ce qu'on pourrait me redonner la...
M. Camden: Ça va me faire plaisir de le
répéter, Mme la ministre.
Mme Robic: S'il vous plaît, répétez la
question.
M. Camden: Ce que je souhaitais savoir... Et, sans doute, vous
devrez le demander au président de la Commission des valeurs
mobilières; je comprends fort bien que vous ne puissiez mémoriser
l'ensemble des dépliants et feuillets promotionnels de la Commission des
valeurs mobilières. Alors, vous consulterez votre voisin de droite,
considérant qu'on ne peut lui poser directement la question, et sans
doute que lui, à son tour, entendra tout comme vous et qu'on aura une
réponse.
M. le Président, à cet égard-là, je peux
peut-être demander le consentement des membres présents pour que
le président de la Commission des valeurs mobilières puisse
répondre à ma question.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a consentement?
Il y a consentement. Alors, allez-y!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président. Dans le
même ordre de questions - il faut avoir de la suite dans les idées
- Mme la ministre ou M. le président de la Commission des valeurs
mobilières, est-ce que tous les documents qui sont dans la liste que
vous avez fournie en réponse aux membres de l'Opposition sont dans la
pochette qu'on retrouve ici? (17 h 40)
Mme Robic: M. le président.
M. Fortugno: Merci. M. le député, je ne sais pas ce
qu'il y a dans votre pochette.
M. Camden: Alors, on peut vous en faire la lecture et la
nomenclature, hein?
M. Fortugno: Non, non, mais... C'est parce que j'ai...
Mme Robic: Non. C'est...
M. Fortugno: O.K. Je l'ai, maintenant je l'ai. O.K. Oui, je
prends pour acquis que c'est l'ensemble des publications de la commission,
mais... Attendez un peu.
Le Président (M. Lemieux): Faites attention, il en
manque.
M. Fortugno: Oui, 12 publications, et j'en ai combien
là-dedans? 10, il en manque 2.
M. Camden: II en manque. Bon. De cette liste-là, est-ce
que ces documents-là, par les gens chez vous, sont refaits annuellement
ou si on conserve ces documents et qu'ils ne sont amendés que
périodiquement et font l'objet d'une réimpression très
périodiquement puisque, si je regarde dans la liste, éditions
1987... Chez vous, bref et crûment, est-ce qu'on a la fantaisie qu'on les
refait à chaque année, comme dans certains organismes et certains
ministères?
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse. C'est lorsque vous
êtes sorti, M. le député de Lotbinière m'a
demandé le consentement, alors...
M. Boisclair: Pas le droit d'aller aux toilettes?
Le Président (M. Lemieux):oui, oui, vous avez le droit
là, mais... alors est-ce qu'il y a de nouveau consentement? mais j'ai
déjà donné... c'est parce que...
M. Boisclair: Je suis allé aux toilettes, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): ...je l'ai déjà
donné, le consentement, au moment où vous étiez absent.
Moi, je ne savais pas que vous alliez à la chambre de bain et le
député de Lotbinière a demandé à la
présidence, suite à une question qu'il a posée à
Mme la ministre, il a demandé s'il y avait consentement. Le
député de Berthier s'est empressé de répondre: Oui,
il y a consentement. Alors, c'est donc dire que le consentement ne vaut que
pour la question, la seule question que le député de
Lotbinière a posée à Mme la ministre; après, je
vais être obligé de demander de nouveau s'il y a consentement pour
que les fonctionnaires puissent être entendus. Et je le dis bien,
strictement dans ce cas-ci, en vertu de l'article 287 qui dit que c'est le ou
la ministre qui répond de ses crédits. Je ne voudrais pas
créer des précédents jurisprudentiels ailleurs. Oui.
Mme Robic: M. le Président, est-ce que je peux faire une
remarque à ce moment-ci, sans être hors d'ordre?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, je comprends que le
député de Gouin est froissé pour je ne sais pas quelle
raison et réagit parce qu'il est frustré d'être
obligé de partager le temps. Mais, M. le Président, c'est un
désaveu formel que vous faites, M. le député, si je me
permets, de l'imputabilité des fonctionnaires à ce moment...
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, j'aimerais
vous ramener, s'il vous plaît, effectivement, à la question du
député de Lotbinière. Vous faites un commentaire, Mme la
ministre. Alors, vous pouvez reprendre votre question, M. le
député de Lotbinière; peut-être que Mme la ministre
ne s'en souvient plus là.
M. Camden: Je trouve ça particulièrement
intéressant, M. le Président, que la ministre fasse état
de l'imputabilité interne et externe et, particulièrement, de
l'imputabilité interne dans le cadre de nos travaux actuels où on
peut, à ce moment-là, questionner, mais directement, le
président de l'organisme qui est présent. À cet
égard-là, ça m'apparaît être un bon pas dans
la bonne voie, soit cette de l'imputabilité interne, laquelle
préoccupe et anime évidemment les membres de cette commission. Je
sais même qu'elle anime le député de Gouin fort bien. J'ai
été en mesure de le constater récemment. On partage, je
pense, ce point de vue là à cet égard-là, ce qui
n'est pas le cas du député de Labelle, mais ce qui anime
manifestement le député de Gouin.
Afors, je vais reprendre tout simplement. Dans l'ensemble des
publications qui nous sont déposées ici, je m'interrogeais
à savoir si l'organisme, la Commission des valeurs mobilières,
reprenait annuellement ces documents avec la même information, changeait
les couleurs, changeait la présentation et faisait emploi d'un autre
graphisme annuellement, et ça, vous comprendrez bien que ça se
situe dans un cadre d'économie. Vu que les documents, évidemment,
sont diffusés, ça entraîne des frais et des coûts, et
celui que j'ai ici devant moi et, également, ceux qui composent...
ça peut faire en sorte qu'il y a...
Le Président (M. Lemieux): Alors, Mme la ministre,
ça n'empêche pas M. Fortugno de vous parier à l'oreille.
Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, vous comprendrez que ce n'est
pas moi qui décide des publications de la Commission des valeurs
mobilières. Alors, je vais être obligée de demander au
président de me souffler la réponse. Alors, un instant, M. le
Président.
M. Boisclair: Si je peux aider la ministre, c'est écrit
à la page 6 du cahier qu'elle nous a remis.
M. Camden: M. le Président, on est sur mon temps.
Mme Robic: Alors, la réponse est non. Ils font une
réimpression quand le besoin se fait sentir, sans changement. Cependant,
s'il y a des changements aux lois ou à certains règlements, bien
sûr, là, ils doivent refaire le dépliant au complet pour le
mettre à jour.
M. Camden: Est-ce que je peux vous faire part d'un commentaire?
Est-ce que forcément on doit faire l'ensemble des publications sur du
papier glacé? Est-ce qu'il y a une motivation particulière qui
vous anime? Ça entraîne des frais qui sont manifestement plus
élevés. Remar- quez que je ne m'attaque en rien à vous;
c'est le même commentaire que j'ai formulé hier à
l'ORH.
Mme Robic: Un instant. Alors, le principe des pochettes, c'est
que ça économise, on me dit, puisqu'ils peuvent inclure d'autres
dépliants, les dépliants qui pourraient être utiles
à certains groupes de personnes, mais non à d'autres. Donc, ils
peuvent monter ces pochettes avec les dépliants qui sont
nécessaires et on me dit que, parce qu'il y a pochette, les
dépliants restent beaucoup plus propres. Ils peuvent être
récupérés s'ils n'ont pas servi. Et c'est un avantage pour
la Commission de se servir de ce genre de documents.
M. Camden: O.K. Mais on ne m'a pas répondu à
l'égard de l'usage du papier glacé.
Mme Robic: Si je comprends bien le sens de votre question, c'est
que vous aimeriez peut-être que l'on regarde la possibilité
d'aller dans du papier recyclé ou un format moins dispendieux. C'est des
dépliants dont on se sert dans les salons. On a toujours voulu avoir une
belle présentation. C'est laissé au public, mais, vous avez
raison, peut-être qu'il y aurait lieu pour ia Commission de regarder la
possibilité d'avoir quelque chose d'aussi joli à des meilleurs
coûts. Ce n'est pas impossible, M. le président de la
Commission?
M. Camden: Je conviens fort bien qu'il y a parfois des documents
qui ont un caractère promotionnel où on doit faire usage...
Mme Robic: C'est ça.
M. Camden: ...d'une présentation particulière; sur
ça, je suis prêt à composer, mais j'aimerais qu'on tienne
tout simplement compte de ça. Je voudrais savoir combien il y a de gens
qui travaillent au niveau des communications chez vous, au niveau de la
Commission des valeurs mobilières.
Mme Robic: Combien? Alors, cinq personnes, M. le
Président, quatre plus la directrice.
M. Camden: Alors, M. le Président, je vais m'arrêter
là. Je vais revenir éventuellement avec l'Inspecteur
général des institutions financières.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous avez
terminé.
M. Camden: Je sais que mon collègue de Gouin brûle
d'envie de formuler des questions.
Le Président (M. Lemieux): Alors, est-ce que la
commission, effectivement, veut passer maintenant immédiatement au
programme 6, l'Inspecteur général des institutions
financières?
M. Boisclair: Moi j'aurais encore quelques questions à
adresser au président de la Commission des valeurs mobilières du
Québec. Je vous rappellerai que, l'an dernier, M. le Président,
on avait pris la dernière demi-heure...
Le Président (M. Lemieux): C'est parce que...
Écoutez, est-ce qu'il y a consentement vu que M. le député
de Gouin n'a plus de temps de parole? M. le député de
Berthier.
M. Houde: Je pense qu'il y a d'autres programmes qui sont
importants et il est déjà 17 h 15. On y reviendra. Je ne suis pas
contre ce qu'il demande, mais on y reviendra s'il reste du temps.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'êtes pas contre,
mais vous n'êtes pas prêt à lui donner son consentement.
M. Houde: Non, pas tout de suite.
M. Boisclair: Je suis obligé de demander le consentement?
(17 h 50)
Le Président (M. Lemieux): Oui, parce qu'il ne vous reste
plus de temps de parole, puis l'appel de passer au programme 6 a
été demandé.
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Si le député de
Lotbinière ne m'avait pas fait part de sa demande de passer au programme
6, eu égard à l'enveloppe de temps qui nous est allouée,
vous auriez pu effectivement disposer du temps de parole, mais pas dans ce
cas-là, à moins que j'aie le consentement, mais il semble que le
député de Berthier soit difficile à convaincre. À
moins qu'on limite ça à une certaine période de temps -
non, M. le député de Berthier? - pour permettre à...
M. Houde: S'il veut être bref, je suis d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes d'accord? Bon,
alors, O.K., M. le député de Gouin, en étant bref eu
égard à la générosité du
député de Berthier. Allez-y.
M. Boisclair: M. le Président, je voulais qu'on puisse
approfondir les dossiers dont on ne trouve pas les réponses dans les
cahiers de crédits qui nous ont été remis. Je pense qu'il
est important d'aller au-delà des informations qui nous ont
été transmises et qu'on a eu l'occasion d'analyser. Je pense
qu'il y a d'autres sujets qui méritent notre attention. Alors, je vais
prendre quelques instants pour formuler - et je suis convaincu que la ministre
va pouvoir nous répondre - quelques questions plus techniques, entre
autres sur le dossier d'Ogivar.
Autres dossiers
Sur le dossier d'Ogivar, on sait qu'à la fois le président
de la Commission des valeurs mobilières du Québec, son personnel
et la Commission elle-même sont poursuivis par la compagnie Ogivar.
Déjà, plus de 11 000 $, à ce jour, ont été
dépensés sur les budgets de la Commission pour défendre
à la fois le président, M. Labelle, M. Aubry et la Commission de
façon générale. Je voulais, d'une part, savoir... Je sais
qu'on ne peut pas, sur le fond, discuter de ce qui est devant les tribunaux,
mais ma question est triple. D'une part, où en sont rendues les
procédures? Est-ce qu'il y a un budget qui est prévu à la
Commission pour défendre la Commission et son personnel dans l'affaire
qui l'oppose à Ogivar? Et s'il y avait moyen d'avoir une copie aussi de
la requête d'Ogivar.
Et, tant qu'à parler de choses qui sont devant les tribunaux ou
devant la Commission, il serait intéressant aussi de savoir quand la
Commission des valeurs mobilières du Québec entend rendre une
décision suite à l'audition qu'elle a eue avec les actionnaires
minoritaires de LavalinTech. On sait qu'il y a eu audition, qu'il y a eu des
plaignants dans cette affaire. La Commission, à ma connaissance, n'a
toujours pas rendu de décision, mais ce sont certainement des
éléments auxquels on pourrait peut-être répondre.
Donc, Ogivar, les budgets, où en sont rendues les procédures et
aussi la question de LavalinTech.
Dans le même souffle aussi, je pense qu'il serait peut-être
intéressant... Là, je ne sais pas, M. le Président, si je
dois continuer avec d'autres questions ou...
Le Président (M. Lemieux): Non, allez-y. Non, non! Vous
avez cinq minutes, là.
M. Boisclair: Cinq minutes? Bon, alors...
Le Président (M. Lemieux): Oh oui! Jusqu'à 18
heures, ce que M. le député de Berthier vous a donné.
