(Neuf heures trente-trois minutes)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'aménagement du
territoire ouverte. Je demande à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie
de leurs téléphones cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille
Affaires municipales et Occupation du territoire pour
l'exercice financier 2014‑2015.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M. Bolduc (Mégantic)
et M. Morin (Côte-du-Sud) est remplacé par M. Huot (Vanier-Les Rivières).
Affaires municipales et
occupation du territoire
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Nous allons débuter par les remarques préliminaires puis nous allons
procéder à une discussion d'ordre
général, par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et les
réponses. La mise aux voix des
crédits sera effectuée à la fin du temps qui est alloué à l'étude de ce volet.
Nous débutons donc avec les remarques
préliminaires. M. le ministre, vous disposez de 17 minutes.
M. Pierre Moreau
M. Moreau : Merci,
M. le Président. Heureux de vous
retrouver ce matin. On a eu déjà une séance très constructive hier. Je salue à nouveau les membres de la commission, représentant la deuxième opposition, qui étaient avec nous; nos collègues du parti gouvernemental, auxquels se
joint notre collègue le député de Vanier aujourd'hui, de même que le député de Mégantic. Merci
d'être avec nous.
Je veux
saluer particulièrement le porte-parole de l'opposition officielle en matière
d'affaires municipales, le député de
Gaspé, qui... je ne souligne pas son absence, mais qui n'avait pas, comme
porte-parole des affaires municipales, à faire partie des deux blocs que nous avons examinés, hier, en matière de
crédits, soit l'habitation et la métropole, et je nous souhaite donc une
séance de travail qui soit aussi productive que celle d'hier.
M. le Président, parmi les mécanismes
démocratiques mis à notre disposition, l'étude des crédits nous donne l'occasion de nous pencher sur les réalisations et
les projets du ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire. Cet exercice nous permet aussi de
mieux faire connaître le ministère, un ministère qui joue un rôle déterminant
dans chacune des régions à travers le Québec.
Avant de
poursuivre, je voudrais souligner le travail de toute l'équipe qui a colligé
l'information pour nous permettre de
mener à bien cet exercice. C'est un exercice qui est colossal. Je leur exprime
toute ma reconnaissance. J'ai particulièrement en tête M. Sylvain
Boucher, qui est mon sous-ministre aux Affaires municipales, sous-ministre en
titre aux Affaires municipales; M. André
Lavallée, sous-ministre associé à la Région métropolitaine; M. Jérôme Unterberg,
sous-ministre adjoint aux Politiques;
Mme Louise Lambert, sous-ministre adjointe aux Territoires; M. Martin
Arsenault, sous-ministre adjoint à la Coordination des projets spéciaux
et notamment responsable du dossier de Mégantic; M. Frédéric Guay, sous-ministre adjoint aux Infrastructures et aux finances municipales; ainsi que les
membres de leur équipe. Je veux saluer aussi
particulièrement la présidente de la Commission municipale du Québec,
qui est avec nous ce matin, et les membres de son équipe également, et je souligne la présence de mon directeur de
cabinet, Me Olivier Parent, de même
que de mon directeur de
cabinet adjoint, M. Éric Mercier.
J'ai reçu du premier ministre, M. le Président,
lors de mon assermentation à titre de ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, le mandat très clair de redéfinir sur de
nouvelles bases la relation entre le gouvernement du Québec et le niveau
municipal de gouvernance comme des paliers de gouvernance de proximité et d'accroître l'autonomie municipale, entre autres
par l'adoption d'une charte des municipalités. Je serai
assisté, dans la réalisation de cet important mandat, par l'un des mes adjoints parlementaires, le député
de Chapleau. M. le Président, nous allons aussi poursuivre les objectifs de simplification
des lois et d'efficacité au bénéfice des citoyens.
Je compte
aller de l'avant avec tous nos partenaires afin d'accorder une plus grande
autonomie aux municipalités. Dès les
premiers jours de mon entrée en fonction, j'ai tenu à rencontrer les représentants de l'Union des municipalités du Québec
et de la Fédération québécoise des
municipalités ainsi que les maires de
Montréal et de Québec. Ainsi, nous allons reconnaître le statut particulier de capitale
nationale à la ville de Québec. Une table de concertation entre le gouvernement du Québec et la ville de
Québec sera créée afin d'entreprendre la rédaction d'une loi définissant les responsabilités
qui se rattacheront à
ce statut de capitale nationale. En posant les jalons un à un, nous nous
assurons que l'environnement
légal soit en lien avec le statut de fait de la capitale nationale. Montréal
aura également le même traitement, à titre de métropole. Nous l'avons largement
exposé, hier, lors de l'étude des crédits dévolus au volet de la métropole.
Un
des enjeux majeurs du milieu municipal qui constitue un véritable enjeu de société
est celui des régimes de retraite. En
2013, un comité d'experts, dirigé par M. Alban D'Amours, a déposé son rapport
sur la situation. Ce rapport a été salué par tous les partis à l'Assemblée
nationale. Je tiens à rappeler, ici,
que c'est sous un gouvernement libéral que fut lancé cet important exercice de réflexion, lequel a permis
d'identifier des pistes de solution intéressantes. Le gouvernement souscrit entièrement, par
ailleurs, au constat posé par le
rapport D'Amours à savoir que le statu quo n'est plus une option. Nous avons le défi de trouver la solution la plus
équitable pour la société québécoise, nous devons prendre nos responsabilités et régler la situation, une fois pour toutes, afin d'encadrer la restructuration des régimes et
en assurer la pérennité.
C'est
dans cet esprit que j'ai déposé, le 12 juin dernier, le projet de loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées
dans le secteur municipal. La logique du projet de loi repose sur six principes directeurs : la pérennité des
régimes à prestations déterminées, la capacité de payer des contribuables,
l'équité intergénérationnelle, la
priorité à la négociation, le partage des coûts, la protection des rentes
des retraités. L'approche que nous favorisons est celle de la négociation
entre les parties, assortie d'une obligation de résultat.
Le
renouvellement du pacte fiscal avec les municipalités figure aussi parmi nos priorités. J'entends poursuivre, dès cette année, les négociations relatives à l'entente sur le nouveau partenariat fiscal et financier,
et je compte le faire à un rythme soutenu. Cette future entente de
partenariat devrait notamment comprendre des orientations relatives à la diversification des sources de revenus pour les municipalités. Mais nous savons tous que la conclusion d'une nouvelle entente comporte des enjeux financiers et fiscaux
importants pour le gouvernement et les contribuables. En conséquence et parce
qu'il faut bien faire les choses, nous devons considérer la situation budgétaire
du gouvernement et l'état des finances publiques, sans oublier la capacité de
payer des contribuables.
M. le Président, en dépit du contexte difficile de nos finances publiques, nous
devons aussi continuer à investir dans
nos infrastructures pour soutenir l'emploi et participer à la
croissance économique du Québec. Nous mettons tout en oeuvre pour relancer les
moteurs de l'économie afin d'accroître les revenus, tout en nous
imposant une discipline de tous les
instants en vue d'assainir les finances
publiques de façon
durable. Bien sûr, nous continuerons d'accompagner et de soutenir financièrement les municipalités dans le cadre des travaux de mise aux normes de leurs infrastructures en fonction des priorités d'investissement et des enveloppes prévues dans le Plan québécois
des infrastructures. Malgré le contexte budgétaire
actuel, c'est avec beaucoup de fierté que je peux vous dire que notre gouvernement a choisi de continuer d'investir dans les infrastructures des municipalités
du Québec. Voilà pourquoi une enveloppe budgétaire de près de 7 milliards
de dollars, sur les 10 prochaines années, a été prévue à cet effet.
• (9 h 40) •
Par
ailleurs, nous avons annoncé, hier, avec le gouvernement du Canada, le
renouvellement de l'entente portant sur
le Fonds de la taxe sur l'essence,
lequel représente un soutien financier de 7,5 milliards de dollars pour les municipalités du Québec
et les organismes municipaux. Le FTE, maintenant renouvelé et bonifié, leur permettra de soutenir
des projets prioritaires en matière d'infrastructures locales. En procurant
cette aide aux municipalités, nous leur garantissons ainsi une source de financement à long terme pour les
aider à bâtir et à revitaliser leurs infrastructures, tout en créant des
emplois et en répondant plus adéquatement aux attentes de la
collectivité.
Par
ailleurs, l'actuel fonds Canada-Québec, le Chantiers Canada-Québec, issu du
plan Chantiers Canada, est un programme
d'aide financière qui a pour but de permettre la réalisation d'infrastructures
d'eau potable, d'eaux usées et de support
au développement local et régional. Notre gouvernement entend mettre de
l'avant, dans ses négociations avec le
gouvernement fédéral sur le nouveau Fonds Chantiers Canada-Québec, l'importance
de simplifier l'administration du programme
afin que les plus petites municipalités ne soient pas désavantagées ou exclues
en raison de lourdeur administrative.
Par
ailleurs, nous allons faire valoir l'importance que les priorités en
infrastructures soient établies par le Québec, puisque c'est nous qui possédons la compétence et la connaissance des
besoins en infrastructures municipales, tout comme nous l'avons fait pour le Fonds de la taxe sur
l'essence. À ce chapitre, nous comptons aller chercher notre juste part auprès
du gouvernement fédéral. Depuis l'élection
du 7 avril et la formation du nouveau gouvernement, nous avons mis tous les efforts pour arriver rapidement à une entente.
Nous avons obtenu d'excellents résultats avec le Fonds de la taxe sur
l'essence et nous allons continuer en ce sens.
J'aimerais
maintenant aborder les priorités relatives à l'occupation du territoire.
Permettez-moi de préciser que, même
si le mot «Régions» ne figure plus dans la nouvelle appellation du ministère,
sa mission régionale est toujours là et bien vivante. Pour moi, l'occupation du territoire ne se limite pas aux
frontières des régions administratives. Elle porte sur une vision plus inclusive du développement du
territoire, stimulée à la fois par les grandes municipalités et par les
autres acteurs qui oeuvrent aux quatre coins du Québec.
C'est
en novembre 2011 que la Stratégie pour assurer l'occupation et la vitalité du
territoire 2011-2016 a été lancée. Cette
stratégie présente les principes, les orientations et les objectifs
rassembleurs qui interpellent tous les élus ainsi que les moyens de mise
en oeuvre. D'ailleurs, un premier bilan de mise en oeuvre de cette stratégie
est en préparation au ministère; il sera
déposé prochainement à l'Assemblée nationale. Dans la foulée de cette
stratégie, une loi-cadre a aussi été
adoptée, la Loi pour assurer l'occupation et la vitalité des territoires, qui
constitue la pièce maîtresse permettant de mettre en oeuvre la
stratégie. Cette loi s'accompagne de 26 indicateurs sur l'occupation et la
vitalité des territoires.
Suite
aux efforts déployés à la fois par l'État et par les communautés depuis
l'avènement de cette stratégie, nous souhaitons
vivement intensifier l'occupation du territoire québécois en y intégrant un
volet sur le partage des redevances liées aux ressources minières,
pétrolières et gazières et créer des fonds régionaux à même une partie des
redevances distribuées. C'est un des mandats que m'a confiés le premier
ministre et j'entends bien le mener à bien.
L'occupation
dynamique du territoire passe nécessairement par le développement des régions.
D'ailleurs, le budget déposé par mon
collègue le ministre des Finances a reconduit le fonds de développement
régional au même niveau que l'an
dernier. Ce sont ainsi plus de 46 millions de dollars qui sont confiés aux
CRE pour soutenir la mise en oeuvre de
priorités régionales et l'adaptation des activités gouvernementales aux particularités
régionales. Ce fonds, réputé pour être
un outil flexible et souple, permettra une intervention dans divers secteurs
stratégiques de développement, que ce soit aux plans économique, social
ou culturel.
Je
rappelle que nous avons pris l'engagement de soutenir et de promouvoir le
développement économique de toutes les régions du Québec. C'est pourquoi
le premier ministre a nommé le député de Trois-Rivières au poste de ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, à
l'Allègement réglementaire et au Développement économique régional. Il contribuera directement à la promotion du
développement économique de toutes les régions du Québec en portant leur
voix à la table du Conseil des ministres.
Nous avons toujours
eu à coeur le développement des territoires ruraux. D'ailleurs, c'est un
gouvernement libéral qui a reconduit et
bonifié la Politique nationale de la ruralité en 2007. Je suis heureux de
constater que la nouvelle politique reprend les fondements de la
politique précédente et s'appuie sur ce qui en a fait un succès. Je constate
avec beaucoup de satisfaction que les
principales caractéristiques qui ont fait le succès de la politique ont été
maintenues. À cet effet, je suis
particulièrement ravi que la MRC demeure le lieu privilégié de concertation
pour les communautés rurales, une
formule qui a fait ses preuves et dont la mise en place a fait l'objet, M. le
Président, d'une véritable croisade par l'auteur de mes jours il y a de cela plus de 35 ans aujourd'hui. J'éprouve donc
une grande fierté à défendre et à promouvoir cette institution où se
côtoient les ruraux et les urbains.
Au
cours des dernières semaines, les 91 municipalités régionales de comté admises
à la Politique nationale de la
ruralité ont signé un nouveau pacte rural, valide pour les cinq prochaines
années. Cet engagement représente plus de 33 millions de dollars pour l'année 2014‑2015. Les MRC bénéficient
ainsi, cette année, du même montant d'aide financière que l'année dernière afin de soutenir la
réalisation de projets locaux et supralocaux visant spécifiquement le
développement des milieux ruraux. La
signature de ces pactes assure également le financement de 136 postes d'agent
de développement rural. Ce sont ainsi plus de 4,5 millions de
dollars que nous consacrons au maintien de ces emplois en région.
En
continuant à confier aux municipalités
régionales de comté la gestion du
Pacte rural, le gouvernement réaffirme sa confiance envers les capacités des territoires à définir eux-mêmes leurs priorités ainsi qu'à mobiliser
leurs citoyens. Le Pacte rural se
veut un outil souple qui permet à la MRC de s'adapter aux caractéristiques des
milieux où elle oeuvre. Il m'importe, aujourd'hui, de préciser que
j'entends maintenir cette souplesse d'application sans toutefois négliger
l'importance de la reddition de comptes.
Voilà,
M. le Président, l'ensemble des priorités budgétaires relatives aux affaires
municipales et à l'occupation du territoire. Et nous sommes prêts à
entreprendre l'étude des crédits.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le ministre. J'invite maintenant le
porte-parole de l'opposition officielle et député de Gaspé à faire ses
remarques préliminaires pour un maximum de 10 minutes.
M. Gaétan Lelièvre
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. M. le ministre, chers
collègues des oppositions et du gouvernement en place, mais aussi je tiens à saluer toute l'équipe du
MAMROT, du ministère des Affaires municipales, des gens avec qui j'ai eu
le plaisir de collaborer, des gens très engagés et compétents.
Écoutez, c'est une journée importante pour moi,
c'est la première fois que je vais débattre des crédits de ce côté-ci. Mais c'est dans un domaine qui m'anime au plus
haut point pour avoir consacré tout près de 30 ans de ma vie dans le domaine
municipal et du développement des régions.
Mes préoccupations, vous allez vous en rendre compte rapidement, M. le Président, vont porter davantage sur l'occupation
du territoire et le développement des régions. C'est sûr qu'on ne peut pas passer outre certains éléments
d'infrastructures, des programmes de financement des municipalités et du
fonctionnement en général du monde
municipal, mais je vous dirais que j'annonce mes couleurs immédiatement en vous
confirmant que tout l'aspect occupation
du territoire et développement des régions va faire partie, là... va combler
une grande place de mes interventions.
Pourquoi
j'ai choisi de consacrer autant de temps à ce volet? Écoutez, les régions sont
vraiment aux prises avec différentes
problématiques qui, à mon avis, s'accentuent d'année en année et même de
décennie en décennie. Pour être député,
bon, du comté de Gaspé, une des régions les plus aux prises avec des problèmes
de taille, des problèmes sérieux, des
défis très structurants, il est, à mon avis, essentiel qu'un ministère comme le
ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire joue un rôle de premier plan — de premier plan — un rôle de coordination au sein de
l'ensemble de l'appareil gouvernemental.
C'est
important que le gouvernement développe une approche intégrée, une approche
avec de la cohésion, mais aussi avec
un souci d'efficience pour outiller les municipalités dans leurs nombreux
défis, mais aussi non seulement les municipalités,
mais également l'ensemble des partenaires, que ce soient les MRC, les CLD, les
chambres de commerce, les organismes
qui supportent tout ce monde municipal là dans leur travail quotidien de
développement puis dans le but d'occuper le territoire de façon la plus
digne possible.
Donc,
à mon avis, le ministère des Affaires municipales est vraiment l'un des
ministères qui, dans le passé, a joué un rôle pivot. Je pense entre autres à l'époque où, par exemple, on avait
des sous-ministres au développement des régions, à l'époque où, par exemple, la CAR était fortement
animée par les directeurs et les directrices régionales du MAMROT. Ça a
été des périodes où j'ai cru constater... à la lecture de plusieurs documents
puis après discussion avec plusieurs intervenants,
ça a été des périodes où l'approche gouvernementale a peut-être été empreinte
d'un maximum de cohésion.
Puis le mot «cohésion»,
pour moi, est extrêmement important. Sans douter de la bonne volonté et toute
la détermination de chacun des ministères
d'appuyer les régions dans leur développement, souvent, malheureusement, les
efforts se font en silo. On manque d'approche cohérente et concertée dans nos
actions, ce qui fait que, finalement, le déploiement
des ressources et des efforts sur le terrain ne donne pas toujours les résultats
escomptés. Donc, au fil des ans, le
MAMROT a joué un rôle extrêmement important au niveau de la coordination de
l'action gouvernementale, et, au cours de
la présente session des crédits, j'aurai l'occasion d'adresser à M. le ministre
certaines questions qui iront dans cette voie-là. Merci.
Le Président (M. Auger) : Merci, M.
le député. Je cède la parole au député de Blainville et porte-parole du
deuxième groupe d'opposition pour ses remarques préliminaires d'un maximum de
sept minutes.
M. Mario Laframboise
M.
Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Avant de débuter les
travaux, là, de notre belle grande journée aujourd'hui, je vais vous saluer, M. le ministre, vous remercier à
l'avance pour la collaboration, saluer également votre équipe ministérielle. Je m'aperçois, là, qu'il y
en a beaucoup, là. C'est vous contre nous, là. Puis on n'est pas beaucoup
de ce côté-ci, ça fait que, franchement... Je rêve...
Des voix : ...
• (9 h 50) •
M.
Laframboise : Oui, c'est... Je rêve un jour d'un gouvernement où on
sera tous ensemble, là, plutôt que toujours un contre les autres. Saluer le collègue
de Gaspé, député de l'opposition officielle, les gens de
la Commission municipale, Mme
Pelletier, Mme la présidente. Évidemment, saluer aussi les gens qui nous
écoutent, aujourd'hui, dans leur salon.
D'abord, je
vais saluer, dans un premier temps, l'annonce d'hier. Je pense que, pour le
milieu municipal, la signature d'une
entente avec le gouvernement fédéral, 7,5 milliards de dollars qui
seront investis dans les infrastructures, moi, je pense que c'est bien. C'est surtout qu'on semble
avoir une ouverture. Les maires vont apprécier qu'on puisse aller à autre
chose. Évidemment, il y a le transport en
commun, le transport, les routes, les ponts, les aqueducs, les égouts, c'est
parfait, mais on rajoute les
infrastructures sportives, touristiques, culturelles. Moi, je pense que, là...
Je les vois sourire, là. Dans ma
tête, là, je les vois sourire, là, mais il restera à attacher, à ficeler ça, M. le ministre. Je connais votre rigueur, donc je pense qu'on sera... très
rapidement, les municipalités seront au fait des sommes et de la façon de les
dépenser.
Parce que, ce
matin, il y avait des informations par rapport au 1,7 milliard supplémentaire du Fonds Chantiers Canada. Là, je semble comprendre de
votre discours de tantôt, votre présentation, que ça ne semblait pas tout
ficelé, au moment où on se parle, par rapport aux priorités, parce qu'on sait toujours que le fédéral
aime s'immiscer dans les compétences
des provinces, alors que le Québec se tient debout, et j'espère qu'il va
continuer à se tenir debout pour que ce
soient les priorités du Québec qui soient... Et vous aurez l'appui de la
deuxième opposition si jamais vous avez besoin, M. le ministre, parce
que les besoins sont criants dans toutes les municipalités.
Et
permettez-moi de vous dire qu'à la dernière législature le deuxième groupe d'opposition, que nous représentons, s'est clairement positionné comme étant le parti
des municipalités. Je veux qu'on le sache. Mon collègue de Beauce-Nord a déposé le projet de loi n° 397,
projet sur la Charte des municipalités. J'avais eu la chance de travailler avec
lui et l'Union des municipalités à la rédaction de ce projet de loi. Donc, il
faut comprendre que ce n'est pas d'aujourd'hui que nous nous faisons les défenseurs des
municipalités, puis disons que c'est doux à nos oreilles quand on reprend aussi
la pérennité du système de retraite de la fonction publique municipale.
Vous avez compris que notre parti, la deuxième opposition, a toujours défendu le fait qu'il fallait mettre un terme au
gouffre financier des régimes de retraite, et je pense qu'on aura la chance de vous le dire, M. le
ministre, qu'on sera toujours là pour défendre le fait qu'il est temps que ce
ne soit pas à tous les contribuables
du Québec de défrayer pour les régimes des villes, et ça ne sera pas et ce
n'est pas non plus seulement aux contribuables à le faire, il faut que
les employés fassent leur part, et je pense que notre position a toujours été
claire par rapport à ça.
Donc, le
projet de loi, nous l'avons bien accueilli. On aura la chance d'en débattre cet
été, parce qu'il y aura une commission parlementaire par rapport à ça,
mais l'autonomie municipale, nous, on y croit.
Et on a une
certaine divergence par rapport... parce qu'on réintègre encore, dans ce projet
de loi là, tout le système d'arbitrage,
puis, vous savez, au Québec, le système d'arbitrage a cette dure réalité de
créer des précédents et après ça une
certaine jurisprudence. Donc, nous, c'est pourquoi on avait et on va toujours
défendre le fait que ça aurait dû être les villes qui, à la fin, tranchent, parce que le système d'arbitrage, quant
à moi... mais on aura la chance d'en débattre dans un autre lieu.
Les municipalités,
évidemment, sont des gouvernements de première ligne. Nous devons leur accorder
l'autonomie nécessaire pour qu'elles
mènent à bien cette mission, puis je pense qu'avec la Charte des municipalités
ça sera une bonne façon de le faire. Je suis heureux évidemment de votre
ouverture, M. le ministre.
L'étude des crédits budgétaires, bien,
évidemment, c'est un exercice démocratique essentiel auquel doit se livrer le gouvernement en toute transparence pour
que les Québécois puissent savoir comment et pourquoi les sommes qui sont retenues sur leurs salaires sont
utilisées, M. le Président, M. le ministre. Parce qu'on en est rendus là, les
citoyens veulent savoir pourquoi ils paient.
Et évidemment
j'ai apprécié, hier, le discours du ministre, parce qu'il a utilisé le mot
«courage» plusieurs fois en fin de
journée, là. Plus la journée avançait, plus vous étiez courageux, et ça, vous
savez, pour... bon, en tout cas, pour mon chef, François Legault, qui utilise le mot
«courage» à tous ses discours, je pense que c'est rafraîchissant. Par contre,
un tant soit peu qu'on soit capables
d'aller jusqu'au bout du courage, et là, évidemment, c'est pourquoi ce
processus nécessaire de reddition de
comptes qui est l'analyse des crédits, c'est une façon pour nous... puis vous
allez voir que notre questionnement, c'est surtout pour s'assurer qu'il
y a une gestion responsable des fonds publics, surtout dans le contexte actuel
où les déficits se suivent d'année en année,
et aussi la pertinence des objectifs. Donc, on va s'assurer de la bonne
gouvernance dont vous avez la
responsabilité, M. le ministre, par rapport au ministère des Affaires
municipales et d'Occupation du territoire.
Nous allons poser des questions courtes,
claires, pour lesquelles évidemment nous nous attendons à avoir des réponses claires. Ça va toucher plusieurs volets,
on ne se contentera pas juste de l'occupation du territoire, on va y aller
aussi dans le développement des
municipalités, dans son administration, le soutien à l'aménagement et à l'urbanisme,
la démocratie municipale. Donc, M. le
ministre, M. le Président, on aura une journée chargée aujourd'hui, et puis
nous sommes heureux de pouvoir passer à la période de questions. Merci.
Discussion générale
Le
Président (M. Auger) : Je vous remercie. Je suis maintenant prêt à
reconnaître le porte-parole de l'opposition officielle pour un premier
bloc d'échange d'environ 20 minutes. M. le député de Gaspé, la parole est
à vous.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Je débuterais peut-être la
première question en un sujet qui est extrêmement important, l'entente Québec-Ottawa, qui a été...
bon, qui est bien partie, qui n'est peut-être pas toute attachée, mais on
sent que c'est sur les bons rails.
J'aimerais connaître davantage les modalités qui vont s'appliquer aux
municipalités à l'égard de ce futur
fonds. On sait que, dans le passé, il y avait une certaine lourdeur quant à
l'approbation des projets. C'était un
irritant qui a été mentionné à de nombreuses reprises par les représentants des
unions municipales et également par les élus municipaux, notamment sous
l'angle de l'approbation des projets.
Est-ce que les projets... Ma question se
précise : Est-ce que les projets vont devoir recevoir une approbation
spécifique, de la part du gouvernement
fédéral, préalablement à leur mise en oeuvre avec le gouvernement du Québec?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
• (10 heures) •
M. Moreau :
Non. Alors, la réponse simple à la question, c'est : Non. L'entente
prévoit la mise en place d'un fonds
commun, comme le nom l'indique, Canada-Québec, et l'entente qui a été conclue
hier, je me permets de le rappeler, est
véritablement une entente qui est tout à l'avantage de l'ensemble des Québécois
de toutes les municipalités du Québec. Si on regarde, par exemple, la
première TECQ, parce que je disais, hier — vous n'avez peut-être pas
entendu ça : Au ministère des Affaires
municipales, vous êtes habitués à ça, il y a tellement d'acronymes qu'on s'y
perd. Alors, on appelle ça la TECQ,
la T-E-C-Q. Alors, la première TECQ prévoyait une moyenne annuelle de
329 millions de dollars. Elle a été renouvelée. La TECQ-II, qui se terminait, elle, le 31 décembre dernier,
est passée de 329 à 525 millions de dollars. Et l'entente, conclue hier, porte la moyenne annuelle
à 558 millions de dollars sur une période de 10 ans, alors en deux étapes :
étape III et étape IV. Pour la période 2014‑2019,
là, celle que nous commençons, et c'est intéressant parce que le député de Gaspé disait, dans ses notes d'introduction,
qu'il s'intéressait en particulier à l'occupation du territoire et aux régions,
donc on parle là de municipalités plus petites en termes de population.
Bien, pour
les municipalités de 6 500 habitants et plus, selon l'entente conclue
hier, c'est une somme de 289,39 $ par
personne qui est allouée, selon le décret de la population qui est en vigueur
au 1er janvier 2014. Alors, ça, c'est la TECQ-II. Et, pour les municipalités de moins de
6 500 habitants, il y a un montant forfaitaire de 427 500 $ qui
est alloué par municipalité, plus une
somme de 226,13 $ par personne, selon le décret de la population. Pour la
précédente, là, si on prend les
municipalités de 6 500 habitants et moins, c'était 241,36 $ par
personne comparé à 289 $. Et, pour les municipalités de moins de 6 500 habitants, c'était
338 000 $, le montant forfaitaire, 338 230 $, ça passe à
427 500 $. Et le montant par personne
pour ces municipalités-là était de 189,23 $, il passe à 226,13 $.
Alors, je pense que le député de Blainville avait raison de dire : On peut tous se réjouir de
ça, parce que c'est avec ce type d'entente là que nous pourrons mettre en
oeuvre des programmes d'infrastructures qui sont de nature à revitaliser
ce qui existe partout dans les régions du Québec.
Et d'ailleurs j'aurai l'occasion de transmettre aux maires des municipalités, dans les prochains jours, une lettre qui indique les conditions. Et, puisque la question
porte sur les conditions... Je ne veux pas être trop long dans ma réponse,
là, mais, si vous avez à intervenir,
faites-moi signe. Les municipalités devront réaliser les travaux des dépenses
qu'elles vont présenter au ministère
selon un ordre de priorité, soit, la première, l'installation, la mise aux
normes et mise à niveau des
équipements d'eau potable, d'assainissement des eaux; deuxièmement, les études qui visent la reconnaissance des infrastructures municipales; troisièmement, le renouvellement des conduites d'eau potable et d'égout; et, quatrièmement, la voirie locale, réfection,
amélioration des infrastructures de voirie locale, les infrastructures liées à la gestion des matières résiduelles, les travaux d'amélioration énergétique des bâtiments ainsi que la
construction ou la rénovation des bâtiments municipaux et
d'infrastructures municipales à vocation culturelle, communautaire, sportive ou
de loisirs.
Et il y a une particularité qui vient s'ajouter
à ça, c'est que les nouvelles modalités que nous allons mettre au programme offriront aux municipalités la
possibilité d'utiliser l'équivalent de 20 % de la somme qui lui est
allouée pour réaliser les travaux
admissibles de son choix sans tenir compte de l'ordre de priorité. Vous êtes à
l'aise avec la formule. Avant, on
disait : Bien, priorité, c'est 1, 2, 3, 4, alors, quand on a fini la mise
aux normes, on peut passer aux études visant à améliorer les connaissances; après ça, le renouvellement des
conduites; après ça, la voirie locale et les autres infrastructures. Et là on dit : Vous aurez un montant global,
de ce montant-là vous pourrez en prendre 20 % qui ne respectera pas nécessairement cet ordre
de priorité là, et donc déjà dire : Bien, si vous voulez investir dans les
infrastructures municipales à vocation culturelle, communautaire,
sportive ou de loisirs, vous pourrez le faire.
C'est une souplesse qui est introduite, je
dirais, à la suite des demandes qu'ont faites les municipalités. À ma première rencontre avec la Fédération québécoise
des municipalités, la première question qui m'a été posée — c'était la table des préfets — c'était : Est-ce qu'il va y avoir plus
de souplesse dans le programme?, puis on a dit : Oui, oui, on
travaille pour qu'il y ait plus de souplesse dans le programme. Et donc cette
situation-là vient le confirmer.
Les deux
unions, autant l'UMQ que la fédération québécoise, ont émis des commentaires.
Je vous cite la fédération québécoise : «D'une grande souplesse, le
programme reconduit aujourd'hui ne requerra pas d'effort additionnel des municipalités pour y avoir accès. [...]il répond
aux attentes de la Fédération québécoise des municipalités en se voulant
adapté à la réalité des petites
municipalités», selon M. Lehoux qui est le président. Et l'UMQ : «Le
renouvellement de la FTE, d'un
montant total de 7,5 milliards sur 10 ans, offrira aux municipalités
un financement stable et prévisible pour planifier de manière efficiente les travaux d'infrastructures. L'UMQ
souligne particulièrement l'élargissement des catégories d'infrastructures admissibles, ce qui permettra
aux municipalités de réaliser, par exemple, des projets de voirie locale et
d'infrastructures culturelles, sportives et de loisirs...» Alors, ils ont bien
saisi le caractère souple du programme.
Le Président (M. Auger) : Merci. M.
le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Oui. Merci, M.
le ministre, pour les explications très complètes.
Écoutez, il y
a un autre élément d'ordre plus général, mais qui est en lien avec l'ensemble
des programmes d'aide financière du
gouvernement qui m'interpelle beaucoup, c'est toute la question du niveau... le
seuil minimal ou la mise de fonds des
municipalités. On sait que la plupart des programmes comprennent un taux d'aide
maximal et très peu souvent modulé en
fonction des particularités ou de l'indice de richesse des municipalités. Là,
vous avez mentionné dans votre introduction,
tout à l'heure, le fait qu'effectivement, au ministère des Affaires
municipales, on a mis en place un système d'évaluation des municipalités à partir d'indicateurs. Un des souhaits,
je crois, que beaucoup d'intervenants municipaux expriment depuis plusieurs années, c'est qu'on tienne compte de la
capacité financière des municipalités, et, avec l'outil, le récent outil que le ministère des Affaires
municipales s'est donné, c'est-à-dire les indicateurs, on pourrait facilement
imaginer que certains programmes
bénéficieraient d'un niveau d'aide financière adapté à la capacité de payer des
municipalités, toujours en fonction notamment d'un système
d'indicateurs.
Est-ce que votre volonté... ou est-ce que vous
voyez à court ou à moyen terme une orientation qui pourrait se dessiner dans ce
sens au niveau de l'ensemble des programmes d'aide du ministère?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Merci, M. le Président. À l'heure actuelle, selon les exigences posées par le
gouvernement fédéral dans le cadre de
ses ententes de financement, le financement, les programmes de financement
viennent s'ajouter à un effort de
base, là, comme vous le mentionniez, des municipalités. L'effort de base qui
est demandé, dans ce cas-là, est de 28 $ par habitant pour les municipalités. Essentiellement,
quand on regarde ça de cette façon-là, on réalise que l'effort minimal qui est demandé est somme toute raisonnable. Parce
que, là, on regarde la richesse foncière des municipalités, mais on regarde aussi l'organisation de base sur le
territoire. Moi, je pense qu'il est normal de demander un effort de base aux
municipalités, pour une raison simple :
je pense que, au-delà des ententes et des exigences liées aux ententes, ça
relève d'une question de
responsabilisation des administrations municipales. Le gouvernement du Québec
doit être là pour, avec sa force économique et sa capacité de conclure
des ententes, venir en soutien aux communautés pour assurer une occupation dynamique du territoire, mais il ne doit
pas priver, je dirais — et j'utilise l'expression à escient — les municipalités d'une obligation de
responsabilité quant aux décisions qui touchent leur développement.
L'orientation
complète du gouvernement à l'aube du XXIe siècle et les demandes des
municipalités vont dans le sens d'une
plus grande autonomie. Le corollaire de cette plus grande autonomie, c'est
aussi une plus grande responsabilité, et
je pense, moi, que, dans un contexte... S'il nous était démontré de façon...
hors de tout doute que, dans certains cas, il y a... le fait de demander un effort minimal va à l'encontre d'une
capacité de développement, bien il y a toujours moyen d'ouvrir les yeux puis de s'assouplir. La raison
pour laquelle il y a des gens qui sont élus, c'est pour prendre des décisions;
non pas pour aller à l'encontre des
programmes, mais pour être capable d'amener une souplesse dans le système,
sinon on aurait un système de guichet
automatique qui remplacerait les 125 banquettes ici, puis ce serait
parfait. Alors, oui, une ouverture
sur ce qui pourrait constituer des cas problèmes, mais le fait d'exiger un
effort minimal, moi, je pense que ça va droit dans le sens de la prise en charge par les communautés de leurs
propres projets. Et, en ce sens-là, je vous dirais que, si l'ouverture existe, l'ouverture existe...
particulièrement dans le contexte extrêmement difficile, budgétaire extrêmement
difficile dans lequel on est, l'ouverture existe pour ce qui serait des cas
d'exception.
Le Président (M. Auger) : Merci. M.
le député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Peut-être un complément d'information. Je comprends
très bien la réponse du ministre à l'effet, par exemple, que chaque communauté doit investir un investissement
minimal. C'est une question d'équité, question d'effort puis de respect de la capacité gouvernementale.
Mais, au-delà de ça, l'élément que je veux faire ressortir, c'est qu'une
municipalité, par exemple, qui a une
richesse foncière par habitant, disons, de 3 000 $, versus une autre
municipalité qui a une richesse foncière par habitant de
10 000 $, c'est clair que sa capacité de payer n'est pas la même. Je
prends pour exemple, par exemple, le cas de
La Martre, en Gaspésie, une petite municipalité avec 600 habitants,
aux prises depuis 10 ans avec un problème d'eau potable. Et, avec le programme
régulier, bien on parlait d'une somme de 3 000 $ à 3 500 $
par famille par année pour rembourser
strictement le réseau d'aqueduc. Donc, on a dû modifier un programme pour les
petites municipalités de 2 000 et moins d'habitants et dévitalisées et
majorer le taux d'aide à 95 %. Ça a permis, l'année dernière, de
régler une dizaine de cas. Donc, c'est dans cette optique-là.
Là,
on a vu un programme modifié, bon, par le gouvernement pour permettre de
trouver une solution à des gens qui,
depuis 10 ans, n'avaient pas d'eau potable, la Santé publique, etc., était
dans le dossier. Mais est-ce qu'on pourrait penser, par exemple, que, pour les loisirs... On sait qu'aujourd'hui on
doit... la santé est importante, on sait que la prévention est un des principaux facteurs de santé. C'est une
bonne nouvelle de voir que, dans le nouveau programme fédéral-provincial,
nous aurons l'admissibilité des équipements
de loisirs et de la culture, mais est-ce qu'on pourrait tendre vers une
orientation dans cette optique-là,
même si 95 %, je pense, n'est pas atteignable dans tous les cas, mais,
entre la norme mur à mur et la modulation
à l'extrême, est-ce qu'on pourrait analyser cette possibilité d'intervention de
cette nature-là dans plus d'un programme au sein du ministère des
Affaires municipales?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
• (10 h 10) •
M.
Moreau : Oui. La majoration à 95 % des projets a fait
l'objet, dans l'actualité récente, de virulentes critiques. Il faut aussi garder en perspective le fait que...
vous l'exprimez bien, c'est-à-dire qu'il y a un effort qui doit être fait par
la municipalité locale. Je comprends
l'exemple que vous nous donnez sur, exemple, la richesse foncière moyenne d'une
municipalité. Et vous l'exprimiez... dans le
programme PRIMEAU, par exemple, on tient compte... il y a un ajustement des taux réguliers d'aide financière en fonction
de l'impact du projet subventionné sur la charge fiscale des contribuables.
C'est également vrai, on me dit, dans le
RECIM, qui est un programme que vous connaissez bien pour l'avoir vous-même
administré alors que vous occupiez les
banquettes ministérielles. Et donc les programmes actuels tiennent compte de la
distinction dans la capacité de payer basée sur l'impôt foncier ou la
richesse foncière des municipalités.
Est-ce
qu'on peut l'étendre à d'autres programmes? Bien, moi, je pense qu'il serait incorrect
de fermer la porte, mais il faudrait
voir quels sont les cas de figure qui se présentent, parce que, je l'ai dit, le
gouvernement est aux prises avec une
réalité qui est incontournable, c'est-à-dire une situation économique qui non
pas par obsession, mais par obligation nous
force à revenir à l'équilibre budgétaire. Et nous avons mis en place, comme
gouvernement, plusieurs mesures, le cran
d'arrêt notamment à l'égard des programmes, qui nous oblige à aller chercher à
l'intérieur des enveloppes existantes les sommes lorsqu'on veut
développer un nouveau programme.
Alors, comment ces
nouveaux programmes là seront-ils autogérés? Si l'on porte la... si on augmente
de façon systématique la majoration de
l'aide financière gouvernementale, on va inévitablement arriver à dire :
Bien, il va falloir enlever quelque chose ailleurs, si on maintient
cette logique-là. Et donc, dans le contexte actuel, je pense qu'autant le
programme PRIMEAU... Puis on regarde, là, le détail de l'entente conclue hier
avec le gouvernement fédéral, on voit qu'il
y a des sommes additionnelles qui vont être mises à la disposition des
municipalités. Je pense que c'est davantage là qu'on doit s'orienter
plutôt que par une majoration des taux sur l'ensemble des programmes.
Et
encore une fois je vous le dis : L'occupation dynamique du territoire est
un élément qui est fondamental pour le
ministère des Affaires municipales, et, s'il y avait des cas qui... Puis ça,
c'est aussi une demande des municipalités. S'il y avait des cas qui justifiaient une mesure d'exception, moi, je
suis très ouvert à l'examiner, parce que les municipalités nous demandent de ne plus faire des programmes mur
à mur. Plutôt que de hausser de façon paramétrique l'aide financière dans des programmes et de risquer d'arriver à une
aide financière majorée dans une municipalité qui pourrait se satisfaire
d'une aide financière moindre, et donc
priver une qui vit un cas plus grave d'exception d'une aide additionnelle, moi,
je préfère y aller sur la base de cas
d'exception, compte tenu que les programmes actuels en matière
d'infrastructures sont relativement généreux, là.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Merci, M. le ministre, pour
les informations. J'aurais une question qui touche la Commission municipale. Je vois qu'on a le
plaisir d'avoir la présidente de la Commission municipale qui est avec nous,
on va en profiter.
M.
Moreau : ...avec votre permission, M. le Président, on a
convenu... Les gens de la Commission municipale sont avec nous. Si on pouvait évacuer les blocs de questions — et je pense que ça ne pose pas tellement de
problèmes à nos collègues de
l'opposition officielle, non plus qu'aux collègues de la deuxième
opposition — ça nous
permettrait de libérer les gens de la commission lorsqu'ils estimeront
que l'ensemble des questions auront été couvertes.
Le Président (M.
Auger) : Donc, ça vous va? Ça vous va? Merci.
M.
Lelièvre : Donc, d'entrée de jeu, je reconnais la grande
importance du travail de la Commission municipale, qui est une
institution qui remonte à plusieurs années.
Écoutez,
dans la dernière année, je me souviens d'avoir participé à une rencontre avec
des gens de la commission et des gens
du ministère, et on avait discuté sur l'aspect de la composition du... des
membres de la commission. Il y avait, de
mémoire — et je
vérifiais ce matin, la situation semble encore être similaire — quelques sièges de commissaire qui
étaient vacants. La situation remonte quand même à, je dirais, un peu plus d'un
an, minimalement.
Est-ce que
l'orientation de la commission et du ministère est de combler ces postes-là
dans un avenir plus ou moins rapproché? Et est-ce que le tout se fera selon les
mêmes paramètres qu'historiquement ou est-ce qu'il y a une volonté de modifier les paramètres? Mais
principalement est-ce que les postes seront comblés? Parce qu'on connaît les
nombreux besoins dans l'ensemble, là, du Québec. Donc, ça serait sûrement une
bonne chose d'avoir des ressources supplémentaires pour pallier à la tâche.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui, merci, M. le Président. Essentiellement, je profite de la première
question qui est posée sur la Commission
municipale pour dire que c'est un organisme auquel je me suis beaucoup
intéressé alors que, dans une autre vie, je pratiquais le droit
municipal.
D'abord, la
Commission municipale a été créée en 1932, et il faut se rappeler pourquoi la
Commission municipale a été créée. À
l'époque, le budget du gouvernement du Québec était de 71 millions de
dollars, et il y avait 16 millions de dollars d'emprunts municipaux qui ne pouvaient pas être honorés parce
que les municipalités étaient en défaut de paiement. Aujourd'hui, le
budget non consolidé du gouvernement est de 70 milliards, autour de
70 milliards. Imaginons si les municipalités
du Québec avaient 16 milliards d'emprunts qui n'étaient pas honorés. On voit les conséquences
directes sur l'économie du Québec et sur la capacité des finances
publiques.
Alors, la Commission
municipale a été instituée comme un organisme de contrôle
et s'est rapidement imposée, au
cours de son histoire, comme étant un outil de référence et de sagesse, je
dirais, qui est ouvert au monde
municipal. La perception que j'ai de l'institution est qu'il s'agit d'une des institutions fondatrices de ce qu'est l'organisation municipale moderne du Québec, et donc je lui reconnais
toute l'importance qu'elle doit avoir.
J'ai eu l'occasion,
en préparation des crédits, de m'entretenir avec la présidente de la Commission
municipale pour
lui dire que dès l'automne, dès après les crédits, je souhaitais m'asseoir avec
les représentants de la Commission
municipale non seulement pour examiner la portée du mandat actuel, mais pour
voir de quelle façon la Commission municipale pourrait jouer un rôle encore plus important
auprès des municipalités du Québec dans un contexte où nous aurons trois lois très importantes
à mettre en place, d'abord
ce que j'appelle le tronc commun, la charte des municipalités — et je
remercie à l'avance le député de Chapleau, qui aura un rôle important à jouer
dans ces travaux — la
Charte de la Ville de Montréal et la
Charte de la Ville de Québec. Dans une perspective où les municipalités
demanderont plus d'autonomie, le rôle
de la Commission municipale pourrait être accru par rapport à son rôle actuel,
et on va devoir poser une réflexion importante là-dessus.
Dans ce contexte-là, je pense qu'il serait
prématuré, pour l'instant, de combler de façon précipitée les... Il y a 12 commissaires à l'heure actuelle, il y a
une possibilité de 16 suivant la loi. Avant que cette réflexion-là ne soit
complétée, il serait peut-être
prématuré de combler les postes, puisque, selon l'évolution des mandats des
municipalités, l'évolution du mandat
de la Commission municipale pourrait s'en voir affectée, je dirais, dans un
sens positif, et donc la composition ou
la formation professionnelle des gens qui pourraient être appelés à combler les
postes pourrait aussi avoir une incidence.
Alors, je ne
sais pas si je réponds à votre question. L'idée, c'est de dire : À terme,
oui, l'objectif est de... Mais il faut
d'abord poser une réflexion, parce que la commission va certainement jouer un
rôle très important dans la réforme que
nous entendons faire de la relation Québec-municipalités. Et, dans ce
contexte-là, avant de combler les postes, il faudra voir qui seront les
personnes, en termes de formation, les plus aptes à les combler.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Je cède maintenant la parole à un député
du groupe parlementaire formant le gouvernement. M. le député de Vimont,
la parole est à vous.
M.
Rousselle : Merci, M. le Président. Premièrement, je voudrais
saluer M. le ministre, que j'ai quasiment dans le dos, là, mais...
M. Moreau : Oui, mais
inquiétez-vous pas, vous n'êtes pas en danger.
M.
Rousselle : C'est correct. Donc, je voudrais aussi saluer tous
les gens qui l'accompagnent, mes collègues de l'opposition aussi ainsi
que mes collègues du côté ministériel.
Moi, je
voudrais vous parler au niveau des municipalités, mais... Depuis quelques
années, il y a des choses qui se
passent, malheureusement, dans les municipalités, puis ça, on l'a vu dans les
journaux, on l'a vu un peu partout dans les médias. Ça a brassé un petit peu, qu'on pourrait dire. Donc, ça a
mis les municipalités un petit peu à l'avant-plan et pour plusieurs choses. Il y a des choses qui se
sont rendues à l'UPAC, mais ça, ce n'est pas de ça que je veux vous parler
aujourd'hui. Je veux vous parler vraiment
des autres choses qui parlent aussi d'employés ou des gens qui ont des
comportements ou des gestes
irrespectueux ou encore un manque de loyauté envers leur municipalité. Et ça,
je parle toujours d'une minorité, bien
souvent, qui fait mal paraître le reste, parce que, je vous dirais, la grande
majorité... En tout cas, je viens, moi, du monde municipal. Je peux vous dire que la très grande majorité des
employés ou des gens qui vont faire ces travaux-là, peu importe le niveau, y vont vraiment avec une
conviction, une conviction vraiment d'aider les citoyens, vraiment une manière de le faire correctement, puis, je pense,
la très grande majorité des gens veulent le faire comme ça. Malheureusement,
comme je vous disais, bien il y a toujours
des gens qui ne sont pas corrects ou une minorité qui ne veut pas suivre le
courant correctement, et c'est pour ça qu'il y a des plaintes en éthique
et en déontologie.
En vertu de la Loi sur l'éthique et de la
déontologie en matière municipale, toute personne qui a des motifs raisonnables de croire qu'un membre d'un conseil
d'une municipalité a commis un manque à une règle prévue au code d'éthique et de déontologie qui lui est applicable peut saisir le
ministre au plus tard dans les trois ans qui suivent le même mandat de ce membre. La demande doit être
complétée, être écrite, assermentée — donc on veut vraiment s'assurer, là,
des faits
véridiques — motivée
et accompagnée, s'il y a lieu, de tout document justificatif. Les plaintes
transmises à la Commission municipale
du Québec portent généralement sur des allégations de conflit d'intérêt, de
bris de confidentialité, de mauvaise
utilisation des ressources de la municipalité ou sur l'application des règles
d'après-mandat. Elles peuvent aussi
concerner des allégations de manquement relatives à un manque de loyauté envers
la municipalité ou porter à des comportements ou des gestes
irrespectueux.
Ma
question au ministre, c'est : Qu'en est-il du traitement de ces plaintes,
des délais de traitement et du nombre de plaintes recevables ou non
recevables?
• (10 h 20) •
Le Président (M. Auger) :
M. le ministre.
M.
Moreau : Merci.
Merci, M. le député de Vimont. D'abord, c'est une question qui me permet de
faire le pont avec ce que... la
réponse précédente. Quand je disais : La Commission municipale est appelée
à jouer un rôle important dans le
contexte d'une plus grande autonomie des municipalités, déjà on voit que le
mécanisme actuel de traitement des plaintes
par la Commission municipale, au niveau des délais notamment,
indique que la façon dont la loi avait été faite au départ, ça avait été vu beaucoup plus comme une intervention administrative, alors
que ce n'est plus ça du tout. La commission, c'est un tribunal quasi judiciaire. Et c'est
tellement vrai que la présidente m'indiquait que la commission,
en vertu de la loi, dispose de 90 jours
pour rendre une décision; en matière déontologique, là, on est rendu plus à
autour de 11 mois. Ce n'est pas
parce qu'ils ne font pas bien leur travail. C'est parce que, quand vous êtes
devant une instance quasi judiciaire
puis que c'est vous qui êtes dans les bottines de la partie intimée, vous
prenez tous les moyens nécessaires pour
faire valoir vos droits, ce qui suppose, ça, une multitude de recours auxquels
la commission doit permettre de prendre place et qui, donc, ont une incidence directe sur
les délais. Donc, le régime juridique actuel n'est pas adapté correctement
à la réalité du traitement des plaintes.
Alors,
il y a deux éléments sur le traitement des plaintes. Le premier, c'est le
Commissaire aux plaintes. Depuis le
1er avril 2013, du 1er avril 2013 au 31 mars 2014, le bureau du
Commissaire aux plaintes... Le Commissaire aux plaintes, lui, il est à l'intérieur du ministère des Affaires municipales, mais il transige à distance de l'instance
politique. Ce n'est pas le cabinet qui dit au Commissaire aux
plaintes : Voici comment tu vas disposer d'une plainte; il a une
autonomie. Encore là, j'indiquais au sous-ministre récemment que mon intention à court terme est de revoir le lien entre
le ministère et le Commissaire aux
plaintes pour nous assurer de la mise en place d'un véritable mur de Chine.
Parce que le Commissaire aux
plaintes, lui, vous voyez, regardez, du 1er avril au 31 mars, il a traité
557 dossiers : 450 dossiers en gestion municipale et 107 dossiers en éthique et en déontologie.
Les dossiers en gestion municipale, essentiellement, c'est de voir si la loi a
été respectée dans les procédures
municipales, quand il y a une plainte. Les dossiers en éthique et en
déontologie, c'est de voir s'il y a
lieu de retenir la plainte, c'est-à-dire de la faire traiter en déontologie par la
Commission municipale ou pas. Sur les
450 dossiers en gestion municipale, 181 se sont avérés être admissibles et
269, non admissibles. Et les plaintes admissibles
contiennent des éléments sur lesquels le ministère a compétence pour
intervenir. Des dossiers admissibles, 76 dossiers
de plainte se sont avérés fondés et 105, non fondés. Alors, on voit qu'il y a
une nécessité d'analyse, là, qui existe au départ.
Ensuite
de ça, dans les dossiers qui sont acheminés, on dit que la proportion des
dossiers de plainte traités dans le
délai prévu à la Politique de traitement des plaintes relatives aux
municipalités s'élevait à 69 % pour l'exercice qui s'est terminé le 31 mars 2014 et 60 % lors de
l'exercice précédent. Ce pourcentage était de 47 % à la création du bureau
en novembre 2010. Il y a
donc une augmentation du nombre de dossiers puis nécessairement un impact sur
le traitement des plaintes.
Alors, ce qui est
important de comprendre : le ministre des Affaires municipales, lui,
n'intervient pas dans le processus de prise
de décision ni par le commissaire ni par la commission. Et ce qu'il faudrait
voir — puis
je le dis tout haut à mes collègues,
qui ont tous participé à la mise en place et à l'adoption du projet de loi n° 1 sur l'inspecteur général
de Montréal — il faudrait voir si le Commissaire aux
plaintes ne devrait pas être... voir son rôle un peu calqué sur celui de l'inspecteur général, lui donner cette espèce
d'indépendance qui fait en sorte qu'il n'y a jamais personne ici qui va poser,
au ministre des Affaires municipales, quel
qu'il soit... pour dire : Est-ce que vous avez tripoté là-dedans?, parce
qu'on aura un élément de distance et
de distinction. Deuxièmement, pour faire de l'institution du Commissaire aux
plaintes une instance qui est un prélude à la Commission municipale,
pour ne pas embourber non plus la Commission municipale, parce que je n'ai pas les chiffres sous les yeux,
là, mais du nombre de dossiers, par exemple, en éthique et en déontologie...
Je les ai ici, là. Sur les 107 plaintes
en éthique et en déontologie, 26 ont été transmises à la Commission municipale,
alors, pour enquête. 81 ont été
rejetées puisqu'elles étaient manifestement mal fondées, parce que le plaignant
n'avait pas transmis l'information nécessaire à son traitement. Alors,
il faut faire attention parce qu'en éthique et en déontologie il y a de la clientèle. On agit dans un monde politico-juridique,
et des fois le candidat battu à l'élection municipale traîne avec lui une certaine nostalgie qui l'amène à avoir un
regard sur les agissements des élus ou des vainqueurs qui les voient un peu plus difficilement, et donc ça peut des fois susciter
des plaintes. Alors, on a besoin d'un pare-feu, de quelqu'un qui examine
s'il y a un fondement de base. Et donc,
quand on voit que 26 sur 107 ont été traitées par la Commission municipale, on
voit qu'on a besoin de ce filtre-là qu'est le Commissaire aux plaintes.
Maintenant,
je le disais tantôt, la commission dispose, en vertu de la loi, de
90 jours pour rendre une décision. Dans les faits, la réalité, c'est que c'est rendu à 11 mois. Donc,
il faut aussi voir comment on peut circonscrire le travail de la commission en ce sens-là. Et Mme la présidente
m'indiquait, me soufflait à l'oreille que justement, dans le plan d'orientation
stratégique que la commission entend déposer
à l'automne, ce genre de dossier là ou ce genre de situation là va faire
l'objet des discussions que nous
aurons, et je compte sur l'expertise et la collaboration de la commission pour
aussi nous fournir des pistes de solution, parce qu'au premier chef
c'est elle qui est là pour dire : Voici comment on a vécu la situation
juridique actuelle.
Le
Président (M. Auger) : M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Maintenant, avec Montréal qui a un inspecteur
général, ça va fonctionner comment, ce service-là? Est-ce que ça va se
joindre avec? Est-ce que c'est différent ou...
