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(Quinze heures quarente-deux minutes)
Le Président (M. Joly): Alors, bonjour, bienvenue à
tous et à toutes à cette commission. Je vous rappelle que la
commission des affaires sociales est réunie afin d'étudier les
crédits budgétaires du ministère du Conseil
exécutif, programme 3, et des organismes relevant de la ministre
déléguée à la Condition féminine et à
la Famille pour l'année financière 1992-1993. Mme la
secrétaire, avons-nous des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Cardinal
(Châteauguay) sera remplacée par M. Gobé (LaFontaine); M.
Houde (Berthier) par M. Tremblay (Rimouski); Mme Loiselle (Saint-Henri) par Mme
Bleau (Groulx); M. Philibert (Trois-Rivières) par M. Richard
(Nicolet-Yamaska); M. Williams (Nelligan) par M. Lafrenière
(Gati-neau).
Organisation des travaux
Le Président (M. Joly): Merci. Alors, tel que convenu,
nous avons, normalement, les remarques préliminaires, autant d'un
côté que de l'autre, mais, avant d'en arriver à
débuter avec les remarques préliminaires, je m'aperçois
qu'il y a déjà eu des ententes, Mme la ministre, quant à
la façon d'administrer les deux volets. Donc, de maintenant à 18
h 30, nous avons le Conseil du statut de la femme, pour aussi déborder,
par après, avec le Secrétariat à la condition
féminine, et, entre 20 heures et 21 heures, l'Office des services de
garde à l'enfance. C'est bien ça?
Mme Trépanier: Oui.
Le Président (M. Joly): Et, de 21 heures à 22
heures, le Conseil de la famille et le Secrétariat à la famille.
C'est bien ça?
Mme Trépanier: C'est ça. Le Président (M.
Joly): Oui.
Mme Trépanier: Moi, ça me convient. Mme la
députée de...
Le Président (M. Joly): Pardon? Et les crédits
seraient adoptés à la toute fin, c'est ça?
Mme Trépanier: II y avait eu une entente. C'est le bon
ordre, mais pour la durée, là, ça me convient aussi, une
heure...
Le Président (M. Joly): Jusqu'à 18 h 30, le Conseil
du statut de la femme?
Mme Trépanier: Le Conseil du statut de la femme, le
Secrétariat à la condition féminine, pour poursuivre avec
l'Office des services de garde et terminer avec le Secrétariat à
la famille.
Le Président (M. Joly): Bon, parfait, merci. Donc, on est
d'accord avec cette façon d'opérer, Mme la
députée?
Mme Carrier-Perreault: On s'était entendues
là-dessus.
Le Président (M. Joly): Oui, vous vous êtes
entendues sur ça. Bon, parfait! Alors, Mme la ministre.
Mme Trépanier: On me signale que j'ai omis le Conseil de
la famille qui viendrait juste avant le Secrétariat à la
famille.
Le Président (M. Joly): C'est bien ça. C'est ce que
j'ai ici, de 21 heures à 22 heures.
Mme Trépanier: C'est ça.
Le Président (M. Joly): Parfait, merci. Mme la ministre,
je vous reconnais au niveau des remarques préliminaires, s'il vous
plaît.
Remarques préliminaires Mme Violette
Trépanier
Mme Trépanier: M. le Président, comme vous venez de
le mentionner, et comme nos débats se tiendront jusqu'à 22 heures
et que quelques-unes des personnes qui sont ici auront quitté à
18 h 30, je voudrais en profiter pour remercier de leur collaboration les gens
du Conseil du statut de la femme, du Secrétariat à la condition
féminine, du Conseil de la famille et du Secrétariat à la
famille également.
Alors, nous procédons cet après-midi à
l'étude des crédits permettant d'octroyer aux organismes
reliés à la Condition féminine et à la Famille les
budgets nécessaires à leur bon fonctionnement, au maintien et au
développement de leur action. L'année 1991-1992 en condition
féminine en aura été une d'évaluation, de
réflexion et de consultations orientées vers l'élaboration
d'une politique en la condition féminine qui devrait être
déposée en 1992 et dont l'enjeu sera l'autonomie des femmes.
On se rappellera qu'en 1987 le gouvernement du Québec
réitérait son option en faveur d'une société
égalitaire et innovait en annonçant des orientations triennales
assorties de plans
d'action annuels. Pour atteindre notre idéal, quatre grands
objectifs généraux avaient été retenus, soit
d'assurer l'égalité économique des femmes et de favoriser
leur autonomie financière; de reconnaître la
spécificité des femmes et d'assurer le redressement des
situations où elles sont désavantagées ou victimes
d'injustice; troisièmement, de garantir l'accès à des
services adaptés à leurs besoins et, enfin, de contribuer aux
changements des mentalités et des attitudes.
Un effort soutenu du gouvernement et de ses partenaires a permis
d'assurer la continuité, la cohérence et la
complémentarité de nos actions. Le bilan des réalisations
gouvernementales en matière de condition féminine, produit par le
Secrétariat à la condition féminine et que j'ai rendu
public le 21 novembre dernier, démontre que le gouvernement a su agir et
innover. Au cours des dernières années, des jalons importants ont
été posés, tant au plan législatif
qu'administratif. Parmi les principales conclusions de ce bilan, mentionnons
que quelques centaines de mesures mises en oeuvre par une trentaine de
ministères et qui s'attaquaient à différents fronts ont
permis de progresser vers l'atteinte des objectifs fixés. La
variété des mesures a permis de rejoindre de nombreuses
clientèles, notamment les femmes victimes de violence, les femmes
issues des communautés culturelles et les agricultrices.
Le Secrétariat à la condition féminine a
également produit le plan d'action gouvernemental sur la condition
fémine 1991-1992. Il s'inspire des orientations triennales de 1987-1990
et constitue l'ensemble des activités et des mesures inscrites à
l'agenda de plus d'une vingtaine de collaborateurs gouvernementaux. Afin de
vous permettre de juger de l'ampleur et de l'importance des
réalisations, je tiens à vous en énoncer
quelques-unes.
Au chapitre du financement des groupes de femmes, en 1991-1992, plus de
25 000 000 $ provenant de huit ministères différents ont
été partagés par divers organismes d'aide et de support
pour les femmes. J'ai également pris part activement au Sommet de la
justice qui a constitué un moment important de la condition
féminine en 1991-1992.
Afin d'amener les Québécoises à diversifier leur
formation professionnelle, les ministères de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur et de la Science ont amplifié leurs
efforts. À ce titre, la mise en oeuvre d'un projet-pilote visant
à soutenir les étudiantes au cours de leur formation et de leur
intégration à un métier non traditionnel, la
sensibilisation du personnel scolaire et la poursuite du programme
«étalez votre science» ne constituent que quelques-unes des
mesures réalisées en 1991-1992.
Dans le domaine de la formation professionnelle, je ne saurais passer
sous silence ma participation à la Conférence permanente sur
l'adaptation de la main-d'oeuvre et à la commis- sion parlementaire
portant sur l'énoncé de politique en matière de
développement de la main-d'oeuvre. Il m'est apparu essentiel d'y
intervenir afin de m'assurer que les caractéristiques de la
main-d'oeuvre féminine et l'objectif d'équité en emploi
soient pris en compte.
Dans le domaine de la santé des femmes, la loi sur les
projets-pilotes des sages-femmes a franchi plusieurs étapes. Ainsi, les
critères de compétence et de formation des sages-femmes, de
même que les conditions d'admissibilité des projets-pilotes, ont
été déterminés. On peut prévoir que certains
projets démarreront en 1992.
De plus en plus, le gouvernement affirme sa conviction que la violence
faite aux femmes constitue un phénomène inacceptable et qu'il est
nécessaire d'intervenir énergiquement auprès des femmes
violentées. C'est dans cette optique, et parce qu'il reconnaît
l'importance de l'action des ressources communautaires, que le gouvernement,
par le biais du ministère de la Santé et des Services sociaux, a
adopté un nouveau plan de financement triennal s'adressant aux maisons
d'hébergement pour les femmes victimes de violence. Ce cadre de
financement comporte un apport de crédits additionnels de 40 % d'ici
trois ans, soit un budget prévu de 22 100 000 $ pour l'année
1994-1995. (15 h 50)
La consultation a constitué l'autre volet majeur de
l'année 1991-1992. J'ai tenu à réaliser ces très
nombreuses rencontres avec mes divers partenaires, car l'expérience a
démontré que la condition féminine se doit d'être
gérée comme un projet d'ensemble, au même titre que tous
les autres défis que le Québec devra relever au cours des
prochaines années. Il m'apparaissait donc essentiel d'intensifier la
concertation avec les groupes de femmes, les associations patronales et
syndicales et toutes les organisations impliquées en condition
féminine. Les consultations menées ont porté à la
fois sur l'équité en emploi et, de façon plus globale, sur
la prochaine politique gouvernementale de la condition féminine.
Avant d'aborder directement le contenu de la consultation sur
l'équité en emploi, j'aimerais préciser le contexte et les
objectifs de cette démarche. En juillet 1991, je rendais public le
rapport d'évaluation des 76 projets-pilotes mis en branle dans le cadre
du plan d'action gouvernemental visant à favoriser le
développement de programmes volontaires d'accès à
l'égalité dans les secteurs privé, parapublic et
municipal. Ce rapport dégageait diverses conclusions quant aux avenues
possibles pour l'avenir de l'équité en emploi au Québec.
Il m'apparaissait essentiel de les présenter aux différents
partenaires socio-économiques impliqués. C'est donc dans le but
d'identifier les meilleures stratégies et de favoriser une action
gouvernementale concertée avec l'ensemble des partenaires que des
rencontres de consultation se sont tenues sur trois éléments:
les programmes d'accès à
l'égalité, l'équité en emploi à titre de
concept global et, finalement, rengagement et l'implication des
partenaires.
Bien que l'évaluation démontre que les
programmes d'accès à l'égalité constituent un moyen
efficace pour atteindre une plus grande équité entre les hommes
et les femmes, l'expérience prouve que ce mécanisme ne permet pas
d'intervenir de façon globale sur les multiples facettes menant à
l'égalité économique. C'est pourquoi j'ai proposé
une démarche d'équité en emploi impliquant une action
concertée et cohérente qui englobe tous les champs d'action
liés au marché du travail de même qu'en amont et en aval de
celui-ci. Les axes d'intervention sont le marché du travail,
l'éducation, la formation professionnelle, la conciliation du travail et
des responsabilités familiales, la sensibilisation. Cette
démarche de consultation aura permis d'acquérir une bonne
connaissance de la position de chacun des partenaires impliqués quant
aux approches à privilégier en matière
d'équité en emploi. De plus, les échanges de points de vue
ont permis d'enrichir les propositions initiales.
La future politique gouvernementale en condition
féminine constitue un autre dossier majeur pour lequel une consultation
s'imposait en 1991-1992. Après avoir évalué le chemin
parcouru et identifié les principes directeurs qui sous-tendront les
objectifs à atteindre, il était nécessaire de consulter
les principaux partenaires afin d'assurer que la politique soit le reflet des
besoins des Québécoises. Ainsi, la politique en condition
féminine sera abordée sous l'angle de la continuité pour
ce qui est de son fondement, soit l'atteinte de l'égalité.
S'il est maintenant admis par tous que la
sécurité économique des femmes ne repose plus uniquement
sur la famille, le gouvernement se doit de mettre en oeuvre tous les moyens
possibles pour permettre aux femmes d'assurer elles-mêmes leur propre
sécurité financière. Voilà pourquoi l'enjeu de la
prochaine politique sera l'autonomie des femmes.
Pour sa part, le Conseil du statut de la femme
complétait cette année la troisième année de son
plan triennal 1989-1992. En raison du temps qui m'est imparti, je me limiterai
aujourd'hui à parler des principaux événements qui ont
marqué les activités réalisées par le CSF au cours
de l'année qui s'est terminée.
Dans le cadre des consultations gouvernementales et de
représentation, le Conseil a présenté, en mai 1991, un
mémoire à la commission de la culture sur le projet de loi
modifiant la Loi sur le cinéma; en mars 1992, un mémoire à
la commission des affaires sociales sur l'énoncé de politique sur
le développement de la main-d'oeuvre «Partenaires pour un
Québec compétent et compétitif»; en matière
de santé, la mise en place de la réforme du système de
santé et des services sociaux fait toujours l'objet d'une attention
constante.
L'influence des femmes sur leur environnement social,
physique, économique et familial a été
considérée par le CSF comme un moyen essentiel en vue d'adapter
leur milieu aux nouvelles réalités et de favoriser leur
autonomie. Dans cet esprit et dans la foulée des actions entreprises en
1990-1991, le Conseil a produit et publié un avis sur les orientations
gouvernementales face à l'évolution de la situation
démographique au Québec et un autre avis sur l'union de fait
intitulé «Les partenaires en union libre et
l'État».
L'équité en emploi constituant une
préoccupation majeure du Conseil du statut de la femme, ce dernier a
poursuivi sa réflexion et ses travaux en tenant compte du bilan de
l'application des programmes d'accès à l'égalité.
Une étude et un avis sur ce sujet sont actuellement en
préparation.
La tenue du Sommet de la justice a été une
occasion privilégiée pour le Conseil du statut de la femme
d'intervenir d'une façon globale sur l'ensemble de la
problématique des femmes et de la justice. Dans un premier temps, le
Conseil a produit un document faisant état de la situation des femmes
dans l'administration de la justice. Ce document, qui a été
largement diffusé, a permis tant aux associations féminines
qu'aux intervenants des milieux juridiques et judiciaires de s'inscrire dans la
démarche du Sommet avec une vision actualisée et
intégrée de cette problématique. Parallèlement, le
Conseil a participé activement aux tables de travail
préparatoires au Sommet. Cet exceptionnel exercice de concertation
devrait d'ailleurs, au-delà des stricts engagements pris lors de
l'événement, entraîner des retombées
intéressantes pour les femmes dans le domaine de la justice.
Au cours de 1992, le Conseil du statut de la femme adoptera
un nouveau plan d'action triennal, il parachèvera un certain nombre
d'études et de recherches déjà amorcées et
continuera d'assurer le suivi des nombreux dossiers gouvernementaux.
La réussite de l'atteinte de nos objectifs fait
appel à la consolidation et à la création de nouvelles
alliances. Malgré les acquis importants, un grand nombre
d'iniquités persistent et des difficultés nouvelles surgissent
pour les femmes. Même si la société a changé, le
défi de l'égalité est toujours présent.
En matière de services de garde, l'année
1991-1992 a été marquée par des efforts visant à
bonifier les acquis, maintenir le développement et assurer un soutien
accru, diversifié et de qualité qui réponde aux besoins
réels des familles. En ce sens, l'augmentation importante et
significative des crédits alloués à l'Office des services
de garde à l'enfance pour 1992-1993 témoigne de la
préoccupation constante du gouvernement à l'égard des
enfants et des parents. Rappelons que le budget de l'Office est passé
de
155 300 000 $ en 1991-1992 à 177 000 000 $ pour 1992-1993.
En matière de développement, la politique des services de
garde a identifié la planification régionale comme l'instrument
majeur d'un développement respectueux de réduire les
écarts entre les régions. Le plan de développement
1991-1992 prévoyait la création de 6208 places réparties
comme suit: 1968 places en garderie, 1145 places en milieu familial, 3095
places en milieu scolaire. Comme à chaque année, l'objectif de
développement pour 1991-1992 a été atteint. La majoration
des crédits de 1992-1993, qui est de l'ordre de 22 400 000 $, permettra
d'augmenter le développement annuel à 7500 nouvelles places.
Je dois cependant rappeler qu'un récent jugement rendu par la
Cour d'appel du Québec dans la cause Chouinard-Perry contre l'Office des
services de garde à l'enfance rend l'application du plan de
développement, dans sa forme actuelle, pratiquement impossible et
affecte considérablement toute planification future du
développement des services. En conséquence, le gouvernement
entend légiférer prochainement sur cette question. D'ici
là, la délivrance d'un permis en garderie ou en milieu familial
sera faite dans la mesure où le promoteur du service respectera la loi
et les règlements. Néanmoins, les disponibilités
financières de l'Office pourront faire en sorte qu'une fois les budgets
épuisés certaines subventions au programme devront être
refusées.
De par son mandat, l'Office est chargé de veiller à ce que
soient assurés des services de garde de qualité. Il doit, entre
autres fonctions, offrir un soutien technique et professionnel aux organismes
et aux personnes oeuvrant dans ces services. À cette fin, l'Office a
produit et diffusé plusieurs documents et a participé au Colloque
québécois sur les services de garde qui, sous le thème de
«Nos enfants, c'est sérieux!» a connu un très grand
succès. Plus de 2500 personnes issues du milieu ont assisté
à cet événement. Ce fut un moment privilégié
de réflexion, d'échange et de questionnement orienté vers
les défis à relever au cours de la prochaine décennie. Ce
fut également pour moi une occasion de rendre hommage aux artisans des
services de garde et de réaffirmer mon engagement pour
l'amélioration constante de ces services au Québec. (16
heures)
En conclusion, ce bref aperçu des principales réalisations
en ce qui a trait aux services de garde démontre bien que, malgré
un contexte économique extrêmement difficile, le gouvernement se
préoccupe des besoins des enfants et des familles en assurant la
croissance en qualité et en quantité d'un service dont la
population ne saurait plus se passer.
M. le Président, c'est avec satisfaction que je tracerai, de
manière très succincte, le bilan des réalisations
importantes de notre gouvernement à l'égard des familles
québécoises au terme de l'année financière
1991-1992, des réalisations majeures qui n'auraient pu se faire sans
l'apport inestimable du Secrétariat à la famille et du Conseil de
la famille. C'est parce que le gouvernement croit en cette valeur fondamentale
que représente la famille qu'il s'est doté, en 1987, d'une
politique familiale. D'ailleurs, le Québec est la seule province au
Canada dont l'action à l'égard des familles repose sur une
politique globale et multisectorielle.
De cette politique sont issus deux plans d'action triennaux: le premier
couvrait la période 1989-1991 et, à son endroit, je peux dire:
Mission accomplie. Plusieurs réalisations ont, en effet, permis de
modifier des programmes gouvernementaux afin de mieux répondre aux
besoins des familles. D'autres ont contribué à la poursuite
d'objectifs déjà entrepris et, enfin, certaines mesures ont
permis de mettre en place des moyens pour mieux soutenir les familles dans
l'exercice de leurs responsabilités de tous les jours. À titre
d'exemple, mentionnons la modification de la Loi sur les normes du travail, la
révision du Code civil, la mise en place d'une tarification familiale
dans plusieurs services et l'implication d'un grand nombre de
municipalités, etc. De plus, notons que l'aide financière totale
accordée par le gouvernement aux familles est passée, entre 1985
et 1991, de 1 100 000 000 $ à 2 300 000 000 $, une augmentation de plus
de 100 %.
Le deuxième plan d'action - 1992-1994 -que j'ai eu le plaisir de
rendre public il y a quelques semaines vise prioritairement à
protéger nos acquis et est bâti autour de cinq orientations
majeures retenues pour les prochaines années. Celles-ci sont:
privilégier la prévention, favoriser la conciliation entre la
famille et le travail, continuer de soutenir financièrement les
familles, améliorer leur milieu de vie et, enfin, poursuivre le virage
familial. Les ministères et les organismes gouvernementaux se sont
engagés à réaliser, au cours des trois prochaines
années, les 88 mesures que comporte ce plan. Rappelons-nous que c'est au
Secrétariat à la famille que revient la responsabilité de
coordonner la réalisation des mesures des plans d'action gouvernementaux
en matière familiale. Le deuxième plan d'action s'inscrit donc
dans la continuité du premier et résulte d'une consultation
soutenue avec le Conseil de la famille et les organismes familiaux.
Le Conseil de la famille a, quant à lui, été
très actif, tant au plan de sa participation à de nombreuses
activités publiques, colloques ou conférences qu'au niveau de la
consultation et de la recherche. Il a notamment assisté aux
activités entourant le Sommet de la justice afin de s'assurer que soient
pris en compte les intérêts des familles. Deux avis ont aussi
été produits. Le premier, «Agir avec les familles en
habitation», a déjà été rendu public, alors
que le deuxième, qui
porte sur le travail des jeunes de moins de 16 ans, nous parviendra sous
peu. Deux autres projets sont en préparation. Il s'agit d'un avis sur la
garde d'enfants et d'un autre sur les familles et les communautés
culturelles. Le Conseil a également réalisé une recherche
exploratoire sur la famille et la télévision et effectue
présentement une recherche consultation sur la paternité et une
autre portant sur la fiscalité des familles.
En conclusion, M. le Président, il reste beaucoup à dire
concernant les multiples actions du gouvernement à l'égard des
femmes et des familles, mais je terminerai et je conclurai en disant que, bien
que nous ayons encore beaucoup de chemin à parcourir pour arriver
à combler toutes les lacunes qui entravent la qualité de vie des
femmes et des familles québécoises, nous devons admettre que,
désormais, elles peuvent-compter sur des acquis Importants et
déjà tirer profit des nombreuses réalisations de notre
gouvernement. Je vous remercie.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Merci, Mme la
ministre. Je reconnais Mme la députée de...
Chaudière...
Mme Carrier-Perreault: Des Chutes-de-la-Chaudière, M. le
Président.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Des
Chutes-de-la-Chaudière. Allez, ma chère dame.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. L'an
dernier, lors de l'étude des crédits budgétaires, je me
rappelle que la ministre déléguée à la Condition
féminine et à la Famille me mettait en garde de mettre tous mes
oeufs dans le même panier. À ce moment-là, il était
question des programmes d'accès à l'égalité et de
l'équité salariale. Eh bien, cette année, quand j'examine
le budget, l'ensemble du budget de la ministre déléguée
à la Condition féminine et à la Famille, c'est un petit
peu à mon tour de me demander et de m'interroger si la ministre n'a pas,
elle aussi, mis tous les oeufs dans le même panier, parce que,
effectivement, il y a une seule augmentation, une seule réelle
augmentation dans l'ensemble du budget de la ministre, et c'est l'augmentation
qu'on retrouve au niveau des services de garde, au niveau de l'Office des
services de garde. Cette hausse était attendue, c'est un fait. C'est
bien. Je pense qu'il faut dire que c'est un effort de ce
côté-là. Mais il reste que cette hausse est cependant bien
loin de combler les besoins en services de garde qu'on a au Québec. Et,
surtout, elle est aussi bien loin des engagements qui avaient été
pris par le gouvernement libéral en 1988. On nous parle maintenant de
7500 places par année, alors que, en 1988, on en prévoyait
environ 14 000 pour la même période. C'est donc à peu
près la moitié. À mon avis, c'est un recul,
carrément, même s'il y a une hausse.
Nulle part ailleurs, dans les crédits attribués pour le
Conseil exécutif ou pour les organismes relevant de la ministre
déléguée, il n'est possible de constater l'octroi de
crédits supplémentaires pour la mise sur pied de nouvelles
orientations ou de nouvelles politiques, notamment pour permettre aux femmes
d'atteindre l'égalité économique avec les hommes. Aussi,
rien dans les crédits présentés pour 1992-1993 pour nous
permettre de croire que nous aurons bientôt une véritable
politique de la condition féminine, telle qu'elle a été
annoncée dans le discours inaugural de mars dernier et dont
l'équité en emploi doit constituer l'un des grands volets.
Pour le gouvernement, cette équité en emploi repose
pratiquement - en fait, essentiellement - sur les programmes d'accès
à l'égalité. Et le succès des programmes
d'accès à l'égalité, bien que nécessaires -
et, j'en conviens, ces programmes sont nécessaires - a été
plutôt mitigé si je relève, quand même, le rapport
d'évaluation qui en a été fait l'été
dernier. En regard de la dernière étude du Conseil du statut de
la femme sur les conditions socio-économiques des femmes au
Québec, il y aurait peut-être lieu de s'orienter vers d'autres
mesures trop longtemps ignorées, par exemple une loi proactive en
matière d'équité salariale.
Concernant la famille, le gouvernement a rendu public, le 13 avril
dernier, le «2° Plan d'action en matière de politique
familiale». Ce plan souffre des mêmes lacunes que le
précédent, à savoir le caractère flou et vague des
recommandations, l'absence d'échéancier, la quasi-absence de
mesures concrètes de soutien aux familles ainsi que le manque de
ressources financières consenties. 57 des 88 mesures proposées
par le second plan d'action se limitent soit à des outils d'information,
à des études, à des activités de sensibilisation ou
de concertation ainsi qu'à des colloques.
J'aimerais vous donner quelques exemples concrets du genre de mesures
vagues et d'intentions louables ou de voeux pieux qui existent dans ce plan
d'action. La mesure 49, entre autres, qui a fait beaucoup de bruit, qui a fait
beaucoup parier, se lit comme suit: «Explorer la possibilité
d'instaurer une pension alimentaire anticipée.» La mesure 77:
«Identifier et promouvoir des actions favorisant un meilleur partage des
responsabilités familiales entre les hommes et les femmes.»
À la mesure 64, on retrouve: «Promouvoir l'accessibilité
universelle des lieux culturels, touristiques et de loisir.» Des mesures
qui paraissent bien mais qui, concrètement, ne disent pas grand-chose.
(16 h 10)
Le second plan a repris directement du premier plan la recommandation
45: «Assurer le
maintien de la valeur réelle du soutien financier
à l'égard des enfants.» Ça a été
identifié, d'ailleurs, par la ministre, comme la recommandation
clé du second plan. Pourtant, en multipliant les hausses de taxes
directes et indirectes, qui réduisent sérieusement le pouvoir
d'achat des familles depuis 1989... Et là on pourrait les
énumérer: on n'a qu'à penser à la TVQ qui a
été réappliquée sur les meubles, sur les
vêtements, les chaussures pour les enfants; on pense aux hausses de taxes
foncières, des tarifs d'électricité, des frais de
scolarité et d'immatriculation. Par toutes ces taxes directes et
indirectes, le gouvernement, en dépit de l'indexation des mesures de
soutien aux families, a escamoté complètement cette
recommandation de son premier plan d'action. Il faut avoir beaucoup de front
finalement - comme on dit au Québec, M. le Président, ça
prend du front - pour reprendre cette mesure-là intégralement
dans le second pian d'action.
Il y a présentement un effort de rattrapage
considérable à faire si le gouvernement veut rétablir sa
crédibilité parce que, depuis deux ans, on peut parler des
families en tête de liste - on dit «Familles en tête» -
comme victimes des hausses de taxes au Québec.
D'autres lacunes, il y en a dans le second pian d'action.
J'aimerais vous en citer une autre, aussi: aucune mesure relative au logement.
Ça, c'est des mesures qui sont des lacunes par leur absence; rien
concernant le logement. Le plan d'action aurait eu avantage à s'inspirer
du récent avis du Conseil de la famille sur cet aspect important de la
vie familiale.
Aucune mesure relative à la médiation
familiale non plus. La ministre nous pariait tout à l'heure du Sommet de
la justice où, paraît-il, ça a été un moment
important, où il y a eu beaucoup de discussions et où les
dossiers ont avancé pour les femmes. Pourtant, quand on regarde les
dossiers du Sommet, on a parié de médiation familiale, mais la
formule a un peu changé. On ne parie plus de toutes les régions
du Québec de la même façon qu'on en pariait
antérieurement, et le plan d'action sur la politique familiale est
complètement muet, cette fois-ci. Au Sommet de la justice on a
parié aussi de la perception des pensions alimentaires, perception
automatique, mais on parie toujours de mauvais payeurs. On est loin des mesures
onta-riennes, vous savez. Enfin, on pourra y revenir tout à l'heure.
Dans le pian d'action, aucune mesure non plus concernant le
rapatriement des responsabilités fédérales en
matière de politique familiale formellement inscrit dans le rapport
Allaire et qui est un élément de la politique constitutionnelle
du Parti libéral du Québec. C'est assez curieux de voir qu'il n'y
a absolument rien de mentionné ou que ce n'est absolument pas
écrit dans le plan d'action. Est-ce que le gouvernement y aurait
renoncé? C'est une question.
L'objectif visé de 7500 nouvelles places par
année en garderie, justement, est nettement inférieur à
l'objectif qui était prévu en 1988 dans l'énoncé de
politique sur les services de garde à l'enfance qui s'intitulait,
à l'époque, «Pour un meilleur équilibre». Il
faudra encore attendre au moins deux à trois ans pour la création
d'une véritable caisse de maternité.
Enfin, à la recommandation 44 sur la simplification
des mesures de soutien aux familles, on laisse sous-entendre une harmonisation
des mesures de soutien du Québec avec celles annoncées par Ottawa
lors du dernier budget fédéral, qui mettait fin à
l'universalité des allocations familiales au profit d'une nouvelle
prestation pour les enfants. Je voudrais citer ici cet extrait de
l'éditorial de Gilles Lesage paru dans Le Devoir le 18 avril dernier:
«Autant le diagnostic est bien cerné, disait M. Lesage, les
besoins et remèdes bien identifiés, autant les moyens d'action
sont maigres, timides et lents à se manifester... Désolant, parce
que "l'importance de placer les familles au coeur de nos préoccupations
collectives et en tête de nos priorités", telle que
préconisée dans le plan, reste une intention louable et un voeu
pieux.
«Le gouvernement a de la suite dans les idées.
Ce sont les actes qui ne suivent pas, ou si peu et faiblement, comme si les
panacées tenaient lieu du traitement de choc que l'on sait pourtant
nécessaire.»
Je suis persuadée, M. le Président - je
voudrais terminer, quand même, parce que je ne veux pas mettre tout le
temps dans un préambule - que la ministre déplore tout autant que
moi le peu de temps qui nous est alloué pour faire cette étude
des crédits. Cinq heures pour faire le tour des dossiers en
matière de condition féminine et de politique familiale, c'est
très peu compte tenu de l'importance de ces dossiers et par rapport,
aussi, au pourcentage de la population qui est touchée par ces dossiers
de façon quotidienne. Alors, mis à part quelques sujets plus
vastes, je vais essayer de me limiter. Je vais essayer de limiter mon
préambule et mes exposés pour m'en tenir à des questions
plus précises et je compterais sur la collaboration de la ministre et
des différents intervenants à cet égard pour qu'on en
arrive à obtenir le meilleur éclairage possible sur l'ensemble
des dossiers. C'est d'ailleurs, je crois, le but de l'exercice qu'on fait
aujourd'hui, M. le Président, et je vous remercie.
Le Président (M. Paradis, Matapédia):
Merci, Mme la députée. Vous aurez compris que le temps
dévolu aux différents ministères, c'est une
négociation entre les différents leaders des deux formations
politiques, soit dit en passant.
Mme Carrier-Perreault: C'est pourquoi j'ai dit que la ministre le
déplorait autant que moi, M. le Président.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors,
voilà, nous sommes prêts, je pense, à engager les questions
et réponses de part et d'autre. Est-ce que vous avez une
réplique, Mme la ministre?
Conseil du statut de la femme
Mme Trépanier: Non, M. le Président. Si je
comprends bien, nous commençons par le Conseil du statut de la
femme?
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Tout à
fait.
Mme Trépanier: Je vais peut-être inviter la
présidente du Conseil, Mme Marie Lavigne, qui sera à ma gauche,
et, à ma droite, je suis accompagnée de Mme Luce Ranger-Poisson,
ma directrice de cabinet.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): D'accord.
Alors, bienvenue, Mme Lavigne.
Mme Carrier-Perreault: On est prêtes.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Oui, si le
temps est si précieux...
Mme Carrier-Perreault: Oui, le temps est précieux, M. le
Président.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): ...qu'on le
prenne.
Mme Carrier-Perreault: II me fait plaisir de saluer Mme Lavigne
aussi, qui est venue répondre aux questions cet après-midi.
Par rapport aux crédits comme tels, les sommes qui sont
allouées au Conseil du statut de la femme, on voit que les
crédits ont augmenté seulement de 11 200 $ pour 1992-1993. C'est
une hausse de 0,25 % et c'est un accroissement qui est bien en bas de ce qu'on
peut voir au niveau du coût de la vie parce que, cette année, on
parle de 3 %. Quand on indexe la masse salariale de 1991-1992 - on parlait de 3
155 000 $ - au coût de la vie, à 2,3 %, ça nous donne,
comme coût total, 3 228 070 $, donc une augmentation de 72 570 $. C'est
de beaucoup supérieur à ce que connaît le total des
crédits alloués au Conseil du statut de la femme. Comme je viens
de vous le dire, c'est 11 200 $ qu'on a pu calculer. Alors, ça veut dire
qu'il va y avoir des coupures au cours de la prochaine année, si on
regarde tout ça. Parce que je me rappelle, l'an dernier, on avait des
crédits périmés qui étaient au montant de 454 000
$. Et Mme Lavigne nous avait donné des explications, à ce
moment-là, concernant les salaires, l'attrition et... Je suis
persuadée que Mme Lavigne se rappelle un petit peu du genre de
réponse qu'on avait eu l'an dernier.
Alors moi, cette année, étant donné le peu
d'augmentation et comme ces mesures ont dû être prises l'an dernier
déjà - il y avait eu de l'attrition, des coupures, et tout
ça, et il n'y avait pas nécessairement de coupures au niveau des
postes; on y allait par attrition - ce que j'aimerais savoir, c'est: Comment on
explique ça? Quelles sont les mesures générales pour
réduire les dépenses qui sont prévues en 1992-1993?
Mme trépanier: Je demanderais à Mme Lavigne de
répondre.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors, Mme
Lavigne, oui.
Mme Lavigne (Marie): Oui. Le Conseil compte poursuivre toute une
série d'efforts de rationalisation, notamment au chapitre de la
téléphonie. Notamment aussi, nous avons finalement réussi
à avoir les remboursements pour les activités syndicales, qui
nous handicapaient très profondément depuis longtemps. Alors,
depuis ce temps-là, nous avons les remboursements au chapitre de la
masse salariale, ce qui permet de faire face à des difficultés
qu'on avait. Et, en poursuivant l'effort de rationalisation - pour la
téléphonie, notamment, par le système de paiements
périodiques - nous avons diminué les dépenses et nous
avons rationalisé la ligne de service téléphonique. C'est
un suivi très attentif de l'ensemble des dépenses, ce qui fait
qu'on ne prévoit pas avoir de difficultés trop
considérables au cours de l'année qui vient.
