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(Quinze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission du budget et de l'administration est réunie
afin de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du Conseil du trésor et des organismes relevant du
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique pour l'année financière 1992-1993. Est-ce qu'il
y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: On ne m'a pas informé de
remplacements pour la séance, M. le Président.
Organisation des travaux
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le secrétaire.
Permettez-moi de vous rappeler l'enveloppe de temps allouée à
l'étude de ces crédits. Une période de 4 heures a
été allouée pour l'étude de l'ensemble des
programmes relevant du président du Conseil du trésor et ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique. J'aimerais demander aux membres qu'ils fassent leur choix eu
égard au mode d'étude des crédits. La façon dont
nous allons étudier ces crédits peut se faire de deux
façons: elle peut se faire selon le livre des crédits,
l'étude de chacun des programmes selon le livre des crédits, ou
tout autre ordre convenu avec adoption, à la fin du débat, de
chaque programme; ou il peut s'agir d'une discussion d'ordre
général avec une période, à la fin de la
séance, afin de procéder à la mise aux voix des six
programmes. Si ce mode de fonctionnement est choisi, quelle que soit
révolution de nos travaux je vous avise que, 10 minutes avant la fin de
la séance, soit à 18 h 50, je procéderai à la mise
aux voix des six programmes. Alors, est-ce que vous
préférez...
Mme Marois: Je préfère cette façon. Je
préfère fonctionner, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): En discussion d'ordre
général.
Mme Marois: ...en discussion d'ordre général. Je
vais quand même cibler un certain nombre de questions très
précises et, à la fin, on procédera à l'adoption.
Ça nous permettra, en cours de route, s'il y a nécessité
d'aller dans un programme ou l'autre, de pouvoir le faire.
Le Président (M. Lemieux): Alors, ça va, madame.
Là, il y a consentement, ça va?
M. Chagnon: M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Saint-Louis.
M. Chagnon: Privément, avant que vous n'ouvriez les
micros, je demandais à la députée de Taillon ce qu'elle
préférait. Je pense qu'il est de coutume et normal dans les
usages et traditions parlementaires que, dans cette question de l'adoption des
crédits, l'Opposition puisse avoir le choix de la façon dont elle
veut regarder les crédits. J'avise toutefois la députée de
Taillon que les députés ministériels auront aussi des
questions à poser, compte tenu de l'enveloppe de temps que nous aurons
à nous partager.
Le Président (M. Lemieux): Ce qui est tout à fait
dans les règles de l'art, M. le député de Saint-Louis.
Alors, ce que vous avez discuté privément est donc
confirmé publiquement. Je permettrais maintenant au ministre, au
porte-parole de l'Opposition officielle et aux autres membres, le cas
échéant, de nous faire une déclaration d'ouverture. M. le
ministre est-ce que vous avez des remarques préliminaires d'ordre
général ou une déclaration d'ouverture?
Remarques préliminaires M. Daniel
Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Madame, messieurs les
membres de la commission, brièvement, afin de présenter de
façon générale les politiques budgétaires, les
politiques de personnel et de relation de travail et un secteur de politique de
gestion de même que les crédits budgétaires comme tels du
Conseil du trésor, vous me permettrez, donc, de prendre quelques
instants. d'abord, à l'égard des politiques budgétaires,
un retour en arrière; un récent et un plus lointain:
récent sur le dépôt des crédits, lointain sur le
dépôt des crédits de l'an dernier. croissance des
dépenses cette année - nous en avons amplement discuté en
d'autres lieux - de 5,8 % plutôt que 7,5 % l'an dernier. on voit que le
rythme de croissance des dépenses tient, en grande partie, à des
facteurs conjoncturels. nous constatons qu'à l'égard des 600 000
000 $ de dépenses pour 1992-1993, on trouve une explication dans le
sous-emploi et ses effets et que, par ailleurs, quant aux 400 000 000 $, le
gouvernement a privilégié certaines activités de services
à la clientèle ou de soutien à l'économie; on
arrive au chiffre de 1 000 000 000 $, par-delà les dépenses qu'on
pourrait qualifier d'usuelles, de telle sorte qu'on pourrait conclure que le
taux de
croissance de nos dépenses cette année, implicite,
structurel, est de l'inflation plus 1,1 %.
J'entends d'ici les débats sur le fait que notre structure de
dépenses devrait, malgré tout, compte tenu du rôle
gouvernemental, être telle qu'on ne dépasse pas le rythme de
dépenses que je viens d'expliquer en cas de basse conjoncture - comme
c'est, évidemment, le cas - le rôle gouvernemental devant
être, notamment, de soutenir l'économie. Lorsque les circonstances
l'y enjoignent, je dirais qu'il doit accuser certaines augmentations de
dépenses. Mais, dans le cas qui nous préoccupe ici, 5,8 % dans un
environnement où l'inflation présumée était de
quelque 2,3 %, ça demeure nettement au-dessus de ce que les
contribuables, à la longue, peuvent endurer.
Nous avons donc à nous pencher sur des mesures de contrôle
des dépenses - deuxième aspect - ce que nous avons réussi,
malgré la conjoncture, à faire. Je rappelle aux membres de la
commission que nous avons, cette année, dans les crédits
déposés pour 1992-1993, consigné plus de 2 000 000 000 $
de compressions budgétaires de dépenses qui, soit, on le
reconnaît, ont été transférées à
d'autres niveaux de gouvernement, soit reflètent des décisions
gouvernementales, des décisions en matière de gestion des
dépenses; ou alors, évidemment - j'y viendrai plus tard - au
titre de la politique salariale du gouvernement, ce qui explique environ la
moitié des dépenses publiques.
Nous avons, par ailleurs, au titre du contrôle des dépenses
- et on le voit dans le livre des crédits - divulgué de
façon encore plus nette, plus évidente que d'habitude, certains
postes de dépenses, qu'il s'agisse du service de la dette, des
immobilisations que nous portons au compte des dépenses publiques, du
fonctionnement et de la composition des fonds spéciaux de même que
des renseignements - c'est tout à fait nouveau -sur les dépenses
en matière de technologie de l'information. Nous continuons, M. le
Président, je le soumets bien humblement, à assurer de plus en
plus de transparence dans les livres des crédits afin que, comme
parlementaires, nous puissions tous faire notre travail de la meilleure
façon. (15 h 40)
Je ne m'attarde pas sur les paramètres des politiques
budgétaires. Ils sont amplement connus, j'en fais le pain quotidien ou,
enfin, l'objet quotidien de mes interventions - la députée de
Taillon et les membres de la commission le savent - et il me fera plaisir,
évidemment, en répondant aux questions, de revenir sur ces
éléments si les membres de la commission le souhaitent.
Au titre des politiques de personnel et de relations de travail, nous
avons évidemment de nombreux dossiers. Je pourrais peut-être, ici,
m'attarder davantage, d'abord au titre, évidemment, de notre politique
salariale. Ce que nous sommes en voie de faire - nous l'espérons - c'est
d'en arriver à une entente avec nos interlocuteurs syndicaux, qui
permettrait de maintenir la valeur de la contribution qu'ont accepté
librement de consentir les employés de l'état, l'an dernier. la
modification des paramètres économiques, notamment au titre de
l'inflation, a enlevé une valeur réelle, au titre des
équilibres financiers, à la contribution que nos employés
ont faite en acceptant de limiter, de plafonner les augmentations de salaires,
donc de passer un tour, en janvier dernier, lorsque la convention collective a
pris fin et qu'on aurait pu s'attendre à un ajustement salarial. nous
avions convenu qu'il n'y en aurait pas pour 6 mois, dans un environnement
où, de janvier 1991 à juillet 1992, l'inflation
présumée, à l'époque, croyions-nous tous, serait,
pour ces 18 mois, de quelque 6,7 %. or, l'inflation sera plutôt de 4,8 %
pour cette période. on assiste donc à un revirement spectaculaire
de la situation au titre de la valeur de la contribution comme valeur
représentée, mesurée dans les équilibres financiers
car, lorsque l'inflation chute, le gouvernement voit, évidemment, ses
revenus chuter. lorsque, par ailleurs, la conjoncture économique nous
réserve une croissance beaucoup plus lente que celle qui est
prévue, nous sommes, là aussi, privés de revenus qui
permettraient de rencontrer le coût des services publics.
Nous avons donc refait une offre à nos employés, le 14
février dernier. Nous maintenons, à travers cette offre, tout ce
qui concerne la progression des salaires dans les échelles, tout ce qui
concerne les relativités salariales, tout ce qui concerne le
mérite. Mais nous tentons, à travers cet exercice, de maintenir
le pouvoir d'achat de nos employés. D'une part, nous ne croyons pas,
à ce titre, que le 1 % de forfaitaire devrait être versé.
Il visait à prémunir nos employés contre la hausse des
prix due à l'introduction de la TPS. Le phénomène est
passé et, à ce titre, compte tenu des chiffres que je viens de
donner sur révolution de l'inflation depuis quelques mois, il ne nous
apparaît pas opportun de maintenir ce paiement. par ailleurs, dans la
mesure où nous avons à étaler les 3 %, nous avons
suggéré une contrepartie de 4 %, soit 1 % tout de suite - enfin,
en juillet - 1 % en janvier prochain, 2 % en juillet de l'an prochain et une
prolongation de 24 mois qui permettrait de souffler un peu et de discuter de
dossiers importants, autant pour nos fonctionnaires que pour le réseau
des affaires sociales, ou alors celui de l'éducation et de
l'enseignement supérieur. la réponse syndicale, à ce jour,
est de notoriété publique. la députée de vachon me
l'a rappelé. pas vachon, taillon, je m'excuse. je m'excuse auprès
des deux députées en cause. j'ai eu un rappel, évidemment,
de la situation il y a quelques instants par la députée. et nous
avons à rencontrer, dans les heures qui viennent, dans quelques heures,
demain, nos interlocuteurs syndicaux afin de discuter davantage de ces
élé-
ments. j'en profite pour souligner au passage ce qui a fait de larges
manchettes dans les journaux la semaine dernière, c'est qu'alors que nos
employés syndiqués ont un gel, les administrateurs d'état,
eux, s'empiffrent. les chiffres disponibles - ils le sont enfin; je
déplore tout autant que qui que ce soit que ça ait pris autant de
temps - les chiffres que mon instinct et mon expérience me laissaient
soupçonner se confirment, noir sur blanc. les administrateurs
d'état, comme groupe, ont eu une augmentation, tout compris - bonis,
progression d'échelle, indexation des échelles, progression dans
l'échelle -de 5,89 % l'an dernier, alors que les syndiqués, dans
la mesure où ils recevaient 5 % sur échelle - 1 % de forfait et
une progression dans les échelles - bénéficiaient d'un
ajustement de 6,28 %.
C'est pour ça que, dès que j'ai vu certains rapports de
presse, j'ai précisé qu'il fallait comparer des choses
comparables si on voulait faire des discours. Il m'apparaissait évident
- parce que, quand même, je pratique ces choses-là tous les jours
- que si on offre 2,5 % d'augmentation plutôt que 5 %, si on offre 2,5 %
aux cadres, comme nous l'avons fait l'an dernier, plutôt que 5 % comme
nous l'avons fait aux syndiqués, que nous respectons les progressions
dans les échelles - car il y en a, des progressions d'échelon
à la hauteur des administrateurs d'État, tout autant que chez
quelque autre groupe d'employés - et que nous prenons en compte les
bonis versés cette année et ceux versés l'an dernier - car
il y a cet aspect de rénumération au mérite qui existe
dans les classes d'encadrement - on ne peut pas verser 2,5 % dans un cas et 5 %
dans l'autre et prétendre que ceux qui ont reçu 2,5 % sont deux
fois plus payés que les autres. Les chiffres, dans le détail le
plus fin, viennent démontrer ce qui était pour moi une
évidence, mais que d'autres n'ont pas saisi.
Nous maintenons, par ailleurs, au titre de l'équité
salariale, certaines activités. Les travaux ne sont pas terminés.
Nous avons toujours convenu, depuis trois ans, qu'il s'agissait d'une
obligation gouvernementale de refléter dans nos offres, dans notre
comportement et dans ce que nous versons à nos employés, la
situation que peuvent vivre des corps d'emplois à prédominance
féminine. Après analyse, nous avons convenu et conclu qu'un grand
nombre de ces postes d'emplois devaient être redressés. Il en
resterait quelques-uns pour lesquels les discussions se continuent avec nos
interlocuteurs syndicaux sur certains raffinements au titre de
l'équité salariale.
Au titre de nos politiques de gestion de personnel, je rappelle
brièvement l'introduction de diverses politiques, notamment sur la
qualité des services, ce qui a donné lieu, tout récemment,
à la mise sur pied de la définition du mandat d'un groupe de
concertation qui impliquerait, évidemment, les différents
ministères, nos employés, les dirigeants des ministères,
afin de convenir de l'inventaire de ce que constitue la qualité des
services et des gestes que nous avons posés pour améliorer cette
qualité.
Deuxièmement, en compagnie du ministre du Travail et du ministre
de la Santé, j'ai indiqué ce que nous entendions faire à
l'intérieur de la fonction publique en matière de sensibilisation
de nos employés au phénomène des porteurs du virus VIH,
porteurs du sida, donc.
Troisièmement, une politique de conversion des emplois
occasionnels est largement terminée; la conversion des postes
occasionnels et la dotation de ces postes de façon
régulière sont en voie d'être complétées.
Diverses interventions ont également été faites au
titre de la politique du stationnement subventionné. Comme les
utilisateurs de véhicules sur la colline parlementaire le savent
maintenant, une politique de portes ouvertes sera pratiquée à
l'occasion des tempêtes de neige. Les politiques sur les frais de
déplacement sont en cours de révision. Nous avons donc, à
tous ces titres, du travail qui s'est fait cette année.
Maintenant, au titre de la santé et de la sécurité
du travail, ce poste financier et de gestion des ressources humaines est
extrêmement important. Qu'il s'agisse de l'entreprise privée, qui
nous chauffe les oreilles, ou de nous-mêmes qui versons plus de 200 000
000 $ au titre de part de l'employeur, à titre de contribution,
évidemment, à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, il y a là un potentiel
d'économie remarquable, en autant qu'on s'en occupe, comme
gestionnaires, de ce poste de dépenses. Et nous avons défini
comme objectif corporatif de réduire de 30 % d'ici à cinq ans les
coûts reliés à la santé et à la
sécurité du travail. Ce n'est pas impossible; d'autres l'ont
réussi avant nous, notamment dans le réseau hospitalier où
on a retrouvé certains exemples de gestion de ce dossier qui laissent
croire que nous pourrions réaliser des économies remarquables
tout en protégeant, évidemment, les droits de nos employés
qui souffrent de lésions professionnelles. (15 h 50)
Les programmes d'accès à l'égalité. S'il
s'agit des femmes, nous avons observé quand même une croissance
mesurable de la représentation féminine dans les diverses classes
d'emplois, mais il m'apparaît que nous devions maintenant fixer des
objectifs numériques les plus précis possible, agir sur le taux
de recrutement pour accélérer la présence des femmes dans
différentes classes d'emplois et constater que seuls les efforts au
titre des concours de promotion et les activités dans le cadre de
Formacadres peuvent amener un nombre toujours croissant de femmes dans la
fonction publique à accéder à des emplois
supérieurs. Nous avons, en effet, noté que très peu de
celles de nos collaboratrices qui ont des
diplômes supérieurs - à titre d'exemple -
accèdent éventuellement à des postes auxquels ces
diplômes, dans le fond, les destineraient, dans la nature des choses,
comparativement à leurs collègues masculins. Nous devons donc
agir de façon précise sur ces dimensions.
À l'égard des handicapés, nous sommes en cours
d'évaluation du plan d'embauché. À l'égard des
communautés culturelles, un comité de suivi vient d'être
mis sur pied pour aller mesurer nos progrès et, au titre du plan
d'embauché ou des politiques destinées à augmenter la
présence des anglophones dans le secteur public, là aussi un
grand nombre d'éléments de ces programmes, tels
qu'annoncés, ont été mis en place. Notamment, suite aux
suggestions du rapport Blair, nous avons réalisé certains
progrès dans les détails desquels il me fera plaisir d'entrer
à votre demande. Et, finalement, à l'égard de la politique
d'encadrement, nous avons, là aussi, instauré une politique et
mettrons en vigueur des actions permettant de réduire, d'ici à
cinq ans, de 10 % le taux d'encadrement qui est observé dans la fonction
publique.
Finalement, au titre des politiques de gestion, c'est maintenant chose
faite. D'abord, la députée de Taillon s'en souvient, nous avons,
au titre de l'octroi des contrats, passé à l'Assemblée
nationale et fait sanctionner des lois en décembre dernier, qui visent
à donner suite au rapport Bernard et instaurent le principe de
l'assujettissement d'à peu près tout ce qui bouge de
budgétaire et de non budgétaire à des règles
précises d'attribution de contrats pour assurer l'équité
et la transparence dans ces activités en instaurant un mécanisme
d'exemption, soit partielle, soit totale. La réalité dicte qu'on
doive procéder ainsi, à condition, dans chaque cas, que les
règles d'attribution des contrats des organismes qui pourraient
être exemptés soient publiquement, évidemment,
divulguées, soient donc connues, littéralement, dans la plupart
des cas, publiées dans la Gazette officielle du Québec,
pour bien assurer que l'ensemble du secteur public respecte les principe de
transparence et d'équité qui doivent prévaloir dans
l'utilisation des fonds publics.
Deuxièmement, au titre des technologies de l'information, nous
avons instauré des seuils de contrôle draconiens depuis un an.
C'est un seuil d'autorisation zéro, c'est-à-dire que toutes les
dépenses en natière de technologie de l'information doivent
être soumises au Conseil du trésor pour approbation. Nous
entendons retenir - ça a été annoncé à
l'occasion du dépôt des crédits - des pierres de touche de
rentabilité et d'économie véritables pour autoriser
quelque développement que ce soit du côté des technologies
de l'information. On peut voir que, alors que les ministères
prévoyaient une croissance de 12 % de ces dépenses l'an dernier,
l'instauration du seuil zéro, seuil d'approbation d'autorisation, a fait
en sorte que c'est une croissance de 3 % qui a été
observée.
Enfin, on me permettra de conclure que je n'ai pas senti que toute la
machine informatique était inadéquate et que la panique avait
envahi les ministères. On peut voir, dans les crédits de cette
année, dans une section spécifique du livre des crédits,
des renseignements supplémentaires, que c'est maintenant près de
15 % de croissance qui est demandée au titre des technologies de
l'information par les différents ministères. L'expérience
de l'an dernier me laisse croire qu'on sera loin du compte en fin
d'année et que nous aurons donc l'occasion de vérifier de plus
près ce que les ministères ont à l'esprit dans ces
matières. En conséquence, lorsqu'on regarde de plus près,
ça a tendance à ralentir considérablement les ardeurs des
demandeurs.
Nous avons finalement émis une directive sur l'analyse des
programmes et la vérification interne. Nous avons instauré une
politique, une directive précise sur la récupération des
points bonis accumulés par ceux et celles qui voyagent aux frais de
l'État et qui doivent donc - c'est la moindre des choses; c'est ce qui
se fait dans le secteur privé - remettre à l'employeur les points
bonis ainsi gagnés au hasard des promotions ou concours que les
compagnies aériennes ou centres hôteliers peuvent mettre à
la disposition de leurs clients. Nous avons, de la façon la plus simple
possible, suggéré aux différents ministères de
gérer ce petit élément des dépenses publiques. Dans
la mesure où il n'y a pas de petites économies, ça
m'apparaît important.
Finalement, au titre des crédits budgétaires du Conseil,
tels qu'ils vous sont présentés, ceux-ci sont identifiés,
au livre des crédits de 1991-1992, à 24 303 000 $, dont 24 294
000 $ en crédits à voter et 9600 $ en crédits permanents,
regroupés sous le programme Gestion budgétaire et politiques
administratives. En comparaison avec les crédits modifiés de
l'année dernière, le budget du Conseil du trésor augmente
de 4,4 %. En disant ces mots, je m'aperçois du lapsus; il est
évidemment question, à 24 303 000 $, des crédits de
1992-1993.
Cette hausse s'explique par une augmentation de 7,4 % du budget des
supercatégories Fonctionnement-Personnel et de 23 % du budget de la
supercatégorie Capital-Autres dépenses. Par contre, le budget de
la supercatégorie Fonctionnement-Autres dépenses a
été réduit, lui, de 2,7 %. L'accroissement de cette
catégorie Fonctionnement-Personnel est dû à l'ajout
d'effectifs dans le secteur des politiques du personnel à la Gestion de
l'information et des technologies aux Systèmes et technologies de
l'information. L'augmentation du budget de la catégorie Capital-Autres
dépenses s'est avérée nécessaire pour
équiper adéquatement les nouveaux employés du
Secrétariat du Conseil en appareils informatiques et remplacer un petit
nombre d'appareils devenus désuets.
La diminution du budget de la catégorie Fonctionnement-Autres
dépenses provient
du transfert de crédits pour financer l'ajout de sept postes aux
Systèmes et technologies de l'information, de la baisse du budget
relatif aux négociations des conventions collectives et de la
réduction des crédits relatifs à l'application de la TVQ.
Les crédits à voter se répartissent donc ainsi: au
programme 1, 4 000 000 $; au programme 2, 2 900 000$; éléments 1,
2 et 3, 7 062 000 $ dans le cas de l'élément 3 et, à
l'élément 4, 10 315 000 $, Soutien administratif et
technique.
En matière de ressources humaines, l'exercice a été
l'occasion de poursuivre certains changements amorcés l'année
précédente. Je parle de l'exercice de l'an dernier. C'est ainsi
que le Secrétariat adjoint aux politiques de personnel,
créé en 1990-1991 afin de doter le Secrétariat du Conseil
de nouveaux moyens organisationnels, a complété sa structuration.
Il compte maintenant une direction des Conditions de travail et politiques de
personnel, un service des Conditions de travail et régimes collectifs,
un service de santé et sécurité du travail, un service de
la recherche, un service de la planification de la main-d'oeuvre. Dans le but
de regrouper l'ensemble des services sous une même unité, les
activités reliés aux Systèmes et technologies de
l'information ont été transférées du
Secrétariat adjoint aux politiques de gestion à la Direction
générale de l'administration. Cette direction est maintenant
responsable d'assurer les services en matière de ressources humaines,
financières, matérielles et informationnelles.
M. le Président, je vous remercie de m'avoir permis de faire
cette présentation en vous soulignant, en terminant, que je suis
accompagné, si le besoin d'aide du côté des réponses
qu'on pourrait solliciter de ma part se fait sentir, du secrétaire du
Conseil du trésor, M. Denis Bédard, du secrétaire
associé aux politiques de personnel et aux relations de travail, M.
Jean-François Munn, dont c'est le premier exercice ici, devant nous,
à ce titre, et de M. Bruno Grégoire, secrétaire adjoint
aux politiques de gestion de même que, comme vous le voyez, non pas de la
totalité, quand même, du Secrétariat, mais très
certainement des gens qui ont le droit de parole sur chaque pouls qu'on
pourrait vouloir mesurer dans l'ensemble des crédits du
Secrétariat du Conseil du trésor.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le Président
du Conseil du trésor. Vous avez fait état, lors de vos remarques
préliminaires, d'une étude ou d'une analyse qui aurait
été faite relativement à l'augmentation de la haute
fonction publique et vous avez fait état d'un pourcentage. Est-ce que
ces documents-là, vous avez l'intention de les déposer? (16
heures)
M. Johnson: S'ils sont disponibles, oui. On me fait signe que
oui. On en a peut-être en quantité suffisante pour tous les
membres de la commission.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît. Alors,
on va en prendre connaissance et en autoriser le dépôt.
M. Johnson: Si je peux prendre connaissance de l'exemplaire qu'on
entend déposer, s'il vous plaît.
Le Président (M. Lemieux): On vous permet d'en prendre
connaissance, M. le Président du Conseil du trésor...
M. Johnson: Oui, mais je ne l'ai pas en main. Ce n'est pas
celui-là que j'ai en main.
Le Président (M. Lemieux): ...c'est tout à fait
compréhensible.
M. Johnson: Oui. Évidemment, je pense qu'il y a une
coquille. Simplement une coquille.
Le Président (M. Lemieux): Une?
Mme Marois: On pourrait la corriger, M. le Président, si
c'est utile.
M. Johnson: alors, à la dernière ligne d'un texte
d'accompagnement du tableau, le chiffre «5,28» doit se lire
«5,88», ou même «5,89», à mon sens.
Mme Marois: Ce qui correspondrait aux chiffres que vous nous avez
livrés tout à l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vous avez fait état
tout à l'heure de 5,89 % par rapport à 6,28 %.
M. Johnson: C'est ça. Il y a un texte d'accompagnement qui
parle de 5,28 %, là.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
M. Johnson: Je crois que c'est une erreur de transcription.
Le Président (m. lemieux): alors, on va faire faire la
correction puis on autorisera le dépôt dans le cours de
l'audition. alors, mme la députée...
Mme Marois: De Taillon.
Le Président (M. Lemieux): ...de Taillon, la parole est
à vous.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Je ferai juste
remarquer, pour les fins de l'inten-
dance et de la suite des choses, que nous avons commencé nos
travaux à 15 h 30, ce gui veut dire, j'imagine, qu'on va jusqu'à
19 h 30, puisque l'ordre de la Chambre est de quatre heures. C'est
ça?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, Mme la
députée.
Mine Marois: Parfait! Mais comme il y a quand même ordre de
la Chambre, nous allons tenter de le respecter.
Je voudrais, à mon tour, souhaiter la bienvenue au ministre
à cette commission et aux personnes qui l'accompagnent. Quand
j'étudie moi-même les crédits, je l'envie d'avoir un
personnel aussi nombreux, mais je comprends qu'il est sûrement
nécessaire pour les fins des discussions que nous aurons ici. En fait,
discuter des crédits du Conseil du trésor pourrait nous prendre
peu de temps si on s'arrêtait essentiellement aux quelques chiffres qui
nous sont remis, mais je pense que l'objet d'une intervention comme celle que
nous avons aujourd'hui, à laquelle nous procédons aujourd'hui,
l'objet d'une discussion comme celle que nous avons aujourd'hui, c'est vraiment
d'essayer de voir quelles sont les politiques générales, les
orientations du gouvernement en ce qui concerne les finances publiques,
évidemment, de voir le rationnel qui soutient les choix qui ont
été faits et, ensuite, de s'attarder à ce que cela donne
très concrètement. Mais je pense que l'objectif de
l'opération, si vous permettez, M. le Président, est,
évidemment, d'essayer de voir un peu où s'en va le gouvernement.
dès le départ, je pense qu'il serait important qu'on s'entende au
moins sur une donnée et j'aimerais bien qu'on parle des mêmes
chiffres. quand on regarde le taux d'inflation de décembre 1990 à
décembre 1991, et non pas sur 18 mois, parce que, tout à l'heure,
on a regardé des données sur 18 mois - j'y reviendrai, de toute
façon, dans le cadre de mon intervention générale - au
québec, on parle de 5,3 % et, pour l'ensemble canadien, de 3,7 % en ce
qui concerne le taux d'inflation de décembre 1990 à
décembre 1991, en calculant le taux moyen par mois - on s'entend bien -
et non pas tout simplement la différence entre le début de
l'année et la fin de l'année, si on veut parler de données
qui correspondent à une réalité que vivent nos concitoyens
et nos concitoyennes. enfin, le ministre pourra y revenir tout à l'heure
s'il n'est pas d'accord avec ces chiffres-là.
M. Johnson: C'est de janvier à janvier, plutôt que
de décembre à décembre, qu'en général on
mesure ces choses-là.
Mme Marois: Par rapport à décembre, je pense que
ça ne devrait pas varier beaucoup.
M. Johnson: Ça dépend des années.
Mme Marois: Oui, mais, là, on parlait de décembre
1990 à décembre 1991. Je suis d'accord que...
M. Johnson: Ça a changé beaucoup parce qu'il y a eu
la TPS qui a été introduite en janvier 1991.
Mme Marois: oui, mais c'est ce qui explique justement,
d'ailleurs, une différence aussi importante entre le taux d'inflation
canadien et le taux d'inflation québécois, parce qu'il y a quand
même une différence de pas tout à fait deux points: c'est
5,3 % au québec, et on parie de 3,7 % pour l'ensemble canadien. alors,
c'est quand même une différence assez significative, qui est
très largement reliée à l'implantation, effectivement, de
la tvq.
Bon, alors, si on revient aux remarques plus générales -
et, tout au cours de nos discussions, j'aborderai évidemment ces
questions; on en a débattu déjà à d'autres reprises
- je pense que ce qui reste très décevant, tant dans le document
que nous a présenté le ministre président du Conseil du
trésor que dans le document des crédits et, évidemment, ce
qui a suivi, qui a été le discours inaugural, c'est vraiment
l'absence de mesures un peu significatives en ce qui concerne l'économie
québécoise qui est en très mauvaise posture. Et quand on
dit ça, c'est des beaux mots, évidemment: l'économie
québécoise, ça ne fait mal à personne, sauf que
quand on regarde les taux de chômage auxquels sont confrontés nos
concitoyens et nos concitoyennes, là, on parle de personnes qui vivent
des difficultés majeures et, dans ce sens-là, je pense que c'est
assez décevant de constater, à même les chiffres que nous
fournit lui-même le président du Conseil du trésor, que la
mission économique, au gouvernement, est celle qui voit sa part de plus
en plus congrue par rapport aux autres missions, que ce soit les missions
éducative, culturelle, sociale ou gouvernementale.
Au cours de l'année qui s'est écoulée, on a vu que
le président du Conseil du trésor a été
épaulé dans son travail d'élaboration et de planification
des crédits budgétaires. Il a été
épaulé par des comités qui ont été
institués à différents niveaux, tant au gouvernement que
dans son parti. Alors, si j'ai bien compris l'intérêt et surtout
l'objectif qui était recherché par ces différents groupes
de travail qui se sont mis en place, c'était d'identifier, à
partir de prévisions budgétaires qui avaient été
contenues au dernier budget, des dépenses qui pouvaient être
comprimées Et l'objectif qu'on semblait s'être fixé pour
1992-1993, c'était 1 226 000 000 $.
Or, si je regarde les données qui sont devant nous, je suis
obligée de conclure a l'échec du travail du Conseil du
trésor à cet égard, même épaulé par
les comités qui ont fait
un certain nombre de propositions. Un de ces comités était
d'ailleurs présidé par le député de Chauveau et
était composé de députés issus des rangs
libéraux, et même le président du comité avoue que
le Conseil du trésor a peu tenu compte des recommandations qui ont
été faites par son groupe. Il s'en est ouvert très
largement à la presse dans les derniers jours et dans les
dernières semaines. Ce que je peux conclure de ce qui a
été retenu comme propositions déposées par ce
comité, ce seraient des compressions de l'ordre de 100 000 000 $.
Alors, semble-t-il que le député de Chauveau a
donné un an - une espèce d'ultimatum, si j'ai bien compris - au
président du Conseil du trésor pour voir si les recommandations
qu'il a faites, ainsi que les membres de son groupe, vont être mieux
suivies dans l'année à venir. On garde un oeil sur ce dossier. Ce
serait intéressant, peut-être, d'entendre le président du
Conseil du trésor nous dire si, dans les mesures qui lui ont
été suggérées par ses collègues, il a
l'intention d'en mettre en oeuvre, et lesquelles, au-delà de celles
qu'il a déjà retenues. (16 h 10)
Un second comité était présidé, cette
fois-ci, par le secrétaire général du Conseil
exécutif qui, d'ailleurs, blâmait un peu le Conseil du
trésor dans son travail en disant qu'il avait difficulté à
livrer la marchandise parce qu'il arrivait en ayant l'air de tout savoir
à l'égard des autres ministères. Donc, lui-même,
à titre de secrétaire général du gouvernement, avec
l'aide d'autres de ses collègues, allait apporter des propositions qui
allaient être un petit peu plus significatives et donner des
résultats. J'aimerais peut-être entendre aussi, sur ça, le
président du Conseil du trésor. Je n'ai pas l'impression que ses
résultats sont tellement plus probants que ceux qu'ont obtenus ses
collègues.
Enfin, il y a eu un troisième comité qui, celui-là,
était issu du Parti libéral et qui, encore là, n'a pas
réussi, semble-t-il, à convaincre le Conseil du trésor du
bien-fondé de ses positions.
Alors, quand je regarde le document qui contient les renseignements
supplémentaires pour les crédits de 1992-1993, on arrive à
identifier environ 650 000 000 $ de compressions et, de ces 650 000 000 $, 350
000 000 $ seraient fournis par les employés des secteurs public et
parapublic. Moi, je veux bien qu'on leur demande un certain effort, mais je
cqmprends que c'est plus de la moitié des compressions qui devraient
être supportées par les membres de la fonction publique. Est-ce
qu'on doit comprendre que le gouvernement est un peu au bout de son rouleau et
qu'il ne parvient plus, comme les années passées, à couper
dans les dépenses? Je pense que plusieurs groupes actuellement dans la
société ont cette impression-là, partagent ce
sentiment-là. Et, dans ce sens-là, ce n'est pas inutile, la
demande qui est présentée au gouvernement de débattre des
questions fiscales. Puis, c'est évident - et je pense que le
président du Conseil du trésor va être d'accord avec moi -
que si l'on débat des enjeux fiscaux, on va débattre aussi des
choix auxquels on veut participer comme société, des choix que
l'on veut retenir. Pour notre progrès social, économique et
culturel, quelles sont les priorités qui devraient être
retenues?
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas entendu, tant de la part du
président du Conseil du trésor que d'autres membres de ce
gouvernement, ou même du premier ministre, qu'ils étaient ouverts
à participer à un tel débat public sur la
fiscalité. Et il va de soi que si nous discutons de la façon dont
on devrait rétablir une certaine équité quant aux
rentrées publiques, donc quant aux impôts, pour être plus
précis, cela pose aussi comme question celle des sorties de fonds:
Qu'est-ce qu'on en fait, de ces sous? Je n'ai entendu nulle part des personnes
qui occupent des fonctions officielles dans ce gouvernement dire qu'elles
étaient ouvertes à ce débat sur la fiscalité, qui
est réclamé, entre autres, par les représentants des
travailleurs et des travailleuses, mais pas seulement par eux. Je pense que
beaucoup de leaders d'opinion se sont prononcés favorablement sur ce
débat. Alors, ce serait intéressant d'entendre aujourd'hui le
président du Conseil du trésor nous dire s'il est d'accord avec
cette discussion qui doit avoir lieu au Québec, à mon point de
vue, si, lui, partage ce même point de vue et, si c'était le cas,
quand il est prêt à s'engager dans une telle discussion.
Donc, nous regardons les crédits qui ont été
déposés à la fin mars. Je répète ce que,
d'entrée de jeu, je rappelais aux membres de cette commission. Je pense
qu'ils sont très décevants à plusieurs égards:
d'une part, des prétentions que pouvait avoir le gouvernement; des
engagements, même, pris par le gouvernement; des signatures
apposées au bas de certains documents, et ils sont décevants,
évidemment, quant à l'amélioration de l'ensemble de la
situation économique au Québec. J'imagine que, très
facilement, le président du Conseil du trésor nous dira que ce
n'est que la moitié de l'opération dont nous discutons
aujourd'hui, que l'autre moitié viendra par le dépôt du
budget, mais compte tenu de l'expérience que j'ai pu constater,
laissez-moi avoir des doutes quant à quelque espoir que l'on pourrait
avoir à l'égard du dépôt du budget.
Voilà pour ce qui est du volet du Conseil du trésor, plus
généralement, et de sa volonté, je devrais dire de ses
velléités, de comprimer un certain nombre de dépenses. Et
c'est des velléités dans ce cas-là, puisque les
résultats ne sont pas à la hauteur des attentes.
Revenons maintenant sur les demandes que l'on fait à
l'égard des employés des secteurs public et parapublic. Je pense
que ceux-ci ont manifesté, évidemment, très clairement
leur désapprobation. Les conversations que nous avons
avec ces derniers, avec les représentants de ces derniers et avec
ces personnes qui sont des employés, des serviteurs de l'État,
nous amènent à penser que règne actuellement, tant au sein
de la fonction publique que des services parapublics, un état
généralisé de démotivation. Je pense que n'importe
quel responsable gouvernemental doit avoir une préoccupation à
cet égard-là, de tous les instants. Ça m'apparaîr.
d'autant plus inquiétant, d'ailleurs, cette attitude ou ce manque de
motivation, que nous avons des défis énormes à relever et
que nous voudrions pouvoir compter, évidemment, sur l'appui de
l'ensemble des personnes engagées au service de nos concitoyens et de
nos concitoyennes. j'aimerais ça, entendre le ministre responsable du
conseil du trésor nous parler d'un programme de planification de la
main-d'oeuvre dont l'objectif serait - il nous l'a dit sans ses propos
d'ouverture - d'encadrer les réductions d'effectif. vous dites:
«nous souhaitons réduire les effectifs de la fonction publique,
même les effectifs d'encadrement», ce à quoi je pourrais
souscrire avec le ministre, mais encore faut-il que cela soit fait dans une
perspective où il y aurait une certaine planification qui nous soit
présentée, avec des moyens un peu plus sains que simplement une
décision de dire: voilà, 2 %, c'est l'attrition. ou: c'est un
automatisme. je pense qu'il y a eu des périodes où nous avons
procédé ainsi, et il y avait probablement une certaine marge de
manoeuvre pour le faire, mais je crois que plus nous progressons, d'abord dans
la connaissance que nous avons de nos outils de gestion, plus nous devrions
être capables d'agir d'une façon plus fine et plus respectueuse
des processus de décision qu'il y a dans l'appareil gouvernemental et
aussi de la responsabilisation à laquelle, j'en suis persuadée,
nous tenons tous ensemble en ce qui concerne les gestionnaires de la fonction
publique.
Alors, moi, j'aimerais entendre le président du Conseil du
trésor nous dire s'il a un programme de prévu, s'il a une
planification qui est faite au-delà de dire: «Nous demandons qu'if
y ait des compressions de l'ordre de 2 % ou 3 %, et cela à
l'aveuglette.» J'ai l'impression, dans tout ce qui s'est passé au
cours des dernières années, qu'on nage littéralement dans
l'improvisation. La meilleure preuve... Je reviens à cette entente
signée H y a à peine un an avec l'ensemble des
représentants des travailleurs et des travailleuses des secteurs public
et parapublic. Un an plus tard, si le taux d'inflation, au lieu d'être
celui qu'il est, avait été de 2 % au-dessus de ce qui avait
été prévu par le Conseil du trésor, est-ce que le
gouvernement aurait rouvert les conventions pour dire: «Écoutez,
c'est évident que la situation économique étant beaucoup
plus intéressante, la situation allant mieux, nous rouvrons pour vous
offrir de renégocier la différence entre le taux d'inflation qui
était prévu et celui qu'on connaît maintenant, compte tenu
d'une situation économique qui pourrait aller mieux et non pas
seulement, évidemment, du taux d'inflation, d'une situation
réelle»? Est-ce que le président du Conseil du
trésor aurait été aussi enclin à rouvrir les
conventions, à dire: «Ma signature, je suis prêt à la
remettre en question et je vous demande de faire de même»9
Alors, à l'inverse, je me dis qu'on peut se poser la question, et
c'est là, à mon point de vue, un signe pour tout ce qui concerne,
actuellement, la gestion des fonds publics, un signe d'improvisation. Je n'ai
pas l'impression qu'on s'inscrit dans un processus de planification. (16 h
20)
Nous avons débattu - si je ne m'abuse, c'était en
décembre dernier - un projet de loi qui a été
déposé par un collègue, d'ailleurs, membre de notre
commission, et qui avait trait au fait que l'on vote une loi, à
l'Assemblée nationale, pour limiter les hausses de dépenses et
pour faire en sorte que l'on réduise le personnel de la fonction
publique selon un certain pourcentage. Mes collègues d'en face s'en
souviendront, on en a débattu à l'aveuglette, sans qu'il y ait de
projet très précis à cet égard-là. Quand je
vois un collègue, membre de l'équipe gouvernementale, venir
déposer un tel projet, ma question, c'est la suivante: Est-ce qu'il a
à ce point si peu confiance au président du Conseil du
trésor et à son propre gouvernement qu'il sente la
nécessité de lier son gouvernement par une loi votée
à l'Assemblée nationale? Remarquez que le projet est toujours au
feuilleton. Nous ne l'avons pas redébattu. On verra s'il reviendra dans
la présente session ou au cours de l'automne, pour voir si,
effectivement, les craintes sont toujours fondées et, donc, qu'on sent
la nécessité de procéder par une loi qui, sans
prévoir nécessairement de planification, dirait: Voilà,
dicte ce que devrait être la politique budgétaire et de
dépenses du gouvernement.
Dans le cadre, d'ailleurs, d'un mandat d'initiative de la commission
à laquelle nous siégeons actuellement, le président du
Conseil du trésor avait fart l'annonce que 4500 postes d'occasionnels
seraient titularisés. J'aimerais bien, là-dessus, au cours des
travaux et des discussions que nous aurons, que le ministre fasse la
lumière à ce sujet-là. Combien avons-nous
titularisé de postes? Quelles sont les règles que nous avons
appliquées? Quelle est la planification prévue pour les personnes
qui n'ont pas eu la possibilité d'être titularisées dans un
premier temps? Est-ce qu'il y a une stratégie à cet
égard-là? J'aimerais bien entendre le président du Conseil
du trésor sur ces questions-là aussi.
Je conviens avec ce dernier et avec le gouvernement que la conjoncture
économique rend les choses difficiles. On n'a jamais prétendu que
c'était une situation facile. Nous en sommes tout à fait
conscients. Mais, entre une situation difficile et de l'improvisation, il me
semble qu'il devrait y avoir, quelque part, possibilité pour un
travail un peu mieux articulé, un peu plus suivi. Je le
répète, le discours inaugural, duquel on attendait quand
même - pour reprendre des propos qui ont été
utilisés - un certain espoir à offrir à nos concitoyens et
à nos concitoyennes, a été plutôt vide. C'est ce
qu'on appelle habituellement, et vous allez me passer l'expression, M. le
Président, un «non event». Les crédits 1992-1993
n'ont pas rehaussé non plus le débat à cet
égard-là.
Alors, j'espère bien, évidemment, que le président
du Conseil du trésor aura l'occasion, tout au long des discussions que
nous aurons à cette commission, de me convaincre du contraire des propos
que j'ai avancés jusqu'à maintenant. Mais vous me permettrez
d'avoir quelques doutes, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la
députée de Taillon. Est-ce que c'est au sujet d'une
déclaration d'ouverture?
M. Audet: Non, non, non.
Le Président (m. lemieux): alors, m. le ministre, vous
avez un droit d'intervention après chacun des intervenants, pour une
période de 20 minutes.
M. Johnson: 5 minutes?
Le Président (M. Lemieux): 20 minutes.
M. Johnson: 20 minutes.
Le Président (M. Lemieux): En principe.
M. Johnson: Je ne veux pas abuser. Je veux laisser la
parole...
Le Président (M. Lemieux): Vous n'abusez pas des bonnes
choses.
M. Johnson: ...aux membres de la commission, M. le
Président, quoique je dénote une, deux, trois, quatre, cinq...
huit ou neuf questions de la part de la députée - au moins - que
j'ai notées.
Mme Marois: Certaines reviendront sous d'autres formes.
M. Johnson: Certaines reviendront, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Et, préalablement, M. le
président du Conseil du trésor, j'autorise le dépôt
relativement à l'évaluation de la rémunération en
ce qui concerne la haute fonction publique. Le dépôt est
autorisé.
M. Johnson: L'évolution de la
rémunération.
Le Président (M. Lemieux): L'évolution de la
rémunération.
M. Johnson: D'accord, très bien. Oui, alors...
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson: Question technique, la toute première
soulevée par la députée, sur l'utilisation du taux
d'inflation canadien plutôt que celui du Québec en matière
de relations de travail. C'est ce qu'on fait depuis longtemps. Ce n'est pas une
excuse ou une raison comme telle; je ne fais que souligner que ce qu'il y
aurait de difficile à justifier, c'est de changer, d'une convention
collective à l'autre, d'un taux à l'autre. Mais on me fait
remarquer que, sur une longue période, qu'on utilise l'un ou l'autre de
ces taux d'inflation, il y a convergence, sinon une coïncidence, à
long terme, dans l'évolution de la rémunération, qu'elle
soit fondée sur l'un ou l'autre de ces indices. Oui, le chiffre est
effectivement 3,8 %. C'est celui qui était en cause lorsque nous avons
demandé à nos employés de considérer, le printemps
dernier, de retarder l'indexation de leurs salaires. Donc, c'est 3,8 %. C'est
à partir de là qu'à certains égards on peut mesurer
la contribution des employés du secteur public et la réalisation
des équilibres financiers, compte tenu de l'évolution de
l'économie et du taux d'inflation.
À ce titre, d'ailleurs, j'en profite pour faire un saut vers une
autre question que m'a demandée la députée: Est-ce que le
gouvernement ou les syndiqués, ou qui que ce soit serait en demande de
réouverture de contrat et d'abandon de signature si le taux d'inflation
était, disons, de 9 % pour les fins de la discussion? Je replace les
choses, encore une fois. On n'est pas en train de vouloir ouvrir une convention
collective. On a signé quelque chose qui sera en vigueur plus tard,
donc, évidemment, à la dernière minute du 30 juin. Et,
d'ici ce temps-là, comme gouvernement, compte tenu du fait que
l'inflation sera presque certainement inférieure à 2 %, nous
cherchons une façon de sensibiliser nos interlocuteurs à cette
réalité et, donc, de reconvenir d'une indexation salariale qui
pourrait protéger le pouvoir d'achat mais qui ne constituerait pas, dans
les circonstances, un enrichissement ou une annulation de la contribution
financière que nos employés ont accepté de faire l'an
dernier.
Alors, évidemment, si l'inflation était de 9 % à
l'heure où on se parle, disons qu'il serait possible que les demandes
syndicales soient de cet ordre de grandeur et qu'on serait en train de nous
dire: Oui, on a signe pour 3 % et le forfaitaire, mais l'inflation est à
9 %. Et je vois d'ici venir les demandes au 1er juillet, d'indexation à
7 %, 8 %, 9 %, 10 %, 11 %, que sais-je! Tout ce que j'indique, c'est qu'avant
qu'on en
arrive là, quant à nous, on voit tenir un environnement
inflationniste en bas de 2 %. Et on dit: Oui, on a signé tous à 3
%, mais est-ce qu'on ne pourrait pas reconvenir, compte tenu de la
réalité, de paramètres qui se collent le plus possible
à la capacité de payer des contribuables
québécois?
