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(Quinze heures trente-neuf minutes)
Le Président (M. Houde): la séance est ouverte,
ouverture des travaux. la commission du budget et de l'administration est
réunie afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère du revenu pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1991. m. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplaçants?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet) remplacera M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine) et M.
Houde (Berthier) remplacera M. Forget (Prévost).
Le Président (M. Lemieux): Alors, relativement à
l'organisation des travaux, une période de trois heures à
été allouée pour l'étude de l'ensemble des
programmes relevant du ministère du Revenu. Relativement à la
procédure que nous allons élaborer, voici les deux choix. Nous
pouvons procéder par l'étude de chacun des programmes selon
l'ordre du livre des crédits ou tout autre ordre convenu, avec adoption
à la fin du débat sur chacun des programmes. Nous pouvons aussi
convenir d'une période de temps pour chaque programme ou pour un
ensemble de programmes. Ou nous pouvons procéder de la façon
suivante: une discussion d'ordre général avec une période
à la fin de la séance afin de procéder à la mise
aux voix des trois programmes. Quelle que soit l'évolution de nos
travaux, ce qui est important, je vous avise que 10 minutes avant la fin de la
séance, je procède à la mise aux voix des programmes.
Alors, j'aimerais savoir quelle formule vous désirez utiliser. Est-ce
que c'est une discussion d'ordre général, avec une période
à la fin de la séance, ou l'étude de chacun des programmes
selon l'ordre du livre des crédits?
M. Beaulne: La troisième option.
Le Président (M. Lemieux): II n'y a pas de
troisième option.
M. Beaulne: Bien, la dernière. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Lemieux): Merci. Alors, une discussion
d'ordre général avec une période à la fin de la
séance, afin de procéder à la mise aux voix des trois
programmes. Vous avez bien compris, M. le députe de Bertrand, que je
devrai vous interrompre 10 minutes avant la fin de la séance, afin
d'appeler la mise aux voix de l'ensemble des programmes.
Alors, nous allons maintenant procéder à la
déclaration d'ouverture. Je permettrais à M. le ministre, dans un
premier temps, soit pendant une période de 20 minutes, de faire des
remarques préliminaires et, par la suite, le député de
Bertrand disposera du même temps, soit une période de 20 minutes,
pour des remarques préliminaires. M. le ministre, la parole est à
vous.
Remarques préliminaires M. Yves
Séguin
M. Séguin: Oui, merci, M. le Président. J'ai le
plaisir de retrouver les membres de la commission que j'ai connus, pour
plusieurs, dans un autre moment comme membre, moi aussi, de la commission. Je
suis accompagné des principaux collaborateurs du ministère qui
peuvent éclairer sur certains points techniques. Il y a à ma
gauche, M. Angers, sous-ministre. Ce sera peut-être un peu long de tous
les nommer, mais au fur à mesure que certains intervenants pourront
être utiles, on indiquera ceux qui pourront prendre la parole. Je suis
également accompagné du président de la Régie des
loteries et courses du Québec, M. Savard, pour le programme qui
intéresse la Régie des loteries et courses.
Écoutez, M. le Président, sans trop de formalisme et sans
trop non plus de détours, en préliminaire comme ça, sur
l'étude de nos crédits une fois par année, je pense qu'il
est intéressant d'indiquer un peu ce qu'on envisage ou enfin les lignes
directrices qui nous guident, au ministère, pour la prochaine
année. Quoique le ministère du Revenu ne puisse pas beaucoup
sortir des pistes qu'il connaît, étant donné sa mission
bien spécifique et une marge de manoeuvre relativement serrée,
bien sûr, notre grande orientation est toujours la simplification, faire
tous les efforts possibles pour maintenir les améliorations que nous
avons faites au cours des dernières années et qui d'ailleurs
étaient commencées dans les années quatre-vingt et qui se
sont, année après année, amplifiées, bien
sûr, et doublées du souci du service à la clientèle.
Je pense que ce sont les deux objectifs majeurs qui sous-tendent toute notre
philosophie d'intervention dans les autres préoccupations que nous
avons.
Je pense que c'est de toujours maintenir la simplification de nos
rapports - et quand je dis "rapports", ce n'est pas juste les rapports
d'impôt, mais les relations aussi - que le contact, que les
échanges avec les contribuables soient les plus simples, les plus
respectueux possible, du fait que c'est l'administration de l'État qui
s'adresse à un citoyen, avec le plus
grand respect possible pour le service que nous devons rendre aux
citoyens, aux contribuables et, évidemment, comme je l'ai dit
tantôt, ce souci, d'une part, de cette qualité de relations, qui
doit se faire aussi dans la simplification. alors, nos formulaires, c'est bien
connu, sont pour tous et, dans tous les pays, je pense que c'est la même
difficulté... nous avons près de chez nous le gouvernement
fédéral avec lequel on peut se comparer, les états
américains, les principaux états d'europe avec lesquels, chaque
année, on peut examiner. et c'est certain que le rapport d'impôt
des individus est probablement la pièce, le document le plus important
que les contribuables connaissent, lequel, une fois par année, dans le
temps de l'impôt, ils doivent compléter. on s'est attaqué
là-dessus il y a deux ans, on a développé un rapport
simplifié d'une feuille, deux pages recto-verso. nous avons franchi la
deuxième année, et je dois dire que nous l'avons fait avec
beaucoup de satisfaction, cette année, dans le sens que ça s'est
fait sans anicroche, sans difficulté. c'est maintenant entré dans
les moeurs fiscales, si je puis dire. les contribuables sont maintenant
acclimatés à ce changement. je suis convaincu maintenant que le
rapport simplifié est là pour rester. il va demeurer ce qu'il
est. il va devenir plus ancré que jamais probablement l'année
prochaine. évidemment, le remboursement anticipé qui était
aussi dans sa deuxième année s'est avéré
exceptionnel. nous avons remboursé plus de 900 000 chèques dans
ce programme de remboursement anticipé à autant de contribuables,
évidemment au moment où je vous parle. et probablement que quand
nous aurons terminé le 15 juin, quelque chose comme ça, nous
aurons franchi le million de chèques expédiés à un
million de québécois dans ce système de remboursement
anticipé. donc, bravo, je pense que pour les contribuables, on s'en
félicite.
Je signale, d'ailleurs, qu'il y a beaucoup moins de plaintes que ce que
j'ai déjà connu moi-même au ministère du Revenu il
n'y a pas deux ou trois ans. Je pense que cette année, même s'il y
a encore des problèmes, bien sûr, je ne dis pas que le
ministère du Revenu est le Club Med des contribuables, mais il y a quand
même beaucoup moins d'irritants, beaucoup moins de plaintes
portées à ma connaissance ou aux services du ministère. Et
tant mieux. Je pense que c'est dû à l'amélioration quand
même de nos services. Et je pense que le programme de remboursement
anticipé a beaucoup aidé dans la diminution des problèmes
rencontrés par les contribuables.
Évidemment, on demeure alertes, on demeure vigilants et on
reçoit toujours à l'occasion des représentations de
contribuables. On essaie d'être sensibles et de les corriger dans la
mesure du possible tout en tenant compte que nous avons une administration qui
est très importante pour l'État. Le ministère du Revenu
collecte environ 25 000 000 000 $ par année, donc, c'est l'argent de
l'État du Québec. On a une responsabilité, d'un
côté, à toujours s'assurer que nous faisons l'application
des lois parce que nous avons plusieurs lois. Nous avons 23 lois à
administrer. Évidemment, la Loi sur les impôts, la principale. Et
nous faisons cette application avec le souci d'être le plus juste
possible pour les contribuables et, en même temps, le plus juste possible
pour l'État, donc à s'assurer que nous prélevons ce qui
est prévu dans la loi. je dois dire, m. le président, qu'on a
essayé d'être le plus favorable aux contribuables dans le
bénéfice du doute, quelquefois, que la loi fait apparaître
et nous essayons, dans la mesure du possible, d'être le plus correct
possible avec les contribuables et c'a amené une diminution, je dois
dire, des irritants dans l'application du système. nous avons, par
ailleurs, développé des rigueurs très certaines dans
certains domaines où il nous semblait que l'évasion fiscale
atteignait des sommets ou des activités que nous ne pouvions plus
ignorer. nous avions commencé, à l'époque, dans le tabac,
ensuite dans le carburant, et maintenant dans les boissons alcooliques.
Ce sont de grandes opérations d'envergure pour le
ministère parce qu'on s'attaque à l'ensemble de ce commerce,
à l'ensemble de cette industrie avec des résultats assez
intéressants, de plusieurs dizaines de millions de dollars. On parle de
40 000 000 $ ou 45 000 000 $ de cotisations, je pense, sur le carburant, un
petit peu plus sur deux ans sur le tabac. On avait à peu près 100
000 000 $ d'évaluation de résultats sur ces deux secteurs en deux
ans. Donc, c'est quand même intéressant. Il y a d'autres secteurs
qui nous intéressent. On en parlera peut-être tantôt un peu
plus tard.
Il y a également aussi, dans cette recherche du
développement de nos services - et je le dis parce que je pense qu'on a
à chaque occasion ici en commission, que ce soit pour les crédits
ou les engagements financiers, je pense que c'est un élément de
discussion - la question informatique. Le développement informatique est
important, mais j'avoue que, depuis quelques années, nous l'entrevoyons
avec une certaine sobriété. Nous avons été un petit
peu plus vigilants pour, d'une part, ne pas nécessairement croire que
des systèmes informatiques, quoiqu'il y ait un inventaire à
changer qui est vieillot encore, il y a toujours des améliorations
à apporter. Mais il y a une prudence aussi à préserver la
qualité de nos services et à ne pas se mettre dans des
changements de système trop rapides qui provoquent souvent des
embouteillages ou des difficultés d'arrimage entre l'ancien et le
nouveau, etc. Deuxièmement, ma crainte personnelle, je l'ai toujours dit
publiquement, c'est que je ne voudrais pas que le prix à payer
éventuellement sur la bonification de nos services informatiques soit la
réduction des effectifs. Je pense que les éléments, les
meilleurs pivots de notre système
sont toujours les personnes. Parce que je privilégie le contact
des contrats avec des personnes, que ce soit dans l'ensemble des services du
ministère. Et je pense que je verrais mal une équation absolue,
dans le sens que plus on augmente l'informatique, plus on devrait
réduire les effectifs du ministère. Je pense que ce n'est pas
exact de présenter ça sous cet angle-là, et, pour ma part,
je suis très à l'aise d'en parler.
Donc, tout ça pour dire simplement, dans ces quelques mots
préliminaires, que nous n'avons pas de changements majeurs a l'horizon,
tant mieux. On en a connu, nous, à l'interne, suffisamment depuis deux
ans, avec les réformes que nous avons faites. Nous sommes plutôt
sur une continuité depuis une dizaine de mois. On s'attaque très
bientôt, dans les prochaines semaines, au prochain formulaire de
l'année prochaine. On analyse nos principales opérations pour
l'année 1990-1991. Je dois dire, d'ores et déjà, sous
réserve qu'on peut avoir quelques petites innovations soit au niveau des
formulaires, des choses, qu'il n'y a à l'horizon rien de tangible, rien
d'important, rien de tout à fait nouveau. Nous avons inauguré
finalement notre Bureau des plaintes, au mois de décembre. Il est en
opération maintenant. C'est suite à un accord avec le Protecteur
du citoyen. Je signale d'ailleurs que nous sommes le seul ministère du
gouvernement du Québec à avoir un Bureau des plaintes en fonction
présentement, qui s'est fait d'ailleurs avec une entente écrite
avec le Protecteur du citoyen. Et nous sommes heureux de cette initiative que
nous allons renforcer durant l'année de différentes
façons.
Alors, je pense qu'à ce stade-ci, je terminerais ces commentaires
préliminaires et je laisserais à mon collègue
peut-être le soin de poser des questions. Et ça me fera plaisir
d'échanger pour s'éclairer mutuellement sur l'ensemble de nos
crédits.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
M. François Beaulne
M. Beaulne: Merci, M. le Président. D'abord, j'ai pris
bonne note de la marge de manoeuvre serrée dont dispose le
ministère du Revenu, aussi bien dans l'étude des engagements
financiers que dans l'étude des crédits reliés à
son ministère. C'est pourquoi, dans les heures qui vont suivre,
plutôt que de m'attarder à essayer de chercher la "bibite" noire
au milieu des chiffres qui nous ont été fournis, je voulais
m'attarder beaucoup plus à poser des questions au ministre, d'ordre un
peu plus général, concernant, entre autres, les grandes
orientations qui se dégagent du budget présenté par le
ministre des Finances et qui ont des implications à court, à
moyen et à long terme pour les contribuables québécois.
D'autre part, j'aurai l'occasion de soulever certains points spécifiques
touchant les relations du ministère avec les contribuables, ainsi que
certaines questions précises qui font l'objet présentement d'une
réflexion à travers le Québec. Alors, si vous le voulez
bien, je vais limiter mes commentaires préliminaires à cela pour
qu'on puisse amorcer immédiatement l'échange de questions et de
réponses.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre. M.
Séguin: Oui, alors...
Le Président (M. Lemieux): J'aimerais vous mentionner, M.
le ministre, que vous avez, après chacune des interventions du
député de Bertrand, un droit de parole d'une vingtaine de
minutes.
M. Séguin: Oui. Alors, comme je comprends qu'on le fait
dans un sens d'échanges, je pense qu'on pourrait être assez
souples sur nos interventions. Peut-être que les membres de la commission
pourront aussi éventuellement poser des questions, s'ils le souhaitent.
Alors, on peut y aller, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Allez, M. le ministre. Vous
pouvez procéder. Est-ce que vous pouvez, M. le député de
Bertrand...
M. Beaulne: Si je peux commencer à poser certaines
questions... D'abord, une petite question d'information. Le rapport annuel
1987-1988 a été remis au ministère du Revenu au mois
d'octobre 1988. Alors, on peut donc présumer que ce rapport annuel, pour
l'année financière 1988-1989, était prêt vers le
mois d'octobre 1989. Pourtant, ce rapport n'a toujours pas été
présenté à l'Assemblée nationale. La
première question que j'aurais, M. le ministre, c'est: Pourriez-vous
nous expliquer pourquoi le rapport annuel 1988-1989 n'a toujours pas
été déposé à l'Assemblée
nationale?
M. Séguin: À ma connaissance, je n'en ai aucune
idée. Là, je l'ai, il est prêt pour dépôt, il
va être déposé prochainement. Pour l'exercice
terminé le 31 mars 1989... Moi, il m'a été remis il y a
quelques jours. Je ne peux pas dire pourquoi il n'aurait pas pu être
déposé avant.
Le Président (M. Lemieux): II est dans les documents
envoyés à tous les membres de la commission.
M. Beaulne: Mais il n'a pas été formellement
déposé.
M. Séguin: Non, il va être déposé dans
les prochains jours, j'imagine.
Le Président (M. Lemieux): Probablement, en session
intensive en juin.
M. Beaulne: M. le Président, le seul commentaire que
j'aurais...
Le Président (M. Lemieux): Oui.
M. Beaulne:... ici, c'est tout simplement qu'en déposant
le rapport un peu tardivement, disons, que ça perd un peu de son
intérêt. C'est tout simplement dans ce sens-là que je
voulais faire cette remarque.
M. Séguin: On m'indique qu'habituellement, ça
arrive au printemps de l'année qui suit. Le plus vite qu'on aurait pu le
faire, ça aurait peut-être été au mois d'avril, mais
on m'indique que l'imprimerie ne nous l'a remis qu'il y a quelques semaines.
Alors, le temps qu'on l'envoie aux différents services du gouvernement,
préliminaire au dépôt officiel. Alors, c'est ça.
Moi, je peux vous dire que je l'ai eu ce matin ou hier. Le ministère me
l'a remis officiellement pour dépôt. Je le lis évidemment
avant de le déposer, comme ministre du Revenu, au cas où je
verrais des choses, étant donné que j'en suis le signataire,
mais, en principe, il n'y en a pas, et probablement que, mardi ou mercredi, il
va être déposé à l'Assemblée nationale.
M. Beaulne: D'accord. Ma question suivante concerne les
crédits périmés, en particulier l'annexe 14 de votre
document. Le ministère nous explique qu'il avait reçu le mandat
de périmer 8 500 000 $ en 1989-1990, c'est l'annexe 14 du document. Ma
question, M. le ministre: Quel est le niveau prévu des crédits
périmés pour 1990-1991?
Crédits périmés
M. Séguin: On n'en a pas pour le moment, hein? Non. Vous
parlez des crédits périmés que le Conseil du trésor
peut déterminer chaque année. Nous, comme ministère, on
vient d'avoir nos enveloppes budgétaires, il y a peu de temps, et on
n'est pas informé, à date d'avoir des crédits
périmés. On n'en souhaite pas d'ailleurs et je dois indiquer que
nous avions fait l'objet, par des demandes du Conseil du trésor depuis
deux ou trois ans, de compresser nos effectifs, ce qui voulait dire de les
réduire. Je me suis fermement opposé à la réduction
des effectifs du ministère, et le ministre des Finances, dans son budget
de suppléance, a reconnu nos besoins et a accordé le maintien de
nos effectifs. Donc, je plaide toujours que... Et même si, un jour, je
devais Aire ailleurs, je pense toujours soutenir que le ministère du
Revenu est celui, me semble-t-il, qu'importent les gouvernements et
qu'importent les partis politiques au gouvernement, qui doit être
à l'abri de ce genre de compression, autrement que par des
réorganisations normales à l'intérieur de ses services.
Mais, je veux dire, le ministère du Revenu est le seul qui ne
dépense pas. C'est un ministère dont la seule vocation, à
toutes fins pratiques, est de collecter et d'administrer des lois qui sont des
lois de taxes, des lois d'impôts. Et on a besoin de nos effectifs. Je
plaide que plus je pourrais compter sur un nombre additionnel d'effectifs,
plus, probablement, je pourrais augmenter les recettes de l'État. (16
heures)
Donc, mon discours est beaucoup plus de dire: S'il vous plaît, le
budget que nous avons, ce n'est peut-être pas le meilleur, mais il ne
faudrait pas que nous ayons à vivre moins avec ce que nous avons parce
que nous avons beaucoup de services à donner et nous les voulons de
qualité parce que nous sommes convaincus que c'est rentable, nous sommes
convaincus que ça porte fruit. Je pense qu'aujourd'hui, on est
conscients de ça.
M. Beaulne: Bon, je vous remercie. Si je comprends bien, une
partie des crédits périmés s'explique par l'application de
mesures exceptionnelles de réduction des dépenses à
compter du 6 décembre 1989. Pourriez-vous m'indiquer quel est le montant
qui a été ainsi périmé et quelle était la
nature de ces mesures exceptionnelles et également dans quels programmes
elles ont été appliquées?
M. Séguin: On vous avait donné, je pense... Vous
êtes à l'annexe 14, je pense.
M. Beaulne: Oui.
M. Séguin: Ça, c'est le cahier des questions et
réponses que l'Opposition officielle... On vous avait, je pense,
transmis nos commentaires. On donnait une répartition de nos
crédits. On explique les restrictions que s'impose le ministère
pour respecter les crédits périmés fixés à 8
500 000 $ en excluant les crédits permanents de 1 600 000 $ fixés
par les organismes centraux. Si je comprends votre question, c'est le
deuxième paragraphe: l'application de mesures exceptionnelles de
réduction des dépenses à compter du 6 décembre 1989
et jusqu'au 31 mars 1990. Donc, la période qui est terminée
récemment.
M. Beaulne: Oui.
M. Séguin: C'est les mesures exceptionnelles?
M. Beaulne: C'est ça. Quels étaient les
crédits spécifiques qui ont été
périmés à la suite des instructions du Conseil du
trésor?
Une voix: Si vous voulez vous identifier.
M. Angers (Bernard): Bernard Angers, sous-ministre. Ce qu'on peut
vous dire, c'est qu'au
ministère du Revenu, il n'y a pas eu de coupures comme telles
d'activités dans le cadre des péremptions. Il y a eu des
corrections de prévisions par rapport à certaines
réalités et vous aviez dans l'annexe qui vous était remise
le détail et, comme disait M. Séguin, pour des raisons fort
compréhensibles et qui semblent avoir été comprises, les
péremptions comme telles n'ont pas touché au coeur de nos
activités. C'est vraiment des dépenses qui ne se sont pas
réalisées, qui n'étaient pas nécessairement
essentielles, et, essentiellement, vous avez des corrections à certaines
prévisions tout simplement.
