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(Neuf heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Joly): Bonjour, bienvenue à cette
commission. La commission des affaires sociales est réunie afin
d'étudier les crédits budgétaires du ministère de
la Santé et des Services sociaux pour l'année financière
1992-1993.
Cet avant-midi, pour une durée de trois heures, nous examinerons
le volet santé et services sociaux. Ce matin, tel que convenu hier avec
les parlementaires, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue était pour nous livrer ses remarques
d'ouverture, ses remarques préliminaires. M. le député, je
vous reconnais.
Ministère de la Santé et des Services
sociaux
Déclarations d'ouverture (suite)
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je remercie le ministre
et la formation ministérielle, vous-même, M. le Président,
d'avoir accepté que nous puissions faire ces remarques ce matin,
après les remarques d'ouverture du ministre lui-même et les
éléments d'échanges qui ont déjà eu lieu
avec mon collègue de Shefford sur le volet jeunesse et le volet
communautaire.
J'aimerais faire quelques brèves remarques sur l'ensemble des
prévisions budgétaires qui ont été
présentées, l'ensemble des crédits qui ont
été déposés par le gouvernement et, bien sûr,
faire ressortir déjà un certain nombre de questions qui nous
semblent inévitablement se présenter à la lecture assez
attentive de l'ensemble des crédits prévus pour le
ministère de la Santé et des Services sociaux et la Régie
de l'assurance-maladie du Québec dans son ensemble.
Je n'entends pas faire ces remarques de façon très longue,
M. le Président. Je vais plutôt essayer de conserver notre temps
pour les échanges et les questions qui - le ministre s'en doutera - sont
fort nombreuses et qui nous permettront de toucher à autant d'aspects
pendant cette journée des crédits santé et services
sociaux. Un certain nombre de remarques, M. le Président, en fait, huit
remarques d'ouverture autour de ces crédits, le budget santé et
services sociaux.
D'abord, au plan global, s'il est manifeste qu'il y a une hausse de 403
000 000 $ aux crédits santé et services sociaux, 4, 3 % pour le
ministère, on est quand même loin de l'engagement du ministre de
maintenir le taux de croissance à IPC+3 %. On se souviendra de la
flamboyante présentation de Charlesbourg au mois de décembre 1990
où, formellement, le ministre s'en- gageait à défendre une
proposition qui, en termes de réponses aux besoins identifiés et
aux projections, nous amenait à prévoir un engagement de la part
du gouvernement à maintenir aux budgets santé et services sociaux
une augmentation de l'indice des prix à la consommation+3 %. On a
même vu le ministre, à l'occasion du débat sur le
financement des services il y a quelques mois, non seulement
réitérer cet engagement des besoins en matière de
santé et de services sociaux quant à la croissance des budgets,
mais également identifier que l'IPC+ 3 % en termes de croissance
semblait un minimum quant aux besoins de services de santé et de
services sociaux et qu'en réalité l'ampleur des besoins nous
amenait beaucoup plus à une croissance des dépenses qui
environnaient L'IPC + 4 % à 4, 5 %.
Or, la méthode de calcul présentée dans les
crédits dans son ensemble, l'inflation qui est prévue
étant de 2, 3 %, comme l'a fait justement remarquer d'ailleurs le
ministre, je dois le dire, hier, dans sa présentation, il s'agit donc
d'une hausse réelle de 1, 9 %. Il faut donc ici faire un petit calcul
que, par rapport aux engagements de décembre 1990, et aux discussions
sur la réforme, et au débat sur le financement des services,
c'est un manque à gagner de 1, 1 %. Il faut aussi, je pense, aller plus
loin dans les calculs pour identifier ce que nous pourrions nommer les
véritables crédits nouveaux et, encore là, je ne le
présente pas comme une découverte dans les chiffres, les
documents ministériels le présentent et, le ministre l'a fait
remarquer lui-même hier, les crédits nouveaux totalisent 161 000
000 $, ce qui veut dire qu'en termes de croissance du budget du
ministère de la Santé et des Services sociaux le véritable
chiffre dont il faut parler en termes d'augmentation, c'est 1, 6 %, quand on
défalque complètement les chiffres qui nous ont été
présentés. Donc, on est à 161 000 000 $
supplémentaires, 1, 6 % du budget du ministère.
Quand on regarde de façon quasi traditionnelle les augmentations
de budget pour répondre aux besoins en matière de santé et
services sociaux, on s'était comme habitués, en quelque sorte, et
le ministre, encore une fois, l'avait reconnu lors du débat sur le
financement des services, que la croissance devait être supérieure
aux dépenses de l'ensemble du gouvernement, ce qui n'est pas le cas
cette année et, encore une fois, compte tenu des engagements qui avaient
été pris. C'est donc un engagement qui est rompu pour le
gouvernement et nous aurons, bien sûr, un certain nombre de questions
quant aux sommes qui seront investies et qui doivent être investies en
matière d'implantation de la réforme du ministre. Le ministre
nous demandait de par-
tager, à la fin de son discours hier, son enthousiasme et
l'enthousiasme de son équipe pour l'implantation de la réforme;
nous en sommes et nous aimerions bien y concourir, mais avec les moyens
nécessaires.
Par ailleurs, les prévisions de dépenses, notamment le gel
de l'indexation prévue pour l'achat des fournitures, nous apparaissent
pour le moins périlleuses compte tenu que les mesures d'économie
prévues dans le système, les achats de groupe, la
réduction du nombre de directeurs généraux ne sont pas
encore mis en place. Et on pourrait peut-être mettre un autre petit 2 $
sur des crédits supplémentaires qui, probablement, nous
arriveront en cours d'année, compte tenu des mesures sur lesquelles
semble tabler le ministre quant à l'implantation de sa réforme et
quant aux montants qui n'y apparaissent pas concrètement en termes de
traduction budgétaire. (9 h 50)
Deuxième remarque, M. le Président. Les notes
complémentaires que nous ont fait parvenir le ministère et le
ministre, comme information sur les crédits budgétaires
prévus pour 1992-1993 et qui comprennent également des
éléments de bilan en 1991-1992, nous étonnent au plan des
immobilisations. On se souviendra que, en janvier dernier, le ministre avait
annoncé en assez grande pompe un plan d'accélération des
investissements dans le réseau de la santé et des services
sociaux, et chiffrait, sauf erreur, l'accélération des
investissements à l'intérieur, entre guillemets, du
supposé plan de relance du président du Conseil du trésor,
des investissements de 120 000 000 $. Or, à la lecture fine des
informations, on s'aperçoit que le programme d'investissement du
ministère comportait déjà, pour 1991-1992, des
prévisions de 400 000 000 $, et il nous a été donné
d'apercevoir que nous avons reporté des investissements pour une somme
de 97 000 000 $ sur ce qu'on pourrait appeler le plan d'investissement à
long terme, le plan d'immobilisation de la santé et des services
sociaux, pour plutôt le transformer en des travaux, oui, qui ont
été délégués en quelque sorte au CRSSS dans
chacune des régions pour une somme de 120 000 000 $. En clair, le plan
de relance dans le domaine de la santé et des services sociaux nous
annonçait 120 000 000 $ de travaux accélérés
d'investissement. La réalité, c'est qu'on a retranché 97
000 000 $ de travaux déjà prévus et qu'on y a
ajouté simplement 20 000 000 $ en travaux supplémentaires. On
pourra revenir de façon très précise sur les indications
que nous avons aperçues dans les cahiers de renseignements
supplémentaires. Mais encore une fois, je tiens à
répéter: Le plan d'accélération des investissements
à l'intérieur du plan de relance du gouvernement du
Québec, santé et services sociaux, janvier 1991, ça a
été tout simplement de l'argent déplacé, et les 120
000 000 $ qui ont été investis dans les travaux étaient
déjà prévus et on a reporté des travaux
prévus, d'autres travaux pour une somme de 97 000 000 $. En fait, on a
donné d'une main ce qu'on avait retiré de l'autre main, et c'est
assez décevant de constater que finalement, en termes de plan de relance
du gouvernement en matière de santé et de services sociaux, il y
en a eu, au net, pour 20 000 000 $ supplémentaires.
Troisième remarque, M. le Président, à la lecture
des crédits qui nous ont été présentés,
c'est tout le volet qui se répercute sur la condition des personnes
âgées, la condition des aînés. Il nous a
été donné de voir, encore une fois, à l'aide des
renseignements complémentaires qui nous ont été fournis
suite à nos questions, que l'ensemble des listes d'attente en centre
d'accueil d'hébergement, en unités de soins de longue
durée, en CHSLD, le total du nombre de personnes qui sont sur des listes
d'attente pour une place en hébergement et en soins de longue
durée totalise 4481 personnes. Il y a donc, quant à la
priorité maintes fois énoncée par le ministre, le
ministère et le gouvernement en ce qui concerne la condition des
aînés, il y a 4481 personnes qui sont en attente d'une place
d'hébergement dans l'un ou l'autre des centres prévus à
cet effet dans le réseau.
En 1991-1992, en centres d'hébergement et en centres hospitaliers
de soins de longue durée, on aura développé un nombre
total de 80 nouveaux lits pour les personnes âgées et on
constatera également que, toujours dans le même secteur, 15 autres
lits furent fermés, ce qui nous amène, en 1991-1992, quant aux
nouvelles places longue durée en centres d'accueil d'hébergement
dans le secteur public, 65 nouvelles places pour l'ensemble du Québec.
Depuis 1989, on aura entrepris des travaux, au Québec, pour seulement
487 places publiques en centres d'accueil d'hébergement et en centres
hospitaliers, soit une moyenne de 162 lits par année. Or, on sait
toujours que, le 7 décembre 1990, la réforme du ministre
prévoyait dans ses analyses un déficit de 9000 lits en longue
durée d'ici à l'an 2000. Et le gouvernement, pour sa part,
s'engageait à en développer 7000 nouvelles places d'ici à
l'an 2000. On fera le calcul rapide, bien sûr, 700 places par
année. On est donc bien loin du compte, en ce qui concerne
l'année 1991-1992, et il faudra un effort assez magistral quant à
l'année 1992-1993 pour en arriver à atteindre ce nombre ou ce cap
de 7000 nouveaux lits pour les personnes âgées à l'horizon
de l'an 2000. Et si nous sommes bien d'accord, par ailleurs, pour continuer, du
moins, à vouloir mettre l'accent du côté du maintien
à domicile, on verra également, en particulier au niveau des
crédits prévus pour les CLSC, que de ce côté ii y a
également un grand nombre de difficultés quant aux sommes
annoncées, quant aux sommes qui sont prévues aux crédits
1992-1993 et rjue toute volonté de développement du maintien a
domicile n'exclut pas les besoins réels, par ailleurs, en termes de
places d'hébergement en centres d'accueil d'hébergement et en
unités de soins de longue durée dans le réseau
public.
Quatrième remarque, M. le Président. C'est toute la
question du rapport de l'occupation des lits de courte durée dans les
centres hospitaliers, ou des lits de courte durée qui sont
affectés à des soins de longue durée pour les personnes
âgées. Il est assez aberrant, M. le Président, de constater
qu'en 1992, à compter du 1er janvier 1992, 9,1 % des lits de courte
durée dans nos centres hospitaliers au Québec étaient
occupés par des usagers de longue durée. La différence, en
termes de coûts d'allocation par jour, pour ces 2494 usagers qui occupent
des lits de soins de courte durée, même si ces usagers utilisent
ces facilités pour de la longue durée, est de 573 390 $ par jour,
ou 209 000 000 $ par année. En simple, les lits de courte durée
occupés par des usagers longue durée, pour prendre le langage du
ministère et connu, ça nous coûte 209 000 000 $ par
année.
L'an dernier, le pourcentage de lits de courte durée
occupés par des usagers qui doivent les occuper en longue durée
était de 7,4 %. On est donc passé à 9,1 %. Il y a une
augmentation et c'est facilement compréhensible, compte tenu de ce que
je vous disais dans ma troisième remarque, du petit nombre de places en
centres d'accueil et en CHSLD qui a été développé,
65 au total pour l'année 1991-1992. L'an dernier, donc, ce pourcentage
était de 7,4 %, ce qui représente, seulement pour cette
année, qu'il y a 483 usagers, ou 40 000 000 $, soit la moitié, 40
000 000 $ qui ont été utilisés pour des soins de longue
durée dans des lits de courte durée. Et ça, ça nous
a coûté 40 000 000 $. On peut faire toutes sortes de comparaisons,
mais ces 40 000 000 $, c'est à peu près la moitié de ce
que la RAMQ dépense pour ses services dentaires. Voilà pour la
question des soins de longue durée et du nombre de lits qui n'ont pas
été développés au Québec. (10 heures)
Cinquième remarque. En vrac, quand on regarde les crédits
- et nous en avons discuté, de cet aspect, au niveau du financement, de
toute la question des transferts fédéraux pour financer les
services de santé et les services sociaux - on se rendra compte, avec
les tableaux qui nous ont été encore une fois fournis, que le
pourcentage des transferts fédéraux qui sont dévolus au
Québec pour l'ensemble du système sont passés, au cours
des années, de près de 42 % à 34 % du coût de notre
système de santé et de services sociaux.
Évidemment, ce n'est peut-être pas le moment ici de nous
ramener sur le grand terrain de la discussion constitutionnelle, mais
très certainement qu'on se souviendra ici que le
fédéralisme rentable, le fédéralisme dominateur, la
souveraineté partagée nous coûtent de plus en plus cher
dans la formule actuelle et on ne sait trop pourquoi il faudrait continuer
à se battre pour conserver cette baisse continuelle des paiements de
transfert puisque nous sommes, de toute façon, de plus en plus à
assumer seuls nos coûts de santé et de services sociaux et que,
par ailleurs, nous n'avons pas de contrôle sur le pouvoir de
dépenser du gouvernement fédéral, et les initiatives sont
de plus en plus en dehors de la volonté et des priorités du
Québec. Quant à cet aspect, on n'a qu'à se souvenir
très brièvement - je ne sais pas si ça va devenir aussi
célèbre que le discours de Sept-îles - du discours de
l'Outaouais d'hier soir, «que le statu quo est préférable
à toute autre formule», de la part du premier ministre canadien.
Alors, on verra que le statu quo, c'est un statu quo régressif au plan
de la santé et des services sociaux, en matière de transfert des
paiements et des points d'impôt.
La sixième remarque, M. le Président, en regard des
crédits qui nous ont été présentés, c'est ce
qui concerne toute l'application de la loi 120, de la réforme
annoncée par le ministre en décembre 1990. Et nous aurons bien
sûr des questions plus pointues qui arriveront en cours de discussion,
mais il faut souhaiter pour l'instant que l'étape suivante de
l'élection au conseil d'administration des futures régies
régionales soit, le moins que l'on puisse dire, davantage
encadrée que les élections des représentants du public sur
les conseils d'administration des établissements publics du 9 mars
dernier, où on a observé un bon nombre d'improvisations. Le ou
les règlements qui devront être adoptés en vue de
l'élection aux conseils d'administration des régies, nous
espérons qu'il y aura moins d'improvisations qui seront imparties aux
différentes personnes qui formeront les assemblées publiques
régionales de façon à ce que nous ayons des
résultats qui soient non seulement non contestables, mais
également les plus équitables pour procéder à
l'élection de ces membres de ces conseils d'administration des
régies régionales.
Septième remarque, M. le Président - en vrac, et ça
annonce aussi, évidemment, des sujets que nous allons traiter plus
largement au cours de la présente discussion - nous allons et nous
continuons à réclamer une enquête publique sur toute
l'organisation de la Corporation d'urgences-santé à
Montréal, et sur tous les événements qu'a
entraînés ce que nous pourrions appeler la nationalisation
complète du service ambulancier dans la région de Montréal
depuis 1987. Nous souhaitons pouvoir revoir les événements qui se
sont déroulés depuis 1987 et ce que nous pourrions appeler le
plan de match du ministère pour les prochains mois, surtout depuis
l'émission des directives de juin 1991 et de leur, semble-t-il, quasi
impossible implantation dans le climat actuel et l'ensemble des
événements qu'il nous a été donné de
regarder et d'observer en décembre 1991 quant à l'ensemble de la
gestion et du climat de travail qui prévaut à la Corporation
d'urgences-santé.
Finalement, M. le Président, comme huitième remarque - et
très certainement que le ministre ne s'attendait pas à ce qu'il y
échappe ce matin - nous aurons, au cours de l'avant-midi, à poser
un bon nombre de questions qui sont encore sans réponse quant à
l'annonce récente de la fermeture et du déménagement de
l'Hôtel-Dieu dans l'est, à Rivière-des-Prairies. Nous
profitons de cette dernière remarque et de ces éléments
d'ouverture, M. le Président, pour continuer à réclamer du
ministre de rendre publics un certain nombre de documents qui auraient
présidé au processus de prise de décision quant à
la fermeture et au déménagement de l'hôpital fondé
par Jeanne Mance, surtout en ce qui concerne, bien sûr, la propre bible
du ministère, c'est-à-dire le bilan-lits non seulement pour la
région de Montréal, mais pour l'ensemble du Québec, mais,
le cas échéant, ici, pour la région de Montréal,
pour être capable de lire les éléments sur lesquels nous
nous sommes fondés, en termes de bilan-lits, quant aux besoins de la
région de l'est de Montréal et, éventuellement, du
déménagement de l'Hôtel-Dieu.
Et nous réitérons ce matin, M. le ministre, à ces
remarques d'ouverture, la demande de tenir une commission parlementaire sur le
sujet à Montréal, afin de permettre aux Montréalais de
s'exprimer relativement à cette décision lourde de sens, de
signification et d'implication, tant pour le propre développement de la
ville de Montréal que des soins de santé de la région de
Montréal. Nous pensons que la décision prise par le ministre, et
qu'il a défendue à Montréal le 9 avril dernier,
mériterait qu'elle soit soumise, cette décision, à
l'épreuve d'une commission parlementaire afin de faire tout
l'éclairage nécessaire sur les implications, sur les motifs, sur
les répercussions quant au développement du système de
santé et de services sociaux et le développement non seulement la
ville de Montréal, de Ille de Montréal, mais également de
la région de Montréal.
Le ministre conviendrait très certainement qu'un investissement
minimal de 260 000 000 $ justifierait que nous puissions passer un certain
nombre d'heures pour éclaircir bon nombre de questions qui sont
jusqu'ici demeurées sans réponse... ou, dans l'esprit des
représentants de différents groupes de la région de
Montréal, réponses qui demeurent toujours obscures et qui font en
sorte que tout le dossier nous semble être entaché d'un certain
nombre d'anicroches qui font en sorte que c'est assez clair, cette
décision n'est pas partagée par le milieu montréalais et
fait qu'on n'amorce pas ce déplacement dans un contexte qui nous semble
le plus favorable. C'est le moins que l'on puisse dire.
M. le Président, voilà les remarques un peu en vrac que je
voulais faire à l'ouverture de l'étude de ces crédits au
ministère de la Santé et des Services sociaux. Les remarques
étaient catégorisées en huit parties et, bien sûr,
nous allons écouter les remarques complémentaires du ministre de
la Santé et des Services sociaux, après quoi, M. le
Président, nous serions tout de suite d'équerre pour aborder le
volet des crédits prévus dans le réseau des CLSC.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. M. le ministre, j'imagine que vous
aimeriez réagir...
M. Côté (Charlesbourg): Je suis d'équerre
dès maintenant, M. le ^résident.
Le Président (M. Joly): ...aux propos du
député. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. C'est avec grand plaisir que j'ai accepté dans des
échanges préalables à cette commission parlementaire que
mon critique puisse faire sa déclaration d'ouverture ce matin, lui
laissant quelque temps - puis c'était tout à fait normal - pour
être capable de donner ses impressions quant au budget qui a
été déposé il y a quelque semaines. (10 h 10)
Huit points. On va les prendre un par un. Il ne me semble pas
inspiré par la même logique que nous avons depuis deux ans
d'être au-dessus de la mêlée. C'est un peu normal; on est
dans un système politique où il doit y avoir une Opposition et un
pouvoir. Mais, forcément, le pouvoir fait mal et l'Opposition pense
bien. L'Opposition a des solutions et le pouvoir a les mauvaises solutions,
c'en est une démonstration très éloquente, ce matin, par
l'élaboration de ces huit points. Pas trop de positif,
évidemment, des points négatifs. Bon. Évidemment, c'est la
règle du jeu, et je pense qu'il faut vivre avec. Mais le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue m'avait quand
même habitué, à l'occasion, à être capable de
mettre un peu de positif dans... Disons que le positif, comme il n'avait pas
beaucoup de temps, il l'a oublié, et il a consacré le petit peu
de temps qu'il avait à mettre le négatif, c'est de bon aloi
malgré tout.
Donc, évidemment, je n'ai pas beaucoup parlé de
négatif, moi, quand j'ai présenté mon affaire, sachant
fort bien qu'il y en avait quelque peu, mais beaucoup moins que par les
années passées. Commençons donc par le premier point
où il prend un malin plaisir à toujours augmenter la
renommée de Chariesbourg, puisqu'on parle toujours du «show de
Chariesbourg». Et j'en suis toujours très heureux à chaque
fois que Chariesbourg est mentionné. Ça devient une plaque
tournante au niveau du Québec, et tant mieux pour mes électeurs,
ceux qui m'ont supporté depuis de nombreuses années. De la
même manière que lui-même parle de Rouyn-
noranda. hier, d'ailleurs, quand je parlais d'amos, lui-même nous
a ramenés à rouyn- noranda assez rapidement parce qu'il risquait
d'en avoir un, traumatisme.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Donc, M. le
Président, oui, si on veut être honnête, dans les documents
déposés le 7 décembre 1990, les documents d'orientation de
la réforme, il était question d'IPC+3. Il n'était pas
question d'IPC + 3 comme étant un plancher, il était question
d'IPC+3 comme étant un plafond. Je pense qu'il y a au moins ça
dans le minimum qu'il faut dire maintenant. Cet hiver, au mois de
février, lorsqu'on a tenu une commission parlementaire...
Le Président (M. Joly): Je pense qu'on a un
problème avec le son. Est-ce qu'il y en a qui ont un
«pacemaker»?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Bon.
Le Président (M. Joly): On peut peut-être suspendre
deux minutes.
M. Côté (Charlesbourg): Ça prend quelqu'un
qui a une pagette.
Le Président (M. Joly): Parfait. Nous avons
identifié la cause ou le coupable, oui? Merci. Alors, nous reprenons nos
travaux.
M. Côté (Charlesbourg): Je tiens donc à
mentionner, M. le Président, que nous avions dit que c'était un
plafond et non pas un plancher. Lorsqu'on a fait la commission parlementaire du
mois de février, on a discuté d'un cadre financier. Cette
commission se tenait à la demande de l'Opposition, à
l'époque, qui l'avait revendiquée. Et ce qu'on a fait, c'est un
effort de réflexion ensemble pour savoir ce qu'on pouvait faire pour
ramener la croissance des dépenses du secteur de la santé et des
services sociaux, davantage les rendre compatibles avec la croissance des
dépenses gouvernementales.
Donc, à partir de ce moment-là, lorsqu'on regarde les
crédits, le député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue
me fait état qu'on est loin d'IPC+3; oui, mais pas si loin. Habilement,
il prend les crédits du ministère en oubliant la RAMQ et,
là, il dit: IPC+1,9. C'est vrai. C'est vrai, je l'ai dit. Je ne l'ai pas
caché, je l'ai mis dans mon discours. L'IPC+3 dont il était
question, c'est le secteur de la santé et des services sociaux et de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, qui est quand même
un élément assez important, merci. À l'intérieur de
ça, bien sûr que, globalement, on ne peut pas penser qu'on
contrôle les lits d'hôpitaux si on ne contrôle pas les
médecins, voyons donc! Je pense que ça me paraît être
l'évidence même. Donc, il a toujours été clair, dans
l'esprit de ceux qui ont .. voulu comprendre, que, lorsqu'on parlait d'IPC+3,
c'était un plafond et, deuxièmement, ça incluait
l'ensemble des crédits de notre mission, incluant la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Mais je ne veux pas en faire un plat, un
plat énorme, parce qu'il est bien évident que nous allons faire
des efforts pour être bien en deçà d'IPC+3 cette
année, au cours des prochaines années, et de rendre compatible la
croissance des dépenses du secteur de la santé et des services
sociaux avec la capacité de payer de l'État, donc, des citoyens
du Québec.
Et lorsqu'on regarde en réalité ce que sont les
crédits, c'est, M. le Président, davantage des crédits qui
se rapprochent d'IPC+2,4 que de + 1,9, en incluant ceux de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Donc, ce qui n'est pas une situation
catastrophique, mais qui est davantage responsable, compte tenu de notre
capacité de payer. Lorsqu'on regarde la croissance des crédits du
ministère par rapport à ceux de l'ensemble du Québec, il y
a encore une situation, là, qui est à l'avantage du
ministère et qui n'a pas de quoi renverser personne, ni de
manière à ajouter indûment aux crédits du
ministère, ni à mettre en péril l'État, mais
davantage de le rendre conforme à la capacité de payer.
Ceci étant dit, la deuxième observation me surprend
énormément. Parmi tout ce que j'ai entendu, M. le
Président, c'est peut-être celle qui est la plus surprenante. Il y
a deux ans, nous avions un premier plan de relance gouvernemental qui a fait
injecter dans le réseau au-delà de ce qu'on faisait
habituellement - plus ou moins 300 000 000 $ par année; en
immobilisation, une centaine de millions; prenons les chiffres arrondis, grosso
modo, pour être capable de bien se comprendre - et qui a
été le plan de relance 1, qui a donc monté le niveau de
dépenses des immobilisations au niveau du ministère à plus
ou moins 400 000 000 $ par année, puisqu'on fonctionne toujours sur un
triennal qui franchit le cap du milliard. Donc, on était à 400
000 000 $.
L'an passé, au mois de janvier, effectivement, nous avons
annoncé un plan de relance 2 d'au-delà de 100 000 000 $, qui
s'ajoutaient aux 300 000 000 $ réguliers que nous avons au niveau des
immobilisations, qui ramenait, pour l'année passée, les
dépenses à plus ou moins 400 000 000 $. Ce n'est pas au
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue que je vais
apprendre qu'il faut être capable de faire des choses. Quand on dit un
plan de relance qui s'adresse à la sécurité, à la
vétusté et à quelques éléments de
rénovation fonctionnelle, ce n'est pas de ce qui n'existe pas, c'est
forcément de ce qui existe. Donc, c'est forcément à
l'intérieur du réseau des établissements qui sont à
travers le Québec et qui, pour ce faire, ont besoin de faire des plans
et devis davantage que des plans et
devis ou des évaluations préliminaires comme ceux qu'on a
connus pour être capable d'évaluer ce que ça pouvait
coûter.
Donc, il n'est pas surprenant que sur 110 000 000 $ ou 120 000 000 $ il
y ait 27 000 000 $ de dépensés ou 20 000 000 $ et quelques, 23
000 000 $, et qu'il en reste 97 000 000 $ à dépenser. On est dans
une situation où les plans et devis ont été
élaborés et il n'est pas question de retrait des 97 000 000 $; au
contraire, il est question de les dépenser, ils sont engagés.
Donc, c'est signifié à chacun des établissements et on est
en processus de réalisation. Pour certains, on avait souhaité que
les travaux soient terminés au 31 mars 1992. Il est bien évident
qu'on constate qu'il y a des travaux en cours qui n'ont pas
dépensé la totalité de leur argent et dont les
crédits vont être ceux de cette année.
Donc, sur le plan des immobilisations, la totalité de ces
immobilisations-là va se réaliser à quelques exceptions
près et il y a même eu, en cours d'année, des
réajustements, compte tenu des évaluations qu'on a pu faire et il
y a eu des ajouts. Il n'y a pas eu de retraits, il y a eu des ajouts dans
certains cas, parce que la conjoncture économique nous a permis de faire
en sorte que les soumissions publiques sortent plus bas et nous permettent
d'ajouter un certain nombre de dossiers sur le plan de ces immobilisations.
À travers tout ça, comme on est dans un plan triennal, il est
bien évident que le régulier a continué de fonctionner et
que les projets qu'on a réalisés dans le plan de relance 1 et le
plan de relance 2, bien sûr, viennent directement des projets qui
étaient soumis dans les années antérieures au
ministère sur des volets de sécurité-incendie,
sécurité-vétusté et, dans certains cas, de
rénovations fonctionnelles. Donc, il n'y a rien de perdu. Tout est
là. C'est une question de délai quant à la
réalisation dans certains cas et l'argent est toujours
crédité au ministère pour leur réalisation. On
pourra l'aborder de manière plus spécifique dans les questions
qui suivront.
Troisième dossier: les personnes âgées. Oui, les
personnes âgées, c'est une priorité de la réforme,
comme la jeunesse. On l'a vu hier soir au niveau de la jeunesse, on a pu
discuter du plan qui a été adopté, qui est un plan
très crédible, qui reçoit l'assentiment de manière
très large de l'Opposition, du député de Shefford hier
soir, avec qui nous avons discuté, et cela a été une
soirée mémorable sur le plan de l'accord tout à fait
exceptionnel de cette vision de l'avenir quant à la jeunesse qu'ont
l'Opposition et le pouvoir. C'est un fait presque sans précédent,
quant à cette unanimité au niveau de ces crédits, hier
soir. (10 h 20)
II reste un deuxième volet, qui est celui des personnes
âgées, pour deux éléments principaux, le premier
étant le maintien à domicile. On l'a dit dans la réforme
et je vais continuer de le répéter, on va agir à la bonne
place et on va briser le syndrome du béton. C'est ça qu'il faut
faire. Dans les années soixante, dans les années soixante-dix et
dans les années quatre-vingt, on a couru après le béton.
Qui ne se battait pas pour avoir un foyer chez lui, dans sa
municipalité, quitte à aller chercher des personnes
âgées de l'extérieur pour les amener là? Tout le
monde se battait pour en avoir. Il s'en est bâti un peu partout, de telle
sorte qu'il y a des places où on en a de trop, puis il y a des places
où on en a besoin, puis on n'en a pas.
Quand on fait un bilan, on se rend compte aujourd'hui, avec le bilan que
nous avons, compte tenu des objectifs que nous avons, qui sont très
sains, on dit: On institutionnalise aujourd'hui sept personnes sur... C'est
combien? C'est 7 %. On institutionnalise 7 % des personnes, alors qu'en Ontario
c'est 5 %, et la tendance moyenne et reconnue mondialement doit être de 5
%. Donc, ce qu'on a fait, nous autres, on a placé nos personnes
âgées. On a été une société de
placement. Alors, on a placé nos personnes âgées. On a dit:
Parfait, aussitôt qu'ils ont 65 ans, ils peuvent être encombrants,
autant que possible trouvons-leur une place au foyer, dans un centre
hospitalier de soins de longue durée, puis, nous autres, on va continuer
de vous aider, puis on va surveiller la bourse, on va surveiller
l'héritage, puis, autant que possible, ne pas trop trop s'en
mêler. C'est ce qu'on a fait. D'ailleurs, allez dans les centres
d'accueil aujourd'hui à travers le Québec, puis vous allez voir
qu'il n'y a pas grand visite des parents de ces personnes âgées.
Donc, c'est ce qu'on a fait. Donc, on n'a pas fait ce qu'il fallait faire.
Ce qu'il faut faire maintenant surtout, c'est du maintien à
domicile. Il s'est développé graduellement, par l'entremise des
CLSC, le maintien à domicile. C'est ce qu'il faut faire. Pour passer de
7 % à 5 %, il faut ajouter dans le maintien à domicile tout en
respectant les centres d'accueil d'hébergement de soins de longue
durée qui ont un alourdissement de clientèle parce que, en
faisant ça - on se l'est dit à plusieurs reprises et c'est
peut-être bon de se le rappeler - les gens s'alourdissent et exigent
davantage au niveau d'un support financier dans les centres d'accueil
d'hébergement.
Vous nous sortez un chiffre qui n'est pas sorti de la cuisse de Jupiter.
C'est un beau gros cahier qu'on vous a envoyé. Vous devez trouver qu'on
est pas mal transparents. Il n'y a pas de cachette. Puis, moi, il n'y en aura
pas de cachette; c'a toujours été ma logique, même si,
à l'occasion, ça risque de mal nous faire paraître. Moi, je
n'ai pas de problème avec ça; quand on a tort, on va corriger,
mais, quand on a raison, on a raison. Et, à partir de ça, on vous
a donné toutes les informations, c'est tiré de ce qu'on a...
Vous semblez trouver une affaire tout à fait
extraordinaire: 4481 personnes en attente de placement. Il y a de quoi
faire peur à du monde là, vous en conviendrez avec moi, c'est
bien épouvantable. Ah! Mais c'est bien épouvantable, 4481.
M. Trudel: C'est dans vos chiffres. Vous le dites.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je le dis. Non, je
n'ai pas dit le contraire.
M. Trudel: Très bien.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais de la
manière dont vous le présentez. Il faut bien se comprendre. Mais
il faut ajouter. Vous qui êtes issu des milieux universitaires, qui avez
sans cesse cette volonté indéfectible d'une recherche de la
vérité, elle ne doit pas être parcellaire, cette
vérité, elle doit être totale. Et il est bien
évident que, lorsqu'on lance sur la place publique qu'il y a 4481
personnes en attente, c'est inquiétant. Il y a de quoi inquiéter
le monde. Mais je veux tout de suite vous rassurer et, en vous rassurant, je
suis convaincu que je rassure le reste de la population qui pourrait s'abreuver
à vos propos.
Vous le savez, il y a 25 % des places par année dans les centres
d'accueil d'hébergement et de soins de longue durée qui sont en
rotation. Ça veut dire combien de places? 25 %, ça veut dire
entre 10 000 et 12 000 nouvelles places par année. Ça signifie
que la liste d'attente de 4481 personnes, avec la rotation annuelle de plus ou
moins 25 % du nombre de ' places qu'il y a au Québec - plus ou moins 50
000 - on est dans une situation où il y a l'élimination de ces
listes d'attente. Est-ce que ça veut dire que ça se fait
parfaitement partout? Est-ce que ça veut dire que c'est équitable
ou égal partout? Non. Bien sûr qu'il reste du travail à
faire sur le plan de l'équité interrégionale et
sous-régionale. Donc, c'est ça que voulait faire le bilan-lits
que nous n'avons jusqu'à maintenant jamais eu. Et que nous dit le
bilan-lits d'aujourd'hui? Le bilan-lits d'aujourd'hui nous dit - attachez-vous
bien, là! -le bilan-lits, compte tenu des normes...
M. Trudel: On ne le sait pas, là.
M. Côté (Charlesbourg): Attachez-vous bien, il nous
dit, en 1991, qu'il y a au-delà de 4000 places de trop par rapport a nos
besoins, actuellement. Cependant, c'est en 1996 que la situation s'inverse,
compte tenu du vieillissement de la population, et c'est en l'an 2001 qu'on se
retrouve avec un niveau plus critique, d'où la logique de la
réforme qui nous dit: Oui, nous voulons construire des places, et
construire ces places d'ici l'an 2000 en répondant aux besoins de 1996,
au moment où on est en déficit, et de l'an 2001, en
rééquilibrant chacune des régions du Québec en
termes de réallocation de ressources aussi, et en termes d'ajout de
ressources.
Donc, M. le Président, les 7000 places, c'est toujours vrai. Les
2000, ou plus ou moins 2000, qui feront l'objet d'une décision
gouvernementale d'ici le début de l'automne, c'est toujours dans le plan
des personnes âgées de manière très claire, et nous
sommes à mettre la touche finale avec la même efficacité
que nous avons eue au niveau des jeunes, dans un plan pour les personnes
âgées, et, effectivement, puisque nous sommes en 1992, notre
objectif est de livrer les places au cours, bien sûr, des prochaines
années, mais de faire en sorte qu'on puisse en livrer aussi, nous menant
à 1996, pour répondre à nos besoins, en faisant le
rééquilibrage dont on a besoin et qui a été
largement exprimé.
Donc, quand on a dit dans la réforme 7000 places, on n'a pas dit
7000 places commençant à être construites en 1991, parce
qu'on avait dit ça en 1990. On a dit dans la réforme - et je vous
mets au défi de me prouver le contraire - que les premières
sommes d'argent qui devaient être dévolues à la
réforme étaient des sommes de 1992-1993 sur le plan
budgétaire, donc, les crédits qu'on étudie au fil des
années, et on a dit même que c'est un plan de plus ou moins 10
ans. Donc, à partir de ce moment-là, il y a une conformité
claire. C'est clair que vous n'avez pas vu un lit, puis, quand vous faites le
bilan, il ne s'en est pas livré beaucoup au cours des dernières
années, vous avez raison. C'est clair, c'est nos chiffres. Donc, on ne
le dément pas, mais on va en livrer si on en a besoin. Et, dans ce
sens-là, je pense que l'objectif que nous poursuivons est davantage le
maintien à domicile, c'est par là qu'il faut agir, et entre-temps
réallocation, et faire en sorte que nous soyons dans une situation
où on va construire des places additionnelles, compte tenu de nos
besoins au cours des prochaines années. Donc, au niveau des personnes
âgées, ça me paraît, à ce moment-là,
très évident.
Au-delà de ça, vous avez, bien sûr, fait part du
nombre de places en courte durée qui sont occupées par des
longues durées. Oui, il y en a un certain nombre, mais il ne faut pas
oublier que, dans un centre hospitalier de courte durée, il y a des lits
qui sont au permis pour la longue durée. Lorsqu'on dit d'un
établissement qu'il y a, par exemple, 500 lits de courte durée et
90 lits de longue durée, ce n'est pas des lits de courte durée
qu'on a enlevés à la courte durée pour faire de la longue
durée, c'est des lits qui sont au permis pour répondre à
des besoins de longue durée, et il y en a un certain nombre. Je ne tente
pas de vous dire en même temps qu'il n'y a pas de lits de courte
durée occupés par des personnes qui sont en attente d'une place
en longue durée, c'est clair qu'il y en a aussi. Il y en a un certain
nombre. Lorsqu'on fait le calcul c'est facile de dire qu'il y a 2400 places et
que c'est un coût - si j'ai bien
compris - de 209 000 000 $, bien, c'est un calcul facile. Il est bien
évident que la longue durée qui est dans un centre hospitalier
comme longue durée est payée comme une place longue durée
et non comme dans un lit de courte durée.
Le septième point. Ha! Il reçoit, là, mon
assentiment très, très, très rapide, très clair.
Très, très clair. Septième point, on se rappelle, le
désengagement du fédéral. Pour un
fédéraliste comme moi, ébranlé, mais un
fédéraliste comme moi - parce que je n'ai pas dit encore que
j'étais autre chose, là - ce n'est pas si mal. Je l'ai dit
à plusieurs reprises: II y a un désengagement du
fédéral qui est inacceptable, compte tenu des ententes des
années soixante et des années soixante-dix. Qui est inacceptable,
je vais continuer de le dire. Et, là-dessus, on n'a pas besoin de s'en
parler bien, bien longtemps; là-dessus, on est d'accord. De là
à tirer de grandes leçons sur l'avenir, je pense qu'on aura
davantage l'occasion de s'en parler en d'autres circonstances et de ne pas
massacrer le débat de la santé, qui est si cher à chacun
de nos concitoyens et de nos concitoyennes, pour un débat
constitutionnel. Pour le moment, laissons le débat constitutionnel
à d'autres, et on aura très certainement l'occasion de s'en
reparler. (10 h 30)
Le sixième point. J'avais dit «septième»
tantôt, mais c'était le cinquième. C'est pour ça que
je voyais que le député était perdu. C'était le
cinquième point, le fédéral. Le sixième, la loi
120. Souhaitant plus d'encadrement quant au processus d'élection au
niveau des régies régionales, insinuant ou affirmant que le
processus d'élection du 9 mars était cahin-caha, improvisation.
Je m'excuse. Je m'excuse. Je m'excuse.
Il y a bien eu quelques ratés, mais quelle est la philosophie de
base de ces élections? Il y en a une philosophie de base, elle est
très claire et très simple: participation des citoyens. Et plus
on met des règles, plus on encarcane. Plus on encarcane, moins ça
participe. Et plus on encarcane, plus ça fait l'affaire de ceux qui
gagnent leur vie à faire des lois et à interpréter des
lois et toujours s'y opposer. Il est bien évident que l'exercice du 9
mars a été un succès. Il ne faut pas avoir peur de le
dire, les gens ont participé. Même en Abitibi. En Abitibi, quand
je suis allé faire ma tournée en compagnie du
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, du
député d'Abitibi-Ouest et du député d'Abitibi-Est,
j'en ai entendu parler. Le CLSC de Minoret, une participation exceptionnelle.
Les gens étaient fiers de dire que quasiment une ville au complet
était sortie. Et, «intentionnément», au niveau d'un
CLSC, une ville presque au complet est sortie pour tenter de protéger
ses acquis. Bien, maudite merde! penses-tu que ce n'est pas extraordinaire que
des gens puissent se mobiliser pour faire en sorte qu'ils puissent maintenir
les services9 Et leur signal, c'était de participer et
d'aller dire oui, nos services, on en a des bons, on veut les maintenir au
niveau de notre ville, de notre municipalité; il faut donc influencer
les décisions qui seront prises au conseil d'administration du CLSC.
Ça, c'est des citoyens qui se prennent en main, c'est ça qu'on
souhaitait. ça ne veut pas dire pour autant qu'il n'y a pas certaines
places où il n'y a pas eu quelques accrocs au processus. c'est clair.
mais ce n'est pas majeur, c'est mineur. et j'en profiterai peut-être,
comme l'occasion m'est donnée ce matin, pour dire au représentant
de la csn, qui s'est passablement étiré le cou hier, se sentant
presque évincé d'en processus nettement démocratique, que
lui, il n'a pas encore compris ce que c'était la démocratie. il a
besoin d'ajouter quelques pages à son cahier démocratique. une
chose est claire, à partir du moment où on permet aux
employés qui sont syndiqués, à partir du moment où
on permet aux employés et qu'on réserve à leurs fins
spécifiques des postes dans les conseils d'administration qui vont se
répercuter au niveau de la régie régionale, qu'on ne
vienne pas me dire qu'on exclut les syndicats. au contraire, ce que les
syndicats ont tenté de faire, par cette voie-là, c'est d'aller
chercher des postes qui appartiennent à d'autres, qui
représentent d'autres catégories de la population, et c'est
à eux que ça doit appartenir.
Donc, il est bien évident, c'est clair qu'on aura besoin
d'ajustements; on va les faire ensemble. On va les faire ensemble, ces
ajustements-là, à la lumière de ce qu'on a vécu,
mais pas trop encarcanant, laissant la liberté d'action à chacun
des individus et souhaitant une participation très large.
Enquête publique sur Urgences-santé. C'est un refrain qui
est rechanté depuis un certain temps et qui ne me surprend pas du tout.
On aura l'occasion d'aborder le dossier d'Urgences-santé cet
après-midi, de ce que j'ai compris, avec grand plaisir.
Quant au dernier point, l'Hôtel-Dieu de Montréal, la
décision est prise. Point, «period», à la ligne. Et
l'Hôtel-Dieu va se construire dans le nord-est de Montréal. Point,
«period», à la ligne. Et quant aux questions qui ne sont pas
«répondues» supposément, même si on y
répondait pendant 100 ans, elles ne seront jamais
«répondues» Et je vous invite à scruter davantage les
intérêts défendus, qui sont davantage d'ordre
d'intérêts particuliers pour certains qui critiquent la
décision et qui continuent de poser des questions et, si vous voulez
qu'on fasse le tour, on fera le tour dans la période de questions, un
par un. Posez-les, vos questions, on va y répondre de la même
manière que j'ai répondu dans tous les cas. Et dites-vous une
affaire: Vous pouvez toujours le réclamer, vous pouvez toujours faire la
fuite en avant, comme ça a été souvent le cas dans ce
genre de dossier, l'Hôtel-Dieu de Montréal, mais une
décision a été prise par le Conseil des ministres
unanimement. Unanimement. La décision a été
annoncée, il
reste maintenant la réalisation à faire, et vous allez
vous apercevoir, dans pas grand-temps, que ça va être en cours
assez rapidement. Voilà!
Discussion générale
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue.
Croissance annuelle du budget
M. Trudel: Alors, merci, M. le Président. Je ne peux
m'empêcher de faire aussi quelques remarques complémentaires aux
propres remarques du ministre, mais on ne passera pas la journée
là-dessus, parce qu'on a des éléments particuliers qu'il
faut regarder, mais sur ces éléments de réponse, IPC+3 %,
le 7 décembre, il y a tout le monde dans le réseau qui avait pris
ça comme un engagement du gouvernement. Vous dites aujourd'hui: C'est un
objectif. C'est un objectif qu'il fallait poursuivre. Compte tenu des
conditions, on ne l'a pas atteint, on ne peut pas se rendre à ça.
Mais ce que je répète ici, c'est qu'en décembre 1990, en
commission parlementaire, c'était de l'ordre d'IPC+3 %, l'engagement du
gouvernement, en matière de crédits de santé et de
services sociaux. Je vous rappellerai aussi qu'à la page 79 du document
du 7 décembre, les crédits IPC+3 %, si je relis la phrase,
là...
M. Côté (Charlesbourg): Continuez. Non, non.
M. Trudel: ...le ministère prévoit une augmentation
de... On va lire ça, les papiers... Il n'y a rien comme les papiers.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je vais vous aider,
là, mais on va aller jusqu'au bout tous les deux. Alors, c'est
marqué plus spécifiquement...
M. Trudel: «Le gouvernement entend accorder en principe au
ministère une croissance annuelle moyenne réelle de son budget
équivalant à 3 % au cours des cinq prochaines
années.» N'est-ce-pas?
M. Côté (Charlesbourg): Parfait! Oui. On continue.
Non, non, mais...
M. Trudel: Ça, ce n'est pas marqué, là?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non mais le gras...
Non, non, mais il est là. Tu sais, il y a trois...
M. Trudel: «Tenir compte de la conjoncture
économique, de la politique budgétaire et de la capacité
de payer de l'État.»
M. Côté (Charlesbourg): Bon! Et...
M. Trudel: Bon! Mais l'engagement répété
publiquement, vous vous souviendrez de l'annonce, là, c'est: II va y
avoir 2 000 000 000 $ pour financer l'implantation, pour financer cette
réforme-là. Je voulais juste dire ce qui était à la
page 79.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais, c'est parce
que... Là, vous êtes un peu plus correct, là, avec mon
assistance, d'ailleurs, parce que vous avez...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez ajouté
«tenir compte de la conjoncture économique, de la politique
budgétaire et de la capacité de payer de l'État». Il
me semble que c'est bien évident. C'est correct! Parfait! C'est
ça. Mais c'est ça la totalité de l'information.
M. Trudel: C'est parce que ça nous aide à lire
d'autres engagements qui viendront.
M. Côté (Charlesbourg): Ça nous...
M. Trudel: Ça nous aide à lire d'autres engagements
gouvernementaux qui viendront.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais...
M. Trudel: Qu'on ne lise pas aussi que les premières
lignes et qu'on ne reflète pas uniquement qu'il s'agit d'engagements
fermes de maintenir tel taux de croissance ou tel type de plan de relance.
C'est toujours extrêmement relatif et ça ne correspond pas
à des engagements précis. Mais là, je vais aller
rapidement là-dessus.
Immobilisations
Sur le deuxième point, quant au report d'investissement, quant
à moi, vous avez bien confirmé qu'à la page... que le
tableau 1 du programme annuel d'investissement, à la page 272, pour
1991-1992... Je vais vous en citer quelques-uns. Dans le programme annuel
d'investissement, les travaux de 41 000 000 $ prévus à
l'Hôpital général du Lakeshore, les travaux de 3 228 000 $
à l'hôpital Sacré-Coeur de Montréal, les travaux de
8 000 000 $ au centre hospitalier Fleury, les travaux de 10 000 000 $ au centre
hospitalier de Maniwaki - et je ne les énumère pas tous, il y en
a pour 97 000 000 $ - ont été reportés et les 120 000 000
$ du plan de relance avaient, quant à l'argent, été
pigés dans le plan annuel d'investissement. Donc, ce qui a
été fait au niveau de la relance, c'est d'autres types de
travaux, parce qu'il y a, en 1991-1992, pour 97 000 000 $ qui étaient au
plan annuel qui étaient prévus au budget sur les 300 000 000 $ et
qui ont été reportés.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
d'aucune manière je ne veux mettre en cause la bonne foi du
député, là, mais juste pour se comprendre, c'est
qu'à partir du moment où vous avez 120 000 000 $ de projets
additionnels et qu'il y a une liste identifiée, puis qu'il y a de ces
projets qui ne peuvent pas se réaliser dans le temps que nous avions
prévu, en tout ou en partie, il est bien évident qu'il reste un
solde. Le choix que vous avez, à ce moment-là, c'est de faire en
sorte qu'on puisse le dépenser, substituer par des projets qui peuvent
se réaliser dès maintenant, donc, plus rapidement, et de faire en
sorte qu'on ne perde pas l'argent et qu'on continue, à
l'intérieur d'un plan qui est plus global, qui va nous permettre de le
réaliser cette année. Donc, faire en sorte qu'on puisse, dans
certains cas, réaliser des projets qui étaient davantage
prêts. Mais globalement, tout confondu, vous admettrez avec moi qu'il n'y
a pas une cent de perdue, c'est l'ensemble des 400 000 000 $ et quelques
à l'intérieur d'un budget triennal qui vaut au-delà de 1
200 000 000 $, si ma mémoire est fidèle, et qui inclut les 120
000 000 $ du plan de relance, et tous les projets à l'intérieur
du plan de relance sont des projets qui vont être réalisés,
et en plus des réguliers aussi, de la même manière. (10 h
40)
M. Trudel: Comme dirait le ministre des Finances: On s'entend
bien. S'il y avait eu un ajout de 100 000 000 $, grosso modo, il y aurait eu
500 000 000 $ d'investissements...
M. Côté (Charlesbourg): C'est faux. C'est faux!
Bon!
M. Trudel: II y en a 400 000 000 $ de prévus...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Trudel: Et vous en annoncez 120 000 000 $ de plus.
M. Côté (Charlesbourg): Bien non.
M. Trudel: Ça, ça doit faire bOO 000 000 $ quelque
part.
M. Côté (Charlesbourg): Bien non. Ce n'est pas
compliqué, ça. C'est comme un budget d'université,
ça. Il faut qu'à un moment donné les colonnes
balancent.
M. Trudel: Le développement aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Mais
regardez-ça. Je vais vous dire tout ça bien vite. Dans un budget
qui est en croissance...
M. Trudel: Non, non. Je comprends très bien ce que vous me
dites. Vous me dites que ce sont des travaux qui auraient été
reportés de toute façon. Et vous les annoncez ici comme
étant reportés...
M. Côté (Charlesbourg): Laissez-moi finir.
M. Trudel: ...et en même temps, comme par hasard, vous
annoncez 100 000 000 $ de travaux.
M. Côté (Charlesbourg): Vous cherchez la
vérité? J'essaie de vous la donner, comme dans tous les dossiers.
Le budget régulier des immobilisations du miristère est,
règle générale, 300 000 000 $. O.K.?
M. Trudel: Parfait.
M. Côté (Charlesbourg): En 1991-1992... ou
l'année 1990 ou 1991? 1990. Il y a eu un premier plan de relance qui a
ajouté pour une année - j'ai arrondi les chiffres - plus ou moins
100 000 000 $. O.K.? Pour cette année-là. On s'est donc
retrouvés avec des immobilisations de plus ou moins 400 000 000 $.
Est-ce qu'on se comprend?
M. Trudel: C'est certain.
M. Côté (Charlesbourg): Mais il y a 100 000 000 $
qui sont annuels. Donc, s'il n'y a pas de nouveau plan de relance et qu'on a
immobilisé notre argent, on revient à 300 000 000 $. C'est clair?
C'est exactement ça. Le gouvernement a décidé de faire un
plan de relance 2. Et on repart donc de la base de 300 000 000 $, on ajoute 120
000 000 $, ce qui fait 420 000 000 $. Quand vous essayez de me faire la
démonstration qu'on est parti de 400 000 000 $ et qu'on a annoncé
un projet de 120 000 000 $ et qu'on devrait être à 520 000 000 $,
ce n'est pas ça pantoute. Un plan de relance de 100 000 000 $ pour une
année, ce n'est pas un plan de relance de 100 000 000 $ par année
pendant 10 ans, c'est un plan de relance d'un an de 100 000 000 $. C'est
ça. C'est juste ça. C'est exactement ça.
M. Trudel: Le 19 février 1991, y avait-il ou non, au
programme annuel d'investissement, 400 000 000 $ de prévus? Juste ce
bout-là. Le 18 février, on va dire. Est-ce qu'il y avait 400 000
000 $ de prévus? Vous venez de dire oui. Le 19...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il faut
l'expliquer. Il y avait 300 000 000 $ du régulier, plus la phase 1 du
plan de relance qui allait dépenser ces montants au cours de
l'année. Et, quand on annonce un plan de relance 2, c'est 120 000 OCC $
additionnels. Si vous voulez, pour bien se comprendre, je vais vous donner la
liste de tous les projets qu'on a faits, avec le régulier, le plan de
relance 1, et je vais vous donner
l'année suivante, tous les projets qu'on a faits dans le
régulier, plus tous les projets du plan de relance 2. C'est bien
évident. Donc, alors, c'est clair qu'ils ont 120 000 000 $ additionnels.
Je n'essaierais pas de vous faire accroire qu'il n'y a pas de 120 000 000 $
additionnels s'ils ne sont pas là. Voyons-donc. Ça ne tiendrait
pas le fort longtemps.
M. Trudel: Le plan de relance 2 ne faisait-il que continuer le
plan de relance 1? J'entends, est-ce que ce sont les mêmes travaux?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Non.
M. Trudel: Non, ce sont d'autres travaux. Bon, évidemment.
Partant de là, donc, il y en avait de prévus au plan
régulier, 400 000 000 $. Au plan régulier, il y avait 400 000 000
$, et on s'est retrouvés, toujours à l'intérieur du plan,
avec le plan de relance, à 400 000 000 $ au total. Point.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Ce que je vous ai dit
tantôt, c'est qu'il y avait des substitutions de projets, compte tenu du
fait qu'on voulait dépenser l'argent et que c'était pour stimuler
l'économie. Il y a des niveaux de projets qui étaient un peu plus
prêts que d'autres, il y a eu substitution. Ce que je vais faire, je vais
vous remettre la liste des travaux de 300 000 000 $ plus le plan de relance 1.
Je vais vous remettre l'année suivante, la liste des 300 000 000 $ de
travaux, plus le plan de relance 2, et vous allez voir que ce ne sont pas les
mêmes projets. Donc, ça va être 300 000 000 $ pour une
année, plus 100 000 000 $, ça fait 400 000 000 $. Et si on prend
le total des deux années, ça va être deux fois 300 000 000
$, ça fait 600 000 000 $, plus 100 000 000 $, ça fait 700 000 000
$, plus 120 000 000 $, ça fait 820 000 000 $. Alors, à partir du
moment où, sur le total des deux années, il y a pour 820 000 000
$, plus ou moins 820 000 000 $, de travaux, il y a eu à la fois 100 000
000 $ et 120 000 000 $ additionnels.
M. Trudel: Je n'ai jamais affirmé, je ne nie pas qu'il y
ait eu 400 000 000 $ de travaux. Ce que je dis, c'est qu'il y avait, au
régulier, 400 000 000 $ de travaux de prévus.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Non.
M. Trudel: C'est ça, les chiffres, à la page
271,272.
M. Côté (Charlesbourg): Bien non. Bien non, il y
avait...
M. Trudel: Et, après ça, vous en avez
reporté pour 97 000 000 $...
M. Côté (Charlesbourg): Bien non.
M. Trudel: ...et, le 19 février, vous en avez
annoncé pour 120 000 000 $. Bon, alors...
M. Côté (Charlesbourg): Je m'évertue à
vous le dire. Dans le régulier, c'est 300 000 000 $; dans le plan de
relance 1, c'est 100 000 000 $ additionnels. Donc qui, un coup
réalisé, disparaît. On revient à la situation
normale parce qu'il n'y a plus de plan de relance.
M. Trudel: Je ne retiendrai que le mot que vous avez
employé, il y a eu «substitution» de projets à
réaliser pendant l'année.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Trudel: Très bien. «Substitution», c'est ce
que je disais.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ce que je veux que vous
reteniez aussi, c'est qu'à la fin des deux plans, y compris du
régulier, on aura fait la totalité des projets qui ont
été envisagés et qui ont été
annoncés. C'est ça qui est important.
