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(Neuf heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Lemieux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du budget et de l'administration est réunie afin de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du Conseil du trésor et des organismes relevant du ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique pour l'année financière se terminant le 31 mars 1992. M.
le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement pour la séance.
Organisation des travaux
Le Président (M. Lemieux): Alors, comme il n'y a pas de
remplacement, relativement à l'organisation des travaux, permettez-moi
de vous rappeler l'enveloppe de temps allouée à l'étude de
ces crédits. Une période de deux heures a été
allouée pour l'étude de l'ensemble des programmes relevant du
président du Conseil du trésor et du ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique. J'aimerais savoir s'il y a effectivement une entente relativement
à l'ordre. Est-ce qu'on va procéder selon l'ordre du livre des
crédits ou s'il y a une entente? Qu'est-ce que vous
préférez, monsieur?
M. Johnson: En bloc?
M. Léonard: Bien, je pense qu'on pourrait faire des
remarques d'ordre général, comme on fait d'habitude pour
l'étude des crédits du Trésor, étant donné
que c'est un organisme général et fort important.
Le Président (M. Lemieux): On va procéder programme
par programme, si je comprends bien?
M. Léonard: Non, on ferait une discussion
générale.
Le Président (M. Lemieux): Une discussion
générale?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Lemieux): O. K. Ça va. Alors, une
discussion d'ordre général, avec une période à la
fin de la séance afin de procéder à la mise aux voix des
six programmes? Alors, je me réserve le droit de me conserver les cinq
minutes avant la fin pour qu'effectivement je puisse appeler l'adoption des
crédits. Alors, quelle que soit révolution de nos travaux, je
vous avise que, 10 minutes avant la fin de la séance, je vais
procéder, comme je viens d'en faire mention - alors, je disais 5
minutes, disons 10 minutes - à la mise aux voix des six programmes.
Maintenant, je permettrais au ministre et au porte-parole de
l'Opposition officielle, et s'il y a d'autres membres de cette commission, de
faire une déclaration d'ouverture d'une durée de 20 minutes
maximum. M. le président du Conseil du Trésor.
Remarques préliminaires M. Daniel
Johnson
M. Johnson: Je vous remercie, M. le Président et MM. les
membres de la commission. Étant donné que nous ne disposons que
de deux heures, en réalité d'une heure et cinquante minutes avant
que vous n'appeliez les crédits, M. le Président, vous me
permettrez de ne pas présenter tous les gens qui m'accompagnent,
autrement on en aurait pour un petit moment. Mais je suis accompagné de
façon plus immédiate du secrétaire du Conseil du
trésor, M. Denis Bédard; du secrétaire associé aux
politiques de personnel et aux relations de travail, M. Michel Crête; du
secrétaire adjoint aux politiques budgétaires, M. Groleau; du
secrétaire adjoint aux politiques de personnel, M. Roy; et du
secrétaire adjoint aux politiques de gestion, M. Bruno
Grégoire.
J'avais l'intention, en quelques minutes, simplement de faire des
rappels de l'activité du Secrétariat de l'an dernier et
peut-être d'ouvrir rapidement les perspectives sur l'an prochain sous
trois têtes de chapitre: les politiques budgétaires, les
politiques de personnel et de relations de travail et les politiques de
gestion, en laissant ouverts pour la discussion, le cas échéant,
compte tenu de la responsabilité que j'ai également à
l'endroit de la CARRA, de la Commission de la fonction publique et de l'Office
des ressources humaines, des sujets que voudraient soulever les membres de la
commission afin que je puisse donc y répondre en cette
qualité.
À l'égard des politiques budgétaires, je
rappellerais que nous avons maintenu le contrôle des dépenses l'an
dernier de façon structurelle. La croissance des dépenses
était d'un peu plus de 6 %, mais on doit savoir que la conjoncture
économique et certains événements de
l'été 1990 ont fait en sorte que c'est de 8 % au total qu'ont
crû les dépenses en 1990-1991 par rapport à l'année
précédente. Donc, maintien du contrôle des dépenses
autour de 6 % et un peu plus et, évidemment, on doit reconnaître
dans les crédits des dépenses inévitables que nous ont
amenées les circonstances.
Pour 1991-1992, si tous les programmes continuaient sur leur
lancée, ayant à l'esprit que la conjoncture, également, a
des répercussions sur l'année budgétaire 1991-1992, c'est
de près de 9 % qu'auraient augmenté les crédits. Ceux que
nous avons déposés font état de
réaménagements budgétaires et d'une proposition salariale
qu'on connaît, qui ont permis de ramener sous la barre des 7 % la
croissance des dépenses pour l'année 1991-1992. Je
répète donc qu'on doit toujours avoir à l'esprit, en
période de basse conjoncture, le taux de croissance, je dirais,
implicite des différents programmes gouvernementaux qui, à mon
sens, continue à démontrer que nous contrôlons les
dépenses. Nous savons où nous allons au point de vue des
dépenses, d'une façon structurelle. On pourra revenir sur les
efforts que nous avons déployés de toutes les façons, et
de façon croissante, afin de maintenir le rythme de croissance
structurelle que j'ai décrit, et on doit avoir à l'esprit,
évidemment, je dirais, l'incompressibilité de certaines
dépenses que la conjoncture peut amener. Il est possible que les membres
de la commission veuillent parler de ces choses.
Deuxièmement, au titre des politiques de personnel et de
relations de travail, retour sur l'année 1990-1991, conclusion des
dernières conventions collectives, où le bilan, quant à
moi, est particulièrement intéressant. Je tire beaucoup de
fierté avec mes collaborateurs d'avoir réussi l'opération
d'équité salariale, de relativité salariale, pour plus de
300 000 000 $ sur la masse salariale; 2,5 %, donc, de la masse salariale
réservés à des redressements, des correctifs salariaux,
notamment pour les emplois à prédominance féminine. Plus
de 100 000 femmes dans le secteur public, 138 000 femmes, de mémoire,
ont vu leur salaire augmenter et il continue à augmenter avec des
ajustements encore en juillet prochain, et même en décembre de
cette année. Donc, elles ont vu leur salaire augmenter suite à
des réévaluations de leurs tâches, ce qui fait en sorte
qu'au gouvernement du Québec les femmes, comme groupe, perçoivent
des rémunérations qui se situent à 86 % de celles qui sont
perçues ou reçues par les hommes. Nous sommes de loin en avance
sur à peu près carrément tous les autres employeurs du
Québec avec ce ratio de 86 %, qui tient au fait non pas que les emplois
de femmes sont sous-rémunérés, nous avons fait ces
corrections, mais que les femmes sont encore quelque peu
sous-représentéos dans les emplois mieux
rémunérés. Afin de corriger ce biais, si vous me passez
l'expression, nous avons, évidemment, à poursuivre nos efforts en
matière de programmes d'accès à l'égalité
afin que les femmes puissent avoir accès à ces postes où
on retrouve davantage d'hommes, afin d'amener, enfin, à 100 %,
évidemment, le ratio de la rémunération, en moyenne, des
femmes à la fonction publique par rapport à la
rémunération des hommes.
Donc, je veux bien faire ressortir là qu'il y a toujours deux
composantes lorsqu'on compare la rémunération globale des femmes
à celle des hommes: il y a le fait de savoir si, oui ou non, pour la
tâche occupée par des femmes, celle-ci est bien
rémunérée. Ce problème étant corrigé,
nous l'avons corrigé, il s'agit, évidemment, de poursuivre les
efforts afin de permettre aux femmes d'accéder à des emplois
mieux rémunérés.
Pour l'année qui vient, évidemment 1991- 1992, en
matière de politiques de personnel et de relations de travail, il est de
notoriété publique que nous sommes en voie de discuter avec nos
partenaires syndicaux de ce que j'appellerais leur contribution, la
contribution de nos employés à la réalisation des grands
objectifs financiers du gouvernement compte tenu de la conjoncture
économique et des pressions qui s'exercent sur le cadre
budgétaire. c'est donc une décision gouvernementale que j'ai
annoncée lors du dépôt des crédits, et quelque peu
avant, évidemment, quant au gel, donc au maintien, à la
stabilisation de la rémunération à compter du 1er janvier
1992 dans le secteur public. la proposition que nous avons mise de l'avant vise
à stabiliser ce revenu, cette rémunération pour une
période de 12 mois, soit jusqu'au 31 décembre 1992. nous nous
sommes laissés, nos interlocuteurs syndicaux et nous-mêmes, en
très bon termes, dans les circonstances à tout le moins, avec le
désir, l'objectif qui se réalisera la semaine prochaine de nous
revoir afin de discuter davantage, dans le détail, de
l'aménagement éventuel des relations du travail et du taux de
rémunération pour 1992- 1993, il n'y a rien de fermé,
à partir d'une situation où, quant à nous, nous croyons
que nous pouvons réaliser les équilibres budgétaires en
demeurant équitables à l'endroit de nos employés par la
proposition que j'ai confirmée par déclaration
ministérielle il y a une dizaine de jours, c'est-à-dire une
stabilisation de la rémunération pour toute l'année 1992.
je répète que je suis ouvert - je l'ai déjà dit
publiquement et tout aussi privément à nos partenaires syndicaux
- je suis ouvert, le gouvernement est ouvert à des propositions
alternatives, mais il y a des balises qui sont de la responsabilité
exclusive du gouvernement quant à la réalisation des objectifs
financiers. dans les circonstances, il existe des outils fiscaux, des outils
d'équilibre budgétaire comme le déficit, il existe des
décisions de compressions dans les services que nous avons à
prendre et, en bout de ligne et finalement et je le dis dans toute l'acception
du terme - en tout dernier recours, il reste cette contribution, entre
guillemets, des employés du
secteur public à la réalisation des équilibres
financiers dans la mesure où leur rémunération ne peut
être autre chose qu'un reflet de la capacité de payer des
contribuables. Donc, c'est le premier volet.
Le deuxième, toujours sous cette tête de chapitre, vise
à poursuivre avec nos partenaires patronaux et syndicaux du secteur
public des discussions sur l'opportunité de regarder d'un oeil neuf le
régime de négociations. La réforme de la santé et
les discours, les objectifs au ministère de l'Éducation, autant
au niveau ministériel qu'au niveau des établissements, laissent
à penser qu'on souhaite rapprocher davantage des établissements
et de la base, donc, certaines discussions qui touchent au régime de
travail, aux conditions de travail de nos employés afin de
responsabiliser davantage nos partenaires, tout en sachant que nous devons
absolument maintenir au niveau gouvernemental, au niveau central, les grands
objectifs financiers de rémunération. Nous aurons donc
possiblement à regarder avec nos partenaires ce que nous pourrions
apporter éventuellement, sujet à ce que nous en fassions un
bilan, comme changements au régime de négociations dans le
secteur public.
Trois autres points très rapidement. La Loi sur la fonction
publique a subi l'examen de cette commission. Je suis en voie, avec mes
collègues membres du Conseil du trésor, de finaliser une
réponse entière, une réaction organisée et
complète aux suggestions et recommandations de la commission. Je dis
tout de suite que cette réponse s'inspirera de deux grands principes.
D'abord et avant tout, c'est un principe de gestion qui favorise la
décentralisation qui, à mon sens, doit être retenu. C'est
l'esprit qui souffle dans la Loi sur la fonction publique. Je ne crois pas,
après quelques années de ce début d'implantation, que ce
principe même de ramener le plus proche possible du plancher les
décisions de gestion des ressources humaines puisse être remis en
cause; à tout le moins, c'est dans ce sens que j'entends plaider.
Deuxièmement, afin de bien signaler l'importance que revêt pour le
gouvernement cette question de la gestion des ressources humaines, il
m'apparaît toujours que c'est auprès d'un organisme central comme
le Trésor que doit être éventuellement logée la
responsabilité ultime des décisions en matière de gestion
des ressources humaines plutôt que dans un ministère sectoriel,
comme ce fut déjà le cas. Un ministère sectoriel qui
décide de la gestion des ressources humaines n'est que ça, un
ministère sectoriel parmi plusieurs, alors que la fonction de gestion
des ressources humaines m'apparaît être au coeur même de la
prestation de services publics qui est envisagée par la Loi sur la
fonction publique, ce qui m'amène au quatrième point quant
à la qualité de ces services publics.
On fait état publiquement d'une politique en voie
d'élaboration au titre de la qualité des services publics.
Effectivement, mes collègues du Trésor et moi-même, nous
sommes penchés, ces derniers temps, sur une telle politique qui sera
éventuellement, lorsqu'elle sera définitivement
arrêtée, diffusée auprès de l'ensemble de l'appareil
afin de donner d'une façon plus précise ce signal que la
qualité des services est effectivement et doit être au centre des
préoccupations de tout l'appareil. Il s'agit, à partir de ce
moment-là, d'officialiser cet objectif de la loi, de l'intégrer
dans les mécanismes de signification des attentes, de mesure de la
performance, du suivi de gestion qui doit être fait par tous les
ministères.
Cinquièmement, l'opération qui se continue de conversion
des postes occasionnels. Nous en sommes rendus, en date d'hier, à 3133
postes occasionnels qui ont fait l'objet d'une conversion en postes
réguliers auprès de plus d'une douzaine de ministères et
d'organismes. 12, 15 dans la liste d'hier?
Une voix: C'est plus que ça.
Une voix: Organismes et ministères, 50.
M. Johnson: Organismes et ministères, 50 demandeurs
distincts.
Une voix: Non comblés.
M. Johnson: Effectivement, ce n'est pas comblé au moment
où on se parle, dans la plupart des cas.