M. Beaulne: Ça peut être des aménagements de
locaux...
M. Angers: C'est ça. En fait, le gros, c'est des
prévisions supérieures dans certains programmes qui avaient
été données, et la. réalité a
démontré qu'on n'était pas capables de dépenser
à ce rythme-là. Ce qui veut dire que nos activités, au
ministère, n'ont pas été affectées par les
péremptions chez nous, à toutes fins pratiques.
M. Séguin: En particulier, on a retardé...
M. Beaulne: Voulez-vous dire, en quelque sorte, que le Conseil du
trésor vous a envoyé une lettre pour rien ou vous a...
M. Angers: Absolument pas. On a corrigé des
prévisions.
M. Séguin: On est jaloux de protéger nos
activités. On ne veut pas mettre en péril aucune demande qui
réduirait le rythme de traitement des rapports d'impôt,
d'expédition par la poste. J'ai déjà eu quelques fois des
suggestions de certains services me disant que si l'on remettait nos rapports
d'impôt à la poste plus tôt, au mois de décembre, on
pourrait épargner sur les timbres postaux. Peut-être que oui. mais
on a estimé, nous - c'est un exemple que je donne - qu'il était
peut-être préférable de ne pas trop les envoyer trop
tôt étant donné qu'ils se perdent. Lorsque les
contribuables nous redemandent un formulaire en janvier ou en février,
ça coûte beaucoup plus cher de lui redonner un nouveau formulaire
complet que d'avoir payé le timbre postal une fois. Alors, de ce
côté-là, on a certaines réserves. Maintenant, je me
souviens personnellement qu'on avait discuté de certains
aménagements de bureaux, sur nos installations informatiques, qu'on
aurait eu peut-être à faire des déplacements pour faire
arriver plus massivement de l'informatique. J'ai demandé au
sous-ministre, à ce moment-là, de retarder pour deux raisons:
attendre la fin de notre année fiscale qui est le 31 mars chez nous
parce que c'est un temps fort de l'impôt, et je ne voulais pas que, dans
nos budgets, on sacrifie quoi que ce soit aux services de notre période
d'impôt qui est la plus forte et considérant que des
aménagements de locaux ou de bureaux ou des déménagements
dans d'autres locaux temporairement, ça pouvait attendre. Ce
n'était pas ce qu'il y avait de plus majeur. Ça, ça a
été une décision qu'on a prise, si ma mémoire est
bonne, au mois de décembre ou au début de janvier.
M. Angers: Pour 2 000 000 $. M. Séguin: C'est
ça.
M. Angers: Péremption de machines administratives
essentiellement.
M. Séguin: C'est ça. J'avais moi-même
considéré, comme je vous l'explique, que pour rester dans les
paramètres de notre budget et, en même temps, parce que j'avais
des réserves sur l'utilité à ce stade-ci de
déplacer des employés du ministère à
l'extérieur de notre principal édifice à Québec qui
est sur la rue Marly, on aurait été obligés, pour avoir
plus d'espace, de louer ailleurs et de les installer ailleurs. Alors, j'ai
préféré qu'on attende un peu et qu'on ait d'autres
discussions avec le ministère de l'Environnement avec lequel on partage
une partie de l'édifice. Nous occupons plus de 2400 employés dans
l'édifice; le ministère de l'Environnement, à peu
près 400 ou 500. J'ai demandé à mon collègue de
l'Environnement et on a avisé la SIQ et tous les services du
gouvernement que nous avions un problème d'espace qu'il fallait
régler. Temporairement, on était consentants à faire un
petit effort et à attendre, mais ça ne devait pas trop affecter
notre performance. Étant donné que c'est un édifice qui
est prioritaire au ministère du Revenu et qu'il est plutôt en
accommodation, qu'il y a une certaine présence du ministère de
l'Environnement, donc, ce projet-là qui aurait consisté à
déplacer des services du ministère à l'extérieur,
je l'ai fait attendre, d'une part, comme je le dis - et je vais terminer
là-dessus - pour respecter notre budget, puis aussi parce que je
n'étais pas convaincu que c'était absolument nécessaire,
au mois de janvier, de faire ça. Le temps m'a donné raison parce
que, aujourd'hui, je pense qu'on est plus en mesure de planifier à plus
long terme nos organisations de services. Comme à Montréal - je
vous en parlerai tantôt peut-être - nous avons des projets de
décloisonner nos services. Vous savez, à Montréal, nous
sommes au Complexe Desjardins. C'est le seul bureau que nous avons avec, des
fois, quelques bureaux temporaires. Nous avons le projet de nous installer sur
la rive sud, donc, de fractionner notre service qui est trop centralisé
dans le centre-ville de Montréal. La population, depuis quelques
années, nous dit que, pour toute la grande population de la rive sud,
plus particuliè-
rement à Laval, ils souhaiteraient, plutôt que de traverser
et venir dans le centre-ville qui est un endroit où il est assez
difficile de stationner pour des gens qui veulent venir chercher des
formulaires d'impôt, etc., c'est peu accessible... Donc, on a ce
projet-là en autant que nos crédits le respectent, mais, à
date, on a de bonnes indications que ça peut suivre.
M. Beaulne: Justement, M. le ministre, je suis bien heureux de
vous entendre parler de cette initiative.
M. Séguin: Pour aller dans le comté de Bertrand
peut-être, je ne le sais pas...
M. Beaulne: Effectivement, c'est un service à la
clientèle, surtout si vous entendez les bulletins de la circulation dans
la région de Montréal chaque jour, c'est de moins en moins
drôle pour ceux qui n'ont pas à travailler au centre-ville de
devoir se déplacer, particulièrement de la rive sud, en raison de
l'accessibilité essentiellement par les ponts.
Pouvez-vous nous donner une indication de l'échéancier que
vous avez en tête quant à... Est-ce que ça pourrait
être prévu pour le prochain exercice financier?
M. Séguin: c'est un projet que nous avons à coeur
depuis peut-être deux ans. on a avancé. dans les derniers mois, on
a soumis officiellement le dossier aux services gouvernementaux. aux services
gouvernementaux, on reconnaît le besoin comme tel, donc le principe n'est
pas en discussion. on veut aller sur la rive sud parce qu'il y a une grande
partie de la population qui doit recevoir un service dont on veut s'approcher
et désengorger, si je peux dire, en même temps nos services. il se
pourrait d'ailleurs... je ne sais pas si c'est prématuré d'en
parler, mais il se pourrait - c'est une hypothèse - que, d'ailleurs,
nous quittions la tour du complexe desjardins pour le reste du service qui doit
rester à montréal vers un autre emplacement plus accessible, avec
du stationnement, etc., et plus près d'une certaine population. donc,
ça pourrait aboutir cette année, dans les prochains mois, si
possible.
M. Beaulne: Vous me permettrez de faire mon petit commanditaire
pour qu'advenant l'application de cette initiative-là, vous
considériez le comté de Bertrand.
Une voix:...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Mille-Îles.
M. Chagnon: Le comté de Saint-Louis
Le Président (M. Lemieux): M. le député
de
Mille-Îles a été plus rapide que vous, M. le
député de Saint-Louis. C'est assez rare.
M. Beaulne: On parle de la rive sud, là.
M. Chagnon: Tout le monde veut les avoir, mais ça va
rester dans Saint-Louis.
Le Président (M. Lemieux): Un petit commentaire
rapide.
M. Séguin: C'est rare qu'on souhaite l'arrivée du
ministère du Revenu chez soi. Je suis très heureux...
M. Chagnon: On va le garder dans Saint-Louis, M. le
Président. Ça va faire comme ça. C'est bien dans le
centre-ville.
Le Président (M. Lemieux): M. te député de
Bertrand, vous avez la parole.
M. Beaulne: M. le ministre, si je peux un peu conclure sur vos
commentaires, en fait, les crédits qui ont été
périmés dans votre ministère n'ont en aucune façon
touché de façon significative les relations du ministère
avec sa clientèle ou la rapidité avec laquelle le
ministère peut - c'est l'anglicisme qui me vient en tête -
transiger les demandes qui lui sont apportées ou les rapports qui lui
sont soumis.
M. Séguin: D'ailleurs, c'est chez nous une priorité
sacrée. Pour aucune considération on ne voudrait affecter...
Maintenant, ce qu'on essaie de faire, c'est plus, à l'occasion, un petit
peu de réorganisation, etc. On a ouvert, l'année passée,
je pense, ou il y a un an et demi, une garderie dans notre ministère
à Montréal qui, d'ailleurs, est une très belle garderie,
qu'on aurait peut-être pu ouvrir l'année précédente,
mais nos équilibres financiers ne nous l'avaient pas permis. Donc, on
avait retardé, mais ça a été fait. Et on a le
projet, peut-être, éventuellement pour... À Québec,
ça existe, mais on pense soutenir ce genre de chose. Mais, non, à
vrai dire, là où on fait quelquefois des économies, c'est
plus à regarder, par exemple, du côté des tarifs postaux,
des ententes qu'on peut avoir sur la distribution, sur l'imprimerie de nos
formulaires.
Là, on a l'idée, par exemple, d'aller vers le papier
recyclé. Je pense que le député de Bertrand est sensible
aux efforts de l'environnement. On analyse actuellement la possibilité
que les rapports d'impôt soient faits, soient imprimés sur du
papier recyclé. C'est peut-être un exemple de sensibilisation
à faire avec nos citoyens. Remarquez qu'il y a un coût, il est
plus cher. Alors, je souhaite que si, l'année prochaine, on revient aux
engagements financiers, on ne nom reprochera pas d'avoir payé plus cher
nos formulaires parce que la décision qu'on aura à prendre va
augmenter le coût d'environ 10 % à 11 %. Le
papier recyclé est plus cher que le papier... Je ne sais pas
exactement pourquoi, mais c'est le cas. Donc, c'est le genre de
décisions sur lesquelles on a quelquefois à se pencher pour
savoir où on pourrait faire certaines économies, en gestion
responsable vis-à-vis d'un gouvernement, c'est sûr. Mais jamais on
ne veut que ça affecte la téléphonie, le service à
la clientèle et le traitement des formulaires, les avis de cotisation,
les remboursements, etc.
D'ailleurs, nos chiffres de cette année sont fort
éloquents sur les résultats; dans l'ensemble, ils sont
très bien. Et comme je le disais tantôt, le seuil de critiques ou
de plaintes est en décroissance de façon fort intéressante
depuis plusieurs années. Donc, on aurait un fort taux de critiques si
nos services n'étaient pas à la hauteur. Malgré ça,
on a innové. Le Bureau des plaintes est une innovation, depuis le mois
de décembre, et on a réussi à le faire sans trop engager
de fonds parce qu'on a des gens du ministère, évidemment, qui
sont affectés à cela. On a réussi à trouver une
formule qui va être efficace et qui ne mettra pas d'autres services en
difficulté.
M. Beaulne: Simplement pour continuer un peu la discussion sur
les crédits...
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand, je m'excuse, M. le député de Mille-Îles a
demandé la parole. (16 h 15)
M. Bélisle: Je suis très patient, M. le
Président, j'ai tout mon temps. Juste une interjection. C'est sûr
que, lorsqu'on assiste à des débats en commission... M. le
Président, vous vous souviendrez du débat sur le budget que nous
avons tenu la semaine dernière, la semaine d'avant, il y a deux
semaines, en commission parlementaire ici, à la commission du budget et
de l'administration. C'est très instructif parce que, même au
cours de l'étude de crédits, dans d'autres ministères, on
apprend encore plus à comprendre où se situe la philosophie de
certains membres de l'Opposition quant à de grands problèmes.
Juste par voie simplement de petits projets ou de réalignement de
ministère. J'entendais le ministre tantôt nous avouer que, depuis
deux ans, son ministère caresse l'objectif de répartir les
services du ministère du Revenu sur la rive sud et sur la rive nord,
pour être beaucoup plus près de la clientèle locale,
importante, majeure. En soi, ça paraît peut-être anodin de
déplacer des immeubles et du personnel, mais il y a toute une
philosophie derrière ça, c'est d'accorder à la population
sur un territoire donné les services auxquels elle a droit et auxquels
elle contribue dans la même proportion que les gens de 111e de
Montréal.
Ce qui me surprend toujours à écouter, M. le
Président, les gens de l'Opposition, c'est que, lorsqu'ils viennent
à tour de rôle, ils se con- tredisent d'une façon
absolument phénoménale. Nous avons eu droit, du critique de
l'Opposition officielle en matière de finances, le député
de Labelle, à un discours absolument emporté sur
l'étalement du territoire favorisé par les politiques du Parti
libéral du Québec. 10 minutes après - je vous prends
à témoin, M. le Président, vous étiez la - le
député de La Prairie, qui est collègue du
député de Bertrand, qui partage la même rive avec le
député de Bertrand mais un peu plus à l'ouest, est venu
nous servir le discours contraire du député de Labelle, qui est
le critique en matière de finances, et nous dire que, pour lui, c'est
important qu'il y ait des projets dans son secteur. Je comprends aujourd'hui
que le député de Bertrand, sur un point aussi anodin que le
transfert des services en partie sur la rive sud ou sur la rive nord - moi, je
suis de la rive nord - partage l'opinion, l'optique du développement de
la région de Montréal du député de La Prairie.
Je veux simplement souligner, M. le Président, je prends mon
ministre à témoin, le ministre du Revenu, et je prends à
témoin également, que ce soit, quand nous avons le
député de Lévis, qui est aussi un ardent partisan du
non-étalement ou le député de Labelle, qui ne connaissent
rien en matière de la région de Montréal et quand on a,
d'autre part, des gens qui y connaissent quelque chose, comme le
député de Bertrand, comme le député de La Prairie,
c'est une autre chanson.
Alors, moi, l'étude des crédits, il n'y a pas simplement
le fait qu'on regarde des crédits, qu'on approuve des choses, mais c'est
très instructif de voir qu'il y a deux langages dans des trames de fond
absolument importantes, entre autres, présentement, pour la
région de Montréal qui est composée, faut-il le rappeler,
M. le Président, d'au-delà de 3 000 000 de personnes, pas
seulement du 1 000 000 de personnes qui vivent sur l'île de
Montréal. C'était le point que je voulais faire, M. le
Président.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Mille-Îles. M. le ministre. Pas de commentaires.
M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Simplement un petit commentaire, c'est que je ne
pense pas que les exemples que mentionne le député de
Mille-Îles témoignent d'une contradiction quelconque au niveau de
l'Opposition. Je pense qu'il faut distinguer entre le rôle que nous avons
tous comme représentants de comté spécifique, d'une part,
et les grandes orientations des partis politiques auxquels nous
adhérons. Dans ce sens, je peux vous donner des exemples de ce qu'on a
vu en Chambre même, lorsque, sur la question, par exemple, des routes,
des ponts ou autres, vous aviez des députés du parti
gouvernemental qui manifestaient un peu leur désenchantement face au
manque de services qui étaient donnés dans leur propre
comté. Je
n'interprète pas ça comme une critique de leur parti
politique, j'interprète tout ça seulement et uniquement comme
jouer son rôle de député efficacement.
Cela étant dit, M. le Président, si vous pouvez me
permettre...
Le Président (M. Lemieux): Oui, oui, c'est à vous,
M. le député de Bertrand, la parole est à vous.
M. Beaulne: ...de continuer.
Le Président (M. Lemieux): après, m. le ministre et
m. le député de saint-louis ont demandé la parole. vous
pouvez continuer, vous avez tout le temps, vous avez 20 minutes, m. le
député de bertrand.
APPORT
M. Beaulne: Bon, je voulais simplement faire ce petit commentaire
et continuer un peu dans l'étude des crédits
périmés, particulièrement en relation avec le programme
APPORT. En 1989-1990, le budget qui était prévu au
ministère du Revenu était de 15 000 000 $; le budget
utilisé a été de 8 200 000 $ et les crédits
périmés de 10 700 000 $, soit environ 35,3 % du budget
prévu. Je sais également que le ministère avait
prévu 16 900 demandes de remboursement, mais, en fait, n'en a
reçu que 10 500. À mon avis, ce fait illustre en quelque sorte
que le programme a de la difficulté à démarrer
peut-être en raison de sa grande complexité. Cette année,
le budget n'est que de 6 300 000 $, ce qui représente une baisse
d'environ 58 % par rapport au budget prévu l'an dernier. Selon l'annexe
14 - je suis toujours à l'annexe 14 - cette baisse résulte
d'ajustements apportés au programme. Ma question, M. le ministre, est la
suivante: Comment peut-on expliquer une telle péremption de
crédits?
M. Séguirv. En fait, c'est relativement simple. D'abord,
je dois indiquer que ce n'est pas le ministère du Revenu qui est
responsable de l'application des règlements et de la loi sur le
programme APPORT, c'est le ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Le ministère est simplement
responsable de vérifier en fin d'année ce qu'on appelle la
réconciliation, et c'est prévu dans la loi qu'à la fin de
l'année, le ministère du Revenu voit si le
bénéficiaire a trop reçu ou pas assez. Dans un cas comme
dans l'autre, c'est le ministère du Revenu. Sur les chiffres que lui
donnera, dans chaque cas de contribuable, le ministère de la
Main-d'oeuvre, nous, ce qu'on fait, c'est l'appariement. On dit: S'il y avait
un trop-payé à l'individu, au bénéficiaire il y a
une demande de remise, s'il n'a pas reçu suffisamment en fin
d'année, toujours selon les chiffres que nous transmet la Main-d'oeuvre,
nous, on est juste un peu comme un gestionnaire de ces paramètres.
Effectivement, pour des raisons que je suis mal placé pour expliquer
dans le programme APPORT qui est la responsabilité de la Main-d'oeuvre,
nous, ce qu'on fait, c'est qu'on a reçu quelque 10 000 demandes. Bon, on
avait des provisions pour plus et on s'est réajusté cette
année en essayant de voir les provisions par rapport à
l'année passée. Maintenant, si la clientèle augmentait, il
n'y a pas de problèmes, on nous donnera davantage pour payer sauf que,
pour le moment, les prévisions avec lesquelles nous travaillons, on
s'est basé un petit peu sur celles de l'année passée.
Maintenant, je ne peux pas vous donner honnêtement les raisons qui
expliqueraient pourquoi on avait prévu plus et qu'il n'y en a pas eu
tant.
Est-ce le nouveau programme qui est différent quand même de
l'ancien? A-t-il été mal compris? Ça, il faudrait poser la
question au ministère de la Main-d'oeuvre: Pourquoi? Est-ce qu'ils ont
fait des efforts pour corriger? Augmenter le nombre de demandes? Je l'Ignore.
Maintenant, nous, on a simplement essayé de faire nos provisions
à l'égard de ce que nous avions un peu comme expérience
l'année passée. Je veux dire: Bon, cette année, on va
s'enligner là-dessus. Et remarquez qu'on n'a jamais souhaité
être pris dans un calcul de conciliation. À mon humble avis,
j'estime que ce n'est pas la meilleure façon. À l'époque,
nous n'avions pas, nous, du ministère du Revenu, été
particulièrement enthousiastes à ce genre de complexité
administrative lorsqu'un ministère fait des calculs assez
élaborés et qu'un autre ministère doit simplement
vérifier une réconciliation un peu comptable. Personnellement, je
n'ai jamais favorisé que le ministère du Revenu ne participe
qu'à des bouts de chemin comme ça, qu'à des petits bouts
de calcul, mais le programme est installé de cette façon. De
toute façon, là, maintenant, il fonctionne administrativement
assez bien. Le rodage s'est fait. Bon. Nous n'avons pas de particularité
de ce côté-là. Mais on est sûrs que, si la
clientèle augmentait, on n'a aucun problème à payer.
Évidemment, la loi dit que, nous, on constate en fin d'année.
D'ailleurs, ce n'est pas nous qui émettons les chèques, c'est le
ministère de la Main-d'oeuvre. Nous, notre seule job, c'est à la
fin de l'année constater, selon les chiffres du ministère de la
Main-d'oeuvre, s'il y a eu trop de prestations versées au contribuable,
dans lequel cas, par le rapport d'impôt - c'est ainsi que la loi est
faite - dans le calcul du remboursement d'impôt, nous exerçons les
ajustements qu'il faut au nom du gouvernement du Québec et, dans le cas
contraire, nous pouvons émettre des chèques à titre de
remboursement d'impôt pour la différence, s'il y a un manque
à gagner dans les calculs de fin d'année. Les calculs, ce n'est
même pas nous qui les faisons.