M. Trudel: II y a eu substitution et, quant aux travaux
reportés pour 97 000 000 $, on verra comment ils vont se
réaliser.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Trudel: Mais il y a des gens qui viennent de comprendre
à travers le Québec que leurs travaux ont été soit
annulés, soit reportés, parce qu'on a probablement...
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas vrai. C'est
faux.
M. Trudel: II y en a pour 97 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Totalement faux, totalement
faux.
M. Trudel: Bon, nous allons quitter ce volet, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): Non, excusez.
M. Trudel: Je vais retenir le mot «substitution», le
débat est fait là-dessus.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, vous allez
soumettre la liste des projets...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, oui, aux membres
de la commission. Oui, oui.
Le Président (M. Joly): Pour faire les...
M. Trudel: M. le Président, je les ai, les travaux.
Une voix: II a dit qu'il les avait.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, un instant. Non,
non, mais...
M. Trudel: Je l'ai, la liste des substitutions.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
vais vous fournir - puis j'imagine que, si ça n'intéresse pas
l'Opposition, ça peut intéresser mes collègues -
l'ensemble des documents, avec toutes les notes explicatives, de manière
très claire quant au phénomène très bien
expliqué, projet par projet, et y compris les substitutions, M. le
Président, puis y compris le total des deux années qui va faire
la démonstration, hors de tout doute, que ce qui avait été
prévu en termes de dépenses, au-delà de 800 000 000 $, a
effectivement été dépensé pour les projets pour
lesquels ils ont été planifiés.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Groulx, s'il vous plaît.
Mme Bleau: Bon, là, le mot «substitution» dans
la bouche de mon collègue d'en face a l'air à avoir une
connotation vraiment désagréable. Et pour n'employer qu'un mot
facile...
M. Boulerice: Perspicace.
Mme Bleau: Bon. Alors, je pense, quand on veut dire
«substitution», dans la bouche de M. le ministre, il veut dire que
si un travail, à un moment donné, n'était pas faisable
pour toutes sortes de considérations, plutôt que de perdre cet
argent-là, on l'a mis sur un autre travail qui était prêt
à être accompli. Alors, le mot «substitution», dans
cette optique-là, n'est pas un mot désagréable. Et je
voudrais bien que vous le compreniez de cette façon-là, pas nous
emmener ça là comme si vous disiez qu'on avait fait un vol, qu'on
avait pris quelque chose à quelqu'un pour le donner à quelqu'un
d'autre, parce que ce n'est vraiment pas ça.
M. Trudel: Merci delà...
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, s'il vous plaît.
M. Trudel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): Ah, vous aimeriez venir en
réaction...
M. Trudel: oui, merci de l'aide de la députée de
groulx de bien expliquer c'est quoi de la substitution, elle a dit des travaux
reportés; puis on prend ça et puis on substitue ça
à d'autres choses.
Le Président (M. Joly): Merci. M. le député
de Salaberry-Soulanges.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais... Le
Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour
«substitution», M. le député, là, est-ce que
votre crainte - ce que je voudrais voir éliminé le plus
rapidement possible - est qu'à partir du moment où il y a eu
substitution votre crainte, ou votre plaisir, est d'informer des gens qui ont
fait l'objet de substitutions que leur projet ne se réalisera pas? Si
c'est ça votre crainte, je pense qu'on va l'apaiser assez rapidement
parce qu'il y a des projets qui vont apparaître cette année, qui
sont parvenus à maturité dans le plan triennal que nous allons
déposer, et qui vont faire l'objet d'assentiment de la part du ministre
et de réalisation au cours de l'année. Donc, il est clair que
tout ça va se faire de manière assez importante, globalement.
M. Trudel: Conclusion, quant à moi. Quand on entend une
annonce ministérielle, gouvernementale, d'accélération de
l'investissement, on se dit: II vient de s'ajouter 120 000 000 $ au net par
rapport à tout ce qui était prévu et qui était
inscrit aux crédits. Reconclusion. On s'aperçoit à la
lecture... Et je ne dis pas qu'il n'y a pas de travaux qui n'ont pas
été faits, de nature différente, avec ces 120 000 000 $
là, mais on ne s'est pas ramassé à partir de ce qui
était aux livres le 18 février, à 400 000 000 $, on ne
s'est pas réveillé avec 500 000 000 $. C'est ça qui avait
été véhiculé: On ajoutait 100 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Absolument pas. M.
Trudel: On n'a pas ajouté 100 000 000 $. M. Côté
(Charlesbourg): Absolument pas.
M. Trudel: On était dans le plan d'investissement' et on a
substitué d'autres travaux qui se sont réalisés ou qui
sont en voie de réalisation. Bon.
M. Côté (Charlesbourg): Absolument pas, absolument
pas. Si dans votre esprit à vous ce n'est pas clair, vous qui avez
travaillé dans les réseaux, pour ceux qui travaillent dans le
réseau, c'est clair que lorsqu'on parle d'un plan
d'accélération de l'investissement au niveau de
sécuri-té-incencie ou de
sécurité-vétusté, et qu'on ajoute 100 000 000 $
pour une année, on n'ajoute pas 100 000 000 $ pour 10 ans. Et la base,
elle, revient à 300 000 000 $. Et comme on annonce un plan 2
d'accélération, puisqu'on ajoute 120 000 0C0 $, on passe de 300
000 000 $ à 420 000 000 $. Voyons donc! C'est l'enfance de l'art,
ça. (10 h 50)
M. Trudel: Les personnes, listes d'attentes en centres d'accueil
d'hébergement et de soins de longue durée, le ministre...
Le Président (M. Joly): Excusez, vous êtes toujours
sur l'échange, là, ou vous voulez commencer votre
procédure de questionnement?
M. Trudel: Non, on commence la procédure.
Volet santé et services sociaux
Le Président (M. Joly):alors, j'aimerais peut-être
reconnaître le député de salaberry- soulanges juste avant
que vous débutiez, m. le député.
Situation en Montérégie
M. Marcil: M. le ministre, comme les questions ne viennent pas,
je vais en poser. En Montérégie... Vous avez parlé
tantôt de bilan-lits. À un moment donné, vous aviez
annoncé la possibilité, au niveau des centres d'accueil, qu'on
puisse aller aussi vers le secteur privé. Naturellement, c'était
conditionnel à l'analyse du nombre de lits, des besoins en termes de
lits au niveau des différentes régions. La
Montérégie comme telle, M. le ministre... J'avais deux sujets:
d'abord au niveau des centres hospitaliers et, mon deuxième, ce serait
au niveau des centres d'accueil.
La problématique, au niveau des engorgements des urgences en
Montérégie, c'est quoi? Ça correspond à quoi, par
rapport aux autres régions du Québec, les problèmes
d'engorgement des urgences en Montérégie?
M. Côté (Charlesbourg): II y a eu, là comme
ailleurs, des visites du groupe tactique d'intervention dans les
différents centres hospitaliers de la Montérégie, et nous
avons eu un niveau de collaboration assez exceptionnel. Et dans chacun des cas,
évidemment, comme on est dans une situation de rareté de lits,
donc un manque de lits qui est bien évident, y compris en courte
durée pour la Montérégie, il est bien évident que
ça met une pression assez importante sur les centres hospitaliers
existants quant à l'achalandage et quant aux urgences. Ça a
été le cas de Saint-Jean, par exemple, où il y a eu des
efforts assez importants pour tenter d'en revenir à une situation
normale. Dépendamment des situations ou des époques, sur le plan
de la grippe, par exemple, au niveau des personnes âgées, il y a
une affluence ou pas à l'intérieur des urgences.
Globalement, le constat qu'on fait, c'est qu'il y a eu une bonne
amélioration. Ça demeure une situation fragile, très
fragile, tant et aussi longtemps qu'on n'en arrivera pas à un ajout de
capacité de lits de courte durée pour mieux répartir
l'effort des uns et des autres sur le plan de ces urgences-là. Il est
bien évident qu'au cours de l'automne, quant à l'ajout de lits en
courte durée, la Montérégie, Lanaudière et Laval
sont des régions, à travers le Québec, qui ont des besoins
et qui feront l'objet de décisions au cours de l'automne. C'est bien
évident. Y compris, par exemple, dans le cas du Lakeshore, qui est un
hôpital qui attend depuis déjà un certain temps, où
il y a un certain besoin à ce niveau-là.
M. Marcil: Maintenant, au niveau du sud-ouest de la
Montérégie, en termes de besoins en lits de longue durée.
Je sais qu'il y a des travaux d'amélioration de prévus au niveau
de centres d'accueil du Haut Saint-Laurent, dans la région de
Valleyfield.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, lorsqu'on regarde 1985,
la longue durée au niveau de la Montérégie, c'est le
problème numéro 1. On avait un problème au niveau de la
jeunesse, il y a eu du travail de fait, qui est assez intéressant
à ce niveau-là, mais une chose est certaine, c'est qu'on est dans
une situation où la longue durée, c'est la priorité
numéro 1 au niveau de la Montérégie. Et selon notre
bilan-lits, de manière globale au niveau de la Montérégie
- évidemment, c'est une région qui est très vaste, vous en
conviendrez avec moi - il y a un manque, pour 1996, de plus ou moins 1000 lits
en longue durée. Ce qui est quand même assez exceptionnel et un
fait assez unique par rapport aux autres régions du Québec.
M. Marcil: Quand vous parlez d'environ, d'à peu
près 1000 lits d'ici 1996, si on allait vers le sud-ouest, la
région de Châteauguay, Huntingdon, Vaudreuil-Soulanges,
Beauharnois, c'est quoi le tableau?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. À ce moment-ci,
je l'ai donné volontairement de manière générale au
niveau de la région. Il est bien évident que lorsqu'on y va par
départements de santé communautaire, donc territoires de
départements de santé communautaire, il y a des chiffres qui sont
plus précis pour chacune des régions, que je ne souhaite pas,
à ce moment-ci, mettre sur la place publique. Je préfère
davantage les maintenir au niveau de l'ensemble de la région, sinon...
Et c'est très simple. À partir du moment où c'est mis sur
la place publique, dans des territoires aussi pointus que celui d'un
département de santé communautaire, ça va être la
guerre, la chasse, les pressions à gauche puis à droite pour
faire en sorte que chacun puisse avoir chez eux... et tenter d'influencer
Pierre, Jean, Jacques, et je ne veux pas être soumis à
ça.
Ce que je souhaite, c'est qu'on ait une problématique globale au
niveau de chacune des régions. Il est bien évident qu'en
Montérégie ça saute à l'oeil; que Laval a des
problèmes; que
dans Lanaudière on a des problèmes au niveau de la longue
durée; que dans Chaudière-Appalaches, on a des problèmes
de longue durée, mais davantage dans le territoire de Saint-Romuald et
Lévis que dans le restant de Chaudière-Appalaches. Dans ce
sens-là, notre plan, qui sera, je l'espère bien, rendu public au
début de l'automne, va nous permettre de dire: Si, par exemple, on
construisait, au cours des deux prochaines années, 2000 lits, voici dans
quelle région ils vont aller et voici du redéploiement. Parce
que, dans le cas de la Montérégie, on a déjà
commencé à travailler sur du redéploiement de
ressources.
J'ai dit tantôt qu'en 1991, selon les normes, on a 4000 lits de
trop. Ce n'est pas évident qu'on ferme partout. Ce n'est pas
évident qu'on va fermer la moitié d'un étage dans un
village. Je pense qu'il faut être raisonnable et être capable de
faire ce qu'on peut. Dans ce cas-là, il va y avoir un
redéploiement, comme c'est le cas de l'Hôtel-Dieu de
Saint-Hyacinthe, qui est en voie d'être réglé à ce
moment-ci, à l'intérieur d'une sous-région, où
ça semble plus facile de redéployer à l'intérieur
d'une sous-région que d'une sous-région à une autre
sous-région, à l'intérieur d'un territoire. J'aurais des
exemples en Abitibi aussi, bien sûr, à ce niveau-là. Il est
bien évident que c'est un bilan qui nous donne très nettement les
endroits où on devra travailler en toute première
priorité, et la Montérégie en est une.
M. Marcil: Dans notre secteur à nous... Le
Président (M. Joly): S'il vous plaît! M. Marcil:
...toujours dans la région...
Le Président (M. Joly): Je m'excuse. S'il vous
plaît...
M. Marcil: Une dernière question.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît,
très, très brièvement.
M. Marcil: Pourquoi?
Le Président (M. Joly): C'est parce qu'il nous reste une
heure et quelques minutes pour passer à travers tous les volets et
j'imagine qu'on va retrouver à l'intérieur des questions...
M. Marcil: Mais est-ce que l'étude des crédits,
c'est uniquement pour l'Opposition?
Le Président (M. Joly): Non, non, non. M. Marcil:
Non? Ah, merci. C'est correct.
Le Président (M. Joly): D'ailleurs, ce n'est pas ce que je
reconnais, mais je pense que...
M. Marcil: Non, mais c'est correct. Merci. C'est juste ça
que je voulais savoir. O.K. Je vais poser ma dernière question.
Le Président (M. Joly): Je vous reconnais, M. le
député.
M. Marcil: Concernant, justement, les centres d'accueil Haut
Saint-Laurent, M. le ministre, je sais qu'il y a des travaux quand même
majeurs qui doivent être entrepris, est-ce que c'est prévu pour
l'année 1992-1993?
M. Côté (Charlesbourg): II faut bien se comprendre,
c'est qu'après avoir fait le plan de relance 1, 100 000 000 $, le plan
de relance 2, 120 000 000 $ additionnels, au-delà de 300 000 000 $
chaque année, pour un total de quelque 800 000 000 $, et avoir
réglé les problèmes de
sécurité-vétusté et
sécurité-incendie, il reste des rénovations fonctionnelles
très importantes à nos centres d'accueil d'hébergement un
peu partout à travers le Québec.
Dans ce cadre-là, nous allons, dès cette année,
attaquer la rénovation fonctionnelle d'un certain nombre de centres
à travers le Québec qui ont été construits il y a
20, 25 ans, pour des normes du temps, pour des gens qui n'étaient
pratiquement pas malades mais qui avaient atteint 65 ans et qui étaient
autonomes, des gens qui ne se déplaçaient pas en chaise roulante
- on faisait des corridors pour que deux personnes se croisent épaule
à épaule au lieu de chaise à chaise - avec tous les
problèmes que ça comporte sur le plan de rénovations
fonctionnelles aujourd'hui. Dans le cas des dossiers particuliers que vous
évoquez, de Valleyfield et, si ma mémoire est fidèle, de
Les Cèdres... Coteau-du-Lac, il y a de ces projets qui sont dans le plan
triennal du ministère et j'espère bien être capable
d'enclencher ces travaux-là dès cette année.
M. Marcil: M. le ministre... Si j'ai posé ces
questions-là, M. le Président, c'est parce que je ne m'attends
pas à ce que les députés de l'Opposition les posent. Ils
vont sûrement régler leurs cas de comté eux autres
aussi.
Le Président (M. Joly): Je pense que ce qui est bien
important ici, c'est de reconnaître l'article 132 de notre
règlement qui dit qu'«un député qui n'est pas membre
d'une commission peut, avec la permission de cette dernière, participer
à ses délibérations, mais ne peut pas y voter ni y
présenter une motion». Par contre, on dit aussi: «Cette
permission n'est pas requise lorsqu'une commission étudie les
crédits». Ça laisse supposer, ça laisse entendre que
tous les parlementai, es ont le même droit de parole à ce
niveau-là, sauf que je pense que, dans l'échange de
procédures et la tradition, normalement on reconnaît à
l'Opposition un petit peu plus de
temps. Et, à date, je pense que j'ai démontré cette
flexibilité, sauf que je ne voudrais pas donner l'impression que les
parlementaires peuvent être lésés dans leur droit de
parole. Alors, compte tenu de ce que nous avons établi comme tradition,
je vais reconnaître chacun des parlementaires qui voudra bien exiger son
droit de parole. (11 heures)
Je comprends aussi que chacune des régions se doit d'être
bien représentée, et elles le sont. Alors, partant de là,
je vous reconnaîtrai. Malgré la petite enveloppe de temps qui nous
est dévolue, qui est mise à la disposition des parlementaires,
j'imagine qu'on peut s'entendre entre nous autres de façon à ce
qu'il n'y ait pas d'ambiguïté sur ce droit de parole là.
M. le député de Rouyn-Noranda, je vous reconnais et soyez
assuré que je vais reconnaître les autres parlementaires
occasionnellement. Alors, j'apprécierais si, de temps à autre,
vous jetiez un regard vers la présidence. C'est beau dire: M. le
Président, mais, si vous ne me regardez point, je peux difficilement
essayer d'infiltrer, disons, les questions des autres parlementaires.
Une voix: T'as compris, Rémy?
M. Côté (Charlesbourg): ...confiance au
président qui préfère le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Ah, bien oui, je comprends!
D'ailleurs, il est certain d'avoir des réponses toujours justes, M. le
ministre.
M. Trudel: Oui, bien, comme dit... Il répond: Oui, je vais
finir par le faire, le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Maintien à domicile des personnes
âgées
M. Trudel: M. le ministre...
Le Président (M. Joly): À date, ça va bien.
Alors, continuons dans la même veine.
M. Trudel: ...on n'a pas beaucoup de temps. Concernant les CLSC,
il y a une question quant aux crédits qui sont prévus. Il y a un
engagement de réformé, toujours du 7 décembre, 40 000 000
$ supplémentaires, maintien à domicile. Bon. L'an passé,
vous avez eu l'occasion de rabrouer les gens des CLSC sur quelques remarques
qu'ils avaient fait dans les journaux là-dessus. Il y a eu des retards
dans les sommes d'argent transmises aux CLSC aux fins de maintien à
domicile. Mais, essentiellement, la question est la suivante: 40 000 000 $ sont
annoncés au titre du maintien à domicile et avaient
été prévus en termes d'objectifs dans la réforme.
Cependant, l'an passé, cette somme d'argent a été
répartie entre l'alourdissement de clientèle et le maintien
à domicile. Cette année, lorsqu'on regarde ces 40 000 000 $, on
dit: II y en a 21 500 000 $ qui vont aller à CLSC, maintien à
domicile et le restant, alourdissement de clientèle.
La question qui se pose ici... On ne peut pas dire que c'est 40 000 000
$ pour le maintien à domicile. Il y en a pour 25 000 000 $
supplémentaires. Seront-ils versés dans les prévisions et,
compte tenu des besoins, est-ce qu'on peut s'attendre à ce que les CLSC
soient favorisés davantage, je dirais, en quelque sorte, compte tenu des
propres objectifs fixés par le ministère?
M. Côté (Charlesbourg): Très bonne question.
Très bonne question, puis je n'en attendais pas moins non plus. Je
trouve celle-là meilleure que les autres. C'est un niveau
d'appréciation qui m'est personnel, mais...
M. Trudel: Sa réponse est prête, celle-là!
M. Côté (Charlesbourg): Comment? M. Trudel: Sa
réponse est prête, celle-là!
M. Côté (Charlesbourg): Non, comme les autres
d'ailleurs. Toutes les réponses sont prêtes. Il y a un principe.
Il y a un principe, les personnes âgées. Je ne jouerai pas dans le
jeu de «C'est mon argent à moi, ce n'est pas ton argent à
toi». La bataille des structures, puis la bataille des
établissements, s'ils veulent en faire une qu'ils la fassent. Ce n'est
pas mon problème.
Moi, ce que je tente d'aller chercher, ce sont des sous pour les
personnes âgées. On ajoute 40 000 000 $ cette année pour
les personnes âgées. Comme par hasard, les personnes
âgées se retrouvent en maintien à domicile, puis se
retrouvent aussi dans des établissements. Il y en a qui sont dans des
établissements qui n'auraient probablement jamais dû aller en
établissement, qui auraient dû être dans le maintien
à domicile. Ils ont été accueillis par les centres
d'accueil d'hébergement à des financements de centres d'accueil
d'hébergement à l'époque, et ils sont davantage devenus
aujourd'hui des centres hospitaliers de soins de longue durée.
Ce qu'on tente de faire, c'est d'avoir un certain équilibre entre
les deux pour qu'on en arrive à un budget qui s'apparente davantage aux
centres hospitaliers de soins de longue durée. À partir du moment
où on aura atteint cette croissance-là et que ces budgets vont
être clairs, il est clair que l'ensemble de l'argent pourra aller dans le
maintien à domicile. On a continué encore cette année, sur
les 40 000 000 $, un partage entre l'alourdissement des clientèles et
le
maintien à domicile, parce que ça s'adresse aux personnes
âgées. Il est bien évident que... Je l'avais toujours dit,
je l'ai toujours dit, et je continue de le dire: 40 000 000 $, c'est quand
même passablement d'argent. On avait dit que le maintien à
domicile... C'est vrai qu'on avait dit «maintien à domicile»
peut-être de manière un peu plus spécifique, mais
c'était davantage «personnes âgées».
Est-ce que ça veut dire qu'on ne sera pas capables de faire des
efforts additionnels? Peut-être, de la même manière qu'on
l'a fait l'an passé; on ne devait pas en mettre de l'argent l'an
passé, c'était clair. On ne devait pas mettre une cent. Les
sommes d'argent de la réforme devaient commencer cette année,
mais il est bien évident qu'il y a des besoins. On a mis 29 000 000 $
l'année passée qui nous ont permis d'élaborer une
méthode avec les crsss qui a pris du temps sur le plan de
l'élaboration des paramètres de...
Vous vous souviendrez, quand on a parlé des crédits, l'an
passé, l'ACAQ disait: C'est 70 000 000 $ et 30 000 000 $, le partage.
Les CLSC disaient: C'est 70 000 000 $ et 30 000 000 $. il manquait 40 000 000
$. tout le monde était prêt à partager 30 000 000 $, mais
le 70 000 000 $, c'était pour chacun d'eux autres. donc, ce qu'on a
fait, au cours de l'automne dernier, malgré le fait que ça ait
créé, au niveau de l'île de montréal, un certain
nombre de questionnements, particulièrement sur les bases
budgétaires des 10 000 000 $ additionnels au niveau des clsc, ça
nous a permis de vérifier nos méthodes et de les valider, puis on
va le refaire encore cette année plus rapidement que l'an passé,
je l'espère bien, parce qu'on a déjà une méthode
pour être capables d'allouer ces sommes-là le plus rapidement
possible. donc, le 40 000 000 $, encore cette année, tient compte de
l'alourdissement et il tient compte du maintien à domicile.
M. Trudel: Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Trudel: Oui. Est-ce qu'on va l'avoir pour vrai?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Mais un instant. Mon
ami Bissonnette, de la Fédération, s'est étiré le
cou un petit peu, à un moment donné, hein? Il faut que le
ministère récupère les sommes. Ce qui a été
fait l'an passé, c'est qu'on a donné un mandat aux régies
régionales avec les fédérations, que ce soit CLSC ou ACAQ,
de trouver une méthode qu'eux autres mêmes vont se
déterminer quant à la répartition de ces sommes-là.
Qu'ils ne viennent pas lancer la balle dans ma cour quand ils m'ont produit,
à l'automne, très tard, le résultat de leurs
réflexions. Bien, voyons donc! Je suis prêt à prendre une
partie de la responsabilité. Cette méthode-là, elle est...
Bon, il y aura peut-être quelques ajustements cette année, mais
elle est faite, là. Donc, ça va nous permettre, cette
année, je l'espère bien, dans les plus brefs délais, c'est
mon souhait, que d'ici la fin de mai on ait transmis aux établissements
le résultat et les sommes d'argent.
M. Trudel: Mais vous allez convenir d'une chose, eri
décembre 1990, aux crédits budgétaires de l'an
passé... Quand on dit: 40 000 000 $ au maintien à domicile, on
force les mots. C'est le moins que l'on puisse dire. Et je ne nie pas qu'il y a
des besoins du côté de l'alourdissement des clientèles
hébergées. La démonstration est assez clairement faite.
Les personnes vivent plus vieilles et réclament souvent plus
d'heures-soins. C'est la règle. Mais ce n'est pas 40 000 000 $ qu'on
rajoute dans le maintien à domicile. Je le dis aussi pour une autre
raison, c'est que quand on dit ces choses-là, vous le savez très
bien, M. le ministre, ça soulève des attentes dans la population.
Dans les CLSC, on dit: Écoutez, ce n'est pas tant que ça, ce
n'est pas le pactole. Il faut bien distinguer les choses, je suis d'accord avec
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Très
honnêtement, très, très honnêtement, sur cet item
précis, si j'avais à réécrire des choses, compte
tenu de l'expérience que j'ai maintenant, que je n'avais pas
nécessairement à l'époque, je ne parlerais pas de 40 000
000 $ de maintien à domicile, je parlerais de 40 000 000 $ pour les
personnes âgées. C'est clair qu'il y aurait une distinction dans
mon langage, je l'avoue très candidement et très
honnêtement. En cours de route, moi, je me suis rendu compte qu'il y
avait des besoins au niveau de l'alourdissement des clientèles en
centres d'accueil d'hébergement et qu'il y avait aussi des besoins en
maintien à domicile. Bon. Alors, ils sont là, on tente de les
combler selon nos capacités. Mon évaluation à moi, c'est
qu'en cours de route, au niveau de l'alourdissement, on va finir par atteindre
des budgets optimums dans les centres hospitaliers de soins de longue
durée. Quand on les aura atteints, on reviendra, à ce
moment-là, à un maintien à domicile. Ça ne veut pas
dire qu'on ne pourra pas faire d'efforts additionnels, mais quand on arrive
avec du soulagement sur le plan des bases budgétaires de CLSC aussi,
bien, évidemment, il y a bien des choses qui arrivent.
Quand on arrive avec la politique jeunesse et qu'on ajoute des postes
avec de l'argent pour des postes dans les CLSC, il y a du soulagement qui
arrive au niveau du CLSC qui va peut-être permettre Hr faire en sorte que
l'argent qui est dévolu au maintien à domicile soit en
totalité conservé au maintien à domicile ou, s'il y a une
marge de manoeuvre qui est dégagée au niveau du CLSC, que
lui-même puisse l'affecter au
maintien à domicile et qu'on arrive, à ce
moment-là, avec des budgets qui respectent un petit peu les besoins.
donc, on est en évolution, puis je pense qu'il faut se corriger à
l'occasion.
M. Trudel: Je vous remercie de cette reconnaissance. Est-ce que
cette année il y a également des prévisions
budgétaires en matière de redressement des bases de financement?
C'était autour d'une dizaine de millions, l'an passé, en termes
de rattrapage. Vous avez reconnu qu'on avait fait, bien évidemment, du
chemin avec ça. Il en reste à faire, en termes d'équilibre
et de reconnaissance, quant aux trois générations de CLSC parmi
les 158 qui ont été créés au Québec. Qu'en
est-il, donc, de l'élément rattrapage des bases
budgétaires des CLSC?
(11 h 10)
M. Côté (Charlesbourg): II y aura une tranche
additionnelle, cette année dont je ne peux pas, à ce montant-ci,
déterminer le montant. Il me reste des travaux à faire, mais,
à partir de la marge de manoeuvre qu'il me reste au niveau du
ministère - et il m'en reste une - pour le moins, quand on parle des 37
000 000 $, c'est une évidence qu'elle est là et qu'elle n'est pas
affectée, et il est de mon intention d'ajouter de l'argent sur les bases
budgétaires de CLSC encore cette année.
M. Trudel: Je reviendrai au niveau des 37 000 000 $ quand on
abordera le chapitre de la courte durée...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...dans les hôpitaux, mais, comme ça
été appliqué à tout le réseau, je le
prendrai à partir de ce moment-là. le temps file toujours
très rapidement. on regrette toujours...
M. Houde: Est-ce que je pourrais avoir la parole parce que
ça fait une demi-heure que je l'ai demandée et je n'ai pas
été capable de...
Le Président (M. Joly): Je suis d'accord. Mais, M. le
député, quand on est sur un sujet...
M. Houde: Mais il change de sujet.
Le Président (M. Joly): Non, non. Si vous me dites que
c'est sur le même sujet...
M. Houde: Bien, ça touche les...
Le Président (M. Joly): je comprends que vous avez un
autre engagement. je vais peut-être, avec la coopération de m. le
député, reconnaître m. le...
M. Houde: J'en ai pour à peu près cinq minutes, pas
une demi-heure, cinq minutes à peu près.
M. Trudel: C'est parce qu'il me reste juste une question. C'est
des cas particuliers, comme...
Le Président (M. Joly): Alors, je vous laisse aller pour
vider votre sujet. Par après, bien, je reconnaîtrai le
député de Berthier.
M. Trudel: Rapidement, M. le ministre, Pointe-Saint-Charles,
Clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, faites-nous le point rapidement
là-dessus parce qu'il y a encore des gens qui attendent un certain
nombre de réponses. Où est-ce qu'on s'en va avec ça quant
à la reconnaissance de la responsabilité de la clinique? Je vais
du même coup tout à fait à l'autre bout du Québec.
J'ai une question qui se pose pour les citoyens de l'île-Verte, dans le
Bas-Saint-Laurent, qui attendent, depuis un bon nombre de mois, les services
d'un infirmier à temps complet, compte tenu du caractère, bien
sûr, insulaire de la population. Alors, pour épargner toujours le
temps, je les mets tous les deux une à la suite de l'autre.
M. Côté (Charlesbourg): Pointe-Saint-Charles, il y
aura le respect de la loi 120. Pour moi, là, il n'y a pas deux lois 120;
il n'y en a pas une pour le Québec et une pour Pointe-Saint-Charles. Il
y a une loi 120, il y a des catégories d'établissements et,
ça, je veux que ce soit très, très clair. D'ailleurs,
c'est ce que je leur ai dit, lorsque je les ai rencontrés à
Montréal. Ce dont on a convenu - d'ailleurs, je leur ai adressé
une lettre dans ce sens-là - c'est que, sous la responsabilité de
M. Boisvert, sous-ministre, il y aurait du travail qui se ferait avec
Pointe-Saint-Charles, avec la clinique communautaire, pour voir comment on
pourrait cheminer pour faire en sorte qu'il y ait un respect de la loi 120, ce
qu'eux autres sont prêts à faire et ce que nous autres, on est
prêts à faire, mais dans le respect de la loi 120. Bon.
Je ne nie d'aucune manière, et je pense que la population l'a
démontré, qu'il y a une certaine qualité de services qui
est dispensée par Pointe-Saint-Charles. Tu ne mets pas 600 personnes
dans une salle un soir juste pour le plaisir de leur offrir un beigne et un
café. C'est bien évident qu'il y a du monde là-dedans qui
comprend qu'ils ont une qualité de services. Mais, moi, au
Québec, j'ai 158 CLSC. Alors, je veux en avoir 158, je n'en aurai pas
157. Donc, c'est une mission de type CLSC. La question fondamentale est de
savoir si elle peut être offerte par la clinique communautaire, de quelle
manière on peut le faire tout en respectant ce que nous sommes. Et
là on ne parle pas de 200 000 $, on parle de 3 000 000 $. 3 000 000
$.
Je ne sais pas si vous étiez là dans les discussions du
communautaire hier soir, mais il y en avait qui étaient ici qui
rendaient service à la communauté et qui couraient après
50 000 $. Alors, là, on est avec un budget de 3 000 000 $
de CLSC qui doit répondre aux normes des CLSC. Donc, est-ce qu'il
y a une souplesse qu'on peut apporter dans notre vision à nous autres?
Je pense que oui. Évidemment, ça va faire appel aussi à
une souplesse de leur part de respecter ce que doivent être les CLSC. O.
K. Les lettres ont été transmises au début du mois d'avril
au président du conseil d'administration pour s'asseoir à la
table avec les gens du ministère, ouvertement, mais livres ouverts,
livres ouverts, de façon à ce qu'on se retrouve dans une
situation très claire. Et on va faire l'effort qu'il faut. On aura
l'occasion, très certainement, de s'en reparler. D'ici ce
temps-là, on continue comme dans le passé et on verra
jusqu'où on peut aller. La bonne foi est là de tenter de
régler le dossier.
Quant à l'Île-Verte, je ne sais pas pourquoi, mais c'est
une île avec laquelle j'ai toujours eu un certain nombre de
problèmes.
M. Boulerice:...
M. Côté (Charlesbourg): Comment? Non, moi, je n'ai
pas de problèmes avec l'Ile de Montréal; eux autres, ils ont des
problèmes avec moi, je ne sais pas pourquoi. Ça, c'est bien
différent. Comment?
M. Boulerice: Vous ne les aimez pas.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Je les adore. Je les
adore. Évidemment, à ce que j'ai compris, ce n'est pas mutuel.
Pourtant, je m'entends très bien avec le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques, du moins, à l'occasion. On se comprend, pas
sur tous les dossiers, mais, sans dire qu'on s'aime...
M. Boulerice: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II y a, au niveau de
l'Île Verte... Voulez- vous me rappeler combien il y a d'habitants sur
l'île ? 32
M. Trudel: Permanents...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel:... puis la vocation d'été aussi,
touristique?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais un instant. Le
gars qui part de Montréal et qui va passer un mois à
l'île-Verte... Je paye pour des services pour lui sur l'île de
Montréal. O. K. S'il a décidé d'avoir un chalet et de
passer deux mois à l'île-Verte, ce n'est pas nécessairement
lui qui stimule l'économie de l'île-Verte. Il faut bien se
comprendre, là. Cependant, il y a une problématique qui est
particulière. En été, on peut toujours se
débrouiller, parce que, pour traverser de l'eau, ça prend un
canot, puis ils ont un bateau qu'on a subventionné par le
ministère des Transports à l'époque. La
problématique, c'est l'hiver, c'est l'automne, dans les périodes
plus difficiles, et le printemps dans les périodes de glace. Ça,
ça m'inquiète un petit peu plus.
Bon. J'étais persuadé que nous avions un technicien
ambulancier en permanence sur l'île, un technicien ambulancier pour 32
personnes, avec des possibilités d'évacuation en cas de
difficulté. Il est bien évident que ça nous donnait une
certaine sécurité. La bataille aujourd'hui, c'est d'avoi: un
infirmier ou une infirmière en permanence sur l'île pour 32
personnes. De manière humanitaire, c'est clair qu'il faut donner des
services. Est-ce que ça se justifie par rapport au reste du
Québec? S'il fallait que le ratio soit une infirmière dans un
CLSC pour 32 personnes partout à travers le Québec, on ne serait
pas à IPC + 3 %, on serait à IPC + 300 %. Alors, il est bien
évident qu'il faut relativer les choses, tenir compte qu'il y a
là des besoins en termes de service. J'aurai, soit par mon
intermédiaire ou l'intermédiaire de... Est-ce que vous me suivez,
là? Le député me suit, là?
M. Trudel: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est juste parce qu'on
arrive dans le «crunch», alors...
M. Trudel: J'ai trois oreilles pour... Une voix: Ha, ha,
ha!
M. Côté (Charlesbourg): J'aurai, par mon
intermédiaire ou par l'intermédiaire de mes collaborateurs tant
de niveau politique, que de mon cabinet, que du ministère, des
rencontres avec le CLSC pour réexaminer la situation au cours des 15
prochains jours et pour régler le problème. On va le
régler, le problème. Mais j'avais la certitude que nous avions en
présence permanente un technicien ambulancier et il semble que ce ne
soit pas le cas. Dans la mesure où ce n'est pas le cas, je veux à
tout le moins qu'on assure un minimum de sécurité sur le plan
santé à ces individus-là.
M. Trudel: Je pense bien que les autorités municipales, en
particulier de l'île-Verte, sont prêtes à ce dialogue et
à cet échange au niveau de l'examen des formules dans les
différents niveaux...
M. Côté (Charlesbourg): C'est les mêmes
autorités avec qui j'ai échangé dans le passé sur
le traversier. Évidemment, quand je regarde l'état du traversier
aujourd'hui, vous me permettrez à l'occasion d'avoir certaines
réserves.
M. Trudel: Et de les reconnaître comme interlocuteurs,
comme porte-parole de leur popu-
lation, ça...
M. Côté (Charlesbourg): Mais un traversier, c'est
une chose et la santé, c'est une autre affaire.
M. Trudel: Alors, disons que vous nous dites qu'il va y avoir des
démarches qui vont être faites au cours des 15 prochains jours:
dialogue intensif, ouverture d'esprit et je suis sûr qu'on peut arriver
à une solution quant au caractère particulier de cette population
et de ses différentes phases pendant l'année.
Déménagement de l'Hôtel-Dieu de
Montréal
M. le ministre, nous changeons de catégorie. Nous allons
aller dans les centres hospitaliers, dans la courte durée, et je vais en
profiter pour aborder un petit dossier que vous connaissez bien, auquel vous
avez fait allusion dans votre discours d'ouverture, l'Hôtel-Dieu de
Montréal. Il nous faut profiter, donc, de la commission parlementaire
pour, à tout le moins, éclaircir un certain nombre
d'éléments dans ce dossier-là.
Écoutez, je n'ai pas l'intention de refaire, quant à moi,
de mon bout, l'historique. Le ministre avait déposé, à sa
conférence de presse du 9 avril, un bon bout, merci, de cet
historique-là, et, par ailleurs, du cheminement qui a été
suivi pour la prise de décision qui, on le reconnaîtra
d'emblée, fait l'objet - c'est le moins qu'on puisse dire - de
contestations et fait l'objet de discussions intenses et d'absence
d'approbation quant à la vision quand même des
représentants qu'on ne peut pas qualifier de négligeables: la
ville de Montréal, la Chambre de commerce, le Montréal Board of
Trade, une bonne partie des médecins, etc. Et là je pourrais en
nommer une dizaine, et le ministre pourrait probablement en nommer une
quinzaine de son bord aussi, de son côté, de ceux qui sont
favorables. Mais il reste que, sur le base, il y a là un bon nombre de
questions et un bon nombre d'éléments du débat qui ne
semblent pas, à première vue, avoir été
portés à maturité pour en arriver à prendre cette
décision. (11 h 20)
La première question, c'est... Écoutez, d'octobre 1989 -
c'est les documents du ministre qui nous l'apprennent, là - à
juin 1991, le ministère de la Santé et des Services sociaux a
poursuivi quatre études commandées, par ailleurs, par le Conseil
du trésor au ministère pour en arriver à donner son avis,
son aval, à la recommandation, à l'option qu'entendait
défendre le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Et je rappelle ces études: le plan fonctionnel et technique, le PFT,
pour le futur Hôtel-Dieu, le choix du site, la réutilisation des
bâtiments actuels et le bilan-lits pour tout le Québec. M. le
ministre, les intervenants de Montréal, dans ce débat,
récla- ment depuis un bon nombre de semaines de rendre publics ces
documents afin d'examiner toute la problématique aussi à leur
tour, à la lumière des arguments qui ont été
invoqués...
Le Président (M. Joly): Excusez, M. le
député.
M. Trudel: ...et de ce qui a été fait au Conseil
des ministres...
Le Président (M. Joly): Excusez, M. le
député, je vous interromps.
M. Trudel: Oui.
Le Président (M. Joly): ici, dans cette commission, on ne
fume pas. alors, j'apprécie beaucoup la coopération. il y a des
salons réservés à cet effet. je vous remercie.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas bon pour la
santé.
M. Boulerice: Ça réduit mon agressivité,
c'est dommage pour vous autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Ah! On réussira à la
contenir.
M. Trudel: Alors, première étape, M. le
ministre...
M. Côté (Charlesbourg): On est capable d'en
prendre.
M. Trudel: ...dans ce débat, là.
M. Côté (Charlesbourg): On va travailler pour votre
santé.
M. Trudel: Qu'en est-il de ces études? Le ministre est-il
prêt à les rendre publiques pour que les intervenants de la
région de Montréal puissent avoir ces informations pour faire en
sorte de voir, analyser et comprendre les tenants et les aboutissants de la
décision et des pendants de cette décision, et de faire en sorte
que le débat public, région île de Montréal, puisse
se faire avec des informations très précises? Je dirais, en
terminant, en réponse aussi à la demande des syndiqués, en
particulier de la CSN, de la Fédération des affaires sociales qui
avaient demandé l'accès à ces documents et à qui on
a refusé d'avoir accès à ces documents, que ça,
ça me semble être l'élément de base dans ce
dossier-là, pour l'instant.
M. Côté (Charlesbourg): Éliminons un certain
nombre de petites affaires. Vous avez raison parce que, quand on le prend sous
cet
angle-là, c'est un angle qui est assez clair. Le PFT, il est
public. Bon. Donc, on n'a pas trop de problèmes avec ça,
là. Le PFT, on s'entend bien, là, est public. Donc, s'il n'est
pas public, là, je peux vous en donner une copie, je n'ai aucun
problème parce qu'on l'a donné à tout le monde à
peu près. Donc, c'est un problème qui est vite
réglé.
Réutilisation du site, c'était public, donc, c'est
réglé. On l'a donné à qui voulait l'avoir, il n'y a
pas de problèmes. Il y a deux places où on était plus
réticent. Il y avait les terrains, le choix de site, puis il y avait le
bilan-lits. Les terrains, vous comprendrez pourquoi, hein? On est assez vite
accusé, merci, d'attiser la spéculation. J'imagine que le
député, qui court après les bonnes moeurs du gouvernement,
va être le premier à tenter de nous accuser de ce genre de choses
là, si jamais il y avait des choses pas correctes. Évidemment,
c'est sa job, puis, s'il y en avait, il faudrait le faire. L'étude sur
les sites a été menée avec la ville de Montréal,
c'est clair, là?
Alors, ça a été mené avec eux autres. Bon.
Alors, on ne se chicanera pas bien, bien longtemps là-dessus. Il y a des
dangers à ce niveau-là et, d'ailleurs, regardez les articles de
journaux qui ont couru, tout le monde courait après le scandale.
Même M. Paquette, de la CSN, a lui-même évoqué des
possibilités de spéculation sur les terrains à
l'époque et des intérêts d'individu supposément dans
ce dossier-là.
Il reste donc le bilan-lits. Le bilan-lits, il ne sera pas rendu public,
c'est clair? Ce n'est pas parce qu'il y a des choses à cacher. Mais,
à partir du moment où on rend public le bilan-lits pour
Montréal, pourquoi ne pas le rendre public pour l'ensemble du
Québec? C'est des instruments de travail dont nous avons besoin pour
travailler et pour, finalement, faire en sorte qu'on puisse gérer,
autrement que par la politique, l'ajout de capacité de lits à
gauche et à droite à partir des normes qui sont assez
claires.
Donc, qu'est-ce qui a été fait? Est-ce que ça veut
dire pour autant que les données n'ont pas été transmises?
Les données ont, effectivement, été transmises aux
autorités de la ville de Montréal en particulier et, par
conséquent, c'est les vases communicants avec la Chambre de commerce sur
ce dossier-là. Je ne dis pas que c'est tous les dossiers, mais au moins
celui-là, c'est les vases communicants. Donc, des données
tirées du bilan-lits ont été remises à ces
gens-là qui ont pu en faire une analyse. Ce qu'on a fait, à la
demande des employés et du corps médical de l'Hôtel-Dieu,
nous avons rendus disponibles des documents à l'Hôtel-Dieu
où les gens ont pu aller les consulter, ces documents-là,
où il était là, le bilan-lits. Le choix de site
était exclu, mais le PFT et la réutilisation, ces
documents-là ont été là et ils ont pu les
consulter.
Donc, à partir de ça, c'est assez transparent, merci. Les
raisons fondamentales, pas parce que j'ai peur du bilan-lits, qu'il soit
attaquable ou pas, ce n'est pas ça qui m'énerve, pas une minute,
c'est des normes qui sont appliquées à partir d'une population,
d'âge de population, de besoins de santé de population, en
particulier de l'île de Montréal, de besoins d'une norme qui est
mondiale de lits universitaires sur le territoire de l'île de
Montréal. Donc, c'est des choses qui sont assez claires et qui sont des
paramètres qu'il faut appliquer.
Évidemment, c'est là où on en est actuellement.
Dans ce sens-là, tout ce qui peut aider au débat sur le plan des
documents, bien, on en a donné autant comme autant, des dossiers, et
ça n'a pas été fait en vase clos. L'historique est
là pour démontrer tout ce qui a été fait pour
impliquer tout le monde sur le plan des recherches. Quant au processus
décisionnel, il faut bien faire une distinction. Je l'ai dit, ça
a choqué. Je suis le ministre de la Santé et des Services
sociaux. C'est clair, là? C'est ça, ma principale fonction. Je ne
peux pas ignorer le reste parce que je fais quand même partie d'un
ensemble. Mais, ma fonction principale, à moi, c'est ministre de la
Santé et des Services sociaux et c'est de m'assurer que les gens ont des
services.
Je l'ai dit et je le répète: C'est des dossiers d'impact
majeur, c'est clair. C'est des dossiers d'impact majeur, mais, dans ce
cas-là comme dans d'autres, la décision est prise. Elle a
été prise en toute connaissance de cause par le Conseil des
ministres. Elle a subi le processus de toutes les instances centrales sur le
plan gouvernemental, que ce soit le Trésor, que ce soit le COMPACS, que
ce soit le COMPADR, que ce soit le CMPDE et le Conseil des ministres, pas rien
qu'à une reprise, c'a été un processus amorcé bien
avant moi, que je n'ai fait que terminer, et la décision est prise.
Donc, elle est prise.
La Présidente (Mme Loiselle): M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Mme la Présidente, récemment, dans un
éditorial, Alain Dubuc, de La Presse, disait que le ministre de
la Santé et des Services sociaux ne connaît pas Montréal,
n'aime pas Montréal et ne s'entend pas bien avec les
représentants de Montréal. Dans ce débat, le journal La
Presse a déploré, et je le déplore aussi, que le
ministre ait comme attitude, d'une part, que Dieu le Père, qui est
à Québec, a pris une décision et, donc, il n'y a pas une
force au monde qui peut changer ça et que, d'autre part, tous ceux qui
sont contre défendent des intérêts particuliers. (11 h
30)
Ceux qui sont contre, il faudrait le répéter, c'est la
ville de Montréal - on peut penser que la ville de Montréal
défend l'intérêt général de l'ensemble de la
ville de Montréal - la Chambre
de commerce de Montréal, où il y a des milliers de femmes
et d'hommes d'affaires qui sont regroupés pour défendre
l'intérêt de leurs commettants, mais aussi l'intérêt
général de Montréal, les organisations syndicales, les
défenseurs du patrimoine urbain - je pense à Mme Phyllis Lambert,
Jean-Claude Marsan - les députés du Parti québécois
de l'île de Montréal. Bref, on ne peut pas résumer
ça d'une façon simpliste en disant que tout ceux qui sont contre
la fermeture de l'Hôtel-Dieu au centre-ville défendent des
intérêts particuliers. Quand on lit le journal La Presse,
on apprend qu'il y a quelques intérêts particuliers autour du
centre commercial Marc-Aurèle Fortin, puis de l'autre bord de la
Rivière-des-Prairies, à Laval - on avait d'autres détails
ce matin - qui ont intérêt à ce que l'hôpital se
construise là. Mais mon propos n'est pas de faire le débat
là-dessus ici, ce matin.
Deuxièmement, le ministre nous prend pour des enfants quand il
dit qu'il y a eu de la transparence, puisqu'il y a des personnes qui ont pris
quelques heures pour aller consulter des centaines de pages de documents sans
en rapporter de photocopies. Le journal La Presse, qui n'est pas connu
pour son hostilité au gouvernement, a dit, avec raison, sous la
signature d'Agnès Gruda il y a quelques semaines, qu'avant de faire
subir la grande opération à l'Hôtel-Dieu il faudrait, au
moins, permettre de voir les radiographies de l'hôpital qui est
réputé malade.
L'autre aspect, c'est que j'ai lu un résumé du plan
fonctionnel et technique qui circule, effectivement, mais on voudrait avoir le
plan fonctionnel et technique qui doit avoir six à huit pouces
d'épaisseur. Par ailleurs, permettre à des personnes de venir
consulter des centaines de pages de documents en catimini, ce n'est pas rendre
des documents publics. Il faut prendre les gens pour des enfants de croire que
des personnes sérieuses, comme l'administration municipale de
Montréal et la Chambre de commerce, vont se contenter de ce type de
transparence là.
D'autre part, on voit dans le plan fonctionnel et technique - un des
plans fonctionnels et techniques parce que, dépendant de l'auditoire, on
change de plan fonctionnel et technique - qu'il n'y a pas d'obstétrique,
puis il n'y a pas de pédiatrie dans l'hôpital qu'on veut
construire à Rivière-des-Prairies. Or, dans le nord-est de
l'île, il y a quelque chose comme 1000 naissances par année. Dans
le quartier Pointe-aux-Trembles, qui fait partie de mon comté et que le
ministre a eu l'occasion de visiter récemment quand il rencontrait le
CLSC...
M. Côté (Charlesbourg): À votre
invitation.
M. Bourdon: Oui, conjointement avec le député de
LaFontaine. Je remercie le ministre d'être venu et, cette fois-là,
d'avoir écouté ce que les gens avaient à dire.
M. Côté (Charlesbourg): Terminé.
M. Bourdon: À cet égard-là, Mme la
Présidente, on ne peut pas s'empêcher de trouver...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Je vais faire la même
suggestion que j'ai faite à M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Tournez-vous vers la présidence
occasionnellement pour voir que c'est M. le Président, et non pas Mme la
Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourdon: Oui, M. le Président. Alors, j'ajoute, M. le
Président, que dans le résumé du plan fonctionnel et
technique que j'ai pu lire et qui circule et qui n'est pas le plan fonctionnel
et technique - ça n'en est qu'un résumé - il n'y a pas,
entre autres, dans l'hôpital projeté, d'obstétrique et de
pédiatrie. Dans le nord-est, l'an passé, il y a eu 1000
naissances, et dans Pointeaux-Trembles, 800 naissances.
Donc, qu'est-ce que c'est que ce projet de dilapider 250 000 000 $ pour
un hôpital où il y aura le Centre québécois des
grands brûlés, qui fait un travail extraordinaire et qui est
reconnu mondialement, mais pas de place pour les femmes qui veulent accoucher?
Le jour même de l'annonce de l'Hôtel-Dieu, à
Télé-Métropole, au bulletin de nouvelles, les gens
pouvaient appeler pour dire ce qu'ils en pensaient. L'hostilité au
projet annoncé, c'était 69 % de la population de Montréal.
Ça commence à être beaucoup dans les sondages, même
si ce n'est pas un sondage scientifique, que des milliers de personnes aient
appelé, puis qu'à 69 % les Montréalais sont contre.
Pourquoi sont-ils contre? C'est parce que ce n'est pas un hôpital
qui correspond aux besoins du nord-est de l'île dont on a tenu aucun
compte dans la planification de l'hôpital. C'est un hôpital de
référence qu'on veut y construire, un hôpital universitaire
et pas un hôpital de première ligne. Ce dont la population de
Rivière-des-Prairies a besoin, c'est un hôpital de première
ligne de 200 à 250 lits. C'est pour ça que moi, avec d'autres, je
vais me battre pour qu'on ne leur mette pas en place un hôpital
universitaire qui va faire un cratère au centre-ville de
Montréal, sans donner à la population du nord-est l'hôpital
dont elle a besoin.
À cet égard-là, ce n'est pas en nous disant que
tous ceux qui sont contre ne comprennent rien, puis défendent des
intérêts particuliers qu'on va régler la question. La
population de Montréal est autant contre que l'administration municipale
de Québec a en vue un endroit pour le futur Centre des congrès.
Dans le cas de
Québec, dans le cas de la capitale, c'est Trizec, apparemment,
qui le veut sur ses propriétés.
Alors, le ministre, comme ministre régional responsable de
Québec, veut imposer un choix de Centre des congrès à la
ville de Québec. Ça, ce n'est pas notre propos d'en
décider. Mais, pour ce qui est de l'Hôtel-Dieu, la population de
Montréal est contre, la Chambre de commerce, le journal La Presse,
le journal The Gazette. Alors, il doit y avoir quelque chose
derrière ça. Il n'y a pas un minimum de transparence pour qu'on
ait toutes les pièces au dossier et qu'on puisse évaluer, d'une
façon correcte, l'ensemble de ce qui est devant nous. Ce qui est
proposé... Quand on dit dans l'envoi sans adresse du
député de LaFontaine, par exemple, que ça va faire i 000
000 000 $ d'investissements et créer 3000 emplois - bon, on laisse les
chiffres - est-ce que ça va se faire exactement comme ça? la
population de montréal sait pertinemment que si ça a un impact de
3000 emplois en plus, quelque part, ça va avoir un impact de 3000
emplois en moins quelque part d'autre et que la décision va dans le sens
de l'étalement urbain.
À cet égard-là, je demanderais au ministre s'il ne
pourrait pas faire deux choses. C'est ma question au ministre: Est-ce qu'il ne
pourrait pas rendre publics - pas juste de les regarder à la sauvette -
tous les documents pertinents? Deuxièmement, accepte-t-il la suggestion
d'Alain Dubuc de venir entendre ce que la population de Montréal a
à dire là-dessus? Je répète la même chose
qu'Alain Dubuc disait: Ils ne mordent pas, les gens de Montréal.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
dis aussi que les gens de l'est de Montréal ne mordent pas. C'est bien
évident. Je ne me fais pas d'illusions quant à ma capacité
de convaincre ce député en particulier quant au dossier de
l'Hôtel-Dieu. C'est une tâche impossible par qui que ce soit. Le
genre de discours qu'il vient de faire, c'est sa vie, ça, M. le
Président. C'est sa vie. Il n'a jamais tenu d'autres discours que
ceux-là. Est-ce que c'est clair? C'est très clair. ii n'a jamais
tenu d'autres discours que ceux-là, et je renonce, m. le
président, à la possibilité de convaincre cet individu sur
la justesse du déménagement de l'hôtel-dieu de
montréal. avec tous les arguments possibles, jamais personne ne
réussira à convaincre cet individu, parce que cet
individu-là, ce n'est pas le bien de l'hôtel-dieu qu'il cherche et
ce n'est pas des soins adaptés aux gens qui en ont besoin. c'est d'autre
chose qu'il cherche. m. le président, ça m'apparaît
évident et ça a toujours été très
évident.
Revenons, M. le Président, au dossier. Le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, lui, aurait très certainement,
à l'occasion, parlé, pas rien que d'Alain Dubuc, il aurait
peut-être parlé de Jean Francoeur aussi. Lui, il ne peut pas faire
ça, c'est un partisan, comme il n'y en a jamais eu à
l'Assemblée nationale. Dans ce sens-là, M. le Président,
reprenons un certain nombre de ses arguments, mais pour davantage les adresser
à ceux qui vont attendre et qui veulent bien essayer de comprendre.
Je n'ai jamais dit qu'il y avait dans ceux qui défendaient le
dossier de l'Hôtel-Dieu sur le site actuel que des gens qui n'avaient que
des intérêts particuliers. Pendant quatre heures, en
présence de tous les représentants de cette coalition,
accompagné de mes fonctionnaires, des gens de l'Hôtel-Dieu..
J'imagine que ça ne doit pas être uniquement des caves, ceux qui
sont sur le conseil d'administration de l'Hôtel-Dieu de Montréal.
J'imagine que ça ne doit pas être uniquement des caves ceux qui
sont dans la fondation et qui sont prêts à investir 20 000 000 $
dans le projet au niveau de la fondation. J'imagine que la communauté
religieuse, ce n'est pas uniquement un regroupement d'imbéciles, au
niveau de la communauté religieuse. Alors, il me paraît bien
évident, M. le Président, que d'un côté comme de
l'autre, il y a du monde raisonnable. Mme Phyllis Lambert, je l'ai dit à
cette réunion-là, et M. Marsan, oui, qui ont toujours
défendu les mêmes choses: patrimoine, aménagement urbain.
C'est clair, ça a toujours été leur vie. Ils ne changeront
pas aujourd'hui. (11 h 40)
Qu'est-ce qu'ils défendaient? Ils défendaient que l'on
crée au centre-ville de Montréal un trou. C'est ça que les
gens ne veulent pas. Et de ça, vous autres, vous en faites un grand
trou, vous l'agrandissez. Bon, vous en faites même pas rien qu'un trou,
vous faites un cratère.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Alors, vous faites un
cratère pour vous démontrer jusqu'à quel point votre
extravagance peut atteindre des limites. Ce n'est pas ça dont il est
question. Ce n'est pas ça dont il est question, d'aucune manière.
Non, là, là, vous allez me laisser répondre, s'il vous
plaît, là. Vous l'avez abordé, le dossier, vous allez avoir
les réponses. Vous en voulez, vous allez en avoir.
M. Bourdon: M. le Président, il n'y a personne qui
empêche l'individu qui parle de répondre. Je ne vois pas...
