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(Neuf heures quarante minutes)
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous le voulez bien,
la commission des affaires sociales va débuter ses travaux. Je vais
rappeler d'abord le mandat qui est, évidemment, d'étudier les
crédits budgétaires du ministère de la Santé et des
Services sociaux et de la Régie de l'assurance-maladie du Québec
pour l'année financière 1991 1992, étant entendu que ce
matin nous abordons, à l'intérieur de l'étude de ces
crédits, les volets polytoxicomanle et adoption internationale. Je crois
qu'il y a eu entente, que la première partie des débats porte sur
les polytoxicomanies et que, par la suite, on passe à l'adoption
internationale, si vous êtes d'accord. Est-ce qu'il y a des
remplacements, Mme la secrétaire?
Polytoxicomanies
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. Mme
Boucher-Bacon (Bourget) sera remplacée par M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), et M. Joly (Fabre) par M. Maltais (Saguenay).
La Présidente (Mme Marois): Alors, bienvenue à nos
travaux. Je vais donc laisser la parole d'abord au ministre, s'il a quelques
déclarations préliminaires à faire maintenant devant les
membres de la commission.
Remarques préliminaires M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Vous vous souviendrez, Mme
la Présidente, que si nous sommes à nouveau réunis ce
matin, c'est qu'il y a eu quelques accidents de parcours à
l'Assemblée nationale et que, normalement, nous devrions
déjà avoir terminé, compte tenu du fait que nous avions
consacré presque une semaine d'étude des crédits. Les
déclarations préliminaires que j'avais à faire ont
été faites au moment où on a passé
déjà 17 heures à l'étude des crédits.
À ce moment-ci, je pense que je serais disposé à
répondre aux questions de Mme la députée, à
utiliser ce temps-là davantage pour répondre à des
questions avec mes collaborateurs que pour tenter de vous passer une salade que
vous connaissez très bien, j'imagine, et que je n'ai pas besoin de vous
présenter à nouveau.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie, M. le
ministre, en espérant...
M. Côté (Charlesbourg): Je le ferai par les
questions.
La Présidente (Mme Marois): ...que les accidents de
parcours évitent qu'on ait à reprendre comme ça le temps
ainsi perdu. Mme la députée de Marle-Victorin, est-ce que vous
avez quelques remarques préliminaires...
Mme Vermette: Oui, alors...
La Présidente (Mme Marois): ...à faire à ce
moment-ci?
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: oui, merci, mme la présidente. alors, m. le
ministre, ça me fait plaisir de pouvoir discuter avec vous du sujet de
la toxico. bien sûr qu'on connaît très bien, vous et moi, la
problématique, pour en avoir aussi discuté au moment
d'échanges à la période de questions et aussi pour avoir
suivi les initiatives qui ont été prises de part et d'autre,
d'une part par la commission de m. mario bertrand, et aussi pour avoir pris
connaissance des orientations de votre ministère. on sait très
bien que la toxico, ça touche plusieurs ministères. vous
êtes plus concerné, en fait, à travailler en collaboration.
c'est tantôt les problèmes de justice, c'est tantôt dans le
domaine du travail, tantôt au niveau scolaire et c'est tantôt aussi
dans le milieu hospitalier. je pense qu'il n'y a pas un ministère qui ne
peut pas être concerné par le problème de la consommation,
en fait, toxique, que ce soit médicaments, que ce soit drogues, que ce
soit alcool.
On s'aperçoit que si, à quelques endroits, il y a une
diminution au niveau de la consommation d'alcool, par contre il y a
augmentation au niveau d'autres consommations de drogues, notamment au niveau
de la cocaïne et des drogues plus dures. Et, surtout, ce dont on
s'aperçoit, c'est la nette tendance à la "mixité",
c'est-à-dire polytoxicomanie, en fait consommation mixte des drogues.
Alors, on sait que ça représente des coûts énormes
et astronomiques et que ce n'est pas facile aussi de faire bouger ou changer
des mentalités ou de parler prévention. La plupart des gens qui
oeuvrent dans le milieu disent qu'il faut, à la fois, bien sûr,
prendre une orientation répressive, mais aussi stopper la demande, et
c'est là qu'il est très difficile, en fait, de trouver des
moyens. Comment peut-on stopper la demande? Et c'est là aussi qu'en bout
de ligne on s'aperçoit du nombre effarant de victimes qui circulent
actuellement dans nos rues du Québec et aussi qui ont... C'est le
désespoir le plus total pour plusieurs d'entre eux. Alors, au
niveau du rapport Bertrand, il avait permis de faire une cueillette de
données assez importante et intéressante en identifiant vraiment
la situation, et je pense que, là-dedans, le rapport Bertrand a eu le
mérite, en tout cas, d'apporter des considérations et des
orientations chiffrées.
Comparativement aux orientations ministérielles, où
c'était vraiment de vagues énoncés, le rapport Bertrand,
tout de même, apportait des solutions avec des montants d'argent et avec
un échéancier, ce qu'on n'a pas vu à l'intérieur
des orientations ministérielles. En fait, les orientations
ministérielles ressemblent davantage à un devoir qu'on doit faire
à tous les deux ans. D'ailleurs, quand on regarde un petit peu à
l'intérieur de l'introduction, c'est toujours, en fait, les mêmes
bons voeux qu'on fait.
Tout ça pour vous dire que le rapport Bertrand, tout de
même, chiffrait ses recommandations à 187 000 000 $, 33
recommandations avec l'injection de 187 000 000 $. Maintenant, on
s'aperçoit qu'on est en fait très loin du 187 000 000 $ dans la
réalisation des recommandations du rapport Bertrand. Aussi, il faut se
dire qu'au niveau des organismes, on se pose beaucoup de questions au niveau
des ressources tant sur le plan humain que financier, et on s'aperçoit
que beaucoup de maisons qui donnent des soins et des services dans le milieu de
la toxicomanie ferment leurs portes, ont de la difficulté à
survivre. Là-dessus, on ira plus en profondeur pour se poser des
questions, à savoir est-ce qu'on a établi une politique d'aide
aux différentes maisons d'hébergement? Est-ce qu'on a
privilégié ou ciblé, en fait, des catégories
d'établissements ou de ressources dans le domaine de la toxicomanie?
Là-dessus, je pense que c'est important de vérifier l'orientation
du gouvernement à ce niveau-là. Et je pourrais lui dire que ma
collaboration lui est toujours acquise, puisque j'ai déposé un
projet de loi et que, même si le ministre me dit toujours que c'est un
petit peu retourner en arrière, par rapport à ce qui existait
précédemment avec l'OPTAT, c'est très peu
considérer, en fait, tout le bienfait que l'OPTAT a pu apporter à
ce moment-là, puisqu'il est devenu le modèle à travers le
Canada...
Si on regarde justement, la Addiction Foundation Research a pris
modèle sur l'OPTAT; et maintenant, la Addiction Research Foundation
devient la ressource la plus importante du pays et aussi à tous les
niveaux, même sur le plan international. Donc, je pense qu'effectivement
le modèle a fait ses preuves, et je pense que, si on avait pu avoir et
maintenir un tel service au Québec, nous ne serions pas les enfants
pauvres dans le domaine de la toxicomanie, mais, bien au contraire, on pourrait
jouer un rôle majeur dans le domaine de la prévention, alors qu'on
sait très bien... Lorsque j'ai fait les crédits avec le ministre
de ta Sécurité publique, on s'aperçoit que le
Québec est la plaque tournante, en fait, pour le passage de drogues. On
est un peu une passoire, ici, au Québec. Et quand on regarde les tonnes
et les tonnes qui circulent à l'heure actuelle, je pense qu'il faut
faire des efforts assez importants pour justement atténuer les effets,
surtout au niveau des victimes, à l'heure actuelle, et pour trouver des
moyens pour mettre en place des mécanismes.
Alors, M. le ministre, en ce qui concerne, en tout cas, le projet de
loi, même si vous dites que vous n'investissez pas nécessairement
uniquement sur des structures, mais que vous préférez aider, en
fait, c'est cette logique là que j'aimerais voir en discutant avec vous
actuelle ment, si on préfère donner de l'argent plutôt aux
victimes qu'aux structures. Mais, en fait, à un moment donné, si
on veut atteindre nos cibles, il faut avoir une concertation quelque part et,
aussi, il faut que ce soit fait dans une action concertée et vraiment
mesurer l'impact aussi des décisions que nous prenons ou des
orientations que nous prenons. J'aurais escompté que le conseil
québécois, tel qu'il avait été recommandé
par les principaux intervenants dans le milieu, aurait pu, en tout cas,
apporter cet esprit d'unité, d'homogénéité au
niveau de l'action à entreprendre, et aussi établir une
véritable politique en matière de toxicomanie au
Québec.
Là-dessus, M. le ministre, je me souviens très bien que le
rapport Bertrand, en fait, c'était 187 000 000 $; c'est 33 000 000 $ ou
plutôt 37 000 000 $, plus précisément, que le gouvernement
a injectés pour répondre justement aux recommandations du rapport
Bertrand. Et là-dedans, en fart, un des volets Importants qui me
semblait assez Intéressant, c'était, au niveau dos
régions, mettre des coordonnateurs dans les différentes
régions, pour justement arriver à faire cet esprit de
concertation et travailler dans un esprit muitisectoriel dans chacune des
régions du Québec. Alors, moi, j'aimerais savoir où est-ce
qu'on en est rendus à ce niveau-là. Combien de régions se
sont dotées de coordonnateurs, et combien d'argent est allé au
niveau des régions pour vraiment favoriser cet esprit de
concertation?
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être d'abord un
premier petit commentaire plus général. Effectivement, le
ministère a rendu publiques des orientations qui ont été
très bien accueillies Je pense qu'il faut le dire, parce qu'à
l'occasion on peut se retrouver dans une situation comme la réforme, si
on fait un parallèle On nous dit Vous faites une réforme de
structuras, mais vous auriez dû, au préalable, avoir une politique
de santé et de bien-être, donc des orientations très
claires, et, par la suite, vous adresser à de l'action. Là, on
tente ce matin de nous reprocher davantage que le ministère ait
donné ses orientations et qu'il n'y ait pas suffisamment d'action.
Je regarde deux dossiers qui me concernent, qui sont très
Importants, deux dossiers extrêmement importants, et il y a une
réaction qui est différente pour l'un et pour l'autre.
D'abord, pour situer de manière très claire les
orientations, elles sont là, et des gens du ministère ont
travaillé, je dirais, avant même que j'arrive, ça fait au
moins une couple d'années, si ma mémoire est fidèle... Il
y a eu des démarches de faites avec les régions du Québec
en termes de consultation avec les CRSSS pour en arriver à
définir des orientations, et ce n'est donc pas des orientations qui
viennent uniquement d'en haut, mais qui ont une source aussi au niveau des
régions du Québec et qui ont coïncidé avec la mise
sur pied du rapport Bertrand qui, lui-même, a fait un cheminement sans
nécessairement que ce cheminement-là soit complètement en
parallèle de ce qui se faisait au niveau du ministère, puisque M.
Dicaire, le sous-ministre, était un des membres très Importants
de ce comité, évidemment pas parce qu'il vient de la
Santé, mais de par sa connaissance du dossier et du rôle qu'il a
joué à l'Intérieur du comité.
Dans ce sens-là, on est dans une situation où,
effectivement, les orientations sont là, donc sont connues, et ce n'est
pas uniquement des voeux pieux, mais c'est des orientations qui sont à
la base de ce que le ministère devrait mener au cours des prochaines
années. Dans ce sens-là, je veux en profiter pour remercier
publiquement, féliciter tous ceux du ministère et des
régions qui ont travaillé à l'élaboration de cette
politique et de ces orientations, même s'ils ont été un peu
mis dans l'ombre par rapport au rapport Mario Bertrand. Je pense que c'est un
peu ce qui leur est arrivé, compte tenu de la place qu'a occupée
le rapport Bertrand.
Coordonnateurs régionaux
Au-delà de tout cela, évidemment, il y a un certain nombre
de mesures qui, dans le rapport Bertrand, ont été rendues
publiques. Celles auxquelles vous vous adressez en premier lieu sont celles des
coordonnateurs, donc des 17 postes pour les 17 réglons. Donc, on a
commencé, dans ce cas-là comme dans les autres, au niveau du
ministère, à faire en sorte qu'on respecte l'ensemble des
régions et non plus les régions traditionnelles du
ministère, les 12, mais davantage qu'on parle maintenant en fonction des
17 régions qui sont incluses dans la réforme. Il y avait donc 600
000 $ qui étaient prévus pour les coordonnateurs au niveau des
régions du Québec, 35 000 $ par coordonnateur cette année,
mais avec un budget qui atteint une vitesse de croisière de 50 000 $
annualisés, puisqu'on avait imaginé que ça prendrait
peut-être quelques mois avant l'implantation de ces
coordonnateurs-là. Les lettres sont signées, ont
été expédiées aux régies régionales
pour leur transmettre la responsabilité de l'implantation de ce
poste.
Mme Vermette: C'est-à-dire qu'actuellement, il n'y a
absolument pas de coordonnateurs en poste, à l'heure actuelle. Ce sont
des postes ouverts et, effectivement, Ils devraient prendre effet dans les mois
ou les semaines qui viennent.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Le mandat a
été donné maintenant aux régies régionales
et avec le transfert des sommes nécessaires à l'engagement des
coordonnateurs.
Mme Vermette: Est-ce qu'au niveau de votre politique à
l'embauche des coordonnateurs vous avez aussi consulté de vos
collègues, notamment le ministre de la Sécurité publique,
qui dit qu'il y a certaines régions plus affectées que d'autres
régions, à ce moment-ci où on se parie, au niveau de la
consommation, des problèmes de drogues?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, il faut se
rappelor que, dans les structures qui ont été mises en place, il
y a le comité-conseil, donc le comité permanent qui conseille le
premier ministre, mais II y a aussi le comité sous-ministériel
qui est en place et qui regroupe les sous-ministres de la
Sécurité publique, de l'Éducation, de la Santé et
Services sociaux principalement et un certain nombre d'autres, qui a
déjà tenu cinq à six réunions assez importantes de
coordination. Une des lacunes que le rapport Bertrand nous évoquait
à l'époque, c'était un manque de coordination
sous-ministérielle au plus haut niveau, donc, pour être capable de
mener une action concertée sur le plan gouvernemental. C'est là
que s'enclenche une série d'actions et s'échangent des
informations qui sont extrêmement importantes.
Dans le cas des coordonnateurs, il n'y a pas de distinction de faite.
Est-ce que, dans telle région, c'est une région qui est plus
problématique ou non? On a décidé de doter les 17
régions du Québec de coordonnateurs, et ces 17
coordonnateurs-là, c'est un par région, donc dans chacune des
régions du Québec. If n'y a pas de distinction telle que vous
l'évoquez à ce moment-ci.
Mme Vermette: Alors, ça veut dire qu'il n'y a pas
d'études qui ont été faites pour mesurer, en fait,
l'impact au niveau de la problématique de la drogue selon certaines
régions.
M. Côté (Charlesbourg): Non, il ne faut pas
mêler les affaires, là. Le rapport Bertrand nous disait: II y a
une recommandation qui est extrêmement importante si on sent le besoin de
coordonner les actions au niveau gouvernemental par les différents
ministères qui sont impliqués au niveau des sous-ministres. Il
faut, par le fait même, qu'au niveau des régions du Québec
il y ait quelqu'un qui ait cette responsabilité-là
aussi de mettre autour d'une même table, sur le même
principe, les différents intervenants sur le plan régional, qui
va donc coordonner l'action, qu'elle soit bénévole, qu'elle soit
communautaire ou qu'elle soft de certains ministères au niveau des
régions du Québec, et faire en sorte qu'il y ait une action
coordonnée au niveau de chacune des régions.
Dans l'Implantation de ces mesures-là, nous, on n'a pas
considéré que la région de Montréal ou la
région de Québec soient plus problématiques que la
région du Bas-Saint-Laurent ou de la Gaspésie. Ce qu'on a dit,
c'est que les 17 postes doivent être pourvus. On a écrit pour
transférer aux régies régionales ou au CRSSS les sommes
d'argent nécessaires à la mise en place du processus et à
l'engagement du coordonnateur au niveau de chacune des régions du
Québec. Donc, c'est là que le dossier est rendu, maintenant.
Mme Vermette: Ça veut dire qu'actuellement, Justement, on
traite toutes les régions sur le même pied avec la
problématique, en mettant un coordonnateur qui va faciliter, en fait, la
coordination des actions à l'intérieur des régions
données, parce qu'il existe beaucoup de ressources et on n'a pas de
répertoire au niveau des ressources. Il y en a un répertoire,
mais c'est-à-dire qu'on n'a pas nécessairement... Dans une
même région donnée, en tout cas, on ne sait pas qui fait
quoi ou le nombre de ressources. C'est uniquement ça. Sauf qu'on
s'aperçoit que, dans certaines régions, M y a une relation
directe de cause à effet avec les régions où iI y a des
ports, où c'est les portes d'entrée, des régions
où, finalement, c'est là qu'il y a la plus grande consommation et
trafic de drogue. On sait aussi qu'il y a des régions... Là
où le chômage est très élevé, en fait,
là où la pauvreté s'établit, où il y a
vraiment une surconsommation, en tout cas, ça devient des régions
à risque plus élevé que d'autres. À ce
moment-là, j'imagine que l'impact est plus important qu'à
d'autres endroits.
M. Côté (Charlesbourg): Si ça vous
intéresse, là, puisqu'on est sur le coordonnateur
régional... En première partie, Je peux vous déposer, pour
votre information, une proposition de mandat d'un coordonnateur
régional. S'il y a de l'intérêt pour les membres de la
commission, là, je peux le déposer. Évidemment, c'est bien
indiqué "Proposition de mandat". Et vous allez voir qu'il y a une
coordination sur le plan régional qui est nécessaire, qui est
souhaitée. Ça, c'est pour le coordonnateur. Maintenant, lorsqu'on
pose la question...
La Présidente (Mme Marois): alors, le document est
déposé. j'imagine qu'on pourra en avoir des copies pour les
membres de la commission. oui, m. le ministre.
Répartition des crédits entre les
régions
M. Côté (Charlesbourg): Maintenant, lorsqu'on en
arrive à la question plus fondamentale que vous posez, qui, je pense, va
impliquer le coordonnateur régional mais déborde
définitivement la personne ou le poste du coordonnateur, c'est: Est-ce
qu'effectivement toutes les régions vont être traitées sur
le même pied, compte tenu que la problématique est plus
particulière dans certaines régions que dans d'autres? La
réponse, c'est non. Il y a des mesures spécifiques, dans les
sommes d'argent qui sont dévolues aux régions du Québec,
qui doivent tenir compte de la problématique de chacune de ces
régions. Donc, c'est vrai que telle région peut être
dotée, sur le plan financier, de meilleure façon qu'une autre
région, compte tenu de problématiques particulières et,
peut-être, de certains cas que vous évoquez, là, tels que
porte d'entrée, implantation ou implication plus grande, mais le budget
de base n'est pas le même pour chacune des régions ou ne sera pas
le même.
Mme Vermette: Est-ce que le budget a déjà
été établi en ce qui concerne, justement, les
différentes régions? Comment et de quelle façon allez-vous
faire la répartition? Ça, sera basé sur quel... (10
heures)
M. Côté (Charlesbourg): C'est Enquête
Santé Canada et Enquête Santé Québec qui nous
donnent le portrait de chacune des régions du Québec, et c'est
à partir de cela que les sommes d'argent de développement vont
s'octroyer à chacune des régions, en particulier, si on parle de
prévention, par exemple, au niveau de la problématique des 10-24
ans. Donc, il y a des critères; d'abord, Enquête Santé
Canada et Enquête Santé Québec qui nous donnent des indices
pour chacune des régions du Québec... Et ça, c'est un des
paramètres qui vont nous servir à l'allocation de ressources,
donc au développement.