J'aurais préféré que le ministère de la
Main-d'oeuvre demeure le grand argentier complet de tout ça,
mais, nous, on s'est accommodés et, notre mission étant
celle-là, bien, nous la faisons du mieux que nous pouvons.
M. Beaulne: Combien de demandes prévoyez-vous cette
année?
M. Séguin: ...20 000 dossiers à concilier.
Ça, ce sont des dossiers qu'on appelle, pour nous, à concilier en
fin d'année. On atteindrait, pour l'année fiscale 1989, 20 000.
En 1988, il y en a eu 21 000. En 1990, pour l'année qui commence, qui
est commencée depuis le 1er avril, on pense qu'il y en aura à peu
près aussi 20 000. Autrement dit, dans nos évaluations à
nous, la clientèle se tient à peu près à 20 000
demandes par année.
M. Beaulne: Mais, par rapport aux 6 700 000 $ de crédits
périmés, ça représente combien de demandes à
peu près?
M. Séguin: 13 000. Non? On va faire des petits calculs et
on va vous dire ça dans quelques minutes.
M. Beaulne: Pour simplement conclure sur cette section-là,
je comprends que c'est un fardeau pour le ministère du Revenu,
l'administration de ça, mais avez-vous demandé officiellement au
ministère de la Main-d'oeuvre de vous soulager de ce fardeau?
M. Séguin: Je peux vous dire que, oui, on a eu de bonnes
discussions et ça a été adressé également au
ministère des Finances. Évidemment, il faudrait échanger.
Ce qu'on nous a répondu, c'est qu'on préférait attendre
peut-être deux années de tests avant de repenser peut-être
tant à ces modalités-là qu'à d'autres. Nous allons
avoir, durant l'été, un bilan de deux années de tests. Je
m'apprête à suggérer fortement de peut-être
considérer certaines choses. Je pense qu'il serait temps, après
deux ans, de faire un bon examen de ce programme qui est valable dans ses
principes, mais qui comporte des modalités, en tout cas pour nous au
ministère du Revenu, certainement discutables. On s'apprête, je
pense, à une rencontre comme on a fait l'été dernier. On
avait évalué une première année et on
s'était dit: On va attendre. J'admets que, pour un programme comme
celui-là, c'est mieux de laisser deux ans. Un an, est-ce que c'est une
tendance? Après deux ans, on est capable de voir la tendance et
d'examiner la chose, et, nous, au ministère du Revenu, on va avoir
suffisamment d'expérience pour être capables de dire sur quel
élément on suggère de perfectionner ce programme, ce
système de programme APPORT.
Pour répondre à votre question de tantôt, on me dit
que ça représente à peu près 6400 demandes de moins
pour les 6 700 000 $ de moins. .
M. Beaulne: Bon. Merci.
Est-ce que je peux continuer, M. le Président?
Le Président (M. Lemieux): Oui. Vous êtes toujours
sur votre temps de parole.
Dépassements
M. Beaulne: Maintenant, M. le ministre, j'aimerais passer
à un autre sujet. Je vous remercie des réponses au sujet des
crédits périmés. Un autre sujet qui a fait l'objet de
discussions assez prolongées lorsqu'on a étudié les
engagements financiers, c'est, comme vous vous en doutez, la question des
dépassements de contrats qui étaient particulièrement
nombreux et, parfois, assez substantiels au ministère du Revenu. (16 h
30)
Si on regarde l'évolution du dépassement du nombre de
contrats depuis 1986-1987 jusqu'en 1989-1990, on s'aperçoit qu'en
1986-1987, le dépassement total était de l'ordre de 16,3 %, alors
qu'en 1989-1990, il était de l'ordre de 31 %. En fait, ce que cela
indique, c'est que le nombre des contrats qui nécessitent un
supplément semble augmenter d'année en année. Et on nous
dit que les investissements dans l'informatique sont à l'origine de
cette situation. Je sais qu'on a eu l'occasion d'en discuter lors des
engagements financiers et qu'à ce moment-là, on nous avait
répondu que c'est une science qui est en évolution et que c'est
pour cette raison qu'on doit s'attendre à des dépassements assez
fréquents à ce niveau-là. Sauf que si on regarde d'un
point de vue un peu plus spécifique, au niveau des firmes - sans vous
mentionner tous les noms, je pourrai les mentionner, si vous le voulez, je les
ai ici - il y a des suppléments qui, dans le cas de certains contrats,
sont assez substantiels.
Je note ici, par exemple, que dans le cas de la compagnie DMR,
l'augmentation était de l'ordre de 45,3 %. Dans un des contrats
octroyés à la compagnie CGI, l'augmentation était de 101
%. Je ne vais mentionner que ces deux-là pour le moment. La question qui
me vient à l'esprit en voyant ces dépassements... Tout en
reconnaissant que, dans le domaine informatique, il y a des ajustements
constants à faire, il demeure qu'on fait face ici à des
dépassements assez importants. Et la question que je me pose est la
suivante: Compte tenu de cette tendance-là, est-ce qu'au fond, il n'y a
pas une certaine injustice par rapport aux soumissionnaires? Dans le sens
où, lorsque vous faites des appels par soumissions pour un contrat
particulier, c'est une chose de soumissionner sur la base d'un montant qui est
prévu pour un contrat initial. Mais, à mesure que les
suppléments s'ajoutent et que les
contrats, en quelque sorte, sont reconduits avec les mêmes
compagnies, ça pose, à mon avis, un certain problème
d'équité face aux autres soumissionnaires qui, s'ils avaient
connu le montant total ou s'ils avaient présenté une offre un peu
plus globale, auraient peut-être été choisis comme
soumissionnaires plutôt que de procéder d'augmentation en
augmentation.
M. Séguin: Oui, peut-être. Tantôt, je
demanderai à M. Angers de compléter, étant plus
versé dans l'administration du secteur informatique. Pour ma part, ce
que je peux indiquer, c'est qu'à ma connaissance, je n'ai jamais eu de
représentations, de plaintes au niveau des soumissionnaires parce qu'ils
auraient constaté des dépassements qui auraient fait que s'ils
les avaient connus, ils auraient pu, eux autres aussi, soumissionner de
façon différente, etc. À ma connaissance, ça n'a
pas eu lieu. J'ai même demandé au ministère, l'année
passée, d'organiser une session d'information à l'ensemble de
tous les soumissionnaires en informatique, plus notre comité de suivi en
informatique. Mais j'ai demandé que l'on organise une séance avec
l'ensemble de tous les gens au Québec susceptibles de soumissionner,
pour faire une séance d'information sur le développement de
l'informatique du ministère du Revenu et de regarder les
paramètres avec l'ensemble des intervenants de l'informatique. Et
ça, c'était sans considération pour des soumissions.
C'était tout simplement une table ronde ou une journée de
rencontre avec les gens pour leur expliquer nos besoins. Et un des points
qu'ils nous ont fait voir, c'est qu'il est très difficile, dans un
domaine en évolution comme la fiscalité - je ne parle même
plus de l'informatique - où un budget en cours d'année peut
changer les paramètres, où un budget fédéral peut
changer les paramètres... Le calendrier fiscal n'est pas immuable.
Alors, ils nous disaient: Une des difficultés, c'est que, quand vous
nous donnez un ordre de travail par soumission, avec un calendrier, on est
obligés de vivre avec l'idée qu'il y a des aléas et que
ça peut changer. Et il n'y a personne qui est capable, dans le domaine
informatique... Je ne suis pas un expert dans ça, mais enfin je pense
avoir écouté suffisamment les arguments qu'on m'a
présentés pour comprendre que... Et je connais quand même
suffisamment bien la fiscalité pour savoir que c'est très
difficile d'avance d'être capable de définir, surtout dans des
logiciels que nous demandons et qui n'existent nulle pan ailleurs... Parce que
l'un des problèmes que nous avons, c'est que nous voulons des logiciels
en français et la grande majorité de nos fournisseurs ont des
produits en anglais. Donc, nous avons aussi ce problème-là.
Et je me préparais, dans la semaine du 11 juin, à une
délégation en France avec les gens du ministère, que j'ai
dû reculer, faute de disponibilité, pour aller rencontrer le
ministère du Revenu français, pour les logiciels français
et savoir d'eux s'il n'y aurait pas des choses qu'on pourrait regarder de ce
côté-là, qui nous intéresseraient et qu'on pourrait
déjà utiliser. Deuxièmement, sur l'utilisation de
l'électronique pour les contribuables qui voudraient faire des rapports
d'impôt. Je pense que, depuis deux ou trois ans, il y a des
expériences pilotes un peu partout, et la France, par le modem et un
service, est l'un des seuls ministères à date qui permet à
des contribuables de questionner des ordinateurs du ministère du Revenu
français à l'aide d'un modem. Alors, on s'est dit: On va aller
voir ça, parce qu'il y a un prototype intéressant.
Tout ça pour dire qu'il y a effectivement un certain
phénomène de dépassement; il est souvent dû... Et je
vois dans les explications données par le ministère, je reconnais
certaines décisions qu'on a prises où le changement est
provoqué par nous, une décision ministérielle. On apprend
une déclaration ministérielle du ministre des Finances, soit chez
nous ou à Ottawa qui, pour le public, est très simple à
comprendre, mais qui, pour nos systèmes informatiques, peut, à
compter de telle date, changer énormément de choses. On est
obligé de rappeler la firme et dire: Écoutez dans la
préparation du prochain formulaire, on vous avise que, depuis ce matin,
il y a une déclaration ministérielle du ministre des Finances
à Ottawa ou à Québec et il faut s'enligner
là-dessus. Ah! Bien là, on change le système. C'est
sûr que là, on a des coûts additionnels.
Il est arrivé quelques fois d'ailleurs - et je l'avais
expliqué aux engagements - que la direction du ministère, avec
moi, on a réfléchi et, en cours de route, on a changé des
choses. Aujourd'hui, on sait que ça a été pour le mieux,
mais on s'est dit un moment donné: Houp! Qu'est-ce qu'on fait? Et
là, on a changé, sachant d'avance que ça pouvait
entraîner de refaire des formulaires, de refaire des choses. Je peux vous
dire d'ailleurs que le formulaire d'impôt qui avait été
préparé, quand j'ai eu le prototype, après examen du
formulaire pour les contribuables, celui qui a été envoyé
dans les domiciles depuis le mois de décembre, après discussions
au niveau du prototype, j'ai suggéré des petits correctifs qui
ont amené de refaire certains paramètres, etc. Alors, c'est
sûr que ça a entraîné que tout le traitement
informatique qui était basé là-dessus a été
obligé, après, de connaître un certain changement. Bon. Par
contre, je ne nie pas qu'on ne peut peut-être pas tout expliquer par des
changements purement d'orientation, mais je crois que les changements ne sont
certainement pas dû à du gaspillage. Je ne crois pas qu'on peut
voir, dans ces dépassements-là, des dépassements soit
inutiles ou de mauvais appariement de prix, etc. Je pense que c'est dû au
fait qu'en fiscalité et tout au long de l'année, tout
évolue rapidement. Il faut penser qu'on vit
avec deux budgets: il y a celui du gouvernement fédéral
qui, on le sait, va influencer immédiatement un certain nombre de
paramètres parce que le ministre des Finances du Québec,
habituellement, s'harmonise sur un ensemble de choses dans les 24 ou 48 heures,
et il y a le budget de la province de Québec, plus des
déclarations ministérielles qui peuvent se faire en cours de
route. Et on en a connu l'année passée.
Donc, il y a là des choses qui changent. Quelquefois, comme on
innove aussi, il n'y a pas de précédent, il n'y a pas d'autres
machines qu'on peut aller voir, actuellement, nulle part, ni dans les
États américains et dire: On va prendre leur affaire et on va la
mettre chez nous. On a un système fiscal qui est assez unique et,
malheureusement, ça fait qu'il se fait des expériences, des fois,
qu'en cours de route, on est obligé de rajuster parce que ça ne
donne pas les fruits escomptés. Dans ce sens-là, je
préfère effectivement repositionner des choses, quitte à
ce que ça provoque des changements que de les laisser aller et
découvrir un an plus tard que... Quand on traite 25 000 000 000 $ de
recettes par année, nos erreurs, il ne faut pas qu'elles soient trop
élevées pour que ça crée des gouffres financiers.
Vous savez qu'une ligne sur un formulaire... On me disait qu'une ligne
c'était au minimum 20 000 000 $ ou 25 000 000 $ sur des
déductions. Alors, une erreur peut entraîner des choses
considérables. Donc, c'est toutes ces raisons-là.
Par contre sur la question plus précise: Est-ce que ça
dérange ou est-ce que ça nuit à d'autres soumissionnaires?
Je peux vous dire qu'on est tellement précautionneux à faire
participer l'ensemble des soumissionnaires du Québec, je demande chaque
année, j'ai plusieurs conversations avec la direction du
ministère pour m'assurer qu'on fait appel au maximum des principales et
toutes les firmes d'informatique du Québec et non pas privilégier
certaines. Vous voyez que, dans nos soumissions, nous faisons tout un
éventail d'entreprises. Mais il y en a aussi qui sont
spécialisées dans des domaines et diable! l'informatique, mol,
plus j'en entends parler, plus je me demande des fois si j'en comprends de
moins en moins parce que c'est d'une complexité inouïe. Et
même, les firmes se spécialisent dans des secteurs et dès
qu'elles arrivent, à un moment donné, à élaborer
leur contrat, elles se rendent compte que ce n'était pas tout à
fait ce qu'elles pensaient parce que le traitement fiscal est très
particulier.
Il n'y a pas de comparables nulle part. Les autres services du
gouvernement, ce n'est pas la même chose. Nous avons, en même
temps, à travailler avec une grande confidentialité qui doit
être protégée dans le système informatique. On ne
veut pas que les échanges d'informations soient trop ouvertes. En
même temps on veut qu'elles soient efficaces et que ça coûte
le moins cher possible, modernes et tout ce que vous voulez et rapides et pas
de délais pour les contribuables. Alors, tout ça fait que... Et,
des fols, le ministre décide, à un moment donné, qu'on
donne priorité à telle chose. Alors, je comprends les services en
bas qui doivent des fois le matin tout virer à l'envers parce que, tout
d'un coup... Mais, si l'intérêt public est mieux servi, je pense
qu'on doit plutôt s'en féliciter à la longue. Et je demande
chaque année, comme je le disais tantôt, tant au comité de
suivi en informatique qu'au ministère, de rencontrer les firmes,
d'échanger ouvertement, au moins une fois par année. Ça a
été fait l'année passée, une rencontre. Il y a
beaucoup de discussions avec les firmes pour essayer d'expliquer nos
difficultés. On essaie d'éviter de s'embarquer trop avant dans
des choses. Je vous avoue que, sur le système informatique - je vais
terminer là-dessus - je me souviens qu'on en avait d'ailleurs
parié avec vous la dernière fois, M. le Président, lors
des engagements, on a une préoccupation nous aussi et c'est celle du
ministre qui vous parle. Je l'ai dit tantôt dans le préambule, je
ne voudrais pas que le système informatique devienne le seul train du
ministère. C'est important, j'en suis, c'est formidable, mais on a
ralenti la cadence un peu. On est prudent nous aussi.
Moi, je vous avoue que j'ai beaucoup, comment dire? de sympathie pour
les systèmes informatiques, mais j'ai un instinct craintif à voir
se développer ces grands réseaux. Je suis resté de la
vieille école de ce côté-là, peut-être
à tort, je m'en excuse, mais je vois ça avec beaucoup de
vigilance et d'inquiétude même. Quand M. Angers, des fois, me
parle du développement du palier 2, du palier 3, et que là, dans
deux ans, on va être rendu à tant, moi, je l'écoute et il
sait, il me voit tout de suite me crisper un peu, non pas que je ne croie pas
à l'informatique, c'est juste que, comme la plupart des membres de la
commission, et tous ceux là ici, sauf les experts en informatique, on en
entend parler souvent. Mais moi, mettez-moi devant un écran avec des
"pitons" et je suis perdu. Je ne suis pas bon dans les "pitons"; je suis pas
pire dans les chiffres, mais pas dans les "pitons". Et, partant de là,
j'ai cette prudence moi aussi, j'ai cette crainte. Comme je le disais
tantôt, je veux protéger les effectifs. On maintient nos effectifs
au ministère et même je plaide pour en avoir plus, pour avoir de
meilleurs services et l'informatique, oui... J'ai visité certains
services, M. le Président, avec des écrans cathodiques, je ne
suis pas un expert, mais ça me faisait penser aux vieilles
télévisions d'il y a 20 ans. Un petit écran de même
avec un meuble gros de même quasiment en béton armé, les
anciens modèles, là. Ça a 16 ans, 18 ans. Il n'y a
personne chez lui qui a un téléviseur aujourd'hui qui date de 20
ans, maïs, nous, on a des écrans cathodiques qui datent de 20
ans.
Imaginez que ça ne fait pas... Une espèce de grille
sombre. Il faut quasiment avoir des verres fumés aux rayons X pour
décoder l'écriture. Alors, on est en train de changer ça,
et je pense que c'est bienvenu. On modernise les systèmes, on se plaint
d'un côté que le ministère du Revenu ne collecte pas assez,
qu'il devrait rentrer dans le marché noir et décoder toutes les
transactions financières à travers le monde de
Québécois qui font des millions, etc. Bien, oui, mais ce n'est
pas facile. Et c'est l'informatique qui va nous aider à le faire. (16 h
45)
Jusqu'à un certain point, ça nous aide, mais il y a
toujours cette prudence, et on a une cadence actuellement, je pense, qui est
prudente, qui est sage. On s'est donné un comité de suivi sur
l'informatique. Il y a des gens de l'extérieur qu'on a engagés
pour être notre propre chien de garde, comme notre propre emballement
à nous-mêmes. On a toutes sortes
d'Mautoréflexions", je vous l'assure, là-dessus.
J'espère que les soumissionnaires, lorsqu'ils sont appelés
à soumissionner, on essaie de leur expliquer le plus possible l'ambiance
de nos travaux pour qu'ils comprennent dans quoi, eux autres aussi, ils
s'embarquent. Parce que la plupart des soumissionnaires, il y en a quelques-uns
que j'ai rencontrés personnellement, des grandes firmes qui me disaient:
Ça nous fait peur, nous autres aussi, de soumissionner parce que le
revenu, c'est spécial. On ne peut pas arrêter votre machine. Elle
marche constamment, 25 000 000 000 $ par année, vous ne pouvez pas
arrêter ça, 23 lois qui se promènent, taxe de vente,
impôt sur le revenu, corporations, carburant, taxe sur les repas, et
ça, il faut que ça marche constamment, jour et nuit.
Et le problème, c'est qu'il faut qu'ils saisissent, eux autres,
le système, il faut qu'ils le comprennent bien pour nous recommander des
améliorations. Et c'est là le problème. Les plus grands
informaticiens, j'en ai rencontré quelques-uns des grandes firmes qu'on
va lister, nous disent: Notre grand problème, c'est qu'on n'est pas des
fiscalistes, nous autres. Ça nous prend déjà un certain
temps à essayer de décoder vos besoins, votre système.
Puis, c'est là qu'ils peuvent faire certaines erreurs ou certaines
sous-estimations de nos besoins et qu'ils sont amenés des fois à
reprendre un peu tout ça. On ne peut pas leur reprocher parce que
nous-mêmes, dans le modernisme de la fiscalité, on est
obligés de s'improviser parce qu'on n'a pas de référence,
on n'a nulle part ailleurs où on pourrait aller demain matin, même
pas au fédéral D'ailleurs, c'est eux qui viennent maintenant, je
dois vous dire, depuis deux ans, c'est eux autres qui viennent voir comment on
fonctionne Ils sont impressionnés. Ils n'en reviennent pas qu'avec notre
budget d'opération, qu'avec nos outils, on soit capables de faire ce
qu'on est en train de faire, de traiter 4 000 000 de rapports d'impôt en
dedans d'à peu près trois mois, de sortir 1 000 000 $ de
remboursements anticipés en dedans, en moyenne, de 14 jours. Ils n'en
reviennent pas. Au fédéral, c'est à peu près, en
moyenne, six à neuf semaines, puis, nous, on est tout petits, on est 4
000 000 de payeurs de taxes et on a là-dessus des performances
intéressantes, malgré des moyens qui ne sont pas ceux de
l'État de New York. Malgré tout ça, on arrive avec une
qualité... Le formulaire, vous savez, juste à regarder le
formulaire de remboursement anticipé, ça n'existe nulle part
ailleurs et, je l'admets, on n'est pas les plus riches comme organisation
fiscale et on arrive à faire ça.
