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(Neuf heures quarante-huit minutes)
La Présidente (Mme Marois): J'inviterais le ministre
à prendre place, s'il vous plaît. Je vais d'abord rappeler,
évidemment, le mandat de la commission des affaires sociales qui se
réunit ce matin afin d'étudier les crédits
budgétaires du ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, pour
l'année financière 1992-1993.
Nous allons d'abord procéder, Mme la secrétaire, en
constatant les remplacements, s'il y a lieu.
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme Cardinal
(Châteauguay) sera remplacée par M. Gauvin (Montmagny-L'lslet); M.
Houde (Berthier) par M. Charbonneau (Saint-Jean); Mme Loiselle (Saint-Henri)
par Mme Bleau (Groulx); M. Philibert (Trois-Rivières) par M. Richard
(Nicolet-Yamaska) et M. Williams (Nelligan) par M. Maltais (Saguenay).
Organisation des travaux
La Présidente (Mme Marois): Merci. Je voudrais d'abord
savoir s'il y a entente quant à la répartition du temps
accordé aux dossiers ou l'ordre dans lequel on voudrait aborder les
différents programmes que l'on doit accepter aujourd'hui. Oui, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'aurais une proposition
à faire aux membres de cette commission ainsi qu'au ministre. J'ai eu
l'occasion, il y a quelques minutes à peine, de la transmettre a son
adjoint, M. Labelle. En fait, il s'agirait, ce matin, de tenter...
Évidemment, tout cela ne vaut que dans la mesure où on parvient
à terminer dans les délais que l'on a, mais il s'agirait
d'examiner les programmes 1, 4, 5 et 6, c'est-à-dire Gestion et services
aux clientèles, le programme 4, Sécurité du revenu,
Allocations de maternité au programme 5 et le programme des chasseurs et
piégeurs cris, qui est le programme 6. Alors, si on pouvait
compléter ça ce matin de manière, cet après-midi -
si tant est, et j'y reviendrai - que je puisse avoir les informations que je
n'ai pas eues cette année mais qu'on avait les années
passées, sur le programme 7. Je vous en reparlerai, M. le ministre, mais
on pourrait faire, cet après-midi, les programmes 2 et 3,
c'est-à-dire tout ce qui est administration
déléguée et la Commission des affaires sociales. Ça
pourrait permettre de libérer j'imagine que plusieurs le
souhaitent - les dirigeants des com- missions, offices, régies qui sont
venus pour cette étude de crédits et qui souhaiteraient
peut-être retourner, pour certains, chez eux, ce soir. Donc, on pourrait,
ce soir, aborder les programmes 7 et 8. (9 h 50)
Ceci dit, l'année dernière, j'avais félicité
le ministère, pas simplement l'année dernière, je pense
que le ministre doit convenir que les années précédentes -
depuis qu'il est là et depuis que j'y suis aussi - j'ai
félicité le ministère pour la qualité des
informations qui nous étaient transmises à l'occasion de
l'étude des crédits. Je ne sais pas ce qui s'est passé
cette année, mais au programme 7, en particulier, c'est-à-dire le
programme Adaptation et formation professionnelle, ah! c'est arrivé en
pièces détachées. Je sais que le ministre m'a dit... et ce
n'est pas tant sur le moment où on les a eus. Si, au moins, ça
avait été complet, je m'en serais satisfaite, mais je vous assure
qu'à 3 heures du matin, cette nuit, quand j'essayais de me retrouver
dans le labyrinthe des cours offerts en matière de formation
professionnelle, ça n'avait rien à voir avec les tableaux,
l'information qu'on avait l'an passé.
Alors, moi, ce que je propose au ministre, c'est ceci: simplenient lui
remettre ce qui nous a été remis l'an dernier, et que ça
soit actualisé dans le cours de la journée pour que, ce soir, on
puisse le questionner. Je ne le sais pas, mais ça ne m'apparaît
pas possible que le ministère soit moins équipé cette
année qu'il ne l'était l'an dernier. C'est le programme où
il y a eu le plus de difficultés. Alors, il s'agit, en fait, de la
ventilation des transferts du gouvernement fédéral dans le cadre
des divers programmes à frais partagés. Qu'est-ce qui se serait
passé pour que, cette année, l'information soit si peu abondante?
Je comprends qu'il y ait parfois des raisons stratégiques pour ne pas
nous fournir de l'information - on y reviendra sur le crédit
d'impôt. Ça, c'est autre chose, c'est des raisons politiques.
Mais, quant à l'information qui y était les années
précédentes, je ne comprends pas pourquoi elle ne l'est pas cette
année. Alors, ça vaudrait pour la ventilation des transferts du
gouvernement fédéral, en particulier dans les différentes
ententes et accords Canada-Québec. Ça, c'est vraiment
déficient.
Moi, ce que je veux, c'est qu'on réactualise simplement les
informations qu'on avait pour qu'on puisse se comprendre cette année et
voir comment ça a été par rapport aux années
passées. C'est, évidemment, les tableaux sur la planification des
achats directs de formation en établissement et, cette année,
nous n'avons
obtenu, par exemple, que les chiffres sur le nombre de cours et non pas
sur le nombre de participants. Vous voyez, c'est la première
année qu'on introduit le facteur du nombre de cours et non pas du nombre
de participants. Ça ne nous permet pas de voir comment ça a
évolué. Aussi, je signale au ministre que, quant aux programmes
québécois, à proprement parler, on les a eus sur un
tableau de l'année scolaire plutôt que, comme à chaque
année, l'année financière. Alors, là, ça
nous donne finalement quelque chose qu'on ne peut vraiment pas utiliser, sur
lequel on ne pourra quasiment pas échanger, et qui ne nous permet pas
d'avoir un aperçu de la réalité.
La Présidente (Mme Marois): Alors, peut-être que ce
qu'on pourrait faire dans un premier temps, si vous le permettez, Mme la
députée, c'est que, si on a un accord, d'abord, sur l'ordre qui
est proposé pour i'étude des différents dossiers, on
clarifierait ça et, par la suite, on pourrait aborder le programme 7 sur
lequel le ministre pourrait nous dire s'il peut ou non fournir les informations
demandées par Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Alors, dans un premier temps, est-ce qu'on s'entendrait pour retenir Tordre
proposé dans l'étude des crédits, soit les programmes 1,
4, 5 et 6, ce matin; cet après-midi, les programmes 2 et 3; et, en
soirée, les programmes 7 et 8? Est-ce qu'on serait d'accord avec cette
nomenclature-là? Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, moi, je suis tout à
fait à la disposition de la commission pour étudier les
crédits dans l'ordre ou dans le désordre, selon que vous jugerez
à propos. Je remercie la porte-parole de l'Opposition de nous donner
d'avance sa proposition d'étude, ce qui permettra aux dirigeants
d'organismes de se libérer. C'est très gentil de votre part d'y
avoir pensé et je vous en suis reconnaissant.
Cependant, Mme la Présidente, avant d'aller plus loin, j'aimerais
quand même réagir aux propos de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve parce que ce ne serait pas correct, surtout pour les gens
qui m'entourent, de laisser ces paroles-là flotter comme ça dans
l'air sa^is pouvoir les contenir dans un...
La Présidente (Mme Marois): Si vous permettez, M. le
ministre, je vous...
Mme Harel: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Attendez un... Oui.
Mme Harel: ...moi, je ne ferai pas ma proposition si je n'ai pas
mes informations. Je vais essayer, dans l'après-midi, d'avoir des
informations qui ne me sont pas actuellement fournies sur le programme 7.
Alors, je vais renverser l'ordre dans lequel je souhaiterais qu'on puisse
étudier.
M. Bourbeau: Bien, écoutez...
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Donc, je vais
permettre au ministre de réagir aux propos de la députée
de Hochelaga-Maisonneuve pour lui permettre d'expliquer un petit peu ce qui
s'est passé et ce qu'il serait prêt à compléter ou
quoi que ce soit. Alors, M. le ministre, allez-y.
M. Bourbeau: Disons que je comprends que ce sont des propos
préliminaires au début de la commission. Disons que, pour ce qui
est de la qualité des documents que nous avons produits, c'est vraiment
là une question d'appréciation parce que, autour de moi, on avait
l'impression que la qualité de la documentation était au moins
égale sinon supérieure à ce qui a été soumis
dans les années précédentes. Je n'ai pas personnellement
préparé ça. J'ai quand même regardé ça
attentivement. Je ne l'ai pas regardé comparativement à l'an
dernier, mais ceux qui l'ont fait ne comprennent pas vraiment pourquoi on
prétend que les documents sont de qualité inférieure.
Maintenant, que la députée de Hochelaga-Maisonneuve dise que
c'est un labyrinthe, les programmes fédéraux, ça, j'en
conviens avec elle. Je mets ça dans tous mes discours depuis plusieurs
mois, même depuis un an, et dans mes réponses à
l'Assemblée nationale. C'est vrai que c'est compliqué. J'ai
beaucoup de sympathie pour ceux qui ont à se pencher là-dessus,
à tenter de comprendre comment ça se passe entre les programmes,
les critères, les volets. C'est vraiment un labyrinthe.
Là-dessus, je vous donne raison, mais j'ai hérité de
ça, Mme la Présidente. Vous savez de quoi je parte.
Finalement, j'aimerais dire quand même que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve a posé des questions et
nous avons répondu à toutes les questions posées par la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, à l'exception de deux
dont nous n'avions pas, à ce moment-là, les données. Mais
je crois qu'on va probablement être capable de les fournir un peu plus
tard aujourd'hui. Mais, là-dessus, je voudrais qu'on nous dise en quoi
on n'a pas répondu aux questions.
Maintenant, dernier point...
Mme Harel: Si vous permettez...
M. Bourbeau: ...dernier point. Bien, je vais terminer.
Mme Harel: Ah! d'accord.
M. Bourbeau: On nous dit qu'on n'a pas soumis la ventilation des
revenus perçus du gouvernement fédéral. Là, la
raison est simple, c'est qu'on n'est pas en train d'étudier les
revenus, on est en train d'étudier les dépenses
aujourd'hui. Nous, j'ai compris qu'on venait ici pour faire une étude du
budget des dépenses, des crédits de dépenses et non pas
des revenus. Les revenus, c'est le budget. Alors, aujourd'hui, bien sûr,
on a toutes les informations sur les dépenses. Les revenus, on n'en a
pas. Vraiment, ça ne nous regarde pas. Vous savez, ça va dans le
fonds consolidé du Québec et non pas au ministère. Donc,
je pense que c'est même hors de propos.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Avant de vous donner la
parole, je m'excuse, c'est qu'au début on n'a pas constaté votre
remplacement. Alors, avec le consentement des membres de la commission, Mme la
députée remplacerait la députée de Marie-Victorin.
Ça va? Merci. Oui, allez-y, vous avez la parole.
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. J'invite le ministre
à prendre connaissance de la liste des questions que l'Opposition lui a
fait parvenir, les mêmes questions qu'elle fait parvenir à tous
les autres ministères, qui, eux, s'autorisent à répondre
à ces questions. En fait, il s'agit des demandes de renseignements
généraux de l'Opposition officielle. C'est dans cette liste de
demandes de renseignements généraux que l'on retrouve
habituellement et, d'une façon... Encore une fois, non seulement ce sont
des renseignements généraux, mais la demande est
générale. Ce qui est surprenant, c'est que, pour la
première fois, le ministère refuse de répondre à la
question 23 de ces renseignements généraux, question à
laquelle les autres ministères répondent. Cette question est bien
simple, elle dit ceci: «Ventilation détaillée des
transferts obtenus du gouvernement fédéral en 1991-1992 dans le
cadre des divers programmes à frais partagés». Ça ne
vaut pas que pour la Main-d'oeuvre, ça vaut pour la Justice, ça
vaut pour tous les autres ministères. J'ai même fait les
crédits, la semaine passée, en Justice, une journée
complète, et j'ai eu ces renseignements-là. Alors, ce que je ne
comprends pas, c'est pourquoi on refuse de nous les donner cette année?
On nous indique: «Non applicable à l'étude des
crédits budgétaires». C'est surprenant que ce soit non
applicable cette année, qu'on les ait eus les années
antérieures et que, cette année, les autres ministères
considèrent que ça fait partie de l'examen du contrôle
parlementaire.
M. Bourbeau: Ce n'est pas l'information que j'ai. (10 heures)
La Présidente (Mme Marois): Pardon, M. le ministre?
M. Bourbeau: Ce n'est pas l'information que j'ai.
Mme Harel: De la part de qui, là?
M. Bourbeau: de la part de ceux qui sont près de moi
là, que les autres ministères ont, d'une façon
générale, donné la ventilation des revenus.
Mme Harel: Écoutez...
M. Bourbeau: On a compris, nous, que c'étaient les
crédits, donc les budgets de dépenses, et que, tel qu'on l'avait
dit dans la réponse qu'a lue la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, ce n'est pas pertinent à l'étude des
crédits. Ma compréhension, c'est que les autres ministères
ont fait la même chose que nous.
Mme Harel: Alors, M. le ministre, là, il y a un terrible
malentendu.
M. Bourbeau: Mais, en général, il y a
peut-être des exceptions, là, mais, en général.
Mme Harel: II y a vraiment un malentendu. Ça veut donc
dire que pour tous les programmes à frais partagés... Alors,
là, on parle du RAPC, on parle de l'accord sur l'amélioration des
perspectives d'emploi des bénéficiaires de l'aide sociale, on
parle de l'entente sur le partage de certains coûts des programmes de
réadaptation sociale pour les prestataires de la sécurité
du revenu, on parle de la Loi sur la réadaptation professionnelle des
invalides, de l'accord... Vous nous l'avez donnée sur l'accord
Canada-Québec sur la formation en établissement. C'est le seul
parmi la liste des neuf transferts pour lesquels nous demandions de
l'information concernant la planification de l'emploi, l'évaluation des
programmes, la subvention pour le développement des systèmes,
etc., qui sont des programmes à frais partagés, pour lesquels
nous avions, jusqu'à maintenant, sans que ça ne pose de
problème, la part fédérale, la part du Québec.
Alors, pourquoi, maintenant, cette année, cette information-là ne
serait plus disponible? Voulez-vous bien me le dire?
M. Bourbeau: Écoutez, Mme la Présidente, tout ce
que je peux dire là, c'est que, présentement, il y a deux
processus d'étude au gouvernement, un pour les dépenses et un
autre processus pour les revenus. Quand on parle des dépenses, bien,
évidemment, ça s'étudie aujourd'hui dans le cadre de
l'étude des crédits. Quand on parle des revenus du gouvernement
du Québec, qu'ils soient des revenus de taxation provenant des
individus, des corporations, ou des transferts du gouvernement
fédéral, on parle de
revenus et ça fait partie de l'étude du budget.
Alors, on comprend, de ce côté-ci, en tous les cas,
qu'aujourd'hui on fait l'étude des dépenses. Donc, quand on nous
demande des détails sur les revenus, bien, la réponse qu'on a
faite, c'est que ce n'est pas applicable à l'étude des
crédits. Ça m'apparaft logique qu'on ne vienne pas aujourd'hui
étudier les revenus alors qu'on est dans les dépenses. De la
même façon que, quand on fait l'étude du budget, on ne
commence pas à faire l'étude des dépenses, on fait
l'étude des revenus. Il ne faut pas mêler les uns avec les autres.
C'est la façon traditionnelle de procéder du gouvernement, en
deux étapes. Moi, je crois comprendre que la plupart des
ministères, sinon la totalité, procèdent comme nous, comme
nous cette année.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Alors, Mme la Présidente, je pense que, compte
tenu de cette façon nouvelle de faire les choses... Je le rappelle, nous
n'avons jamais eu ces difficultés. La ventilation des transferts nous a
toujours été disponible, les années passées. Alors,
je dois comprendre, Mme la Présidente, qu'il n'y a pas d'entente sur les
programmes et que nous allons y aller pour essayer de faire notre travail de
parlementaires, qui est d'obtenir toutes les informations sur les
dépenses publiques.
Il s'avère que dans la main-d'oeuvre, en particulier, la
formation professionnelle, une partie de ces dépenses le sont dans des
accords et que, pour avoir une vue d'ensemble, ça suppose qu'on ait
l'ensemble des dépenses qui sont effectuées. Alors, je vous
demande donc de débuter nos travaux.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, écoutez, moi je
comprends ce que me dit la députée de Maisonneuve. Elle voudrait
avoir les revenus. On n'a pas fourni les revenus parce que, selon nous, ce
n'était pas pertinent. La députée de Maison-neuve est
d'avis contraire. Je vais voir, je vais aller faire faire une petite
vérification pour savoir dans quelle mesure il serait possible de
préparer rapidement et de rendre disponibles, aujourd'hui, ces
documents-là. Je ne sais pas si je peux le faire. On va vérifier.
Possiblement, un peu plus tard dans la journée, je pourrai dire à
la députée de Maisonneuve si ça peut être disponible
ou non. Ça serait, à mon avis, un surplus, quelque chose qu'on
n'est pas obligé de donner et qu'on n'a pas à donner, non plus,
dans le cadre d'une étude sur les dépenses. Mais, si on peut le
faire, je vais voir dans quelle mesure on peut arriver avec ces documents.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Alors, Mme la Présidente, je remercie le
ministre. Je pense qu'il est capable. En fait, il a été capable
de faire bien d'autres choses, alors il est capable de ça. J'ai
confiance en lui là-dessus. Ce que je lui proposerais, c'est de lui
remettre simplement deux chemises de ce que j'avais obtenu l'an passé et
de ce qui me manque cette année. Alors, c'est mes originaux.
J'aimerais...
La Présidente (Mme Marois): Donc, pouvoir les retrouver,
si je comprends bien.
Mme Harel: ...qu'il m'en remette copie au moins pour pouvoir
avoir un bilan de ce qui se faisait l'an passé. mais c'est de ça
qu'il s'agit exactement.
La Présidente (Mme Marois): On s'occupera d'obtenir des
copies ici. Ça va? Bon, alors, cet échange ayant eu lieu, cette
recherche d'information devant se faire, on constatera plus tard si le ministre
peut compléter, donc, l'information qui est demandée. Maintenant,
ce que je propose, c'est que l'on procède avec les remarques
préliminaires, s'il y a lieu, de la part du ministre, dans un premier
temps, de la députée de Hochelaga-Maisonneuve et, s'il y a lieu,
d'autres membres de la commission. M. le ministre, est-ce qu'il y a des
remarques préliminaires de votre part?
Remarques préliminaires M. André
Bourbeau
M. Bourbeau: Oui, Mme la Présidente, si la commission veut
bien m'entendre. Alors, la commission parlementaire des affaires sociales
entreprend aujourd'hui l'étude des crédits du ministère de
la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle pour l'année 1992-1993.
L'étude des crédits du ministère donne l'occasion
d'une revue d'ensemble des activités du ministère.
J'espère que cet exercice permettra aux membres de la commission de
mieux comprendre la dynamique complexe du ministère de la Main-d'oeuvre,
de la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle dont
la mission, rappelons-le, est directement axée sur des besoins
essentiels de la société québécoise. Le
ministère existe pour soutenir les personnes et les familles dont les
revenus sont insuffisants pour subvenir à leurs besoins essentiels. Le
ministère a aussi pour mandat d'établir les grandes politiques de
main-d'oeuvre et les programmes qui veulent fournir l'adaptation de la
main-d'oeuvre aux exigences nouvelles du marché du travail ou
préparer l'occupation d'un nouvel emploi.
Je tiens à vous assurer, dès le départ, de mon
entière disponibilité pour l'analyse des
crédits 1992-1993. Afin de vous fournir l'information la plus
pertinente et la plus précise possible, je me suis fait accompagner des
principaux gestionnaires du ministère, qui sont familiers non seulement
avec les crédits déposés, mais également avec les
objectifs, les cadres normatifs et les résultats des programmes.
À l'aide des nombreux documents qui vous ont été remis,
j'espère que cet exercice sera aussi rigoureux et constructif que par
les années passées.
En 1992-1993, le budget alloué au ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle s'élève à 4 110 814 600 $. Bon! ça
fait beaucoup d'argent, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Je constate.
M. Bourbeau: Par rapport aux crédits de 1991-1992, le
budget de cette année représente une hausse de 546 800 000 $ ou
de 15,3 %. Plusieurs raisons expliquent cette augmentation. En regard de la
sécurité du revenu, nous prévoyons que la clientèle
du programme APTE augmentera de 12,8 %, ce qui sera le principal facteur
d'augmentation de dépenses. Nous prévoyons donc que la
clientèle passera de 293 968, clientèle moyenne, à 331 500
ménages - programme APTE. À cette augmentation, s'ajouteront
l'indexation des prestations, 4,5 % au 1er janvier 1992, et la compensation
anticipée de la TVQ, le 1er juillet prochain, ce qui viendra gonfler les
dépenses 1992-1993 de 336 000 000 $ additionnels par rapport au budget
de l'an dernier. Il en sera ainsi pour le programme de Soutien financier qui
verra vraisemblablement sa clientèle augmenter de 6,3 %. Le nombre de
prestataires s'élèvera à 99 600, si nos prévisions
sont justes. L'augmentation de 5873 prestataires et les indexations
prévues au règlement de la sécurité du revenu
signifieront une dépense supplémentaire de 74 400 000 $ par
rapport aux sommes allouées au ministère en 1991-1992. Les
hausses de la clientèle de la sécurité du revenu ont, en
outre, un effet direct sur les demandes d'assistance-maladie, de sorte qu'il
faudra consacrer 40 700 000 $ de plus qu'en 1991-1992 pour répondre aux
besoins de 1992-1993.
Au chapitre de la main-d'oeuvre, malgré une conjoncture difficile
et les fortes pressions qui s'exercent sur les budgets du gouvernement, un
montant supplémentaire de 44 300 000 $ vient s'ajouter au budget
alloué en 1991-1992. Ce montant servira à financer davantage
d'activités pour l'adaptation et la formation professionnelle de la
main-d'oeuvre. C'est un effort, Mme la Présidente, qui démontre
l'importance que le gouvernement accorde à la qualité de la
main-d'oeuvre dans les entreprises québécoises. Ces mesures
expliquent donc l'essentiel de l'augmentation de crédits en 1992-1993.
Je profite de l'occasion pour signaler que 92,4 % du budget total du
ministère est affecté à des dépenses de transfert
versées directement à nos clientèles. (10 h 10)
L'importance du budget global du ministère ne doit pas nous faire
oublier que les besoins sont grands et que les montants accordés aux
individus ou aux entreprises se limitent vraiment aux besoins essentiels ou
prioritaires. On remarquera aussi que le nombre d'employés atteindra
4789 équivalents à temps complet en 1992-1993. Les effectifs du
ministère se sont accrus pour tenir compte de l'augmentation de
clientèle a la sécurité du revenu et les centres
Travail-Québec ont été exemptés de la compression
de 2 % appliquée par le Conseil du trésor à l'ensemble de
la fonction publique. Le gouvernement n'a pas voulu affecter la qualité
des services dispensés aux personnes dans le besoin. Cela montre
l'attention et la considération que le gouvernement porte aux personnes
les plus démunies de notre société.
J'aimerais maintenant faire ressortir les éléments les
plus importants du chemin parcouru, en 1991-1992, dans le domaine de la
sécurité du revenu, dans le domaine de la main-d'oeuvre et de la
formation professionnelle. Ce bilan, forcément sommaire, permettra de
mieux comprendre les perspectives d'action pour l'année 1992-1993.
Dans le domaine de la sécurité du revenu, le fait marquant
est l'augmentation substantielle du nombre de ménages à la
sécurité du revenu. Cette augmentation équivaut à
11,2 % par rapport à l'année dernière. Soyez
assurée, Mme la Présidente, que je déplore
profondément cette situation. Le développement de nouvelles
techniques de production et la concurrence internationale ont occasionné
des fermetures ou des restructurations d'entreprises, avec les
conséquences que l'on connaît. Les mises à pied,
temporaires ou permanentes, ont conduit nombre de personnes à s'adresser
ultimement aux centres Travail-Québec pour obtenir l'aide de dernier
recours.
Nonobstant la situation difficile que nous traversons, la comparaison
avec l'Ontario permet de voir que le Québec n'a pas si mal fait. Entre
février 1986 et février 1990, le nombre mensuel moyen de
ménages à la sécurité du revenu a diminué de
18 % au Québec, alors qu'en Ontario, durant la même
période, il y a eu une augmentation de 25 %, de février 1986
à 1990. Toutefois, le bilan des deux dernières années est
moins réjouissant puisque, entre février 1990 et février
1992, il y a eu augmentation de 19,8 % au Québec. Mais, pour la
même période, la hausse a été de 75 % en
Ontario.
Mme la Présidente, l'évolution observée au
Québec n'est pas le fruit du hasard. Le fait que nous réussissons
mieux que d'autres à contenir la clientèle de la
sécurité du revenu résulte de l'action combinée de
la réforme de la Loi sur la sécurité du revenu en 1988 et
d'une plus grande rigueur dans la gestion de nos programmes. De plus, nous
avons bénéficié de l'impact du pro-
gramme APPORT II, implanté dans le but de maintenir sur le
marché du travail des ménages à faible revenu. Nous avons
bénéficié des effets positifs des mesures pour la
réintégration au marché du travail. Ces mesures ont
prouvé leur efficacité. Laissez-moi vous rappeler qu'une
étude longitudinale a démontré hors de tout doute que les
personnes ayant participé à ces mesures demeuraient moins
longtemps à la sécurité du revenu que les prestataires qui
n'y participaient pas.
Mme la Présidente, le ministère s'est fait un point
d'honneur d'améliorer la qualité du service à la
clientèle. Nous avons développé davantage nos rapports
avec la Commission consultative sur la sécurité du revenu,
consolidé les tables régionales de consultation,
réorganisé les centres Travail-Québec. Nous sommes
actuellement à refondre nos systèmes d'information ainsi
qu'à revoir la charge de travail de nos agents de service. Toutes ces
initiatives visent à nous rapprocher de nos clients. Dans la même
veine, le ministère a développé un processus continu de
révision législative et réglementaire en vue de s'ajuster
constamment aux besoins évolutifs de nos prestataires. Tout le
ministère est mobilisé par cet objectif de l'amélioration
de la qualité du service.
Ces efforts ne sont pas confinés au ministère. Vous me
permettrez d'ouvrir une parenthèse et de parler des efforts de la
Régie des rentes du Québec pour s'approcher, comme l'a fait le
ministère, de ses clients. Dans sa recherche d'une qualité
accrue, à moindre coût, la Régie des rentes a
été conduite à réduire le nombre de niveaux
hiérarchiques et à diminuer son taux d'encadrement. Au nombre des
avantages escomptés d'une telle structure, on peut citer la
réalisation à très court terme d'économies de
près de 300 000 $ ainsi que l'accroissement des responsabilités
des gestionnaires de premier niveau, ceux-là mêmes qui sont
responsables de produire les services à la population.
Cette façon de faire s'inscrit pleinement dans les orientations
gouvernementales et répond en outre aux recommandations de la commission
du budget et de l'administration. Il en va de même de la plus
récente initiative prise par ia Régie en matière
d'amélioration des services à la clientèle, à
savoir la désignation d'un commis saire aux services. Ce dernier est
responsable de coordonner et de conjuguer la réception des plaintes
émanant du public, de les traiter avec célérité et
de réviser, lorsque nécessaire, les façons de dispenser
les services, voire leur nature.
Ces deux initiatives illustrent bien la volonté de la
Régie des rentes du Québec de faire encore plus avec chaque
dollar d'économie confié par les cotisants au Régime de
rentes. Ces mesures traduisent une recherche de productivité dans
l'organisation des services offerts à la clientèle. La
Régie vient d'introduire le dépôt direct des chèques
d'allocation d'aide aux familles. Cette mesure devrait aussi contribuer
à satisfaire ses clients.
Je ferme ici la parenthèse que je viens d'ouvrir, même si
d'autres exemples de cette nature pourraient être signalés,
notamment à la Commission des affaires sociales et à la
Commission des normes du travail.
Ce sont, sans doute, les mesures concernant le développement de
la main-d'oeuvre qui ont surtout retenu l'attention en 1991-1992. Rappelons, si
vous le vouiez bien, les mesures les plus stratégiques. Je suis heureux
de rappeler l'initiative majeure que nous avons entreprise au cours de la
dernière année pour l'avenir du développement de la
main-d'oeuvre au Québec. Le 11 décembre 1991, conformément
à la décision du Conseil des ministres, j'ai déposé
à l'Assemblée nationale un énoncé de politique sur
le développement de la main-d'oeuvre, «Partenaires pour un
Québec compétent et compétitif», ainsi que le projet
de loi 408, Loi sur la Société québécoise de
développement de la main-d'oeuvre. En même temps, le gouvernement
annonçait la tenue d'une consultation publique sur ces sujets. La
commission des affaires sociales a procédé à une
consultation générale, du 4 février au 18 mars dernier.
Plus de 80 organismes ont été entendus. Cette importante
participation, vous vous en souviendrez, Mme la Présidente, illustre
bien le très grand intérêt soulevé par
l'énoncé de politique et par le projet de loi 408. L'analyse des
travaux de la consultation publique permet de constater que
l'énoncé de politique «Partenaires pour un Québec
compétent et compétitif» a été accueilli
très favorablement par l'ensemble des organismes. Tous s'entendent pour
reconnaître la justesse du diagnostic qui y est posé. La
nécessité de se mobiliser afin de relever le défi du
développement des compétences et l'urgence d'agir ont fait
l'unanimité.
Les grands objectifs poursuivis par la stratégie
québécoise ont également recueilli un large consensus.
À l'heure où les capitaux, la technologie et l'information
circulent de plus en plus librement, la qualité de la main-d'oeuvre
devient un facteur déterminant dans notre capacité
concurrentielle. Le développement des compétences est maintenant
une préoccupation de tous les participants, autant dos partenaires
patronaux, syndicaux que de ceux du secteur de l'éducation, des milieux
coopératifs et socio-économiques. Tous s'expriment en faveur du
développement d'une véritable culture de la formation au
Québec, de même qu'ils reconnaissent que la définition
d'une stratégie gagnante en matière de main-d'oeuvre repose sur
l'instauration d'un véritable partenariat. (10 h 20)
II y a également consensus sur la nécessité de
simplifier et d'améliorer l'efficacité de l'administration des
services et programmes de main-d'oeuvre ainsi que sur l'importance d'as-
surer un meilleur arrimage de la formation et du marché du
travail. En quelques mois nous avons parcouru un très long chemin et
l'avenir nous semble prometteur.
Je veux aussi porter à l'attention de la commission quelques
autres actions notables. Dans le cadre du plan stratégique du Grand
Montréal, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures de relance
économique. Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle est
responsable des mesures de développement des ressources humaines dans ce
plan. Ajoutons, enfin, l'entente que j'ai signée avec mon homologue
fédéral, l'entente Bourbeau-Valcourt, sur des mesures de
développement de la main-d'oeuvre, s'adressant aux chômeurs de
longue durée. Cette entente visait à mettre un terme à
l'initiative malsaine et intempestive de la Commission de l'emploi et de
l'immigration du Canada. Comme vous pouvez le voir, Mme la Présidente,
nous n'avons pas chômé en 1991-1992. C'est en travaillant sur des
mesures comme celles-là qu'on agit sur les conditions de la reprise
économique et qu'on peut, en bout de ligne, réduire la
clientèle a la sécurité du revenu.
Maintenant, en ce qui concerne les perspectives pour l'année
1992-1993. Après trois années de ralentissement
économique, les prévisions du Fonds monétaire
international annoncent, enfin, des perspectives plus optimistes pour les deux
prochaines années. Des pays les plus industrialisés, le Canada
connaîtrait la plus forte croissance, soit 2,3 % en 1992 et 4,9 % en
1993, en même temps que le taux d'inflation le plus bas pour les deux
mêmes années, soit 1,7 % et 2,3 %. L'effet ne sera certes pas
instantané, mais il y a lieu de s'attendre à un redressement de
l'économie. En 1992-1993, nous allons poursuivre les orientations de la
réforme de la sécurité du revenu. Dans cette perspective,
nous nous rapprocherons avec plus de détermination que jamais de nos
clients pour comprendre leurs besoins et pour apporter les ajustements
législatifs et réglementaires qui s'imposeront. C'est aussi avec
une volonté indéfectible que nous mettrons l'accent sur les
mesures d'intégration à l'emploi. L'amélioration de la
conjoncture économique devrait donner plus de visibilité aux
résultats de nos mesures d'employabilité.
Au plan administratif, les investissements consentis dans le cadre de la
refonte des systèmes d'information donneront aussi des résultats
tangibles sur le plan de l'efficacité des services. Les agents, dans les
centres Travail-Québec, pourront profiter d'outils informatisés
plus performants pour répondre à leurs clients. Ces
investissements consentis pour l'amélioration de nos outils de gestion
démontrent notre volonté, voire notre agressivité, pour
soutenir efficacement les ménages à l'aide de derniers recours.
Nous demeurerons d'une solidarité indéfectible envers les plus
démunis de notre société.
En matière de développement de la main-d'oeuvre,
l'année 1992-1993 sera une année de réalisations majeures.
Le temps est venu de passer à l'action. L'année 1992-1993
marquera le départ de la nouvelle Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre et nous
entendons y consacrer toute l'attention et l'énergie nécessaires.
Le projet de loi 408 créant la Société
québécoise de développement de la main-d'oeuvre sera
présenté à l'Assemblée nationale pendant la
présente session. Espérons qu'il sera adopté. Vous
comprendrez, Mme la Présidente, que je souhaite vivement la
collaboration de l'Opposition pour que le projet de loi soit adopté dans
les meilleurs délais. La situation du marché de l'emploi, au
Québec, nécessite une action rapide et vigoureuse. La mise en
place de la nouvelle Société se fera donc dans les mois qui
suivront l'adoption de la loi. Dès le 1er avril 1993, la
Société devrait être pleinement opérationnelle.
Comme vous le savez, le dossier de la formation professionnelle de la
main-d'oeuvre constitue un enjeu important des présentes discussions
constitutionnelles. Notre position est claire sur ce point. Nous
réclamons, avec l'appui de nos partenaires, le rapatriement des budgets
et le regroupement, sous une seule administration, des interventions en
main-d'oeuvre. Cela signifierait, pour le Québec, l'exclusivité
en matière de développement de la main-d'oeuvre, ce qui
nécessiterait la conclusion d'une- entente administrative afin de
gérer le programme d'assurance-chômage. La pertinence de
créer la Société n'est pas liée aux
résultats de cette négociation constitutionnelle.
Il y a un ménage à faire dans nos façons de
gérer les programmes de main-d'oeuvre et de formation professionnelle.
Cette raison, à elle seule, justifie la création de la
Société. Par ailleurs, dans la perspective où le
Québec rapatrierait la gestion des programmes fédéraux de
main-d'oeuvre, ce qu'ont souhaité la majorité des intervenants en
commission parlementaire, nous disposerons d'une structure d'accueil
articulée et efficace. Le risque serait de ne pas créer la
nouvelle Société. Notons qu'en 1991-1992 les investissements
prévus au ministère en matière d'adaptation et de
formation professionnelle de la main-d'oeuvre s'élevaient à 186
400 000 $. Ils seront de 230 700 000 $ en 1992-1993, une augmentation de 23,8
%.
Je voudrais aussi souligner, Mme la Présidente, que le
ministère ajoutera aux mesures favorisant le développement d'une
culture de la formation en entreprise. En plus du crédit d'impôt
à la formation, mesure introduite en 1990, le gouvernement mettra en
place le programme SPRINT pour venir en aide aux individus désireux de
compléter leur formation professionnelle secondaire ou
collégiale. Ce programme facilitera le perfectionnement grâce
à la possibilité d'une subvention et d'une garantie de
prêt correspondant jusqu'à 90 % du revenu d'emploi
après impôt.
L'obtention du diplôme permettra une déduction fiscale au
ministère du Revenu du Québec pour le remboursement du
prêt, incluant le capital et les intérêts. Le programme
SPRINT pourra compter sur un budget initial de 16 000 000 $ en 1992-1993. Le
budget devrait atteindre 100 000 000 $ lorsque le programme aura atteint son
rythme de croisière. Ainsi, disposerons-nous de mesures de support
à la formation professionnelle en entreprise et à la formation
professionnelle de l'individu. Cette mesure s'ajoutera évidemment
à toutes celles déjà en place.
Vous comprendrez, Mme la Présidente, que dans le cadre de cette
courte introduction je ne puis m'arrêter à tous les détails
du budget 1992-1993. Je me suis limité aux éléments les
plus marquants, sachant que les membres de cette commission poseront des
questions sur les sujets qui les intéressent. Avec les personnes qui
m'assistent, je me déclare disponible pour fournir toutes les
explications pertinentes à la compréhension du budget du
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle pour l'année 1992-1993. Merci.
La Présidente (Mme Marois): merci, m. le ministre. mme la
députée de hochelaga-maison- neuve, s'il vous plaît, pour
vos remarques préliminaires.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, Mme la Présidente. Je dois d'abord vous
informer qu'en général l'Opposition s'est toujours montrée
fort satisfaite de la volonté de transparence qu'a manifestée le
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle. Évidemment, quant aux informations qu'il
détenait, à une exception près, j'y reviendrai, celle
concernant le crédit d'impôt à la formation
professionnelle, nous y reviendrons parce que nous avons eu la chance de
pouvoir obtenir le bilan de la première année d'opération
du crédit d'impôt à la formation, 1990-1991. J'aimerais
beaucoup interroger le ministre, évidemment, là-dessus.
D'abord, Mme la Présidente, j'aimerais vous dire que le
ministère, pour une des premières fois depuis quelques
années, a vraiment réussi à dépenser presque en
totalité le budget qui lui était alloué. Alors, je pense
que ça, c'est une bonne nouvelle parce qu'il avait à plusieurs
reprises gagné le championnat des crédits périmés.
Je crois qu'il faut certainement en féliciter le ministre et son
équipe. Dans les circonstances où, interrogés, les
Québécois considèrent que la formation professionnelle est
la priorité des priorités, il y a lieu de croire que les sommes
d'argent budgétées sur papier peuvent être
adéquatement dépensées. Je reviendrai sur les
crédits périmés. C'est finalement un total de 6 630 000 $
qui ont été périmés, et on y reviendra au moment
où on fera l'étude de chacun des programmes et des
éléments les concernant. Je voulais quand même le noter,
pour que le ministre sache, et son équipe aussi, qu'on essaie, de ce
côté-ci, de manifester de l'objectivité. (10 h 30)
Ceci dit, le ministre comprendra que ce qui m'inquiète beaucoup,
par ailleurs, cette année, et j'y reviendrai, ce sont les coupures
intervenues dans les programmes de formation professionnelle. D'abord,
reparlons de la sécurité du revenu et de l'évolution de
l'augmentation du nombre de bénéficiaires, et en particulier du
nombre de ménages. C'est certainement éloquent de constater que
le nombre de ménages a connu une progression vertigineuse. Ce que l'on
est obligé de conclure, c'est qu'il y a de plus en plus de
ménages de personnes seules au Québec. Finalement, la
pauvreté, elle est connue chez les familles dont les chefs de famille
ont moins de 35 ans, mais elle est aussi de plus en plus connue chez les
ménages constitués de personnes seules.
On se rend compte qu'il y a eu une accumulation de décisions,
entre autres, pensons à l'abandon du programme SUPRET, à
l'égard des personnes seules, puisque le programme APPORT ne s'adresse
qu'aux chefs de famille. Pensons au fait que les personnes seules ont
été écartées d'allocations-logement, et pensons,
évidemment, à la coupure pour le partage du logement qui,
certainement, augmente chez les personnes seules la situation de
pauvreté. On se retrouve donc avec un nombre record de ménages,
un nombre moyen estimé, pour mars 1992, à 430 000. On retrouve
ces chiffres dans les documents fournis par le ministère concernant les
résultats de janvier, et les estimations pour les trois mois qui
suivent.
Donc, c'est un nombre record de 430 000 ménages, 8000 de plus
qu'au plus fort de la crise du début des années quatre-vingt.
Souvente-fois - et je le rappelle aujourd'hui parce que le ministre l'a si
fréquemment utilisé - il s'est référé au
sommet atteint en mars 1984-1985, au moment où le nombre de
ménages atteignait 424 000; on constate aujourd'hui, évidemment,
sans s'en réjouir, qu'on a dépassé ce nombre de
ménages maintenant. Moi, la question qui me préoccupe, c'est:
Quand le ministre estime-t-il que ça va commencer à diminuer? En
mars 1985, on avait atteint des sommets, mais c'est à partir de
là que ça a diminué de façon
régulière. En mars 1992, est-ce qu'on peut raisonnablement croire
qu'on a atteint un sommet qui va, à partir de maintenant, nous permettre
de constater une diminution régulière? C'est ça le vrai
enjeu de cet échange qu'on peut avoir ce matin sur la
sécurité du revenu.
Moi, les chiffres que j'ai, Mme la Présidente, me donnent, comme
le ministre l'indiquait, une augmentation de presque 12 % du nombre de
ménages, puis de 14 % du nombre de bénéficiaires. Pour
l'année 1990-1991, c'est, finalement, un total de près de 80 000
nouveaux bénéficiaires. En deux ans, c'est un total de 120 000 et
plus de nouveaux bénéficiaires, en fait, plus exactement 121 493.
Évidemment, on calcule de mars à mars, puisqu'on veut se donner
des repaires. Ça veut dire qu'en deux ans il y a eu une augmentation de
plus de 20 %. Mes chiffres m'indiquent 21 %, mais, en fait... Ça veut
dire qu'une personne sur cinq qui est à l'aide sociale
présentement l'est seulement depuis deux ans. Si vous voulez,
l'augmentation du nombre de bénéficiaires est à ce point
vertigineuse que c'est presque 10 000 nouveaux bénéficiaires, en
moyenne, par mois qui depuis les mois récents ont demandé l'aide
de dernier recours à la sécurité du revenu; une moyenne de
10 000.
Alors, là, la question qui me préoccupe, c'est en vertu
des prévisions du ministère. Quand le ministre prévoit-il
une diminution des entrées à l'aide sociale? On en
prévoit, donc, de là... C'est 10 000 nouveaux
bénéficiaires, à peu près - je le rappelle - en
moyenne, pour les mois qui nous précèdent, depuis septembre
dernier.
Pendant ce temps-là, ce qu'on peut constater, c'est une
très, très, très légère augmentation des
mesures d'employabilité offertes aux bénéficiaires en
général et aux nouveaux bénéficiaires en
particulier. Finalement, quand on regarde de près, ça peut donner
l'impression qu'il y a une augmentation. Pour l'an dernier, on parle de 46 000
participants et, cette année, on parle d'environ 52 000 participants.
Donc, ça semble être une augmentation à première
vue, mais quand on fait un calcul très, très simple, qui consiste
simplement à faire le décompte du nombre de participants sur le
nombre total de bénéficiaires, on se rend compte que c'est
environ 8 %, grosso modo. Ça varie entre 7,8 % et 8 %, mais
entendons-nous pour 8 % du total des bénéficiaires qui,
finalement, participent à des mesures d'employabilité.
C'était ça l'an passé et, même avec
l'augmentation de 6000 participants prévus par le ministère pour
cette année, ça va rester ça aussi parce que le nombre de
bénéficiaires a augmenté. Alors, en proportion, le nombre
de participants, lui, tout simplement se maintient. Ça veut dire que
dans une période comme celle que l'on vit présentement où
ce sont souvent des gens mis à pied suite à des licenciements...
Je reviendrai sur cette question de licenciement.
Le ministre a annoncé à plusieurs reprises depuis deux ans
qu'il entendait légiférer pour réviser la loi sur les
licenciements collectifs. Alors, j'aimerais, évidemment, lui demander
quand 11 entend le faire de façon la plus précise possible. on
peut penser qu'il n'en serait pas question ce printemps, mais quand entend-il
légiférer sur cette importante question? Nous ne retrouvons pas
cette année, dans les informations transmises, le nombre total d'avis de
licenciements qui ont été remis au ministère de la
Main-d'oeuvre en vertu de la loi. Nous aimerions obtenir le nombre total d'avis
de licenciements qui ont été transmis au ministère. Vous
vous rappelez, Mme la Présidente, qu'à maintes reprises des
intervenants du milieu des affaires ou des milieux syndical et patronal ont
fait valoir qu'à peine la moitié des avis de fermeture
d'entreprises ou des avis de fermeture partielle ou totale était
transmise, comme le prévoit la loi, au ministère de la
Main-d'oeuvre, sans qu'il y ait des recours qui soient exercés pour
sanctionner ce défaut de respecter la loi.
Alors, je reviens donc à cette réalité d'une
augmentation vertigineuse du nombre de bénéficiaires - plus de 80
000 en un an, plus de 120 000 en deux ans - avec le statu quo, dans le fond,
quant à la proportion des mesures d'employabilité qui permettent
à ces bénéficiaires de devenir des participants.
Également, j'aimerais souligner le fait que le nombre de personnes en
attente de participation augmente régulièrement. Les chiffres qui
nous ont été transmis cette année datent de l'an dernier.
Ils sont en date du 16 mars 1991. Je souhaiterais que le ministère
puisse nous les actualiser. Pour le 16 mars 1992, à combien
s'élevait le nombre de personnes en attente de participation? Pour 1991,
ce nombre de personnes s'élevait à 23 546. Il s'agit, dans le
fond, de personnes qui sont dans une sorte d'antichambre, qui disent: Oui, je
veux participer, faire du rattrapage scolaire, ou quoi que ce soit, mais,
finalement, il n'y a pas, j'imagine, les fonds qui permettraient d'offrir
à ces personnes les mesures qui leurs sont pourtant destinées.
(10 h 40)
Un dernier élément sur cette question, parce que c'est
extrêmement préoccupant, c'est le niveau d'abandon scolaire,
d'abandon de tous les programmes, c'est le niveau d'abandon des mesures
d'employabilité. Le ministre a fait référence au programme
PAIE, à une étude substantielle qui a été
réalisée. Je l'invite à prendre connaissance du
pourcentage d'abandon au programme selon les caractéristiques des
participants. On peut constater que, dans le cadre du programme PAIE, 54 % des
hommes et 46 % des femmes interrompent avant la fin leur participation au
programme. C'est considérable, c'est-à-dire une personne sur deux
qui participe à PAIE, n'est-ce pas? C'est, en fait, un taux
d'échec de 50 %, en moyenne. Cette étude a été
réalisée en mars 1991 auprès de 1399 personnes ayant
terminé une participation au programme PAIE entre novembre 1990 et
janvier 1991. On peut constater, donc, à la page 3 des renseignements
qui nous ont été transmis, un taux d'abandon extrêmement
élevé, de près de 50 %, dans le cadre du programme
PAIE.
Quand on regarde le nombre d'abandons pour l'ensemble de toutes les
mesures offertes aux bénéficiaires de la sécurité
du revenu, on se rend compte que ce taux d'abandon est extrêmement
élevé. En moyenne, pour l'année qui se termine, il est de
39,1 %. C'est, finalement, plus qu'un participant sur trois qui abandonne sa
participation à une mesure. Les taux les plus élevés se
retrouvent en particulier dans les programmes comme le programme d'acquisition
d'études secondaires, donc de formation générale,
Rattrapage scolaire et plus encore dans les programmes EXTRA, donc les
programmes Travaux communautaires, aussi Stages en milieu de travail. Alors,
j'aimerais connaître du ministre ce que le ministère entend faire
pour comprendre les raisons qui amènent cet état de situation.