Capacité de payer qui m'amène à parler de la
fiscalité. Fiscalité, débat sur la fiscalité. Pour
ne pas quitter le domaine des relations de travail, on a tenté, du
côté syndical, de lier les problèmes financiers du
gouvernement à son incapacité d'augmenter les impôts. C'est
essentiellement ça qui est en cause. On nous a dit: Vous n'avez pas un
problème de dépenses. Donc, on va se comprendre, là, si la
députée se fait la porte-parole des chefs syndicaux. On nous dit
que ce n'est pas un problème de dépenses qu'on a, comme
gouvernement. Donc, on ne dépense pas assez, si je comprends bien. On a
plutôt un problème de revenus. On ne taxe pas assez. C'est
ça que je me suis fait dire par nos interlocuteurs syndicaux. C'est le
contraire, si je comprends bien, du discours de l'Opposition. Mais, là,
l'Opposition est en train de reprendre à son compte le discours
syndical. Il faut faire attention, lorsqu'on commence à se lancer dans
ces pistes-là, pour voir si on pose les pieds dans les traces de ceux
qui nous ont précédés ou si on est à
côté de la «track», pour parler de la même
façon que la députée en ayant recours à des termes
anglophones, ce qui, dans le fond, devrait faire en sorte que M. Parizeau doit
être bien fier de nous autres. Je trouve ça important, moi aussi,
incidemment, qu'en Amérique du Nord on connaisse l'anglais.
Ceci étant dit, au titre de la fiscalité, nous avons,
à mon sens, atteint près de la quasi extrême limite de la
capacité de payer des contribuables, compte tenu de l'état de
l'économie. Nous avons, comme gouvernement, tenté de
répartir le fardeau fiscal de la façon qui nuit le moins à
la capacité concurrentielle du Québec, compte tenu des profils de
fiscalité qu'on voit chez nos voisins. Le débat sur la
fiscalité, son importance, a occupé une place significative dans
les échanges que j'ai eus avec les chefs syndicaux. Je ne
prétends pas qu'on ait fait le débat. Je prétends qu'on a
campé, de chaque côté de la table, nos convictions.
Écoutez, on nous dit, du côté syndical, que ce n'est pas
une tare ou une maladie honteuse d'être les plus taxés en
Amérique du Nord. Ce n'est pas ça le débat, là. Ce
n'est pas de savoir si c'est une maladie. C'est de savoir si c'est une bonne
chose ou une mauvaise chose, et il me semble que c'est un problème
plutôt qu'une maladie. Il me semble qu'il faut régler ce
problème-là. (16 h 30)
Alors, débat sur la fiscalité? Oui, possiblement.
Écoutez, on verra. Ce n'est pas seulement à moi de décider
de ces choses-là. Je pensais que c'était très clair au
point de vue économique. Ce que nous avons tenté de faire, en
répartissant le fardeau fiscal comme nous l'avons fait, peut-être
y a-t-il besoin davantage d'explications mais tout de suite, j'indique que ce
n'est pas évident. On pourrait peut-être en discuter un jour
davantage. Ce n'est pas évident qu'on a un problème de revenus,
donc, qu'on doive augmenter les impôts pour payer les coûts des
services publics, donc, augmenter les dépenses publiques. C'est
là qu'on en est avec les instances syndicales au titre du débat
sur la fiscalité.
Au-delà de la fiscalité, donc, qui évoque les
problèmes de revenus que nous aurions, selon les instances syndicales,
il faut passer à l'autre terme de l'équation que sont les
dépenses. Oui, il y a un groupe de travail présidé par le
député de Chauveau, dont un secrétaire était le
député de Beauce-Nord ici présent, qui a donné lieu
à un rapport et à des dépôts de projets de loi
à l'Assemblée nationale de membres de cette commission, soit le
député de Saint-Louis et le député de Verdun, un de
ces projets de loi ayant été déclaré irrecevable
par la présidence, on s'en souvient, dans la mesure où
c'était le privilège de l'exécutif que de déposer
un projet de loi qui touchait les dépenses publiques, et d'autres
projets étant toujours inscrits au feuilleton au titre de la
réduction des effectifs, et j'y reviendrai.
Donc, cet environnement de comité d'étude, de
dépôt de projets de loi, qu'il s'agisse du groupe parlementaire,
qu'il s'agisse du groupe des fonctionnaires présidé par M. Morin,
tous ces groupes de travail se sont penchés sur des pistes de solutions
de réduction des dépenses publiques. Certaines jouent
carrément sur le financement de certains services publics, à
partir des goussets des contribuables consommateurs de ces services-là,
ou alors jouent sur l'effet de réduction de volume que l'introduction de
certaines contributions financières pourrait signifier, ou alors
carrément remettent en cause des normes d'attribution de subventions ou
autres. Mais j'ai hâte...
Je comprends qu'on me pose des questions, mais à chaque fois
qu'on explore certaines pistes, là aussi, il faut être
cohérent. Qu'il s'agisse des frais de scolarité universitaires,
par exemple, qui sont une source formidable pour véritablement doter
notre réseau d'enseignement supérieur de ressources nouvelles,
nous sommes en rattrapage. Je veux qu'on se comprenne. Même après
les deux augmentations qui ont été réalisées et
l'indexation à l'inflation qui a été annoncée
récemment, nous sommes encore des centaines de dollars derrière
les frais de scolarité de Terre-Neuve, qui est la province la plus
pauvre du Canada.
Il va falloir se redemander, bien honnêtement et encore bien
directement, si on a indéfiniment les moyens de se donner des services
à des coûts imbattables et qui, en un sens, ne sont pas
concurrentiels, si on se place du côté des
universités ou des gouvernements, mais très concurrentiels
quand ils sont du point de vue de l'étudiant, évidemment, qui est
en train d'investir, dans le fond, relativement peu dans son avenir au titre
des frais de scolarité. Ce n'est pas là que se trouve le
coût de faire des études supérieures. Ce ne sont pas les
frais de scolarité qui sont le problème pour l'étudiant,
ce sont évidemment les frais de subsistance et tout ce que ça
comporte de décider d'étudier davantage plutôt que
d'être sur le marché du travail. Mais, pour l'université et
pour le gouvernement, à l'autre bout, aux payeurs, c'est
extrêmement important comme source de revenus pour être à la
page, à la fine pointe, avoir de l'équipement, des
bibliothèques. C'est, dans le fond, un effort qu'on pourrait demander
aux étudiants mais, à chaque fois qu'on parle de ça,
l'Opposition fait évidemment tout un train d'enfer autour de ces
pistes-là qu'on pourrait explorer.
C'est vrai pour toutes sortes d'autres mesures. On pourrait en faire une
longue liste. Moi, je suis prêt à ce qu'on s'assoie et que, avec
le groupe de députés, avec l'Opposition, avec les
clientèles qui sont toutes conscientes de ces
problèmes-là, on s'entende sur des pistes qu'on pourrait
explorer. Mais, évidemment, on n'en est pas là. On n'en est pas
là mais, malgré tout, je le rappelle, il y a pour 2 200 000 000 $
de compressions cette année dans les équilibres financiers, au
titre des dépenses pour 1992-1993, que nous avons effectuées de
façon très réelle. C'est très substantiel.
Lorsqu'on regarde cet effort-là, lorsqu'on tient compte de la
conjoncture, pour 1 600 000 $ en dépenses purement conjoncturelles, 400
000 000 $ en choix gouvernementaux, en priorités qu'on a
accordées à certains postes de dépenses, on arrive
à une croissance qui, ma foi, n'est pas négligeable. Mais il
reste encore du chemin à faire. Il n'y aucun doute dans l'esprit de qui
que ce soit. C'est pour ça qu'on continue à faire notre travail
comme gouvernement, que le ministre des Finances le fait de son
côté, que lui aussi a une échéance, qui est le
discours sur le budget, où, à chaque fois, il en a profité
pour mettre de l'avant des pistes pour réduire les dépenses
publiques. Alors, ça, ça a été fait.
Les compressions, quelles qu'elles soient, semblent, selon la
députée, avoir réservé un traitement spécial
à la mission économique dont elle dit qu'on y voit une
détérioration de la part que la mission économique occupe
dans les dépenses gouvernementales. Là aussi, évidemment,
il faut faire attention aux chiffres et à leur source. Je comprends la
députée, avec les moyens du bord, de ne pas être à
même de tout découvrir ça, mais on est ici justement pour
le découvrir ensemble, avec les gens qui m'accompagnent...
Mme Marois: ...le livre des crédits, quand même.
M. Johnson: Oui, le livre des crédits. Maintenant,
écoutez, il y a quand même des agrégats là-dedans.
J'en donne un. Par recoupement, ça prend une connaissance intime, dans
le fond, de la façon dont c'est construit.
Il y a 221 000 000 $, par exemple, cette année, qui ne se
retrouvent plus dans la mission économique, parce qu'ils sont l'effet du
transfert sur l'assiette municipale de l'aide au transport en commun. Alors, on
dit: Ah! 221 000 000 $. Le gouvernement se retire, la mission économique
en souffre. Le transport en commun est toujours là, sauf que c'est au
niveau municipal qu'on le paie, au lieu de le payer dans les dépenses du
ministère des Transports. Ça fait une grosse différence,
ça, 200 000 000 $. On parle de 20 %, ou à peu près, du
budget non relié au réseau routier - de mémoire, là
- du ministère des Transports. C'est un gros, gros chiffre. Le
ministère des Transports, c'est plus que 2 000 000 000 $, les
crédits. Alors, tout de suite, on voit qu'on pense à des gros
chiffres.
Alors, il faut faire attention. Dans le fond, il n'y a pas un abandon de
mission et il n'y a pas des dollars qui sont disparus dans l'économie,
ils sont juste logés ailleurs dans les comptes du Québec. Nous
avons donc tenté de comprimer certaines dépenses. Nous avons pris
la décision de transférer sur l'assiette fiscale locale certaines
activités en vertu du principe que, lorsqu'une dépense à
des fins locales est payée par les utilisateurs locaux, la surveillance
est beaucoup mieux exercée auprès des pouvoirs publics.
Toute une différence de mener et diriger un réseau de
transports en commun et d'envoyer une facture de 221 000 000 $ à
Québec tous les ans, et opérer un système de transport en
commun et de demander aux citoyens qui utilisent le transport en commun et qui
habitent dans ce coin-là de payer 221 000 000 $. Grosse
différence qui permet à certaines municipalités non pas
d'augmenter, mais de baisser, dans certains cas, leurs dépenses, parce
que là, il y a une sensibilité accrue à la dépense
publique qui est créée par ce mécanisme. C'est une
décision qu'on a prise. On ne s'en cache pas. Les maires sont au
courant. Je leur redis quand je les rencontre: Arrêtez de me blâmer
comme si je me cachais, je vous annonce que c'est nous qui avons
transféré sur l'assiette locale certaines dépenses, bon,
et voici les raisons pour lesquelles nous l'avons fait. Alors, ça, c'est
une longue explication qui émane de la remarque de la
députée sur la mission économique et son poids relatif
dans les crédits de cette année. (16 h 40)
Autre compression, celle à l'égard des effectifs. La
députée nous accuse presque d'être des mécaniciens
purs et simples de la compression des ressources humaines dans les
ministères, de faire jouer un automatisme de mauvais aloi qui ne
respecte pas le désir et, dans le fond, les pouvoirs qui sont
logés dans les ministères, au
titre de la loi de la fonction publique, de mener eux-mêmes, de
gérer eux-mêmes leurs ministères. Je fais juste remarquer
que ce n'est pas comme ça que ça va se faire ou que ça se
fait. Ce qui a été tracé, c'est un objectif de
réduction des effectifs de 10 % sur cinq ans. Ceci se fait à
partir des principes qui ont été retenus dans les études
que cette commission a menées sur la révision, la reconduction de
la loi de la fonction publique, c'est-à-dire qu'il y a
décentralisation, il y a la mainmise de ministères sur leur
façon à eux de faire des plans d'effectifs, de remplir leur
mandat, leur mission et que c'est sur la foi des plans d'effectifs qui seront
dressés par les ministères que nous aurons, de notre
côté, au secrétariat du Conseil du trésor, à
évaluer l'atteinte de ces objectifs.
C'est donc dans le plein respect des attributions des ministères
que cet exercice sera mené, mais c'est un objectif de gouvernement qui
est formulé par le rapport Poulin, le rapport Morin et,
évidemment, le Conseil du trésor au titre de la réduction
des effectifs. À ce titre, d'ailleurs, nous avons en parallèle
conduit une... ou nous mettons, nous avons mis sur pied une série de
politiques et de gestes que nous allons poser à l'égard - comme
je le soulignais tout à l'heure, je complète l'exercice - des
taux d'encadrement, comme je le disais dans mes remarques préliminaires.
Là aussi, une étude spécifique doit être
menée quant aux effectifs à ces niveaux.
Finalement, il y a l'exercice de conversion qui se rattache aux
ressources humaines, que la députée à
évoqué. Je lui confirme que nous avons, à ce jour,
complété l'exercice à l'égard de 4383 postes, qui
ont été ici convertis en postes dits permanents, que la dotation
de ces postes est en cours - je pourrais peut-être avoir un détail
sur l'état de la situation comme telle - mais que tout l'exercice n'a
pas été mené là non plus de façon
arbitraire.
On se souvient qu'il y a eu des consultations quand même avec la
Commission de la fonction publique, qui s'opposait d'ailleurs à qu'on
ait des concours réservés pour les occasionnels, pour autant que
je me souvienne, et qui a donné son avis, là, dans ce dossier,
dont nous avons pris note. Mais, à notre sens, nous avions
également la capacité juridique. Le cadre juridique nous
permettait de procéder comme nous l'avons fait, on le sait. C'est ce que
nous avons fait, et là où des occasionnels de 5 ans se sont
présentés à un concours qui leur était
réservé et se sont qualifiés - ils se sont
qualifiés, ils devaient le faire évidemment avant d'avoir un
emploi dans la fonction publique - les sous-ministres avaient le loisir, dans
tous les cas, de choisir les gens ainsi qualifiés pour occuper les
postes nouvellement convertis en postes permanents.
J'ai un tas de notes ici qui m'indiquent évidemment qu'il est
difficile de suivre poste par poste ceux des 4383 qu'on aurait comblés.
On aura éventuellement des rapports précis pour l'année
qui s'est terminée le 31 mars dernier et on pourra voir
évidemment, à ce moment-là, ce à quoi ça
correspond. Alors, je pense bien que... S'il y a des questions additionnelles,
ça me fera plaisir de revenir sur ces détails.
Une Voix: est-ce que ça va?
Le Président (M. Lemieux): Ça va? Moi, j'attends
les documents. Je vais intervenir tout â l'heure. Les documents ne sont
pas arrivés. Alors, Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: D'accord.
M. Dutil: Moi, j'aimerais peut-être ajouter juste une
petite chose dans les déclarations d'ouverture...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Dutil: ...oui, concernant le comité des finances
publiques des députés. Alors, Mme la députée de
Taillon, vous avez dit certaines choses que je vais, si vous permettez,
corriger. Effectivement, vous avez dit, au début de votre intervention,
que personne n'avait parlé de la fiscalité, et tout ça. M.
le président du Conseil du trésor a ajouté des
éléments tantôt, là, mais je crois me rappeler que,
dans son discours inaugural, le premier ministre en a fait mention d'une
façon assez importante d'ailleurs, et dans le rapport des finances
publiques des députés, c'est une chose qu'on a soulevée
d'ailleurs, la fiscalité, qu'il faudrait peut-être regarder des
choses là-dedans, que c'est important.
Ensuite, on parlait tantôt d'une loi, qu'il y a un projet de loi
qui aurait été proposé par ce même groupe de
députés, dans le but de réduire le solde des
opérations courantes à zéro dans les prochaines
années. On a eu besoin du consentement de la Chambre, M. le
Président, et le consentement a été refusé par les
gens de l'Opposition. Puis je ne suis pas sûr, moi, que ce n'est pas
parce qu'on ne fait pas confiance à notre gouvernement, pas du tout,
mais il y a certains pays où ça existe. Et ça dit aussi...
Les députés disent que, nous, on est prêts à faire
des sacrifices, à s'impliquer dans la gestion des finances publiques,
à collaborer avec le gouvernement pour qu'on atteigne des objectifs de
saine gestion. Si ça avait existé dans le passé, M. le
Président, peut-être qu'on n'aurait pas la dette accumulée
qu'on a là.
Bon, alors, nous, c'est pour ça qu'on a parlé de
ça. Ce n'est pas un manque de confiance du tout à l'égard
du président du Conseil du trésor, puis à l'égard
du Conseil des ministres non plus. C'est simplement pour éviter ou
essayer d'empêcher certains abus qui ont été faits dans
le passé quand le déficit était plus
élevé. Bon, les factures d'épicerie, là, on sait ce
que c'est, là. Et des recommandations, bien, le président du
Conseil du trésor, il n'a pas... puis mon collègue, le
député de Chauveau, n'a pas dit que le président du
Conseil du trésor avait mal reçu le rapport. Au contraire.
Ça a sorti dans les journaux qu'il accueillait ce
rapport-là d'une façon très positive, d'autant plus que
c'est la première fois qu'il y a un groupe de députés, 17
députés - d'ailleurs, le député de
Lotbinière en faisait partie, le député de Taschereau
aussi - c'est la première fois qu'un groupe de députés se
penchent sur les finances publiques et qu'ils font des recommandations pour
qu'on réduise nos dépenses, et non pas le contraire, comme
ça été le cas dans le passé, celui qu'on appelait
le groupe des 11, la, en 1980-1981, qui avait proposé d'augmenter les
taxes de 1 100 000 000 $ pour appliquer la social-démocratie. Alors,
c'est des choses, je pense, qu'il fallait corriger, M. le Président.
C'est juste ce que j'avais à dire. Merci.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Beauce-Sud. Avez-vous des commentaires relativement aux
propos du député de Beauce, M. le Président du Conseil du
trésor?
M. Johnson: Je le remercie d'une mise au point qui était
attendue, là, de ce côté-ci.
Des voix:...
M. Johnson: À l'égard du suivi et, comme membre...
Comme principe de fonctionnement à l'endroit du suivi que le
gouvernement aurait donné, par exemple, au rapport Poulin ou au rapport
Morin, etc., je pense qu'il serait de mise, parce que j'essaie de ne pas
m'immiscer dans ce cadre-ci, dans les décisions et les réponses,
et la formulation de réponses précises par mes
collègues...
Dans le cadre de l'étude des crédits de chaque
ministère, les porte-parole, les membres des commissions auront le
loisir de dire: Bon, bien, quelles mesures du rapport Poulin ou du rapport
Morin avez-vous mises en vigueur? De mémoire, il n'y a rien qui
s'adressait comme tel au secrétariat du Conseil du trésor, sinon
d'exhorter à un contrôle des effectifs, etc., soit par les projets
de loi, soit par ce que les rapports ont indiqué, soit à
l'égard du contrôle des technologies de l'information.
Alors, là, j'ai nommé trois choses: les effectifs, les
effectifs d'encadrement et les technologies de l'information. On a
été interpellés de façon générale sur
trois domaines. On y a donné suite. Si on regarde le secrétariat
du Conseil et le Conseil, son président, ça on a donné
suite, nous autres, au rapport Poulin, là où on était
concernés. Quant au reste, je pense qu'il faudrait aller voir avec
chaque ministère ce qui en est.
Je profite du moment où je viens de prendre la parole - et vous
avez sans doute remarqué que je faisais un recensement de tous ceux qui
m'entouraient ou ceux qui étaient derrière moi - et j'aimerais
évidemment, comme je le fais d'habitude, souligner la présence
également de trois dirigeants d'organismes qui relèvent du
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique, soit le président-directeur général de
la CARRA, la Commission administrative des régimes de retraite et
d'assurances, M. Michel Sanschagrin; le président de la Commission de la
fonction publique, M. Jean-Noël Poulin, et la présidente par
intérim de l'Office des ressources humaines, M. Jocelyn Jacques ayant
quitté ce poste récemment pour rejoindre l'Exécutif, Mme
Nicole Charette.
Alors, s'il y a des questions, évidemment, à l'endroit de
ces gens qui gèrent des organismes qui relèvent de ma tutelle,
entre guillemets, là - je déteste ce mot-là, mais c'est le
seul qui semble s'appliquer techniquement - il me fera plaisir de faire appel
à eux, si vous le souhaitez.
Discussion générale
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Alors, si je comprends bien les propos du ministre,
ça veut dire que ses collègues des différents
ministères n'auraient pas jugé bon de retenir les propositions
faites par le comité présidé par le député
de Chauveau ou par les autres comités qui ont été mis en
place pour suggérer des prises de décisions en ce qui concerne
les compressions. C'est ce que j'ai compris des propos du ministre.
Mais, avant qu'on s'en aille là, dans...
M. Johnson: Avant qu'on ne se comprenne pas, là, ce que
j'ai indiqué...
Mme Marois: Bien, c'est parce que vous nous avez dit que, vous,
vous aviez appliqué ce que vous pouviez appliquer.
M. Johnson: C'est ça.
Mme Marois: Je comprends que ça donne environ 100 000 000
$.
M. Johnson: C'est pas mal.
Mme Marois: Alors, pour les milliards qui ont été
proposés, vous dites: Bon, bien, ça dépend de la bonne
foi, de la bonne volonté...
M. Johnson: Non, non.
(16 h 50)
Mme Marois: ...pas de la bonne foi comme de la bonne
volonté de mes collègues. Si je
comprends bien, vos collègues n'ont pas livré la
marchandise, puisque vous nous dites: Je ne réussis pas à
atteindre mes objectifs de compression. Je me tourne vers mes employés
des secteurs public et parapublic et là, je leur dis de casquer.
M. Johnson: Oui, bien, à certains égards...
Mme Marois: Si vous avez dit autre chose, dites-le moi.
M. Johnson: Si on veut aller dans le détail fin, à
peu près chaque ministère pourrait indiquer
précisément certaines des mesures auxquelles on a donné
suite dans chaque ministère ou organisme. Mais je dis: Au net, il faut
avoir à l'esprit qu'il y avait des grands objectifs qui étaient
formulés également dans ces rapports, notamment dans le rapport
du comité de travail présidé par le député
de Chauveau; des pistes quant à l'accessibilité à certains
services publics, quant au champ d'application de certains programmes de
subventions, quant au seuil de certaines normes.
C'est un gros programme, un vaste programme qui, simplement,
mécaniquement, est difficile à mettre en oeuvre en quelques
semaines. On se rend compte de ça. Ça demande des consultations
très larges de certaines clientèles. Ça demande de
l'harmonisation interministérielle. Ça demande, dans certains
cas, probablement des rapatriements de certains pouvoirs dans certains
secteurs. Écoutez, il y en avait passablement. Il y avait une grosse
commande.
Je n'ai pas senti que c'était de façon instantanée
qu'on souhaitait la prise en compte de toutes ces recommandations, la preuve
étant que les membres de la commission qui ont déposé des
projets de loi n'ont pas prétendu que le gouvernement pouvait atteindre
l'équilibre budgétaire la première année. Il y
avait même un échéancier de trois à cinq ans pour
l'atteinte de certains résultats. Alors, une chose à la fois.
Moi, ce que je prétends, c'est qu'il y en a pour, dans certains
cas, plusieurs dizaines de millions de suggestions qu'on a eu le temps
d'insérer dans les livres des crédits dans différents
ministères. Je vous ai fait état de ce que je peux
contrôler avec mes gens. J'invite la députée à
mentionner à ses collègues de son groupe parlementaire qu'ils
s'informent de façon précise auprès des collègues.
Chacun pourrait avoir une réponse plus ou moins détaillée
selon l'état d'avancement de ces dossiers-là.
Mme Marois: On pourra poser des questions, mais à la
lecture, puisque je l'ai devant moi, du document - je n'ai pas attendu; je l'ai
avec moi ici même - je peux vous dire, moi, qu'à la lecture des
différentes recommandations, il n'y en a pas beaucoup dont j'aie entendu
l'annonce dans les différents ministères. Alors, on peut soulever
la question. Peut-être ce sera l'an prochain, on verra mais, pour
l'instant, il n'y a pas grand-chose qui a été retenu.
M. Johnson: je me permets de dire: on a plutôt tendance
à annoncer des nouvelles dépenses que d'annoncer qu'on n'en fait
plus. alors, ça peut expliquer aussi le silence relatif...
Mme Marois: Bon, oui, peut-être, mais disons que j'imagine
que le président du Conseil du trésor, étant tellement
sensible à la situation des dépenses de l'État, doit voir
venir un peu les décisions que prennent ses collègues. Il doit
même les suggérer à l'occasion.
M. Johnson: Oui. Oui. Ha, ha, ha!
Mme Marois: parce que je vais vous dire que j'ai
déjà non pas occupé votre fonction mais, disons...
M. Johnson: Vice-présidente.
Mme Marois: ...que j'ai été à la
vice-présidence du Conseil du trésor. Je peux dire qu'à
l'occasion on suggérait certaines avenues. D'ailleurs, certains de vos
fonctionnaires vont s'en souvenir sûrement. Alors, ça veut dire
que, quand on n'a pas la mémoire de ce qu'on a pu retenir, ça
veut dire qu'il n'y a rien qui a été retenu.
Mais je veux revenir sur une chose pour ne pas me faire
interpréter d'une mauvaise façon. Je n'ai jamais dit qu'on devait
utiliser le taux d'inflation québécois. Jamais je n'ai
affirmé ça. J'ai fait la démonstration qu'effectivement,
entre le taux canadien et le taux québécois, il y avait, cette
année, en particulier - pas cette année comme l'année
dernière et cette année aussi - une différence assez
importante due à une décision prise par le gouvernement, et que
c'était d'autant plus significatif pour les travailleurs et
travailleuses des secteurs public et parapublic du Québec, parce que
c'est ici que l'on vit.
Mais je suis d'accord avec vous que c'est le taux de
référence auquel on s'est toujours tenu et c'est le taux qu'on
utilise. Alors, il ne faut pas me faire dire que j'aurais souhaité qu'on
choisisse le taux québécois, d'accord? Mais pour dire quand
même que, comme ce taux-là a été plus
élevé, dans les faits, les gens sont davantage
pénalisés au Québec momentanément. Sur une longue
période, ça peut se rétablir, j'en conviens, mais comme il
y a eu un geste posé, une décision prise, ça a un
impact.
Sur la question de la fiscalité, je veux y revenir aussi. Si vous
avez bien écouté mes propos, tout à l'heure, j'ai
justement dit ce que vous dites dans le sens où on ne peut pas discuter
essentiellement de la moitié de la feuille des revenus sans regarder les
dépenses. Alors ça, je l'ai bien précisé. Les
demandes qui, actuelle-
ment, sont devant le gouvernement, de la part d'un certain nombre de
groupes économiques, sociaux ou syndicaux, c'est qu'on regarde du
côté des revenus. L'Association des manufacturiers le demande
aussi, le CPQ le demande aussi, que ce débat ait lieu. Je suis bien
consciente qu'on ne peut pas regarder qu'un élément sans avoir
une vision de l'ensemble, du tout. Donc, ça, je suis d'accord avec vous
et j'en conviens. Je ne disconviens pas non plus que le premier ministre en ait
parlé dans son discours.
Ce que je veux savoir du président du Conseil du trésor,
c'est: Est-il prêt à le faire, ce débat-là, selon
des paramètres sur lesquels on s'entendrait pour que, dans un
délai relativement court, on engage le débat? Est-il prêt
à engager son gouvernement à cet égard-là? C'est
ça, la question. Ce n'est pas de dire: On va regarder juste un
élément. À la limite, c'est ça qui est
demandé. Moi, je dis: Je suis prête à regarder le reste.
Alors, c'est oui ou non. Ce n'est pas: peut-être, on va envisager
ça. C'est oui ou non. Si c'est non, ça va être clair, on va
le savoir. On reviendra avec la question plus tard. Mais si c'est oui: Quand?
Et comment? Et tout le reste.
Je reviens aussi, parce que je trouve qu'on ne peut pas dire n'importe
quoi, sur la mission économique. Bon. Je comprends, je peux faire comme
vous la lecture des agrégats qu'on a changés de place, etc. Il y
a assez d'endroits où ce n'est pas clair. Quand c'est clair, on est
capable aussi de lire, hein! Alors, dans les renseignements
supplémentaires, c'est très bien dit, ce qu'on fait, qu'on a
transféré 200 000 000 $ vers les municipalités, que c'est
donc 100 000 000 $ qu'on va ajouter au transport.
Mais si, dans les faits, cet argent-là se dépense, c'est
quand même une injection de l'ordre de 300 000 000 $ dans
l'économie. Je peux faire l'équation. C'est assez simple, merci.
Mais ce dont le ministre va convenir, c'est que l'ensemble de la mission
économique... Qu'est-ce que vous voulez? Il sait bien que, globalement,
la croissance des crédits de la mission est presque nulle. Ceux relevant
du domaine des industries secondaires, développement technologique,
connaissent une hausse importante. Puis là, on ajoute, dans la phrase
suivante: Pas sur un ensemble de mesures de programmes, que ce soit des
supports à l'entreprise, à l'industrie ou peu importe. Ce qu'on
dit, c'est une aide de 83 600 000 $ à l'entreprise de construction
navale MIL Davie.
Bon. Alors, je veux bien. C'est correct, c'est vrai que c'est fait,
c'est investi. Mais on comprendra quand même que, sur l'ensemble des
gestes économiques que soutient, supporte un gouvernement, parce que je
pense que ça a ses limites, on est conscient de ça, et qu'on
ajoute du souffle en disant: Oui, quand même, ça n'a pas
réduit tant que ça parce qu'il y a eu le tranport. Regardez cette
dépense qui concerne une entreprise très
précisément et qui vient réparer des pots cassés.
Je suis d'accord qu'il faille le faire, mais il ne faut pas prendre des vessies
pour des lanternes. Il faut lire, aux crédits qui sont là, que la
mission économique prend une part moins importante. Puis regardez,
ressources naturelles et industries primaires, alors qu'on sait que les
industries des pâtes et papiers sont dans la dèche la plus totale,
c'est une baisse à cet égard-là. Je suis obligée de
le constater. Je le dis et je le mentionne. Alors, on peut ne pas aimer
ça, mais ce sont les données qui nous sont fournies. J'en ai
fait, je pense, une lecture adéquate.
Je trouve ça intéressant quand vous mentionnez que c'est
4383 postes qui auraient été... Est-ce que je comprends bien que
c'est 4380 personnes ou ce sont des postes qui ont été
comblés? Ils peuvent l'avoir été pour des postes
réguliers, mais à temps partiel, par exemple, ou c'est toujours
du temps plein. Ce sont des postes pour personnes à temps plein? C'est
bien cela? Combien ça a exclu de personnes qui ont un statut
d'occassionnel? C'était l'engagement du gouvernement, mais il y a plus
d'occasionnels que ça qui souhaitaient éventuellement être
intégrés?
M. Johnson: 12 000.
Mme Marois: Et, de mémoire, on a posé... parce
qu'on a envoyé des questions déjà depuis un bon moment. On
avait posé des questions un peu plus précises sur ça, dans
les demandes de renseignements qu'on vous a fait parvenir. On n'a pas eu de
réponse sur ces questions-là. C'est pour ça qu'on l'a
repris ici. On ne l'a pas eu dans les documents.
M. Johnson: Les occasionnels, madame? (17 heures)
Mme Marois: Oui. Alors, c'est pour ça que j'ai...
M. Johnson: Correct.
Négociations dans les secteurs public et
parapublic
Mme Marois: ...ressenti le besoin de resoulever ça ici.
Bon, alors, écoutez, pendant qu'on regarde un peu de ce
côté-là, je veux revenir sur la question des
négociations dans le secteur public. Bon, je ne rappellerai pas tout ce
qu'on s'est dit depuis le début, mais quand le ministre me dit, M. le
Président, que c'est - j'essaie de retrouver les mots, là - une
entente prévue, ce n'est pas une entente prévue; c'est une
entente signée. C'est vos propres termes, là: On a mis en vigueur
une entente prévue. Ce n'est pas une entente prévue; c'est une
entente signée qui prévoit que s'appliquera à compter de
juillet une hausse de 3 % avec un forfaitaire, etc.
J'aimerais un peu comprendre où le ministre
s'en va, le ministre et son gouvernement. Est-ce qu'à chaque fois
qu'on va être en situation de mauvaise conjoncture, on va se tourner vers
ces employés des secteurs public et parapublic et on va leur dire: Bon,
écoutez, l'année passée, ça allait pas pire, on
vous en a donné un peu; cette année, ça va mal, c'est vous
autres qui casquez? Parce que c'est un peu ça, l'attitude qui se
dégage, actuellement, des gestes posés par le gouvernement.
Dans ce sens-là, moi, j'aimerais ça que vous me disiez
quelles sont les politiques sur lesquelles vous vous appuyez à
l'égard des salaires de la fonction publique et du parapublic. Quels
sont les paramètres que vous utilisez pour les cadres supérieurs
et pour les cadres intermédiaires? Vous m'avez parlé tout
à l'heure - je vais revenir sur ça aussi - d'une hausse sur 18
mois. Je veux bien comprendre. Si on en évalue un à 18 mois, on
va évaluer tout le monde à 18 mois. Si on évalue l'autre
à un an, on va évaluer tout le monde à un an. Bon.
Alors, je veux savoir qu'est-ce que c'est, la philosophie et la
politique salariale conséquente du gouvernement à l'égard
des employés des secteurs public et parapublic, pas seulement des
syndiqués, mais aussi de la haute fonction publique. Est-ce que c'est
que l'on s'aligne sur le taux du marché? Est-ce que c'est d'assurer
qu'on participe à l'enrichissement collectif? Est-ce qu'on
protège le pouvoir d'achat? Est-ce que ça dépend
essentiellement de la bonne santé des finances publiques, point, peu
importe ce qui se passe dans l'environnement? Parce que c'est évident
que, si ça va très mal au plan économique, les
rentrées vont être moins grandes. Si le taux d'inflation est plus
bas, même s'il y a un certain ajustement des tables d'impôt, si le
taux d'inflation est plus bas, c'est évident que ça a aussi un
impact sur les rentrées, ça a un impact aussi sur les
dépenses. Conséquemment, si les taux d'intérêt
sont... Mais c'est quoi la philosophie et la politique?
On a l'impression, alors qu'il y avait des lignes assez bien
tracées, avec, je pense, des paramètres relativement clairs,
où on faisait certains alignements par rapport au secteur privé,
qu'on protégeait le pouvoir d'achat et on faisait participer l'ensemble
de ces travailleurs et de ces travailleuses, c'est-à-dire qu'ils
bénéficiaient d'une certaine part de l'enrichissement collectif.
Est-ce que c'est autre chose et est-ce que c'est surtout la même selon
qu'on s'adresse à des petits travailleurs ou qu'on s'adresse à la
haute fonction publique?
Parce que, dans les chiffres que vous m'avez donnés tout à
l'heure, ce n'était pas... enfin, ça ne m'a pas convaincue ou je
n'ai pas compris, mais je veux que vous les fassiez sur les mêmes
années par rapport à la politique salariale à
l'égard des travailleurs et des travailleuses et celle appliquée
à l'égard des cadres. Là, on l'a, dans le tableau qui est
devant nous, pour 1990-1991, sur les données. ça n'exclut pas ma
question sur les règles et les grandes politiques, les grands
paramètres, quels sont ceux que vous avez, que vous défendez, et
que vous allez représenter éventuellement. bon, ici, on a
révolution des salaires moyens pour 1990-1991. qu'est-ce qui est
prévu pour... quand on faisait référence,
dernièrement, à des sommes de l'ordre de 400 000 $, est-ce que
ça concernait l'année 1991 ou c'est l'année en cours?
M. Johnson: Ce qui est en cause ici, c'est le salaire moyen
à son niveau annualisé.
Mme Marois: Oui, j'ai compris ça.
M. Johnson: Alors, c'est parfaitement comparable. Ça tient
compte, évidemment, du fait que, dans la mesure où nous ajustons
les emplois de la haute fonction publique en juillet plutôt qu'en janvier
précédent, nous avons, sur échelle, consenti 2,5 %
plutôt que 5 % pour tenir compte du fait que nous avions en
parallèle décidé qu'en juillet qui vient on redresserait
tout le monde. D'ailleurs, ce seraient des paramètres qu'on avait
consentis. Alors, le gel frappe tout le monde, mais compte tenu du
décalage qui existe entre les dates d'ajustements salariaux, on a
utilisé des taux de redressement différents. Autrement dit...
Mme Marois: Oui.
M. Johnson: ...c'était valide, là, pour le
personnel syndiqué, les 5 %, pour la période du 1er janvier 1991
au 30 juin 1992. Ça ne bougeait pas. La haute fonction publique, en
janvier 1991, avait zéro. Elle n'était pas ajustée, elle
avait été ajustée six mois plus tôt. En juillet
1991, ça a été ajusté de 2,5 % pour les 12 mois
suivants, toujours jusqu'au 30 juin qui vient, auquel moment on aurait
ajusté tout le monde du même pourcentage.
Alors, ça ne changerait absolument rien au niveau relatif et
d'aucuns, au niveau des cadres supérieurs, je dirais, des chefs de
service, des directeurs, prétendraient que le fait d'avoir eu 2,5 % en
juillet dernier, alors que les syndiqués avaient eu 5 % six mois plus
tôt et que tout le monde sera dégelé en même temps,
le 30 juin qui vient, on pourrait prétendre, du côté du
personnel d'encadrement, qu'on a rétréci l'écart qui les
séparait de leurs subalternes et de leurs employés, et ce, de
façon permanente. Ça, c'est une réalité.
Mme Marois: oui, je le vois en constatant les chiffres qui nous
sont donnés ici. si vous faites le même tableau pour 1992... parce
que vous avez déjà votre politique, là, selon ce que vous
avez dit. vous avez dit: moi, je ne veux rien donner ou je veux donner x %,
là, à tel moment, je veux geler pour plus longtemps, etc.
Vous allez appliquer exactement la même politique à...
M. Johnson: L'offre de février, 1 % en juillet, 1 % en
janvier et 2 % en juillet, l'an prochain, s'appliquerait à tout le
monde.
Mme Marois: D'accord.
M. Johnson: Absolument. Y compris, incidemment... On oublie
souvent, là, l'objectif tarifaire des médecins, à la RAMQ,
et on indexe les mêmes paramètres, la rémunération
des médecins, qui sont rémunérés par la
Régie de l'assurance-maladie.
Mme Marois: Maintenant, revenons aux grands paramètres,
là.
M. Johnson: Oui.
Mme Marois: C'est quoi qui guide le gouvernement, au-delà
d'une mauvaise conjoncture ou d'une bonne conjoncture? Parce que, actuellement,
là, vous allez convenir avec moi que c'est la mauvaise conjoncture qui
dicte, point, la politique salariale du gouvernement. Or, à mon point de
vue, il faut que les gens aient une vision plus claire de là où
on s'en va à cet égard-là et qu'on ne joue pas comme
ça avec nos employés, sans vergogne, finalement.
M. Johnson: Le principe, c'est la com-parabilité des
salaires versés dans le secteur public avec ceux des emplois
équivalents, parce que, souvent, on ne retrouve pas les mêmes dans
l'économie en général, donc, chez les employeurs du
secteur privé.
Simplement pour vous dire concrètement ce qui se passe, je vous
incite, si vous visitez des entreprises de votre comté... Nous le
faisons tous. Évidemment, inévitablement, dans mon cas, le
débat s'amène sur la rémunération du secteur
public, et les gens me font remarquer que les paramètres qui sont en
cause pourraient être discutables. Lorsque je leur demande pourquoi, on
me fait remarquer que 2 %, 3 % ou 4 % d'augmentation, là, on aimerait
beaucoup avoir ça dans le secteur privé, alors que c'est
plutôt à coups de gel et de moins 2 %, et de moins 5 %, et de
moins 10 % qu'on est en train de régler certaines conventions
collectives. (17 h 10)
C'est juste un symptôme, là, de l'état de
l'économie, de l'état de la rémunération dans le
secteur privé. C'est ça qui est en cause, là. Je ne suis
pas en train de dire qu'on devrait donner moins 10 % aux fonctionnaires du
gouvernement parce que c'est moins 10 % dans telle entreprise dans tel
comté, là. Ça n'a pas de rapport. Ce que je dis, c'est
qu'il faut regarder globalement comment évolue la
rémunération dans le secteur privé? On peut toujours
prendre des points de référence. Dans la construction, ça
va être plus que cinq. Bon. Ça, on est au courant de ça
aussi, là. C'est un petit peu à côté de la coche
quand on regarde les paramètres économiques. Mais, ça
aussi, ça a été fait, bon, il y a longtemps.
Je dis que nous tentons de maintenir une comparabilité entre la
masse salariale que nous payons et, lorsqu'on regarde comment elle
évolue et la masse qui se paie au titre de la rémunération
dans l'économie en général, toutes les études qu'on
a démontrent que, tout compris, il y a encore une légère
avance du secteur public sur le secteur privé. Je ne suis pas en train
d'essayer de compenser pour cette avance-là. On n'est pas en
récupération, là. Je veux qu'on se comprenne. On est
simplement... Ce dont je discute avec nos interlocuteurs syndicaux, c'est
d'assurer que cette comparabilité relative des salaires du secteur
public et du secteur privé demeure.
Ce que je prétends, c'est que si nous versons, comme on nous le
demande, littéralement sur échelle 4 % alors que l'inflation est
inférieure à 2 % et que, de façon générale,
dans l'économie, on l'entend et on le voit, et on le mesure, ce n'est
pas du tout ça qui est en train d'arriver. Ce n'est même pas 2 %
d'évolution salariale qu'on peut observer dans certains secteurs. Bien,
la comparabilité va en souffrir. C'est carrément là. C'est
carrément là et ce n'est pas étonnant, et vous dites:
C'est en basse conjoncture, donc, on frappe sur nos syndiqués. Une
seconde! La basse conjoncture affecte tout le monde. Donc, la
comparabilité demeure. Il n'y a pas de croissance économique. Il
n'y a pas d'enrichissement, de quelque façon que ce soit,
partagé. Il y a un taux d'inflation qui est quelque part entre 1,5 % et
2 %. Il n'y a personne qui verse 2,5 % de plus que le taux d'inflation.
C'est un petit peu ça, la demande syndicale qu'on a. La demande
syndicale... Je m'excuse. C'est ça que prévoit l'entente que nous
avons conclue. Bon. Or, il n'y a pas beaucoup de place, au point de vue
financier, pour justifier l'opportunité de détacher les
paramètres de rémunération de la fonction publique de la
réalité de tous les jours, de l'environnement, évidemment,
qu'on connaît.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Taschereau.
M. Leclerc: Merci, M. le Président.
M. Johnson: II y avait trois autres questions, évidemment,
mais j'y reviendrai. Je ne veux pas...
Mme Marois: II y a les... C'est parce que-Oui, en tout cas... On
y reviendra, de toute façon.
M. Johnson: J'y reviendrai, avec mes excuses d'avoir
été long. Oui, M. le député.
Mme Marois: Je suis bien prête à laisser mon
collègue, moi aussi, parce que j'ai quelques doutes sur vos propos.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Évidemment, le
débat qu'a initié la députée de Taillon est
très intéressant, surtout dans notre contexte. Le ministre vient
de nous dire que la basse conjoncture affecte tout le monde. Le moins qu'on
puisse dire, c'est qu'elle n'affecte pas également tout le monde. Je
représente un comté de la région de Québec. J'ai
beaucoup de petits fonctionnaires, d'occasionnels au gouvernement, et eux
autres, de la façon dont ils sont affectés quand arrive une basse
conjoncture, c'est qu'ils ont un contrat jusqu'au 30 mars, puis on leur dit,
trois jours avant de terminer ou un mois avant la fin de leur contrat, que le
gouvernement n'a plus d'argent pour les payer et qu'on met un terme à
leur contrat, unilatéralement, bien qu'on en ait le droit. Mais on ne se
rend même pas au terme du contrat qu'on a signé avec les
occasionnels. Et, de l'autre main, parce qu'on n'a plus d'argent, on verse
encore des bonis à nos cadres, même si la conjoncture est
mauvaise.
Ce qui m'amusait, aujourd'hui, je lisais un article du journal Les
affaires qui disait: GM, General Motors: pas de bonis pour les cadres.
General Motors n'a accordé aucun boni ou rémunération au
mérite à ses cadres en 1991. Ça veut donc dire que les
grandes entreprises - General Motors, c'est au moins aussi gros, sinon plus que
le gouvernement du Québec - en mauvaise période
économique, coupent les bonis aux cadres.
Moi, je veux savoir pourquoi, quand les rentrées de fonds
diminuent au gouvernement, quand l'économie canadienne et
québécoise est au ralenti, nous autres, on n'a plus les moyens de
payer nos occasionnels et on les renvoit avant terme, les gens de mon
comté, et on continue à payer - puis ce n'est pas moi qui le dis,
c'est dans le petit document que vous avez déposé - 4,7 % de
bonis au mérite aux cadres. Alors, oui, la basse conjoncture affecte
tout le monde, mais je pense qu'elle affecte pas mal plus les petits
fonctionnaires de mon comté que les cadres. Je voudrais savoir si vous
n'envisagez pas de moduler les bonis qui sont octroyés aux hauts
fonctionnaires en fonction de la capacité de payer du gouvernement,
donc, de la conjoncture économique?
M. Johnson: Votre question est très pertinente par les
temps qui courent. Est-ce qu'on devrait payer des bonis lorsque la conjoncture
est difficile? La réponse, c'est qu'on ne le sait pas encore. Ce que je
peux juste vous rappeler, c'est qu'on est en train, en avril 1992, de parler
des bonis pour l'année 1990. C'est ça qui a été
lancé sur la place publique, un petit peu de façon
échevelée, je regrette de le dire. on est en train de parler
aujourd'hui des bonis qui ont été annoncés en
décembre, qui sont payables pour l'année 1990-1991. il n'y avait
pas de gel en 1990-1991. tout le monde était indexé. le
système d'emploi...
M. Leclerc: Alors, quelle est la politique des bonis? Est-ce
que...
M. Johnson: Ah! bien là, ce n'est pas à moi de...
Moi, je veux qu'on soit clair là-dessus. Ce n'est pas le
président du Conseil du trésor ni le Conseil, ni le
Secrétariat qui se penchent là-dessus. Pour les emplois
supérieurs, je vous invite à aller à... je ne sais pas
à quelle commission où pourra comparaître...
Le Président (M. Lemieux): Le Conseil exécutif. Le
comité des institutions.
M. Johnson: ...l'Exécutif pour défendre ses
crédits. Ce serait l'endroit...
M. Leclerc: Donc...
M. Johnson: ...désigné pour parier de ces
choses-là.
M. Leclerc: ...il y a...
M. Johnson: Moi, je suis prêt à expliquer des choses
et de la mécanique, mais les politiques de rémunération
des admistrateurs d'État ne regardent pas le Conseil du trésor.
Ça n'a jamais regardé le Conseil du trésor.
M. Leclerc: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Taschereau. J'aurais peut-être une...
M. Johnson: Oui, pour les cadres supérieurs, oui, oui, les
cadres supérieurs, c'est chez nous, d'accord. Mais on est clair. Les
administrateurs d'État, ce n'est pas nous.