M. Boisclair: ...ça, c'est une première chose. La
deuxième chose, je pense qu'il est important aussi de revenir au contenu
du rapport Mallette et des informations qui nous ont été
soumises. La première question: le président, tout à
l'heure, affirmait haut et fort qu'il n'y avait aucune critique qui
était adressée, à sa connaissance, à la Commission
des valeurs mobilières du Québec. Vous me permettrez, de mon
côté, d'apporter des informations qui contredisent ce propos. J'ai
entre les mains des sondages qui ont été préparés
par des partenaires de l'industrie, qui, très clairement, font
état de récriminations - fondées ou non, ce n'est pas
à moi à
porter de jugement - qui font état de plaintes à
l'égard de la Commission des valeurs mobilières du Québec.
Je sais aussi, et il n'y a personne qui m'a répondu à ça,
qu'il n'y a aucune pratique, aucune pratique - des sondeurs pourront le
confirmer - qui pourrait viser à établir le rendement,
l'efficacité et la satisfaction qu'une clientèle peut avoir
à l'égard d'un organisme d'autoréglementation, qui demande
aux gens de s'identifier. La première chose qu'on doit faire lorsqu'on
fait un sondage d'opinion, c'est assurer la confidentialité des
résultats, et on demandait, sur chacun des questionnaires, de
s'identifier.
Autre chose aussi, M. le Président, j'ai été
étonné d'apprendre que 254 dossiers qui étaient sous
enquête à la Commission des valeurs mobilières du
Québec, . dont certains remontaient à 1987, 1988 et 1989, 254
dossiers ont été, selon le jargon, dans les termes qu'on nous a
remis, épurés, donc ont été mis de
côté. C'est quand même des sommes impressionnantes de
chiffres, 254 dossiers fermés, suite à une opération. On
ne nous a pas fourni les motifs. Pour bien d'autres dossiers, on nous a
donné les motifs: plaintes non fondées, transmis le dossier
à d'autres organismes d'autoréglementation. Mais, dans ce cas-ci,
on sait qu'il y a 254 dossiers qui étaient sous enquête à
la Commission des valeurs mobilières et qui ont été
fermés à cause, dit-on, d'une épuration. Vous comprenez
que c'est un genre de jargon qui n'est pas d'augure à rassurer
l'Opposition officielle. Alors, je serais bien curieux juste de savoir de
quelle façon on a avisé les gens, qui étaient les
plaignants dans cette affaire, que la Commission laissait tomber les plaintes.
Je ne vous parle pas de quelques dossiers; je vous parle de 254 dossiers.
Quelle correspondance y a-t-il eu avec ces gens-là? Les a-t-on
informés et est-ce qu'on a expliqué les motifs de cette
épuration aux plaignants qui avaient soumis des plaintes?
Cette constatation vient de l'analyse qu'on pouvait faire du rapport
Mallette. En novembre 1990, la Commission recevait ce rapport, rapport qui a
été reçu avec beaucoup d'intérêt par
l'ensemble des membres de la commission et par la ministre aussi. Cependant, on
constate que, deux ans après le dépôt du rapport, la
Commission n'a pas toujours réussi et passé le test de la
qualité totale; que la Commission des valeurs mobilières du
Québec est à la remorque encore trop souvent de la Commission des
valeurs mobilières de l'Ontario sur des dossiers de divulgation des
salaires; que le service d'information continue n'a pas atteint son objectif
fixé d'examiner l'état financier de 150 entreprises; que le
volume d'analyse des états financiers trimestriels et annuels n'a pas
augmenté, suite à la restructuration et faute de ressources;
qu'on ne gère toujours pas de façon optimale les documents
déposés - je vous cite des propos qui sont tenus par la
Commission dans les documents qu'elle nous a remis suite aux demandes
particulières de l'Opposition - qu'on n'a pas diminué, non plus,
la durée moyenne d'analyse, de 2,7 jours-personnes, elle n'a pas
été réduite; que le service de l'inscription ne consacre
toujours pas suffisamment de temps au développement de la
réglementation, faute de ressources, nous disent-ils encore une fois;
que le service de l'inspection... Et je cite, je termine, on m'a donné
jusqu'à 18 heures: que la durée des inspections n'atteint
toujours pas l'objectif de 9 jours par personne; que l'objectif de surveillance
des courtiers et des conseillers n'est toujours pas atteint... Je pourrais y
aller comme ça bien longtemps, mais je pense que je voudrais des
réponses sur...
Le Président (M. Lemieux): C'est tout à fait
pertinent, M. le député de Gouin. Jusqu'à 18 heures, tel
que convenu.
M. Boisclair: Je pourrais continuer sur le service des
enquêtes: Malgré une sensible amélioration, il n'existe
toujours pas de guide de normes pour la conduite d'une enquête. Il
n'existe toujours pas de cahier de charges pour la conduite d'une
enquête. Et, au service du contentieux, H manque encore des postes. La
gestion des ressources humaines consacre 70 000 $ seulement pour la formation
du personnel, alors qu'elle a une masse salariale de plus de 6 000 000 $.
Alors, mes questions sont de trois ordres. D'une part, les suites au
rapport Mallette. Comment se fait-il qu'on ait fermé au-dessus de 200 et
quelques dossiers au nom de l'épuration, ce qui est quand même
assez étrange, vous en conviendrez? Qu'arrive-t-il dans le dossier
d'Ogi-var, dans le dossier de LavalinTech? Combien de budgets ont
été réservés dans le cas d'Ogivar? Ce sont tous des
sujets, je crois, qui sont d'intérêt public et qui
méritent, à tout le moins, qu'on pose quelques questions. Je dois
vous préciser, M. le Président, que j'aurais voulu revenir sur
l'affaire Paré parce que je pense qu'il y a motif à y revenir.
L'argumentation du ministère, à bien des égards, au niveau
juridique, ne tient pas, surtout lorsqu'ils font référence
à des cas de faute lourde, qu'ils font référence au droit
criminel, alors que, d'aucune façon, ils n'ont utilisé les
recours possibles au civil. Je suis pris dans le temps, c'est le jeu
parlementaire, mais j'espère, en tout cas, pour les trois dossiers que
j'ai soumis, pouvoir avoir des réponses aux questions.
Le Président (M. Lemieux): Alors, Mme la ministre
relativement aux questions posées par le député de
Gouin.
Mme Robic: M. le Président, ce ne sont pas des questions,
c'est un discours. Et il lisait ses notes.
Le Président (M. Lemieux): Madame...
Mme Robic: Si vous avez remarqué, il lisait ses notes, M.
le Président.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre...
Mme Robic: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): II était dans son droit
de parole et c'était très, très pertinent.
Mme Robic: Oui, je comprends, M. le Président, mais
j'espère que vous ne vous attendez pas que je vais pouvoir reprendre
tout son contenu et répondre à tout son contenu, là. M. le
Président, constamment, le député de Gouin, soit en
commission, soit en Chambre, fait des déclarations non fondées.
Il utilise le fait qu'il est protégé...
M. Boisclair: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Madame...
Mme Robic: Je réponds.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Sur une question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Boisclair: On m'impute des motifs. Je cite des documents que
son cabinet m'a remis.
Mme Robic: Alors, s'il vous plaît...
M. Boisclair: Si elle ne les a pas lus, c'est son
problème.
Mme Robic: M. le Président!
Le Président (M. Lemieux): Non. S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Mme la ministre...
Mme Robic: M. le Président, je demande...
Le Président (M. Lemieux): ...vous êtes sur votre
temps...
Mme Robic: ...au député de Gouin de déposer
ces documents.
M. Boisclair: Parfait! Merci. Questions particulières
adressées par l'Opposition officielle: les suites à donner au
rapport Mallette, autant sur l'efficacité et l'efficience. Aussi, il y
avait une autre question particulière de l'Opposition, qui traitait des
cinq ou six orientations stratégiques, où on nous faisait le
point où c'en était rendu. Ces documents, je peux facilement les
déposer. Si la ministre, pour répondre à sa requête,
veut me donner...
Mme Robic: Non, non, M. le Président, ce n'est pas de ces
documents-là que je parte. Vous dites que vous avez entre les mains des
documents qui prouvent que des professionnels ne sont pas satisfaits de la
façon dont ils sont traités à la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Moi, je vous dis que vous ne pouvez pas
nous montrer des documents comme cela en nous faisant accroire que vous avez
des preuves entre les mains. Je vous dis: Si vous avez des preuves,
déposez-les, vos documents.
M. Boisclair: Le président les a tous entre les mains.
Mme Robic: Vous m'avez fait la même chose en Chambre,
l'autre fois, avec des accusations. Vous n'aviez aucune preuve. Aucune preuve!
Mais vous faites ça quand vous avez l'immunité parlementaire, et
ça, c'est une responsabilité que l'on doit prendre au
sérieux. Alors, si vous avez des documents qui accusent,
déposez-les, vos documents.
M. Boisclair: Le président de la Commission des valeurs
mobilières a l'ensemble des sondages entre les mains. Vrai ou faux?
M. Fortugno: Sauf le vôtre?
Des voix: Ha, ha, ha! (18 heures)
Mme Robic: M. le Président, je voudrais peut-être
vous dire également, au niveau des sondages, que je ne l'ai pas vu, ce
sondage-là. C'est un sondage qui a été fait par la
Commission des valeurs mobilières pour son information. Je ne l'ai pas
vu. Cependant, ça peut être vrai quand le député de
Gouin dit que c'est assez inusité que, dans un sondage, on demande le
nom de la personne qui répond au sondage. Mais la personne qui
reçoit le sondage n'est jamais obligée de mettre son nom si elle
ne le veut pas. Elle peut rester anonyme, cette personne-là, si elle le
veut. Alors, ce n'est pas une obligation. C'est un peu inusité, mais ce
n'est pas une obligation.
Mais, réellement, je reviens, M. le Président, voici, on
est en commission parlementaire pour étudier les crédits de deux
organismes excessivement importants: la Commission des valeurs
mobilières du Québec que le député de Gouin s'amuse
à critiquer. C'est la personne la plus dangereuse en ce moment, au
Québec, quand il s'agit de services financiers. Il essaie de faire peur
au monde.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre...
Mme Robic: Je réponds aux questions, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): ..nous ne sommes pas ici pour
faire le procès du député de Gouin. Le
député de Gouin agit dans le cadre de ses droits et
privilèges, Mme la ministre. Je ne l'ai pas arrêté sur une
question de règlement. Tout à l'heure, je dois vous dire que
c'était très pertinent à l'étude des
crédits, ce qu'il a demandé comme questions. Je ne voudrais pas
que cette commission parlementaire se transforme en un tribunal, qu'on ajoute
à la Cour suprême une autre cour, ou en deçà de la
Cour du Québec une autre cour ou entre les deux, que ça devienne
un tribunal quasi judiciaire. Ce n'est pas mon cas ici. J'ai a faire respecter
un règlement. Si vous voulez, Mme la ministre, ne pas avoir à
passer de commentaires sur l'intervention du député de Gouin,
nous allons passer, comme l'a demandé le député de
Lotbinière, immédiatement à un autre programme.
Mme Robic: M. le Président, vous avez absolument raison.
Je suis en train de prendre l'habitude du député de Gouin; je
vais essayer de me retenir.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous passons... Oui, M.
le député de Nelligan.
M. Williams: Une question. J'ai entendu que la ministre a
demandé que le député de Gouin dépose la preuve de
ce dont il a parlé. Est-ce qu'il va déposer ça?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, tout à l'heure, a fart état que le document, qui est
à caractère nominal, pouvant identifier une personne, il a
décidé de ne pas le déposer. Mais il n'a pas cité
ce document aussi. Il a fait état d'une manière
générale d'un document qu'il avait en sa possession.
M. Williams: M. le Président, est-ce que j'ai bien compris
qu'il ne dépose pas la chose que la ministre lui a demandée?
Le Président (M. Lemieux): II ne dépose pas ce
document, M. le député.
M. Williams: Merci beaucoup.
Le Président (M. Lemieux): Et, même s'il l'avait
cité, il n'a pas encore cette obligation-là de le
déposer.
M. Boisclair: La protection des renseignements personnels,
ça vaut en commission.
Le Président (M. Lemieux): La loi d'accès à
l'information. Alors, Mme la députée de Groulx maintenant.
Mme Bleau: Moi, je reviens encore aux choses que M. le
député de Gouin a avancées tout à l'heure. Il a dit
qu'il avait des preuves qui lui avaient été fournies par le
ministère des...
Une voix: Des Finances.
Mme Bleau: Oui. Alors, à ce moment-là, c'est ce
document-là surtout, moi. Je serais intéressée à ce
que monsieur...
Le Président (M. Lemieux): Mais, Mme la
députée de Groulx, est-ce qu'on va faire un débat sur...
On est en train de faire un débat sur l'intervention du
député de Gouin, sur les documents qu'il aurait à
déposer. M. le député de Gouin a
décidé...
Mme Bleau: II est prêt à le déposer.
Le Président (M. Lemieux): Non. Je crois là que
non. Écoutez... Non. Je vais mettre de l'ordre, là. Là, je
vais mettre de l'ordre: on est ici pour faire l'étude des crédits
de Mme la ministre déléguée. M. le député de
Neiligan a posé la question, M. le député de Berthier. Mme
la ministre l'a invité à le faire. M. le député de
Gouin a dit non et il est dans son droit de le refuser. Alors, il n'y aura plus
de commentaires. Oui.
M. Boisclair: Mme la députée fait
référence au document qui m'a été remis par le
cabinet, dans lequel on peut lire...
Le Président (M. Lemieux): Ah! Ce sont...
M. Boisclair: ...par exemple: «n'a pas permis d'atteindre
l'objectif d'examiner les états financiers de 150 entreprises
québécoises [...] n'ont pas permis d'enregistrer d'augmentation
significative...»