Au titre des politiques de gestion, brièvement et en terminant,
nous avons été appelés, en raison de la publication,
évidemment, du dépôt du rapport Bernard en mai 1990,
à regarder l'ensemble de la problématique qui y était
décrite. Comme Conseil du trésor, notre participation visait
effectivement à regarder de près, notamment avec
Approvisionnements et Services, l'ensemble de la documentation, des
règlements, enfin des lois qui doivent donner suite aux recommandations
du rapport Bernard. J'en isole un aspect, un volet qui m'apparaît
important, c'est l'extension à l'ensemble des organismes et
sociétés du secteur public, quoi, au sens où on l'entend
au gouvernement et non dans les réseaux, de la règle de
l'assujettissement aux politiques d'octroi de contrats. On sait que le
gouvernement, donc les ministères sont, évidemment, soumis
à cette politique et que c'est à la pièce que sont
assujettis les organismes ou sociétés d'État aujourd'hui,
alors que le principe que nous établissons maintenant, c'est
l'assujettissement automatique, sujet à ce qu'une société
d'État, par exemple, en raison de son caractère commercial,
disons, puisse être soustraite en tout ou en partie à la politique
d'octroi de contrats, à charge pour elle - c'est ce qui est nouveau -de
se doter de façon ouverte et publique d'une
politique d'octroi de contrats qui, évidemment, s'apparentera
à celle qui est en vigueur au gouvernement, mais qui pourra
reconnaître les caractères spécifiques de la
société d'État.
Également, nous sommes au coeur de l'exercice de révision
de la gestion de l'information, des technologies de l'information, en
collaboration, d'abord et avant tout, avec le ministère des
Communications, mais également avec les ministères usagers. Nous
mettons passablement de ressources dans les activités de ce
comité de révision.
Ce sont là les trois grands aspects que je voulais évoquer
dans mes premières remarques, M. le Président. Je demeure
à votre disposition, évidemment, quant au reste, notamment et y
compris les questions qui pourraient être dirigées vers les trois
organismes dont j'ai la responsabilité.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. M. le député de Labelle.
M. Léonard: Merci, M. le Président. Juste comme
information. Alors, là, ie ministre vient de prendre 20 minutes, j'ai 20
minutes.
Le Président (M. Lemieux): Vous prenez 20 minutes.
M. Léonard: Et ensuite?
Le Président (M. Lemieux): Suivra un échange entre
les parlementaires et chaque groupe parlementaire dispose de 50 % du temps.
Alors, vous avez 50 % du temps qui est alloué à votre formation
parlementaire et 50 % du temps est alloué...
M. Léonard: En général.
Le Président (M. Lemieux): Oui, règle
générale, c'est ça. C'est plus ou moins.
M. Chagnon: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Oui, question de directive.
M. Chagnon: Les réponses du ministre comptent sur le temps
de chacun des groupes?
Le Président (M. Lemieux): Oui, effectivement.
M. Chagnon: O.K.
Le Président (M. Lemieux): Les réponses du
ministre? Non.
M. Chagnon: Non.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non. C'est
l'enveloppe budgétaire globale. Le président ou le ministre qui
répond à ses crédits en commission peut intervenir aussi
souvent qu'il le désire.
M. Chagnon: O.K. Ça marche.
Le Président (M. Lemieux): Ce qui est important, c'est de
considérer l'enveloppe globale de chacun des groupes parlementaires.
M. Chagnon: Ça va.
Le Président (M. Lemieux): Je dis. Plus ou moins 50%, tout
dépendant des questions que vous avez à poser. Si le groupe
ministériel n'a pas de questions à poser au président du
Conseil du trésor, ce dont je doute...
M. Chagnon: Ne soyez pas inquiet.
Le Président (M. Lemieux): ...le temps sera alloué
au député de Labelle.
M. Léonard: Alors, merci, M. le Président. On va
procéder tout de suite.
Le Président (M. Lemieux): Déclaration
d'ouverture?
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Oui, déclaration d'ouverture. Bien,
d'abord, je veux faire une première remarque tout de suite en
réponse aux remarques du président du Conseil du trésor.
Il a parié de l'équité salariale dans la fonction publique
où la rémunération globale, si je comprends, des femmes
par rapport au reste, c'est 86 % de l'ensemble. Il se félicite de ce
niveau-là. Je pense qu'il faut viser les 100 %. J'ai l'impression que
c'est ça qu'if veut dire. Mais je voudrais simplement souligner une
chose, un fait, M. le président du Conseil du trésor, tout de
suite en partant. J'ai compté le nombre de hauts fonctionnaires qu'il y
a ici ce matin. J'en ai compté 39, mis à part les parlementaires,
puis, là-dessus, il y a 7 femmes et 32 hommes. Voyez-vous, tout de suite
là, je pense que vous auriez quelques corrections à faire. Je ne
peux pas m'empêcher de noter ce fait actuellement, mais c'est la
réalité. Alors, dans vos postes de cadres supérieurs, il
faudra, vous aussi, avant de donner des conseils aux autres, pratiquer la
vertu. Alors, voilà!
M. Johnson: Je souligne tout de suite qu'on a atteint, nous, les
objectifs qui nous sont fixés par le programme d'accès à
l'égalité.
M. Léonard: Bien, vous vous fixez peut-être la barre
trop basse.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Ah, mais ça! Une chose à la fois, c'est
par étapes, évidemment, que ça se réalise. La barre
est à 50-50, mais elle a commencé à 0-100.
M. Léonard: Enfin, je fais cette remarque. Alors, M. le
Président, oui, le 21 mars dernier, le président du Conseil du
trésor a présenté un budget de dépenses de 38 500
000 000 $, un budget en croissance de 6, 9 %, construit sur une croissance de 8
% minimum pour l'année. Et je dis 8 % minimum parce qu'il faut bien
constater que, le gouvernement ayant pelleté un certain nombre de
factures aux commissions scolaires, la véritable augmentation sur une
base comparable serait de 8, 5 %, 8, 6 %. Donc, c'était une base qui a
augmenté de façon considérable l'an passé et on
reconstruit une augmentation cette année de 6, 9 %. On pourra en
débattre tout à l'heure, mais les 8, 6 % viennent d'une
correction que nous faisons aux livres pour comparer des pommes avec des
pommes.
Il s'agit, je pense, d'une progression très rapide qui
dépasse largement le niveau de l'inflation applicable au secteur public.
Cette année, ce qui est dit dans les documents mêmes du Conseil du
trésor, c'est que l'inflation applicable au secteur public est de 4, 3
%, parce que, dans le privé, une part importante de l'inflation est due
à l'introduction de la TPS et à l'ajustement des taxes de vente
en particulier. Donc, ça fait que le taux d'inflation dans le
privé est beaucoup plus grand, de l'ordre de 5, 7 % globalement, alors
que, pour le gouvernement, c'est 4, 3 %. (10 heures) le conseil du
trésor a tenté, dit-on, de comprimer les dépenses, mais il
n'a obtenu qu'un succès mitigé. la commande de 1 000 000 000 $ de
crédits périmés de l'an passé, n'a donné que
426 000 000 $. notons, d'ailleurs, qu'en 1990-1991 la péremption de
crédits a été beaucoup moins forte que par les
années antérieures. je rappelle, pour mémoire, je pense
que c'est en comité plénier de l'assemblée nationale, que
le ministre des finances nous indiquait qu'année après
année le gouvernement périmait environ 2, 5 % de son budget, et
l'opération, sûrement, n'a pas réussi en 1990-1991. on peut
s'interroger sur la façon de procéder; c'est possible qu'on l'ait
modifiée. quant à moi, vous m'en verrez très heureux.
lorsqu'on présente dans les documents financiers publics du gouvernement
un poste "crédits périmés à venir" sans qu'on sache
ce qu'il en est, je pense que c'est une indication qu'on ne sait pas exactement
d'où ça vient et, donc, en termes de contrôle, il y a des
problèmes sur ce plan-là. mais je note, quand même, que le
ministre des finances avait dit que, par rapport aux crédits
accordés généralement dans les années
antérieures, il périmait 2, 5 % des crédits.
Nous nous sommes interrogés sur le contrôle des
dépenses par le gouvernement. Le président du Conseil du
trésor n'a pas ou peu prisé nos remarques là-dessus.
Enfin, il pourra répliquer tout à l'heure. Toujours est-il qu'il
a autorisé ou, en tout cas, il s'est formé un comité,
à partir de quelques députés de son parti, qui avait comme
mandat de scruter à la loupe les dépenses du gouvernement. Je
suppose que cela voulait dire que le président du Conseil du
trésor, sa confiance n'était pas inébranlable; il se
posait quelques questions.
Bref, le fait dominant des crédits de cette année, c'est
qu'en dehors de la croissance des dépenses, c'est sans contredit fa
décision du gouvernement libéral de geler les salaires à
compter du 1er janvier 1992. Ça, ça me paraît une des
décisions majeures et j'ai l'impression que beaucoup vont être
d'accord avec nous là-dessus. Les députés
libéraux... Il faut dire ministériels, M. le Président,
très bien. Alors, quelques députés ministériels,
principalement ceux de la région de Québec, ont manifesté
leur désapprobation. Après une rencontre avec le président
du Conseil du trésor, paraît-il qu'ils auraient été
convaincus de la justesse de la décision. Bref, ces lions
ministériels se sont transformés en agneaux rapidement, comme le
titrait un quotidien de Québec, je pense, dès le lendemain. En
tout cas, c'étaient des lions devenus agneaux. J'ai hâte de voir
s'ils auront des questions à poser tout à l'heure et quels seront
les coups d'encensoir qu'ils feront au président du Conseil du
trésor par rapport à fa justesse de ses décisions.
Le Président (M. Lemieux): Vous pourriez avoir des
surprises, M. le député de Labelle.
M. Johnson: Moi aussi, c'est évident. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Léonard: Nous verrons. Ils sont même revenus
à la charge en indiquant leur opposition à un gel uniforme qui ne
tient aucunement compte du niveau des salaires. On ne peut pas être en
désaccord avec eux là-dessus. Cependant, le ministre de la
Santé et des Services sociaux les a rappelés à l'ordre
tout récemment en les menaçant d'excommunication si jamais ils
osaient s'opposer au projet de loi que le président du Conseil du
trésor comptait faire adopter par l'Assemblée nationale. Est-ce
que ces lions rugiront encore? Nous le verrons dans l'avenir. Bref, je suppose
qu'il y a une arène qu'on pourrait comparer à des arènes
qui datent de loin, mais enfin, voilà. mais il y a aussi la forme. en
annonçant je gel, le président du conseil du trésor se
disait prêt à discuter. la discussion n'aura pas été
très longue puisque, une semaine plus tard, il
indiquait dans une déclaration ministérielle qu'il
entendait présenter un projet de loi. Le gouvernement a-t-il vraiment
l'intention de discuter? Je pense que c'est une question que nous devons poser
au président du Conseil du trésor. Nous en doutons à ce
stade-ci, parce qu'on voit qu'il y comme un rouleau compresseur qui se
manifeste dans le paysage.
La tradition de concertation au Québec n'est peut-être pas
établie, comme l'indiquait récemment un économiste, mais
je dois dire que l'attitude paternaliste du président du Conseil du
trésor n'invite certainement pas à la concertation actuellement.
Les employés de l'État accusent le président du Conseil du
trésor de nier le droit à la négociation. Ce dernier va
peut-être prétendre qu'il n'en est rien; nous le verrons tout
à l'heure. Mais, dans le cahier explicatif des crédits, il
indique que les négociations sur le renouvellement des conventions
collectives seront probablement suspendues. C'est ce qui est dit dans un des
textes que j'ai lus. Alors, j'ai l'impression qu'il a peu confiance dans sa
démarche même. Par ailleurs, force nous est de constater - et,
là, je pense que, sur le fond, c'est important - que ce ne sont pas les
salaires qui croissent le plus vite. Ce ne sont pas les salaires qui croissent
le plus vite. Pour l'ensemble des dépenses du gouvernement, les salaires
augmentent de 5,4 % en 1991-1992 contre 8,4 % pour les autres dépenses;
une différence substantielle et, encore là, l'augmentation n'a
pas été la même dans l'année 1990-1991. Les
salaires, l'an dernier, n'ont pas augmenté aussi vite que les autres
dépenses et, cette année encore, cette augmentation est encore
plus rapide pour les autres dépenses que pour les salaires et, donc, le
gouvernement et le Conseil du trésor construisent sur une base qui s'est
élargie plus vite pour les autres dépenses l'an dernier. Donc,
ils accentuent l'écart depuis quelque temps.
Le président du Conseil du trésor, dans ses remarques
à l'Assemblée nationale, nous a affirmé qu'il n'y pouvait
rien, pour toutes sortes de raisons, et il a très largement
expliqué qu'il ne pouvait pas toucher à l'augmentation de
l'assistance sociale. Je pense qu'il y a un élément là,
mais qui n'explique vraiment pas tout. Loin de nous l'idée que, sur ce
plan-là, lorsqu'il y a des gens qui sont mal pris dans la
société, on doive leur faire payer le coût de la
récession. Mais je pense que cette augmentation due au volume de
l'assistance sociale se situe aux environs de 115 000 000 $ au total, ce qui
n'explique vraiment pas l'augmentation totale des autres dépenses ou la
forte croissance des autres dépenses. C'est une partie seulement. Pour
le reste, je pense que nous devrions avoir des explications beaucoup plus
précises. Je suppose que nous aurons l'occasion, par ailleurs, sur le
plan des salaires, d'étudier le projet de loi du ministre. Je suppose
donc qu'il va nous donner quelques éclaircissements sur les questions
que nous aurons à poser. Nous aurons, en tout cas, à lui poser
des questions à ce sujet dès ce matin.
Nous sommes également ici pour étudier la demande de
crédits du Conseil du trésor et des organismes qui
relèvent du président de ce Conseil. Je constate à ce
sujet que le président du Conseil du trésor demande une
augmentation de son budget de 1,3 %, crédits sur crédits,
c'est-à-dire que, lorqu'on compare aux crédits votés l'an
dernier ceux de cette année, c'est 1,3 % d'augmentation. Cela
apparaît faible, mais, attention, lorsqu'on compare ces crédits au
niveau des dépenses probables de l'année 1990-1991, on
s'aperçoit que l'augmentation est de 5,7 %.
Une voix: Avant les...
M. Léonard: Les députés qui s'agitent dans
le décor là, 5,7 %. Alors, ce n'est pas 1,3 %. C'est moins que
l'augmentation de l'ensemble des ministères et organismes, mais c'est,
encore là, nettement supérieur au taux d'inflation du secteur
public qui est de 4,3 %. Je suppose que le président du Conseil aura des
remarques à nous faire là-dessus.