Le Président (M. Joly): Non, mais il y a souvent une
interférence qui se fait, et c'est souvent
désagréable.
M. Côte (Charlesbourg): M. le Président, un petit
mot sur M. Dubuc, qui est une sommité reconnue J'ai moi aussi lu avec
beaucoup d'intérêt l'éditorial de M. Dubuc. Il aurait
été
intéressant qu'il accepte notre invitation à venir nous
rencontrer lorsqu'on a rencontré les éditorialistes, pour
échanger, pour peut-être connaître un petit peu mieux le
dossier avant même de se prononcer, et de ne pas uniquement être
alimenté par ceux qui sont contre. Il y a une question
d'équilibre dans tout ça. Je n'ai pas eu personnellement
l'opportunité - et Dieu sait que j'aurais adoré pouvoir
échanger avec M. Dubuc - d'ajouter à son information, pour qu'il
puisse avoir davantage l'ensemble du portrait qu'une vision parcellaire, avant
même de se prononcer.
Il m'apparaft bien évident, M. le Président, lorsqu'on dit
que Dieu le Père à Québec décide, que c'est un
débat historique depuis le début de l'implantation du Parlement
à Québec... C'est facile de dire: Dieu le Père est
à Québec. Ce sont des technocrates, des fonctionnaires qui sont
à Québec qui ont décidé. Ce projet-là
origine d'une demande qui est venue directement de l'Hôtel-Dieu de
Montréal pour la première fois de l'histoire du Québec, et
Dieu sait qu'il y a des ministres de la Santé qui ont essayé de
déplacer des choses à un moment donné: M. Pierre Marc
Johnson, à l'occasion. Je sais qu'il n'était pas bien, bien de
votre pensée politique là, mais il a tenté de faire un
certain nombre de choses contre la volonté des conseils
d'administration. Pour la première fois le conseil d'administration d'un
hôpital demande lui-même sa relocalisation, et c'est à
ça que Mme Thérèse Lavoie-Roux a répondu, à
l'époque, sur le plan de l'enclenchement de tout un mécanisme qui
nous menait à un certain nombre d'études à ce
moment-là. Québec décide, parce que Québec paie.
C'est ça, avec l'argent des citoyens, et ce sont les hommes politiques
et les femmes politiques qui ont cette responsabilité et qui devront
l'assumer jusqu'au bout.
M. le Président, oui, on a été transparent. On n'a
pris personne pour des enfants. Quand on s'adresse aux médecins, quand
on s'adresse aux syndicats, quand on s'adresse à la Chambre de commerce,
quand on s'adresse à la ville de Montréal, il est bien
évident qu'on ne prend pas les gens pour des enfants. D'ailleurs, c'est
à un tel point que, si vous vous êtes donné la peine au
moins de lire tout l'historique du dossier, vous allez vous apercevoir qu'il y
a du monde qui ont été impliqué dans ce dossier-là,
très impliqué. Vous tenterez de défaire ça quand il
y a des noms dedans, des dates, et des faits très clairs. Il n'y a
personne, jusqu'à maintenant, qui a défait ça. Il est
clair que tout le monde a été impliqué dans le
processus.
Quant au choix final, bien sûr que c'est le gouvernement qui
devait le prendre et c'est lui qui l'a pris. Quand on parle de plan fonctionnel
et technique, il est public. Il a été élaboré avec
les intervenants. Tout le monde, tout le monde a été mis à
contribution. Tout le monde a mis son sceau sur le plan fonctionnel et
technique d'un centre hospitalier universitaire. Ce que vous êtes
après faire, et ce que vous tentez de faire, c'est littéralement
de faire mourir l'Hôtel-Dieu de Montréal en voulant le maintenir
sur le site actuel, et le plus bel exemple, c'est le plan fonctionnel et
technique qui a été élaboré bien avant que j'arrive
pour tenter de faire le lien.
Le plan fonctionnel et technique est disponible, il n'est pas statique.
Ce n'est pas statique, un plan fonctionnel et technique. Un plan fonctionnel et
technique, ça peut s'adapter à un certain nombre de choses. Quand
on parle d'un centre hospitalier universitaire, il faut savoir de quoi on
parle, et de quel pourcentage on parle, en termes de services universitaires
par rapport aux services de base dispensés. Donc, dans le reste il y a
des choses qui peuvent s'adapter pour répondre aux besoins du nord-est
de Montréal.
M. le Président, ce que l'on tente de faire croire à la
population, c'est que l'impact économique est un impact négatif.
2932 employés de l'Hôtel-Dieu maintiennent leur emploi, partent du
centre-ville et vont travailler à Rivière-des-Prairies. Dans la
plupart des cas, c'est plus proche de leur lieu de domicile. On parle d'un
impact économique. Le défi qui a été lancé
à la Chambre de commerce et à la ville de Montréal, c'est:
Vous avez travaillé sur le dossier, déposez-nous l'impact
économique de l'Hôtel-Dieu au centre-ville. Déposez-nous
l'impact économique sur le fleuriste, parce qu'il peut y en avoir un.
Déposez-nous l'impact économique sur les restaurateurs du coin,
sur les magasins du coin, alors que la plupart des travailleurs sont des
navetteurs. Venez nous expliquer ça, sur le plan économique,
l'impact. Il n'y a pas une job qui se perd à Montréal, M. le
Président, aucune job. 2932 employés gardent leur statut au
niveau de l'Hôtel-Dieu à Rivière-des-Prairies.
Qu'est-ce qu'on fait? Dans la réutilisation de l'Hôtel-Dieu
actuel, on crée des emplois. On crée des emplois additionnels et,
au net, il y aura plus d'emplois avec un projet qui, selon notre avis, est un
projet, M. le Président, mieux adapté à la situation
actuelle, plus vitalisant pour le centre-ville. Ce qu'on dit, c'est que, dans
la mesure où il y aura, effectivement, des solutions alternatives encore
plus intéressantes que celles que nous offrons et qui respecteront la
volonté de la communauté religieuse, on est très ouvert.
C'est à ça que va s'attabler le comité du Grand
Montréal avec la collaboration du ministère de la Santé et
des Services sociaux.
M. le Président, c'est la première fois que j'entends des
remarques aussi... j'allais dire désobligeantes, mais c'est un
commentaire trop poli. Dilapider 250 000 000 $. Il faut être enfant pour
dire des choses comme ça. Dilapider 250 000 000 $ alors que la
proposition de ces individus, de ce parti politique, dit: Maintenons-le sur le
site. Investissons 170 000 000 $ pour rénover les locaux existants. Ils
n'ont pas de
problèmes, eux autres. Ils ont toujours réglé en
ajoutant. Même s'il y a un surplus de lits sur l'île de
Montréal, on dit: Pas de problème. Pour régler le
problème, on va en ajouter 200 ou 250 à
Rivière-des-Prairies. On en ajoute 200 ou 250 là où on a
besoin de lits dans une sous-région, mais pas sur une île. C'est
clair, ça. Vous irez chercher des études - vert, rouge, brun,
gris -que vous voulez qui vont tenter de faire cette
démonstration-là.
Ça, c'est la solution miraculeuse. C'est la solution miraculeuse:
on ajoute des lits. Sur le plan global, ce n'est pas si mal. Ça se
présente assez bien sur le plan des immobilisations; 250 000 000 $ pour
260 000 000 $, c'est des choses comparables. Ce qu'ils oublient de dire, c'est
le budget de fonctionnement récurrent, donc additionnel, que ça
nécessite pour ajouter à des places où on n'en a pas
besoin, alors que les besoins sont à Laval, sont en
Montérégie, sont à Lanaudière.
Alors, M. le Président, il est clair que, moi, je ne partage pas
ce point de vue. Je ne crois pas avoir été malveillant
vis-à-vis de ceux qui défendent la thèse contraire. J'ai
échangé avec eux. J'ai donné des réponses les plus
honnêtes possible, le plus ouvertement possible, pendant quatre heures de
temps. Ça, c'est à part de toutes les rencontres qu'il y a eu de
mes officiers. Il est évident que c'est toujours les mêmes
questions et que la discussion a porté d'abord sur le bilan-lits avec le
GRIS, et qu'à partir du moment où les réponses ont
été données et qu'elles étaient satisfaisantes,
à notre point de vue, évidemment, on a tourné vers
d'autres moyens pour tenter de bloquer le projet.
Quant à l'allusion de la fin, du Centre des congrès de
Québec, et de tenter d'identifier le ministre responsable de la
région de Québec, le ministre de la Santé, avec deux
dossiers, écoutez-moi bien, là, pour que ce soit très
clair. Je suis très heureux... Dans l'espace de deux semaines, dans une
situation de difficulté financière pour un gouvernement, je suis
très fier d'être allé chercher 341 000 000 $
d'investissement public, totalité publique, pour deux projets
très mobilisants pour ceux qui veulent se mobiliser. Dans le cas du
Centre des congrès à Québec, je vous rappelle que si vous
aviez eu la décence, à l'époque, quand vous avez construit
celui de Montréal, de construire celui de Québec, on n'aurait pas
tout ce temps-là à rattraper.
M. Bourdon:... pour rappeler. (11 h 50)
M. Côté (Charlesbourg): un instant. un instant. dans
ce sens-là, m. le président, il m'apparaît bien
évident que le centre des congrès à québec, c'est
une très bonne vision. quand on parle d'étalement urbain... j'ai
vécu le plan de transport à montréal et je vous
rappellerai, vous qui êtes davantage de tendance de gauche, que ça
a pris un ministre de québec pour régler le problème d'un
transport en commun au service des citoyens dans la grande région de
Montréal. C'est moi qui l'ai réglé. Ça a pris un
ministre de Québec, pas un ministre du nord-est de Montréal, M.
Tardif, pour le nommer, pour régler le problème du boulevard
Métropolitain. Ceux que vous défendez aujourd'hui proposaient un
tunnel à 2 000 000 000 $ ou 3 000 000 000 $ alors qu'on a
réglé le problème pour 100 000 000 $, et, aujourd'hui, il
n'y a plus de problème. Ça a pris quelqu'un de Québec pour
régler ces dossiers-là et ils sont réglés
aujourd'hui. Je suis très heureux et on va en régler un autre. Je
suis très, très heureux.
Évidemment, dans ce sens-là, au niveau de
l'étalement urbain, le plan de transport, la bataille à
l'époque, c'était: Ne construisons pas de pont pour
éliminer et terminer l'exode à l'extérieur de l'île.
C'était ça, le problème. Les gens allaient se bâtir
en banlieue, Montérégie, Lanaudière et Laval, parce que
ça coûtait moins cher pour se bâtir là que sur
l'île. On a dit - c'était ça la bataille: pas de pont, pour
aller rejoindre ces gens-là de façon à ce qu'ils viennent
rester sur l'île de Montréal.
Le discours d'aujourd'hui, ce n'est plus ça. Ce n'est même
plus l'île, c'est... Après avoir tenté d'isoler
l'île, le nouveau discours, c'est: Tentons d'isoler le centre de
l'île. C'est ça, là. Alors que l'île, ça fait
partie d'un ensemble, l'île de Montréal. Il est bien
évident que ce n'est pas moi qui vais trancher ce
débat-là, et. je ne suis pas intéressé à le
trancher non plus. Quant à moi, j'ai d'abord une vision de services de
santé et de services sociaux, avec une chance unique: faire de
l'Hôtel-Dieu de Montréal le premier centre hospitalier
universitaire construit de toutes pièces sur le territoire de
l'île de Montréal alors qu'entre nous autres il aurait bien plus
dû aller, si ce n'était pas de l'histoire, à Laval, alors
que le gouvernement a fait le choix de le maintenir sur l'île, de le
maintenir à l'intérieur du territoire de la ville de
Montréal et d'y investir des sommes considérables.
Évidemment, il y va de la survie de l'Hôtel-Dieu et, je vous le
dis, on va sauver l'Hôtel-Dieu universitaire malgré vous
autres.
Le Président (M. Joly): Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Groulx, pour ensuite
reconnaître M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mme Bleau: Sur le même sujet, M. le ministre, pour
compléter ce que vous avez dit, il est vrai que les
députés et les ministres du nord de Montréal ont
essayé de convaincre le gouvernement qu'il fallait un autre
hôpital à Laval. Pour une, dans Groulx, quand j'ai vu mes femmes
être obligées d'aller accoucher ailleurs qu'à Laval, faute
de place, j'aurais bien aimé voir cet hôpital. Malgré tout,
je pense qu'il est nécessaire pour l'est de Montréal, et on
pourra y avoir
accès certainement, aider justement l'hôpital de Laval qui
déborde.
Moi, je voudrais quand même... Hôpital universitaire versus
hôpital de première ligne, je me questionne sur ça, et je
pense qu'un député en a fait mention tout à l'heure.
Est-ce que vous pourriez me dire, comme hôpital universitaire, qui
j'espère aura quand même une vocation d'hôpital de
première ligne, si l'urgence du futur hôpital de
Rivière-des-Prairies pourra aider les urgences qui sont toujours... Dieu
seul sait comment j'ai eu à en souffrir, de l'hôpital du
Sacré-Coeur ou de l'hôpital Notre-Dame. Est-ce qu'il va y avoir
quand même une qualité à laquelle on s'attend d'avoir,
à ce nouvel hôpital, comme hôpital d'urgences?
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, il faut tenter
d'éliminer un certain nombre de mythes. C'est plus ou moins 18 % de la
totalité des services qui sont dispensés à
l'Hôtel-Dieu de Montréal, sur le site actuel, qui le sont pour des
gens qui demeurent dans le département de santé communautaire
où est l'Hôtel-Dieu. Évidemment, forcément, lorsque
vous êtes universitaire, vous dispensez des services de niveau tertiaire
et de deuxième niveau qui font appel, comme le disait le
député tantôt, au niveau des grands brûlés,
par exemple, où il y a deux centres: Saint-Sacrement à
Québec et Hôtel-Dieu. Il y a des gens de partout à travers
le Québec qui viennent et c'est une mission suprarégionale. Donc,
il y a une très large partie des gens qui consomment des services,
au-delà de 40 % qui consomment des services qui viennent de
l'extérieur de l'île de Montréal. Alors, ces gens-là
vont continuer d'aller à l'Hôtel-Dieu à
Rivière-des-Prairies. forcément, les territoires nord des
laurentides, de lanaudière, y compris de laval, vont aller chercher des
services à rivière-des-prairies. on évalue ou on estime
à plus ou moins 20 % les services dispensés dans un centre
hospitalier universitaire reliés au statut universitaire, le reste
étant des services de première ligne et de deuxième ligne
dispensés, finalement, aux citoyens qui se retrouvent sur ce
territoire-là ou qui y ont accès, peu importe leur territoire. il
est bien évident que, à rivière-des-prairies, on va
régler le problème de plus ou moins 300 000 personnes du nord-est
de l'île de montréal qui pourront avoir des services de cette
qualité-là, adaptés à leurs besoins. c'est bien
évident que, à ce niveau-là, le centre hospitalier
universitaire, qui sera à rivière-des-prairies, sera
adapté aux besoins aussi des gens qui consomment des services dans ce
milieu-là.
Donc, à partir de ça, il est bien évident que
ça va soulager, ça va aider les Laurentides, Lanaudière et
Laval de manière très très évidente, sans
interruption de service. Ce que je n'ai pas dit tantôt, puis qui,
très certainement, préoccupe tout le monde, c'est qu'à
partir du moment où on ferait une rénovation de
l'Hôtel-Dieu, par exemple, sur place, il est bien évident que ce
sont des travaux qui vont durer... Il faut faire des plans et devis, puis
ça prend un certain temps, mais c'est entre six et huit ans de
durée de réalisation.
Un hôpital de 510 lits que vous rénovez, il est bien
évident... Prenons l'exemple. Disons que c'est sur cinq ans, une
expérience extraordinaire, là. A part de la préparation de
plans et devis, à partir du moment où les pics et les pelles
entrent sur le territoire, disons que ça prend cinq ans pour le
réaliser. Ça veut donc dire que vous allez devoir fermer, par
année, 100 lits pour faire les rénovations fonctionnelles et, par
conséquent, priver l'île de 100 lits et des gens de services. Et
vous faites quoi avec les travailleurs? Peut-on se dire, dans une règle
de calcul rapide, qu'à 2932 employés, si on ferme 100 lits, donc,
un cinquième des lits, il y a peut-être une bonne chance qu'il y
ait un certain nombre de travailleurs dont on n'aura pas besoin pendant cette
période-là? Mais la solution de l'hôpital à
Rivière-des-Prairies nous permet d'avoir une continuité de
services et de faire en sorte que les gens puissent virtuellement, dans une
construction terminée, déménager.
C'est clair que ça va rendre service au nord-est de
Montréal dans le respect d'un bilan-lits, dans le respect de
l'économie de l'île de Montréal et en faisant en sorte
qu'on ait le meilleur projet possible quant à la réutilisation de
l'Hôtel-Dieu actuel. Les gens devraient, je pense, à l'occasion,
s'inspirer du premier déménagement de l'Hôtel-Dieu,
à l'époque, qui avait occasionné le même
questionnement, qui est sain comme questionnement. Je pense qu'il faut que ce
le soit, sinon les projets ne se bonifient pas. Tant mieux si on peut bonifier
les projets au bénéfice des citoyens de l'île de
Montréal dans tous les cas, puis de l'économie de IHe. C'est
ça qu'on souhaite, là. On ne souhaite pas de détruire
Montréal, on souhaite de lui donner un coup de pouce.
Le Président (M. Joly): Oui. Il y avait M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques qui a demandé la
parole, alors...
M. Boulerice: Non, non. Ça va, M. le
Président...
Le Président (M. Joly): Ça va? Parfait, merci.
M. Boulerice: ...parce que ce que j'entends, à mon point
de vue, c'est de la bouillie pour les chats.
M. Trudel: M. le Président, toujours dans la poursuite du
dossier...
Le Président (M. Joly): Et vous vous sentez
gavé.
M. Trudel: Bon. Il faut nécessairement aller rapidement
sur des arguments massue qui sont apparus dans le décor et que le
ministre vient lui-même de citer en disant, pour les opposants,
là, et au Parti québécois, l'Opposition: Vous ne vous
êtes pas posé la question sur le fonctionnement. Dans la
théorie du genre développons 200 lits, première ligne,
Rivière-des-Prairies, est de Montréal, nord-est, besoin
évident de première ligne, n'est-il pas vrai que sur le site
actuel vous prévoyez développer 100 lits de longue durée
dans les scénarios de réutilisation?
M. Côté (Charlesbourg): 90.
M. Trudel: II n'y a pas là un budget de fonctionnement
récurrent qui va apparaître au-delà des besoins des 510
lits qui vont être déménagés, à partir des
lits actuels?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Quand on parle de
longue durée, évidemment, si on parle, dans le projet, de
réutilisation du site actuel, de 90 lits additionnels, c'est que
ça répond à un besoin de lits. On ne fait pas 90 lits
parce qu'il n'y en a pas besoin. On fait 90 lits parce qu'il y a un besoin de
90 lits selon notre bilan-lits en longue durée. Par conséquent,
même si ça devait venir nous demander des sommes additionnelles
pour le fonctionnement, c'est dans l'opération normale que nous devons
faire. Ce n'est pas la même situation que lorsqu'on ajoute des lits de
courte durée dans un endroit où on n'en a pas besoin. Dans ce
sens-là, il est clair qu'au niveau de la réutilisation du projet,
quant aux coûts de ces lits-là, ils sont autofinancés par
l'ensemble du projet. Donc, il n'y a pas d'argent neuf et additionnel qui
serait donné pour l'opération des 90 lits. Mais ce n'est pas
juste...
M. Trudel: Non, mais vous parlez de l'immobilisation,
là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, mais...
M. Trudel: Pour le fonctionnement, il va y avoir de l'argent
supplémentaire, au total, dans le réseau pour ces 90 ou 100 lits
supplémentaires.
M. Côté (Charlesbourg): Dans une situation où
on a besoin de lits, quand on parlait tantôt des 7000, il est bien
évident que ces 90 lits-là ne seraient plus à
l'intérieur des 7000 lits parce qu'il y a un besoin.
M. Trudel: Oui, mais ce n'est pas la question du lit en soi qui
m'intéresse ici.
M. Côté (Charlesbourg): Bien, oui, mais... (12
heures)
M. Trudel: Oui, je comprends, là, mais il va y avoir un
ajout de 90 lits. Il va donc y avoir une unité de soins de longue
durée supplémentaire sur l'île de Montréal d'une
centaine de lits. Bon. Et ça, ça va demander un budget de
fonctionnement, et ce budget de fonctionnement, on peut, au niveau du
raisonnement du développement des lits dans l'est de Montréal,
dire: Quand on pense à 200 lits de courte durée, ce qu'on appelle
généralement un centre hospitalier de première ligne, bien
sûr que ça va demander un budget supplémentaire; il y a
déjà des sommes qui vont devoir être affectées
à des ajouts de lits - je ne parle pas de la nécessité ou
pas - au centre-ville de Montréal.
Alors, votre raisonnement, en disant: La question finale, au-delà
du déménagement en soi, c'est la question de pourvoir en fonds
publics le fonctionnement d'un hôpital de première ligne dans le
nord-est de Montréal... Alors, n'est-ce pas vrai qu'il va s'ajouter un
budget de fonctionnement au chapitre de la longue durée,
Montréal, pour 90 lits?
M. Côté (Charlesbourg): Pour être clair,
là, évidemment, on ne compare pas les mêmes budgets, parce
que ce n'est pas les mêmes budgets de fonctionnement, longue durée
et courte durée, là. Il y a quand même une distinction
très importante à faire à ce moment-là et, si ce
n'était pas à l'Hôtel-Dieu, bien, il faudrait le faire
pareil au niveau du département de santé communautaire de ce
territoire-là, parce que c'est là qu'il y a un manque de 90 lits.
C'est donc 90 lits qu'il faut ajouter dans ce territoire-là sur le plan
géographique. On saisit l'opportunité en faisant une proposition
qui respecte la volonté de la communauté religieuse, qui est une
corporation propriétaire - ça signifie quand même quelque
chose encore aujourd'hui - quant au maintien d'une vocation santé et
services sociaux.
M. Trudel: mais il n'y a rien de fixé parce qu'il y a
toujours, par ailleurs, ce comité dont le conseil des ministres a
assorti la décision sur la réutilisation du site.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Donc, les engagements vis-à-vis de la
corporation propriétaire sont en quelque sorte dépendants des
conclusions de ce comité de 9 ou 11 membres qui a été mis
sur pied pour la réutilisation du site.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Vous vous rappellerez
que le comité est formé de 9 représentants, dont un
représentant de la communauté religieuse qui va exprimer son
point de vue à ce comité-là. Les lettres ont
été expédiées depuis le début de la semaine
aux membres pour faire partie du comité et, évidemment, former
le
comité et se mettre en branle.
M. Trudel: II y a un autre aspect aussi, M. le ministre, en
termes de planification, qui me semble particulièrement nébuleux
et, à certains égards, navrant. Vous y faisiez allusion
vous-même en disant: En termes de besoin de lits de courte durée,
le nord-est de Montréal-Mais le nord de Montréal aussi, il faut
l'ajouter. Vous ajoutiez: Besoins région ville de Laval, et besoins
région Lanaudière. Et Montérégie, avez-vous
ajouté.
M. Côté (Charlesbourg): Et j'ai ajouté une
partie ouest de l'île au niveau de Lakeshore, à l'intérieur
de me.
M. Trudel: On a l'impression, compte tenu de l'économie
générale de la présentation des besoins en investissements
et des disponibilités budgétaires de cet ajout de 260 000 000 $,
que, finalement, pour ce qui est des besoins de développement pour la
région de Lanaudière, la région de Laval, la
région... C'est ça: Laval, Lanaudière et le nord-est, tout
ça va finir par être gommé par le développement d'un
superétablissement nord-est de Montréal et, quand on arrivera
pour répondre aux besoins des autres régions... Bien,
évidemment, ça va de soi, puisqu'on aurait... Vous avez dit
tantôt: Est-ce que nous avons besoin d'un centre hospitalier
universitaire de 510 lits pour répondre aux besoins des 300 000 de
population du nord-est de Montréal? Ce n'est pas sur cette
analyse-là qu'a été basée la décision. Ce
n'est pas 510 lits de nature universitaire, avec ce que vous avez donné
comme proportion, qui sert généralement à la mission
universitaire, à la mission de première ligne, qui va permettre
que ça va aller bien au-delà des besoins du nord-est... de l'est,
pardon.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Votre question est
très bonne. Ce que nous faisons va nous permettre effectivement, en
additionnel, de répondre aux besoins de Laval, aux besoins de
Lanaudière et aux besoins de la Montérégie.
M. Bourdon: Avec un pont. M. Côté (Charlesbourg):
Non. M. Trudel: Et là, M. le...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Un instant,
là. Un instant.
M. Boulerice: Un Mirabel hospitalier.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, moi,
je n'ai pas encore parlé de pont. Il y a quelqu'un qui vient de grogner
«un pont». Ce n'est pas ça pantoute. Ce n'est pas ça,
d'aucune manière. M. le Président, le bilan-lits, s'il est bon
pour l'île, il est bon pour Laval, il est bon pour Lanaudière et
il est bon pour la Montérégie. Donc, il n'y aura pas une logique
différente du bilan-lits pour l'île de Montréal, pour
Lanaudière, pour Laval, pour Laurentides et pour
Montérégie. Ça me paraît très
évident.
M. Trudel: Mais...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je vais finir. Je
vais finir parce que la question est bonne. Et, évidemment, la question
est celle-ci: Est-ce que le fait de construire à
Rivière-des-Prairies un centre hospitalier de 510 lits ne met pas en
péril le besoin de combler des lits de courte durée dans
Lanaudière, dans la Montérégie ou dans les Laurentides? La
réponse, c'est non. La réponse, c'est non. Au contraire,
ça va permettre de le faire, et c'est la raison pour laquelle les 260
000 000 $ d'immobilisation nécessaires sans ajout budgétaire de
budgets récurrents par un redéploiement de ressources, c'est un
budget additionnel au budget régulier d'immobilisation. J'ai
insisté, parce que, sinon, on ne serait pas allés de l'avant,
pour qu'on ail 260 000 000 $ additionnels à notre triennal pour
réaliser de manière spécifique le projet de
l'Hôtel-Dieu. Ce qui veut dire que les lits que nous avons
envisagés en termes d'ajouts de courte durée d'ici l'an 2001 dans
les régions de Laval, de Lanaudière et de la
Montérégie sont intacts par rapport au projet de
l'Hôtel-Dieu. Ça, c'est clair.
Donc, à partir de ça, il reste des besoins à
combler. On aura, au cours de l'automne, des décisions à prendre
quant à Lanaudière, quant à la Montérégie,
quant à Laval pour l'ajout de lits en courte durée. Et ces
décisions pour ces trois régions vont se prendre au début
de l'automne.
M. Trudel: Mais on ne peut pas passer à côté
de cette énorme question de la localisation et de la réponse
éventuelle aux besoins et de la séquence. C'est quand même
assez étonnant que vous affirmiez, M. le ministre, il y a une dizaine de
minutes, que quant à l'option d'aménagement - je ne donne pas de
qualificatif - région de Montréal, ce n'est certainement par vous
qui allez trancher ça. C'est bien ce que vous avez dit tantôt.
Là, c'est le contraire. C'est le contraire. Par cette décision,
est en train de se concrétiser un autre type d'aménagement pour
la région de Montréal, est en train de se privilégier un
autre type de développement urbain dans la région de
Montréal, et en particulier au niveau de ce qui est communément
appelé l'étalement urbain. Vous savez très bien, et
c'était d'ailleurs décrit à votre plan fonctionnel et
technique, au moment de préparer votre décision au PFT qu'on a
réussi à grafigner... Vous disiez tantôt que ça a
été rendu public. Ça n'a pas été rendu
public, on l'a grafigné un peu partout, le pian fonctionnel et
technique, il n'a
jamais été déposé nulle part. Nous, en tout
cas, on a dû l'avoir par des sources autres.
M. Côté (Charlesbourg): Mais les sources
autres...
M. Trudel: II était bien indiqué qu'il est
essentiel...
M. Côté (Charlesbourg): Mais les sources autres que
vous avez eues, c'est nous autres qui les leur avons données.
M. Trudel: Ah! bien, ça va bien en démocratie, oui.
Il faut passer par les sources autres pour avoir les documents.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. Bien, voyons
donc!
M. Trudel: Le plan fonctionnel et technique disait bien: II est
essentiel qu'à court terme des démarches soient entreprises,
entre autres, pour faciliter l'accessibilité de l'Hôtel-Dieu de
Montréal sur son nouveau site. Ainsi, l'amélioration des axes
routiers des transports publics aux abords du nouveau site choisi pour
l'Hôtel-Dieu de Montréal compenserait son éloignement dans
la région de Montréal. Vous êtes en train, avec cela...
C'est la queue qui va finir par branler le chien - c'est assez clair - sur
l'option d'aménagement de la région de Montréal.
Regardez bien la séquence. Et vous en êtes 'pas mal plus
conscient qu'on le pense peut-être dans certains groupes. À partir
du moment où, en 1986, les propres autorités de la ville de
Laval, à la demande du ministère des Transports et des Affaires
municipales, révisaient le schéma d'aménagement et
mettaient au rancart l'option préférable d'aménagement du
parti au pouvoir jusqu'en 1985, s'inscrivait là une séquence dont
on est à la veille de voir l'aboutissement. Et tout ça s'est
transporté sur le terrain de demandes de modification de terrain, de
vocation de terrain autour de 1988 quant à la demande, 1989 quant
à la révélation publique, et décembre 1990 quant au
changement de vocation d'à peu près - je dis bien à peu
près, M. le ministre - 4444 hectares de terrain qui ont changé de
vocation à la ville de Laval au décret de 1990. (12 h 10)
Étape supplémentaire: Pendant tout le moment où on
discute - et vous l'avez bien dit au départ - dans les officines du
choix de l'emplacement quant à un Hôtel-Dieu
déménagé dans le nord-est de la ville de Montréal,
comme par hasard - et le hasard a bien fait les choses, en quelque sorte - le
site retenu - et le ministre l'infirmera si c'est faux - à
Rivière-des-Prairies est en directe ligne, sur la rive nord, avec les
lots nos 335, 336, 336a et 336b, qui sont des lots qui appartiennent au
ministère des Transports, j'en conviens, et qui sont prévus pour
le prolongement de l'autoroute 25. Une autoroute 25 qui va nous amener,
évidemment... Et là on verra une autre étape du plan
demain, lorsque le ministre des Transports publiera, lui, son étude
d'impact environnemental sur la construction d'un pont dans cette région
pour sortir de la ville de Laval.
Troisièmement, les développeurs propriétaires de
l'île Rochon, qui ont cherché à faire sortir de la zone
inondable tous leurs terrains à l'île Rochon et qui sont en
directe ligne avec les terrains 335, 336 du ministère des Transports
quant au corridor du prolongement de la 25, et de l'autre côté,
comme par hasard, est-ce qu'on n'arrive pas, M. le ministre, au bout du
boulevard Maurice-Duplessis? Quelle ironie des circonstances et des sites qu'on
arrive au bout du boulevard Maurice-Duplessis! Et là, faites ça
à l'envers, refaites ça à l'envers, évidemment:
Vous partez de la rive nord. Et si le ministre le désirait, je pourrais
lui montrer un petit tableau qu'il reconnaîtra certainement en regardant
la ville de Laval. Il va se rendre compte rapidement qu'à
l'époque, en 1988-1989, quand on cherchait à dézoner un
certain nombre de terrains, ici, nous avait-on dit, c'était, quant
à ce qui avait été affirmé à
l'Assemblée nationale, des bobards; c'était un pétard
mouillé. Aujourd'hui, on s'aperçoit que le pétard
mouillé, il va s'exécuter.
Regardez en bleu l'ensemble de la zone des terrains qui ont
été dézonés à la ville de Laval, au
décret de 1990. Si vous aviez la complétion de la carte, vous
retrouveriez ici l'île Rochon et, à peu près ici, les
terrains, donc, 335, 336, qui sont prévus pour le prolongement de la 25
jusqu'à la croisée de la route 125. Alors, refaites ça
à l'envers. Quand vous dites que vous ne choisirez pas, que vous
n'êtes pas en train de choisir l'option de l'aménagement de la
région de Montréal, l'Hôtel-Dieu pour desservir, vous
l'avez dit au niveau des besoins, aussi les gens de la ville de Laval, la
construction du pont, la prolongation de l'autoroute 25, et voilà qu'on
vient, dans l'est de l'île Jésus, de la ville de Laval, on vient
de compléter le puzzle qui a été mis en place à
partir de 1986.
Je conclurai seulement, M. le ministre, à partir des affirmations
qui sont faites ce matin par La Presse à l'effet que, par ailleurs,
à l'est du tracé et des lots réservés par le
ministère des Transports pour la prolongation de la 25 et en ligne
directe avec le choix du site de l'Hôtel-Dieu, il y a un certain nombre
d'intérêts que nous avions soulevés en 1989 et qui trouvent
très exactement leur réponse aujourd'hui. Il y a, dans ce
secteur, 43 000 000 - pour être exact, 43 916 826 - de pieds
carrés qui sont propriété de l'une ou l'autre des
entreprises reliées a M. Kotler. Et en date du 31 mars dernier, une
seule transaction sur l'un des terrains dans ce bloc, donc, aux alentours de la
décision, une seule transaction nous révèle que les 43 000
000 de pieds carrés dézonés qui étaient
prévus à des
fins agricoles, qui ont été lotis dans ce
secteur-là, ont été acquis, donc l'ensemble, le bloc avait
été acquis pour 600 000 $, à 0,10 $ le pied carré -
0,10 $ et 0,5 - et qu'une seule revente aura permis de vendre ça 11 $ le
pied carré. En termes de spéculation et d'option
d'aménagement, le cycle se complète et il y a quelqu'un qui en a
là-dedans - comme disait le journal La Presse, il suffit
d'être patient - et il y en a comme pour 11 000 % de profit et pour 200
000 000 $ quant à ce premier bloc - parce qu'il y a un autre bloc de
terrains aussi - il y en a là-dedans pour 200 000 000 $ au minimum.
M. le ministre, quant à toute l'étude du choix du site de
l'Hôtel-Dieu, tout ça est relié et, c'est
précisément la prétention de la ville de Montréal,
en particulier, et de l'Hôtel-Dieu, c'est qu'on fait en même temps,
au minimum, un choix quant à l'option de développement de la
région de Montréal et il y a nettement - et je n'accuse personne
- là-dedans des individus qui ont intérêt et des groupes
qui ont intérêt à ce que ça se fasse là, et
il y a des gens qui attendaient que tout ça se dirige dans cette
direction. Pourquoi ne pas rendre publiques toutes les études au niveau
du choix du site, et le ministre peut-il confirmer que le plan fonctionnel et
technique prévoit - et nous dire le coût - qu'il faut absolument
améliorer lés axes, les voies routières et les voies de
transport pour l'accès au nouveau site de l'Hôtel-Dieu de
Montréal? Le puzzle, quant à nous, il commence à se
compléter.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
votre jeu commence à se découvrir un petit peu.
Une voix:... découvert.
M. Côté (Charlesbourg): un instant. on va remettre
un certain nombre de choses dans le bon contexte, et je n'ai pas besoin du
journal la
presse pour les remettre. au contraire, si on en avait
parlé hier, peut-être que vous n'auriez pas eu cet
élément-là ce matin. bon! donc, il me paraît bien
évident que...
M. Trudel: ...avec les dates et tout, là. Hier...
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon,
à partir du moment où, sur le plan du fond du dossier, que ce
soit un centre hospitalier universitaire, que ce soit le bilan-lits, que ce
soit des coûts reliés et que ce soit l'implantation à
Rivière-des-Prairies que le dossier vient justifier, la seule porte de
sortie pour tenter de détruire le dossier, c'est de faire ce que vous
faites. Évidemment, lorsque vous évoquez la question de
l'urbanisme, de manière plus générale, donc
d'aménagement du territoire pour l'île de Montréal, je l'ai
dit tantôt, ce n'est pas à moi de faire ça, et je n'ai pas
l'intention de le faire non plus. C'est bien évident.
Rappelons les choses telles qu'elles sont. On va tenter d'être
très ouvert et très honnête, de manière globale.
Quel est le processus qui a été suivi pour tenter de trouver un
site? Est-ce que c'est un fonctionnaire qui n'avait rien à faire au
ministère qui a été chargé de cette
fonction-là et uniquement un fonctionnaire du ministère? Bien
non, voyons donc! Même en prévoyant tout, on savait bien que, si
on le faisait tout seul, on pourrait être accusé de n'importe
quoi, y compris de favoriser des spéculateurs. C'est facile, c'est gros
comme la lune, votre affaire. C'est gros comme la lune.
M. Bourdon: C'est payant comme la lune!
M. Côté (Charlesbourg): Ça, là, vous
vous débrouillerez avec vos affaires. M. le Président, la ville
de Montréal a été associée au choix du site.
Prenons quelques petits exemples. Et j'imagine que, lorsque la ville de
Montréal est associée au choix du site, c'est qu'elle doit tenir
compte de l'aménagement et de l'urbanisme davantage que le ministre,
bien sûr, parce que lui, le ministre, il arrive juste en bout de piste.
La ville de Montréal a été associée. Le plus bel
exemple: la ville de Montréal a déposé 12 sites avec des
avantages et des désavantages. En passant, y compris un site à
côté de la carrière Miron. C'est pas pire, hein? C'est pas
si pire. Vous n'en parlez pas souvent de celui-là.
Une voix: Ce n'est pas le bon. (12 h 20)
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas le bon.
Non, non, mais pour vous dire qu'il y a eu un travail de collaboration de fait
avec la ville de Montréal sur la recherche des sites,
préparé par la division de la gestion du territoire, module
gestion du développement. Et, dans ce sens-là, les projets ont
été assez clairs. Ils ont été déposés
au comité, étudiés par le comité, y compris celui
de Rivière-des-Prairies. C'est clair? J'imagine que lorsqu'on
dépose 12 sites, de la part d'une ville, on est conscient de ce qu'on
fait. Et j'imagine qu'à partir du moment où à
l'intérieur de ces sites il y a celui de Rivière-des-Prairies,
qu'il y a celui de la carrière Miron, puis qu'il y a d'autres sites, on
est dans une situation où on accepte qu'éventuellement elle
puisse déménager, puis s'implanter sur le site. Et que, si elle
s'implante sur le site, il est bien évident que ça va avoir un
impact sur le plan de l'urbanisme et qu'on est prêt à vivre avec
ces conséquences-là.
M. le Président, un des désavantages qui étaient
évoqués quant au site de Rivière-des-Prairies - je vous le
retrouve - le premier désavantage qui était dit, c'est
marqué: Espace
destiné au premier grand projet d'envergure du programme Habiter
Montréal. Ce n'était pas: fuite vers Laval ou fuite des gens de
Laval vers Montréal. Ce n'était pas ça, là.
C'était ça leur première... Et, quant au terrain, on a
d'abord commencé par tenter de faire la démonstration, en vain,
que les terrains dont on avait besoin, il y en avait une partie qui
était propriété de l'île de Montréal, donc,
il ne pouvait pas y avoir spéculation, mais il y en avait d'autres
parties qui pouvaient appartenir à des individus, puis là il y
avait supposément de la magouille. La journée où ils ont
appris que l'espace dont on a besoin pour construire l'Hôtel-Dieu est
uniquement l'espace qui est la propriété de la ville de
Montréal, la balloune, elle s'est encore une fois
dégonflée. Là, on souffle encore dans une autre balloune
pour tenter d'en faire une plus grosse, puis là on souffle la balloune
peur qu'elle traverse la rivière, puis qu'elle se ramasse à
Laval. O.K.?
S'il y a des gens qui ont fait des choses pas correctes à Laval,
ils paieront le prix, puis ils régleront leurs problèmes, O.K.?
Il y a des mécanismes pour le faire, c'est leur problème. Et,
dans ce sens-là, M. le Président, si vous voulez avoir les sites
qu'a déposés la ville de Montréal, j'imagine que, comme
vous êtes très proche de ce temps-là, il s'agirait, par
exemple, j'imagine, d'un simple petit coup de téléphone de la
part du député représentant Pointe-aux-Trembles, un petit
téléphone à ses copains de la ville de Montréal qui
vont lui expédier, j'imagine, une copie de ça. Quant à
moi, je ne prendrai pas la responsabilité de mettre sur la place
publique des sites qui pourraient faire l'objet de spéculation. Si vous
voulez vivre avec, vous allez vivre avec, puis la ville de Montréal va
vivre avec. Mais ce que je vous dis que j'ai entre les mains, c'est les
documents qui ont fait l'objet de discussions, d'échanges au
comité sur les sites, y compris avec la ville de Montréal.
À partir de ça, quand ils proposent, eux-mêmes, des sites,
j'ose espérer, M. le député, que, à ce
moment-là, tu envisages qu'il puisse y avoir un
déménagement, une relocalisation, et que tu as mesuré
l'ensemble des impacts sur le plan de l'urbanisme. Sinon, ne venez pas me
blâmer, moi, de ne pas avoir prévu ce qu'eux-mêmes ont comme
première responsabilité de prévoir et qu'ils n'ont pas
prévu.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Nelligan.
M. Williams: Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais
retourner un peu à l'étude des crédits
spécifiquement.
M. Trudel: On était en plein dedans.
M. Williams: Je suis très heureux que le ministre ait
mentionné, je pense, trois fois
Lakeshore, parce que, malgré la carte que mes amis de l'autre
côté de la table ont, je pense souvent... il me semble, qu'ils ne
savent pas que Montréal, c'est un peu plus à l'ouest et le
boulevard Saint-Laurent aussi. Il y a des besoins dans la banlieue de l'ouest
de l'île aussi.
Je voudrais demander, dans les crédits, sur la question de
l'agrandissement de l'hôpital Lakeshore... Je suis fier que ma
communauté ait déjà ramassé en argent privé
7 000 000 $. Mon collègue, à mes côtés, a
parlé de ses problèmes en Montérégie. Il y a 20 %
des clients qui viennent d'en dehors de mon territoire: de Montréal, de
Montérégie. Je voudrais savoir: Est-ce que c'est dans les
crédits pour 1992-1993? Je voudrais avoir un bilan de la situation de
l'agrandissement de l'hôpital Lakeshore, s'il vous plaît.
M. Trudel: La réponse est dans les crédits
reportés du début de ce matin, là. C'est à la page
271, vos 41 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, 41 000 000 $ dont 7 000
000 $ proviennent de la fondation et d'engagements à souscrire à
la fondation, qui a été un succès assez exceptionnel.
M. le Président, je l'ai dit tantôt et je l'ai
répété à quelques reprises, le DSC du Lakeshore est
un DSC qui est en déficit de lits de courte durée, et un
déficit supérieur à ce que nous envisageons faire. Dans le
projet qui est déposé et qui est de plus ou moins 41 000 000 $,
c'est un projet qui veut ajouter plus ou moins 100 lits... pas plus ou moins,
mais 100 lits additionnels en courte durée, et qui fait l'objet d'un
report depuis un certain nombre d'années quant à sa
réalisation. La campagne de financement étant maintenant
terminée et les engagements pris par le Lakeshore pour être
capable de le finaliser font en sorte qu'on peut inclure, à
l'intérieur de notre triennal et, dès cette année, des
sommes d'argent pour la réalisation de l'ajout de 100 lits et la
rénovation fonctionnelle, y compris de la clinique externe et de
l'urgence de l'hôpital Lakeshore.
M. Williams: Merci. C'est assez important, parce que les besoins
en banlieue sont assez importants, et je suis très heureux que le
ministre soit en train de respecter les besoins. M. le ministre, est-ce que je
peux savoir plus précisément l'échéancier dans ce
dossier?
M. Côté (Charlesbourg): On est dans une situation
où les derniers travaux du ministère sont à être
complétés, dans ce que j'ai compris. On est en train de finaliser
l'acceptation des plans et devis préliminaires et, à partir du
moment cù les plans et devis préliminaires sont acceptés
par le ministère, on peut donc prévoir l'enveloppe, ce qui
n'avait pas été fait, parce qu'on prévoyait le
réaliser. C'est un genre
d'exemple qui a été retiré du triennal parce que ce
n'était pas prêt pour une réalisation et, à ce
moment-ci, on est à finaliser. Je ne sais pas pour combien de temps on
en a encore pour finaliser l'année.
Donc, ce que je comprends, M. le député, c'est que,
normalement, d'ici, me dit-on, trois semaines, un mois, le travail du
ministère devrait être terminé et, à ce
moment-là, on va pouvoir procéder.
M. Williams: Merci beaucoup, M. le ministre.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Une
dernière remarque, M. le député, avant que nous
suspendions nos travaux.
M. Trudel: Une dernière remarque. Évidemment, on ne
peut pas... Il nous faut, à cause du temps, quitter le terrain de
l'Hôtel-Dieu. Il y a au moins...
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Mais l'hôpital ne quittera pas le
terrain.
M. Bourdon: Les terrains!
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Oui. Parce que
le terrain est rendu loin, il est rendu à Laval.
M. Trudel: Et, à cet égard, je ne peux que
réitérer cette demande. Le ministre le sait, le ministre en est
conscient, cette décision, prise par le Conseil des ministres sur
recommandation du ministre de la Santé et des Services sociaux, ne
plaît pas et pose encore un très grand nombre de questions
à des groupes importants de 111e de Montréal. Et c'est pourquoi
on ne peut pas se limiter à 1 h 30 ou à une heure de questions
à l'occasion des crédits, de l'ensemble des crédits du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Et si le ministre
est fort aise avec la décision qu'il a prise, pourquoi n'ac-cepte-t-il
pas de rendre ça, mais très transparent, et de se prêter,
à l'aide du mécanisme prévu par nos institutions, soit la
commission parlementaire, à cet exercice d'éclairage de la
discussion, d'échanges et de réponses aux observations avec les
Montréalais? À cet égard, les reproches doux, durs,
difficiles parfois qu'on a pu faire au ministre de la Santé et des
Services sociaux, quant à sa compréhension de la région de
Montréal, tout le monde pourrait ravaler ses paroles si tant est que le
ministre acceptait, comme il a relevé d'autres défis, dans
d'autres secteurs, cette session de réponses à des questions et
de débat public qui nous permettrait à tout le moins d'avoir tout
l'éclairage à Montréal sur l'enjeu que cela
représente pour les Montréalais, et le gouvernement du
Québec...
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Trudel: ...ne s'en porterait que mieux pour l'ensemble de sa
région de Montréal.
Le Président (M. Joly): S'il vous plaît, M. le
député. Merci. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le
Président, en conclusion, je rappellerai au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et au député de
Pointe-aux-Trembles - pas à celui de Saint-Jacques parce qu'il
était là, lui, les deux autres c'est deux nouveaux - que j'ai
été le premier ministre du gouvernement actuel, en 1986, à
tenir une commission parlementaire à Montréal sur le plan du
transport. O.K.? Alors, pour quelqu'un qui ne connaît pas
Montréal, il a décidé contre des indications à
l'époque du Parlement - parce que la première fois que ça
c'était fait, c'était pour aller dans le Grand-Nord
québécois, à Schefferville. Et j'avais
décidé à l'époque d'aller tenir la commission
parlementaire à Montréal, sur le plan du transport. Et c'est
ça qu'on a fait à l'époque, pour le dossier du plan de
transport de l'ensemble de la région de Montréal. (12 h 30)
Est-ce que, dans le cas actuel, c'est indiqué de tenir une
commission parlementaire à Montréal sur un hôpital,
fût-il l'Hôtel-Dieu de Montréal, sur un sujet qui est celui
de l'Hôtel-Dieu? Permettez-moi d'avoir un certain nombre de
réserves quant à cette idée. Pas parce que le ministre, M.
le Président, a peur d'aller à Montréal, de dialoguer avec
les gens de Montréal et d'échanger; d'aucune manière, car
quotidiennement sur le terrain je le fais avec les intervenants. Dans ce
sens-là, le Conseil des ministres a tranché. Il y a des
règles parlementaires - comme on le fait aujourd'hui - comme il y a
d'autres règles sur le plan parlementaire qui peuvent nous permettre de
faire autre chose. M. le Président, quant à moi, je ne crois pas
à ce moment-ci approprié de tenir une commission parlementaire
à Montréal, la décision est prise.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Alors, la
commission suspend ses travaux jusqu'après les affaires courantes, soit
vers 15 h 30, toujours dans la même salle. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 34)
Le Président (M. Joly): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend ses travaux. Cet après-midi, pour une
durée de trois heures, nous analyserons le volet santé et
services sociaux. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va, M. le
Président. On a convenu que nous ferions Urgences-santé
dès que le député de Joliette arriverait - c'est un
dossier qui le préoccupe depuis de nombreuses années,
évidemment - et que nous allions donc aborder avec le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue des questions...
tenter de répondre aux questions qu'il pourrait soulever.
Le Président (M. Joly): Merci. M. le député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, s'il vous plaît.
M. Trudel: Oui, M. le Président. Nous étions donc
au niveau des programmes qui concernent les centres hospitaliers de courte
durée. Alors, on va essayer de terminer ce chapitre de la courte
durée après avoir fait une bonne longue durée sur
l'Hôtel-Dieu. M. le député de LaFon-taine, c'est
malheureusement terminé, quant à nous, à ce
chapitre-là.
M. Gobé: J'étais à une autre commission,
malheureusement.
Déficits dans les centres hospitaliers de soins
de courte durée
M. Trudel: M. le Président, donc, une série de
questions se posent. Mais la première, plus générale: Vous
avez accepté - le ministère -sauf erreur, en début
d'automne, de rembourser, de payer le déficit accumulé de
l'hôpital Sacré-Coeur.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Vous allez encore citer
un article de La Presse qui est inexact. Alors, en termes clair...
M. Trudel: Partant de cette... M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...affirmation des journaux, est-ce que vous pourriez
nous dresser un portrait assez rapide de l'état des déficits dans
les hôpitaux de courte durée à travers le Québec?
Quel est le point que vous entendez faire quant à l'administration de
ces déficits et y a-t-il d'envisagée, avec le ministère,
une approche de résorption de ces déficits qui ont
été accumulés au cours des dernières années
dans les centres hospitaliers de courte durée en particulier? Mais nous
pourrions également ajouter dans la question toute la dimension des
fermetures de lits au Québec, le 1 % de lits ou environ qui sont
actuellement fermés et qui sont, bon an mal an, toujours tenus
fermés, pour en arriver à établir certains
équilibres dans un bon nombre de centres hospitaliers au
Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, dans un premier temps,
je pense qu'il faut dire, parce que la question s'y prête, M. le
Président, que, de manière générale, nos centres
hospitaliers de courte durée sont bien administrés. Il y a eu des
efforts substantiels de faits depuis 1986, depuis la mise à jour du
compteur. Donc, depuis 1936. ii y a eu des efforts considérables de la
part de s centres hospitaliers de vivre à l'intérieur da leurs
possibilités budgétaires. Ça ne veut pas dire, à
gauche et à droite, qu'il n'y a pas quelques éléments qui
font la manchette -, l'occasion et qui sont plus spectaculaires que l'ensemble
de la bonne gestion qu'on a dans nos centres hospitaliers. Et ça, je
pense qu'il faut le répéter, ils sont un rouage extrêmement
important quant à la qualité de la gestion des ressources
financières qu'on met à leur disposition.
Le déficit pour l'année 1991-1992 à aller au
troisième trimestre - évidemment, c'est les données que
j'ai; je n'ai pas celles du quatrième, là - on s'orientait vers
un déficit pour l'année en cours de 15 000 000 $, ce qui faisait
un cumulatif des déficits, pour l'ensemble du réseau de courte
durée, de 45 000 000 $ - donc, les 15 000 000 $ étaient inclus
dans les 45 000 000 $ - sur un budget de plus ou moins 6 000 000 000 $. On peut
quand même dire que c'est une performance assez remarquable.
Cependant, ce qu'il faut aussi considérer, c'est qu'on est dans
une situation où il y a des hôpitaux qui ont des surplus: fonds
non affectés pour 36 000 000 $. Donc, on est relativement en
équilibre. Quand on regarde les 15 000 000 $, ça peut nous
apparaître quand même, en piastres et cents, relativement
important. Ça peut être le budget d'un hôpital de 200 lits,
plus ou moins. Donc, ce n'est pas négligeable non plus. Il est
principalement occasionné par une situation budgétaire du
Sacré-Coeur, du CHUL, du Jewish et du CHUS à Sherbrooke. Bon.
C'est les quatre centres hospitaliers qui, actuellement - je dis actuellement,
mais je parle davantage pour l'année 1991-1992 - sont dans une situation
financière un peu plus précaire. La règle, au niveau du
ministère, elle a été suivie depuis 1986: II n'est pas
question que le ministère absorbe les déficits
d'opération. Ce sont les établissements qui doivent vivre en
équilibre budgétaire. Dans ce sens-là, te ministère
ne l'a pas fait pour aucun; il ne l'a pas fait non plus pour
Sacré-Coeur.
Ce que nous avons fait pour Sacré-Coeur, compte tenu d'une
problématique qui était historique... Et il faut voir comment est
situé géographiquement l'hôpital Sacré-Coeur: dans
le centre-nord de Montréal, c'est un hôpital qui est le
déversoir des Laurentides et de Laval. On entend souvent: Cité de
la santé de Laval, urgence fermée. On envoie le monde à
Sacré-Coeur et on envoie le monde à Sacré-Coeur. Donc,
avec une problématique assez particulière. Il y avait, à
Sacré-Coeur, fermés de manière permanente, 32 lits. Il y
avait 32 lits de fermés dans un département de santé
communautaire où
il y a 600 lits en déficit de courte durée. Donc, c'est
quand même considérable; c'est une situation qui est tout à
fait particulière. (15 h 40)
Qu'est-ce qu'on a fait? Le groupe tactique d'intervention est
allé faire sa visite comme partout ailleurs et des problématiques
au niveau de l'urgence, compte tenu de ce qu'on venait de se dire, compte tenu
aussi de certains problèmes sur le plan interne... Ce n'est pas
uniquement dû à I'affluence externe, il y a aussi certains
réajustements nécessaires avec le centre hospitalier dans son
fonctionnement. Ce qu'on a donc décidé pour donner une chance
à l'urgence - c'était ça la raison fondamentale - c'est
d'ouvrir les 32 lits et de doter l'établissement du budget de
fonctionnement des 32 lits, permettant ainsi de faire en sorte qu'on revienne
dans le rang sur le plan du respect des recommandations du GTI et faire en
sorte que l'argent qu'on ajoutait n'était pas pour payer un
déficit, mais l'argent qu'on ajoutait ' était pour donner du
service à la population et faire en sorte qu'on puisse résorber,
à ce moment-là, la problématique de l'urgence.
C'était ça qui était l'objectif, et c'est ce que nous
avons fait au niveau de Sacré-Coeur.
M. Trudel: et il n'y a aucune discussion qui a été
amorcée, par exemple, avec l'ahq en vue d'avoir une politique pour, je
dirais, se mettre au propre...
M. Côté (Charlesbourg): Ah! O.K. M. Trudel: ...dans
les établissements... M. Côté (Charlesbourg): O.K. M.
Trudel: ...qui sont en déficit?
M. Côté (Charlesbourg): Bon, allons-y. Parce que
vous aviez commencé avec Sacré-Coeur...
M. Trudel: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): ...c'est pour ça que
j'ai peut-être dévié un peu sur le fond quant à la
question qui est plus générale, là. Actuellement, nous
sommes en échanges depuis, je dirais, le mois de juin 1991, avec l'AHQ
et avec les CRSSS, quant à une méthode d'équité
interrégionale et qui va amener par la suite l'équité
interétablissement. Le travail de la première étape est en
cours. Je ne sais pas quand est-ce qu'on pourra... On a davantage parlé
de l'automne, je pense, sur l'interrégional avec l'AHQ. On parle de
l'horizon de 1993, du début de 1993 pour l'équité
interrégionale, parce que, s'il n'y a pas d'équité
interrégionale, il n'y aura forcément pas d'équité
interétablissement, et on veut d'abord régler la
problématique avec l'AHQ, sur des bases qu'eux acceptent, que nous
acceptons, que les CRSSS vont accepter aussi sur une base
d'équité interrégionale, un peu comme on a fait dans le
cas des CLSC sur des bases budgétaires. Donc, c'est comme ça
qu'on l'applique, et par la suite aller, bien sûr, au niveau de
l'interétablis-sement. Donc, c'est à ce niveau-là qu'il y
a des discussions à ce moment-ci.
