Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Neuf heures douze minutes)
La Présidente (Mme Marois): Alors, si vous le permettez,
la commission des affaires sociales va débuter ses travaux. Bonjour. Je
vais rappeler simplement le mandat. Nous sommes réunis afin
d'étudier les crédits budgétaires du ministère du
Conseil exécutif, le programme 3, et des organismes relevant de la
ministre déléguée à la Condition féminine et
responsable de la Famille, et ce, pour l'année financière
1991-1992.
On va, d'abord, constater s'il y a des remplacements. Mme la
secrétaire.
La Secrétaire: Oui, Mme la Présidente. M. Joly,
député de Fabre, sera remplacé par M. MacMillan,
député de Papineau.
La Présidente (Mme Marois): Alors, merci. On s'entend que,
dans le cas de l'étude des crédits, il y a une certaine
souplesse, tout en respectant l'équité, de telle sorte que chacun
ait à peu près un temps équivalent pour faire soit une
intervention de départ, soit des remarques préliminaires et, par
la suite, évidemment, s'engager dans les questions.
Est-ce qu'on va suivre l'ordre qui est prévu au cahier?
Peut-être Mme la députée de... Oui, Mme la ministre.
Condition féminine
Mme Trépanier: Oui, il y a eu une entente hier, suivant
l'ordre de la Chambre également, qui dit que c'est la Condition
féminine et les organismes qui suivent. Alors, on s'est entendu hier
à l'effet que nous procédions jusqu'à 13 heures et que les
crédits seraient terminés à ce moment-là.
Je ne sais pas ce qui arrivera avec le temps qu'on a perdu. D'autre
part, l'ordre serait le Conseil du statut de la femme, la Condition
féminine, et l'Office des services de garde, pour se terminer à
13 heures.
La Présidente (Mme Marois): d'accord. et, effectivement,
la commission reprendra ses travaux par la suite, mais, là, pour
s'adresser au budget qui concerne la famille.
Mme Trépanier: La Famille.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça. Alors, c'est
bien de cela qu'on a convenu.
Mme Carrier-Perreault: Bien, disons que c'est ça, oui.
Maintenant, c'est sûr qu'on commence à 9 h 15 et je pensais
qu'on... Est-ce qu'on peut reprendre le temps perdu?
La Présidente (Mme Marois): Quant à moi, il n'y a
pas de problème pour qu'on prolonge d'une quinzaine de minutes.
Mme Trépanier: C'est que nous terminerons
déjà à 13 heures. Il y a la période de questions
à 14 heures. Il faut aussi penser aux collègues. Je sais que,
pour quelques-uns, nous étions là, mais... en tout cas.
La Présidente (Mme Marois): C'est vraiment un imbroglio,
parce que, comme toutes les commissions commencent à 9 h 30,
j'étais même tout à côté, finalement.
Mme Trépanier: Ça fait que dans votre esprit vous
êtes 15 minutes à l'avance.
La Présidente (Mme Marois): Oui, exactement. Et, comme je
suis plutôt matinale qu'autrement... Alors, écoutez, l'autre
possibilité, c'est qu'on reprenne au début de l'après-midi
une quinzaine de minutes, si jamais l'enveloppe de temps n'a pas
été suffisante.
Mme Trépanier: Écoutez, moi, je n'ai pas
d'objection à ce qu'on reprenne 15 minutes cet après-midi. Il est
important que les gens qui ont à s'exprimer s'expriment. Sauf que vous
allez avoir un problème avec un collègue. Nous avons fait cet
arrangement pour faciliter la tâche à un de vos
collègues.
La Présidente (Mme Marois): D'accord, ça va.
Mme Trépanier: Organisez-vous, là, et moi, je
suis-La Présidente (Mme Marois): On va passer ce matin à
travers les crédits qui concernent la Condition féminine, puis on
verra où on en est et on refera le point au début de
l'après-midi, s'il y a lieu.
Mme Trépanier: Parfait.
La Présidente (Mme Marois): Alors, Mme la ministre, je
vous invite à faire vos remarques préliminaires.
Remarques préliminaires Mme Violette
Trépanier
Mme Trépanier: Merci, Mme la Présidente. Alors,
l'étude annuelle des crédits est toujours un moment
privilégié de vous faire partager les défis qui ont
été relevés pour que les femmes du Québec,
grâce à leur apport passé, actuel et futur, puissent
obtenir l'égalité et l'équité dans tous les
domaines de l'activité humaine. L'année 1990-1991 en condition
féminine en a été une de transition, d'évaluation,
de consolidation et d'orientation.
D'abord, une année de transition, comme je l'avais annoncé
à la fin de 1989 lors de mon arrivée en poste. Cette transition
s'est effectuée sous le signe de la continuité. Un effort
constant d'assurer la continuité et la cohérence dans nos actions
est capital pour l'atteinte des quatre grands objectifs que s'est donnés
le gouvernement en 1987, à savoir assurer l'égalité
économique des femmes et favoriser leur autonomie financière;
deuxièmement, reconnaître la spécificité des femmes
et, le cas échéant, assurer le redressement des situations
où les femmes connaissent certains désavantages; garantir
l'accès des services adaptés aux besoins des femmes et contribuer
aux changements des mentalités et des attitudes.
Les ministères et les organismes engagés en condition
féminine ont entrepris ou poursuivi, en 1990-1991,
l'opérationalisation des programmes et des services existants. Plusieurs
d'entre eux se sont dotés d'un plan d'action annuel pour réaliser
leur mandat. Le Secrétariat à la condition féminine assure
le suivi de ces activités et un bilan des actions gouvernementales sera
disponible dans quelques mois.
Quelques réalisations sont déjà connues. Parmi
celles-ci, signalons la Loi modifiant le Code civil du Québec et
d'autres dispositions législatives afin de favoriser
l'égalité économique des époux, qui est
entrée en vigueur le 1er juillet 1989. Des clarifications et
modifications ont été apportées à cette loi en juin
1990, particulièrement en matière de plus-value et de remploi des
sommes. Par la suite, une vaste campagne d'information a été
menée auprès du grand public afin de s'assurer que la population
soit informée adéquatement. Une consultation restreinte s'est
tenue le 31 octobre 1990 afin de statuer sur la pertinence de maintenir la date
limite du 31 décembre 1990 s'appliquant aux dispositions transitoires
permettant aux couples mariés avant le 1er juillet 1989 de se soustraire
aux dispositions de la loi. Plusieurs organismes ont été
invités et, à l'exception d'un, tous s'entendaient pour le
maintien de la date limite.
Un des chapitres des orientations gouvernementales visait
également l'accès des femmes à tous les types d'emplois,
et ce, dans l'ensemble des secteurs de l'activité économique. Cet
objectif touche tant le marché du travail que la formation
générale et professionnelle.
Les ministères de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur et de la Science ont poursuivi leurs efforts visant la
désexisation des manuels scolaires et des pratiques pédagogiques
et l'accroisssement de la participation des filles et des femmes aux sciences
et à la technologie.
En matière de formation professionnelle, les programmes de
recyclage conçus spécifiquement pour les femmes et les programmes
qui ciblent les femmes comme clientèle prioritaire sont toujours
offerts. Il s'agit de Transition-travail, Accès à la formation
professionnelle, Accès aux carrières technologiques et Initiation
aux métiers non traditionnels. Par ailleurs, la Conférence
permanente sur l'adaptation de la main-d'oeuvre a vu le jour à l'automne
1990 et je souligne que la secrétaire générale
associée à la Condition féminine y participe
activement.
S'il est un dossier porteur de dividendes sur lequel il faut miser en
condition féminine, c'est bien celui du travail. En môme temps,
c'est sûrement un des plus complexes en raison des variables souvent
incontrôlables qui le définissent. À ce chapitre, la loi 97
modifiant la Loi sur les nonnes du travail, en vigueur depuis janvier 1991, a
une incidence positive pour les femmes par l'introduction d'un congé
parental de 34 semaines accessible à la mère et au père,
en plus de l'actuel congé de maternité de 18 semaines - il s'agit
là d'un pas important dans la reconnaissance de la mixité des
droits parentaux - l'introduction, également, de dispositions sur le
taux de salaire horaire et les congés annuels accordés aux
personnes qui exercent un emploi à temps partiel. Comme vous le savez,
70, 8 % de l'ensemble des travailleurs à temps partiel sont des
femmes.
Le gouvernement a continué à faciliter l'accès
à la propriété aux femmes agricultrices et, à cette
fin, le programme Accès à la propriété a
été implanté en décembre 1990 pour les conjointes
et les conjoints de 40 ans et plus. Quelque 414 femmes ont obtenu une
subvention de 5000 $, représentant des déboursés de 2 070
000 $. De plus, l'important dossier de l'accès à
l'égalité en emploi pour les femmes a représenté la
priorité des priorités, et je vous en reparierai un peu plus
tard. Donc, une année de transition très active.
Deux dossiers majeurs ont également fait l'objet
d'évaluation au cours de l'année 1990-1991: les orientations
triennales en matière de condition féminine et
l'expérience-pilote des programmes d'accès à
l'égalité. Les orientations triennales 1987-1990 du gouvernement
en matière de condition féminine et les plans d'action annuels en
découlant se devaient d'être évalués et mis en
perspective avant de déterminer les futures orientations. Le
Secrétariat à la condition féminine a produit une
première version du bilan synthèse des trois dernières
années qui est
présentement en processus de validation auprès de la
vingtaine de ministères concernés.
Voici brièvement quelques observations qui rassortent de la
compilation et de l'analyse des centaines de mesures réalisées.
Premièrement, l'envergure du projet nous est confirmée par le
nombre d'axes d'intervention, soit 88, par le nombre de mesures et par la
durée de réalisation qui est de 3 ans. Précisons,
toutefois, que la presque totalité des mesures prévues ont
été réalisées. On constate aussi que le
gouvernement s'est attaqué à de véritables pans de murs
comme l'accès à l'égalité, l'équité
salariale, l'égalité économique des époux, les
modifications apportées à la Loi sur les normes du travail.
Deuxièmement, on a assisté à la consolidation de la
structure gouvernementale en condition féminine. Bien que l'on
gère la condition féminine dans l'appareil gouvernemental depuis
1973, on peut affirmer que 1987-1990 aura été la période
où cette intervention se sera vraiment structurée. L'approche
choisie à permis d'assurer la prise en compte des dossiers et d'en
favoriser la coordination et le suivi.
L'expérience-pilote des programmes d'accès à
l'égalité en emploi est un autre dossier qui est à sa
phase d'évaluation. Notons que le Secrétariat à la
condition féminine et les ministères concernés, tout en
procédant à l'évaluation de cette vaste expérience,
ont continué d'offrir un soutien professionnel aux organismes-pilotes.
L'évaluation globale des expériences-pilotes sera rendue publique
au cours des prochains mois.
C'est à la ministre déléguée à la
Condition féminine que revient le mandat de coordonner cette
évaluation globale dont la finalité est de proposer au
gouvernement du Québec des recommandations sur l'avenir de
l'accès à l'égalité en emploi pour les femmes.
À cette étape des travaux, je tiens à vous livrer les
priorités communes retenues par les différents secteurs et
quelques enseignements tirés de l'expérimentation. Bien que les
méthodes utilisées pour procéder à
l'évaluation aient varié d'un secteur à l'autre, sept
éléments prioritaires ont été
étudiés, à savoir le résultat des programmes, la
démarche méthodologique utilisée, les facteurs de
succès, le soutien professionnel, le soutien financier, le
caractère volontaire des programmes et le cadre légal.
De façon générale, notre évaluation
procède, d'une part, de l'analyse d'impact qui vise à mesurer les
changements quantitatifs et qualitatifs apportés par les programmes et,
d'autre part, de l'analyse coût-efficacité qui permet
d'évaluer les résultats obtenus en tenant compte des efforts
consentis (les coûts humains, financiers, méthodologiques). Notre
évaluation comporte également deux grands volets: d'abord,
l'instrument légal, programme d'accès à
l'égalité, ses réalisations, ses possibilités, ses
problèmes techniques. Ensuite, le contexte d'implantation d'un programme
d'accès à l'égalité: le bilan
(gains et lacunes) des modalités d'intervention du gouvernement
et des organisations-pilotes. Il va sans dire que ces deux volets sont, en
réalité, étroitement imbriqués et que nous les
avons dissociés simplement pour faciliter l'analyse des multiples
facteurs qui entrent en jeu.
En s'appuyant sur les divers rapports, on constate qu'il existe,
à l'heure actuelle, un large consensus quant à la pertinence de
mettre en oeuvre des moyens pour assurer l'équité en emploi.
Parallèlement, il y a unanimité chez les intervenants des
entreprises privées, des établissements des réseaux de
l'éducation, de l'enseignement supérieur, de la santé et
des services sociaux, des municipalités et des organismes
périmunicipaux pour que soit revue la démarche proposée
par la Commission des droits de la personne, laquelle est jugée par tous
longue, fastidieuse, inutilement complexe et, à certains égards,
pas toujours adaptée à leur culture organisationnelle.
On peut donc d'ores et déjà prévoir que le rapport
final d'évaluation comportera des recommandations à l'effet de
revoir divers éléments du cadre légal,
réglementaire et administratif régissant les programmes
d'accès à l'égalité et d'alléger la
démarche. En effet, les divers travaux réalisés par les
entreprises et les organisations fournissent des renseignements
intéressants quant aux forces et aux faiblesses de l'approche
québécoise actuelle et, à plusieurs égards, mettent
en lumière la nature des modifications qu'il serait souhaitable
d'apporter pour assurer plus d'efficacité et d'efficience à cette
approche. Finalement, les quatre années d'expérimentation et la
période actuelle d'évaluation constituent la première
phase d'une intervention spécifique en matière
d'équité en emploi. Nous entrerons donc riches de nos acquis dans
la deuxième phase de notre intervention, laquelle devrait être
marquée par la consolidation et le développement.
Je vous ai dit tout à l'heure que l'année dernière
avait été une année aussi de consolidation. Au niveau de
la coordination gouvernementale, le Secrétariat à la condition
féminine a intensifié ses efforts auprès des partenaires
gouvernementaux que sont les répondantes ministérielles, en
mettant de l'avant un plan d'activités semestrielles comportant des
mécanismes d'accueil, d'intégration, de formation,
d'échanges et de communication. Ses efforts seront poursuivis car le
succès de la condition féminine repose en partie sur la
qualité de la gestion de ces dossiers dans l'appareil
gouvernemental.
C'a été aussi une année d'orientation. Le processus
d'élaboration des prochaines orientations est enclenché. Ce
dossier a été prioritaire toute l'année et continuera de
l'être jusqu'à la présentation des orientations
prévue pour l'automne 1991. Il s'agit davantage d'une mise à jour
des orientations et d'une identification des
leviers qui pourraient nous permettre d'avancer plus rapidement. Un peu
comme Pareto, nous devons trouver les 20 % des interventions qui nous donnera
les 80 % des résultats et non l'inverse.
Pour cette mise à jour des orientations, le Secrétariat
à la condition féminine a analysé le bilan des
orientations 1987-1990; les études commandées à l'Institut
québécois de recherche sur la culture portant sur les tendances
en condition féminine; les recommandations et priorités
dégagées lors des activités soulignant le 50e anniversaire
du droit de vote; les préoccupations véhiculées par les
groupes de femmes; les avis du Conseil du statut de la femme. Les premiers
constats qui se dégagent sont que les prochaines orientations
s'Inscriront dans la continuité et qu'aucun virage majeur ne sera
nécessaire pour encadrer l'action gouvernementale en condition
féminine. Ainsi, nous pourrons comprendre que notre objectif
d'égalité n'est pas totalement réalisé et qu'il
devra être reconduit pour les années à venir.
En services de garde, l'année 1990-1991 a été
marquée par des efforts visant la mise en application des orientations
du gouvernement adoptées au printemps 1989. Au plan législatif,
rappelons que l'Assemblée nationale adoptait, en juin 1990, la Loi
modifiant la Loi sur les services de garde à l'enfance, permettant ainsi
au gouvernement de confier à l'Office les pouvoirs nécessaires
pour être preneur et administrateur du régime d'assurance
collective et de congés de maternité à l'intention des
employés des garderies. Plusieurs projets de règlement ont
été complétés et soumis à la consultation
avant d'être déposés, pour étude, au bureau des
règlements du ministère de la Justice. Parmi ceux-ci, on note les
projets sur les agences de garde en milieu familial, sur les services de garde
en milieu familial, sur l'exonération et l'aide- financière et le
projet de règlement modifiant le règlement sur les services de
garde en garderie. Leur entrée en vigueur est prévue pour le
prochain exercice financier.
En matière de développement, un des grands objectifs du
gouvernement est la réduction des écarts entre les régions
du Québec. Pour y arriver, la planification régionale constitue
l'outil par excellence. À cette fin, une vaste consultation des
partenaires a été menée à travers le Québec,
ce qui nous a permis de connaître davantage les besoins et les profils
socio-économiques des régions. Parallèlement à
cette opération de consultation, tout a été mis en oeuvre
pour réaliser le plan de développement de nouvelles places
1990-1991. L'objectif de 6208 places a été atteint. (9 h 30)
II est important de rappeler que près de 55 000 000 $ ont
été alloués en 1990-1991 dans le cadre du Programme
d'exonération et d'aide financière pour enfant en service de
garde et que plus de 55 000 000 $ ont aussi été versés en
subventions directes aux services. Dans les deux cas, il s'agit d'une
augmentation de l'ordre de 4 500 000 $ par rapport à l'an dernier.
Afin d'offrir un meilleur soutien aux services de garde, l'OSGE a
procédé à des réaménagements internes lui
permettant à la fois de mieux répondre aux besoins d'information
et de soutien de l'ensemble des services de garde et d'intervenir plus
efficacement auprès des services qui requièrent une aide
particulière.
En dépit de ses orientations qui privlégient la garde de
longue durée, le gouvernement a procédé à
l'expérimentation de nouveaux modèles de garde mieux
adaptés aux besoins de clientèles particulières. Pour une
troisième année consécutive, le programme de subvention
pour la garde estivale a été reconduit. Ainsi, 154 projets ont
reçu près de 611 000 $ et on estime à environ 12 400 le
nombre d'enfants qui ont pu en bénéficier.
En conclusion, bien que succinct, ce bilan fait état des
principaux travaux réalisés en vue d'assurer un
développement harmonieux des services de garde et de répondre le
plus adéquatement possible à la diversité des
clientèles et des besoins. En dépit du contexte économique
particulièrement difficile et malgré un resserrement des
critères d'admissibilité au Programme d'exonération et
d'aide financière, le gouvernement du Québec a, encore
récemment, reconnu l'importance de ce grand objectif d'offrir des
services de garde de qualité. Cette volonté se traduit par le
maintien du principe de l'indexation pour les principaux programmes de
subvention, la reconduction de divers programmes offerts, le maintien du
développement de nouvelles places et l'augmentation de l'enveloppe
budgétaire accordée aux familles défavorisées, qui
passe de 300 000 $ à 1 000 000 $. Les services de garde constituent l'un
des premiers moyens permettant la conciliation des responsabilités
parentales et professionnelles. À ce titre, 8s sont donc une
priorité incontournable pour notre gouvernement.
J'aborderai très brièvement les activités
menées par le Conseil du statut de la femme. Au plan des
représentations, le Conseil a présenté, entre autres, un
avis à la commission du budget et de l'administration sur la Loi sur la
fonction publique, en septembre 1990; un mémoire devant la commission
des institutions dans le cadre de la consultation sur l'opportunité de
prolonger le délai relatif à la renonciation au partage du
patrimoine, en octobre 1990; un mémoire devant la Commission sur
l'avenir politique et constitutionnel du Québec, en novembre 1990; un
mémoire devant la commission de la culture relativement à
l'énoncé de politique en matière d'immigration et
d'intégration "Au Québec pour bâtir ensemble", en
février 1991.
La mise sur pied de la Commission sur l'avenir politique et
constitutionnel du Québec a
modifié le plan de travail du CSF pour l'année.
L'importance de cette question a amené le Conseil à rappeler les
enjeux pour les femmes des choix politiques qui pourront être faits pour
l'ensemble des Québécoises et des Québécois. De ce
fait, il a paru nécessaire au CSF d'informer et d'outiller les femmes
pour leur participation éventuelle au débat et faire
connaître leurs préoccupations spécifiques afin que ces
dernières soient prises en compte dans l'élaboration de notre
avenir politique et constitutionnel.
En matière de santé, le Conseil, ayant toujours pour
objectif de favoriser la prise en charge par les femmes de leur santé et
de leur intégrité physique et mentale, a suivi activement la
réforme du système de santé et des services sociaux. L'an
dernier, le CSF avait annoncé qu'il entreprendrait une réflexion
globale sur le phénomène de la violence. Les travaux se sont
amorcés cette année et un document est actuellement en
préparation.
Dans un autre ordre d'idées, les activités entourant le
50e anniversaire du droit de vote des femmes ont bénéficié
d'une attention particulière tout au long de l'année.
En conclusion, le CSF amorce cette année la troisième et
dernière année de son plan triennal. Il poursuivra un certain
nombre de recherches déjà amorcées et assurera un suivi
des nouveaux dossiers gouvernementaux. Si on peut affirmer que des
progrès importants ont pu être réalisés grâce
à la mobilisation et à l'engagement constant du mouvement des
femmes, on peut d'ores et déjà entrevoir l'importance de
poursuivre nos actions au chapitre de la sensibilisation et des changements de
mentalité, car l'objectif ultime des femmes demeure toujours l'atteinte
d'une situation de vie égalitaire.
La gestion - et je termine là-dessus - du dossier de la condition
féminine comporte cette particularité de ne pas toujours nous
fournir la satisfaction des résultats immédiats. Les objectifs
à atteindre s'échelonnent sur une longue période. Les
étapes à franchir pour atteindre ces objectifs sont nombreuses.
Franchir ces étapes représente pour moi un grand défi
auquel je suis fière d'être associée. Et je vous
remercie.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la ministre. Alors,
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière, s'il vous
plaît.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Merci, Mme la Présidente. Je
voudrais remercier la ministre, justement, de ne pas avoir pris trop de temps
en remarques préliminaires et j'ai l'intention d'être très
brève, moi aussi, pour ne pas justement prendre du temps qui nous est
imparti pour étudier les dossiers. D'entrée de jeu, cependant, je
voudrais vous faire part de mon inquiétude quant aux orientations du
gouvernement libéral en ce qui concerne le développement et le
soutien des services de garde à l'enfance. On se rappelle qu'en 1988 on
avait promis 60 000 nouvelles places sur une période de cinq ans. Et on
se rend compte, présentement, que la vitesse de croisière de ce
développement a chuté en deçà de ce qu'elle
était avant l'émission de la politique Pour un juste
équilibre. Donc, les trois dernières années, on a
développé moins de places en services de garde qu'on en avait
développé les trois années précédant la
politique. Et les chiffres sont assez révélateurs. On se rend
compte qu'entre 1985 et 1988 on avait eu un gain de 22 663 places en services
de garde. Maintenant, on se rend compte qu'entre 1988 et 1991 ces
gains-là sont de 16 834. Alors, je pense que les chiffres, c'est clair,
et on se rend compte que le développement a ralenti depuis cette
politique. C'est une baisse de 25 % et c'est très important.
Par ailleurs, le budget de l'Office des services de garde accuse, lui
aussi, un grave déficit, toujours par rapport aux engagements de 1988.
À ce moment-là, on nous parlait de 513 000 000 $ sur trois ans et
c'était l'engagement de l'ex-ministre déléguée
à la Condition féminine. Les dépenses réelles de
l'Office ont atteint 125 100 000 $ en 1989-1990, 145 500 000 $ en 1990-1991,
avec une prévision de 154 400 000 $ pour 1991-1992. Ça fait donc
un total de 426 000 000 $ à la place de 513 700 000 $. Il s'agit d'un
déficit de 87 000 000 $ par rapport à l'engagement.
Il y a un autre dossier - la ministre en a fait état aussi dans
son exposé - sur lequel je tiens à faire le point, c'est celui de
l'équité salariale. La Commission des droits de la personne
vient, on le sait, tout juste de tenir des consultations concernant la
façon de mettre en place une loi proactive en matière
d'équité salariale. Il y a les employeurs, bien sûr, qui
s'opposent à ce genre de législation, mais on sait très
bien aussi qu'il y a une coalition, formée d'une quarantaine
d'organisations tant du milieu syndical que des groupes de femmes, qui
réclame aussi l'adoption d'une loi proactive qui va couvrir toutes les
travailleuses du Québec. Alors, disons que j'ai hâte d'en discuter
avec la ministre, parce que je pense qu'elle devra se pencher
sérieusement sur cette question, en plus, bien sûr, de rendre des
comptes quant aux programmes d'accès à l'égalité
annoncés en mai 1986 et dont les objectifs devaient être atteints
en mai 1989. Nous attendons toujours les rapports d'évaluation et il
semble que ça viendra dans les mois qui suivent, si j'entends le
discours de la ministre. Mais il y a sûrement eu au moins une
première lecture de faite de ces rapports-là et nous aurons
sûrement une discussion intéressante à ce
sujet-là.
Par ailleurs, je voudrais revenir aussi sur les congés de
maternité et les congés parentaux. Il sera très opportun
de discuter de ce dossier
en présence de la présidente du Conseil du statut de la
femme qui propose un véritable congé de maternité
québécois qui procurerait une indemnité pour toutes les
travailleuses. Alors, c'est de ces questions que j'entends discuter et
j'aimerais qu'on commence tout de suite.
La Présidente (Mme Marois): Merci beaucoup, Mme la
députée. Vous avez un peu de temps en banque. Est-ce qu'il y a
des commentaires, d'autre part, d'autres collègues de la commission?
Ça va? Pas d'interventions? Alors, oui, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, est-ce que vous avez des questions à
poser sur les programmes ou la ministre a-t-elle une réponse à
apporter à vos premiers commentaires?
Mme Trépanier: Je pense que je vais attendre au fil des
questions, parce que je ne voudrais pas devancer les dossiers. Alors, je vais y
revenir au fil de l'avant-midi.
La Présidente (Mme Marois): Alors, on commence par le
Conseil du statut de la femme? C'est bien cela?
Conseil du statut de la femme
Mme Trépanier: Oui.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Alors, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Alors, ça me fait plaisir de saluer
Mme Lavigne, la présidente du Conseil. Disons qu'on s'est rendu compte,
en regardant les montants au niveau des crédits, que, bien sûr,
les montants vont augmenter de 3, 3 % pour le Conseil en 1991-1992. On se rend
compte aussi qu'y y a eu des montants qui ont été
périmés, 454 000 $. Et, comme on n'a pas vraiment la ventilation
détaillée, j'aimerais avoir une espèce de ventilation de
ces crédits périmés et des explications. Pourquoi a-ton
périmé 454 000 $?
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la ministre. Est-ce
que vous préférez que ce soit la présidente du
Conseil?
Mme Trépanier: Oui.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
Mme Trépanier: Je ne sais pas si on l'avait bien
mentionné pour le Journal des débats, Mme Marie Lavigne
est là. Je voudrais mentionner aussi la présence, à ma
droite, de Mme Luce Ranger-Poisson, qui est ma directrice de cabinet. Les
autres, on les présentera à mesure. Alors, pour cette question,
j'aimerais que Mme la présidente réponde.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme Lavigne, s'il vous
plaît.