Quels sont les motifs qui sont amenés pour expliquer une situation
d'»bandon qui est aussi élevée? Ça vaut pour le
programme PAIE, évidemment, comme pour l'ensemble des mesures
désignées.
Mme la Présidente, également, les crédits de cette
année nous permettent de constater que le Québec est
définitivement plus que perdant dans le cadre des accords
Canada-Québec, qui sont reconduits depuis 1986, sans indexation, comme
on l'avait souligné à maintes reprises durant les années
passées, mais qui sont maintenant, finalement - ces accords - l'objet de
diminutions substantielles. Quand je dis que le Québec est plus que
perdant, c'est de manière très chiffrée: 23 000 000 $ de
coupures dans l'accord Canada-Québec sur la formation en
établissement. C'est 23 000 000 $ cette année. Donc, les 139 000
000 $ de 1986 non indexés étaient, l'an passé,
réduits à 128 000 000 $.
Comme, malheureusement, on n'a pas eu les informations que je demandais
au ministre au début, justement, de nos travaux, il ne nous est pas
possible de savoir quels seront les budgets pour l'année qui vient, on
ne les a pas obtenus, mais j'imagine que le ministre a sûrement cette
information. Quel est le budget de l'accord Canada-Québec sur la
formation en établissement? En tout cas, en regard de ces coupures,
c'est un total de 23 000 000 $ qui se répartit ainsi, presque 8 000 000
$ pour le volet formation sur mesure en établissement pour les
bénéficiaires de l'aide sociale. Le budget est passé de 12
000 000 $ à 4 000 000 $. Alors, imaginez que ce qui était offert
aux bénéficiaires de la sécurité du revenu dans les
établissements scolaires au Québec, leur permettant d'aller
chercher une formation professionnelle, c'est une diminution de 8 000 000
$.
Quant au volet emploi, c'est-à-dire à ce programme de la
formation sur mesure en établissement offert aux travailleurs en emploi
ou aux chômeurs pour permettre de se recycler, c'est une diminution ue 3
000 000 $. Le budget est passé de 39 000 000 $ à 36 000 000 $.
Donc, le total, c'est 11 000 000 $ de moins pour les personnes qui suivaient
jusqu'à maintenant des cours sur la formation en établissement.
On n'a pas obtenu, et je le déplore, la baisse de participation, mais
ça doit être assez substantiel. On n'a que le nombre de cours; on
ne nous a pas fourni, cette année, le nombre de participants pour chacun
des cours.
Au niveau de l'achat direct, du programme d'achat direct qui fait partie
de l'accord Canada-Québec, c'est un autre 12 000 000 $ de coupures. Au
total, c'est 23 000 000 $ de moins. Si on ajoute à ça les 25 000
000 $ de moins budgétés par le ministère de
l'Éducation dans son programme de formation générale des
adultes, et quand on sait que c'est cette enveloppe ouverte à la
formation générale des adultes qui était utilisée
pour financer le rattrapage scolaire des bénéficiaires de l'aide
sociale, c'est évidemment, Mme la Présidente, 25 000 000 $ de
moins qui seront consacrés à la formation générale
des adultes.
À proprement parler, sur les budgets de la Main-d'oeuvre,
Sécurité du revenu et Formation professionnelle, c'est 7 000 000
$ de moins budgétés dans le programme Recyclage et
perfectionnement. J'ai eu l'occasion d'interroger le ministre, à la
période de questions hier, sur ce programme Recyclage et
perfectionnement, et le ministre a confirmé qu'il avait l'intention de
charger des frais de scolarité de 2 $ l'heure pour les personnes sans
emploi, à la recherche d'emploi ou en emploi. C'était le seul
programme ouvert indistinctement à toute personne au Québec qui a
le goût d'améliorer son sort professionnel, puis qui a le coeur
d'aller chercher ce qui lui faut, sachant que, dans sa vie, elle aura cinq
fois, lui dit le premier ministre, à changer d'emploi. Alors, là,
on a décidé... le ministre de la Main-d'oeuvre. Heureusement, son
collègue de l'Éducation a l'air de résister. Mais combien
de temps ça durera? Tout ce qu'on sait, c'est qu'il y a un moratoire
jusqu'au 30 juin, puis que ça se peut que ce soit pendant les nuits
chaudes de juillet qu'on nous annonce que c'est fait, finalement.
Ça veut dire que, pour suivre un cours de soudure qui prend 80
heures, c'est 160 $ que ça va coûter. Ma foi! C'est à peu
près l'équivalent de frais de scolarité à
l'université. Et ça, ce serait payé par des gens qui n'ont
même pas la garantie d'avoir un emploi au bout de la ligne. C'est des
gens qui, dans le fond, veulent participer à l'effort collectif que la
société dit qu'il faut entreprendre en matière de
formation professionnelle.
Moi, je calcule qu'avec les coupures de 23 000 000 $ dans les programmes
de l'accord Canada-Québec, les coupures de 25 000 000 $ du
ministère de l'Éducation à la formation
générale des adultes, plus les 7 000 000 $ de Recyclage et
perfectionnement, en moins, là - je ne dirais pas plus, mais en moins -
c'est un total de 55 000 000 $ dans ce qui était offert
jusqu'à
maintenant. Le ministre aura beau me dire que ce n'était pas dans
son budget du ministère, mais c'était dans ses programmes. Les
programmes dont on va discuter aujourd'hui, tous ces programmes pour lesquels
il y a des tableaux dans son rapport annuel, c'est des programmes qui sont
financés soit en partie par l'Éducation, soit par le
fédéral, et c'est dans ces programmes-là plus les siens
qu'il y a des coupures. C'est 55 000 000 $ au moment où, pourtant, on
prétend que c'est une priorité des priorités, le
relèvement du niveau de formation des gens dans notre
société. (10 h 50)
Mme la Présidente, vous me faites valoir qu'il me reste
très, très peu de temps. J'aimerais tout de suite signaler au
ministre qu'il y a une sorte d'ajustement qui n'est pas fait dans les
crédits de son ministère concernant la formation
générale et professionnelle à temps complet et
équipements. Dépendamment des tableaux - ça, c'est un
autre des volets financés par le fédéral - qui nous ont
été remis, on y reviendra, on retrouve soit un
périmé de 19 000 000 $, soit une augmentation de 10 000 000 $.
Alors, on reviendra là-dessus, mais il y a une confusion en regard de ce
volet-là, en particulier, de formation générale et
professionnelle à temps complet et équipements. Il va falloir
clarifier, élucider cette confusion-là.
Simplement un mot - on aura l'occasion d'y revenir, Mme la
Présidente - pour simplement vous signaler que le programme APPORT n'est
toujours pas le succès que le ministre en espérait en nous
disant, lorsqu'on l'interrogeait il y a quelques années, que ça
allait venir. Alors là, on est rendus, en date de décembre
dernier, à 10 800 familles, alors qu'il y en avait 45 000 qui devaient
en bénéficier. Là, le ministre pense pouvoir hausser
à 13 000 familles le nombre de ménages qui vont
bénéficier d'APPORT durant l'année 1992-1993. C'est,
évidemment, en moins que ce qui était déjà
annoncé il y a deux ans, puisqu'il y avait 15 000 familles qui, il y a
déjà deux ans, en bénéficiaient.
Dans le contexte économique actuel, compte tenu de la
pauvreté grandissante des familles, il y a là une énigme
incroyable qu'il va falloir clarifier. Comment se fait-il, entre autres,
qu'à Montréal, par exemple, il y ait moins de ménages, je
pense, ou à peu près autant, à Montréal, dans la
ville, où on retrouve 1 000 000 de personnes, qui profitent d'APPORT
qu'il peut y en avoir dans une région comme la Montérégie,
par exemple? Il y a certainement des éclaircissements à
obtenir.
Évidemment, également, un mot sur la disparition de
l'allocation de maternité pour 8780 femmes enceintes. C'est le nombre de
femmes enceintes qui ne pourront plus bénéficier de l'allocation
forfaitaire de 360 $ qui leur était versée lorsqu'elles avaient
droit à la prestation d'assurance-chômage qui, elle, était
retardée de deux semaines, étant donné les délais
de carence de deux semaines.
J'aimerais aussi interroger le ministre sur la diminution de 4 700 000 $
au programme Stages en milieu de travail. Notre collègue, le
député de Taschereau, hier, lors d'un débat
organisé par la région de Québec sur la question de la
sécurité du revenu, signalait que Stages en milieu de travail
était le programme le plus performant. Et là on constate qu'il
subit une diminution de 4 700 000 $ et que cette diminution affecterait en
particulier le personnel des CFP, des commissions de formation professionnelle,
qui vérifient si le contenu de formation est adéquat dans les
stages qui sont offerts dans les milieux de travail. Alors, pour
économiser, j'imagine, là, on voudrait couper ce contrôle
du contenu de la formation et, sans doute, se satisfaire, dans les stages en
milieu de travail, d'occuper des gens.
Je termine là-dessus, c'est ce qui m'inquiète le plus,
c'est comme si, pour les personnes assistées sociales, ce qui se
dessine, c'est des programmes occupationnels, sans contenu de formation
professionnelle, une diminution systématique dans tous les programmes
qui concernent la sécurité du revenu proprement dite, tant au
volet employabilité pour le fédéral, tant à la
formation générale pour le rattrappage scolaire au
ministère de l'Éducation - c'est systématique - et une
augmentation de l'occupationnel avec le programme PAIE et avec les programmes
de mesures d'employabilité dans lesquels il n'y a pas de contenu de
formation. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres membres de la commission qui
auraient des remarques préliminaires? Ça va. Est-ce que le
ministre veut maintenant intervenir?
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je n'ai jamais appris la
sténographie. J'ai essayé de prendre des notes pendant le
discours de la députée de Hochelaga-Maisonneuve, mon intention
étant, bien sûr, de tenter de faire la lumière le plus
possible sur tous ces sujets très importants dont elle a traité.
Je réitère que mon intention est de donner le maximum
d'information possible aux membres de la commission, y compris la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui sait fort bien qu'à
chaque fois qu'elle m'a demandé, dans le passé, des
renseignements j'ai fait en sorte de tenter de lui donner le plus rapidement
possible les renseignements les plus nombreux et de la meilleure qualité
possible. Il peut arriver, à l'occasion, qu'on n'ait pas
rencontré tous ses désirs, mais, dans les réponses que je
vais faire maintenant, elle va se rendre compte que - je ne dirai pas son
accusation - ses remarques négatives du début, tantôt,
n'étaient pas tout à
fait à point, et qu'elle a reçu beaucoup plus de documents
qu'elle semble penser. Je le lui dirai tout à l'heure, au fur et
à mesure qu'on procédera.
Alors, si vous voulez, je vais tenter de revenir sur les points
précis dont a traité la députée de Maisonneuve.
Commençons par la clientèle de l'aide sociale. La
députée de Maison-neuve nous dit qu'enfin on a
dépassé le montant magique de 424 000 ménages qui avait
été atteint sous l'administration précédente, en
février et mars 1985. Je pense qu'il est trop tôt pour se
réjouir. Nous n'avons pas encore dépassé le maximum
atteint sous l'administration précédente.
Les derniers chiffres, la dernière statistique disponible que
j'ai avec moi est à l'effet que, au mois d'avril, on était
à 421 000 ménages, selon nos estimés; au mois de mars, 419
000. Donc, là, j'y vois un signe encourageant. Depuis un an, la
clientèle augmente en moyenne d'à peu près 6000
ménages par mois, bon an mal an, enfin, bon mois mauvais mois. Tout
à coup, au mois d'avril, l'augmentation anticipée n'est
même pas de 2000, c'est 1500 dans un seul mois, ce qui est
étonnant d'ailleurs, je dois le dire, parce que, en
général, ça augmente plus rapidement que ça.
Maintenant, l'an dernier, par exemple, entre mars et avril, ça avait
augmenté - je regarde là, un instant - de presque 4000 et, entre
avril et mai, de 4000 encore, à peu près. Ce n'est qu'en juin que
l'augmentation avait commencé à ralentir, ce qui est assez
normal. Là, on anticipe, au mois d'avril, une augmentation de 1500
seulement.
Est-ce que ce serait le début de la fin? J'aimerais bien le
penser, mais je me garderai bien d'affirmer ça. Tout ce que je peux
dire, c'est que, heureusement, nous ne sommes pas encore aux 424 000 de
février et mars 1985, qui est le record historique, mais nous
prévoyons excéder ce montant-là au cours de
l'année, je dois le reconnaître. Les provisions que nous avons
faites font en sorte que nous estimons avoir une moyenne de 431 000 au cours de
l'année qui vient. Donc, si les prévisions de nos experts se
matérialisent, malheureusement, on aura atteint le sommet dont on a
pelé tantôt. Il s'agirait, d'après nos experts, d'une
augmentation d'environ 14 %, en moyenne, pour l'année 1992-1993, sur
l'année précédente. Il n'y a rien là-dedans pour se
réjouir, sauf qu'on peut reconnaître que le régime est
là, qu'il joue son rôle, qu'il accueille tous ceux qui y ont
droit, et que la société québécoise est en mesure
de répondre adéquatement aux besoins les plus essentiels de ses
citoyens les plus démunis. On peut s'en réjouir, tout en
déplorant, évidemment, que ces fonds publics là sont
très importants en quantité. (11 heures)
Maintenant, est-ce que la députée de Maisonneuve me
demande de regarder dans une boule de cristal pour me dire si ça va
commencer à descendre? J'espère, Mme la Présidente, que
l'économie du Québec va se redresser le plus rapidement possible
et qu'on va pouvoir commencer de nouveau à observer une baisse de
clientèle comme on a observé entre 1985 et 1990. Si tel est le
cas, bien, ça permettra, évidemment, à plus de nos clients
de retrouver le marché de l'emploi, et ça permettra au
gouvernement du Québec de pouvoir allouer ces sommes-là à
d'autres priorités comme le développement économique, par
exemple, qui est source de création d'emplois.
La députée de Maisonneuve - je pense que c'est la
réponse à cette question-là - a parlé, après
ça, des mesures d'employabilité en nous disant que ça
n'augmentait pas aussi vite qu'on l'aurait souhaité, si j'ai bien
compris. Alors, je regarde tout simplement les statistiques pour les derniers
mois. Si on regarde le mois de mars 1992, qui est quand même pratiquement
un des derniers mois, avec le mois de mars 1991, on a une augmentation de 26 %
de fréquentation dans toutes les mesures d'employabilité. Si on
regarde février 1992 par rapport à février 1991, on a une
augmentation de 28 %. Alors, ça peut varier d'un mois à l'autre,
mais disons que, de façon générale, on a passablement plus
de fréquentations dans les mesures d'employabilité qu'on en avait
l'an dernier Ce sont les chiffres. La députée de Maisonneuve a
certainement ces tableaux-là. On pourrait faire mieux peut-être,
mais je trouve que c'est déjà pas mal. Des augmentations qui
tournent autour de 25 % d'une année à l'autre, c'est quand
même un effort important.
Le barème de disponibilité. Là, la
députée de Maisonneuve signale, à juste titre, que le
nombre de personnes se situait autour de 36 000 en mars, 33 000 en avril
1992.
Mme Harel: Je n'avais pas ces chiffres-là, je vous
remercie de me les donner. Moi, les seuls chiffres qu'on m'a fournis, c'est
ceux de mars 1991, 23 000 en mars 1991. Je dois donc comprendre qu'il y en a
maintenant 33 000 en mars 1992.
M. Bourbeau: Écoutez, si la députée veut
avoir les chiffres, je pourrai les lui faire parvenir, là, mais tout ce
que je peux lui dire, c'est que le barème de disponibilité a peu
varié entre mars 1991 et aujourd'hui. Il était de 37 000 en mars
1991, il est de 33 000 aujourd'hui, et, entre-temps, ça s'est
situé entre 33 000 et 37 000. Ça n'a pas sorti en dehors de ces
extrémités-là.
Maintenant, disons, au sujet de ce barème de
disponibilité, comme vous le savez, c'est un barème qui fait en
sorte que les prestataires de la sécurité du revenu, qui
autrement seraient catégorisés dans le barème de
non-participants, obtiennent un supplément de prestations parce que ces
prestataires-là se déclarent disponibles à participer
à des mesures d'employabilité. Nous leur faisons confiance en ce
sens que nous
disons: Bon, très bien, on n'a pas de mesure disponible pour vous
aujourd'hui, mais, tant qu'on ne vous en présentera pas une, on vous
donne le bénéfice du doute et on vous verse une partie de la
prestation, soit environ 60 % de la prestation, en attendant. Or, ce qu'il faut
bien réaliser, c'est que deux sur trois de ces personnes-là,
quand on leur offre une mesure, elles la refusent. Ça, c'est la
statistique qu'on a depuis le début. C'est donc dire que ces
personnes-là ne sont pas toutes réellement disponibles. Certaines
se prétendent disponibles, un bon nombre, mais ne le sont pas, et quand
elles refusent, bien, elles font la preuve qu'elles n'étaient pas
vraiment disponibles.
Maintenant, quant au temps d'attente, je voudrais dire à la
députée de Hochelaga-Maison-neuve que le temps d'attente du
barème de disponibilité est relativement court.
Présentement, la moyenne pour toute l'année pour le réseau
est de 2,1 mois. Ça, c'était en mars 1992. Pour toutes les
régions du Québec, chaque région une par une, j'ai la
statistique, là, et ça varie. Dans certaines régions, le
temps d'attente est plus court, comme pour l'Estrie il est de 0,7 mois, par
exemple, et dans d'autres régions le temps un peu plus long. À
Montréal, par exemple, c'est 2,7 mois. C'est le maximum à
Montréal. Alors, pour le reste, ça varie entre ces deux
pôles-là, ces deux extrémités:
Montérégie-Ouest, 2,2 mois - ça intéressera
certains députés -Montérégie-Est, 2,7 mois, c'est
le maximum avec Montréal. Je m'excuse, tout à l'heure j'ai dit
Montréal, mais c'était la Montérégie-Est qui est de
2,7 mois. Montréal est de 2,5 mois. Alors, vous voyez que ça
oscille entre ces deux extrêmes.
Moi, je trouve que 2 mois de moyenne, c'est quand même
passablement rapide. On fait attendre les gens 2 mois et, après
ça, on leur trouve une mesure. Moi, je suis particulièrement
fier, je dois dire, de cette performance-là où on a beaucoup
amélioré le délai d'attente sur le barème de
disponibilité, et s'il y en a 33 000, bien, c'est parce qu'à
chaque 2 mois on fait en sorte de vider littéralement la caisse et c'est
des nouveaux arrivants. Évidemment, à l'aide de dernier recours,
comme vous le savez, il y a un va-et-vient, et ce va-et-vient là fait en
sorte qu'il y a toujours une quantité de personnes qui se
déclarent disponibles et qui le sont dans une proportion de un tiers et
qui ne le sont pas dans une proportion de deux tiers.
Bon. Ça c'est pour le barème de disponibilité.
Maintenant, on a fait parvenir à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve certains documents dont elle nous parlait tantôt.
La députée de Hochelaga-Maisonneuve disait tantôt qu'elle
n'avait pas reçu de statistiques sur les taux d'abandon pour les mesures
désignées.
Mme Harel: Ah non, les taux d'abandon, je n'ai pas dit que je ne
les avais pas eus, au contraire, je les ai cités.
M. Bourbeau: Ah bon! Alors, c'est ce qu'on avait compris de ce
côté-ci.
Mme Harel: Non, non, je les ai même cités, M. le
ministre. Je vous ai dit que le taux d'abandon des mesures
désignés était de 39,1 %.
M. Bourbeau: O.K. Alors, je m'excuse, on avait compris que vous
prétendiez ne pas les avoir reçus. Je suis content de voir que,
non seulement on les a envoyés, mais qu'en plus vous les avez
reçus.
Mme Harel: Et je les ai lus. Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Bon. Maintenant, vous me permettrez, Mme la
Présidente, que je regarde mes notes sténographiques. Les
licenciements collectifs. Alors là, la députée de
Maisonneuve s'est plainte de ne pas avoir reçu les statistiques. Alors,
on lui a fait parvenir la liste des avis des licenciements collectifs
reçus au ministère depuis le 1er janvier 1991. Vous avez toute la
liste mois par mois, avec...
Mme Harel: C'est ça, comme un bottin
téléphonique.
M. Bourbeau: Oui, mais vous avez prétendu ne pas les avoir
reçus tantôt.
Mme Harel: Non, j'ai dit: Je n'ai pas le total du nombre d'avis
que le ministère a reçus et du nombre de fermetures qui ont
été, effectivement... Par exemple, vous m'avez remis un total de
422 avis de fermeture dans le cadre du programme PATA.
M. Bourbeau: Écoutez, disons ceci, on vous a fait parvenir
ce que vous avez demandé, et en détail. Vraiment, là, je
dois dire que la liste est exhaustive. C'est même édifiant de voir
comment le ministère a fait des efforts pour vous donner les
renseignements. Ce que vous n'avez pas demandé et que je vais vous
donner, puisque maintenant vous le demandez, c'est les statistiques concernant
les licenciements collectifs globaux. Alors, j'ai ça ici devant moi, le
programme de reclassement des travailleurs licenciés collectivement.
Alors, je vais faire des photocopies tantôt, puis on vous les enverra.
O.K.?
Mme Harel: O.K.
M. Bourbeau: Après ça, licenciement collectif...
Est-ce que le ministère a l'intention de légiférer en
cette matière-là? Oui. Je l'ai dit à quelques reprises.
Ça fera partie des actions qui découleront de la politique que
nous avons fait adopter par le gouvernement en décembre dernier. Ce sera
dans le plan d'action du minis-
tère. Nous avons l'intention d'apporter des modifications au
licenciement collectif au cours des prochains mois. Idéalement,
j'aimerais déposer un projet de loi à l'automne. On va voir
comment le calendrier à l'automne va se présenter, si on a autant
de jours de législation à l'automne qu'au printemps. Ça
peut être difficile parce que j'ai l'impression qu'il va y avoir un
certain nombre de projets de loi du printemps qui vont être
reportés à l'automne, à moins que l'Opposition, bien
sûr, veuille collaborer d'une façon exceptionnelle à la
législation au cours des prochaines semaines.
Le programme PAIE, la députée de Hochela-ga-Maisonneuve
signale à juste titre que un participant sur deux au programme PAIE a
abandonné la mesure avant les six mois. Moi, je n'en suis absolument pas
surpris, Mme la Présidente, et ni scandalisé rion plus. C'aurait
été vraiment un miracle si tous les participants au programme
PAIE avaient maintenu la participation pendant six mois.
Disons qu'il y a plusieurs raisons qui font qu'une personne peut
abandonner. Premièrement, elle peut se trouver un emploi en cours de
route, et ça arrive dans un certain nombre de cas. Il y a des personnes
qui quittent le programme PAIE pour toutes sortes de raisons, d'abord, parce
que l'employeur a fermé ses portes. L'employeur n'a plus besoin
d'employés. Ça arrive parfois, et surtout maintenant; on voit
ça de plus en plus fréquemment. L'employé peut
après un certain temps se rendre compte également qu'il n'est pas
capable de faire le travail ou qu'il ne veut pas faire le travail. Ça
peut arriver aussi. (11 h 10)
Mais je trouve ça quand même intéressant que
l'évaluation que nous en avons faite, et dont pariait tantôt la
députée de Hochelaga-Maison-neuve, soit à l'effet
qu'exactement 50 % des participants se rendent a terme. Quand ils se rendent
à terme, un bon nombre d'entre eux conservent leur emploi, même
après les six mois. En fait, quand on regarde l'évaluation du
programme qui a été faite, on se rend compte qu'il y en a un sur
deux qui se rend à tome, ça c'est exact. Après trois mois
que le programme est terminé, il y en a 19 % de ceux qui ont
terminé qui sont en emploi, et, de ceux qui ont abandonné en
cours de route, il y en a 18 % qui sont en emploi, de sorte que, globalement
parlant, trois mois après la fin du programme PAIE, il y a 37 % de ceux
qui étaient sortis de l'aide sociale pour aller dans le programme qui
sont en emploi.
Mme la Présidente, si vous rassortiez les transcriptions des
commissions parlementaires, ou des études de crédits qu'on a eues
ici depuis deux ou trois ans, vous verriez que quand j'ai annoncé le
programme je disais, et je l'ai dit à plusieurs reprises - on ne savait
pas vraiment à quoi s'attendre - que, si 10 % des personnes
étaient en emploi à la fin du programme, je serais
personnellement très satisfait, parce qu'on aurait pris des gens
à l'aide de dernier recours qui n'avaient pas beaucoup de chances de se
faire employer à cause des préjugés, comme vous le savez,
que charrient ces gens-là. À la fin du programme, si 10 %
étaient en emploi, ça serait ça de gagné par
rapport à la situation précédente.
Je dois dire que chez nous on est absolument ravis - je cherche un mot
plus fort encore - quand on constate que 37 % de ces gens-là sont en
e.nploi trois mois après la fin du programme, quand on sait comment
c'est compliqué pour un assisté social de se trouver un emploi,
quand on sait que, quand un employeur a le choix entre un travailleur en
chômage ou un assisté social, la tendance naturelle est
d'em-pioyer celui qui a de l'expérience, celui qui est chômeur.
Les assistés sociaux ne sont pas sur un pied d'égalité
avec les autres dans la recherche d'un emploi, ils sont en défaveur. Le
programme PAIE vient justement les replacer sur un pied
d'égalité, dans la quête d'un emploi, quant à la
possibilité de se trouver un emploi, quant à l'accueil que peut
leur faire un employeur. Alors, si on a donné un coup de pouce aux
assistés sociaux avec le programme PAIE, et on leur a permis de se
donner une expérience de travail et, dans 37 % des cas, de se trouver un
emploi, bien, je pense que c'est un pas en avant.
Maintenant, je crois que tout à l'heure, à la fin de sa
présentation, la députée de Hochela-ga-Maisonneuve - je
n'ai peut-être pas tellement bien saisi, on me corrigera si je me trompe
- a semblé indiquer qu'on privilégiait trop ces mesures, ces
mesures concrètes, si je peux m'exprimer ainsi là,
d'expériences pratiques et qu'on délaissait les mesures de
formation dans les programmes d'employabilité. Moi, je pense que la
formation c'est important, les mesures d'employabilité aussi, mais il ne
faut pas oublier que les mesures d'employabilité sont des mesures
préparatoires à l'emploi. L'objectif, c'est l'emploi. Si,
à un moment donné, on peut faire en sorte de trouver un emploi
à quelqu'un, bien, il faut présumer que la personne est
qualifiée, surtout si elle le garde, l'emploi. Il ne faudrait pas
négliger pour autant la formation continue, d'inciter ces
personnes-là à continuer à améliorer leur
capacité, leur compétence, mais je pense qu'on ne peut pas nous
faire un reproche de tenter de trouver des emplois à des assistés
sociaux, surtout dans la mesure où ces emplois-là leur
conviennent. Alors, l'objectif est vraiment la réinsertion en emploi, et
si elle n'est pas possible, bien sûr, on va continuer les mesures de
formation.
Maintenant, est-ce que le Québec est perdant dans les accords
avec le gouvernement fédéral, dans les ententes avec le
gouvernement fédéral? Il est bien difficile de répondre
à cette question-là. Tout ce qu'on peut dire, c'est que le
gouvernement fédéral, depuis quelques années,
cherche manifestement à ne plus subventionner les réseaux de base
d'éducation du gouvernement du Québec, les fonds qui vont servir
à soutenir le régime d'éducation du Québec, le
régime public, et cherche à faire en sorte que les fonds de plus
en plus transitent via les entreprises.
C'est une philosophie qu'a adoptée le gouvernement
fédéral. On peut la déplorer, selon le cas, mais disons
que je ne peux pas dire, et je ne crois pas qu'on puisse affirmer que les
sommes d'argent consacrées par le gouvernement fédéral
dans le domaine de la main-d'oeuvre au Québec ont diminué depuis
deux ou trois ans, pour la simple et bonne raison que, depuis deux ans en tout
cas, le gouvernement fédéral a commencé à puiser
allègrement dans la caisse d'assurance-chômage, et que, si ce ne
sont pas des fonds proprement fédéraux, parce que le gouvernement
fédéral ne cotise plus à l'assurance-chômage, il
reste quand même que les fonds qui sont consacrés au marché
de la main-d'oeuvre au Québec, mesure active, mesure passive, n'ont
probablement pas diminué depuis deux ans à cause, justement, de
l'apport massif des capitaux provenant du compte de
l'assurance-chômage.
Maintenant, pour revenir aux mesures de l'employabilité, je
pourrais ajouter ceci. Nous sommes présentement à procéder
à une évaluation formelle des mesures d'employabilité.
J'aimerais simplement dire à la commission que les résultats de
ces études-là devraient être connus au mois de novembre
prochain. Alors, à ce moment-là, on sera en mesure de parler avec
beaucoup plus d'autorité des performances des programmes de
développement de l'employabilité.
Je crois, Mme la Présidente, avoir couvert l'essentiel des propos
de la députée de Hochela-ga-Maisonneuve. Si jamais il y a des
questions additionnelles, il me fera plaisir de tenter d'y répondre.
.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Est-ce que vous
souhaitez que l'on procède maintenant par le programme 1 ou il y a
encore quelques sous-questions aux réponses qui ont été
apportées par le ministre?
Mme Harel: Si vous me permettez, si la commission est d'accord,
j'aimerais bien tout de suite peut-être reprendre certaines questions au
ministre pour essayer d'avoir le plus possible des informations d'ensemble
avant qu'on aborde les programmes proprement dits.
La Présidente (Mme Marois): Certainement. Est-ce qu'il y a
accord?
Des voix: D'accord.
La Présidente (Mme Marois): Ça va.
Renseignements sur les crédits fournis à
l'Opposition
Mme Harel: Alors, j'aimerais, Mme la Présidente, demander
au ministre s'il peut mettre à notre disposition cette année,
comme c'a été le cas durant les années
précédentes, les bilans de participation dans les
différents programmes pour l'année financière 1992-1993.
Je ne comprends pas pourquoi les programmes de formation et de qualification
professionnelles, autant le programme de formation générale
à plein temps, la formation professionnelle à plein temps
également, transition au travail, les programmes de recyclage et de
perfectionnement, les programmes de formation sur mesure en
établissement... En fait, pourquoi l'ensemble des programmes de
formation et de qualification professionnelles dispensés au
Québec n'ont pas pu, cette année, nous être
communiqués dans la forme où ils nous permettaient depuis des
années de suivre l'évolution de chacun de ces programmes?
J'invite le ministre à prendre connaissance des informations qui nous
ont été transmises. Il s'agit, finalement, de l'année
scolaire 1990-1991 et non pas de l'année financière. Alors, non
seulement on ne s'y retrouve pas, mais plus encore. Dans les tableaux qui nous
sont remis, il y a certains programmes où pour les mêmes
données les chiffres sont différents, on a deux tableaux
différents.
Je vais donner un exemple au ministre. Par exemple, pour le programme
Recyclage et perfectionnement. Ces chiffres émanent de la Direction
générale de la main-d'oeuvre et de la formation professionnelle
pour le programme Recyclage et perfectionnement, l'année scolaire
1990-1991. Ces chiffres datent de janvier 1992. On nous fait un total de 90 677
participants, hommes et femmes, en emploi et sans emploi. Quand on reprend un
autre tableau, toujours sur le Recyclage et perfectionnement, toujours pour
l'année scolaire 1990-1991, le total du nombre de participants, pour le
même programme et les mêmes mois, monte cette fois à 116
362. Ça vaut aussi pour la formation sur mesure en établissement,
pour la même année scolaire 1990-1991.
Il est vraiment difficile de se retrouver dans ce qui nous a
été remis cette année par rapport au programme de
formation et de qualification professionnelles. C'est l'année scolaire,
ça ne correspond pas à l'année financière. C'est
des données qui ne nous avaient jamais été
présentées sous cette forme-là, d'une part. D'autre part,
si c'était possible également que le ministre nous indique... En
ce qui concerne le programme Formation générale et
professionnelle à temps complet et équipements, ça,
ça fait partie des dépenses estimées. On se retrouve en
comparant le budget, les dépenses, mais dans les tableaux qui nous ont
été remis il y a des incongruités étonnantes. (11 h
20)
Par exemple, pour ce programme-là en particulier, on nous parle
de dépenses totales... Dans le tableau qui nous vient de la Direction
générale de la main-d'oeuvre et de la formation professionnelle,
on nous parle de dépenses totales de 46 387 000 $ en 1991-1992. Alors,
on prend les dépenses totales de ce programme de formation
générale et professionnelle à temps complet et on les
compare au budget qui était prévu pour la même
année, 1991-1992, et qui était de 66 000 000 $. Alors, on
constate, évidemment, que, là, il y a une diminution de 20 000
000 $. Dans les périmés...
M. Bourbeau: Pas sur les...
Mme Harel: Toujours Formation générale et
professionnelle à temps complet et équipements. Alors, dans les
dépenses, je le rappelle, pour 1991-1992, on nous indique 46 000 000 $;
dans le budget, on nous indique 66 000 000 $. Ça correspond aux
périmés. Dans les périmés qui nous sont remis par
le ministère, on retrouve aussi 19 000 000 $, donc à peu
près l'équivalent de ce qui est périmé à ce
programme-là. D'autre part, dans d'autres tableaux du cahier explicatif,
on retrouve complètement autre chose à cet
élément-là. On retrouve des dépenses probables de
65 000 000 $. Ça ne correspond pas du tout au tableau, qui nous donnait
des dépenses de 46 000 000 $. On retrouve des crédits 1991-1992
de 56 000 000 $.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, est-ce que je pourrais
interrompre?
La Présidente (Mme Marois): Oui, certainement, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Moi, je veux bien donner des renseignements... Ici,
on ne comprend pas exactement le sens des questions de la députée
de Maisonneuve. Est-ce que la députée de Maisonneuve pourrait
nous dire à quelle page du document elle se réfère? Sans
ça, on ne pourra pas donner de réponse. Est-ce qu'il y aurait
moyen de se référer concrètement à un document? On
va vous dire...
Mme Harel: Pourtant, M. le ministre, c'est la première
fois que ça se produit. Je ne comprends pas votre ministère. Tout
était toujours tellement mieux fait que l'état, en pièces
détachées, dans lequel on a reçu ça cette
année. Je parle en particulier de la question 8 qui a été
transmise dans les demandes de renseignements particuliers de l'Opposition
officielle. Alors, dans les demandes de renseignements particuliers, c'est la
question 8. Ça s'intitule: «Pour chacun des programmes de
formation et de qualification professionnelles, nombre de participants par
région», etc. Je ne sais pas si vous voulez que je vous lise en
entier la question.
M. Bourbeau: Moi, je n'accepte pas nécessairement les
blâmes. La députée de Maisonneuve dit que ce n'est pas en
bon état. Les gens qui m'entourent prétendent que ça a
été présenté de la...
Mme Harel: Ça dépend des programmes. Mais pour, je
dirais...
M. Bourbeau: Les gens qui m'entourent prétendent que
ça...
Mme Harel: ...h programme 7, là...
M. Bourbeau: ...a été présenté de la
même façon que l'an dernier.
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: On n'accepte pas nécessairement les
blâmes. Mais au-delà des blâmes, on peut peut-être
tenter de répondre à vos questions. Alors, c'est à quelle
page? La page 62. Est-ce que c'est ça?
Mme Harel: C'est ça, M. le ministre.
M. Bourbeau: Bon. Voulez-vous, on va se référer
concrètement au point qui accroche?
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Harel: Alors, c'est exactement ce que je viens de vous
signaler. Vous allez retrouver vous-même les informations transmises
à partir de l'année scolaire plutôt que de l'année
financière. Pourquoi, cette année? Alors, la question: Pourquoi,
pour la première fois depuis cinq ans que je les fais, les
crédits, on n'a pas l'information sous la forme où on pouvait
l'obtenir chaque année? Qu'est-ce qui peut expliquer ça?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, les gens derrière
moi me disent que ça a été présenté cette
année sur la même base que l'an dernier. Alors, il n'y a pas de
différence dans la façon de présenter les chiffres cette
année avec l'an dernier.
Mme Harel: Alors, je comprends pourquoi on a des
problèmes. Si ces gens-là n'ont pas vu la différence, M.
le ministre, je comprends qu'on ait des problèmes. Ils nous donnent des
chiffres à partir d'une année scolaire, on les a toujours eus
à partir d'une année financière, et ils nous disent
maintenant qu'il n'y a pas de différence?
M. Bourbeau: Si vous voulez bien - vous comprenez que ce n'est
pas le ministre qui prépare les chiffres, ni les documents - on va
laisser répondre le sous-ministre adjoint. Je dois reconnaître que
M. Duc Vu est nouveau à la
fonction, il est là depuis quelques mois, mais je crois qu'il est
capable de donner les réponses que vous voulez.
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous voulez bien,
effectivement, répondre aux questions soulevées...
M. Vu (Duc): En fait, ce qu'on m'a dit, c'est que les tableaux
qui ont été fournis dans le passé sur une base
générale, c'est-à-dire la clientèle par programme,
à ce moment-là, c'était donné sur une base
financière, mais compte tenu que la question est posée,
ventilée selon un certain nombre d'indicateurs, c'est-à-dire le
nombre d'hommes, le nombre de femmes, la scolarité, l'âge moyen,
on n'est plus capables, à ce moment-là, de donner les chiffres
selon l'année financière, compte tenu des caractéristiques
de la question. Alors, c'est dans ce sens-là que l'information qui est
donnée est donnée sur la base de l'année scolaire par
rapport à chacun des programmes, en fonction des caractéristiques
de l'information demandée.
M. Bourbeau: Alors, écoutez, ce que je comprends de
ça, c'est qu'on donne ce qu'on peut. Quand on n'a pas d'information
disponible, on donne les résultats qu'on a.
Mme Harel: C'est une question de bonne volonté, M. le
ministre. Les informations sont disponibles par année
financière...
M. Bourbeau: Je regrette. Non, pas la clientèle.
Mme Harel: ...et ces informations, nous voulons les obtenir par
année financière.
M. Bourbeau: Non. Les informations financières, vous les
avez eues sur la base de l'année financière, je comprends.
Mais...
Mme Harel: Non, nous ne les avons pas eues.
M. Bourbeau: ...les informations de la clientèle ne nous
sont pas disponibles sur une base d'année financière, mais sur
une base d'année scolaire, donc on vous a donné ce qui
était disponible.
Mme Harel: non. je comprends que c'est une interprétation
qu'a faite votre sous-ministre, mais nous voulons les informations sur une base
d'année financière.
M. Bourbeau: On ne peut pas vous les donner, on ne les a pas.
Mme Harel: Vous les avez toujours eues. Qu'est-ce qui fait
que...
M. Bourbeau: Bien non!
Mme Harel: ...vous ne les avez plus?
M. Bourbeau: Vous parlez des clientèles toujours? Les
clientèles, on ne les a pas. C'est ce qu'on me dit. C'est ça?
M. Vu: La clientèle générale du programme,
on l'a par année financière.
Mme Harel: Nous la voulons. C'est ça que nous voulons.
M. Vu: C'est la clientèle générale. Il n'y a
pas de problème.
M. Bourbeau: Oui, mais vous avez posé des questions
particulières, des questions pointues, et les réponses
à...
Mme Harel: Je regrette, mais on n'a jamais demandé par
année scolaire. C'est une interprétation qui est faite
exceptionnellement pour la première fois depuis cinq ans.
M. Bourbeau: Écoutez...
Mme Harel: Comment se fait-il qu'habituellement on nous
comprenait, puis là on ne nous comprend plus, hein?
M. Bourbeau: Bien, c'est ça, le problème. C'est un
gros problème, d'ailleurs, je dois le dire.
Mme Harel: Si ça arrivait pour la première fois, je
dirais oui, mais c'est la cinquième année qu'on fait des
crédits et c'est la première année qu'on a des
problèmes.
M. Bourbeau: Bien, vous avez des problèmes, moi, je n'en
ai pas! Disons qu'on a interprété vos questions, semble-t-il, de
la façon la plus logique possible.
La Présidente (Mme Marois): Bon. Maintenant, est-ce que,
à la lumière de l'échange qu'on a, cette information telle
qu'elle a été fournie jusqu'à maintenant aux membres de la
commission est toujours disponible? Est-ce qu'il est possible que cette
information soit fournie aux membres de la commission pendant la durée
de nos travaux aujourd'hui?
M. Bourbeau: Est-ce que la députée de Maisonneuve a
un tableau entre les mains, là? Si elle voulait nous le fournir, on
pourrait regarder sous quelle forme sont les renseignements. Si on les a sous
cette forme-là...
Mme Harel: Sûrement.
M. Bourbeau: ...on lui donnera. Le problème...
Mme Harel: Certainement.
M. Bourbeau: ...qui se pose, Mme la Présidente, c'est
très difficile de comprendre exactement ce qu'elte veut.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je pense que le tableau
est disponible. Mme la députée, vous pouvez le rendre disponible,
celui de l'an dernier?
Mme Harel: Oui. On veut la même chose que celle qu'on a eue
durant toutes les années précédentes, actualisée
à 1991-1992.
M. Bourbeau: Nous, on pensait qu'on vous avait fourni la
même chose que l'an dernier...
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: ...plus autre chose...
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: ...plus détaillé encore. Alors,
ça nous apprendra, à l'avenir, d'être de moins en moins
précis.
Mme Harel: Soyez-le autant que les autres années, puis
ça va nous satisfaire.
M. Bourbeau: Bien, c'est ce qu'on tente de faire.
Mme Harel: Je reviens à la question...
M. Bourbeau: Est-ce qu'on peut l'avoir, votre tableau, pour
comprendre ce que vous dites?
Mme Harel: Oui, je vais le faire venir. Évidemment, je
n'ai pas apporté mes crédits de l'an passé. Je les ai
laissés à mon bureau, mais soyez convaincu que je vais aller les
chercher immédiatement. Alors, ça va me permettre de vous
indiquer ce qu'on avait reçu, puis ce qu'on voudrait se faire
actualiser.
M. Bourbeau: Alors, on regardera votre tableau et on tentera de
vous donner exactement les mêmes données sur les mêmes
bases.
Mme Harel: II y a toujours cette question qui est restée
en suspens: Qu'est-ce qui arrive au programme Formation générale
et professionnelle à temps complet et équipements? Comment
concilier des chiffres inconciliables dans les tableaux qui nous sont remis par
le ministère?
M. Bourbeau: Là, voulez-vous vous référer
concrètement à un document, s'il vous plaît?
Mme Harel: Certain. Je me réfère, M. le
ministre...
M. Bourbeau: Quelle page?
Mme Harel: ...à ces tableaux qui nous ont
été transmis suite à la question 9 que nous avons
posée. Je regrette, ce n'est pas...
M. Bourbeau: Mme la Présidente, écoutez, c'est
facile pour ''Opposition. On vous a transmis à peu près six
pouces de documents, c'est épais, et vous en sortez une page, puis
là vous nous dites: Je veux avoir les renseignements
là-dessus.
Mme Harel: Ce n'est pas peu de chose, c'est 20 000 000 $.
M. Bourbeau: Je comprends que c'est 20 000 000 $, mais il faut
pouvoir identifier... On en a pour 4 000 000 000 $.
La Présidente (Mme Marois): Alors, là, on va
s'entendre d'abord pour qu'on parle des mêmes choses et qu'on
réfère à la même information. Est-ce que, M. le
ministre, vous avez ce qui est nécessaire pour que vous parliez sur la
base des mêmes tableaux?
M. Bourbeau: Moi, je ne réponds pas à des questions
à moins qu'on identifie exactement la page du document auquel on fait
référence.
Mme Harel: À la page 72 des renseignements demandés
par l'Opposition.
M. Bourbeau: Alors, page 72.
La Présidente (Mme Marois): Merci.
M. Bourbeau: Alors, est-ce que la députée,
maintenant, peut me dire quel poste à la page 72? (11 h 30)
Mme Harel: Alors, je reprends les explications que je disais
tantôt. Formation générale et professionnelle à
temps complet et équipements. Je veux me faire expliquer les 20 000 000
$ qui ont l'air de se promener et qui sont différents d'un tableau
à l'autre. Ce n'est pas peu quand même. Je trouve que 20 000 000
$, ça vaut la peine de savoir où c'est passé. Je disais au
ministre que, dans les dépenses totales estimées pour
l'année financière 1991-1992, à la page 74 exactement,
tous ces tableaux réfèrent à la même donnée.
Dans les dépenses estimées, pour l'année 1991-1992, on
retrouve le total - c'est la première colonne, là - 46 387 400 $.
Ça, c'est pour l'année 1991-1992. Puis, dans le budget,
c'est-à-dire ce qui était budgété, on retrouve 66
100 000 $. C'est à la page 73.
M. Bourbeau: Le budget 1992-1993?
Mme Harel: C'était toujours pour l'année
financière 1991-1992. Même année, 1991-1992, c'est celle
que l'on examine là. 1992-1993, on verra ça l'an prochain. Alors,
pour 1991-1992, on nous indique 66 000 000 $ de budget et on nous indique pour
les dépenses totales: 46 000 000 $. Puis, dans les
périmés, à la page 58...
M. Bourbeau: Très bien. Alors... Mme Harel: En
réponse.
M. Bourbeau: On va demander au sous-ministre adjoint, M. Duc Vu,
de répondre, si vous voulez bien.
M. Vu: Relativement à vos chiffres de 46 000 000 $ dans le
programme de formation générale à plein temps avec
équipements, vous remarquerez qu'à la fin de la même page,
à la dernière ligne, vous avez le FAC - c'est le Fonds
d'assurance-chômage - de 19 000 000 $ qui a été inclus, si
vous voulez, dans l'autre tableau que vous avez, qui était à 66
000 000 $. Dans le tableau précédent, on a distingué les
19 000 000 $ dans les 46 000 000 $, ce qui fait la différence d'à
peu près 20 000 000 $.
Mme Harel: Ça aurait été si simple de mettre
une note en bas de page pour l'expliquer.
M. Bourbeau: ...poser la question. C'est pour ça qu'on est
ici.
Mme Harel: Alors, c'est donc dire que, pour l'ensemble des
dépenses probables, on retrouve environ 66 000 000 $ pour l'année
1991-1992. Pourquoi, alors, dans le tableau comparatif des crédits,
à la page 56 du cahier explicatif... Je laisse au ministre le temps de
se retrouver. Le cahier explicatif, c'est ça, ici. Hein? D'accord?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, quand même. La
députée de Maisonneuve devrait être raisonnable. Moi, je
n'ai pas l'initiative des questions, ici. La députée de
Maisonneuve...
Mme Harel: C'est la même question. M. Bourbeau: Oui,
je comprends. Mme Harel: C'est le même programme. M. Bourbeau:
Je comprends, mais moi... Mme Harel: Puis, la page 56...