Mme Vermette: O. K. Donc, ça veut dire qu'actuellement
ça aurait été utile, voyez-vous, M. le ministre... Un
conseil québécois en toxico pourrait être très
utile, parce qu'il pourrait colliger toutes ces données et vous
favoriser aussi au niveau de vos orientations et aussi de votre action, parce
que ça serait un endroit excellent pour colliger l'ensemble des
données et aussi pour faire le portrait global de la situation dans
l'ensemble du Québec, en tenant compte de la problématique plus
spécifique du Québec et do ses régions.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous le souhaitez, je
peux vous les ventiler, les 8 000 000 $. Ça sera peut-être plus
facile comme ça. On pourra discuter à partir de la manière
dont est ventilé le budget de cette année. Pour votre
information, je peux vous le donner assez aisément, et ça
vous permettra de voir où est-ce qu'on se dirige.
Mme Vermette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): II y a d'abord des sommes
qui sont affectées sur le plan provincial. Il y a 1 280 000 $, et je
vais vous en faire la nomenclature. Il y a 400 000 $ pour le secteur de la
recherche en toxicomanie: 300 000 $ pour le démarrage de deux
équipes de recherche et 100 000 $ pour des enquêtes
épidémiologique; 170 000 $ pour la formulation et l'application
de normes de qualité pour les établissements offrant des services
aux toxicomanes; 260 000 $ pour la mise sur pied d'une ligne d'écoute
téléphonique 1-800, donc accessible; 400 000 $ qui sont des
projets d'activités de prévention à portée
horizontale, telles la semaine provinciale de prévention et des
campagnes médiatiques; et 50 000 $ pour la mise sur pied d'un
comité provincial de documentation desservant la population de toute la
province. C'est Domrémy à Montréal qui a été
choisi. Donc, ça, ça fait 1 280 000 $ sur le plan provincial. Il
reste donc 712 000 $, qui vont être distribués dans les
régions du Québec, dont les premiers 600 000 $ à la
coordination des 17 postes qu'on évoquait tantôt. Il y a une somme
de 1 100 000 $ à la prévention - donc dans chaque région
dit Québec - qui tiendra compte du phénomène des 10-24 ans
en particulier. Il y a aussi une somme de 5 042 000 $ à la
désintoxication et la réadaption, qui se ventile de la
manière suivante: 1 000 000 $ pour la désintoxication
médicale, 1 000 000 $ pour la réadaptation interne des jeunes
uniquement - donc 500 000 $ à Québec et 500 000 $ à
Montréal - et 3 420 000 $ pour la désintoxication non
médicale et la réadaptation do jeunes et adultes... C'est 5 420
000 $, c'est une question de virgule; c'est 5 420 000 $, et non pas 5 042 000
$. Il aurait manqué 400 000 $ quelque part. Mes souffleurs à
l'arrière viennent de n'Indiquer que j'avais commis un Impair de
virgule.
Mme Vermette: C'est important d'être précis, vous
savez, dans ce domaine-là, parce qu'il y en a tellement à faire
que toutes les sommes d'argent, quelles qu'elles soient, sont importantes. M.
le ministre, si je vous écoute bien, en fait, je vois bien la
volonté de votre ministère et de votre gouvernement d'apporter
des améliorations à cette problématique et, en tout cas,
de faire des efforts substantiels dans ce milieu-là, sauf que je regarde
encore une fois, et c'est éparpillé un peu. En fait, l'argent est
là, c'est sûr, mais en fin de compte, on arrive toujours à
la même problématique: c'est de savoir aussi mesurer l'impact de
tous ces différents volets-là. Et c'est là-dessus, en fin
de compte, qu'est la nécessité d'avoir, en tout cas, un organisme
quelque part qui fait en sorte qu'on puisse vraiment tout faire. Parce que,
dans le fond, ça revient à la même chose: c'est qu'on met,
finalement, cet argent-là... C'est les mêmes montants qu'on met
dans un endroit qui est en fait géré par des gens permanents et
qui ont intérêt à faire en sorte que l'argent des
contribuables soit utilisé le mieux possible dans le domaine de la
toxicomanie, que l'impact soit vraiment Important et qu'on puisse le mesurer
pour rectifier le tir si ça s'avère important. Parce que,
actuellement, on s'aperçoit que beaucoup de gens oeuvrent dans le milieu
de la toxicomanie à l'heure actuelle, mais c'est difficile de
déceler exactement qui fait quoi.
Effectivement, c'est déjà un premier pas; on y met des
coordonnateurs, ça va peut-être favoriser. Mais, en fait, tout le
monde y va dans des campagnes de publicité, tout le monde y va dans des
campagnes de prévention, en fait, des campagnes d'Information à
ce niveau-là, mais il n'y a pas vraiment de ligne directrice. Comme on
pourrait dire, II n'y a pas vraiment de leadership là-dedans, et c'est
ça qui est important à l'heure actuelle, si on veut vraiment ne
pas perdre le contrôle dans cette lutte face à la toxicomanie, et
c'est là-dessus tout simplement... Et c'était vraiment au-desssus
des partis politiques, je pense, et dans le but d'aider la population que le
projet de loi a été déposé. C'était vraiment
dans un esprit de collaboration avec votre ministère que le parti de
l'Opposition avait déposé ce projet de loi, tout simplement. Et
je pense que c'est toujours là, M. le ministre, en fait. Je reviens
là-dessus parce que je pense que c'est important, quand vous venez de
dire les sommes d'argent que ça représente à l'heure
actuelle. Je loue votre effort, je ne mets pas en cause votre effort, mais je
pense qu'on pourrait aller encore un petit peu plus loin dans ce
domaine-là, tout simplement, et que ce serait peut-être profitable
pour l'ensemble des gens qui oeuvrent dans le milieu.
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être juste
là-dessus... Évidemment, je comprends que tout le monde poursuit
le même but: qu'il y ait moins de consommation et le moins de
conséquences possible. Inévitablement, c'est ce qu'à peu
près tout le monde poursuit. Évidemment, tantôt, vous avez
remarqué, dans la nomenclature, des sommes qui sont investies un peu
partout. Il y en a en recherche qui sont assez importantes. Je pense que c'est
un démarrage assez important à ce niveau-là. Il y en a de
portée horizontale, il y en a qui s'en vont dans des champs plus
spécifiques. Évidemment, ce qu'on a choisi comme formule-On me
donnait le mandat du comité permanent. Un, on dit... Bon, parfait, il y
en a quatre: 1° conseiller le premier ministre sur les grandes orientations
en matière de lutte à la toxicomanie et proposer des
priorités d'action ou
domaines d'intervention à privilégier; 2° donner son
avis sur le plan d'action proposé par les ministères; 3°
procéder annuellement à une analyse de l'évolution de la
situation de même que des réalisations des ministères;
4° établir des contacts utiles avec les milieux scolaires,
communautaires, professionnels, scientifiques, universitaires et le monde du
travail pour l'accomplissement de son mandat.
Déjà là, il y a une obligation annuelle, pour
chacun des ministères, de se présenter devant ce
comité-là et de faire le bilan de ce qui a été
fait. Il y a déjà cette obligation de suivre et de "monitorer" de
manière très serrée l'évolution pour faire des
adaptations nécessaires, et s'il y en a besoin, il va s'en faire. Ce
n'est pas parce qu'on a dit que c'était dans cette voie-là qu'on
allait qu'il ne peut pas y avoir, en cours de route, des réajustements.
Je pense que ces gens-là sont suffisamment bien implantés et
impliqués dans le milieu pour être capables de nous conseiller
quant aux orientations à prendre demain. S'il y a des changements de cap
à faire, il y aura des changements de cap, s'ils nous le
conseillent.
Mais déjà là, ce qui me console, dans cet
exercice-ci, c'est que la très grande majorité des sous va dans
les régions. Donc, pour moi, c'est déjà une bonne affaire
que ça aille dans les régions et qu'il y ait derrière tout
ça une volonté de coordonner le travail des différents
ministères et aussi à l'intérieur des différents
ministères. À partir de ça, je pense qu'on est
probablement sur la bonne voie; en tout cas, on l'espère. Et si on
réussit à mettre tout le monde sous le même chapeau sur le
plan de la coordination, les efforts du bénévolat, du
communautaire, de l'institutionnel, je pense, pourront porter des fruits assez
Intéressants.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Vermette: Oui. M.le ministre, c'est parce que,
tantôt, vous avez dit que vous allez consacrer des sommes, au niveau de
la prévention pour les jeunes, plus particulièrement pour les
14-24, de 500 000 $ pour Montréal-Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Non. C'est 1 100 000 $
à la prévention.
Mme Vermette: Pour Montréal... 500 000 $ à...
M. Côté (Charlesbourg): Non. Mme Vermette:
Montréal-Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Répartis dans chaque
région du Québec.
Mme Vermette: Ah! Dans chaque... O. K.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Vermette: Et 500 000 $ pour Québec et 500 000 $ pour
Montréal, c'est au niveau des centres de réadaptation?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, réadaptation
interne des jeunes uniquement.
Mme Vermette: Interne?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Vermette: Qu'est-ce qui arrive pour les autres régions
du Québec? Ça veut dire que les jeunes sont
répertoriés entre Québec et Montréal?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Ce que J'ai compris sur
le plan de la recommandation, c'est que, dans ce cas-ci, les régions de
Québec et de Montréal étalent probablement celles qui
étaient les plus prêtes à être capables de s'engager
dans cette voie-là. Parce qu'il y en a déjà qui le font.
Si on regarde la Maison Jean-Lapointe, je pense que c'est un exemple. Les
besoins les plus urgents sont, de ce que j'ai compris sur le plan des
recommandations, Québec et Montréal. Ça n'exclut pas, dans
les années ultérieures, qu'il y ait du développement
ailleurs.
Mme Vermette: Vous savez très bien que Montréal...
Je sais que, pour Montréal, c'est une problématique, mais vous
avez des régions d'éloignement, comme la Gaspésie,
où il y a un taux de chômage à plus de 20 %. où il y
a énormément de problèmes de consommation. En Abltlbl,
à Trois Rivières, ce sont dos endroits où II existe des
problèmes majeurs. Donc, il y a unn forme de déracinement quand
on demande à ces jeunes de venir se faire soigner. C'est un gros prix
qu'on leur demande, à ce moment-là, pour leur
réhabilitation.
M. Côté (Charlesbourg): À partir de la
ventilation des 3 420 000 $, au niveau de chacune des régions, il n'est
pas exclu que ces régions-là retiennent, comme action, l'action
que vous nous proposez à ce moment-ci. Donc, il y a une certaine
liberté au niveau des régions quant au choix qu'elles vont faire
à ce niveau-là.
Service téléphonique
Mme Vermette: vous avez aussi... dans les recommandations qui ont
été mises de l'avant, il y avait la mise en place d'un service
téléphoni-que. est-ce qu'il est déjà mis en
place?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Mme Vermette: Est-ce qu'on est en train de planifier sa mise en
place?
M. Côté (Charlesbourg): On a reçu trois
propositions différentes, à ce moment-ci; elles sont sous analyse
au niveau du ministère. Je ne sais pas à quel moment... Alors, M.
Dlcalre me dit qu'au cours des prochaines semaines, le choix final devrait
être arrêté et donc suivra la mise en opération de la
ligne.
Mme Vermette: Oui. Suite au choix que vous allez favoriser,
est-ce que vous avez tenu compte des services connexes, tel le réseau
téléphonique? Ça demande toujours un peu plus, la demande
augmente inévitablement au niveau de tous les services qui pourraient en
découler. Parce que, très souvent, on met la ligne
téléphonique, comme on a vu pour les cas de violence faite aux
femmes, les agressions sexuelles... C'est qu'à un moment donné,
on n'est plus capable de répondre à la demande, et ça fait
plus de problèmes qu'autre chose. Est-ce que, actuellement, vous
êtes aussi à étudier...
M. Côté (Charlesbourg): C'est le support... C'est
tout le support qu'une ligne comme celle-là nécessite, et
ça fait partie de l'analyse que les gens font actuellement chez nous.
Inévitablement, ça prendra du support au niveau de cette
ligne-là.
Attribution de fonds
Mme Vermette: Alors, aussi au niveau... Et quel sera le support
apporté aux organismes? Parce qu'on s'est aperçu que, bon,
à la lecture des différents crédits, il y a des endroits
où les maisons... La plupart des ressources ont été
communautaires et sont soit gelées... Quelques-unes ont disparu, et il y
en a d'autres qui sont revenues. Alors, c'est quoi, la politique, et comment
allez-vous apporter un accroissement de support aux organismes?
M. Côté (Charlesbourg): Dans un premier temps, c'est
grosso modo 1 000 000 $ qu'on puise à même le SSOC pour ces
organismes-là, et, en 1991-1992, il y a 400 000 $ additionnels qui sont
ajoutés. Donc, on n'est pas en situation d'économie de
ressources, mais d'ajout de ressources, dans ce secteur-là.
Mme Vermette: Oui, je me souviens que, l'année
passée, vous me disiez toujours que votre politique d'attribution des
fonds dépendait d'une culture. En fait, il n'y avait pas vraiment de
normes établies là-dessus, mais on voit qu'il y a de nouvelles
ressources qui s'ajoutent à certains endroits, et il y en a d'autres qui
ont disparu. Bien sûr que ce n'est pas évident pour toutes. Mais
est-ce que c'est selon, bon, le nombre d'années, parce qu'elles sont
plus connues que d'autres? C'est quoi qui fait en sorte qu'une ressource peut
compter sur les largesses du gouvernement à l'heure actuelle ou, en tout
cas, d'avoir des subventions qui permettent de survivre?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, ce que les
gens ont tenté d'appliquer cette année, c'est la même
règle que les années passées, au niveau de SSOC. Donc,
c'est une existence qui est là, qui est démontrée. Et, par
la suite... Évidemment, il ne faut pas que ce soit un feu de paille,
qu'on investisse de l'argent dans un organisme aujourd'hui qui, quatre mois,
cinq mois, six mois plus tard est totalement disparu. Qu'il fasse la preuve de
sa viabilité aussi comme organisme. C'est un peu ça qui est
à la base des décisions qui ont été prises.
Et, deuxièmement, inévitablement, regarder dans des
territoires non pourvus, aussi, au lieu d'en ajouter dans des territoires qui
sont déjà supportés. Donc, à ce niveau-là,
c'est peut-être les deux critères de base que les gens du SSOC
analysent au moment de faire leurs recommandations.
Mme Vermette: Parce qu'il y a certains organismes, en fait, au
niveau qui... On est très loin, en fait, entre les demandes et ce qu'ils
ont reçu. Certaines d'entre elles... On a vu notamment que la semaine
dernière, à Montréal, il y a encore une ressource jeune
qui a fermé ses portes. Ceci fait en sorte que ce n'est pas tellement
facile, finalement, pour ces maisons-là, de survivre. Une bonne partie
de ces maisons-là vont vers des levées de fonds ou, en tout cas,
demandent aux entreprises privées de s'occuper, en fait, de leur trouver
des fonds, mais ce n'est pas nécessairement évident. Ce dont je
m'aperçois, c'est que la plupart des gens... Comme les gros noms,
justement, pour eux, c'est plus facile d'obtenir des subventions du
gouvernement alors que, pour eux aussi, c'est plus facile d'obtenir des
levées de fonds et des fonds des gros organismes, alors que les petites
maisons qui travaillent à bout de bras, avec beaucoup d'amour et de
bénévolat, pour elles, ça devient de plus en plus
difficile d'obtenir finalement des subventions.
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Un certain nombre de
choses... Lorsque vous évoquez une ressource qui est fermée,
est-ce que c'est Le Refuge? Le Refuge a toujours fermé
l'été. Le Refuge a toujours fermé l'été, et
ce n'est pas différent cette année des années
passées. En saison estivale, Le Refuge ferme parce qu'il s'adresse
à des jeunes Itinérants, en particulier, et, pour eux, me dit-on,
c'est une question maintenant...
Mme Vermette: II fait beau dehors.
M. Côté (Charlesbourg): Comment? (10 h 15)
Mme Vermette: J'ai dit: L'été, il fait beau dehors,
on n'a pas besoin d'être à l'abri.
M. Côté (Charlesbourg): Bien, je ne le sais pas,
mais c'est une tradition, donc ce n'est pas différent cette
année.
Mme Vermette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Mon adjoint qui travaille
dans ces dossiers me souffle à l'oreille, et je ne peux m'empêcher
de vous le dire aussi, qu'on leur laisse un financement sur 12 mois,
malgré tout cela. Donc, vous aurez compris que...
Mme Vermette: C'est comme les fermetures de lits dans les
hôpitaux l'été! Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Dans certains cas, si
ça s'applique à ce domaine-là, que ça peut rendre
service à des gens, pourquoi pas?
Donc, à partir de ce moment-ci, l'an dernier, sur le budget de
1989-1990, on a financé 78 organismes sur 97 demandes, pour plus ou
moins 937 000 $. On ajoute, cette année, 400 000 $. On serait donc en
mesure de supporter un nombre plus important d'organismes et peut-être un
certain nombre d'organismes de meilleure manière.
Mon expérience à moi... C'est la deuxième
année que je suis là et que je passe à travers des
crédits. J'aurais 300 000 000 $ demain matin au lieu de 50 000 000 $, et
je suis convaincu que je ne pourrais pas répondre à la demande
dans le domaine des organismes communautaires et bénévoles. Ce
qui m'étonne, c'est que, chaque fois que je regarde les fiches - et on
va en avoir vu au-delà de 2000, cette année - je le dis,
là, les augmentations, c'est d'abord du salaire; 75 à 80 % des
demandes d'augmentation budgétaire, c'est carrément du salaire.
Écoutez, un dossier que vous connaissez bien, dans le domaine des
organismes communautaires, même si on déborde de la toxicomanie:
il y a tous les centres d'hébergement pour femmes. La demande... On
donne en moyenne, au maximum 230 000 $ par année, à la fin du
dernier triennal; si je comprends la demande pour cette année, c'est 760
000 $. Ne me demandez pas si j'aurai l'argent pour être capable de tout
faire! Jamais de la vie on ne sera capable de répondre à des
demandes de ce genre-là. Donc, à partir de ça, il est
clair que les critères de base que vous évoquiez tantôt
sont deux critères qui sont analysés par le SSOC et
recommandés par le SSOC... Je ne dis pas "décidés", mais
recommandés par le SOC et décidés par nous.
Tantôt, je vous ai dit que nous allions dépenser des sommes
d'argent, 170 000 $ pour la formulation et l'application de normes de
qualité pour les établissements, mais, inévitablement
aussi, pour l'attribution des sommes d'argent, éventuellement, au niveau
des organismes com- munautaires et bénévoles.
Mme Vermette: Oui. Pour bien connaître les organismes
communautaires, M. le ministre, je vous dirais que les gens qui travaillent
dans ces milieux-là travaillent en bas du salaire minimum, la plupart du
temps. Deuxièmement, en fait...
M. Côté (Charlesbourg): Pas toujours!
Mme Vermette: Non, pas toujours, mais une bonne partie, en fait.
Je pourrais vous donner un exemple. Je connais très bien la Maison de
l'Amitié Orner, qui est dans le comté de Laporte. Cette
année, Ils vous ont demandé une somme de 35 000 $ et ils ont
reçu 10 000 $. C'est une des meilleures ressources de la
Montérégle, actuellement, pour toxicomanes et pour personnes qui
ont des problèmes d'alcoolisme. C'est une ressource qui, bientôt,
va fermer ses portes, parce que...
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes après
me dire que le courrier est tout à fait exceptionnel. Je n'ai
signé les lettres que samedi à mon domicile.
Mme Vermette: Vous avez?
M. Côté (Charlesbourg):... signé les lettres
que samedi.
Mme Vermette: Samedi?
M. Côté (Charlesbourg): Donc, je trouve que le
courrier est tout à fait efficace!
Mme Vermette: Je prends ça là-dessus. À
moins que vous n'ayez annoncé une meilleure nouvelle que sur les
documents qu'on a reçus.
M. Côté (Charlesbourg): Ah non! C'est l'an
passé, ça.
Mme Vermette: C'est cette année, ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est l'an
passé, parce que, pour cette année, j'ai signé les lettres
samedi. J'ai passé la journée là-dedans, samedi,
là.
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut savoir la bonne nouvelle?
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Bien. là. je n'ai
pas la liste. Je n'ai pas le détail des 1700...