Mme Lavigne (Marie): Effectivement, les données qui vous
ont été remises étaient bien avant la fin de
l'année financière. Il y a effectivement eu des crédits
périmés. Les crédits périmés au Conseil
s'expliquent en grosse partie au chapitre des traitements, tout le volet
salaires. À cet égard-là, il y a, comme vous le savez, un
phénomène normal d'attrition dans une organisation, avec des
postes qui n'étaient pas comblés dans le courant de
l'année, des postes qui ont été comblés dès
le 1er avril. Alors, il y a eu un certain nombre de postes vacants qui ont fait
qu'il y a eu des périmés au niveau de la masse salariale.
En second lieu, il y a eu aussi, comme vous le savez, un gel au courant
de l'année au chapitre des crédits prévus pour des
personnes occasionnelles, ce qui explique une très grande partie des
périmés aussi. Par ailleurs, il y a eu aussi certains
congés sans traitement pris par des employées à temps
plein, qui étaient des congés sans traitement liés
à une maternité, qui expliquent en bonne partie le gros du
montant, donc, ce que vous avez, qui est autour de 434 000 $. Le gros du
montant, 400 000 $, est essentiellement à la masse salariale qui est
donc liée à du déplacement de personnel. Au-delà de
ça, dans les données que vous avez, il y aautour de 34
000 $ qui sont au chapitre du budget de fonctionnement du Conseil. Je dois vous
dire que 34 000 $ sur l'ensemble du budget de fonctionnement du Conseil, c'est
relativement peu. C'est moins de 1 % et, à cet égard-là,
c'est... Est-ce que ça répond?
Mme Carrier-Perreault: j'aimerais avoir à peu près
la proportion, le montant qui a été gelé. est-ce que vous
avez le montant qui a été gelé parmi les crédits
gelés?
Mme Lavigne: Écoutez, c'est difficile de savoir. Ce qui
est assez clair, je pense, c'est que nous étions en processus de
dotation pour le poste qui a vraiment été lié au gel
très clairement. C'est le poste du bureau régional de Hull qui
était, à ce moment-là, en dotation. Donc, ça
équivaut très clairement à six mois de salaire. Ça,
je pense qu'on peut l'identifier très clairement. Les autres sont
liés beaucoup à de l'attri-tion ou à des départs de
personnes, le temps que ça prend pour combler les postes. Très
exactement liés au gel, on n'a pas fait le calcul.
Mme Carrier-Perreault: Donc, avec les crédits dont vous
disposez cette année, l'augmentation de 3, 3 %, est-ce que vous croyez
pouvoir garder - vous avez une augmentation de 3, 3 % - le même nombre
d'employés? Est-ce que vous allez pouvoir remplacer, justement, le poste
qu'on n'avait pas remplacé et tout ça?
Mme Lavigne: Effectivement, le poste qui devait être
doté a été doté dès le 2 ou le 3 avril.
L'ensemble des effectifs du Conseil, à l'heure actuelle, tous les postes
sont comblés, ce qui fait qu'il est prévisible, en tout cas,
qu'au chapitre des traitements, cette année, on ne vive plus la
même situation. Vous savez, il y a des cycles normaux dans une
organisation. Là, l'ensemble des postes sont comblés et on
devrait être en mesure de faire une année financière
relativement régulière sans affronter de problèmes
particuliers parce que l'ensemble des postes sont comblés dans le
moment.
Mme Carrier-Perreault: Par rapport aux dossiers que vous avez
touchés durant l'année, est-ce que vous pouvez nous parler un
petit peu des dossiers qui vous ont préoccupés davantage au
Conseil, sur lesquels vous avez mis le plus de temps, sur lesquels vous avez
travaillé plus longuement durant l'année qui vient de
s'écouler?
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la présidente
du Conseil. (9 h 45)
Mme Lavigne: Le Conseil a fait un certain nombre d'avis dans le
cadre de son mandat de suivi de l'activité gouvernementale. Nous avons
travaillé particulièrement, d'abord, sur la question du
patrimoine familial. D'une part, de nombreuses activités d'information
ont continué sur le patrimoine familial; une partie des informations
demandées au service de renseignements téléphoniques du
Conseil portait sur le patrimoine familial. Nous avons aussi analysé les
effets et proposé un certain nombre de modifications. Nous nous sommes
inscrits aussi dans la démarche de révision de la commission
parlementaire, en décembre, qui concernait le délai de la
loi.
Nous avons abordé aussi le dossier de l'immigration, ceci dans le
cadre de la commission parlementaire à la suite du dépôt
des orientations gouvernementales, ce qui a permis au Conseil de travailler
davantage à la fois avec des groupes de femmes immigrantes et, par
ailleurs, de cerner plus précisément un certain nombre de
demandes, notamment en ce qui concerne la formation des femmes immigrantes et
des conjointes.
Le Conseil a aussi, comme Mme la ministre l'a mentionné tout
à l'heure, participé aux travaux sur l'avenir constitutionnel du
Québec. À cet égard-là, dois-je vous dire,
au-delà du mémoire du Conseil, nous avons constitué des
dossiers d'information pour chacun des bureaux régionaux du Conseil et
nous avons organisé des séances d'information de façon
à ce que, dans chacune des régions du Québec, les femmes
puissent s'approprier le dossier et puissent, compte tenu qu'il y a des enjeux
majeurs pour les femmes au Québec, être capables de
posséder le matériel d'information, s'approprier le dossier et
s'orienter dans ce dossier. Alors, le Conseil a, d'une part, là-dessus,
constitué des dossiers d'information, fait des séances
d'information sur les questions constitutionnelles, a, par ailleurs, produit un
encart spécial, des documents d'information. Nous avons aussi fait un
mémoire sur cette question-là. Donc, ça a mobilisé
passablement d'énergies au cours de l'automne.
Un autre dossier qui était aussi important pour le Conseil,
c'était la réforme de la santé et des services sociaux,
dans la mesure où il y a eu beaucoup d'intérêt de la part
des groupes de femmes; donc, une analyse de l'impact, notamment sur toute la
question de la participation des femmes.
Nous avons, enfin, aussi, au chapitre des études, produit une
étude sur les femmes en matière de formation professionnelle.
Donc, au chapitre des études et recherches, nous sommes à
finaliser une série de portraits socio-économiques des femmes
dans chacune des régions du Québec. Le premier portrait
socio-économique sera lancé à Rimouski pour les femmes du
Bas-du-Fleuve, Portrait Bas-Saint-Laurent, au cours de la prochaine
réunion du Conseil, le 12 mai, et, au cours des prochains mois, nous
avons 15 portraits socio-économiques qui seront publiés. Ces
portraits-là ont été terminés. Donc, il s'agit
d'outiller des femmes de chacune des régions sur les portraits
socio-économiques qui vont être des instruments extrêmement
importants dans le cadre des démarches régionales de
concertation, de façon à ce que, dans le contexte de
décentralisation de différents pouvoirs, on puisse
intégrer la dimension femmes dans chacune des régions. Alors, ces
portraits-là sont en voie de publication. Par ailleurs, nous avons aussi
finalisé le portrait socio-économique des femmes
âgées, qui sera publié au cours des prochains mois.
Nous avons aussi, au niveau des recherches, fait une recherche sur le
profil de formation professionnelle dans le cadre des achats directs, les
profils de formation des femmes. Enfin, un grand dossier qui était un
dossier à la fois de recherche, d'information, de sensibilisation, le
dossier "Femmes et questions démographiques", a permis au Conseil
d'avoir un groupe de travail sur la question et d'amorcer une large
réflexion qui devrait donner lieu, au cours des prochains mois, à
un avis au gouvernement. Je vous donne ça succinctement, mais...
Mme Carrier-Perreault: Disons que j'ai aussi entendu tout
à l'heure la ministre qui, dans ses notes préliminaires, nous
pariait que vous voulez faire une étude, en fait, que le Conseil avait
l'intention de se pencher sur le dossier de la violence, que vous aviez
déjà commencé, d'ailleurs. Est-ce que vous avez quelque
chose de fait déjà au moment où on se parle?
Mme Lavigne: Je dois vous dire que c'est en cours. C'est,
effectivement, des papiers préliminaires qu'on a là-dessus.
Néanmoins, je peux
peut-être vous faire part de ce qu'il y aura dans cette
recherche-là. C'est encore à l'étape de copie de travail.
Alors, dans cette étude-là, ce que le Conseil poursuit comme
objectif, c'est à l'aide des études et des outils qui sont
déjà existants de discerner un ensemble de problématiques,
de mesurer l'ampleur des phénomènes et aussi d'évaluer des
actions déjà entreprises par différents intervenants. Dans
le cadre de cette étude, nous travaillons sur la violence conjugale, sur
les agressions sexuelles, sur l'inceste, le harcèlement sexuel au
travail et la pornographie. Une fois l'ensemble de ce portrait dressé,
dans un deuxième temps, nous allons mener une série de
consultations auprès de partenaires de milieux institutionnels,
communautaires et gouvernementaux en vue de susciter des consensus dans la
réflexion et des consensus sur un certain nombre d'actions prioritaires
à mener. Donc, je peux vous dire que c'est assez large et ça vise
à faire, selon un certain nombre d'études du Conseil, des
états de situation et à ramasser dans un document un ensemble de
grands constats, parce que quiconque veut travailler sur cette question se
heurte soit à des informations extrêmement parcellaires, soit
à des informations morcelées ou, des fois, à des piles de
documents. Donc, H s'agit d'un travail de regroupement et de produire une
série d'instruments qui permettront d'avancer dans le dossier et d'avoir
un portrait à jour de ce qu'on sait, de ce qu'on connaît, mais
aussi de ce sur quoi on doit travailler et aussi les recherches
ultérieures qui doivent être menées.
Mme Carrier-Perreault: Par ce que vous venez de dire, en
terminant, est-ce que je dois comprendre que vous allez avoir des
recommandations concrètes qui vont suivre ce rapport-là?
Mme Lavigne: Là-dessus, je dois vous dire... En tout cas,
éventuellement, je crois que les membres du Conseil, à l'aide
à la fois des portraits qui auront été faits et, de plus,
à l'aide des résultats des consultations qui auront
été menées auprès de divers intervenants, verront
s'il y a des recommandations précises à formuler au gouvernement
là-dedans. Mais il nous semble d'ores et déjà qu'un
certain nombre de recommandations ou un certain nombre de pistes ne seront pas
dirigées essentiellement vers des actions à mener par le
gouvernement, parce qu'on sait qu'il y a des possibilités de multiples
interventions au niveau de la violence, que ce soient les médias, que ce
soient les milieux scolaires, les commissions scolaires, etc. Ce qui fait que
c'est très vraisemblable, dois-je vous dire, qu'il y aura un avis du
Conseil, mais il y aura aussi des interventions et des propositions d'action
pour différents milieux. Je ne voudrais pas présumer de la
décision que les membres du Conseil prendront par rapport à la
fois aux résultats des recherches et aux résultats des
consultations, mais je peux vous dire que c'est vraisemblable.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Lacunes de la politique familiale
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Vous avez parlé, tout
à l'heure, que vous aviez travaillé sur le document "Femmes et
questions démographiques". On a entendu aussi, à l'occasion du 8
mars, lorsque vous avez, justement, rendu public ce document-là, on a vu
ça dans les journaux, en fait, que vous invitiez, à toutes fins
pratiques, le gouvernement à revoir la politique familiale, une
invitation à mettre en place des mesures pour aider les enfants qui sont
déjà là, déjà nés, plutôt que
de viser une revanche des berceaux à tout prix. Alors, moi, j'aimerais
vous entendre, Mme la présidente. Est-ce que vous pouvez nous faire
état des lacunes de la politique familiale telle qu'observée par
le Conseil du statut?
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme Lavigne.
Mme Lavigne: Ce qu'il importe de préciser en premier lieu,
c'est le contexte de la démarche du Conseil dans ces questions du
dossier "Femmes et questions démographiques". Je vais, d'abord, vous
dire ce que le Conseil a fait et, ensuite, vous dire comment on en arrive
à la question de la politique familiale. D'accord?
D'abord, il est important, pour le Conseil, que les femmes puissent
s'approprier les enjeux sur les questions démographiques et s'approprier
une réflexion parce que les questions démographiques, inutile de
vous le dire, touchent plus fortement les femmes que les hommes dans la mesure
où, si on parle des questions de natalité, encore aujourd'hui en
tout cas, faut-il le rappeler, ce sont les femmes qui ont les enfants et aussi
elles demeurent les principales responsables des familles. Or, on est dans un
contexte social où, de façon systématique, il y a un
discours nataliste extrêmement alarmiste et qui culpabilise les femmes de
ne pas faire d'enfants. Par ailleurs, le débat démographique
aussi portait sur toute la question du vieillissement et les femmes sont aussi
extrêmement préoccupées par le vieillissement dans la
mesure où elles représentent 60 % des personnes
âgées de 65 ans et plus et 71 % des personnes âgées
de 85 ans et plus. Or, nous sommes dans une société vieillissante
et on dit: Ça va coûter cher, les personnes âgées.
Alors, non seulement les femmes se sentent interpellées et,
jusqu'à un certain point, culpabilisées de faire moins d'enfants
qu'avant, mais en même temps on les culpabilise parce qu'elles vivront
trop longtemps et apparaissent comme étant un futur fardeau pour la
société.
Alors, face à ces questions, le Conseil a
voulu amener un certain nombre de questions et réinterroger ce
discours qu'on trouve très alarmiste, d'une part. Alors, première
action que nous avons faite là-dedans, ça a été de
mettre sur pied un groupe d'expertes, depuis un an, de démographes et de
sociologues intéressés par ces questions, qui a produit un
premier document de réflexion. Ceci a donné lieu à un
colloque que nous avons tenu au printemps dernier et, enfin, nous avons
lancé cette réflexion-là dans le cadre du 8 mars. Nous
avons été nécessairement amenées à
interpeller certains éléments aussi de la politique, à
poser des questions sur certains éléments d'une approche
gouvernementale par rapport au phénomène démographique. Ce
qui nous semble important, c'est qu'on ne fasse pas un débat de
chiffres. Ce qui nous semble important, c'est de créer des conditions
intéressantes. Alors, avoir des enfants pour avoir des enfants, ce qu'on
dit, c'est une approche qui est mathématique. Or, une
société, ça ne se bâtit pas à partir d'une
approche mathématique. Les Québécoises ont fait la
revanche des berceaux. On a fait des enfants pour peupler tout le nord des
États-Unis et pour peupler plusieurs provinces canadiennes, et
l'approche numérique n'a jamais rien donné. L'approche
numérique, ce qu'elle fait, c'est un exode systématique de gens
vers l'extérieur et miser essentiellement sur, ou de tenir un
discours... Et, là-dessus, ce qu'on disait, c'est: Le discours qu'on
entend, c'est un discours numérique. Ce qu'il faut, au-delà de ce
discours, c'est briser le discours numérique et bâtir un discours
qui soit aussi qualitatif. C'est-à-dire que les gens auront les enfants
qu'ils désirent dans la mesure où il y a un ensemble de mesures
qui permettent d'avoir ces enfants. Donc, ne pas miser sur les chiffres.
Alors, là-dessus, je pense que le Conseil a déjà
fait connaître sa position par rapport à des mesures relatives
à ce qu'on appelle les bébés-bonis qui nous semblent
être essentiellement un encouragement au nombre d'enfants, alors qu'un
enfant, c'est un contrat de 20 ans, c'est le moins qu'on puisse dire. Et,
à cet égard, il nous semble prioritaire d'insister sur toute une
série de mesures qui sont, d'ailleurs, dans la politique familiale
gouvernementale, qui sont sur les politiques d'articulation
travail-parentalité, travail-responsabilités familiales,
responsabilités professionnelles et ne plus avoir, essentiellement, un
discours qui soit culpabilisant pour les femmes. En gros, c'est ce qui a
été dit.
Mme Trépanier: Est-ce que je peux me permettre?
La Présidente (Mme Marois): Mme la ministre, vous voulez
ajouter quelque chose?
Mme Trépanier: Oui, c'est que je suis d'accord, en
très grande partie, avec les propos de Mme Lavigne. Je trouve absolument
mal- heureux que le discours qui transpire, je dirais, le discours
gouvernemental et le discours aussi des intervenants en général,
soit considéré comme un discours nataliste. Je ferais
peut-être un bémol. Lorsque Mme Lavigne nous parle de discours
alarmiste, à notre sens, je pense que c'est un discours réaliste.
Il ne faut pas perdre de vue qu'il y a un phénomène
démographique spécial au Québec qu'il ne faut pas
évacuer. Ça, c'est une chose. (10 heures)
Mais, cependant, je suis tout à fait d'accord lorsqu'on dit que
ce sont les femmes qui portent à bout de bras les familles, ce sont les
femmes qui mettent les enfants au monde. Et le désir d'enfants qui
existe au Québec, qui est tenace, je dirais, entre guillemets, et qui
est stable depuis des dizaines d'années, pourquoi ne se
réalise-t-il pas au bout de la ligne? Et c'est avec un cadre
intéressant de vie, un cadre de stabilité où on donnera
les moyens nécessaires aux familles de mettre au monde ces
enfants-là, qu'on réussira à réaliser le
désir d'enfants. Et, là, ce n'est plus un problème
démographique. C'est une question de qualité de vie.
Mme Lavigne l'a mentionné à la fin de son intervention en
disant que la politique familiale est là, elle contient tous ces
objectifs-là. Il faut dire qu'elle avait été mise en place
après une très vaste consultation. J'ai fait un bilan, la semaine
dernière, de cette politique familiale là avec les
groupes-familles, et nous nous sommes rendu compte que les objectifs qui
étaient véhiculés sont toujours les objectifs
recherchés. Mais, cependant, nous avons un problème vraiment
réel en ce qui concerne la perception. J'ai fait un bilan durant une
semaine, où j'ai parlé aux médias, j'ai parlé
à tout le monde, et ce qui est ressorti du bilan de cette politique
familiale là, ce n'est pas le chapitre 2 où nous réglons
tous nos engagements sur les normes du travail ou le chapitre des services de
garde; on ne parle que du taux de natalité, ce qui est bon en soi, mais
ce n'est pas uniquement ça.
Alors, effectivement, on a un problème. Et lorsque madame... Je
ne devrais pas dire madame dans ce cas-là. Quand le Conseil du statut de
la femme dit: Ce n'est pas avec un soutien... Et, là, je ne veux pas
employer l'expression qui est véhiculée, que c'est un bonus
à la naissance, c'est mal perçu. Parce que, quand on octroie un
soutien à la famille sur une période de quatre ans, ce n'est plus
une allocation à la naissance, je regrette, mais c'est un support
financier. Et le support financier, la stabilité financière,
c'est un des facteurs qui vont faciliter la réalisation du désir
d'enfants.
Donc, en principe, je suis d'accord avec la très grande
majorité des constats du Conseil du statut de la femme. Nous avons les
mêmes constats et c'est ce que nous véhiculons dans notre
politique familiale, sauf que la perception est parfois biaisée ou
erronée. Alors, on a une
responsabilité, comme gouvernement, dans ce sens-là et
j'entends bien réajuster le discours et la perception dans les prochains
mois.
La Présidente (Mme Marois): D'accord, merci, Mme la
ministre. Mme la députée.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Disons que, moi, je partage aussi
l'idée qu'on devrait commencer par s'occuper des enfants qu'on a
plutôt que d'en vouloir a tout prix, d'en vouloir encore plus, une
revanche des berceaux comme on disait. L'histoire, n'appelons pas ça
bonus, appelons ça la prime au troisième, au quatrième et
cinquième...
Mme Trépanier: Ce n'est pas ça non plus; c'est le
soutien financier à la famille qui a un troisième enfant.
Mme Carrier-Perreault: ...pendant quatre ans.
Mme Trépanier: C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: Étalé sur quatre ans.
Mme Trépanier: Voilà.
Mme Carrier-Perreault: Sauf que, généralement, on
espère avoir ces enfants-là pour plus longtemps que quatre ans et
la stabilité du cadre à ce moment-ci, disons que, moi aussi, j'ai
quand même certains doutes là-dessus.
On parle aussi de services de garde. Et les services de garde, dans mon
esprit, ça fait partie de la stabilité à offrir. Disons
que je ne voudrais pas, non plus, m'attarder tout de suite aux services de
garde parce que c'est justement pour ça que je disais tout à
l'heure que j'ai des inquiétudes et que je voudrais y revenir.
C'est vrai aussi. On me souligne que, effectivement, pour le premier
enfant ou le deuxième enfant, ceux qui en ont un ou deux, le soutien ou
le support qui est supposé servir de cadre de stabiité est
offert, en fait, sur un an. Il n'est pas sur quatre ans, à ce
moment-là.
Alors, moi, j'aimerais savoir, afin de corriger ce genre de lacunes
là qui sont dénoncées - et je pense qu'on a des
Inquiétudes à peu près tout le monde, on voudrait que
ça se corrige - quel genre d'actions le Conseil "priori-serait" pour
1991-1992, par exemple. Est-ce que le Conseil a l'intention de poursuivre sa
démarche dans ce sens-là?
La Présidente (Mme Marois): Mme la présidente du
Conseil.
Mme Lavtgne: Le Conseil entrevoit, au cours de l'année,
produire un avis sur les questions démographiques, un avis qui porterait
tant sur les questions de vieillissement que sur les questions de la famille,
les questions de natalité. Je pense que, pour répondre plus
précisément à votre question, il y a des pistes, des
résolutions et des recommandations que le Conseil a déjà
faites au gouvernement et que nous reprendrons, notamment toute la question du
remplacement du revenu lors du congé de maternité et du
congé parental qui nous semble importante.
Il y a aussi l'importance de développer toute une série de
mesures qui amènent aussi une fixation des femmes sur le marché
du travail. Bon, on sait qu'encore aujourd'hui le cheminement des femmes sur le
marché du travail est passablement en dents de scie. Or, d'un strict
point de vue démographique, ce cheminement en dents de scie fait en
sorte que les femmes contribuent beaucoup moins, que ce soit au Régime
de rentes du Québec ou à des régimes de pension
privés et, par le fait même, les femmes d'aujourd'hui qui,
pourtant, sont sur le marché du travail, à cause d'une fixation
qui est relativement inégale, risquent de se retrouver dans une
situation davantage vulnérable lorsqu'elles seront des femmes
âgées.
Alors, ce qui, je pense, va être important, c'est que nous allons
faire la réflexion pour essayer de trouver des mesures et des
propositions concrètes de façon à ce que, pour le
Québec de demain, dans 30 ans, on ne se retrouve pas avec des femmes qui
vont avoir un pattem de dépendance économique. Donc, on va faire
en sorte que - 43 % de la main-d'oeuvre est formée de femmes - ceci se
reflétera aussi lorsqu'elles seront des femmes âgées,
qu'elles seront des femmes âgées autonomes.
Alors, H y a tout un volet de recommandations qui travaillent
effectivement dans une perspective du vieillissement à long terme de la
société québécoise, mais qui passent, dès
aujourd'hui, par tous les moyens qui doivent être accordés aux
femmes pour qu'elles aient à la fois une participation soutenue, qui ne
soit pas contre leur volonté, et, aussi, qu'elles aient les moyens de
mettre de côté des sommes pour assurer leur avenir. Alors, U y a
des recommandations de ce type-là qu'on va faire, sur lesquelles on
travaille et on réfléchit.
Mme Carrier-Perreault: Oui, d'accord, mais si vous aviez à
en "prioriser" une - parce qu'on peut peut-être penser qu'une, c'est
réalisable, mais toutes en même temps, c'est difficile - laquelle
"prioriseriez'-vous? Laquelle de ces mesures serait prioritaire?
Mme Lavigne: Je dois vous dire que c'est extrêmement
difficile d'en cibler une parce que si on se place par rapport... Et c'est
sûr que tout ce qui est autour de l'autonomie économique des
femmes est absolument central; c'est central
pour leur permettre d'avoir des enfants, c'est central aussi pour
elles-mêmes, pour leur avenir. Néanmoins, et c'est toute la
difficulté de l'autonomie économique des femmes, il n'y a pas une
solution. S'il y avait une solution magique, ce serait absolument merveilleux,
une seule mesure et on la prendrait, mais c'est multiforme; ça repose
autant sur des questions de formation, sur des questions de conciliation
travail-parentalité; ça repose aussi sur toutes les questions
liées à la reconnaissance du temps partiel qui devrait se faire
avec un ensemble d'avantages au prorata, et ça repose aussi sur toute
une série de mesures de soutien aux familles, aux parents, de mesures
fiscales. On ne peut pas avoir une approche simple, unilatérale
là-dedans. Ça touche l'ensemble des aspects de la vie
privée, de la vie publique et, là-dessus, je dois vous dire que
viser une solution... Bon, ce serait magique, je pourrais vous dire: La
solution prioritaire, c'est une loi sur l'équité salariale. Mais
on sait très bien que ça ne pourrait pas être ça.
C'est multiple et il ne peut pas y en avoir une. On va tenter d'essayer d'en
"prioriser" certaines, mais je ne suis pas en mesure de vous dire laquelle.
Mme Carrier-Perreault: Le Conseil, vous donnez des avis au
gouvernement. Je pense que ces avis sont précieux et très
importants. Vous nous avez parlé aussi de plusieurs mesures
différentes. Vous parlez des congés parentaux. En fait, on sait
que vous avez une excellente proposition au Conseil du statut. On sait que la
loi 97 qui a été adoptée l'automne dernier, on ne l'a pas
mise en application encore. Au moment où on se parle, on n'a pas encore
cette mesure-là, même si tout le monde est d'accord. Il semble que
tout le monde soit d'accord, mais ça a l'air compliqué à
réaliser, cette mesure-là, pour les congés de
maternité. Vous donnez plusieurs possibilités. Dans un premier
temps, la recommandation la plus forte, les actions précises à
poser, ce serait quoi, pour vous autres? Non plus?
Peut-être que la ministre pourrait aussi m'éclairer, de son
côté. Est-ce que la ministre voit des priorités de ce
côté-là? Y a-t-il des choses à faire pour faire
bouger davantage ce dossier-là?
Mme Trépanier: Mme la Présidente, c'est curieux
parce que dans mon dernier commentaire j'étais pour retourner la
question à Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière. Est-ce que vous en avez, vous, une solution
magique? Je dois vous dire que je partage absolument les propos de Mme Lavigne
et ça va nous ouvrir la porte peut-être pour nos prochains
débats tout à l'heure dans d'autres dossiers. Mais je pense qu'il
faut éviter le piège de ne s'attacher et de n'ouvrir qu'une
porte. Dans ce sens-là, les propos de Mme Lavigne me rassurent parce
que, si on n'essaie pas d'améliorer la situation sur tous les fronts
à la fois, on va manquer le bateau. Il faut autant s'attaquer à
la formation qu'à la conciliation et c'est comme ça qu'on va y
arriver. Quand on voit, par exemple, qu'il y a 43 % de femmes sur le
marché du travail - et je ne pensais pas qu'on parlerait de ça ce
matin, je voyais ça un peu plus tard - et quel est le pourcentage des
femmes avec enfants de moins de six ans qui sont sur le marché du
travail, c'est énorme. Alors, ce sont ces femmes-là, qui ont les
enfants, qui sont sur le marché du travail. Il faut faciliter la
tâche, oui, aux services de garde. J'ai toujours dit que c'était
le pilier de la vie professionnelle et de la vie familiale. C'est le pivot, les
services de garde; c'est un soutien stable. Il faut continuer à
améliorer les services de garde. Il faut aussi améliorer la
formation des filles parce qu'on dit aussi que les filles, présentement,
depuis les 10 dernières années, se dirigent plus vers des emplois
précaires, vers des formations à faible
rémunération. C'est inquiétant comme
société, ça, parce que ce sont ces filles-là qui
vont former le marché du travail de demain et elles n'ont pas l'air de
se rendre compte que, par leur choix d'aujourd'hui, elles handicapent leur vie
à venir. Un des secteurs où il faut absolument faire une action
draconienne, c'est le secteur de la formation, mais pas uniquement là;
dans l'accès à l'égalité au niveau du travail
également, dans l'équité salariale également, dans
la conciliation également. Alors, ne me demandez pas d'en "prioriser"
une. Ce serait pénaliser, à mon avis, les femmes,
présentement.