M. Leclerc: Oui, mais les cadres supérieurs là, la
politique émane de...
M. Johnson: Oui, il y a 2 % au mérite et c'est
dégagé essentiellement sur la masse salariale des cadres
supérieurs et distribué inégalement selon
l'évaluation, de mémoire, A, B, C, effectuée par les
supérieurs sur la performance ou le mérite de l'un ou l'autre des
cadres, évidemment, dans leurs services.
M. Leclerc: non, mais je n'ai pas de problème avec la
mécanique. m. le ministre, je n'ai aucun problème avec la
mécanique de distribution. j'en suis à me demander s'il est
normal, quand on a un ralentissement économique majeur comme
celui que l'on vit, où on remercie des occasionnels qui n'ont même
pas terminé leur contrat... Est-ce qu'il est normal de verser des bonis?
Je ne sais pas si on le fait A, B, C, au mérite, moins au
mérite...
M. Johnson: non, ce que je vous dis, c'est qu'on ne le sait pas
encore. vous comparez un comportement à l'endroit des occasionnels en
basse conjoncture, alors qu'il y a des problèmes financiers et qu'on a
demandé aux ministères de réduire de 20 % la masse
salariale destinée à l'embauche et à la
rémunération des occasionnels, ce qui explique que des gens...
dans certains ministères, c'a été géré
différemment. on a gardé les occasionnels quatre jours par
semaine au lieu de cinq jours. ils sont payés pour quatre jours,
évidemment. on a réduit la masse salariale de 20 % de cette
façon-là. dans d'autres ministères, on a laissé...
bon, il y avait un contrat jusqu'au 31 mars, on a vérifié et, si
on mettait fin à l'emploi le 17 février pour tout le monde,
ça permettrait de réaliser l'économie. je n'en sais rien.
ça dépend de chaque ministère qui est maître de sa
façon de faire.
Mais on compare ça avec, je le répète, l'octroi de
bonis aux employés d'encadrement supérieur et aux administrateurs
d'État à l'égard de 1990-1991. On ne peut pas comparer ce
qu'on est en train de faire ce mois-ci avec des rémunérations
payées pour une période d'il y a 18 ou 24 mois, là.
M. Leclerc: Mais, dans deux ans...
M. Johnson: C'est ça qu'on est en train de faire. Ce qui
serait pertinent, c'est de savoir, cette année, en juillet qui vient,
si, oui ou non, il y aura une bonification. Est-ce qu'il y aura des bonis de
versés aux cadres du gouvernement?
M. Leclerc: C'est la question que je vous pose.
M. Johnson: Ce que je dis, il y a toujours deux classes. Les
administrateurs d'Etat, je ne veux pas entrer là-dedans. Ce n'est pas de
mon ressort. À l'égard de l'encadrement, le personnel
d'encadrement, ça veut dire que, si on abandonne la distribution au
mérite de 2 % de la masse salariale, virtuellement, on coupe de 2 % le
salaire de ces gens-là par rapport à l'an dernier. C'est
ça que ça veut dire.
M. Leclerc: Oui, mais là, c'est toute la notion...
M. Johnson: O.K.
M. Leclerc: ...du boni. Un boni, est-ce que c'est un salaire?
Est-ce que c'est une prime? C'est cette notion-là qu'il ne faut pas
perdre de vue et, à ce moment-là, General Motors a coupé
les bonis, a coupé les salaires, mais oui.
M. Johnson: Oui.
M. Leclerc: Oui.
M. Johnson: Oui, oui.
M. Leclerc: Ils l'ont fait parce que...
M. Johnson: II y a 70 000 personnes...
M. Leclerc: ...ils traversent une année difficile.
M. Johnson: ...à pied aussi et il y a je ne sais combien
d'usines de fermées.
M. Leclerc: Tout à fait.
M. Johnson: II y a des villes complètes qui s'en
ressentent et là, tout le monde paie parce qu'ils ne sont pas capables
de vendre des autos en faisant un profit à chaque fois. On n'en est pas
là. Nous, on a un système de rémunération
où, à l'intérieur de la rémunération
globale... Est-ce qu'on met en cause le niveau de rémunération
globale de nos cadres? Ça, c'est une autre paire de manches. Mais si on
ne remet pas ça en cause et on dit: Voici, là, 100 %, c'est
divisé comment? Bien, on indexe les échelles. Dans certains cas,
il y a une progression dans l'échelle. Ça, on n'enlève
ça à personne et il y a... Là, on vient d'expliquer 98 %
de la rémunération de nos cadres. Mais il y a encore 2 % qui
manquent et on a décidé, il y a longtemps, de dire: Ces 2 % sont
distribués au mérite pour rendement exceptionnel d'une personne
qui, dans la conjoncture, s'est distinguée, a mieux fait que les autres,
etc. C'est un jugement relatif, ce n'est pas un jugement absolu. (17 h 20)
Mais ce que je vous dis, c'est que la masse salariale de 100
unités est distribuée, quant à 98 de ces unités,
d'une façon relativement mécanique, et le 2 % est
distribué inégalement sur les têtes de tous ces gens.
Alors, si on dit: On ne verse pas de boni aux cadres cette année,
ça veut dire que leur rémunération va être 98 % de
ce qu'elle devrait être. C'est comme ça. Il ne faut pas le voir
comme de porter leur rémunération à 102 % de ce qu'elle
devrait être. C'est la masse globale qui est traitée de cette
façon-là.
M. Leclerc: Et mes occasionnels qui sont renvoyés, on va
le raisonner comme ça aussi? Il faut faire attention! Mon occasionnel,
que vous renvoyez trois semaines avant la fin, est-ce qu'il a 98 % de sa
rémunération? Ou est-ce qu'il aurait eu 102 % s'il était
resté jusqu'à la fin?
M. Johnson: II a 100 %... Non, non, écoutez,
je ne veux pas...
M. Leclerc: Vous savez qu'une piastre, pour un occasionnel, c'est
une piastre pour...
M. Johnson: II a 100 % de la rémunération pour le
temps travaillé.
M. Leclerc: Je comprends... On le renvoie chez lui.
M. Johnson: Non, je comprends, M. le député.
M. Leclerc: M. le ministre...
M. Johnson: Je sais. Moi aussi, j'ai des occasionnels au
ministère des Transports, dans mon comté. Ils ont
été sujets à la même directive avec les mêmes
effets. Nous cherchons à distribuer un peu partout la compression
d'effectif, la compression salariale. Il y aura une compression de 10 %. C'est
ça que les plans d'effectif vont amener, compression de 10 % des
effectifs réguliers du gouvernement d'ici à cinq ans, à la
demande notamment d'un groupe de travail de députés. Alors, on
donne suite à ça...
M. Leclerc: Tout à fait, sauf que... Je vais
terminer...
M. Johnson: Est-ce qu'on épargne... Est-ce qu'il y a des
gens qui devraient être épargnés là-dedans? Il faut
toujours être traité équitable-ment, compte tenu de leur
profil. Ce sont différentes clientèles. Je suis d'accord avec
vous, là.
M. Leclerc: Sauf que ce qu'on peut dire historiquement - et
ça ne vous met pas en cause - c'est dans l'histoire récente du
Québec des 15, 20 ou 10 dernières années, chaque fois
qu'il y a eu des coupures, chaque fois qu'il y a eu des rationalisations, les
occasionnels, qui sont souvent les plus faibles salariés de notre
système, ce sont toujours les premiers à payer. Vous avez
quelqu'un qui travaille 6 mois par année au ministère du Revenu.
Ce n'est pas lui qui fait le plus d'argent dans notre système. Parce que
c'est plus facile. Il reçoit un coup de téléphone. On lui
dit: Dans trois jours, tu as fini, bonsoir, bonne nuit. Mais comment se
fait-il, bon sens, qu'on ne trouve pas des façons de toucher à
d'autres clientèles dans notre appareil? Pourquoi ce sont toujours les
plus faibles qui sont frappés les premiers depuis 20 ans dans notre
appareil?
M. Johnson: Ce sont des emplois et des occupations d'appoint et,
lorsqu'il y a eu exagération, du côté des
ministères, à combler des postes dans le fond permanents avec des
occasionnels, on a saisi l'occasion pour faire la conversion et, là, il
y une baisse nécessairement des occasionnels, entre guillemets, mais il
n'y a pas une baisse globale des équivalents à temps complet.
Évidemment, on a régularisé une situation, d'une part.
D'autre part, ce que vous évoquez, c'est dans un sens
l'évidence que l'occasionnel ayant un emploi d'appoint, il est le
premier visé lorsqu'il y a des compressions. Il n'a pas la
sécurité d'emploi, notamment parce qu'on lui fait faire un emploi
qui n'est pas un emploi régulier, qui est, soit saisonnier, soit
dû à un surcroît de travail, pour quelque raison que ce
soit, soit un projet spécial, etc. De la même façon que sa
situation de non-employé particulièrement précaire, il ne
sait jamais s'il va être rappelé ou pas. Une fois qu'il est au
travail, là aussi, il est précaire; il ne sait pas si on va le
garder ou pas...
M. Leclerc: Tout à fait. Mais ça m'apparalt, M. le
ministre...
M. Johnson: C'est toujours géré comme
ça.
M. Leclerc: J'en conviens. Je comprends la notion d'occasionnel.
Mais il m'apparaît qu'il ne faut pas abuser, comme gouvernement, du fait
que ces gens-là sont à statut précaire pour ne même
pas respecter le contrat qu'on a avec eux. Si on les engage pour quatre
mois...
M. Johnson: II n'y a pas de contrat.
M. Leclerc: On a des périodes d'engagement. Ils sont
engagés en principe pour trois, quatre ou cinq mois, et on décide
unilatéralement un mois, trois semaines avant la fin, de les renvoyer.
Ce que je prétends, c'est qu'il ne faut pas abuser du fait que ces
gens-là ont un statut plus précaire que les autres pour se poser
des questions sur nos hauts salariés, à savoir que, si on coupe
les bonis, on les réduit malheureusement à 98 % de leur salaire,
alors que ces gens-là, qui sont des gens à emploi
précaire, on les met sur le chômage à 66 % de leur salaire
ou, encore pire, sur l'aide sociale à 50 % et à 40 % de leur
salaire. Je vous dis: Je partage les problèmes philosophiques que vous
avez à baisser les cadres à 98 % en coupant leurs bonis.
M. Johnson: Non, non, non, écoutez...
M. Leclerc: J'aimerais que vous partagiez les miens quant aux
occasionnels.
M. Johnson: Je n'ai aucun problème philosophique que ce
soit avec tout ça. Ce que je vous expliquais, c'est comment la
classification des emplois se fait dans la fonction publique, le genre de
régime d'emploi et de rangement des emplois, la
rémunération de ces emplois-là, quel est le système
qu'on a en place.
Ce n'est pas tous les gouvernements du monde entier qui ont le
même système, incidem-
ment, et il y a toutes sortes de façons de
rémunérer, dans le cas de la fonction publique, 60 000
équivalents à temps complet ou à peu près. Nous, on
a une façon qui fait en sorte, notamment avec la loi de la fonction
publique, là, il y a un corpus permanent de sécurité
d'emploi pour exercer les activités qui donnent des services publics aux
citoyens, etc. Il y a un tampon, si vous voulez, ou une marge de manoeuvre
à laquelle on a recours pour des raisons, soit saisonnières, soit
de surcroît de travail, soit de projets spéciaux, etc., et
ça s'appelle la banque des employés occasionnels. Il y en a de
tous les niveaux. Je comprends qu'il y a beaucoup d'emplois, de niveaux
d'entrée dans la fonction publique, mais c'est des emplois occasionnels
de certaines activités où - je vais le rappeler, là - le
salaire minimum dans la fonction publique est autour de 11 $ l'heure. Ça
ne court pas les rues dans le secteur privé.
Ça m'amène d'ailleurs a compléter, à moins
que le député ne veuille des renseignements additionnels à
ce sujet-là. J'aurais peut-être continué mon temps de
parole pour répondre à certaines des autres questions qui ont
été soulevées autour de la table. M. le Président,
je vous laisse nous guider dans les débats.
M. Leclerc: Bien, écoutez, j'avais...
Le Président (M. Lemieux): Mais, moi...
Rémunération compensatoire pour les
assignations à l'extérieur du lieu de résidence
M. Lecierc: ...s'il me reste un peu de temps, j'avais une
question un petit peu plus pointue, là, sur le système de
rémunération que vous mentionniez, là: c'est le principe
des ports d'attache. Est-ce qu'au Conseil du trésor on a des
statistiques sur combien coûte par année le système des
ports d'attache, ceux qui travaillent à Québec, port d'attache
à Montréal....
M. Johnson: Ou l'inverse, oui.
M. Leclerc: Oui, oui. Il doit y avoir, écoutez-Le
Président (M. Lemieux): Au niveau des sous-ministres, plus
particulièrement, ou des dirigeants de sociétés
d'État, ce serait intéressant de savoir ça.
M. Johnson: Ha, ha, ha! On s'en doute.
Le Président (M. Lemieux): On pourrait vous donner
quelques exemples assez révélateurs.
M. Johnson: Oui.
M. Leclerc: Parce qu'il y en a qui ne sont pas vites sur le
déménagement, là. Tu sais, quand ça fait quatre ans
que tu travailles à Québec, tu peux penser de
déménager à Québec. J'ai de la place dans mon
comté. Ce qu'il serait intéressant de savoir, c'est combien
ça coûte, ce concept-là du port d'attache. Combien
ça coûte?
M. Johnson: Si le député ou le président de
la commission parle des dirigeants d'organisme, des choses comme ça,
encore une fois, ce n'est pas...
M. Leclerc: Non, non, je comprends... Le Président (M.
Lemieux): D'accord... M. Johnson: ...au Conseil du trésor
qu'on...
Le Président (M. Lemieux): On comprend que c'est pour
ça que...
M. Leclerc: Moi, c'est le concept du port d'attache.
M. Johnson: Oui.
M. Leclerc: Je ne veux pas relier ça à des
sous-ministres, à des...
M. Johnson: Oui. Ah bon!
M. Leclerc: ...c'est le concept lui-même du port d'attache
qui fait que des gens travaillent à Québec, sont basés
à l'extérieur et, donc, qu'ils reçoivent mensuellement une
compensation.
M. Johnson: Comme un député qui vient de son
comté pour travailler ici.
M. Leclerc: Tout à fait. Mais c'est difficile de faire une
analogie, parce qu'un député représente un comté de
l'extérieur.
M. Johnson: Oui, par définition.
M. Leclerc: II représente un comté de
l'extérieur et doit venir à Québec. Ceci dit...
M. Johnson: Non, je comprends, non, mais c'est le genre de
dépenses que vous avez à l'esprit...
M. Leclerc: Ça ne s'applique pas à moi, remarquez.
Je n'ai pas un sou, je suis à Québec. Je parle de personnes qui
travaillent dans la fonction publique...
M. Johnson: Oui, d'accord.
M. Leclerc: ...qui sont à Québec pour travailler
toutes les semaines depuis 2, 3, 4, 5 ou 10 ans, je ne sais pas, et qui
reçoivent 700 $, 800 $ par mois, parce que leur port d'attache...
Le Président (M. Lemieux): Puis le compte de
dépenses aussi.
M. Leclerc: ...est réputé ailleurs que dans la
ville où ils travaillent. On pourrait penser que, temporairement, il
faille dédommager ces gens-là. Ce que je ne comprends pas, c'est
que ça dure des vies. C'est ça que je ne comprends pas.
M. Johnson: Parce que je n'en sais rien. Écoutez, à
notre niveau, au Conseil du trésor comme tel, par exemple, nous
administrons et approuvons les décisions - je vous donne un exemple - du
ministère des Transports lorsqu'il fait la rotation de ses directeurs
régionaux. Quelqu'un a une maison à Drummondville, et on lui dit:
Tu t'en vas sur la Basse-Côte-Nord. Bon, ce n'est pas demain matin qu'il
peut vendre sa maison ici et l'autre...
M. Leclerc: Je n'ai pas de problème avec ça,
moi.
M. Johnson: Alors...
M. Leclerc: Aucun problème avec ça.
M. Johnson: ...évidemment, il y a un ensemble de
dépenses, lorsque les ports d'attache changent...
M. Leclerc: Pas de problème.
M. Johnson: ...qui sont en cause. Ce que vous évoquez
n'est pas de mon ressort. Je n'ai pas de statistiques ou quoi que ce soit qui
me permette de vous répondre. C'est, soit à l'intérieur de
chaque ministère que c'est géré et connu, ou alors au
niveau du Conseil exécutif comme tel. Évidemment, les emplois
supérieurs... Vous évoquez les emplois supérieurs.
Alors...
M. Leclerc: Non, non, moi, je veux parler du concept de port
d'attache...
M. Johnson: Oui.
M. Leclerc: ...qui existe généralement dans la
fonction publique, là. Ce n'est pas particulier aux emplois
supérieurs, là, il me semble, de pouvoir bénéficier
du principe de port d'attache. Moi, j'aimerais ça savoir combien
ça coûte et si on a fait des efforts dans le passé pour
limiter ça dans le temps. De donner un certain nombre de mois à
des gens pour emménager, je n'ai aucun problème avec ça,
mais que des gens, de façon institutionnalisée, restent à
Montréal et travaillent à Québec, ça
m'apparaît coûter très cher, au bout du compte, à
l'Etat. C'est ça que je veux savoir. (17 h 30)
M. Johnson: À ma connaissance, au Secrétariat du
Conseil, sur 280 personnes, on n'en a aucune qui soit visée par
ça. Tous les gens, leur port d'attache est ici, sauf la
réceptionniste à Montréal, Mme Lacombe.
M. Leclerc: Non, mais je parle comme responsable des ressources
humaines; je ne parie pas de vos ressources humaines.
M. Johnson: Alors, écoutez, tout simplement, je vous
réfère à la bible, le «Recueil des politiques de
gestion»...
Le Président (M. Lemieux): Mais, tout au moins...
M. Johnson: Volume VI, chapitre I, sujet 1, page ou pièce
7, sur les politiques de personnel, article 50: «Une assignation ne peut,
à moins d'une autorisation spécifique du sous-ministre ou du
dirigeant d'un organisme, ou de la personne qu'il désigne,
excéder une période de neuf mois.» À la rigueur,
c'est ce qu'on voit lorsque, pour toutes sortes de raisons spéciales, le
ministère des Transports déménage quelqu'un ou lui demande
de prendre une assignation en dehors du territoire où il est
déjà et que des difficultés de marché se posent
pour vendre la maison, ou des choses comme ça.
M. Leclerc: Donc, les organismes relèvent de cette
directive-là.
M. Johnson: Alors, ça, ça se passe chez nous, mais
à partir du moment où on parle des gens hors cadres, donc
sous-ministres, sous-ministres adjoints, des gens comme ça, ce n'est pas
de notre ressort.
M. Leclerc: Là, ils n'ont pas à appliquer cette
directive-là, et à demander...
Le Président (M. Lemieux): Mais est-ce possible pour vous
d'en informer le Secrétaire général du gouvernement?
M. Johnson: à vérifier en d'autres lieux. c'est
probablement l'effet de certains contrats ou quoi que ce soit, ou des
politiques des emplois supérieurs au secrétariat
général. enfin, là, vraiment, j'ai...
M. Leclerc: Mais ça semble couvrir les organismes.
M. Johnson: On patauge dans le territoire...
M. Leclerc: Non, non, mais vous l'avez lu, là.
M. Johnson: ...de gens qui ne sont pas ici, là, qui
pourraient nous répondre.
M. Leclerc: Non, mais vous l'avez lu, et j'ai
compris «organismes du gouvernement». M. Johnson:
Oui.
M. Leclerc: Donc, les organismes du gouvernement sont tenus...
Quelqu'un qui serait commissaire dans je ne sais quel organisme du gouvernement
est tenu par cette directive-là, j'imagine. Et il doit y avoir, s'il
veut dépasser neuf mois, une espèce d'exemption, là, ou
d'autorisation.
M. Johnson: II s'agit du personnel de l'organisme et non pas du
personnel nommé par l'Exécutif. Ce n'est pas les dirigeants
d'organisme et des gens comme ça. Il s'agit toujours du personnel,
alors, ça... Il existe une politique, elle est appliquée,
évidemment, là, par...
Le Président (M. Lemieux): Je peux vous poser une question
un petit peu pointue là-dessus? Au Conseil du trésor, justement,
cette politique-là ne prévoit... Est-ce qu'il ne devrait pas y
avoir, habituellement, un suivi de gestion par le Conseil du trésor?
C'est une de vos politiques, ça?
M. Johnson: Qu'est-ce qui devrait en faire l'objet? Je
m'excuse.
Le Président (M. Lemieux): Une politique de cette
nature-là, on ne devrait pas en faire un suivi, chez vous? Il me semble
que je vois des signes de tête en arrière, que oui.
M. Johnson: De savoir si l'Exécutif, à l'endroit
des présidents d'organisme, applique...
Le Président (M. Lemieux): Si on se conforme, tout au
moins, à cette directive-là?
Une voix: Pour savoir combien ça coûte.
Le Président (M. Lemieux): Pour savoir combien ça
coûte et si, tout au moins, on s'y conforme?
Mme Marois: Ça fait partie du mandat, en tout cas, du
président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Est-ce que vous voulez... Excusez-moi, M. le
Président, mais j'essaie de comprendre l'objet, les personnes... Vous
voulez savoir si on devrait faire un suivi de gestion de cette directive?
Le Président (M. Lemieux): C'est ça, effectivement,
de cette directive-là.
M. Johnson: Pour voir si...
Le Président (M. Lemieux): Si on s'y conforme.
M. Johnson: ...un directeur adjoint aux Transports...
Le Président (m. lemieux): pas nécessairement, mais
si on s'y conforme, dans l'ensemble. est-ce qu'il y a déjà eu un
suivi de gestion qui a été fait?
M. Johnson: Ah! pour savoir si... Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Johnson: Ah! d'accord! Si les gens respectent la règle
des neuf mois.
Le Président (m. lemieux): c'est ça, oui. comme le
plan d'embauché que vous avez pour les personnes handicapées, sur
lequel je vais revenir tout à l'heure; comme votre plan de suivi sur la
qualité totale.
M. Johnson: J'essaie de voir la façon mécanique,
là. Autrement dit, vous voulez vous assurer que le Conseil du
trésor demande aux différents ministères: Avez-vous
respecté cette directive que nous venons de lire?
Le Président (M. Lemieux): II me semble, habituellement,
lorsqu'une directive...
M. Johnson: La règle des neuf mois, là, c'est
ça que vous voulez savoir? Ça se demande, ça,
évidemment, mais ça présume, si on veut faire le suivi
serré... Il y a à peu près pour 75 000 000 $ de frais de
déplacement et de factures, là. Ça fait beaucoup de
factures à regarder pour voir s'il y a une facture qui date de plus que
neuf mois depuis que l'assignation de la personne X a été
faite.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais il y a eu des cas
où ça a dépassé neuf mois; il y a eu des pertes. Il
me semble, M. le président du Conseil du trésor...
Écoutez, je n'ai pas la connaissance de l'administration publique de
ceux qui vous entourent...
M. Johnson: Non, mais on est en train de regarder comment on peut
le faire. Moi, je veux me rendre à vos désirs.
Le Président (M. Lemieux): Mais il me semble, quand il y a
une directive du Trésor, à la toute fin, j'ai souvent lu que...
Habituellement, dans le dernier paragraphe de la directive, il est
indiqué que le Trésor assure un suivi de cette
directive-là. À moins que vous n'ayez changé votre
façon de procéder, il me semble que c'est ça,
habituellement, dans les directives du Conseil du trésor. Et c'est
simplement la question que M. le député de Taschereau a
posée, effectivement: Est-ce qu'on a déjà effectué
un suivi de cette directive-là? Si c'est non, c'est non. Il n'y a
pas
de problème.
M. Johnson: À la fin des neuf mois comme tels, non.
Le Président (M. Lemieux): Bon.
M. Johnson: On essaie de voir ce que ça présume.
Est-ce que, par exemple, on devrait donner un mandat au Contrôleur des
finances de vérifier, lorsqu'il y a engagement d'un ministère de
payer une facture d'un déplacement, si c'est toujours un
déplacement qui est à l'intérieur de la norme des neuf
mois, pour une personne qui a été assignée dans un
territoire qui est loin de son domicile, etc.? Alors, on peut voir.
Le Président (M. Lemieux): O.K.
M. Johnson: J'essaie de voir une façon
légère et efficace de me rendre à votre souhait, qui est
parfaitement légitime.
Le Président (M. Lemieux): Je vais juste finir, si Mme la
députée me le permet.
Mme Marois: Oui, terminez, parce que... On a comme du
temps...
M. Johnson: On me signale encore qu'au point de vue
mécanique, en principe, le Contrôleur des finances n'autorisera
pas le paiement d'une facture pour déplacement si ça fait plus
que neuf mois que l'assignation de la personne a été
réalisée, que le sous-ministre n'a pas autorisé une telle
assignation et que le Conseil du trésor n'a pas autorisé un tel
dépassement de la norme des neuf mois. La responsabilité
immédiate est logée là...
M. Lecierc: Je comprends bien votre...
M. Johnson: ...mais on peut voir comment on peut resserrer.
M. Lecierc: Je comprends bien votre mécanique, y compris
maintenant pour la haute fonction publique, bien que ça ne relève
pas de vous, on sait très bien que, de façon
générale, les façons de procéder du Conseil du
trésor font un peu jurisprudence dans tout l'appareil, y compris pour ce
qui n'est pas couvert directement par vous. Et le plus bel exemple, c'est
l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale n'est pas assujettie
au Conseil du trésor, mais on se plie de bonne grâce à vos
recommandations. Est-ce que, de la même façon, les conditions de
la haute fonction publique devraient normalement s'inspirer de cette
politique-là, notamment sur le principe des neuf mois? Est-ce que les
conditions de travail de la haute fonction publique, des organismes, devraient
s'inspirer de votre politique, même s'ils n'y sont pas tenus
formellement, notamment pour la règle des neuf mois?
M. Johnson: Devraient s'inspirer, c'est une question d'opinion.
Pour fins de contrôle, ça doit s'inspirer de la situation
particulière des gens qu'on embauche. C'est ça, la règle
générale. Et, dans le cas des déplacements et des
assignations, si on pense, encore une fois, à nos directeurs
régionaux du ministère des Transports, où il y a une
politique de rotation, comme on le sait, ça tient compte de la
facilité avec laquelle, oui ou non, cette personne dont on a besoin peut
vendre son domicile. Pour d'autres fonctions, c'est d'autres
considérations. Moi, je vous indique celles qui sont de mon ressort. Et
le principe général, c'est qu'on doit tenter de marier la
politique avec les exigences de l'emploi et, évidemment, le profil de la
personne, la facilité de l'embaucher à telle condition
plutôt que telle autre. On vit dans un vrai monde, là.
M. Lecierc: Merci.
M. Johnson: Je ne sais pas si on peut être parfaitement
mécanique.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. Alors, j'ai entendu Mme la députée
de Taillon...
M. Johnson: ...qui attend quelque réponse,
peut-être?
Le Président (M. Lemieux): Non. Moi, j'ai peut-être
une couple de questions...
Mme Marois: II y a quelques réponses, oui, mais...
Le Président (M. Lemieux): ...avant.
Mme Marois: Oui.
Ajout d'effectif au sein du Conseil du
trésor
Le Président (M. Lemieux): Mme la députée de
Taillon a fait état qu'elle aborderait sans doute l'implantation de la
politique sur l'amélioration de la qualité des services aux
citoyens. Alors, j'y reviendrai tout à l'heure. Je vais aussi revenir
tout à l'heure, sans doute, sur le plan d'embauché du
gouvernement du Québec pour les personnes handicapées. Mais vous
parlez d'un C.T. du Conseil du trésor, le C.T. 178-926 du 17
décembre 1991, et vous faites référence à l'article
78 de la loi 51, Loi sur la fonction publique, qui dit ceci: «Le Conseil
du trésor établit les effectifs maxima pour la gestion de chaque
ministère ou organisme ainsi que la classification des emplois ou de
leurs titulaires dans la fonction publique. La classification des emplois
comprend les conditions minimales d'admission aux classes d'emploi ou aux
grades.
«II définit les modes de dotation qui peuvent être
utilisés pour combler des emplois. (17 h 40) «II fixe les
conditions et les modalités d'intégration des fonctionnaires
à une classe d'emploi ainsi que les conditions et les modalités
pour l'identification, la mise en disponibilité et le placement des
fonctionnaires permanents qui sont en surplus dans un ministère ou dans
un organisme.»
Là où je veux en venir, c'est que, depuis trois ans, au
Conseil du trésor, je n'ai pas vu de diminution d'emplois. À
chaque fois que vous êtes passés ici pour les crédits,
à ma connaissance, je n'ai pas vu de diminution d'emplois. Ce qui
m'inquiète...
M. Johnson: Au Secrétariat comme tel?
Le Président (M. Lemieux): Au Secrétariat comme
tel. Au Conseil du trésor.
M. Johnson: D'accord. Oui, on l'a expliqué à chaque
fois.
Le Président (M. Lemieux): Quand je regarde 1978...
M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...je me dis une vieille
maxime, en droit: «Nemo débet esse judex in propria sua
causa», on ne peut pas être juge et partie. Des fois, j'ai
l'impression - je vais caricaturer ça - que le plat de bonbons est
là et que le Trésor...
M. Johnson: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): ...n'a pas de difficulté
ou a moins de difficultés que certains organismes ou ministères
à se prendre un bonbon. Je fais référence au C.T. du 17
décembre 1991, et je reviendrai tout à l'heure avec l'article 99
de la loi, eu égard aux objectifs et pouvoirs de l'Office des ressources
humaines.
Dans ce C.T. du 17 décembre 1991, l'objet de la demande est
d'autoriser la mise en oeuvre du nouveau plan d'organisation administrative
supérieure du secteur des politiques du personnel et des relations de
travail, il y a plusieurs attendus. Ces attendus-là... Lorsque vous
regardez l'article 99 de la loi, vous pouvez être en mesure d'identifier
que certains de ces pouvoirs ou objets ont tendance à relever de
l'Office des ressources humaines. Et lorsqu'on regarde la toute fin de ce C.T.,
on se rend compte qu'il est ordonné au Conseil d'autoriser la mise en
oeuvre du nouveau plan d'organisation administrative, d'autoriser l'ajout de 23
postes permanents à l'enveloppe d'effectif régulier
autorisé du Secrétariat du Conseil du trésor, étant
entendu qu'au moins 13 de ces postes devront être comblés en
priorité, soit par transfert de personnel à l'intérieur de
la fonction publique, incluant les crédits afférents, soit par le
recrutement de personnel mis en disponibilité dans les réseaux de
l'éducation et de la santé et des services sociaux, et
d'autoriser, dans le cas de recrutement du personnel provenant des
réseaux... et ainsi de suite.
Moi, ma question, c'est la suivante, M. le président du Conseil
du trésor: Où est-ce que vous vous en allez avec ces nouveaux
postes en dotation? Est-ce que l'objectif du Conseil du trésor, c'est de
faire de l'Office des ressources humaines une direction générale,
à la limite? Quel est exactement l'objectif du Conseil du trésor,
eu égard à ces postes en dotation? Pourquoi 23 nouveaux postes?
Quelle nouvelle fonction avez-vous? Et est-ce que c'est possible au
président du Conseil du trésor de nous fournir les DNE de ces
postes-là?
M. Johnson: Depuis tout temps, enfin, depuis une vingtaine
d'années maintenant que le Conseil du trésor existe, son
rôle consiste notamment, pour et au nom du gouvernement, à
définir des grandes politiques. C'est là qu'on trouve notre
rôle, à définir des objectifs, à formuler des moyens
d'atteindre les objectifs, à nous assurer que les moyens sont mis en
place là où les objectifs doivent être atteints et à
procéder au suivi et à l'évaluation des activités
qu'on retrouve à l'intérieur du secteur gouvernemental.
L'Office des ressources humaines met en place certaines activités
pour atteindre ces objectifs, assure, dans certains cas, le suivi, exerce
carrément ses attributions propres en matière de gestion des
ressources humaines. Vous les connaissez tout autant que moi. Et je vois
difficilement du chevauchement, d'autant plus qu'on est en train de travailler
tout ça, la définition de ces politiques-là et leur
intégration, si vous voulez, dans le secteur gouvernemental, en
collaboration avec l'Office des ressources humaines. Il n'y a pas de question
de mainmise, là. Ce sont les rôles comme tels qui ne sont pas les
mêmes. Les rôles du Secrétariat du Conseil du trésor
et de l'Office des ressources humaines sont complémentaires. Il n'y a
pas de concurrence, de chevauchement ou quoi que ce soit qui soit en cause ici.
Alors, je suis très à l'aise, quant à moi, une fois qu'on
m'a fait la démonstration de la nécessité de renforcer
certaines de nos habiletés traditionnelles pour exercer notre
mandat.
Lorsqu'on veut se lancer davantage, comme nous tentons de le faire, dans
l'évaluation de ce qui se fait dans le secteur gouvernemental, on a
besoin de ressources. Et quant à l'ajout de certaines d'entre elles, je
vous dirai tout de suite que c'est à coût nul pour le secteur
public - évidemment, ce que je souhaite toujours que les
ministères puissent faire - dans fa
mesure où certains postes sont comblés et seront
comblés davantage à même les banques de professeurs de
cégep en disponibilité, qui émargent, de toute
façon, aux crédits du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, au moment où on se parle, et qui
viennent augmenter nos dépenses cette année, mais les
réduire ailleurs. Je veux qu'on ait ça à l'esprit: Chaque
fois qu'on permet un ajout d'effectif dans les différents
ministères, on exige d'abord et avant tout qu'ils trouvent à
l'intérieur du secteur public les ressources dont ils ont besoin
plutôt que de recruter à l'extérieur. Alors, on pratique ce
qu'on prêche, de notre côté. Je ne sais pas si ça
répond suffisamment à votre question.
Le Président (M. Lemieux): ...qui essaie de, qui essaie
de...
M. Johnson: Pour moi, évidemment, vu que je ne suis pas un
spécialiste de ces questions, je n'ai pas l'expertise que vous avez
développée, M. le député, M. le Président,
dans votre existence antérieure, et...
Le Président (M. Lemieux): Je comprends entre les lignes,
M. le président.
M. Johnson: Comment?
Plan d'embauché de personnes
handicapées
Le Président (M. Lemieux): C'est entre les lignes que
j'écoute vos réponses, M. le président du Conseil du
trésor. Ça va là-dessus. J'ai peut-être une autre
question, puisque vous parlez d'un suivi, de la nécessité de
personnel additionnel. Lorsqu'on parle du plan d'embauché du
gouvernement du Québec pour les personnes handicapées, est-ce que
le Conseil du trésor, eu égard à sa directive qui fait
état de ceci: Inciter de façon particulière... C'est une
politique plutôt qu'une directive, puisque c'est dans votre recueil des
politiques de gestion. On dit: Inciter de façon particulière les
ministères et organismes ne comptant pas un minimum de 2 % de personnes
handicapées parmi leurs effectifs à prendre les dispositions
nécessaires pour atteindre cet objectif.
J'ai fait une recherche, M. le président du Conseil du
trésor. Il n'y en a pas beaucoup d'organismes et de ministères
qui ont atteint ces 2 % d'effectif, tel que préconisé par votre
politique de gestion. Lorsqu'on fait le tour de l'ensemble des
ministères et organismes - je me suis permis de demander à des
recherchistes de le faire, ici - à la fois des ministères et des
organismes relativement à cette politique d'embauché voulant
qu'un minimum de 2 % de personnes handicapées puissent faire partie des
effectifs, on ne le retrouve nulle part.
Je veux attirer votre attention là-dessus. parce que ce dont on
se rend compte, c'est qu'effectivement on évite, on évite
carrément, malgré la disposition qu'il y a à cet effet
dans la loi 151, qui est une forme de discrimination positive envers les
personnes handicapées... Nos gestionnaires ont un préjugé
non pas positif. mais vraiment négatif envers l'embauche de personnes
handicapées, malgré cette politique de gestion du Conseil du
trésor. Je veux attirer votre attention là-dessus, M. le
président du Conseil du trésor, pour que vous puissiez tout au
moins sensibiliser vos collègues à l'Exécutif et
qu'à l'occasion un de vos analystes du Conseil du trésor -
lesquels, parfois, je ne dirais pas qu'on craint dans les ministères,
mais qu'on aime bien recevoir - puisse s'informer si, effectivement, cette
politique de gestion, elle est respectée. M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, à l'endroit de cette
politique, ce plan d'embauché qui est particulièrement important,
un petit rappel. Nous avons, l'an dernier, il y a moins d'un an,
créé une banque de 80 postes à temps complet au niveau
exécutif, au niveau du Conseil du trésor, à
répartir dans les différents ministères et à
être comblés de façon réservée par les
personnes visées par ce programme. C'est une façon d'aller forcer
la note, si vous voulez, dans les différents ministères...
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas tordre le cou un
petit peu, M. le président?
M. Johnson: ...de donner à l'avance des effectifs. Dans le
fond, on crée une banque d'effectifs additionnels. Les gens des
ministères sont habitués à demander de l'effectif ici, de
l'effectif là, et de se faire dire non de façon
systématique. On a créé une banque réservée
à cet égard-là. Alors, on tente de faire quelque
progrès via, notamment, les stages et les stagiaires, me souligne-t-on
ici, évidemment. Quelque progrès peut être fait. Ce sont
des stages de 18 mois, comme vous le savez, qui sont réservés
à cette clientèle, avec des chances de rétention
après ça.
Le Président (M. Lemieux): Je vois, M. le président
du Conseil du trésor, des représentants de l'Office des
ressources humaines dans cette salle. Est-ce qu'effectivement, à l'heure
actuelle, il existe des listes de déclarations d'aptitude sur lesquelles
il y a des personnes handicapées? Est-ce qu'on pourrait répondre
à cette question-là? (17 h 50)
M. Johnson: Je me permets de demander à Mme Charette, qui
assure l'intérim à la direction de l'ORH, d'éclairer notre
lanterne à ce sujet-là.
Le Président (M. Lemieux): II existe une liste de
déclarations d'aptitude actuellement, à
l'Office, où il s'est tenu un concours réservé
où il y aurait des personnes handicapées.
Mme Charette (Nicole): On a tenu, à l'Office, il y a
peut-être deux ou trois ans, un concours réservé. Il n'y a
plus personne sur cette liste-là; la liste a été
complètement utilisée. Et, au moment où on se parle, on
est en train de lancer une autre réserve - qui va être
publiée, d'ailleurs, d'ici au 30 avril - pour les personnes
handicapées de niveau professionnel, parce que c'est là qu'est le
besoin le plus grand en ce moment, réserve qu'on va élargir par
la suite à d'autres membres, comme les membres du personnel de bureau,
les techniciens et les postes assimilés. Maintenant, sur chacune des
listes de déclarations d'aptitude, des concours sont tenus tant par
l'Office que par les délégataires et, évidemment, il y a
des personnes handicapées. Sur les listes, à l'heure actuelle, on
retrouve 233 personnes déclarées aptes.
Le Président (M. Lemieux): Et vous en avez placé
combien?
Une voix: 2,5 %, à peu près.
Mme Charette: Ça, au niveau des nominations, on sait
comment les...
Le Président (M. Lemieux): Combien ont été
titularisées?
Mme Charette: Cette année, les personnes
titularisées, on ne le sait pas.
M. Johnson: On me signale qu'on a l'information à la page
numéro 20, madame; c'est ce que vous m'indiquez.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Une voix: 0,08
%?
M. Johnson: Ça fait 0,1 % par recrutement. 0,1 %, mais sur
deux personnes. Mais, ça, ça ne donne pas l'image pour toute
l'année.
Une voix: Oui. Ce n'est pas nécessairement en lien avec
les listes de déclarations d'aptitude.
M. Johnson: Non. On ne peut pas le relier aux listes de
déclarations d'aptitude. Il faut faire attention lorsqu'on manipule ces
chiffres-là; je ne voudrais pas vous induire en erreur. Mais on prend
acte de la question. Je pense bien que ça mérite une
réponse plus complète que ce qu'on peut vous donner séance
tenante, là.
Le Président
(m. lemieux): est-ce que vous me
permettez, m. le président du conseil du trésor, une autre
question au responsable de l'office?
M. Johnson: Bien, oui Est-ce que je peux vous en empêcher,
M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Merci. Je vous remercie. Vous
êtes bien gentil. Alors, au responsable de l'Office des ressources
humaines: Est-ce qu'effectivement, c'est le cas? Est-ce que vous
éprouvez des difficultés à faire comprendre aux organismes
et ministères qui. peut-être, eu égard à la
politique de gestion du Conseil du trésor... Parfois, pour embaucher des
personnes handicapées, est-ce que vous éprouvez certaines
réticences de la part de certains ministères et organismes?
Est-ce que quelqu'un peut répondre à cette question-là?
Oui, madame
Mme Charette: Bon. Il n'y a pas de doute qu'il y a des
règles du jeu qui régissent l'accès, l'utilisation des
listes de déclarations d'aptitude, et il est clair que les gens comme
les personnes handicapées, les gens qui font l'objet des programmes
d'accès à l'égalité ont une priorité de
considération. C'est ce que la loi prescrit, alors, ça veut dire
que l'Office, obligatoirement, informe les personnes qui sont sur les listes de
leurs droits par rapport à ça; donc, elles peuvent exiger
d'être considérées en premier. Et toute
référence faite auprès des ministères et organismes
est faite à partir des priorités qui sont établies.
Maintenant, il y a une chose qu'il ne faut pas oublier, c'est qu'en
fonction des différents postes il y a une espèce d'arrimage,
là, entre le profil du poste et le profil de la personne parce que, au
niveau des personnes handicapées, de temps en temps, dépendant du
handicap, la nature du poste n'est pas compatible avec la nature du handicap.
Mais, de plus en plus, il y a une ouverture de ce côté-là
Avec le Programme de développement de l'emploi auquel on faisait
référence tantôt, 50 stagiaires - et là, cette
année, on vise 100 stagiaires parce qu'on veut partager les frais avec
les ministères - passent 18 mois dans un ministère, dans des
projets spécifiques. On se rend compte que plus de 60 % de ces
stagiaires-là sont ensuite intégrés dans des postes
réguliers à la fonction publique. Alors, les réticences,
je dirais, elles vont en s'amenuisant, quoiqu'il faille tenir compte du profil
du poste et des exigences.
Le Président (M. Lemieux): Quoique ce ne soit pas toujours
facile.
Mme Charette: Je pense qu'il y a un travail à faire au
niveau des attitudes, comme dans tous les groupes visés par les
programmes d'accès à l'égalité.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas un reproche que je
fais à M. le Président du Conseil du trésor. Je suis
certain que c'est peut-être un des hommes les plus sensibles à
cette politique
d'embauché. Si j'ai voulu sensibiliser M. le Président du
Conseil du trésor, c'est que j'ose dire qu'il est peut-être dans
une situation où son rapport de force est, je dirais, plus facilement
acceptable par certaines personnes, certains ministères et organismes
ou, peut-être, par certains de ses collègues. Et je pense que le
président du Conseil du trésor est sans doute l'homme clé
pour faire comprendre à ses collègues du Conseil des ministres
que cette politique-là existe et qu'on devrait, dans la mesure du
possible, essayer tout au moins de lui donner suite. Parce que, lorsqu'on parle
de considération, c'est donc dire que le ministère n'a pas
l'obligation - ou l'organisme - de titulariser la personne et il vous en
informe, si je comprends bien, ce qui réduit à zéro,
parfois, les efforts que vous pouvez être appelé à faire.
Alors, c'est simplement, M. le Président du Conseil du trésor,
pour attirer votre attention afin qu'un suivi peut-être plus diligent
puisse se faire sur cette politique de gestion là. Ça va. Je n'ai
pas d'autres questions là-dessus.
M. Johnson: en me permettant de souligner que trois
collaboratrices m'accompagnent maintenant à la table, devant vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Marois: J'ai remarqué ça. Je vais revenir sur
ça, d'ailleurs. J'aimerais bien savoir, parce que vous n'avez pas
répondu à ça... Là, je ne veux pas que vous
répondiez tout de suite parce que j'ai pas mal de questions et je veux
en soulever un certain nombre.
Dans le document qui concerne le Conseil du trésor, vous nous
donnez effectivement, pour le Conseil du trésor, des personnes membres
des communautés culturelles ou des personnes handicapées, combien
ont été embauchées, combien sont membres du personnel
cadre ou professionnel. Vous ne faites pas - à moins que je ne l'aie pas
trouvé dans le document - le même travail de présentation
pour ce qui concerne les femmes. On a, selon les statuts, évidemment,
permanents, occasionnels, les membres des communautés culturelles,
à 11a. À 11b, on avait les personnes handicapées, mais on
n'a pas... Alors, vous pourrez regarder ça et trouver votre
réponse.
M. Johnson: 11 b? La question 11 b?
Mme Marois: Oui. C'est séparé, hommes, femmes, mais
ça, c'est pour...
M. Johnson: Oui?
Mme Marois: Est-ce que c'est les communautés culturelles,
ça, ou les personnes handicapées? Les personnes
handicapées. Mais on l'avait demandé pour l'ensemble du
ministère: combien y a-t-il de postes, de tous les niveaux,
occupés par des hommes versus \a proportion occupée par des
femmes, comme nous l'avons pour les autres organismes que vous
représentez, comme président du conseil du trésor, ici,
aujourd'hui? et il y en a qui ont des scores intéressants. il faut au
moins le mentionner quand c'est bon. je pense que c'est important de le faire,
de mentionner qu'il y a des gens de l'office des ressources humaines qui vous
accompagnent, qui sont des femmes. c'est assez remarquable, effectivement, de
ce côté-là. et je le souligne parce que c'est tellement
rare. mais, ailleurs, ça reste rare. dans le cas du conseil du
trésor, je n'ai pas l'information pour pouvoir en juger. dans ce
sens-là, il y a un certain nombre d'autres questions auxquelles on n'a
pas eu de réponse. je les souligne à nouveau ici et je vais
revenir...
Une voix: II y a une vice-présidente.
Mme Marois: Pardon?
Une voix: II y a une vice-présidente.
Mme Marois: II y a une vice-présidente au niveau
politique. J'en conviens. C'est un poste sur cinq.
M. Leclerc: Important, important.
Mme Marois: Mais je suis tout à fait d'accord. Ça
restera toujours un poste sur cinq. C'est du niveau politique dont nous
parlions.