Le Président (M. Lemieux): Alors, je dois vous avouer que
tous les membres et vous-même, Mme la députée de Groulx,
avez ce document-là devant vous.
M. Boisclair: Je vais le déposer.
Une voix: Wo! Wo! Le président parle, là. Mon
Dieu!
Le Président (M. Lemieux): Non. C'est que le document dont
vous faites état, Mme la députée de Groulx, c'est un
document qui est officiel et que tous les membres de la commission ont entre
les mains actuellement. Alors, c'est...
M. Boisclair: Pages 66 à 78.
Le Président (M. Lemieux): Vous devez l'avoir entre les
mains. Alors, pourquoi est-ce que j'autoriserais le dépôt de ce
que vous avez déjà entre les mains?
Alors, nous passons maintenant, pour en arriver à remplir notre
mandat, tel que me l'a demandé M. le député de
Lotbinière, à l'étude des crédits de l'Inspecteur
général des institutions financières, programme 6, et, si
M. le député de Gouin me le permet, tout à l'heure, je
vais avoir des questions, moi aussi, au niveau de la fiabilité du
fichier central des entreprises. C'est un vrai bordel.
On peut suspendre une minute, s'il vous plaît. Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre une minute? Je vous le demande. Je n'ai pas besoin
de vous le demander, mais là je vous le demande. On suspend une
minute.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à à 18 h 9)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! Auriez-vous la gentillesse et l'amabilité de bien vouloir
reprendre vos sièges?
La commission du budget et de l'administration reprend l'étude
des crédits de Mme la ministre déléguée aux
Finances pour entreprendre le programme 6, l'Inspecteur général
des institutions financières. La parole sera à M. le
député de Gouin. M. le député de Gouin, la parole
est à vous.
Inspecteur général des institutions
financières
Faillite des Coopérants
M. Boisclair: M. le Président, le premier dossier, je
pense, qu'il est important d'aborder lorsqu'on a l'occasion d'échanger
sur les responsabilités de l'Inspecteur général des
institutions financières, c'est bien celui de la faillite des
Coopérants qui a retenu l'attention à la fois de l'Opposition,
des députés ministériels, de la ministre et de l'ensemble
des partenaires de l'industrie.
L'Opposition réitère sa demande d'enquête publique,
appuyée à la fois par d'anciens administrateurs des
Coopérants, appuyée aussi par les employés des
Coopérants et par le Comité des aînés qui, tous,
demandent une enquête publique pour faire la lumière sur ce
dossier ou, à tout le moins, pour répondre à plusieurs
questions auxquelles nous n'avons toujours pas eu de réponses. M. le
Président, vous vous souviendrez, d'ailleurs, que l'Opposition a fait
une interpellation où elle a voulu aborder cette question-là, non
pas en faire le sujet unique de l'interpellation, mais, dans le cadre d'une
intervention de cinq minutes - car vous savez que le temps est bien
réparti dans le cadre d'une interpellation - elle a soulevé cette
question de la liquidation des Coopérants. (18 h 10)
Nous avons aussi porté à l'attention du public une liste
de 11 questions auxquelles nous n'avons toujours pas eu de réponses.
Vous vous souviendrez, et les parlementaires s'en souviendront aussi, qu'au
moment de l'interpellation nous n'avons eu droit à aucune réponse
de la part de la ministre, celle-ci préférant s'en tenir aux
notes et documents qui avaient été préparés
d'avance, sans tenir compte d'aucune façon des interrogations qui
étaient soulevées par l'Opposition. Je répète
aujourd'hui ces questions. Ce sont des interrogations. Je vous les
répète et j'espère qu'aujourd'hui nous pourrons y avoir
des réponses.
D'une part, n'est-il pas vrai que les motifs donnés par la SIAP
pour justifier son retrait de la transaction des Coopérants et
L'Industrielle-Alliance, à savoir la découverte d'engagements
hors bilan plus élevés que prévu, ne tiennent pas à
l'analyse, que le principal engagement hors bilan était le bail de la
maison des Coopérants et que ce passif éventuel était
connu de la SIAP dès le mois d'octobre 1991? N'y avait-il pas,
d'ailleurs, une entente avec les propriétaires de l'immeuble à
l'effet de résilier le bail pour une somme de 18 000 000 $?
Première question. Deuxième question: n'est-il pas vrai que
certains dirigeants de la SIAP, qui agissent en même temps à titre
de consultant auprès de l'industrie, étaient en conflit
d'intérêts? Je fais référence
particulièrement au président de cet organisme. N'est-il pas vrai
que l'Inspecteur général aurait pu intervenir beaucoup plus
rapidement, comme le prétendent certains administrateurs des
Coopérants, dans le dossier des Coopérants suite au départ
de l'ex-président Shooner et suite au dépôt, au conseil
d'administration des Coopérants, d'un rapport détaillé sur
la situation financière de l'entreprise préparé par un
consultant externe? N'est-il pas vrai que l'Inspecteur ou la ministre aurait
pu, tel que le proposait un avis juridique préparé par le cabinet
Langlois, Robert, forcer la SIAP à conclure une transaction ou, à
tout le moins, prendre les recours nécessaires pour obtenir un
dédommagement? N'est-il pas vrai que la SIAP et le liquidateur
provisoire utilisent couramment le même cabinet d'avocats, ce qui
constitue un flagrant conflit d'intérêts? Les
intérêts de la SIAP ne sont-ils pas opposés à ceux
des créanciers québécois? Le liquidateur ne devrait-il pas
protéger tous les recours éventuels contre la SIAP? N'est-il pas
vrai que la liquidation coûtera... Et l'Inspecteur a déjà
répondu à cette question dans les questions particulières.
Cette question a été répondue. On estime, il faut le
rappeler, que la liquidation des Coopérants coûtera à
l'industrie une somme d'au moins 100 000 000 $ supplémentaire à
celle qui avait été initialement prévue avec la
transaction
entre la SIAP et L'industrielle-Alliance.
N'est-il pas aussi vrai que certains intermédiaires de
marché n'auraient pas respecté l'article 28 de la Loi sur les
intermédiaires de marché en manquant aux obligations qui leur
sont fartes de fournir une information complète et objective aux
assurés avant de leur proposer le remplacement de leur police? À
cet égard, l'Opposition sait que l'Inspecteur a écrit une lettre
à l'ensemble des présidents de compagnies d'assurances, leur
rappelant leurs obligations. Cependant, ces informations n'ont pas
été transmises de façon générale au public.
Je crois qu'il aurait été intéressant, à tout le
moins, que la ministre voie à rappeler au public, dans le cas d'une
liquidation où on sait qu'il y a des mouvements importants de polices,
les règles de remplacement de contrats individuels, des règles
qui sont claires, qui sont déterminées et qui sont dans la
réglementation. Il aurait certainement été
intéressant d'informer la population sur les recours contre un
intermédiaire qui n'aurait pas respecté la réglementation.
On a eu des cas qui ont été portés à notre
attention de gens qui ont cédé aux pressions de leur
représentant et qui aujourd'hui sont incapables de s'assurer compte tenu
soit de leur état de santé, de leur âge avancé ou
d'autres considérations.
Alors, ces questions, je crois, méritent qu'on s'y attarde
particulièrement, d'autant plus que l'Inspecteur général
lui-même demande et souhaite obtenir plus de pouvoirs
supplémentaires pour agir au premier signe de faiblesse d'une entreprise
d'assurances, dit-il. Compte tenu de ces allégations que j'ai rendues
publiques par voie de communiqué, je pense qu'il serait pertinent
d'affronter le problème de face plutôt que de continuer à
jouer à l'autruche. Il y a non seulement apparence, mais l'analyse des
faits nous amène à conclure qu'il y a bien des questions qui
soulèvent la possibilité de conflit d'intérêts.
Je pense l'avoir précisé tout à l'heure dans mes
questions particulières. Mais c'est certainement des questions qui n'ont
pas été répondues. J'ai fait face à un mur lorsque
j'ai soulevé ces questions à la ministre. J'espère
qu'aujourd'hui nous pourrons avoir une réponse à ces questions,
particulièrement en ce qui a trait au respect de l'article 28 de la Loi
sur les intermédiaires de marché. Je souligne que l'Inspecteur
général avait pris lui-même l'initiative d'écrire
à l'ensemble des présidents pour leur rappeler cette
obligation-là. Je pense qu'il aurait fallu peut-être aussi aller
un peu plus loin et avertir le public du contenu de cet article et des
règles de remplacement de police. Je constate que ça n'a pas
été fait et j'aimerais bien qu'on puisse regarder si ça ne
pourrait pas être fait aussi. Parce qu'il y a bien des gens qui se
retrouvent aujourd'hui non assurables, compte tenu des pressions auxquelles ils
auraient cédé auprès de leur courtier.
Aussi, M. le Président, au-delà du dossier plus
particulier des Coopérants, je sais que la ministre nous a
déjà annoncé son intention de revoir la façon dont
on protège les épargnes qui sont investies dans des compagnies
d'assurances. La position de l'Opposition officielle, je la rappelle: Nous
demandons, nous exigeons que la ministre se penche sur la possibilité de
la création d'une régie d'État québécoise
d'indemnisation des assureurs de personnes. Je pense que l'échec de la
SIAP, la démonstration en a été faite, d'autant plus que,
si on retient l'interprétation qui a été faite, qui est
celle de la ministre et celle de la SIAP aussi, que le fardeau de cette
liquidation sera à 95 % assumé par des compagnies du
Québec puisque Les Coopérants faisaient à 95 % affaire au
Québec, nous ne voyons plus l'utilité de faire affaire avec une
régie pancanadienne si le risque n'est pas réparti auprès
de l'ensemble des partenaires.
Vous savez comme moi qu'il y a un recours, à l'heure actuelle,
devant les tribunaux. Mais, certainement, je crois qu'il faut être
proactif et nous maintenons notre conviction que la transaction avec
L'Industrielle-Alliance aurait pu être sauvée si, rapidement, par
décret, on avait transféré les responsabilités qui
sont celles d'une SIAP comme on la connaît à l'heure actuelle
à une régie québécoise d'indemnisation; le
gouvernement du Québec aurait très bien pu faire un
«bridging» entre les obligations immédiates d'une
régie et ses rentrées de fonds éventuelles.
Je pense aussi, M. le Président, qu'il faut tenir compte et il
faut soulever tout le financement des services de l'Inspecteur
général des institutions financières. J'ai
été surpris, c'est la première fois qu'on portait ces
chiffres-là à mon attention, mais nos études nous
amènent à conclure que cette année l'Inspecteur a atteint
un degré d'autofinancement de l'ordre de 170 %, ce qui est certainement
considérable et, compte tenu des difficultés que rencontre
à chaque année l'Inspecteur général à
obtenir les crédits dont il a besoin, on en vient peut-être
même à la conclusion que le gouvernement voit dans l'Inspecteur,
d'abord et avant tout, une source de revenus, une vache à lait et puis,
d'abord et avant tout, on s'en servirait pour faire une sorte de taxation
déguisée ou une taxation indirecte.
C'est particulièrement vrai dans le cas de la Direction
générale des assurances où on m'apprend qu'il y a des
revenus de l'ordre d'environ 5 700 000 $ alors qu'on a des dépenses de
l'ordre de 3 100 000 $. C'est vrai aussi dans le cas de la Direction
générale des institutions de dépôts où on a
des revenus autonomes de 4 800 000 $ et des dépenses de l'ordre de 4 000
000 $. C'est vrai surtout pour la Direction générale de
l'administration et des entreprises où on a des revenus de l'ordre de 24
000 000 $ et des dépenses de l'ordre de 12 000 000 $. Donc, je pense
qu'on doit faire une réflexion qui dépasse, bien sûr, les
responsabilités de l'Inspecteur général, mais je pense que
la ministre doit nous
informer non pas sur ce mode de financement, mais doit certainement
répondre aux interrogations de gens qui se demandent comment il se fait
que l'Inspecteur, à chaque année, a autant de difficultés
à pourvoir ces postes alors qu'il réussit à s'autofinancer
dans une proportion de 170 %.
Je pense que ces interrogations sont d'autant plus fondées
lorsqu'on regarde l'attribution des postes de cette année où on
vient de couper, si je ne m'abuse, environ 25 postes occasionnels. J'ai
demandé qu'on me sorte les chiffres exacts, mais on sait que,
malgré des intentions annoncées d'augmenter les effectifs de la
Commission des valeurs mobilières du Québec, l'Inspecteur a eu
les mêmes problèmes que le président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec au niveau de la dotation, compte
tenu des délais et qu'il faut certainement revoir un peu la façon
dont se font les choses. (18 h 20)
Vous voyez, il y a, à l'heure actuelle, on m'apporte les chiffres
là, 433 postes qui sont pour des effectifs permanents autorisés
en 1991-1992. On maintient ce même chiffre-là... Je fais
référence peut-être pour qu'on se comprenne au document
remis par l'Inspecteur général, «Cahier explicatif des
crédits». Il y a un tableau ici qui nous renseigne; entre autres,
sur l'effectif permanent autorisé, il n'y a aucune augmentation pour
cette année et il y avait 30 personnes en équivalent temps
complet d'occasionnels pour les crédits 1991-1992 alors que, pour les
crédits 1992-1993, il n'y en aura que 5, soit une diminution de 25. Ce
sont les chiffres qui me sont remis par le cabinet de la ministre.