M. Trudel: Et là ça pourrait nous amener, donc,
1993...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...ça pourrait se transformer en
révision des bases historiques de financement des centres
hospitaliers.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Disons donc une chose
à ce moment-ci. Et vous le savez, vous êtes un homme politique
vous aussi. Je vais prendre un exemple de votre région. O.K.? Pour qu'on
se comprenne bien. Il est bien dur de prendre de l'argent d'un
établissement, même s'il est supposément mieux
financé que l'autre, et dire qu'on en enlève, par exemple,
à Rouyn-Noranda et qu'on va en envoyer à Amos. Ça
crée quelques vagues et ce n'est pas toujours évident non plus
qu'on est capable de le faire.
Donc, ce qu'on va faire, le principe est le suivant. C'est que l'ajout
des crédits va servir à établir l'équité
interrégionale. Un exemple qu'on a utilisé au cours de la
dernière année, celui de l'Estrie. Il y avait un certain nombre
de données qui nous disaient qu'effectivement il y avait un écart
entre ce que l'Estrie obtenait de manière globale par rapport à
ce que d'autres régions recevaient pour le même genre de services.
On a donc pris 2 000 000 $, on les a envoyés aux CRSSS et on a dit aux
CRSSS: Faites la répartition pour avoir une équité
interétablissement meilleure que ce qu'on connaît maintenant.
Ça nous a servi un peu aussi d'expérience à ce moment-ci.
Bon, avec des pleurs et des grincements de dents.
Donc, à partir du moment où tout le monde va s'être
entendu sur la base, on va connaître les écarts entre les
régions pour les mêmes services, et c'est là que l'argent
additionnel va servir au rattrapage des régions qui sont en retard. Et
donnant cet argent-là aux régions qui sont en retard il va
être bien sûr, lui, attribué aux établissements qui,
à l'intérieur d'une région, sont en
déséquilibre les uns par rapport aux autres, compte tenu des
services qu'ils donnent.
C'est ça qui est en cours actuellement comme méthode de
travail. Si ça conclut avec la fin de l'année, moi, j'ai toujours
dit que je ferais une démarche auprès du gouvernement pour
être capable de commencer à agir dès cette année.
Dans la mesure où on ne réussit pas cette année et que
c'est avril 1993, je souhaite ardemment que dès avril 1993 au plus tard
on soit dans une situation où on commence le
rééquilibrage sur le plan de l'équité
interrégionale quant aux services de courte durée.
M. Trudel: En faisant monter l'eau, là où il y a
des besoins...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. M.
Trudel: ...supplémentaires...
M. Côté (Charlesbourg): Sans nécessairement
en enlever où il y en a.
M. Trudel: C'est ça, et en gelant... M.
Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Trudel: ...là où les besoins identifiés
auraient obtenu une réponse satisfaisante. Mais à cet
égard, M. le ministre, j'imagine que ça doit vous
inquiéter l'autre partie qui est l'équilibre à tout prix.
Le prix, souvent, c'est les fermetures de lits. On se rendait compte, par
exemple, au moment de ce qu'on appelle l'arrêt scolaire de l'hiver, qu'il
y avait 1100 lits de fermés dans nos centres hospitaliers, bon an, mal
an, bon mois, mauvais mois, je devrais dire. L'Association des hôpitaux,
l'AHQ, estime qu'il y a 125 000 jours-année d'hospitalisation qui ne
sont pas accessibles aux malades, au Québec, ce qui équivaut,
pour une année, à peu près à 400 lits qui seraient
fermés en permanence, compte tenu des besoins. Est-ce que vous ne songez
pas à émettre, au moins, un certain nombre de directives? Parce
que, jusqu'à un certain point, M. le ministre, c'est facile, en quelque
sorte. Je ne dis pas que ça ne crie pas et que les directions
générales ne reçoivent pas de requêtes dans les
différentes régions du Québec, dans les différents
quartiers, sauf que l'équilibre étant devenu une religion,
même avec le nombre de lits qui sont au permis, bien, une façon de
régler ça rapidement, on dit: «Bon, on va fermer un certain
nombre de lits et ça va nous ramener à l'équilibre.»
Si c'est plus ou moins récurrent, cette pratique, et qu'il y a plus ou
moins 400 lits qui sont fermés ou non disposibles any usagers,
actuellement, est-ce que le ministère n'a pas la responsabilité,
par ailleurs, d'émettre au moins une directive sur les corridors
à respecter - sans jeu de mots, là - sur le plan
budgétaire? Parce que ça devient, dans un certain nombre de cas
ou de situations, quasi scandaleux de voir cette situation des lits
fermés.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez des bons chiffres.
Des lits fermés en permanence, il n'y en a pratiquement plus, à
quelques exceptions près. Évidemment, la notion de lits
fermés en permanence par rapport à des besoins qu'on a, c'est
effectivement questionnable. Par contre, l'équivalent de 400
lits-année fermés à des périodes x, 15 jours ou
pendant l'été, c'est sûr que le chiffre est bon et c'est
400 lits-année sur plus ou moins 27 000. C'est sûr que 400 lits...
Mettez-vous dans une situation où vous offrez, demain matin, à
deux régions du Québec deux hôpitaux de 100 lits, elles
vont être heureuses un peu beaucoup. C'est pour vous dire l'importance
que ça peut avoir.
M. Trudel: Ils seraient satisfaits à 250 à
Rivière-des-Prairies. Imaginez!
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: Ils seraient satisfaits à 250 à
Rivière-des-Prairies. Imaginez!
M. Côté (Charlesbourg): Imaginez-vous le taux de
satisfaction à 510, hein!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Donc, on est dans une
situation où, effectivement, on peut dénoncer des situations de
lits fermés pour des périodes x. Par contre, on peut
reconnaître que c'est plus utile à la société que,
pendant certaines périodes, il y ait aussi des lits fermés. Parce
qu'on n'occupe pas un lit pour le plaisir de mettre un malade dans le lit,
règle générale, c'est pour lui prodiguer des soins.
Un autre indice qui est quand même intéressant - et
ça je le dis très, très ouvertement, et tant mieux si
ça rend hommage aux gestionnaires, parce qu'eux, comme nous autres sont
bien plus souvent la cible de critiques que de félicitations - si on
compare 1991-1992 en termes de taux d'occupation par rapport à
1990-1991, on est passés de 80,7 % de taux d'occupation des lits en
1990-1991 à 86 % en 1991-1992 avec les mêmes budgets. Ça
veut dire qu'il y a eu un effort considérable de la part du
réseau pour donner plus de services avec le même argent.
Ça, je pense que c'est des signaux qui sont très évidents
sur les efforts qu'a faits le réseau pour tenter de donner du service.
(15 h 50)
Quant à la problématique de fermeture de lits, bien
sûr que, souvent, on peut être portés à penser qu'on
les ferme d'abord et avant tout pour une question d'équilibre
budgétaire. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de ces situations-là.
Dans certains cas, ce serait nier l'évidence. Bon, il y a ça.
Mais en aucune des circonstances, selon les informations que je possède,
il n'y a des lits qui sont autorisés à être fermés
par le ministère si ça risque d'affecter la dispensation des
services à la population. Et ce n'est pas l'une des mesures qui est
automatiquement acceptée par le ministère quand on parle de
résorber un déficit. Il y a bien d'autres mesures qui sont
exigées par le ministère, avant même d'en arriver à
la conclusion qu'on pourrait fermer des lits pour 15 jours ou pour un mois.
Dans ce qui reste au
niveau des lits qui ne sont pas utilisés ou qui sont
fermés pour une période x, il y a toutes sortes de raisons. Il y
en a de toutes sortes, et c'est vrai. Mettons qu'il y a là une question
d'équilibre budgétaire pour un certain nombre, et il y a une
question de disponibilité de personnel - c'est toujours présent
ça - et il y a une question aussi, à l'occasion, de fermeture de
lits pour des travaux. Ils ne peuvent pas être utilisés parce
qu'il y a des travaux. Et, d'autre part, il y a aussi la disponibilité
du corps médical qui, lui aussi, prend des vacances comme tout le monde,
et ça influence, bien sûr, quand vous êtes dans
l'électif.
Mais c'est clair que, chez nous, on veut être vigilant. La
question est bonne et elle se pose. Avant même de penser d'ajouter des
lits, est-ce qu'on ne pourrait pas utiliser de meilleure manière les
lits pour lesquels on a déjà investi sur le plan financier? Si
oui, et avant même d'ajouter des lits additionnels dans des
régions, la question qu'on se pose chez nous, elle s'est toujours
posée, mais avec plus d'acuité maintenant, c'est l'utilisation
optimale de nos lits. La preuve, c'est que de 1990-1991 à 1991-1992 il y
a quand même 6 % d'augmentation de l'utilisation, d'occupation des lits,
c'est quand même important, avec un effort important de la part des
centres hospitaliers de raccourcir la durée de séjour dans les
centres hospitaliers, ce qui n'est pas négligeable non plus, et qui a un
impact relativement important sur le plan financier. On le sait, dans le
passé, on a maintenu des gens en centre hospitalier en moyenne à
10 jours, mais évidemment, 10 jours sur 365, ça fait 36
rotations. Mais si c'était 8 jours, ça en ferait un petit peu
plus... pas mal plus. Ça veut dire plus d'examens, plus de coûts,
qu'ils sont obligés d'absorber à l'intérieur du budget
global.
Donc, il y a tout ça et, effectivement, on va continuer dans
cette veine-là et ça fait partie de notre projet. Quand on disait
d'ajouter 2000 lits de courte durée, ça tenait compte d'une
utilisation plus optimale encore des lits, je dirais même, plus optimale
des lits actuels, mais aussi des lits qui sont occupés par la longue
durée et qui sont des lits dévolus à la courte
durée. Il y en a un certain nombre et, aussi, en termes prioritaires,
c'est là qu'on va tabler.
Non-indexation de certaines dépenses
M. Trudel: Par incidence, il nous faut toucher ici la nouvelle
qu'est allé annoncer votre sous-ministre à l'Association des
hôpitaux du Québec, qu'il y a au niveau des crédits
budgétaires et dans les prévisions d'opération au
ministère «une espèce de ponction de 37 000 000 $».
C'est-à-dire pour tous les établissements. Ça ne touchait
pas uniquement l'Association...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, pas seulement en
santé.
M. Trudel: Pas seulement en santé, mais c'est à
cette occasion-là que ça a été... Pour toutes les
indexations au niveau des autres dépenses de fournitures, on ne suivait
pas l'indexation et le développement, et ça permettait au
ministère de récupérer 37 000 000 $. Est-ce que vous
n'avez pas l'impression, un, qu'en matière de gestion des lits de courte
durée on va encore aggraver le problème et que tout ça ne
risque pas de se transformer en fermetures de lits supplémentaires en
cours d'année au nom de la religion de l'équilibre où on
dira: Écoutez, nous avons été obligés de prendre
l'argent du fonctionnement usuel, dans le vieux gain, dans le vieux budget, si
vous me permettez l'expression, pour en arriver à l'équilibre et
comme il y a eu... on a été obligés de faire ça
parce que les dépenses de fournitures vont continuer à augmenter,
compte tenu de l'évolution du coût de la vie, et ça va nous
amener à une augmentation des fermetures de lits au nom de
l'équilibre dans la prochaine année?
Deuxièmement - et profitez-en pour donner les explications -
qu'est-ce qui va arriver avec ces 37 000 000 $? C'est quoi la petite poche du
ministre de 37 000 000 $ qui est ainsi créée, les objectifs
poursuivis, les méthodes et qu'est-ce qu'on va faire avec les 37 000 000
$? Vous savez, en administration publique, on peut toujours compter sur la
petite poche du comptable. Ici, il va y avoir la petite poche du ministre, 37
000 000 $ pris sur les fournitures. C'est quoi la perspective aussi
là-dessus? N'oubliez pas mes lits, en partant, là.
M. Côté (Charlesbourg): C'est les fournitures du
ministre, ça?
M. Trudel: Oui. Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'était quoi votre
question sur les lits, en partant?
M. Trudel: Ça va augmenter les fermetures de lits, si vous
«punchez» 37 000 000 $ de plus.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. Non, non. C'est une
hypothèse qui n'est pas totalement farfelue, dont on doit tenir compte.
Vous avez entendu comme moi, dans cette même salle, au mois de
février, toutes les associations qui sont venues nous dire: Oui,
effectivement, lPC+3, c'est peut-être gros. Même les
départements de santé communautaire nous ont dit, eux autres:
Budget actuel, et on va vivre avec ça. Il faut vivre avec ça.
Évidemment, plusieurs nous disent que je ne suis pas à
l'écoute, mais j'ai été à l'écoute pendant
tout ce temps-là, et j'ai entendu des choses extraordinaires. Donc,
cette volonté exceptionnelle... Et c'était un fait assez
inusité ou une première dans les annales d'une commission
parlementaire que les gens du réseau viennent nous dire qu'ils prenaient
conscience
des limites de la capacité de payer de l'État et qu'en
même temps ils étaient prêts à faire leur effort pour
mettre l'épaule à la roue et faire en sorte qu'on puisse tenter
de diminuer les coûts au niveau de l'État.
Deuxième élément très important, c'est que,
pas de manière unanime, mais un très large consensus s'est
dégagé sur une orientation plus préventive, plus sociale,
davantage dans la promotion que dans le curatif. Et là, ça veut
dire réallocation. De concert avec les officiers supérieurs du
ministère, on a pensé que l'occasion était tout
indiquée pour, bien sûr, saisir la portée de ce message qui
a été livré par les gens qui sont venus ici, à ma
place, et de faire en sorte qu'on puisse dès cette année assumer
comme gouvernement les indexations qui sont inhérentes au salaire, qui
est quand même pour 80 % des budgets, et de tenter cette année
cette expérience, cette première majeure de ne pas indexer les
autres dépenses, ce qui fait en sorte qu'il y a là une cagnotte
et une réserve de 37 000 000 $ qui ne va pas régler des
problèmes d'équilibre, sur le plan financier du gouvernement -
à bien préciser - ce n'est pas 37 000 000 $ qui s'en vont dans
les poches du ministre des Finances pour équilibrer les affaires, c'est
37 000 000 $ qui demeurent dans le réseau de la santé et des
services sociaux et qui vont servir à une réallocation, qui font
donc une ponction au niveau de l'ensemble du réseau et qui serviront
à une réallocation pour l'ensemble du réseau, à
partir de principes de promotion et d'un certain nombre d'autres dossiers que
nous allons examiner au cours des prochaines semaines et des prochains
mois.
Donc, c'était ça, la philosophie de base. Si on n'est pas
capable de réallouer dès maintenant l'indexation des autres
dépenses dans le réseau, notre virage, on ne le prendra jamais
parce qu'il n'y en aura jamais. Donc, on a dit: C'est maintenant qu'on le prend
et c'est maintenant qu'on peut dégager des sommes pour investir dans des
choses qui vont nous rapporter davantage demain et qui vont dégager
cette marge. Il faut partir le mouvement et on le part donc avec ces 37 000 000
$là.
Bien sûr, si je suis particulièrement de l'AHQ ou, peu
importe, des CLSC ou des CSS, je peux trouver que c'est quand même, au
bout de la ligne, une partie, 100 000 $, 200 000 $, 300 000 $ ou -100 000 $
ajoutés par-dessus le reste, ce qui va me rendre dans une situation
passablement difficile et délicate quant à l'atteinte de mes
équilibres sur le plan financier. Et là j'aurai un certain nombre
de choix à faire, c'est sûr. On va les surveiller, on va continuer
de surveiller les équilibres financiers à ce niveau-là,
c'est notre responsabilité, et on va travailler de collaboration avec le
réseau pour tenter de passer à travers sans que les services
à la population ne soient affectés. C'est la raison pour laquelle
on l'a pris là et on tente cette expérience-là, ce qui
devrait nous permettre de passer à travers et de commencer ce
virage-là en termes de réallocation des ressources. Si on ne le
fait pas là, oubliez ça. Après l'expérience que
j'ai eu, après la commission parlementaire où tout le monde s'est
montré intéressé... Et on va collaborer, on va voir avec
chacun des établissements comment on peut passer à travers sans
que les services à la population ne soient affectés. (16
heures)
M. Trudel: Bien, j'ai deux petites remarques seulement, M. le
ministre. Effectivement, nous avons tous les deux entendu cela en commission
parlementaire. Je reconnais aussi que ce n'est pas usuel, ce genre de
remarques, dans notre réseau. Je vais souhaiter cependant que, comme une
grande partie de l'argent vient, forcément, compte tenu de la
proportion, du réseau des hôpitaux... Vous mentionniez
tantôt qu'il y a aussi de l'efficacité à retrouver. Je vais
souhaiter - parce qu'il faut regarder aussi la longueur des listes d'attente en
centres hospitaliers - par exemple, pour un hôpital qui augmente, au
niveau des DRG, son taux de réponse aux besoins, son efficacité,
que ça puisse être comblé aussi ou
récompensé, si vous me permettez l'expression, parce qu'on aura
fait des efforts d'efficacité. En rapport avec la réduction des
listes d'attente, qu'on puisse également en profiter.
Deuxièmement, je vais souhaiter avec vous aussi que les
premières expériences de réallocation en matière de
prévention, en matière de virage, que ces expériences, ou
que ces éléments qu'on va mettre de l'avant soient
particulièrement illustratifs. Oui, effectivement, si on veut effectuer
un virage, il y a comme des éléments qui se mettent en marche
avec ce programme-là. C'est évident qu'à bien des endroits
il faut aller chercher l'argent quelque part dans le système. Je vais
souhaiter que ces expériences, que ces projets soient visibles, qu'ils
soient bien identifiés, qu'ils puissent être faits en accord avec
les éléments du réseau, pour faire en sorte que le virage
se prenne et - je ne le dis pas de façon péjorative, M. le
ministre - que ce ne soit pas une petite poche de secours, une petite poche de
secours en cas de difficultés, ou de coups durs, ou de problèmes
qui nous arrivent de façon plus particulière dans une
région parce qu'on aurait eu des difficultés de planification,
etc.
M. Côté (Charlesbourg): II est évident que je
souscris entièrement à ce que vous dites. Ce n'est pas une
cagnotte pour nous sortir du pétrin sur le plan financier, si on a un
problème financier. Bon, il faut que ce soit très clair. D'autre
part, il faut aussi que ce soit très clair que lorsqu'on regarde la part
du budget qui va à la santé pa. rapport au social, si on ne fait
jamais de réallocation, l'écart sera toujours. Donc, je ne peux
pas vous dire que l'argent qui nous parvient du 37 000 000 $ du secteur de
la
Santé va rester dans la santé, sinon il n'y en aura jamais
de réallocation. Si c'est pour se congratuler à
l'intérieur de chacun des mêmes réseaux
d'établissements, on n'en sortira jamais.
On a parlé, au cours de la commission, d'un fonds d'initiatives.
C'est peut-être l'occasion de le faire. Alors, c'est peut-être
l'occasion de le faire. On verra. Moi, je suis nettement favorable à
cela, un fonds d'initiatives pas trop gros, parce que ça crée des
appétits et ce n'est pas toujours nécessairement productif. Donc,
sur le plan du souhait de faire des choses qui sont visibles par un fonds
d'initiatives, effectivement, on pourrait y arriver. Je suis, quant à
moi, très favorable à cette idée du fonds d'initiatives,
qui pourrait être financé à partir des 37 000 000 $, une
partie à tout le moins, et qui là, à ce moment-là,
s'adresse à l'ensemble du réseau des établissements pour
être capable de saluer et supporter des initiatives qui vont amener des
économies et qui vont, finalement, au bout de la ligne, rembourser
à partir de leurs économies et permettre d'en faire d'autres.
M. Trudel: Très bien. On va souhaiter encore une fois que
ce soit particulièrement visible, que tous les établissements
puissent participer, parce qu'on a pu reconnaître, à la commission
parlementaire qu'on a faite quant au financement du réseau, que cette
part de créativité et d'invention, et de vouloir en faire plus
avec le même argent, ça existe dans les immenses réseaux de
la santé et des services sociaux, et qu'on peut aller plus loin.
Désignation des centres hospitaliers
universitaires
Avant de passer la parole à mon collègue de Joliette sur
les sujets que nous avons énumé-rés tantôt, un petit
bout sur la désignation des centres hospitaliers universitaires. Bon. Il
y en a un qui, forcément, a passé avant tous les autres, mais ce
n'est pas celui-là qui m'intéresse.
M. Côté (Charlesbourg): Vous reconnaissez qu'il est
nommé. Ha, ha, ha!
M. Trudel: Je lis les journaux comme tout le monde, puis, comme
dirait l'autre, point, période, à la ligne...
M. Côté (Charlesbourg): Bon, O.K. Ha, ha,
ha!
M. Trudel: ...ce qui n'a pas été la chance pour
tout le monde, en termes de passer l'examen. Où en est rendu le
processus, M. le ministre, quant aux critères pour la
désignation, tel que le prévoit la loi 120 maintenant, des
centres hospitaliers universitaires par le ministre? Qu'en est-il de l'avis qui
lui a été expédié par le Fonds de la recherche en
santé du Québec et son président, le Dr Vinay, quant aux
critères qui devraient présider à la désignation?
Finalement, quand le ministre entend-il procéder à ces
désignations? Bien entendu, quand on parle de centres hospitaliers
universitaires, on touche du même coup les CHA, les centres hospitaliers
affiliés, puisque la mission de l'hôpital en relation avec la
formation universitaire, ce n'est pas juste la vocation recherche, il y a la
vocation ou le volet formation également, enseignement, ce qui touche
les centres hospitaliers affiliés.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Alors, on est, pour
bien se comprendre, dans des CHU, des CHA, des CHAR et des instituts.
M. Trudel: Et voilà! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Un CHU c'est - on va
expliquer ça parce qu'il y a des gens qui nous entendent qui ne
comprendraient pas, là - un centre hospitalier universitaire avec les
quatre vocations: recherche, enseignement, dispensation de soins et
évaluation de technologies dans différentes
spécialités. Un CHA, donc, c'est un centre hospitalier
universitaire affilié...
M. Trudel: Affilié.
M. Côté (Charlesbourg): ...à un CHU.
Une voix: Un CHUA.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Un CHAR, c'est un centre
hospitalier affilié régional.
M. Trudel: Régional.
M. Côté (Charlesbourg): On se comprend bien. On a
dit, dans la réforme, qu'on allait désigner un centre hospitalier
par région pour être capable de former des médecins en
région pour qu'ils créent des racines et qu'ils puissent y
habiter en toute harmonie avec les citoyens là-bas. Finalement, il y a
les instituts, où on parle d'institut, toujours avec les quatre
fonctions, mais dans un domaine particulier. Le plus bel exemple, c'est
l'Institut de cardiologie de Montréal.
On a donc travaillé et élaboré des critères
qui sont au nombre de, si ma mémoire est fidèle, 17, qui ont fait
l'objet d'une validation auprès du ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, auprès des CRSSS, du FRSQ, du CETS,
et de la Corporation des médecins. Donc, on a fait une validation
de nos critères à partir de tout ce monde-là. C'est
maintenant fait, c'est
fini.
J'ai adressé avant mon départ pour l'Europe - des vacances
personnelles - une lettre à chacun des centres hospitaliers qui ont ou
qui prétendent avoir une affiliation universitaire. Ce n'est pas
toujours clair qu'ils en sont. Il y a des CHU qui portent le nom et qui n'en
sont pas, mais qui disent qu'ils en sont. On leur a donc indiqué la
mécanique. Le processus est en cours d'application, et nous avons, par
le fait même... Nous sommes en cours de formation d'un comité
indépendant qui va appliquer les 17 critères pour chacune des
candidatures qui nous seront soumises. Nous allons bien sûr faire en
sorte, dans un premier temps, de désigner les centres hospitaliers
universitaires, c'est bien logique, c'est la tête de la pyramide.
En parallèle, nous aurons des rencontres avec ma collègue
de l'Enseignement supérieur et de la Science, avec les doyens de
facultés de médecine et j'imagine les recteurs aussi - je n'ai
rien contre - dans cette belle et grande harmonie qu'est le monde
universitaire, pour bien s'assurer que l'un dit ce que l'autre veut aussi,
qu'il y ait cette harmonie sur le plan universitaire, et qu'on puisse,
évidemment, avoir pour chacun d'eux, chacune des facultés de
médecine, leur plan de développement, puisque dans la
réforme et dans des discussions préalables que nous avons eues
avec eux, et en continuité avec la réforme, chaque région
du Québec sera jumelée avec une faculté de
médecine. Ce que nous voulons, c'est finaliser avec eux entretemps le
plan de développement pour chacune des régions du Québec.
(16 h 10)
Donc, j'estime que nous pourrions être en mesure d'ici la fin du
mois de juin de désigner des centres hospitaliers universitaires,
première étape. Nous allons donc, par la suite, passer aux autres
étapes de désignation de CHA, de CHAR et d'instituts.
M. Trudel: Brièvement, si c'est possible, si vous avez
pris connaissance de l'avis du FRSQ, le Fonds de la recherche en santé
du Québec - ce n'est quand même pas mineur non plus - qui avait
une recommandation qui nous amenait plus loin, je dirais, que la
détermination des critères, c'était de réduire le
nombre de CHU et d'augmenter sensiblement le nombre de CHA, de centres
hospitaliers affiliés, au niveau de l'enseignement. Est-ce que, au
niveau de l'établissement des critères et du résultat, cet
avis trouvera écho dans l'oreille du décideur, de par la loi 120,
du ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, je vous
parle de conversations que j'ai eues il y a quand même un certain temps,
au moins un mois, avec le comité qui avait cette
responsabilité-là. Si j'ai souvenance, le FRSQ, dans son avis,
parlait davantage, dans le cas des centres hospitaliers universitaires, de
dispensation de soins ultraspécialisés. La loi 120 est claire.
Elle est très claire, la loi 120. Je les ai fait mettre par ordre de
priorité, vous vous en souviendrez. C'est d'abord et avant tout un
centre hospitalier q m dispense des soins à la population, d'abord
çy. Après ça, il y a de l'enseignement, il y a de ia
recherche et il y a de l'évaluation des technologies et, bien sûr,
de l'ultraspécialité, des spécialités de
deuxième niveau et des soi s généraux qui sont
donnés à la population. Alors, il faut former du monde qui va
être aussi dans le monde réel pour être capable de faire
face a toutes les situations, même si, dans des
ultraspécialités, il est clair que ça en prend et qu'il
faut en développer. Donc, l'avis du FRSQ, à ce niveau-là,
était, quant à moi, plus ou moins conforme, sur cet
aspect-là à tout le moins, à la loi 120.
Quant au nombre, diminuer le nombre, je l'ai toujours dit, ce qu'on
souhaite, c'est de passer de 17 à plus ou moins 11 centres hospitaliers
universitaires, ce qui va, inévitablement, attirer dans son sillon un
meilleur financement pour ceux qu'on va reconnaître. Donc, c'est
ça qui est l'objectif à ce moment-ci, et, par la suite,
découle l'ensemble des autres mesures sur les CHA, les CHAR et,
évidemment, aussi les instituts. Dans ce sens-là, il est bien
évident qu'à partir du moment où on diminue le nombre
d'admissions en facultés de médecine, comme on le fait au cours
du prochain plan triennal, ça a des impacts sur les lieux de formation.
S'il y a moins de médecins acceptés en inscription aux
facultés de médecine, il y a forcément, au bout de la
ligne, une résultante qui devra se traduire par l'élimination
d'un certain nombre de centres hospitaliers universitaires affiliés,
d'autant plus qu'on veut en faire davantage dans les régions du
Québec.
Évidemment, ce n'est pas tout le monde aussi, comme je l'ai dit
tantôt... Il y a, règle générale, des contrats
d'affiliation avec les universités dont le ministère n'est pas
saisi. C'est juste dans nos locaux, avec notre argent, mais on n'est pas au
courant. On est au courant, mais on n'est pas au courant du contrat
d'affiliation. Donc, ça va nous permettre de faire l'ensemble de ce
ménage et permettre de resituer le portrait très clair à
travers le Québec, dans le respect intégral de ce qu'est la loi
120 adoptée par l'Assemblée nationale.
M. Trudel: Merci beaucoup. Je vais laisser la parole à ma
collègue, si M. le président est d'accord.
Le Président (M. Joly): Merci. Mme la
députée de Groulx, s'il vous plaît.
Une voix: Non... Des voix: Ha, ha, ha!
Limitation des inscriptions en médecine
Mme Bleau: Juste une petite question.
Le Président (M. Joly): Oui, mais en temps normal...
Mme Bleau: C'est sur le même sujet. Vous avez dit tout
à l'heure qu'il y aurait moins d'étudiants en
médecine.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Bleau: Est-ce que c'est parce qu'on a trop de
médecins? Est-ce que c'est parce qu'on en a moins besoin? Pourquoi
va-t-il y avoir moins d'étudiants en médecine?
M. Côté (Charlesbourg): II faut qu'il y ait une
relation entre les habitants de cette province, leur état de
santé et le nombre de ceux qui y pratiquent pour dispenser ces
soins-là. Il y a donc des critères qui nous permettent
d'évaluer le nombre de médecins que ça nous prend pour
dispenser les soins, tout en tenant compte de la féminisation du
rôle, du vieillissement du corps médical. Dans ce sens-là,
il y a des règles. Ce que nous avons comme objectif... On est en surplus
de médecins aujourd'hui par rapport à nos besoins. Ça
paraît drôle, au moment où on a des pénuries à
peu près partout en région...
Mme Bleau: C'est un autre problème.
M. Côté (Charlesbourg): ...mais c'est un autre
problème.
Mme Bleau: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un problème de
répartition, ce n'est pas un problème de nombre.
Mme Bleau: Ça, je le comprends bien.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, on est dans une
situation où l'objectif qui est visé, quant à nous, c'est
qu'en l'an 2006 on soit plus ou moins en équilibre de nos besoins par
rapport à ce qu'on forme. Il faut donc corriger la tangente, la
trajectoire à partir de ce moment-ci. L'an 2006, pour un politicien,
c'est très long, c'est dans 14 ans. Il n'y en a pas bien bien qui
peuvent se vanter d'être là depuis 14 ans en politique.
J'approche, mais je ne me rendrai pas.
Donc, à partir de ce moment-là, c'est à partir
d'aujourd'hui, et quand on sait qu'un spécialiste, ça prend dix
ans pour le former, c'est quand même relativement court. Donc, on corrige
à partir de cette année, l'an prochain, ainsi de suite à
chaque année où il y a un nombre moins grand de médecins.
Il y en a combien de moins, cette année, à l'inscription?
Dix? Bon, c'est ça. Alors, c'est une dizaine de moins, cette
année, à l'inscription, en faculté de médecine et
cette tendance-là va se poursuivre jusqu'à ce qu'on arrive
à l'équilibre souhaité en l'an 2006.
Mme Bleau: Qu'est-ce que vous faites avec les étudiants
qui ont vraiment le goût, qui auraient peut-être une vocation
d'être un médecin de famille, puis un médecin au service de
la population? Ce n'est pas tous les médecins qui ont la vocation; il y
en a qui ont d'autres raisons.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bleau: Qu'est-ce que vous faites de ces bons
étudiants? Où vont-ils les envoyer?
Médecins en région
M. Côté (Charlesbourg): Ça me rappelle un
certain nombre de discussions qu'on a eues ici sur la problématique, par
exemple, des étudiants qui viennent des régions du Québec,
puis qui souhaiteraient être acceptés en faculté de
médecine. Notre théorie, à l'époque, c'était
que, si on les prend dans les régions, ils vont peut-être
davantage retourner en région. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai.
Enlevons-nous ça de l'idée. Ce n'est pas parce qu'ils viennent
des régions qu'ils vont retourner en région. Je pense que c'est
peut-être le contraire.
Mme Bleau: C'est le contraire. Ils veulent sortir.
M. Côté (Charlesbourg): Étant partis d'un
milieu qui a peut-être des difficultés... C'est ni blanc ni noir,
disons, à tout le moins, là-dessus, O.K.?
Mme Bleau: Oui, c'est ça. C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a pas d'absolu,
là-dedans. Par exemple, à mon dernier voyage à Chandler,
j'ai rencontré un omni qui était à l'urgence, qui
était dans sa cinquième année alors qu'il a
été boursier quatre ans - donc, dans une année, il aurait
pu aller ailleurs - et qui acceptait de continuer à Chandler, mais
étant originaire de Sept-îles. Son choix n'était pas de
retourner à Sept-îles, son choix était davantage de revenir
en ville. Pourquoi? C'est parce qu'il est surchargé, il est
écoeuré d'être à peu près tout seul pour
faire la job pendant qu'une bonne gang sont en cabinet privé à se
dorer la pilule. On va le dire tel que c'est parce que c'est un débat
qui va revenir, j'ai l'impression, au cours de l'automne. Corn-' ment?
M. Trudel: Ça va être pour le printemps
prochain, peut-être?
Mme Bleau: L'automne, l'automne.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous dire une
affaire. À pareille date, l'année prochaine, ça va
être réglé-Une voix: C'est enregistré,
ça.
M. Côté (Charlesbourg): ...d'une manière ou
d'une autre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Donc...
M. Chevrette: J'espère que vous ne serez pas
convoqué au bunker une deuxième fois.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous dire une
affaire, mon cher ami, je n'ai jamais été convoqué au
bunker.
M. Chevrette: Vous avez été invité, en tout
cas.
M. Côté (Charlesbourg): ça, c'est une autre
chose. une invitation, c'est un respect; une convocation, c'est, à
l'occasion, bien plus indicatif du respect qu'on porte à quelqu'un.
M. Chevrette: Non, mais c'est les effets, moi, je pensais.
M. Côté (Charlesbourg): Ah, non. Ne vous
inquiétez pas, j'ai toujours dit publiquement que c'est moi qui avais
pris la décision. C'est vrai. C'est vrai, c'est moi seul qui ai pris la
décision.
Mme Bleau: Je suis certaine que c'est vrai. Je suis certaine que
c'est vrai.
M. Côté (Charlesbourg): Et je considère
toujours...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ça va te faire valoir, ça. Ça va
te faire valoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Non, parce
qu'évidemment, quand on est du même parti politique, on vit les
mêmes difficultés avec la même intensité.
Mme Bleau: On se connaît bien, on se connaît bien.
C'est ça.
M. Chevrette: On se les communique, ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Donc, par conséquent,
vous avez effectivement raison de dire que la cote Z, qu'uniquement les notes
ne servent pas très bien la profession. Je pense qu'il faut autre chose,
comme vous dites si bien, la vocation. Évidemment, elle peut avoir
évolué à travers le temps, ce qu'on ne souhaite pas
eî ce qu'on ne veut pas non plus. C'est des médecins qui, comme
à l'époque, travaillaient 90, 100 heures par semaine et,
littéralement, crevaient au travail. Évidemment, ils couraient
après leurs factures, à l'époque, ce qui est bien
différent depuis 1970. C'est un des avantages du régime qu'on
combattait à l'époque et qu'on défend aujourd'hui autour
des choses. Il faut donc, par conséquent, s'assurer ou tenter
d'influencer - parce que le choix n'est pas le nôtre, le choix est celui
des facultés de médecine - qu'on tienne compte davantage d'autre
chose, de la capacité de l'individu de faire ce métier-là,
qui est un métier très exigeant, un métier très,
très exigeant. (16 h 20)
Plaçons-nous dans la situation des médecins. J'en ai
rencontré, en Abitibi, à Amos, à Rouyn, à Val-d'Or,
des gens extraordinaires qui ont accepté d'aller en région, qui
travaillent comme des forcenés pour se maintenir en région, et
qui parlent des vrais problèmes, parlent d'attrait, mais aussi parient
de rétention des médecins au niveau des régions. Ils ne se
sentent pas toujours très bien défendus. C'est ça que m'a
appris mon voyage. Heureusement, je ne repasserai pas 30 semaines d'un an en
commission parlementaire. On va pouvoir continuer de voyager. On en
apprend.
C'est ça, le message que les gens ont passé à leur
fédération, des choses à défendre, des principes
qui vont nous permettre de retenir. Mais, pour retenir des médecins en
région, il faut, bien sûr, qu'au niveau du choix de base on ait un
choix qui tienne compte aussi de la capacité de ces individus-là
à vouloir retourner dans les régions du Québec.
Ce qui est assez exceptionnel, pour l'acceptation des médecins
qui sont entrés en étude au mois de septembre dernier, à
l'Université Laval, la Faculté de médecine de Laval, 60 %
des candidats venaient de la région de Montréal. Sur les 60 %, il
y en avait à peu près 2 ou 3 qui avaient mis les pieds à
Québec pour la première fois quand ils sont venus passer les
examens. Imaginez-vous ce que ça va être de les amener à
Gaspé ou en Abitibi ou à Sept-îles. Depuis que
Rivière-des-Prairies est devenue une région du Québec,
imaginez-vous ce que c'est que d'aller travailler dans les autres
régions.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II est clair que... À
partir de ce moment-là, il y a des réajustements assez importants
à faire à ce niveau-là, et vous avez parfaitement raison.
Mais ça relève des facultés de médecine et on a
échangé là-dessus, sur des moyens. Je pense que, dans
notre horizon d'un an, on va avoir le temps de travailler un petit peu
là, et je veux juste vous dire que je ne l'ai pas oublié, quant
à moi. Je ne l'ai pas oublié. S'il vous arrive des bonnes
idées en cours de route...
M. Trudel: Nous autres non plus.
M. Côté (Charlesbourg): ...ne gênez-vous pas
pour me les donner. Vous pouvez avoir des bonnes idées. Si je peux les
réaliser, je vous en donnerai le crédit pareil. Il n'y a pas de
problème.
M. Chevrette: c'est justement, il y a un dossier dont je veux
parler, où on avait donné des bonnes idées qui n'ont pas
accouché.
Le Président (M. Joly): Excusez...
M. Chevrette: Donc, je voudrais parler
d'Urgences-santé.
Le Président (M. Joly): ...M. le député de
Joliette, peut-être qu'avant d'entreprendre le sujet... Eest-ce que, M.
le député de Berthier, vous aviez...
M. Houde: Ce n'est pas sur Urgences-santé.
Le Président (M. Joly): Ça va aller? M. le
député de Salaberry-Soulanges?
M. Chevrette: Vas-y.
M. Marcil: C'est pour compléter, justement, sur les
médecins en...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, moi,
je suis convaincu que le député de Berthier est en harmonie, pour
une fois, avec le député de Joliette, à tout le moins sur
la régie régionale, sur le siège social.
M. Houde: C'est à moi, la question?
M. Chevrette: Vous ne nous avez jamais vus en chicane sur
ça.
M. Houde: Je la poserai tout à l'heure. Vas- y.
là.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges, s'il vous plaît.
M. Marcil: Oui, M. le ministre, c'est tout simplement pour
corroborer, c'est-à-dire aller un peu dans le même sens que ma
collègue. C'est vrai que ça pose un problème. Prenez
Saiaberry-de-Valleyfield, on est à peu près à 45 minutes
de la grande région de Montréal. Vous avez reçu
dernièrement probablement une lettre, justement, d'un de mes
commettants, qui a vécu un problème avec son épouse, au
centre hospitalier, concernant les cardiologues. C'est tout à fait
inacceptable que, dans un centre hospitalier à vocation
régionale, on ne puisse même pas avoir un cardiologue en
permanence. Je ne comprends pas que notre système ne puisse pas
régler ce problème-là. On n'est pas en Gaspésie. On
n'est pas à Mistassini. On est à Valleyfield, à 45 minutes
de Montréal.
C'est rendu que les grandes régions, c'est IHe de Montréal
avec l'île de Laval. C'est la ville de Québec et c'est Sherbrooke.
On retrouve nos spécialistes dans des centres hospitaliers reconnus
comme étant universitaires. Il y aurait peut-être une formule
à appliquer pour amener les gens en région. Ce serait
peut-être de reconnaître un peu moins de centres hospitaliers dans
les grands centres comme étant affiliés à
l'université et aller chercher des centres hospitaliers de
régions pour les affilier aux universités. Ce serait
peut-être une façon d'amener des nouveaux médecins et des
spécialistes en région. Tant et aussi longtemps qu'on va financer
et qu'on va déterminer toujours des centres hospitaliers de grandes
régions comme étant affiliés, centres de recherche, ainsi
de suite, par le fait même vous allez garder vos spécialistes dans
les grands centres. Par sa définition même, ces gens-là
veulent vivre dans des endroits où on fait de la recherche, dans des
endroits qui sont superéquipés.
Donc, on n'a pas ça, en région, à leur fournir. On
est pris pour prendre un cardiologue, une fois par semaine, qui décide
de venir faire un tour à Valleyfield, et c'est la même chose dans
la région de Vaudreuil. Ce n'est pas normal, M. le ministre, qu'on ne
puisse pas avoir... On en avait un et il est parti. Prenez toutes les autres
spécialités, c'est exactement la même chose. On est
obligé d'attendre les spécialistes de la grande ville de
Montréal, comme on dit chez nous, qui viennent une fois par mois ou bien
une fois par trois semaines. Je comprends davantage les régions
éloignées comme la Gaspésie ou l'Abitibi. Je comprends ces
régions-là qui sont encore bien plus mal prises que nous autres.
Imaginez-vous, on est à côté, nous, et on n'est même
pas capables d'en avoir un. Pourtant, ce n'est pas long voyager
Montréal-Valleyfield.
Le Président (M. Joly): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Juste un très bref
commentaire. Il y a des leviers d'action qu'on s'est donnés quand
même, y compris à l'intérieur
de la loi 120, qui sont les plans d'effectifs médicaux pour
chacune des régions du Québec. On se rappellera que nous
étions au niveau de Montréal, par exemple, avec un surplus de
médecins, dont, en particulier, 243 sur l'île de Montréal
pour les spécialistes. On a signifié nos attentes pour 1990-1993
au niveau de la région de Montréal. On la critique souvent, la
région de Montréal. Le CRSSS de Montréal, chapeau! Chapeau
pour le plan 1990-1993 jusqu'à maintenant, en souhaitant que ça
continue. Ils ont fait le redressement auquel nous nous attendions, bien
sûr, par une attrition. Évidemment, à partir du moment
où on est en équilibre sur l'île de Montréal, par
rapport à nos besoins, il va se retrouver davantage de médecins
spécialistes dans les autres régions du Québec.
Une région qui n'a pas fait sa job, qui ne l'a pas fait
carrément, c'est la région de Québec. Elle vient de se
voir signifier des attentes assez sévères, merci, pour être
capable d'entrer à l'intérieur des plans d'effectifs. À
partir du moment où nos plans d'effectifs sont bons, à partir du
moment où on va appliquer la loi 120, on va être dans une
situation où, effectivement, on va faire respecter nos plans
d'effectifs. À partir du moment où les plans d'effectifs sont
complets, puis qu'il n'y a pas possibilité de s'installer ou de
s'implanter a Montréal ou à Québec et les régions
universitaires, forcément les gens vont se retrouver ailleurs. Je pense
qu'on est dans une situation où très prochainement, à tout
le moins, ce qui est en périphérie de Montréal devrait
recevoir son lot de spécialistes, qui vont s'installer dans ces
régions-là pour dispenser des services.
Évidemment, le phénomène des régions...
J'attends avec beaucoup d'impatience des engagements et des promesses formelles
faits par la Fédération des médecins spécialistes
du Québec quant à leur projet plus positif, plus incitatif, de
s'assurer qu'il y ait partout à travers le Québec des
spécialités de base, pas des ultraspécialités, des
spécialités de base partout à travers le Québec, et
jusqu'à maintenant je leur fais confiance. Je continue de le faire.
L'automne s'en venant, il est bien évident que ce n'est pas à
l'automne 1993 qu'on va régler la situation, c'est dès le 1er
janvier 1993 qu'on va se mettre à l'oeuvre si l'oeuvre des autres n'a
pas porté fruit. Ça me paraît clair, très clair.
Urgences-santé
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. Sur le
volet Urgences-santé, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un dossier qui vous
est cher.
M. Chevrette: c'est un dossier que j'ai suivi de très
près, m. le ministre et, par solidarité ministérielle,
vous n'étiez pas capable de me donner raison.
M. Côté (Charlesbourg): Quand ça?
M. Chevrette: J'ai dit que c'est un dossier qui m'est très
cher et que je suis convaincu que vous l'avez suivi de très près,
mais que te solidarité ministérielle vous empêche de nous
appuyer dans nos revendications.
M. Côté (Charlesbourg): allez-y, on va voir.
M. Chevrette: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Point par point.
M. Chevrette: Je pense que c'est clair. Je ne sais pas trop par
où commencer, mais je vais commencer par le jugement d'abord de la
Commission des affaires sociales, que vous connaissez sans doute, qui vous a
sans doute été acheminé. Est-ce que vous êtes au
courant du jugement de la Commission des affaires sociales?
M. Côté (Charlesbourg): De quand?
M. Chevrette: C'est en date du... Attendez un peu, je vais vous
le dire. C'est le dossier de la Commission SS-50392, donc ça devrait
être très récent. Le dossier du déclarant, c'est
Jean-François Dufour, domicilié à Montréal. Est-ce
que vous avez été mis au courant de ce dossier? Ça a
été rendu le 25 février 1992, M. le ministre. C'est
très récent.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous le dis très
honnêtement, je n'étais pas au courant, on m'informe
là.
M. Chevrette: Donc, c'était le 25 février 1992.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
(16 h 30)
M. Chevrette: C'est parce que, dans le jugement, il y a des
affirmations, des bouts de témoignages qui viennent, si vous voulez,
relever des points inquiétants de tout ce qui s'est passé au
niveau de la création d'Urgences-santé en général,
qui viennent démontrer qu'il y a des illégalités qui ont
été commises, qui viennent démontrer qu'il y a des choses
qui ne s'expliquent pas, carrément pas, et qu'il y a un jugement de
valeur également de porté par la Commission sur le fonctionnement
d'Urgences-Santé. J'aurais une série de questions à vous
poser, d'abord, sur ce jugement de la Commission des affaires sociales.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je suis
un petit peu, là... J'aime autant le dire tel que je le pense,
puis d'ailleurs, ça va paraître, je n'ai pas lu ce
jugement-là. Donc, vous interrogez un ignorant, puis pas un ignorant
parce qu'il veut l'être, là, davantage parce que c'est la
première fois que c'est porté à ma connaissance, et je
m'en excuse. Donc, je serai passablement incapable de répondre à
vos questions, à ce moment-ci, concernant ce dossier particulier. Juste
sur le plan du questionnement, quand la sous-commission s'est réunie,
est-ce qu'il était public, à ce moment-là, ce
jugement-là?
M. Chevrette: Non. Ça a été le 25
février que la décision a été rendue. Mais, nous
autres, ça fait quinze jours, trois semaines, à peu trois
semaines que nous l'avons. Ça fait trois semaines, un mois, maximum.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'il y a eu
des...
M. Chevrette: C'est postérieur aux réunions de
la... J'y étais. J'étais dans le groupe qui siégeait,
là, à la sous-commission de la commission des affaires sociales.
On a siégé à deux reprises, puis nous n'avions pas en
main, à ce moment-là...
M. Côté (Charlesbourg): O.K. M. Chevrette: ...ce
document.
M. Côté (Charlesbourg): II était rendu. Il
était rendu, le jugement, mais vous ne l'aviez pas en main au
moment...
M. Chevrette: On ne l'avait pas encore en main.
M. Côté (Charlesbourg): je vais être
obligé d'en prendre connaissance et de tenter de répondre
à vos questions ultérieurement. je m'excuse, mais je n'ai
pas...
M. Chevrette: Bon, dans ce cas-là, je pourrai vous
adresser les questions. Je ne veux pas faire perdre de temps, non plus,
à la commission. Je vous adresserai les questions par écrit.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Je pense que ça serait peut-être
l'idéal au lieu de les poser ici. Le but n'est pas de faire
niaiser...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je comprends.
M. Chevrette: ...c'est de...
M. Côté (Charlesbourg): Non, d'ailleurs...
M. Chevrette: ...regarder carrément ce qu'il y a dans le
jugement parce qu'il y a des affirmations très sérieuses, par
exemple, quand la Commission dit qu'il y a eu des permis qui ont
été octroyés à la CTSAM en contravention avec la
loi en mars 1989. Est-ce que le ministre est prêt à
déclencher... Je vous demanderai, à ce moment-là, des
questions très précises.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ce que je
comprends, c'est que... Pour bien comprendre, là, c'est que ça
supporte votre thèse d'une enquête publique. C'est ça,
là.
M. Chevrette: En partie, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, alors...
M. Chevrette: C'est des ajouts par rapport à ce qu'on
avait, effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, c'est de l'information
que je ne possède pas. Je ne peux pas juger à partir de cette
information-là. Évidemment, je pensais que, dans la
sous-commission et à la commission qu'on a tenue ensemble, là, on
avait pu faire état de ces choses-là. Mais, comme c'est du neuf,
puis il n'était pas...
M. Chevrette: Non, non, mais, par exemple, la Commission dit:
dans un témoignage non contredit de Bernard Lefebvre. Bon. Ça,
c'est les éléments qu'on ne connaissait pas parce qu'on ne
connaissait pas le procès, bien sûr, à l'époque,
devant la Commission, et nous n'avons pas assisté, nous, à la
Commission, non plus.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais attendre vos
questions, là, plus précises et, entre-temps, je vais me
documenter.
M. Chevrette: D'accord. Donc, je le ferai dans les prochaines
heures, mon cher ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Je connais votre
efficacité.
M. Chevrette: Sûrement. Elle est légendaire. Ceci
dit, je voudrais vous parler aussi, par exemple, des T-7, là, les
fameuses formules 7 où des employés de la coopérative ont
reçu des formules pouvant déduire une partie du capital
coopératif investi alors qu'il n'y avait eu aucun investissement. Est-ce
que vous avez eu le temps de faire le tour de ce dossier?
M. Côté (Charlesbourg): C'est d'incidence fiscale,
donc...
M. Chevrette: Oui, mais on en a parlé à tellement
de reprises...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. Je sais, mais
c'est parce que ce n'est pas tellement, tellement... L'incidence fiscale n'est
pas tellement de mon ressort. Vous admettrez avec moi que ça s'adresse
davantage à d'autres instances gouvernementales qu'aux miennes,
là.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez été
appelé à parler à votre collègue du Revenu
là-dessus?
M. Côté (Charlesbourg): Non. M. Chevrette: O.
K.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment,
là, il faut bien se comprendre. C'est la coopérative...
M. Chevrette: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg):... ce n'est pas
Urgences-Santé.
M. Chevrette: Non, je comprends, mais c'est parce que
c'était rendu qu'on se demandait qui appartenait à la
coopérative ou pas. Vous savez, les transactions dans l'espace de 24
heures, nous autres, on...
M. Côté (Charlesbourg): Je suis convaincu que, si
vous êtes capable de m'écrire, vous êtes capable
d'écrire au ministre du Revenu s'il y a des choses...
M. Chevrette: Ah! Ça, il n'y a pas de problème.
M. Côté (Charlesbourg):... que vous voulez porter
à sa connaissance.
M. Chevrette: On pensait que vous auriez pu être au courant
de cela, que vous auriez pu être informé, parce qu'il y avait une
très grande collaboration de la direction du personnel
d'Urgences-santé pour aider la coopérative là-dessus.
C'est pour ça qu'on pensait qu'on aurait pu vous informer.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais prendre connaissance
de manière à... Vous m'incitez, vous me mettez même l'eau
à la bouche.
M. Chevrette: Mais si vous déduisiez vous autres
mêmes les montants au préalable à Urgences-santé...
Il y a un certain nombre qui ont vu des revenus retirés de leur
chèque pour verser à la coopérative. Vous auriez pu
être au courant que...
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas.
Peut-être que M. Lamarche peut...
M. Chevrette:... l'heure du repas passait dans les premiers
temps, pour créer le capital-actions en vertu de la Loi sur les
coopératives. Vous savez qu'un coopérant doit payer une part
sociale à sa coopérative. Il doit soutenir sa coopérative.
Ça, il y avait une collaboration d'Urgences-santé, puisque
même Mme Lecours écrivait aux techniciens ambulanciers pour leur
dire comment ils devaient participer à cela. Elle leur envoyait
même les formules. Elle signait de sa propre main les obligations. Elle
leur indiquait que c'était en vertu de la loi 29, de la loi 37 qu'ils
devaient adhérer à la coopérative. Elle leur faisait part
des obligations. Malgré que ia transaction ait eu lieu dans l'espace de
quelques heures - vous savez ia date limite - j'aurais cru que vous auriez pu
être renseigné par Urgences-santé.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous n'avez pas
d'objection, peut-être que M. Lamarche peut répondre, M. le
Président.
Le Président (M. Joly): M. Pierre Lamarche, s'il vous
plaît.
M. Lamarche (Pierre): II n'y a pas de retenue ou de quelque
transaction qui ont pu avoir cours entre la Corporation d'urgences-santé
et les employés, membres de la coopérative, relativement à
la réception, à la perception ou au versement d'un quelconque
droit d'entrée à la coopérative. Je peux même vous
dire - parce que ce sont des documents qui sont de nature publique - qu'il n'y
a même jamais eu de paiement de la part de la Corporation dans le cadre
de l'acquisition pour un quelconque chapitre de droit d'entrée ou de
part sociale qui aurait été payé par les coopérants
à la coopérative. Quant à la lettre...
M. Chevrette: Donc, vous êtes en train de me dire que s'il
y a eu des TP-7...
M. Lamarche: C'est la coopérative qui les a
émis.
M. Chevrette:... de fournis à des salariés qui
n'ont jamais versé, de quelque nature que ce soit, un sou à leur
propre coopérative, c'était tout de l'évasion fiscale, du
vol pur et simple.
M. Lamarche: Je ne dis rien de ça. Moi, j'ai une
formation...
M. Chevrette: Juridique.
M. Lamarche:... juridique. J'affirme des choses qui sont
prouvées.
M. Chevrette: Ah, mon doudou!
M. Lamarche: Ce que je dis, c'est que...
M. Chevrette: Y compris l'avance non autorisée par le
gouvernement, comme grand patron d'Urgences-santé, y compris le fait
qu'un homme de droit puisse avancer des sommes non autorisées, ni par le
ministère ni par le gouvernement de quelque nature que ce soit...
M. Lamarche: Lesquels?
M. Chevrette: ...soulignés par le Vérificateur
général dans son rapport? C'est ça? Vous voulez nous
donner un cours de droit? Quel est votre objectif en voulant faire le dur?
M. Lamarche: Je pense que vous faites référence aux
notes du Vérificateur général pour les états
financiers 1990-1991 pour lesquels...
M. Chevrette: Répondez aux questions qu'on vous pose
plutôt que d'essayer de juger nos propos, M. Lamarche...
M. Lamarche: Non, non. Mais, je vous dis les choses telles
qu'elles sont, M. Chevrette.
M. Chevrette: ...parce que vous allez trouver chaussures à
vos pieds, de ce côté-là.
M. Lamarche: M. Chevrette, les montants qui ont été
versés l'ont été avec autorisation du ministre. Ce que le
Vérificateur général conteste, c'est la capacité du
ministre de donner telle autorisation. Nous avons obtenu des opinions
juridiques. Le ministre a obtenu des opinions juridiques à l'effet qu'il
avait pleine capacité de verser ces montants. En conséquence,
ça termine pour nous cette question-là. D'ailleurs, la
Corporation doit répondre à la commission qui a
étudié le rapport du Vérificateur général
sur cette question-là. Ça, c'est un sujet.
Sur l'autre sujet, ce que je vous dis, c'est que s'il y a des montants
qui devaient être versés, qui n'ont pas été
versés à la coopérative et qu'il y a des TP-7 qui ont
été émis, c'est une question qui concerne la
coopérative et qui ne concerne, en aucune manière, la
Corporation.
M. Chevrette: Comme ça, vous affirmez que d'aucune
façon vous n'avez versé une cent à la coopérative
au niveau des déductions faites sur les payes des employés
à la coopérative? C'est ça que vous me dites?
M. Lamarche: II n'y a eu aucun paiement qui a été
fait à l'égard de quelque coopérant que ce soit pour une
part sociale...
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a eu des déductions
autorisées sur les chèques, des déductions à part
des cotisations syndicales en vertu de la formule Rand? Est-ce qu'il y a eu des
déductions autres qui ont été acheminées à
la coopérative?
M. Lamarche: s'il y a des demandes de rétention pour
quelque motif que ce soit, par exemple, pour des assurances, pour payer un
garage ou pour n'importe quel sujet... pour la question du paiement de droits
d'entrée à la coopérative, si les individus nous ont
demandé de retenir sur leur chèque de paye et de verser, je ne le
sais pas.