Mme Vermette: Alors, si on s'en va dans la foulée des
bonnes nouvelles, est-ce que je pourrais savoir aussi, pour l'ensemble de la
Montérégie... En fait, c'est le Centre de réadaptation
Montérégie, justement, le 28 septembre 1990, qui recevait une
lettre de votre part, M. le
ministre, qui lui disait que vous attendiez que le groupe de travail sur
la lutte contre la drogue dépose ce rapport pour lui donner, en fait,
pour étudier sa présentation, le projet de développement
et de demande, c'est-à-dire des ressources supplémentaires pour
les personnes alcooliques ou autres en toxico, la désintoxication en
hébergement temporaire et une alternative à la cure interne, le
stage Intensif. Et ça, c'est la seule ressource jeune en
Montérégle, à l'heure actuelle, et je pense qu'elle est
toujours en attente d'une réponse. J'espère que ça fait
partie de la correspondance de fin de semaine.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas en
mémoire les 1700 lettres. Bien sûr que j'ai regardé d'une
manière plus particulière celles de Charlesbourg. Je pense qu'on
a chacun nos comtés... Je trouvais que les montants étaient
relativement petits, dans les recommandations pour Charlesbourg, compte tenu
des organismes qui oeuvrent très bien aussi. C'est davantage du
bénévolat que du communautaire parce que, pour moi, il y a une
distinction entre les deux. Mais je vais vérifier et je pourrai vous
transmettre la réponse.
Mme Vermette: En fait, c'est un projet qui dure depuis 1990, si
ma mémoire est bonne. Le 28 septembre 1990, vous lui répondiez
une lettre à cet effet-là, la correspondance est établie
depuis un certain temps... Et c'est pour l'ensemble de la
Montérégie, ce n'est pas exclusif à mon comté.
C'est très grand, c'est un grand territoire et c'est un grand projet qui
aurait un rôle régional en Montérégie, et c'est le
Centre de réadaptation montérégien.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, si la
question se pose de manière plus particulière en
Montérégie, parce qu'il y a une... J'ai une ventilation ici du
montant de 3 420 000 $. En Montérégie, c'est 997 000 $. Donc, je
pense que c'est presque un tiers du budget qui irait, à ce
moment-là, en Montérégie.
Mme Vermette: Dans votre ventilation, est-ce que ça inclut
le projet du Centre de réadaptation Montérégie, ou si
c'est quelque chose à part?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Il faut bien se
comprendre. Nous, ce qu'on a fait, c'est sur la base du nombre de consommateurs
à risque, donc enquête Santé-Canada
Santé-Québec, et on transfère l'argent au CRSSS
Montérégie. C'est le CRSSS qui doit faire la ventilation et
l'attribution des sommes. Donc, ce n'est pas nous. Vous êtes du grand
monde, vous connaissez mieux votre région que nous autres, vous allez
faire des propositions quant à la répartition du montant de 997
000 $. Donc, à ce moment-ci, le montant de 997 000 $ n'est pas
ventilé. Il l'est au niveau du CRSSS, et c'est au CRSSS de faire la
répartition tel qu'il le souhaite et, bien sûr, en nous
informant.
Mme Vermette: Bon.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, comme vous voyez,
c'est 1 000 000 $ sur 3 400 000 $ pour la Montérégie.
Consommation de médicaments
Mme Vermette: Pour ce qui est des subventions à donner aux
différents groupes ou à différents... Ça peut
aller. Maintenant, j'aurais un autre volet sur lequel on pourrait
peut-être s'attarder: au niveau de la consommation des
médicaments, en fait, l'usage des psychotropes, qui est aussi un autre
fléau de notre société, puisque c'est
légalisé et que les gens se sentent moins coupables d'en
consommer que d'autres formes de drogue. Le ministre avait fait
connaître, dans ses orientations ministérielles, que, sur la
surconsommation des médicaments... Vous étiez supposés
sortir une politique là-dessus. Est-ce qu'elle est à la veille de
sortir, cette politique? Est-ce que ça fait partie de la réforme?
Est-ce que ça va être impliqué? Il faut attendre la
réforme? Comment ça va se traduire?
La Présidente (Mme Marois): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un très vaste
monde que celui des médicaments. Oui, effectivement, très
prochainement. Je rendrai publique l'action que nous entendons mener au niveau
de la consommation des médicaments. Ça va impliquer le
consommateur. Ça va impliquer le prescripteur, ça va impliquer le
vendeur, ça va impliquer le grossiste, ça va impliquer le
fabricant.
Mme Vermette: Je suis bien heureuse d'entendre parler de
ça, parce que c'est à tous les niveaux que le problème se
situe. Je pense qu'il est temps qu'on arrive à quelque chose de
substantiel là-dedans. Il était aussi mention de toutes les
personnes séropositives. Elles étaient supposées
être une cible privilégiée, parce que ce sont des personnes
plus à risque, à ce moment-là. Est-ce que,
là-dessus, vous avez fait quelque chose pour que cette
clientèle-là soit aussi prise en considération? Est-ce que
ça fait partie des bonnes nouvelles que vous aurez à
annoncer?
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment,
tantôt, quand j'ai dit que la politique allait toucher le consommateur...
Dans le consommateur, vous savez qu'on a, au niveau du ministère, un
certain nombre de bénéficiaires qui peuvent recevoir des
médicaments gratuitement - je ne fais pas allusion aux personnes
âgées - ce qu'on appelle malades ambulatoires, de manière
particulière. Et la catégorie dont vous avez parlé
tantôt se retrouve, pour certains, dans cette catégorie-là,
et pour d'autres qui ne le sont pas, ils souhaiteraient l'être. Si ma
mémoire est fidèle, H y a 22...
Une voix: 27.
M. Côté (Charlesbourg):... 27 catégories de
personnes susceptibles de, ou qui revendiquent la gratuité des
médicaments pour malades sur pied. Nous avons donc, dans
l'opération qui est menée de manière intensive depuis neuf
mois, dans une mise à jour de cette politique-là... Quand on
arrivera avec la politique globale, ça inclura aussi celle-là.
Donc, ça pourrait apporter une règle beaucoup plus uniforme et
beaucoup plus claire quant à ce qu'on appelle communément les
malades sur pied.
Mme Vermette: Oui. Il y a tout l'aspect, aussi... Bien sûr
que, dans votre politique, vous allez tenir compte du prescripteur et du
consommateur de médicaments, et même du fabricant. Mais H y a
aussi un autre volet qui est tout aussi important, c'est-à-dire la
formation. Parce que, très souvent, surtout au niveau des personnes
âgées, on connaît très peu, en fin de compte, les
réactions des personnes âgées face aux médicaments.
Et c'est devenu pratiquement le modèle courant, que de prescrire
à outrance des médicaments, ce qui fait que ça nous
coûte très cher parce que, souvent, Us sont cause d'accident.
À cause d'une consommation de médicaments, on les retrouve dans
les urgences des hôpitaux, et c'est le syndrome de la porte tournante. On
ne sait pas trop quoi faire, et elles retournent à la maison avec des
prescriptions plus importantes que quand elles sont entrées. Elles sont
plus confuses aussi. À ce niveau-là, est-ce que, dans votre
politique, il y a un volet pour la formation au niveau des professionnels?
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, quand on
parle du prescripteur, c'est l'interpeller quand il prescrit, mais c'est aussi
s'assurer d'une meilleure circulation de l'information, d'abord quant au
dossier du bénéficiaire. Parce qu'on est dans une situation
où les médecins prescrivent le bon médicament, compte tenu
de ce qu'ils ont pu diagnostiquer, mais sans connaissance de ce qu'il y a
déjà dans la pharmacie. À partir du moment où vous
consommez un médicament qui vous a été prescrit par votre
médecin et que vous le mélangez avec d'autres que vous avez dans
votre pharmacie, que d'autres médecins vous ont prescrits ou que vous
avez eu dans un marché libre en pharmacie, ça fait une chimie que
le corps humain ne peut plus absorber, avec tous les problèmes que
ça suppose. Effectivement, c'est l'urgence pour surconsommation ou
"mal-consommation" de médicaments, ou ça signifie
éventuellement une personne qui est à l'hôpital parce
qu'elle s'est cassé une hanche, une jambe ou un bras à cause des
effets secondaires d'une surconsommation ou "malconsommation" de
médicaments. Et on estime à, quoi, 15 %, 16 %... Certains parlent
de 20 % des lits de courte durée occupés par des gens qui ont
surconsommé ou mal consommé des médicaments. (10 h 30)
Donc, il y a du travail à faire au niveau des médecins,
bien sûr, au plan de l'information, et aussi sur le plan des pharmaciens,
tant en institution qu'en clinique privée, sur le plan de
l'accessibilité, par exemple, à certaines informations minimales
quant au niveau de consommation de l'individu, pour être capable d'avoir
du pharmacien une opinion pharmaceutique qui pourrait faire en sorte que le
"mixage" de l'absorption des médicaments soit éliminé.
D'autre part, ce que nous avons fait, on a ajouté 600 000 $ au
Conseil consultatif de pharmacologie pour permettre de suivre de manière
plus importante et d'en arriver à une revue d'utilisation
médicamenteuse qui devient extrêmement importante, à ce
moment-ci Donc, la mise en place d'un certain nombre d'opinions et aussi
d'individus mieux informés - prescripteur, vendeur, et aussi au niveau
du consommateur - par des actions plus soutenues, un peu du type de celle qui a
été faite au Département de santé communautaire de
l'Hôtel-Dieu de Lévis, où il y a eu une opération
particulière sur le plan du nettoyage des pharmacies à domicile
pour les médicaments qui sont "passés date",
périmés. Et il y a un document là-dessus qui est assez
intéressant, et qui donnait des résultats tout à fait
faramineux au sujet des médicaments qui sont "passés date" et
qu'on récupère dans une opération comme celle-là.
D'ailleurs, je ne veux pas faire de publicité pour Jean Coutu, mais ce
n'est pas pour rien que Jean Coutu a commencé, à ce moment-ci,
à faire une publicité pour inviter les gens à
déposer dans un baril quelque part les médicaments qui sont
périmés.
Mme Vermette: Oui, et il y avait une dernière question
là-dessus en ce qui concerne... Vous avez parié, en fin de
compte, des gens qui prescrivent des médicaments, le rôle que
devraient jouer en fait les pharmaciens là-dedans, le contrôle qui
devrait aussi être exercé. Dans certains endroits, il y a un
programme qui s'appelle "pharmaco vigilance". Je pense que c'est
installé en Europe. Je ne sais pas si, ici, au Québec, ça
pourrait être un des modèles qui pourrait être
instauré. Est-ce que vous vous en allez dans ce sens-là,
ou...
La Présidente (Mme Marois): Oui. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II y a un certain nombre de
décisions qui sont à être validées à ce
moment-ci avec différentes associations d'intervenants, que ce soit
l'AHQ, l'ACAQ, l'ACHAP et ainsi de suite, là, qui feront partie des
décisions qu'on annoncera très prochainement à ce
niveau-là. D'autre part, il ne faut pas négliger ou oublier le
projet-pilote de la carte à microprocesseur, qui devrait prendre son
envol très prochainement à Rimouski et qui inclurait les
pharmaciens à l'intérieur de cette expérience-là
pour nous permettre de l'étendre éventuellement à
l'ensemble du Québec, dans la mesure où c'est concluant et que la
Commission d'accès à l'information nous donne le O.K., compte
tenu du suivi qu'elle fait et qu'elle fera de cette
expérience-là.
Mme Vermette: Je me suis laissé dire, M. le ministre -
vous me corrigerez si ce n'est pas vrai... Vous savez, des fols, on peut se
faire dire plein de choses, vous savez...
M. Côté (Charlesbourg): Plein de choses!
Mme Vermette: Je me suis laissé dire, par des gens qui
sont à l'Université de Montréal, qui sont justement au
niveau des médicaments, qui travaillent énormément en
recherche au niveau des effets des médicaments, qu'au niveau des
fabricants, là, ce n'est pas toujours facile et évident de faire
changer certaines habitudes de consommation, parce qu'il y a des profits
importants à ce niveau-là et surtout aussi sur certains produits
qui sont à la nomenclature des produits reconnus par la RAMQ. Souvent,
en fait, il s'exercerait un genre de pression importante pour maintenir au
niveau des produits à être consommés certains
médicaments qui sont les plus dispendieux et qui n'ont pas
nécessairement les meilleurs effets sur le consommateur. Ça,
c'est un des volets qui, peut-être, est le plus difficile à
toucher actuellement. Est-ce que votre politique touchera aussi ces
différents aspects-là?
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, il y a
une très grande... Il y a quelques années, le gouvernement du
Québec a décidé de faire une tentative pour
développer au Québec l'industrie pharmaceutique. Il y a les
génériques et il y a les innovateurs. Dans ce sens-là,
c'est clair que chacun essaie de protéger son marché et de le
développer. Donc, on est dans une situation où, effectivement, il
y a un certain nombre de médicaments qui nous coûtent plus cher
qu'ils devraient nous coûter normalement pour des équivalents.
Dans ce sens-là, ce n'est pas nécessairement au ministère
de la Santé et des Services sociaux de faire les frais du paiement de
ces médicaments-là. Ça fait partie de la réflexion
très intense qui est menée actuellement et qui aura son
aboutissement dans quelques semaines.
Réadaptation en milieu externe
Mme Vermette: Bien. Vous avez aussi parlé, dans la
réforme, ou annoncé, même, au niveau du rapport Bertrand,
qu'il y aurait des ajouts de points de service de réadaptation en milieu
externe, qu'il y en aurait 30. Est-ce qu'on peut savoir où nous en
sommes rendus, ou quelle est la projection? Qu'il y aura 180 places en milieu
alternatif d'hébergement et de réadaptation, qu'il y aura 50
places dans les hôpitaux et dans les unités médicales...
Alors?
M. Côté (Charlesbourg): II y a déjà
des sommes qui sont prévues à ce moment-ci. Lorsqu'on partait,
par exemple, des 500 000 $ à Québec et des 500 000 $ à
Montréal, c'était pour des places, évidemment. Ça
ne va pas rejoindre les 180 places aux frais de l'État. Dans les 342 000
$...
Une voix: 3 420 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai de la misère
avec mon "342"... Dans les 3 420 000 $, il est évident qu'il y a
là aussi des places à développer au niveau des
régions du Québec. À cela s'ajoutera, en 1992-1993, donc
l'an prochain, un budget de 11 400 000 $ qui deviendra annualisé et qui
va, lui aussi, permettre la création de places additionnelles à
ce niveau-là.
Évidemment, outre les 500 000 $ dédiés à
Québec ou les 500 000 $ dédiés à Montréal -
qui était une règle annoncée "strict minimum", là -
dans le reste, au niveau des régions, par exemple, si on décide
en Montérégie qu'à partir des 997 000 $ on
développe des places, bien, il va se développer des places. Si on
décide de mettre la priorité sur du service en externe, c'est un
choix qu'eux feront, et on leur laisse le soin de faire les choix les plus
appropriés à chacune de leurs régions.
Mme Vermette: Je comprends, M. le ministre, que vous êtes
très respectueux des régions et que vous ne voulez pas trop vous
immiscer dans la gestion interne des régions, jusqu'à un certain
point. Mais quand on a à travailler au niveau de la toxicomanie, il y a
plusieurs voies, en fait, plusieurs approches au niveau de la
réadaptation. Et, en fait, ce n'est pas privilégier un
plutôt qu'un autre ou en développer une plutôt qu'une autre.
C'est-à-dire qu'il faut s'adapter en fonction des différentes
clientèles qui sont sur place et, tantôt, effectivement... Mais
ça dépend du sujet, en fait. C'est non pas à la
région qui décide, mais c'est beaucoup plus, finalement, à
la personne qui vit la problématique que l'on doit s'ajuster au niveau
de l'approche thérapeutique. C'est là-dessus, en fait, que j'ai
de la difficulté à vous suivre, parce que, en fin de compte, on
ne peut pas dire: On s'en va plutôt dans un développement. C'est
à
peu près tous les différents aspects qu'il faut
développer en même temps, parce que ça dépend des
clientèles, effectivement.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Il y a deux choses, je
pense, à ce niveau-là. Quand je dis qu'on transfère aux
régions et qu'on leur fait bien confiance, j'ai raison; vous avez raison
de dire qu'il peut y avoir différentes manières d'intervenir. Par
exemple, une Institution qui est très très bien connue, qui est
Le Portage, a sa manière de faire, s'adapte très bien à un
grand nombre d'individus qui ont besoin du style du Portage. Ça ne veut
pas dire que c'est la seule solution et qu'elle fait à tout le monde. Il
y a d'autres approches qui peuvent, définitivement, être reconnues
à ce niveau-là.
Il est clair qu'il n'est pas question de transférer l'argent et
de dire: Vous faites n'importe quoi, n'importe où et n'importe comment.
Les orientations sont là pour être un guide. Donc, si ça va
en dehors des orientations, ça sera non. Alors, ce n'est pas
compliqué, mais H y a au moins suffisamment de matière là
pour être capable d'orienter les gens.
Deuxièmement, quand on dit 'pas n'importe comment", je vous ai
dit tantôt que nous avions consacré des sommes d'argent sur le
plan provincial à la formulation et à l'application de normes de
qualité. Donc, je pense qu'il y a un certain respect, là, un
certain minimum que nous devons respecter. Finalement, ces
administrations-là doivent être des administrations responsables.
Elles doivent répondre de leur administration, aussi. Donc, elles seront
redevables au ministère des sommes d'argent qu'on leur expédie et
de l'attribution qu'elles en feront. Donc, il y a des choses qui nous
apparaissent évidentes, à ce moment-ci, parce qu'il y a des
secteurs qui existent et qui sont à consolider. Je pense qu'on doit
s'adresser à ça, et, dans certains cas où il n'y a pas de
services externes, on doit ajouter des services externes.
Deuxièmement, il faut créer de l'espace pour des projets
novateurs. À partir du moment où on parle des orientations et
qu'on parle de normes de qualité, à l'intérieur de
ça, il va très certainement y avoir des projets novateurs et,
plus souvent qu'autrement, c'est le lot des organismes bénévoles
ou du communautaire. Dans ce sens-là, ça m'apparaît assez
important, et on le dit depuis déjà un certain temps:
malgré le fait qu'on consacre, dans les sommes d'argent qui sont
là, 1 000 000 $ en désintoxication médicale, ce qu'on
souhaite, c'est aller davantage dans de la désintoxication non
médicale. Il y a de la place là pour reconnaître des
projets au niveau de chacune des régions, des balises aussi pour que ce
ne soit pas n'importe quoi, n'importe comment et n'importe où.
Mme Vermette: Je comprends très bien, M. le ministre, en
fait... Parce que, effectivement,
Montréal n'a pas de problèmes, Québec n'a pas de
problèmes. Il y a beaucoup d'éventails de ressources, et je pense
qu'il y a un choix, en tout cas, qui favorise un petit peu les personnes qui
ont un problème à choisir la ressource qui leur convient le
mieux, selon leur type de personnalité.
Sauf que, dans les régions, il y a des problèmes majeurs.
Ça, ce n'est pas évident qu'elles ont ce même
choix-là, c'est bien sûr. Et, aussi, il y a une question de
coûts, parce que ça va... Vous le savez très bien,
ça peut aller de 1500 $ à 3000 $; finalement, il y a des
ressources qui coûtent excessivement cher. Ce n'est pas tout le monde qui
peut se permettre, justement, d'entreprendre... Parce que,
généralement, quand une personne a un problème et qu'elle
ressent la nécessité de se faire traiter, c'est qu'elle est
rendue loin dans son cheminement au niveau de la consommation. Elle a souvent
perdu son emploi ou elle a de la difficulté. Généralement,
si tu as un travail, ce n'est pas pire, ton employeur risque, des fois, de
payer. Mais si tu n'as pas de travail et que tu as tout perdu à cause de
ce problème-là, c'est très difficile de te
réhabiliter, à ce moment-là, parce qu'y n'y a pas vraiment
de ressources dans le niveau public pour répondre à ce
besoin-là. Il faut le dire, la consommation s'en va en augmentant et non
pas en régressant. C'est surtout là-dessus, en fait, que j'appuie
beaucoup, en vous disant: Bien, à ce moment-là, comment on va y
arriver? Avez-vous, dans vos orientations, ou en tout cas dans vos politiques,
trouvé un moyen de toucher ou de cibler certaines populations à
risque qui n'ont pas nécessairement les sommes d'argent pour se faire
traiter mais qu'y serait très urgent de traiter parce que, justement,
ça nous coûte très cher socialement, le fait de les laisser
sur le carreau? (10 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): La problématique que
vous soulevez en est une d'abord de ressources financières pour un
individu qui souhaiterait suivre une thérapie dans un centre
privé qui, lui, effectivement, va charger des sommes d'argent plus
importantes que l'accessibilité gratuite du système de
santé. Donc, évidemment, nous n'excluons d'aucune manière
la possibilité éventuelle d'une complémentarité
privé-public. Ce n'est pas exclu. Dans la réforme, ce que nous
prévoyons, c'est qu'on puisse doter chaque région du
Québec de services de base qui peuvent répondre aux besoins de
ses commettants. Évidemment, ce n'est pas demain matin qu'on pourra se
glorifier que toutes les régions du Québec ont tous les services
de base qu'il faut pour être capables de donner gratuitement des services
à l'ensemble de leur population. Donc, il y a un problème
privé, ressources privées, qui est un choix, où les gens
vont et paient selon différentes approches qui devront cependant
être autorisées par le ministère en répondant
aux
critères de qualité, donc, pour ne pas que ça soit
hybride et hors de contrôle.