Je dirais peut-être la priorité au niveau du changement des
mentalités. Toutes les actions qu'on pourrait faire pour changer les
mentalités, c'est peut-être ça qui améliorera le
plus parce que, dans la réalité, on ne suit pas aussi vite que
dans nos lois. Et c'est ça qui nous restreint. C'est comme un boulet au
pied. On a les droits, mais on n'a pas l'égalité de fait. Et
c'est vrai qu'on a tous les droits pour le marché du travail, etc.,
mais, dans les faits, ce n'est pas ça qui arrive, hein? Vous allez me le
dire tout à l'heure, hein? Bon. C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: Je pense qu'il n'y a pas de solution
magique, effectivement, mais il reste qu'il ne faut pas que ce soit, non plus,
très philosophique et, à un moment donné, il faut mettre
vraiment des solutions, il faut faire avancer des choses concrètes.
Mme Trépanier: C'est pour ça qu'on a une politique
familiale et un plan triennal d'orientations en condition féminine avec
88 axes dans tous les secteurs et on n'a pas le droit d'en négliger
un.
Mme Carrier-Perreault: Je pense qu'on pourra y revenir. On va
forcément être obligé de revenir de temps à autre
à la question.
Mme Trépanier: Ce qui me console, c'est qu'on a l'air
toutes...
La Présidente (Mme Marois): Le seul problème, je
dirais, Mme la ministre, c'est que le mieux étant l'ennemi du bien,
à un moment donné, il faut choisir quelque part des
éléments qui vont nous permettre de progresser et, effectivement,
d'identifier quand même là où on va mettre les ressources,
dans un contexte où les ressources sont limitées.
Mme Trépanier: Je n'ai pas dit que nous ne "priorislons"
pas; j'ai même dit dans mon intervention qu'il y avait des
priorités, sauf qu'il ne faut négliger aucun secteur. Ça,
c'est prioritaire.
Dossier des femmes immigrantes
La Présidente (Mme Marois): D'accord. J'aurais une
question à la présidente du Conseil du statut de la femme. Dans
le cadre des activités du 50e anniversaire du droit de vote des femmes,
l'année dernière, on se souvient qu'il y avait eu un peu de
malaise de la part des représentantes des femmes immigrantes. Est-ce
que, au Conseil, vous avez eu l'occasion de poser des gestes concrets, d'avoir
des échanges avec des représentantes des différentes
communautés culturelles, des femmes immigrantes qui vivent des
situations, évidemment, particulières, dans la perspective d'un
rapprochement et d'une meilleure intégration à l'ensemble des
démarches ou des volontés qu'ont les femmes
québécoises d'améliorer leur situation? (10 h 15)
Mme Lavigne: Oui, effectivement, il y a eu, dans La Gazette
des femmes, le journal, le magazine du Conseil, des articles sur la
problématique des femmes immigrantes et c'est prévu aussi au
programme de travail de façon beaucoup plus systématique que par
le passé. Donc, au niveau des communications, donc, du mandat
d'information du Conseil par rapport à la population, c'est retenu de
façon très particulière. Par ailleurs, dans le cadre des
travaux qui sont faits par le bureau régional de Montréal, le
portrait socio-économique des femmes de la région de
Montréal intègre, là où les données sont
disponibles parce qu'il y a aussi un problème de données, les
portraits socio-économiques des femmes immigrantes.
Nous avons de plus, dans le cadre du mémoire que le Conseil a
préparé sur la politique d'immigration, procédé
assez systématiquement à une consultation des groupes de femmes
immigrantes, des groupes de femmes qui travaillent auprès de femmes
immigrantes, de façon à intégrer leurs
préoccupations et à les analyser. Par ailleurs aussi, le Conseil
a résolu, dans l'ensemble des études du Conseil - et ça,
c'est devenu très systématique, chaque fois qu'il existe des
données ou, s'il n'en existe pas, on fait des recommandations à
cet égard - d'intégrer très systématiquement les
problématiques spécifiques que peuvent vivre les femmes
immigrantes.
Je dois vous dire que c'est extrêmement présent comme
dynamique au sein des membres du Conseil. C'est-à-dire que ce qui est
plus présent... Bon, il y a autant la dynamique immigration, mais la
dynamique aussi d'intégration des femmes des communautés
culturelles puisque, dans les membres du Conseil, il y a 2 membres sur 10 qui
proviennent de communautés culturelles, une étant d'une
minorité visible et l'autre de la communauté grecque. C'est
extrêmement présent dans les travaux du Conseil. Au bureau de
Montréal, il y a une personne qui travaille très
particulièrement avec des groupes de femmes immigrantes.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Est-ce que vous avez
l'intention de procéder à des recommandations, à des avis
très spécifiques sur des politiques gouvernementales qui
pourraient concerner les femmes immigrantes dans les mois ou les semaines qui
viennent, ou l'année qui vient, ou si ça reste, pour l'instant,
de l'ordre de la préoccupation interne du Conseil?
Mme Lavigne: Non. Au-delà de la préoccupation
interne, le mémoire que le Conseil a fait sur la politique d'immigration
contient plusieurs recommandations qui portent à la fois sur la
formation, sur les programmes de formation linguistique des femmes immigrantes,
sur les programmes de soutien qu'il peut y avoir dans leur milieu de travail,
et aussi sur la documentation qui doit être remise et l'accueil qui doit
être fait à la fois dans le pays d'origine et une fois les
immigrantes arrivant ici. Aussi, nous avons fait des propositions sur les
gifles de sélection et sur une offre de collaboration ultérieure.
Je dois dire qu'il y a des collaborations fréquentes qui se font
à cet égard-là.
Alors, il y a toute une série de recommandations que nous avons
faites et que nous avons, d'ailleurs, diffusées largement à la
fois dans les médias ethniques et auprès des groupes de femmes
immigrantes et qui, me semble-t-il, ramassent les questions préoccupant
particulièrement les femmes immigrantes; les domestiques aussi sont
touchées dans cet avis-là. Alors, on a un ensemble de
recommandations qu'on vient de déposer au gouvernement dans le cadre de
la commission parlementaire qui vient d'avoir lieu, il y a quelques mois, et
qui seront systématiquement suivies au cours des prochains mois.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Oui, M. le
député de Nelligan.
M. Williams: Est-ce que je peux ajouter une question?
La Présidente (Mme Marois): Très certaine-
ment.
M. Williams: Merci, Mme la Présidente. Mme la ministre,
vous avez mentionné, dans vos remarques préliminaires et aussi
juste maintenant pour les communautés culturelles, que le Conseil du
statut de la femme est impliqué dans les autres ministères. Vous
avez mentionné la fonction publique. Vous avez aussi mentionné le
patrimoine familial et la Commission sur l'avenir politique du Québec.
J'ai été très intéressé par la remarque de
Mme Lavigne, parce que vous avez suivi la question des immigrantes, des
nouvelles arrivantes et toutes ces questions. Mais aussi, dans tous les autres
ministères, il y a des questions qui touchent la condition
féminine. Je voudrais savoir: est-ce que c'est d'une façon ad hoc
qu'on suit les dossiers ou est-ce qu'il y a un mécanisme
systématique selon lequel le Conseil du statut de la femme suit les
dossiers, fait les recommandations pour chaque loi, chaque programme? Est-ce
qu'il y a des personnes en place dans chaque ministère? Quels moyens
prenez-vous pour vous assurer que la question de la condition féminine
est étudiée pour chacune de nos interventions
gouvernementales?
Mme Trépanier: Là, vous me posez la question face
à la ministre de la Condition féminine et aussi au Conseil du
statut de la femme? Vous voulez savoir comment le Conseil suit chacun des
dossiers, les deux.
M. Williams: II y a une grande question: Qu'est-ce qu'on fait
ensemble? Ça va être à un niveau politique, mais aussi au
Conseil.
Mme Trépanier: O.K. Alors, je vais répondre pour ma
partie et je vais laisser Mme Lavigne répondre pour la sienne. Je peux
vous dire, en gros, qu'un conseil, le Conseil du statut de la femme et les
autres conseils, est avant tout un organisme-conseil à la ministre, au
gouvernement, je devrais dire. Alors, le Conseil s'intéresse à
toute question qui peut soutenir le gouvernement, qui peut faire agir le
gouvernement, qui peut le faire réfléchir mieux. Ça, c'est
clair, c'est son rôle premier. Il participe à toutes les
commissions ou aux dossiers qu'il juge prioritaires.
Quant à la ministre, c'est un rôle essentiellement, je
dirais, de coordination et d'influence auprès du gouvernement,
auprès de ses collègues pour que toute la condition
féminine, dans chacun des ministères, soit prise en compte. C'est
la raison pour laquelle nous avons un ministre délégué. Ce
n'est pas un ministère autonome qui formerait, je dirais, une
espèce de ghetto, parce qu'on a des ramifications dans chacun des
ministères. Alors, mon mandat, c'est de veiller à ce que, dans
chacune des lois, on tienne en compte les objectifs qu'on s'était
fixés comme gouvernement au niveau de la condition féminine.
C'est la même chose pour la famille.
Alors, pour y arriver, nous avons instauré un réseau de
répondantes au niveau ministériel et aussi au niveau politique.
Dans chacun des ministères, nous avons une personne répondante de
la condition féminine qui répond des actions de son
ministère à la ministre de la Condition féminine et qui
s'assure que son ministère prenne en compte les objectifs de la
condition féminine, et la même chose au niveau des cabinets
politiques. C'est la raison pour laquelle vous voyez très souvent, dans
des projets de loi, que je suis cosignataire d'un projet de loi.
Un exemple - vous allez sûrement vous rappeler - prenons les
normes minimales de travail. La Condition féminine et aussi le
Secrétariat à la famille ont eu une influence importante dans ce
dossier-là. Évidemment, quand on parle des normes minimales de
travail, on parle souvent des normes minimales de travail concernant les
femmes. Mme Lavigne a mentionné tout à l'heure quelques-unes des
mesures. Alors, c'est comme ça que nous réussissons à
faire en sorte que la condition féminine prenne sa place.
Lorsque nous parlons de plan d'orientation - nous en parlerons tout
à l'heure - dans 88 axes, c'est bien évident que ça touche
l'ensemble des secteurs. C'est probablement pour ça aussi que la
ministre de la Condition féminine est une ministre
déléguée au Conseil exécutif, relève donc
directement du premier ministre.
Dernier commentaire, et celui-là porte un jugement de valeur, je
dirais. Je suis convaincue que, pour la ministre de la Condition
féminine, la meilleure façon d'être efficace, c'est
d'être une ministre déléguée avec un mandat de
coordination.
Quant au Conseil, c'est un peu différent, ses actions face au
gouvernement. Je vais laisser Mme Lavigne les développer.
La Présidente (Mme Marois): Mme la présidente.
Mme Lavigne: Pour le rappeler brièvement, le Conseil du
statut de la femme a fondamentalement deux mandats. Il a, d'abord, un mandat
d'aviser le gouvernement sur toute question relative aux droits des femmes et,
par ailleurs, un mandat d'information de la population.
La question que vous souleviez, c'était comment le Conseil peut
faire en sorte d'être capable de suivre l'activité gouvernementale
et d'identifier quels sont ses rapports à la fois avec l'appareil
et...
M. Williams: Comment vous avez établi les
priorités? Vous avez mentionné quelles choses vous avez suivies
et vous n'en avez pas mentionné quelques autres qui, je pense, sont
prioritaires aussi. Je voudrais savoir comment vous décidez tout
ça.
Mme Lavigne: D'accord. Effectivement, il
faut que le Conseil établisse des priorités parce que les
dossiers de la condition féminine, finalement, concernent l'ensemble de
l'activité gouvernementale. C'est la difficulté, là, en
regardant 51 % de la population, mais dans l'ensemble. Alors, à cet
égard-là, un mandat important du Conseil étant d'aviser le
gouvernement sur l'ensemble des gestes que l'appareil peut poser ou que
l'Assemblée nationale peut poser en matière de condition
féminine, nous suivons donc systématiquement. On fait le
relevé de l'activité législative qui s'en vient, des
commissions parlementaires, donc, projets de loi qui sont
déposés, suivi de réglementations qui peuvent arriver et
aussi analyse de politiques ou de documents d'orientation qui sont rendus
publics. Alors, à cet égard-là, il y a tout un volet qui
est un suivi systématique de l'activité gouvernementale.
Évidemment s'il y a une politique en matière de transport,
H est peu probable qu'on intervienne, à moins qu'il y ait certaines
incidences à un certain moment, bon, le transport en commun par rapport
aux femmes âgées, où on peut écrire une note, une
lettre. Alors, ce n'est pas toujours une commission parlementaire, ça
peut être une note à un sous-ministre, une note à des
chargés de dossiers, des chargés de programmes. Alors, ça,
c'est pour le volet activités gouvernementales.
Mais le Conseil aussi a des façons de connaître quelles
sont les préoccupations des femmes, et ça, ça le guide
beaucoup pour identifier des sujets prioritaires. Notamment, nous avons un
service de renseignements téléphoniques où cinq personnes
répondent, à plein temps, à toute une série de
questions que les femmes posent. Alors, ce service-là nous permet aussi
de voir des difficultés que des femmes rencontrent face à
certaines réglementations, face à certaines lois, ou des
situations qui peuvent... C'est, comment dirais-je, un feedback ou, en tout
cas, c'est un bon indicateur de problématiques qui préoccupent
très concrètement les femmes, et comment certains programmes
peuvent poser des difficultés.
Donc, à partir de ça, je peux vous donner un exemple.
À partir des types de questions qu'on a pu avoir au
téléphone cette année, nous avons dans notre programme de
travail des prochains mois la production d'une brochure, d'un dépliant
qui ramasse l'ensemble des mesures liées à la maternité,
donc, pas uniquement les mesures du gouvernement du Québec liées
à la Loi sur les normes du travail. Parce que la Commission des normes
du travail a fait son travail là-dessus, a produit sa brochure, sauf
qu'il existe un programme de retrait préventif administré par la
CSST, il existe l'assurance-chômage fédérale, il existe le
PRALMA et il y a un ensemble de mesures qu'on ne retrouve pas dans un
dépliant simple. Et ce sont des questions qui sont constamment
posées.
Nous nous sommes aussi rendu compte qu'il y a un mélange
incroyable en ce qui concerne les droits et obligations des conjoints de fait.
Alors, cette question-là... Donc, ce sont ces téléphones,
ces demandes qui nous amènent à poser un certain nombre de gestes
en matière de communication. (10 h 30)
Nous avons, de plus, 11 bureaux régionaux et, dans le cadre des
mandats des bureaux régionaux, il y a de l'information qui se fait
à la population, mais aussi nous recevons des téléphones
de gens du milieu et les agentes des bureaux régionaux travaillent
auprès des tables de concertation des groupes de femmes dans chacune des
régions. Or, à ces tables de concertation, on retrouve des
associations féminines, que ce soit celles oeuvrant dans le secteur de
la violence, les centres de femmes, les maisons d'hébergement. Les
principales préoccupations des groupes de femmes ou des intervenantes
sont amenées à ces tables-là et ça, ça nous
permet d'identifier à la fois les questions sur lesquelles les milieux
ont besoin d'information et aussi les questions sur lesquelles il y aurait des
réformes à effectuer.
Enfin, une dernière façon que nous avons aussi de
travailler, c'est de mener sur certains sujets particuliers des consultations.
On a parlé tout à l'heure de la proposition que le Conseil avait
faite sur le remplacement du revenu dans le cadre des congés parentaux.
Alors, sur cette question-là, nous avons mené une consultation
auprès de 15 partenaires ou organismes, que ce soit milieux syndicaux,
milieux familiaux, groupes de femmes, associations, une large consultation et
du travail avec un document.
D'ici la fin de juin, nous allons mener ce même type de
consultation, mais sur la problématique de l'accessibilité
à l'avortement. Bon, dans le contexte où H n'y a plus de loi
criminelle en matière d'avortement et où il revient à
notre système de santé d'assurer l'accessibilité aux
services d'avortement et de planning, nous devons rencontrer toute une
série d'intervenants, de gens qui travaillent à la fois dans le
réseau de la santé, mais aussi des groupes de femmes, des gens
qui ont des intérêts sur cette question pour proposer au
gouvernement une série de mesures qui permettraient une
accessibilité réelle. Alors, ça nous permet, à la
fois, tous ces liens avec le milieu. Et aussi, de façon
régulière, nous avons des relations avec soit les
répondantes de la condition féminine travaillant à
l'intérieur des ministères dont Mme Trépanier parlait ou
le Secrétariat à la condition féminine, qui nous
permettent aussi d'ajuster et de voir dans quel sens... et aussi surtout de ne
pas dédoubler du travail lorsqu'il se fait.
M. Williams: Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Marois): Merci. Est-ce
que vous avez d'autres questions, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière? Ça va. Moi, j'en aurais juste une toute
petite. L'arrivée du Conseil de la famille a, j'imagine, amené
à remanier un petit peu les champs d'étude, si on veut, du
Conseil du statut de la femme qui abordait souvent des questions familiales ou
est-ce que ça n'a pas été le cas? J'aimerais ça
avoir peut-être une information à cet égard de la part de
la ministre.
Mme Trépanier: Ça va me permettre, parce que tout
à l'heure j'ai évacué, quand j'ai parlé d'un
ministère, le Conseil exécutif. Alors, la ministre de la
Condition féminine refève du Conseil exécutif, du premier
ministre et elle a, pour la supporter, un secrétariat
général qu'on appelle un secrétariat au lieu d'un
ministère, qui se doit d'être très polyvalent parce qu'il
doit intervenir dans à peu près tous les secteurs, sauf un ou
deux, et occasionnellement il y intervient. Et il y a le Conseil. Mme Lavigne
vous a parlé de ses fonctions. Alors, c'est la même chose du
côté de la Famille. Je relève, évidemment, du
même endroit, avec un Secrétariat à la famille et un
Conseil de la famille qui joue le même rôle que le Conseil du
statut de la femme. Alors, je ne crois pas que les dossiers aient
changé. Ils le voient chacun avec leur lunette. Mme Lavigne le voit avec
sa lorgnette condition féminine et le Conseil de la famille, avec sa
lorgnette famille. Mais très souvent ça s'entrecoupe et j'ai
toujours dit que les deux dossiers s'imbriquaient et que les dossiers
étaient sensiblement les mêmes, parfois vus d'un angle
différent à certains moments, mais à certains moments ils
convergent et très souvent ça nous a permis de faire avancer des
dossiers lorsque le Secrétariat à la famille, le
Secrétariat à la condition féminine s'alliaient, avaient
les mêmes orientations et ça arrive 80 % du temps, j'irais
même jusqu'à dire peut-être pour 90 % des dossiers. Alors
l'exemple qui me vient toujours à l'esprit, parce qu'il y a eu
énormément de travail dans ce dossier-là récemment,
c'est les normes minimales de travail où les deux secrétariats
ont toujours travaillé en collaboration.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Mme
Trépanier: C'est la même chose pour...
La Présidente (Mme Marois): Donc, vous n'avez pas
été aux prises vraiment avec des choix déchirants à
certaines occasions.
Mme Trépanier: II y en a.
La Présidente (Mme Marois): Oui?
Mme Trépanier: II y en a. C'est à nous de trancher.
Vous savez, les conseils produisent des avis qui sont pris en compte par le
gouvernement et le gouvernement s'en sert comme réflexion. alors,
très, très souvent, on les retrouve dans nos projets de loi, mais
il arrive qu'on doive trancher.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça, entre des
avis qui viennent de part et d'autre et qui ne vont pas dans le même
sens.
Mme Trépanier: Oui, mais je vais vous dire... Vous me
diriez...
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que vous avez
vécu un exemple?
Mme Trépanier: ...citez m'en un, et ii ne m'en vient pas
à l'idée. Parfois, on va traiter... Je prends les normes
minimales de travail où l'orientation était différente,
elle n'était pas vue du même sens; alors, il y avait des
orientations, il y avait des recommandations du Conseil du statut de la femme
et d'autres, du Conseil de la famille, mais elles n'étaient pas à
rencontre l'une de l'autre, elles voyaient avec une lorgnette
différente.
La Présidente (Mme Marois): Mais les mesures...
Mme Trépanier: Alors, c'est surtout ça.
La Présidente (Mme Marois): ...qui pouvaient
découler des recommandations n'étaient pas nécessairement
les mêmes. C'est ça?
Mme Trépanier: Par exemple, le Conseil du statut de la
femme avait des recommandations importantes au niveau des gardiennes, au niveau
des domestiques, le Conseil de la famille aussi, je devrais dire. Au niveau des
congés parentaux, ils avaient le même avis. Parfois, les
modalités changent. Quand je disais: On est tous du même avis,
c'est à ça que je faisais allusion tout à l'heure. Tout le
monde est d'accord: pour favoriser le désir d'enfants, d'une part, et
permettre aux femmes d'avoir une vie personnelle équilibrée et de
participer au marché du travail, on a les mêmes constats:
améliorons les conditions de travail et améliorons l'amont et
l'aval du travail, la formation et la conciliation qui passe par les services
de garde.
La Présidente (Mme Marois): d'accord. est-ce qu'il y a, de
la part des collègues de la commission, d'autres questions qui
s'adresseraient à mme la ministre ou à la présidente du
conseil du statut de la femme et portant, évidemment, sur cet
élément-là du programme? ça va?
Mme Carrier-Perreault: Ce serait pour remercier la
présidente du Conseil. Merci, Mme Lavigne.
La Présidente (Mme Marois): Merci. Mme Lavigne: Je
vous remercie.
La Présidente (Mme Marois): Alors, on vous remercie de
votre présence avec nous ce matin. SI vous êtes d'accord, on va
procéder, à ce moment-là, à l'adoption du
programme. C'est quel numéro? C'est le programme 1 qui s'intitule,
Conseil du statut de la femme, tout simplement. Alors, est-ce qu'on est
d'accord pour en accepter les crédits, pour en voter les crédits?
Ça va?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Marois): Adopté. Merci.
D'accord. Maintenant, on va passer au Conseil exécutif, soit les
crédits qui concernent la ministre déléguée
à la Condition féminine et, tant le cabinet que le
Secrétariat, soit les éléments 1 et 2 du programme 3 du
Conseil exécutif. Alors, j'imagine qu'il n'y a pas de remarques
préliminaires, compte tenu que vous en avez fait globalement, dans
l'ensemble.
Secrétariat à la condition
féminine
Mme Trépanier: Je veux vous présenter Mme Francine
BoMn, qui est la secrétaire générale associée
à la condition féminine et Mme Anne Samson, qui est à sa
gauche.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Bienvenue à
la commission. Alors, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Ça me fait plaisir de saluer Mme
BoMn et Mme Samson. Moi, j'ai une petite question de curiosité, une
petite question courte. J'ai remarqué, dans la ventilation des
crédits, qu'au niveau des montants le cabinet de la ministre passe de
660 000 $ à 775 000 $ et, par rapport au Secrétariat, on a une
baisse, on passe de 1 993 000 $ à 1 855 000 $. Je me demandais pourquoi
tout ça. Pourquoi ce changement-là? Est-ce qu'il y a des ajouts
de postes au cabinet qu'on a pris au Secrétariat? En tout cas,
j'aimerais avoir des explications.
Mme Trépanier: Oui.
La Présidente (Mme Marois): Mme la ministre.
Mme Trépanier: je répondrai, en ce qui concerne le
cabinet, mme la présidente, que c'est le dossier famille qui a fait
augmenter les budgets pour les postes... vous parlez des postes, là,
hein? c'est ça.
Mme Carrier-Perreault: Je parle des montants. Est-ce qu'il y a
des...
Mme Trépanier: Oui, exactement. C'est l'ajout du dossier
famille qui a donné ce résultat-là. Nous avons eu des
dossiers importants à traiter l'an dernier et il s'est ajouté
deux attachées politiques à cause de ce dossier famille
là.
Quant au Secrétariat à la condition féminine, je
vais laisser Mme BoMn expliquer ça.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme BoMn.
Mme BoMn (Francine): Merci. Dans le cas du Secrétariat, il
y a effectivement une baisse apparente de 1 993 000 $ l'an dernier à 1
855 000 $ cette année. Je dis "apparente* parce que, l'an dernier, il y
avait 150 000 $ de budget de transfert qui était le reste d'une
subvention pour le 50e anniversaire du droit de vote. Vous vous souvenez qu'on
avait 800 000 $ au total de subvention pour deux séries
d'événements très Importants organisés par des
groupes de femmes et il restait 150 000 $ à verser qui était donc
un budget de transfert que nous n'avons pas cette année. Si nous
soustrayons ces 150 000 $, le budget réel de l'an dernier était
plutôt de l'ordre de 1 835 000 $. Donc, par rapport à l'an
dernier, nous avons une légère augmentation si l'on compare les
mêmes chiffres.
Chaque catégorie de dépenses a été
légèrement indexée à 4 %, à l'exception des
fournitures et des dépenses de capital allouées à la
bureautique, nos besoins d'équipement bureautique étant moindres
cette année compte tenu du fait que nous avons presque
complété notre équipement au niveau du
Secrétariat.
Il y a aussi une baisse légère au niveau des occasionnels,
qui est évaluée à peu près à 30 000 $.
Cependant, au niveau des occasionnels, il y a eu, l'an dernier, une
opération de stabilisation extrêmement importante. Six des postes
occasionnels ont été convertis en postes permanents, ce qui est
l'équivalent pour un petit Secrétariat comme le nôtre de 26
% des postes. Donc, je pense qu'on ne peut pas dire que le Secrétariat a
perdu cette année; au contraire, il s'est passé des choses
extrêmement positives.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce qu'il reste des postes occasionnels
là-bas ou si...
Mme Boivin: II reste un poste occasionnel ou un équivalent
de poste occasionnel, actuellement. Nous avons perdu, entre guillemets, deux
des quatre postes occasionnels qui étaient alloués aux programmes
d'accès à l'égalité. Il y a deux de ces postes qui
ont été convertis en postes permanents en cours d'année.
Il y en a deux qui étaient restés occasionnels jusqu'au 31 mars
que nous n'aurons pas pour cette année. Je vous rappelle, cependant, que
le rapport sur les PAE
n'a pas encore été transmis et qu'il devrait
vraisemblablement comprendre, avec les recommandations, des aspects d'ordre
administratif. donc, c'est à suivre de ce
côté-là.