M. Bourbeau: ...j'ai six pouces de documents et vous sautez comme
un lapin d'un à l'autre. Moi, je dois prévoir d'avance où
vous allez aller.
C'est très difficile. Je ne suis pas un très bon chasseur,
je dois dire.
La Présidente (Mme Marois): Je pense qu'on est prêt
à vous donner le temps nécessaire. On va indiquer au fur et
à mesure les documents et on va vous donner le temps nécessaire
pour aller trouver l'information.
M. Bourbeau: Très bien.
Mme Harel: Est-ce que le ministre peut nous indiquer pourquoi, en
1992-1993, on retrouve des crédits de 57 000 000 $? C'est donc une
diminution substantielle à ce programme-là. Si, comme il vient de
me le confirmer, il y a eu 66 000 000 $ de dépensés cette
année, pourquoi, l'an prochain, il prévoit en dépenser
moins?
M. Bourbeau: Est-ce que vous parlez toujours du même fonds
que tout à l'heure?
Mme Harel: Toujours du même programme: Formation
générale et professionnelle à temps complet et
équipements. Franchement, je peux vous dire une chose: II faut quasiment
être le petit poucet pour se retrouver. Imaginez-vous qu'à la page
56 du cahier qui devrait être notre cahier de références,
ce qu'on trouve en 1991-1992, c'est 56 000 000 $. Là, ce n'est plus les
66 000 000 $ de l'explication que le sous-ministre vient de donner. Des
crédits de 1991-1992, on est à 56 000 000 $. Il y a 10 000 000 $
qui ne sont plus là, quelque part et, pour l'an prochain, on
prévoit 57 000 000 $, en 1992-1993.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je vais tenter de donner
la réponse à la députée de Maisonneuve en
soulignant que je me rends compte qu'on a donné, je pense, huit cahiers
à la députée de Maisonneuve. C'est peut-être trop.
On aurait peut-être dû en donner moins et elle nous ferait moins de
plaintes. Moi, j'essaie d'être le plus ouvert possible, de donner le plus
de renseignements. Il faut nous laisser le temps, quand elle change d'un
dossier à l'autre, de...
Mme Harel: M. le ministre, ce n'est pas une faveur que vous
faites à l'Opposition...
M. Bourbeau: Je ne dis pas ça du tout.
Mme Harel: ...quand vous transmettez les informations sur les
fonds publics qui sont dépensés.
M. Bourbeau: Je ne dis pas ça du tout, ce n'est pas une
faveur.
Mme Harel: Ce que je vous dis, c'est que ce n'est pas le
problème d'avoir huit cahiers. C'est que, dans les huit cahiers, il y
ait huit tableaux différents. C'est là, le problème.
M. Bourbeau: À l'avenir, on donnera un cahier avec un seul
tableau, ça va être plus simple. On n'aura pas besoin de se faire
engueuler par l'Opposition pour des raisons semblables. Moi, je suis ici de
bonne foi, Mme la Présidente, tentant de répondre aux questions,
mais la députée de Maisonneuve choisit un sujet, un autre sujet,
cahier no 1, cahier no 8. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
Mme Harel: Je suis sur le même programme pour tout de
suite, étant donné que je n'ai pas encore eu mon explication.
Depuis 15 minutes, malheureusement.
M. Bourbeau: Très bien. Alors, on va tenter de vous la
donner. Si vous voulez prendre deux, trois secondes de...
La Présidente (Mme Marois): Certainement. Vous pouvez
prendre le temps nécessaire.
Est-ce que vous préféreriez que l'on suspende?
Mme Harel: Sur cette question-là, peut-être. On va
poursuivre sur le programme 1, à moins qu'il puisse l'expliquer.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que, M. le ministre,
vous souhaiteriez que vos collaborateurs fassent la recherche nécessaire
pour répondre à la question et que, pendant ce temps-là,
on puisse continuer à échanger avec la députée de
Hochelaga-Maisonneuve et d'autres membres de la commission?
M. Bourbeau: Je pense qu'on va être en mesure de
répondre d'ici quelques instants. On est en train de clarifier ça
entre nous...
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Bourbeau: ...mais je pense que la réponse, on l'a.
La Présidente (Mme Marois): On va suspendre,
effectivement, pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 40)
(Reprise à 11 h 44)
M. Bourbeau: Je pourrais tenter de donner une explication
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve, mais, si jamais mes
explications ne sont pas suffisantes ou assez complètes, je demanderai
à un fonctionnaire de compléter.
Revenons à l'entente Canada-Québec. Les fonds, comme la
députée de Maisonneuve l'a dit tout à l'heure,
traditionnellement, étaient gelés à 139 000 000 $ Ces
sommes d'argent nous sont versées par le fédéral et sont
réparties ensuite, en partie, au ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration du Québec pour à peu près
11 000 000 $. Il y en a dans la base du ministère de l'Éducation,
du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science, dans
les CFP et au ministère de la Main-d'oeuvre. Cette somme-là est
distribuée.
Mme Harel: Mais ces 139 000 000 $ sont maintenant devenus 128 000
000 $.
M. Bourbeau: Les 139 000 000 $, oui.
Mme Harel: Mais les 139 000 000 $ sont devenus 128 000 000 $.
M. Bourbeau: Laissez-moi terminer, là. Je suis en train de
vous expliquer. Traditionnellement, c'étaient 139 000 000 $,
gelés à 139 000 000 $. C'est encore 139 000 000 $, sauf que,
cette année, on a décidé de faire transiter directement
les 11 000 000 $ au ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration et de ne pas les faire transiter par le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle. Donc, ils n'apparaissent pas dans notre base, à nous,
mais ils apparaissent dans la base du MCCI. L'argent est là quand
même, au gouvernement du Québec. Donc, on est à 128 000 000
$. Se sont ajoutées à ça, des sommes, l'an dernier, venant
du gouvernement fédéral via le Fonds d'assurance-chômage,
une somme de 25 000 000 $, l'an dernier, prise à même le compte
d'assurance-chômage. Comme on le sait, le gouvernement
fédéral y puise de plus en plus allègrement. L'an dernier,
toujours, une somme de 6 400 000 $ découlant de l'entente
Bourbeau-Valcourt qui a mis fin au groupe de coordination Québec. Donc,
l'an dernier, 31 400 000 $ se sont ajoutés à ça et ont
été ajoutés aux crédits du ministère.
Cette année, nous avons de confirmés, présentement,
dans l'entente Bourbeau-Valcourt, non pas 6 400 000 $, mais 20 000 000 $. Donc,
il y a plus là-dedans. Pour ce qui est des autres fonds provenant de
l'assurance-chômage, les 25 000 000 $ de l'an dernier, nous avons des
confirmations pour 15 000 000 $, cette année. Donc, une diminution dans
ce volet-là. Alors, si on enlève les deux diminutions, de 25 000
000 $ à 15 000 000 $ pour le Fonds d'assurance-chômage, et les 11
000 000 $ des fonds de 139 000 000 $ qui sont virés directement au
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, si on
enlève ces deux sommes-là, et qu'on y ajoute l'addition provenant
de l'entente Bourbeau-Valcourt de 6 400 000 $ à 20 000 000 $, il reste
quand même qu'il y a une somme d'argent qui manque d'environ 9 000 000 $,
ce qui fait que, dans le programme en question, il y a une diminution de
crédits. Mais il ne faut pas oublier que les 11 000 000 $ qui sont
passés au ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration doivent être ajoutés
à ça. Si on ajoute ces 11 000 000 $, on n'est pas perdants, on
est même gagnants.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Gestion et services aux clientèles
Mme Harel: Mme la Présidente, je vous inviterais à
appeler le programme 1. Ça me permettrait peut-être d'interroger
immédiatement le ministre, justement, sur le transfert, à son
ministère, du programme d'aide à l'adaptation des immigrants en
provenance du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Ça va être là-dessus.
M. Bourbeau: Maintenant, là. Mme Harel: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Nous procédons donc
avec le programme 1. Déjà, Mme la députée
soulève une question, en fait, identifie le sujet pour lequel elle a des
questions à poser.
Transfert du programme d'aide à l'adaptation
des immigrants
Mme Harel: Le transfert qui est indiqué à la page 9
du cahier explicatif des crédits, pour lequel il est prévu un
budget de 314 300 000 $. Il est dit: Transfert au ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle du programme d'aide à l'adaptation des immigrants en
provenance du ministère des Communautés culturelles et de
l'Immigration. Gestion et services aux clientèles: 314 300 000 $.
Qu'est-ce que ça comprend, l'ensemble de ce programme d'aide? Est-ce que
ça signifie que le ministre et le ministère sont chargés
de la négociation aussi de ce programme d'adaptation avec le
fédéral?
M. Bourbeau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...les négociations avec le
fédéral ont eu lieu et sont terminées. Le programme est
maintenant transféré chez nous depuis le 1er avril. Les fonds qui
sont destinés à ça, c'est essentiellement le programme
lui-même de sécurité du revenu, pour cette
clientèle-là, et les frais administratifs - gestion et services
aux clientèles - sont de 314 000 $ et le programme, 3 633 000 $, pour un
total de 3 947 000 $.
Mme Harel: Ce programme s'adresse à combien de
participants?
M. Bourbeau: On va prendre quelques instants pour répondre
à la question. J'aurai les réponses dans quelques instants.
Mme Harel: C'est un programme qui concerne quel
élément, exactement?
M. Bourbeau: On me dit 5000 à 6000 personnes.
Mme Harel: Qui font quoi exactement? Ce n'est quand même
pas le programme de sécurité du revenu proprement dit? (11 h
50)
M. Bourbeau: On va demander, si vous voulez des détails
plus pointus, à M. Pierre Fontaine, qui est le directeur
général des politiques et des programmes du ministère, de
répondre à cette question-là, si vous n'avez pas
d'objection.
La Présidente (Mme Marois): Je m'excuse, je n'ai pas
entendu. Est-ce que vous pouvez...
M. Bourbeau: M. Pierre Fontaine, qui est le directeur
général des politiques et des programmes du ministère.
La Présidente (Mme Marois): D'accord, merci. Oui, M.
Fontaine.
M. Fontaine (Pierre): Le gouvernement fédéral avait
un programme d'aide à l'adaptation des immigrants qui a
été transféré au gouvernement du Québec. Ce
programme-là visait essentiellement à assurer aux personnes qui
sont entrées au pays, pendant une période d'un an, et qui
n'avaient pas les moyens financiers de subvenir à leurs besoins... On
leur permettait, à ce moment-là, d'avoir des allocations qui
étaient à toutes fins pratiques équivalentes à
celles de la sécurité du revenu. Alors, actuellement, lorsque le
transfert se fait, notre ministère joue essentiellement le rôle de
sécurité du revenu qu'il joue vis-à-vis des autres
citoyens du Québec pour ces personnes immigrantes, pendant une
période maximale d'un an, dans le cadre du programme d'aide à
l'adaptation.
Mme Harel: mais faut-il comprendre que, pour ces 5000 à
6000 personnes, la sécurité du revenu qui leur est versée
ne coûte que 3 000 000 $?
M. Fontaine: Les barèmes sont essentiellement les
mêmes que ceux qui sont versés aux autres
Québécois.
Mme Harel: Oui, mais, si les barèmes sont les mêmes,
comment expliquer à ce moment-là que, pour 6000 personnes,
ça coûte 3 634 000 $?
M. Fontaine: Bon, je peux vérifier là. Question en
délibéré, les chiffres vont vous être
fournis plus spécifiquement dans quelques instants.
Mme Harel: vraiment, ça serait l'équivalent du
barème d'un mois pour 5000 personnes, ça. alors, il y a vraiment
là quelque chose à clarifier.
M. Fontaine: Non, 5000 ou 6000, c'est peut-être 500 ou
600...
Mme Harel: Ce n'est peut-être pas 5000 à 6000...
M. Fontaine: 500 ou 600, et non pas 5000 à...
Mme Harel: 500 à 600.
M. Fontaine: Oui, oui, c'est ça.
Mme Harel: Bon.
M. Fontaine: II y a un zéro de trop.
M. Bourbeau: Mais, multiplié par 12, ça fait 5000
à 6000, voyez-vous...
M. Fontaine: Par mois, c'est ça. M. Bourbeau: C'est
parce que... Mme Harel: Ah bon!
M. Bourbeau: ...je vous ai donné la clientèle pour
un an, moi.
Mme Harel: Ah bon, d'accord! Alors, 500 à 600
personnes...
M. Fontaine: Par mois.
Mme Harel: ...qui sont référées par le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration.
M. Fontaine: C'est des gens qui sont des nouveaux arrivants,
effectivement.
Mme Harel: 500 à 600 personnes par mois qui
reçoivent une prestation équivalente, une allocation
équivalente à la sécurité du revenu, c'est...
M. Fontaine: Et qui la recevaient avant, remarquez.
Mme Harel: Puis là, maintenant, ces 3 000 000 $ là,
ils sont distribués sous quelle forme? Allocations?
M. Fontaine: Non, c'est exactement de même nature que ce
qui est offert aux autres
Québécois.
Mme Harel: Bon.
M. Fontaine: À savoir que, je vais répéter
là, je n'ai probablement pas été assez clair.
Mme Harel: Mais c'est pour une année, ça, ces 3 000
000 $.
M. Fontaine: C'est ça. En fait, la période de
temps...
Mme Harel: Donc, 500 personnes, c'est pour l'année
aussi.
M. Fontaine: La période de temps à laquelle peut
s'appliquer le programme d'aide à l'adaptation, c'est une période
maximale d'un an, pour une personne qui entre au pays. Mais...
Mme Harel: Alors, les 3 633 000 $, c'est pour un an? Donc,
ça aide environ 500 personnes. Ça ne peut pas être 500
personnes par mois.
M. Fontaine: Oui, mais... Écoutez, quand on regarde les
clientèles de la sécurité du revenu, à un moment
donné...
Mme Harel: Ça vaut pour un mois.
M. Fontaine: Non, ça ne vaut pas pour un mois, c'est...
Quand on regarde les clientèles de la sécurité du revenu,
s'il y en a 500 à un mois donné, et qu'elles sont là
pendant 12 mois, ça fait 500 pour l'année également.
Mme Harel: D'accord.
M. Fontaine: II faut les compter de cette
manière-là.
Mme Harel: Alors, 500 qui reçoivent une allocation que
vous-même évaluez à 580 $ en moyenne pour les
Québécois qui sont aptes au travail et qui reçoivent de
l'aide sociale.
M. Fontaine: Ces allocations-là sont uniformes par rapport
à ce qui est donné aux autres Québécois.
Mme Harel: Justement, mais vous ne trouvez pas qu'il y a un
problème à ce que ce ne soit que 3 634 000 $ qui aillent à
la sécurité du revenu? C'est à peu près
l'équivalent d'une prestation de 500 $ par mois pour 500 personnes, mais
vous dites que c'est sur une année. Donc, ça devrait être
multiplié par 3, et on devrait retrouver l'équivalent de 38 000
000 $ à 40 000 000 $.
Habituellement, M. le ministre de la Main-d'oeuvre, il a toujours dans
sa poche une calculatrice, et il calcule. Alors, si vous nous
dites que c'est l'équivalent de la prestation. Les prestations,
l'équivalent, la moyenne - mettons-les «aptes» - s'ils
viennent ici, c'est pour occuper un emploi, etc. C'est autour de 580 $, je
crois, la moyenne. Alors, vous multipliez 580 $ par 500, et vous êtes
tout de suite à votre 3 000 000 $ pour un mois. Vous nous dites que
c'est sur un an, puis c'est dans les crédits de 1992-1993. Mettons qu'il
y a comme un problème! Est-ce que le ministre est d'accord avec moi?
M. Bourbeau: Bon, écoutez, c'est un nouveau programme qui
vient de nous arriver. Ça s'ajoute aux autres. Je dois reconnaître
que je connais le programme, mais je n'avais pas encore fait une étude
exhaustive des chiffres. Tout ce que je peux dire, c'est que comme c'est
payé par le gouvernement fédéral, s'il manque d'argent, on
va certainement demander au fédéral de nous transférer des
fonds additionnels. Les indications qu'on a présentement, c'est que les
fonds qui sont indiqués là, de 3 900 000 $, devraient être
suffisants. S'ils ne le sont pas, je peux assurer la députée de
Hochelaga-Maisonneuve qu'on va faire une réclamation au gouvernement
fédéral.
Mme Harel: Alors, dans le programme...
M. Fontaine: Si vous permettez, si on prend les 580 $ mensuels,
multipliés par 500 personnes, on obtient environ 290 000 $; si on
multiplie ça par 12 mois, ça vous donne un chiffre qui avoisine
les 3 600 000 $, qui est celui qui est aux crédits. Donc, à ce
moment-là, la prestation, la question posée me semble...
Mme Harel: Bon. J'avais raison de vouloir utiliser la
calculatrice du ministre.
M. Bourbeau: Ça faisait longtemps que j'avais ce chiffre,
sauf que la députée disait que ce n'était pas suffisant.
Moi, j'ai bien rapidement vu que c'était une moyenne de 500 par mois, la
clientèle.
Réseau Travail-Québec
Mme Harel: Alors, au programme 1, concernant les effectifs, le
ministre a annoncé en mars dernier la création d'un comité
de concert avec les employés représentés par le Syndicat
des fonctionnaires municipaux de Montréal et par les fonctionnaires
provinciaux. Ces employés avaient publiquement fait connaître leur
intention d'obtenir la suspension de la fusion des tâches dans les
centres Travail-Québec. J'aimerais savoir du ministre où en est
rendu son projet de fusion des tâches, s'il a accepté de reporter
ce projet qui semblait prématuré, notamment, à cause de
l'augmentation de la clientèle.
Est-ce que, cette année, il va consacrer des sommes d'argent pour
permettre une formation aux agents, notamment les 300 agents engagés sur
une base occasionnelle, agents qui vont donc avoir à administrer un des
systèmes qu'il sait reconnaître comme étant
sophistiqué, pour ne pas dire extrêmement complexe, quand on pense
que la multiplication des catégories permet finalement d'attribuer des
prestations en vertu de 42 catégories différentes? Avec
l'ensemble des programmes, mesures désignées auxquelles peuvent
avoir accès des bénéficiaires, est-ce qu'il y a un plan de
formation du personnel, plan qui faisait cruellement défaut, disaient
les syndicats au printemps dernier?
Non seulement les syndicats, mais la direction elle-même,
notamment des centres Travail-Québec à Montréal, qui
faisait valoir la nécessité de la formation manquante, dans un
document intitulé «Portrait contextuel, ville de
Montréal», daté du 14 janvier 1992. Alors, qu'est-ce qu'il
en est, là, quant à la politique que le ministre entend suivre
pour son personnel?
M. Bourbeau: La députée me questionnait au sujet du
comité conjoint d'étude sur les activités dans les centres
Travail-Québec. Je vous rappellerai qu'au mois de février
dernier, plus précisément le 19 février, le
ministère, de concert avec le Syndicat des fonctionnaires du
gouvernement du Québec et le Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal, a mis en place un comité conjoint qui est
complémentaire au processus traditionnel de relations
patronales-syndicales. (12 heures)
Ce comité a été chargé de proposer aux
autorités du ministère des moyens d'améliorer le
fonctionnement du réseau Travail-Québec et, plus
particulièrement, les centres Travail-Québec, Les
problèmes à corriger avaient été rapportés
par le biais d'un sondage qui avait été mené par les deux
groupes en question auprès du personnel du réseau
Travail-Québec. Alors, la situation, au moment où on se parle,
est la suivante. En date du 5 mai 1992 - alors, là, c'est des
renseignements tout à fait récents - le comité, qui est
présidé par M. Gilles Héon, directeur de l'organisation du
travail, à la Direction générale du réseau
Travail-Québec, s'est réuni à trois reprises, soit les 18
mars, 2 avril et 22 avril 1992. Des pistes de travail ont été
identifiées et des grandes orientations d'intervention ont
été retenues. Un premier dossier, qui traite de la modification
du processus de réévaluation annuelle des demandes d'aide des
prestataires de la sécurité du revenu, a été
préparé. Les recommandations qui sont contenues dans ce dossier
ont été retenues par les autorités du ministère. Le
processus en question sera remplacé d'ici la fin de septembre 1992. Ce
nouveau processus aura pour effet, tout en assurant des contrôles de
qualité, de diminuer la charge de travail du personnel de façon
significative et ce, autant à court terme, à moyen terme
qu'à long terme. Au
cours des prochaines semaines, le comité continuera ses
discussions afin de «prioriser» de nouveaux domaines d'intervention
et afin de suivre l'évolution des dossiers en cours. Alors, Mme la
Présidente, voilà ce qui en est.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: Mme la Présidente, à la page 236 du
cahier de renseignements généraux fourni par le ministère,
on retrouve les effectifs pour chacun des centres Travail-Québec...
enfin, pas pour chacun, mais les effectifs de Montréal...
M. Bourbeau: Mme la Présidente, question de
règlement ou de directive.
La Présidente (Mme Marois): Oui.
M. Bourbeau: Le cahier dont parle la députée, selon
nous, n'a pas 236 pages. Alors, on a comme un problème, là.
Mme Harel: C'est 23B, peut-être.
M. Bourbeau: Pardon?
Mme Harel: II est possible que ce soit 23B.
M. Bourbeau: Ah! 23B.
Mme Harel: C'est une réponse à la question 19.
Une voix: C'est ça.
M. Bourbeau: O.K. Très bien, je crois qu'on y est,
là.
La Présidente (Mme Marois): Ça va? Vous y
êtes?
M. Bourbeau: Oui.
Mme Harel: Alors, on retrouve les effectifs de la Direction
générale du réseau Travail-Québec. On retrouve,
pour 1992-1993, une augmentation d'effectifs qui est de l'ordre de 11,2 %, mais
on se rend compte, à la lecture de ce tableau, qu'il n'y a finalement
aucun nouveau personnel à l'intégration à l'emploi.
Finalement, l'augmentation de personnel est réelle, mais exclusivement
consacrée à l'aide financière. Évidemment, compte
tenu de l'augmentation de la clientèle, ça se comprend, une
augmentation de 80 000 bénéficiaires en un an. On retrouve, donc,
une augmentation de près de 190 techniciens à l'aide
financière et à l'accueil et une augmentation de près de
41 agents au soutien à l'aide financière. Mais, quand on regarde
l'intégration à l'emploi, ni les chefs d'équipe, ni les
techniciens, rien n'a bougé. Alors, le ministre peut-il nous expliquer
comment il peut réconcilier son discours sur la nécessité
de réintégrer à l'emploi... Dans son cahier explicatif,
les premières pages, d'ailleurs, de ce qui est publié par le
ministère, c'est extrêmement vertueux parce qu'on parle, dans ce
cahier explicatif, d'un rôle stratégique des ressources humaines
et de la philosophie qui sous-tend tout ça, qui est centrée
évidemment sur l'emploi, étant donné que... Je crois
comprendre que c'est 78 % de l'ensemble de la clientèle qui est dite
apte au travail. À Montréal, on me signale que c'est actuellement
83 % de la clientèle qui est apte au travail. Comment se fait-il que,
malgré cette augmentation de 80 000 nouveaux
bénéficiaires, on ne semble pas, en tout cas, dans les
informations qu'on nous a transmises, tout au moins, donner suite à la
nécessité d'ajuster les effectifs en regard de l'appui à
donner pour la réintégration à l'emploi?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, il y a la
réalité sur papier et il y a la réalité sur le
terrain. Effectivement, ça ne semble pas avoir bougé en ce qui
concerne le nombre de fonctionnaires affectés à
l'intégration à l'emploi, mais, en réalité,
ça a bougé. Il faut bien comprendre qu'au cours des derniers
mois, à cause de l'augmentation importante de la clientèle dont
on a parlé précédemment, il y avait eu un
déplacement de fonctionnaires de l'intégration à l'emploi
et même, disons-le, des visites à domicile, vers le poste le plus
stratégique ou, enfin, le plus urgent, qui était celui qui vise
à faire l'accueil des prestataires ou...
Une voix: L'aide financière.
M. Bourbeau: ...l'aide financière. Alors, on avait
été obligé, par la force des choses, d'affecter des gens
à l'aide financière, à l'accueil, qui, normalement,
faisaient autre chose, qui étaient soit à l'intégration
à l'emploi ou même des visites à domicile. En obtenant du
Conseil du trésor un nombre de fonctionnaires important, 350 à
peu près, ça a permis d'augmenter le nombre de fonctionnaires qui
sont affectés à l'intégration à l'emploi et aux
agents visiteurs, aux visites à domicile, de sorte qu'il y a plus,
maintenant, de gens affectés à l'intégration à
l'emploi, au moment où on se parle, en tout cas, dans les prochains
mois, qu'il n'en avait au cours des derniers mois.
Mme Harel: Mais, est-ce qu'on peut, à ce moment-là,
me donner les chiffres? Le tableau, je le rappelle encore une fois, c'est un
tableau pour l'année 1991-1992 et 1992-1993. Alors, si on ne me fournit
pas les chiffres adéquats, c'est difficile d'évaluer les choix,
les priorités du ministère. Mais, dans les tableaux qui me sont
fournis, je vous rappelle qu'en 1991-1992 il y avait 65 chefs d'équipe
à l'intégraticn à l'emploi et 495 techniciens à
l'intégration à l'emploi. En
1992-1993, encore une fois, vous-même l'avez signalé, 14 %
de bénéficiaires de plus; c'est près de 80 000 nouveaux
bénéficiaires en un an. On retrouve 65 chefs d'équipe et
495 techniciens, les mêmes, à l'intégration à
l'emploi.
M. Bourbeau: Évidemment, sur papier, il y a des postes qui
sont prévus, des fonctions qui sont prévues, mais, en
réalité, parfois, ça peut changer. La
députée de Maisonneuve peut avoir deux attachés politiques
dans son comté, un qui s'occupe des cas d'aide sociale, puis l'autre, de
la main-d'oeuvre. Moi, je gagerais qu'à certaines semaines les deux
s'occupent de cas d'aide sociale, alors que, sur papier, il y en a un qui
serait censé s'occuper de la main-d'oeuvre. Alors, c'est la même
chose chez nous. Quand, à un moment donné, le feu est pris, on
demande à certains fonctionnaires qui, normalement, feraient autre chose
de venir à l'aide pour tenter de dépanner les collègues
qui ont un surcroît de travail dans un secteur donné. Je comprends
qu'au cours des derniers mois, de la dernière année même,
un certain nombre de fonctionnaires étaient momentanément venus
prêter main-forte aux agents qui s'occupent de l'aide financière
et que, là, ces gens-là vont retourner à
l'intégration en emploi. Donc, il va se faire plus d'intégration
à l'emploi que, probablement, il ne s'en faisait.
Mme Harel: Le ministre a dit, un peu plus tôt, ce matin,
qu'en regard des personnes qui sont en attente d'une mesure
désignée, pour les deux tiers d'entre elles, lorsqu'une telle
mesure leur était trouvée, elles la refusaient. Est-ce que le
ministre peut nous indiquer les raisons qui ont été
étudiées sans doute par le ministère pour expliquer un
refus semblable? Est-ce que je comprends que la mesure qui est proposée
est celle qui est souhaitée par le bénéficiaire? Est-ce
que, parmi les facteurs de refus, il y a le fait que les mesures
proposées ne correspondent pas aux besoins des gens?
M. Bourbeau: Écoutez, je pourrais répondre à
la question, mais ce serait le bon temps de vous présenter Mme Monique
Bégin, qui est la sous-ministre ajointe et la directrice
générale du réseau Travail-Québec. Pourquoi ne pas
avoir son nom dans le Journal des débats comme les autres?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Elle pourrait certainement nous donner les
explications requises. Elle passera...
Mme Harel: Avec plaisir, parce qu'il y a si peu de femmes
ministres, en plus.
M. Bourbeau: Elle passera à l'immortalité avec
ça.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme Bégin, s'il
vous plaît! Bienvenue.
Mme Bégin (Monique): Merci, Mme la Présidente.
Écoutez, les motifs sont assez variables. Il y en a... Par exemple,
lorsqu'on offre une mesure au prestataire, le prestataire s'aperçoit que
le type de mesure qui lui est offert ne correspond ni à ses aspirations
ni à son besoin. Alors, il s'était déclaré
disponible, mais, au moment où on lui offre la mesure, il la refuse.
Ou, des fois, ça peut être sa situation qui a changé
aussi. Ça peut être sa situation de santé. Quelquefois,
ça peut être sa situation familiale. Des fois, ça peut
être, par exemple, des enfants qui étaient à charge ou la
situation personnelle du prestataire qui a changé. Alors, à ce
moment-là...
M. Bourbeau: Ou il n'est pas intéressé. (12 h
10)
Mme Bégin (Monique): Ou il n'est pas
intéressé. Alors, les motifs varient à l'infini et
ça nous permet, au moment où on offre une mesure au prestataire,
de bien clarifier sa situation. Là, on décide avec lui s'il est
non disponible ou s'il devient non participant.
Mme Harel: Est-ce que vous avez étudié toutes ces
raisons que vous nous énoncez maintenant? Est-ce qu'il y a un document
qui en fait état ou est-ce que c'est de l'intuition, de la pure
intuition, les raisons que vous nous transmettez gentiment ce matin?
Mme Bégin (Monique): Le sous-ministre me glisse à
l'oreille qu'il y a un document qui est en préparation là-dessus
et qui devrait être prêt au cours de l'automne, c'est-à-dire
au cours du mois de novembre, un document d'évaluation.
Mme Harel: On l'aura sûrement dans les crédits de
l'an prochain.
M. Bourbeau: Dont j'ai parlé tantôt, d'ailleurs. Je
vous ai avisée qu'il y avait des évaluations en cours.
Mme Harel: Est-ce que le ministre, dans les critères
d'attribution des effectifs de son réseau, prend en considération
les régions où le taux de personnes aptes est le plus
élevé? Est-ce que, actuellement, dans la répartition des
effectifs, un des facteurs retenus, c'est justement la proportion
aptes-inaptes, étant entendu que les personnes au Soutien financier
nécessitent sans doute un suivi moindre en termes d'énergie que
les personnes qui sont bénéficiaires?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Les effectifs ont été
distribués selon le nombre de dossiers actifs dans chaque région,
proportionnellement, au prorata.
Mme Harel: Indépendamment qu'il s'agisse de dossiers
actifs du Soutien financier ou de dossiers actifs «aptes».
M. Bourbeau: Le nombre de clients dont s'occupe un de nos agents,
communément appelé le «case load», est
fabriqué en tenant compte d'un pourcentage égal dans chacune des
régions, en fait, pour chaque agent, du nombre de clients qui sont...
soit à l'aide de notre programme APTE ou au programme Soutien financier.
On garde un pourcentage égal de façon à ce que le poids
relatif soit différent d'un à l'autre.
Mme Harel: le poids relatif, il y a un facteur qui pondère
le poids des dossiers apte et celui des dossiers soutien financier. c'est
ça que je comprends.
M. Bourbeau: Oui. C'est exact.
Mme Harel: Donc, dans la ville de Montréal, où on
compte un nombre absolument considérable de personnes aptes, on nous
indique au-delà... Est-ce qu'on peut le préciser exactement, le
chiffre? C'est bien 83 %ou85 %?
M. Bourbeau: De personnes aptes dans la clientèle à
Montréal? Un instant. On va vérifier.
Mme Harel: Ça veut donc dire que, pour trouver un exemple
précis, dans le réseau Travail-Québec de la ville,
administré par la ville, les effectifs vont être plus
considérables que dans dans d'autres CTQ où, finalement, le
pourcentage est de 75 % ou 78 %. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: Si mes prémisses sont bonnes, ma conclusion
sera bonne! Voyons si les prémisses sont exactes. Alors, région
de Montréal... Montréal-Métro, alors, on a 15,6 % de
clientèle qui est dans Soutien financier, 2.? % dans les
clientèles hébergées, pour un total de 17,9 %, disons 18
%, Soutien financier et, bien sûr, 82 % pour le programme APTE. La
moyenne québécoise est de 79 % pour le programme APTE et de 21 %
pour Soutien financier. Donc, on peut dire qu'à Montréal il y a
plus de gens qui sont dans le programme APTE, 3 % de plus que dans la moyenne
du Québec. Conséquemment, 3 % de moins...
La Présidente (Mme Marois): Je m'excuse. Juste un
instant.
M. Bourbeau: ...de Soutien financier.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, si vous
permettez, il y a beaucoup de bruit du côté droit. si
c'était possible que l'on ait nos caucus à l'extérieur de
la commission, ça permettrait à nos travaux de se mieux
dérouler. merci.
M. Bourbeau: Disons, Mme la Présidente... Je suis
étonné parce que... Il faut dire, évidemment, qu'il y a
six fois plus de députés du côté droit que du
côté gauche. Donc, ça peut faire six fois plus de bruit,
bien sûr.
des voix: ha, y a, ha!
M. Bourbeau: Mais je tiens à rendre hommage
à...
La Présidente (Mme Marois): O.K. Mais il faut savoir si
c'est pertinent aux travaux de notre commission, cependant.
M. Bourbeau: Je tiens à rendre hommage à la grande
assiduité des députés du parti ministériel, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui. Je suis d'accord avec
vous.
M. Bourbeau: Alors, c'est ça. Il y a 3 % de plus de
clientèle au programme APTE, à Montréal, que dans la
moyenne du Québec et, en conséquence, 3 % de moins au Soutien
financier.
Mme Harel: Alors, faut-il comprendre que cette
réalité d'une lourdeur, n'est-ce pas, du volume des dossiers APTE
est prise en considération dans la distribution d'effectifs? Est-ce
qu'en conséquence on peut comprendre qu'il y a une augmentation
d'effectifs à Montréal, compte tenu de cette
réalité-là?
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve,
évidemment, prend pour acquis que c'est plus d'ouvrage le dossier d'une
personne apte que le dossier d'une personne qui est au Soutien financier. C'est
peut-être vrai. Il y a des cas, cependant, où les dossiers Soutien
financier demandent passablement de travail aussi. On ne peut pas dire
là, vraiment, qu'on fait une proportion rigoureuse dans la
répartition des fonctionnaires d'une région à l'autre.
Parce qu'une région aurait plus de gens au Soutien financier, elle
aurait proportionnellement plus de fonctionnaires. Mais, à
l'intérieur d'une région donnée, les «case
load» sont répartis équitable-ment.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'aimerais obtenir du
ministre la répartition des effectifs pour le réseau de centres
Travail-Québec, une répartition qui soit régionale.
J'imagine que le ministère a cette répartition régionale,
alors j'aimerais qu'elle puisse être transmise aux
membres de cette commission.
M. Bourbeau: Oui, il n'y a aucun problème. On va en faire
des photocopies et on les transmettra le plus tôt possible.
Mme Harel: Les personnes qui, de près ou de loin, sont
concernées par la gestion des dossiers sur le terrain vont vous dire
qu'à quelques exceptions près c'est, évidemment, bien
différent de gérer un dossier APTE par rapport à un
dossier Soutien financier, une fois que le dossier Soutien financier est
accepté. Il y a, évidemment, tout le volet intégration
à l'emploi qui n'est pas le même pour une personne apte que pour
une au Soutien financier. On sait qu'au Québec les régions se
vident et que, très souvent, les gens sans emploi descendent,
finalement, à Montréal. Combiné au problème... La
réalité - n'appelons pas ça un problème.
Combiné avec la réalité ou le défi que
Montréal a relevé d'intégrer 92 % des nouveaux arrivants
au Québec... Combinée donc à l'immigration, cette
réalité d'un nombre accru de personnes aptes, plus la
réalité des dossiers d'immigration, évidemment, cela rend
d'autant plus difficile et peut-être explosive la situation dans bon
nombre de CTQ à Montréal.
J'aimerais, avant qu'on termine cet aspect-là, demander au
ministre quelle est la politique qu'il a adoptée suite à toutes
ces représentations faites quant à la déficience de la
formation offerte au personnel dans le réseau Travail-Québec?
Ça ne vaut pas que pour les CTQ de Montréal. Évidemment,
ça vaut pour ceux du Québec. À chaque fois, finalement,
qu'un occasionnel entre en poste, ce sont les gens réguliers qui le
forment, et c'est évident qu'avec l'augmentation de la clientèle,
présentement, ça alourdit encore plus la tâche. Ce n'est
vraiment pas sans raisons qu'ils se sont retrouvés, 800 agents, au
Palais des congrès, au mois de février, pour essayer de sonner
l'alarme quant à leur situation. J'ai pris, moi aussi - le ministre,
sûrement, l'a fait - connaissance de l'étude fouillée
qu'ils ont réalisée sur la surcharge de travail, qui est,
finalement, assez éloquente sur la situation de morosité, c'est
le moins qu'on puisse dire, qui sévit dans le milieu. Alors, quelles
sont les mesures que le ministre entend adopter, à part le
comité, là?
M. Bourbeau: Alors, avant de passer au dernier point, le premier.
Il faut bien dire que l'augmentation de la clientèle, depuis un an, a
été observée surtout à Montréal de sorte
qu'on peut dire que le gros des effectifs qui ont été
ajoutés, ça a été ajouté à
Montréal. Donc, il ne faudrait pas laisser l'impression que
Montréal a été laissée pour compte dans la
répartition des effectifs. Je pense qu'elle a eu une très grosse
part des nouveaux effectifs.
D'autre part, en ce qui concerne la clien- tèle APTE, la
recommandation du comité conjoint, que j'ai mis sur pied au mois de
février, à l'effet de modifier le processus des demandes d'aide
qui étaient acceptées par le ministère, va faire en sorte
de diminuer la charge de travail des agents affectés à l'aide de
derniers recours. Ça va peut-être permettre, à
l'égard de la clientèle APTE, en tous les cas, de diminuer la
charge de travail, donc de pallier un peu aux problèmes qui avaient
été identifiés.
Mme Harel: C'est la fonction attribution initiale qui va
être modifiée?
M. Bourbeau: C'est ce qu'on appelle la réévalution
annuelle des demandes d'aide des prestataires de la sécurité du
revenu. C'est un travail qui est important, qui devait être fait chaque
année par une révision complète de tous les dossiers de
chacun des prestataires. Il y a une formule qui va être mise sur pied,
maintenant, qui va être beaucoup plus allégée, où on
n'aura pas besoin de faire venir les prestataires chez nous. On va leur faire
parvenir des fiches qu'ils devront remplir. Donc, ça va nous
éviter une partie du travail. (12 h 20)
Pour ce qui est des nouveaux agents, on a un programme, au
ministère, qui fait en sorte que chaque nouvel agent doit suivre un
cours de formation de six semaines. Ça, c'est en vigueur maintenant.
Pour ce qui est des agents qui sont déjà là...
Mme Harel: C'est depuis quand?
Une voix: Ça a toujours été comme ça,
sauf que, là, on vient de revoir le programme.
Mme Harel: Vous le recommencez.
M. Bourbeau: C'est un programme qui existait
précédemment, semble-t-il, mais qu'on a actualisé
récemment.
Mme Harel: Du temps de Mme la présidente, c'est
ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Je ne peux pas parler de ce temps-là, je n'y
étais pas.
M. Bourbeau: Notre mémoire collective ne retourne pas
aussi loin que ça.
La Présidente (Mme Marois): C'est dommage... Ha, ha,
ha!
M. Bourbeau: Maintenant, j'aimerais ajouter... Pour nous, c'est
de la préhistoire, ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Je ne fais pas allusion à l'âge de la
présidente, là.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce qu'on peut
remontera...
M. Bourbeau: En politique, quelqu'un qui est bien connu, qui dit
qu'une semaine, c'est un siècle, alors... Nous avons également,
dans le budget, 3 000 000 $ pour la formation continue de nos agents qui
existent, pas les nouveaux, les anciens, si vous voulez. Ça, c'est dans
le budget...
Mme Harel: C'est nouveau. C'est bon, ça.
M. Bourbeau: ...des systèmes informatiques. Alors, si vous
le cherchez, il est fondu dans le budget de développement des
systèmes informatiques. On est probablement un des ministères qui
dépense le plus d'argent pour la formation de son personnel. Nous sommes
exemplaires à ce sujet-là puisque nous sommes le ministère
de la Formation professionnelle. Nous donnons l'exemple.
Mme Harel: Quand on se regarde, on se console... Qu'est-ce que
c'est, le vieil adage, là? C'est ça. Quand on se regarde, on se
désole; quand on se compare, on se console.
La Présidente (Mme Marois): Quand on se regarde, on se
désole; quand on se compare, on se console.
M. Bourbeau: Voilà!
Mme Harel: Parce que je me rappelle qu'au moment de la commission
parlementaire sur le projet de loi 408 le ministre, interrogé par ses
fonctionnaires sur l'absence de formation dans son propre ministère,
n'était pas aussi fier qu'il a l'air maintenant, mais je pense qu'il a
remédié à la situation, puis je veux l'en
féliciter. C'est important de bien traiter le personnel, parce que c'est
important que le personnel sache qu'il compte pour nous, parce que les
bénéficiaires dont il s'occupe comptent pour nous aussi. C'est en
les traitant bien qu'on peut traiter bien les bénéficiaires. Le
message est là également.
M. Bourbeau: La députée de Maisonneuve n'a pas
à me dire ça. S'il y a quelqu'un qui est conscient de
l'importance d'établir des bonnes relations avec les fonctionnaires et
de garder les fonctionnaires heureux et satisfaits, c'est bien celui qui vous
parle. Je n'ai ménagé aucun effort depuis que je suis là
pour défendre nos fonctionnaires, pour en faire la promotion, pour les
encourager à continuer leur travail, malgré le fait que souvent
c'est un travail qui n'est pas facile. Je peux vous dire qu'il arrive
fréquemment que le ministre ou un de ses adjoints immédiats
appelle directement un fonctionnaire dans la machine, le plus humble des
fonctionnaires parfois qui n'a jamais vu le ministre, pour lui faire des
félicitations quand ce fonctionnaire-là fait un bon coup. C'est
arrivé encore cette semaine et, quand j'apprends qu'un fonctionnaire,
même un agent à l'attribution, a fait un bon coup quelque part, a
fait un travail particulièrement bien, je l'appelle ou je le fais
appeler.
Mme Harel: Est-ce qu'un bon coup consiste à essayer de
contourner la loi sévère que le ministre a fait
adopter7
M. Bourbeau: Non, là, ce ne serait pas
considéré comme un bon coup par le ministre, en tous les cas.
Peut-être, par la députée de Hochelaga-Maisonneuve...
Mme Harel: M. le ministre...
La Présidente (Mme Marois): Vous vouliez intervenir, M. le
député de...
M. Marcil: Je voulais poser la question à Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Quelle loi
sévère?
Mme Harel: Ah! Bon, on y reviendra. C'est le programme 4.
M. Marcil: La loi? Mme Harel: 37.
M. Marcil: L'autre jour, je vous ai entendue en cette même
commission parler au ministre de la Santé, vantant les bienfaits de
cette loi-là.
Mme Harel: C'est-à-dire non, pas tout à fait. On y
reviendra si vous voulez.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Perception automatique des pensions
alimentaires
Mme Harel: Concernant les pensions alimentaires, votre
collègue, la ministre déléguée à la
Condition féminine et à la Famille a annoncé, dans son
plan triennal sur la famille, un régime de paiement anticipé des
pensions alimentaires. Alors, ce régime va supposer que la pension soit
automatiquement versée par l'Etat à l'égard de tout enfant
et que, par la suite, les sommes soient recouvrées auprès du
parent qui n'a pas la garde de l'enfant. Bon. Vous connaissez comme moi,
évidemment, les titres que les journaux en on fait. Elle indiquait que
c'était vous-même qui alliez être responsable de la mise en
place de ce régime. Alors, pouvez-vous nous dire où ça
en
est rendu, parce que je n'ai rien retrouvé dans les
crédits à cet effet.
M. Bourbeau: écoutez, si j'ai bonne souvenance, ce qu'on a
annoncé, c'est qu'on était pour explorer la possibilité de
mettre en place un régime semblable. alors, j'ai été
étonné, moi aussi, de voir que les titres des journaux... le
journal le devoir titrait: «québec avancerait les sommes
d'argent».
Mme Harel: Jusqu'au divorce.
M. Bourbeau: Oui, dans Le Soleil, on disait:
«Québec songe à payer». The Gazette est
allé encore plus loin, Québec envisage de faire la collecte,
The Gazette disait: «Proposes child support advances».
Alors, là, on était rendu à proposer le programme. Plus je
lisais les journaux, plus je voyais que la mesure devenait de plus en plus
actuelle.
La réalité, c'est que ce qu'elle a dit, ma
collègue, je crois, c'est qu'on explore la possibilité de mettre
en vigueur un programme semblable. Alors, entre «explorer la
possibilité de» et «annoncer l'implantation du
programme», il y a quand même une marge. Il va quand même
falloir qu'on étudie sérieusement le dossier, compte tenu de la
conjoncture économique. Maintenant, c'est évident que l'objectif
c'est d'éviter que ces personnes-là glissent à l'aide
sociale, ou soient contraintes à glisser à l'aide sociale ou
à la sécurité du revenu. C'est un objectif qui est
louable, que recherche ma collègue. Je tiens à l'en
féliciter. Nous allons certainement collaborer à l'étude
de ce dossier-là, mais je pense que c'est quand même
prématuré d'annoncer la mise en place de ce
régime-là.
Mme Harel: Quand vous dites «contribuer à
l'étude», je croyais que votre collègue avait
annoncé que c'était vous qui étiez responsable de
l'étude.
M. Bourbeau: Oui, oui, mais j'ai dit «contribuer à
l'étude». Quand on est responsable, on contribue d'une
façon significative. C'est effectivement chez nous que va se faire le
gros de l'étude, mais ça va se faire en collaboration avec les
effectifs ou les gens de la Condition féminine, du Secrétariat
aux...
La Présidente (Mme Marois): Si vous permettez, je vais
prendre un petit moment pour nous rappeler que nous devons terminer nos travaux
à 12 h 30. Nous avons pris un retard d'une vingtaine de minutes. Je vous
propose que l'on continue pour une quinzaine de minutes maintenant - si les
membres de la commission sont d'accord et que le ministre est d'accord - de
telle sorte qu'il ne nous resterait que quelques minutes à
reprendre, soit en fin de soirée, ou à 18 h 30. Oui, M. le
député.
M. Paradis (Matapédia): En principe, je suis d'accord avec
votre offre, si ça convient au ministre, sauf que...
Mme Harel: Peut-être une dizaine de minutes, pas plus, moi,
parce que j'avais déjà une obligation.
M. Paradis (Matapédia): Bien, c'est ça.
La Présidente (Mme Marois): Bon, une dizaine de
minutes?
M. Paradis (Matapédia): À condition qu'il n'y ait
pas... parce que le consentement, moi, je ne pourrai pas le donner, parce que
je ne peux pas rester.
Mme Harel: Dix minutes.
La Présidente (Mme Marois): Si on prend une dizaine de
minutes?
M. Bourbeau: Moi, je peux difficilement rester. Moi, je serais
disposé à aller peut-être jusqu'à moins vingt-cinq
là - je vois qu'il n'est pas tout à fait et demi encore,
là. Mais je ne peux pas rester après ça.
La Présidente (Mme Marois): Alors, prenons ces cinq
minutes-là, et ne le perdons pas en débat. On se rattrapera pour
le reste.
