Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Neuf heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Lemieux): A l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! La commission du budget
et de l'administration est réunie afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires des programmes 6 et 7 du
ministre des Finances pour l'année financière se terminant le 31
mars 1992. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
secrétaire. J'aimerais vous rappeler l'enveloppe de temps allouée
à l'étude de ces crédits. Il s'agit d'une période
de trois heures qui a été allouée pour l'étude des
programmes 6 et 7 de la ministre déléguée aux Finances.
J'aimerais demander aux membres le choix qu'ils désirent effectuer
relativement au mode d'étude des crédits. Deux modes
d'étude des crédits s'offrent à nous, soit l'étude
de chacun des programmes selon l'ordre du livre des crédits, avec
adoption, à la fin du débat, de chacun des programmes, ou une
discussion d'ordre général avec une période à la
fin de la séance afin de procéder à la mise aux voix des
deux programmes. Alors, est-ce qu'on préfère une discussion
générale ou qu'on s'en tienne au livre des crédits?
M. Boisclair: Moi, c'est ce que je vous propose.
Mme Robic: Au livre des crédits.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que ça vous va,
Mme la ministre?
M. Boisclair: Discussion générale.
Le Président (M. Lemieux): Discussion
générale.
M. Boisclair: Adoption, après ça, à la fin.
Mme Robic: De chacun des secteurs, là.
Le Président (M. Lemieux): Une discussion
générale, effectivement, sur les différents programmes, au
lieu de suivre les programmes et les éléments dans l'ordre.
Quelle que soit l'évolution de nos travaux, je vais quand même me
réserver dix minutes à la fin de la séance pour être
certain de procéder à la mise aux voix des deux programmes.
Est-ce que ça vous va?
Mme Robic: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Ça vous va. Maintenant,
je vais permettre à Mme la ministre de nous faire part de sa
déclaration d'ouverture, d'une durée maximale de 20 minutes,
pour, par après, permettre au représentant de l'Opposition
officielle de faire de même. Alors, Mme la ministre, nous sommes au
niveau des remarques préliminaires. La parole est à vous.
Remarques préliminaires Mme Louise
Robic
Mme Robic: M. le Président, si vous me le permettez, avant
les remarques préliminaires, j'aimerais peut-être vous
présenter les gens qui m'accompagnent aujourd'hui. À ma gauche,
je vous présente M. Mario Lebrun, mon directeur de cabinet, et, à
ma droite, M. Paul Fortugno, le président de la Commission des valeurs
mobilières du Québec. M. Fortugno est secondé par M.
Raymond Hardy, directeur de l'administration. M. Max Hamar, chef du Service du
budget et de l'organisation, et M. Pierre Lizé, directeur de
l'encadrement du marché. Nous avons également M. Jean-Marie
Bouchard, Inspecteur général des institutions financières
qui, lui, est accompagné de M. Richard Boivin, Surintendant des
assurances, Alain Samson, Surintendant des intermédiaires de
marché et Louise Milhomme, directrice générale de
l'administration et des entreprises.
Je suis également accompagnée de M. Jean Martel,
sous-ministre adjoint aux politiques et institutions financières au
ministère des Finances, qui, lui, est accompagné de M.
André Montminy, directeur général de l'administration de
ce ministère. M. Réal Martel, qui est le Surintendant du courtage
immobilier, est également avec nous aujourd'hui.
M. le Président, pour une deuxième année, il m'est
agréable de procéder, en compagnie des membres de cette
commission, à l'étude de certains crédits de 1991-1992 du
ministère des Finances qui concernent les organismes et directions
relevant de ma compétence. Il s'agit plus particulièrement de
l'analyse des crédits de l'Inspecteur général des
institutions financières et de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, soit les enveloppes budgétaires
prévues aux programmes 6 et 7 du ministère des Finances.
De plus, nous procédons cette année, M. le
Président, à l'étude d'une portion des crédits
octroyés au programme 5 du ministère, soit Gestion interne et
soutien, relativement aux dépenses à être encourues durant
l'exercice 1991-
1992 par le Service du courtage immobilier, dont la
responsabilité m'a été confiée au mois de juin
1990. En outre, le programme 5 du ministère des Finances inclut certains
crédits affectés au sous-ministre adjoint aux politiques et
institutions financières et à la Direction des politiques dont H
est responsable.
Ces crédits seront toutefois soumis à
l'examen de cette commission dans le cadre de l'étude des crédits
du ministère lui-même. C'est pourquoi je n'entends pas m'y
attarder, sauf pour compléter au besoin des réponses qui ont
été soumises à l'Opposition officielle et qui s'y
rapportent. Il convient d'abord, m. Le Président, de dresser un bref
état du mandat des autorités administratives dont les budgets de
fonctionnement nous sont soumis pour étude ce matin et, par la suite,
d'attirer à votre attention, en comparant les données de chaque
exercice, certains éléments significatifs des crédits
budgétaires qui y sont prévus.
Comme je l'ai indiqué précédemment, le
budget du bureau de l'Inspecteur général des institutions
financières est prévu au programme 6 du ministère des
Finances. L'Inspecteur général a pour principale mission
d'assurer la surveillance et le contrôle des institutions
financières québécoises et des intermédiaires de
marché. Son action qui se situe autant au plan de la législation
et de la réglementation que de l'application des lois couvre
essentiellement quatre grands secteurs: les assurances, les
intermédiaires de marché, les institutions de dépôt
et les entreprises. Les crédits budgétaires pour l'Inspecteur
général s'élèvent à 21 871 700 $ pour
l'exercice 1991-1992 comparativement à 21 399 600 $ pour l'exercice
précédent, soit une augmentation de près de 2,5 %. Avec
cette augmentation, on peut, sans contredit, affirmer, M. le Président,
que l'Inspecteur général continue de s'acquitter avec
efficacité de ses responsabilités à l'égard de la
supervision et du fonctionnement du système financier
québécois.
Le budget de la Commission des valeurs mobilières du
Québec est prévu au programme 7 du ministère des Finances.
La Commission a pour mandat, notamment, de favoriser le bon fonctionnement du
marché des valeurs mobilières, d'assurer la protection des
investisseurs, de régir l'information des porteurs de valeurs et du
public en général sur les personnes qui émettent des
titres dans le public et d'encadrer l'action des intermédiaires de
marché en valeurs mobilières. Le budget de la Commission
s'élève à 8 054 900 $ pour l'exercice 1991-1992
comparativement à 7 501 500 $ pour le précédent exercice,
soit une augmentation de près de 7,4 %. Cette augmentation des
crédits disponibles témoigne, M. le Président, de la
reconnaissance par le gouvernement libéral de la nécessité
de favoriser, malgré un contexte budgétaire difficile, un
développement des activités de surveillance de la Commission.
Quant au Service du courtage immobilier dont le budget est
prévu au programme 5 du ministère des Finances, il est
passé de 992 800 $, en 1990-1991, à 1 013 500 $, en 1991-1992,
pour une augmentation de 2,09 %. Il convient de souligner, M. le
Président, que ce service dont la responsabilité administrative
est présentement dévolue au programme 5 se joindra
éventuellement au service du bureau de l'Inspecteur
général des institutions financières lors de
l'implantation du nouvel encadrement souhaité par les courtiers et
agents d'immeuble.
M. le Président, l'évolution rapide qu'a
connue le secteur québécois des institutions financières
pendant les dernières années s'est poursuivie alors que nous
avons été témoins de fusions, de réorganisations et
d'associations à la faveur du phénomène de
décloisonnement que le Québec a initié au Canada. Ces
divers changements reflètent bien, M. le Président, le dynamisme
des Québécois et des Québécoises qui, aujourd'hui,
occupent des positions de contrôle dans le secteur financier. Ils sont
maintenant en mesure d'influencer les marchés québécois et
canadien et ils commencent progressivement à véritablement se
positionner sur l'échiquier international.
Le marché des valeurs mobilières, tout autant
que celui des institutions financières, a connu aussi des
transformations majeures et accélérées depuis une dizaine
d'années. la reformulation des enjeux concurrentiels, notamment en
matière de financement des entreprises industrielles et de financement
des gouvernements, a entraîné une recherche de nouveaux
marchés. cette demande croissante et accélérée de
financement a eu pour effet d'ouvrir davantage les possibilités de
mobilité des capitaux et d'en internationaliser les pratiques.
Parmi les conséquences visibles de cette
globalisation des sources de prêt et d'investissement, on remarque une
adaptation des technologies informatiques, l'arrivée de nouveaux
professionnels, que ce soit au niveau des institutions ou individus, et une
demande publique pour une information plus rigoureuse sur l'ensemble des
opportunités offertes par les intervenants domestiques, nationaux et
internationaux. La mobilité des petits investisseurs à la
recherche de meilleures conditions pour garantir te rendement de leurs
épargnes caractérise, en outre, les conséquences du
décloisonnement des frontières et de la restructuration du
marché.
C'est donc dans ce contexte, M. le Président, que je
me suis affairée au cours de la dernière année à
l'accomplissement des tâches qui me sont attribuées à titre
de ministre responsable du secteur des institutions financières. Il
s'est agi d'identifier les priorités, de mettre en place les mesures les
plus susceptibles de favoriser la croissance et de poursuivre le
développement de nos institutions. À cet égard,
un certain nombre de dossiers ont connu leur aboutissement et vous me
permettrez, M. le Président, de vous dresser un bilan sommaire du
travail ainsi réalisé sous ma responsabilité.
Certes, il ne s'agit pas là d'un bilan exhaustif car les dossiers
ont été nombreux. Ce bilan demeure néanmoins
impressionnant. Il vous démontrera, sans l'ombre d'un doute, le travail
immense qui a été accompli au cours de la dernière
année. Je voudrais donc profiter de l'occasion pour remercier
publiquement le bureau de l'Inspecteur général, la Commission des
valeurs mobilières, le Service du courtage immobilier, la Direction des
politiques et institutions financières du ministère des Finances
et mon cabinet pour les énergies qui ont été
consacrées au cours du dernier exercice à l'avancement des
dossiers.
C'est au chapitre de l'harmonisation des lois et des règlements,
M. le Président, que je suis particulièrement fière des
résultats obtenus. En effet, le 28 mars dernier, j'avais le plaisir de
m'associer avec mes homologues des autres provinces et d'annoncer la conclusion
d'une entente interprovinciale visant l'harmonisation des principaux
thèmes de réglementation des sociétés de fiducie et
des sociétés d'épargne. Les principes qui ont fait l'objet
du consensus portent notamment sur la définition du capital de base
réglementaire, la norme de liquidités, les règles
régissant le financement commercial, l'acquisition de filiales et de
sociétés associées et les normes sur les prêts et
les placements. L'entente porte également sur des projets de divulgation
uniformes requis trimestriellement des sociétés à des fins
de surveillance.
L'aboutissement de ces discussions qui se déroulent depuis
maintenant plus de deux ans entre les fonctionnaires des provinces fait en
sorte que nous pouvons, aujourd'hui, proposer aux sociétés de
fiducie et sociétés d'épargne à charte provinciale
une alternative à la juridiction fédérale qui soit
à la fois valable et avantageuse. Ce consensus, je tiens à le
préciser, M. le Président, ne porte aucunement atteinte au droit
fondamental du Québec de légiférer en matière
d'institutions financières. Il constitue plutôt une base solide
à l'application du principe de reconnaissance mutuelle de chaque
province.
Je suis donc heureuse de constater que nous avons réalisé,
de concert avec les autres provinces, des progrès tout à fait
remarquables en ce sens, lesquels ont d'ailleurs été
salués par l'industrie. C'est pourquoi nous sommes résolus
à poursuivre les discussions d'harmonisation auxquelles le gouvernement
fédéral a été invité à se joindre et
à faire bénéficier d'autres catégories
d'institutions financières, notamment les assureurs, des avantages
découlant de l'instauration d'un cadre réglementaire
harmonisé.
Au cours de l'exercice qui vient de se terminer, le secteur des
assurances a également fait l'objet d'une attention très
particulière.
Sans nul doute, c'est l'adoption du projet de loi 112, Loi modifiant la
Loi sur les assurances et d'autres dispositions législatives, qui a
marqué cette dernière année. Les modifications introduites
par ce projet de loi viennent concrétiser les orientations sur les
énoncés de politique contenus dans le premier rapport quinquennal
sur l'application de la Loi sur les assurances que j'ai déposé
à l'Assemblée nationale en juin dernier. Elles visent à
doter les assureurs du Québec d'un cadre législatif mieux
adapté à la réalité d'aujourd'hui. Qu'il suffise de
rappeler que ces modifications répondent aux besoins exprimés par
l'industrie pour assurer son développement. Elles ont également
pour objet de permettre aux assureurs de profiter des avantages du
décloisonnement et de conserver la confiance des consommateurs et ce,
par des mesures de contrôle et de surveillance
améliorées.
L'encadrement des activités des intermédiaires de
marché a également monopolisé une grande partie de nos
énergies au cours du dernier exercice. Avec la mise en vigueur prochaine
de la réglementation afférente à la Loi sur les
Intermédiaires de marché, la boucle du décloisonnement des
institutions financières sera bientôt complétée. Les
intermédiaires oeuvrant dans le milieu pourront, de façon
générale et suivant certaines conditions, exercer leurs
activités plus librement tout en étant soumis au respect de
normes déterminées. Ces projets de règlement constituent
une étape importante vers l'autoréglementation pleine et
entière. Ils prescrivent un ensemble de mesures qui visent de
façon particulière l'atteinte d'un plus haut niveau de
professionnalisme pour les intermédiaires de marché.
C'est pourquoi nous nous sommes employés, au cours de la
dernière année, à faire preuve d'une grande
disponibilité en faveur des différents organismes et associations
d'intermédiaires du secteur des assurances, notamment aux fins de les
guider dans la préparation des projets de règlement qui
régiront bientôt leurs activités. Ces règlements,
ajoutés aux règlements de l'Inspecteur général
concernant les cabinets multidisciplinaires et les planificateurs financiers,
devraient être soumis au Conseil des ministres prochainement en vue de
leur adoption pour le mois de juin qui vient et leur entrée en vigueur
pour le mois de septembre. (10 heures)
M. le Président, la question du financement des compagnies
mutuelles d'assurance de personnes est un autre dossier qui a reçu mon
attention au cours du dernier exercice. Vous vous souviendrez, en effet, qu'au
printemps de l'année dernière j'annonçais la formation
d'un groupe de travail dont la mission était de me formuler des
suggestions visant à permettre à nos mutuelles d'assurance de
personnes d'assurer leur croissance et de favoriser leur
développement.
À l'automne dernier, ce groupe de travail
me remettait son rapport et énonçait un certain nombre
d'hypothèses, lesquelles ont d'ailleurs été
discutées à l'occasion des auditions particulières que
cette commission a tenues sur le sujet. il s'agit pour moi d'une question
prioritaire, m. le président. c'est pourquoi j'ai demandé qu'on
approfondisse la réflexion au cours des prochains mois et que l'on
poursuive les discussions avec l'industrie sur la base des diverses
hypothèses soulevées dans le rapport. je réitère de
plus, aujourd'hui, l'assurance que notre action se poursuivra en étroite
collaboration avec l'industrie. qu'il soit dit, m. le président, que le
gouvernement n'improvisera pas sur cette question et n'agira pas non plus avec
précipitation. il nous faut, en effet, identifier des avenues
réalistes et favoriser des mesures qui permettront véritablement
à nos compagnies mutuelles de continuer à se développer et
à jouer pleinement leur rôle dans le développement
économique du québec.
M. le Président, les membres de cette commission se souviendront
des consultations tenues sur la réforme du courtage immobilier,
lesquelles ont permis aux intervenants intéressés de se prononcer
sur les énoncés du document de consultation que j'ai rendu public
à ce sujet. Animée de l'esprit du décloisonnement et du
principe d'autoréglementation, cette réforme s'inscrit dans un
souci de protection du public et préconise la mise en place et le
renforcement de mécanismes spécifiques visant notamment un
encadrement professionnel mieux adapté à la pratique du courtage
immobilier. J'ai d'ailleurs l'intention de déposer à
l'Assemblée nationale et de faire adopter avant l'ajournement de la
présente session pour la période estivale un projet de loi sur le
courtage immobilier et ainsi donner suite aux représentations qui m'ont
été faites.
Les réformes dont je viens de faire état relativement aux
secteurs des assurances, des intermédiaires de marché et du
courtage immobilier et la supervision qu'elles nécessitent nous ont
amenés à réexaminer le mode de fonctionnement des
dépenses et revenus budgétaires du bureau de l'Inspecteur
général des institutions financières. Comme vous le savez,
celui-ci est tenu de respecter le cadre et la dynamique traditionnelle de
gestion des finances publiques, ce qui le prive, sur le plan budgétaire,
d'une certaine marge de manoeuvre dans la planification et le financement du
développement de son unité administrative. Cette situation fait
presque figure d'anachronisme puisque, dans plusieurs lois régissant les
institutions financières, les frais inhérents à l'exercice
des responsabilités et pouvoirs de l'Inspecteur général
sont imputés directement par le gouvernement à ces mêmes
institutions en fin d'exercice. C'est pourquoi nous envisageons la
possibilité de modifier le régime de fonctionnement
budgétaire de l'Inspecteur pour en faire, en quelque sorte, un orga-
nisme à financement extrabudgétaire qui pourrait utiliser les
revenus qu'il génère pour financer les dépenses
qu'entraîne l'accomplissement de ses mandats.
M. le Président, nous avons, par ailleurs, été
également très actifs dans le secteur des valeurs
mobilières au cours de la dernière année. L'étude,
par cette commission, du projet de loi 101, Loi modifiant la Loi sur les
valeurs mobilières, et son adoption par l'Assemblée nationale ont
été, sans conteste, les événements marquants de ce
secteur d'activité. Qu'il suffise de rappeler que les modifications
introduites par ce projet de loi concernent, pour l'essentiel, le renforcement
des pouvoirs de la Commission, le resserrement des règles relatives au
contrôle des activités des émetteurs de valeurs, les
conflits d'intérêts, le régime de l'administration
provisoire et les organismes d'autoréglementation. Ce projet de loi rend
notamment plus rigoureux le régime de réglementation applicable
au financement immobilier réalisé par le biais de
sociétés en commandite. Il faut dire que des expériences
malheureuses récentes ont mis en lumière la
nécessité de mettre en place des mécanismes
appropriés visant à enrayer les situations de conflits
d'intérêts potentiellement abusifs. Certains membres de cette
commission, vous vous en souviendrez, M. le Président, avaient
d'ailleurs soulevé, à l'occasion de l'étude des
crédits de l'année dernière, leurs inquiétudes et
leurs frustrations de ce que le gouvernement n'avait rien fait pour
éviter de telles situations et venir en aide aux investisseurs
lésés.
M. le Président, je suis confiante que les nouvelles mesures
contenues dans la loi et les instructions générales mises de
l'avant par la Commission pour préciser le cadre réglementaire
devant s'appliquer aux placements immobiliers vont, en grande partie, enrayer
la cause principale de tels abus. Mais en aucun cas, la vigilance des
investisseurs ne doit diminuer en raison des pouvoirs dont sont investies les
autorités, car le gouvernement n'a jamais été et ne sera
jamais garant des épargnes détournées de leur but
légitime par des promoteurs au comportement douteux.
M. le Président, nous avons en outre procédé
à une importante refonte du règlement sur les valeurs
mobilières qui a été complétée en novembre
dernier par la mise en vigueur des dispositions visant à rajeunir les
règles régissant les rapports financiers accessibles aux
investisseurs. L'information maintenant requise est plus complète et
s'attache notamment à décrire les risques assumés par
l'émetteur, la description de ses sources de financement, ses
liquidités et son capital ainsi que les variations de son chiffre
d'affaire. Il s'agit là d'un ensemble de mesures qui ont eu pour
conséquence d'améliorer grandement la qualité de
l'information disponible à l'épargnant, le rendant ainsi plus
apte à prendre des décisions d'investissements
éclairées.
La Commission des valeurs mobilières a procédé, au
cours du dernier exercice financier, à une analyse approfondie de ses
programmes et de ses activités et a mandaté à cette fin
une firme de consultants dans le but d'établir à son égard
une stratégie de développement pour les trois prochaines
années. Cette étude est d'ailleurs contenue dans un important
document de consultation et énonce des recommandations utiles, eu
égard à la nature du mandat confié. Cet exercice a permis
en outre de mesurer l'augmentation prévue des activités pour les
trois prochaines années et d'identifier les améliorations
à consentir pour augmenter l'efficience et l'efficacité des
interventions décisionnelles et opérationnelles du personnel de
la Commission.
Je suis la première à reconnaître que les
décisions budgétaires du gouvernement ont obligé la
Commission, au cours des derniers exercices, à déployer des
efforts accrus dans l'accomplissement de son mandat à l'intérieur
des paramètres qui lui sont tracés. Aujourd'hui, il
m'apparaît qu'elle peut, et ce, de façon légitime, aspirer
à une amélioration de sa situation. C'est pourquoi j'entends
poursuivre les discussions avec le président de la Commission sur cette
question afin que des priorités soient clairement établies. J'ai
en outre l'intention d'accentuer mes efforts pour sensibiliser les organismes
centraux du gouvernement et saisir le Conseil des ministres de l'importance
d'accorder à la Commission, au cours des prochaines années, les
moyens d'accomplir sa mission de façon encore plus adéquate.
J'ajouterai, M. le Président, que, dans le contexte que nous
connaissons de l'internationalisation des échanges, d'une plus grande
liberté d'action et de la globalisation des marchés, le
financement budgétaire des activités de la Commission devrait
être soigneusement réévalué à des intervalles
rapprochés, de façon que nous soyons en mesure d'appuyer
adéquatement ces initiatives de développement,
particulièrement sur le plan international.
M. le Président, parmi les éléments
prévisibles du programme de travail à venir, le dossier de la
réforme des institutions financières fédérales
occupera particulièrement mon attention, compte tenu que le gouvernement
fédéral se propose d'adopter des mesures législatives en
ce sens d'ici la fin de l'année. Il conviendra de nous assurer que le
gouvernement fédéral, par le biais de sa réforme des
institutions financières, ne cherche pas à s'immiscer dans les
champs de juridiction exclusive aux provinces. Il m'apparaît que
l'entente interprovinciale intervenue récemment et dont j'ai fait
état précédemment pourra servir au Québec et aux
autres provinces de base commune de discussion avec le gouvernement
fédéral.