La Présidente (Mme Marois): Juste dans la foulée
des premières questions de la députée des
Chutes-de-la-Chaudière et vraiment c'est pour une information plus
globale, est-ce que les masses de cabinet sont toujours fixées d'une
façon uniforme, pour l'ensemble des ministres, aux mêmes montants
et que s'ajoute - si des fonctions s'ajoutent - une somme en sus, mais qui est
normée au sens d'un plafond qui serait fixé? J'avoue qu'il y a un
temps, en tout cas, c'était la règle. Je l'ai perdue de vue un
peu et j'aimerais savoir si c'est toujours celle-là qui s'applique.
Mme Trépanier: Oui, Mme la Présidente, c'est la
règle qui s'applique, mais, évidemment, en sus de cette
règle, lorsqu'il y a des responsabilités spéciales ou
accrues, alors il peut y avoir des ajouts de postes.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Mais il y a un
plafond...
Mme Trépanier: Oui.
La Présidente (Mme Marois): ...et une masse fixe pour tous
les ministères, qui est la même dans le cas des cabinets?
Mme Trépanier: Oui. Me permettez-vous de demander à
ma directrice de cabinet qui est plus... En ce qui concerne les autres
cabinets, elle pourrait peut-être vous répondre plus
adéquatement.
La Présidente (Mme Marois): Oui, certainement. Merci, Mme
la ministre. Oui, allez-y, ça va s'ouvrir tout seul, ce
micro-là.
Mme Ranger-Poisson (Luce): Effectivement, les règles de
base sont les mêmes pour tout le monde. Évidemment, selon la
grosseur des cabinets, il peut y avoir nécessité de postes
supplémentaires, par exemple, si un ministre, comme c'est le cas de Mme
Trépanier, se trouve à occuper fondamentalement deux chaises en
même temps. Donc, dans le cas de notre cabinet, ça a permis
l'ajout de deux postes, plus des postes de soutien pour assumer le dossier de
la famille qui, auparavant, ne relevait pas de la même ministre. Les
règles d'attribution des postes au niveau des cabinets ou des enveloppes
sont identiques d'un cabinet à l'autre à la base.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Merci. Oui, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Programmes d'accès à
l'égalité
Mme Carrier-Perreault: Évidemment, j'en avais parlé
un peu tantôt quand j'ai fait mes notes préliminaires. Vous saviez
que je parlerais sûrement des programmes d'accès à
l'égalité et de l'équité salariale. On sait que les
programmes d'accès à l'égalité ont
été mis sur pied en 1986. Bon, il était supposé y
avoir une évaluation trois ans plus tard. On a prolongé le
programme d'un an et, finalement, on est en 1991 et on attend toujours
après l'évaluation des programmes d'accès à
l'égalité. L'état de la situation, présentement,
d'après les chiffres qui nous ont été fournis et
d'après ce qu'on a, on se rend compte que, par rapport aux objectifs
qu'on avait en 1986, on est loin d'avoir atteint ces objectifs-là au
moment où on se parle. (10 h 45)
Je regarde, entre autres, au niveau des établissements de
santé et de services sociaux. Ce n'est pas très fort, ce qu'on a
atteint parce que c'était 30, l'objectif qu'on s'était
fixé, et on voit que c'est 4. Dans le monde municipal, on parlait de
20...
Mme Trépanier: Madame, je n'ai pas entendu la fin de votre
commentaire. Vous disiez qu'au niveau de santé et services sociaux,
c'est clair que...
Mme Carrier-Perreault: Dans les établissements.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Ça, c'est dans les chiffres qui
nous ont été fournis.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: On avait comme objectif 30 programmes
d'accès à l'égalité et, par rapport aux chiffres
qu'on a présentement...
Mme Trépanier: Ah! Dans le nombre de programmes. C'est
ça, votre question. O.K. Je pensais que vous parliez de résultats
quant à l'accès des femmes aux postes. Mais vous parliez du
nombre d'établissements participant à des programmes. O.K.
Mme Carrier-Perreault: Oui, c'est ça, le nombre de
programmes qui sont mis sur pied au moment où on se parle.
Mme Trépanier: Oui. Ça va.
Mme Carrier-Perreault: Alors, sans reprendre les chiffres un par
un, disons qu'on avait un objectif d'en mettre sur pied 148 et on se rend
compte qu'on en a mis sur pied 70. Ça fait, quand même, plus
longtemps, on avait prévu ça
pour trois ans.
Vous nous avez dit que l'étude, vous deviez la rendre publique.
Par ailleurs, au niveau des crédits, on se rend compte qu'il y a eu des
montants alloués à quelqu'un qui... Bon, vraiment, U y a du
travail qui a été fait par rapport à l'évaluation.
J'aimerais savoir, moi, s'il y a moyen d'être au courant comment c'est
évalué dans l'ensemble; est-ce que vous pouvez nous en dire
quelques mots?
Mme Trépanier: Votre question a deux volets. Je vais
commencer par répondre spécifiquement à votre
première question quant à votre Inquiétude sur le nombre
de projets. Effectivement, vous avez raison de dire que nous nous devions, en
1990... C'était un programme de trois ans et on en avait parlé
l'an passé à ce môme exercice. Je vous ai dit qu'il avait
été prolongé d'une année.
Vous vous inquiétez quant au rapport final. Je vous dirai que ce
rapport est en train de se faire. Nous avons reçu, dans les mois
derniers, les rapports de chacune des entreprises du secteur privé qui
ont participé à l'expérience de programmes d'accès
à l'égalité, soit 17 entreprises. Il y a le comité
consultatif également sur l'entreprise privée qui a remis un
rapport et, dans chacun des secteurs public et parapubilc, soit le MSSS, le
MAM, l'Enseignement supérieur et l'Éducation, nous ont
donné chacun leur rapport également. Alors, nous sommes en train
de colliger ce rapport et nous serons en mesure, d'ici la fin juin, de
présenter au Conseil des ministres et au gouvernement le rapport de
l'expérience-pilote.
Pour revenir au projet, et je reviendrai à
l'expérience-pilote ensuite, au moment de la définition du plan
d'action en matière des programmes d'accès à
l'égalité, il n'y avait pas de démarche et c'était
difficile de voir combien pourraient adhérer à ce
programme-là.
Dans le secteur privé, il y a eu 17 entreprises, oui, mais qui
regroupent, quand on parle du nombre de personnes concernées, autour de
50 000 personnes qui ont été concernées par
l'expérience-pilote dans le secteur privé, ce qui veut donc dire
que nous avons un échantillonnage assez important pour que les constats
qui se retrouvent dans les rapports soient valables.
Quant au secteur public, au niveau de la santé, nous en avions
prévu, au départ, 24 et nous en avons eu 11. Et ça,
ça découle directement de la convention collective signée
entre l'employeur et les syndicats en 1990. Un article de la convention
collective limitait à 11 le nombre de projets-pilotes qui pourraient
être menés dans le réseau.
Je vous ai parlé du secteur privé où iI devait y en
avoir 20; il y en a eu 16, et 17, si on considère la communauté
urbaine...
Une voix: II y en a une qui s'est désistée.
Mme Trépanier: Ah oui! II y en a une qui s'est
désistée en cours de route parce qu'elle a été
fusionnée à une autre entreprise et elle s'est
désistée de par cette raison-là.
Dans le monde municipal, il n'y avait pas de projets de prévus,
on se souviendra, hein? Et 13 ont été réalisés.
C'est dans ce domaine-là, je pense, que ça a été le
plus frappant. Il n'y a que 65 % des employés des municipalités
qui sont visés dans les 13 projets mis en branle. Alors, là
aussi, je pense que nous avons un échantillonnage assez important. Et,
dans les réseaux, ça touche 400 établissements. Alors, I
faut faire attention quand on parle de 11 au lieu de 24; quand même, dans
le domaine de l'éducation, si on dit tant de commissions scolaires, 1
faut penser aux écoles, à toutes les Institutions.
Alors, le bilan total des 76 organisations au niveau public qui ont
participé à la mise en oeuvre d'un programme d'accès
à l'égalité, on trouve 11 municipalités et 2
organismes périmu-nicipaux, 19 commissions scolaires, 11 collèges
et 7 universités, 10 établissements de santé et de
services sociaux, 15 entreprises privées, et une organisation syndicale,
pour ajouter le secteur privé.
Vous avez parlé d'investissements financiers, il ne faut pas
négliger, non plus, qu'au-delà de 7 000 000 $ ont
été investis par le gouvernement pour soutenir la mise en oeuvre
du plan d'action. Alors, le résultat de cette opération-là
sera connu au cours du mois de juin.
Mme Carrier-Perreault: Vous avez l'intention de déposer le
rapport au cours du mois de juin, c'est très clair.
Mme Trépanier. Disons qu'à la fin de juin on aura
déposé le rapport d'évaluation.
Mme Carrier-Perreault: Vous avez dit: On a 16 projets-pilotes en
entreprise privée. Vous dites qu'il y a 50 000 personnes qui ont
été concernées. Mais il y en a combien qui ont pu
bénéficier du programme, qui ont vraiment été
transférées ou eu accès à un poste
différent?
Mme Trépanier: Alors, là, je corrige.
Effectivement, c'est 16 entreprises qui ont participé, qui
représentent 400 établissements et qui représentent 50 000
personnes. C'est pour rectifier les propos que j'ai dits tout à l'heure.
D'abord, il faut se souvenir de l'objectif des programmes d'accès
à l'égalité du projet-pilote. Les deux objectifs de
départ de l'expérimentation étaient d'assurer le
démarrage rapide de programmes volontaires d'accès à
l'égalité, on se souviendra de ça, et, ensuite,
d'évaluer l'efficacité et l'efficience du moyen que nous
utlisions. Les deux objectifs, c'était ça.
Il est évident qu'il est beaucoup trop tôt pour parler de
résultats concrets en termes de personnes ayant
bénéficié du programme. Cepen-
dant, et ça, tout le monde de l'expérience a
été unanime à le dire, la démarche, c'était
une bonne démarche. tout à l'heure on a parlé de la
représentativité. h faut faire bien attention à ne pas se
laisser prendre avec le nombre de projets et je reviens là-dessus: 76
projets, ça a l'air peu, mais, lorsqu'on regarde, dans l'ensemble, le
nombre de personnes touchées, alors ça donne un
échantillonnage dans toutes les couches de la société.
Je vous ai parié aussi des investissements du gouvernement, de
support et de soutien qui ont été importants. Les attentes
initiales, évidemment, des programmes d'accès à
l'égalité, c'était l'augmentation rapide de la
représentation des femmes dans tous les secteurs d'emploi et
l'élimination des barrières à l'emploi, également.
Et nous nous rendons compte que le potentiel des programmes d'accès
à l'égalité, en termes d'augmentation de la
représentation des femmes - vous vous souviendrez de la façon
dont ça fonctionne - est en fonction de l'analyse de
disponibilité et de sous-utilisation identifiée. Alors, une
entreprise qui décide d'adhérer au Programme d'accès
à l'égalité doit d'abord faire une analyse d'effectifs.
Ensuite, elle fait une analyse de disponibilité.
Par exemple, une entreprise a trois femmes mécaniciennes; elle
décide que ce n'est pas suffisant, c'est bien clair. Alors, elle fait
l'analyse des effectifs: il y en a trois. Ensuite, pour déterminer si un
programme d'accès à l'égalité est
nécessaire, elle va à l'extérieur et elle va voir dans le
marché combien il y a de femmes mécaniciennes sur le
marché. Et, si on se rend compte que, dans l'entreprise, les femmes
mécaniciennes sont inférieures aux femmes mécaniciennes
dans le marché extérieur, alors, là, elle décide
d'instaurer des mesures correctrices. Alors, vous vous rendez compte tout de
suite que, d'abord, elle se doit de faire son analyse d'effectifs, l'analyse de
disponibilité, l'analyse de son système d'emploi. Est-ce que j'ai
des mesures salariales discriminatoires? Etc., etc., etc. Et c'est suite
à tout ça que des mesures correctrices sont apportées.
Ça a été ça, la démarche. Alors, c'est une
démarche qui est très longue et qui n'apporte pas des
résultats immédiats. Cependant, on a fait le décompte dans
chacune des entreprises qui ont fait des expériences et on se rend
compte que 11 entreprises implantent maintenant des mesures qui étaient
prévues à leur plan d'action, 7 ont déjà des
objectifs numériques, 4 ont officiellement des mesures de redressement.
L'examen des plans d'action nous a amenés à constater que
plusieurs entreprises ont, de fait, adopté des mesures
préférentielles, sans les qualifier de mesures de redressement,
ce qui est aussi important. Trois des quatre entreprises sont en voie
d'élaboration de leur programme. La quatrième entreprise a repris
ses analyses dans le cadre de l'obligation contractuelle.
Les constats de l'expérimentation. Ça nous a permis, sans
aucun doute, d'apprivoiser les programmes d'accès à
l'égalité. Ça nous a permis aussi de développer une
très grande expertise qui sera, je pense, le pilier ou le pivot ou, en
tout cas, garante des succès à venir. Ça nous a permis
d'identifier aussi - et je suis convaincue que vous allez être sensible
à ça, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière - les niveaux d'intervention nécessaires
pour assurer l'atteinte des objectifs poursuivis en matière
d'équité en emploi. Vous, comme moi, ce qu'on désire,
c'est qu'on soit présentes, les femmes, partout, dans toutes les
sphères, qu'on occupe les bons postes, qu'on occupe tous les postes,
qu'on soit rémunérées en conséquence et qu'il n'y
ait pas d'écart entre la rémunération des nommes et des
femmes. Évidemment, c'est un gros programme. Et il est important de se
rendre compte que, dans la très grande majorité des entreprises,
le constat qui se dégage de ça, c'est qu'on ne réussira
pas à régler l'inéquité générale en
emploi par une mesure.
Je reviens au même discours que Mme Lavigne tout à l'heure,
quand elle parlait de conciliation de vie professionnelle et de vie parentale.
On sait maintenant qu'un programme d'accès à
l'égalité, ça nous permet d'assurer une
représentation des femmes et des autres groupes cibles,
évidemment, au moins conforme à leur disponibilité sur le
marché privé. C'est ça que je vous ai dit tout à
l'heure. La démarche actuelle, ça nous permet de dire: Oui, dans
mon entreprise, je n'ai pas assez de femmes, parce que, sur le marché
privé, il y a plus de femmes et, moi, je n'ai pas le même
pourcentage dans mon entreprise. Sauf que le problème, c'est, s'il n'y
en a pas sur le marché privé de ces femmes-là, par
exemple, des mécaniciennes, ça ne règle pas le
problème. Parce que la démarche dit: Vous pouvez établir
un programme d'accès à l'égalité si c'est
inférieur à la disponibilité sur le marché. Alors,
on a remarqué une lacune importante, là. Ça veut donc dire
que, par nos programmes d'accès à l'égalité comme
ils sont formulés présentement, on augmente le nombre de femmes
dans les métiers, dans les professions où elles se retrouvent
présentement en grand nombre, donc, dans les métiers où
elles sont moins rémunérées, parce qu'on sait très
bien que les métiers traditionnellement occupés par les femmes,
de secrétariat, etc., sont moins rémunérés que
d'autres métiers ou professions équivalentes où c'est
majoritairement masculin. Ça, c'est la lacune que nous avons
remarquée.
Chose importante également qui va sûrement vous toucher, on
s'est rendu compte - et ça, les gens sont unanimes à le dire -
qu'en mettant de l'avant un programme d'accès à
l'égalité, on touche automatiquement le système d'emploi.
On voit automatiquement des lacunes - lorsqu'il y en a, évidemment, et
il y en a très souvent - au niveau du système de
rémunération et on apporte des mesures correctrices à ce
niveau-là égale-
ment. Donc, c'est une démarche qui permet d'agir sur plusieurs
fronts à la fois. (11 heures)
Au niveau des exigences méthodologiques, à l'origine, on
voulait une démarche souple, adaptée et axée sur des
résultats. On se rend compte présentement que, de façon
générale, le diagnostic qui en ressort, c'est que c'est
absolument trop lourd, la démarche. Elle est trop linéaire, qu'on
nous dit. Les ressources humaines et financières sont extrêmement
importantes; donc, évidemment, ça restreint les gens à y
participer. Le temps mis à la recherche, à la collecte de
données; pendant ces trois années-là où on a fait
des recherches, on a apporté des mesures correctrices dans un certain
pourcentage, mais beaucoup moins qu'on l'aurait voulu.
Dans le fond, ce qu'on dit, c'est que les programmes d'accès
à l'égalité - et ce sera sûrement un des constats du
rapport, il se dégage déjà ça - c'est un outl
à potentiel élevé pour assurer l'atteinte de
l'équité en emploi. Sauf qu'il y a une période de rodage
et c'est ce que se voulait cette expérimentation-là, et c'est
heureux qu'elle ait été une expérimentation parce qu'elle
nous permettra maintenant de nous ajuster et d'en arriver à une
proposition qui va être axée définitivement sur les
résultats, en termes d'amélioration de la représentation
des femmes, où les femmes sont représentées en grand
nombre et où, surtout, les femmes ne sont pas ou peu
représentées. Et, là, il faut absolument adapter la
démarche pour y arriver.
Une action diversifiée, également, pour nous permettre
d'agir en amont au niveau de la formation, parce que les statistiques nous
disent que, présentement, les jeunes femmes s'orientent vers des
professions et des métiers moins rémunérés qu'en
1980. Ça, c'est, entre guillemets, une résultante,
peut-être... La vie, c'est un balancier. Souvenez-vous - Mme la
Présidente va sûrement être d'accord avec moi
là-dessus, on est à peu près de la même
génération - en 1970, pour être une femme accomplie, H
fallait être sur le marché du travail, être une
professionnelle de préférence; à ce moment-là,
c'était ça, la mentalité. On devait aussi avoir une vie
personnelle équilibrée - la plupart choisissaient le mariage,
à l'époque, et la venue d'enfants - rendre notre conjoint heureux
et, tout ça, le faire toute seule. C'est ça qu'on faisait.
Maintenant - et c'est ce que le 50e nous a dévoilé, j'ai
eu la surprise de ma vie - tout le monde dit la même chose: Les femmes,
ce qu'on veut maintenant? On veut aussi être sur le marché du
travail. On veut aussi avoir une vie professionnelle. On veut aussi avoir des
enfants. On veut tout ça, mais donnez-nous ce qu'il nous faut pour le
faire, aidez-nous. Société, gouvernement, donnez-nous les outils
nécessaires pour y arriver. Et c'est ça, la différence.
Alors, une des actions qu'on devra faire, c'est en amont, au niveau de la
formation: décider que les femmes choisissent les bons métiers et
les bonnes professions.
Aussi, une action concertée. Le gouvernement ne pourra pas faire
ça tout seul, et je pense que, de plus en plus, on est d'accord avec
ça. On devra, l'entreprise privée, tous les secteurs devront
mettre l'épaule à la roue et aider. Je pense que le moment est
venu. Je pense qu'il y a un momentum présentement. Souvenez-vous, lors
de la Commission Bélanger-Campeau, quand le président du Conseil
du patronat est venu nous dire: Oui, nous autres, on est d'accord avec des
congés parentaux rémunérés, il y a quelque chose
là, regardons-le de près. Bien, ça, H y a 10 ans, je ne
suis pas sûre qu'H aurait été président longtemps,
s'il avait dit ça. Mais c'est maintenant important pour l'entreprise
privée, pas pour nos beaux yeux, mais parce que c'est rentable pour la
société. Les femmes sont une force économique. Alors, il
faut leur donner la chance d'être sur le marché du travail. Il
faut qu'elles soient égales aux autres membres de la
société, qu'elles aient une rémunération
égale et qu'elles puissent occuper des postes de façon
égale, également.
Alors, action diversifiée, action concertée et une
approche axée sur les résultats, c'est, en gros, les constats que
nous faisons de l'approche en égalité en emploi.
Mme Carrier-Perreault: Alors, bon, d'accord.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: J'espère que je vais retenir tout
ça pour toutes les questions que j'avais à vous poser.
Mme Trépanier: Posez-les, on va les regar der. C'est parce
que je trouvais ça important de brosser le tableau. Vous savez, tout
à l'heure, Mme la Présidente m'a piquée un petit peu quand
elle a dit: II faut quand même "prioriser" de temps en temps. Je peux
vous dire que le gouvernement libéral a été le premier -
et je ne lance pas de marrons dans la mare de personne, là... On a quand
même un plan triennal d'orientation qui a été
extrêmement important, que nous terminons cette année, autant au
niveau de la condition féminine que de la famSIe, où il y avait
des priorités, et l'accès à l'égalité en
emploi, c'est la priorité des priorités. C'est un peu la toile de
fond, je dirais, de toute l'action gouvernementale au niveau de la condition
féminine, pour les prochaines années.
Mme Carrier-Perreault: Tout à l'heure, dans votre
exposé de départ, vous avez parlé...
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...de la démarche, en
fait, des cahiers, si l'on veut, de la Commission des droits de la
personne. bon, vous avez dit que beaucoup de monde trouvait la démarche
longue, fastidieuse, inutilement complexe, etc. on parle toujours du guide
d'élaboration volontaire d'un programme d'accès à
l'égalité là. c'est de ces cahiers-là qu'on
parle.
Mme Trépanier: Oui, les lignes directrices aussi.
Mme Carrier-Perreault: Disons que, moi, personnellement, j'en
avais pris connaissance. J'ai trouvé qu'ils étaient, quand
même, assez bien faits et que la démarche était assez
explicite. Alors, là-dedans, vous avez fait état que les gens
trouvaient ça compliqué et que vous aviez l'intention
d'alléger la démarche comme telle. Alors, disons que ça
veut dire que vous avez probablement vérifié aussi...
L'évaluation que vous avez faite des différents programmes qui
sont sur pied présentement doit tenir compte, j'imagine, de chacune des
actions à prendre pour la mise sur pied d'un programme d'accès
à l'égalité. Vous avez probablement, au moment où
on se parle, des idées de la façon dont vous allez alléger
cette démarche-là comme telle ou dont vous recommanderiez de
l'alléger.
Maintenant, j'aimerais savoir aussi - je vais me dépêcher
pour tout dire là - Mme la ministre, si, dans la mise sur pied des
différents programmes, ce que vous avez en main présentement et
puis ce qui a été évalué, on a tenu compte,
justement, de la rémunération, du système de
rémunération. Parce que, moi, contrairement à votre
opinion, je regrette d'être en profond désaccord avec vous,
madame, mais disons que, moi, je suis persuadée que, tels qu'ils sont
libellés, tel que c'est fait présentement... Je n'ai rien contre
les programmes d'accès ou la mise sur pied de programmes d'accès
à l'égalité, je veux être très claire,
là. Je pense que c'est un excellent outil, effectivement, pour que des
femmes accèdent à des postes traditionnellement occupés
par des hommes ou à des postes mieux rémunérés.
Mais, de là à dire qu'on va atteindre l'équité
salariale de cette façon-là, je suis en complet désaccord,
d'autant plus que, si on regarde la démarche, comme telle, qui est
suggérée dans les guides d'élaboration, on dit bien, et en
toutes lettres, qu'on peut faire totalement abstraction du système de
rémunération et on a en main un programme d'accès à
l'égalité.
Or, tant et aussi longtemps qu'on ne touche pas au système de
rémunération, à l'évaluation de l'emploi comme tel,
à la valeur du travail effectué... Parce que ce n'est pas parce
qu'une femme occupe un poste traditionnellement féminin que son travail
ne vaut pas la même chose que celui du gars à côté
qui occupe, lui, un poste traditionnellement masculin. Il vaut peut-être
davantage, et ça, on en a eu, depuis quelques années, de nombreux
exemples. C'est très clair, quand on prend le cahier 3 justement,
à la page 7, et je vais lire le paragraphe en question, pour ceux qui
n'en ont pas pris connaissance: "Dans le cadre d'un programme d'accès
à l'égalité, la question de l'équité
salariale fait partie de l'examen du système d'emploi. Toutefois,
l'ampleur des problèmes identifiés pourrait, le cas
échéant, donner lieu à la mise en place d'un programme
spécial destiné à corriger cette situation; auquel cas on
ne devrait pas pour autant retarder la mise en oeuvre du programme
d'accès à l'égalité proprement dit".
Alors, ce paragraphe permet de mettre sur pied un programme
d'accès à l'égalité tout à fait dans les
normes et sans du tout toucher à l'évaluation de l'emploi et
à la rémunération comme telle. Alors, moi, c'est dans ce
sens-là que je trouve que c'est important d'aller vers une loi proactive
en matière d'équité. Ça n'enlève pas les
programmes d'accès à l'égalité. Comme je vous
disais, et je vous le répète, je pense que ce sont deux mesures
qui sont très importantes, mais qui ne visent pas nécessairement
le même correctif.
La Présidente (Mme Marois): Mme la ministre.
Mme Trépanier: O. K. Vous avez encore une question
à deux volets. C'est parce que je ne veux pas évacuer le premier;
alors, je vais commencer par ça, ça va prendre trois secondes.
Vous parliez de la complexité de la démarche. Effectivement,
c'est ce que j'ai dit. Je ne suis pas en mesure... Évidemment, nous
avons des éléments de réponse sur la table et des
réflexions de faites. Je ne pourrais pas vous dire tout de suite: Nous
allons adopter telle mesure, telle mesure. Vous comprendrez qu'il y a la
Commission des droits et tout ça. Cependant, tout le monde a
été unanime à dire que la démarche était
trop longue, trop difficile et que, pendant qu'on faisait la démarche,
on avait moins de temps et de ressources financières pour s'occuper des
mesures de redressement. Alors, sûrement que le constat qui sera fait,
c'est qu'il va falloir trouver des façons d'alléger et de rendre
plus efficiente cette démarche-là au niveau
méthodologique, mais aussi d'assurer une meilleure représentation
des femmes partout. Parce que je vous ai expliqué tout à l'heure
que le système faisait en sorte que ça répondait à
une partie de la question et non pas aux représentations des femmes
quand elles sont sous-représentées dans le marché
extérieur. Ça ne règle pas le problème. Alors,
c'est en ce qui concerne la question de la démarche.
Concernant, maintenant, la question de l'équité,
là, vous arrivez à la question de l'équité
salariale et vous me dites: Est-ce que les programmes d'accès à
l'égalité sont la panacée et vont régler tous les
problèmes? Ce que je vous
ai dit, c'est que la démarche, au niveau des programmes
d'accès à l'égalité, permettait, dans une
très grande mesure et presque toujours, aux entreprises... Elles sont
obligées d'aller voir leur système d'emploi et, quand elles
constatent qu'il y a des écarts salariaux, elles apportent des mesures
correctrices qui peuvent être de divers ordres. Je ne dis pas, moi non
plus, que les programmes d'accès à l'égalité
règlent tous les maux. Ce n'est pas ça que je dis. Ce que j'ai
dit, par exemple, c'est qu'une partie de l'équité, une partie des
problèmes quant à la rémunération peuvent
être perçus, en tout cas, et peuvent être
réglés par une démarche de programmes à
l'accès à l'égalité.
Je suis très préoccupée par l'écart salarial
qui existe au Québec présentement. Quand on sait qu'il y a un
écart de 38 % entre les hommes et les femmes, c'est tout à fait
inacceptable et il faut absolument tout faire pour le résorber. Ma
prédécesseure a toujours dit que le défi des programmes
d'accès à l'égalité était double:
l'équité en emploi et l'équité salariale. Et, moi,
je suis persuadée que le gouvernement avait raison à
l'époque et qu'on doit encore continuer dans cette voie-là. Ce
qui a présidé à la décision gouvernementale, les
motifs qui ont fait que nous avons agi, c'est qu'on voulait agir sur la
ségrégation professionnelle. On voulait agir sur la
discrimination salariale. On voulait agir sur les pratiques discriminatoires
qui ont pour effet de maintenir une vision stéréotypée du
travail des femmes et on voulait agir sur les pratiques qui ont des effets
d'exclusion sur les femmes. Le Québec a montré sa volonté
en proposant, oui, une démarche volontaire dans les programmes
d'accès à l'égalité, d'une part, mais n'oublions
pas l'obligation contractuelle aussi qui est une contrainte que s'est
imposée le gouvernement.