D'autre part, il y a le public qui, évidemment, est plus
développé à Québec et plus développé
à Montréal... Et, si je comprends, II va y avoir un
développement, ou plutôt on a commencé un
développement assez appréciable au niveau de la
Montérégie. Mais la réforme prévoit l'implantation
un peu partout à travers le Québec de ces mesures-là, et
je ne suis pas convaincu que, pour un certain nombre d'individus, ils ne
souhaitent pas eux-mêmes partir de leur région pour être
pris en charge dans une autre région où c'est beaucoup plus
anonyme. Possiblement que les gens, à ce moment-là, sont dans une
situation plus confortable personnellement pour être capables de suivre
ce genre de thérapie là. C'est un secteur qui, vous le
connaissez, est assez vaste.
Mme Vermette: Je sais très bien ce que... Dans certains
cas, oui, dans d'autres cas, non, parce que ça dépend aussi de la
situation sociale, aussi, pour plusieurs. Des fois, c'est important
d'être entouré de gens qui t'aiment, d'être entouré
de gens qui comprennent, qui sont compatissants à ton état pour
faire ton cheminement. D'autre fois, t'aimes mieux le faire... Ça
dépend, là aussi... Encore là, c'est un critère de
personnalité. Il y en a qui sont très individualistes et qui ne
veulent pas que personne soit au courant de leur problème et qui veulent
s'en sortir seuls, alors que d'autres veulent être entourés. Je
pense qu'il n'y a pas de formule uniforme, surtout dans ce domaine-là,
parce que ça touche profondément l'être humain, en fait, un
problème de consommation de drogue. Et, là-dessus, ma question
était non pas à savoir au niveau de la normalisation - et II y a
une possibilité - mais quelles seront, à ce moment-là,
pour la personne qui veut suivre une thérapie mais qui n'a pas les sous
pour le faire... Parce que vous savez qu'aujourd'hui, on capitalise beaucoup
sur la souffrance humaine. C'est de plus en plus cher, dans les endroits
privés, pour se faire soigner, pour faire une cure de
désintoxication. Ça peut aller jusqu'à 3000 $ à
3500 $ pour certaines cures, en fait. On est en train d'exclure les gens qui
sont le plus susceptibles de recevoir de l'aide, actuellement. On est en train
de faire des classes sociales dans le domaine de la désintoxication,
c'est-à-dire que ceux qui ont vraiment besoin n'ont pas de ressources,
ont de la difficulté, et ceux qui ont des sous ou qui sont à
l'intérieur d'un travail risquent de se faire traiter.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que la
problématique, dans ce domaine-là, est comme dans un autre
domaine, est comme dans le domaine de la santé. On a un système
public qui est financé par le public et qui est accessible, avec les
contraintes d'accessibilité qu'on connaît.
Évidemment, il y a des ressources qui sont privées, qui se
sont développées et qui, elles, exigent le paiement x, de x
milliers de dollars, pour suivre la thérapie. Ça, ça va
continuer de demeurer. Il n'est pas dans notre intention à ce moment-ci,
par exemple, si c'est là qu'est votre questionnement, qu'il y ait une
allocation à la personne qui pourrait aller dans le privé. On me
signale à ce moment-ci que, dans le public, les délais d'attente
ne sont pas très très élevés pour la prise en
charge d'individus. Donc, l'alternative à ce que vous évoquez au
privé qui est dispendieux, c'est le public.
Mme Vermette: D'accord. Encore là, il faut trouver la
ressource, il faut trouver la disponibilité. Ce n'est pas
évident, même si on vous dit que les listes d'attente ne sont pas
si fortes que ça: c'est parce que les gens, très souvent, les
connaissent plus ou moins, en fait, et ont le réflexe d'aller tout de
suite vers le privé parce que c'est le plus connu, à l'heure
actuelle. ce que je voulais vous dire, c'est qu'effectivement, c'est une
problématique qui, en tout cas, commence à se développer
de plus en plus à cause du nombre élevé de consommateurs.
par contre, je vous ferai remarquer, m. le ministre, qu'en institution,
quelqu'un... parce que, maintenant, montréal a fait le programme
tolérance zéro, ce qui fait que beaucoup de jeunes se retrouvent,
en fait, pris pour des contrevenants et sont arrêtés. ils passent
devant les tribunaux et font l'objet de sentences. souvent, les sentences,
c'est de les envoyer dans des ressources de désintoxication. ils ont le
privilège, en fait, à ce moment-là, de se faire soigner
dans des organismes privés, parce que c'est une sentence. celui qui est
au niveau du travail, il y a des arrangements, comme portage a des arrangements
au niveau de... et à jean-lapointe aussi, en fin de compte, dans
certains cas, il y a des arrangements, pour ces personnes-là, pour
suivre des cures de désintoxication ou pour permettre de suivre des
programmes. il y a aussi les gens qui sont à l'intérieur et qui
ont déjà un travail, qui ont la chance justement d'avoir un
employeur et qui ont des conventions collectives; parce que, de plus en plus,
dans les conventions collectives, on négocie ces différents
aspects-là, la possibilité, en fait, de suivre des cures sans
perdre son emploi. moi, je vous parle pour tous les autres, aussi, les autres
qui, justement, ont déjà payé aussi des impôts au
niveau de notre société et qui ont perdu leur emploi ou tout
ça et qui se retrouvent, finalement... et c'est eux... c'est là
qu'actuellement il y a une augmentation... il y a une progression constante
dans cette clientèle-là, et ce qui arrive, si on n'est pas
capable de les traiter au point de départ, à la source, on les
retrouve dans les sans-abri un peu plus tard, ou on les trouve un petit peu
vraiment comme des itinérants. ça, ça nous coûte
cher socialement, par exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il ne faudrait
pas tirer comme conclusion qu'il ne se fait rien. Dans le sens...
Mme Vermette: Ce n'est pas ça que je dis, là.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, je sais que ce
n'est pas ça que vous avez... Non, non. Je veux tenter de situer. Le
ministère, lui, investit annuellement plus ou moins 42 000 000 $ de son
argent. On a annoncé 37 000 000 $ sur trois ans, cette année
étant la deuxième, sans tenir compte de ce qui s'investit au
niveau de l'éducation, de la sécurité publique, où
il y a quand même des sommes relativement importantes. Je ne nie pas du
tout que le phénomeme soit en croissance. Je pense que, dans le plan
d'action, il y a un certain nombre de mesures qui visaient aussi, au niveau de
la justice, à une justice plus expédi-tive et à faire en
sorte que ceux qui sont véritablement les trafiquants puissent
être traduits devant les tribunaux plus rapidement. Ça aussi,
c'est une préoccupation, de tenter d'enrayer le mal à sa source.
Mais, ce matin, je ne suis pas en mesure de vous dire qu'il y a des sommes
d'argent additionnelles qui pourraient être investies pour les personnes
qui n'ont pas les moyens, sur le plan financier, de se payer une ressource
privée. Ça ne m'a jamais été présenté
de cette manière-là, d'autant plus qu'à l'intérieur
du réseau public il n'y a pas - me dit-on - de délais importants
dans l'attente de prise en charge. Évidemment, si on parte du futur,
vous parlez aussi d'augmentations de la consommation qui,
inévitablement, vont probablement nous amener un certain nombre de
problèmes additionnels. Il y a des ressources additionnelles, sur le
plan financier, qui sont prévues au fil des prochaines années. Ce
comité permanent qui, annuellement, doit nous faire des recommandations,
bien sûr, nous orientera, j'espère bien, sur les bonnes pistes.
Comme je l'ai dit tantôt, si nous avons l'obligation de faire certaines
réaffectations budgétaires, on les fera.
Mme Vermette: En fait, M. le ministre, une bonne partie des gens
vont beaucoup dans des ressources privées mais qui ressemblent beaucoup
plus à des organismes communautaires où des gens, finalement, se
débrouillent un peu avec les moyens du bord, ou, en fait, ce sont
d'anciens ou des ex-alcooliques ou toxicomanes qui sortent des ressources plus
communautaires qu'autre chose. Ces ressources communautaires ont de la
difficulté à survivre, dans la plupart des cas, à moins
que ce ne soit une grosse boîte. Mais la plupart ont vraiment de la
difficulté à vivre. Je vous en ai cité quelques-unes, mais
j'en ai une autre à Varennes que je suis allée visiter,
dernièrement. C'est une excellente ressource qui risque de fermer ses
portes. C'est ça qui est triste, parce que les gens qui sont à
faible revenu doivent aller dans ces ressources communautaires là, et
les ressources communautaires ne savent jamais de six mois en six mois si elles
vont survivre ou si elles vont disparaître. C'est là-dessus,
peut-être, au niveau de l'aide aux ressources communautaires, à ce
moment-là, si vous avez un plan établi... Est-ce que vous avez
l'intention d'apporter substantiellement une aide accrue?
M. Côté (Charlesbourg): Je vous dis, mol, là,
400 000 $ par rapport à 937 000 $, c'est au minimum 45 % d'augmentation
du budget. Donc, ça me paraît être assez substantiel. Est-ce
que ça veut dire pour autant que c'est suffisant pour répondre
à tous les besoins? Je vous dis très honnêtement: je ne
pense pas. Mais II y a là une augmentation substantielle du budget qui,
je le souhaite, va continuer d'augmenter pour supporter ces ressources
bénévoles là qui sont Importantes. Si on ne les avait pas,
je pense qu'on serait passablement dans la misère, et on pourrait parler
à ce moment-là de listes d'attente assez appréciables au
niveau de la prise en charge dans le public. Dieu sait qu'il y a certains
établissements hospitaliers... Il y en a un en particulier dans le
comté de Joliette qui a fait appel à une ressource
bénévole. Je l'ai moi-même rencontrée, et elle fait
un excellent traval. Le centre hospitalier est bien heureux de lui
refiler les patients, à l'occasion, pour traitements. Dans ce
sens-là, je pense qu'il faut continuer de les supporter. C'est
substantiel, comme augmentation, cette année. J'espère qu'on va
pouvoir continuer dans cette voie-là.
Mme Vermette: Justement, M. le ministre, tantôt, vous avez
parlé, au niveau de l'accréditation des centres pour les centres
communautaires ou les centres bénévoles, que vous songiez
à mettre sur pied, en fait, un organisme d'accréditation qui aura
un mécanisme, à ce moment-là, au niveau du contrôle
de la qualité. Ça devient une forme d'accréditation,
à ce moment-là, auquel cas: qui est-ce qui en aurait la
responsabilité? Est-ce que ce serait votre ministère? Est-ce que
vous auriez quelque chose de vraiment structuré à cet
égard, justement, pour empêcher qu'il y ait indûment soit
des organismes qui s'en vont dans un sens comme dans l'autre, soit qu'ils
exploitent la misère humaine de toute façon?
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on parle
d'élaboration de normes de qualité, je pense que c'est la
première chose dont on doit se doter pour qu'éventuellement
quelqu'un à quelque part, que ce soit au ministère, que ce soit
dans les régies, porte un jugement sur une accréditation
éventuelle - si on peut considérer que le fait d'être
reconnu par le SSOC est une accréditation - ou d'autres manières
par le ministère ou par les régies régionales sur le plan
du subven-
tionnement à de l'institutionnel. Donc, il est bien
évident que les orientations sont la base. Les critères de
qualité, c'est une deuxième qui est en élaboration,
à ce moment-ci. Bon. Qui fera l'accréditation, entre guillemets?
Évidemment, le ministère va continuer de conserver un rôle
à ce niveau-là, mais quand on aura défini les
critères, à ce moment-là, on définira qui a la
responsabilité ultime. Ce sera toujours le ministère, mais s'il
peut y avoir une responsabilité déléguée, à
ce moment-là, c'est ça qu'on examinera. (11 heures)
Mme Vermette: Actuellement, si quelqu'un a une plainte... Parce
que, quand on a fait le forum à Longueuil et qu'il y avait plusieurs
organismes... En fait, il y avait une dame qui était venue faire un
témoignage qui était vraiment déchirant. C'est une
personne qui avait payé très cher pour souffrir et qui a
été vraiment sa ressource. Où peut-on formuler une
plainte, à l'heure actuelle? Est-ce qu'il y a un endroit où,
justement, quand une personne se sent lésée, elle peut
déposer une plainte, actuellement?
M. Côté (Charlesbourg): Règle
générale, les plaintes sont acheminées au CRSSS, mais,
évidemment, pour des établissements du réseau public.
Mme Vermette: Mais quand... C'est parce qu'une bonne partie de
ces ressources-là sont justement genre communautaire, plus ou moins
communautaire ou sans définition comme telle. C'est qu'aujourd'hui, vous
savez, tout le monde qui a vécu un problème et qui s'est
réhabilité... Demain matin, il ouvre sa boîte et il
s'improvise, et ça a des conséquences dramatiques sur
l'être humain ou sur des personnes qui vont en thérapie. C'est un
problème majeur, actuellement, et ce qui risque... Parce que, justement,
on n'a pas suffisamment les sous; on souffre tellement dans son corps et dans
son âme qu'on veut absolument avoir du secours quelque part.
M. Côté (Charlesbourg): Là-dedans comme dans
d'autres domaines, il y a des charlatans. Il y a du bon monde et il y a aussi
des charlatans. Evidemment, il n'y a pas de place indiquée, à ce
moment-ci, à part uniquement pour les établissements du
réseau public: elles doivent aller au CRSSS. Dans le cas du
privé, il n'y en a pas. Il n'y a pas d'endroits. Donc, c'est une
très bonne question, qui n'a pas de réponse à ce
moment-ci, mais qui va mériter d'avoir une réponse.
Mme Vermette: Sûrement, parce qu'il y a beaucoup de gens
qui, actuellement, en font les frais, M. le ministre, et c'est une urgence, je
pense, de réagir et de se réajuster dans ce domaine-là.
Est-ce que la réforme va y toucher?
M. Côté (Charlesbourg): Si vous voulez que je vous
réponde de manière très honnête, comme d'habitude,
c'est une question qui est soulevée ce matin à laquelle je ne
m'étais pas adressé, mais, par le fait qu'elle est
soulevée ce matin, on va devoir s'y adresser. Je vous reviendrai
éventuellement avec une réponse plus précise. Je n'en ai
pas ce matin. À tout le moins, vous avez le mérite de l'avoir
soulevée. Je tenterai d'y donner une réponse plus claire, ce que
je ne peux pas faire ce matin.
Sujets divers
Mme Vermette: vous avez un organisme, l'association des
intervenants en toxicomanie, qui a déjà une bonne expertise et un
large répertoire de tout ce qui peut s'offrir en termes de services au
niveau de la toxico. est-ce que vous ne croyez pas - moi aussi, c'est une
réflexion que je vous lance comme ça - qu'elle pourrait jouer un
rôle assez important dans le domaine de la coordination, ou jouer un
rôle de leadership dans le domaine de ce qui se passe au niveau de la
toxicomanie, autant de recherche, d'information, que de prévention et
aussi jouer un rôle, éventuellement, au niveau des normes de
qualité?
M. Côté (Charlesbourg): Je m'excuse. J'ai
manqué le début de votre question, parce que je...
Mme Vermette: Je parlais de l'AITQ, l'Association des
intervenants, qui pourrait peut-être jouer, qui pourrait peut-être
éventuellement ressembler non pas à un conseil
québécois... Mais c'est une structure déjà en place
qui pourrait être le leader, le leadership, assumer une forme de
coordination de leadership dans le domaine de l'intervention au niveau de la
toxicomanie dans ces différents aspects.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je vais faire, dans
un premier temps, je vais demander à mon sous-ministre, M. Dicaire,
à la prochaine rencontre du comité permanent, de soulever la
problématique particulière de l'offre privée de services
qui, actuellement, ne fait pas l'objet de vérifications de
qualité, et de me proposer un moyen d'intervenir. Et, à ce
moment-là, aussitôt que j'aurai les recommandations, je serai en
mesure de vous dire exactement ce qu'on fera.
Mme Vermette: II y a un cas que je voudrais soulever à
votre mémoire, M. le ministre. C'est assez particulier. Ça
s'appelle Le Patriarche. C'est une ressource qui s'est développée
dans Saint-Jovite et un peu à Montréal, qui a fait l'objet
d'enquêtes en Europe, en France, un peu partout, en fait, qui ont
été... Et même en Fance, pour vous dire, ils ont
été très heureux de pouvoir s'en débarrasser.
Ça ressemble plus à un parc immobilier que ça ressemble
vraiment... C'est une approche assez particulière. Il semblerait qu'ici,
au Québec, c'est une ressource qu'on
voudrait privilégier à l'heure actuelle. Il y a eu
enquête. J'ai les résultats de l'enquête en France avec
moi...
M. Côté (Charlesbourg): II y a eu, l'an dernier, une
visite tripartite du ministère, du Département de santé
communautaire de Montréal et du CRSS à cette ressource. Et,
évidemment, le principe était le suivant: c'est qu'on ne peut
pas, d'entrée de jeu, exclure des ressources. Il faut, à tout le
moins, aller vérifier sur place si c'est une question de qualité.
On l'a dit tantôt, il y a des approches qui peuvent être
diamétralement opposées et qui peuvent, pour certains types,
donner des résultats tout aussi probants les uns que les autres. Il n'y
a pas de méthode uniforme, dans ces domaines-là, pour être
capable de solutionner les problèmes des individus. L'important, c'est
que des individus soient pris en charge, soient soignés, traités
et qu'ils puissent tirer profit des différentes thérapies. C'est
une maison qui existe définitivement en Europe, en France en
particulier, depuis un certain nombre d'années et qui a dû
modifier un certain nombre de comportements ou d'attitudes et évoluer
aussi avec son temps.
Le ministère a fait sa visite l'an dernier, donc, avec le CRSS et
le Département de santé communautaire, et il n'y a rien de
particulier qui est ressorti de cette visite. Mais, évidemment, c'est
une technique qui peut être questionnée par certains
éléments de la société québécoise,
comme elle l'a été en France. Et, évidemment, on
questionne davantage les méthodes d'intervention. Mais ça doit
répondre à un certain nombre de cas ou d'individus, puisque,
effectivement, ils sont en Europe et, me dit-on, même son grand
président serait un de ceux qui seraient dans la liste des suggestions
pour le prix Nobel de la paix. Donc, c'est quand même assez important
merci. Juste le fait de penser que vous pouvez être un individu qui peut
effectivement être dans la liste, c'est déjà quelque chose.
Ils n'ont pas parlé de moi encore!