Notre téléphonie, 3 000 000 d'appels
téléphoniques par année avec les contribuables. Diable! Il
faut le faire. Il n'y a pas un service, actuellement, du ministère qui
n'est pas bien fait. Visitez des bureaux du ministère n'importe
où, vous n'aurez pas de plaintes. Les gens n'attendent pas trop.
À la période de pointe, évidemment, le 28 avril, oui, il
peut y avoir un petit peu de délais, mais visitez n'importe quel bureau
du ministère, c'est propre, c'est accueillant, c'est bien fait. Allez
voir, chez nos amis du gouvernement fédéral, certains bureaux
d'impôt. Allez voir à Montréal si vous avez une salle
d'attente avec des chaises. Vous n'en avez même pas. Allez voir à
Ottawa, c'est un bureau que j'ai connu. Ils ont mis des comptoirs où le
personnel est debout avec une petite fente dans la vitre pour obliger le
contribuable à parler debout parce qu'ils m'ont dit: À un moment
donné, on sait que s'il est debout, il ne restera pas longtemps. C'est
la méthode "McDo." Tu mets des chaises non rembourrées parce que
le client s'asseoit et, au bout de 10 minutes, il s'en va. Ce n'est pas
confortable. Donc, on passe au suivant.
Alors, quand vous allez à Revenu Canada dans plusieurs bureaux,
je ne veux pas les blâmer, mais vous êtes debout en ligne avec un
numéro. Vous arrivez au comptoir de quatre pieds de haut, puis vous
parlez dans le petit trou, puis, de l'autre bord, on prend votre numéro,
votre numéro de téléphone, et on vous dit: On va sortir le
dossier et on vous rappelle dans trois semaines, bonjour, au suivant.
Chez nous, faites la visite, ce n'est pas de même. À
Québec, à Montréal, je fais la visite une fois par
année et je peux vous dire qu'on a des services qui se tiennent et
l'échange d'informations entre nos bureaux se fait. Quand vous arrivez
comme contribuable, vous allez remarquer que le fonctionnaire qui vous
reçoit a accès à l'écran cathodique, habituellement
à votre rapport d'impôt, à vos informations, sur-le-champ,
la plupart du temps. Et ça, c'est un service qu'on apprécie, mais
qui demande à nos services informatiques une bonne performance. Mais
c'est très complexe de prendre la loi sur l'impôt et, si j'avais
eu le temps, je vais terminer là-dessus, M. le Président, on
aurait à cette session présente le projet de loi sur le
budget et l'autre, les règles d'harmonisation, qui est le C-...
C'est quoi déjà l'autre qui est prêt, la grosse brique?
C'est une brique absolument fantastique, quelque chose comme 400 pages.
Imaginez que 400 pages de réglementation, il faut que ça rentre
dans l'informatique. Il y a plusieurs contrats que vous avez là qui ont
comme sous-contrat de prendre des parties de cette législation qui va
être mise en code informatique et entrée dans nos systèmes
pour le traitement dans six mois, dans un an. Ça, c'est énorme,
il y a beaucoup de repolissage à faire pour que ça marche bien.
Tout cela pour dire que, oui, c'est vrai qu'il y a des dépassements,
mais ils sont un peu inhérents au système. On n'a pas de
méthode, non plus, on ne peut pas d'avance s'engager à ne pas en
avoir, ce serait pire. On ne peut pas dire à des soumissionnaires: Si
vous trouvez des "bugs" dans le système, on ne veut même pas les
voir parce qu'on ne peut pas vous payer. Ça va être pire, ils vont
nous arriver avec des produits qui ne marcheront pas. On ne peut pas dire
ça. Si je fais bâtir une maison... D'abord, qui est capable,
aujourd'hui, de faire faire quelque chose et de dire qu'il n'y aura jamais de
dépassement? On le sait tous, on commande des choses, on commande des
services et on s'attend que peut-être... Laissez votre voiture à
un garage pour une réparation, est-ce qu'il va vous dire: Je vous
garantis que vous ne dépasserez pas 500 $ de réparations? Jamais,
c'est un minimum aujourd'hui.
On essaie de travailler avec ça, mais ce n'est pas notre faute
à nous si les professionnels avec lesquels on fait affaire sont
incapables, eux autres aussi, de bien évaluer. Le dépassement
n'est pas provoqué par le ministère, il est constaté par
ceux avec qui on fait un contrat, et c'est eux qui nous disent, à un
moment donné: On regrette, il y a quelque chose qui ne va pas, on
n'arrive pas dans le paramètre. Là, ils nous en informent et ils
nous demandent la permission pour savoir s'ils continuent, et on essaie de voir
avec eux dans quel ordre. Je pense que c'est fait avec le plus d'intelligence
et d'honnêteté aussi, je dois le dire.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Louis.
M. Chagnon: M. le Président, M. le ministre parle
d'abondance quand on lui parle d'informatique, à tel point qu'il devait
s'excuser pour demander à son sous-ministre de nous en parler davantage.
S'il avait fallu qu'il le fasse, il faudrait juger la demande de l'Opposition
d'avoir requis trois heures de temps pour étudier les crédits du
ministère du Revenu comme étant largement insuffisant.
Je vais revenir sur le sujet par une autre bande. Je ne peux pas faire
autrement que de relever une déclaration d'intention qui a
été soulevée ici par le ministre à l'effet de
vouloir déménager ses bureaux du centre-ville vers la rive sud ou
la rive nord.
M. Séguin: C'est le clou de la journée,
ça.
M. Chagnon: Oui, effectivement, parce que le député
de Mille-Îles parlait de la contradiction et de l'incohérence
qu'on pouvait retrouver dans les propos du député de Bertrand
lorsqu'il s'agissait de vouloir, d'une part, attirer chez lui des bureaux, des
gens dans un coin où la grande majorité du comté de
Bertrand, entre autres, est déjà homologuée comme
étant un territoire agricole. Évidemment, l'étalement
urbain vient se faire sentir non seulement sur les terres agricoles, mais sur
le coût des services à rendre au public. Je ne doute pas, M. le
ministre, que vous sachiez que dans le centre-ville de Montréal, aux
heures d'ouverture du ministère du Revenu, il y a 500 000 personnes qui
travaillent, donc qui sont susceptibles de payer des impôts, donc qui
sont clients du ministère du Revenu. Déjà, lorsque vous
cherchez à rejoindre votre clientèle, vous êtes
déjà au centre de votre clientèle. Ce qui me fait dire
qu'il n'y a pas beaucoup d'intérêt à reprendre le
ministère du Revenu, à l'écarteler entre l'est, l'ouest,
le nord et le sud parce que, du moment où vous contrôlez le
centre, vous savez déjà où sont vos clients.
Deuxièmement, on nous disait - je reviens au plan de
l'Informatique - que l'organisation informatique à place Desjardins,
pour l'avoir visitée et savoir comment elle est complexe, on disait
qu'il y avait des problèmes majeurs de déménagement de ce
système-là.
M. Séguin: Au Complexe Desjardins? M. Chagnon: Au
Complexe Desjardins.
M. Séguin: II n'est pas prévu de
déménager le système informatique qui est en place,
actuellement, au Complexe Desjardins. Il y a certains services qu'on peut
déplacer ailleurs, qui ont plus trait à la clientèle.
Notre but, c'est de se rapprocher d'une clientèle, mais le
système informatique est un système central, il n'y a pas de
problème. (17 heures)
M. Chagnon: Le système central que vous avez là, il
est impressionnant en fait. Quand tu visites ça, tu trouves qu'il y a de
l'outillage et de l'appareillage là-dedans pour les fous et les sages,
puis les pas fins. Ce n'est pas tout de l'équipement qui est
âgé de 20 ans. il y a de l'équipement extrêmement
sophistiqué. Évidemment, nos engagements financiers nous
démontrent que nous faisons des achats de façon constante. Je
présume que le ministère a un plan de développement de son
système informatique. C'est un plan qui est étalé dans le
temps sur une base de combien d'années?
Développement de l'informatique Une voix: Sept ans.
M. Chagnon: Sept ans. Ça vaut combien, ce
plan-là?
M. Séguin: Oui, M. Angers, peut-être...
M. Chagnon: On va ménager le ministre, parce qu'on va
tomber dans la quincaillerie.
M. Angers: C'est-à-dire qu'il y a plusieurs questions. Une
précision sur la question des suppléments: II est évident
que lorsque l'on regarde un document, si on ne regarde que les
suppléments, on ne voit que les suppléments. Le ministère
durant les mêmes années aurait octroyé plus de 500 contrats
et il y en aurait une quarantaine qui auraient fait l'objet de
suppléments. Comme l'a dit M. le ministre tout à l'heure,
l'expression "suppléments" est parfois trompeuse et ça
relève de plusieurs facteurs. Ça peut être une
décision en bonne et due forme de l'organisme qui donne les services de
modifier le contenu de son contrat pour tenir compte de l'évolution de
la fiscalité, parce que ça change en tonnerre, et je vous
parlerai un peu des changements qu'a pu connaître le plan depuis quelques
années. Donc, il y en a qui viennent de changements en matière de
fiscalité. Je ne vous ferai pas de dessin sur les taxes. Je pense que
tout le monde voit ça... Le monde réfléchit tout haut
là-dessus. Donc, il y en a qui viennent de la fiscalité
elle-même, d'autres qui viennent de l'innovation. On est dans
l'innovation, comme l'a dit le ministre. On n'a pas de comparable. L'Ontario
n'est pas un comparable complet, quoiqu'ils soient assez avancés, mais
ils nous regardent aller aussi. Du côté fédéral,
c'est la même chose. Les gens se regardent. Il y en a qui excellent dans
un autre domaine, mais il n'y a pas de comparable systématique avec
nous. On est dans l'innovation. Ça se fait une fois par 20 ans. La
dernière fois que ça avait été fait, c'est à
la fin des années soixante, au début des années
soixante-dix. Comme le disait le ministre, nos vieux équipements datent
de 18 ou 20 ans. Le renouvellement se fait. Il y a eu un plan de fait en
1984-1985. Il date déjà de six ans. Il est clair que...
M. Chagnon: En fait, ici, c'est un programme de sept ans. Vous le
finissez l'an prochain.
M. Angers: Non, non. Le plan a été initialement
préparé à cette époque. Il a été
examiné avec une prudence... Je ne sais pas si on va contre la Charte en
utilisant une prudence de Sioux, mais c'a été examiné avec
les plus grandes craintes et c'a été enclenché
graduellement et à un rythme que notre organisation pouvait sup- porter,
parce que, comme l'a dit le ministre, on ne peut pas arrêter. S'il
fallait arrêter le ministère pendant un mois pour installer de
nouvelles affaires, ça ne marcherait pas, c'est-à-dire qu'on ne
serait pas ici pour vous expliquer pourquoi.
Donc, il faut que ça continue. Et le plan a été
enclenché pour vrai à compter de la fin de 1986-1987 et on l'a
étalé dans le temps. Il a même fallu apporter des
changements à ce plan. Je vais vous en donner seulement deux. Le plan
original, non pas en termes de changements de fiscalité ou d'innovation,
n'avait pas prévu une opération qui consistait à s'occuper
de notre monde. On appelle ça l'environnement humain organisationnel. On
a développé tout un pan de mur, suite aux interventions du
ministre au début, qui était inquiet sans bon sens, je vous le
dis. D'ailleurs, il a choisi ses mots; il a été d'une politesse
extrême en disant qu'il était inquiet. Il n'était pas
inquiet, il avait peur un peu, et avec raison. Ça fait qu'on a introduit
l'obligation pour le ministère de faire ce programme-là avec tout
le monde. Donc, on a Introduit l'environnement humain organisationnel. Ce
n'était pas prévu dans le projet qu'on aurait une activité
après chaque réalisation de projet qui consistait à former
notre monde, a s'assurer qu'il était capable d'absorber les changements
technologiques.
M. Chagnon: C'a été fait. Alors, de 1986 à
1993.
M. Angers: Sept ans, on l'a étalé. Pour moi, on ne
finira pas avant 1994 ou 1995. On l'a étalé dans le temps. On a
une phase présentement...
M. Chagnon: Ça fait sept ans que vous... Ça vaut
combien?
M. Angers: Sur neuf ans. Le coût original de ce
projet-là avait été estimé à 300 000 000 $
pour la période. On a procédé à certaines
épurations; on a baissé les prix, mais ça comprend tout.
Tout est calculé. À l'heure actuelle, pour votre information, on
est rendus à environ 60 000 000 $ d'engagés, parce qu'on a
épuré, ça coûte moins cher qu'avant, même si
on a quelques excédents de coûts.
M. Chagnon: Vous avez épuré quoi?
M. Angers: On a épuré... Dans le plan original, il
y avait... D'abord, la première question qui s'est posée, c'est:
Est-ce que l'informatique va être distribuée sur tout le
territoire? On a décidé que non. On va garder ça
centrale-ment.
M. Chagnon: Vous avez déjà des terminaux.
M. Angers: Oui. L'autre affaire, il y avait toute une
série de projets très intéressants, très
sophistiqués qui consistaient à prévoir des
systèmes d'information pour les gestionnaires, pour à peu
près tout le monde. On a dit: Un instant, on met ça de
côté, on va y aller tranquillement. On fait une expérience
pilote dans un secteur et on va diminuer sensiblement ce programme-là.
Mais c'est chaque année qu'on fait ça. On n'a pas dit qu'on
réaliserait tout le projet. On a choisi les taxes, premièrement.
Puis, c'est cette année qu'on implante notre système de taxes.
L'an prochain, on pense entrer dans les déductions à la source et
dans les corporations. Mais on y va tranquillement au rythme des sommes
d'argent qui sont disponibles au gouvernement, puis on modernise notre
organisation.
Une autre chose qui n'avait pas été prévue au plan
- c'est important pour vous de le savoir - on n'avait pas prévu que,
lorsque viendrait le temps d'embarquer et de mettre en opération nos
systèmes de taxes, l'enregistrement, l'encaissement et l'ensemble des
démarches reliées aux taxes, puis la nouvelle
comptabilité... On a décidé - ce n'était pas
prévu au plan - de faire un laboratoire, parce que comme le dit le
ministre, nous autres, on ne peut pas arrêter. Pendant quatre mois -
juin, juillet, août et septembre - on fait un mini-ministère sur
la base de nos nouveaux systèmes pour voir si ça va marcher. Ce
n'était pas prévu dans le plan, pas parce que les gens
n'étaient pas bons, mais ils avaient peut-être
présumé que, lorsqu'on donne un contrat, c'est automatique, il
n'y a pas de "bugs", comme le dit le ministre. Mais, nous autres, on sait qu'il
y en a, des "bugs"; alors, on agit avec prudence.
Ce que je veux vous montrer par là, c'est que le temps fait qu'on
devient probablement plus sages et qu'on peut tenir compte de certains
éléments lorsque le plan n'est pas trop rigide.
M. Chagnon: Un investissement de 300 000 000 $ comme ça,
ça peut vous rapporter combien?
M. Angers: Ça peut rapporter... Le ratio de rendement est
de l'ordre de 3/1. À l'origine, ils parlaient de 900 000 000 $. On a
coupé le projet, parce qu'on l'ajuste. Mais je ne suis pas convaincu que
ça va se faire de même au bout de sept ou huit ans. On est rendus
à 60 000 000 $ à peu près, là.
M. Chagnon: Et ça vous rapporte combien vos 60 000 000
$?
M. Angers: 60 000 000 $, il va...
M. Chagnon: II va y avoir un rendement de combien?
M. Angers: Le rendement va certainement être de l'ordre du
tiers à compter de l'an prochain avec l'implantation des systèmes
de taxes.
M. Séguin: Mais si la question est dans le sens de savoir
si ça augmente automatiquement les recettes, je ne peux pas dire
ça. Ça augmente la qualité du service, la rapidité
du service, la rapidité d'échange d'informations. Dans certains
secteurs, ça peut aider à un meilleur appariement des revenus ou
une meilleure connaissance des sources de revenus, bien sûr. Par exemple,
on a développé avec les banques un meilleur échange
d'informations sur le calcul des intérêts. Ça nous permet
d'en taxer plus, parce que, plus on a d'informations, plus on est en mesure de
faire des vérifications et des cotisations.
M. Chagnon: Avez-vous des économies de personnel?
M. Séguin: Non, et je n'en souhaite pas. Je sais que c'est
un voeu traditionnel du Conseil du trésor depuis 1983. Mais je pense que
c'est une erreur de concept de penser que, parce qu'on ajoute de
l'informatique, on enlève du personnel. Moi, je dirais que pour faire
une bonne job, j'aurais besoin du double de personnel que j'ai
actuellement.
M. Chagnon: C'est le minimum qu'on apporte quand on entre un
système informatique en opération dans un domaine quelconque. On
le fait pour alléger ses besoins en termes de personnel.
M. Séguin: Revenu Québec, ce n'est pas une
entreprise privée, c'est un service public.
M. Chagnon: Alors, on n'a pas besoin de mettre 300 000 000 $ si
on donne déjà le service.
M. Séguin: Non, je pense que... Mais, là...
M. Chagnon: Parce que, déjà, comme vous l'avez
déjà souligné, le service adopté à...
M. Séguin: Mais là, vous m'amenez l'argumentation
du Conseil du trésor dont je ne partage pas la philosophie. Et je dis et
je redis que, pour moi, il n'est pas question... On a beau augmenter nos
services informatiques présentement... Et je peux vous dire que si
j'avais 1000 personnes de plus au ministère du Revenu, je pourrais
augmenter d'autant la qualité du service, des recettes et de la
vérification, etc.
M. Chagnon: N'importe quel citoyen ici au Québec depuis au
moins trois ans va vous dire, comme vous l'avez souligné d'ailleurs, que
sa relation classique avec le ministère du Revenu, qui est celle de
faire son rapport d'impôt et, généralement, pour la
très grande majorité des citoyens, de participer - ça a
été le cas cette année - à l'espèce de
coupon-réponse rapide,
pourra vous dire combien il est satisfait de l'amélioration de la
qualité du service et de la réception du ministère.
On ne pourrait peut-être pas en dire autant, lorsqu'il y a un
problème, que tu as une perception et que tu es obligé de
fonctionner entre les gens du ministère et des individus. Tout le monde
reçoit...
M. Séguin: J'ai dit que le Québec ne sera jamais un
Club Med pour les contribuables.
M. Chagnon: Voilà! Mais, quand même au niveau de la
qualité du service, ça s'est nettement amélioré et
il n'y a pas eu 300 000 000 $ d'investissements sur le plan de l'informatique
pour réussir ça. Alors, en quoi les 300 000 000 $... Vous dites:
300 000 000 $. C'est de l'argent en "batêche", ça, 300 000 000 $.
C'est beaucoup d'argent. Moi, je suis partisan d'investir sur le plan de
l'informatique dans plusieurs domaines. Je l'ai fait, dans le passé,
beaucoup.
M. Séguin: Oui, mais je vous dirais tout de suite que le
Conseil du trésor a approuvé notre développement...
M. Chagnon: Mais peu importe le Conseil... M. Séguin:
...et le suit religieusement.
M. Chagnon: ...moi, je vous pose des questions ici, comme
député.
M. Séguin: Celui qui est le plus critique de tous, c'est
le Conseil du trésor.
M. Chagnon: C'est normal, c'est son rôle...
M. Séguin: Bien sûr.
M. Chagnon: ...je pense à ça.
M. Séguin: II y a quelqu'un en permanence du Conseil du
trésor qui siège dans notre comité de suivi, en
permanence.
M. Chagnon: Pour 300 000 000 $, ça vaut la peine.
M. Séguin: Alors, je peux vous dire qu'il n'y a pas grand
dépense qui se fait frivolement pour acheter de l'équipement
qu'on met au rancart, dans les garde-robes parce qu'on ne s'en sert pas.
M. Chagnon: Ce n'est pas ça qui m'inquiète. Ce qui
m'inquiète, c'est une question macroscopique de définition du
rendement d'un montant qu'on peut investir - on parlait d'informatique,
puisqu'on en parle - sur la base d'un rendement, d'un investissement de 300 000
000 $ en matière d'informatique dans un ministère qui donne
déjà un service qui est...