Il y a d'autres questions aussi, qui n'ont pas obtenu de réponse,
là. C'est plus d'ordre technique, et je vais revenir sur ce qu'on vient
de débattre. On a demandé des questions d'ordre
général à tous les ministères dont,
évidemment, le Conseil du trésor. Nous avons demandé la
liste des voyages hors Québec. On nous répond toujours pour les
voyages hors Canada mais pas hors Québec. Ça, c'était la
question, la demande numéro 3. Nous avons demandé la ventilation
des dépenses - et ça, c'est pour tous les ministères -
pour les frais de transport, d'hébergement et de repas. Nous ne l'avons
pas eue non plus. C'était la demande numéro 7 dans notre cahier
de demandes. Nous avons demandé, sur la question des points bonis... Les
24 579 points bonis, est-ce qu'ils concernent seulement le Conseil du
trésor? Au niveau de la valeur monétaire des points bonis,
comment se fait-il qu'on ne puisse en évaluer le nombre avec exactitude?
À la demande numéro 15 portant sur les tarifs, droits et permis,
on refuse de nous répondre prétextant que cette question ne
relève pas de l'étude des crédits car ça concerne
les revenus du gouvernement. On va formuler la question autrement mais, si
ça concerne les revenus du gouvernement, il me semble que...
C'était la demande numéro 15. À la demande
numéro 18 - je les mentionne comme ça parce que c'est
comme ça qu'on les a présentées au cahier - c'est sur la
suite sous-ministérielle. On n'inclut pas dans la réponse les
secrétaires adjoints. À ce moment-là, où est-ce
qu'on les inclut? Ailleurs dans les ministères? Ce sont des questions
plus techniques mais, comme on n'a pas ces informations-là, parfois,
ça devient agaçant. Vous les avez notées, là? Vous
pourrez y revenir tantôt. (18 heures)
Je vais revenir sur cette fameuse question des occasionnels. Le
président du Conseil du trésor, M. le Président, aux
commentaires fort pertinents et fort judicieux, d'ailleurs, de son
collègue de Taschereau, dit: Écoutez, c'est la
responsabilité des ministères, la façon dont ils traitent
ça. Moi, je ne reçois pas cette réponse-là parce
que c'est une politique émise par le Conseil du trésor. Et quand
on émet une politique, au moins, quand on ne veille pas à son
application, quelque part, on demande un compte rendu, on fait un
contrôle. On peut décider qu'on fait le contrôle aux six
mois, qu'on le fait chaque année, mais on en fait un.
Quand je regarde ce que j'ai actuellement comme information sur la
question des occasionnels, l'année dernière il y a une directive
très claire qui a été émise à l'effet
qu'aucun occasionnel n'était embauché sans avoir une autorisation
préalable du Conseil du trésor. Ça veut donc dire qu'on
sait, à ce moment-là, quels vont être les temps
d'embauché, pour combien de personnes et quelle va être la
politique. On ne peut pas dire que le ministère fait ce qu'il veut. Il
ne fait pas ce qu'il veut, il fait ce que le Conseil du trésor veut
qu'il fasse ou autorise qu'il fasse. Bon. Et cette directive-là a
été renouvelée en décembre. Alors, quand on me dit:
Écoutez, cette politique à l'égard des occasionnels, elle
est la responsabilité des ministères qui procèdent
à l'embauche, c'est vrai, mais avec les limites suivantes: que chaque
bloc de postes, que chaque projet soit au préalable
entériné. Et si, effectivement, on constate que la façon
dont on traite les employés occasionnels n'est pas compatible avec les
politiques et les philosophies qu'on a - parce que le ministre semblait
sensible à ce que présentait son collègue - j'imagine
qu'on agit. On ne peut pas dire: Ce n'est pas moi qui m'en occupe, tout
contrôler et tout décider et conclure ça.
L'autre chose que je n'accepte pas du président du Conseil du
trésor, c'est quand il dit: Écoutez, les administrateurs
d'État, ce n'est pas nous qui décidons de ça, les bonis et
tout le machin. Les administrateurs de classe I, administrateurs d'État
I... Fait-il ou- non partie de ce gouvernement? S'il fait partie du
gouvernement, la main droite ne peut pas ignorer ce que fait la main gauche. Ce
n'est pas vrai que l'exécutif peut avoir une politique qui va aller
à rencontre de la philosophie, des orientations et des objec- tifs que
défend le gouvernement. Et, dans ce sens-là, moi, je veux bien
qu'il me dise: Non, non, non, éloignez de moi ce calice, mais je trouve
que ça ne fait pas très sérieux. Il faut qu'il me dise si
s'appliquent à l'exécutif, à l'égard des
administrateurs d'État, les mêmes politiques qui s'appliquent
à l'ensemble des cadres de la fonction publique.
Et quand je regarde les décrets qui ont été
adoptés, je me rends compte que les bonis sont à peu près
proportionnels aux salaires. Si un boni est une évaluation sur la base
du mérite, j'imagine qu'il doit y avoir des différences entre les
bonis qu'on verse. Ça, c'est pour ceux des administrateurs
d'État. J'ai le décret du 11 décembre 1991 qui concerne
les sous-ministres et autres administrateurs d'État I - 1er juillet
1991. Ça varie de 12 000 $, en passant par 6000 $, 5000 $, 8000 $, etc.
Et ça semble relativement proportionnel au salaire. Est-ce que ça
veut dire que, dans le fond, on regarde le salaire et on applique la proportion
avec le nombre d'années de service, point? Ou est-ce qu'on a une
politique et elle est la même, même pour ceux-là? Parce que
même si le président du Conseil du trésor dit: Ce n'est pas
à moi que vous devez poser ces questions-là, le président
du Conseil du trésor établit la politique budgétaire et de
rémunération, et j'imagine que son exécutif ne va toujours
bien pas à rencontre des grands paramètres des politiques
salariales du gouvernement. Si c'est ça, quelle espèce de
cohérence pouvez-vous défendre?
M. Johnson: Ne m'en parlez pas à moi.
Mme Marois: Alors, le président du Conseil du
trésor confirme donc...
M. Johnson: Que?
Mme Marois: ...que l'exécutif du gouvernement pourrait
avoir une politique salariale différente de celle qu'il défend,
de celle qu'il fait subir, dans le cas présent, aux fonctionnaires et au
personnel du parapublic, et il me dit: «Ça ne me concerne
pas.»
M. Johnson: Je n'ai rien...
Mme Marois: Est-ce que j'ai bien compris cela?
M. Johnson: Je n'ai absolument rien dit de tel. Je suis membre du
gouvernement, je suis solidaire. Je n'ai absolument rien dit de tel, je veux
que ce soit clair. Ici, on est à l'étude des crédits du
Secrétariat du Conseil du trésor, et je suis parfaitement
disposé à parler jusqu'à demain matin - sauf que l'ordre
de la Chambre dit: simplement pendant quatre heures - de ce qui me concerne.
Maintenant, si vous voulez mon opinion sur toutes sortes de choses...
Mme Marois: Non, non, ce n'est pas une opinion.
M. Johnson: ...on ira dans le corridor, etc.
Mme Marois: M. le Président, ce n'est pas une opinion sur
toutes sortes de choses. Il y a une politique de rémunération et
une politique salariale...
M. Johnson: Oui.
Mme Marois: ...qui est défendue, préparée,
présentée par le gouvernement, qui concerne, dans le cas qui nous
occupe, les cadres et les salariés des secteurs public et
parapublic.
M, Johnson: Oui.
Mme Marois: II y a d'autres groupes qui sont au niveau
d'administrateurs d'État et qui reçoivent aussi leur salaire,
leur rémunération et leurs bonis - peu importe - du gouvernement
et auxquels on devrait, j'imagine, pour avoir une certaine cohérence,
appliquer les mêmes règles et les mêmes politiques. Et
là le président du Conseil du trésor me dit: «Comme
ça ne me concerne pas parce que c'est quelqu'un d'autre qui le fait,
bien, je vais être solidaire de ce qui s'est pris comme
décision...
M. Johnson: Non, non.
Mme Marois: ...mais je ne cherche pas à retrouver de la
cohérence.»
M. Johnson: Franchement!
Mme Marois: Non, mais est-ce que c'est ça que vous m'avez
dit?
M. Johnson: Est-ce que c'est à mon tour, M. le
Président, de parler 20 minutes, là?
Le Président (M. Lemieux): Oui, monsieur le...
M. Johnson: Merci.
Mme Marois: Pas 20 minutes. J'aimerais ça qu'on
réponde à ça...
M. Johnson: Bon, alors, j'ai droit... Bon, bien, d'accord.
Mme Marois: ...et qu'on réponde aussi à la
question...
M. Johnson: J'ai six questions en suspens de la part de la
députée de Taillon.
Mme Marois: C'est sûr, parce qu'on n'y a pas répondu
tout à l'heure.
M. Johnson: J'en ai six... Bien, on n'a pas eu le temps parce que
le député de Taschereau me demandait autre chose, le
président est intervenu et a dit qu'il vous redonnerait ia parole...
Le Président (M. Lemieux): C'est vrai.
M. Johnson: ...Mme la députée, ce qu'il est en
train de faire.
Le Président (M. Lemieux): C'est vrai. Alors, Mme la
députée de Taillon.
M. Johnson: Bon, écoutez, on va se démêler,
là.
Le Président (M. Lemieux): Si vous permet tez à M.
le président du Conseil du trésor...
Mme Marois: C'est au président du Conseil du trésor
de répondre.
Le Président (M. Lemieux): ...de bien vouloir vous
répondre.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, nous vous permettons de
répondre, M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Merci beaucoup. Sur la politique de
rémunération des administrateurs d'État et du personnel
d'encadrement, j'ai retracé encore une fois la ligne quant aux
attributions que je peux exercer, d'une part, et, d'autre part, les
décisions avec lesquelles je suis parfaitement solidaire, d'autant plus
lorsqu'on invoque, du côté de la députée, qu'on
verserait dans l'incohérence la plus totale au point de vue
rémunération. On vient de distribuer, noir sur blanc, des
chiffres qui indiquent que les administrateurs d'État, globalement, ont
reçu 5,89 % et que les syndiqués ont reçu 6,28 % l'an
dernier. On parle de l'an dernier, là, on ne parle pas de cette
année. Et, pour cette année, j'ai dit que les mêmes
paramètres que j'ai offerts le 14 février vont s'appliquer
à tout le monde. Et c'est une position gouvernementale, ça.
Ce qu'on essaie encore de mêler, c'est tout l'aspect bonification,
donc de rémunération dite variable qui, dans tous les
systèmes de rémunération du monde entier, privés et
publics, ont ceci de particulier que plus on monte dans une échelle
hiérarchique, plus la proportion de la rémunération qui
est variable augmente. À un point tel qu'évidemment il y en a qui
dénoncent que les bonis, dans certaines entreprises privées,
atteignent 300 % du salaire de base. Et ce n'est pas rare avec les
mécanismes d'option, avec les mécanismes de bonification,
etc.
On n'en est pas là, loin de là. On dégage,
par rapport à la masse salariale, un montant qui correspond, pour
notre personnel d'encadrement, à 2 % de cette masse, et c'est
distribué au mérite, compte tenu du rendement, tel
qu'évalué, de notre personnel. au titre des administrateurs
d'état, c'est autour, globalement, de 4,5 % que se chiffre le salaire
sous forme de boni, qui est versé globalement, et ça varie entre
2,5 % et 10 %. au titre des cadres, incidemment, les 2 % sont distribués
à raison de 4 % à 10 %. c'est l'ordre de grandeur. donc, c'est
variable; ça dépend du rendement relatif des gens les uns par
rapport aux autres. c'est comme ça qu'on le fait, alors, la
cohérence est absolument parfaite.
Ce que j'ai dit et redit, c'est: «Arrêtez de me demander
toutes sortes de questions sur ma politique pour les administrateurs
d'État, ce n'est pas moi qui la détermine. Ce n'est pas le
Secrétariat du Conseil du trésor.» Bon, alors, en d'autres
lieux on pourra en discuter. On s'apercevra qu'il y a une cohérence
absolument totale, que tout va bien et que les rapports de presse de la semaine
dernière étaient absolument non fondés. (18 h 10)
Ceci étant dit, il y avait des questions en suspens de la part de
la députée. On parlait, il y a déjà au moins une
heure, de la part congrue qu'on laissait percer dans les crédits sur la
mission économique. Il manque deux grands blocs, évidemment,
lorsqu'on regarde les crédits de dépenses comme tels. Tout le
programme de relance des immobilisations dans le secteur public, il y en avait
pour plus de 1 000 000 000 $ de travaux, 1 600 000 000 $. Ce n'est pas rien
comme investissements totaux. Et, dans la mesure où c'est mis en marche
et que ça apparaît dans les crédits au titre de dette
subventionnée, au service de la dette subventionnée, bien,
évidemment, là, ça n'apparaît pas comme des
centaines de millions de dollars aux Transports ou à la Santé, ou
où que ce soit, ça apparaît, pour l'instant, au titre de
quelques dizaines de millions de dollars ici et là, pour refléter
la part gouvernementale qui est financée par le service de la dette.
Deuxièmement, ça ne comprend pas non plus le fait que la
SDI - et le ministre de l'Industrie et du Commerce se fait, à chaque
fois, un plaisir de le réexpliquer au porte-parole de l'Opposition dont
la députée, évidemment, occupait le rôle à
l'endroit de mon collègue jusqu'à récemment - a
changé son approche. On ne fait plus des chèques de subvention
aux entreprises, on prête à taux avantageux, sans garantie, avec
moratoire de paiement d'intérêts. Jusqu'au moment où la
firme, la société commerciale fait des profits, on prête.
Donc, ça n'apparaît pas comme une dépense. C'est un
placement, prêt ou avance. Et, de toute façon, dans le cas de la
SDI, c'est, à certains égards, en ayant ça à
l'esprit qu'il faut regarder quelle est l'intervention du gouvernement en
matière de soutien au développement économique. Donc, pour
reprendre les mots de la députée, sa description était
adéquate. Effectivement, je souligne avec elle que sa description
était adéquate, mais vous me permettrez de dire qu'elle
était incomplète.
Quant aux occasionnels... Il reste les occasionnels, et je vais terminer
avec quelques commentaires sur un débat éventuel sur la
fiscalité au Québec. Les occasionnels, le gel, etc.. l'embauche
dont on a parlé faisait partie des mesures de réduction de
dépenses de la fin de l'année 1991, afin que nous puissions,
justement, entrer le plus possible à l'intérieur des
paramètres qui avaient été fixés par le
ministère des Finances. Donc, ce gel d'embauché, cette demande
que nous avons logée à tous les ministères indistinctement
de gérer leur enveloppe d'occasionnels afin de libérer 20 % de
cette enveloppe avant le 31 mars, bien, cette demande de gel a
été levée au 1er avril. Ça a pris fin avec
l'année financière 1991-1992, et on est retourné, j'ai
presque le goût de dire «pour l'instant», au mode de gestion
des occasionnels qui fait en sorte qu'on détermine une enveloppe totale.
Ce qu'on demande aux ministères de contrôler, c'est leur enveloppe
d'équivalents temps complet. C'est essentiellement ça. Autrefois,
c'était le nombre de postes réguliers, puis le nombre
d'occasionnels, puis la rémunération des occasionnels, des choses
commo ça. Là, ce qu'on contrôle, c'est l'enveloppe des
équivalents temps complet. Et, évidemment, on a à
approuver la dotation en postes réguliers, mais on n'a plus, donc, de
création de postes réguliers additionnels. Les demandes
d'effectif, ça, on les voit; conversion d'effectif, on s'en est
occupé, évidemment. Mais, au titre des occasionnels, les
ministères sont, au moment où on se parle, depuis maintenant 13
jours, parfaitement libres de gérer cette enveloppe comme bon leur
semble.
Dernier commentaire, celui sur un débat sur la fiscalité.
Avant-dernier commentaire, préalablement, certaines des questions, selon
ce que la députée a prétendu, n'avaient pas trouvé
réponse. Une qui m'intrigue toujours, parce que je suis ça
d'assez près, c'est celle sur les points bonis. La députée
dénonce le fait que le Conseil du trésor n'ait pas répondu
à sa question. Erreur! Question numéro 9, 24 579 points bonis
reliés à l'utilisation de moyens de transport et de services
connexes ont été consentis. Pour la valeur monétaire,
j'invite tout de suite la députée, si elle est membre
d'Aéroplan ou de je ne sais trop quoi, à regarder quelle est la
valeur monétaire de ces points. Elle va le savoir le jour où elle
va prendre l'avion ou le jour où elle va aller dans un hôtel et
qu'elle va payer avec ses points. C'est à ce moment-là qu'on sait
exactement combien ça vaut, ces points-là. Et, lorsque le
personnel du Secrétariat du Conseil du trésor, à
l'occasion d'un déplacement, utilisera ces points, bien, là, on
saura quel genre de facture d'avion ou d'hôtel on aura
épargnée, évidemment.
Donc, il me semble qu'on a bien répondu à toutes les
questions.
Mme Marois: Ma question, c'était: Est-ce que c'est la
totalité des points bonis accumulés par le personnel du Conseil
du trésor? C'est ça.
M. Johnson: Écoutez, la mécanique qu'on a
utilisée, c'est de voir auprès des voyageurs à leur faire
compléter leurs formulaires indiquant le nombre de points dont ils ont
bénéficié à l'occasion d'un déplacement. Et
c'est le total qu'on a eu, à ce moment-ci. C'est ça, M. le
sous-ministre? C'est ce qu'on a suggéré à tous les
ministères de faire. Alors, il n'y a pas de raison, là; c'est
d'une simplicité remarquable, ce que mes collaborateurs ont
utilisé pour dresser cette formule-là, l'envoyer un peu partout,
et dire... Il me semble que c'est simple. S'il y en a qui ont voyagé,
qui ont encouru des frais quelconques de déplacement, tout simplement,
sous leur signature, ils doivent attester qu'ils ont eu des points ou qu'ils
n'en ont pas eu. S'ils en ont eu, qu'est-ce qu'ils ont fait avec? C'est aussi
simple que ça.
Dernière question. Dernière intervention, la
fiscalité. Est-ce que, oui ou non, le président du Conseil du
trésor est prêt à s'engager, au nom du gouvernement,
à tenir un débat sur la fiscalité? La réponse,
aujourd'hui, c'est non, pas encore. Au moment où on se parle, c'est non.
Je n'ai pas d'engagement gouvernemental à formuler, à annoncer,
de quelque façon que ce soit. J'ai bien indiqué que ça ne
faisait pas partie des priorités gouvernementales de tenir ce
débat-là. Je comprends que c'est une priorité syndicale de
nos employés. J'en discute avec eux à chaque fois et j'ose croire
qu'à chaque fois qu'on se rencontre on écoute assez
l'interlocuteur pour que celui-ci fasse du chemin et que celui-là en
fasse également. On a eu des sessions où on a débattu de
problèmes de fiscalité. J'ai indiqué tout à l'heure
comment on avait campé un peu nos positions. J'espère qu'elles ne
sont pas immuables, parce que, autrement, il n'y aurait plus de discussion
possible. Je pense plutôt qu'on doit encore continuer à
s'expliquer sur ces choses-là. Tout le monde connaît mon approche
à cet égard-là, l'importance qu'il y a d'avoir une
fiscalité concurrentielle et, en conséquence, toutes les
hésitations que j'ai, quant à moi, à recommander des
hausses d'impôts pour payer des dépenses publiques, quelles
qu'elles soient. Mais nous avons encore à rencontrer nos interlocuteurs
syndicaux à ce sujet-là, j'en suis convaincu. Quand on parle de
salaires, ils nous parlent de fiscalité. Et on verra d'ici peu si le
débat continue à s'engager sur ce sujet-là.
Paramètres de la politique salariale du
gouvernement
Mme Marois: II y a une question que j'ai soulevée et sur
laquelle vous n'êtes pas revenu. sauf d'une façon assez
évasive, en ce qui concerne les grands paramètres de la politique
salariale. Vous m'avez dit: C'est évident que la règle, c'est la
comparaison avec le secteur privé. Et là, bon, vous êtes
passé au secteur privé allègrement. Ça, ça
va, c'est un des paramètres. Est-ce que c'est le seul? Est-ce que c'est
ça que vous me dites, que c'est le seul? Parce qu'il me semble qu'on
doit se poser la question: Est-ce la protection, effectivement, du pouvoir
d'achat ou pas, la participation à l'enrichissement collectif? Vous,
vous dites que c'est essentiellement la comparaison avec le secteur
privé, premièrement.
Deuxièmement, est-ce que votre politique de négociation,
c'est: Quand la conjoncture va mal, j'établis mes règles, et
quand ça va bien, là, je peux négocier? Ou vous avez, en
moyenne et en longue période, une stratégie un peu
cohérente à cet égard-là, qui dit: Voici sur quelle
période de temps, avec des ententes, comment je veux pouvoir
procéder, et les règles sur lesquelles je m'appuierai pour
remettre en question des ententes ou pas, ou les respecter. Parce que,
actuellement - je l'ai dit dès le point de départ, cet
après-midi, et vous ne répondez pas davantage - j'ai l'impression
que c'est vraiment à la petite semaine. Quand, à peine un an
après la signature de documents, on revient pour renier cette signature,
il y a quelque chose qui ne va pas quelque part, certain.
M. Johnson: Dans l'économie québécoise,
effectivement.
Mme Marois: C'est vrai qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans
l'économie québécoise, mais admettez ici que vous avez
demandé un effort aux travailleurs et aux travailleuses du public,
qu'ils ont fourni, je trouve, avec beaucoup de bonne foi. Ils ont même
signé une remise en question de ce qui n'aurait pas été
leur premier choix. Et, à peine un an plus tard, vous dites: Là,
non, ça ne va pas. On veut que vous en fassiez encore plus. Si, demain
matin, il y a autre chose, est-ce que ça va être encore ça,
la stratégie du ministre? Je ne veux pas qu'on revienne
nécessairement, généralement, sur un certain nombre de
choses, je veux qu'on réponde à des choses précises.
Est-ce que ia politique du président du Conseil du trésor est de
dire: C'est la conjoncture, point. Ce sont les rémunérations dans
le secteur privé? Bon. Alors, au moins, ça sera clair. On saura
sur quel pied danser et on pourra imaginer à peu près n'importe
quoi pour l'avenir. (18 h 20)
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Une question courte et précise, mais qui
recouvre des réalités pas mal plus complexes que le nombre de
mots qu'il y a dans
la question. Je disais tout à l'heure qu'on veut s'assurer de la
comparabilité avec l'ensemble des paramètres de
rémunération dans l'ensemble de l'économie. Ce n'est pas
simplement en se comparant à l'une ou l'autre entreprise ou à
l'un ou l'autre secteur industriel. J'ai été prudent, de ce
côté-là, tout à l'heure. Enfin, j'ai appelé
l'ensemble des interlocuteurs à la prudence.
Quand on fait ces comparaisons-là, on cherche, en gros, ce qu'on
appelle l'équité externe. On cherche, en gros, à voir si,
pour les 20 000 000 000 $ que ça coûte - c'est la moitié
des dépenses de l'État, et je vais y revenir pour l'autre volet -
on en aurait pour 20 000 000 000 $ si on appliquait les paramètres du
secteur privé ou du reste de l'économie. On pense que oui. On
pense que toutes les tâches additionnées les unes aux autres, avec
les rémunérations qu'on paie, ça coûte 20 000 000
000 $ et que. si on transposait ça de quelque façon que ce soit
sur une autre pyramide qui est celle des emplois en dehors du secteur public,
une pyramide où - je donne des exemples un peu extrêmes, là
- le salaire minimum ne serait pas à 11,50 $, là, il serait plus
proche de 5,50 $; et où le salaire maximum ne serait pas à 143
720 $; il ressemblerait plutôt à 1 443 620 $... Mais
j'exagère, là, pour fins d'illustration. On n'a pas la même
pyramide d'emplois. Alors, on a à comparer cette masse-là avec ce
que ça nous coûterait autrement si on remplaçait chaque
emploi par ce qu'on trouve dans le reste de l'économie. On pense que
oui, et la plupart des études qui ont été menées
démontrent, je dirais, à la rigueur, une petite avance du secteur
public quand on comprend tout. On regarde les heures travaillées et des
choses comme ça. Mais on n'est pas en train de récupérer,
là - je le répète - cet écart-là. Ce n'est
pas ça qui est en cause.
Deuxième aspect, la pyramide n'est pas faite comme elle est faite
à l'extérieur du secteur public II y a un exercice
d'équité dit interne qu'on doit également faire, de sorte
qu'on range les emplois les uns par rapport aux autres, selon leur valeur
relative, à l'intérieur de cette pyramide qui coûte 20 000
000 000 $ à dresser. Là aussi, on pense, après un
exercice, que notamment au titre de l'équité salariale on a bien
rangé les emplois les uns par rapport aux autres.
Une fois qu'on a dit ça, à l'intérieur de cette
masse-là, qui se compare avec ce qu'on retrouve dans l'ensemble des
emplois dans notre économie, on doit également avoir à
l'esprit... C'est le deuxième gros volet. Le premier volet, c'est
l'équité interne ou externe; le deuxième volet, c'est:
Est-ce qu'on ne doit pas également refléter, dans le coût
des services publics, y compris la rémunération, la
capacité de payer de l'économie pour ces services-là? On
nous fait remarquer - un éditorialiste, ça fait deux fois en six
mois qu'il le dit - qu'il y a deux façons de mesurer la valeur des
services publics au titre de la rémunération. On peut dire:
Ça coûte 20 000 000 000 $, mais c'est parce que les gens sont trop
payés; donc, on fait attention, on n'a plus les moyens. Ou bien on n'a
plus les moyens, donc, on coupe le nombre de personnes. On ne peut pas en
sortir. C'est parfaitement légitime, et c'est un raisonnement... Moi, je
n'ai pas encore trouvé de défaut, là.
Ou bien, si on veut refléter, au titre des services publics, la
capacité de l'économie de payer pour ces services-là, il
faut regarder l'ampleur des services et les gens qui rendent ces
services-là. Si on dit: Bien, on va faire des économies en
réduisant l'ampleur des services, en diminuant les subventions, en
baissant les seuils de ci et de ça, et qu'on garde 400 000 personnes,
moi, je ne comprends plus pourquoi ça prend plus de monde pour faire
moins de choses. Alternativement, on dira: Bien, on continue à donner
les mêmes services, mais on va mettre 5 % des gens à la porte
à la grandeur du système: 20 000 ou 15 000 équivalents
temps complet. Ça m'apparaît aussi un peu exagéré,
là. Ce n'est pas ça qui est en cause. Il reste juste une piste,
c'est d'ajuster le coût de la rémunération à ce que
l'économie peut supporter, ayant à l'esprit le premier volet dont
j'ai parlé.
Alors, ce qui est en cause aujourd'hui, ce n'est pas qu'on est en train
de déchirer quoi que ce soit. Il y a une entente qui a été
conclue l'an dernier, qui prévoit - une entente prévoit, c'est
marqué - une augmentation en juin prochain. Et on dit: Compte tenu de
l'état de l'économie, compte tenu de la masse salariale, compte
tenu de ce que ça représente dans les dépenses de
l'État, compte tenu des autres choix qu'on a à faire, on attend
pour voir si on ne peut pas faire ça, si on accepte cette
logique-là, et je suis prêt à en discuter. Je n'ai pas vu
beaucoup de failles là-dedans pour le moment mais, si on m'en montre, on
va en parler avec plaisir.
Rendu là, est-ce que les gestes que nous sommes en train de poser
sont déraisonnables? Si ces éléments-là sont
valables, on n'a pas le choix, alors qu'il n'y a pas de croissance
économique, donc pas d'enrichissement, et que l'inflation est autour de
2 %, on n'a pas le choix de dire à nos partenaires: Voulez-vous nous
expliquer pourquoi vous voulez 4 % alors que l'inflation est de 2 %? Pourquoi
insistez-vous tant pour maintenir jusque dans ses derniers retranchements une
entente conclue de bonne foi par tout le monde qui croyait, de bonne foi, que
les paramètres économiques seraient totalement, drastiquement
différents de ce qu'ils sont? La réalité a le vilain
défaut de se montrer la tête et le visage. Il faudrait quand
même en tenir lieu, en tenir compte.
Et il m'apparaît que nous pouvons discuter sereinement de ces
choses, en ayant à l'esprit que, ce que nous demandons à nos
travailleurs, ce n'est pas une contribution additionnelle. Ça,
on peut dire ça lorsqu'on raisonne à partir d'une attente
et quo ce que nous suggérons est moins que l'attente signifiée,
conclue et signée. Problème. Le sacrifice de verser 4 % sur
échelle quand l'inflation est de 2 %, je suis incapable de le voir. Je
ne le vois pas, mais je comprends qu'il y a eu un report. Je comprends qu'il y
a eu un retard. Je comprends aussi que les gens, tous les jours, ont
peut-être senti qu'ils avaient pris un retard à leur
capacité d'affronter les dépenses de la vie courante et
l'augmentation de certaines charges, l'augmentation du coût de la vie,
qui n'est pas négative sur la période qui est couverte, de 18
mois, de janvier 1991 à juillet prochain.
Mais il n'en reste pas moins que la valeur anticipée de cette
contribution - donc les attentes que nous avions signifiées, d'une part,
et qui avaient été acceptées, d'autre part, l'an dernier -
prévoyait un certain rendement, pour être bêtement
financier, au titre des équilibres budgétaires 1992-1993. La
modification de la conjoncture économique, qui affecte tout le monde et
tous les paramètres et qui a des effets partout, fait en sorte que cette
contribution n'est plus là au titre financier. Elle n'est plus
là. Qu'est-ce que voulez que je vous dise? A partir de ce
moment-là, ce qu'on suggère, c'est d'actualiser cette
contribution que nos employés avaient librement consentie, et dont la
valeur s'est érodée en raison des changements aux
paramètres économiques. Réalité. Ce n'est pas un
caprice. Ce n'est pas une frivolité. Ce n'est pas une mauvaise habitude.
C'est un fait.
Et nous tenons compte de deux choses, pour répondre clairement
à la députée, aussi rapidement qu'elle a posé sa
question. Nous tenons compte de la comparabilité de la
rémunération du secteur public avec l'ensemble de
l'économie, des paramètres salariaux qu'on y retrouve.
Deuxièmement, comme H s'agit de la moitié des dépenses
publiques, nous devons absolument avoir à l'esprit la capacité de
payer des contribuables.
Mme Marois: Mes questions s'inspiraient d'un discours que j'avais
entendu de la part d'un critique en matière de finances publiques, au
début des années quatre-vingt. Vous vous en souviendrez
peut-être.
M. Johnson: On va augmenter les salaires en juillet, on ne les
baissera pas.
Mme Marois: Ce que ça soulève chez moi, comme
question ou comme commentaire, c'est que, dans le fond, on a leurré les
gens. Plutôt que de leur dire: Ce que nous voulons signer avec vous,
c'est effectivement que la hausse ne dépasse pas le taux d'inflation ou
que la hausse soit de moins 1 %, plutôt que de s'entendre sur un
chiffre... Mais, parce qu'on n'avait pas le courage, peut-être, de le
faire à ce moment-là, on est obligé de revenir sur sa
signature main- tenant. C'est ça. On a leurré les gens parce que
peut-être qu'à ce moment-là on n'en serait pas venu
à une entente. Alors, on dit: Bon! Passons ça maintenant et, plus
tard, on fera autre chose. C'est ça, dans lo fond, qui est inacceptable,
cost ce leurre. (18 h 30)
Bon. Là, je vais revenir maintenant avec des questions un petit
peu plus pointues, parce qu'il y a des choses... Je vois que l'heure passe, le
temps passe.
Le Président (M. Lemieux): II vous reste... Oui, il vous
reste quatre minutes, je pense, quatre, cinq minutes. Allez-y, madame. O.K.
Ça va, parce que je sais que le député de
Lotbiniére voulait intervenir, mais continuez, madame, vous avez
raison.
Mme Marois: II doit me rester plus que... Il reste au moins une
heure, quand même, encore. Ouf!
Le Président (M. Lemieux): Ah oui! Une heure, c'est vrai,
d'ici à 19 h 30. Ça va.
Mme Marois: Oui, oui, c'est ça. Pas quatre minutes, parce
que là, là, je... Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Non, non, quatre minutes
dans... Non, non. Ça va, madame.
Étude sur l'intégration des
employés
fédéraux à la fonction publique
québécoise
advenant la souveraineté
Mme Marois: Alors, bon. Moi, je veux venir avec un... D'abord,
une question aussi précise que l'autre sur laquelle vous pourrez
revenir, parce qu'elle est un peu moins large. On sait qu'à la
commission d'étude sur les questions afférentes à
l'accession du Québec à la souveraineté, on a fait faire
des études par, entre autres, un consortium, Lamonde, Mallette, pour
étudier la question du transfert des responsabilités d'Ottawa
vers Québec, évidemment, de l'impact à l'égard des
employés fédéraux Dans le rapport, on lit: «Chaque
ministère et organisme québécois devra contribuer à
l'examen des fonctions fédérales et à leur arrimage aux
fonctions québécoises ainsi qu'à la modélisation de
la fonction publique québécoise.»
Or, nous savons - et je ferme les guillemets, c'était au rapport
- que le gouvernement québécois a fait exécuter ces
études, des recherches pour essayer de voir là où il y
avait dédoublement, qu'est-ce qu'on pouvait rapatrier, etc. Je veux
savoir si le Conseil du trésor a procédé à de
telles études pour ce qui concerne le Conseil du trésor et les
organismes qui en dépendent.
M. Johnson: Avant de répondre à cette
question-là, prisonnier de notre mode de fonctionnement, je me
permets de répondre à une question, une remarque de la
députée dans son intervention précédente.
Elle prétend que c'est un manque de courage qui fait que le
document qui est en vigueur jusqu'au 30 juin prochain ou qui prévoit
qu'au 30 juin prochain il y aurait un ajustement salarial, ne comporte pas de
référence à l'indice des prix à la consommation.
Ça fait bien des années que ce n'est pas arrivé,
premièrement. Alors, ni d'une part ni de l'autre de la table, on n'avait
pensé utiliser cette mesure, mais tout le monde travaillait avec les
mêmes chiffres de prévisions de l'inflation pour l'année
1992, qui oscillaient quelque part autour de 4 %, un peu moins de 4 %, et
lorsque les gens signaient de part et d'autre 3 % et 1 % forfaitaire qui
continuaient à courir, ô miracle! ça ressemblait
étrangement à ce que nous savions tous, à l'époque,
à l'égard du taux d'inflation pour l'année 1992.
Alors, à moins que... Moi, je suis prêt à me faire
accuser de ne pas avoir des dons de double vue, de prescience et de
prophétie, mais aller dire que M. Larose a manqué de courage, ou
Mme Pagé, ou moi-même, parce qu'on n'a pas inscrit l'IPC dans la
convention collective, il faut le faire! Bon. La question que la
députée vient de poser, quant à savoir si une étude
a été effectuée, dont je serais l'initiateur ou le
bénéficiaire, pour savoir comment le Secrétariat du
Conseil du trésor serait affecté dans le cas de l'accession du
Québec à la souveraineté, la réponse, c'est
non.
Mme Marois: II n'y a aucune étude qui a été
faite sur les fonctions assumées par le Conseil du trésor du
Québec versus les fonctions assumées par les organismes
similaires qui sont actuellement sous la juridiction fédérale et
qui, éventuellement, passeraient sous juridiction
québécoise dans une perspective de souveraineté du
Québec?
M. Johnson: Pas à ma connaissance. Il faut savoir que nous
sommes un organisme central. C'est presque comme demander: Est-ce que le
fonctionnement du Conseil exécutif changerait? Est-ce que le
fonctionnement des comités ministériels permanents changerait,
avec leurs secrétariats, sinon que l'envergure des problèmes,
quant à nous, pourrait varier en plus ou en moins. Allez chercher, allez
savoir. Mais à ma connaissance personnelle, pour reprendre la même
réponse à la même question, je ne connais pas
d'étude qui prétendrait mesurer l'influence que l'accession du
Québec à la souveraineté aurait sur le Secrétariat
du Conseil du trésor du gouvernement du Québec.
Mme Marois: ...les organismes centraux. Ce n'est pas ridicule
comme question. Je pense que ça se pose.
M. Johnson: Je n'ai pas dit ça. Je nai pas prétendu
que c'était ridicule.
Mme Marois: D'autre part, est-ce qu'il y a eu des comparaisons
qui se sont faites, au Conseil du trésor, entre les conditions de
travail, les avantages sociaux, etc., reliés au fait qu'on occupe un
poste dans la fonction publique québécoise ou dans la fonction
publique fédérale?
M. Johnson: À notre niveau et au niveau
fédéral, oui. Écoutez, on a l'occasion de l'harmonisation
de la TVQ avec la TPS. d'une part, et de l'administration de la TPS et du
transfert des pouvoirs, également, et du personnel, dans le cas de
l'immigration, suite à l'entente de ma collègue des
Communautés culturelles et de l'Immigration avec son homologue
fédéral. Nous avons procédé à certaines
études. Nous avons dû négocier avec les syndicats
représentant ces employés pour assurer leur transfert
ordonné, leur intégration, soit à Revenu Québec,
évidemment, au ministère du Revenu ou alors au ministère
des Communautés culturelles et de l'Immigration, à l'égard
de l'admission des aubains. Alors, ça a fait l'objet... Oui, alors,
évidemment, ce qu'on...
Mme Marois: II n'y a pas... Vous n'avez pas fait d'autre...
Est-ce que ces études sont disponibles? Est-ce que ces documents
sont...
M. Johnson: Ce n'est pas des études, là. C'est une
négociation avec notre syndicat des fonctionnaires et notre syndicat des
professionnels sur les modalités d'intégration de fonctionnaires
fédéraux à l'intérieur de nos classes d'emploi.
Nous n'avons pas... Il fallait arrimer...
Mme Marois: C'est parce que j'avais l'impression qu'on n'avait
pas procédé...
M. Johnson: Oui.
Mme Marois: ...par négociation, dans le cas de
l'intégration, entre autres, dans le cas du Revenu. On n'avait pas
procédé nécessairement par négociation.
M. Johnson: On a négocié avec nos employés
pour intégrer les employés du fédéral. Parce que
que les titres et classes d'emploi et classifications ne sont pas les
mêmes. Alors, on tentait de... Évidemment, l'idée,
c'était de protéger les niveaux qu'occupaient les fonctionnaires
fédéraux, sans que ce soit perturbateur à
l'intérieur de nos cadres d'emploi à nous, le tout pour
respecter, évidemment, l'entente intergouvernementale sur
l'intégration des employés fédéraux à
l'intérieur de l'un ou l'autre de ces ministères-là. Mais
ça s'est bien déroulé. Ça s'est bien
déroulé. Des centaines de personnes ont été
touchées, 500 au ministère du Revenu, 500 personnes. Ce
sera effectif, en principe, le 1er juillet 1992, nouvelle date prévue
suite au report de l'élargissement de la TVQ.
Le Président (M. Chagnon): Mme la députée de
Taillon, vous vouliez ajouter quelque chose?
Enquête de caractère avant l'embauche de
hauts fonctionnaires
Mme Marois: Non. Ça va. Bien, j'ai d'autres questions,
là. Je ne vais pas revenir sur ce thème-là, s'il n'y a pas
d'autres interventions.
Je voudrais revenir sur une déclaration que faisait
l'attachée de presse du premier ministre, la semaine dernière,
qui a étonné un petit peu les gens, là. C'a
été repris dans les médias, où on disait... Cette
dernière affirmait aux journalistes que le gouvernement actuel avait
repris la pratique de faire des enquêtes de sécurité, des
enquêtes qu'on appelle de caractère, avant l'embauche de
fonctionnaires. Est-ce que le président du Conseil du trésor peut
nous confirmer cela? C'était d'ailleurs dans les... C'était dans
la presse du vendredi 10 avril dernier, sous la plume de M. Girard.
M. Johnson: Qu'est-ce qui mène...
Mme Marois: On dit: «La Sûreté du
Québec conduit une enquête de caractère», comme
autrefois, concernant tout candidat potentiel à la haute fonction
publique.» Est-ce que le président du Conseil du trésor
peut nous confirmer si cela se fait ou pas? Parce que c'est vous qui êtes
responsable, quand même, des politiques d'embauché et des
politiques d'évaluation.
M. Johnson: Non, mais je ne vois pas le rapport. Ce n'est pas moi
qui embauche les gens qui travaillent au Conseil exécutif, si j'ai bien
compris l'objet de la question. Vous me demandez de commenter les propos
rapportés...
Mme Marois: Je ne vous demande pas... Non, non, non.
M. Johnson: Bien oui. Absolument. Vous me demandez de confirmer
la justesse des propos de l'attachée de presse du premier ministre, tels
que rapportés dans Le Journal de Québec de vendredi
dernier.
Mme Marois: Je vous demande...
M. Johnson: Vous me permettrez de prendre connaissance de ce qui
se dit, premièrement, pour voir si ça me regarde.
Deuxièmement, je pourrai décider... Je ne comprends pas
très bien, là.
Le Président (M. Chagnon): Mme la députée
peut-être pourrait préciser...
Mme Marois: Bien oui. certainement. Il dit qu'il y a des
enquêtes...
M. Johnson: Oui. Oui.
Mme Marois: ...qui se font sur le personnel de la haute fonction
publique avant qu il ne soit embauché, enquêtes qui se font par la
Sûreté du Québec. Alors, ce que je veux savoir, c'est si le
président du Conseil du trésor est informé de cela et,
s'il n'en est pas informé, il n'a qu'à me dire qu'il n'en est pas
informé. Je ne lui ai pas demandé de commenter. J'ai
demandé s'il était informé et si c'était une... (18
h 40)
M. Johnson: Vous m'avez demandé de confirmer si, oui ou
non, Mme Godin dit vrai. Il faudrait que je sois en position de le savoir.
À l'occasion de l'embauche de hauts fonctionnaires de la haute fonction
publique, ce nest pas le président du Conseil du trésor qui voit
ça, c'est l'Exécutif.
Mme Marois: Je vais reprendre ma question.
M. Johnson: Mme Godin, si je comprends bien, est
l'attachée de presse au niveau du Conseil exécutif et non pas au
Conseil du trésor.
Mme Marois: Et, comme dans le reste, la main gauche ignore ce que
fait la main droite. Bon.
M. Johnson: Bien, voyons donc! Pourquoi vous ne demandez pas au
ministre de l'Agriculture ce qu'il pense de mes politiques d'embauché
d'occasionnels à ce titre-là? C'est absolument incroyable!
Mme Marois: À ce que je sache, c'est le président
du Conseil du trésor qui définit les grands paramètres en
ce qui concerne la fonction publique québécoise.
M. Johnson: Vous avez absolument raison, madame.
Mme Marois: Bon. Dans ce sens-là, j'imagine qu'il doit
savoir ce qui se passe dans son gouvernement, peu importe que les gestes soient
posés par l'Exécutif ou ailleurs, en ce qui concerne...
M. Johnson: On parle d'enquêtes de caractère de la
Sûreté du Québec pour des postes extrêmement
sensibles. Je suis absolument renversé!
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, s'il vous
plaît. Je voudrais que Mme la députée de Taillon termine sa
question, semble-t-il.
Mme Marois: II me dit qu'il n'est pas au courant par sa
réponse. Parfait! Je comprends qu'il n'est pas au courant. Très
bien, il ne le sait pas. C'est tout.
M. Johnson: En vertu de... Je ne veux pas allonger...
Mme Marois: Ça se dit ça?
M. Johnson: Ça se dit. Vous pouvez également
prétendre que je ne suis pas au courant du nombre de kilomètres
de drainage agricole que le ministère de l'Agriculture a
installés l'an dernier...
Mme Marois: Voyons! Voyons! On parle d'embauché de
personnel.
M. Johnson: Pas d'embauché de personnel. On parle de... La
députée...
Mme Marois: On ne parle pas de kilomètres de drainage
agricole.
M. Johnson: Là, ça fait trois heures qu'on parle de
ça, des responsabilités du président du Conseil du
trésor. Ça a commencé avec la rémunération.
Je m'évertue à faire comprendre à la députée
que, lorsqu'il s'agit de la haute administration...
Une voix: Les administrateurs d'État.
M. Johnson: ...c'est du ressort du Conseil exécutif.
Est-ce qu'elle va finir par comprendre ça? C'est absolument
invraisemblable! On va demander certaines conditions de travail de ces
gens-là, des ci, des ça, autant de choses qui, en vertu de la
loi, ne me concernent pas. Est-ce qu'on va se comprendre? Maintenant, si la
députée veut amender la loi pour que ça me regarde, alors,
elle pourra me demander des questions, puis des choses comme ça. Mais je
dis bien simplement que je n'ai pas à commenter ce que l'attachée
de presse auprès du Conseil exécutif a à dire sur ces
choses-là. Je n'en suis pas informé, ni n'ai-je à
l'être.
Je cherche en vertu de quel principe je dois d'immiscer - parce que
c'est ça dont il est question, d'immixtion - dans les décisions
d'embauché auprès de la haute fonction publique, dont les
conditions de travail ne regardent pas, au titre de Loi sur l'administration
financière de la fonction publique, le Conseil du trésor: ne le
regardent pas! C'est dans la loi. Ça fait 20 ans que c'est dans la loi
comme ça.
Elle me demande des questions sur des choses que la loi prévoit
qui ne me regardent pas depuis 20 ans. Je veux bien qu'on tire toutes sortes de
conclusions extraordinaires, mais on va juste parler de la
réalité. La réalité a un vilain défaut, je
vous l'ai dit tout à l'heure, il faut en tenir compte.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le
Président.
Mme Marois: Alors, c'était plus simple de me
répondre: Non, je ne suis pas au courant. Ça ne me concerne pas.
Point.
M. Johnson: C'est ça que j'ai commencé à
dire.
Mme Marois: C'était plus simple parce qu'il reste que le
président du Conseil du trésor, j'imagine, doit assurer qu'il y
ait une certaine cohérence dans les grandes politiques qui concernent
l'embauche de la fonction publique, je m'excuse, et même à
d'autres niveaux, parce qu'à cet égard il devient un conseiller
de l'Exécutif.
M. Johnson: Mais, voyons donc!
Le Président (M. Chagnon): Merci, Mme la
députée. Votre temps...
Mme Marois: J'ai d'autres questions, M. le Président.
M. Johnson: Simplement, M. le Président. M. le
Président, vous me permettez?
Mme Marois: On a jusqu'à 19 h 30.
Le Président (M. Chagnon): Votre temps est
écoulé. Votre...
Mme Marois: Ah bon! D'accord.
M. Johnson: J'aimerais qu'on m'explique en vertu de quoi, M. le
Président... J'aimerais même, à la rigueur, qu'on
m'explique...
Le Président (M. Chagnon): Lui, il fonctionne sur son
temps.
M. Johnson: C'est ça. En vertu de quoi c'est une condition
de travail que de voir la Sûreté faire enquête sur soi?
C'est ça que la députée prétend?
Mme Marois: C'est une pratique. Lâchez-moi les conditions
de travail. C'est une pratique. Je vous dis: Est-ce que cette pratique existe
ou pas? Voyons!
M. Johnson: Non, non. Est-ce que c'est une condition de
travail?
Le Président (M. Chagnon): M. le député de
Lotbinière a demandé la parole.