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : C'est différent... Oui, merci, M. le Président. C'est
différent. L'inspecteur général de Montréal, on a eu l'occasion de le dire pas mal en détail hier,
l'inspecteur général de Montréal, c'est une institution qui vient s'ajouter
à celles qui existent déjà pour prévenir la
fraude, la corruption, la malversation dans un contexte où lui, l'inspecteur
général de Montréal, a une
juridiction territoriale sur le territoire de l'agglomération de Montréal et
une juridiction... une compétence juridictionnelle
sur la nature de son intervention, c'est-à-dire en amont, pendant, après et
suivant l'exécution, l'adjudication ou
l'exécution d'un contrat pour la ville de Montréal. Et sa juridiction s'étend
non seulement aux cocontractants, mais également aux sous-contractants
qui n'ont pas, à proprement parler, de lien contractuel direct avec la ville et
qui normalement seraient à l'abri de ça. Alors, c'est un outil additionnel.
Le
Commissaire aux plaintes, on le voit, a deux fonctions, c'est-à-dire la gestion
municipale, soit la légalité des procédures
suivies par les villes, et l'éthique et la déontologie en ce qu'il est un
filtre pour l'exercice de la juridiction de la Commission municipale en matière d'éthique et de déontologie. Et ça,
c'est quelle que soit la ville, quel que soit l'endroit sur le territoire où on a un problème d'éthique ou
de gestion municipale. Alors, la ville... la commission... le Commissaire
aux plaintes, pardon, pourrait très bien
être saisi d'un dossier en matière de gestion municipale provenant de Montréal.
Donc, ça devient un outil additionnel qui
s'ajoute à l'arsenal pour assurer ultimement les contribuables que leur argent
est bien dépensé et que les lois qui nous
régissent sont respectées par tout le monde, y compris par les élus municipaux.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Vimont.
• (10 h 30) •
M.
Rousselle : Dans cette loi-là, on parle d'élus municipaux.
Est-ce que ça touche aussi les employés? Parce que ça peut avoir aussi un... tu sais, le problème
peut venir de l'employé, bien souvent. Est-ce qu'on peut répondre là-dessus?
M.
Moreau : En matière d'éthique, les problèmes d'éthique à
l'égard des fonctionnaires municipaux sont réglés par les municipalités, alors que, pour les élus
des municipalités, il y a une obligation d'adopter un code d'éthique.
D'ailleurs, il y a quelques
municipalités qui ne l'ont pas fait, et j'ai eu l'occasion de signer quelques
lettres dernièrement pour leur rappeler
qu'ils ont passé la date pour le faire, et qu'à défaut de le faire on va en
imposer un, code d'éthique. Parce que ce
n'est pas parce qu'on est petit ou qu'on est gros qu'on a le droit de se
soustraire à la loi. Et je ne pense pas que ce soit fait de mauvaise foi, honnêtement, là, je vous le
dis. Mais il y a des maires au Québec, là, qui vont recevoir des lettres
signées du ministre des Affaires municipales en disant : Vous avez une
obligation d'adopter un code d'éthique.
Alors,
pour les employés municipaux, la Commission municipale a une juridiction, en
cas, par exemple, de congédiement
d'un employé municipal lorsqu'il pourrait être le directeur général ou le
greffier... Non, ça n'existe plus.
Une voix :
Non, ça n'existe plus.
M. Moreau :
Ça n'existe plus.
Une voix :
Mais ça a existé, par exemple.
M. Moreau :
Bon, ça, c'est mes vieux réflexes. Ça a existé.
Une voix :
C'est la Commission aux relations de travail, maintenant.
M.
Moreau : Ah! maintenant, c'est la Commission des relations de
travail. Bon. Alors, s'il y avait un congédiement, la Commission des relations de travail a
compétence, mais, en matière d'éthique, essentiellement, ce qu'on a ici, c'est
la question des élus.
Sur
les dossiers de gestion municipale, bien là, ils vérifient s'il y a une
intégrité du processus qui est suivie, ce qui implique nécessairement
l'intégrité du processus suivi par les fonctionnaires municipaux.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Je posais la question parce qu'une municipalité...
Vous savez, je suis à Laval, et puis on a ouï-dire, à un moment donné, que même des employés se sont
servi de l'équipement de la municipalité pour des fins personnelles ou autres, là, et c'était peut-être à la demande
de certaines personnes. Donc, je voulais juste savoir si ça, c'était touché.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
Non. Alors là, ce que vous dites, c'est : Quand un employé municipal
utilise de façon incorrecte les équipements de la municipalité, là, il y
a une sanction disciplinaire qui est liée du lien employeur-employé entre la
municipalité... Ça n'a rien à voir avec le commissaire aux plaintes.
Alors, la municipalité est un
employeur et elle a le droit, dans sa relation d'employeur-employé, de
s'assurer que la prestation de
travail fournie par l'employé est conforme aux exigences de la loi. Et
l'utilisation illégale de l'équipement d'une
municipalité par un de ses employés peut faire l'objet d'une sanction disciplinaire
avec l'ensemble des principes de gradation des sanctions qui touchent
les relations de travail entre employeur et employé.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Vimont.
M. Rousselle :
On sait qu'il y a eu des élections municipales dernièrement, ça ne fait pas
très longtemps. Je voudrais savoir s'il y a
eu une augmentation de plaintes dans cette période-là. Vous parliez tantôt des
plaintes politiques, et il y a des gens, des fois, qui s'en servent
d'une manière pas tout à fait correcte non plus, de cette éthique-là. Donc, pouvez-vous me dire s'il y a eu une augmentation?
Et, si jamais ces plaintes-là, elles ont été rejetées, est-ce que ces gens-là,
ils ont un recours autre pour revenir?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
...d'éthique, s'il y a eu une augmentation des plaintes, vous dites?
M.
Rousselle : Bien, est-ce qu'il y a eu une augmentation des
plaintes due... On le sait qu'il y a eu des élections dernièrement, puis, des fois, tu perds ou tu
gagnes, et puis tu es malheureux, puis, des fois, bien, tu es porté des fois à
faire peut-être une plainte ou tu es
plus sensible. Et est-ce qu'à cause de cet événement-là d'élections
dernièrement... est-ce qu'il y a eu une augmentation? Il n'y en a
peut-être pas...
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Oui. Je ne peux pas faire le lien entre une élection
municipale et le nombre de plaintes qui ont été faites, mais ce que je
vous disais tantôt, c'est qu'il y a 69 % des... pour l'exercice qui s'est
terminé le 31 mars 2014, il y a eu...
la proportion des dossiers de plaintes traitées — bien là, on parle du délai — était de 69 %, alors que c'était
60 % lors de l'exercice précédent. Est-ce qu'il y a une augmentation du
nombre de plaintes?
Une voix :
...
M. Moreau :
15 %, me dit-on. Bon, un instant.
Une
voix : ...
M.
Moreau : O.K. Alors, il y a eu 15 %, me dit-on. Le
Commissaire à l'éthique et à la déontologie me dit qu'il y a eu une augmentation de 15 % des plaintes
et que, dans cette augmentation de 15 % des plaintes globales, 85 %
touche l'éthique et la déontologie. Mais là je pense que ni lui ni moi
ne nous risquerons à dire que c'est lié aux résultats des élections
municipales.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Vimont.
M.
Rousselle : Bien, écoutez, d'une manière ou de l'autre, on sait
tous, avec les médias et tout qui ont moussé un petit peu les problèmes
à l'intérieur des municipalités, ça a sûrement incité aussi des gens à porter
plainte.
Sur les plaintes qui
sont rejetées, est-ce qu'il y a une possibilité d'appel là-dessus?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
Sur les plaintes qui sont rejetées... Lorsque le commissaire aux plaintes
estime qu'elle n'est pas fondée, il n'y a
pas de mécanisme d'appel qui est prévu. Lorsque le commissaire rejette une
plainte, il informe le plaignant en disant les motifs pour lesquels la
plainte ne sera pas traitée par la Commission municipale.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Vimont.
M. Rousselle :
Au niveau des sortes de plaintes, c'est-u pas mal les mêmes plaintes?
Pouvez-vous élaborer là-dessus, le nombre de...
la sorte de plainte et les plaintes qui sont plus souvent appelées, là, qu'on
revoit le plus souvent, là?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau : Sur la nature même des plaintes, ce que je peux
vous donner comme information, c'est ce que je vous ai donné tantôt, là. Il y
a 557 dossiers de plaintes, là, pour
l'exercice du 1er avril au 31 mars 2014. 450 touchent la gestion municipale — donc,
je réitère que la gestion municipale, c'est de savoir si, oui ou non, les
dispositions de la loi ont été
suivies par une municipalité dans l'exercice d'une compétence — et 107 en éthique et déontologie, et donc,
des 450, 181 se sont avérées être
admissibles, donc sur la question de la gestion municipale, où il y avait eu
une dérogation à la loi, et 269 non admissibles.
Puis, en déontologie, il y a eu 107
plaintes. 26 sur les 107 ont été transmises à la Commission municipale, et les
motifs de rejet des 81 autres, c'est
qu'elles étaient frivoles, ou manifestement mal fondées, ou parce que le
plaignant n'avait pas transmis
l'information nécessaire à son traitement. Des fois, ce qu'on constate, c'est
qu'il y a une plainte qui est faite, et, lorsqu'on demande de
l'information additionnelle, le suivi n'est pas fait.
Pour
la Commission municipale, je vous donne des statistiques additionnelles. Depuis
l'entrée en vigueur de la loi, en décembre 2010, la Commission
municipale —
donc, depuis quatre ans, pas tout à fait, trois ans et quelques — la Commission municipale a reçu 62 demandes
d'enquête. Elle a rendu 27 décisions, aucun manquement pour 13 décisions,
ce qui représente 16 demandes, et elle a
constaté des manquements pour six décisions. Il y a eu des retraits de demande
d'enquête pour trois décisions, arrêt des
procédures pour une décision, en raison d'un décès, une décision
interlocutoire, et trois décisions
constatent que le code n'est pas en vigueur, donc au moment où les plaintes étaient
fondées. Alors là, vous avez le détail statistique puissant de
l'exercice en matière déontologique.
Le Président (M.
Auger) : Merci. Je cède maintenant la parole au député de Blainville
et porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour un bloc d'échange
d'environ 22 minutes.
M.
Laframboise : Merci, M. le Président. On va régler nos questions sur
la commission des affaires municipales... Commission municipale tout de suite. Plusieurs événements ont mené,
évidemment, à l'assujettissement au contrôle de la ville de Laval par la Commission municipale : perquisitions à
l'hôtel de ville, il y a eu 37 personnes, dont l'ex-maire, qui ont été
accusées.
Le
3 juin 2013, le premier alinéa de l'article 46.1 de la loi... Le gouvernement a
adopté le décret, puis on a assujetti Laval
au contrôle de la commission des affaires municipales, une tutelle. Il y a eu
une levée de la tutelle le 18 novembre 2013, et, au 6 décembre, bon,
dans le rapport spécifique de la levée de la tutelle, les dépenses
comptabilisées pour la tutelle étaient de
269 498 $. C'était associé à des contrats de services professionnels,
des frais de déplacement, de séjour, puis ça n'incluait pas les salaires
et les avantages sociaux de deux délégués de la commission.
Quand
on regarde les crédits, bon, on s'aperçoit que l'an passé le budget était de
3 146 000 $, la Commission municipale. Et là, maintenant, il sera de 3 051 000 $,
puis on dit, dans les explications, qu'on a retranché, bon, 94 600 $,
là, en raison des coûts non
récurrents reliés à la ville de Laval. Donc, 94 600 $ par rapport à
269 500 $, là, j'ai 175 000 $ qui ne balance pas, là, donc j'aimerais juste
comprendre... parce que, théoriquement, si on avait enlevé les dépenses qui
étaient reliées à la tutelle de Laval, on aurait dû enlever
269 500 $. On a juste enlevé 94 600 $.
• (10 h 40) •
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : O.K. La réponse comptable, c'est que la partie qui ne
balance pas, c'est une partie qui a été assumée directement à même les crédits du ministère des Affaires municipales et
qui a été assumée par un transfert qui a été fait du ministère des
Affaires municipales à la Commission municipale.
Maintenant,
ce que j'ai ici en final, alors, en date du 6 décembre, les dépenses
comptabilisées pour la tutelle de Laval
étaient — je pense
que vous aviez le chiffre exact, là — 269 498,31 $. Ça, c'est ce qui
apparaît sur le site, publié...
Une voix :
Oui, dans le rapport.
M.
Moreau : ...dans le rapport. Et ça, c'est le montant final.
Alors, le montant final, au-delà du rapport, est de 322 194,47 $. Il est ventilé en
équipements de visioconférence, qui est un outil utilisé pour réduire les coûts
de déplacement, il y en a pour un peu
plus de 25 000 $; location de salles, 902 $; déplacement, repas,
hébergement, 24 383,35 $; les contrats de services avec MM. Dion, Gagné, LeChasseur et Sylvia Morin, pour
266 244,83 $; et contrat d'entretien de visioconférence et de
communication, j'imagine, 2 298 $; logiciels, 2 648 $; pour
un total de 322 194,47 $.
Et,
pour les contrats de services, si vous souhaitez avoir les détails :
Pierre Dion représente... dans le 266 244 $, Pierre Dion représente 86 813,45 $;
Florent Gagné, 128 799,41 $; Sylvia Morin, 25 771,97 $; et
Me LeChasseur, 24 860 $.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : ...M. le ministre. Donc, la différence... parce
que, là, vous avez dit... bon, 322 000 $, c'est le dernier chiffre que vous avez. Donc, la différence
entre 94 000 $ et 322 000 $ aura été assumée par le
ministère directement?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
La réponse, c'est oui.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : Oui. Donc là, quand je regarde le budget de la
commission puis que je lis le discours sur le budget, là, il y avait, de la part de votre ministre des Finances, une
demande qui était de... un gain de productivité de 2 % puis une réduction des dépenses de fonctionnement
de 3 %. Donc, évidemment, moi, je ne la vois pas, là. C'est-à-dire,
quand on parle de 3 146 000 $
à 3 051 000 $ puis on enlève le 94 000 $ des
affaires... du dossier de la ville de Laval, est-ce qu'il y a un effort qui va être demandé à la
commission, ou si, selon les chiffres, il n'y en aura pas, d'effort de demandé à
la commission? C'est ça ma question.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
Non. La réponse à votre question, c'est qu'il va y avoir des efforts. Les
efforts de ne se reflètent pas dans
les crédits, vous avez raison, ils vont se refléter en cours d'année, mais la
commission est bien au fait qu'elle doit participer aux efforts de réduction de dépenses. Alors, réduction de
dépenses de fonctionnement de nature administrative, 1 %; dernière
année du plan d'action pour la réduction et le contrôle des dépenses 2010‑2014,
qui visait à réduire graduellement les dépenses de fonctionnement en vue
d'atteindre 10 % de réduction en 2013‑2014, soit...
Une voix : ...
M. Moreau :
Alors, ça doit être 284 000 $; réduction des dépenses de
fonctionnement, 3 %. L'effort est évalué à 92 000 — c'est
ça? — dollars.
Et vous devez
savoir également qu'il y a un commissaire qui doit... il doit y avoir une
nomination qui doit être faite cette année. Elle est en...
Une voix : Échue.
M. Moreau : Elle est échue,
oui, c'est ça. C'est la commissaire Bilodeau, n'est-ce pas?
Une voix : Exactement.
M. Moreau :
Sandra Bilodeau, dont le mandat est échu depuis le 24 août 2013, et qui
n'a pas été renommée, mais qui siège
toujours. Et il y a un autre commissaire, M. Richard Quirion, qui, lui, est membre depuis 2008, et dont la fin du
mandat est le 9 juillet prochain.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M.
Laframboise : Compte tenu que votre courage est dans votre feuille que vous aviez, est-ce que
vous pouvez la déposer, la feuille de...
M. Moreau : Ce qu'on me dit,
c'est dans la... Je pense que vous l'avez.
M. Laframboise : Sur les projets de
réduction que vous venez de nous lire, là, vous, là, par rapport aux...
M. Moreau : Oui, programme 6,
Commission municipale. Oui, oui. Il n'y a pas de difficulté.
Le Président (M. Auger) : On va
déposer le document, M. le ministre?
M. Laframboise : Les efforts de
réduction qui leur sont demandés.
M. Moreau : C'est les mesures de réduction, oui, tout à fait. Je vais vous... Je peux même produire ce document-là.
Sur le document, vous allez avoir le programme
6, la Commission municipale. Vous aurez le programme 7, qu'on a vu hier,
qui est l'habitation; programme
4, Administration générale; et programme 5, Promotion et développement de la région métropolitaine, qui faisait l'objet des crédits
d'hier.
Alors, l'information que je vous ai donnée, là, est issue du programme 6 lié à la Commission
municipale. Évidemment, on va en remettre des copies à tout le
monde. C'était une question de transparence.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : La transparence
fait partie du courage souvent, M. le ministre.
M. Moreau : Oui, oui. Ça en
prend pour être transparent, vous avez raison.
M.
Laframboise : C'est ça. Et
j'aurais un commentaire, parce
que tantôt vous nous avez interpellés
par rapport à... C'est sûr que, si on donne plus d'autonomie
aux villes, il faudra prévoir une façon de contrôler cette autonomie et leur reddition de comptes. Et là moi, je vais être ouvert de discuter, là, parce que...
Est-ce qu'on devra donner plus de pouvoirs à la commission
aux affaires municipales?
Ce qu'on a
créé avec l'inspecteur général de Montréal, c'est un bel exemple qu'on pourrait
appliquer à la grandeur... On ne peut
pas nommer, dans chacune des villes, un inspecteur général, mais il reste quand même
qu'il faudrait y avoir un
organisme, qui pourrait être la commission des affaires municipales, pour être capable de
s'assurer et d'avoir le pouvoir d'enquêter
sur tout ce qui pourrait se passer dans les villes parce qu'on va leur donner plus d'autonomie. Puis moi, j'en suis, avec la Charte des municipalités, mais il faudra
aussi leur exiger une reddition de
comptes beaucoup
plus importante, et ça, je pense
que la commission pourrait être un bel outil. Évidemment,
ce sera des discussions qu'on aura en
temps et lieu avec la charte et tout ce qui se passera.
Le
Président (M. Auger) : M. le ministre.
• (10 h 50) •
M.
Moreau : Je profite
de votre commentaire, M. le
député de Blainville,
pour vous dire que, dans ce
domaine-là... je pense
que c'est le député de Rosemont qui disait hier, avec la Charte de la Ville de Montréal,
en fait le statut de métropole de Montréal,
le statut de capitale de Québec, la charte des municipalités, on est véritablement à un virage dans l'organisation
territoriale du Québec et l'organisation des
municipalités. Et, je le disais hier puis je le répète aujourd'hui : Les
bonnes idées de tous sont les
bienvenues. Et, je vous le dis, dès que nous aurons, la présidente de la
commission, les membres de la commission
et le ministère, commencé à regarder des pistes de solution suivant les idées
émises par la commission, je verrais
d'un très bon oeil que les deux oppositions puissent se joindre à une réunion,
à un moment donné, pour vous donner un état de situation, au moment du
départ, et dire : Bien, à ce moment-là, s'il y a des contributions à faire
en termes d'alignement, de pouvoir profiter des connaissances que vous avez.
Je
sais, par exemple, que, l'un et l'autre, vous avez été — je parle du député de Beauce-Nord et
vous — au
premier plan, des administrateurs
municipaux. Vous avez été des maires, vous avez été, vous, président de l'Union
des municipalités du Québec, vous
avez une expérience pratique à apporter. Et souvent, ce que j'entendais, moi,
quand j'étais en pratique privée...
Et le député de Gaspé a été gestionnaire municipal. Bon. Et souvent ce que
j'entendais en pratique privée, c'est qu'on disait : Bien, écoutez,
on a l'impression qu'il n'y a pas une vision pratique des choses.
Moi,
j'ai pratiqué 22 ans en droit municipal puis je représentais les municipalités.
Si on regarde la somme des expertises
qu'on a ici — je pense
à mes deux adjoints parlementaires, le député de Chapleau a été préfet, maire
d'une municipalité — on est capables, à titre de législateurs,
d'avoir une vision qui soit très proche, en lien avec ce que le monde municipal souhaite puis dire : Bien, écoutez,
où sont les barrières que vous voyez? On va les examiner puis on va essayer
de régler ça. L'idée, c'est de mettre notre
signature à tous au bas de quelque chose qui va régir la nouvelle relation que
le premier ministre souhaite insuffler entre le gouvernement du Québec
et les municipalités.
Et vous avez
tellement raison de dire : Il y a un corollaire incontournable à une plus
grande autonomie des municipalités. Ce n'est pas de leur donner une plus grande
autonomie pour plus les contrôler, mais c'est que, dans la perspective d'une plus grande autonomie, il devra
y avoir un mécanisme d'examen, de reddition
de comptes, comme le gouvernement du Québec est obligé de s'astreindre à un exercice de reddition de comptes devant l'Assemblée nationale. On ne
créera pas le Vatican dans chacune des municipalités. Ce ne sera pas des États
dans l'État. Il va falloir, en quelque part... Puis je disais que la Commission
municipale est le plus bel exemple pour ça. Les raisons mêmes de
la création de la constitution de la Commission
municipale est d'assurer, je dirais, la sérénité de la
gestion et de l'économie des municipalités et
d'assurer le caractère sain des finances
publiques, autant dans le secteur municipal... et des conséquences que ça peut avoir à l'égard du gouvernement
du Québec. Alors, je vous le dis, messieurs, vous serez mis à contribution.
Document déposé
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Je dépose le document mentionné précédemment concernant l'étude des crédits. M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : Merci, M. le Président. J'en ai terminé avec la commission.
Ça m'amène, par contre, à une question. Tantôt, par
rapport à la taxe sur l'essence, à la
répartition, au programme d'infrastructures, là, vous avez... suite aux questions de mon collègue de Gaspé, là, vous avez entrouvert... vous avez
fait une ouverture pour des cas d'exception. Ça, ça m'irrite au plus
haut point, M. le ministre, par rapport... parce que, quand on ouvre...
M. Moreau :
...une crème là-dessus.
M.
Laframboise : C'est juste parce que,
quand on ouvre puis qu'on permet... Vous savez c'est quoi, la politique,
puis là mes ex-collègues
maires, là, je les vois tous aller, là... puis là c'est là qu'on commence à
faire... Et ça, M. le ministre, pour
moi, là, il faut faire très attention. Dès qu'en tant que gouvernement on se montre ouvert à certaines exceptions... il faut éviter la politique
de bas étage qui nous a amené la commission Charbonneau, et ça, c'est ce qui se
passe souvent, M. le Président, M. le ministre.
Donc,
il faudra, si vous êtes pour ouvrir sur des... Je suis conscient qu'il y a
des unions municipales au Québec
qui ont des demandes, et ça, je verrais... en tout cas, il va falloir que vous travailliez quelque chose plutôt que ce
soit une décision uniquement d'un ministre,
puis ça, je vous donne ça pour vous, là, parce qu'évidemment la politique de bas étage, là, quand on prend des...
quand on ouvre, c'est là qu'on ouvre la porte à de la politique de bas étage.
Et, en tout cas, j'espère que, si
vous êtes dans des cas d'ouverture ou d'exception, vous allez les travailler
puis que vous allez avoir avec vous les unions municipales qui... moi, je verrais, en tout cas, les unions vous
faire les recommandations, dans une ville, pour telle raison, là. C'est passé par un filtre extérieur au
gouvernement, là, parce que... En tout cas, pensez à quelque chose plutôt
que ce soit une décision du ministre qui
fait qu'on a Nathalie Normandeau qui était devant la commission parce qu'en
quelque part il y a des décisions qui ont été prises.
Donc, je ne voudrais
pas voir votre... je ne voudrais pas vous voir, là, devant une commission un
jour, là. Comprenez-vous, là? C'est ce que
je veux vous laisser comme message. Et, quand on ouvre à des cas d'exception,
il faut être... En tout cas, les
villes, s'ils veulent des programmes d'infrastructures, il faut qu'ils
participent. Je pense que c'est un incontournable.
Il faut qu'il y ait une participation qui est du milieu. C'est vrai qu'ils
n'ont pas tous les mêmes ressources, mais
il faudra avoir... soit que ce soit une procédure qui est uniforme. Et je sais
qu'ils demandent autre chose, mais il va falloir trouver quelque chose
avec des organismes indépendants comme les unions municipales pour éviter que
ce soit une décision purement du ministre, là, pour qu'en quelque part on évite
la politique de bas étage.
Le
Président (M. Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Je reçois très bien votre commentaire. J'ai plusieurs
remarques à formuler sur le commentaire que vous me faites.
Merci, d'abord, de
vouloir prendre soin de moi et me protéger. Je l'apprécie et je le vois comme
un geste de collaboration puis je le dis
sans ironie. Et je suis conscient que l'actualité récente a tendance à mettre à
risque la discrétion correctement
exercée par les politiciens. Et je ne commente pas les témoignages de la
commission Charbonneau, ce n'est pas
mon rôle, mais on laissera le temps faire son oeuvre, voir le rapport de la
commission, laissons la commission travailler, etc.
Il
y a un élément, moi, qui m'interpelle beaucoup. Je l'ai dit à plusieurs
reprises depuis que j'ai été nommé au ministère
des Affaires municipales et que le premier ministre m'a fait preuve de sa
confiance pour ce rôle-là, le rôle des élus...
et, s'il y a un point de convergence en termes de représentation élective,
c'est le ministère des Affaires municipales. La clientèle du ministère des Affaires municipales, ce sont des élus,
qui sont élus à un palier de gouvernement différent, mais qui ont une
élection tout aussi légitime que la nôtre.
Et
qu'est-ce qui fait que, dans notre système démocratique, on souhaite que les
gens soient élus? Pourquoi est-ce qu'on
élit les gens et, ultimement, pourquoi est-ce qu'on va en politique? Est-ce que
c'est pour avoir le plaisir tous les jours
de participer à la période de questions à l'Assemblée nationale? J'en doute.
C'est d'abord et avant tout parce qu'on pense être en mesure de changer les choses. Et c'est fondamental dans
notre système démocratique — et je le dis à qui veut l'entendre — que les politiciens aient une marge de
manoeuvre. Ils ont l'obligation de respecter les lois. Il n'y a aucun doute dans mon esprit, ils doivent agir avec
intégrité, avec honnêteté, dans le respect des règles de déontologie et dans
le respect des lois que la société s'est donné.
Mais
il est fondamental, fondamental, en démocratie de reconnaître aux politiciens,
aux élus, une marge de manoeuvre pour
changer les choses. Sinon, on n'a pas besoin de maires puis de conseillers dans
une municipalité. On va faire affaire
avec le secrétaire-trésorier puis le directeur général. Sinon, on n'a pas
besoin de députés puis de ministres au gouvernement du Québec. On va
faire affaire avec la fonction publique qui est, par ailleurs, fort compétente.
La
raison pour laquelle on élit des gens, c'est parce qu'on leur dit : On
vous fait confiance pour que vous puissiez infléchir le cours des choses au bénéfice des municipalités. Mais vous
aurez une responsabilité très grande, c'est de justifier les gestes que vous allez poser. Et, si vous avez
posé les mauvais gestes, on va vous mettre dehors parce que vous avez un
mandat qui a une limite et qui donne à la
population le pouvoir souverain de dire : Vous n'avez pas fait une bonne
job, on vous tasse.
Et il ne faudrait pas
que, dans l'actualité récente, on vienne totalement rendre cet aspect-là des
choses... le stériliser. Ce serait une
attaque épouvantable à la démocratie. Sinon, je n'ai pas besoin, moi, d'avoir
quelqu'un qui va me dire... Qu'est-ce
qui se passe quand un dossier arrive sur le bureau d'un ministre, hein? Vous
avez tous des fonctions d'élus, vous avez été maires de municipalités,
mon collègue le député de Gaspé a été ministre. À un moment donné, il y a une question de jugement puis il y a une question
de jugement politique, et ce jugement politique là, on le fait sur la base de nos convictions. Et la discrétion
politique, elle peut être faite d'une façon qui est parfaitement légale,
parfaitement éthique, et c'est ça
qu'on doit encourager. On ne doit pas essayer de couper la société de cet
élément qui, à mon point de vue, est une des bases fondamentales de la
démocratie.
Maintenant,
sur la question du cas d'exception qui vous irrite, je mettrais un peu de baume
sur vos plaies en vous disant :
Je partage votre idée que... D'abord, nos programmes en matière d'aide
financière des municipalités couvrent très
large, hein? Ils couvrent très large, et, s'il y avait des cas d'exception, de
tout temps, il y a une procédure qui existe, qui est le décret gouvernemental, qui peut dire : Bien, voici, on a
une situation totalement exceptionnelle, voici le décret qui est adopté pour ça. Et le caractère public du
décret, je dirais, est un élément de protection, en tout cas est un outil très
puissant dans les mains des oppositions pour dire : Un instant, là. Vous
n'avez pas justifié correctement votre décision.
Ce
que j'avais en tête lorsque je répondais au député de Gaspé, c'est précisément
ça. C'est des cas où il est impensable,
par une norme générale d'un programme, de couvrir le cas visé. Et donc le
recours au décret, c'est ce que je
vois comme étant une mesure d'exception. Puis vous avez raison. Et, dans les
éléments de reddition de comptes et dans, je dirais, les mesures... Je n'aime
pas utiliser l'expression «mesures de contrôle» parce que ça a l'air d'annuler
tout l'effort qu'on veut donner pour
conférer aux municipalités une plus grande autonomie. Mais, dans les mesures
mises en place, il devra y avoir en
quelque part un point de contrôle sur les décisions qui seront prises. Et je me
souviens d'une époque pas si
lointaine où les règlements d'emprunt des municipalités étaient non seulement
approuvés par le ministre des Affaires municipales,
mais par la Commission municipale du Québec. Et les deux organismes avaient des
objectifs différents dans l'exercice du contrôle de la légalité de la
procédure d'emprunt.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Beauce-Nord, vous avez à peu près
1 min 30 s.
M.
Spénard :
1 min 30 s?
M.
Laframboise : Non, mais je vais terminer.
Le Président (M.
Auger) : Vous voulez terminer? M. le député de Blainville.
M.
Spénard :
Ça aurait pris plus de temps que ça.
• (11 heures) •
M.
Laframboise : Bien, juste peut-être... Je vais terminer par un
commentaire, M. le Président. C'est-à-dire que oui, c'est vrai que, les élus, on est là pour changer les choses. Par
contre, quand on parle de, tu sais... Je ne veux pas qu'on rentre dans la commission Charbonneau, mais on parle
d'extras, on parle de... Tu sais, c'est des choses qui sont assez difficiles par rapport à ça, des autorisations
données par des ministres sur des extras et tout ça. Donc, ça, on comprend
qu'il y a plus de politique de bas de
terrain qui se fait quand il arrive un extra, là, et c'est ça qu'il faut
éviter. Il ne faut pas que les
politiciens qu'on est soient enclenchés dans la machine à saucisse à cause de
ça, là, puis c'est juste ça, là, tout simplement.
Et c'est ça. Et, l'objectif, il faut le prendre en amont, il faut toujours le
prendre au début pour que ce soit clair parce que ça sera toujours un problème. C'est vrai qu'à certains... il y
a certains moments puis... où des extra sont justifiés. Il faudra se trouver une façon que ce soit clair,
que les gens le sachent, puis que ça se sache rapidement, pas après que les
travaux sont finis puis qu'on vient de
s'apercevoir. Il faut être capables d'avoir une procédure transparente pour que
les médias puis la population sachent
que, oui, il y en a pour telle raison, et c'est ça qu'il faudra voir, M. le
Président. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Je cède maintenant la parole à un député
du groupe parlementaire formant le gouvernement. M. le député de
Chapleau, la parole est à vous. Oh! excusez. Oui, M. le ministre.
M. Moreau :
Loin de moi l'idée d'interrompre, surtout le député de Chapleau, qui est mon
adjoint parlementaire, qui est
beaucoup plus costaud que moi, mais je voulais vérifier simplement auprès du député
de Gaspé si on avait couvert l'ensemble
des questions touchant la Commission municipale ou si vous aviez d'autres
questions. Ça va pour la Commission municipale? Alors, avec votre
permission, M. le Président, nous pourrions libérer la présidente et les
membres de la commission...
Le Président (M. Auger) : Avec
plaisir.
M. Moreau : ...qui vont
pouvoir aller traiter les plaintes...
Une voix : C'est ça.
Le Président (M. Auger) :
Exactement.
M. Moreau : ...les plaintes pendantes.
Le Président (M. Auger) : Merci
beaucoup.
M. Moreau : Ah! vous avez une...
Ah! O.K. Alors, O.K.
M. Carrière : Ah! excusez, M.
le ministre.
M.
Moreau : Bon, bien, avant de vous libérer, le député de
Chapleau a des questions liées à la Commission municipale.
Le Président (M. Auger) : Donc, M.
le député de Chapleau, la parole est à vous.
M. Carrière :
Je ne voulais pas me priver de la présence de la présidente de la Commission
municipale. Permettez-moi, M. le Président,
de vous saluer, saluer les collègues, le ministre, les gens de l'opposition, de
la deuxième opposition, ainsi que mes
collègues députés du côté ministériel, ainsi que la présidente de la Commission
municipale du Québec, les gens qui
l'accompagnent, l'équipe du ministère des Affaires municipales, les deux
sous-ministres. Donc, merci d'être là aujourd'hui pour accompagner le
ministre.
J'ai quelques
questions sur toute la question de la Commission municipale du Québec. J'ai
compris d'entrée de jeu que le
ministre était présent lors de la création de la Commission municipale du
Québec, là, si j'ai bien compris ses propos
d'entrée de jeu, là. Mais effectivement la... farce à part, qui a été créée en
1932, puis l'objectif était de contrôler et surveiller les finances des municipalités, des commissions scolaires
et des fabriques, donc c'est un mandat qui était quand même assez large, suite au krach boursier qu'il y avait eu, là, en
1929. Depuis, les compétences ont vraiment été élargies au niveau de la Commission municipale, c'est devenu un
tribunal, un organisme administratif d'enquête et de conseils
spécialisés en matière municipale. J'aime beaucoup le volet conseils
spécialisés.
Ce qui est
important de savoir, c'est un organisme gouvernemental qui est indépendant du
ministère, qui est voué exclusivement
au domaine municipal. Il y a plus de 1 100 municipalités au Québec, ou
autour de 1 100, avec des réalités tout à fait différentes. Et on
ça vu, là, par les deux oppositions, deux positions assez différentes aussi,
quelqu'un de la première opposition, qui
vient d'une région, qui vient de Gaspé, qui disait : Est-ce que, dans les
programmes, vous allez moduler les programmes si une plus petite
municipalité qui a moins de moyens, qui a une équipe moins grande pour appliquer, puis il y a moins de moyens
financiers... Bien, souvent, il y a des réalités qui sont différentes des
grandes villes comme Montréal, comme
Gatineau ou comme Québec, etc. Et je suis un petit peu étonné de la position de
mon collègue, là, de Blainville, qui
a été maire d'une petite, petite municipalité chez nous, en Outaouais, et qui
avait, à l'époque et encore aujourd'hui,
parce que je connais bien, de grands défis et de grandes... de grands défis à
relever, là, au niveau, là, de cette municipalité-là.
Donc, on voit qu'il y a des opinions puis qu'il y a des façons de faire et de
penser qui sont tout à fait différentes.
Au
niveau des champs de compétence, là, je regardais un petit peu, là, le site,
là, de la Commission municipale du
Québec. C'est tout d'abord un tribunal administratif qui va nous parler de la
conformité des règlements d'urbanisme; souvent,
la commission peut avoir à se pencher là-dessus, exemple, la fin des mandats de
certains élus qui n'ont pas siégé depuis un certain temps, avec ou sans bonne
raison, puis on voit, là, souvent, là, dans différentes municipalités, c'est
assez houleux, là, des fois à travers
les conseils municipaux. Il y a également, là, au niveau administratif, des
arbitrages qui sont faits à travers
des ententes intermunicipales, puis la première chose qui me vient à l'esprit,
c'est souvent la gestion des déchets,
la gestion des matières résiduelles, qui, souvent, là, est une partie du budget
très importante d'une municipalité puis
qui amène souvent, là, des... qui peut amener des conflits. Il y a une
municipalité qui reçoit des déchets de la région puis, des fois, de
d'autres régions. Ça, on connaît ça chez nous, en Outaouais.
Puis,
il y a toute la question également, là, de la destitution des présidents d'élection
qui, à 99 %, à moins que je me trompe, sont des directeurs
généraux, des secrétaires trésoriers ou des greffiers des municipalités.
Un
autre champ de compétence de la Commission municipale, c'est un organisme
administratif qui, souvent, va être appelé
à administrer provisoirement une municipalité qui ne peut plus avoir quorum. On
l'a vu dans le temps à travers le
Québec, puis c'est même, des fois, la Commission municipale qui débarque et qui
met la municipalité en tutelle. Moi, je suis arrivé dans le monde
municipal en 1992 dans une municipalité qui était en tutelle à l'époque, avant
que j'arrive, quelques mois avant
l'élection. Donc, j'ai vécu, là, à mon arrivée, où est-ce que la municipalité,
il y avait un commissaire qui était
là, puis qui devait entériner et approuver les décisions, là, puis qui
accompagnait le nouveau... bien, l'ancien conseil municipal jusqu'à l'élection et le nouveau conseil
municipal qui est arrivé. Chez nous, ça a fait les manchettes à travers le Québec, là, le conseil municipal qui était là
précédemment, pas toujours pour des bonnes raisons et pas toujours gratifiant,
mais je pense qu'à partir de ce temps-là le
commissaire qui est chez nous est parti au bout de six mois pour se rendre
compte que le nouveau conseil était
apte et capable de travailler ensemble et a donné... j'allais dire sa
bénédiction, mais qui a décidé, là, qu'il pouvait quitter la
municipalité parce qu'elle était entre bonnes mains.
C'est également un
organisme d'enquête qui regarde toute la question de l'administration
financière d'une municipalité. Tantôt, le
ministre parlait qu'à l'époque le ministère approuvait les règlements
d'emprunt, mais également la Commission
municipale, donc le taux d'endettement... des fois il y a des décisions de
certains conseils municipaux qui doivent
être un peu vues ou revues, puis il y a également tout autre aspect, là, de
l'administration municipale auquel la Commission municipale peut être
appelée à se prononcer.
Et,
comme je disais tantôt, la Commission municipale peut être un organisme-conseil
pour les municipalités, pour les
régies intermunicipales, pour les MRC, qu'on pense... Et souvent, là, ça fait
lieu de grandes discussions à l'intérieur d'une MRC quand on parle de détermination d'équipements à caractère
supralocal avec une municipalité qu'on va appeler... dite de centralité, avec des petites municipalités
tout le tour où les citoyens utilisent souvent, là, les équipements, là, de ces
municipalités-là, qu'on pense aux arénas, ou
qu'on pense aux équipements culturels, ou peu importe. Donc, souvent, là, la
municipalité dite de centralité veut avoir
un coup de pouce pour gérer ces équipements-là, souvent à raison. Les petites
municipalités, bien, disent : On n'a
pas les moyens, mais par contre c'est leurs citoyens qui utilisent ces
services-là. Donc, ça a fait, à
l'époque, je me rappelle, où j'ai été préfet, ça a fait les lieux de débats, de
longs, longs débats, et même les unions municipales, à l'époque, se sont prononcées lorsqu'il y a eu toute la
question de ces équipements-là, là, à caractère supralocal.
Et, comme conseil, la
Commission municipale peut également être de conseil ou conseiller au niveau
des annexions ou des regroupements. On n'en
voit pas beaucoup, à moins que je me trompe, mais, quand ça arrive, souvent,
il y a toute la question du passif et de
l'actif d'une ancienne municipalité, d'une nouvelle municipalité ou d'une
partie de la municipalité qui est
annexée par une autre. C'est arrivé dans l'Outaouais, justement, pas très loin,
là, d'où est-ce que mon collègue
habite, là, la municipalité de Montebello et Papineauville, il y a une partie
qui... non, pas vrai : Plaisance et Papineauville — j'allais faire un lapsus — mais une partie d'une municipalité qui
allait être annexée à l'autre, et là il y a eu de grands débats sur
toute la question du passif et de l'actif, là, à ce niveau-là.
Je
trouve intéressant également, là, toute la question de la mission de la
Commission municipale qui dit que, dans
le respect de sa mission, là... de la
Commission municipale, ses effectifs sont soucieux de bien servir la clientèle,
ce qui se reflète dans ses valeurs
qu'elle privilégie, soit l'indépendance, l'impartialité, l'objectivité,
également toute la question de l'accessibilité et de l'écoute, et
également toute la question de la qualité, de la cohérence et de la diligence.
On
a vu... et des fois ce n'est pas toujours le fait que la commission est un
tribunal, il arrive des situations où ce n'est pas toujours de gaieté de
coeur que la commission doit intervenir ou doit se prononcer. Il y a eu
dernièrement, le 24 février dernier, un jugement qui a été prononcé dans la
cause, là, de... je pense que c'est dans la municipalité de L'Ange-Gardien, en
Estrie, parce qu'il y a plusieurs L'Ange-Gardien au Québec, il y en a dans la
région de Québec, il y en a un en Outaouais,
mais je pense que celle-ci, c'est dans l'Estrie, c'est la cause Yvan
Pinsonneault, un élu municipal, contre
le Procureur général du Québec et la Commission municipale du Québec. La Cour
supérieure a déclaré nulle la première phrase de l'article 24 de la Loi
sur l'éthique et de la déontologie en matière municipale, indiquant que la
Commission municipale tient son enquête à huis clos.
La décision de la
Cour supérieure repose sur l'article 23 de la Charte des droits et libertés de
la personne, qui prévoit que «toute personne
a droit, en pleine égalité, à une audition publique et impartiale de sa cause
par un tribunal indépendant et qui ne
soit pas préjugé, qu'il s'agisse de la détermination de ses droits et obligations
ou du bien-fondé de toute accusation portée contre elle.
«Le
tribunal peut toutefois ordonner le huis clos dans l'intérêt de la morale ou de
l'ordre public.» Cette disposition établit
la règle générale voulant que des débats judiciaires soient accessibles en
raison du caractère public de l'administration de la justice.
Suite
à cette décision-là, là, qui est toute récente, là, qui est de quelques mois,
j'aimerais savoir, de la Commission municipale ou du ministre :
Dans la réalité, là, qu'est-ce que ça va changer, là, ce jugement-là?
• (11 h 10) •
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Alors, ce qui est important de mentionner... D'abord,
je remercie le député de Chapleau pour ce tour de piste de la juridiction de la Commission municipale dans la
cause dont il est question, l'affaire Yvan Pinsonneault contre le Procureur général du Québec. Ce qui
était en cause, c'est la conformité de l'article 24 de la Loi sur l'éthique et
la déontologie en matière municipale
aux dispositions de l'article 23 de la charte. L'article 24 de la loi sur
l'éthique prévoit ceci, je cite :
«La
commission tient son enquête à huis clos. Elle permet au membre du conseil de
la municipalité visé par la demande
de présenter une défense pleine et entière. Elle lui donne notamment l'occasion
de lui fournir ses observations et, s'il le demande, d'être
entendu — alors,
premier paragraphe :
«1° [sur]
la question de déterminer s'il a commis un manquement à une règle prévue au
code d'éthique et de déontologie;
«2° [...]après lui avoir fait part de sa
conclusion et des motifs à cet égard, sur la sanction qui pourrait lui être
imposée.»
C'est un
jugement par étapes. Alors, ce qui posait problème, c'est la première phrase,
et ce qui a été plaidé par M. Pinsonneault, au procureur de M.
Pinsonneault, c'est que la disposition de la première phrase, qui prévoyait une
enquête à huis clos, était dérogatoire à
l'article 23 de la charte, qui sous-tend le principe du caractère public de la
justice. Et la Cour supérieure a
rendu une décision qui fait droit à cette interprétation, c'est-à-dire que la
cour a déclaré contraire aux dispositions de l'article 23 la première
phrase de l'article 24.
La décision
n'a pas été portée en appel. Elle a été rendue le 24 février 2014, donc les
délais pour en appeler sont maintenant
expirés. Elle a donc l'autorité de la chose jugée. Et le ministère évalue
présentement l'impact du jugement sur
le cadre légal qui entoure les enquêtes de la commission en matière d'éthique
et de déontologie. Ça fera sans doute partie des discussions que nous
aurons à l'automne sur ce sujet-là.
Ce que la
cour dit essentiellement, c'est : Le huis clos, c'est un élément qui est
exceptionnel, qui existe en matière familiale
pour des raisons de protection de la vie privée, dans le domaine des
infractions à caractère sexuel, souvent pour la protection des victimes, mais que les principes qui sous-tendent le huis
clos dans ces matières-là ne se retrouvent pas dans le contexte d'une enquête en matière de déontologie
et que la première phrase a pour effet de compromettre le caractère juste et
équitable de... en fait, le caractère public de l'administration de la justice.
Donc, nous
verrons, au cours des prochains mois, s'il y a lieu d'apporter des
modifications à la loi. Mais ce que ce jugement
implique, puisqu'il est passé en force de chose jugée, c'est que la Commission
municipale doit dorénavant lire l'article 24 comme si la première phrase
n'existait pas ou comme si la première phrase indiquait que l'ensemble de l'enquête, et de l'audience, et des auditions
doivent être tenus en public. Ce qui n'empêche pas que, dans la phase de
l'enquête, il y ait des éléments ou
des gestes posés par la commission qui le soient à huis clos. Mais, dans la
partie audition des parties, donc, cette partie-là des causes doit être
tenue en public.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Merci beaucoup, M. le
ministre, pour la réponse. Est-ce que
je comprends qu'il devra y avoir
un changement réglementaire ou...
M. Moreau : Pas nécessairement.
C'est-à-dire, changement réglementaire, ça n'a rien à voir. Ici, est-ce qu'il devrait y avoir un changement législatif? Il y a
deux avenues possibles : soit que le législateur estime, dans sa sagesse,
que la décision de la Cour supérieure non
seulement est conforme au droit — elle est conforme au droit puisqu'il n'y a
pas eu d'appel, on doit présumer
qu'elle est conforme au droit — et que, donc, dorénavant, la loi devra
s'interpréter avec le caractère
public des auditions en matière déontologique, ou encore le législateur verra,
s'il y a lieu, de circonscrire certains éléments de l'audition qui pourrait être tenue à huis clos et en
expliquant, dans sa démarche, en quoi une modification législative serait, dans ce cas-là, compatible
avec l'article 23 de la charte. Alors, pour que la démarche soit compatible
avec les dispositions de l'article 23, il faudrait encadrer les éléments liés
au huis clos pour que ce soit une mesure d'exception et non pas une règle comme
c'était le cas dans la rédaction antérieure de l'article 24.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Chapleau.
M. Carrière : Merci, M. le
Président. Et qui jugera de la mesure d'exception?
Une voix : ...
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
C'est une bonne question. Le législateur, dans sa sagesse, fera en sorte que,
s'il veut en faire une mesure
d'exception, pourrait très bien dire : Non, écoutez, on regarde ça, puis
il n'y a pas de raison particulière de décider que ce type de procédure
là sera soumis au huis clos.
D'ailleurs,
il est bon que le huis clos soit une mesure d'exception, parce que le principe
du caractère public de la justice,
c'est qu'il y a un principe qui veut que non seulement justice soit rendue,
mais que justice paraît être... été rendue. Et donc c'est à la fois une protection pour l'organisme judiciaire ou
quasi judiciaire qui a à rendre une décision en montrant qu'il a pris toutes les mesures nécessaires pour
que la preuve soit administrée d'une façon correcte, que les parties aient
eu droit à des représentations et, dans le
cas d'un défendeur ou d'un intimé, à une défense pleine et entière selon les
critères généraux de la règle de droit, ce qu'on appelle la «rule of
law».
Maintenant,
il peut arriver que le législateur estime que, pour des raisons de protection
des individus, on aille à l'encontre
du caractère public de la justice. Je donnais l'exemple tantôt des requêtes en
matière familiale. La raison pour laquelle
seuls les avocats sont admis dans les salles de cour et les parties concernées
par la cause directe, c'est précisément pour protéger le caractère lié à l'intimité ou à la vie privée des
individus, souvent à la protection des enfants dont la garde est en cause; souvent, la situation économique est
particulière et véritablement personnelle et intime des individus qui font l'objet des procédures en matière familiale;
en matière criminelle, pour assurer une meilleure administration de la justice dans la protection, par exemple, des
dénonciateurs ou des choses semblables où des parties de l'enquête peuvent
être tenues à huis clos.
La question
se pose véritablement à savoir si, en matière déontologique, on a un intérêt
quelconque à ordonner un huis clos de
façon générale. Il faudrait retourner aux notes en commission parlementaire et
dans les interventions qui ont eu lieu ici, à l'Assemblée nationale,
soit à l'adoption du principe, soit à l'adoption de la loi sur les éléments,
ou, plus particulièrement encore, dans
l'analyse article par article de ce qui sous-tendait l'idée d'avoir un huis
clos dans ce domaine-là tel que le
prévoyait l'article 24. Et, en réexaminant ça, bien, ce sera à nous, les
législateurs, de décider s'il y a lieu d'aller de l'avant avec une modification législative. Si on le faisait, comme
n'importe quelle loi, c'est un peu comme un bateau, lorsqu'il est lancé à la mer, il n'appartient plus
à son constructeur, et ce sera aux tribunaux de décider si l'intervention
législative est suffisamment encadrée pour
faire du huis clos une mesure d'exception plutôt qu'une règle générale parce
que les mêmes principes de l'article 23 de la charte vont continuer de
s'appliquer.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Chapleau, vous avez encore trois minutes à votre disposition.
M. Carrière : Trois minutes?
Le Président (M. Auger) : Trois
minutes.
• (11 h 20) •
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Au niveau des champs de
compétence de la Commission municipale, tantôt, là, je parlais que la Commission municipale agissait comme
organisme-conseil. Est-ce que ces services-là sont utilisés... je vais utiliser le mot «à outrance» ou suffisamment
par les municipalités, ou est-ce qu'il y aurait lieu de faire connaître plus
ce volet-là des services qui sont offerts par la Commission municipale?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Écoutez, je vais, si vous le permettez, M. le Président, permettre à la présidente de la Commission municipale, qui nous fait l'honneur d'être avec
nous aujourd'hui... donner à la présidente, donc, la parole pour qu'elle
réponde à cette question, d'autant que, vous
avez raison, ce n'est pas un service qui est très utilisé, alors on peut peut-être
utiliser les crédits pour faire oeuvre pédagogique et avec votre permission, M.
le Président.
Le
Président (M. Auger) :
Consentement pour cette intervention? Consentement. S'il vous plaît, vous
identifier, votre nom et votre titre, s'il vous plaît.
Mme
Pelletier (Brigitte) : Oui.
Alors, bonjour. Brigitte Pelletier, présidente de la Commission municipale du
Québec. Merci pour la question. Alors,
effectivement, là, vous avez bien fait le tour de l'ensemble des compétences de
la Commission municipale du Québec.
Alors, on agit évidemment principalement en matière... comme tribunal
administratif au niveau quasi
judiciaire, particulièrement dans des demandes d'exemption de taxes, hein,
comme vous le savez, et on a parlé
abondamment également en matière d'éthique et de déontologie. Mais
effectivement nous avons quelques pouvoirs qui sont moins connus. Bon, c'est sûr qu'en tant qu'organisme
administratif, on le sait, on agit au niveau des administrations provisoires et des tutelles. Laval est l'exemple
par excellence, parce que, l'année passée, on a... la Commission municipale,
c'est un dossier qui a duré pendant six mois, donc ça a été vraiment
extrêmement important.
On agit aussi
en tant qu'organisme d'enquête et aussi organisme-conseil. Ça, c'est vraiment...
je vois que notre député, M. le
Président, a vraiment bien regardé tous les aspects de notre constitution, de
nos lois, parce qu'évidemment c'est
un pouvoir qu'on a, mais malheureusement, je le dis ici à l'ensemble de cette
Assemblée, qu'on n'a pas utilisé et qu'on
n'utilise certainement pas assez fréquemment. Mais des discussions, là, que
j'ai entendues, et je vais vous les cerner, c'est au niveau
d'organisme-conseil : constitution d'une municipalité, changement de nom,
annexion, regroupement, redressement des
limites territoriales des municipalités, détermination du caractère supralocal
d'un équipement, d'une infrastructure, d'une activité et d'un service et
établissement des règles de gestion, de financement et de partage des revenus, avis donnés au ministre des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire sur toute disposition législative
lui donnant le pouvoir de priver,
d'autoriser ou de désavouer un règlement de résolution ou un autre acte. Mais,
dans le projet de rapport annuel
qu'on est en train de préparer et qu'on va présenter au ministre, ça n'a pas
été utilisé au cours du dernier exercice.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. Un petit commentaire, M. le
député de Chapleau, petit, petit commentaire.
M. Carrière :
Oui, oui. Juste, effectivement, je pense qu'il y aurait lieu de profiter de
l'expertise de la Commission municipale
dans ce domaine-là. Moi, en 16 ans de monde municipal, je ne me rappelle pas
d'avoir utilisé ces services-là, qu'on aurait pu faire à bon escient.
Merci.
Le Président (M. Auger) :
Merci. Je suis maintenant prêt à reconnaître le porte-parole de l'opposition
officielle pour un bloc d'échange d'environ 22 minutes. M. le député de
Gaspé, la parole est à vous.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. J'aimerais aborder l'aspect
des redevances en région, notamment tout ce qui a trait au partage des redevances, des futures redevances sur les
ressources naturelles. Principale question serait, par exemple :
Quel est l'impact projeté des futures redevances versées aux régions
ressources, aux municipalités, aux MRC
ressources en regard du régime actuel, régime général — par exemple, on parle de... tenant lieu de
taxes, on parle de péréquation
gouvernementale qui est versée à l'ensemble des municipalités du Québec — avec l'implantation d'un futur système de redevances basé sur une ristourne
sur les ressources naturelles, un pourcentage à établir? Comment on va pouvoir gérer, là, s'assurer qu'il y ait de
l'équité là-dedans, par exemple, entre le régime général actuel... Est-ce qu'il
y a des choses qui vont être retirées
ou est-ce qu'on va maintenir, on va bonifier? J'aimerais entendre le ministre à
cet effet-là.
M. Moreau :
Bien, d'abord, merci pour la question. J'en profite pour remercier les gens de
la Commission municipale qui nous quittent à l'instant, compte tenu que ce
volet est épuisé, les remercier et leur assurer de toute la collaboration du
ministère, et je suis convaincu que je peux compter sur la leur en retour.
Pour la réponse à
votre question, c'est un des mandats très spécifiques que le premier ministre
m'a confiés, c'est-à-dire de recourir aux
redevances comme étant de nouvelles sources
de revenus. Alors, l'objectif n'étant pas a priori de remplacer... quoique, dans l'idée, je dirais,
d'une discussion et d'une ouverture avec les municipalités, s'il s'avérait
que le régime de redevances qui sera arrêté
peut s'accommoder de modifications aux régimes généraux actuels, que ce soit...
vous avez parlé des en-lieu de taxes, vous
avez parlé des autres sources de revenus, par exemple, les transferts,
les subventions, on pourra le
regarder. Mais l'objectif n'est pas de dire : On ouvre sur un plan
pour retirer sur l'autre plan. Alors, on part de la situation
actuelle et on dit... C'est littéralement le mandat que j'ai, d'ajouter aux
sources de revenus des municipalités. Et c'est dans cette perspective-là qu'on va le faire dans le cadre de la négociation
du pacte fiscal et financier avec les municipalités.