Mme Carrier-Perreault: II y a aussi eu des crédits
périmés l'an dernier. Si on regarde, par rapport au budget que
vous aviez et aux sommes qui ont été dépensées, on
se rend compte qu'il y a un montant de 394 000 $ qui a été,
finalement, à toutes fins pratiques, éliminé. Alors,
comment on peut expliquer ça, ce genre de crédits
périmés là, alors que les sommes, quand même,
n'étaient pas nécessairement très
élevées?
Mme Lavigne: D'accord. Alors, les crédits
périmés, cette année, s'expliquent de la façon
suivante. D'une part, il y a eu un ralentissement qui a été
occasionné par le C.T. du 22 mai 1991, qui concernait un gel de 83 000 $
en début d'exercice, qu'on a eu comme l'ensemble des ministères.
Par ailleurs, nous avons eu aussi le C.T. du 21 janvier 1992 qui portait notre
objectif de crédits périmés à 251 000 $ que nous
avons pu affecter, de façon générale, à la masse
salariale. (16 h 20)
Et, par ailleurs, je le disais tout à l'heure, dans les
périmés, effectivement, nous avons eu un remboursement des
activités syndicales, dont une partie, d'ailleurs, était
imputable à l'autre année financière, qui nous a
été remboursée cette année. Une partie qui
était imputable à l'année 1991-1992 nous a
été versée, finalement...
C'est-à-dire qui était imputable à 1990-1991 mais
qui nous a été versée en 1991-1992. Et, par aBleurs, nous
avons eu des postes vacants au cours de l'année, l'équivalent de
1,4 personne, équivalent temps complet, pour l'année. Alors,
l'ensemble de ces éléments-là explique les crédits
périmés que nous avons eus au cours de l'année.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Vous aviez
une question? Oui, oui, allez-y.
Mme Canier-Perreault: Oui, il y a quelques minutes, à la
réponse précédente, vous avez mentionné que les
coupures ne vous causeraient pas trop de problèmes. Ça veut dire
quoi, ça? Parce que, en fait, si on regarde les montants qui vous sont
alloués, en termes d'augmentation, ça ne comble pas, finalement,
l'augmentation du coût de la vie, si on veut. Alors, ça veut dire
que vous avez une diminution, à toutes fins pratiques. Et, si j'ai bien
compris, dans votre réponse, vous m'avez dit que ça ne vous
causerait pas trop de problèmes.
Mme Lavigne: Non, parce que, effectivement, on vit... Il y a
déjà deux ans, nous avons amorcé la réorganisation
de l'ensemble des lignes téléphoniques au Conseil et, notamment,
coupé la ligne INWATS sans frais qui était dirigée vers
Montréal. Alors, c'est un processus de rationalisation dont on a senti
l'effet premier au cours de cette année-ci et dont on va sentir l'effet
au cours de l'année à venir. Dans ce sens-là, ça
nous permet de faire face. Et, par ailleurs, nous avons, comme l'ensemble des
ministères aussi, à faire face, au cours de l'année,
à une compression d'effectifs. Les effectifs totaux du Conseil passeront
de 78 ETC à 76 ETC et, de la sorte, nous réussirons à
aménager le budget autant au niveau de la masse salariale qu'au niveau
du fonctionnement qui, nécessairement, baissent en conséquence,
comme il y a moins de personnel.
Mme Carrier-Perreault: Là, vous me confirmez qu'il y aura
probablement une baisse au niveau des postes.
Mme Lavigne: Oui, comme dans l'ensemble du gouvernement.
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Alors, vous allez couper
à quel niveau? On parle des employés occasionnels?
Mme Lavigne: Le plan n'est pas encore fait pour l'organisation.
C'est éventuellement à définir et, là-dessus, nous
attendons, comme l'ensemble des ministères et des organismes, des
directives provenant du Conseil du trésor.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Une question,
possiblement à la formation ministérielle. Alors, je reconnais
Mme la députée de
Groulx.
Formation de groupes de travail à la suite du
Sommet de la Justice
Mme Bleau: Alors, ce n'est pas tout à fait dans te
même cadre, mais ça regarde le statut de la femme, je pense. Au
cours du mois de février dernier, il y a eu des travaux à la
Justice et j'ai suivi un peu ces travaux-là, soit par les médias,
soit encore par des rapports que des amis qui y ont assisté ont pu me
faire. Et il y a des engagements qui ont été pris à cette
occasion-là, deux, en particulier, qui m'intéressent plus que les
autres: la formation d'un groupe de travail sur le sexisme dans
l'administration de la justice et, deuxièmement, l'accès des
femmes à la magistrature. Alors, est-ce que, Mme la ministre, vous avez
fait un suivi des ces deux engagements-là? Et quelles sont les raisons
qui ont justifié la formation de ces deux groupes de travail?
Mme Trépanier: Je peux vous dire que les travaux du Sommet
de la justice ont été suivis de très étroite
manière par le Conseil du statut de la femme. Alors, je pense que
ça s'inscrit bien dans le cadre de ce bloc-ci, cette question-là.
Je peux vous dire que, au départ, selon moi, ce qu'il faut retenir,
c'est que le Sommet, ça a été un lieu d'échanges
extraordinaire, un lieu d'échanges fructueux entre les intervenants du
système judiciaire, les divers représentants
socio-économiques et les porte-parole des justiciables. Ça ne
s'était jamais vu, et c'est ce que les groupes de femmes ont
apprécié, spécifiquement. Ça a constitué une
occasion privilégiée pour rappeler les difficultés
rencontrées par les femmes dans le domaine de la justice et
suggérer aux différents partenaires des actions concertées
susceptibles de contribuer non seulement à l'amélioration de la
condition de vie des femmes mais également à celle de l'ensemble
des justiciables dans notre système judiciaire.
Le gouvernement a pris, effectivement, l'engagement de créer des
comités de travail afin de se pencher sur la problématique du
sexisme dans l'appareil judiciaire et sur celle de l'accès des femmes
à la magistrature. Je suis sûre que Mme la députée
des Chutes-de-la-Chaudière va être très sensible à
cette question-là et m'en reparlera sûrement tout à
l'heure. Mon collègue de la Justice pourrait mieux que moi vous indiquer
où en est la mise sur pied de ces comités, mais je peux vous dire
les raisons qui sous-tendent leur création.
Un des enjeux majeurs, à la Condition féminine, est certes
la reconnaissance, pour les femmes, de droits égaux. Et la
présence des femmes dans tous les secteurs d'activité et de
décision et leur participation à tous les niveaux
s'avèrent des conditions essentielles à l'atteinte de
l'égalité. De plus, ces conditions contribuent
non seulement à créer des milieux plus
représentatifs de la société et plus sensibles aux
problématiques diversifiées qui la caractérisent, mais
également à favoriser l'élimination du sexisme. Oui, les
femmes se retrouvent dans tous les secteurs de l'appareil judiciaire. Elles n'y
sont cependant pas représentées équitablement à
tous les échelons, et plusieurs, malheureusement, se trompent en pensant
que l'égalité est déjà chose faite par la
présence de plus en plus grande et active des femmes.
Il y a certains milieux, comme celui de la magistrature, où les
femmes sont sous-représen-tées. Elles ne représentent que
9 % de la magistrature, et il faut absolument faire quelque chose à cet
effet-là. Il y a un comité qui sera mis en place pour qu'il y ait
une amélioration. Il n'y a pas de raison que la justice ne soit pas
rendue par une égalité d'hommes et de femmes.
Le sexisme se manifeste encore, dans et par l'appareil judiciaire, dans
le traitement des femmes en tant qu'avocates, parties et témoins, de
même que dans l'interprétation et l'application du droit en
vigueur. Alors, le comité sur le sexisme aura à étudier ce
phénomène qui affecte négativement les femmes et influence
leur perception du système judiciaire. En terminant, ce problème,
bien que relié à la condition féminine, affecte beaucoup
et beaucoup plus le système judiciaire lui-même puisqu'il
affaiblit sa crédibilité aux yeux des femmes, soit plus de la
moitié de la population québécoise.
Je termine en soulignant le travail exceptionnel du secrétariat,
de la secrétaire du Conseil du statut de la femme, Me Jocelyne Olivier,
qui est l'ex-bâtonnière de Québec. Elle a travaillé
très étroitement à la préparation du Sommet et elle
a été, je dirais, le chien de garde des intérêts des
femmes tout au long de ce Sommet-là. Durant les travaux, durant le
Sommet et jusqu'à la clôture du Sommet, je peux vous dire qu'elle
a été très, très vigilante.
Mme Bleau: Merci, madame.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Merci, Mme la
ministre. Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, M. le Président.
Concernant le Sommet, justement, je ne sais pas, mais j'ai entendu, on a
entendu, à un moment donné, le ministre Rémillard qui nous
disait que, justement, c'était le temps qui arrangerait les choses et
que c'est avec le temps que les femmes prendraient leur place dans la
magistrature. Moi, j'aimerais entendre Mme Lavigne, aussi, là-dessus, si
c'est possible. Je sais que le Conseil a fait des recommandations, parce qu'on
voit qu'il y a des choses qui ont été discutées, mais, en
termes de dossier qui bouge concrètement, où ça en est?
Est-ce que le comité est sur pied? Est-ce que les recommandations du
Conseil du statut de la femme ont été retenues au Sommet
de la justice?
Mme Trépanier: Vous voulez poser la question à Mme
Lavigne?
Mme Carrier-Perreault: Oui, j'aimerais entendre Mme Lavigne
là-dessus.
Mme Lavigne: Ah bien, là-dessus, il y avait des
recommandations du Conseil qui portaient effectivement sur la mise sur pied
d'un programme d'accès à l'égalité dans le cadre de
la magistrature, ce qui nous semblait absolument fondamental pour hausser le
nombre de femmes juges. À cet égard-là, la mesure
annoncée par le ministre et dont Mme Trépanier vient de parler -
qui va signifier la mise sur pied d'un comité - est peut-être un
indice d'un élément intéressant; ça va être
à regarder de façon soutenue et attentive. Mais, c'était
un élément majeur de la position du Conseil et, à cet
égard-là, nous espérons que ça puisse avancer. (16
h 30)
Par ailleurs, le Conseil avait certaines recommandations qui
concernaient l'accessibilité à la justice. Alors,
là-dessus - toute la question de l'aide financière et de
l'information - nous avions suggéré, comme Conseil, qu'on revoie
les critères d'admissibilité à l'aide juridique et de
développer différents mécanismes en vue d'améliorer
l'accès à la justice.
Cette question-là, on le sait, est évaluée. Il
faudra voir, en tout cas, examiner le projet de réforme de l'aide
juridique qui sera présenté par le ministre de la Justice, on
espère, en tout cas, tel qu'il avait été annoncé,
que ça puisse être suivi. Par ailleurs, une autre question qui
avait particulièrement attiré notre attention était aussi
toute la question du sexisme dans l'administration de la justice et,
là-dessus, Mme Trépanier aussi vous fait part de la mise sur pied
d'un groupe de travail qui a été annoncé par
elle-même et par le ministre de la Justice lors du Sommet.
Enfin, le dernier bloc de recommandations que nous avions comme Conseil
concernait la violence dont les femmes sont victimes. Bon, évidemment,
il y a eu un certain nombre de mesures concrètes qui ont
été prises; Toutefois, nous avons plusieurs recommandations en ce
qui concerne à la fois la formation et la sensibilisation des
intervenants. Ce qui nous a semblé un élément majeur dans
la dynamique, c'est que, lors du Sommet de la justice, le ministre de la
Justice a réaffirmé sa volonté de traiter la violence
conjugale comme un acte criminel, et ceci, c'est absolument majeur, et il a
reconnu qu'il fallait aussi maintenir le principe de la formation ponctuelle
des intervenants et réexaminer la politique d'intervention en
matière de violence conjugale. Alors, à ce sujet-là, nous
semble-t-il, il y a plusieurs choses sur la table, mais nous verrons
concrètement, mais ça va être
un dossier, comme on le sait, extrêmement actif, à la fois
au ministère et à la fois dans plusieurs secteurs de la
société québécoise.
L'autre question qui nous a préoccupées, enfin,
c'était l'inégalité entre les hommes et les femmes, qui
est accentuée lorsque survient un divorce ou une séparation.
Là-dessus, nous avions recommandé la mise en vigueur, dans les
meilleurs délais, de la loi modifiant le système de perception
des pensions alimentaires. Lors du Sommet, le ministre a annoncé
l'entrée en vigueur, le plus rapidement possible, de la loi qui modifie
la perception des pensions alimentaires et il a aussi énoncé la
nécessité qu'on donne aux juges, enfin, des outils plus
précis pour déterminer les pensions.
Bon, il s'agit d'engagements qui sont là, nous semble-t-il,
d'engagements de principe, mais il va falloir que ces choses se
réalisent. Ce qui nous semble, en tout cas, extrêmement urgent,
c'est toute la question de la mise en vigueur de la loi qui modifie le
système de perception de pensions alimentaires, et, à cet
égard-là, ça fait depuis 1988... et nous souhaitons que
les recommandations et que les engagements qui ont été pris, lors
du Sommet, le ministre de la Justice soit en mesure de les
concrétiser.
Mme Trépanier: M. le Président, est-ce que je peux
me permettre, juste pour compléter. Concernant la
sous-représentation des femmes dans la magistrature, je dois
peut-être signifier à Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière que je serai très vigilante dans ce
domaine-là et que je signifie régulièrement à mon
collègue de la Justice l'importance de nommer des femmes. Suite au
Sommet, il y a eu des nominations de faites à la Cour municipale de
Montréal. Aux cours municipales, il y a 89 juges; 2 seulement
étaient des femmes, ce qui représente 2,3 %. Il y a eu un
changement de poste et deux nominations et le Conseil des ministres a
nommé une femme sur les deux. Alors, je vais continuer à
être très vigilante parce que vous savez qu'il y a 1249 avocates
au Québec, ce qui représente 17,5 % de tous les avocats et les
avocates, et qu'il y a 9 % de juges. Alors, il y a une marge à
amélioration importante, et vous pouvez compter sur ma vigilance
là-dessus.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Très
bien, merci.
Mme Carrier-PerreauK: Oui, M. le Président. Disons que,
oui, je souhaite, effectivement, que la ministre soit très vigilante,
parce que, quand on entend que c'est le temps qui arrange les choses puis que,
dans certains cas, ça prend beaucoup de temps, parce que Mme Lavigne
parlait, tout à l'heure, que, depuis 1988, la loi est passée sur
les perceptions de pensions alimentaires, alors je me dis: Oui, c'est long,
c'est très long et, durant ce temps-là, bien, coudon, on continue
quand même d'en parler, mais ça ne règle pas
nécessairement tout. Moi, j'aimerais avoir une précision. Quand
on parle de groupes de travail sur les comités, comité pour
l'accès à la magistrature puis vous m'avez parlé aussi
d'un comité pour l'accès à la justice, est-ce qu'on parle
de deux comités ou d'un seul comité? Est-ce que c'est deux
comités différents?
Mme Trépanier: Ce sont deux comités
différents. Un sur le... Ah! les deux comités dont j'ai
parlé?
Mme Carrier-Perreauit: Oui. Bien, en fait, c'est Mme Lavigne
qui...
Mme Trépanier: Oui, oui. C'est un comité sur le
sexisme et un sur la magistrature...
Mme Carrier-Perreauit: Un sur le sexisme, O.K.
Mme Trépanier: ...sur la sous-représentation des
femmes à la magistrature.
Mme Carrier-Perreauit: Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Mme la
députée de Grouix.
Mme Bleau: J'ai peut-être quelque chose de plus
rafraîchissant dont je voudrais avoir des nouvelles, c'est le prix Irma
LeVasseur. L'année dernière, deux de mes jeunes, dans mon
comté, avaient été reconnues pour le prix Irma LeVasseur.
Je pense qu'on est toujours fier. Est-ce que votre ministère a pu
regarder du côté des jeunes filles qui avaient obtenu ce
prix-là, s'il y en a, au moins, pour qui ça avait
été un commencement de carrière ou, en tout cas, un but
pour les années futures? Est-ce que vous avez des données?
Mme Trépanier: Oui.
Mme Bleau: Est-ce que le prix va se continuer? Il me semble qu'on
n'en a pas entendu parler cette année.
Mme Trépanier: Oui. Cette année, le prix vient
d'être décerné, il y a quelques semaines.
Mme Bleau: Ah oui?
Mme Trépanier: C'était dans la région de
Chicoutimi. C'est ça. Et vous étiez présente lors de...
Pour faire une histoire courte d'une belle grande histoire. C'était le
prix initié par la ministre déléguée à la
Condition féminine et à la Famille...
Mme Bleau: C'est ça. La Condition féminine.
Mme Trépanier: ...qui est décerné à
des étudiantes qui se dirigent vers les sciences.
Mme Bleau: Exactement.
Mme Trépanier: Et ce prix-là... L'an passé,
nous fêtions le cinquième anniversaire du prix, et j'avais
invité les cinq récipiendaires à Québec avec les
députés de leurs circonscriptions. Cette année, le prix a
été remporté par une même jeune fille qui l'avait eu
l'année antérieure et qui est Cheryl Contant - je ne sais pas si
vous vous souvenez d'elle...
Mme Bleau: Je me rappelle d'elle, oui.
Mme Trépanier: ...qui est de Châteauguay, qui a
remporté à nouveau le prix Irma LeVasseur et qui a
remporté le grand prix de l'Expo-sciences cette année. Alors,
c'est une fille qui promet. Elle n'a pas décidé encore de son
orientation. Vous me parlez des autres filles. Il y a une fille qui s'appelait
Isabelle Gauthier et qui est en biologie marine, elle est au
baccalauréat et en maîtrise en océanographie; Isabelle
Chapa-dos, qui est en biologie...
Mme Bleau: C'est la mienne.
Mme Trépanier: ...je pense qu'elle était chez vous,
cette jeune fille-là; Annie Simard, qui est en sciences pures au
cégep, elle veut faire son droit et combiné avec...
Mme Bleau: Les deux, oui.
Mme Trépanier: ...c'est ça, la recherche; Sandra
Imbeault, qui est en génie chimique, et Pascale Charest, qui est en
médecine, spécialité en chirurgie. Ce qu'il y a
d'important - je ne sais pas si vous vous souvenez - ces filles-là nous
disaient qu'elles en ont besoin, malgré le potentiel extraordinaire
qu'elles ont, que ces prix-là et ces initiatives-là sont
absolument capitaux, parce que c'est extrêmement difficile pour des
filles de persévérer dans ce domaine des sciences. Elles nous
disaient deux choses. Elles étaient unanimes à le dire.
Premièrement, l'appui familial. Elles avaient unanimement dit que, s'il
n'y avait pas l'appui familial de leurs parents, de leurs frères et
soeurs, jamais elles ne passeraient au travers. Deuxièmement, l'appui du
milieu, des organisations, des prix comme le nôtre, comme l'Expo-sciences
aussi. Alors, c'est ce qui est arrivé des filles et du prix Irma
LeVasseur. Et il ne meurt pas. Au contraire, nous tentons et nous essayons de
le continuer. Je pense que c'est important.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Merci, M. le
ministre. Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière. (16 h
40)
Mme Carrier-Perreault: M. le Président, j'aimerais
continuer, puisqu'on a le Conseil du statut de la femme avec nous encore un
petit peu. Disons qu'on avait décidé qu'on commencerait par cet
organisme-là, j'aimerais continuer. Au niveau de la programmation...
Mme Bleau:...
Programmation triennale
Mme Carrier-Perreault: Oui. Au niveau de l'organisme au Conseil
du statut, on avait adopté une programmation triennale pour 1989-1992.
L'objectif, en fait, de cette programmation triennale, était l'atteinte
de l'égalité entre les hommes et les femmes, en tenant compte des
mutations sociales, économiques et démographiques importantes,
comme la chute de la natalité, le vieillissement de la population,
l'éclatement de la famille, les écarts qui s'agrandissent entre
les riches et les pauvres, enfin, etc.
Quant aux objectifs spécifiques de cette programmation, il y en
avait comme... Il y avait ces objectifs-là, de favoriser la prise en
charge par les femmes de leur santé et de leur intégrité
physique et mentale, d'adapter des conditions d'exercice du travail des femmes
et l'adaptation aux réalités contemporaines, d'agir sur
l'environnement social, physique, économique et familial. C'était
les objectifs spécifiques, là, si on veut, de la programmation
triennale 1989-1992.
Moi, ce que j'aimerais savoir, c'est: Est-ce que le Conseil du statut a
l'intention d'adopter une autre programmation triennale, puisque cette
programmation-là se termine cette année, dans un premier
temps?
Mme Lavigne: Oui, effectivement, le Conseil est en
préparation de la prochaine programmation triennale. Pour ce faire, nous
avons amorcé à la fois un certain nombre de consultations et nous
avons aussi fait une journée de réflexion avec toutes les
personnes qui ont été les membres du Conseil depuis 1973, depuis
l'année de sa fondation, qui étaient une cinquantaine de femmes
qui sont venues, lors d'une journée de réflexion, où,
finalement, on a fait une réflexion large sur les enjeux principaux
auxquels les femmes sont confrontées. Le Conseil s'est penché,
lors de deux de ces réunions, sur les grands axes qu'on pourrait retenir
au cours du prochain triennal.
Or, ce plan est actuellement en voie d'élaboration. Il devrait
être finalisé à la fin de juin et, de façon
officielle, à la fin de l'été. Néanmoins, je peux
vous signaler immédiatement qu'il y a certains dossiers qui vont
être majeurs pour le Conseil, notamment la question de
l'accessibilité au pouvoir, dans la mesure où, que ce soit dans
tous les postes décisionnels, dans les secteurs politique,
économique, juridique, finalement, la bonne volonté... Je pense
qu'on est
rendu à une époque où il y a des limites à
la bonne volonté. On est rendu aussi à une époque
où il faut véritablement, comme société, se doter
d'instruments qui fassent en sorte que les femmes soient
représentées équitablement dans l'ensemble des
domaines.
Il y a un précédent qui a été
créé dans la Loi sur la santé et les services sociaux,
à cet égard, qui est un départ, mais, dans le contexte de
la régionalisation, nous croyons que c'est extrêmement important
que toute une série de mécanismes beaucoup plus fermes
garantissent - et c'est la base même de la démocratie - la
présence des femmes dans l'ensemble des lieux décisionnels.
Alors, là-dessus, que ce soit dans le cadre de la
régionalisation, ou dans le cadre du travail-conseil dans les avis que
le Conseil produit, ou dans le cadre d'outiller les femmes pour qu'elles se
présentent à différents postes, ou de faire tomber un
certain nombre de barrières, ça va être un axe prioritaire
du travail du Conseil.
Nous allons aussi, comme Conseil, travailler beaucoup sur toute la
question de la notion de solidarité sociale. Je vous donne des grands
axes comme ça, qu'on n'a pas encore finalisés, mais la notion de
solidarité sociale, on se retrouve-Bon, on sait que l'évolution
de la condition féminine a été indissociable de la prise
en charge collective de toute une série de services qui étaient
auparavant assumés par les familles. Or, là-dessus, c'est
extrêmement important qu'il y ait une poursuite de l'adaptation
où, collectivement, on soutienne le nouveau rôle que les femmes
exercent dans notre société. Alors, ça va nous amener
à travailler autant à la fois sur des questions de pensions
alimentaires ou sur des questions fiscales, dans la mesure où on assiste
à une révision d'un certain nombre de fondements de la
fiscalité.
Un autre axe de travail, évidemment, concerne l'autonomie
économique des femmes. À cet égard, il y a, d'une part,
l'importance de s'enligner très clairement, comme société,
sur une politique très claire, à la fois d'équité
en emploi - et ça, là-dessus, qui intègre, de façon
très étroite, toute la dynamique des programmes d'accès
à l'égalité, la problématique de la
réévaluation du salaire des femmes pour des emplois comparables -
et aussi de la formation professionnelle. Donc, tout ce qui est autour de l'axe
travail va mobiliser beaucoup les énergies du Conseil.
Par ailleurs, tout ce qui est autour de l'axe conciliation
responsabilités familiales et travail va demeurer un
élément majeur. Enfin, par rapport à la situation
économique, il y a toute la situation des femmes qui sont passées
à côté du progrès, qui n'ont pas pu
bénéficier de l'ensemble des acquis, l'accroissement de la
pauvreté chez des couches de plus en plus importantes de femmes.
À cet égard, nous allons amorcer un certain nombre de travaux,
notamment, sur les femmes chefs de famille monoparentale et, plus
précisément, sur les femmes qui se retrouvent un peu en dehors
des circuits économiques et qui s'appauvrissent. Par ailleurs, il va
être aussi extrêmement important, à un niveau d'axes
généraux pour le Conseil, de travailler de plus en plus
auprès des jeunes filles et aussi, évidemment, par ricochet, des
jeunes garçons, de travailler davantage aussi dans le contexte de la
diversification ethnique à Montréal, de travailler davantage
auprès des femmes des communautés culturelles et aussi en lien
avec les femmes autochtones.
Enfin, il nous semble qu'un des enjeux majeurs aussi est que le discours
de la condition féminine soit partagé, et ce, de plus en plus,
par différents groupes sociaux, par différents partenaires. Nous
sommes rendus, jusqu'à un certain point, à un tournant, mais
à un tournant absolument majeur en condition féminine. Les femmes
ont fait énormément de choses, ont avancé beaucoup, mais
il y a des impératifs de justice sociale qui doivent être
portés par l'ensemble des citoyens et des citoyennes d'une
société, et ça, là-dessus, beaucoup d'efforts du
Conseil vont porter sur la sensibilisation de différents groupes
intermédiaires de la société pour qu'ils deviennent, dans
leur secteur, porteurs d'objectifs liés à l'amélioration
de la qualité de vie et de la justice pour les femmes dans notre
société. Ce sont des grandes lignes, mais le plan de travail, je
dois vous dire, est actuellement en définition.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Merci, Mme
Lavigne.
Mme Carrier-Perreault: Alors, ça veut dire un autre plan
triennal en vue, qui devrait sortir fin juin, dont vous venez de me donner
quelques grands axes.
Équité salariale
Vous disiez, tout à l'heure, qu'il y a des choses qui se font,
qu'il y a des choses qui avancent, et tout ça, et vous parliez aussi
d'autonomie économique des femmes. Je regardais le dernier rapport du
Conseil du statut de la femme. Dans le dernier rapport, c'est plutôt un
constat assez triste. Je regardais et, très clairement, c'était
titré en disant: La situation des femmes n'a guère changé.
On faisait état, justement, de l'écart qui s'agrandissait, qui
s'agrandit depuis 1986, finalement, entre la moyenne de salaires gagnée
par les femmes et celle qui est gagnée par les hommes.
Vous avez parié de vérification par rapport aux programmes
d'accès à l'égalité, par rapport à
l'évaluation des emplois féminins. Je sais aussi, par ailleurs,
que le Conseil du statut a été observateur, en partie... Bien, en
fait, comme observateur, il a assisté aux audiences de la
Commission des droits de la personne concernant la mise sur pied, la
possibilité de mettre sur pied une loi proactive en matière
d'équité salariale. Il y a eu sûrement des
évaluations et des travaux qui ont été faits concernant
les programmes d'accès à l'égalité.
Moi, ce que j'aimerais savoir, c'est: Comment voyez-vous un dossier
comme celui-là? Est-ce que la présidente du Conseil peut me dire
si elle est favorable, par exemple, à la mise sur pied d'une loi
proactive en matière d'équité salariale? Comment on peut
en arriver à faire une réévaluation, si on veut, des
emplois des femmes autrement que par une loi proactive?
Mme Lavigne: Effectivement, Mme la députée, vous
avez tout à fait raison, c'est une des questions les plus
préoccupantes. Bon, nos récents travaux nous démontrent
que, de toute façon, très clairement, au cours des 10
dernières années, l'écart de salaire entre les femmes et
les hommes n'a, à toutes fins utiles, pas varié, et c'est
extrêmement préoccupant et extrêmement grave comme
situation. La-dessus, les travaux que le Conseil a entrepris... bon, nous
sommes à nouveau en train... nous travaillons sur cette question, et je
dois vous dire que c'est une des questions les plus complexes sur lesquelles on
est amenés à travailler, parce que la notion de l'écart
salarial n'a pas qu'une seule cause et n'a pas non plus qu'un seul
remède. Dans ce sens-là, partir sur une seule solution pose des
problèmes, et les gestes qui devront être posés devront
être déterminants, parce que c'est totalement inacceptable, les
écarts qu'on connaît entre les salaires moyens des femmes et des
hommes. Là-dessus, il ne faut pas se tromper et ne pas s'enligner dans
une perspective qui nous amènerait à mettre de côté
des mesures. Il y a carrément des écarts de salaire qui sont
liés à la formation. (16 h 50)
Donc, l'accent doit être mis très clairement sur la
formation. La réflexion du Conseil sur la formation, là-dessus,
c'est de dire - mais je dois vous dire, sous toute réserve, parce qu'il
nous reste encore certains éléments de travaux à faire -
que la loi, la Charte des droits de la personne permet la mise en oeuvre de
programmes d'accès à l'égalité en matière de
formation. Or, cet outil-là, qui existe dans la Charte
québécoise des droits, n'a pas été utilisé
ou, bon, à peine depuis qu'il existe. Or, là-dessus, il faut
vraiment travailler sur la question de la formation.
Il y a une autre partie d'écart qui est liée à la
ghettoïsation. Dans ce sens-là, il faut absolument accroître
l'efficacité des programmes d'accès à
l'égalité et absolument élargir la couverture des
programmes d'accès à l'égalité. Bon, le Conseil,
dans sa démarche, est d'accord pour un élargissement mais
très, très systématique des programmes d'accès
à l'égalité et est aussi pour une amélioration
très substantielle du programme d'obligations contractuelles, avec toute
une série de recommandations dans ce sens-là.
Le troisième volet sur lequel il doit y avoir aussi une
intervention concerne l'évaluation du travail des femmes, ce qui fait
appel à toute la problématique de l'équité
salariale. Là-dessus, sur cette question-là, effectivement, il
faut aussi s'enligner, nous semble-t-il, sur une approche qui sera une approche
beaucoup plus claire et beaucoup plus ferme, une approche, grosso modo, qui
soit davantage proactive parce que, comme société, le malaise est
très large, les causes à l'écart sont extrêmement
larges.
Je dois vous dire que, à l'heure actuelle, ce que le Conseil a
retenu comme démarche, c'est que nous devons absolument maintenir une
démarche qui traite de front l'ensemble de la problématique. On
ne peut pas jouer l'équité salariale contre les PAE et l'un par
rapport à ça. Donc, une démarche doit être
intégrée. Par ailleurs, elle doit partir de la
réalité des femmes elles-mêmes et non de principes
abstraits. De façon générale, nous croyons que
l'époque du volontariat systématique doit être
révolue, dans la mesure où ça fait fort longtemps que les
femmes attendent et dans la mesure où c'est une question cruciale pour
notre société, pour l'avenir, parce qu'on va le payer très
cher, comme société, quand ces femmes-là,
sous-payées, vont se retrouver à la retraite. Et aussi, c'est une
question de justice immédiate.
Alors, ce que je dois vous dire, c'est que le Conseil avance dans ses
travaux. C'est extrêmement compliqué, parce que les causes sont
multiples. Mais on avance et, d'ici quelques mois, enfin je pense qu'en
septembre le Conseil pourra rendre publiquement sa position. Nous
avançons, nous avons fait toute une série d'études,
différentes comparaisons, une analyse comparative de cinq lois sur
l'équité salariale dans d'autres provinces, repris le
positionnement exact des femmes dans la main-d'oeuvre au Québec.
Notamment, on sait, on peut estimer que 28 % de la main-d'oeuvre
québécoise travaillent dans des petites entreprises de moins de
10 employés. Nous avons rencontré, lors d'une visite de travail
en Ontario, à la fois les gestionnaires des programmes d'accès
à l'égalité et les gens qui travaillent en
équité salariale. Alors, sous peu, on devrait avancer, et
l'ensemble des membres du Conseil... Et je dois vous signaler que, parmi les
membres du Conseil, il y a des représentantes des milieux
socio-économiques, des représentantes des syndicats, des groupes
de femmes. C'est extrêmement varié. Jusqu'à un certain
point, c'est un microcosme de la société québécoise
et, dans ce sens-là, on chemine et, au cours... En tout cas, je pense
qu'à la prochaine défense des crédits on pourra en parler.
Mais ça avance.
Mme Trépanier: M. le Président, je ne sais pas si
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudiè-
re... J'aimerais savoir... Elle reviendra sûrement dans le bloc du
Secrétariat sur l'équité en emploi?
Mme Canier-Perreault: Oui.
Mme Trépanier: Oui. Bon. Alors, je vais garder mes
commentaires...
Mme Canrier-Perreault: Je reviens toujours.
Mme Trépanier: Tu reviens, oui, je sais. Mais je
reviendrai, la première, sur votre préambule concernant la
pauvreté des femmes. J'ai peut-être une information que je
pourrais vous donner. À l'automne 1990, le Comité
ministériel permanent des affaires sociales adoptait un document
intitulé «L'égalité des chances dans les
années 90». On est très, très conscients et
très préoccupés de l'appauvrissement des femmes au
Québec. Ce document faisait suite à des échanges entre les
membres du Comité sur l'impact des politiques gouvernementales sur les
ménages à faibles revenus et sur les priorités que le
gouvernement pourrait se fixer au cours de son mandat en matière de
lutte à la pauvreté. Le document est à la base de la
réflexion entamée par le groupe de travail
interministériel pour élaborer un plan d'action contre la
pauvreté.
Vous avez raison de dire qu'après avoir connu une
régression significative dans les années soixante-dix la
pauvreté s'est peu à peu stabilisée dans la
décennie qui a suivi. La récession qui sévit depuis 1990 a
relancé à la hausse le taux de pauvreté au Québec.
Certains groupes ont vu leur situation se détériorer, et le
Québec a perdu du terrain par rapport aux autres provinces canadiennes.
On assiste actuellement à la progression de la composante structurelle
du chômage ainsi qu'à l'expansion d'un noyau permanent
d'assistés sociaux, et la pauvreté et le sous-emploi
représentent aujourd'hui, pour le Québec, des coûts
énormes en termes financiers et humains.