Alors, sur cet aspect, je voudrais m'arrêter là, M. le
Président, et simplement conclure sur le fait que l'ensemble des
dépenses du gouvernement, autres que les salaires, augmente de
façon considérable et cette augmentation se construit sur une
base qui a augmenté de façon considérable l'an dernier.
Nous avons établi que les dépenses autres que les salaires
avaient augmenté d'au-delà de 10 % l'an dernier, probablement
10,3 %, 10,4 %, et, cette année, on augmente encore davantage. Alors, je
trouve que le Conseil du trésor, le gouvernement a perdu le
contrôle de ses dépenses et je crois que le président
devrait nous donner d'autres réponses que celle de l'augmentation de
l'assistance sociale parce que ça explique une partie seulement de cette
augmentation, de cette explosion des dépenses. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson: Oui, M. le Président. D'abord, phase 2 des
présentations. Après avoir donné les noms et
qualités des gens qui sont à la table ici, je m'en voudrais de ne
pas souligner de façon spécifique que m'accompagnent
également le président de la Commission de la fonction publique,
M. Jean-Noël Poulin, le président de l'Office des ressources
humaines, M. Jocelyn Jacques, et le président de la Commission
administrative des régimes de retraite et d'assurances, M. Michel
Sanschagrin, qui auront à m'assister, le cas échéant, si
des questions étaient dirigées vers ces gens ou à mon
endroit
à l'égard de ces organismes.
Il y a deux ordres de commentaires dans ceux du député de
Labelle, sur le programme d'accès à l'égalité, etc.
Je réitère que nous avons atteint et, dans certains cas - je
pense à l'Office des ressources humaines - largement
dépassé les objectifs quantitatifs qui ont été
fixés, autant au niveau de la haute direction, des professionnels que
des autres personnels. Quant à la présence des femmes dans ces
organismes, nous, au Secrétariat du Trésor comme tel, nous avons
également connu des augmentations qui nous permettent de dépasser
l'objectif gouvernemental. L'objectif gouvernemental au titre de l'encadrement
supérieur, c'est 12 % de présence féminine; nous en sommes
à 20,9 % au Secrétariat. Au titre du personnel professionnel et
enseignant, professionnel dans notre cas, c'est 27,5 %, cet objectif que nous
recherchons et nous en sommes à 32 % et un peu plus. Je suis
particulièrement heureux de cette performance.
J'ai laissé l'impression tout à l'heure que nous visons,
nécessairement à moitié-moitié, 100 %; j'ai
confondu les concepts. Si, en moyenne, la rémunération des femmes
dans le secteur public est de 86 % de celle des hommes, lorsque je dis que nous
visons 100 %, c'est une façon raccourcie de dire que nous visons
à assurer dans la fonction publique la même
représentativité que le marché disponible des femmes peut
permettre d'atteindre. Il n'y a pas nécessairement 200 000 femmes et 200
000 hommes qui peuvent se retrouver dans le secteur public, chacun à
chaque niveau représentant la moitié des effectifs de chaque
poste, classification ou emploi. C'est une situation qui est impossible compte
tenu des marchés. Le profil d'emploi des femmes et celui des hommes
n'est pas le même. Dans notre société, nous visons à
atteindre dans la fonction publique un profil de présence
féminine qui corresponde à la disponibilité de cette
main-d'oeuvre sur le marché de l'emploi. Première remarque.
La deuxième remarque. La preuve par neuf qu'on ne cherche pas
nécessairement l'égalité, c'est que, dans le domaine de la
santé et des services sociaux, la moyenne de la
rémunération des femmes est de 114 % de celle des hommes, parce
que les emplois bien rémunérés, les infirmières
notamment, il y en a près de 50 000, sont occupés
carrément par des femmes. Et, dans ce secteur de la santé et des
services sociaux, on voit donc une présence, qui tient compte du
marché disponible de l'emploi, évidemment, des femmes, qui
amène ce ratio de rémunération femmes-hommes qui favorise,
entre guillemets - enfin, on constate une avance - les femmes.
Ceci étant dit, c'est surtout, évidemment, le
contrôle des dépenses gouvernementales que s'est employé
à commenter le député de Labelle. Comme je l'ai fait
remarquer en commission plénière l'autre jour lors de
l'étude du quart des crédits, c'est bien difficile d'être
cohérent dans l'Opposition. Ça, le député le
reconnaît avec moi. On ne peut pas prétendre que le gouvernement
dépense trop ou a perdu le contrôle pendant que les 25 autres
collègues, à la période de questions, demandent au
gouvernement de dépenser 100 000 000 $ de plus par jour. C'est
arrivé encore hier, la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
le député de Gouin, je ne me souviens plus trop desquels, le
député de Jonquière, enfin quelques autres
collègues du député de Labelle qui, je pense, n'a pas pu
assister à la discussion. (10 h 15)
M. Léonard: II y a une opposition à ces
affaires-là.
M. Johnson: Moi, je veux bien. Moi, je suis prêt à
répondre à des questions cohérentes, et je vais
répondre de façon cohérente à des questions
cohérentes. Mais si le député de Labelle dit: Vous
dépensez trop et que ses 27 collègues à l'Assemblée
nationale disent que je ne dépense pas assez, arrangez-vous entre vous
autres et, à un moment donné, expliquez-moi exactement ce que
vous voulez. Comme ça, à l'Assemblée nationale, en
commission parlementaire et sur la place publique, on va tous dire la
même chose et le débat va vraiment être engagé de
façon intéressante.
Ce que je redis, c'est que nous tentons de maintenir un rythme de
dépenses, de ne pas dépasser un rythme d'accroissement des
dépenses qui créerait des pressions indues sur les contribuables.
De toute évidence, en raison de la récession et, de toute
évidence, en raison de certains programmes sociaux, notamment ceux de la
santé, carrément, que nous nous sommes donnés comme
société, il y a des pressions implicites dans la structure des
dépenses à certains postes budgétaires. Si la santé
continue à croître à un rythme tel au-dessus de
l'inflation, nous aurons constamment des dépassements, entre guillemets,
par rapport à une situation idéale; l'IPC plus 1,5 % par exemple,
ça m'ap-paraît un objectif louable. Si on pouvait le respecter
à tous égards, ça irait bien, c'est tout ce que je peux
dire, sauf qu'on ne peut pas faire ça avec le service de la dette. Et on
peut en remercier le député de L'Assomption, un autre
collègue du député de Labelle, 14 000 000 000 $ et
quelques centaines de millions pour payer l'épicerie, empruntés
entre 1977 et 1984, ça fait mal et ça va faire mal tout le temps,
de façon permanente, là. Dans les équilibres, dans le
bilan du Québec, il y a un motton de 15 000 000 000 $ sur lequel on est
obligés de payer, tous les lundis matin, une cinquantaine de millions de
plus que les autres ne sont pas obligés de payer. Bon, alors, ça,
ça commence à être des sous. C'est là et, à
moins que le député de Labelle suggère qu'on
contrôle cette dépense-là en refusant de payer les
intérêts sur la dette publique, il n'y a pas vraiment de solution
à
l'égard de ce bloc-là.
L'autre bloc, c'est la rémunération comme telle qui, pour
les deux derniers exercices et l'exercice courant, croît à un
rythme qui, au-delà du taux de base qui était l'inflation,
reflète des correctifs au titre de l'équité salariale,
pardessus la base. On ne peut pas nous reprocher que le coût de
main-d'oeuvre croisse à quelque chose comme 7 % lorsque je reconnais que
c'est un objectif gouvernemental de payer les femmes au salaire qu'elles
valent, bon, et non pas de continuer à les sous-payer. Ça,
ça coûte 1,3 % à 1,5 % de la masse, l'année
dernière. Bien oui, il y en a qui disent: Les salaires croissent...
M. Léonard: Les dépenses.
M. Johnson: Bien, vous me dites: Les salaires croissent à
6,8 %, ça n'a pas de bon sens. Mais ça n'avait pas de bon sens
que les femmes soient sous-payées de 1,3 %; alors, ça, on l'a
corrigé. Et il y a le coût du système qui est de 0,4 %.
Alors, 5 % plus 1,3 % ou 1,4 %, plus 0,4 % égalent 6,8 %, 6,9 %; on n'en
sort pas. Alors, ne venez pas nous blâmer, à moins que vous
vouliez tenir le discours de dire: II est inopportun de mettre de
côté 330 000 000 $ pour rétablir les échelles
salariales des femmes dans le secteur public. Alors, là, on vient
d'expliquer un autre gros motton, et il n'est pas compressible.
J'ajoute le 1 % de forfaitaire qui vise étrangement - et je ne
connais personne dans le privé qui a fait ça - à compenser
dans les mains du secteur public une hausse de l'inflation due à la TPS.
On se comprend là? Le secteur public paie un forfaitaire à ses
employés parce que leurs impôts, à ces 400 000
personnes-là, ont monté en raison de la TPS. L'inflation, il y a
une composante TPS là-dedans. Alors, on paie des salaires pour compenser
les hausses d'impôt. C'est inusité, c'est le moins qu'on puisse
dire, mais c'est quelque chose qu'on était prêts à faire
afin d'assurer à nos gens une protection de leur pouvoir d'achat, dont
n'a pas bénéficié le reste de l'économie,
incidemment. On se comprend.
Alors, dans ce contexte-là, si on regarde, au titre du
contrôle des dépenses, ce qu'il reste à faire, bien il
reste à comprimer là où c'est possible et là
où c'est opportun. Mais, une fois qu'on a enlevé la
rémunération - et je pense bien qu'on s'est entendus
là-dessus, je n'ai pas entendu qu'il fallait couper davantage dans les
salaires, je n'ai pas entendu ça - et une fois qu'on a la dette
publique, compliment du député de L'Assomption et de ses
collègues d'alors, il reste à faire des efforts surhumains pour
contrôler les dépenses dans une portion congrue des
dépenses publiques, à moins de remettre en cause, mais ça,
on pourra en parler davantage, des pans entiers de programmes gouvernementaux -
moi, j'ai toujours été porté vers ces choses-là
à condition d'en parler le plus longtemps possible - à moins de
regarder vers le financement de certains programmes sociaux ou gouvernementaux
de façon générale, à moins d'introduire des freins
à la consommation sans mettre en péril l'accessibilité
à des soins de base. C'est des choses dont on doit nécessairement
parler. Alors, on a fait un tas de ces gestes-là. Il y a eu pour 450 000
000 $, ou à peu près, de réaménagements
budgétaires cette année, à ce titre-là. Il y en
avait eu pour 411 ooo 000 $, de mémoire, l'an dernier. On essaie
d'introduire plus de productivité, de s'assurer qu'il n'y a pas de gras;
enfin, on s'assure que le maigre qui reste est efficace et productif. Alors, le
contrôle des dépenses, c'est une notion dans l'esprit du
député de Labelle, qui m'apparaîl bien relative, bien, bien
relative, parce qu'il faudrait, quand même, qu'on discute de ça
sur une ligne de continuité historique et, à la rigueur, je
dirais qu'il est un petit peu mal placé pour nous parler de
ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
Augmentation de 3% des dépenses
M. Léonard: Oui. Je voudrais revenir sur une chose. Le
président du Conseil du trésor parle des salaires, mais il parle
très peu des autres dépenses et c'est justement là
où nous avons dit que l'augmentation se faisait sentir, à
l'augmentation des autres dépenses. Je trouve qu'il est peu explicite en
particulier sur des données qui ont été rendues publiques
par son collègue, le ministre des Finances, à l'effet que, dans
le budget du gouvernement, il y avait des problèmes de structure qui
faisaient que les dépenses augmentaient au rythme de l'IPC plus 3 %.
C'est donné dans une des annexes du discours sur le budget, l'annexe E,
de l'an dernier. Il me semble que, quand on en parle comme ça, les
salaires, c'est une chose, mais ce n'est pas les salaires qui font qu'il y a un
plus 3 %, davantage que d'autres dépenses. En tout cas, je trouve que le
Conseil du trésor ou le ministère des Finances, mais je pense que
c'est surtout le Conseil du trésor, a donné peu d'explications
sur une affirmation qui est très grosse, à l'effet qu'il y a une
augmentation structurelle de 3 % dans les budgets du gouvernement. Je trouve
qu'à partir du moment où il a traité un peu des salaires
la seule réponse qu'il nous donne, c'est de dire: Si l'on veut
contrôler les dépenses, il faut couper des services ou on ne fait
rien. Il me semble qu'il y a d'autres réactions auxquelles on pourrait
s'attendre. Mais ces 3 % sont toujours inexpliqués. À part des
lieux communs, c'est quoi?
M. Johnson: On a plein de tableaux - il me semblait qu'on les
avait mis à la disposition d'un petit peu tout le monde, y compris du
député de Labelle - qui décomposaient les rythmes de
croissance, par exemple, des programmes de santé comme tels. On
peut le prendre par secteur, là, ou alors on peut le prendre par
élément, Rémunération, Régimes de retraite,
et ça, ça vient du temps du chef de l'Opposition, l'amortissement
pour services passés des comptes de régimes de retraite;
ça aussi, ça coûte quelque chose. Ça coûte
quelque chose et ça s'ajoute à l'indexation IPC pur. L'IPC plus
zéro, ça fait longtemps qu'on n'a pas vu ça, en raison
d'une série de facteurs, en raison du fait qu'en matière de
santé, pardessus la croissance normale, entre guillemets, des
dépenses de la santé, ça fait des années qu'on
ajoute au moins 1 % en raison du vieillissement de la population, de
l'alourdissement de la clientèle et de l'introduction de nouvelles
technologies de plus en plus dispendieuses. Ça, c'est par-dessus...
M. Léonard: M. le ministre, c'est 1 % seulement dans le
secteur de la santé. Quand vous dites 3 % sur l'ensemble du budget du
gouvernement, vous allez admettre que c'est d'une autre ampleur que
ça.