Donc, compte tenu du haut niveau d'autofinancement, compte tenu des
problèmes et des demandes répétées de l'Inspecteur
qui voudrait avoir du personnel supplémentaire pour pouvoir
certainement, avec encore plus d'efficacité, voir à
exécuter son mandat, on peut, je crois, se poser ces
questions-là. D'autant plus qu'on sait qu'il a déjà eu des
problèmes dans le passé à pouvoir combler ces postes. Je
crois qu'en 1990-1991 l'Inspecteur avait demandé 14 postes additionnels
à la Direction générale des assurances et qu'il n'en avait
obtenu finalement que 5. Alors, compte tenu du niveau d'autofinancement et
compte tenu aussi de la structure même du fonctionnement de l'Inspecteur,
on sait que, depuis des années, l'Inspecteur général
demande à avoir une plus grande marge d'autonomie dans son
administration pour être soumis à des règles qui pourraient
être différentes de celles qui s'appliquent dans d'autres
organismes publics pour pouvoir se doter de personnel compétent et
répondre finalement au jeu de l'offre et de la demande pour ce genre de
ressources humaines qui, certainement, doivent avoir une expertise et une
formation pertinentes et de haute pointe pour répondre au mandat qui est
prévu à la loi. Lorsqu'on analyse l'ensemble du contexte,
à la fois les coupures qui sont faites, les demandes
répétées, les besoins aussi, je pense qu'il y a lieu
d'adresser, à tout le moins, cette question d'autofinancement de
l'Inspecteur général et de rappeler que c'est à 170 %
qu'il est autofinancé. Moi, j'avoue bien candidement que c'est la
première fois qu'on portait ces chiffres à mon attention et que
j'étais certainement surpris de les analyser.
Je voudrais, aussi peut-être, dans une première
intervention, souligner des problèmes d'arrimage entre la Commission des
valeurs mobilières du Québec et l'Inspecteur
général des institutions financières sur l'application de
la loi 134. On sait qu'il y a eu des représentations, entre autres, qui
ont été faites auprès de la ministre. Elle demandait,
d'ailleurs, dans une lettre qu'elle adressait à un président
d'entreprise, et je la cite: «À ce sujet, j'ai demandé
à l'Inspecteur général des institutions
financières, ainsi qu'au président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec d'analyser toute la problématique
soulevée par l'arrimage de la Loi sur les intermédiaires de
marché et de la Loi sur les valeurs mobilières et de me soumettre
prochainement leurs recommandations devant permettre l'arrimage que vous
souhaitez», écrivait la ministre le 1er octobre 1991. Donc, ce
sont trois préoccupations importantes.
Compte tenu du règlement et de la façon dont on
l'interprète et dont on doit l'appliquer, j'aimerais qu'on puisse
revenir, dans un premier temps, sur la question des Coopérants. J'ai
annoncé immédiatement mes couleurs pour les autres dossiers.
Mais, peut-être ouvrir avec cette demande que l'Opposition formule, non
seulement l'Opposition, d'anciens administrateurs des Coopérants, des
gens qui faisaient partie de la structure démocratique des
Coopérants. Je pense que nous avons apporté des questions
précises. J'aimerais bien qu'on puisse y répondre, dans un
premier temps et, ensuite, on pourra continuer sur les autres dossiers.
Mme Robic: M. le Président, au moment de l'interpellation,
le député de Gouin m'interpellait sur les compagnies
d'assurances. C'est à ça que j'ai répondu. Il n'a jamais
été question pour moi de toucher le dossier des Coopérants
dans cette interpellation. Aujourd'hui, nous avons à cette table
l'Inspecteur général des institutions financières qui a
été, de très près, impliqué dans le dossier
des Coopérants; encore plus près que moi, puisqu'il a fait partie
de la négociation du début à la fin. C'est lui-même
qui a demandé aux Coopérants un plan de redressement à la
minute qu'il a vu qu'il y avait des problèmes. Il a suivi le dossier, il
a fait partie des négociations jusqu'à la dernière
minute.
J'aimerais bien, vous comprendrez, pour faire toute la lumière
sur ce dossier, pouvoir donner la parole à M. Bouchard, à
l'Inspecteur général. Mais ce qui s'est passé tout
à l'heure
me laisse croire que l'Inspecteur ne pourra pas prendre la parole. Il
n'y a pas eu de consentement pour que ces personnes puissent prendre la parole.
Est-ce que je comprends - parce que le député de Gouin a
adressé plusieurs de ses questions directement à l'Inspecteur,
d'ailleurs - que le député de Gouin vient de changer
d'idée et qu'il est prêt à ce qu'on donne la parole
à l'Inspecteur? Et est-ce que je peux avoir la garantie du
député de Gouin que, quand les députés du parti
ministériel voudront poser des questions, à leur tour, à
l'Inspecteur, il ne jouera pas la même petite «game» qu'il
nous a jouée tout à l'heure?
Le Président (M. Lemieux): Je pense que vous avez raison,
madame. Mon jugement - j'y pense depuis tout à l'heure, d'ailleurs - je
le trouve, d'une certaine façon, assez tortueux. Il me fatique depuis
tout à l'heure, puisque, dès le début de cette
séance, il y a eu consentement, je dirais, implicite, de part et
d'autre, d'entendre les fonctionnaires et, à cet effet, on aurait
dû, sans doute - et je ne veux pas revenir sur le jugement que j'ai
rendu; c'est un obiter dictum - maintenir ce cap, puisqu'il n'y avait pas eu
d'opposition à ce consentement dès le début. Mais, par
après, comme ça m'a été demandé, j'ai rendu
une décision de facto et je dois la respecter. Mais, pour l'avenir, je
prends bonne note de votre remarque. Elle est des plus pertinentes, Mme la
ministre. Ce qui est offert à un ne peut pas être enlevé
à un autre. C'est clair, en termes d'information. Vous avez
entièrement raison, Mme la ministre. Vous feriez une bonne juriste, Mme
la ministre.
M. Houde: m. le président, est-ce qu'on peut redemander,
à ce moment-ci... parce que c'est dans l'autre volet, le
député de gouin, peut-être qu'il accepterait qu'on puisse
entendre les fonctionnaires.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin.
M. Houde: Moi, je suis prêt à donner le
consentement.
M. Boisclair: je tiens à rappeler, m. le président,
qu'il y a une personne qui est responsable devant nous. il s'agit de la
ministre déléguée aux finances.
Le Président (M. Lemieux): Oui, j'en suis conscient.
M. Boisclair: Je suis en obiter, moi aussi, tant qu'à en
faire. Je tiens à rappeler que c'est la ministre
déléguée aux Finances que nous interpellons. C'est elle
qui doit défendre ses crédits. C'est elle qui doit
connaître ses dossiers. Par la connaissance qu'elle a et l'étroite
relation qu'elle a, de façon quotidienne, avec son cabinet et avec les
services de l'Inspecteur général, je crois que c'est elle qui
doit répondre aux questions, quitte à ce que l'Inspecteur
général soit là pour donner de l'information à la
ministre. Mais vous savez, comme moi, M. le Président, que, dans bien
des cas et pour bien des ministères, les fonctionnaires n'adressent pas
un seul mot pendant l'étude des crédits, qu'ils sont là
derrière pour parfois informer le ministre et lui donner des
précisions particulières, parce que je conçois très
bien...
Le Président (M. Lemieux): De nature technique, vous le
comprenez bien?
M. Boisclair: De nature technique, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Boisclair: ...qu'un ministre ne peut pas être au fait de
l'ensemble des dossiers dans leurs moindres détails. Mais les questions
que je soulève sont des questions certainement pertinentes sur
lesquelles la ministre a eu tout le temps de se pencher et, en ce sens, je
pense que c'est à elle à répondre à ces questions.
Et je conçois très bien que la présence de l'Inspecteur
puisse être pertinente pour qu'elle puisse être à même
de nous donner de bonnes informations et pour apporter, parfois, des
éléments d'information qui pourraient lui manquer. Je
conçois très bien que ça puisse arriver, mais c'est elle
qui a la responsabilité de l'administration de la loi sur l'Inspecteur.
C'est elle qui a la responsabilité de l'application de la Loi sur les
assurances. Et, en ce sens, je crois que c'est elle qui doit répondre
à cette question, particulièrement sur les allégations qui
m'amènent à demander une enquête publique sur Les
Coopérants. Si l'Inspecteur a des éléments techniques de
fait, des corrections de fait et des choses à apporter, je n'ai rien
contre ça. Mais je veux tout simplement avoir l'assurance que c'est la
ministre qui va répondre aux questions et non pas qu'elle se
défile de ses responsabilités et laisse à l'Inspecteur le
soin de répondre à l'ensemble des questions. C'est elle qui,
politiquement, a cette responsabilité. C'est elle qui représente
le gouvernement du Québec dans ce dossier. C'est elle qui siège
à l'Assemblée nationale et, comme parlementaire, c'est elle que
je dois interroger.
Et vous savez comme moi, M. le Président, qu'il y a bien des
ministres qui refusent et qui ne donnent pas le droit de parole à leurs
fonctionnaires et qui, eux-mêmes, préfèrent répondre
à l'ensemble des questions. Alors, ce que je veux dire, c'est que mes
questions, je les adresse à la ministre, mais je n'ai pas objection
à ce que l'Inspecteur apporte des précisions ou des
éléments d'information supplémentaires, en comprenant bien
que je ne veux d'aucune façon qu'on se retrouve dans une situation comme
tout
à l'heure où le président de la Commission des
valeurs mobilières du Québec lisait des notes qui avaient
été préparées d'avance, parce qu'il savait qu'il y
avait des questions qui allaient être plantées par les
collègues d'en face.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Gouin.
Une voix: M. le Président, il ne peut pas dire n'importe
quoi.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin. Non, mais, écoutez, je ne peux pas...
M. Boisclair: M. le Président, j'ai constaté tout
à l'heure, M. le Président, que le président de la
Commission des valeurs mobilières, lorsque venait le temps de
répondre à des questions des ministériels, lisait des
notes préparées d'avance. (18 h 30)
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M. le
député de Gouin.
M. Houde: M. le Président, une question d'information.
Le Président (M. Lemieux): Une question de
règlement.
M. Houde: Une question de règlement. Je regrette, je
n'avais aucune note de préparée. Je n'en avais pas du tout devant
moi. J'avais des questions à poser, mais vous avez pris la parole
pendant une heure et trois quarts. Votre petit jeu, on le connaît,
c'était de prendre la parole et de parler tout le temps, pour ne rien
dire bien souvent, mais vous avez pris le temps pareil.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): C'est encore un commentaire. M.
le député de Nelligan, sur une question de règlement.
M. Williams: Oui, encore une fois, je voudrais bien comprendre la
réponse du député de Gouin. D'une main, il dit non; de
l'autre main, il dit oui. Je vous ai écouté pendant une vingtaine
de minutes, votre discours et tout ça, c'est bien beau. M. le
Président, si j'ai bien compris, mais peut-être que j'ai mal
compris, nous n'avons pas besoin à la table, ici, d'une lecture des
champs de compétence des élus et des administrateurs, on sait
tout ça. Je n'ai pas besoin de faire perdre le temps à commission
sur ça. Les questions de politique, on peut demander ça à
la ministre, mais, sur les questions techniques, si je voulais avoir une
clarification de sa réponse, je pourrais, comme je l'ai fait dans
plusieurs autres commissions, demander des questions techniques aux
administrateurs. J'ai entendu, quand le député a répondu
aux demandes de notre côté que, oui, il peut donner la parole au
président pour les questions techniques. Est-ce que j'ai bien compris
ça, le consentement, là?
M. Boisclair: Lorsque, entre autres, on discute, comme on l'a
fait tout à l'heure, d'impression de documents, je comprends très
bien...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Nelligan.
M. Williams: Oui, M. le Président.
M. Boisclair: ...que la ministre n'ait pas ces
informations-là, mais ce que je dis, c'est que je ne veux pas qu'on se
livre à une mascarade qui va consister...
M. Williams: II n'y a aucune mascarade ici, M. le
Président.
M. Boisclair: Non, mais, si vous permettez, M. le
Président, je suis convaincu que l'Inspecteur n'a pas fait ça.
L'Inspecteur est assez sérieux pour ne pas se livrer...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Boisclair: ...à un exercice où on va lire des
textes préparés d'avance.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Gouin. Chaque personne a sa façon de
procéder et, s'il y a un consentement, ce sera un consentement qui sera
d'ordre général sur toute question d'ordre technique, M. le
député de Nelligan, mais, si je n'ai pas le consentement, je ne
peux pas faire intervenir l'Inspecteur général.
M. Williams: M. le Président, merci, et je vous respecte
à 100 %.
Le Président (M. Lemieux): Merci, vous êtes
gentil.
M. Williams: O.K. C'est formidable. J'essaie de comprendre la
réponse du député de Gouin. Il a dit, d'une façon,
non et, de l'autre façon, oui.
Le Président (M. Lemieux): II ne peut pas. C'est oui ou
c'est non.
M. Williams: Est-ce que c'est oui ou non?
M. Boisclair: Je réponds que, lorsqu'il s'agira
d'orientations, lorsqu'il s'agira d'énoncés de politique,
lorsqu'il s'agit de questions comme
celles que j'ai soulevées...
M. Williams: Oui ou non?
M. Boisclair: ...je tiens à ce que ce soit la ministre qui
y réponde.
M. Williams: Je m'excuse, M. le Président. Est-ce que la
réponse est oui ou non?