M. Séguin: Oui, mais j'aime mieux parier, moi, de ce qu'on
a investi à date. On est rendus à 60 000 000 $...
M. Chagnon: C'est ça.
Coût de la complexité fiscale
M. Séguin: Je dirais que plus de la moitié est du
renouvellement d'équipement périmé. Il y a un autre
phénomène, je vais l'ouvrir tout de suite. Si on veut parier
d'informatique, je vais vous parler d'un autre phénomène, moi.
C'est qu'il y a une augmentation de la complexité fiscale, et ça,
ça se paie. Souvent, les décideurs ou les critiques sont les
mêmes que ceux qui ont recommandé des complexités fiscales,
mais, aujourd'hui, ils ne veulent plus en assumer le coût. Le programme
APPORT, c'est un bel exemple. C'est un très bel exemple, d'un
côté, dire qu'on fait telle chose et, de l'autre, dire à
Revenu Québec: Vous le faites, mais on vous coupe un bras pour le faire.
Je ne ferai pas de comparaison, mais je vais me limiter à ce que je vis
au ministère du Revenu. Les gens qui m'accompagnent savent de quoi je
parie. Nous, on est là et, chaque année, on reçoit des
tonnes de changements, de modifications. Ce que je constate, c'est que ce qu'on
pense comme modalités, au lieu d'aller dans le sens de la
simplification, on va dans le sens de la complexité des systèmes,
et il y a un coût à ça. Si, moi, au lieu d'avoir une
déduction qui me demande deux lignes dans un rapport d'impôt, j'ai
un projet de déduction que je dois transcrire sur un formulaire avec une
page et 39 lignes, c'est sûr qu'au lieu de le traiter plus facilement
avec l'informatique, je suis obligé de faire des acrobaties
informatiques pour le traiter, et c'est dans ça qu'on patauge,
année après année.
Le ministère est rendu avec 23 lois sous sa juridiction et vous
remarquerez que les effectifs n'ont pas augmenté depuis à peu
près six ans. On est à peu près 4200 depuis six ans. Or,
depuis six ans, la fiscalité a triplé en complexité. C'est
énorme. Aucune comparaison entre la Loi sur les impôts
d'aujourd'hui et celle d'il y a six ans. Il y a beaucoup de déductions
qu'on a amenées, qui sont peut-être très bonnes en
principe, mais, sur le plan des modalités, elles sont fort complexes.
Pour ça, il y a un coût, et, nous, pour absorber cette
complexité, bien, nous devons aussi développer l'informatique
parce qu'on a 4 000 000 de payeurs de taxes que nous desservons. Je pourrais
vous donner, par exemple, l'allocation familiale. Voilà un autre bel
exemple. L'allocation familiale taxable - on se souviendra de ça -
mauvaise initiative de l'ancien gouvernement, mais qu'on a un petit peu reprise
en 1985.
M. Chagnon: En 1984 ou 1985.
M. Séguin: Ça avait été
présenté par M. Duhaime dans son dernier budget..,
M. Chagnon: En 1985.
M. Séguin: ...en mai 1985. Les allocations familiales
devenaient taxables, On avait imaginé une complexité inouïe
dans la Loi sur les impôts. Pour payer 130 000 000 $ ou 140 000 000 $
d'allocations familiales, qu'on devait rembourser à même le
rapport d'impôt, il fallait remplir un formulaire d'à peu
près une page. Pour nous, c'était le monstre. Écoutez,
quand on a vu ça arriver, c'était l'hystérie totale.
Finalement, j'ai fait des représentations, je ne m'en cache pas. J'ai
été un de ceux qui étaient les plus outrés de cette
approche, tant parce qu'on continuait à payer des chèques qu'on
reprenait de l'autre qu'à cause de la complexité et de la
lourdeur pour le ministère de s'embarquer là-dedans, avec
l'ensemble de tous les foyers du Québec. Donc, à la suite de
différentes représentations, en 1987, le ministre des Finances a
décidé de l'abandonner. Tant mieux, on n'en parle plus
aujourd'hui.
Ce sont de exemples, mais, que voulez-vous, dans trois mois... Dans le
dernier budget, il n'y a strictement rien - je pense que mon collègue va
être d'accord avec ça - de majeur sur le plan fiscal, de nouveau,
de troublant, d'agitant, qui nous crée des agitations intellectuelles
importantes. Il n'y en a pas.
M. Chagnon: Sur le plan informatique, vous n'avez pas de
problème.
M. Séguin: Mais je vous jure que, sur le plan
informatique, c'est une autre paire de manches.
M. Chagnon: Pourquoi?
M. Séguin: On dit un paquet d'affaires là-dedans
qui touchent un paquet d'affaires qui viennent, au lieu de simplifier,
complexifier un paquet de choses, et on va être obligés de vivre
avec.
M. Chagnon: Comme quoi?
M. Séguin: Je vous donnerai un petit exemple qui m'a
accroché récemment: les parts permanentes des
Fédérations des caisses populaires.
M. Chagnon: De 1000 $ à 2500 $...
M. Séguin: Ce n'est rien dans le budget, ce n'est
rien.
M. Chagnon: ...de déductions...
M. Séguin: Ce n'est rien dans le budget, c'est une phrase.
L'augmentation sur... Les inventaires sur la taxe de bière...
M. Chagnon: en fait, sur le plan informatique, tout ce que vous
avez à faire, c'est de corriger votre 1000 $ à 2500 $; une fois
que votre programme est fait, c'est fini.
M. Séguin: Les inventaires sur la taxe de bière,
c'est la même chose, etc.
M. Chagnon: Ce n'est pas vraiment un gros problème.
M. Séguin: On n'a pas idée, d'un côté,
de la complexité que ça amène, on connaît mal la
plomberie fiscale...
M. Chagnon: Tu reprogrammes, et ça va.
M. Séguin: On se reprogramme! Ça ne marche pas de
même, ça. Ce n'est pas du "fine-tuning" de
télévision.
M. Chagnon: Ce n'est pas vraiment un gros problème, passer
de 1000 $ à 2500 $ les parts permanentes des caisses populaires...
M. Séguin: Enfin, bravo si vous êtes d'un optimisme
comme celui-là. Moi, par expérience... Pourtant, avant
d'être au ministère, j'ai péché dans la pratique
privée. Je dis "péché" parce que, au ministère du
Revenu, je pense que ceux qui font de la pratique privée en
fiscalité sont des pécheurs. Donc, j'ai péché
pendant 13 ans dans la pratique fiscale avant d'être là et je peux
vous dire que j'apprécie aujourd'hui dans sa pleine ampleur la
complexité dans laquelle on patauge dans l'administration fiscale. Quand
j'ai des discussions avec mes vis-à-vis, à Ottawa et dans les
États américains, c'est la même chose. Je peux vous dire
que la réforme américaine aux États-Unis, annoncée
par M. Reagan le 12 octobre 1984, tout le monde pensait... Vous vous souvenez
un peu du principe, excusez l'anglicisme, "flat rate", tout le monde a dit:
C'est merveilleux, c'est la réforme américaine, tu fais un
revenu, tu as un taux d'impôt. Allez voir le dernier rapport
d'impôt américain, la formule 1040...
M. Chagnon: Ça ne fonctionne pas.
M. Séguin: Chaque fois que je vais en Floride quelque
temps, je m'en vais sur le boulevard Collins à Miami, où il y a
quatre firmes qui font des rapports d'impôt. J'entre dans les bureaux et
je leur demande: Ça doit être facile, hein? De tout temps, aux
États-Unis, l'année passée et cette année, c'est la
pire administration fiscale avec la formule 1040 et, il y a deux semaines, le
responsable de l'adminis-
tration fiscale aux États-Unis a annoncé qu'à
l'automne le président américain va mettre fin à la
réforme américaine parce que c'est "non manageable", non
administrable. Ils ont un taux d'erreurs faites par les contribuables et par la
machine de 45 %.' J'ai moi même une copie de la formule 1040, et c'est ui
défi intellectuel majeur.
Je pense que l'accord du lac Meech, comme texte, comparé à
la formule 1040 fiscale, ce n'est rien, c'est une pouponnière
comparé au formulaire 1040. C'est le formulaire qui est envoyé
à 184 000 000 de contribuables américains, et c'est d'une
incompréhension totale. Donc, en fiscalité, il faut se rendre
compte d'une chose, il ne suffit pas d'avoir de bonnes idées, il ne
suffit pas d'avoir de bons principes, il ne suffit pas d'avoir de bons
éléments, il faut aussi que les modalités... Le
contribuable, lui, ne vit pas avec les principes, il vit avec les
modalités, le formulaire, la chose à faire pour avoir droit
à son affaire. Là-dessus, on a fait des améliorations,
c'est sûr. Je dois dire que les Finances sont très sensibles
à nos représentations depuis une couple d'années parce
qu'on essaie de les amener à faire un travail vraiment complet. Nous, on
veut se prémunir contre des complexités inutiles. C'est sûr
que ça alourdit nos services et on veut donner un service qui soit des
plus simples, mais ça ne veut pas dire que ce qui est simple pour le
contribuable est simple pour nous. Nous avons une gestion très complexe
derrière à faire avec tout ça. Je pense que les
systèmes informatiques sont essentiels, mais, d'un autre
côté, il ne faut pas trop attendre, il ne faut pas vendre un
système informatique avec la seule idée que, dès qu'il va
marcher, les recettes vont augmenter et que le système informatique va
s'autofinancer en dedans de 12 mois. Je pense que ça ne marche pas tout
à fait comme ça. Il y a un coût à payer pour un
service public. (17 h 15)
Par exemple, on a dit tantôt, et je l'apprécie et je pense
que tout le monde l'apprécie, que l'ensemble des contribuables sont
heureux d'un remboursement anticipé dans un délai qui est normal,
qui est raisonnable: 15 jours, 21 jours. Bravo! Mais ça coûte de
l'argent faire ça et c'a demandé de la performance au
système informatique. Traiter 1 000 000 de chèques en 15 jours...
On pourrait dire: On ne le fera pas, on va sauver une couple de millions,
peut-être 20 000 000 $, je ne le sais pas. Mais on va récolter
quoi? On va récolter ce qu'on avait dans les années
antérieures, quasiment...
M. Chagnon: Vous avez tout à fait raison.
M. Séguin: ...l'émeute traditionnelle du mois de
juin, quand les gens avaient fait leur rapport d'impôt, qu'ils
étaient en attente d'un remboursement...
M. Chagnon: Qu'ils le reçoivent au mois d'octobre.
M. Séguin: ...et là, ce sont des
déchirements publics. C'est l'engueulade avec les ministères du
Revenu fédéral, provincial, etc., partout, jusqu'au mois
d'octobre pour avoir leur remboursement.
M. Chagnon: Bravo! Mais ça entre exactement dans le cadre
de ce qu'était ma question. On va mettre 30 000 000 $, 20 000 000 $, 10
000 000 $, 5 000 000 $. On a un service. On retire un service qui est connu et
apprécié d'ailleurs, mais je me mets dans vos bottines quelques
secondes et je vois arriver un programme. Le sous-ministre nous parle de 300
000 000 $ sur sept ans. J'aurais peur aussi. Je me dirais: Premièrement,
est-ce que j'en ai pour mon argent? Deuxièmement, à quoi vont
servir ces moyens-là? Et, troisièmement, est-ce que j'ai besoin
d'avoir cet équipement-là? C'est la question...
M. Séguin: C'est pour ça qu'on s'est
organisés pour que, chaque année...
M. Chagnon: Back to square one.
M. Séguin: Je pense que c'est la meilleure façon.
On a un plan d'ensemble, bien sûr, qui est un peu un idéal de
développement, mais, chaque année, on l'analyse, puis on se
réajuste. D'ailleurs, pour être honnête, le premier projet
était beaucoup plus ambitieux que ça. Le premier projet, en
1984...
M. Chagnon: Ce n'était pas César, chez vous?
M. Séguin: C'est ça. Il était beaucoup plus
développé, beaucoup plus ambitieux, peut-être très
bien pensé, c'est sûr, mais on s'est dit: Essayons de le vivre
petit à petit. Et, moi, ma crainte, c'est l'appariement entre deux
systèmes: l'ancien et le nouveau. On marche, nous, comme je le disais,
à l'année longue. On ne peut pas dire: O.K., on prend
l'été, juillet et août, on ferme un peu nos affaires, on
sort le vieux et on entre le neuf.
M. Chagnon: II faut que ce soit en parallèle tout le
temps.
M. Séguin: On est aussi occupés en juillet et
août qu'au mois de décembre. On change de cycle. On change de
préoccupations. Alors, tout ça pour dire que l'informatique, bien
sûr, c'est important, mais comment parler de fiscalité de nos
jours sans informatique? J'étais dans un bureau de comptables; j'ai
été en charge de la fiscalité chez Maheu Noiseux pendant
une couple d'années Je peux vous dire que l'informatique, on en mangeait
jour et nuit. Notre bureau faisait
4000 rapports d'impôt. J'étais en charge de la
qualité. Je faisais affaire avec Informatrix Computer Consulting
à l'époque et actuellement Informatrix est devenue le grand
préparateur des rapports d'impôt au Québec. Allez voir
il&R Block: ils ont les mêmes paramètres en informatique dont
on parle ici. Eux autres, ils font des centaines de milliers, des millions de
rapports d'impôt. Allez voir des grandes firmes américaines qui
font des rapports d'impôt à travers les États-Unis, qui ont
peut-être 40 000 000 de rapports d'impôt. Nous, on n'en a que 4 000
000 et, déjà, on dit qu'on est "grevés" - excusez
l'expression - en informatique. Allez voir une firme comme il&R Block aux
Etats-Unis qui traite 28 000 000 de rapports d'impôt; ils ont plus qu'un
Macintosh dans le bureau. Ils sont équipés sans bon sens et, eux,
ils figurent que...
M. Chagnon: Mais eux, leur informatique leur rapporte.
M. Séguin: Oui, comme nous, elle rapporte 25 000 000 000 $
au gouvernement du Québec.
M. Chagnon: Mais si on augmente...
M. Séguin: Et on n'a pas augmenté les effectifs.
Alors, je pense que de ce côté-là...
M. Chagnon: ...la puissance, l'importance et l'investissement, on
n'arrivera pas à 50 000 000 000 $ de rendement. Ha, ha, ha!
M. Séguin: Ah! mais il y a une capacité de payer
qu'il faut regarder aussi.
M. Chagnon: Oui, c'est ça.
M. Séguin: Je ne suis pas sûr qu'on puisse
nécessairement augmenter l'informatique puis les effectifs du
ministère pour penser qu'on puisse augmenter... Il y à une
capacité de payer des contribuables qu'il faut... Mais là, on est
sur un plan politique lorsqu'on fait ces équilibres-ià, c'est
autre chose. Je pense qu'au niveau du ministère du Revenu, la
performance est là, on se compare avantageusement avec ce qui se fait
ailleurs. Je dirais même sans exagérer, je considère que,
présentement, Revenu Québec est probablement l'une des meilleures
administrations fiscales qui existent. Que vous regardiez dans les États
européens, dans les États américains, même au
fédéral. Trouvez-moi une administration fiscale actuellement qui
a de meilleurs services ou qui est plus performante que Revenu Québec.
Cherchez! Il n'y en a pas, à mon humble avis. Il y a quelques
États américains chez lesquels on peut bien sûr prendre des
choses intéressantes. Je pense que ce sont les gens de
l'extérieur maintenant qui viennent voir un petit peu ce qu'on fait,
puis qui trouvent ça drôlement intéressant. Alors, je pense
qu'on n'est pas gênés dans nos paramètres.
M. Chagnon: Sur ce plan-là, votre compétition avec
les États américains, ça peut être quoi?
M. Séguin: Pardon! Ah bien! il y a l'État de New
York avec lequel on se compare un petit peu, non pas par la grosseur, mais par
l'approche auprès des contribuables, par le genre de services et le
genre de mécanismes. Encore là, on fonctionne dans une
fiscalité qui a comme contexte le Code civil. Ce ne sont pas les
mêmes lois de référence que pour les autres. Alors, on ne
peut pas faire de comparaisons. Nous avons un système unique. Seule la
province de Québec a un système unique. Mes collègues d'en
face diraient que c'est un système essentiel au cas où, un jour,
le Québec deviendrait un pays. Mais c'est la seule province, la seule
population, le seul État qui a présentement un système
fiscal qui est parvenu à une qualité, actuellement, qui le place
dans les premières administrations fiscales. Ce n'est pas rien de dire
ça. Même l'Ontario, qui est notre province voisine parmi les plus
riches, n'a pas un ministère du Revenu aussi performant que le
nôtre.
M. Chagnon: Ils n'en ont pas...
M. Séguin: Ils en ont un, mais il est très
minime.
M. Chagnon: Ils ne collectent pas. C'est avec les États
américains qu'il faut se comparer, sinon... On ne peut pas se comparer
avec le Canada.
M. Séguin: Alors, voilà, M. le Président, un
peu toutes ces raisons un peu longues, mais je pense qu'elles sont
d'intérêt.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: Enfin, un bref... Nous sommes à l'étude
des crédits, comme vous le savez, M. le Président, et je
m'intéresse plus à l'éléphant qu'aux quelques
souris qui pourraient passer. L'éléphant, ça
m'apparaît être le programme. Ce n'est plus sur sept ans, mais sur
huit ou neuf ans de développement, de l'ordre de 300 000 000 $,
éventuellement 300 000 000 $.
M. Angers: C'est baissé. M. Chagnon: C'est
baissé?
M. Angers: On a diminué les coûts à date. Le
programme a été évalué. Mais comme le disait le
ministre, c'est chaque année. C'est un morceau de programme qu'on tente
de réaliser en tenant
compte un peu de l'évolution de la fiscalité, parce que
c'est dur de ne pas se tromper en fiscalité. mais on a choisi les bonnes
cibles, semble-t-il, à date.
M. Chagnon: Le rôle des députés, quels qu'ils
soient, particulièrement au moment de l'étude des crédits
d'un ministère, c'est évidemment un rôle de contrôle.
Et il serait peut-être intéressant qu'on ait éventuellement
plus d'information sur ce sujet-là.
M. Séguin: Oui, je comprends. Mais je vous dirai, M. le
Président...
M. Chagnon: Entre.,.
M. Séguin: ...ayant participé à cette
commission depuis quatre ans...
M. Chagnon: Entre les...
M. Séguin: ...c'est le sujet que j'entends depuis quatre
ans.
M. Chagnon: Est-ce que je peux terminer, monsieur?
M. Séguin: Oui, certainement.
M. Chagnon: C'est parce qu'entre le problème du
dépassement d'un contrat à CGI ou à l'autre firme dont on
parlait, DMR... Il y en a à peu près trois ou quatre au
Québec qui sont du même ordre. Et il est évident qu'il peut
y avoir un dépassement. Ça a été expliqué
auparavant. Avant de regarder le dépassement - on est dans la
microscopie quand on regarde le dépassement d'un projet de recherche,
d'un projet d'implantation ou d'un projet de développement - quand on
regarde l'animal au complet, ça peut être drôlement plus
intéressant pour les membre de la commission de regarder où on
s'en va dans un dossier comme celui-là, dans lequel on embarque, de la
façon dont le sous-ministre le mentionnait...
M. Séguin: II n'y a pas de problème.
M. Chagnon: ...dans des ordres de grandeur qui sont
extrêmement importants.
M. Séguin: II n'y a pas de problème. Mais je dois
indiquer qu'on dépose depuis au moins deux ans ici à la
commission, aux membres, toute la documentation sur le plan de réforme,
sur le plan informatique. La dernière fois, aux engagements, on l'a
fait. Maintenant, chaque membre en reçoit des copies. Je vais la leur
déposer, et ça me fera un grand plaisir.
M. Chagnon: Mais la difficulté, c'est un peu la
vôtre, semble-t-il, M. le ministre, que vous nous exprimiez, c'est que
pour comprendre le développement d'un système comme
celui-là, il faut le regarder dans son ensemble. Quand on le ramasse
morceau par morceau, il n'y a pas un chrétien qui ne se perdra pas
là-dedans. Vous avez un tas d'experts qui jouent là-dedans
à l'année longue, spécifiquement dans
l'aménagement, la mise sur pied et le développement d'un
réseau comme celui-là. Au moins nous faire comprendre là
où on s'en va, puis ce qu'on veut rechercher comme...