M. Johnson: On va retourner aux renseignements
supplémentaires des crédits, à l'introduction que j'ai
signée, juste au titre des intérêts sur la dette; à
la page 14, il y a un petit tableau: la répartition de la croissance par
domaine. Il y a 1 000 000 000 $ dans la santé. Maintenant, si vous
croyez que c'est gaspillé, moi, je vous dis que c'est le poids normal de
la rémunération où il y a eu énormément de
correctifs, notamment dans la santé, au titre de l'équité
salariale. C'est correct, là? Ça, je l'ai expliqué tout
à l'heure, il me semblait, ce qui fait en sorte qu'en matière
d'équité, après la ronde de corrections de
l'inéquité salariale, les femmes, dans le secteur de la
santé, sont à 114 % en rémunération moyenne de
celle des hommes, comme ça devrait être. Je ne dis pas que c'est
14 % trop payé; ça devrait être comme ça. Ce
n'était pas comme ça autrefois et, là, c'est comme
ça, et ça devrait être comme ça. Ça, on en
ramasse les trois quarts, cette année, de ces augmentations, dans
l'année de calendrier, dans notre année fiscale.
Au titre du service de la dette, les intérêts, il y en a
pour 400 000 000 $, une augmentation de 8,61 %, un taux de croissance de 8,61 %
des dépenses d'intérêt et de remboursement principal. C'est
pour ça que je dis que le député suggère
implicitement qu'on ne rembourse pas notre dette s'il veut qu'on contrôle
les dépenses. On ne peut pas toucher à ça.
Contribution de l'employeur au titre des régimes de retraite, y
compris l'intérêt, y compris l'amortissement pour les services
passés, y compris l'augmentation de l'assurance-chômage en raison
du budget fédéral - je ne rêve pas à ça - 9,2
%. Bon. Alors, est-ce qu'il suggère qu'on arrête de payer notre
part de l'employeur dans les régimes de retraite ou quoi? La RAMQ, 6,7
%; c'est plus élevé que l'inflation, je le reconnais
d'emblée. Sécurité du revenu, 12,5 % d'augmentation en
1991-1992 par rapport à 1990-1991; c'est la conjoncture, on n'a pas
changé les barèmes, sauf l'indexation normale qui est
prévue; je pense bien que c'est "built in" dans nos chiffres, 12,5 %.
Est-ce qu'il suggère qu'on paie moins les gens, quoi? qu'on les coupe
à l'aide sociale? On est rendu où? Il reste le fonctionnement. Le
fonctionnement, si on prend ça toujours par... L'éducation et
l'enseignement supérieur, c'est 1 % - on ne peut pas dire qu'on
exagère beaucoup là - et à la santé, c'est 5,7 %,
qui est le taux d'indexation normal.
Alors, on décompose ça: il y a du compressible et il y a
de l'incompressible. Dans l'incompressible, c'est incompressible. On se
comprend, là? Dans le compressible, fonctionnement, 1,1 %, 1,2 %; on
n'exagère pas beaucoup. Le Conseil du trésor, 1,3 %. Tout
à l'heure, on disait: Ah non, non! C'est plus que ça, c'est cinq
et quelque chose, mais il y a 400 000 $ là-dedans qui étaient
prévus dans le cas où une grosse mécanique de
négociation se mettrait en marche. Disons que ce n'est pas
évident qu'il y a une grosse mécanique de négociation,
dans le secteur public, qui va se mettre en marche. Ce n'est pas ça qui
est envisagé, c'est une négociation plus légère et
beaucoup plus rapide à l'intérieur de balises, qui sont la
responsabilité du gouvernement, que j'ai établies, que j'ai
répétées, que j'ai dites et redites. Alors, là, on
peut penser qu'il y a un petit peu d'économies de ce
côté-là, pour revenir juste au Secrétariat du
Conseil du trésor, comme le faisait le député.
Mais ailleurs dans la fonction publique, y compris un ajout de 75 000
000 $ compte tenu de l'entente fédérale-provinciale sur
l'immigration, le fonctionnement, fonction publique, taux de croissance, moins
1,9 % - il me semble qu'on ne garroche pas l'argent par les fenêtres,
moins 1,9 %, ce qui me fait extrêmement plaisir - excluant les salaires,
évidemment; fonctionnement, autres que salaires. Les salaires, j'en ai
parlé. Il me semble que les gestionnaires ne contrôlent pas les
salaires comme tels, là. Ils contrôlent les effectifs, ça,
c'est leur problème. Mais les salaires, on en a parlé et on a
parlé de l'équité salariale. On a parlé de ce que
ça signifiait au point de vue du taux de croissance, du coût de
système et de la contribution de l'employeur; ça, là,
c'est incompressible sauf si on coupe les salaires. Je comprends que, vous,
vous trouvez que c'est compressible, de moins 20 %. Moi, je considère
que ce n'est pas compressible. On maintient les salaires et on les stabilise.
(10 h 30)
Vous dites: Un gestionnaire qui est à moins 1,9 %, qui ne
contrôle pas ses dépenses, qui garroche l'argent par les
fenêtres et qui dépense bien plus que l'an dernier. Ils ne vous
croiront pas. Que voulez-vous que je vous dise? Ils ne
vous croiront pas, parce que ce n'est pas ça qui se passe. C'est
la dynamique de deux, trois gros postes incompressibles qu'on tente de
compenser par quelques postes qui, eux, le sont, et on le fait d'une
façon drastique et efficace, qui nous permet de prétendre qu'on
contrôle les dépenses contrôlables. On va contrôler
l'incompressible le jour où on va décider que l'incompressible ne
l'est pas. Alors, on peut décider qu'on coupe les salaires, ce qu'on n'a
pas fait, ou alors on décide - et c'est pour ça que j'en parle;
je me sens bien à l'aise, j'en parle sur la place publique - qu'il y a
peut-être des façons de financer les services publics à
même des contributions de l'usager. Je vais le redire publiquement: Nous
sommes le seul endroit en Amérique du Nord où aller au
cégep, c'est gratuit. Est-ce qu'on a les moyens de faire ça, puis
est-ce que ça a du bon sens? C'est la question que je pose. J'aime
ça lancer le débat comme ça. Je ne prétends pas
qu'une décision... Parce que la dernière fois qu'on en a
parlé publiquement, on a dit: Non, non, non, c'est peut-être
prématuré de parler de ça. Correct, si c'est
prématuré de parler de ces choses-là, on va toujours
revenir au point de départ. Ma vision des choses, c'est que, si on veut
véritablement contenir la croissance des dépenses à
l'intérieur de la capacité de payer, il faut s'ajuster, beaucoup
plus rapidement qu'on a eu l'habitude de le faire, à la conjoncture et
il faut remettre en cause de façon beaucoup plus pointue et, je dirais,
concrète des habitudes de dépenses, comme société,
qu'on s'est données.
M. Léonard: Je prends note des remarques ou des questions
que pose le président du Conseil du trésor sur la gratuité
scolaire au plan du cégep. Je pense que ça mériterait
d'être relevé. Je ne poserai pas trop de questions parce qu'il
s'étire longuement après ça sans donner beaucoup de
précisions, cependant. Sur la question du gel des salaires...
M. Chagnon: Des députés ont des questions
aussi.
Le Président (M. Lemieux): Oui, M. le député
de Saint-Louis, mais M. le député de Labelle... Vous pouvez y
aller.
M. Léonard: Je peux y aller? Le Président (M.
Lemieux): Oui, allez-y. Gel des salaires des fonctionnaires
M. Léonard: Sur la question du gel des salaires, je
voudrais poser des questions précises au président du Conseil du
trésor. Quelle est la nécessité de présenter aussi
rapidement un projet de loi alors que la décision de geler les salaires
no s'appliquera que le 1er janvier 1992? Il me semble qu'il y a cette
question-là qui se pose.
Quand on m'indique que les négociations seront probablement
suspendues quant au renouvellement des conventions collectives, est-ce que le
président du Conseil du trésor nous indique que sa
décision est déjà prise et qu'il n'y aura pratiquement pas
de négociations cette année? Je remarque aussi, cependant, qu'il
a mis des fonds pour prévoir des négociations, mais j'ai
l'impression qu'il y a comme quelques inconséquences dans les textes
qu'on nous présente. Est-ce que le président du Conseil du
trésor, notamment par rapport à ce gel des salaires, est
disposé à étudier certains aménagements comme le
souhaitent des députés ministériels, ceux qui
étaient partis en lions et qui sont revenus un peu en moutons? Est-ce
qu'il est disposé à étudier quelques aménagements
sur cette question? Dans ce contexte, est-ce que la présentation aussi
rapide du projet de loi, ce n'est pas l'indication du contraire, qu'il n'y aura
pas beaucoup d'aménagements possibles? Je ne sais pas, je pense qu'il y
a un contexte qui se pose.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que je peux, M. le
président du Conseil du trésor, parce que ça touche...
M. Johnson: Relever l'insulte qui vous a été
dirigée, oui.
Le Président (M. Lemieux): Alors, en
complémentaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Ça touche une question
que j'aurais bien aimé vous poser. Effectivement, les conventions
collectives...
M. Léonard: II fait partie des lions.
Le Président (M. Lemieux): Vous permettez, M. le
député de Labelle, c'est en complémentaire, dans le
même sens que vous.
M. Léonard: Oui, oui. N'intervenez pas en mouton, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Non, non, non. M.
Léonard: Ha, ha, ha! Très bien. Allez-y.
Le Président (M. Lemieux): Vous savez, l'erreur de M.
Forgues, du Soleil, ça n'a pas été de qualifier la
couleur des moutons. M. le président du Conseil du trésor,
effectivement, les conventions expirent, si je comprends bien, le 31
décembre 1991. J'ai ici un communiqué que vous avez envoyé
à la presse, communiqué qui n'est peut-être pas des plus
indicatifs, parce qu'il y a des choses que j'ai de la misère à
saisir dans tout ça. Vous avez parlé d'un gel des salaires de 12
mois, négos après; sinon, gel 6 mois, 3 %, si
je comprends bien. Alors, ce que j'aimerais savoir de vous... Vous
savez, il y a des lois au Québec, il y a un Code du travail; vous en
êtes bien conscient. Il me semble que l'État devrait aussi
respecter un certain processus de négociation, d'autant plus qu'on a eu
un exemple récemment, à Tracy, d'une compagnie qui a
décidé que la paix sociale était importante pour la
productivité. Ce qui me fatigue dans tout ça, M. le
président du Conseil du trésor, c'est ceci: allez-vous attendre
après ce gel des salaires pour négocier avec les syndicats ou
avez-vous l'intention de reprendre ou immédiatement d'entreprendre un
processus de négociation? C'est ça que les syndicats ont
demandé, c'est ça qu'ils veulent. Ce n'est pas clair, ça.
On a l'impression que vous allez attendre de négocier après ce
gel des salaires là. C'est quoi, votre intention?
M. Johnson: Non, non. Mea culpa du côté,
peut-être...
Le Président (M. Lemieux): Je prends bonne note de votre
mea- culpa.
M. Johnson: Oui, oui. De la façon dont ces matières
extrêmement complexes sont véhiculées, j'en donne un
exemple. Lors de la déclaration ministérielle, j'ai
indiqué, mot à mot: Au retour du congé pascal, j'aurai
à déposer un projet de loi, etc. Titre, le lendemain: 9 avril,
dépôt d'un projet de loi. Bon. Dans mon esprit, le retour du
congé pascal, c'est à compter du 9 avril, effectivement. Alors,
là, évidemment, le lendemain matin, ils ont dit: Comment, tu vas
déposer ton projet de loi le 9 avril, puis on est supposés se
revoir? Ça, c'est les chefs syndicaux qui t'appellent. J'ai dit: Non,
non, ce n'est pas ça que j'ai dit. Moi, j'ai dit: Au retour du
congé pascal. La même chose est vraie de tout le reste
là-dedans. C'est une matière extrêmement complexe où
les mots ont leur importance. En matière de relations du travail, les
mots ont un sens extrêmement chargé, extrêmement
précis. Ce que nous avons toujours dit, c'est que, d'une part, il y a
une décision gouvernementale de faire en sorte que, pour réaliser
les équilibres financiers du gouvernement, il y ait - et ça a
été déposé dans les crédits - une
période de gel. C'est correct?
La proposition - et j'emploie le terme à dessein - que je fais
pour réaliser cet objectif gouvernemental, qui est une décision
gouvernementale: il va y avoir stabilisation des revenus, 0 % d'augmentation le
1er janvier 1992... La proposition que j'ai mise sur la table et que j'ai
rappelée dans la déclaration ministérielle, c'est que le
gel dure 12 mois. Premier élément.
Deuxième élément. Depuis la rencontre, à
partir de la rencontre avec les représentants syndicaux, il a
été convenu - ce n'est pas un terme neutre, ça - qu'on se
reverrait pour reparler du contenu de cette proposition. J'attends. C'est lundi
ou mardi prochain que nous revoyons l'ensemble des
délégués des secteurs public et parapubiic qui m'ont
annoncé qu'ils auront une réponse à faire à cette
proposition qui doit prendre la forme d'un projet de loi pour fins de
sécurité budgétaire.
Le Président (M. Lemieux): Si je comprends bien, les
négociations ne sont pas fermées.
M. Johnson: Pas du tout.
Le Président (M. Lemieux): Loin de là.
M. Johnson: Pas du tout. Dès le premier moment où
nous nous sommes entretenus, il a toujours été question que nous
nous reverrions pour explorer, à tout le moins, les réactions que
les instances syndicales, les représentants de nos employés,
veulent nous livrer de façon organisée. Elles ont à
s'entendre entre elles, ces instances. Je présume qu'elles l'ont fait;
elles ont toutes demandé qu'on se rencontre le même jour dans la
même salle, présumément tous pour parler de la même
chose. Et j'anticipe ce plaisir de reconduire les discussions qui
n'échapperont pas - je leur dis tout aussi clairement que la
première fois - à la décision gouvernementale que, pour
réaliser les objectifs financiers du gouvernement, la dernière
chose que nous avions à considérer était une
participation, une contribution de nos employés, après toutes les
autres contributions sur lesquelles on pourra toujours s'étendre,
ça me fera extrêmement plaisir, au point de vue de la
fiscalité locale, au point de vue du déficit qui est plus
élevé qu'il ne l'était, on le sait, le ministre des
Finances l'a dit, au point de vue des perspectives pour le budget de l'an
prochain que le ministre des Finances évoquera en temps et lieu. Il y a
tous ces aspects-là qui sont des blocs dans l'équilibre des
finances publiques. Le dernier bloc qui est presque une portion congrue, quand
on parle d'un problème structurel, les 700 000 000 $, plus la
conjoncture, plus ci, plus ça, la première chose qu'on sait, on
est en train de parler de 1 500 000 000 $ ou de 2 000 000 000 $. Je suis en
train de parler de 243 000 000 $ au titre de la rémunération.