M. Boisclair: Lorsque la ministre voudra passer la parole
à l'Inspecteur pour fournir des informations supplémentaires
qu'elle n'aurait pas, des informations d'ordre technique, je serai tout
à fait d'accord pour passer la parole à l'Inspecteur
général.
Mme Bobic: M. le Président, je m'excuse, là.
Le Président (m. lemieux): est-ce que je peux simplement,
pour éclairer les gens de cette commission... l'intervention d'un
fonctionnaire au nom du ministre, à l'étude des crédits,
en vertu de l'article 287, une décision rendue le 12 avril 1984 par m.
daniel johnson: «lors de l'étude des crédits d'un
ministère, un député de l'opposition interroge longuement
le sous-ministre. est-il possible de soumettre un fonctionnaire à un
interrogatoire serré lors de l'étude des crédits? lors de
l'étude des crédits en commission, les fonctionnaires peuvent
être autorisés à prendre la parole, mais uniquement - et on
dit bien «autorisés» - lorsqu'on discute d'une question
d'ordre technique ou administratif.» et on dit: «être
autorisés».
Dans une décision de M. Marcel Parent, du 22 avril 1986:
«Un fonctionnaire peut-il répondre à une question
adressée au ministre» lors de l'étude des crédits
d'un ministère? La décision est ceci: «Si le ministre et
tous les membres de la commission y consentent, un fonctionnaire peut
répondre a une question adressée au ministre». Alors, il me
semble que c'est clair, là. C'est très, très clair. Alors,
c'est si le ministre et tous les membres de la commission y consentent. La
décision a été corroborée le 29 avril 1986 et le 2
juin 1987 par deux présidents différents. Alors, il me semble que
c'est assez clair. C'est oui ou c'est non. Si le député de Gouin
décide de faire intervenir des fonctionnaires, sur consentement, suite
à une question posée à un ministre, ce sera pour la
durée de l'étude des crédits. S'il dit non, alors ce sera
à la ministre de répondre. M. le député de
Nel-ligan.
M. Williams: Oui. Merci, M. le Président. Au début,
nous avons entendu toutes les interventions préliminaires du
député de Gouin. Il a parlé de transparence, il a
parlé de répondre à toutes les questions. Maintenant, M.
le Président, je demande: Qui veut cacher quoi?
Le Président (M. Lemieux): C'est un commentaire, M. le
député de Nelligan. M. le député de Gouin, la
parole était à vous.
M. Boisclair: Alors, je reviens au dossier de la liquidation des
Coopérants. Je veux demander à la ministre si elle acquiesce
à la demande de l'Opposition qui est de tenir une enquête publique
sur la liquidation des Coopérants. Est-ce qu'elle croit que les motifs
donnés par la SIAP pour justifier son retrait, à savoir les
engagements hors bilan, résistent à l'analyse logique et
économique? N'est-il pas vrai, Mme la ministre, que certains dirigeants
de la SIAP sont en conflit d'intérêts? N'est-il pas vrai que
l'Inspecteur général a reçu un avis comme quoi il aurait
pu forcer la SIAP à conclure une entente ou, à tout le moins,
prendre les recours nécessaires pour obtenir un dédommagement?
N'est-il pas vrai que la SIAP et le liquidateur provisoire utilisent couramment
le même cabinet d'avocats, ce qui constitue un cas flagrant de conflit
d'intérêts? Les intérêts de la SIAP ne sont-ils pas
opposés à ceux des créanciers québécois? Le
liquidateur ne devrait-il pas protéger tous les recours contre la SIAP?
N'est-il pas vrai que certains intermédiaires de marché
n'auraient pas respecté l'article 28 de la Loi sur les
intermédiaires de marché? Qu'a fait la ministre pour le faire
respecter?
M. Houde: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de...
M. Houde: ...question de règlement, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Houde: Je veux savoir... D'abord, tantôt, on a
parlé de l'alternance au début de tout, au début de la
séance. Est-ce que l'alternance dit qu'il va prendre tout le temps, la
moitié de son temps sans arrêter, après ça,
ça va être à nous ou s'il y a 20 minutes, 20 minutes, 20
minutes? C'est quoi, le règlement, exactement? Parce que, depuis qu'on a
commencé, je m'aperçois qu'il a pris bien plus que 20 minutes. Si
c'est la moitié, on va lui laisser manger ses 20 minutes, tout son
temps, du temps qu'on a pour finir. Sinon, j'aimerais savoir comment ça
fonctionne ici. Là, de la façon dont on parle, il rembarque
encore sur le même temps...
Le Président (M. Lemieux): Je ne lai pas ici. O.K. Ce
n'est pas grave.
M. Houde: ...et il prend tout le temps. on n'a pas le temps de
parler. je regrette, ça fait trois fois qu'il prend la parole et on n'a
pas été capables de dire un mot encore de ce
côté-ci.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Berthier, M. le député de Gouin est sur son droit de parole. Il
dispose de 20 minutes en une ou plusieurs interventions. Il pourrait donc,
à la limite, causer pendant une période de 20 minutes, mais je
dois tenir compte de l'enveloppe du temps, de l'équilibre et non pas
nécessairement de la règle de l'alternance, avec laquelle je ne
me sens pas du tout lié. Je n'ai même pas à comptabiliser
le temps de la ministre dans ses 20 minutes. Alors, là, il est sur son
droit de parole. À partir du moment où il a terminé ses 20
minutes, Mme la ministre pourrait répondre pendant trois heures de temps
à la limite, sauf qu'il faut que je tienne compte de l'enveloppe de
temps. Vous allez avoir 20 minutes. Mais, tant et aussi longtemps que ses 20
minutes ne sont pas expirées, je dois respecter son droit de parole, M.
le député de Berthier.
M. Houde: M. le Président, j'aimerais, s'il vous
plaît, que vous me donniez le temps qu'il a pris depuis qu'on est
repartis, à 18 h 5,18 h 10.
Le Président (M. Lemieux): Oui. 18 minutes 20
secondes.
M. Houde: 18 minutes 20 secondes?
Le Président (M. Lemieux): Oui, seulement.
M. Houde: Bon, O.K. Merci. Là, on le sait. On va le savoir
exactement.
Le Président (M. Lemieux): II reste 1 minute 40
secondes.
M. Houde: Bon, on va le savoir.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste 1 minute 40
secondes...
M. Houde: C'est égal pour tout le monde.
Le Président (M. Lemieux): ...pour l'Inspecteur
général des institutions financières.
M. Houde: Moi, j'aime ça... D'accord. Mme Robic:
Voulez-vous finir votre temps? M. Boisclair: Non, je reviendrai.
Mme Robic: On s'est amusés là, mais j'aimerais
ça être un peu sérieuse, M. le Président. Je
comprends mal le député de Gouin dans son intervention. Je suis
venue ici, je suis prête à faire toute la lumière sur le
dossier des Coopérants, c'est un dossier important, mais il ne veut pas
que l'Inspecteur général parle. C'est lui, M. le
Président, qui a été là depuis le début
jusqu'à la fin du processus, dans les bureaux des Coopérants,
avec les gestionnaires, avec la compagnie française qui désirait
investir dans Les Coopérants, avec la SIAP, quand ils ont
négocié avec les compagnies qui pouvaient être
intéressées à soumettre une offre et, également, il
est encore impliqué au moment de la liquidation. Qui est la meilleure
personne? Je peux vous répondre, M. le député de Gouin.
Vous les connaissez comme moi, les réponses dans le dossier des
Coopérants. Je peux bien vous répondre, mais, si vous voulez
toute la lumière et savoir tout ce qui s'est passé du
début à la fin, je crois, M. le député de Gouin,
que vous faites une erreur. Vous avez peur de quoi pour empêcher
l'Inspecteur général de prendre la parole? Moi, je n'ai peur
d'absolument rien, M. le Président. Je veux que cette commission soit le
mieux informée possible. Je vais répondre à vos questions.
Mais, si vous voulez avoir le détail de la personne qui a pris part
à toutes ces négociations, je vous suggérerais de donner
la parole à l'Inspecteur général.
M. Boisclair: La ministre n'a aucune réponse à ces
questions?
Mme Robic: La ministre a toutes les réponses...
M. Boisclair: Alors qu'elle les donne.
Mme Robic: ...mais, M. le Président, je vous fais encore
remarquer que, moi, je n'étais pas là quand les
négociations ont eu lieu. Je n'étais pas là quand
l'Inspecteur général a déposé un plan de
redressement chez Les Coopérants.
M. Boisclair: Vous avez eu les rapports?
Mme Robic: Je n'étais pas là avec la compagnie
française quand on discutait d'une prise d'intérêt.
M. Boisclair: Vous avez eu les rapports? Vous êtes au fait
de ces informations?
Mme Robic: Oui.
M. Boisclair: Je vous demande de répondre aux
questions.
Mme Robic: Alors, je vais répondre aux questions, mais je
vous le dis tout de suite, M. le Président...
M. Boisclair: Si l'Inspecteur a des... (18 h 40)
Mme Robic: ...je trouve ça absolument - je cherche le mot
- incompréhensible que le député de Gouin fasse des
communiqués de presse, se lève en Chambre, fasse des crises
encore, constamment, et, quand j'ai la personne à côté de
moi la mieux placée pour faire toute la lumière sur le dossier,
il refuse de l'entendre. M.
le Président, j'aimerais ça le comprendre. J'ai de la
misère à le suivre. Et je ne suis pas capable de le prendre au
sérieux. Je voudrais pouvoir le prendre au sérieux. Je ne suis
pas capable de le prendre au sérieux. Et, si vous voulez, je peux vous
dire dès le début non à toutes vos questions. Ce n'est pas
ça que vous voulez? Si vous voulez avoir un bon éclairage, le
fond de la question, je vous suggérerais de donner la parole à
l'Inspecteur. Si vous ne voulez pas, on ne la donnera pas, la parole, à
l'Inspecteur. Mais, moi, je vous le dis, vous me surprenez. Il y a quelque
chose que vous cachez. Vous avez peur de quoi?
M. Boisclair: M. le Président, question de
règlement. Le règlement est clair, les fonctionnaires peuvent
intervenir. Vous avez rappelé des décisions. Ce n'est pas sur mon
temps, c'est une question de règlement. Les fonctionnaires peuvent
intervenir pour donner des informations techniques, une décision de deux
de vos prédécesseurs.
Le Président (M. Lemieux): C'est clair. La décision
est très claire.
M. Boisclair: Je n'ai rien contre le fait que l'Inspecteur donne
des informations techniques, mais la ministre a demandé des rapports, la
ministre s'est enquise de la situation. J'ai rendu un communiqué public.
Elle a dû demander une note de son cabinet pour savoir si les motifs que
j'ai invoqués étaient fondés. Est-ce qu'elle peut
répondre à ces questions?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre...
Mme Robic: M. le Président, dans les questions...
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement, M. le député de Nelligan.
M. Williams: Si j'ai bien compris le député de
Gouin, il donne le consentement que...
M. Boisclair: Pour répondre à une question
technique.
M. Williams: Mais c'est quoi, la question technique, M. le
Président?
M. Boisclair: Ce sera au président de
l'apprécier.
M. Williams: Et, avec ça, j'ai bien compris, il donne le
consentement.
Le Président (M. Lemieux): Si vous donnez, M. le
député de Gouin, le consentement à M. l'Inspecteur
général des institutions financières de prendre la parole,
je veux que vous soyez bien conscient qu'il vous reste une minute sur votre
temps de parole pour l'ensemble du programme et qu'après les
parlementaires du côté ministériel auront et
bénéficieront du même droit que vous. Vous en êtes
bien conscient?
M. Boisclair: Je suis tout à fait d'accord avec ça,
M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Mais je veux vous informer de
vos droits, là.
M. Boisclair: ...dans la mesure où vous respectez les
décisions de vos prédécesseurs qui disent: C'est pour des
questions techniques. Je n'ai rien contre ça, moi; je l'ai dit trois
fois que j'étais d'accord avec ça.
M. Williams: M. le Président, sur la question de
règlement. Je voudrais être clair sur ça. Est-ce que la
réponse, M. le Président, dans votre interprétation...
Le Président (M. Lemieux): Ou administratif, on s'entend
bien?
M. Boisclair: Oui, oui.
M. Williams: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui. M. le député
de Nelligan.
M. Williams: ...dans votre interprétation de la
réponse du député de Gouin... M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui, allez-y, je vous
écoute, M. le député de Nelligan.
M. Williams: M. le Président, dans votre
interprétation de la réponse du député de Gouin,
est-ce que la réponse pour le consentement est oui ou non?
Le Président (M. Lemieux): Bon. Est-ce que la
réponse est oui ou non - très pertinent, M. le
député de Nelligan! - pour le consentement?
M. Boisclair: Dans le respect de la décision de vos
prédécesseurs.
Le Président (M. Lemieux): Oui ou non!
M. Boisclair: ...il n'y a aucun problème, je l'ai dit
trois fois. Oui, oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui. C'est oui. Ça
va.
M. Boisclair: Je l'ai dit trois fois.
Le Président (M. Lemieux): Alors, c'est oui. C'est
fait!
M. Williams: Merci beaucoup, M. le Président.
Mme Robic: M. le Président, il y a eu 13 questions de
posées en Chambre. D'après moi, c'est des questions techniques.
Alors, je vais demander à l'inspecteur général des
institutions financières de répondre. Pourquoi vous avez peur
qu'il réponde?
M. Boisclair: m. le président, si la ministre avait les
compétences de l'inspecteur, elle y répondrait. le
problème, c'est qu'elle ne les a pas.