Parallèlement à cette opération, le dossier de
l'harmonisation interprovinciale des cadres réglementaires se poursuivra
dans d'autres segments du secteur des institutions financières,
notamment dans le secteur des assurances. Il s'agira plus
particuièrement de déterminer une norme de capitalisation
permettant aux assureurs du Québec de rencontrer les standards nationaux
et de leur assurer en même temps un positionnement sur le marché
international. Mais, M. le Président, et je tiens à le
répéter, ce processus serf graduel et se fera an concertation
avec l'industrie.
Au niveau des politiques en matière d'institutions
financières, le prochain exercice sera l'occasion d'entamer le cycle des
rapports quinquennaux prévus aux diverses législations que nous
avons adoptées au cours des dernières années. Ce processus
de réévaluation continue nécessitera, j'en suis
persuadée, un travail considérable de réflexion, de
gestion et d'interaction avec l'industrie afin de tracer la voie aux rapports
qui devront être produits dans les prochaines années.
Enfin, sur le plan administratif, il faudra mettre en place et
procéder à l'ajustement des infrastructures de contrôle et
de surveillance proposées par les réformes touchant les
intermédiaires de marché et, bientôt, l'industrie du
courtage immobilier.
Le Québec bénéficie depuis longtemps d'une
réputation avant-gardiste dans le secteur financier. Le succès
que les institutions québécoises connaissent sur le marché
et le haut degré de confiance que le public manifeste à
l'égard de notre système financier dissipent tout doute quant
à la justesse de notre démarche ainsi que des politiques que nous
avons mises en place. Je veux donner l'assurance aux membres de cette
commission, une fois de plus, que j'entends faire en sorte qu'il en soit encore
ainsi, et ce, pour le plus grand bénéfice de nos concitoyens et
de nos concitoyennes. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Gouin, vous avez la parole.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Je me limiterai, M. le Président, dans mes
remarques préliminaires. Je veux tout simplement souligner
l'intérêt de l'Opposition officielle pour les dossiers de la
ministre déléguée aux Finances et remercier l'ensemble des
participants qui se joignent à nous pour participer à cet
exercice de l'étude des crédits. Je veux rappeler les propos de
M. Parizeau qui hier à l'Assemblée nationale, au salon bleu, nous
rappelait que l'exercice auquel nous allons nous livrer, ce matin, est un
exercice qui remonte quand même, en droit parlementaire, à
près de 700 ans. C'est effectivement au treizième siècle -
Mme la ministre le sait fort bien puisqu'elle est parlementaire depuis plus
longtemps
que moi - que ce droit que les parlementaires ont de pouvoir questionner
l'ensemble du gouvernement sur ses activités... Compte tenu des
événements, compte tenu des informations qui ont
été portées à notre attention et compte tenu de la
conférence de presse qu'on a faite ce matin, j'aimerais pouvoir engager
rapidement la période d'échange avec la ministre et avec ses
collaborateurs. Je lui proposerais peut-être de commencer par la
Commission des valeurs mobilières du Québec pour réserver
ensuite au moins une demi-heure, trois quarts d'heure à l'Inspecteur
général des institutions financières, si la
démarche lui convient.
On avait décidé, M. le Président, de fonctionner
par...
Le Président (M. Lemieux): Vous avez une enveloppe de
temps qui est globale. Alors, est-ce que vous avez déjà
terminé vos remarques préliminaires?
M. Boisclair: Je veux rapidement passer à la
période de questions.
L« Président (M. Lemieux): Alors, la parole est
à vous, M. le député de Gouin.
Commission des valeurs mobilières Rapport
Mallette
M. Boisclair: Je crois, M. le Président, qu'un des
dossiers qui va certainement retenir l'attention des parlementaires concerne
bien celui de la Commission des valeurs mobilières du Québec.
Depuis plus de six mois que j'occupe le poste de porte-parole de l'Opposition
officielle en matière d'institutions financières, j'ai
reçu à mon bureau, par le biais de communications et par le biais
de lettres, de nombreuses plaintes à l'égard du comportement de
la Commission des valeurs mobilières du Québec. J'ai eu
l'occasion, d'ailleurs, d'échanger avec des responsables du bureau du
Protecteur du citoyen et j'ai essayé de mettre en lumière un
certain nombre de problèmes qui surviennent à la Commission des
valeurs mobilières, non pas pour critiquer l'administration qui est en
place, mais bien pour essayer de démontrer et souligner le manque de
ressources sur lesquelles la Commission peut compter à l'heure
actuelle.
J'aimerais immédiatement regarder, avec la ministre, le budget de
la Commission des valeurs mobilières du Québec. Effectivement, la
ministre peut parler d'une augmentation de 7,3 % par rapport aux crédits
votés de 1990-1991, mais faut-il rappeler que la ministre a
été obligée de s'adresser à deux reprises au
Conseil du trésor pour voir son budget augmenter et que les
dépenses probables de la Commission, en 1990-1991,
s'élèveront à 7 800 000 $. il y a eu dès le
départ, pour l'exercice 1990-1991, une mauvaise planification des
besoins de la Commission des valeurs mobilières du Québec, au
niveau de ses besoins. Je pourrais me permettre, à cet égard - la
ministre semble surprise - de citer un extrait de son cahier des crédits
lorsqu'on dit: Une augmentation de 21 000 $ autorisée par le Conseil du
trésor. Cet écart est comblé par un virement de fonds en
suppléance pour subvenir à des dépenses de fonctionnement
essentielles pour la Commission, qui ont été
sous-évaluées lors de l'attribution des crédits
détaillés de 1990-1991.
J'essaie de faire cette démonstration, Mme la ministre et M. le
Président, pour illustrer tout simplement que ce qui est important de
comparer, ce sont les crédits que nous aurons à voter par rapport
aux dépenses probables de la Commission. Si on fait le rapport des
dépenses probables de la Commission avec les crédits qui sont
présentés à l'heure actuelle, ce n'est pas une
augmentation de 7,3 %, mais bien une augmentation de l'ordre d'environ 3 % que
connaîtra la Commission des valeurs mobilières du
Québec.
Faut-il souligner que la Commission des valeurs mobilières du
Québec, malgré le rapport Mallette dont la ministre a fait
état, qui est public depuis novembre 1990, et dans lequel on nous fait
la démonstration noir sur blanc de l'incapacité de la Commission
des valeurs mobilières, due à un manque de ressources, de
s'acquitter de l'ensemble de ses tâches... que la Commission des valeurs
mobilières ne pourra pas compter sur des ressources
supplémentaires pour effectuer sa mission fondamentale, qui est celle de
réglementer le marché et d'assurer la protection des
épargnants.
La ministre nous dit qu'elle a été effectivement saisie du
rapport et qu'elle présentera au Conseil des ministres un certain plan
de redressement ou fera la demande pour obtenir des sommes
supplémentaires auprès du Conseil du trésor ou du Conseil
des ministres. Faut-il rappeler que c'est depuis novembre 1990 que la ministre
a ce rapport en main? Que s'est-il passé entre novembre 1990 et le
dépôt des crédits? Quel genre de représentations la
ministre a-t-eHe fait pour être capable de répondre aux demandes
présentées dans le rapport Mallette? Si la ministre a fait des
représentations, je suis obligé de conclure, à la
lumière des informations qui me sont présentées dans le
cahier des crédits, que la ministre n'a pas été capable
d'arracher un sou de plus au-dessus de l'indexation pourtant requise du budget
de la Commission des valeurs mobilières du Québec. (10 h 15)
Faut-il rappeler qu'un des éléments, M. le
Président, contenus dans le rapport Mallette est le suivant.
Permettez-moi de le citer: "Le service du budget devrait présenter - on
parle du service du budget de la Commission des valeurs mobilières du
Québec - des documents plus
étoffés pour appuyer les demandes de la Commission au
Conseil du trésor. La Commission n'a pas suffisamment
étudié le bien-fondé d'une rationalisation et d'une
centralisation de la perception des droits et d'autres éléments."
Ce que je veux mettre en évidence, M. le Président, c'est bien un
extrait du rapport Mallette. Ce n'est pas l'Opposition officielle qui dit
ça. Je lis le rapport Mallette. "Le service du budget devrait
présenter des documents plus étoffés pour appuyer les
demandes de la Commission au Conseil du trésor."
Premièrement, j'aimerais demander, M. le Président,
à la ministre ce qu'elle a fait entre le moment où elle a
reçu ce rapport en novembre 1990 et aujourd'hui ou avant la veille du
dépôt des crédits. Deuxièmement, est-ce qu'elle
estime que, compte tenu de la situation actuelle, compte tenu des
allégations qui ont été soulevées dans le cas des
Marronniers - j'y reviendrai, je comprends très bien que l'enquête
n'est pas terminée, j'y reviendrai, mais je m'en suis servi tout
simplement pour illustrer le manque de ressources à la Commission des
valeurs mobilières - la Commission des valeurs mobilières est
suffisamment équipée pour répondre à son large
mandat qui est le sien dans un contexte où de nouveaux produits, comme
elle se plaît souvent à le dire, de nouveaux produits se
développent, dans un contexte aussi où le volume
d'activité dans certains domaines est en hausse? Est-ce qu'elle estime
que la Commission des valeurs mobilières est en mesure de remplir
adéquatement son mandat, particulièrement en ce qui a trait
à l'encadrement des marchés et la protection des
épargnants?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: m. le président, c'est beau d'être jeune
et rempli de fougue, mais, vous savez, j'ai regardé rapidement la
pochette de presse qui a été préparée par
l'opposition pour tenir sa conférence de presse ce matin. l'opposition
s'est bien assurée de choisir les pages qui faisaient son affaire pour
faire sa démonstration. m. le président, il y a d'autres pages
dans ce rapport-là, alors je vous mets en garde, les journalistes qui
sont là, de demander le rapport complet. d'ailleurs, je dois vous dire
que c'est un excellent rapport et j'en suis fort heureuse. mais dans le
rapport, m. le président, il est également dit: "la commission
accomplit ses fonctions de base dans le domaine de l'appel public à
l'épargne, de l'information continue, de l'inscription, de l'inspection,
des enquêtes et du contentieux de façon efficace." il parle
ensuite: "l'analyse de l'efficience a démontré que le personnel
est, en règle générale, efficient dans l'accomplissement
de ses tâches."
M. le Président, le rapport qui nous a été soumis
c'est un rapport triennal, c'est un plan stratégique. C'est malheureux
que l'Opposition s'en serve indûment pour établir... pour
prétendre qu'aujourd'hui la Commission ne peut pas s'acquitter de son
travail. La Commission s'acquitte très bien de son travail. Ce sont des
orientations que ce document nous suggère et je suis tout à fait
d'accord pour dire que c'est ce vers quoi on doit tendre. J'ai demandé,
d'ailleurs, au président de la Commission d'établir des
priorités à partir de ce rapport. C'est bien entendu - je vous
l'ai dit dans mes remarques préliminaires - qu'on a l'intention de voir
à ce que la Commission puisse adopter les recommandations de ce
rapport.
Il y a de la réorganisation là-dedans. Il y a des
remarques qui sont fort pertinentes, mais jusqu'à aujourd'hui la
Commission des valeurs mobilières du Québec, et là je mets
en garde le député de Gouin de tenter de prétendre... et
de faire peur au public en prétendant que la Commission ne peut pas
faire son travail. Il faudrait peut-être, M. le Président, qu'on
regarde le mandat de la Commission. Il ne faut pas étirer le mandat
au-delà... responsabiliser la Commission au-delà de son mandat.
La Commission des valeurs mobilières du Québec a un mandat
très précis dont elle s'acquitte avec beaucoup
d'efficacité. Elle est reconnue à travers le Canada comme
étant l'une des très bonnes commissions et elle n'est pas
différente des autres commissions dans son mandat. C'est le même
mandat pour toutes les commissions nord-américaines. Alors, il faut
faire la part des choses. Il y a toujours des possibilités
d'amélioration. Je l'ai cité dans mon exposé du
début et, M. le Président, nous avons bien l'intention de voir
à ce que notre Commission des valeurs mobilières soit très
bien équipée.
Vous savez, M. le Président, la Commission n'a pas subi de
coupures. C'est vrai qu'il a fallu qu'il y ait des réaménagements
de budget, c'est ça la beauté de pouvoir retourner en cours
d'année pour avoir un budget additionnel quand on se rend compte,
peut-être que oui, qu'il y a eu dans la présentation un oubli ou
un mauvais calcul. Ça arrive à tout le monde, ce n'est pas des
chiffres précis, au sou, quand on le soumet et il peut arriver des
besoins en cours d'année. Ce rapport-là a coûté des
sous à la Commission. Il y a eu d'autres rapports qui n'ont
peut-être pas été prévus et on a pu aller chercher
des budgets additionnels. C'est ça l'important. Ce n'est pas d'avoir
calculé au sou l'enveloppe budgétaire au moment de
présenter le budget, c'est de pouvoir aller chercher des sommes d'argent
additionnelles si le besoin s'en fait sentir. C'est ce que nous avons fait et
on continuera, M. le Président, bien entendu, à le faire.
Je voudrais vous rappeler, M. le Président, qu'il fut des
années où - quand on a mis en place le système du REA,
vous vous souviendrez - il y avait des émissions de prospectus, je ne
peux pas dire le nombre, vous pourriez m'aider, des prospectus en grand nombre
qui
étaient émis par la Commission. Il y a beaucoup moins de
prospectus qui sont émis aujourd'hui et la Commission a toujours les
mêmes effectifs. Alors, M. le Président, de prétendre que
ta Commission, aujourd'hui, ne peut pas faire son travail, je m'excuse, elle
fait son travail d'une façon efficace. On peut toujours améliorer
la situation, c'est ce que le document nous suggère. Comme je l'ai dit,
je trouve que c'est un excellent document et j'ai l'intention de travailler
avec le président de la Commission pour faire en sorte que ce document
devienne la politique de la Commission.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Je suis fort heureux, M. le Président,
d'apprendre qu'il s'agit d'un excellent document parce que, moi aussi, j'ai la
conviction que c'est un excellent document. Mais ce que la ministre oublie de
nous dire, c'est que, malgré son discours lénifiant et
malgré sa bonne volonté, il est important de rappeler que ce
même rapport nous dit clairement que le recrutement de personnel
additionnel constitue le point de départ de l'augmentation de
l'efficacité de la Commission. Laministre pourra...
Mme Robic: Une augmentation de l'efficacité.
M. Boisclair: Bien oui, c'est ça...
Mme Robic: Bien oui, M. le Président, on est d'accord avec
ça.
M. Boisclair:... une augmentation de l'efficacité de la
Commission.
Mme Robic: Ça ne veut pas dire que ce n'est pas
efficace.
M. Boisclair: Cela étant dit... M. le Président, je
n'ai pas interrompu la ministre lorsqu'elle a parlé et je m'attends
à ce qu'elle fasse la même chose. Cependant, est-ce que la
ministre sait qu'au 1er juin 1990 85 dossiers étaient à
l'étude au Service des enquêtes, c'est-à-dire
assignés à différents enquêteurs, que 238
étaient en attente? Sur ces 238 dossiers, entre 130 et 140 pourraient
faire l'objet de fermeture car les délais écoulés sont
maintenant trop longs pour qu'une action quelconque puisse être prise.
Est-ce que c'est ça ta conception de l'efficacité de la ministre,
M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, c'est de la régie
interne en ce moment Les dossiers sont de régie interne, alors je
demanderais au président de la Commission de répondre à
cette ques- tion-là.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous me
permettriez...
M. Boisclair: Ce n'est pas de ta régie interne,
là.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. le
député de Gouin.
M. Boisclair: Oui, mais je tiens juste à préciser
qu'il s'agit là de dossiers importants. Je pourrais mettre des exemples
sur la table. Je pourrais parler du dossier de ScotiaMcLeod, Mme la ministre.
On pourrait parier des nombreux rapports d'enquête qui ont
été produits par la Commission des valeurs mobilières, qui
se sont rendus au Service du contentieux et où il n'y a pas eu de suite
qui a été donnée par le Service du contentieux.
Ce que j'aimerais demander à la ministre: Qu'est-ce qui va
arriver? Ce n'est pas de la régie interne là. La Commission des
valeurs mobilières, malgré la conception différente qu'on
puisse avoir du mandat et de son rôle, a une responsabilité de
protection de l'épargnant et des Investisseurs. J'aimerais demander
à la ministre ce qui va arriver à ces 130 et à ces 140
dossiers qui sont sous enquête, qui risquent d'être fermés
car les délais écoulés sont maintenant trop longs? Est-ce
que c'est sa conception à elle de l'efficacité? On pourrait
mettre des dossiers sur la table aussi...
M. LeSage: M. le Président...
M. Boisclair:... sur la prime, en voilà un autre
dossier.
Le Président (M. Lemieux): Question de procédure,
question de règlement, oui, M. le député de Hull.
M. LeSage: Oui, M. le Président, je ne pense pas que ce
soit au député de Gouin à déterminer qui doit
répondre. Si la ministre veut déléguer une réponse
par l'entremise de l'un des présidents d'une commission, elle a le droit
de le faire. Ce n'est pas au député de Gouin de déterminer
qui va répondre à une question posée à la
ministre.
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la ministre peut
décider qu'un des fonctionnaires qui t'accompagnent peut effectivement
répondre à l'une des questions qui est posée par le
critique officiel de l'Opposition. Le fonctionnaire qui répond le fait
sur le temps de parole de la ministre. C'est la règle de l'art en
semblable matière, il n'y a pas de problème là-dessus Je
n'en vois pas, M. le député de Hull. Ça va. Mme la
ministre.
Mme Robic: M. le Président, je vais mettre en garde le
député de Gouin contre des accusations gratuites sur la
façon de travailler de la Commission. Lui-même a mentionné
l'importance de la crédibilité de la Commission. C'est facile de
faire ce genre d'accusations, de nommer des ci et des ça. Ce qui est
plus difficile, M. le Président, c'est de s'assurer et de savoir que la
Commission joue son rôle et qu'il y a des dossiers qui ne se
règlent pas en 24 heures, c'est complexe, c'est de savoir que la
Commission agit au moment où elle est avisée qu'il y a un
problème. Je pense qu'on ne peut pas l'accuser de ne pas avoir agi quand
elle a été mise au courant de différents
problèmes.
Que vous vouliez interpréter le mandat de la Commission d'une
façon ou d'une autre, c'est votre privilège, excepté qu'il
y a un mandat de la Commission et, si vous ne le comprenez pas le mandat, c'est
bien sûr qu'on va avoir des problèmes à s'entendre ce
matin. Le mandat de la Commission est clair, il n'y a pas une multitude de
façons de l'interpréter, il n'y en a qu'une seule. Alors, je vous
mets en garde contre les remarques que vous faites et contre les dossiers qui
sont en attente. Vous comprendrez, M. le Président, que ce n'est pas moi
qui peux répondre à ça.
M. Boisclair: Sur ce que la ministre me dit,
l'interprétation du mandat, elle est très simple. Retournons au
texte de loi, Mme la ministre. Je ne vous le cite pas au mot, je vous le cite
dans son essence. La Commission a pour mission principale de favoriser le bon
fonctionnement du marché des valeurs tout en assurant la protection des
épargnants. Je crois que c'est le premier alinéa d'un des
premiers articles du chapitre X - de mémoire - qui décrit le
mandat de la Commission des valeurs mobilières. Donc, elle a un mandat
très clair: favoriser le bon fonctionnement du marché tout en
assurant la protection des épargnants. C'est écrit noir sur blanc
dans le texte de loi. Elle régit l'information des porteurs de valeurs
mobilières et du public sur les personnes qui font publiquement appel
à l'épargne. Elle doit aussi encadrer les activités des
professionnels du marché des valeurs mobilières.
Il y a aussi un autre alinéa que vous retrouvez, vous avez le
texte de loi devant vous. Donc, le mandat il est clair. La question que je
demande à la ministre: Compte tenu des affirmations faites dans le
rapport Allaire, on reviendra sur les enquêtes...
Une voix: ...rapport Allaire? Mme Robic: Non, non,
là...
M. Boisclair: Vous voyez comment il m'a... dans le rapport
Mallette.
Mme Robic: Vous l'avez en tête?
M. Boisclair: On l'a en tête, c'est une obsession. Compte
tenu des affirmations qui sont faites au rapport Mallette... Je m'excuse, c'est
un rapport malheureux. J'aimerais demander à la ministre... On y dit
clairement: Le recrutement de personnel additionnel constitue le point de
départ d'une augmentation de l'efficacité de la Commission. Il
s'agit là d'une chose fondamentale. La ministre l'a lu le rapport
Mallette déposé en novembre 1990. Est-elle consciente de cette
réalité-là? Deuxièmement, qu'est-ce qu'elle a fait
entre novembre 1990 et le dépôt des crédits pour obtenir
des ressources supplémentaires?
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin... Est-ce que je peux compléter une partie, non pas de cette
réponse, mais des interrogations du député de Gouin, Mme
la ministre?
M. Boisclair: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Vous n'êtes pas sans
savoir que la commission du budget et de l'administration a fait un examen des
orientations, des activités et de la gestion de la Commission des
valeurs mobilières. Ce rapport a été remis le 11 juin 1987
et, suite à ce rapport, M. Fortier en avait fait un avant-projet de loi
qui est mort au feuilleton. À cette époque, la Commission des
valeurs mobilières du Québec nous avait fait état de ses
besoins en ressources humaines et des difficultés qu'elle
éprouvait dans son recrutement. Alors, la commission parlementaire de
l'époque, qui était la nôtre, s'était
interrogée et elle s'interrogeait d'autant plus qu'on avait
été assez alarmistes à cette époque-là
puisqu'on avait fait état que la protection des épargnants comme
telle était menacée. C'était à l'époque des
irrégularités qui se déroulaient sur le marché
financier de New York. L'augmentation en 1985-1986 du nombre d'entreprises
assujetties et du nombre de courtiers et de conseillers contribuait à
susciter certaines inquiétudes. Alors, on en était arrivés
à la conclusion que la problématique des ressources humaines
à la Commission des valeurs mobilières ne met pas ainsi
uniquement en cause la politique budgétaire du gouvernement mais toute
la politique administrative qui touchait à la fois la dotation, qui
touchait aussi la DNE, soit la détermination des niveaux des emplois
requis, la gestion des services rendus par la CVMQ et l'allocation des
ressources à la production de ces services. Ce qui avait
été un petit peu déplorable à l'époque,
c'est que la Commission n'avait eu droit qu'à quelques statistiques sur
l'évolution fulgurante de certaines activités de la CVMQ sans
présentation du niveau, comme tel, d'utilisation des ressources avant et
durant la période de croissance de la CVMQ. Il y avait eu une
recommandation qui avait été faite. J'adresse la question
à vous, Mme la ministre. Subsidiairement, c'est votre choix.