M. Séguin: Écoutez, j'ai offert plusieurs fois aux
membres de la commission de venir visiter le ministère. J'en serais
très heureux. On a une équipe au ministère qui sont des
experts du plan de développement. Ils peuvent vous expliquer ça
avec un plaisir infini et avec une science beaucoup plus complète que la
mienne sur le sujet. Je réitère l'invitation, M. le
Président, aux membres de venir visiter le ministère, de venir
rencontrer nos experts du système informatique et de se faire expliquer
le plan de développement, tout notre fonctionnement, toutes les balises
qu'on a mises autour, etc. Ce serait un grand plaisir et probablement plus
visuel que d'en discuter comme ça.
Sur place, les membres pourront se faire expliquer l'a b c de tout
ça, poser des questions. Moi, je suis prêt à organiser
ça dès que l'intérêt sera manifesté.
M. Chagnon: Avec grand plaisir.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez d'autres
questions, M. le député de Saint-Louis?
M. Chagnon: Non, merci. Ça ira. Je vais continuer un peu
plus tard.
Le Président (M. Lemieux): Ça va. M. le
député de Bertrand.
M. Beaulne: Oui. J'ai écouté avec
intérêt les échanges entre le député et le
ministre. Je dois dire que je partage certains des commentaires qui ont
été faits par le ministre, surtout lorsqu'il exprime les
exigences qui sont de plus en plus imposées à son
ministère. À ce niveau-là, je ne peux m'empêcher de
détecter un certain manque de coordination entre, d'une part, les
programmes qui sont de plus en plus imposés au ministère ou qui
impliquent une intervention du ministère du Revenu sous une forme ou
sous une autre, et ceux qui lui imposent des exigences de toutes sortes.
Ça me fait penser un peu à quelqu'un qui exige de plus en plus de
kilométrage de sa bagnole sans jamais lui faire, comme on appelle en bon
français, un "tune up" de temps en temps puisque, comme vous l'avez
souligné, le ministère n'a pas eu d'augmentation de ressources
depuis quatre ans, je pense, que vous avez mentionné.
Cela étant dit, M. le ministre, simplement pour terminer, enfin
en ce qui me concerne, la question sur les dépassements, je comprends
que ça revient souvent, mais vous comprendrez que, pour ceux qui ne sont
pas tout à fait experts dans le domaine, et je dirais même pour
des gestionnaires tout court, c'est inhabituel de voir ce type de situation. On
l'a mentionné à plusieurs reprises au cours de l'étude des
engagements, je ne veux pas revenir là-dessus. D'autre part, les
commentaires du député de Saint-Louis sont assez pertinents dans
le sens que ce qui est beaucoup plus important, comme je l'ai souligné
dans mes remarques de départ, c'est d'examiner l'éléphant
plutôt que de chercher les souris qui pourraient lui passer entre les
pattes.
Pour terminer sur la question des dépassements, toujours à
partir d'un point de vue un peu plus macroscopique, on sait que le nombre de
contrats qui ont subi des dépassements n'a cessé d'augmenter au
cours des quatre ou cinq dernières années. La question que je me
pose là-dessus, c'est: Est-ce que vous êtes en mesure, sur la base
soit de l'expérience que vous avez accumulée jusqu'ici ou du type
d'exigences que vous avez dans le niveau informatique, de décortiquer,
jusqu'à un certain point, le type de contrat où, de prime abord,
des dépassements peuvent être envisagés par rapport
à ceux où des dépassements seraient difficilement
explicables? Ça, c'est ma question numéro un.
L'autre question que j'aurais pour terminer sur ce volet-là,
ça concerne un commentaire du ministre et c'est un renseignement que je
serais intéressé à obtenir. Est-ce que le fait
d'être obligé d'adapter en français l'informatique implique
des coûts supplémentaires importants?
M. Séguin: Sur le premier aspect, de façon
générale, si on a des façons de contrôler le
dépassement, c'est sûr que ça ne se fait pas à
l'aveuglette. Il y a des échanges avec l'entreprise, des discussions,
des révisions. Il y a des comités, chez nous, qui regardent
ça en profondeur, qui essaient de s'expliquer pourquoi et qui
autorisent, jusqu'à un certain point, le dépassement. Ça,
je peux vous l'assurer.
Le deuxième aspect, à savoir si on fait des efforts pour
avoir nos logiciels en français, bien sûr, les grandes
sociétés en informatique, que ce sort IBM ou même
Macintosh, Apple, maintenant, qui commencent à donner des services ont
la plupart de leurs logiciels de base en anglais. On a quand même du
personnel qui peut... Tout le monde qui travaille en informatique, qu'importe
le degré de compréhension en informatique, est habitué
à travailler avec des logiciels ou des matériaux en anglais parce
que, bon, c'est la base en informatique, beaucoup. Je me souviens que,
l'année passée, on avait discuté de ça. Je me
souviens même du député de Lévis, il y a deux ans,
qui, lui, avait soulevé l'importance de privilégier le recours
soit à des entre- prises du Québec, soit à du
matériel en français. Je pense que c'est tout à fait
raisonnable et légitime. On a fait des efforts dans ce sens-là,
mais, pour les compagnies ou les entreprises du Québec qui peuvent
concevoir du matériel, il n'y a pas de problème. Ce sont des
compagnies du Québec, alors elles nous donnent un produit. Mais,
souvent, on est obligé de recourir à d'autres qui,
malheureusement, font une traduction ou... On a des coûts
supplémentaires si on a des exigences en français. Oui. (17 h
30)
M. Beaulne: Est-ce que ces coûts-là sont importants?
De quel ordre de grandeur, à peu près?
M. Séguin: C'est difficile à dire, c'est
peut-être 10 %. Est-ce qu'on peut dire ça? M. Rheault, vous avez
compris la question, est-ce que le coût...
Le Président (M. Lemieux): Pouvez-vous vous identifier,
s'il vous plaît? Nom et fonction.
M. Rheault (Denis): Denis Rheault. Pour répondre à
votre question, le coût est de 300 000 $ en ce qui concerne le
ministère du Revenu pour un programme qui irait à une
francisation intégrale, incluant les accents sur les noms, chose que
nous n'avons pas actuellement. C'est pour ça qu'on dit "francisation
intégrale". Quand on entre au niveau du nominatif, c'est beaucoup plus
délicat. Donc, le coût à investir est de l'ordre de 300 000
$. Ça ne se fait pas en une année, il faut étaler
ça graduellement. Et puis il y a une condition, c'est qu'il y ait des
partenaires du ministère du Revenu, également, qui entrent dans
le rang, parce que le ministère fait des correspondances avec d'autres
ordinateurs, des petits voisins, et puis ça communique, ces
choses-là. Alors, il faudrait bien que les noms accentués
puissent être comparés avec des noms accentués. Ce n'est
pas la même valeur informatique, le caractère accentué ou
pas.
Donc, cette étude-là a été faite par le
ministère des Communications et le ministère du Revenu. Dans une
politique actuelle, le ministère des Communications dirige vraiment un
gros programme de francisation en informatique. C'est en cours, et on a des
programmes pour tous les ministères.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Bertrand.
Ajustement à la taxe sur les produits et
services
M. Beaulne: Pour changer de sujet, M. le ministre, pour tomber
dans un domaine où, là, on n'a vraiment aucune indication, vous
vous doutez bien que c'est la question de la TPS, des coûts
d'ajustement qui vont être subis par le ministère du Revenu
dans cette opération-là.
Le discours sur le budget, malheureusement, nous a simplement appris que
le gouvernement allait s'ajuster, d'une façon ou d'une autre, à
la TPS fédérale sans apporter d'autres précisions. Il n'y
a pas grand-chose non plus qui est indiqué dans tes crédits qui
nous ont été présentés. Ce que j'aimerais savoir,
c'est si vous avez commencé à faire des études sur la
façon dont vous allez vous y ajuster, parce que je veux bien croire
qu'il y a toutes sortes de groupes qui essaient de combattre la TPS
fédérale, mais vous savez comme moi, à moins de
circonstances imprévues, que ça va entrer en vigueur en 1991 et
que le gouvernement du Québec va devoir faire face à la
musique.
Je connais, d'autre part, votre point de vue là-dessus et je dois
dire que je le partage, mais il demeure que, du point de vue du
ministère du Revenu... Avez-vous des estimations - ça me
surprendrait que vous n'en ayez pas à ce stade-ci - de ce que ça
pourrait coûter au ministère du Revenu pour s'ajuster à la
TPS fédérale selon un scénario ou l'autre,
c'est-à-dire que, ou bien le ministère du Revenu perçoit
la TPS pour le fédéral seulement sur les produits où
s'applique présentement la taxe de vente du Québec, ou bien il
envisage d'autres formules? Advenant que le ministère du Revenu soit
obligé de s'ajuster, comme il va l'être de toute façon,
à moins que le gouvernement fédéral ne soit
renversé d'ici ce temps-là, où allez-vous prendre les
crédits nécessaires pour ces ajustements-là, selon le
scénario que vous aurez choisi à ce moment-là?
M. Séguin: Évidemment, je peux indiquer tout de
suite que la décision du gouvernement n'est pas prise encore. Le
ministre des Finances disait dans son discours sur le budget, à la page
12, qu'il annoncera plus tard sa décision. Il y a encore de
l'exploration à faire, des discussions.. Ceci étant dit, on ne
peut pas présumer que c'est décidé. Je pense que le
gouvernement du Québec s'est réservé encore une
période de réflexion, de discussion, d'analyse. Je pense que
c'est normal aussi, compte tenu du fait, comme vous le dites, que le
fédéral a annoncé son projet. C'est devenu un projet de
loi. Il veut qu'il soit sanctionné d'ailleurs dans les prochains mois
pour une mise en vigueur le 1er janvier 1991. Donc, à tout le moins, on
a analysé quel serait l'impact.
Indépendamment de la décision du gouvernement du
Québec, juste pour nous, est-ce qu'il y a un impact, d'abord? Est-ce
qu'il y a un effet direct à l'arrivée dans le territoire du
Québec d'une TPS gérée par le fédéral?
Comment cela nous affecte-t-il? C'est sûr que, parce qu'on a
déjà, nous, une taxe de vente à la consommation, il y a
des biens dans le projet de la TPS qui vont être assujettis à la
TPS, soit la taxe sur les produits, donc ce qui remplace l'ancienne taxe
d'accise, soit la portion des services. Mais comme nous ne taxons pas les
services, ce n'est pas tellement ce volet qui crée, si vous me permettez
l'expression, un embouteillage parce qu'on ne l'a pas. Mais concernant la taxe
à la consommation sur les produits, que nous avons déjà,
et la TPS fédérale qui est déjà annoncée,
qui va être sur des produits avec des intrants, des remboursements, etc.,
on se pose déjà des questions. C'est sûr qu'il y aura des
zones de chevauchement, des zones d'irritants entre les deux systèmes.
On essaie de voir comment on peut y pallier administrativement pour le
ministère du Revenu.
Deuxièmement, le nombre de mandataires qui vont devoir faire les
versements en vertu de la TPS serait évalué approximativement
à 450 000 au Québec. Pour vous donner un ordre de grandeur, la
taxe de vente est actuellement rapportée par approximativement 250 000
mandataires. Alors, vous auriez 250 000 mandataires pour la taxe de vente du
Québec et 450 000 qui peuvent être en partie au moins 250 000 de
base qui sont les mêmes, plus 200 000 autres qui s'ajoutent pour le
fédéral.
Je pense que le chiffre n'est pas un secret comme tel, je l'ai dit
moi-même, je pense que le scénario fédéral
appliqué au Québec représente certainement 1000 personnes
de plus pour Revenu Québec, si on voulait faire exactement la même
chose. Pour le territoire du Québec, c'est environ 1000 personnes
additionnelles. Donc, c'est quand même important. Le
fédéral estime lui-même que c'est une administration
considérable. Ça, il n'y a pas de doute. Le rapport du
Vérificateur général fédéral a
consacré environ 75 pages à la description, je ne dirais pas,
apocalyptique, mais en laissant voir que ce serait une administration qui
serait un défi comme rarement un projet l'a été pour
l'administration fiscale fédérale.
C'est sûr que l'ampleur administrative évaluée au
fédéral donnerait à peu près, toutes proportions
gardées, le même scénario chez nous si on devait suivre la
même voie. C'est ça qui, certainement, est une justification pour
nous, au ministère, d'être très vigilants. D'un
côté, on n'a pas le droit de ne pas réfléchir, parce
qu'on sait que ça s'en vient. Mais, d'un autre côté, on est
très vigilants. Comme le disait le ministre des Finances dans le
discours sur le budget, sa préoccupation, c'est d'abord et avant tout de
protéger les contribuables du Québec, de travailler dans le sens
des intérêts des contribuables du Québec. Pour moi qui ai
toujours milité pour une simplification fiscale, l'aspect qui me,
comment dire? préoccupe le plus dans tout ce projet, c'est de m'assurer
que le système, qu'importe soit-il, soit le plus simple possible pour le
contribuable, soit le mandataire ou le consommateur. Mais je pense beaucoup au
mandataire. S'il y en a 500 000 au Québec, ça commence à
faire du monde. Ce sont souvent de petites entreprises ou des
commerçants
Donc, il s'agit pour nous de nous assurer qu'au mimimum les
systèmes fiscaux, pour prendre une expression bien chère à
M. Parizeau, ne créent pas une jungle fiscale. Je vois la TPS avec 300
articles. On avait dit il y a un an, dans certains discours, qu'elle serait
simple, compréhensible, tellement plus simple que l'autre. Mais l'autre
a moins d'articles. La taxe d'accise fédérale a moins d'articles
que la nouvelle. La nouvelle, vous voyez, juste le projet de loi a 300
articles. C'est une brique de deux pouces.
Enfin, sans être prophète de malheur, je peux
déjà prévoir une foule de bulletins
d'interprétation, comme toute loi fiscale. Avec 300 articles, c'est
clair, il y aura possiblement beaucoup d'interprétations. Ce sont des
aspects qui, dans l'administration fiscale, sont toujours préoccupants.
On n'est pas sans avoir ces mêmes soucis.
Maintenant, tant que le gouvernement n'a pas pris sa décision,
nous, nous ne sommes qu'à réfléchir sur différents
scénarios. D'ailleurs, il y a plusieurs écoles de pensée
qui s'expriment de temps à autre dans les journaux, dans les
médias. Certains voudraient une harmonisation complète, d'autres
une harmonisation partielle, d'autres pas d'harmonisation du tout, d'autres un
nouveau système qui serait meilleur. Nous, tant qu'on n'a pas un mandat
clair de procéder dans une voie donnée, à date nous n'en
sommes évidemment qu'à réfléchir et à faire
valoir nos préoccupations qui sont d'ordre administratif. Je pense
qu'au-delà du débat, entre guillemets, politique qui peut
entourer la TPS il y a aussi une préoccupation administrative de
complexité, de lourdeur de système. C'est peut-être moins
spectaculaire pour le public, mais c'est important aussi parce que c'est
ça qui peut faire la différence entre un système qui peut
être efficace et peut atteindre ses objectifs et un système qui
n'est pas efficace.
M. Beaulne: Mais, advenant qu'il y ait une question du point de
vue strictement du ministère du Revenu qui se pose dans le sens
où c'est évident que c'est plus profitable pour le
ministère du Revenu du Québec de percevoir la taxe de vente
provinciale par-dessus la taxe fédérale que l'inverse, il y a des
coûts qui vont être impliqués là-dedans d'une
façon ou d'une autre. Je pense de façon réaliste que
l'option qui est de s'en laver les mains complètement est assez
irréaliste. On connaît la façon dont l'Ontario a
déjà pensé à s'y ajuster, c'est-à-dire que
le gouvernement de l'Ontario "collecte" la taxe pour le fédéral
et la lui envoie. Advenant qu'on aille dans une direction comme
celle-là, prévoyez-vous négocier avec le gouvernement
fédéral une compensation, une pleine compensation, pour les frais
de perception que le ministère du Revenu du Québec pourrait
avoir?
M. Séguin: Comme je l'ai dit, il n'y a aucune
décision de prise chez nous ni, à ma connaissance, au niveau
d'une province comme telle. Pour le moment, on explore ce qui est dans le
budget concernant la perception - je préfère le mot "imposition"
- de la taxe de vente, sur le montant global de vente incluant la TPS.
Ça se fait déjà, ce n'est pas nouveau. La taxe d'accise
est déjà incluse. En fait, dans notre loi de taxe de vente,
depuis des années et des années, on a toujours dit que notre taxe
de vente s'appliquait sur le prix global de vente, incluant les taxes
fédérales qui s'ajoutent au prix de vente global. Il y a
déjà eu des bulletins d'interprétation, des débats
là-dessus, des causes devant les tribunaux où des contribuables
disaient: Vous ne pouvez pas me charger une taxe de vente provinciale sur le
montant de la taxe d'accise, etc. Il y a eu un amendement à un moment
donné où on a dit: Si l'individu se fait rembourser sa taxe
d'accise au fédéral, on va l'enlever du prix de vente provincial.
C'est tout ce qu'on a consenti. C'était en 1984, je pense. Alors,
ça affirmait le principe que même déjà, à ce
moment-là, la taxe provinciale de vente s'appliquait sur le prix du
bien, même si le prix du bien incluait déjà la taxe de
vente d'accise. Et la TPS n'est que la taxe d'accise. À ce
niveau-là, il n'y a rien de neuf dans le budget.
Ça a été évoqué dans les
médias, je veux dire, on ne s'en cachera pas. Ça a
été dit par d'autres. Ça a été
suggéré. Le Conseil du patronat a recommandé au
Québec... Il y a des associations qui ont dit dans les journaux: On
souhaite que le gouvernement du Québec perçoive la TPS à
la place d'Ottawa, etc. C'est une hypothèse. Le gouvernement n'a pas
pris de décision là-dessus. Ça implique beaucoup de
choses. Comme je l'ai dit, le projet de loi de la TPS est majeur et toute
décision, aussi minime soit-elle, du gouvernement du Québec sera
prise avec énormément de prudence et de précaution sur un
projet comme celui-là. Au moment où je vous parle, à ma
connaissance, il n'y a strictement rien qui a été
décidé, nulle part. (17 h 45)
M. Beaulne: S'il n'y a rien qui a été
décidé nulle part, pouvez-vous nous dire au moins si ça va
représenter un gain ou une perte pour le ministère du Revenu du
Québec, l'imposition de la TPS fédérale?
M. Séguin: Je vous dirais que nous...
M. Beaulne: Ce que j'entends jusqu'à présent, c'est
qu'on va être au neutre fixe, mais je n'ai pas l'impression que c'est la
réalité. Est-ce qu'on va se trouver gagnant ou perdant?
M. Séguin: Bien, nous, on n'évalue pas si, à
la fin d'une année, on est perdant ou gagnant, parce que tout ce qu'on
ne "collecte" pas, on pourrait dire que ce sont les contribuables qui en sont
gagnants, et tout ce qu'on "collecte" en
trop, on pourrait dire que ce sont les contribuables qui en sont
perdants. Alors, comme mon instinct de Robin de Bois me fait toujours plus
pencher du côté des contribuables, j'aime mieux penser que le
moins possible le ministère prend dans les poches des gens, le mieux
c'est. Je souhaite que le ministère se limite à ne prendre que ce
qui est prévu dans la loi et pas plus.
Dans ce sens-là, la TPS, c'est une taxe, puis elle va permettre
des recettes additionnelles à l'État fédérai. C'est
clair, c'est une taxe, sans ça on ne le ferait pas. Pourquoi un
gouvernement introduirait-il ça pour ne pas soulever de revenus? Voyons!
Au moins, le fédéral le dit: C'est une taxe. Est-ce qu'on va
être heureux d'introduire une nouvelle taxe? Instinctivement, nous tous
ici, on est tous des contribuables; personne n'applaudit à
l'arrivée d'une taxe, quoique la TPS, c'est le rare cas où j'ai
vu des gens sur la place publique applaudir l'arrivée d'une TPS, parce
que eux étaient détaxés. Il y a des contribuables, des
entreprises qui vont payer moins avec la TPS qu'ils ne payaient avec la taxe
d'accise. Alors, eux sont réjouis au total. Ils la souhaitent, ils la
veulent; ils vont condamner tout retard de l'application. Mais, pour l'ensemble
de la population, nous, au ministère du Revenu, notre souci c'est: quand
la décision sera prise, notre travail va être de nous assurer que
le système soit le plus simple, le plus efficace, le moins irritant
possible pour soit les mandataires, soit les consommateurs, comme on essaie de
le faire dans l'ensemble de nos services, soit les formulaires, la taxe de
vente, les bulletins d'information, etc. Donc, de ce
côté-là on n'a pas...