Mme Robic: Je ne dis pas avoir les compétences de
l'Inspecteur, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
Mme Bleau:...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, Mme la
députée de Groulx.
Mme Robic: Je ne nie pas les grandes compétences de
l'Inspecteur, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur
général, fini! La récréation est terminée.
C'est à vous.
M. Bouchard (Jean-Marie): Alors, je vais prendre les questions
les unes après les autres. C'est ça? Ecoutez, le bail des
Coopérants... D'abord, je dois dire que j'ai remarqué que les
questions ont été posées sous forme interrogative.
M. Boisclair: Oui.
M. Bouchard: Et je crois que c'était très prudent
de les poser sous forme interrogative parce que les renseignements qui ont
circulé, qui ont été véhiculés et qui
«sous-jacentent» ces questions-là ne sont pas tout à
fait exacts. Et c'est le but de vos questions, probablement, d'avoir la
lumière sur tout ce qui s'est passé à l'occasion de cette
malheureuse affaire.
Les engagements hors bilan. Il n'y a aucun doute que le bail des
Coopérants faisait partie intégrante des préoccupations.
C'était sûr, c'était connu de tout le monde, c'était
un des éléments majeurs connus, même au début des
négociations. Mais ce n'était pas le seul engagement hors bilan.
Ce n'était pas le seul engagement. Vous savez, M. le
député, que, lorsqu'on faisait une transaction de cette
nature-là, ce qui se faisait, c'est qu'on faisait deux transactions en
réalité. On faisait deux transferts d'actifs, des transferts
qu'on qualifiait pour les fins de la transaction de bons actifs qui allaient
pour les fins de la compagnie d'assurances qui acquérait le portefeuille
de l'assurance et les transferts des actifs qualifiés de mauvais,
c'est-à-dire qui avaient une moins-value considérable, qui
étaient assumés par la SIAP et, en même temps,
correspondant à ces actifs-là, il y avait des passifs que la
compagnie d'assurances n'assumait pas. Donc, il y avait une division du bilan,
de telle sorte que nous avions deux ventes de fonds de commerce. Pardon?
M. Boisclair: «Good co, bad co», pour la bonne...
M. Bouchard: Oui, c'est ça, exactement. Or, une des
exigences des ventes d'un fonds de commerce est qu'un affidavit soit
donné par un officier de la compagnie à l'effet que,
vis-à-vis du vendeur, il n'y a pas d'autres dettes et engagements connus
que ceux qui y sont déclarés. Or, dans le cas plus
spécifique des Coopérants, ça a été un
élément majeur de difficulté de pouvoir donner cet
affidavit de la part d'un officier de la compagnie. Quelles étaient, par
exemple, les possibilités de recours pour le détenteur de police
sur les polices en cours? Nul ne peut le savoir. Quelle était la
responsabilité éventuelle de la SIAP, parce que c'est la SIAP qui
assumait tout ce passif-là? Alors, n'eût été que des
cautionnements, des avances intercompagnies ou, encore, de ce qui apparaissait
au bilan, même des engagements hors bilan, qui sont devenus connus et que
nous connaissions, que d'ailleurs nous avons mis à jour, ce qui fait que
nous sommes intervenus dans le dossier bien tôt, même si une des
questions laisse entendre que nous avons retardé, il y avait donc des
responsabilités pour lesquelles la SIAP n'avait pas de montant. Comme la
SIAP avait eu une décision extrêmement difficile à prendre,
compte tenu des règles de la SIAP, lorsque j'ai négocié
avec la SIAP, au tout début il n'était pas du tout évident
que la SIAP était intéressée à faire un sauvetage,
suivant les règles qui la régissaient comme telle.
Subséquemment, après de nombreuses discussions dont on va
vous faire grâce, ils ont convenu que, tout compte fait, dans les
circonstances, il était préférable de le faire en tenant
compte justement des coûts-bénéfices. Mais, au mois de
décembre, venait le temps justement d'établir cette espèce
de coûts-bénéfices: est-ce que ça dépasserait
ce qui avait été prévu comme étant le seuil
à ne pas dépasser, au-delà duquel la liquidation devait
être la seule solution?
Je vous rappelle que, même dans le cas où il n'y aurait pas
entente définitive avec une compagnie d'assurances, ce qui avait
été négocié avec la SIAP le 31 octobre et avec
l'Inspecteur, c'est que, même dans ces cas-là, la SIAP
s'était engagée d'avance à payer intégralement tous
les détenteurs de police. Donc, la SIAP savait très bien qu'un
engagement ferme avait été pris vis-
à-vis l'Inspecteur général d'aller au-delà
des garanties offertes sur le plan national et d'indemniser
intégralement les détenteurs de police. Mais ce qu'elle ne savait
pas... Elle a connu les bilans et c'est pour ça que l'entente qui a
été signée avec L'Industrielle comportait une clause comme
on en rencontre dans tous les contrats et qui jouait aussi en faveur de
L'Industrielle, la clause du dédit, ce qu'on appelle le «due
diligence» que vous connaissez très bien, c'est-à-dire nous
donnant le temps de vérifier si la représentation que nous nous
faisons d'une situation financière au moment où on signe le
précontrat, qui est l'offre bilatérale, est bien celle qui se
retrouve lorsque nous signons au moment de la clôture de la transaction.
Donc, il y a toujours une période où les deux parties
étudient la situation afin de bien s'assurer que les engagements
auxquels elles s'attendaient étaient bien ceux qu'elles connaissaient ou
à peu près lors de l'entente bilatérale. (18 h 50)
Dans le cas de la SIAP, la réponse a été non. La
SIAP ne pouvait pas et ça a été affirmé à
deux reprises... Lorsque la SIAP m'a fait part, le 30 décembre, de son
retrait du dossier, elle m'a tout de suite indiqué que c'était la
raison qui avait motivé sa décision. J'ai exigé que ce
soit transmis par écrit et la réponse que j'ai eue de M. Morson,
président de la SIAP, disait expressément ceci: «L'examen
minutieux des livres - est-ce que je peux lire ce texte-là? Oui - de la
société effectué par la SIAP en décembre a
révélé un certain nombre d'éléments de
passif éventuel, tels que les garanties, contrats de location, ainsi que
des poursuites judiciaires dont la responsabilité aurait incombé
à la SIAP en cas de sauvetage, mais non en cas de liquidation. Il s'est
avéré impossible de déterminer avec certitude la
portée maximale de ce passif éventuel.» Ça,
c'était la lettre qui m'était adressée.
Et la même explication a été confirmée,
d'ailleurs, dans une communication publique que la SIAP a fait parvenir a tout
son monde le 4 janvier. Donc, se prévalant de la clause de dédit
du contrat, qui était manifeste dans le contrat, la SIAP a donc dit:
Nous nous retirons du dossier, tout en étant et en demeurant responsable
vis-à-vis les détenteurs de police. Ça, c'est la
première question.
M. Boisclair: Je voudrais ajouter que le principal engagement au
bilan, c'était la maison des Coopérants et qu'il y avait une
entente, dès octobre ou alentour, sur une somme d'environ 18 000 000
$.
Mme Robic: Non, M. le Président, il n'y avait aucune
entente. Une entente, c'est quand deux parties signent une entente. Ça
devient une entente. Pas quand une partie signe et s'en va en voyage. Non, il
n'y avait jamais eu entente,
M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Autres questions? M.
l'Inspecteur général.
M. Bouchard: Oui, bon. Vous référez, je crois,
à la deuxième question, à l'entente, bon.
M. Boisclair: Les conflits d'intérêts à la
SIAP.
M. Bouchard: Les conflits d'intérêts à la
SIAP?
M. Boisclair: Oui. M. Morson était lui-même
conseiller et il y a eu des pressions importantes qui ont été
faites dans son entourage pour que la SIAP se retire de la transaction,
pressions qui venaient de ses clients à lui, et lui-même l'aurait
avoué, qu'il était soumis à des pressions terribles de la
part de ses clients.
M. Bouchard: M. le député, je n'en sais strictement
rien. C'est une rumeur. En tant que, moi, je suis concerné, j'ai
négocié avec ces gens-là et j'ai les réponses au
dossier, avec des documents et des contrats à l'appui qui justifient
leurs décisions. Alors, est-ce que des personnes ont eu des pressions ou
pas? Sonder les reins et les coeurs, je n'ai pas ce pouvoir-là. En vertu
de la loi, je n'en ai pas beaucoup et encore moins celui-là.
M. Boisclair: Ça, c'est un commentaire. M. Bouchard:
Bon. Troisième question...
M. Boisclair: C'est pour ça qu'il faut une commission
d'enquête.
M. Bouchard: Peut-être que plus tard... Toujours sous forme
interrogative parce que vous avez été prudent, je vois bien
ça, parce que encore une fois ce n'est pas tout à fait exact,
n'est-il pas vrai que l'opinion que le cabinet-conseil Langlois, Robert a
présentée... J'ai été bien surpris quand j'ai vu
cette question-là, M. le député; j'avoue franchement que
j'ai été littéralement surpris parce que les conseillers
juridiques de l'Inspecteur général, qui sont d'ailleurs
brillants, c'est mes conseillers juridiques et le cabinet Langlois, Robert
n'était pas le conseiller juridique de l'Inspecteur
général. Je n'ai jamais reçu d'opinion juridique de
Langlois, Robert à l'effet que l'entente devait être
signée. Au contraire, j'avais de mes propres avocats une opinion
juridique très claire à l'effet que la SIAP pouvait très
bien le faire comme L'Industrielle aurait pu faire la même chose. Donc,
je n'avais pas à me...
Langlois, Robert étaient les conseillers juridiques des
Coopérants et agissaient comme conseillers des Coopérants,
faisaient partie du
comité tripartite qui avait été formé par M.
Berthiaume quelque part aux alentours du mois d'août pour le conseiller
dans le dossier. Il y avait un avocat, un actuaire et un comptable, et ce b
jreau-là faisait partie de ce groupe.
M. Boisclair: Alors, vous maintenez qu'il est possible que
Langlois, Robert ait soumis non pas à votre attention, mais bien
à l'attention des Coopérants le fait qu'il y aurait eu moyen de
prendre un recours éventuel contre la SIAP.
M. Bouchard: Ça, je n'en sais strictement rien. Ce qu'ils
ont pu dire à d'autres, Langlois, Robert, je ne le sais pas.
M. Boisclair: Pour ça, il faudrait une commission
d'enquête.
M. Bouchard: Oui, mais, même là, M. le
Président, je vous dis qu'en vertu du contrat qui existait il y avait
une clause de dédit. Deuxièmement, la SIAP pouvait se retirer du
dossier comme L'Industrielle pouvait le faire. Troisièmement, à
supposer que ce fût vrai que la SIAP aurait encore été dans
l'obligation de donner suite à son engagement, ça ne
réglait pas mon problème des détenteurs de police et des
Coopérants. Ça, un recours pour un recours judiciaire et faire
faire des frais aux avocats, je n'étais pas intéressé
beaucoup à cet aspect-là. Ça ne réglait absolument
pas si c'avait été vrai, cette théorie-là.
Quatrièmement, n'est-il pas vrai que l'Inspecteur
général aurait pu intervenir beaucoup plus tôt? Bon.
Ça, c'est une question qui a été posée et qui
implique constamment l'aspect du rôle de l'Inspecteur
général dans le dossiers des Coopérants.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur, est-ce que je
peux compléter un petit peu suite à cette question-là?
Moi, elle m'intéresse aussi, cette question-là. Est-ce que vous
permettez? Surtout quand je regarde le rapport du Vérificateur
général, a la page 180, Protection des assurés, où
il dit: «L'Inspecteur général devrait améliorer sa
surveillance des filiales de portefeuille et des fonds distincts des
assureurs». Ma question aurait été la suivante et elle peut
se greffer à ça. N'y a-t-il pas lieu, justement, pour
l'Inspecteur général de mettre davantage d'emphase - c'est
seulement une petite remarque, là - peut-être sur les filiales? Je
me dis que c'est peut-être une des raisons pourquoi on a eu, d'une
certaine façon, des problèmes avec Les Coopérants. Je suis
ça de loin, mais je regardais un petit peu ce que disait le
Vérificateur général du Québec et, suite à
fa question qui est posée par le député de Gouin, est-ce
qu'effectivement, M. l'Inspecteur, vous auriez pu agir plus tôt?
M. Bouchard: Non. Voici. D'abord, il y a eu une réponse de
l'Inspecteur au rapport du Vérificateur général. On l'a
expliqué un petit peu, puis on peut peut-être y revenir un petit
peu plus tard. Vous savez, il y a peut-être ce que j'appellerais un mythe
à détruire quant au rôle et aux pouvoirs, en vertu de la
loi, de l'Inspecteur général. Il y a la loi, mais il y a surtout
la perception que les gens s'en font. Je comprends très bien que les
gens se posent des questions et que les gens s'interrogent parce que, dans
l'esprit des gens, il n'est pas censé arriver des situations comme
celle-là lorsqu'il y a un organisme de contrôle. On fait
l'équation un peu rapidement en disant que l'intervention a dû
manquer à quelque part et qu'il a pu y avoir une défaillance, ce
qui peut arriver, remarquez, très, très bien.
Mais je vous fais remarquer tout de suite que les organismes de
contrôle ont les moyens d'action que la loi leur donne, et il ne faut pas
les juger en fonction de la situation idéale qui devrait exister pour
éviter que les résultats qu'on ne veut pas arrivent. Quels sont
donc les pouvoirs qui existent et quels sont les moyens d'intervention? Ce
n'est pas éloigné de votre question. Au contraire, c'est
directement relié à votre question.