Alors, pour revenir aux motifs qui nous ont guidés au niveau de
la rémunération, les résultats de l'expérimentation
en programmes d'accès à l'égalité nous ont
montré que les entreprises et les municipalités ont
examiné leurs pratiques de rémunération - et tous les
rapports nous le disent - qu'elles ont découvert des
inéquités et qu'elles ont prévu des mesures correctives.
(11 h 15)
En ce qui concerne le secteur public, le secteur parapublic,
l'équité salariale est abordée au niveau des
négociations et vous admettrez avec moi que, dans les dernières
années, le gouvernement a montré plus qu'une volonté, il a
prouvé sa volonté de diminuer les écarts salariaux entre
ses employés. Vous vous souviendrez, l'an passé, qu'il y a eu une
entente, entre autres, sur trois ans, réglant le problème de 180
000 employés dont 150 000 sont des femmes, 80 % sont des femmes, qui
bénéficient aujourd'hui d'un redressement salarial, depuis 1989,
et ce, malgré la conjoncture économique difficile.
Si je reviens à l'expérimentation au chapitre de la
rémunération dans les programmes d'accès à
l'égalité, dans le secteur privé - c'est ce
secteur-là qui nous inquiète le plus - 13 entreprises ont
identifié des problèmes à l'intérieur du
sous-système de la rémunération et 11 entreprises en ont
identifié au niveau de l'évaluation des emplois. Dans le secteur
municipal, 10 des 13 ont réalisé des études en regard de
la rémunération et de l'évaluation des emplois. Les six
municipalités en voie d'implantation ont des mesures
d'équité salariale.
Dans le cadre de l'obligation contractuelle, les entreprises devront
examiner leur politique pratique de rémunération - ça, il
ne faut pas l'oublier, c'est inclus dedans - et apporter les correctifs
nécessaires, s'il y a lieu, sous peine de perdre leurs subventions ou
leurs contrats de 100 000 $ et plus, vous vous souviendrez de l'obligation
contractuelle. La Commission des droits de la personne, dans son mandat
d'évaluation de la conformité des engagements, porte une
attention, évidemment, toute particulière à cette
question. l'objectif est double dans les programmes d'accès à
l'égalité: favoriser l'entrée dans les secteurs non
traditionnels, mais aussi s'assurer que les femmes qui choisissent un
métier non traditionnel puissent y adhérer et avec une bonne
rémunération. la, peut-être que ce sont des chiffres que
vous avez probablement entendus quelque part, parce que, lorsqu'on regarde les
écarts salariaux, je vous ai dit tout à l'heure - et vous en
êtes sûrement consciente - qu'il y a 38 % d'écart. c'est
inadmissible, je suis d'accord avec vous là-dessus. mais quelle est la
portion qui concerne directement les salaires, la discrimination salariale? 5
%. et je vais vous dire, selon les recherches - et de nombreuses recherches -
pour identifier les raisons qui font qu'il y a tant de différence
salariale, il y a quatre grands facteurs. un, la discrimination salariale,
ça englobe 5 %, les pratiques d'employeurs qui accordent, malgré
les lois, des salaires inférieurs aux femmes qui accomplissent des
travaux identiques à ceux des hommes. on peut attribuer à 10 %
des 38 % la différence à cause de la ségrégation
professionnelle, c'est-à-dire l'attribution d'une
rémunération inférieure pour des emplois à
prédominance féminine équivalant, en termes de
compétences, d'efforts et de responsabilités, à des
emplois occupés par les hommes. ça, ce n'est pas la loi proactive
qui va régler le problème. l'expérience de travail aussi,
l'éducation et le taux de syndicalisation contribuent pour environ 5 %
à 10 % à l'explication de la différence salariale. les
heures de travail à temps plein des femmes et des hommes expliquent
également une différence de rémunération d'environ
15 %. ce n'est pas une loi proactive, non plus, qui va régler ce
problème-là; ce sont des normes minimales de travail
intéressantes, ce sont des services de garde adéquats qui vont
nous permettre d'occuper des postes à temps plein, etc.
Ce qui veut dire - et je reviens à mon commentaire du
début - qu'il faut avoir une approche multisectorielle. Pourquoi les
femmes travaillent moins d'heures? Pourquoi sont-elles concentrées dans
certains domaines? Pourquoi gagnent-elles moins cher? Pourquoi occupent-elles
des postes à temps partiel? Ce sont des facteurs beaucoup plus larges
que seulement une inéquité au niveau du système
d'emploi.
Je terminerai en vous disant que les décisions gouvernementales
ne sont pas prises. Personnellement, je suis loin de croire que les programmes
d'accès à l'égalité vont tout régler. Je
suis loin de croire aussi que seule une loi proactive va tout régler. Ce
que je vous dis, c'est: Faisons attention à éviter le
piège d'une mesure unique. Le gouvernement a déjà
décidé, par l'expérience qu'il a, d'entreprendre des
programmes d'accès à l'égalité. Il a
déjà pris la décision et s'est engagé à
l'obligation contractuelle. Je vous dis que la loi proactive est une autre
mesure qui permettrait aux femmes de restreindre l'écart salarial, oui,
mais que ce n'est pas l'unique mesure. Faisons attention à ne pas tomber
dans ce piège-là et à ne pas mettre tous nos oeufs dans le
même panier.
Quant à la décision gouvernementale, elle n'est pas prise.
Je ne la rejette pas du revers de la main; au contraire, je suis ouverte
à toute solution, présentement, qui améliorera la
condition de vie des femmes, d'une part. Mais, deuxièmement, il faut
s'assurer aussi que la société québécoise est
capable de se permettre les mesures que nous adopterons. C'est pour ça
que notre rapport d'évaluation, au printemps, fera l'objet d'une vaste
consultation pour essayer d'aller chercher les propositions qui seront les plus
efficaces pour les prochaines années en matière
d'équité en emploi. Je choisis bien mes mots, je parle
d'équité en emploi qui englobe l'accès aux emplois et la
rémunération.
La Présidente (Mme Marois): J'aurais peut-être juste
une question sur les chiffres que vous nous donniez. Vous avez identifié
quatre grands blocs de facteurs qui expliquent les 38 % de différence de
rémunération. C'est bien ça? Je vous ai bien suivie? Vous
dites la discrimination salariale; alors, là, on peut traduire: salaire
égal pour travail égal.
Mme Trépanier: Non. Salaire égal pour travail
équivalent.
La Présidente (Mme Marois): C'est-à-dire que non.
Vous allez voir, c'est ça que je vais essayer de vous faire
clarifier.
Mme Trépanier: Ah!
La Présidente (Mme Marois): Quand vous parlez de la
ségrégation professionnelle, à ce moment-là, ce que
vous dites, c'est qu'il y a des blocs d'emplois traditionnellement
féminins qui ont toujours été
sous-rémunérés versus des blocs d'emplois qui ont
été traditionnellement occupés par des hommes et qui sont
davantage rémunérés. Là, on a des exemples à
profusion: le secteur des métiers de la construction est un bel exemple
versus le secteur de l'administration où, par exemple, une
secrétaire va gagner un revenu beaucoup moins élevé que
quelqu'un qui travaille dans un métier de la construction. C'est bien
cela que vous entendez par la ségrégation professionnelle?
Mme Trépanier: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
Mme Trépanier: Je vais prendre deux exemples, je ne
voudrais pas me tromper. Par exemple, le poste de secrétariat qui est
moins rémunéré que le poste x pour des compétences
équivalentes, ça ça vient de la tradition, ça vient
d'un tas de raisons. Selon Statistique Canada - je ne vous l'avais pas dit tout
à l'heure, mais ces chiffres-là viennent de Statistique Canada
-on peut attribuer jusqu'à 10 % la différence due à la
ségrégation professionnelle.
La Présidente (Mme Marois): ce qui fait que la
discrimination salariale, elle, se référerait davantage au
concept travail égal, salaire égal, parce que ça, ici,
évidemment pris globalement, quand on prend les grandes...
Mme Trépanier: On vient de me faire réaliser,
là, ce que vous demandiez vraiment. Alors, on attribue, selon
Statistique Canada, à 5 % la différence, l'écart
entre...
La Présidente (Mme Marois): La discrimination
salariale.
Mme Trépanier: C'est ça, entre salaire égal,
travail égal.
La Présidente (Mme Marois): Tandis que la
ségrégation professionnelle qui est la notion
d'équivalence...
Mme Trépanier: C'est ça.
La Présidente (Mme Marois): ...elle, c'est 10 %.
Mme Trépanier: C'est jusqu'à 10 %. La
Présidente (Mme Marois): Environ. Mme Trépanier: C'est
ça.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Je sais qu'il y a eu
des correctifs d'apportés. Je n'ai pas suivi dans tout le détail.
Vous avez
répondu, tout à l'heure, à ma collègue qu'il
y avait eu des ententes, effectivement, avec les syndicats pour corriger une
partie des problèmes de ségrégation professionnelle. Mais,
est-ce qu'au-delà d'une loi il y a des cibles qui ont été
fixées dans la fonction publique québécoise ou dans le
parapublic? Je pense, entre autres, aux infirmières, je pense que c'est
un bel exemple. Est-ce qu'il y a des cibles qui ont été
fixées pour faire du rattrapage sous l'angle: à salaire
égal, travail équivalent, mais dans une approche collective qui
est le propre, évidemment, des programmes d'accès à
l'égalité ou des programmes d'action positive, selon les termes
qu'on veut bien utiliser?
Mme Trépanier: La meilleure réponse que je peux
vous donner, vous l'avez soulevée vous-même, c'est l'exemple des
infirmières et des infirmiers. L'approche gouvernementale, en ce qui
concerne la fonction publique, est par corps d'emploi, mais qui sont
majoritairement occupés par des femmes. On arrive donc au même
résultat, mais ce n'est pas un rattrapage seulement féminin. On y
va par corps d'emploi.
La Présidente (Mme Marois): Bien sûr.
Mme Trépanier: Alors, évidemment, ce qui a
été ciblé l'an dernier, c'était, de toute
évidence, les infirmières. Il y a eu récemment une entente
dans 13 corps d'emploi où on dit que le coût de ce dossier, pour
le gouvernement, représentera une hausse de 2, 5 % de la masse
salariale.
La Présidente (Mme Marois): Vous parlez des 13. Oui.
Mme Trépanier: Et les coûts, ça
représentera 330 000 000 $ pour essayer d'effectuer un rattrapage, et
ça, c'est dans les 13 corps d'emploi qui ont été
visés récemment dans le...
La Présidente (Mme Marois): Bien, j'imagine que vous avez
établi des comparatifs, mais ça réduit l'écart de
combien?
Mme Trépanier: Ça, c'est un dossier qui
relève de mon collègue du Conseil du trésor. Alors, je
n'ai pas ces chiffres plus spécifiques, mais on pourra vous les faire
parvenir.
La Présidente (Mme Marois): Ce serait intéressant,
effectivement. Je peux comprendre que vous ne les ayez pas, mais...
Mme Trépanier: D'accord. Ce qu'on sait, je peux
peut-être essayer de vous retrouver certains chiffres de la fonction
publique où, de toute évidence, les écarts sont beaucoup,
beaucoup moins grands que dans le secteur privé.
Bon. Je les ai. Je peux vous donner ce qui a été en plus
des augmentations salariales générales. Je vais vous donner
quelques exemples: les infirmières auxiliaires, 40 000 personnes ont
bénéficié d'un correctif de 9, 2 %; les
infirmières, 22 500 personnes ont bénéficié d'un
correctif de 3, 7 %; les inhalothérapeutes, 1100 personnes, un correctif
de 6, 5 %; les préposées aux bénéficiaires et
auxiliaires familiales, 25 000 personnes, un correctif de 11, 9 %; les
responsables de services de garde en milieu scolaire, 400 personnes ont
bénéficié d'un correctif de 11, 9 %; les dactylos, 2500
personnes ont bénéficié d'un correctif de 9, 3 %.
On estime que, lorsque toutes les études d'évaluation des
corps d'emploi seront complétées, le coût total de ce
dossier-là sera de 330 000 000 $, donc 2, 5 % de la masse salariale.
La Présidente (Mme Marois): Sur combien de temps ce
rattrapage se fait?
Mme Trépanier: Trois ans.
La Présidente (Mme Marois): Trois ans.
Mme Trépanier: Je veux juste vérifier. C'est sur
trois ans
La Présidente (Mme Marois): Sur trois ans. Quels sont
les...
Mme Trépanier: J'aimerais que Mme Boivin
complète.
La Présidente (Mme Marois): D'accord.
Mme Boivin: Pour ce qui est du secteur public, on a
rencontré récemment nos collègues du secrétariat du
Conseil du trésor. Mme la ministre vous a mentionné il y a
quelques minutes que tout n'est pas terminé, mais on a cependant des
chiffres préliminaires et je pense que ça peut répondre
à la préoccupation que vous exprimez.
L'écart salarial entre les hommes et les femmes, même si ce
n'était pas uniquement ça qui était visé dans
l'opération entreprise par le Trésor, est déjà
considérablement diminué. Il y a des secteurs, mais là je
n'ai pas les chiffres en main, où on parie d'un écart qui n'est
plus que de l'ordre de 90 % ou 94 %, à toutes fins pratiques.
La Présidente (Mme Marois): C'est-à-dire que
l'écart est de 6 % ou 10 %.
Mme Boivin: C'est ça. Le ratio, excusez-moi, est de 90 %
ou de 94 %; donc, l'écart n'est plus que de 10 % ou de 5 %. Dans ces
cas-là, on peut dire, à toutes fins pratiques, qu'il n'y a plus
de discrimination salariale ni pour la question de salaire égal pour
travail égal, ni pour la question de salaire égal pour travail
équivalent. Ce sont, à coup sûr, d'autres causes
qui expliqueraient un écart aussi faible dont
l'ancienneté, par exemple, l'expérience et le nombre d'heures de
travail.
Dans le secteur public, quelle que soit la valeur qu'on accorde à
la méthode utilisée, qu'on soit d'accord ou pas, les
résultats sont déjà très probants. (11 h 30)
La Présidente (Mme Marois): Une autre information pour
être capable de bien camper l'action à cet égard-là.
Les professions qui ont été choisies comme comparatif... J'essaie
d'expliquer. Bon, imaginons qu'il y a un rattrapage à faire chez les
infirmières. Par rapport à quelle comparaison, quelle autre
profession a-t-on choisie pour dire... L'équivalence, si on veut, elle
se fait par rapport à quelle profession? Et, si vous n'avez pas les
données ici, je pense que ce serait intéressant, pour le
bénéfice des membres de la commission, d'avoir un peu, sinon le
bilan, en tout cas un état de la situation de cette
réalité-là dans la fonction publique
québécoise et ce qu'on a comme information aussi dans le
parapublic.
Mme Trépanier: Je répondrai, Mme la
Présidente, en vous disant que le gouvernement ou le Trésor n'a
pas fonctionné par corps d'emploi. Il en arrive, à un moment
donné, à toucher des corps d'emploi, mais il a
évalué globalement tous les secteurs d'emploi et ça,
paritairement; il ne l'a pas fait seul. Ce sont des comités paritaires
qui ont procédé à cette évaluation-là par
points et facteurs, et on apporte les correctifs au fur et à mesure des
négociations. Je pourrais vous donner des chiffres sur plusieurs corps
d'emploi. Je ne sais pas si vous êtes intéressée à
les savoir.
La Présidente (Mme Marois): Quelques exemples...
Mme Trépanier: Bon, par exemple-La Présidente
(Mme Marois): ...juste pour qu'on puisse un peu voir.
Mme Trépanier: ...pour les agents d'information, il y a eu
13,6 % d'augmentation. C'est un corps d'emploi qui compte 48,3 % de femmes et
il y a eu 13,6 % d'augmentation de salaire. Vous me demandiez, tout à
l'heure: Vous avez ciblé quoi? C'est ça que vous m'avez dit?
La Présidente (Mme Marois): C'est ça.
Mme Trépanier: En plus de cette approche paritaire et puis
de cette approche pour diminuer les écarts de
rémunération, il y a d'autres gestes qui ont été
posés également qui affirment la volonté gouvernementale
de réduire les écarts et il y a des choses très
intéressantes. Premièrement, on a procédé à
la création d'une nouvelle fonction d'infirmières
bachelières. De façon indirecte, cette mesure a pour effet
d'assurer à un groupe important de femmes des possibilités
nouvelles de progression vers des niveaux de salaires parmi les plus
élevés du secteur public, un niveau qui n'existait pas dans le
métier, dans la profession.
Dans la fonction publique, certaines directives ont été
modifiées afin de reconnaître, à l'embauche,
l'expérience pertinente acquise en dehors du marché du travail,
et ça, c'est extrêmement intéressant; par exemple, le
travail au foyer, l'éducation des enfants, le travail
bénévole. Et je dois peut-être aussi souligner que c'est la
Semaine des bénévoles et combien est dans l'ombre ce
travail-là. Mais très souvent des femmes - et ça arrive
aux femmes spécifiquement - ont fait toute leur action dans le travail
bénévole, et c'est une expérience inestimable qui
n'était pas reconnue. Et le troisième point que je soulignerais:
un programme d'accès à l'égalité a
été implanté dans la fonction publique depuis 1987. Il
incite les ministères également à augmenter le nombre de
femmes chez le personnel cadre ou professionnel et encourage les femmes
à poursuivre des études supérieures à plein temps,
tout en continuant de recevoir leur salaire, et ce, pour des périodes
pouvant atteindre un an.
Alors, ce sont toutes des mesures que le gouvernement a adoptées
de son propre chef pour essayer d'améliorer les conditions salariales
entre les hommes et les femmes. Ces résultats sont significatifs. Quand
on regarde les résultats salariaux, madame nous a dit que l'écart
était à peu près inexistant. Le salaire des femmes
représente maintenant 86 % du salaire des hommes, comparativement
à 62,4 % dans l'ensemble des travailleurs du secteur privé.
C'est-à-dire que 62,4 %, c'est l'ensemble. Alors, imaginez-vous ce
qu'est le secteur privé uniquement. Alors, ces résultats
démontrent, je pense, que le gouvernement a joué un rôle
important, qu'il a joué son rôle. Il a un rôle moteur aussi.
Il doit être là pour sensibiliser, il doit être là
comme chef de file également.
Maintenant, qu'est-ce qu'on fait pour faire emboîter le pas
à l'entreprise privée? C'est ça, la question et on revient
à la question de Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière: Quels sont les meilleurs moyens pour atteindre
ces objectifs? Je vous dirai que, quels que soient les moyens que nous
utilisions... Parce que, quand on regarde l'Ontario, quand on regarde les
autres provinces, on essaie de trouver un dénominateur commun et il n'y
en a pas. Certaines provinces ont des lois proactives. Nous, on a l'obligation
contractuelle. D'autres provinces n'ont rien de ces moyens-là, ont
d'autres méthodes et les résultats sont inégaux. Je pense
que la première chose, c'est la volonté. Tant qu'on n'aura pas la
volonté comme société d'y arriver, on n'y arrivera pas.
C'est aussi clair que ça. Et le gouvernement a un grand rôle de
chef de file là-
dedans. Il a une énorme responsabilité, de toute
évidence.
Mme Carrier-Perreault: Justement...
La Présidente (Mme Marois): Oui. Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Une question très brève. Je
ne veux pas prendre plus de temps, parce que je sais que j'ai beaucoup de
questions à poser à l'Office. J'imagine que ces
données-là, que la ministre nous donne depuis tout à
l'heure, les données que vous nous apportez, on va retrouver ça
dans l'étude, dans le rapport d'évaluation qui va sortir au mois
de juin?
Mme Trépanier: Tous les commentaires que je vous ai faits
concernant l'évaluation, effectivement. Quant aux autres chiffres,
ça dépend du sujet qu'on discutait, mais vous pouvez tous les
retrouver... À votre demande, madame, on se fera un plaisir de vous les
faire parvenir.
Mme Carrier-Perreault: On a vraiment très hâte
d'avoir l'évaluation pour en prendre connaissance, et à fond.
Mme Trépanier: Je dois vous dire que j'ai
extrêmement hâte aussi de la déposer et de faire cette
consultation.
Consultations sur l'équité
salariale
Mme Carrier-Perreault: Je sais qu'il y a beaucoup de monde qui
attend cette étude-là. Par ailleurs, Mme la ministre, vous
êtes sûrement au courant que même la Commission des droits de
la personne s'interroge sur l'efficacité de la réglementation
actuelle par rapport à la Charte des droits et libertés.
Mme Trépanier: S'interroge sur l'efficacité?
Mme Carrier-Perreault: C'est qu'on se demande si vraiment
ça fonctionne ou si ça ne fonctionne pas.
Mme Trépanier: La démarche PAE?
Mme Carrier-Perreault: Non, madame, sur
l'équité.
Mme Trépanier: O. K. Oui, elle a tenu une consultation
récemment.
Mme Carrier-Perreault: Justement, elle a tenu une consultation
pour savoir à peu près de quelles mesures ou de quelles
modalités on pourrait tenir compte dans la mise sur pied d'une loi
proactive. Ce que j'aimerais savoir, c'est: Est-ce que vous avez pris
connaissance des mémoires qui ont été
présentés à la Commission des droits de la personne? Il va
y avoir une recommandation qui va découler de la Commission. Disons que,
moi, j'y ai assisté en bonne partie et les interventions avaient quand
même, l'air d'aller dans le bon sens. S'il y a des décisions qui
se prennent, est-ce que la ministre déléguée à la
Condition féminine va y participer, avec le ministre de la Justice?
Parce qu'il y a des décisions qui devront être prises si vraiment
H y a des démarches qui s'enclenchent à ce niveau.
Tout à l'heure, vous avez parlé de vastes consultations
par rapport aux programmes d'accès et tout ça. On voit la
consultation de la Commission des droits de la personne par rapport à
l'équité, si on veut, à la pertinence de mettre sur pied
une loi proactive. Bon, ces consultations-là, ce serait
intéressant qu'on les ait ici. Est-ce que c'est possible d'avoir, par
exemple, une commission parlementaire en faisant venir des groupes qui
viendraient nous exprimer leurs besoins et la façon dont ils voient le
dossier? Parce que, présentement, on les a en dehors de nos murs et je
pense que ce serait intéressant qu'on ait ces consultations-là de
façon publique, ici. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Mme Trépanier: Premièrement, concernant la
démarche de la Commission des droits de la personne quant à sa
consultation sur l'équité salariale, pour ma part, j'ai
trouvé un peu prématurée cette consultation, parce que la
Commission des droits a participé, évidemment, à ta
démarche des programmes d'accès à l'égalité.
Elle a été partie prenante de cette démarche et elle a
été très importante dans cette démarche. Nous
soumettrons un rapport prochainement. Peut-être qu'il aurait
été intéressant qu'elle l'ait, juste pour sa culture
personnelle, dans le fond, pour qu'elle sache qu'est-ce que les entreprises
pensaient de la démarche PAE avant de se lancer en consultation. Elle a
décidé de la faire auparavant. Je pense qu'il aurait
peut-être été préférable qu'elle la fasse par
la suite, mais, ceci étant, ce n'est pas dramatique non plus. Quant aux
"rapports* qu'elle a en main, ils lui appartiennent. Nous les avons ici, vous
pouvez les obtenir et je suis convaincue que vous les avez. Nous sommes en
train de faire l'analyse de ces "rapports"-là, de ces
mémoires-là, je m'excuse. Il est évident que ça
nous intéresse au plus haut point, parce que, comme je vous le disais
tout à l'heure, je n'exclus pas la possibilité d'une loi
proactive, absolument pas. Je dis juste: Soyons attentifs à ne pas
mettre tous nos oeufs dans le même panier. C'est ce que j'ai dit.
Deuxièmement, quant à la consultation que nous entendons
faire, je rencontrerai M. le président de la Commission des droits, je
pense que c'est la semaine prochaine. Nous parlerons de cette
consultation-là, évidemment, et nous discuterons également
de la démarche PAE, où nous en sommes dans notre
réflexion. Évidem-
ment, quant à la consultation, je ne pense pas que je puisse en
dire autre chose. j'ai hâte d'entendre m. lachapelle, également,
de voir comment il entrevoit la suite des travaux des pae, maintenant qu'il est
initié. je ne l'ai pas entendu publiquement parler de l'approche pae
versus l'équité salariale. est-ce qu'il voit les deux de pair?
alors, c'est ce que nous verrons.
La Présidente (Mme Marois): Mme la
députée.
Mme Trépanier: Je le rencontre à la mi-mai, pour
plus de précision.
Mme Carrier-Perreault: Je reviens à ce que je pense
toujours et à ce que je disais tout à l'heure. Pour moi, ce sont
deux points très différents.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Ce sont deux choses importantes, mais
très différentes en soi. Et je pense qu'on peut...
Mme Trépanier: Oui, mais une englobe l'autre, parfois.
Mme Carrier-Perreault: Bien, disons que, pour moi, ce n'est pas
évident et on ne...
Mme Trépanier: L'objectif, pas la mesure.
Mme Carrier-Perreault: ...me l'a pas démontré au
moment où on se parle. Par contre, ce que je voudrais...
Mme Trépanier: N'oubliez pas l'obligation contractuelle
que vous oubliez si souvent.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Disons qu'on va voir une
évaluation de ça, j'imagine...
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...dans le rapport qui s'en vient. Alors,
je vais éviter de poser des questions, on en posera une autre fois.
Les consultations dont vous avez fait état, vous rencontrez M.
Lachapelle, mais est-ce que vous allez faire des consultations publiques sur le
dossier?
Mme Trépanier: Quant aux consultations, la démarche
reste à définir. Pour le moment, il n'y a pas de décision
de prise, mais il n'était pas de notre intention de faire une
consultation publique en commission parlementaire. Les décisions ne sont
pas prises à ce niveau-là encore, sauf qu'au niveau de la
consultation... Vous ne parliez pas de la consultation sur
l'équité salariale, suite à la commission; vous parliez
des PAE, vous?
Mme Carrier-Perreault: Non, madame. Je parle de la consultation
par rapport à la pertinence de mettre sur pied...
Mme Trépanier: C'est ça.
Mme Carrier-Perreault: ...une véritable loi proactive chez
nous au Québec...
Mme Trépanier: Ah bon! Non.
Mme Carrier-Perreault: ...comme ça se fait en Ontario,
comme il y en a dans les provinces maritimes, entre autres en Nouvelle-Ecosse
et au Nouveau-Brunswick.
Mme Trépanier: Moi, mon commentaire était à
propos de la consultation sur le rapport d'évaluation des programmes
d'accès à l'égalité. Il n'est pas question, pour le
moment, de faire des consultations au niveau de l'équité
salariale. Évidemment, nous recueillons tous les commentaires. J'imagine
que ce serait pensable, dans les recommandations qui viendront suite à
l'évaluation, d'ébaucher la possibilité d'une consultation
sur l'équité salariale. Ça pourrait être un des
scénarios, mais il n'y a rien d'arrêté à ce
niveau-là.