M. Chevrette: Vous avez dit tantôt qu'il n'y avait
aucune... (16 h 40)
M. Lamarche: II n'y en a pas. Il n'y en a pas eu.
M. Chevrette: Je ne dis pas qu'il y avait eu de TP-7 de votre
part. Je vous demande si, par exemple... Au début, on sait que la CTSAM
avait comme politique, pour constituer l'avoir du coopérant, de verser
à la coopérative l'heure du dîner, qu'ils avaient
réussi à se faire payer. Ça constituait, à la
longue, le capital nécessaire pour le coopérant. Ça,
est-ce que c'était perçu par Urgences-santé, par la
Corporation d'urgences-santé, et versé?
M. Lamarche: Non, non. D'aucune façon.
M. Chevrette: D'aucune façon. Ça va. Donc, le
ministre du Revenu va être heureux de voir que ça a
été fait sans votre collaboration. On va lui envoyer les
galées également. Comme vous êtes un homme de droit,
imaginez-vous, il va vous croire tout de suite.
Est-ce qu'on pourrait, M. le ministre, recevoir ou avoir aussi
aujourd'hui ici un bilan global de ce qu'a coûté... ce qui avait
été anticipé, ce que d'ailleurs votre collaborateur de
gauche avait présenté dans un mémoire avec la CSN à
l'époque, où on disait que seule l'étatisation
complète d'Urgences-santé était indispensable... On avait
prédit deux ans. C'est arrivé exactement dans ces délais
où les clés ont été déposées
correctement. Il y a eu une pétition de concordat, il y a eu une
faillite technique. Par la suite, vous avez dû acheter. Je voudrais
savoir, d'abord, le montant global de l'achat au complet.
M. Côté (Charlesbourg): 15 200 000 $. M.
Chevrette: 15 200 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, 15 200 000 $, et il
reste une garantie de la SDC dont le dossier n'est pas encore
réglé.
M. Chevrette: De combien?
M. Côté (Charlesbourg): De 1 900 000 $.
M. Chevrette: 1 900 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais ce n'est
pas un dossier qui est réglé.
M. Chevrette: La caisse de la CSN perd-elle?
M. Lamarche: L'ensemble de la proposition qui a été
faite aux créanciers garantis... La caisse des travailleurs de
Québec était un créancier garanti, la Banque Nationale
était un créancier garanti, Ford Motors du Canada était un
créancier garanti, Lutex, qui est une société de location,
était un créancier garanti. L'ensemble des créanciers
garantis, on a appliqué exactement la même méthode
comptable à tous, qui a fait que certains ont perdu sur l'estimation des
coûts de rendement que leur donnait le prêt qu'ils avaient
consenti, et tous ont perdu relativement à ça. Mais, relativement
aux actifs, tous ont été payés 100 $ dans la cent, puisque
ce sont des créanciers garantis. L'application de la loi...
M. Côté (Charlesbourg): C'est 100 cents dans la
piastre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lamarche: Oui, 100 cents dans la piastre.
M. Chevrette: Là, j'étais pour dire que vous
êtes un homme de droit, pas un comptable!
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Lamarche: C'est l'application de la Loi sur la faillite, que
personne d'autre ne pourrait recevoir quelque montant que ce soit tant que les
créanciers garantis n'ont pas été satisfaits.
M. Chevrette: est-ce que c'est possible d'avoir ça? c'est
un document d'ordre public, puisque ça a fait l'objet d'un décret
gouvernemental, sans doute, pour l'achat.
M. Lamarche: Ça a été déposé
au conseil d'administration d'Urgences-santé.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait nous faire parvenir
ça?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Lamarche:
Oui.
M. Chevrette: Vous dites, à la page 262 de votre document,
M. le ministre, que pour l'exercice 1991-1992 la réforme à
Urgences-santé n'a pas généré de coûts
supplémentaires, car l'acquisition de la coopérative s'est
effectuée dans un contexte d'autofinancement. C'est en vertu d'un jeu
comptable.
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Autofinancer, quand tu as donné 15 200 000 $
à l'intérieur d'une année, ça doit
générer quelques coûts de plus. Vous avez acquis un actif,
et pour fins comptables, là, vous allez m'expliquer que c'est
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non. De toute façon,
moi, ce que je veux, c'est qu'on finisse par passer à autre chose
concernant Urgences-santé. Moi, ce qui m'intéresse, c'est le
service au monde. Vous me connaissez un petit peu là. Il faut finir par
y arriver et qu'on enterre... On ne sera jamais d'accord sur les
événements qui se sont passés, là, je pense, sur le
plan du fond. Je suis bien à l'aise parce que je n'étais pas dans
le ministère à l'époque. J'étais à
côté et je regardais ça. J'étais un des agents
payeurs à l'époque. Bon, alors, à partir de ça, ce
que je souhaite, c'est qu'on en finisse un de ces bons jours, et, moi, je suis
prêt à vous donner les documents que j'ai. Je n'ai pas de
problème. Alors, je vais récupérer ce que j'ai. Posez-moi
vos questions et vous allez voir que ça ne prendra pas bien bien du
temps. Je vais vous fournir les documents.
M. Chevrette: C'est ça que je veux avoir. M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Je veux avoir les chiffres précis.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, vous allez les
avoir.
M. Chevrette: Donc, 15 200 000 $, c'est au net à
l'exception du 1 900 000 $ du Fonds de développement coopératif,
qui, lui, n'est pas réglé...
M. Côté (Charlesbourg): II n'est pas
réglé.
M. Chevrette: ...mais qui est de l'argent des contribuables, dans
le cas présent...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...tout autant que les 15 200 000 $ que vous
versez.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça, oui.
M. Chevrette: Si j'ai bien compris, l'aventure de deux ans aura
coûté...
M. Côté (Charlesbourg): Mais...
M. Chevrette: ...16 000 000 $ ou 17 100 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): Non, bien,
c'est-à-dire que vous pouvez le voir sous cet angle-là,
là, mais je vous sais plus objectif que ça. De toute
façon, ça prend des véhicules pour être capables
d'assumer le service. Les véhicules qui étaient là, dont
le gouvernement s'était porté garant de l'acquisition, ils
servaient à la coopérative, comme ils servent maintenant
aujourd'hui à Urgences-santé. Sur le plan des
déboursés gouvernementaux, je ne pense pas dire une
énormité, là - on me corrigera, ce ne sera pas la
première fois - ça n'a pas occasionné de
déboursés additionnels de la part du gouvernement par rapport
à la situation antérieure.
M. Chevrette: mais quelle est la différence
anticipée entre le taux... par exemple, vous louiez le matériel
de la coopérative antérieurement?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: donc, il vous appartient présentement. je
comprends que, pour fins comptables, c'est de l'actif, mais ça a
été un déboursé de 15 200 000 $ pareil pour
l'état. il a fallu que vous les rachetiez ces dettes-là.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Chevrette: Vous continuez à payer les dettes purement
et simplement?
M. Côté (Charlesbourg): Allez-y donc. M.
Chevrette: C'est quoi que vous faites? Le Président (M. Joly):
M. Lamarche.
M. Lamarche: C'est la Banque Royale du Canada qui a
effectué le paiement aux autres créanciers, et nous avons
négocié un crédit-bail avec la Banque Royale pour
l'amortissement de l'ensemble des véhicules. La sortie de fonds, c'est
exactement la même qui avait été autorisée par le
Conseil du trésor et qui nous coûtait une variable de 11 000 000 $
à 12 000 000 $ par année pour les locations. Là, il y a
une partie de ça qui va pour payer les crédits-bails pour avoir
les véhicules, et une autre partie de ça qui va pour payer les
employés qui ont été conservés dans le cadre de la
rationalisation des employés de CTSAM. Tout ça fait en sorte que
ça doit être, donc, à l'intérieur du même
budget et ça s'autofinance.
M. Chevrette: Combien d'employés avez-vous
congédiés à la coopérative?
M. Lamarche: À peu près 60, mais je ne peux pas
vous dire que c'est 60 équivalents temps complet. C'est 60 individus,
qui doivent représenter probablement une trentaine d'équi-
valents temps complet.
M. Chevrette: dans le cas de la sdc, si ça devait
s'avérer une obligation de votre part de la rembourser... si j'ai bien
compris, ce n'était pas une dette garantie, ça là.
M. Lamarche: Oui, c'est une dette garantie. C'est une caution de
la SDC.
M. Chevrette: Mais pourquoi vous ne l'avez pas remboursée
si c'était garanti?
M. Lamarche: Bien toute la question... La décision est
prise. C'est la SDC qui, ayant cautionné pour un montant maximum de 2
200 000 $ les fonds de roulement de la coopérative, devait assumer ce
coût-là. La décision du Conseil des ministres, dans le
cadre de l'acquisition, qui fait partie du dossier, c'est:
Urgences-santé devra assumer, dans le cadre de l'autofinancement, cette
dette de la SDC, cette caution de la SDC. Donc, les lettres ne sont pas
signées, mais ce qui est finalisé par le Conseil des ministres,
c'est qu'on a demandé à la Corporation d'urgences-santé
d'autofinancer, de repayer, si on veut, cette caution qui avait
été garantie par la SDC.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous répondez à ceux
qui nous disent que, si tous les coopérants avaient payé leur
cotisation, ça représenterait exactement le manque à
gagner qui a occasionné la faillite? Est-ce que c'est vrai,
ça?
M. Lamarche: Moi, j'ai déjà exprimé que
ça expliquerait à peu près le tiers des difficultés
financières de la coopérative. Ce que nous avions
identifié et ce que nous avons fait dans le cadre de l'autofinancement,
c'est qu'il y avait, effectivement, un problème de sous-capitalisation,
qui était dû au fait que les sommes n'ont pas été
versées sous forme d'argent, mais sous forme de services.
Deuxième raison, c'est le coût des véhicules, qui
était plus élevé que ce que nous payons à la
coopérative pour s'acheter des véhicules. La troisième
raison, c'est qu'il y avait, selon nous, trop de personnel à l'emploi de
la coopérative. Alors, il y avait trois motifs qui faisaient qu'il y
avait des difficultés financières: trop de personnel,
véhicules trop chers et sous-capitalisation.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez fait des chiffres sur les
ambulances qui étaient autorisées jusqu'à 80 000 $ par
rapport aux Cadillac qui ont été achetées?
M. Lamarche: Ça nous a coûté exactement ce
qui était autorisé, c'est-à-dire que nous payons à
la coopérative sur la base de ce qui était autorisé,
c'est-à-dire 85 000 $. (16 h 50)
M. Chevrette: Oui, mais, en achetant à la
coopérative, vous êtes obligés de payer jusqu'à 135
000 $ les véhicules qui ont été achetés.
M. Lamarche: On est obligés d'avoir un plan de
rationalisation qui soit un peu plus agressif, il faut dire aussi qu'il n'y a
pas uniquement de la rationalisation parce qu'Urgences-santé peut
bénéficier de certaines synergies, c'est-à-dire qu'on
n'est pas obligés d'avoir un autre bureau de paie, on n'est pas
obligés d'avoir un autre bureau de personnel, on n'est pas
obligés d'avoir une autre personne responsable de la santé et
sécurité. Nous avons déjà des employés qui
peuvent faire ça, donc il y a une certaine réduction qui est due
au coût de l'exploitation d'Urgences-santé. Il est évident
que c'est un problème, pour nous, le coût de ces véhicules.
Je vous dirais même que c'est aussi un problème de fonctionnement.
Il semble que l'idée de plus en plus répandue dans le service
ambulancier et même chez nous, c'est que les véhicules devraient
être plus petits, plus mobiles.
M. Chevrette: Est-ce que vous allez favoriser la politique
d'achat québécoise?
M. Lamarche: On va faire mieux que ça, on a une
règle au conseil d'administration d'Urgences-santé qui
établit que toute acquisition de 50 000 $ ou plus doit aller par appel
d'offres. On a différentes hypothèses qu'on évalue. Je le
souligne parce que ça signifie que l'achat d'une seule ambulance
nécessiterait un appel d'offres. Alors, on essaie d'harmoniser,
premièrement, notre pian de remplacement des véhicules, parce
qu'on en a 132 à remplacer, on ne peut pas les remplacer tous d'un coup,
la même année. On essaie de les harmoniser aussi, dans la mesure
où c'est possible, avec, probablement, l'ensemble des autres
propriétaires de la province, si c'est possible, parce que,
évidemment, il pourrait y avoir une certaine planification de la
production des véhicules ambulanciers et il serait sans doute
souhaitable, tant pour les producteurs que pour les utilisateurs, qu'il puisse
y avoir telle planification. Tous ont le problème d'avoir des
véhicules disponibles, à un moment donné, si tout le monde
est en commande et tous ont aussi le problème de pouvoir produire d'une
façon planifiée.
M. Chevrette: Mais votre flotte, M. Lamarche, il doit y avoir
quelques véhicules neufs, sur le temps qu'ils en ont acheté un
peu partout avant que vous achetiez. Votre flotte ne doit pas être toute
à renouveler.
M. Lamarche: II faut commencer à remplacer des
véhicules dans deux ans. Comme il faut commencer à en remplacer
dans deux ans, on a tout un processus à faire antérieurement.
Alors, c'est là-dessus qu'on travaille.
M. Chevrette: Mais la flotte présentement, au niveau de,
comment dirais-je, sa qualité, vous avez des véhicules qui,
normalement, n'auraien; pas dû être achetés, même
jusqu'à 135 000 $, vous le savez, alors que vous subventionniez pour
jusqu'à 80 000 $. Il y en a qui...
M. Lamarche: Je ne sais pas...
M. Chevrette: ...voulaient rouler en KKK, venant
directement d'Orlando. Je voudrais savoir si l'état de la flotte
actuelle est potable.
M. Lamarche: L'état de la flotte actuelle est potable. Il
y a toujours possibilité qu'une ambulance ait un accident, qu'une
ambulance passe au feu et il faudra la remplacer. Je tiens à vous dire
que ça ne vient pas d'Orlando, pour la plupart, c'est des
véhicules qui ont été convertis à Laval, dans une
entreprise qui s'appelle Con-Amb technologie. Il y a quatre véhicules,
je pense, qui viennent de Saint-Louis, Kansas City, plus exactement, et il y a
un certain nombre de véhicules - il y a huit véhicules, je pense
- qui viennent de chez M. Demers, un constructeur de la Rive-Sud. Ça,
c'est la flotte actuelle.
Maintenant, il y a un certain nombre de ces véhicules-là
qui devront être modifiés et la question qu'il faut se poser
dès maintenant, c'est: Est-ce que ça vaut la peine de
procéder à une reconversion des véhicules que nous avons
pour à nouveau amortir uniquement la boîte et un nouveau
véhicule ou est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de trouver un moyen d'avoir
des nouveaux véhicules différents, plus adéquats et moins
coûteux? C'est l'ensemble des questions qui sont en discussion.
M. Chevrette: Donc, c'est l'an prochain qu'on saura
concrètement ce qu'aura coûté, dans les faits, si vous
entrez à l'intérieur des paramètres que vous vous
êtes fixés, ce que ça coûtera, l'étatisation,
au point de vue concret, en termes de gestion, puisque cette année vous
venez à peine d'en... Combien est-ce que ça fait de mois que vous
avez pris possession?
M. Lamarche: Depuis le 25 novembre que nous exploitons la
CTSAM.
M. Chevrette: Sur une base de trois mois, est-ce que vous avez
entré dans les plans de redressement qui s'imposaient?
M. Lamarche: Oui, sauf que je dois vous dire que, effectivement,
les trois premiers mois sont à peu près les trois mois où
la réduction a été progressive, où il a fallu
réorganiser. Cette réorganisation-là n'est pas encore tout
à fait terminée parce qu'on va, entre autres, réduire les
locaux loués. Le syndicat s'est dit ouvert et nous sommes très
intéressés à négocier une plus grande
mobilité de certaines fonctions. C'est des
questions qu'on commence à regarder, actuellement. Je dirais que
l'élément le plus important, c'est celui de la gestion de la
flotte. Et l'élément de la gestion de la flotte, bien, il va
s'ajouter, dans les mois qui viennent, dans le cadre de la réforme qui
est proposée.
M. Chevrette: O.K. Je vais aller à un autre petit point.
Je vais laisser mon collègue continuer tantôt sur ce qui se passe
à l'intérieur de la boîte. Je voudrais vous questionner sur
un congédiement bizarre. Le 4 mars dernier, vous engagiez M. Robert
Thibeault. Mme Franche Rondou a signé ça: II me fait plaisir de
vous confirmer par la présente votre embauche à titre de chef de
secteur sur la liste de rappel et ce, à compter du 4 mars 1992. Votre
rémunération sera de 36 000 $ par année, incluant un
montant forfaitaire de 5 %. Votre classe salariale sera
déterminée ultérieurement, etc. Ça, c'est le 4
mars. Il s'était classé, nous dit-on, bon premier au concours. Le
9 mars, cinq jours après, la même Mme Rondou dit ceci: Suite
à la vérification de votre dossier, des faits nouveaux que nous
ne pouvons ignorer concernant vos expériences antérieures de
travail nous obligent à mettre fin à votre probation à
titre de chef de secteur sur la liste de rappel à la Corporation
d'urgences-santé et ce, à compter de mars 1992. N'est-il pas
exact, M. le ministre, parce que M. Thibeault a déjà
été propriétaire ambulancier, qu'il a été,
de façon très discriminatoire, cinq jours après, mis
dehors cavalièrement par des pressions auprès de la
direction?
M. Côté (Charlesbourg): Par des pressions
auprès de la direction?
M. Chevrette: La direction d'Urgences-santé.
M. Côté (Charlesbourg): Des pressions de qui?
M. Chevrette: Bien, il va nous le dire, qui. C'est lui qui les a
eues.
M. Côté (Charlesbourg): c'est parce que quand vous
me posez la question à moi... vous avez l'impression que c'est moi qui
ai fait les pressions pour le mettre dehors, là?
M. Chevrette: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Non? O.K.
M. Chevrette: Je suppose que vous êtes comme moi, vous ne
le connaissez pas.
M. Côté (Charlesbourg): Vous me rassurez un peu. Je
suis rassuré un petit peu. Je suis informé de cette situation.
C'est toujours acha-lant un petit peu de discuter des cas comme ceux-là
dans une commission parlementaire. M. Chevrette: Je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais... en tout cas. Je
vous dis que, personnellement, je souhaiterais davantage que l'on puisse en
parler hors des ondes, si tel est votre désir sur le plan de
l'information, quitte à ce que, éventuellement, vous puissiez me
reposer des questions. Je préférerais nettement aborder une
question comme celle-là, puisqu'il s'agit d'individus, dans des
échanges avec vous, comme on peut avoir dans d'autres circonstances,
quitte à ce que par la suite vous puissiez reposer des questions qui
peuvent être d'ordre public. Je me sens un peu, non pas mal à
l'aise, mais je n'aime pas traiter le cas d'un individu, en particulier dans
une commission parlementaire de cette nature. (17 heures)
Là-dessus, je n'ai pas grand monde à défendre; il
faut bien se comprendre. Sauf que j'ai des informations en ma possession qui...
Je veux être un petit peu prudent quant à mettre ça sur la
table.
M. Chevrette: C'est parce que, voyez-vous, je vous comprends
là-dessus, parce que j'ai des informations...
Le Président (M. Joly): Excusez. S'il vous
plaît.
M. Chevrette: ...en ma possession... Le Président (M.
Joly): M. le député...
M. Chevrette: ...qui vous obligeraient à en saprer une
couple dehors, justement, qui sont en dedans.
Le Président (M. Joly): M. le député.
Excusez, M. le député.
M. Chevrette: Excusez.
Le Président (M. Joly): II faudrait peut-être qu'on
se rappelle notre règlement, article 35, paragraphe 3°. En fait,
«le député qui a la parole ne peut parler d'une
affaire qui est devant les tribunaux ou un organisme quasi judiciaire, ou qui
fait l'objet d'une enquête, si les paroles prononcées peuvent
porter préjudice à qui que ce soit».
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Joly): Est-ce que c'est le cas?
M. Chevrette: Je m'excuse, ce n'est pas ça le cas.
Le Président (M. Joly): Parfait.
M. Chevrette: Parce que moi, je ne savais même pas qu'il
pouvait y avoir des raisons particulières. Voyons! Ça n'a aucun
rapport, la question de règlement. Je peux comprendre que le ministre
ait de la réticence, je l'ai été. À un moment
donné, il y a des informations qui touchent la conduite d'un individu ou
la réputation d'un individu qui ne doivent pas nécessairement
être étalées en public. Je comprends ça. Je
comprends ça.
Mais, au-delà de ça, je vais vous poser une couple de
questions quand même. En respectant cela et en demandant en ce moment
d'être informé sur le sujet...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Chevrette: Parce que je pense qu'un individu, quel qu'il soit
en dehors d'une structure, a le droit à une défense pleine et
entière. Donc, ce que j'aimerais savoir, c'est: Est-ce que les motifs
pour lesquels on a procédé au congédiement sont des motifs
qu'il était tout à fait impensable... et qui ne pouvaient pas
être connus avant l'embauche?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Quant à moi,
c'est des informations que j'ai eues par la suite parce qu'évidemment il
va de soi que je ne suis pas impliqué dans la sélection du
personnel. Ça n'aurait aucun sens. Donc, c'est des informations que j'ai
eues par la suite et qui ont été portées à la
connaissance des ressources humaines d'Urgences-santé après.
M. Chevrette: Je reprends ma question. M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: est-ce qu'au moment où on a
procédé à l'embauche on aurait pu connaître ces
faits ou si ce sont des farts qui n'étaient pas d'ordre public?
M. Côté (Charlesbourg): Non. À votre
question, je suis probablement obligé de répondre oui, mais,
évidemment, encore aurait-il fallu qu'un certain nombre de ces
informations puissent être déclarées par l'individu
aussi.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y avait eu des jugements de cour en
regard de ces gestes reprochés?
M. Côté (Charlesbourg): II y a un certain nombre de
dossiers qui sont devant, qui sont pendants; donc, on ne peut pas
présumer de la décision positive ou négative. Il y a
certaines autres décisions, m'informe-t-on, de nature administrative,
mais qui avaient des impacts de cette nature-là.
M. Chevrette: Et qui avaient fait l'objet de décisions, de
jugements.
M. Côté (Charlesbourg): Pas
¦nécessairemen' de jugements, mais certaines situations où
des décisions administratives étaient quand même
relativement importantes.
M. Chevrette: Si je vous pose ces questions-là, M. le
ministre, c'est que dans nos !oi& une personne est présumée
innocente jusqu'au moment où on a jugé.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, c'est pour
ça...
M. Chevrette: Dans le cas précis qui nous occupe...
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, c'est pour
ça...
M. Chevrette: ...si je vous pose ces questions-là, c'est
parce qu'il y a quelqu'un qui s'est fait justice.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Non, non, mais c'est
parce que j'ai pris soin de vous dire aussi qu'il y avait des causes pendantes
et que dans ces cas-là on ne pouvait pas présumer. J'ai fait la
distinction.
M. Chevrette: Non, on ne peut pas présumer des causes
pendantes...
M. Côté (Charlesbourg) : C'est ça.
M. Chevrette: ...ni de constats s'il n'y a pas eu d'accusation et
de jugement.
M. Côté (Charlesbourg): De la part des tribunaux.
Vous avez parfaitement raison, n'empêche qu'il peut y avoir d'autres
situations qui interpellent des gestes administratifs qui peuvent être de
nature telle qu'on doit en tenir compte lorsqu'ils sont portés à
notre connaissance.
M. Chevrette: c'est donc dire que c'est sur des gestes
administratifs et des causes pendantes qu'on a porté un jugement puis
qu'on a congédié un individu sans avoir à lui reprocher
quoi que ce soit dans l'espace de cinq jours quant au travail professionnel
qu'il a posé.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour ne pas qu'il y
ait d'équivoque, vous avez bien dit que c'est un individu qui a
été engagé à une date x. Quatre ou cinq jours plus
tard, il a été remercié, et c'était donc à
l'intérieur d'une période de probation. Ce qui est tout à
fait normal dans n'importe quel genre d'entreprise. Donc...
M. Chevrette: Je comprends, mais c'est
parce que votre réponse m'indique que ce n'est pas à
partir de ce qu'il a fait comme travail qu'il a été jugé,
mais à partir de causes pendantes, comme vous dites, et de constats
administratifs passés. C'est ça qui m'agace.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je vous dis - et vous
êtes très habile dans vos questions - je vous dis qu'il y a des
faits qui ont été portés, en tout cas, à tout le
moins à ma connaissance après, et que les ressources humaines
d'Urgences-santé en ont eu connaissance après l'engagement. Votre
question était: Est-ce que ces faits-là auraient pu être
à la connaissance des gens qui avaient à poser des gestes
administratifs, à ce moment-là, en termes d'engagement? Je vous
dis que probablement que oui, mais qu'une série d'informations n'avaient
pas été déclarées par l'individu en question, et il
aurait été, semble-t-il, à tout le moins à la
connaissance du dossier que je possède actuellement, de bon aloi que
ça puisse se faire, que ça se fasse.
M. Chevrette: bon, en tout cas, je suis prêt à
recevoir ces informations privilégiées. je n'ai pas l'intention
de pousser sur le dossier de façon démesurée pour le
moment.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais il faut
s'assurer...
M. Chevrette: Mais je pense que c'est important. Quand on voit
deux lettres de même, qu'on n'est pas nécessairement au courant du
dossier et puis qu'on voit deux lettres de même, et qu'on connaît
surtout le statut antérieur - le statut antérieur, il
était employeur - il ne faudrait pas se surprendre qu'à
Urgences-santé... Vous savez, vous ne me feriez pas frémir si
vous me disiez qu'à Urgences-santé il y a eu une pression assez
forte pour quelque chose. Parce que, si on connaissait les
antécédents et les pendants d'un certain nombre de
fiers-à-bras, il y a plusieurs congédiements qui se feraient
là. Vous le savez. De l'intimidation, de la cruauté et du
harcèlement téléphonique. Écoutez, des
grèves à deux personnes, dans un syndicat, sur treize! Les autres
ont démissionné parce qu'ils ne veulent pas faire la
grève. Puis le RETAQ, je ne leur donnerai jamais l'absolution sans
confession, pour votre information, et je ne suis pas Jésuite.
M. Côté (Charlesbourg): Vous étant
l'abbé qui peut pardonner.
M. Chevrette: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Vous étant
l'abbé qui peut pardonner.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je donnerais l'absolution sans confession à
ceux qui ont le courage de dénoncer l'intimidation et à ceux qui
sont victimes de ce maudit chantage là. J'en ai trop rencontré,
M. le ministre - c'est tout à fait sérieux ça -
d'individus dont les conjointes sont même menacées pour faire
taire leur mari. C'est pour ça que je me doute... Quand j'arrive avec
des feuilles de même, je veux au moins pousser mon questionnement pour
voir s'il n'y a pas de la ratatouille en dessous. Correct? Je sais qu'il est
capable d'y en avoir, de la ratatouille, et de la maudite ratatouille dans
ça. Moi, personnellement, je ne suis pas de ces peureux qui craignent
d'aborder les choses en face. Plier au chantage, pour moi, c'est une faiblesse,
et il y en a trop qui le font malheureusement, y compris au niveau de certaines
directions dans ces entreprises-là qui plient au chantage. Et, à
mon point de vue, c'est inacceptable.
M. Côté (Charlesbourg): Juste avant de passer la
parole à M. Lamarche sur ce cas particulier, et il dira bien ce qu'il
veut dire,...
M. Chevrette: Bien, là, est-ce que c'est vous qui allez me
les donner ou si c'est lui?
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je veux vous dire,
c'est que j'ai posé le même genre de questions que vous posez.
Évidemment, on est dans un processus évolutif sur le plan de
l'information. J'ai eu une excellente collaboration de la part des dirigeants
d'Urgences-santé pour répondre à toutes mes questions.
Dans ce sens-là, il y en a d'autres qui sont en cours. C'est un dossier
qui est actif à ce moment-ci et je vais vous fournir toutes les
informations dont vous avez besoin sur ce dossier. (17 h 10)
M. Chevrette: O.K. Dernier petit point, M. Lamarche, juste 30
secondes, pour ajouter à la finale que je faisais. Moi, je ne veux pas
être obligé non plus d'appeler le ministre ou son chef de cabinet
le vendredi à 15 h 45 pour qu'on puisse assurer une certaine
sécurité à certains travailleurs. Il faut bien se
comprendre. Et ça a été fait. Vous le savez, je l'ai fait
avec votre chef de cabinet qui m'a très bien répondu. Je pense
qu'il y a des choses à vérifier à l'intérieur de
cette botte-là qui méritent d'être très bien
scrutées. Il faut que l'humble travailleur retrouve son pouvoir à
l'intérieur de cette structure-là.
M. Côté (Charlesbourg): M. Lamarche.
Le Président (M. Joly): M. Lamarche, s'il vous
plaît.
M. Lamarche: Je voudrais tout simplement vous dire qu'il n'y a eu
de pressions d'aucune nature qui ont été exercées dans le
cas du... Et, sur l'autre, bien, je pense que vous connaissez
les motifs qui...
M. Chevrette: Je n'ai pas compris.
M. Lamarche: Sur l'autre question à laquelle vous avez
fait référence pour la protection, là, je pense qu'on a
transmis suffisamment d'informations pour comprendre toute la situation, le
concret de la situation.
M. Chevrette: Je pense qu'on en a un bout. Je ne sais pas s'il y
en a d'autres à transmettre. Moi, on m'a indiqué que ça
avait été fait comme communication, en tout cas. Mais je ne peux
pas savoir tout ce qui se passe à Urgences-santé.
M. Côté (Charlesbourg): Une chose est certaine,
c'est qu'on approche du dénouement, j'espère bien final, quant
à toutes les péripéties d'un service comme celui-là
qui est d'abord un service qui est destiné à la population; puis
c'est une population qui est vulnérable au moment où elle a
besoin des services. Et c'est davantage ça qu'on doit avoir comme
préoccupation, tous ensemble. Je m'apprête à refaire des
directives à la lumière de tout ce qu'on a échangé
depuis maintenant un gros six mois et faire en sorte qu'on puisse donner des
directives puis montrer le cap, et puis, à partir de ce
moment-là, espérer qu'on continue dans l'amélioration.
Parce qu'il y a eu des améliorations au niveau d'Urgen-ces-santé,
je pense qu'il faut le reconnaître. Et ce n'est pas toujours une
situation facile pour tout le monde, y compris pour ceux qui en assument la
direction. Quant à moi, c'est une situation qui progresse
normalement.
Bon, on peut être d'accord ou pas d'accord avec les directives
passées et à venir. Ça, évidemment, c'est une
question de positionnement personnel compte tenu de ses convictions, mais,
à partir de ça, je pense que ces directives-là seront la
voie qui sera tracée et j'aurai, à ce moment-là, le
support du conseil d'administration et des dirigeants pour les appliquer et
faire en sorte qu'on ait autant que possible un meilleur service au moindre
coût qui va rejoindre le citoyen. C'est un peu ça qui est
visé.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue.
M. Trudel: À cet égard-là, oui, pour le
service. Parce que juin 1991, ensemble de directives - je vais appeler
ça - pour redresser la situation du service à
Urgences-santé. Vous venez d'employer les mots «nouvelles
directives» pour en arriver à l'implantation de ces
directives-là. Je me réfère à une information, M.
le ministre: CFCF, 23 avril dernier, aux informations. Peut-être que,
comme dans d'autres communications, ce n'était pas exact, mais on disait
que c'était toute l'implantation des direc- tives de juin 1991 qui
était remise en question. La source citée était la
directrice des communications d'Urgences-santé, où on disait que
tout était remis en cause et qu'il y aurait de nouvelles orientations au
niveau de l'implantation des directives quant au triage, quant à ia
répartition, quant à l'organisation des services, etc., à
Urgences-santé pour le service à Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, évidemment, je
ne peux pas répondre pour ce que la direction des communications
d'Urgences-santé... J'étais même en dehors du pays à
ce moment-là. Alors, Je laisserai M. Lamarche répondre
là-dessus. Évidemment, quand je dis «de nouvelles
directives», c'est bien sûr la mise à jour des directives du
mois de juin. Donc, pour ne pas qu'il y ait d'équivoque, j'ai
peut-être utilisé le mauvais terme, mais c'est une mise à
jour des directives. Il y a des choses qui sont évidentes.
Info-Santé, là, qu'on ne s'attende pas à d'autres
directives que celles que j'ai données, ça ne changera pas
ça. Quand on regarde tout le travail qui s'est fait, de tenter d'avoir
de l'information de tout le monde, de donner la parole à peu près
à tout le monde - vous l'avez fait, on l'a fait - il est clair que
Clawson est au coeur du questionnement. Bon. Et quand j'arrive avec une
politique, partout à travers le Québec, de préhospitalier
qui inclut l'ensemble et qu'on se dirige vers Clawson, il serait bien
étonnant qu'il en soit différemment sur le plan des mises
à jour des directives quant à Urgences-santé. Et il est
bien évident que je vais faire très, très rapidement cette
mise à jour des directives, et espérer qu'on puisse cheminer
très rapidement dans la mise en place de toutes ces
mesures-là.
Quant à la déclaration de la directrice des communications
d'Urgences-santé, M. Lamarche peut peut-être...
Le Président (M. Joly): M. Lamarche.
M. Lamarche: Je veux tout simplement vous dire que ce n'est pas
une déclaration qui origine d'Urgences-santé, ni de la directrice
des communications. Il semble que ce soit une interprétation qu'a faite
la journaliste dans le cadre de conversations qu'elle avait avec le Dr Kalina
qui lui expliquait l'entente intervenue entre le ministère, la
Fédération des médecins omniprati-ciens et
Urgences-santé sur un déploiement du retrait des médecins,
et où il a été convenu que ça devait normalement se
faire sur une période de deux ans. Et le Dr Kalina intervenait dans le
cadre d'un rapport sur une recherche que nous avons menée conjointement
avec la Communauté économique européenne sur l'AMIP,
l'administration de certains médicaments dans le cas de l'infarctus en
préhospitalier. Et les travaux de cette recherche étaient
terminés et ont été rendus publics. Or, il semble que
c'est tout
simplement une interprétation abusive d'une conversation qui a
mené à cette nouvelle qui nous a étonnés, nous
aussi, je vous préviens.
M. Trudel: Dans l'application des directives, vous avez raison.
Ce qui est au coeur, c'est, entre autres, l'achat d'un nouveau système
de triage des appels. Je me suis adressé à la direction
d'Urgences-santé, je me suis adressé au ministère pour
connaître la teneur du contrat entre Medical Priority et la Corporation
d'urgences-santé, qui est une corporation publique dépendant du
gouvernement. Alors, la question est claire. Ça fait trois ou quatre
fois que c'est reporté. L'implantation de Clawson dans les premiers
moments de directive, c'était le 1er décembre?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: C'était le 1er décembre. Alors, vous
avez toujours l'intention d'implanter Clawson. C'est quoi le coût de
l'achat de ce système-là? Et c'est quoi le nouvel
échéancier qui est impliqué pour le triage des appels
à Urgences-santé Montréal?
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez une petite
idée un peu pourquoi ça a été reporté.
M. Trudel: Mettons qu'on a une petite idée. C'est une
bonne idée, mais vous allez me le dire, vous.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, alors, dans cette soif
de savoir et de comprendre ce qui se passait, les membres de la commission ont
décidé - et on a répondu à votre demande -
d'auditionner des gens qui viennent nous dire ce qui se passait. On l'a fait,
ça. Et, par la suite, vous avez souhaité une sous-commission de
l'Assemblée pour entendre un certain nombre de personnes et travailler
ensemble sur un mandat d'initiative. J'ai accepté. S'il avait fallu que
je prenne des décisions avant même que les commissions aient
terminé, vous auriez crié au scandale en m'accusant de prendre
des décisions avant même que vous ayez conclu. Bon. Ça ne
fait pas une éternité que la sous-commission a fini son travail.
Et il reste un petit débat à avoir, je pense, à
l'Assemblée nationale sur le dépôt du rapport de la
sous-commission. À tout le moins, on s'en était entretenu et
c'est ce que vous m'aviez dit. Si vous n'en souhaitez pas ou plus de
débat et que vous souhaitez davantage avoir un débat au moment
où on aura émis les directives, moi, ça ne me
dérange pas. Une chose est certaine, c'est que je vais les
émettre les directives. Et, à partir de la semaine prochaine,
j'ai un petit peu de temps pour travailler, ça ne sera pas très
long après ça, et Clawson va être dedans.
M. Trudel: Avez-vous toujours l'intention, oui, d'acheter ce
système et de conclure un contrat...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...avec Medical Priority Consultant?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est un contrat
qui n'est pas termine. Vous avez fait des efforts pour tenter de l'obtenir,
c'est vrai. Une chose qui est certaine, c'est qu'on fait affaire avec une
entreprise privée qui, elle, n'est pas intéressée,
d'aucune manière, à rendre publique la conclusion d'un contrat
qu'elle n'a pas conclu et qu'elle n'a pas signé. Et ça se
comprend. Ce que je peux vous dire, dès le moment où j'aurai
entre les mains copie du contrat signé, vous n'aurez même pas
besoin de me le demander, je vais vous l'envoyer.
M. Trudel: Comment vous pouvez expliquer que le conseil
d'administration, selon les informations que nous possédons, n'a jamais
été mis au courant des négociations et des
éléments très concrets des coûts impliqués
dans l'achat du système Clawson et des négociations qui se
déroulent actuellement? Parce que ça a comme de l'incidence au
niveau de l'organisation du travail, ça a comme de l'incidence sur
l'évolution des coûts, sauf que c'est un conseil d'administration
responsable, je le souhaite, qui est à Urgences-santé. Comment
ça se fait qu'ils ne sont pas dans le coup et qu'ils n'ont pas
d'informations là-dessus, et qu'on n'a jamais traité de ça
au conseil d'administration? (17 h 20)
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Une chose qui est
certaine, c'est que le ministère est très largement
impliqué dans le cas de Clawson. J'ai pris soin tantôt de dire que
la politique de préhospitalier qu'est venu vous expliquer le Dr
Frechette à quelques reprises, y compris dans le cadre
d'Urgences-santé, donc le ministère est aussi intimement
lié à ces échanges avec Clawson. Et à partir du
moment où c'est le ministère qui décide que Clawson y va
et qu'il y a une négociation, il est bien évident que la
priorité dans ce cas-là est le ministère, et par la suite
Urgences-santé, à partir du moment où ça sera
conclu, en sera saisie, même si elle est par son administration
intimement mêlée au processus, et j'imagine que dans une
procédure normale le conseil d'administration en sera saisi très
prochainement, dès que le ministre aura, quant à lui, pris une
décision sur la directive.
M. Trudel: Qui négocie ce contrat-là actuellement?
Est-ce que c'est le Conseil du trésor, ou le ministère, ou
Urgences-santé?
M. Côté (Charlesbourg): C'est le
ministère
avec les dirigeants d'Urgences-santé, parce qu'évidemment,
dans la mesure où Clawson est bon pour Montréal, il est bon pour
d'autres régions à travers le Québec.
M. Chevrette: Et le P.-D.G. est courant? M. Côté
(Charlesbourg): Oui, oui, oui.
M. Chevrette: Quand le membre du conseil d'administration lui
pose une question, est-ce qu'il répond?
M. Lamarche: II y a une entente qui est signée entre
Medical Priority Consultant et nous, et le ministère, à l'effet
que l'ensemble de la transaction... Parce que c'est une propriété
intellectuelle, l'achat. Le contrat est un contrat qui traite de l'achat d'une
propriété intellectuelle, d'un système que Medical
Priority Consultant accepte de porter à la connaissance
d'Urgences-santé et du ministère, dans la mesure où nous
sommes dans un processus d'acquisition et de transaction. Et nous avons
signé des engagements de confidentialité.
M. Chevrette: Mais, M. Lamarche, je vous arrête. On ne veut
pas le programme, nous autres.
M. Lamarche: Ça fait partie du contrat.
M. Chevrette: Je m'explique. Je m'excuse là. Il y a des
règles de huis clos, il y a des règles d'engagement de
confidentialité sur un conseil d'administration. Mais, comme je
comprends la situation, et puis mon collègue en a parlé à
plusieurs reprises en sous-comité de travail - c'est ça? - il n'y
a pas un membre du conseil d'administration qui est capable d'avoir une once
d'information. Trouvez-vous ça normal qu'un organisme dit autonome, pour
lequel il n'y avait même pas droit de tutelle... le ministre a
été obligé d'avoir notre consentement - et puis on l'a
donné - pour qu'on puisse donner un droit de tutelle sur ce noble
organisme que vous dirigez, M. Lamarche.
Je vous demande s'il est normal que des membres d'un conseil
d'administration soient tenus dans l'ignorance totale, alors qu'ils ont la
responsabilité de gestion et de transformation profonde au niveau de la
structure? Parce que ça suppose une transformation extrêmement
profonde de la structure Urgences-santé. Vous avez nommé les
membres d'un conseil d'administration, vous les tenez dans l'ignorance.
Trouvez-vous ça normal, M. Lamarche?
M. Lamarche: Ce n'est pas moi qui les nomme. Je tiens à
vous dire qu'au conseil d'administration nous avons constitué un
comité exécutif qui est composé du vice-président,
qui est M. Michel Hamelin, le président de la
Communauté urbaine de Montréal; du trésorier, qui
est M. Léo Hudon, qui représente les usagers, et d'une
secrétaire qui représente la ville de Laval, en tant que
conseiller municipal au sein du conseil d'administration
d'Urgences-santé. £t l'ensemble de ces discussions-là ont
été menées à date au comité exécutif,
qui fait rapport au conseil d'administration qui comprend des personnes qui, de
toute façon, pourraient être dans le cadre de l'acquisition,
à cause des transformations profondes, en conflit
d'intérêts. Alors, ce n'est pas une question qui est de
l'autorité du conseil d'administration.
M. Chevrette: Vous savez qu'il y a une règle, M. Lamarche.
Vous êtes un homme de droit, vous nous l'avez dit tantôt. Vous
savez qu'il y a une règle que, quand quelqu'un est en conflit
d'intérêts, il doit même s'abstenir et se retirer d'un
conseil, quand ça arrive en conflit d'intérêts. Arrivez-moi
pas avec ça là! Ce que vous n'êtes pas capable d'expliquer
depuis tantôt, parce que vous patinez bien... Je vous ai posé une
question: Quand une structure est chargée de la gestion, comment
expliquer que vous pouvez la tenir dans l'ignorance alors qu'ils doivent avoir
le pouvoir de décision ultime? Ce sont eux qui doivent prendre les
décisions. Même si le ministère est impliqué dans
des directives et tout, je sais que le ministère est impliqué, je
le sais, mais ça suppose des transformations profondes, puis les
gestionnaires ne sont au courant de rien.
M. Côté (Charlesbourg): Juste dans le cas de
Clawson, pour se bien comprendre. Dans le cas de Clawson, c'est une directive
du ministère et ça devient une obligation; c'est donc le
ministère qui décide. Et, à partir du moment où le
ministère a décidé, il est bien sûr que
l'application se fait par les responsables administratifs, et bien sûr le
conseil d'administration. Mais la décision, c'est le ministère
qui la prend.
M. Chevrette: Vous avez bien dit par le conseil d'administration
et les responsables administratifs.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais à partir
du...
M. Chevrette: Et le responsable administratif est redevable
devant le conseil d'administration.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, je comprends,
mais...
M. Chevrette: On s'entend bien?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord. Mais pour ce
dossier de Clawson, la décision, c'est le ministère qui la prend
avec une directive du
ministre, que le ministre donne. Et la directive sera imperative.
À partir du moment où c'est ça, il n'est pas question de
dire: Est-ce que le conseil d'administration est d'accord ou pas? C'est une
décision du ministre qui doit être appliquée. Donc,
à ce moment-là, il sera porté à la connaissance du
conseil d'administration. Donc, pour d'autres cas ou d'autres situations,
ça peut être différent mais, dans ce cas-là, c'est
le ministère qui décide, parce qu'il y a des implications sur le
plan financier et c'est nous autres qui décidons. Et comme ce n'est pas
uniquement Urgences-santé mais il y a le reste, donc, dans ce
cas-là, c'est la situation.
M. Trudel: Vous conviendrez que le moins qu'on puisse dire, c'est
que ça demeure, tout ça, entouré de secret, ce
Clawson-là: sur l'achat, sur les négociations, sur les
interventions, qui joue là-dedans, et, qui plus est, vous mentionnez
vous-même que ça risque d'avoir des applications partout au
Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Pour sûr.
M. Trudel: Et non seulement pour Montréal, pour tout le
Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Alors, ça va être... Il me semble que,
comme il y a des sous du public d'impliqués, il serait
d'intérêt public que l'on connaisse les sommes
impliquées...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...et avant qu'on puisse choisir ce
système-là à...
M. Chevrette: Comment voulez-vous qu'on puisse critiquer?
M. Côté (Charlesbourg): Non, je comprends. Je vous
sais assez imaginatifs pour être capables de le critiquer, parce que
c'est un peu ce qu'on fait.
M. Chevrette: Oui, mais vous nous avez demandé tout
à l'heure, tantôt, si on avait des suggestions heureuses à
vous faire.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Chevrette: Pour pouvoir vous en faire, il faut nous donner
l'information de base.
M. Côté (Charlesbourg): Non, d'accord, je comprends,
là, mais dans le contexte actuel il est bien évident que nous
avons engagé, par exemple, le Dr Frechette.
M. Chevrette: Oui, on le connaît.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais... M.
Chevrette: On l'a questionné.
M. Côté (Charlesbourg): Bien oui. Il n'y a pas grand
monde qui interroge la compétence du Dr Frechette dans ce
domaine-là, et c'est lui qui nous fait des recommandations sur une
politique de préhospitalier partout à travers le Québec
qui implique, bien sûr, le transport ambulancier. Et, bien sûr,
Clawson est au coeur de ces échanges et discussions. Bon, à
l'occasion, vous avez connu ça, on doit, comme ministre aussi
compétent qu'on puisse être dans à peu près tous les
domaines, faire confiance à un certain nombre de personnes. Et je fais
confiance au Dr Frechette qui nous recommande Clawson. Et Clawson, sur le plan
de la négociation, va se conclure dans pas grand temps. Je vais vous
donner toute l'information. Le contrat, je n'ai aucune espèce
d'objection à vous le donner, avec les coûts bien sûr,
dès le moment où tout ça sera conclu.
M. Trudel: Quand ça sera tout fini là, vous
informez le monde.
M. Côté (Charlesbourg): Bien, écoutez, il y
aura, rendue publique éventuellement et très prochainement, la
politique de préhospitalier à travers le Québec, qui
pourra faire l'objet d'un certain nombre de discussions et d'échanges -
j'en serai très heureux - comme on l'a fait depuis trois ans maintenant
ou presque, avec beaucoup de plaisir. Et on va continuer de discuter.
Évidemment, vous allez jouer votre rôle. Si vous trouvez que c'est
un contrat qui est trop cher, qui n'a pas de bon sens, j'imagine que vous ne
vous gênerez pas pour le dire. Il n'y a de bâillon d'aucune
manière, ou à peu près pas ici, à cette
Assemblée, à tout le moins à notre commission. Ça
ne veut pas dire que ça sera toujours comme ça. Ha, ha, ha! mais
il y a une chose qui est certaine, c'est...
M. Trudel: Mais il va être trop tard, c'est ça le
problème.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: II va être rien que trop tard, c'est ça
le problème.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Évidemment,
on en discutera, et on le discutera au mérite. Une chose est certaine,
c'est qu'à partir du moment où le contrat sera signé on le
déposera. Il n'est pas question de négocier à la
commission parlementaire le contrat qu'éventuellement on va signer avec
quelqu'un qui est privé et qui a une méthode qui lui appartient
et qu'il veut bien, en échange de deniers bien sûr, nous
appliquer.
M. Trudel: Alors, comme ça, je suis aussi bien de
continuer à courir avec la Commission d'accès à
l'information si je veux avoir l'information. J'ai plus de chance.
M. Côté (Charlesbourg): Bien, écoutez...
M. Trudel: Si vous n'allez pas en appel.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais, écoutez,
c'est une voie qui est là, que vous utilisez, que vous avez le droit
d'utiliser. Et, si elle vous donne raison au bout de la ligne, tant mieux pour
vous.
M. Trudel: Info-Santé, là, sur l'implantation,
puisque sur Clawson on n'ira pas plus loin. Info-Santé, quelles sont les
démarches? C'est quand les dates d'implantation? Est-ce que c'est
centralisé? Est-ce que c'est au CRSSS? Est-ce que les CLSC sont
impliqués? Le point sur la création du service
d'Info-Santé, puisque là-dessus à la commission, au niveau
de la commission des affaires sociales, on s'était tous entendus, c'est
à peu près le seul point commun avec Urgences-santé,
a-t-on vu pendant la commission parlementaire.
M. Côté (Charlesbourg): Ah, il y en avait d'autres!
Il y en avait d'autres. Disons qu'il y en avait d'autres. Le point où il
y avait une mise en commun: actuellement, à l'intérieur d'un
comité CRSSS-Urgences-santé-CLSC, il y a du travail qui se fart
quant à Info-Santé, et les infirmières ont
été impliquées - les infirmières
d'Urgences-santé - et la FMOQ. Donc, tout le monde a été
impliqué, et c'est un processus qui est évolutif. Je ne sais pas
quand j'aurai le rapport, là. Fin mai. J'aurai le rapport fin mai et les
décisions vont suivre très rapidement.
M. Trudel: Priorité à la répartition, parce
qu'on est encore malheureusement obligés de parler de Clawson un peu. On
aurait le plus beau système d'accueil et, on va dire, de triage des
appels, si on n'est pas capables de répartir les véhicules et les
ressources de façon efficace, la commission est aussi unanime à
vous recommander de prioriser la répartition assistée par
ordinateur. Quels sont les gestes qui seront posés? Parce que, je vous
le rappelle, j'ai eu l'occasion de le dire, j'ai eu l'occasion de visiter cette
magnifique salle des répartiteurs à Urgences-santé et la
compagnie de taxis la plus broche à balle, quant à moi, est aussi
bien installée actuellement que tout le système de
répartition des véhicules et des ressources à
Urgences-santé.
Alors, est-ce qu'il va y avoir achat, acquisition, du moins discussion
au niveau d'un système de répartition assisté par
ordinateur et implantation et priorisation par rapport au triage? (17 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Quand on applique Clawson,
on applique Clawson, et, si on applique Clawson, ça signifie qu'il y a
aussi des obligations sur le plan des décisions à ce
niveau-ià eT qui feront l'objet d'une décision dans la
mise t jour des directives des prochaines semaines.
M. Trudel: Alors, répétez-moi la date aes nouvelles
directives.
M. Côté (Charlesbourg): Très, très
prochai nement.
Des voix: Ha, ha, ha!.
M. Trudel: Et la dernière recommandation de la commission,
est-ce que ce sera très, très prochainement aussi, la
réponse sur la demande d'enquête publique sur tout le
fonctionnement d'Urgences-santé...
M. Côté (Charlesbourg): Bon.
M. Trudel: ...c'est la même chose que dans les directives,
ça, et dans les mises à jour?
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai toujours dit,
c'est qu'on a eu... Non, ce ne sera pas dans les directives, évidemment,
parce que l'Assemblée est quand même maître de ses travaux
aussi, et des commissions, et, dans ce sens-là, les commissions et les
auditions ont permis à tout le monde de venir s'exprimer et dire ce
qu'ils avaient à dire. Le jugement, à moins d'informations
additionnelles qui pourraient me parvenir, dont je vais avoir copie au niveau
de la commission des affaires sociales, évidemment, il n'a pas
été porté, à tout le moins à ma
connaissance, suffisamment d'éléments qui nous permettent d'aller
dans une enquête publique. Il est clair que je vais examiner de
très près la décision du 25 février, 27
février dernier, et, s'il y a des informations additionnelles
là-dessus, je réaviserai. Mais, pour le moment, je maintiens ma
décision qu'il n'y a pas lieu d'avoir une enquête publique
à ce moment-ci.
M. Trudel: Allons faire un tour à l'hôpital Lachine,
M. le ministre.
M. Chevrette: Peut-être juste une question sur le
prêt hospitalier. Dans la région de Raw-don, je ne sais pas si on
vous a mis au courant qu'il y a d'assez graves problèmes de temps et
qu'il faudrait, si ma mémoire est fidèle, un quart de travail de
plus puisqu'il y a des délais de trois quarts d'heure, me dit-on,
à cause du fait que, de Rawdon, on doit aller jusque dans la
région de Saint-Cal ixte. Quand il y a une ambulance qui est
déplacée vers là, il pourrait y avoir des délais
jusqu'à trois quarts d'heure, une heure avant d'avoir un... Parce que
j'ai eu beaucoup de lettres de travailleurs, de lettres de
citoyens, et il y a eu des plaintes. dans les journaux, on a pu voir
chez nous, dans notre région, plusieurs plaintes, et ça a
été assez publicise.
M. Côté (Charlesbourg): Je sais que j'ai eu une
problématique au niveau de Sainte-Anne-des-Plaines, soulevée par
Mme la députée de Terre-bonne, l'an passé, mais je n'ai
pas...
Mme Bleau: C'est réglé.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
Mme Bleau: C'est réglé.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est
réglé, on l'a réglé.
M. Chevrette: Mais c'est une dame Johanne Gauthier,
coordonnatrice. Je suppose que c'est la responsable en région, qui
recevait une nombreuse correspondance. De plusieurs personnes. Moi, j'en ai
une, deux, trois. J'ai des faits et j'ai des coupures de journaux
également.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je surveille
passablement mon courrier et j'ai du monde qui s'occupe de ça aussi un
petit peu, ça ne nous dit rien pour le moment. On va examiner le
cas.
M. Chevrette: Même M. Houde, député de
Berthier, a été mis au courant, il a également
été rencontré...
M. Houde: Ce n'est pas Rawdon, moi, c'est Saint-Côme qui
trouvait que c'était un peu loin pour le service qui était
donné, et également Saint-Michel-des-Saints avec la Manouane.
J'ai fait des représentations auprès de votre cabinet et,
après ça, j'ai communiqué avec le CRSSS de
Saint-Jérôme. Ils me disaient, pour eux autres, qu'il n'y avait
pas de quoi s'alarmer.
Mme Bleau: Moi aussi, le CRSSS m'a dit la même chose.
M. Côté (Charlesbourg): Je sais que, dans le cas de
Saint-Côme et Manouane, Saint-Michel, effectivement, on a eu des
contacts, au niveau du cabinet, par notre collègue de Berthier, qui est
toujours à l'affût d'un bon service à donner à ses
citoyens et concitoyennes. Je vais revoir ces dossiers-là et je vous
ferai part...
M. Chevrette: Je vous ferai parvenir l'ensemble du dossier de la
région de Rawdon, mais ça se touche de toute façon, dans
ce coin-là, l'ensemble des services, y compris Saint-Côme, ma
place natale, bien sûr.
Le Président (M. Joly): Mme la députée
de
Groulx.
Mme Bleau: J'ai eu les mêmes problèmes, M. le
ministre. Quand on s'adresse au CRSSS...
M. Chevrette: Ils n'ont pas d'argent.
Mme Bleau: ...avec les doléances de nos citoyens... Moi,
j'avais même rencontré le service d'ambulanciers avec les
messieurs qui travaillaient sur les ambulances, qui me disaient la même
chose que les citoyens, mais le CRSSS m'a apporté d'autres preuves qui
contredisaient complètement ce que les ambulanciers et les citoyens nous
avaient mis de l'avant, en nous montrant des preuves avec les minutes, les
heures, les ci, les ça. En fin du compte, j'ai laissé tomber.
M. Côté (Charlesbourg): Bien évidemment, ce
à quoi il faut faire attention, dans ce genre de dossier là,
c'est qu'à partir du moment où vous exigez un quart additionnel
c'est bien sûr qu'il retombe de l'argent en additionnel quelque part.
Bon. Et ça, à l'occasion, peut aussi faciliter la vie un peu aux
transporteurs. Donc, il y a, à l'occasion, des situations qui
commandent, d'autres situations qui ne commandent pas, mais il y a des
situations pas toujours faciles, qu'on ne peut pas trancher au couteau, qui
sont examinées par les gens chez nous et par les CRSSS, et je vais les
examiner dans...