Le Président (M. Lemieux): Je vous vois aller. Je vous
écoute avec...
M. Bouchard: C'est qu'en vertu de la loi l'Inspecteur
général supervise et contrôle, et il doit faire une
supervision, une inspection à tous les trois ans. L'Inspecteur
général demande des renseignements; il a certains pouvoirs de
demander des renseignements. L'Inspecteur général n'a pas des
pouvoirs que j'appellerais préventifs. L'Inspecteur
général a des pouvoirs importants au niveau curatif lorsqu'il est
trop tard, mais des pouvoirs pour intervention afin d'amener des dirigeants
d'entreprises à prendre des décisions qui devraient être
prises, l'Inspecteur n'a pas le pouvoir de directive.
En ce qui concerne la surveillance des institutions financières,
nous avons - vous connaissez les statistiques - au-delà de 172
compagnies d'assurance-vie qui font affaire dans la province de Québec,
M. le Président. Quand vous regardez le personnel qui est à la
disposition de l'Inspecteur général, pour 172 compagnies
d'assurance-vie, vous avez tout de suite une idée que nous devons
procéder par ce que nous appelons l'ordre de priorité,
c'est-à-dire que nous étudions tous les dossiers, nous les
inventorions, mais nous avons des tests. Nous avons des tests
préventifs, comme toutes les autorités de contrôle en ont,
et nous avons des tests qui sont des tests qui nous donnent des signes
avant-coureurs. Mais l'Inspecteur général, lorsqu'une compagnie
rencontre ces tests, n'a pas le pouvoir, par exemple, d'annuler un permis ou -
ce qui est le recours ultime - de prendre
possession d'une entreprise. Parce que, là, vous défigurez
complètement une entreprise et vous la mettez à terre.
Donc, dans le cadre de ce qui s'est passé, en 1987, cette
compagnie, qui était de juridiction fédérale, devient sous
juridiction provinciale, avec l'organigramme qui est ici, que je pourrais vous
montrer et qui est le même que celui qui est connu. Compagnie qui
possédait beaucoup de filiales, compagnie qui, également,
était impliquée dans un parc immobilier considérable,
au-delà d'une trentaine d'immeubles, compagnie diversifiée dans
les secteurs tant commerciaux que des institutions financières. Nous
avons fait l'inspection et cette compagnie-là, lorsqu'elle est
tombée sous juridiction provinciale, rencontrait les tests du
fédéral et cette compagnie, lorsque nous avons fait l'inspection
en 1988-1989, rencontrait nos tests. (19 heures)
M. Boisclair: Est-ce que l'Inspecteur a une copie des rapports
d'inspection du fédéral?
M. Bouchard: II n'a pas voulu les donner. M. Boisclair:
Vous ne les avez pas eus.
M. Bouchard: On les a demandés, on l'a rencontré,
mais il n'a pas voulu nous donner ces rapports.
Donc, les études que nous avons faites étaient à
partir d'une situation de tests d'analyse financière. Premier signe
avant-coureur très important, c'est lorsque la compagnie, en 1989-1990,
a démontré une perte de 17 000 000 $, 1990 sur les états
financiers de 1989. Or, la compagnie, dans les deux mois
précédant ces états financiers, nous avait
présenté un plan qui était intitulé un plan de
redressement. Elle s'était rendu compte elle-même, dès
1989, qu'il y avait pas mal de neige sur le toit et qu'il y avait des mesures
de redressement à prendre. Ce plan de redressement prévoyait la
disposition de filiales.
M. Boisclair: Celui qui est déposé après le
départ de Shooner?
M. Bouchard: Qui a été déposé avant
le départ de Shooner.
Et on prévoyait également dans ce plan-là un apport
de capital externe tout de suite. Ils avaient même donné un
contrat à une firme externe pour pouvoir prévoir la mise de fonds
nécessaire pour capitaliser l'entreprise qui ne démontrait pas
encore une insuffisance de capital, pas du tout, qui avait encore les capitaux
nécessaires et qui rencontrait les tests en termes de solvabilité
et qui passait également la plupart des tests de rentabilité,
mais évidemment avec une rentabilité qui diminue. Mais des
compagnies d'assurances dont la rentabilité diminue, j'en ai à
tous les ans et ce n'est pas une raison pour la mettre en tutelle parce qu'une
compagnie connaît une perte, c'est évident.
En 1990, nous avions donc en main justement ce qu'il fallait avec ce que
la compagnie elle-même s'était donné, un plan de
redressement échelonné sur une période de temps
relativement courte pour pouvoir rencontrer justement les objectifs qu'elle
s'était fixés. N'eût été ce plan-là
que nous avions reçu à l'automne 1989, c'est le genre de plan
qu'on aurait exigé de la compagnie au vu d'une perte de 17 000 000 $ au
niveau du capital.
Effectivement, il y a eu un suivi parce que la compagnie, au cours de
l'année, a vendu une des compagnies qui lui faisait très mal et
qui causait des pertes considérables, qui était Guardian Trust
Co. Guardian Trust. La compagnie également s'est délestée
de son cabinet de planification financière. Également, la
compagnie avait engagé des pourparlers très sérieux avec
ia Caisse nationale de Paris pour un investissement d'une somme
d'au-delà de 50 000 000 $. Donc, c'était en cours et les
éléments, justement, de ce que j'appellerais le redressement de
l'entreprise existaient au moment où l'entreprise démontrait
déjà un premier signe. Donc, ce que nous avions à faire,
c'était nous assurer que ce plan-là était suivi, d'une
part; pas la mettre en tutelle parce qu'elle rencontrait les normes, mais faire
en sorte que, justement, ça se continue.
Arrive le départ de M. Shooner et, avec ce qui s'est
passé, le départ de plusieurs vice-présidents et
présidents de compagnies. J'ai rencontré dès 1990, au mois
de mai, le président de la compagnie pour lui demander de vendre au plus
tôt Guardian Trust et Gescour qui étaient les deux compagnies qui
présentaient des risques les plus sérieux parce que ce sont des
compagnies qui avaient des pertes et qui avaient un effet néfaste sur
l'entreprise. C'est là qu'il y a eu entente effectivement avec la
compagnie Prenor. Vous vous rappelez, nous avons même
déposé un bill privé, ici, en décembre 1990, pour
permettre le transfert de juridiction de Prenor sous juridiction
fédérale, parce que Prenor voulait fusionner ses entreprises sous
juridiction fédérale. Donc, le plan s'organisait.
Entre-temps, la compagnie me dit qu'elle était en pourparlers
très, très sérieux avec une compagnie de Toronto pour la
vente de son réseau de courtage d'assurances. C'est une situation qui,
donc, évoluait normalement. La compagnie également devait vendre
ses deux compagnies américaines. Alors, les deux compagnies
américaines faisaient partie du plan de redressement et la compagnie
travaillait justement pour vendre les deux compagnies américaines. Donc,
1990, il y a eu intervention, 1990, il y a eu suivi, mais toujours dans le
cadre du respect de la loi. L'Inspecteur, il ne peut pas mettre quelqu'un en
tutelle parce qu'une compagnie présente des difficultés, vous
comprenez ça comme moi! On n'est donc pas restés passifs.
Arrivent les états financiers de 1990. C'est là que tout a
été éclaté. En 1990, comme vous le savez, il y a eu
une révision des états financiers de l'année
précédente et, en même temps, au cours de l'année,
la compagnie fait une perte de 30 000 000 $. Diminution de capital
considérable. À sa face même, il est évident que la
compagnie présentait là plus qu'un danger. Enquête
immédiate. Nous avons immédiatement entrepris une inspection
fouillée de l'entreprise, dès le mois d'avril; le temps de
réception des états financiers qui arrivent au mois de mars, nous
étions rendus au mois d'avril. Nous avons fait enquête durant tout
le mois d'avril et, dès le 1er mai, je rencontrais les dirigeants des
Coopérants pour leur dire que le plan de redressement, pas le leur, mais
le nôtre dorénavant, devait être appliqué à la
lettre et que la compagnie avait six mois pour le réaliser avec des
échéanciers très précis. Et ça comportait
évidemment, entre autres, une série de mesures très
ponctuelles et très sévères allant jusqu'à
interdire à la compagnie de prendre des décisions sans, je
dirais, au moins intervenir et la permission de l'Inspecteur
général.
À toutes fins pratiques, sans exagérer et sans vouloir
dramatiser, on peut dire que, dès ce moment-là, la compagnie
était quasiment sous tutelle. Mais, il fallait le faire - comme disait
un article qui est paru dans un journal - dans le respect de la protection des
assurés. Il ne fallait pas créer de panique sans cacher la
vérité. Il fallait le faire pour faire en sorte que tout ce qui
était en cours de réalisation et de concrétisation puisse
se faire. Ce n'est pas en se promenant avec un scandale ou en laissant entendre
que Les Coopérants étaient en difficulté qu'on pouvait
trouver des solutions.
Entre-temps, 1991, même si j'ai rencontré les dirigeants en
France, on me disait au niveau des Coopérants que les
négociations allaient bien, qu'ils étaient encouragés, que
c'était positif, que l'entente se réaliserait. Je les ai
rencontrés en France. J'ai rencontré les négociateurs, le
vice-président international qui faisait la négociation avec Les
Coopérants. J'ai rencontré le président de la compagnie
française, qui me disait lui-même qu'il était vraiment
intéressé et que leur intention était sérieuse et
qu'ils étaient à l'étude du dossier. Il y avait sur ce
conseil d'administration un représentant du ministère de
l'Économie et des Finances de la France de qui relevait de cet
organisme-là parce que c'est un organisme étatique, qui
lui-même avait donné son aval; paraît-il qu'il approuvait la
transaction ou, enfin, qu'il la trouvait intéressante, mais qu'au bout
de la ligne, de toute façon, l'entente devait être
approuvée par l'organisme central.
M. Boisclair: Je ne veux pas vous interrompre, vous êtes
des plus pertinents dans vos propos. Je suis conscient qu'on doit interrompre
nos travaux dans 10 minutes à cause de l'ordre de la Chambre. J'aimerais
ça si on pouvait...
M. Bouchard: En tout cas, c'est pour vous expliquer. Vous dites:
Pourquoi on n'est pas intervenus? On est intervenus.
M. Boisclair: Oui, je comprends. C'est votre réponse. Je
la comprends et je l'apprécie, je pense, à sa juste valeur.
M. Bouchard: Parfait!
M. Boisclair: Si on pouvait voir aux autres questions
soulevées.
Mme Robic: M. le Président, encore une fois, j'ai de la
misère à suivre le député de Qouin. Il faut vider
les questions. On a perdu un temps infini à faire un débat
à savoir si on pouvait entendre l'Inspecteur. Je pense que tous les gens
alentour de la table se rendent compte de l'importance de l'intervention du...
mais, là, on ne veut pas le laisser finir. (19 h 10)
M. Boisclair: Consentement pour aller plus loin, moi, je n'ai pas
d'objection. J'aimerais bien même continuer, si on nous donne le
consentement.
Le Président (M. Lemieux): Non, Mme la ministre. S'il vous
plaît! On va éviter de perdre du temps. Continuez donc, M.
l'Inspecteur.
M. Bouchard: Autre question...
M. Boisclair: Est-ce que la ministre est prête à
continuer après 19 h 30?
Le Président (M. Lemieux): Non, l'ordre de la Chambre est
à 19 h 30. L'enveloppe de temps est déjà
déterminée entre les leaders.
M. Boisclair: Donc, on ne pourra pas... J'aimerais ça
qu'on revienne si c'était possible...
M. Bouchard: Bon, parfait. Alors, je vais aller rapidement, M. le
Président. N'est-il pas vrai que les pertes d'opération des
Coopérants n'étaient pas de 4 700 000 $, comme il a
été déclaré par l'Inspecteur dans la requête
en liquidation, mais plutôt de 1 500 000 $? Tout d'abord, première
précision, M. le député: les 4 700 000 $, ce n'est pas
l'Inspecteur qui a dit ça. C'est dans la requête en liquidation.
C'est le liquidateur lui-même qui a dit que c'était 4 700 000 $ et
non pas l'Inspecteur. L'Inspecteur, lui, il maintient encore que c'était
1 500 000 $. Mais il n'y a pas d'opposition entre les 4 700 000 $ et les 1 500
000 $. Pourquoi? Parce que le liquidateur, lui, a fait ses chiffres en date du
30 novembre, tandis que l'Inspecteur a fait ses chiffres en date du mois
d'août. Dans ses prévisions de 4 700 000 $, il a pris toutes
ses
pertes mensuelles accumulées plus les pertes
réalisées dans des filiales alors réalisées. Donc,
divisé par 11, ça fait 4 700 000 $. Mais, si vous ramenez ses
chiffres avec les miens, ça fait 2 000 000 $ par rapport à 1 500
000 $ par rapport à l'Inspecteur général. Donc, il n'y a
pas de différence.
Les seules opérations d'assurance-vie ne sont-elles pas
d'ailleurs rentables? C'était vrai, en partie, oui, mais pas longtemps,
malheureusement. En 1989, c'a été rentable pour 981 000 $; en
1990, ils ont fait une perte de tout près de 4 000 000 $ seulement en
assurance-vie et, dans les quelques mois de sursaut de 1991, ils ont
réussi à faire une perte de 2 800 000 $ seulement pour les
opérations d'assurance-vie.