Chaque ministère et organisme membre du comité
interministériel a pris l'engagement ferme de s'impliquer pour la
réalisation des objectifs en matière d'itinérance,
notamment, et notamment en regard de la prévention, de la prestation de
services, de l'intervention gouvernementale et de la protection du public. 82 %
des familles monoparentales sont dirigées par les femmes et,
considérant que les femmes continuent de représenter près
de 60 % des personnes économiquement faibles, des mesures visant
à contrer la pauvreté peuvent avoir un impact important sur la
situation socio-économique de ces dernières.
Le projet de plan d'action contre la pauvreté pourrait cibler les
clientèles parmi lesquelles on retrouve une proportion importante de
femmes pauvres, à savoir les familles monoparentales, les jeunes et les
enfants. Dans le plan famille, parce que ça se retouche, ça se
recoupe toujours, c'est difficile de démarquer un plan d'action
condition féminine, parfois, et un plan d'action famille. Vous avez
sûrement remarqué qu'il y aura un plan d'action du
ministère de la Sécurité du revenu spécifiquement
adapté aux familles monoparentales, donc à 85 % à des
femmes. Plus que ça, même, je dirais au moins 95 %, oui, 85 % de
femmes et 95 % des familles monoparentales qui vivent de l'aide sociale sont
dirigées par une femme.
Ensuite, nous aurons, dans la politique de la condition féminine
- vous en avez parlé dans votre allocution d'introduction et
j'espère que nous aurons l'occasion d'y revenir - un volet important
concernant l'autonomie des femmes. Ce sera la pierre angulaire de notre
politique de condition féminine. En «priorisant»
l'accès à l'autonomie économique et financière pour
les femmes, le gouvernement pourrait s'attaquer à la cause
première de la pauvreté des femmes. Alors, on est conscients
qu'on a à faire face à des difficultés majeures de
récession économique, mais ça ne doit pas nous
arrêter et on doit avoir des plans d'action énergiques pour
contourner et contrôler cette pauvreté-là.
Mme Carrier-Perreault: Alors, moi, c'est évident que je
vais revenir là-dessus. J'en fais quasiment une obsession. Il y en a qui
pourront me dire ça. Mais il reste que ce qui arrive, c'est que je suis
d'accord avec ce qui a été dit tout à l'heure, qu'il n'y a
pas seulement une voie. Je suis tout à fait d'accord. Je suis d'accord
que les programmes d'accès à l'égalité, c'est
quelque chose d'important, qu'il faut que ça se continue. Je trouve
intéressante l'intention, si on veut, ou, en tout cas, ce qui a
été émis par rapport au volontariat, qui laisse
peut-être à désirer, qu'il faudrait y aller de façon
un petit plus agressive, un petit peu plus obligatoire. Mais il reste que,
à chaque fois qu'on parle d'améliorer les salaires des femmes ou
à chaque fois qu'on parle d'équité salariale, on me
ramène toujours aux programmes d'accès à
l'égalité, et on ne me ramène jamais à une
possibilité d'une loi proactive en matière
d'équité, et on glisse toujours sur cet aspect-là. Tant et
aussi longtemps que je n'aurai pas de réponse ferme et d'engagement
précis, je vais y revenir. Pour ce qui est... (17 heures)
Mme Trépanier: M. le Président, est-ce que je peux
me permettre? Vous dites que nous revenons toujours avec les programmes
d'accès à l'égalité. Vous, vous revenez toujours
avec la loi...
Mme Carrier-Perreault: Oui.
Mme Trépanier: ...proactive. Vous dites: Tant qu'il n'y
aura pas d'engagement ferme, je vais y revenir. Il y a des engagements fermes,
mais ils ne sont pas de la nature que vous
désirez. Il y a une nuance à faire, peut-être, mais
on reviendra plus tard sur ce dossier-là.
Mme Carrier-Perreault: Ce qui est arrivé, c'est que je me
dis: Oui, au niveau des programmes d'accès à
l'égalité, il se fait quelque chose, présentement, oui.
Mais, du côté d'une loi proactive en matière
d'équité salariale, c'est de ce côté-là qu'il
ne se fait rien. Quand il se fait quelque chose... Si on me dit qu'on va mettre
les programmes d'accès à l'égalité sur une base
obligatoire, si on veut, bien, tant mieux! Mais, tant et aussi longtemps qu'il
n'y aura pas de décision au niveau de la loi proactive... Et je pense
que c'est nécessaire, essentiel. En tout cas, pour moi, c'est
peut-être la partie qui est oubliée, présentement, dans ce
dossier-là.
Par rapport à ce qu'on avait eu à l'étude des
crédits l'an dernier... On avait eu des discussions avec le Conseil du
statut... Je voudrais passer à un autre sujet, là, M. le
Président. Le Conseil a fait des études sur la violence, a
travaillé beaucoup sur le dossier de la violence, cette année.
J'aimerais savoir si le Conseil a déposé un rapport, s'il y a eu
des recommandations, où ça en est, ce dossier-là,
présentement.
Mme Lavigne: Oui. Ça, il s'agit aussi... C'est un peu
toujours le problème de la fin d'un plan triennal où tout
aboutit, là. Alors, au cours de l'année, le Conseil a fait toute
une série d'études qui sont davantage des documents de
référence, c'est-à-dire que c'est des documents où
on rassemble l'ensemble de l'information. Je vous donne les sujets: sur
l'inceste, sur le harcèlement sexuel, sur la pornographie, sur les
agressions sexuelles et sur la violence conjugale. Dans chacune de ces
études, ce qu'on fait, c'est, en premier lieu, une description de la
problématique, ensuite, l'ampleur du phénomène, toute la
question des définitions légales, les recours existants, ensuite,
mythes et réalités qui sont rattachés à ces
questions-là et aussi l'action des différents intervenants dans
ces domaines-là. Ces documents-là, la version allongée,
dans certains cas, est terminée. Ils sont actuellement en
révision. Ces documents-là seront aussi accompagnés de
plus petites versions, de versions abrégées qui vont donner un
portrait succinct.
L'objectif du travail que poursuit le Conseil dans ce dossier-là
est de produire, d'une part, des documents de référence et
d'outiller les intervenants. Je dois vous dire que, là-dessus, compte
tenu qu'il y a eu de mise sur pied, par le gouvernement fédéral,
la commission royale d'enquête sur la violence faite aux femmes, il est
extrêmement important pour nous de cibler et de ne pas s'inscrire en
dédoublement. Alors, au cours de l'automne 1992, d'une part, je pense
que l'ensemble des documents devront être prêts, et là les
membres du Conseil vont évaluer si on produit ou pas un avis au
gouvernement sur la question. Mais, d'une part, ce qui est prévu
à ce jour, c'est d'outiller les intervenants.
Par ailleurs, dans le courant de l'année, le Conseil a aussi
travaillé sur la question de la violence en collaboration avec des
partenaires extérieurs, notamment la Société de
criminologie, dans le cadre d'un colloque qui s'est tenu sur la violence
conjugale. Ce colloque sur la violence conjugale réunissait toute une
série d'intervenants en violence, c'est-à-dire qu'il y avait des
gens des corps policiers, des avocats de la défense, des procureurs de
la couronne, des maisons d'hébergement et aussi des intervenants
auprès des groupes de soutien d'hommes.
Le Conseil a à la fois collaboré à l'organisation
de ce colloque et eu une présence active. Un des objectifs de ce
colloque était véritablement de faire le point sur la politique
gouvernementale en matière de violence conjugale, la politique de 1986,
mais à partir des intervenants eux-mêmes, quelles sont les
difficultés que, concrètement, on rencontre quotidiennement dans
ce dossier, quel type de modifications il pourrait y avoir à la fois
dans la formation des intervenants, à la fois dans les... Il y a eu
toute une série de propositions qui ont été faites et que
la Société de criminologie devrait rendre publiques, mais qui
portent autant sur des possibilités d'avoir des aménagements, des
lieux spéciaux dans des palais de justice-Bon, un ensemble de mesures.
Mais c'est un dossier où c'est extrêmement important de travailler
très concrètement avec des gens qui sont dans la pratique
quotidienne.
Alors, le travail du Conseil a vraiment porté, au cours de la
présente année, sur deux fronts: à la fois faire le point
sur un ensemble de problématiques et bâtir des outils, et
travailler aussi concrètement avec des intervenants dans le cadre d'un
bilan.
Congés de maternité
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Autre chose, M. le
Président, j'aimerais avoir... On a parlé, tout à l'heure,
de la politique familiale qui a été déposée le 13
avril dernier. On sait que, lors du premier plan, il y avait eu des
commentaires qui avaient été émis par le Conseil du statut
concernant plus particulièrement les congés de maternité,
etc., d'autres mesures qui étaient dans le premier plan. Par rapport
à cet aspect-là de la question, qui n'est pas vraiment
touché dans le plan, par rapport à l'ensemble, si l'on veut, du
plan d'action en matière de politique familiale, j'aimerais avoir les
commentaires du Conseil du statut de la femme.
Mme Lavigne: Je vais vous dire, c'est sous toute réserve,
dans la mesure où le Conseil est actuellement à préparer
un commentaire, mais un très bref commentaire sur cette politique.
Rapidement, je dois vous dire qu'au Conseil, grosso modo, nous sommes en accord
avec les grandes
orientations de la politique. Il y a certains éléments
qui, je dois dire, vont faire l'objet sûrement d'une attention plus
particulière. Notamment, ça nous a un peu surpris, dois-je dire,
que la politique de congés parentaux se retrouve sous le chapeau
famille. Je comprends l'intention. Mais, dans l'ensemble du plan, nous devons
dire qu'on est à l'examiner présentement. Alors, ça
devrait venir sous peu.
Je dois vous dire cependant que, de façon plus
générale, là-dessus, la priorité, dans ce
dossier-là, qu'aura le Conseil cette année va être
davantage l'examen de toutes les orientations en matière de
fiscalité et en matière de l'orientation gouvernementale
générale en matière d'allocations familiales. Je dois vous
dire que nous sommes extrêmement inquiètes de l'orientation qu'a
prise le gouvernement fédéral en matière d'allocations
familiales et que, là-dessus, toute l'orientation qui est prise devra
être regardée très, très attentivement parce que
toute une série de questions se posent. Nous sommes un peu
inquiètes, lorsqu'on parle d'harmonisation avec l'orientation du
gouvernement fédéral, et c'est ce qui nous inquiète
davantage.
Notamment, si je peux me permettre de poser certaines questions qui vont
venir et pour lesquelles, nous semble-t-il, il devrait y avoir un débat,
parce que la politique du gouvernement fédéral pose beaucoup de
questions, quand on assiste a une multiplication de mesures sélectives
selon le revenu familial, est-ce qu'on ne risque pas très
concrètement de s'enligner sur une désincitation encore plus
grande des mères au foyer à retourner sur le marché du
travail? Parce qu'il deviendra de plus en plus pénalisant, à ce
moment-là, si le retour sur le marché du travail signifie en plus
l'accroissement d'un revenu mais, presque automatiquement, la perte ou la
diminution des allocations familiales.
L'autre question que nous nous posons, c'est: La diminution du soutien
financier et des services consentis aux familles et le manque de permanence
aussi de certaines mesures ne seraient-ils pas aussi susceptibles de nuire
à la réalisation du désir d'enfants chez les couples?
L'autre question qui se pose, c'est la fin de l'universalité de
l'aide financière accordée aux familles par le gouvernement
fédéral. Est-ce qu'elle ne porte pas atteinte au principe de
l'équité horizontale, c'est-à-dire entre les familles
elles-mêmes? Ainsi, au-delà d'un certain niveau de revenu
familial, les familles avec enfants vont être désormais
traitées sur le même pied que les ménages sans enfant. Ne
risquent-elles pas alors de supporter un poids plus lourd en termes de taxes et
d'impôts parce que, nécessairement, comme elles ont des enfants
à soutenir, elles vont épargner moins que les ménages sans
enfant? Elles vont être susceptibles, à ce moment-là, de
payer des taxes à la consommation plus élevées et,
surtout, de moins se prévaloir des échappatoires fiscales qui
existent, notamment via les régimes de retraite et compagnie. Donc,
concrètement, ce résultat pourrait être, pour un certain
nombre de familles à un certain niveau de revenu, un
déséquilibre entre les endroits où on retrouve des couples
avec enfants et des couples sans enfant, où des couples avec enfants
risqueraient d'être davantage et très concrètement
taxés. (17 h 10)
Enfin, l'autre question, qui se pose, dans le fond: Quelles sont les
conséquences de la diminution d'un certain nombre de services,
là, sur l'emploi et le bien-être général des femmes?
Alors, je dois vous dire que ça, c'est un ordre de questions, et on se
pose aussi un certain nombre de questions quand nous avons vu toute la
question, l'annonce de la remise en cause, je dois dire, des modalités
de financement du PRALMA. À cet égard-là, le Conseil
prépare aussi un avis à la ministre déléguée
à la Condition féminine sur le PRALMA. L'intention qui est
annoncée par le ministre responsable du PRALMA nous semble
inadéquate pour le moment. Le ministre dit qu'il s'inspire de la
philosophie du fédéral prévalant pour les allocations
familiales. Je dois vous dire qu'à cet égard-là c'est
très inquiétant parce que le PRALMA n'est pas une allocation
familiale. Le PRALMA est une mesure de remplacement de revenu. À cet
égard-là, on trouve ça, en tout cas, très
étonnant, parce que jamais on n'aura vu, on ne verrait un programme - je
pense au programme de la CSST - qui est un programme de remplacement de revenu
qui ferait de la récupération à partir de la base d'un
revenu familial.
Alors, ce qui nous semble important, c'est de ne pas subir
inconsidérément l'influence du gouvernement fédéral
dans sa réflexion sur la fiscalité et, comme
société, de développer une réflexion autonome qui
permet de prendre en considération l'importance à la fois d'avoir
un véritable remplacement de revenu au chapitre de la maternité
et de soutenir adéquatement les familles avec enfants.
Alors, je dois vous dire que, bon, en gros, c'est là où on
en est, comme Conseil, pour la réflexion et que ce sera un champ majeur
de réflexion parce qu'il y a un virage important qui s'effectue dans le
moment et qui risque de poser des problèmes aux femmes.
Mme Bleau: Sur le même sujet...
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Oui, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Vous, dans votre réponse à Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, il y a une
réflexion sur laquelle j'aimerais peut-être avoir un petit peu
plus de renseignements. Vous avez dit que les mesures fédérales
pourraient, si elles sont appliquées telles qu'elles ont
été annoncées, permettre ou forcer des femmes à
rester à la maison pour élever la famille plutôt que
d'aller sur le marché du travail. Bien moi, je ne vois rien de
très mal dans tout ça, là. Je suis une mère de cinq
enfants, je suis quand même députée aujourd'hui, puis je ne
vois pas pourquoi quelques mères de plus ne gagneraient pas à
rester a la maison pour élever les enfants, là. Je n'ai rien
contre le travail à l'extérieur, absolument pas, pour les femmes.
Au contraire, les femmes avocates, les femmes dans toutes les professions,
j'admire ça. Mais j'admire aussi les femmes qui prennent comme
décision de demeurer à la maison, parce que c'est leur choix,
pour élever la famille. Puis vous avez dit que les mesures
fédérales pourraient peut-être être enclines à
garder d'autres femmes à la maison, là.
Mme Lavigne: D'accord. Ce que je trouve important de
préciser... Bon, c'est intéressant que vous le souligniez, ce qui
est important, c'est que les femmes puissent avoir le choix là-dessus.
On ne voudrait pas se retrouver avec des mesures qui sont des mesures
désincitatives. Prenons, par exemple, la déduction pour conjoint
à la maison, ce qu'on appelait la déduction pour femme
mariée. Ça fait, dois-je dire, presque 15 ans que le Conseil et
à peu près tous les organismes de femmes demandent que cette
déduction-là parte, parce que, à partir du moment
où une femme, bon, a eu ses enfants, est restée au foyer, si elle
fait le choix de retourner sur le marché du travail, lorsqu'elle est
prête, lorsque ça lui tente, son mari va lui dire: Écoute,
n'y va pas, je vais perdre ma déduction. Alors là, ce qui se
rajoute à ça - et ça, c'est ce qu'on appelle un
élément désincitatif - ce qui se rajouterait à
ça, c'est que le mari dirait: Écoute, il faut y penser. Les
allocations familiales, on risque de les perdre parce que tu vas faire trop
d'argent. Alors, ce qu'on se dit, ce qui est extrêmement important
là-dedans, c'est que l'État reconnaisse qu'il doit avoir un
soutien face aux familles et face aux enfants, que, s'il y a une
déduction pour le conjoint qui est au foyer, on comprend mal pourquoi
elle est donnée à celui qui n'est pas au foyer.
C'est des mesures qui ne doivent pas amener une personne à dire:
Si je vais sur le marché du travail, dans le fond, dans le budget
familial, si j'ai un salaire de 20 000 $ par année, ça va en
rajouter juste 10 000 $, uniquement 10 000 $, et, dans ce sens-là, c'est
ce qu'on appelle des mesures désincitatives. Beaucoup de groupes de
femmes ont demandé, depuis très, très longtemps - je pense
aux AFEAS, aux cercles de fermières - que la déduction de
conjoint à charge, conjoint au foyer soit versée à la
personne elle-même qui, effectivement, reste au foyer puisque c'est
prévu pour elle.
Alors, c'était dans ce sens-là, et on ne voudrait pas que
se rajoute à ça le phénomène de revenu familial qui
ferait que ce serait encore deux fois... ça se rajouterait à
l'ensemble et que, lorsqu'une femme a fait le choix, elle se dise: Bien, ce
n'est plus payant de retourner sur le marché du travail. C'est
essentiellement dans ce sens-là et ça ne vise pas du tout
à empêcher des femmes qui désirent rester au foyer d'y
rester.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Carrier-Perreault: M. le Président, compte tenu du peu
de temps qu'on a, finalement, pour faire le tour de l'ensemble des dossiers,
moi, je vais être obligée d'arrêter là mon
questionnement vis-à-vis du Conseil. Je voudrais remercier Mme Lavigne
d'avoir répondu aux questions.
Mme Lavigne: C'est moi qui vous remercie.
Le Président (M. Joly): Si je comprends bien, nous avons
terminé l'étude du Conseil du statut de la femme. Alors, nous
abordons le sujet du Secrétariat à la condition féminine.
C'est bien ça?
Aimeriez-vous suspendre pour quelques minutes, Mme la
députée?
Une voix:...
Le Président (M. Joly): Alors, nous allons suspendre nos
travaux pour deux, trois minutes. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 17) (Reprise à 17 h
22)
Secrétariat à la condition
féminine
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Nous en étions au Secrétariat à la condition
féminine. Mme la ministre.
Mme Trépanier: Est-ce que je peux vous
présenter...
Le Président (M. Joly): J'apprécierais beaucoup,
oui.
Mme Trépanier: ...les gens qui m'accompagnent?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît.
Mme Trépanier: Mme Rita Bédard, qui est
secrétaire générale associée à la Condition
féminine, et Mme Anne Samson, qui est adjointe administrative.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, Mme la ministre.
À vous, Mme la députée.
Mme Carrier-Perreault: Permettez-moi de
saluer Mme Bédard, Mme Samson. Une petite question, normalement,
comme d'habitude, sur le budget, l'ensemble, et tout ça. On se rend
compte qu'il y a de légères augmentations, si on veut, pour
l'année qui vient. Par ailleurs, on se rend compte aussi que, sur les
crédits globaux, l'ensemble des crédits, j'entends, pas seulement
le Secrétariat, mais je parle aussi du cabinet, et tout, l'ensemble des
crédits de la Condition féminine comme telle, on se rend compte
qu'il y a eu des budgets qui ont été périmés pour
environ 475 400 $, sur l'ensemble du Conseil. Comment se fait-il qu'il y ait eu
ces coupures-là? J'aimerais avoir des explications là-dessus.
Mme Bédard (Rita): La partie essentielle relève du
Secrétariat. C'est 390 000 $ précisément. Bien, il a fallu
répondre aux objectifs qui étaient demandés, d'une part,
et, d'autre part, ça s'explique principalement par les vacances de
postes. Il y a eu, pour l'année, l'équivalent de 39 mois
d'absence, qui se détaillent de façon différente: un poste
de cadre vacant pendant 3 mois, des postes de professionnels variant de 1
à 10 mois et demi, des postes d'emploi de bureau de 4 mois,
également. Alors, ça totalise 39 mois. C'est énorme.
Alors, ne serait-ce qu'en partie salariale on atteint un montant assez
imposant.
Ça entraîne, il va sans dire, des dépenses de
fonctionnement qui ne se réalisent pas au niveau du déplacement,
de la participation à des colloques, de la formation, diminution du
travail, photocopie, etc., enfin tout ce qui est entraîné par la
présence d'une personne dans un bureau. Alors, c'est principalement
ça.
Mme Carrier-Perreault: Des vacances équivalant à 39
mois, c'est ce que vous m'expliquez?
Mme Bédard: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que ça cause des
problèmes au niveau du fonctionnement, pour rencontrer les commandes, et
tout ça? N'avez-vous pas de problèmes de fonctionnement avec ce
genre d'absences?
Mme Bédard: Ça cause des problèmes aux gens
qui sont à côté et derrière moi, et j'en profite
d'ailleurs pour les remercier de leur collaboration. Ces gens-là
travaillent à la planche, madame, comme j'ai rarement vu. Alors,
ça crée de l'essoufflement, oui. Ça crée, à
l'occasion, des remises en question de priorités. On essaie de tout
faire. Vous le savez mieux que moi, le dossier de la condition féminine
fait en sorte qu'on a à regarder à peu près tous les
dossiers. Alors, à un moment donné, on est obligé de
«prioriser» et de reporter des études à quelques mois
plus tard, et on s'attache à l'essentiel.
Par contre, je souligne qu'il y a une qualité d'expertise et une
capacité de travail qui sont exceptionnelles.
Mme Carrier-Perreault: Qu'est-ce qui était reporté,
si on peut, par rapport à cette situation-là? Est-ce qu'il y a
des choses précises?
Mme Bédard: II y a des recherches, certaines recherches
à plus long terme. Il y en a une qui nous est venue d'un
ministère sur la situation de personnes âgées. Alors, comme
on a déjà des dossiers reliés à ça, bon, on
s'assure quand même que les dossiers essentiels sont faits, mais des
commentaires sur certains dossiers à plus long terme, à ce
moment-là, on demande aux autres ministères de nous attendre.
Quand les priorités font en sorte que, là, il faut donner nos
commentaires, on bouleverse nos priorités et on s'attache à
ça.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que vous croyez que la situation va
être différente pour l'année qui vient?
Prévoyez-vous qu'il y ait une amélioration à ce
niveau-là?
Mme Bédard: II y a une amélioration en ce sens que
la plupart des postes vacants ont été comblés. Il en reste
un. Il y a un départ récent. Tous les autres postes
professionnels, de bureau sont comblés. Il y a deux postes permanents
qui sont encore occupés par des occasionnels, qui ne sont pas
comblés, mais au moins il y a des occasionnels en place. Alors,
là-dessus, oui, il y a une stabilité, là, au
Secrétariat, et j'espère qu'elle va se maintenir.
Énoncé de politique en matière de
condition féminine
Mme Carrier-Perreault: D'accord, je vous remercie. À
l'occasion du dernier discours inaugural, du discours inaugural qu'on a eu en
mars dernier, la ministre... en fait, on nous annonçait le
dépôt très prochain, qu'il y aurait une politique en
matière de condition féminine. Déjà, l'an dernier,
on faisait mention que le Conseil du statut de la femme avait entrepris un
examen de la demande de la ministre, afin d'émettre un avis identifiant
les orientations que devrait retenir le gouvernement en matière de
condition féminine pour la prochaine décennie. On parle
d'«Horizon 2000», qui avait été traité un
petit peu par le Conseil du statut.
Alors, j'aimerais savoir où est-ce qu'on en est maintenant,
concernant, justement, l'élaboration de cette politique-là. Je
sais que la ministre en a un petit peu parlé dans son préambule.
J'aimerais savoir où est-ce qu'on en est et comment ça s'annonce,
tout ça.
Mme Trépanier: Bon. Alors, ça s'annonce bien, pour
commencer. Nous avions dit que nous ferions une politique à long terme
et nous la
maintenons toujours pour 1992. On sait que l'intervention
gouvernementale en matière de condition féminine a pris un essor
incroyable depuis la création du Conseil du statut de la femme et du
Secrétariat en 1979. Il est quand même curieux et surprenant de se
rendre compte qu'avant 1987 il n'y avait jamais eu de plan triennal au niveau
de la condition féminine. C'est à ce moment-là que nous
avons élaboré des plans d'action à long terme. En 1986, il
y a eu un premier plan d'action gouvernemental qui avait été fait
en consultation avec les groupes de femmes, à l'époque, et puis
il y a eu des orientations triennales.
La politique est abordée sous l'angle de la continuité
pour ce qui est de son fondement, à savoir l'atteinte de
l'égalité. Ça, je reviens là-dessus parce que je
sais qu'on va parier de programmes d'accès à
l'égalité, tout à l'heure, et d'équité en
emploi, et c'est, à mon avis, un volet de l'égalité. Pour
y arriver, il faut que l'ensemble de la société soit
impliqué. Dans cette première politique-là, l'enjeu
était l'autonomie des femmes. Aujourd'hui, la sécurité
économique des femmes ne repose plus uniquement sur la famille. Les
femmes doivent donc assurer elles-mêmes et de plus en plus leur propre
sécurité financière.
Alors, les orientations sont: l'autonomie économique des femmes,
l'autonomie; la deuxième est le respect de l'intégrité
physique et mentale, des conditions déterminantes, et je vais y revenir
plus spécifiquement; la troisième, c'est la violence faite aux
femmes, parce qu'on considère que l'autonomie des femmes est
très, très, très, très restreinte par toute cette
question de violence faite aux femmes et la quatrième orientation sera
l'apport des femmes à la société québécoise.
En gros, ce sont les quatre grandes orientations que nous envisageons pour ce
deuxième plan d'action. (17 h 30)
Alors, autour de l'autonomie économique des femmes, les actions
de l'ensemble des partenaires socio-économiques doivent faire en sorte
que les femmes puissent s'inscrire à l'intérieur des grandes
tendances du marché du travail, participer aux changements et tirer
profit des transformations qui changent le visage de la
société.
Quatre constats se dégagent des tendances économiques
actuelles et de la situation des femmes en emploi. Ce sont: le
relèvement général des compétences, la
ségrégation professionnelle des femmes, la polarisation du
marché du travail et la pauvreté, qu'on a abordée un petit
peu tout à l'heure. Les actions gouvernementales doivent donc porter,
à notre sens, sur la formation, la diversification des qualifications,
la reconnaissance à leur juste valeur des emplois traditionnellement
féminins, la participation des femmes au marché du travail et
leur investissement de tous les secteurs et niveaux d'emploi, les causes et les
effets de la précarisation du marché du travail, la
féminisation de la pauvreté et la pauvreté liée
à une rupture d'union. C'est un vaste programme, mais c'est absolument
capital de toucher l'ensemble de ces aspects.
Dans la deuxième orientation, qui est l'autonomie et le respect
de l'intégrité physique et mentale, la question de la
santé est directement reliée à l'environnement
socio-économique. Les femmes utilisent les services de santé et
les services sociaux dans une proportion plus grande que les hommes,
particulièrement les femmes chef de famille monoparentale et les
aînées. La violence que vivent les femmes comporte aussi une
incidence directe sur la consommation de ces services. Les actions
gouvernementales porteront donc sur la formation, la sensibilisation, la
santé sexuelle et reproductive, la santé mentale, le
vieillissement, la toxicomanie et les autres abus.
La troisième orientation, directement, la violence faite aux
femmes. La violence a des répercussions importantes sur les femmes
elles-mêmes et sur la société en général. La
violence conjugale, le harcèlement sexuel, les agressions sexuelles et
la violence en milieu de travail en sont les principales manifestations. La
violence et les menaces de violence empêchent les femmes d'être les
égales des hommes parce que cette violence est enracinée dans les
mécanismes de socialisation, les structures de pouvoir et les
institutions. Alors, les actions doivent porter sur l'éradication de
toutes les formes de violence, la nécessité d'élaborer des
lois, des politiques, des programmes qui reflètent une
société non violente à l'égard des femmes,
l'élaboration d'interventions efficaces pour en amoindrir les
conséquences, la réduction du taux de récidive et la
nécessité d'accroître la concertation
interministérielle pour favoriser les projets communs.
Et la quatrième orientation, qui est importante également,
c'est la présence et l'investissement des femmes dans les
différentes sphères sociales et économiques. Ce
fait-là transforme graduellement l'organisation de la
société et la nature de leur apport à la
collectivité. Aujourd'hui, les femmes participent plus à l'essor
social par la famille, le monde du travail, le bénévolat, la vie
associative et par l'exercice du pouvoir et des responsabilités. Ce
n'est que par une participation pleine et entière que les femmes
changeront les attitudes et les mentalités, avec la participation active
des gouvernements et de l'ensemble des partenaires socio-économiques.
Les actions gouvernementales devront porter sur l'identification, la
reconnaissance et la diffusion de la contribution des femmes à
l'évolution sociale et économique de la collectivité, la
valorisation des rôles sociaux basée sur le respect et
l'équité entre les hommes et les femmes et l'aide et le support
aux femmes qui investissent les lieux de pouvoir.
Ce sont les grandes orientations que nous avons présentées
dans un document. Nous sommes à consulter. Nous avons consulté
des organismes,
nous avons consulté des groupes de femmes, nous sommes
présentement à consulter nos collègues au niveau des
ministres, des députés, et aussi des sous-ministres. Et nous
voulons arriver à un engagement gouvernemental ferme où chacun,
dans chacun des ministères, chaque ministre s'engagera à des
actions concrètes dans chacune de ces orientations-là. Et nous
devrions être en mesure de présenter une politique dans les
prochains mois, au cours de l'année 1992.
Mme Carrier-Perreault: À part les orientations et les
grandes orientations, est-ce qu'on peut s'attendre à trouver aussi des
moyens concrets, identifiables, palpables, mesurables, quantifiables, quelque
chose qu'on peut voir? Parce que, quand on parte de reconnaissance des emplois
traditionnellement féminins, c'est bien beau de dire qu'il faut les
reconnaître, mais est-ce qu'on aura aussi les moyens pour les
reconnaître, écrits dans la politique? Quand on parte de violence,
par exemple, tout le monde dit... En fait, tous, on est capables de dire que
c'est une priorité. Je pense que c'est évident, tout le monde
s'entend là-dessus. Mais est-ce qu'on aura aussi des moyens
d'identifier, des moyens précis, qu'on peut voir? C'est ça que je
veux savoir.
Mme Trépanier: Alors, ce que je vous ai
énuméré tout à l'heure, les orientations et les
points auxquels le gouvernement devrait s'atta-quer dans chacune de ces
orientations, ça fera l'objet de la politique à long terme de la
condition féminine. Et, lorsque je vous partais d'engagements
précis du gouvernement, donc de chacun des ministères, avec des
moyens concrets, c'est ce à quoi nous travaillons présentement.
Nous nous assoyons avec chacun des ministères pour dégager des
actions concrètes dans chacun des ministères, avec des budgets
afférents, et ça fera l'objet d'un plan triennal. Un peu comme
j'ai procédé au niveau du plan d'action famille. Alors, ce sera
un peu le même processus.
Mais, effectivement, nous ne pouvons pas nous permettre d'arriver avec
des actions vagues, sans avoir des moyens précis pour contrer, entre
autres, la pauvreté des femmes, la violence chez les femmes. Et je n'ai
pas dit que le volet... Je dirais qu'un des volets les plus importants de la
politique et du plan d'action triennal sera, de toute évidence, la
grande problématique de l'équité en emploi qui, pour moi,
est le volet, peut-être pas majeur, mais un des volets les plus
importants. Je pourrais dire que c'est la toile de fond. Moi, je suis
profondément convaincue que nous réglerons la
problématique des femmes lorsque nous réussirons à
atteindre une plus grande égalité, plus d'autonomie. Et ça
commence par l'équité en emploi; ça commence par
l'autonomie au niveau de l'équité en emploi.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, s'il vous plaît.
M. Marcil: Juste une petite question, ça ne sera pas long.
Mme la ministre, on a parlé beaucoup de la violence faite aux femmes. On
parte surtout de violence conjugale, mais aussi de tout ce qui entoure les
types de violence, la violence sexuelle, tant le jour que la nuit. Quelles sont
les ressources qui existent pour, justement, aider ces gens-là, ou
à qui ces personnes-là peuvent-elles faire appel?
Mme Trépanier: Oui. Vous avez raison de dire que
l'attention, je pense, des gens, de la population et, je dirais - j'oserais
dire - des médias est retenue beaucoup et surtout par la violence
conjugale. Mais les agressions sexuelles sont aussi des actes de violence, et
d'une violence incroyable, inouïe; et c'est toujours les femmes qui en
sont les victimes. Je dis «toujours»; majoritairement, en tout cas,
fortement majoritairement, c'est très clair.
Récemment, j'ai participé à la conférence
montréalaise de la communauté urbaine; ça s'appelait
«Femmes et sécurité urbaine». Je dois dire que j'ai
été impressionnée et que j'ai confiance que cette
activité, par l'intérêt que ça a suscité, par
la participation qui a été engendrée et les
résolutions qui en sont sorties, de ce colloque-là, permettra
d'en arriver à des actions concrètes qui viseront la
sécurité des femmes, partout et en tout temps.
Moi, je suis une députée de Montréal et, dans des
milieux plus urbains, on voit encore plus le problème. Il n'est pas
normal que les femmes aient peur de sortir le soir. Je disais, lors de ce
colloque-là, que pour la première fois - et Mme la
députée de Bourget, j'imagine, pourrait en parier longuement elle
aussi, occupant une circonscription voisine de la mienne - dans le temps des
fêtes, cette année, les soupers traditionnels de Noël de
l'âge d'or se tenaient à midi parce que les gens avaient peur de
sortir à la noirceur. Alors, les activités étaient tenues
dans l'après-midi pour qu'ils retournent chez eux, les gens, à la
clarté. Là, je ne parie pas juste des femmes; les hommes aussi.