Mme Harel: C'est ça.
La Présidente (Mme Marois): Allez-y, Mme la
députée.
Mme Harel: Est-ce que le ministre nous indique que l'étude
n'est pas entreprise encore? C'est ça que je dois comprendre?
L'étude n'a pas débuté?
M. Bourbeau: Disons que l'annonce a été faite
très récemment. On est en train de s'organiser pour commencer
l'étude.
Mme Harel: Donc, ça n'a pas débuté. M.
Bourbeau: C'est en train de débuter.
Mme Harel: Vous entendez la compléter? Quels sont les
objectifs? Votre collègue vous en avait-elle parlé? Vous ne
semblez pas vraiment avoir été mis au courant avant
l'annonce.
M. Bourbeau: Non, bien non. J'ai un dossier épais
là-dessus. Il n'y a aucun problème.
Mme Harel: Oui, l'étude que les journaux en ont faite, une
fois l'annonce lancée.
M. Bourbeau: Non, c'est parce que, quand
les journaux ont fait état de ça, je trouvais que les
journaux avaient mal interprété, vraiment, l'annonce de ma
collègue. Je croyais que certains titres, en tous les cas,
étaient particulièrement accrocheurs. Quand un journal comme
The Gazette dit: Québec propose d'avancer l'argent,
c'était escamoter l'étude, si je peux dire. Alors, on n'a pas
pris une décision. Le gouvernement ne s'est pas prononcé
là-dessus. C'est un projet qui a germé et qui vise à faire
en sorte d'étudier un programme, la possibilité, la
faisabilité d'un programme.
Si la décision était prise, ce serait inutile de faire
l'étude. Alors, on va commencer par étudier la faisabilité
d'un programme semblable. Les objectifs sont louables. Voyons si c'est
réalisable techniquement et si le Québec a les moyens de se le
payer, bien sûr. Quand l'étude sera terminée, on pourra
voir dans quelle mesure ce programme-là est applicable au Québec.
(12 h 30)
Mme Harel: M. le ministre, je voudrais vous exposer la situation
de personnes qui a été portée à mon attention au
moment du Sommet de la justice. Je souhaiterais - je le ferai par écrit
également - que le comité qui va débuter les travaux
étudie également ce volet de la question. Lors du Sommet de la
justice, un groupe financé par la Chambre des notaires, le groupe Focus,
a réalisé une étude assez importante sur toute cette
question des pensions alimentaires, notamment, encore une fois, pour
revendiquer que, au minimum, la pension alimentaire soit
considérée comme un revenu de travail permis, pour qu'il y ait un
encouragement à la payer plutôt que de la déduire à
100 %, comme c'est le cas présentement. Ça, c'est ma
première question. Est-ce que ça a été
examiné et pourquoi est-ce que c'est là une mesure qui retarde?
Ce serait, au contraire, un incitatif pour le créancier à la
payer étant donné qu'il y aurait une amélioration,
finalement, dans la situation des personnes qui sont à sa charge, ce qui
n'est pas du tout le cas présentement, étant donné que
pour chaque dollar versé il y a un dollar, finalement, qui est
coupé.
Deuxièmement, M. le ministre, c'est toujours concernant les
pensions. C'est qu'il y a des bénéficiaires... et certaines m'ont
d'ailleurs rencontrée la semaine passée. J'ai promis d'aborder la
question avec vous aujourd'hui. Il y a des bénéficiaires qui
l'étaient dans le passé, qui ont des jugements de pension
qu'elles n'arrivent pas à faire exécuter parce que, pour toutes
sortes de raisons, le père de l'enfant, le créancier de
l'obligation alimentaire fait défaut et échappe... Ils sont assez
nombreux. En Ontario, on a évalué, dans une étude
sérieuse, à au-delà de 60 % les pensions qui ne sont pas
versées. Ces bénéficiaires, ça va vous
surprendre... Finalement, l'effet pervers que ça provoque chez ces
femmes, c'est que comme elles n'ont pas accès à cette pension et
qu'elles n'ont comme source de revenu que l'aide sociale, même chez
certaines d'entre elles qui envisagent de pouvoir vivre avec un conjoint, qui,
je le rappelle, n'est pas le père de l'enfant, qui n'a pas d'obligation
alimentaire à l'égard de l'enfant, qui peut être même
un conjoint qui est en excellence relation, évidemment avec la
mère, mais qui n'a pas pour autant obligation envers l'enfant... Ces
femmes sont finalement privées de vie affective parce que, finalement,
si le moindrement elles quittent l'aide sociale et si le moindrement elles
cohabitent comme elles souhaitent, dans un projet de vie qu'elles souhaitent
pour la vie, là, il se trouve qu'à partir de ce moment-là
elles n'ont plus aucun revenu pour leur enfant. Elles doivent
entièrement compter sur leur nouveau conjoint qui, je le rappelle encore
une fois, n'a pas aucune obligation envers l'enfant adolescent qui a un
père qui est créancier de cette obligation-là.
Alors, je ne sais pas si le ministère a étudié
cette situation-là, mais, moi, elle me préoccupe
énormément parce que, à bien des égards, elle met
ces femmes en situation, soit d'illégalité, soit en situation de
se refuser de refaire leur vie parce qu'elles ont la charge des enfants.
Ça, je trouve que la société les punit de prendre leurs
responsabilités.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, le sujet dont parle la
députée de Hocheiaga-Maisonneuve est un sujet qui est important
et qui nous préoccupe, bien sûr. La condition qui est faite aux
femmes, telle que l'a exposée la députée de Maisonneuve,
est préoccupante et, si on écoutait avec un mouvement du coeur,
on serait porté à dire: Oui, vous avez raison, allons-y gaiement.
Le problème qui se pose là-dedans, c'est que, si on permet
à des femmes qui sont prestataires de la sécurité du
revenu de vivre maritalement avec des gens, des hommes, disons, qui, eux, sont
en emploi, ont un travail, on se trouve à créer une injustice par
rapport aux autres ménages qui sont des conjoints aussi, mais où
la femme ne peut pas aller à l'aide sociale parce que son mari
travaille. Alors, on aurait deux sortes de famille: les familles
traditionnelles où le mari, disons, travaille et la femme
élève ses enfants, puis ils se contentent du revenu du mari, et
d'autres ménages reconstitués où le conjoint travaille et
où la femme apporte en dot l'aide sociale. C'est là qu'est le
problème. Je reconnais que la députée de Maisonneuve peut
avoir une bonne vision des choses quand elle plaint ces femmes-là qui
ont de la difficulté à voir des conjoints accepter de supporter
leur enfant, mais la situation qui subsiste après, quand ces
ménages-là vivent ensemble, comme mari et femme, comme conjoints,
c'est qu'il y a une injustice qui est faite à l'égard des autres
familles.
Mme Harel: Mais le ministre aurait raison si je lui avais
demandé de penser à maintenir la prestation pour la conjointe -
ce n'est pas le
cas - mais au moins pour l'enfant. En l'occurrence, ce qui se produit,
c'est que ça peut coûter beaucoup plus cher. C'est ça quand
je dis que c'est pervers, parce que non seulement ça prive ces
femmes-là de refaire leur vie, mais ça les maintient sur l'aide
sociale. Ça peut finalement coûter beaucoup plus cher au
ministère qu'il n'apparaît au premier abord parce que...
plutôt que de verser pour l'enfant qui est privé de l'obligation
alimentaire, de la pension qui lui serait due, qui devrait lui être
payée, plutôt que de verser ce montant-là, souvent la
mère va choisir - parce qu'elle n'aura aucun revenu pour l'enfant - de
rester sur l'aide sociale en recevant le plein montant. Au moins, dans les
projets de la ministre Trépanier, s'il y a un endroit par où
commencer, que ce soit celui-là!
M. Bourbeau: Bon, disons, qu'il y a aussi la question de la
pension alimentaire qui est reliée à ça. Alors, là,
vous savez qu'on a quand même fait en sorte de prévoir dans le
Code civil la perception des pensions, la perception automatique. Ce n'est pas
encore en vigueur à cause de certains problèmes informatiques.
Espérons que ça va pouvoir se régler bientôt. On est
en train de regarder le problème précis dont vient de parler la
députée de Maisonneuve, la partie de la prestation qui pourrait
être attribuée à un enfant versus la pension alimentaire.
On a un chantier d'ouvert au ministère, là-dessus. Je ne peux pas
donner à la députée de Maisonneuve d'espoir ou non, mais
disons qu'on est en train de se pencher sur ce problème-là qui
tourne également autour de la pension alimentaire, pour voir dans quelle
mesure on ne pourrait pas apporter des solutions pratiques au problème
que soulève la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Pour les revenus de travail permis, de permettre de
considérer la pension alimentaire comme un revenu.
M. Bourbeau: C'est une des possibilités qu'on regarde
présentement aussi. C'est à l'étude.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie. Alors...
M. Bourbeau: Oui, j'aimerais simplement ajouter une chose avant
de finir.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: C'est que dans le programme APPORT on a quand
même fait un effort. Vous savez qu'autrefois, APPORT, la déduction
était dollar pour dollar des revenus. Maintenant, on réduit
à un rythme de 0,42 $ par dollar. Donc, c'est incitatif et ça va,
pour les gens du programme APPORT, en tous les cas, apporter une solution.
Mme Harel: C'est 10 000 familles. Il faudrait avoir cette bonne
façon de faire élargie au programme APTE aussi.
M. Bourbeau: C'est un peu plus compliqué, mais on regarde
ça.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vous remercie. Nous
ajournons donc nos travaux, sine die.
(Fin de la séance à 12 h 39)
(Reprise à 16 h 38)
La Présidente (Mme Marois): Si le ministre veut bien
prendre place, pour ne pas retarder la poursuite de nos travaux. Nous allons
reprendre nos échanges. Si je ne m'abuse, nous étions toujours au
programme 1. Nous allons donc poursuivre, soit sur ce programme ou sur un autre
programme que souhaiterait aborder notre collègue, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. On avait dit dans l'ordre que
c'était le 4 qui devait suivre.
Vérification accrue des prestataires de l'aide
sociale
Mme Harel: Mme la Présidente, j'espère que tout
s'est bien passé pour le ministre au Conseil des ministres, mais une
déclaration qu'il a faite à la clôture de notre commission
a semblé beaucoup inquiéter. Sa déclaration a
été retransmise sur les ondes radiophoniques à
Montréal. J'ai reçu des appels téléphoniques et je
voudrais bien vérifier auprès du ministre quelles sont ses
intentions en matière d'agents-enquêteurs et d'agents
réviseurs. On m'informe que la nouvelle est à l'effet que le
ministre entendrait, par décret, constituer des agents réviseurs,
agents, évidemment - c'était inscrit dans la loi 37, mais c'est
resté sur papier - pour prendre la place des agents visiteurs, leur
permettant ainsi, notamment, d'avoir le pouvoir d'interroger les tiers.
On se rappellera, Mme la Présidente, que des personnes
assistées sociales, avec l'appui du Front commun des personnes
assistées sociales du Québec, s'étaient
présentées devant les tribunaux et avaient obtenu gain de cause
au tribunal. Je crois me rappeler que et le Protecteur du citoyen et le
tribunal avaient considéré que l'agent visiteur n'avait pas le
pouvoir d'interroger des tiers. J'ai à vous rappeler, notamment, ce cas
qui nous avait été communiqué dans le rapport annuel du
Protecteur du citoyen déposé en 1990-1991 et qui relatait qu'une
prestataire de la sécurité du revenu avait vu ses deux enfants
interrogés à l'école par des enquêteurs. Donc, les
enfants avaient dû répondre a l'école, sur le terrain de
l'école, à des questions au sujet des
rapports avec leur mère, son style de vie, son
présumé conjoint, etc. (16 h 40)
On se rappelle que et le Protecteur du citoyen - et je le signale
à nouveau - et le tribunal avaient considéré que les
agents visiteurs n'avaient pas ce pouvoir. Est-ce qu'il faut comprendre qu'en
les remplaçant par des agents réviseurs le ministre aurait
l'intention de reprendre ses enquêtes auprès des tiers, les
voisins, le dépanneur, le nettoyeur, l'école, etc.?
M. Bourbeau: M. le Président.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Bourbeau: Vous m'excuserez, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Ça va.
M. Bourbeau: En aucune façon je ne voudrais
prétendre que le masculin l'emporte sur le féminin. Je voudrais
simplement vous dire que par inadvertance - je m'en excuse - j'ai
prononcé les mots que je ne devais pas prononcer. Ce qui m'étonne
là-dedans, c'est que la députée de Hochelaga-Maisonneuve
soit étonnée de ma déclaration. Ce n'est pas la
première fois que je parle de cela. Je lui en ai parlé à
elle-même lors de l'étude des crédits provisoires le 26
mars. Dans nos discussions, je lui ai dit que nous étions en train de
préparer l'arrivée des agents vérificateurs. Vous
regarderez dans le mot à mot des... D'ailleurs, j'ai été
étonné, à ce moment-là, que la
députée ne relève pas ces propos que je lui ai tenus. J'en
ai parlé à quelques reprises dans mes allocutions publiques. J'ai
fait une émission de radio à CJMS vendredi dernier et j'en ai
parlé aussi sur les ondes de CJMS. Je l'ai répété
aujourd'hui.
Donc, pour moi, c'est des choses que je dis depuis un certain temps. En
fait, nous avons l'intention d'appliquer les articles 70 à 75 de la Loi
sur la sécurité du revenu que nous avons étudiée
ensemble il y a quelques années et qui...
Mme Harel: II me semble que c'est dire beaucoup trop pour ce qui
se passa.
M. Bourbeau: J'ai dit «étudiée
ensemble», je n'ai pas dit «votée ensemble». Ces
articles prévoient, justement, la constitution de ces personnes qu'on
appelle les agents vérificateurs. Alors, si la députée
veut se référer aux articles 70 à 75 de la Loi sur la
sécurité du revenu, c'est bien les personnes dont il s'agit. Le
ministère a l'intention, au cours des prochaines semaines, de faire en
sorte que de tels agents vérificateurs soient nommés pour faire
le travail auquel on s'attend d'eux.
Mme Harel: Alors, combien de personnes prévoyez-vous
embaucher pour cette fonction d'agent vérificateur, comme vous les
appelez?
M. Bourbeau: On n'a pas l'intention d'embaucher de nouvelles
personnes vraiment, sauf exception, mais on va progressivement convertir le
personnel qu'on a présentement, qui agit comme agent
visiteur, en agent vérificateur.
Mme Harel: Peut-on me rappeler combien il y a actuellement
d'agents dits visiteurs au ministère de la Main-d'oeuvre?
M. Bourbeau: Présentement, nous avons approximativement
200 agents visiteurs et une centaine d'enquêteurs. L'objectif
recherché, c'est de faire en sorte - présentement, nous avons 200
agents visiteurs et 100 enquêteurs - qu'à moyen terme on ait un
effectif de 150 agents vérificateurs et de 150 enquêteurs. C'est
l'objectif visé. Maintenant, ça va se faire sur une
période de temps.
Mme Harel: Quel est l'avantage que vous recherchez en
transformant les agents visiteurs en agents vérificateurs et en
augmentant le nombre d'enquêteurs? Prenons d'abord les agents visiteurs,
leur conversion en agents vérificateurs. Est-ce vrai que le principal
pouvoir qu'ils auraient et qu'ils n'ont pas présentement serait celui
d'enquêter auprès des tiers?
M. Bourbeau: écoutez, je vous réfère aux
articles 70 et 75 de la loi; les pouvoirs sont là. l'objectif
recherché, c'est une meilleure efficacité dans le travail.
Mme Harel: Oui. Je comprends, M. le ministre, que vous avez
certainement dû utiliser des motifs pour convaincre vos collègues
de l'opportunité de ce décret. Vous devez, évidemment,
avoir en tête des motifs qui militent en faveur d'une telle conversion.
Alors, il serait certainement dans l'intérêt public que vous nous
les exposiez.
M. Bourbeau: Bien, écoutez. D'abord, il n'y a pas de
décret. C'est dans la loi, donc c'est une décision administrative
du ministère. Il n'y a pas besoin d'aller en décret.
Deuxièmement...
Mme Harel: mais est-ce qu'il ne faut pas que ces agents
vérificateurs soient investis de pouvoirs quasi judiciaires au sens de
la loi sur les commissions d'enquête?
M. Bourbeau: Non, je ne crois pas. Les enquêteurs, oui,
effectivement, mais pas les
agents vérificateurs. La loi dit que... Je ne pense pas,
là. Les renseignements que j'ai sont à l'effet que...
Provisoirement, je vous donne cette réponse-là, qu'il ne semble
pas qu'on ait besoin d'autres pouvoirs que ceux qui sont dans la loi. Pour les
agents enquêteurs, ça, c'est autre chose.
Mme Harel: Mais qu'est-ce que vous recherchez, quel est
l'objectif que vous recherchez par cette conversion?
M. Bourbeau: Vous savez que, de plus en plus, on investit des
sommes d'argent importantes dans le programme de la sécurité du
revenu, pour ne pas dire qu'on dépense. Le programme est passé de
2 000 000 000 $ et quelques centaines de millions à au-delà de 3
000 000 000 $. Je crois qu'on est rendu à 3 500 000 000 $. C'est des
sommes colossales qui émargent au budget du gouvernement du
Québec. Je crois que c'est notre responsabilité de s'assurer que
ces sommes-là soient bien dépensées, et j'ai l'obligation,
dans la loi, de m'assurer que les personnes qui sollicitent l'aide sociale y
ont droit. C'est une obligation qui m'est faite, non pas seulement un devoir,
mais c'est une obligation de s'assurer qu'il y ait une conformité
exacte, ou le plus exacte possible, entre les prétentions des gens et la
réalité. Alors, on doit s'assurer qu'en tout temps les personnes
qui sollicitent l'aide sociale ou la sécurité du revenu ont droit
à ces prestations-là. Afin de vérifier la
conformité réelle de la situation de ces personnes-là, on
doit prendre les moyens requis pour ce faire. C'est dans la loi. Parmi ces
moyens-là, il y a les articles 70 à 75, et c'est ce que nous
faisons.
La Présidente (Mme Marois): J'ai une demande
d'intervention de Mme la députée de Groulx. S'il vous
plaît, sur le même sujet, je crois.
Mme Bleau: Oui, c'est ça. Mme la Présidente, tout
comme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, je ne voudrais pas que
les agents vérificateurs dépassent les moyens permis, si vous
voulez, pour s'assurer que les gens qui reçoivent des subventions de
votre ministère fraudent. Par contre, dans la même semaine, pas la
semaine dernière, l'autre semaine, j'ai eu trois plaintes à mon
bureau. C'est sûr que c'est toujours soit une vengeance, soit qu'on ne
reçoit pas de chèque et qu'on voudrait en recevoir qu'on fait des
rapports sur un autre ménage supposément fraudeur. (16 h 50)
Après vérification, il y avait un cas, entre autres, qui
était vraiment grave, où la conjointe recevait du
bien-être, le conjoint recevait du bien-être et où, en
même temps, le conjoint travaillait chez son beau-père et chez un
autre contracteur, en dessous de la table, avec un bon salaire. Et ça a
été vérifié. Je pense que, à ce
moment-là, quand on dit qu'on a trois plaintes qui n'ont jamais
été vérifiées et la plainte avait
déjà été déposée... Mais je me suis
assurée des raisons pour lesquelles l'enquête n'avait pas
été faite, c'était manque, justement, dans la
région, d'assez nombreux agents vérificateurs.
Alors, moi, je ne suis pas contre l'idée. Au contraire, je pense
qu'on en a besoin. Par contre, je voudrais bien m'assurer qu'on n'en fera pas,
qu'on n'enverra pas les agents vérificateurs à la moindre petite
pointe d'épingle qui pourrait ressortir quelque part, qu'ils vont
être là pour vérifier les cas qui nous sont soumis, qui
sont soumis au bureau de Travail-Québec, et je pense que c'est
nécessaire qu'on le fasse. Moi, je ne vois pas pourquoi ça ne se
ferait pas, en autant que ce soit fait dans des conditions légitimes et
justes pour tous les cas. Il y en a trop qui en ont besoin, il y en a trop qui
en auront besoin de beaucoup plus que ce qu'on leur donne, pour qu'on ne
sévisse pas contre ceux qui en reçoivent et qui ne devraient pas
en recevoir.
Moi, ça me blesse tellement quand je vois des gens qui font la
grosse vie à même des chèques de B.S., à même
des chèques de quoi que ce soit et qui travaillent en dessous de la
table et qui ont assez d'argent, souvent, pour se promener l'hiver ou des
choses comme ça. Il ne faut pas dire que ça n'existe pas, je l'ai
vu de mes yeux. C'est moi qui ai fait le rapport après avoir
été vérifier sur une plainte pour être sûre
que je n'allais pas faire du tort à une famille démunie. Je suis
allée voir sur place et c'était vrai.
Alors, je pense que des agents vérificateurs sont peut-être
nécessaires, si les autres ne pouvaient faire l'ouvrage comme il fallait
qu'ils le fassent, mais en faisant bien attention que ces agents
vérificateurs n'outrepassent pas leurs droits et la justice.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la
députée. Oui, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Certainement, Mme la Présidente, que la
députée de Groulx a raison de considérer que des tests de
conformité, comme le disait le ministre tantôt, doivent être
faits lorsqu'il y a des plaintes de fraude et qu'il y a lieu d'enquêter.
Mais c'est d'autre chose parce que, d'une part, il s'agit, ici, non pas
d'augmentation de personnel, c'est ce que je comprends. Il y a
déjà 300 personnes qui étaient à l'embauche du
ministère, soit à titre d'agents visiteurs ou d'enquêteurs.
Les mêmes 300 personnes vont le rester, certaines d'entre elles vont
devenir agents vérificateurs et d'autres, agents enquêteurs.
Là, dans les crédits, à la question 21, c'est
à la page 268, on retrouve le tableau du nombre de visites
effectuées en 1990-1991, puis en
1991-1992. Alors, ce sont des visites qui sont effectuées... Pour
1991-1992, ça couvre seulement 11 mois, mais il y a 114 131 visites,
comparativement à 134 000 pour 12 mois. Alors, on voit qu'il y a
toujours ces tests de conformité auxquels le ministère a raison
de procéder.
La question, elle est de savoir pourquoi - et je la repose, là -
le ministre considère qu'il va d'abord faire disparaître les
agents visiteurs. Si je comprends bien, ils vont tous être convertis,
soit en agents vérificateurs ou en enquêteurs. Enquêteurs,
on s'entend, c'est sur des cas de fraude, c'est les pouvoirs d'enquête,
des pouvoirs quasi judiciaires, c'est autre chose. Mais on revient aux agents
vérificateurs. Ce ne sont pas des gens qui ont des pouvoirs
d'enquête et je veux savoir si, en procédant à leur
conversion de visiteurs à vérificateurs, il est exact que de
cette façon ils vont a^oir le pouvoir d'interroger des tiers, pouvoir
que le tribunal leur a refusé au moment où la cause a
été entendue suite à des plaintes en vertu, je pense, de
la Charte des droits, d'atteinte à la vie privée.
M. Bourbeau: Écoutez, Mme la Présidente, ça
a toujours été l'intention du ministère, depuis l'adoption
de la loi, bien sûr, de mettre en vigueur les articles 70 à 75,
sans ça, on n'aurait pas fait voter les articles 70 à 75. Donc,
il ne faut pas se surprendre, aujourd'hui, si on arrive avec des agents
vérificateurs. C'était dans la loi, ça a toujours
été l'intention. On ne l'avait pas fait jusqu'à maintenant
parce qu'on avait d'autres chats à fouetter, si je peux m'exprimer
ainsi, la mise en marche de la réforme, etc. Mais on réalise que,
depuis deux ans, les budgets à l'aide sociale ont augmenté d'une
façon importante. On peut parler de centaines et de centaines de
millions de dollars de plus qu'on pompe dans le régime de l'aide
sociale, et l'État du Québec fait honneur à ses
obligations. On ne dit pas aux assistés sociaux: On n'a plus d'argent,
on commence à ne plus payer. On ne dit pas ça. On est
obligé, tout le monde, de se serrer la ceinture, vous comme moi, pour
faire en sorte que le gouvernement du Québec soit en mesure de payer,
mois après mois, toutes les prestations de l'aide sociale et tous les
autres bénéfices qui sont payés aux assistés
sociaux, et je suis content qu'on puisse le faire.
Ça se fait à des coûts qui sont importants. On a
déjà engagé, récemment, quelque 300 fonctionnaires
de plus. Le déficit du Québec a augmenté de quelques
centaines de millions de dollars de plus. On doit faire des efforts de
rationalisation et de contrôle des fonds publics. Alors, c'est une mesure
qui vise à s'assurer que, dorénavant, plus que jamais, les fonds
publics vont être dépensés correctement. Vous savez comme
moi que la loi m'oblige à m'assurer... J'ai l'obligation de
procéder à des vérifications des demandes avant d'admettre
quelqu'un à l'aide sociale et m'assurer que, en tout temps, ces
gens-là y ont droit. Alors, plus on met de l'argent dans le
système, plus on doit exercer, je pense, des vérifications, des
contrôles pour s'assurer que ces fonds-là soient bien
distribués, étant entendu que, si on peut réussir à
diminuer autant que possible la fraude, ça fera de l'argent pour ceux
qui en ont vraiment besoin.
Tout ce que je peux vous dire là-dessus, c'est que les agents
vérificateurs vont faire un peu comme les agents visiteurs, des visites
systématiques, des visites aléatoires aussi, dans le but de
restreindre au minimum les cas de fraude, pas nécessairement de fraude,
mais aussi les cas de non-conformité. Il y a des cas où ce n'est
pas de la fraude, c'est de la non-conformité avec les prétentions
qui nous ont été faites par les prestataires.
Mme Harel: Est-ce qu'on comprend qu'ils vont avoir le droit
d'interroger des tiers?
M. Bourbeau: Oui, les agents vérificateurs auront le droit
d'interroger des tiers.
Mme Harel: Ce qui n'était pas le cas des agents
visiteurs.
M. Bourbeau: Exact. Les agents visiteurs, entre nous, ils
n'avaient pas beaucoup de pouvoir. Ils avaient le pouvoir de parler au
prestataire, point final, à la ligne, et disons que, après 3 ou 4
années, les agents visiteurs, ça n'énervait plus grand
monde.
Mme Harel: Est-ce que c'est une des questions qui a
été abordée dans le cadre du comité conjoint que
vous avez mis sur pied, du comité consultatif avec, notamment, les
représentants des personnes assistées sociales?
M. Bourbeau: Disons que la décision a été
prise récemment, de procéder avec ce dossier-là, et notre
intention, c'est d'en saisir la commission consultative d'ici quelques
semaines.
Mme Harel: Pour la consulter, ou pour lui annoncer la
décision?
M. Bourbeau: On va commencer par la consulter et, une fois qu'on
l'aura consulté, on prendra la décision.
Mme Harel: Donc la décision n'est pas encore prise.
M. Bourbeau: On a pris la décision, quant à nous,
d'aller de l'avant, oui, mais il n'est pas impossible qu'à la suite de
la consultation on apporte des modifications. Pour l'essentiel, la
décision est prise, oui, mais il est possible qu'à la suite des
consultations on puisse apporter des modifications, disons, non pas quant au
fond, mais quant aux règles du jeu, oui.
Loyers retenus à la source et
dépôts directs
Mme Harel: Mme la Présidente, j'ai eu trop peu l'occasion
d'en parler au ministre, mais j'aimerais, à ce moment-ci, ne pas me
priver, tout au moins, d'avoir, même si c'est très bref, un
échange sur la question du paiement des loyers des
bénéficiaires d'aide sociale qui, à leur demande,
pourraient souhaiter que le ministère retienne à la source pour
un paiement au propriétaire. J'avais abordé cette
question-là avec le ministre d'une façon générale.
Cet après-midi, je veux lui indiquer que la question se pose aussi
particulièrement dans les logements à loyer modique. Quand un
locataire est évincé par un propriétaire privé,
qu'il se retrouve sur le marché du logement privé, il peut
toujours encore faire une demande de logement à loyer modique. Plus il
est éloigné d'une grande ville, il semble que plus il y aurait
accès, mais plus il est dans un environnement densément
peuplé moins il y aurait accès. Je ne reviendrai pas sur cette
malheureuse politique qui a consisté à distribuer des HLM comme
s'il s'agissait de faveurs électorales.
Ceci dit, ce n'est pas... (17 heures)
M. Leclerc:...
Mme Harel: Ce n'est pas la mienne en tout cas.
M. Leclerc: Ah non!
Mme Harel: Ce n'est pas la mienne.
M. Leclerc: Ah bon!
Mme Harel: Justement, j'en avais parlé...
M. Leclerc: Tous des nouveaux HLM.
Mme Harel: ...il y a bien des années, au ministre qui
était, à ce moment-là, à l'Habitation. Enfin, de
toute façon...
Ceci dit, là, il est évident que lorsqu'un HLM, pour des
raisons qui se justifient... Lorsqu'un office municipal se considère
tenu d'évincer - pour des bonnes raisons, ça, j'en conviens - il
arrive que les conséquences de ça, c'est l'itinérance.
C'est des conséquences qui souvent sont directement liées aux
problèmes multiples: toxicomanie, drogue, etc. Il pourrait se trouver
que des personnes aient besoin - volontairement là, je parle toujours
d'une mesure facultative là - dans la société, d'un
certain encadrement, qui le préfèrent d'ailleurs à
l'insoutenable légèreté de la décision. Alors, je
me demande si le ministre a réfléchi à ce dossier, et
où il en est rendu.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je note toujours avec
beaucoup de satisfaction l'évolution de la pensée de la
députée de Hochelaga-Maison-neuve sur ces dossiers. Je vois que,
progressivement, elle en vient à une attitude extrêmement
réaliste quant à un nombre de sujets qui nous préoccupent.
Je suis particulièrement heureux de constater cette
évolution-là et de lui dire que, effectivement, la suggestion
qu'elle m'a faite de regarder ce dossier-là est une suggestion qui est
intéressante. On a ouvert un chantier au ministère
là-dessus. Je comprends bien qu'il s'agirait de cas où les
prestataires de la sécurité du revenu seraient disposés
à consentir à ce qu'une partie de leur prestation soit
versée directement au locateur ou au bailleur.
Nous allons poursuivre l'étude de ce dossier-là dans les
prochaines semaines, les prochains mois, tout en soulignant que ça
crée des problèmes. Ça crée des problèmes
à plusieurs niveaux, étant entendu qu'en général le
loyer est payable le 1er du mois, et donc il faudrait que... Alors, il faudrait
que ce soit payé au début du mois en même temps que la
prestation, et on craindrait, d'une certaine façon, que d'autres
créanciers s'inscrivent aussi. L'épicier, par exemple, pourrait
aussi faire la même entente avec le prestataire que, au début de
chaque mois, on acquitterait les frais d'épicerie. D'autres fournisseurs
pourraient aussi s'inscrire en demande, et le ministère deviendrait un
genre d'organisme chargé de gérer, bien malgré lui, les
budgets des assistés sociaux. Peut-être qu'il y aurait lieu de
trouver des organismes tiers qui accepteraient de le faire pour nous. Je ne
crois pas que le ministère pourrait aller très, très loin
dans cette direction-là.
Mais, c'est une suggestion intéressante qui est, à mon
avis, de nature à aider au bon fonctionnement de la
société, peut-être aider aussi la clientèle
éventuellement à atteindre une certaine quiétude
étant assurée que dorénavant elle n'aurait pas de
problème à payer son loyer. On regarde ça attentivement
et, fort de l'encouragement de la députée de
Hochelaga-Maison-neuve, on va poursuivre l'étude du dossier.
Mme Harel: Un des problèmes incontournables qui se
présente, c'est de recevoir une allocation mensuelle. Je disais
d'ailleurs au ministre, qui semblait partager mon point de vue, que bon nombre
de parlementaires auraient bien de la misère - en tout cas, j'en suis -
à bien gérer leur affaire s'il fallait être payé de
façon mensuelle. Il faut avoir une capacité de planifier qui est
quand même peu ordinaire. C'est ce qu'on exige de personnes qui n'ont pas
de réserves.
Alors, je me demandais, avec la refonte de tous les systèmes
informatiques, les supports informatiques qui sont maintenant mis à la
disposition du ministère - j'espère qu'il n'y a pas de gel dans
l'informatique - si le ministère est en train...
Une voix: II n'est pas sûr.
Mme Harel: II n'est pas certain?
La Présidente (Mme Marois): II vérifie.
Mme Harel: Ce matin, je voulais dire au ministre, concernant les
pensions alimentaires, que, si la perception automatique des pensions
alimentaires a été reportée, c'est parce qu'il y a eu un
gel du Conseil du trésor sur les crédits du ministère de
la Justice qui a empêché pendant un an et demi que le support se
mette sur pied. Je vois que le ministère de la Main-d'oeuvre a
été épargné de ce gel. Mais, ceci dit,
sérieusement, est-ce qu'il est envisagé de verser la prestation
aux 15 jours?
M. Bourbeau: Mme la Présidenie, moi, j'ai toujours
pensé que ce serait intéressant si on pouvait en arriver à
une solution comme celle-là et, à partir du moment où la
députée de Hoche-laga-Maisonneuve m'a laissé entendre que,
de son côté aussi, il y avait des possibilités qu'on puisse
considérer une mesure comme celle-là, nous avons
immédiatement, au ministère, entrepris aussi de regarder cette
question-là. Il faut bien comprendre que, si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve ne m'avait pas fait d'ouverture, je n'aurais même
pas perdu le temps du ministère à regarder ces choses-là,
parce que ce sont des changements importants de culture. Je n'aurais
certainement pas fait de bataille avec l'Opposition pour instaurer de nouvelles
façons de faire comme celles-là. Mais, si l'Opposition officielle
est disposée à regarder ça attentivement avec nous, on va
continuer à regarder ça attentivement pour voir dans quelle
mesure on pourrait en arriver à une situation comme celle-là.
Possiblement qu'avec les supports informatiques accrus que nous aurons
bientôt on pourra se permettre des fantaisies comme celle-là, si
je peux dire. Il faudra aussi, probablement, regarder le dépôt
direct à travers ça, parce qu'il ne faudrait pas accroître
la charge administrative aussi: les frais de timbres, d'enveloppes, etc. Tout
ça, présentement, est considéré, et on va cheminer
dans ces dossiers-là. Si la députée de
Hochelaga-Maisonneuve est intéressée, je pourrai l'entretenir
à ce sujet périodiquement.
Mme Harel: Absolument, M. le Président... Mme la
Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Ça va. Ha, ha, ha!
Mme Harel: On est quitte.
La Présidente (Mme Marois): Ça arrive à
l'occasion. J'imagine que c'est parce qu'il doit y avoir eu plus de
présidents que de présidentes et il y a une mauvaise habitude de
prise, ce qu'on est en train de corriger, cependant.
M. Bourbeau: Ce n'est pas ça, c'est parce que vous nous
avez beaucoup manqué au cours des derniers mois, Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Marois): Ah bien, c'est gentil de me le
dire, mais enfin...
M. Bourbeau: ...spécialement lors de la dernière
consultation.
Mme Harel: D'autre part...
La Présidente (Mme Marois): Je suis certaine que vous
étiez entre très bonnes mains, M. le ministre.
M. Bourbeau: Ah, pour ça, il n'y a aucun
problème.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
M. Bourbeau: Nous autres, on s'est ennuyé de vous un
peu.
La Présidente (Mme Marois): S'il s'agit d'un autre sujet,
Mme la députée, j'ai une demande d'intervention...
Mme Harel: Oui. Certain. Oui, oui.
La Présidente (Mme Marois): ...de la part du
député de Taschereau que je reconnaîtrais maintenant, s'il
vous plaît.
Indexation des prestations
M. Leclerc: Merci, Mme la Présidente. Mme la
Présidente, j'ai eu le bonheur, hier, de faire, avec la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, un débat sur l'aide
sociale, très intéressant, par ailleurs, où on a pu
rencontrer 250 assistés sociaux en rattrapage scolaire, ce qui
m'amènera, plus tard, aujourd'hui, à poser un certain nombre de
questions sur les mesures, notamment, le rattrapage scolaire. Mais ça,
si j'ai bien compris, c'est en début de soirée, le programme 7,
c'est bien ça?
Une voix: Oui.
M. Leclerc: Oui. Magnifique. Évidemment, M. le ministre,
vous comprendrez que, lorsqu'il s'agit d'un débat comme celui qu'on a eu
hier... La députée de Hochelaga-Maisonneuve demande le retrait de
notre Loi sur l'aide sociale. Elle ne nous dit pas, malheureusement, à
ce moment-là, par quoi elle remplace ça. Elle nous parle
abondamment, également, du programme de l'Ontario, mais elle ne nous dit
pas non plus si
le Parti québécois, avec l'approche des prochaines
élections - on est quand même à moins de deux ans - va
s'engager, à l'occasion des élections, à être aussi
généreux que l'Ontario. J'ai l'impression que son patron, le chef
de l'Opposition, va sortir son crayon pour faire ses calculs, à ce
moment-là.
Mme Harel: Vous verrez bien en temps et lieu.
M. Leclerc: Pardon?
Mme Harel: Vous verrez bien en temps et lieu, là.
M. Leclerc: Oui, oui. Non, mais...
Mme Harel: C'est au ministre qu'il faut poser des questions, pas
à moi, pour tout de suite, là.
M. Leclerc: Non, non, mais je pense que j'ai droit...
Mme Harel: J'ai hâte de pouvoir y répondre,
mais...
M. Leclerc: Non. Je pense que j'ai droit...
Mme Harel: ...pour ça, il faudrait que vous convainquiez
votre premier ministre de faire des élections.
M. Leclerc: Je pense que j'ai droit à un minimum
d'introduction dans ce que je veux amener. Je veux amener que vous nous
demandez le retrait de la Loi sur l'aide sociale, mais vous ne nous dites pas
par quoi vous la remplaceriez. Vous ne nous dites pas ce que vous aboliriez.
Vous ne nous dites pas ce que vous nous proposez coûterait. Je pense que,
il faut se le dire, quand on arrive devant 200, 250 assistés sociaux,
qu'on ne chiffre aucune mesure et qu'on n'est pas plus précis que de
dire: Demandons ensemble le retrait de la loi, c'est un peu facile. C'est un
peu facile.
C'est un peu facile aussi d'affirmer, et Le Soleil l'a
rapporté aujourd'hui, que les aptes au travail ne seront pas
indexés le 1er janvier prochain. Comme vous, j'ai beaucoup
d'assistés sociaux dans mon comté et, comme vous, je pense qu'on
convient tous qu'il ne faut pas faire exprès pour apeurer une
clientèle de notre société qui a déjà sa
part de problèmes. Je trouve un peu gros que vous décidiez huit
mois à l'avance que ces gens-là ne seront pas indexés, et
je demanderais au ministre de faire le point sur cette question-là, des
aptes au travail. C'est quand même ma septième année ici et
les aptes au travail ont toujours été indexés. J'aimerais
connaître la position du ministère à cet effet-là.
(17 h 10)
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je suis content de
l'opportunité que me donne le député de Taschereau de
pouvoir enfin parler publiquement, en tout cas, ici devant la commission, de ce
sujet, qui fait la manchette aujourd'hui, tout en saluant le
député de Taschereau qui a été un des artisans de
la réforme de l'aide sociale, un des principaux supports sur lesquels
j'ai pu compter lors de l'adoption de cette loi par ses conseils et son
expérience dans ce domaine, où il possède une
expérience peut-être même plus importante que la mienne,
ayant l'honneur de représenter un comté qui jouit d'une forte
clientèle dépendant de la loi 37.
Aujourd'hui, on dit dans les journaux que le gouvernement n'indexerait
pas les prestations d'aide sociale pour les aptes. Alors, là, vraiment,
Mme la Présidente, je dois dire que je suis le premier surpris
d'apprendre cette nouvelle-là. Elle n'émane pas du gouvernement,
la nouvelle, ça, c'est bien sûr. En aucune façon, le
gouvernement n'a annoncé qu'il n'indexera pas les prestations d'aide
sociale.
Je ne peux pas parler aujourd'hui pour le gouvernement, mais vous savez
que, historiquement, cette décision d'indexer les prestations du
programme APTE a toujours été annoncée par le ministre des
Finances lors du discours sur le budget. Or, le ministre des Finances n'a pas
encore prononcé son discours sur le budget, et je crois qu'il est
prématuré de conclure qu'on n'indexera pas les prestations du
programme APTE, à ce moment-ci. Je ne dis pas non plus qu'on va les
indexer, la décision n'est pas la mienne. C'est une décision du
gouvernement qui est annoncée par le ministre des Finances. Vous savez
qu'un budget, c'est la chose la plus secrète dans un gouvernement. Je ne
suis certainement pas aujourd'hui pour annoncer quelque mesure qui pourrait ou
ne pourrait pas faire partie du budget.
Alors, moi, je dis que ce n'est pas responsable d'aller faire peur au
monde, d'aller soulever des vagues semblables dans la population, alors qu'il
n'y a rien qui indique que les prestations d'aide sociale ne seront pas
indexées. Il y a plusieurs façons de le faire. On peut le faire
en l'annonçant dans le budget, comme ça a été fait
dans les années précédentes. On pourrait voter des
crédits supplémentaires à l'automne et annoncer une
augmentation à l'automne, étant entendu que ces
augmentations-là ne viendront en vigueur que le 1er janvier 1993. Il n'y
a donc pas péril en la demeure et, même si le ministre des
Finances ne l'annonçait pas dans le discours sur le budget, on ne serait
pas en droit de conclure que le gouvernement n'a pas l'intention de le
faire.
Alors, pour l'instant, il y a plusieurs possibilités qui
s'offrent à nous: une annonce dans le discours sur le budget, des
crédits supplémentaires à l'automne. Moi, je pense que
rien, pour l'instant, ne permet de conclure que
les budgets de l'aide sociale ne seront pas indexés en ce qui
concerne le programme apte, et je déplore qu'on agite des
épouvantails semblables dans la population.
M. Leclerc: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Marois): Oui, ça va, merci. Mme
la députée de Hochelaga-Maison-neuve.
Mme Harel: Oui. En matière d'indexation des
barèmes, le ministre fait référence à une situation
historique, la seule situation historiquement claire. C'est qu'avant la mise en
vigueur de la loi 37 le 1er août 1990 l'indexation était
automatique dans la loi. Ce qui est historiquement certain, c'est qu'à
partir de la loi 37 le gouvernement a retiré l'obligation que la loi lui
faisait d'indexer les barèmes, sauf pour le programme Soutien financier.
Il n'y a que les prestataires au Soutien financier qui, chaque année,
sont certains de pouvoir obtenir ie maintien du coût de la vie.
Le ministre dit, avec raison, qu'il y a plusieurs façons de faire
l'indexation. Je le sais, Mme la Présidente, et je l'ai même dit
au journaliste du Soleil qui était à l'assemblée
dont parlait M. le député de Taschereau tantôt. Mais la
question, c'est de savoir: Allez-vous le faire? Moi, que ça me soit
annoncé dans le discours sur le budget de Gérard D. Levesque...
Ce que je voudrais d'abord, la première chose, c'est que ça soit
dans la loi. Bon. Mais, à partir du moment où ça ne l'est
pas, ça devient arbitraire à chaque année et ça
devient une sorte de faveur qu'on fait et qu'on peut ne pas faire. Moi, ce qui
m'intéresse, c'est: Allez-vous le faire? Allez-vous maintenir les
barèmes?
J'ai dit au journaliste, et il l'a bien rapporté, d'ailleurs,
dans Le Soleil d'aujourd'hui: Dans les crédits, ce n'est pas
prévu. Mais il est prévu, dans les crédits, qu'au Soutien
financier il y ait une augmentation de 2,4 % au 1er janvier 1993. Il est
d'ailleurs prévu, et c'est ça qui m'étonne aussi - je ne
lui en ai pas parlé parce qu'il ne me l'a pas demandé et on
était dans le brouhaha de l'Assemblée - que l'indexation pour
tous les autres éléments que le barème est de 3,6 % pour
ce qu'on appelle le capital, autres éléments, etc. Je constate
que pour les prestations l'indexation est de 2,4 %, pour le Soutien financier
seulement, au 1er janvier 1993.
En ce qui concerne APTE, en matière d'indexation, je dis ceci
simplement, comme je l'ai dit dans les crédits - c'est ce que je lui ai
montré, les crédits ne le prévoient pas - la seule chose
qui puisse arriver, c'est que le ministre des Finances l'annonce. Mais
j'aimerais que le ministre de la Main-d'oeuvre, lui, aujourd'hui, puisse
prendre l'engagement - que ce soit maintenant, dans le budget ou à
l'automne prochain - qu'il a bien l'intention de convaincre son gouvernement de
maintenir au coût de la vie le niveau de la prestation.
En même temps, j'en profite pour lui dire que ça n'a pas de
bon sens, depuis deux ans et demi, de ne pas avoir indexé les revenus de
travail permis. Comment peut-on penser qu'il y a une incitation à aller
chercher des revenus de travail et avoir un discours cohérent sur le
nécessaire maintien dans l'activité de travail, sans même
indexer les revenus de travail permis? Moi, je pense que les revenus de travail
permis doivent être indexés rétroactivement à
l'adoption de la loi. Vous evez décidé de faire en sorte que les
revenus de travail permis varient selon les catégories de
barèmes, mais au moins indexez-les.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, ce que la
députée de Hochelaga-Maisonneuve nous dit, c'est que la nouvelle
loi n'est pas exactement et rigoureusement conforme à l'ancienne. Moi,
je ne suis pas étonné. On a fait une réforme. Alors, quand
on fait une réforme, on change des choses. Un certain nombre de choses
importantes ont été changées. Entre autres, on a fait la
distinction entre ce qu'on a appelé les aptes et les inaptes. Alors,
ceux qui ont des sévères contraintes à l'emploi, programme
Soutien financier, on a prévu l'indexation automatique.
Pour ce qui est des aptes, comme vous le savez, on a un peu
modifié la façon de voir les choses. Bien sûr, on n'a pas
adopté la même philosophie que l'Ontario. Ça, c'est
sûr. Pour ce qui est des aptes, on a introduit, dans le système,
un élément d'incitation: incitation positive, incitation
négative. Positive, en ce sens qu'on a ajouté des choses. On a
donné des barèmes plus généreux dans le cas des
gens qui faisaient des efforts. On a décidé d'avoir un
barème inférieur dans le cas de ceux qui ne voulaient absolument
pas faire d'efforts et qui refusaient même de se déclarer
disponibles. On a prévu aussi, dans la loi, des pénalités
pour refus, et on les applique. On peut être d'accord ou pas d'accord,
mais je crois que ça donne de bons résultats, de façon
générale. Bien sûr, il faut tenir compte de la conjoncture
économique, mais, moi, je pense que le régime d'aide sociale du
Québec est un régime qui est en train de faire ses preuves.