Mme Carrier-Perreault: Moi, je vais...
La Présidente (Mme Marois): Mme la députée,
est-ce que...
Mme Carrier-Perreault: ...arrêter là.
La Présidente (Mme Marois): ...vous avez encore d'autres
questions sur...
Mme Carrier-Perreault: Disons que j'en aurais beaucoup
d'autres.
Mme Trépanier: Nous aurons une bonne idée, Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière - je comprends votre
préoccupation, et j'ai les mêmes préoccupations que vous -
avec les résultats de la consultation de la Commission des droits qui
était spécifiquement sur ce point-là. Alors, on aura une
bonne idée. Je sais qu'il se prépare des représentations
ici et là concernant une loi proactive. C'est un dossier qu'on aura
à discuter probablement à la période des questions
ensemble.
Mme Carrier-Perreault: II y a de fortes chances, Mme la ministre.
Une toute petite dernière question.
La Présidente (Mme Marois): Le temps est à vous,
madame.
Mme Carrier-Perreault: On se rappelle qu'en 1989 il y avait eu un
engagement du Parti libéral
à l'effet qu'on aurait un montant de 500 000 $ au fonds de
promotion d'aide. C'est parce que c'est un petit montant et je me suis rendu
compte, l'an dernier, qu'on ne l'avait pas eu. On en a discuté aux
crédits. C'est encore un petit montant, mais je ne le trouve pas cette
année, non plus, au rapport des crédits. Alors, j'aimerais savoir
ce qu'il en est et ce qui va arriver de cet engagement-là.
La Présidente (Mme Marois): Mme la ministre.
Mme Trépanier: Oui. Alors, on se souviendra qu'en 1989,
effectivement, II y avait eu un engagement de créer un fonds de
subvention concernant les organismes de promotion. Ce sont des organismes
qui... Non, pas nécessairement. C'est un fonds qui n'était pas
spécifiquement attribué. Mais on sait fort bien que, dans les
groupes de femmes, il y a certains groupes qui ne sont pas subventionnés
par Santé et Services sociaux, entre autres. On voulait voir comment on
pourrait aider ces organismes-là qui éprouvent des
difficultés de financement différentes des groupes de services.
Nous avons, dans le premier mandat, axé notre aide sur les groupes de
services. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Jusqu'à 1985, de 1982
à 1985, il avait été versé un montant de 18 000 000
$ pour les groupes, alors que, de 1986 à ce jour, on a distribué
68 000 000 $ répartis entre les malsons d'hébergement, les
CALACS, les centres de femmes et les centres de santé, et ce, pour
certains d'entre eux, avec des programmes triennaux.
Alors, le Secrétariat, depuis, a procédé à
l'élaboration d'un énoncé de programme clairement
défini dans tout ce qu'il doit contenir, ses buts, ses objectifs, les
critères d'admissibilité. Cependant, la situation
économique actuelle nous oblige à "prioriser" nos actions et
à restreindre les dépenses, même si elles sont très
valables.
Alors, je peux vous dire que j'ai rencontré récemment les
groupes de femmes et les groupes familiaux et que je leur ai clairement dit que
ça restait une action que je voudrais voir, que je voudrais
réaliser, mais qu'étant donné la conjoncture
économique on devra attendre. Évidemment, d'un budget à
l'autre, parfois, il arrive des événements, mais je leur ai dit
que, pour ma part, le plus vite possible, je faisais des représentations
pour qu'on puisse y arriver. Mais nous avons dû "prioriser" et je dois
contribuer aussi à ces restrictions budgétaires. J'espère
qu'on pourra le réaliser le plus tôt possible. Il reste toujours,
de ma part, une volonté de voir réaliser ce fonds-là, mais
je dois me rendre aussi à l'évidence et accepter les
priorités gouvernementales qui sont déposées. Alors, quand
on a des choix à faire, il faut, je dirais, bâtir tes fondations
de la maison avant de paver l'entrée de cour, et c'est un peu ça.
Je trouve extrêmement dommage qu'on ne puisse pas le réaliser,
qu'on n'ait pas pu le réaliser jusqu'à maintenant.
J'espère que, dans un très, très proche avenir, on pourra
le faire, mais je ne m'engage à rien, je ne peux m'engager à
rien.
Mme Carrier-Perreault: Alors, si je comprends bien, on ne les a
pas cette année, les 500 000 $ en question, c'est très clair.
Mme Trépanier: Ce que je vous dis, c'est que je fais les
représentations qu'il faut pour dire au gouvernement que c'est toujours
une priorité pour moi, d'une part. D'autre part, il y a des contraintes
budgétaires et, là, bien, on en est là.
Mme Carrier-Perreault: Je suis d'accord avec vous, Mme la
ministre, qu'on ne peut pas faire l'entrée de cour avant de faire les
fondations de la maison, mais je pense qu'il faudrait rappeler aussi au
gouvernement qu'on ne s'engage pas à faire l'entrée de cour non
plus, à ce moment-là, si on n'est pas capable de faire le
reste.
Mme Trépanier: Madame, je ne veux surtout pas que nos
relations se détériorent; alors, on ne ramènera pas des
exemples du passé, mais on ne contrôle pas, non plus, la
conjoncture économique tout le temps. Et ce que je répondrai
à cela, je dirai que, lorsque nous avons pris l'engagement, nous avions
la volonté de le réaliser. Nous avons des problèmes de
parcours, mais ce qui est important, je pense, pour les groupes de femmes,
c'est de savoir, aujourd'hui, que j'ai toujours la volonté de le
réaliser, dans tes plus brefs délais.
La Présidente (Mme Marois): Ça va, Mme la
députée? Merci. Est-ce qu'il y a d'autres collègues qui
ont des questions, à ce moment-ci, à poser sur cet
élément-là du programme? Parce qu'on va en suspendre
l'étude pour y revenir plus tard dans la journée et on passerait
les éléments 1 et 2, soit celui du Secrétariat à la
condition féminine et celui du cabinet de la ministre là, parce
que je crois qu'on y revient cet après-midi.
Mme Trépanier: Non, on revient avec la Famille cet
après-midi.
La Présidente (Mme Marois): Oui, sauf que, comme c'est
dans le programme 3...
Mme Trépanier: Ah bon!
La Présidente (Mme Marois): Comprenez-vous? Parce qu'H
faut adopter tout le programme 3. Alors, je dois suspendre.
Mme Trépanier: On a complété ce qui concerne
la condition féminine, si je comprends bien.
La Présidente (Mme Marois): C'est ça, voilà!
Et on revient, cet après-midi, avec le Secrétariat à la
famille et le Conseil de la famille.
Mme Trépanier: Parfait. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Marois): Alors, on suspend donc le
programme 3, on y reviendra, et on aborde - j'ai toujours bien des
problèmes avec les numéros - le programme 2, mais c'est ce qui
concerne, de toute façon, l'Office des services de garde.
Comme je connais bien les programmes, mais que les numérotations
m'échappent, on va, quand même, s'entendre et savoir de quoi on
discute. Est-ce que vous avez des propos préliminaires ou si on passe
immédiatement aux questions des membres de la commission?
Mme Trépanier: Je n'ai pas de propos préliminaires;
peut-être prendre cinq ou six secondes là pour ajuster mes...
La Présidente (Mme Marois): Certainement. Voulez-vous
qu'on suspende pendant quelques minutes?
Mme Trépanier: Trois ou quatre minutes
peut-être.
La Présidente (Mme Marois): On va suspendre pendant trois
ou quatre minutes.
Mme Trépanier: Parfait. (Suspension de la séance
à 11 h 50)
(Reprise à 11 h 56)
La Présidente (Mme Marois): Nous allons reprendre nos
travaux et souhaiter la bienvenue aux personnes qui représentent
l'Office des services de garde, qui accompagnent la ministre. Alors,
peut-être nous les présenter, comme on a
procédé...
Office des services de garde à
l'enfance
Mme Trépanier: Oui. Alors, Mme Nicole Marcotte, qui est la
présidente de l'Office des services de garde, et M. Labrosse, qui est le
secrétaire général de l'Office.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Alors, bienvenue.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière, s'il vous
plaît.
Régimes d'assurance collective pour les
employés de garderie
Mme Carrier-Perreault: Ça me fait plaisir de saluer la
présidente de l'Office et ses collaborateurs. Moi, j'aurais, tout
d'abord, une petite mise au point à faire concernant le discours
préliminaire et les notes préliminaires de Mme la ministre tout
à l'heure, quand elle nous disait que, bon, le gouvernement a
confié les pouvoirs nécessaires pour être preneur aux
régimes d'assurance collective et de congés de maternité
à l'intention des employés de garderie. Disons qu'il faut, quand
même, tenir compte qu'on parle vraiment des services de garde en
garderie...
Une voix: Oui.
Mme Carrier-Perreault:... et que ce plan d'assurance collective,
évidemment, exclut les agences, d'une part, exclut aussi la garde en
milieu scolaire, parce que tout ce monde-là s'était donné,
quand même, des assurances collectives. Le fait d'en sortir un groupe
important comme celui-là, bien, on sait que ça a eu pour effet
d'augmenter... C'est peut-être profitable pour les services de garde en
garderie, mais, par ailleurs, du côté des agences et du
côté de la garde en milieu scolaire, disons qu'il y a eu une
augmentation de 40 %, pour cette année, du régime actuel par
rapport à ce qui était payé antérieurement. Alors,
c'est juste pour vous dire que c'est, quand même, un petit peu difficile
dans ces deux secteurs-là. Et j'aimerais bien ça savoir si,
à un moment donné, on va considérer aussi les autres modes
de garde dans la façon de mettre sur pied des régimes de ce
genre-là pour les assurances collectives. Est-ce qu'il y a des
intentions à ce niveau-là du côté de la ministre
pour les services de garde en milieu scolaire et pour les agences?
Mme Trépanier: Bon, alors, je peux vous parler de
l'intégration du personnel des agences spécifiquement, dans un
premier temps, parce que les travaux sont plus avancés. On sait que les
agences de services de garde en milieu familial ont mandaté leur
regroupement pour qu'il entreprenne les démarches nécessaires
pour intégrer le personnel aux régimes d'assurance collective et
de congés de maternité. Ça, c'est pour les travailleurs,
le personnel oeuvrant en garderie. Basée sur les données
produites par le regroupement des agences de services de garde en milieu
familial, une demande d'évaluation fut présentée à
la SSQ, mutuelle d'assurance-groupe, à l'effet d'intégrer le
personnel des agences sur les primes. L'évaluation actuarielle de
l'assureur a confirmé que cette intégration n'entraînerait
aucune modification des conditions contractuelles du présent
régime. Alors, une demande d'intégration fut
présentée au secrétariat du Conseil du trésor,
précisant le budget requis pour concrétiser ce projet. Le
coût s'élève à 104 100 $ pour l'exercice financier
se terminant le 31 mai 1992. Alors, les travaux en sont là. Nous
attendons l'avis officiel du secrétariat du Conseil du
trésor concernant l'inclusion des éducateurs dans les
agences.
Mme Carrier-Perreault: Mais, pour la garde en milieu scolaire,
est-ce qu'il y a quelque chose qui est fait de ce
côté-là?
Mme Trépanier: Dans la garde en milieu scolaire, le
phénomène est tout à fait différent, parce que
c'est du personnel syndiqué de commissions scolaires et, s'il devait y
avoir éventuellement reconnaissance, ça passerait par leur
réseau et non par un régime privé d'assurance pour les
garderies.
Mme Carrier-Perreault: Là, ce que vous êtes en train
de nous dire, c'est que les garderies en milieu scolaire sont du personnel de
commission scolaire et que vous n'avez pas l'intention de...
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: ...vous en occuper à ce
niveau-là.
Mme Trépanier: Si vous me le permettez, Mme la
Présidente, je vais demander à Mme la présidente de
répondre de façon plus explicite.
La Présidente (Mme Marois): Vous pouvez y aller, Mme la
présidente de l'Office.
Mme Marcotte (Nicole): Effectivement, comme le personnel des
services de garde en milieu scolaire relève des commissions scolaires,
s'il devait y avoir une participation quelconque à un régime
d'assurance collective, on devrait travailler à ce que ce soit par le
biais du réseau existant, puisqu'il s'agit des employés des
commissions scolaires. À cet effet, on peut entrevoir, dans l'avenir,
d'évaluer la situation avec le milieu scolaire pour la question des
assurances collectives, mais, dans l'immédiat, ça ne serait
sûrement pas la meilleure solution de les faire passer à
l'intérieur du régime prévu pour les garderies et,
éventuellement, les agences qui sont des corporations privées
dont le régime a été conçu à ces
fins-là. Alors, ce n'est pas de dire qu'on n'entrevoit pas de demandes
ni de démarches visant à une reconnaissance au niveau des
programmes d'assurance dans ce secteur-là, mais c'est bien de faire
valoir qu'il ne peut s'agir du même régime qui vise exclusivement
les services de garde qui sont des corporations privées, alors que, dans
le scolaire, il s'agit d'un personnel qui relève des commissions
scolaires et on sait que, dans le milieu de l'éducation, il existe de
nombreux régimes d'assurance qui pourraient probablement être
adaptés à la situation du personnel qui y travaille.
Maintenant, j'aimerais peut-être juste préciser que,
concernant les agences des services de garde en milieu familial, ce n'est pas
une volonté au départ d'avoir voulu les exclure. Je trouve
important de le préciser parce que, aujourd'hui, ça peut sembler
un petit peu odieux de regarder ça et de dire: Le personnel n'est pas
admissible à ce régime d'assurance collective. On se rappellera
que c'est à la suite d'une entente qui avait été conclue
avec la CSN et à la base de laquelle on devait prioritairement discuter
des questions de la formation du personnel, des exigences reliées
à la formation du personnel en garderie. Il y avait un deuxième
mandat qui était d'évaluer la pertinence ou les coûts
probables d'un régime d'assurance et c'est par la suite qu'on en est
venu à débloquer des ressources financières. Donc, je peux
comprendre qu'à ce moment-là ni les agences ni les personnes
n'aient demandé d'être représentées à cette
table.
Mme Carrier-Perreault: Je pense qu'il faudrait peut-être
qu'il y ait des communications entre le regroupement, si on veut, et vous
autres, et qu'il y ait des explications. En tout cas, il y a peut-être
des choses à éclaircir à certains niveaux, on pourra y
revenir.
Crédits périmés et manque de
places en garderie
Moi, je passerais maintenant à certaines questions très
précises concernant, entre autres, l'état du budget, si on veut.
Je remarque que, cette année, aux services de garde à l'enfance,
à l'Office comme tel, on a périmé 6 987 400 $. Ça,
c'était le budget; il y avait un budget prévu, l'an dernier, de
152 518 000 $ et on a dépensé 145 000 000 $, alors ça fait
6 987 400 $ de périmés. Disons qu'on sait qu'il y a beaucoup de
demandes. On sait que, présentement - et on en a parlé au
début - on n'arrive pas à donner le nombre de places auquel on
s'était engagé; on ne débloque pas le nombre de places,
comme on s'était engagé à le faire dans la politique. On
sait qu'H y a des gens qui attendent après des services. Comment est-ce
possible que ces sommes d'argent, qui sont allouées en début
d'année à l'Office des services de garde, on ne réussisse
pas à les dépenser?
La Présidente (Mme Marois): Mme la ministre.
Mme Trépanier: Oui. Je vais vous faire un commentaire et,
ensuite, demander à Mme Marcotte d'expliquer les périmés
tels qu'ils sont. Ce dont il est important de se souvenir, c'est que,
malgré la conjoncture économique où on a demandé,
en plus, un effort de rationalisation important des dépenses publiques,
la priorité gouvernementale concernant les services de garde s'est
maintenue et on a, quand même, un budget majoré cette année
3 000 000 $. Ça, c'est absolument important de s'en souvenir. Ce que
nous avons voulu faire, c'est protéger les services existants dans la
plus grande mesure,
accorder de la stabilité dans le soutien, dans
l'exonération aux parents. Parce que vous laissiez entendre, dans vos
remarques préliminaires, qu'il y avait eu des diminutions de budget au
niveau de l'Office en général, à moins que j'aie mal
compris. Vous me faites signe que non. Peut-être ai-je mal compris, mais
je veux que ce soit bien clair - je m'en excuse si j'ai fait une erreur - il y
a eu une augmentation de quelque 3 000 000 $ au niveau du budget.
Quant aux périmés, ils sont explicables, entre guillemets,
et je demanderai à Mme Marcotte de nous fournir l'explication.
Mme Marcotte: D'abord, j'aimerais préciser qu'au niveau
des crédits périmés, dans l'histoire de l'Office, ce n'est
pas la première année qu'il y a des crédits
périmés et ça s'explique d'une façon très
simple. Quand on pense aux services de garde, on pense à des subventions
diverses qui sont rattachées à des opérations qui peuvent
fluctuer dans le temps. Alors, au moment où l'Office établit ses
budgets, il y va toujours sur une certaine probabilité de dire: Bon, si,
par exemple, tous les services de garde viennent chercher la subvention
maximale à laquelle ils ont droit, on a besoin de crédits x.
Donc, ça, ce n'est pas nouveau. Chaque année, il y a, quand
même, un pourcentage de crédits périmés, à
l'Office, qui tourne autour de 3 % à 5 %. Je pense que c'est dans la
normalité des choses. L'Office ne fait pas de différences par
rapport à ça.
Là où ça peut paraître surprenant
effectivement, dans un secteur où on dit qu'il manque beaucoup de places
et beaucoup de services, c'est qu'on soit obligés de périmer des
crédits. Sauf que, là encore, l'Office est un organisme
gouvernemental et qu'il doit se soumettre aux règles qui existent
partout au gouvernement. À cet effet-là, l'Office n'a pas la
marge de manoeuvre de dire: Bon, on prévoit 3 000 000 $ de surplus dans
l'exonération financière qui est un programme, soit dit en
passant, excessivement difficile à prévoir avec justesse puisque
ça fluctue en fonction du contexte économique, en fonction d'un
ensemble de facteurs. Donc, si l'on veut être capable d'avoir
suffisamment d'argent pour couvrir éventuellement toutes les demandes,
l'Office n'a pas le choix de prévoir un peu plus.
D'un autre côté, on ne peut pas, nous, à la fin de
l'année ou en cours d'exercice, dire: On va changer les règles de
fonctionnement parce qu'on s'attend à avoir un surplus de budget dans
tel secteur. On ne peut pas dire: On va donner un peu plus pour les poupons ou
on va développer un peu plus. Je pense que vous êtes conscients
qu'on n'a pas cette marge de manoeuvre, ce qui explique qu'on a des
périmés.
Maintenant, les périmés, on les retrouve principalement au
programme de l'exonération financière. Je vous ai
mentionné tout à l'heure que c'était l'un des programmes
où, effective- ment, c'était très difficile de
prévoir avec exactitude le montant requis et, de façon
générale, on en a prévu un petit peu plus que moins. Il
est arrivé des années où ça a été le
contraire et où il a fallu demander des transferts dans d'autres
enveloppes.
L'autre secteur où l'on observe des crédits
périmés, c'est dans le nouveau programme concernant les milieux
défavorisés. Il s'agissait, l'année passée, d'un
budget de 300 000 $ qui avait été réservé à
cette fin. Comme le programme a été mis en place dans le courant
de l'année, avant qu'il soit connu, etc., bien, la première
année, il arrive qu'il y a eu des périmés dans ce
secteur-là. Également, au niveau de la subvention pour
l'assurance collective et les congés de maternité, comme il
s'agissait d'une première année du programme, on a dû
prévoir une adhésion à peu près, quand même,
maximale. Dans les faits, elle a été un peu en deçà
de ce qu'on avait prévu, même si on a eu un taux de participation
très élevé.
Au niveau de l'implantation, chaque année, on prévoit les
budgets en prévision des places autorisées, sauf
qu'historiquement il y a toujours un grand nombre de places qui sont
reportées d'une année à l'autre et, à ce
moment-là, les budgets sont périmés une année et
puis on recommence le processus. Mais ce qu'il est important de comprendre dans
le cas de l'implantation, c'est qu'une fois que les places ont
été annoncées et données, même s'il y a des
périmés, le processus est déjà enclenché et
les places continuent à se concrétiser. Donc, les budgets sont
reportés dans une autre année. il y a également les
subventions accordées aux garderies à but lucratif, qui ne sont
pas venues chercher dans une proportion aussi grande qu'attendu les subventions
à la formation, les subventions aux poupons, aux handicapés et
les subventions pour le régime d'assurance collective. Alors, c'est ce
qui explique l'écart important entre les crédits annoncés
et les crédits réellement dépensés dans un
contexte, comme je vous le répétais, où on n'a pas la
marge de manoeuvre pour affecter les crédits ailleurs, puisqu'on s'est
vu, quand même, imposer des gels, en cours de route, de quelques millions
de dollars également.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
députée.
Mme Carrier-Perreault: Oui. Bien, disons que je trouve ça
assez difficile à comprendre pareil. J'ai de la misère à
accepter le phénomène et je pense que, dans le milieu comme tel,
ce n'est pas facilement acceptable. On manque de places, on manque d'argent et,
pourtant, on réussit à périmer, quand même, un
montant assez important.
Tantôt, quand je parlais, Mme la ministre me disait: Vous avez
dit, dans votre exposé,
qu'on ne donnait pas suffisamment d'argent et tout ça, que les
budgets n'avaient pas augmenté. Ce que j'ai dit, c'est qu'il y avait un
écart entre les budgets qui avaient été avances et promis
dans l'énoncé de politique et les budgets qui sont alloués
aujourd'hui. Quand on regarde les chiffres dans l'énoncé de
politique, écoutez, l'an dernier, aux prédits, au lieu de 152 000
000 $, on aurait dû, voir 170 000 000. $. On se rend compte, en bout de
ligne, qu'on a dépensé 145 000 000 $. Eh bien, mon Dieu! je veux
bien croire qu'on a reporté les budgets, mais les crédits
périmés, on ne les retrouve plus, ces budgets-là.
Ça retourne au fonds consolidé, c'est fini. On peut reporter un
budget pour l'an prochain, mais on ne les a pas en surplus, les
périmés. Je me dis que, selon l'énoncé, on aurait
dû avoir 170 000 000 $ l'an passé et qu'on n'a réussi
qu'à en dépenser 145 000 000 $. Il y a comme un
problème.
Mme Trépanier: Mme la députée, je voudrais
répondre à cette... Mme la Présidente. Je m'excuse. C'est
l'heure.
La Présidente (Mme Marois): Ça va. Il n'y a pas de
problème.
Mme Trépanier: Je voudrais vous dire deux choses à
cet effet-là, parce que j'ai pris connaissance du communiqué que
vous venez d'émettre. C'est partir sur des prémisses un peu
biaisées que de parler... Et c'est un peu, entre guillemets,
peut-être de bonne guerre, mais disons que ce n'est pas tout à
fait véridique et que ça ne donnera pas le vrai portrait, entre
guillemets, des choses que de partir de la politique et de ne pas dire qu'il y
a eu entretemps te désistement du fédéral, d'une part, et,
d'autre part, qu'il y a eu la conjoncture économique que nous
connaissons.
Alors, si on repart de 1988, lors de l'énoncé de
politique, vous vous souviendrez très bien que le gouvernement
fédéral s'est désisté trois semaines à peu
près... La politique a été énoncée et le
gouvernement fédéral s'est désisté quelques
semaines avant le budget provincial. Le budget provincial du moment avait alors
été majoré de 28 000 000 $ au niveau des services de garde
pour permettre à la ministre de l'époque d'avancer avec sa
politique des services de garde.
La conjoncture économique, maintenant, étant ce qu'elle
est, je vous ai dit aussi tout à l'heure que, malgré tout, nous
avions absolument voulu que le budget continue à augmenter. Il ne faut
pas oublier ça et il ne faut pas oublier une autre chose, c'est qu'au
niveau des budgets là, quand on parle des périmés, il
serait aussi irresponsable pour nous... Vous savez comment fonctionne le
système: toute garderie ou toute place de garde disponible au
Québec peut recevoir de l'exonération financière parce que
ça fonctionne d'après le revenu des parents. Alors, il est
évident, comme vous dites, qu'on manque de places dans certaines
régions, c'est vrai. Il faut continuer à développer, c'est
vrai. Mais, pour le système que nous avons présentement, nous
devons être responsables et prévoir les budgets
nécessaires, si nécessaire. Alors, c'est comme ça que
l'Office se doit, en gestionnaire responsable, de prévoir un certain
Budget pour l'exonération qu'il n'a pas dépensé l'an
passé, mais on ne sait pas d'une année à l'autre,
ça fluctue et il faut que les gens soient prévoyants.
C'est comme ça qu'on arrive avec un périmé et c'est
dans tous les programmes d'exonération où ça se
produit.
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que vous ne pouvez pas
procéder à des virements à ce moment-là?
Mme Trépanier: Pardon? (12 h 15)
La Présidente (Mme Marois): Est-ce que vous ne pouvez pas
procéder à des virements vers soit le développement de
nouvelles places ou d'autres éléments de vos activités?
Parce que, quand on a un budget, il est divisé, évidemment, entre
les différents services que l'on veut couvrir, selon que c'est le
personnel, l'exonération, la subvention directe à la garderie ou
peu importe. Et, lorsqu'on constate que certains budgets ne se dépensent
pas au rythme où c'était prévu, on peut proposer des
virements, c'est-à-dire prendre les fonds qui étaient
alloués à cet item-là dans notre budget et les orienter
vers un autre Item.
Mme Marcotte: Effectivement, quand je suis arrivée
à l'Office, j'ai appris que ça ne se passait pas comme ça,
justement parce que les places sont fonction de budgets récurrents.
Toute subvention qui est fonction de budgets récurrents ne peut faire
l'objet d'un transfert automatique d'une enveloppe à une autre.
Deuxièmement, le gouvernement, probablement dans sa grande sagesse et
pour se protéger de gestes comme ceux-là, oblige les organismes
à présenter des modifications de leurs circulaires et de leurs
règles administratives s'ils veulent procéder de la sorte, et il
arrive généralement qu'on ne puisse pas le faire puisque
ça entraîne des coûts à d'autres niveaux. C'est comme
si, par exemple, on disait: On va développer une garderie de plus parce
qu'on a des crédits périmés là. Vous savez que
ça va entraîner des budgets récurrents de fonctionnement
additionnels non prévus sur les années. Alors, c'est
évident que le gouvernement n'accepte pas que l'Office fonctionne comme
ça, ce qui serait une exception dans le fonctionnement du gouvernement,
de toute façon.
Alors, c'est la raison pour laquelle on ne peut pas le faire.
Maintenant, moi, j'aimerais rappeler que le pourcentage de
périmés est, quand même, à un niveau relativement
acceptable compte tenu des circonstances.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Je vous suis
jusqu'à un certain point. C'est-à-dire que l'Office ne peut pas
le faire sans une autorisation, bien sûr, des autorités de
contrôle, qu'il s'agisse du Conseil du trésor ou du Conseil des
ministres, mais cela est possible cependant, d'accord. Je comprends que
l'Office ne peut pas le faire de son propre chef sans avoir obtenu les
autorisations nécessaires, soit au Conseil ou ailleurs, mais il peut,
cependant, prendre l'initiative de proposer ces virements-là?
Mme Trépanier: C'est une question que vous me posez?
La Présidente (Mme Marois): C'est-à-dire que je
veux qu'on se comprenne bien.