Peut-être que vous allez l'adresser au président de la
Commission des valeurs mobilières. (10 h 30) la commission de
l'époque avait recommandé quela cvmq se dote
d'instruments de gestion adéquats, incluant un plan d'évaluation
périodique de la qualité de ses services pour établir ses
besoins en ressources humaines et financières nécessaires - et
là je rejoins un peu le député de gouin - à la
protection des épargnants et que la cvmq fasse rapport au ministre de
tutelle avant le 30 septembre sur les instruments de gestion implantés
ou en voie de l'être, de façon à pouvoir réviser en
cours d'année, s'il y a lieu, les ressources humaines et
financières. est-ce que, effectivement, au niveau administratif, il y a
des choses qui ont été faites à cet
égard-là, mme la ministre?
Mme Robic: M.le Président, je voudrais vous
rappeler que depuis ce temps il y a eu un changement de ministre, il y a eu
également un changement de président à la Commission des
valeurs mobilières du Québec. Le présent président
a jugé bon de commander sa propre étude qui a été
faite et qui a été déposée et qui, encore unefois, est une excellente étude. La Commission a également
reçu du Vérificateur général une demande
d'Instituerà la Commission un projet-pilote d'implantation d'un
processus de reddition de comptes sur l'efficacité de la Commission des
valeurs mobilières du Québec. Vous comprendrez que le
président a accepté d'Implanter ce projet-pilote chez lui.
Donc, je crois, M. le Président, que d'ici quelque temps nous
aurons un portrait global de la Commission, de son efficacité, de son
efficience et des besoins pour l'avenir de la Commission. Bien sûr, on ne
peut pas agir aussi rapidement peut-être que le député de
Gouin le voudrait. Si jamais il se retrouve de ce côté-ci de la
table - j'en doute il se rendra compte que ça se fait par
étapes, ces choses-là. Il y a des priorités à
établir et c'est ce que nous allons faire, c'est ce que nous sommes
à faire.
Je pense, M. le Président, encore là, que, quand on dit
augmenter l'efficacité, c'est qu'on dit que c'est efficace, hein? Mais
on tend toujours à avoir une efficacité additionnelle et on ne
peut que louer cela et travailler dans cette optique-là.
Encore une fois, M. le Président, je reviens sur la mission de la
Commission. C'est la protection du public, laquelle s'accomplit par la
divulgation d'une information complète et véridi-que. Ce n'est
pas le mandat de la Commission d'évaluer le risque inhérent
à toute valeur mobilière, mais d'assurer la divulgation et la
transparence. Le mandat n'est pas d'assurer que les obligations
contractées par un émetteur vont nécessairement se
réaliser. Ce n'est pas le mandat de la Commission. La Commission ne
donne pas des avis aux investisseurs. Elle doit s'assurer que le public a
l'information complète qui lui permette de prendre une décision
éclairée. Nos investisseurs, notre consommateur est de plus en
plus informé et on espère que, avant de faire des placements, il
va lire le prospectus qui est souvent long, mais il est long, le prospectus,
parce que, justement, il tend à donner le plus d'information possible.
Il y a dans le prospectus des caractères gras, il y a des choses
écrites en rouge pour allumer des lumières... Qu'est-ce que j'ai
dit qui n'était pas correct?
Donc, l'investisseur doit absolument bien se renseigner et il le fait en
grande partie - d'ailleurs, c'est le conseil que je peux lui donner. Il ne doit
pas se gêner, quand il a des doutes, d'appeler la Commission qui peut
l'informer sur certaines choses. L'information que la Commission
possède, elle va lui transférer.
M. Boisclair: M.le Président, à
l'égard de l'émission de l'information, permettez-moi de vous
rappeler encore une autre affirmation du rapport Mallette. Par manque de
ressources humaines et financières, dans un contexte où de
nouveaux produits voient le jour et sont offerts au public sans que celui-ci
soit suffisamment informé de la nature exacte et du risque qui s'y
rattache, la Commission estime qu'elle ne remplit pas suffisamment son
rôle d'information. Déjà, la Commission elle-même, ce
n'est pas le rapport, on dit que c'est la Commission qui estime,
elle-même, qu'elle ne remplit pas suffisamment son rôle
d'information.
La ministre pourra bien nous parler de la question de la qualité
de l'information contenue dans les différents documents remis aux
investisseurs, mais il y a aussi un mandat plus général à
cet égard. Et ça, la ministre ne peut pas faire semblant que ces
affirmations ne sont pas contenues dans le rapport Mallette.
Ceci étant dit, on pourrait discuter longtemps et sortir, chacun,
nos éléments du rapport. Je crois que les membres de la
commission seront à même de juger le rapport, mais il faudrait en
venir à des questions précises. Est-ce qu'il y aurait moyen, par
exemple, sur les enquêtes... entre 130 et 140 dossiers sous enquête
qui pourraient faire l'objet... possiblement à cause des délais,
devront être mis de côté. Il ne pourra pas y avoir
d'enquêtes qui seront faites. Il ne pourra pas y avoir de poursuites si
jamais les enquêtes concluent aux poursuites. Il ne pourra pas y avoir de
suivi. On y dit: "Entre 130 et 140 sur ces 238 dossiers en attente, au 1er juin
1990, pourraient faire l'objet d'une fermeture car les délais
écoulés sont maintenant trop longs pour qu'une action quelconque
puisse être prise. " Alors, combien de dossiers, à ce jour, sont
en attente? Combien d'entre eux pourront faire l'objet de fermeture? Qu'est-ce
que ça représente comme conséquences?
Mme Robic: M. le Président, le député de
Gouin cite encore une fois le rapport et, moi aussi, je vais le
citer...
M. Boisclair: Ah! Mais que M. Fortugno...
Mme Robic: ...je vais citer le rapport, j'ai le choix de
répondre.
M. Boisclair: Oui, oui.
Mme Robic: Alors, je vais encore citer le rapport qui dit bien,
à la page 42: "La Commission accomplit ses fonctions de base dans les
domaines de l'appel public à l'épargne, de l'information
continue, de l'inscription, de l'inspection, des enquêtes et du
contentieux de façon efficace. L'analyse de l'efficience a
démontré que le personnel est, en règle
générale, efficient dans l'accomplissement de ses tâches."
Alors, oui, on veut augmenter l'efficacité, mais l'efficacité
existe. Là, je vais citer le député de Gouin, pour le
mettre en garde encore une fois. Vous avez dit, M. le député de
Gouin, le 6 décembre 1990: "J'aimerais aussi insister, dans le fond, sur
l'importance du rôle de la Commission des valeurs mobilières. Vous
savez, il s'agit de connaître le milieu un peu pour savoir que, s'il y a
un élément déterminant dans la réglementation des
marchés, c'est bien la confiance que les investisseurs ont dans le
marché pour que... si le moindrement il y a un vent de non-confiance qui
souffle à l'égard du marché des valeurs mobilières,
il est très clair que les consommateurs, les épargnants, les gens
qui ont des sommes à placer sur le marché des capitaux iront
rapidement utiliser d'autres moyens."
M. Boisclair: Oui.
Mme Robic: Alors, encore une fois, je veux bien reconnaître
que la Commission a des besoins pour être plus efficace, a des besoins de
se réorganiser. C'est pour ça qu'on a commandé un rapport.
C'est pour ça qu'on est heureux d'accepter l'offre du
Vérificateur général, mais de prétendre aujourd'hui
que la Commission n'est pas efficace, je ne peux accepter ça.
M. Boisclair: Sur les dossiers, les 130 à 140 dossiers qui
pourraient faire l'objet de fermeture...
Mme Robic: Alors là, M. le Président...
M. Boisclair: ...quelle est la situation à ce jour?
Mme Robic: ...je demanderais au président de la Commission
de répondre à cette question.
M. Fortugno (Paul): Merci, M. le Président. La
réponse à la question des dossiers en attente, il y a toujours
à peu près le même montant.
Jamais la Commission ne va fermer un dossier. C'est le rapport d'une
maison de comptables. Ils connaissent très mal les matières
pénales et les genres de dossiers qui sont portés devant les
tribunaux. Je m'excuse, mais il y a toujours à peu près 130, 140
dossiers, on parle de 238 en attente. Il y a ces dossiers-là en attente,
mais jamais les dossiers d'enquête qui sont à la Commission ne
seront fermés. La Commission n'a jamais dépassé non plus
sa prescription de deux ans. Mais, de là à dire qu'il y a lieu
que ces dossiers ne soient pas assignés aux enquêteurs ou soient
fermés, je pense que c'est une conclusion à laquelle on devrait
s'adresser de façon plutôt conservatrice.
Écoutez, comme président, je suis entré en fonction
depuis, quoi, un an déjà. MM. les députés,
peut-être que vous n'êtes pas habitués au style de gestion.
La nouvelle philosophie que j'ai voulu adopter à ia Commission, c'est la
philosophie de rendre compte. Mme la ministre a soulevé tantôt un
projet-pilote qui n'existe pas ailleurs dans d'autres commissions au
Québec et ça n'existe pas ailleurs au Canada, un projet-pilote
pour forcer les gestionnaires de la Commission à rendre compte à
tous les ans, projet que nous avons avec le Vérificateur
général de la province. Le Vérificateur
général de la province va venir chez nous et faire une
vérification intégrée à toutes les années.
Vous n'êtes pas habitués d'avoir des rapports stratégiques,
un compte rendu de tel genre... que la Commission veut embarquer.
Maintenant, l'autocritique d'un organisme gouvernemental aussi important
sur le marché financier...
Le Président (M. Lemieux): ...vous avez bien dit que le
Vérificateur générai ferait chez vous une
vérification intégrée de manière continue, toutes
les années. Ce n'est pas sporadique, ça?
M. Fortugno: Nous avons demandé... Il y a un projet-pilote
avec...
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est parce que c'est
la première fois que j'entends ça. On a l'occasion de voir le
Vérificateur général de façon constante et on sait
qu'il se fait de la vérification intégrée, mais d'une
façon continue, c'est la première fois que j'entends dire
ça.
M. Fortugno: C'est un nouveau projet. Il y a une entente entre le
Vérificateur général et la Commission des valeurs
mobilières pour entamer de façon annuelle un système de
compte rendu à la Commission des valeurs mobilières. Cela veut
dire: Je vais demander à chacun des gestionnaires chez nous de rendre
compte, de façon annuelle, de sa gestion. J'aimerais que notre rapport
annuel en fasse réflexion. De concert avec le Vérificateur
général - nous sommes en pourparlers - la Commission aimerait
bien que ce soit le
Vérificateur général qui fasse la
vérification intégrée de ce compte rendu qui devrait
être produit tous les ans. Écoutez, ça existe au niveau
fédéral, ça existe dans certaines provinces, certainement
pas au niveau des commissions des valeurs mobilières au Canada ni en
Amérique du Nord. Vous avez parié tantôt que c'est une
tradition, depuis les 1300, que des organismes comme le nôtre devraient
rendre compte devant vous. Mais je peux vous dire, par exemple, en Ontario, le
président de la commission ontarienne doit rendre compte devant un
comité du Conseil exécutif, pas devant une commission
parlementaire, pas du tout.
Le Président (M. Lemieux): Je pense - je vais vous donner
la parole, monsieur - qu'on ne s'entend pas sur les termes. On ne s'entend
sûrement pas sur les termes. C'est sûrement une vérification
d'optimisation des ressources dont vous voulez faire état. Mais, en tout
cas, ce n'est pas bien grave. M. le député de Gouin.
M. Boisclair: M. le Président, si le président de
la Commission des valeurs mobilières a des annonces à faire, il
pourrait peut-être les faire dans un autre contexte que celui-là.
L'objectif aujourd'hui est de poser des questions et d'essayer d'obtenir des
réponses à nos questions. Alors, on nous dit que... Là, je
me trouve dans une situation un peu difficile, M. le Président. D'un
côté, la ministre me dit que c'est un excellent rapport et, d'un
autre côté, le président de la Commission des valeurs
mobilières me dit que ce rapport est fait par des comptables qui ont de
la difficulté à saisir les implications juridiques des dossiers
qui sont à l'étude à la Commission des valeurs
mobilières du Québec. C'est ce que le président de la
Commission vient de nous dire.
Ce que j'aimerais savoir, ces 130 et 140 dossiers sont-ils toujours en
attente? Est-ce qu'ils ont été assignés à des
enquêteurs? Lorsqu'on regarde aussi l'évolution dans le temps, il
y a certains dossiers dont la prescription de deux ans pourrait fort bien
être dépassée. Est-ce que le président, tant
qu'à y être, de la Commission des valeurs mobilières est
d'accord avec l'affirmation qui est faite dans le rapport Mallette qui dit que
le Service a passé beaucoup de temps sur des dossiers d'information
privilégiée, et ce, pour de faibles résultats? Alors,
est-ce que vous partagez cette affirmation?
M. Fortugno: M. le député de Gouin, l'affirmation
que vous venez de citer est une affirmation qui date d'un an
déjà.
M. Boisclair. Novembre 1990.
M. Fortugno: Non, je m'excuse...
M. Boisclair: Le rapport date de novembre 1990.
M. Fortugno: Oui, le rapport a été
rédigé et déposé en novembre 1990. Toutefois, les
statistiques qui sont prises sont des statistiques qui ont été
relevées à partir du mois de juin 1990.
M. Boisclair: 1 er juin.
M. Fortugno: Vous savez très bien que, depuis ce
temps-là, nous avons amendé notre loi afin de pallier à la
situation de délit d'initié à de l'information
privilégiée. Donc, vous ne pouvez pas dire que la Commission n'a
pas agi de façon ponctuelle pour remédier à une telle
situation.
M. Boisclair: M. le Président. Le Président (M.
Lemieux): Oui.
M. Boisclair: C'est difficile pour moi de l'évaluer,
puisque, d'une part, à ma connaissance, ie dernier rapport annuel de la
Commission des valeurs mobilières du Québec n'a pas
été déposé. Je demanderais au président de
me corriger si je me trompe, mais, à ma connaissance, ce
rapport-là n'a pas été déposé. Lorsqu'on
parte de la modification à la Loi sur les valeurs mobilières,
dans les cahiers des crédits qu'on nous a remis, on nous dit que la Loi
modifiant la Loi sur les valeurs mobilières, chapitre 77, 1990 - il
s'agit de la réforme complète de la Loi sur les valeurs
mobilières du Québec - est entrée en vigueur le 15 mars
seulement. J'aimerais tout simplement demander au préskient ce qu'il en
pense. On ne peut pas dire que c'est un bon rapport et un mauvais rapport. Il
va falloir qu'on se branche. Il va falloir que la ministre se branche. Soit
qu'elle est d'accord avec les conclusions et les constatations faites dans le
rapport, soit qu'elle n'est pas d'accord. Là, on nous illustre un
certain nombre de problèmes au niveau du service des enquêtes: 130
à 140 dossiers pourraient faire l'objet de fermeture. Combien de ces
dossiers et quand vont-ils dépasser les délais de prescription de
deux ans? Combien d'entre eux ont déjà dépassé le
délai de prescription de deux ans? (10 h 45)
M. Fortugno: II n'y a aucun dossier, M. le député
de Gouin, qui a dépassé la prescription de deux ans. Il y a
certainement une rotation à toutes les années des dossiers qui
entrent et qui sont traités. Parmi les dossiers qui sont
présentés au contentieux, il y a un certain volume. Donc, il y a
effectivement une rotation. J'aimerais, et je m'excuse, compte tenu que nous
avons abordé le rapport Mallette au début, je voulais apporter au
cahier une correction, des changements. C'est précisément ce que
vous avez cité concernant l'entrée en vigueur de la loi
M. Boisclair: On travaille avec les informa-
lions qu'on nous remet.
Mme Robic: Oui, oui, d'accord. Malheureusement, on aurait
peut-être dû...
M. Boisclair: II y a un problème de qualité
d'information, encore là. Merci.
Le Président (M. Lemieux): J'autorise le
dépôt.
Mme Robic: S'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que je pourrais le voir
avant?
Mme Robic: On va le donner.
Succursale de Chicoutimi de ScotiaMcLeod
M. Boisclair: J'aimerais aborder un cas particulier, le cas de
ScotiaMcLeod et de la succursale de Chicoutimi. D'une part, j'aimerais demander
à la ministre ou au président s'il y a eu enquête dans ce
dossier qui aurait été produit le 22 décembre 1988.
Mme Robic: m. le président, c'est une enquête, c'est
un dossier de la commission. vous comprendrez que je ne m'ingère pas au
niveau de la commission. c'est seulement le président de la commission
qui peut répondre à ce genre de question, à savoir ce qui
s'est fait dans ce dossier-là. donc, je passe la parole au
président de la commission des valeurs mobilières.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières.
M. Fortugno: Merci, M. le Président. Le dossier de
ScotiaMcLeod est un dossier qui relève de la Bourse de Montréal
actuellement. En 1988, il y a eu une vérification, non pas une
enquête, au sein de la Commission des valeurs mobilières. Compte
tenu que la Bourse de Montréal, en vertu des pouvoirs que la Commission
lui a délégués, a la responsabilité de faire
enquête dans ce dossier, actuellement, le dossier est devant cette
Bourse.
M. Boisclair: Est-ce que, dans son rapport d'enquête, la
Commission des valeurs mobilières a décelé des
irrégularités sur l'application, sur la façon dont on
appliquait la Loi sur les valeurs mobilières?
M. Fortugno: Écoutez, c'est sous enquête, M. le
député de Gouin. Je ne peux pas répondre à cette
question-là. C'est sous enquête par la Bourse de Montréal.
Je ne voudrais pas que mes déclarations ici aujourd'hui fassent avorter
un volet quelconque de cette enquête-là. Je peux vous assurer
toutefois que, depuis que nous avons les pouvoirs d'inspecter la Bourse, nous
avons procédé à une inspection générale de
la Bourse de Montréal. Donc, nous attendons un rapport là-dessus.
Je m'excuse, mais ce serait assez délicat de ma part de commenter une
enquête...
M. Boisclair: Qui date de plus de deux ans, cependant.
M. Fortugno: Oui, mais ça fait ce même nombre
d'années que c'est devant les enquêteurs de la Bourse de
Montréal.
M. Boisclair: Là, on me dit que le rapport a
été produit en décembre 1988, qu'il y a des
irrégularités qui ont été constatées au
niveau de l'application de la Loi sur les valeurs mobilières. Il y a un
délai de prescription de deux ans, si je ne m'abuse?
M. Fortugno: Pour la Commission, oui.
M. Boisclair: Pour la Commission, deux ans. Donc, le délai
est déjà dépassé. Décembre 1988,
décembre 1989, décembre 1990, nous sommes en avril 1991. Des
irrégularités ont été constatées à ce
moment-là dans le rapport d'enquête. Qu'en arrive-t-il?
Malgré le fait que la Bourse de Montréal soit impliquée
dans le dossier, ça n'enlève pas le fait que la Commission des
valeurs mobilières, si elle constate des infractions à la Loi sur
les valeurs, doit prendre les mesures nécessaires ou à tout le
moins transmettre son rapport d'enquête au contentieux de la Commission
des valeurs mobilières du Québec.
J'aimerais demander, par exemple, s'il est exact que ce rapport fait
état d'une concentration exagérée de titres du groupe
Ariel chez ScotiaMcLeod à Chicoutimi, et qu'il fait état aussi de
fautes professionnelles graves des courtiers à l'égard des titres
de ce groupe.
M. Fortugno: Je ne peux pas répondre à cette
question, M. le député. Vous me demandez de porter un jugement
sur une enquête qui est conduite par la Bourse, qui sera sans doute, qui
sera peut-être portée un de ces jours devant un comité
disciplinaire de trois personnes - des gouverneurs de la Bourse - qui auront la
responsabilité d'agir comme tribunal quasi judiciaire, et
peut-être appelable devant nous. C'est assez délicat à ce
moment-ci de vous dévoiler les résultats d'une
vérification et jusqu'à quel point la Commission a fait une
enquête complète dans le dossier.
M. Boisclair: Mais la Commission a fait enquête, a
constaté... Nos informations sont à l'effet que la Commission a
constaté, dans son rapport de décembre 1988, des infractions
à la
Loi sur les valeurs mobilières. Je comprends très bien que
la Bourse de Montréal est impliquée dans le dossier, mais rien
n'empêchait à l'époque, lorsque le rapport d'enquête
de la Commission des valeurs mobilières a été transmis du
Service des enquêtes au Service des affaires juridiques et au contentieux
de la Commission des valeurs mobilières, rien n'empêchait la
Commission de porter des accusations et de faire des démarches pour
s'assurer du respect de la Loi sur les valeurs mobilières et pour
s'assurer de la protection des épargnants et du bon fonctionnement du
marché.
M. Fortugno: M. le député de Gouin, il n'y a rien
à ma connaissance qui me fait conclure qu'il y a eu une infraction
pénale ou une infraction autre qu'une Infraction quelconque en vertu du
volet disciplinaire comme tel. Je m'excuse, je ne peux pas répondre
à votre question parce que c'est devant la Bourse de Montréal,
c'est enquêté par la Bourse. Une déclaration quelconque de
ma part risquerait de faire avorter, si vous voulez, à toutes fins
pratiques, une audience quelconque devant la Bourse et éventuellement,
peut-être, devant la Commission, si les parties le portent en appel.
M. LeSage: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Hull.
M. LeSage: Le député de Gouin s'acharne sur des,
questions auxquelles le président dit qu'il ne peut répondre
parce que c'est devant un genre de tribunal.
Le Président (M. Lemieux): C'est-à-dire que la
Bourse de Montréal, M. le député de Hull, n'est pas un
tribunal quasi judiciaire. C'est un organisme d'autorégulation.
L'article 35.3° ne s'applique pas.
M. LeSage: Peut-être que les réponses qui seraient
données par le président de la Commission pourraient avoir des
effets négatifs sur l'enquête qui est présentement en
cours. Il me semble que c'est clair. Il me semble que le député
de Gouin devrait comprendre ça.
Le Président (M. Lemieux): Mais vous savez, l'article
35.3°...
M. LeSage: Oui.
Le Président (M. Lemieux): ...dit que le
député qui a la parole ne peut parler d'une affaire qui est
devant les tribunaux ou un organisme quasi judiciaire ou qui fait l'objet d'une
enquête si les paroles prononcées peuvent porter préjudice
à qui que ce soit.