O.K.? Entre nous, ce n'est pas couper les salaires de 600 000 000 $ en trois
mois. Ce n'est pas ça qui est en cause, là.
M. Léonard:1 000 000 000 $.
M. Johnson: 1 000 000 000 $ en trois mois, non. C'était
600 000 000 $, à l'époque, en trois mois, du 1er janvier au 31
mars 1983.
Le Président (M. Lemieux): Mais c'est bien clair, M.
Johnson, pardon, M. le président du Conseil du trésor, que vous
entreprenez des négociations avec les syndicats.
M. Johnson: Absolument.
Le Président (M. Lemieux): C'est clair, et vous n'attendez
pas le gel. Ça, on s'entend bien là-dessus, vous me dites...
M. Johnson: Je n'ai jamais fermé la porte, à
l'intérieur d'un cadre qui est très précis. Je veux qu'on
se retrouve.
Le Président (M. Lemieux): Non, non. Je suis bien d'accord
avec ça, mais vous êtes prêt à vous asseoir avec les
syndicats, au moment où on se parle.
M. Johnson: Absolument. Je l'ai toujours été.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Bien, là, je pense qu'il y a une
conversation entre deux membres du même parti.
M. Johnson: Comme vous voyez, on s'entend bien.
M. Léonard: Oui, oui.
Le Président (M. Lemieux): C'est assez rare, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: Oui, c'est assez rare. Mais, effectivement, en
tout cas, ce que je note à la page 4 des documents que le Conseil du
trésor a lui-même déposés, en haut, c'est bien dit
que "cette augmentation - de 6,4 % - se situe principalement au chapitre des
relations de travail en prévision des négociations
éventuelles des conventions collectives qui seront probablement
suspendues". Bon, je vais revenir sur un autre plan.
M. Johnson: Non, mais écoutez, on va parler des faits.
C'est vrai, la mécanique...
M. Léonard: Non, bien ne prenez pas 15 minutes,
là.
M. Johnson: Non, mais la loi... On parle d'un
échéancier extrêmement court, comme je viens d'en discuter
avec vous-même et le député de Vanier; on ne parle pas de
la grosse mécanique où il y a 350 libérations syndicales,
où on loue des hôtels et le diable à quatre. Ça
coûte, quoi, 30 000 000 $?
Une voix: 32 000 000 $.
M. Johnson: 32 000 000 $, mais ça, ça mobilise
beaucoup de nos gens et un tas de dépenses qui, effectivement, selon
moi, ne seront pas encourues, car le processus habituel qu'on connaît
depuis 25 ans m'apparaît suspendu. On a pris une autre voie beaucoup plus
rapide cette fois-ci. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais aborder la
question des crédits du Conseil du trésor eux-mêmes, les
crédits totaux. Le Conseil du trésor demande un budget qui
totalise 23 275 000 $, une augmentation, comme on l'a dit tout à
l'heure, de 1,3 % par rapport aux crédits autorisés de l'an
passé, 1990-1991. Et la comparaison avec le niveau probable des
dépenses de l'année dernière révèle, elle,
plutôt une augmentation de 5,7 % lorsque nous prenons les dépenses
réelles de l'année en cours, 1990-1991. Quand on le
décortique, on voit qu'au plan des salaires, si l'on compare ces
dépenses et les crédits maintenant, les salaires ont
été, en 1990-1991, de 15 448 200 $ contre, cette année, 15
391 400 $, soit une diminution de 0,4 % au plan des salaires. Donc, les
salaires sont moins élevés cette année que l'an dernier.
Et les autres dépenses, elles, passent de 7 528 000 $ à 7 883 000
$, une augmentation, dans les autres dépenses, de 4,7 %. C'est ce qui
donne 1,3 %. Bon.
Si l'on compare maintenant les crédits 1991-1992 aux
dépenses probables 1990-1991, tel que déclaré, les
salaires augmentent de 14 809 000 $ à 15 391 000 $, donc, ils augmentent
de 3,9 % et les autres dépenses, de 7 213 000 $ à 7 883 000 $,
soit 9,3 % dans les autres dépenses. On a toujours la constante de ce
gouvernement où les dépenses autres que les salaires augmentent
plus vite que les salaires. On le voit même au Conseil du trésor
et, là, il ne peut pas faire intervenir l'augmentation du service de la
dette; ce n'est pas là que les intérêts se paient, c'est
ailleurs. En tout cas, j'aimerais lui poser des questions là-dessus.
Donc, comme on le constate, la croissance des dépenses du Conseil du
trésor dépasse nettement le taux d'inflation - je viens de la
donner, 9,3% - qui est applicable au secteur public, lequel est de 4,3 %. Donc,
c'est encore là les dépenses autres que salariales qui croissent
le plus rapidement, de 9,3 %, comparativement au niveau des dépenses
probables du Conseil du trésor.
Par ailleurs, dans les notes explicatives qui ont été
préparées par le Conseil du trésor, il est fait mention
que le budget de la catégorie Fonctionnement-Autres dépenses
s'accroît de 6,4 %, soit 11,2 % par rapport aux dépenses probables
de 1990-1991, principalement en prévision des négociations des
conventions collectives qui seront, comme on l'a indiqué tout à
l'heure à partir du texte qu'il nous a remis, probablement suspendues.
Donc...
M. Johnson: Une grosse économie.
M. Léonard: Pourquoi vous les laissez dans vos
crédits? C'est ça, la question.
Une voix: Ce n'est pas la même chose. M. Johnson:
Bien oui, mais... M. Léonard: Oui, exactement.
Le Président (M. Lemieux): C'est M. le
député de Labelle qui a la parole. (10 h 45)
M. Léonard: Je pense que c'est une bonne bonne question.
Le président du Conseil du trésor demande donc à
l'Assemblée nationale d'autoriser un budget dont le Conseil du
trésor ne croit pas avoir besoin, c'est ça, et je ne suis pas
sûr qu'une telle pratique apparaît conciliable avec une saine
gestion, une saine pratique de la gestion budgétaire. À moins que
le président nous indique qu'il entend revenir sur sa décision de
suspendre les négociations, la demande de crédits à cette
fin n'apparaît pas opportune et on parle ici d'une somme de 386 800 $, si
on en croit les explications de la page 16, ici.
Alors, des questions là-dessus. Le président du Conseil du
trésor reconnaît-il que le budget qu'il demande représente
une augmentation de 5,7 % sur les dépenses probables de cette
année et non pas de 1,3 %, comme il l'indique dans ses notes
explicatives? Quelle est l'économie, par ailleurs,
réalisée par le Conseil du trésor sur sa masse salariale
suite à la décision de geler les salaires dans la fonction
publique à compter du 1er janvier 1992? Ça, c'est plus
général comme question. Est-ce que le président du Conseil
du trésor considère que sa demande de crédits en vue des
négociations de conventions collectives, qu'il a l'intention de
suspendre, est compatible avec les principes d'une saine gestion des finances
publiques?
Je voudrais simplement attirer aussi son attention sur une autre
décision qu'il a prise, que nous avons relevée dans les
réponses aux questions qu'il nous a remises, par exemple, dans un voyage
hors Québec. Le Conseil du trésor a attribué ou
autorisé une dépense pour un voyage effectué à
Toronto au coût de 4433,62 $ à M. Gilbert Delage que je ne connais
pas. Mais le but du voyage, qui est indiqué, c'est des cours intensifs
d'anglais pour 12 jours, à Toronto. Ce monsieur occupe la fonction de
directeur des programmes économiques. Je suppose que beaucoup de
fonctionnaires seraient heureux d'apprendre qu'ils peuvent se payer un voyage
à Toronto pour suivre des cours intensifs d'anglais, 12 jours à
4400 $. Je m'explique mal la situation. Comme s'il n'y avait personne au
Québec, ni même dans la ville de Québec qui pouvait donner
de tels cours intensifs. Je relis cette question simplement pour illustrer que
le contrôle des dépenses laisse à désirer au Conseil
du trésor et que cet organisme est peut-être très mal
placé pour donner des conseils aux autres.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: II y a de tout là-dedans. M.
Léonard: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Absolument de tout. C'est correct. Bon. On va essayer
de faire des "réconciliations" ici pour le bénéfice du
député. On essaie de "réconcilier" les explications qui
apparaissent à la page 10 du cahier explicatif, Fonctionnement-Autres
dépenses, 442 000 $, qu'on retrouve à la page 9 de façon
plus détaillée, comme représentant une augmentation de 6,4
%, crédits sur crédits, par rapport à l'an dernier, et qui
s'explique, dans la page 4, notamment par les négociations
éventuelles des conventions collectives qui seront probablement
suspendues. Bon. Effectivement, il y a presque 400 000 $, c'est...
M. Léonard: 386 000 $.
Une voix: 387 000 $.
M. Johnson: ...387 000 $...
M. Léonard: 387 000 $, oui.
M. Johnson: ...pour les négos, entre guillemets, mais je
pense bien qu'on va le périmer, ça. C'est ça qu'on veut
dire. L'alternative, ça aurait été de ne pas le
prévoir et, si d'aventure le rythme de la grosse machine de
négociation s'était mis en route, là, il nous aurait
manqué 400 000 $ dans les crédits. On serait allés
chercher ça quelque part, je ne sais pas où. On a prévu.
On essaie de prévoir l'usuel, mais tout de suite on signale que
probablement on va le périmer. Mais, au moment où on confectionne
tout ça, il y a un tas de choses qu'on ne peut pas présumer et
qui ne sont pas d'une probabilité à 1,0, mais qui sont quelque
part en bas de 0,5. Alors, à partir de ce moment-là, ça
m'apparait être de la gestion conservatrice, vous me passerez
l'expression, que de fonctionner de cette façon-là.
deuxièmement, quelle est l'économie que nous aurions
réalisée par le gel salarial? je vous reporte à la page 9,
troisième ligne, sous-total de fonctionnement-personnel. si on
présume que l'augmentation aurait été de 4 % au 1er
janvier 1992, c'est 1 % par trimestre. alors, sans risque de me tromper, je
dirais que l'économie qu'on réalise au conseil du trésor,
c'est 154 482 $. c'est mécaniquement qu'on peut aller chercher ça
et vous pouvez le faire pour les autres ministères, incidemment. en
gros, prenez 1 % - si on présume 4 % d'augmentation, pour un
trimestre,
ça fait 1 % - de la masse que vous allez avoir dans les
crédits d'un peu tout le monde, c'est ça l'économie au
titre de Fonctionnement-Personnel que le gel des salaires représente.
Donc, 243 000 000 $, c'est ça que ça représente. Autre
question que le député avait...
M. Léonard: Vous avez mis en relief, au fond, le fait que
les dépenses...
M. Johnson: Oui, d'accord.
M. Léonard: ...pour les salaires n'augmentent pas; c'est
les dépenses autres que les salaires qui augmentent. Je vous donne un
exemple dans votre page 9...
M. Johnson: Oui, bien là, écoutez, on vient d'en
régler 500 000$.
M. Léonard: ...27 % d'augmentation du coût des
services au Conseil du trésor, puis vous nous ramenez sans arrêt
aux salaires. Vous coupez sur les salaires, mais ça explose ailleurs.
C'est ça qu'on vous dit.
M. Johnson: Bien oui, 27 %. Mais... M. Léonard:
Oui, oui, 27 %.
M. Johnson: ...il y a deux gros morceaux là-dedans qui
n'étaient pas là l'an dernier. Il y a la révision des
services de l'informatique dont je parlais, le comité qu'on a avec le
ministère des Communications, il y en a pour 134 000 $ en partant - on
part sur une base tellement petite; alors, on parte quasiment de 10 % juste
pour ça - et on parlait des négos, 380 000 $, puis, bon,
peut-être qu'on n'en parle plus là. Alors, ça fait des gros
trous. On périme à tour de bras à mesure qu'on se parle
ici. Alors, si c'était 27 % de 2 000 000 000 $, on commencerait à
s'inquiéter tout le monde, mais on parle de 27 % sur une base qui est
à moins que 2 000 000 $ et on introduit deux gros
éléments: un premier sur la gestion des technologies de
l'information - c'est notre mission centrale, on a mis ça en place, puis
on s'en occupe; alors, si ça ne vous dérange pas, on va le payer
- et l'autre, c'est les négos, puis on est en train de le
périmer. Ça, c'est Autres dépenses. Au total, au
gouvernement, c'est moins 2 %. Je ne sais pas pourquoi vous dites qu'on
défonce partout dans Fonctionnement-Autres dépenses. Je vous l'ai
dit tout à l'heure, le fonctionnement dans la fonction publique,
excluant les salaires, c'est moins 1,89 %, presque moins 2 %. Alors, je ne vois
pas qu'il y a de gros défonçages là. Si on périme
les montants qu'on croit périmer, en réalité, on va
être dans le négatif, ou à peu près, l'an prochain.
Si on périme autre chose que ce poste-là sur les négos, si
on périme au même rythme que d'habitude, on a presque
périmé 1 000 000 $ l'an dernier au total? On a presque
périmé 1 000 000 $. alors, évidemment, si vous regardez
par rapport au réel, vous arrivez avec des gros chiffres parce que vous
avez diminué le dénominateur. mais je vous annonce qu'on entend,
comme, d'ailleurs, c'est la mission de tout le monde, périmer des
crédits, nous aussi, autant que faire se peut et, bon an, mal an, on
périme entre 500 000 $ et 1 000 000 $. alors, ça va vite; chez
nous 500 000 $, c'est 2,5 %; ça va très, très vite. on
peut toujours isoler des gros chiffres à droite ou à gauche, je
comprends, parce qu'il y en a qui frappent plus. 27,05 %, ça a l'air
énorme, mais c'est une des composantes d'une série de sept postes
budgétaires où les augmentations sont respectivement de moins 15
%; 0,06 %, aussi bien dire 0 %; 0,9 %, on va appeler ça 1 %; moins 4,2
%; moins 5,7 %, puis 0 %. il y en a un qui est de plus 27 %. moins 18 %
à équipement, capital-autres dépenses. autres
rémunérations, on parle des traitements réguliers, moins
75 %. je ne trouve pas qu'on garroche l'argent par les fenêtres.