Je ne peux pas croire qu'on va vivre dans une société où
on sera obligé de se cacher, d'avoir peur de sortir. Et il y a des gens,
et il y a des ressources pour ces gens-là. (17 h 40)
Je dois vous dire que la ressource privilégiée pour ce
genre d'agression sexuelle, comme celles dont vous pariez, c'est sûrement
les CALACS qui sont les Centres d'aide et de lutte contre les agressions
à caractère sexuel. Il en existe 22 et ils travaillent
présentement à l'élaboration d'un plan de financement. Je
sais qu'ils sont en demande auprès du ministère de la
Santé et des Services sociaux pour renouveler un plan triennal de
financement. La directrice générale des CALACS, c'est Mme Diane
Lemieux. Et, pour vous démontrer l'importance que le gouvernement y
attache, l'an dernier, elle a
mérité le premier prix de la Justice du gouvernement du
Québec, un prix qui a été instauré par le
ministère de la Justice. Et c'est Diane Le-mieux, responsable des CALACS
au Québec, qui a eu ce prix-là.
En plus, il y a les CAVAC. Ce sont les centres d'aide pour les victimes
d'actes criminels, qui sont subventionnés par le ministère de la
Justice. Les centres sont formés de groupes ou d'organismes
communautaires qui prêtent leur concours à la mise en oeuvre d'un
programme d'aide aux victimes. Ces organismes sont de véritables centres
d'écoute, de support et de référence. Ils jouent un
rôle primordial dans la sensibilisation des victimes les plus
vulnérables, notamment les victimes d'agressions sexuelles et les
personnes âgées. Il existe présentement 8 CAVAC, et les
Centres d'aide aux victimes d'actes criminels de Québec et de
Montréal existent depuis 1988. Ces centres procurent de l'aide et du
support moral aux victimes d'actes criminels. Ils ont aussi - et je termine
là-dessus - pour fonction d'accueillir les victimes, de les informer de
leurs droits, de les accompagner dans leurs démarches et de les
référer aux ressources appropriées. Et le ministre de la
Justice a annonce, lors du Sommet de la justice, la création de 13
nouveaux CAVAC. Alors, sans doute que ces organismes, partout sur le territoire
du Québec, viendront un peu améliorer cette situation de violence
et de harcèlement sexuel que nous connaissons-Le Président (M.
Joly): Merci, Mme la ministre.
Mme Trépanier: ...viendra aider, à tout le moins,
les victimes.
Le Président (M. Joly): Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, s'il vous plaît.
Mme Carrier-Perreault: alors, je vous remercie, m. le
président. pour en revenir à la politique et pour conclure, si je
comprends bien ce que la ministre nous a expliqué, on peut s'attendre au
dépôt d'une politique en matière de condition
féminine dans les prochains mois.
Mme Trépanier: Au cours de l'année 1992, oui.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Et on peut s'attendre aussi à
ce qu'il y ait des moyens concrets qui soient identifiés.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Que ce soit plus concret que ce qu'on a vu
en matière de politique familiale, par exemple.
Par rapport, M. le Président, à...
Mme Trépanier: Mme la députée, je peux me
permettre? Dans le document de consultation, on disait que la politique doit
avoir un effet de levier. Et, ce que nous voulons, ce ne sont pas des voeux
pieux dans les engagements de chacun des ministères, mais ce sont des
actions concrètes et précises. Évidemment, nous vivons
dans la conjoncture qu'on connaît, alors il faut essayer de projeter vers
l'avenir. Nous espérons tous que nous sortons de cette difficile
période, alors il faut penser à l'avenir. Et vous pouvez compter
sur ma vigilance pour essayer d'aller - j'allais dire l'expression
«presser le citron le plus possible» - chercher le plus possible
pour les femmes dans le cadre de cette politique et aussi du plan triennal qui
l'accompagnera.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce qu'il y a des ministères qui
ont commencé vraiment à donner des avis ou à retourner des
informations?
Mme Trépanier: Nous sommes en processus constant. Il y a
eu le document de consultation de présenté, il y a eu
consultation effective avec chacun de mes collègues ministres, avec
chacun des sous-ministres - Mme Bédard - et ils sont en train
d'évaluer, dans chacun des ministères, avec la très grande
collaboration, je devrais dire, des répondantes à la Condition
féminine, et d'essayer d'élaborer des moyens concrets pour venir
soutenir ces grandes orientations-là.
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Alors, on prendra connaissance
de ça quand ça arrivera. Mais ça a l'air très
difficile de faire intégrer, si on veut, des préoccupations, soit
pour les femmes ou la famille, par le biais de ministères qui ne
semblent pas nécessairement s'en préoccuper souvent. Je pense,
entre autres... Écoutez, on parlait du «Plan d'action en
matière de politique familiale», et je regarde ce qui se passe.
Normalement, quand un ministère prend des décisions dans un
dossier qui le concerne-On disait, d'ailleurs, en préambule du plan
d'action, de l'énoncé de politique, que, depuis plusieurs
années, les ministères, avant de prendre des décisions,
devaient avoir une préoccupation familiale. Et, pourtant, on a vu
à plusieurs reprises durant l'année qu'il y a eu des
décisions qui ont été prises par les différents
ministères et qui ont été très difficiles pour les
familles, qui ont coupé, je dirais même réduit le pouvoir
d'achat des familles de façon considérable. Ça a
été pris par différents ministères. C'est difficile
d'intégrer cette préoccupation-là pour la famille, et
j'espère qu'ils réussiront à l'intégrer aussi pour
les femmes.
Mme Trépanier: Je dois dire qu'il y a plusieurs
critères. Je ne pense pas que ce soit difficile d'intégrer la
dimension famille ou condition féminine. Je pense que la
préoccupation
est là et, par le réseau de nos répondantes, nous
nous rendons compte qu'il y a des efforts soutenus qui se font, sauf qu'il y a
d'autres impondérables: il y a aussi la situation économique et
la rationalisation des dépenses que nous faisons. Alors, c'est
très clair que notre objectif et l'objectif de la politique de la
condition féminine, comme de celle de la famille dont nous parlerons un
peu plus tard, c'est d'avoir un plan de travail concerté et
harmonisé et d'essayer de s'y conformer.
Et, moi, je peux vous dire, entre nous: Heureusement que nous avions un
plan d'action triennal au niveau de la Condition féminine et au niveau
de la famille, parce que je suis convaincue qu'on aurait perdu encore plus de
morceaux que nous n'en avons perdu. C'est très clair que chacun fait ses
efforts pour rationaliser, mais nous avions ces engagements précis au
niveau de la condition féminine et au niveau de la famille, traduits
dans des plans d'action triennaux et traduits dans des politiques. Je me
demande ce que ça aurait été si je n'avais pu, comme
ministre de la Famille et ministre de la Condition féminine, me reposer
sur une politique de la condition féminine et de la famille et sur un
plan d'action, dans les deux dossiers. Ça aurait été
encore plus difficile. Je ne veux pas entrer dans le dossier de la famille
parce que je trouve qu'il nous reste peu de temps pour la condition
féminine, mais on en reparlera ce soir. Étant une ministre de
coordination, je peux vous dire que ce n'est pas facile parce que la
conjoncture est là. Mais, c'est un outil extrêmement
précieux.
Mme Carrier-Penreault: Vous avez raison, on a très peu de
temps, et on va pouvoir y revenir un petit peu plus tard en soirée.
Mme Trépanier: On parle aussi de la condition
féminine parce qu'on avait aussi un plan d'action en condition
féminine.
Mme Carrier-Penreault: Moi, je reviens à chaque
année, un petit peu... Je me demande... J'espère qu'on va les
avoir, les fameux 500 000 $. On parlait de promotion des droits des femmes et
des familles. À chaque année, je reviens avec cette
question-là. Je me demandais - c'est un engagement électoral de
1989, les 500 000 $; ce n'est pas beaucoup - si, cette année, on pouvait
y compter. Disons que je ne l'ai pas retrouvé, mais je me demande si on
pourra compter quand même sur 500 000 $ pour les différents
organismes qui font la promotion. Est-ce que ce fonds-là, on va finir
par l'avoir un jour? Parce que je le demandais à la ministre et elle me
disait: On ne lâche pas, on continue et on va l'avoir. Alors, je me pose
des questions, d'autant plus que je sais que cette année il y a eu un
montant de 500 000 $ qui a été accordé aux organismes
d'aide favorisant l'accès à la justice, par exemple. Alors, je me
demande comment ça se fait que nous, du côté des femmes, on
ne les a pas, ces fameux 500 000 $ qui avaient pourtant été
promis en 1989.
Mme Trépanier: Alors, il ne faudrait pas cloisonner. Le
fonds qui a été... Vous parlez du fonds qui a été
accordé par le ministre de la Justice lors du Sommet. C'est un fonds qui
va servir aux groupes de femmes également. Je peux vous dire que les
groupes de femmes étaient très heureux de pouvoir compter sur ce
fonds-là.
Quant au fonds... Vous avez tout à fait raison, c'était un
engagement de 1989. Je vous dirai que les groupes de promotion et les groupes
de service ont un financement fort différent - je ne vous apprends rien
- et les organismes qui s'occupent de promotion sont financés en grande
partie par le Secrétariat d'État du Canada, qui a entrepris
l'évaluation quinquennale de son programme Promotion de la femme. Les
résultats et les recommandations sont attendus au printemps, très
bientôt. Selon ce qu'on entend dire, la situation, après
évaluation - si on considère les événements des
cinq dernières années - serait - avec toute réserve, mais
on entend dire ça - qu'il pourrait y avoir une annulation du programme,
une réduction partielle du programme ou, au minimum, de profondes
modifications des critères de recevabilité des demandes. (17 h
50) je comprends que les gens doivent être très inquiets. les
besoins financiers des groupes de promotion n'ont pas diminué au cours
des dernières années; leur dépendance envers les
subventions gouvernementales varient et oscillent entre 30 % et 60 % de leur
budget de fonctionnement. par exemple, à la ffq, c'est 63 %; les afeas,
c'est 30 %; le ciaft, c'est 66 %. la dernière année a permis de
réévaluer la situation du financement des groupes de promotion et
de reconsidérer la pertinence d'un fonds de promotion des droits des
femmes. alors, c'est bien sûr que toute modification du programme
fédéral qui va diminuer l'apport budgétaire des groupes de
promotion aura un impact sur la demande de financement à nos
ministères, chez nous, à nos ministères
québécois. présentement, les groupes reçoivent
seulement 10 % de leur financement du gouvernement provincial.
De plus, la mise en oeuvre de la politique dont je vous ai parlé
il y a un moment, en matière de condition féminine, comprend un
support financier aux partenaires pour l'atteinte des objectifs reliés
notamment à l'information, à l'éducation et à la
concertation. Alors, oui, il y a eu un engagement de notre formation politique.
Nous aurons à revoir, surtout avec le désengagement,
peut-être, du fédéral... Moi, je n'ai jamais mis ce
projet-là dans la filière 13. C'est la conjoncture
économique qui nous a ralenti. J'ai avisé les groupes de femmes,
lors de la rencontre annuelle des groupes de femmes, qu'il n'en était
pas question pour l'année passée parce que nous
n'avions pas les budgets. Il y a la lecture du budget la semaine
prochaine; peut-être que le ministre des Finances nous fera des
surprises, mais je n'annonce rien ici, aujourd'hui. Je n'en sais absolument
rien.
Je souhaite et je voudrais que, s'il n'y a pas de déblocage d'ici
ce temps-là, ce soit un engagement du premier plan d'action de la
condition féminine. Mais je dois vous dire que je suis
désolée que ce fonds ne soit pas déjà en marche. Je
dois dire que c'est pour ça que je continue à me battre. Je n'ai
pas baissé les bras, mais je n'ai pas de réponse positive
à vous donner. Et je reste persuadée que les groupes de promotion
sont des groupes absolument nécessaires aux Québécoises et
qu'on doit les soutenir le mieux possible, comme gouvernement.
Mme Carrier-Perreault: Je partage un peu les inquiétudes
de la ministre face au désengagement du fédéral, parce
qu'on voit, à peu près dans l'ensemble des retours - de ce que le
fédéral nous retourne - finalement, qu'il y a des baisses au
niveau des transferts, à peu près sur tout. Alors, ce ne serait
pas du tout étonnant. Je me souviens, d'ailleurs, qu'il y a
déjà eu une coupure à ce niveau-là; des centres de
femmes avaient vraiment eu des problèmes importants, à ce
moment-là.
Mme Trépanier: Mais il y avait eu un
rétablissement, par exemple.
Mme Carrier-Perreault: Oui, mais ça avait quand même
commencé, vous savez, par une coupure.
Mme Trépanier: Très humblement, je peux vous dire
que j'avais, comme ministre de la Condition féminine, été,
je dirais, presque virulente à cet effet-là, lors de cette
coupure-là. Il y avait eu une réaffectation des fonds.
Effectivement, ils sont toujours en danger. Ça, ce n'est jamais
sûr, et c'est ça, le problème.
Mme Carrier-Perreault: C'est toujours un peu le
problème...
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...avec les programmes
fédéraux, de toute façon. Alors, disons qu'il reste quand
même que les 500 000 $ seraient sûrement appréciés,
et j'espère qu'à un moment donné on aura des nouvelles de
ces 500 000 $, à moins que ça fasse l'objet d'un prochain
engagement électoral.
Mme Trépanier: Je vous ai dit tout à l'heure que
ça pourrait venir avant ça...
Mme Carrier-Perreault: Ah oui?
Mme Trépanier: ...parce que... Ce que je vous ai dit -
peut-être que vous n'avez pas saisi - c'est que j'aimerais que ce soit un
engagement de notre part dans le prochain plan d'action triennal. En attendant,
ça ne donne pas à manger aux groupes de promotion, ça, je
suis très consciente de ça également.
Je reviens à votre phrase de départ. Sûrement, vous
ne l'aviez pas dite dans ce sens-là, mais je la reprends pour dire:
Sûrement que le fonds d'initiative qu'a instauré le
ministère de la Justice, le ministre de la Justice, pourra venir en aide
aux groupes de promotion qui pourront en profiter aussi.
Équité salariale (suite)
Mme Carrier-Perreault: Là, je vois le temps passer, et
tout ça. Je vous avais dit que je serais brève au niveau de mon
préambule et de mes exposés. Je ne reprendrai pas tout ce que
j'ai déjà dit sur l'équité salariale. Je pense que
c'est connu des gens qui vont avoir à répondre à mes
questions. On sait qu'il y a plusieurs rapports qui ont été
émis, entre autres un qui est très important, à mon avis,
celui de la Commission des droits de la personne.
On parle d'équité en emploi, je le répète.
On parle beaucoup de ça, des programmes d'accès à
l'égalité. Dans ce document-là, que j'ai, on parle surtout
des programmes d'accès à l'égalité. Et, je le
répète, je suis tout à fait en faveur. Je n'ai rien
contre, mais j'aimerais savoir ce que la ministre a l'intention de faire
concernant, si on veut, la recommandation de la Commission des droits de la
personne. Est-ce que la ministre va recommander elle aussi, ou va se battre
chez-elle, de son côté, pour obtenir une loi proactive en
matière d'équité salariale? J'aimerais savoir l'opinion de
la ministre sur ce dossier-là en particulier.
Mme Trépanier: Alors, je vois que vous abordez tout de
suite l'équité salariale. Je vais répondre à votre
question et on pourra revenir sur la stratégie que j'envisage. Je vais
d'abord vous dire que la Commission des droits de la personne, dans son
rapport, nous recommande l'adoption d'une loi en équité
salariale, mais nous dit également que les programmes d'accès
à l'égalité sont indispensables pour atteindre une
égalité complète. Alors, je reprends leur texte, mot pour
mot.
Moi, j'ai toujours préconisé que ça serait trop
facile - et je reprends l'expression que vous m'avez donnée dans la
première phrase de votre discours d'introduction, c'est vrai, je l'ai
dit et je le redis encore - de mettre tous nos oeufs dans le même panier.
Ça nous donnerait bonne conscience comme société, mais,
pour agir efficacement sur le redressement de la situation économique
des femmes, il faut d'abord avoir scruté les raisons qui l'alimentent
et, d'autre
part, prévoir des interventions sur plusieurs fronts à la
fois.
Moi, j'ai toujours été impressionnée... Et
là j'aimerais ça qu'on se parle franchement. Ça fait
longtemps qu'on en parle, de ce dossier-là; il nous reste une demi-heure
pour en parler. Quand vous avez été nommée critique de
l'Opposition en matière de condition féminine, quelle ne fut pas
ma surprise de voir qu'on avait ajouté à votre titre «et
responsable de l'équité salariale». Alors, ça m'a
enligné. Moi, là, avoir été critique de
l'Opposition en matière de condition féminine et avoir eu
à modifier mon titre, j'aurais souhaité être - je souhaite
être ministre, en passant - critique de l'Opposition en matière de
condition féminine et responsable de l'équité en emploi.
Parce que l'équité salariale, c'est un petit volet, important,
mais un volet de l'équité en emploi.
Et, pour argumenter cette position-là, je vais vous donner les
derniers chiffres de Statistique Canada quant aux emplois des femmes. Alors, on
n'a pas d'équité salariale partout, et il y a une
réduction de l'écart, de 62,4 % à 68,5 %. Il y a eu une
réduction d'écart de 7 points, à peu près. Au
Québec, il y a eu une réduction de 7 points. Au Canada, il y a eu
une réduction de 2 points. Pendant ce temps-là, en Ontario, ils
ont une loi en équité salariale et ils ont perdu du terrain -
1,4, je pense. (18 heures)
Et c'est ça que je dis. Il ne faut pas penser qu'une loi en
équité salariale, c'est la panacée. Et là on a ces
chiffres-là qui viennent nous dire: Attention, là! En Ontario,
ils n'ont que cette loi-là, en équité salariale. Nous,
ici, on a choisi une démarche plus globale et on s'est
déjà commis, en 1986, pour favoriser les programmes
d'accès à l'égalité, d'une part, assortis - et,
ça, c'est bien important - de l'obligation contractuelle. Alors, ce sont
deux outils qui nous permettent de résorber l'écart et
d'atteindre une meilleure équité en emploi. Je ne dis pas que
l'équité salariale n'est pas souhaitable, n'est pas pensable,
mais je dis ne pas croire qu'une loi proactive en équité
salariale va venir régler tous nos problèmes. Quand nous
regardons les dernières statistiques canadiennes, expliquez-moi comment
ça se fait, si une loi en équité salariale, une loi
proactive, c'est si bon, que l'Ontario a une diminution de 1,4 % et que le
Québec, pendant ce temps-là, avec la récession difficile -
je comprends qu'elle est partout, la récession - a une réduction
de l'écart de 7 points? Ça, c'est une question que je vous
pose.
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): La question vous est posée
à vous.
Mme Carrier-Perreault: Ça m'étonne toujours, M. le
Président.
Mme Trépanier: Je continue. Je continue et je termine
là-dessus. M. le Président, je lui pose encore la question, si
elle veut me répondre, mais, moi, je suis persuadée...
Le Président (M. Joly): Alors, vous comprendrez, Mme la
ministre...
Mme Trépanier: ...que les problèmes... Oui!
Le Président (M. Joly): ...qu'elle n'ait pas donné
de réponse...
Mme Trépanier: Ah non, non, non! Je sais bien.
Le Président (M. Joly): ...même si elle se sent
à l'aise de le faire. Moi...
Mme Trépanier: Je posais la question...
Le Président (M. Joly): ...je lui donne le temps.
Mme Trépanier: ...à la commission.
Le Président (M. Joly): Je lui donne le temps
nécessaire.
Mme Trépanier: Mais je voudrais juste terminer en disant
que ce que nous préconisons... Les écarts salariaux dus à
un problème, à une discrimination salariale pure et simple sont
pour 5 % ou 6 % de l'écart. Tout le reste de l'écart, de 25 %
à 30 %, ça vient d'une formation inadéquate, ça
vient de la ségrégation professionnelle, ça vient d'un
problème de conciliation de vie professionnelle et de vie familiale,
ça vient de tout autre chose. Alors, moi, je dis: Envisageons une
orientation, une approche globale incluant le marché du travail avec
l'amélioration des programmes d'accès à
l'égalité, avec l'amélioration, l'intensification de
l'obligation contractuelle, avec peut-être une loi proactive pour
l'équité salariale, mais surtout pas juste ce
point-là.
Je vous dirai qu'on a fait une grande consultation, une très
large consultation. Vous savez qu'il y a eu, en premier lieu,
l'expérience-pilote qui nous a menés à un rapport
d'évaluation. On en était là lorsqu'on s'est vu l'an
dernier. Nous avons, suite à ça, diffusé ce rapport
d'évaluation là, nous avons préparé un document de
consultation, nous sommes allés voir tous les intervenants
intéressés par la question - les organisations patronales, les
organisations syndicales, nos collègues, les groupes de femmes - et nous
en sommes arrivés à des consensus très importants, entre
autres des consensus sur les programmes d'accès à
l'égalité
et des consensus sur l'équité salariale.
Concernant les programmes d'accès à
l'égalité, ce que nous avons recueilli, ce sur quoi nous nous
entendons tous - et je dis bien tous - c'est que les trois objectifs
fondamentaux des programmes d'accès a l'égalité soient:
améliorer la représentation des femmes, faire disparaître
les pratiques d'emploi discriminatoires et corriger les écarts
salariaux, en s'assurant de la mise en application et du respect de l'objectif
concernant l'équité salariale. Pour arriver à ces
objectifs-là, les programmes d'accès à
l'égalité sont valables. Il faut changer la méthodologie
et puis modifier et alléger les programmes d'accès à
l'égalité, mais il faut les conserver, il faut que les programmes
d'accès à l'égalité soient conservés
à l'intérieur de la Charte. Il faut aussi - et, ça, c'est
unanime chez les intervenants - revoir, modifier les différents
rôles de la Commission des droits de la personne - et votre intervention
commençait avec la Commission des droits, tout à l'heure - et il
faut créer plus d'obligations dans les programmes d'accès
à l'égalité. On pourrait envisager les secteurs public et
parapublic. Il faut maintenir, je l'ai dit tout à l'heure, l'obligation
contractuelle dans le secteur privé et l'intensifier. Il faut maintenir
également dans le secteur privé l'approche volontaire, pour une
période limitée dans le temps, et il faut le maintien du soutien
professionnel au sein de l'appareil gouvernemental et le maintien d'un soutien
financier, mais sous de nouvelles formules orientées vers l'obtention de
résultats.
Moi, M. le Président, je pose encore la question que j'ai
posée tout à l'heure à Mme la députée: Qu'on
m'explique comment une loi proactive va venir régler l'ensemble des
problèmes d'équité en emploi, d'une part, et,
deuxièmement, je vous dirai que je suis profondément convaincue
que, si nous ne nous attaquons pas à tous les fronts à la fois,
on va manquer le bateau, et c'est les femmes qui vont en payer le prix.
Le Président (M. Joly): Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreaurt: Merci, M. le Président. Alors, moi,
disons que je suis très contente d'entendre la ministre me dire que, si
on ne s'attaque pas à tous les fronts à la fois, on va manquer le
bateau et que c'est nous autres qui allons en payer le prix. Là, on se
rejoint tout à fait.
D'autre part, je n'ai jamais pensé - je l'ai dit à
plusieurs reprises; je l'ai déjà dit aux crédits, je l'ai
dit en Chambre et, à chaque fois, je le dis - que c'est la
panacée, la seule et unique panacée, mais je pense que c'est plus
important qu'un petit volet de l'équité. Une loi en
matière d'équité salariale, pour moi, ça a des
conséquences, ça a un impact qui est beaucoup plus important que
ce que la ministre semble nous dire.
Disons que, quand on regarde l'étude - j'ai fait une lecture
assez approfondie, d'ailleurs, de l'évaluation, toute
l'évaluation des programmes d'accès à
l'égalité - qui est sortie en juin dernier, un des constats de
cette étude-là, finalement, est très clair, c'est que les
emplois féminins sont sous-évalués. C'est écrit
dans le rapport d'évaluation. C'est un des constats du groupe de
travail.
Quand on regarde les femmes, c'est vrai qu'on a beaucoup d'emplois
traditionnellement féminins et, quand on nous dit qu'ils sont
sous-évalués, ça veut dire que, quand on ne refait pas ces
évaluations-là, quand on n'oblige pas les gens à
réévaluer leur emploi comme tel, on maintient ces
femmes-là, qui sont dans des ghettos féminins - on appelle
ça des ghettos ou de la ségrégation professionnelle - on
se trouve à les maintenir aussi dans un état de pauvreté,
finalement, qui dépasse largement juste le temps que les femmes sont sur
le marché du travail. Je trouve que c'est très important parce
que, comme on le sait, toutes les allocations de remplacement du revenu quand
les femmes quittent l'emploi - on sait que c'est souvent des femmes qui ont du
travail précaire, qui s'en vont sur l'assurance-chômage - quand
elles prennent leur retraite, les allocations de remplacement du revenu sont
basées sur la rémunération, sur le salaire que l'on gagne
quand on est en emploi. Or, ça veut dire que, si on ne corrige pas ce
problème-là le plus rapidement possible, on maintient les femmes
dans la pauvreté, pas seulement pour tout de suite, parce qu'elles sont
en emploi, qu'on ne les réajuste pas et qu'on les garde à des
salaires inéquitables, mais aussi quand elles vont être à
leur retraite. On parlait de la pauvreté chez les personnes
âgées, où les femmes sont drôlement mal prises.
Alors, je me dis: C'est un volet, pour moi, qui est plus qu'un petit volet.
Ça a des impacts importants, pas seulement maintenant, mais aussi sur la
vie des femmes quand elles vont prendre leur retraite.
Autre chose, aussi. C'est que la ministre nous disait: Ce n'est pas
juste ça, la loi sur l'équité. C'est vrai que ce n'est pas
juste ça, je suis d'accord, je le répète, mais j'aimerais
ça qu'on en parle et qu'on arrive à faire quelque chose aussi de
ce côté-là. Qu'on mette des programmes d'accès
à l'égalité, parfait! Mais pourquoi, en même temps,
on n'essaierait pas de mettre une mesure qui corrigerait les écarts et
les iniquités salariales entre les salaires des femmes et les salaires
des hommes? Pourquoi ce n'est pas possible de mettre ces deux mesures-là
côte à côte et de les faire bouger toutes les deux? C'est
dans ce sens-là que je veux en discuter. (18 h 10)
Je regardais dans le rapport de la Commission des droits de la personne.
On nous explique, et c'est très clair, ils se sont basés sur
des
études, des études américaines, entre autres, et
ils nous disent, je ie cite parce que je trouve ça important: «Les
études relatives aux femmes indiquent que la moitié de
l'écart observé s'expliquerait par des facteurs tels que le
niveau d'éducation, l'expérience, le taux de syndicalisation, la
durée du travail. » Bon, c'est des facteurs, entre autres... La
ministre en a nommé quelques-uns tout à l'heure. Mais on parie de
la moitié de l'écart. Et là où ça devient
intéressant, c'est qu'on dit: «L'autre moitié de cet
écart est attribuée à la discrimination salariale,
principalement celle qui résulte de la ségrégation
professionnelle. » Et, quand on parie de ségrégation
professionnelle, on parle justement des emplois qui sont traditionnellement
féminins, où c'est juste des groupes de femmes, à haute
concentration.
Alors, quand on me dit que la moitié de l'écart des
salaires entre les hommes et les femmes est attribuable à cette
situation-là, je dis et je continue de dire que ce n'est pas un petit
volet, que c'est un volet important, essentiel, qu'il faut démarrer le
plus rapidement possible. Dans ce sens-là, ici, nous autres aussi, si on
veut corriger cette situation-là, je pense qu'il faut absolument
embarquer si on ne veut pas manquer le bateau, comme le disait la ministre.
Mme Trépanier: Alors, M. le Président, d'abord, je
voudrais rectifier. L'équité en emploi comme nous l'envisageons -
je me suis peut-être mal exprimée - c'est loin d'être un
petit volet, au contraire. C'est la toile de fond de tout ce qui s'en vient,
c'est un projet de société, c'est globalisant, c'est
multidisciplinaire, multisectoriel, alors c'est très large, d'une part.
Je suis tout à fait d'accord qu'il y a un gros pas à franchir,
qu'il y a un gros travail à faire du côté de
l'équité salariale. Et le gouvernement - je pense qu'on peut le
dire - peut être considéré comme un exemple parce que, dans
les dernières années, dans la situation économique qu'on
ne soulèvera pas, qu'on connaît, vous vous souviendrez que
l'équité salariale a été l'enjeu des
dernières négociations dans la fonction publique et qu'il y a eu
un rattrapage important de fait au niveau des infirmières, entre autres,
qui sont dans un domaine traditionnellement occupé par des femmes, comme
Mme la députée le disait. Alors, je suis tout à fait
d'accord qu'il faut revaloriser les emplois occupés traditionnellement
par des femmes et qui sont sous-rémunérés. Il y a beaucoup
de facteurs, mais on les connaît. C'est une chose. Mais,
deuxièmement, il faut les sortir, aussi; il faut inciter celles qui le
veulent et sortir celles qui le veulent - les femmes - de ces ghettos d'emplois
féminins lorsqu'elles le désirent, tout en les valorisant pour
celles qui veulent y rester. Et ça, ce n'est pas une loi proactive qui
va changer ça. Mais je suis d'accord que vous parlez des deux volets
à la fois.
Mais, nous, on n'a jamais dit qu'on était contre une loi
proactive. J'ai toujours dit: Faisons attention, d'une part. Et, d'autre part,
on expérimente et on travaille depuis 1986 sur une méthodologie,
sur une action qui a donné des résultats, mitigés quant
à la quantité, quant au nombre, mais qui a été
très enrichissante au niveau de l'enseignement, qui nous a
enseigné beaucoup de choses et qui vient nous dire: Maintenant, nous
sommes à la croisée des chemins; vous devez continuer ou changer
telle chose. Mais on est à la croisée des chemins. Est-ce qu'on
va rebrousser chemin et mettre de côté tout ce qu'on a fait? Moi,
je dis: Non. Moi, je dis: Continuons, améliorons. Avec tout ce qui nous
a été dit durant cette grande consultation-là, je pensa
qu'il y a moyen, pour l'avenir, d'améliorer ies programmes
d'accès à l'égalité et qu'ils deviennent
performants, d'une part. D'autre part, il faut augmenter aussi la performance
de l'obligation contractuelle à laquelle on tient encore. Ça,
c'est une chose.
Et, quant à l'équité salariale, on ne l'exclut pas,
mais je ne la «priorise» pas pour le moment. Je ne dis pas que
ça ne pourra pas faire partie d'une éventuelle approche, mais je
dis: Faisons attention de ne pas pénaliser les autres secteurs pour un
secteur. Et, si l'équité salariale n'est pas une panacée,
si l'équité salariale, c'est juste un volet de !a
stratégie, comment se fait-il qu'on appelle la députée de
l'Opposition - j'en reviens pas; ça, ça me surprend toujours -
«critique de l'équité salariale»? C'est comme si on
m'appelait «la ministre de la violence conjugale». C'est une partie
du grand dossier. Je suis ministre de la Condition féminine, je ne suis
pas ministre d'un volet de la Condition féminine. Si, vous, votre
préoccupation, c'est l'équité en emploi... Et vous avez
tout à fait raison. C'est l'équité en emploi qui, je
pense, est un dossier capital et majeur, mais pas l'équité
salariale. L'équité salariale, c'est un moyen pour atteindre
l'équité en emploi, à mon humble avis. Et vos paroles
d'aujourd'hui et les actions passées, encore à mon avis et en
tout amitié pour la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, moi, je trouve ça un peu contradictoire.
Je pense qu'elle accorde plus d'importance à la loi
d'équité salariale qu'elle ne le dit bien aujourd'hui. Je sais
que je ne peux pas le lui demander, mais j'aimerais ça lui demander,
s'il fallait qu'elle favorise un moyen... Là, aujourd'hui, elle a un
désir à réaliser. Qu'est-ce qu'elle va entreprendre comme
action?
Mme Carrier-Perreault: Moi, je me contenterais d'un. Si
j'étais ministre et que je pouvais mettre les deux moyens de pair, je le
ferais. C'est dans ce sens-là que je ne comprends pas qu'on
«priorise». J'ai toujours l'impression, quand je parle de ça
avec la ministre, qu'on a un peu un dialogue de sourds.
Mme Trépanier: Ah non, non! Je pense qu'on se comprend
très bien.
Mme Carrier-Penreault: Je ne le sais pas. Moi, je n'ai rien
contre ça, les programmes d'accès à
l'égalité, je l'ai déjà dit. Il se fait quelque
chose, là-dedans; tant mieux si on les rend obligatoires,
là...
Mme Trépanier: O.K.
Mme Carrier-Penreault: ...c'est parfait! Mais je ne vois pas
pourquoi on reste là-dessus puis on dit: On ne bouge pas, puis
l'équité salariale, une loi proactive, là, on ne touche
pas à ça tout de suite. Compte tenu des constats, si on veut, de
la Commission des droits de la personne suite aux études, que ce
problème-là, de ségrégation professionnelle, en
fait, est responsable de la moitié de l'écart entre les salaires
des hommes et des femmes, compte tenu de cet état de fait qui a
été démontré par des études, compte tenu
aussi que, dans le rapport d'évaluation sur les programmes
d'accès à l'égalité... Parce que, comme vous le
voyez, ça m'intéresse beaucoup, Mme la ministre. J'en prends
connaissance et je suis ça de près.
Mme Trépanier: je n'ai jamais dit que vous n'étiez
pas intéressée et que vous ne connaissiez pas le dossier,
là. ne me faites pas dire des affaires, là.
Mme Carrier-Perreault: Non, mais vous non plus!
Mme Trépanier: Ha, ha, ha!
Mme Carrier-Perreault: Alors, compte tenu que, dans le rapport
d'évaluation, on nous dit qu'un des gains les plus appréciables
qui ait été fait a été fait dans le sens... Au
niveau du gouvernement, par rapport, justement, à la
réévaluation, vous parlez, chez vous, de relativité
salariale. On me dit que les écarts - en fait, c'est écrit dans
le rapport - sont beaucoup moins élevés dans le secteur public
maintenant et que les gains qui ont été faits ont
été faits justement par le réajustement des salaires, ce
dont la ministre faisait état tout à l'heure. On parle de 86 %.
Les femmes gagneraient, dans le secteur public, 86 % du salaire des hommes, et
ces gains-là... Parce que, si on compare au marché, on est
à 60 %, là. Ça commence à faire beaucoup. Ces
gains-là, dans le rapport d'évaluation qui a été
produit chez vous, c'est très clair. La grosse majorité des gains
dans le secteur public ont été faits par le biais du
réajustement salarial qui a été fait, par le biais de
l'équité salariale.