Est-ce que ce sera complété à l'intérieur du pacte fiscal?
Honnêtement, je le souhaite. Évidemment, je dois prendre en compte les autres éléments qui
s'inscrivent dans l'action gouvernementale. Alors, le président du Conseil du trésor nous invite à une commission
permanente sur la révision des programmes, ça inclut aussi les programmes qui
touchent les municipalités, puis je ne le vois vraiment pas dans la perspective
d'une restriction. Je le verrais dans la perspective
d'une meilleure efficacité des programmes rendus. Et la Commission sur la
fiscalité, elle, qui a été annoncée par
le ministre des Finances, ne touche pas, à proprement parler, les éléments liés à la fiscalité municipale. Ça,
c'est, je pense, important de le
préciser. Donc, l'idée des redevances, ce sera de les voir comme un complément,
comme un revenu additionnel pour les
municipalités dans la perspective d'ajouter un revenu additionnel dans
l'exercice de l'autonomie qu'on veut leur donner.
Dans le budget de 2014‑2015, il est précisé que le
gouvernement et les partenaires municipaux vont entreprendre des discussions qui visent la conclusion d'une
nouvelle entente Québec-municipalités. Vous connaissez bien la finalité de l'entente. Pour les gens qui nous écoutent,
essentiellement, c'est qu'une partie des revenus ou une partie des transferts
qui sont faits aux municipalités sont prévus
sur une base qui a été de 10 ans, cinq ans, etc., là. Et d'ailleurs les
municipalités sont très ouvertes à ce
que la période couverte par le pacte soit réduite, compte tenu de la situation
budgétaire, pour leur permettre d'avoir une prévisibilité dans les
revenus qui leur sont donnés.
Alors,
l'objectif que nous avons, nous, c'est d'assurer aux municipalités des leviers
financiers qui sont prévisibles, qui
sont complémentaires à leurs revenus, et d'ouvrir la voie à un partage des
redevances, donc, pétrolières, gazières, comme vous l'avez mentionné,
avec les municipalités et les communautés locales.
Ce
qui serait intéressant de voir aussi, puis, à cet égard-là, je n'ai pas non
plus d'a priori, c'est de voir comment les
redevances seront redistribuées. Est-ce que c'est sur la base de territoires
locaux ou régionaux? Je vois bien, moi, que les municipalités régionales de comté sont des outils de base, et très
intéressants, pour voir, à l'échelle régionale, comment pourrait se faire un genre de péréquation en
matière de redevances une fois le pourcentage et la nature des redevances
conférés à une région... Pourquoi les MRC,
bien qu'il n'y ait pas de décision de prise à cet égard-là... Mais, dans un
premier temps, les MRC sont composées
d'élus, dans certains cas même le préfet est élu dans une MRC, donc il y a une imputabilité, là, qui m'apparaît de bon aloi quand
vient le temps de gérer des redevances publiques, et elles ont aussi une
perspective régionale sur le développement
et la croissance en région, l'occupation dynamique du territoire liée à
l'utilisation d'une nouvelle source
de revenus que seront les redevances. Alors, pour parler en termes médiatiques,
il n'y a pas de scoop dans ce que je viens de vous dire, mais il y a des
pistes de réflexion.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Gaspé.
• (11 h 30) •
M.
Lelièvre : Oui. Bien, merci, M. le ministre, pour les
informations. Puis je trouve très prometteuse l'orientation que vous semblez évoquer, là, pour l'utilisation
de ces éventuelles redevances. Vous savez, je ne peux pas m'empêcher, à
ce moment-ci, de préciser l'importance, là,
puis c'est une attente du monde municipal et des intervenants régionaux de
longue date. Vous savez, l'exploitation des
ressources naturelles se fait souvent en région, mais la plus-value se fait souvent à l'extérieur de la région. Donc, à partir de l'exemple qu'on
donne, une bille de bois qui vaut quelques dizaines de dollars quand elle est récoltée en Gaspésie, par exemple, bien, une fois rendue dans une industrie qui fait du meuble
de haute valeur ajoutée, elle peut
valoir des milliers de dollars. Donc, on voit toute la transformation, là, de la
valeur de la ressource naturelle tout
le long de son cheminement au niveau manufacturier. Donc, je crois que c'est
une mesure qui va refléter de l'équité. Puis, pour l'ensemble des
régions, c'est une excellente nouvelle.
Dans le
budget, dans le cahier du budget 2014‑2015, à la page D.19, on voit la répartition des
différents revenus reliés à
l'exploitation des ressources naturelles. On voit, par exemple, l'affectation des surplus au niveau
du Fonds des générations,
au niveau de différents fonds qui
sont déjà existants. Mais même à travers les prévisions, qui vont jusqu'en 2017,
on ne mentionne nullement une affectation potentielle, justement,
par rapport à une redevance pour les régions. Est-ce
que vous pouvez nous expliquer pourquoi, s'il vous plaît?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Parce que ça
reste à définir, essentiellement, M. le Président.
Je veux revenir sur une partie du préambule de
la question du député de Gaspé. Il a raison de dire : Souvent, l'exploitation se fait en région, mais le bénéfice
se retrouve ailleurs. Il y a une réalité qui est aussi encore plus grande parce que le nouveau gouvernement a
l'intention de relancer le Plan Nord. Le Plan Nord, c'est ce qui se trouve au
nord du 49e parallèle, et on sait très bien
que, là, on travaille dans des territoires non organisés. Sachant ce que
constitue un territoire non organisé,
c'est une vaste étendue qui a un potentiel de richesse en termes de production de redevances de ressources naturelles qui est incroyable, il faudra aussi que, dans ce contexte-là,
on puisse voir de quelle façon les redevances qui sont issues du Plan Nord puissent être
redistribuées aussi dans les régions du Québec où le territoire est
occupé et où le territoire a besoin d'être dynamisé.
Sur l'entente
2007‑2013 que le précédent gouvernement a reconduite pour 2014, les subventions pour les
redevances sur les ressources naturelles sont estimées à
10,2 millions de dollars pour la période de 2007 à 2014. Alors, ce dont on
parle aujourd'hui — et le député de Gaspé en est conscient, mais
je pense qu'il est important de le mentionner — c'est qu'on parle donc de revenus additionnels à ce qui est prévu dans
l'entente 2007‑2013. La raison pour laquelle... Et je reviens au début de la réponse que j'ai donnée. La raison
pour laquelle il n'y a pas de prévision dans les documents budgétaires ou dans les documents liés aux crédits, c'est parce
que tout ça reste à définir, et que, le mandat, je l'ai reçu lors de l'assermentation du nouveau gouvernement, et que,
dans ce contexte-là, on n'a pas déterminé une cible à atteindre. L'idée,
ce n'est pas de dire : Il va y avoir
tant de redevances. L'idée, c'est de dire : Comment est-ce que les revenus
additionnels pourraient être
partagés? Examinons la situation et regardons comment, parce que ça va
ressembler sans aucun doute à un régime
de péréquation. Quand on fait de la redistribution, ça ressemble à ça. Quels
sont les critères qui doivent s'appliquer pour ce régime-là pour assurer une source de revenus additionnelle qui
permettra aux régions de se dynamiser et, pour reprendre l'expression,
je pense, exacte du premier ministre, pour faire en sorte qu'elles puissent
prendre en main le développement économique dans chacune des régions du Québec?
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Parmi les
autres éléments qui font partie d'un engagement du gouvernement, vous avez parlé de création de fonds locaux et régionaux récemment, notamment
dans le discours inaugural. J'aimerais savoir comment on prévoit arrimer la création de nouveaux fonds
locaux et régionaux avec ceux qui sont déjà existants, en place. Je pense,
par exemple, aux fonds qui existent au niveau des MRC, au niveau des conférences régionales des élus et autres organismes. Donc, est-ce
qu'on parle d'une bonification des
fonds existants à partir du nouveau partage relié aux ressources naturelles
ou est-ce
qu'on parle de la création de
nouveaux fonds, nouvelles structures? À
mon avis, il y a
déjà un bon amalgame de structures
dans les régions, il faudrait peut-être leur donner plus d'outils. Mais j'aimerais vous
entendre là-dessus, s'il
vous plaît, M. le ministre.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Je suis content de vous entendre. Je prends la
question comme un appui et je sais que le député de Blainville et le député de Beauce-Nord visent dans la
même direction. L'idée, ce n'est pas de créer des structures additionnelles. Moi, je pense qu'on a un éventail
de structures assez exceptionnel dans le milieu municipal, qu'on pense aux CLD, qu'on pense aux CRE, qu'on pense aux municipalités régionales
de comté, qu'on pense aux bureaux de délégués. Puis là je n'ai même pas mentionné les municipalités locales, là. Alors,
il doit y avoir moyen de trouver dans ce qui existe l'entité la plus
propice à la gestion du fonds. L'idée de créer un fonds, ce n'est pas de créer
une nouvelle structure.
D'ailleurs,
on devra le voir. Est-ce qu'on pourra faire des amalgames pour que ce soit...
Parce que, dans le fond, là, je
regardais, puis c'est le commentaire que je passerais, vous avez probablement
passé le même lorsque vous occupiez les
banquettes ministérielles au ministère des Affaires municipales, je dirais :
Bon, on a le fonds pour ci, puis le fonds pour ça, puis le fonds pour ci, puis le fonds pour ça. À la fin de la
journée, c'est de l'argent qui part du gouvernement du Québec, qui s'en va dans les municipalités pour
payer quelque chose qui ressemble à des infrastructures, quelle qu'en soit
la nature, et, selon le volet 1, le volet 2,
le volet 3, le volet 2.1, ça s'en va dans des tuyaux, ou bien ça s'en va dans
des bâtiments, ou ça s'en va dans de
la voirie locale. Alors, l'objectif, oui, la réponse à votre question, c'est de
créer une nouvelle source, une source
additionnelle de revenus, clairement, ça, l'intention est claire, puis là après
de dire, quand on aura arrêté la formule...
trouver la façon la plus efficace de faire en sorte... — et là je souligne à grands traits ce qui va
suivre — trouver
la façon la plus efficace que les sommes
mises à la disposition des municipalités soient utilisées non pas dans la
gestion, mais dans le financement des infrastructures et la création de
projets qui sont novateurs et qui sont importants pour l'économie des
municipalités et des régions.
Et la raison
pour laquelle je signale ça à grands traits, c'est que je regarde que dans...
certaines tendances dans les
structures qui existent à l'heure actuelle, une propension à prendre certaines
de ces sommes-là pour les mettre dans de la gestion. Moi, je veux bien qu'il y ait de la gestion, là, mais
l'objectif des programmes mis en place par le gouvernement, ce n'est pas au bénéfice de gestionnaires puis ce
n'est pas pour créer des fonctions plus nombreuses, c'est pour avoir des effets sur le terrain. Et
les effets sur le terrain doivent se traduire par une utilisation maximale des
fonds mis à la disposition des
municipalités par le gouvernement du Québec au bénéfice de réalisation de
projets, de financement d'infrastructures, et non pour créer une bureaucratie qui a l'air, dans certains cas, de
vouloir prendre de l'embonpoint. Et je le dis avec une pointe d'humour, mais avec aussi une pointe de
sérieux parce que, dans certains cas, là — et je suis en train de faire faire des petites vérifications — je trouve qu'il y a beaucoup d'argent qui va
à la gestion, comparé à ce qui va à la réalisation de projets. Et ça, là, ça va dans le sens direct de
ce qu'on disait. S'il y a une plus grande autonomie, il y a un corollaire à ça,
c'est une plus grande responsabilité puis
une reddition de comptes. Et, quand je vois qu'il y a des pourcentages élevés
des sommes ou de l'effort financier du
gouvernement qui va à de la gestion, moi — je reprendrai l'expression du député
de Blainville — ça
me démange un peu.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Je suis heureux d'entendre,
justement, l'affirmation du ministre à l'effet que... Je crois que, des structures de gestion, nous en avons beaucoup,
au Québec, puis on doit les consolider. Puis peut-être que votre collègue qui est responsable de
l'analyse de l'ensemble des programmes pourra... aura aussi beaucoup de pain
sur la planche, je suis convaincu.
Au niveau des
régions ressources, c'est sûr que ce que vous annoncez, c'est inévitablement
une bonne nouvelle. Puis c'est aussi
une nouvelle qui nous amène dans une notion d'équité, hein, parce que, vous
savez, en gestion, l'égalité et
l'équité, c'est très différent. Quand on applique une norme de façon égale, mur
à mur partout, c'est rarement, malheureusement,
équitable. Parce que c'est comme dans une famille. Si tu as un petit dernier
qui est un peu plus chétif, tu dis :
Je vais lui donner la même grosseur du bol de soupe que mon gros costaud,
peut-être que le petit chétif va avoir de
la misère à devenir costaud, hein? Bien, c'est un petit peu ça. Donc, en termes
de principe d'équité, c'est une excellente mesure, et je crois que les
régions vont être extrêmement satisfaites de voir évoluer cette mesure-là.
Ça nous
amène... En termes de délai, vous associez cette nouvelle mesure là
avec le nouveau pacte fiscal ou la nouvelle
entente Québec-municipalités. Croyez-vous qu'on va pouvoir mettre ça en
branle dans le cadre des délais qui sont
impartis pour le renouvellement de cette entente-là, qui est déjà
très attendue, là, parce qu'on a
quand même un certain retard à ce niveau-là? Donc, quand les régions
peuvent penser avoir, là, les premiers fruits de cette nouvelle mesure?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
• (11 h 40) •
M. Moreau :
Moi, je vais vous dire que l'objectif, c'est d'essayer de le faire en même
temps. Maintenant, s'il n'était pas
possible de le faire en même temps pour toutes sortes de raisons, qui ne sont
pas liées à une volonté de retarder, au
contraire, moi, je pense qu'il y a un avantage à ce qu'il y ait un
renouvellement du pacte fiscal avec les municipalités qui se fasse rapidement, qui va sécuriser et
donner une prévisibilité des revenus. Les municipalités le demandent. Vous
étiez au gouvernement, vous avez reconduit la mesure pour un an parce que vous
savez qu'elles ont besoin de ces prévisibilités-là.
Puis on sait que les municipalités, tout de suite après l'été, vont commencer à
faire leurs prévisions pour la
préparation des budgets en octobre et en novembre. Donc, l'intention, c'est
d'aller très, très, très rapidement pour la conclusion d'un pacte fiscal. On pense être en mesure d'y arriver. Si
toute la question des redevances n'était pas ficelée, moi, je n'exclus pas la possibilité de disloquer
l'un de l'autre pour ne pas priver les municipalités d'une prévisibilité de revenus, mais l'intention de départ, si on est
capables d'y arriver — puis on va tout faire pour y arriver — c'est d'essayer d'avoir l'un et
l'autre en même temps.
Il y a des
évaluations qui doivent être faites, il y a des discussions qui doivent être
prises avec le Conseil du trésor et
avec le ministère des Finances. Si on est capables de faire l'amalgame, on va
le faire, c'est l'objectif. Si on n'est pas capables, bien on fera l'un après l'autre, mais dans la perspective de
mettre le plus rapidement possible à la disposition des municipalités
des revenus qui soient prévisibles.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Vous comprendrez que la
question du délai est extrêmement importante, puis j'apprécie l'ouverture du ministre quant à la possibilité de
traiter les deux dossiers de façon séparée s'il y a un besoin. Je pense que c'est une sage décision, une sage
orientation, parce que c'est une mesure qui, pour les régions, apparaît comme
quelque chose qui était revendiqué depuis
longue date. Donc, l'aspect du délai m'apparaît très important. Et, pour avoir
discuté avec les différents représentants
des unions municipales, etc., dans les derniers mois, c'est clair qu'il y a
beaucoup d'attentes à ce niveau-là,
et j'invite le nouveau gouvernement à mettre en place cette bonne mesure là
dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
...je profite de votre commentaire pour vous dire que l'idée de disjoindre, là,
et je le répète, ce n'est pas pour ne
pas faire face à la musique, c'est... Je sais que les municipalités ont un
intérêt puis que les unions municipales ont un intérêt à voir renouvelé
le pacte fiscal le plus rapidement possible, et donc ce serait une mauvaise
mesure que d'essayer de... Puis, vous savez, quand on parle de la question du
programme lié aux redevances comme revenu supplémentaire,
vous avez raison, c'est une bonne nouvelle. Mais, comme c'est une nouvelle
démarche, il faut bien faire les
choses. Pour bien faire les choses, ça peut demander un peu plus de temps. Et,
dans ce contexte-là, je me verrais mal, moi... Je ne pense pas que ce soit une bonne décision que de retarder le
pacte fiscal jusqu'à ce que tout soit ficellé dans le cas des redevances. Je réitère que c'est
l'objectif. Si ce n'est pas possible, on séparera l'un et l'autre des dossiers
pour avoir les résultats les meilleurs pour les municipalités le plus
rapidement possible.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé, il vous reste deux minutes à votre disposition.
M. Lelièvre :
Un élément qui n'a pas été abordé depuis le début de la commission, c'est tout
l'aspect... sur le plan des
redevances, bien sûr, là, c'est l'aspect du partage des redevances entre les
communautés autochtones et les communautés non autochtones. Ma compréhension
est à l'effet que les... On parle de revenus supplémentaires, donc, pour...
liés à l'exploitation des ressources
naturelles qui vont être versés aux municipalités, ou MRC, ou régions, le
territoire d'application demeure à
déterminer, mais on sait que parallèlement il y a déjà des ententes en vigueur
avec les communautés autochtones pour
le partage, là, des redevances sur les ressources naturelles. Est-ce que ça va
être un plus par rapport à ce qui existait pour les autochtones ou ça pourrait être une redéfinition de l'enveloppe
qui serait appelée à être partagée entre les deux communautés?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Ce ne sera certainement pas une réduction pour les communautés autochtones dans
le contexte des partages actuels, et
ce sera... Je pense que vous utilisiez l'expression «complémentaire» ou... Ce
sera un régime qui reste à déterminer,
mais qui ne viendra pas être une occasion pour réduire ce qui existe entre le
gouvernement... les engagements qui
existent à cet égard-là entre le gouvernement du Québec et les communautés
autochtones. On estime que le Québec est
riche de ressources naturelles et que, dans ce domaine-là, les nouveaux revenus
doivent bénéficier à l'ensemble des Québécois. Et en réalité c'est un
mécanisme de redistribution à une échelle différente de celle du gouvernement
du Québec, et donc l'idée n'est pas de saisir cette occasion-là pour déshabiller
l'un pour habiller l'autre. C'est véritablement
de dire : On va bâtir sur les acquis et
on va ajouter à ce qui peut être distribué comme revenus en termes de gestion
régionale.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Je cède maintenant la parole à un député
du groupe parlementaire formant le gouvernement. M. le député de
Chapleau, la parole est à vous.
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Naturellement, quand on
parle d'affaires municipales, on parle beaucoup d'infrastructures
municipales, et le ministère est souvent... pas souvent, est un grand donneur
d'aide financière par différents programmes.
En février
2013, le Vérificateur général déposait son rapport annuel sur les activités du
Commissaire au développement durable
puis faisait part de plusieurs recommandations au niveau de la gestion de
l'aide financière puis surtout sur la
surveillance de la gestion contractuelle des municipalités dans le cadre des
sommes qui sont reçues dans chacune
d'entre elles par le ministère des Affaires municipales. Il faisait part de
plusieurs recommandations, là, mais, tout
d'abord, juste si on parle des aides financières ou des programmes qui
existaient, là — dans son
rapport, on parlait des années 2008‑2012 — les aides financières
qui étaient allouées par le Québec, il y avait, premièrement, le Fonds Chantiers Canada-Québec, le FCCQ, pour
488 millions de dollars, le Fonds sur l'infrastructure municipale rurale,
le FIMR, pour 38,8 millions de
dollars, ainsi que le Programme d'infrastructure Québec-Municipalités, le
fameux PIQM, qui était tout près de
500 millions de dollars. Tout ça, ça faisait, de 2008 à 2012, un total de
1 021 000 000 $ qui était à la disposition des différentes municipalités, qui, on le sait, à
travers le temps, on en parlait hier... Souvent, le gouvernement, les
différents gouvernements à travers le
temps ont préféré ou ont choisi de négliger certaines infrastructures, qu'on
parle des routes, qu'on parle des
hôpitaux, etc., mais c'est le même cas pour les municipalités, qui souvent ont
préféré, ou n'ont pas eu le choix, ou
n'ont pas voulu... ont choisi quelquefois de ne pas augmenter les taxes
municipales, de ne pas investir dans le maintien de leurs infrastructures, que
ce soient des routes, que ce soient des centres communautaires, que ce soient
des casernes de pompiers ou peu importent les infrastructures
municipales. Les municipalités ont souvent mis de côté...
Et, quand on
parle d'égout et d'aqueduc, hier, je prenais l'exemple de la ville de Montréal.
Je ne me rappelle plus du taux de perte annuelle, là, au niveau de l'eau
à travers les conduits, c'est des chiffres absolument... Pardon?
M. Moreau : ...40 %.
M. Carrière : 40 %. Ça,
ça fait...
M. Moreau : ...ça va en
réduisant, mais ça a déjà été 40 %.
• (11 h 50) •
M.
Carrière : C'est presque un litre sur deux qui est perdu, là,
dans les conduites, là, d'aqueduc de la ville de Montréal. Ça entraîne
des coûts faramineux pour les usines de traitement d'eau. Ça entraîne des coûts
tout à fait extraordinaires pour... lorsque
vient le temps, là, de réparer ces conduites d'aqueduc là : défait la rue
qui vient d'être faite il n'y a pas
longtemps, refait la rue après que les tuyaux d'aqueduc ont été mis en place.
Donc, ça fait en sorte qu'il y a la valse des cônes orange, là, au
Québec pendant plusieurs mois, là, à travers les villes, les municipalités.
Donc, les
villes, les municipalités sont appelées à gérer des fonds importants, là, de...
pour la gestion de l'eau — je vais prendre cet
exemple-là pour l'instant — et souvent les municipalités, les villes n'ont peut-être pas
l'expertise appropriée pour faire la
surveillance des travaux, que ce soit la montée des cahiers de charges pour
aller en soumission, etc. Naturellement, les municipalités sont assujetties, dépendamment, là, à la Loi sur les
cités et villes ou le Code municipal et elles doivent faire des appels d'offres, là... Et, quand c'est
des travaux pour 100 000 $ et plus, bien c'est un appel d'offres
public. Et puis, lorsque c'est un
appel d'offres public, la municipalité doit, a l'obligation, là, que... ce
contrat-là qui va être donné ou ce
cahier de charges là doit faire l'objet d'une estimation de la municipalité.
J'espère que la plupart des municipalités, même si c'est des coûts en bas de 100 000 $, font une
estimation de ce que ça peut leur coûter, là, que ce soit en aqueduc,
système informatique, peu importe, là. C'est varié, ce qu'une municipalité, par
année, va donner comme contrats, là, d'infrastructure.
Donc, le
Vérificateur général a mis de l'avant
plusieurs recommandations que j'aimerais un petit peu soulever, là. Dans
ce cadre-là, il disait les recommandations suivantes qui s'adressent au ministère, le ministère des Affaires municipales : de «renforcer la surveillance
aux étapes clés du processus d'attribution des contrats par les municipalités
afin de déceler les situations présentant un
risque financier particulier». Quand on parle d'autonomie et d'imputabilité
municipale, là, cette recommandation-là, à
mon humble avis, vient un petit peu dire : Bien, ça prend un grand frère,
le «Big Brother» en arrière de la
municipalité pour dire : Avez-vous fait ce qu'il fallait faire?, et ça
vient un petit peu, là... Lorsque moi, j'étais maire, si j'avais eu à toutes
les fois que je donnais un contrat, là, le ministère qui était au-dessus de
mon épaule, dire : Bien, tu as-tu fait
ta job, tu as-tu... t'es-tu assuré que ça va respecter tes estimations?, etc.
Je comprends tout ce qu'il y a eu au
niveau de la collusion, de la corruption puis des extras, souvent, là, qui
amenaient des dépassements de coûts
au niveau municipal, qui étaient approuvés par des gens qui étaient, disons,
moins bien intentionnés... ou bien intentionnés
pour leurs poches à eux. Ça fait que c'est clair que cette recommandation-là a
deux effets, là. Ça fait en sorte que
la municipalité qui fait les choses correctement se dit : Bien là, est-ce
que je vais avoir à toutes les fois que je fais des choses... Et là j'en suis encore, là, à toute la question de
l'imputabilité puis de l'autonomie municipale, mais en tout cas je... c'est une recommandation qui peut
sûrement irriter plusieurs élus, qui dans 99 % des cas font les choses correctement, que ce soit dans l'octroi des
contrats, que ce soit dans la gestion municipale. Donc, c'est une
recommandation qui a toute son importance, j'en conviens, mais qui peut
chatouiller plusieurs élus municipaux, conseils municipaux.
Une autre
recommandation était : «Tenir compte des risques inhérents, notamment ceux
qui sont liés à la gestion contractuelle,
dans la sélection des projets qui font l'objet d'une vérification auprès des
municipalités.» Puis il y a également :
«Se doter de moyens efficaces pour faire respecter les obligations prévues dans
les ententes conclues avec les municipalités.»
Je ne sais pas, cette recommandation-là, au niveau du ministère, qu'est-ce que
ça a changé dans sa gestion, dans son interaction avec les
municipalités, mais ce n'est pas vide de sens ou de responsabilités pour le
ministère.
Deux autres
recommandations importantes. Il y en a une qui dit : «Prévoir, dès la mise
en place d'un programme d'aide financière, un processus d'évaluation
périodique et s'assurer de son application rigoureuse selon les modalités
établies.» Je pense que celle-là est d'une importance capitale. Et la dernière
recommandation dans ce rapport-là était d'«utiliser
les résultats des évaluations de programmes pour bonifier ses interventions, le
cas échéant, en vue d'atteindre les
buts fixés». Donc, j'imagine que ça veut dire peut-être que, lorsque les
résultats de ces analyses-là... Ça fait en sorte que ça peut donner plus de latitude, plus de disponibilités financières
peut-être aux différentes municipalités, s'il y a lieu.
On a vu
depuis plusieurs années, là... J'ai eu le plaisir, à l'époque où j'étais
adjoint parlementaire au Conseil du trésor,
qu'on a mis sur pied Infrastructure Québec, qui était un chien de garde au
niveau des surveillances autant pour les contrats du gouvernement qui dépassent les 40 millions auprès de
chacun des ministères, mais également auprès des villes, là, où est-ce que les dossiers dépassaient le
40 millions. Le meilleur exemple, c'est la ville de Québec, où la
présidente du Conseil du trésor de
l'époque avait obligé que, lors de la construction du complexe... ou du Colisée
de Québec, là, qui était
200 millions de dollars... le gouvernement du Québec avait mis à l'époque
qu'il soit soumis à Infrastructure Québec. Et je me rappelle également
d'une demande qui avait été faite sans l'obligation et sans devoir de le faire
à la ville de Gatineau pour le complexe
sportif, le centre multifonctionnel, où est-ce que les élus du temps avaient
dit oui et par pur hasard avaient
changé d'idée. Moi, je pense que ce n'était pas une bonne décision de changer
d'idée. Je pense qu'Infrastructure Québec aurait pu être d'excellent
conseil pour la ville pour ce dossier-là.
On a vu, à
travers le temps, la 40e législature, Infrastructure Québec s'est modifiée, est
devenue la Société québécoise des
infrastructures avec la fusion d'Infrastructure Québec et de la SIQ, la Société
immobilière du Québec, qui fait en sorte qu'ils regroupent deux
expertises, là, qui, je pense, fait en sorte que ça a amélioré, là, les
services qui peuvent être offerts. Donc, on
a vu également, là, tout ce qui a été mis de l'avant, l'UPAC et... Là, on a
parlé de l'inspecteur général de la
ville de Montréal. J'aimerais savoir, moi, avec tout ce qu'on a vu, tout ce
qu'on entend depuis de nombreuses
années et suite à ce rapport-là qui est
sorti, là, en février 2013, qu'est-ce
que le ministère des Affaires municipales a mis en place pour encadrer,
là, toute la question des octrois de contrats dans les municipalités. Et j'aimerais ça qu'on me parle également ou qu'on me dise
comment on a géré toute la question de l'autonomie municipale, de l'imputabilité
des conseils municipaux avec
ces recommandations-là.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Alors, c'est une
question qui se répond par oui ou par non.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Moreau : Non, on voit que j'ai une chance incroyable d'avoir le
député de Chapleau comme adjoint parlementaire, parce que non seulement il a une connaissance concrète du milieu et...
mais il a, dans les fonctions qu'il a occupées comme parlementaire, comme adjoint parlementaire au
Conseil du trésor... puis j'ai moi-même déjà occupé cette fonction-là, on est véritablement
au coeur du contrôle financier de l'État, et aussi comme coordonnateur de ce
qui doit se faire dans le suivi des
engagements et de l'aide financière du gouvernement à l'égard de tout un
chacun, et notamment des municipalités.
Dans
le cas de la question qu'il pose, il a fait référence au rapport du
Vérificateur général du mois de février 2013. Et, en fait, ce que le
Vérificateur général disait, c'est : Allez un petit peu plus loin que
strictement vous assurer de la conformité en
amont, allez voir ce qui se passe en réalité dans les contrats, ce que le
ministère faisait, mais probablement de
façon moins documentée qu'on ne le fait maintenant. Et donc le ministère a
resserré les règles régissant l'aide financière qui est accordée aux
bénéficiaires.
Puis, pour
avoir occupé les deux fonctions, la différence n'est pas grande, mais à la fois
elle est fondamentale, entre le
ministère des Transports et le ministère des Affaires municipales. Le ministère
des Transports, il va financer des ouvrages
puis il va être le maître d'oeuvre des ouvrages. Il va donner en impartition,
bien sûr, dans bien des cas, mais c'est lui qui est le bras exécutoire
de la réalisation, de la mise en place de l'infrastructure. Le ministère des
Affaires municipales, lui, il n'exécute pas
des contrats, il donne aux municipalités des moyens financiers additionnels
pour permettre la réalisation de
contrats. Donc, il est un gestionnaire financier de la réalisation des
infrastructures choisies et mises en place comme maître d'oeuvre par les
municipalités du Québec.
Et donc,
depuis janvier 2011 déjà, le ministère incluait dans les protocoles d'entente
qui concernent les projets d'eau notamment
une pénalité monétaire concernant le non-respect des obligations, de manière à
assurer une meilleure gestion
possible des deniers. Les programmes ont été encadrés, et le ministère a donné
suite aux recommandations du Vérificateur
général, du rapport du 20 février 2013, en révisant en profondeur les
processus qui mènent à l'engagement d'une aide financière pour les
projets de mise aux normes de l'eau potable et d'assainissement des eaux usées.
Alors, s'il y a des éléments incorrects dans
la procédure qui sont constatés... Vous savez qu'en vertu des dispositions de
la Loi sur les cités et villes puis
du Code municipal, lorsque le ministre écrit une lettre, le maire a
l'obligation d'en faire la lecture en
assemblée publique pour dire : Bien, voici, on n'a pas très, très bien
agi, et voici pourquoi. En général, ça a un effet qui porte. Et donc c'est un élément qui existe, qui
existait et qui s'ajoute à ce qui a été fait, des publications de rapports et
des recommandations qui sont faites sur le site Web du ministère des
Affaires municipales.
• (12 heures) •
Et ce qui est
intéressant... Et c'est le sous-ministre adjoint responsable des
infrastructures qui me faisait mention de
l'effet, je dirais, curatif de... lorsqu'une irrégularité est constatée. Puis,
quand je dis «une irrégularité», là, ce n'est pas un acte criminel, là, ou... une irrégularité, je
dirais, administrative est constatée. C'est qu'il y a une clause de... on a
ajouté au protocole une clause de
pénalité, dans les protocoles d'entente avec les municipalités, qui s'applique
aux cas de non-respect des lois ou
des règlements, incluant la gestion contractuelle, donc ça peut être dans des
éléments, je dirais, entre guillemets, mineurs
de gestion contractuelle, et on a mis en place un processus de traitement des
dérogations qui se traduit par une réduction de l'aide financière.
Alors, quand vous avez une aide financière, on
dit : Votre aide financière, elle est à telle hauteur, jusqu'à tel pourcentage des travaux admissibles, et là, si vous ne respectez pas les dispositions, bien là, cette aide
financière là va être réduite. Évidemment, la réduction se fait en tenant compte de ne pas mettre en
péril la réalisation de l'infrastructure, mais en laissant entendre que,
dans la municipalité, il y a eu une dérogation et il va falloir qu'il y ait une
pénalité financière d'assujettie à ça. On a
ajusté les balises pour l'appréciation et le traitement des demandes d'aide
additionnelle pour nous assurer
qu'est-ce que c'est, l'aide additionnelle. Est-ce que c'est une erreur
professionnelle parce que l'ingénieur n'a
pas prévu, à ses plans et devis, un regard, alors que ce n'est pas une
condition de chantier? Si c'est une condition de chantier, par exemple, liée à une condition de sol qui était
imprévisible... puis je me souviens, moi, que, dans ma pratique, c'était la cause qui était entendue, là, où on
disait : Les conditions du sol étaient à ce point imprévisibles que ça
constituait une condition qui justifie les coûts additionnels.
Mais, si
c'était une erreur aux plans et devis, il y a des assurances responsabilité
professionnelle pour ça, et il ne faut
pas que l'ingénieur prenne profit du fait qu'il a fait une erreur en oubliant
un regard en quelque part pour dire : Bien, ça devient un coût additionnel. Ce n'est pas un coût additionnel, c'est
une erreur. Celui qui a fait la gaffe
doit l'assumer. On a mis à jour les orientations et renforcé les contrôles qui s'appliquent à l'approbation de directives de changement. Donc,
on voit qu'il y a un suivi qui est beaucoup plus rigoureux, et l'ensemble de ces mesures-là donne
suite au rapport du Vérificateur général.
Dans le
programme PRIMEAU... Là, je vous en passe quelques-unes parce qu'il y en a
beaucoup, mais, dans le programme
PRIMEAU et dans le PIQM 1.4... On aime baptiser les choses de façon simple au
ministère, alors tu parles à
quelqu'un, il se demande si tu es
malade ou si tu as désappris le français. Tu parles du PIQM 1.4, tout le monde sait... D'ailleurs,
quand j'appelle ma femme régulièrement, je lui dis : Aujourd'hui, je parlais du PIQM 1.4; elle se demande quand je vais revenir à la maison pour me traiter,
mais... Alors, dans le cas du PRIMEAU et du PIQM 1.4, on a révisé le processus administratif qui mène à l'octroi des
subventions pour les projets de mise aux normes de l'eau potable et des eaux usées en ajoutant certains contrôles a priori
ainsi que l'évaluation des documents d'appel d'offres. Il n'y a pas de promesse de nouveau programme qui est octroyé sans
l'obtention et l'évaluation des résultats de soumissions. Donc, on
s'assure d'avoir un suivi qui est beaucoup plus, je dirais, rigoureux, qui est
plus près de la réalité d'exécution sur le terrain pour s'assurer que les
sommes sont correctement dépensées.
S'il y a une
irrégularité qui est détectée ou une situation de manquement qui est observée,
les informations sont transmises à l'UPAC. Et d'ailleurs le
sous-ministre qui est responsable des programmes d'infrastructures est en lien constant avec l'UPAC pour fournir toute la
collaboration nécessaire pour s'assurer que ce qui s'apparente à un manquement
plus grave ou qui relève d'une infraction
criminelle puisse être soumis à l'enquête de l'UPAC. Évidemment, tout ça se
fait sans que le ministre n'en soit informé en amont, là, de la transmission.
Le sous-ministre ne vient pas me demander : Trouvez-vous que ce
serait une bonne idée d'envoyer ça à l'UPAC? Il ne m'en parle pas.
Une voix : ...vérification
fait partie de l'UPAC.
M. Moreau : Bon.
Alors, le sous-ministre m'informe d'ailleurs que le service de vérification lié
à cette partie du ministère aux contrats fait partie de l'Unité
permanente anticorruption.
Alors,
on a éliminé aussi l'aide discrétionnaire du ministre qui a fait l'objet de
beaucoup de témoignages récents à la Commission municipale du Québec et
on a fait une révision du processus de cheminement des pochettes et des autorisations de signatures requises pour fins de
recommandation d'une aide financière en fonction du niveau de risque
financier des projets.
Donc,
le ministère, je pense, est exemplaire dans sa façon de fonctionner sur... et a
été très prompt à donner suite aux recommandations contenues au rapport
du Vérificateur général en février 2013.
Le
Président (M. Auger) : M. le député de Chapleau, avez-vous encore une question qui se répond par oui ou par non?
M. Carrière :
Sûrement, mais encore.
Le Président (M.
Auger) : Vous avez deux minutes à votre disposition.
M.
Carrière : Il y a
deux recommandations pour lesquelles,
là, j'aimerais peut-être un petit peu plus voir le rôle du ministère et comment, du côté municipal, on a
reçu ça ou on a... Est-ce que ça a amené des dépenses additionnelles, du
personnel additionnel? Là, une qui se
dit : «Se doter de moyens efficaces pour faire respecter les obligations
prévues dans les ententes conclues
avec les municipalités», et la seconde qui est : «Prévoir, [dans] la mise en place d'un programme d'aide financière, un processus d'évaluation
périodique et s'assurer de son application rigoureuse selon les modalités
établies»...
Donc,
est-ce que, du côté du ministère, il
y a une équipe vouée à ça maintenant?
Et ça, c'était la première question. La
deuxième question : Du côté municipal, qu'est-ce qui a dû être changé à
cet effet-là par rapport à la reddition de comptes?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Avec votre
permission, je vais laisser le sous-ministre répondre parce qu'en réalité vous demandez :
Quelle est la configuration interne du
ministère? Il y a une équipe qui est dévouée à ça. Je vais laisser
M. Boucher, qui est sous-ministre en titre aux Affaires municipales, vous donner plus de précisions sur
le fonctionnement, l'organigramme et les conséquences de cette... ou, en
fait, les suites de la mise en place de cette équipe au sein du ministère.
Le
Président (M. Auger) :
Est-ce qu'il y a consentement pour cette intervention?
Consentement. S'il vous plaît,
vous identifier, votre nom, votre titre, s'il vous plaît.
M. Boucher (Sylvain) : ...de la vérification, comme on a parlé
précédemment, qui fait partie de l'UPAC. Donc, on fait des vérifications pour voir si les lois sont respectées, notamment
dans la gestion contractuelle. Donc, il
y a une équipe de vérificateurs qui arrive dans une
municipalité, qui fait le tour, comme, un peu, le Vérificateur général procède, donc émettent des
recommandations à la municipalité, et ces recommandations-là, s'il y a
des corrections à apporter, il y a
un suivi qui est apporté à la municipalité. Ça, c'est le mandat de base.
Ensuite,
il peut y avoir aussi des vérifications ponctuelles sur un sujet particulier. Par exemple, il y en a eu, il
y a quelques années, sur les
dépenses en recherche et secrétariat. Il y a aussi des vérifications qui
peuvent être faites à la demande de l'UPAC.
L'UPAC peut nous demander d'aller vérifier, dans une municipalité, un contrat
en particulier. Donc, il y a des rapports directs, l'information est transmise
directement à l'UPAC. Donc, ça, c'est l'équipe, donc, de vérification
sur la gestion contractuelle.
Un
des éléments aussi qui est vérifié, c'est la politique de gestion
contractuelle, l'application de la politique de gestion contractuelle. Donc, en 2012, la loi a obligé les municipalités,
dans le respect de leur autonomie, mais a obligé les municipalités de se
doter d'une politique de gestion contractuelle. La loi venait préciser quelques
grands objectifs de cette politique-là.
Donc, la politique de gestion contractuelle oblige la municipalité à identifier
comment se prennent les décisions,
qui prend les décisions, jusqu'à quel montant. Donc, ça, la politique a été
adoptée par les municipalités. Dans nos vérifications, on va s'assurer
que les éléments de la politique sont bien mis en oeuvre.
Ensuite,
on a une équipe de vérification qui est directement en lien avec les
subventions. On s'assure, lorsqu'on donne
une subvention pour les infrastructures, que les pièces nous ont bien été
envoyées, qu'on subventionne pour les fins
pour lesquelles la subvention a été octroyée, et c'est là qu'on s'aperçoit s'il y a
des manquements, il y a des... le contrat a été mal octroyé, ou il y a des pièces manquantes
ou qui sont... qu'il y a des problématiques. C'est là qu'on peut
intervenir. C'est sûr qu'on refuse la
subvention ou une partie de la subvention ou on réduit la subvention en
fonction des manquements qui sont observés.
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Je cède maintenant la parole au porte-parole de l'opposition officielle pour un bloc d'environ 22 minutes. M.
le député de Gaspé.
M. Lelièvre :
Merci, M. le Président. J'aimerais interpeller le ministre sur un élément qui
touche également l'occupation du territoire
et les régions, c'est la question des crédits d'impôt aux régions ressources.
Vous savez, comme je le disais en
introduction ce matin, le ministère
des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire a, à mon avis et de l'avis de plusieurs, un rôle vraiment
transversal, à l'effet que c'est un ministère qui doit avoir une préoccupation
qui, souvent, va transcender plusieurs ministères. Je pense, par exemple, bon,
un conseil municipal est préoccupé par différents services, différents besoins de
sa population.
C'est une communauté,
c'est un milieu de vie, donc, quand tu es maire d'une municipalité, tu peux te
faire interpeller par tes citoyens, citoyennes pour un problème, oui,
d'aqueduc, de vidanges, mais aussi souvent de loisirs, souvent de santé, d'éducation, hein? Vous savez, quand l'école du
village est menacée, souvent, le réflexe du citoyen, ça va être d'aller voir le maire au lieu d'aller
voir, souvent, le commissaire d'école. Même chose quand il n'y a plus de
médecin de famille dans le village, la
clinique ou l'hôpital est menacée, ça devient... Et j'ai vécu l'expérience dans
les années 90 à Rocher-Percé. Je peux
vous dire que, pendant plusieurs mois, le dossier principal qui a été discuté à
la table des maires de la MRC,
c'était : Qu'est-ce qu'on fait avec notre hôpital?, et non pas :
Qu'est-ce qu'on fait avec nos réseaux d'aqueduc?
Donc, tout ça pour dire que c'est vraiment un ministère qui a une préoccupation
intersectorielle. Dans cette optique-là,
avec la nouvelle configuration du ministère des Affaires municipales et de
l'Occupation du territoire... bon, M.
le ministre a mentionné d'entrée de jeu ce matin que, même si le mot «Régions»
n'apparaissait plus, la préoccupation semblait être toujours maintenue.
J'aimerais peut-être entendre le ministre sur sa
vision, justement, du ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire par rapport à son rôle
un peu de chien de garde, hein — c'est l'expression que j'aime utiliser,
rôle de chien de garde — pour s'assurer que l'ensemble des services
requis par la communauté, de la part de l'ensemble des ministères, soit présent. C'est sûr que chaque
ministère a un pouvoir qui lui est dévolu de façon spécifique, mais, encore
là, le monde municipal, souvent, ont besoin
d'être épaulés par des mesures, par un soutien qui souvent émane, là, de...
soit de la direction régionale du
MAMOT ou encore du ministère. Donc, la perception du ministre face à cette
vision globale là, en termes d'occupation du territoire, s'il vous plaît...
• (12 h 10) •
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui. Bien, je me permettrai de faire une petite anecdote. Quand le député de
Gaspé disait : Le maire, il est
interpellé pour vrai, je me souviens, il n'y a pas si longtemps, j'étais
ministre des Transports, et je m'en vais à la Société des alcools du Québec, une fin de semaine, pour
faire un approvisionnement raisonnable de ce qui serait la consommation
de la famille, et j'arrive au magasin de la société, puis le maire est là. Ah!
bonjour, comment ça va? Et, en dedans de 30 secondes, il se fait interpeller
par une dame qui est là, parce que le maire ou le conseil avait décidé
d'installer des compteurs d'eau dans les
multilogements. Et, entre le moment où je lui ai dit bonjour puis il a commencé
à jaser avec la citoyenne en
questionne sur la bonne idée des compteurs d'eau, j'ai eu le temps de faire
toute ma commande, de payer, de lui
dire bonjour, puis il parlait encore avec la citoyenne. Alors, je suis très
conscient... puis mon père a été maire pendant 30 ans. Je suis très
conscient du rôle fondamental et de la première ligne, finalement, que
constituent les maires et les conseillers dans les municipalités.
Sur la
question de fond... puis c'est bien qu'il en soit ainsi, parce qu'il y a un
retour rapide sur les décisions qui sont
prises. On a souvent l'occasion de dire : Quand on est maire d'une
municipalité, on prend une décision, on a la réaction de la population en dedans d'une semaine, puis, à
la prochaine assemblée de conseil, on va le savoir. Quand on est au niveau
du gouvernement du Québec, ça peut prendre
un mois ou deux avant que la réaction vienne, puis, je pense, quand on est au
niveau fédéral, ça doit prendre trois ou
quatre mois avant qu'il y ait une mesure directe dans les communautés locales.
C'est normal, c'est le palier de gouvernance le plus près de la population.
Mais, en
réponse à la question plus directe posée par le député de Gaspé, ma vision des
choses, c'est que le ministère des Affaires municipales, c'est un
ministère à vocation horizontale, et vous avez tout à fait raison qu'autant
dans les directions régionales qu'à l'égard
du ministère, ce qu'on... Pourquoi c'est un ministère horizontal? C'est parce
qu'une municipalité, c'est un être
vivant, qui a des besoins qui sont multiples, que ce soit en matière
d'infrastructures, que ce soit, justement,
dans la mobilisation des communautés sur des éléments qui sont sensibles, qui
ne relèvent pas nécessairement directement
du ministère. Je regardais, récemment on me parlait de la situation vécue au
Lac-des-Seize-Îles, où on a un glissement
de terrain qui amène je ne sais pas combien de maisons dans le lac. Ce n'est
pas normé directement par les programmes
de la sécurité publique, mais le ministère des Affaires municipales est
interpellé en disant : Comment vous pouvez venir nous aider?
Regardons
toute la question bien malheureuse de Lac-Mégantic, où on a un événement qui,
oui, relève d'abord des interventions
en matière de sécurité publique — et je salue le député de Lac-Mégantic, qui a
joué un rôle central dans la prise en
charge de sa communauté, dans le contexte de reconstruction actuel — mais, quand les programmes de sécurité
publique sont terminés, quand les programmes
environnementaux liés à la décontamination sont terminés, il y a aussi un
appel qui est fait au ministère des Affaires
municipales pour dire : Il faut soutenir la communauté dans sa
reconstruction. On a d'ailleurs un
sous-ministre, qui est avec nous aujourd'hui, que j'ai désigné comme sous-ministre
aux projets spéciaux, mais qui, dans les faits, vit à Lac-Mégantic trois
à quatre jours par semaine, depuis les événements.
Alors, vous
avez parfaitement raison, la vision du rôle du ministère des Affaires
municipales, c'est aussi la prise en...
pas la prise en charge, mais l'accompagnement des communautés dans des
situations particulières, qui ne sont pas liées strictement à la construction d'une rue ou à la construction
d'infrastructures, mais à l'aide à trouver des solutions à des problèmes qui sont vécus. Vous faisiez
référence à l'hôpital à Percé. Dans ce contexte-là, le ministère peut jouer un
rôle-conseil. Il peut aussi être un
intermédiaire avec le ministre responsable de la santé et des services sociaux
pour voir quels sont les gestes qui peuvent être posés et rendre
l'information disponible à la communauté.
Alors, je pense qu'à cet égard-là on partage la
même vision. Puis pourquoi c'est comme ça? Parce qu'une municipalité, c'est un être vivant qui a de multiples facettes, et ces
facettes-là vont trouver écho dans différents ministères, hein? Je le vois dans les municipalités de ma
propre circonscription, à Châteauguay, où, lorsque le député est concerné
ou interpellé par une municipalité pour un
projet donné, il va dire : Bon, bien là, j'ai un problème de carrière et
de sablière, comment
est-ce que vous pouvez m'aider? Bien, il y a des éléments qui relèvent de la
réglementation municipale, il y a des
éléments qui relèvent de la juridiction de la municipalité régionale de comté,
il y a des éléments qui relèvent du ministère de l'Environnement. Le ministère peut faire une interface en ce sens-là,
et je pense qu'à cet égard on n'a pas un écart de vision.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Merci. Compte tenu, justement, du rôle
intersectoriel du ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire, j'aimerais interpeller
le ministre sur une décision qui émane du dernier budget, qui va avoir des conséquences énormes puis de façon négative, à
mon avis, sur certaines régions, notamment les régions ressources, c'est la diminution d'au-delà de 20 %, ou
20 %, du crédit d'impôt régions ressources et aussi au crédit d'impôt pour
la main-d'oeuvre manufacturière dans
certains créneaux d'excellence, dont notamment l'éolien, l'industrie des pêches
dans le Bas-Saint-Laurent et dans la Gaspésie.
On parlait
tantôt, bon, de redevances aux ressources naturelles versées aux régions
ressources. Bon, on voit qu'on en
donne plus au niveau de ce nouvel élément-là. Par contre, on coupe de 20 %
les crédits existants depuis longue date. Donc, est-ce que le ministre, bon, responsable de l'occupation du
territoire voit un rôle pour tenter de faire valoir les impacts de cette décision de coupure de 20 % des
crédits aux régions ressources face à ses collègues ministres au Conseil des
ministres?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : La coupure paramétrique de 20 % dans ces crédits-là, je pense, la réponse
est la même que celle qu'a donnée
ici, en Chambre, ma collègue la ministre de la Culture sur les crédits
applicables au domaine culturel en disant : Il va y avoir une commission sur la fiscalité, et ceux qui estiment,
justement, que la coupure paramétrique est inacceptable ou crée une
inéquité peuvent venir discuter puis exprimer leur vision sur ces choses.
Il y a deux
éléments qui doivent être... Puis vous l'avez très correctement souligné dans
votre préambule, M. le député de
Gaspé, l'objectif du gouvernement dans... non seulement à l'égard des régions
ressources, mais à l'égard de l'ensemble
des municipalités, est de mettre à leur disposition des sources de revenus
additionnelles. Essentiellement, on n'estime
pas que ça se trouve nécessairement dans les crédits que vous avez coupés, puis
ça peut venir compenser et même compenser beaucoup plus largement que
les coupures en question.
Mais, je le
répète, il y a une commission sur la fiscalité, et, je le disais hier à votre
collègue, qui était porte-parole en
matière de métropole, il y a deux façons de voir les choses. La première, c'est
de dire : Ça a été coupé de 20 %. La deuxième, ça a été de dire : Bien, il y en a 80 % qui est
maintenu. Et, dans un contexte budgétaire extrêmement difficile, on doit
dire aux gens : Il doit y avoir une mise à contribution des efforts de
chacun pour arriver au rétablissement des finances
publiques qui nous donnera la marge de manoeuvre pour nous permettre d'assurer
notre rentabilité à long terme et la pérennité de nos programmes
sociaux.
Et vous avez
raison — puis je
le souligne encore, vous l'avez fait dans votre préambule, et c'est tout à fait
à votre honneur de l'avoir fait — de dire : Le ministère aussi a un
mandat qui est clair, qui est celui d'augmenter les ressources financières mises à la disposition des municipalités.
Et un des chemins pour ça, outre les ententes que nous avons... l'entente
que nous avons conclue hier avec le
gouvernement fédéral, c'est les redevances et le programme de partage des
redevances dans le domaine des ressources naturelles.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
• (12 h 20) •
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. J'entends bien la réponse du
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire. Encore là, je comprends qu'on est
dans un contexte financier, budgétaire extrêmement difficile, puis il y a des
choix à faire. Ça, j'en conviens puis je
pense que tous les Québécois puis les Québécoises en conviennent, puis
l'ensemble des partis qui sont représentés au sein de cette Chambre,
ici.
Mais, encore
là, j'aimerais insister sur le fait que, dans les actions, dans la façon de
faire, dans les décisions que le gouvernement
prendra, on tienne compte de la notion d'équité, la notion de justice, la
notion de répartition de la richesse. Je
cite une citation du ministre des Finances, qui, bon, disait : «...des
crédits d'impôt, nous avons éliminé 20 %. Et nous croyons qu'à moyen terme
il faut davantage réduire l'impôt général plutôt que d'y aller vers des mesures
spécifiques à certaines
industries...» C'est une vision qui, bon, est celle du nouveau ministre des
Finances, mais, dans une optique où on vise de réduire l'impôt général
et atténuer les mesures spécifiques à certaines régions, à certaines
entreprises, vous comprendrez que, souvent, c'est les régions ressources qui
sont les plus affectées.
Si des
mesures spécifiques ont été mises en place, souvent, c'est pour diminuer
l'inéquité entre certaines régions, notamment
au niveau des transports. Seulement que les coûts de transport sont extrêmement
plus élevés si tu es en région versus
si tu es autour de la région métropolitaine ou de la région de la
Capitale-Nationale, sans parler de la disparition de plusieurs modes de transport. Par exemple, dans
certaines régions, pour avoir fait le tour du Québec dans le cadre de la
Politique nationale de la ruralité, des préoccupations qui sont sorties
régulièrement, c'est la question du transport des marchandises, transport des personnes, avec de moins en moins de
services, au niveau aérien, accessibles financièrement parce que les prix des billets d'avion sont
prohibitifs, avec souvent des chemins de fer qui sont arrêtés, dont les
utilisateurs abandonnent l'accès. On se retrouve souvent avec,
finalement, juste la route comme moyen de transport.
Donc, des
coûts supplémentaires, puis je voudrais sensibiliser le ministre puis je suis
convaincu de sa... Sa vaste expérience,
là, lui permet de... Il va sûrement être en accord avec l'énoncé que j'amène.
C'est qu'on doit toujours avoir en
tête, là, le souci d'analyser. Quand on adopte une mesure qui est mur à mur,
qui est pour l'ensemble de Québec, c'est clair que la
portée, la conséquence n'est pas la même dans tous les milieux. Donc, de là
l'importance que le ministère des Affaires
municipales et de l'Occupation du territoire agisse, là, un peu comme gardien,
hein, de cette équité-là qui n'est pas reconnue et appliquée dans
l'ensemble des ministères. Pas par mauvaise foi. Moi, j'ai participé à de
nombreuses rencontres avec différents
ministères au fil des ans et j'ai constaté que, souvent, c'est une question
d'information, une question de
méconnaissance de la réalité des régions. Puis, quand on explique cette
réalité-là, bien, les gens disent : Oui, on n'avait pas vu ça comme
ça.
Donc,
je réitère toute l'importance de l'équipe du ministère et surtout du ministre
et du gouvernement à l'effet d'assumer,
là, pleinement ce rôle-là pour... Puis je compte sur la collaboration du
ministre des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire pour défendre au Conseil des ministres cette
vision-là des régions, qui est extrêmement importante en termes d'équité
au Québec.
Le Président (M.
Auger) : Merci. M. le ministre.
M.
Moreau : Alors, oui, vous pouvez compter sur moi pour défendre
cette réalité-là et vous pouvez compter aussi que, dans l'équipe gouvernementale, on compte 70 députés, dont plusieurs
sont issus de régions ressources. Moi, je compte sur la vigilance de l'opposition officielle et de la deuxième opposition
parce que notre système parlementaire est basé sur ce choc des idées qui amène le gouvernement, quel qu'il soit, à se
reposer des questions dans les décisions qu'il prend pour assurer d'avoir la meilleure décision au
bénéfice de la population. Vous mentionniez que le R a disparu dans l'appellation du ministère, R pour Régions.