M. Chevrette: Oui, mais j'ajouterais que le problème, c'en
est un problème routier, aussi. Quand vous avez à traverser par
Saint-Calixte jusqu'à la ville des Laurentides ou bien d'est en ouest,
ce n'est plus les axes routiers nord-sud, la 25 ou d'autres routes qui sont
assez belles. C'est un des problèmes du coin, aussi, la
multiplicité de routes secondaires. Et puis, quand quelqu'un a à
se déplacer pour aller chercher un patient, je ne sais pas, aux limites
de Sainte-Julienne et qu'il doit le ramener à Joliette par le
système ambulancier et qu'il arrive un autre accident entre-temps et
qu'il n'y a pas d'ambulance de disponible, bien là, c'est trois quarts
d'heure, une heure, une heure et quart, même. Et c'est pour ça
qu'il y a des citoyens qui' se sont même plaints à nos bureaux. Ce
n'est pas seulement des travailleurs ambulanciers, c'est des citoyens qui ont
été victimes puis qui nous ont appelés.
Centre hospitalier de Lachine
Ceci dit, je vais faire une excursion à Lachine. Je vous
écrivais, le 12 mars dernier, une lettre comportant 42 questions et, M.
le ministre, j'ai sans doute même oublié, malgré ces 42
questions, certains passages qui m'ont été relatés en
plus. On s'est payé une lecture approfondie de plusieurs centaines de
pages de documents de
toute nature émanant du Centre hospitalier de Lachine. On a
rencontré passablement de personnels et de toutes les catégories
de personnels. J'ai rarement vu un climat... en tout cas, tel que décrit
par les différentes catégories de personnels, un climat qui,
à mon point de vue, mérite une dénonciation quasi
publique. Il mérite en tout cas qu'on s'y attarde très
sérieusement au niveau du fonctionnement à l'interne.
Il y a eu des mouvements de personnels assez forts dans certaines
catégories de personnels. Vous le savez sans doute; même si j'y
vais sous forme de questions, vous avez sans doute les mêmes informations
que j'ai là-dessus. Il y a des pratiques administratives, mais je
voudrais en aborder deux points en particulier. Ordinairement, quand des
mesures administratives, des fonctionnements adminsitratifs louches, incorrects
ou illégaux sont commis, dans la majorité des cas, M. le
ministre, pour ne pas dire dans la presque totalité des cas, le
ministère déclenche des enquêtes administratives, propose
des tutelles, fait le ménage et, après ça, règle
les comptes individuels. Dans un cas précis, j'ai appris seulement hier,
par exemple - je vous donne un cas bien précis - j'ai appris hier soir,
à 17 h 45, que le directeur devait rembourser 74 000 $, pour une
période x, d'argent perçu illégalement, m'a-t-on dit. Je
le dis sous réserve parce que... ou non conforme aux normes ou non
conforme aux règlements ou non conforme à je ne sais pas quoi,
aux directives administratives. Mais 74 000 $, c'est de l'argent, ça.
J'en connais qui ont pris la porte pour 300 $, moi, un lunch. (17 h 40)
Ma première question est la suivante: Est-ce que c'est seulement
après le rapport de vérification ou s'il y a eu enquête
administrative sérieuse sur l'ensemble des événements qui
se sont produits et qui se produisent même encore au niveau du climat des
relations de travail et du fonctionnement à l'interne au Centre
hospitalier de Lachine?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Évidemment, au
ministère, signées ou non signées, on reçoit de
manière assez régulière des dénonciations. Moi,
j'ai pris l'habitude, qu'elles soient signées ou pas, dans tous les cas
de les prendre au sérieux et de faire en sorte qu'on puisse en arriver
à des enquêtes administratives. C'est ce qui a amené une
enquête administrative au niveau de Lachine.
Lorsque nous avons reçu le résumé ou le rapport,
évidemment, il y avait des choses qui étaient plus
évidentes que d'autres à mes yeux. Et il était clair que,
dans notre rapport, on nous signifiait qu'une somme assez appréciable
avait été touchée par le directeur général,
étant non conforme aux directives, aux normes du ministère, chose
qui a été contestée très longtemps par le conseil
d'administration de l'établissement.
Dans toutes les circonstances, ce que nous faisons, comme on l'a fait
à la tuque, comme on l'a fait ailleurs, à partir du moment
où on a ce rapport, les autorités supérieures du
ministère vont rencontrer le conseil d'administration et font part au
conseil d'administration des constats qui ont été faits dans
cette évaluation administrative. dans tous les cas. et dans tous les cas
soulevés, dans celui de lachine, le conseil d'administration a
été saisi de ce que nous avions relevé par l'équipe
de vérification.
Celle qui a davantage attiré notre attention et qui
n'était effectivement pas très petite c'était le montant
que nous évaluions à l'époque de plus ou moins 96 000 $
à l'origine, et évidemment toute une série
d'échanges, disons-le, assez musclés avec le conseil
d'administration pour récupérer ces sommes. Jusqu'à la
conclusion d'une entente et jusqu'à l'adoption d'une résolution
par le conseil d'administration...
M. Chevrette: Pourriez-vous... M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette:... préciser si c'est le conseil
d'administration ou le conseil exécutif, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, j'ai ici, et
je vais les déposer, des lettres. D'abord, le secrétariat de
l'assemblée, copie certifiée. Extrait du procès verbal
d'une réunion spéciale du conseil d'administration de
l'Hôpital général de Lachine, tenue le 2 avril 1992. Sujet:
Requête du ministère d'exiger du directeur général
le remboursement de certains bonis versés par le conseil
d'administration. Sur proposition dûment secondée et
adoptée unanimement, il fut résolu que le conseil
d'administration donne suite à la requête formelle du ministre de
la Santé et des Services sociaux, telle qu'exprimée au
président du conseil, M. Sylvain Voyer, par le sous-ministre, M.
André Dicaire, lors d'une rencontre au bureau de ce dernier le 30 mars
1992 et prenne les mesures nécessaires pour récupérer du
directeur général les montants de bonis payés à ce
dernier depuis la sanction de la loi 97, soit le chapitre 104...
Le remboursement sera échelonné sur une période
équivalente aux années des bonis à
récupérer, c'est-à-dire cinq ans, et les montants sont
établis ainsi. Pour 1987-1988, 1928, 50 $. - cela représente un
quart des 7700 $, donc trois mois, parce que... Je vous donnerai l'explicatiion
par la suite - Pour 1988-1989, 16 806, 29 $. Pour 1989-1990, 17 478, 54 $. Pour
1990-1991, 18 352, 47 $. Et, 1991-1992, 18 342, 58 $, pour 72 908, 38 $.
M. Chevrette: En fait, ce que vous me donnez là...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...c'est des réclamations au D.G. Vous me
répondez sur cet aspect-là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. C'est
ça.
M. Chevrette: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): O.K.
M. Chevrette: Mais ma question englobe plus large que
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est parce
qu'évidemment celui-là a occupé tellement de place, je
pense que c'était...
M. Chevrette: Est-ce le même qui était dans le bout
de la Mauricie et qu'on a retrouvé à Domrémy, et qu'on
retrouve là?
Documents déposés
M. Côté (Charlesbourg): Je vais déposer, pour
les bénéfices de la commission, cette pièce aussi et la
lettre que M. Dicaire adressait le 21 avril réclamant 76 000 $ au lieu
de 72 000 $.
M. Chevrette: O.K.
Le Président (M. Joly): Alors, nous ferons reproduire le
document et on le transmettra à chacun des parlementaires.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, la feuille de route.
Alors, quand vous dites: Est-ce le même? Pour 1968-1969, à CHRM,
à temps partiel, coordonnateur des projets de construction. Pour
1970-1971, CHRM, directeur général. Et 1976-1977, il y a eu
vérification ministérielle, et 1977, il y a eu démission.
Pour 1977-1979, dans un centre hospitalier à Hamilton, D.G. Pour
1980-1982, Hôpital neurologique, directeur des services administratifs,
et, 1982-1992, le Centre hospitalier de Lachine, directeur
général. Vérification ministérielle en 1986 et, en
1991, les suites qu'on connaît à ce moment-ci.
M. Chevrette: Je pense que l'enquête administrative avait
été déclenchée en 1985, ou quelque chose du
genre.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai 1986, mais j'ai
peut-être la conclusion.
M. Chevrette: J'ai quelque mémoire de ce
nom-là.
M. Côté (Charlesbourg): C'est peut-être le
rapport qui est arrivé en 1986. Oui, évidemment, ça va
dans la logique de la nomination de 1982, d'au moins enclencher...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non, non, ce n'est pas dans la logique du tout.
L'enquête de 1985 n'a aucune logique avec la nomination de 1982.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais, si elle a abouti
en 1986, il a fallu qu'elle commence quelque part, donc c'est logique qu'elle
ait commencé en 1985.
M. Chevrette: ii a fallu qu'elle commence, mais je n'étais
pas là au début. ce n'est pas la logique de l'individu, au moins,
ce n'est pas vrai.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Juste pour bien
s'assurer qu'on soit bien conscient de l'année de son arrivée qui
est en 1982 à Lachine.
M. Chevrette: Oui, mais si on est capable en cinq jours de faire
un «survey» pour un individu à Urgences-santé, on
doit être capable en quelques années de faire un
«survey» sur un directeur d'hôpital.
M. Côté (Charlesbourg): Y compris en cinq jours en
1982.
M. Chevrette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. on se comprend.
M. Chevrette: C'est pour ça que je questionne
là-dessus. Ma question débordait largement ce qu'il pouvait avoir
reçu de gratitude de son conseil. Il manque des pièces
justificatives, vous le savez. Il manque même le renouvellement de son
contrat. La résolution de son contrat de cinq ans en 1987, on ne la
retrouve même pas. Il y a du fonctionnement. Il n'y a pas un cadre
supérieur qui a été interviewé lors de
l'enquête administrative. Comment vous expliquez ça?
M. Côté (Charlesbourg): D'abord...
M. Chevrette: C'est parce que la gestion globale... les gens
devaient avoir un mot à dire dans un fonctionnement d'hôpital.
M. Côté (Charlesbourg): Bien, j'imagine. Si les
conseils d'administration n'ont rien à dire, je commence à
trouver ça inquiétant un petit peu. C'est d'ailleurs ça
qu'on veut...
M. Chevrette: Prenez juste un exemple. Le rapport que vous avez
donné au conseil exécutif, le rapport de juillet 1991. Le conseil
d'administration a mis la main dessus, savez-vous quand? Seulement en octobre.
Savez-vous que régulièrement les membres du conseil
d'administration ne reçoivent même pas les procès-verbaux
du conseil exécutif? Pourquoi ça? Il veut cacher quoi, lui? Il
veut faire quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Une chose qui est certaine,
c'est que ça, c'est un élément.
M. Chevrette: Ça démontre un mode de gestion.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je n'essaie pas
d'éluder la question, puis de l'éliminer, mais vous conviendrez
qu'avec votre lettre à 43 questions, évidemment, il faut que je
prenne le temps de répondre, si je veux vous répondre comme du
monde. Alors, je vais tenter de répondre. Je ne dis pas que je
réussirai à répondre à vos 43 questions, mais je
sais que votre lettre visait davantage à situer un contexte
général et global qui n'est pas acceptable. Alors,
là-dessus, on se comprend, mais, dans la mesure où je pourrai
fournir des réponses sur chacun des éléments à la
lettre, tant mieux! c'est ce que je m'évertue à tenter de faire
à ce moment-ci.
Alors, à partir du moment où il y a une
vérification, les gens du ministère rencontrent le conseil
d'administration et exigent des rectificatifs. Le premier, celui qui nous est
apparu... Et c'est une première. Il faut bien se comprendre, c'est la
première fois, à ma connaissance, et à la connaissance des
officiers supérieurs du ministère, que nous
récupérons des sommes. C'est la première fois. C'est quand
même très important et c'est très significatif de ce qu'on
fera dans l'avenir. Et, à partir de ce moment-là, il y a toute
une série d'autres choses que le rapport a pu constater, parce que pour
le rapport de vérification, les gens ont rencontré du monde
aussi, ils ont été informés d'un certain nombre de choses,
de certaines irrégularités, entre guillemets, qui peuvent
être d'ordre administratif, d'application des normes, des règles,
et ainsi de suite. Il y a eu des rencontres avec le ministère où
le conseil d'administration a donné un certain nombre de réponses
et de documents d'appui aux réponses sur des points soulevés, et
le ministère est à faire la vérification de certaines de
ces preuves ou de ces documents qui ont été
déposés. Évidemment, je peux peut-être demander
à M. Gagnon, qui a cette responsabilité au ministère, de
vous en dire un peu plus parce que c'est lui qui est intimement lié
à ce processus-là.
M. Gagnon (Reynald): Pour l'essentiel, l'ensemble des
recommandations qui ont été faites par les vérificateurs,
les réponses qu'on nous a apportées nous semblaient tout à
fait satisfaisantes. Cependant, pour contrevérifier si de fait les
rectificatifs ont été faits, dans notre processus, après
quelques mois, on retourne nos vérificateurs pour vérifier si
effectivement ces mesures-là ont été corrigées.
Entre autres, un exemple, l'utilisation d'une automobile. Ça, on sait
que c'est arrêté, et ainsi de suite. On pourrait les reprendre un
à un comme ça. (17 h 50)
M. Chevrette: Non, je pense que les vérifi- cateurs... Au
niveau des chiffres, je n'ai pas tellement à discuter, je n'ai pas de
preuve, sauf que je connais la nature des bonis qui étalent
votés. Dans ma lettre, là, vous en avez plusieurs. Des bonis de
18 000 $ décidés par un conseil exécutif, je vous avoue
que, après toutce qu'on avait entendu, vous vous rappellerez, en
commission parlementaire avec Mme Lavoie-Roux à l'époque, sur la
fameuse imputabilité de la gestion des établissements... Je pense
que les vérificateurs, entre autres - M. Gagnon, je m'adresse à
vous - avaient bien fait la recommandation de ne pas verser de bonis, puis
ça a été fait pareil après.
M. Gagnon: Oui.
M. Chevrette: donc, moi, je ne dis pas qu'il y a seulement un d.
g., là, il y a sûrement de la complicité à
l'intérieur d'un conseil exécutif tout au moins, si ces
choses-là se sont répétées après. et,
à partir de là, moi, ce qui me surprend, m. le ministre, au
niveau des enquêtes administratives, il y en a peut-être une
vingtaine... vous vous rappellerez qu'à chaque année je suis
revenu avec ça, tout le temps que j'ai été critique en
matière de santé, puis probablement que mon collègue va
vous revenir aussi, on ne connaît jamais les résultats. on a
beaucoup de difficultés, on est obligés de passer par
l'accès à l'information pour avoir les rapports. on a des pages
blanches continuellement. c'est vrai que c'est peut-être la
première fois que vous récupérez, je ne veux même
pas m'obstiner là-dessus. il y a un paquet d'individus, par exemple, qui
ont été obligés de démissionner pour bien moins que
ça. j'en connais même dans mon coin, moi, qui ont dû quitter
le réseau pour mauditement moins que ça. puis, ça, on ne
retrouve pas ça comme un geste exclusivement d'appropriation
illégale à partir des normes, des directives ou des
règlements. mais il y a bien plus que ça à l'hôpital
lachine.
Je suis très surpris, moi, personnellement, qu'on n'ait pas, dans
tout ce contexte global, délégué un administrateur sur une
tutelle temporaire, vérifié les allégations, parce que, je
vous dis, là, c'est toutes les catégories de personnels, M. le
ministre. Ce n'est pas un groupe en particulier, là, c'est toutes les
catégories de personnels qui parlent, puis de choses... Les membres du
conseil d'administration qui sont tenus complètement dans l'ignorance:
il y a un contrôle, il y a une atmosphère qui se dégage de
là qui est très inquiétante puis, en plus, il y a une
appropriation d'argent assez forte. Il n'y a pas eu de tutelle, le gars, il
s'en claire. «Je rembourse 64 000 $, pas trop de problèmes. Je
vais négocier chaque année d'autres bonis, et je vais essayer de
trouver le moyen de rembourser ça et que ça ne me coûte pas
trop cher», et puis il reste en place. Moi, il y a quelque chose que je
n'accroche pas, parce que j'ai vu des gars,
pour une fausse facture... Pas une fausse facture, payer un lunch de 300
$ qui n'était pas dans le cadre, puis il a perdu son poste. Là,
on en a un qui a payé une maudite gang de lunchs, puis il est en place.
À 74 000 $, il doit s'en payer quelques-uns, des lunchs!
M. Côté (Charlesbourg): Prenons, là,
l'élément qui, d'après moi, est un élément
majeur, celui des bonis, pour être capable de décortiquer un peu
les affaires, tout en se disant qu'on a un nouveau président de conseil
d'administration. Donc, il ne faudrait pas l'affubler, non plus...
M. Chevrette: Non, je ne le connais pas.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais c'est parce
que...
M. Chevrette: Je ne connais aucun individu, là.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, non, mais c'est
parce que, sur le plan de l'interprétation publique, ce que les gens
pourraient en retirer, c'est que le président du conseil
d'administration est là depuis longtemps, puis il a été
mêlé à tout ça, là. Il faut quand même
être honnête vis-à-vis des individus qui acceptent d'oeuvrer
à l'intérieur de conseils d'administration et, dans ce cas-ci,
c'est un nouveau président de conseil d'administration depuis six mois
qui a été plus ouvert aux demandes du ministère que ce que
nous avions connu auparavant. Il faut être bien clair, là. Donc,
rendons à César ce qui appartient à César.
On est dans une situation où le D.G. n'a pas volé. C'est
clair. Il n'a pas volé le D.G., là.
M. Chevrette: Bien, j'espère qu'il n'en avait pas besoin
avec tout ce qu'on lui donnait!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais sur le
plan... Moi, je ne peux pas vous parler comme vous parliez à M. Lamarche
tantôt comme avocat, je ne suis pas avocat.
M. Chevrette: Mais votre jugement juridique peut être aussi
bon.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, une chose qui est
certaine, c'est qu'il n'y a pas de malversation, c'est des bonis qui ont
été votés par le conseil d'administration. Alors, on est
dans une situation où, effectivement, ce n'est pas quelqu'un qui s'est
servi à l'insu de, c'est quelqu'un qui a été servi et
entériné par le conseil d'administration. Donc, on est dans une
situation quand même où il faut faire attention parce qu'on dit
que la règle juridique, elle vaut toujours, là, à ce
niveau-là, il y a eu un certain nombre de gestes qui ont
été posés par le conseil. Donc, à partir de
ça, l'élément majeur et central étant
celui-là, le reste, il y a bien des choses qui sont sur le plan
administratif. On peut toujours parler d'un climat qui n'est pas facile, qui a
été dénoncé et qui est dans le rapport.
Inévitablement, l'engagement de cet individu relève toujours du
conseil d'administration. Alors, ce n'est pas le ministre qui peut engager ou
désengager, c'est le conseil d'administration qui a cette
responsabilité. Évidemment, le ministre pourrait décider
de mettre en tutelle et assumer les responsabilités du conseil
d'administration. Ça, c'est clair, on l'a déjà vu dans
certains cas, et on l'a vu dans d'autres cas où, effectivement, à
La Tuque, par exemple, il y a des individus qui sont partis. Donc, il y a des
individus qui sont partis alors que dans ce cas-là, ça n'a pas
été le souhait du conseil d'administration. Donc, à partir
de ce moment-là, ce que nous faisons et ce que nous allons continuer de
faire, c'est d'avoir sous très haute surveillance le Centre hospitalier
de Lachine, compte tenu de la vérification, et de s'assurer que chacune
des recommandations émises par le comité de vérification
soit suivie et nous aurons un suivi très serré, très,
très serré de ce qui se passe au Centre hospitalier de Lachine.
Et j'imagine qu'il y a un certain nombre de personnes qui vont en tirer des
conclusions aussi.
M. Chevrette: Moi, sur l'aspect financier, je suis votre
raisonnement juridique, à part cela. Sans être avocat, on sait
très bien que, si c'est adopté légalement, ça ne
veut pas dire que c'est approprié illégalement, mais ça
peut être non conforme à de la réglementation. Ça,
je comprends ça. Mais c'est tout le reste. Par exemple: l'absence de
critères d'évaluation dans un conseil d'administration. Ils n'ont
même pas le droit d'y avoir accès. L'absence du contrat, d'un
renouvellement de contrat. Un D.G. qui engage un parent; ils sont seulement
deux sur le comité d'évaluation et il est parent avec celui qu'il
engage. Il y a un paquet de données qui sont vendables à
très court terme et faciles...
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais elles l'ont
été et elles ont été corrigées aussi.
M. Chevrette: Tout ça a été
corrigé?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Chevrette: Attention, «tout est
corrigé».
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. La
vérification ministérielle a dénoté un certain
nombre de choses et le conseil d'administration a été
rencontré, et il y a eu des engagements de corriger le tir. Il y a dans
certaines situations des tirs qui ont déjà été
corrigés. Alors, je n'ose
pas vous dire que tout a été corrigé, ce n'est pas
à ma connaissance, à ce moment-ci. Ce que je sais, c'est que le
rapport que nous avons eu des vérificateurs a fait en sorte qu'il y a
des choses de corrigées. Quand vous parlez du contrat du directeur
général, c'est une chose qui est réglée. C'est
parce que vous m'en nommez un certain nombre qui passent dans ma tête et
qui me disent que ces situations-là ont été
corrigées. C'est à ça que je réponds.
Évidemment, dans les 43 questions, je vais répondre à un
certain nombre quand je vais vous répondre. Il y a des choses qui ont
été corrigées et il y a des choses... Je ne peux pas
corriger rétroactivement l'engagement de personnel qui aurait
été engagé par... Est-ce qu'on doit rendre victimes celles
qui sont là aujourd'hui de décisions qui, à
l'époque, n'étaient pas très bonnes ou pouvaient
être entachées d'un certain favoritisme? Bon.
M. Chevrette: Je prends juste un petit exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: La présidente de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, elle n'a pas fait un petit voyage
à un moment donné? Vous savez tout ce que ça a fait et
où ça nous a conduits. Ici, par exemple, je sais qu'on paie un
déplacement au DSP, un voyage à Chicago, et il n'y a aucune
maudite pièce justificative. Vous savez, sur le plan politique, on a
condamné une femme qui était à la tête d'une
structure. Là on voit des cadres allègrement jouer dans l'argent,
pas de pièces justificatives, on laisse le directeur là parce
qu'il rembourse les bonis qu'il a reçus. Bonne mère du ciel! Moi,
il serait à la porte. On ne peut pas avoir deux poids, deux mesures dans
la gestion de nos cadres du réseau. Quand on a frappé un cadre
dans un CLSC qui avait une carte de club de golf payée par le CLSC,
qu'est-ce qu'il a fait? Vous l'avez foutu à la porte. Lui, il
était payé pour un club - attendez un peu - un club de services.
C'est peut-être corrigé. Ce n'est pas une question que ça
été corrigé, c'est que c'est deux poids, deux mesures.
Parce que, moi, je connais un directeur de CLSC qui a été mis
à la porte à cause de ça.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais, écoutez,
là.
M. Chevrette: Je connais un directeur de CLSC qui a
été mis à la porte parce qu'il se payait des lunchs.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, la
question...
M. Chevrette: Bonne mère du ciel! Et, lui, il rembourse
des bonis. Mais il ne rembourse pas ces clubs-là et il est toujours en
poste, et il fait de la merde dans l'institution. C'est ça que je
n'accepte pas. (18 heures)
M. Côté (Charlesbourg): évidemment la
question qu'il va falloir se poser: est-ce que c'est le ministre qui prend la
responsabilité de l'administration et qui fait ce que vous souhaitez, et
ce qu'on souhaite à certains égards, le ménage?
évidemment, là, vous interpeliez très fortement le
rôle du conseil d'admistration. moi, quand on me dit que tout a
été administré par un conseil exécutif sans que le
conseil d'administration en soit saisi, j'aurais bien aimé, pendant
toute cette période-là, que des gens signifient au
ministère cet état de fait pour qu'on puisse tenter de le
corriger, ou supporter les gens du conseil d'administration. alors, le conseil
d'administration - dieu sait qu'on s'en est parlé de l'autonomie des
conseils d'administration - on s'est parlé de ça pendant les
dernières années, les derniers mois, et, bon, on est devant cette
situation-là.
M. Chevrette: Ce n'est pas cet aspect-là, M. le ministre.
Je pense qu'on ne se comprend pas. Je vais juste vous reposer une question,
puis je pense que vous comprenez trop bien, c'est ça qui
m'inquiète. Quand vous faites une enquête administrative, M. le
ministre - on ne parie plus du conseil d'administration, là - vous avez
suffisamment d'éléments assez forts autant sur la
compétence de l'individu, que sur ses agissements, que du climat
à l'interne. Après qu'on a fait une enquête administrative,
qu'est-ce qui arrive si ça justifie une mise en tutelle pour que le
ménage se fasse? C'est ça que je vous pose comme question. Ce
n'est pas le fait que le conseil d'administration... On le sait bien qu'il
était dans les carottes, il payait allègrement. On le sait bien
qu'il avait des complices, il se faisait voter des bonis. Il se faisait voter
des bonis, je répète, voter des bonis, en fonction
d'irrégularités par rapport à la réglementation du
ministère ou des directives administratives. Je sais tout ça.
Quand vous avez fait le constat, vous aviez légitimement, en
vertu de la loi actuelle, le pouvoir de mise en tutelle, puis de faire un petit
ménage qui s'impose dans ce centre hospitalier. Dans le cas
précis, ça n'a pas été fait. Ça me surprend
énormément, parce que le climat est de beaucoup plus pourri
là que ce que j'ai vu ailleurs, où ils se sont vu imposer une
tutelle, on a forcé des démissions de conseil de D. G., puis ils
n'en ont pas pris pour 74 000 $, ils en ont pris pour 300 $ ou 400 $. Je vous
avoue que... Bien, je ne veux pas nécessairement effoirer tout le monde,
mais, vous le savez, il y en a. Vous en connaissez, vous aussi. C'est ça
que je veux dire, et vous me comprenez très bien.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends que là,
comme dans d'autres circonstances, on est
dans une situation pas très facile, pas très, très
facile, où on doit exercer un jugement à la lumière des
faits qu'on a. Il y a un certain nombre de faits qui sont sur le bord de la
ligne. C'est clair que l'élastique a été passablement
étiré. On est dans une situation où des
vérificateurs externes, firmes comptables, sont allés, et nous
ont indiqué auparavant que la gestion financière était
bonne. D'ailleurs, une des conclusions n'est pas que la gestion
financière n'est pas bonne ou relativement saine. Il y a une
série de gestes qui ont été posés qui,
effectivement, peuvent prêter à interprétation, à
tout le moins.
À partir de ce moment-là, ce qu'on essaie toujours c'est
d'avoir la collaboration, comme on l'a fait à La Tuque. Ce n'est pas
facile, hein? Quand on est arrivé à La Tuque, la première
chose qu'ils ont faite, ils ont engagé des avocats pour se
défendre. Quand on est arrivé à Lachine, ils ont
engagé des avocats pour se défendre. Ce qu'on tente toujours,
dans ces circonstances-là, c'est d'avoir le plus grand respect possible
du conseil d'administration, qui est le seul à pouvoir engager ou
désengager quelqu'un, avec toutes les conséquences que ça
suppose.
Donc, à partir de ça, dans la mesure où j'aurais
des informations de nos vérificateurs, qui suivent la situation, que
ça nécessite une prise de position qui est différente de
celle que j'ai prise jusqu'à maintenant...
M. Chevrette: C'est parce que vous savez qu'il y a une
autoprotection de ce grand réseau. J'ai vu des congédiements,
d'ailleurs installés très, très rapidement dans d'autres
milieux. Il y un genre de solidarité, d'amitié qui se
développe dans ce beau grand réseau et il nous faut, je pense,
être très vigilant. Quand un mal se transporte du nord au sud, et
que la répétition des gestes est très similaire d'un
endroit à l'autre, puis qu'on fait des enquêtes administratives
impliquant la même personne, de façon
répétée, et qu'il n'y a pas de tutelle, je vous avoue que,
moi, je suis interrogatif sur le sujet.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous dirai que...
J'ajouterai même à votre interrogation, si vous me le permettez,
parce qu'à la lumière des expériences vécues dans
le passé, la première question que je me suis posée quand
j'ai regardé, c'est: Comment se fait-il qu'en 1982 on s'est
retrouvé avec un engagement. Je pense que la question est là. La
question est là. Normalement en 1982 - c'est un jugement qui est
personnel - disons qu'il n'y aurait pas dû y avoir d'engagement. Bon.
Dieu sait que tout ça est fait avec de la bonne volonté,
mais il y a toute une série de circonstances qui arrivent, qui
n'impliquent d'aucune manière les hommes politiques du temps sur le plan
de la décision. On sait comment ça se passe dans ces
affaires-là, là. À partir de ce moment-là, c'est un
comité de sélection, donc les personnes sont
déléguées et font le choix du directeur
général qui est, après ça, soumis au conseil
d'administration qui décide de l'engagement ou du non-engagement. Est-ce
que, à ce moment-là, tous les faits antérieurs ont
été portés à la connaissance de ceux qui avaient
à prendre une décision? Moi, je n'étais pas là. Je
vis avec les conséquences aujourd'hui, et j'essaie de faire au meilleur
de ma connaissance.
Il y a une chose qui est certaine, c'est un dossier qui est, pour moi,
je l'ai dit tantôt, de très, très haute surveillance. Je
n'hésiterai pas à poser d'autres gestes, et très
prochainement, si ce n'est pas satisfaisant sur le plan du rapportde
mes officiers. Je veux que ce soit très clair. S'il y a d'autres faits
qui ne sont pas portés à notre connaissance qui existent ou une
continuité de gestes, ou des gestes qui se répètent, qui
ont été commis dans le passé, y compris sur le plan du
climat de travail, qu'on m'en informe. Dans ce genre de situation-là, je
n'ai pas l'habitude de niaiser très très longtemps avec la
«puck».
M. Chevrette: là-dessus vous pouvez compter que si on
apprend des choses... on a déjà commencé à
collaborer avec certains individus du ministère...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...de façon confidentielle pour ne pas faire
éclabousser des gens pour le plaisir de le faire.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Chevrette: On le fera également nous autres.
M. Côté (Charlesbourg): C'est le bien public.
Ça n'appartient à personne qui a cette responsabilité sur
le plan administratif, pas aux membres du conseil d'administration, ni au D.G.
C'est un bien public qu'on leur confie sur le plan de l'administration et ils
ont l'obligation d'être hors de tout reproche. D'ailleurs, je me rappelle
des discussions qu'on a eues sur la loi 120, en particulier les articles 140,
145, en se rappelant des souvenirs de la loi 97 et aussi de notre grande
piscine provinciale.
M. Trudel: Vous pourriez conclure sur ces petits accrocs parfois
nombreux dans le réseau avec l'hôpital Monseigneur-Ross, à
Gaspé, M. Fitzpatrick, le directeur général...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...la situation et l'état de l'enquête et
des conclusions.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Cette enquête-là se rend jusqu'au
îles-de-la-Madeleine sur une fraude de 200 000 $ qui a été
révélée il y a trois semaines. Alors, qu'en est-il au
centre Monseigneur-Ross à Gaspé? C'est quelqu'un que vous
connaissez bien ça?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: C'est quelqu'un que vous connaissez bien, M.
Fitzpatrick, le directeur général?
M. Côté (Charlesbourg): C'est...
M. Trudel: Aux Îles-de-la-Madeleine également,
qu'est-ce qui se passe?
M. Côté (Charlesbourg): Bon, oui, je connais M.
Fitzpatrick, pour la simple et bonne raison que dans un premier temps mon
frère a reçu des services de Monseigneur-Ross à
Gaspé à l'époque, et a reçu de bons services.
D'autre part, je devrais recevoir dans la prochaine semaine, d'ici une
quinzaine de jours, le rapport sur Mon-seigeur-Ross à Gaspé,
avec, évidemment, un dossier qui a fait l'objet d'un battage
publicitaire assez important au niveau de la Gaspésie, et d'un bras de
fer entre le CRSSS et M. Fitzpatrick, en particulier. Nous avons donc
délégué quelqu'un de la région de Montréal
pour mener cette enquête, quelqu'un qui est un personnage très
connu et très crédible dans le milieu, M. Cotton, qui nous fera
donc son rapport au cours des prochaines semaines.
M. Trudel: Pas le même que mon collègue. Ha, ha,
ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Pas le même que mon collègue.
M. Marcil: On comprend que c'est une urgence, là.
M. Trudel: Et les Îles-de-la-Madeleine?
M. Côté (Charlesbourg): Les
Îles-de-la-Madeleine, évidemment, c'est, disons, une vigilance a
posteriori de l'administration qui a découvert la situation des
Îles-de-la-Madeleine. Comme vous le savez, l'employé a
quitté le centre hospitalier. Le conseil d'administration a le dossier
entre les mains et est habilité à prendre toutes les
procédures qui sont possibles, à ce moment-là. La
Sûreté du Québec est dans le dossier maintenant. Donc, le
dossier suit son cours, et la personne n'est plus à l'emploi du centre
hospitalier.
M. Trudel: Les accusations seront portées, s'il y a lieu,
quant à l'individu concerné, suivant le résultat de
l'enquête de la Sûreté du Québec. M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Joly): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Trudel: Avant... Excusez. (18 h 10)
M. Marcil: c'est une question d'information, m. le ministre.
lorsque, justement, on met un clsc comme ça ou un centre hospitalier en
tutelle... j'en prends un au hasard, je prends le cas... dans notre
région, chez nous, il y a quand même eu une tutelle qui se
perpétue, qui est prévue, du moins jusqu'à l'automne, je
crois. les membres du conseil d'administration, qui ont participé quand
même à certains gestes, comment se fait-il que ces gens-là
ne sont pas... c'est-à-dire que parce que ce sont des
bénévoles, automatiquement, ils sont quasiment lavés de
tout blâme et on peut les retrouver sur d'autres conseils
d'administration d'institutions du même type, à caractère
public.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, le 9
mars, il y a eu un processus électoral très important. À
partir du moment où des individus se présentent dans des conseils
d'administration, sur le plan public, et sont élus, je pense qu'ils ont
retrouvé la légitimité nécessaire à
siéger sur un conseil d'administration. Je ne sais pas si, dans le cas
particulier que vous évoquez, vous parlez de gens qui ont fait l'objet
d'une élection. Si c'est le cas, j'imagine que ces gens-là ont
retrouvé une légitimité pour être capables de
siéger au conseil d'administration.
M. Marcil: Je prends un exemple d'un maire qui avait
été obligé de démissionner comme maire pour des
problèmes particuliers, mais comme il avait un dossier - il n'a jamais
été condamné, il n'a jamais fait de prison - il ne pouvait
pas, pendant les cinq années suivantes, être légitime
à une autre élection. Par contre, nous, sur nos conseils
d'administration, on s'occupe de l'administrateur, mais on ne s'occupe pas
nécessairement des membres du conseil d'administration. On met une
institution en tutelle... Je reste convaincu qu'un D.G., je comprends qu'il
peut avoir beaucoup d'information que les membres du conseil d'administration
ne peuvent peut-être pas avoir, sauf qu'il y a des gens dans ça
qui ont des formations particulières, qui ne peuvent pas ignorer
nécessairement la loi. Il y a un problème.
M. Côté (Charlesbourg): On comprend qu'on est dans
une situation où, lorsque la tutelle est exercée, les pouvoirs du
conseil d'administration sont suspendus. C'est le cas du CLSC de
Vau-dreuil-Soulanges.
M. Marcil: Non, c'est la Seigneurie.
M. Côté (Charlesbourg): Seigneurie, je devrais m'en
rappeler pourtant. Donc, c'est le cas. Ce que je comprends, dans cet
exercice-là, c'est qu'il y a de ces gens qui se sont fait élire,
le 9 mars, et qui, au lever de la tutelle, retrouveront les pouvoirs normaux
d'un conseil d'administration. Ils se retrouveront donc dans une situation de
gestion. Évidemment, ils sont responsables des gestes qu'ils ont
posés, même s'ils sont bénévoles, dans un conseil
d'administration. Mais il n'y a pas de règles qui nous régissent
pour interdire quelqu'un d'être candidat, donc d'être eligible
à un conseil d'administration s'il avait été
préalablement, dans un autre dossier, relevé de ses
fonctions.
M. Marcil: Disons que j'ai pris ce cas-là, mais ça
pourrait être n'importe quel autre cas d'institutions publiques, ce qui
fait en sorte qu'on peut perpétuer, en maintenant les mêmes
personnes au même conseil d'administration... Même si vous changez
le D.G., vous ne changez pas nécessairement la dynamique du groupe. Ce
n'est pas sûr que ces gens-là ne soient pas coupables, on n'a
jamais établi ça. Ce n'était peut-être pas le but,
non plus, de l'enquête ou de la tutelle, sauf que ça peut
être chez nous, ça peut être ailleurs, ça peut
être partout. C'est un petit peu ce que le député soulevait
tantôt, où on prenait le directeur général de cet
hôpital-là. Je reste convaincu que ce n'est pas lui qui a
décidé de se donner des bonis. Il y a quelqu'un, à un
moment donné, qui lui a proposé et il y a sûrement eu des
résolutions quelque part. C'est dans ce sens-là.
M. Côté (Charlesbourg): Disons qu'à
l'occasion, peut-être que le D.G. peut...
M. Marcil: Aider.
M. Côté (Charlesbourg): ...montrer ce qui permet de
le faire, évidemment, et fortement suggérer au conseil
d'administration, compte tenu de la qualité des services offerts, cette
reconnaissance tout à fait extraordinaire. Je pense qu'il est clair
qu'on n'a pas de règle a ce moment-ci et pas de norme qui empêche
ça.
M. Trudel: Je m'en voudrais, avant de quitter le volet des
centres hospitaliers, de ne pas poser une question. On va quitter le registre
de l'administration en soi pour revenir à celui des services, tout le
volet des centres de jour pour diabétiques. Vous avez annoncé, en
octobre dernier, à Sherbrooke, la création d'un deuxième,
sauf erreur, centre de jour pour diabétiques, après celui de la
Cité de la santé à Laval. Il y a des demandes dans
à peu près toutes les régions du Québec, compte
tenu de ce que ça implique comme dépense au niveau des centres
hospitaliers, je dirais, le mauvais contrôle et le suivi au niveau des
personnes diabétiques.
Alors, ce que j'aimerais savoir, M. le ministre, c'est au... Il y a
l'Association québécoise des personnes souffrant du
diabète, qui a eu l'occasion de soumettre au ministère les plans
au niveau du développement de ces centres de jour et je pense que la
démonstration est assez largement faite au niveau de ce que ça
veut dire. On dit toujours: économie dans le système. Je ne suis
pas dupe de ce mot-là parce que c'est vrai qu'il y a des sommes.
Ça ne veut pas dire que les sommes économisées ne sont pas
dépensées, elles sont dépensées pour autre chose.
Mais ça peut avoir de l'influence, évidemment, sur la longueur
des listes d'attente.
On parlait de lits à courte durée, de lits de longue
durée, des listes d'attente, cet avant-midi et au début de
l'après-midi. Beaucoup de lits dans nos centres hospitaliers de courte
durée sont occupés par des personnes diabétiques qui
n'auraient pas eu à être hospitalisées si elles avaient
bien été suivies en centre de jour, dans le fond, s'il y avait eu
de la prévention, puis des ressources légères.
Alors, comme à l'occasion... En octobre, vous en annonciez un
nouveau dans l'Estrie. Je m'en réjouis pour la région de
l'Estrie. Qu'est-ce qui arrive avec les autres régions du Québec?
Je ne vous cache pas, c'est la première question aujourd'hui, en ce qui
concerne - c'est une question régionale - la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, où il y a depuis longtemps des demandes
qui ont été soumises à cet égard-là.
M. Côté (Charlesbourg): Nous avons des
prévisions budgétaires, dans nos crédits de cette
année, pour reconnaître un certain nombre d'autres centres dans
des régions du Québec. Ce n'est pas des sommes
épouvantables, c'est plus ou moins 50 000 $ par région. On serait
dans une situation pour être capables d'en reconnaître sept
additionnelles dès cette année. Des démarches sont
entreprises auprès des conseils régionaux pour désigner,
pour nous identifier ces centres.
M. Trudel: Très bien. Je me contente de cette
réponse-là aujourd'hui, compte tenu de ce que ça veut dire
en termes de prévention et de coûts qu'on peut sauver dans les
différentes régions. Même à 50 000 $, on peut
déjà faire beaucoup en termes de prévention, et
l'Asssocia-tion des personnes souffrant du diabète au Québec va
certainement se réjouir de cette prévision du ministère de
la Santé et des Services sociaux.
Je quitterais, M. le Président, ce volet des centres hospitaliers
de courte durée pour aborder, du moins, quelques aspects des centres
d'accueil et centres hospitaliers de soins de longue durée. À cet
égard, je vais laisser la parole à ma collègue de Johnson
qui, vous le savez très bien, est une défenseure, mais ardente,
de la condition des personnes âgées. Vous
vous doutez bien que, en termes des coûts à assumer par les
personnes pour l'année à venir à l'intérieur des
crédits et des revenus prévus pour l'année, il y a un
certain nombre de dimensions qui intéressent au premier chef ma
collègue de Johnson.
Le Président (M. Joly): Excusez, M. le
député, afin de respecter un peu la règle de l'alternance,
juste brièvement, M. le député...
M. Houde: II y a des questions que je veux poser depuis cet
après-midi et je ne les ai pas posées encore. Ça ne sera
pas bien long.
Le Président (M. Joly):... de Berthier aurait une petite
question. Est-ce que ça dérangerait votre cédule, quitte
à revenir après le souper pour les centres d'accueil et de longue
durée?
M. Houde: On va dire à peu près cinq, six
minutes.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Johnson, s'il vous plaît.
Mme Juneau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Joly): Vous avez une entente, là.
Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, M. le député
de Berthier?
M. Houde: Oui, oui, mais à 20 heures, c'est moi qui vais
commencer, par exemple.
Le Président (M. Joly): Je ne voudrais quand même
pas vous léser dans votre droit de parole. (18 h 20)
Augmentation des tarifs dans les centres
d'accueil
Mme Juneau: M. le ministre, le 26 mars dernier, je vous avais
posé la question au sujet de l'augmentation des tarifs en centre
d'accueil. Vous m'aviez fait comme réponse que vous aviez, et je vous
cite: «Je vais vous en nommer, moi. L'AQDR vous dit quelque chose?
Très représentative de ce que sont les personnes
âgées à la retraite, les subventions... » en tout
cas, ainsi de suite, là. Suite à ça, je me suis
informée auprès de certaines associations qui travaillent
auprès des personnes âgées. J'ai reçu, entre autres,
du Comité provincial des malades une réponse qui m'a
profondément surprise parce qu'il semblerait que eux, qui
représentent vraiment les personnes âgées qui sont en
centres d'accueil ou en centres hospitaliers, qui représentent 60 000
personnes hébergées, n'ont pas été consultés
dans ça. Ils ont dit que c'était eux la principale association
qui faisait ce travail-là auprès des malades. Ils me disaient que
cette augmentation-là a été décriée par
beaucoup de gens, vous le savez très bien, parce que ça
représente beaucoup plus que l'indexation ou même l'indexation
qu'ils ont reçue sur leur chèque de pension dont je vous avais
fait part à l'époque. C'était 0, 37 $ par mois qu'ils ont
eus d'augmentation sur leur chèque de pension. Ils doivent, finalement,
donner 9 % ce qui représente une somme énorme parce que ça
fait 23, 9 % depuis janvier 1990, je pense. donc, ce qu'on déplore aussi
au niveau comité provincial des malades, c'est que ce soit un tarif
uniforme pour tout le monde, quel que soit le centre où ces
personnes-là sont hébergées. elles peuvent avoir un centre
aaa ou appelez-le comme vous voudrez, quatre fourchettes. il peut y avoir un
centre qui est vétuse, qui manque beaucoup de services, sauf que c'est
le même prix pour tout le monde. ce qu'ils disent aussi, c'est qu'au
niveau des personnes âgées aussi, ce qu'ils voudraient, eux
autres, c'est que le calcul soit fait sur leurs revenus, mais pas sur
l'ensemble de ce qu'ils ont, c'est-à-dire - excusez, je vais retrouver
mes notes - sur l'ensemble des revenus et le capital accumulé, les
épargnes et les biens, parce qu'ils sont obligés de vendre leur
maison et ainsi de suite.
Ce qui est important, je pense... Ce qu'ils veulent savoir, en ce qui
concerne des hausses aussi importantes que ça, considérant
l'indexation du coût de la vie, premièrement, est-ce que vous avez
l'intention, dans une prochaine fois, d'informer ce Comité, qui
représente l'ensemble des personnes hébergées, d'une part?
Deuxièmement, est-ce que vous ne trouvez pas que c'est exorbitant
l'indexation qu'ils ont eue comparativement à ce qu'ils ont eu comme
indexation sur leur chèque de pension?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Tentons de resituer un
petit peu un certain nombre de choses. Je suis très étonné
de ce que vous me dites de la part du Comité provincial des malades.
S'il y a un organisme à travers le Québec qui a une collaboration
suivie très étroite du cabinet où on nous fait des
dénonciations, on demande des vérifications, c'est bien le
Comité provincial des malades. D'ailleurs, je ne veux d'aucune
manière remettre en doute la crédibilité du Conseil
provincial des malades. Ils font un excellent travail. Il faut continuer de les
supporter, qu'ils soient totalement indépendants. Ça prend de
l'indépendance pour être capable de faire le travail qu'ils font,
de manière générale, et ils le font bien.
Je suis un petit peu étonné parce que c'est un
règlement qui a été prépublié, donc, qui a
eu tout l'espace, en termes de prépublication, pour que les gens nous
signifient leur appréhension, leur désaccord, et ainsi de suite,
et le fassent de manière officielle, et par la suite qu'on revienne avec
une publication du règlement tenant compte ou pas des avis qui nous ont
été émis. J'ai moi-
même dit à Mme la présidente du Comité
provincial des malades, le soir où je suis allé enregistrer
rémission «Scully», que la décision était
prise et que nous allions la rendre publique au cours des prochaines semaines
en lui indiquant généralement les pourcentages d'augmentation et
aussi l'augmentation même qu'on laissait aux bénéficiaires.
Bon, je l'ai fait parce que je sais que ça la préoccupe et
qu'elle défend l'intérêt surtout des services aux gens.
Donc, c'a été fait. Évidemment, est-ce que c'est une
consultation formelle et précise? Le principe qu'on a de
prépublication est justement une consultation. C'était ça,
le principe. Tu le rends public et les gens te font des réactions. Donc,
je suis un petit peu étonné de voir une réaction comme
celle-là de la part du Comité provincial des malades.
Ceci étant dit, oui, au cours des derniers mois, c'est des
augmentations, il ne faut pas le cacher, substantielles. Les 9 %, c'est aussi
important, mais c'est beaucoup moins que ce qui avait été
évalué à l'époque. Rappelez-vous, c'étaient
10 % par année, plus l'indexation pendant trois ans. C'est ça qui
avait été envisagé. On a donc fait, dans un premier temps,
une augmentation de 10 %, indexation plus les 9 %, ce qui fait 23 % ou 24 %, si
ma mémoire est fidèle, 23,9 %, presque 24 % au cours des
dernières années. C'est fini, les augmentations aussi importantes
que celles-là, à tout le moins sous mon régime. Il faut
bien se comprendre, on ne peut pas engager ceux qui me suivront. La
décision, c'est qu'on va indexer. Les plus grands malheurs qu'on a eus,
c'est, au cours des années, de ne pas indexer de manière
automatique. Donc, en n'indexant pas, ça créait un certain nombre
de problèmes, puis je pense qu'en toute équité, sur le
plan fiscal, il fallait au minimum indexer. On a donc décidé
d'indexer et on a augmenté le montant de 125 $ à 135 $, puis on
l'indexe, lui aussi. Bon. Je n'essaie pas de dire que ce n'est pas des
augmentations substantielles, loin de moi. Quand on augmente de 80 $ par mois,
ou plus ou moins, c'est quand même assez important.
Mais ça touche qui? C'est ça qu'il est important de se
dire. La, je vais arriver à la réponse de votre deuxième
question parce qu'elle est aussi importante et à celle-là j'ai
dit non. Est-ce que quelqu'un, par exemple, qui demeure dans un centre
d'accueil d'hébergement et qui n'a que la pension de vieillesse ou son
supplément de revenus, ça lui en coûte plus cher quand il y
a une augmentation? C'est non, même pas avec une indexation de 0,37 $.
Ça ne lui coûte pas plus cher. Ne paient que ceux qui ont la
capacité financière de payer. Donc, si, par exemple - faisons un
chiffre rond pour bien se comprendre - ça coûte 1100 $ par mois
pour occuper une chambre simple dans un centre d'accueil d'hébergement -
c'est 1092 $? Alors, j'arrondissais le chiffre. Comme vous voyez, je ne
m'avantage pas, je ne dis pas 1090 $, je dis 1100 $ - et que la personne n'a
que 1100 $ de revenus par mois, qu'est-ce qu'on va lui demander? On va lui
demander 1100 $ moins 135 $. Donc, on va lui demander 965 $ parce qu'elle n'a
pas les capacités de payer plus que ça.
Cependant, lorsqu'on monte dans la chaîne de ceux qui ont des
revenus, à ce moment-là, on rejoint des personnes qui ont des
avoirs en banque, qui peuvent avoir des biens. On protège un minimum,
puis on l'a même ajusté en cours de route, parce que, auparavant,
c'était 1500 $ et ce n'était pas conforme avec les gens sur
l'aide sociale. On dit aux gens sur l'aide sociale: Vous pouvez avoir 2500 $
dans votre compte de banque, puis on n'y touche pas. Là, on a dit: On
prend les 1500 $ et on les monte à 2500 $. Donc, 2500 $, c'est le
minimum que vous aurez dans votre compte de banque, qu'on ne touchera pas et
qu'on ne veut pas toucher. Mais, au-delà de ça, vous avez la
capacité de payer le prix réel de l'hébergement qui inclut
le coucher et les repas. Donc, c'est vers ça qu'on tend.
Il est clair qu'à ce moment-là, lorsqu'on nous demande de
ne pas toucher aux biens, à une propriété que vous pouvez
avoir, à l'argent que vous pouvez avoir à la banque, c'est
injuste vis-à-vis de la société et c'est demander au reste
de la société de payer pour des gens qui ont le moyen de payer.
Autrement - on va se le dire entre nous autres, et je sais que vous avez fait
assez de terrain et vous connaissez assez de monde pour savoir que c'est vrai -
si l'argent ramassé au fil des années par les personnes
âgées pour leur retraite ne sert pas à leur donner ce
confort au niveau de leur retraite, il va servir à quelqu'un d'autre. Il
va servir à ceux qui attendent après l'héritage. Je pense
que ça doit servir en premier lieu pour les services que les personnes
doivent avoir.
Ça pose deux autres questions que vous avez soulevées:
Premièrement, il est peut-être injuste de demander le même
tarif à tout le monde, compte tenu du fait que vous pouvez être
dans un centre d'accueil d'hébergement qui n'a pas eu de
rénovation fonctionnelle par rapport à quelqu'un qui
réside où il y a eu des rénovations fonctionnelles.
Évidemment, les soins dispensés sont, règle
générale, à peu près de même qualité
un peu partout. C'est ça qu'on fait avec l'alourdissement de
clientèles. Donc, dans une situation où les soins, sur le plan
budgétaire, sont comparables d'un établissement à un
autre, on peut se retrouver, effectivement, dans des situations où la
qualité de l'hébergement n'est pas la même.
On fait la distinction comment? On la fait par une chambre qui est
occupée par une personne seule; on la fait par une tarification qui est
différente d'une personne qui est en double occupation, en triple, en
quadruple occupation ou en salle. C'est comme ça qu'on fait la
distinction et il n'y a donc pas de tarif uniforme. Je comprends, ça a
un certain sens, quand on le regarde, de dire: Si vous logez à
l'hôtel Carillon à Paris, vous allez payer un petit peu plus
cher
que si vous logez à l'hôtel Montana.
(18 h 30)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Moi, j'avais les moyens de
Montana, puis je me suis payé Montana.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): II est clair que, dans ce
genre de situation là, ce n'est pas toujours facile, mais une chose qui
est certaine, c'est que nous n'exigeons pas, de la part des individus qui n'ont
pas les sous, de payer les montants, c'est la société qui le
paie. Il est donc juste et équitable que des personnes qui ont les
moyens, qui ont des économies puissent faire ça.
L'autre dossier, question sur laquelle je suis sensible - je vais vous
dire laquelle - c'est davantage le couple qui a résisté aux
intempéries des années et qui est encore ensemble et dont un des
deux...
Mme Juneau: Ça devient une situation assez rare.
M. Côté (Charlesbourg):... a un problème qui
fait qu'il doit être hébergé en centre d'accueil
d'hébergement, alors que l'autre personne est encore autonome, où
on a des revenus pour les deux, deux petites pensions, où on est dans
une situation où les personnes occupent un logement. Donc, les deux
personnes occupent un logement et, du jour au lendemain, il y en a un qui
disparaît. Il est obligé de prendre la totalité de son
revenu de pension pour payer, même pas la totalité, une partie des
frais d'hébergement alors que la personne, elle, se retrouve seule dans
son logement, avec les mêmes coûts fixes. Ça, ça
crée des problèmes.
Ça, c'est une situation qui me touche profondément et
c'est davantage à ce genre de personnes là que je veux penser
qu'à ceux qui ont de l'argent dans leur compte de banque, qui ont fait
des économies qui, autrement, s'ils n'étaient pas en perte
d'autonomie, paieraient le coût d'hébergement qu'ils paient chez
eux, paieraient leurs repas et paieraient bien d'autres choses. À ce
moment-là, c'est une question d'équité et de justice
vis-à-vis de ceux qui sont autonomes et qui demeurent encore à la
maison et qui puisent dans leurs économies pour se donner un minimum de
confort. Le dernier cas soulevé, ça, c'est un cas où il
faut s'attabler pour voir ce qu'on peut faire dans ces
circonstances-là.
Mme Juneau: Mais...
Le Président (M. Joly): Oui. Vous avez...
Mme Juneau: M. le Président, ce dont on m'a fait part,
c'est que... La directive du MSSS concernant la gestion de l'allocation
personnelle, vous en avez parlé dans votre réponse que vous
m'avez faite. Pour les menues dépenses c'est augmenté de 125 $
à 135 $ au 1er avril 1992, mais, règle générale, on
me dit que ce n'est pas respecté et que, dans les faits, beaucoup de
bénéficiaires ignorent qu'ils ont droit à cette somme et
que ça a été augmenté au 1er août ils
l'ignorent et, dans bien des cas, semble t-il, ça ne leur est pas
remis, le montant complet qui était indiqué, qui est de 135
$.
Vu qu'on termine, j'aimerais ça vous poser une autre question.
Vous savez que le Protecteur du citoyen, dans son dernier rapport, avait
dénoncé vertement cette façon de procéder, de ne
pas informer correctement, mise à part la fameuse Gazette officielle
du Québec, dont on s'est dit qu'il n'y avait pas grand monde qui
lisait ça. C'est que les gens auraient souhaité être
informés par lettre, au Comité provincial des malades ou à
d'autres. Je veux dire...
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je prends le
blâme pour la première opération de 1990; je le prends.
C'est clair et je l'ai dit publiquement, l'idée n'était pas de
passer ça au mois d'août et de tenter de cacher ça. Quand
il y a une prépublication et une publication, il est bien évident
que ce n'est pas une cachette et le temps court entre les deux. Je pense qu'on
aurait pu faire mieux en 1990, sur le plan de l'information. C'est davantage
à ça que fait référence le Protecteur du citoyen.
On a corrigé cette situation-là dans le cas présent,
longtemps d'avance. C'est une décision qui a été prise le
18 décembre et qui a donc fait l'objet d'une publication pour une mise
en application au 1er avril. Les dirigeants d'établissements ont
été avisés et il y a même un dépliant qui a
été fait, ce qu'on n'avait pas fait en 1990, pour informer les
citoyens sur le plan de la distribution. Donc, il y a eu des efforts de faits
à ce niveau-là et on tire des leçons parce que, nous
autres aussi, il peut nous arriver de commettre des erreurs, pas volontaires,
bien involontaires. Il y donc eu cette correction-là.
Je terminerais en faisant deux remarques. La première, c'est
qu'il faut bien se dire qu'en août 1990 c'est 10 % qu'il y a eu; en 1991,
il n'y en n'a pas eu, alors que la décision du Conseil était
d'indexer à partir du 1er janvier 1991. On a fait changer cette
décision compte tenu de la réaction et de l'impact aussi. On
revient en avril 1992 avec une augmentation de 9 %, donc, pour la
période couverte.