M. Lesage:Ah!
Le Président (M. Lemieux): La Bourse de Montréal,
à ce que je sache, n'est pas...
M. LeSage: Qui que ce soit, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): ...un organisme quasi
judiciaire.
M. Fortugno: Oui, oui. La Bourse de Montréal a des
pouvoirs délégués...
Le Président (M. Lemieux): Elle exerce les pouvoirs...
M. Fortugno: ...de la Commission. Deuxièmement, c'est un
tribunal domestique en droit, ce qui est considéré comme un
tribunal administratif.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie. Si
c'est le cas, veuillez excuser mon ignorance, je dois vous avouer franchement
que je croyais que la Bourse n'était qu'un... que les pouvoirs de la
Commission n'étaient pas délégués. Alors, vous me
dites qu'ils sont bel et bien délégués.
Une voix: Ils sont délégués.
Le Président (M. Lemieux): Alors, si c'est le cas,
l'article 35.3° s'applique de même que l'article 82.1e.
Vous pourriez aussi invoquer l'article 82.1° à l'effet que la
ministre à qui une question est posée peut refuser d'y
répondre si elle juge contraire à l'intérêt public
de fournir les renseignements demandés. Alors, Mme la ministre.
Mme Robic: J'invoque cet article, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Pas de problème, alors
35.3° et 82. T.
M. Boisclair: Alors, on pourrait essayer d'illustrer... Je
comprends la situation dans laquelle peuvent se trouver le président de
la Commission et la ministre. Ceci étant dit, bien des gens l'ont, le
rapport d'enquête de la Commission des valeurs mobilières du
Québec. Encore là, c'est un peu difficile d'en discuter devant...
On se retrouve devant la situation, M. le Président, dans laquelle on
s'est retrouvés hier au salon bleu. Mais le rapport existe et contient
un certain nombre d'allégations, un certain nombre de suppositions,
à tout le moins, très claires à l'égard des
infractions qui auraient été posées à la Loi sur
les valeurs mobilières. Je comprends que le président ne veuille
pas commenter, mats, ceci étant dit, faut-il rappeler que ces
constatations ont été faites au mois de
décembre 1988 et qu'à ce jour il n'y a pas grand gestes
qui ont été posés.
Les Marronniers de Laval
Cependant, dans un dossier où plusieurs personnes ont
été impliquées - le dossier des Marronniers de Laval -
là, on peut en parler cette fois-ci. On peut parler du rapport, entre
autres, où le Protecteur du citoyen - dans une lettre qu'il rendait
publique, qu'il adressait plutôt au Comité de défense des
Marronniers - souligne une série d'accusations graves à
l'égard du comportement de la Commission des valeurs mobilières
du Québec dans ce dossier. Permettez-moi, M. le Président, de
vous rappeler ces allégations. "D'une part, l'octroi d'un permis de
courtage à Paré et Associés, courtier en épargne
collective et en contrats d'investissement, malgré que Guy Paré,
dirigeant et actionnaire unique, avait déjà été
jugé incompétent et incapable de s'autodiscipliner. Le
défaut de surveiller adéquatement les activités du
courtier malgré de nombreuses irrégularités importantes
constatées à la suite d'une inspection menée en octobre
1986 et une plainte déposée en mars 1987. Le défaut de
s'assurer que le fonds de roulement du courtier respectait les normes
prévues à la loi. Le défaut d'insister pour que les
sociétés en commandite et les promoteurs soient
représentés par des études juridiques distinctes. Le
défaut de voir à la correction de certaines lacunes importantes
dans les prospectus touchant plus particulièrement les risques
afférents à ce genre d'investissements. Le délai excessif,
18 mois, entre les inspections menées par la Commission... "
M. le Président, je comprends très bien qu'il s'agit
là d'un résumé de l'avis de lésion que le
Protecteur du citoyen a adressé à la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Je sais, de plus, que la Commission des
valeurs mobilières a réagi à cet avis de lésion
dans une lettre qu'elle adressait au Protecteur du citoyen, M. Daniel Jacoby,
qui, à ce jour, est en train de préparer son avis final et ses
recommandations quant à la plainte qui lui a été
adressée par le Comité de défense des Marronniers.
Cela étant dit, je peux comprendre qu'il puisse y avoir
divergence de vues sur un certain nombre d'éléments. Cependant,
lorsque l'on tient compte des faits, il y a une interprétation
plutôt stricte à donner de ces faits et, malgré le fait
qu'on puisse se questionner sur des choses plus générales, il y a
quand même des accusations graves qui sont soulevées et qui ne
sont certes pas toutes sans fondement. Il y a un doute sérieux qui
pèse sur la Commission des valeurs mobilières malgré la
lettre que le président de la Commission des valeurs a pu envoyer.
J'aimerais demander à la ministre si elle serait d'accord, pour
éviter justement que le doute subsiste... Elle avait raison de me citer
tout à l'heure et je crois que j'avais raison, à l'époque,
de soulever la question de confiance que les investisseurs et les
épargnants peuvent avoir à l'égard de la Commission des
valeurs mobilières. C'est une élément fondamental et le
jour où il y aurait un tout petit doute à l'égard du
fonctionnement de la Commission des valeurs mobilières, un doute
à l'égard de la façon dont on réglemente ce
marché, cela pourrait avoir des conséquences graves et
importantes sur le comportement des investisseurs. Sur ça, je suis
convaincu que la ministre est d'accord avec moi.
Donc, compte tenu des allégations faites par le Protecteur du
citoyen, compte tenu des allégations qu'on retrouve dans le rapport
Mallette qui nous souligne très clairement un manque de ressources, qui
souligne, oui, qu'à certains égards la Commission fait de bonnes
choses mais qu'elle pourrait et qu'il y aurait lieu qu'elle fasse encore plus,
particulièrement lorsque l'on sait ce qui se passe à l'heure
actuelle en Ontario... On sait, par exemple, que, depuis 1988, la Commission
des valeurs mobilières de l'Ontario s'est dotée d'un service
d'enquête sur les plaintes, comme il en existe un à la commission
ontarienne. Créé en 1988 et en vue d'une plus grande
efficacité de l'institution, ce service est responsable de toutes les
plaintes et enquêtes publiques. Un autre service est chargé de la
poursuite des enquêtes les plus importantes. À cet égard,
je pourrais déposer une copie du rapport annuel de la Commission des
valeurs mobilières de l'Ontario qui fait état de ces deux
comités. Compte tenu de l'avance que la Commission des valeurs
mobilières de l'Ontario a pu prendre dans ce dossier, compte tenu des
recommandations aussi que fait le Protecteur du citoyen dans son rapport
annuel, dans lequel il souligne le peu de préoccupations que plusieurs
organismes publics portent à l'égard de la façon dont les
plaintes sont traitées... D'ailleurs, il faut souligner que dans le
dernier rapport annuel qui date de 1988-1989 - puisque celui de 1990-1991 est
en retard - nous ne faisons aucune mention du nombre de plaintes qui ont
été adressées à la Commission des valeurs
mobilières si ce n'est les appels téléphoniques. Il y a
des demandes d'information mais, quant au nombre de plaintes formelles, le
rapport annuel n'y fait pas référence.
Donc, compte tenu de l'ensemble de ces éléments-là,
compte tenu aussi du fait que ni la Loi sur les valeurs mobilières du
Québec ni le règlement sur les valeurs mobilières ne
prévoient de procédure de traitement des plaintes faites à
la Commission des valeurs mobilières... Je l'ai demandé et le
président de la Commission des valeurs mobilières m'a fait part
du processus qui existe lorsque quelqu'un dépose une plainte. Mais ce
sont des choses qu'on ne retrouve ni dans la loi... C'est une procédure
qu'on n'a décrite ni dans la Loi sur les valeurs mobilières ni
dans les règlements. Je suis d'autant plus inquiet puis-
qu'on nous dit, dans le rapport Mallette, que la façon de traiter
les plaintes est laissée à l'expérience de
l'enquêteur et qu'on ne retrouve pas de directives... Et là je
pourrais retrouver... Permettez-moi de... Les enquêteurs ne disposent pas
de guide ou de normes pour la conduite d'une enquête. On se repose
davantage sur l'expérience de chaque enquêteur, dit-on, dans le
rapport Mallette. Donc, compte tenu de l'ensemble de ces faits... Est-ce que la
ministre ne juge pas nécessaire et serait-elle d'accord avec moi pour
demander au Protecteur du citoyen qu'il utilise l'article 27.3 de sa loi qui
lui permettrait, compte tenu des faits qu'elle a identifiés dans le cas
de l'affaire Guy Paré, compte tenu des allégations et des
plaintes qu'elle soulève à l'égard de la Commission des
valeurs mobilières dans la lettre qu'elle rend publique et qu'elle
adresse à M. Pinard du Comité de défense des Marronniers,
compte tenu de l'ensemble des éléments déposés et
présentés dans le rapport Mallette... La ministre ne serait-elle
pas d'accord avec moi pour convenir de l'importance et de l'urgence que le
Protecteur du citoyen se serve de l'article 27.3 de sa loi pour
présenter un rapport sur le fonctionnement de la Commission des valeurs
mobilières pour éviter qu'un dossier comme celui des Marronniers
ou d'autres dossiers se reproduisent? (11 heures)
Mme Robic: M. le Président, je mets encore en garde le
député de Gouin. Le Protecteur du citoyen a fait parvenir au
président de la Commission des valeurs mobilières une lettre avec
un certain nombre de questions dans cette lettre...
M. Boitclair: Cela ne répond pas à la question, Mme
la ministre.
Mme Robic: ...et de constatations. M. Boisclair: Ce sont
des faits.
Mme Robic: C'est vrai. Cependant, M. le Président, le
président de la Commission a répondu à cela et le
Protecteur du citoyen n'a pas encore déposé son avis final
là-dessus. Je vous demanderais peut-être - je sais que vous
êtes pressé - d'être patient. Chacun fait son travail, ce ne
sont pas des choses qui se règlent facilement ou rapidement. Je pense
qu'on sera mieux éclairés et plus en possibilité de
réagir quand on aura le rapport final du Protecteur du citoyen. Lui, il
a commencé son enquête, il a fait certaines remarques
préliminaires au président. Il y a eu un échange de
correspondance et le Protecteur du citoyen n'a pas encore fait son rapport
final. Tant que ça n'est pas fait, je vous mets en garde d'assumer des
choses qui ne sont peut-être pas aussi évidentes que ça.
Encore une fois, l'affaire Guy Paré, c'est dommage. On va tenter
d'éviter, grâce à notre loi 101 et à la refonte de
l'instruction générale de la Commission, le plus grand nombre
d'aventures comme celle-là.
J'aimerais vous dire qu'il n'en arrivera plus jamais. On ne peut pas
légiférer contre la malhonnêteté ou les abus. On ne
peut que tenter de les éviter le plus possible avec une
législation adaptée. C'est ce qu'on a tenté de faire avec
notre loi 101 et cette instruction générale. On a comblé
les problèmes qu'on avait au niveau des conflits
d'intérêts. Je pense qu'on va éviter ces conflits
d'intérêts, c'est important, c'est une bonne façon de
s'assurer que ces aventures-là ne se reproduisent plus mais, encore une
fois, je demande au député de Gouin d'attendre le rapport final
avant d'assumer des choses.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Hull.
M. LeSage: Merci, M. le Président. Je me rends compte
qu'on est en train d'essayer de jouer à la chasse à la
sorcière, à la chasse aux souris et puis... Il me semble que le
gouvernement est ici pour régler les choses de l'ensemble des
contribuables alors que le député de Gouin s'acharne à
essayer de régler des dossiers particuliers au lieu de traiter de
l'ensemble des activités du ministère dont on discute les
crédits, ce matin.
Le député de Gouin fait allusion à
différentes choses. Il laisse sous-entendre que la Commission fait
l'objet de différentes enquêtes, etc. Mais moi je regarde dans le
cahier explicatif des crédits 1991-1992 de la Commission des valeurs
mobilières. Je me rends compte à la question 7, par exemple, que
la Commission n'a eu aucune demande et qu'aucun avis ne lui a été
adressé par la Commission des droits de la personne depuis le 1er avril
1990. La Commission des valeurs mobilières n'a reçu aucun avis
général ou particulier qui lui a été adressé
par la Commission d'accès à l'information pour l'exercice
financier. C'est de ces exercices financiers qu'on discute ce matin. La
Commission n'a reçu aucun avis général ou particulier qui
lui a été adressé par le Protecteur du citoyen pour
l'exercice financier 1990-1991. La Commission n'a reçu aucun avis
général ou particulier qui lui a été adressé
par le Vérificateur général durant l'exercice financier
1990-1991.
J'aimerais aussi signaler - parce qu'il en a fait mention en
début d'exercice, notre député de Gouin - l'information
qui est diffusée à l'ensemble des citoyens du Québec en ce
qui concerne les valeurs mobilières. Je trouve ça
intéressant parce qu'il y a une liste des publications qui ont
été faites par le ministère depuis 1983. En 1983, il y en
a eu une, en 1985, il y en a eu une et, depuis 1986, il y en a eu treize. Je
trouve ça très intéressant que notre gouvernement informe
les citoyens des risques qu'il peut y avoir et des avantages. Mais ce qui
m'importe
le plus de savoir, M. le Président - il y a fart allusion, la
ministre y a fait allusion également - c'est le détail que
j'aimerais avoir sur... On se rappelle, d'ailleurs, au début des
années quatre-vingt, on avait le système REA. Je ne discuterai
pas du montant de milliards qui ont été perdus là-dedans
par des petits épargnants. Je ne veux pas non plus discuter du
bien-fondé du REA mais je sais qu'à ce moment-là il y
avait des titres qui se transigeaient en très très grand nombre
sur les cours boursiers à Montréal. Je sais qu'il y avait des
prospectus qui se promenaient d'un bout à l'autre de la province. On
n'avait même pas le temps de les lire pour se tenir à jour avec
notre courtier. Mais ce que j'aimerais savoir de la ministre, c'est combien il
y avait d'effectifs, de personnel à la Commission à ce
moment-là, avant 1985. De 1980 à 1985, par exemple, et depuis
1985, c'est quoi la comparaison des effectifs qui s'occupaient de ces
contrôles-là?
M. Fortugno: En 1982-1983... Mme Robic: 83 personnes.
M. Fortugno: 83 personnes. En 1983-1984, 85 personnes; en
1984-1985, 88 personnes à 91 personnes; en 1985-1986, 95 personnes.
Maintenant, nous sommes 124.
M. LeSage: Alors, vous voyez, M. le Président, à
quel point le ministère concerné a su aller chercher les
crédits nécessaires auprès des autorités pour
augmenter ses effectifs. Moi, je suis très content et je félicite
la ministre pour son efficacité dans ce sens-là, de voir à
ce que les épargnants et les petits investisseurs soient
protégés dans les investissements qu'ils pourraient faire sur des
valeurs boursières.
Mandat de la Commission
M. le Président, j'aimerais savoir maintenant de la part de la
ministre ou du président de la Commission quelles sont les orientations
futures en ce qui concerne la Commission pour l'intérêt du petit
investisseur. Est-ce qu'il a des projets en tête pour l'année qui
vient? Est-ce qu'il y a des améliorations à apporter à son
système en cours?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: M. le Président, je vais demander au
président de la Commission de répondre à cette
question-là.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission des valeurs mobilières.
M. Fortugno: La Commission a comme mandat, à part la
protection des épargnants, de s'assurer ou de promouvoir, si vous
voulez, le bon fonctionnement du marché. Par ricochet, lorsque le
marché fonctionne bien, c'est l'épargnant qui gagne parce que les
prix baissent, les titres sont meilleurs, le marché fonctionne
mieux.
La Commission a l'intention, dans un proche avenir, de s'approcher aussi
de l'épargnant dans l'information qu'elle doit diffuser. J'ai
demandé aux fonctionnaires chez nous de publier un code de
déontologie incorporant dans un seul texte les conflits
d'intérêts, l'information qui doit être donnée aux
clients par le courtier, le rôle du courtier et ses
responsabilités. Tous ces renseignements-là sont
éparpillés un peu partout dans la loi, les règlements, les
institutions générales ainsi que dans les décisions de la
Commission. J'ai cru bon d'avoir un texte qu'on pourrait distribuer au public,
un kit voulant dire: voici les responsabilités de votre courtier et on
vous invite à vous adresser à la Commission s'il y a des
plaintes. Ça, c'est un projet que la Commission doit favoriser à
courte échéance.
Il y a aussi les intérêts du marché
québécois. J'ai essayé dernièrement de les
défendre au plus haut point, au plan national, au plan international,
CDS.
M. Boisclair: CDS, Mouvement Desjardins.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Gouin.
M. Fortugno: Mon prédécesseur dans l'affaire de la
Caisse canadienne de dépôt avait cédé aux
autorités canadiennes, dans les règlements du CDS, le pouvoir
d'invoquer, si jamais il y a litige avec cet organisme-là, que ce soit
la loi ontarienne qui s'applique partout au Canada. Nous avons réussi
à convaincre le CDS, parce que c'est un des organismes qui est reconnu
par la Commission, de retirer cet article-là pour que ça soit la
loi du Québec qui s'applique dans les cas de litiges qui sont
soulevés dans ce contexte-là. Et il y a une foule d'autres
dossiers dont je ne vous fais pas part aujourd'hui, ici.
Il y a une affaire très importante à souligner et pour
laquelle j'aimerais prendre deux minutes. Ça porte essentiellement sur
la mission de la Commission. Il y en a plusieurs autour de la table qui se
posent la question, à savoir quelle est la mission de la Commission.
Ça semble être dans la loi, M. le député de Gouin,
vous avez raison. Mais la question qu'on doit soulever... Depuis deux ans, les
journalistes insistent là-dessus, les médias insistent
là-dessus et, vous, les députés insistez là-dessus.
La question essentielle - je relève encore le débat qui a eu lieu
en 1988, M. le député de Lévis l'avait soulevé
à l'époque - c'est si la Commission doit faire une
vérification de façon globale et complète, de façon
systématique, de l'utilisation des fonds lorsqu'il y a une
émission. Jamais dans le passé la Commission ne s'est
donné comme
mandat la vérification systématique et de façon
globale de l'utilisation des produits d'émission. D'ailleurs, aucune
commission en Amérique du Nord n'a été conçue ni
structurée pour répondre à une telle mission. Les
commissions, partout, s'assurent que les émetteurs s'acquittent de leurs
responsabilités de divulgation pleine, complète et
entière. Une fois que l'émetteur s'est acquitté de ses
responsabilités, les commissions ne se portent point garantes de la
qualité des titres et ne se prononcent pas sur les risques
d'investissement. On demande à l'émetteur de le faire, mais, nous
autres, on n'a pas de rôle là-dedans. D'ailleurs, l'article 192 de
notre loi témoigne très bien de cette philosophie. On
empêche même l'émetteur de mentionner que la Commission se
prononce sur les titres ou pense que le titre est bon ou qu'il n'est pas
bon.
Toutefois, c'est très important pour la Commission qu'elle soit
près de ses investisseurs. Nous avons les salons. Les plaintes, chez
nous... Ce n'est pas l'Ontario qui a inventé ça, notre section
des communications où on reçoit les plaintes, chez nous. C'est
vrai que, par la suite, on les achemine aux bonnes places. Si c'est une
enquête, c'est une enquête; si c'est une inspection, c'est une
inspection et, s'il y a lieu de vérifier les états financiers,
nous allons les envoyer à l'information continue ou, en tout cas,
à la section de l'information. Nous voulons promouvoir les relations
avec la presse, certainement avec le Protecteur du citoyen. Les plaintes qui
viennent chez nous... Mais c'est la façon dont la Commission fonctionne
avant de déclencher une enquête.
Maintenant, pour revenir à la question qui vous avez posée
sur Guy Paré, je peux vous assurer que j'ai répondu longuement au
Protecteur du citoyen. Je trouve malheureux que la correspondance entre le
Protecteur du citoyen et la Commission soit mise sur la place publique.
M. Boisclair: Je m'excuse, M. le Président. Ce n'est pas
de la correspondance entre le Protecteur du citoyen et...
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! M.
Boisclair: Juste vous corriger, là.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, M. le
député de Gouin, la parole est à M. le
député de Hull.
M. Boisclair: Je voulais juste corriger.
Le Président (M. Lemieux): Lorsque vous aurez votre temps
de parole.
M. Boisclair: O.K.
Le Président (M. Lemieux): ...vous allez pouvoir
corriger.
M. Boisclair:...
Le Président (M. Lemieux): ...à la réponse
à la question du député de Hull. Vous pouvez continuer.
(11 h 15)
M. Fortugno: J'aurais voulu ne pas faire un débat entre ce
que les enquêteurs, ou le Protecteur du citoyen lui-même peut
alléguer dans une lettre de quatre pages. Chacun des items a
été amplement... Nous avons répondu à chacun des
items et aucune allégation, selon nous, n'est vérkjique, bien
fondée, aucune. Moi aussi, j'ai hâte au rapport du Protecteur du
citoyen, si rapport il va y avoir. Il y a plusieurs dossiers pour lesquels j'ai
pris la peine de répondre à M. le Protecteur du citoyen. Il a un
rôle essentiel dans notre système, mais attendons avant de sauter
à des conclusions qui peuvent être soutirées de la
correspondance qui est envoyée de part et d'autre, entre le Protecteur
et le président de la Commission des valeurs mobilières.
Pour ce qui est de l'affaire Paré, la Commission a pris des
mesures, des mesures très importantes. Jamais l'affaire Paré ne
pourra se reproduire. Le bâtonnier est venu devant cette commission pour
demander qu'il y ait un système de cautionnement. Bien, vous l'avez.
Vous l'avez dans Q-2, Instructions générales, Q-2, article 6.
Vous savez, c'est essentiel que les comptes soient distincts. Jamais plus vous
ne pourrez avoir des comptes qui passent dans les bureaux d'avocats. Il faut
que ce soit absolument distinct de celui de la société. Vous
savez, les prix d'acquisition payés par une société en
commandite doivent être fixes. Vous avez des contrôles de trois
administrateurs, ce qui était prévu dans notre loi. C'est dans
Q-2. Il y a des mesures qui ont été prises depuis un an, depuis
que je suis là, franchement. Je comprends très mal qu'on taxe la
Commission de ne pas avoir agi lorsque j'ai commandé tout de suite un
rapport stratégique. Je peux vous le dire, le rapport annuel n'est pas
produit, effectivement, parce que les juristes qui sont en charge de ça
ont eu à travailler sur plusieurs choses: le plan stratégique,
les amendements à la loi, la réglementation pour moderniser notre
affaire. Nous avons mis sur pied des comités consultatifs, le colloque
sur les conflits d'intérêts, les comités conjoints avec la
Bourse de Montréal pour promouvoir les produits dérivés et
j'en passe.