Maintenant, l'indexation dans la nouvelle loi... Non, il n'y a pas
l'indexation automatique pour le programme APTE, mais on l'a pour le programme
Soutien financier. La députée de Hochelaga-Maisonneuve voudrait
voir l'indexation automatique dans la loi, mais nous, même si dans la loi
il n'y a pas l'indexation automatique, on doit reconnaître quand
même qu'à chaque année on a procédé à
une indexation généralement annoncée dans le discours sur
le budget du ministre des Finances. On l'a fait en 1990, en 1991 et 1992. La
dernière année, ça a été 4,5 %. Cette
année, le discours du budget n'a pas eu lieu, alors je ne peux pas dire
si oui ou non on le fera. Je l'ai dit tout à l'heure, il ne m'appar-
tient pas de divulguer les annonces qui viendront dans le discours sur
le budget. (17 h 20)
Quand je regarde la performance de nos prédécesseurs du
Parti québécois en matière d'indexation, on peut se poser
des questions aussi sur la performance du Parti québécois.
Prenez, par exemple, les allocations familiales. Nous, nous avons indexé
les allocations familiales à chaque année à l'indice du
coût de la vie. Le Parti québécois, je vous le souligne, je
vous le rappelle, n'a pas indexé les allocations familiales - en 1985, 0
% d'augmentation - alors que nous, nous avons indexé à chaque
année les allocations familiales. Nous avons indexé à
chaque année le programme APTE, à chaque année l'aide
sociale, le programme Soutien financier. Le Parti québécois non
seulement n'a pas indexé les allocations familiales en 1985, mais il les
a indexées seulement partiellement en 1983 et en 1984. Donc, au chapitre
des indexations, là, vous avez des reproches à vous faire. Prenez
le salaire minimum, vous ne l'avez pas indexé pendant quatre ans de
suite. Parlons-en de ça, là. Vous êtes bien mal
placée...
Mme Harel: Je pensais qu'on parlait de l'aide sociale.
M. Bourbeau: Oui, mais ce sont des mesures sociales.
Mme Harel: Alors, parlez nous de l'indexation à l'aide
sociale.
M. Bourbeau: Le salaire minimum, y a-t-il de quoi de plus social
que ça? C'est vraiment le plancher de ceux qui travaillent. C'est
vraiment le minimum minimorum des travailleurs. Vous l'avez gelé pendant
quatre ans et aujourd'hui vous venez nous faire la leçon parce que
peut-être on ne verra pas, dans le budget, une indexation. Vous n'en
savez rien. Moi, je trouve que vous êtes bien mal placée pour
venir nous parler d'indexation, là, après avoir gelé le
salaire minimum pendant quatre ans et avoir refusé d'indexer les
allocations familiales. Soyez patiente.
On a, jusqu'à maintenant... Il y a un bon dossier en
matière d'indexation, et on verra ce que le ministre des Finances nous
annoncera sous peu. Moi, je conserve la foi dans le ministre des Finances. Nous
avons un bon ministre des Finances qui est compréhensif, qui a toujours
manifesté beaucoup d'ouverture envers les clientèles les plus
démunies de la société, et j'espère qu'il lira mes
propos.
Mme Harel: Alors, Mme la Présidente, je pensais que le
ministre allait, comme sa collègue à la Culture, nous annoncer
qu'une bonne nouvelle nous serait annoncée par le ministre des Finances,
mais il n'est pas allé jusque-là. Je veux lui rappeler ceci: en
matière d'indexation, le premier geste que son
prédécesseur, responsable du dossier de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu, a posé en arrivant en 1985, ça
a été d'abandonner l'indexation trimestrielle que le gouvernement
précédent avait introduite à l'aide sociale.
C'était une indexation qui, à l'échelle, permettait de
suivre complètement sans jamais être pénalisé par
l'augmentation du coût de la vie.
Alors, ça, c'aurait été, évidemment, tenir
un tableau complet. On me parle du salaire minimum, et j'en conviens parce que
ça fait cinq ans que j'en parle avec le ministre, mais en contrepartie
il va falloir aussi, dans la balance, y introduire l'indexation aux trois mois,
à l'aide sociale. Ce que je sais... On a fait ces
débats-là combien de fois? On a l'impression d'être un
vieux couple, M. le ministre. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: On connaît nos arguments de part et d'autre. Je
connais ses arguments, il connaît les miens, on se les a faits en
commission parlementaire, on se les a faits au salon bleu, au salon rouge.
Alors, disons...
Mme Bleau: J'aurais une question. Mme Harel: Oui,
d'accord.
La Présidente (Mme Marois): Je vous reconnais, Mme la
députée.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, est-ce que je pourrais
répondre avant...
La Présidente (Mme Marois): À quoi, à son
dernier commentaire, ou à une question préalable?
M. Bourbeau: J'aimerais...
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous voulez
répondre, M. le ministre, et par la suite...
Mme Bleau: C'est sur le même sujet.
La Présidente (Mme Marois): C'est sur le même sujet,
ça vous permettra peut-être d'avoir l'ensemble des
éléments sur lesquels se questionne la commission.
Mme Bleau: Vous avez parlé d'indexation au coût de
la vie à tous les trois mois, je pense, mais dernièrement, depuis
à peu près les huit ou neuf derniers mois, le coût de la
vie est venu tellement bas, à ce moment-là, il aurait fallu
descendre le barème d'aide sociale. Ça n'aurait pas
été bon.
M. Bourbeau: Désindexer.
Mme Bleau: Désindexer, c'est ça qui me fait peur,
là. Non, M. le ministre, peut-être que je ne m'y comprends pas
tellement, là.
La Présidente (Mme Marois): Non, on n'en est pas
là.
Mme Harel: Ne vous inquiétez pas.
La Présidente (Mme Marois): On n'est est pas
là.
Mme Bleau: Peut-être que vous pourriez expliquer
ça.
La Présidente (Mme Marois): Alors, M. le ministre, s'il
vous plaît.
M. Bourbeau: Moi, Mme la Présidente, je suis un peu
perplexe devant les déclarations de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, qui affirme qu'on forme un vieux couple, parce qu'un
vieux couple, on sait que ça ne se chicane plus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Moi, je veux garder... Ha, ha, ha! Moi, je veux
garder...
La Présidente (Mme Marois): On a une collègue ici
qui parle d'expérience et qui dit que c'est peut-être faux ce que
vous dites, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Moi, je veux réclamer mon privilège de
me chicaner avec la députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: D'autre part, je suis content de voir qu'elle a
limité ses observations en disant qu'on s'est chicanés au salon
rouge et au salon bleu. Elle est demeurée dans les salons, alors au
moins il y a ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Trêve de plaisanterie, là, revenons
à l'indexation trimestrielle, puisque c'est ce dont parlait la
députée de Maisonneuve tantôt, elle parlait de balance.
Justement, un gouvernement qui est bien balancé, il n'indexe
peut-être pas... Il indexe tout un petit peu, mais pas beaucoup un
programme et rien les autres. Alors, à un moment donné, il y
avait une frénésie d'indexation, là, du côté
de l'aide sociale. On indexait à tous les trois mois. Bravo! Ça
aidait beaucoup aussi probablement à maintenir l'inflation, mais pendant
ce temps-là on gelait les allocations familiales à 0 % la
même année. Il faut le faire. La même année, 1985, on
indexait les allocations d'aide sociale à tous les trois mois, on gelait
les allocations familiales, puis on gelait le salaire minimum, la même
année.
Donc, qu'est-ce qu'on faisait? On disait aux gens qui travaillaient, les
travailleurs à faibles revenus: Écoutez, c'est bien plus payant
de venir à l'aide sociale. On va vous indexer tous les trois mois,
tandis que si vous demeurez au salaire minimum on vous gèle depuis
quatre ans. Moi, je trouve que, en termes de balance, c'aurait
été mieux pour l'ancien gouvernement d'en faire un petit peu
moins à l'aide sociale et un petit peu plus dans le salaire minimum.
Mais là-dessus chacun est libre de ses opinions, et je ne veux
certainement pas partir un nouveau débat avec la députée
de Maisonneuve. Ça a l'air de bien aller là, elle est bien
intentionnée.
Mme Harel: Mme la Présidente... La Présidente
(Mme Marois): Oui?
Mme Harel: ...il y a un contexte économique dans des choix
comme ceux-là. Il faut se rappeler que les taux d'intérêt
ont monté jusqu'à 22 %. Il faut se rappeler du coût de la
vie. Il faut se rappeler du coût de la vie de cette
époque-là. Aussi, il faut simplement mettre en garde les
députés ministériels d'être trop confiants que rien
de tel ne peut leur arriver en matière d'allocation familiale. Il faut
peut-être attendre le discours du budget pour être certain qu'il
n'y aura pas des familles au Québec qui se verront
écartées des bénéfices de l'allocation familiale
pour le motif qu'elle deviendra imposable, et, cette allocation étant
imposable, on fera en sorte que ces familles dont les deux parents travaillent
n'auront plus le bénéfice des politiques familiales d'un
gouvernement. Alors, de toute façon, on verra la semaine prochaine.
M. Leclerc: Vous ne parlez pas des hauts salariés.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, juste un petit mot.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Quand la députée de
Hochelaga-Maisonneuve réfère à des allocations familiales
imposables, bien sûr elle sait de quoi elle parle. On se souvient que le
dernier budget du gouvernement péquiste avait fait en sorte d'imposer
toutes les allocations familiales du début à la fin, et ça
a pris trois ans à notre très bon ministre des Finances, trois
années de suite, pou; faire en sorte de désimposer les
allocations familiales. On l'a fait dans le premier budget en 1986 en partie et
en 1987, je crois, et on a fini en 1988. Ça a pris trois ans avant
de
réparer les dégâts. Maintenant...
Mme Harel: Alors, on verra ce qu'il fera la semaine
prochaine.
M. Bourbeau: ...pour ce qui est des 22 % dont parlait la
députée de Maisonneuve tantôt pour excuser l'indexation
trimestrielle, je lui rappellerai que les travailleurs à faibles revenus
aussi payaient 22 % sur leurs emprunts quand ils allaient à la banque et
qu'ils essayaient de survivre. Eux aussi auraient eu droit à une petite
indexation sur le salaire minimum pour essayer de rencontrer ces taux
d'intérêt la. Ça valait pour eux aussi.
Mme Harel: Oui. Mme la Présidente, on reviendra ce soir au
programme APPORT parce qu'à l'époque ces travailleurs avaient
aussi accès à un autre programme, SUPRET, notamment, qui leur
permettait de corriger ou de remédier à la situation. Ils
étaient quand même 28 000 ménages à en
bénéficier. On ne retrouve au programme APPORT que 10 000
ménages au moment où on se parle, mais je ne voudrais pas
anticiper, étant donné...
Allocations-logement
Mme la Présidente, avant de terminer le programme 1, je voudrais
simplement demander au ministre, puisque l'an passé il nous
annonçait, en matière d'allocations-logement, des changements qui
devaient intervenir en cours d'année qu'on n'a pas vu poindre et que les
crédits n'en prévoient pas non plus, quelle est la politique
qu'il entend défendre, pour la prochaine année, en matière
d'allocations-logement.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, tout ce que je peux dire
à la députée de Maisonneuve, c'est que jusqu'à
maintenant il n'y a pas eu de modification au programme d'allocations-logement.
J'aimerais lui faire la même réponse que je lui ai faite pour
l'indexation tantôt pour le programme APTE. Attendons pour voir la suite
des événements, on ne sait jamais.
Mme Harel: Dans le rapport Bouchard qui s'intitulait «Un
Québec fou de ses enfants», une des recommandations très
précises était à l'effet que les chefs de famille
monoparentale devaient être encouragés à la cohabitation
et, en particulier, la mesure de réduction pour partage du logement
devait être abolie pour cette catégorie de personnes. Je crois
comprendre - je vous avais d'ailleurs posé la question à la fin
de janvier - que vous aviez l'intention de mettre un chantier sur cette
question. Est-ce que maintenant le travail est achevé? Pouvez-vous nous
indiquer quelles sont les décisions qui ont été prises
suite aux recommandations de la commission Bouchard? (17 h 30)
M. Bourbeau: Je n'ai pas de décision à annoncer
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve aujourd'hui; je
pense que c'est prématuré, encore pour un certain temps. Mais je
dirais que je partage entièrement sa sollicitude pour les familles
monoparentales. S'il y a une clientèle, à l'aide sociale et dans
notre société, qu'on a raison de vouloir aider davantage et qui
subit encore plus durement les contrecoups de la pauvreté, c'est bien
les familles monoparentales, parce qu'elles sont pauvres et aussi parce qu'il y
a des enfants là-dedans qui risquent, en tous les cas, d'avoir des
problèmes sérieux plus tard, étant donné qu'ils
n'ont pas deux parents, ça peut être problème, et que,
d'autre part, ils sont dans la pauvreté. Alors, moi, j'ai toujours
porté beaucoup d'attention à ce problème-là, entre
autres. C'est pour ça, d'ailleurs, vous le savez, que j'avais
travaillé tellement fort avec mes collègues de la commission des
affaires sociales pour convaincre le gouvernement, il y a trois, quatre ans, de
mettre sur pied un programme d'allocations-logement qui s'adressait, c'est bien
évident, en grande partie aux familles monoparentales. Les statistiques
que nous avons présentement indiquent que ce programme-là rejoint
des familles monoparentales dans une proportion qui approche les 80 %, qui
varie entre 75 % et 80 % - j'aurai peut-être la statistique dans quelques
instants.
Mme Harel: L'an passé, je pense que c'est à
l'occasion des engagements financiers, vous nous aviez remis des tableaux
concernant le nombre de ménages qui recevaient l'allocation-logement.
Est-ce qu'il serait possible que vous en transmettiez également aux
membres de cette commission?
M. Bourbeau: Oui, je peux le faire. J'ai, devant moi, d'ailleurs,
une fiche que je n'ai pas d'objection à vous transmettre, qui fait
état des coûts et des clientèles pour le programme
d'allocations-logement, tant à l'aide de dernier recours que dans le
programme APPORT. On y apprend qu'au cours de l'année... C'est en date
de février 1992. Alors, pour l'année 1990-1991, le montant avait
été de 25 200 000 $ à l'aide de dernier recours et, en
1991-1992, d'avril à novembre - c'est partiel, ce n'est pas toute
l'année - 17 500 000 $.
Mme Harel: Six mois.
M. Bourbeau: Ça fait huit mois, si j'ai bien compris.
Donc, c'est vraisemblablement une hausse, une légère hausse, pour
l'année suivante. Le nombre moyen mensuel à l'aide de dernier
recours était de 49 453 en 1990-1991 et de 56 409 en 1991-1992, donc une
hausse substan-
tielle de près de 20 %. Au programme APPORT, le montant, en
millions de dollars, pour l'année 1990-1991, était de 3 100 000 $
et, pour les mois d'avril à novembre 1991-1992, de 2 200 000 $. La
moyenne mensuelle a baissé, cependant, au programme APPORT: 6555 en
1990-1991 et 5773 en 1991-1992.
L'information qu'on me transmet au sujet d'allocations-logements, c'est
qu'en novembre 1991, donc à la fin de la période dont je viens de
parler, il y avait 60 375 ménages à l'aide de dernier recours,
avec enfants, qui touchaient une allocation-logement moyenne de 45 $. Il faut
ajouter, bien sûr, à cette clientèle-là, celle du
programme APPORT qui était de 5996 ménages, en novembre, pour une
prestation moyenne de 46 $. On voit donc que le nombre de prestataires a
augmenté en cours d'année et que la prestation moyenne de
novembre était supérieure à la prestation moyenne des huit
premiers mois. C'est donc dire qu'on était parti, à la fin de
1990-1991, à 49 000 et, tranquillement, on est monté vers un
chiffre qui se situait à 60 000 en novembre. Alors, c'est
intéressant. Évidemment, il faut dire que la clientèle
à l'aide de dernier recours avait augmenté aussi au mois de
novembre 1991, était plus élevée que dans les mois
précédents.
Mme Harel: Mme la Présidente, j'apprécierais
beaucoup si le ministre pouvait aussi nous transmettre, justement, la fiche.
C'est beaucoup plus facile de travailler avec l'information.
M. Bourbeau: Si la secrétaire veut venir...
Mme Harel: Pas pour tout de suite. En fait, si c'était
possible de le faire d'ici la fin de nos travaux...
Contribution parentale
Une dernière question, dans ce programme, concernant la
contribution parentale. Où en êtes-vous, en matière de
contribution parentale? L'an passé, quand j'avais tenté d'obtenir
des renseignements, on m'avait dit: C'est encore trop tôt, l'an prochain
on aura une meilleure idée. Alors, à combien de dossiers
évaluez-vous les contributions parentales réclamées?
Quelle est la moyenne de réclamation? Est-ce que des dossiers ont
été transférés au Procureur général?
Est-ce que des poursuites ont été intentées pour
défaut d'obligation alimentaire?
M. Bourbeau: Alors, depuis que la loi a été mise en
vigueur, la loi 37, vous savez que les requérants à l'aide de
dernier recours doivent démontrer avoir acquis une certaine
indépendance. C'est le principe de la loi. Dans le cas où
l'acquisition de cette indépendance n'est pas démontrée,
les requérants sont réputés recevoir une contribution de
leurs parents. C'est le principe. Alors, le règlement sur la
sécurité du revenu, quant à lui, détermine dans
quelles situations les requérants ne sont pas réputés
recevoir de contribution parentale, à partir de quel niveau de revenu
des parents une contribution doit être imputée et quel est le
montant de cette contribution. Dans les cas où les parents refusent de
contribuer, le ministère peut accorder le plein montant de l'aide et se
voir subroger aux droits du requérant.
Nous entendons exercer les recours qui sont les nôtres afin
d'évaluer les impacts et corriger les iniquités à
l'égard des parents qui assument cette responsabilité.
Présentement, on peut estimer approximativement à 400 le nombre
de dossiers en subrogation possible qui sont reliés à la
contribution parentale. Bien sûr que ces recours-là vont faire
diminuer, nous pensons, les refus de contribuer des parents lorsqu'ils se
manifestent.
Mme Harel: M. le ministre, je n'ai pas compris le chiffre.
M. Bourbeau: Présentement, il y a approximativement 400
dossiers de subrogation. Maintenant, je dois dire que la subrogation, ça
ne fonctionne pas très rapidement au ministère de la Justice.
Disons que les dossiers ne cheminent pas au rythme où on voudrait, mais
il y a des problèmes de personnel, etc., qui ont retardé
jusqu'à maintenant une action rapide dans ces dossiers-là. Mais
on est présentement en train de discuter avec le ministère de la
Justice pour accélérer ces dossiers-là. D'ailleurs, nos
services juridiques sont en train de préparer un rapport sur la
question. Il y a certains problèmes de fonctionnement entre le
ministère, chez nous, et la Justice, pas parce qu'on ne s'entend pas
bien, mais parce qu'il y a un surcroît de travail dans ces
dossiers-là.
Mme Harel: Donc, jusqu'à maintenant, il n'y a eu encore
aucune poursuite, donc aucune jurisprudence en matière de contribution
parentale.
M. Bourbeau: À ma connaissance, non.
Mme Harel: J'aurais complété le programme 1, dans
la mesure où le Conseil d'arbitrage... Est-ce que le Conseil d'arbitrage
fait partie du programme 1? Je crois comprendre que oui. Oui, c'est bien le
cas, hein? Peut-être, M. le ministre, en ce qui concerne le Conseil
d'arbitrage, on pourrait le reporter parce que je voulais spécifiquement
échanger sur la question des occupations versus les métiers en
regard de la construction. Je vous ai écrit à ce sujet-là,
le 8 avril dernier. Dans la lettre que je vous faisais parvenir, je vous
disais: J'ai eu l'occasion de rencontrer des porte-parole des travailleurs des
occupations retenues aux fins de l'industrie de la construe-
tion. Ces derniers m'ont sensibilisée à la situation
contradictoire qui perdure depuis des années à leur égard.
J'ai d'ailleurs eu l'occasion d'échanger avec votre adjoint
parlementaire, le député de Salaberry-Soulanges, sur toute cette
question. Diverses solutions seraient envisagées pour remédier
à l'imbroglio qui s'est développé au fil des
années. Je souhaite pouvoir vous interroger, lors de l'examen des
crédits, sur l'actuel règlement sur la formation et la
qualification professionnelles de la main-d'oeuvre de l'industrie de la
construction, eu égard à la question du statut des occupations
dans l'industrie de la construction. Je préfère vous en informer
maintenant, étant donné le caractère complexe de la
question, et surtout parce que je souhaite que nous puissions échanger
sur les solutions que vous envisagez. (17 h 40)
Alors, ayant pris mes précautions il y a un mois, je vous demande
maintenant, M. le ministre, si vous pouvez nous faire part des divers
scénarios pour la suite des choses.
M. Bourbeau: Écoutez, je pourrais vous faire une grande
réponse. On m'a préparé, ici, un document de quatre pages,
mais j'aurais préféré, si vous étiez d'accord,
qu'on demande à une fonctionnaire, Mme Lemieux, qui est vraiment une
spécialiste en la matière, de répondre. Elle le ferait
certainement avec beaucoup plus de précisions que moi. On pensait que
vous nous interrogeriez ce soir, à l'occasion des dossiers de
main-d'oeuvre. Auriez-vous objection à ce qu'on reporte la discussion
là-dessus à ce soir?
Mme Harel: Non, pas du tout. Ceci dit, est-ce que ça
nécessite la présence du président du Conseil
d'arbitrage?
M. Bourbeau: II est ici et il pourrait aussi... Mme Harel:
Parce qu'il est concerné.
M. Bourbeau: ...mettre son grain de sel dans l'affaire.
Mme Harel: Voilà! Il est concerné dans ce
dossier.
La Présidente (Mme Marois): Je pense qu'on pourrait
conserver ce questionnement-là...
Mme Harel: C'est ça, pour ce soir.
La Présidente (Mme Marois): ...pour ce soir.
Mme Harel: Je vous inviterais donc à procéder au
programme 2.
La Présidente (Mme Marois): Ça va. Alors, on va
suspendre l'étude du programme 1, étant entendu qu'on reviendra
pour le vote à la fin de nos travaux. .
Mme Harel: D'accord. De toute façon...
La Présidente (Mme Marois): Cela facilite, je pense, notre
logistique.
Mme Harel: ...vous aurez compris, Mme la Présidente, qu'on
a presque complété le programme 4, sauf le programme APPORT.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça.
M. Bourbeau: le programme 4, c'est de loin le plus gros programme
du ministère. j'en conclus qu'on a pratiquement terminé
l'étude des crédits.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça. Donc, nous
suspendons, pour l'instant, l'étude du programme 1. Notre agenda
prévoyait que l'on passe au programme 4. Il y a encore quelques
questions ou si ça va?
Mme Harel: Je vous propose de le faire dans l'ordre, donc
d'examiner tout de suite l'administration déléguée...
La Présidente (Mme Marois): Le programme 2.
Mme Harel: ...et les présidents de régies que
ça pourra permettre de libérer. Ce sera déjà
ça de pris.
M. Bourbeau: Excellente idée.
La Présidente (Mme Marois): Alors, le programme 2.
M. Bourbeau: II doit y avoir une partie de hockey, ce soir, je
suppose.
Administration déléguée de
programmes en sécurité du revenu
La Présidente (Mme Marois): Administration
déléguée de programmes en sécurité du
revenu, soit la Régie des rentes, la Régie de
l'assurance-maladie, la Commission des affaires sociales. C'est ça. Non,
la Commission des affaires sociales, c'est au programme 3, ça. Alors, le
programme 2.
M. Bourbeau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Bourbeau: Vous connaissez certainement le président de
la Régie des rentes, M. Claude Legault, avec qui, cette semaine, nous
célébrions le 100e anniversaire de fondation du Fonds de
retraite des policiers de la Communauté urbaine de
Montréal, dont je pensais qu'il avait été le
président fondateur, d'ailleurs...
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): C'est à ses cheveux
gris.
M. Bourbeau: ...pour me faire dire qu'il avait été
un des présidents, mais pas le fondateur.
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vous souhaite la
bienvenue, M. Legault. Bonjour.
M. Legault (Claude): Bonjour madame.
M. Bourbeau: Est-ce que vous voulez qu'on fasse en même
temps la Régie des rentes et la Commission des affaires sociales?
La Présidente (Mme Marois): Oui, bien sûr.
M. Bourbeau: Parce que les deux présidents sont ici avec
moi. Vous aurez reconnu le juge Louis Rémillard à l'extrême
droite.
Mme Harel: Bonjour, bonjour.
La Présidente (Mme Marois): Bonjour et bienvenue à
nos travaux.
Mme Harel: On pourrait peut-être débuter avec la
Régie des rentes...
M. Bourbeau: Très bien.
Mme Harel: ...et terminer avec la Commission des affaires
sociales.
Document déposé
M. Bourbeau: Mme la Présidente, avant qu'on
commence...
La Présidente (Mme Marois): Oui
M. Bourbeau: ...j'avais apporté avec moi un document que
je voulais remettre à l'Opposition, qui est un document
préparé par le ministère et qui s'appelle «Effectifs
par centre de gestion au réseau Travail-Québec» en date du
30 avril 1992. Alors, j'aimerais le déposer. Peut-être qu'il y a
des adjoints de la députée de Hochelaga-Maison-neuve qui
voudraient fouiller ça peut-être et revenir avec des questions
avant la fin de la séance, de même que le programme de
reclassement des travailleurs licenciés collectivement. Il y a aussi une
fiche là-dessus.
Mme Harel: II s'agit donc des comités de reclassement de
travailleurs licenciés. C'est bien le cas?
M. Bourbeau: Oui oui, c'est ça. Mme Harel: C'est
ça.
M. Bourbeau: C'est les avis qu'on reçoit. Vous vouliez
avoir les statistiques sur les avis.
Mme Harel: Ah bon! D'accord. M. Bourbeau: Les totaux.
La Présidente (Mme Marois): Une question qu'on avait
abordée, je crois, ce matin.
M. Bourbeau: Document déposé.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Document
reçu. Mme la députée.
Régie des rentes
Mme Harel: Oui, merci, Mme la Présidente. Pour faire,
peut-être, au plus pressé, je pose d'abord des questions au
ministre et, ensuite, sur le fonctionnement de la Régie, je reviendrai
avec M. Legault. Mon collègue, le député de Joliette,
s'excuse. Il est retenu par des travaux parlementaires, mais il avait
souhaité être parmi nous.
Surplus des caisses de retraite
M. le ministre, vous avez, dans le journal Le Devoir, plus
précisément, de vendredi dernier, annoncé que vous
entendiez déposer une loi pour le 15 mai - la clôture, donc, du
règlement de l'Assemblée nationale, avant la date limite du 15
mai - loi dans laquelle vous entendiez résoudre la question des surplus
des caisses de retraite. Alors, j'aimerais savoir si les intentions
rapportées par cet article de journal sont les vôtres, si vous
avez effectivement l'intention de légiférer dès la
présente session et si, d'autre part, cette législation, vous
avez l'intention de la présenter en faveur de l'arbitrage obligatoire,
de façon à ce que l'arbitre rende une décision finale et
irrévocable.
M. Bourbeau: II y a les intentions du ministre et il y a la
décision du gouvernement. Ce sera, évidemment, deux choses. Vous
savez que ce n'est pas le ministre qui gouverne, c'est le gouvernement. Quand
j'ai vu un article de journal qui disait, entre guillemets: «Bourbeau
imposera l'arbitrage obligatoire», je me suis empressé de dire
à des gens que je rencontrais que je n'avais rien d'un dictateur et que
je n'imposerais rien personnellement. Si le gouvernement le juge à
propos, il est possible qu'on ait, évidemment, éventuellement, un
arbitrage qui soit institué dans une loi. Présentement, les
documents circulent dans les comités interminis-
tériels et il est possible, oui, c'est mon intention de tenter de
faire en sorte de présenter un " projet de loi. Maintenant, je ne peux
pas préjuger des décisions du gouvernement. On verra, dans les
jours et les semaines à venir, s'il y aura possibilité de
déposer un projet de loi à temps, pour adoption au cours de la
présente session. Si jamais, par hasard, les délais très
courts qui nous sont impartis ne nous permettaient pas d'arriver à temps
pour la date fatidique du 14 mai, peut-être que l'Opposition officielle
serait d'accord pour qu'on puisse adopter le projet de loi même s'il
était déposé plus tard. Mais tout ça est
hypothétique pour l'instant. Tout ce que je peux dire, c'est que,
personnellement, j'essaie, je tente de faire en sorte d'en arriver le plus
rapidement possible à une décision, mais, évidemment, vous
le savez comme moi, il y a plusieurs étapes à franchir et le
temps court rapidement.
Mme Harel: Alors, vous privilégiez un règlement
négocié cas par cas - c'est ce qu'on retient de l'entrevue que
vous donniez, je crois, au journal Le Devoir - et, à défaut
d'entente, un arbitrage où la décision de l'arbitre serait finale
et irrévocable. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: C'est une solution qui est intéressante et
que je serais personnellement porté à supporter. Maintenant, on
verra ce que l'avenir nous réserve.
Mme Harel: M. le ministre, vous savez sûrement que la
Commission d'accès à l'information a, dans une décision
récente, considéré que la Régie des rentes du
Québec ne peut tenir secrète la liste des entreprises qui
prennent des congés de cotisations à leurs régimes de
retraite depuis 1987. Quant aux congés de cotisations, est-ce que vous
avez l'intention de légiférer en ce domaine, également,
d'abord?
D'autre part, est-ce que vous considérez que la Régie doit
donner suite à cette décision de la Commission d'accès
à l'information ou si la Régie doit aller devant la Cour du
Québec, en appel de cette décision?
M. Bourbeau: Comme vous savez, la décision est
récente. On m'avise que la Régie est en train de faire l'analyse
de la décision et que le conseil d'administration de la Régie va
être saisi bientôt de recommandations - que je ne connais pas
personnellement encore, parce que l'étude du dossier n'est pas
terminée. On verra, en temps et lieu, si la Régie des rentes
décide ou non de porter la décision en appel.
Mme Harel: II vous reste combien de jours pour prendre la
décision? (17 h 50)
M. Bourbeau: On me dit environ une semaine, à peu
près, plus ou moins.
Mme Harel: Au maximum. Je pense que la ' décision a
été prise immédiatement après Pâques,
hein?
M. Bourbeau: Ou à la Trinité.
Mme Harel: Ou rendue publique... Est-ce que vous vous rappelez la
date?
M. Bourbeau: Écoutez, disons que dans...
Mme Harel: Je veux juste le vérifier pour pouvoir
interroger le ministre à la période de questions, lors de la date
limite. Les 30 jours nous ramènent à quelle date? C'est 30 jours,
j'imagine, pour la permission d'en appeler, c'est ça?
M. Bourbeau: Alors, dans l'affaire Michel Bourdon versus la
Régie des rentes du Québec, si je comprends bien, il y a des
liens très étroits avec la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Ce ne sont plus des liens de parenté.
M. Bourbeau: alors, oui, c'est ça. je n'ai pas la date
exacte ici. oui, cette décision a été rendue le 15 avril
1992. elle a été reçue à la régie le 24
avril.
Mme Harel: Alors, c'est en date du 15 avril. Donc, c'est au 15
mai que la décision doit se prendre. Quand est prévu le conseil
d'administration de la Régie des rentes à cet effet?
M. Bourbeau: Au cours des prochains jours, Mme la
Présidente.
Mme Harel: Indépendamment de cette question de fournir la
liste des entreprises qui prennent des congés de cotisations, est-ce que
le ministre a l'intention de légiférer en cette matière?
Moi, je remercie la Régie des rentes. Suite à notre
échange, aux crédits, l'année dernière, j'ai obtenu
de la Régie des montants très, très, très
considérables de congés de cotisations pour les années
antérieures. Peut-être que M. Legault pourra me rappeler de quels
montants il s'agit pour l'année qui vient de s'écouler, 1991-1992
ou 1990-1991. Vous n'aviez pas, je pense, l'an passé, 1990-1991, mais
vous m'aviez donné les années antérieures.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, la députée
de Hochelaga-Maisonneuve peut bien demander les renseignements qu'elle veut sur
les montants d'argent qui n'ont pas fait l'objet de cotisations, si je peux
dire, par les employeurs, dans les régimes de pension. J'aimerais quand
même rappeler à tout le monde qu'en posant des questions sous cet
angle-là et en tenant ce discours-là on laisse entendre que les
employeurs
qui ne paient pas à tous les mois des sommes d'argent pour les
fonds de pension sont des délinquants, qu'ils ont pris des
congés, comme si c'était un peu en cachette ou un geste qui
était reprehensible que de ne pas verser mensuellement des sommes
d'argent dans les fonds de pension des travailleurs dans ces
régimes-là.
Je voudrais rappeler que l'obligation qui est faite aux employeurs, dans
les régimes à prestations déterminées, c'est de
s'assurer qu'à la fin de la carrière d'un individu il y aura
suffisamment d'argent dans le fonds de pension pour garantir une rente qui lui
a été promise. En tout temps, les employeurs sont tenus de
s'assurer que le régime est suffisamment capitalisé, qu'il est
solvable, et ce n'est pas sur une base individuelle qu'on traite de ces
choses-là, mais sur une base collective. À chaque trois
années, les actuaires font des études des fonds de pension et
rendent des rapports, font des rapports qui concluent que: oui, le
régime est solvable; non, le régime n'est pas solvable; le
régime est suffisamment capitalisé ou non. C'est là que
les employeurs sont tenus ou non de faire des versements additionnels. Mais,
quand les actuaires concluent que le régime est suffisamment
capitalisé et qu'il est solvable, à ce moment-là,
l'employeur n'a pas à faire de versements. Par contre, si la conclusion,
c'est qu'il y a un déficit dans la caisse, là, l'employeur est
obligé de mettre de l'argent, quel qu'il soit.
Alors, c'est un peu dangereux, si je peux dire, de... Ça peut
porter un peu à un danger de faire de la démagogie avec
ça, de venir dire: L'employeur ne met pas l'argent qu'il devrait mettre,
comme les travailleurs le font. N'oublions pas une chose: quand le
régime va en déficit, les travailleurs ne sont pas requis de
combler le déficit. Les travailleurs, dans ces régimes-là,
mettent toujours la même somme d'argent et c'est à l'employeur de
voir que le régime est solvable et que le régime est suffisamment
capitalisé, pour le meilleur et pour le pire. Moi, je ne veux pas
prendre indûment la défense des employeurs. Le bon Dieu sait, Mme
la Présidente, que, souvent, les employeurs, au contraire, trouvent que
je prends plutôt la part des travailleurs et les travailleurs, parfois,
pensent que je prends la part des employeurs. Donc, j'ai renoncé
à tenter de faire plaisir à tout le monde, mais je voudrais
être objectif là-dedans.
Les congés de cotisations, comme on les appelle - et je trouve
que c'est très mal nommé - ça réfère
uniquement à l'obligation qu'ont les employeurs de s'assurer que le
régime est en tout temps capitalisé et solvable. Quand il l'est,
il n'y a pas lieu de faire des cotisations additionnelles. N'oublions pas que
ces sommes d'argent sont des sommes d'argent qui sont mises à l'abri de
la fiscalité. On pourrait, théoriquement, avoir des cas où
un employeur qui ferait beaucoup d'argent déciderait, disons pour sauver
de l'impôt, de mettre beaucoup d'argent dans le fonds de pension puisque
c'est à l'abri de la fiscalité. Donc, il n'y a pas une marge de
manoeuvre absolue là-dedans. Alors, je voudrais simplement qu'on
réalise que ce qu'on appelle des congés de cotisations, ce n'est
pas nécessairement un péché mortel, loin de là,
dans bien des cas.
Mme Harel: Non et je ne comprends pas pourquoi le ministre tente
un plaidoyer vibrant. Cependant, il faut quand même reconnaître que
tout dépend de la conception qu'on se fait de ce qu'est, finalement,
cette cotisation à un fonds de pension. S'agit-il d'une
rémunération différée ou s'agit-il d'un montant
d'argent qui est la propriété de l'employeur? Si c'est de la
rémunération différée, on comprendra, à ce
moment-là, que les travailleurs qui invoquent cet argument pour plaider,
c'est dans le cadre d'une rémunération globale qu'ils acceptent,
à l'occasion, de diminuer des demandes en matière de
rémunération ou d'avantages sociaux, compte tenu de la
contribution que l'employeur fait au régime de retraite et au fonds de
pension et qu'il vaudrait mieux bonifier un tel régime, quand on sait,
je pense, que la majorité des régimes ne contiennent toujours pas
de dispositions prévoyant l'indexation de ces mêmes
régimes.
Je pense que la question se pose, en tout cas, de savoir si le ministre
entend laisser libre cours à cette question-là de congé de
cotisations. Ce n'est qu'au moment de la terminaison qu'il y a une
négociation partielle, j'imagine, une terminaison partielle ou totale.
Ça n'est qu'au moment de la terminaison qu'il peut y avoir un arbitrage
sur les surplus. C'est ce qu'il faut comprendre, ce ne serait pas en cours de
régime. Est-ce que le ministre envisage aussi d'ouvrir la
possibilité, dans son projet de loi, d'une telle entente en cours de
régime?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, si, tantôt, j'ai
prononcé le mot «démagogie», je ne pensais pas du
tout à la députée de Hochelaga-Maison-neuve. C'est parce
que j'avais vu le nom de Michel Bourdon dans la procédure et ça
m'est arrivé à l'esprit comme ça, mais loin de moi
l'idée de penser que la députée de Hochelaga-Maisonneuve
tiendrait de tels propos.
Pour revenir à la question, c'est que, non, je n'ai pas
l'intention d'abolir ce qu'on appelle communément et erronément,
je pense, les congés de cotisations parce que ça fait partie de
la définition même des régimes à prestations
déterminées. Ça fait partie de l'essence même du
régime qui dit que l'employeur doit mettre les fonds qu'il faut pour que
le régime soit solvable et capitalisé et qui implique, par
conséquent, qu'il ne doit pas en mettre quand le régime est en
excédent. Si on dit qu'on abolit l'obligation ou le droit qu'a
l'employeur, même le devoir, de ne pas mettre d'argent quand il est en
excédent, il faudra, logiquement, qu'on en vienne à la
conclusion que l'employeur, lorsqu'il y a un déficit, n'est pas
non plus tenu d'en mettre. Là, aussi bien, à ce moment-là,
oublier les régimes à prestations déterminées et
aller carrément vers des régimes à cotisations
déterminées où, là, on saura mensuellement ce que
chacun met. Mensuellement, chacun mettra la même chose ou ce qu'il voudra
et, à la fin, on ne saura pas d'avance quelle sera la fin, quelle sera
la pension. On verra ce que ça donnera un jour et ce sera la pension
dont pourront jouir les travailleurs, alors que, dans un régime à
prestations déterminées, les travailleurs peuvent, dès le
départ, savoir ce que sera leur pension, parce que le régime
prévoit une formule qui fait en sorte qu'on peut en arriver à des
conclusions concrètes là-dessus. (18 heures)
Alors, on ne peut pas avoir, comme on dit, son gâteau et le manger
en même temps. Si on veut avoir un régime à prestations
déterminées, bien, il faut admettre qu'un régime à
prestations déterminées, c'est fait et bâti de telle
façon que le régime est toujours, doit toujours être
solvable et capitalisé et que c'est l'employeur qui met, ou ne met pas,
d'argent, selon que le régime est en déficit ou ne l'est pas.
Donc, forcément, il doit y avoir la possibilité de ne pas mettre
d'argent quand il y a un surplus.
Mme Harel: Concernant la disposition des surplus, est-ce que ce
n'est qu'au moment de la terminaison, partielle ou totale, ou si ça peut
être en cours de régime que le ministre envisage de pouvoir
introduire l'arbitrage obligatoire?
M. Bourbeau: Bien là, disons ceci. Je ne voudrais pas
faire un outrage à l'Assemblée nationale, et dévoiler ici
des projets qui ne sont pas encore déposés.
Mme Harel: Ils l'étaient dans le journal là, ils
l'étaient dans Le Devoir.
M. Bourbeau: Vous remarquerez que dans le journal...
Mme Harel: Mais ils ne sont pas complets, tandis que, là,
vous pouvez un peu...
M. Bourbeau: C'était en termes très vagues dans le
journal, d'intentions, et je suis très respectueux des droits de
l'Assemblée nationale, comme vous le savez. Je ne voudrais pas aller
dans les détails d'un projet qui, de toute façon, n'est encore
qu'un projet, qui n'est pas encore adopté par le Conseil des ministres,
et qui n'est pas encore déposé non plus devant l'Assemblée
nationale. Si on veut demeurer dans les généralités, je
peux le faire, oui, mais je ne veux pas, ici, annoncer un projet...
Mme Harel: Non.
M. Bourbeau: ...qui n'en est pas un encore, officiellement.
Mme Harel: Mais vous nous parliez d'arbitrage obligatoire, de
négociation cas par cas; est-ce que c'est dans le cadre de la
terminaison de régimes, ou si ça pourrait être
également dans le cadre où les régimes se poursuivent?
M. Bourbeau: Ça pourrait être dans un cas comme dans
l'autre. Mais disons qu'il y a des cas qui apparaissent plus urgents que
d'autres, bien sûr, les cas qui sont terminés. Je pense qu'il y
aurait intérêt à procéder rapidement dans ces
cas-là, en tous les cas.
Anticipation du versement des prestations en
décembre
Mme Harel: M. le ministre, je vous ai écrit à ce
sujet. Vous m'avez d'ailleurs répondu, mais vous ne m'avez pas
convaincue. Je dois vous dire là que vous ne me convaincrez pas, et
ça m'apparaît être une économie de bouts de
chandelle. Je veux parler des versements anticipés de la rente du
Québec qui était versée aux personnes âgées
de plus de 60 ans qui y ont droit maintenant, au 18 décembre, et qui
pouvaient améliorer leur ordinaire juste avant Noël et le Jour de
l'an en obtenant ce versement du 31 décembre qui leur était
versé à l'avance. C'était comme une mesure, j'imagine,
humanitaire.
Là, le ministre - je pense, le président de la
Régie également, je lui ai fait envoyer copie de la lettre que
j'écrivais au ministre. Je pense que tous deux invoquent une
économie de 650 000 $ pour ne plus devancer les paiements.
Ça vaut autant pour les rentes que pour les allocations d'aide
aux familles. Les familles recevaient aussi leur allocation vers le 10 du
même mois, plutôt qu'à la mi... plutôt que...
M. Legault: Le 13.
Mme Harel: C'est ça. En fait, à temps, j'imagine,
pour courir les ventes d'avant Noël, puis, sans doute... Tantôt,
j'aimerais savoir depuis combien de temps il y avait ce devancement de
versement. On invoque le dépôt direct, je crois, comme argument,
ce dépôt direct qui est encouragé comme mode de versement,
mais qui va maintenant pénaliser l'ensemble des
bénéficiaires d'allocations d'aide aux familles, comme les
bénéficiaires de retraites. Je comprends que ça ne leur
serait versé qu'au 31 décembre.
Première question, est-ce que la décision du ministre est
définitivement arrêtée?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre, vous voulez
que Mme la députée précise davantage sa question?
M. Bourbeau: Non, non, je croyais qu'elle n'avait pas
terminé. Est-ce qu'elle a terminé?
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Bon, bien, comme le disait si bien la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, il ne semble pas qu'ici non
plus on va s'entendre, on va faire l'unanimité. Je pense qu'elle a bien
résumé la situation dans le passé. Il arrivait que, dans
le mois de décembre, on devançait tant le versement des rentes,
pour ceux qui les reçoivent, que des allocations familiales, d'une
dizaine de jours, versement devancé d'une dizaine de jours.
Cette année, évidemment, plus le nombre de rentiers
augmente, plus les sommes d'argent sont considérables et c'est
inversement proportionnel aux capacités financières du
gouvernement du Québec. Vous savez que le gouvernement du Québec,
présentement, tente, par tous les moyens, de faire en sorte de diminuer
le déficit budgétaire du Québec. On demande des efforts
à plusieurs personnes, plusieurs groupes de personnes. On tente de
répartir les coûts entre tous les citoyens du Québec de
façon à ce que chacun puisse mettre, un peu, l'épaule
à la roue et, ici, on convient que, finalement, ce ne serait pas
déraisonnable de verser les rentes et les allocations familiales aux
dates où elles doivent être versées en vertu de la loi.
En vertu de la loi, on paie les rentes le dernier jour du mois ou
l'avant-dernier jour du mois - dans le dernier règlement, le dernier
jour ouvrable de chaque mois, je dois dire - et les allocations familiales sont
versées le vingtième jour de chaque mois. Donc, cette
année, en décembre prochain, on a déjà averti les
prestataires que notre intention est de procéder, en décembre,
comme pour les autres mois, ce qui va faire économiser au gouvernement
du Québec la somme de 650 000 $, ce qui n'est pas négligeable. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve, tantôt, disait que
c'était bien utile de verser avant parce que ça permettait de
profiter des ventes. À ma souvenance, les ventes, en
général, sont plutôt après le Jour de l'an et
après Noël qu'avant Noël. Je pense que, si on fait en sorte
que les gens aient les fonds autour du 20 décembre et vers la fin
décembre, les fonds seront reçus à temps pour les ventes
du 2 janvier et du 3 janvier, alors qu'autrement peut-être que les fonds
auraient été dépensés avant.
Mme Harel: M. le ministre, c'est exactement le genre de
décision qui fait très, très mal à un gouvernement.
Ça a l'air d'une décision assez inoffensive, assez innocente,
d'une certaine façon. Hier, aux crédits du ministère de
l'Éducation, il était question d'une coupure à
l'éducation populaire de 3 500 000 $ sur un budget de 5 000 000 000 $.
Mais cette coupure-là, de 3 500 000 $, elle affecte justement les
personnes les plus motivées et les plus mobilisées de notre
société. Je me disais: Comment est-ce qu'on peut en arriver
à prendre des décisions comme celles-là? Dans le cas qui
nous intéresse ici, là, sur un budget de 3 500 000 000 $, il va y
avoir une économie que vous nous dites représenter 650 000 $ et
ça va toucher, finalement, des personnes qui ont l'impression de perdre
quelque chose. Vous savez, j'ai reçu des lettres, déjà,
là, de rentiers qui ne comprennent pas, parce que le chèque...
à la dernière journée ouvrable, c'est ça qu'il faut
comprendre?
M. Bourbeau: Pour le Régime de rentes, oui.
Mme Harel: Pour le Régime de rentes. Alors, c'est donc
dire que, pour ces personnes-là, évidemment, ça va
bouleverser. Le mot n'est pas fort, ça va bouleverser une façon
de faire les choses qui leur permettait de planifier, de prévoir
à l'avance. Je ne suis pas certaine si des économies
réalisées autrement n'auraient pas été possibles.
Il y a eu, quand même, beaucoup de bonne volonté de la part des
gens qui bénéficient d'une rente. Je crois que le nombre est
assez impressionnant. M. Legault pourrait peut-être nous dire quel est le
pourcentage, là, des retraités qui, finalement, se sont inscrits
au dépôt direct, en...