Si vous me posez la question: Doit-on la "collecter" ou non
éventuellement, un jour? je ne suis pas convaincu que le système
de la TPS représente en soi une telle grande bonification de
système administratif. Un système comme ça, il faut le
voir à l'oeuvre, probablement une année, deux ans, avant de
savoir s'il est si bon que ça. Donc, comment pourrait-on vous dire
d'avance qu'on est convaincu que ça va être merveilleux comme
système? On ne le sait pas.
M. Beaulne: On peut donc exclure l'idée d'une TPS
québécoise, à ce stade-ci?
M. Séguin: Je ne peux pas vous dire. Il faudrait poser la
question au ministre des Finances. On pourrait la poser d'ailleurs au chef de
l'Opposition qui, sur le sujet, a eu des prises de position qui, je ne dirais
pas, ont changé, mais ont eu des nuances. J'ai deux coupures de presse
où M. Parizeau, d'un côté, dit que ce serait une bonne
chose et, de l'autre, que ce n'est peut-être pas la meilleure chose.
Alors, dans ce qu'il dit, je pense qu'il y a une petite ambivalence, et je le
comprends, parce que c'est des systèmes qui peuvent être bons sur
des aspects, mais moins bons sur les autres.
Sur le plan de la gestion, sur le plan de la technique, on a des
inquiétudes, des réserves, comme le fédéral, bien
sûr. C'est un projet majeur, c'est la plus grosse réforme fiscale
depuis 1954 au fédéral; alors, ce n'est pas un projet qui est
simple. De ce côté-là, au ministère du Revenu, ma
préoccupation, c'est de faire valoir les inquiétudes du
ministère, c'est de faire valoir notre capacité ou
incapacité vis-à-vis de certaines choses, c'est de faire valoir
aussi l'intérêt des contribuables pour qu'on n'ait pas un
système désavantageux sur le plan de l'administration, de la
gestion, un système irritant pour les contribuables. Ça, c'est
notre préoccupation majeure et on fait valoir nos
représentations, puis on espère qu'elles sont bien entendues.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. J'ai seulement une petite question à
M. le ministre. La semaine passée, je pense, jeudi passé,
j'assistais à un cours avec des administrateurs d'État, des hauts
fonctionnaires - c'est impressionnant - sur ce qu'on appelle la gestion
stratégique. Je ne sais pas si vous savez ce que c'est, la gestion
stratégique.
M. Séguin: De la stratégie, j'en fais tous les
jours.
Services au public
Le Président (M. Lemieux): En tout cas. Quand je suis
rentré je comprenais et quand je suis sorti - il faut croire
peut-être que, moi, je ne suis pas vite - en tout cas, je comprenais un
petit peu moins. Mais il y a une chose que j'ai comprise, et je suis certain
que ça préoccupe le député de Berthier, qui est un
homme qui est près de ses citoyens, de même que les
députés de Nelligan, de Mille-Îles ou de Saint-Louis, c'est
que, dans la bouche des fonctionnaires, il y a un nouveau mot, maintenant. Dans
mon temps, c'était de l'imputabilité. J'ai hâte que le
Conseil du trésor, là-dessus, nous donne peut-être des
moyens pratiques d'y arriver. Mais, malgré cet obiter dictum à
mon ami, le député de Saint-Louis, qui me sourit, et je sais
qu'il est empressé qu'on y arrive, les fonctionnaires, dans ça,
des administrateurs d'État ou des sous-ministres ou des cadres,
employaient le mot "client". On se rend compte que dans les différents
ministères il y a eu une approche qui est nouvelle, et je la trouve
innovatrice, puis je la trouve positive à l'égard de ce qu'on
peut appeler "sa clientèle", c'est-à-dire les citoyens comme
tels.
Ce que j'aimerais savoir de vous, M. le ministre... Dans
différents ministères, on m'a dit: On a amélioré
les formulaires. On a mis sur pied des services d'accueil. Est-ce que le
ministère, comme tel, a pris des moyens particuliers pour en arriver
à être davantage à l'écoute de sa
clientèle et à améliorer ses services au
ministère du Revenu? Si ça a été le cas - on en a
fait un petit peu allusion tout à l'heure - comment s'y est-il pris?
Ça m'intéresse énormément de savoir comment il s'y
est pris.
Et je pense que vous allez être capable de retenir cette
question-là qui a un troisième volet. Moi, quand je reçois
des contribuables dans mon comté, puis vous, M. ie ministre, c'est
toujours ceux qui ont des problèmes. On s'entend là-dessus. C'est
assez rare que j'en reçois qui n'ont pas de problème. Moi,
j'aimerais savoir de vous comment une plainte d'un contribuable est
traitée chez vous, comment elle est prise. Puis est-ce qu'elle se rend
jusqu'en haut ou s'arrête-t-elle à un moment donné? Est-ce
qu'on en tient compte, de cette plainte-là?
M. Séguln: Moi, j'aimerais vous dire que, s'il y a des
ministères qui désignent leur clientèle par le mot
"clients", j'aimerais les appeler "bénéficiaires" chez nous,
"bénéficiaires" de l'impôt.
Le Président (M. Lemieux): II n'y avait peut-être
pas de fonctionnaires de votre ministère, jeudi passé, à
ce cours-là.
M. Séguin: Je voudrais le proposer dans un amendement
à la loi...
Une voix: "Bénéficiaires", c'est les autres
ministères.
M. Séguin: Oui. Au lieu de les appeler les contribuables,
on les appellerait les bénéficiaires de Revenu Québec,
tellement la philosophie est de rendre service. Ça n'a pas l'air
convaincant? Mais, farce à part, c'est certain qu'on reçoit
énormément de représentations. Et, malgré tous les
efforts qu'on peut faire, oui, je pense qu'on a amélioré le
service à la clientèle. C'est manifeste. On en a parlé,
que ce soient les remboursements anticipés, la téléphonie,
c'est-à-dire nos services de téléphone où les gens
peuvent appeler pour des renseignements, se plaindre ou faire sortir des
informations, etc.
On a beaucoup de rendez-vous sur place. On encourage les gens; à
Marly, à Québec, depuis trois ans, on a tellement
encouragé les gens à venir qu'on n'a plus de stationnement, puis
là, ça crée un problème. Les gens disent: II n'y a
plus de stationnement à Marly, puis tout ça. On est obligé
de faire du stationnement en double.
Tenez, je vais vous en parler, d'un problème pratique.
Le Président (M. Lemieux): Pas de la mairesse de
Sainte-Foy!
M. Séguin: Non, un problème pratique. On a un
problème de stationnement, parce qu'on a encouragé les gens
à venir, je l'avoue, pour un petit peu démystifier l'approche du
ministère. Les gens viennent en plus grand nombre. Ils demandent des
rendez-vous en plus grand nombre. On n'a pas assez de stationnements à
notre édifice de la rue Marly. On est ceinturés par un chemin
où il y a un permis de stationnement de 30 ou de 40 minutes, et, pour
les visiteurs, ce n'est souvent pas assez, parce qu'ils ont un rendez-vous avec
un vérificateur ou un employé du ministère. Puis, à
l'intérieur, il n'y a pas assez d'espaces.
J'ai demandé si on pouvait, au niveau de la ville de Sainte-Foy,
payer à nos frais, s'organiser un petit stationnement. Ce n'est pas
possible pour 3000 raisons. Le ministère de l'Environnement, qui est
là aussi, ne veut pas qu'on coupe les arbres - même s'il y en a
des milliers autour - pour protéger les arbres et les petits oiseaux.
Remarquez qu'eux autres aussi ont des permis de stationnement. Donc, tout le
monde garde son permis de stationnement, mais on ne veut pas en donner au
public.
Puis ceux qui ont visité Marly savent qu'il n'y en a pas, de
places. Alors, quand les gens arrivent le matin...
M. Chagnon: Vous êtes en train de nous inviter quelque part
où il n'y pas de place pour y aller.
M. Séguin: Non, c'est ça. Il faudrait venir vous
chercher en minibus. Quand les gens arrivent vers 9 heures ou 9 h 15, souvent,
le stationnement est complet. Ils demandent au caissier, qui est dans la petite
boîte à côté: Où est-ce que je peux aller?
Alors, le caissier est obligé de leur dire: II n'y en a pas, de places.
Le chemin de ceinture, c'est terminé, et dans les petites rues, c'est
interdit de stationner. Il n'y a pas de places nulle part. Alors là, il
leur dit: Allez rue du Campanile, un mille. Et on n'est pas dans le
centre-ville, là, on est sur la pointe, là-bas, entourée
d'un champ à perte de vue. Moi, personnellement, je trouve ça un
peu forcé. C'est le genre de problème avec lequel on vit assez
souvent pratico-pratique.
Donc, on fait des efforts, actuellement, pour améliorer. On pense
avoir trouvé une solution mitoyenne pour agrandir le stationnement,
etc., et accommoder. Quand vous me demandez le service à la
clientèle, il va jusque-là. Ce n'est pas des blagues, des
discours qu'on fait pour le fun; c'est de vraiment, concrètement...
L'intérêt d'aller sur la rive sud à Montréal, c'est
pour se rapprocher des clientèles. Les gens l'apprécient. Nos
bureaux régionaux se sont ouverts. On les encourage à faire plus
de présences dans les clubs sociaux, les pages de journaux hebdomaires
dans leur région. Ils participent à des chambres de commerce. On
fait, plus que jamais maintenant, des présences dans les congrès,
dans les foires. On a des kiosques
un peu partout dans les congrès de deux ou trois jours, les
chambres de commerce, etc. On fait beaucoup de publicité dans les
journaux. On a un cahier spécial qu'on publie, maintenant, depuis deux
ans, durant le mois de mars, dans tous les journaux du Québec. On a une
brochure - je vous l'ai distribuée, M. le Président.
Quant aux brochures, juste là, on a changé
complètement la disponibilité, la distribution des brochures
d'information. On les envoie dans les clubs de l'âge d'or, chacun pour ce
qui les intéresse. On a Nouvelles fiscales qui est un petit
journal de trucs. C'est rare que vous voyez un ministère du Revenu
donner des trucs. Bien, il y en a.
Une voix: Pour quoi faire?
M. Séguin: Pour payer moins d'impôt
Le Président (M. Lemieux): C'est ça que je voulais
vous entendre dire, M. le ministre.
M. Séguin: On tire actuellement à 23 000
exemplaires et on s'en va en expansion.
Le Président (M. Lemieux): Vous êtes en conflit
d'intérêts.
M. Séguin: C'est gratuit. Non, moi, je n'ai rien
là-dessus. Alors, on essaie, comme ça, d'être plus ouverts.
Depuis deux ans, je fais une émission spéciale avec le
réseau TVA, animée par M. Jean-Luc Mongrain. C'est une
émission qui a 1 000 000 d'auditeurs, où on explique comment
faire un rapport d'impôt. Ça a passé dimanche, le 20 mars.
C'est 1 000 000 d'auditeurs qui ont suivi ça, deux heures, un dimanche.
On fait des portes ouvertes au ministère. On en a fait une il y a deux
ans: 15 000 personnes sont venues. On fait des tables rondes, et je vous en
annonce une, une table ronde "La fiscalité et les entreprises", à
l'automne. On invite l'ensemble des entreprises, corporations, dans tous les
secteurs: les banques, les commerçants, les détaillants, les
dépanneurs qui le veulent. On l'a fait il y a deux ans, maintenant, M.
Angers...
M. Angers: Oui, deux ans.
M. Séguin: ...avec les contribuables, les individus. On
avait une centaine d'associations différentes. On a passé une
journée ensemble pour échanger. On a apporté une foule de
corrections à nos services là-dessus. Là, à
l'automne, ça va sortir, on va inviter une centaine d'organismes,
corporations, enfin, les plus représentatifs de notre
société, à venir passer une journée avec nous. J'ai
le plaisir de vous dire que ça va avoir lieu dans la région de
Québec. J'ai un faible pour la région de Québec,
évidemment. Je m'excuse auprès des membres de la région de
Montréal, mais on comprendra que ce n'est pas souvent qu'on a la
chance...
Le Président (M. Lemieux): Ils ont déjà pas
mal de choses.
Bureau des plaintes
M. Séguin: Donc, ça aura lieu dans la région
de Québec. C'est une journée intéressante pour discuter
avec le ministère du Revenu des améliorations possibles sur un
certain nombre de choses. Alors, c'est un ensemble de choses qu'on essaie de
faire, M. le Président, pour démystifier le contribuable,
l'inciter à ne pas hésiter à recourir au ministère
pour de l'information, pour se dépanner. On a ouvert un Bureau des
plaintes au mois de décembre, j'en ai parlé au début. Les
gens qui ont des problèmes, dans un premier temps, on les invite
à vérifier une première fois avec une démarche
normale au ministère parce que, des fois, ils peuvent tout simplement,
par un coup de téléphone au ministère, avoir
l'information. Lorsqu'ils ont une difficulté, ils peuvent s'adresser
directement au Bureau des plaintes. Souvent, ils passent par leur
député ou un représentant. (18 heures)
On reçoit beaucoup de courrier par les députés, et
on essaie de donner le meilleur service possible, parce que les
députés sont quand même, bien sûr, étant
élus, les premiers représentants des contribuables. Donc, on se
fait un devoir d'être très sensibles. Le Bureau des plaintes, on
l'a constitué pour dépanner les contribuables qui rencontrent des
difficultés. Les difficultés peuvent être de tout ordre, et
ça fonctionne depuis plusieurs mois. On a reçu, à titre
indicatif, depuis le 1er avril 1989, 2460 cas, et ça comprend les
déférés que je fais, des lettres que je reçois des
députés, des collègues, des associations qui
m'écrivent quand ils veulent porter pas seulement une plainte, mais ils
veulent, des fois, même, porter à la connaissance du
ministère des agacements administratifs, des retards, etc. Donc, on
défère ça au Bureau des plaintes qui, lui, essaie de voir
à trouver une solution.
D'ailleurs, je dois indiquer que le bureau du Protecteur du citoyen, je
voyais récemment qu'il avait reçu 300 ou 400 plaintes, à
peu près, ce qui, somme toute, quand on regarde un ministère qui
fait affaire avec 4 000 000 de personnes une fois par année, dans un
rôle qui n'est pas agréable... Il ne faut jamais perdre de vue que
le ministère du Revenu perçoit de l'argent. Je peux vous dire que
nous sommes parvenus à faire un service qui est de bien meilleure
qualité que n'importe quel autre service qui a à percevoir des
comptes. On est probablement le seul service qui met autant de
précaution, des fois, en blaguant, je dis, de "tendresse"... Les
contribuables nous accusent de ne pas en avoir souvent, et j'avoue qu'on a des
correctifs à faire des fois.
On n'est pas parfait, mais on a apporté des améliorations
de ce côté-là.
Los plaintes des contribuables, j'en reçois un certain
nombre à mon bureau; M. Angers, le sous-ministre, en reçoit; et
les services du ministère en reçoivent directement par ce que
j'appelle le service de téléphonie. Et le Bureau des plaintes,
maintenant, on espère que plus il sera identifié, connu, plus
vont se diriger vers lui directement les plaintes, les représentations
des contribuables. Ce service-là essaie de donner la meilleure suite
possible.
Le Président (M. Lemieux): ... M. le ministre?
M. Séguin: Non, non.
Le Président (M. Lemieux): Peut-être seulement une
petite question bien rapide, j'aurais peut-être besoin des conseils de
votre sous-ministre. Vous avez parlé de garderies tout à l'heure,
au tout début.
M. Angers: Oui, M. le ministre a parlé d'une garderie; il
y en a une à Québec et une à Montréal.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que vous avez fait
affaire avec l'Office des services de garde à l'enfance?
M. Angers: Oui, évidemment.
Le Président (M. Lemieux): Oui? Est-ce que vous êtes
subventionnés? J'aimerais bien ça savoir si vous êtes
subventionnés?
M. Séguin: Venez donc, M. Vaillancourt.
Le Président (M. Lemieux): C'est un moyen problème.
Je vois ça dans le journal Les Affaires, deux pages
complètes sur les problèmes qu'on a avec...
M. Séguin: À la garderie de Montréal,
c'était un projet... Donnez donc les paramètres du projet.
Le Président (M. Lemieux): Voulez-vous vous identifier,
s'il vous plaît?
M. Vaillancourt (Michel): Oui, Michel Vaillancourt. La garderie
est une corporation formée selon les usages habituels dans de tels cas,
et à Montréal et à Québec, et
bénéficie, ce faisant, des subventions usuelles de l'Office des
services de garde. Le ministère comme tel a apporté sa
contribution, lors de la mise en marche de la garderie, pour la construction
des locaux, les expertises techniques et matérielles, et continue...
M. Séguin: Est-ce que vous pourriez donner un peu l'ordre
de grandeur de la contribution du ministère?
M. Vaillancourt: Au niveau monétaire, c'est difficile
à évaluer, si ce n'est qu'on a fourni les meubles, l'expertise de
nos architectes et...
M. Séguin: Le local.
M. Vaillancourt: ...le local, pour lequel on paie une base de
loyer qui excède ce qui est donné par les subventions de l'Office
des services de garde. Il y a une cinquantaine d'enfants à la garderie
de Québec et une quarantaine à la garderie de
Montréal.
Le Président (M. Lemieux): c'est un dossier qui s'est
réglé en combien de temps, à partir de votre demande
initiale versus l'office des services de garde?
M. Séguin: De mémoire, certainement deux ans. Nous,
on avait aussi des paramètres budgétaires à respecter.
À un moment donné, on a fait un effort, parce que j'étais
personnellement sensible à ça. J'avais rencontré
l'ensemble des employés à Montréal, lors d'une
tournée, et la plupart se faisaient un point d'honneur d'avoir un
minimum de qarderies. J'en avais parlé avec le sous-ministre. À
un moment donné, l'année passée, on s'était mis
d'accord pour débloquer le dossier parce que...
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre.
M. Séguin: ...étant père de trois enfants,
je vous avoue que je suis plutôt sympathique aux garderies, plus que
moins.
Le Président (M. Lemieux): Est-ce que l'expérience
s'avère bénéfique?
M. Séguin: Extrêmement bénéfique.
Le Président (M. Lemieux): O.K. Ça va.
M. Séguin: Et pour la visiter de temps à autre
quand je vais au bureau de Montréal, je peux vous assurer que c'est une
excellente garderie. On a un petit problème avec le terrain, qui est
censé être à l'extérieur, parce que c'est un
site...
M. Vaillancourt: Le seul problème, c'est que la cour
extérieure donne sur la rue Saint-Urbain, à
Montréal...
Une voix: Ah oui?
M. Séguin: ...qui n'est pas de fréquentation
très...
Le Président (M. Lemieux): C'est curieux Ici, c'est le
même problème. Ça ne donne pas sur... Et on leur a
refusé. O.K. Ça va. C'était seulement pour savoir. Je vous
remercie. Merci, M. le ministre. M. le député de Bertrand.
M. Beaulne: Oui, c'est que c'est un peu pour continuer dans la
même veine, sur les relations entre le fisc et les contribuables. Au
début du mois d'avril, vous avez sûrement vu une série
d'articles dans le journal La Presse sur les déboires de certains
contribuables avec le fisc. Sans vouloir généraliser les
situations qui y sont décrites, l'impression générale que
ça laisse, c'est que le ministère du Revenu est une organisation
qui ferait rougir d'envie la mafia. Je comprends qu'il y a des plaintes, qu'il
y a un système, maintenant, qui est institué. On note dans le
rapport qu'il y a 444 plaintes en provenance du Protecteur du citoyen, qui ont
été acceptées. Pourriez-vous nous indiquer quelle en est
la nature? Je ne veux pas entrer dans les détails de chacune, mais
quelle est le... Oisons, ça se classifie en quels types de demandes, de
façon générale, ces plaintes au Protecteur du citoyen?