L'occupation du territoire, pour moi, c'est beaucoup plus vaste encore que
le R qui était dans l'appellation du
ministère. L'occupation du territoire, c'est la souveraineté d'un peuple sur
l'espace qu'il choisit d'occuper. Et ça, c'est tout l'espace compris en
n'évitant aucun centimètre à l'intérieur du périmètre des frontières du Québec, et ça suppose donc que les
efforts du gouvernement reposent sur la capacité qu'il aura d'occuper son territoire dans ses parties les plus peuplées,
de le faire d'une façon extrêmement dynamique, de le faire partout sur son territoire d'une façon respectueuse de
l'environnement, mais dans une perspective d'enrichissement collectif au plan
économique, au plan social de sa communauté.
Ça,
ça passe par, vous l'avez dit, des questions d'équité, et, à cet égard-là, moi,
je pense qu'un signal très fort qui est envoyé par le nouveau gouvernement, c'est l'intention et l'acharnement
qu'a eu le chef du Parti libéral du Québec à aller se présenter dans un comté de région. À ma
connaissance, depuis la Confédération, ce n'est pas souvent que le premier
ministre du Québec a été un député
d'une région. Et aujourd'hui le premier ministre est toujours fier de rappeler
qu'il est d'abord le député d'un
comté de région, et, à cet égard-là, je peux vous dire que sa voix porte très
fort au Conseil des ministres
et que la mienne ne peut que s'y joindre et poursuivre les mêmes efforts.
Donc,
la perspective d'une... Puis d'ailleurs je le disais hier, quand on étudiait
les crédits sur la métropole : Je ne connais pas, dans l'histoire moderne du Québec, un seul premier ministre
qui ait donné un mandat aussi clair au ministre des Affaires municipales,
de redéfinir le rôle entre Québec et les municipalités. Et ça, c'est le plus
grand mandat de décentralisation que l'on puisse imaginer. Moi, je me souviens,
j'étais étudiant en droit municipal à l'université puis j'entendais des ministres du gouvernement parler de décentralisation
puis de déconcentration. Bien, après mon cours, j'ai pratiqué pendant 20 ans, puis ça fait 10 ans que
je suis en politique, puis c'est la première fois que je vois quelqu'un qui
agit comme premier ministre du Québec et qui dit au ministre des Affaires
municipales : Vous allez faire ça.
Je
pense que ça va tout droit dans le raisonnement philosophique que le député de
Gaspé faisait sur l'équité à l'égard des régions et l'importance de bien
représenter la voix des régions dans l'action gouvernementale.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Gaspé, vous avez encore un cinq minutes à
votre disposition.
M. Lelièvre :
Cinq minutes?
Le Président (M.
Auger) : Cinq minutes.
M. Lelièvre :
Dans le dernier budget, il y avait une mesure, aussi, budgétaire qui réduisait
de, je pense, c'est 10 % ou 20 %... Comment?
Une voix :
10 %.
M.
Lelièvre : Merci — 10 % le budget des CLD, des centres
locaux de développement. On sait que les centres locaux de développement sont ce qu'on appelle le bras, hein, ou le bras
outil en matière de développement des MRC. Puis il y a vraiment une
corrélation, l'aménagement du territoire étant la responsabilité de la MRC, la
planification de l'aménagement du territoire
et le développement de ce territoire-là étant plus sous l'égide, là, des CLD.
Mais les deux... On dit qu'il y a un
fil conducteur direct entre l'aménagement et le développement, donc de là
l'importance d'assurer le bon fonctionnement de ces deux structures que
sont les MRC et les CLD.
Une
diminution, bon, de l'ordre d'une dizaine de pour cent dans les CLD, c'est à
peu près 70 000 $ par organisation, selon les chiffres que
l'association des CLD nous a fournis.
Dans
le cadre de la révision des programmes que le ministre faisait allusion tout à
l'heure, est-ce que cette décision pourrait
être, par exemple, potentiellement revue, compte tenu de l'importance que sont
les outils de développement, là, locaux que sont les CLD?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M.
Moreau : Premier élément de réponse, les CLD... Oui, c'est ça,
les CLD. Ça fait partie des autres acronymes auxquels nous sommes confrontés. Mais les CLD, pour la répartition,
maintenant, des mandats ministériels, relèvent de mon collègue le député de Trois-Rivières, qui est
ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, à l'Allègement réglementaire et au Développement économique
régional, sauf pour celui de Montréal, mais, dans un cas comme dans
l'autre, qui subit la compression de 10 %.
Sur ça, je
vous dirais, un, d'une part, que, dans l'esprit du gouvernement, cette
compression-là peut être absorbée par
les organismes, oui, sans minimiser l'importance de leur rôle, puis on sait
qu'ils sont capables de projets novateurs, mais la compression n'a pas à
viser les projets ou la réalisation de projets. Je disais tantôt, quand je...
Rappelez-vous l'expression que je
prenais : souligner à grands traits. J'ai l'intention de porter un oeil
bien particulier sur tout ce qui touche les frais de gestion, que ce soit dans les CLD, en fait dans celui de
Montréal, qui me préoccupe plus particulièrement parce qu'il est sous ma juridiction — je suis convaincu que mon collègue va faire
la même chose dans le cas des CLD ailleurs au Québec — et dans
le cas des conférences régionales des élus où, dans certains cas, les frais de
gestion sont énormes. Et donc,
lorsqu'on impose une coupure, si minime soit-elle, je pense que la première
chose à regarder, c'est dans les gens qui nous entourent plutôt que dans
l'objectif de l'organisme.
• (12 h 30) •
Moi, j'ai
rappelé hier à quelques reprises, et je pense que c'est important de le
rappeler aujourd'hui, le message du président
du Conseil du trésor, responsable de l'administration gouvernementale, dans le
message qu'il livrait, et je cite : «Le gouvernement souhaite envoyer un message clair : il resserre le
contrôle des dépenses de l'ensemble de l'appareil gouvernemental tout en assurant le maintien des
services prioritaires. Chaque dépense doit être évaluée, priorisée et justifiée
en prenant en compte le contexte présent et
l'intérêt collectif. Nous ne
dérogerons pas [à] cet objectif et c'est ainsi que les [...] Québécois
retrouveront confiance en l'État.»
Cet
effort-là, ce n'est pas un effort qui se limite au gouvernement. C'est un effort qui se limite à tout ce qui bénéficie de l'aide
gouvernementale parce que,
dans tous les cas, nous faisons affaire et nous gérons l'argent qui appartient
aux contribuables du Québec.
Et de dire aux CLD : Vous devez participer à cet effort-là à hauteur de 10 %, ça ne m'apparaît pas déraisonnable et ça m'apparaît possible d'être
fait sans que la qualité des services que ces organismes-là sont appelés
à rendre puisse être touchée.
Je vous
dirais essentiellement que, dans ce contexte-là, la réponse à la question plus
directe que vous me posez, à savoir si ça devrait faire l'objet d'une
ouverture pour être reconsidéré, la réponse est non.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12
h 31)
(Reprise à 15 h 2)
Le
Président (M. Auger) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Nous reprenons nos travaux. Je cède maintenant
la parole à un député du groupe
parlementaire formant le gouvernement. M.
le député de Vanier-Les Rivières, la parole est à vous.
M.
Huot : Merci. Merci, M. le Président. Salutations au ministre et à son équipe. Il y a plusieurs membres de
son équipe qu'on connaît bien, ici,
avec qui on travaille depuis plusieurs années. Salutations à son personnel du ministère des Affaires municipales. Ça fait
plaisir de vous voir ici.
Courte
introduction pour une question sur le Code d'éthique et de déontologie des élus
municipaux. Je suis un ancien élu,
comme plusieurs. Je pense que, chaque fois, les gens en témoignent, on est très
nombreux ici à être des anciens élus
municipaux. Je ne suis pas comme mon collègue de Chapleau, je ne suis pas un
ancien maire — je
suis de la ville de Québec, vous le
sauriez si j'étais un ancien maire de la ville de Québec — conseiller
municipal à la ville de Québec, ce que j'ai fait pendant trois ans, 2005‑2008.
Les questions
d'éthique, ça a toujours été important pour la ville de Québec. Puis peut-être
juste pour... un petit clin d'oeil au
député de Blainville, parce que le code d'éthique des élus municipaux
de la ville de Québec, vous savez, les
valeurs auxquelles les conseils municipaux, les différents conseils municipaux
adhèrent sont énoncées dans la Loi sur l'éthique et la déontologie en
matière municipale. C'est ce qui guide les membres des conseils municipaux. On
parle d'intégrité et d'honneur rattachés aux
fonctions du conseil municipal, la prudence dans la poursuite de l'intérêt
public, le respect envers les membres
du conseil, les employés de la ville et les citoyens, la loyauté envers la
ville, la recherche de l'équité. Et
le conseil de ville de la ville de Québec, les membres du conseil de ville
ajoutent qu'ils adhèrent aux valeurs de
responsabilité et de courage. Donc, M.
le député de Blainville
nous en a parlé à plusieurs reprises, en faisant un clin d'oeil à son chef ce matin. Donc, pour la ville de
Québec, il y a ça qui est renouvelé. Après chaque élection, les conseils
de ville... les conseils municipaux sont
tenus de renouveler... d'adopter un nouveau code d'éthique, soit renouveler ou
de reconduire le même.
La ville de
Lévis, ici, plus proche, la ville de Lévis a fait la même chose. Je tiens à
saluer... C'est la première fois que
je prends la parole pour saluer notre ancien collègue député de Lévis,
qui a été élu maire de Lévis à la dernière élection municipale. Donc, je le salue et je le félicite
pour son élection. Il semble faire un excellent travail à la tête de la ville
de Lévis. Et la ville de Lévis a fait
la même chose aussi et a poussé un petit peu plus loin avec... Bon, on sait
qu'avec la loi sur l'éthique... La
Loi sur l'éthique et la déontologie demande à ce que tous les membres d'un
conseil d'une municipalité... Les
nouveaux membres sont tenus de suivre une formation sur l'éthique, qui est
donnée par... bon, dans les cas de Lévis et de Québec, c'est par l'UMQ. Je présume que la FQM
en donne aussi aux plus petites... aux autres municipalités. Mais la ville de Lévis a même poussé un peu plus loin pour
donner une deuxième formation, une formation touchant spécifiquement le code d'éthique et déontologie des membres du
conseil de ville de Lévis. Donc, tous les membres le suivent. Ce n'est pas
seulement les nouveaux membres, tous les membres qui étaient là avant suivent
une nouvelle formation.
Donc, tout ça
pour dire, M. le Président, que tous les membres, tous les conseils de
ville, les conseils municipaux
doivent, après une élection, qu'on a vécue
en 2013... ils ont six mois pour adopter un nouveau conseil de ville... pardon,
un nouveau code d'éthique et de déontologie
et avec une adhésion aux valeurs qui sont mises de l'avant dans la Loi sur
l'éthique et la déontologie en matière municipale.
Donc, je voulais voir, peut-être, un bilan des...
qu'est-ce qui en est de l'avancement des codes d'éthique, des mesures qui ont été prises. Est-ce que tous les
conseils municipaux et les MRC qui sont tenues par ça, qui ont un préfet
qui est élu au suffrage universel, ils doivent adopter un code d'éthique comme
ça? Donc, est-ce qu'il y a 100 % des municipalités qui se sont conformées
à la Loi sur l'éthique et la déontologie? Quel bilan le ministre peut faire de
ça après... là, on a passé le six mois il y a quelques semaines... donc, un
petit bilan en matière de code d'éthique pour les différents conseils de ville.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Merci, M. le Président. Je constate que l'étude des crédits nous permet aussi
de mieux connaître les gens qui nous
entourent. J'apprends, en même temps que vous probablement, que le député de
Vanier-Les Rivières a été conseiller municipal à la ville de Québec.
C'est quelque chose qui manquait à ma culture, et je suis heureux de le constater. Et je suis heureux de constater qu'il
maintient son engagement et son intérêt à l'égard du monde municipal,
parce que, bien qu'il soit maintenant un élu de l'Assemblée nationale, il suit,
à titre de membre remplaçant de la commission,
l'évolution du dossier et notamment la reddition de comptes du ministère à
l'égard des affaires municipales, alors c'est tout à son honneur.
Je le
remercie également pour sa question. La révision des codes d'éthique et de
déontologie des élus municipaux, c'est
un élément qui est important pour le ministère des Affaires municipales. En
réponse directe à votre question : Non, ce ne sont pas 100 % des municipalités qui ont, dans les délais
requis, adopté leur code d'éthique et de déontologie, c'est 97 %.
C'est quand même un chiffre qui est très encourageant. Et, voyant la résistance
de certains... Alors, il y avait 1 117
municipalités qui devaient se conformer à l'obligation; là-dessus, il y en a
1 087 qui l'ont fait, donc ça nous donne un pourcentage de
97 %.
Et, lorsque
j'ai eu les séances de... non seulement de préparation aux crédits, mais, dans
les séances de breffage au ministère
des Affaires municipales, j'ai demandé : Bien, quels sont les gestes qu'on
pose à l'égard des Gaulois plus irréductibles qui refusent d'adopter le
code de déontologie? Ultimement, la mesure, c'est que le ministère pourrait en adopter un et en mettre un en vigueur qui leur
serait applicable, ce qui n'est pas souhaitable parce qu'un code d'éthique
et de déontologie, ça réfère à des valeurs
qui sont propres aux communautés, et donc le code d'éthique et de déontologie
de la municipalité x peut être très
différent... bien, très différent ou peut être sensiblement différent de celui
d'une autre municipalité, compte tenu des valeurs particulières qui sont
véhiculées par la communauté en question.
Alors, il est
souhaitable que ce soit une initiative locale. Et, toujours dans ce discours,
très cher aux élus municipaux, d'une
plus grande autonomie, il m'apparaît raisonnable d'escompter de chacun d'eux
qu'ils prennent en main cette autonomie et qu'ils se donnent eux-mêmes
les règles déontologiques applicables à leur conduite.
Alors, dans ce contexte-là, j'ai signé, le
18 juin dernier, une lettre que j'ai envoyée aux maires de toutes les municipalités qui n'ont pas encore souscrit à
l'obligation, en leur disant que je leur octroyais un délai jusqu'au
4 juillet prochain pour qu'ils transmettent à la direction régionale du ministère
qui les concerne une copie certifiée conforme du code qu'ils auront
adopté.
J'entends
bien profiter de la question que vous formulez aujourd'hui pour dire que ce
délai-là, c'est le dernier qui doit
être accordé. Je pense que les municipalités ont eu amplement le temps de le
faire, et il n'est pas question de traiter différemment les contribuables de ces municipalités-là de l'ensemble des
contribuables du Québec. Et donc, à défaut, par elles, de le faire dans les délais prescrits à la lettre du
18 juin 2014, le ministère verra à adopter, sanctionner et mettre
en vigueur sur leur territoire un code d'éthique et de déontologie qui
s'appliquera à leur situation.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Vanier-Les Rivières.
• (15 h 10) •
M. Huot :
...sur la formation qui est obligatoire dans les six mois suivant l'élection
d'un nouveau... quand on dit... d'un
nouveau conseiller municipal, est-ce que le ministre ou le ministère tient des
statistiques là-dessus, sur le nombre d'élus
qui ont suivi dans les délais prescrits? Parce que, là, j'ai devant moi, là, la formation aux nouveaux élus
qui est donnée par l'UMQ, qui est une
formation quand
même assez complète, formation
obligatoire, comme on dit... Bon, je parlais de l'exemple de la ville de Lévis, qui, eux autres, obligeaient de... bon, évidemment,
tous leurs conseillers, même si... eux autres,
ils n'ont pas dit : C'est les nouveaux seulement qui vont suivre la formation
à l'UMQ, c'est... tous les conseillers vont
y aller, même ceux qui sont... qui étaient déjà conseillers. Vous allez
la suivre, mais on veut que tout le
monde ait une mise à jour, ce qui n'est pas une mauvaise
chose, aux quatre ans, de resuivre une petite formation de la sorte. Je pense que
c'est une très bonne chose. Ils ont même
ajouté une formation spécifique, chez eux, aux différents conseillers pour
la ville de Lévis.
Mais, dans
l'ensemble des municipalités... Bon, la FQM en donne une aussi... Moi, je
connais plus l'UMQ. J'ai moins fait
affaire, par le passé, avec la FQM, mais je sais que c'est une organisation
hyperdynamique qui... avec toute une équipe. Bon. Mais moi, j'ai plus suivi des
formations ou certaines activités, les congrès de l'UMQ par le passé et j'avais
eu une formation comme ça, à l'éthique,
aussi, là, qui nous avait été donnée, mais je ne pense pas qu'elle était aussi
complète qu'elle l'est présentement, que depuis quelques années.
Donc,
est-ce que le ministère tient des statistiques sur... parce qu'on a... je ne me
souviens pas du nombre de milliers de
conseillers municipaux qui ont été... de centaines ou de milliers qui ont été
élus. Il y en avait plusieurs nouveaux. Quel pourcentage a suivi ces
formations-là, obligatoires, d'éthique données par l'UMQ et la FQM?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Merci, M. le Président. Il est un peu tôt, vu la
mesure, pour parler de statistiques. La Loi sur l'éthique prévoit — vous l'avez mentionné — que les... en matière municipale, elle rend
obligatoire la participation des élus à une formation et la loi ne crée
pas une obligation de rendre compte directement au ministère. Elle crée une
obligation, cependant, de rendre compte au
greffier ou au secrétaire-trésorier de la municipalité où ils sont élus du fait
qu'ils ont suivi cette formation.
L'idée
de la formation, c'est de susciter la réflexion sur l'éthique en matière
municipale et, justement, de mettre en valeur et de favoriser l'adhésion
aux valeurs qu'ils estiment être propres à leur municipalité puis celles qui
sont communes à l'ensemble des territoires
des municipalités. Et le ministère prévoit, au cours de l'été... parce qu'il y
a eu une aide financière qui a été apportée aux unions municipales pour
la... pour structurer ces cours de déontologie puis s'assurer que les élus reçoivent la meilleure formation possible, et, au
cours de l'été actuel, l'été qui vient, là... bien, on peut dire qu'on est pas mal l'été; je regarde
dehors, puis des fois il y a des jours où je me dis : On est mieux de
l'autre côté de la vitre que de ce côté-ci.
Donc, au cours de l'été, le ministère va prendre contact avec les
secrétaires-trésoriers et les
directeurs généraux des municipalités afin de s'assurer d'un suivi et de la
mise en place de statistiques concernant l'obligation prévue à la loi.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Chapleau.
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Un petit peu pour faire du
pouce sur... avec ce que mon collègue a entrepris, là, dans ce bloc-ci, sur la question du code
d'éthique et de déontologie dans le monde municipal, on se rappellera, là, que,
je pense, en 2010 ou 2011, que ce...
l'obligation pour les municipalités de se doter d'un code, là, suite à tout ce
qui était arrivé, là, dans le monde
municipal. Et, encore une fois, là, je répète et je le dis à toutes les chances
que je peux avoir de le dire, c'est
que 99 % des élus municipaux font leur travail de façon correcte, de façon
professionnelle et dans le seul intérêt de faire avancer, là, leur communauté et améliorer la qualité de vie de
chacun de leurs citoyens. Donc, souvent, c'est des mesures exceptionnelles qui viennent obliger tout
le monde d'embarquer dans le même bateau, dans le même bain suite à des choses qui ont été faites, là, par quelques
individus mal intentionnés, et on l'a vu, là, depuis ce qui a été mis à jour,
là, depuis quelques années.
Moi,
j'aimerais savoir du ministre quelles sont... On sait que les municipalités
sont obligées de le faire, mais qu'en est-il
est régies régionales? Qu'en est-il des MRC? Qu'en est-il est villes d'agglomération,
ou des entités, ou des organismes qui sont... je peux utiliser le terme
«paramunicipaux», est-ce qu'ils ont les mêmes obligations par rapport à un code
d'éthique, là, et de déontologie?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Les organismes auxquels vous référez, que ce soient
les régies intermunicipales ou les... Vous avez fait référence à
quels autres organismes? Notamment les régies intermunicipales sont... le
conseil des municipalités régionales de
comtés ou le conseil d'administration des régies intermunicipales sont formés d'élus municipaux. Alors, le
code de déontologie s'applique à l'élu comme enracinement à la base et membre
de la municipalité locale, alors son comportement déontologique, et la sanction prévue au code de déontologie
qui s'applique à lui en raison de son appartenance à un conseil municipal local le suit, évidemment, dans son rôle d'élu au niveau
régional, dans la MRC, ou encore comme membre d'une régie intermunicipale,
ou comme membre d'un comité qui voit à l'application d'une régie... d'une
entente intermunicipale.
Ce
qui est intéressant, peut-être, d'ajouter aussi comme information, pour faire
suite non seulement à votre question, mais
à celle du député de Vanier-Les Rivières, c'est qu'avant l'élection municipale
générale, appelons ça, de novembre 2013, il y avait déjà 87 % des élus qui avaient participé à une formation.
Alors, la réponse complète à la question que me posait votre collègue, c'est de dire : Bien là,
depuis l'élection municipale, combien de nouveaux élus ont suivi la formation?,
c'est une information que nous colligerons au ministère à compter de l'été, à
compter de maintenant.
Mais
la question du député de Chapleau amène un concept que les gens doivent
comprendre, là : c'est que, lorsqu'on est soumis à un code de déontologie à partir d'un point d'ancrage qui
est l'éligibilité ou, c'est-à-dire, l'accessibilité à un poste électif, bien, les modalités qui
s'appliquent au code de déontologie nous suivent dans l'ensemble de l'exercice
des fonctions que l'on peut occuper
en justifiant le fait d'être un élu municipal. C'est le cas, comme je le
disais, là, des membres des conseils d'administration des régies
intermunicipales ou des organismes auxquels les élus siègent à titre d'élus.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Chapleau.
M.
Carrière : Oui. Bien, qu'en est-il du... Il y en a très peu au
Québec, mais des préfets élus au suffrage universel, est-ce qu'ils ont une formation particulière
spéciale pour eux? Parce qu'ils ne sont pas dans le cadre de la municipalité,
mais ils sont élus au suffrage universel.
Le
Président (M. Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Bien, c'est ça, la loi prévoit spécifiquement que,
pour les MRC... Il y a 13 MRC où les préfets sont élus au suffrage universel. Ils sont visés par la
révision obligatoire du Code d'éthique et de déontologie parce qu'ils sont
élus au suffrage direct. Alors, ils ont le même traitement qu'un élu local.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Chapleau.
M. Carrière :
C'est dans les détails, là, mais, dans ce cas-là, est-ce que la...
M. Moreau :
Oui, vous êtes beaucoup dans les détails. J'apprécie.
M.
Carrière : Mais, dans le cas d'une MRC, est-ce qu'elle doit...
Il y en a 13 où il y a un préfet élu au suffrage universel.
M. Moreau :
Pour les autres MRC?
M.
Carrière : Est-ce que cette MRC là doit avoir un code d'éthique
et de déontologie particulier, contrairement à la MRC qui a un préfet qui est coopté par ses pairs, par les autres
maires, là? Donc, effectivement, l'ensemble des maires... même celui qui
est nommé préfet par ses pairs a un code d'éthique à sa municipalité?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Merci, M. le Président. On voit que vous avez été
préfet, vous êtes tenace dans vos questions qui touchent les préfets. Oui, oui. Le principe est le suivant — puis votre question est très bonne :
c'est-à-dire que, lorsque la
justification... là où est la justification du poste électif, c'est là où doit
prendre arrimage le code de déontologie. Alors, dans les MRC où les préfets ne sont pas élus au suffrage universel, mais
sont élus parmi les maires qui forment la MRC, c'est leurs codes de déontologie locaux qui s'appliquent, et, dans le
cas des 13 MRC où le préfet est élu au suffrage universel, comme lui ne justifie d'aucune autre élection que
de son élection au niveau régional, le code de déontologie doit lui être,
à lui, spécifique, et donc il est adopté au niveau de la municipalité régionale
de comté.
Alors,
toujours dans la recherche de la plus grande précision en termes d'information,
il y avait 1 104 municipalités locales
visées par l'obligation et 13 MRC. Donc, ce sont précisément les MRC où le
préfet est élu par suffrage universel, alors par scrutin direct des
électeurs du territoire de la municipalité régionale de comté.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Chapleau, vous avez encore deux minutes à
votre disposition.
• (15 h 20) •
M.
Carrière : Deux minutes? O.K., bien, je vais faire vite. Mis à
part le fait que le ministère a envoyé des... que vous avez signé des lettres aux réfractaires ou à
ceux qui n'ont pas encore adopté un code de déontologie, est-ce qu'il y aura
d'autres... je vais utiliser le terme
sanctions ou gestes qui seront posés, autres que celui d'en imposer un à la municipalité,
comme rendre les gens inhabiles à siéger — on
avait la Commission municipale ce matin, là, donc j'aurais peut-être
pu leur poser la question
à eux — ou
s'il y a un pouvoir ou... dans ce cas-là, est-ce que...
ou si c'est seulement qu'il sera imposé à la municipalité?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : En fait, la
sanction... l'objectif ultime, c'est de les doter d'un code d'éthique et
de déontologie. Alors, comme c'est l'objectif,
l'objectif sera atteint. Si, à l'expiration du délai
mentionné dans la lettre que j'ai signée le 18 juin dernier, qui est le 4 juillet prochain, ils
n'ont pas transmis, aux directions régionales qui concernent leur municipalité, une copie certifiée conforme du code qu'ils auront eux-mêmes adopté, le
ministère va se substituer à elles et va adopter un code d'éthique et de déontologie basé sur... bon,
il y a un certain nombre de projets, là, qui... il y a déjà du travail qui est
fait au sein du ministère à cet égard-là.
Mais,
au-delà d'imposer ce code... Moi, je pense que c'est déjà une sanction
importante parce que ça envoie le signal
aux maires de ces municipalités-là puis aux élus de ces municipalités-là qu'ils
perdent une belle occasion de jouir de
l'autonomie dont ils souhaitent se réclamer. L'autonomie municipale — je le dis sans arrière-pensée et sans aucune
méchanceté à l'égard de quiconque — ce n'est pas juste pour les bons côtés,
c'est aussi pour les comtés... les côtés où... je reprends l'expression que souligne à grands traits
le député de Blainville souvent : c'est aussi pour les occasions où on a
le bonheur de faire preuve de courage.
Et
moi, je vois, par contre... J'ouvre sur un autre tableau complètement, là. Des
fois, là, on reçoit des demandes pour dire : Bien, écoutez, il y a
une fourchette sur le salaire des élus, là, puis c'est difficile un peu, dans
le bas de la fourchette, là, vous devriez
l'augmenter, vous, le ministre des Affaires municipales, ou le gouvernement
devrait légiférer pour modifier la
loi. Bien non. On légiférera quand il sera le temps d'augmenter le plafond
parce que le plafond sera trop bas.
Mais, quand on a une fourchette, ça prend le courage local de dire : Moi,
là, j'ai une rémunération liée à ma fonction d'élu, je vais prendre la
responsabilité d'expliquer à ma population que je mérite telle rémunération.
Puis c'est vrai que les élus
municipaux méritent une rémunération. C'est vrai que ce n'est pas simple de
modifier la rémunération d'un élu;
c'est vrai au niveau local, c'est vrai au niveau du gouvernement du Québec puis
c'est vrai au niveau fédéral
également, j'en suis profondément convaincu. Mais comment peut-on dire que moi,
je veux être autonome, je veux être
responsable, mais, quand la décision est un petit peu difficile, s'il y a de la
chaleur, bien, woups, je vais demander à quelqu'un d'autre de prendre la chaleur à ma place? L'expression est
bonne, je pense, les maires connaissent ça, l'idée de prendre la
chaleur.
Là,
ce qu'on dit : Dans le contexte de... dans le concept de l'autonomie, il y
a le concept de la température également,
hein? Les Anglais
disent : «If you can't stand the heat, get out of the kitchen.» Alors, c'est la même chose. La responsabilité puis l'autonomie, ça va de pair,
puis ça, ça fait partie des choses... les choses qui, je pense, se conçoivent
bien puis qui ne devraient pas mettre les
électeurs en colère. Au contraire, ça amène la responsabilité au niveau qui est
le plus près d'eux-mêmes. Et je pense
qu'ils sont à même de reconnaître... Dans des municipalités, on a de la
difficulté à avoir des gens qui
portent leur candidature pour se porter candidats à une élection municipale à
titre de conseiller ou de maire. Mais
quel est le meilleur système après le système démocratique, électoral de nos
élus locaux? Moi, je n'en connais pas
de meilleur. Alors, la population doit aussi reconnaître que les gens qui font
le sacrifice de prêter leur temps au service public, au service de leur communauté méritent une rétribution. Ça, sur
cette base-là, je les défendrai bec et ongles, mais ce n'est pas à moi à prendre la responsabilité de
dire : Bien, votre rémunération devrait être de tant parce que c'est trop
difficile pour vous de le fixer parce qu'il
va avoir des petits échos dans la municipalité. La démocratie ne suppose pas
nécessairement qu'on a une adhésion unanime
aux décisions qu'on prend, ça suppose qu'on est capables de les justifier
puis qu'on — autant que faire se peut — amène la majorité des gens à penser comme
soi. Mon père disait que la démocratie, ça consistait à se faire des
amis, surtout chez les voteurs. Je pense qu'il avait raison.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Je cède maintenant la parole au député
de Beauce-Nord, du deuxième groupe d'opposition, et pour un bloc
d'échange d'environ 22 minutes.
M.
Spénard : Merci beaucoup, M. le Président. Je veux saluer le
ministre, peut-être, par une petite boutade pour les initiés du salon
bleu : Le siège vous va très bien, M. le ministre, alors...
Alors,
moi, je veux vous parler, dans un premier temps, du Fonds de développement
régional, les dépenses du fonds
spécial qui se trouve à financer les
dépenses des conférences régionales des élus. Vous n'êtes pas sans savoir
qu'avec des dépenses du fonds spécial
comme ça les redditions de comptes des conférences régionales des élus face à
ce financement-là ne
sont pas uniformes et ne sont pas comptabilisées, comme tel, par... Bien, elles
sont comptabilisées, mais ne sont pas vérifiées,
comme tel, par l'administration gouvernementale. Et ça, c'est le vérificateur qui
le disait en 2011, que la reddition de
comptes, ça manque de cohérence, ça manque d'éthique, beaucoup
de travail restait à faire, en 2011, pour regarder la reddition de
comptes des conférences régionales des élus dans les différentes régions.
Face
à ce constat-là, le ministère avait pris la décision, en 2013, sous l'ancien gouvernement, comme engagement, de
faire le nettoyage nécessaire et de normaliser les règles comptables pour
assurer une reddition de comptes plus transparente de la conférence régionale des élus. Vous le
disiez vous-même, pas plus tard que tout
à l'heure, je crois, ou peut-être
avant-midi, qu'il y a certaines conférences régionales des élus où le pourcentage
des dépenses liées à l'administration comme telle était de 60 % — je pense que c'est sur la Côte-Nord — d'autres, c'est 30 %, d'autres, c'est 10 %. Et cette conférence régionale des élus
là, qui est un autre palier décisionnel avant, véritablement, les MRC, ou les
communautés urbaines, ou les élus locaux,
c'est là que ça prend des décisions, puis ça essaie de coordonner une région,
puis, bien souvent, la région est tellement grande,
tellement disparate qu'on a de la misère à s'identifier à la région comme
telle.
Je
ne le sais pas, moi, dans Chaudière-Appalaches, je n'ai jamais vu... jamais
quelqu'un, jamais de ma vie me dire qu'il était Chaudière-Appalachien
avant de dire qu'il est Beauceron, qu'il est Lévisien, qu'il est... En tout
cas, Chaudière-Appalachien, là, ça n'existe
pas. Je ne sais pas, en Montérégie, c'est le Bouchervillois ou le
Longueuillois, et Montérégien avant
d'être Longueuillois ou... En tout cas, le sentiment d'appartenance à ces conférences régionales des élus là
m'apparaît très, très faible et la gestion m'apparaît encore plus faible.
Alors,
moi, j'aimerais savoir du ministère ou du ministre où en est rendu le processus que le ministère
avait pris, en février dernier, de
faire le nettoyage nécessaire, parce
qu'on s'aperçoit que, dans les budgets de fonctionnement comme tels, ça
n'a pas grouillé, je pense. Il y a même une légère augmentation à l'intérieur
du budget de fonctionnement des conférences régionales des élus.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
Une voix :
...
• (15 h 30) •
M.
Moreau : Oui, c'est
ça. Alors, effectivement, vous avez raison. J'ai même référé à ça hier, et
encore cet avant-midi, au fait que,
dans certaines structures du monde municipal, je m'intéressais particulièrement à la... je
dirais à ce qui constitue des frais de fonctionnement.
Je
vous donne l'état de situation sur l'utilisation du Fonds de développement régional, là. En
2012‑2013, depuis l'année
financière 2006‑2007, le... attendez un petit peu... Oui, c'est ça.
En 2012‑2013 — ah!
bien, voilà, c'est ça que je cherchais — la
part relative des différentes catégories de dépenses financées par les CRE
s'établissait ainsi : fonctionnement des CRE, incluant la concertation, 38,4 %. 38,4 %, là, en frais de fonctionnement, ça représente
17,7 millions de dollars. Toujours
dans l'enveloppe des CRE, le financement des ententes spécifiques et
administratives, 29,3 % — c'est, je dirais, en mauvais français, le «core business» des
CRE — les
projets structurants, 9,5 %, et les autres activités, comme les études,
les services de... les commandites ou les services d'expertise, 22,8 %.
C'est
évident qu'il faut faire attention, puis on ne peut pas, strictement sur la
base des chiffres, dire : Regardez, il y a juste 9,5 % de
projets structurants. Il faudrait aller voir qu'est-ce qu'ils font avec les
ententes spécifiques et administratives,
puis je vous dirais que c'est bien que vous posiez la question, parce que moi,
sur la conférence régionale des élus,
j'entends une chose et son contraire, selon les régions où on circule. Je sais,
par exemple, qu'en Outaouais les maires
me disent à quel point ils sont heureux du travail réalisé par la conférence
régionale des élus. Dans d'autres régions, je vois que l'appréciation
est beaucoup plus relative, si vous me passez l'expression.
Mais que ce
soit aux fins d'une conférence régionale qui reçoit les applaudissements de sa
région ou que ce soit dans un secteur
où c'est plus difficile, quand je vois que la moyenne des frais de
fonctionnement est de 38,4 %, là, je pose la question : Dans l'ensemble des CRE, à quoi ça
ressemble? Et je vois qu'à certains égards, là, sans faire de désignation
nominale, je suis à 64,4 % puis à
62,2 % en frais de fonctionnement. Ou bien la comptabilité ne reflète pas
exactement ce qu'est un frais de
fonctionnement ou bien, si je suis rendu à 64,4 % de frais de
fonctionnement, il y a quelque chose qui
ne marche pas. Alors, avant de condamner les gens, puis c'est pour ça que je ne
fais pas une référence à une désignation spécifique, j'ai l'intention d'aller vérifier de quoi ça retourne. Parce
qu'on le disait, puis je pense qu'on est exactement sur le même poste à cet égard-là, l'idée, ce n'est
pas de... Puis votre question va plus profond que ça, votre question, c'est de
dire : Il y en a qui ont un problème
d'identification ou de... Ça allait plus loin que ça, là, pas seulement
d'identification à la conférence
régionale des élus, mais à dire... d'avoir un sentiment d'appartenance à cette
structure-là. La question peut se
poser. Mais la première question à se poser, c'est dire : Dans le contexte
où les finances publiques doivent être gérées de façon extrêmement
serrée, quand on voit que les budgets, c'est 46 millions annuellement,
bien, 46 millions, c'est beaucoup
d'argent. Puis qu'on en ait 17 sur 46 qui passent en frais de fonctionnement,
si c'est des vrais frais de fonctionnement, il faudra peut-être les
expliquer.
Et, dans ce
contexte-là, ce que j'ai demandé au ministère, c'est d'avoir peut-être un
détail plus précis de ce qui est fait à la lumière des constatations qui
avaient été faites, que la question des redditions de comptes semblait assez variable d'une région à l'autre. Je le répète,
c'est important de le mentionner, l'idée ici, ce n'est pas de condamner
personne aujourd'hui, là, mais c'est
de prendre connaissance des informations qui nous sont données puis de dire...
on est toujours dans la perspective
de dire : Rendre le meilleur... le service de la façon la plus efficace
possible. Est-ce que, si c'était avéré que
je suis à 64,4 % de frais de fonctionnement, je peux sérieusement dire que
je rends le service de la façon la plus efficace possible? Là, j'aurais
de la difficulté à justifier ça.
Le Président (M. Auger) : M. le député
de Beauce-Nord.
M.
Spénard :
Oui, c'est parce que la politique de notre parti, nous autres, c'était de... il
y a plus de services directs à la
population à rendre et d'enlever, d'éliminer un peu de structures pour rendre
le plus de services directs à la population. Et on s'aperçoit, lors du dernier budget, que le budget de
fonctionnement des CRE a été même augmenté un petit peu, de 1 ou 2 millions, là, 1 point quelques
millions, et celui des CLD a été baissé drastiquement de 10 % en plein milieu
d'année financière, ce qui signifie
un rattrapage de 20 % des derniers six mois de l'année financière des CLD.
Ça, il ne faudrait pas l'oublier.
Alors, comment le gouvernement peut-il, dans un
temps, dire que la conférence régionale des élus, regardez, c'est beau, on ne sait pas trop ce que vous
faites, il y a beaucoup de frais de fonctionnement là-dedans, mais les CLD,
qui sont des services directs aux
entreprises, qui sont le bras économique des MRC dans beaucoup de régions au
Québec, dans pratiquement toutes les
régions du Québec, vous autres, on vous coupe drastiquement 10 % partout,
sans égard à vos frais de fonctionnement ou sans égard à votre
fonctionnement comme tel?
Alors, comment le gouvernement peut-il expliquer
que, depuis 2013, il est supposé... il y a un engagement du ministère qui dit qu'on va regarder les CRE, tout
ça, il n'y a rien de fait, ça fait un an et demi, et là on va encore analyser
les CRE, par contre, on leur consent le même
budget de fonctionnement que l'année dernière, même bonifié un petit peu,
alors qu'on arrive aux CLD dans toutes les régions puis qu'on coupe
unilatéralement 10 %?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
J'aime le langage coloré du député de Beauce-Nord, qui dit : Bon, on coupe
les CLD, puis là les CRE... Si c'est l'impression que je vous ai
laissée, là, je me suis très mal exprimé, d'une part...
M.
Spénard : ...
M. Moreau :
Oui, bien... Ah non! Bien, merci de poser la question pour qu'on puisse aller au fond des choses. D'abord, il faut rappeler que les conférences
régionales des élus ont été coupées de... le budget a été... de 23 % en
moyenne lors du dernier exercice et que, donc, cette réduction-là est
maintenue cette année. Alors, ils ont passé à la caisse, avec — puis je ne le dis pas méchamment, là — nos collègues lorsqu'ils étaient au
gouvernement. Mais, malgré ça, je constate
encore qu'il y a des... en tout cas, ce qui semble être rapporté sous frais de
gestion, là, dans certains cas, je vais vous le dire comme je le pense,
ça n'a pas de bon sens. 64 % de frais de gestion, ça n'a pas de bon sens.
C'est la
raison pour laquelle le gouvernement précédent, en février, a fait un projet de...
un texte d'une nouvelle entente en annexe de laquelle on retrouve — l'annexe
E, c'est ça — une
grille de comptabilité qui est beaucoup plus précise
et qui dit : Bon, bien, qu'est-ce que vous mettez en administration
générale, en concertation, en ententes, en projets autres au total? Quelles sont les charges liées à
la rémunération, charges sociales, biens et services? Donc, il y a déjà un
effort, là, de précision qui est fait là.
Mais, je vous le dis, cet effort de précision qui est fait là, j'entends le
mener à terme puis voir comment on peut expliquer
que, dans un cas, on arrive à des écarts aussi significatifs en matière de
frais de fonctionnement. À l'inverse, il y
en a qui ont 14,8 % de frais de fonctionnement. Puis, tu sais, entre
14,8 % puis 64,4 %, là, il y a un espace à combler.
Sur les CLD,
j'ai eu l'occasion de répondre au député de Gaspé ce matin. Je ne minimise pas...
le gouvernement ne minimise pas
l'impact des CLD dans le dynamisme économique des régions puis dans le
démarrage des projets, puis on veut
les encourager à le faire, mais, je répète, de leur demander un effort de
compression de 10 % dans les revenus qu'ils tirent des subventions du gouvernement ne m'apparaît pas
déraisonnable dans le contexte budgétaire actuel, d'autant qu'à 10 %, là, on est bien à l'intérieur de
ce qui pourrait être attribué à des frais de gestion. Donc, je pense qu'au
niveau de l'objectif à atteindre, ils
sont capables de le faire, on leur demande un effort. Est-ce que c'est un
effort? La réponse, c'est oui, on demande un effort, mais je pense que
les citoyens vont convenir de ça.
Puis vous
rappeler une chose qui est intéressante — votre approche me permet de souligner
ça : Allez dans la rue chez
vous, dans la municipalité où vous avez été maire, là, puis demandez aux
citoyens ou n'importe qui ici, sur la rue à Québec : C'est quoi, ça, un CLD, puis c'est quoi une CRE, puis
qu'est-ce que ça change dans ta vie?, et vous allez voir que votre vox pop a besoin d'être étendu
avant d'avoir une réponse ou un pourcentage significatif dans la statistique
pour dire : Oui, je sais ce que ça
change dans ma vie. Dans les faits, ça peut changer des choses, mais les gens
ne le perçoivent pas. Et ça, ça fait partie d'un des défis que nous
avons.
Quand je
parlais, hier, de la simplification de ce qui existe dans le monde municipal,
c'est aussi de concentrer les efforts
puis d'essayer d'identifier, à la suggestion aussi du député de Gaspé, quelles
sont les structures existantes les mieux
appropriées puis les mieux adaptées pour rendre des services de façon plus
efficace. Puis ce n'est pas une remise en
question publique des CRE ou des CLD, parce que je sais... on revient toujours
au même discours, on n'a pas intérêt à
mettre en place des solutions mur à mur. Puis c'est tellement vrai que, quand
je suis allé aux assises de l'UMQ qui se tenaient en Outaouais, de nombreux maires de la région de l'Outaouais
sont venus me parler de façon dithyrambique des réalisations de la conférence régionale des élus. J'ai eu exactement
l'inverse dans d'autres régions du Québec. Alors, la question qui se
pose, c'est de dire : Dans la perspective d'une révision de nos façons de
fonctionner, toujours dans la perspective de
la révision de l'autonomie municipale... On sait ce que le maire de Québec
pense des CRE dans la région de
Québec. Lui, il n'a pas la même vision que ce que j'ai entendu dans
l'Outaouais. Ça ne veut pas dire qu'une est meilleure que l'autre, ça veut dire qu'une est adaptée à la
région, comme l'autre est adaptée à sa région, puis il y a des différences.
Là, on a eu tendance, dans les dernières années,
tous gouvernements confondus, à mettre en application les programmes qui s'appliquent d'un bord à l'autre,
des Îles-de-la-Madeleine à aller jusqu'au Pontiac, puis des Cantons-de-l'Est
à aller jusqu'à l'Abitibi puis le Nunavik.
La réalité du terrain, ce n'est pas celle-là, vous le savez comme moi, et, dans
ce contexte-là, je pense qu'il est
approprié qu'on soit rendus à un virage où on a à se poser les questions. Puis
je ne dis pas ça non plus pour
inquiéter les gens des conférences régionales des élus ou les gens des CLD, là.
Ce n'est pas ça. Mais c'est de
dire : Regardez, là, on est rendus à un point où on va se poser les
questions, on va se poser les bonnes. Puis vous allez être consultés
avant que les décisions ne soient rendues.
• (15 h 40) •
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Beauce-Nord... de Blainville.
M.
Laframboise : Merci, M. le Président. Le pacte fiscal, là, bon,
l'entente Québec-municipalités, M. le ministre, la somme provisionnée dans le plan 2014‑2015 en vue de la signature
d'une entente est de 769 millions, dont 279 millions, 279,9, là, proviendraient de votre portefeuille
directement. Par rapport à la somme de 747 millions prévue en 2013, ça
représente une augmentation de près de
3 %. Dans l'entente de 2007‑2013, les augmentations annuelles variaient
entre 4,6 % et 14,9 %. Bon,
on savait tous que les négociations étaient repoussées à cette année, que le
contrat fiscal ou le pacte fiscal qui devait arriver à échéance à la fin
de décembre allait être reconduit pour un an avec quelques ajustements techniques. Bon, c'est ce qu'avait annoncé votre
prédécesseur, là. Mais est-ce que les municipalités ont été consultées ou mises au courant des sommes budgétées pour
cette année, là? Parce qu'on parle bien, pour cette année, d'une somme seulement de 769 millions. Parce que, si j'ai
bien compris, ce n'est pas temporaire, c'est pour toute l'année 2014‑2015,
de telle sorte que, s'il y avait une entente
qui survenait, bien, les chiffres seraient les mêmes, là. Il n'y a pas rien de
prévu dans les crédits pour ça. Si ce
n'est pas le cas et que la nouvelle entente entre en vigueur durant l'année,
alors, combien ça va coûter, là? Il
faudrait que vous soyez capable de nous le dire, M. le ministre, parce que,
sinon, on se fie aux chiffres qui sont là, là.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui. Vous pouvez vous fier aux chiffres qui sont là en autant qu'ils
représentent le taux de croissance entre
2007 et 2014, là, vous l'avez dit, qui varie entre 4,6 %, en 2007, à
14 % en 2013 et 1,3 % en 2014, là, parce qu'en réalité en 2014, c'est la reconduction qui a été
faite par le gouvernement précédent puis qui touche l'ensemble des éléments
ventilés. Et donc, pour 2014, la prévision, c'est de 769,4 millions, comme
vous l'avez évoqué.
Mais on est,
et c'est le mandat que j'ai, à renégocier — puis je le disais en réponse, cet
avant-midi, aux questions du député
de Gaspé — le plus
rapidement possible le renouvellement du pacte fiscal. Dans le renouvellement
du pacte fiscal, son entrée en
vigueur fait partie aussi des conditions qui font l'objet de la négociation. Et
il pourrait très bien, là, entrer en vigueur avant la fin de l'exercice.
Bien, en fait, même, le souhait, c'est qu'il entre en vigueur avant la fin de
l'exercice financier 2014. Et, dans ce contexte-là, ce qui est à négocier,
c'est l'ensemble des chiffres qui apparaissent pour chacun des items qui sont là, d'une part, et, d'autre part, la
durée du nouveau pacte fiscal. Parce que vous n'êtes pas sans savoir que les municipalités, et je pense que
vous étiez présent lorsque la Fédération québécoise des municipalités l'a évoqué, et l'UMQ, et
le maire de Québec, le maire de Montréal l'ont évoqué également, que la durée
de l'entente puisse être moindre que les ententes qui avaient été
conclues dans le passé pour tenir compte de la situation budgétaire du gouvernement puis de l'importance de rétablir les
finances publiques, quitte à dire : Bon, bien, regardez, on aura une
entente de deux ans, trois ans — moi, le chiffre que j'ai en tête, qui avait
été évoqué, c'était trois ans — et on verra, après trois ans, à en
renégocier un autre.
M.
Laframboise : ...veut dire qu'il n'y aura pas de nouvel argent qui va
être ajouté, là. Vous allez vous servir de cet argent-là, là, celle qui
est budgétée, celle qui est aux crédits, là.
M. Moreau :
...pour 2014, vous l'avez, c'est 769,4 millions. L'idée n'est pas de
réduire ce montant-là d'aucune façon.
Le nouveau pacte verra ce qui va s'appliquer à compter de 2015. À compter de
2015, mais on pourrait très bien convenir...
Si c'est une modalité que les municipalités veulent revoir puis dire :
Écoutez, avant l'échéance de la fin de l'application
de 2014... Là, ils ont un plancher de 769,4 millions. Si elles souhaitent
que le pacte fiscal qui serait négocié, par exemple, d'ici l'automne, prenne effet à compter de, je ne sais pas,
moi, novembre ou décembre 2014, ça pourrait influencer ce montant-là.
Mais l'idée n'est pas de l'influencer à la baisse, là.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville, vous avez encore un deux minutes à votre disposition.
M. Laframboise : Oui. C'est juste...
Parce qu'il faut être bien sûr, là. Parce que vous parlez de plancher, là, M.
le ministre, là. Ça veut dire que ça pourrait... Pour l'année 2014‑2015, ça ne
pourrait pas, là. Je veux dire, vous ne dépenserez pas de l'argent que vous
n'avez pas, là. Vous êtes...
M. Moreau : Non, non. Ce
n'est pas notre habitude.
M.
Laframboise : Non, non, non,
mais c'est pour ça qu'on se parle de courage, là, il faut
leur dire, là, aux villes, là. À quelque
part, on a ce montant-là pour cette année, on peut négocier le pacte, mais, de
la nouvelle argent, il y en aura dans le prochain budget. C'est un peu
ça, là, c'est ça qu'il faut leur dire, là.
M. Moreau : Bien, on verra...
M. Laframboise : S'il y en a, s'il y
en a, là.
M. Moreau : Oui, oui. Quand vous dites : De la
nouvelle... Et je ne fais pas de promesse qu'il y ait des sommes additionnelles,
là, mais ce que je vous dis, c'est que l'idée du pacte fiscal, c'est d'établir
une prévisibilité des revenus, donc
je ne veux pas enlever l'élément de prévisibilité en parlant d'un autre chiffre
que de 769,4 millions. C'est ce qui est prévu pour 2014.
On va renégocier
une entente. Si, dans le cadre de la renégociation de l'entente, ils nous
disent : Bon, bien... Mettons qu'on
réussit à s'entendre au début septembre puis qu'ils disent : Très bien! Le
nouveau pacte, là, faites-le partir à compter du mois de septembre, on tiendra
compte du fait qu'il y a un plancher de 769,4 millions pour 2014 puis on
verra quelle est la modalité du nouveau pacte fiscal et quelle est son
échéance également.
M. Laframboise : Quand vous...
Le Président (M. Auger) : Une
dernière minute?
M. Laframboise : Oui. Pour clarifier
«plancher», dans votre tête à vous...
M. Moreau : Je pensais que
j'étais clair, mais allez-y.
M.
Laframboise : C'est-à-dire qu'on parle de... c'est cette base-là, mais
le plancher, ça veut... Est-ce que vous laissez comme impression aux villes que ça ne sera jamais plus bas que
ça puis, s'il y a de quoi, ça va être plus haut, là? Ou vous ne le savez
pas parce qu'on ne connaît pas la situation des finances publiques, là?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Non, il n'y a pas de... Je vais vous dire, même, je ne pense pas que ça soit un
secret, le président de la Fédération
québécoise des municipalités, le président sortant de l'Union des municipalités
du Québec, le maire de Montréal et le
maire de Québec m'ont tous dit que, si on leur représentait exactement ce qui
leur avait été présenté avant la
reconduction de 2014, ils seraient prêts à le signer demain matin. C'est parce
qu'ils savent très bien qu'on fait face à un contexte budgétaire qui ne
laisse pas entrevoir une augmentation substantielle du financement.
Et, vous avez
raison, vous dites : En matière de courage, il faut dire les choses telles
qu'elles sont. Je pense que les
maires et les présidents des organisations sont très conscients du fait qu'il
n'y aura pas de Klondike dans le prochain pacte fiscal. Et je ne dis pas
ça pour les décourager ou pour envoyer un mauvais message, je dis ça pour
envoyer un message qui est cohérent avec
l'obligation que nous avons de gérer de façon serrée les deniers publics qui
nous sont confiés. Et donc il n'y a pas... stabilité 2014, il n'y a aucun problème; pour le
renouvellement du pacte fiscal, ça va faire partie des négociations,
puis les municipalités vont être appelées à s'asseoir avec nous pour en
discuter.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Je cède maintenant la parole à un député
du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. le député de
Chapleau.
• (15 h 50) •
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Je vais continuer sur le
même thème que mon collègue de Blainville, sur la question du pacte fiscal. Reportons-nous dans
l'histoire, un peu dans le passé. On se rappellera que le pacte fiscal, qui
est venu à échéance en 2013, avait été
signé, là, à la fin 2006, début 2007. L'application, c'était 2007‑2013. Puis on
se rappellera que c'est le seul pacte
fiscal avec les municipalités qui a été négocié et non imposé. C'est à l'époque
où... Bien, moi, je n'étais encore au
gouvernement, moi, j'étais de l'autre côté de la table, j'étais au conseil
d'administration de l'Union des
municipalités du Québec avec, comme président... je pense que c'est votre
successeur, Jean Perreault, qui était président de l'époque; la Fédération québécoise des municipalités également,
M. Bernard Généreux, là, qui en était le président.
Tous
les maires, tout le monde municipal a salué cette journée-là lors de la
signature de cette entente-là avec l'ancien premier ministre, M. Charest, Mme Normandeau et les différents
signataires du monde municipal, comme je disais, d'un pacte historique,
c'était du jamais-vu : un, qu'il soit négocié et non imposé; et deux, de
par sa diversité des revenus potentiels pour
les municipalités, pour les MRC, et un des principaux en était le remboursement
de la TVQ aux municipalités. Il y a
longtemps, là, que les municipalités réclamaient, là, de pouvoir récupérer les
taxes qu'ils payaient lorsqu'ils
achetaient des biens ou donnaient des contrats de... des travaux, ou etc. Quand
on sait que la taxe foncière, qui est
à peu près, et je ne me trompe pas, mais qui est autour de 85 %, 86 %
du champ foncier ou des revenus d'une municipalité, il ne reste pas grand-chose d'autre comme revenus
pour une municipalité. Les besoins sont toujours grandissants, les services
qui sont offerts à une municipalité vont toujours en s'agrandissant.
Je
me rappelle, j'étais bien, bien jeune, là, quand j'ai commencé... en 1992, on
parlait de déchets, de chemins, un
petit peu de loisirs faits par les bénévoles, et ça se limitait, en gros, à...
et naturellement toute la gestion municipale,
là, mais qui était une toute petite partie des services qu'une municipalité
rendait. À ça... et les égouts, l'eau potable naturellement, mais à ça s'est rajouté différentes choses qui
ont été demandées aux municipalités, schéma de couverture de risque incendie, donc il a fallu adapter, il a
fallu se mettre à niveau, il a fallu faire des achats massifs au niveau, là, des équipements, de la formation au niveau des pompiers, puis, je pense, qui
est en soi correct, parce qu'il fallait avoir des équipements et des
professionnels, des pompiers qui sont capables de répondre. Et ça, je parle
souvent des pompiers volontaires ou ce qu'on
appelle maintenant des pompiers à temps partiel, souvent... moi, je me
rappellerai, quand je suis arrivé
comme élu municipal, le camion, des fois, il ne se rendait pas au feu, là,
parce que c'étaient des vieilles affaires, là, qui étaient en fin de vie, là. Donc, il a fallu revoir vraiment
rapidement, là, pour s'assurer qu'on réponde aux besoins des citoyens, que ce soit la sécurité civile, le
transport en commun qui date depuis de nombreuses années, mais que, d'année
en année, il y a toujours de plus en plus de demandes et de besoins qui sont
grandissants.