N'est-il pas vrai que le représentant de la SIAP sur la firme
McCarthy Tétrault soit couramment utilisé par le liquidateur
provisoire? Écoutez, je suis administrateur de faillites. McCarthy
Tétrault est une firme d'avocats bien réputé que vous
connaissez à Montréal et ils étaient les
représentants de la SIAP au moment de la transaction, dès le mois
d'octobre. Lorsque j'ai négocié avec la SIAP, c'étaient
eux qui étaient les représentants de la SIAP, bien sûr.
Mais le liquidateur... Et, là, je le sais, parce que je
siège et je ne peux pas dévoiler l'interne de la liquidation. Je
n'en suis pas chargé et je n'ai pas le droit de le faire. Mais je peux
vous assurer que j'ai la même préoccupation que vous, parce que,
en plus de ça, maintenant, il y a un jugement qui m'a
déclaré représentant des assurés, en plus de
ça. Donc, j'ai exactement la même préoccupation que vous et
il n'y a pas une opinion seule à l'effet que... Lorsque le liquidateur
demande une opinion, elle est toujours contre-expertisée. Alors, soyez
sans inquiétude. Je suis aussi inquiet que vous sur les conflits
d'intérêts qui peuvent exister, exactement de la même
façon que, par exemple, la question m'avait été
posée, à l'audience au tribunal où il y avait des
représentants très nombreux qui ont connu la situation et qui,
lorsqu'ils l'ont connue, sont sortis de la salle un petit peu plus
rassurés.
Mais c'est la même assurance, M. le député, que je
tiens à vous donner, même si c'est l'Inspecteur qui a nommé
le liquidateur. Ne l'oubliez pas: ce n'est pas la SIAC qui a nommé le
liquidateur; c'est l'Inspecteur qui a chosi le liquidateur. Et, même si
c'est l'Inspecteur qui a nommé le liquidateur, je rappelle
constamment... Parce que, à un moment donné, ça
s'était dit. C'étaient des rumeurs. Il se dit tellement de
choses. Des rumeurs, vous savez, c'est comme ces microbes qui envahissent, ces
micro-organismes qui sont dans l'organisme. On n'est plus capable de les
déloger, parce qu'ils sont...
Mais le liquidateur est un liquidateur à la liquidation et,
même si la SIAP s'est engagée à fournir tout ce qui est
requis pour dédommager tous les créanciers, il est très
clair que la SIAP n'a pas plus de droits que les autres créanciers dans
la liquidation. Je m'objecte formellement, d'ailleurs... J'ai même dit au
liquidateur: Ce serait une des causes de démission du liquidateur. Le
liquidateur n'a pas d'ordres à prendre de la SIAP, comme il n'a pas
d'ordres à prendre de l'Inspecteur, comme il n'a pas d'ordres à
prendre d'un autre créancier qui représentait les
créanciers ordinaires.
Donc, il y a, à ce point de vue je puis vous l'assurer, une
inquiétude très grande et la firme de liquidation ne jouera sa
réputation sur une question de conflits d'intérêts comme
celle-là pour les firmes d'avocats. Rapidement...
M. Boisclair: Est-ce que ses honoraires vont être
approuvés par les tribunaux à cette firme de liquidation?
M. Bouchard: Oui, exact. D'ailleurs, j'en ai parié,
justement, la semaine dernière, parce que, là, je trouvais que
ça faisait trois mois, puis, là, ils vont présenter leur
requête prochainement.
M. Boisclair: D'accord.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la
députée de Groulx. Mme la députée de Groulx, oui,
votre question.
Mme Bleau: Devant la situation actuelle et devant votre
déclaration faite avant que vous répondiez aux questions du
député de Gouin, qu'il y avait 270 - je pense que c'est le bon
chiffre - compagnies d'assurances à travers le Québec, que vous
ne pouviez pas les surveiller toutes, bon, et je le comprends très bien,
y aurait-il quand même des améliorations à apporter pour
avoir une surveillance plus suivie et un contrôle plus
sévère des compagnies d'assurances pour empêcher justement
qu'il n'arrive un autre problème comme il arrive avec Les
Coopérants?
M. Bouchard: Ah! Oui, madame, bien sûr. Remarquez que,
d'abord, ce n'est pas lié. Je tiens à préciser tout de
suite que, dans le cas des Coopérants, comme je l'ai expliqué
tout à l'heure dans le court laps de temps qui m'a été
donné, le problème des Coopérants ne provient pas d'un
manque de surveillance. Il ne faut pas mêler les choses, absolument pas.
Mais...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Bouchard: Ça ne provient pas d'un manque de
surveillance, c'est très clair. Mais dans tout système je pense
qu'il n'y a personne qui peut dire que ce n'est pas perfectible. C'est d'autant
plus vrai que nous vivons dans un monde, les institutions financières,
tellement complexe. Nous vivons dans une interpénétration de
marchés et nous vivons surtout dans un décloisonnement qui fait
en sorte que, main-
tenant, il est très difficile de départager la nature
véritable, par exemple - ce qui va vous surprendre - entre une banque et
un compagnie d'assurances. Au-delà de 50 % du passif d'une compagnie
d'assurances sont des produits qu'une banque peut vendre, sous forme de rentes,
sous forme de différents produits. Donc, ça devient
extrêmement complexe de superviser les institutions financières
suivant les méthodes traditionnelles.
Deuxièmement, les institutions financières maintenant font
partie de plus en plus de conglomérats; qu'on le veuille ou qu'on le
veuille pas, c'est la tendance à la consolidation. On s'en va vers une
consolidation de marché ou on s'en va vers un créneau de
marché. Ce qui veut dire que, nous, nous avions déjà
engagé une réflexion très profonde et, à cet
égard-là, à tout malheur est bon, l'expérience des
Coopérants va nous servir, bien sûr, mais, cette année,
j'ai réussi à obtenir, grâce à l'intervention
particulière de la ministre, sinon, je perdais 2 % de mes effectifs
cette année sur mon budget... J'ai encore 433 postes, mais je les ai eus
de justesse, à la dernière minute. Bon. Je n'ai pas mes
occasionnels, mais, ça, c'est une autre chose. Je pense qu'elle va
revenir à la charge; en tout cas, moi, je ne lâcherai pas
là.
Une voix: Oui.
M. Bouchard: Donc, il y a encore des améliorations
à apporter et il va falloir s'attaquer à des
éléments, mais qui vont nécessiter, madame, des pouvoirs
à l'Inspecteur général. Par exemple, il va falloir
s'attaquer de plus en plus à la qualité de l'actif. Il va falloir
s'attaquer à la direction, il va falloir s'attaquer à la
qualité de la gestion. Il va falloir s'attaquer à une foule de
secteurs comme ceux-là qui sont bien ciblés. Je pourrais vous les
donner. Mes textes sont tout faits, mais, comme je ne veux pas que vous pensiez
que je lis les questions d'avance là...
M. Boisclair: Non, je sais.
M. Bouchard: ...je ne vous les donnerai pas.
Le Président (M. Lemieux): II faudrait modifier votre
loi.
M. Bouchard: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): Parce que vous n'avez pas ce
pouvoir-là actuellement.
Mme Bleau: Ça prendrait une nouvelle loi.
M. Bouchard: Non, non, mais...
M. Boisclair: Ça, ce n'est pas des détails
techniques ni administratifs.
Une voix: Oui.
M. Bouchard: Non, non, mais je pourrais vous indiquer les
éléments...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, d'accord.
M. Bouchard: ...si ça vous intéressait, sur
lesquels nous voulons travailler. Si nous avons les effectifs pour le faire et
les pouvoirs pour le faire, nous voudrions dorénavant pouvoir le faire.
Mais, par exemple...
Mme Robic: M. le Président, je voudrais rappeler
l'Inspecteur à l'ordre. Il y a des questions qui n'ont pas
été répondues dans le dossier des Coopérants. Je
pense que c'est important que le dossier des Coopérants soit
complété et l'heure avance. La question de la
députée était très pertinente; je pense que vous en
avez eu un bon bout comme réponse. C'est bien sûr que, M. le
Président, il y aura des choses à faire chez l'Inspecteur
général des institutions financières et vous aurez, sans
doute, éventuellement, le dépôt d'une loi. Mais, moi,
j'aimerais bien donner les pouvoirs nécessaires à l'Inspecteur,
tout en reconnaissant, cependant, que l'Inspecteur général des
institutions financières ne peut pas se substituer aux gestionnaires,
qu'ils ont une responsabilité. Nous les avons responsabilisés,
vous vous souviendrez, avec la loi 112; la première
responsabilité revient aux gestionnaires. (19 h 20)
C'est bien sûr que l'Inspecteur, son bureau, doit faire des
inspections, mais il ne peut jamais se substituer. Et le moment magique
où l'Inspecteur doit s'immiscer dans la gestion d'une compagnie, vous
savez, c'est très fragile. Trop vite, on va l'accuser d'avoir
causé la faillite d'une compagnie, parce que la compagnie aurait pu se
redresser, si on lui avait donné le temps. Trop tard, ça, on peut
dire: C'était trop tard, parce qu'il y a eu faillite. Mais vous savez,
quand vous suivez le dossier des Coopérants... Depuis 1989 que nous
sommes dans le dossier des Coopérants. Moi, je suis obligée de
dire, comme personne qui a vu se dérouler ce dossier-là de
l'extérieur, que je n'ai pas de reproches à faire à
l'Inspecteur général des institutions financières. Bien au
contraire, on peut le remercier. C'est dommage. La seule chose que je regrette,
M. le Président, c'est qu'on n'ait pas les outils nécessaires
pour avoir pu forcer cette entente. Et ces outils-là, je les donnerai en
temps et lieu.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, allez-y.
M. Boisclair: Une dernière question. Je comprends que le
temps vous empêche de répondre aux autres questions. Mais est-ce
qu'à tout le moins l'Inspecteur peut nous donner l'as-
surance qu'il va prendre les dispositions nécessaires pour
informer le public de l'article 28 de la Loi sur les intermédiaires de
marché et de la réglementation afférente à cette
loi, pour faire en sorte que les intermédiaires de marché
respectent très bien la réglementation lorsque vient le temps de
faire le transfert de police? Je sais que, déjà, l'Inspecteur a
écrit à l'ensemble des présidents des compagnies
d'assurances. Mais ne serait-il pas aussi pertinent de faire de la
publicité dans les médias que l'Inspecteur jugera
appropriés pdlir informer la population de ces règles qui,
à cause de leur nouveauté, du fait qu'elles sont en Vigueur
depuis peu, sont méconnues, hélas, du public et les gens ne
savent pas trop à qui s'adresser?
Mme Robic: M. le Président, je dois vous dire,
là-dessus, que c'est un point important que le député de
Gouin apporte à ce moment-ci. J'en ai déjà, d'ailleurs,
discuté avec l'Association qui a un code de déontologie qui
couvre ces choses-là - je ne sais pas comment appeler ça - ces
événements-là. L'Association suit ça de très
près et elle aussi est très préoccupée par
ça. Elle m'a avisée qu'elle avait l'intention d'informer tous ses
courtiers qu'ils étaient dans des situations très
délicates et qu'ils pourraient être traînés devant
leur comité de déontologie.
M. Boisclair: mais est-ce qu'on va informer le public, les
assurés qui se retrouvent parfois devant des situations très
difficiles? c'est pour ça que je plaide, pour qu'on informe le public,
soit par le biais d'avis dans les journaux, mais, à tout le moins, qu'on
l'informe de cette réglementation-là, de ce code de
déontologie. vous savez comme moi que la loi 134 est une nouvelle loi;
les règlements sont nouveaux, sont mal connus du public. je veux juste
plaider pour qu'on l'informe d'une façon quelconque par le biais d'avis
dans les journaux, mais qu'on puisse...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: ...prendre tous les moyens
nécessaires...
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Boisclair: ...pour faire respecter cette loi.
Le Président (M. Lemieux): Madame, on doit adopter vos
crédits. Mais une remarque très brève. J'aurais
aimé, effectivement, moi, aborder la fiabilité du fichier central
des entreprises. Mais j'aimerais que votre cabinet et vous-même puissiez
lire les pages 172 et suivantes du rapport du Vérificateur
général du Québec. Suite aux commentaires du
Vérificateur général, je pense que j'aurais
été assez sévère, je vous le dis tout de suite,
dans mes critiques relativement au fichier central des entreprises.
J'espère qu'on aura l'occasion d'y revenir, à un moment
donné. Vu que le temps presse, c'est simplement une remarque, madame,
que j'aimerais vous faire, au moins prendre le temps de lire ces
pages-là, ainsi que vos adjoints.
Mme Robic: Ça a été très bien lu
à plusieurs reprises, M. le Président. Il y aura un projet de loi
qui sera déposé très bientôt à ce
sujet-là.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. Alors, est-ce
que les crédits du programme 6, L'Inspecteur général des
institutions financières, sont adopté?
M. Boisclair: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Pardon! Vous dites non, M. le
député de Prévost?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Bon! Adopté.
M. Boisclair: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
Est-ce que les crédits du programme 7, Contrôle, surveillance et
développement du commerce des valeurs mobilières, sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
M. Boisclair: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Adopté?
M. Boisclair: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): Sur division. Alors, je
remercie les membres de cette commission parlementaire, Mme la ministre, ainsi
que les fonctionnaires qui vous accompagnent. Nous ajournons nos travaux sine
die.
(Fin de la séance à 19 h 25)