Ça me surprend, M. le député de Gouin. Je suis
d'accord avec le rapport Mallette, mais c'est beaucoup dire quand je suis
d'accord avec le rapport Mallette. Premièrement, à la page 64, le
rapport Mallette dit que les suspensions et radiations de courtiers ont
fortement augmenté. Ça veut dire que la Commission n'a pas
chômé. Ils ont dit que l'efficacité est
élevée. Les délais prescrits par la loi sont
généralement respectés considérant que le volume de
travail est très
élevé à l'appel public à l'épargne.
Toutes les autres sections... Les sections d'offres publiques, à la page
51: on dit que la Commission est très efficace et efficiente, les deux.
Les secteurs de l'information continue: le personnel fonctionnaire est
efficient, les agents de vérification sont efficients et ont
réussi à faire face à une croissance de volume des
activités. Un domaine qui est un peu délicat, la section de
l'inspection: l'analyse des rapports de fonds de roulement des courtiers
d'exercice restreint, à la page 65, c'est efficace. Là, on parle
de nos problèmes puisqu'elle permet de détecter des situations
potentiellement problématiques qui sont ensuite
référées aux inspecteurs.
MM. les députés, la Commission, que voulez-vous qu'on
fasse? À moins que vous vouliez une armée, je peux vous
prévenir qu'une commission qui est trop interventionniste peut nuire au
marché, déranger toutes les compagnies qui sont des
émetteurs en envoyant des inspecteurs pour inspecter toutes les fois.
Franchement, il faut avoir un indice et jamais... La Commission a toujours
été ponctuelle dans ses réactions aux plaintes ou aux
affaires qui ont été soulevées, du moins depuis que je
suis là, et même avant.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Hull.
Organisation internationale des commissions de
valeurs
M. LeSage: Merci, M. le Président. Merci également
au président de la Commission. J'aimerais quand même avoir un
éclaircissement sur la ventilation des dépenses par
supercatégorie. Je remarque qu'il y a eu un transfert avec une
augmentation substantielle, et la note explicative sur la raison du transfert,
c'est une autorisation du Conseil du trésor. "Cet écart est
comblé par un virement du fonds en suppléance pour subventionner
l'Organisation internationale des commissions de valeurs à se
relocaliser dans ses propres locaux à l'extérieur de ceux de la
Commission. " Ma question, M. le Président, s'adresse à la
ministre ou au président de la Commission. De quelle façon est-ce
que votre Commission s'est impliquée, justement, dans cet organisme
international? Quelles sont les retombées pour votre Commission et pour
les petits épargnants du Québec à faire affaire avec cette
commission?
Mme Robic: M. le Président, vous vous souviendrez qu'il y
avait eu une entente signée par la Commission des valeurs
mobilières, sous mon prédécesseur, pour attirer au
Québec une organisation internationale. Vous savez que le gouvernement
actuel et, je pense, le gouvernement précédent, également,
ont tenté par tous les moyens d'attirer chez nous des organismes
internationaux. C'est un organisme fort impor- tant, M. le Président.
Cet organisme regroupe présentement une soixantaine de pays et, à
ce moment-là, le directeur général de cet organisme
était M. Paul Guy, qui était également président de
la Commission des valeurs mobilières. Donc, cet organisme occupait les
locaux de la Commission des valeurs mobilières. Nous trouvons
maintenant, avec le changement de président, qu'il n'est pas opportun
pour cet organisme d'être à l'intérieur de la Commission.
On croit également que l'organisme est assez important pour lui donner
pignon sur rue. C'est ce que nous venons de conclure avec cet organisme
international. Nous le logeons maintenant à la Place Victoria. Il a son
propre bureau. La Commission a signé une nouvelle entente avec cet
organisme et nous en sommes très fiers. Dans cette entente, l'organisme
s'est engagé à demeurer au Québec cinq ans à partir
de cette nouvelle entente. Alors, on a tout lieu de croire qu'après
toutes ces années au Québec nous pourrons conserver cet organisme
au Québec. On croit que c'est une entente qui est importante pour nous
et qui nous aidera à rayonner au niveau international.
Le Président (M. Lemieux): Merci, madame. Avez-vous
terminé, M. le député de Hull?
M. LeSage: M. le Président, est-ce que le président
voulait ajouter...
Mme Robic: D'accord, M. le Président, si le
président a quelque chose à ajouter.
M. Fortugno: Je veux simplement ajouter que depuis un an, la
Commission est beaucoup plus active au sein de l'OICV qu'auparavant, active
à des endroits essentiels pour le Québec, soit sur le
comité stratégique de l'OICV. Je m'explique. C'est un
comité qui étudie et avance les études en valeurs
mobilières et c'est de là que viennent toutes les réformes
sur le plan mondial. Je crois qu'il est essentiel que la Commission soit
absolument active au plan international, non seulement pour promouvoir la place
du Québec dans le monde financier international, mais pour s'assurer que
les développements qui sont pris tiennent compte des
intérêts du Québec, des besoins des épargnants du
Québec, des marchés ainsi que des institutions
québécoises. Donc, on doit absolument être très
actif pour ne pas subir des normes comptables, pour ne pas subir toutes sortes
de réglementations aux plans national et international. Maintenant, avec
le marché qui se veut global, il est absolument essentiel que le
Québec soit, non seulement là, qu'il assiste, mais qu'il fasse sa
marque, qu'il apporte son point de vue et que les solutions qu'il apporte
soient dans l'intérêt des institutions qui lui sont propres.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le...
M. Fortugno: Pardon?
M. Boisclalr: Vous êtes d'ailleurs allé au Chili
récemment?
M. Fortugno: Oui. C'était...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Hull, avez-vous terminé votre...
M. LeSage: Oui, M. le Président. Je veux simplement
remercier la ministre de même que le président de la Commission et
vous-même pour m'avoir donné ce droit de parole.
Le Président (M. Lemieux): Ce droit de parole vous
appartient, M. le député de Hull. C'est un droit des
parlementaires que je tiens à faire respecter ici. Vos questions
d'ailleurs étaient des plus pertinentes. M. le député de
Gouin.
Rapport Mallette (suite)
M. Boisclair: On reviendra là-dessus tout à
l'heure. Au niveau du développement de la réglementation, le
président de la Commission des valeurs mobilières se pète
les bretelles avec Q-2, mais j'aimerais rappeler ce que contient le rapport
Mallette à cet égard: L'implication insuffisante de la Commission
dans le développement de la réglementation constitue une des
lacunes principales de cet organisme. Au plan stratégique, il est
indispensable que la Commission comble le retard et le manque de profondeur qui
caractérisent ses interventions.
Le premier exemple concerne l'Instruction générale Q-2 sur
le financement immobilier: La Direction de l'information fut mandatée
pour réviser l'instruction dans le but de resserrer les contrôles.
Le travail de révision a été effectué sur la base
des expériences du personnel du service de l'appel public à
l'épargne. Par contre, le personnel n'a pu faire appel à
l'expertise des spécialistes du secteur immobilier afin d'approfondir la
question et d'arriver face aux membres de la Commission avec une analyse
étoffée. Par conséquent, les membres de la Commission ont
dû prendre une décision sur la base d'une information
partielle.
Ce n'est pas l'Opposition officielle qui prétend ça, c'est
un rapport de spécialistes qui ont été mandatés par
la Commission des valeurs mobilières et pour lequel la commission a
payé plus de 80 000 $, si je ne m'abuse. C'est eux autres qui disent
ça. Quand on me parie du rôle que la Commission des valeurs
mobilières joue à travers l'ensemble des organisations de
réglementation du marché des valeurs mobilières au Canada,
permettez-moi de vous rappeler ceci. Alors que, durant la dernière
décennie jusqu'au début des années quatre-vingt, la
Commission exerçait un leadership indéniable dans ce domai- ne,
elle a peu à peu perdu cette position au profit des commissions de
l'Ontario et de la Colombie-Britannique par manque de ressources. À
l'heure actuelle, la Commission est principalement consultée pour
réagir à des projets déjà très
avancés. Ses commentaires ne sont pas le fruit de recherches
approfondies, par manque de temps des spécialistes et par l'insuffisance
de leur nombre.
Alors écoutez, M. le Président, on ne peut pas
prétendre que tout va bien à la Commission des valeurs
mobilières, que tout baigne dans l'huile, que la Commission rayonne
à l'échelle internationale et qu'il n'y a pas
d'amélioration à apporter. L'ensemble des améliorations
à apporter est si important qu'on se demande jusqu'à quel point,
compte tenu du manque de ressources qui existe, la Commission fait pour
s'acquitter de son mandat. J'ai essayé d'illustrer par un certain nombre
d'exemples... Écoutez, le développement de la
réglementation, c'est fondamental. À l'égard
d'orientations dans le développement des politiques, on nous dit
clairement que la Commission des valeurs mobilières du Québec est
à la remorque. Écoutez, on ne peut pas se permettre de faire
semblant que ces affirmations ne sont pas présentes dans le rapport
Mallette. C'est sûr, il y a des choses où c'est positif, je ne le
nie pas, mais il y a quand même des affirmations qui remettent en
question la façon dont la Commission s'acquitte de son mandat et qui
nous rappellent aussi que le manque de ressources de la Commission des valeurs
mobilières a comme conséquence auprès des
épargnants... Par exemple, le rapport Mallette suggérait une
augmentation du personnel de 21 postes, si je ne m'abuse, pour 1991-1992. On
demandait l'ajout de 21 personnes pour 1991-1992. Zéro. C'est ça
le genre de suivi que la ministre a donné au rapport Mallette. Alors
qu'on demandait 21 postes, on en obtient zéro.
Il faudrait revenir dans des choses plus particulières. On nous
dit, par exemple, on parle de la qualité d'analyse des prospectus,
quelle doit être améliorée au point de vue juridique. On
nous dit que le niveau insuffisant des ressources ne permet pas d'accomplir les
tâches de la Commission dans le développement de la
réglementation. Le service d'inspection aussi: Est-il exact que le
personnel est à la limite de ses capacités? J'ai une série
de questions que je pourrais poser. Ce que je demande à la ministre
c'est, compte tenu de ça... Je ne porte pas le blâme sur
l'administration. ils sont pris avec un budget qu'ils ont gérer. Il y a
des choses qui concernent directement l'administration, dans le rapport
Mallette, où, effectivement, il y aurait peut-être un certain
nombre de choses à améliorer au niveau de l'efficacité et
de l'efficience, mais la principale responsable c'est la ministre qui, elle,
défend les crédits au Conseil des ministres puis devant le
Trésor.
Moi, si j'avais été à la place du
président
de la Commission des valeurs mobilières, j'aurais fait la
même chose que lui. J'en aurais demandé un rapport semblable
à celui-là pour essayer de justifier mes demandes de personnel et
mes demandes de budget auprès de la ministre. Je suis obligé de
conclure que la ministre abdique devant ses responsabilités ou qu'elle
n'est pas capable de défendre convenablement ses dossiers au
Trésor. Pas l'ajout d'un seul poste, malgré le rapport
déposé en novembre 1990, malgré les accusations qui sont
soulevées et dont on pourra débattre. Le Protecteur du citoyen
tranchera, mais je pense que la ministre est consciente des enjeux, consciente
aussi de ce que les ombuds-mans de Colombie-Britannique, d'Alberta et de
Nouvelle-Ecosse ont décidé dans le cas de Principal Trust. Je ne
veux pas faire de parallèle entre les deux. Cependant, les ombudsmans
ont défini une notion bien importante, celle du "common sense test", qui
pourrait très bien être repris par le Protecteur du citoyen. Les
trois ombudsmans de ces provinces se sont entendus sur cette
question-là. Il se pourrait très bien que ce soit une notion qui
puisse être reprise par le Protecteur du citoyen du Québec. Donc,
elle est consciente des implications et des allégations qui sont faites.
Je lui demande: Qu'est-ce qu'elle attend pour proposer un plan de redressement
au Conseil des ministres? Elle nous disait dans son allocution qu'elle avait
l'intention, dans un avenir rapproché, de déposer des demandes de
crédits, des crédits supplémentaires, pour répondre
aux demandes... Je suis convaincu que le président de la Commission des
valeurs mobilières se fait insistant tous les jours, qu'il se
présente, cogne à la porte du sous-ministre, cogne à la
porte de la ministre, cogne à la porte du chef de cabinet. Mais,
concrètement, qu'est-ce que vous apportez comme résultat? Je vois
la ministre qui trouve ça drôle, mais elle nous dit qu'elle
présentera bientôt un rapport au Conseil des ministres. Quand?
Qu'est-ce qu'il contiendra? Qu'est-ce que vous proposez comme ajout de
ressources? (11 h 30)
Mme Robic: C'est beau. C'est beau de charrier comme
ça.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: Ça n'a pas de bon sens.
M. Boisclair: Ce n'est pas moi qui charrie.
Mme Robic: Ça n'a pas de bon sens.
M. Boisclair: M. le Président...
Mme Robic: M. le Président...
M. Boisclair: ...c'est le rapport Mallette.
Mme Robic: Je m'excuse. C'est moi qui ai la...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Gouin, la parole est à Mme la ministre.
Mme Robic: Oui. C'est dommage, M. le député, que
vous vous serviez d'un rapport interne, que j'ai eu, que je vous ai
donné.
M. Boisclair: Vous étiez obligée.
Mme Robic: Oui. Et que je vous ai donné, un rapport
interne...
M. Boisclair: Que j'ai obtenu...
Mme Robic: ...pour faire de la démagogie.
M. Boisclair: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît! Mme la
ministre.
M. Boisclair: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Sur la question de
règlement.
Mme Robic: Pour faire de la démagogie!
Le Président (M. Lemieux): Pardon, Mme la ministre,
question de règlement.
M. Boisclair: C'est un rapport que j'ai obtenu en vertu de notre
règlement.
Mme Robic: C'est un rapport, M. le Président...
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: ...qui a été fait dans le temps, qui a
été publié, mais dont le travail a été fait
avant la publication, plusieurs mois avant la publication. Et prétendre
que depuis qu'il y a eu ce travail de recherche pour préparer le rapport
il n'y a rien eu de fait, ça, là, c'est inacceptable.
M. Boisclair: Où est l'augmentation des budgets?
Mme Robic: On a eu... Ça ne prend pas toujours de l'argent
pour faire des choses, M. le député, et ça ne prend pas
toujours des projets de loi et de la réglementation pour faire des
améliorations. Il y a toujours place à l'amélioration.
Même vous, M. le député, vous pourriez vous
améliorer.
M. le Président, le président de la Commission des valeurs
mobilières et la ministre ont
pris ce rapport au sérieux. Je vous l'ai dit, je trouve que c'est
un bon rapport mais, quand on fait mention de ce rapport, ï faut en faire
mention globalement. Il ne faut pas retirer seulement ce qui fait notre
affaire. Le rapport dit: L'augmentation de l'efficacité. Ça
n'exclut pas l'efficacité, ça. Le travail... Je comprends que les
choses changent. Il faut se réorganiser. Il propose des orientations
avec lesquelles nous sommes tout à fait d'accord. Mais, depuis ce
temps-là, 9 y a des choses qui se sont passées. Il y a eu la loi
101. Il y a eu une instruction générale... C'est le projet de
loi, oui.
M. Boisclair:...
Mme Robic: Certainement. Il y a eu une instruction
générale qui, en ce moment, a été retouchée,
qui est justement comme le rapport le suggère. Le président est
en consultation avec cette instruction générale.
Prétendre, peut-être que c'était juste au moment de la
constatation, qu'il n'y avait pas eu consultation? Le président est en
train de la faire, la consultation. Alors, de là à dire que,
ça, ça représente la réalité aujourd'hui...
C'est quelle date aujourd'hui?
Une voix: Le 18.
Mme Robic: Le 18 avril 1991. Ce n'est plus tout à fait
ça. Il faut se rendre compte de cela. Alors, M. le Président,
oui, il y a place à l'amélioration. Oui, il faut regarder la
structure qui nous est proposée et, oui, on va faire notre possible pour
pouvoir cibler des priorités. Vous dire que demain matin on va pouvoir
mettre en application le rapport Mallette dans son entière-té,
non, je ne crois pas que je pourrais le faire. Mais prétendre qu'on ne
pourra pas graduellement l'implanter, bien, moi, je vous dis que, oui, on
réussira à le faire et si vous regardez il y a un an, quand j'ai
dit que je ferais certaines choses, je les ai faites. Il faut regarder le
contexte économique dans lequel nous sommes pour se rendre compte qu'il
faut tous mettre la main à la pâte et, oui, prendre... Certaines
personnes vont être obligées de prendre les bouchées
doubles encore pour un bon bout de temps. C'est certainement une
évidence, ça, M. le Préskient. Mais, encore une fois, je
vous rappelle que le rapport Mallette, à plusieurs endroits, et le
député a bien évité de faire des copies pour les
journalistes...
M. Boisclair: J'ai remis les...
Mme Robic:... à plusieurs endroits, je prétends que
la Commission s'acquitte efficacement de son mandat.
M. Boisclair: Juste, M. le Président... Le
Président (M. Lemieux): Oui.
M. Boisclair:... une dernière question: Est-ce que la
ministre est consciente que ce même rapport suggère une
augmentation des crédits de 7 500 000 $ à 11 800 000 $ pour
1991-1992? Alors, là, ce n'est pas une petite proportion des objectifs
et des recommandations du rapport Mallette. Ce n'est même pas une petite
proportion des recommandations du rapport Mallette qu'elle pourra mettre en
application. C'est pratiquement aucune, si ce n'est les mesures administratives
proposées dans ce rapport qui ont trait à la façon dont,
par exemple, on administre la Commission des valeurs mobilières. Il y a
un certain nombre de recommandations qui sont faites. Par exemple, il y a
l'organisation de travail qui pourrait être améliorée, qui
permettrait d'accroître, au niveau de l'efficience, les directions
opérationnelles. Il y a des choses semblables qui ont déjà
été entreprises par la Commission des valeurs mobilières.
Il y a des choses qui, effectivement, ne nécessitent pas l'ajout de
ressources supplémentaires. Il faut tout simplement qu'il y ait un
leadership qui soit exercé et je fais confiance aux gens de la
Commission pour l'exercer, mais, au-delà de ces réformes qui
demandent peu de moyens, il y en a d'autres, cependant, pour que la Commission
des valeurs mobilières continue de rayonner, comme elle l'a fait dans
les années passées, pour qu'elle puisse aussi continuer
d'accomplir son mandat de façon réaliste et de façon
responsable, il faut réagir. 11 800 000 $ que Mallette recommande pour
1991-1992. Ce qu'on apprend, c'est une augmentation d'à peu près
3 % des crédits consacrés à la Commission des valeurs
mobilières par rapport aux dépenses réelles de l'an
dernier. Ce n'est pas très reluisant.
Ce que je conclus, c'est qu'il n'y a pas grand recommandations de
Mallette que la ministre va pouvoir mettre en application et qu'on risque fort
bien de se retrouver... On pariait d'information, tout à l'heure, vous
avez lu les constatations sur la question de l'information dans Mallette. Ah!
On peut se retrouver dans des situations. Moi, compte tenu de tous ces
éléments... Et il n'y a personne, à l'heure actuelle, qui
a réussi à me faire la démonstration que le manque de
ressources à la Commission des valeurs mobilières ne pourra pas
porter préjudice aux épargnants du Québec. On ne m'a pas
fait la démonstration que des dossiers comme ceux qu'on a
soulevés, ScotiaMcLeod dont on ne peut discuter, mais on pourrait parler
aussi des Marronniers, on pourrait parler de Serviprim. Vous avez lu la
conclusion de M. Pelletier sur Serviprim.
Cela étant dit, le grand malheur, c'est que la Commission des
valeurs mobilières ne dispose pas des moyens d'enquête suffisants
pour s'acquitter de son mandat et offrir aux épargnants une protection
adéquate. En voilà un autre. Alors, soit qu'on est tous dans
l'erreur et que la ministre soit la seule qui dise la vérité,
à tout le
moins, je crois qu'elle devrait nous concéder le fait qu'il y a
des améliorations importantes qu'elle doit apporter dans le meilleur
intérêt des épargnants, et qu'elle doit rapidement
présenter des demandes au Conseil des ministres, au Conseil du
trésor pour éviter que, continuellement, on l'attaque dans les
journaux par des dossiers semblables à ceux-là. La
crédibilité de la Commission des valeurs mobilières du
Québec, c'est autant dans l'intérêt de la Commission des
valeurs mobilières, c'est dans l'intérêt de la ministre et
c'est dans l'intérêt des épargnants,
québécois et québécoises.
Mme Robic: M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre.
Mme Robic: C'est encore dommage qu'on se serve d'un article dans
un journal.
M. Boisclair: Bien, c'en est un autre.
Mme Robic: La remarque du journaliste est gratuite, M. le
Président. Si vous lisez tout l'article, il dit ce que la Commission a
fait dans ce dossier-là. Et la Commission, d'après moi, a fait
son devoir dans ce dossier-là, il finit son article en disant ça.
C'est tout à fait gratuit.
M. le Président, je comprends pourquoi on a hérité
d'un déficit comme on a hérité en 1985. Le
député, lui, est prêt à pelleter de l'argent. M. le
député, je vous l'ai dit que j'étais d'accord avec...
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, voulez-vous
vous adresser au président de cette commission, s'il vous
plaît.
Mme Robic: Oui. Je m'excuse, M. le Président.
J'espère que je ne vous ai pas...
Le Président (M. Lemieux): Non, mais c'est avant...
Peut-être que M. le député de Gouin était en droit
de soulever une question de règlement, tout simplement.
Mme Robic: Alors, M. le Président, j'ai dit qu'il fallait
chercher une plus grande efficacité pour la Commission. Ce que je
n'accepte pas, c'est de prétendre - parce qu'il y a un rapport qui est
là, qui date déjà - qu'il n'y a rien eu de fait depuis ce
temps-là et que la seule façon d'améliorer
l'efficacité de la Commission, c'est d'ajouter des budgets. Oui, on va
en ajouter, mais je le ferai en déterminant avec le président de
la Commission des priorités. On va faire un certain nombre de choix. Les
temps nous forcent à les faire. Si vous ne le savez pas, là, il y
a une récession et, partout, il y a des coupures dans des programmes; on
calcule qu'ils sont également importants. Il y a des coupures, mais,
chez nous, il n'y en a pas eu; il y a eu même une petite augmentation.