M. Bourbeau: Les chiffres que je peux vous donner, c'est 78,8 %,
en date du 23 avril 1992. C'est justement le fait que de plus en plus de gens
adhèrent au dépôt direct et ça fait en sorte que les
sommes d'argent sont payées plus vite. Autrefois, on payait en
décembre les rentes autour du 20, mais, la poste étant ce qu'elle
est dans le temps de Noël, je ne suis pas convaincu que ça arrivait
pour Noël, alors que, maintenant, on va payer un peu plus tard, mais
ça va arriver directement dans le compte de banque le jour où on
va payer. Est-ce que ça va faire une grosse différence?
Peut-être pas autant que le dit la députée de Maisonneuve.
(18 h 10)
Maintenant, la députée de Hochelaga-Maisonneuve dit que
ça fait mal à un gouvernement. Je sais que la
députée de Maisonneuve fait tout ce qu'elle peut pour que
ça fasse mal, puisqu'elle a averti tous les clubs d'âge d'or du
Québec. On est bien au courant des efforts que fait la
députée de Hochelaga-Maisonneuve pour que ça fasse le plus
mal possible. Mais, je vais vous dire: II y a autre chose qui fait mal à
un gouvernement aussi. C'est quand le déficit augmente d'une
façon incontrôlée et que, éventuellement, ça
risque d'affecter la cote de crédit d'une province, d'un gouvernement,
comme c'est arrivé pour l'Ontario avec son déficit de 10 000 000
000 $. Alors, moi, à choisir entre les deux, je pense que les citoyens
du Québec apprécient un gouvernement qui ne tente pas
toujours de leur raconter des histoires, qui leur dit la situation telle
qu'elle est.
C'est sûr que les finances publiques... c'est difficile
présentement de joindre les deux bouts, pour employer une expression
populaire. Nous faisons des efforts importants pour tenter de réduire
les coûts des régimes sociaux que sont les nôtres. Nous
demandons ici aux prestataires des allocations familiales et de la Régie
des rentes de renoncer à un avantage qui n'était pas obligatoire
dans la loi, qui avait été consenti, dans le temps de Noël,
pendant un certain nombre d'années, mais nous respectons la loi. Les
montants vont être payés au moment où ils doivent
l'être, c'est-à-dire: les allocations familiales, autour du 20
décembre; et les rentes, avant le dernier jour ouvrable du mois. Je
pense que les citoyens du Québec vont apprécier que, si on le
fait comme ça et qu'on fait d'autres mesures semblables, on va
probablement réussir à garder le déficit du Québec
à un niveau acceptable et éviter que le Québec ne subisse
le sort de l'Ontario et une décote financière, ce qui est
très ruineux, bien sûr, pour les finances publiques.
Mme Harel: Mme la Présidente-La Présidente (Mme
Marois): Oui, Mme la députée.
Mme Harel: ...ce que les citoyens du Québec ont de la
difficulté à comprendre - je sais que le ministre a
été plus modeste que son collègue - c'est des
dépenses somptuaires comme celles occasionnées pour le lancement
de, la réforme de la santé, qui a coûté
l'équivalent de ce que le ministre veut économiser, 650 000 $
finalement, en reportant le versement des rentes ou des allocations. Quel est
le pourcentage de dépôts directs pour les allocations familiales?
C'est assez élevé pour les rentes, c'est presque 80 % pour les
rentes, mais pour les allocations familiales, quel est-il?
M. Bourbeau: Alors, ça augmente toujours. On est rendu
présentement, d'après le dernier chiffre qu'on me donne, à
51,79 %. C'est très précis, hein? Pas tout à fait 52 %.
Donc, ,ça progresse. Tant mieux, parce que ça fait...
Mme Harel: est-ce que le ministre a toujours l'intention, durant
la présente session, de déposer une législation concernant
le dépôt direct des allocations familiales?
M. Bourbeau: Je n'ai pas l'intention de déposer un projet
de loi à cet effet-là, certainement pas avant le 14 mai prochain,
parce qu'il reste à peine une semaine ou 10 jours. Non.
Mme Harel: Mais est-ce que le ministre entend procéder par
une autre voie que par la législation? est-ce que la voie
réglementaire lui permettrait de faire ce que l'opposition ne voudrait
pas qu'il fasse?
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je ne voudrais pas
être accusé d'avoir, disons, joué sur les mots. La
députée m'a demandé si j'avais l'intention de
déposer un projet de loi, je lui ai dit non.
Mme Harel: Mais je commence à le connaître, vous
voyez?
M. Bourbeau: Bien sûr, bien sûr. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Bourbeau: J'ai fait cette réponse-là
automatiquement parce que je sais qu'il n'y a pas de projet de loi en
préparation là-dessus. Je me suis souvenu, bien sûr, que
ça ne prend pas un projet de loi pour mettre la mesure en vigueur.
Certes, ça demandera un règlement du gouvernement. Il n'y a pas
présentement de règlement dans la machine gouvernementale. Je ne
dis pas qu'il n'y en aura pas un. La mesure est présentement à
l'étude et on verra, au cours des prochaines semaines, des prochains
mois, si le gouvernement décidera ou non d'aller de l'avant avec une
mesure semblable. Ce n'est pas impossible, je peux le dire tout de suite, ce
n'est pas impossible. C'est à l'étude.
Mme Harel: Concernant, donc, ce versement, si on revient à
cette question d'allocations familiales versées, vous nous dites, autour
du 20 du mois, compte tenu, justement, de ce que vous invoquez vous-même,
des retards, des délais postaux à ce moment-là, une
famille sur deux au Québec, vraisemblablement, ne recevra pas
l'allocation d'aide aux familles, cette année, avant les
festivités des fêtes. C'est ça qu'il faut comprendre?
M. Bourbeau: D'après ce qu'on me dit, c'est que les
prestataires devraient recevoir le versement d'allocation d'aide aux familles
le 18 décembre 1992.
Mme Harel: Par dépôt direct ou par la poste?
M. Bourbeau: Peut-être qu'on peut demander au
président de répondre? Ça lui permettrait d'avoir son nom
dans le Journal des débats.
M. Legault: Merci de cet honneur, M. le ministre. Donc, le 18
décembre est la date cible. C'est donc dire que les dépôts
directs seront dans les comptes individuels le 18 décembre. Les ententes
avec la poste, c'est que c'est distribué dans les deux ou trois jours
précédents, de
sorte que le 18 les gens l'ont en main et le chèque est
encaissable à la date du 18.
M. Bourbeau: Mme Présidente. La Présidente (Mme
Marois): Oui.
M. Bourbeau: On pourrait profiter de l'occasion, étant
donné qu'il y a peut-être des journalistes qui sont à
l'écoute, pour dire qu'il serait intéressant que la
clientèle sache que, si elle est abonnée au dépôt
direct, les gens sont assurés d'avoir leur chèque plus
rapidement, qu'il y ait une grève de la poste ou non, que la poste soit
complètement débordée ou non. C'est une façon
rapide et sûre de recevoir ses allocations familiales. Je suis convaincu
que tous ceux qui sont ici présents se joignent à moi pour
inciter les familles du Québec à se joindre au dépôt
direct. C'est une mesure intéressante et rentable pour le gouvernement.
N'est-ce pas, M. le député de Fabre?
M. Joly: On avait déjà débattu cet aspect,
qui semblait ne pas faire l'unanimité de l'autre côté.
Mais, aujourd'hui, avec la preuve qui nous est apportée, je pense qu'on
se doit de se réjouir d'avoir apporté le débat.
M. Bourbeau: Ça fait économiser de l'argent au
gouvernement, alors ça ne doit pas plaire à l'Opposition.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. le
vice-président.
Mme Harel: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: II faut se rappeler que le Cercle des
fermières, l'AFEAS et l'animateur de télévision
Mongrain...
M. Joly: Oui, l'indicateur, vous dites? Des voix: Ha, ha,
ha!
Mme Harel: ...tous constataient que ce dépôt direct
convient beaucoup plus, par exemple, à des femmes appartenant à
des milieux où il y a facilement accès à une institution
bancaire ou à une caisse populaire. Il faut absolument... Je pense que
le ministre se doit, d'ailleurs, de faire vérifier avant qu'il y ait une
évolution qui soit dans le sens qu'il nous indiquait au moment du budget
supplémentaire, à l'égard de l'obligation ou, en fait,
d'une incitation très forte au dépôt direct, incitation qui
serait apportée par le fait que, sans dépôt direct, les
allocations ne seraient versées qu'à tous les trois mois. Mais il
faut que le ministre s'assure d'une chose. Quel est le pourcentage... Il y a
des études qui peuvent facilement se réaliser à cet effet.
Quel est le pourcentage des bénéficiaires qui sont des femmes,
mères de famille, qui ont un compte qui n'est pas un compte conjoint?
C'est une des grandes réalisations, d'une certaine façon, entre
autres, de Mme Casgrain, du mouvement des femmes, d'avoir obtenu que le
chèque d'allocations familiales sort adressé aux femmes.
C'était, et c'est souvent, même maintenant, le seul revenu
qu'elles touchent pendant quelques années. Il faut s'assurer que ce
chèque-là ne soit pas déposé dans un compte
conjoint, qu'elles puissent en avoir le plein contrôle, comme c'est le
cas actuellement.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Bourbeau: Mme la Présidente, je peux rassurer la
députée de Hochelaga-Maisonneuve que ses propos et ses conseils
sont toujours tenus en très haute estime par le ministre et par ceux qui
ont à prendre des décisions. Je peux l'assurer que, si nous en
venons à faire une proposition nouvelle dans cette affaire-là, on
tiendra compte des éléments dont elle vient de nous faire part,
et que ce sera fait d'une façon intelligente, disons.
Restructuration administrative
Mme Harel: Alors, M. le ministre, j'aimerais, à ce
stade-ci, interroger le président de la Régie sur les changements
introduits...
M. Bourbeau: C'est votre témoin. (18 h 20)
Mme Harel: Vous le livrez. Auriez-vous
préféré qu'il soit à votre place, en Chambre, lors
de la période de questions? Plus sérieusement, il y a une
restructuration administrative en cours. J'ai déposé, au nom des
employés de Montréal, une pétition à
l'Assemblée nationale. Cette restructuration administrative devrait
transférer un nombre impressionnant de postes - je ne dis pas de
personnes, mais de postes - de Montréal vers Québec. J'aimerais
que le président de la Régie nous indique quels sont les motifs
qui ont amené... Quand quelque chose marche bien, pourquoi faut-il
modifier cette façon de procéder? Je vous rappelle qu'à
Montréal, contrairement souvent à la façon de faire dans
bien d'autres régions du Québec, les gens se déplacent.
Ils utilisent très peu la poste. Puis, vous seriez surpris - sans doute
le savez-vous mieux que moi - combien de gens vont au bureau directement.
Alors, j'aimerais avoir votre point de vue, M. Legault, sur cette
restructuration administrative et sur l'automatisation des réponses
également. J'y reviendrai là-dessus.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M.
Legault.
M. Legault: Alors, Mme la Présidente, je suis heureux
d'entendre que ça marche bien à la Régie. Lorsque vous
parlez de la réorganisation administrative, elle visait trois buts
particuliers: soit, celui d'atteindre une gestion à trois niveaux
seulement, ce qui est assez nouveau dans la gestion moderne, bien
qu'expérimentée dans le secteur privé, et c'est ce que
l'on atteindra; également, de diminuer le niveau d'encadrement. Le
niveau d'encadrement à la Régie qui était de 1 pour 14,
qui est un niveau que beaucoup de compagnies se vantent d'essayer d'atteindre,
eh bien, nous passerons à 1 sur 18. Ce qui veut donc dire que nous
faisons de plus en plus confiance aux employés de première ligne
pour effectuer le travail, sans nécessairement être
encadrés d'une façon qui les étouffe et qui les
empêche de rendre le meilleur d'eux-mêmes. Ce qui me surprend
beaucoup dans le dépôt de cette pétition, c'est que les
employés de Montréal avaient été rencontrés,
l'ont été depuis, et le seront encore si nécessaire. Quand
on dit qu'il est question d'un transfert important de postes vers
Québec, c'est absolument faux, et toutes les informations que l'on a
fournies sont à l'effet contraire. Bien entendu, lorsqu'on décide
de faire une gestion très ouverte et de communiquer avec l'ensemble des
employés sur une base régulière, il y a tout un
apprentissage qui doit se faire, et les employés sont donc
initiés à quelque chose de nouveau qui est la gestion comme
telle, en plus de leur travail à effectuer.
Quand je suis arrivé à la Régie des rentes, les
gens de Québec avaient peur que je transfère tout le monde
à Montréal parce que j'étais d'origine
montréalaise. Aujourd'hui, j'entends le contraire. Les gens de
Montréal ont peur que je les transfère à Québec. On
vient d'emménager dans des locaux à Montréal, au
même endroit, même adresse, mais des étages
différents, et, quand on a fait aménager un nombre de postes, ce
n'est pas pour les libérer dans quelques mois, ni dans quelques
années. Il y a donc un niveau plancher que l'on occupe a Montréal
qui est d'environ, actuellement, 115 postes. Il n'est pas question de descendre
en bas de ce niveau de postes à Montréal, parce que, en
deçà d'une centaine de postes, l'importance du bureau de
Montréal s'en ressentirait. Il n'est pas question non plus de faire
grossir le bureau de Montréal jusqu'à 150, par exemple, en leur
amenant des nouvelles fonctions qui sont actuellement effectuées
à Québec. Plus particulièrement dans le traitement des
demandes de rentes qui entrent par le courrier, on peut très bien par
l'adresse sur les enveloppes des demandes de rentes tout faire entrer à
Montréal, tout faire entrer à Québec ou en envoyer
à peu près le nombre que l'on veut.
Mme Harel: Je comprends qu'actuellement c'est...
M. Legault: Vous aviez raison...
Mme Harel: ...75 % des demandes qui sont traitées par
Montréal, je crois, des demandes de rentes?
M. Legault: les demandes de rentes, oui, environ 75 %, mais c'est
retraite-survie seulement, donc toute l'invalidité est traitée
à québec.
Mme Harel: D'accord.
M. Legault: Lorsque vous avez dit tout à l'heure que les
gens se déplacent vers le bureau de Montréal, actuellement, toute
notre réorganisation est basée sur la clientèle.
Même, dans l'appellation de la vice-présidence aux
opérations, elle s'appelle maintenant la vice-présidence aux
services à la clientèle, pour bien démontrer qu'on est
là pour servir le monde en premier.
Pour ce faire, les services de première ligne, avec le
développement de l'informatique, vont faire en sorte que les gens vont,
par une simple visite, partir avec une preuve que leur rente, dès le
mois suivant, sera déposée dans leur compte de banque dès
la première visite à la Régie, au lieu d'avoir à
compléter d'autres formules, etc.
Donc, pour faire ça, il est possible que ça prenne plus de
monde au service à la clientèle. Compte tenu qu'on est
limité dans les espaces, il est donc possible, et je dis bien possible,
que quelques postes de traitement soient convertis en postes de services de
première ligne. Il y aura toujours du traitement qui se fera à
Montréal et il y aura surtout et avant tout du service à la
clientèle qui se fera à Montréal. Donc, première
préoccupation, la clientèle; deuxième
préoccupation, dire aux employés que ceux qui sont à
l'emploi de la Régie vont le demeurer dans les fonctions actuelles, mais
il faut savoir que j'ai déjà aussi reçu des
pétitions directement des employés qui me demandaient de garantir
des postes d'occasionnels. Alors, ça va jusque-là, des fois, les
exigences. Le poste d'occasionnel, on ne peut pas le garantir. Donc, dans ce
sens-là,...
Mme Harel: Combien de postes de deuxième ligne
comptez-vous convertir en postes de première ligne?
M. Legault: Combien? Je ne le sais pas, madame.
Mme Harel: Quand le saurez-vous?
M. Legault: On le saura d'ici deux ans. Pas avant ça. Pas
avant que tout le support informatique soit en place. Donc, c'est pour
ça qu'on a dit aux gens: Dans une éventualité lointaine,
il
est possible que... mais ne vous inquiétez pas, ceux qui sont
là, vos emplois vont demeurer.
Mme Harel: II n'y aura pas de conversion d'ici deux ans. C'est
ça que je comprends?
M. Legault: II peut y avoir des conversions. C'est que quand on
va ouvrir ces nouveaux postes, cette nouvelle classification, si les gens qui
sont actuellement à faire du traitement - les demandes de rentes - se
rendent compte que le travail est plus intéressant ou qu'il est mieux
rémunéré, peut-être qu'ils vont dire: Dès
qu'il s'ouvre un poste, moi je veux l'occuper. Alors, on n'est pas pour
pénaliser ces gens-là, on va leur dire oui.
Mme Harel: Donc, il va y avoir de l'attri-tion. C'est ça
qu'on comprend?
M. Legault: De I'attrition ou du mouvement horizontal et
même peut-être un peu ascendant. Les gens pourront profiter de ces
postes-là, mais il n'est pas question de répondre à cette
pétition-là, surtout pas comme elle a été
rédigée. Quand on demande de surseoir à notre
décision, ça serait donc de la maintenir, mais juste d'en
retarder l'échéance, alors qu'il n'y a pas de telle
décision de prise. Je n'ai sûrement pas l'intention d'y surseoir
pour la prendre plus tard. Elle n'est pas prise parce qu'elle ne doit pas
être prise. Donc, les postes vont demeurer, le même nombre qu'il y
a actuellement, mais d'abord et avant tout sur une base administrative afin de
répondre aux besoins de la clientèle et également de
satisfaire nos employés.
La Présidente (Mme Marois): Merci, M. Legault. Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: L'information qui m'est communiquée est
à l'effet qu'à Montréal le traitement d'un dossier est
d'environ de 19 minutes, tandis qu'à Québec il serait de 38
minutes, en fait le double. Je ne sais pas si ces informations-là sont
exactes, moi, je n'ai pas les moyens de les vérifier. D'autre part, en
regard des personnes qui ont fait l'objet d'une controverse - je pense, entre
autres, à M. Bernard Lemay, à M. Jean-Jacques Plouffe et à
M. Gilles Girard -j'aimerais savoir quels sont finalement les suivis qui ont
été apportés dans le cas de ces personnes. Est-ce qu'il y
a eu des interventions? Ont-ils quitté la Régie? Sont-ils
toujours à la Régie? Sont-ils toujours en poste?
M. Legault: d'abord, pour ce qui est du temps de traitement, on
m'indique de façon très précise que c'est exact. c'est
bien 19 minutes à montréal et c'est 19,2 minutes à
québec. pour ce qui est des trois personnes que vous avez
mentionnées, m. lemay est toujours à l'emploi de \a régie
des rentes.
Mme Harel: À un poste? (18 h 30)
M. Legault: II est actuellement coordon-nateur de toute la
réforme informatique qu'on est en train de mettre sur pied, un projet de
25 000 000 $, qui a commencé à rapporter ses
bénéfices, d'ailleurs. M. Plouffe a quitté la Régie
de Montréal pour un autre organisme qui est lequel, déjà?
Pardon?
Une voix: Communautés culturelles et Immigration.
M. Legault: II est à Communautés culturelles et
Immigration. C'était à sa demande. M. Gilles Girard est toujours
à Montréal, dans les mêmes fonctions. Alors, ça
c'est pour ce qui est du suivi des personnes. S'il y a autre chose que vous
voudriez que...
Mme Harel: Alors, M. Girard, vous nous dites... Excusez-moi.
M. Legault: II est toujours aux mêmes fonctions.
Mme Harel: Toujours aux mêmes fonctions.
La Présidente (Mme Marois): Je voudrais faire remarquer
aux membres de cette commission que nous sommes à 18 h 30, que nos
travaux devraient être suspendus, à moins qu'il y ait accord pour
que l'on continue quelques minutes.
Mme Harel: Moi, Mme la Présidente, je vous proposerais...
Je terminais avec M. Legault et, à ce moment-là, j'avais vraiment
peu à demander à Me Rémillard. Non pas que la CAS...
M. Bourbeau: M. le juge Rémillard! M. le juge
Rémillard!
Mme Harel: M. le juge Rémillard, je m'excuse. Vous faites
bien de me le rappeler.
M. Bourbeau: Un peu de respect pour la magistrature, s'il vous
plaît!
Mme Harel: Ha, ha, ha! Peut-être que, dans les cinq
prochaines minutes, je lui demanderais de faire le point pour cette commission
sur les délais. Si nous avions cette information...
La Présidente (Mme Marois): Bon, d'accord. Si les membres
sont d'accord, on poursuivrait pour quelques minutes. Cinq minutes? On
s'entend?
M. Joly: C'est cinq minutes et ça déborde toujours
à 15. Après ça, on nous demande d'être
disciplinés pour revenir...
La Présidente (Mme Marois): II ne faudrait
vraiment pas...
M. Joly: Mol, je n'ai pas d'objection à coopérer,
sauf que je pense qu'il y a un minimum, des fois, au niveau, disons, des
parlementaires qui se doivent d'essayer de faire leur travail quotidien,
récupérer un peu - on a des cédules chargées - et,
de temps en temps, essayer de bien se nourrir, ce qui n'est quand même
pas facile. Alors, si on me dit cinq minutes... mais un cinq minutes vraiment
sérieux, honnête...
La Présidente (Mme Marois): Nous allons... M. Joly:
...je serais d'accord.
La Présidente (Mme Marois): ...essayer d'être
très disciplinés, m. le vice-président, et de prendre les
prochaines cinq minutes pour entendre...
Direction et gestion de la Commission des affaires
sociales
Mme Harel: M. le juge...
La Présidente (Mme Marois): ...M. le juge.
Mme Harel: ...Rémillard qui nous avait donné l'an
dernier un tableau très complet, et nous aimerions l'actualiser cette
année.
M. Rémillard (Louis): Avec plaisir, madame. Cette
année, à la division de l'aide sociale, le délai moyen se
situe entre 7 et 8 mois. L'an dernier, je vous avais donné comme
réponse, je crois, entre 5 et 8 mois, ce qui veut dire qu'il n'y a pas
eu de changement important. La Régie des rentes, c'est encore entre 7 et
8 mois; l'an dernier, je vous avais donné 9 mois. En accidents de
travail, nous sommes maintenant à 25 mois; l'an dernier, je vous avais
donné entre 20 et 40 mois. J'aimerais apporter une précision au
sujet de cette division. L'an dernier, vous m'avez demandé: Est-ce
que... Je vous ai dit: Les causes sont fixées pour audition ou elles le
seront d'ici juin 1992 ou d'ici février 1992. Je peux vous assurer,
cette année, que toutes les causes seront fixées, pour une
première fois, d'ici la fin du mois de juin 1992. Pour les autres
causes, c'est-à-dire les quelque 300 qui sont entrées en cours
d'année, le délai d'audition est de 6 mois. Alors, il va y avoir
une chute importante des délais d'audition, dans cette division.
Certains dossiers reviennent 2, 3 et 4 fois, à cause de la
complexité, à cause du fait que ce sont des vieilles affaires;
évidemment, les délais sont très longs dans ces
dossiers-là. Mais, pour une première audition, les délais
sont ceux que je viens de vous indiquer. En assurance automobile, entre 12 et
13 mois; l'an dernier, je vous donnais entre 12 et 18 mois. Protection du
malade mental, il n'y a aucun délai. Enfin, services de santé,
c'est entre 8 et 9 mois; je crois que. l'an dernier, j'avais donné un
délai variable. C'est dos causes dont les délais d'audition
varient considérablement.
Mme Harel: Donc, les délais sont restés
approximativement les mêmes que l'an passé, ou presque.
M. Rémillard (Louis): Je crois qu'il y a eu une diminution
remarquable, du moins dans la division des accidents de travail.
Mme Harel: Elle le sera, mais elle ne l'est pas encore...
M. Rémillard (Louis): Pas encore, madame.
Mme Harel: ...puisque le délai est toujours de 25
mois.
M. Rémillard (Louis): C'est exact. Mme Harel: II
était de 24 mois. C'est ça. M. Rémillard (Louis):
C'est ça.
Mme Harel: Vous voyez, moi, la surprise que j'ai eue par rapport
à la Commission - je vous le dis bien simplement - c'est, dans la liste
des prérimés, de constater qu'il y en avait eu pour 700 000 $.
Vous allez me dire: Sur un budget de 3 500 000 000 $... Mais, sur le budget de
la Commission, c'est quand même important, 700 000 $. Je sais que les
organismes payeurs qui, en vertu de la nouvelle loi, doivent maintenant cotiser
pour financer la Commission, ont compensé pour ces 700 000 $. C'est ce
que je comprends, ou vous pouvez...
M. Rémillard (Louis): Je m'excuse. Je ne vous suis
pas.
Mme Harel: Les 700 000 $. Vous avez eu un périmé de
700 000 $.
M. Rémillard (Louis): Pas un sou de périmé,
que je sache, madame.
Mme Harel: Pas un sous de périmé? M.
Rémillard (Louis): Pas que je sache. Mme Harel: Alors, dans
la liste des...
M. Rémillard (Louis): Absolument pas un sou.
Mme Harel: Pas un sou.
M. Rémillard (Louis): Absolument pas.
Mme Harel: Alors, dans la liste des périmés,
si vous voulez, des éléments, programmes
périmés du ministère, à l'item Commission des
Affaires sociales, on nous y indique un montant de 796 200 $, mais c'est un
périmé des budgets du ministère.
M. Rémillard (Louis): C'est ça.
Mme Harel: Comme je vous le signalais, ce montant-là, que
le ministère n'a pas versé, a été versé par
les organismes payeurs, si vous voulez, en vertu de la nouvelle loi. Mais je
m'adresse au ministre, pas à vous, M. le juge Rémillard.
M. Rémillard (Louis): Merci, madame.
Mme Harel: Compte tenu de ces délais, est-ce qu'il
n'aurait pas été utile de maintenir le niveau prévu de 4
380 100 $ de manière à vous permettre d'avoir les ressources
nécessaires pour améliorer, bonifier la situation des
délais? C'est quand même énorme. Il faut comprendre que
tout ça a l'air d'être raisonnable, mais il y a du
déraisonnable, quand il s'agit de justiciables qui attendent,
finalement, une décision.
M. Rémillard (Louis): Si nous faisons abstraction, pour
l'instant, de la situation en accidents de travail, qui est une situation
historique, si je peux dire, dans les autres divisions, je crois que les
délais peuvent difficilement être comprimés plus qu'ils ne
le sont. Il y a des délais, d'abord, d'avis, nous devons donner des avis
de 90 jours; déjà nous avons trois mois là. Comme vous le
savez, nous devons faire venir le dossier administratif. Alors, il y a
là des délais qu'on ne peut à peu près pas
comprimer.
Mme Harel: Y compris aux accidents d'automobile?
M. Rémillard (Louis): Ah oui! Madame. Ah oui!
Mme Harel: 12 mois, ça vous semble un délai
raisonnable?
M. Rémillard (Louis): Aux accidents d'automobile, nous
avons entrepris ou pris des mesures dans le but de les réduire, ces
délais. Mais nous ne pouvons pas augmenter sensiblement le nombre de
causes sans avoir l'accord de la Société de l'assurance
automobile. C'est avec leur accord que nous augmentons le nombre de bancs. Nous
l'avons fait en cours d'année. Nous l'avons fait en avril, nous allons
le refaire en septembre. Nous augmentons le nombre de bancs pour entendre le
plus de causes possible.
Mme Harel: Mais pourquoi êtes-vous tributaire de la
décision de la Société de l'assurance automobile?
M. Rémillard (Louis): C'est que, si nous allons beaucoup
plus vite que ça, sans les prévenir, ils n'ont pas le personnel
pour plaider les causes. Alors, ils sont obligés d'engager des avocats
pour suivre notre rythme. Alors, nous devons nous entendre avec eux pour
avancer ou accélérer le rythme, sans quoi la machine
s'emballerait.
Mme Harel: Vous nous dites, alors, aujourd'hui, que des
ressources supplémentaires ne viendraient pas, à la Commission
des affaires sociales, réduire les délais qui, de commune
renommée, sont considérés comme quand même
importants: 12 mois, c'est important pour un accidenté qui s'est vu
refuser une prestation. Ce sont des personnes qui vont en appel, en
révision du fait d'avoir été refusées dans leur
demande.
M. Rémillard (Louis): Comme je vous dis, madame, nous
pourrions augmenter le rythme, mais encore faudrait-il que la
Société de l'assurance automobile puisse nous suivre. Nous le
faisons avec leur collaboration. Nous avons augmenté, nous avons presque
doublé le nombre de quorums, ce qui va avoir comme conséquence de
diminuer le nombre d'appels dans cette division-là.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a maintenant de la
médiation?
M. Rémillard (Louis): Non, madame. Mme Harel:
Avez-vous l'intention...
M. Rémillard (Louis): C'est-à-dire, pas sur une
base comme celle que vous avez à l'esprit.
Mme Harel: D'accord. Alors, les expériences menées
à la CALP, par exemple, vous ont-elles inspirés, à la
Commission des affaires sociales?
M. Rémillard (Louis): Oui, madame.
La Présidente (Mme Marois): Merci. Ha, ha, ha!
Mme Harel: Avez-vous l'intention de le faire? Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Marois): Merci. Alors, nous allons
suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures. Je remercie les personnes qui
ont accompagné le ministre, autant de la Régie que de la
Commission. Si on est bien à 20 heures, on pourra éviter de
prolonger trop longtemps, à 22 heures. Alors, merci tout le monde.
(Suspension de la séance à 18 h 40)
(Reprise à 20 h 11)
Le Président (M. Joly): Merci. J'apprécierais si
les personnes concernées, si les invités pouvaient se
présenter, s'il vous plaît, s'avancer à la table. Bonsoir,
M. le ministre. Je vois que vous semblez surpris de ma présence, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Vous me voyez ravi, M. le Président. J'ai
passé la journée à parler...
Le Président (M. Joly): Je ne voudrais pas commenter sur
le qualificatif, mais je l'apprécie.
M. Bourbeau: J'ai passé la journée à vous
appeler, M. le Président. Je disais toujours «M. le
Président» alors que c'était une présidente,
voyez-vous.
M. Leclerc: M. le Président, si vous me permettez.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Taschereau, s'il vous plaît.
M. Leclerc: J'avais, au cours de la journée, un certain
nombre de...
Le Président (M. Joly): Attendez. Premièrement, on
va ouvrir la session, ouvrir les travaux. Donc, la commission reprend ses
travaux et nous étions au programme 2. M. le député de
Taschereau.
M. Leclerc: C'est parce qu'on m'avait donné l'indication,
au cours de la journée, qu'on commençait le programme 7 à
20 heures. C'est parce que j'avais des questions sur Stages en milieu de
travail, le programme EXTRA et, toute la journée, on m'a dit que
c'était à 20 heures. Alors, me revoici parmi vous.
Mme Harel: On devait faire les programmes 5 et 6 avant 12 h 30,
puis on devait faire le programme 2...
M. Leclerc: Évidemment, le parti gouvernemental n'en prend
pas le blâme, puisqu'on a peut-être eu 10 % ou 20 % du temps de
parole.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, nous avons
fait du coq-à-l'âne, quoi?
M. Leclerc: Non, non.
M. Bourbeau: On a cueilli des fleurs le long du chemin.
M. Leclerc: C'est bon, c'est bon.
Le Président (M. Joly): Le programme 2 était quand
même sensiblement avancé.
Mme Harel: Oui. À moins que le ministre ait quelque chose
à ajouter au programme 2, on peut peut-être lui demander si, sur
l'élément assistance-maladie, il y a quelque chose à
ajouter. Attendez. On est à l'élément Administration
déléguée à la Régie de l'assurance-maladie,
au programme 2. Est-ce qu'il a quelque chose à ajouter? C'est une
augmentation, je pense, hein?
M. Bourbeau: Ça coûte de plus en plus cher, c'est ce
que je peux ajouter.
Mme Harel: C'est l'augmentation du nombre de demandes que vous
avez chiffré à 8 666 700. C'est une augmentation qui suit celle
de la clientèle?
M. Bourbeau: Oui. Il y a deux causes. Les médicaments
coûtent de plus en plus cher et la clientèle est de plus en plus
nombreuse. Je dois dire que c'est un sujet de préoccupation majeure, le
coût d'augmentation des dépenses d'assurance-maladie.
Effectivement, c'est un poste qui est très difficile à
contrôler. C'est le nombre de demandes de paiement à traiter qui
évolue en fonction de la hausse prévue de la clientèle.
Alors, l'augmentation est de 12,1 % et l'augmentation prévue de la
clientèle est de 11,4 %.
Le Président (M. Joly): Est-ce que le programme 2 est
pratiquement complet, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
Mme Harel: M. le Président, je vous proposerais, compte
tenu du temps qu'il nous reste, de procéder à l'examen du
programme 4. Nous pourrions, sur division, adopter les programmes 2 et 3, si
les membres de la commission sont d'accord.
M. Bourbeau: Mais pourquoi sur division?
Le Président (M. Joly): Si on garde la même
procédure qu'on avait établie, on pourrait peut-être
suspendre le programme 2, Mme la députée...
Mme Harel: D'accord.
Le Président (M. Joly): ...et à la toute fin, si
vous voulez, on pourrait adopter tous les programmes d'un bloc. Donc, on
pourrait...
Mme Harel: On pourrait procéder par le programme 4.
Le Président (M. Joly): ...procéder par le
programme 4, qui est déjà assez avancé.
Mme Harel: Tout à fait. Il nous restait l'aide aux parents
pour leurs revenus de travail.
Sécurité du revenu
Le Président (M. Joly): Sécurité du
revenu,
programme 4.
Mme Harel: Voilà. Alors, nous serions donc à
l'élément 4, Aide aux parents pour leurs revenus de travail, le
programme APPORT.
Le Président (M. Joly): C'est la dernière
partie.
M. Leclerc: La députée de Maisonneuve avait
manifesté l'intention, cet après-midi, de parler sur APPORT.
Mme Bleau: Ça va permettre à Jean de rester un peu
plus longtemps.
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, c'est un plaisir pour
nous de vous avoir avec nous, M. le député de Taschereau.
Une voix: Continuons le programme.
Le Président (M. Joly): Aide aux parents pour leurs
revenus de travail, programme 4.
Programme APPORT
Mme Harel: Alors, j'ai pris connaissance, évidemment, M.
le Président, de l'information qui nous a été transmise.
Je comprends donc que le ministère a enregistré, à ce
programme APPORT, une baisse l'an dernier. Il y a 10 800 familles, je pense,
qui en ont bénéficié, et il y a eu, à partir de
décembre 1991, une campagne d'information. Cette campagne d'information
aurait fait monter le nombre de familles. Je voudrais savoir, au moment
où on se parle, à combien évalue-t-on le nombre de
familles qui bénéficient d'APPORT.
M. Bourbeau: Vous parlez de 1992?
Mme Harel: En fait, les informations que nous avons sont pour
janvier, elles sont à la page 281.
M. Bourbeau: Je peux donner les chiffres à la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. En 1991, la clientèle
devrait s'établir à 21 100 ménages. Ça, c'est la
clientèle avant la conciliation. Les dépenses prévues pour
le programme APPORT, en 1991, s'élèvent à 35 600 000 $,
dont 28 600 000 $ sont versés par le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle, et 7 000 000 $ par le ministère du Revenu du
Québec. Les trop-payés sont estimés à 3 000 000 $
pour la même année, 1991. Comme vous le savez, un projet de loi a
été sanctionné par l'Assemblée nationale, et il
introduit des amendements législatifs et réglementaires qui
auront pour effet, j'espère, de réduire les trop-payés,
notamment au moyen de meilleurs contrôles.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a encore eu cette année des avis
de cotisation du ministère du Revenu à des
bénéficiaires du programme APPORT, et pour un total de combien de
familles?
M. Bourbeau: Vous parlez en 1991 toujours là?
Mme Harel: Cette année, 1992, là.
M. Bourbeau: Pour 1992, l'année vient de débuter,
là, c'est difficile...
Mme Harel: Non, je sais. En février 1992,
évidemment, pour l'année fiscale précédente.
M. Bourbeau: Bien, pour l'année 1991, on vient à
peine de terminer... Les rapports d'impôt devaient entrer pour le 1er
avril. Alors, je suis convaincu que la conciliation n'est pas encore faite.
Ça va prendre quelques mois encore. Les seuls renseignements qu'on
pourrait vous donner, c'est pour l'année 1990, puis vous les connaissez
déjà.
Mme Harel: Ce sont les mêmes. Il n'y a pas de nouvelles
données, alors.
M. Bourbeau: Pour 1991, il est trop tôt.
Mme Harel: Mais l'an dernier, en février, il y a eu des
avis de cotisation qui réclamaient un remboursement à 8000
ménages. Cette année, y en a-t-il eu, des avis de cotisation?
M. Bourbeau: Bien, écoutez, il est possible que le
ministère du Revenu ait commencé à envoyer des avis. On
est très tôt encore dans la période, là, et on n'a
pas, nous, de renseignements à ce sujet-là.
Mme Harel: Dans les tableaux qui nous sont transmis, à la
page 281, programme APPORT II, tableau 1, Évolution du nombre de
ménages recevant des déboursés, c'est en réponse
à la question 24. Pour mars 1992, on retrouve un total de ménages
de 10 753. Ce sont les ménages qui bénéficient d'un
déboursé mensuel, j'imagine.
Une voix: Oui.
Mme Harel: Alors, 10 753... Est-ce que ces chiffres-là
sont véridiques? C'est 10 753 familles...
M. Bourbeau: Oui, oui. Effectivement. Mme Harel: ...en
date d'avril 1992?
M. Bourbeau: Bien, c'est les chiffres pour le mois de mars,
ça, 10 753.
Mme Harel: Mars 1992.
M. Bourbeau: Les données préliminaires.
Mme Harel: Comment le ministre explique-t-il une baisse aussi
considérable dans le nombre de familles bénéficiaires? (20
h 20)
M. Bourbeau: Ça ne sera pas long, M. le Président,
on va répondre. O.K. Il y a deux choses que je pourrais dire pour
répondre à votre question. D'abord, si on compare le même
mois, avril, pour les années 1992, 1991, 1990, et 1989, une
période de quatre années. Prenons les trois dernières
années plutôt: avril 1990, 1991, 1992. Alors, au mois d'avril
1990, il y avait 8803 personnes; en avril 1991, il y avait 10 375 et, en avril
1992 - vous ne l'avez pas, vous, mais, nous, on l'a - c'est 12 553. Donc, il
semble que d'une année à l'autre, au mois d'avril, il y a plus de
gens qui sont dans le programme APPORT, depuis trois ans, en tout cas. Ce sont
des augmentations quand même assez importantes, qui sont d'à peu
près 20 % par année, au mois d'avril. Maintenant, la
clientèle, elle, augmente...
Mme Harel: M. le ministre, auriez-vous les chiffres pour
1989?
M. Bourbeau: Un petit instant, là. Mme Harel:
O.K.
M. Bourbeau: Là, je cherche les chiffres comparatifs pour
l'an dernier, si vous voulez attendre un peu. Je voulais simplement signaler
que, en ce qui concerne le programme APPORT, on commence en début
d'année avec un nombre plus bas, et au fur et à mesure des mois,
les premiers mois, en tout cas, la clientèle augmente. Ce sont,
évidemment, l'évolution du nombre des ménages recevant des
déboursés selon la catégorie et les
déboursés. Ça ne comprend pas le total des ménages
qui sont dans le programme parce qu'il y en a certains qui ne reçoivent
pas de versements mensuels. alors, les trois ou quatre premiers mois, il y a
toujours une augmentation: janvier, février, mars et avril. l'an
dernier, au mois de mars, il y en avait 9653 et, en avril, on en avait 10 375.
cette année, on est rendus à 10 753 en mars et, en avril,
à 12 553. on est donc en avance d'à peu près 20 % sur l'an
dernier.
Mme Harel: Bon. Écoutez, j'ai une dernière
question. Est-ce que les modifications qui sont introduites depuis l'automne
dernier vont, à la connaissance du ministre, régler le
problème qui a discrédité le programme pour,
évidemment, les personnes qui ont reçu des avis de remboursement,
mais qui l'a discrédité aussi pour celles qui ont connu le
problème? Est-ce que, selon ces estimations du ministre, avec les
modifications introduites, il va y avoir dorénavant
nécessité de remplir les formulaires d'information plus
fréquemment qu'annuellement? est-ce que ça a été
modifié, ça, finalement?
M. Bourbeau: Disons que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve a dit que le programme a été
discrédité, le mot est fort un peu. C'est son
interprétation à elle. S'il a été
discrédité, on doit rendre hommage, en partie, certainement,
à la députée de Hochelaga-Maisonneuve, qui a fait tous ses
efforts pour le discréditer autant qu'elle a pu, ce qui probablement est
de bonne guerre quand on est dans l'Opposition. Disons que les amendements que
nous avons apportés à la loi, conjointement... Est-ce que
l'Opposition a voté en faveur? Je ne me souviens pas tellement. Je
présume que non.
Mme Harel: On vous a même facilité les choses. Vous
ne vous en rappelez pas?
M. Bourbeau: Oui, vous avez voté en faveur.
Mme Harel: À la dernière journée, quand vous
en aviez passé trois, un après l'autre...
M. Bourbeau: M. le Président, je retire toutes les
insinuations que j'ai pu faire. L'Opposition a voté en faveur. C'est
assez rare. Vous comprenez que je ne suis pas tellement...
Le Président (M. Joly): Je n'avais pas perçu que
vous aviez fait des insinuations, M. le ministre.
Mme Harel: On a même plus que voté en faveur. On
vous a, finalement, facilité les choses auprès de votre propre
leader.
M. Bourbeau: Je vous en suis très... Ah oui! On en avait
sûrement besoin. Alors, on vous en est très reconnaissant, Mme la
députée.
Le Président (M. Joly): Est-ce que c'est ce qu'on appelle
un agent négociateur?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: J'espère que vous allez répéter
cette bonne habitude dans les semaines à avenir.
Le Président (M. Joly): L'expression de cet
après-midi, un vieux couple, est-ce que ça continue?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, disons que probablement les
amendements que nous avons apportés devraient faire en sorte de
réduire les
trop-payés, le phénomène des trop-payés
qu'on observait dans le programme depuis le début, et certainement aussi
que ça a fait en sorte d'aider à rendre le programme plus
populaire et d'augmenter le nombre de clients dans le programme. Maintenant,
c'est à l'usage qu'on verra quelles sont les vertus de ces amendements
que nous avons apportés conjointement avec l'Opposition officielle.
Mme Harel: M. le Président, je pense que nous allons
devoir terminer ici l'étude de cet élément. J'inviterais
la commission à examiner le programme 5, portant sur l'allocation de
maternité.
Allocations de maternité
Le Président (M. Joiy): Nous appelons le programme 5,
Allocations de maternité.
Mme Harel: Alors, c'est donc plus de 8000 femmes enceintes qui ne
pourront pas bénéficier de l'allocation forfaitaire de 360 $
versée à toutes celles qui sont admissibles à
l'assurance-chômage et qui peuvent bénéficier d'un
congé de maternité prévu a l'assurance-chômage.
Alors, ma question au ministre: Quels sont les gestes qu'il entend poser en
matière d'allocation de maternité? Est-ce qu'il prévoit
une législation la semaine prochaine pour adoption au printemps? De
quelle nature sera cette diminution de 8000 participants avec une coupure de
budget de 3 200 000 $?
M. Bourbeau: Est-ce que la députée a
terminé? Alors, on connaît le programme PRALMA. Je n'ai pas
l'intention d'élaborer sur ce qu'est le programme. Disons que, suite aux
recommandations de certains comités ministériels permanents et du
Conseil du trésor qui portaient sur les propositions du groupe de
travail sur la révision des activités gouvernementales, il est
prévu au cours de la présente année 1992-1993 de moduler
le programme d'allocation de maternité selon le revenu familial.
L'impact de cette mesure est d'environ 3 000 000 $.
Alors, un groupe de travail a été formé dans le but
d'assurer la mise en application de cette mesure qui s'avère quelque peu
complexe. Compte tenu de l'ampleur des travaux réalisés, cette
mesure ne pourra prendre effet le 1er avril 1992, mais prendra effet dans les
mois qui suivront. Il s'agit, comme vous le savez, d'appliquer le principe de
modulation à partir d'un revenu de 54 640 $. Les requérantes dont
le revenu familial est de 54 640 $ et moins recevraient le plein montant de 360
$, tandis que celles dont le revenu se situe entre cette somme-là et 54
999 $ recevraient une allocation entre 359 $ et 1 $. Enfin, disons que ce
serait modulé à rebours, là.
Mme Harel: Sa collègue, la ministre
déléguée à la Condition féminine et à
la Famille, dans son plan d'action en matière de politique familiale, a
annoncé son intention de rapatrier l'ensemble des mesures qui sont
destinées aux femmes enceintes et de doter le Québec d'un vrai
programme de congé de maternité. Le ministre étant
informé de cela, étant responsable de ce dossier, peut-il nous
indiquer quelles sont les étapes qu'il entend franchir pour
réaliser ce que sa collègue a annoncé en matière de
congé de maternité? (20 h 30)
M. Bourbeau: Bien, écoutez, ce que ma collègue a
annoncé, pe n'est pas un programme nouveau, là. Ce matin, on a
parlé d'un programme qu'on va étudier. On va explorer les
possibilités de faire un programme de congé de maternité
nouveau. Ça implique qu'on doit nécessairement avoir recours
à l'assurance-chômage, parce que l'assurance-chômage est au
coeur de cette question-là. Vous savez que le Québec revendique
la gestion de l'assurance-chômage. Alors, tout ça est un peu
relié. Bien sûr, si nous réussissons à faire en
sorte qu'à la suite des discussions constitutionnelles le Québec
se voie confier la gestion du programme d'assurance-chômage, on sera
alors en mesure de travailler encore davantage sur un projet de programme
d'allocations de maternité modifié. Ça ne veut pas dire
que ce programme-là sera accessible à toutes les femmes, quels
que soient leurs revenus. C'est d'ailleurs le principe qui a été
introduit un peu dans la mesure, cette année. Nous avons l'intention de
ne pas rendre la mesure accessible pour les ménages qui gagnent plus de
55 000 $. Alors, on verra.
Mme Harel: Quel est le revenu moyen des ménages, au
Québec, en 1992?
M. Bourbeau: Vous permettez que je prenne quelques instants pour
répondre à la question ou qu'on prenne avis de la question
peut-être et on y répondra dans les quelques minutes qui
suivent?
Mme Harel: Oui, oui. Vous avez des services de recherche qui
peuvent certainement vous transmettre cette information.
M. Bourbeau: ...particulièrement pointue, là.
Mme Harel: Notamment, sans doute, les gens des normes minimales
du travail ou peut-être...
M. Bourbeau: On m'avise que la donnée n'est pas disponible
ici, présentement, mais on veut prendre avis de la question. On fera
certainement parvenir la réponse à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve dès qu'elle sera disponible.
Mme Harel: L'information que j'ai, moi, c'est que c'est autour de
51 000 $, le revenu moyen des ménages. On parle de revenus moyens des
ménages. On parle donc de revenus de deux conjoints qui,
additionnés, font le revenu moyen du ménage, et des revenus de
l'ordre de 51 000 $ pour un revenu de ménage, c'est à peu
près l'équivalent de ce que gagne la classe ouvrière.