Pourquoi je m'appelle comme ça? Ça, c'est une autre
question. Probablement qu'on «priorise» certains sujets ou certains
dossiers. Mais ce n'est pas plus grave que ça. Ça ne veut pas
dire que je suis contre l'équité en emploi. Alors, compte tenu de
ces constats-là, compte tenu de ce que je viens de vous dire, vous ne
pensez pas qu'il y aurait moyen de faire les deux? De penser, et très
sérieusement, à ce qu'il se passe quelque chose aussi du
côté de l'équité salariale?
Mme Trépanier: Alors, se passe-t-il quelque chose aussi du
côté salarial? Nous sommes en grande réflexion, et
l'équité salariale était une partie, un volet de la
consultation. Chacun nous a donné son avis là-dessus.
Vous me dites: Pourquoi pas les deux à la fois? Je donne des
pistes de réflexion, là. Sûrement, première des
choses, pour que les femmes aient accès à des bons emplois, et
tout ça, il faut qu'il y ait des emplois et de l'embauche. On nous a,
à plusieurs reprises durant la consultation, mis en garde ou fait voir
le point que, ici, il y avait l'approche des programmes d'accès à
l'égalité, il y avait l'approche de l'obligation contractuelle.
Il faudrait aussi s'assurer d'un équilibre pour ne pas briser
l'équilibre du marché. Il y a ça. Prioritairement, il faut
qu'il y ait des emplois disponibles pour que les femmes puissent y
accéder. Mais - je sais que c'est ce que vous allez me dire et je suis
d'accord avec ce que vous voudriez me dire - il ne faut pas s'arrêter
à ça, il ne faut pas se limiter à ça. Ça,
c'est clair. Je ne peux pas, comme membre du gouvernement, ne pas y penser
aussi, ne pas en tenir compte. Ça, c'est une chose. (18 h 20)
Deuxième chose. Souvenez-vous du rapport que l'ONU a
présenté il y a quelques jours ou quelques semaines, où on
disait que le niveau de vie le meilleur au monde était au Canada mais
que, quand on regardait au niveau des salaires des femmes, on tombait au
huitième rang. Je me suis dit: Ça va m'aider dans ma
réflexion pour trouver des solutions intéressantes. Mais on
disait aussi, dans ce rapport-là, que le facteur majeur qui faisait que
cet écart nous ramenait au huitième rang, c'était la
formation. Ce n'était pas un programme d'équité salariale,
ce n'était pas la discrimination salariale, c'était la formation,
d'une part.
En Ontario - vous parlez beaucoup de l'Ontario - vous savez qu'ils sont
en grande réflexion face à... C'est moi qui en parle? Oui? Je
reprends.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Trépanier: Quand nous regardons nos confrères
de l'Ontario, nos voisins - parce qu'on les regarde de très près
et que vous dites que vous êtes intéressée au dossier... Si
vous saviez comme ma préoccupation la plus profonde est de trouver les
bonnes solutions! Il faut que vous soyez convaincue de ça. En Ontario,
ils remettent en cause - ou, en tout cas, ils se posent des questions et ils
évaluent - la loi proactive. Ils se posent des questions sur son
efficacité. Ils
sont à élaborer et ils vont présenter très,
très, très bientôt une loi en équité en
emploi pour venir, à tout le moins, compléter cette loi en
équité salariale.
Aussi - c'est un point que je fais souvent, mais je veux le redire pour
notre Journal des débats - les programmes d'accès à
l'égalité prévoient l'analyse du système de
rémunération. Quelques-unes des entreprises - vous me faites des
gros yeux - ont réévalué leur système de
rémunération dans le cadre des programmes d'accès à
l'égalité.
Somme toute, je pense qu'il y a des pas à faire, il y a des
acquis à aller chercher de plus au niveau des programmes d'accès
à l'égalité. Mais je vous rassure, je ne considère
pas non plus que les programmes d'accès à l'égalité
soient la panacée. Ce que je dis, c'est qu'il faut un ensemble de
mesures dans de nombreux secteurs et, à mon avis, des congés
parentaux, c'est aussi important que des programmes d'accès à
l'égalité; des horaires flexibles... C'est un ensemble de choses
qui vont faire que le monde du travail va être égal pour les
hommes et pour les femmes.
J'aimerais ça que vous changiez votre titre.
Le Président (M. Joly): Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: J'aimerais ça... Vous voulez que je
change mon titre?
Mme Trépanier: Bien oui! J'aimerais ça que vous
vous appeliez ministre...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Trépanier: ...critique de l'Opposition en
matière de condition féminine et d'équité en
emploi.
Mme Carrier-Perreault: Ah! Qu'est-ce que vous voulez! Mais, pour
moi, c'est très - blague à part...
Mme Trépanier: Non. Je sais qu'on badine, mais c'est
très sérieux.
Mme Carrier-Perreault: Pour moi aussi, ça va ensemble. Je
considère, à tout le moins, que le volet d'équité
salariale est un volet très important, très important, plus qu'un
petit volet. Je pense que, là-dessus - la ministre me disait qu'elle
avait consulté - il y a quand même, chez l'ensemble des groupes
impliqués, mis à part les groupes d'employeurs - je pense au
Conseil du patronat ou encore à l'Association des manufacturiers; c'est
évident, je les comprends -consensus quelque part pour dire qu'une loi
en matière d'équité salariale serait nécessaire
pour faire avancer le dossier.
Mme Trépanier: Ce serait souhaitable pour certains
groupes, oui. M. le Président, je dirais à Mme la
députée que les groupes de femmes - et les plus impliqués
dans ces dossiers-là - sont en accord avec la stratégie que je
vous ai proposée. Mais ils sont très vigilants, par exemple.
Elles nous disent: Oui, nous pensons que ça a du sens, mais ayons des
résultats à court terme. Elles sont convaincues qu'une approche
globale est absolument nécessaire. Elles n'excluent pas une loi
proactive. Ce n'est surtout pas ça que je veux dire.
Mme Carrier-Perreault: Parce que, ça, de toute
façon, je pense que c'est très clair.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Une approche globale, je pense que c'est
souhaitable, et, là-dessus, on s'entend. On va s'entendre encore mieux
le jour où vous entendrez que oui, il y a possibilité, et,
là, on part et on installe une loi proactive pour l'équité
salariale. Alors, M. le Président...
Mme Trépanier: Je ne vous dirai pas ça cet
après-midi.
Mme Carrier-Perreault: J'ai bien vu ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Mme la députée.
Mme Carrier-Perreault: M. le Président, j'ai
dépassé largement le temps que je voulais m'allouer pour le
Secrétariat. Ça passe très vite, alors...
Le Président (M. Joly): C'est intéressant.
Mme Carrier-Perreault: ...si vous n'avez pas d'objection, on
pourrait peut-être passer du côté des services de garde.
Alors, je voudrais remercier Mme Bédard et les gens du
Secrétariat qui ont bien voulu...
Mme Trépanier: M. le Président?
Le Président (M. Joly): Oui, Mme la ministre.
Mme Trépanier: Je ne sais pas si on pourrait... Il nous
reste à peine 4 minutes; est-ce que vous désirez vraiment qu'on
aborde l'Office des services de garde immédiatement?
Le Président (M. Joly): Voici. Avec la permission des
membres de cette commission, on peut déborder de 10 minutes, parce que
nous avons débuté nos travaux avec 10 minutes de retard.
Une voix: Est-ce que ça prend un consentement?
Le Président (M. Joly): Ça prend un
consentement.
Mme Carrier-Perreault: Parce qu'on n'avait pas quorum.
Une voix:...
Le Président (M. Joiy): Alors, consentement
accordé.
Mme Carrier-Perreault: Merci.
Office des services de garde à
l'enfance
Le Président (M. Joly): Alors, nous suspendons
l'étude du programme 3 du Conseil exécutif et nous venons au
programme 2 pour l'Office des services de garde à l'enfance.
Mme la ministre, j'imagine que vous aimeriez nous introduire les gens
qui sont avec vous.
Mme Trépanier: Oui.
Le Président (M. Joly): Quoiqu'on les connaisse bien.
Mme Trépanier: Pour le bénéfice du
Journal des débats, Mme Nicole Marcotte, présidente de
l'Office des services de garde à l'enfance, M. Georges Labrosse, qui est
secrétaire général, et, à ma droite, Mme Christine
Marion, qui a la responsabilité des services de garde à mon
cabinet.
Le Président (M. Joly): Merci. Alors, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: M. le Président, je vous
remercie.
Le Président (M. Joly): Dans le vif du sujet.
Mme Carrier-Perreault: Ça me fait plaisir de saluer les
gens de l'Office et Mme Marion. Disons, étant donné qu'on a
à peu près, quoi, une dizaine de minutes, que je vais commencer
par quelque chose par quoi, normalement, je n'aurais pas commence. Ça
fait curieux, mais je ne veux pas couper tout à l'heure toutes les
questions que j'aurais à poser.
Le Président (M. Joly): Oui.
Intégration de jeunes handicapés en
garderie
Mme Carrier-Perreault: Par rapport à l'intégration
des enfants handicapés, je sais qu'il y a eu plusieurs...
Mme Trépanier: Vous avez tout à fait raison. Vous
ne deviez pas commencer par ça.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Ça vous surprend, hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Carrier-Perreault: C'est le «fun»; c'est la prise
par surprise, comme on dit.
Alors, je sais qu'il y a un poste qui a été coupé.
Il y a eu une coupure de poste.
Mme Trépanier: II y a eu un poste de coupé à
l'Office, oui. C'est ce que vous dites?
Mme Carrier-Perreault: oui. concernant l'intégration des
jeunes handicapés en garderie, je sais que ça peut créer,
en fait, certaines difficultés. j'aimerais savoir si on a l'intention de
faire un remplacement et comment ça se fait qu'on en est arrivé
à une décision comme celle-là, de couper un poste.
Mme Marcotte (Nicole): J'aimerais préciser qu'on n'a pas
coupé un poste concernant l'intégration des enfants
handicapés; il s'agissait d'un poste d'occasionnel. Il y a eu une
restructuration du fonctionnement et de l'organisation du service à la
clientèle et, contrairement à ce qu'on a laissé circuler -
je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs - au contraire, il y a une
préoccupation très grande de l'Office de s'assurer que chacune
des régions, chacun des agents de liaison et toute la Direction du
service à la clientèle soient tout à fait impliqués
dans le dossier de l'intégration des enfants handicapés. (18 h
30)
Donc, il n'y a pas eu une coupure de poste, comme telle, qui concernait
l'intégration des enfants handicapés. Les tâches de la
personne qui faisait une partie du travail qui concernait le soutien à
l'intégration des enfants handicapés sont maintenant
réparties entre l'ensemble des professionnels de la Direction du service
à la clientèle, ce qui a permis de réorganiser les
ressources, de répartir les tâches au niveau du soutien, au niveau
technique et au niveau professionnel, ce qui n'était pas le cas avant.
La personne assumait autant des tâches techniques et de soutien que des
tâches de niveau professionnel. Alors, je pense, dans le cadre d'une
préoccupation d'utilisation maximum des ressources, qu'il est important
de le faire. Maintenant, je peux vous assurer que la préoccupation de
l'Office est maintenue.
D'ailleurs, je rencontrais, il y a quelques semaines, le
président de l'Office des personnes handicapées pour qu'on voie
de quelle façon on peut donner un nouveau souffle à ce
dossier-là, parce qu'il y a des problèmes qui sont liés
à toute la question de la formule de financement, qui touche
l'intégration des enfants handicapés
et qui ne facilite pas l'intégration des enfants
handicapés. On a, dans le moment, une formule qui est basée sur
une subvention moyenne. Il y a des avantages et il y a des
inconvénients, mais ii y a quand même toute une
préoccupation qui mérite d'être regardée plus
globalement. Et, moi, ça fait quelquefois que j'entends parler de
ça, de cette coupure de poste là, et je pense que c'est la
prérogative de l'Office de réaffecter ses ressources, de donner
des mandats plus complets et plus adaptés à son personnel, et
c'est ce qu'on a fait.
Mme Carrier-Perreautt: Je vous remercie. Disons qu'avant il y
avait quelqu'un à l'Office qui s'appelait «responsable», qui
était responsable, si on veut, du dossier. Il y avait quelqu'un qui
était responsable de ce dossier-là à l'Office.
Mme Marcotte: II y avait quelqu'un qui s'occupait du dossier. Il
continue...
Mme Carrier-Perreault: Des personnes...
Mme Marcotte: ...à y avoir un répondant du dossier.
Je dois vous dire que, entre autres, Mme Jacqueline Jacques, qui est agent de
liaison à l'Office et qui vient de l'Office des personnes
handicapées, est actuellement répondante du dossier des personnes
handicapées. Il y a le directeur du Service à la clientèle
lui-même qui a pris une partie importante du dossier, justement pour
qu'on fasse une analyse plus en profondeur pour voir quels étaient les
besoins des services de garde. On n'a peut-être pas les résultats
au moment où on se parle, mais c'est un dossier sur lequel on travaille
activement à l'Office. Il ne s'agit pas d'une coupure de poste. Il
s'agit, comme je vous le dis, d'une réorganisation des effectifs.
Mme Carrier-Perreault: autrement dit, maintenant, c'est les
agents de liaison qui sont responsables dans chacune des régions, qui
s'occupent du dossier de l'intégration aussi, ou...
Mme Marcotte: En plus...
Mme Carrier-Perreault: ...il n'y a plus de répondant parce
que...
Mme Marcotte: En plus d'avoir un répondant qui est au
dossier de l'intégration des personnes handicapées, il y a
également les agents de liaison qui ont été
mandatés pour s'impliquer activement au niveau de chacune des
régions dans ce dossier-là. C'est sûr que la transition
doit se faire; les gens ont été habitués à
travailler avec une personne, ils ont dû se réhabituer à
travailler d'une autre façon. Mais je pense qu'à moyen terme tout
le monde devrait y gagner.
Mme Carrier-Perreault: Cette personne-là n'est plus
là maintenant. Pour quelle raison? Je m'excuse. Si vous l'avez...
Mme Marcotte: C'était un emploi occasionnel.
Mme Carrier-Perreault: C'était une employée
occasionnelle qui était responsable...
Mme Marcotte: Oui, c'était...
Mme Carrier-Perreautt: ...du dossier.
Mme Marcotte: C'était un emploi occasionnel qui avait
été créé pour nous aider à mettre en place
la structure qui devait nous permettre de suivre l'évolution des
dossiers, l'évolution du financement, entre autres, l'évolution
des budgets requis. Et, effectivement, on a mis en place des mécanismes
qui ont permis de progresser dans ce dossier-là, et le cheminement se
continue.
Mme Carrier-Perreault: Cette personne-là était
là depuis longtemps?
Mme Marcotte: Elle était là depuis trois ans,
peut-être. Trois ans.
Mme Carrier-Perreault: Alors, c'est ça. C'est que les gens
qui avaient l'habitude de se référer à quelqu'un depuis
trois ans, finalement, ont comme perdu le contact avec leur personne
responsable.
Mme Marcotte: Écoutez, si on avait des plaintes
particulières à formuler à cet égard-là,
moi, je demanderais qu'on nous les adresse pour qu'on puisse voir si,
effectivement, on a fait défaut de répondre à des besoins
particuliers par rapport à cette clientèle-là. Je ne crois
pas que ça doive être attaché à un poste occasionnel
qu'on décide de réorganiser autrement. Je pense que l'important,
dans ce dossier-là, c'est qu'on s'assure que le dossier continue
à être traité comme il se doit. Et, comme je vous le
répète, cette personne-là, qui était de niveau
professionnel, effectuait tous les travaux relativement à ce dossier, ce
qui impliquait une grande partie de travail technique, de soutien, de travail
professionnel. La répartition des tâches a été faite
et, s'il y a des problèmes rattachés à ça, bien,
j'apprécierais qu'on me les communique directement, parce que je ne vois
vraiment pas en quoi une telle réorganisation devrait pénaliser
des services de garde. Ce n'était pas l'objectif visé.
Le Président (M. Joly): Mme la ministre, s'il vous
plaît.
Mme Trépanier: Je voudrais peut-être
compléter en disant que cette réorganisation a permis de
réduire considérablement les délais
qu'il y avait dans le traitement des dossiers. Peut-être que vous
avez eu des commentaires d'un ordre, mais vous en aurez sûrement d'un
autre ordre, éventuellement. Je pense que ça a permis
d'accélérer le service.
Le Président (M. Joly): Merci. Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Autrement dit, vous me confirmez
qu'il y a toujours une personne responsable, à laquelle les garderies
peuvent se référer quand elles font...
Mme Marcotte: Dans chacune des régions administratives, il
y a un agent de liaison auquel toutes les personnes, toutes les garderies
peuvent se référer et, si ce n'est pas suffisant, il y a un
directeur de service de cette unité-là. S'il y a des
problèmes passée cette étape-là, j'inviterais les
gens à me les communiquer, parce que je ne vois vraiment pas les
problèmes qu'il doit y avoir à ce niveau-là.
Mme Carrier-Perreault: Oui, mais, tantôt, vous disiez qu'il
y avait aussi une personne responsable du dossier.
Mme Marcotte: II y a un porteur de dossier, un responsable de
dossier qui est un agent de liaison également et qui agit comme
interlocuteur à certains moments donnés si, par exemple, il y a
des tables de travail, des rencontres, comme il y en avait autrefois et qui ont
été maintenues au cours des années. Donc, il y a un
répondant du dossier et il y aura toujours quelqu'un, à l'Office,
qui va répondre du dossier. Mais j'aimerais peut-être
préciser que l'important, ce qu'on a voulu faire et ce qu'on veut faire,
c'est que, dans chacune des régions, on ait les réponses le plus
rapidement possible, qu'il n'y ait pas qu'une personne qui puisse
répondre du dossier de l'intégration des enfants
handicapés mais qu'il y ait une équipe au complet. Et c'est
ça qu'on a essayé de faire.
Mme Carrier-Perreault: Dans les faits, ce que vous m'expliquez
là, c'est que c'est vrai qu'il y avait quelqu'un là avant pour
ça puis, maintenant, il n'est plus là. C'est les agents de
liaison, qui étaient toujours en région, qui ont chacun leur
propre, finalement...
Mme Marcotte: II y a eu une réorganisation complète
de la direction. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il y a plus de monde au
niveau de la Direction du service à la clientèle qu'il n'y en
avait il y a quelques années. Une réorganisation d'une direction
implique qu'on réaménage des postes, et ça a
été réaménagé dans l'intérêt
des services de garde, dans l'intérêt de l'ensemble des
populations qu'on dessert. Et je ne vois pas en quoi un poste en particulier,
qui a été aboli, qui était de nature occasionnelle et qui
avait été créé sur une base occasionnelle pour
mettre en place et nous aider à mettre en place un système qui
visait, en soi, l'intégration... On ne peut pas parler
d'intégration des enfants handicapés dans les services de garde
et ne pas penser à intégrer ce dossier-là au niveau d'une
équipe d'intervention. Je pense que c'est aussi important, à ce
niveau-là, et que ça faisait partie du mandat, du travail qui
avait été confié à cette personne-là, sur
une base occasionnelle, donc temporaire. Et ce poste-là, effectivement,
il n'existe plus, sauf que le travail comme tel n'a pas été mis
de côté. Le travail a été réparti d'une
façon différente et, en plus d'avoir chacun des professionnels
qui s'occupent, dans leur région, de répondre du dossier
d'intégration des enfants handicapés, il y a également,
à l'intérieur de l'équipe - et il y aura toujours - une
personne en particulier qui est répondante de ce dossier-là et
dont la tâche en est une majeure, si on veut, au niveau d'une
équipe. C'est conforme à la réorganisation qu'on est en
train de faire pour donner un soutien plus adapté aux services de garde.
Il y en a qui ont des majeures en relations de travail, il y en a qui ont des
majeures en financement, il y en a d'autres qui auront des majeures en
programmes d'activités. On doit suivre l'évolution des services
de garde et des besoins en fonction des années d'aujourd'hui.
Le Président (M. Joly): Merci, madame. Alors, compte tenu
de l'heure, là, j'ai beau avoir beaucoup de flexibilité... Alors,
nous allons suspendre nos travaux à 20 heures, dans cette même
salle. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 40)
(Reprise à 20 h 3)
Le Président (M. Joly): Nous étions sur le sujet
concernant l'Office des services de garde à l'enfance. Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière, s'il vous
plaît.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Merci, M. le Président. Alors,
on continue ou on recommence. Si on passait à la partie budget, comme
normalement j'aurais commencé par ça tout à l'heure, alors
on va commencer cette heure-ci par ça. Par rapport au budget de l'an
dernier, par exemple, on se rend compte qu'il y a 654 800 $ de
périmés. Si je regarde le budget de l'an dernier, qui
était à 155 406 000 $, on a dépensé 147 729 000 $.
Il y a eu aussi des transferts vers le ministère de l'Éducation,
ce qui fait qu'on a périmé 654 800 $. Alors, je voulais savoir
à quoi c'est attribuable, ce budget-là, quand même assez
important, de 654 000 $.
Mme Marcotte: Écoutez, dans un budget de
cet ordre-là où les demandes sont fonction du taux de
fréquentation, au contraire, c'est un pourcentage de crédits
périmés excessivement bas par rapport à un cadre
d'enveloppe fermée. Ça représente moins de 0,4 %. Donc, il
ne s'agit pas d'un budget qui vise à financer des postes stables dont on
peut prévoir l'ampleur des dépenses au complet. Au contraire, ce
sont tous des budgets qui sont établis sur des bases
prévisionnelles et qui doivent faire en sorte qu'on en a suffisamment
pour couvrir toutes les dépenses.
Donc, que ce soit au niveau des programmes d'aide financière, au
niveau des subventions aux services de garde, au moment où on fait des
prévisions, ce sont toutes des données estimatives qui peuvent
fluctuer considérablement. Je dois dire, même, que c'est la
première année qu'on a un pourcentage des crédits
périmés aussi bas. Parce que, s'il en manquait, ce serait les
services qui seraient pénalisés. Si on faisait des estimés
beaucoup trop bas qui risqueraient, peut-être, de se rapprocher encore
plus de la réalité, bien, s'il y avait le moindre écart en
plus au niveau des demandes, à ce moment-là, on serait
obligé, en cours d'année, soit de mettre fin à des
programmes, soit de retourner au Conseil du trésor pour obtenir des
crédits additionnels. On sait que d'obtenir des crédits
additionnels en cours d'année, ce n'est pas quelque chose de facile.
Alors, on doit toujours prévoir nos dépenses en fonction des
estimés de dépenses. Comme je vous dis, la clientèle
fluctue. L'exonération financière est fonction des revenus des
parents, du contexte économique, d'un ensemble de facteurs. Donc, c'est
un pourcentage très, très bas.
Mme Carrier-Perreault: Mais ces 654 000 $ là, je comprends
que vous dites que ce n'est élevé par rapport à l'an
dernier, par exemple - je me rappelle que c'était plus
élevé - mais est-ce que c'est sur une enveloppe
particulière? Ce que je veux savoir, c'est: Où ça a
été périmé? Où est-ce que c'était,
ça? Est-ce que c'est sur le budget global?
Mme Marcotte: Un peu dans toutes les enveloppes. Il y en a un
certain pourcentage qui va au niveau de l'exonération financière.
Probablement que ça vient principalement de là, parce que c'est
l'enveloppe qui est peut-être la plus susceptible de fluctuer. Il y en a
peut-être un petit montant qui vient du développement, parce qu'il
y a des retards dans le développement. Là encore, on estime un
certain montant qu'on va verser dans l'année courante au niveau des
subventions d'implantation. Maintenant, comme on l'a vu au niveau des
engagements financiers, dépendant de l'évolution des projets, il
y a des sommes qui seront peut-être versées l'an prochain. Donc,
ça vient d'une certaine proportion qui est difficile à
déterminer...
Mme Carrier-Perreault: La grosse partie viendrait de
l'exonération financière, d'après vous.
Mme Marcotte: Le plus gros montant, oui, viendrait de
là.
Mme Carrier-Perreault: Par ailleurs, je remarque que vous avez eu
un gel de crédits de 1 105 500 $. C'est quoi, ça?
Mme Marcotte: Bien c'est...
Mme Carrier-Perreault: C'est un gel qui a été
demandé, qui a été exigé...
Mme Marcotte: Qui a été imposé...
Mme Carrier-Perreault: ...par le Conseil du trésor.
Mme Marcotte: Oui. C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: Alors, ça veut dire qu'à
toutes fins pratiques, sur les 155 000 000 $, il y a 1 105 000 $ plus les 654
000 $ qui n'ont pas été dépensés.
Mme Marcotte: C'est exact.
Mme Carrier-Perreault: À un gel de 1 100 000 $, ça
veut dire qu'on se ramasse à 1 700 000 $ à peu près,
quelque chose comme ça, là.
Mme Marcotte: À peu près, oui.
Mme Carrier-Perreault: Par ailleurs, je remarque que, cette
année, on a 22 400 000 $ qui se sont ajoutés au budget. La
ministre en a parlé tout à l'heure. Il va y avoir un ajout de
places par rapport, évidemment, à l'an dernier, pas par rapport
à ce qu'on aurait pu espérer. Maintenant, j'aimerais savoir
comment vous allez les répartir, ces 22 400 000 $ là? Comment
ça va se répartir? Est-ce que c'est pour l'ajout de places?
D'après vous, vous avez fait une prévision de 22 000 000 $...
Mme Marcotte: II y a une partie du budget qui va aller,
effectivement, pour les subventions à l'implantation. Il y a une partie
du budget qui va aller aux subventions récurrentes des projets qui vont
s'implanter en cours d'année. Il y a également une partie de
l'augmentation qui est attribuable à l'indexation qui a
été donnée au niveau de chacun des programmes, une
indexation de 3,8 %, donc tous les programmes ont été
indexés à la base de 3,8 %, plus, effectivement, les subventions
de fonctionnement. Entre autres, il y a également, au niveau du milieu
scolaire, où il y a une augmentation plus importante. C'est que, l'an
passé, vous vous souvenez, on avait dû
réduire les dépenses...
Mme Carrier-Perreault: Oui.
Mme Marcotte: ...de façon plus considérable, ce qui
avait affecté le budget de fonctionnement du milieu scolaire. Alors,
cette année, on a pu le rétablir sur la base de ce qu'il
était ou de ce qu'il aurait dû être et l'indexer en plus, ce
qui explique les différences de budget par rapport à l'an
dernier.
Mme Carrier-Perreault: Puisqu'on parle du milieu scolaire, ces
coupures-là qu'il y a eu l'an dernier, là, on est passé de
200 $ à 150 $, c'est de ça dont vous parlez
présentement.
Mme Marcotte: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Je sais qu'il y a eu un effet, bien
sûr, aussi au niveau des ouvertures et des fermetures de places. Je sais
que, cette année, il y a eu, quoi, 37 services supplémentaires
développés dans les garderies en milieu scolaire, et on me dit
aussi qu'il y en a plusieurs qui ont fermé. Je pense que c'est 22. C'est
attribuable à quoi, ça, selon vous? Est-ce que c'est attribuable
surtout à cette coupure-là? (20 h 10)
Mme Marcotte: D'abord, il y en a à chaque année qui
ferment pour toutes sorte de raisons. Ça peut être pour des
fermetures d'écoles, ça peut être dans le cas de certains
services qui vont démarrer en pensant qu'ils ont la clientèle et
qui, pour une raison ou pour une autre, s'aperçoivent qu'ils ne l'ont
pas. Est-ce que la proportion est plus grande cette année? Je ne le
croirais pas. C'est probablement un ensemble de facteurs qui font qu'on a
développé un peu moins cette année de nouveaux services en
milieu scolaire. Est-ce que c'est en partie attribuable à cette
réduction de financement? C'est possible. Je pense que c'est un ensemble
de facteurs qui contribuent à avoir diminué l'implantation de
nouveaux services en milieu scolaire. Maintenant, il faudrait peut-être
aussi prendre en considération qu'au fur et à mesure qu'on
développe en milieu scolaire, la problématique devra être
regardée par rapport au secteur rural ou semi-rural. Partout où
on transporte des enfants, le service de garde en milieu scolaire ne
répond peut-être pas de façon adéquate aux besoins
des parents a cause des problèmes de transport. Donc, c'est une
problématique qu'on devra regarder avec le ministère de
l'Éducation.
Mme Carrier-Perreault: Par ailleurs, je sais que,
antérieurement, les années précédentes, au niveau
scolaire, on développait 84, 85 services, à peu près, 85,
je pense, l'année précédente. En tout cas, ça
jouait dans ces chiffres-là.
Mme Marcotte: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Cette année, on en a
développé seulement 37. C'est quand même très peu.
Il y a un écart important. Et 22 services... Je sais qu'il en ferme
régulièrement, là, mais il y a un écart aussi
important à ce niveau-là. 22, vous ne trouvez pas que c'est
beaucoup? Est-ce que ça ne vous a pas un peu inquiétée,
cette situation-là?
Mme Marcotte: Bien, écoutez, c'est sûr que,
dès qu'il y a un service qui ferme, c'est toujours décevant, que
ce soit un service de garde en milieu scolaire ou dans un autre secteur. C'est
peut-être proportionnellement haut par rapport à une autre
année. Je vous avoue que je n'ai pas vérifié encore ces
données-là. On aura à faire le bilan, effectivement, de la
situation avec le ministère de l'Éducation par rapport aux autres
années et à voir, effectivement, quel est l'impact, quelles sont
les conséquences d'une diminution de développement dans les
services de garde en milieu scolaire. Parce qu'il y a sûrement des
facteurs diversifiés qui rentrent en ligne de compte pour une diminution
de développement et il faudrait voir, effectivement, c'est dû
à quoi.
Mme Carrier-Perreault: Par ailleurs...
Le Président (M. Joly): Excusez. Mme la
députée de Groulx...
Exonération et aide financière pour
enfant en service de garde
Mme Bleau: Juste à propos, vous avez parlé, tout
à l'heure, du programme d'exonération. L'an dernier, il y a eu un
resserrement au niveau des critères. Bon, on vous avait demandé
ça, probablement. Ça devait être seulement temporaire.
Est-ce que, cette année, vous prévoyez être obligé
encore de maintenir ces resserrements-là au niveau de l'aide
financière et au niveau du programme d'exonération?
Mme Trépanier: Bon, O.K. Alors, effectivement, l'an
passé, on avait dû resserrer les critères à cause
des contraintes budgétaires qui ont amené l'Office à faire
ce choix-là dans nos resserrements. Et ça, c'étaient des
resserrements de critères d'admissibilité à un programme
d'exonération au profit de l'indexation des subventions de
fonctionnement. On ne voulait pas que l'aide que nous accordions diminue.
Alors, on a préféré indexer l'aide dans tous nos
programmes et resserrer les critères d'un programme spécifique.
Ça, c'est concernant les agences de services de garde en milieu familial
et les garderies.
L'ajout de la subvention pour le soutien aux familles
défavorisées. Vous vous souviendrez, on avait un budget de 300
000 $ qu'on a porté à 1 000 000 $ pour les enfants dans les
milieux
défavorisés. Alors, ça, c'était une aide
additionnelle au programme d'exonération et d'aide financière
pour enfants en services de garde, qui permet aux parents de milieux
défavorisés d'obtenir un montant total d'aide correspondant
à 86 % du tarif moyen observé provincialement. Cette
subvention-là s'adresse aux parents d'enfants qui sont sous le couvert
de la Loi sur la protection de la jeunesse ou de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Ces enfants-là doivent, pour avoir
l'aide, avoir une recommandation de maintien dans le milieu familial et
être référés à l'Office par un
délégué du directeur de la Protection de la jeunesse ou
par un représentant autorisé d'un centre local de services
communautaires.
Face aux problèmes soulevés par les milieux
concernés - vous vous souviendrez, vous avez sûrement eu, Mme la
députée, des appels et des représentations de votre milieu
- des modifications avaient été proposées par l'ensemble
du milieu et ont été apportées, comme elles nous
étaient demandées, au projet de règlement, dans le but de
permettre aux personnes qui ne remplissent plus les conditions de ce
programme-là d'être admissibles pour deux journées par
semaine. Dans le programme initial, les gens qui recevaient de la
Sécurité du revenu pouvaient avoir accès à cinq
jours-semaine.
Nous nous étions dit, dans l'argumentation pour resserrer les
critères: Nous favorisons prioritairement les gens qui sont à la
recherche d'emploi, qui sont étudiants. Bon. Et le milieu nous disait:
Rien ne nous dit que, parce que vous n'êtes sur un programme
d'employabilité, vous n'êtes pas étudiant, que vous ne
recherchez pas de l'emploi. Alors, nous avons opté pour un juste milieu.
Nous avons, dans le règlement d'exonération financière qui
est dans la Gazette officielle depuis quelques jours, augmenté
à deux jours-semaine cette aide-là. Alors, le 1 000 000 $ pour
les milieux défavorisés est conservé. Mais nous revenons
à la clientèle initiale et nous pourrons offrir deux
jours-semaine...
Mme Bleau: Ça, ça va être nouveau, ce
programme-là?
Mme Trépanier: C'était l'ancien programme que nous
avions retiré.
Mme Bleau: Oui, arrêté. Et, là, vous l'avez
reporté.
Mme Trépanier: Et, là, nous redonnons deux jours
pour permettre aux gens qui sont à la recherche d'emploi de pouvoir
placer leurs enfants en services de garde.
Mme Bleau: C'est une bonne nouvelle.
Le Président (M. Joly): Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Oui, justement, puisque la
députée de Groulx a discuté de la réglementation,
je vais passer immédiatement... J'avais des questions concernant cette
réglemen-îation-îà. Alors, je vais continuer...
Mme Trépanier: Sur le règlement
d'exonération?
Mme Carrier-Perreault: C'est ça, oui. Mme
Trépanier: O.K.
Mme Carrier-Perreault: Disons qu'il y a des questions qui sont
posées et auxquelles j'aimerais bien avoir des réponses. Je suis
persuadée que les gens attendent aussi des réponses, des
clarifications, si on veut. Quand on regarde au niveau de ce
règlement-là, est-ce que, d'une part, les droits qui
étaient acquis... On sait que, l'an dernier, lorsqu'il y a eu la
réglementation concernant les parents qui sont sur le bien-être
social, etc., ceux qui étaient déjà sur le bien-être
social avant - les parents étaient déjà sur le
bien-être et les enfants fréquentaient une garderie - ils avaient
comme un droit acquis. Est-ce que ce droit acquis demeure avec la nouvelle
réglementation? Parce que ça, on n'avait pas de réponse
à ça.