Mme Vermette: M. le ministre, je comprends très bien que,
oui, effectivement, c'est une approche assez particulière,
c'est-à-dire qu'on utilise les jeunes et on les envoie dans
différents pays, ce qui fait que, souvent, on peut perdre la trace de
ces jeunes, là aussi. Mais, par contre, les sommes d'argent restent,
parce qu'ils reçoivent les chèques au nom adressé. Il y a
quelque chose, peut-être, au niveau thérapeutique. Vous savez
très bien comme moi que, quand quelqu'un souffre dans son corps - je le
reprends souvent, surtout à ce niveau-là - et qu'eux s'occupent
des sidéens... C'est une des rares ressources qui donne autant
d'attention pour ces groupes d'individus. C'est sûr qu'on est
tenté d'envoyer ces jeunes et ces gens. En fait, ce qui fait la
différence, bien sûr, c'est qu'on utilise... Si tu as le
goût d'être charpentier, on te donne la chance d'être
charpentier, si t'as le goût d'être décorateur, on te donne
la chance d'être décorateur, sauf qu'on t'envoie dans des pays
différents pour faire cette expérience-là, d'une part. Et,
d'autre part, pendant ce temps-là, la personne ne reçoit jamais
de salaire, en fait. Tout ce qu'elle reçoit, c'est le gîte, ce qui
fait que, quand la personne s'en va, elle se retrouve encore, si elle veut
vraiment en sortir... On a parlé beaucoup de sectes, actuellement,
à Montréal et au Québec, qu'il s'en développe, et
à travers le monde un peu partout. Ça ressemble
étrangement à certaines sectes style Église de
Scientologie, etc., mais qui ont une approche plus particulière et plus
dirigée vers des personnes ayant des problèmes de toxico, et plus
particulièrement atteintes du sida. Ne trouvez-vous pas qu'il faut y
aller d'une façon assez parcimonieuse dans des ressources de ce
type-là, même si on sait qu'on ne peut pas se priver de ressources
et qu'il faut y aller d'une façon, enfin, de faire attention à ce
niveau-là?
M. Côté (Charlesbourg): Bon, évidemment,
lorsqu'on fait appel à cette ressource, j'imagine que plusieurs jeunes y
voient aussi l'occasion de voyager à travers le monde. Ça ne doit
pas être négligeable, comme attrait à aller suivre cette
thérapie-là. Et ça ne veut pas dire que c'est mauvais.
Bon, pour certains, ça peut être mauvais, pour certains autres,
ça peut être bon. Et je suis pleinement convaincu que vous
pourriez, demain matin, trouver des gens qui ont utilisé cette ressource
et qui viendraient faire le témoignage très sincère d'un
bon vécu et d'une réussite totale. Vous allez en trouver, en
contrepartie, qui vont venir vous faire la démonstration que ça
n'a pas de bon sens. Pour moi, ce qui me préoccupe, ce qui doit nous
préoccuper, c'est d'abord l'Individu qui est dans une situation de
détresse, qui a besoin de services et qui doit avoir des services. On
est dans la situation d'une ressource non subventionnée, donc d'une
ressource privée, et on est aussi dans la situation où nous
sommes à élaborer des critères de qualité, un moyen
de faire en sorte, effectivement, d'éviter l'exploitation
financière ou autres d'individus qui sont dans des situations difficiles
et qui requièrent ces services privés.
Bon, ce n'est pas en soi une catastrophe que de faire voyager des jeunes
à travers le monde. Ce n'est pas nécessairement une
thérapie qui est mauvaise. Donc, à partir de ce moment-là,
il y a peut-être d'autres éléments qui sont plus
questionnables, que vous avez évoqués et qui méritent
d'être questionnés. Mais, évidemment, il y a toujours une
participation libre des individus; ils choisissent librement d'aller à
cette institution privée. Il n'y a personne qui est forcé d'y
aller. Bon, évidemment, lorsqu'on aura trouvé, puisque je vous ai
dit tantôt qu'on n'a pas de moyens ou de méthodes
d'accréditation des ressources privées... A partir de ça,
il est clair
que, lorsqu'on l'aura, ce sera une ressource qui, comme les autres,
devra passer au tamis de cette accréditation. Bon. Ça signifie
quoi? Ça signifie que, demain matin, lorsque notre ligne
téléphonique sera installée, les gens qui seront au bout
de la ligne téléphonique vont pouvoir faire la
référence d'un certain nombre de ressources qui sont disponibles.
Ce sera à nous, comme ministère, d'être extrêmement
vigilant sur les références qu'on pourra faire, et ce sera aux
individus de choisir si c'est eux qui en défraient les coûts et de
choisir des institutions qui auront répondu aux critères mais qui
peuvent aller d'un extrême à l'autre sur le plan des
thérapies et qui, comme je l'ai dit tantôt, vont exiger dans
certains cas une thérapie plus à droite et dans d'autres une
thérapie qui est beaucoup plus à gauche. (11 h 15)
Mme Vermette: Oui, M. le ministre, je comprends très bien.
Ce que je trouve un petit peu aussi, là-dedans, c'est qu'il y a eu, je
pense, des cas qui ont été référés, en fait,
pas par le ministère comme tel, mais par des organismes publics,
évidemment, à cet organisme-là, et aussi qui sont
susceptibles de recevoir des subventions. Et si je regarde, la plupart de ces
gens-là, quand ils arrivent... Si je vais à Saint-Jovrte, ils ont
pris... En fait, c'est superbe. Si vous êtes allé visiter
ça, vous le savez, c'est magnifique où ils sont, à
Saint-Jovite. Ça a été donné par les Frères
des écoles chrétiennes, ou c'est une sous-location, en tout cas.
Là-bas, ils ont la chance d'avoir ce qu'il y a de plus beau au
Québec, en fait, pour pratiquement rien, alors qu'on a ici plein de
ressources communautaires qui ont de la difficulté à survivre,
à donner des services. Là-dessus, par exemple, je trouve
ça assez injuste par rapport à tous les groupes communautaires
ici qui essaient de s'en sortir et de donner un service de qualité qu'on
privilégie, justement... D'autant plus que cette ressource a fait
l'objet... Il a été démontré, surtout en Europe,
que c'était plus un parc immobilier qu'ils développent que,
finalement, autre chose.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, vous
aurez compris que je n'ai pas de contrôle sur les Frères des
écoles chrétiennes.
Mme Vermette: Non, mais vous avez un contrôle au niveau de
vos organismes qui font des références à cet
organisme-là.
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas des institutions
privées, pour être très clair, à ce moment-ci, le
seul moment où le ministre ou le ministère peut intervenir, c'est
lorsque la santé de l'individu peut être en danger. À ce
moment-là, j'ai un pouvoir d'enquête. Mais c'est le seul moment
où je peux intervenir, surtout que - on va se le dire - d'aucune
manière nous ne subventionnons cet organisme-là. Que l'on soit
dans une situation où les Frères des écoles
chrétiennes ont décidé de leur prêter, louer ou
donner un domaine sur lequel ils mettent en pratique leur thérapie,
évidemment, moi, je n'y peux rien. C'est la communauté religieuse
qui a décidé de le faire. Ce n'est pas la première fois
que ça se fait. On voit des communautés religieuses, que ce
soient des soeurs ou des frères, qui donnent, pour des périodes
de temps déterminées ou indéterminées, des
bâtisses qui doivent servir, être dédiées à
une vocation spécifique. On l'a vu dans le cas de la toxicomanie. Vous
l'avez vu, ici à Québec, dans le cas de l'Auberivière. Ce
sont des bâtisses qui appartiennent aux communautés religieuses,
qui ont été prêtées à l'Auberivière et
dédiées aux intinérants. On voit ça un peu partout,
et je ne pense pas qu'on puisse décourager ça. Il faut
l'encourager, au contraire. Évidemment, je n'irai pas dicter à
telle communauté religieuse, que ce soient des frères ou des
soeurs, à qui elle devrait donner demain matin ses biens. Je pense que
c'est sa responsabilité. A ce moment-là, il faut vivre avec.
En contrepartie, ayant dit ce matin qu'il nous faut développer
des normes de qualité qui vont nécessairement parler tantôt
d'accréditation et qu'il faut, demain matin, trouver un moyen
d'accréditer des ressources privées qui répondent aux
critères et aux orientations qu'on se sera donnés, à
partir de ce moment-là, on aura fait un bon bout de chemin.
Peut-être qu'on pourra, à ce moment-là, davantage
vérifier l'à-propos de certaines dénonciations, s'il y en
a, dans des cas comme ceux-là.
Mme Vermette: Bien. Alors, M. le ministre, je m'aperçois
qu'il y a aussi d'autres volets sur lesquels j'aurais aimé m'attarder.
Il y a le domaine du travail. On dit que ça coûte à peu
près, au niveau canadien, pas loin de 6 000 000 000 $ en perte de temps
et en pertes de tout autre ordre. Est-ce qu'au niveau de la prévention,
en fait, au niveau des entreprises, bien sûr, la politique
là-dedans... Quelle est votre politique, au niveau de la toxicomanie au
niveau du travail? Parce que là où il y a des syndicats,
là où il y a des entreprises... Les autres, qu'est-ce qu'on fait,
à ce niveau-là? Avez-vous quelque chose à ce
niveau-là?
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ce n'est
pas tellement ma responsabilité sectorielle que celle du milieu de
travail.
Mme Vermette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ultimement oui, parce que si
ça devient une question de santé...
Mme Vermette: De santé.
M. Côté (Charlesbourg): Mon collègue le
ministre du Travail est à préparer une politique d'intervention
en milieu de travail, à ce moment-
ci, qui passera par le tamis du comité sous-ministériel
qui est en marche maintenant, auquel siège le sous-ministre du Travail.
C'est sa responsabilité.
Mme Vermette: Est-ce que vous seriez pour un dépistage
automatique des employés dans le milieu de travail, en ce qui concerne
la drogue, le sida ou pour les séropositifs?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'on n'en est pas
aujourd'hui à donner notre aval sur un dépistage automatique
systématique.
Mme Vermette: Ça se fait aux États-Unis
actuellement.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais ça ne veut
pas nécessairement dire, parce que ça se fait aux
États-Unis, qu'on doit nécessairement le faire chez nous. A
partir de ce moment-là, je pense que je ne suis pas sûr que la
société québécoise est prête à
accepter ce genre de situation là. On est peut-être, dans
certaines maladies très spécifiques, pas très loin, mais
de là à ce qu'on le fasse dans le cas des toxicomanies, il me
semble qu'il y a un pas assez important à franchir, un pas très
important à franchir que je ne suis pas prêt, personnellement,
à franchir.
Mme Vermette: Le maire de Montréal, ainsi que Michel
Hamelin, qui est président du conseil exécutif... Lorsqu'il est
allé à la conférence nationale sur les drogues et les
crimes organisés par la conférence des maires des
États-Unis, il a dit qu'en fin de compte, Tolérance zéro,
qui a été mis de l'avant par la CUM, lançait un message
à l'ensemble de la société, en fait. Ce qu'il disait,
c'est qu'actuellement on avait développé comme une forme de
tolérance à l'égard de l'usage parce que, en fait, c'est
quasiment toléré, sur certains aspects. Il disait, en fait: II
nous faut absolument renverser cette tendance pour que nous puissions gagner la
guerre contre la drogue. Qu'est-ce que vous entendez faire au niveau de la
prévention, justement, pour arriver à toucher la population, pour
que cette vision que nous avons soit renversée?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, ce n'est pas
uniquement le problème du ministère de la Santé et des
Services sociaux...
Mme Vermette: Non.
M. Côté (Charlesbourg):... parce que, jusqu'à
maintenant, l'aboutissement de tout ça, c'est chez nous. C'est
ça, le constat du rapport Bertrand. C'est qu'avec tel secteur qui ne
s'en occupe à peu près pas ou tel secteur qui ne s'en occupe pas,
ils finissent par se retrouver dans l'institutionnel, dans le réseau de
la santé et des services sociaux. Donc, finalement, en bout de ligne,
c'est chez nous, au niveau de la santé et des services sociaux. On a
aussi une part de responsabilité au niveau de la prévention,
à ce niveau-là. C'est pour ça que, sur le plan... Une des
faiblesses qu'on a pu remarquer, c'était le manque de coordination sur
le plan ministériel. La principale recommandation était,
au-delà de l'injection de sommes d'argent - parce que ça aboutira
toujours par des sommes d'argent additionnelles - de mettre ensemble les
sous-ministres pour coordonner l'action gouvernementale. S'il n'y a pas de
consommation, si on est à consommation zéro, on risque d'avoir
passablement moins de problèmes dans nos institutions, y compris
privées comme publiques.
Donc, à partir de ça, ce n'est pas l'affaire uniquement de
la Santé et des Services sociaux, c'est l'affaire de tout le monde;
c'est l'affaire de la Sécurité publique, c'est l'affaire de la
Justice, c'est l'affaire de l'Éducation, c'est l'affaire du Travail, et
c'est l'affaire de la Santé et des Services sociaux. Je pense que, dans
ce sens-là, quant à nous, il faut trouver des moyens de faire ce
qu'on a à faire aujourd'hui et de mettre la prévention
auprès des très jeunes. C'est là qu'on va atteindre le
zéro. Penser à une opération zéro à ce
moment-ci, auprèsdes clientèles d'adolescents et
d'adultes, ce n'est pas très réaliste. Je pense qu'il faut aller
à la base, au niveau des jeunes, dans les cours d'école, dans les
rues; sur le plan de la prévention, les prendre à des âges
beaucoup plus jeunes.
Moi, ce qui m'a frappé beaucoup au cours de la dernière
année, dans les échanges que j'ai eus en particulier avec des
groupes communautaires et bénévoles dans ce domaine-là,
c'est qu'on me parlait, de manière assez régulière, de
jeunes de 9 ans, de 10 ans qui étaienten contact avec des
éléments de la société pas très
désirables et qui, à ce moment-là, dès cet
âge-là, contractaient des problèmes et allaient vivre avec
des problèmes. C'est pour ça que le virage est très
important et qu'il nous faut privilégier l'intervention précoce,
comme le disent si bien les orientations. Donc, ce sont des orientations qui
sont très claires au niveau du ministère et qui vont se traduire
par de l'action demain.
Mme Vermette: Alors, Mme la Présidente, comme je voudrais
passer sur un autre thème tantôt, l'adoption internationale, je
pense que, même si j'avais d'autres questions à vous poser, M. le
ministre... J'aurai sûrement l'occasion d'échanger avec vous
là-dessus, sur ce sujet-là. En tout cas, vous avez vraiment
conclu à peu près la même chose que moi,
c'est-à-dire que vous venez de faire la démonstration de
l'urgence et de l'importance d'avoir ou d'assumer un leadership et de se nommer
un leader dans le domaine de l'intervention au niveau de la toxicomanie, de
l'urgence aussi d'établir une
politique dans le domaine de la toxicomanie. je pense, m. le ministre,
qu'indépendamment que ce soit l'opposition qui ait déposé
un projet de loi sur la création d'un conseil québécois,
donnez-lui le nom que vous voudrez, donnez-lui en fait la connotation que vous
voulez, je pense que vous venez de faire vous-même la propre
démonstration qu'évidemment, ce qui est le plus important, c'est
qu'il faut que le monde se parle, que les gens coordonnent leurs actions si on
veut vraiment avoir un impact important au niveau de la prévention, et
ce, justement, le plus tôt possible et dans tous les domaines
d'activité de notre société à l'heure actuelle. et
je pense que c'est une urgence, à mon avis, de réagir dans ce
sens-là, et que ça ne serait pas investir au niveau des
structures, mais ça serait beaucoup plus investir, en fait, dans
l'avenir, pour permettre d'avoir une action beaucoup plus efficace au niveau de
l'intervention, et ce, dans tous les différents champs d'activité
dans le domaine de la toxicomanie au québec.
M. Côté (Charlesbourg): Tout ce que je veux dire en
conclusion sur ce sujet, et je pense que les parlementaires sont bien
placés pour le savoir, c'est que ce n'est pas du fait qu'on
légifère, qu'on réglemente que les problèmes se
règlent automatiquement, malgré les bonnes intentions du
législateur, peu importe s'il est dans l'Opposition au lieu d'être
au pouvoir. Ça, c'est uniquement une pièce de
référence ou d'encadrement qui dit: Telle affaire est
légale, telle affaire ne l'est pas. Dans ce sens-là, il ne faut
pas laisser sous impression non plus qu'il n'y a pas d'action. Parce que
l'action est commencée déjà depuis près d'un an ou
à peu près, dans la foulée des orientations du
ministère, du rapport Bertrand, où déjà il y a des
sommes assez importantes d'investies sur l'année 1991-1992, 8 400 000 $
chez nous à la Santé, mais globalement, une quinzaine de millions
au niveau du gouvernement, donc dans d'autres secteurs comme
l'Éducation, la Sécurité publique, la Justice. Le
comité permanent est déjà en place,
bénévole, permanent... Il est déjà en place sur le
pian du conseil. La coordination ministérielle, ou plutôt
sous-ministérielle se fait maintenant mieux qu'elle ne s'est jamais
faite.
Je pense que, dans ce sens-là, les fruits de ces
efforts-là sont à venir. Je ne veux pas dire qu'il y en a
maintenant. Ça ne serait pas honnête intellectuellement que de
dire qu'on a déjà des fruits de l'action qu'on a menée,
mais j'imagine qu'on est sur le point d'en toucher quelques-uns. Nos
coordonnateurs régionaux, notre prévention, l'ajout de places...
Dans ce sens-là, 1992-1993 va nous amener aussi son lot d'argent qui va
être investi, je l'espère bien, aux bonnes places, et de support
aux groupes bénévoles et communautaires. Je pense que, dans ce
sens-là, le train, la locomotive est partie, et il y a plusieurs wagons.
La journée où on aura compris que c'est l'affaire de tous,
probablement qu'on aura réussi à faire un bon bout de chemin. Il
restera encore des imperfections. On l'a dit tantôt. Dans le cas des
ressources privées, il y a besoin très certainement d'un
resserrement au niveau du contrôle de la qualité par,
possiblement, une accréditation, éventuellement. J'ai dit oui.
C'est une chose qui n'est pas prête à être examinée
de très près, mais je vous reviendrai là-dessus.
La Présidente (Mme Marois): Alors, est-ce qu'on passe, Mme
la députée, au volet adoption internationale de l'étude
des crédits?
Mme Vermette: Voilà, et je voulais juste dire au ministre
que, dans le fond, on est sur la même longueur d'onde. Il s'agit tout
simplement, maintenant, de rapailler tous ces gens-là et de faire un
tout cohérent.
M. Côté (Charlesbourg): C'est en cours.
Mme Vermette: C'est en cours. Bien. Alors, on est sur fa bonne
voie.
Adoption internationale
La Présidente (Mme Marois): On passe à l'adoption
internationale.
Mme Vermette: On passe à l'adoption internationale, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): On procédera à
la fin à l'adoption des crédits. On va terminer d'abord ces deux
volets-là. Mme la députée, est-ce que vous avez... M. le
ministre, d'abord, est-ce que vous avez des remarques préliminaires?
J'imagine que ce que vous avez dit au départ, ce matin, s'applique.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va. Je veux vous
dire que je suis accompagné de M. Lucien Leblanc, qui a la
responsabilité...
La Présidente (Mme Marois): Bonjour.
M. Côté (Charlesbourg): ...au niveau de l'adoption
internationale et qui est un bon citoyen de Québec qui travaille
à Montréal au niveau du Secrétariat à l'adoption
internationale. Juste pour lui... Ha, ha, ha! Je lui passais un petit message.
Il espérait bien revenir à Québec, à ce que j'ai
compris. (11 h 30)
La Présidente (Mme Marois): Bienvenue à la
commission. Est-ce que c'est le ministre qui projette ses appréhensions
de... Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, du tout. Dans ce
cas-là, c'est probablement le ministre qui impose ses volontés
montréalaises à M.
Leblanc.
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, merci, Mme la Présidente. On sait bien
que l'adoption internationale a fait l'objet d'une loi, la loi 70, et, pour
avoir fait beaucoup parler d'elle, le Secrétariat a aussi beaucoup fait
parler de lui. On s'est posé beaucoup de questions sur la loi 70,
à savoir si ça avait mis un terme à l'affrontement et,
justement, peut-être qu'on pourrait vérifier si,
véritablement, entre parents et ie Secrétariat, cet affrontement
est terminé. Aussi, chez le Protecteur du citoyen, dans son dossier
d'enquête qui a été publié aussi au début de
l'automne, on voyait bien et on se posait l'adoption interminable ou, en fin de
compte, l'adoption internationale... Donc, tout ça pour vous dire
qu'effectivement, c'est un dossier qui est émotif et, en même
temps, qui fait en sorte qu'on a de ta difficulté à trouver une
façon de procéder dans ce domaine-là. On voit
qu'actuellement, on est en nette progression au niveau de l'adoption parce
qu'on a élargi, en fait, la possibilité de l'adoption. En fait,
on a enlevé certains irritants qui étaient dans les lois
antérieures, qui fait que ça devient beaucoup... On
s'aperçoit aussi, par contre, que, malgré tout, H y a des cas qui
sont encore litigieux, qu'il reste encore des choses qui n'ont pas
été réglées, et aussi, peut-être, une
meilleure compréhension vis-à-vis du rôle des parents
adoptants avec leurs enfants, ici, au Québec. C'est plutôt sur ces
différents aspects-là que j'aimerais beaucoup qu'on parie.