Déjà là, je pense qu'il y a eu un travail de fait pour
sensibiliser nos confrères. Alors, de là à dire qu'on n'a
rien fait et que c'est épouvantable, vous mettez des doutes dans
l'esprit des gens sur la possibilité de la Commission de s'acquitter de
ses mandats. Je trouve que vous allez très loin et je le regrette
énormément. Encore une fois, je vous le dis depuis que je suis
assise ici, il faut tendre à l'excellence. Mais prétendre, parce
qu'on veut améliorer, que les choses ne marchent plus, là il y a
une grande marge. Je vous demanderais, dans vos propos dans le public, de faire
attention à vos remarques.
M. Boisclair: M. le Président, je conclus en disant que la
ministre me fait penser à ce père ou à cette mère
qui regarde le régiment passer et qui dit: Mon fils ou ma fille est le
seul qui a le pas. Jean Pelletier, ce n'est pas le dernier venu.
Le Président (M. Lemieux): S'il vous plaît, je ne
vois pas la pertinence de... S'il vous plaît!
M. Boisclair: Je veux simplement dire qu'il y a des gens, non
seulement l'Opposition officielle, mais des gens crédibles, des gens
sérieux qui, de façon... Faites sortir, par exemple, le dossier
de la Commission des valeurs mobilières dans les journaux de l'an
dernier. Il y a des gens sérieux, le rapport Mallette, des gens
crédibles qui remettent en question la façon dont la CVMQ... les
ressources plutôt dont la CVMQ dispose pour s'acquitter de son mandat.
Alors, écoutez, on a peut-être deux visions différentes des
choses, mais je suis obligé de constater que je ne suis pas tout seul
à défendre ce point de vue. J'espère qu'à un moment
donné la ministre comprendra.
Délégation de certaines fonctions
à des organismes d'autoréglementation
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Gouin. J'aurais peut-être quelques questions
à poser à Mme la ministre relativement à la Commission des
valeurs mobilières. Vous savez que l'article 170 de la loi - c'est des
questions qui sont peut-être un peu techniques et peut-être que vos
fonctionnaires pourront y répondre - précise les fonctions que la
CVMQ peut déléguer. Ça s'attarde davantage à la
délégation et à l'autoréglementation, puisque nous
avions déjà eu l'occasion de discuter ici, à cette
commission, de la délégation externe des fonctions de la CVMQ.
Nous savons qu'il y a des organismes d'autoréglementation qui sont
reconnus. Alors, vous en avez trois: la Bourse de Montréal, la Caisse
canadienne de dépôt de valeurs et la Société
internationale de compensation de dépôts. Je crois qu'à ma
connaissance, peut-être qu'elle l'est aujourd'hui, mais à
l'épo-
que elle ne l'était pas, l'ACCOVAM ne l'était | pas. Elle
avait retiré sa demande de reconnais- i sance.
Vous savez, au niveau de la délégation externe des
fonctions, nous avons eu l'occasion d'échanger avec
l'ex-préskjent de la Commission des valeurs mobilières, M. Paul
Guy, et je dois vous dire que cet échange ne s'est pas vraiment
déroulé dans un climat propice. L'attitude de M. Guy envers
l'institution et envers les parlementaires comme tels - je vous le dis, et je
me souviens entre autres du débat de M. le député de
Mille-Îles - laissait grandement à désirer. Je fais tout
simplement ce commentaire-là. Par contre, ce qui était
intéressant, c'est qu'à l'époque, dans le rapport de la
Commission des valeurs mobilières du Québec, on avait
identifié 30 activités et plus de 100 pouvoirs qui étaient
un peu entre les mains de la Commission des valeurs mobilières et,
à cette époque-là, M. Guy s'était refusé
carrément à faire un examen des cas en vue de déterminer
s'ils pouvaient être délégués et à faire une
étude des conséquences d'une délégation sur la
protection des épargnants. Par contre, la Bourse de Montréal nous
avait dit qu'il y avait des avenues et elle proposait des moyens susceptibles
de dégager la Commission des valeurs mobilières de certaines
activités, tout en lui permettant d'assumer son rôle de
surveillance. La Bourse nous avait dit: Nous, nous ne sommes pas un organisme
gouvernemental et ce n'est pas à nous qu'il appartient d'initier de tels
changements et d'encourir ces coûts-là. Il y a eu aussi
l'Assocation canadienne des compagnies d'assurance de personnes inc., à
l'époque, qui avait exprimé que l'État devrait recourir de
plus en plus à l'autoréglementation pour assurer la surveillance
et le contrôle de l'industrie des services financiers.
La Commission avait constaté, et ça c'était
très positif pour la Commission des valeurs mobilières, que les
délégations qui avaient été effectuées par
la Commission avaient contribué vraiment à alléger sa
tâche, qu'elles n'avaient pas ombragé sa crédibilité
sur les marchés financiers, puis qu'elles avaient suscité des
attentes, par contre, qui portaient davantage sur des délégations
additionnelles. Elle avait constaté que la loi ne précisait rien
en regard des responsabilités de la CVMQ au niveau de l'inspection comme
telle. (11 h 45)
La question est la suivante, elle est peut-être d'ordre technique.
Je demanderai d'abord à Mme la ministre si l'organisme en question a
dressé la liste de ses activités, ou pourrait le faire ou s'il a
l'intention de le faire, qui correspondent aux quatre volets de sa mission,
qu'il puisse identifier les activités et les pouvoirs qu'il pourrait
céder ou déléguer à l'autoréglementation, et
ça, en ne se limitant pas au cadre actuel de la loi ou aux forces
naturelles du marché. Dans chaque cas, est-ce qu'il y aurait une
possibilité pour la Commission, pour Mme la ministre, d'indiquer des
raisons qui militent en faveur de ceci: ou bien on conserve ou bien on
cède telle activité ou tel pouvoir? Peut-être
subsidiairement à cette question-là, est-ce qu'on a l'intention -
peut-être que déjà on l'a fait, parce qu'on a dû lire
ce rapport-là qui a donné naissance à un avant-projet de
loi - est-ce qu'on a l'intention ensuite de s'assurer de la volonté et
de la capacité des représentants de l'industrie à assumer
telle responsabilité, je dirais, dans le respect global de la protection
des épargnants comme tels? C'est une question qui est peut-être
d'ordre administratif ou technique mais qui me semble importante, eu
égard au fait que la Commission n'a pas entaché sa
crédibilité en y allant d'une délégation
peut-être plus accentuée. Au contraire, elle a conservé, je
dirais, une note très positive dans le marché et dans le milieu
financier comme tel. Alors, j'aimerais avoir les vues de Mme la ministre ou de
M. le président de la Commission des valeurs mobilières, à
cet effet-là.
Mme Robic: M. le Président, je demanderais au
président de la Commission de répondre à vos
interrogations.
Le Président (M. Lemieux): M. le président de la
Commission.
M. Fortugno: M. le Président, une telle étude n'a
pas été faite, à ma connaissance. La Commission est
ouverte à réexaminer les pouvoirs qu'elle possède et voir
si certains pouvoirs pourraient effectivement être
délégués à des organismes
d'autoréglementation, mais il faut toujours conserver toutefois à
l'esprit que les intérêts des organismes
d'autoréglementation ne sont pas tout à fait les mêmes que
les intérêts de la Commission des valeurs mobilières du
Québec. Nous voulons, oui, et je l'ai déclaré l'an
dernier, la Commission a l'intention de procéder avec le dossier de
l'ACCOVAM, c'est essentiel qu'il y ait une décentralisation de cet
organisme-là...
Le Président (M. Lemieux): c'est ce que j'ai lu,
d'ailleurs, d'un de vos textes. c'est la raison pour laquelle je vous pose la
question, à savoir où vous en étiez.
M. Fortugno: ...et la Commission est saisie, présentement,
parce que c'est entre les mains de chacun de nos avocats, d'un avant-projet de
reconnaissance. Nous voulons absolument que les pouvoirs que possède
l'ACCOVAM pour inspecter certaines maisons de courtage
québécoises soient décentralisés ici, à
Montréal et au Québec, pour que la Commission ait
véritablement une emprise sur l'organisme comme tel, tout en
délégant les pouvoirs, comme ceux de la Bourse, qu'elle devrait
avoir. Le dossier est sous étude, actuel-
lement. Je peux vous assurer que le président de la Commission
des valeurs mobilières du Québec a rencontré les
"chairmen" et présidents de l'ACCOVAM nationale, même le nouveau
qui s'en vient, et je peux vous dire que les affaires ont changé.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez que la Bourse
était très favorable à ce type
d'auto-réglementation là.
M. Fortugno: Oui. La Bourse est très favorable à
ça.
Le Président (M. Lemieux): Je vois que vos conseillers me
disent oui, en arrière.
M. Fortugno: Oui. Elle est très favorable.
Le Président (M. Lemieux): Alors, vous, vous n'êtes
pas nécessairement contre, au moment où on se parie.
M. Fortugno: Pas du tout.
Le Président (M. Lemieux): Et vous allez peut-être y
apporter une attention qui est toute particulière.
M. Fortugno: C'est ça. Ce que nous voulons de ces
organismes, c'est qu'ils aient des règles qui respectent le droit
d'être entendu et que les inspections soient faites de façon
efficace. Maintenant, nous avons tous les pouvoirs de surveiller ce qui est
fait, ça fait que pourquoi dédoubler...
Le Président (M. Lemieux): C'est une approche que je vois
positive par rapport à ce qu'on a déjà connu. J'aurais
peut-être une autre question. Vous avez fait tout à l'heure
mention du climat. Ce n'était pas un cadeau, vous savez, ce
n'était pas un cadeau, en 1987, les relations qui existaient entre la
Commission des valeurs mobilières, la Bourse de Montréal et
l'ACCOVAM avec ses partenaires. Il y avait un sérieux problème
que la Commission avait alors identifié, à l'époque,
c'était celui... Et il s'est dégagé un consensus parce
que, si vous n'étiez pas là à l'époque, pour une
des premières fois, ici, en commission parlementaire, nous avions fait
asseoir à la même table à la fois l'ACCOVAM, la Bourse de
Montréal, de même que la Commission des valeurs mobilières.
Alors, il était difficile pour l'un et l'autre de ces organismes de se
renvoyer la balle, puisque, nous, nous étions là et
c'était très agréable de les écouter. Et il y a eu
un consensus à l'effet de l'importance d'améliorer les
communications. En ce sens-là, j'aurais peut-être une question
à vous poser. Est-ce qu'il y a des moyens qui ont été mis
de l'avant pour établir un climat qui est peut-être plus
favorable, actuellement, dans les communications qui peuvent exister entre la
Bourse, l'ACCOVAM et autres? Je vous ferai remarquer qu'à cette
époque-là les propos de la Bourse, qui était ici, à
cette même table, et de l'ACCOVAM tranchaient nettement avec ceux de la
Commission qui a eu le culot de venir nous dire: La communication entre la
Commission, la Bourse de Montréal et l'ACCOVAM est actuellement
adéquate. Il est évident qu'on ne partageait pas ce point de vue
puisque la Bourse et l'ACCOVAM étaient venues nous dire, ici, la
même chose et l'ACCOVAM avait été plus loin. Elle avait
été même jusqu'à suggérer dans son
mémoire qu'un comité conjoint permanent pourrait avoir un effort
bénéfique quant aux activités de surveillance et de
contrôle. Est-ce qu'il y a eu des gestes positifs ou administratifs qui
ont été posés dans ce sens-là par la Commission des
valeurs mobilières?
M. Fortugno: M. le Président, il y a effectivement un
comité conjoint de la Commission et de la Bourse de Montréal qui
s'adresse actuellement à la question des produits dérivés
et la tournure stratégique, si on peut l'exprimer ainsi, de notre Bourse
depuis un an et nous examinons de quelle façon nous pouvons
réglementer ce domaine-là afin de favoriser le produit que...
Le Président (M. Lemieux): Vous vous parlez un peu plus
souvent maintenant, l'ACCOVAM et la Bourse de Montréal?
M. Fortugno: Nous nous voyons tous les mois.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, vous ne me
répondez pas, mais au sourire de vos fonctionnaires derrière
vous...
M. Fortugno: Bon.
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Fortugno: II y a des réunions conjointes avec l'ACCOVAM
tous les mois.
Le Président (M. Lemieux): C'est bien.
M. Fortugno: Trois semaines, quatre semaines. Plus souvent
à l'ACCOVAM qu'au bureau de la Commission, mais il y a un comité
formel avec la Bourse. Les relations avec l'ACCOVAM sont plus informelles
qu'elles sont formelles. Il n'y a pas un comité conjoint des trois
organismes. Je ne crois pas, à l'heure actuelle, que ce soit
souhaitable, mais j'aimerais...
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que la Commission des
valeurs mobilières est plus ouverte, plus perméable aux
discussions, aux suggestions?
M. Fortugno: Bien oui. Ce que j'aimerais, c'est suivre tes
recommandations du rapport Mallette et mettre sur pied un comité
conjoint des Intervenants du marché, les représentants
d'actionnaires, les représentants d'institutions, mais c'est très
difficile à faire parce que les intérêts sont
différents et, à un moment donné, on doit trancher entre
un sommet et un comité consultatif qui est un comité de travail.
Mais, oui, nous sommes ouverts à ça. Il y a des réunions
carrément informelles. Toutes les fois que ta Commission veut sortir une
politique nouvelle, une Instruction générale, même avant de
la publier, H y a des relations avec l'exécutif de l'ACCOVAM, section
Québec, ainsi que l'exécutif de la Bourse. Donc, il y a une
ouverture. On se parle avant de sortir une politique.
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas une
démocratie dirigée de la part de la Commission des valeurs
mobilières.
M. Fortugno: Tous les points de vue sont importants, même
si la Commission n'est pas d'accord.
Le Président (M. Lemieux): D'accord. J'aurais
peut-être une autre question qui est vraiment d'ordre technique. Vous
avez parlé tout à l'heure d'un plan stratégique. Est-ce
que vous avez eu un nouveau POAS chez vous? Avez-vous vérifié
votre organisation administrative de façon, peut-être, à
distinguer les postes de vérificateur interne et de chef du service des
études? Est-ce que ç'a été fait? C'était une
des recommandations qui avaient été faites à
l'époque.
M. Fortugno: C'est séparé.
Le Président (M. Lemieux): C'est séparé
maintenant?
M. Fortugno: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Ah bon! C'est un pas
positif.
M. Fortugno: Depuis la deuxième journée, le 4
janvier 1990. C'est fait. Parce qu'une personne ne peut pas faire les deux et,
d'ailleurs, il y a un conflit d'intérêts.
Le Président (M. Lemieux): D'ailleurs, c'est ce que, vous,
aujourd'hui, vous reconnaissez, mais ce n'est pas ce que votre
prédécesseur, lui, reconnaissait, d'une manière aussi
évidente. Alors, on l'apprécie grandement puisque c'était
une des recommandations du rapport.
Évaluation de la qualité des
services
Autre chose, vous avez parlé tout à l'heure d'une forme de
vérification intégrée. je fais cette
différence-là entre l'imputabilité externe et
l'imputabilité interne et je crois davantage m'approcher du secteur de
l'imputabilité interne. ce qui est important pour nous de savoir... un
des rapports qui avaient été commandés par m. paul guy,
qui avait fait l'objet de vives discussions avec le député de
mille-îles, faisait état de l'importance d'instruments de gestion
adéquats qui incluaient un plan d'évaluation périodique de
la qualité des services. est-ce que, ça, ç'a
été fait? parce que je ne vous cacherai pas que ce
rapport-là, commandé par m. paul guy et que vos fonctionnaires
ont dû lire, n'était pas des plus positifs à certains
égards, eu égard aux certains intermédiaires de
marché à l'époque et au sujet aussi de conseillers
juridiques qui avaient souvent affaire avec la commission, de délais et
ainsi de suite. remarquez que c'était purement subjectif. c'est
difficile de tracer une ligne objective et je ne vous jette pas le poids
là-dessus, mais ce que j'aimerais savoir: est-ce que vous avez, tout au
moins, songé à faire en sorte qu'il y ait une évaluation
de la qualité des services et plus loin que ça? on parle souvent
de votre problème au niveau de la gestion des ressources humaines. il
est peut-être fondé, il est peut-être adéquat, mais
est-ce que vous avez songé à établir clairement, pour le
conseil du trésor, vos besoins en ressources humaines et
financières, surtout en relation avec la protection des
épargnants? c'est un des éléments qu'on soulevait,
ça, en 1987.
M. Fortugno: II y a plusieurs volets à votre question.
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, Allez-y Je suis
prêt à vous écouter.
M. Fortugno: Écoutez, j'avais mentionné notre
projet d'implantation d'un processus de reddition de comptes sur
l'efficacité de la gestion au sein de la Commission. Dans le cadre d'un
tel processus, c'est sûr que la Commission se veut gagnante aussi dans le
processus. Il y a, payé par le Vérificateur
général, un programme de formation en matière de gestion.
D'ailleurs, le rapport Mallette en fait état et ça ne nous
coûtera pas une cenne, en passant. Tous nos gestionnaires seront
formés pour qu'ils puissent embarquer, si vous voulez, dans le
système de reddition de comptes. En tout cas, j'ai une copie ici, je
peux la laisser à la commission.
Le Président (M. Lemieux): Sans doute que vous parlez d'un
processus de reddition de comptes d'imputabilité interne.
M. Fortugno: L'imputabilité interne. Le
Président (M. Lemieux): Oui, ça va.
M. Fortugno: La vérification intégrée par le
Vérificateur général de la province, ça fait partie
de ça aussi. C'est eux, à toutes les années, qui vont...
On peut choisir une étude externe. D'ailleurs, le Vérificateur
nous a donné le choix.
Le Président (M. Lemieux): Au-delà du rôle
qu'a... Je fais cette distinction-là, moi, eu égard au rôle
qu'a à jouer le Vérificateur général et au
rôle que, vous, vous avez à jouer comme organisme au niveau des
principes de reddition de comptes telle l'imputabilité interne. Et c'est
en ce sens-là que je vous parle de mécanismes d'évaluation
de la qualité pour que vous soyez en mesure, tantôt, lorsque vous
allez rencontrer le Trésor, de dire au Trésor, pour que Mme la
ministre - parce que Mme la ministre ne peut pas le faire toute seule. Je veux
bien croire que Mme la ministre défend bien ses dossiers, mais elle ne
peut pas le faire toute seule - soit en mesure de dire au Trésor: Bien,
voilà, nous avons besoin de tant de personnes, nous avons fait une
évaluation de la qualité eu égard à la protection
des épargnants.
M. Fortugno: M. le Président, nous avons commandé -
ça va être dans les études de crédits de
l'année prochaine...
Le Président (M. Lemieux): Ah bon!
M. Boisclair: Dans les engagements financiers.
M. Fortugno:... une étude qui porte sur les indicateurs de
gestion...
Le Président (M. Lemieux): C'est ça que je voulais
savoir.
M. Fortugno:... dans le cadre de l'implantation d'un processus de
reddition de comptes. Je vous dis franchement... Ce n'est pas une étude
qui coûte cher. C'est 5000 $.
Le Président (M. Lemieux): Non, l'importance du
coût...
M. Fortugno: Mais ça prend des indicateurs de gestion dans
le cadre de notre fonctionnement...
Le Président (M. Lemieux): Je suis entièrement
d'accord. C'est ça que je veux savoir.
M. Fortugno:... en voulant dire la nature même, la culture
même de la Commission. C'est quand même la fonction publique.
Le Président (M. Lemieux): C'est ça que je voulais
savoir, M. le président.
M. Fortugno: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Je suis heureux de voir que
cette étude-là a été commandée et que
ça va se faire. C'est exactement la réponse que je voulais avoir
de vous, que je suis content d'avoir et que j'espérais surtout ne pas
avoir. Alors, je n'ai pas d'autres questions.
M. Boisclair: vous espériez ne pas avoir?
Le Président (M. Lemieux): Que je craignais de ne pas
avoir, pardon!
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Que je craignais ne pas
avoir!
M. Boisclair: Je peux vous vendre une carte de membre.
Le Président (M. Lemieux): Je peux faire la même
chose, vous savez. Vous savez, j'ai toujours dit que le Parti libéral
était très perméable et ouvert à toutes sortes de
fractions.
M. Boisclair: De toute façon, le véritable
successeur de René Levesque serait Robert Bourassa, pour madame.
Le Président (M. Lemieux): Bien, alors, voyez-vous, je
suis prêt à vous vendre une carte de membre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, sur ce, moi, j'ai
terminé mon intervention. M. le député de Gouin, la parole
est à vous.
Conclusions
M. Boisclair: Bien, écoutez, rapidement, parce que
j'aimerais passer quand même à l'Inspecteur général
des institutions financières. Peut-être si on me permet de
conclure sans nécessairement poser une question, d'une part, en
demandant un certain nombre de questions particulières ou une question
particulière au président, je demanderais une copie de
l'étude qui a été faite pour le développement des
ressources informatiques à la Commission des valeurs mobilières
du Québec. Je pense qu'il s'agit bien là d'un outil fondamental
pour le développement de la Commission des valeurs mobilières,
l'informatique. Et il y a, si ce n'est qu'à ce simple égard, des
améliorations importantes dont on fait d'ailleurs déjà
état dans le rapport Mallette, mais j'aimerais aller plus à fond
dans ce dossier. J'aimerais demander aussi au président de la Commission
des valeurs mobilières s'il est possible - j'en ai vu une copie tout
à l'heure, et j'aimerais ça que ce soit consigné,
d'ailleurs, M. le secrétaire, au procès-
verbal - d'avoir une copie de la réponse qu'il a envoyée
au Protecteur du citoyen. J'ai vu qu'il l'avait dans ses mains tout à
l'heure.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre. Mme Robic:
Pardon? Je m'excuse.
M. Boisclair: J'ai demandé au président de la
Commission des valeurs mobilières s'il était possible d'obtenir
une copie de la réponse qu'il adressait au Protecteur du citoyen.
Le Président (M. Lemieux): C'est une lettre.
Mme Robic: C'est une lettre du président qui est
adressée au Protecteur du citoyen. Ce n'est pas à moi à
dire... S'il veut donner une réponse, c'est sa correspondance à
lui.
M. Boisclair: II semblait...
Le Président (M. Lemieux): II est évident qu'en
vertu de l'article 82, si vous décidez, Mme la ministre, que ce n'est
pas dans l'intérêt public que cette missive-là soit connue,
vous n'êtes pas obligée de la déposer.