M. Johnson: ...farfelu.
Augmentation des dépenses à l'Office des
ressources humaines
M. Camden: Oui, mere», M. le Président. J'ai pris
connaissance, M. le Président, de la pochette d'information qu'on nous a
transmise concernant le Conseil du trésor comme tel, la CARRA et l'ORH.
J'ai trouvé manifestement fort intéressants ces documents.
Cependant, j'observe une chose, c'est qu'il semble y avoir des habitudes qui ne
sont pas les mêmes à la CARRA qu'à l'ORH. À mon
avis, on pourrait peut-être s'inspirer de certaines de ces habitudes de
la CARRA. J'ai pris connaissance de ces documents. J'ai constaté que les
choix de papier, de type d'impression de la CARRA étaient plus à
l'enseigne, disons, de l'économie...
Mme Marois:...
M. Camden: ...et à l'enseigne de la
sobriété. De fait, vous avez raison, Mme la
députée. Prenez ça pour des félicitations. À
moins qu'on n'en déterre entre-temps, vous savez, qui ne correspondent
pas à ce modèle-là. Cependant, je regarde ceux de l'ORH
et, évidemment, j'espère qu'on me fournira des documents qui
m'amèneront à formuler les mêmes commentaires. Mais quand
je regarde les documents de l'ORH, de prime abord, je regarde le concours de
recrutement pour des emplois permanents, les feuilles à en-tête.
Alors, pour le bénéfice du Journal des débats,
évidemment, là, il y a une espèce de couleur qui n'est
pas vraiment jaune, qui est un peu or. qui n'est pas vraiment or et qui se
joint à une deuxième couleur qui est imprimée en noir.
Moi, je voudrais savoir, M. le président du Conseil du
trésor: Combien en achète-t-on de ces feuilles par année?
Combien ça coûte? Je voudrais également vous indiquer que
c'est fait en deux couleurs, que ça coûte des sous et que,
généralement, je constate aussi que ce n'est pas fait sur... en
tout cas, même si ce n'est pas évident que ce soit du papier
recyclé, il m'appa-raît être d'une excellente qualité
lorsque, du toucher du doigt, on constate qu'il offre une certaine
résistance. Je ne sais pas si la poubelle lui résiste parce que
c'est généralement la... Oui, on va aller vous transmettre...
Une voix: Le député peut déposer le
document?
Le Président (M. Chagnon): Le député
dépose le document en question. Est-ce que madame... Vous êtes de
l'ORH, je présume? Est-ce que vous pourriez vous nommer, s'il vous
plaît, pour le bénéfice de nos futurs lecteurs qui liront
le Journal des débats dans les années à venir?
Mme Charette: Nicole Charette.
M. Camden: Et peut être avant que Mme Charette - c'est
ça? - prenne la parole, vous savez, ça ne sera pas imprimé
sûrement sur ie même type de papier au Journal des
débats. Mais, vous savez, M. le Président, ce
papier-là, généralement, il a une finalité. Il se
ramasse à la poubelle parce que, généralement, il y
a...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: II m'apparaîl assez rare que les gens qui
octroient, qui obtiennent l'emploi l'encadrent, d'une part, et ceux qui ne
l'obtiennent pas ne le conservent pas non plus. Alors,
généralement, vous savez, ça finit à la poubelle.
Je m'interroge très sérieusement sur le coût de ça
qui m'apparaît... Chaque fois, je suis un peu stupéfait lorsque je
reçois ça à mon bureau. Je suis évidemment bien
heureux d'être au fait de ces publications de postes, sauf qu'il
m'apparait qu'on pourrait peut-être faire ça sur d'autre papier,
un autre type de papier plus économe.
M. Johnson: Un début de réponse avant de laisser,
le cas échéant, Mme Charette compléter. En
général, ce sont des pièces qui sont affichées
comme on en voit un peu partout dans les édifices gouvernementaux.
Alors, ça prend, si on veut être pratique, une certaine
solidité pour ne pas que ça «s'échiffe». Je ne
sais pas si c'est le terme exact.
Par ailleurs, ça doit, si on veut être sérieux,
attirer un petit peu l'attention. Je ne pense pas qu'on verse dans le luxe et
l'exagération visuelle, dans le cas qui préoccupe le
député. Mais je suis prêt à reconnaître
là que, partout, il y a des efforts à faire, qu'il n'y a
pas de petites économies. C'est ça le message du
député de Lotbinière, j'en suis profondément
convaincu et je partage son avis à cet égard-là.
Nous tentons de dresser une liste exhaustive des petites
économies qui, évidemment, s'additionnent et font en sorte qu'on
peut parler d'économies substantielles. On tente de le faire ces
jours-ci au Secrétariat du Conseil du trésor. On se pose toutes
sortes de questions. On regarde attentivement. On le fait périodiquement
et, là, on refait l'exercice, on regarde attentivement chaque poste de
dépenses, chaque achat, chaque geste. Si on parle de qualité de
services, on parle d'économies également comme réflexe
qu'on doit avoir. On peut regarder ça aussi, je pense bien. Il y a
peut-être... Peut-être que Mme Charette désire
compléter, dans le cas qui nous occupe.
Mme Charette: Je pense... Effectivement, c'est dans les
présentoirs. C'est dans les centres Travail-Québec, dans les
centres d'emploi du Canada, donc, en compétition, j'allais dire, avec
les affiches provenant d'autres employeurs. C'est dans les bureaux
régionaux de l'Office, incluant
celui de Québec, et, effectivement, étant donné que
ça tient sur des présentoirs à journaux, ça prenait
quand même un papier qui ne glisse pas par terre. Pour ceux qui auraient
le goût de le jeter dans la poubelle, on a des poubelles de recyclage
juste à côté aussi dans tous ces endroits-là.
M. Camden: Vous comprendrez bien, M. le Président, que
ça ne m'a pas convaincu.
M. Johnson: Ah! Que?
M. Camden: Je comprends bien la résistance du papier, vous
savez, au niveau de l'affichage, mais je constate... Vous savez, ici, je
déambule parfois dans les corridors du parlement ou dans des
édifices gouvernementaux et j'ai vu d'autres papiers, et ça avait
l'air à résister. Si ça ne résiste pas, il faudrait
peut-être fermer les portes parce qu'il y a des courants d'air.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: Peut-être que l'affichage n'est pas au bon
endroit. Il faudrait peut-être changer les panneaux, et ça sera
peut-être plus profitable en quantité de papier.
M. Johnson: Quand même! (18 h 50)
M. Camden: Moi, je demeure convaincu, vous savez, qu'on pourrait
peut-être modifier la qualité de papier et ça
résisterait aux coups quand même, parce que je regarde ici,
là, j'en ai un entre les mains: période d'inscription du 11 avril
au 28 avril. Alors, bref, là, la période de résistance
dans le corridor...
M. Johnson: Ha, ha, ha! M. Camden: ...17 jours. M.
Johnson: Ha, ha, ha!
M. Camden: Sinon, on va être obligés de les
cartonner. Ce n'est pas 17 mois, à mon avis. Alors, ça ne
m'apparaît pas fondamental.
M. Johnson: Non, d'accord.
M. Camden: Je voudrais également vous demander,
là... J'ai pris connaissance de documents qui sont intéressants
quant à l'information qui circule, L'Étincelle, le journal du
personnel de l'Office des ressources humaines, c'est défrayé par
l'ORH je présume?
M. Johnson: Oui.
M. Camden: Est-ce que c'est... J'ai constaté ailleurs
qu'il y avait d'autres dépliants comme ça. Ça coûte
combien à produire par année?
Mme Charette: Dans la pochette d'information, à la
question 2, on a 6719,16 $ de publication pour 450 copies et 11 numéros
par année. C'est un...
M. Camden: Moi, je vous avouerai que, là aussi, on
pourrait faire des économies de papier et peut-être changer de
type de production. On reçoit des brochures, vous savez, on
reçoit de l'information et d'autres documents qui circulent un peu
partout sur la scène internationale, et le papier est de moins bonne
qualité que celui-là, et je ne suis pas sûr... En tout cas,
j'ai constaté qu'il y avait un dépôt légal. Alors,
probablement, évidemment, que la Bibliothèque nationale le
conservera fort bien, mais on pourrait peut-être faire ça sur un
autre type de papier; ça coûterait probablement aussi moins cher.
Ce sont aussi des petites mesures d'économie qui, un peu partout, font
boule de neige.
J'ai pris connaissance, et là, j'ai été un petit
peu plus surpris, de la brochure L'échange. Là, c'est
formidable. Là, on a le «top quality», papier
glacé... Ça m'apparaît avoir... mais il n'y a rien de
recyclé, là non plus, et c'est glacé, c'est en couleurs.
Donc, moi, quand je fais des dépliants électoraux, à
chaque fois que j'ajoute une couleur, ça augmente d'une façon
très appréciable. On m'a dit que quand je la mets sur la page
frontispice, j'attire l'attention, et quand j'ouvre mon document
électoral et que j'ai encore de la couleur, mon imprimeur m'a dit que,
là aussi, il était obligé de me charger des frais, parce
que si on changeait de feuille on changeait de page. Et là, je regarde,
à la page 2 ou 3, la couleur apparaît deux fois mais d'une
façon, vous savez... Le graphisme est bien pensé, bien
conceptualisé. Ça, je ne nie pas ça, je ne conteste
surtout pas ça, mais il y a deux petites taches de bleu dedans.
Ça doit avoir «minoté», merci, parce que, que vous en
mettiez grand comme un dix-cents ou que vous couvriez à peu près
la page de bleu au complet ou d'une autre couleur, ça ne change rien.
C'est ce que mes imprimeurs m'ont toujours dit dans l'impression de mes
documents à caractère électoral. C'est à peu
près les seules fois où on fait appel à ces
choses-là.
Donc, il m'apparaît y avoir... Vous savez, on pourrait
peut-être modifier, avoir une approche distincte. Combien ça
coûte, ça, L'échange? Je conviens qu'il s'adresse
à une clientèle que j'ai lue à l'arrière,
là, qu'on appelle le personnel d'encadrement, et qu'on m'a laissé
entendre que c'était diffusé ailleurs, mais je pense qu'on
pourrait peut-être continuer à rendre cette information, à
la faire circuler, mais peut-être à la présenter d'une
façon différente, là. Je ne suis pas sûr que c'est
un document qui est de consultation quotidienne non plus. On pourrait
peut-être... On n'a pas, je pense, de concurrence à exercer
là. Le dépliant ne vient pas en concurrence avec une autre revue,
à ma connaissance.
Ce n'est pas Time, ce n'est pas L'Actualité, ce
n'est pas Paris Match, et on pourrait probablement faire des petites
économies, encore là, qui, somme toute, finissent par faire boule
de neige. Vous savez, je ne m'acharne pas sur vous autres
particulièrement. Aujourd'hui, c'est vous autres. Ce soir, je
déterrerai probablement des choses au Revenu, et je déterrerai
probablement, au cours des prochaines journées... J'en ai trouvé
également pour le MLCP. Alors, ça va être de toute
beauté, là aussi. Mais je pense que c'est autant de mesures qu'on
peut appliquer en frais d'économie. Combien ça coûte, ce
dépliant-là?
Mme Charette: 5000 $ pour 4 numéros publiés
à 6725 copies. Alors, ça fait 26 000 copies pour 5000 $.
M. Johnson: 0,20 $ chaque. Mme Charette: Oui, 0,18 $
M. Camden: Vous trouvez que 0,20 $, ce n'est pas cher, M. le
ministre...
Mme Charette: 0,18 $ chaque.
M. Camden: ...ou vous trouvez que...
M. Johnson: Je vous dis juste combien ça coûte. Je
ne vous dis pas si c'est cher ou pas. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: Votre commentaire me laissait un peu perplexe.
M. Johnson: Non, non, j'essaie de mettre les choses en
perspective, mais je salue l'effort de recherche d'économie de mon
collègue de Lotbi-nière. Comme je vous le dis, il n'y a pas de
petites économies. Ça me permet... Juste un commentaire comme
ça, en passant. Je ne veux pas bouffer l'horloge, là. Je voyais
une représentante syndicale qui se promettait de dénoncer les
gaspillages de fonds publics. J'ai assez hâte, personnellement, que
ça se fasse, là, que tous les gens qui veulent attirer notre
attention sur des économies possibles le fassent. Alors, on ne peut pas
être partout là où sont 400 000 personnes. C'est sur les
lieux de travail que les gens voient exactement ce qui se dépense, ce
qui se fait et le potentiel de chaque économie. C'est les bureaux des
députés qui reçoivent la documentation et qui ont à
la traiter, qui voient si, oui ou non, on fait attention avec les fonds
publics. Ce sont les bureaux de nos municipalités qui reçoivent
des envois gouvernementaux, ce sont les entreprises qui voient les envois
gouvernementaux. Si on dit: Ah! franchement, ils exagèrent un petit peu
avec ce papier-là, puis les quatre couleurs, broché,
relié, etc. Ils mettent ça au panier, et ça n'a rien
donné. S'ils trouvent que ce n'est pas une bonne utilisation des fonds
publics, ils doivent le dire à chaque fois. Les gens qui ne
dénoncent pas le gaspillage sont complices de l'explosion des
dépenses publiques.
Le Président (M. Chagnon): Merci, M. le président.
M. le député de Lotbinière?
M. Camden: Alors, dans le concept... D'abord, vous avez le
document à l'étude des crédits. C'est déjà
beaucoup mieux et beaucoup plus sobre, et on doit vous en féliciter. On
ne le fait pas, parfois. On n'a pas que des torts.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que c'est la CARRA qui
vous aurait fait, vous, penser...
M. Camden: Ah! là, il faudrait fouiller! M. le
Président, est-ce que le président du Conseil du trésor
pourrait m'indiquer à quoi il impute ces augmentations au niveau de
l'Office des ressources humaines: Fonctionnement-Autres dépenses,
à 3, communication, là? On connaît une augmentation en
1992-1993. Est-ce qu'on anticipe créer et ouvrir plus de postes cette
année et en communiquer davantage?
M. Johnson: Une augmentation de combien, M. le
député, est en cause, là? Je m'excuse de ne pas
avoir...
M. Camden: On passe de 839 000 $ à 840 000 $.
M. Johnson: 1000 $.
M. Camden: Je présume que c'est de 839 000 $ à 840
000 $. Oui, il y a une augmentation. Donc...
M. Johnson: De 1000 $.
M. Camden: ...de 1000 $. Je m'interroge, vous savez, à
l'égard de l'accroissement des frais de communication dans le même
sens des documents auxquels je vous ai référé tout
à l'heure. Je pense qu'on pourrait peut-être faire des choix,
rationaliser...
M. Johnson: Qu'est-ce que ça recouvre, cette
priorité-là? C'est des annonces...
M. Camden: ...et être peut-être plus sélectif.
Est-ce que... Si je comprends bien, le message qui est
généralement véhiculé, c'est qu'on songe à
réduire des effectifs peut-être par voie d attrition. Et
là, on semble, par voie de communication, vouloir en annoncer davantage.
Est-ce que je suis sur la bonne voie?
M. Johnson: Oui, l'attrition, c'est une chose mais c'est un
phénomène, comment dire... Il y a
un taux de roulement constant, là, dans la fonction publique, et
on est constamment en recrutement. On constitue des banques, évidemment,
de déclarations d'aptitude; il y a des concours qui se tiennent
périodiquement pour s'assurer qu'on ait les gens qualifiés,
éventuellement, parmi lesquels on peut aller choisir du personnel en cas
de départ de certaines personnes.
Si je comprends bien, écoutez, c'est le même montant que
l'an dernier qui est en cause, là. C'est essentiellement les frais de
publication de toute nature, donc, de publicité dite obligatoire qu'on
doit faire en recrutement, des placards dans les journaux, des choses comme
ça. C'est ça que ça recouvre essentiellement, ce poste de
dépenses. Alors, il est assez stable, finalement, là. À
1000 $ près sur 830 000 $, on parle de un huitième pour cent de
différence.
M. Camden: J'en observe d'autres dans la colonne, ici, de
chiffres, là...
M. Johnson: Oui.
M. Camden: ...puis les autres, ils baissent. J'observe qu'au
niveau du service il y a une légère diminution. J'observe qu'au
niveau de l'entretien il y a une diminution. J'observe qu'il y a une
légère diminution également au niveau des loyers, qu'il y
a stabilité au niveau de la fourniture.
M. Johnson: C'est très mécanique. Il y a des
exigences. Évidemment, les responsabilités de l'ORH
l'amènent à annoncer, d'une certaine façon, dans tel
média, d'imprimer les offres d'emplois, les dates de concours, les avis,
etc. Alors, on paie les frais, évidemment, que les petites annonces
classées nous réclament dans les différents journaux.
Ça échappe essentiellement à notre contrôle. On
essaie de respecter les règles de l'art pour que ce soit lisible. Pas
trop petit, mais pas trop grand pour ne pas que ce soit une grosse
dépense, pour que les informations soient compréhensibles.
Ça prend l'espace que ça prend. On fait attention à tous
égards mais, encore une fois, dans le même sens que vos
commentaires de tout à l'heure, moi, personnellement, j'en prends note
pour m'engager à voir ce qu'on peut faire, à ce titre-là
aussi, pour réduire les dépenses publiques. (19 heures)
M. Camden: Pouvez-vous m'indiquer, M. le Président,
quelles sont les distinctions, là, chez vous, à l'ORH, concernant
la Direction des services à la gestion versus - on voit - les
communications?
M. Johnson: Mme Charette.
Mme Charette: Le service des communications est à
l'intérieur de la Direction des services à la gestion. C'est un
des services qui sont offerts aux gestionnaires, au personnel de l'Office.
Donc, à l'intérieur de la Direction des services à la
gestion, vous retrouvez la gestion financière, la gestion
matérielle, la gestion du personnel et les communications.
M. Camden: II y a combien de monde aux communications?
Mme Charette: Aux communications, 3 ou 4 personnes, 9 sur 28
à la Direction des services à la gestion.
M. Camden: Combien y produit-on de documents par année de
divers types, là? Parce que si, en considérant que ça,
c'est un type, L'échange est un type, L'étincelle
est un type...
Mme Charette: Les appels de candidatures dans les journaux, c'est
une autre activité de ce service-là. C'est une activité de
tous les jours, en fin de compte. La production d'Info-Carrière
aussi, qui est distribué à tous les employés de la
fonction publique et qui coûte... Oui, c'est ce que vous avez sous la
main. C'est une activité de ce service-là. Ce document-là
sort 46 à 50 fois par année. Les autres journaux, vous les avez,
les autres publications, vous les avez identifiées, parce que vous en
avez une copie sous la main.
M. Camden: D'ailleurs, de ce type-là de
d'Info-Carrière, je vous félicite parce que lui aussi
finit par finir dans les poubelles ou au recyclage, espère-t-on, et il
suit généralement de près l'autre feuille du concours de
recrutement où ils s'y accompagnent tous les deux dans cette
filière qu'on dit universelle.
Je voudrais, M. le Président du Conseil du trésor, que
vous m'expliquiez peut-être là, au niveau de l'Office des
ressources humaines, quand on dit en page... je ne sais trop quoi là,
parce qu'elle n'est pas identifiée...
M. Johnson: Vous rendez ma tâche difficile.
M. Camden: Ah! Évidemment, j'aurais voulu vous la
faciliter, mais si on prend ce document qui est intitulé Étude
des crédits 1992-1993, alors, 1 et 2, 3, 4, 5, 6, bref, autour de
ça, c'est inscrit: budget 1992-1993, budget 1991-1992...
Le Président (M. Chagnon): Le document n'est pas
paginé. C'est ça qui cause le problème.
M. Camden: C'est exact. On vous félicite pour votre
perspicacité, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: La gratification au départ des employés,
qu'est-ce que ça signifie?
M.Johnson:La?
M. Camden: Gratification au départ des
employés.
M. Johnson: Oui, madame, oui.
Mme Charette: Oui, il y a deux types de gratification. C'est
lorsque les employés quittent la fonction publique, on leur remet
l'équivalent en argent de 50 % de leur banque de congés de
maladie et 100 %, évidemment, de leurs congés annuels. C'est ce
qu'on regroupe, ces deux versements-là qu'on regroupe sous
gratification.
M. Camden: À quoi attribuez-vous cette augmentation?
Est-ce qu'on a davantage de gens qui nous quittent en cette année
1992-1993?
M. Johnson: Effectivement.
Mme Charette: Oui. L'augmentation, en fin de compte, est due
à certaines conditions de travail. Des gens, peut-être au
niveau... une hausse de la participation de l'employeur aussi.
M. Camden: Est-ce que vous prévoyez que la tendance va se
maintenir dans le cadre des prochaines années?
Mme Charette: Je ne sais pas.
M. Camden: Vous ne sauriez pas dire.
Mme Charette: Ça dépend de ce qui sera
négocié.
Une voix: C'est ça.
M. Camden: Sur un autre sujet, en dehors des publications, est-ce
que M. le Président du Conseil du trésor pourrait nous indiquer,
à l'égard des politiques d'embauché des ministères
et également de l'ORH... J'ai porté récemment à
votre connaissance une correspondance qui vous était adressée
également à la présidence de l'ORH sur les politiques du
ministère et de l'ORH, à savoir: surveiller les ministères
qui, dans le cadre de l'embauche de personnel dans de nouvelles directions
régionales, suite, évidemment, au remodelage de toutes les
régions administratives au Québec... Comment se fait-il qu'on
n'ait pas surveillé, qu'on n'ait pas porté une attention
particulière à l'effet qu'on limite parfois à quelques
MRC, qui sont des composantes de cette nouvelle région administrative,
les possibilités de postes, d'ouverture de postes dans le cadre de
concours, alors qu'on devrait, dans le cadre de ses responsabilités,
évidemment, donner un accès, à mon avis, beaucoup plus
large et l'ouvrir à l'ensemble de la région administrative? Des
choix ont été faits à l'égard de
l'établissement de bureaux régionaux, ce qui, à mon avis,
ne devrait pas constituer un handicap, un frein et permettre à des gens
de l'ensemble de cette région-là de postuler des emplois au sein
de ces bureaux régionaux.
M. Johnson: Oui, M. le député. Évidemment,
on doit avoir à l'esprit...
Le Président (M. Chagnon): M. le ministre, vous vous
adressez toujours à la présidence.
M. Johnson: Même en commission parlementaire?
Le Président (M. Chagnon): Même en commission
parlementaire.
M. Johnson: Avec mes excuses les plus entières, M. le
Président. M. le Président, comme le disait si sagement le
député, il est intéressant de voir comment on assure... Il
y a deux principes là-dedans. L'accès, évidemment,
à la fonction publique par tous les Québécois, c'est le
principe de fond qui est dans la Loi sur la fonction publique. Par ailleurs,
l'autre principe veut qu'on trouve une façon de doter les postes et de
déterminer les bassins de recrutement qui soit également
raisonnable et réaliste dans les circonstances. Alors, dans ce dernier
cas, compte tenu du grand principe quand même, il y a un règlement
sur la tenue des concours en vertu de la Loi sur la fonction publique,
règlement pris en vertu de la loi qui prévoit que l'ORH peut
décider de la zone géographique qui constituera le bassin
d'origine des candidats éventuels, en tenant compte de la
mobilité des bassins de main-d'oeuvre, de l'attraction d'un nombre
suffisant de personnes admissibles et des caractéristiques de l'emploi
à combler.
Alors, on essaie de marier de façon réaliste, compte tenu
du poste à combler, un bassin à l'intérieur duquel on
trouvera quelqu'un qui fera le travail, qui pourrait être qualifié
pour faire le travail en cause. À la limite, on pourrait, oui, dans une
grande région, pour un emploi de niveau d'entrée dans la fonction
publique, par exemple, en Montérégie, avec emploi à
Valley-field... À toutes fins pratiques, est-ce qu'on doit
élargir ça à l'ensemble de la Montérégie,
demander à des gens de Sorel, de Granby, d'un petit peu partout,
Saint-Jean d'Iberville, de faire application, de se porter candidat? Ou est-ce
qu'en général on n'essaie pas de marier ça de la
façon la plus adéquate possible? C'est ça qui est en
cause. Ça dépend des postes. Ça dépend de
l'évaluation que l'ORH fait de l'importance du bassin, des
qualifications qu'on peut y retrouver. Je comprends que les cas précis
qu'on peut, comme député, avoir à l'esprit, ont trait au
fait que, souvent, pour une assignation à un poste dans un comté
voisin, la définition fait en sorte que notre comté
échappe au bassin qui est défini par l'ORH pour les fins du
concours. Il faut
tracer une ligne quelque part, par ailleurs. C'est évident
qu'à la frontière il y aura toujours des difficultés qui
peuvent survenir. Mais, du point de vue de l'Office des ressources humaines, on
tente de définir un bassin qui va correspondre à des chances
raisonnables de trouver quelqu'un à l'intérieur du bassin, pas
l'élargir indûment.
Si vous voulez voir ce que ça peut signifier, un concours
à la grandeur du Québec, celui des contrôleurs routiers -
on revient toujours au même exemple - c'est 35 000 personnes qui
postulent pour 130 emplois, et ça fait beaucoup de monde à
gérer. Mais, dans ce cas-là, ça devrait être un
concours ouvert, évidemment, à la grandeur du Québec.
C'est moins évident pour un emploi peut-être dans un sous-centre
de voirie, qu'on doive ouvrir ça à la grandeur d'une
région administrative, du Québec ou de quoi que ce soit. Alors,
on essaie d'être juste. C'est ce que l'ORH a comme mandat.
M. Camden: M. le Président, est-ce que je pourrais
peut-être suggérer au président du Conseil du trésor
et peut-être à l'ORH, que ce que je verrais d'un bon oeil, c'est
peut-être qu'on procède à l'achat de quelques compas et
qu'on fasse des points sur la carte, avec des cercles. Ça nous
permettrait, peut-être, de prendre connaissance du rayon. On
découvrirait peut-être parfois que le comté voisin...
M. Johnson: Est plus proche.
M. Camden: ...et, par le fait même, une MRC parfois, qui
est différente, est probablement plus près que les deux MRC
décrites dans l'appel d'offres lui-même, même si elle est la
plus éloignée de ces MRC. L'autre jour, j'ai eu le plaisir de
voir qu'à l'Agriculture ils faisaient usage des compas quant au choix de
leurs bureaux régionaux. Ça m'apparaissait
élémentaire, mais intéressant, et ça nous donne une
perspective visuelle des distances géographiques. C'est peut-être
une pratique à s'inspirer et à utiliser, parce que ça
m'apparaît être discriminatoire à bien des égards
quant aux possibilités de postuler des emplois. (19 h 10)
II y a des gens de ma région qui avaient des possibilités
d'aller postuler des emplois pour un poste bien précis - et,
manifestement, ça a été difficile, je ne suis pas
sûr que ça ait été compris par tout le monde - qui
était, à toutes fins pratiques, à 15 ou 20
kilomètres, mais ils viennent déjà travailler à
Québec, dans la fonction publique, à 50 kilomètres. Alors,
de se voir passer au nez à 15, 20, 25, 30 kilomètres des
possibilités d'emploi, comprenez bien qu'il y a un certain
questionnement de leur part, et le député veut bien se faire le
porte-parole de ces gens et traduire aussi ses inquiétudes et ses
interrogations, d'autant que, lorsque la MRC voisine et les MRC voisines se
retrouvent dans la même région administrative, à mon sens,
il devient à ce moment-là d'une certaine évidence que
ça devrait être ouvert à l'ensemble de ces gens.
Une voix: D'accord.
M. Camden: Considérant qu'ils sont déjà
disposés à s'éloigner de 50 kilomètres et à
accepter les conditions de déplacement sans faire appel, toujours,
à cette politique des neuf mois auxquels bénéficient les
ports d'attache...
Une voix: Non, non.
M. Camden: Nullement sans se prévaloir de ces
possibilités, puisqu'ils sont de nouveaux postulants, ils acceptent au
départ la condition. À partir du moment où, à mon
sens, on accepte de déposer son offre de candidature, c'est qu'on
accepte au préalable de se déplacer ou d'aller s'établir
dans cette localité pour occuper la fonction.
M. Johnson: Oui, M. le Président, je prends acte de
ce souhait du député qui est parfaitement logique,
légitime, puis raisonnable et je peux comprendre que c'est difficile
à expliquer. Ça m'apparaît inexpliquable, par exemple,
auprès d'un citoyen qui est plus près du lieu de travail
éventuel qu'un concurrent, entre guillements, qui, lui, est beaucoup
plus loin parce qu'il est dans la MRC heureusement choisie, de se voir exclure
de cette recherche d'employés. Ce n'est donc pas exclu. Il est donc
possible - c'est ce que je comprends - que, dans la plupart des cas, on puisse
dessiner un bassin qui tienne compte de la proximité géographique
plutôt que de découpages administratifs, de MRC ou de quoi que ce
soit.
M. Camden: Peut-être en terminant, M. le Président,
tout simplement indiquer au président du Conseil du trésor et
à l'ORH que, probablement, on ne peut pas imputer tous les torts, dans
ce cas-là, à l'ORH, mais que le ministère qui était
en appel et qui avait besoin de clientèle, lui non plus, est loin
d'avoir les pattes blanches, qu'il a probablement une bonne part de
responsabilité à cet égard-là et que la politique
du compas et la pratique du compas...
M. Johnson: Oui.
M. Camden: ...c'aurait probablement dû être
utilisé peut-être au premier chapitre par ces gens-là, qui
auraient donné des indications très éclairées
à l'ORH aussi, d'autre part. J'aurai l'occasion, vous savez, au cours
des prochains jours, de revenir sur ce dossier-là avec le
ministère concerné.
M. Johnson: Oui, M. le Président, j'ajouterais d'ailleurs
qu'à la lumière de récents propos
dont L'Actualité a fait état, sur un mécanisme de
sélection de candidatures lorsque le nombre de candidats est trop
élevé, on peut concevoir que le compas pourrait avoir un
très grand rayon en donnant aux gens qui sont situés à
l'intérieur de ce rayon les mêmes chances, les uns et les autres,
d'obtenir l'emploi postulé, si on peut réduire
l'échantillonnage, le nombre de candidatures par des moyens techniques
qui respectent les principes d'équité, évidemment, et
d'égalité de tous. Alors, je prends votre commentaire en
très bonne part comme un souhait réel de la part de la deputation
au nom de vos concitoyens.
Le Président (M. Chagnon): Vous avez terminé, M. le
député de Lotbinière?
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Chagnon): Merci. Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Oui. Alors, juste une autre question
générale. Après ça, une question très
précise parce que le temps, malheureusement, passe.
Je reviens sur la présence des femmes dans les postes de cadres
supérieurs, intermédiaires, etc., pour constater
qu'effectivement... Je n'ai pas les données en ce qui concerne le
Conseil du trésor - j'ai bien refouillé - à moins que je
ne les aie pas trouvées. D'autre part, à la Commission
administrative des régimes de retraite, on doit faire la comparaison
nous-mêmes, parce qu'elle n'est pas faite, par rapport au personnel
général. Il y aurait matière à amélioration
de ce côté-là, hein? Bon! Évidemment, pour les
autres groupes aussi dont le président mentionnait l'absence,
particulièrement les personnes handicapées, mais, dans le cas des
femmes, je n'oublie jamais que nous formons 52 % de la population. Nous sommes
donc la majorité. Alors, ça devrait se refléter quelque
part.
Je veux venir sur un cas précis qui a fait l'objet de pas mal
d'interventions publiques depuis quelque temps, et c'est le cas de M. Gilbert,
à la Commission de la fonction publique. Je suis persuadée que
les gens de la Commission doivent en être informés. Je vais
reprendre les éléments de la problématique.
M. Johnson: Madame, je m'excuse. Je vous dis tout de suite que je
vais vous dire que ça relève de l'Exécutif.
Mme Marois: Bien, la Commission de la...
M. Johnson: Alors, je suis disposé à vous
écouter mais, enfin, je vous indiquerai que ça relève de
l'Exécutif, comme ça doit, d'ailleurs, comme ça doit.
Mme Marois: Oui, mais le cas a été entendu par la
Commission de la fonction publique...
M. Johnson: Oui, je veux bien. Bon.
Mme Marois: ...et on nous dit que des arbitres doivent être
nommés à la Commission de la fonction publique autour de cette
question-là. Alors, moi, je veux bien, si on me dit que ça ne
dépend pas de la Commission de la fonction publique. Si ça
dépend de quelqu'un d'autre, parfait. On va passer aux autres questions
que j'ai, là, parce que je ne suis pas...
Le Président (M. Chagnon): M. Gilbert, pour le
bénéfice de ma cause...
Mme Marois: M. Gilbert est un ingénieur qui a vécu
un certain nombre de déboires depuis 1983, alors qu'il a
été à l'emploi du Conseil exécutif. Il a
été mis en disponibilité, en congé de maladie, et
il a été poursuivi pour fraude, il a même été
congédié, sauf qu'il a été acquitté, en
novembre 1991, des plaintes qui avaient été portées contre
lui. Il a donc demandé sa réintégration dans la fonction
publique, et sa demande devait être entendue par la Commission de la
fonction publique au début du mois d'avril, mais a été
reportée, nous a-t-on dit, faute d'arbitre pour l'entendre. Il y a
plusieurs intervenants qui ont été impliqués dans ce cas,
la CARRA, le Protecteur du citoyen, mais ce qu'il faut savoir, et je pense que
c'est important...
Le Président (M. Chagnon): ...je sais que j'aurai cette...
nous partagerons la même idée. Je fais juste vous suggérer
de faire attention à la façon dont on approche un cas personnel
en public. Ça peut être très délicat.
Mme Marois: Je sais ça. Non, je suis très
consciente de ça. Vous avez remarqué que j'ai suivi assez
à la lettre un certain nombre de notes que j'avais prises sur cette
situation-ià pour rester dans les questions que je voulais soulever,
pour ne pas en sortir. Bon, enfin, les faits sont ceux, en tout cas, que j'ai
mentionnés. Je ne crois pas que j'erre en les mentionnant. Or,
actuellement, on ne serait pas en mesure de l'entendre à la Commission
de la fonction publique. Est-ce que c'est juste, cette situation-là?
M. Johnson: oui, mme la députée. je demanderais
à m. jean-noël poulin, qui est président de la commission,
de répondre à votre question.
Le Président (M. Chagnon): Alors, M. Poulin.
M. Poulin (Jean-Noël): Effectivement, M le Président,
il y a déjà quelques mois, j'ai mis au
rôle des audiences de la Commission le cas de M. Gilbert,
étant donné qu'il s'agit d'un cas de congédiement.
Mme Marois: C'est ça.
M. Poulin (Jean-Noël): La Commission est toujours
très consciente, elle en fait un cas de priorité, parce que les
personnes qui font appel, dans des cas comme ça, évidemment, sont
sans travail.
Mme Marois: Voilà, et sans revenus... M. Poulin
(Jean-Noël): Sans revenus. Mme Marois: ...bien sûr.
M. Poulin (Jean-Noël): Dans l'espoir de voir
éventuellement un commissaire à qui j'aurais pu confier la
responsabilité, je suis allé au devant, un peu, des
événements, pour fixer quelques semaines auparavant l'audience de
cette cause-là au 1er ou 2 avril dernier. Malheureusement, les
circonstances ont fait qu'il n'y a pas eu de désignation qui nous
permettrait d'affecter un commissaire à la cause, et je l'ai remise
jusqu'à ce qu'il y ait un commissaire de disponible.
Mme Marois: Bon. Alors, je pense que M. Poulin le mentionne
lui-même, il y a vraiment un risque, là, assez évident de
déni de justice, parce que je pense que, peu importent les circonstances
et tout le reste, il a été acquitté, il a le droit
d'être entendu dans des délais raisonnables, et ça fait
déjà quelques années, pas seulement un an ou deux, que ce
monsieur est sans revenus et dans une situation très difficile. Alors,
je pense qu'il était pertinent que l'on puisse soulever ce type de
question, M. le Président, ici, parce que ça concerne la vie d'un
concitoyen qui considère actuellement qu'il est lésé dans
ses droits. Je pense qu'il faudrait faire diligence pour qu'au moins il soit
entendu.
Alors, j'ai bien compris que c'était le cas et que ce serait fait
le plus rapidement possible? (19 h 20)
M. Johnson: Ce doit être entendu dès que, comme
l'indiquait M. Poulin, un commissaire pourrait être nommé, donc,
serait rendu disponible pour écouter la cause. Ça ne devrait pas
tarder.
Mme Marois: Bon. D'accord. Je veux revenir sur les
dépenses de publicité...
M. Johnson: De?
Mme Marois: ...documents qui nous ont été
présentés par le Conseil du trésor. On nous dit: Le
coût de la publicité obligatoire a été de «6
449 000 $» et on estime ce coût plus élevé.
évidemment, en 1992-1993. De quoi s'agit-il, quand il s'agit de
publicité obligatoire?
M. Johnson: Au ministère des Communications?
Mme Marois: Attendez un peu. Non. Non, non. C'est au Conseil du
trésor. Je veux revenir à ma note de base, là.
M. Johnson: 6000 $. Je m'excuse, madame. Oui, oui.
Mme Marois: Ah! excusez-moi. Non, j'ai dit «6 000 000
$». Ah! c'est ça qui vous a étonné. Ah! d'accord!
C'est parce que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: L'habitude. Oui, oui.
Mme Marois: Oui. Vous avez raison. C'est parce qu'on
prévoit passer à 14 400 $ pour 1992-1993 par rapport à
1991-1992. Alors, ça apparaît quand même... Ce ne sont pas
des millions, mais, quand même, ça apparaît assez important
comme coût, comme augmentation, là. C'est presque deux fois et
demi. Non. Deux fois. Un peu plus de deux fois.
Le Président (M. Chagnon): Peut-être pourrions-nous
répondre à la question de Mme la députée, et
j'inviterais ensuite Mme la députée à conclure, ainsi que
M. le Président du Conseil, avant de passer à la mise aux voix de
l'adoption des crédits programme par programme.
M. Johnson: Oui. D'abord, pour un premier élément
de réponse, en ce qui regardait la répartition
masculine-féminine par corps d'emploi, question 16 soumise par
l'Opposition...
Mme Marois: Oui. Tout à fait.
M. Johnson: Alors, si vous voulez en prendre note, je pourrai
vous le distribuer, mais femmes-hommes dans l'ordre. Pour les hors cadres, 0 et
5; chez les cadres, 8 femmes, 37 hommes; chez les professionnels, 47 femmes et
97 hommes; chez les techniciens, 7 techniciennes et 38 techniciens; personnel
de bureau, toutes des femmes et, au total, évidemment, 119 femmes et 177
membres du personnel masculin, parmi le personnel régulier, c'est ce que
je donnais, et, au global, 21 occasionnelles féminines et 3 hommes
à titre occasionnel.
Mme Marois: Alors... M. Johnson: Deuxième...
Mme Marois: ...mutatis mutandis. Les remarques que je faisais
pour d'autres organismes
s'appliquent au Conseil du trésor.
M. Johnson: Absolument. Absolument, madame. Si vous voulez. Par
ailleurs, en ce qui regarde la question de la croissance...
Mme Marois: Oui. C'est une publicité obligatoire. Est-ce
que c'est des décrets qu'on doit rendre publics? Est-ce que c'est des
appels d'offres? Qu'est-ce que c'est? Parce que ça passe de 6 000
$à14 000 $,là.
M. Johnson: Oui. À la question 4, évidemment, les
chiffres se retrouvent à la question 4. Nous fournissons la
réponse que nous envisageons deux appels de candidatures de plus que
l'an dernier. Comme je l'ai indiqué, nous prévoyons un certain
recrutement, une augmentation de certains effectifs dans trois de nos services,
notamment, ce qui nous amène à croire qu'on devra au moins
afficher ou faire savoir, faire de la publicité afin de combler ces
postes, plus que nous n'avions à le faire l'an dernier.
Adoption des crédits
Le Président (m.
chagnon): alors, je vous remercie.
je vais vous demander... on va voter les crédits et, ensuite, on passera
aux conclusions. ça va être plus simple. est-ce que les
crédits du programme 1 du conseil du trésor, gestion
budgétaire et politiques administratives, sont adoptés?
Une voix: Adopté. M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que les crédits
du programme 1 des organismes relevant du ministre délégué
à l'Administration et à la Fonction publique, Commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances, sont
adoptés?
Mme Marois: Adopté. M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que les crédits
du programme 2, Commission de la fonction publique, sont adoptés?
Mme Marois: Adopté. M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que les crédits
du programme 3, Office des ressources humaines, sont adoptés?
Mme Marois: Adopté.
M. Johnson: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Est-ce que les crédits
du programme 4, Contributions du gouvernement à titre d'employeur, sont
adoptés?
M. Johnson: Adopté. Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): C'est adopté. Est-ce que
les crédits du programme 5, Régime de retraite des enseignants,
sont adoptés?
M. Johnson: Adopté. Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): C'est adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du Conseil du trésor et
des organismes relevant du ministre délégué à
l'Administration et à la Fonction publique pour l'année
financière 1992-1993 sont adoptés?
M. Johnson: Adopté. Mme Marois: Adopté.
Le Président (M. Chagnon): Alors, les crédits
budgétaires du ministère sont adoptés. Je vous
demanderais, d'abord, Mme la députée de Taillon, peut-être
de conclure quant à ces travaux. Ensuite, je demanderai aux membres de
la commission et aussi au président du Conseil du trésor
peut-être de conclure quant aux travaux de la commission.
Mme la députée...
Conclusions Mme Pauline Marois
Mme Marois: Bon, alors, je pense que nous avons fait un tour de
piste d'un certain nombre de questions. Il reste cependant qu'à travers
les réponses fournies par le président du Conseil du
trésor, M. le Président, je reste toujours estomaquée de
la façon dont on semble vouloir gérer les politiques de
rémunération et les politiques salariales, de même que
l'ensemble que la gestion des personnels de la fonction publique.
Nous avons abordé la question des occasionnels. Nous aurions pu
aborder aussi la question des corrections salariales pour les professions
discriminées. J'ai toujours l'impression, quand j'entends les
réponses du président du Conseil du trésor, qu'on n'arrive
jamais à avoir une vision claire des orientations qui sont
privilégiées, de la planification que l'on fait, des
résultats que l'on atteint ou non, des corrections de tir qui sont
nécessaires à l'occasion compte tenu des résul-
tats, justement, que l'on a atteints ou pas. Ça ne reflète
peut-être pas la réalité qui est vécue
quotidiennement, quoique l'impression que j'en aie, ce soit que ça la
reflète, mais je ne retire pas de satisfaction dans les réponses
qui sont données par le président du Conseil du trésor,
qui tournent autour d'un certain nombre de questions. On ne finit pas par
savoir exactement s'il y a des politiques claires, quelles sont-elles et
comment elles s'appliquent. Alors, je continue de croire qu'on gère
souvent malheureusement à la petite semaine. Je continue de croire que
ce ne sont que des mots parfois, les politiques que l'on adopte à
l'égard, par exemple, des occasionnels ou de la qualité totale et
tout le reste, alors qu'on en aurait tellement besoin actuellement, M. le
Président.
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie beaucoup.
Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui veulent s'exprimer?
M. Johnson: Sinon...
Le Président (M. Chagnon): Alors, j'inviterais M. le
Président.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. Je remercie les
membres de la commission pour leur intérêt dans ces travaux. Le
contrôle parlementaire des dépenses publiques s'exprime de cette
façon-là.
J'ai été heureux de voir que nous avons pu repasser sur
les traces des travaux que certains des membres de la commission ont
menés au titre du contrôle des dépenses publiques cette
année, y compris vous-même, M. le Président, dans la
tâche ingrate de déposer en Chambre un projet de loi qui a
été rejeté par la présidence. Mais le geste a
porté, l'intérêt a été ainsi manifesté
de façon précise sur le rôle central que doit jouer, dans
la politique gouvernementale, le contrôle des dépenses publiques.
Donc, mes remerciements pour l'intérêt à tous les membres
de la commission, la porte-parole de l'Opposition et mes collègues du
côté ministériel.
Permettez-moi d'exprimer également mes remerciements à
l'endroit de tous les gens qui m'accompagnent. Vous avez vu des pointes
d'activité fébrile, à l'occasion de certaines de vos
questions, et vous avez également remarqué qu'il y avait
réponse sur toutes et chacune des questions que mes collaborateurs
pouvaient donc fournir a la commission et à ses membres. Je veux
publiquement remercier mes collaborateurs pour la qualité de leur
travail tout au long de cette dernière année et,
présumément, tout au long de l'année qui s'en vient.
Le Président (M. Chagnon): Je vous remercie, M. le
Président.
Madame, messieurs, je suspends donc nos travaux jusqu'à 20
heures. Merci.
(Fin de la séance à 19 h 30)
(Vingt heures six minutes)
Le Président (M. Gautrin): Nous allons ouvrir les travaux.
La commission du budget et de l'administration est réunie afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère du Revenu pour l'année financière 1992-1993.
Est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non.
Le Président (M. Gautrin): il n'y a pas de remplacement.
Bon! Alors, une période de quatre heures a été
allouée pour l'étude de l'ensemble des programmes relevant du
ministère du Revenu, deux heures ce soir, soit de 20 heures à 22
heures, et deux heures demain matin, soit de 10 heures à midi.
Organisation des travaux avant de passer à l'étude
des crédits, la commission doit préciser son mode de
fonctionnement. est-ce que vous préférez faire l'étude
programme par programme, selon l'ordre du livre des crédits, ou
procéder à une discussion d'ordre général avec un
vote à la fin? m. le député de taschereau.
M. Leclerc: M. le Président, si on se fie à
l'expérience antérieure et même à ce que j'ai
vécu depuis ce matin, il y a une tendance qui veut que l'on discute
assez librement et que l'on vote à la fin des quatre heures. Donc,
ça laisse tous tes sujets ouverts.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que ça vous
satisfait, M. le député de Montmorency?
M. Fllion: Oui, ça me convient, M. le
Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Ça va? Alors,
est-ce qu'il y a des allocutions d'ouverture?
Déclarations d'ouverture M. Raymond
Savoie
M. Savoie: Oui, on pourrait faire très rapidement...
Le Président (M. Gautrin): Merci bien.
M. Savoie: ...parce que je sais que la partie la plus pertinente,
évidemment, ne vient pas des commentaires d'ouverture mais plutôt
de vos questions et des réponses qui vous sont fournies.
Je voudrais, tout d'abord, présenter les gens qui nous
accompagnent. Comme vous pouvez le constater, pour nous, c'est très
important, cet exercice. Je pense que le nombre et la qualité des
personnes qui nous accompagnent pour cette importante réunion, ce soir
et demain matin, démontrent bien la volonté du ministère
du Revenu de bien servir non seulement l'Assemblée nationale, mais la
commission également, à qui, en passant, on réitère
notre invitation, pour la quatrième, cinquième, sixième
fois, à venir nous voir au ministère du Revenu et à
constater l'importance et la qualité non seulement du personnel, mais
également des infrastructures que nous possédons.