Mme Trépanier: Oui. Alors, ils demeurent, ils sont
toujours demeurés, les droits acquis ont toujours existé. Alors,
même lorsque nous avons resserré les critères, ceux qui
étaient en garderie déjà, ceux qui avaient des enfants en
garderie avaient des droits acquis tant que leurs enfants étaient dans
ce service de garde là.
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Je voulais être sûre
que ça demeurait.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Autre chose aussi. On nous parle d'un
maximum. À l'article 15, par exemple, du règlement, on dit qu'il
y a un maximum: 20 heures ou deux journées par semaine. Comment les
garderies et les services de garde vont pouvoir répartir ce genre de
temps là? Ça veut dire quoi ça? On parle de 20
heures-semaine ou de deux jours-semaine.
Mme Trépanier: Oui. On voulait donner une
flexibilité, mais je vais demander, pour l'aspect plus technique,
à Mme Marcotte de vous répondre.
Mme Marcotte: Actuellement, il est possible qu'on soit
obligé de le gérer sur la base de deux jours-semaine. Quand on a
introduit la notion de 20 heures, c'est qu'on voulait s'assurer que, à
l'intérieur du règlement, on prévoie effectivement la
flexibilité possible. Parce qu'on est en train,
au niveau du ministère de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, qui gère le programme pour l'Office,
de revoir toute la structure du programme informatique. À ce
moment-là, on sera sûrement en mesure de donner une plus grande
flexibilité dans l'application de l'équivalent. Ce qu'on voudrait
donner aux garderies et aux services de garde, c'est une possibilité que
ça soit une équivalence, que ça soit, par exemple, des
demi-journées, ou, si on pense éventuellement aux jardins
d'enfants - remarquez que le gouvernement n'a pas statué s'il y aurait
de l'exonération financière au niveau des jardins - s'il y en
avait, ça permettrait, au niveau de quatre heures par
demi-journée... Parce que, dans les jardins d'enfants, ce sont de
journées de quatre heures qu'on parle. Ce qu'on a voulu, c'est
prévoir, à l'intérieur du règlement, une certaine
possibilité de flexibilité. Maintenant, comme je vous dis,
dépendant du moment ou de l'entrée en vigueur du règlement
et de l'entrée en vigueur de cet article-là, en particulier,
dépendant si, oui ou non, les nouveaux programmes sont en place, on
pourra donner plus ou moins de flexibilité, selon le cas.
Mme Carrier-Perreault: Alors, si je comprends bien,
présentement, c'est 16 heures que vous envisagez.
Mme Marcotte: Pardon?
Mme Canrier-Perreault: C'est deux jours-semaine. (20 h 20)
Mme Marcotte: Bien, dans le moment, au niveau des garderies et
des services de garde en milieu familial, on envisage l'équivalent de
deux jours parce que les services de garde risqueraient d'être
pénalisés, dans le fond, s'ils l'utilisaient sur une base de
demi-journées.
Mme Carrier-Perreault: Pour ce qui est des haltes-garderies, des
jardins d'enfants, ça fait partie des questions que je veux poser, si
j'ai la chance de le faire, si j'ai assez de temps pour le faire.
Par ailleurs, les parents, ceux qui avaient des prestations
d'assurance-chômage, est-ce qu'ils sont toujours admissibles pour cinq
jours, comme ça l'était avant? Est-ce que ça reste pareil
pour cette catégorie-là?
Mme Trépanier: Le programme reste tel quel. Alors, donc,
les gens qui recevaient de l'assurance-chômage sont toujours
éligibles. En fait, on n'a pas diminué les clientèles. On
a ajouté les deux jours pour... Pour la clientèle du primaire, il
n'y a pas de...
Mme Marcotte: Alors, pour la question d'assurance-chômage,
c'est, effectivement, reconduit tel quel. Ce qu'il est important de noter - et
c'est le cas actuellement aussi - c'est que, pour la clientèle des
enfants d'âge scolaire ou des enfants inscrits à l'école,
la possibilité d'être sur l'assurance-chômage et de
bénéficier des cinq jours est valable pour les enfants de la
maternelle seulement. Mais c'est tel que c'est actuellement.
Mme Carrier-Perreault: Parce que là, l'article, le nouvel
article ne précise pas ça comme l'autre.
Mme Marcotte: Bien, en fait, les articles de règlement
sont prévus, effectivement, pour couvrir l'application telle quelle dans
le moment.
Mme Trépanier: Mais il n'y a pas de changement,
là...
Mme Carrier-Perreault: Pour le client
d'assurance-chômage.
Mme Trépanier: C'est ça. C'est le même
programme.
Mme Carrier-Perreault: Autre chose qui m'a étonné
aussi un petit peu, c'est que, par rapport à l'article 27, on parle des
coûts, là. Pourquoi, par ce règlement-là, vous
diminuez le coût de base à 5,15 $ par jour, alors que, comme on le
sait, il vient tout juste d'être augmenté à 5,38 $,
là? Pourquoi cette diminution-là dans ce
règlement-là?
Mme Marcotte: C'est qu'au moment où on a fait le projet de
règlement c'était 5,15 $. On devra réajuster, avant la
période de publication, au montant qui a été
accordé par le Conseil du trésor. Donc...
Mme Carrier-Perreault: Bon, alors, ce sera
réajusté...
Mme Marcotte: Oui, oui, oui.
Mme Carrier-Perreault: ...à 5... Je ne comprenais pas
vraiment qu'il y ait une baisse.
Au niveau des familles défavorisées, est-ce que vous ne
croyez pas que ça peut risquer de diminuer l'aide qui leur était
accordée, finalement? Est-ce qu'elle va diminuer cette aide-là?
La ministre me disait, tout à l'heure, nous disait que le 1 000 000 $
restait là quand même et...
Mme Trépanier: Non, parce que ça ne touche pas la
même clientèle. Le budget de... Là, je ne dis pas que le
budget ne diminuera jamais ou n'augmentera pas, mais c'est deux programmes
complètement différents. Le budget de 1 000 000 $ concerne les
milieux défavorisés, pour favoriser la réinsertion
sociale, pour favoriser, parfois, un répit chez un parent. Il y a un
objectif tout à fait différent. Ce sont des
enfants qui sont référés, comme je vous ai dit tout
à l'heure, par des CLSC ou par la DPJ. Tandis que l'autre programme
s'adresse à toutes les clientèles de gens de la
Sécurité du revenu, mais qui sont là pour d'autres
objectifs, pour un objectif de retrouver un emploi, pour d'autres... C'est deux
programmes totalement différents.
Mme Carrier-Perreault: Ce 1 000 000 $ là dont vous nous
parliez l'an dernier et dont vous nous reparlez encore ce soir, on le retrouve
dans quelle enveloppe exactement? Parce que j'ai bien beau fouiller, je ne le
retrouve pas de façon spécifique.
Mme Marcotte: Non, il est...
Mme Carrier-Perreault: Est-ce qu'il fait partie de
l'exonération financière?
Mme Marcotte: Oui.
Mme Carrier-Perreault: II en fait partie.
Mme Marcotte: On l'a mis intentionnellement à
l'intérieur de la même enveloppe pour être capable
d'alimenter la demande qui viendrait à cet effet-là. Donc, dans
le fond, c'est que le programme d'aide financière est compensé
par une différence de montant qui est versé aux clientèles
des milieux défavorises. Donc, c'est un différentiel qui est
versé. Donc, on l'a laissé à l'intérieur de la
même enveloppe pour s'assurer que, finalement, il y ait suffisamment
d'argent pour couvrir l'ensemble des besoins des cas
référés.
Mme Carrier-Perreault: Par rapport à ce 1 000 000 $
là - parce qu'on avait 300 000 $ avant et, l'an dernier, on a
monté ça à 1 000 000 $ - l'année
précédente, finalement, l'année dernière, on avait
périmé un montant assez important de 300 000 $. Le 1 000 000 $ en
question dont vous nous parliez l'an dernier, combien a été
dépensé sur ce 1 000 000 $ là cette année?
Mme Marcotte: Je pense que c'est autour de 700 000 $.
Mme Carrier-Perreault: Ça rejoint combien de familles,
combien de cas, combien d'enfants, je devrais dire?
Mme Marcotte: On les a ici, 754 familles
précisément ont été rejointes cette
année...
Mme Carrier-Perreault: Par le biais de cette
mesure-là...
Mme Marcotte: Oui, oui.
Mme Carrier-Perreault: ...référées par
un
CLSC ou la DPJ.
Mme Marcotte: ...ou la Direction de la protection de la jeunesse.
Maintenant, comme le disait Mme la ministre, c'est quand même un
programme qui vise une clientèle très particulière, qui
vit des difficultés et des problèmes très graves. C'est
presque une subvention qui vise du curatif à certains égards.
C'est pour éviter, dans certains cas, qu'un enfant soit placé
dans une famille. On essaie de maintenir l'enfant dans sa famille.
Donc, ce programme-là, il a été vu à la base
comme une mesure extraordinaire pour aider des clientèles qui
n'étaient pas capables de combler l'écart qui restait à
payer au niveau de l'aide financière. Donc, il a peut-être
été un peu dénaturé, l'an dernier, par l'usage
qu'on a essayé d'en faire aussi, compte tenu, effectivement, du
resserrement des critères. Probablement qu'avec l'ouverture de deux
jours qui revient comme possibilité et admissibilité à
l'aide financière, ce programme-là devrait reprendre sa vraie
place, parce que ce programme-là, il a été conçu
pour fonctionner en partant des départements de santé
communautaire, de la Direction de la protection de la jeunesse, des centres
locaux de services communautaires, et non pas à l'inverse.
Mme Carrier-Perreault: J'aimerais que vous me précisiez
quelque chose. Vous me dites: 754 familles qui ont été
touchées...
Mme Marcotte: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...ça veut dire 754 enfants
probablement...
Mme Marcotte: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...et combien, en termes de montant, a
été dépensé sur le 1 000 000 $ en question?
Mme Marcotte: Écoutez, il faudrait qu'on
évalue...
Une voix: 1 150 000 $. Mme Marcotte: 1 150 000 $.
Mme Carrier-Perreault: Vous avez comme dépassé
votre...
Mme Marcotte: C'est pour ça qu'on le laisse à
l'intérieur de l'enveloppe d'exonération financière, parce
qu'il y a une partie du financement de ce programme-là qui est
puisée à même l'aide financière, et c'est un vase
communicant. C'est pour assurer, finalement, qu'on ne refuse pas des
clientèles sur la base de l'estimé ou qu'on surestime ou
sous-estime, dans le fond, la valeur du programme. L'an passé, on
l'avait précisé
comme tel parce que, à l'intérieur des contraintes
budgétaires qui nous avaient été fixées, on nous
avait demandé un ajout à l'intérieur de cette
enveloppe-là pour être certain d'en avoir suffisamment, vu qu'il y
avait eu des restrictions budgétaires.
Mme Carrier-Perreault: Autrement dit, vous conservez cette
mesure-là cette année, le 1 000 000 $ reste là, et vous
élargissez, finalement, à deux jours-semaine pour la
réglementation, à toutes fins pratiques, de l'an passé
avec certains aménagements, si je comprends...
Mme Trépanier: Peut-être, M. le Président,
pour compléter. Dans le règlement d'exonération, il y a
plusieurs mesures, d'autres importantes aussi. Pour les deux jours, vous vous
souviendrez - je pense que vous étiez présente au colloque des
services de garde, le 8 décembre dernier - que c'était une
demande expresse qui m'avait été faite, lors de la clôture
de ce colloque-là, et j'avais dit, à ce moment-là, que
nous essaierions de trouver une solution. J'avais dit aussi, à
l'époque de l'instauration de ces resserrements de critères, que
ça se voulait temporaire et que, si nous jugions que ça
n'obtenait pas les résultats escomptés, que le budget de 1 000
000 $ ne remplissait pas le deuxième mandat qu'on lui demandait, on
reviendrait, on essaierait de trouver une solution, et c'est ce que nous
apportons aujourd'hui. Ça a été publié le 22 avril
dernier.
Deux autres mesures importantes dans ce règlement-là: le
nombre de jours exonérés passe de 250 à 260 jours par
année et, deuxièmement - ça, c'est important - pendant la
période estivale, les parents dont les enfants ont
complété leur deuxième année de primaire seront
désormais admissibles au programme d'exonération et d'aide
financière. L'an passé, c'était jusqu'à la
première année, Là, nous ajoutons une année.
Mme Carrier-Perreault: si je comprends bien ce que vous
êtes en train de nous dire, vous élargissez, finalement, vous
donnez deux jours.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Et ce n'est pas nécessairement une
mesure fixe. Ça pourrait s'étendre éventuellement à
trois parce qu'on...
Mme Trépanier: Ah! Bien là...
Mme Carrier-Perreault: ...sait que c'est demandé aussi. Si
on veut être préventifs, trois jours, c'est plus...
Mme Trépanier: Nous avons décidé... la
décision a été prise... (20 h 30)
Mme Carrier-Perreault: ...pour cette année...
Mme Trépanier: ...pour accorder deux jours. Alors, c'est
très difficile dans notre métier de prédire l'avenir,
mais...
Mme Carrier-Perreault: On essaie.
Mme Trépanier: ...disons que nous avons
considéré, après mûre réflexion et
après avoir entendu les représentations de beaucoup de gens, que
deux jours, ça semblait être...
Mme Carrier-Penreault: Un minimum.
Mme Trépanier: ...un moyen terme acceptable.
Mme Carrier-Perreault: Alors, pour l'instant, c'est...
Mme Trépanier: ...pour tout le monde. Alors, après
avoir consulté, les gens sont quand même assez satisfaits.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Groulx, s'il vous plaît.
Mme Bleau: Moi, j'ai entendu parler d'une pétition que les
agences de garde en milieu familial faisaient circuler à travers le
Québec. Dans cette pétition, on apportait beaucoup de chiffres.
On montrait aussi les lacunes qu'il y avait dans le programme. D'abord, est-ce
que tout était vrai dans ce qu'on a lu? Deuxièmement, est-ce que
vous entendez corriger certaines de ces lacunes?
Mme Trépanier: oui, vous faites sûrement
référence à la pétition qu'on intitulait: «on
ménage aujourd'hui pour payer plus cher demain».
Mme Bleau: Justement.
Mme Trépanier: Bon.
Mme Bleau: Vous savez que j'en ai des...
Mme Trépanier: Oui, vous avez un milieu très
fertile dans les services de garde.
Mme Bleau: Oui.
Mme Trépanier: Dans le document du regroupement,
ça, c'était le regroupement des agences en...
Mme Bleau: Milieu familial.
Mme Trépanier: ...milieu familial. C'est ça. Je
dois vous dire que certaines données de base sont exactes, mais on omet
de faire d'importan-
tes nuances qui changent complètement les données. Je vais
vous donner quelques exemples.
Ainsi, on estime les frais annuellement payés par les parents
à 3938 $ dans la pétition. Cette estimation néglige trois
facteurs importants. D'abord, ce ne sont pas tous les enfants qui sont
gardés à plein temps, d'une part. Deuxièmement, certains
parents bénéficient du programme d'exonération. On n'en
tient pas compte. Troisièmement, il y a des déductions fiscales
possibles aussi pour les parents, et on n'en tient pas compte.
Au 31 mars 1991, il y avait 27 795 bénéficiaires du
programme d'exonération, et 69 % des enfants en services de garde en
milieu familial bénéficient de ce programme qui réduit, en
moyenne, de 50 % la contribution des parents. De plus, les déductions
fiscales se chiffrent à 328 000 000 $, en 1990, ce qui représente
un remboursement de l'ordre de 131 200 000 $ pour les deux paliers de
gouvernement. Alors, c'est quand même important.
Au chapitre des sommes déboursées par le Québec
dans le seul domaine des déductions fiscales et en se basant sur un taux
d'imposition moyen de 20 % des 328 000 000 $ qui sont déductibles, on
arrive au montant de 65 600 000 $ et non pas de 34 000 000 $, comme le
prétendent les agences. Pour ces raisons et pour celles que j'ai
mentionnées précédemment, le chiffre avancé par le
regroupement de 222 $ par enfant est donc totalement erroné. Je ne
voudrais pas manipuler des chiffres parce que certaines données nous
manquent pour connaître le pourcentage exact que le gouvernement assume
pour la garde de chaque enfant au Québec. Cependant, je peux affirmer
qu'au 31 mars 1991 le gouvernement assumait approximativement 72 % des frais de
garde...
Une voix: Régie.
Mme Trépanier: Pardon?
Une voix: La garde régie.
Mme Trépanier: La garde régie, évidemment,
de 14 000 bénéficiaires du programme d'exonération et
d'aide financière et, pour ceux qui bénéficient de la
subvention de soutien aux familles défavorisées, l'aide pouvait
atteindre 86 %, comme on vient de le dire dans le programme
précédent.
Quand à l'estimation que fait le regroupement du nombre de
nouvelles places dont on a besoin en services de garde - 498 250, dit-il -
c'est un peu simple de dire ça, c'est un peu rapide, puisqu'il ne tient
compte que du nombre d'enfants qui pourraient avoir besoin de services de garde
en rapport avec le nombre de places actuellement disponibles. Alors, vous vous
êtes faite la défenderesse, cet après-midi, des femmes au
foyer. Alors, ce ne sont pas tous les enfants qui ont besoin de services de
garde. Alors, je pense que c'est un peu gros que de se servir de ce
chiffre-là.
Pour connaître le véritable nombre de places, il faut
s'appuyer sur quatre variables qui sont: le nombre d'enfants par année
d'âge, les préférences des parents selon l'âge des
enfants - on a fait des sondages là-dessus - troisièmement, le
taux d'activité des mères et, quatrièmement, l'occupation
maximale des places. En tenant compte de toutes ces variables, on estime que le
déficit actuel est à 145 981 places. Beaucoup trop gros, me
direz-vous, et je suis d'accord avec vous, mais il faut quand même mettre
les choses dans leur juste perspective.
Mme Bleau: Bien. Mais est-ce que vous avez, malgré tout,
là, vous... Est-ce qu'il y a quand même, parmi les places que vous
dites que vous allez ajouter cette année, des places
réservées pour le service de garde dans le milieu familial?
Mme Trépanier: En agence? Mme Bleau: Oui.
Mme Trépanier: Oui. Peut-être que... Madame, est-ce
que vous allez revenir sur le plan de développement?
Mme Carrier-Perreault: J'y arrive.
Mme Trépanier: O.K. Alors, je vais vous donner ça
tout en détail.
Nombre de places en garderie
Mme Carrier-Perreault: Par rapport aux chiffres qui ont
été mentionnés, je fais des vérifications dans le
décret, selon le plan de développement, les places qui devaient
être allouées. Je regarde les places qu'on a de disponibles
présentement par rapport aux places qu'on avait de disponibles l'an
dernier. L'an dernier, la ministre nous annonçait 6208 places
supplémentaires. Alors, les parents s'attendent toujours à avoir
au moins 6200 places supplémentaires. En bout de ligne, quand on fait
les calculs, là, comme je vous dis, d'après les documents,
d'après les données qu'on a, si je regarde dans le rapport
annuel, entre autres choses, je me rends compte que, finalement, l'an dernier,
on a développé, à toutes fins pratiques, 3963 places de
plus. Les parents n'ont pas 6200 places...
Mme Trépanier: Rajoutez le scolaire. Mme
Carrier-Perreault: ...on a 3963 places.
Mme Trépanier: C'est que vous ne tenez pas compte du
scolaire dans vos chiffres.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Ce qui arrive, c'est que je les ai
calculés, là, par rapport aux questions qu'on vous avait
envoyées, par rapport aux réponses que j'ai obtenues. Quand je
regarde les chiffres que vous m'avez donnés, je regarde, vous me donnez,
au niveau des garderies, par exemple, 44 157 places disponibles cette
année par rapport à 43 128 l'an dernier. Donc, ça veut
dire que, si je comprends bien, la différence est de 1029, 1029
disponibles. Ça, c'est 1029 de plus par rapport à 1968 en
garderie qui étaient prévues au décret. O.K.? Donc, on a
un manque à gagner à ce niveau-là.
Quand je regarde au niveau des agences en milieu familial, on me dit,
cette année, qu'on a 8203 places de disponibles, par rapport à
7373 l'an dernier. Ça veut dire qu'on a un ajout de 930 places. Quand on
regarde dans le décret, on avait prévu un ajout de 1145 places.
Ça veut dire, encore là, qu'on a un manque à gagner. Je
regarde au niveau scolaire, en milieu scolaire. L'an dernier, en milieu
scolaire, on avait 33 079 places... pas l'an dernier, cette année,
là, les chiffres de cette année. On a 33 079 places disponibles.
L'an dernier, on en avait 31 075 disponibles. On voit qu'on a un ajout de 2004
places. Pourtant, dans le décret, on en prévoyait 3095. Quand on
fait le total de ça, on se rend compte que, présentement, suite
au budget, suite aux prévisions de développement de 6208 places,
on se ramasse quand même, en bout de ligne, avec 3963 places. Je me fie
à vos chiffres, là, et aux chiffres du rapport annuel. Moi, je ne
les invente pas, ces chiffres-là, comprenez-moi bien.
Mme Trépanier: Bon. Alors, je vais vous faire le
parallèle entre l'an passé et cette année et vous
expliquer pourquoi vos chiffres ne concordent pas avec mes affirmations.
Mme Carrier-Perreault: Mais c'est vos chiffres.
Mme Trépanier: Alors, l'an passé, nous avons
développé 6028 places. Il y avait, au plan de
développement, 6028 places: 1968 places en garderie, 1145 places en
milieu familial et 3095 places en milieu scolaire. Cette année, nous
développons 7500 places: 1800 places en garderie, 2100 places en milieu
familial - vous me demandiez, tout à l'heure, si on accordait une grande
importance au développement en milieu familial - et 3600 en milieu
scolaire.
Cependant, dans le tableau que vous avez, c'est écrit: Le taux de
couverture révisé au 31 mars 1992. Ça, c'est les places
qui ont leur permis effectif. C'est que, pour développer une place en
services de garde, ça peut prendre 18 mois, ça peut prendre...
bon, dépendant de divers facteurs. Alors, nous avons ici les places qui
ont effectivement reçu leur permis de l'Office des services de garde.
Comme toute, en bout de piste, ça prendra peut-être deux mois de
plus ou deux mois de moins, mais c'est le nombre de places octroyées au
plan de développement, approuvé par le Conseil des ministres, et
c'est ce que le gouvernement développera.
Je ne sais pas si Mme Marcotte veut...
Mme Carrier-Perreault: J'aurais une petite question. Quand vous
me dites qu'il y a des places qui ont été prévues, qui ne
sont pas développées et que ce n'est pas terminé...
Mme Trépanier: C'est-à-dire qu'elles sont en
développement.
Mme Carrier-Perreault: ...la rotation... Mme Trépanier:
C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: ...c'est vrai. Mais cette
rotation-là, on en a discuté un petit peu aux engagements
financiers. Je me suis familiarisée un petit peu plus avec ce genre de
situation là. Cette rotation-là, finalement, existait par rapport
à l'année précédente, existait par rapport à
l'autre année. J'ai vu qu'il y a des budgets qui sont engagés
jusqu'en 1993-1994. Alors, finalement, l'un dans l'autre, on devrait quand
même retrouver une augmentation de 6200 places, à peu près,
grosso modo. Je ne comprends pas qu'on en retrouve 3963. (20 h 40)
Mme Marcotte: Non. Il y a des facteurs qui peuvent faire en sorte
que ce n'est pas, l'un dans l'autre... Dans une moyenne d'un certain nombre
d'années, effectivement, ça devrait s'équivaloir. Et, l'an
dernier, à toutes fins pratiques, en prenant les places de
l'année en cours plus les plans des années antérieures, on
était à au-delà de 6000 places qu'on a
développées.
Donc, effectivement, il y a des facteurs qui entrent en ligne de compte,
qui font qu'une année, on a concrétisé un peu plus, une
autre année, un peu moins. Mais il y a une chose qui est certaine, Mme
Trépanier l'a bien dit, les places qui sont autorisées à
l'Office pour le développement, elles sont toutes octroyées pour
être développées et elles vont être
développées. Je ne sais pas de quelle façon il faudra
produire les rapports pour rendre ça clair.
Mais, effectivement, c'est un problème, dans le moment, de
constater que les gens ont l'impression que les places qui sont données
pour être développées ne sont pas
développées. Moi, je peux vous assurer que, dans le moment - sur
les documents qu'on vous a fournis, on le dit bien, d'ailleurs - il y a un
certain nombre de places qui sont déjà réalisées,
qui proviennent de cette année et des années antérieures.
Il y a au-delà de 77 projets de garderies qui sont en cours de
concrétisation et qui vont se concrétiser. Et on ajoute
également que le taux de croissance ne
tient pas compte des fluctuations qui sont intervenues dans les services
existants, qui peuvent survenir à la suite d'une fermeture. On
comptabilise les places qu'on a au départ, et elles sont
redonnées en augmentation de capacité ou en développement
pour s'assurer que les places que l'Office a reçu l'autorisation
d'implanter vont toutes l'être.
La seule différence, effectivement, où il y a un
problème cette année, et c'est la première fois, c'est
dans le service de garde en milieu scolaire où, effectivement, si on
tient compte des places, des écoles qui ont fermé leur service de
garde, on a un déficit d'environ 400, 500 places.
Maintenant, je ferai remarquer que, l'an dernier, c'était
l'inverse. Parce que, en milieu scolaire, on ne parle pas de places, en fait,
on parle d'enfants. Ce ne sont pas des permis qui sont émis en milieu
scolaire; ce sont des enfants qui fréquentent les services de garde. On
s'aperçoit que, cette année, par exemple, il y a un plus grand
nombre d'enfants qui fréquentent les services sur une base sporadique.
On ne les calcule pas dans les ouvertures de places. On devrait peut-être
les calculer.
Mme Carrier-Perreault: Mais, ce qui arrive, par exemple, c'est
qu'au niveau des services de garde en milieu scolaire, quand on parle d'enfants
calculés sur une base sporadique, on ne parle pas du même
taux.
Mme Marcotte: Non, on ne les finance pas. C'est pour ça
qu'on ne les compte pas vraiment.
Mme Carrier-Perreault: On ne parle pas du tout du même
taux. On parte de 0,68 à peu près.
Mme Marcotte: Non. Mais il faut quand même tenir compte du
fait que les parents décident, eux, d'utiliser les services sur une base
régulière ou occasionnelle. Nous n'y pouvons rien. Le service est
quand même disponible. C'est le parent qui choisit de l'utiliser sur une
base occasionnelle.
Je voulais juste terminer en disant que, l'an passé, alors qu'on
avait le droit d'autoriser 3095 places, dans les faits, on a
dépassé ça parce que, effectivement, on parie d'un nombre
d'enfants. On avait atteint, l'an passé, 3546 enfants réguliers
en milieu scolaire. Donc, l'un dans l'autre, sur une période de trois
ans, ça va probablement s'équivaloir. Si on développait,
à chaque année, exactement le même nombre de places depuis
plusieurs années et que tous les facteurs étaient maintenus tels
quels, le contexte économique, les subventions, effectivement, ce que
vous dites serait vrai. On développerait à chaque année
à peu près le même nombre de places. Mais la situation, ce
n'est pas ça. Il y a des facteurs qui font qu'une année, il y a
des problèmes. Il suffit d'un petit délai dans l'approbation,
dans l'octroi des places pour que ça occasionne un délai dans la
réalisation et que le bilan du 31 mars fasse en sorte qu'il y ait un
certain nombre de places qui soient imputées à l'année
suivante.
Mme Carrier-Perreault: Disons que, par rapport aux chiffres de
l'an dernier, c'est un peu le même chiffre. Ça tournait un peu
autour des mêmes chiffres. On pariait de près de quelque 3000
places. Je cherche dans le rapport annuel...
Mme Marcotte: II y en avait 3546 en milieu scolaire, l'an
passé.
Mme Carrier-Perreault: Non, je parie de l'ensemble des places
supplémentaires disponibles aux parents. Le problème, au fond,
c'est que, quand le gouvernement, quand la ministre nous dit: On va octroyer
6208 nouvelles places, les parents s'attendent, les Québécois
s'attendent à ce qu'il y ait 6208 places de plus en services de garde.
On pariait, tout à l'heure, d'un manque à gagner de 145 000
places au niveau du Québec, selon les chiffres de la ministre tout
à l'heure. Alors, c'est bien évident que... Là, ça
fait deux ans de suite que je vois ce genre d'écart. Il y a toutes
sortes de raisons, j'en conviens.
Maintenant, pour dire qu'on développe 6208 places, il faudrait
prévoir le double pour arriver vraiment à avoir
développé 6208 places de plus, parce qu'on a beau dire qu'on en
développe 6208, si, en bout d'année, on se rend compte qu'on est
à 3900, bien, il y a un écart, il y a un manque à gagner.
Cette année, le gouvernement, la ministre nous dit: On va en
développer 7500. L'an prochain, on en aura combien de plus? Est-ce que
vous croyez sérieusement qu'on en aura 7500 de plus par rapport à
ce que je vois, les années précédentes, dans les rapports
annuels?
Mme Trépanier: Ce que je peux vous dire, madame, c'est que
le gouvernement autorise un nombre de places avec les budgets accompagnant
cette autorisation-là. Cependant, là, il y a des délais
d'implantation. On ne peut pas vous dire plus que ça. Mme la
présidente vous a dit que, bon an, mal an, il s'en développait,
le nombre de places qui avaient été autorisées. Moi, je
vous dis que les budgets disponibles sont de l'ordre de 7500 places. Vous avez
vu, ils sont là dans les crédits. Il y a 17 000 000 $ de plus, 17
458 000 $ de plus accordés cette année. Alors, c'est ça.
Ça prend en moyenne 18 mois pour l'implantation. Il peut y avoir des
problèmes de tous ordres. Parfois, c'est un problème de terrain.
Il y a toutes sortes de problèmes. Ce n'est habituellement pas dû
à des retards quelconques. La faute, on ne peut pas l'imputer à
quiconque, mais les faits sont là.
Mme Carrier-Perreault: Ce dont je me rends compte, finalement,
c'est qu'à chaque année, au lieu du montant qui est prévu,
on a à peu près un petit peu plus que la moitié de places
de plus
de disponibles, tout simplement, à cause de toutes sortes de
raisons.
Mme Trépanier: Vous me permettrez de ne pas être
d'accord avec vous, là.
Mme Carrier-Perreault: Mais c'est parce que je vois ça
dans les chiffres là, moi, madame. Je prends les chiffres qui me sont
donnés par le biais du rapport annuel et les chiffres que j'ai
demandés à l'Office des services de garde à l'enfance.
Mme Marcotte: Écoutez, ce n'est pas exact tout le temps.
L'an passé, on a développé 2842 places en garderie en
milieu familial, plus 3546 places en milieu scolaire. Le nombre de places qui
avait été annoncé, c'était 6000...
Mme Trépanier: 6208.
Mme Marcotte: Donc, on a développé ce qu'on avait
prévu.
Mme Trépanier: 6388. Alors, l'an passé, on a
développé plus que ce qui avait été autorisé
parce qu'il en restait de l'autre annnée, de l'année
antérieure. M. le Président, à chaque année, on a
un problème de concordance de places aux services de garde. Mais
peut-être pour rassurer Mme la députée, c'est qu'en
définitive le gouvernement, dans son plan famille cette année,
autorise 7500 places et s'engage à 7500 places annuellement durant trois
ans, et on s'engage à donner les budgets aussi, et elles seront
développées, les places.
Mme Carrier-Perreault: Présentement aussi, au niveau du
Québec, il y a plusieurs dossiers, plusieurs demandes de permis, vous en
avez plusieurs. Il y a, entre autres, un dossier qui m'a un petit peu
étonnée. C'est mon collègue de Shefford, je pense, qui
avait communiqué avec la ministre, etc. Il y a un dossier dans ce
comté-là, qui fait partie de la Montérégie,
à toutes fins pratiques. On parle de Familigarde, qui est en fait
reconnue, qui a tout ce qu'il faut pour avoir son permis, qui est même
appuyée par le CLSC de l'endroit. On sait le nombre de places qui
manquent en Montérégie par rapport aux tableaux qui nous sont
toujours fournis par l'Office.
Des fois, c'est vrai qu'on dirait qu'on n'a pas les mêmes
chiffres, là, mais pourtant on a la même source. En tout cas,
disons que, par rapport aux tableaux qui nous sont fournis par l'Office, on se
rend compte qu'il y a un nombre assez incroyable de places qui manquent en
Montérégie. Cette garderie-là, ce groupe-là essaie
d'avoir un permis, et tout ce qu'on leur dit, c'est: Bien, vous êtes
couverts par l'autre région, par l'autre ville d'à
côté. La ville d'à côté, finalement, elle,
nous a écrit, elle aussi. Vous avez dû avoir les mêmes
renseignements. À
Cowansville, on nous dit: Oui, oui, nous autres, on dessert, mais on
dessert deux municipalités du comté de Shefford. On dessert
Saint-Alphonse et Bromont. Les autres municipalités, les sept autres
municipalités sur les neuf, ne sont pas desservies par des services
présentement. La garderie qui vous demande un permis est à Granby
dans le moment. La population desservie par Cowansville représente,
à toutes fins pratiques, 7 % seulement de la population du comté
de Shefford. (20 h 50)
Alors, disons que tout ça a à voir avec la façon
dont sont alloués les permis. Je prends l'exemple de Shefford de mon
collègue, Roger Paré, parce que j'ai de la misère, moi
aussi, à comprendre. Je me mets à la place de ces gens-là
qui ont une population qui les pressent, et ils ont du monde à
desservir. D'autant plus que la garderie d'à côté leur dit:
Non, non, nous autres, on ne vous dessert pas; on dessert deux
municipalités. Alors, je me demande comment on en arrive à
décider qui a des permis, qui n'en a pas. Est-ce qu'on
«priorise» toujours les garderies sans but lucratif? Parce que
c'était une priorité du gouvernement. Est-ce qu'elles sont
toujours «priorisées»? Quels sont les critères qui
font que ces garderies-là que... Ces choix pour les permis, c'est quoi
les critères qu'on retient?