Je veux terminer par le point que vous avez soulevé à
l'effet qu'il y aurait du monde qui ne toucherait pas leurs 125 $ ou 135 $.
S'il y a des situations comme celles-là - je ne fais pas un appel rien
qu'à vous, je fais un appel au public - il faut nous dénoncer
ça le plus rapidement possible pour qu'on puisse frapper fort et, j'ose
espérer, être capable de prendre un exem-
pie, s'il en existe, en prendre un seul, pour faire une leçon une
fois pour toutes à ceux qui auraient tendance à utiliser l'argent
des bénéficiaires à d'autres fins. Ça, c'est
sacré. Dieu sait qu'avec 135 $ par mois pour vous habiller, vous acheter
un chocolat de temps en temps ou une cigarette, ce n'est pas le Klondike. J'ose
espérer que se ne soient pas des cas très répandus - je ne
crois pas que ce soient des cas très répandus - mais s'il y a des
cas, je pense qu'à ce moment là il faudrait nous aviser. S'il y a
des cas, il s'agit de nous les...
Le Président (M. Joly): Mme la députée,
malheureusement, nous avons terminé. Alors, j'avise les membres de cette
commission qu'à notre retour, à 20 heures, la première
heure sera dévolue toujours pour discuter du volet santé et
services sociaux pendant que la deuxième heure sera dévolue pour
la RAMQ. Alors, nous suspendons nos travaux jusqu'à 20 heures, dans
cette même salle.
(Suspension de la séance à 18 h 37)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Joly): La commission reprend ses travaux.
Alors, tel que convenu au moment de suspendre, nous avions une première
heure concernant les services sociaux et de santé et la deuxième
heure avec le sujet de la Régie de l'assurance-maladie du Québec,
mais on me fait mention que, si je ne reconnais pas le député de
Berthier, il ne pourra plus se contenir. Alors, je vais reconnaître M. le
député de Berthier. Semble-t-il qu'il aurait des questions
à nous poser.
M. Houde: Je vais essayer de me retenir, M. le Président.
Merci. M. le ministre, ce matin vous avez parlé du volet 1, du volet 2
et possiblement du volet 3 en ce qui concerne les centres d'hébergement
de soins de longue durée. Dans la région de Lanaudière, on
sait qu'un milieu comme Joliette, si vous voulez, a un surplus et que le haut
de la région de Lanaudière, plus particulièrement la MRC
de Matawinie et plus spécifiquement Saint-Félix-de-Valois, est
déficitaire. Est-ce que vous allez faire un redéploiement?
J'aimerais connaître vos intentions suite à la demande qui est
faite depuis un certain temps; je ne dirai pas des années, parce que
vous n'étiez pas là au commencement. Mais, étant
donné que la situation a changé après le sommet
économique que vous avez bien voulu nous donner - à la suite, la
région de Lanaudière a été enfin située
comme il le faut - j'aimerais avoir vos intentions, M. le ministre. Ma
première question.
Le Président (M. Joly): M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
dit cet après-midi que le député de Berthier était
un défenseur acharné des dossiers de son comté. Il nous en
fait à nouveau la démonstration très éloquente.
D'abord, le cas particulier qui est évoqué par le
député de Berthier est un cas qui se situe dans la partie nord de
la région de Lanaudière, si mon souvenir est bon...
M. Houde: Vous avez raison.
M. Côté (Charlesbourg): ...partie nord qui est, de
manière globale, en surplus de ressources de longue durée. Donc,
ce n'est pas nécessairement un besoin au niveau du secteur nord et ce
n'est pas à l'intérieur de l'ajout de capacité de lits de
longue durée qu'on peut espérer trouver une solution à la
question que vous posez et aux revendications que vous formulez depuis de
nombreuses années, y compris bien avant mon arrivée. Dans ce
sens-là, vous avez bien fait d'utiliser le mot
«redéploiement». Alors, il est bien évident que, dans
la mesure où on trouve une solution au problème spécifique
que vous évoquez, ça sera par une réallocation ou un
redéploiement des ressources qui sont en surplus dans le nord et dans
certaines MRC du nord de Lanaudière, au profit de l'espace qui pourrait
arriver dans votre projet. Est-ce que ce sera 32 lits, est-ce que ce sera 64
lits? La question se pose à ce moment-ci et on verra ce qu'on peut faire
en collaboration avec la régie régionale de Lanaudière. Ce
que j'ai compris, c'est que vous partagez l'opinion du député de
Joliette quant à sa localisation, qui pourrait être à
Joliette au lieu de L'Assomption, donc, contre la volonté du chef de
l'Opposition.
M. Houde: Ma question s'en vient par la suite.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! O.K. M. Trudel:
C'est parti.
M. Houde: Ce n'était pas planté, tu sais,
là.
Une voix: Non, non.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, le
redéploiement fera partie des travaux qu'on va tenter de finaliser d'ici
la fin du mois de juin quant au bilan-lits et quant au redéploiement des
ressources qu'on essaie d'effectuer sur le territoire.
M. Houde: Je vous remercie.
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'horizon dans lequel
on pourra donner une réponse.
M. Houde: Je vous remercie pour cette première
réponse. J'aimerais avoir des nouvelles, comme vous dites, à la
fin de juin pour qu'on puisse partir pour les vacances avec une bonne
nouvelle.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Je compte sur vous pour
me talonner.
M. Houde: Ne soyez pas inquiet. Ma deuxième question:
J'aimerais savoir où en est rendu le dossier que vous avez si bien...
Vous avez touché cette question tantôt. En ce qui concerne la
régie régionale pour la région de Lanaudière, comme
vous le savez, le comité provisoire a été mis en place
depuis un an, et tout dernièrement, ils ont recommandé, le
comité provisoire, que ça soit localisé à Joliette.
Où en est rendu le dossier? Est-ce que c'est arrêté
actuellement, au moment où on se parle?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. En ce qui concerne la
problématique de la localisation des sièges sociaux des CRSSS ou
des régies régionales, parlons d'abord de ce qui existe
maintenant, des CRSSS. On a été obligé, dans un premier
temps, de reconnaître un siège social, y compris pour les
régies régionales à être créées. C'est
le cas de Chaudière-Appalaches, c'est le cas de la Gaspésie et
des îles-de-la-Madeleine, c'est le cas de Laval, c'est le cas de
Lanaudière. Dans le cas de Lanaudière - on a reconnu ce qui
existait dans le Grand-Nord, aussi, évidemment...
M. Houde: Comme vous le savez, M. le ministre - je m'excuse,
là...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Houde:... tous les établissements sont dans le nord,
où on voudrait avoir notre siège social, en passant.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Évidemment, ce
que je comprends, c'est que les autres qui revendiquent chez eux la
régie régionale veulent que le pouvoir soit plus proche d'eux
autres pour qu'ils en aient davantage. J'ai l'impression que ça peut
être ça aussi comme argumentation. Donc, le siège social
qui a été reconnu pour le CRSSS, à ce moment-ci, a
été Joliette... (20 h 20)
M. Houde: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg):... compte tenu du fait que
Joliette était là. Quant au siège social de la
régie régionale, lorsqu'elle sera constituée, en juillet
ou août, et donc effective sur le plan juridique avec les pleins pouvoirs
comme régie régionale - pas les pleins, mais une bonne partie des
pouvoirs - l'un de ses premiers mandats sera bien sûr de se choisir un
directeur général et l'autre sera bien sûr aussi de se
trouver une localisation. cette décision sera prise par le conseil
d'administration de la régie régionale, point, période,
à la ligne. s'ils veulent continuer de se chicaner, ils feront la
démonstration qu'on a peut-être fait une erreur en disant que les
gens des régions étaient suffisamment matures pour être
capables de prendre des décisions. par contre, s'ils veulent se
concerter pour faire en sorte que la régie régionale soit au
service de la population, ils vont trouver un consensus pour être
capables de l'établir. évidemment, dans !a mesure où ils
ne s'entendent pas et ils veulent que le ministre tranche, le ministre
tranchera. je souhaite ardemment que chacune des régions du
québec détermine elle-même, par son conseil
d'administration, où sera localisée la régie
régionale.
M. Houde: Merci. Ma troisième question. En ce qui concerne
les pavillons, il y avait des discussions qui se faisaient depuis un certain
temps pour voir à combien serait établie l'augmentation des
personnes propriétaires de pavillon qui gardent des patients, là.
Est-ce que l'augmentation serait de 3 %, 4 %, 5 %, 6 %, 7 %, 9 % ou quoi?
Tantôt je vais vous nommer une personne qui vous en a déjà
parlé, Mme Desal-liers. C'en est une parmi les autres qui...
Une voix: C'est sa troisième, là.
M. Houde: C'est la troisième, celle-là.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, évidemment,
ça dépend un petit peu là si on est dans le cas de
pavillons pour personnes âgées ou pour adultes...
M. Houde: Oui.
M. Côté (Charlesbourg):... ou pour personnes
malades...
M. Houde: Malades, les psychiatrisées. M.
Côté (Charlesbourg):... psychiatrisées... M. Houde:
Oui, psychiatrisées.
M. Côté (Charlesbourg):... ou
ex-psychiatri-sées.
M. Houde: Oui, c'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): O. K. Là c'est pour
personnes âgées?
M. Houde: Oui, c'est-à-dire qu'il y en a... Elles ont
toutes sortes d'âges, là. Ceux qui viennent d'Hippolyte-LaFontaine
ou qui viennent du CHRDL, là, il y en a de...
M. Côté (Charlesbourg): O. K. Mais à ce
moment-là...
M. Houde: ...30, 40, 50 ou 60.
M. Côté (Charlesbourg): ...c'est psychiatrique.
M. Houde: C'est ça, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, est-ce qu'on a les
tarifs? Alors, c'est 27,04 $ indexé.
M. Houde: À partir de...
M. Côté (Charlesbourg): 1er janvier.
M. Houde: 1er avril.
M. Côté (Charlesbourg): 1er avril?
M. Houde: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): 1er avril.
M. Houde: 27,04 $?
M. Côté (Charlesbourg): 27,04 $.
M. Houde: Indexé.
M. Côté (Charlesbourg): Indexé.
M. Houde: Merci beaucoup. Merci, M. le Président.
M. Côté (Charlesbourg): Juste là-dessus,
c'est peut-être le moment de dire que nous faisons une réflexion
sur les pavillons pour personnes âgées en particulier, parce qu'il
y a un certain travail à faire. De manière globale et
générale on a reconnu, dans la loi 120, les pavillons. On a
reconnu des ressources intermédiaires, pour la première fois sur
le plan légal, donc à l'intérieur de la loi. Je pense
qu'on doit avoir une préoccupation, bien sûr, des
établissements institutionnels, mais on doit aussi faire un effort et on
va tenter de faire porter les efforts au cours de la prochaine année sur
une situation, une meilleure situation quant aux gens qui prennent la
responsabilité de pavillon. Dieu sait que c'est facile pour des
établissements de pavillonner. C'est facile de prendre 20 personnes, 30
personnes, de les amener dans un pavillon et de dire: Bien, on a la paix, il y
a au moins un couple qui est là pour s'en occuper, avec tout ce que
ça comporte. Il y a du travail à faire à ce
niveau-là en termes de support et de répit aux personnes qui sont
responsables de ces pavillons-là.
On a fait des efforts au niveau des familles d'accueil il y a deux ans.
Les prochains efforts devront porter sur les pavillons au niveau des personnes
âgées. Dans la politique globale que nous rendrons publique, je
l'espère bien, à la fin de l'été, début de
l'automne, au niveau des personnes âgées, il y aura très
certainement des choses concernant les pavillons pour personnes
âgées.
M. Houde: Merci beaucoup.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le député.
Merci, M. le ministre. M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Location de places par le ministère dans des
centres d'accueil privés
M. Trudel: Toujours au chapitre des centres d'accueil et centres
hospitaliers de soins de longue durée, deux ou trois
éléments de question là-dessus au ministre. On va revenir
un peu sur ce qu'on a dit ce matin dans les notes d'ouverture suite aux
remarques du ministre quant aux places en centres d'accueil et en CHSLD au
moment du lancement du calendrier d'implantation de la réforme. Bon. Le
ministre... Au-delà des chiffres qu'on mentionnait ce matin, les
engagements d'ici à l'an 2000 de dégager ou de créer 7000
places, même si, en prenant le taux actuel, ce serait 30 000... Les
documents d'analyse du 7 décembre nous indiquaient que c'est 30 000
places, compte tenu du taux d'institutionnalisation que nous avons
actuellement, mais vous ramenez ça, avec l'effort de maintien à
domicile, à un horizon de 7000 places. On a vu qu'il ne s'en est pas
créé un nombre extraordinaire l'an passé, au net,
là, 65 places.
Il était évoqué, pour une première fois,
à ma connaissance, que vous lanceriez des appels d'offres, disiez-vous
à l'époque, ce printemps, pour louer des places en centre
d'accueil privé à défaut d'être capable d'en
construire et d'en développer pour atteindre l'horizon 2000: 7000 places
supplémentaires. Vous annonciez donc que vous alliez louer un certain
nombre de places d'accueil. Alors, j'aimerais que vous fassiez le point
là-dessus parce que le printemps est irrémédiablement
arrivé. Quelles sont les intentions du ministère à cet
égard, les places en centre d'accueil en privé pour le court
terme?
Deuxièmement, toujours à l'intérieur de cette
question-là, comment est-ce que ça va se faire, le contrôle
de la qualité à l'intérieur de ces places qui seraient
développées dans le secteur privé, et c'est quoi, les
coûts estimés d'investissement, entre guillemets, des ressources
financières que le ministère entend consacrer à travers le
secteur privé pour développer ces nouvelles places en centre
d'accueil ou en CHSLD, mais en centres d'accueil, ici, essentiellement, en
places?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que la
première chose que je me dois de faire sur ce dossier, c'est de dire,
dans un premier temps, à
tous les intéressés que ça ne leur donne rien de me
téléphoner, parce qu'on en reparle encore aujourd'hui, ou
d'appeler au cabinet pour nous envoyer des dossiers, on n'est pas
intéressés à en avoir. Je veux que ce soit assez clair. Ce
n'est pas comme ça que ça va procéder.
La procédure est très simple, c'est qu'on va aller en
appel d'offres publiques. En appel d'offres publiques, quand on dit qu'on veut
consacrer, pour l'année budgétaire 1992-1993, 2 500 000 $
annualisés à 5 000 000 $, ça veut dire quoi? Ça
veut dire 150 places, plus ou moins 150 places. Bon. Ce n'est pas le Klondike
et, dans notre esprit à nous autres, il est très localisé.
Donc, si vous avez des ressources privées en Gaspésie,
Bas-Saint-Laurent, sur la Côte-Nord, Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Abitibi,
en Mauricie, en Estrie, dans l'Outaouais, ne prenez pas la peine de nous
appeler et ne dépensez pas d'argent pour préparer des dossiers.
Ce n'est pas là. Les besoins actuels, c'est Montérégie,
c'est Laval. C'est donc dans ces coins-là que nous souhaitons aller en
appel d'offres pour des places qui vont, bien sûr, respecter tous les
critères que, nous autres, on se donne sur le plan de la qualité
et qui devront répondre aux normes de qualité que nous avons et
que nous exigeons de notre secteur public. Tout cela pour faire en sorte qu'on
puisse dégager assez rapidement un certain nombre de places pour
soulager...
Prenons un exemple comme Laval. À Laval, il y a plus ou moins 150
lits à la Cité de la santé. On va en ajouter 150 autres,
éventuellement. Il est en marche, en tout cas, sur le plan de la
construction. Mais on sait qu'on a une pression énorme des personnes
âgées qui occupent des lits d'un centre hospitalier de courte
durée qui n'a pas déjà suffisamment de lits pour
répondre aux besoins de lits de courte durée. Donc, il est bien
clair que Laval est une région qui est visée sur le plan de
l'expérimentation de ces achats de places là. Les exigences vont
être ce qu'on exige dans le réseau public quant à la
qualité, puis quant aux services offerts. Donc, c'est ça que nous
souhaitons faire et j'imagine que ce sera juin ou... On prévoit aller en
appel d'offres à la fin de juin. (20 h 30)
M. Trudel: Est-ce que ça va être des places du type
conventionné privé? Vous parlez de contrôle de la
qualité selon les normes habituelles du ministère. Le
conventionné privé, grosso modo, c'est les normes du public
appliquées dans le secteur privé, mais
rémunérées, en quelque sorte, avec un contrat qui oblige
à respecter les mêmes normes de qualité dans le secteur
public. Je ne voudrais pas qu'on se réveille, M. le ministre, quant
à moi, avec une autre catégorie de ressources privées
qui... Là, vous l'évoquez comme une mesure de dépannage,
mais il n'y a rien de plus permanent que le temporaire, en santé et
services sociaux, vous savez ça.
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a rien de plus
permanent que le temporaire? Eh, monsieur! En tout cas, ce n'est pas vrai pour
les ministres là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Une chose est certaine,
c'est que, dans ce cas-ci, dans le cas d'un privé conventionné,
on a une entente de longue durée, on n'a pas une entente à court
terme. Dans ce cas-ci, c'est une entente limitée dans le temps. Est-ce
que ce sera trois, quatre ou cinq ans? Ce ne sera certainement pas plus que
cinq ans. Donc, il y a déjà là un terme qui est assez
clair et qui tient compte aussi, il faut bien l'admettre, de ce qui existe
comme ressource, puisqu'on veut être capable d'occuper rapidement ces
places-là et de soulager des établissements qui en ont besoin au
niveau de la courte durée. C'est un peu ça, l'objectif, sans
créer de nouvelles catégories d'établissements. Quand on
dit: répondre aux normes du ministère sur le plan de la
qualité, bien sûr qu'on peut avoir les standards et les exigences
d'un centre d'accueil public comme d'un centre privé conventionné
parce qu'au bout de la ligne les exigences sont les mêmes.
M. Trudel: Grosso modo, vous dites: On va vers cette
formule-là parce qu'on n'a pas le fric pour développer les places
en centre d'accueil public.
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce n'est pas ça.
Ce n'est pas ça que j'ai dit. Ce n'est pas ça que j'ai dit, du
tout.
M. Trudel: Pourquoi vous ne les développez pas,
d'abord?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: Pourquoi vous ne les développez pas dans le
système public, si ce n'est pas ça?
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas à vous
que je vais montrer qu'à partir du moment où on décide de
construire des places, maintenant, c'est dans 36 mois qu'on va être
capable d'entrer dedans. Donc, moi, ce n'est pas des places dans 36 mois dont
j'ai besoin. J'ai besoin de places tout de suite pour soulager Laval, pour
soulager, si c'est le cas et qu'on le décide, la
Montérégie. Donc, ce que je veux, ce sont des places maintenant,
des places qui existent déjà, pas quelqu'un qui va aller
bâtir et qui va me livrer ça dans un an. À partir du moment
où je décide au mois de juin, c'est des places qui doivent
être disponibles dès le moment où on conclut. Quand vous
soumissionnez, vous soumissionnez pour des places qui sont déjà
là, donc qui sont déjà sur place et construites, qu'on
peut utiliser. À partir
du moment où on signe le contrat, c'est clair, on dit: Deux
semaines, trois semaines plus tard, les bénéficiaires entrent
dans les lits et reçoivent des services qu'on exigera par l'appel
d'offres. Donc, ça nous permet d'être rapides, efficaces, de ne
pas s'engager pour un terme qui est plus long que celui de cinq ans et faire en
sorte qu'on puisse livrer.
Sur un principe qu'on a discuté à quelques reprises en
commission parlementaire, vous vous rappellerez très certainement
lorsque l'ACAPA, par exemple, est venue en commission parlementaire nous dire:
Quant à nous, on n'a pas une maudite cent du gouvernement. On a des
bénéficiaires, nous aussi, qui commandent et ont vieilli et
exigent davantage de soins. On a aussi des bénéficiaires qui
n'ont pas les moyens de payer ce que ça coûte, en termes
d'hébergement, soit la nourriture et le lit, en plus des soins. Donc,
dans ce sens-là, si vous étiez capables, comme gouvernement, de
faire votre pas... Dites-nous, aux gens de l'ACAPA: Vous allez payer le premier
dollar ou la première heure des soins que nécessite une personne
en CAPA, récupérez la différence et payez-la. C'est le
genre d'expérience qui peut être tentée, et on ne
crée pas de catégories additionnelles. Donc, ce qu'on vise,
c'est, effectivement, ce genre de situation là, où il y a des
lits qu'on pourra - permettez-moi l'expression - «upgrader», sur le
plan des services donnés, davantage de type CHSLD que de type
hébergement pour personnes autonomes.
M. Trudel: En tout cas, vous me permettrez de faire quand
même une remarque. Ça m'appa-raît, à travers
l'intention de répondre à des besoins urgents, se glisser dans
une piste qui me semble dangereuse, sur le plan de la privatisation des
services, et pas dans le conventionné privé. D'autre part, au
niveau des coûts, évidemment, je ne peux pas le savoir, non plus,
parce qu'on n'a pas le résultat des appels d'offres, mais tout
étant égal, par ailleurs, dans ce type de service là, dans
le privé ou dans le public, il faut imaginer que, pour quelqu'un du
secteur privé qui vous offrira des places à être
occupées, il va y avoir les devoirs d'amortissement, les devoirs de
rentabilité et les devoirs de profit qui vont s'appliquer. Ça me
semble une piste dangereuse à cet égard-là.
En concluant, également sur ce terrain, pourquoi le
ministère se réveille-t-il aujourd'hui avec une absence de plans
et de projets de développement de places? Comment se fait-il que,
aujourd'hui, on se réveille dans cet échéancier...
Évidemment, je suis obligé d'être d'accord avec vous en
disant qu'à travers le système public il y a un
échéancier qui nous est imparti et qui fait en sorte qu'on ne
peut pas bousculer impunément toutes les étapes à travers
un investissement public. Comment ça se fait qu'aujourd'hui on se
retrouve avec pas de prévisions, pas de planification, rien sur la
table? C'est parce que, quelque part, il y a une volonté.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous arrête tout de
suite, là, parce que...
M. Trudel: J'avais fini de toute façon.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. D'ailleurs, vous
pouvez continuer. Moi, ça me dérange pas, je vais attendre et je
vais finir par vous répondre pareil. Une chose qui est certaine, c'est
qu'il ne faut pas oublier les conversations qu'on a eues ce matin, les
échanges, hein? En cours de route, vous en avez oublié un petit
peu parce que vous avez émis un communiqué de presse, en
début d'après-midi...
M. Trudel: Je n'ai rien oublié, je ne dédis
rien.
M. Côté (Charlesbourg): ...oubliez ça,
là... M. Trudel: Je ne dédis rien.
M. Côté (Charlesbourg): ...qui reprend les
choses que vous avez dites ce matin, dont plusieurs erreurs.
M. Trudel: Pas du tout.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, c'est votre
problème, pas le mien. Ce matin, je vous ai dit que nous étions
au Québec en 1991 dans le bilan-lits avec 4000 lits au-delà des
besoins, les besoins étant l'expression de normes appliquées
à des citoyens qui existent au Québec dont on connaît
l'état de santé, et que les besoins en lits additionnels,
c'était 1996 et c'était l'an 2001, et que la planification
qu'effectivement nous avions dans la réforme, c'était ça,
de la planification pour en arriver au déploiement des lits qui vont
faire en sorte qu'en 1996 on réponde à nos besoins, et qu'en l'an
2001 on réponde à nos besoins, et c'est là que se trouvent
les 7000 lits dont nous avons besoin. En parallèle de cela, on a dit: On
investit davantage dans le maintien à domicile parce qu'il faut passer
de sept à cinq, en termes d'objectif, pour maintenir plus de gens
à domicile, et on l'avait dit à l'époque, maintenir 33 %
plus de personnes à domicile que nous le faisons maintenant.
Donc, c'est des actions qui convergent et lorsqu'on vient nous dire
qu'il n'y a pas de planification, au contraire, des commissions parlementaires,
ça sert à quelque chose. En tout cas, je le pense. Lorsque,
ensemble... Je me souviens encore du député de Joliette qui avait
été, un vendredi après-midi, l'un de ceux qui avaient
interrogé largement l'ACAPA, des représentants de l'ACAPA, M.
Bisaillon en particulier, le frère de l'autre, qui est à
Rimouski, qui est venu nous faire la démonstration de l'alourdissement
des clientèles qu'il avait à l'intérieur du
CAPA qui étaient en totalité à sa charge ou
à la charge de l'individu qui payait. C'était les mêmes
personnes, avec le même âge, qui vieillissaient et qui sont
entrés là avec une capacité de payer tant, qu'ils avaient
atteinte, qui nécessitaient des soins additionnels. Il disait: On a 4400
places, dans ce secteur-là, reconnues au permis par le ministère
de la Santé et des Services sociaux depuis longtemps, et pas uniquement
depuis qu'on est là. Non, au contraire, il y a un moratoire depuis qu'on
est là, sur les places en CAPA.
Donc, à partir de ce moment-là, les places qui existent,
avec des personnes qui vieillissent comme celles dans le secteur public, comme
celles dans les privés conventionnés, ont besoin d'un meilleur
support. À l'époque, on a dit: Oui, c'est des choses qui sont
intéressantes, y compris de votre côté, qu'il faut
peut-être examiner. L'idée est intéressante si,
effectivement, les propriétaires de CAPA acceptent de payer la
première heure-soins que nécessite le bénéficiaire,
l'excédent pouvant être à la charge de l'État, ce
qu'on essaie de faire avec l'expérience qu'on veut tenter. Ce n'est pas
échevelé, 150 lits, ce n'est pas dramatique. Tant qu'à
tenter l'expérience, pourquoi ne pas le faire dans une situation ou dans
un milieu qui a des difficultés sur le plan des lits, sachant fort bien
que là où on a des surplus de lits... Je l'ai dit ce matin, je le
répète, il n'est pas évident, demain matin, si tu t'en vas
annoncer à Saint-Éphrem, dans la Beauce, que tu fermes le foyer
de Saint-Éphrem parce qu'il y a trop de lits dans la sous-région
de Saint-Éphrem et que tu ne fermes pas Saint-Gédéon que
tu ne frapperas pas une tempête et qu'il n'y aura pas du monde qui va
faire une haie autour pour dire: Vous ne fermerez pas notre foyer. Je pense que
ça, c'est une évidence. (20 h 40)
Donc, le temps de faire ce redéploiement... Ce que j'ai dit ce
matin, il y a des lits, il y a même plus de lits qu'on en a besoin, mais
il y a une mauvaise répartition des lits. C'est le cas
particulièrement, comme exemple, de Chaudière-Appalaches
où chaque village a réussi à l'époque à
bâtir, par une corporation indépendante, des foyers, et que,
finalement, il manque de monde à mettre dedans, alors que dans le cas de
Saint-Romuald et de Lévis, où la population âgée est
là, il n'y en a pas. Alors, ça va se faire dans
Chaudière-Appalaches par un redéploiement de ressources, mais il
faut prendre le temps de le faire.
C'est le même principe au niveau de Laval où on veut
expérimenter ça, sachant aussi que dans le cas de Laval,
malgré le fait qu'on ajoute 150 lits de courte durée, ce qui est
en construction actuellement, il y a un besoin d'un autre hôpital. On est
dans une situation où il faut tenter de libérer les lits qui sont
occupés par des personnes âgées, des lits de courte
durée, et ce serait un moyen de le faire.
Ce qu'on me signale, et vous l'avez proba- blement vécu aussi,
c'est qu'on se retrouve avec des personnes qui, aujourd'hui, ont 30 ans de vie
en centre d'accueil. Il y en a. Évidemment, ça répondait,
à l'époque, à un besoin. Quand tu avais 65 ans, tu allais
là, peu importe si tu étais autonome ou pas. Alors, tu te
retrouvais dans le centre d'accueil. Évidemment, tu ne les mets pas
dehors aujourd'hui. Les exigences sont plus grandes aujourd'hui sur le plan de
l'occupation d'une place, minimum deux heures-soins par jour par personne qui
va être dans le centre. Alors, tout ça est là et,
finalement, je pense que, en termes de plan global, bien
développé au niveau des 7000 lits dont on a fait état
depuis la réforme... Vous serez servi à souhait avec le plan
global, qui va inclure l'ensemble de la problématique des personnes
âgées.
M. Trudel: Alors là, c'est passé d'une mesure
temporaire à une expérience, là? Dans les mots que vous
avez employés pour me répondre, au départ, c'était
pour répondre à un besoin urgent, les places...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, ça permet
de répondre à un besoin.
M. Trudel:... et là, c'est passé au stade de
l'expérience et donc d'une évaluation de voir si la formule peut
se prolonger. Mais on ne prendra pas tout le temps là-dessus. Il y a des
mises en garde à faire et je veux bien garder à l'esprit les
réponses d'aujourd'hui sur l'urgence de la situation - on la comprend
avec les chiffres qu'on a vus ce matin - du nombre de personnes qui sont en
attente. Il faut faire en sorte que le secteur public demeure toujours
maître d'oeuvre, leader en matière de places d'accueil
d'hébergement pour personnes âgées. Il y a d'autres
formules qui s'alignent sur les normes de qualité et les mêmes
normes que dans le secteur public. Ça, on peut y contribuer à une
certaine mesure, mais il ne faut pas se réveiller avec une inversion des
proportions au niveau des places en centres d'accueil ou en CHSLD.
M. Côté (Charlesbourg): Juste sur le plan des
chiffres, pour vous montrer qu'il n'y a pas bien bien de danger, c'est 36 000
places publiques qu'il y a à travers le Québec, et il y a plus ou
moins 7000 places du privé. Ça va faire 7150 alors je pense que
le rapport de force n'est pas bien bien changé.
M. Trudel: Les changements de rapports de force, ça
commence quand c'est 36 à 0. Là, on a vu avec les Canadiens et
l'autre que ça change des fois, hein? Alors, là, là...
M. Côté (Charlesbourg): oui, mais, même si
d'ici l'an 2001 on bâtissait les 7000 places dans du privé,
ça ferait 14 contre 36. ça ne fait pas fort. d'ailleurs, ce n'est
pas l'objectif.
Sécurité dans les centres
d'accueil
M. Trudel: C'est une piste. Toujours dans les centres d'accueil,
M. le ministre, sur le plan de la sécurité. On ne peut pas y
échapper au moment des crédits. On a vécu depuis une
dizaine de mois, depuis sept mois une série noire de décès
relatifs à des accidents, des incendies qui se sont produits dans des
centres d'accueil: Saint-Isidore, cinq morts; Grand-Mère, quatre morts;
Montmagny, cinq morts; Father Dowd, le dernier, cinq morts.
En partant de la situation particulière de Father Dowd à
Montréal et toute l'histoire de l'absence de gicleurs pour la protection
des personnes qui étaient hébergées, d'abord cette
question: Est-ce qu'il y a eu enquête de la part du ministère de
la Santé et des Services sociaux? Quelle était la situation?
Qu'a-t-on reconnu sur le plan de la sécurité à ce centre
d'accueil? Quand même, c'est dramatique. On pourrait glisser facilement
sur l'ensemble du volet sécurité pour les centres d'accueil...
pour éviter que se poursuive, bien entendu, cette série noire,
qui fait en sorte qu'on a de plus en plus de morts à déplorer
dans ces centres d'accueil. Aussi, on augmente, forcément, le niveau
d'insécurité des personnes où qu'elles soient... le
sentiment général d'insécurité à travers les
places d'accueil que nous avons développées, peu importe la
formule pour l'instant, à travers le Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Comme vous le savez - ce
matin, on en a débattu - nous avons investi, au cours des
dernières années, dans le... Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): ...dans le plan de relance
no 1 et dans le plan de relance no 2 tout près de 200 000 000 $.
M. Trudel: Ça a été efficace, hein? Les sept
derniers mois, ça a été efficace, votre plan. Je vous
félicite pour votre beau programme...
M. Côté (Charlesbourg): Non, un instant, un instant!
Vous allez voir qu'on va les prendre un par un. Vous les avez nommés, on
va les prendre un par un. Alors, on a investi tout près de 200 000 000
$, à part de ce qui se fait de manière régulière
dans le budget du ministère, au niveau de
sécurité-incendie et
sécurité-vétusté. Il était temps qu'on le
fasse, parce que c'était extrêmement important. Évidemment,
on respecte ce qui existe comme normes. Déjà, c'est passablement
coûteux de le faire, on respecte les normes qui existent. Vous avez
évoqué tantôt Saint-Isidore, Montmagny, Father Dowd, plus
Shawinigan, je pense?
M. Trudel: Grand-Mère.
M. Côté (Charlesbourg): Grand-Mère. Bon,
bien, réglons Saint-Isidore. Saint-Isidore, c'est un pavillon. Bon.
Alors, évidemment, ce n'est pas un pavillon de personnes
âgées, c'est un pavillon. Il est clair que, lorsqu'on parle de
pavillons, on parle d'une chose, lorsqu'on parle de personnes
âgées, de centres d'accueil d'hébergement, on parle d'une
autre chose. C'est très important de faire la distinction. Lorsqu'on
parle de Montmagny, on ne parle pas, à Montmagny, d'une ressource qui
avait un permis du ministère; on parle, à Montmagny, d'une
ressource qui avait chambre et pension et qui avait un permis de la ville.
C'est bien différent. Moi, je veux bien qu'on me donne toute la
responsabilité de tous les malheurs de la terre ou de tous les feux,
mais une chose est certaine, quand on va analyser les dossiers, on va les
analyser un par un, en tenant compte de nos responsabilités.
Dans le cas de Grand-Mère, je ne me souviens plus bien, bien du
cas, là, mais dans le cas de Father Dowd, ça, c'est des personnes
âgées, c'est un permis du ministère, et nous étions,
effectivement, en travaux de rénovation. La question qui se pose
aujourd'hui: Est-ce que des gicleurs auraient sauvé des vies? Je pense
qu'il n'y a pas grand monde qui vont pouvoir faire cette
démonstration-là. Il est bien évident qu'à partir
du moment où il y a des problèmes - tantôt, on a dit
que c'était un problème électrique, tantôt on a dit
que c'était une cigarette dans un lit - que le feu est pris, et qu'il
faut évacuer... D'ailleurs, dans ce sens-là, je pense que les
policiers et les techniciens ambulanciers ont fait un travail assez
exceptionnel dans cette situation-là, et il faut leur rendre
hommage.
Selon la ville de Montréal - là, ce n'est pas le ministre
qui le dit - quand les gens ont été interpellés, ils ont
dit: Ça respecte les normes. Bon. Il reste une analyse qui est faite
actuellement, qui est en cours, par la Régie du bâtiment, qui
dépend du ministère du Travail, qui est donc indépendante,
qui fait l'analyse, et qui nous fera un rapport. On va se conformer au rapport
que la Régie du bâtiment aura effectué et, dans ce
sens-là, on se conformera. Moi, je n'ai pas d'autre chose à dire
à ce moment-ci que ça. Mais, évidemment, il y a toute une
série de réglementations: les bâtisses de plus de 75 pieds
doivent être munies de gicleurs; dans ce cas-là, ce n'était
pas plus de 75 pieds, c'était moins, il n'y avait pas d'obligation.
C'était davantage des détecteurs de chaleur et de fumée
qui devaient être installés, et on s'est conformés à
ça. D'ailleurs, le plus bel exemple de tout ça, c'est qu'il y
avait des travaux qui avaient été autorisés dans la phase
1 et la phase 2 du plan de relance, dans ce cas particulier.
Donc, à partir de ça, j'espère qu'on n'aura pas
d'autres situations comme celle-là, et je pense que, honnêtement,
on peut se dire aujourd'hui qu'il est peut-être possible qu'on
retrouve
ce genre de situation là. Si quelqu'un dort avec une cigarette et
met le feu dans un matelas, et que le centre prend feu, c'est des cas qui sont
assez lourds. Pour avoir vu l'évacuation de ce centre-là en
particulier, on se rend compte qu'il a fallu des tours de force de la part des
pompiers et des ambulanciers pour être capables d'évacuer les
personnes. Mais c'est ça un peu partout à travers le
Québec sur le plan de la lourdeur des cas et de la difficulté
d'évacuation, en particulier dans des centres d'accueil qui n'ont pas
fait l'objet de rénovations fonctionnelles et qui ont davantage
été construits comme des HLM de l'époque, il y a 25 ou 30
ans, avec tout ce que ça comporte comme difficulté. (20 h 50)
J'entends, au cours des prochains mois, faire des efforts surhumains,
sur ie plan financier, pour faire en sorte qu'on puisse passer à une
phase importante, peut-être phase 3, de rénovations
fonctionnelles, donc de sommes d'argent assez importantes dans la
rénovation fonctionnelle. Je pense que c'est là qu'on est rendu
maintenant. On a passé l'étape de sécurité et de
vétusté d'une manière générale et d'une
manière globale.
M. Trudel: Quand je vous entends dire des choses comme ça,
j'ai envie de dire aux établissements: Surveillez bien votre plan annuel
d'investissement. Il y a de la relance qui s'en vient à quelque
part.
M. Côté (Charlesbourg): ah! ça, ce n'est pas
impossible. en tout cas, je la souhaite ardemment. j'ose espérer que je
serai suffisamment convaincant.
M. Trudel: C'est parce que si je prends l'exemple de
l'année passée...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...ceux qui ont le plus à avoir peur, ce sont
ceux qui sont inscrits au programme annuel d'investissement.
M. Côté (Charlesbourg): Absolument pas.
M. Trudel: C'est ceux-là qui doivent avoir peur.
M. Côté (Charlesbourg): Absolument pas. Et,
d'ailleurs, je dois vous dire que j'ai fait un petit travail pendant le souper
pour être capable d'essayer de réconcilier ce qui vous parraissait
irréconciliable. J'ai trouvé que vous aviez fait un exercice
mathématique très court. De documents que je vous ai
donnés, vous avez fait l'addition de quelques projets pour en arriver
à un chiffre miraculeux de 97 000 000 $, et, de là, voilà.
Évidemment, quand on prend chacun des cas de Lakeshore, de Maniwaki,
à l'intérieur de ce document-là...
M. Trudel:...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. C'est ça
qui fait les 97 000 000 $. O.K.? Quand on prend ces dossiers-là, ce ne
sont pas des dossiers qui n'ont pas été réalisés
parce qu'on n'avait pas d'argent, ce sont des dossiers qui n'ont pas
été mis en cours parce qu'ils n'étaient pas
prêts.
M. Trudel: Oui. Vous avez dit ça ce matin.
M. Côté (Charlesbourg): Je le répète
parce qu'en regardant le communiqué de presse cet après-midi
j'avais l'impression de ne pas être compris.
M. Trudel: C'est parce que ça n'a pas pôigné
à matin?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: C'est parce que ça n'a pas poigne, votre
réponse, à matin? Non, non. J'ai tout vu ça. C'est dans
vos notes complémentaires qu'on a demandées, les 97 000 000 $ qui
ont été cancellés.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qui est faux.
M. Trudel: Après ça, vous avez annoncé un
plan d'accélération des investissements. Et, là, les 100
000 000 $, vous les avez garrochés dedans. C'est vrai que ça
aurait fait 400 000 000 $, mais il y en avait 400 000 000 $ de
prévus.
M. Côté (Charlesbourg): Mon Dieu! Que vous
êtes orgueilleux! Ça n'a pas de bon sens! Acceptez donc de dire au
public que vous vous êtes trompé. Arrêtez donc de continuer
de creuser votre trou dans ce dossier-là. Il y en a d'autres dossiers
où vous ne creuserez pas votre trou, mais dans celui-là vous le
creusez. Il est clair qu'il y a eu des immobilisations. Il y a eu un plan de
relance 1 de 75 000 000 $. Il y a eu un plan de relance 2 de 105 000 000 $.
Ça fait 180 000 000 $ plus les 300 000 000 $ additionnels au niveau des
immobilisations. Avec grand plaisir, je vais vous livrer la liste des montants
d'argent qui ont été dépensés dans chacun des
projets; les dossiers, les montants d'argent. Avec quel plaisir je vous
donnerai ce total qui sera la réponse inattaquable, et devant
l'évidence, et en gentilhomme, vous corrigerez votre tir.
M. Trudel: Mes additions étaient bien faites, mes
soustractions aussi, et le total était bien fait. Ce n'est pas la
vérité que vous voulez avoir, vous voulez avoir raison,
là?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: Ce n'est pas la vérité... Vous voulez
avoir raison?
M. Côté (Charlesbourg): Je veux avoir la
vérité. La vérité va, effectivement, me donner
raison.
M. Trudel: On verra ça. Pour terminer sur les centres
d'accueil et la sécurité, dans la réforme du 7
décembre, dans l'annonce, il y avait l'intention de confier aux CLSC...
Vous effleurez Montmagny en disant: Je ne prendrai pas les péchés
des autres, là. C'est privé. C'est un centre d'accueil
complètement privé et on ne peut quand même pas imputer au
secteur public... Mais, à cet égard-là, vous aviez
prévu investir les CLSC d'une mission, d'une responsabilité
d'inspection et de contrôle. Alors, ça part en même temps
que les appels d'offres, ça, pour les places en secteur
privé?
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour clarifier
Montmagny, là, ce n'est pas un centre d'accueil. Non. C'est chambre et
pension. Il y a une distinction très nette entre les deux. Pour ne pas
que les gens soient mélangés, un centre d'accueil, c'est 65 ans
et plus, et, dans des cas exceptionnels, il y a des gens de moins de 65 ans
comme à Saint-Charles-Borromée à Montréal, par
exemple. Oui, effectivement, ça commence cette année. C'est une
des mesures de la réforme, une des 70 qui étaient en marche cette
année. Nous allons enclencher, au début de l'automne, ce
processus d'identification des maisons, des foyers destinés aux
personnes âgées. Là, évidemment, quand on parle de
personnes âgées, pour nous autres, c'est 65 ans et plus. Donc, il
y aura cet inventaire pour être capable d'avoir un bon suivi à ce
niveau-là.
M. Trudel: On va fermer ce chapitre-là avec au moins une
question sur le chapitre des centres de services sociaux. Essentiellement, avec
l'apparition des CPEJ, centres de protection de l'enfance et de la jeunesse, il
va y avoir un passage qui va se faire, et dans ces questions de passage il y a
toujours, bien évidemment, les questions de partage de ressources.
Est-ce que le cadre de partage des ressources CSS versus CLSC et autres
établissements, puisqu'il va s'en retrouver dans d'autres types
d'établissements également, est au point? Est-ce qu'il y a des
négociations, des échanges qui sont à s'organiser,
à se mettre en place? Quel est le terme prévu pour en arriver
à un cadre de partage panquébécois applicable à
toutes les régions pour le passage de centres de services sociaux
à centres de protection de l'enfance et de la jeunesse, et aussi des
missions à continuer à assurer à l'intérieur des
autres établissements du réseau qui vont se voir donner en
quelque sorte de nouvelles responsabilités par rapport à la
mission actuelle?
M. Côté (Charlesbourg): On se rappelle qu'il y a des
échéances juridiques très importantes. Il y a deux
étapes: début octobre 1992 et 1er avril 1993. Donc, le 1er avril
1993, tous les mouvements de personnel devront être
complétés. C'est l'objectif ultime. Avril 1993, c'est fini, tout
est fait. Évidemment, comme vous l'avez dit, c'est d'une
complexité assez exceptionnelle, particulièrement sur IHe de
Montréal parce que le travail, dans le passé, n'a pas
été fait. C'est un travail inachevé, peut-être
dû à un certain manque de courage politique. Évidemment, il
faut se taper le travail aujourd'hui qui n'a pas été fait dans le
passé. On se comprend bien.
Donc, à partir de ce moment-là, dans le reste du
Québec, on est dans une situation qui est moins difficile. Il y a donc
des cadres de partage, oui, à plusieurs niveaux. Il y a d'abord un cadre
de partage - sans évoquer le CSS parce que tout ça est un peu
pris ensemble - du ministère vers les régies régionales.
Il y a un cadre de partage qui, effectivement, va partir des CSS vers des CPEJ;
un cadre de partage qui va partir des CSS vers les CLSC; des CSS vers des
hôpitaux; des CSS vers des centres d'accueil; des CSS vers des centres de
réadaptation. Il y a un cadre de partage qui, effectivement, est
à multiples volets et qui implique des échanges très
serrés avec les différents intervenants. Vous avez un souffleur
qui vous fait rire?
M. Trudel: C'est la mémoire historique aussi, hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. Je n'en doute pas.
Ayant été dans son rôle pendant un certain temps, ça
nous permet... On n'a pas le droit de parler, mais on emmagasine. Donc, il y a
une chose qui est certaine, c'est que ce processus est en cours et les CRSSS
ont été intimement mêlés jusqu'à maintenant
à ce démarrage. Nous nous apprêtons à enclencher le
processus avec un guide qui est, à toutes fins pratiques, terminé
et qui va nous guider, inévitablement, dans cette
démarche-là, y compris avec les associations qui
représentent les CSS.
Déjà par exemple, au CSSMM à Montréal, j'ai
eu l'occasion de rencontrer le comité qui travaille sur le cadre de
partage, qui est assez compliqué, merci - il est peut-être l'un
des plus compliqués - et déjà on tente de définir
dans le moindre détail chacun des mouvements de personnel avec tout ce
que ça implique.
D'autre part, les syndicats vont aussi être impliqués parce
que ça concerne aussi des relations de travail. Les syndicats ont
souhaité être impliqués dans cette
démarche-là. Ils le seront de manière très ouverte,
dans le respect des conventions collectives avec tout ce que ça
signifie. Les syndicats ont souhaité signer un protocole d'entente
spécifique avec nous quant à ces ca-
dres de partage, et, évidemment, on a acquiescé à
cette demande-là. La première étape étant franchie,
on passe à la deuxième, avec les associations et
parallèlement à tout cela, bien sûr, avec les syndicats
très très prochainement. (21 heures)
M. Trudel: Alors, c'est de façon à aboutir... Si
j'ai bien compris, au mois d'avril 1993, au moment où ce sera tout
enclenché, au niveau des conseils d'administration, régies
régionales, et en pleine responsabilité de pouvoirs, ie cadre de
partage, a cet égard-là, l'horizon, ça devrait être
fixé comme résultant de démarches, là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Notre objectif, c'est
qu'à la fin de septembre les CRSSS nous aient transmis les plans de
transfert...
M. Trudel: Fin septembre?
M. Côté (Charlesbourg): ...et que, bon, par la
suite, on chemine vers ces transferts, qui devraient être effectifs au 1
er avril 1993.
M. Trudel: Très bien. Merci pour ces réponses.
Évidemment, comme il nous reste... M. le Président, j'ai bien
compris qu'on va terminer vers 22 h 15 à peu près, là?
Le Président (M. Joly): Oui, une dizaine de minutes de
plus.
Envoi de fonctionnaires dans les régies
régionales
M. Trudel: J'ai quelques questions au niveau de l'administration
générale. On n'a pas touché ce chapitre-là du
ministère de la Santé et des Services sociaux. Au chapitre de
l'administration générale du ministère, y y a une
augmentation des crédits. On passe de 394 000 000 $ à 471 000 000
$, une augmentation de 77 000 000 $, 19 %. Bon. Je comprends que, probablement,
c'est là qu'on a imputé la réserve.
M. Côté (Charlesbourg): Certainement! On ne peut
rien vous cacher!
M. Trudel: Ha, ha, ha! Mais vous me permettrez de poser une
question supplémentaire...
Le Président (M. Joly): Oui.
M. Trudel: ...sur le déplacement des fonctionnaires du
ministère vers d'autres.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour comprendre les
deux items les plus importants: c'est la réserve plus l'argent, les 6
000 000 $ pour les régies régionales.
M. Trudel: 6 000 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Qu'en est-il de la question du déplacement des
personnes, éventuellement, vers les régies régionales, ou
vers les régions, à partir de ce qu'on va appeler le siège
social? Est-ce que vous pouvez nous identifier le quantum de transfert
généralement prévu, le temps dans lequel vous pensez
être capable de passer à travers l'opération? Ça
nous amènerait à un horizon de combien de personnel au central,
au ministère de la Santé et des Services sociaux, à ternie
de cette opération?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
puisque le député de Rouyn-Noranda-Témiscamin-gue m'en
fournit l'occasion, je veux publiquement remercier, d'une manière tout
à fait particulière, les fonctionnaires du ministère de la
Santé et des Services sociaux, qui sont des fonctionnaires
extraordinaires. C'est peu commun que l'on se retrouve dans une situation
où des fonctionnaires du ministère réussissent à
administrer le quotidien et planifient et mettent en place une réforme
de l'importance qu'on connaît actuellement, et tout cela tout en faisant
face à une possibilité, pour certains, de se retrouver demain
sans poste au ministère. C'est assez spécial. J'ai pu
bénéficier d'une loyauté tout à fait
exceptionnelle, et je pense que c'est la marque de très bons
fonctionnaires.
Ceci étant dit, l'objectif ultime est, bien sûr, qu'au 1er
avril 1993 tous les transferts qui ont à être faits soient faits.
Sur ie quantum, il est clair que le quantum n'est pas, à ce moment-ci,
déterminé. Mon excellent sous-ministre, M. Dicaire, me soufflait
à l'oreille, à l'instant, que nous estimons que, d'ici trois
semaines, un mois, normalement, nous aurons ie rapport final de la firme qui a
été engagée à cette fin et qui travaille avec le
ministère pour la nouvelle organisation du ministère. Sachant ce
qu'il nous faut, on sera à même de savoir, à ce
moment-là, en termes concrets, ce que signifie l'application au niveau
du ministère, sur le nombre de fonctionnaires qui, demain, seront
appelés à aller fournir leur expérience, pour ceux qui le
veulent, de manière volontaire, dans les régies
régionales. Donc, le quantum n'est pas, à ce moment-ci,
déterminé, mais on peut estimer que, d'ici trois ou quatre
semaines, on sera dans une situation de savoir où on va de
manière plus précise.
M. Trudel: Est-ce que vous avez prévu rendre public cet
avis, en fait, l'étude que vous avez commandée quant à
l'organisation du ministère?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que... Je n'ai pas
d'objections fondamentales à rendre publique cette
étude-là. Évidemment, vous nous laisserez, à tout
le moins, le minimum de savoir
ce qu'on retient, parce que des consultants, des fois... Ils sont
toujours très...
M. Trudel: si c'est la même firme que vous avez
engagée que celle qui avait fait l'étude pour les crsss, cet
été, ça va coûter cher en tabar-nouche.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Comme...
M. Trudel: C'est vrai qu'il faut vous donner un petit peu de
temps pour évaluer, sans faire ces conclusions-là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais voyez-vous, je
trouve que vous êtes véritablement - et plus on avance, plus je
vous découvre - un gentilhomme.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous savez le faire d'une
manière tellement extraordinaire. Par le fait même, vous venez
d'admettre que les chiffres que vous aviez avancés à
l'époque étaient des chiffres qui étaient absolument,
comme on l'avait dit, pas crédibles, auxquels on ne donnait aucune
espèce...
M. Trudel: Ah! J'inférerais ma théorie
là-dessus, moi aussi.
M. Côté (Charlesbourg): ...de support.
M. Trudel: Est-ce que le ministre peut fermement nous dire
aujourd'hui qu'il n'avait pas rencontré les fonctionnaires du
ministère pour leur dire qu'avec la réforme il n'y avait aucun
poste au ministère... qu'il n'avait pas eu de rencontre avec les
fonctionnaires du ministère?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je vais vous dire
même mieux que ça. J'ai dit ça ici en commission
parlementaire, je vous ai dit ça à vous. D'ailleurs, ce que j'ai
dit, c'est: Ça a toujours bien pas de maudit bon sens. J'ai 1042
fonctionnaires au ministère, alors qu'il y en a 1500 à
Urgences-santé, quelque chose comme ça, 1600. Il y en a 1600 au
CSS de Montréal. Moi, je vais gérer, planifier, surveiller,
rendre des comptes pour 13 000 000 000 $ avec 1042 fonctionnaires, alors que
d'autres ont des responsabilités qui sont moins grandes que les miennes?
Vous allez finir par venir me chercher des fonctionnaires pour les envoyer
ailleurs? Ça n'a pas de maudit bon sens, je n'en ai pas assez. Je l'ai
dit de bonne foi. Mais on s'est creusé les méninges, et on a
travaillé.
Vous vous rappelez quand on parlait d'oxygène, vous disiez: Bien
oui, mais il faut qu'il en vienne dans les régions. En même temps,
quand on voulait mettre de l'argent pour envoyer du monde dans les
régions, tu disais: Ça n'a pas de maudit bon sens, ça va
coûter bien que trop cher. C'est une structure administrative que vous
êtes après créer. On s'est creusé les
méninges, on a travaillé et on a dit: Effectivement,
peut-être que le député de
Rouyn-Noranda-Témis-camingue avait raison. On s'est dit ça,
là, peut-être qu'il avait raison.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Je suis content que vous vous soyez mis à
réfléchir après ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. On
s'est mis à travailler. Ce n'est pas statique, hein? Je n'ai pas
l'impression qu'à partir du moment où on dit quelque chose,
à un moment donné, ça n'évoluera pas. Statique,
ça ne marche pas, ça. Il faut être capable et avoir
l'honnêteté de dire... Il faut évoluer avec son temps, il
faut faire des études, compléter les informations dont on a
besoin, et dans la mesure où ça bouge, ça bouge. Dans ce
cas-là, on est après faire la démonstration que,
effectivement, on va pouvoir transférer, pour des fonctions, un certain
nombre de postes dans des régies régionales. Tant mieux, on vient
de sauver des coûts additionnels, et on va faire en sorte qu'on investira
moins dans les structures que ce que bien du monde avait souhaité et on
va pouvoir garder de l'argent pour le donner aux services au monde. C'est assez
extraordinaire, et, moi, je me réjouis de ça. Évidemment,
ce n'est pas facile, parce que les fonctionnaires, on les a rencontrés
aussi.
M. Trudel: Vous les avez rencontrés?
M. Côté (Charlesbourg): M. Dicaire, M. D'Astous et
moi, on les a revus. Ils étaient près de 1000, pas au Patro de
Charlesbourg, au Patro Roc-Amadour.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous les avez revus.
M. Côté (Charlesbourg): Ça n'a pas
coûté 600 000 $. On les a revus.
M. Trudel: II faut reconnaître que vous écoutez
quelquefois.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. On a
expliqué où on en était, une collaboration très
franche avec les fonctionnaires, et il y avait de l'inquiétude, et c'est
normal. Il y en a encore, de l'inquiétude. C'est normal qu'il y ait de
l'inquiétude. Ce que je souhaite, c'est qu'on puisse conserver, au
niveau du ministère, de bons éléments qui,
évidemment, devant l'insécurité, cherchent à aller
ailleurs. Je les encourage à
continuer d'espérer qu'il puisse y avoir de la place chez nous.
Il reste encore des défis extraordinaires au ministère de la
Santé et des Services sociaux, extraordinaires. La réforme va
continuer d'être emballante, malgré le fait qu'elle puisse avoir
ses difficultés. On en a traversé, on va en traverser d'autres,
mais maudit que c'est passionnant de travailler dans ce
ministère-là avec la qualité des fonctionnaires qu'on
a.
M. Trudel: Elles sont toutes distribuées, les fleurs? Ha,
ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je suis convaincu que, vous,
qui avez été dans... (21 h 10)
M. Trudel: Non, non, mais c'est parce que ça doit
être consolant, dans votre gouvernement, d'en voir un quelque part qui
bouge, qu'il y ait quelque chose qui change de place, qu'il y ait de l'action.
Ça doit être consolant. Il doit y avoir beaucoup de monde qui
envie ces fonctionnaires-là, d'ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je vais vous dire une
chose que je trouve exceptionnelle, c'est que quand c'est dit par un gars qui a
très largement inspiré le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science, vous savez, ces grands immobiles que sont
les milieux universitaires...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: On va traverser tout le Québec avec
l'enseignement supérieur. On va traverser tout le Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que...
M. Trudel: C'était plus facile, comme disait mon
collègue, de...
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que... Bien des
fois, là, je me mets à rêver. Évidemment, je fais
des cauchemars aussi. Le cauchemar, c'est que vous prenez le pouvoir.
Des voix: JHa, ha, ha!