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député?
M. Léonard: Bien, il n'a pas répondu sur la
question du voyage. Est-ce qu'il y a une réponse?
M. Johnson: Pardon?
M. Léonard: Pourquoi on autorise des cours intensifs
d'anglais à Toronto?
M. Johnson: D'abord, quant au principe même, je pense bien
que je n'ai pas à défendre qu'il faut que les gens, à
certains niveaux, s'ils veulent fonctionner davantage, puissent parler une
seconde langue, puis, en Amérique du Nord, je suggère l'anglais,
moi, je me permets ça. C'est le gros bon sens. Je pense bien que vous
voulez que je défende le gros bon sens.
M. Léonard: On ne met pas ça en cause.
M. Johnson: Deuxièmement, le choix d'un endroit
plutôt qu'un autre. Pourquoi est-ce que les gens de Toronto ou de
Vancouver viennent courir à Jonquière? C'est pour être dans
un milieu purement francophone. Jonquière a acquis, au point de vue de
l'enseignement du français langue seconde, une réputation
à la grandeur du Canada qu'on connaît, parce que ça donne
un milieu totalement d'immersion francophone à quelqu'un qui arrive de
Prince Albert ou de Saskatoon. Ça coûte plus cher que d'aller au
"technical college" local où il y a peut-être quelqu'un qui peut
lui apprendre à parler français à Saskatoon, mais ce n'est
pas du tout la même immersion. Alors, on a choisi l'immersion.
M. Léonard: m. le président, c'est quoi, le
critère pour avoir accès à de tels voyages à
toronto, qui ont l'air un peu touristiques, en passant, là, 4400 $?
M. Johnson: Ah, j'aimerais bien que ce soit touristique; il y en
a qui en entendraient parier, sauf que ce n'est pas touristique.
M. Léonard: Pourquoi ce monsieur plutôt que
d'autres? Je ne le connais pas. Je n'ai rien contre la personne, absolument
pas.
M. Johnson: Non, non. D'accord. Ça fait partie des
programmes de formation - votre président de la commission est
parfaitement au courant de ces choses-là - qui sont destinés
à nos cadres, à nos directeurs de services.
M. Léonard: Est-ce qu'il y en a beaucoup? Il y a une
grosse enveloppe budgétaire pour ces voyages de formation?
M. Johnson: M. le secrétaire peut donner des
détails, le cas échéant.
M. Léonard: Ça devrait être au
ministère de l'Éducation, ça.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats?
M. Johnson: Si vous voulez. M. Denis Bédard.
M. Bédard (Denis): Oui. Denis Bédard,
secrétaire du Conseil. Effectivement, c'est un cas unique pour aider une
personne qui, après avoir suivi des cours d'anglais sur place, à
Québec, a voulu avoir une expérience d'immersion totale
contrôlée avec des professeurs qui la suivaient et lui donner la
chance de faire une étape supplémentaire dans son apprentissage.
C'est très spécial. C'est un cadre qui est de niveau 2, qui est
très élevé, qui est appelé à poursuivre sa
carrière dans le gouvernement. Donc, c'est un investissement qu'on
faisait dans cette personne-là. Ça faisait partie du budget de
formation pour...
Le Président (M. Lemieux): Ça va, M. le
député de Labelle?
M. Léonard: Les lecteurs jugeront dans le Journal des
débats. Je pense qu'on pourrait dire la même chose de plein de
gens au gouvernement. C'est exportable comme exemple, je suppose.
Contrôle des dépenses en informatique
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Labelle. J'aurais une question à poser. Je sais
que des ministériels, le député des
Îles-de-la-Madeleine et Mme la députée de Bellechas-se
aussi, veulent intervenir. M. le président du Conseil du trésor,
vous avez laissé tomber le mot "informatique" tout à l'heure,
bien, bien, bien doucement. Je dois vous dire qu'à cette commission,
ici, on a eu l'occasion d'interroger plusieurs ministères et tout le
dossier informatique nous inquiète, d'une certaine façon,
à la fois au niveau des acquisitions et aussi au niveau des contrats de
services de professionnels dans le domaine de l'informatique. Et je vais
prendre un exemple, et je me réfère au rapport du
Vérificateur général, relativement à des
dépassements de coûts de services professionnels au niveau de
l'informatique.
Nous, ici, à cette commission, M. le président du Conseil
du trésor, on a eu à interroger différents intervenants et
on a vu des dépassements de coûts du double et parfois du triple,
c'est donc dire 150 %, 200 % et 225 %, et on a des exemples concrets. Et le
gros problème, c'est que ces justifications de coûts nous arrivent
d'une manière très raisonnable, très facile: les analyses
ont changé, en tout cas il y a toutes sortes de raisons. Il y a
même des stéréotypes qui nous sont donnés aussi au
niveau des raisons des dépassements de coûts des services
professionnels: la difficulté de recruter des professionnels
spécialisés, le maintien essentiel du support
méthodologique, l'augmentation de la complexité du projet, la
nécessité de fournir des efforts additionnels pour aider les
usagers lors de l'implantation du système. Alors, ce sont des
stéréotypes qui sont donnés comme explication. Mais on
nous dit aussi que, généralement, les gestionnaires ne sont pas
appelés à expliquer les dépassements ne requérant
pas une autorisation du Conseil du trésor et que ces dépassements
acceptés par les règles peuvent facilement devenir des
automatismes.
Ce qui est intéressant, c'est qu'on a posé souvent la
question à des hauts fonctionnaires et à des administrateurs
d'État, à savoir si, dans la majorité des contrats
examinés, les ministères avaient effectué
l'évaluation du rendement des professionnels sous contrat après
la réalisation de leur mandat. Lorsqu'on posait cette question aux hauts
fonctionnaires, la réponse était simple. D'abord, c'était
un silence d'une minute, une minute et demie, c'était des hi, ha et,
là, on devait revenir pour poser cette question et on arrivait à
des balbutiements. Ce que je veux vous dire, c'est que, selon une directive du
ministère des Approvisionnements et Services, les ministères
doivent, pour tout contrat supérieur à 10 000 $, faire
l'évaluation des services rendus dans les 60 jours qui suivent la fin du
contrat. Cette évaluation doit être faite à partir, entre
autres, des critères suivants: respect du mandat, budget,
échéancier et collaboration.
Je suis bien conscient que vous avez un
rôle à jouer dans ce secteur-là. J'aimerais aussi
que vous puissiez faire part à votre collègue des
Approvisionnements et Services que cette chose-là peut se faire. Mais ma
question est la suivante et elle est simple: Quand allez-vous mettre de l'ordre
dans les dépenses informatiques au niveau du gouvernement, M. le
président du Conseil du trésor? Est-ce qu'il y a des gestes qui
vont être posés? Est-ce qu'il y a des évaluations qui vont
être faites?
M. Johnson: Oui, je l'ai déjà évoqué.
Je vous remercie de l'intérêt que vous portez à cette
question-là. C'est un gros, gros poste de dépenses, toute la
gestion des technologies de l'information, des dizaines de millions, presque
200 000 000 $ d'achat d'équipements et de support, et 200 000 000 $ de
fonctionnement, à peu près. On parle de 400 000 000 $, le temps
de le dire, et ça doit être convenablement planifié et
encadré, ces dépenses-là. (11 heures)
J'évoquais tout à l'heure que nous avons mis sur pied - et
nous sommes un des deux membres de ce comité conjoint avec le
ministère des Communications - ce comité de révision des
technologies de l'information et de la gestion de l'information, des politiques
de gestion des technologies de l'information, d'où, incidemment, des
augmentations dans Fonctionnement, tout à l'heure, qu'on
évoquait. On a également à assurer... Et, là, je
parle d'encadrement, de l'étude pour voir comment on doit encadrer
ça et comment ça doit se planifier. Mais, au point de vue de
l'outil de planification qui existe depuis quelques années, c'est ce
plan annuel de réalisation que nous avons instauré, qui vise,
justement, à donner cette discipline à l'intérieur de tout
l'appareil, à planifier adéquatement les besoins, à
indiquer où on s'en va, à chiffrer les coûts et à
évaluer les bénéfices que l'implantation de technologies
peut représenter. C'est cet outil-là qui est le véritable
outil de contrôle et de suivi. Un nombre croissant de ministères
se sont dotés de cet outil, commencent à travailler avec celui-ci
de façon de plus en plus efficace. Mais il n'en reste pas moins que les
commentaires sont fort pertinents: il faut aller voir de façon encore
plus pointue comment tout ça est géré.
Le Président (M. Lemieux): Pourquoi pas un gel des
dépenses informatiques, comme il y a un gel des salaires des
fonctionnaires, pour un certain temps, afin d'en faire une évaluation
peut-être plus serrée?
M. Johnson: c'est assez intéressant, m. le
président; c'est le genre de chose qui me passait par la tête hier
pendant une séance du conseil du trésor.
M. Léonard: Vous auriez pu y penser avant.
M. Johnson: Comment?
M. Léonard: Vous auriez pu y penser avant de geler les
salaires.
M. Johnson: Écoutez, on ne parle pas de la même
chose, là. On ne veut pas... On parle de dépenses...
Le Président (M. Lemieux): Qu'est-ce qui vous passait par
la tête? Qu'est-ce qui vous passait par la tête? C'est ça
que je veux savoir.
M. Johnson: En termes techniques, de réduire à
zéro le seuil d'autorisation pour des dépenses en matière
d'informatique, qu'il y ait un plan annuel de réalisation ou qu'il n'y
en ait pas, c'est-à-dire de faire en sorte que toutes les
dépenses au titre des technologies de l'information passent, pour
approbation, au Conseil du trésor. On sait que les plans annuels de
réalisation visent à autoriser l'exécution et la
réalisation du plan qui a été approuvé. C'est un
peu comme la programmation budgétaire, si vous voulez.
M. Léonard: Avez-vous retenu votre idée?
M. Johnson: II y a un plan annuel et le plan annuel est soumis,
et les différents éléments peuvent être
réalisés au fur et à mesure sans en référer,
sauf à l'égard de certains seuils, au Conseil du
trésor.
Le Président (M. Lemieux): Si je comprends bien, ça
équivaut a un gel des dépenses informatiques.
M. Johnson: Ça équivaudrait à un gel des
dépenses informatiques.
Une voix: C'est plus que ça. C'est un contrôle.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que la décision
est prise, d'hier?
M. Johnson: Et un contrôle.
Le Président (M. Lemieux): Et un contrôle?
M. Johnson: Oui, oui, c'est un gel sauf autorisation du Conseil
du trésor.
Le Président (M. Lemieux): O.K. J'imagine qu'à ce
niveau-là il n'y aura pas de problème. Merci, M. le
président du Conseil du trésor. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, M. le Président. Trois brèves
questions. Sur le gel des salaires, je pense que dans le débat,
jusqu'à présent, il y a une chose dont on doit vous
féliciter, M. le
ministre. C'est rare qu'on encense des ministres ici.
M. Johnson: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: À cette commission-ci, à tout le
moins.
Le Président (M. Lemieux): Mais l'exception confirme
toujours la règle, M. le député de Labelle.
M. Léonard: L'encensoir. Voilà.
Le Président (M. Lemieux): M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Mais, quand même, ça s'est fait dans le
respect des fonctionnaires. Il n'y a pas eu de campagne de dénigrement
des fonctionnaires et ça, je pense que c'est tout à fait
important. Je pense que le débat se situe au niveau de la
capacité financière, de la capacité budgétaire
gouvernementale, et non pas sur la valeur réelle au niveau des
individus, des personnes. En ce qui me concerne, j'ai apprécié
ça. Relativement à tout ça, est-ce que ça a
été étudié dans un éventuel gel, qui
pourrait être... Je suis content d'apprendre aussi qu'il y aura des
négociations, je pense que c'est important également. Est-ce que
ça a été évalué un peu, peut-être, la
démotivation qui est reliée à tout ça au niveau des
individus, au niveau d'un effet sur la productivité? Je ne sais pas si
c'est, entre guillemets, calculable, ces choses-là, mais
déjà, quand même, de ne pas avoir fait de campagne de
dénigrement, ça va dans le bon sens, je pense. Mais est-ce que,
quand même, ça a été calculé, cet
effet-là? En fin de compte, c'est un peu comme le taux des rendements
décroissant. D'une part, j'ai ça comme question.
Intégration des personnes handicapées et
des allophones à la fonction publique
Deuxièmement, au niveau du programme d'intégration des
personnes handicapées et des ailophones à la fonction publique,
est-ce qu'on pourrait avoir l'état de la situation de ce
programme-là? D'ailleurs, lorsqu'on a eu des consultations ici, suite
à notre enquête sur la fonction publique, l'Association des
personnes handicapées était venue nous dire, en tout cas,
qu'elles se sentaient, quand même, lésées là-dedans
ou que les objectifs gouvernementaux ne semblaient pas être suivis, du
moins à la lettre. Alors, j'aimerais avoir tout un état de la
situation.
Le Président (M. Lemieux): Du moins la directive du
Conseil du trésor qui existe.
M. Johnson: II y a un plan d'accès. Dans le cas des
handicapés, on parle d'un plan d'accès à
l'égalité.
M. Farrah: Mais, en termes pratico-prati-ques, concrets, c'en est
rendu où?
M. Johnson: Un plan d'embauché pour les
handicapés?
M. Farrah: Handicapés et ailophones. Deuxième
question...
M. Johnson: Pour les communautés culturelles, il y a
un...