Mme Trépanier: Alors, vous vous souvenez que la politique
de services de garde, adoptée en 1989, a identifié la
planification régionale comme étant un instrument majeur dans le
développement des services de garde. C'est depuis l'an passé que
nous élaborons notre plan de développement selon une
planification régionale ordonnée. Auparavant, c'était
selon l'émergence des demandes dans chacune des régions.
Alors, je vous ai dit, tout à l'heure, dans un autre dossier,
qu'il y avait une demande, un besoin de 145 000 places non comblées.
Alors, je connais bien le dossier de votre collègue, de notre
collègue de Shefford, parce qu'il m'a contactée à cet
effet-là. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de besoins parce
qu'il n'a pas reçu de permis. Il y a des besoins à peu
près partout. Ce que ça veut dire, c'est que des
municipalités autour de chez lui ont été
favorisées, parce que le besoin était encore plus grand, selon la
planification régionale. Ça, c'est première chose. Alors,
c'est pour ça qu'on essaie de développer le plus de places
possible, le plus rapidement. Ça, c'est la première
réponse.
Deuxième question: Favorisons-nous toujours les sans but
lucratif? La politique des services de garde n'est pas changée, et vous
vous souvenez que nous disions: Nous favorisons les organismes sans but
lucratif pour diverses raisons, mais nous développons aussi des services
à but lucratif également. Nous avions identifié, dans la
politique des services de garde, ce que nous avons développé l'an
passé. C'est 28 % des
services de garde qui sont des services à but lucratif dans le
plan de développement de l'an dernier.
Alors, en gros, c'est ça. Je dois vous dire que la planification
régionale est absolument capitale, parce que les besoins étant
tellement grands, nous considérons qu'il n'y aurait absolument pas
possibilité d'être équitable pour tout le monde s'il n'y
avait pas de développement régional.
Quand vous disiez, tout à l'heure, qu'il y a des places qui
restent de disponibles dans les airs et qu'on n'engage pas tous les budgets,
vous me permettrez d'être un peu sceptique, parce que le cas de Granby
est un cas. On a de multiples cas comme ça et on est conscients qu'il y
a des besoins non comblés. C'est ce qu'on essaie de faire dans un
contexte économique difficile. On a quand même donné une
priorité aux services de garde et augmenté de 17 000 000 $
seulement en développement de places de garde cette année.
Mme Carrier-Perreault: Disons, ce qui m'amène à
parier, M. le Président...
Mme Trépanier: Alors, vous m'avez demandé les
critères... Il y avait une autre question, on me dit, à laquelle
je n'ai pas répondu?
Mme Carrier-Perreault: Non, je veux savoir si vous
«priorisez» toujours les garderies à but non lucratif, parce
que c'était la priorité.
Mme Trépanier: Sans but lucratif? Bon, en autant que...
C'est que les objectifs de notre loi ne sont pas changés et, dans le
dernier plan de développement, nous avons développé 72 %
d'organismes sans but lucratif.
Mme Carrier-Perreault: Disons que ce dossier, quand même,
est là depuis 1989. Alors, je ne sais pas. Un jour,
éventuellement. Parce que, quand vous dites qu'elles sont desservies, il
y a 7 % de la population seulement qui est desservie.
Mme Trépanier: Non, je n'ai pas dit qu'elle était
desservie. J'ai dit qu'il y avait des municipalités autour qui devaient
avoir des besoins encore plus grands. Alors, je n'insinue absolument pas
qu'elles sont couvertes.
Mme Carrier-Perreault: Parce que ça avait
été un petit peu... Ce qui arrive, c'est que ça
m'amènerait à parier du jugement Chouinard. Il me reste à
peu près cinq minutes. La ministre en a fait un petit peu mention dans
son allocution de départ, si on veut. Vous venez de vous exprimer,
encore une fois, sur l'importance du plan de développement. On sait que
ça rend, à toutes fins pratiques, le verdict du jugement
Chouinard, caduque la possibilité de planifier, et puis tout ça,
de faire votre plan de développe- ment. Vous avez parié de la
possibilité de légiférer. Est-ce que ça veut dire
que vous avez l'intention d'apporter une législation comme en Ontario,
par exemple, où il y en a une législation sur les dossiers des
garderies à but lucratif, à but non lucratif? Ça serait
dans quel sens que vous voulez aménager...
Mme Trépanier: Alors, vous me permettrez de vous dire que
la loi n'est pas déposée. Alors, avec le respect que nous avons,
l'une et l'autre, pour l'Assemblée nationale, je ne peux pas
répondre spécifiquement à votre question. Cependant, vous
savez que M. Chouinard et Mme Perry avaient signifié a l'Office une
requête pour jugement déclaratoire et un mandamus pour l'obtention
d'un permis de garderie au sous-sol de leur garderie existante. Il y a eu un
jugement rendu de la Cour supérieure, et ils ont aussi gagné en
Cour d'appel. Ce jugement dit que l'Office ne peut pas lier l'émission
de permis, pour un organisme à but lucratif, à une aide
financière. Il dissociait les deux volets: l'émission de permis
et l'aide financière. L'Office n'avait pas le droit, malgré tous
les bons objectifs de la loi, de se reposer sur un plan de développement
pour l'émission de permis si les gens n'exigeaient pas d'aide
financière. Il fallait dissocier l'aide financière de
l'émission de permis.
Alors, ça veut dire que, depuis ce jugement-là, au mois de
décembre, l'Office se doit d'émettre des permis à tout
organisme à but lucratif qui se conforme à la
réglementation de l'Office et à la loi. Alors, on en est
là. Vous comprendrez qu'on ne peut pas laisser aller les choses
longtemps. Il y a une espèce de vide, là, et il faut
réglementer et il faut ajuster.
Trois critères vont nous guider. Premièrement, on se doit
de respecter le jugement qui est arrivé. Deuxièmement, je suis
toujours convaincue que la Loi sur les services de garde est une bonne loi et
que les objectifs et les principes qui sous-tendent cette loi-là sont
bons. Alors, nous allons essayer de sauvegarder les principes de la loi et de
le faire très rapidement, parce que ça crée de
l'insatisfaction, surtout de l'inquiétude dans toute la population.
C'est très clair. Je me propose de déposer un projet de loi pour
cette session-ci. Alors, nous sommes en élaboration. Ça devrait
être très, très bientôt. Ça devrait être
sous peu.
Mme Carrier-Perreault: Moi, j'aurais une dernière petite
question. Je comprends, pour le jugement Chouinard, que ça presse, et
tout ça. Je suis tout à fait d'accord avec la ministre
là-dessus. Je voulais savoir si on réussirait à avoir
une...
Mme Trépanier: Une primeur.
Mme Carrier-Perreault: Bien, des fois, on s'essaye. Ha, ha,
ha!
Mme Trépanier: Une fille s'essaye. Ha, ha, ha!
Mme Carrier-Perreautt: Non, j'aurais une dernière question
pour l'Office des services de garde, par exemple. Par rapport à
l'exonération financière, je regarde, toujours par rapport aux
chiffres qui me sont fournis - moi, je pars toujours des chiffres qui me sont
fournis par l'Office des services de garde - je vois que, cette année,
quand je regarde les chiffres des montants qui ont été fournis
pour l'exonération financière, on aurait 57 214 864 $. Ça,
ça comprend tous les services: agences, garderies, milieu scolaire. Par
rapport à l'an dernier, l'an dernier on avait 58 669 993 $ d'aide
financière. Disons qu'on a un manque, en fait on a un écart, il y
a 1 455 131 $ qui n'ont pas été dépensés cette
année, par rapport au montant dépensé l'an dernier en
exonération financière.
Quand j'ai regardé ces chiffres-là, je dois vous dire que
j'étais un petit peu étonnée parce que, d'abord, il me
manque une donnée - j'espère que vous allez pouvoir me la fournir
- c'est le nombre d'enfants qu'on avait l'an dernier. Parce que, là,
j'ai 31 316 enfants qui sont desservis et qui reçoivent de l'aide
financière, dont les parents reçoivent de l'aide
financière. Ça, c'est la donnée qui me manque. Mais, quand
je regarde le montant de 1 455 000 $ de moins que l'an dernier, je trouve
ça assez étonnant. Parce que, avec la période
économique difficile où on est - d'ailleurs, la ministre le
mentionne aussi de temps à autre - je trouve que c'est surprenant qu'on
ait donné moins d'argent, qu'on ait retourné moins d'argent chez
les parents comme ça, d'autant plus que le nombre de places a
augmenté. Il y devrait y avoir, donc, un nombre plus important,
puisqu'on parlait d'une augmentation de 3943 places par rapport aux places
disponibles l'année précédente. Alors, normalement, il
devrait y avoir une augmentation de cette aide financière là.
Dans un premier temps, j'aimerais savoir le nombre d'enfants qu'on avait par
rapport aux chiffres de l'an dernier. Là, j'ai 31 316 en mars 1992,
mais, en mars 1991, on en avait combien? (21 heures)
Mme Marcotte: Écoutez, je vais répondre en deux
parties; si on ne peut pas donner satisfaction, on complétera
l'information.
Mme Carrier-Perreautt: Oui, j'aimerais.
Mme Marcotte: D'une part, les chiffres qu'on vous fournit sont
les mêmes qu'on a.
Mme Carrier-Perreautt: Oui, j'imagine.
Mme Marcotte: C'est sûr que, des fois, peut-être, on
a une interprétation différente, mais les chiffres que vous avez
sont les bons chiffres, sauf que les chiffres qui vous ont été
donnés sont ceux qui étaient disponibles au moment où on
vous a transmis les réponses. Et, quand on parle du budget qu'on va
retrouver dans le rapport annuel de l'Office au 31 mars 1992, il va y avoir une
consolidation des chiffres. Il est fort possible que, dans les chiffres qu'on
vous a fournis, qui sont les bons chiffres a la date où on les a
produits...
Mme Carrier-Perreautt: On parle bien...
Mme Marcotte: ...il manque un certain nombre de payes.
Mme Carrier-Perreault: on parle bien du 18 mars 1992? parce qu'on
me dit que ce sont les chiffres du 18 mars 1992. ça veut dire qu'il y
aurait, quoi...
Mme Marcotte: Oui, oui.
Mme Carrier-Perreault: ...à toutes fins pratiques, une
semaine et demie là.
Mme Marcotte: Oui, mais il y a un délai. On n'est pas
rendu au 30 mars, et il y a toujours un délai de deux semaines dans les
payes.
Mme Carrier-Perreautt: C'est ça.
Mme Marcotte: Donc, dans les chiffres que vous allez retrouver au
rapport annuel, ces chiffres-là vont être plus important que
ceux-là. Ça, c'est la première explication. La
deuxième explication... Donc, on ne devrait pas avoir moins d'aide
financière à la fermeture de l'année qu'on n'en a eu l'an
dernier. On devrait finir cette année... On vient de sortir les derniers
chiffres et, si on ne vous les a pas donnés, ce n'est pas parce qu'on ne
voulait pas vous les donner mais ils n'étaient pas disponibles avant
aujourd'hui. On les a mis à jour le 30 avril. C'est 61 495 300 $.
Mme Carrier-Perreautt: Là, vous me pariez du 30 avril?
Mme Marcotte: Oui, mais c'est que les chiffres... Au 31 mars, on
est obligés d'attendre la fin d'avril pour les avoir. Comprenez-vous?
Les chèques sont versés sur la base de la fréquentation.
Il y a un délai dans le versement des payes. Donc, quand vous allez
comparer les chiffres du 31 mars 1991 avec ceux du 31 mars 1992,
budgétairement parlant, c'est comme un chèque de paye: on n'est
pas payé la même journée qu'on finit de travailler; il y a
une semaine de décalage. Bien, les chèques d'exonération
financière, c'est la même chose.
Mme Carrier-Perreautt: Ce que vous êtes en train de me
dire, c'est que, dans le rapport de l'année prochaine, dans le rapport
de l'Office des services de garde, on va retrouver les chiffres
du 30 avril, ce que vous venez de me donner là.
Mme Marcotte: C'est-à-dire qu'on va retrouver la
dépense réelle au 31 mars 1992...
Mme Carrier-Perreauit: Qui va être de...
Mme Marcotte: ...qui n'est disponible à l'Office
qu'à la fin du mois d'avril.
Mme Carrier-Perreauit: Mais dont vous venez de me donner
le...
Mme Marcotte: Oui, c'est ça.
Mme Carrier-Perreauit: 61 000 000 $.
Mme Marcotte: C'est ça.
Mme Carrier-Perreauit: On devrait retrouver ça dans le
rapport annuel?
Mme Marcotte: Oui.
Mme Carrier-Perreauit: Ah! D'accord!
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Bourget, s'il vous plaît.
Mme Boucher Bacon: Vous avez mentionné un petit peu plus
tôt, dans les... C'est parce que je pose peut-être les
dernières questions. Dans les programmes, au niveau... Pardon?
Mme Marcotte: C'est stratégique.
Mme Boucher Bacon: Oui. Dans les programmes, au niveau scolaire,
vous indiquez que vos budgets pour l'année passée ont
été coupés en 1991.
Mme Marcotte: L'an dernier.
Mme Boucher Bacon: Est-ce que c'est simplement au niveau de
l'exonération ou de tous les programmes?
Mme Marcotte: C'est les budgets de fonctionnement qui avaient
été coupés.
Mme Boucher Bacon: De fonctionnement, et tout. Vous mentionnez
qu'il y avait 37 nouveaux services...
Mme Marcotte: Cette année.
Mme Boucher Bacon: ...dans ce rapport-ci, et 22 de fermés.
comment se fait-il que, dans le rapport du vérificateur, on remarque
qu'il y a 85 nouveaux services?
Mme Marcotte: Vous avez le rapport au 31 mars 1991, alors que,
tout à l'heure, on parlait des données qui vont apparaître
dans le rapport du 31 mars 1992.
Mme Boucher Bacon: Bon. O.K. Si on stipule qu'il y a une
augmentation des places, comment se fait-il que, dans le rapport du
Vérificateur, en 1990, on parlait aussi, pour l'aménagement des
locaux dans les écoles, de 780 000 $ et qu'on est passé tout de
suite à 2 470 000 $?
Mme Marcotte: C'est que les budgets, dans le rapport annuel,
apparaissent dans deux sections. Il y a une enveloppe budgétaire, qui
est toujours conservée à l'Office, qui est celle qui concerne
l'aménagement des locaux, et qui est donnée lors
d'agrandissements d'écoles, et il y a un budget de démarrage
aussi, qui est donné dans les écoles existantes et qui
représente des montants qui sont quand même relativement peu
élevés, qui tournent autour de 4500 $. Alors, il y a deux
enveloppes qu'il faut réunir pour faire le montant total.
Mme Boucher Bacon: Est-ce que c'est plus que le double?
Mme Marcotte: Oui, mais, l'an passé, on avait - attendez,
je vais vous le retrouver - accordé, au niveau de l'implantation de
nouveaux services en milieu scolaire, 2 470 000 $. On le retrouve à la
page 29, dans le rapport annuel de l'an dernier. Il y avait 2 470 000 $ qui
avaient été accordés directement par l'Office des services
de garde pour l'implantation... C'est sous la rubrique
«Développement de nouvelles places, Ajout d'un local de
garde». Donc, il y a 2 470 000 $ qui ont été donnés
juste pour des ajouts de nouveaux locaux dans les écoles pour les
services de garde. C'est donc probablement ça qui fait une partie assez
importante de la différence.
Le Président (M. Joly): Brièvement, s'il vous
plaît! On a déjà dépassé notre bloc.
Mme Boucher Bacon: II n'y a pas une partie que la commission
scolaire donne?
Mme Marcotte: Pardon?
Mme Boucher Bacon: II n'y a pas une partie que la commission
scolaire donne?
Mme Marcotte: C'est sûr que, dans le cas de la construction
d'une école, la commission scolaire investit probablement la
différence.
Mme Boucher Bacon: M. le Président, une toute petite,
toute petite dernière. Je suis un immigrant, je ne suis pas reçu,
j'arrive en terre québécoise, est-ce que j'ai droit à un
service de garde? Parce que vous stipuliez, à un moment donné,
que pour l'immigration...
Mme Marcotte: on a vérifié auprès du
ministère des communautés culturelles et de l'immigration et on a
rendu notre projet de règlement cohérent avec les règles
concernant l'immigration qui régissent les autres ministères.
donc, si un immigrant est reçu ou qu'il est
considéré...
Mme Boucher Bacon: Je ne suis pas reçu, là,
j'arrive!
Mme Marcotte: Oui, mais, dépendant comment on le
considère au niveau du gouvernement, au ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration, l'Office va le
considérer de la même façon pour les programmes
d'exonération et d'aide financière. Il y a des cas particuliers.
Il faudrait voir chacun des cas, mais on applique la même règle
que celle appliquée au ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration. Donc, si un immigrant a droit à
certains programmes gouvernementaux ailleurs, il va avoir droit aussi au
programme. S'il n'y a pas droit, il n'y aura pas droit.
Mme Boucher Bacon: S'il n'y a pas droit, il n'y a pas droit.
Secrétariat à la famille et Conseil de
la famille
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît! Merci
beaucoup.
Alors, nous touchons maintenant au programme 3, éléments 3
et 4, Secrétariat à la famille et Conseil de la famille. Est-ce
que vous avez une autre question?
Mme Carrier-Perreault: C'est que je voulais déposer des
questions...
Le Président (M. Joly): Concernant les services de
garde?
Mme Carrier-Perreault: ...concernant les services de garde, le
Conseil du statut, etc..
Le Président (M. Joly): Ah bon! J'avais mal
interprété, Mme la députée. Alors, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière aimerait déposer
des questions...
Mme Carrier-Perreault: ...auxquelles je n'ai pas eu le temps
d'avoir des réponses.
Le Président (M. Joly): ...concernant les services de
garde.
Mme Trépanier: Vous avez une autre question à
l'Office des services de garde?
Le Président (M. Joly): Non. Ce sont des questions qui
sont demeurées en suspens et que vous n'avez pas eu le temps de poser.
C'est ça?
Mme Carrier-Perreault: C'est ça, M. le Président.
En fait, on avait posé certaines questions, tant au Conseil du statut
qu'à l'Office des services de garde, etc., et des questions auxquelles
je n'ai pas eu de réponse. En tout cas, ce n'est pas clair du tout.
Mme Trépanier: Vous aimeriez...
Mme Carrier-Perreault: J'aimerais les déposer pour qu'on
fasse un exercice et qu'on me donne les bonnes réponses.
Le Président (M. Joly): Alors, madame, c'est
considéré comme déposé. Nous allons vous remettre
ça, Mme la ministre.
Mme Trépanier: J'imagine, M. le Président, que
madame a des questions à poser au Conseil de la famille et au
Secrétariat à la famille.
Le Président (M. Joly): C'est justement. Je viens
d'appeler le programme 3, éléments 3 et 4, Secrétariat
à la famille et Conseil de la famille. Ça fait partie du dernier
bloc.
Mme Trépanier: Je comprends que ce sont des questions du
Conseil du statut de la femme et du Secrétariat, mais je veux savoir qui
viendra s'asseoir ici.
Le Président (M. Joly): C'est justement ce qu'on vient
d'établir, Mme la ministre.
Mme Trépanier: Parfait!
Le Président (M. Joly): Le Conseil de la famille et le
Secrétariat à la famille.
Mme Trépanier: alors, m. le président, je vous
présente m. bernard fortin, qui est le président du conseil de la
famille, et m. aubert ouellet, qui est secrétaire général
associé au secrétariat à la famille.
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, Mme la ministre.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Ça me fait plaisir de saluer les
gens du Conseil et du Secrétariat. Évidemment, je vais commencer
par les basses questions d'argent! J'ai vu qu'il y avait des crédits qui
avaient été... En fait, il y a des sommes qui ont
été différemment allouées, cette fois-ci, dans les
budgets. Il y a une baisse, en fait, de 51 600 $ dans le budget du Conseil par
rapport à 1991-1992. D'une part, j'aimerais savoir pourquoi il y a une
baisse à ce niveau-là. Par ailleurs, au niveau du
Secrétariat, on a là une augmentation de 36 100 $. Alors, disons
que
j'aimerais entendre les deux organismes précités
là-dessus.
(21 h 10)
M. Ouellet (Aubert): En ce qui concerne le Secrétariat, le
budget de l'année dernière, le budget de 1991-1992 était,
en réalité, après les ajustements qui ont
été apportés en cours d'année, de 1 164 100 $.
Cette année, le budget qui nous est octroyé est de 1 168 700 $,
ce qui représente une augmentation de 0,04 %.
Mme Carrier-Perreault: Voilà! Et pour le Conseil, la
baisse, à quoi vous l'attribuez?
M. Fortin (Bernard): Essentiellement, la baisse de crédits
de 51 600 $ pour le Conseil tourne autour de la question de notre loyer.
L'argent que nous avions comme crédits au Conseil pour payer ce
loyer-là est maintenant placé au budget du Conseil
exécutif. On ne gère pas ce montant-là. Alors, la
différence de 50 000 $, c'était ce que l'on payait pour notre
loyer.
Mme Carrier-Perreault: C'est au niveau du logement, de la
location. D'accord.
M. Fortin: C'est tout.
Mme Carrier-Perreault: Disons que ça va... Pardon?
Le Président (M. Joly): C'est des bons gestionnaires.
Mme Carrier-Perreault: Des bons gestionnaires? Tant mieux! Vous
avez entendu, je pense... On s'est exprimé à quelques reprises
sur le nouveau plan d'action. Vous comprendrez qu'on va beaucoup en parler,
j'imagine, durant cette heure-là. On a vu aussi que l'Opposition
officielle n'est pas la seule à s'être exprimée
là-dessus. Il y a eu des éditorialistes qui l'ont fait. Disons
qu'on trouvait... En tout cas, de mon côté, j'ai
déploré à peu près le même genre de lacunes
que dans le premier plan d'action quant au flou, au vague des mesures, au peu
d'échéanciers, au manque de ressources. Même, à la
page 21 du document, on nous dit que, à toutes fins pratiques, il n'y a
pas nécessairement beaucoup de ressources parce que tout va être
fait, ou à peu près, à l'interne.
Plan d'action en matière de politique
familiale
J'aimerais entendre la réaction du président du Conseil de
la famille, parce qu'il y avait eu une réaction suite au premier plan
d'action, finalement. Et, comme il a été plutôt discret, je
n'ai pas beaucoup entendu le Conseil de la famille suite au deuxième
plan, j'aimerais assez entendre M. Fortin là-dessus.
M. Fortin: Je peux vous donner une réaction qui est une
réaction faite sous toutes réserves puisque le Conseil, en soi,
n'a pas eu de session, ne s'est pas rencontré sur cette
question-là, de façon spécifique. Je peux vous donner des
points de vue que j'ai entendus de certains membres du Conseil, concernant
certains éléments. Mais la position même du Conseil, je ne
peux pas vous la donner, dans ce sens-là. Est-ce que je peux vous donner
ces points de vue là et ça vous satisferait?
Mme Carrier-Perreault: Disons que, pour l'instant, ça me
satisfera, forcément.
M. Fortin: Ce que j'ai entendu et ce que je peux dire que le
Conseil peut dire, c'est que, dans ses remarques sur le premier plan d'action,
il avait fait des demandes en termes de mettre en évidence, par exemple,
tous les éléments de prévention. Ce que l'on a
constaté à la parution du deuxième plan d'action, c'est
que tout ce secteur de la prévention avait été mis en
évidence.
Un autre élément que le Conseil avait demandé lors
de sa critique du premier plan d'action, c'est que se développe une
approche familiale à l'intérieur du gouvernement, beaucoup plus
qu'uniquement à l'intérieur du ministère de la
Santé et des Services sociaux. Je pense qu'on retrouve cet
élément-là dans le plan d'action, sur des grands points.
Je retourne à ce que le Conseil avait déjà demandé
et à ce qui est apparu dans le plan d'action actuel.
Ce que le Conseil avait aussi demandé, c'est que le partenariat
se développe de façon beaucoup plus systématique avec les
familles, d'une part, mais aussi avec les organismes familiaux, il est
évident que, dans le plan d'action actuel, les organismes familiaux, les
organismes de promotion de la question familiale sont pris en compte, sont
sollicités. Je pense que les membres auraient peut-être
souhaité être supportés pour exercer cette sollicitation.
Je pense que, si on regarde le premier plan d'action, il y avait eu des
demandes pour que le soutien financier aux organismes familiaux soit
augmenté. Il s'agirait d'aller voir maintenant si, à
l'intérieur de toutes les recommandations, il y a de la place pour cette
recommandation-là.
Par ailleurs, je pense que ce que je peux aussi apporter comme
commentaire venant des commentaires reçus des membres du Conseil, c'est
que le processus utilisé cette fois-ci pour construire le plan d'action
leur apparaît positif par rapport à celui utilisé pour le
premier plan d'action. Je pense que M. Ouellet pourrait vous en parler, de la
construction du premier plan d'action.
Le processus utilisé pour la construction du deuxième,
pour avoir participé, comme Conseil, à certaines séances
de consultation et d'échanges sur les priorités, par exemple, et
sur certaines
mesures, pour avoir assisté aussi à la session de
consultation avec les organismes familiaux et les organismes du milieu,
là où des sous-ministres sont venus présenter les
propositions et les réflexions de leur ministère, pour les
membres du Conseil, c'est apparu comme un processus positif. D'ailleurs, si on
va maintenant vers la fin du plan d'action actuel et qu'on regarde - je ne veux
pas me tromper de numéro - les recommandations 87 et 88
présentent aussi, aux yeux du Conseil, un processus où cette
question de partenariat et de partage avec le milieu, les organismes familiaux,
les entreprises, les syndicats, les municipalités, ça va devenir
de plus en plus systématique. Je pense qu'on a là des
éléments qui sont des éléments que j'ai entendus de
la part des membres. De là à vous apporter un point de vue
spécifique et critique, si vous voulez, par rapport à chacune des
mesures, je ne suis pas en mesure de le faire.
Mme Carrier-Perreault: Bien, disons qu'il faudra quand même
prendre ce que vous nous avez dit ce soir, mais je dois vous faire remarquer
que je suis un petit peu étonnée, quand même, que le
Conseil de la famille... Parce que le plan d'action, en fait, a
été déposé le 13 avril; je pense que, s'il y a un
organisme qui est directement concerné, c'est probablement le
vôtre, et je suis un petit peu étonnée de voir qu'il n'y a
pas eu, quand même, une réunion, une rencontre des membres du
Conseil pour se pencher là-dessus. En tout cas, moi, j'attendais ce plan
d'action là avec beaucoup d'intérêt. J'avais très
hâte de voir ce qu'il y avait dedans.
M. Fortin: Ce que je peux vous dire, madame, si vous me
permettez...
Mme Carrier-Perreault: Oui.
M. Fortin: ...c'est que le plan d'action a été
rendu public et que, dans les 15 jours qui ont suivi, le Conseil avait une
rencontre. Mais il y avait déjà un agenda, il y avait
déjà tout un contenu, et les gens se sont dit: On s'en reparle
à notre prochaine rencontre. C'est tout.
Mme Carrier-Perreault: Et vous prévoyez avoir une analyse
bientôt?
M. Fortin: J'imagine. Mais ce sont les membres qui sont
dépositaires de leur point de vue là-dessus.
Mme Carrier-Perreault: Ça fait partie de votre prochain
agenda, j'imagine.
M. Fortin: Ça sera là.
Mme Trépanier: M. le Président, si je peux me
permettre...
Le Président (M. Joly): Mme la ministre.
Mme Trépanier: ...cet après-midi vous avez
passé un commentaire concernant les budgets que j'administre, comme
ministre de la Condition féminine et de la Famille, et vous avez dit: On
dirait qu'il n'y en a que pour les services de garde, parce qu'il y avait 177
000 000 $. Alors, je ne voudrais pas déformer vos paroles, mais...
Mme Carrier-Perreault: Non.
Mme Trépanier: ...ce que je voudrais vous dire, c'est que,
effectivement, les budgets dont je suis responsable, que j'administre
personnellement, sont les budgets de l'Office des services de garde. Et, quant
aux budgets accordés à un plan d'action famille, ils ne sont pas
dans le plan d'action parce qu'ils sont administrés par les ministres
sectoriels. Et je pense qu'on est loin de la vérité lorsqu'on dit
qu'il n'y a pas de budget d'attaché au plan famille. Lorsque j'ai fait
l'annonce du plan famille, j'étais accompagnée du ministre de la
Santé qui annonçait un programme de 26 000 000 $ sur trois ans
concernant la prévention, entre autres, encore au niveau des jeunes. Et,
ça, c'est une chose. Alors, c'est difficile de voir quels sont les
budgets concrets. Sur la seule mesure du soutien financier indexé,
là, je vais demander de l'aide de M. Ouellet, mais, seulement, cette
mesure-là est absolument capitale.
L'autre point que je voulais faire, vous faites allusion à un
editorial que vous avez lu. Vous êtes un peu sélective dans vos
lectures, mais c'est de bonne guerre. Il y a eu d'autres écrits qui
étaient très positifs. Samedi, j'étais au lancement du
Prix de la famille de la Fédération des unions de familles et
j'ai rencontré beaucoup de gens du milieu familial. J'ai
rencontré aussi M. Camille Bouchard, qui est du comité Bouchard,
que vous connaissez, et qui a été, somme toute, très
élogieux pour le plan famille. C'est bien sûr qu'on en veut
toujours plus, mais nous aussi. Et je pense que, dans les circonstances, nous
avons fait le maximum possible avec les budgets que nous avions.
M. Fortin a fait allusion à la consultation, tout à
l'heure. C'est très original. C'était la première fois que
ça se voyait. Le Secrétariat à la famille a
préparé des orientations, les a soumises aux organismes familiaux
- j'aurais dû dire au Conseil de la famille, aux organismes familiaux -
et je les ai soumises à mes collègues. Nous nous sommes entendus
sur des orientations. Les ministères sont revenus, ont trouvé des
mesures concrètes dans chacune des sphères, et les sous-ministres
sont allés s'asseoir avec les organismes, avec le Conseil, et ils ont
discuté et ils ont mis les mesures sur la table. Ils ont dit: Nous, on
accepte ça; on ne peut pas remplir ça; on ne peut pas livrer
ça, et ils se sont entendus sur un minimum vital. C'est bien clair
qu'on en désire toujours plus, mais ce qui est là, je peux
vous dire que ça fait consensus dans la population. (21 h 20)
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que la ministre reconnaît
quand même que, sur le plan d'action, qui comporte 88 mesures, à
toutes fins pratiques, 57 de ces mesures-là concernent des
études, de la sensibilisation, de la promotion, des colloques - j'ai vu
un symposium sur les comportements pacifiques - et j'en passe? En fait,
écoutez: 23 mesures d'information et de promotion; 10 mesures, c'est des
études; 9 mesures d'activités de sensibilisation; 6 mesures sur
de la consultation et 5 colloques ou symposiums. Est-ce que la ministre
reconnaît au moins qu'il y a 57 mesures, finalement, qui ne touchent pas
vraiment concrètement, directement les familles comme telles? C'est de
la préparation de terrain, à toutes fins pratiques.
Mme Trépanier: Si vous considérez que de la
promotion pour les attitudes pacifiques, ce n'est pas des actions pour la
famille... C'est de la prévention, et tout le monde nous a
demandé de faire de la prévention notre première
orientation. Ça, c'est une chose. Vous parlez de symposiums et de
rencontres internationales. Vous savez que la troisième année de
notre plan d'action coïncidera avec l'Année internationale de la
famille décrétée par les Nations unies, et nous voulons
être très présents et très actifs dans le cadre de
cette Année internationale de la famille. Il y a tout un programme
d'établi qui aura comme point culminant l'année de la famille,
dont deux rencontres importantes, deux symposiums importants, deux colloques
importants pour réfléchir sur la famille. Et le deuxième,
en 1994, arrivera avec la fin du deuxième plan. C'est pour nous
permettre de préparer le troisième plan, qui viendra. Alors,
quand vous nous dites que ce plan-là n'est pas concret...
Quant aux recherches, je vais demander à M. Ouellet de
compléter ma réponse parce que beaucoup de ces mesures-là
ont été préparées et pilotées par le
Secrétariat à la famille. Mais le plan d'action qu'on a soumis
est très concret parce que notre engagement d'assurer la pleine valeur
du soutien financier, si ce n'est pas concret, ça, là, je ne sais
pas ce que c'est. Il repose également sur notre performance des
dernières années dans ce domaine-là. On a quand même
doublé l'aide financière aux parents québécois,
malgré la conjoncture. Vous nous avez dit dans votre intervention ce
matin: Oui, mais les taxes, puis la TVQ, puis... bon, ça vient annuler
l'aide que vous avez donnée.
Mme Carrier-Perreault: Oui.
Mme Trépanier: Nous sommes dans une société
où chacun est appelé à faire sa part, mais où nous
avons décidé, comme gouvernement, de «prioriser» les
familles. Et nous avons contré cette récession ou cet impact
négatif de nos finances publiques par de l'aide financière aux
parents. J'aurais le goût de vous reposer la question: Qu'est-ce que
ça aurait été si nous n'avions pas eu ce premier plan
d'action sur lequel nous reposer dans ces années de conjoncture
économique si difficiles? Moi, en tout cas, je peux vous dire, comme
responsable de la coordination au sein du gouvernement, que ça aurait
été extrêmement difficile et que les familles
québécoises, en 1992, seraient pénalisées si nous
n'avions pas eu ce plan d'action.
Il est concret aussi parce qu'on a fait de la prévention un axe
majeur, et ça, tout le monde est unanime à dire que nous avons
respecté notre engagement dans ce sens-là. Il est concret aussi
parce qu'on touche à un programme auquel vous êtes très
sensible: on annonce la révision complète de tous les programmes
de remplacement du revenu et on essaie de trouver une solution réaliste
et de l'année 1992. Il est concret parce qu'il poursuit, malgré
la difficile conjoncture, le développement des services de garde d'une
façon assez importante: 7500 places annuellement. Il est concret aussi
parce qu'il donne suite à une volonté exprimée plusieurs
fois et par de nombreux intervenants d'approfondir la recherche en
matière familiale. Vous nous dites: II y a beaucoup de recherche, et
vous dites ça de façon un peu négative. Au contraire, les
Québécois demandent de la recherche parce qu'on manque de
recherche. On manque de données sur les familles
québécoises, et c'est important, pour que nous puissions les
servir adéquatement, que nous ayons des données réelles
et, surtout, qu'on ait le vrai portrait des familles.