Chez nous, à
l'époque, on a formé, à la MRC, un corps de police, un corps de police régional
qui représentait sept municipalités, donc ça
a été des coûts supplémentaires, mis sur pied une cour municipale qui... à
l'époque, les gens de chez nous
devaient aller à Hull. Maintenant, dans la MRC des Collines, il y a sa propre
cour municipale qui, maintenant, a étendu
ses services à la MRC de Papineau, dans la MRC de Pontiac. Donc, on voit que
les MRC, les municipalités ont travaillé ensemble pour améliorer la
qualité des services aux citoyens.
Donc,
je pense que ce pacte fiscal là a donné un peu d'air aux municipalités dans la
diversification des revenus, parce
que, comme je disais tantôt, un peu moins de 90 %, c'est la taxe foncière.
Donc, c'est à l'évaluation et ça fait en sorte que le citoyen, à lui
seul, devait supporter tout ce qu'une municipalité doit rendre comme services.
Je
me rappellerai à l'époque également, suite à la négociation de ce pacte fiscal
là, il y a différents autres revenus qui
ont été mis à la disposition des municipalités. Je me rappellerai d'avoir
travaillé à l'époque avec l'ancienne ministre des Affaires municipales ou avec l'UMQ sur les revenus de taxation des
carrières et sablières. Souvent, dans le monde rural, les carrières et sablières, c'est exploité, les camions, le
transport... puis des fois il n'y a pas beaucoup de balances, là, qui regardent le tonnage des camions qui font le
transport. Donc, ça venait détériorer les chemins. Là, ce que ça a permis
depuis ce temps-là, c'est une redevance,
c'est une taxe au tonnage, là, des sablières pour effectivement pouvoir réparer
les chemins qui étaient brisés, là,
par le transport. Dans la municipalité, chez moi, c'était un petit peu moins
d'une trentaine de sablières, donc
c'est important pour une municipalité, là, les revenus qu'on a été en mesure,
là, de mettre de l'avant.
Ce
pacte fiscal là est venu à échéance en 2013. Je me rappelle, à l'époque où j'ai
été, pendant un moment, dans l'opposition,
porte-parole aux affaires municipales, j'ai eu la chance, en cette Chambre, de
questionner l'ancien ministre des Affaires municipales qui avait pris
l'engagement haut et fort qu'il allait avant sa fête, en 2013, donc avant la
fin juin 2013, avoir négocié, avoir eu une
entente, là, Québec-municipalités — l'autre façon d'appeler le pacte
fiscal — mais
il n'en demeure pas moins que cet
engagement-là a été brisé. Dans ces engagements, il y avait également la
compensation 100 % des remboursements
de TVQ, etc., et encore là une promesse brisée. Donc, ça a fait en sorte que,
depuis ce temps-là, le pacte fiscal est reporté d'année en année.
Mais moi, ma
question, pour le moment, au ministre, j'aimerais savoir... j'aimerais qu'il
nous explique cette entente-là, 2007‑2013,
sur ce partenariat fiscal et financier avec les municipalités, quels en ont été
les effets, quels en ont été les bénéfices pour le monde municipal.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
Merci, M. le député de Chapleau. L'effet de l'entente... l'effet du pacte
fiscal et financier avec les municipalités,
c'est d'abord et avant tout de leur assurer une source prévisible de revenus,
et ça a eu un impact considérable parce que les sommes en
cause sont importantes. Vous avez noté certains éléments où vous parliez des
droits aux exploitants de carrières
et de sablières qui ouvraient aussi des nouvelles possibilités de... bien, de
compensation plus que de revenus aux municipalités, parce que l'idée était
de compenser pour les dommages occasionnés par l'activité.
Mais je vous donne
certains des éléments, là. L'entente fiscale et financière s'est traduite par
des transferts financiers gouvernementaux
qui ont totalisé 3,8 milliards de dollars, c'est énorme, avec des montants
annuels qui sont passés de 406,6 millions, en 2007, à 747 millions en
2013. Pour la dernière année, 2013, avant la reconduction par le gouvernement précédent, là, les... la répartition
de... la ventilation est la suivante : le remboursement de la taxe, de la
TVQ aux municipalités, représentait
472 millions de dollars; la bonification des compensations tenant lieu de
taxes pour les immeubles
parapublics — ça, pour
les gens qui nous écoutent, c'est le gouvernement du Québec qui paie des sommes
qui tiennent lieu de taxes qui seraient
autrement prélevées sur les immeubles publics, mais qui sont exemptés de taxes
foncières en vertu de la Loi sur la
fiscalité municipale, et ce que le
pacte, l'entente fiscale prévoit, c'est une augmentation des sommes
versées pour tenir lieu des taxes — cette bonification était de
166,5 millions de dollars; subventions tenant lieu d'un accès aux redevances sur les ressources
naturelles, c'était 10,2 millions de dollars, ce qui a été maintenu de
2007 à 2013, et donc dans la
reconduction de l'an passé; subventions de péréquation, 60 millions; l'aide aux
MRC, 3,2 millions; l'aide aux équipements métropolitains du territoire
de la Communauté métropolitaine de Montréal, 13,2 millions; les
compensations pour les terres publiques qui ont un régime fiscal particulier,
20,7 millions de dollars; la taxation des centrales thermiques, 1,1 million de dollars; puis s'ajoutaient des
mesures d'aide périphérique comme l'aide à la Capitale-Nationale, ici, pour Québec, l'aide de base aux MRC, pour un
montant annuel additionnel de 13,8 millions, là, dans le cas des
mesures périphériques.
Les
transferts prévus par l'entente 2007‑2013 ne représentent pas la totalité des
transferts gouvernementaux aux municipalités,
il y en a d'autres, on l'a vu notamment dans les ententes dont on a parlé ce
matin. Pour la période 2007‑2013, le
total des transferts gouvernementaux s'élève à 21 milliards de dollars,
c'est énorme, dont 13 milliards pour l'aide aux dépenses de
fonctionnement et 8 milliards pour l'aide aux infrastructures.
Enfin,
en plus des demandes de transferts financiers, l'entente de 2007‑2013 s'est
traduite par des mesures qui touchent
les revenus autonomes et les dépenses des municipalités — je vous réitère votre référence aux droits
aux exploitants de carrière et de
sablière pour compenser l'activité — la
nouvelle taxe pour le service 9-1-1, la redistribution aux municipalités de 85 % des redevances
à l'élimination des matières résiduelles et le remboursement de 100 % des
coûts de la cueillette sélective.
Alors, on voit l'importance de l'entente et on comprend pourquoi les
municipalités sont désireuses de
s'asseoir rapidement avec le gouvernement pour être capables de voir comment
tout cela va se diriger dans les prochaines années. Dès après l'étude
des crédits, nous serons en mesure, là, de commencer les travaux qui vont nous
amener à la conclusion d'une nouvelle entente avec les intervenants du monde
municipal.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Chapleau.
• (16 heures) •
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Merci
beaucoup pour cette nomenclature-là.
Puis tantôt, quand je parlais des
nouvelles fonctions, là, que les municipalités ont à assumer, là, d'année en année ou à travers
le temps, effectivement, quand
on parle de collecte sélective, là, ça ne date pas de... tu sais, on prend ça
pour acquis aujourd'hui, là, mais ça ne date pas d'il y a 100 ans
où il y a de la collecte sélective. Moi, je me rappelle, c'est arrivé chez
nous, là, milieu des années 90 puis, en
campagne, c'est les gens qui allaient amener ça de façon volontaire en des
lieux déterminés, là. Et donc c'est
un autre exemple, là, que ça a amené à travers le temps des coûts
supplémentaires aux municipalités. Que ce soit la question du 9-1-1, etc.,
c'en est d'autres, responsabilités qui ont été dévolues aux municipalités.
Je
veux faire un petit peu de pouce sur ce que mon collègue également
parlait tantôt, là, de toute la question des CRE, puis du budget qui a été renouvelé, puis des frais de fonctionnement d'un versus l'autre, d'une CRE versus une autre. On se rappellera que les CRE ont été formées en
2004, donc on en est à la 10e année, là, des conférences régionales des élus à travers le Québec. Il faut se rappeler qu'auparavant c'étaient les conseils régionaux de développement, chez nous, le
CRDO, Conseil régional de développement de l'Outaouais. On était 60, 70 autour d'une table avec une
minorité d'élus et beaucoup
de gens de la société civile. C'est correct, mais les gens qui sont
imputables devant la population, ce sont les élus. Donc, en 2004, lorsque
le gouvernement a décidé de mettre sur pied les conférences régionales des
élus, c'était effectivement pour redonner aux élus les responsabilités qu'ils
ont. Comme je disais, c'est eux qui sont imputables.
Une
CRE est l'interlocuteur privilégié, au
niveau du gouvernement, au niveau de la planification stratégique d'une région. Je vais prendre l'exemple de chez nous. En
Outaouais, il y a une grande ville qui a 80 % de la population sur un
territoire de... 2 %, 3 %,
5 % du territoire et 20 % de la population qui est échelonnée dans
quatre MRC rurales. Donc, c'est
vraiment une diversité au niveau du territoire, au niveau des citoyens, au niveau
des réalités, si on prend les MRC qui
ont été, à l'époque, classées MRC ressources, donc qui avaient des taux de
dévitalisation comparables à la Côte-Nord, comparables à la
Gaspésie : la MRC de Pontiac chez nous, la MRC de La
Vallée-de-la-Gatineau.
Donc,
je pense que le fait de mettre tout le monde, tous les élus ou... certains élus
de chacune des MRC, donc un représentant
de chacune des MRC et de la ville de Gatineau a permis, je pense, une meilleure
connaissance de la réalité de chacun
des territoires et a permis aussi d'adapter des stratégies qui venaient en aide
à des secteurs ou à des MRC ou des municipalités
qui en avaient le plus besoin. Sans négliger les besoins de la ville de
Gatineau, il y a des besoins également là aussi. La MRC des Collines, où
j'ai été préfet, qui souvent est classée, et avec raison, la plus haute
richesse foncière uniformisée au Québec,
bien il y a quand même des poches de pauvreté qu'il faut s'occuper, etc. Donc,
je pense que — et
le ministre l'a dit tantôt — les CRE jouent un rôle différent dans
chacune des régions et je pense que c'est une belle preuve de... si on
veut ne pas faire du mur-à-mur à la grandeur du Québec.
Il y en a qui
veulent et qui... Tantôt, le ministre le disait, là, en Outaouais, là, les
maires tiennent et veulent garder leurs
CRE. On entend d'autres sons de cloche dans d'autres régions du Québec, puis
c'est correct, peut-être que c'est autre chose qui doit être adapté à leur réalité, mais il
faut se rappeler également que les CRE ont été coupées... Chez nous, sous
l'ancien gouvernement, chez nous, c'est
34 %. Donc, le tiers du budget a été amputé en 2013‑2014. Et rajoutez à ça...
Parce qu'il faut se rappeler que les
commissions régionales des territoires... des ressources naturelles et du
territoire, chez nous, ont été amputées de 50 %,
600 000 $ par année. Donc, ça fait en sorte que les CRE et les
commissions des ressources naturelles ont dû
se tourner de bord, puis effectivement ça peut peut-être, depuis ce temps-là,
changer toute la question du pourcentage qui est au niveau du
fonctionnement au lieu, des fois, des services qui sont donnés directement à la
population. Mais il y a également, comme le
ministre en parlait tantôt, toute la question des ententes spécifiques. À l'époque
où j'ai été président de la CRE, je pense
que c'est 14 ententes spécifiques avec les différents ministères, que ce
soit en éducation pour le décrochage scolaire, en immigration, dans
différentes sphères, en environnement.
Donc, je pense que les CRE ou cette façon
régionale ou suprarégionale de planifier sur une planification quinquennale, de cinq ans, sur l'avenir d'une
région, ça date de bien avant les CRE, là, ça date des CRD et peut-être d'avant
ça. Donc, je pense que c'est un élément essentiel. Quelle tournure on y
trouvera, ça sera à déterminer.
Ça, c'était
mon aparté. Pour revenir à l'entente fiscale et financière ou au pacte fiscal,
là, qui est échu depuis 2013, ma
prochaine question au ministre est de savoir... Et, je pense, j'ai commencé à
entendre un début de réponse, là, mais je
veux juste... Quand il entend débuter ces rencontres-là, ces négociations-là
avec les unions municipales? Et je ne sais pas s'il est déjà assez avancé sur une échéance. Et là je ne veux pas
lui mettre de responsabilité ou d'engagement indu.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Merci. Merci, M. le député de Chapleau. Avant de répondre plus spécifiquement à
votre question, là, vous faisiez
référence aux ententes spécifiques. C'est vrai — puis on le voit — que la dynamique est différente. Il y a
des conférences régionales d'élus qui ont,
au 31 mars 2014, signé, depuis 2010, plus de 10 ententes... bien il y
en a une, là, Saguenay—Lac-Saint-Jean, 11 ententes spécifiques, le
Bas-Saint-Laurent, huit, et on voit que c'est variable, pour un total de 100 ententes, si on fait la liaison,
100 ententes spécifiques au 31 mars 2014 depuis 2010. Et les secteurs d'activité, là, il y en a en économie sociale, en tourisme, en
culture, les aînés, etc., c'est... bioalimentaire, création artistique,
innovation, égalité, persévérance
scolaire — vous
l'avez mentionné, je pense, pour l'Outaouais — exploration minérale. Oh mon Dieu! Il y en a que c'est difficile à... Mécanisme de... Ça doit être «de consultation».
Ah! O.K., oui, parce qu'il y a une petite erreur de frappe, là, sur le... Bien-être des hommes. Je ne sais pas
c'est où, ça, celle-là, là, bien-être des hommes. Alors... Non, c'est
bien. Développement agroalimentaire, etc. Alors, on voit que c'est variable...
Une voix : ...
M. Moreau :
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
ça, bien-être des hommes? Alors, si vous voulez des conclusions sur le bien-être des hommes, vous irez au Saguenay—Lac-Saint-Jean, ils sauront vous en parler. Mais
ça montre quand même que la vitalité
des conférences régionales des élus est différente, là, d'une région à l'autre,
puis des fois c'est... je ne veux pas le dire à la blague, la
désignation des ententes spécifiques cache des informations qui peuvent être
extrêmement pertinentes selon les territoires.
Pour répondre
à votre question, moi, je n'ai pas fixé de délai. L'exercice auquel on s'est
livré, d'abord, il fallait prendre
connaissance de l'état des finances publiques. Lorsque j'ai été assermenté comme
ministre des Affaires municipales, la
première chose que j'ai mentionnée en entrevue, ça a été ça, c'est de
dire : Bien, écoutez, oui, on veut négocier une entente fiscale et financière avec les
municipalités, mais il faut que je connaisse l'étendue de la patinoire puis
l'étendue de mon mandat et de voir à
quel point on part. Hier, à l'occasion de l'étude des crédits sur la métropole,
j'ai indiqué que le président du
Conseil du trésor et le gouvernement avaient mandaté deux experts,
MM. Godbout et Montmarquette, et le Vérificateur général pour faire un état des finances publiques. À partir
de ça, le gouvernement, dans la cohérence de ses décisions, a décidé de faire deux commissions : une sur la révision
permanente des programmes, pour analyser et pour dégager les marges de manoeuvre et de voir la pertinence de chacun des
programmes, et l'autre sur la fiscalité, qui touche moins le secteur des affaires municipales, là,
comme je l'indiquais en réponse à une question du député de Gaspé ce matin.
Et, à partir de ça, on a eu le dépôt du
budget, les crédits, nous sommes exactement les deux pieds dedans depuis deux
jours pour ce qui touche les affaires
municipales. Et, dès après l'exercice des crédits, lorsque les crédits
budgétaires auront été votés, nous allons
commencer les travaux. Il y a plusieurs chantiers en cours, je vous les
rappelle parce que certains de ces
chantiers-là vous concernent directement, M. le député de Chapleau, à titre
d'adjoint parlementaire : table de concertation Québec-Québec, table de concertation
Québec-Montréal, table de concertation sur le tronc commun pour le
développement de la charte des
municipalités, établissement du principe des redevances en matière de
ressources naturelles, négociation de
l'entente fiscale et financière que l'on souhaite voir réaliser cette année, ce
qui amène beaucoup de pain sur la planche.
Alors, je ne
veux pas de façon téméraire vous dire : Voici, on va commencer à telle
date. L'idée, c'est de commencer rapidement, de mener, et je l'ai dit,
pour chacun des chantiers, à un rythme soutenu.
Maintenant,
comme je disais au député de Gaspé, si la question des redevances semble être
un élément qui retarderait la
conclusion d'une entente fiscale et financière, on pourra disjoindre l'un et
l'autre des dossiers, l'intention étant
de mettre rapidement... — puis vous l'avez vu dans le compte rendu que vous m'avez demandé
de vous faire sur l'importance des
sommes qui sont mises à la disposition des municipalités du Québec dans le
cadre de l'entente fiscale et financière — donc de mettre rapidement à la disposition
des municipalités du Québec ces sommes et de faire en sorte qu'elles puissent rapidement, pour la préparation
du budget qu'elles devront faire au cours de l'automne puis mettre en vigueur au début de l'année fiscale, qui, pour
elles, correspond du 1er janvier au 31 décembre... mettre en oeuvre,
donc, pour leur permettre de savoir à quoi s'attendre.
Donc, je ne vous donnerai pas de date.
Et j'espère que ça ne vous décevra pas trop, mais vous allez voir qu'on
va être suffisamment occupés pour voir que le calendrier va être occupé à
l'automne.
• (16 h 10) •
Le Président (M.
Auger) : Merci. Et je cède maintenant la... Oui, M. le ministre.
M.
Moreau : ...oublié qu'il y avait un autre chantier, on aura une
commission parlementaire aussi à la fin de l'été sur le projet de loi n° 3 sur... la consultation en matière de
régimes de retraite dans le domaine municipal, les convocations sont rentrées, les ententes sont convenues avec
les oppositions pour les consultations particulières, et qu'à l'automne nous
aurons le plaisir de nous retrouver
vraisemblablement pour l'étude article par article du projet de loi n° 3
et, je l'espère, son entrée en vigueur la plus rapide possible. Alors,
je pense que, si vous avez des activités à faire, faites-les dans les prochains
jours, parce que votre automne... je
ne sais pas s'il va être chaud, je ne penserais pas, mais je pense qu'il va
être occupé.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Et je cède maintenant la parole au
député de Gaspé, porte-parole de l'opposition officielle, pour un bloc
d'environ 20 minutes. M. le député.
M. Lelièvre : Merci, M. le Président. Vous comprendrez qu'à titre
d'ex-ministre délégué aux Régions j'avais un dossier que je m'occupais
particulièrement, qui était la Politique nationale de la ruralité, donc ce
serait difficile de procéder à l'étude des crédits sans en discuter un peu. M.
le ministre, j'aimerais peut-être vous entretenir sur certains éléments suite au dépôt du budget — il y a eu quelques chiffres qui ont été
déposés — mais
certains questionnements, donc des
questions un peu plus, peut-être, pointues sur le plan financier. Après ça, on
pourra aller sur un angle plus général.
Peut-être
pour rassurer, donc, certains intervenants... D'abord, ce matin, dans votre
discours d'introduction, on a cru
entendre — et je
n'étais pas le seul, là — le fait que vous avez parlé de 136 agents de développement.
Dans les MRC, c'est effectivement le
chiffre actuel, mais, dans la PNR 2014‑2024, Politique nationale de la
ruralité, on parlait d'accroître jusqu'à
156... 155 ressources. Est-ce que vous pouvez nous informer de...
Finalement, est-ce que ça va être 155 ou 136?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Vous avez bien entendu le chiffre de 136 dans mon
discours de ce matin puisque je faisais référence à ces gens-là en disant que la nouvelle Politique
nationale de la ruralité permettait de maintenir ces emplois. Effectivement, le
chiffre de 156...
Une voix :
155.
M.
Moreau : 155. On vient d'en faire sauter un. Alors, dans la
Politique nationale de la ruralité, là, 2014‑2024, lancée en décembre 2013, je n'ai pas besoin
de vous donner les détails, vous y étiez et aux premières loges, il y avait un
montant de 49 millions de dollars pour
le renforcement du réseau des agents de développement rural, dont le nombre
pourrait passer de 136 à 155 avec une
brigade particulière d'agents affectée aux milieux à revitaliser. Il n'y a pas de
modification sur les sommes ou les objectifs.
Maintenant,
le fait de ne pas avoir référé au chiffre de 155, là, n'est pas une... vous ne
devez pas lire dans ce silence une
indication particulière. Puis c'est important parce que, vous l'avez dit, la
Politique nationale de la ruralité demeure une des pièces centrales qui est sous la responsabilité du ministre des
Affaires municipales. Puis c'est d'autant plus... Puis je vous remercie de poser la question, parce que
c'est d'autant plus important de le mentionner à l'étude des crédits qu'on a
vu disparaître le R dans l'appellation
MAMROT. Tout le monde se demandait si on avait échappé le R en quelque part,
où est-ce qu'on l'avait placé, mais la
Politique nationale de la ruralité demeure un des mandats du ministre des
Affaires municipales. Puis je disais
ce matin aussi dans mes notes d'introduction que j'étais heureux de voir que
les éléments qui ont fait le succès des projets antérieurs se retrouvent
dans la Politique nationale 2014‑2024.
Vous voulez rajouter
quelque chose?
Une voix :
...
M. Moreau :
Ah! O.K. Bon.
Une voix :
...c'est pour ça qu'on parle de 136 maintenant et 155...
M. Moreau : O.K. D'ailleurs, vous avez participé à ça, les éléments
créateurs du nouvel indice de vitalité des municipalités. J'ai pu prendre connaissance de certaines de vos
réflexions sur ces éléments-là, sur les critères de... notamment aussi sur les critères délimitant le
territoire d'application de la Politique nationale de la ruralité, là, donc,
qui s'appliquent aux municipalités
situées à l'extérieur d'une région métropolitaine de recensement mais dont
moins de 50 % de la population
est rurale. Et là vous aviez suggéré, je pense, qu'il y ait un indice de
référence à la croissance démographique également, comme élément
supplémentaire, si le premier critère entraînait l'exclusion d'une
municipalité.
Alors
donc, ici on parle de 136, maintenant, mais, quand les nouveaux critères liés à
l'indice de vitalité économique...
Une voix :
...il y a aussi le territoire d'application...
M. Moreau :
...et le territoire... Bon. Mais le 155 est lié aux critères liés à l'indice de
vitalité économique. Et il y a trois
paramètres dans l'indice de vitalité économique, soit la démographie, qui sont
les données sur la variation de la population
produites annuellement par l'Institut de la statistique du Québec, le marché du
travail, dont les données sur le taux des travailleurs de 25 à
64 ans produites par l'Institut de la statistique du Québec à partir des
données de Revenu Québec, et finalement le
revenu, soit le revenu médian déclaré par les particuliers, tiré des
déclarations de Revenu Québec. Alors, on est là-dedans. Et, quand ce
nouvel indice là va être connu, là ça nous permettra, à l'automne, à l'automne,
d'amener une variation dans le chiffre de 136 pour ultimement le plafonner à
155.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Merci. Écoutez, un autre élément de questionnement
sur le plan budgétaire : Est-ce que le budget de 63,5 millions qui était prévu pour les
pactes plus mais à partir de la deuxième année d'application de la PNR, donc à
partir de 2015‑2016... Est-ce que ces
budgets-là seraient reconduits par votre gouvernement? Est-ce que c'est prévu
de maintenir l'orientation de l'ancien gouvernement à ce niveau-là?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Bon. Alors, le montant, le montant pour les pactes plus sur la période de neuf
ans — c'est
ça? — est
de 63,5 millions, pour les pactes plus. Maintenant... Et la première année
c'est quoi, vous me dites?
Une voix : La première année,
il n'y a pas d'argent pour les pactes plus, ils ne sont pas encore en vigueur.
M. Moreau :
Regardez, voulez-vous que... On va demander... Plutôt que je fasse
l'interprète, on va demander à madame...
qui est notre sous-ministre responsable de l'ensemble de ces dossiers, que
connaît bien, d'ailleurs, le député de
Gaspé, je pense, puisse répondre à la question. S'il y avait une intervention
politique ou d'orientation, je reprendrai la chose, mais, pour le plan
technique, je pense que ça va être plus efficace pour les fins de nos travaux.
Le
Président (M. Auger) : Est-ce qu'il y a consentement pour cette
intervention? Consentement. S'il vous plaît, vous identifier. Votre nom
et votre titre, s'il vous plaît.
Mme Lambert (Louise) : Oui. Louise
Lambert, sous-ministre adjointe aux territoires.
M. Moreau : Alors, sur les
pactes plus, Mme Lambert.
Mme
Lambert (Louise) : Sur les
pactes plus, dans la Politique nationale de la ruralité 2014‑2024, c'était une
mesure qui entrait en vigueur à
l'année 2 de la politique. Donc, pour cette année, il n'y a aucun crédit,
les crédits vont devoir être votés
l'année prochaine. Et, sur ce, bien, moi... On n'est pas encore rendus là, là,
mais c'est ça, c'est une mesure qui rentre en vigueur l'année prochaine.
Les crédits,
ils étaient progressifs. À la première année... bien, l'année 2 de la
politique, là, ça devait être autour de 2 ou 3 millions, et on
montait en récurrence, là, jusqu'à 8 millions par année.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Merci. Dans le cadre d'élaboration de la Politique
nationale de la ruralité 2014‑2024, nous avons été saisis dans les tournées de consultation mais aussi par des
municipalités plus directement que j'ai eu l'occasion de rencontrer, certaines municipalités qui nous ont
témoigné un peu leur malaise, leur insatisfaction par rapport à leur statut.
J'ai deux municipalités notamment, là, qui
se sont manifestées de façon plus assidue, là, puis j'ai eu le plaisir de
rencontrer le maire ou les...
quelques membres du conseil à quelques reprises avec leurs directeurs
municipaux. Ce sont les municipalités de Sainte-Anne-des-Plaines et de
Verchères...
Une voix : ...
• (16 h 20) •
M.
Lelièvre : ... — exactement — donc deux municipalités qui finalement...
Les élus que j'ai rencontrés nous ont
démontré que, dans le fond, c'étaient des municipalités qui étaient un peu sans
statut, hein, mi-rural, mi-urbain ou ni rural ni urbain, on a fait bien
des jeux de mots avec ça.
Donc,
écoutez, c'est une information qui est sortie, je dirais, là... des
représentations qui se sont faites de façon plus assidue au cours de l'hiver 2014, mais j'avais pris un engagement
notamment avec le maire de Sainte-Anne-des-Plaines, advenant ma réélection au pouvoir ou à
l'opposition : je m'engage à tenter de sensibiliser le ou la... le
décideur qui sera en place à ces
particularités-là, puis je pense que c'est important, à ce moment-ci, de
sensibiliser le nouveau ministre des Affaires municipales au fait qu'il
y a de plus...
On sait que le Québec s'urbanise. Ça, c'est une
réalité. Puis ces municipalités qui étaient dans la couronne, généralement, de la métropole, généralement des
municipalités très agricoles... Et on ne doit pas confondre le niveau de
territoire agricole avec le niveau
territoire rural, ce qui est très différent. Souvent, les gens confondent. Mais, dans les critères d'admissibilité à la Politique
nationale de la ruralité, souvent ces municipalités-là ne cadrent pas, puis elles ne cadrent pas non plus dans des programmes qui sont à caractère davantage
urbain. Donc, un peu en farce, on disait : C'est des municipalités qui tombent dans la craque du plancher à quelque part. Ils ne sont ni urbain ni rural puis ils ne cadrent pas dans les
programmes qui sont applicables dans les deux domaines que sont la ruralité et
l'urbanité.
Donc, dans le cadre de la prochaine entente
Québec-municipalités, est-ce que c'est quelque chose qui pourrait être examiné? Parce que je crois que c'est un
malaise qui a débuté il y a peut-être 10, 15 ans, on entendait parler de ça,
mais là plus ça va, plus ça semble, là, s'enraciner. Donc, je pense que ce
serait un élément de réflexion qui mériterait peut-être
une réflexion, là, dans le cadre du prochain pacte ou de toute autre réforme
municipale, parce qu'il y a vraiment une problématique, puis je crois
qu'on doit s'y attarder, par souci d'équité pour ces municipalités-là.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Bien, vous me parlez de Sainte-Anne-des-Plaines et de Verchères. Verchères, je
suis presque en conflit d'intérêts.
Je suis né à Verchères. Mon père a été maire pendant 30 ans, puis mon
frère pendant, je pense, presque 10 ans. Alors, je connais bien la
municipalité.
Mais on me
dit qu'elle n'a jamais été dans le... Elle est dans la région métropolitaine de
recensement de Montréal, c'est à un
jet de pierre de Montréal. Elle n'a jamais été considérée dans le territoire de
la Politique nationale de la ruralité. Selon Statistique Canada,
81 % de la population est urbaine, même si 95 % du territoire est
zoné agricole et exploité notamment par deux
de mes frères. Alors, on peut s'asseoir puis regarder ça, mais là j'essaierai
d'avoir des témoins à côté de moi pour ne pas avoir l'air de vouloir
avantager la municipalité. Mais on va le regarder.
Même chose
pour Sainte-Anne-des-Plaines. Honnêtement, on me dit que, dans le cas de
Sainte-Anne-des-Plaines, c'est le même constat, qu'elle n'était pas dans
le territoire d'application parce que plus de 50 % de sa population est considérée comme étant urbaine, selon Statistique
Canada. Alors, je comprends que, sur des éléments statistiques, il peut y avoir... l'endroit où on tire la ligne, il y a
quelqu'un qui est collé immédiatement à droite, quelqu'un immédiatement
à gauche. Ça me semble être ce genre de cas là.
Mais, dans le
cas de Sainte-Anne-des-Plaines, 75 % de la population de la ville de
Sainte-Anne-des-Plaines est considérée
comme étant urbaine. Et des personnes considèrent qu'une municipalité devrait
être considérée rurale si une forte proportion de son territoire est zoné
agricole; Sainte-Anne-des-Plaines est zonée agricole à 92 %. Alors, ça
semble être justement les cas de
distorsion, là, que l'on voit dans l'échantillonnage, mais... Écoutez, je ne
vous donnerai pas de décision séance tenante, comme ils disent, mais on
va le regarder avec un oeil attendri.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M. Lelièvre :
Oui. Mon intervention n'était pas nécessairement, M. le ministre, à l'effet
d'inclure ces municipalités-là dans le cadre de la PNR, parce qu'on
l'avait évalué à l'époque, et, en fonction de critères, même en assouplissant, les municipalités ne pouvaient pas
cadrer dans la PNR, mais mon intervention est plus à l'effet qu'au-delà de la PNR, dans beaucoup de programmes, ces
municipalités-là nous ont démontré... Par exemple, au niveau du service de transport, elles doivent payer une cotisation à
la STCUM; au niveau de la police, c'est la même chose. Ils sont un peu entre deux statuts, c'est un peu ce que les
conseils municipaux nous ont fait valoir. Donc, la réflexion va au-delà de la
PNR. C'est plus une réflexion plus
globale qui devrait être faite pour ces municipalités-là qui sont... finalement
ne cadrent ni dans la ruralité ni dans l'urbanité.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui. Non, mais cette situation-là que vous décrivez, là, elle est plus liée au
territoire d'application de la CMM et
où on a certaines municipalités régionales de comté qui sont en partie à l'intérieur
du territoire de la CMM, ce qui
amène, dans l'application des normes de certains programmes, de la distorsion.
Exemple, puis je l'ai exactement dans
mon comté, Châteauguay. Châteauguay, c'est Châteauguay, Léry, Mercier,
Saint-Isidore et la réserve autochtone de Kahnawake. C'est immédiatement sur la Rive-Sud de Montréal, à
l'extrémité sud du pont Mercier. Ça fait partie de la MRC jardins de
Roussillon, puis la MRC jardins de Roussillon est donc dans le territoire
d'application de la CMM. Puis là j'ai des
petites municipalités comme Saint-Isidore qui nous disent régulièrement :
Bien, écoutez, moi, là, le niveau de
service, par exemple, en matière de schéma de couverture de risques, le niveau
de service de police, c'est peut-être élevé
d'exiger le niveau 2, parce que, je le disais en blague, l'événement le
plus violent qui se produit à Saint-Isidore, c'est de voir sortir les épis de maïs de la terre. Alors, ils n'ont pas
besoin d'avoir nécessairement une brigade canine pour assurer une
protection adéquate de leur population.
Mais ça, je
pense que ça déborde le cadre de la Politique nationale de la ruralité, c'est
des choses qui doivent faire l'objet
d'un examen. Puis c'est curieux, parce que je vous lance ça en vous disant
ceci : Je suis convaincu que les maires qui font ces demandes-là et qui vivent ces difficultés-là dans les
programmes... Exemple, ce qui relève plus de la Sécurité publique que du ministère des Affaires municipales
en termes de niveau de service pour la desserte policière, les maires en
demandent moins que ce qui leur est exigé à
l'heure actuelle par la loi. Alors là, il y a une question de
responsabilisation. Puis je ne dis
pas que leur demande est dénuée de sens, mais je dis que, là, de se rendre à
cette demande-là, ce serait une réduction de services. Mais, dans
certains cas, je suis conscient que c'est une réduction de services qui est
souhaitée.
Alors, il
faut voir, dans un contexte semblable, s'il est approprié de se rendre à ces
demandes-là, puis, dans bien des cas,
là, il y a des renouvellements d'entente qui vont supposer que l'on se pose la
question de façon plus importante. Puis ça s'englobe dans la vision ou
la perspective globale de l'utilisation des deniers publics aux fins des
services qui sont
rendus, tu sais. Si on oblige les gens à rendre un niveau de service qui oblige
des dépenses additionnelles, puis les municipalités
disent : Écoutez, on ne les veut pas, là il faudra se poser la
question : Est-ce que c'est souhaitable qu'ils les aient, ou si on doit se rendre à leurs
demandes? Puis, si la question est en ce sens-là, elle dépasse la Politique
nationale de la ruralité. Et je suis d'accord qu'à terme il va falloir
se poser ces questions-là.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Gaspé, vous avez encore quatre minutes à
votre disposition.
M. Lelièvre :
O.K. Ma prochaine question serait en regard des responsabilités des directions
régionales du ministère des Affaires
municipales. Dans le cadre de la Politique nationale de la ruralité mais aussi
dans le cadre de d'autres travaux, on
a constaté — puis on
l'a mentionné un peu ce matin rapidement — plusieurs personnes croient qu'il y a place
à une... On parlait de coordination, de
cohérence de l'appareil gouvernemental dans l'action réalisée dans les régions.
Dans le cadre de la Politique
nationale de la ruralité, on incitait les directions régionales du ministère
des Affaires municipales à assister
les acteurs du développement, les MRC notamment, les agents de développement
dans leur travail, dans leurs responsabilités.
Est-ce
qu'au niveau de ce qu'on appelle la CAR, la conférence administrative
régionale, qui réunit l'ensemble des
directeurs régionaux des différents ministères... Est-ce qu'il serait possible
d'envisager qu'au-delà du rôle de coordination du délégué régional du ministère des Affaires municipales... Est-ce
qu'on peut penser revenir à une période, par exemple, où on avait un rôle plus prépondérant et où le
ministère des Affaires municipales assurait vraiment un rôle de cohésion
de l'ensemble de l'action gouvernementale au sein des différentes directions
régionales en région?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
• (16 h 30) •
M. Moreau :
Je vous dirais que c'est une question qui est dans l'air du temps dans la
mesure où on parle de l'autonomie des
municipalités. Vous voyez, ce matin on avait la Commission municipale puis on
se disait : Est-ce que son rôle
ne devrait pas être revu à l'occasion de ces éléments-là dans le cadre de
l'élaboration de la charte des municipalités? Puis, en termes d'échéance, là, on est dedans, parce que je disais que,
pour Toronto, dans la négociation du statut particulier de Toronto avec le gouvernement de l'Ontario, ce
sont des travaux qui se sont étendus sur une période de deux ans. Nous, on se donne le même délai pour les statuts
particuliers de Montréal et de Québec. Là, vous allez dire : Oui, mais là
je ne parle pas de la métropole ni de
la capitale, je parle des autres municipalités, mais le fait d'élaborer les
lois particulières pour Montréal et
Québec va nous permettre d'élaborer en même temps... de tricoter ce que
j'appelle le tronc commun, qui est applicable aux autres municipalités,
et de voir jusqu'où la question de l'autonomie peut être poussée.
Dans ce contexte-là,
non seulement la Commission municipale, qui est un acteur important dans le
domaine, pourrait voir son rôle se modifier
au fur et à mesure de l'élaboration de la charte des municipalités, mais le
rôle du ministère des Affaires
municipales aussi va se trouver modifié, et donc nécessairement celui des
directions régionales. On pourra le regarder à cette occasion-là. Oui?
(Consultation)
M.
Moreau : Alors, on me donne un document qui a été sans doute
analysé à l'occasion d'une pause-café, parce
qu'il y en a un petit peu sur le coin. Dans la politique nationale, dans le
Pacte rural 2014‑2019, il y a un élément que l'on retrouve à l'item 5.5 qui répond aussi peut-être en partie
à la question, là. Dans les autres engagements pour le soutien aux organismes,
on dit : « Le ministre — et donc le ministre, c'est le ministre, le
ministère puis les directions — notamment par le truchement
du rôle conseil de ces directions régionales :
«a) assure une
présence dynamique au comité de suivi du pacte rural, le cas échéant; et
«b) favorise la
synergie entre l'organisme et les membres de la conférence administrative
régionale pouvant jouer un rôle utile à la mise en oeuvre du pacte rural et aux
initiatives de revitalisation.»
Et
puis je vous le dis parce qu'on a, moi, je trouve, un très bon esprit de
collaboration au sein de la commission, dans la mise en oeuvre de la législation puis des engagements au niveau
des municipalités. Si vous estimez que ce critère d'engagement n'est pas, je dirais, exploité au
maximum ou qu'il y a des éléments d'amélioration à faire, on va le faire
parce que je pense que le rôle de soutien du
ministère et des directions régionales est important, particulièrement dans
des régions où on a parfois, puis vous le savez, de petites municipalités qui
ont des moyens extrêmement réduits.
Moi,
je me souviens, dans ma pratique, d'avoir été avocat de la municipalité du
Lac-à-la-Tortue, puis, quand on allait
aux séances du conseil — ils faisaient venir l'avocat une fois par six mois pour ne pas que
ça coûte trop cher — puis
là ils prenaient leur liste 8½ X 14 de questions à poser à l'avocat
pendant qu'il était pour venir. Là, on arrivait là vers 8 heures le soir, et la réunion du conseil se faisait à une table
qui était devant le pare-chocs du camion de pompiers, parce qu'on était dans le garage du camion de pompiers,
puis là la secrétaire-trésorière disait : Bon, bien, très bien, voici
l'ordre dans lequel les membres du
conseil municipal vont poser leurs questions. Puis ce n'est pas caricatural,
et, je vous dis, c'était d'une grande
efficacité. Puis c'est des gens qui étaient engagés au service de leur
communauté puis qui rationalisaient les
dépenses qu'ils faisaient. Puis ils le faisaient dans un contexte où, je
dirais, il y avait même un certain charme. Puis jamais ils n'ont eu à
utiliser le camion de pompiers pendant une séance où j'étais là, heureusement.
Mais
on imagine les municipalités... Quand on en parle, on parle de Montréal,
Québec, puis des municipalités... comme
s'ils avaient tous des hôtels de ville puis des organisations. Dans certains
cas, c'est presque des organisations qui comptent sur le travail d'une
personne, le secrétaire ou la secrétaire-trésorière ou le directeur général, et
de très peu nombreux travailleurs pour la
mise en oeuvre, sur le terrain, des services municipaux. Alors, c'est clair
qu'on a un rôle d'accompagnement qui est important, puis ça vaut
certainement encore davantage pour les directions régionales.
Le Président (M.
Auger) : Merci. Et, en passant, c'est une très belle municipalité, le
Lac-à-la-Tortue.
M. Moreau : Oui, c'est beau.
Le Président (M. Auger) : Je cède
maintenant la parole à un député du groupe parlementaire formant le
gouvernement. M. le député de Saint-François, la parole est à vous.
M.
Hardy : M. le Président, M. le ministre, collègues ministériels,
collègues de l'opposition, invités, je vous salue, tout le monde. Moi, je vais vous parler d'un
problème concernant le Programme de la taxe sur l'essence et de la contribution
du Québec, la TECQ, T-E-C-Q. Le ministre parlait tantôt... Quand on parle de
municipalités du Québec, on parle de Montréal,
ou de Québec, ou de Trois-Rivières, Sherbrooke, mais il y a aussi les
municipalités rurales. Puis les municipalités rurales, au Québec, aussi ont de différents types d'infrastructures, des
infrastructures d'eau, comme les conduites d'égout et d'aqueduc, qui, la
plupart, commencent à être vétustes, il faut qu'ils investissent pour se
renouveler. Les stations d'épuration d'eaux
usées, il faut qu'ils se remettent à niveau, les usines de filtration, la même
chose, les postes de pompage. On
parle aussi de la voirie locale : il y a beaucoup de routes qui sont sous
la responsabilité des municipalités, qui sont à refaire, qui se sont
affaissées, et puis il y a beaucoup d'investissements à mettre là-dedans.
On sait que
la T-E-C-Q, ou la TECQ, permet la réalisation des travaux pour ses
infrastructures qui sont prioritaires. Toutefois,
plusieurs municipalités ont déjà mentionné qu'elles souhaiteraient utiliser une
partie de leur enveloppe de la TECQ
pour réaliser des travaux visant d'autres infrastructures, comme les bâtiments
municipaux, les infrastructures de sport ou loisir. Certains endroits ou
certaines municipalités ont besoin de faire beaucoup d'investissements pour
réaliser de nombreuses réparations;
on parle d'hôtels de ville qui ont été cédés... c'est des anciennes écoles,
elles ont été cédées par les
commissions scolaires, des garages municipaux,
il y a de l'ouvrage, il y a de... à rebâtir, des toitures à refaire, la
piscine, les arénas, les parcs et aussi on
parle de bâtiments dans les parcs. Ça fait que tout ça, ça implique un investissement.
Les maires de
mon comté, qui est un comté à trois quarts... pour cent rural, seraient très
heureux d'avoir une certaine flexibilité pour avoir à faire... pour
pouvoir faire ces travaux.
Je pense
qu'à ce moment-là je poserais la question au ministre : Est-ce que le MAMOT envisage d'assouplir les règles de fonctionnement de la TECQ pour favoriser d'autres types d'infrastructures? Et que les infrastructures d'eau, par
exemple... autres que les infrastructures d'eau... c'est des mots qui sont assez difficiles à prononcer... autre
chose que les infrastructures d'eau, par exemple, la voirie locale ou les infrastructures de sport ou de loisir... Est-ce
qu'il y a moyen qu'il y ait
des... d'assouplir ces règles-là pour investir dans d'autre chose?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Oui. M.
le Président, merci. Je remercie le député de Saint-François, puis il a raison
de dire que, non seulement dans son
comté, les maires sont heureux puis aimeraient avoir de la flexibilité. Ils
vont avoir une bonne nouvelle parce
que la réponse à votre question, c'est : Oui, il y a de la flexibilité.
J'ai signalé ce matin que les deux unions municipales ont accueilli avec
grand enthousiasme la conclusion de cette entente-là. J'en ai un autre ici, le
maire de Trois-Rivières, M. le Président,
quelqu'un — ce n'est
pas très loin de chez vous, ça, hein, c'est même pas mal proche — qui voyait...
le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, qui était bien heureux de voir
l'entente Québec-Canada reconduite. Sa
citation : «C'est une bonne nouvelle, nous sommes bien contents, ce sont
des montants d'argent importants et nécessaires qu'on doit absolument
maintenir.»
Et ce qui est
intéressant — j'ai eu
l'occasion d'en traiter brièvement ce matin — c'est que, traditionnellement, il y a une gradation ou, en fait, une
priorisation, devrais-je dire, dans l'utilisation des sommes qui sont mises à
la disposition des municipalités dans
le cadre de ce programme-là. Alors, premièrement, de façon traditionnelle, on
devait aller vers l'installation, la
mise aux normes et à niveau des équipements d'eau potable et d'assainissement
des eaux. Quand on avait fait ça, on
pouvait faire des études visant à améliorer la connaissance des infrastructures
municipales. Quand ça, c'était fait,
on pouvait aller au renouvellement des conduites d'eau portable et d'égouts, et
après ça on passait à la voirie locale ou aux infrastructures liées à la gestion des matières résiduelles, travaux
d'amélioration énergétique des bâtiments, construction ou rénovation des bâtiments municipaux et des
infrastructures municipales à vocation culturelle, communautaire, sportive ou de loisir. Mais on devait avoir complété un avant
de passer à deux, deux avant de passer à trois, et trois avant de passer à
quatre.
Or, la souplesse que nous introduisons cette
année, puis, je pense, qui a été notée tout de suite par les unions municipales, c'est que les municipalités pourront
utiliser l'équivalent de 20 % de la somme qui leur est allouée pour
réaliser les travaux admissibles de
son choix, sans tenir compte de l'ordre de priorité. Ce qui veut dire que, dès
le moment où elle reçoit le montant
qui lui est attribuable, elle peut dire : Moi, là, indépendamment... Parce
que certaines municipalités sont déjà
rendues au niveau quatre, mais celles qui ne le sont pas se voyaient dans
l'obligation de concentrer les sommes sur le parcours qui n'était pas fait. Là, elles pourront tout de suite en
prendre 20 %, indépendamment de l'évolution de leurs travaux dans la priorisation des quatre étapes,
puis dire, bien, exemple : Moi, je vais le mettre sur la construction d'un
centre communautaire ou d'un bâtiment lié
aux loisirs, d'un kiosque pour la patinoire municipale, l'hiver, pour permettre
aux gens d'aller se changer ou aux joueurs
de hockey d'aller se réchauffer, lorsqu'on est dans un contexte de patinoire
extérieure.
• (16 h 40) •
Alors, c'est
une flexibilité qui nous était demandée. Puis je l'ai dit ce matin, en termes
de priorité puis de flexibilité, dans
le cadre des négociations entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
fédéral, le gouvernement du Québec a traditionnellement toujours insisté
pour avoir cette flexibilité-là. Puis, je disais au député de Gaspé... La
première question qui
m'a été posée, M. le député de Saint-François, quand je suis allé rencontrer
les préfets réunis à Québec au mois
de juin, je pense, au début juin, c'était de dire : Bien, est-ce que vous
pourriez introduire de la flexibilité, justement, parce que, des fois, on a des besoins qui sont
pressants, mais qui ne sont pas nécessairement liés aux infrastructures ou à la
mise aux normes de l'équipement d'eau
potable ou d'assainissement des eaux. Alors, ils trouvent déjà une partie de la
réponse à cette question-là dans
l'initiative de cette année. Et je ne suis pas étonné de voir que les réactions
sont positives. Et votre question est tout à fait pertinente.
Alors, nous,
ce qu'on veut faire... les sommes qui sont versées par le gouvernement fédéral
au Québec s'ajoutent à la contribution
globale de 90 milliards, 90,3 milliards de dollars du Québec, dans le
cadre du Plan québécois des infrastructures
2014‑2024 qui a été présenté dans le budget de mon collègue le ministre des
Finances. Notre intention est claire
de poursuivre le soutien offert aux municipalités et aux organismes municipaux
grâce à une bonification du fonds de la taxe sur l'essence.
Puis, pour
les municipalités — je l'ai
mentionné ce matin, c'était dans les très, très petits caractères, au bas du
tableau, là — de 6 500 habitants et plus, c'est
une somme de 289,39 $ par personne qui est allouée, selon le décret de la
population en vigueur le 1er janvier, ce qui est une augmentation
substantielle, puisque, dans l'entente précédente, ce montant-là était de
241,36 $. Et, si c'était écrit plus petit, je ne serais pas capable de
vous donner la réponse à votre question. Et,
pour les municipalités de moins de 6 500 habitants, là, il y a non
seulement un montant per capita, mais il y a un montant... une somme forfaire. La somme forfaitaire passe à
427 500 $, alors qu'elle était de 338 230 $, et la somme
per capita passe à 226,13 $, alors qu'elle était de 189,23 $. Alors,
c'est une augmentation substantielle.
Et je dois
féliciter le travail qui a été fait par mon collègue le ministre des Finances
et mon collègue le ministre responsable du Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes, qui était, au premier chef, chargé de la négociation de ce dossier-là, et à l'excellence
des relations entre le Québec et les représentants du gouvernement fédéral,
qui nous ont permis de conclure une entente,
qui, on doit le dire, est très avantageuse pour les municipalités et,
ultimement, pour les contribuables du Québec.
Le Président (M. Auger) : Merci. Je
cède maintenant la parole au député de Vanier-Les Rivières.
M.
Huot : Merci. Merci, M. le Président. J'écoute les interventions
depuis tantôt, puis je me mets à la place de quelqu'un qui tombe sur les différents échanges. Je pense qu'il y a le
ministère de la Santé qui a peut-être des acronymes plus complexes, mais, au ministère des Affaires
municipales, on parle en acronymes. Depuis tantôt, j'entends, bon, le PIQM,
le...
M. Moreau :
...on pense qu'on va être capables bientôt de battre le ministère de la Santé
et des Services sociaux. On travaille fort là-dessus, et je pense qu'on
va y arriver.
M. Huot : Oui, c'est... on travaille
fort.
M. Moreau : Donnez-nous
encore une couple d'études de crédits, puis, d'après moi...
M.
Huot : Bien, je peux vous donner une chance, M. le ministre, là, de
poursuivre là-dessus. Parce qu'on a parlé de PIQM... avec volets, même, volet 5, volet... Fonds Chantiers
Canada, TECQ, FTE, FIMR, on parle de MRC, CMM, UMQ, FQM, donc, etc.
Moi, je vais
en mettre, je veux parler du PQI, donc le plan... Je veux faire un lien avec le
PQI, le Plan québécois des
infrastructures, avec l'ensemble... avec les programmes aussi. Parce que, quand
on regarde les cahiers de crédits... On
l'oublie des fois, là, mais c'est l'étude des crédits qu'on fait, hein? On a
des documents qui nous sont donnés par le ministère des Finances, par le Conseil du trésor. Il y a beaucoup
d'informations là-dedans. Et on ne parle même pas assez de ce qu'on retrouve dans nos plans stratégiques.
D'ailleurs, ça pourrait être un sujet à aborder avec vous, M. le ministre,
plan stratégique, parce que je vois qu'il se
termine en 2013, le plan stratégique du ministère des Transports. Donc, c'est
là qu'on fixe...
Une voix : ...
M.
Huot : ...des Affaires municipales, excusez. Les Transports, c'était
hier que je les ai faits. Donc, le ministre des Affaires municipales, donc... On fait nos, disons... On donne des
crédits aux différents ministères parce qu'ils se donnent des objectifs dans un plan stratégique et ils
rendent compte à chaque année de l'atteinte des objectifs dans leur rapport
annuel, donc il y a une mine d'informations
qui est là-dedans aussi. Mais là je me concentre peut-être plus sur les
documents du Conseil du trésor, quand on... puis qui nous ont été
donnés. On nous a donné le document du Plan québécois des infrastructures. On voit, pour la période 2014‑2024 :
infrastructures municipales, sportives, communautaires et de loisirs, un peu plus de 8,5 milliards; logements
sociaux, un peu plus de 2,2 milliards. Mais ça, ce n'est pas
nécessairement... Quand on parle
d'infrastructures municipales, sportives, loisirs, je ne suis pas sûr que c'est
nécessairement tous des crédits des Affaires
municipales. Il y en a probablement au ministère d'Éducation, Loisir, Sport,
entre autres. Donc, bien comprendre... Parce
qu'après ça on regarde la ventilation un peu par programme dans les cahiers de
crédits, on voit que c'est essentiellement
concentré... principalement, je dirais, concentré dans trois programmes, on
peut dire peut-être quatre, là : modernisation
des infrastructures, programme 2, 426 milliards... millions, pardon;
compensation tenant lieu de taxes et aide financière aux municipalités, 633 millions... pour l'année, là, on
s'entend, là; avec ça, habitation, 424 millions; et il y a
promotion et développement de la région métropolitaine qui a un montant quand
même important aussi.
Donc,
il y a beaucoup d'argent qui est là. On comprend que c'est essentiellement des
transferts. Le budget de 1,8 milliard,
les crédits qui sont donnés au ministère des Affaires municipales, le
1,8 milliard, ce n'est pas pour les... oui, il y a des salaires, évidemment, dans ça, là, mais,
quand on regarde le volet Rémunération, c'est 54 millions, là, ce n'est
pas... on ne paie pas... c'est
essentiellement des transferts, bon, pour de l'aide financière aux
municipalités des différents programmes.
Mais
là, quand on regarde les programmes du ministère des Affaires municipales, sur
le site, on peut voir une liste de
programmes. On voit PIQM volet 5, qui est encore ouvert, celui-là, pour
des projets d'eau potable, égouts. Là, on a annoncé, hier, le FTE, avec le fédéral, 5 milliards, qui est
annoncé. On veut financer aussi des projets d'eau potable, égouts, avec ce programme-là. Là, on a Fonds Chantiers
Canada. Bon, Fonds Chantiers Canada, il y a volet Grandes villes, qui n'est pas tout à fait terminé, qu'on a jusqu'à
mars 2015 pour terminer les travaux, mais on finance aussi avec ça certains
projets d'eau potable, égouts, etc. Donc, on a différents programmes qui
financent des projets similaires.
Donc,
moi, j'essaie de me retrouver dans tout ça, là. Oui, on met de l'argent au Plan
québécois d'infrastructures sur
10 ans. Là, on voit, pour un an où on a peut-être, là, le 10 % de ce
qui a été mis dans le Plan québécois des infrastructures, qui est... qu'on le voit, est transféré dans les
crédits budgétaires cette année, et c'est séparé en différents programmes,
mais qui financent... il y a des ententes
avec le fédéral pour un, il y a certaines choses qui sont faites spécifiquement
pour des régions aussi, il y a des
choses pour la Gaspésie, entre autres. On a des programmes qui sont fermés,
évidemment, dans tout ça, là, qui
sont échus. Mais comment ça se traduit, ce qu'on met dans le Plan québécois des
infrastructures, après ça, dans
différents programmes? Où est-ce que la municipalité se retrouve? Parce qu'il y
a trois programmes qui peuvent financer
la même chose. Il y a même Éducation, Loisir, Sport qui vient financer des
programmes... des infrastructures sportives...
des petites infrastructures sportives avec, notamment, le fonds de
développement du sport, entre autres. Donc, comment les municipalités se retrouvent dans tout ça et pourquoi on va
dans un programme plutôt que dans l'autre pour financer, par exemple, un
projet d'usine d'eau potable?
M. Moreau :
Vous avec plusieurs...
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
• (16 h 50) •
M. Moreau :
Oui, merci. D'abord, vous avez raison qu'on a beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'acronymes au ministère des Affaires
municipales. Je l'ai moi-même fait remarquer. D'ailleurs, un des critères pour
être ministre aux Affaires
municipales, c'est de connaître son alphabet, sinon on ne se retrouve pas et là
on est cuit. Quand on n'est pas cru, on est cuit.