Mme Trépanier: Oui, c'est ça.
La Présidente (Mme Marois): Et si on ne me contredit pas,
ça veut dire que c'est le processus normal que l'on peut suivre. Mais je
suis d'accord avec la première partie de l'intervention qu'on ne peut
pas décider, parce qu'on pense que c'est intéressant, que c'est
même souhaitable, nécessaire et qu'il y a des demandes, de virer
des fonds sans avoir préalablement les autorisations. Surtout quand
l'effet est récurrent, ça les demande, bien sûr. Mais, en
les demandant, c'est possible de le faire en cours d'année.
Mme Marcotte: Écoutez, je peux vous dire que l'Office, Mme
la Présidente, fait et achemine les demandes dans l'intérêt
de tous les services de garde et de la population et qu'à ce jour on n'a
pas réussi à obtenir, de façon automatique, des
transferts. Mais je dois dire qu'il est arrivé qu'on obtienne,
effectivement, qu'on augmente des enveloppes qui étaient
inférieures aux prévisions, parce qu'on avait sous-estimé
la dépense et ainsi de suite. Dans d'autres cas, on a refusé,
simplement à cause de l'effet récurrent sur plusieurs
années. Donc, vous avez raison, dans le processus, c'est faisable. La
preuve, c'est qu'il arrive qu'on le fasse dans certains budgets.
La Présidente (Mme Marois): D'accord. Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Disons que, pour revenir à ces
budgets-là, est-ce que l'Office prévoit, cette année,
pouvoir dépenser les 155 000 000 $ qui sont alloués? Parce qu'on
a une légère augmentation, quand même, en tout cas, on a
155 000 000 $ à dépenser cette année. Est-ce que,
normalement, cette année, vous prévoyez que vous allez entrer
dans vos dépenses?
Autre chose, la ministre me disait tout à l'heure que
c'était partir sur de fausses prémisses, que, par rapport au
communiqué, on n'avait pas tenu compte du retrait du
fédéral. Sauf, que je pense que ce qui est arrivé,
à toutes fins pratiques, c'est qu'il n'y a pas eu vraiment de
changements dans les montants du fédéral. C'était un
engagement supplémentaire auquel il s'était engagé, mais
les montants qu'il donne aujourd'hui sont comparables aux montants qu'il
donnait entre 1985 et... En fait, c'est le même genre d'engagement qu'il
y avait dans les trois années précédant la politique de
1988 et c'est ce que j'ai mentionné dans mon communiqué, je ne
peux pas dire autre chose. C'est qu'entre 1985 et 1988 on a
développé 22 663 places et, à partir de 1988 jusqu'en
1991, on parle de 16 834 places. C'est sûr, on dit que le gouvernement
s'est désengagé, mais il n'y a pas eu de changement, finalement.
Il s'est désengagé d'un engagement supplémentaire qu'il
avait pris et qu'il n'a pas rencontré. C'est un peu ça.
La Présidente (Mme Marois): Mme la ministre.
Mme Trépanier: Je pense qu'il y a une
incompréhension à deux niveaux. Premièrement, vous avez
mentionné: De fausses prémisses. Ce que j'ai dit, c'est que vous
aviez évacué l'éclairage du temps, qui était la
participation du gouvernement fédéral, et je vais demander
à Mme Marcotte de vous expliquer en quoi ça a influencé la
politique. Et ça a influencé énormément la
politique. C'est ça que j'ai voulu dire. C'est que, quand on a
annoncé la politique, il y avait toujours la participation du
fédéral, d'une part, et, d'autre part, il y a la conjoncture
qu'on vit présentement en plus. Alors, c'est juste ça que je
voulais dire.
Quant à la participation du fédéral et à
l'impact sur le développement des services de garde au Québec, je
vais demander à Mme Marcotte d'expliquer.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
présidente.
Mme Marcotte: on se souviendra qu'au moment où est sortie
la politique, quelque temps avant, le fédéral avait
annoncé sa politique. il prévoyait rembourser aux provinces 50 %
des coûts d'opération, de fonctionnement des services de garde et
couvrir jusqu'à 75 % des coûts d'implantation des garderies sans
but lucratif, ce qui était un investissement beaucoup plus important que
le cadre actuel du régime d'assistance publique du canada qui couvre 50
% des programmes d'exonération financière et 50 % des
dépenses de fonctionnement, dans la proportion des clientèles
exonérées, excluant jusqu'en février dernier la
clientèle du milieu scolaire et excluant toujours la clientèle
exonérée qui fréquente les services de garde à but
lucratif.
Alors, quand le gouvernement fédéral a retiré son
programme, c'est évident qu'il y avait un manque à gagner
important. Il faut, à ce
moment-là, se replacer en mai 1989, quand, après la
commission parlementaire, le gouvernement a accepté ces orientations
politiques. C'est sur cette base-là que l'Office développe
actuellement les places. J'aimerais rappeler, quant au nombre des places, quand
on fait référence, dans le communiqué, à 22 000
places et que vous dites qu'il y en a maintenant 16 000, c'est possible que ces
chiffres-là soient exacts. Mais j'aimerais attirer votre attention sur
le fait que, quand vous avez comparé, au niveau du scolaire, les quelque
1000 nouvelles places ouvertes l'an dernier, vous n'avez pas tenu compte des
augmentations de capacité qui totalisent au-delà de 3500
places-enfants ni des places occupées par des enfants qui
fréquentent les services de garde moins de trois jours par semaine, qui
totalisent au-delà de 5000 places. Donc, quand vous comparez 1100 places
environ à 7000 ou 8000 places antérieurement, vous ne comparez
pas les mêmes choses.
Je pense qu'au niveau du scolaire je peux vous donner l'assurance - et
on pourra vous fournir les chiffres à l'appui - que les places en milieu
scolaire se sont développées au même rythme qu'elles
avaient été prévues, c'est-à-dire selon les
prévisions, et qu'il n'y a eu aucun arrêt de ce
côté-là. Au contraire, on a maintenu le rythme de
développement et on est au même niveau que l'année de
référence qu'on donnait dans le communiqué, ce qui fait
que la moyenne des places que vous mentionnez par la suite peut peut-être
être inférieure à la réalité, ce que je
pourrai vérifier plus tard. Pour le moment, on n'a pas eu le temps de le
vérifier, mais je crois que, si on prend les mêmes
éléments, on va avoir une moyenne de places qui est beaucoup plus
élevée.
Moi, je peux vous assurer que l'Office a reçu l'autorisation, en
1989-1990, en 1990-1991 et en 1991-1992, de développer, annuellement,
6208 places et que l'Office confirme, aux promoteurs et dans chaque
catégorie de services de garde, le nombre de places qu'il a
été autorisé à développer et que, si,
à cause des délais d'implantation, les places ne peuvent pas se
développer dans l'année parce que ça prend quelquefois
jusqu'à 18 mois, et ça, c'est une question de suivre le rythme
des groupes promoteurs, bien, à ce moment-là, H est possible que
certaines places qui ont été allouées en 1990-1991 se
développent en 1991-1992, mais les places autorisées sont toutes
des places qui ont été développées.
D'ailleurs, on pourra peut-être revoir les places
développées, mais cette année, entre autres, en 1990-1991,
on a développé la totalité des places en services de garde
qui avaient été promises. Même que ça se traduit par
au-delà de 3500 enfants qui fréquentent les services sur une base
de plus de trois jours par semaine. Et, comme je vous le disais, ça
inclut les 5000 autres enfants qui peuvent y aller sur une base occasionnelle,
donc moins de trois jours. On a également, au niveau des agences,
développé la presque totalité des places. Au moment
où on se parle, il reste 38 places qui sont en train de se finaliser en
augmentation de capacité.
Au niveau des garderies, on a développé l'ensemble des
places qui découlaient des dernières années du plan de
1988-1989. On en a développé un certain nombre qui
découlent de l'année 1989-1990 et une autre quantité qui
vient de l'année 1990-1991, pour un total de 1657 places en garderie, et
on va continuer comme ça le processus. L'an prochain, on va retrouver
des places de 1989-1990, 1990-1991 et 1991-1992.
La Présidente (Mme Marois): d'accord, merci, mme la
présidente. je pense qu'il y avait le député de verdun qui
voulait poser une question...
M. Gautrin: Bien, je pense que j'en ai plusieurs et puis
après on reviendra là-dessus.
La Présidente (Mme Marois): ...et puis madame-
Analyse de la qualité des services de
garde
M. Gautrin: Je vais revenir sur un dossier qui est celui de la
qualité des services de garde. L'Office, si je comprends bien, a
commencé à mettre sur pied une grille d'analyse pour analyser la
qualité dans les services de garde. Vous en avez parié
l'année dernière au débat sur les crédits. Je
voudrais savoir où vous en êtes rendus dans la grille d'analyse
sur la qualité des services de garde, qu'est-ce que ça donne et
où vous en êtes dans cette évaluation.
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la
présidente.
Mme Marcotte: Alors, l'Office a mis en place, il y a
déjà plusieurs mois, un comité de travail, qui
était formé de représentants des membres de l'Office, de
représentants des milieux de formation et du milieu des services de
garde, donc des garderies, pour étudier un document visant à
développer un outil d'évaluation de la qualité des
services de garde en garderie.
M. Gautrin: En garderie ou dans l'ensemble des services de
garde?
Mme Marcotte: Pour les garderies, dans un premier temps. Il
s'agit d'une adaptation d'un document qui est passablement avancée.
Pourquoi, justement, ça vise les garderies? C'est qu'on a choisi de
cibler ce secteur-là parce qu'il existe très peu d'outils
d'évaluation de la qualité. Quand on parle de la qualité
à ce niveau-ci, on parle non pas de choses qui se mesurent bien comme
l'espace, l'éclairage, mais bien des interventions auprès des
enfants. Alors, comme il
n'existe à peu près pas d'instruments de mesure dans le
cadre d'évaluation de la qualité des services de garde en
garderie, on a regardé, à l'Office, ce qui existait, et,
effectivement, il existait un outil américain qui pouvait s'adapter. La
traduction a été faite et, dans le moment, on en est à une
expérimentation, si on veut, pour voir comment l'outil peut s'adapter
aux services de garde comme tels et est-ce que son utilisation convient ou
est-ce qu'il faut faire des corrections. (12 h 30)
Alors, c'est un travail considérable qui s'est
échelonné sur au-delà d'une année de travail et qui
devrait connaître un aboutissement au cours de l'automne prochain. Donc,
il s'agit quand même d'un outil important, je pense, pour le dossier des
services de garde, puisque ce sera le premier qui sera développé
au niveau des garderies. Je n'ai pas comme impression qu'il en existe dans
d'autres secteurs.
M. Gautrin: Toujours sur cette question-là, est-ce qu'une
fois que l'outil va être développé vous allez l'appliquer
à toutes les garderies pour avoir une idée de la qualité
de chacune des garderies?
Mme Marcotte: II s'agit d'un outil d'évaluation, d'un
outil de soutien. L'Office, dans un premier temps, ne vise pas à imposer
l'utilisation de cet outil-là à l'ensemble des garderies parce
que c'est important de voir que, pour utiliser ce genre d'instrument, il faut,
d'abord, avoir un minimum de volonté de vouloir le faire, de se donner
la peine de bien mesurer la façon de l'utiliser. Donc, ce n'est pas un
outil que l'Office veut imposer et je ne crois pas que ce soit utile de le
faire. D'habitude, le personnel qui oeuvre dans les services de garde est
très soucieux de faire ce genre de travail là.
J'aimerais préciser, parce que vous avez mentionné: Est-ce
que ce n'est que pour les garderies? que, dans le moment, on est en cours de
traduction d'un outil d'évaluation qui a été produit par
Harms et Clifford et qui devrait éventuellement être disponible
sous peu également.
M. Gautrin: Je vous remercie.
Mme Trépanier: Est-ce que je pourrais ajouter quelque
chose?
La Présidente (Mme Marois): Oui, Mme la ministre.
Mme Trépanier: Ces outils auxquels fait allusion M. le
député de Verdun ont été produits
conformément aux orientations de la politique des services de garde.
C'était une orientation formelle de la politique des services de
garde.
La Présidente (Mme Marois): Merci, Mme la ministre. Alors,
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière. Je pense que la
relève va être prise ici, au fauteuil de la présidence, par
notre collègue de Verdun.
Mme Trépanier: Merci, madame.
La Présidente (Mme Marois): Ça va. C'est moi qui
vous remercie. Alors, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci, Mme la Présidente.
Écoutez, le temps file très vite et j'aimerais ça...
Est-ce que c'est possible d'essayer de répondre assez rapidement aux
questions parce que j'ai des dossiers ici que je tiens absolument à...
Je trouve ça très important qu'on en discute. Je pense, entre
autres, au jugement qui s'est passé lundi sur la garde en milieu
scolaire.
Mme Trépanier: M. le Président, peut-être que
pour rassurer Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière...
Le Président (M. Gautrin): J'arrive. J'arrive.
Mme Trépanier: Alors, est-ce que le changement de
présidence est fait?
Le Président (M. Gautrin): La présidence revient
à la hâte.
Mme Trépanier: Alors, M. le Président, au tout
début de nos travaux, il y a eu un petit retard et on discutait
peut-être d'un petit 15 minutes à reprendre. Vous nous dites,
effectivement, que les dossiers des services de garde sont très
importants et il faut y mettre le temps. Alors, si on peut vous proposer
d'allonger de 10 ou 15 minutes, étant donné qu'on les a perdues,
je suis disposée a le faire.
Le Président (M. Gautrin): Mais pas après 13
heures. C'est-à-dire qu'on reprendrait plus tard.
Mme Trépanier: non. il faudrait que ce soit jusqu'à
13 h 15 parce que, ensuite, il y a une contrainte au niveau de l'office des
services de garde, mais il y a surtout une contrainte au niveau d'un
collègue qui ne peut se présenter ici trop tard, à 15
heures, qui regarde la famille, mais c'est un collègue de l'opposition.
alors, moi, je veux bien...
Le Président (M. Gautrin): Bon, bon, bon.
Mme Trépanier: Peut-être qu'on aura terminé
à 13 heures, aussi. On essaiera d'être...
Mme Carrier-Perreault: Moi, je suis très contente parce
que je pense que c'est vrai que
c'est un dossier important. Si c'est possible d'en discuter au moins
jusqu'à 13 h 15...
Mme Trépanier: Mais c'est la présidence qui a
la...
Le Président (M. Gautrin): Alors, on verra, à 13
heures, où on sera rendu.
Mme Trépanier: O.K.
M. Paradis (Matapédfa): Tout le monde a des
obligations.
M. Beaudin: Moi et mon collègue de Mata-pédia, on a
une obligation à 13 heures; alors, s'il y avait moyen
d'accélérer le plus possible.
Le Président (M. Gautrin): Parce que l'ordre de la
Chambre...
Mme Trépanier: Parfait. Alors, des réponses courtes
et précises.
Le Président (M. Gautrin): ...nous fait ajourner à
13 heures.
Mme Trépanier: O.K. On va essayer de faire ça
rapidement.
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que c'est toujours comme ça
à la Condition féminine?
Mme Trépanier: Qu'il y a une bonne collaboration?
Mme Carrier-Perreault: Parce qu'il me semble qu'on a quand
même des gens à entendre des deux côtés, puis je
remarque que... Non, je trouvais ça... Est-ce que c'est une question...
pour qu'il n'y ait pas possibilité d'allonger jusqu'à 13 h
15?
Le Président (M. Gautrin): Madame, si j'ai compris,
l'ordre de la Chambre nous fait ajourner à 13 heures. Il faut le
consentement unanime des membres de la commission pour prolonger. Pour
l'instant, nous n'avons pas le consentement unanime pour prolonger; on
ajournera donc à 13 heures.
Mme Carrier-Perreault: Je vous remercie, M. le Président.
Alors, moi, je voudrais savoir, d'abord, concernant le jugement qui a eu lieu
lundi... Il y a eu un jugement de cour lundi à l'effet que l'Office
devait donner un permis à une garderie à but lucratif, un permis
qui n'avait pas été accordé. La personne a poursuivi et le
juge a ordonné d'émettre le permis. Moi, ce que je voudrais
savoir, parce que je pense que ce genre de décision la vient changer
quand même certaines règles dans la façon de
procéder de l'Office: est-ce que c'est un cas qui peut faire
jurisprudence? Est-ce que ça pourrait aller, par exemple, jusqu'à
obliger à donner des permis à toutes les garderies à but
lucratif qui rencontrent les normes? J'aimerais vous entendre un petit peu
là-dessus. Est-ce qu'on s'est penchés là-dessus, est-ce
qu'on y a réfléchi?
Mme Trépanier: M. le Président, Mme la
députée adressait sa question à la présidente de
l'Office?
Mme Carrier-Perreault: Oui. C'est ça.
Mme Trépanier: Allez-y, madame.
Le Président (M. Gautrin): Mme Marcotte.
Mme Marcotte: Alors, effectivement, ce jugement qui est sorti
hier et qui ordonne à l'Office, ni plus ni moins, d'émettre sur
demande immédiate le permis à la personne qui avait fait une
demande et une poursuite contre l'Office oblige l'Office, d'une part, à
répondre à l'ordonnance de la Cour et à émettre le
permis. Deuxièmement, les juristes de l'Office sont quand même
à analyser toute la situation parce que vous avez tout à fait
raison: ça peut avoir un impact considérable sur tout le
développement des services de garde au Québec, sur toute la
question de la planification régionale, puisque, lorsqu'on l'avait
introduit dans la loi en juillet 1989, l'article 68.1 visait, dans le fond,
à prévoir et à ordonner le développement des
services de garde. On ne pouvait pas prévoir, à ce
moment-là, qu'on nous dirait que, si on voulait inclure les garderies
à but lucratif dans ça, il fallait le mentionner de façon
explicite.
Alors, c'est évident que ça pose beaucoup de
questionnements à l'Office parce que ça peut impliquer, d'abord,
un développement qui est tout à fait désordonné
où on n'aura plus aucun contrôle. D'autre part, on le sait, il n'y
a pas de service de garde qui peut s'implanter dans le cadre des services
régis par la loi, qui ne coûte rien au gouvernement. Il y a des
subventions qui sont prévues au niveau de l'aide financière aux
parents et d'autres subventions qui sont prévues dans le cas des
garderies à but lucratif. Donc, il est faux de prétendre que
ça ne coûte rien parce que c'est un promoteur à but
lucratif.
D'autre part, probablement que l'Office en appellera de la
décision. Il reste à voir ce qu'on fera dans la période
entre deux, comment on pourra procéder. J'ignore, au moment où on
se parle, si notre appel peut être reçu. Alors, c'est un dossier
qui nous préoccupe énormément et qui a des
conséquences assez importantes. On en fera part, bien sûr,
à Mme la ministre qui verra à l'acheminer au niveau du
gouvernement, à suivre le processus qu'il faut compte tenu des
recommandations qu'on pourrait faire une fois qu'on aura étudié
davantage la situation. Je pense qu'il faut prendre quelques jours pour
bien
mesurer les impacts et ce qu'il faut faire avant de recommander une
action dans ce domaine-là.
Mme Trépanier: J'aimerais peut-être, M. le
Président...
Le Président (M. Gautrin): Madame.
Mme Trépanier: ...préciser que le jugement qui est
concerné s'applique uniquement à ce cas-là. Alors, il
n'implique pas...
Une voix: Pour le moment.
Mme Trépanier: Pour le moment et, si nous allons en appel,
jusqu'au résultat de l'appel.
Mme Carrier-Perreault: Oui, disons que, d'ici à ce que
vous ayez pris une décision d'aller en appel ou pas, c'est sûr que
vous avez un délai où ça crée comme une
jurisprudence, ce genre de jugement là.
Mme Marcotte: Non, c'est-à-dire...
Mme Carrier-Perreault: Est-ce que vous avez l'intention de
prendre la décision rapidement? C'est ça. Il y a peut-être
quelque chose qui m'a échappé.
Mme Marcotte: Oui, écoutez, c'est juste une question que,
nous, on peut bien dire qu'on va aller en appel, mais, au bout de la ligne, il
faut qu'on nous dise: Oui, votre demande est rece-vable, est acceptable. Donc,
oui, on a l'intention d'aller en appel. Et nous, dans le moment, comme on a
l'intention d'aller en appel, on considère qu'on a l'obligation
d'émettre le permis uniquement à la compagnie formée par
le promoteur qui a fait une poursuite et non pas aux autres qui pourraient se
présenter aujourd'hui ou demain, puisqu'on a décidé
d'aller en appel. Sauf qu'il n'en reste pas moins que c'est une question qui
demeure assez complexe pour l'avenir. Il faudra voir comment on procède
pour la régler de façon plus définitive.
Mme Carrier-Perreault: D'accord. Moi, ça va pour cette
question-là.
Le Président (M. Gautrin): Moi, j'aurais une petite
question qui y est un peu liée: les garderies de petite taille sans
permis. Vous avez, dans votre projet, un certain nombre de mesures pour
tâcher de vous occuper de ces cas-là. Où en êtes-vous
dans votre politique pour faire en sorte que les garderies de petite taille
sans permis deviennent des garderies de petite taille avec permis?
Mme Trépanier: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Je fais référence
à votre rapport. C'est à la page 32 de votre rapport.
Mme Trépanier: Alors, le gouvernement a donné
à l'Office le mandat d'expérimenter le développement des
services de garde de petite taille en vue de leur proposer un modèle
mieux adapté à leurs besoins qui sont fort diversifiés et
d'adopter des normes en conséquence pour ce type de services. Pour
orienter cette expérimentation, l'Office a mené, au cours du
printemps et de l'été 1990, une étude auprès de 24
services de petite taille sans permis. Cette étude visait, d'une part,
à mieux connaître l'environnement et le fonctionnement de ces
services, de même que les motivations des gens qui les opèrent et,
d'autre part aussi, à identifier à quels besoins et à
quelles clientèles ces services répondent, et selon quelles
modalités, le nombre d'heures d'ouverture, les coûts, etc.
Alors, le plan d'expérimentation adopté par les membres de
l'Office des services de garde - et ce plan a été adopté
le 7 février 1991 -prévoyait cinq étapes: la
première étape, entreprendre des démarches légales
qui permettront de procéder à l'expérimentation et
d'élaborer les normes et les conditions d'intégration propres aux
services de garde de petite taille; deuxièmement, travailler avec le
ministère du Travail en vue d'adapter la réglementation sur la
sécurité dans les édifices publics à la taille des
services de garde; sélectionner également les services de garde
qui participent à l'expérimentation et faire des ententes avec
eux; quatrième étape, mettre en branle des projets-pilotes,
déterminer les conditions d'expérimentation, procéder
à l'expérimentation; cinquième étape,
déposer un rapport d'évaluation de la qualité, de la
viabilité et des coûts administratifs de ces formules.
Les deux premières étapes ont été
réalisées, soit les démarches légales à
entreprendre et les démarches avec le ministère du Travail en vue
d'adapter la réglementation sur la sécurité dans les
édifices publics. En ce qui concerne le cadre légal
d'expérimentation, plusieurs avenues ont été
proposées, mais elles comprenaient des délais de
réalisation importants puisqu'elles supposaient des modifications
à la Loi sur les services de garde à l'enfance ou au
Règlement sur les services de garde en garderie. En ce qui concerne la
collaboration avec le ministère du Travail, une rencontre a
été tenue avec le ministère le 13 mars dernier. Lors de
cette rencontre, celui-ci nous a clairement indiqué qu'il n'était
disposé à soustraire les services de garde de petite taille
à l'application de la Loi sur la sécurité dans les
édifices publics et du Règlement sur la sécurité
dans les édifices publics que s'il avait l'assurance que l'Office serait
tout aussi exigeant que lui à l'égard de ces services.
Aussi, à la suite de cette rencontre et à sa
demande, l'Office leur a fait parvenir une proposition contenant
l'ensemble des normes de sécurité que l'Office pourrait exiger
des services de garde de petite taille, de 7 à 12 enfants,
aménagés à l'intérieur des résidences
familiales, soit dans un local aménagé à
l'intérieur du sous-sol ou dans une annexe à la résidence.
Quant à l'examen du Règlement sur les services de garde en
garderie, l'examen de chacun des articles a permis de constater que très
peu de modifications pouvaient y être apportées, chacun d'eux
étant essentiel au bon fonctionnement des garderies, de même
qu'à la qualité des services offerts et à la
sécurité des occupants, et ce, quelle que soit la taille.
Alors, le bilan: les résultats des différentes
démarches nous auront permis de cheminer, de confirmer ou de
dépasser certains a priori dans ce dossier. Elles soulèvent, par
ailleurs, l'ampleur des difficultés que pose la recherche de solutions
novatrices en vue de satisfaire les besoins de garde particuliers. À ce
stade-ci, il est retenu de consulter les gens du milieu, les
représentants des garderies et des agences, d'échanger avec eux
sur les résultats obtenus jusqu'ici et d'entreprendre,
subséquemment, s'il y a lieu, les démarches légales nous
permettant de procéder à une expérimentation auprès
de services de garde accueillant jusqu'à 12 enfants en milieu familial,
expérimentation qui devrait s'effectuer sur une période
suffisamment longue pour nous permettre de bien maîtriser tous les
enjeux. Cette proposition sera proposée aux membres de l'Office a sa
réunion du 2 mai prochain.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Garde en milieu scolaire
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Disons que
je voudrais passer maintenant au dossier de la garde scolaire.
Mme Trépanier: La garde?
Mme Carrier-Perreault: La garde en milieu scolaire.
Mme Trépanier: Scolaire, oui.
Mme Carrier-Perreault: La garde scolaire. Écoutez, cette
année, on se rend compte que, de ce côté-là, si on
regarde encore les chiffres de l'énoncé de politique - et je ne
veux pas nécessairement prendre beaucoup de temps à parler des
chiffres parce que, évidemment, II ne nous reste à peu
près pas de temps, il nous reste 15 minutes - on a un gros retard par
rapport à ce qu'était l'engagement et par rapport à ce
qu'on développe présentement. (12 h 45) la présidente de
l'office me disait tout à l'heure qu'il y a toujours des chiffres qui
augmentent par rapport aux nouvelles places. pourtant, moi, j'avais des
chiffres du ministère de l'éducation ici et, depuis 1967-1988,
à chaque année, pour les nouvelles places, le
développement comme tel des enfants réguliers, je regarde les
chiffres et je me rends compte très facile-ment qu'on est en
décroissance. j'ai les chiffres, j'imagine que... je vais vous en donner
quand même quelques-uns, parce que je pense que c'est important de savoir
ça: 5242 en 1987-1988; 4337 en 1988-1989; 3865 en 1989-1990 et, cette
année, j'ai comme chiffre 3546. alors, on se rend compte que, de toute
façon, ça descend. c'est comme une chute, on est en chute de ce
côté-là aussi.
Par rapport aux subventions, bien, écoutez, on s'est rendu compte
que le ministre de l'Éducation avait fait une coupure et je pense, Mme
la ministre, que vous avez sûrement reçu, comme moi et comme
quelques autres, des pétitions très claires à ce
sujet-là, de gens du milieu scolaire qui nous disent très
clairement qu'ils ne veulent pas qu'on coupe sur le dos des enfants, non plus.
Parce que, écoutez, les services de garde, ce n'est pas juste un service
pour accommoder les parents. Je pense qu'un service de garde, ça touche,
d'abord et avant tout, les enfants etque c'est pour leur assurer un
milieu de stabilité, comme on en parlait précédemment.