M. Boisclair: Mais si la ministre veut faire preuve de
transparence...
Mme Robic: Le président n'a aucune objection, donc, moi
non plus, je n'ai aucune objection, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Alors, j'autorise le
dépôt.
M. Fortugno: Dans l'esprit d'"open management", vous aurez
toujours de moi...
M. Boisclair: La transparence. M. Fortugno:... la
transparence.
M. Boisclair: Alors, je crois que tout simplement...
Au-delà de l'interprétation qu'on peut donner au rapport
Mallette, au-delà des batailles qui pourraient être parfois
teintées d'un peu de partisanerie comme l'a rappelé à
quelques reprises la ministre déléguée aux Finances,
j'aimerais quand même souligner...
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, vous la
déposez. Non?
M. Boisclair: Eh bien, vous la déposez.
M. Fortugno: En réponse à sa question de
tantôt.
M. Boisclair: C'est ça. (12 heures)
Le Président (M. Lemieux): Ce n'est pas la lettre...
M. Boisclair: Mais vous allez déposer la lettre.
M. Fortugno: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): Ça va.
Mme Robic: Qu'est-ce qu'il dépose, là?
Le Président (M. Lemieux): Non, ce n'est pas un
dépôt, c'est simplement une information, Mme la ministre.
Mme Robic: O. K. D'accord.
M. Boisclair: J'aimerais souligner que je crois qu'il y a
plusieurs doutes qui planent au-delà de la Commission des valeurs
mobilières. On peut regretter que le Protecteur du citoyen ait fait part
de ses observations. On peut peut-être regretter l'interprétation
qu'on donne à certains éléments du rapport Mallette, mais
au-delà de tout ça il y a des questions de perception, Mme la
ministre, qui sont parfois plus importantes que de simples questions
d'effectifs ou des questions de budget. Il se dégage dans la presse et
dans certains rapports qui ont été portés à notre
attention un certain nombre de questions à l'égard de la
Commission des valeurs mobilières. Ça, cette question de
perception, je crois que la ministre a essayé de la corriger. En
réponse aux questions qu'elle m'a rendues, elle a essayé de
corriger un certain nombre d'impressions. Mais je crois qu'il y a un malaise
plus profond qui subsiste, un malaise qui est essentiellement dû à
un manque de ressources sur lesquelles peut compter la Commission des valeurs
mobilières. J'espère que la ministre sera rapidement en mesure...
Elle a annoncé dans son discours d'ouverture qu'elle sera en mesure de
présenter bientôt des demandes aux différentes instances
gouvernementales, mais je souhaite que ses propos se traduisent dans l'action
et que l'an prochain, à l'occasion de l'étude des crédits,
nous puissions, comme membres de cette commission, apprécier les efforts
que vous aurez faits au cours de cette année à venir et que nous
serons à même de juger de la façon dont il y aura eu une
modification au niveau de la composition de la Commission des valeurs
mobilières, de la façon dont elle s'acquitte de son mandat et au
niveau de ses effectifs. La ministre a pris des engagements très clairs
aujourd'hui à cet égard. Souhaitons qu'ils se traduiront dans la
réalité. C'est à l'étude des crédits l'an
prochain que nous pourrons le faire, mais je prends bonne note des engagements
qu'elle a pris pour donner suite aux recommandations du rapport Mallette.
Alors, on pourrait peut-être passer, M. le Président.
Mme Robic: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aurais également des remarques de clôture à faire. M. le
Président, je comprends comment fonctionne l'Assemblée nationale:
il y a un parti au pouvoir et il y a un parti de l'Opposition. Le parti de
l'Opposition joue son rôle en essayant d'embarrasser le parti au pouvoir.
Je peux faire de la partisanerie, M. le Président, mais ce que je vois
devant moi en ce moment, ça dépasse les bornes. Je regarde les
communiqués. Le député de Gouin a fait une
conférence de presse ce matin, avant l'étude des crédits.
C'est de bonne guerre, c'est tout à fait normal, mais là je
trouve, M. le Président, qu'il a dépassé les bornes.
Ministre irresponsable, eh bien là, M. le Président, je dois vous
dire que le député de Gouin est largement irresponsable quand il
dit: "Devant la démonstration claire du comportement négligent de
la Commission des valeurs mobilières dans l'affaire Guy Paré,
plusieurs personnes ou groupes de personnes ont été
lésés. L'incapacité de la Commission de protéger
les épargnants correctement... " Je suis scandalisée de voir
ça. Ça ne s'explique pas. Vous créez des doutes
épouvantables. Vous êtes en train de dire qu'ils ont perdu de
l'argent parce que la Commission n'a pas fait son travail. C'est inacceptable.
Le gouvernement a consenti plusieurs milliers de dollars dans ce
dossier-là en instituant une administration provisoire. On a fait tout
ce qu'on a pu pour tenter de sauver le plus possible pour ces
épargnants-là. Aller sur la place publique et affirmer des choses
comme ça, c'est inacceptable, M. le Président. Je n'en reviens
pas. On peut vouloir faire de la politique, mais il y a une limite à
faire ce genre de politique là et je suis désappointée du
député de Gouin parce que je ne pensais pas qu'il pouvait aller
aussi loin que ça dans sa petite partisanerie.
M. Boisclair: Je transmettrai vos propos au Protecteur du
citoyen, qu'on ne peut certes pas accuser d'être partisan.
Mme Robic: M. le Président, le député de
Gouin ne peut certainement pas se substituer au Protecteur du citoyen. Le
Protecteur du citoyen a le droit de faire des constatations puis de poser des
questions, mais on doit attendre son rapport final avant de dire... et puis on
parle d'un dossier.
M. Boisclair: C'est un résultat d'enquête.
Mme Robic: L'enquête n'est pas terminée et le
résultat final n'est pas déposé.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Gouin, avec la Commission des
valeurs mobilières?
M. Boisclair: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Oui. Nous allons maintenant
passer à l'Inspecteur général des institutions
financières. Pardon? Oui. Nous votons l'ensemble des crédits tel
qu'il fut convenu tout à l'heure, dix minutes avant la fin de la
présente séance, en bloc. M. le député de
Gouin.
Inspecteur général des institutions
financières Effectif
M. Boisclair: Peut-être remercier l'Inspecteur
général des institutions financières de sa
présence. Je crois que sa présence ici témoigne aussi de
l'importance qu'il accorde à nos travaux. Connaissant sa charge de
travail importante, je tiens à le remercier. Il s'est toujours fait un
devoir, d'ailleurs, d'être présent à l'occasion de
l'étude des crédits. Je voudrais juste qu'il me présente,
peut-être, son... dont j'oublie le nom.
Mme Milhomme (Louise): Louise Milhomme.
M. Boisclair: La seule femme, d'ailleurs, avec la ministre
à nous accompagner à l'occasion de cet exercice. J'aimerais
peut-être, d'une part, discuter de vos crédits de façon
générale, avant d'aborder un certain nombre de dossiers
peut-être plus particuliers. On constate effectivement une augmentation
aux crédits de l'ordre - j'aimerais juste qu'on me le rappelle - de 1, 8
%. Est-ce qu'il y a eu une planification avant la préparation de
l'étude des crédits qui a été effectuée par
l'Inspecteur général ou son service de budgétisation ou de
programmation budgétaire, afin de préparer l'étude des
crédits, et s'il y a des demandes bien précises qui avaient
été adressées à la ministre dans le cadre de
l'exercice des crédits? De quel ordre et qu'est-ce qu'ils comportaient
exactement?
M. Bouchard (Jean-Marie): Oui, M. le Président. Comme vous
le savez, la préparation des crédits se faisait dans le cadre des
politiques budgétaires gouvernementales. Nous devions en tenir compte en
nous efforçant, dans la mesure du possible, comme la ministre l'a
indiqué dans son discours préliminaire, de continuer d'assumer
nos responsabilités qui sont la protection de l'épargne
directement par la surveillance de nos institutions financières. Nous
avions donc des effectifs, au 1er avril l'an dernier, de l'ordre de 430
employés, c'est ce qui est important, plus des occasionnels, effectifs
qui nous avaient été octroyés... Nous avions obtenu, pour
l'an dernier, 16 postes, je le souligne, dans un contexte extrêmement
difficile et dont nous étions très fiers. Mme la ministre nous a
obtenu 16 postes du Conseil du trésor dans des contextes que je
qualifierais pratiquement impossibles dans le temps...
Le Président (M. Lemieux): II va falloir que
vous nous donniez vos trucs.
M. Bouchard:... sur une possibilité de 25 postes, que nous
avons obtenus. Alors, je ne sais pas si c'est moi qui l'ai bien convaincue ou
si c'est elle qui a été convaincante au Conseil du trésor,
probablement les deux.
Mme Robic: Les deux, sans doute, M. le Président.
M. Bouchard: Probablement. Donc, nous les avions obtenus sur une
demande de 25 postes. Évidemment, vous allez me dire que c'est le lot de
tout le monde de demander des postes et, subséquemment, on peut toujours
justifier. Mais nos demandes nous paraissaient tout à fait
justifiées dans le contexte d'une surveillance de plus en plus
difficile. Dans le secteur des institutions financières, comme vous le
savez, le marché est devenu complexe, au niveau des holdings maintenant,
tous les conglomérats financiers, les inspections que nous devons faire,
la surveillance que nous devons démontrer. C'est le raffinement constant
de la surveillance qui doit se faire tant au niveau de l'actif qu'au niveau des
passifs. Donc, ça prend un personnel beaucoup plus aguerri et ça
prend une surveillance que j'appelle pratiquement de tous les instants. Nous
avons obtenu du Conseil du trésor, donc, dans le temps, 16 postes
additionnels dont 10 avaient été affectés au secteur
d'entreprises comme tel, qui est le secteur dit... mais 5 seulement, sur les 14
que nous demandions pour les institutions financières, qui
étaient pour les assurances. Mais, quand même, nous avons obtenu 5
postes qui étaient importants.
Également, dans un souci d'efficacité qui répond
à une préoccupation - l'an dernier, je me rappelle que les
députés de cette Chambre nous avaient posé des questions
sur l'efficacité - nous avions également demandé 3 postes
pour établir chez nous un service de vérification interne qui
s'interrogerait constamment sur la qualité parce que, vous savez, on a
beau administrer, croire qu'on est en possession de la vérité, ce
n'est pas vrai. On a besoin d'être constamment aiguillonnés pour
pouvoir remettre en question nos méthodes d'évaluation. Nous
n'avons pas obtenu ces 3 postes et, dans le cadre de notre budget, nous avons
obtenu ces 16 postes. Donc, ça nous faisait un effectif...
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur, je vous
arrête.
M. Bouchard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Je trouve ça important
ce que vous dites là, moi. Eu égard au principe que défend
le président du Conseil du trésor sur la qualité totale,
vous êtes en train de me dire qu'actuellement vous avez demandé
trois postes...
M. Bouchard: L'an dernier.
Le Président (M. Lemieux):... chez vous, pour assurer plus
d'efficience, plus d'efficacité et le Trésor vous a dit: Non.
M. Bouchard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): Merci. Ça va, pas
d'autre question.
M. Bouchard: Ça, c'était dans des demandes que
j'avais adressées, que Mme Robic avait adressées l'an dernier.
C'est pour le budget de l'an dernier. Donc, nous avons obtenu 16 postes
additionnels, ce qui a porté nos effectifs à 430. À 430,
c'était ce qu'on appelait toujours le seuil minimal. Avec 430, on
pouvait fonctionner. Nous avons réparti nos forces un peu sur le champ
de bataille avec les effectifs que nous avions. Sauf que, pour la
défense des crédits de cette année, le Conseil du
trésor se base toujours sur les effectifs qui existent en juin, mais
lorsque vous obtenez... Vous connaissez l'appareil de la fonction publique et
vous savez comment se fait la dotation et le recrutement. Je n'avais, à
ce moment-là, évidemment, que 411 postes occupés sur les
postes additionnels qui m'avaient été donnés. Je n'ai pas
eu le temps de les combler. C'est clair. Ça prend six mois, huit mois
avant de combler ces postes-là. Pour les fins des crédits de
cette année, on m'a donc octroyé un budget sur 411 postes, soit
les postes que j'avais au mois de juin, m'enlevant implicitement les 14 postes
qu'on m'avait donnés quelques mois auparavant, de telle sorte que mon
budget de ce matin, que Mme Robic défend, c'est un budget moindre que ce
pourquoi on s'était battus l'an dernier. Et là, bien, on a dit:
Écoutez, il y a quelque chose qui ne va pas. C'est un incident. C'est
sûrement un incident. On ne se comprend pas entre fonctionnaires, ce qui
peut arriver très souvent. Ça ne se peut pas que vous fassiez
ça. Trois mois avant, vous nous donnez des postes. Vous ne pouvez pas me
les refuser parce qu'ils ne sont pas comblés. Ils ont dit: Oui, c'est
ça. Alors, on a préparé un C. T. Mme Robic va prendre le
bâton du pèlerin et va reprendre la bataille au niveau du Conseil
du trésor pour aller récupérer les 22 postes qu'on
m'enlève. Je ne demande pas de postes additionnels. Je demande de
conserver mon acquis, mon butin comme disaient autrefois les gens. Tout ce que
je demande, c'est ça.
Le Président (M. Lemieux): C'est l'ouverture d'esprit des
analystes du Conseil du trésor.
M. Bouchard: Pardon?
Le Président (M. Lemieux): C'est l'ouverture
d'esprit des analystes du Conseil du trésor. M. Bouchard:
Je ne le sais pas.
Une voix: Donc, c'est les finances publiques du Québec, M.
le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: C'est la photo de Maurice Duplessis qui vous
inspire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bouchard: Je me rappelle toutes ces faces. Alors, vous savez,
je peux, à l'occasion, rappeler certaines paroles de ces
différents premiers ministres.
M. Boisclair: Une chance que vous n'êtes pas assis de mon
côté parce qu'il n'y en aurait pas beaucoup que vous vous
rappelleriez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bouchard: Là, ça me ferait un peu trop vieillir
quand même.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bouchard: Je peux bien être en poste depuis un certain
nombre d'années, mais pas au début de la colonie quand
même.
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Allez-y, M. l'Inspecteur.
M. Bouchard: Donc, si je reviens à la question, dans la
présentation des crédits qu'on a discutés avec Mme la
ministre, c'est que nous voulons rapatrier le niveau de la mer que nous avions
pour que le bateau continue de flotter. Là, on m'a enlevé 500 000
$, ce qui veut dire qu'à toutes fins pratiques je ne peux pas combler 20
postes. J'ai 20 postes qui vont rester vacants tout le restant de
l'année et, là, il y a des postes que je ne peux pas combler,
entre autres, dans les services téléphoniques de Montréal.
Vous allez avoir des appels dans vos bureaux de comté, la ministre est
prévenue. Le téléphone sonne, je n'ai pas de monde qui
répond parce qu'il y a quatre postes qu'on a coupes à
Montréal. Alors, à toutes fins pratiques, le budget, c'est une
augmentation de 2, 2 % en réalité sur le total. Mais, je
l'espère, je pense que le gros bon sens devrait prévaloir,
ça existe toujours, il me semble, les postes qui existent devraient
subsister, de telle sorte que je suis convaincu que Mme la ministre a tellement
une bonne cause qu'elle va la gagner et qu'elle devrait... (12 h 15)
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, on a la chance
d'avoir le député de Saint-Louis qui véhicule toujours le
gros bon sens et qui écoute attentivement.
Mme Robic: Qui écoute attentivement, d'ailleurs, M. le
Président.
M. Chagnon: Qui réagit, d'ailleurs.
Le Président (M. Lemieux): Qui réagit, à
part ça.
M. Chagnon: Qui a réagi.
Le Président (M. Lemieux): Et qui réagit souvent
aussi.
M. Bouchard: Je ne sais pas si sa réaction est bonne ou
mauvaise, mais enfin...
M. Chagnon: Ah! Sa réaction est à l'effet que la
capacité de payer des citoyens et les finances publiques du
Québec nous imposent des contraintes qui sont les vôtres
actuellement.
Des voix: Oh!
Le Président (M. Lemieux): On verra ce que l'avenir nous
réserve.
M. Bouchard: Là, c'est parfait. Alors, évidemment,
la réponse à ça, c'est qu'on fera ce qu'on pourra avec ce
que les contraintes nous imposent. Il ne faudra pas demander de donner ce qu'on
ne peut pas donner. De toute façon, donc, ça nous fera une
augmentation de 4 % sans aucune augmentation d'effectif. Ce sera simplement de
rapatrier, au fond, le budget que nous avions, qu'on nous avait promis. Que
nous avions. On ne demande pas d'augmentation de budget, mais purement et
simplement d'obtenir les budgets que l'on devait avoir pour les effectifs qui
étaient les nôtres. Je ne sais pas si ça répond
à votre question, M. le député.
M. Boisclair: Oui, très bien. Je m'excuse.
Mme Robic: Est-ce que, M. le Président, vous me
permettrez?
Le Président (M. Lemieux): Oui, Mme la ministre.
Indépendance administrative
Mme Robic: De là, M. le Président, moi, je ne perds
pas espoir. Vous comprendrez que nous avons présenté ce
mémoire-là et c'étaient des choses acquises. Alors, je ne
perds pas espoir. Cependant, M. le Président, vous comprendrez le
pourquoi de ma démarche pour créer au niveau de l'Inspecteur
général des institutions finan-
cières un organisme qui pourrait être plus
indépendant. C'est là-dessus que l'on travaille
présentement, et je crois que cette initiative donnera des
possibilités à l'Inspecteur de prendre des décisions sur
sa gestion et la répartition de son personnel.
M. Boisclair: Parlant d'indépendance, Mme la ministre,
est-ce que cette indépendance pourrait aller jusqu'à une
indépendance administrative au niveau, par exemple, du recrutement du
personnel?
Mme Robic: Pardon?
M. Boisclair: Est-ce que, par exemple, cette indépendance
que vous souhaitez - parce que je trouve ça intéressant que vous
ouvriez cette brèche de l'indépendance de l'Inspecteur
général - pourrait aller jusqu'à une indépendance
administrative qui pourrait permettre à l'Inspecteur de recruter son
propre personnel?
Mme Robic: C'est strictement budgétaire, M. le
Président, cette indépendance.
M. Boisclair: Est-ce que la ministre reconnaît qu'il y a
des problèmes au niveau du recrutement du personnel et du roulement du
personnel chez l'Inspecteur général?
Mme Robic: Alors, là, vous comprendrez, M. le
Président, qu'au niveau du roulement du personnel je ne peux pas
répondre à cette question. Je ne fais pas la gestion chez
l'Inspecteur général des institutions financières. Donc,
c'est à l'Inspecteur à répondre à cela.
Le Président (M. Lemieux): M. l'Inspecteur. Est-ce que
vous avez terminé?
Mme Robic: Oui, d'accord, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Je m'excuse, madame. Est-ce que
vous aviez terminé? Je m'excuse, là.
Mme Robic: Oui, c'est d'accord.
Le Président (M. Lemieux): Parce que j'ai compris que vous
vouliez passer la parole à l'Inspecteur général.
Mme Robic: Oui, d'accord.
Le Président (M. Lemieux): O. K.
M. Bouchard: Dans la proposition, justement, dont fait mention la
ministre, c'est une proposition qui, pour nous, est extrêmement
importante. La création ou la transformation de l'Inspecteur en
régie extrabudgétaire permettrait, justement, à
l'Inspecteur général d'être soustrait, dorénavant,
des restrictions du Conseil du trésor. Pourquoi? C'est que,
actuellement, l'Inspecteur général, comme vous le savez, par ses
dépenses et ses revenus, il est plus qu'autosuffisant. Il
génère un excédent de revenu substantiel à
l'État du Québec de telle sorte que l'organisme peut donc
prétendre à une autosuffisance. Et dans les discussions qui ont
déjà été entamées par Mme la ministre, tant
avec le Conseil du trésor que le ministère des Finances, on
s'entend sur le fait que, l'Inspecteur étant autosuffisant, ses
dépenses dans tout le secteur des institutions financières
étant cotisées par le milieu, il n'y a aucune espèce de
raison pour qu'il y ait des restrictions budgétaires de l'Inspecteur,
parce que, chaque fois qu'on me coupe des effectifs, on m'enlève
également des revenus que je ne donne pas à la province. Alors,
c'est un peu une situation absolument absurde, au fond. Si on est capable de se
satisfaire et si, pour les besoins de surveillance et de contrôle du
milieu lui-même, on a besoin d'un, de deux ou de trois postes
additionnels et que ce poste-là s'autofinance, ça ne crée
aucun problème au Conseil du trésor de dire: Pas de
problème, allez-y parce que vous ne coûtez rien à
l'État. Alors, c'est le projet qui est actuellement en discussion et qui
va faire en sorte que ce que j'ai connu, par exemple, cette année ne se
répéterait plus et le budget serait celui qui serait voté
et approuvé par des organismes de contrôle.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce à dire que vous
pourriez aller directement en recrutement?
M. Bouchard: Non.
Le Président (M. Lemieux): Vous auriez quand même
des phases de mutations, d'affectations et ainsi de suite.
M. Bouchard: Oui, exact.
Modifications à l'organigramme du ministère
M. Boisclair: La ministre a ouvert une piste qui est
intéressante, qui est celle de l'indépendance. Il y a eu des
modifications à l'organigramme, ces dernières années, du
ministère des Finances, particulièrement depuis 1987, depuis que
M. Séguin, si je ne m'abuse, a été nommé
sous-ministre. Vous me corrigerez si je me trompe, mais ça remonte
à peu près à là, il a été
nommé sous-ministre le 24 octobre 1987. C'est la même personne qui
supervise à la fois les opérations de financement du gouvernement
et les politiques relatives aux institutions financières. Je ne sais pas
si on peut me corriger ou confirmer cette impression.
Mme Robic: Je demanderais à M. Martel, sous-ministre au
ministère des Finances, de
répondre à cette question.
M. Martel (Jean): Merci. Ce n'est qu'une impression, M. le
député.
M. Boisclair: Eh bien, c'est ça.
M. Martel: En fait, les opérations de financement sont
sous la responsabilité d'un autre sous-ministre adjoint au financement.
D'ailleurs, vous pourrez voir dans l'organigramme qui vous a été
fourni qu'en ce qui a trait aux politiques en matière d'institutions
financières c'est un domaine qui est exclusivement soumis à ma
responsabilité.
M. Boisclair: Qu'est-ce que vous couvrez comme
responsabilité?