Mais,
pour répondre à votre question, d'abord, voyons le Plan québécois des
infrastructures. Le Plan québécois des
infrastructures, c'est un plan qui est maintenant sur 10 ans et qui
prévoit annuellement quels sont les grands projets d'infrastructures qui doivent être réalisés et
comment le ministère... quelles sont les sommes dont dispose le ministère
année après année pour réaliser ces grands
travaux d'infrastructure là. Et, on le sait, on l'a dit plusieurs fois, le
contexte économique est difficile. Le
gouvernement reconnaît cependant l'importance, dans l'économie, de financer les
infrastructures municipales parce
que, un, directement, ça réduit le déficit d'entretien puis ça assure la
pérennité des services municipaux, mais
en plus ça injecte des sommes importantes dans l'économie, et c'est un élément
qui, en période d'économie difficile... tu sais, ça devient un stimulant
économique important.
Pour
2013‑2014, le budget 2013‑2014 a réduit, en moyenne, de 1,5 milliard de
dollars par année les investissements qui
étaient prévus au PQI, et, malgré cette réduction, le ministère a été en mesure
de maintenir le rythme des investissements en infrastructures auprès des municipalités parce que le rythme réel est
moindre que le rythme qui était originairement prévu. On réalise que le délai de mise en oeuvre des
projets par les municipalités est plus lent que ce qui avait été escompté à la
création du plan. Mais on doit souligner
que, depuis le dépôt du budget 2013‑2014... le PQI 2014‑2024 a été présenté au
moment du budget, il a été axé sur la
relance de l'économie du Québec et le redressement des finances publiques.
Donc, le ministère s'est vu autorisé, pour les 10 prochaines années, des
engagements pour la partie financée par le Québec de
6 933 000 000 $.
Donc,
entre le PQI 2013‑2023 et le PQI 2014‑2024... Parce qu'un PQI c'est sur
10 ans, alors, quand on... dans l'année
2014, c'est que c'est comme un... c'est séquentiel, alors j'ai le PQI 2013‑2024,
je vais avoir un certain nombre d'engagements
financiers, l'année suivante j'ai le PQI 2014‑2024 puis après j'aurai 2015‑2025,
pour toujours garder la perspective
sur 10 ans des montants qui sont prévus pour les engagements financiers
pour la réalisation des projets. Donc, entre
celui de l'an passé et celui de cette année, 2013‑2023 et 2014‑2024, on voit
qu'il y a une hausse 846 millions qui a été octroyée au ministère, et cette hausse-là est attribuable
principalement à l'introduction des investissements sociaux au fonds de
la taxe sur l'essence.
Sur
les programmes. Alors, les programmes ont des... qui sont applicables — là, si on me donnait la ventilation — alors, on a, par exemple, le PRIMEAU, qui,
lui, est un programme d'aide financière qui s'adresse aux
infrastructures en eau, que ce soit de l'aqueduc, de l'égout, de
l'assainissement aussi, exact.
Une voix :
...
M. Moreau :
Pardon?
Une voix :
Pour la mise aux normes.
M.
Moreau : Pour la mise aux normes. Et les différents programmes
comme ça comportent des normes qui sont applicables et qui font en sorte que le projet soumis par la
municipalité s'insère à l'intérieur d'un de ces programmes ou pas. Et j'essaie de me rappeler du nom de notre
autre programme, là, qui est l'aide de dernier ressort, qui s'appelle... Est-ce
que c'est le fonds conjoncturel? Non, je ne l'ai pas. En fait...
Une voix : L'autre, c'est le
RECIM.
M.
Moreau : Le RECIM, voilà. Le RECIM, qui est l'autre programme
qui s'applique au financement d'infrastructures municipales.
Le Président (M. Auger) : Merci. Je
cède maintenant la parole au député de Gaspé et porte-parole de l'opposition
officielle pour un bloc d'échange d'environ 20 minutes.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Ce bloc-là, je le réserverai
spécifiquement pour le dossier de la stratégie de développement de la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, qui avait été adoptée en mai
2013 par mon ancien gouvernement.
C'est un dossier qui m'apparaît très important, puis je crois que c'est
essentiel, dans le cadre de l'occupation du territoire puis des crédits du ministère des Affaires municipales, de
le traiter parce que je ne trouve pas d'autre commission qui, à mon
avis, serait plus pertinente, là, pour en faire... pour en débattre.
Donc, la
stratégie de développement de la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine est un exercice qui a été
réalisé à l'hiver 2013, de janvier à
mars, comme ministre régional, avec un comité ministériel spécifiquement
attitré à ce dossier-là, présidé par
Mme Pauline Marois, notre ex-première ministre. Ce dossier-là a fait
l'objet d'une vaste consultation de plus de deux mois dans la région, plus de 400 organismes et personnes leaders
dans le milieu de la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine ont été rencontrés, et ça
nous a permis de mettre en place un plan, un plan de relance, on peut l'appeler.
Le nom officiel était stratégie de
développement de la région Gaspésie—les-Îles, mais c'est un deuxième plan de relance,
qui suivait le premier plan de relance, qui avait été adopté par
M. Bernard Landry au début des années 2000.
Cette
stratégie inclut des axes de développement à certains égards. À d'autres
niveaux, ce sont des projets concrets qui
sont de tout ordre. On a tenté, lors de la consultation, de se limiter aux
projets moteurs, vraiment, aux projets porteurs qui sont des conditions
de base, là, jugées essentielles pour le développement de la région.
Ce dossier était chapeauté par le ministère des
Affaires municipales, mais quand même guidé par un comité ministériel composé de cinq ministres et présidé
par la première ministre à l'époque. J'aimerais savoir, au sein du nouveau
gouvernement, quelle sera l'instance ou le niveau qui sera imputable,
responsable de ce dossier.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Écoutez, le
nouveau Conseil des ministres se compose maintenant d'un ministre délégué au Développement économique régional, qui relève du
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Exportation. Et, en termes de stratégie de développement économique,
le choix qui a été fait par le premier ministre, ça a été, véritablement,
de concentrer sur le ministre de l'Économie,
de l'Innovation et le ministre délégué au Développement économique régional
le rôle de s'assurer du suivi qui doit être
fait à la Stratégie d'intervention gouvernementale pour le développement de la
région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine.
Alors, le ministre responsable, c'est
véritablement le ministre délégué. Alors, le titre est : ministre délégué
au Développement économique régional. Le
ministre de tutelle est le ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Exportation. Dans le contexte... ou, dans la
vision du premier ministre, on a, dans le contexte difficile des finances
publiques, l'obligation de travailler
sur les deux colonnes. La première, c'est la colonne des dépenses, en faisant
une restriction puis une révision
extrêmement serrée de chacun des programmes, la révision de la fiscalité et,
pour ça, on peut compter sur, je dirais,
la vigilance, l'énergie, l'efficacité et le dévouement du président du Conseil
du trésor et du ministre des Finances, et
la colonne des revenus, que l'on souhaite stimuler. Alors, le dossier de la
Stratégie d'intervention gouvernementale pour le développement de la région de la Gaspésie vise précisément à
stimuler la colonne des revenus. Et le développement économique a été, donc, confié à deux
ministres : un ministre de tutelle, qui est celui de l'Économie et de
l'Innovation, puis le ministre délégué, qui voit particulièrement à
cette stratégie-là.
Le ministère
des Affaires municipales est un ministère qui vient en support à ces
ministres-là, notamment pour la mise
en oeuvre d'éléments qui relèveraient, par exemple, de l'aide financière qui
pourrait s'inscrire dans les programmes gérés par le ministère des
Affaires municipales ou encore en support comme ministère-conseil si le besoin
s'en fait sentir. D'ailleurs, il y a des
comités interministériels, auxquels participe le sous-ministre des Affaires
municipales, là, qui visent la mise
en oeuvre d'une stratégie puis d'une cohésion pour la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine, qui, on le sait, est une région qui fait face à des réalités qui
sont bien particulières et à des difficultés qui méritent de retenir
l'attention du gouvernement.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
• (17 heures) •
M. Lelièvre : Merci, M. le Président. Bon, je
comprends que c'est le ministre délégué au Développement économique régional, bon, qui est le principal porteur du
dossier. Je vous dirais que, dans la région, il y a une certaine confusion
quant aux suites, bon, qui sont d'ordre
politique. Puis le nouveau gouvernement aura le loisir de se positionner par
rapport aux suites de la stratégie,
c'est tout à fait légitime. Mais, dans la région, ce qu'on sent présentement,
c'est un inconfort dû à une incompréhension, un peu, du fonctionnement ou des
suites, éventuellement, qui seront données à cet outil-là. Parce qu'on
peut dire : Bon, la stratégie de développement de la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine,
bon, c'est la bébelle de l'ancien
gouvernement, on tasse ça de côté, mais je pense que ça serait une grave erreur
parce que l'ensemble des dossiers qui
composent cette stratégie-là ont été proposés suite à une vaste consultation
dans le milieu. Donc, on peut dire qu'on ne tient plus compte de la stratégie, mais on ne peut pas dire, par
exemple, que le problème du chemin de fer est réglé, on ne peut pas dire que le problème du mur de
protection de l'arrondissement naturel de Percé n'est pas un problème réel, on
ne peut pas éviter toute la question de l'accessibilité aux services de
transport aérien.
Hier,
j'étais en commission parlementaire avec le ministre des Transports et je
tentais de le sensibiliser à l'importance
que le gouvernement s'attarde à la question du transport aérien. Écoutez, un
billet d'avion Québec-Gaspé, c'est entre
1 000 $ et 1 600 $ du billet. Bonaventure, peut-être
200 $ de moins. Donc, dans une conjoncture où le chemin de fer, le service de chemin de fer est interrompu
dû à l'état du réseau, qui demande des investissements majeurs. Et je rappelle au ministre que le chemin de fer est
propriété et géré par quatre MRC au Québec, donc c'est quatre MRC de la Gaspésie, c'est assez particulier, c'est un défi
de taille. Donc, un service de chemin de fer qui est interrompu, qui nécessite
des investissements d'au-delà de
100 millions pour les cinq prochaines années, autant pour le transport des
marchandises que des personnes. Le
dossier de la cimenterie de Port-Daniel, notamment, a besoin d'être
approvisionné par le service de chemin
de fer, même s'il exporte son produit, bon, vers la côte Est américaine par
bateau. On a vraiment, je pense, plusieurs défis majeurs à relever, la
stratégie qui avait été mise en place était un des moyens.
Maintenant,
les intervenants régionaux se posent... locaux et régionaux se posent la
question comment procéder pour la
suite des choses. Bon, on mentionne ici que c'est le ministre délégué au
Développement économique régional qui va être le porteur du dossier,
mais on a quand même un ministre régional qui est le ministre délégué aux
Transports, responsable de la stratégie
maritime. Donc, pratico-pratique, là, on a deux députés du Parti québécois sur
la péninsule, on a un ministre
régional, qui est du Bas-Saint-Laurent, responsable de la Gaspésie et on a un ministre
porteur de la stratégie, qui est
l'outil de base de développement de la région, donc, qui, lui, est à un autre
niveau. Quand je disais ce matin que le ministère des Affaires municipales avait un rôle de... à mon avis, une
responsabilité en termes de coordination de l'action gouvernementale, c'est ce qui se passait
jusqu'avant les élections. Et honnêtement, comme député, moi, je sens un
certain besoin à ce que quelqu'un,
là, prenne acte, là, de cette responsabilité-là et qu'on se donne une stratégie,
qu'elle soit libérale ou péquiste, ce
n'est pas grave, mais qu'on se donne une véritable stratégie pour mettre en
oeuvre les dossiers de la région qui en a grandement besoin.
Donc,
mon intervention est davantage pour sensibiliser le ministre des Affaires
municipales. Quand on parlait de rôle
transversal, intersectoriel du MAMROT, c'en est un bel exemple, je crois. Puis,
encore là, au niveau du Conseil des
ministres, je souhaite votre collaboration pour pouvoir faire valoir,
notamment, ce dossier de stratégie pour la région, qui est extrêmement
important.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Merci, M. le Président. Bien, ma collaboration vous
est acquise, M. le député de Gaspé. Vous savez qu'effectivement, je le disais ce matin, le rôle du ministre des
Affaires municipales, c'est un rôle qui est horizontal et qui vise à assurer l'occupation dynamique du
territoire, ça veut dire une occupation réelle, et intelligente, et bien
structurée sur l'ensemble du
territoire du Québec. L'origine géographique, je dirais, des ministres a moins
d'importance lorsqu'il s'agit du
développement économique, parce que je suis convaincu qu'ils estiment à juste
titre que leur mandat est important et s'applique sur l'ensemble du
territoire du Québec, quel que soit le comté qu'ils représentent à titre de
députés.
Les
dossiers que vous évoquez... Puis vous avez des indices de l'intérêt du nouveau
gouvernement du Québec à assurer un
suivi de la stratégie d'intervention gouvernementale pour le développement de
la région dans le dossier de la cimenterie de Port-Daniel, où je pense
que... si ce n'est pas vous, c'est certains de vos collègues qui ont posé des questions sur ce dossier-là qui a été revu par le
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Exportation et... qui, après
certains ajustements, a pu dire : Oui,
le gouvernement va donner suite à ça. Donc, c'est déjà là une action qui est
cohérente.
La question du chemin
de fer, j'étais ministre des Transports en 2011, on m'en parlait, et on a
injecté, à ce moment-là, 16 millions de
dollars pour le maintien des infrastructures du chemin de fer. Je ne sais pas
quelle est la suite qui a été donnée
par... puis je ne le dis pas avec une once de méchanceté, là... mais quelle est
la suite qui a été donnée par votre
gouvernement à ce dossier-là, mais les dossiers que vous évoquez sont des
dossiers qui existent depuis un certain nombre d'années et qui se heurtent, au gouvernement, à des réalités
économiques. Mais il est clair que le premier ministre, dans la configuration du Conseil des ministres et
dans la répartition des mandats, veut donner toute son importance aux
dossiers qui, de façon structurée, permettront à la région de Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
de profiter d'un essor économique.
J'aurai
l'occasion d'ailleurs de me rendre
aux Îles-de-la-Madeleine dans les prochaines semaines pour faire des
annonces gouvernementales, justement, qui vont dans le sens d'assurer une
vitalité économique à ces régions-là, puis je le fais dans le cadre de mes
fonctions de ministre des Affaires municipales.
Il y a
d'autres dossiers. J'ai demandé, justement, en préparation des crédits, à ce que l'on me
dresse un portrait très détaillé de
la région Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine puisque je soupçonnais que ces dossiers-là aient une résonance particulière chez vous. Donc, on est bien au fait
de la réalité, vous pouvez compter sur ma collaboration. Les messages
que vous me demandez de transmettre seront
transmis aux ministres responsables et aux collègues du Conseil des ministres, qui
peuvent avoir un impact positif sur le développement
économique de cette région-là, qui
est importante pour tous les Québécois.
Le Président (M.
Auger) : Merci. M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : L'un des outils qui étaient à la disposition
de la région était un fonds, le fonds d'aide aux investissements régionaux, le
programme FAIR, doté d'une enveloppe de 6 millions
de dollars. C'est une enveloppe
qui permettait de moduler certains
programmes quand, par exemple, un promoteur ne pouvait réussir à combler les
normes régulières d'un programme ou encore pour réaliser des
interventions qui n'étaient pas admissibles aux programmes réguliers.
J'aimerais savoir si l'enveloppe de 6 millions, qui est allouée depuis plusieurs
années d'ailleurs... votre gouvernement avait un programme similaire... ce n'est pas rien
de nouveau, on l'avait reconduit. Est-ce
que cette mesure, ce programme spécifique à la région, et qui est extrêmement important, a été reconduit? C'est peut-être d'aller loin, mais
vous pouvez peut-être vérifier auprès de vos collègues. Le cas échéant, si l'enveloppe
a été reconduite, est-ce que le programme
sera disponible bientôt? Parce qu'on sait que beaucoup de dossiers, sur le plan économique, se passent
au printemps et à l'été dans les régions où l'activité économique est
souvent saisonnière.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Alors, la nouvelle responsabilité du développement
économique régional a amené le transfert au ministère de l'Économie, de l'Innovation et de l'Exportation du fonds de
soutien aux initiatives régionales, là, le FAIR, qui est un programme de
subventions qui découle de la stratégie dont vous avez parlé. Le programme est
doté d'une enveloppe annuelle maximale de
6 millions de dollars et pour une période de cinq ans. Alors, le cinq ans
arrive à échéance quand? Est-ce qu'on
le sait? On est à l'année 2. Alors donc, le programme est toujours... Je ne
sais pas si on peut utiliser l'expression
«reconduit». Le programme est en vigueur. Je pense que ce serait plus juste de
le dire, on est à la deuxième
année d'un programme de cinq ans dont l'enveloppe annuelle est de 6 millions
de dollars.
Alors,
le transfert du FAIR implique aussi un transfert budgétaire, mais pas de
transfert de ressources humaines
entre le ministère des Affaires municipales et le ministère récepteur, celui de l'Économie, de l'Innovation
et de l'Exportation. Une somme
maximale de 4 % de l'enveloppe
dédiée annuellement à ce fonds, soit 240 000 $, est réservée pour la
gestion du programme, laquelle est
assurée par le conseil régional des élus Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine en vertu d'une entente
de service que vous connaissez, et l'entente
de service pourra dorénavant être signée par le nouveau ministère titulaire
si le modèle de gestion est conservé.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Gaspé, vous avez encore un quatre minutes à
votre disposition.
M.
Lelièvre : Par rapport au dernier élément de la réponse, un
pourcentage de 4 %, qui équivaut à 240 000 $, a été alloué à la conférence régionale des élus. Ce serait nouveau. Le programme a toujours,
historiquement, été géré par une instance gouvernementale directement.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
Non. Ce qu'on m'indique ici, là, c'est qu'une somme maximale de 4 % de
l'enveloppe dédiée annuellement à ce fonds
est réservée pour la gestion du programme et que la gestion du programme, selon
l'information que j'ai ici — mais là je sens que le sous-ministre veut
intervenir — serait
assurée par la Conférence régionale des élus Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine.
Une
voix : ...
• (17 h 10) •
M.
Moreau : Alors, il
est sous la responsabilité du ministère, mais il
y a des contrats donnés à des
analystes à la Conférence régionale des élus Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine
en vertu de l'entente de service, puis, s'il y avait une nouvelle entente de service ou si on voulait
modifier le modèle de gestion, il faudrait le faire dorénavant
entre la CRE et le ministère
de l'Économie, de l'Innovation et de l'Exportation.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Je prendrais les dernières
minutes qui me sont allouées pour peut-être revenir une fois de plus sur toute l'importance que revêt
le dossier des transports notamment pour la région de la Gaspésie et des
Îles, mais aussi au sein de différentes
autres régions, pour avoir parcouru, là, plusieurs régions au cours de mon
mandat.
Écoutez,
je pense, c'est extrêmement important, à ce moment-ci, de prendre acte que la
Gaspésie est une région éloignée,
mais malheureusement, en fonction de l'état actuel de la situation des
transports, la région est en train de devenir une région isolée, ce qui
est extrêmement inquiétant.
Le
chemin de fer, donc, depuis quelques années, n'est plus en opération et
nécessite... mais, il y a quand même un espoir, on peut le remettre en
opération, mais ça va demander des investissements majeurs.
Du
côté aérien, chaque aéroport, à peu près, dans chacune des MRC bénéficie d'une
desserte, mais malheureusement à un
prix qui est vraiment inabordable. On parle de, c'est ça, entre
1 000 $ et même 2 000 $ du billet pour un aller-retour
de la région vers les grands centres.
Et,
récemment, la seule compagnie de transport par autocar, Keolis, nous déposait
une demande pour réduire de deux à
une fréquence par jour, la desserte. Donc, dans une région où le tourisme est
extrêmement important, où les gens ont
besoin, par exemple, pour des soins de santé, de se déplacer à Rimouski, qui
est l'hôpital le plus près, 1 000 kilomètres aller-retour, c'est
extrêmement préoccupant. Puis on sait que le transport est vraiment une des
conditions de base au développement.
Je
suis conscient que la Gaspésie, souvent, doit faire des demandes qui sont
particulières. Souvent, on est montrés du
doigt. Je trouve ça ingrat, je trouve ça difficile, parce que moi, je me
dis : Le jour où la Gaspésie et d'autres régions auront leur coffre
à outils égal aux autres régions, bien, je pense que les Gaspésiens, puis les
Gaspésiennes, et les Madelinots vont se
prendre en main puis pouvoir assumer leur développement. Sauf que pour te
prendre en main, pour être un bon
ouvrier, ça te prend un bon coffre à outils, et les transports sont un de ces
outils-là extrêmement importants. Donc,
je tenais à rappeler l'importance de tout le débat des transports actuellement.
Et, au cours des prochaines années, le débat doit se faire et des
décisions devront être prises, sinon c'est clair que ça pourrait avoir des
conditions très, très négatives, très... je dirais très difficiles pour
l'avenir et la survie de la région. Merci.
Le Président (M. Auger) : Merci.
Oui, M. le ministre.
M. Moreau :
Oui. Bien, écoutez, sur cette question-là, j'ai eu l'occasion, à quelques
reprises, de visiter la région. C'est une région d'abord magnifique, ne
serait-ce qu'au plan du spectacle qu'elle offre par son caractère sauvage et naturel. Et je pense que c'est, en termes de
beauté, parmi les plus beaux paysages qui puissent exister au Québec. Mais
il ne faut pas s'arrêter à la carte postale,
il faut aller plus loin puis il faut voir qu'il y a des gens qui l'habitent,
puis vous le dites avec beaucoup d'à-propos.
Le dossier
d'Autocar Orléans Express, évidemment, ce n'est pas un dossier qui relève de ma
juridiction, ça relève de la
juridiction du ministre des
Transports. Je sais que la Commission
des transports est en train d'examiner le dossier puis doit rendre sa décision éventuellement. Mais, vous avez raison, il
faut être capable de... Puis j'ai vu
le dynamisme, aussi, des gens de la
Gaspésie, et ce n'est pas parce que... vous n'avez pas à rougir ni à être pointés du
doigt, là. Ce n'est pas parce que
ce sont des gens qui sont des fainéants ou qui ne veulent pas; au contraire,
ils vivent des situations particulières liées à l'occupation du territoire, dans un immense territoire, avec des réalités
liées aux distances à parcourir, à l'essaimage des populations sur un immense territoire. Et ça fait partie
des obligations d'un gouvernement, d'assurer que l'occupation de son territoire puisse se continuer de façon dynamique. Vous avez
très bien résumé la situation. Là-dessus, je partage vos vues et j'exprime aussi le souhait que le travail que nous allons
faire sur le partage des redevances, qui arrivera comme un outil
additionnel en termes de développement économique, comme un revenu additionnel,
comme une ressource additionnelle, sera un
outil qui permettra aux régions, et en particulier
à la Gaspésie, de pouvoir se prendre en main puis d'assumer encore
davantage son développement économique.
Il n'y a aucune région qui doit être laissée
derrière. Il n'y a aucune région qui, occupée, doit avoir honte de sa situation, pas plus la Gaspésie qu'aucune autre
région, que ce soit un grand centre urbain ou une autre région dans n'importe
quelle division administrative du Québec.
M. le Président, j'aurais une petite demande à
vous faire...
Le Président (M. Auger) : ...m'avait
suggéré de vous suggérer...
M. Moreau : Parce que je...
Le Président (M. Auger) : ...de
prendre une petite pause, M. le ministre.
M. Moreau :
Oui, on est à un rythme soutenu et, hier, on a fait ça sans désemparer. Là, on
vous demanderait de désemparer pour
quelques minutes, et j'accepterais même, si mes collègues du groupe
parlementaire ont cette gentillesse-là, que le temps de notre pause soit pris sur le temps du groupe
représentant le gouvernement. Si mes collègues n'ont pas d'objection, on
pourrait peut-être arrêter quelques minutes.
Le
Président (M. Auger) :
J'imagine qu'il y a un consentement pour une pause de quelques minutes. Je suspends
donc les travaux quelques instants.
M. Moreau : Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise à 17 h 30)
Le
Président (M. Auger) : Nous
reprenons nos travaux. Et je cède
maintenant la parole à un député du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. le député de Saint-François,
pour un bloc d'environ 10 minutes. La parole est à vous.
M.
Hardy : Merci, M. le Président. En région, je pense justement à mon
comté de Saint-François, souvent certains projets, certains investissements sont essentiels pour les
municipalités, que ce soient des travaux pour remettre en état des installations de camping municipal, la
restauration d'un site touristique ou encore l'achat d'équipement pour un
centre communautaire. Le recours à
une aide financière externe est souvent nécessaire et, je dirais même,
essentiel, M. le Président. Je pense
au Fonds conjoncturel de développement — si je parle avec acronyme, le FCD — qui vise à soutenir des initiatives qui contribuent au développement économique,
social, culturel, touristique, environnemental et technologique, ces
initiatives qui
peuvent également avoir pour but de favoriser l'occupation et la revitalisation
de différents territoires, dont ceux qui font face à des situations difficiles. Les organismes admissibles sont
les municipalités, les municipalités régionales de comté — les MRC — les organismes du domaine municipal, les
organismes à but non lucratif incorporés, les conférences régionales des
élus — les
CRE — les
coopératives dont les activités sont similaires à celles d'un OBNL ainsi que
les conseils de bande d'une communauté
autochtone. L'objectif visé par le Fonds conjoncturel de développement est
toujours le même : aider des projets à se réaliser et assurer la
vitalité et le développement dans les régions.
Comme je vous
disais au début, je pense à mon comté, parce que dans mon comté, le comté de
Saint-François, c'est une très belle
région. Il y a des municipalités comme Saint-Herménégilde, qui pense à aménager
un parc chez eux pour... Comme vous
le savez, il y a le 150e anniversaire qui va se fêter à Coaticook et
régions. Ça comprend Compton. Ça comprend
le village de Saint-Herménégilde, Sainte-Edwidge-de-Clifton, Saint-Malo. Et, si je parle de Saint-Malo,
c'est un village habité
qui est le plus haut village en altitude au Québec, qui est à 640 mètres
de hauteur, ça fait que c'est une belle
place aussi. Saint-Venant-de-Paquette,
je pense à Saint-Venant-de-Paquette, où réside l'auteur-compositeur-chanteur
Richard Séguin, et puis ils ont aménagé là un sentier qu'on appelle le sentier
du poète. Tout ça, c'est situé dans la MRC de Coaticook.
Vous savez, il y a de belles places touristiques
dans ces villages-là. Les paysages sont vallonnés, et il y a de nombreuses terres agricoles, et forestières, et
sylvicoles situées près de la frontière américaine. Pour le
150e anniversaire de la région
de Coaticook, il va y avoir prochainement l'inauguration du parc Elvin-Baldwin
à Baldwin même, qui a le même âge que
Coaticook, soit environ 150 ans. Et je parlais de restauration de site
touristique et d'achat d'équipement. Eh
bien, il y a la gorge de Coaticook, il y a le pont de la gorge de Coaticook qui
va probablement devenir un pont très éclairé,
un pont lumineux et plein de lumières, et il y a la route des pionniers dans ce
coin-là aussi qui est assez formidable à visiter.
Je parle
aussi de... Pour aide financière externe aussi, qui est souvent nécessaire, je
vais vous parler du Festival des
traditions du monde, qui a lieu à Fleurimont, dans un arrondissement de
Sherbrooke, qui va avoir lieu, M. le Président, le 12 août, en passant. J'invite tout le monde à venir faire leur
tour, hein, c'est le temps de faire l'annonce officielle. Il y a le «Pif» Dépatie aussi qui s'en vient la semaine
prochaine. Ça fait que ça, c'est tous des événements touristiques pour
attirer les gens dans ma région, dans mon comté, puis je trouve que c'est
merveilleux.
Il y a
Lennoxville aussi qu'il ne faut pas oublier, Lennoxville avec son caractère
particulier. Il y a l'Université Bishop's, il y a... Puis
Lennoxville, comme je vous dis, c'est particulier parce que cohabitent dans
cette même ville francophones et anglophones. Ça fait que c'est une
particularité très, très nouvelle.
Je vous
parlais tantôt des organismes admissibles qui sont les municipalités, les
municipalités régionales — les
MRC — les
organismes du domaine municipal, les organismes à but non lucratif. Je pense
que là-dedans tout ce que c'est que je viens de nommer sont inclus.
Les régions du Québec ont à coeur leur
développement tant économique, social que culturel, M. le Président. Plusieurs projets émanent des régions, et souvent
ils ont besoin d'un coup de pouce financier qui peut faire toute la différence
dans la concrétisation ou non du projet.
Le MAMOT est
responsable du programme Fonds conjoncturel du développement, FCD, qui favorise
l'occupation et la réalisation des
territoires du Québec. Ma question s'adresse au ministre : Pouvez-vous
nous dire quels sont les impacts de ce programme pour les régions du
Québec?
Le Président (M. Auger) : Merci. À
titre d'information, au «Pif» Dépatie, c'est encore un tournoi de balle, M. le
député?
M. Hardy : ...un tournoi de balle
qui est international.
Le Président (M. Auger) : Oui, je le
connais. M. le ministre.
M. Moreau : «Pif» Dépatie, moi, j'ai failli faire un appel au
règlement, je pensais qu'on me prêtait des intentions sur le «Pif» Dépatie... ou peut-être
prête-t-on des intentions à M. Dépatie, il devait être bon à la balle.
Mais alors l'invitation est faite, allez visiter la circonscription de Saint-François.
Je veux
remercier le député de sa question. Le fonds, et je pense qu'il le reprend dans
le préambule de sa question, le fonds
est important, l'impact du programme est important pour les régions du Québec.
D'abord, ce sont des projets qui sont
innovateurs. Je demanderai tantôt à la sous-ministre adjointe de vous donner
certains exemples, parce qu'on a un tableau par région de ce qui a pu
être réalisé grâce au fonds.
Alors, premièrement, l'attribution des unités se
fait selon différents critères, là, mais principalement il s'agit toujours
de projets qui sont structurants et qui visent à favoriser l'amélioration et la
qualité des services et des équipements pour la population. En 2013‑2014, le Fonds conjoncturel de développement a permis
de financier 65 nouveaux projets pour un montant d'aide financière
de près de 3,6 millions de dollars, ce qui représente des investissements
de plus de 24 millions dans le milieu, parce qu'il vient en aide.
Alors, c'est un programme important aussi pour
les communautés dévitalisées. Une attention particulière est accordée en priorité aux projets qui ont lieu dans
des régions dont l'indice de développement socioéconomique est plus faible, ce qui leur permet aussi d'avoir un
facteur de croissance; un indice qui est basé sur la démographie, le marché du
travail et le revenu, comme je l'indiquais tantôt.
Et le fonds
permet de compléter le financement de projets. Et je sais qu'il y a
certains projets auxquels référait le
député de Saint-François qui avaient fait l'objet, je dirais, de levées de
fonds considérables dans le milieu, et le Fonds conjoncturel venait compléter ce qui s'est
fait. L'investissement qui est fait dans les projets par le biais du Fonds
conjoncturel ne peut pas excéder 50 %
du coût des dépenses admissibles des projets, sauf pour ceux qui se réalisent
sur les territoires des municipalités dévitalisées, où, là, le taux peut
aller jusqu'à 70 %.
Alors, je
demanderais, avec votre collaboration, à la sous-ministre associée de faire un petit peu, dans le temps qu'il
nous reste, une description des travaux.
Le Président (M. Auger) : En une
minute, est-ce que c'est possible?
Mme Lambert (Louise) : Ah! en une
minute? Oh!
M. Moreau : Une minute, oui.
Êtes-vous capable de m'en donner dans certaines régions?
Mme Lambert (Louise) : Bien, je peux
peut-être donner quelques exemples concrets, là, de projets réalisés. En 2013‑2014, au Bas-Saint-Laurent, réfection du
quai Taché. C'est sur la Côte-du-Sud. C'est le Patrimoine maritime de
Kamouraska, l'organisme bénéficiaire. L'aide : 20 000 $ pour la
réalisation du projet. On voit que c'est des petits montants, mais c'est des
projets porteurs quand même dans ces milieux-là.
Il y a
l'aménagement d'une agora dans la ville d'Amqui. Ça, ça a été un petit peu plus
dispendieux, 100 000 $ d'aide financière.
Dans le Saguenay—Lac-Saint-Jean, il y a eu la
restauration du Musée du fromage de Saint-Prime. C'est la Corporation de la
vieille fromagerie Perron, 115 000 $.
M. Moreau : Fromage que l'on
peut déguster à l'Assemblée nationale, au Parlementaire.
Mme Lambert (Louise) : Ah oui?
M. Moreau : Absolument.
• (17 h 40) •
Mme
Lambert (Louise) : Il y en a
plusieurs, là. Dans La Tablée
populaire de Shawinigan, le bénéficiaire qui a...
Le Président (M. Auger) : Désolé,
c'est tout le temps que nous avions.
M. Moreau : C'est tout le temps que nous avons, mais en fait
vous voyez que ce sont des projets structurants, qui sont très importants pour les communautés, et, on le dit souvent,
des petits montants, mais qui viennent s'ajouter à d'autres, qui indiquent que les communautés se
prennent en main. Et c'est un fonds important, puis je remercie le député de sa question.
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Blainville
et porte-parole du deuxième groupe
d'opposition pour un bloc d'échange d'environ 20 minutes.
M.
Laframboise : Parfait. M. le ministre, je veux revenir sur la Politique nationale de la ruralité. Puis je
vais me servir d'un exemple, parce que Sainte-Anne-des-Plaines, tantôt,
je ne voudrais pas qu'il y ait de... qui est dans ma circonscription, je sais qu'il
y a eu une discussion, là, et puis
mon collègue de Gaspé n'avait peut-être pas l'information. Le maire souhaite faire partie de la Politique nationale sur la
ruralité, là. S'il n'y a pas de correspondance, vous en aurez sûrement, parce que c'est un objectif. Ça vous
donne une image, parce qu'une ville à 92 %... une municipalité à 92 %
zonée agricole dans la CMM...
Je vais vous
conter une anecdote. Le plus grand dilemme présentement, à
Sainte-Anne-des-Plaines, bien c'est l'arrosage
pour les insectes, là, présentement, parce que, bon, ils sont en grande
discussion pour savoir s'ils vont le faire l'année prochaine ou... Parce qu'évidemment, pour couvrir un territoire
assez vaste, en milieu agricole, ça coûte des sous, puis ce n'est pas toujours efficace. Donc, je
vous dis ça parce que je suis allé en fin de semaine pour la
Saint-Jean-Baptiste, et là il y a des gens qui se plaignaient pour les
moustiques, puis pourtant ils ont arrosé pour les moustiques cette année, imaginez-vous. Parce qu'à quelque part un
territoire agricole comme ça puis où on côtoie un milieu urbain, bien, évidemment,
il y a un problème. C'est pourquoi la politique de la ruralité est importante,
parce qu'évidemment vous avez compris que tout l'agrotourisme et toutes
ces choses-là qui font partie de la ruralité, bien c'est le quotidien des
citoyens de Sainte-Anne-des-Plaines.
Donc, je vous
donne ça, là, comme ça pour que vous n'oubliiez pas que Sainte-Anne-des-Plaines
veut faire partie de la Politique
nationale sur la ruralité. Et tant mieux si Verchères aussi, parce que
sûrement que vous allez être capable de faire la part des choses.
La Politique nationale de la ruralité, bon, évidemment,
la programmation 2014‑2024 a été approuvée le 6 novembre
2013, 470 millions sur 10 ans : 340 millions pour le
renouvellement des pactes ruraux; 63,5 millions sur 10 ans pour des pactes plus, affecté à la mise en oeuvre;
49 millions pour le renforcement du réseau des agents de développement
rural.
Le premier
versement était prévu de débuter en 2014‑2015 ou en... c'est-à-dire en 2015‑2016.
C'était ce qu'on avait comme
information. Or, suite à des questionnements, on sait qu'il y a
36,9 millions qui est prévu pour 2014‑2015. Cette année, par contre, on sait que le programme 1, Développement des
régions et ruralité, est prévu d'augmenter de 4,8 millions. Donc, on nous dit qu'il va y avoir 36,9 millions
d'inscrits à compter de 2014‑2015; par contre, on ajoute seulement
4,8 millions. Puis, dans les explications, le 4,8 millions qu'on
ajoute, c'est principalement dû à l'augmentation des coûts liés au remboursement du service de la dette des programmes de
branchement à Internet, parce qu'on présume que le Pacte rural est dans
le volet Développement des régions et ruralité.
Donc,
à quoi va servir ce 36,9 millions là qui est prévu dans les dépenses mais
qu'on ne voit pas? Puis pourquoi on ne le voit pas dans le budget du
Développement des régions et ruralité?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : Oui. Bien, dans le livre des crédits — je ne sais pas si je saisis bien votre
question, là — à la
page 38, là, crédits des ministères et organismes, au
programme 1, Développement des régions et ruralité, au troisième item, Politique nationale de la ruralité, vous aviez
38 790 000 $ pour 2013‑2014 et 36 912 000 $ pour
2014‑2015. Est-ce que vous l'avez?
M.
Laframboise : Oui.
M. Moreau :
Alors, c'est ça, elle s'inscrit depuis 2002 en soutien à la mobilisation des
communautés. Mais vous la connaissez bien,
là. Alors, la politique 2014‑2024, elle est dotée d'une enveloppe de
470 millions de dollars sur 10
ans et puis modulée en fonction des besoins des milieux. Les budgets 2014‑2015
sont affectés aux pactes ruraux pour 33 millions; aux agents
ruraux, vous l'avez mentionné, je pense, pour 4,6 millions; Solidarité
rurale, 781 000 $; et le Fonds d'initiative pour l'avenir rural,
500 000 $. Et les territoires de la Capitale-Nationale relèvent du
Secrétariat à la Capitale-Nationale pour les
crédits, là, alors donc... mais, globalement, le budget, là, vous l'avez aux
crédits de transfert, donc, à la page 38.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : C'est bien. Par rapport à la planification 2014-2024,
pour le 470 millions, est-ce que vous allez honorer ce 470 millions là? Puis, si oui, bien est-ce vous pouvez
nous fournir le cadre financier... ou avez-vous un cadre financier de
prêt pour 2015‑2016, tu sais, pour les années suivantes, là, pour qu'on puisse
le voir?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M.
Moreau : En fait, il n'y a aucune raison de dire que
l'enveloppe globale... Parce que l'enveloppe de 470 millions, elle est sur 10 ans. Je n'ai rien qui me permet
de vous dire aujourd'hui qu'il y a motif à revenir sur ce montant-là. Et c'est dans l'exercice annuel des crédits à
chaque année que l'on verra l'aportionnement du 470 millions, il n'y a pas
de...
M.
Laframboise : ...vous n'avez pas de planification à date de faite, là?
M. Moreau :
Non, il n'y a pas de... Oui, bien il n'y a pas... Non, il n'y a pas de
planification. Simplement pour vous dire
qu'à chaque exercice budgétaire on doit voir quel est l'aportionnement du
470 millions sur la période de 10 ans,
pour 2014-2024. Mais encore une fois je vous le répète, là : Je n'ai
aucune indication qui me permettrait de vous dire qu'il y a une remise
en question de cet engagement-là.
M.
Laframboise : Parfait.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : Une autre question sur un sujet différent. Bon, les
dépenses consolidées, quand on regarde les crédits, les dépenses de programmes représentent globalement près de
65 milliards de dollars, 64 milliards et quelque chose, là,
dans le budget global, dont 1 770 000 000 $ environ pour
votre ministère.
M. Moreau :
Oui.
M.
Laframboise : O.K.
M. Moreau :
Dans le global...
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
Je m'excuse. Dans les programmes, là, au global, vous avez développement des
régions, modernisation, compensations tenant lieu de taxes, etc.
M.
Laframboise : C'est parce que je veux faire le parallèle, M. le
ministre, parce que, quand on regarde le budget global qu'on nous a
fourni dans les crédits, c'est 65 milliards, dont
1 770 000 000 $ pour votre ministère.
M. Moreau : Oui. 777.
M.
Laframboise : Les dépenses consolidées, donc, les dépenses
consolidées, elles, sont de 86 milliards. Donc, il y a un 21 milliards additionnel qui
provient... pour les fonds spéciaux, les organismes autres que budgétaires, les
dépenses reliées au réseau de la
santé et des services sociaux ou de l'éducation, des dépenses financées par le
régime fiscal. Et, si je fais une
échelle, ça voudrait dire que les dépenses consolidées du ministère... Si je
vais à l'échelle, là, 65 milliards pour... qui sont des dépenses de programmes pour 86 milliards de dépenses
consolidées, ça voudrait dire qu'au ministère des Affaires... à votre
ministère, pour 1 770 000 000 $ de dépenses de programmes,
ça représenterait en tout à peu près 2 300 000 000 $ de
dépenses consolidées.
Est-ce que vous avez le détail des dépenses
consolidées de votre ministère?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : On m'indique que
oui derrière moi. Je pense que la réponse mérite d'être plus complète que ça.
M.
Laframboise : C'est l'ensemble du périmètre comptable pour votre
ministère, dans le fond. C'est ce qu'on...
M. Moreau :
...on va demander au sous-ministre de tenter une réponse, là, pour voir... On
va donner l'information dans la mesure de la compréhension de la
question, là. Je demanderais peut-être à M. Boucher de...
M. Boucher
(Sylvain) : Oui. Sylvain
Boucher, sous-ministre. Donc, c'est le budget de dépenses, puis, si vous
voyez, à la page 27 du livre des crédits, à ça on ajoute les budgets
d'investissement...
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : Il y a plus que ça.
Vous avez sûrement les chiffres par rapport aux dépenses. Parce que je comprends celles que vous nous ajoutez, mais il y
en a d'autres aussi qui sont sûrement des... Vous comprenez ce que je veux dire.
Si vous ne les avez pas et si vous vous engagez à nous les fournir, il n'y a
aucun problème.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Non, mais je veux juste suivre, là. Alors, dans
les dépenses budgétaires 2013‑2014, là, vous avez, dans les dépenses probables 2013‑2014, c'est ça, 64 milliards de dollars
pour les dépenses de programmes. C'est là où je vous suis. À la suite,
vous avez le service de dette...
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
• (17 h 50) •
M.
Laframboise : Oui, mais
c'est que les dépenses consolidées sont de 86 milliards. Donc, il y a
d'autres sommes d'argent. Nous, on
s'est adressés au Conseil du trésor, et le Conseil
du trésor nous a dit : Demandez
à chacun des ministères pour obtenir l'information. Parce que
c'est important, M. le ministre...
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : ...consolidées, les dépenses consolidées, ça
implique d'autres ministères que le ministère
des Affaires municipales.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : Non, vous en avez à
l'intérieur de votre ministère potentiellement.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Moi, je vais vous dire, honnêtement, là, je suis bien prêt à répondre à la question dans la mesure où on comprend le détail de
ce que... Ce que vous souhaitez avoir, c'est une ventilation des dépenses
consolidées?
Le Président (M. Auger) : M. le
député.
M. Laframboise : Oui, pour votre ministère.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Du ministère.
M. Laframboise : ...je n'ai pas de problème
avec ça.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise :
Quitte à les déposer plus tard, M. le ministre, je n'ai pas de problème.
Le Président (M. Auger) : Oui, M. le
ministre.
M. Moreau : Pour le moment,
on va...
(Consultation)
Le Président (M. Auger) : Est-ce
qu'on passe à une autre question? Est-ce qu'on dépose un peu plus tard?
M. Moreau : Écoutez, ce que je vous suggère pour ne pas retarder, là,
puis je sais qu'il reste un peu de temps au bloc : à la suspension, à 18 heures, on va s'asseoir ensemble
puis on va voir si on comprend les mêmes choses, avec les gens qui sont responsables des chiffres au ministère,
puis on va vous fournir le détail de ce qu'on a et vous dire ce qui
existe et ce qui n'existe pas, là, il n'y a pas de difficulté.
M. Laframboise : Oui, tout à fait.
Le Président (M. Auger) : Donc, une
autre question, M. le député de Blainville? Oui?
M. Moreau : Ça vous va?
M.
Laframboise : Oui, tout à fait. Donc, ça m'amène à la question suivante puis qui n'est pas... Sur les dépenses
de programmes, donc, on était... Les dépenses de programme
sont à 1 777 000 000 $
pour 2014‑2015. Elles étaient de 1 632 000 000 $,
2013‑2014. Donc, c'est une augmentation de 8,9 %. Tous les programmes,
sauf ceux de la Commission municipale du Québec et de la Régie du
logement, augmentent.
Cependant...
Évidemment, je reviens toujours dans le discours du budget à la page 35,
ce qu'on se disait ce matin, là. Le
ministre des Finances a demandé des gains de productivité de 2 % de la
masse salariale, de 3 % du fonctionnement. Or, selon le livre des crédits, les rémunérations
augmenteront de 4,12 %, et les crédits de fonctionnement, les dépenses,
d'un 3 %.
Donc là, évidemment, M. le ministre, est-ce
que... Ce matin, vous nous avez déposé les efforts que devait demander le ministère de la métropole, et tout ça,
mais est-ce qu'on peut avoir aussi les efforts demandés... Parce que je
présume que le livre des crédits n'est pas conforme à la volonté du ministère
des Finances, là.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Alors, écoutez, je ne dirais pas que le livre des crédits n'est pas conforme,
le livre des crédits est conforme à
ce qu'il doit être, mais vous avez raison de dire que les efforts demandés
n'apparaissent pas au livre des crédits. Alors, est-ce que votre question,
c'est d'obtenir quels sont les...
M. Laframboise : Ce matin, vous nous
avez...
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : Excusez-moi. Oui,
M. le Président.
M. Moreau : La ventilation?
M.
Laframboise : Ce matin, vous nous avez donné une ventilation. Ça fait
que, là, il nous resterait, si vous le vouliez, là, à déposer la
ventilation.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Est-ce qu'on l'a?
Est-ce qu'on a la ventilation sur les efforts de compression?
(Consultation)
M. Moreau :
Alors donc, c'est le programme 4, Administration générale. Bien, vous
l'avez eu quand on vous a déposé le
document pour la Commission municipale du Québec. Alors, sur le même document,
vous avez Administration générale,
programme 4, réduction des dépenses de fonctionnement de nature administrative
de 1 %, dernière année du Plan
d'action pour la réduction et contrôle des dépenses 2010‑2014, qui visait à
réduire graduellement les dépenses de fonctionnement en vue d'atteindre
10 % de réduction en 2013‑2014, soit 1 458 000 $. Alors, il
y a, pour 2013‑2014, 145 000 $
d'identifiés. La réduction des dépenses de fonctionnement de 3 %, l'effort
est évalué à 508 000 $, qui doivent être identifiés en 2014‑2015.
C'est exact, M. le sous-ministre?
(Consultation)
M.
Moreau : O.K. Alors, pour vous donner des exemples de ce qui a
été fait, là, le ministère a réduit de 200 appareils
son parc de micro-ordinateurs. Il y a eu du délestage d'applications qui a
permis une économie de 135 000 $ au niveau des infrastructures
technologiques du ministère.
Et alors,
pour l'identification de l'objectif à atteindre, là, de 508 000 $,
alors ce qui est mis en place comme actions pour réduire les frais de fonctionnement, tous les contrats en services
professionnels et auxiliaires ainsi que les achats doivent être revus
sur le caractère incontournable et obligatoire en fonction des priorités. Le
ministère a privilégié la rédaction et la
révision linguistique à l'interne, ce qui était fait en impartition, j'imagine,
avant, en s'assurant de veiller à la qualité
de la langue française dans les communications ministérielles. Le recours à des
services externes a donc été réduit considérablement.
Suivi rigoureux de la politique de commandite, qui a permis de gérer de manière
efficace et économique les
commandites du ministère. Des ententes de partenariat avec les principaux
partenaires du milieu municipal permettent d'avoir des tarifs
privilégiés, notamment dans les médias. Il y a un partenariat qui a été
développé avec les unions municipales pour
promouvoir la Semaine de la municipalité et accroître la diffusion de
l'information du ministère auprès de
la clientèle. Et, en début d'année 2013‑2014, le ministère a implanté un outil
de conférence qui s'appelle WebEx. Ce n'est
pas un acronyme, c'est un néologisme. Cet outil est utilisé très activement par
les régions et a permis de réduire les frais de dépenses pour plusieurs
employés, notamment liés aux frais de déplacement, là, qui sont importants.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville. Encore un quatre minutes.
M. Laframboise : Il manquerait le
programme 2, Modernisation des infrastructures municipales, qui, lui, a augmenté de 4,9 %, qu'on n'a pas dans les
chiffres que vous nous avez donnés, et le 8, Régie du logement, qui augmente
de 4,3 %. Donc, le 2 et le 8, si vous pouviez nous les fournir...
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Vous parlez
toujours des efforts, des mesures de réduction?
M. Laframboise : Oui, c'est ça.
M. Moreau : La Régie du
logement, on l'a vu hier, mais est-ce qu'on a le document sur le
programme 2?
(Consultation)
M. Moreau :
Ah! O.K., un instant. Le programme 2, Modernisation des infrastructures
municipales, ça, c'est du service de dette.
M.
Laframboise : ...moi, c'est sur la rémunération à l'intérieur.
Excusez, M. le Président. C'est la rémunération à l'intérieur de ces
programmes qui m'intéresse, là, par rapport à ça.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Alors,
M. Boucher va vous l'expliquer.
Le Président (M. Auger) :
M. Boucher.
M. Boucher
(Sylvain) : Ici, il y avait
une partie des salaires qui venait des... qui résultait des ententes fédérales,
avec le fédéral, donc, dans le Fonds Chantiers Canada, et donc cette
année, compte tenu que l'entente n'est pas signée, bien il a fallu provisionner
le montant des salaires. Il n'y a pas plus de personnes, mais il y a une partie
que Québec doit assumer tant qu'on n'a pas signé les nouvelles ententes.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : La Régie du
logement, c'est... Le programme 8, lui?
Le Président (M. Auger) :
M. Boucher.
M. Boucher
(Sylvain) : La Régie du
logement, je pense qu'on en a parlé hier, c'était au nombre de régisseurs
qui a augmenté, là. Il y avait des vacances,
puis ils ont été renouvelés. Donc, ici, c'est provisionner le salaire, entre
autres, des régisseurs.
M. Laframboise : Puis est-ce qu'il y
aura des efforts aussi...
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : Oui, M. le
Président. Il y aura des efforts aussi de...
M.
Boucher (Sylvain) : Oui. Bien, ils sont demandés aussi. Je pense que
le ministre en avait parlé hier, qu'il y avait des efforts demandés à la régie
comme les autres organismes, puis je pense qu'il avait été déposé, le papier...
M.
Laframboise : Non, c'est ça. Si vous pouviez...
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : Excusez. Si vous pouviez les déposer, ça... On a eu
juste une feuille de deux.
M. Boucher
(Sylvain) : Ah! bien c'est ça! Il manquait peut-être ça.
M.
Moreau : Ah oui! Bien oui, pour la Régie du logement. Vous êtes
un collectionneur, vous, M. le député de Blainville. Alors, on va le
déposer.
Donc,
le programme 8, Régie du logement, réduction des dépenses de fonctionnement de
nature administrative de 1 %.
Ça, c'est quoi? C'est 28 900 $, 28 900 $, gains de... Puis
cette année, 2014‑2015, l'effort est évalué à 346 000 $, donc gain de productivité représentant 2 % de
la masse salariale qui est évalué à 283 000 $, et, réduction des
dépenses de fonctionnement de 3 %, l'effort est évalué à
63 400 $.
M. Boucher
(Sylvain) : Et il y avait... Je pense qu'on vous a présenté hier...
Le Président (M.
Auger) : M. Fournier.
M. Boucher (Sylvain) : Il y avait un élément de système informatique,
là, qui venait d'être complété, et ça aussi réduit les dépenses cette
année, compte tenu que ça a été payé l'année dernière.
Le Président (M.
Auger) : Je m'excuse de vous avoir débaptisé, M. Boucher.
M. Boucher
(Sylvain) : Oui. Excusé.
M. Moreau :
Vous l'avez baptisé comment?
Le Président (M.
Auger) : Fournier.
• (18 heures) •
M.
Moreau : M. Fournier. Moi, hier, je l'ai baptisé
M. Bouchard, et il m'a... qui était assis à la place de M. Fournier,
alors...
Le
Président (M. Auger) : Je m'en excuse. M. le député de Blainville,
vous avez encore 1 min 30 s à votre disposition.
M.
Laframboise : J'ai encore une minute?
M. Moreau :
Oui. Alors, je vais déposer, donc, M. le Président...
Document déposé
Le Président (M.
Auger) : Ah oui! Avec plaisir.
M. Moreau :
...le programme 8, Régie du logement, à la demande du député de Blainville, là,
qui reflète les informations que je lui ai données verbalement.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville, une minute.
M.
Laframboise : Oui. Sur la Société d'habitation du Québec, selon les
chiffres fournis à la page 22 du budget des organismes autres que budgétaires, les revenus autonomes de la
Société d'habitation du Québec sont prévus diminuer de 4,9 % en 2014‑2015 en passant de
701 millions à 667 millions. Pouvez-vous nous dire pourquoi les
revenus diminuent, là, puis expliquer ce qu'il en est?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre, rapidement.
M. Moreau :
Oui. Un instant, on va se rendre à la page.
Le Président (M.
Auger) : Oui, aucun problème.
(Consultation)
M. Moreau : ...vous aviez,
là, sur...
M.
Laframboise : 2014‑2015, 701 millions, puis c'était
666 millions auparavant... Je m'excuse. 2014‑2015, c'est
666 millions, alors qu'en 2013‑2014 c'était 701 millions.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre, avez-vous retrouvé cette fameuse page?
M.
Moreau : Oui, oui. C'est la page 22 du — attentez un peu, comment il s'appelle, lui? — budget des organismes autres que
budgétaires.
Alors,
votre question, c'est : Qu'est-ce qui explique la réduction, les résultats
sur les autres revenus? Je pense que c'est
une réduction des sommes versées par le gouvernement fédéral à la Société
d'habitation du Québec. Mais je ne veux pas vous induire en erreur, là, on pourra le vérifier puis vous revenir
avec l'information précise. Mais je pense que c'est ce qui justifie ça.
Le Président (M.
Auger) : Merci, messieurs. Effectivement, on va revenir avec... un
petit peu plus tard.
Donc, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'à 19 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à
18 h 2)
(Reprise à 19 h 34)
Le Président (M.
Auger) : Bonsoir à tous. Nous reprenons nos travaux.
Je
vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du portefeuille Affaires
municipales et occupation du territoire pour l'exercice financier 2014‑2015.
Je cède la parole au ministre pour apporter quelques réponses au député
de Blainville, je crois.
M. Moreau :
Oui. Alors, M. le Président, comme nous nous y étions engagés, Mme Plante,
Sylvie Plante, la directrice des ressources
financières, a préparé un document pour répondre à la question qu'avait
soulevée le député de Blainville sur la baisse des revenus autonomes à la SHQ pour...
c'est-à-dire la comparaison entre l'exercice 2013‑2014 et
2014‑2015, qui montrait une variation à la baisse de
34 315 000 $... oui,
parce que ça, c'est un cas. Très bien. C'est fait à la main, mais on va vous en déposer une copie.