J'aimerais aussi vérifier certaines choses qu'on avait faites
l'année passée. Je vois que M. Leblanc est encore là, et
je voulais savoir... Ma première question: est-ce qu'il est permanent ou
est-ce qu'il est encore prêté par le ministère de la
Justice? Finalement, ça fait quatre ans qu'il assure l'intérim.
Est-ce que vous croyez qu'U pourrait prendre le poste?
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, c'est pour
ça... Ah oui, définitivement, je pense que, là-dessus, H
n'y a pas d'inquiétude quant à la capacité d'occuper le
poste en permanence. Évidemment, il y a une question qui lui est
davantage personnelle sur le plan de l'assignation. C'est pour ça que,
très candidement, j'ai fait l'ouverture, en parlant de Montréal
et de Québec, pour bien détendre l'atmosphère à ce
niveau-là. Effectivement, M. Leblanc est toujours là, en occupant
permanent mais sans ta permanence. C'est une question que nous trancherons avec
M. Leblanc qui, je l'ai dit tantôt - ce n'est pas un secret, je pense -
souhaite pouvoir revenir à Québec, éventuellement. C'est
un "éventuellement" qui dure déjà, de ce que j'ai compris,
depuis un certain temps. Donc, on devra s'adresser à cette
question-là au cours des prochaines semaines, des prochains mois.
Mme Vermette: On m'avait dit un peu la réponse comme
ça l'année passée. Est-ce que vous êtes toujours
payé par le ministère de la Justice, ou c'est le
Secrétariat qui...
M. Leblanc (Lucien): Toujours par le ministère de la
Justice, madame.
Mme Vermette: Toujours par le ministère de la Justice.
Bien.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une économie de
ressources pour le...
Une voix: ...le contribuable.
Mme Vermette: Ça dépend où est... Ha, ha,
ha!
Maintenant, on s'aperçoit qu'avec l'ouverture, il y a beaucoup
plus d'adoptions qui ont été faites cette année par
rapport aux années antérieures. Est-ce qu'on peut vérifier
le nombre d'adoptions qui ont été faites individuellement par les
parents et par le Secrétariat à l'adoption comme tel?
M. Côté (Charlesbourg): À ce moment-ci, si on
compare les chiffres de cette année par rapport à l'an dernier...
L'an dernier, I y avait eu 285 adoptions; il y en a 643 cette année, ce
qui est quand même considérable et qui aurait une tendance
à démontrer que les ajustements sur le plan législatif
donnent des résultats. Il y a certaines données qui
n'était pas disponibles au moment où il y a eu la transmission
des crédits et qui sont disponibles aujourd'hui. Je pourrais
peut-être les redonner. Peutnètre que M. Leblanc peut
expliquer...
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que vous pouvez les
déposer maintenant?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
La Présidente (Mme Marois): Avez-vous des copies pour les
membres de la commission?
M. Leblanc: J'ai quatre copies.
La Présidente (Mme Marois): Parfait. Alors, si vous
pouviez peut-être les déposer maintenant, ça permettrait de
faciliter la discussion.
M. Leblanc: C'est un document qui indique le nombre
d'autorisations émises par le Secrétariat à l'adoption
internationale par pays, évidemment, mais aussi par groupes,
c'est-à-dire ceux qui ont procédé par le
Secrétariat lui-même, ceux qui ont procédé par les
organismes agréés, les quelques cas qu'on appelle des cas de
familles et, finalement, les cas par contacts privés. Le
document qui vient d'être déposé donne ces
renseignements-là globalement pour l'année et aussi pour chacun
des mois en cours d'année.
Mme Vermette: C'est parfait, on va en tenir compte. Avec les
changements, il y a des pays où c'est plus facile, maintenant, notamment
la Chine, sauf que, dans la revue Maîtres, là, où on parle
des cigognes venues d'ailleurs, où on dit... C'est Me Marie McCarron qui
dit que, finalement, la politique qui est établie dans la loi, à
savoir... Parce que en Chine on reconnaît uniquement... Il n'y a pas de
juge, là-bas, c'est uniquement une adoption sur le plan administratif.
Ça favorise la mainmise du Secrétariat sur l'important flot
d'adoptions réalisées en Chine, parce que c'est l'un des endroits
qui est vraiment privilégié, la Chine, à l'heure actuelle.
Ça se fait beaucoup par parents qui connaissent très bien, aussi,
qui ont des contacts là-bas.
Ça cause un problème du fait que, là-bas, c'est
plus administratif, qu'il n'existe pas de juge et qu'on a de la
difficulté ici à accepter cette culture-là qui se passe
là-bas en Chine, ce qui fait que quand les enfants reviennent ici, les
parents sont un peu pénalisés. Ils doivent attendre au moins un
an avant qu'ils puissent vraiment adopter légalement l'enfant, et
ça leur cause des préjudices. Notamment, ils n'ont pas droit
à l'assurance médicale. L'enfant arrive souvent avec des
problèmes de maladie et ils doivent assumer eux-mêmes les frais.
Ça leur cause une incertitude parentale face aux enfants. Est-ce qu'il
n'y a pas moyen, malgré tout, de trouver une façon
d'atténuer ces effets-là? Je trouve que c'est pénalisant
pour les parents, puisque d'autres parents vont aller adopter des enfants dans
des pays où le systèmes administratif ressemble au nôtre,
où ils ont des juges et eux ne sont pas pénalisés. Par
contre, ces gens-là sont pénalisés quand ils reviennent
ici au Québec parce que le pays fonctionne de même. On n'est tout
de même pas pour aller faire la loi dans les autres pays. C'est le
même parent adoptant, c'est le même style, c'est le même
motif qui fait que les deux parents vont adopter un enfant.
M. Leblanc: En fait, c'est une question de procédures,
purement et simplement, qui ne remet pas en cause du tout la
légalité ou la légitimité de l'adoption telle que
réalisée dans le pays étranger. En vertu du Code civil du
Québec et du Code de procédure civile du Québec en
particulier, la façon de donner effet à une décision
étrangère, c'est par un jugement. Les articles du Code civil
parlent de reconnaissance de jugements étrangers ou encore d'une
procédure qui s'appelle l'ordonnance de placement, pour le jugement plus
tard. Or, la Chine, ça n'a rien à voir, on n'a pas choisi les
pays. C'est une procédure, et certains pays se situent dans une
procédure ou dans l'autre. La Chine est un pays où il n'y a pas
de jugement d'adoption, ce qui fait qu'on considère tout à fait
légal, tout à fait légitime l'adoption
réalisée en Chine. C'est pour lui donner un effet ici qu'il y a
une procédure différente qui s'applique. Ça a deux types
d'effets: l'effet qu'il faut que l'évaluation psychosociale soit faite
par un directeur de la protection de la jeunesse... Or, on pourrait croire que
ça cause des retards. La réalité, c'est que ça ne
cause aucun retard, puisqu'on a pris des mesures et des arrangements avec les
directeurs de la protection de la jeunesse pour que les évaluations se
fassent aussi rapidement que si c'était fait privément.
La deuxième conséquence, c'est qu'effectivement ils
doivent se présenter au tribunal ici deux fois, dans ces cas-là,
c'est-à-dire une fois pour l'ordonnance de placement et une fois pour le
jugement d'adoption, qui vient à peu près un an plus tard,
puisqu'il doit y avoir six mois entre l'ordonnance de placement et le jugement
d'adoption. Ça a ces conséquences, mais c'est une
conséquence... On a regardé, quand on a modifié la loi, et
on s'est aperçu qu'il n'y avait pas moyen de modifier cet
aspect-là de la loi en venant modifier les règles sur l'adoption
internationale; c'était un aspect beaucoup plus large de tout le droit
civil québécois qui était mis en cause par ça.
Maintenant, pour ce qui est de l'assurance-maladie... Je ne pense pas
que ça ait d'effets sur l'assurance-maladie, puisque les enfants entrent
quand même au pays comme immigrants reçus et, à cet
égard-là, ont droit à l'assurance-maladie.
Mme Vermette: Oui. Je comprends très bien. On est en train
de faire une reforme du Code civil. Je pense que ce serait à regarder,
en tout cas, à ce niveau-là, parce que je trouve ça
inacceptable qu'on fasse deux catégories de parents adoptants. Parce
qu'il y a des parents qui ont... En fin de compte, c'est beaucoup plus facile,
actuellement, d'aller en Chine, et ces parents-là sont
pénalisés... Vous savez qu'en fin de compte, on voudrait
favoriser la famille, et j'ai l'impression que ça devient des mesures
antifamilles, à un moment donné. D'une part, parce que,
justement, en tout cas... Ce n'est pas le fait que, dans les délais, le
fait que ça va plus vite pour se faire évaluer, mais c'est le
fait de deux poids deux mesures, à mon avis, tout simplement parce qu'il
y a une culture qui est différente dans un autre pays et que ça
n'existe pas... On ne peut pas leur demander de le faire, ça n'existe
même pas.
Donc, je trouve qu'il y a peut-être quelque chose à
regarder, à ce niveau-là, pour arriver en tout cas à
atténuer ces effets-là pour les parents, d'une part... Et
pourquoi les mettre en approbation pendant près d'un an avant de pouvoir
adopter leur enfant? Ça, je trouve ça vraiment inacceptable.
D'autre part, aussi, il y a tout l'aspect des
frais. Quand les parents vont dans les autres pays, ils doivent assumer
une bonne partie de leurs frais. Ça leur coûte excessivement cher.
Il y a les frais de garde dans les pays qu'ils doivent assumer, aussi. Il y a
tous ces volets-là.
M. le ministre, on a souvent dit que l'adoption devrait être
considérée comme un des volets d'une politique familiale ou, en
tout cas, devrait être envisagée sous cet angle-là.
Plutôt que de faire payer les parents, on devrait peut-être les
favoriser dans leur démarche ou, en tout cas, trouver à
alléger le processus, d'une part, notamment, par la reconnaissance le
plus vite possible des avantages que peuvent avoir tous les parents lorsqu'ils
ont un enfant. Deuxièmement, quand ils arrivent au niveau du
congé parental, ça cause un autre problème, aussi,
à ce niveau-là, et aussi au niveau de la prime d'allocation de
naissance. L'enfant qu'on adopte, s'il est un petit peu plus vieux qu'un
bébé dans les six premiers mois, on ne te considère pas
comme le deuxième ou le troisième enfant, même pas comme le
troisième enfant. On pénalise beaucoup les parents, aussi,
à cet effet-là. On considère ça plus comme une
réunification de famille, alors que ce n'est pas une
réunification de famille, mais c'est bel et bien l'enfant qui arrive...
Qu'on assume la pleine responsabilité de cet enfant-là à
tous les niveaux, d'autant plus que le fait qu'il soit d'un pays
étranger offre plus de problématique et plus d'adaptation. C'est
là qu'on devrait être plus ouverts à des mesures, en tout
cas, faciliter tout le processus d'adoption.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai retenu de votre
dernière intervention au moins trois points. Évidemment, la
dualité juridique et votre appel à une intervention,
éventuellement, dans les aménagements au Code civil. Ce que je
suis prêt à faire ce matin, c'est de vous dire que je vais saisir
de manière officielle mon collègue de la Justice. Je vous ferai
parvenir une copie de la lettre que je lui expédierai à ce
niveau-là, évidemment, avec l'argumentation pour tenter de
corriger cette situation-là. La décision lui appartiendra, bien
sûr, et je vous ferai parvenir copie de la réponse aussi; pas
seulement copie de ma lettre, mais aussi de la réponse.
Deuxièmement, quant au coût, il est clair qu'à ce
moment-ci, au moment où on souhaite, sur le plan de l'immigration, faire
en sorte qu'on ait un plus grand nombre d'enfants, l'adoption internationale
est aussi un des moyens au niveau du Québec. Il y a des coûts
inhérents à la démarche ou aux démarches à
être effectuées, que ce soit en Chine, en Roumanie ou dans
d'autres pays, et c'est des coûts assez dispendieux.
Vous parlez de congé parental. Règle
générale, le congé parental est, quant à lui,
prévu dans les conventions collectives. Est-ce que, pour autant,
ça nécessite une réflexion plus en profondeur sur le plan
gouvernemental des supports financiers qui pourraient être donnés
aux individus qui vont se prévaloir de l'adoption internationale pour
tous les frais inhérents à ces démarches?
Évidemment, c'est toujours une décision qui est mûrement
réfléchie, pour quelqu'un qui décide de prendre la voie
Internationale sur le plan de l'adoption, avec les conséquences aussi
sur le plan financier. (11 h 45)
II n'y a pas de règle, à ce moment-ci, que je connaisse
à tout le moins, en termes de support financier. L'interrogation est
là. Est-ce qu'on peut, ou est-ce qu'on a les moyens, sur le plan
financier, d'avoir un programme de support financier aux démarches de
parents qui viseraient l'adoption internationale? C'est une question qui se
pose. Quant à moi, c'est la première année où je me
retrouve, pendant la défense des crédits, devant des questions
relatives à l'adoption internationale. L'an passé, c'était
mon collègue M. Sirros qui en avait la responsabilité.
Évidemment, je prends davantage conscience de tout le
phénomène à travers le ministère. Je n'irai
certainement pas vous dire qu'au cours de l'année, j'ai passé de
nombreuses heures à étudier les dossiers de l'adoption
Internationale. Je croyais et je crois toujours que c'était bien
mené par les gens qui ont les responsables.
Des explications que j'ai comprises en cours de route au niveau des
enfants. Il faudrait faire attention de ne pas laisser croire qu'il y a une
iniquité au niveau des enfants. Ce que j'ai bien compris, c'est que,
s'il y a une iniquité, ce n'est pas uniquement vis-à-vis de
l'adoption internationale. Les règles qui s'appliquent aux
Québécois qui sont là s'appliquent aussi à ceux qui
viennent de l'international. À l'occasion, lorsqu'on dit qu'il pourrait
peut-être y avoir rétroactivité quant aux avantages
financiers qu'on peut retirer de la situation parentale et des enfants,
évidemment, si ça ne se fait pas pour les
Québécois, ça serait difficile de plaider que ça se
fasse aussi pour les enfants qui sont adoptés. Donc, on n'est pas dans
une situation inéquitable, puisque les deux sont traités sur le
même pied, m'a-t-on expliqué au cours des dernières
heures.
M. Chevrette: Au niveau des discours, mais dans les faits?
M. Côté (Charlesbourg): Même dans les faits.
À moins que vous n'ayez des...
M. Chevrette: Des faits précis. Je vais vous donner des
faits précis, tantôt.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Vermette: M. le ministre, on sait très bien qu'il y
aurait beaucoup de parents qui adopteraient vraiment un troisième
enfant, mais
parce qu'ils sont pénalisés, ils ne le font pas, et dans
certains cas, aussi, parce qu'ils n'ont pas vraiment toutes les mesures d'appui
nécessaires dans leur démarche. Parce que vous savez que, si on
regarde le processus, il faut qu'ils paient les frais de voyage, il faut qu'ils
paient les frais de garde là-bas pour l'enfant. Une fois que le projet
d'intention est fait, que le projet d'adoption est fait et que l'enfant est
choisi, ils sont obligés de payer les frais de garde. Dans le pays
où ils vont... Je sais qu'en Chine, ils sont obligés de faire un
don au pays, ils sont obligés de payer des frais de traducteurs. Je sais
que ça fait partie d'une démarche volontaire et qu'on a
envisagé tous ces différents aspects, mais il n'en demeure pas
moins qu'à défaut de leur apporter une aide financière
tangible au moment où ils adoptent, on pourrait trouver des moyens pour
alléger le fardeau, notamment au niveau de la fiscalité. On
pourrait peut-être leur donner des crédits d'impôt, à
ce niveau-là. La reconnaissance d'un troisième enfant au niveau
des allocations comme telles, ça pourrait être déjà
des facteurs qui démontreraient que le gouvernement est favorable
à un projet tel que l'adoption internationale. Ce qui permettrait aussi
d'avoir des enfants dans nos familles québécoises.
Je pense que c'est important. On n'en tient pas suffisamment compte,
à l'heure actuelle, et on pénalise des parents qui, de bonne foi,
veulent vraiment accroître la famille et favoriser aussi le Québec
dans cet aspect. Je pense qu'il faudrait peut-être vous y attarder, M. le
ministre, et regarder toutes les dispositions relatives aux allocations d'aide
aux familles. Je pense que, là-dessus, il y a des modifications à
apporter concernant les parents qui adoptent des enfants, que ce soit au
Québec ou que ce soit dans les pays à l'extérieur.
Si on - revient maintenant plus près du rôle du
Secrétariat comme tel...
M. Côté (Charlesbourg): Je crois bien que vous
m'avez passé un certain nombre de messages sur des choses qu'on devrait
faire.
Mme Vermette: Comme vous m'avez dit que vous commenciez à
vous imprégner du dossier de l'adoption internationale, je vais vous
passer beaucoup de commandes pour que vous soyez vraiment très conscient
de la problématique.
M. Côté (Charlesbourg): Vous voulez absolument que
je sois non seulement imprégné, mais imbibé aussi!
Mme Vermette: Imbibé!
La Présidente (Mme Marois): Un bébé bien
encadré!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Imbibé...
Mme Vermette: Ha, ha, ha! Non, mais je pense que c'est un aspect
important. Il y a eu beaucoup de problématiques à ce
niveau-là. Encore là, la documentation ne manque pas.
Dernièrement encore, dans une revue, tout récemment, on en
parlait beaucoup. On faisait un constat par rapport à tout ce qui se
passe au niveau du Secrétariat. Malgré les quatre lois qui ont
été passées pour apporter des bonifications, des
modifications, en ce qui concerne les changements, on s'aperçoit
qu'encore une fois, ce qui revient maintenant, c'est non pas l'ouverture du
ministre face à sa nouvelle disposition, mais c'est toujours le
rôle du Secrétariat qui est remis en cause là-dedans. C'est
beaucoup plus là-dessus que j'aimerais questionner, parce que, en fait,
même encore dernièrement, le Protecteur du citoyen soulevait
l'attitude du Secrétariat à l'adoption face aux parents
adoptants. Et ça encore, c'a toujours été le litige qui
est revenu constamment au niveau de l'adoption internationale. Ce qui revient,
en fin de compte, ce qu'on remet en cause, c'est l'attitude du
Secrétariat face aux parents et aussi aux organismes qui sont dans le...
Il semblerait que le Secrétariat, finalement, revient beaucoup plus
comme trouble-fête dans tout ça, au lieu d'être l'organisme
qui aide les parents, encore une fois.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour mon information
personnelle, parce que, évidemment, moi aussi, j'ai beaucoup de choses
à lire, et j'ai l'impression qu'il m'en échappe, en vous
écoutant ce matin. Dans les cas du Protecteur du citoyen, ça
concerne quel pays?
Mme Vermette: Bien, en fait, je vois qu'il parlait un peu de tous
les pays. À ce moment-là, il parlait surtout du Mexique...
M. Côté (Charlesbourg): Du Mexique.
Mme Vermette: ...d'un problème qui est arrivé au
Mexique. On pourrait parler de tout le problème des Enfants de
l'Arc-en-ciel, qui n'est pas encore réglé du tout.
M. Chevrette: De Roumanie.
Mme Vermette: De Roumanie, où il y avait eu des promesses
formelles de la part du Secrétariat dans le cas des enfants...
M. Côté (Charlesbourg): Mais est-ce qu'il n'y a pas
un lien entre le problème d'Arc-en-ciel et le Mexique?
Mme Vermette: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que Arc-en-ciel n'est
par lié au Mexique?
Mme Vermette: Le Mexique, oui, parce que ça s'est produit
un petit peu là-dedans, là.