M. Martel: en fait, il y, a deux volets, si vous voulez, dans les
responsabilités que j'assume. le premier volet, c'est de
développer une certaine expertise générale au
ministère des finances qui peut être utilisée sur le plan
des institutions financières à l'échelle du
ministère et du gouvernement; deuxièmement, de mettre une
priorité un peu plus spéciale et même très
spéciale, parce qu'en fait c'est la très grande majorité
des responsabilités ou des dossiers qu'on a, sur les dossiers qui sont
sous la responsabilité de la ministre déléguée.
En ce sens, on fournit, si vous voulez, un support d'expertise ou un
support administratif pour la ministre déléguée aux
Finances qui est rattachée au ministère. Cela est une
amélioration, à toutes fins pratiques. Justement, vous
évoquiez tout à l'heure 1987; en 1987, à l'époque
du prédécesseur de madame, par exemple, il n'y avait pas de tel
support administratif. C'est justement avec l'arrivée du nouveau
sous-ministre qu'on a jugé opportun de pouvoir assurer un certain
support administratif à un ministre délégué, dont
les responsabilités allaient croissantes.
M. Boisclair: Donc, essentiellement, votre responsabilité
est de développer une expertise dans le champ des institutions
financières et de développer une expertise technique, je
présume, pour répondre aux besoins de la ministre
déléguée. Est-ce que vous participez, par exemple,
à l'élaboration de règlements concernant les institutions
financières? Est-ce que c'est de votre responsabilité, les lois
et les règlements? Est-ce que vous êtes consulté, par
exemple, sur... Je crois comprendre qu'il faudrait que je précise la
question, mais au nombre des dossiers qu'on a étudiés, la Loi sur
les assurances, la loi 101 sur les valeurs mobilières, la
réglementation qui est à l'heure actuelle à
l'étude, est-ce que c'est de votre...
Mme Robic: M. le Président, il est bien entendu que, quand
un ministre a un sous-ministre, il se sert de son sous-ministre dans tous les
dossiers; le sous-ministre est consulté, ses opinions sont
appréciées et le rôle du sous-ministre est un rôle de
conseiller. Alors, tous les dossiers qui me touchent, bien sûr, touchent
au sous-ministre, il va de soi. (I agit comme conseiller auprès de la
ministre; il travaille sur des dossiers tout particuliers, entre autres. Il
joue un rôle excessivement important au niveau de l'harmonisation de la
réglementation, au niveau interprovincial. Alors, le rôle du
sous-ministre est fort important. Il est associé de très
près aux dossiers dans lesquels le ministre travaille.
Harmonisation des lois sur les valeurs
mobilières des provinces
M. Boisclair: Non. C'est parce qu'il y a de l'expertise qui se
développe à des endroits différents. L'Inspecteur
général a aussi, je présume, un certain nombre de visions,
un certain nombre d'expertises aussi quant à... Prenons l'harmonisation,
prenons la Loi sur les valeurs mobilières ou tout autre dossier. Nous
avons demandé comment... Est-ce que c'est la ministre, finalement, qui
concilie ces visions, qui pourraient peut-être parfois être
différentes ou qui peuvent parfois être les mêmes? Comment,
dans le concret, la ministre arrive-t-elle... Est-ce qu'elle consulte
l'Inspecteur général sur des dossiers, par exemple le dossier de
l'harmonisation? Je voulais juste savoir, dans la mécanique, dans le
concret, comment vous vivez ça. Parce que j'ai été un peu
surpris - je l'ai renoté d'ailleurs chaque fois - de l'absence de
l'Inspecteur général. Par exemple, à l'occasion de la
discussion sur le courtage, la consultation sur le rapport quinquennal et
l'étude de la loi aussi. Juste, peut-être, que la ministre nous
fasse part de ses observations.
Mme Robic: Alors, M. le Président, l'Inspecteur
général a un grand adepte en la personne du député
de Gouin qui s'enquiert toujours à savoir où est l'Inspecteur
général quand la ministre est en consultation. M. le
Président, la fonction de l'Inspecteur général est, bien
sûr, une fonction de conseiller la ministre également, mais vous
comprendrez qu'il a la responsabilité de l'application de la loi et non
pas nécessairement des grandes politiques qu'un gouvernement peut
établir. Quand je consulte, c'est toujours au niveau de politiques.
C'est bien sûr qu'une fois qu'on a fait notre consultation, si c'est un
domaine qui touche le bureau de l'Inspecteur général ou si c'est
un domaine qui touche la Commission des valeurs mobilières... On ne fait
pas ça en vase clos. C'est bien sûr qu'il y a des consultations
avant, pendant et après cette expertise-là; on s'en sert
constamment.
Vous avez fait mention tout à l'heure, M. le Président, et
vous me donnez l'occasion d'y
revenir, des difficultés que vous avez pu percevoir ou vivre des
différentes instances qui font partie des responsabilités de la
ministre déléguée aux Finances. Ça n'existe pas, M.
le Président. On travaille en étroite collaboration. Tous mes
gens travaillent ensemble, et c'est important que ça se fasse de cette
façon-là. Je vois sourire le député de Gouin. Pour
moi, ça, c'est important. M. le Président, je pense
qu'après un an et quelques que je suis à ce poste-ci, que je suis
en commisssion, vous savez que je suis une ministre qui consulte constamment.
Je le fais au niveau de mes organismes et je le fais au niveau du bureau de mon
sous-ministre. C'est avec tout cet échange-là qu'on finit par
vous soumettre des lois qui sont largement appréciées de
l'industrie et qui sont toujours très bien reçues, d'ailleurs, du
public.
M. Boisclair: est-ce que je peux demander à la ministre ou
peut-être à l'inspecteur général: qui sont daniel
albert et maurice lalancette? est-ce qu'ils sont chez vous?
M. Martel: Ce sont des membres de la Direction des politiques en
matière d'institutions financières, au ministère des
Finances.
M. Boisclair: C'est à ce titre qu'ils ont participé
à un certain nombre de symposiums?
M. Martel: Tout à fait.
M. Boisclair: Je posais un peu cette question-là parce
qu'il y a eu un certain nombre de réunions qui ont trait, justement,
à l'harmonisation des lois régissant les sociétés
de fiducie et d'épargne qui ont retenu notre attention dans la liste des
voyages qui ont été effectués par des officiers du
ministère, à Toronto, à Vancouver, deux réunions
à Ottawa. D'ailleurs, réunions auxquelles M. Martel a toujours
participé. En tout cas, je constate l'absence du Vérificateur
général.
Mme Robic: De l'Inspecteur.
M. Boisclair: De l'Inspecteur général, pardon,
à ces réunions. Ces réunions ont porté fruit
puisque, le 28 mars, vous avez effectivement annoncé dans un
communiqué l'adhésion du Québec au consensus intervenu
entre les provinces. Je présume que l'Inspecteur s'est prononcé
sur cette question-là, Mme la ministre? (12 h 30)
Mme Robic: M. le Président, le dossier de l'harmonisation
est confié au sous-ministre des Finances, M. Martel, et c'est pour
ça que vous voyez qu'il a eu plusieurs rencontres. Oui, c'a porté
fruit et, encore une fois, ces ententes-là ne sont pas faites en vase
clos. On se consulte avant d'arriver à mettre sur la table des ententes
et à apporter des appuis à ce genre d'en- tente.
M. Boisclair: Sur, justement, cette entente, vous avez
attaché beaucoup d'importance à ces discussions et vous indiquiez
qu'il était essentiel d'harmoniser les législations à
l'échelle du pays. On se rappelle d'ailleurs une indication allant dans
ce sens dans le rapport quinquennal sur l'application de la Loi sur les
assurances. Les assureurs québécois indiquent alors qu'une
reconnaissance mutuelle des compétences de chaque province serait
préférable à l'harmonisation pure. J'aimerais, d'une part,
parler des objectifs que la ministre poursuit. Est-ce qu'on va comprendre,
particulièrement en ce qui a trait aux sociétés de fiducie
et d'épargne, que l'objectif poursuivi par votre équipe est d'en
arriver à une législation québécoise qui serait en
tout point identique à celle des autres provinces?
Mme Robic: Pas du tout.
M. Boisclair: C'est ça que je voudrais qu'on...
Mme Robic: Ces ententes-là sont des ententes
financières. Ça établit des normes minimales et objectives
que les provinces demanderont à chaque institution financière qui
opère sur leur territoire de rencontrer. Alors, c'est des normes
identiques à la grandeur du Canada, ce qui facilite, et grandement, le
travail de nos institutions financières qui s'en vont opérer dans
d'autres provinces. Mais comme je vous l'ai dit au début, ça
n'empêche pas du tout le Québec de conserver son avance
là-dessus, son dynamisme, et de garder son caractère distinct
vis-à-vis de son développement économique.
M. Boisclair: Vous devez faire rapport d'ailleurs, si je ne me
trompe pas, sur l'application de la Loi sur les sociétés de
fiducie et les sociétés d'épargne, en 1992.
Mme Robic: En 1992, oui.
M. Boisclair: Est-ce que vous avez l'intention de tenir des
consultations publiques?
Mme Robic: Bien, on verra. Jusqu'où? Je n'ai pas encore
approché ces organismes-là, ces institutions-là pour
savoir s'il y a de gros changements à apporter. Je crois qu'il y aura
des changements assez substantiels, mais on n'a réellement pas, à
ce moment-ci, M. le Président, commencé le travail à ce
niveau-là.
Europe 1992 et la protection des renseignements
personnels
M. Boisclair: Peut-être aussi profiter de la
présence de l'Inspecteur général pour lui demander son
opinion sur une question qui me préoc-
cupe de plus en plus, qui est celle de l'harmonisation des
législations au niveau de la protection des renseignements personnels
dans le cadre d'Europe 1992. Il y a des directives très claires qui s'en
viennent, de la part de l'OCDE, qui empêcheront la transmission de
données, de renseignements nominatifs entre différents pays, que
ce soit, par exemple, l'Italie ou la France, membres de la Communauté
européenne, si ces pays n'ont pas de législation
équivalente ou égale - j'oublie la directive de l'OCDE à
cet égard - ce qui pourrait, vous comprenez, causer des problèmes
particuliers à nos entreprises québécoises qui oeuvrent
à l'étranger. Pensons à La Laurentienne et le groupe
Victoire et il y en a d'autres que vous connaissez qui oeuvrent. Il y a eu une
tendance importante chez nous à essayer, de la même façon
que le lobby américain dans tout ce débat-là, qui a eu
pour effet d'essayer de forcer nos entreprises à se doter de
comités de déontologie, comités d'éthique et ainsi
de suite, comme on l'a fait d'ailleurs dans le cas de la Loi sur les
assurances, mais on s'aperçoit que rapidement ce genre de comités
risque d'être insuffisant pour répondre aux exigences ou
directives qui feront partie du paquet d'Europe 1992. J'aimerais demander
à l'Inspecteur général si c'est une question qu'il
étudie et de quelle façon il prévoit répondre
à ces exigences. De quelle façon nos institutions... Est-ce qu'il
faudrait... Peut-être la ministre ou...
Mme Robic: Pardon? Non, allez, monsieur.
M. Boisclair: Je ne sais pas, là, qui pourrait... Je ne
sais pas si c'est l'Inspecteur.
Mme Robic: II vous demandait, je pense, au niveau des
renseignements...
M. Bouchard: Je peux vous donner des renseignements.
Mme Robic: C'est des renseignements personnels, monsieur
l'Inspecteur.
M. Boisclair: Je présume que c'est une question qui a
dû être portée à votre attention, M.
l'Inspecteur.
M. Bouchard: Oui. Effectivement, c'est un problème,
à l'heure actuelle, vous avez raison, dans les pays de l'OCDE parce
qu'ils font une double distinction. Ils font une distinction dans le...
D'ailleurs, ils ne sont pas encore tout à fait prêts pour
i'opérationalisation. ils font une distinction entre ce qu'ils appellent
l'établissement d'une institution et l'opération d'une
institution dans un pays membre. Les règles varient, encore une fois,
d'un pays à l'autre et ils ne s'entendent pas non plus sur les
mêmes produits. Ce qu'on appelle les produits de capitalisation en
France, dans un autre pays, ce n'est pas nécessairement... Vous avez des
compagnies qui peuvent se permettre différents produits mixtes, ce qui
n'est pas permis dans d'autres pays. Par exempte, en France, ce problème
particulier d'information est assez criant pour une raison particulière.
C'est que vous avez des compagnies comme, par exemple, la Caisse nationale de
paiements, qui est l'un des plus gros assureurs de France, ou encore l'UAP. La
Caisse nationale de paiements, c'est un organisme semi-public,
semi-étatique qui se sert, pour la vente de ses assurances, qui, la
plupart du temps se fait par l'entremise de la poste, par l'entremise de
différents organismes comme ceux-là... Cela fait en sorte qu'ils
possèdent les renseignements sur à peu près tous leurs
clients. Je leur posais justement la question, à savoir quelles
étaient leurs préoccupations à cet effet-là pour
éviter le transfert de renseignements d'un dossier à l'autre. On
m'a répondu qu'on se poliçait et qu'on faisait en sorte
d'éviter que ces renseignements se transmettent, mais vous savez comme
moi que ce n'est pas aussi simple que ça. Et pour le moment, en France,
la question se pose.
Ici, au Québec, des législations ont été
adoptées jusqu'à maintenant. Ça a commencé par la
loi sur les fiducies, ça a continué par la Loi sur les caisses
d'épargne et ça s'est continué par les assurances et,
surtout, par la loi sur les intermédiaires de marché. Il va y
avoir une réglementation très sérieuse à faire sur
le secteur pour éviter justement d'essayer de faire cette espèce
de quadrature du cercle. D'une part, on permet le décloisonnement et le
décloisonnement doit apporter une synergie, évidemment, dans un
conglomérat, sinon, on n'a rien fait, mais, d'autre part, on doit faire
en sorte que cette supposée synergie qui doit servir dans un groupe
donné n'ait pas pour effet que les renseignements personnels se
transmettent de façon désordonnée dans l'ensemble du
conglomérat.
M. Boisclair: Vous êtes d'ailleurs au courant du
dépôt du document du ministre de la Justice pour une consultation
publique pour l'extension de la loi d'accès au secteur privé.
M. Bouchard: C'est ça, pour le secteur privé.
Mme Robic: Je m'excuse, M. le Président. Est-ce que
ça va, M. Martel? D'accord.
M. Boisclair: Je voudrais peut-être demander à
l'Inspecteur un certain nombre de documents dont on fait état dans les
contrats de moins de 25 000 $ dans le cadre de la démutualisation de La
Laurentienne, la consultation relative aux aspects actuariels du projet
corporatif La Laurentienne Vie compagnie d'assurance produite par Martineau,
Provencher. Il y en a un autre,
Caron, Bélanger, Ernst & Young, détermination de la
valeur attribuable aux actions ordinaires dans le cadre du projet de
restructuration de la corporation du groupe La Laurentienne. Est-ce qu'il
serait possible d'avoir une copie? D'une part, je présume que des
rapports ont été produits. Est-ce qu'il serait possible d'en
avoir une copie? Est-ce qu'on peut consigner, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Boisclair: J'aimerais peut-être revenir aussi, M.
l'Inspecteur général, sur des questions qui étaient
adressées à l'Inspecteur général par l'Opposition
officielle et qui visaient à obtenir des avis généraux
particuliers adressés à l'Inspecteur général. Il
n'y a aucune réponse en ce qui a trait à la Commission
d'accès à l'information. J'ai une question identique, parce qu'il
n'y a eu aucun avis, tout simplement. Dans le cas du Protecteur du citoyen,
l'Inspecteur nous indique qu'aucun avis de ce genre n'a été
transmis à l'Inspecteur. Ce dernier nous indique, cependant, que les
quatre plaintes le concernant sont toujours à l'étude, je ne sais
pas, au Protecteur du citoyen. Est-ce qu'il y a eu, cependant, des avis
généraux particuliers qui vous ont été
adressés par la Commission d'accès à l'information?
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre ou M.
l'Inspecteur, sur le temps de parole de Mme la ministre.
Mme Robic: L'Inspecteur.
M. Bouchard: Des avis généraux, dites-vous?
M. Boisclair: Oui. Par la Commission d'accès à
l'information, il n'y en a pas eu?
M. Bouchard: Je n'en ai pas.
M. Boisclair: O. K. Au Protecteur du citoyen, quant aux plaintes,
est-ce qu'elles viennent de particuliers?
M. Bouchard: Ça vient des particuliers qui font des
plaintes, mais c'est encore à l'étude avec le Protecteur du
citoyen. On donne des renseignements, on échange, alors, je n'ai pas de
dossier particulier vis-à-vis du Protecteur.
M. Boisclair: Sur la question aussi... J'aurais aimé
ça, peut-être, avoir le temps. Je suis un peu perdu parce que le
temps passe.
Le Président (M. Lemieux): Malheureusement, je me dois
d'adopter les crédits, M. le député de Gouin. Il a
été convenu qu'il y aurait une période de 10 minutes. On
va en prendre quatre ou cinq pour pouvoir adopter les crédits.
Alors, nous allons passer maintenant à l'adoption des
crédits budgétaires des programmes 6 et 7 du ministère des
Finances. Est-ce que les crédits du programme 6, L'Inspecteur
général des institutions financières, sont
adoptés?
M. Boisclair: Sur division. Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté sur division.
Est-ce que les crédits du programme 7, Contrôle, surveillance et
développement du commerce des valeurs mobilières, sont
adoptés?
M. Boisclair: Sur division.
Des voix: Adopté.
M. Boisclair: Sur division.
Le Président (M. Lemieux): adopté sur division.
alors, il n'y a pas d'adoption globale des crédits puisque ce sera
lorsqu'on aura le ministère des finances devant nous. alors, les
crédits sont adoptés. avant les conclusions, j'aimerais quand
même souligner ici la présence de pionniers de première
garde du ministère des consommateurs. je reconnais m. alfred
vaillancourt, m. roger lequy et m. réal martel. j'oserais dire
l'intelligentsia du début du ministère. sur ce, en conclusion, m.
le député de gouin; après, mme la ministre.
Conclusions
M. Boisclair: Si ce n'est que pour remercier... J'aurais
aimé aller plus à fond avec l'Inspecteur général
sur un certain nombre de dossiers. Compte tenu du temps qu'on a utilisé
pour discuter avec les représentants de la Commission des valeurs
mobilières du Québec, on n'a pas été capable de le
faire... et remercier l'ensemble des participants aux travaux de cette
commission, les membres de la commission, Mme la ministre, son personnel et les
représentants des différents ministères. C'est toujours un
exercice dans lequel personnellement on essaie d'obtenir le plus d'information
possible, de documents et aussi pour essayer de relancer un certain nombre de
dossiers en fonction des informations qui nous sont transmises. Je crois qu'il
est important aussi qu'on puisse faire ce genre d'exercice afin d'assurer une
transparence dans la gestion de l'administration publique. Parfois, c'est un
exercice qui peut sembler difficile pour certaines personnes qui passent devant
cette commission. Ce n'est peut-être pas toujours agréable, mais
je crois qu'il est de notre devoir et de notre responsabilité de se
faire, surtout dans l'Opposition, le porte-parole des propos et des plaintes ou
des commentaires
qui sont adressés à l'égard des ministères,
des organismes. C'est ce que j'ai essayé de faire dans le cas de la
Commission des valeurs mobilières. Pour ce qui a trait à
l'Inspecteur général, j'aurais aimé aller plus à
fond, parce qu'il y a une problématique Importante au niveau des postes
et d'une demande au Conseil du trésor. J'apprécierais
peut-être que la ministre me renseigne davantage dans ses remarques de
clôture, à savoir exactement quand est-ce qu'elle va
déposer - c'est peut-être déjà fait - ou si elle
attend à l'heure actuelle une réponse du Conseil du trésor
et, si elle veut, il me fera plaisir de poser une question à son
collègue, M. Johnson, à l'occasion de la période de
questions.
Le Président (M. Lemieux): Mme la ministre, en
conclusion.
Mme Robic: M. le Président, moi également, je
voudrais en profiter encore une fois pour remercier tous les gens qui
m'accompagnent aujourd'hui et ceux-là mêmes qui ne sont pas
là aujourd'hui. Il y a eu un travail énorme d'accompli durant
cette dernière année et je voudrais vous le rappeler, M. le
Président. Il y a eu un travail énorme qui s'est fait à
tous les niveaux pour faire en sorte que nous ayons le projet de foi 112, la
Loi modifiant la Loi sur les assurances et d'autres dispositions
législatives. Il y a eu l'introduction des principes comptables
généralement reconnus pour les assureurs de personnes à
charte du Québec, le financement des compagnies mutuelles d'assurance de
personnes, l'entente interprovinciale sur l'harmonisation des lois et
règlements provinciaux, il y a eu l'obligation faite aux assureurs de
personnes à charte du Québec d'adhérer au Fonds
d'indemnisation en assurance de personnes, les règlements des conseils
des assurances, des associations d'intermédiaires en assurance, de
l'Institut de planification financière et de l'Inspecteur
général. Il y a eu les consultations, la commission parlementaire
sur la refonte de la Loi sur le courtage immobilier. Il y a eu le projet de loi
privé concernant La Laurentienne Vie et Assurance-vie Desjardins, les
règlements applicables au Mouvement Desjardins en vertu de la Loi sur
les caisses d'épargne et de crédit, le projet de loi 101, Loi
modifiant la Loi sur les valeurs mobilières, le règlement
modifiant le règlement sur les valeurs mobilières et l'entente
entre le gouvernement du Québec, la Commission des valeurs
mobilières et l'Organisation internationale des commissions de valeurs
pour le maintien du siège social de l'organisation à
Montréal.
M. le Président, ce n'est pas exhaustif. Il y a eu encore
énormément de travail dans des dossiers fort importants pour le
Québec, fort importants pour le citoyen, sa protection. Je crois, M. le
Président, que c'est avec fierté que ce matin j'ai
présenté ce bilan-là. Ici, j'ai un souhait à faire,
M. le Président, je souhaite d'avoir devant moi à une prochaine
rencontre une opposition qui est responsable et qui, tout en supposant et en
voulant faire son travail - je ne le blâme pas - va réaliser que,
dans les dossiers dont on traite ici, on n'a pas le droit de charrier.
Le Président (M. Lemieux): Merci, Mme la ministre. Sur ce,
je vous remercie. Je remercie les membres de cette commission. Je remercie les
fonctionnaires qui vous accompagnent, madame. La commission ayant accompli son
mandat, nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 45)