Alors, on n'est pas dans la «bracket» de la classe moyenne
supérieure, là. Quand le ministre parle de réduire
l'allocation forfaitaire du congé de maternité à partir de
54 000 $ - c'est bien ça? - de revenus moyens du ménage, je peux
vous dire que ça rejoint une bonne partie de la population. C'est bien
le ménage dont le ministre a parlé, ce n'est pas le revenu de la
femme enceinte.
M. Bourbeau: Non, on parle de revenus de ménage.
Maintenant, la députée de Hochelaga-Maisonneuve, je la mets en
garde, là. Elle bâtit une argumentation à partir de
souvenirs qu'elle a du revenu du ménage moyen du Québec. Moi, je
n'accepte pas nécessairement ces chiffres, là. Le ménage,
ça peut être très vite une personne seule aussi. Il y a
beaucoup de ménages qui gagnent moins...
Mme Harel: Dans le cas d'un congé de maternité et
d'une allocation forfaitaire de congé de maternité, si c'est une
personne seule, bien, je peux vous dire que, même si son revenu est de
l'ordre de ce que vous prévoyez, elle en a peut-être
entièrement besoin par rapport à ce qu'elle aura à
dépenser, justement, parce qu'elle n'aura, à ce moment-là,
accès à aucune aide en matière de services de garde et
à aucune autre aide.
M. Bourbeau: Écoutez, vous savez, de toute façon,
que l'allocation de maternité dont on parle n'est pas disponible au
moment où on en a besoin. C'est censé faire le pont entre la fin
du travail et le début des prestations d'assurance-chômage. Or, la
réalité, c'est que les femmes qui quittent le marché du
travail pour des fins de maternité ne reçoivent pas la somme en
question pendant la période de carence, mais elles la reçoivent
après qu'elles ont commencé à percevoir les prestations
d'assurance-chômage.
Mme Harel: Ça, c'est une justification a posteriori. Vous
connaissez le vieux principe dans le Code civil qui dit qu'on ne peut pas
invoquer sa propre turpitude comme défense. Le ministère ne peut
pas invoquer en défense qu'il ne prenait pas les moyens de faire
parvenir à temps l'allocation forfaitaire. Il ne peut en même
temps invoquer que, parce qu'il ne la faisait pas parvenir dans les deux
semaines sans revenu, il est justifié de ne plus donner le revenu.
M. Bourbeau: II n'y à pas de turpitude là- dedans.
Le ministère n'est absolument pas en faute. C'est la conséquence
logique de la façon dont le programme est construit. C'est un
défaut d'architecture dans le programme. Comme on exige de la personne,
pour pouvoir être admissible au programme, qu'elle produise la preuve
qu'elle est admise à l'assurance-chômage, il va de soi qu'au
moment où elle est admissible au programme PRALMA elle a
déjà été admise à l'assurance-chômage
depuis un certain temps, donc, elle a commencé à recevoir ses
prestations d'assurance-chômage. C'est donc pratiquement physiquement
impossible qu'elle reçoive son chèque du programme PRALMA avant
son chèque d'assurance-chômage. Donc, je crois qu'il y aurait lieu
de regarder ce programme-là. Je ne sais pas depuis combien de temps il
date, le programme.
Mme Harel: Écoutez, vous avez fait une campagne
électorale.
M. Bourbeau: C'est un programme qui date de votre
administration.
Mme Harel: Tout à fait. C'est Mme Payette, effectivement,
c'est Mme Payette...
M. Bourbeau: Mme Payette avait des bonnes intentions, mais, pour
ce qui est de les opéra-tionaliser, ce n'est pas un succès, en ce
sens qu'il est de la nature même de ce programme-là que le
chèque ne peut pas arriver pendant le temps où on en a
besoin.
Mme Harel: C'est quand même assez étonnant, M. le
ministre, que ce montant, qui était de 240 $, vous avez fait une
campagne électorale là-dessus en promettant de le hausser
à 360 $.
M. Bourbeau: On l'a haussé aussi.
Mme Harel: Alors, vous avez fait la campagne électorale
pour le hausser, et là vous allez le diminuer...
M. Bourbeau: Non!
Mme Harel: ...sous prétexte que vous n'étiez pas
capable de le verser au bon moment. Si c'était une bonne raison...
M. Bourbeau: M. le Président, on ne le diminue pas. On le
laisse à 360 $.
Mme Harel: Vous allez diminuer le nombre de participantes qui
vont pouvoir en profiter.
M. Bourbeau: Disons que les riches n'y auront peut-être pas
accès.
Mme Harel: Avec un revenu moyen de 54 000 $, vous
considérez qu'on est riche?
M. Bourbeau: Écoutez, c'est une question d'opinion. Si la
députée de Maisonneuve estime qu'on est pauvre avec un revenu de
55 000 $...
Mme Harel: On va laisser à d'autres...
M. Bourbeau: Disons que dans mon comté les gens qui
gagnent 55 000 $, on estime qu'ils sont pas mal... Le député de
Taschereau pourrait peut-être commenter là-dessus. Dans le
comté de Taschereau...
M. Leclerc: II n'y en a pas beaucoup.
Mme Harel: On va laisser à d'autres, M. le ministre, le
soin de décider c'est quoi l'équité dans une
société. L'équité, c'est quand on paie des taxes et
aussi c'est d'avoir des avantages. Si vous continuez à
systématiquement mettre en débâcle les programmes
d'universalité, les gens ne voudront plus payer pour simplement s'en
trouver privés. La meilleure façon d'avoir des programmes dans
une société qui font que les gens ne tombent pas dans la
pauvreté, c'est d'avoir des programmes qui s'adressent à
l'ensemble de ceux et celles qui travaillent dans une
société.
M. Bourbeau: Moi, je serais intéressé à voir
des sondages ou des études. On pourrait peut-être faire une
étude au ministère, chez nous, auprès des gens qui sont
à l'aise financièrement pour tenter de voir dans quelle mesure
ces gens-là accepteraient de ne pas recevoir les allocations familiales
ou d'autres prestations qui sont universelles, dans le but de faire en sorte
que les gens qui sont vraiment démunis puissent y avoir accès, et
aussi de tenter de voir dans quelle mesure ça pourrait aider à
régulariser les finances publiques. Possiblement qu'on pourrait avoir
des surprises.
Mme Harel: Oui. Mais vous allez aussi devoir convaincre...
M. Bourbeau: Je peux vous dire que, quant à moi, je serais
d'accord pour y reno; icer
Mme Harel: C'est intéressant parce que, en termes
d'équité, la question aussi est de savoir si, dans une
société, les gens qui s'engagent dans un rôle parental
doivent ou pas être pénalisés par rapport à ceux et
celles qui décident de ne pas avoir charge d'enfants.
L'équité, c'est aussi l'équité en regard de la
fiscalité. C'est la manière, dans une société, de
refaire une distribution plus juste. Alors, vous avez décidé de
ne pas procéder de cette façon-là parce que, entre les
personnes qui ont des enfants et celles qui n'en ont pas, si on rend tous les
programmes imposables pour celles qui en ont, ça devient injuste en
regard de celles qui ont des enfants par rapport à celles qui n'en ont
pas.
M. Bourbeau: Oui, écoutez, je comprends, mais
l'équité, c'est aussi faire en sorte que, comme vous dites, il y
ait une redistribution équitable de ceux qui ont plus d'argent vers ceux
qui en ont moins. Quand on dit que les gens qui gagnent plus que 55 000 $
n'auront pas accès aux 360 $ du programme PRALMA au profit de ceux qui
gagnent moins que 55 000 $, je ne pense pas que ce soit inéquitable
quant à moi.
Mme Harel: Mais, M. le ministre, ce qui est très,
très, très dangereux, c'est qu'ils n'auront pas accès au
projet PRALMA. Leurs allocations familiales vont devenir imposables. C'est un
ensemble de mesures qui se dessinent: des allocations familiales imposables -
je recommence - des allocations d'aide à la famille imposables, le fait
d'être écartées des avantages de l'allocation de
maternité, le fait de ne pas avoir accès à l'aide
financière pour les services de garde, et ainsi de suite. C'est le total
qui finit par créer chez les gens un profond sentiment d'injustice.
C'est ce qui amène d'ailleurs les centrales syndicales à
réclamer une commission d'enquête sur la fiscalité. Elles
représentent des gens qui travaillent et qui paient des taxes. Ces
gens-là ne disent pas qu'il faut en payer moins, mais ils disent qu'il y
a une manière de redistribuer pour que le fardeau ne soit pas trop lourd
à porter. (20 h 40)
M. Bourbeau: On aura tout vu, M. le Président!
Franchement, la députée de Hochelaga-Maisonneuve qui vient nous
faire la morale sur l'équité! Elle nous dit qu'il y a un danger,
que peut-être on va imposer les allocations familiales, alors que son
gouvernement, à elle, les a imposées. Nous, il y a une rumeur,
peut-être, qu'elle-même fait circuler, d'ailleurs - elle est la
seule, d'ailleurs, à la faire circuler...
Mme Harel: Ah! non, je ne suis pas la seule.
M. Bourbeau: ...qu'on va peut-être un jour imposer les
allocations d'aide aux familles. Son gouvernement a imposé les
allocations familiales en totalité. Ça nous a pris trois ans -
vous vous en souvenez, M. le Président - à faire en sorte de se
débarrasser de ça. Son gouvernement a refusé d'indexer le
salaire minimum, a refusé d'indexer les allocations familiales, aux
dépens, souvent, des plus pauvres. C'était le salaire minimum,
là, c'étaient les travailleurs au salaire minimum. C'est les plus
pauvres de nos travailleurs. Aujourd'hui, on vient nous faire la morale,
à notre gouvernement, qui, lui, est impeccable sur ce point-là,
qui indexe tout depuis le début pour les classes les plus
démunies. On se fait faire la... Vraiment! C'est ce qu'on appelle parler
de corde dans la maison d'un pendu.
Mme Harel: Alors, je pense bien que le ministre n'a pas
participé au conseil général de son parti qui avait lieu
les 20 et 21 mars dernier, lors duquel un document de travail a
été adopté, un document de travail prétendument sur
la pauvreté, où on n'envisage la pauvreté que dans
l'aspect curatif des choses. Il y a des politiques qui conduisent à la
pauvreté, M. le ministre, et, en fait, vous n'êtes pas
étranger à l'ensemble, à certaines de ces
politiques-là.
Mais, chose certaine, pour y remédier, à la
pauvreté, la solution, ce n'est pas d'avoir des programmes pour les
pauvres. Ça, des programmes pour les pauvres, aux États-Unis, ils
en ont énormément. Il y a même eu, je pense - justement,
ça m'intéresse beaucoup - des personnes de votre ministère
qui se sont rendues étudier la pauvreté aux États-Unis. Eh
bien, je serais intéressée à avoir le rapport de ce stage,
qui a eu lieu durant la dernière année. Justement, je pense que
ça va éloquemment plaider en faveur de mesures universelles. Ils
en ont, des mesures pour les pauvres, aux États-Unis, et vous voyez
où ça les conduit.
M. Bourbeau: Bon, alors, M. le Président...
Mme Harel: II s'agit plus exactement d'une mission
effectuée par deux fonctionnaires, aux États-Unis, sur la
pauvreté, pour un montant, en fait, de 6000 $. Je pense que ça
peut se justifier, dans la mesure où on peut avoir accès aux
documents qui sont produits.
M. Bourbeau: moi, je n'ai pas vu le rapport encore. on va voir si
le rapport est disponible. quand je l'aurai lu, ça me fera plaisir de
vous en parler.
Mme Harel: Incidemment, ça me permet, peut-être,
également, de faire juste une remarque sur la liste du personnel du
cabinet du ministre et, finalement, les rémunérations qui y sont
afférentes. Je voulais simplement signaler que j'ai l'occasion, lors de
l'étude des crédits, de voir différents cabinets, et je
trouve, en général... Je félicite le ministre, je le
trouve bien modeste de même que son personnel. Mais j'inviterais
instamment les femmes attachées politiques, en particulier, à
comparer les salaires qui leurs sont versés - j'exclus Mme Saint-Amand,
c'est l'exception à la règle...
Une voix: On va se faire un petit syndicat.
Mme Harel: ...en regard de ceux qui sont payés aux hommes
qui sont membres du personnel du même cabinet. C'était juste une
simple remarque, en passant. Je les inviterais, en particulier, à se
comparer au personnel du ministère de la Justice.
M. Bourbeau: M. le Président, j'aurais un commentaire.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: D'abord, je remercie la députée de
Maisonneuve pour son commentaire à l'effet que nous sommes modestes;
c'est un compliment qui ne m'est pas fait souvent.
Mme Harel: C'est vrai.
M. Bourbeau: Je le prends, M. le Président, avec beaucoup
de plaisir. Oui, nous faisons des efforts, au cabinet, pour tenter de donner
l'exemple. N'oubliez pas qu'on est le ministère de l'aide sociale, alors
on fait dans le modeste. Ça s'applique à tout le monde, bien
sûr.
Mme Harel: Aux sous-ministres, aussi.
M. Bourbeau: Nous sommes rigoureux, même sur les
dépenses d'exploitation, sur les dépenses d'administration. Pour
ce qui est de l'autre remarque à l'effet qu'on traiterait moins bien le
personnel féminin que masculin, je soupçonne la
députée de vouloir semer la zizanie dans mon cabinet,
là!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: M. le Président, ce que je dirais, c'est que
les gens chez nous sont employés et payés en fonction de leur
expérience, de leur capacité. Ils sont tous sous-payés,
ça, c'est évident. C'est évident, M. le Président,
je le reconnais. On va prendre note des commentaires de la
députée de Hochelaga-Maisonneuve, et, dès demain matin, je
promets de m'asseoir avec mon directeur de cabinet pour voir dans quelle mesure
le personnel féminin du cabinet est sous-payé. Si on en vient
à la conclusion que c'est exact, je promets d'apporter remède
à la chose, étant convaincu que la députée de
Hochelaga-Maisonneuve nous donne son autorisation, sa
bénédiction. Est-ce que je me trompe?
M. Leclerc: M. le Président, sur la même
question...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Taschereau, s'il vous plaît.
M. Leclerc: ...même si on est en période de gel des
salaires, il a toujours été convenu que l'équité
salariale pouvait permettre des augmentations même en période de
gel.
Mme Harel: C'est une remarque fort pertinente, M. le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Non, mais c'est le cas, c'est le cas. Prenez
l'exemple des infirmières.
Mme Harel: M. le Président, j'ai des informations
concernant le revenu moyen des familles. Alors, on m'indique ici que le revenu
moyen des familles biparentales est de 49 800 $ en 1989. J'ai ici une
publication qui s'intitule «Familles en tête, 2e plan d'action en
matière de politique familiale, 1992-1994». C'est le document
récemment rendu public par Mme la ministre déléguée
à la Famille, et qui indique, à la page 13, que le revenu moyen
des familles biparentales est de 49 800 $ en 1989. Alors, je ne serais pas
surprise que le revenu moyen soit maintenant de 54 000 $ et qu'on se situe
entièrement dans le revenu moyen où on retrouve la
majorité des travailleurs et travailleuses.
M. Bourbeau: Oui, mais tout à l'heure la
députée de Maisonneuve plaidait beaucoup pour les familles
monoparentales, si je nie souviens bien.
Mme Harel: Oui, oui. Mais, là, je vous parle du revenu
moyen à partir duquel les femmes enceintes vont perdre le
bénéfice d'allocation forfaitaire du congé de
maternité.
M. Bourbeau: C'est ça, alors, celles qui sont au-dessus de
la moyenne, bien, évidemment, c'est celles-là qu'on vise.
Mme Harel: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
oui.
Mme Harel: ...j'aimerais appeler le programmée.
Le Président (M. Joly): Donc, nous suspendons le programme
5, pour appeler le programme 6. Nous approchons, M. le député de
Taschereau. C'est le programme 7 bientôt. Je vois que vous êtes
d'une patience... Vous êtes armé, prêt à vous
défendre.
Sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris
Mme Harel: En fait, il s'agit du programme de
Sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris. Il
s'agit, finalement, d'une légère indexation. Je ne sais pas s'il
y a quelqu'un qui est ici pour représenter l'Office de la
sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, peut-être
que vous pourriez nous introduire les gens qui vous accompagnent, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: m. le président, je voudrais vous
présenter mme monique caron, me monique caron, qui est la
secrétaire de l'office de la sécurité du revenu des
chasseurs et piégeurs cris.
Le Président (M. Joly): Bienvenue, Me Caron.
Mme Harel: Alors, merci, M. le Président.
M. Bourbeau: L'Office de la sécurité du revenu des
chasseurs et piégeurs cris, c'est ça, le mot que je cherchais, M.
le Président.
Mme Harel: Alors, il s'agit d'un budget de 15 862 000 $ pour
l'année 1992-1993. C'est d'autre chose dont j'aimerais vous parler.
À l'occasion d'une séance de la commission sur la
souveraineté, commission qui siégeait au mois d'avril dernier, M.
Jean-Jacques Simard, de l'Université Laval, a déposé
devant les membres de la commission un mémoire portant sur le
développement et l'autodétermination autochtones,
l'expérience de la Baie James et du Nord québécois.
Siégeant, moi-même, à la commission sur les offres, en
fait, sur les offres...
Une voix: Constitutionnelles. (20 h 50)
Mme Harel: C'est ça, voilà. De toute façon,
j'ai pu obtenir copie de ce mémoire. En en prenant connaissance, j'ai
constaté qu'on y faisait l'analyse du programme et que cette analyse
était assez critique. Je vous en lis un simple paragraphe: «Les
résultats ont trahi les meilleures intentions du monde. La mesure la
plus importante prise dans le but de protéger, d'encourager la poursuite
des activités traditionnelles, c'est le fameux programme
Sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris. Or,
puisque le calcul des prestations repose essentiellement sur le nombre de jours
où quelqu'un s'affaire à ce genre de tâche plus que la
récolte effective, il encourage aussi bien la dépendance et un
certain désoeuvrement chez les plus jeunes qui ne trouvent pas d'emploi.
Compte tenu du retard scolaire assez courant chez les adolescents cris, le
programme peut même servir d'incitatif au décrochage à
partir de 18 ans.» Et on ajoute: «Les gains autrement
réalisés par les participants au programme sont partiellement
déduits des allocations. Aurait-on souhaité
déprécier la tradition tricentenaire de la traite marchande des
fourrures qu'on ne s'y serait pas pris autrement! Or, il va sans dire que
personne ne le voulait. Les indicateurs ne sont pas clairs toutefois, et
l'écroulement du marché de la fourrure a aussi contribué
au déclin de la traite.»
En d'autres termes, ce que M. Simard, de l'Université Laval, qui
semble avoir une connaissance personnelle et professionnelle de tout ce
dossier... Si vous le voulez, je le ferai parvenir, donc, à l'Office et
au ministre. Je souhaite qu'on puisse aller plus à fond dans cette
question, non pas du tout pour tenter de rationaliser, qui est le mot
utilisé, dans le fond, pour diminuer, n'est-ce pas, les budgets, mais
surtout pour bien m'assurer que le programme remplit bien la mis-
sion qu'on lui confie et n'a pas les effets pervers qu'on lui
suppose.
M. Bourbeau: Je vais demander à Me Caron de
répondre, si vous voulez, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Me Caron.
Mme Caron (Monique): Je n'ai pas lu le document de M. Simard,
mais en ce qui a trait au programme, pour le mettre à jour, il y a eu
une convention complémentaire en 1988, qui est venue, justement, mettre
à jour le programme, compte tenu des réflexions des trappeurs
surtout, pour essayer d'amener le programme à 1988, comme il avait
été négocié au début des années
soixante-dix. C'est sûr que, comme tous les programmes, on est toujours
un peu en retard sur la réalité, mais le programme est
constamment mis à jour.
Mme Harel: Ça veut dire quoi, constamment mis à
jour?
Mme Caron (Monique): C'est-à-dire que, par les
réflexions des trappeurs, il y a des amendements qui sont
suggérés. On voit à soit revoir l'interprétation ou
suggérer. C'est le rôle de l'Office, à ce moment-là,
de suggérer des changements au gouvernement et à l'Administration
régionale crie, parce que le programme est modifié de
consentement.
Mme Harel: Oui. Mais est-ce qu'il y a eu une étude
réalisée sur l'impact que le programme a pu avoir, sur les
objectifs qu'il poursuivait? Cet objectif, le premier, il était celui de
maintien de l'activité traditionnelle. Est-ce qu'il y a eu des
études là-dessus?
Mme Caron (Monique): Pour ce qui est du maintien, le programme
touche toujours de 30 % à 35 % de la population.
Mme Harel: Là, vous me répondez par des
données quantitatives, et je vous en...
Mme Caron (Monique): Oui, mais... Mme Harel:
...remercie.
Mme Caron (Monique): ...il y a des anthropologues qui ont fait
des études. Il y a certaines études qui ont été
faites par un dénommé M. Harvey Feit M. LaRusic et il y a eu
McGill aussi, il y a quelques années.
Mme Harel: Et ces études sont à quel effet,
concluent...
Mme Caron (Monique): En général, le programme a un
effet positif dans les communautés, ce que j'ai vu...
Mme Harel: Positif...
Mme Caron (Monique): ...pour le maintien d'un mode de vie
traditionnel, ce qui a permis de redonner aux trappeurs une place qu'ils
perdaient, au début des années soixante-dix, dans les
communautés. Ils avaient perdu leur pouvoir économique.
Mme Harel: Là, ils ont gagné la
sécurité du revenu, mais est-ce qu'ils ont gagné le
pouvoir économique? On me dit que, finalement, il ne se fait quasiment
plus de trappe, parce que la valeur marchande de la fourrure a tellement
diminué que c'est pitié, d'une certaine façon, que de le
faire.
Mme Caron (Monique): Vous savez, ce qu'on essaie de
protéger, ce n'est pas juste la trappe, c'est l'ensemble de
l'activité. Les gens pèchent, chassent, trappent. Les femmes vont
dans le bois...
Mme Harel: Mais les gens chassaient, péchaient et
trappaient en vue de quelque chose, en vue des échanges.
Mme Caron (Monique): La nourriture, le mode de vie, la culture,
les familles ensemble, le vêtement, c'est un ensemble, ce n'est pas juste
la fourrure. Ça, c'est un aspect de l'activité.
Mme Harel: C'est intéressant. C'est un peu, disons, comme
le Village Acadien. Vous pouvez aller dans le Village Acadien, vous voyez
comment ils s'habillaient, comment ils travaillaient, comment ils mangeaient,
mais il n'y a plus, comme telle, l'activité inscrite, non pas dans le
folklore mais dans la vie quotidienne. Est-ce que ça s'inscrit
maintenant dans la vie quotidienne?
Mme Caron (Monique): Oui. Actuellement, pour vous donner un
exemple, dans les villages, tout est fermé, tout le monde est à
la chasse à l'oie. Les écoles sont fermées, les
calendriers scolaires sont arrangés pour ça.
Mme Harel: Ça fait partie du programme? La chasse à
l'oie fait-elle partie du programme de sécurité du revenu?
Mme Caron (Monique): Toutes les activités qui sont
reliées au mode de vie traditionnel.
Mme Harel: Écoutez, moi, je ne veux pas trouver des
problèmes où il n'y en a pas, mais ça m'a quand même
interpellée, cette communication-là de M. Simard, qui est, je
pense, quelqu'un d'assez averti à l'ensemble de ces questions-là
et désireux d'introduire des mesures qui assurent l'autonomie des
personnes.
Mme Caron (Monique): II n'a pas contacté
l'Office, certainement. Je ne sais pas s'il a contacté
l'Association des trappeurs.
Mme Harel: Mais il a vécu sur place longtemps. Je ne sais
pas si l'Office est installé... Où est installé
l'Office?
Mme Caron (Monique): II y a des représentants dans chaque
village. Il y a des employés dans chaque village.
Mme Harel: Alors, il a dû les contacter parce qu'il fait
état de plusieurs séjours, de longs séjours.
Mme Caron (Monique): On n'en a pas entendu parler.
Mme Harel: Alors donc, vous n'avez pas ce point de vue des
aspects critiques qui peuvent résulter de ce genre de programme et des
modifications à y apporter?
Mme Caron (Monique): Pas dans le sens où vous m'avez lu le
paragraphe, non.
Mme Harel: Très bien, je vous remercie. Mme Caron
(Monique): Merci.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai une remarque. Je ne
veux pas, en aucune façon, discréditer l'ouvrage de M. Simard,
mais je trouve ça quand même un peu étonnant que ce
chercheur-là n'ait même pas pris contact avec l'Office de la
sécurité du revenu des chasseurs et piégeurs cris, qui,
manifestement, a toutes les données sur le programme. Sans vouloir dire
que l'étude n'est pas complète, parce que je ne l'ai pas lue, je
m'étonne qu'on soit si critique et qu'on n'ait même pas pris la
peine de contacter l'Office.
Mme Harel: En fait, je comprends que M. Simard, qui est à
l'Université Laval, conduit des recherches auprès de la
communauté crie depuis maintenant 30 ans. Il a peut-être une
information qui est de première main, étant entendu que ce sont
les personnes mêmes qui participent au programme.
M. Bourbeau: L'Office existe depuis longtemps aussi. Il est
certainement au coeur de l'action, en tous les cas, on peut dire ça.
Mme Harel: Bien, je vous remercie. Très bien.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme Caron. Merci beaucoup.
Nous suspendons le programme 6, pour appeler le programme 7.
Mme Harel: Alors, le député de Taschereau est
momentanément absent, mais il va être de retour...
Le Président (M. Joly): Soyez assurée qu'il va
être de retour dans quelques minutes.
Mme Harel: ...alors, je lui laisserai, à ce
moment-là, son intervention.
Le Président (M. Joly): II lui manquait quelques
documents.
Adaptation et formation professionnelle de la
main-d'oeuvre
Mme Harel: Puis-je demander au ministre immédiatement, sur
le programme 7, de nous préciser, concernant le programme Subvention et
prêt individuel aux travailleurs et travailleuses, donc le programme
SPRINT... Alors, je comprends donc qu'il y a, à la page 57 du cahier
explicatif, un montant de 7 421 600 $. Nous retrouvons dans un autre tableau,
dont je vous donnerai la référence très bientôt, un
montant de 15 000 000 $. D'abord, j'aimerais faire la réconciliation et
j'aimerais demander au ministre, puisqu'on parle de subventions dans la
formation, où en est rendu le crédit d'impôt à la
formation, les 100 000 000 $ annoncés par le ministre des Finances en
1990. (21 heures)
M. Bourbeau: M. le Président, je demanderais à la
députée de Maisonneuve d'être patiente. Elle vient de nous
annoncer le programme SPRINT et, là, elle vient de «shifter»
sur le programme crédit d'impôt. Je ne voudrais pas revenir...
Mme Harel: On va les voir ensemble.
M. Bourbeau: ...à mon qualificatif de ce matin, où
je l'ai taxée de lapin.
Le Président (M. Joly): On se croirait à
Sanair.
M. Bourbeau: ici, m. le président, en fait, c'est
«surprise sur prise». elle nous surprend d'une question à
l'autre. alors, on parle du crédit d'impôt.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
Crédit d'impôt remboursable à la
formation
M. Bourbeau: M. le Président, le crédit
d'impôt, comme vous le savez, est entré en vigueur le 28 avril
1990 pour les activités de formation donnée par les
établissements de formatioii reconnus, et le 1er septembre 1990 pour
l'élaboration de plans de développement des ressources humaines,
les PDRH, et pour les activités de formation donnée par les
sociétés
privées de formation. Le crédit d'impôt est
maintenant implanté et il est connu des entreprises.
On peut difficilement établir des comparaisons entre les
données relevées à la même époque, l'an
passé, et celles de cette année puisque, l'an passé, la
mesure en était à ses premiers balbutiements. Les données
recueillies pour les trois premiers trimestres de l'année 1991-1992
démontrent que les commissions de formation professionnelle ont
réalisé plus de 25 000 interventions de promotion auprès
des entreprises, des formateurs et des conseillers. Les activités de
promotion ont pris des formes diverses: dépliants, visites, etc. Les CFP
ont, depuis septembre 1991, procédé au renouvellement des
inscriptions des formateurs et des conseillers. Selon les données
recueillies au 31 décembre 1991, 757 formateurs et 247 conseillers
étaient inscrits, incluant les nouveaux enregistrements et les
renouvellements.
Si l'on compare les données recueillies pour les 3 premiers
trimestres 1991-1992, soit 9 mois d'activité, avec celles de 1990-1991,
7 mois d'activité, on remarque que les émissions de visas
d'enregistrement des PDRH ont augmenté de près de 800 %,
c'est-à-dire 124 au 31 décembre 1991 versus 16 pour les 7 mois de
l'année précédente, que les autorisations
d'activités de formation hors Québec ont presque
quintuplé, 500 au 31 décembre 1991 versus 110 pour les 7 mois de
l'année précédente, que les autorisations sur les lieux de
travail ont pratiquement doublé, 1840 versus 950. On peut donc observer
des augmentations substantielles et considérer les résultats
comme fort encourageants. Les autres données reliées à
l'utilisation de la mesure ne peuvent être obtenues que par la
compilation de renseignements tirés des déclarations de revenus
des corporations. Or, la législation entourant la déclaration des
revenus des corporations fait en sorte que les premières données
fiscales des entreprises pour l'année 1990 commencent à peine
à être disponibles et ne seront complètes qu'à
partir de 1993.
De plus, il faut souligner que, l'ensemble des éléments du
crédit d'impôt n'ayant été mis en place qu'en
septembre 1990, ce ne sont que les données de 1991 qui seront vraiment
signifiantes. Or, celles-ci ne seront disponibles qu'en 1994. Ceci, à la
condition que les rapports du ministère du Revenu du Québec
soient acheminés régulièrement. Pour pallier ce
problème - et là la députée de Maisonneuve va
certainement s'intéresser à mes propos - j'ai ici avec moi un
tableau comparatif des renseignements tirés des rapports
d'activité produits par le ministère de l'Education, le
ministère de l'Enseignement supérieur, de la Science et le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle, c'est-à-dire incorporant des
données des CFP.
Ces rapports font état de dépenses de formation de l'ordre
de 8 410 000 $ pour l'année 1990-1991. Cela correspond à 11 mois
d'activité pour les établissements reconnus et à 7 mois
pour les sociétés privées, alors que les dépenses
relevées pour les 9 premiers mois de 1991-1992, seulement, sont de
l'ordre de 17 424 000 $. Il faut souligner que ces dépenses sont celles
liées aux contrats de formation et qu'elles ne comprennent pas les
dépenses liées aux salaires et aux frais de
déplacement.
Il faut également mentionner que le pourcentage de rapports
produits par les différents organismes est relativement faible.
Cependant, comme on ne connaît pas l'importance de la production des
répondants par rapport à celle des non-répondants, il nous
est impossible de faire des projections réalistes avec les
données actuelles. Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle vient de
publier un bottin provincial incluant la liste des formateurs et des
conseillers inscrits.
Mais, si on fait en sorte de considérer les
éléments qu'on a, qui sont partiels, qui proviennent
essentiellement du MEQ, du ministère de l'Éducation, du
ministère de l'Enseignement supérieur et de la Science et du
MMSR, qui ne comprennent pas tous les formateurs privés, par exemple, de
même, comme on le disait tout à l'heure, les
non-répondants, on obtiendrait - et c'est un chiffre qui est vraiment
partiel - les données suivantes. Le nombre de contrats signés au
cours de la période - je donnerai la période du 1er avril 1991 au
31 décembre 1991 - alors, en tout, on aurait eu 5226 contrats
signés.
Mme Harel: Qu'est-ce que le ministre entend par contrat, des
contrats qui sont signés aux fins de remboursement?
M. Bourbeau: C'est des contrats de formation entre une entreprise
et le formateur.
Mme Harel: Oui. Ce sont des contrats qui transitent par la CFP.
C'est de ça qu'on parle?
M. Bourbeau: Non, ils se font...
Mme Harel: C'est indépendamment de ça.
M. Bourbeau: ...directement entre le formateur et
l'entreprise.
Mme Harel: Ce sont des contrats dans le cadre du crédit
d'impôt? C'est de ça...
M. Bourbeau: C'est des contrats qui sont sujets au crédit
d'impôt, qui rendent les contractants, si vous voulez, l'entreprise
eligible au crédit d'impôt.
Mme Harel: Ce chiffre de 5000, comment
pouvez-vous le réaliser?
M. Bourbeau: Le ventiler?
Mme Harel: Parce que vous me disiez, l'année
dernière, que vous ne pouviez pas, au ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu, établir une
exactitude du nombre de contrats étant donné que les
établissements collégiaux et les formateurs privés
pouvaient eux aussi établir directement de tels contrats.
M. Bourbeau: Alors, ce chiffre-là est partiel pour deux
raisons. Premièrement, il ne comprend pas les entreprises privées
de formation. Deuxièmement, il ne comprend que les institutions
d'enseignement qui ont répondu à nos demandes. On nous signale
qu'il y a vraisemblablement beaucoup de contrats qui n'ont pas sncore
été rapportés par le ministère de
l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Science ou
même les CFP. Alors, ce sont des données fragmentaires. Ça
indique plutôt une tendance que la réalité. 5226 contrats
pour les 9 premiers mois de l'année 1991-1992. Le nombre d'entreprises
concernées par ces contrats serait de 3708. Le nombre de personnes
visées par la formation prévue au contrat serait de 47 233; le
nombre d'heures de formation prévues au contrat: 395 495; et les
coûts de formation correspondant aux activités prévues au
contrat: 17 424 787 $. (21 h 10)
Maintenant, si j'osais risquer une prédiction, je dirais qu'il
est fort possible que la réalité soit à peu près le
double des chiffres qu'on a présentement. On pourrait penser que,
présentement, pour les 9 premiers mois de l'année 1991-1992, la
réalité se situe probablement autour de 30 000 000 $ à 35
000 000 $. Mais c'est un...
Mme Harel: Pour les quatre premiers mois. M. Bourbeau: Les
neuf premiers mois. Mme Harel: Pour les neuf premiers mois.
M. Bourbeau: C'est un chiffre que je lance sous toutes
réserves. Je ne voudrais pas que la députée de Maisonneuve
vienne me reprocher ce chiffre-là si, par hasard, un jour, il est trop
élevé ou pas assez élevé. C'est un estimé
très, très sommaire et hasardeux que nous faisons. Mais, enfin,
selon les antennes qu'on peut avoir, on serait porté à penser que
le chiffre réel est probablement autour de 30 000 000 $ à 35 000
000 $.
Mme Harel: Quand vous dites réel... Pour l'année
1990-1991?
M. Bourbeau: Pour l'année qui a débuté le
1er avril 1991 et qui s'est terminée le 31 mars 1992.
Mme Harel: Alors, ça aurait doublé du 1er avril au
31...
Des voix:...
Mme Harel: Excusez-moi, du 1er avril au 31 mars?
M. Bourbeau: Oui, l'année qui s'est terminée le 31
mars dernier.
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: Mais c'est uniquement pour les neuf premiers mois de
cette année-là. On n'a pas les trois derniers mois.
Mme Harel: Ah! d'accord.
M. Bourbeau: Autre chose. Ce sont uniquement les coûts de
formation. Ça ne comprend pas les salaires des...
Mme Harel: Des formateurs.
M. Bourbeau: ...travailleurs qui sont éligibles au
crédit d'impôt. ça, ce sera réclamé,
probablement, par les entreprises. on ne connaît pas ces
chiffres-là, non plus.
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: De sorte que la députée de Maisonneuve
peut se réjouir. On s'en va allègrement vers les 100 000 000 $
qu'on avait annoncés. Nous aussi, nous nous en réjouissons, je
dois dire.
Mme Harel: Oui. Mais il y a pas mal de millions qui ont
été périmés, là, entre-temps. En 1990-1991,
c'était 67 000 000 $ qui étaient annoncés. Les chiffres
que vous nous avez donnés...
M. Bourbeau: Mais, si je me souviens bien, vous nous avez
félicités, ce matin, parce qu'on ne périmait plus, parce
qu'on...
Mme Harel: Ce n'est pas vous qui périmez, là. La
péremption va être au ministère des Finances. Ils ne vous
étaient pas alloués, ces budgets-là, ils étaient
restés aux Finances.
M. Bourbeau: Ah, bon! je croyais que vous... Mme Harel:
Alors, ce n'est plus vous... M. 2ourbeau: Non, non. Mais il n'y a
pas...
Mme Harel: ...mais c'est quelqu'un d'autre pour vous.
M. Bourbeau: ...de péremption parce qu'on avait dit que
ça coûterait 100 000 000 $ en régime de croisière.
La croisière, comme vous le savez, dans ces programmes-là,
ça ne s'atteint pas la première année.
Mme Harel: Mais les chiffres que vous estimez être ceux des
contrats entreprises, heures et tout... Je vous remercie, en tout cas, de me
donner ces chiffres-là.
M. Bourbeau: On a fait un gros effort pour tenter de vous...
Mme Harel: Est-ce que c'est 1990-1991 ou si ce sont les chiffres
pour les neuf premiers mois, d'avril à décembre 1992?
M. Bourbeau: Écoutez, je vais reprendre, là. Je
vais vous donner deux chiffres, un pour la première année...
Mme Harel: Ah! c'est ça.
M. Bourbeau: ...de septembre 1990 au 31 mars 1991.
Mme Harel: Ça correspond à peu près à
17 000 000 $ estimés, sans comprendre les salaires des travailleurs.
M. Bourbeau: Non, non. Écoutez-moi, là. Mme
Harel: Ah!
M. Bourbeau: L'année 1990-1991, 1er septembre 1990 au 31
mars 1991, ça, c'est les 7 premiers mois du programme. On estime que le
total des coûts de formation était de 2 179 000 $.
Mme Harel: D'accord. Je dois vous dire...
M. Bourbeau: Je ne vous avais pas donné ce
chiffre-là tout à l'heure.
Mme Harel: Non, puis...
M. Bourbeau: L'année suivante, qui est l'année qui
vient de se terminer...
Mme Harel: D'accord.
M. Bourbeau: ...1er avril 1991... Mais je n'ai pas les chiffres
au 31 mars 1992, j'ai au 31 décembre 1991, ça, c'est 9 mois: 17
424 000 $. Vous devez admettre que c'est une progression fulgurante par rapport
à la première année.
Mme Harel: Oui, parce que j'en avais, des chiffres; je les avais
obtenus du ministère du Revenu. C'est plus facile de les avoir du
ministère du Revenu que de la Sécurité du revenu.
Mais au Revenu, on vous dit que: Oui, à date, pour l'année
1990-1991, il y a eu 263 compagnies qui se sont prévalues du
crédit d'impôt remboursable, et le total des dépenses
allouées pour ces 263 compagnies est de 1 700 000 $ pour l'année
1990-1991.
M. Bourbeau: Ça vient d'où, ces chiffres-là?
Je m'excuse, là.
Mme Harel: Du Revenu.
M. Bourbeau: Alors, écoutez...
Mme Harel: Ça représente une moyenne de 6498 $ par
compagnie.
M. Bourbeau: Écoutez, c'est certainement fragmentaire. Je
ne sais pas d'où ça vient. C'est certainement un chiffre partiel,
ça ne peut pas être total. Je voudrais corriger mon chiffre de
tantôt, j'ai fait une erreur. Quand je vous ai donné
l'année 1990-1991, les 7 premiers mois, enfin, la première
année du programme qui a commencé en septembre 1990 au 31 mars
1991, le chiffre n'était pas de 2 000 000 $, mais de 8 410 458 $. Donc,
pour les 7 premiers mois du programme, nous estimons le coût à 8
410 458 $. Pour la deuxième année du programme, 1er avril 1991
au... mais là c'est seulement au 31 décembre 1991, 9 mois, 17 424
787 $. Mais je vous ai dit que, selon nous, ce chiffre-là va être
beaucoup plus élevé que ça, probablement le double.
Mme Harel: Vous vous rappelez ce que vous me disiez l'an
passé? L'an dernier, vous me disiez exactement ceci: «En septembre
prochain - là, on était au mois d'avril, l'an dernier, le 23
avril - après que le traitement des rapports d'impôts des
entreprises aura été complété, nous
connaîtrons alors l'utilisation du crédit d'impôt
remboursable à la formation par les employeurs pour l'année
1990-1991.» Là, en septembre, on m'a dit que c'est au printemps
prochain. Là, au printemps, vous me dites que c'est l'an prochain?
M. Bourbeau: Bien, écoutez, je crois que je vous ai
donné des chiffres là.
Mme Harel: Oui.
M. Bourbeau: Je vous en ai donné des chiffres. Je vous ai
donné des contrats, des heures, des montants.
Mme Harel: Oui, d'accord.
M. Bourbeau: Qu'est-ce que vous voulez de plus?
Mme Harel: Bien, là, vous dites que vous
me les donnez, mais que vous me les donnez sous condition, que ce n'est
pas... que ces chiffres-là peuvent être changés.
M. Bourbeau: Bien, vous voulez que je vous donne n'importe quoi.
Je peux vous dire n'importe quoi!
Mme Harel: Non, non, non.
M. Bourbeau: Je vous dis les chiffres que j'ai devant moi. Vous
savez fort bien, comme moi, qu'il est impossible d'avancer des chiffres qu'on
ne nous a pas fournis encore.
Mme Harel: II y avait 67 000 000 $ pour les 7 premiers mois.
C'était le budget alloué par le ministre des Finances.
M. Bourbeau: Pas pour ce programme-là.
Mme Harel: Justement, c'était un montant attribuable au
fait que l'ensemble des dispositions ne duraient que 7 mois. Je comprends qu'il
y a eu environ 8 000 000 $ sur les 67 000 000 $. C'était 67 000 000 $,
la note du ministre des Finances, non, du Service des programmes de
développement de la main-d'oeuvre. Je lis: «Le montant de 67 000
000 $...
M. Bourbeau: Est-ce qu'on pourrait savoir, M. le
Président, dans quel document la députée de Maisonneuve
prend ces chiffres-là, cette phrase-là?
Mme Harel: Oui, certain, les crédits de l'année
passée. La source: Service des programmes de développement de la
main-d'oeuvre, crédit d'impôt remboursable à la formation.
Des belles notes là, c'était l'année passée...
M. Bourbeau: 67 000 000 $? Ce n'est pas possible, hein, ce n'est
pas possible.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, voulez-vous...
M. Bourbeau: M. le Président, je ne comprends pas
là. Vraiment, je suis complètement...
Mme Harel: Non non, pas que 67 000 000 $ avaient
été dépensés. Ce qui est indiqué, c'est
ceci: Budget et clientèle pour l'année 1990-1991. Le montant de
67 000 000 $ est attribuable au fait que l'ensemble des dispositions de la
mesure a prévalu pour une période de 7 mois seulement.
C'était ce que le ministre des Finances mettait à la disposition
des entreprises, 67 000 000 $, et c'était graduellement haussé.
Je vais vous en faire photocopie Ça vient de chez vous ça,
là
Le Président (M. Joly): Merci, Mme la
députée.
Mme Harel: C'est bien fait comme d'habitude.
Le Président (M. Joly): Alors, on va permettre à M.
le député de Salaberry-Soulanges de poser une question. S'il vous
plaît.
M. Marcil: M. le ministre, dans cette mesure de crédit
d'impôt, justement, pour formation au niveau des entreprises, lorsqu'au
niveau d'un budget on alloue 67 000 000 $... Naturellement, il y a le budget et
puis il y a les dépenses. Ça supoose qu'au niveau... Lorsqu'on a
mis en place cette mesure, c'est qu'on voulait développer cette culture
au niveau des entreprises, former leur main-d'oeuvre. Ça suppose que
lorsqu'on périme des montants d'argent au niveau de la formation, au
niveau de ce budget-là, c'est parce que ce sont des montants d'argent
qui ne sont pas utilisés. C'est bien ça? Donc, s'il y avait eu
des demandes pour le montant d'argent tel que prévu au budget, le budget
aurait été dépensé?
M. Bourbeau: Je voudrais dire quelque chose, M. le
Président, là. Ce chiffre-là de 67 000 000 $, ce
n'était pas dans les budgets de l'an dernier. C'est une somme
importante, là, on l'aurait vue, c'est bien sûr. C'était un
estimé qui a été mis quelque part dans un papier, je ne
sais pas où, je ne l'ai pas devant moi là, mais qui était
totalement irréaliste. Tout le monde le sait, la députée
de Maisonneuve, elle-même, la première.
Ce programme-là a commencé au mois de septembre 1990. Il
était impossible que dans l'année...
Mme Harel: II n'était pas irréaliste. Vous, l'an
passé, vous disiez que j'allais avoir des bonnes nouvelles, l'an
prochain.
M. Bourbeau: Bien oui, mais je vous en ai donné des bonnes
nouvelles là. Mais, 67 000 000 $, un programme qui a
débuté le 1er septembre 1990, il était impossible...
M. Marcil: ...qu'on puisse le dépenser.
M. Bourbeau: ...qu'on dépense 67 000 000 $ dans les 7
premiers mois. D'ailleurs...
Mme Harel: C'est maintenant qu'il le dit.
M. Bourbeau: ...je suis étonné qu'on en ait
déboursé 8 000 000 $, qu'il nous coûte 8 000 000 $. On a
toujours dit que ce programme-là, en phase de croisière, on
espérait qu'il atteigne 100 000 000 $. Mais, dans mon esprit, la phase
de croisière, ce n'est pas avant trois ans dans un programme comme
ça, d'après mon expérience. Je vais vous dire, Je suis
agréablement surpris qu'on atteigne aujourd'hui, après un
peu plus d'un an, des chiffres comme ceux-là, un an et demi,
parce qu'on a toujours dit que la PME québécoise n'était
pas intéressée à faire de la formation, qu'il n'y avait
pas de tradition, de culture.
J'ai comme l'impression que le message est en train de passer parmi les
PME, et qu'on y vient peut-être plus vite qu'on pense. Si c'est le cas,
je pense que nous allons tous nous réjouir, M. le Président,
parce que c'est la meilleure nouvelle que, moi, j'aie eue depuis un certain
temps, de réaliser que, finalement, nos PME sont en train de se mettre
à l'heure de la formation, et qu'elles y viennent plus rapidement que je
n'avais pensé. Alors, tant mieux! Ça vaudrait la peine de
fêter ça. (21 h 20)
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, s'il vous plaît.
M. Marcil: Donc, M. le ministre, ce que vous dites, c'est que
lorsqu'on... Parce que, souvent, ça a une connotation négative
lorsqu'on parle de périmer des budgets au niveau de la formation. Si on
périme des montants d'argent, c'est parce qu'ils ne sont pas
utilisés. Si on avait les demandes pour les montants qu'on a
déjà de prévus, on les dépenserait. C'est dans ce
sens-là?
M. Bourbeau: Oui, mais on ne peut pas parler de péremption
dans ce cas-ci parce qu'il n'y a pas de budget de prévu au
ministère. Comme vous le savez, les compagnies qui font de la formation
et qui utilisent le crédit d'impôt réclament une ristourne,
si je peux dire...
M. Marcil: C'est ça.
M. Bourbeau: ...dans leur rapport d'impôt. Donc, il n'y a
pas de budget. Alors, jamais le gouvernement ne périme des fonds. Mais,
en fait, c'est un programme ouvert, ça.