Alors, je suis accompagné par M. Bernard Angers, à ma
droite, sous-ministre en titre au ministère du Revenu, personnage bien
connu au gouvernement du Québec. Nous accompagnent également - je
pense que je vais tout simplement les nommer, ça va aller plus vite,
mais, pour les fins du dossier, je pense que ce serait important - MM.
Jean-Paul Beaulieu, sous-ministre adjoint à la planification; Bertrand
Croteau, sous-ministre adjoint et directeur du Bureau de la refonte; Denis
Rheault, sous-ministre adjoint aux systèmes d'information; Marcel
Robert, sous-ministre adjoint à la vérification; André
Brochu, sous-ministre adjoint à la législation; Alain Dompierre,
sous-ministre adjoint aux opérations; Jacques Fortier, directeur du
bureau du sous-ministre; Gilles Néron, directeur général
des services au public et à l'entreprise; Michel Vail-lancourt,
directeur général des ressources; Pierre-Paul Blais,
secrétaire du ministère; Pierre-Sarto Blanchard, adjoint
exécutif; Hieu-Duc Trin, directeur du budget; Mme Suzette Delisle,
direction du budget; MM. Marcel Savard, président de la Régie des
loteries et courses; Claude Gauthier, vérificateur interne; Michel
Gingras, directeur du Bureau des plaintes; Mme Michèle Lasanté,
qui, malheureusement, n'a pas pu être avec nous autres à cause
d'un décès dans sa famille, mais qui, peut-être, sera avec
nous autres demain matin - je l'ignore toujours; MM. André Gingras,
directeur général adjoint; Gilles Gosselin, directeur des
études, recherches et statistiques; Jean-Guy Lemieux, évidemment,
mon directeur de cabinet et, à ma gauche, M. Yves-Thomas Dorval et Mme
Sylvie Turcotte - je ne sais pas si elle est arrivée - de mon cabinet.
Si ma mémoire est fidèle, nous avons oublié aussi le
vice-président de la Régie, M. Albert Raymond, de même que
le secrétaire de la Régie, M... Carpenter, c'est ça. Je
m'excuse. (20 h 10)
Alors, très rapidement, après cette intro-
duction, tout simplement en cinq minutes, là, je veux vous
rappeler les grandes lignes pour mettre les choses un peu en perspective parce
que, effectivement, le ministère du Revenu, comme vous allez rapidement
le constater, est un organisme des plus importants pour le fonctionnement du
gouvernement. À partir d'un système d'autocotisation et de
mandataires, on va chercher auprès des contribuables quelque 28 000 000
000 $ annuellement, ou presque. Enfin, ça grossit avec le temps, mais
ça vous donne l'ordre de grandeur. On parle de 5000 fonctionnaires et de
1600, 1700 occasionnels qui varient selon l'importance. Et on fait cet
échange avec l'ensemble des Québécois et des
Québécoises. On va chercher cet argent-là à un
tarif d'à peu près 1,25 $ les 100 $. Ça joue
là-dedans, et c'est très compétitif, c'est très
avantageux. On se compare très facilement à l'ensemble des autres
systèmes qui existent dans le monde occidental avancé. Nous avons
un système d'ordinateur des plus complexes qui, j'en suis certain,
fascinerait l'ensemble des membres de la commission.
Alors, c'est le seul organisme au gouvernement du Québec qui ait
un échange annuel avec l'ensemble des contribuables. Ça n'existe
pas dans d'autres ministères. Et ce n'est pas un ministère non
plus, là, où on distribue, d'une façon
générale... Oui, mais, là, dans la Santé, il y a
tout un système para... la SAAQ... Non, plus la SAAQ, ah non! Le
ministère du Revenu est vraiment particulier dans ce sens-là,
dans le sens qu'il a un échange constant et régulier avec
l'ensemble des contribuables. On parle de 4 200 000 déclarations
d'impôt sur une base annuelle et on parle évidemment,
bientôt, de quelque 400 000, 430 000 mandataires. C'est
énorme.
C'est véritablement une organisation qui demande beaucoup de
soin, beaucoup d'attention et qui demande de développer des techniques
particulièrement précises. On connaît, évidemment,
le souci de la commission pour les rapports du Vérificateur
général. Je tiens à souligner qu'au ministère du
Revenu un comité a été formé. On fait le suivi des
recommandations et, dans la mesure du possible, on y donne suite, et ça,
d'une façon constante et annuelle.
Avec le comité des plaintes qui a été
institué au ministère il y a quelques années, on cherche
à donner davantage de services à notre clientèle, on
cherche à intervenir davantage. Sous la direction de Michel Gingras,
ça s'exécute fort bien. Alors, il y a un traitement constant de
ceux qui ont des récriminations auprès du ministère, et on
cherche à apporter, de façon constante, les corrections qu'il
faut.
On a une excellente relation avec le Protecteur du citoyen. On cherche
à être à l'écoute de ses recommandations et, dans la
mesure du possible, là encore, à y donner suite lorsqu'elles sont
jugées à propos. Et je peux vous dire qu'à ce
niveau-là les échanges sont très intéressants. Par
exemple, tout dernièrement, nous avons eu des échanges avec lui
au niveau des oppositions, ce qui lui a permis de nous transmettre une lettre,
sous sa signature, disant: «Je vous remercie de m'avoir transmis ces
informations au niveau des oppositions - on parie toujours au niveau des
oppositions - et je tiens à souligner l'excellence des mesures
Imaginatives que vous et vos collaborateurs avez adoptées pour ramener
les délais d'opposition à un temps plus normal.» Donc,
c'est un souci constant, de la part du ministère, et je pense qu'on va
être en mesure de vous le démontrer d'une façon assez
claire.
Ce qui nous préoccupe surtout, c'est la relation avec le citoyen.
Et, pour ça, on intervient constamment dans le but, justement, de
simplifier nos échanges avec les citoyens. On pense, par exemple,
à la déclaration simplifiée qui a fait l'objet de quelques
questions et dont je suis sûr que nous aurons l'occasion de clarifier
davantage l'esprit ce soir. Également, bientôt, on va avoir une
déclaration simplifiée pour les corporations. Donc, je pense que
c'est une initiative, là encore, qui cherche à démontrer
une volonté constante du ministère de desservir sa
clientèle.
On cherche également à développer une
qualité de services exceptionnelle par une amélioration continue
de nos services. On cherche à développer une accessibilité
de plus en plus grande non seulement par les services qu'on donne, mais par les
services que la population a le droit d'avoir. Je pense, par exemple, à
la hausse du montant des petites créances, qui a été
substantielle. Cette orientation-là, évidemment, est importante.
Mais, évidemment, l'esprit d'équipe, l'esprit de corps qu'on
développe au ministère est substantiel aussi. C'est un
ministère qui a sa propre culture, qui cherche à
développer sa propre expertise pour répondre à ses propres
besoins, et ça a donné naissance à ce qu'on
considère être un esprit de corps plutôt remarquable au sein
de la fonction publique québécoise. Et c'est basé,
ça aussi, sur des éléments comme la formation, formation
qui, chez nous, est jugée prioritaire. Compte tenu des tâches qui
nous sont assignées, on intervient constamment. Le ministère a
été cité à plusieurs reprises en exemple au niveau
de la qualité de l'information et du souci qu'il donne à la
formation des gens qui, finalement, composent le ministère. Et ça
se traduit par des activités qu'on trouve rarement dans d'autres
ministères. Le 25e, chez nous, est une activité de toute
première importance. On cherche à développer, d'une
façon constante, cette stabilité et cette fierté qui se
traduisent, finalement, par une qualité des services que nous rendons
à l'ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec et qui,
J'en suis sûr, donnent satisfaction à 98 %, 99 % de la population
québécoise, et ça, d'une façon constante, et
ça, depuis 1961.
En passant, ça fait 100 ans que le gouver-
nement du Québec intervient au niveau d'une taxe personnelle.
Ça a commencé en 1892. Ça a fait un feu de
forêt...
Le Président (M. Lemieux): Ça ne vous fait rien si
on ne fête pas ça, M. le ministre?
M. Savoie: oui, on peut fêter ça. si on offre des
services, je pense que ça demande un minimum de maturité pour
faire comprendre à la population que quelqu'un doit payer. on ne demeure
pas au pôle nord, avec le père noël et ses petits lutins.
Une voix: ...dans ça.
M. Savoie: Non. Par contre, ça fait 100 ans aujourd'hui
que cette orientation est donnée. Ça a été
accéléré, évidemment, après la
Première Guerre mondiale, et davantage pendant la Seconde Guerre
mondiale. Donc, 100 ans d'intervention.
Je voudrais également dire quelques petits mots au niveau de la
Régie des loteries et courses du Québec, qui est un organisme qui
relève du ministre du Revenu, un organisme, je pense, que chacun des
députés connaît parce qu'il y a, d'une façon
constante, des échanges avec la Régie. La Régie a
autorisé l'émission de 5600 licences de bingo cette année
et 2562 de tirage. Elle a autorisé 32 licences de casino - le
débat des casinos au Québec - dans le contexte des foires
agricoles, évidemment. Elle a aussi reçu 4147 avis de tenue de
concours publicitaires et elle a conduit plus de 220 enquêtes au cours de
l'année, à différentes occasions. Et, évidemment,
elle doit rédiger et faire rapport de l'ensemble de ses enquêtes
et des plaintes qui sont déposées au niveau de la Régie.
La Régie, avec son groupe d'enquêteurs, avec les budgets qui lui
sont alloués et avec le mandat qui lui est confié, répond,
dans des conditions souvent difficiles, parce qu'on connaît la
difficulté que soulèvent les bingos, les salles paroissiales, et
tout ça... Je pense qu'elle remplit fort bien son mandat. J'imagine que
nous aurons l'occasion, au cours du questionnement, au cours des quatre
prochaines heures sur le dossier, de parler des vidéos et loteries.
Alors, vous avez là, M. le Président, les commentaires que
je voulais faire à l'ouverture des travaux de cette commission. Je suis
certain que ce bref exposé, qui a duré à peine sept
minutes, vous a donné le temps d'apprécier notre volonté
non seulement de bien servir l'intérêt du Québec, mais
aussi d'exécuter comme il se doit le mandat si important qui nous est
confié depuis bientôt 31 ans.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Montmorency, votre déclaration d'ouverture. Oui,
M. le député de Taschereau?
M. Leclerc: Est-ce que le député de Montmorency a
des déclarations d'ouverture?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency.
M. Jean Filion
M. Filion: Oui, rapidement. Ça va être très
court. D'abord, j'aimerais saluer toute l'équipe qui est ici ce soir
pour répondre, bien sûr, aux interrogations des
députés qui, en même temps... Nous ne sommes que des
instruments pour avoir de l'information, des représentants de la
population, et je veux, effectivement, que ce soit une commission qui soit
très constructive. Je suis de ces gens qui aiment avoir de l'information
et qui posent des questions pour mieux informer ceux qui nous posent
également des questions à nous-mêmes.
Je suis très heureux de vivre cette expérience-là.
Quatre heures, quand même, c'est peu, et je pense qu'on aurait des
questions pour plus de quatre heures, surtout face au ministère du
Revenu, M. le Président; c'est quand même un ministère qui
est fermé. Il se dit ouvert, mais je vous dirais, en même temps,
qu'il est très fermé. C'est un ministère qui se doit, de
par son orientation aussi, de garder une confidentialité et, bien
sûr, de ne pas laisser couler l'information qui est très
importante pour administrer un programme comme le sien, sauf que, malgré
cette confidentialité-là, je pense que, quand même, il y a
des choses ou des questions qui se posent pour mieux informer la population. Et
ça sera beaucoup de questions, effectivement, qui vont être
d'ordre administratif, pour mieux informer la population et pour qu'on puisse
évaluer, tout le monde ensemble, des mesures ou des choses qui pourront
certainement aider, dans le futur, à améliorer le
système.
Et je pense que je voulais simplement souhaiter la bienvenue à
tous et leur dire que nous allons faire une étude des crédits qui
va être très constructive.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency. M. le député de Taschereau,
vous avez des remarques préliminaires?
M. Leclerc: Moi, je serais prêt à commencer si le
député de Montmorency est d'accord.
M. Filion: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Pas d'objection? Allez-y, M. le
député de Taschereau.
Discussion générale
M. Leclerc: Merci. Bonjour, M. le ministre. J'ai un certain
nombre de questions et, comme je sais que mes collègues ont beaucoup de
questions
aussi, je vais essayer de faire ça de façon concise. on
peut avoir de bien grandes réponses parce que j'ai quelques questions un
peu plus philosophiques. (20 h 20)
Politique d'embauché des occasionnels et des
agents de la police du tabac
D'abord, ma première question concerne vos politiques
d'embauché de façon générale et se
réfère à un certain nombre de problèmes qui vous
précèdent. Il ne faut pas se le cacher - j'en suis, ici, comme
certains de mes collègues, à ma septième année, et
ce n'est pas la première fois que je fais des représentations
auprès du ministère du Revenu - il y a eu des problèmes,
dans le passé, avec les occasionnels. Vous avez mentionné
tantôt que vous en aviez entre 1600 et 1700. Beaucoup de ceux-là
sont engagés pour la période de l'impôt; ils sont des
auxiliaires de bureau, des gens à plus petit salaire. Dans le
passé, j'ai fait beaucoup de revendications auprès de vos deux
prédécesseurs quant au statut de ces occasionnels-là, qui
étaient souvent remerciés quelques jours ou une semaine ou deux
avant d'avoir droit à l'assurance-chômage. J'ai senti, depuis une
couple d'années, une certaine amélioration, mais je tiens
à revenir à la charge pour faire comprendre à tout le
monde ici que ces gens-là sont nécessaires à
l'organisation de votre ministère.
Votre ministère est, par définition, cyclique. Vous avez
besoin d'occasionnels et je vous demande de traiter comme du monde ces
occasionnels-là. Les remercier une semaine, quelques jours avant qu'ils
aient droit à leur chômage, c'est humainement incorrect, selon
moi, et c'est financièrement, pour le Québec, un très
mauvais choix également. Vous savez que ça coûte pas mal
moins cher pour la province d'avoir quelqu'un sur le chômage que sur
l'aide sociale et, sur le plan humain, pour l'individu, c'est toute une marche
à sauter d'être sur l'aide sociale au lieu d'être sur le
chômage. Alors, je vous demande une autre fois d'être vigilant sur
ce fait-là et je pousse même la logique jusqu'à dire:
Engagez-en quelques-uns de moins, si c'est une question d'argent, mais
assurons-nous, pour la plupart, de leur permettre de faire assez de semaines
pour avoir droit à l'assurance-chômage.
Ceci dit, je voudrais parler de la police du tabac. Depuis un certain
nombre d'années, dans un certain nombre de commissions parlementaires
comme celle que nous avons ce soir, on s'est rendu compte qu'il y avait des
postes de créés, des postes d'inspection et de
vérification et, souvent, par le passé, que ce sont d'anciens
policiers provinciaux - ou appelez-les comme vous voulez - qui ont eu les
postes. Je n'ai rien contre ces gens-là, sauf qu'on sait tous qu'ils ont
une excellente pension. C'est vrai pour la CPTA. Quand nos
prédécesseurs étaient en poste, lorsqu'ils ont
créé la Commission de protection du territoire agricole, ils ont
engagé un grand nombre d'ex-policiers. La police verte a engagé
un grand nombre d'ex-pollclers et, encore, la police du tabac a engagé
un grand nombre d'ex-policiers.
Vous ne me ferez pas accepter à moi, qui représente un
comté où il y a beaucoup de chômage, beaucoup d'aide
sociale, que vous n'auriez pas pu trouver des gens assez intelligents et assez
perspicaces dans mon comté, des gens qui n'ont pas d'emploi, qui sont
sur le chômage. On ne me fera pas accroire, ici, que ça prend 25
ans d'expérience dans la Sûreté du Québec pour
être capable d'occuper ces postes-là. Que vous ayez senti le
besoin d'en engager quelques-uns comme encadrement, j'en conviens, comme
personnel plus senior pour entraîner des juniors, j'en conviens, mais
que, systématiquement, il faille être ex-policier pour avoir ces
postes-là, comme représentant d'un comté où il y a
beaucoup de chômage, je ne peux pas accepter ça. Je ne veux pas
faire le débat ici. Ce que je voudrais vous poser comme question, c'est:
Est-ce que vous avez l'intention de changer la politique d'embauché qui
a fait en sorte que ce ne sont que des ex-agents, d'ex-policiers qui ont eu les
emplois? Si vous me dites: Je la change, on ne discutera plus. Ça va
être réglé. Si vous me dites: Non, ça va continuer
comme ça, bien, là, on va être obligé de s'en
reparler.
M. Savoie: Tout simplement, tout d'abord, au niveau des
employés à temps partiel, je tiendrais à souligner que,
l'an passé, c'est-à-dire pendant ma première pleine
année au ministère, j'ai fait le tour de l'ensemble des
employés à temps partiel à Québec - je n'ai pas pu
tous les voir à Montréal, mais je les ai vus en grande partie
ici, à Québec. J'ai eu l'occasion de donner la main à
chacun d'eux, tant à ceux qui travaillaient le soir qu'à ceux qui
travaillaient le jour, et d'échanger avec eux autres. J'ai
constaté avec eux qu'effectivement l'emploi des personnes pour une
période de trois ou quatre jours en bas du minimum requis pour obtenir
l'assurance-chômage était une grande préoccupation chez
eux. J'ai échangé avec eux autres et nous avons eu l'occasion
d'échanger avec les officiers du ministère sur ce point. Dans la
mesure du possible, on va tâcher d'éliminer les
Inéquités justement là où II manque quelques
jours.
On ne peut pas développer, par exemple, comme politique au sein
du ministère, qu'on embauche quelqu'un pour remplir le contexte des 18
ou 20 semaines nécessaires pour l'assurance-chômage. C'est
impossible. Donner ouverture à ça va créer une autre
situation qui serait assez difficile. Mais, par contre, on va tâcher,
dans la mesure du possible, d'y donner suite. On partage les inquiétudes
et on cherche les solutions pour y donner, finalement, la meilleure
réponse possible compte tenu des circonstances.
M. Leclerc: J'ai déjà senti une
amélioration.
M. Savoie: Oui, c'est ça. Et je pense que ça va
assez bien. Vous dites que vous avez senti une amélioration, ça
veut dire que...
M. Leclerc: Bien, quand j'ai moins de plaintes, j'imagine que
c'est parce que ça s'améliore.
M. Savoie: Bien, tout au moins, on l'espère. Et je peux
vous dire, en tout cas, que les échanges que j'ai eus avec ces
gens-là l'année passée m'ont certainement mis au courant
de la situation de plusieurs d'entre eux.
Au niveau de l'embauche des policiers, des agents, finalement, au niveau
du tabac, il fallait comprendre qu'il s'agissait, comme on a eu l'occasion de
le mentionner, d'une opération urgente qui demandait une intervention
immédiate. On n'avait pas le temps de procéder à la
formation ni à des cours spécifiques pour assurer
l'exécution de l'opération. À ce moment-là, vous
nous avez écrit et nous avons pris bonne note des recommandations. C'est
sûr que ce n'est pas une politique d'embauché qu'on aille chercher
seulement des gens, des policiers à la retraite. Il faut bien se
rappeler que, là aussi, il y a eu de l'exagération, finalement,
de part et d'autre à ce niveau-là. Il y avait des agents... Il ne
faudrait pas voir tous les agents avec un programme de pension complet,
là, bien étoffé, rond...
M. Leclerc: Ils prennent leur pension à 43 ans.
M. Savoie: Oui, mais ce n'est pas tout le monde qui a sa pleine
pension, et ce n'est pas tout le monde non plus qui est à la
Sûreté du Québec. Alors, nous avons fait cette
embauche-là dans des situations d'urgence. Quant à la
continuation du programme et des politiques d'embauché, nous avons pris
bonne note de vos interventions et de la défense que vous avez
apportée vis-à-vis des gens de votre comté, des gens de la
région de Québec - qui vous tient à coeur - et nous en
tiendrons compte.
M. Leclerc: Bien. Excusez, c'est parce que je pense que je suis
peut-être mieux de finir mes 20 minutes et vous irez après. Est-ce
que - notre président s'interroge, un peu comme moi, là-dessus -
tous les postes d'occasionnels que vous aviez à créer dans ce
département-là, dans cette police-là sont
créés?
M. Savoie: Pour l'opération tabac, là? Oui, ah oui!
Ça a été comblé.
Le Président (M. Lemieux): Combien sont des agents de la
Sûreté?
M. Leclerc: Combien sont des... Vous êtes sur mon temps, M.
le Président.
M. Savoie: 58 ou 60 agents. C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous permettez...
M. Leclerc: Allez-y.
Le Président (M. Lemieux): Très rapidement. Vous
aviez combien de postes à combler, en tout?
M. Savoie: 60.
Le Président (M. Lemieux): 60. Sur ces 60 postes à
combler, combien y a-t-il d'agents de la Sûreté du Québec
qui ont comblé ces postes-là?
M. Angers (Bernard): Je vais vous le dire tout de suite.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît. M.
Angers: Je vais vous dire ça.
Le Président (M. Lemieux): Ou ex-policiers, effectivement.
La SPCUM, c'est ça, hein?
M. Angers: C'est la très grande majorité...
Le Président (M. Lemieux): Ou de la Communauté
urbaine.
M. Angers: ...pour ne pas dire la totalité.
M. Savoie: On a la documentation, on va vous la sortir.
M. Leclerc: Alors, pendant que nos amis... Ah! vous l'avez,
monsieur?
M. Angers: En fait, c'est la très grande majorité.
Il y a 35 ex-membres de la Sûreté du Québec, 21 de la
SPCUM, 1 de l'armée et 1 des ports nationaux.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, je vais faire
des commentaires là-dessus tout à l'heure, quand ce sera mon tour
d'intervenir. Allez-y, M. le député.
Envoi des formulaires d'impôt
M. Leclerc: Merci, M. le Président. M. le ministre, j'ai
une question très simple. Je voudrais savoir pourquoi vous m'avez
envoyé, cette année, un exemplaire de déclaration de
revenus?
M. Savoie: Pourquoi est-ce que je vous ai envoyé... Je
peux vous assurer que, moi, je ne vous ai pas envoyé...
M. Leclerc: Bien, vous m'avez envoyé un formulaire...
M. Savoie: ...une déclaration de revenus. M. Leclerc:
...comme à tout le monde. M. Savoie: Bien, j'imagine
que...
M. Leclerc: Le fédéral ne m'en envoie pas, et je
suis content qu'il ne m'en envoie pas, parce que je la mets aux vidanges.
M. Savoie: Ah bon!
M. Leclerc: Parce que je suis trop paresseux ou pas assez
intelligent, je ne le fais pas moi-même, mon impôt.
M. Savoie: Ah bon!
M. Leclerc: Peut-être que vous non plus?
M. Savoie: C'est-à-dire que, moi, je la prends, je mets
tout ça dans une chemise et je transmets ça à mon
comptable.
M. Leclerc: Qui, lui, la met aux vidanges à votre
place.
M. Savoie: Non, je ne crois pas, non. Je pense qu'il doit
utiliser un formulaire semblable, oui.
M. Leclerc: Ah, ah! M. le ministre, le fédéral nous
envoie des autocollants. Vous, vous nous envoyez des déclarations.
M. Savoie: C'est ça, oui.
M. Leclerc: Est-ce que je peux savoir pourquoi?
M. Savoie: Oui, oui. On pourrait peut-être... M. Angers:
Vous permettez? M. Savoie: Oui, certainement, allez-y. M. Angers:
Au ministère du Revenu...
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats, s'il
vous plaît? (20 h 30)
M. Angers: Bernard Angers, sous-ministre. Je voudrais simplement
vous dire qu'au ministère du Revenu, une des politiques de base - en
tout cas, ça fait six ans que je suis là, moi, et j'ai vu
fonctionner un peu le ministère - recherchées par les
différents ministres que j'ai eu l'occasion de côtoyer, c'est
l'autocotisation. Et plutôt que de confier le rapport d'impôt
à un tiers, un des objectifs du ministère - et, je
présume, du gouvernement - ça a été de demander au
ministère du Revenu d'essayer de favoriser à l'extrême, de
faciliter la tâche à l'extrême au citoyen pour que cette
démarche annuelle, finalement, du contribuable avec l'autorité
gouvernementale, se fasse sur une base, en tout cas, la plus
compréhensible possible. Ça a donné lieu, ça, dans
le ministère, à des opérations que l'on considère
comme significatives et, sur le plan administratif, à des
opérations qui se sont révélées des
succès.
M. Leclerc: M. Angers, je m'excuse. Sur le plan philosophique, je
vous suis parfaitement. Peut-être que vous pourriez me répondre en
me donnant des chiffres. Combien de celles que vous mallez vous reviennent
à cause de changement d'adresse? Combien de personnes faisant faire leur
rapport par des experts n'utilisent pas vos formulaires? Vous en avez une bonne
idée. Moi, je veux savoir combien on en jette. Comprenez-vous?
M. Angers: Je comprends.
M. Leclerc: je pense que le principe du fédéral
d'envoyer des autocollants suit le sens de l'autocotisation, de la même
façon que vous l'exprimez.
M. Angers: C'est-à-dire que... Vous permettez?
M. Leclerc: Oui, allez-y, allez-y.
M. Angers: Écoutez, moi, je ne veux surtout pas, disons,
utiliser du temps de façon inutile, au contraire...
M. Leclerc: Non, non, ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Angers: ...je veux vous dire que l'objectif, ça a
été ça. Ça s'est traduit dans le ministère
par le développement, il y a quelques années, de ce qu'on
considère comme une démarche importante, d'un formulaire
simplifié, sur deux pages. Antérieurement, ce
formulaire-là s'adressait à un million et demi de citoyens. Par
des efforts, en tout cas, les plus systémiques et les plus corrects
possible, on a monté ça, comme cible, à 3 000 000.
Ça a donné lieu, évidemment, à une utilisation
très forte de ce formulaire-là. L'an dernier, je crois que
c'était 2 700 000 personnes qui l'ont utilisé.
M. Leclerc: Ça, c'est l'abrégé, ça,
hein?
M. Angers: L'abrégé simplifié.
M. Leclerc: Moi, je vous parle du régulier.
M. Angers: Bon. Ce que je veux vous dire,
c'est qu'au ministère on force à l'autocotisation. Quand
on dit «on force», on y incite. C'est la même chose... Vous
avez dû noter qu'il n'y a pas non plus de remboursements par des tiers
d'autorisés au ministère du Revenu.
M. Leclerc: Très bon.
M. Angers: Vous avez dû noter ça, hein?
M. Leclerc: Très bon.
M. Angers: Et ça, ça s'inscrit aussi dans le cadre
des mesures d'incitation à le remplir soi-même, le plus possible -
on reconnaît que c'est un exercice qui peut être difficile - et
c'est différent...
M. Leclerc: Avez-vous des chiffres pour savoir...
M. Angers: Oui, on va vous donner tous les chiffres.
M. Leclerc: ...combien de personnes le font faire?
M. Angers: On va tout vous donner ça. M. Néron, qui
est ici...
M. Savoie: Pas beaucoup de monde, hein; ce n'est pas...
M. Angers: ...va vous dire ça.
M. Leclerc: Mais, si le fédéral a commencé
à envoyer des autocollants, c'est signe qu'il y en avait un certain
nombre qui n'utilisaient pas le formulaire, sinon il aurait continué
à envoyer le formulaire.
M. Angers: Si je vous dis ça, c'est que le gouvernement
fédéral... J'ai pris la peine de vous dire qu'on a comme objectif
de favoriser le plus possible de ne pas encourager la préparation de
rapports d'impôt par des tiers. Le fédéral n'a pas la
même politique.
M. Leclerc: Mais ce n'est pas avec les formulaires que vous allez
faire ça, c'est en les faisant simples. Moi, quand je le regarde,
là, je vous dis que c'est compliqué en batêche! C'est pour
ça que les gens le font faire par des tiers. Ce n'est pas parce qu'on le
reçoit ou qu'on ne le reçoit pas.
M. Angers: Ce que vous êtes en train de nous dire, c'est
qu'il y aurait peut-être lieu de modifier l'objectif du ministère.
Le fédéral...
M. Leclerc: Mais c'est le système fiscal qui est
très complexe, ce n'est pas juste le ministère.
M. Angers: ...favorise... Le système fédéral
favorise l'usage de tiers et il rend tout ça possible, avec H & R
Block, pour donner un exemple, et d'autres modes d'utilisation. Quant au nombre
de formulaires envoyés et revenus, eh bien, Gilles Néron, qui est
directeur des services au public et à l'entreprise, va vous donner tous
les renseignements.
M. Néron (Gilles): M. le Président, Gilles
Néron. Effectivement, il y a des gens qui font affaire avec des
Intermédiaires commerciaux. Il y a plus de gens qui font affaire avec
des intermédiaires qui ne se font pas payer. On estime, au
ministère, que les gens qui font eux-mêmes leur rapport, c'est
autour de 40 %, et qu'il y a une majorité de gens qui font affaire avec
des parents, qui demandent à des parents une assistance.
Une voix: Des «mon oncle».
M. Néron: Mais le ' nombre d'interventions commerciales,
pour lesquelles on paie, est autour de 500 000 sur 4 200 000. C'est à
ces gens-là qu'on envoie...
M. Leclerc: Combien ne l'utilisent pas?
M. Néron: C'est à ces gens-là que le
fédéral envoie une étiquette, parce qu'il prend
connaissance de ces transactions-là. On demande, sur le rapport
d'impôt...
M. Leclerc: Oui, c'est très facile.
M. Néron: ...qui est intervenu. Cette
information-là, on va commencer à l'avoir à partir de
cette année, puisqu'on va saisir l'information des traitements par
intermédiaires commerciaux.
Maintenant, je dois vous dire que, au fédéral, le fait
d'envoyer une étiquette ne fait pas une grande différence dans le
nombre de formulaires qu'on imprime pour le nombre de contribuables. On imprime
plus de formulaires au fédéral qu'au Québec pour le nombre
de contribuables. On est autour de 2 formulaires - quand je parle de
formulaires, c'est l'ensemble des formulaires, simplifiés et
détaillés - par contribuable, alors que, nous, on est autour de
1,7 formulaire par contribuable.
M. Leclerc: Mais, M. Néron, je vous arrête. Si vous
envoyiez 500 000 autocollants au lieu de 500 000 formulaires, vous sauveriez
bien toujours 400 000,500 000 formulaires quelque part.
M. Néron: Je ne pense pas que ça soit aussi direct,
M. le député, parce qu'il y a des mouvements là-dedans. Il
y a des gens qui le font faire à un moment donné, puis qui ne le
font plus faire. Il y a...
M. Leclerc: Quand tu as goûté à ça un
an.
M. Néron: ...des changements de population. Je ne pense
pas que ça soit aussi direct que ça. Il y a des gens qui le font
faire et qui vont chercher le formulaire pour s'informer des modifications
qu'il y a ou s'informer des conditions fiscales. On s'aperçoit, nous...
On envoie, vous savez, à tous les contribuables qui ont fait une
déclaration l'année précédente, un formulaire, soit
simplifié, soit détaillé: 3 200 000 simplifiés
quand les conditions de l'année précédente
répondent aux conditions de la simplifiée et le reste, sur 4 000
000, 1 000 000 détaillés. Et, pourtant, les retours - il y a des
populations flottantes - sont différents, c'est-à-dire que,
grosso modo, vous en avez 3 000 000, mais qu'il y en a 1 000 000 qui flottent,
qui tombent d'un type de formulaire à un autre type de formulaire.
M. Leclerc: Oui, mais le flottant... Voilà! Raison de
plus. Vous êtes en train de me dire que vous devriez en envoyer moins
parce que vous n'envoyez pas toujours le bon. Vous ne pouvez pas le savoir,
hein. Et je me dis que, quand on envoie 1,7 formulaire par cotisant, il y a de
la place à l'économie. Et vous mettez le doigt sur 400 000
à 500 000 formulaires que vous pourriez économiser.
Sérieusement, là, je vois l'expérience du
fédéral, je vois mon cas, là; je reçois le
vôtre, puis je reçois des étiquettes du
fédéral; je prends le vôtre, je le mets aux vidanges.
M. Néron: M. le député...
M. Leclerc: Je ne dois pas être tout seul, au
Québec, à faire ça.
M. Néron: Ça n'empêche pas le
fédéral de mettre à la disposition du public, dans des
comptoirs, de grandes quantités de formulaires. Et ça ne
l'empêche pas de gaspiller de grandes quantités de formulaires
aussi. Ils ont plus de points de chute que nous.
M. Leclerc: Inspirons-nous des bonnes affaires qu'ils font, puis
ne nous inspirons pas du gaspille qu'ils font. Je vous dis que...
M. Savoie: Ce n'est pas partagé encore. Évidemment,
vous soulevez la question de dire: Bon, bien, on doit envoyer
l'étiquette. On examine ce qu'Ottawa fait, on n'est pas aveugle. On
cherche à voir, évidemment, ce qui coûte le moins cher pour
le contribuable. On ne cherche pas à s'obstiner à envoyer quelque
chose à quelqu'un. Sauf que, c'est comme on vous dit, là, au
niveau du fédéral, on produit plus de formulaires parce qu'il
faut les mettre à la disposition du public. Il faut que le citoyen qui,
lui-même, remplit son rapport, puisse avoir accès directement,
là, à son rapport d'impôt.
M. Leclerc: Tout à fait.
M. Savoie: Alors, à ce moment-là, il faut que tu en
publies, là...
M. Leclerc: Mais, je veux dire, M. le ministre...
M. Savoie: ...il faut que tu en mettes à la disposition de
tout le monde.
M. Leclerc: ...vous savez que, si vous en envoyez 400 000
à 500 000 de moins, le pire qui peut vous arriver, c'est que vous n'en
sauviez pas, mais ça ne peut pas vous en coûter plus. Puis, la
logique de base, c'est que vous allez en économiser. Si on en
économisait la moitié, ça serait bien plaisant. Tu sais,
tout le monde, au gouvernement, là, on est tous comme ça. Sur nos
enveloppes, c'est marqué «papier recyclé», partout.
À Hydro-Québec, c'est marqué «papier
recyclé» sur les enveloppes de retour et ils vont en envoyer 20
000 000 d'enveloppes, non utilisées, au cours des deux prochaines
années, parce que les gens paient dans les guichets automatiques, puis
aux banques, puis aux caisses. Ça fait qu'arrêtons tous ensemble,
administrateurs d'État qu'on est, d'écrire sur tous nos documents
que c'est du papier recyclé, puis essayons d'en utiliser moins. C'est
bien meilleur.
M. Savoie: Ah! C'est bien évident. On est d'accord avec le
principe et c'est ce que nous cherchons à faire. Maintenant, est-ce que
le contribuable, par exemple, qui demeure à l'extérieur de
Québec et de Montréal, à l'extérieur des grands
centres, va voir ça d'un bon oeil, qu'on ne lui envoie pas son rapport
d'impôt?
M. Leclerc: II appelle 1-800, puis il en reçoit un trois
jours après.
M. Savoie: Ah! Là, il appelle... M. Leclerc: Bien,
voyons!
M. Savoie: ...1-800. Là, ça prend quelqu'un pour
répondre, puis ça prend quelqu'un pour prendre son nom. Tu sais,
on pense que...
Une voix: Ça coûte plus cher, à ce
moment-là.
M. Leclerc: Bien oui, mais si vous l'envoyez...
M. Savoie: Non, mais écoute bien, là...
M. Leclerc: ...ça prend quelqu'un pour le
«processer».
M. Savoie: Écoute bien, là, si...
M. Leclerc: Ça prend quelqu'un pour mettre
l'étiquette.
M. Savoie: Si on était sûr du système que
vous proposez - bien qu'en apparence, à première vue, II puisse
paraître avantageux - on le suivrait. Mais, l'affaire, là, c'est
qu'on ne joue pas avec des à-peu-près. On Joue avec un rapport
annuel qui doit être fait par le contribuable au gouvernement du
Québec. On ne veut pas se tromper, là. Et, si, effectivement,
c'est l'orientation qui est donnée et que c'est ça qui
coûte le moins cher, on va le faire.
M. Leclerc: Mais, est-ce que je pourrais... Je ne veux pas de
réponse aujourd'hui, mais j'aimerais que quelqu'un me donne l'assurance
qu'on va étudier la possibilité...
M. Savoie: On est capable d'aller chercher ça.
M. Leclerc: ...de faire comme le fédéral... M.
Savoie: C'est ça.
M. Leclerc: ...et d'éviter d'imprimer 300 000, 400 000,500
000 affaires comme ça.
M. Savoie: Bien, là, au ministère, on
n'étudie pas seulement ça; on étudie ça et plus. On
regarde, par exemple, les rapports d'impôt sur une base
électronique. Il y a des études qui se font sur la transmission
électronique des déclarations de revenus des particuliers.
M. Leclerc: Mais, c'est pour ça. Envoyons-en moins. (20 h
40)
M. Savoie: Bon, il y a tout un ensemble d'éléments
qu'on regarde, mais je pense que, si on fonctionne sur une base
d'autocotisation, si quelqu'un doit nécessairement remplir son
impôt sur une base annuelle, on peut au moins s'assurer qu'il y a
une copie qui lui est transmise personnellement, parce que c'est la
majorité des contribuables. Là, vous me dites que, vous, vous
allez voir votre comptable pour remplir votre rapport d'impôt. Je vais
vous donner une statistique qui va peut-être vous faire
réfléchir. Il y a seulement 8 %, 9 % de la population du
Québec qui a un revenu imposable supérieur à 50 000
$ par année. Dans ce groupe-là, il y en a une partie qui fait
elle-même son rapport d'impôt. Évidemment, on commence
à identifier un groupe qui est de plus en plus restreint.
M. Leclerc: II y en aurait 2 %, puis je vous dirais d'envoyer des
étiquettes à 2 %. Je ne veux pas nécessairement sauver 500
000...
M. Savoie: Oui, d'accord.
M. Leclerc: ...formulaires, je veux sauver le nombre de
formulaires qu'on peut logiquement sauver, parce qu'on sait que ces
gens-là ne les utilisent pas, qu'ils les jettent. Si on peut en sauver
100 000, on en sauvera 100 000.
M. Savoie: Là, ce que vous faites, c'est la recommandation
d'avoir un fichier pour ce groupe-là, et il recevrait une
étiquette.
M. Leclerc: Comme au fédéral. M. Savoie:
Comme au fédéral.
M. Leclerc: Non, écoutez, le fédéral le fait
et ça marche. Ça aurait pu être l'Ontario...
M. Savoie: Oui, c'est ça.
M. Leclerc: ...qui y aurait pensé, mais ils y ont
pensé.
M. Savoie: En tout cas, on prend bonne note de votre...
Peut-être qu'on sera en mesure de vous répondre, là...
M. Leclerc: En tout cas, moi, j'espère que, l'an prochain,
je vais recevoir mes étiquettes et que je ne recevrai pas ça. Je
sais que vous êtes vite et efficace, vous avez le temps, d'ici à
l'année prochaine, de régler ça.
Envoi des états de compte à
zéro
Dans le même ordre d'idées, s'il me reste du temps, M. le
Président, est-ce qu'il y aurait moyen d'arrêter d'envoyer des
états de compte à zéro aux contribuables? Beaucoup de mes
collègues, ici, on s'est fait prendre l'an passé, avec les REER
auxquels on avait cotisé. On a cotisé en 1990-1991, on a
reçu des états de compte, on a payé nos dettes avec le
fisc - 4000 $ à 5000 $, à peu près - et là on a
reçu un état de compte à zéro. En plus de
l'état de compte à zéro, on a reçu une enveloppe
pour faire notre remise. Évidemment, M. le ministre, vous vous rappelez,
je vous ai écrit là-dessus. Je vous ai dit: Ne m'envoyez pas
d'enveloppe pour rien, je ne vous enverrai pas de chèque, je ne vous
dois rien. Là, vous m'avez dit que vous alliez arrêter de mettre
des enveloppes de retour avec les états de compte à zéro.
Magnifique! Là, j'aimerais ça, maintenant que vous m'avez
répondu que vous n'enverriez plus d'enveloppes avec les états de
compte à zéro...
M. Savoie: Non, non.
M. Leclerc: Bien, là, vous m'avez répondu oui.
M. Savoie: Oui, oui, ça marche.
M. Leclerc: O.K.
M. Savoie: tout à l'heure, j'ai oublié de le
nommer, justement. il n'était pas sur la liste, lui non plus, m. cayer.
tu vois ce qui arrive quand on essaie de nommer tout le monde.
M. Leclerc: Mais c'est parce que je n'ai pas encore posé
ma question.
M. Savoie: O.K. Je m'excuse.
M. Leclerc: Là, vous m'avez répondu que vous ne
m'enverriez plus d'enveloppe de retour avec mon état de compte à
zéro. Est-ce que vous pourriez ne pas m'envoyer d'état de compte
à zéro? Est-ce que je pourrais comprendre, si vous ne m'envoyez
pas un état de compte me disant que je vous dois de l'argent, je
pourrais présumer que je ne vous dois rien? Le problème que j'ai,
c'est qu'on est pas mal de contribuables qui, chaque année, vous doivent
quelque chose. On vous paie et on finit, au moins quelques mois dans
l'année, par ne rien vous devoir. Je me dis que c'est un peu fastidieux
que vous dépensiez timbres, papier, temps, etc. pour envoyer aux gens
des états de compte à zéro, parce que ces états de
compte, ils peuvent être révoqués en n'importe quel temps.
Je pense que vous en convenez.
M. Savoie: Oui. Je pense que vous avez le sens de votre question.
On pourrait peut-être demander à M. Cayer, responsable de la
perception. C'est lui, justement, qui envoie vos états de compte
à zéro.
Le Président (M. Lemieux): M. Cayer.
M. Cayer (Gabriel): Les états de compte peuvent
peut-être vous paraître fastidieux, mais je pense que, pour une
grande quantité de contribuables, ils sont rassurants. Les contribuables
reçoivent un avis de cotisation, des états de compte et ils
envoient des versements, une partie de leur dette étalée sur
quelques mois, de sorte que, quand ils reçoivent le solde
ultérieur, apparaissent les intérêts et le solde restant.
Et, au moment du paiement final, ils sont réconfortés,
rassurés d'avoir un état de compte qui indique qu'ils ne doivent
plus rien au ministère du Revenu.
M. Leclerc: Sauf que, là, essayons de ne pas
mélanger les états de compte où il y a un solde dessus,
avec les intérêts, comme vous le mentionnez, et un état de
compte à zéro. Si je reçois de vous un état de
compte faisant état que je vous dois 100 $, que je vous fais un
chèque de 100 $ et que je vous envoie 100 $, là, je m'excuse,
mais je n'ai pas besoin d'être rassuré pour me faire dire que je
ne vous dois plus rien alors qu'effectivement je vous ai payé le solde.
Bien souvent, vous le savez, les contribuables paient ça à la
banque ou à la caisse, alors ils ont un état de compte de 100 $,
la caissière estampe dessus que c'est payé. Je vous dis: Est-ce
que j'ai besoin d'avoir, en plus de ça, un état de compte
à zéro, deux semaines plus tard, avec une enveloppe dedans, pour
me dire que je ne dois plus rien au gouvernement? Moi, je m'excuse là,
je peux comprendre qu'un certain nombre de nos concitoyens pensent comme
ça, mais, moi, je ne pense pas comme ça et je pense que ça
ne vaut pas l'argent que ça coûte. Parce que c'est ça,
aussi; là, il faut envoyer des formulaires parce qu'on est dans
l'autocotisation, il faut envoyer des états de compte à
zéro, il faut envoyer des enveloppes vides, mais ça coûte
toujours de l'argent. Alors, Je me dis: Pensons donc s'il n'y aurait pas moyen
d'enlever les états de compte à zéro.
M. Savoie: On cherche à donner un service à la
clientèle, le plus complet possible. Je comprends le sens de votre
intervention. Il faut réduire, par exemple, des choses qui peuvent
apparaître inutiles, qui ne sont pas nécessaires, qui sont des
dépenses qui font en sorte que, finalement, ça coûte plus
cher de gérer ce que nous devons gérer pour l'avantage du client.
Il faut arrêter de voir son cas comme problématique comparé
à tout le monde, ce qui n'est pas le cas. La majorité... Non,
mais c'est Important. Quelqu'un qui a effectivement 23, 24 versements à
faire, qui avait un compte substantiel à payer au ministère,
lorsqu'il reçoit son compte comme quoi tout est payé, ça
entre dans ses dossiers. Et c'est clair qu'à partir de ce
moment-là les intérêts ne courent pas. C'est clair pour lui
que tous ses chèques sont passés. La situation avec le
ministère du Revenu est finalement, comme on dit en Abitibi,
«ketchup».
M. Leclerc: Je ne prends pas mon cas comme un cas
problème, mais...
M. Savoie: Je pense que c'est important. M. Leclerc: ...je
prends mon cas... M. Savoie: Non, non, mais...
M. Leclerc: Si vous m'envoyez un état de compte
à...
M. Savoie: Prenez le cas des entreprises, par exemple. Vous avez
une entreprise, si ma mémoire est fidèle?
M. Leclerc: On ne fera pas de personnalité, là.
M. Savoie: Non, non, je ne fais pas de... Mais au niveau de votre
entreprise...
M. Leclerc: Les impôts des corporations et l'Impôt
personnel, c'est deux affaires.
M. Savoie: C'est ça.
M. Leclerc: Moi, je parlais des impôts personnels,
où c'est des cas pas trop compliqués.
M. Savoie: Mais, d'une façon constante, vous avez des
échanges, vous avez des comptes dus. Je peux comprendre que, pour un
compte relativement facile à gérer, par exemple, où vous
devez 800 $ au ministère du Revenu, vous faites trois chèques
pour le montant dû et vous envoyez tout ça au ministère. Le
fait que votre compte soit ramené à zéro clarifie la
situation.
M. Leclerc: Moi, je peux vous dire qu'effectivement, avant
d'être député, j'avais une entreprise, et des états
de compte à zéro, je n'en ai jamais envoyé parce que c'est
moi qui payais. O.K.? C'est ça. On n'envoie pas des états de
compte à zéro; ça ne se fait pas.
M. Savoie: Bien, tout le monde joue là-dedans. Les cartes
de crédit sont là-dedans, les grands magasins sont
là-dedans. L'indication est très claire et très nette.
C'est une opération qui se fait par ordinateur et qui nécessite
un minimum d'interventions. Si, effectivement, on devait annuler le retour en
disant que le compte est à zéro et qu'il y ait un chèque
qui n'est pas passé dans la patente ou qu'il y ait un...
M. Leclerc: Ce n'est pas pareil, là. M. Savoie:
Non, non, mais...
M. Leclerc: Ce n'est pas un état de compte à
zéro si le chèque n'est pas passé.
M. Savoie: C'est ça.
M. Leclerc: Bien oui! C'est ça.
M. Savoie: Alors, le client, comment fait-il pour savoir, s'il
n'a pas un autre état de compte?