M. Farrah: C'est la deuxième question. La
troisième, c'est concernant le rapport sur la fonction publique que la
commission a déposé il y a quelques mois. J'aimerais avoir
à ce moment-ci votre opinion sur ledit rapport. Est-ce qu'il a
influencé ou est-ce qu'il pourra peut-être éventuellement
influencer des politiques du Conseil du trésor? C'est tout pour
l'instant, M. le ministre.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor, relativement aux personnes handicapées, ce
qu'on veut dire, c'est qu'il y a une directive - et Mme Saint-Cyr me corrigera
-je pense, au Conseil du trésor là-dessus - je ne sais pas si
elle est imperative, je pense qu'elle n'est pas imperative, mais elle est
très suggestive - à l'effet que chacun des ministères ou
organismes devrait avoir un certain nombre de personnes handicapées sous
son autorité. C'est un moyen problème. J'ai eu l'occasion d'en
parler à M. le président de l'Office des ressources humaines
relativement à quelques handicapés. Les ministères ne
veulent pas les voir et on a de la difficulté à leur faire
comprendre que cette directive-là existe. Ce que les ministères
nous disent, ils apportent l'argumentation de la productivité. Il est
évident que, quand on engage un paraplégique, il faut tenir
compte de l'attribution de l'emploi qu'on lui donne.
J'aimerais, M. le président du Conseil du trésor, attirer
votre attention là-dessus et peut-être sensibiliser vos
collègues. C'est peut-être, d'une certaine façon,
humanitaire, mais je pense qu'aussi ces personnes handicapées là,
eu égard à des fonctions bien précises, peuvent jouer un
rôle important. En ce sens-là, j'ai même déjà
demandé à votre homologue, M. Gobeil, s'il respectait
lui-même cette directive-là au Conseil du trésor, je m'en
souviens très bien, en 1986, je crois, et M. Gobeil avait répondu
que même le Conseil du trésor était en dessous de la norme
fixée par lui-même. Je ne sais pas si c'est la même chose
aujourd'hui. C'est simplement pour vous sensibiliser à cet
aspect-là.
M. Farrah: Merci, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): De rien, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Johnson: Alors, il y a trois questions en tout, dans le fond.
La dernière du député des Îles-de-la-Madeleine
visait la réponse éventuelle aux travaux et recommandations de la
commission à l'égard de la Loi sur la fonction publique. C'est
ça? J'indiquais tout à l'heure que nous sommes
littéralement en voie de formuler, au Conseil du trésor, la
réponse de façon organisée et complète. J'ai
évoqué tout à l'heure les deux éléments de
fond qui m'apparaissaient devoir faire partie de cette
réponse-là, c'est-à-dire maintien de la
décentralisation comme caractéristique de la gestion des
ressources humaines, d'une part, mais maintien en même temps, je dirais,
de ce symbole de l'importance qu'on accorde, au gouvernement, à la
fonction de gestion des ressources humaines en logeant la responsabilité
ultime non pas dans un ministère sectoriel comme c'était
autrefois le cas, mais bien dans un organisme central. On pourrait s'entendre
sur ce que c'est un organisme central; c'est vrai que le Conseil du
trésor en était un. La commission a d'autres recommandations
à ce sujet-là. Il s'agit de voir, à mon sens, avec cette
pierre de touche, quelle sera la réponse que ça dicte aux
recommandations venues d'un travail considérable de la commission et
qui, à mon sens, et je l'ai déjà indiqué,
pourraient souffrir, pourraient peut-être faire l'objet de certaines
précisions pour certaines des données, etc. Mais on ne
s'enfargera pas dans les fleurs de ce tapis-là.
Deuxièmement, le gel comme tel et son impact sur la motivation.
Oui, effectivement, d'une part, je n'ai pas choisi, comme je l'avais
déjà vu lorsque j'étais dans l'Opposition, d'employer une
campagne de dénigrement sur le dos des employés du secteur
public, ils sont...
M. Léonard: On les a dénigrés?
M. Johnson: Le député de Labelle n'était
peut-être pas toujours à l'Assemblée nationale pour
écouter les discours de ses collègues à l'époque,
mais je me souviens du vice-président du Parti québécois,
Bernard Landry, qui a commis, pour moi, les grands, grands discours les plus
négatifs sur le dos de la fonction publique qu'il m'ait jamais
été donné d'entendre, à l'occasion des
décrets en 1982-1983. Alors, c'est le genre de chose qu'il ne faut pas
répéter comme institution, surtout que c'est sans objet et
c'était totalement non mérité. On a dans le secteur public
des gens dévoués qui se conforment aux objectifs gouvernementaux
de prestation de services à un taux de rémunération qui,
ma foi, est comparable à ce qui se paie dans le secteur privé. Je
pense qu'on peut dire ça, là, sans exagérer. Et, à
partir de ce moment-là, si on a fait ce constat-là, que le
travail est bien fait et qu'il est rémunéré compte tenu de
la valeur de l'emploi, il n'y a plus grand place, là, pour se chicaner,
prétendre que les gens sont trop payés, qu'ils ne font pas leur
job, etc. Alors, le défi, c'est entendu, dans une conjoncture où
des gens sentent qu'ils sont les seuls à être mis à
contribution pour réaliser des équilibres financiers, c'est,
évidemment, de les motiver afin qu'ils fassent leur travail de la
façon dont ils nous ont habitués à le faire.
Ce que je veux dire et, dans le fond, ce qu'on essaie de faire ressortir
là - et je le dis et comme président du Conseil du trésor
et comme responsable d'un organisme central qui a, justement, M. le
Président de la commission, à être au carrefour de la
gestion des ressources matérielles, financières et humaines -
c'est qu'il faut faire des choix parmi toutes ces choses-là pour voir
comment on réalise les équilibres financiers. Et le dernier,
dernier, dernier élément qui est mis à contribution, c'est
celui de la rémunération du secteur public. Je le redis, il y a
eu, au point de vue fiscal, de façon immédiate, des gestes que le
gouvernement a posés afin de réaliser ces équilibres. On
ne s'en cache pas, l'assiette fiscale locale a servi pour le scolaire, pour le
transport en commun et pour d'autres fins municipales, d'une part. On ne s'en
cache pas. On n'a pas essayé de passer 800 000 000 $ en dessous de la
table. Ça fait partie du débat public. C'est une voie qu'on a
empruntée: 800 000 000 $, comme l'Opposition se plaît à le
redire, ce n'est pas rien, là.
Deuxièmement, je ferai remarquer que le ministre des Finances a
indiqué que le déficit va être de 700 000 000 $, 800 000
000 $ plus élevé que prévu. Là, c'est parti, c'est
notoire, un autre 800 000 000 $. Ça, ce sont des impôts pour plus
tard. Alors, les contribuables, ils commencent à être mis à
contribution, merci beaucoup, là. Il reste pour 243 000 000 $,
là, d'une part, sur la base de l'année actuelle, et à peu
près aussi 800 000 000 $ sur une pleine année, dans la
proposition qu'on fait, une contribution, entre guillemets, du secteur public
dans le sens d'une non-augmentation des salaires. Et, même là, je
dois faire remarquer qu'il y a un forfait au titre de la protection de
l'inflation reliée à la TPS qui est payé et qui n'est pas
payé ailleurs. Alors, les conditions de travail sont comparables et la
dernière chose qu'on a voulu faire, c'est toucher à la
rémunération de nos gens.
Alors, je pense que, quand on met tout ça en perspective, ils
s'aperçoivent que tout le monde est mis à contribution:
l'assiette fiscale locale, l'assiette fiscale générale et la
rémunération du secteur public qui est un miroir - c'est
l'expression que j'emploie - de la capacité de payer de l'ensemble de la
société. Donc, il me semble qu'on a fait, tout le monde, notre
effort, à ce moment-là. Bien, là, il me semble que,
lorsqu'on s'aperçoit qu'on n'est pas tout seul à
contribuer, peut-être que l'aspect de démotivation devrait
être mis dans une perspective un peu plus large qui vient un peu
améliorer la situation ou la perception qu'on a de sa propre valeur.
c'est ça qui est en cause dans une démotivation, d'avoir une
mauvaise image de sa valeur ou de penser que les autres en ont une mauvaise.
or, lorsqu'on dit: bien, tout le monde est mis à contribution, voici
l'ampleur de la contribution, on dit: ah bon, c'est correct, on passe comme les
autres. on n'est pas à part des autres, on n'est pas pire, on passe
comme les autres.
Le programme d'embauché des allophones et des personnes
handicapées, peut-être que mon secrétaire associé
aux politiques de personnel et relations de travail se ferait un plaisir
d'expliquer ça.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier
pour les fins de l'enregistrement du Journal des débats?
M. Crête (Michel): Michel Crête. Alors, je voudrais
vous lire simplement le dernier élément du Recueil des politiques
de gestion qui sont émises par le Conseil du trésor. On dit donc:
"À inciter de façon particulière les ministères et
organismes ne comptant pas un minimum de 2 % de personnes handicapées
parmi leur effectif à prendre les dispositions nécessaires pour
atteindre l'objectif."
Le Président (M. Lemieux): Est-ce qu'il y a un suivi qui
est fait du Conseil du trésor?
M. Crête: Oui, absolument.
M. Johnson: oui, absolument, un suivi. ça fait partie du
suivi de gestion des différents ministères.
M. Farrah: Est-ce que ça convient... Ul-timement, on dit 2
%...
Le Président (M. Lemieux): C'est donc dire que vous
êtes en mesure de nous dire si chacun des ministères rencontre ce
critère-là.
M. Johnson: À 2 %?
M. Farrah: Oui, c'est ça.
M. Johnson: Oui, absolument.
M. Farrah: Vous avez le tableau comparatif ministère par
ministère? (11 h 15)
Le Président (M. Lemieux): est-ce que ce serait possible
de le faire parvenir à la commission, si vous avez ce tableau comparatif
là, pour que nous puissions agir, nous, sur certains
ministères?
M. Farrah: Et interroger les ministères qui passent ici
devant nous.
M. Johnson: Oui, par ministère.
Le Président (M. Lemieux): Et organismes.
M. Johnson: Page 45, on l'a global, là, dans les
renseignements...
Le Président (M. Lemieux): Si c'est possible de l'avoir de
façon sectorielle.
M. Johnson: Non, ça, c'était à moi. Je peux
vous envoyer copie de ça. On va le faire avec plaisir.
Le Président (M. Lemieux): C'est possible? Alors, on vous
remercie. Mme la députée de Bellechasse.
Mme Bégin: Merci, M. le Président. Une voix:
Le problème de l'identification.
M. Johnson: Oui. Il reste un problème. Je m'excuse,
madame.
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui.
M. Johnson: II y a toujours le problème de
l'auto-identification des gens qui - enfin, on s'y fie pour les fins de
statistiques, là - cochent oui ou non, selon qu'ils sont inscrits dans
une... Se définissent comme handicapés eux-mêmes? Alors,
nécessairement, c'est sous-évalué, ça, moi, je
dirais. Il suffit qu'il y ait une personne qui coche non au lieu de oui,
puis...
Une voix: Quand ils sont intégrés, ils ont tendance
à...
Le Président (M. Lemieux): Vous dites: Quand ils sont
intégrés, ils ont tendance à ne plus s'identifier comme
personnes handicapées.
M. Johnson: Oui. Évidemment, plus quelqu'un est à
intégrer...
Le Président (M. Lemieux): D'accord. Ça va. Alors,
on va faire cette vérification-là. Mme la députée
de Bellechasse.
Réduction des dépenses de la
santé
Mme Bégin: Merci, M. le Président. M. le
président du Conseil du trésor, vous avez laissé
sous-entendre tantôt qu'il y avait peut-être un manque à
gagner au niveau du gouvernement du Québec de 1 500 000 000 $. Vous avez
dit que, présentement, le ministre des Finances a déjà
identifié un manque à gagner de 800 000 000 $ et qu'il
prévoit 700 000 000 $. Du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre. Si ce
n'est pas ça, veuillez me corriger. Pour essayer de résoudre ces
difficultés, naturellement, on a entendu dire qu'il y avait un gel des
salaires qui s'en venait. Moi, je voudrais savoir si, au niveau de la fonction
publique comme telle et au niveau des ministères... Vous avez
parlé tantôt de l'informatique où il y a des choses qui se
font, mais vous avez parié aussi que les dépenses de la
santé dépassaient l'inflation. Est-ce que vous avez des solutions
où vous essayez de diminuer les dépenses de la santé,
où vous prévoyez aller chercher des revenus
supplémentaires? Là, je ne le sais pas, mais on a un
problème, puis...
Une voix: La gratuité.
Mme Bégin: La gratuité ou des choses comme
ça, le ticket modérateur, parce que les gens, je pense, du moins
dans nos comtés, semblent tous d'accord avec un ticket
modérateur. Moi, je vous demande si ça peut être
envisagé.
Le Président (M. Lemieux): Comme la question de Mme la
députée de Bellechasse est assez claire, est-ce que vous pourriez
être bref pour permettre peut-être au député de
Labelle de revenir avec des questions, puisqu'on doit faire adopter les
crédits à il h 26 à peu près?
M. Johnson: Oui, il faut limiter les dépenses dans le
secteur de la santé. C'est un des facteurs d'explosion des
dépenses, c'est un des facteurs de la récurrence, un des morceaux
du 1 000 000 000 $ et plus; il y a 700 000 000 $ qui reviennent toujours,
notamment à cause de la santé. Je suis heureux de voir que la
plupart des gens dans votre comté souhaitent qu'on fasse quelque chose
et, lorsque la plupart des gens dans la plupart des comtés vont
souhaiter ça, on va être pas mal plus proches de la
réalisation de ce souhait-là.
Encore une fois, il faut comparer nos conditions avec celles qu'on
retrouve un petit peu autour de nous au titre de certains services
complémentaires de la santé. Déjà, le ministre de
la Santé a évoqué une contribution santé qui vise,
justement, à signaler aux gens que ça coûte quelque chose
et qu'on devrait peutnêtre modérer nos appétits, et
qu'à tout le moins ils devraient, s'ils consomment, contribuer quelque
peu au coût de la santé. Il y a plusieurs dizaines de millions
là-dedans, selon le ministre de la Santé.