Alors, les autres revenus composés de revenus de fonds fédéraux provenant
de la SCHL, Société canadienne d'hypothèques
et de logement, l'explication de la baisse de 34,3 millions est
attribuable, notamment, à la
diminution des fonds fédéraux d'environ 30 millions en 2014‑2015
relativement à la baisse d'investissement dans le programme réparation, amélioration et modernisation... ou
réparation majeure sur les immeubles, de 336,4 millions à
282,9 millions en 2014‑2015, la part fédérale étant de 54 %. Alors,
vous avez l'explication qui est là.
Je
vais déposer le document, M. le Président, pour le bénéfice de nos collègues.
De même, je comprends qu'avant la pause
le député de Blainville avait posé une question relativement au fonds
consolidé. Je comprends qu'il a reçu les explications requises et qu'il
s'en déclare satisfait. C'est exact?
Le Président (M.
Auger) : Oui, M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : Merci, M. le Président. Déclaré qu'on a bien répondu à
ma question sur les dépenses consolidées. Merci.
Le Président (M.
Auger) : Merci, M. le député.
M. Moreau :
M. le Président, je vais déposer le document...
Document déposé
Le Président (M.
Auger) : Oui, M. le ministre.
M. Moreau :
...sous la cote P-1. Non. Non, ça, c'était une autre vie, ça.
Le Président (M.
Auger) : Oui, une ancienne vie. Donc, je cède maintenant la parole au
député de Mégantic pour un bloc d'environ 14 minutes.
M.
Bolduc
(Mégantic) : Merci, M. le Président. Comme
vous le savez très bien, l'accès à une connexion Internet est devenu
pratiquement essentiel, autant pour les citoyens que pour les entreprises. Et,
dans nos régions rurales, ce problème-là est
devenu un peu exaspérant parce que, dans beaucoup de secteurs dans l'Estrie,
dès qu'on s'éloigne des réseaux
routiers principaux, les municipalités n'ont pratiquement aucun accès, O.K. Non
seulement le câble est un problème, l'Internet est un problème et le
téléphone cellulaire.
Donc, on a
des... ce que je qualifierais des trous noirs distribués un peu partout dans
nos régions, et ce problème-là est
devenu un frein économique parce que les populations, souvent, considèrent que
ce service, étant essentiel, n'étant pas
disponible, la plupart du temps, ils abandonnent et ils déménagent à proximité
des centres urbains, où la qualité de ces services-là leur est
disponible.
Donc,
il devient de plus en plus difficile de faire du développement municipal, de
faire du développement de région, même
si on dispose d'un arsenal d'outils. Bien, à titre d'exemple, l'article
59 pour construire dans les régions plus rurales à partir des lots à bois, etc., il y a toutes
sortes de gens qui sont intéressés, mais, dû au manque de services et de
disponibilité, il devient très
disponible... très difficile pour ces gens-là de s'installer. Et, très souvent,
vous savez, les jeunes familles, aujourd'hui,
qui ont des niveaux d'éducation relativement élevés, il y en a toujours un des
deux conjoints qui est prêt à se déplacer
pour voyager, et l'autre doit avoir un revenu plus autonome et, souvent,
travailler à partir de la maison. Mais, si on n'a pas atteint un certain
niveau de services minimum, il devient pratiquement impossible de pouvoir
garder ces gens-là, si on veut, dans nos
secteurs ruraux. Même, j'ai beaucoup de municipalités dans mon comté et dans le
comté voisin... Pour nous, ça devient très, très difficile de maintenir
ces développements-là.
Si on
considère aussi le contexte où nous essayons de développer beaucoup
d'agriculture maraîchère et de culture un
peu spécialisée — par
exemple, la chèvre, le canard... on retrouve toutes sortes de produits
maraîchers, les petits fruits entre
autres — la
plupart du temps, un des conjoints se concentre sur la partie que je
qualifierais d'agricole, tandis que l'autre
conjoint va se chercher un revenu externe, et ce compromis-là leur permet de
faire du développement régional et d'essayer
de développer une autonomie sur leur territoire et leur production pour se
rendre plus autonomes. Mais, pour ces
gens-là, la plupart du temps, le service Internet et le système téléphonique,
les cellulaires entre autres, deviennent des problèmes de plus en plus
importants dans l'évolution.
• (19 h 40) •
Donc, la
relation d'affaires... qui sortent des limites de la municipalité, qui
s'étendent sur l'ensemble de la province et même du pays... Et j'ai même, dans le comté, plusieurs personnes qui résident, qui travaillent, en
fait, comme employés autonomes pour
des entreprises de Montréal, et la proximité ou la disponibilité du réseau,
pour eux, représente un élément essentiel
dans leur capacité à accomplir leur travail. Ça fait que, quand je dis que l'Internet
est devenu essentiel pour les familles et plus particulièrement pour les
jeunes, c'est même vital.
Et encore là
on frappe un nerf relativement sensible. Je vous donne un exemple : Dans
nos régions, un des moyens de retenir
les jeunes, par exemple, c'est de faire l'éducation locale. Si on veut
les retenir, après, il faut leur donner les services auxquels ils s'attendent. Par exemple,
en ayant un cégep local dans la région de Mégantic, nous avons réussi à passer d'un taux de rétention de quelque chose comme 40 % à 80 %. Mais, si
on ne leur maintient pas un service adéquat, après quelques années, ils se découragent et ils se retournent
vers des centres plus développés, où les services sont plus facilement
disponibles.
Donc, le
service Internet et le service téléphonique, c'est vital pour le développement
de nos secteurs ruraux. Il suffit de
les voir aller avec les téléphones cellulaires, tout
le monde les voit, O.K.,
les cellulaires, iPhone, qui sont toujours avec eux. Cependant, les régions
éloignées, on n'a pas toujours cette facilité-là. On a même, dans certains cas, beaucoup de
municipalités qui sont prêtes à investir des sous et de faire
des règlements d'emprunt pour se donner, justement,
ce type de service là parce que
ce n'est pas disponible facilement. Donc, on est prêts à investir et de faire faire
des rachats par les entreprises par après pour pouvoir garantir le
service à long terme dans ces municipalités-là.
Donc, l'accès
à une connexion Internet fiable et rapide, c'est vraiment
quelque chose d'important puis c'est un problème qui limite tellement qu'on ne pourrait
plus imaginer aujourd'hui, pour les gens surtout qui vivent dans les
secteurs urbains, quels types de problématiques ça peut représenter dans nos régions. En fait, la valeur même des
résidences et des propriétés est
affectée par ce type de service là aujourd'hui non
seulement dans les municipalités, mais surtout dans les régions
encore plus rurales, et ça devient très difficile pour les jeunes de s'en
passer. Donc, ce qui fait qu'à la fin de la journée on se ramasse avec des résidences qui ne pourront jamais se
vendre à leur coût de construction, et je dirais que, dans le sens général, dans nos périmètres ruraux,
c'est un phénomène largement répandu. Donc, il faut s'en préoccuper,
et cette problématique affecte l'ensemble de la population.
Et, quand on
regarde là où on commence à avoir des services, dans certains secteurs où se
créent des noyaux... je vous donne un exemple. Dans un secteur de ma
région, on a une MRC qui est en train de considérer peut-être de déplacer
le service de la MRC vers un centre où il y
a définitivement un service d'accessibilité à Internet à haute vitesse parce
que ça va leur permettre de donner un
beaucoup meilleur service à la population. Donc, vous voyez le type d'effet que
ce genre de développement là a comme impact, quand on nous dit que les
MRC et les municipalités sont prêtes à déplacer des services centraux pour les
amener à des endroits beaucoup meilleurs.
Aussi, pour
les familles qui ont des enfants à la maison, qui fréquentent l'école, il
devient presque indispensable pour
les jeunes aujourd'hui, si on veut donner à leurs enfants un environnement qui
est propice à l'apprentissage et qu'ils puissent effectuer des recherches... surtout, vous savez, quand les
jeunes arrivent au secondaire, ils commencent à développer leurs capacités de recherche et d'apprentissage,
mais, si on n'a pas de potentiel d'Internet... puis pour ceux, là, qui n'ont
jamais essayé ça, là, essayez ça, du 30 kilobits par seconde, là, vous voulez
décharger une image, puis ça vous prend 10
minutes, puis là vous vous demandez ce qui va vous sortir puis... bien souvent,
on ne peut même pas avoir l'idée de ce qui se passe.
Donc, ça
devient un enjeu académique pour l'apprentissage des jeunes. L'aspect
communication devient impossible. O.K.,
c'est simple, on sait que Google, Facebook, Twitter sont
des outils de communication formidables,
mais, si on n'est pas capables de
mettre les jeunes en contact avec ces outils-là, bien on se prive d'une qualité
de formation et d'apprentissage qui, vraiment, avec le
temps, pourrait créer un recul significatif pour nos jeunes.
Enfin, pour les entreprises, il s'agit d'une problématique
encore plus importante, et je vais vous donner un exemple. Dans un secteur
américain où on avait installé des fibres optiques parce que la capacité du système
le leur permettait, des milliers d'emplois
ont été créés à court et à moyen terme, justement, parce que
la disponibilité était là. Puis j'ai
la contrepartie de ça dans mon comté, où j'ai un secteur, une municipalité qui s'appelle Saint-Sébastien, où il y a plus d'emplois que
d'habitants. C'est un peu triste quand on considère que ce genre d'environnement là existe. Vous avez une municipalité qui a 700 emplois
puis 700 habitants. O.K. La plupart des gens qui y travaillent
résident dans les secteurs périphériques où l'accessibilité
aux services se fait, et on préfère avoir les familles dans les endroits où les
services sont disponibles et accessibles, et le travailleur se déplace pour se
rendre à son travail.
Et l'entreprise, par elle-même... Je vous donne des exemples où on a des entreprises
qui exportent à 80 %, 85 %
et qui ne sont pas capables de faire
un développement de réseau Internet adéquat pour desservir, finalement,
l'accessibilité à leur population.
Donc, je pense que je vous démontre que
l'Internet, c'est quelque chose de bien important. La relation avec l'étranger, c'est quelque chose de bien important
dans nos secteurs qui font beaucoup d'exportations, que ce soit avec des clients, que ce soit avec des fournisseurs.
Donc, l'impact de la présence ou non d'une connexion Internet fiable est
donc direct et concret, tant sur le plan économique que social.
Alors,
j'aimerais savoir, M. le ministre, quelles sont les retombées du programme
communautaire rural branché pour nos régions.
Le Président (M. Auger) : ...M. le
ministre. Vous avez 2 min 30 s à votre disposition.
M. Moreau :
O.K. Bon, bien, alors je vais remercier le député de Mégantic pour sa question.
En deux minutes, je vais aller directement à la réponse, là, à
la...
D'abord, il
faut savoir que le programme Communautés rurales branchées a été lancé en 2008,
et c'est une enveloppe totale de
24 millions de dollars. Puis j'ai vu, lorsque j'ai rencontré les gens de
la Fédération québécoise des municipalités,
qui portent un intérêt très marqué à l'idée de voir s'étendre le réseau...
Alors, j'ai demandé au ministère de
m'indiquer quel était le taux de couverture du territoire québécois. Ce qui est
intéressant de constater, c'est que le taux de couverture du territoire en Internet haute vitesse — puis là je comprends que, Internet, il y a
haute vitesse puis il y a haute, haute,
haute vitesse, là, mais en haute vitesse, qui est de... la haute vitesse étant
définie comme 1,5 mégabit à la seconde, c'est quand même quelque chose — donc la couverture du territoire, c'est de
l'ordre de 99 %, selon le standard actuel qui fixe cette vitesse de
téléchargement.
Maintenant, le gouvernement fédéral, dans son
dernier budget, a annoncé un montant de 305 millions dans le plan Chantiers Canada pour améliorer et étendre le
service à large bande, qui, lui, est de cinq mégabits-seconde, donc
un peu moins de quatre fois plus rapide. Et
ce que l'on fait, c'est qu'on travaille pour que le fonds soit utilisé
efficacement au Québec pour répondre aux besoins des milieux ruraux du
Nord. Il est clair que, dans un contexte actuel d'ère de communications et de télécommunications, tout le
monde est branché sur... Dans une famille, je pense qu'il n'y a pas un membre de la famille en haut de 12 ans qui
n'a pas un téléphone cellulaire ou qui... qu'il n'utilise pas de façon
régulière, soit pour les études, soit
pour le travail. Et donc ça fait partie de la dynamique de l'occupation du
territoire, de s'assurer que, là où les communautés s'installent, ces
services-là soient offerts.
Vous êtes
conscients bien sûr que, dans le contexte budgétaire actuel, le gouvernement
est sensible à la question. Je l'ai mentionné aux représentants de la
Fédération québécoise des municipalités, mais on n'a pas l'ensemble de la portée du programme fédéral. On connaît le montant
de l'engagement, mais on n'a pas le détail de la portée et on va attendre
de voir quels sont les critères et les conditions d'application du programme
pour qu'on puisse évaluer l'opportunité de mettre en place une mesure
qui soit complémentaire.
Cela dit,
nous sommes sensibles à ces demandes-là, et, dès que nous aurons les éléments
de détail de portée du programme, on sera en mesure de réagir, ce que nous n'avons
pas pour l'instant. Mais la question est extrêmement pertinente et fait écho à ce que les élus
du monde rural nous communiquent comme préoccupations.
• (19 h 50) •
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Gaspé et
porte-parole de l'opposition
officielle pour un bloc d'échange d'environ 20 minutes. La parole est à vous.
M. Lelièvre : Merci, M. le
Président. J'aimerais aborder le sujet de la décentralisation, de la
déconcentration puis de la régionalisation,
trois thèmes que le ministre a abordés en discours d'ouverture ce matin, mais peut-être
aller un peu plus en détail.
Le Québec
parle de décentralisation depuis très longtemps, peut-être trop longtemps, peut-être
qu'on n'y croit plus, même. C'est
rendu un sujet quasi tabou, hein, d'en parler. Mais tant notre gouvernement dans la dernière année que le nouveau
gouvernement récemment,
dans les derniers mois, a quand même avancé une certaine volonté pour aller
dans la direction de la décentralisation. Notre parti, notamment avec le
ministre Gaudreault, s'était engagé à adopter une loi-cadre sur la
décentralisation; bon, chose qui n'a pas été faite, compte tenu de différents
événements.
Maintenant, en avril dernier, le 3 avril 2014,
le député de Frontenac, M. Lessard, député de...
Une voix : ...
M.
Lelièvre : ... — bon, merci — rencontrait, avec d'autres représentants des
autres formations politiques, la Fédération
québécoise des municipalités, et le député s'engageait, via son gouvernement, à
aller de l'avant vers un projet de décentralisation également puis de
donner davantage de pouvoirs aux régions.
Dans le cadre
de la préparation des crédits, nous avons adressé une demande au ministère des
Affaires municipales à savoir quels
avaient été les évaluations, les études ou les rapports de faisabilité quant à
la modulation des programmes et la
décentralisation, quelles études avaient été réalisées dans les dernières
années. Et on nous informait que, finalement, il n'y avait pas eu
d'étude en bonne et due forme de réalisée en matière de faisabilité de
décentralisation, là, dans les dernières années, au ministère.
J'aimerais
savoir s'il est possible d'envisager... d'évaluer la notion de
décentralisation, parce que, comme je le disais, si je me souviens bien, une des premières politiques de
développement régional, qui s'intitule Le choix des régions,1983‑1984,
avec François Gendron, qui était ministre à l'époque, avait évoqué, déjà à
cette époque, la possibilité de décentraliser
des pouvoirs dans les régions. Et à peu près chacun des partis qui se sont
succédés au pouvoir ont eu leur propre politique de développement
régional et ont toujours fait mention d'une volonté d'aller dans ce sens-là,
mais malheureusement, après à peu près 30 ans, on n'a pas vraiment de
réalisation concrète.
Donc, j'aimerais savoir si, du côté du ministre
des Affaires municipales, s'il est de son intention d'évaluer la faisabilité d'amorcer une réflexion, tout... du
moins, une réflexion sérieuse, poussée et éventuellement d'aller vers des
actions concrètes en termes de décentralisation.
Le
Président (M. Auger) : Un petit rappel amical avant de continuer, on
doit utiliser les noms des comtés et des fonctions et non pas les noms.
M. le ministre.
M. Moreau : Vous faisiez
référence au député d'Abitibi-Ouest, je pense. C'était ça, votre rappel.
Le
Président (M. Auger) : Il y en a eu plusieurs, là, députés, qui ont
été nommés dernièrement, dans la dernière minute, là.
M. Moreau :
...qui ont été nommés dernièrement. Bon, bien, c'est parce que... mais, quand
l'atmosphère est bonne, M. le
Président, je pense, ça invite un peu à la convivialité, puis on a tendance à
s'appeler par nos noms plutôt que par nos
titres, bien qu'on soit respectueux du règlement. Je suis convaincu que le
député de Gaspé le fait... Il est quand même 7 h 55.
Je vais vous
dire, je me souviens très bien, j'étais présent, j'avais un an de barreau — je suis un barreau 1981 — et j'assiste
à un congrès de la Fédération québécoise des municipalités, mais je pense qu'à
l'époque ça s'appelait encore l'Union
des municipalités régionales de comté, et le député d'Abitibi-Ouest — pour me conformer au règlement — est ministre
de l'Aménagement et du Développement régional. Il l'a été de 1982 à 1984. Et je
le dis en toute amitié parce que
c'est quelqu'un pour qui j'ai beaucoup de respect, qui a été président de
l'Assemblée, ici : J'ai assisté au discours probablement le plus
plate de ma vie, alors qu'il faisait la distinction à l'auditoire entre la
décentralisation et la déconcentration, et
je peux vous dire qu'il a réussi à déconcentrer bien des gens sur le propos de son discours cette fois-là.
Alors, pour
vous dire, vous avez tout à fait raison, on parle de décentralisation depuis
longtemps. Puis je ne dis pas ça pour tenir rigueur au député d'Abitibi-Ouest. Je pense que
les gouvernements, quels que soient les partis qui les ont formés, je suis convaincu que lui-même serait
d'accord avec l'évaluation qu'on peut faire de ce discours-là parce que c'est
assez ardu. Mais, quels que soient les
partis qui ont formé le gouvernement, on s'est interrogé depuis le début des
années 80 sur l'importance de la
déconcentration ou de la décentralisation. Mais, encore une fois, je vous dis,
je pense que l'époque est la bonne
pour parler, dans le contexte de la Charte des municipalités, de ce que sera...
bien, si on veut appeler ça de la décentralisation,
ce sera de la décentralisation, mais moi, je préfère appeler ça un transfert de
compétences pour nous assurer de placer au bon endroit les compétences
liées aux services à la population.
Et, dans le mandat que l'on veut confier aux
tables de concertation pour Québec et Montréal, j'ai toujours dit qu'il y a trois chantiers. Il y a Québec, Montréal
et ce que j'appelle, moi, le tronc commun, qui est celui de l'élaboration
de la Charte des municipalités. On a
vraiment là un chantier clair et annoncé qui va nous permettre de voir comment
on peut opérationnaliser cette
décentralisation-là. Puis la façon dont je le vois, je vous l'exprime comme je
l'ai exprimé hier, lorsqu'on abordait
la question du statut de la métropole, c'est de regarder, au sein de ces
tables-là, puis je n'ai pas d'a priori,
quels sont les sujets que l'on veut aborder en analysant, dans chaque
situation, quel est le meilleur palier pour fournir le service, mais le
fournir aussi au meilleur coût. C'est-à-dire qu'on peut identifier qu'un
palier, que ce soit le palier municipal, qui
soit le mieux placé pour fournir un service de qualité, encore faudra-t-il,
parce qu'il y a une discussion là-dessus,
sur le coût de fourniture des services par les municipalités, que celles-ci
soient capables de le faire à des coûts qui soient comparables à ceux auxquels s'astreint le gouvernement du
Québec dans la fourniture actuelle des services qui sont dispensés par
ce niveau de gouvernement.
Alors, on
peut penser que, dans le contexte de ces travaux-là, on soit en mesure
d'examiner, point par point, selon le
désir exprimé par les municipalités et selon les désirs aussi exprimés par le
gouvernement du Québec... Il ne s'agit pas, là, entendons-nous bien, je l'ai dit plusieurs fois, je le répète, je veux
que ce soit clair, ce n'est pas du délestage dont on parle. Puis même le député d'Abitibi-Ouest, là, quand il
parlait de décentralisation puis de déconcentration, il ne disait pas : On
va dumper des responsabilités sur le
dos des municipalités parce que ça fait l'affaire des ministères de s'en
départir puis de ne pas avoir un transfert de moyens financiers pour
l'exécuter.
Il s'agit de
faire une analyse qui soit sérieuse et objective, en disant : Voici, on
est à la table, tel et tel service sont rendus par les municipalités, tel et tel service sont rendus par le
gouvernement du Québec. Comment peut-on opérer un partage, et, dans ce partage-là, est-ce que, d'une
part, ce sera une façon efficace de rendre le service et, d'autre part, est-ce
que ce sera une façon, au meilleur coût
possible, de rendre le service? C'est dans cette perspective-là. C'est vraiment
la vision que nous avons puis non
seulement c'est la vision que j'ai, mais c'est le mandat que j'ai de la part du
premier ministre, de nous
assurer qu'on passe du concept à la phase de réalisation.
Je l'ai dit
hier, je le répète aujourd'hui, l'échelle de mesure que nous avons pour
réaliser un échéancier semblable, c'est
celui qui a existé pour les pouvoirs qui ont été négociés entre le gouvernement
ontarien et la ville de Toronto. On sait que, dans leur cas, ça leur a pris deux ans. Je ne dis pas qu'on n'est pas
capables de faire mieux que ça, mais fixons-nous, au maximum, deux ans. Si on est capables de le
réaliser avant, tant mieux. On proposera, un peu plus tard cet été ou au début de l'automne, un échéancier qui nous montrera quelles
sont les phases de réalisation, soit la phase exploratoire, l'élaboration des projets et l'adoption ou le
dépôt des projets de loi qui donneront suite à ces travaux-là. Mais, c'est une
expression que j'utilise souvent, on va
travailler à un rythme soutenu, parce que le concept est connu, la réflexion a
été faite à de nombreuses reprises, il
y a énormément de travaux qui ont été
faits là-dessus. Maintenant, je pense qu'on est rendus à une étape subséquente, puis c'est celle
de dire : On sait ce que c'est, de la décentralisation; maintenant,
on va faire la preuve de sa mise en oeuvre d'une façon concrète à travers trois lois importantes,
la charte des municipalités et les lois qui conféreront à Montréal et
à Québec un statut particulier.
• (20 heures) •
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. En 2012, en mai 2012, le
précédent gouvernement du Parti libéral adoptait la Loi pour assurer
l'occupation et la vitalité des territoires, une loi qui était extrêmement
intéressante et qui contient beaucoup d'objectifs qui sont extrêmement
pertinents. Dans la mise en oeuvre et dans le suivi de cette loi-là, dans les dernières années, même si c'est tout récent, on
parle de 2012, mais ça avait quand même été précédé par une politique,
si je me souviens bien, avant de procéder à l'adoption d'une loi qui conférait
vraiment le pouvoir ou l'obligation, pour l'ensemble
des ministères, d'évaluer justement la possibilité d'intervenir de façon plus
efficiente en regard de l'occupation dynamique des territoires.
En ce qui a
trait à la reddition de comptes, j'ai vérifié avec mon équipe, dans les
derniers mois, je vous dirais, les rapports
ou la reddition de comptes qui a été effectuée par l'ensemble des ministères.
Il me semble qu'on pourrait peut-être être
un peu plus rigoureux. Puis là je ne porte pas de blâme à personne, mais je
constate que, dans la reddition de comptes, on peut facilement vérifier que, dépendamment des ministères, certains
vont peut-être se sentir plus visés et plus impliqués par cette loi que d'autres. Donc, l'application
étant plus ou moins égale, est-ce qu'il serait possible de réviser peut-être
la façon dont le ministère des Affaires
municipales est quand même, je pense, le répondant de cette loi-là pour
s'assurer que l'ensemble des
ministères fasse vraiment diligence puis... Ce serait peut-être notamment une
des façons d'amorcer la réflexion sur
la décentralisation, mais aussi de couvrir d'autres volets, parce que
l'occupation du territoire interpelle beaucoup de ministères, comme je
l'ai mentionné, et son application, ou sa mise en oeuvre, ou l'intérêt démontré
par l'ensemble des ministères semble varier beaucoup d'un ministère à l'autre.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Oui. Alors, actuellement, l'information qu'on me donne, c'est qu'il y a 21
ministères et organismes sur 24 qui
ont rendu public leur engagement dans ce contexte-là. La plupart des
ministères, donc, l'ont fait. Plusieurs l'ont fait par le truchement de leur
plan de développement durable ou... alors que certains l'ont inclus dans leur
plan stratégique. Le ministère des
Affaires municipales, qui est interpellé au premier chef, lui... au premier
chef, pardon, l'a réalisé dans un plan spécifique.
La reddition
de comptes, M. le Président, pour 2012‑2013, donc, je le disais, a été rendue
publique par 21 ministères et
organismes sur 24. Elle se trouve dans le rapport annuel de gestion respectif.
Mais, vous avez raison, il y a des indicateurs qui ont été adoptés par le gouvernement, la liste est accessible sur le
site du ministère, mais le ministère va compléter, cet été, un premier bilan annuel qui sera déposé sous
peu à l'Assemblée nationale. Et, à l'occasion de ce bilan-là, ce sera une
bonne occasion de voir à l'uniformisation de
la reddition de comptes par l'ensemble des ministères puis voir si, dans le
contexte où certains ont utilisé une façon
de faire plutôt qu'une autre, il n'y a pas lieu de revoir ou d'uniformiser la
façon de faire pour nous assurer que
le suivi de la loi et de la stratégie pour l'occupation et la vitalité des
territoires soit correctement pris en compte puis qu'elle nous permette
aussi d'avoir une vue précise de ce que chacun fait.
On l'a dit à de nombreuses occasions depuis le
début de nos travaux, aujourd'hui, que le rôle du ministère des Affaires municipales est un rôle horizontal.
Un de ces rôles-là, c'est d'assurer cette coordination-là. Puis, comme on est
dans un premier exercice, là, parce que ce
sera le premier bilan annuel, on peut s'attendre certainement à ce qu'il y ait
des ajustements.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Gaspé.
M.
Lelièvre : O.K. Concernant l'aspect de la modulation des
programmes, ça aussi, c'est un élément qui, souvent, là, est tout près de la notion de décentralisation
puis de régionalisation. Au niveau de la modulation des programmes, ce
matin, on a abordé un peu, bon, la question, par exemple, des programmes d'aide
aux municipalités et on a bifurqué finalement
sur la question des pouvoirs discrétionnaires de certains ministres de
rehausser certains programmes. Mais il m'apparaît,
à ce moment-ci, important de préciser
que, justement, si le gouvernement pouvait aller davantage dans une orientation
de modulation des programmes en fonction de la capacité de payer, le niveau
d'endettement, la situation financière de
groupes de municipalités... Parce
qu'on sait que les municipalités sont catégorisées, au Québec, par groupes. On est comparés souvent par groupes, par taille, etc. Donc, il
m'apparaît important de mentionner que, si on pouvait aller davantage
vers la modulation des programmes, c'est-à-dire, si les programmes étaient adaptés aux différentes catégories
de municipalités de par les... Légalement parlant, on adopte un programme,
on fixe des paramètres qui sont applicables par groupes de municipalités,
ce serait, à mon avis, une des façons peut-être justement de diminuer la nécessité
du pouvoir discrétionnaire. Je dis bien «diminuer», pas nécessairement enlever,
parce que, comme vous l'avez très bien mentionné
ce matin, M. le ministre, je crois qu'à un moment donné un ministre est là pour
prendre des décisions, puis, dans la vie, un plus un, ça fait deux,
mais, des fois, on doit ajuster pour tenir compte de certaines particularités.
Donc,
la modulation des programmes, si on allait davantage dans cette direction-là,
notamment au ministère des Affaires
municipales, sachant que toutes les municipalités sont très bien catégorisées
par groupe selon différents paramètres, ça m'apparaîtrait un élément de solution qui éviterait justement toute
la pression politique, tant des élus municipaux que sur le ministre des Affaires municipales ou
l'ensemble de la députation. Est-ce que ce serait un élément qui serait
envisageable? On le fait déjà dans certains programmes. Notamment, je
mentionnais, ce matin, un programme d'aide financière
qui a été mis en place par le précédent ministre des Affaires municipales, qui
fixait, dans le programme, carrément, pour
les municipalités de 2 000 et moins de population et dévitalisées, un
niveau d'aide automatique de 95 % sans aucun pouvoir discrétionnaire. C'est un programme qu'on
a mis en place. Donc, cette approche-là, est-ce que ce serait quelque
chose qui pourrait être envisagé?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M.
Moreau : Bien, d'emblée, je veux vous dire que je remercie le
député de Gaspé, comme porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires municipales, et
les deux collègues de la Coalition avenir Québec, le député de Blainville et
le député de Beauce-Nord, de reconnaître le
rôle important que les élus ont à jouer dans la discrétion qui doit exister,
là, au sein d'un gouvernement pour
permettre au ministre d'être là pour faire autre chose que de dire : Bien,
je prends le document de la photocopieuse puis je l'applique. On n'a pas
besoin de ministre pour ça.
Et, au-delà de la politique, je pense qu'on
s'élève tous au-dessus de la politique partisane pour dire : Il y aura
toujours des municipalités à quelque part — parce qu'on parle des affaires
municipales, puis c'est vrai dans d'autres secteurs
du gouvernement, dans d'autres ministères du gouvernement — il y aura toujours des gens, des individus,
ou des organismes, et en particulier
dans le domaine des affaires municipales, des municipalités, qui requerront, je
dirais, une attention particulière,
compte tenu des situations particulières qu'ils vivent, et qui vont mettre en
exergue, Dieu merci!, la capacité
d'un gouvernement et de ceux qui l'incarnent de prendre des décisions de nature
discrétionnaire, parfois courageuses, parfois
basées sur l'empathie à l'égard d'une communauté, mais pour faire en sorte
qu'on ne se déguise pas en machine puis
que le gouvernement ne soit pas l'équivalent d'un immense guichet automatique.
C'est un souhait que je formule, puis
je remercie le député de Gaspé puis les deux collègues du deuxième groupe
d'opposition de souscrire à cette approche-là.
Maintenant,
pour tenir compte des réalités particulières des municipalités, il existe déjà
dans les programmes... Vous parliez de PRIMEAU, je pense que c'est celui-là que
vous visiez, où, jusqu'à 95 % pour les projets prioritaires
d'approvisionnement en eau, les taux d'aide peuvent atteindre, dans ces cas-là,
des niveaux très élevés qui tiennent compte
de modulations qui sont particulières au programme. C'est peut-être difficile,
compte tenu de la multiplicité des programmes, d'avoir des modulations
qui sont semblables dans les uns et dans les autres, mais c'est vrai...
• (20 h 10) •
Quand je regarde, exemple, l'entente qu'on a
signée hier avec le gouvernement fédéral et l'introduction de la souplesse que l'on fait où on dit : Vous
aviez quatre critères, vous devez les suivre dans un ordre déterminé...
Aujourd'hui, de dire : Regardez,
vous prendrez 20 % du montant d'aide financière qui vous est attribuée
puis vous le mettrez où vous voudrez parce que c'est votre discrétion
puis ça vous donne une souplesse... Moi, je pense qu'il faut introduire de la souplesse. Vous avez raison qu'il faut faire
attention pour ne pas mettre sur les épaules d'un ministre, quel qu'il soit, le
ministre des Affaires municipales, trop de
pression. Moi, j'ai découvert une chose depuis que je suis ministre des
Affaires municipales, j'essaie
d'entrer plus tard à la période des questions parce que je me rends entre la
porte, là-bas, et mon fauteuil avec
un paquet de demandes qui viennent, puis tout à fait correctement, de tous les
députés, qui disent : Bien, nous, on a des demandes dans nos secteurs,
ce qui indique l'importance du ministère en termes
de... pas... puis là je me désincarne, là, vraiment, comme l'institution à l'égard des efforts et des demandes qui
lui parviennent des municipalités et à travers les membres de
l'Assemblée nationale, à travers les députés.
Puis, vous
savez, je profite de cette question-là pour vous dire : Parfois, on fait
le reproche à des députés de dire : Il essaie d'influencer des
décisions pour les gens de son comté. Moi, je pense que c'est le rôle du
député, d'essayer d'influencer au bénéfice
des gens de son comté des décisions d'un gouvernement puis de mettre de la
pression pour que les choses aillent
plus vite puis qu'on ait des bénéfices à l'acquis des gens qu'on représente.
C'est pour ça, au départ, que les
gens nous ont élus. Et j'ai constaté que, comme titulaire des Affaires
municipales, ces éléments-là existent
de toute façon. Pas que ça
crée une pression, mais ça crée une nécessité d'arbitrage, et, dans
l'arbitrage, il faut être capable d'avoir — je pense que c'est l'expression que vous
utilisiez, M. le député de Gaspé — une équité. L'équité, ce n'est pas l'égalité, puis ce n'est pas parce qu'on ne donne
pas une aide financière à une municipalité qu'on ne l'aime pas ou qu'on pose un jugement de valeur, c'est qu'on doit être
capables d'avoir des normes ou des valeurs sur lesquelles on se base pour être capables d'expliquer nos décisions. Et,
s'il y a une chose qui doit être améliorée — et je suis convaincu que c'est un des éléments qui sera mis en évidence par les
recommandations de la commission Charbonneau — c'est le fait de dire : On doit
documenter les motifs qui justifient l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire.
Dans le fond,
le problème, ce n'est pas d'avoir un pouvoir discrétionnaire, c'est
l'obligation de la reddition de comptes
dans l'exercice du pouvoir discrétionnaire. Si je peux justifier, par exemple,
que, dans un cas donné, soit pour des
raisons sanitaires, des raisons de santé, des raisons de sécurité publique, des
raisons liées à la faiblesse de la densité de population, des raisons
liées à la faiblesse de l'assiette fiscale d'une municipalité donnée compte
tenu d'un besoin spécifique, on a augmenté
au-delà des barèmes l'aide financière, en soi, ce n'est pas là qu'est le
problème. Le problème, c'est que,
dans un an, deux ans, trois ans, quatre ans, cinq ans, indépendamment des
recommandations qui nous sont faites au
plan administratif par les fonctionnaires, qui, je le dis en passant, font un
travail remarquable, qu'on soit capables de dire : Oui, mais, dans ce cas-là, écoute, j'ai pris la décision
d'augmenter l'aide financière parce que j'estime que, sur la base de certains critères, sur la base de certains
principes, c'était justifié. Moi, je pense que c'est ça qu'on doit préserver et
qu'on doit
exiger dans... plutôt que d'essayer d'avoir des programmes qui sont modulés à
un point, d'une finesse telle qu'on n'atteindra
jamais la capacité de répondre à tous les besoins spécifiques. Et, si on
protège l'exercice du pouvoir discrétionnaire
par une obligation d'explication, de justification, bien, je pense que, là, la
reddition de comptes est possible.
En terminant,
bien, je vous dirais, c'est un peu comme quand on compare, quand on regarde les
obligations qui sont faites aux juges dans les tribunaux de dire :
La décision doit être motivée. À partir du moment où la décision est motivée, à
partir du moment où c'est documenté, on pourra toujours aller sur la place
publique puis dire : Vos motifs n'étaient pas les bons ou vos motifs
n'étaient pas suffisants, mais, au moins, on aura, publiquement, l'exercice
d'une discrétion qui, à mon point de vue,
est fondamentale pour le maintien des éléments de démocratie puis pour faire en
sorte qu'un gouvernement ne se
transforme pas en une espèce de «rubber stamping» de normes qui, de toute
façon, ne répondront jamais de façon très précise à l'ensemble des
situations.
Le
Président (M. Auger) : Je cède maintenant la parole à un député du
groupe parlementaire formant le gouvernement. M. le député de Vanier-Les
Rivières, la parole est à vous.
M.
Huot : Merci, merci, M. le Président. Ça me fait plaisir de reprendre
la parole ce soir. Je ne peux pas m'empêcher de lancer une petite pointe
au ministre, tantôt, qui est...
M. Moreau : Vous n'êtes pas
supposé, vous, vous êtes du même bord que moi.
M.
Huot : Oui, je sais, mais je trouve toujours ça très drôle qu'il ait
dit qu'il était Barreau 1981. Mais moi aussi, j'ai gradué en 1981, M. le
Président, mais de la maternelle de l'école Sainte-Isabelle. Ça me fait
toujours plaisir de...
M. Moreau : Là, on a l'air
d'avoir le même âge. C'est heureux.
M.
Huot : Presque, presque, presque. Non, mais ça me fait toujours
plaisir de mentionner ça, parce que, maintenant, j'ai compris que je ne faisais plus partie de la définition de «jeune» à
l'Assemblée nationale. Donc, ça me fait toujours plaisir de me rappeler
que je suis plus jeune que certains autres députés.
Je voulais
parler du... encore une fois, capitale nationale. J'en ai parlé un petit peu,
de mon passé, on est toujours fiers
de notre passé. Moi, j'ai toujours dit qu'il ne faut jamais oublier d'où on
vient. Donc, ma vie politique a commencé à la ville de Québec, et j'en suis très fier, comme conseiller municipal.
Et je me souviens d'être allé, quand j'avais quitté le conseil municipal parce que j'avais été élu,
élu député de Vanier en 2008, j'avais dit : Bien, moi, je fais la promesse
de ne jamais oublier d'où je viens, de
toujours être un défenseur de la ville de Québec. J'ai bien connu le conseil de
ville. J'ai siégé avec Andrée Boucher,
j'ai siégé avec Régis Labeaume, qui est le maire actuel. Et, dans la dernière
campagne, il avait été beaucoup question, même depuis plusieurs mois,
quand même, là, mais surtout dans la dernière campagne municipale, il y avait eu des revendications, dans la dernière campagne
provinciale, sur les questions de statuts particuliers de la ville de Montréal et de la capitale
nationale aussi... Je connais moins la réalité de la ville de Montréal,
évidemment, je n'habite pas la ville de Montréal et je n'y ai pas siégé,
donc cette réalité-là, peut-être un peu plus complexe comme organisation municipale aussi, mais je sais que
Montréal a des revendications avec un statut particulier pour reconnaître
son statut de métropole. La ville de Québec
veut faire reconnaître un statut de capitale nationale à la ville de Québec. On
le comprend, avec les responsabilités que ça
peut représenter comme capitale nationale. La ville a un statut international
aussi maintenant, a même un bureau
international, la ville de Québec, son propre protocole, donc un service de
développement économique qui est
quand même assez important aussi, donc a une réalité qui est différente par
rapport à beaucoup d'autres municipalités plus petites... des
municipalités rurales, ce n'est pas la même chose, mais même des plus petites
villes ailleurs au Québec.
Donc, il y a certaines demandes qui ont été
faites en ce sens-là, et on reconnaît qu'il faut donner un statut particulier à la ville de Québec, mais ce n'est
pas toujours très clair, ce que ça veut dire. Tout le monde dit : Oui...
Je pense que, si on pose la question,
si on fait un sondage à travers le Québec, ça va être... sans dire unanime,
mais une très, très forte majorité va
dire : Oui, la ville de Québec a un statut particulier, on le reconnaît,
c'est notre capitale, c'est une ville très, très importante. Donc, oui, il faut lui donner un statut particulier.
Mais ça veut dire quoi, concrètement? On parle souvent de dire : Il faut lui donner des pouvoirs
comme à... Montréal le revendique beaucoup, il faut dire... à l'image de
Toronto, ce qui a été fait à Toronto, mais on ne sait pas exactement ce
que ça peut représenter.
Ce qu'on
comprend, c'est, pour être passé par le municipal, à chaque fois qu'il y a une
décision, souvent, il faut demander des
autorisations au ministère des Affaires municipales, ne serait-ce que les
règlements d'emprunt. Oui, dans la
ville, on peut payer certaines immobilisations. Quand j'étais là, on appelait
ça les petites immobilisations payées comptant. Oui, il y a certaines
choses, au lieu de les mettre sur des règlements d'emprunt à même le budget
annuel, on paie des immobilisations plutôt que de mettre ça sur cinq, 10, 15,
20 ou 25 ans, selon la grosseur. Habituellement, les petites immobilisations, on s'entend que ce n'est pas des
choses qu'on aurait mises sur 25 ans. Mais il y a, bon, des choses comme
ça. Donc, on demande une autorisation au ministère des Affaires municipales
pour un règlement d'emprunt. Je crois comprendre qu'on veut peut-être éviter
ces choses-là.
• (20 h 20) •
On parle...
certaines questions d'environnement, au lieu de faire certaines demandes au
ministère de l'Environnement pour des
permis, des choses comme ça... Mais il y a surtout un volet juridique assez
important, ce que je comprends. C'est même...
ma lecture que j'ai faite des différents articles qu'on a pu lire, c'est
vraiment une question juridique avant tout qu'il faut régler. La ville a une charte, comme la ville de Montréal a
une charte de la ville de Montréal, une charte de la ville
de Québec. Est-ce qu'on peut juste modifier la charte pour changer ces
choses-là? Je ne suis pas certain. On parle de plus en plus de loi, une nouvelle loi qu'il faut mettre en place. Et
je sais qu'on a annoncé une table de concertation, une certaine table de... je ne sais pas comment on...
un groupe de travail ou une table de concertation avec la ville de Québec.
On a dit que, bon, le maire, évidemment, va
être là, le ministre des Affaires municipales, le ministre de la
Capitale-Nationale, mais je présume
qu'il y aura des fonctionnaires qui vont être là pour faire un travail
important, qui connaissent, là, dans les moindres détails qu'est-ce
qu'il faut modifier.
Donc,
je veux bien comprendre qu'est-ce qu'il faut faire, parce que la table, on
avait parlé de début juillet. On parle
de la semaine prochaine ou à peu près, là, d'avoir le début de ces travaux-là.
Donc, évidemment, on a une idée d'où on s'en va si les travaux sont sur le point de commencer. Et je veux bien comprendre aussi du ministre,
bon, qu'est-ce que va faire cette table-là. Mais toute la
notion de reddition de comptes...
Parce
que, si on change le statut de la ville de Québec, la ville de Québec, quand
elle fait ses règlements d'emprunt ou
certaines dépenses, doit rendre des comptes assez régulièrement au ministère
des Affaires municipales. Est-ce que la reddition de comptes continue auprès du ministère des Affaires
municipales ou ça sera une reddition de comptes auprès de la population principalement? Peut-être qu'on
n'est pas rendus là non plus, là, dans les réflexions, mais je veux bien
comprendre...
Bon,
qu'est-ce que va faire la table? Concrètement, là, pour que la population
comprenne, qu'est-ce qu'on pourrait changer
comme responsabilité, qu'est-ce qu'on pourrait revoir qui pourrait diminuer,
disons, les demandes d'autorisation qui
peuvent être faites au ministère des Affaires municipales? Et, dans un deuxième
temps, le volet reddition de comptes, est-ce qu'on va faire des
modifications à cet aspect-là?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau : Oui. Merci, M. le Président. Le député de Vanier-Les
Rivières a raison de dire qu'au départ c'est une question d'environnement juridique. Personne ne conteste le
caractère international de la capitale, la ville de Québec, une excellente réputation, d'ailleurs, à l'échelle
internationale, patrimoine mondial de l'UNESCO. Québec est une ville
exceptionnelle au plan architectural, au plan de l'histoire, au plan de ce
qu'elle représente. C'est le berceau du fait français en Amérique. Première
université à charte papale. D'ailleurs, je suis très heureux d'être un des
diplômés de l'Université Laval, fondée par
Mgr de Laval. Et je vous dirais que la réputation de la ville, ce qui la
caractérise, et ce qui accompagne
toutes les conversations que les gens, partout à travers le monde, ont à
l'égard de la ville de Québec correspond en tous points à ce qu'on fait.
Puis
on a la chance, nous, comme parlementaires, de vivre dans cette capitale, d'y
passer beaucoup de temps, et on oublie
parfois le caractère assez exceptionnel des lieux dans lesquels on vit. Que ce
soit ici, à l'Assemblée nationale, qu'on regarde l'architecture des bâtiments, l'environnement dans lequel on
évolue confère à Québec un caractère qui est unique et, je dirais, qui est unique au monde. C'est une des
villes qui se compare, au plan architectural, au plan de l'aménagement,
à n'importe quelle capitale internationale.
Et
donc l'idée de donner à Québec un statut particulier à titre de capitale, c'est
d'abord et avant tout de lui donner l'environnement
juridique qui correspond exactement au rôle que Québec joue comme une des deux
principales villes du Québec avec la
métropole qui est Montréal. Je l'ai dit hier, à l'occasion de l'étude des
crédits de la métropole : Ce n'est pas de donner plus ou moins de pouvoirs, ce n'est pas en termes de
quantité, c'est en termes qualitatifs. Quels sont les pouvoirs qui doivent correspondre au statut de
capitale nationale, le siège du gouvernement d'une nation? Et c'est à ça
que nous allons nous attarder.
Comment on va le
faire? On va le faire à travers, vous l'avez mentionné, une table de
concertation qui sera spécifique à Québec,
où va siéger, outre le ministre des Affaires municipales, le maire de la ville
de Québec, le ministre responsable de
la Capitale-Nationale et auxquels on va adjoindre les ministres sectoriels au
fur et à mesure des discussions lorsqu'on
aura besoin d'évaluer, dans les transferts de compétences, quelles sont les
compétences particulières qui devraient être exercées par la ville de Québec. Quand on pense à Québec, on peut
penser tout de suite à des éléments liés à la culture. Alors, à ce moment-là, la ministre responsable de
la Culture et des Communications sera appelée à se joindre aux travaux
de la table.
La
table, c'est d'abord une direction politique sur les enlignements que l'on veut
donner à ces travaux d'examen de
transfert de compétences qui nous permettrons aussi, je le répète toujours, de
créer le tronc commun qui va s'appliquer aux autres municipalités dans le contexte de la charte des
municipalités. Mais quels sont, dans ces transferts de compétences, ceux qui, de façon particulière, pourraient l'être
à l'avantage de la signature du statut de capitale nationale? La table, elle,
donc, elle va définir le statut, elle va
identifier, en corollaire, les pouvoirs, les compétences qui devraient être
dévolus à la ville. Elle va définir
comment les compétences doivent être exercées, ce qui me fait faire le lien
avec la reddition de comptes.
Je
lisais ce matin, lorsqu'on examinait les crédits plus particuliers attribués à
la Commission municipale du Québec... Est-ce
que la Commission municipale, dans un contexte semblable, notamment à l'égard
de la capitale, mais à l'égard de l'ensemble
des villes, aurait un rôle additionnel à jouer? C'est possible, mais il n'y a
rien d'arrêté là-dessus. Et ça, on va le faire non pas sur le coin d'une table, mais on va le faire en s'adjoignant des spécialistes. J'ai l'intention...
et mon adjoint parlementaire, le
député de Chapleau, aura un rôle important à jouer, concerter les spécialistes
qui viendront s'ajouter à la table de
concertation pour dire : Bon, bien, en matière, par exemple, de
développement urbain, d'urbanisme, de fiscalité municipale, sur les éléments de base, quel est le modèle le plus
convivial à utiliser puis le plus fonctionnel pour la fourniture des services que l'on demande à la ville de
dispenser à ses citoyens et qu'on lui demande d'exercer dans le contexte de
son rayonnement international, auquel vous avez fait référence tantôt?
Et en
corrélation, donc, dans la reddition de comptes, quelles sont les obligations
de la ville en matière d'imputabilité, en matière de reddition de
comptes aux citoyens, puis quels sont les changements à apporter? Vous avez
raison de le souligner,
parce que la santé financière des municipalités du Québec, leur capacité, leur
taux d'endettement a un impact direct
sur la santé financière du gouvernement du Québec, et, dans ce contexte-là, il
est clair qu'il y a un élément de contrôle à mettre en place, élément de contrôle qui existe aujourd'hui dans le
statut de subordination des municipalités par rapport aux instances gouvernementales québécoises, mais
qui devra se traduire d'une façon quelconque dans la mise en place du
statut particulier, du nouveau statut qui sera conféré à la Capitale-Nationale,
et dégager les consensus à l'égard des changements
apportés au cadre légal et réglementaire qui vont régir la capitale. Vous me
faites signe que c'est assez, alors je m'arrête là.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Je cède maintenant la parole au député
de Blainville et porte-parole du deuxième groupe d'opposition... Quoi? Au député de Beauce-Nord, excusez-moi, pour
un bloc d'échange d'environ 20 minutes. La parole est à vous.
M.
Spénard :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, je suis un peu embêté, je veux vous
parler des redevances minières, M. le
ministre, parce que le premier ministre a dit que, dans le cadre de la
négociation de la prochaine entente de partenariat
fiscal et financier avec les municipalités, mon gouvernement introduira un
partage de redevances liées aux ressources minières, tout en tenant
compte des objectifs du livre blanc de l'Union des municipalités du Québec.
Vous-même,
vous en parlez, depuis une couple de jours, des redevances minières, et tout
ça. Mais, à la page A.34 du plan
budgétaire du ministre des Finances, on trouve cette directive, c'est-à-dire la
dette brute représente 53 %, etc. Il continue, en disant : «Pour le gouvernement, la réduction du poids
de la dette est une priorité. Le budget 2014‑2015 confirme le maintien de ces deux objectifs. Les versements
au Fonds des générations pour le remboursement de la dette proviendront
de diverses sources de revenus, notamment :
«L'indexation annuelle du prix de l'électricité
patrimoniale — ça
va;
«Un montant de 100 [milliards] — ça
va, et, en troisième lieu;
«La totalité des revenus miniers à compter de
2015‑2016.»
Alors,
comment allez-vous pouvoir négocier le pacte fiscal avec les communautés qui
attendent justement une négociation
pour avoir droit un peu à une redevance en ce qui concerne le secteur des mines
pour ces communautés-là?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Parce qu'au moment où le budget est déposé il n'y a encore aucune négociation
ou organisation de la répartition des
redevances, que ce soit... on parle de redevances pétrolières, gazières et
minières, et donc, dans le contexte
actuel, on pourrait très bien arriver à une entente qui amène ce partage, parce
que c'est... autant vous avez les engagements
budgétaires, autant vous avez le mandat qui est confié par le premier ministre,
notamment dans le discours inaugural
et ensuite dans les mandats spécifiques qui sont donnés à chacun des ministres.
Et, dans le mandat spécifique qui m'a
été confié par le premier ministre, il y a celui, dans le cadre de l'entente
fiscale et financière, d'introduire, comme source additionnelle de
revenu, un partage des redevances.
Alors, je n'y
vois pas d'incompatibilité, j'y vois
un élément chronologique. C'est-à-dire, dans le temps, on doit déposer un budget, et, tant et aussi longtemps
que les redevances ne seront pas autrement partagées par les régions, la
totalité de celles qui seront perçues iront au versement au Fonds des
générations.
Alors, dans
ce contexte-là, le gouvernement ne crée pas de vide juridique, il dit :
Voici ce qui se fait, et, quand vous
aurez négocié un partage des redevances qui est basé sur le mandat confié au ministre des Affaires municipales par le premier ministre du Québec, ces éléments-là correspondront aux soldes des
redevances non redistribuées aux régions ou aux organismes dans le cadre
de la péréquation qui sera établie pour le partage des redevances fiscales.
• (20 h 30) •
Le Président (M. Rousselle) : Le
député de Beauce-Nord.
M.
Spénard : Ah! M.
le Président. Alors, je m'excuse, M. le ministre, mais c'est bien écrit noir sur blanc, ici, on ne parle pas de
partage, là, on parle : la totalité des revenus miniers à compter de
2015-2016. C'est écrit ça, là.
M. Moreau :
Oui, mais c'est écrit aussi noir sur blanc, dans le mandat qui est confié par
le premier ministre au ministre
responsable de la négociation, que les redevances minières, pétrolières et
gazières feront l'objet d'une répartition avec les municipalités et les instances régionales. Alors, il n'y a pas
d'incompatibilité dans la mesure où, au moment où le budget est déposé, il n'y a pas de... Les
négociations, d'abord, un, ne sont pas entreprises; deuxièmement, la
redistribution n'existe pas. Alors, à
partir du moment où le budget est déposé, on dit : Tant et aussi
longtemps — et je
pense que c'est l'interprétation
qu'on doit donner à l'intention gouvernementale — qu'il n'y aura pas un partage autre, les
redevances minières seront dévolues à l'alimentation du Fonds des
générations.
Le Président (M. Rousselle) : Le
député de...
Des voix : ...
Le Président (M. Rousselle) : C'est parce
qu'on me...
Des voix : ...
Le
Président (M. Rousselle) : Le député de Blainville.
M.
Laframboise : Merci beaucoup, M. le Président. Je vais aller de quelques questions
en rafale, M. le ministre, là, parce que notre temps à nous tire à
la fin.
M. Moreau :
...
M.
Laframboise : Oui, oui,
c'est ça. Écoutez, ma collègue d'Iberville me demande de vous poser cette question-là.
La MRC du Haut-Richelieu, le 11 juin dernier, a adopté une résolution, à sa
séance ordinaire du conseil de la MRC, demandant
de procéder à l'abolition de la zone d'intervention spéciale décrétée suite
aux inondations de 2011. Parce que,
quand le décret avait été adopté, le 23 septembre 2011... Ça, c'est un décret
qui permettait de reconstruire suite aux inondations,
parce que les règlements municipaux,
les règlements de la MRC, à cause de la zone inondable, ne permettaient
pas de reconstruire. Donc, à l'époque, on avait demandé au gouvernement :
Oui, c'est correct que les gens puissent reconstruire,
mais avec une date butoir parce qu'on ne veut pas que les gens s'étirent et
qu'on fasse deux catégories de citoyens,
ceux qui sont obligés de respecter la loi et ceux qui ne respectent pas la loi.
Et donc, là, il y a eu une demande. Pensez-vous,
M. le ministre, que vous allez pouvoir... d'abord, si... vos fonctionnaires
l'ont peut-être reçue puis si vous allez lui donner une réponse dans les
plus brefs délais, s'il vous plaît?
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
Est-ce que vous pouvez me répéter la date de la résolution qui a été adoptée
par la MRC?
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : La résolution est du 11 juin 2014.
Le Président (M.
Auger) : M. le ministre.
M. Moreau :
Juin, alors c'est comme là, là...
Le Président (M.
Auger) : Oui.
M.
Moreau : On est le 26. Je n'ai pas d'information à l'effet que
la résolution soit arrivée, mais, quoi qu'il en soit, là, je comprends très bien la nature de la demande. Il est clair
que le ministère va faire diligence dans l'examen de cette demande-là et
nous reviendrons à votre collègue la députée d'Iberville à ce sujet-là.
Ce que je comprends,
c'est que... Vous avez quelque chose?
Une voix :
...
M.
Moreau : Ah! on l'a. Bon! Alors, on l'a reçue aujourd'hui. Or,
donnez-moi encore 15, 20 minutes puis je vais vous régler ça. Non...
Des voix :
...
M. Moreau :
Mais non...
Une voix :
...
M.
Moreau : Bon! Très bien.