M. Séguin: C'est le contribuable qui n'accepte pas
l'interprétation qu'a pu donner le ministère des
déductions réclamées. C'est souvent un cas. Soit qu'ils
ont réclamé une déduction pour telle chose et qu'ils ne
sont pas satisfaits. À d'autres moments, c'est un peu varié,
ça peut être des gens qui se plaignent d'avoir été,
peut-être, mal reçus, d'avoir eu peu de facilité à
s'expliquer. C'est souvent aussi des gens qui n'ont même pas fait un avis
d'opposition. Je vous avoue que ça, j'ai de la misère à
comprendre pourquoi. Parce qu'un avis d'opposition est gratuit, c'est facile,
il n'y a pas de formalités très particulières. On a
maintenant le recours à la Cour des petites créances, que j'ai
moi-même institué il y a trois ans, maintenant, et qu'on va
amender prochainement pour hausser à 15 000 $ le montant de revenu en
cause dans un litige avec le ministère du Revenu à la Cour des
petites créances. Donc, comme on le sait, c'est un recours qui est
facile, qui est populaire. Je vous avoue que l'ensemble des contribuables qui
auraient intérêt à y aller, pour différentes raisons
- on va peut-être faire un effort de publicité - ne l'utilisent
pas suffisamment.
Mais au niveau du Protecteur du citoyen, on a beaucoup d'échanges
avec le Protecteur du citoyen, et les cas sont souvent des
interprétations, sont souvent des refus par le ministère
d'accorder des choses. Les gens ne sont pas satisfaits et, à un moment
donné, en réfèrent au Protecteur du citoyen, lequel, bien
souvent, nous recommanderait, dans certains cas, peut-être de le donner.
Mais dans la plupart des cas, je pense qu'il ne retient pas... Il en
reçoit 400 ou 500, mais ce ne sont pas toutes des plaintes qu'il porte
à notre attention comme étant des anomalies, etc. Il y a beaucoup
de plaintes qui s'avèrent soit non fondées ou contraires à
la loi. Les gens sont peut-être légitimés de
dénoncer une situation, mais il faudrait à ce moment-là
plus la corriger par une application différente de la loi que par ce qui
est suggéré.
On estime que le Bureau des plaintes va beaucoup aider. Comme je le
disais tantôt, ça s'est fait par une entente avec le Protecteur du
citoyen, M. Jacoby. J'ai discuté moi-même avec lui pendant
plusieurs mois. Au début, on était le premier ministère
à le faire. D'ailleurs, il trouvait ça très
intéressant. Il nous a beaucoup appuyé dans la démarche.
On a fait l'ouverture du Bureau, il est venu à la conférence de
presse. If a félicité le ministère du Revenu de le faire.
Et on entretient avec lui, M. le Président, des contacts pour discuter
des plaintes, etc. Je pense que c'est avantageux. A la lumière des
expériences, durant l'été, on va probablement
réfléchir à l'expérience et on va essayer de
bonifier davantage ce prototype d'expérience pour en faire quelque chose
d'encore meilleur.
Confidentialité des renseignements
M. Beaulne: II y a une question qui me préoccupe un peu,
M. le Président. C'est concernant la confidentialité des
renseignements. Vous avez souvent insisté, M. le ministre, avec raison,
sur la nécessité de maintenir tout à fait confidentiels
les renseignements qui sont fournis dans les rapports d'impôt.
D'ailleurs, c'est au nom de ce principe-là que vous aviez refusé
au ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle de dévoiler certains renseignements
concernant les bénéficiaires de l'aide sociale.
Depuis de nombreuses années, dans le processus d'allocation des
bourses aux étudiants, le ministère de l'Éducation
exigeait que les parents fournissent une copie de leur rapport d'impôt.
Maintenant, apparemment, on n'exige plus que les parents fournissent le rapport
d'impôt, mais, par contre, cette année, le ministère de
l'Éducation demande aux parents de signer une formule autorisant le
ministère du Revenu à lui transmettre certains renseignements.
Ceci dit, ce que j'aimerais savoir de votre part, c'est si cet
arrangement-là ou cette mesure-là constitue un
précédent, d'autre part, s'il y a d'autres ministères ou
organismes avec lesquels vous avez ce type d'arrangement là et,
finalement, quelle est la nature des renseignements que la signature de cette
formule-là par les parents vous autorise à dévoiler au
ministère de l'Éducation?
M. Séguin: Oui. En fait, je comprends le sens de la
question. Il faut dire, si ma mémoire est bonne, que sur les formulaires
en question, on demandait aux parents de consentir à donner le rapport
d'impôt ou des renseignements fiscaux.
C'est une formule qui existe partout dans les banques où je sais
que mon collègue, le député de Bertrand, a
évolué, li sait qu'il n'y a rien dans la loi qui interdit
à un contribuable de consentir lui-même, en signant une formule,
à ce que l'information qui le concerne soit donnée. C'est sur la
seule signature d'un contribuable d'ailleurs que le ministère s'autorise
à donner de l'information à un autre. Le seul corridor de
discussions que nous avons, c'est soit avec le contribuable -
évidemment, on peut discuter avec le contribuable de son information
fiscale à lui - et sur autorisation d'une procuration, sur une
autorisation par le contribuable, on va accepter de parler à son
représentant ou à une autre personne. Il y a des institutions
financières qui demandent à avoir accès au rapport
d'impôt avant de faire des prêts, ou sur des ordres de
cautionnement, etc. Nous, on vérifie, quand on a une demande de
renseignement. Si c'est le contribuable, pas de problème. Si c'est un
représentant attitré du contribuable, pas de problème. Et
si c'est un tiers qui a une autorisation écrite comme quoi il a
accès à des renseignements fiscaux, eh bien, on le donne, parce
que le dossier, dans le fond, appartient au contribuable. Alors, lui, il a le
droit d'en disposer comme il veut.
Évidemment, des fois, on vérifie quand on n'est pas
sûrs, parce que ce n'est pas quelque chose qui est
généralisé. Et effectivement, vous avez raison de le
mentionner, on résiste dans toutes formes de tentatives, bien
légitimes pour ceux qui font ces tentatives. Je pense qu'ils veulent
répondre à des besoins administratifs qui les concernent, mais il
y a des sources d'information dans les rapports d'impôt qui peuvent
être utiles à d'autre chose que de la fiscalité et nous,
tant que notre mission sera comprise comme elle l'est maintenant... Je pense
que l'article 69 de la loi du ministère du Revenu est assez clair. Et
pour avoir eu plusieurs échanges dans le passé avec M. Parizeau
lui-même, qui me disait, dans le temps qu'il était ministre du
Revenu, que probalement la seule chose qui était sacrée pour lui,
c'était de ne jamais permettre que les rapports d'impôt servent
à autre chose que l'impôt, et les autorisations du contribuable et
même celles des tiers, de les vérifier doublement, pour être
bien sûrs que le contribuable n'a pas signé ça partout et
que ça se promène partout...
Je vous avoue qu'on est toujours très vigilants là-dessus.
Personnellement, tant que je serai titulaire du ministère du Revenu, je
verrai toujours d'un très mauvais oeil la multiplication des
échanges, parce que c'est toujours dilué, à un moment
donné, dans des réseaux, puis on ne sait plus la
facilité... On n'a pas d'objection, dans le cas du ministère de
l'Éducation, à ce que, si une autorisation est donnée,
l'information pour le calcul du revenu du parent... Parce que pour avoir le
prêt et bourse, il faut qu'il y ait une déclaration du revenu du
parent. Donc, comme il y a des déclarations qui peuvent être plus
ou moins exactes, si le ministère de l'Éducation est en
possession d'une autorisation du contribuable en question, une autorisation qui
dit au ministère du Revenu, comme contribuable, qu'il autorise le
ministère de l'Éducation à obtenir des renseignements, sur
la foi de ces autorisations - comme les banques, comme des institutions ont des
autorisations de vérifier des solvabilités fiscales de
contribuables - à ce moment-là, lorsque nous avons l'autorisation
écrite, nous donnons accès et nous donnons des informations. Mais
c'est toujours avec une autorisation écrite. Et c'est loin d'être
un précédent. Ça se fait au ministère de
l'Éducation depuis des année, des temps immémoriaux. (18 h
15)
M. Beaulne: enfin, à mon avis, ça soulève
une question assez fondamentale, dans le sens où vous savez très
bien que, dans le domaine des institutions financières, il y a eu des
abus qui ont été faits, à ce niveau-là, où
des personnes qui avaient autorisé les banques et les institutions
financières à dévoiler certains renseignements se
trouvaient sur toutes sortes de listes, se voyaient attribuer ou offrir des
cartes de crédit de toutes sortes par toutes sortes de commerces, et
ainsi de suite. il y a donc un commerce de ces choses-là qui existe.
Lorsqu'on a discuté des engagements de votre ministère, on
a abordé la question de la confidentialité. Vous nous avez
donné, à ce moment-là, les assurances que votre
ministère contrôlait et était équipé pour
contrôler les fuites, dans la mesure du possible, au niveau des
renseignements confidentiels. je veux bien prendre votre parole que le
ministère du revenu est équipé et a une conscience assez
stricte à ce niveau-là. mais comment pouvez-vous nous donner
l'assurance que des renseignements comme ceux-là que, vous, au
ministère du revenu, gardez confidentiellement par éthique et par
souci professionnel, en quelque sorte, comment pouvez-vous assurer les
contribuables qui signent ces formules-là que les gens du
ministère de l'éducation ont le même souci de la conscience
professionnelle que vous avez et traitent ces informations-là avec le
même sérieux avec lequel vous les traitez?
M. Séguin: La réponse, c'est facile. Comme je le
dis, ce n'est pas depuis hier que ça existe. Ça existe depuis 10
ou 15 ans, cette façon de faire. Deuxièmement, elle n'est pas
plus garante que la garantie que nous avons du représentant du
contribuable - comptable, avocat ou fiscaliste - qui fait affaire avec le
ministère du Revenu. Sur 4 000 000 de rapports d'impôt, nous avons
certainement un fort pourcentage de gens qui, directement ou indirectement, ont
travaillé au rapport d'impôt de la personne et qui, durant
l'année, sont susceptibles de faire des représen-
tations pour le contribuable.
Alors, si la personne qui se présente à nous est une
personne autorisée par le contribuable, ce n'est pas pire que le
député qui nous appelle pour son commettant. Je vous dirais
qu'à ce niveau-là, nous n'avons pas de procuration écrite
que le député représente effectivement le contribuable. On
pourrait mettre en doute et dire que nous ne devons pas lui donner accès
à de l'information, et même en discuter. Mais compte tenu que nous
sommes conscients que les députés, sur leur serment d'office,
lorsqu'ils nous disent qu'ils représentent tel commettant, on prend leur
parole. C'est un élu, et il a un serment d'office comme quoi il
représente un contribuable. Donc, on prend sa parole.
Mais c'est la même chose... Comme je vous le disais tantôt,
le rapport d'impôt appartient au contribuable. Si le contribuable
lui-même nous dit: Je vous autorise à donner une information - ce
n'est pas le rapport d'impôt - au ministère de l'Éducation
par rapport aux prêts et bourses, est-ce que vous me suggérez
qu'on devrait refuser? Est-ce qu'on devrait refuser la possibilité
à un contribuable de dire au ministère qu'il souhaite que nous
donnions de l'information?
À ce moment-là, si oui, il faudrait la refuser au
comptable, au représentant et dire. Seul le contribuable peut prendre
possession de son information, en personne, physiquement, venir au
ministère et, de main à main, on va lui donner une information.
Ça, ce serait la façon la plus étanche. Mais je vois tout
de suite le monde fiscal, les préparateurs d'impôt, etc., dire:
Ça n'a pas de sens, comment voulez-vous qu'on travaille? Je vois
beaucoup d'institutions où la formule est courante. On dit aux gens: Si
vous voulez un prêt chez nous, si vous voulez ceci, si vous voulez
ça, parfait! donnez-nous le droit de vérifier telle ou telle
chose avec l'impôt.
Et souvent, les contribuables peuvent refuser. Un contribuable peut
refuser. Il peut dire: Moi, je ne donne pas mon rapport d'impôt. Je ne
veux rien savoir. Parfait! Si, nous, on n'a pas d'autorisation, on ne donne
rien. Le ministère de l'Éducation a toujours fait ça. Et
l'ancienne formule était même plus permissive que ce qu'on a
changé présentement.
Casinos
M. Beaulne: Oui, on pourrait discuter longuement
là-dessus. Je voulais simplement vous alerter qu'il y a un débat
à faire ici. Mais simplement pour terminer, compte tenu du fait que le
temps passe, vous savez que los projets de casinos se discutent abondamment au
Québec, de ce temps-ci. J'aimerais savoir si les projets de casinos ont
fait l'objet d'études approfondies à votro ministère Jo
connais volro puinl do vuo là-dessus. Mais avant de terminer, j'aimerais
peut-être vous demander de nous déposer ou de nous faire parvenir
un supplément d'information. On avait demandé certaines
informations quant à la Régie des loteries et courses. Vous nous
avez fait parvenir un organigramme, mais on aimerait bien avoir les noms
à l'intérieur de cet organigramme-là, si c'est possible,
parce que tout ce qu'on a, c'est un organigramme sans nom.
M. Séguin: Bien, le président de la Régie
des loteries et courses se fera un plaisir... Il l'a peut-être avec lui.
D'ailleurs, j'ai le rapport annuel de la Régie, qui sera
déposé, et que je pourrais vous donner tout de suite. Je pense
que vous l'avez.
Des voix: Oui.
M. Séguin: Vous avez le rapport.
Le Président (M. Lemieux): M. le ministre, je sais que le
député de Bertrand n'a pas l'esprit aussi tourmenté que le
député de Lévis, mais mon expérience du fait qu'on
a déjà siégé au niveau des crédits faisait
en sorte qu'à quelques occasions - et je vois l'ancien conseiller du
député de Lévis qui écoute sagement - le
député de Lévis avait souvent la manie, dans les 10
dernières minutes, de soulever des questions de règlement afin
qu'on puisse se rendre à 31, et je n'avais pas de consentement pour
adopter les crédits. Alors, comme il y a une entente qui veut que nous
nous arrêtions dans les 10 dernières minutes, je me vois dans
l'obligation de passer tout de suite à l'adoption des crédits, M.
le ministre. Mais je vous donne...
M. Séguin: 30 secondes?
Le Président (M. Lemieux): ...oui, 30 secondes pour
répondre au député de bertrand.
M. Séguin: 30 secondes, c'est court. Écoutez, vous
connaissez ma position, qui n'a jamais été favorable à
l'établissement de casinos. Je serais curieux de connaître celle
de l'Opposition à cet égard, connaissant antérieurement la
position de certains représentants du gouvernement du Parti
québécois qui, à l'époque, était
plutôt favorable. Je me souviens de M. Frechette qui avait fait une
recommandation favorable à son gouvernement, mais que le gouvernement
n'avait pas retenue.
Je pense que c'est un débat qui n'est pas facile à
trancher. Ça fait appel à des préjugés personnels,
peut-être, mais j'en ai et je ne suis pas convaincu. On
réfléchit. Je reçois des rapports Vous voyez qu'il y a de
l'actualité dans l'air autour de ça et, avec la Régie des
loteries et courses, on a ouvert un dossier. On reçoit des
représentations, on les regarde et on essaie de voir si dos arguments
nouveaux pourraient nous convaincre Mais je vous avoue que, pour le moment, ma
position, en tout cas, comme mi-
nistre du Revenu, n'est certainement pas très favorable à
l'établissement des casinos.
Le Président (M. Lemieux): Alors, je vous remercie, M. le
ministre, et veuillez transmettre à M. le député de
Bertrand et à M. le secrétaire les noms relativement à
l'organigramme de la Régie des loteries et courses.
Adoption des crédits
Nous passons maintenant à la mise aux voix des programmes des
crédits budgétaires du ministère du Revenu. Est-ce que les
crédits du programme 1, Administration fiscale, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté Est-ce que les
crédits du programme 2, Aide financière au revenu de travail,
sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): Adopté. Est-ce que les
crédits du programme 3, Contrôle des jeux de hasard et des
courses, sont adoptés?
Des voix: Adopté. le président (m. lemieux):
est-ce que l'ensemble des crédits budgétaires du ministère
du revenu pour l'année financière se terminant le 31 mars 1991
sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Lemieux): adopté. alors, m. le
député de bertrand, brièvement, en remarques finales, et
m. le ministre. alors, m. le député de bertrand.
M. Beaulne: Oui, merci, M. le Président. Mes remarques
seront très brèves. Je pense que nous avons soulevé, au
cours de nos discussions, des problèmes d'ensemble concernant le
ministère du Revenu. J'espère, surtout en ce qui concerne
l'application ou, disons, l'ajustement du ministère du Revenu du
Québec à la TPS fédérale, qu'on n'aura pas de
mauvaises surprises et que le ministère du Revenu pourra
décrocher les crédits qui vont lui être nécessaires
à l'harmonisation.
Le Président (M. Lemieux): Merci, M. le
député de Bertrand. M. le ministre.
M. Séguin: Oui, je vous remercie, M. le Président.
Je remercie les membres de la commission d'avoir procédé à
l'adoption des crédits et de nous permettre de travailler, cette
année, en respectant le plus possible les préoccupations qui ont
été soulevées. j'espère que, l'année
prochaine, nous pourrons voir que des améliorations ont
été apportées là où des inquiétudes
se sont manifestées. pour ma part, je peux vous assurer que je suis
animé d'une foi inébranlable en l'amélioration des
services pour les contribuables, et je pense que c'est partagé par
l'ensemble des membres de la commission. donc, un objectif commun que nous
partageons. je peux assurer que je vais faire tout ce qui est dans mes moyens,
dans mon possible, pour parvenir à ces objectifs-là qu'on
souhaite, tout en sachant qu'il y a des embûches, des difficultés.
mais il faut se réjouir, en terminant, du fait qu'il y a eu des
améliorations, au moins, au cours des années. et je vais
être honnête, pas rien qu'à partir de 1985, mais aussi
avant. je pense qu'il y a une période, à partir de 1982-1983,
où le ministère du revenu a vraiment enclenché une
philosophie, une vision qui fait qu'aujourd'hui et dans les prochaines
années - je ne serai peut-être pas toujours là, moi non
plus... ce qui est important, ce n'est pas de savoir si c'est tel individu, tel
parti politique, tel gouvernement... c'est sûr qu'on peut, oui,
être fier. mais d'un autre côté, c'est le contribuable, dans
le fond, s'il bénéficie d'améliorations de service. moi,
un jour, je serai redevenu, comme nous tous d'ailleurs autour de cette table,
un simple citoyen. nous aurons à travailler avec les lois fiscales, nous
aurons à avoir des services du ministère du revenu, et tant mieux
si dans 10 ans, dans 5 ans, dans 20 ans, comme citoyens, comme contribuables,
comme bénéficiaires de revenu québec, on peut avoir de
bons services. je pense que c'est une contribution à la
société du québec.
Le Président (M. Lemieux): M. le député de
Saint-Louis...
M. Chagnon: Un mot, M. le Président.
Le Président (M. Lemieux): Écoutez, ce n'est pas
dans les règles de l'art, parce que j'aurais dû passer...
M. Chagnon: Je connais les règles de l'art, mais vous
allez sûrement...
Le Président (M. Lemieux): ...M. le ministre en dernier.
Mais n'abusez pas de mon extinction de voix...
M. Chagnon: J'en profite-Le Président (M. Lemieux):
Comme vous avez levé le doigt pendant que M. le ministre parlait,
alors exception à la règle. Brièvement.
M. Chagnon: J'en profite un peu, M. le Président, mais je
sais que vous saurez convenir avec moi que c'est dans les règles de
l'art, toutefois, qu'au nom de cette commission...
Le Président (M. Lemieux): C'est vrai, monsieur.
M. Chagnon:... et même au nom de tous les membres de cette
commission, du député de l'Opposition et des autres membres de
cette commission, je veuille remercier les officiers du ministère qui
accompagnent le ministre, et les officiers de la Régie des loteries et
courses qui accompagnent le ministre, même s'ils n'ont pas
été interrogés aujourd'hui. Brièvement,
c'était..
Le Président (M. Lemieux): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Louis. Je vous remercie, M. le ministre, ainsi
que les fonctionnaires qui vous accompagnent. Ça fait toujours plaisir
de les voir dans des circonstances comme celles-là. Et je remercie
l'ensemble des membres de cette commission. Nous ajournons maintenant nos
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 27)