Il y a d'autres voies qu'on devra nécessairement, et c'est la
perspective que j'ouvre en terminant... On devra nécessairement regarder
du côté des services publics comment signaler aux consommateurs de
services la rareté de cette ressource, son prix de plus en plus
exorbitant et, donc, trouver des façons originales de réduire le
coût des services publics sans en affecter la qualité ou la
couverture essentielles.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: M. le Président, je reprends la
dernière remarque du président du Conseil du trésor: on
devra regarder les mesures à prendre. Le problème, c'est qu'il
n'a pas regardé les mesures à prendre et qu'il a gelé les
salaires. Donc, il a pris une décision parce qu'il y a eu carence dans
le contrôle des dépenses. C'est notre point de vue sur toute cette
question et qu'on ne nous ramène pas 10 ans en arrière pour
s'excuser des injustices qui sont commises actuellement. Ça, c'est
vraiment une autre chose.
Je voudrais, puisqu'il ne reste que quelques minutes, M. le
Président, relever encore quelques points particuliers qui ont
attiré notre attention sur le contrôle des dépenses. Dans
l'administration même du Conseil du trésor, par exemple, on donne
un contrat pour déchiqueter du papier, 3630 $ - toutes sortes de trucs
qui se passent -à une entreprise, Prosbred Security. Bon, on donne
ça. Je crois qu'il dit: J'ai un petit budget de 25 000 000 $, 26 000 000
$, mais, dès qu'on gratte les choses une par une, on trouve toutes
sortes de choses comme ça. Je sais que ça le fait sourire, 3630
$, mais ce sont les taxes qu'un contribuable à salaire ordinaire paie.
Il doit payer ça. Alors, c'est des taxes, des revenus en provenance d'un
contribuable. Je ne sais pas comment le Conseil du trésor ou le
président va justifier ça. Peut-être que, lui, il va dire
qu'il n'est pas au courant de ça; c'est trop loin de lui-même.
Bref, je souligne des choses comme celle-là; on pourrait les prendre une
par une.
Remboursement d'une rente anticipée
Par ailleurs, M. le président du Conseil du trésor, une
autre question que je voudrais adresser à la CARRA et qui touche
à un citoyen dont le cas a été relevé dans les
journaux récemment. Peut-être que vous ne l'avez pas vu, il s'agit
d'une Mme Bélisle. Je pourrai donner les coordonnées. Mais cette
dame a pris sa retraite - juste pour indiquer qu'il y a peut-être un
problème de structure, de système - à 62 ans et demi. Elle
a pris une retraite anticipée et elle devait rembourser, à partir
de 65 ans, à raison de 300 $ par mois. Et la question qui a
été posée - c'est une journaliste, Mme Richer, du
Journal de Montréal, qui suit cette question-là - c'est
qu'on lui a demandé de rembourser, mais il paraît que ces 300 $
vont être demandés à vie et ça pose un
problème. J'ai fait sortir le projet de lot ou de réglementation
où on dit que la CARRA, la Commission, va procéder à une
réduction pour récupérer la rente relative à
l'anticipation de la pension de sécurité de la vieillesse, mais
il paraît que la loi ou la régie-
mentation ne le permet pas. J'attire votre attention là-dessus
parce que ça touche un citoyen très précisément,
que je ne connais pas, moi, personnellement, mais qui a soulevé son
cas...
Une voix: Une retraite anticipée.
M. Léonard: Oui, deux ans et demi. Mais, là, il
paraît, contre une réduction possible, mais qu'elle va devoir
payer ultérieurement sa vie durant.
M. Johnson: Oui, oui, évidemment, c'est normal, c'est
actuariel, ça.
M. Léonard: Oui, mais...
M. Johnson: Non, mais c'est actuariel. Il n'y a rien à
faire. Ça va vous arriver, à vous aussi, si jamais vous
décidez de prendre certaines rentes ou certaines prestations avant le
temps, selon les régimes de retraite en vigueur, y compris l'atteinte de
65 ans en raison de la vieillesse, et les pensions de vieillesse et le
Régime de rentes...
M. Léonard: Peut-être que le président de la
Commission pourra nous répondre là-dessus.
M. Johnson: M. Sanschagrin peut vous donner... Absolument, avec
plaisir.
M. Léonard: Mais il me semble que, dans des cas
particuliers comme ça, il s'agit presque de contrat individuel et, un
coup qu'on a récupéré la somme, ça devrait se
terminer la. Enfin.
Et il y a l'autre question que je pose sur le contrôle des
contrats, petits, moyens et grands, à l'intérieur de
l'administration du Conseil du trésor, qui fait que son contrôle
des dépenses, en ce qui concerne les dépenses autres que les
salaires, laisse à désirer, simplement.
M. Johnson: Affirmation non fondée.
Le Président (M. Lemieux): Alors, M. Sanschagrin,
voulez-vous vous identifier pour les fins de l'enregistrement du Journal des
débats?
M. Sanschagrin (Michel): Oui, Michel Sanschagrin. En 1987, lors
d'une négociation, on a permis à des gens qui prenaient leur
retraite avant l'âge de 65 ans d'anticiper la pension de
sécurité de la vieillesse, mais sur une base
d'équivalence. C'est-à-dire que, si on grossit leur rente pour
compenser le fait qu'ils n'ont pas droit à la pension de
sécurité de la vieillesse maintenant, plus tard on va leur
récupérer les montants qu'on a versés jusqu'à
l'âge de 65 ans. Or, une personne, par exemple, pourrait se voir
attribuer 250 $ au chapitre de l'anticipation de la pension de
sécurité de la vieillesse jusqu'à l'âge de 65 ans.
À 65 ans, il faut compenser pour les montants qu'on lui a versés.
Donc, la réduction totale de la rente qu'on fera à 65 ans sera
composée de deux éléments. Le premier, c'est qu'on va
enlever les 250 $, parce que la pension de sécurité de la
vieillesse devient payable, et on va ajouter une réduction additionnelle
pour compenser les montants qu'on a déjà versés, donc un
autre 50 $, par exemple. Et cette récupération-là se fait
à vie pour ne pas avoir des revenus qui fluctuent encore dans le temps,
maintenant que tout s'est stabilisé. Donc, le montant peut
paraître gros, de la réduction de 300 $, mais il est
composé du fait qu'il y a la récupération de la pension de
sécurité de la vieillesse incluse à
l'intérieur.
M. Léonard: Bien, est-ce que je peux...
M. Johnson: Le niveau de revenu mensuel de la personne, comme
tel, ne peut pas être affecté de 300 $ par mois.
M. Sanschagrin: Non.
M. Johnson: En réalité, c'est une personne qui
reçoit, finalement, la pension de sécurité de la
vieillesse; on la payait en attendant, nous. Alors, là, on ne paie plus
et il y a une équivalence et, après ça, on se rembourse.
Écoutez.
M. Léonard: Je n'accuse pas le gouvernement...
Le Président (M. Lemieux): Non, non.
M. Léonard: ...en l'occurrence. Je pense qu'il y a, quand
même, une carence, à mon sens, importante. Avant 65 ans, j'ai le
montant qu'elle recevait, 1750 $ de rente, de retraite de toute espèce
et, à partir de 65 ans, elle va recevoir 1249 $. L'ensemble de
l'opération lui fait perdre 500 $ par mois. Je pourrai vous donner les
chiffres. Vous voyez qu'une personne peut prendre peut-être une mauvaise
décision, mais je pense qu'elle a peut-être eu de mauvaises
explications ou je ne sais pas. Ça m'apparaît exorbitant!
Ça m'apparaît exorbitant!
Le Président (M. Lemieux): m. le ministre, m. le
président du conseil du trésor, si vous permettez. est-ce que
vous permettez, m. le président du conseil du trésor? m. le
président de la carra avait levé la main. oui, allez-y.
M. Johnson: Allez-y, oui.
M. Sanschagrin: Michel Sanschagrin. Il faut savoir qu'à 65
ans, dans le cas d'une personne qui anticipe la pension de
sécurité de la vieillesse, il y a deux réductions qui vont
s'opérer: celle dont j'ai parlé il y a un instant et,
également, l'intégration avec le Régime de rentes du
Québec parce que cette dame-là ou cette per-
sonne-là ayant travaillé, elle va également - et
c'est la formule de prestations qui est construite comme ça - devoir
avoir une réduction de sa rente pour compenser le fait
qu'également sa rente du Régime de rentes devient payable. Donc,
lorsqu'on jumelle ces deux éléments-là, on arrive avec des
réductions de l'ampleur que vous avez mentionnée. If reste
qu'à 65 ans cette personne-là est devenue admissible, si elle ne
l'avait pas demandé avant, à sa rente du Régime de rentes
du Québec et à sa pension de sécurité de la
vieillesse. La pension de sécurité de la vieillesse, par exemple,
actuellement, est autour de 325 $ et la rente du Régime de rentes, bien,
comme elle est liée à la durée d'emploi de cette
personne-là, non seulement dans le secteur public, mais dans l'ensemble
des secteurs public et privé au Québec, bien, à ce
moment-là, va refléter sa carrière totale. Je ne suis pas
en mesure de dire quel montant elle peut recevoir du Régime de
rentes.
M. Johnson: Sans prétendre à la
vérité des chiffres, c'est comme si, nous, on avait payé
1500 $ par mois pendant des années, y compris certaines anticipations de
prestations, et, lorsque l'âge de 65 ans arrive, nous, on tombe à
1200 $. Mais, pendant ce temps-là, le fédéral verse une
pension et le Régime de rentes en verse aussi. Il ne faut pas juste
regarder le revenu de notre source, à nous; il faut regarder les revenus
de toutes sources, à un moment donné.
M. Léonard: Non, non. Dans les chiffres que je vous ai
donnés, je comprenais la pension de sécurité de la
vieillesse...
M. Johnson: Ses revenus de toutes sources?
M. Léonard: De toutes sources, de toutes sources, une
baisse de 500 $.
M. Johnson: Bien, ça n'a quasiment pas de bon sens.
M. Léonard: Je pourrai vous donner les chiffres. C'est
très gros. Ça me paraît exorbitant.
M. Johnson: On va vérifier. On va vérifier. Et on
peut répondre pour le déchiquetage aussi.
M. Léonard: Oui.
M. Johnson: On peut avoir quelqu'un qui déchire nos
documents confidentiels à la main, ça va coûter au minimum
28 000 $...
M. Léonard: Pourquoi s'adresser à des...
M. Johnson:... au lieu de 3600 $. C'est implanté un peu
partout.
M. Léonard: Ça vous coûte 28 000 $ à
l'intérieur.
M. Johnson: ii y a d'immenses caisses qui reçoivent le
papier recyclable à caractère confidentiel, qui est
ramassé de façon systématique par une entreprise qui
déchiquette et recycle ce papier. c'est une économie fantastique,
et pour le trésor, et pour le contribuable, et pour l'environnement.
Le Président (M. Lemieux): m. le président du
conseil du trésor, voulez-vous voir vos crédits
adoptés?
M. Johnson: Avec plaisir.
Le Président (M. Lemieux): Je dois vous interrompre.
Alors, 30 secondes, M. le député de Hull, parce que j'ai trois
minutes et demie.
M. LeSage: Merci, M. le Président. Tout simplement pour
renchérir sur les propos de la députée de Bellechasse et
demander au ministre de bien vouloir étudier la possibilité
d'instaurer, dans les plus brefs délais, un ticket modérateur et
de s'inspirer, non pas jusqu'à l'exigence...
Une voix: C'est sectoriel.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Hull.
M. LeSage:... de l'Alberta, alors qu'en Alberta, par exemple...
Une voix: Ça fait deux comtés sur 125.
M. LeSage:... on demande aux contribuables de verser 40 %.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Hull.
M. LeSage: Moi, je suis d'avis que l'on doit instaurer, dans les
plus brefs délais, un ticket modérateur, M. le
Président.
Adoption des crédits
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Hull. Maintenant, nous passons à l'adoption des
programmes. Est-ce que les crédits du programme 1, Gestion
budgétaire et politiques administratives, sont adoptés?
M. Johnson: Adopté. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que les
crédits du programme 1, Commission administrative des régimes de
retraite et d'as-
surances, sont adoptés? Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que les
crédits du programme 2, Commission de la fonction publique, sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que les
crédits du programme 3, Office des ressources humaines, sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que les
crédits du programme 4, Contributions du gouvernement à titre
d'employeur, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que les crédits
du programme 5, Régime de retraite des enseignants, sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits budgétaires du Conseil du trésor et
des organismes relevant du ministre délégué à
l'Administration et à la Fonction publique pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1992 sont adoptés?
M. Léonard: Sauf le gel.
Le Président (M. Lemieux): Ils sont adoptés.
Adopté.
Alors, je voudrais vous remercier, M. le président du Conseil du
trésor. Seulement, peut-être, une remarque bien rapide.
J'espère que les quelques remarques que vous avez faites relativement au
rapport de la commission du budget et de l'administration
n'équivaudraient pas à un rejet de ce rapport après que
les différents syndicats, la Commission de la fonction publique,
l'Office, le Contrôleur, le Vérificateur et le Protecteur du
citoyen, de même qu'une adoption unanime par les membres de cette
commission de ce rapport... J'espère qu'il sera pris en
considération.
M. Johnson: Absolument, M. le Président. Absolument.
Le Président (M. Lemieux): Et, là-dessus, je
remercie M. le ministre, les membres de cette commission et, si vous avez
quelques commentaires finaux...
M. Léonard: Oui. Je voudrais remercier les fonctionnaires
qui sont venus ici ce matin, en particulier. Nous n'avons pas tellement
parlé d'eux, bien qu'il s'agissait de leur travail tout le temps et,
quant à moi, j'ai toujours eu beaucoup d'estime pour la
compétence du Conseil du trésor et de ses organismes. Je le dis
très nettement.
Le Président (M. Lemieux): M. le président du
Conseil du trésor, en conclusion.
M. Johnson: M. le Président, je me joins au
député de Labelle pour reconnaître que, si on performe de
cette façon-là, ce n'est pas grâce à nous, c'est
grâce à eux.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lemieux): Alors, je remercie les membres
de cette commission et nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 30)