M. Côté (Charlesbourg): Je serais très
prudent à l'égard du jugement du Protecteur du citoyen concernant
le Mexique parce que, si je comprends... Il y a quand même une
évolution assez importante, et je ne voudrais pas qu'on porte un
jugement comme celui-là à partir d'un cas qui est celui du
Mexique. Et je pense qu'on a la chance, ce matin, d'avoir M. Leblanc, qui peut
lui aussi donner un certain nombre d'informations qui peuvent à ce
moment-ci être pertinentes. Je ne dis pas que, dans le cas du Mexique, il
n'y a pas des choses qui sont questionnables, mais je pense qu'on peut à
tout le moins donner à M. Leblanc l'opportunité de
répondre à un certain nombre de questions que vous pourriez avoir
ce matin...
Mme Vermette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg):... concernant ce
cas-là, et voir si, effectivement, c'est le lot du reste. Est-ce que
c'est le cas en Chine, en Roumanie, ou ailleurs? Si ça ne l'est pas...
Est-ce que c'est le cas en Haïti? Je pense qu'il ne faudrait pas porter un
jugement sur le Secrétariat à partir de l'expérience du
Mexique. Il y a peut-être des explications, et il faut aussi regarder ce
qui se passe ailleurs. Et ça, je pense que, pour le
bénéfice de tout le monde, le Secrétariat pourrait
peut-être répondre à vos questions là-dessus.
Mme Vermette: Alors, M. le ministre, dans le cas du Mexique ou
les Enfants de l'Arc-en-ciel, puisqu'on fait un lien causal là-dedans,
il faut le dire... Les Enfants de l'Arc-en-ciel est un organisme qui, il faut
le rappeler, était un intermédiaire entre le Secrétariat
à l'adoption internationale... C'était non pas un organisme
accrédité, mais qui était en fait
référé par le Secrétariat à bon nombre de
parents. Ces parents-là ont été lésés, et
c'était passible de poursuites. À ce moment-là, on se
souvient très bien que la presse écrite s'était vraiment
intéressée de très près à tous ces
problèmes-là, parce que c'était vraiment déchirant
pour les parents, en fait. Et aussi, ç'avait été une
expérience très coûteuse pour ces parents-là.
À ce moment-là, la ministre Mme Lavoie-Roux, qui était
ministre à l'époque, s'était engagée et avait
promis des compensations et des indemnisations pour les couples qui
étaient victimes, en fait, des Enfants de l'Arc-en-ciel. Et c'est
là-dessus que le Protecteur du citoyen, justement, dénonce
l'attitude du Secrétariat à l'heure actuelle, parce qu'on est
toujours en attente par rapport à ces indemnisations et ces
compensations. Il y a peut-être deux cas qui ont finalement
été réglés, mais quant au reste, rien n'a
été réglé. Les parents sont toujours en
attente.
Finalement, qu'est-ce que vous pensez des remontrances très
sévères du Protecteur du citoyen? Je sais que c'est un organisme
gouvernemental. Je ne sais pas si on lui donne beaucoup de
crédibilité ou pas. En fait, ça dépend de votre
réponse à cet effet, M. le ministre. Effectivement, là, on
ne pouvait pas accepter la façon dont on traitait les parents dans ce
dossier.
M. Côté (Charlesbourg): Je l'ai dit et je le
répète, j'ai beaucoup de respect pour l'institution du Protecteur
du citoyen. Je ne pense pas qu'il soit question aujourd'hui de remettre en
cause l'institution, d'aucune manière. Évidemment, on a la
possibilité d'avoir M. Leblanc avec nous ce matin; il peut
répondre aux questions. Je pense que c'est peut-être le minimum
qu'on puisse avoir ce matin pour tenter de jeter un éclairage
additionnel. Quant aux engagements politiques qui relèvent davantage de
moi, c'est Mme Lavoie-Roux qui les a faits à l'époque, et c'est
à moi d'en assumer la continuité. Donc, cette partie-là,
je me la réserverai. M. Leblanc peut peut-être éclairer nos
lanternes. Il semble bien y avoir un besoin ce matin.
La Présidente (Mme Marois): Ouf, M. Leblanc.
M. Leblanc: D'accord. Pour ce qui est du nombre, de l'apport, de
l'aide qu'on a apportée aux gens qui ont été effectivement
victimes de l'organisme Les Enfants de l'Arc-en-ciel, il faut dire que la
grande totalité des dossiers sont réglés, maintenant. La
très grande totalité des dossiers sont réglés.
C'est-à-dire que je pense qu'il reste 7 ou 8 cas, sur les 44 qui
existaient, où il y a eu des propositions d'enfants... Les enfants sont
entrés. Les dépenses supplémentaires encourues par les
nouvelles procédures d'adoption, les nouvelles démarches
d'adoption ont été remboursées aux adoptants, et ça
a été pour un montant important. Dans certains cas,
c'était une dizaine de milliers de dollars. Ça variait entre
à peu près 2000 $ et 10 000 $, les montants qu'on a
remboursés à toutes ces personnes-là. Les dossiers qui
restent - parce qu'il reste certains dossiers, c'est vrai - ce sont des
dossiers, pour la plupart, de personnes célibataires, et ça, je
n'y peux rien. Les dossiers de célibataires ne reçoivent pas
à l'étranger l'attention que les dossiers des couples
mariés reçoivent; c'est aussi simple que ça. On n'y peut
pas grand-chose. Des célibataires ont beaucoup de difficultés
à adopter à l'étranger. Certains pays acceptent, d'autres
acceptent beaucoup moins, et la plupart acceptent moins. Alors, les
problèmes qu'on a avec les dossiers qui restent, ce sont surtout pour
des dossiers de célibataires. Les autres sont presque totalement
réglés.
Mme Vermette: Mme la Présidente, j'aime-
rais demander, à ce moment-ci, si M. Leblanc peut déposer
la liste des cas, des 44 cas, lesquels ont été
réglés, les montants et les sommes allouées... Est-ce que
ça respecte les engagements pris par la ministre Mme Lavoie-Roux, les
montants d'argent tels que prescrits à ce moment-là, au niveau
des ententes qui avaient été entendues avec Mme Lavoie-Roux?
M. Leblanc: Si je peux être satisfait d'une
opération, c'est bien de celle-là, du moins au niveau de ses
résultats, parce que je peux vous assurer que ça respecte
totalement tous les engagements. On a interprété très
largement les directives de Mme Lavoie-Roux, avec l'assentiment de Mme
Lavoie-Roux et de M. Sirros par la suite. Je n'ai pas eu à reparler avec
M. Côté, parce que la plupart des cas sont
réglés.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, moi, je n'en ai pas le
mérite.
M. Leblanc: Je ne voulais pas vous l'enlever, monsieur.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je disais ça pour M.
Leblanc.
Mme Vermette: En fait, je comprends très bien la
réponse libérale du directeur par intérim au
Secrétariat. En fait, ça a été une
interprétation très large. En fait, j'aimerais avoir des
détails beaucoup plus précis. J'aimerais avoir aussi, si c'est
possible de nous le déposer, en fait, l'engagement qui avait
été pris par Mme Lavoie-Roux et les sommes et, finalement, ce qui
a été réglé au niveau de ces différents
cas-là. Je pense que ce serait très intéressant qu'on
puisse en prendre connaissance.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que, M. le leader, vous
voulez intervenir maintenant aussi, ou si vous voulez attendre la
réponse?
M. Chevrette: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends dans ce
qu'on souhaite, c'est avoir les cas qui ont été
réglés, de quelle manière ils l'ont été. Je
prends l'engagement de déposer dans les plus brefs délais la
liste des individus et ce que ça signifie sur le plan financier, avec
l'engagement qui avait été pris par Mme Lavoie-Roux. Je vais le
regarder, parce que je ne le connaissais pas. Vous me l'apprenez.
Mme Vermette: II y a beaucoup de choses à découvrir
en adoption internationale, M. le ministre. Il se passe plein de choses, et on
n'a pas toujours les réponses qu'on aimerait bien recevoir.
Là-dessus, en ce qui concerne tout le dossier Arc-en-ciel, on va
attendre les détails. Maintenant, II n'en demeure pas moins que le
Protecteur du citoyen continue toujours à "prétendre" le manque
de souplesse ou d'ouverture des fonctionnaires, continue toujours à
"prétendre" la lourdeur des contrôles, notamment au niveau de la
Chine. Il semblerait, en tout cas - à moins que vous ne m'apportiez des
modifications - que c'est une bonne façon pour le Secrétariat de
maintenir, en fait, une forme de mainmise, cette façon de retarder le
problème à ce niveau-là. Aussi, le Protecteur disait que
la plupart des plaintes qui sont formulées à son bureau sont
pratiquement fondées en ce qui concerne le Secrétariat. (12
heures)
La Présidente (Mme Marois): Oui, ça va, M.
Leblanc.
M. Leblanc: Je pense qu'il faut remarquer que le dernier rapport
du Protecteur du citoyen était avant l'entrée en vigueur de la
nouvelle loi...
Mme Vermette: Oui.
M. Leblanc: ...et touchait aussi... Parce qu'il y a le rapport du
Protecteur du citoyen et il y a le document auquel vous faites
référence, qui est un document qu'ils appellent un dossier
particulier qui touche très précisément le problème
des Enfants de l'Arc-en-ciel et qui va, a la fin aussi, faire des
recommandations en ce qui a trait à une nouvelle législation, si
ma mémoire me sert correctement dans ce document-là. Les
recommandations à faire à la nouvelle législation ont
été retenues presque intégralement, je pense, pour un bon
nombre de choses.
Maintenant, Mme la députée me parle de la Chine. Je ne
sais pas à quoi on fait référence en ce qui a trait au
problème avec la Chine, mais je peux vous dire une chose, c'est que,
loin d'exercer un contrôle excessif en ce qui a trait à la Chine,
parfois, je me demande si on contrôle assez. Je vous jure, en tout cas je
vous assure que je ne peux pas croire ou concevoir, à l'heure actuelle,
qu'on nous reproche, à l'égard de la Chine en particulier - je
pourrai parler d'autres pays à un moment donné - un
contrôle excessif. J'aimerais qu'on me dise c'est quoi le contrôle
excessif qu'on nous reproche.
Mme Vermette: C'est qu'en fait, on dit toujours que, finalement,
quand ça va bien à un endroit, à un moment donné,
le SAI commence à vouloir intervenir et c'est quand il commence à
intervenir que ça commence à mal aller dans les différents
pays.
Là-dessus, c'est que la politique... D'abord, un, on sait
très bien la philosophie; vous avez toujours peur au trafic d'enfants et
ça finit par devenir omniprésent partout. On voit, dans les
parents, presque plus des gens qui veulent faire
du trafic d'enfants qu'un geste gratuit d'amour.
Deuxièmement, finalement, c'est qu'aussi votre politique
s'attarde davantage aux orphelins. Vous commencez à
prévilégier davantage la politique, votre politique et à
ouvrir davantage aux orphelins qu'à toute autre catégorie
d'enfants. Ça, ça limite. Si je regarde, notamment, en Chine,
à l'heure actuelle, on dit qu'il y a 40 000 enfants qui naissent
à l'heure, dont 15 000 sont des filles. Alors, ça fait un
problème et ce n'est pas nécessairement tous des enfants
orphelins. Vous connaissez très bien la politique en Chine. Vous n'avez
droit qu'à un enfant; si vous avez un deuxième enfant, vous
êtes pénalisé. Finalement, beaucoup de parents les laissent
complètement ou les tuent aussi, parce qu'ils n'ont pas d'argent s'ils
ont plus d'un enfant.
M. Côté (Charlesbourg): Je voudrais essayer de
comprendre un petit peu. Moi, les chiffres que j'ai sous les yeux pour la
Chine, c'est 159 sur 643; c'est le pays où la performance a
été la meilleure.
Mme Vermette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, c'est le pays qui est
en tête de liste. Il faut croire qu'il n'y a pas autant de contraintes
que ça. Il faut croire qu'à l'occasion ça fonctionne et
qu'il n'y a pas trop de contraintes. J'imagine, sans être un
spécialiste du domaine, que ça doit prendre un minimum de
contrôle de la part du Secrétariat. Je n'accepterais pas,
personnellement, que ce soit tous azimuts et que le Secrétariat n'ait
pas un minimum de contrôle. Dans ce sens-là, c'est vrai là,
comme c'est vrai dans d'autres domaines, que ça prend ce
minimum-là pour être capable de s'assurer que toutes les choses
sont faites de manière correcte. S'il n'y avait pas ce minimum,
probablement qu'on serait dans une situation où vous pourriez,
effectivement, nous accuser de ne pas avoir un minimum de contrôle devant
une situation comme celle-là.
Alors, ce que je comprends au niveau de la Chine, ce n'est certainement
pas là où on a des problèmes, c'est 159; Haïti, 146;
Roumanie, 75; Mexique, 54. Donc, on est dans une situation où on a plus
que doublé l'adoption internationale cette année par rapport
à l'an dernier.
Mme Vermette: Oui. Mais moi, ce que je me suis fait dire, M. le
ministre, c'est qu'actuellement, ça va très bien en Chine et
qu'on espère que ça continuera de bien d'aller. Mais on demande
au Secrétariat d'aller là le moins possible parce que, quand il
va en quelque part... Notamment, ç'a déjà bien
été au Mexique, mais c'est quand il a commencé à se
pointer au Mexique que ç'a mal été. On demande aussi la
même chose au niveau du Secrétariat, au niveau de la Chine, de ne
pas trop trop se pointer, commencer à émettre des directives et
essayer de signer des traités, parce que c'est là que ça
commence à mal aller.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je dois vous dire,
selon mon information, qu'P y a des gens qui oeuvrent dans ce domaine-là
et qu'on ne peut pas faire ça n'importe comment et de toutes sortes de
manières, non plus, à l'étranger. Et ça aussi, le
Secrétariat, c'est sa responsabilité d'avoir un minimum de
balises, y compris à l'étranger. Et s'ils n'y vont pas, ça
va m'in-quiéter parce qu'on ne saura pas ce qui va se passer
là-bas. Évidemment, si on me soumet des cas particuliers
où le Secrétariat est supposé-ment - et là, je le
mets entre guillemets parce qu'il faudra bien que la démonstration se
fasse... Je trouve que, s'ils sont aussi emmerdants que ça avec 10
personnes, ils doivent en voyager un maudit coup. C'est 10 personnes, le
Secrétariat à l'adoption sur le plan international. Il faut quand
même faire attention pour ne pas non plus jeter de discrédit sur
un secrétariat qui a une responsabilité, qui est beaucoup plus
souple. Il y a eu des amendements. Et qu'on ne juge pas à partir de ce
qui s'est fait avant l'adoption de la nouvelle loi, mais qu'on regarde des cas
depuis la nouvelle loi, où I y a, me dit-on, beaucoup moins de
contrôle qu'il y en avait. Il y en a un minimum.
Mme Vermette: Bon. En fait, M. le ministre, vous allez voir
qu'à la longue... Vous êtes assez récent dans le dossier
ou, en tout cas, vous vous y intéressez depuis assez récemment,
mais vous allez vous apercevoir à l'usure que ces 10 personnes sont des
trouble-fête pour beaucoup de parents. Il semblerait que, dans certains
cas, en tout cas, c'est très difficile et que l'ouverture, en fait, au
niveau du Secrétariat, elle se fait parce que, de plus en plus, en fait,
les parents fonctionnent par projets privés et que la tendance est
nettement vers des projets privés. Mais, quand on passe par le
Secrétariat, effectivement, c'est là qu'arrivent les
problèmes. Notamment, je vais vous dire une attitude du
Secrétariat, il y a un couple de parents québécois qui a
adopté un enfant en Ontario. Ils ont plus de problèmes que s'ils
avaient adopté leur enfant en Chine, à l'heure actuelle. On leur
a fait appliquer les mêmes normes que s'ils étaient allés
en Europe ou dans d'autres pays, ou dans des pays du tiers monde. Est-ce qu'il
faut établir que, déjà, on considère que le
Québec est un pays et que l'Ontario est un pays étranger?
M. Côté (Charlesbourg): Ça devrait être
de nature à vous plaire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: II faudrait peut-être le demander à
votre président.
M. Côté (Charlesbourg): ça devrait être
de nature à vous plaire si jamais c'était le cas. mais,
dites-moi, il y a une chose, les chiffres sont là.
La Présidente (Mme Marois): Et vous?
M. Côté (Charlesbourg): Les chiffres sont
là... La question se posera à un moment donné.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: II y a un... de fait.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on est dans une
situation où l'année antérieure était à 285
et qu'on est à 643 et qu'on me dit que le Secrétariat est presque
un emmerdeur, j'ai de la misère à comprendre. Bon. Il y a
des...
M. Chevrette:...
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Chevrette: Je vais essayer de clarifier ça moi
aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, je ne dis pas que,
dans certains cas précis, il ne puisse pas y avoir certains irritants,
mais porter un jugement global à ce moment-ci, ça
m'inquiète un peu. Alors, si vous voulez...
La Présidente (Mme Marois): je sais que le leader de
l'opposition a une question qui va dans la même veine, je pense, que le
cas qu'on essaie de résoudre.
M. Côté (Charlesbourg): Pas de problème.
M. Chevrette: J'avais plusieurs petits cas, mais je vais essayer
de reprendre le dossier à partir de ce que vous venez de dire. Je n'ai
pas l'impression, moi, que c'est le nombre de personnes au Secrétariat
qui est dénoncé, c'est l'attitude.
Mme Vermette: L'attitude.
M. Chevrette: Parce que le nombre de personnes, ça peut
justifier peut-être l'attitude. Ils sont peut-être
débordés à 10, ce qui fait qu'ils répondent souvent
d'une façon assez brusque. Moi, j'ai lu des affidavits de parents,
assermentés, dénonçant l'attitude du Secrétariat.
Par exemple, un couple qui veut adopter un enfant au Maroc et qui se fait
répondre ceci: Si le ministre me demande de signer l'autorisation
à l'adoption, je vais répondre: Signez-la vous-même, moi,
je ne la signerai pas. Question d'attitude. Parce que, quand t'es en voie
d'adoption et que tu veux avoir un enfant absolument, je vous avoue que c'est
frustrant de ne pas être capable de cheminer rapidement.
Je prends la fille de l'Ontario dont parie ma collègue de
Marie-Victorin, les parents québécois vont la perdre au profit
d'un couple de l'Ontario. Bien c'est quoi le "tataouinage" quand tu sais que
c'est une fille-mère de 17 ans, qu'elle a décidé de donner
l'enfant et que, si tu ne le rentres pas chez vous, tu le perds? Donc, il faut
s'imaginer qu'est-ce que c'est pour un couple qui veut adopter. Moi, je pense
qu'effectivement il y a des attitudes, plus que la question de travail.
Deuxièmement, je pense également qu'on fait fi un peu de
la possibilité, des suggestions qui sont faites par bien du monde, dans
le secteur privé, qui a obtenu une expertise. Quand vous envoyez des
parents à l'étranger, bien souvent on les laisse à la
merci d'un interprète, on leur fait dépenser de l'argent
énormément, alors qu'on pourrait juste les obliger à poser
des gestes ici, en allant dans les ambassades, par exemple, pour obtenir
l'aval, comme quoi ils vont là. C'est une question de
sécurité même pour les citoyens qui vont ailleurs. Ce sont
des remarques très constructives de la part des gens mais on sent... En
tout cas, moi, j'ai reçu à mon bureau, tout dernièrement,
un couple qui était en furie contre le Secrétariat à
l'adoption internationale et, en particulier, contre son secrétaire,
parce qu'ils ne comprennent absolument pas l'attitude, ils ne comprennent pas
que c'est un geste un peu affectif qui est posé et non pas un geste...
Ce n'est pas une "business", c'est un geste affectif qui est recherché
par les parents. Là-dessus, le Secrétariat a
énormément de reproches. On rencontre... Moi, en tout cas, il n'y
a pas... Sûrement quatre sur cinq sont insatisfaits de ce qu'ils
reçoivent.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, il faut
comprendre que, règle générale, ceux qui sont satisfaits
ne sont pas très nombreux à venir vous le dire. On est
habitués à ça un peu en politique.