M. Trudel: II y a plein de monde qui ne vous comprend pas sur un
sondage, il faudrait que vous les convainquiez.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Attendez un petit
peu, là. Le cauchemar, c'est que vous prenez le pouvoir. Mon rêve,
c'est que vous vous retrouviez à la tête d'un ministère,
d'un grand, et que vous ayez suffisamment de leadership pour entreprendre une
réforme très importante. Alors, je vous laisse le choix du
ministère et je vous observerais de l'extérieur en vous donnant
un petit coup de téléphone à l'occasion pour vous dire:
Mon Rémy, comme tu vois, ce n'est pas si facile, hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ayant déjà eu un échantillon,
dans ma vie professionnelle, de ce que ça veut dire... Vous voyez,
implanter une université dans une région comme
l'Abitibi-Témiscamingue, ce n'était pas tout à fait
évident, non plus, pour la sagesse du mont Royal, parce que hors du mont
Royal point de sagesse, beaucoup l'ont dit. C'était quasiment une
mission impossible. Vous avez raison, ce n'est pas facile de le faire. Il faut
compter sur des bons collaborateurs, sur des collaborateurs qui vous donnent de
loyaux services.
À cet égard-là, bien sûr, oui, il faut rendre
hommage aux fonctionnaires de votre ministère aussi, qui, d'après
ce qu'on en sait, ont accepté que soit regardée la
possibilité de déplacement vers les régions. Ça,
c'est un sentiment qui honore et une attitude qui honore des
Québécois qui savent aussi qu'il y a des gens qui contribuent
à l'économie du Québec partout sur l'ensemble du
territoire, dans des conditions souvent pas faciles non plus, dans les
régions du Québec. Que ces gens-là partagent le
défi des difficultés des régions, oui, il faut rendre
hommage à ces gens-là en vous disant, aussi, à cet
égard-là, qu'au moment où nous en discutions ça ne
me semblait pas l'évidence même qu'il y avait également une
opération de décentralisation qui s'amorçait. Si nos
discussions ont pu nous amener également à entreprendre cette
piste-là et à la concrétiser, eh bien, bravo! au nom du
service qu'on a à donner aux personnes, parce que c'est le plus
important.
M. Côté (Charlesbourg): Ça prouve qu'un
échange au-dessus des partis politiques dans une commission
parlementaire peut faire évoluer les choses. Imaginez-vous que, si des
technocrates du ministère de la Santé et des Services sociaux
acceptent d'aller en région, quel discours reste-ra-t-fl aux
médecins qui refusent d'y aller?
Des voix: Ha, ha, ha!
Aide aux sidatiques
M. Trudel: Au chapitre de l'administration
générale, avant d'aborder toute la question des médecins,
de la RAMQ et des services, la question de toutes les campagnes, du sida... En
fait, il y a trois questions qui trottent dans l'actualité. D'abord, il
y a toute la question de la fermeture de la maison qui accueillait des
sidéens à Oka, de façon, bon, d'après l'information
que nous avons, assez rapide, drastique, cavalière. Premièrement,
est-ce que le ministère avait été sensibilisé?
Est-ce que vous avez regardé, là...? Quelles sont les actions que
vous avez prises
suite à cela?
Deuxièmement, la campagne d'information qui a été
lancée en matière de prévention, il y a quelques semaines
maintenant, a soulevé beaucoup de questions dans le public, de la part
des personnes concernées, quant à son efficacité. Est-ce
que ça va s'intensifier, cette campagne d'information sur le sida?
Alors, j'ai ces deux questions là. La troisième question -
ça peut paraître disparate - c'est sur la question
sida-hémophile, là, les compensations recherchées, les
demandes qui ont été faites, le fédéral qui est
allé pour son bout là-dedans, et la compensation qui...
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous répondre
sur les deux premières, très rapidement, et, pour la
troisième, je vais écouter d'une autre oreille ce qu'on a
à me souffler sur la campagne publicitaire. Oka. Bon. Disons les choses
telles qu'elles sont. Vous m'écoutez, là? Oka.
M. Trudel: Oka, oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est trois cas à la
maison privée d'Oka, dont deux atteints du sida qui ont
été récupérés par la Maison du Père.
Un troisième est allé en milieu familial. C'est une ressource
privée. C'est mon collègue, M. Sirros, qui a travaillé le
cas avec la communauté autochtone. Ce qu'il faut se dire, en plus, c'est
sida, mais c'est aussi itinérance. Pourquoi je vous dis
itinérance? Pour la simple et bonne raison que celui qui est responsable
de cette maison est un individu qui était à Dernier Recours.
Vous vous rappelez que Dernier Recours a fermé, et qu'on tente,
à Oka, d'ouvrir une maison pour itinérants, pour répondre
à des problèmes des itinérants, alors que, dans le plan
sur l'itinérance, rendu public en collaboration avec la ville de
Montréal, pour ceux qui pensent qu'il n'y a pas de dossier que je
mène qui ne marche pas avec la ville de Montréal, c'en est un
exemple frappant et très éloquent, où on a rendu des
sommes d'argent disponibles pour des alternatives sur le plan de
l'hébergement, avec une multitude de volets qui permettent d'aller
chercher à peu près toutes les clientèles. Donc, dans ce
cas-ci, c'est une ressource sans permis du ministère qui était
multiproblématique, disons à tout le moins ça, au minimum,
pour deux cas de sida, qui ont été récupérés
par la Maison du Père, et pour un autre cas, qui est allé
rejoindre le milieu familial.
Quant à sida-hémophile, c'est une problématique
tout à fait particulière et hautement humanitaire. J'ai eu
l'opportunité de rencontrer à quelques reprises des couples qui
défendent l'intérêt de ces individus. Mon collègue,
M. Sirros, du temps où il était ministre d'État, avait
pris cette responsabilité, a assisté à quelques
conférences fédérales-provinciales des ministres.
La volonté commune des ministres provinciaux de la Santé
et des Services sociaux était et est toujours de ne reconnaître
aucune responsabilité - et les avis juridiques que nous avons sont de
cette nature - quant à ses conséquences au niveau des
hémophiles.
J'ai accepté, quant à moi, de rencontrer ces gens, qui
m'ont fait part de problématiques particulières. C'est dans ce
cadre-là que j'ai accepté d'échanger avec eux, de tenter
de voir jusqu'où nous pouvions aller pour mieux cerner le
phénomène, les problèmes qui en découlent, et
examiner la possibilité de voir si, éventuellement, il n'y aurait
pas un mémoire qui pourrait être adressé au Conseil des
ministres pour sensibiliser le Conseil à une situation tout à
fait particulière, et tenter de voir ce que nous pouvions faire pour des
cas très humanitaires.
En cours de route, un ou quelques individus ont décidé
d'intenter un recours collectif, donc représentant l'ensemble des
individus. Un recours collectif, ce n'est pas un recours individuel, et
à partir du moment où on choisit la voie des tribunaux,
évidemment, quant à nous, on va se défendre par la voie
des tribunaux. On ne peut pas en même temps dire: On va échanger
pour tenter de régler des problèmes très humanitaires, et
de l'autre côté se retourner devant les tribunaux par un recours
collectif.
C'est donc une situation qui est tout à fait particulière,
et je ne voudrais pas que mes propos, à ce moment-ci, soient
interprétés comme: Abandonnez votre recours collectif, et
là, à ce moment-là, je regarderai ce que je peux faire. Ce
n'était pas dans ce niveau-là que nous avions des échanges
avec les gens, c'était pour davantage examiner des cas particuliers
où des enfants sont impliqués, où des parents,
étant victimes, pouvaient éventuellement laisser des enfants
seuls. C'est une problématique assez particulière qu'il nous faut
examiner, qu'il nous faut regarder. Dans ce sens-là, je pense que
c'étaient les échanges que nous avions avec des
représentants. Voilà pour sida-hémophile.
Quant à la campagne de publicité...
M. Trudel: on peut préciser, quant à la campagne de
publicité, sur toute la question qui a été soulevée
à travers la presse, des groupes cibles.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Trudel: Est-ce qu'ils avaient été
identifiés? La campagne vise les hétérosexuels.
Écoutez, là, je ne prétends pas avoir la compétence
pour trancher la question, là.
M. Côté (Charlesbourg): Ah, vous parlez de
l'excellent article de M. André Noël.
M. Trudel: Cet excellent journaliste de La Presse
qui...
M. Côté (Charlesbourg): Ah bon, bon! Oui,
évidemment. (21 h 20)
M. Trudel: Non, mais, quand même, ça
dépassait, je pense, le personnage d'André Noël, je veux
dire, comme journaliste.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. Je pense que le
cumul de ça, le moment le plus important, ça a été
l'article d'André Noël de La Presse qui a reçu une
réponse assez importante, merci - quant à son article - par les
témoignages qui ont été publiés dans La Presse
par la suite de gens qui sont connaissants et qui connaissent la
problématique. Je pense que ça n'avait pas tout à fait le
même ton, de ce que j'ai compris. Les stratégies qui ont
été entreprises sur le plan publicitaire pour rejoindre les
individus, je pense que c'est les bonnes stratégies jusqu'à
maintenant. Évidemment, une campagne publicitaire, là, pour celui
qui veut vous en vendre une, il va être capable de vous faire la
démonstration que c'est toujours extraordinaire. Évidemment, ce
qu'on vise par ça, c'est une sensibilisation des individus à une
problématique et à des difficultés, à des cas,
à des risques et à des conséquences. C'est ça qu'on
vise sur le plan de la campagne publicitaire. Jusqu'à maintenant,
à tout le moins, à moins d'indication contraire, je pense que les
bonnes orientations ont été prises.
Le Président (M. Joly): Mme la députée de
Groulx.
Mme Bleau: Sur le même sujet, ça m'a fait peur un
petit peu quand vous avez dit tout à l'heure que chacune des provinces
et ie gouvernement fédéral ont décidé de...
M. Côté (Charlesbourg): Pas le
fédéral, uniquement les provinces. Le fédéral a
décidé d'indemniser.
Mme Bleau: J'ai un cas humanitaire vraiment très
problématique dans mon comté. C'est une jeune femme, qui a mis un
enfant au monde, il y a quelques années, qui a eu besoin de transfusions
et qui a attrapé le sida. Naturellement, avant que ça se
découvre, la maladie qu'elle avait, ça a pris quand même
quelque temps. Le petit bébé est resté orphelin de
mère. Elle a son père, c'est une petite fille. Je sais que le
père essaie de se défendre, d'aller chercher de l'aide. C'est
sûr que, dans des cas comme ça, on se dit toujours: II pense de
faire de l'argent, mais ce n'est vraiment pas son intention. Ça lui
prend de l'aide pour élever cet enfant-là. Moi, je trouve le cas
vraiment épouvantable. La manière dont vous avez parlé...
Moi, je l'ai toujours encouragé à demander ce qu'il fallait et
tout ça, mais là est-ce que ça veut dire que son cas...
Vous avez dit qu'il y aurait des cas particuliers, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Bon, dans un premier temps,
le réseau de la santé a été sensibilisé
à ces problématiques particulières de gens qui ont besoin
de support sur le plan moral, sur le plan des dispensations de services de
santé et ça, c'est clair. Ça, c'est accessible et c'est
gratuit, et les gens sont pleinement conscients des services qui sont
disponibles à ce niveau-là. Ce que les gens revendiquent, les
gens que j'ai rencontrés, c'est que les provinces s'engagent à
faire sensiblement ce que le gouvernement fédéral a fait, soit un
montant d'argent. C'est 120 000 $ que le fédéral a donnés
sur un certain nombre d'années, 4 ans, si ma mémoire est
fidèle. La demande initiale était que les gouvernements
provinciaux, y compris le gouvernement du Québec, s'embarquent aussi
dans des indemnités de cette nature-là. Depuis, nous avons eu des
échanges et, quant à moi, nous avons réglé la
problématique de l'accessibilité à des services et
à des soins - des soins, ça peut être médical, des
services, ça peut être de nature sociale - pour aider les
personnes à traverser ces périodes extrêmement difficiles
et pénibles. Ça, c'est fait.
Deuxièmement, on m'a demandé d'intervenir pour faire en
sorte que le gouvernement provincial ne taxe pas... qu'il n'y ait pas
d'impôt sur les 120 000 $ que le gouvernement fédéral
donnait. Ça a été fait.
Troisièmement, on m'a demandé d'intervenir pour faire en
sorte que ceux qui étaient bénéficiaires d'aide
sociale...
Mme Bleau: Ce n'est pas mon cas.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais ça ne fait
rien, je vais vous le dire pareil, tant qu'à donner l'information, pour
que ceux qui bénéficient de l'aide sociale ne se voient pas
enlever des indemnités qu'ils toucheraient des 120 000 $ de l'aide
sociale. Ça a été fait, c'est en cours, c'est
réglé.
Donc, ce que j'ai fait, j'ai tenté de régler toute une
série de petits problèmes par rapport à leur
problématique autour qui interpellaient mes collègues. Ces
choses-là ont été faites et elles sont
réglées et finalisées à leur satisfaction.
Quant à l'indemnité universelle pour tous les cas, j'ai
dit non, je ne défendrai pas un dossier comme celui-là à
partir du moment où nous ne reconnaissons pas une responsabilité
juridique à ce niveau-là. Ce que j'ai accepté de faire,
dans la démarche que j'avais avec eux, c'est davantage de
vérifier cas par cas des cas problématiques qui, comme je l'ai
dit tantôt, impliquaient des enfants. Donc, clarifions les choses
dès maintenant. Ce n'est pas l'individu qui est tout seul et qui est
atteint, c'est davantage une mère qui peut être atteinte et qui a
des enfants. Il va rester des enfants tantôt qui, eux, ne seront pas
nécessairement atteints.
Il y a donc un certain nombre de respon-
sabiiités à ce niveau-là qui sont davantage
humanitaires, qu'il fallait examiner. C'est ça qu'on a tenté de
faire en cours de route. J'avais accepté de saisir le Conseil des
ministres sur ces volets particuliers, et non pas sur une indemnité
universelle à tous ceux qui sont atteints.
M. Trudel: Merci beaucoup. La RAMQ.
Le Président (M. Joly): Merci, M. le ministre. M. le
député.
Régie de l'assurance-maladie du Québec
M. Côté (Charlesbourg): La RAMQ.
M. Trudel: Tout à coup qu'on poursuit, M. le ministre, et
que ces gens-là aient attendu toute la journée ici... Jamais nous
n'oserions faire cela à un représentant de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec et un certain nombre d'autres
représentants ici.
Réduction des services assurés
M. le ministre, écoutez, allons-y donc directement sur la grande
question. Allons-y directement sur la réduction éventuelle de la
gamme de services assurés. Bon. Écoutez, je vais partir de votre
propre déclaration d'hier où vous disiez, finalement,
écoutez, optométrie... Écoutez, non, je vais me reprendre
sur la phrase, vous n'avez pas dit ça. On vous a fait confirmer d'une
façon ou d'une autre qu'optométrie 19-64 ans, c'était
tellement dans la machine qu'il fallait bien envisager qu'à l'horizon,
d'ici le 14 mai, il y aurait comme une confirmation et que ce ne sont pas les
seuls secteurs qui seraient touchés.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous corrige tout de
suite, je n'ai jamais dit ça.
M. Trudel: je vais corriger parce que, écoutez, vous
connaissez ma fidèle... on ne vous faisait pas affirmer cela. ce sur
quoi on vous interrogeait...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Ce sur quoi on vous interrogeait...
M. Côté (Charlesbourg): Cependant, je n'ai jamais
dit que je ne le dirais pas.
M. Trudel: ...c'est sur la réduction. En bref, 19-64 ans,
disons que ça ne vous a pas fait monter dans les rideaux quant à
la négation de la coupure éventuelle au niveau des services
optométriques et qu'il y aurait également d'autres services qui
seraient touchés qui seraient annoncés d'ici à l'horizon
du budget le 14 mai. Là, évidemment, ce qui est dans
l'actualité, c'est les services dentaires pour certaines
catégories d'enfants et, également, les médicaments pour
personnes âgées. (21 h 30)
Si vous voulez, optométrie, faites-nous le point
là-dessus. Cela a été longuement discuté en
commission parlementaire. Je ne vous reprendrai pas toute la série
d'argumentation, mais quelles sont vos intentions au niveau des services
optométriques, puisque là je ne peux plus me fier sur les
crédits pour vous poser des questions? Vous en avez prévu 56 000
000 $ Alors, on a dit hourra, le ministre a fait ses choix, bravo, on vient de
sauver les yeux et on verra pour les dents et les personnes âgées.
Mais, là, ça m'a tout l'air que les crédits,
c'était «phony» cette affaire-là.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
«phony»... Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a deux
étapes très importantes sur le plan de nos crédits. Il y a
les crédits mêmes et il y a le budget. Je n'ai jamais caché
que l'horizon dans lequel nous voulions prendre des décisions
était l'horizon budgétaire. Il est bien évident
qu'à partir du moment, vous le savez, que sont préparés
les crédits, c'était terminé quelques jours ou quelques
semaines après notre commission parlementaire... Donc, il était
illusoire de penser qu'on puisse, comme gouvernement, prendre une
décision sur des enjeux aussi importants trois jours ou quatre jours
après la fin de notre commission parlementaire, et que, par
conséquent, les crédits devraient refléter la
réalité du moment où les crédits ont
été préparés et que le budget pourrait venir
corriger cette situation, ou d'autres annonces faites par le ministre
lui-même. Donc, il est clair que l'horizon d'ici la mi-mai est l'horizon
dans lequel je rendrai publiques des décisions gouvernementales qui sont
déjà prises. La question qu'on m'a posée hier... On m'a
dit, devant un effort assez exceptionnel de la part des optométristes,
de mettre 13 000 000 $ sur la table. Comment réagissez-vous? C'est comme
ça que la question m'a été posée.
Évidemment, on me l'apprenait parce que je n'avais pas pu prendre
connaissance de la conférence de presse. Eux autres pourraient vous dire
que, évidemment, ça fait un bout de temps qu'ils courent
après moi pour me le dire...
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...si on veut être
bien honnête, là. Je pense qu'on s'est dit bien des choses. Ce
sont des gens qui sont très sympathiques, qui sont aussi très
civilisés et qui font leurs démarches auprès de tous les
parlementaires.
M. Trudel: Ils voient venir de loin. M. Côté
(Charlesbourg): Comment?
M. Trudel: Ils voient venir de loin. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Côté (Charlesbourg): Bien, si eux autres ne
voient pas de loin, je pense qu'ils ont des problèmes avec leur
profession.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Donc, à partir de
ça, c'est une démarche qui est très légitime et,
cependant, je n'ai pas beaucoup à changer mon discours de
présentation qu'on a fait en commission parlementaire, de la situation
budgétaire du gouvernement, de l'effort que doit faire le
ministère lui-même pour aider à cette situation
budgétaire qui est celle du gouvernement, et sur différentes
pistes qui ont été évoquées à la commission
parlementaire et qui ont fait l'objet d'analyses. Nous aurons à rendre
publiques, très, très prochainement, des décisions qui ont
été prises et, comme je l'ai dit hier, qui n'impliquent pas
seulement l'optométrie, mais qui impliquent l'ensemble des programmes
complémentaires et d'autres choses, bien sûr. Ces
décisions-là, bien sûr, je pourrai les rendre publiques, ou
le ministre des Finances les rendra publiques en temps approprié, d'ici
au maximum une quinzaine de jours.
M. Trudel: Mais quant aux propositions des optométristes
qui ont été mises sur la table...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...qui sont quand même un effort, enfin, une
ouverture assez exceptionnelle, est-ce que vous avez envisagé
déjà... Écoutez, vous avez pris connaissance de ça
hier, me dites-vous. Vous avez reçu un bon nombre de lettres de partout
vous disant que... Oui, c'est vrai qu'ils vous couraient après, c'est le
cas de le dire. Est-ce que vous avez déjà pu vous fixer une
attitude là-dessus, en disant: Bien, écoutez, comme nous
cherchons un certain nombre de millions à la fin de la course, que ces
millions viennent d'où ils voudront, peu importe la façon, si ce
qui m'est proposé sur la table m'amène une certaine
économie... Est-ce que vous vous êtes décidé... Je
n'ose pas vous demander: Allez-vous entrer en négociation et
pourriez-vous échanger ça? Mais vous êtes-vous fixé
juste une attitude quant à cette ouverture assez exceptionnelle par
rapport à d'autres groupes que nous avons rencontrés aussi en
commission parlementaire et qui ont peut-être manifesté moins
d'ouverture là-dessus?
M. Côté (Charlesbourg): De manière
très claire et très nette, l'effort doit être un effort
collectif. Il n'est pas question pour moi de cautionner une démarche qui
n'impliquerait pas l'ensemble du réseau, d'une manière ou d'une
autre. Le réseau va être interpellé. Les dispensateurs de
services, soit les médecins, vont être interpellés. Les
programmes complémentaires vont être interpellés. Il
m'apparaît très clair que ça doit être l'ensemble de
ceux qui bénéficient de ces 12 700 000 000 $ qui doivent mettre
l'épaule à la roue quant aux solutions de la problématique
budgétaire que nous avons et de cette tentative que nous faisons dans
l'esprit des échanges de la commission parlementaire que nous avons
eue.
Je salue très haut l'initiative des optomé-tristes.
Effectivement, il faut le dire, contrairement à d'autres qui sont
restés assis chez eux et qui n'ont pas fait d'effort pour faire des
propositions aussi concrètes que celle-là, il y a un effort,
là, assez important. Elle est, cependant, accompagnée et assortie
d'une condition, qui est celle d'un débat qui dure depuis un certain
temps. C'est habile de leur part de tenter en même temps de donner et
aussi de recevoir, ce n'est pas mauvais non plus comme stratégie. Si
j'étais un optométriste, je serais très fier des gens qui
m'ont défendu avec une stratégie comme celle-là. Chose
certaine, c'est que la condition qui est posée là, ce n'est pas
une condition qui peut se régler dans l'espace de quelques jours, et qui
interpelle aussi un de mes collègues, qui a une responsabilité
qui est celle des corporations professionnelles, et qui doit être au
dossier. Donc, tout en saluant cet effort-là, je ne peux pas en dire
plus à ce moment-ci quant à l'effort que nous demanderons aux
optométristes, au dentaire, aux médicaments, aux médecins,
au réseau, ainsi de suite.
M. Trudel: Je vais saluer ce que je crois lire être comme
une ouverture.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha!
M. Trudel: C'est une ouverture. Enfin, ça peut être
une ouverture ou une absence de fermeture, comme vous voulez, à cet
égard-là, quant au fait que tous les producteurs seront
interpellés, et que dans ce cas précis ces producteurs ont
déjà mis quelque chose sur la table, et ça ne me semble
pas - enfin, je le souhaite aussi - un processus fermé. D'autre part, ce
n'est pas une offre terminale qui me semble être faite du
côté des optométristes. En concluant tout simplement... Je
peux tenter de vous faire dire un mot de plus, un mot de moins. Le processus
législatif prévoit que c'est au ministre des Finances
d'annoncer...
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas... M. Trudel:
...ces mesures-là à terme.
M. Côté (Charlesbourg): ...il y a une chose qui est
certaine, c'est qu'on aura très certainement l'occasion d'en discuter
plus largement,
parce que ça nécessitera éventuellement un projet
de loi. Ça peut vous donner une petite indication.
M. Trudel: Très certainement. Là-dessus, je vais
donc souhaiter qu'il puisse y avoir des modalités qui soient
discutées avec les responsables, et en notant aussi cette argumentation
qui nous a été livrée par les optométristes sur
leur présence partout à travers toutes les régions du
Québec. Ça, c'est aussi important à noter, avec la notion
de transfert de factures qui pourrait se produire. Écoutez, je ne veux
pas entrer dans le détail. Je fais seulement vous dire,
là-dessus, dans les échanges que vous pourriez avoir avec les
représentants des optométristes, ordre et association, qu'il y en
a partout à travers le Québec, et c'est des gens, je pense, qui
ont toujours répondu efficacement aux besoins de type professionnel qui
leur étaient demandés. Ils n'ont pas eu peur, et vous pourriez me
donner toutes sortes de raison quant au fait qu'ils sont partout à
travers le Québec... Ils servent la population québécoise
à travers tout le territoire, et je vais souhaiter que cette ouverture,
ou cette absence de fermeture, puisse se prolonger.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux tout simplement vous
dire là-dessus, parce que, évidemment, vous touchez là un
point névralgique de la situation que nous vivons... Tout ce que je peux
vous dire, c'est qu'il serait irresponsable de se retrouver dans une situation
où il y a du glissement - on se comprend bien - de l'opto-métrie
vers l'ophtalmologie, parce que ce serait très injuste, compte tenu de
la répartition des optométristes sur le territoire par rapport
aux ophtalmos. Je veux vous rassurer là-dessus et, s'il y a une
certitude que je peux vous évoquer à ce moment-ci, c'est qu'il
n'y aura pas de glissement.
M. Trudel: Si tout cela peut signifier aussi une absence de perte
de services pour les gens des régions, j'en serai fort aise avec la
lecture et le résultat.
M. Côté (Charlesbourg): Là, vous en ajoutez
chaque fois.
M. Trudel: Comme dirait l'autre, moi aussi, il faut que je
protège mon monde.
M. Côté (Charlesbourg): Ne vous organisez pas pour
me faire monter toutes les marches de l'oratoire Saint-Joseph, ou vous allez
manquer de temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
(21 h 40)
M. Trudel: Le roi est nu, ne le faites pas danser en plus. Quant
aux services dentai- res - ça va sur l'autre aspect - on pourrait
peut-être l'aborder sous un angle différent. Finalement, M. le
ministre, dans cette opération, le cap recherché, en termes de
réduction de dépenses à la RAMQ, se situe à quelle
hauteur? Je le prends via les services dentaires ici maintenant... On a vu dans
le débat sur le financement qu'on s'entendait pas mal pour dire que 200
000 000 $, c'était le manque à gagner si nous voulions conserver
grosso modo l'assiette de services, le panier de services assurés et les
services actuels avec les modifications légères à apporter
dans le système. Alors, c'est quoi la hauteur du fric recherchée,
eu égard à la RAMQ quant aux services assurés?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Disons-nous d'abord une
chose. Je n'ai pas à réécrire le document qui nous a servi
de guide dans notre commission parlementaire du mois de février.
D'après ce que j'ai pu comprendre, lorsque vous avez fait vos huit
points, je vous ai dit qu'il y en a au moins un sur lequel on était
totalement d'accord, c'était le point 5. Vous vous rappelez? Dites-moi
donc quel point c'était?
M. Trudel: Les transferts fédéraux. Moi, j'ai
hâte à l'automne, là.
M. Côté (Charlesbourg): De ce que j'ai compris,
ça n'a pas bien bien évolué depuis ce temps-là,
hein? Ils ne nous ont pas annoncé...
M. Trudel: Le cancer évolue plus vite, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Même Lucien sur son
cheval blanc n'est pas revenu avec les lingots d'or encore. Donc, à
partir de ce moment-là, la situation est toujours la même sur le
plan financier. Ce que nous recherchons, évidemment, c'est entre 200 000
000 $ et 400 000 000 $ par année au cours des cinq prochaines
années.
M. Trudel: Chaque année?
M. Côté (Charlesbourg): Chaque année.
M. Trudel: Je ne suis pas pour défaire mon petit tableau,
moi non plus, étudié par la commission parlementaire, sur le
débat sur le financement, chaque année. Donc, c'est à peu
près l'horizon que vous vous êtes fixé forcément
pour l'année à venir. Quand vous évoquiez que tous les
autres programmes complémentaires feraient éventuellement l'objet
de décision, ça comprenait également toute la question des
soins dentaires, qui font partie, dans la définition actuelle, des soins
complémentaires.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Quant au volet plus délicat des
médicaments aux personnes âgées, c'est évident
qu'il y a là une évolution, au niveau des coûts, qui
est assez effarante quant aux montants qui sont consacrés au niveau de
ces services - j'essaie de retrouver mes chiffres, là... En tout cas,
pour 1992-1993, donc, le programme passe de 471 000 000 $ à 528 000 000
$. Ça, c'est une hausse de 12 %, incluant les 7 % au niveau des
coûts des médicaments eux-mêmes dans vos prévisions
et une hausse de 8,8 % au niveau du nombre de médicaments. Il y a
différentes options, différentes avenues qui ont
été évoquées en commission parlementaire. Est-ce
que le gouvernement envisage la réduction ou une affectation des sommes
globales consacrées à ce chapitre des médicaments aux
personnes âgées via la réduction de la consommation ou la
participation des usagers?
M. Côté (Charlesbourg): Très bonne pilule.
Disons qu'il n'y a pas une solution unique.
M. Trudel: Je m'excuse, je n'ai pas écouté.
M. Côté (Charlesbourg): Disons qu'il n'y a pas une
solution unique.
M. Trudel: Dans l'ensemble de la...
M. Côté (Charlesbourg): Avez-vous besoin de vos
lunettes?
M. Trudel: Ah oui, ah oui. Je remercie le cher professionnel qui
m'a procuré cette prothèse, qui réduit mon mal
d'âge.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): J'ai l'impression qu'il a
fourni la prothèse et le papier.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Pas le mien. Écoutez, vous dites qu'il y a des
solutions mixtes au niveau des médicaments pour personnes
âgées et, par ailleurs, vous prévoyez également une
campagne de publicité, d'information, etc.
M. Côté (Charlesbourg): C'est davantage sur le plan
de la «mal-consommation» ou de la surconsommation des
médicaments.
M. Trudel: Mais est-ce que vous escomptez des résultats de
cette campagne de sensibilisation, des résultats qui soient suffisamment
grands pour faire une pression à la baisse au niveau de la consommation
et qui nous amèneraient inévitablement à une
réduction des coûts?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il est à
peu près certain qu'une bonne information pourra avoir une incidence sur
le niveau de consommation et, par conséquent, sur la facture à
payer.
Il serait assez difficile d'estimer de manière globale un
succès retentissant dès cette année. Ça peut avoir
un certain nombre d'effets, mais, évidemment, on est, à ce
moment-là, dans de la projection. On en tient aux différentes
mesures contre... mais, évidemment, vous conviendrez avec moi que
ça ne fera très certainement pas le compte.
M. Trudel: Est-ce que votre campagne d'information et de
publicité va viser les usagers, les utilisateurs ou les
prescripteurs?
M. Côté (Charlesbourg): La campagne de
publicité?
M. Trudel: Par exemple.
M. Côté (Charlesbourg): La campagne de
publicité dont il est question là vise davantage les utilisateurs
parce que, évidemment, c'est là qu'il faut informer. Une campagne
de publicité... Pour rejoindre 16 000 prescripteurs, je ne suis pas
sûr qu'il n'y a pas d'autres moyens qu'une campagne de publicité
pour y arriver.
M. Trudel: Est-ce que vous comptez utiliser également
d'autres moyens pour rejoindre les 16 000 prescripteurs...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: ...et de les mettre à contribution?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: est-ce que ça ferait partie également de
la panoplie des mesures à être éventuellement
appliquées dans l'optique de la réduction de l'utilisation?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, sans
nécessairement que ça s'accompagne de coûts dignes de
mention ou d'économies dignes de mention directement reliées
à ça. Les économies, ça va être sur la
consommation globale, ce n'est pas sur le fait qu'on interpelle le prescripteur
quant à un niveau d'information plus adéquat pour celui qui doit
avoir en sa connaissance l'ensemble de la consommation de l'individu, donc,
pour la «mal-consommation» ou surconsommation de
médicaments.
M. Trudel: À cet égard, est-ce que la piste qui a
été utilisée par le ministre de la Sécurité
du r3venu au niveau des prestataires d'aide sociale est une mesure qui a
été examinée également à votre
ministère, en matière de contrôle des usagers, quant aux
prescriptions qui leur sont faites par les prescripteurs et qui, dans le
secteur de la sécurité du revenu, a amené un nouveau mode
de contrôle des individus qui
jouissaient de ce privilège-là?
M. Côté (Charlesbourg): C'a été
examiné, oui, mais pas nécessairement retenu pour le moment.
M. Trudel: Finalement, M. le ministre... Oui, on va avoir
très hâte au budget, s'il n'y a pas moyen d'avoir des
réponses ici.
Des voix: Ha, ha, ha!
(21 h 50)
M. Trudel: Les personnes âgées en ont encore pour 15
jours. J'espère que ça ne prendra pas trop de médicaments
pour durer durant cette période là. C'est assez surprenant, par
ailleurs, au niveau des coûts que vous avez évalués, ce que
je vous citais tantôt, une hausse de 7 % des coûts de
médicaments. Vous devez vous souvenir, vous aussi, des grandes promesses
sur la place publique de l'industrie pharmaceutique, des fabricants de produits
brevetés versus les génériques. Les brevetés
s'engageaient à ce que les médicaments n'augmentent pas plus que
l'indice des prix à la consommation si on leur garantissait toute la
période de protection recherchée à l'intérieur de
la loi 22, ce qui est devenu la C-22 au fédéral.
C'est une augmentation, compte tenu de vos propres prévisions en
matière de taux d'inflation, assez magistrale au chapitre des
médicaments, bien sûr, eux-mêmes, au chapitre des
coûts générés par les médicaments. Vous ne
trouvez pas, là-dessus, que l'augmentation de la masse, la pression
à la hausse, est également due en grande partie souvent aux
producteurs, aux prescripteurs, tels qu'on les a décrits souvent dans
nos échanges, ou à une mauvaise utilisation de la part des
usagers, enfin, des utilisations moins adéquates? Mais ça part
directement de la base, de la fabrication et de l'industrie pharmaceutique et
des promesses qu'ils nous ont faites. La promesse, c'est qu'on va payer encore
pas mal plus cher.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
demain, sur le coup de 1 h 15, j'aurai l'agréable tâche de signer
une entente avec l'AQPP, l'Association québécoise des pharmaciens
propriétaires. J'ose espérer qu'on va parler autant de cette
réjouissance demain que de nos échanges très cordiaux
pendant deux ans pour en arriver à une entente. Dans cette entente, on
parle de PRA, on parle de PVG. Ce sont des mots qui sont très lourds de
sens: PRA, prix réel d'acquisition; PVG, prix de vente garanti. Donc,
c'est un nouveau vocabulaire, et quand on parle de PVG, le principe est fort
simple, c'est le prix de vente le plus bas au Canada.
Donc, à ce moment-là, je pense qu'on se permet d'ajouter
des éléments à notre arsenal pour avoir un contrôle
sur les prix pour obtenir les meilleurs prix et que, dans ce sens-là, on
devrait être dans une situation plus intéressante et plus
confortable pour le trésor public avec cette entente. Ça ne veut
pas nécessairement dire que ça couvre la totalité de la
consommation des médicaments, parce qu'il y a de nouveaux
médicaments qui apparaissent et qui apparaissent aussi sur les listes
qui sont mises à jour aux six mois et qui, dans ces cas-là,
coûtent très chers et sont, des fois, à certaines
occasions, des médicaments uniques, donc pas encore copiés, pour
prendre l'expression populaire et qui, dans ce sens-là, nous
coûtent un peu plus cher et sont une cause importante de l'augmentation
des coûts de ce programme-là.
Là où nous pouvons avoir un contrôle... Je pense que
l'entente que nous avons avec l'AQPPest une bonne entente. Finalement,
avec le PRAet le PVG, ça nous garantit, effectivement, que nous
aurons les meilleurs prix au Canada et ça, c'est assez exceptionnel,
c'est une bonne décision.
Quant aux médicaments uniques... Évidemment, on est dans
des médicaments uniques avec tout ce que ça comporte. Je vous
rappellerai l'expérience que nous avons vécue de
l'erythro-pïetine, il y a deux ans, où c'était un
médicament unique qui procurait une satisfaction assez importante
à la clientèle et qui, du mois de novembre 1989 au mois de mars
1991... On se rappellera l'article de M. Bellefeuille dans Le Soleil
qui, à l'époque, a dit: L'État a de l'argent pour
payer telle, telle, telle affaire, mais n'a pas d'argent pour payer un
médicament qui est nouveau, qui a fait son expérience et qui a
prouvé son utilité. Finalement, nous avions accepté,
à l'époque, de prendre la responsabilité de la compagnie
pharmaceutique et j'attends encore de cette compagnie pharmaceutique un
remboursement d'honneur pour la relève que le ministère a prise
pour défaut de respect de parole de cette compagnie quant aux services
que les 70 personnes à travers le Québec avaient pu recevoir
grâce à des sommes que nous étions allés chercher
à l'époque pour couvrir ce médicament-là.
Mais c'est des médicaments uniques, et, évidemment, on est
à la merci des compagnies quant aux prix, quant à ce que
ça coûte. Il faut bien comprendre aussi qu'il y a des coûts
de reliés à la recherche pharmaceutique, à ce
niveau-là, qui permettent définitivement de faire de la
recherche. Il y a des coûts, puis il faut les payer quelque part.
Ça se paie sur le médicament.
M. Trudel: C'est ça, il y a une évolution des
coûts. Je comprends que les nouveaux médicaments font partie de
l'évolution, mais il y a aussi d'autres médicaments qui, bon, en
termes de médicaments génériques, apparaissent de plus en
plus et aussi font une pression à la baisse là. Alors, un dans
l'autre, dans les conditions du marché, il faut quand même
s'étonner que tout
ça aille rapidement vers une pente qui nous conduise à 7 %
d'augmentation sur la masse monétaire consacrée aux
médicaments. Ça peut nous amener à avoir comme conclusion
de mettre de la pression sur les usagers, les personnes âgées,
à qui on a décidé d'assurer ce service. Alors, je souhaite
que tout cela soit également examiné pour que non seulement les
prescripteurs, mais les producteurs eux-mêmes soient aussi mis à
contribution dans la mesure où on peut le faire, tout comme...
Vous avez donc reçu des propositions dans d'autres secteurs, et
là je reviens sur le secteur dentaire et sur le secteur de
l'optométrie. Voulez-vous que je vous le lise le petit message?
Voulez-vous que je vous lise le petit message sur l'optométrie, sur la
proposition qui vous a été faite? Il n'y aurait pas de conditions
quant aux 10 400 000 $ avec les 3 000 000 $ d'épargne à
réaliser sur les prescriptions thérapeutiques. Ce que je note
avec le petit...
M. Côté (Charlesbourg): Ça évolue,
ça évolue.
M. Trudel: ...papier, c'est que l'intention demeure, du
côté des optométristes, très ouverte à la
négociation. Je souhaite que ça puisse déboucher non
seulement sur les services, mais également atteindre vos objectifs,
puisque vous avez la responsabilité d'assumer cette
responsabilité-là.
Actes médico-administratifs
En parlant toujours de producteurs, M. le ministre, la RAMQ, on va
essayer d'éclaircir aussi des coûts qui, au niveau de
l'augmentation de la masse totale des prévisions, des crédits
budgétaires à la RAMQ, me semblent assez importants, toute la
question de la rémunération du médico-administratif dans
notre système hospitalier. Vous avez parlé d'excellents
journalistes de Montréal qui ont fait des articles tantôt. Il y a
également d'excellents journalistes de Québec qui ont fait des
bons papiers là-dessus. M. le ministre, sauf erreur - on va commencer
par éclaircir cela - toute la partie de ce qu'on appelle les actes
administratifs par les médecins, dans le système hospitalier en
particulier, tout ça jusqu'à maintenant était, de
façon officielle, non rémunérée. Est-ce juste?
M. Côté (Charlesbourg): C'est à moitié
vrai, à moitié faux.
M. Trudel: Dites-moi la moitié...
M. Côté (Charlesbourg): Bien, c'est que... Bon, je
dis à moitié, mais c'est juste pour tenter de l'illustrer
là. À ce moment-ci, je ne suis pas capable de vous dire... Par
exemple, les 200 000 000 $ qui sont versés à des médecins
sous le vocable de vacation, je ne peux pas vous certifier qu'il n'y a pas des
charges administratives qui sont incluses là-dedans. Et 200
000 000 $, c'est quand même assez important Lorsqu'on parle de la
psychiatrie, il est clair qu'il y a du médico-administratif qui est
rémunéré. Dans le reste, je pense qu'on peut dire, de
manière très large, que le médico-administratif n'est pas
rémunéré. Pour le psychiatrique, il y en a...
M. Trudel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...et, dans les 200 000 000
$ de vacation, il y a très certainement, très, très
certainement du médico-administratif. (22 heures)
M. Trudel: Bon, là vous avez - je tire ça de
L'Actualité Médicale - le Dr Richer, de la
Fédération des omnis, qui donne sa version des faits. Vous avez
négocié, au ministère, ce paquet de la
rémunération du médico-administratif. Il semble y avoir
une entente sur la table. Moi, ma conclusion là-dessus, compte tenu du
temps là, c'est que je relie ça aux trois premières
questions que je vous posais en termes d'éventuelles coupures de
services. Est-ce qu'on est en train de s'ajouter quelque chose entre 30 000 000
$ et 60 000 000 $ de services administratifs par le personnel médical
dans nos établissements avec cette entente, avec cette
négociation pour rémunérer le médico-administratif
dans notre système? Est-ce qu'on est en train de s'ajouter, dans les
crédits de la RAMQ, une tranche importante d'argent pour les producteurs
dans notre système médico-administratif?
M. Côté (Charlesbourg): La question est plus large
que ça. Les centres hospitaliers, en particulier, nous ont, au fil des
derniers mois, je dirais même des dernières années,
vanté les mérites d'un médico-administratif
rémunéré qui occasionnerait des économies
sensibles, sans pouvoir les quantifier, des économies assez importantes
à l'intérieur des établissements par quelqu'un qui,
effectivement, pour une fonction administrative, est
rémunéré et, par conséquent, peut - je dis bien
peut - sur le plan administratif influencer des collègues dans la
pratique qui nécessairement occasionnerait des économies. Ce que
les officiers du ministère ont échangé avec les
fédérations médicales, bien sûr, sur le
médico-administratif - d'ailleurs, il en était question dans
notre document du 7 décembre, sur le plan du
médico-administratif, ce n'est pas nouveau - c'est ce que ça
pourrait comporter en termes d'échanges. C'est à ce
niveau-là que ça s'est échangé. Le ministre n'a pas
encore quant à lui donné sa bénédiction à
l'ensemble de l'oeuvre. Ça va venir bientôt.
M. Godin: En imprimatur...
M. Côté (Charlesbourg): En imprimatur. M. Godin:
...comme on dit au Vatican.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce sens-là...
C'est une journée très spirituelle: l'apparition en Chambre et
l'imprimatur du Vatican ici.
M. Godin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, on est dans une
situation où on m'a sensibilisé à des progrès
très importants dans ces échanges avec les officiers du
ministère qui ont cette responsabilité-là.
Évidemment, d'aucune manière, à ce moment-ci, les montants
d'argent n'ont été identifiés et encore moins d'où
ils vont provenir. Il est bien évident que, à partir du moment
où ce serait cela, il y a deux possibilités. Il y a une
première possibilité que ça vienne de la RAMQ. La
deuxième possibilité, c'est que ça vienne des
établissements. Si, effectivement, il y a autant d'économies que
les gens nous le disent, peut-être que c'est une source. Peut-être
que c'est une source mixte aussi. Il est bien évident que c'est des
possibilités, et il n'y a strictement rien d'arrêté
à ces niveaux-là quant à l'endroit, quant au mode, quant
au quantum sur le plan financier. On n'est pas rendu là. D'abord, on va
regarder les documents qui ont fait l'objet de passablement d'échanges
et, à la lumière de ça, on décidera.
M. Trudel: Ce serait assez effarant de constater qu'au même
moment où on cherche des montants du même ordre de grandeur que
pour les yeux, les dents et les médicaments pour personnes
âgées, ce serait assez incroyable qu'on puisse du
côté du médico-administratif s'imputer des coûts
aussi importants. Je constaterais là un déséquilibre quant
à la force de pression des uns et des autres qui serait
inacceptable...
M. Côté (Charlesbourg): Mais vous...
M. Trudel: ...socialement. Ça n'aurait pas de bon
sens.
M. Côté (Charlesbourg): ...remarquerez que j'ai
évoqué deux possibilités, dont celle de l'enveloppe de la
RAMQ où il y a déjà des montants d'argent pour la
rémunération des médecins. C'est une possibilité.
La deuxième, c'est quand j'ai parlé des établissements,
j'ai dit bien sûr que c'était en fonction des économies que
pourrait engendrer ce médico-administratif, puisqu'il y a, semble-t-il,
des possibilités d'économie. Donc, c'est un débat qui
n'est pas tranché à ce moment-ci, qui est un petit peu plus
avancé qu'il l'était au moment de la réforme, où il
y a eu une collaboration des fédérations médicales avec
les officiers du ministère qui ont avancé dans ce genre de
négociation là.
On verra quant à l'avenir. Mais je vous dirai tout de suite que
sur le plan des sommes d'argent, si c'est pris dans la masse qui sert à
la rémunération des médecins, ça peut être
mis en application assez vite. Je ne suis pas sûr que c'est
nécessairement ce que souhaitent les médecins. On verra.
M. Trudel: Bon. Si ça ajoute un coût, que ce soit
à la RAMQ ou que ce soit au ministère ou que ce soit de l'argent
du public, si on est en train de négocier quelque chose qui rajoute une
masse budgétaire importante au même moment où on se
restreint au plan de la disponibilité des services, il y a comme une
équité partout à poursuivre là-dedans.
M. le ministre, je vais quitter cette...
M. Côté (Charlesbourg): Je ne voudrais pas vous
laisser sur de mauvaises informations. Vous pouvez donc vérifier en
présence de Mme Lemieux...
M. Trudel: Oui. Les négociateurs de l'été
passé. Ça a peut-être commencé là, cette
histoire-là. Là, c'est comme au hockey ça, M. le
Président. Le temps est arrêté, là. C'est un
à un?
Le Président (M. Joly): C'est un à un, oui.
M. Trudel: C'est un à un, le temps est
arrêté. Très bien.
M. Côté (Charlesbourg): Pour bien se comprendre,
tout ce dont on a convenu, c'est un cadre juridique. Il n'y a pas eu de
négociations quant à ce que ça représente sur le
plan financier et à l'ajout, soit à la RAMQ... Moi, j'ai
poussé la discussion plus loin parce que, évidemment, elle va
finir par être poussée plus loin au cours de l'année, mais
pas à ce moment-ci.
M. Trudel: Bon, alors, vous n'aurez pas besoin d'émettre
de communiqué de presse. Ça s'est fait par le même
moment.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Aucun problème.
À part de ça, c'est directement de la bouche du cheval, hein?
Des voix: Ha, ha, ha!
La carte à puce
M. Trudel: Compte tenu du temps toujours restreint,
l'expérience carte à puce dans la région de
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie qui doit s'enclencher, sauf erreur, l'automne
prochain...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Ça s'enclenche
au mois de septembre.
M. Trudel:... dans les crédits... M. Côté
(Charlesbourg): Oui. M. Trudel:... de la RAMQ... M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Trudel:... le langage cantin, j'imagine, il y a une
série de contrats sur la présentation spéculative de la
carte-santé, annexe 7. y a-t-il une erreur de dactylographie ou quelque
chose? il y a une série de contrats qui sont prévus sur la
présentation spéculative de la carte-santé. ça,
est-ce que c'est un nouveau jargon pour... c'est à l'annexe 7.
M. Côté (Charlesbourg): Là, vous parlez de 92
$, 600 $, 300 $, 108 $, 270 $?
M. Trudel: Oui, entre autres.
M. Côté (Charlesbourg): C'est de ça que vous
parlez? Ce n'est pas des milliers, ça là, hein...
M. Trudel: Non, non.
M. Côté (Charlesbourg):... ce n'est rien que des
piastres, là.
M. Trudel: La réponse à la RAMQ, annexe 7,
là...
M. Cantin (Réjean): L'annexe 7, la première partie,
c'est des enregistrements de messages téléphoniques dans le cadre
de la carte d'assurance-maladie parlante, qui n'est pas, d'aucune façon,
la carte à puce. Vous avez une campagne d'information sur le pouls de la
population par rapport à la question de la carte valide avant qu'on ne
la mette en application. Vous avez aussi un contrat qui a été
octroyé dans la région de Rimouski, une somme d'environ 30 000 $,
pour les communications qui vont être reliées à la carte
à puce. (22 h 10)
M. Trudel: Donc, dans l'expérience Saint-Fabien, dans le
coin de Rimouski, l'implantation de la carte à puce l'automne prochain,
évidemment, ça a défini... L'expérience carte
à puce l'a défini de façon très claire, tout
l'équipement informatique en support à cela a été
sélectionné par entente avec une entreprise, une grande
entreprise, IBM, sans appel d'offres. Est-ce que vous pouvez nous
éclaircir cela? Je veux dire, évidemment, comme on est au plan de
l'expé-rience-pilote, vous allez me dire: II faut peut-être
engager le moins de fonds possible, mais là c'est le pied dans la boite,
hein? Dans la mesure où on fait une expérience pour,
éventuellement, l'extensionner à la grandeur du Québec,
c'est... Comment se fait-il qu'on ait procédé sans appel d'offres
quant au matériel dont on avait besoin?
M. Côté (Charlesbourg): d'abord, ça, ce n'est
pas vrai. il y a eu des appels d'ofres première des choses.
deuxièmement, vous me voyez totalement renversé de votre
question. dans la question précédente, vous me disiez: ne
dépensez pas l'argent du monde, et, dans cette. question-ci, on sauve
l'argent du monde et vous posez la question pareil.
M. Trudel: Non. Sauvez l'argent du monde, c'est aller en appel
d'offres. Je ne suis pas sûr qu'on n'aurait pas sauvé...
M. Côté (Charlesbourg): Un instant! Non, non, non.
J'ai bien dit, au départ, que nous sommes allés en appel
d'offres, et M. Cantin va vous faire toute la lumière sur ce dossier,
qui a fait l'objet d'une préoccupation régionale très
importante dans la région de Québec et qui a fait l'objet aussi
d'une diffusion sur le réseau national, s'il vous plaît. À
vous, M. Cantin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: En même temps - il ne reste pas beaucoup de
temps - c'est à la page 2 du document de trois pages, la
présentation spéculative relative à la
carte-santé.
M. Cantin: Oui.
M. Trudel: Vous allez m'expliquer ça dans le
langage...
M. Côté (Charlesbourg): Vous me faites toujours peur
un peu, à une présentation. Je pensais que c'était
spectaculaire, et là j'ai dit...
M. Trudel: Non, non.
M. Côté (Charlesbourg):... je l'ai
échappé belle.
M. Trudel: La spéculation, ce n'est pas mon rayon, on a vu
ça ce matin.
M. Côté (Charlesbourg): Je l'ai
échappé belle encore celle-là.
M. Trudel: La spéculation, ce n'est pas mon rayon. On a vu
ça ce matin.
Le Président (M. Joly): Alors, la dernière
réponse de la soirée, M. Cantin.
M. Cantin: Dans le fond, c'est fort simple. On est allés
en appels d'offres vis-à-vis de toutes les firmes qui étaient des
«partners» économiques dans le secteur de l'informatique. On
est allés en appels d'offres auprès de 11
firmes. Quatre ont répondu, et une grille d'analyse comme telle
avait été mise de l'avant. À cette grille d'analyse, une
seule firme répondait à 100 % aux exigences de l'appel d'offres.
Il y a eu un cahier de charges qui a été également
conçu à cet effet-là. Le même cahier de charges, il
va de soi, a été envoyé à tous ceux qui
étaient intéressés.
M. Trudel: Et la présentation spéculative?
M. Cantin: La présentation spéculative, on me dit
qu'il faut aller avec ces termes. C'est pour l'objet de
créativité suite à un appel d'offres.
M. Trudel: Vous allez changer le soleil? Vous allez changer les
arbres sur la carte?
M. Cantin: Non, non, non. Même s'il y a un esprit de
renouveau à la Régie, on n'a pas l'intention de changer cette
merveilleuse carte-soleil.
M. Trudel: vous pouvez faire comme les optométristes,
ça va bouger. la carte... les arbres vont bouger, et il va y avoir du
reflet à quelque part. alors, c'est juste pour la présentation,
le graphique de la carte.
M. Cantin: c'est ça. ça sera une autre carte, pour
ne pas qu'il y ait de mélange avec la carte-soleil. et elle est jolie.
en temps opportun, le ministre pourra l'annoncer.
M. Trudel: Vous avez...
M. Côté (Charlesbourg): La carte?
M. Trudel: ...consulté du monde. Ça va être
beau, ça va être quelque chose.
M. Côté (Charlesbourg): Avec photo?
M. Cantin: Non, pas la carte avec photo, la carte avec la
puce.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: M. le Président...
Le Président (M. Joly): M. le député, compte
tenu de l'heure, je suis prêt à reconnaître que vous avez
encore quelques questions à poser que vous aimeriez voir enregistrer aux
galées, sujettes, peut-être, à recevoir
éventuellement des réponses. Alors, je suis prêt à
accepter, dans un style différent, les questions que vous auriez
à poser parce que, d'habitude, vous les posez d'une façon assez
étendue. Alors, je suis prêt à vous reconnaître ces
quelques minutes de façon à ce que vous enregistriez aux
galées les...
M. Côté (Charlesbourg): Vous diriez même d'une
façon doctorale?
Le Président (M. Joly): Je dirais d'une façon assez
encadrée.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, M. le député,
je vous reconnais.
M. Trudel: Comment expliquer, M. le Président, que le
ministère de la Santé et des Services sociaux ait donné un
contrat pour effectuer des illustrations cartographiques sur les
délimitations territoriales du Québec pour 6000 $, page 67,
renseignements complémentaires? Est-ce que cela ne relève pas du
ministère de l'Énergie et des Ressources, à ce que je
sache?
Je constate, en page 97, que vous prévoyez des renseignements
complémentaires, que vous prévoyez des augmentations
substantielles pour les droits de permis d'embaumeur...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, monsieur!
M. Trudel: ...de même que pour les permis de laboratoire.
Vous passez du simple au double.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, monsieur!
M. Trudel: Vous faites passer vos revenus de 500 000 $ à 1
000 000 $. Est-ce que vous ne craignez pas que ça se répercute
toujours chez les consommateurs ou ceux qui paient pour les consommateurs? Ceux
qui paient, ceux-là, ils sont sûrs de ne pas protester. C'est
à peu près la dernière gang que vous n'aviez
«punché» au Québec, les morts.
J'ai une autre question. Est-ce possible d'avoir une copie des
statistiques annuelles de la RAMQ pour 1990-1991, les statistiques annuelles,
officielles? En terminant, j'aurais bien aimé que le ministre nous
explique la nécessité d'un contrat de 9800 $ qui a
été accordé à la firme Contrefort inc. pour
préparer un dossier ministériel pour fins de présentation
aux députés gouvernementaux. C'est tel qu'indiqué dans les
crédits, pour les députés gouvernementaux. Est-ce qu'il y
a un autre contrat à venir aussi pour les autres députés
de l'Assemblée nationale?
Finalement, la dernière question sur laquelle j'aimerais obtenir
une réponse après enregistrement ici, à propos de...
à la demande no 6 que nous avions faite sur les contrats de moins de 25
000 $. On indique qu'il y a eu des contrats de 27 192,98 $ au YMCA de
Québec. Ça couvre quatre contrats pour des sessions de
«stretching» pour les employés du ministère. Je
comprends qu'ils ont de bonnes raisons d'avoir des séances de
«stretching», avec tout ce qu'on s'est expliqué aujourd'hui,
mais là-dessus je constate que ces 27 192 $... Je veux juste voir si
c'est la prati-
que habituelle - quatre contrats qui totalisent 27 192 $ - dans quel
cadre ça s'est fait et si on n'a pas le personnel au ministère
pour compléter ces travaux-là.
Le Président (M. Joly): Voulez-vous déposer votre
document, M. le député?
M. Trudel: Non.
Le Président (M. Joly): Ça aurait peut-être
facilité pour avoir des réponses plus rapidement.
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président...
Le Président (M. Joly): On référera aux
galées.
M. Côté (Charlesbourg): ...on référera
peut-être aux galées, puis, finalement, je répondrai de la
même manière.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Joly): Alors, la commission...
M. Trudel: Je m'excuse, M. le Président. J'en avais
oublié une. M. le ministre, j'en avais oublié une. Elle est
exprès pour le ministre, celle-là, pour terminer, en le
remerciant pour les travaux d'aujourd'hui et les réponses aux questions
qui nous ont été apportées. Il faudrait nous expliquer
pourquoi les crédits de libération syndicale dans le
réseau, qui étaient de 1 133 000 $, passent l'an prochain
à 4 231 000 $ au chapitre des libérations syndicales pour
l'année 1992-1993.
Je remercie le ministre pour l'ensemble des questions auxquelles il a
répondu aujourd'hui, en regard des crédits santé et
services sociaux. Merci, M. le Président, également.
Le Président (M. Joly): merci, m. le député,
m. le ministre. nous ajournons nos travaux à demain matin, 9 h 30 en
cette même salle. merci et bonne soirée.
(Fin de la séance à 22 h 19)