Une voix: C'est ça.
M. Bourbeau: Si les entreprises y vont allègrement,
ça peut nous coûter... C'est comme l'aide sociale, ça peut
nous coûter 200 000 000 $, 300 000 000 $. On ne sait pas combien
ça va coûter. On a fait des projections en croyant qu'elles
étaient réalistes. Moi, je souhaite qu'elles soient
irréalistes, les projections, et que les compagnies y aillent plus que
pour 100 000 000 $ parce que...
M. Marcil: Donc, on ne périme pas d'argent dans
ça.
M. Bourbeau: Non, absolument pas, pour aucune somme. Les 67 000
000 $ dont on parlait tantôt, c'étaient probablement des
estimés qui avaient été mis là pour des fins de
discussion, mais ce n'étaient certainement pas des sommes qui
apparaissaient dans les crédits, les budgets du ministère.
M. Leclerc: M. le Président...
M. Bourbeau: Excellente question, M. le député
de...
Mme Harel: Peut-être, avant qu'on quitte cette question et
qu'on aborde celle que veut amener le député de Taschereau, l'an
passé, le ministre disait que j'étais une incorrigible pessimiste
parce que je croyais que...
M. Bourbeau: Je pense que je vais le dire cette année
aussi.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Harel: ...son gouvernement et lui-même ne pourraient
pas dépenser l'argent que le ministre des Finances avait annoncé.
L'an passé, on était en 1991, et le ministre des Finances avait
annoncé, en 1990, que l'argent allait être dépensé.
Il en avait budgété, lui, et cet argent-là, ces 67 000 000
$, vous savez où on les retrouve? Dans le budget du ministre des
Finances.
M. Bourbeau: Dans quel budget?
Mme Harel: Du ministre des Finances. C'est là où
ça a été budgété, le crédit
d'impôt à la formation. C'est dans le budget du ministre des
Finances, d'avril 1990.
M. Bourbeau: M. le Président, personnellement, je suis
incrédule. Je ne peux pas penser que le ministère des Finances du
Québec se soit imaginé qu'on pouvait dépenser 67 000 000 $
l'an dernier...
Mme Harel: Va lui porter.
M. Bourbeau: ...dans ce programme-là. C'était
mathématiquement et physiquement impossible. Alors, je dois dire que j'y
perds mon latin, M. le Président.
Mme Harel: Non seulement je le pense, M. le Président,
mais, en plus, le service des programmes de développement de la
main-d'oeuvre le pensait l'an dernier, et j'invite le ministre à lire la
note, l'astérisque, en bas de page.
M. Bourbeau: 1987-1988...
M. Marcil: M. le Président, c'est un petit peu...
Le Président (M. Joly): Oui, M. le
député.
M. Marcil: ...comme le budget en recherche et
développement. Donc, on peut prévoir... À un moment
donné, on annonce qu'on va dépenser 100 000 000 $ en recherche et
développement, sauf qu'il faut qu'il y ait une demande. S'il y a une
demande pour 30 000 000 $, on va dépenser 30 000 000 $, on ne
dépensera pas...
Le Président (M. Joly): Vous êtes en train de dire
qu'il ne faut pas jeter notre argent par les fenêtres.
M. Marcil: Bien, c'est ça. C'est parce que c'est bien
différent d'autres programmes où on décide de
périmer des montants d'argent parce qu'on n'a pas assez d'argent pour
fournir au niveau des programmes.
Le Président (M. Joly): Alors, l'offre est là, la
demande n'y est pas.
M. Marcil: J'espère qu'en 1994-1995 on va '
peut-être dépenser 200 000 000 $ en crédit d'impôt
pour la formation au niveau des entreprises. Ça serait tout à
fait exceptionnel.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, pour moi, je ne m'explique
pas ce chiffre-là qui est totalement irréaliste, mais le
sous-ministre vient de me risquer une explication. Peut-être qu'on
pourrait lui demander de nous donner son explication.
M. Pronovost (Jean): À la lecture, je pense que
l'explication s'impose d'elle-même. On nous a demandé quel budget
était disponible pour la mesure. La personne qui a fait la fiche s'est
tout simplement dit ceci: Le ministre des Finances a annoncé qu'en
rythme de croisière il y avait jusqu'à 100 000 000 $ disponibles.
Ce programme-là a été applicable tant de mois sur tant, je
fais une règle de trois, il y a donc un budget disponible de tant. Ce
n'est pas une prévision de dépenses, ça.
Mme Harel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Harel: ...je regrette. Là, on va aller chercher le
budget du ministre des Finances, et ce n'est pas en rythme de croisière
que les 100 000 000 $ avaient été prévus. À chaque
année, à partir de septembre 1990, il y a un budget substantiel
qui a été prévu. Alors, le rythme de croisière,
c'est nouveau ça, là, et on ne sait même pas en quelle
année... Si le rythme de croisière existait, il y aurait une
année qui y serait associée.
M. Bourbeau: J'ai hâte d'avoir le texte, j'espère
qu'on l'aura. Ce n'est probablement pas l'expression, effectivement, qui a
été employée par le ministre des Finances. Le rythme de
croisière, c'est moi qui ai employé l'expression, mais je sais
pertinemment ce que le ministre des Finances a dit, ou a voulu dire s'il ne l'a
pas dit: c'était que ce programme-là, lorsqu'il serait en
opération - et en opération, ça veut dire en rythme de
croisière - devrait coûter, selon les estimés qu'on peut
faire, 100 000 000 $. Jamais il n'a été, dans l'esprit du
gouvernement et du ministre des Finances, possible que ce programme-là
puisse coûter 100 000 000 $ la première année. Si quelqu'un
sait ça, c'est bien la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
qui doit certainement sourire quand on lui en parle.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Taschereau, s'il vous plaît.
M. Leclerc: M. le Président, il y a 85 minutes qu'on a
commencé. Le parti ministériel a eu deux minutes. Avec votre
permission, j'aimerais...
Le Président (M. Joly): Alors, d'ailleurs... Mme Harel:
C'est à vous, là. Allez-y.
Le Président (M. Joly): ...je vous reconnais, selon
l'article 35, no 3.
M. Leclerc: Bon! merci. Mme Harel: II n'y a pas de
problème.
Programmes EXTRA et PAIE
M. Leclerc: M. le ministre, vous avez dit tout à l'heure
qu'il y avait une grosse clientèle sur l'aide sociale dans mon
comté, vous aviez raison. Heureusement, il y a aussi le pendant, il y a
des organismes qui ont à coeur d'organiser des stages, d'organiser des
programmes comme PAIE, bref de participer avec le gouvernement aux mesures. Le
gouvernement a toujours dit qu'il avait besoin des organismes communautaires
pour mettre en place un certain nombre de mesures qui étaient offertes
à la clientèle et ces organismes-là travaillent de
près avec les centres Travail-Québec pour le mieux-être des
bénéficiaires. J'ai quelques cas où il y a des petits
irritants dont je voudrais discuter avec vous. Je voudrais d'abord souligner
que les gens du Service amical basse-ville sont ici avec nous. Ils ont suivi
religieusement nos travaux toute la journée. C'est une véritable
PME de mesures gouvernementales, tant et si bien qu'ils sont organisés
pour bien s'occuper des gens qui viennent chez eux grâce à nos
mesures, mais, en plus, ils font en sorte que ces mesures-là soient les
plus efficaces possible pour notre société. Ils
travaillent en service à domicile auprès des personnes
âgées service de restauration pour les personnes
âgées, etc Vous comprenez que ces gens-là sont bien places
pour connaître les irritants du système et connaître les
petits ajustements dont le système aurait besoin
Je voudrais d'abord commencer par le cas du service d'entraide
basse-ville qui est un service de mon comte qui existe depuis très
longtemps Je ne me trompe pas en disant 15, 20 ans, donc qui existait bien
avant les mesures, avant les nôtres et avant celles de Mme Marois, par
ailleurs C'est un service qui fait vestiaires, enfin, reparations de petits
accessoires électriques, bref beaucoup d'aide aux personnes
assistées sociales dans le besoin de mon comte Ce service-la avait
auparavant, avant notre reforme, des bénévoles qui pour une bonne
partie de ces bénévoles-là, étaient sur l'aide
sociale Par consequent, ces bénévoles-là essentiellement
de sexe féminin, essentiellement au-dessus de 50 ans, ont
été amenées a demander une mesure dans le cadre du
programme EXTRA Donc, de bénévoles qu'elles étaient sous
l'ancien régime, elles devenaient participantes dans le cadre du
programme EXTRA, toujours pour le même organisme qu'elles connaissaient
et avec lequel elles travaillaient depuis longtemps 12 mois EXTRA, 3 mois
d'extension, et on arrive a un moment où elles devront selon nos
critères actuels, retourner chez elles pendant 6 mois et/ou demeurer
strictement bénévoles, tout en perdant l'allocation d'une
quarantaine de dollars, si ma mémoire est exacte (21h30)
Or, s'il s'agissait de personnes dans la trentaine, s'il s'agissait de
personnes qui peuvent logiquement espérer se trouver un emploi à
ce moment-ci, je dirais que c'est normal D'ailleurs, on a toujours dit,
lorsqu'il y avait des mesures, qu'il ne fallait pas que les gens, à
cause de ces mesures-la, ne cherchent pas de travail, ne cherchent pas un
emploi régulier, sauf que compte tenu du contexte économique et
de l'âge de ces personnes-là qui, pour la plupart, ne travaillent
plus depuis 25 ou 30 ans, qui pour la plupart, n'ont pas nécessairement
un grosse scolarité, il faut se le dire, je me dis "Est-ce qu'on peut
raisonnablement mettre fin à leurs mesures, les renvoyer chez elles pour
6 mois et, dans 6 mois, leur donner une autre mesure, dans un autre organisme
à but non lucratif qu'elles ne connaissent pas, compte tenu du fait que,
souvent, ce sont des personnes relativement démunies sur le plan
psychologique également?" Il faut comprendre que, comme elles sont
bénévoles dans un organisme depuis 5 ans, elles connaissent tout
le monde Elles connaissent la routine Elles sont prises en charge, bien
souvent, par l'organisme et de vouloir les relocaliser 6 mois plus tard, un peu
partout dans des organismes qu'elles ne connaissent pas, avec des gens qu'elles
ne connaissent pas, c'est relativement traumatisant
J'ai rencontré personnellement, un certain nombre de ces
personnes-là et, que voulez-vous, rien qu'à l'?il,
là, je ne pense pas que ce soient des gens qui, demain matin, vont se
trouver un emploi
Alors, moi, ce que je voudrais savoir Est-ce que l'on peut envisager que
le programme EXTRA, au-delà de l'extension de 3 mois qui a
déjà été consentie, pourrait, parfois, dans
certains cas, par derogation, se continuer sur une plus longue période?
J'entends ces clientèles de plus de 50 ans, qui ont vraiment des
barrières importantes a l'emploi Je pense que vous comprenez un petit
peu la clientèle dont je fais état Ce ne sont pas des inaptes Je
n'ai jamais prétendu qu'elles étaient inaptes, mais dans notre
système, avec la crise économique qu'on traverse, avec la
complexité des emplois, compte tenu de leur âge, compte tenu de
leur peu d'expérience sur le marche du travail et compte tenu de leur
faible scolarité, c'est un peu illusoire de penser qu'elles vont se
trouver un emploi demain matin Alors, de mettre fin a leur programme EXTRA et
de les renvoyer chez elles pour 6 mois, je ne suis pas sûr qu'on fait ce
qu'on peut faire de mieux pour elles
Le Président(M. Joly): M le ministre
M. Bourbeau: M le Président, je dois dire que c'est
très stimulant de travailler avec des collèques, des deux
côtés de la Chambre, qui ont des expériences vécues
dan ce milieu-là et qui, par leur témoignage, peuvent
continuellement nous forcer, nous obliger à tenter d'améliorer la
réforme que nous avons bâtie ensemble Quant à moi, j'ai
toujours dit que la réforme de l'aide sociale, je ne voulais absolument
pas qu'elle soit statique, qu'elle dépérisse avec le temps comme
on voit le voit très souvent Les lois, après une vingtaine
d'années, on est obligés de les refondre ou de les
réformer complètement parce qu'elles ne correspondent pas
à la réalité
Vous savez que depuis qu'on a adopté la réforme de l'aide
sociale, à plusieurs reprises, on est arrives avec des modifications
pour tenter de s'ajuster à des réalités changeantes
Même la députée de Hochelaga-Maisonneuve, à quelques
reprises, à porté à mon attention des cas particuliers et
à quelques reprises, on a réussi à apporter des
changements D'autres députés gouvernementaux aussi Je fais
allusion à des cas, par exemple Dans la dernière tournée
de modifications qu'on a apportées, il y avait des choses qui avaient
été portées à mon attention par la
députée de Hochelaga-Maisonneuve
Le point d'ont parle le député de Taschereau est
extrêmement intéressant Je le lui ai dit d'ailleurs, dans ma
lettre, je crois II a reçu la réponse, là
M. Leclerc: On s'écrit de temps en temps
M. Bourbeau: c'est une préoccupation très majeure
pour nous, présentement, de tenter de trouver des solutions au
problème qu'il soulève. ii y a des organismes extrêmement
méritoires, qui s'acharnent à tenter de mettre au travail ou,
enfin de mettre en activité ces gens-là qui ont des
déficiences psychologiques. c'est une cliente plus fragile qui,
manifestement, est extrêmement difficile à intégrer en
emploi. c'est probablement impossible, d'ailleurs, de les in tégrer en
emploi, même s'ils ne sont pas partie du programme soutien financier.
peut-être que certains d'entre eux ne veulent pas non plus faire partie
du programme soutien financier. ces personnes-là sont désireuses
de travailler, de rendre service à la collectivité par le biais
du programme extra où, manifestement, on rend des services. je pense que
c'est notre devoir de tenter de ne pas décourager ces gens-là,
mais, au contraire, de les stimuler, et les promoteurs et les participants. je
peux assurer le député de taschereau que, quant à moi, je
vais faire le maximum pour tenter de trouver une solution à ce
problème-là, étant bien convaincu comme lui que, si on
fait en sorte de faire sortir ces gens-là du programme pour les faire
entrer quelques mois après, ça ne va créer que des
complications, tant pour les personnes que pour les organismes, et on
n'atteindra pas les objectifs de la réinsertion en emploi de toute
façon. alors, pour ces clientèles-là, il va falloir voir
comment on peut les identifier ces clientèles, tenter de trouver des
solutions et je peux vous assurer qu'on va tenter de le faire.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Taschereau
M. Leclerc: Merci Au-delà du programme EXTRA, je pense
qu'on a un problème plus large avec nos mesures pour les personnes de 50
ans et plus J'étais à l'école Louis-Joliet, une
école où il y a du rattrapage scolaire, avec la
députée de Maisonneuve, hier D'ailleurs, c'est là qu'elle
nous a annoncé que les aptes ne seraient pas indexés
M. Bourbeau: Déclaration semi-ministérielle
M. Leclerc: Oui, c'est ça Et on a rencontré, je
pense que la députée de Maisonneuve doit s'en souvenir, une dame
de 52, 53 ans qui était de retour aux études, probablement en
secondaire II ou en secondaire III, et qui avait un jeune enfant, qu'elle avait
adopté, de six ans Le problème que rencontre cette dame, c'est
que, d'une part, elle se dit qu'à l'âge qu'elle a, quand elle va
avoir soft diplôme d'études secondaires, elle va être
près de la soixantaine Et, pendant tout ce temps-là, le
gouvernement devra débourser la garderie pour son jeune enfant de six
ans.
Donc, elle ne comprend ni le bienfait pour elle de cette mesure - elle a
adopté un enfant - elle ne comprend ni pour elle le bienfait de la
mesure, ni pour le gouvernement non plus compte tenu de ce qu'il doit
débourser 1° pour payer ses cours 2* pour payer les frais de
garderie et tous les frais afférents, etc Donc, on en arrive à un
moment où ces gens-là à cause de leur âge, à
cause de leurs antécédents ont du mal à avoir la
motivation nécessaire pour passer à travers leur cours secondaire
Elles ont cessé d'étudier il y a 30, 35 ans On les remet sur le
banc d'école, et elles savent très bien qu'elles vont avoir leur
diplôme tellement tard que c'est virtuellement Impossible pour elles
Une voix: Elle va recevoir sa rente du Québec
M. Leclerc: C'est ça. Elles vont recevoir leur rente du
Québec en même temps que leur diplôme J essaie de voir
comment on pourrait traiter ces cas-là de personnes entre 50 et 55 ans,
avec un petit peu plus de latitude pour éviter des cas comme ça
Enfin, je pense que c'est ni rentable pour le Québec, ni rentable pour
la Je comprends que ça lui donne I'occasion de sortir, de voir d'autres
gens, dap prendre des choses, là n'est pas la question Mais j'essaie de
me mettre dans ses culottes, ça doit être difficile de se motiver
le matin pour aller en secondaire II à l'âge de 52 ans, votre
petit de 6 ans à la maison, sachant que vous allez avoir votre
diplôme à l'âge de 59 ans
Je me dis qu'il faudrait trouver des méthodes flexibles
Le Président (M. Joly): Dans le même ordre dans le
fond, ce que M le député de Taschereau vit, c'est un peu ce que
je vis moi aussi dans certains cas chez nous Ce qu'on voudrait éviter M
le ministre, c'est tout simplement de faire en sorte qu'un chèque de la
Régie des rentes du Québec n'arrive pas en même temps que
le diplôme de secondaire V, dans certains cas Alors, vous allez me dire
que c'est des cas d'exception Ce sont des cas qu'on vit ou vraiment on n'a pas
de réponse
M. Bourbeau: M le Président, tout ce que je pourrais dire
c'est qu'on ne se posait pas ce genre de question là sous l'ancienne loi
de l'aide sociale
M. Leclerc: Non, non
M. Bourbeau: Aujourd'hui on a fait une loi qui permet une
modulation, qui a fait des catégories On a des barèmes
différenciés On veut venir en aide, bon, c'est merveilleux Mais
ça amène comme ça toute un éventail de situations
qui manifestement n'étaient pas toujours toutes prévues et
auxquelles on s'attarde dès qu'elles sont portées à notre
attention. Ça aussi
on va regarder le problème dont vient de parler le
député de Taschereau. On va mettre ça dans la liste des
dossiers qu'on va regarder au ministère.
On va certainement en discuter aussi avec la Commission consultative sur
la sécurité du revenu où siègent des gens qui sont
éminemment concernés par ces problèmes. Comme on l'a fait
pour les autres dossiers qui ont cheminé dans les derniers mois, les
deux dernières années, j'espère qu'on pourra trouver une
solution adéquate au problème soulevé par le
député de Taschereau.
M. Leclerc: Un mot, si vous me permettez, sur le programme PAIE.
Est-ce que c'est dans l'intention du ministre d'éventuellement augmenter
la période couverte? On parle actuellement de six mois. Il y avait eu
des hypothèses, il y a deux, trois ans, lorqu'on avait mis le programme
en place. On avait parlé d'un an, on avait parlé de neuf mois,
finalement on avait retenu six mois. Est-ce que, notamment, compte tenu de la
période économique qu'on traverse, ce ne serait pas un moment
approprié, ne serait-ce que de façon temporaire, d'augmenter
ça à un an, quitte à, lorsque le chômage baissera,
à le ramener plus bas? Évidemment, tout le monde comprend que ce
n'est pas facile de se trouver un emploi quand on est sur l'aide sociale. C'est
encore plus difficile, dans le contexte, à cause du haut taux de
chômage. Et je me dis que ce programme-là pourrait donner un coup
de main supplémentaire, en ces temps difficiles. (21 h 40)
M. Bourbeau: Je prends note de la suggestion du
député de Taschereau. Tout ce que je peux dire, c'est qu'à
ce moment-ci nous n'avons pas envisagé, jusqu'à maintenant en
tout cas, de prolonger la période du programme PAIE au-delà des
26 semaines prévues dans le programme. Il faudrait faire une
évaluation des conséquences des coûts additionnels de la
mesure. Les équilibres, dans ce programme-là, sont quand
même assez importants. C'est un programme qui peut coûter
très cher au gouvernement, si on ne fait pas attention. Mais je vais
prendre note de la suggestion. On va regarder dans quelle mesure on pourrait le
faire.
M. Leclerc: J'en conviens parce que, lorsqu'il y a ralentissement
économique... On a créé Corvée-habitation, on a
fait des devancements de dépenses d'immobilisation dans certains
ministères, Affaires culturelles, Transports, etc. Je pense que c'est
une des mesures qui pourraient à la fois aider le Québec, en ces
temps difficiles, et des personnes qui sont sur l'aide sociale.
M. Bourbeau: M. le Président, comme je l'ai dit, on va
prendre note de la suggestion du député de Taschereau, tout en
signalant aux membres de la commission que, dans environ un mois, nous aurons
l'occasion de signer, probablement, le 25 000e contrat du programme PAIE, et ce
sera une étape intéressante ou importante dans le cheminement de
ce programme.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Je tiens
à corriger, pour ceux qui liront les galées, que j'avais reconnu
le député de Taschereau en vertu de l'article 35, mais, en
révisant mon règlement, je m'aperçois que c'est l'article
132, deuxième alinéa, M. le député.
M. Leclerc: J'avais un dernier...
Le Président (M. Joly): Un dernier point, M. le
député?
M. Leclerc:... point, très rapide. Compte tenu que, dans
tous les comtés du Québec - j'imagine que c'est la même
chose dans le comté de Mme la députée - il y a des gros
organismes qui ont une longue histoire derrière eux, qui travaillent
avec le ministère sur des mesures - il y en a probablement un ou deux
par comté qui travaillent de façon plus particulière et
régulière - est-ce qu'y n'y aurait pas lieu de demander que les
centres Travail-Québec aient des relations très soutenues avec
ces gens-là et qu'ils les traitent en partenaires? Est-ce qu'il y aurait
moyen de faire en sorte qu'on identifie, sur le territoire du Québec,
les 100 ou les 150 organismes qui collaborent de plus près avec le
gouvernement sur les mesures et de faire en sorte de se donner le mot, dans les
centres Travail-Québec, pour qu'on porte une attention
particulière à ces gens-là et qu'on leur donne un
traitement VIP? Ce sont des collaborateurs du gouvernement. Ce sont des gens
qui donnent des services sur le territoire, qui aident les assistés
sociaux et, à ce titre de collaborateurs réguliers, il me semble
qu'on devrait leur donner un traitement bien spécial, en tout cas
sûrement mieux que ceux qui ont une mesure de temps en temps avec le
ministère. Il y a des collaborateurs réguliers - j'en connais
deux dans mon comté -qui ont jusqu'à 20 et 25 programmes en
même temps. Alors, ça fait bien du monde à gérer,
bien des papiers à contrôler. Il me semble que nos centres
Travail-Québec devraient les traiter de façon bien
particulière parce que, si on en veut, des mesures, il faut bien les
traiter, ces organismes-là.
M. Bourbeau: M. le Président, ce que je pourrais dire
rapidement, en réponse aux préoccupations du député
de Taschereau, c'esf que, d'abord, nous avons mis sur pied, comme vous le
savez, la commission consultative sur la main-d'oeuvre qui tente de rejoindre
ces groupes-là sur le plan québécois. Nous avons, dans
chaque région, un pendant régional de la Commission
consultative où je présume que ces organismes-là
doivent certainement siéger, la plupart d'entre eux, les plus
importants. Nous avons initié récemment une lettre circulaire,
genre «newsletter» à l'adresse de ces organismes-là
aussi. Et, finalement, on m'avise que dans chaque CTQ, je crois...
Une voix:...
M. Bourbeau:... enfin, la plupart des CTQ, enfin, ceux qui sont
actifs dans ce domaine-là, on a un répondant qui est
attitré à ces organismes-là, qui doit faire la liaison
avec eux, avec ces organismes-là. Est-ce que c'est suffisant? Ça
ne semble pas, si je comprends bien le député de Taschereau.
M. Leclerc: Écoutez, moi, c'est sur le principe qu'ls
doivent être traités comme des partenaires du gouvernement dans
l'application de notre réforme, et j'espère que c'est ce
message-là qui est véhiculé dans les centres
Travail-Québec. Ce sont des partenaires, parce que nous, tout seuls, le
gouvernement, on ne peut pas les appliquer toutes, ces mesures-là, on a
besoin de ces organismes communautaires là. Je voudrais simplement
m'assurer qu'ils soient traités le mieux possible par le
gouvernement.
M. Bourbeau: Pour nous, je peux vous dire, pour nous, ici
là, les dirigeants du ministère, c'est très évident
que ce sont des partenaires. D'ailleurs la mise sur pied des comités
consultatifs le prouve. Maintenant, est-ce que ce message-là
pénètre bien la structure du ministère? Je n'en suis pas
certain, mais on va certainement faire des efforts pour qu'il en soit
ainsi.
M. Leclerc: Merci.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre, merci, M.
le député. Mme la députée de Hochelaga-Maisonneuve,
s'il vous plaît.
Mme Harel: Alors, M. le Président, vous comprendrez que je
suis obligée de penser que la meilleure façon de continuer dans
certains dossiers, ça va être de poser des questions au feulleton.
Je pense entre autres à la question du règlement 3, dans la
construction, du Conseil d'arbitrage, des occupations en regard des
métiers dans la construction. Je pense aussi aux normes...
M. Bourbeau: Vous ne voulez pas en parler maintenant?
Mme Harel:... du traval, notamment aux dossiers en attente en
matière de congédiement fait sans une cause juste et suffisante,
c'est-à-dire l'article 124.
Je voudrais tout de suite, M. le Président, vous indiquer que
j'ai transmis au ministre, je ne sais s'il a eu en main la copie, le discours
sur le budget prononcé par son collègue en 1990, et qui fait
état pour l'année 1990-1991 d'un impact financier pour le
gouvernement du Québec de 67 000 000 $ en matière de
crédit d'impôt remboursable à la formation, de 100 000 000
$ en 1991-1992 et de 108 000 000 $ en 1992-1993. Alors, je comprends que
l'impact financier prévu était de 275 000 000 $ pour les deux
dernières années et la présente. Alors, tantôt, le
ministre, et je comprends que ce sont des estimés, a fait état
d'à peu près 25 000 000 $ en fait, grosso modo, 25 000 000 $ qui
évidemment peuvent être augmentés. Mate on multiplierait
par deux puis on serait bien loin évidemment de ce qui avait
été annoncé, pas dans une éventuelle vitesse de
croisière, de ce qui avait été annoncé pour l'an
passé, il y a deux ans et cette année.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée dit
ce qui avait été annoncé. Elle réfère donc
à la partie écrite du discours, et non pas au tableau. Alors,
voulez-vous que je vous dise ce que le ministre des Finances a dit dans son
discours? Je vais vous le citer: «Selon nos évaluations, cette
nouvelle mesure - je cite le ministre des Finances - pourrait
représenter un montant de 100 000 000 $ par année pour le
bénéfice des travaileurs du Québec. »
Alors, quand je parlais d'année de croisière, comme c'est
au conditionnel, nos évaluations disent que ça
«pourrait», c'est bien le langage qu'on emploie quand on parle d'un
régime de croisière, parce que sans ça le ministre aurait
dit «représentera l'année suivante». Donc, quand je
disais que selon nos évaluations c'était 100 000 000 $ dans une
année de croisière, c'était ma façon à moi
de traduire les propos du ministre des Finances.
Mme Harel: Alors, le tableau, M. le Président, ne fait pas
état du conditionnel.
M. Marcil:... la référence, M. le ministre.
Le Président (M. Joly): C'est le député de
Saint-Louis...
M. Bourbeau: Oui, c'est le Discours sur le budget et
renseignements supplémentaires, prononcé par le très
honorable ministre des Finances, député de Bonaventure. Et c'est
à la page 10 du discours, budget 1990-1991, troisième
paragraphe.
Mme Harel: Alors, M. le Président, je veux à mon
tour indiquer qu'à la page 80, du même discours sur le budget, on
va retrouver les tableaux où cette fois le ministre des Finances annonce
l'impact financier des mesures fiscales et budgétaires.
Chômage dans l'est de Montréal et
programme PATA
Je ne voudrais pas qu'on quitte avant d'avoir d'abord abordé le
programme PATA et, très rapidement, d'avoir dit au ministre la profonde
déception dans l'est de Montréal à l'égard des
budgets qui sont alloués cette année. C'est une diminution
extrêmement importante, c'est une diminution de près de 2 300 000
$. Et on me dira que d'autres CEDEC ont été finalement
avantagés cette année, mais je ne comprends pas. J'ai
regardé à nouveau les chiffres fournis par le ministère
justement en regard de la situation du chômage dans les différents
quartiers de Montréal. (21 h 50) c'est évidemment dramatique de
se rendre compte que dans l'est - je regrette que la députée de
bourget ne soit pas ici, je suis certaine qu'elle abonderait dans le même
sens - dans l'est de montréal où on retrouve un des taux de
chômage les plus élevés, c'est 27 % de la population qui
vit sous le seuil de la pauvreté. je ne comprends vraiment pas comment
on peut justifier une diminution semblable. on retrouve 20 515 prestataires de
la sécurité du revenu. ce sont des chiffres de mars 1989, les
derniers que l'on a obtenus pour les quartiers de montréal, et ça
pour le quartier de l'est. si on fait une simple attribution des quartiers
où il y a finalement le pourcentage le plus élevé, on se
rend compte, m. le président, qu'après le sud-ouest, justement,
c'est l'est de montréal qui connaît un niveau sans
précédent du nombre de prestataires de la sécurité
du revenu. c'est 2 300 000 $ de moins. le ministre a déjà
reçu une lettre qui lui était adressée et signée
par yvon charbonneau, le président du comité aviseur. je n'ai pas
besoin de lui rappeler les résultats qui étaient obtenus, un seul
va suffire, il y a 10 638 personnes qui ont participé à des
activités de formation qui étaient organisées dans le
cadre de ce fonds de relance de l'est. alors, à moins que le ministre ne
nous indique qu'il y a des façons de procéder pour
rétablir la situation, je peux vous dire que c'est plus que la
déception. en fait, je pense que, finalement, il y a
énormément d'amertume qui a gagné le milieu de l'est. je
ne parle pas que du milieu communautaire, je parle du milieu d'affaires, parce
que c'était la première fois que le comité aviseur et la
relance de l'est permettaient une concertation entre des groupes dans notre
société qui n'avaient jamais l'occasion même
d'échanger. je pense au milieu des affaires, je pense au milieu des
commerces, puis aussi au milieu communautaire.
M. Bourbeau: M. le Président, j'entends la
députée de Maisonneuve qui pousse les hauts cris depuis quelques
instants. Je cherche à comprendre pourquoi.
Mme Harel: C'est le tableau qui...
M. Bourbeau: Selon les documents que j'ai devant moi, le budget
de cette année n'est pas inférieur à celui de l'an
dernier, H est même supérieur. Alors pourquoi crie-t-on autant que
ça là?
Mme Harel: Dans l'est, j'invite le ministre à prendre
connaissance des chiffres contenus dans le tableau comparatif de la page 56,
dans le cahier explicatif.
M. Bourbeau: Moi, j'ai le budget PATA. Mme Harel: Ah! vous
pensez à PATA, hein?
M. Bourbeau: Tantôt, on avait dit qu'on parlait de
PATA.
Mme Harel: D'accord, allons-y pour PATA. O.K.
M. Bourbeau: On n'est pas dans PATA là? Mme Harel:
Oui, oui.
M. Bourbeau: Oui, mais écoutez, si la
députée de Maisonneuve change...
Mme Harel: Bien oui, j'ai dit que je voulais finir avec PATA.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Dites-moi pas, M. le Président, qu'on a
passé 10 minutes à chercher...
Mme Harel: Ce n'est pas grave parce que PATA...
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai maigri d'au moins deux
livres depuis cinq minutes à tenter de trouver dans PATA les chiffres
que la députée de Maisonneuve nous citait.
Mme Harel: Oui, je le reconnais, M. le Président. Je
reconnais qu'il se fait tard et que j'ai quitté très, très
tard le parlement hier. Il y a aux crédits une augmentation...
M. Bourbeau: Elle va me faire mourir, M. le Président,
c'est évident.
Mme Harel: Mais je ne reprendrai pas l'épithète
dont vous me pariiez ce soir. Dans ce dossier d'informations transmises sur
PATA, ce qui m'a le plus inquiétée, c'est d'apprendre dans
l'échange de lettres entre les parties, fédéral et
provincial, pour le programme PATA - c'est à la page 230, en
réponse à la question 17 - que vous aviez suggéré
dans une lettre adressée à votre homologue fédéra),
M. Marcel Danis, lettre en
date du 7 Juin de l'an passé, vous y proposiez d'assouplir le
programme PATA - ça c'est une bonne nouvelle - mais d'utiliser les
ressources financières actuelles, en réduisant les prestations
des bénéficiaires, pour financer ces assouplissements. On nous
indique dans cet échange de lettres, à là page 230, tes
trois assouplissements que vous souhaitiez, à savoir un
élargissement de ta règle relative au nombre de travailleurs pour
Montréal, un secteur d'activité, celui de l'habillement, qui
puisse donner lieu à PATA, malgré que, en moyenne, les
licenciements comptent moins de 35 travailleurs, et, troisièmement, un
assouplissement en ce qui concerne les femmes, en raison de la norme du nombre
d'années de travail exigé. En môme temps que vous proposiez
ces assouplissements dans cette lettre de juin 1991, vous suggériez que
les ressources additionnelles nécessaires, pour ces assouplissements,
soient financées à môme un ajustement à la baisse,
évidemment, du taux d'indexation ou des déductions, donc, une
sorte d'autofinancement des assouplissements. Alors, je voudrais savoir si
c'est bien le cas, si les informations contenues dans le livre des
crédits sont exactes. Ces assouplissements sont-ils bien ceux que vous
avez souhaités l'an passé? D'autre part, avez-vous proposé
de les financer à même les ressources financières
habituelles? D'autre part, ça fait déjà un an de
ça, comment se fait-il qu'il ne s'est rien passé, en fait?
M. Bourbeau: M.le Président, évidemment,
vous savez que, là-dedans, il y a une certaine somme d'argent disponible
et 1 y a un bassin de population. Si on augmente les prestations ou, enfin, si
on fait en sorte que les critères soient élargis un peu pour
admettre plus de personnes... bien sûr, si on donne plus d'argent par
personne, on va avoir moins de bénéficiaires. Ce qu'on a
tenté de faire, c'est de relaxer certains critères à
l'égard des femmes, par exemple, pour faire en sorte que les femmes
aient accès au programme après avoir travaillé 13 ans
plutôt que 15 ans au cours des 20 dernières années, parce
que les études que nous avons menées indiquent, à
l'égard des femmes, en tous les cas, que la moyenne d'années de
travail est inférieure à la moyenne des hommes. Donc, on a voulu
se conformer à ces expériences-là. On a voulu
également faire en sorte d'apporter un assouplissement à
Montréal, par exemple, dans le secteur des textiles où H y a un
problème particulier, et aussi éviter de faire en sorte
qu'à Montréal on soit obligés de considérer
toujours la norme de 100 comme étant minimale étant donné
que, finalement... Montréal, c'est peut-être une grande ville,
mais il y a aussi des secteurs qui font en sorte qu'il y a des licenciements
collectifs qui font mal, même s'il n'y a pas 100 personnes. Si on apporte
tous ces nouveaux éléments là et qu'on ne fait aucun
resserrement ailleurs, bien, on va avoir moins de personnes qui vont y avoir
droit. Alors, on a tenté de faire en sorte d'apporter des
assouplissements et de les autofinancer, si je peux m'exprimer ainsi, de
façon à ne pas diminuer le nombre de prestataires. Alors, on peut
nous blâmer de vouloir faire ça. On aurait donc moins de personnes
qui auraient un peu plus d'argent alors que, nous, on a
préféré avoir un peu plus de personnes qui auraient le
même montant d'argent.
Mme Harel: Mais où en est l'état des
négociations?
Le Président (M. Joly): Excusez, Mme la
députée. Disons, avant d'aller plus loin, est-ce qu'on s'entend
pour déborder à 22 h 5?
Mme Harel: Oui.
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Joly): Oui. S'il vous plaît!
Merci.
Mme Harel: Où en est l'état des
négociations? Dans la dernière lettre que votre homologue vous
transmet, il indique, précisément, qu'il attend le mandat du
Conseil des ministres pour commencer la négociation. Vous, vous lui avez
écrit au mois de juin, il y a un an; lui, il vous répond au mois
d'avril, neuf mois après, et il vous dit que, oui, ça a de
l'allure ce que vous lui proposez, mais qu'il attend le mandat du Conseil des
ministres. Ça ne vous donne pas des idées, des fois, qu'un seul
gouvernement, ce serait pas mal plus efficace que deux?
M. Bourbeau: M. le Président, je me passerai de commenter
ce que vient de dire la députée de Hochelaga-Maisonneuve. Il est
évident que neuf mois, c'est très long pour répondre
à une lettre. J'ai rencontré le ministre fédéral il
y a très longtemps. Moi-même, je dois dire que je commence
à piaffer d'impatience devant la lenteur apportée à
répondre à ce dossier-là. Il semble qu'il y ait plusieurs
partenaires dans le dossier. Bien sûr, il y a toutes les provinces
canadiennes et le ministre fédéral doit les consulter
individuellement. Il y en a 10 comme vous le savez. Alors, je présume
que c'est une par mois. (22 heures)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourbeau: Peut-être que pour
l'île-du-Prince-Édouard ça prend moins de temps. Mais le
gouvernement fédéral, le ministre fédéral semble
avoir finalement un consensus parmi les provinces. Alors, il faut maintenant
obtenir un mandat du cabinet fédéral. Moi je dois dire, sans
partager toutes les opinions de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, qu'effectivement c'est très long.
Cependant, on est des partenaires mineurs dans ce programme-là
comme vous le savez. On est à 30 %, le fédéral participe
à 70 %. On ne peut quand même pas imposer nos vues quand on est
actionnaire à 30 %, on n'est pas majoritaire, comme tout le monde sait.
Alors, on va certainement, au cours des jours, maintenant que le ministre
fédéral nous a dit qu'il y avait un consensus au Canada,
accentuer nos pressions afin que le gouvernement fédéral donne un
mandat au ministre fédéral pour régler le problème
le plus tôt possible.
Mme Harel: Finalement, on constate, avec les informations qui
nous sont transmises, que c'est à peu près la moitié, un
peu plus de la moitié, mais pas beaucoup plus de la moitié des
travailleurs âgés de 55 ans et plus depuis 1988 qui ont
été licenciés; sur lé total de 5921, c'est 3444 qui
ont été acceptés. En fait, le programme semble, en
moyenne, s'adresser à la moitié des travailleurs
âgées licenciés de plus de 55 ans. Est-ce que c'est la
norme que le ministre estime à peu près celle que donne le
programme?
M. Bourbeau: Disons que c'est relativement satisfaisant de dire
qu'on rejoint 50 % des travailleurs licenciés. Il faut bien se souvenir
que, d'après les critères du programme, ceux qui sont rejoints
sont ceux qui sont licenciés dans des localités où le
licenciement collectif a un impact le plus important. Si par exemple, dans une
entreprise, il n'y a qu'un seul travailleur de 55 ans et plus parmi un grand
nombre de licenciés, vous savez comme moi que les critères ne
permettront pas d'accepter ces travailleurs-là, mais, par contre, c'est
moins difficile de se replacer quand on est le seul ou quand il y en a
très peu de 55 ans et plus.
Dans cette façon-là, quand il y a un grand nombre de
travailleurs licenciés, à ce moment-là le programme vient
justement à leur rescousse.
Mme Harel: M. le ministre, avant qu'on termine, ce matin j'ai
fait parvenir à votre attention les informations que nous souhaitions
avoir sur la ventilation des programmes à frais partagés, soit
les programmes de transfert entre Québec et Ottawa. Cet
après-midi, j'ai fait transmettre à votre sous-ministre les
tableaux que nous souhaitions actualiser pour 1991-1992, quant à la
participation aux différents programmes offerts par Québec.
Alors, même si nous terminons maintenant dans quelques moments nos
travaux, est-ce que je peux compter que ces informations vont être
transmises aux membres de la commission?
M. Bourbeau: Avant de répondre à ça, puisque
la députée de Maisonneuve était sur PATA, j'avais un
dernier commentaire à faire avant de répondre. Sur un total de
3074 travailleurs de 55 ans et plus, potentiellement admis- sibles au programme
PATA, 1889 bénéficient déjà des prestations PATA,
ce qui représente 61,4 % du total des travailleurs et travailleuses de
55 ans et plus. C'est la statistique qu'on me donne.
Mme Harel: Potentiellement admissibles, mais le total de ceux qui
ont été licenciés, c'est 5900.
M. Bourbeau: Ceux qui ont été licenciés?
Mme Harel: Licenciés. Dans les chiffres que vous nous
transmettez sur le total des licenciements depuis 1988, il y a 42 669
travailleurs et travailleuses dont 5921 âgés de 55 ans et plus. Ce
sont là les tableaux que vous nous offrez.
Le Président (M. Joly): Je vous inviterais à
conclure, s'il vous plaît. M. le ministre, brièvement, s'il vous
plaît.
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce qu'on peut donner la
parole à la jeune dame qui est à mon extrême droite ici?
Elle pourrait se présenter. Elle a un commentaire, je pense,
intéressant à faire.
Le Président (M. Joly): Avec une recommandation comme la
vôtre, je ne peux pas m'objecter à ça. Madame, s'il vous
plaît. Madame, c'est quoi votre nom?
Mme Gagné (Marcelle): Marcelle Gagné. Le
Président (M. Joly): Merci, Mme Gagné.
Mme Gagné: Parmi les licenciements qui sont soumis pour la
certification, il est vrai qu'on trouve 5921 travailleurs âgés de
55 ans et plus, mais, parmi les dossiers de licenciements qui sont
acceptés, on trouve 3444 travailleurs de 55 ans et plus. De ce nombre,
on va trouver 61 % de travailleurs qui ont été admis
jusqu'ici.
Le Président (M. Joly): Merci, Mme Gagné. Mme la
députée...
Mme Harel: Alors, j'ai posé une question.
Le Président (M. Joly): Mme la députée, le
temps étant ce qu'il est...
Mme Harel: J'ai posé la question au ministre, je pense que
j'ai droit à une réponse, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Ah oui! Écoutez, avec toute
la latitude que vous me connaissez, je pense que je ne m'objecterai pas.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Bourbeau: ...je crois avoir répondu, ce matin, à
la question. Ce que la députée de Hochelaga-Maisonneuve voudrait
avoir, c'est des renseignements qui portent sur les revenus, et les revenus, on
étudie ça avec le budget. Ici, on est en train de faire
l'étude, on termine l'étude des dépenses du gouvernement,
de sorte que les renseignements qu'elle demande, vraiment, je ne dirai pas que
c'est hors d'ordre, mais c'est pratiquement hors d'ordre. Il ne nous appartient
pas de demander à mes fonctionnaires de faire des travaux qui ne
rentrent pas dans le cadre des études que l'on fait ici. Alors, la
députée de Maisonneuve a toutes sortes d'autres façons
d'obtenir ces renseignements-là. Le ministre des Finances est celui qui
s'occupe du budget. Je lui suggère de s'adresser là.
Mme Harel: M. le Président, de toute façon,
après la journée qu'on a passée, je ne me fâcherai
pas. C'est déjà arrivé ce matin, et ça va tenir
lieu de ce que je pense ce soir. Mais, concernant les tableaux de participation
des programmes offerts par Québec, je ne comprends pas qu'on n'ait pas
obtenu ça.
M. Bourbeau: Les programmes québécois qui sont dans
nos crédits, ça, on va vous les fournir. On les a
certainement.
Mme Harel: Parfait! Merci.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, M. le ministre,
Mme la députée.
Mme Harel: Et je vous parlerai de l'est de Montréal.
Le Président (M. Joly): Vous avez sûrement beaucoup
d'autres occasions, Mme la députée, j'imagine, là. On
avait convenu d'un bloc d'heures, et ceci à l'intérieur...
Mme Harel: Je vous remercie, M. le Président, je remercie
les membres de la commission, pour le temps qui nous a été
alloué.
Le Président (M. Joly): Alors, nous allons procéder
à la mise aux voix des programmes. Donc...
Mme Harel: Sur division.
M. Bourbeau: Est-ce que je peux dire un mot, en terminant,
aussi.
Le Président (M. Joly): Oui. Sûrement, M. le
ministre. Je n'ai pas d'objection.
M. Bourbeau: Tout simplement, avant de procéder à
l'adoption, remercier, M. le Président, les membres de la commission, la
députée de Hochelaga-Maisonneuve. Je suis un peu
désolé de terminer sur une note qui est un petit peu moins,
disons, intéressante peut-être pour la députée de
maisonneuve, en lui refusant une partie de ce qu'elle demande, mais il faut
bien réaliser, m. le président, que dans tous les couples,
évidemment, à un moment donné, il y a des...
Le Président (M. Joly): Des différends. Une
voix: Des hauts et des bas.
M. Bourbeau: ...moments qui sont moins drôles que d'autres,
et...
Mme Harel: Je sens que le divorce s'en vient, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Si vous avez besoin d'un
témoin, là.
M. Bourbeau: Mais ça fait partie des aléas, M. le
Président, de la vie. Ça ajoute du piquant.
Adoption des crédits
Le Président (M. Joly): Je me dois quand même de
procéder d'une façon officielle à la mise aux voix.
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Alors, est-ce que le programme 1,
élément 1 à 6, intitulé Gestion et services aux
clientèles, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Adopté sur division. Est-ce
que le programme 2, éléments 1 et 2, intitulé
Administration déléguée de programmes en
sécurité de revenu, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que le
programme 3, intitulé Direction et gestion de la Commission des affaires
sociales, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que le
programme 4, éléments 1 à 4, intitulé
Sécurité du revenu, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que le
programme 5, intitulé Allocations de maternité, est
adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que le
programme 6, intitulé Sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que le
programme 7, éléments 1 à 4, intitulé Adaptation et
formation professionnelle de la main-d'oeuvre, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Adopté sur division. Est-ce
que le programme 8, éléments 1 à 3, intitulé
Développement de l'emploi et intégration au marché du
travail, est adopté?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que les
crédits budgétaires du ministère de la Main-d'oeuvre, de
la Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, pour
l'année financière 1992-1993, sont adoptés?
Mme Harel: Sur division.
Le Président (M. Joly): Toujours sur division. M. le
ministre...
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Joly): ...je pense que vous voulez dire
un mot.
M. Bourbeau: M. le Président, je m'en voudrais de terminer
sans remercier aussi tous ceux qui m'accompagnent, les membres de mon cabinet
qui se sont succédé ici, à ma gauche, pour me soutenir au
cours de la journée, tout le personnel du ministère, à
partir du sous-ministre en descendant, et vous avez vu qu'ils étaient
assez nombreux, les dirigeants d'entreprises aussi. Tout ce monde-là qui
s'est déplacé pour tenter d'informer la commission le mieux
possible, et je pense qu'ils ont bien réussi. Alors, je pense qu'au nom
de la commission on les remercie tout le monde.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Donc, la
commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 10)