M. Leclerc: quand il reçoit un état de compte,
c'est parce qu'il n'est pas à zéro. il y a un montant dessus et
il faut qu'il le règle avec le ministère.
M. Savoie: Mais, pendant ce temps-là...
M. Leclerc: quand il ne reçoit pas d'état de
compte, c'est parce que son compte est à zéro.
M. Savoie: Pendant ce temps-là, les
intérêts...
M. Leclerc: De toute façon, j'ai fini mon temps.
M. Savoie: ...courent.
M. Leclerc: Je ne veux pas abuser de mon collègue.
M. Savoie: Non, mais on prend bonne note de votre intervention,
sauf que...
M. Leclerc: Je comprends qu'il puisse y avoir des
réticences à changer une façon de procéder qui est
ainsi depuis que le ministère existe. Je comprends ça. Mais
ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas y penser.
M. Savoie: Bien oui, effectivement, vous avez bien raison.
M. Angers: Est-ce que je pourrais apporter une précision?
Cette mesure-là, d'état de compte à zéro, a
été implantée le 5 août 1984, suite à des
pressions ou à la demande, l'analyse de la clientèle qui, dans
bon nombre de cas, demandait un reçu ou une quittance, ce qui
était...
M. Leclerc: C'est Michel Clair, ça?
M. Angers: ...une démarche extrêmement
dispendieuse.
M. Leclerc: C'est Michel Clair qui a fait ça?
M. Savoie: Non, non, ce n'était pas Michel Clair.
M. Angers: Le 5 août 1984, je ne sais pas qui était
là.
M. Leclerc: Ce n'était pas une bonne idée. En tout
cas, je vous le dis, ce n'était pas une bonne idée.
M. Angers: C'est le résultat, en tout cas, d'études
de notre marché de plaintes.
M. Leclerc: J'aimerais ça savoir combien ça
coûte à la fin de l'année.
M. Cayer: Le coût, par exemple, des reçus qu'on doit
émettre...
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous vous identifier,
s'il vous plaît?
M. Cayer: Gabriel Cayer.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse! Ça va.
M. Cayer: Le coût des reçus qu'on doit
émettre sur demande est plus dispendieux qu'un
état de compte imprimé de cette façon-là,
d'une façon informatique.
M. Leclerc: J'en conviens. C'est comme dépenser 1000 $
pour en sauver 100 $. On va envoyer des états de compte à tout le
monde parce que ça va nous coûter 100 $ d'en émettre
quelques-uns. Je ne suis pas d'accord, mais je respecte votre avis.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, la parole est à vous.
M. Filion: M. le Président, pour demeurer dans les
mêmes sujets qu'on est en train de discuter, moi, j'aimerais savoir,
concernant la police du tabac...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...si vous avez un rapport qui sera disponible
bientôt, comme résultat d'enquête. Qu'est-ce qui s'est
passé?
M. Savoie: On avait dit à la presse, lors de la
présentation de l'intervention, que vers la mi-avril, fin avril, on
ferait une présentation. Ça va aller d'ici une dizaine de jours;
on devrait être en mesure de le rendre public. Alors, II va y avoir un
document de préparé...
M. Fiiion: Jusqu'à maintenant, vous avez fait
combien...
M. Savoie: ...une présentation au caucus et, ensuite, une
présentation à la presse.
M. Filion: Combien avez-vous fait de saisies jusqu'à
maintenant?
M. Savoie: Ah bien, là, jusqu'à maintenant... Je
n'ai pas la synthèse, et je ne voudrais pas faire la synthèse
à ce moment-ci. Comme je vous l'ai dit, la synthèse se fera au
moment convenu. Il y a une présentation qui doit se faire d'abord et,
ensuite, une présentation sur la place publique. À ce
moment-là, on pourra rendre les données publiques. (20 h 50)
M. Filion: Alors, vous n'avez aucune Information pour le moment.
Vous allez rendre ça public plus tard.
M. Savoie: C'est ça. Dans 12 jours, là, une dizaine
de jours.
Perception de la TVQ aux douanes
M. Filion: Une autre chose, concernant la... J'aimerais savoir,
à l'intérieur du ministère, l'opération TVQ,
douanes...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...qu'est-ce qui se passe avec ça? M.
Savoie: Bien, ça fonctionne.
M. Filion: Combien vous avez perçu en taxes depuis
l'opération?
M. Savoie: Ah, ce n'est pas... Les montants ne sont pas
substantiels, hein. Il faut voir ça plutôt à la
lumière de cette explication, c'est-à-dire que le gouvernement
fédéral a convenu de cueillir sa taxe de vente à la
frontière. On lui a dit: Bon, bien, pour ce faire, on vous demanderait
également de nous inclure et de percevoir le montant pour nous.
Alors, ce qui est prévu, selon les données... Oui, c'est
ça. Ce qui est prévu, c'est un montant d'à peu près
7 000 000 $, avec une charge, du côté du gouvernement
fédéral, de l'ordre de 400 000 $ à 500 000 $.
M. Filion: Mais, l'opération, comment ça se passe,
là, régulièrement?
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire qu'il y a une ligne
additionnelle au formulaire.
M. Filion: Parce que, quand on passe à la douane, on nous
pose des questions...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...mais on n'a pas l'impression qu'on pose des
questions sur la TVQ.
M. Savoie: Non, bien, c'est ça. C'est que, tout ce qu'ils
font, c'est qu'ils l'ajoutent au formulaire, c'est tout. Comprends-tu, ils ont
un formulaire. Ils remplissent le formulaire, ils marquent la taxe de vente du
Canada, TPS, et, ensuite, ils marquent la TVQ. Alors, ils ne font qu'ajouter le
montant à la fin. C'est un service qu'ils nous rendent, c'est tout.
M. Filion: Puis on vous envoie un chèque à tous les
mois.
M. Savoie: Oui, c'est ça. On fait le compte; II y a un
mécanisme de contrôle.
M. Filion: Vous recevez ça tous les mois.
M. Savoie: Oui, on paie pour le service, là, un prix
raisonnable.
M. Filion: Combien ça coûte au ministère, le
service?
M. Savoie: On parle de 500 000 $ si, effectivement, le montant
est de 7 000 000 $ par année.
M. Filion: Ils y vont à pourcentage ou en
fonction du temps consacré?
M. Savoie: C'est une évaluation qui s'est faite et qui
serait ajustable.
M. Filion: Arbitraire?
M. Savoie: C'est en vertu d'une entente qui est
révocable.
M. Angers: Ils estiment dépenser 500 000 $, à peu
près, pour cette démarche-là.
M. Savoie: Pour un montant d'environ 7 000 000 $.
M. Filion: Vous allez percevoir 7 000 000 $, vous.
M. Savoie: C'est ce qui est évalué. On joue...
Écoute, c'est la première année, là...
M. Filion: Le ministère n'a pas prévu de
remboursement des taxes payées à la consommation à
l'extérieur.
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire que, dans la loi, dans
l'ancienne Loi sur la taxe de vente, à l'article 7, c'était
là. C'était prévu. Maintenant, là, il faut faire
face à une certaine réalité. En revenant de la Floride,
passer à son bureau du ministère du Revenu pour faire cette
déclaration était une chose compliquée. Alors, là,
en rentrant, les officiers des douanes sont là et ils ajoutent le
montant.
Recommandations du Vérificateur
général
M. Filion: Moi, j'aurais une autre question aussi, un peu
administrative, celle-là. C'est concernant le rapport du
Vérificateur général. Selon le rapport du
Vérificateur général, vous avez fait une politique
administrative, vous avez décalé des cotisations et des
remboursements d'impôt à la fin mars, c'est-à-dire que les
18 et 20 mars 1991 ont été datés des 3 et 4 avril pour
jouer sur l'exercice financier. On sait que l'exercice financier de
l'État, c'est le 31 mars.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Bon. Le rapport du Vérificateur vous a
reproché cette politique-là.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: J'aimerais savoir, avez-vous fait des corrections?
M. Savoie: Oui, on a fait les corrections. C'est
réglé, ça.
M. Filion: C'est réglé.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Et, au 31 mars qu'on vient de passer, est-ce que vous
avez à nouveau appliqué cette politique-là pour balancer
l'écriture que vous avez faite l'année
précédente?
M. Savoie: Non. Non, non.
M. Angers: Me permettez-vous? Il s'agit d'un problème, en
tout cas, ou d'une situation qui est un peu vieille comme le monde, cette
situation-là de fermeture de livres au gouvernement. Le
Vérificateur général avait noté, et avec raison,
que l'on stockait, en quelque sorte, des déclarations de revenus,
dépendant des sommes disponibles à la fin de l'année, et
qu'on les utilisait au début d'avril. Ça fait que, après
discussion avec eux... On les a rencontrés au mois de février,
incidemment, comme disait le ministre; nos relations sont très suivies
avec le Vérificateur général, sur toutes sortes de
dossiers. On a un comité permanent qui siège. On a eu une bonne
session avec eux pour essayer de voir comment on pouvait à la fois
concilier notre capacité administrative de traitement avec certains
impératifs, disons, de la science ou de l'art comptable et je pense bien
qu'on a développé un entendement, là, qui devrait nous
servir pour quelques années.
M. Filion: Mais, c'est arbitraire. C'est une décision
administrative, ça, ce jeu d'écritures là. C'est vous
autres qui...
M. Angers: Non, ce n'est pas un jeu d'écritures qu'on
faisait.
M. Filion: Non, mais vous prenez la décision de reporter
des encaissements ou des déboursés à une période
ultérieure.
M. Angers: C'est-à-dire qu'on traitait des
déclarations de revenus. On faisait, en quelque sorte, un stock; on
traitait. On est rendu, ad-ministrativement, relativement efficace en cette
matière-là. On a développé, disons, des
façons de faire assez impressionnantes. Et, dépendant,
évidemment, à un moment donné, des contraintes
budgétaires dans lesquelles on était, on stockait du
matériel pour le mois d'avril. Et, finalement, on a convenu avec eux
d'une période normale de traitement d'un rapport d'impôt, qu'on
maintient avant et après le 1er avril. Il y avait un écart quant
aux jours de traitement antérieurs.
M. Filion: C'est ça.
M. Angers: Mais, maintenant, on pense bien avoir convenu d'un
arrangement raisonnable avec le Vérificateur général
là-dessus. On les a vus pas mal.
M. Filion: Je ne pense que ce soit une question d'accommodation
avec le Vérificateur, là...
M. Angers: Non, non, je dis...
M. Filion: ...c'est une question que lui vous reproche une
politique administrative.
M. Angers: C'est ça.
M. Filion: Ce n'est pas une question de le faire en fonction du
Vérificateur général. On se comprend bien?
M. Angers: Ce que je veux vous dire, c'est que le
Vérificateur général a constaté un certain nombre
de choses. Il y avait certains impératifs de nature comptable. On lui a
expliqué notre capacité de traitement et on a essayé de
convenir avec lui quel était l'objectif qui répondait à
ses impératifs comptables, qui ne sont pas nécessairement aussi
tranchés qu'en mathématiques. Il y a un peu de souplesse.
Ça n'a pas été de la négociation, c'a
été un échange pour essayer de comprendre quelles
étaient ses exigences et essayer de les marier avec notre
capacité administrative. Et on pense bien, cette année, avoir
réglé la question pour les années à venir. Je pense
bien que ça va être terminé.
M. Filion: Ça ne se répétera plus?
M. Angers: En tout cas, tant que, moi, je serai là, et
d'autres qui ont participé à cette démarche-là. On
a eu un échange assez prolongé avec lui pour essayer de
comprendre exactement quels étaient ses impératifs et les
nôtres. Et, au bout de la ligne, je pense bien que la
compréhension a été bonne de part et d'autre. Ça
n'a pas été une négociation au poignet, au sens
conventionnel.
M. Filion: Un autre commentaire du Vérificateur
général, qui réitérait, d'ailleurs, une
recommandation de 1989, c'était concernant les contrôles
d'accès aux fichiers informatiques. Et vous ne semblez pas encore avoir
répondu à cette demande-là, ou on semble vouloir
répondre en disant que vous prévoyez faire les modifications
nécessaires d'ici le 31 mars 1992. Alors, quelles sont les modifications
que vous avez faites?
M. Savoie: II y a eu effectivement une analyse de la
recommandation et il y a eu un suivi au niveau de l'accès en
question.
M. Filion: Qu'est-ce que vous avez fait comme corrections?
M. Savoie: Le logiciel de gestion est en place. On a
établi un plan d'action. Il y a eu une intervention qui s'est
terminée - à partir du plan élaboré - en mai
1991.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Montmorency, j'aimerais vous informer que la commission du budget - je crois
que vous étiez absent - a voté une motion à l'effet que le
suivi du rapport du Vérificateur général... La commission
a averti certains ministères et organismes de leur faire part de
commentaires eu égard au rapport du Vérificateur, dans les trois
mois suivant l'avis qu'ils ont reçu de la commission du budget et de
l'administration, et des procédures qu'ils ont prises pour,
effectivement, pallier les situations énoncées dans le rapport du
Vérificateur général. Alors, je ne voudrais pas que les
réponses que donne le ministère fassent en sorte qu'il n'ait pas
à produire, par écrit, la motion ou ce qui a été
voté par la commission. Je voudrais bien apporter cette
précision-là.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous pouvez continuer.
M. Savoie: Ça va.
M. Filion: Alors, c'est ça, je voulais connaître ce
que vous aviez fait comme politique.
M. Savoie: On pourrait peut-être demander à M.
Rheault, avec lequel vous avez déjà eu l'occasion
d'échanger au niveau des ordinateurs.
M. Filion: Oui, entre autres sur les traitements informatiques.
Je me souviens très bien.
M. Rheault (Denis): Denis Rheault. Disons que le problème
qui était soulevé par le Vérificateur concerne certaines
personnes au ministère, qui ont des accès...
M. Filion: Qui, par exemple?
M. Rheault: Des programmeurs et des personnes qui travaillent
directement sur les systèmes informatiques. Ce ne sont que des personnes
qui ont affaire aux programmes de l'ordinateur. Ça ne visait personne
d'autre, pas les utilisateurs des systèmes. Donc, le
Vérificateur, avec raison, trouvait qu'il y avait trop de ces
personnes-là qui étaient autorisées. Et le
problème, là-dedans, c'est que, comme les ordinateurs
fonctionnent 24 heures par jour, 7 nuits, tout ça, les gens
réparent les problèmes à partir de chez eux. Et, pour
ça, de temps à autre, ils doivent aller directement dans les
fichiers pour faire des vérifications. Il s'agissait de restreindre
ça, mais de façon étanche, très
contrôlée. Et c'est ce qui a été mis en vigueur
progressivement, pour finir par restreindre ça à certaines
personnes - physiquement parlant - de
pouvoir accéder aux ordinateurs sans bloquer, sans paralyser tout
l'appareil. Mais c'est vraiment une population très ciblée. Ce
n'est pas général. (21 heures)
Report de la TVQ sur les services
M. Fillon: J'aurais une autre question également
concernant... Votre ministère est-il prêt à un report de la
TVQ?
M. Savoie: Non. On n'est pas prêt à un report de la
TVQ.
M. Filion: Vous n'êtes pas prêt?
M. Savoie: Non. On n'est pas prêt pour ça,
là.
M. Filion: Dans quel sens, vous n'êtes pas prêt?
M. Savoie: Nous autres, on est prêts pour entrer en
fonction le 1er juillet. On va être prêts pour entrer en fonction
le 1 er juillet.
M. Filion: Alors, il n'y aura pas de report de la TVQ?
M. Savoie: Bien, je ne sais pas, là. Oui, oui. C'est
possible. Mais la question était: Est-ce que j'étais prêt
à un report? La réponse est non. On n'est pas prêts pour
ça. On est prêts à entrer en fonction le 1er juillet, nous
autres.
M. Filion: Combien ça coûterait à nouveau si
on reportait la TVQ?
M. Savoie: Ça coûterait cher. M. Filion: Une
idée, à peu près?
M. Savoie: Ah... Si on commence à jouer dans les
hypothèses, là. Ça veut dire quoi, un report de combien de
mois? Qu'est-ce que ce serait? Ce serait coûteux. Ça serait une
question, peut-être, qui...
M. Filion: On sait qu'il y avait une pénalité de 5
000 000 $ sur le premier report. C'est ça?
M. Savoie: II y avait...
M. Filion: Est-ce qu'elle a été augmentée,
cette pénalité-là?
M. Savoie: c'est-à-dire que, là, ça
enverrait un message qui serait assez contradictoire pour le gouvernement
fédéral, un report additionnel. ça...
M. Filion: Ça ne serait pas nouveau.
M. Savoie: Ça impliquerait... Bien, ça, c'est votre
point de vue, ce n'est pas le mien, sur la nouveauté. Sur le fait que
ça enverrait un message contradictoire, je pense que tout le monde
serait d'accord pour dire qu'il y a là une difficulté qu'on
jugerait majeure.
M. Filion: Dites-moi, la première pénalité,
c'était 5 000 000 $. La prochaine serait de combien si on reportait?
M. Savoie: Je pense que ça pourrait certainement mettre en
doute la nature de l'entente, là.
M. Filion: Tout serait remis en question? M. Savoie: Je crois que
oui. Oui. M. Filion: Tout tomberait?
M. Savoie: Je ne sais pas si tout tomberait, mais ça
serait certainement difficile, très difficile. Alors, c'est
ça.
M. Fillon: Mais vous savez que les pressions sont très
fortes, actuellement?
M. Savoie: Par?
M. Filion: Tout le monde pense encore qu'on va reporter la TVQ,
soit les services.
M. Savoie: Non. Je ne crois pas, là. Je ne crois pas parce
qu'on a plusieurs façons d'évaluer ça. Par exemple, au
niveau de l'enregistrement des mandataires, ça fonctionne très
bien. On est rendu quasiment à 90 %, 95 % des enregistrements et on
pense qu'on va être là à la date, à l'heure, au
moment convenu. Je pense également qu'il y a d'autres indications qui
disent que, effectivement, il y a une bonne partie de ceux qui travaillent puis
de ceux qui fonctionnent qui ont hâte de voir se réaliser la date
du 1er juillet, l'introduction de la taxe de vente pour les intrants.
M. Filion: Si vous regardez, par exemple, toute la construction,
la construction résidentielle, tout ça, l'habitation...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...tout le monde demande le report de la TVQ.
M. Savoie: non. je ne pense pas, non. je pense qu'il y a des
rencontres... je vais les rencontrer sous peu, hein, et je pense qu'on va
commencer à parler des vrais chiffres. on va mettre fin à leur
petite campagne de terreur, là.
M. Filion: Bien, ce n'est pas une campagne
de terreur. Ils ont un système inéquitable par rapport
à l'harmonisation.
M. Savoie: C'est une campagne de terreur. C'est une campagne de
terreur, là. On a grossi les chiffres, on a gonflé ça.
Et...
M. Filion: Ils ont une augmentation de 3 % à 5 % par
rapport à la taxe antérieure.
M. Savoie: Je pense qu'il y a lieu de faire voir que,
effectivement, là, ce n'est pas aussi majeur... Il faut tout simplement,
je pense, une bonne rencontre pour échanger avec eux, comprendre un
petit peu plus leur position et voir un petit peu le chiffre qu'ils
présentent à la population, voir un peu, nous, ce que nous avons
comme chiffres et voir les ajustements qui peuvent se faire. Je pense que
l'exercice a déjà été fait au niveau du
ministère des Finances, et ça a été très
positif.
M. Filion: Bien, il y a des chiffres qui ne sont pas les
mêmes parce que...
M. Savoie: Oui. C'est ça.
M. Filion: On ne prend pas les mêmes chiffres certain.
M. Savoie: Ça, c'est la nature du problème.
M. Filion: Ça dépend de l'hypothèse de
travail qu'on prend, mais ce qui est clair, c'est...
M. Savoie: C'est ça. Je pense que le problème n'est
pas la taxe. Je pense que ce sont les chiffres qui circulent autour de la taxe.
En anglais, on dit que c'est «a good tax with a bad rap».
M. Filion: Mais peu importe ce qu'on dit en anglais, il reste
qu'il y a une augmentation de taxation pour eux. Eux demandent,
effectivement... Pas seulement eux, hein. Tous les services en
général demandent le report...
M. Savoie: Non.
M. Filion: ...compte tenu de l'essoufflement de l'économie
actuellement.
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire que ça, c'est une
opinion qui n'est pas partagée.
M. Filion: Et, selon vous, ce n'est pas possible qu'on puisse
reporter sans tout abolir ce qui va se passer?
M. Savoie: Bien, je ne sais pas. Il y a tellement
d'hypothèses, et c'est vraiment... Le «go, no go»,
là-dedans, relève surtout des finances, du premier ministre.
ça ne relève pas du revenu. nous autres, notre tâche, c'est
d'être prêts le 1er juillet. on va être prêts le 1er
juillet. «that is it, that is all.»
M. Filion: La pénalité irait jusqu'à quoi?
Est-ce que ce serait une pénalité de centaines de millions de
dollars qui serait catastrophique?
M. Savoie: Ah bien là! Écoutez, c'est parce que
vous commencez à jouer dans des... Quand vous dites ça,
là, c'est... C'est parce que la variété des
hypothèses est suffisamment considérable qu'on n'est pas capable
de répondre à cette question-là d'une façon
sûre, là. Et puis, là, je ne voudrais pas jouer dans
les...
M. Filion: C'est très facile.
M. Savoie: Je pense que je vous ai donné l'heure juste en
vous disant que ça serait majeur. Maintenant, est-ce qu'il y aurait un
coût important pour l'État? Nous, notre tâche, c'est
d'être prêts. On est prêts. Alors, s'il y a report, il y aura
report. C'est tout. Mais, nous autres, on est prêts puis on est en
fonction. Maintenant, si on veut céder la place aux démagogues et
à n'importe qui qui va dire n'importe quoi sur la place publique, bien,
qu'on le fasse. Ce n'est pas notre rôle, ce n'est pas notre fonction et
puis, comme ministre du Revenu, je ne pense pas que ma tâche
première soit de m'embarquer dans une campagne de vente au niveau de
cette taxe-là. On est là pour sensibiliser, pour informer, et
c'est ce qu'on va tâcher de faire.
D'ailleurs, j'ai demandé une rencontre avec l'association de
l'hôtellerie du Québec, et on se rencontre à la fin du
mois. On va échanger. On est en train de faire la même
démarche avec l'APCHQ. On va s'organiser et on va échanger. On
est à l'écoute. Peut-être qu'effectivement, là, il y
a place à de l'amélioration ici ou là. Je veux les
rencontrer et échanger avec eux autres, puis voir leurs recommandations
et aussi mettre un petit peu plus les faits sur la table. Je pense que ce
serait certainement mérité.
M. Filion: Dites-moi, de l'intérieur, si vous pouvez me
fournir ces chiffres-là. On sait que la TVQ ne s'est pas
harmonisée avec la TPS sur trop de points, quant à moi...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...compte tenu de l'objectif global qui était
l'harmonisation. Et les services financiers, on leur a donné un
traitement de fourniture détaxée au lieu d'une fourniture
exonérée. Alors, j'aimerais savoir combien d'argent vous avez
retourné sous forme d'intrants aux services financiers.
M. Savoie: Ce n'est pas...
M. Fillon: Vous devez être capable de le fournir. Vous avez
des rapports qui sont faits.
M. Savoie: Ça commence le 1 er juillet.
M. Filion: Ah! O.K., le 1er juillet, c'est vrai.
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: Mais combien pensez-vous que ça va retourner?
Ah, ça, vous allez peut-être dire que c'est les Finances. C'est
ça. ¦
M. Savoie: Non, non. C'est-à-dire qu'à ce moment-ci
on n'est pas capable de répondre à cette question-là.
L'harmonisation, il faut bien s'entendre - vous êtes partis sur une
prémisse - est presque complète. Il y a des différences
pour tenir compte de certaines nuances et des principes d'autonomie fiscale,
mais c'est tout. Les différences sont minimes et mineures. Alors, en
gros, c'est harmonisé. Tout le monde est d'accord pour le dire, il n'y a
personne qui conteste cet élément-là. Il y a
harmonisation. Ce n'est pas une photocopie exacte, et je pense qu'on a
déjà eu l'occasion d'échanger là-dessus. Je pense
que je vous al lu la définition d'«harmonisation» dans le
«Robert».
M. Filion: Avez-vous trouvé une réponse à
l'interrogation qu'on avait, parce qu'à l'époque ça n'a
pas été trouvé. Je suppose que vous avez trouvé
probablement l'écart. C'est que vous aviez fait... Le
Vérificateur s'interrogeait sur une Inscription au livre de 132 000 000
$, dont 87 000 000 $ d'intérêts sur des comptes à recevoir
et 45 000 000 $ à recevoir d'argent de mandataires pour les retenues
à la source au 31 mars 1991.
M. Savoie: Oui, je m'excuse. J'ai manqué le début
de votre question. Je ne comprends pas ce que... Je voudrais vous suivre,
là.
M. Filion: O.K. Vous avez fait une écriture comptable.
M. Savoie: Oui. Où ça? M. Filion: Au
31 mars 1991.
M. Savoie: Le document que vous avez, c'est quoi, là?
M. Filion: Le Vérificateur général. M.
Savoie: Bon! O.K.
M. Filion: Vous avez fait une écriture de 130 000 000 $
composés de 87 000 000 $ d'intérêts sur des comptes...
M. Savoie: Ah oui, oui, oui!
M. Filion: ...et de 45 000 000 $ de retenues à la source.
Il y avait 22 000 000 $ des 87 000 000 $ qu'on n'était pas capable
d'expliquer. Avez-vous trouvé une réponse?
M. Savoie: Oui, oui. Ça, c'est facile. On a justement
discuté de ça ce matin. Je vais demander à M. Beaulieu de
vous répondre.
M. Beaulieu (Jean-Paul): M. le Président, Jean-Paul
Beaulieu. Vous faites référence à ce qu'on appelle dans
notre jargon le compte mandataire.
M. Filion: Oui.
M. Beaulieu: O.K. Ce sont les sommes d'argent qu'on reçoit
en avril qui sont comptabilisées en mars parce qu'on présume que
c'est une convention comptable qui a été acceptée par le
gouvernement depuis bon nombre d'années. Il y a des sommes d'argent
qu'on reçoit en avril qui sont comptabilisées en mars, compte
tenu que l'argent des taxes des mandataires, que ce soit de la retenue à
la source ou des taxes, a été perçu dans le cadre du mois
de mars, mais remis en avril.
L'an passé, le Vérificateur a fait une remarque à
ce sujet-là. On a répondu d'ailleurs, et ça va être
remis dans le rapport qui a été demandé par la commission
et qui sera remis par le sous-ministre prochainement, dans les 90 jours. On
répondra. La remarque qu'on a faite au Vérificateur, c'est qu'on
allait faire des études spéciales pour découvrir, pour
expliquer l'écart. Les études sont en voie d'être
complétées et, effectivement, on va pouvoir expliquer qu'on
n'aurait pas pu faire l'écriture en question, qui avait
été précisée par le Vérificateur
général. On va découvrir qu'il y avait un écart
effectif, mais qui ne pouvait pas s'expliquer au moment de la fermeture de
l'année financière. On a pris un échantillon des
mandataires et on a découvert un écart substantiel, qui
était principalement fondé par... (21 h 10)
Je ne sais pas si vous vous rappelez l'application des remises
mensuelles, bimensuelles et hebdomadaires que le fédéral a faites
dans le passé. Il y a eu harmonisation par le Québec, et c'est
l'écart, c'est l'aptitude du mandataire à fonctionner rapidement
pour fournir sa remise, soit bimensuelle ou hebdomadaire, qui a provoqué
un écart qui a fait sauter tous les experts, à la fois le
Contrôleur des finances, le Vérificateur et chez nous. On ne
pouvait pas, au moment de la fermeture de l'année financière,
l'an passé, faire l'écriture sur la base de l'échantillon
préliminaire qu'on avait. C'est ce qui a donné la remarque du
Vérificateur général. L'étude, on l'a entre les
mains. On va donner les résultats prochainement
au Vérificateur général et aux experts du
gouvernement pour démontrer que, effectivement, il y avait lieu de faire
un correctif, mais pas du montant qui était précisé par le
Vérificateur général. On peut l'expliquer au moment
où on se parle. Je n'ai pas les détails complets, mais,
effectivement, il y avait un écart substantiel qui va être
corrigé.
M. Filion: Moi, j'aimerais poser une autre question. J'essaie de
comprendre, ici, la masse salariale du ministère.
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Et on me parle de M. André Saint-Jean, un
traitement annuel qui vient du ministère de la Justice. C'est quoi
l'affaire?
M. Savoie: Ah! Ça, c'est une affaire avec le
ministère de la Justice. Ce n'est pas avec le ministère du
Revenu.
M. Filion: M. Saint-Jean, est-ce qu'il est à l'emploi du
ministère du Revenu? Il l'était, du moins.
M. Savoie: C'est-à-dire que c'était une personne
qui était affectée au ministère de la Justice et qui
travaillait au ministère du Revenu.
M. Filion: II n'a jamais été à l'emploi du
ministère du Revenu?
M. Savoie: ii était sous-ministre adjoint. c'est
ça. mais, là, c'est quelqu'un qui est à l'emploi du
ministère de la justice. il n'est pas chez nous.
M. Filion: Mais, pourquoi en parlez-vous dans le rapport du
ministère du Revenu?
M. Savoie: C'est parce que ça faisait partie des
déclarations qu'on devait faire pour lui fournir l'information
nécessaire. Là, c'est quelqu'un qui, effectivement, est
maintenant sous la direction du ministère de la Justice et, en
conséquence, relève du ministère de la Justice.
M. Filion: Je cherche à comprendre pourquoi vous en parlez
au ministère du Revenu.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il est en fonction,
actuellement, au ministère de la Justice, ou s'il est à la
maison, M. le ministre?
M. Savoie: Je pense que vous connaissez la réponse. La
question l'indique. Mais je ne sais pas, moi, s'il est à la maison ou
s'il travaille. Je ne peux pas vous le dire. Tout ce que je sais, c'est que
ça ne relève plus de nous.
Le Préaident (M. Lemieux): II n'est plus sous vos
effectifs? est-ce qu'il est sous vos effectifs? est-ce qu'il est payé
par le ministère du revenu? à ce que je sache, il est payé
par le ministère du revenu.
M. Savoie: Oui. C'est pour ça qu'il apparaît dans
les livres.
Le Président (M. Lemieux): S'il est payé par le
ministère du Revenu et qu'il touche un salaire, il devrait être
quelque part.
M. Savoie: Mais c'est parce qu'il relève du
ministère de la Justice. Il ne relève pas de nous autres.
Le Président (M. Lemieux): Continuez, M. le
député de Montmorency. Je reviendrai aussi là-dessus.
M. Filion: Alors, ma question: Qu'est-ce qu'il fait au
ministère du Revenu, sur le «payroll» du ministère du
Revenu?
M. Savoie: C'est-à-dire que c'est un échange qu'on
a eu avec le ministère de la Justice. Il s'occupe du ministère de
la Justice. Sa solde vient de chez nous, mais il n'est plus à notre
emploi.
M. Filion: S'il n'est plus à votre emploi, pourquoi il a
une rémunération?
M. Savoie: C'est un échange que nous avons avec le
ministère de la Justice.
M. Filion: Est-ce qu'il y en a plusieurs échanges comme
ça ou c'est le seul?
M. Savoie: Je pense que c'est le seul. Je pense que vous avez le
seul. C'est le seul qui est indiqué et c'est le seul à ma
connaissance. Je n'en connais pas d'autres. M. Angers me confirme que c'est le
seul. Alors, c'est ça.
M. Filion: C'est un échange dans quel cadre?
M. Savoie: Écoutez, c'est un cas qui est difficile. On a
trouvé cette solution-là. Il est à la recherche d'un
emploi. Je suis certain que Me Saint-Jean veut travailler le plus rapidement
possible. On espère que ça va se régler le plus rapidement
possible.
M. Filion: J'aurais des questions reliées à la
recherche et au développement. On a posé des questions, nous, et
vous nous avez répondu que les renseignements seraient transmis au
ministère des Finances.
M. Savoie: Pardon?
M. Filion: La recherche et développement. On a posé
des questions concernant des mesures ou des décisions anticipées
que vous avez rendues l'automne dernier.
M. Savoie: Là, vous êtes dans notre bouquin,
là. À quelle page?
M. Filion: Page 26.
M. Savoie: Pardon?
M. Filion: Page 8, question 26.
M. Savoie: Page 8, question 26. O.K. Allez- y-
M. Filion: Alors, nous, on vous a demandé combien d'argent
avait été alloué par déduction fiscale aux projets
de recherche et développement avec les universités, sur
décisions anticipées que vous, vous avez rendues. Vous me
répondez que vous n'avez rien à voir avec ça, que c'est le
ministère des Finances. Je ne comprends pas.
M. Savoie: Non. C'est-à-dire que vous demandez le
montant?
M. Filion: Le montant, oui.
M. Savoie: Le portrait global, c'est ça. Il s'agit d'un
programme du ministère des Finances et, en conséquence, la
réponse doit être fournie par le ministère des Finances. On
n'a pas accès à ces informations-là.
M. Filion: Je peux difficilement accepter une réponse
comme ça, M. le ministre. C'est votre ministère qui donne des
décisions anticipées sur des projets spécifiques. C'est
vous qui avez l'information.
M. Savoie: Pardon?
M. Filion: C'est vous qui avez l'Information. Ce n'est pas le
ministère des Finances.
M. Savoie: C'est-à-dire qu'on a de l'information, mais ce
sont des questions qu'on a convenu qui relèveraient du ministère
des Finances et, en conséquence, le ministère des Finances...
M. Filion: Vous pouvez bien convenir si vous vouiez, mais, moi,
je sais que je m'adresse au ministère du Revenu, je sais très
bien que vous pouvez me donner la réponse. C'est vous qui gérez
cette affaire-là.
M. Savoie: Oui, je sais, mais sauf qu'il a été
convenu que ça relèverait du ministère des Finances. Ce
sont des dossiers qui, finalement, seront traités par les Finances et,
en conséquence, c'est les Finances qui doivent fournir votre
réponse.
M. Filion: Oui, mais à titre de ministre du Revenu, vous
devez répondre à ces questions-là.
M. Savoie: Oui, je peux...
M. Filion: Même si vous avez convenu, il n'y a rien qui
vous empêche de compléter vos fonctions et de répondre
effectivement à ce...
M. Savoie: Sauf entente à l'effet contraire,
là.
M. Filion: Moi, je n'ai pas d'entente avec le ministère
des Finances.
M. Savoie: Non, mais ce n'est pas à vous que la question
est adressée. C'est à moi, M. le député de
Montmorency.
M. Filion: Oui, mais vous, comme ministre du Revenu...
M. Savoie: Je vous le dis, c'est ça la réponse.
M. Filion: ...il faut que vous donniez l'information.
M. Savoie: Oui, je sais, mais... Ce n'est pas comme s'il n'y
avait pas de réponse. Ce que je vous dis, c'est qu'au niveau de ces
coûts-là, de même que ces mesures, on a convenu avec le
ministère des Finances que le ministère des Finances
communiquerait ça. D'ailleurs, on me dit ici que le ministère des
Finances s'est engagé avec la commission parlementaire à donner
le bilan complet de cette question.
M. Filion: Écoutez, avez-vous transmis l'information au
ministre des Finances?
M. Savoie: On a probablement collaboré avec le
ministère des Finances pour la collation des montants et l'ensemble des
informations pertinentes pour ce dossier-là.
M. Filion: Et vous ne voulez pas la livrer vous-même?
M. Savoie: Non. Comme je vous mentionne, il a été
convenu que le ministère des Finances ferait une présentation
à la commission parlementaire. Alors, on va laisser le ministre des
Finances faire la présentation au niveau de la commission
parlementaire.
M. Filion: Mais, M. le ministre, il y a de quoi qui ne marche pas
dans votre affaire parce que...
M. Savoie: II y a seulement une affaire qui ne marche pas?
M. Filion: ...le ministère de l'Industrie et du Commerce
nous dit... On pose les questions au ministère de l'Industrie et du
Commerce, qui, lui, à toutes fins pratiques, a son rôle à
jouer concernant ces prospectus financiers là, et il nous répond
que c'est le ministre du Revenu. On pose la question au ministre du Revenu, le
ministre du Revenu nous répond: C'est le ministre des Finances. On va
aller poser la question au ministre des Finances et il va nous dire: Ça
va dépendre du Revenu.
M. Savoie: Non, non, non. Là, je pense qu'il faudrait que
ça soit clair que...
M. Filion: Très clair.
M. Savoie: ...ce que je vous ai dit tout à l'heure, c'est
que le ministre des Finances... On a convenu avec le ministère des
Finances que le ministère des Finances ferait une représentation
à la commission en bonne et due forme et rendrait publiques l'ensemble
des données. Le ministère des Finances nous l'ayant
demandé, on a convenu avec eux autres de ce faire. Je pense qu'on va
laisser ça à cette présentation puisque, finalement,
l'analyse et l'évaluation et la politique de continuation ou non, les
taux et les interventions sont décidés par le ministère
des Finances et non pas par le ministère du Revenu.
M. Filion: Oui, ça, je comprends, mais, moi, c'est des
résultats que je veux. Les hypothèses du ministère des
Finances, ce n'est pas ça que je veux savoir. Moi, je veux le
résultat de terrain...
M. Savoie: Oui, oui. Bien là...
M. Filion: C'est vous qui l'avez, le résultat de terrain.
Ce n'est pas le ministère des Finances.
M. Savoie: Je comprends ça, là.
M. Filion: Je veux dire, moi, le ministère des Finances,
si j'ai une hypothèse à lui formuler, je vais lui demander, mais
ce n'est pas l'hypothèse que je veux là, c'est le résultat
concret.
M. Savoie: Bon.
M. Filion: Combien ça a coûté au
Trésor public, via le ministère du Revenu, tout le
stratagème des recherches, des stratagèmes qu'on a
appelés, entre guillemets, immoraux avec les universités? Combien
ça a coûté?
M. Savoie: Bien là, «immoral», c'est un grand
mot.
M. Filion: Combien ça a coûté? Bien,
écoutez, ce n'est pas moi qui l'ai écrit. Ça a
été écrit dans les journaux.
M. Savoie: Faites attention parce qu'on a déjà eu
un débat là-dessus, et votre affaire n'a pas levé,
ça n'a pas fonctionné.
M. Filion: Ça a levé.
M. Savoie: Ça n'a pas de crédibilité. Ce
n'est pas crédible non plus. Je ne voudrais pas refaire le débat
de ça ici, à moins que vous ne vouliez vous engager dans cette
voie-là.
M. Filion: Je ne veux pas refaire de débat. Je veux savoir
combien ça a coûté. Vous ne voulez pas me
répondre.
M. Savoie: Je vous ai donné la réponse. Je vous ai
dit que le ministère des Finances avait convenu, et c'est ça la
réponse. C'est tout. Ce n'est pas comme si je sentais qu'on avait
caché de l'information à la commission. C'est tout à fait
le contraire. Il a tout simplement été convenu que, sur cette
question-là, II y aurait une présentation de la part du ministre
des Finances. Parfait.
M. Filion: Est-ce que votre projet de loi est en rédaction
actuellement pour ces mesures de changements techniques là qui ont
été apportées à la loi?
M. Savoie: Oui.
M. Filion: Vous êtes en train de le rédiger?
M. Savoie: Sur les mesures qui ont déjà
été annoncées?
M. Filion: Oui, pour le mois d'octobre. M. Savoie: Oui,
oui.
M. Filion: Que vous avez votre clause grand-père pour
accepter tout le monde...
M. Savoie: C'est ça.
M. Filion: ...jusqu'au 31 décembre.
M. Savoie: Wo! Wo!
M. Filion: Vous avez été généreux
pour prendre tout le monde.
M. Savoie: On est sur la glace mince, là. Oui, oui. On
donne toujours suite à ces orientations-là, comme vous le savez.
On devrait voir ça cet automne, j'imagine. C'est ça?
M. Filion: Cet automne?
M. Savoie: Cet automne.
Traitement des avis d'opposition
M. Filion: Moi, sur le plan administratif, au ministère du
Revenu...
M. Savoie: Oui.
M. Filion: ...combien de dossiers sont latents en opposition
actuellement?
M. Savoie: Combien de dossiers sont latents?
M. Filion: Oui.
M. Savoie: Le moins possible.
M. Filion: Aux avis d'opposition et appels? Le moins possible,
mais combien en avez-vous? (21 h 20)
M. Savoie: Oui. On va tâcher de vous sortir ça.
L'annexe 30. Avis d'opposition, nombre de dossiers terminés pour
lesquels une décision a été rendue avant ou après
180 jours. Oui, vous savez, d'une part, qu'au niveau des oppositions, c'est
qu'il y a eu une croissance au cours des quelques dernières
années. On examine non seulement la nature de l'intervention, mais la
qualité des interventions, au niveau des oppositions, d'une façon
constante. Ça donne lieu à des rapports, à une
vérification interne, à un comité. Il y a un excellent
contrôle.
Le nombre de dossiers. Alors, le nombre de dossiers, au 29
février, donc il y a environ 40 jours, 50 jours, on parle de 11 306
enregistrés, et - mon Dieu! - de 9390 réglés.
M. Filion: Vous êtes en train de me dire combien est-ce
qu'il y en a qui restent en attente?
M. Savoie: Bien, ça fait à peu près 2000
dossiers.
M. Filion: Ça, c'est tous les dossiers: individus,
compagnies, successions?
M. Savoie: Me Brochu, oui?
M. Brochu (André): Oui, c'est ça.
M. Filion: Le délai de traitement, actuellement, c'est
quoi?
M. Brochu: Le délai de traitement, à la...
M. Savoie: Asseyez-vous, Me Brochu, puis on va...
M. Brochu: André Brochu. À Québec, c'est
à l'intérieur du délai de six mois pour 85 % des dossiers
et, à Montréal, c'est à l'intérieur du délai
de six mois pour environ 55 % des dossiers, et ceci, suite aux mesures qui ont
été prises depuis l'automne dernier. Disons que l'inventaire est
en voie de devenir sous contrôle.
M. Filion: Pourquoi c'est différent à
Montréal?
M. Brochu: C'est différent à Montréal parce
que, lorsque les inventaires se sont emballés, lorsque les inscriptions
se sont emballées... parce qu'on constate - là, j'y vais de
mémoire - depuis environ 1988, que les inscriptions ont constamment
augmenté; en 1987-1988, on avait, à Montréal, par exemple,
enregistré 8900 dossiers par rapport... pardon, 5123 dossiers par
rapport à 6000. C'est qu'à Montréal il y a eu un
problème. Ils n'ont pas eu les effectifs pour répondre à
cette avalanche de dossiers, contrairement à Québec. Ils n'ont
pas eu les effectifs parce qu'il y a eu des contraintes, il y a eu beaucoup de
congés de maladie, des congés de maternité aussi, de sorte
que c'est directement relié à ce problème-là.
Aujourd'hui, les effectifs sont corrigés, et on s'aperçoit que,
incessamment, on devrait être en mesure, comme à Québec, de
régler la majorité des dossiers, comme ce fut le cas jadis,
à l'intérieur du délai de six mois, pour une proportion
d'environ 85 %.
M. Filion: Dans le règlement de dossiers, combien de
pourcentage est maintenu en général, le pourcentage maintenu au
niveau du palier supérieur pour aller devant, quoi, le tribunal ou la
Cour des petites créances? C'est quoi le pourcentage de cotisations
maintenues?
M. Brochu: On maintient environ 55 % des cotisations qui viennent
en opposition. Le solde n'est pas maintenu pour partie ou totalement. Il peut y
avoir des corrections partielles qui sont comprises dans les 45 %. Et...
M. Filion: Excusez. Il y a 4500 dossiers qui s'en vont au niveau
des tribunaux.
M. Brochu: Non, et, justement, au niveau des tribunaux, je peux
vous dire que c'est une infime partie. Généralement - j'ai cette
statistique-là - au niveau des tribunaux, par exemple à
Montréal, on a 3,7 % des dossiers, soit 192 contribuables qui, durant la
période du 1er avril 1991 au 29 février 1992, sont allés
devant les tribunaux, ce qui est infime, 3,7 %, alors qu'à
Québec, 237 contribuables, soit 5 %, 5,5 %, y sont allés. Donc,
on peut dire qu'une fois que les dossiers sortent de la direction des
oppositions, d'une des directions des oppositions, ils sont à toutes
fins pratiques réglés.
M. Filion: M. le Président, je veux transférer
à...
Embauche des agents de la police du tabac
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Montmorency. Alors, nous allons revenir sur la police
du tabac. J'ai quelques questions relativement à ce dossier-là.
Dans un premier temps, M. le ministre, est-ce qu'il y a quelqu'un avec vous qui
a la responsabilité de la gestion des ressources humaines? Vous avez des
gens ici qui ont la responsabilité de la gestion des ressources
humaines? Est-ce que vous avez eu une dérogation pour combler ces
postes-là? Première question.
M. Savoie: Michel, est-ce que... Non, je... Le
Président (M. Lemieux): Non, mais...
M. Savoie: Oui, oui, on va demander à un monsieur,
là.
Le Président (M. Lemieux): ...je vous pose la question. Il
n'y a pas de problème. Monsieur peut s'asseoir et s'identifier.
M. Savoie: M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt (Michel): Michel Vaillancourt.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Est-ce que vous avez eu
une dérogation pour combler ces postes-là?
M. Vaillancourt: Non. Ça ne nécessitait pas de
dérogation.
Le Président (M. Lemieux): Alors, si vous n'avez pas eu de
dérogation, est-ce que, chez vous, il y a une projection? Est-ce qu'il y
a une planification des ressources humaines qui est faite, M. le ministre?
M. Savoie: Bien oui. Elle est faite.
Le Président (M. Lemieux): Elle est faite. Elle est faite
de façon constante?
M. Savoie: Constante.
Le Président (M. Lemieux): C'est bien. Si elle est faite
de façon constante, M. le ministre, pouvez-vous me dire à partir
de quel moment vous avez identifié les postes disponibles, eu
égard à la police du tabac, les postes qui vous étaient
nécessaires? Vers quelle date environ?
M. Savoie: C'est-à-dire qu'il s'agit d'une intervention ad
hoc, hein...
Le Président (M. Lemieux): Je comprends ça. Ce
n'est pas ça que je vous demande.
M. Savoie: C'est une...
Le Président (M. Lemieux): Je vous demande à partir
de quel moment vous avez identifié les postes disponibles, le nombre, la
quantité, la détermination du niveau d'emploi, la DNE, les
attributions et les conditions d'admissibilité.
M. Savoie: La première fois que ça a
été présenté, c'était autour de la
mi-décembre.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. C'est ça
que je veux savoir. Est-ce que vous pouvez me...
Une voix:...
M. Savoie: Bien non, ce n'est pas de l'improvisation,
ça.