M. Chevrette: Oui, mais on rencontre les gens qui ont
cheminé et qui en ont eu et qui sont insatisfaits du Secrétariat
pareil, de la longueur qu'ils ont eue. Ça ne veut pas dire que, parce
que c'est réglé, ils sont satisfaits. Il faut bien se dire
ça là.
M. Côté (Charlesbourg): Si on permettait
peut-être à M...
M. Chevrette: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...Leblanc.
M. Chevrette: Je suis prêt à l'entendre
là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Du Maroc et du cas de
l'Ontario.
La Présidente (Mme Marois): M. Leblanc. M. Chevrette:
On en sortira un autre après.
M. Leblanc: Excusez. Je vais peut-être déborder un
peu de ce que je devrais dire ici ce matin, mais il y a une chose, c'est que
j'aimerais, à un moment donné, qu'on me donne une tribune autre
que celle de la commission parlementaire sur les crédits pour expliquer
un paquet de choses sur l'adoption internationale, parce que je pense qu'il y a
des perceptions, et du Secrétariat et de l'adoption, qu'on pourrait
changer. Si on passait des messages, je peux peut-être essayer d'en
passer un moi aussi un moment donné parce qu'on se fait ramasser assez
souvent.
Pour ce qui est du Maroc...
M. Chevrette: Comme un député, ça, et un
ministre.
M. Leblanc: Je n'embarquerai pas, là-dessus. M.
Chevrette: Plaignez-vous pas là-dessus.
M. Leblanc: Pour ce qui est du Maroc, il est exact que j'ai dit
ce qui est rapporté, que, si le ministre me demandait de signer, je lui
demanderais de signer lui-même, je ne le nie pas. Par contre, il faut
placer les choses dans le contexte exact dans lequel c'était. Il y avait
toute une discussion qui a duré une heure avec la personne et
moi-même j'ai parlé pendant une heure avec la personne pour lui
expliquer la situation du Maroc et pour lui expliquer, entre autres, qu'au
Maroc on avait reçu une lettre du directeur des services juridiques du
ministère des Affaires extérieures du Maroc, qui nous disait que
l'adoption au Maroc, ce n'est qu'un concept social, ce n'est pas un concept
juridique et que l'enfant ne devient donc jamais l'enfant de ses parents
adoptifs. Compte tenu de ça, je devais me poser des questions
sérieuses à savoir si je pouvais, puisque c'est ma
responsabilité, moi, étant à l'Adoption internationale...
elle n'est pas en tutelle ou dans un autre type d'immigration. Alors, je lui ai
expliqué que je me posais des questions très sérieuses
à savoir si je pouvais signer un document et, effectivement, je ne le
nie pas - je suis une personne qui a son franc-parler et qui parfois a des
images qu'il peut être amené à regretter un petit peu par
la suite, mais que voulez-vous, je suis comme ça - j'ai dit un moment
donné qu'une fois qu'on aurait conclu qu'il n'y avait pas d'adoption au
Maroc et qu'on me demandait quand même de signer, je demanderais au
ministre de signer le formulaire. Bon! Je l'ai dit ça, c'est vrai, mais
je ne pense pas que ce soit la partie la plus importante. La partie la plus
importante, c'est le fait qu'en vertu de la loi marocaine, ça n'existe
pas une adoption ayant des effets juridiques et que ma responsabilité
est de donner des autorisations pour des projets d'adoption ayant des effets
juridiques. Alors, c'est comme ça que je l'ai vu.
Maintenant, pour ce qui est du cas de l'Ontario, malheureusement ou
heureusement, comme on voudra, je vais retirer cette partie-là, je vais
simplement dire qu'en vertu du droit civil québécois, un enfant
qui est adopté à l'extérieur du Québec, y compris
dans les autres provinces canadiennes, c'est considéré comme une
adoption Internationale, à toutes fins pratiques, c'est-à-dire
une adoption hors Québec. Cette réglementation existe depuis
1982, je pense, dans le Code civil du Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Quelle année? (12 h
15)
M. Leblanc: 1982, ce qui fait que je n'ai pas le choix de le
traiter comme un dossier d'adoption internationale. Ce cas-là
particulièrement, on nous est arrivés avec deux domiciles pour
l'enfant et la mère: un domicile ontarien et un domicile
québécois. Ce que j'ai dit à ce moment-là, et on
prétend que je n'ai jamais donné de réponse, or, j'ai revu
le dossier hier soir, parce que je m'attendais un peu aux questions, et j'ai
une lettre signée du 25 janvier 1991 dans laquelle je suggère aux
gens de procéder en vertu de la loi québécoise,
c'est-à-dire de se présenter devant un tribunal, puisque l'enfant
est déjà au Québec, et de faire la preuve au tribunal
qu'il y avait des raisons de procéder comme on l'a fait et le tribunal
dira, à ce moment-là, au Secrétariat, s'il a eu tort ou
s'il a eu raison, et il rendra une décision. Ça me semble
être la façon de procéder en vertu des règles
posées par le législateur lui-même et non par le
Secrétariat.
M. Chevrette: Vous aviez été prévenu avant.
Dans le cas de l'Ontario, par exemple, vous aviez été
prévenu longtemps avant, dans le temps que la petite fille était
même enceinte.
M. Leblanc: Je regrette, M. le député, le
Secrétariat n'a pas été prévenu à ce
moment-là. J'ai revu le dossier en entier hier soir, le
Secrétariat a été prévenu de la situation une fois
l'enfant né et une fois les procédures bien engagées pour
le faire entrer au Québec. Ce que je veux dire, M. le
député, c'est qu'on n'a pas refusé. C'est qu'on a dit aux
gens: Voici, selon nous, la façon de procéder. L'article 617 du
Code civil du Québec paragraphe 3, dit comment les gens peuvent se
rendre devant le tribunal et obtenir une décision du tribunal, et non
pas du directeur du Secrétariat à l'adoption internationale, et
le tribunal a, on le sait tous, la capacité de passer par-dessus ma
décision.
La Présidente
(Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Vermette: Oui, Mme la Présidente, sauf que, dans
certains cas, il semblerait que ça devient excessivement litigieux et
que, dans d'autres cas, ça va comme du beurre dans une poêle; il
n'y a pas de barème précis. C'est là-dessus que ça
crée des problèmes avec différents parents parce que vous
savez que c'est un petit milieu et que les gens se parient facilement.
Là, les gens essaient de se poser comme question: Pourquoi, moi, je suis
pénalisé, alors que l'autre à côté, lui, n'a
eu aucun problème, ça s'est passé comme ça
l'adoption? C'est là-dessus que viennent les récriminations.
C'est pourquoi II y a un malaise qui persiste depuis je ne sais combien
d'années au Secrétariat et qu'on revient chaque fois en disant
toujours les mêmes choses. Le Secrétariat est
considéré comme étant l'organisme qui met des bâtons
dans les roues plutôt que de favoriser ou d'aider des parents, parce que
le rôle du Secrétariat est beaucoup plus d'aider les parents dans
leur projet d'adoption que, justement, d'intervenir comme un justicier et de
dire: J'applique la procédure à la ligne et j'applique le Code
tel quel, sans aider plus les parents pour autant. Ça, c'est très
frustrant pour un parent qui, lui, est de bonne foi et de bonne volonté,
et tout ce qu'il veut faire, lui, c'est de procéder à un geste
d'amour, c'est de trouver un enfant et de faire une famille.
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. Leblanc.
M. Leblanc: Moi, j'aimerais qu'on m'amène, depuis un an,
le nombre de cas litigieux sur les 643 qui ont été
réglés. J'aimerais qu'on m'amène le nombre de cas
litigieux. Et là, je pense que je parle... Évidemment, je ne suis
pas tout à fait impartial, je pense qu'on le comprendra, mais j'aimerais
qu'on m'amène le nombre de cas litigieux depuis un an et qu'on me les
dépose. Je pense qu'on s'apercevrait que le nombre de cas vraiment
litigieux... pas le nombre de cas où, évidemment, il y a eu un
certain nombre de discussions. On est en adoption internationale, c'est des
enfants qu'on déplace. Il y a des discussions, il y a des choses. Mais
le nombre de cas qui prennent plus de deux jours à se régler,
deux jours ouvrables, depuis un an, depuis au moins l'entrée en vigueur
de la nouvelle loi, j'aimerais qu'on me les apporte. Vraiment, je...
M. Chevrette: Et dans le cas de 18 mois, "c'est-u" une punition,
c'est quoi?
M. Leblanc: Pardon?
M. Chevrette: Quand ça prend 18 à 20 mois,
"c'est-u" une punition, c'est dû à quoi?
M. Leblanc: Dans quels cas, ça prend 18 à 20 mois
maintenant?
M. Chevrette: Le couple Longpré.
M. Leblanc: Pardon?
M. Chevrette: Le couple Longpré.
M. Leblanc: Le couple Longpré, M. le
député...
M. Chevrette: Longpré-Boucher.
M. Leblanc: ...j'ai donné, depuis , un bon bout de temps
déjà, la façon de régler le dossier. On veut
absolument que, moi, je me mouille, alors qu'il n'y a pas moyen de savoir
à quelle place est la résidence de l'enfant et de sa mère.
Est-ce que c'est en Ontario, est-ce que c'est au Québec? Et on veut que,
moi, je prenne une décision à cet égard-là. J'ai
dit que je refusais de prendre une décision.
M. Chevrette: Vous ne savez pas encore, au Secrétariat,
que la petite fille a accouché à Ottawa puis qu'elle est
allée rester chez sa mère en Ontario? Vous ne savez pas encore
ça, vous autres?
M. Leblanc: Sa mère reste au Québec, si je ne
m'abuse.
M. Chevrette: Les nouvelles ne circulent pas longtemps.
M. Leblanc: Si je ne m'abuse, sa mère demeure au
Québec et la petite fille demeure aussi en Ontario. Et, dans les
documents qui nous ont été présentés pour
régler le dossier, on a donné comme résidence et domicile
les deux adresses. Alors moi, j'ai demandé...
M. Chevrette: N'est-il pas exact qu'en sortant de
l'hôpital, elle s'en est allée chez elle et qu'elle a dû,
pour fins de fonctionnement, parce que garder un enfant quand tu es aux
études, que tu es fille-mère et que tu avais consenti à le
donner avant... N'est-il pas exact que l'enfant est venu résider chez sa
mère exclusivement parce qu'il n'y avait plus moyen de faire autrement
et n'est-il pas exact que vous étiez placé devant la situation
où vous saviez très bien, au Secrétariat, que le couple
ontarien pouvait alors avoir le bébé, même s'il
était rendu au Québec, et que ça ne vous dérangeait
pas pantoute?
M. Leblanc:...
M. Chevrette: C'est ça. C'est la question d'attitude.
C'est une question humaine, une adoption. Ce n'est pas une affaire
d'affairistes sans arrêt. Vous avez légitimé, par une loi
rétroactive, par exemple... On a déjà
légitimé le fait, par exemple, que des enfants qui avaient
été à l'école de bonne foi en anglais
pouvaient continuer à y aller. Puis, dans des cas bien humains, bien
précis, où II y va de l'adoption d'un enfant, de le mettre sous
garde affective, là, ça ne marche plus, c'est les lois qui
prévalent, les règlements.
La Présidente (Mme Marois): Je ferai remarquer aux membres
de la commission que nous sommes sur le point de terminer nos travaux. Alors,
s'il y avait peut-être des commentaires ou réponses de la part du
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Mol, je pense qu'à ce
moment-ci, oui, c'est un geste d'amour que d'adopter un enfant. C'est un geste
aussi hautement humanitaire que le Secrétariat doit poser quant à
la protection de l'enfant.
M. Chevrette: II l'est certain.
M. Côté (Charlesbourg): Ça aussi, je pense
que c'est l'envers de la médaille. Je pense qu'à ce moment-ci on
a soulevé un certain nombre de cas qui, comme vous le voyez, ne sont
peut-être pas nécessairement si clairs que ça.
Ce que je retiens, c'est que, pour un cas ou pour le Mexique, il me
semble, à tout le moins, avoir un jugement assez sévère
sur une situation qui a, de ce que je comprends, parce que je suis
récent dans le dossier, passablement évolué au niveau du
Secrétariat, avec une législation qui était beaucoup plus
fermée auparavant, une législation qui s'est modifiée et
qui a forcément eu des conséquences heureuses aussi. Parce que le
nombre de 296 à 643, même si le privé en a fait beaucoup,
il faut croire qu'il y avait une attitude différente, je pense, au
niveau du Secrétariat, qui a fait en sorte qu'on est aujourd'hui
à 643.
Il y a toujours et il y aura toujours des cas particuliers. Quand on
parte du Maroc, ce que je comprends, c'est qu'il y a des explications qui sont
particulières. Quand on parle du cas particulier de l'Ontario, ça
aussi c'est une situation qui n'est pas facile. Je comprends les parents
adoptifs qui souhaitent que ça se règle le plus rapidement
possible. Évidemment, ce ne sont pas des situations qui se tranchent au
couteau de cette manière-là. Ce que j'ai compris de
l'échange c'est qu'il y avait une possibilité de démarche
sur le plan juridique qui aurait pu régler le dossier. Est-ce que, dans
ce cas-là, les gens ont décidé de la suivre ou pas? Je ne
sais pas. On vérifiera.
M. Chevrette: Comment vous expliquez la longueur de temps...
La Présidente (Mme Marois): Oui, M. le
député.
M. Chevrette: ...pour le Secrétariat? Une dernière
question. c'est le privé qui a augmenté. ils font beaucoup plus
que le public. comment vous expliquez ça, les deux, trois ans d'attente
au secrétariat?
M. Côté (Charlesbourg): Si c'est deux, trois ans
sous l'ancienne loi, il peut y avoir certaines explications.
M. Chevrette: Non, non, présentement.
M. Côté (Charlesbourg): II ne peut pas y avoir deux,
trois ans présentement, parce que la loi est entrée en
application... À quelle date?
M. Chevrette: Ça prend autant de temps que ça
prenait.
Mme Vermette: Ça prend autant de temps quand on passe par
le Secrétariat. C'est aussi long qu'avant. Sauf que ça va
beaucoup plus rapidement, maintenant, si c'est des projets privés. Tous
les projets privés, ils n'ont aucun problème, ça va
rapidement. C'est quand le parent n'a pas nécessairement l'argent
nécessaire pour un projet privé et qu'il passe par le
Secrétariat qu'il commence à avoir des problèmes. C'est
là qu'il a des délais, etc. Et on met plein de puces, ce qui fait
que les parents se réveillent avec de l'urticaire. Et c'est vrai, c'est
réel.
La Présidente (Mme Marois): Alors, on vous permet une
dernière intervention, M. le ministre ou M. Leblanc...
M. Côté (Charlesbourg): Ce sera M. Leblanc, compte
tenu de...
La Présidente (Mme Marois): ...parce que nous avons
terminé nos travaux.
M. Leblanc: C'est vrai que c'est encore long parce que le
Secrétariat n'a pas 50 ou 60 cas à régler par
année, il en a beaucoup plus que ça. Il en a 400, 500. C'est pour
ça que ça prend plus de temps. Les contacts qui sont
établis par le Secrétariat sont établis avec des
organismes officiels à l'étranger. Et on n'a pas la même
disponibilité d'enfants par les contacts officiels qu'on en a par
d'autres contacts privés. Je ne blâme pas les contacts
privés, je dis qu'on a une réalité différente. Les
contacts officiels, par exemple en Colombie, à l'heure actuelle,
ça prend à peu près 19 mois avant qu'un dossier se
règle en Colombie, parce qu'ils ont quelque chose comme 20 000 dossiers
en attente. C'est la même chose en Thaïlande, à Taiwan, un
peu partout, parce qu'ils ont beaucoup de dossiers qui leur sont soumis pour
proposer des enfants. Les gens qui procèdent par contacts privés
procèdent avec leurs propres contacts et ont un dossier à
piloter, donc, évidemment, ça va plus vite.
Mme la Présidente, j'aimerais être capable,
un jour, d'avoir une bonne discussion sur l'adoption internationale pour
démontrer que ce n'est pas exact du tout que le Secrétariat met
des bâtons dans les roues. Le Secrétariat applique la loi avec
toute la largeur qu'il est possible de le faire. Il y a des fois où je
pense que certains qui critiquent le Secrétariat a l'heure actuelle,
s'ils étaient à notre place, ils reserreraient probablement les
contrôles plutôt que les relâcher.
La Présidente (Mme Marois): Vraiment une dernière
phrase.
Mme Vermette: Une dernière phrase. M. le ministre, j'avais
obtenu un mandat d'initiative pour vérifier, justement, le
Secrétariat à l'adoption, ce serait l'excellente occasion de le
mettre à exécution. Ce serait peut-être le temps de passer
aux actes et de faire, justement, ce qu'il faut là-dessus, sur
l'adoption. Je sais que vous avez passé une loi qui est dans la bonne
direction. Maintenant, il reste le Secrétariat. La loi est bonne, elle
favorise l'adoption avec des projets privés, mais il faudrait aller plus
loin maintenant, et c'est peut-être l'occasion maintenant de mettre
à exécution le mandat d'initiative.
La Présidente (Mme Marois): C'est ce que j'allais dire aux
membres de la commission. C'est que les membres de la commission ont le loisir
d'identifier un certain nombre d'organismes dont ils veulent examiner les
orientations, et ça pourrait être une suggestion qui serait
soumise aux membres de la commission. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Bien écoutez, le
ministre n'a, quant à lui, strictement rien à dire aux membres de
la commission qui veulent se confier un mandat. Le ministre est soumis a...
M. Chevrette: Mais allez-vous être d'accord?
M. Côté (Charlesbourg): Même si j'étais
d'accord, mon vote ne compte pas.
M. Chevrette: Ah! on sait comment les ministériels..
Mme Vermette: L'influence morale... Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Chevrette: Mme la Présidente, le ministre ne nous fera
pas croire...
La Présidente (Mme Marois): On voudrait que votre caucus
vous ait bien entendu, M. le ministre. Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Personnellement, je n'ai pas
d'objection du tout à ce que ça puisse être
discuté.
La Présidente (Mme Marois): Oui.
M. Chevrette: Bon.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que ce serait de
nature à ce que ça puisse rendre justice au Secrétariat.
J'ose espérer que, dans la mesure où vous aurez ce genre
d'exercice-là, si démonstration est faite que vous aviez
peut-être des cas isolés, on rendra justice à ceux qui
travaillent au Secrétariat à l'adoption internationale. Et
à connaître les membres de l'Opposition qui y siègent, je
suis pleinement convaincu qu'on pourra le faire.
M. Chevrette: Ah!
Adoption des crédits du ministère et de
la RAMQ
La Présidente (Mme Marois): Alors, je vous remercie, nous
allons donc considérer que l'étude des crédits du
ministère de la Santé et des Services sociaux, volet
polytoxicomanies et adoption internationale, est terminée. Maintenant,
je vais mettre aux voix les programmes, de telle sorte qu'on puisse
procéder à l'adoption de l'ensemble des programmes. Je vais
commencer par le programme 1, concernant le ministère de la Santé
et des Services sociaux.
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. Alors, le
programme 2?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Le programme 3,
Services des centres hospitaliers de courte durée?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Programme 4, Services des
centres de services sociaux?
Mme Vermette: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Programme 5, Services des
centres de réadaptation?
Mme Vermette: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Programme 6, Services des
centres d'accueil d'hébergement et des centres hospitaliers de soins de
longue durée?
Mme Vermette: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Programme 7, Coordination de
la recherche?
Mme Vermette: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Programme 8, Direction et
coordination régionale, secteur réadaptation sociale?
Mme Vermette: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Enfin, le programme 9,
l'Office des personnes handicapées?
Mme Vermette: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Nous allons maintenant
procéder à l'adoption des crédits en ce qui concerne la
Régie de l'assurance-maladie. Est-ce que le programme 1 de la
Régie, qui est intitulé Régime d'assurance-maladie, est
adopté?
Mme Vermette: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que les crédits
budgétaires de la Régie de l'assurance-maladie du Québec,
pour l'année financière 1991-1992, sont adoptés?
Mme Vermette: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Alors, évidemment, il
en va de même pour les crédits budgétaires du
ministère de la Santé et des Services sociaux pour l'année
financière 1991-1992. Sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Je vous remercie pour
l'étude de ces crédits.
Nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 30)