Puis, enfin, ce qu'il y a de plus important, je pense... Pourquoi est-il
concret? Parce qu'il fait appel à la concertation. Ce n'est pas un
programme de gouvernement qu'on a là, c'est un programme de
société. Et si nous ne réussissons pas à nous
joindre à nos partenaires, qui sont les organismes communautaires, qui
sont les municipalités, nous ne réussirons pas à passer
à travers. Alors, je pense qu'il y a beaucoup de points
extrêmement concrets, et peut-être que, sur les recherches, M.
Ouellet pourrait compléter.
Le Président (M. Joly): M. Ouellet.
M. Ouellet: M. le Président, la classification des
mesures, que l'on a faite chez nous, nous amène à conclure qu'il
y a 31 des 88 mesures du plan d'action qui s'adressent directement aux
familles. 31 mesures! Il y a 29 mesures qui s'adressent aux intervenants dans
le but d'offrir de meilleurs services aux familles. Je peux vous donner la
numérotation de chacune de ces mesures, si vous désirez les
obtenir. Il y a 29 mesures qui visent au développement de nouveaux
instruments, à l'amélioration de nos connaissances et à
équiper les intervenants au niveau local
d'outils meilleurs pour leur permettre de mieux intervenir auprès
des familles.
Mme Carrier-Perreault: Quand la ministre... Excusez, est-ce que
je peux?
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, allez.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Quand la
ministre nous parie de cette mesure, qu'on a maintenu la valeur réelle
du soutien financier à l'égard des enfants, j'ai entendu la
ministre dire que c'était la mesure la plus importante, une des mesures,
en tout cas, dont elle était particulièrement fière. On
parle, évidemment, de l'indexation du soutien aux familles. C'est vrai
que je vous ai parlé des taxes cet après-midi, du fardeau
financier. Ce qu'on a donné, ce qu'on donne d'une main, on va le
chercher à deux mains de l'autre côté.
Est-ce que la ministre pourrait reconnaître, est-ce qu'elle
reconnaît, la ministre, comme moi et comme bien du monde nous le dit
présentement, que, par le biais de ces taxes-là, directes et
indirectes... Elles sont directes par le biais des vêtements, des
chaussures d'enfants, des appareils électroménagers, et tout
ça. Toute la TVQ a été mise en application sur un ensemble
de choses qui n'étaient pas taxées auparavant. Par exemple, quand
on pense aux hausses des tarifs d'Hydro-Québec, quand on pense à
toutes les hausses indirectes, la réforme Ryan par rapport aux
municipalités, les frais de scolarité, est-ce que la ministre ne
reconnaît pas que c'est les familles, finalement, qui sont les plus
touchées par ce genre de hausses de taxes directes et indirectes, en
même temps?
Mme Trépanier: Ce que je reconnais, je vous l'ai dit tout
à l'heure, c'est que tout le monde doit payer les frais d'un
ralentissement économique, c'est bien clair. Je n'ai pas dit que les
familles n'avaient pas contribué à cette récession, mais
ce que j'ai dit, c'est que nous avions décidé, comme
gouvernement, de venir en aide aux familles, spécifiquement par du
soutien financier dans leur rôle de parents. Et, quand je vous parlais de
la mesure que je considérais importante, c'est parce que cette mesure,
nous l'avions dans le premier plan et ça a donné, en bout de
piste, que, dans des années de récession où tous les
budgets sont diminués dans chacun des ministères, le soutien
financier total aux parents, qui était de quelque 1 000 000 000 $ en
1985, a augmenté de plus de 100 %; il est passé à quelque
2 300 000 000 $ en 1991.
Alors, c'est dans ce sens-là que je vous dis que c'est sûr
que les familles ont des taxes à payer et que c'est un fardeau
important, c'est un fardeau lourd, mais que le gouvernement a essayé de
contrer en les favorisant par de l'aide, des allocations à la naissance,
des allocations aux familles, des crédits d'impôt, des
déductions d'impôt pour les services de garde, etc. il a voulu
compenser pour ça. mais je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de prix
à payer pour les familles.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que...
Mme Trépanier: II y a eu un soutien spécifique
parce qu'ils étaient parents. (21 h 30)
Mme Carrier-Perreault: Oui. Est-ce qu'il y a des chiffres? Est-ce
qu'il y a eu des calculs de faits, à savoir: vous avez les montants des
indexations, vous savez combien ça a donné de plus à
chacune des familles, vous savez aussi les montants approximatifs des ajouts au
niveau des dépenses des familles par le biais de ces taxes directes et
indirectes? On sait les pourcentages d'augmentation, par exemple, des tarifs
d'Hydro. On sait à peu près combien ça coûte
à une famille de deux enfants ou trois enfants pour les habiller, les
chausser, etc. Il y a moyen de faire des prévisions, de faire des
vérifications. Est-ce qu'il y en a, des chiffres là-dessus,
à savoir, par rapport à ce que vous avez alloué de plus
par le biais de l'indexation du soutien, des mesures de soutien et par rapport
à la perte de pouvoir d'achat que les familles ont, par rapport à
tout l'ensemble des taxes directes et indirectes que je vous ai
énumérées tout à l'heure, est-ce que vous avez une
idée de l'écart puis du manque à gagner qui est encore
existant chez chacune des familles?
Mme Trépanier: Je peux vous donner l'augmentation,
là, dans chacun des secteurs depuis 1985, l'augmentation du soutien
financier. Mais je ne peux pas vous... Je n'ai pas ici des chiffres du manque
à gagner, comme vous l'appelez, mais ce que je peux vous dire, c'est
que, si je vous énonce le soutien financier, ça va vous donner
une bonne idée.
Mme Carrier-Perreault: Je remonterais à 1989, à
partir du premier plan d'action.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Parce que, moi, je vais vous dire, c'est
depuis 1989 qu'on a connu des hausses de taxes, aussi. Alors, par rapport
à 1989, depuis votre première mesure pour maintenir la valeur
réelle du soutien financier aux familles, donnez-moi les chiffres depuis
1989, ça me donnera une idée. Je pourrai quand même, moi,
si vous ne les avez pas, faire les vérifications de mon
côté.
Mme Trépanier: Bon. D'accord. Alors, lors du budget de
1988-1989, le gouvernement, d'abord, là, en partant, a mis fin à
la récupération des allocations familiales, ce qui a eu pour
effet de laisser 126 000 000 $ de plus, en rythme
de croisière, aux familles québécoises. La
même année, le gouvernement transformait l'allocation de
disponibilité en allocation pour jeunes enfants et ne la liait plus
à la déduction fiscale pour frais de garde. Alors, ça,
c'est 52 000 000$ de plus aux enfants, aux familles. Encore en 1988-1989, nous
avons mis en place l'allocation de naissance: 71 000 000 $. Toujours en
1988-1989, diverses autres mesures pour les familles à faibles revenus
et l'impact de la réforme fiscale sur les familles ont laissé 514
000 000 $ de plus aux familles.
Lors du budget de 1989-1990, la bonification des allocations de
naissance et de l'aide à l'accès à la
propriété et l'indexation des allocations familiales et de celles
pour jeunes enfants ont totalisé 59 000 000 $ en rythme de
croisière. À cette somme, il faut ajouter l'indexation du
régime d'imposition et des prestations versées en vertu des
programmes APTE et APPORT.
Le budget 1990-1991 prévoit, notamment, que la bonification des
allocations de naissance, de l'allocation de maternité, de l'aide
à l'accès à la propriété et de l'indexation
des allocations familiales totalisent 43 000 000 $ en rythme de
croisière. Encore ici, il faut ajouter l'indexation des programmes APTE
et APPORT. Enfin, le dernier budget prévoit la majoration de
l'allocation de naissance et la prolongation du Programme d'aide à la
mise de fonds pour une résidence, qui coûteront 53 000 000 $. Sont
aussi indexés les crédits d'impôt, les allocations
familiales de base, les allocations pour jeunes enfants et les allocations
supplémentaires pour enfants handicapés, ainsi que les
barèmes des programmes APTE et APPORT.
Pourquoi on a pris ces décisions-là? Pour avoir une
meilleure équité à l'égard des parents. Les enfants
sont ceux par qui les sociétés survivent, et cette simple
constatation revêt une importance encore plus grande au Québec
où nous constituons une société distincte en
Amérique du Nord. Notre très faible taux de
fécondité, qui se situe sous le seuil du renouvellement des
générations depuis 20 ans, est d'autant plus préoccupant
que, s'il n'y a pas de redressement durable au cours des prochaines
années, la survie de notre peuple est menacée. Alors, nous, quand
nous prenons des mesures en faveur des familles au Québec, nous avons
deux principes à préserver: réconnaître la valeur
fondamentale qu'est la famille et faire en sorte que les citoyens ne soient pas
pénalisés et soient plutôt favorisés dans leur
rôle de parents; deuxièmement, tenir en compte notre distinction,
notre spécificité de peuple qui ne se reproduit pas. Alors, nous
avons deux points majeurs à préserver, dont nous devons tenir
compte.
Principe de l'universalité d'accès aux
programmes de soutien
Mme Carrier-Perreault: Bon. Alors, moi, j'aimerais vous parier de
- comme le temps passe très vite - la recommandation 44. Alors, à
la recommandation 44 du plan d'action, on dit: «Examiner les programmes
de soutien financier à l'égard des enfants en vue de les
simplifier», ce qui a fait poser plusieurs questions, ce qui laisse
sous-entendre que le gouvernement va agir peut-être dans le même
sens qu'Ottawa. On sait que, lors du dernier budget, le gouvernement
fédéral a mis fin à l'universalité des allocations
familiales sous le noble prétexte de lutter contre la pauvreté
et, justement, en choisissant, comme ça, de cibler son aide aux familles
à faibles revenus. On sait qu'à partir du mois de janvier 1993 le
gouvernement fédéral va verser, sur une base mensuelle, la
nouvelle prestation regroupant les allocations familiales, le crédit
d'impôt pour enfants et le crédit d'impôt remboursable pour
les enfants. Le nouveau régime du fédéral est plus
généreux pour les familles qui gagnent en bas de 50 000 $.
Il y a eu des questions. Cet après-midi, il en a
été question aussi avec la présidente du Conseil du statut
de la femme. On se pose beaucoup de questions, il y a beaucoup
d'interrogations. On sait que même le ministre de la Santé et des
Services sociaux a fait faire un sondage sur le sujet. Est-ce que le
gouvernement provincial s'harmonisera, encore une fois, avec le
fédéral? On a vu ce qui s'est passé au niveau des
allocations de remplacement du revenu pour les congés de
maternité. On parlait du PRALMA; c'est, à toutes fins pratiques,
un changement aussi au niveau de l'universalité, et cette
coupure-là touche directement le principe de l'universalité comme
tel. Je sais que la ministre a déjà dit qu'elle défendrait
le principe de l'universalité. Par ailleurs, il est déjà
entamé, le processus, par le biais, justement, du ministère de la
Sécurité du revenu... en tout cas, du Revenu.
Mme Trépanier: Alors, M. le Président...
Mme Carrier-Perreault: J'aimerais savoir... Oui. Sans
dévoiler les secrets du prochain discours sur le budget, j'aimerais
bien...
Mme Trépanier: Ça serait bien difficile pour moi de
vous les dévoiler.
Mme Carrier-Perreault: Vous ne les savez pas? Ha, ha, ha! Bon,
bien, tant mieux! Disons qu'on va essayer quand même d'en savoir plus
long. Est-ce que la ministre pourrait nous indiquer si elle est favorable
à l'abolition de l'universalité? Et j'aimerais savoir comment
elle va s'y prendre pour défendre ce principe-là quand on voit
qu'il y a des sondages qui se font dans des ministères et que, d'autre
part, il y a des collègues de la ministre qui ont commencé
à entamer le processus de coupures et qui viennent d'entacher
sérieusement le principe d'universalité.
Mme Trépanier: Bon. Alors, premièrement, je vais
dire comme mon collègue de l'Environnement, il y a plusieurs volets
à votre question, mais vous avez parlé de la mesure 44, vous avez
introduit votre sujet avec la mesure 44. Bon. La mesure 44, il faut la lire
jusqu'au bout. On dit: «Examiner les programmes de soutien financier
à l'égard des enfants en vue de les simplifier, tout en
respectant les objectifs qu'ils visent.» Le premier objectif qu'ils
visent est aujourd'hui, au moment où nous nous parlons, des programmes
de soutien financier universels. Bon. Alors, ça, c'est une chose. Donc,
comme Secrétariat à la famille... Et si vous regardez les
responsables de cette mesure-là, ce sont les Finances, la Main-d'oeuvre,
Sécurité du revenu et le Revenu. Alors, le ministre des Finances
et le ministère des Finances ont donné leur approbation à
cette mesure-là. Alors, moi, ministre de la Famille, je vous dis
aujourd'hui que je considère que l'universalité des programmes de
soutien financier n'a pas été remise en cause, en tous cas
jusqu'au moment de la parution de ce plan-là. Ça, c'est clair.
Ça, c'est au moment où on se parle.
Si vous me dites: Dans l'avenir, favoriserez-vous, serez-vous en faveur
de l'universalité du soutien financier? Il y a plusieurs principes
à préserver dans notre soutien aux familles. Ici, il faut
reconnaître d'abord la valeur familiale, le rôle du parent, et
ça, qu'il soit riche ou pauvre, on doit le reconnaître. Quelle
forme ça prend? Est-ce que c'est un montant? Est-ce que c'est plus ou
moins d'argent? Mais il faudra préserver ce principe-là, de la
valeur de la famille. C'est important pour nous, à la Famille, au
Conseil de la famille, au Secrétariat à la famille et chez moi
aussi, c'est très important. Ensuite, il faut aider
financièrement les familles de façon assez importante pour que
ça puisse les inciter à réaliser leur désir
d'enfant. Je ne dirai pas que c'est un soutien financier du gouvernement qui va
décider une famille à mettre des enfants au monde, mais ça
peut peut-être l'inciter, par exemple, à réaliser le
désir d'enfant qu'elle a. Et c'est ces deux principes-là qu'il
faut préserver. (21 h 40)
Alors, à ce moment-ci, vous avez autant d'expérience que
moi pour savoir qu'en politique c'est très difficile de parler pour
l'avenir. Mais, au moment où nous nous parlons - et je l'ai dit à
l'Assemblée nationale de façon très sincère et
très honnête - je considère que ces principes-là
sont toujours valables et je vais continuer à faire valoir l'importance
de ces principes-là. S'il faut que ce soit par le grain de sable qui
vient déranger l'engrenage, bien, comptez sur moi, je suis
spécialiste pour ça. Est-ce que nous allons réussir? J'ai
lu les éditoriaux, comme vous, mais il reste que, jusqu'à
présent, c'est ce qui se passe, et le ministre des Finances a
entériné cette proposition-là. Dans mon esprit, tout en
respectant les objectifs qu'elle vise, c'était un des objectifs
très clairement exprimés dans la politique familiale.
Mme Carrier-Perreault: Mais, le principe, il a beau être
toujours valable, ma question était: Est-ce que la ministre va continuer
de le défendre, d'une part? Et vous n'avez pas l'impression, en
même temps, que ce principe-là a déjà
été touché par le biais de l'allocation de remplacement du
revenu pour les congés de maternité, puisque le ministre, lui,
votre collègue, ne s'est pas gêné pour dire qu'il n'en
donnera plus à ceux qui ont en haut de 55 000 $? Il s'harmonise avec le
fédéral, dans ce sens-là.
Mme Trépanier: Là, vous parlez du programme
PRALMA?
Mme Carrier-Perreault: Oui, mais, quand même, je parle du
principe de l'universalité, moi, là.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Je ne parle pas juste
d'universalité au niveau des allocations familiales.
Mme Trépanier: Bon! Alors, premièrement, il faut
distinguer le principe au niveau du soutien financier, qui est sous-tendu par
des objectifs et des principes très différents des programmes
sociaux. Alors, il y a une distinction à faire. Ça, c'est une
chose.
Deuxième chose, selon les dires du ministre de la
Sécurité du revenu, le programme PRALMA ne remplissait pas les
fonctions qu'il devait. Moi, honnêtement, si on m'avait donné le
choix, c'est évident que j'aurais préféré qu'il
demeure intact, ce programme-là. Cependant, je dois dire qu'avec la mise
en place du comité qui reverra tous les programmes on nous a
donné le mandat, au Secrétariat à la famille, de revoir
tous les programmes de remplacement du revenu, dont le PRALMA fait partie, et
d'arriver à une solution plus réaliste et plus efficace. Alors,
c'est un peu dans ce cadre-là que je me suis rangée aux arguments
du ministre de la Sécurité du revenu. Mais ça n'a rien
à voir. Je ne pense pas que cette rationalisation de programmes pour
fins, j'imagine, budgétaires, on puisse la comparer à un principe
d'universalité dans le soutien financier. Ce n'est pas du tout du
même ordre, dans mon esprit.
Mme Carrier-Perreault: Moi, dans mon esprit, le principe
d'universalité, c'est l'universalité. Dans ça comme
ailleurs, ce qui m'étonne un petit peu... J'ai accroché sur une
phrase que la ministre a dite: «Si on m'avait donné le
choix...» Ça veut dire, finalement, que la ministre n'a pas
été nécessairement consultée...
Mme Trépanier: Mais oui.
Mme Carrier-Perreault: ...pour l'abolition de ça.
Mme Trépanier: Ce que ça veut dire, M. le
Président, c'est que, dans un gouvernement, nous arrivons chacun avec
nos programmes, nos décisions à prendre, et je ne suis pas
d'accord entièrement; et les 30 ministres ne sont pas entièrement
d'accord et enchantés de toutes les mesures qui se prennent. Nous avons
des choix difficiles à faire, mais je dois dire que, pour moi, la
décision gouvernementale - parce que c'est une décision
gouvernementale - a été plus facile à intégrer, si
vous voulez, parce que je savais qu'il y avait la mise en place de ce
comité de remplacement du revenu où, de toute façon, dans
quelques mois, nous remettrons en question l'ensemble des programmes, dont le
programme PRALMA. Alors, c'est comme ça que la décision a
été prise. Et, si vous demandez si c'est moi qui ai
suggéré cette mesure-là, je vais vous dire non. C'est bien
clair. Je suis ministre de la Condition féminine et de la Famille,
là aussi. Mais, si vous me demandez si je pense que ce
programme-là était efficace dans sa gestion, je vous dirai non
aussi, parce que l'objectif, au départ, était de remplacer le
revenu entre la cessation de l'emploi et les premiers chèques
d'assurance-chômage.
Mme Carrier-Perreault: C'est que le gouvernement provincial
donnait 360 $ par semaine pour les deux semaines de carence.
Mme Trépanier: C'est ça. Et ce
chèque-là, pour deux semaines de carence, arrivait beaucoup plus
tard, selon les dires de la Sécurité du revenu. C'est
évident, qu'il arrive trois semaines ou un mois plus tard, qu'il est
quand même utile aux personnes, c'est très clair. Mais je pense
que nous allons réétudier toute cette question-là avec le
comité du remplacement du revenu, dont fait partie le ministère
de la Sécurité du revenu, et nous agirons en conséquence.
Je vous ai donné un exemple tout à l'heure au sujet des services
de garde, où un programme avait été rationalisé et,
quelques mois plus tard, nous sommes revenus avec une autre proposition. Alors,
ce ne sont pas des mesures qui sont carrément dans le béton. Je
ne dis pas qu'on reviendra avec cette mesure-là, avec le PRALMA, mais ce
que je peux vous affirmer, c'est que nous réétudierons toutes ces
mesures concernant le remplacement du revenu pour essayer que ce soit plus
efficace. Dans les juridictions, présentement, c'est la tour de Babel:
des juridictions différentes, des paliers de gouvernement
différents, des critères différents, des clientèles
différentes. Alors, il y a de l'ordre à mettre
là-dedans.
Mme Carrier-Perreault: Disons que sur la tour de Babel dont vous
parlez, sur les conflits de juridiction, l'ingérence et tous les
chevauche- ments et dédoublements, je pense que, là-dessus, on
pourrait s'entendre.
Mme Trépanier: Je mets la tour de Babel dans notre cour
aussi. Je ne voulais pas faire de lien avec... Parce qu'on a divers programmes,
nous aussi. Alors, tout ça, les programmes fédéraux, nos
programmes, les clientèles différente, fait qu'on a besoin de
revoir toutes ces questions.
Mme Carrier-Perreault: Par ailleurs, ce qui m'agace un peu et qui
contribue, finalement, à apporter une certaine inquiétude aussi
par rapport à l'universalité au niveau des allocations familiales
et autres mesures de soutien, ce que je me dis, c'est que la ministre a beau
nous dire ce soir que, bon, il y a une mesure dans le plan d'action qui dit
qu'on va rebrasser toutes ces choses-là et que ça va être
réaménagé de façon différente, etc., je me
demande pourquoi on l'a coupée, à ce moment-là. On aurait
pu la laisser là tant et aussi longtemps... On aurait pu continuer comme
ça, sans couper ces revenus-là aux gens, finalement, même
s'ils gagnent 55 000 $ et plus. Ce sont des gens, quand même, qui sont
sur le marché du travail. On se trouve à les pénaliser,
à toutes fins pratiques. Je me demande pourquoi on a coupé cette
mesure-là avant de remanier. On aurait pu facilement laisser la mesure
comme ça, en la réétudiant aussi à travers toutes
les études qu'on se prépare à faire dans ce dossier.
Autre chose aussi...
Mme Trépanier: Juste pour compléter, parce que je
vous ai peut-être induite en erreur tout à l'heure. Lorsque les
crédits ont été déposés, il y a eu un budget
d'accordé, et c'est une décision du ministre pour se conformer
aux crédits et aux rationalisations qui lui avaient été
demandées dans les crédits. Alors, cette
décision-là avait fait l'objet de discussions
antérieurement, mais la décision a été prise par le
ministre. C'est sûr qu'il aurait pu prendre une autre décision,
mais il a jugé... Il a donné l'argumentation à maintes
reprises à l'Assemblée nationale.
Mme Carrier-Perreault: Oui, il a dit qu'il s'harmonisait.
Mme Trépanier: c'est son analyse de la chose. moi, je vous
dis que j'ai le mandat de reprendre ce programme-là et de le revoir avec
la mesure 46 du plan d'action.
Mme Carrier-Perreault: C'est parce que, avec ce genre de coupure
ou d'harmonisation... En mettant fin à l'universalité - ce
qu'Ottawa fait présentement et ce que, en fait, le ministre a
commencé à faire dans le PRALMA, dans un certain sens - c'est le
genre de mesures, finalement, qui pénalisent les familles à
revenus
moyens, les familles qui paient le plus, à toutes fins pratiques,
de taxes, d'impôt, qui en paient énormément. On parle des
familles qui gagnent entre 50 000 $ et 75 000 $, à peu près.
Finalement, leur fardeau fiscal s'est drôlement alourdi et leur pouvoir
d'achat, à ces familles-là, s'est drôlement
détérioré aussi. Alors, à un moment donné,
ces gens-là se tannent aussi. La classe moyenne n'est plus capable
d'assumer ça. Ils se disent: On paie partout, et non seulement on paie
davantage et on paie partout, mais, en plus, ils nous coupent, d'autre part.
Alors, est-ce que vous ne trouvez pas que c'est un fichu problème pour
les familles à revenus moyens? (21 h 50)
Mme Trépanier: Ça serait un fichu problème
si tel était le cas, mais je ne ferai pas le débat sur
l'universalité, parce que je vous ai expliqué tout à
l'heure que, dans mon esprit, pour le moment, il n'en avait pas
été question, en tous les cas. Je pense que vous avez raison.
C'est toujours la classe moyenne qui a un très gros fardeau financier,
c'est très clair, et c'est la classe moyenne qui a les enfants. Donc, ce
que nous souhaitons, toutes les mesures que nous mettons en place comme
gouvernement et ce que nous favorisons dans un plan de la famille, c'est de
faciliter le rôle de parents chez nos citoyens. Alors, ce n'est pas a mon
avantage, comme ministre de la Famille, de proposer des mesures qui vont
alourdir la tâche des familles, des citoyens moyens. C'est bien
clair.
Dans le fond, je ne peux pas vous en dire plus sur
l'universalité. Moi, je vous affirme que je livrerai une bataille, s'il
y a une bataille à livrer, mais j'essayerai d'être convaincante
pour faire valoir notre point de vue. Mais, moi, présentement, mon point
de vue, c'est que je crois toujours au soutien financier, pour deux objectifs
précis, sous-tendus par deux principes: celui de reconnaître la
valeur de la famille - ça peut prendre des formes différentes -
et de soutenir financièrement les familles qui en ont le plus
besoin.
Mme Carrier-Perreault: Écoutez, on a entendu un peu... On
compte sur la ministre pour défendre le principe, puisqu'elle est
convaincue. Moi, j'ai entendu aussi...
Mme Trépanier: Est-ce que je vous ai convaincue?
Mme Carrier-Perreault: Bien, disons que je vous dirai ça
l'an prochain.
Mme Trépanier: Bon, ça va me donner... Ha, ha,
ha!
Perception automatique des pensions
alimentaires
Mme Carrier-Perreault: Ce n'est pas moi qui suis difficile
à convaincre! moi, j'aimerais parler un petit peu... revenir sur les
pensions alimentaires. on sait qu'il y a la mesure 48 du plan d'action.
Mme Trépanier: 40? Mme Carrier-Perreault: 48.
Mme Trépanier: 48?
Mme Carrier-Perreault: Oui, où on parle d'implanter le
mécanisme des pensions alimentaires prévu dans la loi. On sait
que ça fait quatre ans. On en a parié un petit peu cet
après-midi. Il y a quatre ans déjà que l'Assemblée
nationale a adopté des modifications. Je parle des modifications au Code
civil, certaines dispositions qui instituaient le mécanisme de
perception automatique des pensions alimentaires. Lors du Sommet de la justice,
on sait que le ministre pariait de 1993, alors que ça fait quand
même un bout de temps que c'est passé. On parie de 1988 pour
l'implantation du système. Même encore dernièrement,
à ma collègue de Hochela-ga-Maisonneuve, lors de la
vérification des engagements financiers de son ministère, le
ministre, lui, invoquait encore des difficultés au niveau informatique
pour mettre en place ce système. Il disait très clairement: C'est
le système qui est très complexe, même si un contrat a
été accordé en juillet 1989 à une firme-conseil en
informatique.
Comment la ministre peut-elle justifier que la mesure 48 du plan
d'action, portant sur l'adoption, justement, d'un système de perception
automatique des pensions alimentaires, ne soit toujours pas, au moment
où on se parie, mise en place, opérationnelle, quatre ans, en fin
de compte, après l'adoption de cette modification? Comment ça se
fait qu'il faille encore attendre au moins une autre année? Il faut
encore attendre jusqu'à 1993, alors qu'en Ontario le gouvernement, lui -
la ministre en parlait, de l'Ontario, cet après-midi - parie d'un
système de perception automatique des pensions alimentaires, pas
seulement des mauvais payeurs; on parie d'un système «at
large». Alors, est-ce que c'est juste à cause des contraintes
budgétaires? Parce qu'on parle des contraintes informatiques pour la
perception automatique des mauvais payeurs.
Autre chose que j'aimerais savoir, parce que, là, je sens que
suis aussi bien de les poser toutes, tout de suite... Il y a des statistiques
concernant les pensions alimentaires. Le ministre de la Justice, et, je pense,
la ministre aussi... J'ai déjà entendu le ministre de la Justice
parier de 35 % de gens qui seraient des mauvais payeurs.
Mme Trépanier: Qui seraient des fautifs. Mme
Carrier-Perreault: Fautifs.
Mme Trépanier: Dans le paiement, oui.
Mme Carrier-Perreault: qu'on appelle «fautifs».
pourtant, moi, j'aimerais savoir comment c'est possible que, chez nous, on ait
des statistiques qui ne nous donnent que 35 %. est-ce que c'est juste des
statistiques qui sont basées sur le nombre de plaintes qu'on a? parce
que, j'imagine, ce n'est pas tout le monde qui se plaint. je sais qu'il y a des
députés, ici... on a souvent des rencontres dans les
comtés. il y a des gens qui viennent nous rencontrer. ils n'ont jamais
porté plainte, eux autres, pour dire qu'ils n'avaient pas reçu ou
qu'ils avaient des difficultés à recevoir leur pension
alimentaire, pour toutes sortes de raisons. il y en a qui aiment mieux ne pas
se plaindre, parce que ça leur créerait plus de problèmes
qu'autre chose après. enfin, est-ce que ces 35 % dont parle le ministre
de la justice, c'est basé uniquement sur les plaintes reçues?
parce que, en ontario - on sait qu'il y a eu des études - on parle de 65
% de gens qui paient mal leur pension alimentaire, en tout cas qui sont
fautifs. je trouve que l'écart est quand même important. comment
ça se fait qu'au québec on se retrouve avec 35 % - si ce n'est
par la façon de comptabiliser des statistiques - alors qu'en ontario
c'est 65 %? peut-être qu'on est des sociétés distinctes,
mais nos populations sont quand même dans la même amérique
du nord, et elles ne sont pas différentes tant que ça.
Mme Trépanier: Bon, M. le Président, je ne
veux pas confronter mes chiffres avec ceux du ministre de la Justice, mais je
vais donner les chiffres que j'ai. Il y a certaines des questions qui
relèvent vraiment du ministre de la Justice et auxquelles je ne peux pas
répondre, mais je vais y aller en bloc. D'abord, pour les statistiques,
on dit que 44 % des jugements prévoyaient le versement d'une pension
alimentaire. Bon, ça, d'une part. 57,6 % des jugements impliquaient des
enfants - alors, ça, c'est ce qui vous intéresse au premier chef
- et 1 créancier sur 2, soit 49,7 %, a vécu des problèmes
de perception. Alors, là, on est rendu à 50 %. Et, en moyenne, 4
ans plus tard, ces gens-là se retrouvent, 30 % de ces créanciers
se retrouvent à l'aide sociale. Alors, ça, c'est les chiffres que
j'ai et qui justifient, je pense, une action énergique. Et c'est ce que
le ministre de la Justice a annoncé au Sommet de la justice.
Alors, la perception automatique existait en partie, mais va être
augmentée; il va y avoir beaucoup plus de suivi. Ce qui va se faire,
c'est que, maintenant... Jusqu'à maintenant, le percepteur agissait sur
plainte. À chaque fois qu'il y avait un manquement au paiement, le
créancier, la personne devait reporter plainte. Là, maintenant,
lorsqu'il y aura une plainte, le percepteur va suivre le débiteur fautif
durant une année, jusqu'à ce que les arrérages soient
complètement résorbés, et pendant une année par la
suite, et il aura le pouvoir de saisir ses comptes de banque, et tout
ça. Alors, ça, nous croyons que ça va améliorer
beaucoup la situation. Pourquoi nous l'avons fait comme ça? Pour
respecter les débiteurs qui sont honnêtes et qui respectent leurs
engagements. Ça, c'est la première chose. Pourquoi est-ce si
long? Il y a eu, effectivement, des problèmes budgétaires, entre
autres, et le Trésor a débloqué les fonds il y a juste
quelques mois. Et là on est en train d'installer le système
informatique, et le ministre de la Justice a identifié 1993 comme
étant l'année possible d'implantation du système de
perception.
Le Président (m.
joly): merci, mme la ministre. mme
la députée, je pense que vous en étiez à votre
dernière question, si j'ai bien compris.
Une voix: Elle n'a comme pas le choix, M. le
Président.
Adoption des crédits
Le Président (M. Joly): Alors, nous allons mettre aux voix
les programmes concernant les responsabilités de Mme la ministre.
Est-ce que le programme 3, éléments 1 à 4, du
Conseil exécutif, intitulé Promotion des droits des femmes et
famille, est adopté?
Mme Carrier-Perreault: Adopté sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que le
programme 1 des organismes relevant de la ministre
déléguée à la Condition féminine,
intitulé Conseil du statut de la femme, est adopté?
Mme Carrier-Perreault: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que le
programme 2, éléments 1 à 3 des organismes relevant de la
ministre déléguée à la Condition féminine,
intitulé Office des services de garde à l'enfance, est
adopté?
Mme Carrier-Perreault: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Sur division. Est-ce que les
crédits bugdétaires relevant de la compétence de la
ministre déléguée à la Condition féminine et
responsable de la Famille pour l'année financière 1992-1993 sont
adoptés?
Mme Carrier-Perreault: Sur division.
Le Président (M. Joly): Sur division. Alors, la commission
ajourne ses travaux au mercredi 6 mai 1992, à 9 h 30. Mme la ministre,
j'imagine que vous auriez peut-être quelques mots à dire.
Mme Trépanier: Cinq secondes, pour remercier les gens de
la commission, mes collègues, de leur patience, du sérieux des
travaux que nous avons faits aujourd'hui. Je pense que ça a fait avancer
la cause de la condition féminine et de la famille. C'est comme
ça que je vois le rôle de cet exercice. Et je remercie les gens
qui m'ont accompagnée tout au cours de cette journée, qui ont eu
une patience d'ange, qui sont là avec leur compétence et leur
efficacité, comme d'habitude, et les gens de mon cabinet
également. Alors, merci. (22 heures)
Le Président (M. Joly): Merci beaucoup, Mme la ministre.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière, s'il vous
plaît.
Mme Carrier-Perreault: Oui, M. le Président. Moi aussi, je
pense que, même avec si peu de temps, on a quand même réussi
à faire le tour de plusieurs dossiers. Bien sûr qu'il y a des
questions qui restent en suspens. On n'a pas pu vraiment passer à
travers, mais je pense qu'il a eu quand même une bonne collaboration. Je
voudrais remercier de façon particulière ma collaboratrice, Mme
Thériault, qui a vraiment travaillé très fort. Moi, j'ai
une collaboratrice, alors ça vous donne une idée de l'ampleur de
la tâche qu'elle a. Alors, je vous remercie.
Le Président (M. Joiy): Merci beaucoup. Alors, bonsoir,
bonne nuit.
(Fin de la séance à 22 h 1)