Le Président (M. Lemieux): ...faire état de quelles
démarches vous avez faites... Quelles démarches ont
été faites pour combler ces postes-là? Est-ce que vous
avez fait des démarches par affectation, par mutation, par concours de
promotion ou par concours de recrutement? Non?
M. Savoie: M. Vaillancourt.
M. Vaillancourt: Non, dans ce cas-là très
particulier...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Vaillancourt: ...une fois que le C.T. a été
établi, passé, les communications se sont établies avec la
direction de la vérification, qui devait engager les ressources pour
mettre ce programme-là en marche, et II a été
discuté avec eux de la qualité des gens qui devaient être
engagés pour opérer dans ce secteur-là.
Le Président (M. Lemieux): Vous me parlez d'un C.T. Est-ce
que vous avez ce C.T.-là avec vous?
M. Vaillancourt: Non.
Le Président (M. Lemieux): Pourrlez-vous, s'il vous
plaît, nous le procurer, le déposer aux membres de cette
commission?
M. Vaillancourt:...
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes directeur de la
gestion des ressources humaines.
M. Vaillancourt: Directeur général.
Le Président (M. Lemieux): La loi 51, vous devez la
connaître?
M. Vaillancourt: Bien sûr.
Le Président (M. Lemieux): Vous devez connaître
l'article 45 de cette loi-là?
M. Vaillancourt: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça vous dit
quelque chose? Non, je vais vous le lire, M. le ministre.
M. Savoie: Oui. Non, non... Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Non, mais je vous pose la
question, M. le ministre. S'il vous plaît! L'article 45 dit ceci...
M. Savoie: Ce n'est pas un procès, là.
Le Président (M. Lemieux): «Les appels de
candidature doivent être faits...» Vous savez, vous allez
comprendre qu'on a des lois au Québec, qu'on vote des lois, comme
parlementaires, et, dans mon esprit, ces lois-là... Il y a tout un
processus de dotation, que vos gens qui sont derrière vous connaissent
très bien et que M. Vaillancourt connaît aussi très bien.
On a un règlement sur la dotation, on a un règlement sur la
classification, on a aussi une loi, une loi qui est votée par
nous, qui sommes des députés, et une loi qui demande à
être appliquée, et il y a une population aussi.
L'article 45 nous dit ceci: «Les appels de candidature doivent
être faits de façon à fournir aux personnes susceptibles de
satisfaire aux conditions une occasion raisonnable de soumettre leur
candidature.» La question que je vous adresse, M. le ministre: Est-ce
que, dans le cadre de ce concours-là particulier, toute personne, tout
citoyen ou citoyenne du Québec a eu une occasion raisonnable de
soumettre sa candidature?
M. Savoie: Non.
Le Président (M. Lemieux): Non. Autre question...
M. Savoie: Parce que l'article 45 ne s'applique pas, M. le
député.
Le Président (M. Lemieux): Oui, expliquez-moi pourquoi, M.
le ministre. Je serais bien curieux de savoir pourquoi.
M. Savoie: C'est parce que, effectivement, le principe
générai est cela, mais II peut y avoir des cas d'exception. Sans
ça, l'État ne fonctionnerait pas, là. Vous êtes bien
au courant de ça...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le
ministre...
M. Savoie: ...des principes d'exception qui sont autorisés
et qui sont permis en vertu de la loi aussi, là.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, M. le ministre.
Pour avoir écrit une très grande partie de cette loi-là,
écrit les règlements qui sous-tendent cette loi-là,
permettez-moi de vous dire - vous pouvez le demander à votre directeur
du personnel - que le processus de dotation dans la fonction publique du
Québec comprend quatre opérations: l'affectation, la mutation,
les concours de promotion et les concours de recrutement.
M. Savoie: Oui, mais...
Le Président (M. Lemieux): Êtes-vous
allé...
M. Savoie: Vous parlez...
Le Président (M. Lemieux): Ma question est la
suivante...
M. Savoie: ...d'autre chose...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Ma
question est la suivante: Êtes-vous seulement allé en
recrutement?
M. Savoie: Écoutez, là. On fait affaire avec des
occasionnels. Donc, on s'est servi d'une structure d'occasionnels et, en
conséquence, ce à quoi vous faites référence-Une
voix: Même les occasionnels.
M. Savoie: Oui, oui, mais, en vertu d'occasionnels, il y a cette
discrétion-là. Vous êtes bien d'accord avec ça?
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, je suis d'accord.
Vous allez voir où je veux en venir.
M. Savoie: Bien oui, mais...
Le Président (M. Lemieux): Laissez-moi y arriver. Vous
allez voir.
M. Savoie: Bien là, vous allez voir qu'avec les
occasionnels ça ne fonctionne pas.
Le Président (M. Lemieux): Combien des personnes qui ont
été titularisées étaient des occasionnels sur ces
postes-là, chez vous, dans votre ministère?
M. Vaillancourt: Combien de personnes titularisées
là-dessus?
M. Savoie: Aucune.
Le Président (M. Lemieux): C'étaient tous des
occasionnels?
M. Savoie: C'est tous des occasionnels. Le Président
(M. Lemieux): D'accord. O. K. M. Savoie: Bon.
Le Président (M. Lemieux): Alors, voilà ma question
où je veux en arriver.
M. Savoie: O. K.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, effectivement, chez
vous, des gens de votre section, sous votre responsabilité, ont
communiqué avec des retraités de la Sûreté du
Québec ou de la SPCUM pour les inviter à se présenter aux
postes qui étaient à combler?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Ça s'est fait?
M. Savoie: Oui, ça s'est fait, ça.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez fait
ça aussi pour d'autres corps d'emplois?
M. Savoie: Bien, c'est-à-dire qu'il y avait ici un
élément d'urgence. Il faut bien se le rappeler, là.
M. Leclerc: L'urgence! Dans mon comté, moi, j'ai bien du
chômage... (21 h 30)
Le Président (M. Lemieux): L'urgence! Là, M. le
ministre, lorsqu'au Québec on a 11, 2 % de chômage, lorsqu'on a
des diplômés qui ont des bacs en administration et qui auraient
pu, tout autant que ces gens-là, être susceptibles d'appliquer
à ces emplois-là, vous allez me permettre de vous dire qu'on a
des réserves, en tout cas.
M. Filion: L'urgence... Il n'y a pas eu d'urgence.
Le Président (M. Lemieux): Je n'ai pas fini, M. le
ministre.
M. Filion: C'est vous qui l'avez déterminée.
M. Savoie: C'est fou. Ça commence à friser la
folie, là. Si vous voulez vous embarquer dans un débat à
ce niveau-là...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. Écoutez,
M. le ministre, vous êtes devant une commission parlementaire...
M. Savoie:... on va changer le discours.
Le Président (M. Lemieux):... vous allez nous permettre de
poser les questions qu'il nous plaît de poser.
M. Savoie: Bien, oui. Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas vous qui allez
nous dire quoi faire ni quelle question poser. Mettez-vous ça dans la
tête.
M. Savoie: Bien, calmez-vous, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Non, non, mais je vous dis
ça en premier.
M. Savoie:... calmez-vous. Bien oui, mais prenez un verre d'eau.
Je répondrai à la question...
Le Président (M. Lemieux): Si vous répondiez
à nos questions d'une manière...
M. Savoie:... du député de Montmorency.
Le Président (M. Lemieux):... peut-être plus
substantielle...
M. Savoie: Bien oui. Mais la question d'urgence...
Le Président (M. Lemieux):... et plus directe, on
comprendrait.
M. Savoie: La question d'urgence, on a fait
l'évaluation et on a jugé qu'il y avait urgence. On a jugé
qu'il y avait urgence et, en conséquence, on a agi en
conséquence.
Le Président (M. Lemieux): Et vous trouvez ça tout
à fait normal, M. le ministre?
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous trouvez ça
normal?
M. Savoie: Oui, oui. Dans un cas d'urgence...
Le Président (M. Lemieux): Vous trouvez ça normal
que des retraités puissent immédiatement trouver un emploi alors
qu'il y a un taux de chômage si effrayant au Québec?
M. Savoie: Pour une période de six mois, dans une
situation d'urgence, oui.
M. Filion: Qu'est-ce que vous avez contre les gens, M. le
ministre?
M. Savoie: Je n'ai rien contre les gens, moi.
M. Filion: Pourquoi vous n'y avez pas pensé?
M. Savoie: Qu'est-ce que vous avez contre
les retraités?
M. Leclerc: Les gens de mon comté... Le
Président (M. Lemieux): Alors, pour... M. Leclerc: Les gens
de mon comté... M. Savoie: Bien oui, mais s'il y a...
M. Leclerc: ...ils veulent appliquer. Vous allez leur donner le
droit d'appliquer. Prenez-les, prenez-les pas, c'est une autre affaire, mais
ils vont avoir le droit d'appliquer.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît. M.
Savoie: S'il y a nécessité pour ce faire...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Taschereau.
M. Savoie: Si le programme est reconduit, primo. Secundo, si,
effectivement, il faut utiliser ce contexte à l'avenir, dans un cas
d'urgence, s'il faut d'abord faire un concours puis voir 36 000 personnes
appliquer pour un poste d'occasionnel de six mois, alors on s'en va où
avec ça?
M. Leclerc: II y a des listes d'occasionnels...
Le Président (M. Lemieux): Ça, M. le ministre, on
se donne des lois, M. le ministre.
M. Leclerc: Tous les ministères ont des occasionnels.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! On se
donne des lois, M. le ministre. Si on veut arriver à les modifier, si on
ne veut pas suivre les règles du jeu, qu'on modifie les lois, ça
c'est notre travail, comme législateurs, de le faire.
Alors, pour être beaucoup plus calmes, permettez-moi de vous dire
que, si vous, vous jugez ça normal, moi, je ne trouve pas ça
immoral, mais je trouve ça amoral d'avoir procédé de cette
façon-là.
Maintenant, nous allons parler d'un autre élément, de
votre compte à fin déterminée.
M. Savoie: Bien là, attendez une seconde. Je ne pense pas
que c'est exact de porter des accusations et penser que je vais...
Le Président (M. Lemieux): Je ne porte des accusations.
J'ai porté un jugement, M. le ministre.
M. Savoie: Oui, oui. Mais c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Un jugement.
M. Savoie: Mais c'est une accusation. Un jugement peut être
une accusation.
Le Président (M. Lemieux): Voyons.
M. Savoie: De dire que c'est une décision qui est amorale,
le morceau est gros.
Le Président (M. Lemieux): Je vous dis que, moi, je
considère ça et je le répète.
M. Savoie: Bien oui, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Je suis avocat et j'en connais
les conséquences.
M. Savoie: Mais je ne suis pas obligé... Je m'en fous,
moi.
Le Président (M. Lemieux): J'en connais les
conséquences. Je vous dis que c'est amoral.
M. Savoie: Je ne suis pas obligé d'accepter ce
jugement-là, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Parfait, je suis d'accord avec
vous.
M. Savoie: Je pense que j'ai un droit de réplique.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y. M. Savoie: Bien
oui!
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, dites-moi ce que vous
avez à dire là-dessus.
M. Savoie: Vous arrivez et vous jugez que c'est amoral. Vous
pensez, vous, qu'une situation où, effectivement, il y a des hausses
substantielles au niveau du tabac, où il y a un développement
très important et très immédiat de commerces
illégaux, de la contrebande et qu'on doit faire une intervention
ponctuelle, limitée dans le temps pour créer une pression
à la baisse et, donc, l'embauche d'une soixante d'agents... On ne parle
pas de... Pour le ministère du Revenu, il s'agit d'interventions qu'on
fait d'une façon régulière et constante, des interventions
ponctuelles comme ça. Je veux dire que ce n'était pas quelque
chose qui est nouveau; c'est quelque chose qui est récurrent...
M. Filion: C'est nouveau. Un instant! La police pour collecter
l'impôt...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît!
M. Savoie: ...qui est régulier, qui est dans l'exercice
normal des interventions du ministère. Alors, pour une période de
six mois, parce que la crise était immédiate, il y avait... Et on
sentait un développement exponentiel de la
contrebande au Québec, et c'était majeur. Il fallait
intervenir en donnant un signe non seulement chez nous, pour notre palier de
gouvernement, mais à d'autres paliers de gouvernement aussi. Je dirais
que, là, la situation prenait des limites qu'on jugeait - je ne voudrais
pas utiliser le mot «catastrophique» - des plus importantes. Alors,
en conséquence, on a fait cette intervention sur une base de 180 jours
pour faire notre intervention et on verra, d'ici à quelques semaines,
si, effectivement, la décision a été valable ou pas. On
jugera tous ensemble.
Dans ce contexte-là, l'embauche d'occasionnels que la loi permet,
à travers des informations que nous avions de nature confidentielle,
évidemment, à ce moment-là, sur le développement de
la contrebande, la nature et la proportion que ça prenait, le fait qu'il
y avait peu de chances que ça se résorbe tout seul, qu'on
était le seul gouvernement, à ce moment-là, à
intervenir, la décision a été prise d'aller de l'avant
d'une façon urgente.
Alors, moi, je ne vois rien d'amoral là-dedans. Je n'accepte pas
qu'on juge cette intervention-là amorale, tout au contraire, parce qu'on
s'en va où si, justement, on laisse les gens faire de la contrebande de
la manière dont ils jugent à propos, en se croisant les bras et
en se disant: Bon, bien, c'est le problème de l'autre. C'est un
problème de taxes qui relève du ministère du Revenu et, en
conséquence, nous avons l'obligation d'intervenir. La nature de
l'intervention n'a pas été de 600 personnes.
Le Président (M. Lemieux): C'est...
M. Savoie: On ne parle pas de 1200; on parle d'une soixantaine de
personnes pour faire une intervention pour dire qu'on n'accepte pas la
situation. Vous allez me dire: Le problème n'était pas là.
Il y en a eu quelques-uns qui ont dit: C'est ridicule. Le problème,
c'est les taxes. Tout le monde sait que le problème, c'est les taxes.
C'est un discours de sourds. Le problème, c'est: Est-ce qu'on doit
permettre, les bras croisés, que la situation continue à se
développer? La réponse, c'est non. Je pense que n'importe quel
ministère responsable se devait de poser un geste pour dire qu'on ne
l'accepte pas, et on va poser des gestes immédiats pour s'assurer qu'il
y a une pression à la baisse. C'est ce qui s'est fait, sans bavure, sans
histoire, sans coûts énormes, sur une base de six mois, sur une
période récurrente, avec l'obligation que je me suis
imposée moi-même de faire un bilan à mi-chemin. Alors,
c'est tout.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre...
M. Savoie: Alors, si ça, ça constitue...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre...
M. Savoie: ...alors, là, j'ai des questions importantes
à me poser...
Le Président (M. Lemieux): ...on ne conteste pas
votre...
M. Savoie: ...et d'abord sur les intentions de cette
intervention-là, que je considère grave. Là, on est en
train de juger qu'une situation est amorale, lorsqu'on cherche à
défendre l'intégrité des lois, lorsqu'on... Oui, oui,
l'intégrité des lois.
Le Président (M. Lemieux): Vous me faites sourire,
là. Vous me faites sourire. Vous n'êtes pas sérieux.
M. Savoie: Je suis très sérieux, là.
Le Président (M. Lemieux): Arrêtez de nous prendre
pour des bouffons.
M. Savoie: Je ne vous prends pas pour des bouffons.
Le Président (M. Lemieux): Continuez, on va vous
écouter.
M. Savoie: Oui, c'est ça, je l'espère, M. le
Président, parce que, là, je pense que vous dépassez
clairement... je pense qu'on devrait peut-être penser en termes de nommer
un nouveau président, parce qu'on en est rendus là.
Le Président (M. Lemieux): Si c'est votre jugement...
M. Savoie: Bien oui, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): ...vous parlerez au premier
ministre là-dessus. C'est sa job, pas la vôtre.
M. Savoie: Bien oui! C'est ça!
Le Président (M. Lemieux): Faites la vôtre et
répondez à nos questions.
M. Savoie: Mais, là, c'est parce que je pense que, comme
président, ça déborde un peu la nature de vos
interventions, et le ton, et surtout... Mais d'accuser cette
intervention-là d'amorale me semble... Il n'y a personne qui a fait
cette réflexion-là. Je n'ai vu ce commentaire-là nulle
part. C'est la première fois qu'on me le présente, primo.
Secundo, là, je pense que le fait d'intervenir et de dire que le
gouvernement du Québec, on n'accepte pas la situation de journalistes
qui vont, par exemple, à Estcourt et qui, effectivement, prennent du
«stock shot», des gens qui remplissent leur voiture de contrebande
et la traversent de l'autre côté... Il n'y en a plus de trafic
à Estcourt, il n'y en a plus là. Ça a cessé le
lendemain de la déclaration. Non, non, il
n'y a pas d'à peu près, M. le député de
Montmorency. Le lendemain, c'était fini. Et ça, là, on
peut faire des dépositions là-dessus. C'est ce qui s'est
produit.
Et ça a eu justement l'effet de dire: Wo! Aïe, ça
suffit, là. La taxe doit être payée, on doit utiliser les
cigarettes sur lesquelles toutes les taxes ont été
acquittées, d'ailleurs, et on doit, dans la mesure du possible, cesser
ces opérations, réduire ces opérations de contrebande.
C'est ce que nous avons fait, et je pense qu'on aura l'occasion de se prononcer
là-dessus d'ici une dizaine de jours. Alors, si c'était à
recommencer, oui, on ferait exactement comme ça, puisque l'urgence le
nécessitait. On n'avait pas le temps. Ce n'est pas des emplois à
plein temps, primo...
M. Leclerc: Pardon?
M. Savoie: ...ce n'est pas des emplois à plein temps. Ce
sont des emplois d'occasionnels pour une période de...
M. Leclerc: 35 heures semaine, c'est à plein temps.
M. Savoie: Non, permanents. Il ne s'agit pas d'emplois permanents
et il ne s'agit pas non plus d'une intervention récurrente qu'on va
refaire où, à tous les six mois, à tous les huit mois, on
va procéder à cette embauche-là. Il s'agissait d'une
intervention ad hoc, spécifique, dans le but de répondre à
une situation d'urgence où, au vu et au su de tous, on transportait des
cigarettes, finalement, quasiment impunément. Alors, il fallait faire
quelque chose. Ça a été fait, et je pense que, d'une
façon générale, ça a été bien
reçu par la majorité de la population et, comme je vous ai
mentionné, on aura l'occasion de faire le point en temps opportun, et je
pense que vous, comme d'autres, vous allez être très satisfait des
résultats obtenus, de même que je pense que même vous allez
nous féliciter pour l'intervention que nous avons faite si
rapidement.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, on ne met pas
en doute le caractère d'urgence.
M. Savoie: Hum, hum!
Le Président (M. Lemieux): Ce qu'on dit... Vous avez fait
votre cours de droit...
M. Savoie: Je connais ça, oui.
Le Président (M. Lemieux): II me semble que vous avez fait
votre bac?
M. Savoie: Bien oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous devriez comprendre
qu'il y a un vieux principe qui dit non pas que justice doit être rendue,
mais qu'il faut qu'il y ait apparence de justice. Ce que je vous dis...
M. Savoie: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...c'est que tous les citoyens
et citoyennes, dans ce cas-là particulièrement, même s'il
s'agit d'emplois occasionnels, n'ont pas eu tous la même chance qu'ils
auraient peut-être dû avoir. Vous avez des gens, chez vous, en
gestion des ressources humaines, qui le savent, j'en suis certain, très
bien. Je partage mon jugement sur le fond à savoir qu'avoir
procédé de cette façon ce n'est pas équitable.
C'est mon jugement. Je comprends que vous avez le vôtre.
Maintenant, passons à autre chose. Passons au 871. (21 h 40)
M. Savoie: Non, non, attendez une seconde, là.
Le Président (M. Lemieux): Je ne vous ai pas posé
de question.
M. Savoie: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Je ne vous ai pas posé
de question. Je n'ai pas terminé, M. le ministre. Alors, laissez-moi...
Prenez un verre d'eau. Prenez une petite gorgée d'eau. Laissez-moi
terminer. Laissez-moi terminer doucement. C'est à votre tour
d'être calme.
Effectif prévu pour la gestion du compte
à fin déterminée de la TPS
Nous allons passer maintenant à votre compte pour gérer la
TPS, le 871, ce qu'on appelle, je pense - un instant! - un compte à fin
déterminée, je crois, le 871? Pouvez-vous me dire combien vous
avez d'effectifs dans le 871? Combien il y a d'effectifs dans ce
compte-là pour gérer la TPS, M. le ministre?
M. Savoie: On va demander à Me Beaulieu de vous fournir la
réponse. Mais, juste avant, je voudrais intervenir sur la
déclaration que vous avez faite en ce qui concerne la notion
d'équité. Au ministère du Revenu, on est très
soucieux non seulement de l'image, mais de l'exécution et du respect de
la loi. Ça, je pense qu'il faudrait que ce soit bien clair, primo.
Lorsqu'il y a situation d'urgence... Et, comme il y a eu situation d'urgence
dans ce cas-ci, l'intervention ne pouvait se faire autrement. Alors, comme je
vous l'ai dit, non seulement on a bien agi, mais, si c'était à
refaire, il faudrait poser exactement les mêmes gestes. Il va y avoir
d'autres situations d'urgence au Québec. Il va y avoir d'autres
obligations d'intervenir d'une façon rapide qui, tout en nous
forçant à respecter la loi... Ce que
nous avons fait... Nous avons respecté la lettre de la loi et
l'esprit de la loi. Je ne voudrais pas qu'on laisse sous-entendre quelque chose
d'autre. Puisque, dans une situation d'urgence, on a la capacité
d'intervenir, c'est ce que nous avons fait, pour une période de six
mois.
Je vais demander à Me Beaulieu, maintenant, de répondre
à l'autre question.
M. Beaulieu: Jean-Paul Beaulieu, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: J'aimerais faire une petite correction. Je ne suis
pas avocat, je m'en excuse.
M. Savoie: Excuse-moi! Est-ce que j'ai dit Me Beaulieu?
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une erreur. Ce
n'est pas une erreur. C'est peut-être une qualité de ne pas
l'être.
M. Filion: Pas notaire non plus?
M. Beaulieu: Non, je suis ingénieur, M. le
député.
M. Gautrin: Ingénieur? C'est très bien! Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Savoie: Bon! Bon! Bravo, M. Gautrin! Une intervention!
Le Président (M. Lemieux): Combien y a-t-il d'effectifs
dans ce compte-là pour gérer la TPS?
M. Beaulieu: D'abord, j'aimerais vous souligner que vous
êtes très bien informé parce que le compte 871 est un terme
très, très technique et hautement technique, au ministère.
Il s'agit d'un deuxième ministère à l'intérieur du
ministère...
Le Président (M. Lemieux): Je suis au courant, oui.
M. Beaulieu: ...le 440, qui est le ministère du Revenu. Il
y a, d'après les renseignements qui ont été donnés
d'ailleurs publiquement, à la page 145 des «Renseignements
supplémentaires», un tableau dans lequel, au bas, c'est
intitulé: «Revenu. Gestion de la taxe sur les produits et
services»: 900 années-personnes. C'est calculé sur une
période de neuf mois. Donc, c'est 1200 personnes. Si vous voulez que
j'aille un peu plus loin...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: ...le compte à fin déterminée,
le 871, est un compte qui a été créé pour permettre
de ramasser les contributions fédérales et d'avoir dans ce
compte-là une comptabilité nous permettant de réclamer au
fédéral les personnes-années qui vont être
identifiées pour la gestion de la tps, qui est la moitié, dans le
fond...
Le Président (M. Lemieux): Oui, la moitié, c'est
ça.
M. Beaulieu: ...des 2400 qu'on a prévues.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, 1200.
M. Beaulieu: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): Effectivement, oui. Ça,
je suis au courant.
M. Beaulieu: 1200, neuf mois, ça fait 900
années-personnes. Dans le tableau qu'on retrouve à la page 145
des «Renseignements supplémentaires», on y précise
ces années-personnes-là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous les avez
différenciées des effectifs du ministère?
M. Beaulieu: Soyez plus...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que, à la fois,
dans ce compte-là, il y a des effectifs du ministère ou est-ce
que c'est strictement des gens appelés à gérer la TPS, des
effectifs appelés à gérer la TPS?
M. Beaulieu: Non. M. le Président, comme vous le savez, le
projet TVQ-TPS vise une gestion unifiée des deux taxes. Il devient
extrêmement difficile d'identifier, si on considère que la gestion
va commencer à partir du 1er juillet... Mais, admettons, le 2 juillet,
c'est peut-être un peu plus facile d'identifier certaines personnes qui
travaillent sur les dossiers TPS, mais, admettons, trois, quatre ou cinq mois
après... On vise à intégrer le plus rapidement possible
toutes les activités ministérielles concernant les deux taxes, de
façon à maximiser les économies pour les deux
gouvernements. Donc, il s'agit ici d'un estimé
d'années-personnes, dans le fond. Vous connaissez un peu l'estimé
de base qui est de 2400 années-personnes. Il s'agit d'un estimé
des personnes-années qu'on va pouvoir réclamer du
fédéral en vertu de la formule qui est convenue à
l'entente détaillée, qui suit un peu l'entente des deux ministres
des Finances. Donc, on ne peut pas identifier, dans cette enveloppe-là,
des individus bien précis. On va devoir faire des écritures
comptables sur une base mensuelle, pour la totalité des activités
du ministère, de façon à imputer la partie qui revient au
compte à fin déterminée, c'est-à-dire dans les
900
années-personnes. Donc, on va comptabiliser la totalité
des gens du ministère, donc les 2400. On a des façons, on peut le
faire. On a, dans nos bases budgétaires, près de 930
années-personnes dans le budget qui n'est pas dans le compte à
fin déterminée, qui n'est pas aussi dans les crédits
permanents. On a ajouté à ça des effectifs pour la TVQ,
qui sont dans les crédits permanents, dans les 47 000 000 $.
Le Président (M. Lemieux): Vous en avez pris combien pour
la mise en place de ce système-là, à peu près? 500,
600?
M. Beaulieu: Bien, la totalité... Le Président
(M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: ...des effectifs requis pour la gestion de la TPS,
2400. On en avait 930.
Le Président (M. Lemieux): 930?
M. Beaulieu: avant la gestion de la tvq élargie et de la
tps, on avait 930 années-personnes au ministère pour gérer
la tvq non harmonisée.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez, dans ce
fonds-là, une section informatique, développement
informatique?
M. Beaulieu: Bien, il faut comprendre sa mécanique. Le
fonds est pour faire transiter les revenus fédéraux. Si vous
voulez, je peux vous parler un petit peu de la façon dont c'est
sous-divisé.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: le compte à fin déterminée est
divisé en prêts d'effectifs... o.k. on a trois grandes
sous-divisions dans le compte à fin déterminée.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: D'ailleurs, j'admets avec vous que les
renseignements supplémentaires sont très courts là-dessus.
C'est parce que, compte tenu qu'on vient tout juste de débuter et que la
gestion n'est pas en place avant juillet, on a convenu avec les
autorités... parce qu'on est en train de formaliser toute la
comptabilisation de ce compte-là, de façon très,
très éclatée au cours de l'année. Donc, à
partir de l'automne, probablement que toutes les données dont on va vous
parler aujourd'hui vont apparaître dans les documents officiels et
publics.
Le compte comme tel est réparti en trois grandes sous-enveloppes.
La première sous-enveloppe, c'est le prêt d'effectifs du
fédéral...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: ...c'est-à-dire les gens qu'on a
détachés du fédéral depuis novembre 1990.
Effectivement, on a commencé à prêter des gens pour la
gestion de la taxe en 1991, dès janvier. Ces sommes d'argent là
nous sont remboursées en totalité par le fédéral
avec une majoration de 25 % pour comprendre les bénéfices
marginaux et autres frais indirects.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va.
M. Beaulieu: La deuxième rubrique, c'est le
développement. Donc, c'est l'implantation comme telle du projet à
l'intérieur du ministère. Et la troisième, ce sont les
opérations, c'est-à-dire la gestion des deux taxes à
compter d'une date donnée.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: Donc, si on fait référence à
une année... Prenons l'année 1991-1992. D'ailleurs, vous avez,
dans votre cahier, le cahier qui a été transmis aux
députés, à la toute dernière page, un tableau
résumant les grandes sous-divisions comptables. Si vous allez à
la dernière feuille, donc vous avez le dossier TVQ-TPS, partie
budgétaire, dans le haut. Ça, on y reviendra tout à
l'heure. La partie non budgétaire, c'est la deuxième partie. Vous
avez un budget initial de 28 000 000 $ qui va se traduire par une
dépense probable de 16 000 000 $. On appelle ça une
péremption, c'est théorique. Donc, les 16 000 000 $ de la
dépense probable sont ventilés en prêts d'effectifs, 11 400
000 $, et en 5 000 000 $ de développement. Ça, c'est pour
l'année 1991-1992.
Le Président (M. Lemieux): Vous avez prévu une
partie des coûts au niveau du développement informatique.
M. Beaulieu: Oui, à l'intérieur du
développement comme tel...
Le Président (M. Lemieux): Oui, et vous les avez
évalués à combien?
M. Beaulieu: Une trentaine de millions. Peut-être que... M.
le Président, je m'excuse. C'est 30 400 000 $ sur une base cumulative
pour les trois années d'implantation, pour l'informatique.
Le Président (M. Lemieux): Vous les avez
évalués à ça? Est-ce que vous êtes à
ce montant-là ou vous êtes à un montant plus
élevé?
M. Beaulieu: On n'est pas rendus à ce montant-là
actuellement.
Le Président (M. Lemieux): Oui. O.K. Vous êtes
à moins que ça actuellement.
M. Beaulieu: Oui. Parce que les deux premières
années, c'est 22 500 000 $ cumulatifs au 31 mars.
Le Président (m. lemieux): et, pour vous rendre
jusqu'à la fin du mandat, vous vous allouez combien? est-ce ce
montant-là ou vous prévoyez le dépasser?
M. Beaulieu: On estime que ça coûtera 30 000 000 $
au total, incluant 1992-1993.
Le Président (M. Lemieux): Incluant 1992-1993?
M. Beaulieu: C'est ça.
Le Président (M. Lemieux): C'est le maximum que vous
prévoyez?
M. Beaulieu: Pour l'informatique.
Le Président (M. Lemieux): Pour l'informatique.
M. Beaulieu: C'est ça. Parce qu'il faut bien
comprendre...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: ...contrairement... Les gens pensent tout le temps
que c'est un projet d'informatique. C'est un projet de gestion de taxes.
Le Président (M. Lemieux): Oui, je suis conscient de
ça.
M. Beaulieu: Sur 78 000 000 $ de développement global, il
n'y en a que 30 000 000 $ en informatique.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. Et vos
coûts d'exploitation, à votre avis, de déplacement de
personnel peuvent se chiffrer à combien, dans le cadre de ce
programme-là d'implantation de la TVQ? Vos coûts globaux
d'exploitation du système puis de déplacement de personnel, vous
les évaluez à combien? Avez-vous une idée de
l'évaluation?
M. Beaulieu: Si vous parlez du coût annuel, une
année pleine après...
Le Président (M. Lemieux): Oui, du coût annuel.
Oui.
M. Beaulieu: Bon, on peut escompter que la gestion des deux taxes
va coûter à peu près 150 000 000 $ par année, dont
50 % seront payés par le fédéral. La gestion courante,
là.
Le Président (M. Lemieux): 150 000 000 $.
Voulez-vous répéter ça un petit peu plus fort? Je
veux bien l'entendre.
M. Beaulieu: Non, mais si vous ajoutez 2400 personnes avec le
salaire moyen, les bureaux, etc..
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulieu: ...ça coûte 150 000 000 $ sur une base
annuelle récurrente. Les ajouts, uniquement pour la TVQ, sont
très marginaux; environ 15 000 000 $ à 16 000 000 $ que le
Québec va devoir débourser sur une base récurrente
annuelle pour gérer la partie de la TVQ élargie,
c'est-à-dire passer de 260 000 mandataires à 434 000
mandataires.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va.
M. Beaulieu: Donc, le Québec, au niveau global, s'en tire
assez bien dans ce dossier-là.
Le Président (M. Lemieux): J'aurais d'autres questions,
mais, M. le député de Montmorency, vous voulez intervenir?
M. Filion: Rapidement. Ça ne sera pas très long.
Moi, je veux revenir rapidement, M. le ministre, sur l'état d'urgence
que vous avez soulevé quant à la police du tabac. Dans mon livre
à moi, il n'y en avait pas, d'état d'urgence. Puis, d'ailleurs,
je n'arrive pas à comprendre le ministère sur ça. Comment
se fait-Il que vous n'avez pas appliqué des procédures de
vérification spécifiques aux problèmes qu'on vivait sur
les réserves et sur la sortie dramatique de produits vers les
États-Unis, qui revenaient au Canada sans être taxés
d'aucune façon? C'est ça que je ne comprends pas de votre
ministère. Vous avez appliqué une politique du Moyen Âge,
mettre des polices pour collecter nos impôts, ce qui n'a pas de bon sens
dans un système comme le nôtre. (21 h 50)
Et, là, vous nous dites qu'il y a un état d'urgence. Il
n'y pas d'état d'urgence. Comment se fait-il qu'au ministère vous
ne pensez pas à des procédures de vérification
spécifiques dans des dossiers aussi majeurs que celui-là? Comment
se fait-il que vous ne pensez pas à ça?
M. Savoie: Ce qui s'est produit, à ce moment-là,
c'est qu'avec la croissance au niveau de la contrebande il y avait
l'implication de toutes sortes d'individus. Ce n'était plus seulement un
petit réseau d'autochtones, par exemple, particulièrement de
Kahnawake, d'Akwesasne ou d'autres, qui se livraient à cette
activité, comme ils le faisaient depuis fort longtemps, mais il y avait
une tendance, et ça se répandait. Ça se répandait
à travers les petites communautés. Ça
se répandait à travers tout un ensemble d'intervenants
qui, normalement, ne se livraient pas à ces
opérations-là.
Avec cette croissance exponentielle, comme je vous l'ai
mentionné, il a été évalué nécessaire
et utile d'intervenir sur le terrain; pas seulement dans les papiers, parce que
ça se fait, ça aussi, mais sur le terrain. Donner une
présence. Donner un son de cloche, finalement, un coup de canon à
la population pour dire: Écoutez! C'est illégal, ça.
Lorsque vous faites ça, vous contrevenez à la loi et
également à vos obligations en tant que citoyen.
Donc, dans un souci de moralité, justement, dans un souci
d'indiquer clairement à la population que cette situation-là
n'était pas acceptable, voir ce qu'on voyait, par exemple, aux
nouvelles, le soir, ce qui se passait à Estcourt où n'importe qui
arrivait, remplissait son coffre et, impunément, traversait la
frontière en faisant fi de la loi, de l'application de la loi et de ses
obligations de citoyen de payer ses taxes, puisque c'est une obligation de
citoyen.
M. Filion: M. le ministre, les citoyens le savent, ça.
M. Savoie: II a été jugé urgent de faire
cette intervention-là et, comme je vous l'ai mentionné, on en
fera l'évaluation ensemble au moment opportun. Si on pense que ça
devient... Supposons qu'on l'arrête, qu'on cesse cette
opération-là à la fin de l'intervention...
M. Filion: Je suis sûr que vous allez cesser.
M. Savoie: ...et qu'on doit, par exemple, intervenir de nouveau
dans un autre secteur où il y a de l'activité... Je pense, par
exemple, aux produits d'alcool. Je pense, par exemple, aux produits
pétroliers. Je pense à d'autres secteurs où il pourrait
peut-être s'avérer nécessaire d'intervenir. Bien,
l'intervention se fera si on est d'accord.
M. Filion: Les fabricants. Ça origine des fabricants, la
problématique qu'on vit. Comment se fait-il que ces gens-là n'ont
pas été vérifiés d'une façon intensive?
Comment se fait-il que vos équipes de vérification ne sont pas
sur le champ dès le départ du produit du Québec qui
revient chez nous hors-taxe?
M. Savoie: Écoute, on est...
M. Filion: Voyons donc! À qui est-il vendu ce
tabac-là? Voyons donc, M. le ministre. Arrêtez de nous
remplir!
M. Savoie: On est 4000, là. Vous n'êtes pas les
seuls pour avoir pensé à ça. On n'en est pas à nos
premiers balbutiements dans ce dossier-là.
M. Filion: Je comprends, mais une police du tabac ne règle
rien dans le débat.
M. Savoie: Mais, ça demanderait un minimum
d'humilité, là, je pense, de votre part. Il y a des
vérifications. Ça se fait de façon constante. On a des
échanges avec les producteurs. Il y a des échanges avec ces
gens-là. Et eux, tout simplement, ont continué à exporter.
Leur volume a légèrement augmenté. Tout ça est
arrivé à peu près en même temps, et cette
urgence-là a donné naissance à nos interventions d'une
façon ferme. Il fallait donner le ton, et c'est ce qu'on a fait. On a
dit: Écoutez, il faut trouver des solutions autres que le
développement de la contrebande au Québec. C'est tout.
M. Leclerc: merci. je remercie mon collègue de
montmorency. je vais essayer de faire vite parce que mon collègue de
verdun avait une question aussi.
Une voix:...
M. Leclerc: Liste d'occasionnels. Est-ce qu'on peut avoir une
idée, à 100 près ou à 50 près, du nombre de
personnes qui sont sur votre liste d'occasionnels, à ce moment-ci ou il
y a un mois?
M. Savoie: Oui, oui. On est capables de vous fournir
ça.
M. Leclerc: Juste pour voir combien il y avait d'occasionnels qui
n'étaient pas assez compétents pour occuper ces
postes-là.
M. Vaillancourt: Michel Vaillancourt. Selon les inscriptions
d'occasionnels qu'on a au ministère, il y en a environ 8000 à
Québec et 8000 à Montréal qui sont inscrits et qui sont
inscrits selon leur profil individuel, le av., et qui sont donc inscrits selon
les catégories d'emplois qu'on utilise habituellement. D'accord?
M. Leclerc: Je comprends que, là-dedans, il y a des
personnes de 58 ans qui n'auraient pas été courir après...
Je suis capable de comprendre ça. Mais je suis capable de comprendre
également qu'on cherchait 60 personnes et qu'on avait une banque de 16
000 personnes à portée de la main.
M. Vaillancourt: On cherchait 60 personnes avec un profil qui ne
correspondait pas à celui qu'on retrouve dans nos banques usuelles
d'occasionnels.
M. Leclerc: J'en conviens que ce n'était peut-être
pas le profil normal.
M. Vaillancourt: Faire de la filature, ce n'est pas le genre
d'occasionnels qui sont
inscrits chez nous.
M. Leclerc: Sauf que mon collègue de Verdun,
mathématicien, va vous dire...
M. Vaillancourt: C'est aussi simple que ça.
M. Leclerc: ...que la loi de la moyenne était contre vous,
là.
M. Vaillancourt: Si c'était le cas, on aurait puisé
là-dedans. Si on avait eu du monde qui s'était inscrit chez nous,
ça n'aurait pas été un problème.
Dégrèvement fiscal pour l'achat d'un
appareil Rhumart
M. Leclerc: O.K. J'ai une question sur l'équité,
non pas l'équité en embauche, mais l'équité dans le
traitement. Deux des lettres les plus dures que j'ai eu à encaisser en
presque sept ans comme député, c'est deux citoyens de mon
comté qui m'ont écrit sur la façon dont le
ministère du Revenu a traité leur achat d'un appareil que l'on
appelle Rhumart. Ça dit peut-être quelque chose à des gens
ici, là.
M. Savoie: Oui, comme responsable de l'Office des professions,
là...
M. Leclerc: Oui, mais on ne mêlera pas les genres
là. On va parler du traitement fiscal...
M. Savoie: Non, non, mais c'est ce qui m'a permis de
connaître la machine Rhumart, oui.
M. Leclerc: Ce qui est arrivé, c'est que des individus au
Québec ont acheté ces équipements-là fort
dispendieux. Que l'on soit d'accord ou non sur le genre de traitement,
là n'est pas la question. On peut se soigner comme on veut, là.
Des individus ont acheté ces appareils-là qui valent de 4000 $
à 5000 $, prescription médicale. De toute façon,
l'inventeur de ça, c'est un médecin. Ils ont passé
ça sur leurs rapports d'impôt fédéral et
provincial.
M. Savoie: Oui.
M. Leclerc: Et ça a passé un bout de temps. La
personne de mon comté m'a dit connaître personnellement sept
autres... Elle me cite un nom, plus sept autres personnes que je connais, qui
ont eu leur dégrèvement fiscal au provincial et au
fédéral. Et, moi, je connais quelqu'un, dans ma famille,
là, qui l'a eu aussi là. Je ne courrai pas après pour le
cotiser là, mais je connais personnellement quelqu'un qui l'a eu. Et
là, du jour au lendemain, dans un milieu très fermé de
gens qui s'adonnent à cette science-là, qui n'est pas
ésotérique du tout, qui est une espèce d'onde, de cerceau
que les gens se mettent...
C'est supposé être bon pour les cellules. En tout cas, peu
importe. Dans un milieu restreint, on a fait des inclus puis des exclus. Il y
en a qui ont eu droit de passer la dépense - 4000 $, 5000 $ - en frais
médicaux. Du jour au lendemain, on a fermé la valve, et le reste
des gens n'ont pas eu droit à ça.
C'est ça qui est difficile dans notre système fiscal, dont
la base est l'équité. Moi, je n'aime pas ça payer mon
impôt, mais, comme je présume que tout le monde ici paie comme
moi, ça aide à faire passer la pilule. Mais là, eux se
rencontrent ensemble, ils ont tous acheté ce fameux appareil là;
la moitié de la salle a eu un dégrèvement fiscal, l'autre
moitié ne l'a pas eu.
Et, moi, je vous dis, là, je ne sais pas quoi leur dire. Je ne
sais pas quoi leur dire parce que je n'ai pas d'explication.
M. Savoie: Ce n'est pas facile, ça.
M. Leclerc: Et le principe de l'appariement avec le
fédéral, dans ces cas-là, moi, je n'embarque pas
là-dedans.
M. Savoie: Bien oui.
M. Leclerc: Parce que, si le fédéral se tire dans
la rivière, moi, je ne suis pas prêt à le suivre.
M. Savoie: Bon.
M. Leclerc: Si on a accordé le dégrèvement
à un certain nombre de gens, j'essaie de comprendre pourquoi on ne
suivrait pas la même logique et qu'on ne l'accorderait pas à tout
le monde.
M. Savoie: Bien, c'est un peu la situation, là, qui arrive
quand on administre. À un moment donné, on autorise telle
dépense et, au fur et à mesure que le temps passe, on constate
que la dépense n'est pas admissible, et il y a un revirement de
politique. On ferme la porte, à ce moment-là, à cette
dépense-là. C'est un peu ce qui est arrivé, un peu, par
exemple, ce qui arrive avec l'ensemble des bonifications que nous avons au
niveau des programmes d'incitation. À un moment donné, ça
existe; le lendemain, la porte est fermée, ça n'existe plus. Les
conditions changent. Je pense, par exemple...
M. Leclerc: À ce moment-là, c'est annoncé,
et tout ça. Mais là, du jour au lendemain, sans annonce
aucune...
M. Savoie: Oui.
M. Leclerc: ...des gens, achetant de bonne foi cet
appareil-là, le réclamant...
M. Savoie: Normalement, là, il devrait y
avoir une annonce, là.
M. Leclerc: Est-ce qu'il y a eu une annonce?
M. Savoie: On va vérifier ça, là.
M. Leclerc: Oui, s'il y a eu une annonce, d'abord, j'aimerais
ça l'avoir.
M. Savoie: C'est ça.
M. Leclerc: Mais iI faut comprendre que, si, moi, j'achète
ça au mois de juin, je le mets sur mon rapport d'impôt au mois de
mars puis j'ai ma réponse au mois de mai. Il s'est passé
quasiment un an avant que je puisse savoir et que mon voisin puisse me dire
qu'il a été refusé. Mol, je vous avoue bien franchement
qu'on parle d'un nombre relativement minime d'appareils par année.
M. Savoie: D'accord.
M. Leclerc: II s'en vend peut-être, je ne sais pas, moi,
peut-être 300, 400, 500 au Canada. Je ne comprends pas.
M. Savoie: Bien oui, bien oui.
M. Leclerc: Je pense que la raison, la seule raison qu'on a pour
avoir fermé ça, c'était pour faire de t'appariement avec
le fédéral. Puis, moi, je n'accepte pas ça. Si le
fédéral prend des décisions qui n'ont pas de bon sens, on
n'est pas obligé de les suivre aveuglément.
M. Savoie: Mais, en recevant votre lettre... Votre lettre est
datée de quand?
M. Leclerc: Vous voulez dire la personne de mon comté qui
m'a écrit?
M. Savoie: Oui, c'est ça, oui.
M. Leclerc: Je l'ai reçue le 13 septembre.
M. Savoie: L'année passée, là.
M. Leclerc: 1991.
(22 heures)
M. Savoie: Oui. Est-ce que vous avez pris contact avec le
ministère? Est-ce que copie a été envoyée...
M. Leclerc: Je me rappelle vous en avoir parlé
personnellement le soir du party de Noël, M. le ministre.
M. Savoie: Le soir du party de Noël!
M. Leclerc: Heureusement qu'il y avait un party ce
soir-là.
M. Savoie: C'est drôle, je pense que, le soir du party de
Noël, j'étais en défense du projet de loi... Je pense que,
d'ailleurs, pendant que tout le monde s'amusait, j'étais poigné
ici.
M. Leclerc: Moi, c'est à l'entrée du party. M. le
ministre, je n'ai pas dit pendant le party, j'ai dit le soir du party.
M. Savoie: Le soir du party. Je ne m'en rappelle pas. Mais, en
tout cas, chose certaine, c'est que, normalement, lorsque vous recevez une
lettre comme ça, on a des gens au cabinet qui sont là pour
répondre à vos questions. On a également un comité
des plaintes. Si la lettre avait été, par exemple, avec un appel
de votre part, on aurait pu aller chercher...
M. Leclerc: Non. Écoutez, ça, c'est tout fait. On a
reçu une lettre de M. Pierre-Paul Blais. C'est tout fait, ça.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la commission...
M. Leclerc: La réponse, c'est non. Vous avez dit non.
M. Filion:... sous forme de projet de recherche, ça va
passer.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la commission du budget
et...
M. Leclerc: C'est vrai que... Mais ça coûte bien
plus cher quand c'est comme ça.
M. Savoie: Mais, normalement, on cherche à donner des
explications et l'historique d'un dossier. Quand vous faites la
démarche, ça nous fait plaisir d'y donner suite, surtout à
des cas comme ça, parce que, finalement, on traite plusieurs des
dossiers de vos commettants qui vous écrivent ou qui vous appellent.
Le Président (M. Lemieux): Alors, la commission du budget
et de l'administration suspend ses travaux jusqu'à demain matin, 10
heures, dans la même salle, pour reprendre ses travaux dans une
très grande quiétude. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 2)