Alors, le directeur des services juridiques nous dit qu'on l'a reçue aujourd'hui. On va l'examiner, c'est
clair. Donc, vous avez une réponse officielle à l'effet qu'il y a
un accusé de réception, à tout le
moins. Et ce que je
comprends, c'est que, dans le
contexte des inondations qu'avait subies La Vallée-du-Richelieu, il y a
eu un décret qui appliquait une procédure temporaire et que cette
procédure temporaire aujourd'hui ne rencontre plus les exigences d'une situation normale. Alors, c'est la compréhension que j'ai
de l'explication que vous me donnez. On va regarder ça, je le répète,
avec un oeil attendri.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : Exemption de
taxe foncière. M. le ministre, il y a plusieurs terrains qui sont exempts de taxe
foncière en vertu de l'article 204, paragraphes 8° et 2°, de la Loi sur la fiscalité municipale. Ça concerne les
corporations religieuses, églises,
fabriques, autres institutions à caractère religieux, et on aurait aimé, M. le ministre, avoir le détail, combien...
Parce qu'on a fait une demande de
questions et on nous a répondu qu'on a... on ne voulait pas nous répondre, là,
par rapport à ça. Donc, on aurait aimé
savoir, nous, en tant que parti politique, l'état des exemptions de taxe, là,
qui sont accordées.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M.
Moreau : Oui. Je vais risquer un préambule de réponse, là, si
mes réflexes sont bons : 204.8°, c'est des exemptions, mais qui doivent
faire l'objet d'une autorisation de la Commission municipale du Québec,
n'est-ce pas...
Une voix :
...
M. Moreau :
Non? C'est par...
Une voix :
...
M.
Moreau : Ah! O.K. O.K., alors, c'est des OBNL qui répondent à
des critères particuliers, ou c'est des maisons de culte?
Une voix :
...
M.
Moreau : Ah! O.K., O.K. On l'a-tu, 204.8°? J'aimerais ça.
Alors, qu'est-ce que nous avons ici? J'essaie de voir si on a de
l'information.
Une voix :
...
M.
Moreau : 204.8° s'en... Ah bon! Un instant. M. Guay m'a donné...
C'est les lieux de culte et les presbytères appartenant à une église,
204.8°. C'est ça que vous visez? O.K.
Une voix :
...
M.
Moreau : O.K. Alors, M. Guay, vous me direz si je comprends
bien le document que vous m'avez donné, puis on pourra vous... Alors, les exemptions liées aux lieux de culte et
aux presbytères qui appartiennent à une église visée par l'article 204, paragraphe 8° de la Loi sur la
fiscalité municipale, représentent les exemptions totales de taxe foncière
de 85 millions. C'est ça que je dois comprendre de votre tableau?
Une voix :
...
M. Moreau :
Oui, O.K. Alors, 85 millions, plus de 85 millions en taxe foncière,
12 millions en tarification, 9 millions
de taxe scolaire, pour un total de 107 661 765 $. Ce que je n'ai
pas ici, probablement qu'on pourrait l'avoir, là, c'est quel est le nombre d'exemptions ou à combien
d'unités d'évaluation ça s'applique. Ça, je ne l'ai pas avec le tableau qu'on a là, mais on doit pouvoir reconstituer
cette information-là puisqu'on était en mesure de vous dire le montant de la
taxe foncière...
Une voix :
...
M. Moreau :
O.K. Est-ce qu'on l'a ici, ce tableau-là?
Une voix :
Oui.
M. Moreau :
Ah bon!
(Consultation)
M.
Moreau : L'autre tableau. Donc, je vous ai donné, au départ,
pour 204.8°, la valeur des taxes foncières, de la tarification, zéro au
niveau des compensations et des taxes scolaires, pour un total de
107 661 765 $. Ça représente... Est-ce que ce sont des immeubles
ou des unités d'évaluation?
Une voix :
Ce sont des unités d'évaluation.
M.
Moreau : Alors, ça représente 4 103 unités d'évaluation,
pour une valeur au rôle de, en 2010, près de 3,5 milliards de
dollars de valeur au rôle. Alors, la valeur au rôle exemptée est de
3 457 000 000 $. C'est réparti sur 4 103 unités d'évaluation. Vous savez ce qui est une unité
d'évaluation; alors, c'est le plus grand ensemble d'immeubles possible qui sont susceptibles, à court terme,
d'être vendus ensemble et non séparément — si c'est ça, encore, la définition.
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Blainville.
M.
Laframboise : Est-ce que vous pouvez déposer le document, M. le
ministre?
M. Moreau :
Pardon?
M. Laframboise : Est-ce que vous pouvez
déposer le document?
M.
Moreau : Non, monsieur! Oui, oui, je pense qu'il n'y aucune
difficulté à vous donner ça. Et puis vous allez voir, sur ce tableau... Là, vous avez parlé de 204.8°. Il y a aussi les
immeubles à caractère charitable appartenant à une église, les presbytères appartenant à un ministre
du culte, les cimetières à but non lucratif, lesquels répondent aux critères
des articles... Ne bougez pas, c'est
celui-là que je veux... ou répondent aux critères du paragraphe 12° de
l'article 204, 231.1 de la Loi sur la
fiscalité municipale et au paragraphe 9° de l'article 204 de la Loi sur la
fiscalité municipale. Je vous suggérerais d'en faire des copies, avant
leur distribution, pour qu'on puisse...
Une voix : ...
M. Moreau : Oui, récupérer...
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
• (20 h 40) •
M.
Laframboise : Mais vous nous donnez 2010. Est-ce que c'est parce que l'évaluation ne change pas beaucoup, ou c'est parce que vous n'avez
pas des chiffres récents?
M. Moreau : Vous allez voir que, sur le tableau, vous avez
une comparaison : la première année de référence, c'est 2005, puis vous en avez une en 2010. Vous
avez des rôles triennaux, alors j'imagine que le recensement n'est pas
fait d'année en année parce que la variation... ça doit être ça... ou la
variation fiscale n'est pas énorme?
Une voix : ...
M. Moreau : C'est ça. O.K.
Parce qu'on m'explique aussi que le recensement de ça est assez compliqué, c'est-à-dire
fastidieux à faire, et que, comme il n'y a pas une... en fait, on va se fier probablement
au dépôt des rôles triennaux pour voir s'il y a
une modification substantielle pour faire une évaluation des exemptions qui
sont conséquentes au régime fiscal particulier.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M. Laframboise : Sur un... Une autre
information ou c'est correct?
M. Moreau : Non, non, mais
c'est parce qu'on me dit que l'aspect le plus fastidieux, ce n'est pas de faire
le répertoire du nombre d'unités
d'évaluation, mais c'est de voir que vous avez trois éléments : vous avez
de la tarification, alors quel est le
montant de l'exemption lié à la tarification, quel est le montant d'exemption
lié à la taxe foncière, quel est le montant d'exemption lié à la taxe
scolaire, et là vous pouvez voir un peu la complexité des calculs.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville.
M.
Laframboise : Oui. Ma
dernière question... en tout cas, ou l'une des dernières : La Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. Votre
collègue député de Lotbinière-Frontenac, lorsqu'il était ministre des Affaires
municipales, avait déposé un projet de loi, le projet de loi n° 47, pour modifier la... en tout cas, pour modifier la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Est-ce
que vous avez l'intention de modifier la loi ou d'aller dans le même sens?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau : Oui. C'est-à-dire
qu'indépendamment du projet de loi n° 47, vous faites référence...
Une voix : ...
M. Moreau :
O.K., projet de loi n° 47 de décembre 2011, hein, qui est mort au
feuilleton. Je me souviens de ça, il avait été bien reçu du milieu, mais
on demandait que des modifications soient apportées au texte de loi.
À l'égard de
la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, je vais vous dire, j'ai déjà fait publiquement des déclarations
à l'effet qu'il faudrait revoir des
dispositions de la loi dans l'objectif ultime de la simplifier. Puis c'est toujours
l'exemple que je donne : vous
donnez un avis public en matière d'aménagement et d'urbanisme pour un
règlement, que ce soit le règlement
de zonage, le règlement de construction ou le règlement de lotissement, puis je
vous garantis que vous prenez le greffier
qui l'a écrit, vous lui faites faire deux tours sur les épaules puis vous lui
demandez qu'est-ce qu'il y a dans son avis,
lui-même n'est pas capable de vous le dire, ce qui n'a plus aucun sens. Parce que
moi, j'ai vu des... en fait, on en voit
encore, je vous suggère de faire le test, prenez n'importe quelle publication
locale ou hebdo, là, dans lesquels vous voyez ces avis publics là puis essayez de trouver, là, si vous n'avez
pas quelqu'un qui vous l'explique mot à mot, quel est l'impact de l'avis public. Or, la notion
d'avis public, c'est pour dire au public ce qu'on s'apprête à faire. C'était
ça, l'intention du législateur. C'est complètement dénaturé dans le contexte actuel de l'application de cette loi-là et c'est pour ça que je pense qu'on va devoir
s'atteler à une simplification de la loi.
Maintenant,
en réponse à une question, je pense, du député de Chapleau, j'ai indiqué tout
ce que nous avions déjà au menu pour
l'automne. Je pense que, comme membre de la commission, vous ne serez pas au
chômage non plus. Et c'est un élément qui devrait être
examiné dans une portée à plus long terme mais certainement que l'on doit
prendre en compte. Je pense que c'est
une loi qui, comme bien des lois, au départ... c'est-à-dire c'est une loi... en
1978, 1979, c'est presque une époque
comparable à la nôtre pour le monde municipal. Rappelez-vous la Loi sur la
protection du territoire agricole,
1978, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, 1979, la Loi sur la fiscalité
municipale, c'est autour de ça aussi, là,
1978, 1979, alors les éléments de base qui ont créé l'organisation
territoriale, l'organisation fiscale des municipalités a été à peu près toute faite avant le... à la fin
des années 70, au début des années 80. C'est des lois qui ont évolué par des
projets d'amendements qui ont été ponctuels,
autant dans la Loi sur la fiscalité municipale que dans la Loi sur l'aménagement
et l'urbanisme, avec le résultat qu'à la fin, au lieu de ressembler à un tout
cohérent, ça ressemble de plus en plus à une catalogne. Et, des fois, on se
dit : Bien, pour quelle raison est-ce que cet amendement-là a été fait?
Je rappelle souvent, moi, que, quand j'ai étudié
le droit municipal, les pouvoirs en matière de zonage étaient presque complètement contenus à l'article
412 de la Loi sur les cités et villes, puis ça marchait. Aujourd'hui, on a une loi de 200, peut-être
300 articles, qui est la loi sur l'aménagement, pour arriver à peu près
au même résultat. Alors, il y a
certainement un effort de simplification qui doit être fait au bénéfice de ceux
qui ont à l'appliquer au premier chef, c'est-à-dire les municipalités puis de
la population en général. Parce qu'on dit : Nul n'est censé ignorer la
loi. Encore faut-il donner une chance au lecteur, parce que même les
spécialistes dans ce domaine-là... Puis la Loi sur la fiscalité municipale, je
me souviens, moi, d'avoir donné des conférences quand j'étais avocat, avec M.
Guay, qui était déjà un grand spécialiste du domaine; ça ne s'est pas simplifié
depuis la fin des années 70, c'est devenu... Je me souviens, il y avait — comment s'appelait-il? — Me Carrier, au ministère des Affaires
municipales. C'était rendu le superspécialiste de l'amendement de la loi parce que, si Me Carrier était malade, on ne
pouvait pas faire le projet de loi, il n'y avait rien que lui qui était capable de suivre où est-ce que... — d'ailleurs, s'il nous écoute, je le salue — qui était capable de suivre comment
les amendements devaient être faits.
On ne se rend
pas service en faisant... ce qui ne veut pas dire qu'un effort de
simplification, c'est facile à faire. C'est
facile à dire, ce n'est pas toujours facile à faire. Mais, autant pour la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme que pour la Loi sur la fiscalité
municipale, je pense qu'il y aurait des petits efforts à faire, à court et
moyen terme, là-dessus.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Blainville, deux minutes.
M.
Laframboise : Oui. Bien, d'abord, je vous remercie par rapport à...
évidemment, dans un souci de donner plus d'autonomie aux villes, il pourra peut-être... il faudra peut-être
regarder la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, et ça, je pense que ça
serait de la cohérence.
Pour le
reste, je voudrais juste revenir... par rapport à ce que vous souhaitez, parce
que vous avez dit tantôt que les
partis d'opposition pouvaient vous appuyer dans votre désir d'avoir une
certaine autonomie par rapport aux demandes des villes et puis des autorisations... le discrétionnaire. Ça, quand...
le discrétionnaire, là, je vous ai dit, les poils me redressent un peu,
là. C'est juste ça. Et je veux vous... Je vous comprends, M. le ministre, que
ce n'est pas facile puis que vous souhaitez
avoir un petit peu de latitude parce que ce n'est pas vrai qu'avec au-delà de
1 000 municipalités, au Québec, tout le monde est pareil. Ça, je
peux comprendre ça. Mais il va falloir que le processus soit des plus
transparents, et, quand vous le dites, il
faut que ce soit publicisé mais rapidement. Il ne faut pas qu'on l'apprenne
cinq ans plus tard, comment ça s'est
fait. Tu sais, donc, il va falloir, si vous voulez avoir notre appui, vous
assurer que, dès que la décision sera prise, elle sera rendue publique. Donc, s'il y a des gens qui ne sont pas
contents, ils pourront poser les questions qu'il faut puis il n'y a pas
de problème. Puis là, là-dessus, je vous suis. On ne peut pas contenter tout le
monde; c'est impossible, en politique. Il
faut avoir une orientation, mais je veux que ce soit... je ne veux pas qu'on
interprète mal notre support. Notre support est conditionnel à ce qu'on
ait de la transparence dès la prise de décision. Si on a ça, moi, je pense
qu'on est capables d'être productifs et puis
d'être constructifs aussi dans cet état-là parce qu'on est conscients de cette
situation-là au Québec. Mais je voudrais juste faire ce petit point-là,
M. le ministre.
Le Président (M. Auger) : Merci. Je
cède maintenant la parole...
M. Moreau : ...dire...
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M.
Moreau : C'est parce que j'ai tellement peu parlé, aujourd'hui,
que je sens la nécessité de me dégourdir la langue.
Le Président (M. Auger) : Bien,
c'est ce que je me disais, aussi.
M. Moreau :
Non, mais je vous remercie de cette collaboration-là, puis j'apprécie beaucoup,
je vous le dis avec la plus grande
sincérité, le climat de confiance qui existe entre les membres de la
commission, parce que c'est comme ça qu'on peut faire avancer les
choses.
Puis vous
avez raison : publiciser une décision trois ans après ou la fin de semaine
quand il fait chaud, ce n'est pas... on se nuit plus qu'on s'aide,
là-dedans. Puis je pense qu'on a avantage, si on veut crédibiliser le maintien
de l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire,
il faut qu'il soit fait de façon extrêmement transparente — et je fais l'écho à ce que je disais tantôt — et aussi de façon documentée. Ce n'est pas
une question de se protéger, mais je dirais : Autant pour le caractère didactique de la chose que pour la
pérennité puis établir une certaine façon de procéder. Parce que, des fois,
l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire peut être comparé à une jurisprudence,
dans le cas des organismes judiciaires ou quasi judiciaires, en disant : Bien, ça
s'est déjà fait; on documente les cas, on a des précédents. Le fait,
d'ailleurs, de constituer des
précédents nous met aussi en garde contre le fait de ne pas en créer, des
précédents. Et c'est là, quand vous dites
que le poil vous redresse sur les bras, c'est pour dire : Bien là, quand
on met le doigt dans le tordeur, des fois on se rend jusqu'à l'épaule.
Alors, je vous remercie, puis je vous le dis : Vous serez peut-être étonné
de voir qu'on va aller chercher votre collaboration plus souvent que vous le
pensez.
• (20 h 50) •
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la
parole à un député du groupe parlementaire formant le gouvernement, M.
le député de Chapleau. Vous avez 14 minutes à votre disposition.
M.
Carrière : Merci, M. le Président. Pour le dernier bloc que
j'ai l'occasion d'intervenir, j'aimerais parler du dernier projet de loi
que notre gouvernement a déposé il y a quelques jours, c'est le projet de loi
n° 3 qui s'intitule la Loi favorisant
la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations
déterminées du secteur municipal. Ça
a fait couler déjà beaucoup, beaucoup d'encre, beaucoup d'interventions sur Facebook,
sur les médias sociaux de toutes sortes.
On entend parler, depuis... depuis déjà même avant le dépôt, là, du projet de
loi, là, des conséquences et de ce qui pourrait arriver, là, à des
négociations qui vont venir et du projet de loi qui a été déposé.
On
se rappellera, pour faire un peu d'histoire, là, c'est venu, là, de notre
ex-collègue, l'ancien ministre des Finances, Raymond Bachand, qui avait demandé un rapport à M. D'Amours, Alban
D'Amours, avec un comité, de se pencher sur les fonds de retraite, surtout à prestations déterminées, mais un petit
peu l'avenir des régimes de retraite, et où on s'en va, et quelle est la pérennité de ces fonds de pension
là, et, s'ils sont en danger, qu'est-ce qu'il y a à faire. Donc, M. D'Amours
a produit un rapport, là, avec son groupe,
auquel j'ai eu la chance d'assister à la présentation, là, il y a un peu plus
d'un an, je crois, et qui dit que plusieurs régimes de retraite
municipaux se dirigent droit dans le mur.
Et
il y a plusieurs spécialistes, depuis, qui ont fait couler beaucoup d'encre
là-dessus. Et puis ce que M. D'Amours disait,
c'est que le statu quo, il n'est plus acceptable. Il n'est plus question de
laisser aller puis de pelleter par en avant — c'est une expression qu'on utilise beaucoup,
pelleter par en avant, là — puis laisser aux générations futures le devoir, mais je
pense qu'on est arrivés à un point de non-retour où il faut faire quelque
chose.
J'ai
une découpure du Journal de Montréal du 21 mai, où des spécialistes,
dont l'économiste Paul Daniel Miller...
Une voix :
Muller.
M.
Carrière : ...se sont attardés à regarder quel impact que ça
aurait, dans chacune des municipalités ou dans plusieurs des
municipalités, le déficit des régimes municipaux. Puis ils ont fait un calcul
par tranche de 100 000 $ d'évaluation
foncière au 31 décembre 2012, puis on voit des chiffres qui sont assez
inquiétants. Parce que des évaluations de
100 000 $, il n'y en a plus beaucoup, là, dans les villes, là; c'est
souvent 200 000 $, 300 000 $, 400 000 $ puis
500 000 $ d'évaluation.
Donc, vous donner un exemple, là : dans ma région, pour la ville de
Gatineau, c'est 560 $ par 100 000 $ d'évaluation, là, l'impact, là, des déficits des
régimes de retraite; à Saint-Jérôme, 340 $. Il y en a que ça va en
montant : Laval, 725 $;
Montréal, 1 168 $ par tranche de 100 000 $; Longueuil,
935 $; Châteauguay, qui est dans le comté de notre ministre,
592 $; Sherbrooke, 619 $. Québec, je pense, qui rafle le grand prix,
là, du déficit, là, 1 210 $ par tranche de 100 000 $. Donc, ça veut dire qu'à toutes les fois, là, c'est
que, si c'est 300 000 $, l'évaluation, on est rendus à
3 630 $ que ça a comme
impact, là, le déficit des régimes municipaux, là, dans la ville de Québec. Il
y a Saguenay, 1 100 $. Donc, quand
on voit ça, le rapport D'Amours donnait totalement raison, là... il avait
vraiment raison de dire qu'il fallait faire quelque chose et que le
statu quo n'était plus acceptable.
Il
y a également, là, Michel Girard, là, dans son article, là, du 21 mai, qui
disait que «les régimes de retraite des employés [municipaux] sont dans le rouge de quelque 4 milliards de
dollars. Ce sont les contribuables, dont la majorité ne bénéficient d'aucun régime de retraite, qui
doivent assumer le gigantesque poids de ce déficit de solvabilité des régimes
de pension des employés municipaux.»
Effectivement, là, je
pense que c'est autour de 2 millions de travailleurs, au Québec, qui n'ont
pas accès à un régime de retraite comme
ceux-là. Même dans les autres municipalités où moi, j'ai été maire, où d'autres
l'ont été, c'est souvent des REER
collectifs où les gens mettent 2 %, 3 %, 4 %, 5 %, la ville
en met autant. Mais, avec la fluctuation des marchés, il est clair que, si, une année, on a des rendements de
13 %, 14 %, les travailleurs sont heureux. Mais, s'il y a des crashs, ils perdent 10 %, 15 %,
20 %, comme on a... et, même, des fois plus, dans les dernières années, comme
on a vu, bien, leurs fonds de
retraite, eux autres, ce n'est pas à prestations déterminées, donc ils vont
devoir vivre avec ce que les rendements auront donné et de ce qu'ils
auront mis de côté pour leur retraite.
Michel
Girard donnait l'exemple, là, d'Hydro-Québec, qui vient de... ou a qui a négocié, là, puis il disait — je vais
le citer, là : «Si [ça] peut "éclairer" la négociation entre les
villes et leurs employés, pompiers,[...]policiers, j'aimerais rappeler
aux protagonistes que même les employés de notre plus grande société d'État,
Hydro-Québec, ont convenu, dans le cadre des
nouvelles conventions collectives, de "partager à 50‑50 le coût du service
courant" du régime de retraite. [Donc,] auparavant, les [coûts] des
cotisations versées par Hydro-Québec [étaient] aux [...] deux tiers [par la
société d'État et] un tiers [par] les
employés...» Et il mentionne aussi que «le nouveau partage des cotisations [de
régimes] de retraite d'Hydro-Québec sera appliqué de façon progressive
de 2014 à 2018».
Donc,
je pense qu'il est de plus en plus clair que ces régimes à prestations
déterminées devront faire preuve... ou nous
devrons, tous ensemble, trouver des solutions pour qu'à la fois les retraités
qui sont à la retraite, qui ont cotisé pendant de nombreuses années, mais à la fois les employés actuels et les
employés futurs qui arriveront dans ces municipalités-là auront l'assurance que leur régime de retraite
aura une rentabilité suffisante et qu'il y aura une pérennité dans le temps.
À la 40e législature, le gouvernement
précédent avait déposé un projet de loi à cet effet-là. Les élections sont
arrivées, et là le projet de loi a été redéposé il y a quelques jours, quelques
semaines, et avec des choses bonifiées. Et il y aura, d'ici quelques mois, d'ici quelques
semaines, des consultations à cet effet-là, où les municipalités seront
appelées à venir se prononcer; des
experts, des actuaires, les syndicats, naturellement, sont appelés à venir nous
faire part de leurs propositions. Et
ceux qui ne le savaient pas, nous, on a eu les convocations cet après-midi,
donc les premières consultations, c'est
le 20 août. Donc, ceux qui, comme disait le ministre, ont des vacances à
prendre sont mieux de les prendre en juillet ou avant que ça commence parce qu'on sera rapidement appelés à la
Commission de l'aménagement du territoire, à venir se pencher, là, sur
ce projet de loi sur les régimes de retraite municipaux.
Il y a les
cols blancs de la ville de Québec également qui, récemment, en sont venus à une
entente. Et à la fois les régimes de
retraite... Et là-dessus je pense que le projet de loi vient permettre la
négociation et, si jamais il n'y a pas d'entente, bien, il y aura toutes
sortes de mécanismes qui seront prévus.
Donc, là-dessus, j'aimerais entendre le ministre
pour qu'il puisse nous expliquer le contexte pour lequel il est nécessaire...
j'en ai fait un portrait, mais un petit peu pourquoi il est nécessaire de
prévoir un projet de loi sur cette restructuration des régimes de retraite
municipaux et des conséquences si rien n'est fait.
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
• (21 heures) •
M. Moreau : La réponse
directe : Parce que tous les spécialistes s'entendent pour dire que le
statu quo n'est absolument pas vivable.
D'ailleurs, quand on regarde la situation, vous avez 170 et quelques
régimes, là, qui regroupent à peu près 122 000 personnes, dont
50 000 retraités, et on a, à l'heure actuelle, des déficits, au 31
décembre 2013, de l'ordre de
3,9 milliards de dollars. Alors, le principe d'un régime de retraite à
prestations déterminées, c'est de dire : Quand j'arriverai à ma retraite, je sais quel sera le
montant de la rente auquel j'aurai droit. Ça suppose encore qu'il faut protéger
le capital et la capacité financière du
régime pour s'assurer qu'à la retraite on n'aura pas cotisé pour rien puis
qu'on va en avoir un.
Et il y a
plusieurs éléments qui expliquent le fait, puis il y a eu beaucoup d'articles
dans les, je dirais, deux ou trois
dernières semaines. Quiconque s'intéresse à ça est capable d'aller chercher des
détails très intéressants sur qu'est-ce qui a amené les régimes à afficher des déficits aussi importants que ça.
Il y a plusieurs éléments : il y a eu des congés de cotisation, dans certains cas; la ville de
Montréal est un de ces exemples-là. Il y a eu des améliorations qui ont été
faites au régime, alors qu'on n'a pas
véritablement bien examiné le coût, l'impact sur la capacité du régime à
répondre et à le fournir. Il y a évidemment les fluctuations boursières,
puis, j'ai eu l'occasion de le dire, on avait des statistiques sur l'impact du coût, en 2008, sur l'ensemble des
régimes de retraite visés par la... gérés ou administrés par la Régie des
rentes du Québec. C'était
catastrophique, là, ça a eu un impact de... je pense que c'est
16 milliards de dollars. On est
passés à un positif de plus 4 milliards à un négatif de moins 11.
Évidemment, ça dépasse les régimes de retraite dans le domaine municipal, mais c'est pour vous dire qu'on ne peut
pas se fier, contrairement à ce que certains disent, aux bonnes années du marché pour régler le problème. Le fait est
que, les bonnes années du marché, 2013, c'est une bonne année dans le marché, quiconque a des placements est capable de
s'en rendre compte, et que malgré tout on est encore dans des situations
où il y a un déficit.
Deuxièmement,
ces déficits-là, le passé, c'est comme si on avait dit : Regarde, la façon
de régler un problème, c'est de ne
pas le regarder puis de faire comme s'il n'existait pas. Je regrette, mais,
dans le domaine financier, les chiffres vont être durs, puis la réalité
nous rattrape rapidement. Puis quiconque dit : Bien, moi, je ne regarderai
pas mon portefeuille de placement parce que
ça ne va pas très bien, à un moment
donné, quand tu vas finir par
regarder ce côté-là, je pense que ce
ne seront pas des rayons de soleil que tu vas voir mais des nuages, des nuages
importants. Et imaginons, là, que,
dans le contexte actuel... On ne souhaite pas ça personne, mais on n'est pas à
l'abri de ça personne, parce que la fluctuation
des marchés, elle est déterminée par la situation mondiale aujourd'hui. Et
est-ce qu'on peut penser, là, qu'on vit,
à l'heure actuelle dans des économies développées, ou même dans les économies
émergentes, une situation à ce point stable
qu'on peut penser que les marchés seront en croissance pour les cinq prochaines
années? La personne qui va vous dire ça, vous allez tout de suite
l'attacher après la porte en arrière, parce qu'il n'y a personne qui peut
prévoir ça.
Donc,
imaginez un contexte où on a déjà 4 milliards... 3,9 milliards de déficit, où on frappe une mauvaise année.
On n'a pas plus de personnes visées par ces
régimes-là, 122 000 à peu près,
puis on a un nombre croissant de retraités, un nombre croissant de
retraités qui, bonne nouvelle, vivent plus vieux parce que la situation puis
l'évolution de nos façons d'être, de vivre
font en sorte que l'espérance de vie a augmenté, donc ce qui amène une pression
additionnelle sur les régimes. Quand on regarde l'ensemble de ces
phénomènes-là, on se dit : Bien, regarde, on a avantage, si on veut
assurer... Puis c'est le titre de la loi, d'assurer la pérennité des régimes de
retraite. Il faut faire quelque chose.
La structure du régime de retraite, par exemple...
pardon, de la loi, est basée sur six critères de base, l'équité intergénérationnelle, la capacité de payer des
contribuables, la pérennité des régimes, l'orientation sur la négociation, et
j'en passe, mais l'économie du projet de loi, c'est de dire aux parties :
Assoyez-vous puis négociez-le, mais vous allez le négocier dans un contexte global, c'est-à-dire vous allez régler les
déficits du passé. Et moi, je pense que... J'entends très bien les remarques du milieu syndical, en
disant : Bien, c'est un projet de loi qui est dur, etc., puis ça ne fait
pas le bonheur de personne. Puis je
disais hier à l'occasion de l'étude des crédits de la métropole : Il n'y a
pas un gouvernement qui se lève le matin en disant : Bon, à qui je
vais déplaire aujourd'hui? Ce n'est pas un projet de loi qui est fait pour déplaire; il faut regarder l'horizon qui est plus
loin. L'équité intergénérationnelle, c'est aussi de dire : On ne peut pas
faire reposer sur l'épaule des jeunes
travailleurs des cotisations plus importantes pour régler le déficit passé
attribuable à des gens qui
aujourd'hui sont à la retraite. L'équité intergénérationnelle, aussi, c'est de
dire : On ne peut pas non plus demander à des retraités de contribuer dans
leurs rentes de base, qui est l'élément sur lequel, dans un régime à
prestations déterminées, on établit
sa capacité financière à la retraite. Par contre, on dit : Dans la partie
de ces régimes-là qui constitue l'indexation ou une indexation automatique, le poids de l'indexation automatique
attribuable aux retraités, dans le cas des régimes de retraite, est phénoménal sur la
capacité financière du régime. J'ai en tête le déficit actuariel pour les sept
régimes gérés par la ville de
Montréal, c'est 1,6 milliard. Le poids de l'indexation, c'est
1 milliard de dollars, et 47 % de ce milliard-là est attribuable
à l'indexation qui serait versée aux
retraités. Pensez-vous qu'il est juste, pour la génération montante des
nouveaux travailleurs, de dire :
On va exclure ce 47 % là, vous n'y toucherez pas, c'est vous qui allez
augmenter vos cotisations pour payer les déficits passés? Il y a une
question d'équité.
Alors,
l'économie de la loi... puis on me fait signe que votre bloc est terminé, M. le
député, mais l'économie de la loi,
c'est ceci : Assoyez-vous, négociez. Il y aura un an et demi pour le
faire. Si vous commencez tout de suite, vous aurez l'équivalent de deux
ans pour le faire. Et, si vous ne le faites pas, il y aura un processus
d'arbitrage, et le contexte de l'arbitrage
fera en sorte qu'on va prendre en compte les bons et les mauvais coups autant des
cotisants au régime que des municipalités
qui auront pris des congés de cotisation, de sorte que l'arbitrage ne sera pas
une invitation ni pour l'une ni pour
l'autre des parties, et que donc on mettra une pression additionnelle sur
l'obligation de négocier. Et je pense que déjà le dépôt de la loi, qui n'est pas adoptée, a créé des
conditions favorables à la négociation. Et, il y a encore quelques jours,
il y avait une entente bien improbable entre
la ville de Québec et les cols blancs, et je vois comme une très bonne nouvelle
le fait que ceux-ci en soient venus à une entente.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Et je cède maintenant la parole au
député de Gaspé, porte-parole de l'opposition officielle, pour un bloc
d'échange d'environ 12 minutes. La parole est à vous.
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Peut-être pour clore le
dossier de la ruralité, Solidarité rurale du Québec est l'instance-conseil au gouvernement du Québec depuis
déjà plusieurs années, et c'est un organisme qui a une mission très importante. Donc, depuis 1997, Solidarité
rurale du Québec agit à titre d'instance-conseil sur différentes questions qui
touchent la ruralité et émet des avis à l'égard de différents dossiers auprès
du gouvernement du Québec.
Dans le cadre
de la négociation et de la conclusion de la nouvelle Politique nationale de la
ruralité, les ententes avec les MRC
ont été conclues. Par contre, les délais n'ont pas permis de conclure l'entente
de financement avec Solidarité rurale.
Disons que l'organisme est un petit peu inquiet, mais j'ai tenté de les
rassurer, j'ai dit : Je suis convaincu que le nouveau gouvernement
va saisir l'opportunité de continuer à vous consulter comme instance-conseil.
Donc, est-ce que ce serait possible de nous dire
où en est rendu le dossier pour le financement de SRQ pour l'année 2014‑2015?
M. Moreau : Oui. C'est à mon
tour?
Le Président (M. Auger) : M. le
ministre.
M. Moreau :
Non, je... Oui, votre lecture est la bonne. Dans le cas de Solidarité rurale,
il y a eu une avance qui avait été
consentie avant, je pense, ou de façon concomitante à mon entrée en fonction,
de 50 000 $, c'est ça, de 50 000 $, et j'ai signé, il y a quelques jours, les documents
pour un montant additionnel de 390 000 $, ce qui représente la moitié
des sommes qui seraient dues en
fonction de l'entente pour l'exercice financier en cours. Alors, comme on dit,
«the check is in the mail», ça doit être à peu près ça, mais de fait il
y a eu... j'ai signé un C.T., là, pour...
Une voix : ...
M. Moreau :
Exact. Et l'autre élément d'information qui n'est pas dénué d'intérêt, c'est le
fait que les crédits budgétaires
n'étaient pas encore adoptés. Et donc ça limite notre marge de manoeuvre, et, à
l'heure actuelle, tout ce qu'on peut faire, c'est consentir des avances
pour ne pas mettre l'organisme en difficulté.
Maintenant,
quand vous dites qu'ils sont... que l'organisme était inquiet, je dois vous
dire que j'ai — très,
très, très brièvement,
malheureusement, dans le peu de temps que j'ai eu depuis mon entrée en
fonction — eu
l'occasion de croiser la représentante de Solidarité rurale. Nous sommes
convenus de nous rencontrer. D'ailleurs, mon collègue le ministre de l'Agriculture a porté le message des
représentants de Solidarité rurale en disant : Bien, ils veulent vous
rencontrer. Je conviens de ça. On
pourra le faire à court terme dans une perspective où, dans les enjeux de mise
en oeuvre de la Politique nationale
de la ruralité, d'ailleurs, il y a des reconnaissances qui seront... Parce que
Solidarité rurale agit dans le Comité des partenaires de la ruralité
puis dans les Grands Prix et le Rendez-vous annuel de la ruralité, et il y aura
des remises notamment de cinq prix dans autant de catégories, dont le prix
Hommage qui est remis par le ministre, et Solidarité rurale participe à l'évaluation des candidatures dans ce contexte-là.
Puis ça, ça vient bientôt, là, j'ai vu ça dans les activités, je pense que c'est à l'automne. Et avant ça on aura
l'occasion de s'asseoir avec eux pour voir quelle est, pour eux aussi, la
vision de leur contribution à la mise en
oeuvre de la Politique nationale de la ruralité, voir un peu... faire un bilan
de ce qui s'est fait dans le passé.
Je me souviens,
moi, d'avoir vu les origines un peu de Solidarité rurale avec M. Proulx,
Jacques Proulx, qui était l'ancien
président de l'UPA, qui était quelqu'un d'assez coloré, un producteur agricole
de mouton, si je me souviens bien, et
qui était campé dans le terroir et dont la réputation était importante et
grande, parce que j'ai l'impression qu'il y avait bien des gens, notamment sur Le Plateau à
Montréal, qui étaient tombés en amour avec le personnage, et qui permettait
donc, à travers sa façon colorée de dire et de faire les choses, d'expliquer la
ruralité au milieu urbain.
Mais c'est
clair que j'ai un intérêt pour que nous puissions nous asseoir avec les gens de
Solidarité rurale puis voir avec eux
sur quelle base on pourra travailler ensemble pour la mise en oeuvre de la
Politique nationale de la ruralité.
• (21 h 10) •
Le Président (M.
Auger) : M. le député de Gaspé.
M. Lelièvre : Peut-être deux
commentaires plus que des questions, à ce moment-ci. Le temps court.
D'abord, comme vous avez pu le constater, j'ai
insisté beaucoup sur la question de l'occupation du territoire, développement des régions. Pas parce que notre
capitale nationale et notre métropole ne m'intéressent pas, au contraire.
Je disais souvent, quand je rencontrais les
gens dans des tournées : Si le Québec veut être fort, ça nous prend une
métropole extrêmement performante
puis ça nous prend une capitale nationale aussi, également, extrêmement
performante. Mais ça nous prend aussi
15 autres régions qui vont trouver chacune leur modèle de développement,
puis c'est ça qui va faire que le Québec va être fort.
Donc, je
laisse... Du côté de la capitale nationale, c'est la députée de Taschereau qui,
demain, pourra défendre les dossiers
ou poser des questions opportunes. Et, pour ce qui est de la métropole, c'était
dans... on avait convenu que c'était le député de Rosemont qui défendait
les dossiers. Donc, je tenais à préciser, là, la raison pourquoi j'ai insisté
davantage sur la question de la ruralité et du développement des régions.
Puis je tiens
finalement à remercier les membres de la commission, principalement le
ministre, le président et tous ceux qui ont participé, les collègues des
différents partis d'opposition. Ça a été une séance de travail extrêmement intéressante, même agréable, et je pense qu'on a
pu faire le tour de différents dossiers aujourd'hui. Mais, comme M. le ministre l'a mentionné, il y a beaucoup de travail
qui nous attend, comme commission, puis je tiens à assurer le ministre une fois de plus de ma grande collaboration pour
s'assurer que le maximum de dossiers qui touchent le monde municipal puis l'occupation du territoire et les régions
soient traités dans les meilleurs délais, compte tenu des nombreux besoins
qu'on y retrouve.
Donc, ça a été un plaisir de participer, puis
merci à tout le monde de votre collaboration, incluant l'équipe du
gouvernement.
Le Président (M. Auger) : Merci. M.
le ministre, avez-vous...
M. Moreau :
Oui. D'abord, je veux remercier le député de Gaspé puis lui dire qu'à l'égard
des crédits liés à la capitale
nationale c'est le ministre responsable de la Capitale-Nationale, le ministre
du Travail, qui aura le bonheur de défendre
ces crédits devant la députée de Taschereau. Je pense qu'ils se connaissent
bien, ils se côtoient assez régulièrement. Et la raison pour laquelle c'est le ministre responsable de la
Capitale-Nationale, c'est parce qu'historiquement, et je l'ai expliqué
hier à l'occasion de l'étude des crédits sur la métropole, le... pas le
secrétariat, la Commission de la capitale nationale
relève du ministre responsable de la Capitale-Nationale. Alors, c'est lui qui
aura le plaisir de donner suite aux discussions concernant la capitale
nationale.
Je pense que ça nous ramène à notre bloc, M. le
Président.
Le
Président (M. Auger) : Bien, ce ne sera pas très, très long. Je
croirais bien que oui, mais juste valider quand même avec le député de
Gaspé.
M. Lelièvre : Ça complète de
mon côté. Merci.
Le
Président (M. Auger) : Ça complète de votre côté, donc, effectivement.
Je cède maintenant la parole à un député
du groupe parlementaire formant le gouvernement, M. le député de Vimont, pour
un bloc de maximum 14 minutes. M. le député de Vimont, la parole
est à vous. Non?
Une voix : ...Mégantic.
Le Président (M. Auger) : Ah! le
député de Mégantic, la parole est à vous.
Des voix : ...
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Aïe! S'il vous plaît!
Le Président (M. Auger) : Pour
14 minutes, M. le député de Mégantic, maximum.
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Merci, M. le Président.
Une voix : ...
M.
Bolduc
(Mégantic) : Ah oui? Excusez-moi. Donc, M. le Président, les
rôles d'évaluation qui sont entrés en vigueur
depuis 2003 se sont traduits par des hausses foncières qui se répartissent
vraiment de façon inégale sur le territoire de différentes municipalités. Et, à ce chapitre-là, je vais essayer de
vous illustrer quelques problématiques. Et, pour ce faire, je vais
prendre mon comté à titre de modèle.
Dans mon
comté, il y a plus de 20 lacs, dont trois d'entre eux ont plus de
25 kilomètres de longueur. Nous avons donc des milliers de riverains. Et
plus de 80 % du territoire de mon comté est boisé, et là aussi ça crée une
problématique sur la valeur foncière
et la taxation, qui est la conséquence directe. Et, à partir du moment où je
suis devenu conseiller municipal et, après, maire, je vais vous donner un exemple où dans trois
réévaluations de rôle on a eu une augmentation de 18 %, 48 % et 28 % progressivement, sur trois
séquences d'évaluation triennale. Donc, si on n'avait pas changé le taux
de taxation, vous pouvez imaginer facilement
l'impact que ça créerait chez les propriétaires fonciers et les contraintes
inacceptables ou impossibles que ça créerait dans le milieu.
Puis, pour
vous illustrer ça, dans certaines municipalités, nous, ce qu'on a fait, entre
autres, c'est qu'on a transféré une
partie de la charge foncière en services et on a réussi à trouver un équilibre
où, par exemple, les riverains représentent un peu plus de 50 % de la charge foncière. Et, en rééquilibrant,
vous savez, la charge foncière et la charge services, on a rétabli une
espèce d'équité.
Par contre,
j'ai d'autres municipalités dans le comté qui, elles, ont fait un transfert
complet. Donc, les riverains, qui se
sentaient lésés par leurs taux de taxation, ont pris contrôle du conseil
municipal et ils ont transféré le rôle foncier en rôle services, ce qui a fait basculer, par exemple, une propriété de
400 000 $ sur le bord d'un lac avec une taxation de 500 $ par année, tandis qu'une maison d'une
valeur de 50 000 $ dans le petit village avait un taux de taxation de
2 000 $. O.K.?
Donc,
j'essaie de vous démontrer que cette problématique-là peut devenir extrêmement
pénible si on n'y met pas un peu
d'ajustements. Et c'est souvent délicat, pour les municipalités, d'essayer de
comprendre quels sont les impacts, combien longtemps ça va durer dans le temps, cette espèce d'impact là, puis
quelle est la meilleure politique ou la meilleure attitude à développer à travers une évolution pour
s'assurer que les milieux vont être en équilibre par rapport aux services
qu'ils reçoivent. O.K.?
Dans mon
secteur à moi, on a vu, par exemple, entre 2005 et 2012, le rôle foncier, lui,
avec à peu près aucune construction,
passer de 150 millions à 250 millions de rôle d'évaluation. Donc,
c'est ce type de changement là, là, que, si on ne touchait pas au taux de taxation, on se ramasse avec des problèmes
qui sont très difficiles à gérer pour les municipalités.
Et, puisque
je me prépare pour ma question depuis plus d'une semaine, j'ai beaucoup
d'énergie pour l'expliquer, mais je
vais vous donner un exemple d'un jeune entrepreneur qui m'est arrivé avec une
solution innovante. Puis je pense que c'est intéressant d'en parler un
petit peu, parce que des fois ça peut nous positionner pour essayer de
comprendre comment on peut faire ce genre de
chose là. Et ce que ce jeune entrepreneur là m'a dit, c'est que, vous savez,
dans nos municipalités, chez nous,
les locaux, les gens qui ont grandi dans les communautés, n'ont plus les moyens
de s'acheter des chalets sur le bord
de leur lac, parce que le coût est tellement élevé qu'ils ne peuvent pas se le
permettre. Donc, il y a toute une communauté de gens qui arrivent de
l'extérieur qui acquièrent les propriétés, et ça crée une tension de base. Et,
pour empirer le problème, c'est que maintenant on est en train
d'assister à un changement générationnel qui nous crée un problème encore sérieux parce que, nos jeunes
aujourd'hui, en fait, on ne peut même pas transférer les valeurs à nos enfants,
parce que le rôle foncier est
tellement élevé, et, la charge, c'est que les jeunes ne peuvent pas se
permettre ce transfert-là.
Ce jeune entrepreneur là, en fin de semaine
dernière, m'a traduit ça d'une autre façon et il m'a dit que les municipalités devraient penser à imposer un taux
de taxation basé sur la valeur nette. Donc, si une jeune famille prend le chalet de papa qui vaut 300 000 $
avec une hypothèque de 200 000 $, la valeur nette est
100 000 $. Donc, la valeur nette
serait la seule composante taxable, O.K.? C'est entendu que les municipalités
perdent une valeur, mais ça permet de faire
un transfert générationnel. Et je vous donne un exemple d'innovation qui peut
nous permettre de faire un développement intéressant...
Le Président (M. Auger) : Le
président a hâte...
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Pardon?
Le Président (M. Auger) : J'ai hâte
à votre question, M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc
(Mégantic) :
Oui, oui, je la prépare, là. Vous voyez l'environnement, là.
• (21 h 20) •
Le
Président (M. Auger) : Oui, mais j'aimerais ça que... Je sais que ça
vous a pris une semaine à la préparer, mais on a un temps limité, M. le
député.
M.
Bolduc
(Mégantic) : O.K.
Donc, c'est un problème qui est
vraiment préoccupant et qui touche beaucoup de municipalités au Québec.
Donc, il faut comprendre la complexité de ça pour pouvoir vraiment travailler
avec ça.
Donc,
différentes pistes de solution sont envisageables. Et je sais qu'un projet de
loi avait été déposé en mars 2011, et maintenant ce que je voudrais
savoir, c'est s'il y a de l'avancement sur cette question-là.
Donc, la
démarche visant l'adoption de principe du projet de loi n° 4 s'est
amorcée à la session de printemps 2012, mais celle-ci s'est terminée sans que l'adoption en ait lieu. Donc,
j'aimerais donc savoir s'il y a de l'évolution dans le dossier et si nous avons des pistes de solution ou
des exemples qui pourraient nous éclairer sur la stratégie à adopter pour
amoindrir les impacts de la hausse de taxe des propriétés riveraines.
Le Président (M. Auger) : Merci. M.
le ministre, la parole est à vous.
M.
Moreau : Oui, merci, M. le Président. Le projet de
loi n° 4 qui est mort au feuilleton prévoyait certains éléments pour... des mesures facultatives de crédits de
taxe foncière ciblés. Il y a plusieurs... Il y a d'autres provinces
canadiennes, notamment la
Nouvelle-Écosse, qui se sont engagées dans des programmes de limitation ou de
l'augmentation de la valeur foncière,
et il y a des groupes de citoyens qui font des représentations en ce sens-là.
C'est un problème qui est extrêmement complexe
dans la mesure où l'évaluation des propriétés, c'est la base fiscale, c'est une
assiette fiscale pour les revenus d'une municipalité, puis qui dit assiette fiscale
dit effet corrélatif. Si j'ai une mesure d'allègement pour un, j'ai une mesure
qui est pénalisante pour les autres. Le
gouvernement a pris des engagements en campagne électorale et, dans le discours
du budget, il s'est engagé à mettre en
place, à l'intention des personnes de 60 ans et plus, un programme de
prêts garantis qui s'apparente à un
programme de report du paiement de l'impôt foncier. Ça, c'est un élément et une
piste de solution, mais il y en a d'autres qui doivent être examinés,
parce qu'il y a des éléments extrêmement contraignants dans les programmes qui ont été mis en place notamment par
la Nouvelle-Écosse dans ce domaine-là. Puis on me disait, M. Guay avec qui j'avais une discussion à ce sujet-là,
qu'on pense qu'aujourd'hui, si la Nouvelle-Écosse avait le choix, peut-être
qu'ils reculeraient pour se sortir de ce
programme-là. Et le risque est grand, parce que, à partir du moment où vous
mettez un programme semblable en oeuvre, la capacité, pour un
gouvernement, de s'en sortir est à peu près inexistante.
Alors,
on a donné un mandat au Secrétariat aux aînés pour se pencher sur la situation
afin d'examiner quels sont les paramètres possibles de... ou quelles
sont les solutions possibles pour arriver à appliquer un certain contrôle sur l'augmentation des valeurs. Mais l'augmentation
des valeurs, c'est la spéculation du marché, c'est le marché libre. Et, à
partir du moment où on intervient dans la
liberté du marché, on risque de créer une distorsion qui est extrêmement pénalisante pour d'autres individus, sans égard à
leurs revenus. Donc, le choix des critères, le choix des programmes, le choix de l'intervention doivent faire l'objet
d'une analyse qui soit complète, et je sais que les spécialistes en matière de
fiscalité du ministère des Affaires municipales vont contribuer, avec le
Secrétariat aux aînés, à essayer de trouver une solution dans ce dossier-là et pour faire en sorte que... D'ailleurs,
vous le retrouvez à la page B.118, là, le programme de prêts pour les personnes âgées afin de faciliter
le paiement des impôts fonciers, dans le plan budgétaire du gouvernement
en 2014‑2015. Et c'est un problème
extrêmement complexe, et même les solutions qui ont été mises en place par
d'autres instances ailleurs au Canada ne semblent pas rencontrer les
objectifs qu'ils s'étaient fixés au départ. Alors, c'est une question importante, c'est une question pertinente
mais qui nous préoccupe et pour laquelle, outre la mesure budgétaire, on
examinera les solutions qui s'offrent à nous.
M. le Président, avec
le temps qu'il nous reste, j'aimerais en profiter pour non pas faire les
traditionnels remerciements des gens qui
composent la commission, évidemment le député de Gaspé, le député de
Blainville, le député de Beauce-Nord,
nos collègues de Vimont, de Chapleau, de Vanier-Les Rivières,
Saint-François, Mégantic, Abitibi-Est, Côte-du-Sud,
le député de Rosemont, qui a été avec nous, et vous-même, comme président de la
commission, pour vous remercier de la
qualité du travail et vraiment de la
qualité de l'atmosphère qui a régi nos travaux, mais je veux aussi vous dire que j'ai eu le privilège, dans un mandat
passé, d'être ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes,
et vous dire que, dans ce
contexte-là, j'avais eu le privilège de remplacer le premier ministre au Conseil de la fédération,
ce qui m'a permis de constater puis de faire une évaluation très sommaire mais
une comparaison de la fonction publique — dont peut s'enorgueillir le Québec — par rapport aux fonctions publiques des
autres provinces canadiennes, et vous
dire que je retrouve au ministère des Affaires municipales la même qualité, le
même dévouement, la même loyauté dans
cette fonction publique qui nous permet de gérer des dossiers fort complexes,
la dernière question qui est soulevée en est un bel exemple — et je pense à M. Guay, qui est au ministère des Affaires
municipales depuis bon nombre d'années — et de voir d'abord la générosité et le dévouement de ces hommes et de ces
femmes qui, dans la fonction publique, nous permettent d'avoir une
qualité et, je dirais, une grande spécialité dans les... des spécialités
extrêmement pointues au bénéfice de l'ensemble
des contribuables, et ce, quelle que soit la personne qui incarne le ministre.
À un moment donné dans le temps, il y a une continuité dans cette
fonction publique.
Et je voudrais
prendre le temps qu'il nous reste pour mentionner ceux qui nous ont
accompagnés. Il y a M. Serge Paquin, qui
était professionnel de l'évaluation foncière; Claude Proulx, responsable de la
logistique; Bernard Guay, dont j'ai
parlé, qui est le directeur général de la fiscalité et de l'évaluation; David
Dusseault, chef d'équipe au
Commissaire aux plaintes; Nicolas Paradis, directeur des affaires
juridiques — moi,
j'ai eu le plaisir de commencer ma
carrière aux affaires juridiques des Affaires municipales alors que j'étais
étudiant, Me Paradis n'était pas encore là à ce moment-là, maintenant il est directeur des
affaires juridiques; Stéphane Bouchard, directeur général de l'urbanisme et
l'aménagement du territoire; Raymond Sarrazin, directeur général des services à
la gestion; Martin Garneau, chef d'équipe,
ressources financières et matérielles; Richard Villeneuve, Commissaire aux
plaintes; Jean Villeneuve, directeur général des finances municipales;
Marie-Andrée Mill, adjointe exécutive; Bertrand Cayouette, directeur général
des affaires territoriales; Jean-François
Bellemare, directeur général des infrastructures; Sylvie Plante, directrice des
ressources financières et
matérielles; Yannick Routhier, directeur au développement régional et rural;
André Lavallée, hier, oui, qui était
avec nous à l'équipe de la métropole; Nicolas Froger, directeur des affaires
métropolitaines; Patrick Champagne, conseiller
aux politiques; Louise Lambert, qui nous a expliqué, comme sous-ministre
adjointe aux territoires, les nombreux programmes
que nous avions; Jérôme Unterberg, qui est sous-ministre adjoint aux
politiques; Frederic Guay, sous-ministre adjoint aux infrastructures et aux finances municipales, qui est en lien
avec tout ce qui se fait en matière d'infrastructure; Martin Arsenault, sous-ministre adjoint et
coordonnateur des projets spéciaux pour le travail qu'il fait pour le dossier
de Mégantic; et, bien sûr, Sylvain
Boucher, qui est le sous-ministre en titre. Ces gens-là peuvent être fiers du
travail qu'ils font. Moi, je suis fier du travail que je constate qu'ils
font et je sais que je peux compter sur leur collaboration.
Au
niveau du cabinet, je veux remercier Jocelyn Turcotte, qui est, je dirais, un
compagnon de longue date, qui travaille
avec nous; Stéphanie Boucher, qui est à ses premières armes comme avocate et
qui déjà a été très active dans le dossier...
dans le projet de loi n° 1 sur l'inspecteur général de Montréal; Maxime
Girard; Catherine Poulin, mon attachée de
presse, qui, elle, m'endure tous les jours, quelle que soit la température,
parce que mon caractère est égal, ça, c'est connu; Jean-Félix Lévesque, qui agit parfois comme garde
du corps, vu son puissant physique; Éric Mercier, mon directeur adjoint de cabinet; et, bien sûr, Olivier Parent, qui est
mon directeur de cabinet depuis que j'ai occupé les fonctions de whip en
chef du gouvernement en 2008.
Alors, je
veux remercier tout le monde, leur dire que parfois, si on a l'air de bien
connaître nos choses, c'est parce que
tous ces gens-là, que ce soient les gens de la fonction publique ou ceux qui
forment nos équipes, nous aident à bien paraître lorsqu'on répond aux questions, et je
leur suis grandement redevable. Alors, je voulais les remercier et prendre
les dernières minutes d'étude des crédits pour le faire correctement, M. le
Président. Je vous remercie de m'avoir fourni l'opportunité de le faire.
• (21 h 30) •
Le Président (M. Auger) : Merci, M.
le ministre.
Adoption des crédits
Le temps
alloué à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Affaires municipales et Occupation du territoire étant écoulé, nous
allons maintenant procéder à la mise aux voix des programmes.
Le programme 1, Développement des régions et ruralité, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Auger) : Sur
division. Le programme 2, Modernisation des infrastructures municipales,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Auger) : Sur
division. Le programme 3, Compensations tenant lieu de taxes et
aide financière aux municipalités, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Auger) : Sur
division. Le programme 4, Administration générale, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Auger) : Sur
division. Le programme 6, Commission municipale du Québec, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Adoption de l'ensemble
des crédits
Le
Président (M. Auger) : Sur
division. L'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Affaires municipales et Occupation du territoire pour
l'exercice financier 2014‑2015 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président (M. Auger) : Sur
division.
Documents déposés
Je dépose les réponses aux demandes de renseignements
de l'opposition. Et à mon tour de vous remercier, M. le ministre et toute votre
équipe, chers collègues et toute l'équipe de la commission.
Je lève la
séance, et la commission ajourne ses travaux au vendredi
27 juin 2014, à 9 h 30,
où elle entreprendra l'étude du volet
Capitale-Nationale des crédits budgétaires du portefeuille Travail. Merci
beaucoup et bonne fin de soirée.
(Fin de la séance à 21 h 31)