Alors, on se rend compte qu'il y a une coupure de ce
côté-là, du côté de l'éducation, et
j'imagine que vous êtes en contact avec votre collègue.
Autre chose, on se rend compte que le budget qui est alloué aux
garderies en milieu scolaire cette année chute aussi de 823 000 $; il
était de 6 868 300 $, on tombe à 6 044 700 $; alors, encore une
fois, on a une baisse de ce côté-là, et pour la
première fois. Je pense qu'il faut le dire, c'est une des
premières fois qu'on constate qu'en fait on limite le
développement en milieu scolaire. Pourtant, ces services de garde
là ne répondent toujours qu'à 20 % des besoins de garde et
ces services de garde sont quand même parmi les moins chers. Alors, moi,
je me demande comment ça se fait que, cette année, on en arrive,
par ces mesures-là, à limiter le développement de la garde
en milieu scolaire.
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre.
Mme Trépanier: Oui. Si vous voulez, M. le
Président, je vais répondre à la deuxième partie de
la question de Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière
concernant le resserrement au niveau scolaire et, en ce qui concerne le
développement en général, je demanderais à Mme
Marcotte de le faire par la suite. Alors, il est vrai qu'il y a eu un
réajustement de budget de 6800000$ à 6000000$. Lorsque vous dites
que je dois être au courant de ça, effectivement, les budgets sont
administrés par le ministère de
l'Éducation, mais les critères sont faits en collaboration
avec l'Office des services de garde.
Alors, je vous ai dit, au départ, tout à l'heure, que,
dans l'ensemble des budgets de l'Office, il y avait eu un ajout de 3 000 000 $.
Nous avions comme objectif de maintenir et d'améliorer l'essentiel des
programmes de fonctionnement et d'aide aux parents, et d'assurer
également un certain développement malgré la conjoncture
extrêmement difficile. Ça nous a donné qu'au niveau de
l'exonération financière, des subventions de fonctionnement au
niveau des garderies, des SBL, des agences, il y a eu une indexation au niveau
des enfants handicapés et, au niveau du développement pour cette
année, il est restreint, évidemment, mais nous assurerons quand
même un certain développement dans les divers modes de garde. On
est conscients de la nécessité du développement des
services, mais ça doit se faire dans le respect des régions et
c'est ce à quoi nous avons travaillé le plus cette
année.
Pour revenir au scolaire, on a dit, on a allégué, dans
certaines communications - on a vu des articles de presse et on a eu des
lettres également - qu'il y avait eu une diminution de 25 % dans les
budgets. Je dois rectifier ce chiffre. Il n'y a pas eu une diminution de 25 %,
mais il y a eu une diminution de 11 % du budget et ça s'explique
principalement par le remplacement de la subvention de fonctionnement
allouée. Auparavant, vous aviez une subvention de fonctionnement
allouée pour les 50 premiers enfants, qui était de 200 $, et,
pour les suivants, de 150 $. Maintenant, nous avons resserré ces
critères-là; ils seront dorénavant de 150 $ par enfant et
c'est là qu'il y a une diminution. Je le constate, mais c'était
les concessions que nous devions faire. Nous avions des choix déchirants
à faire et nous avons voulu avant tout protéger
l'exonération financière, le soutien financier aux parents.
Donc, le fonctionnement, c'est 150 $ par enfant, par année. Dans
les milieux défavorisés, il y a un 125 $ par enfant, par
année, supplémentaire. C'est maintenu... Non, c'est
supplémentaire aux 150 $, mais c'est la même chose que l'an
passé. Il n'y a pas eu de diminution là-dedans. Au niveau des
enfants handicapés également, le premier enfant, c'est 700 $,
comme les années passées, le deuxième enfant, 600 $, et
les autres enfants, 500 $.
Concernant toutes les autres subventions, elles restent là.
Alors, la subvention de démarrage, elle est à 4500 $ par projet,
elle est maintenue. Cependant, les critères ont été
resserrés quelque peu. Maintenant, lorsqu'il y a un potentiel de 15
enfants, on peut ouvrir un service de garde. Auparavant, c'était de 10
à 15. On n'a pas besoin d'avoir des inscriptions là, c'est un
potentiel envisageable. Et il n'y a pas une commission scolaire qui, selon les
dires de nombreuses personnes des commissions scolaires elles-mêmes, peut
envisager un service viable avec moins de 10 enfants, et j'irais même
jusqu'à dire moins de 15. Alors, nous pensons que c'est quand même
réaliste et pas trop pénalisant.
Pour les fins administratives et budgétaires, le nombre de
services dont on a prévu le démarrage en 1991-1992 a
été estimé à 30. Ce qui est important - et
ça je l'avais dit à la rencontre des groupes familiaux et
ça a quand même sorti de façon un peu, je pense,
erronée dans les communiqués de presse - c'est qu'en septembre
l'Office s'est engagé à réévaluer, avec le
ministère de l'Éducation, le nombre de demandes réelles
afin d'ajuster les crédits, s'il y a lieu. Alors, si on juge qu'il y a
35 projets qui devraient être ouverts, il y a une assurance de
réajustement. Alors comme, par le passé, jamais un projet
scolaire qui répondait aux normes n'a été refusé,
il est fort probable que cette politique continue pour l'avenir.
Alors, tous les budgets de l'Office ont été
resserrés afin d'éviter des budgets au-delà des besoins,
un peu pour réprimer ou diminuer le problème des
périmés de tout à l'heure, quand vous disiez: On se
retrouve avec des périmés, allez-vous les dépenser cette
année? Bien, c'est un peu ça qu'on a voulu faire dans ce
domaine-là. Au lieu de dire: Bon, peut-être qu'il va y avoir 50
projets, on périmera, on a dit: C'est sûr qu'il va y en avoir 30,
parce qu'ils sont déjà signés, ces projets-là, ou
engagés, et on s'engage à revenir au ministère de
l'Éducation pour évaluer la possibilité d'autres projets.
Alors, ce n'est pas notre intention de restreindre le développement en
milieu scolaire.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Mme Trépanier:
Ensuite, pour terminer...
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre, compte tenu
des contraintes de temps...
Mme Trépanier: Deux secondes. N'oublions pas que, dans le
milieu scolaire, quand vous parlez de places, là, ce ne sont pas des
places, ce sont des enfants, parce que c'est un minimum de places, mais on
accepte les enfants qui viennent. Alors, ça dépasse toujours le
nombre de places prévu. Et, quand on parte de nouvelles écoles,
on ne parle pas d'augmentation de capacité, non plus, ce qui arrive de
façon régulière. Alors, quand on fait une nomenclature des
chiffres, quand on donne un total, il faut que ce soit tout
considéré. Le dernier point: en plus, une enveloppe
budgétaire est réservée pour permettre la construction
d'un local pour la garde en milieu scolaire lors de la construction ou de la
rénovation majeure d'écoles. 20 nouveaux projets ont
été autorisés cette année par l'Office.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. Mme la
députée des Chutes-de-la-
Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Écoutez, c'est parce que je
comprends tout ça. La ministre me dit: On a été
obligés de resserrer. La ministre admet qu'il y a eu des coupures,
effectivement. Par contre, le budget de l'Office a quand même
augmenté cette année; il est quand môme plus haut que l'an
dernier et on coupe. C'est indéniable qu'a y a une coupure au niveau
scolaire. On vient limiter le développement des garderies en milieu
scolaire et, moi, dans mon esprit, je trouve que c'est absolument inadmissible
parce que c'est très efficace, c'est très économique, les
garderies en milieu scolaire, et aussi ça a toujours été,
jusqu'à un certain point, l'enfant pauvre, si on veut, du système
des garderies.
Mme Trépanier: Bon...
Mme Carrier-Perreault: Ce n'est pas eux autres qui ont toujours
été les plus subventionnés et tout ça, et cette
année on vient couper, encore une fois, de ce
côté-là, en tout cas, très clairement.
Mme Trépanier: Oui.
Mme Carrier-Perreault: Maintenant, il y a une chose dont je
voudrais qu'on parle, il y a aussi les enfants...
Mme Trépanier: M.le Président, c'est parce
que madame a dit, à mon avis, des choses qui ne sont pas tout à
fait exactes. Je voudrais au moins avoir la chance de revenir.
Le Président (M. Gautrin): Pourriez-vous rectifier
brièvement parce que le temps court?
Mme Trépanier: Oui. Oui. Je suis bien prête, s'il
n'y a pas possibilité d'aller après 13 heures, jusqu'à 13
h 15, de revenir 15 minutes dans le bloc de l'après-midi pour terminer
la Condition féminine. Moi, |e ne vois aucun Inconvénient
à ça.
Mme Carrier-Perreault: Moi, non plus.
Mme Trépanier: Mais je voudrais rectifier les propos de
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière. Le milieu
scolaire, pour nous, c'est une priorité, ça demeure une
priorité. Il y a eu des resserrements de critères, mais, plus
spécifiquement, Mme Marcotte a quelques chiffres à vous
livrer.
Le Président (M. Gautrin): Mme Marcotte.
Mme Marcotte: Je vais y aller très, très
rapidement. Quand on a sorti les chiffres du ministère de
l'Éducation tout à l'heure, je crois qu'il faudrait
vérifier; au cours des deux ou trois premières années qui
ont été citées, je crois qu'on avait pris l'habitude de
convertir les clientèles à temps partiel, donc moins de trois
jours, et de les ramener sur une base régulière. Maintenant, il
est possible qu'au cours des années, dans le milieu scolaire, on va
atteindre un certain plafonnement du développement de nouveaux services,
peut-être pas au niveau du nombre d'enfants qui vont augmenter dans
chacun des services parce qu'il y a un problème qui est lié au
développement des services de garde en milieu rural. Donc, dans le
moment, on n'a jamais freiné le développement, et ça, je
pense que c'est Important de le dire. On a maintenu le même rythme de
développement, mais il est normal qu'au cours des premières
années il y ait eu un boum dans le développement puisqu'il n'y
avait aucune école qui était pourvue.
L'autre chose, c'est que, quand on dit que les services de garde
reçoivent moins de subventions en milieu scolaire et sont les enfants
pauvres du système, je crois qu'il faut peut-être préciser
une chose, c'est qu'en termes de subventions directes elles reçoivent
peut-être moins de subventions directes, mais n'oublions pas qu'elles
sont situées à l'intérieur d'une structure scolaire
où elles bénéficient de locaux gratuits et de tout
l'appareil qui est à la disposition du service de garde. Si on devait
comptabiliser tous les coûts indirects qui découlent de l'offre de
services de garde en milieu scolaire, c'est évident que le coût
serait supérieur. Maintenant, c'est vrai et c'est heureux que, pour le
gouvernement, le coût des services de garde en milieu scolaire soit
infiniment moindre qu'au niveau des autres services de garde puisque, s'il
était aussi élevé, on ne pourrait pas les
développer à un rythme aussi rapide.
Le Président (M. Gautrin): Merci, madame. On est
arrivé à 13 heures. Est-ce que je comprends qu'on est prêt
à adopter les éléments 1 et 2 du programme 3 du
ministère? Le programme 2 simplement? On l'adopte totalement. Est-ce
qu'on est prêt à faire ces adoptions?
Mme Loiselle: Adopté.
M. Paradis (Matapédia): Adopté.
Le Président (M. Gautrin): C'est adopté sur
division?
Mme Carrier-Perreault: Oui, sur division. C'est à cause du
règlement qu'il faut fonctionner comme ça, finalement.
Le Président (M. Gautrin): C'est ce que j'ai cru
comprendre, madame. i Mme Carrier-Perreault: en tout cas. ; Le
Président (M. Gautrin): je tiens à
remercier la présidence de l'Office des services de garde, ainsi
que l'ensemble des employés de l'Office des services de garde qui ont eu
la gentillesse de bien vouloir nous informer, et j'ajourne les travaux de cette
commission sine die.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Gautrin): Chers collègues et
néanmoins amis, nous voyons un quorum embryonnaire, mais réel.
Dans ces conditions, la commission des affaires sociales est réunie afin
d'étudier les crédits budgétaires du ministère du
Conseil exécutif, le programme 3, pour ce qui est du volet famille et
des organismes relevant de la ministre déléguée à
la Condition féminine et à la Famille, pour l'année
financière 1991-1992. Les volets des organismes étaient
terminés. Je n'aurais pas dû dire ça. Merci.
Alors, y a-t-il des remplacements, Mme la secrétaire? Il n'y a
pas de volontaires qui veulent se faire remplacer?
La Secrétaire: Non.
Famille
Le Président (M. Gautrin): Non. Bon. Alors, si j'ai bien
compris, pendant deux heures, compte tenu des ententes, nous allons aborder le
programme 3, Promotion des droits des femmes et famille,
particulièrement le Secrétariat à la famille et le Conseil
de la famille. C'est bien ça, l'objectif, cet après-midi? C'est
ce qui était convenu, M. le député
Rouyn-Noranda-Témis-camingue?
M. Trudel: Si vous le dites, M. le Président, moi, vous
savez comment je suis obéissant.
Le Président (M. Gautrin): C'est bien. Notre formation
politique nous a appris ça.
M. Trudel: Nous avons un poste-Le Président (M.
Gautrin): Alors, y a-t-il des remarques initiales sur ce volet-là,
Mme la ministre?
Mme Trépanier: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je suis tout
ouïe.
Remarques préliminaires Mme Violette Trépanier Mme
Trépanier: Merci, M. le Président. alors, dans un premier
temps, j'aimerais saluer les gens qui m'accompagnent, mme ranger-poisson, qui
est ma directrice de cabinet; m. aubert ouellet, qui est secrétaire
général associé à la famille, ainsi que nos deux
équipes, celle du secrétariat et celle du cabinet à la
famile. se joindront à nous les gens du conseil de la famille un peu
plus tard.
M. le Président, au terme de l'année financière
1990-1991, c'est avec fierté que je vous présente aujourd'hui le
bilan de la première année de mise en oeuvre du plan d'action du
gouvernement en matière de politique familiale. Un bilan fort positif,
d'ailleurs!
On se souviendra que le développement d'une politique familiale
au Québec est relativement récent. En dépit des multiples
changements qui se sont opérés au cours des dernières
décennies dans la structure familiale et dans les rôles des
parents, ce n'est qu'en 1984 que se sont vraiment amorcés les travaux de
réflexion et de consultation en vue de l'élaboration d'une
politique familiale qui tienne compte des nouvelles réalités des
familles.
En décembre 1987, le gouvernement adoptait, pour la
première fois, un énoncé de politique familiale globale,
multisectorielle et axée sur les besoins réels des familles. Une
politique qui se veut aussi respectueuse du choix des Québécois
et des Québécoises, notamment quant au nombre d'enfants qu'ils
désirent et quant à la participation des parents au marché
du travail. De tels objectifs ont donné lieu à la mise en oeuvre,
en 1989, d'un premier plan d'action intitulé "Familles en tête".
Ce plan, qui comporte 58 mesures réparties dans 13 champs
d'intervention, est une réponse aux aspirations de l'ensemble de la
population et un outil capable d'accompagner les futurs parents dans leurs
choix et les parents dans leurs fonctions et leurs responsabilités.
Depuis le dépôt du plan d'action, des pas de géant
ont été franchis, particulièrement au niveau du soutien
financier aux familles et de l'amélioration des conditions de vie des
parents travailleurs. La semaine dernière, lors d'une rencontre avec les
représentants des groupes familiaux et, par la suite, en
conférence de presse, j'ai présenté un bilan de
mi-étape, fort positif, faisant état de l'avancement de chacune
des mesures, dont plusieurs sont déjà réalisées, ce
qui nous permet de croire qu'à l'échéance du 31
décembre 1991 l'ensemble des 58 mesures du plan seront
réalisées.
Conscient du contexte économique difficile que nous connaissons
actuellement et de l'arrivée massive et irréversible des femmes
sur le marché du travail, le gouvernement a surtout orienté ses
actions vers l'amélioration de la situation économique des
familles et le développement de mesures visant à permettre aux
parents travailleurs de mieux concilier leurs responsabilités familiales
et professionnelles.
Le soutien financier accordé aux familles
québécoises a connu, au cours des six dernières
années, une croissance impressionnante. Je ne m'attarderai pas sur
chacune des mesures et indexations accordées aux familles. Je me
contenterai seulement de mentionner que, de 1985 à 1991, l'aide directe
et indirecte octroyée aux familles est passée de 814 000 000 $
à 1 900 000 000 $, soit une augmentation de 133 %. Afin de s'assurer que
les parents reçoivent l'aide à laquelle ils ont droit, le
Secrétariat à la famille a produit à leur intention un
dépliant qui explique les douzaines de mesures par lesquelles les
gouvernements leur viennent en aide.
Bien qu'essentiel, le soutien économique à lui seul n'est
évidemment pas suffisant pour assurer aux parents et aux enfants une
meilleure qualité de vie. La conciliation des rôles de parents et
de travailleurs, de même que des conditions de travail adéquates
revêtent une importance capitale, spécialement pour les jeunes
adultes. C'est pourquoi mon collègue de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle et
moi-même déposions, en novembre 1990, un projet de loi modifiant
la Loi sur les normes du travail. Le 20 décembre 1990, la nouvelle loi
était sanctionnée et la majorité des nouvelles
dispositions sont entrées en vigueur le 1er janvier 1991. Parmi les
principales modifications apportées, plusieurs concernent les droits
parentaux et viennent ainsi répondre aux mesures de "Familles en
tête". Elles ont pour objectif d'améliorer les conditions de
travail des parents, d'assurer la garantie d'emploi après un
congé parental prolongé et de faciliter la réinsertion au
travail après une absence pour activité parentale. De plus, le
gouvernement a amélioré certains programmes de
sécurité qui assurent l'entrée d'argent comme, par
exemple, la majoration de 50 % du soutien financier pour les femmes enceintes,
le PRALMA. Le montant est passé de 240 $ à 360 $ et le
délai de paiement a été réduit
considérablement.
Dans le domaine de la santé et des services sociaux, le plan
d'action comporte aussi plusieurs mesures dont la réalisation va bon
train. Toujours soucieux d'offrir des services qui correspondent aux besoins et
réalités des familles québécoises, le gouvernement
a élargi son action autour de thèmes aussi divers que la
violence, la médiation familiale, la périnatalité, les
nouvelles technologies de reproduction, etc. Un comité de coordination a
même été formé au ministère de la
Santé et des Services sociaux afin de s'assurer que la plupart des
problématiques que connaissent les familles dans ce secteur soient
prises en compte dans les grandes politiques en voie d'élaboration,
notamment la réforme de la santé et des services sociaux.
Pour sa part, le système d'éducation poursuit son
adaptation aux réalités sociales et familiales d'aujourd'hui.
L'école, comme on le sait, est le prolongement de l'action des parents
quant à l'éducation et à la socialisation de l'enfant. Les
mesures à ce chapitre permettent une meilleure concertation entre le
réseau scolaire et les parents. Elles visent, de plus, à stimuler
la participation des parents à la gestion de l'école. Il ne fait
aucun doute que notre plan d'action confirme les orientations gouvernementales
en matière de politique familiale et démontre notre
volonté d'agir et d'aider les familles du Québec. Toutefois, je
demeure consciente que seule une volonté partagée par tous les
partenaires sociaux et économiques permettra de faire de cette
audacieuse entreprise un véritable projet de société.
M. le Président, avant de terminer, j'aimerais remercier les
quelque 12 ministères et organismes qui travaillent activement à
la réalisation du plan d'action pour leur excellente et indispensable
collaboration.
Le Conseil de la famille a, quant à lui, produit, au cours de
l'année 1990-1991, divers avis, notamment "Les parents et les normes du
travail", en juin 1990, "Être jeune et parent", en septembre 1990, "Le
financement des organismes familiaux: une approche partenariale", en mars 1991.
Il a, de plus, réalisé deux recherches: "L'État et la
famille: des politiques sociales en mutation" et "Le pouvoir et la
légitimité de l'intervention de l'État auprès des
familles: approche éthique". Les recommandations contenues dans ces avis
et recherches contribueront à améliorer la réflexion
autour de la famille et seront certainement prises en compte dans le processus
d'élaboration du deuxième plan.
M. le Président, Raymond Giroux, éditorialiste du journal
Le Soleil, disait, le 19 avril dernier, et je cite: "La famille, c'est
d'abord un état d'esprit autant individuel que social. Les politiques
gouvernementales, les pratiques du marché du travail et les attitudes
collectives ont dévalorisé pendant une génération
complète l'idée même d'avoir des enfants". Il ajoute plus
loin: "II serait injuste toutefois de blâmer l'État
québécois pour tous les maux qui affligent les parents".
M. le Président, le gouvernement, par sa politique familiale, a
justement voulu rétablir cette situation. Certes, la politique familiale
au Québec est jeune, mais le premier bilan du plan d'action "Familles en
tête" nous permet d'affirmer qu'elle est engagée dans la bonne
voie. Des pas de géant ont été franchis, il est vrai, mais
nous demeurons conscients que beaucoup de chemin reste à parcourir. Pour
que ce projet de société réussisse, il est essentiel que
tous les partenaires socio-économiques y prennent part et travaillent de
concert avec le gouvernement. De cette façon, et de cette façon
uniquement, la famille pourra retrouver dans nos priorités
collectives la seule place qui lui revienne vraiment, la première. Je
vous remercie.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie,
Mme la ministre. M. le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue, vous avez probablement quelques remarques
préliminaires.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Oui, M. le Président, quelques remarques
préliminaires. Constatant qu'après une période de
questions particulière à l'Assemblée nationale la ministre
de la Famille a emprunté les lunettes du ministre de la Justice, des
lunettes rosés, pour regarder la situation de la famille au
Québec et, bien sûr, dans le cadre de l'examen des crédits
du programme 3, volet 3, je pense que nous pourrons aller rapidement sur les
crédits en soi, mais plutôt nous intéresser à un
certain nombre de questions que la ministre elle-même soulève ici,
en faisant référence au bilan qu'elle a publié la semaine
dernière en matière de politique familiale de la part de ce
gouvernement.
Et je pense que, d'entrée de jeu, il faut faire la balance des
comptes. La ministre nous affirme - et on va partir de là - que la
deuxième recommandation du plan d'action gouvernemental en
matière de politique familiale, ça vise, d'abord, le maintien de
la valeur réelle du soutien financier à l'égard des
enfants. Et elle nous indique différentes mesures fiscales - et elle le
dit très bien - qui sont essentiellement des mesures d'indexation. Si tu
es pauvre, tu restes aussi pauvre; si tu en as un petit peu plus, tu restes
exactement au même niveau.
Mais je pense que la ministre déléguée à la
Famille oublie de faire l'autre colonne, ce que j'appellerais ou ce qu'on
appelle souvent chez nous la colonne du vendredi soir, parfois le jeudi soir et
le vendredi soir. C'est la colonne lorsqu'on va à l'épicerie,
c'est la colonne lorsqu'on va au magasin, on va au centre d'achats pour
pourvoir aux besoins de la famille, parce que la vraie vie, c'est aussi
là que ça se passe. Il ne faut donc pas oublier que si... Et,
encore une fois, je pars des chiffres que la ministre nous indique: on serait
passés, en 1985, de 814 000 000 $ à 1 900 000 000 $; on va
s'entendre qu'on travaille donc sur un chiffre de 1 000 000 000 $. Je ne veux
pas défalquer au niveau des indexations. On va prendre ce 1 000 000 000
$. (15 h 30)
Alors, qu'est-ce qui nous arrive, le jeudi soir, le vendredi soir et,
bien sûr, parfois le samedi quand on est une famille au Québec,
qu'il faut répondre aux besoins concrets de cette famille-là et
qu'on vit toutes sortes de situations difficiles? Bien, il nous arrive aussi
d'être obligés de faire le calcul de ce qui nous est tombé
sur la tête comme groupe familial au cours des dernières semaines,
des derniers mois. Si on fait une addition rapide des grands morceaux - je
n'irai pas jusqu'au détail de l'augmentation du permis de pêche
dans une région de l'Abitibi-Témiscamingue pour une famille - si
on fait juste ajouter ce que ça coûte aux familles, la TPS, la
TVQ... Et ça, on le vit dramatiquement dans toutes les familles.
Là, il ne s'agit pas de faire une grande démonstration
scientifique, au quart de tour, des chiffres qui nous frappent à la
figure ces semaines-ci. Il suffit tout simplement - et ça, c'est
arrivé à tout le monde qui est ici autour de la ministre et
à tout le monde qui est ici dans cette salle. Le sujet
préféré de conversation le vendredi et le samedi,
lorsqu'on se réunit en famille, c'est: êtes-vous allés
acheter des vêtements depuis Noël? êtes-vous allés au
centre d'achats pour habiller les enfants? Êtes-vous allés vous
procurer le minimum de ce que nous avons besoin pour évoluer dans un
cadre familial respectable? La TPS et, en particulier, bien sûr, la TVQ
québécoise, même si ça s'additionne, c'est 324 000
000 $ supplémentaires qu'on va chercher dans les goussets.
Et, là, il ne faut pas oublier, pour ceux et celles qui sont un
petit peu plus âgés, qu'un bon matin, il faut les envoyer à
l'université. Ça, ça arrive indéniablement parce
qu'on a décidé, au niveau du Québec, de se donner un
régime universellement accessible et, au tournant de 1965, on avait dit
accessible et gratuit de la maternelle à l'université, mais,
là, c'est viré de bord au niveau de l'université. Cette
année, ça va être 104 000 000 $ de plus qu'on va avoir
été chercher dans les poches des parents. Ça aussi,
ça fait partie de la colonne 6, des débits au niveau de la
situation financière des familles ou de ce que la ministre indique comme
étant le maintien de la valeur réelle du soutien financier
à l'égard des enfants. 324 000 000 $ de TVQ, 104 000 000 $ de
frais de scolarité.
Parce que l'hiver est partout au Québec et revient à tous
les ans, il faut aussi payer notre électricité dans la maison,
puis l'augmentation autorisée par le gouvernement à
Hydro-Québec, avec l'application de la TVQ et de la TPS, est de 23 %
quand on va être rendus au mois de juin. Quand on va être rendus au
mois de juin, c'est 23 % de plus. Au-delà de l'inflation, pour ces
familles québécoises, là, c'est 229 000 000 $. Et,
là, je n'ai pas compté l'inflation. Je l'ai comptée du
côté de l'augmentation de la réserve et je ne la compte pas
du côté de l'indexation des mesures de soutien à la
famille. Je ne la compte même pas dans la colonne B, au niveau des
dépenses qui sont imputées à la famille.
Qui dit famille dit habitation et, pour une grande partie des familles,
bien, ça a voulu dire, depuis le mois de juin dernier, une augmentation
des taxes scolaires d'à peu près 100 %. En tout cas, le chiffre
officiel, c'est annuellement ce qu'on va aller chercher dans la poche des
parents québécois parce qu'il y a, entre vous et moi, un peu plus
de chances que ce soit des familles qui habitent un bungalow qu'un
célibataire seul qui habite son appartement, même s'il va s'en
faire refiler une petite partie, lui aussi:
320 000 000 $, un autre bout de la colonne B.
Il y a un autre bout de la colonne B, également, qu'il faut
compter dans le bilan parce que le bilan a toujours deux colonnes. Il faut
arriver au bas en disant ce qu'il reste de plus ou mettre la parenthèse
sur ce qui manque. Quand on est un couple de deux jeunes professionnels, bien,
ce que ça veut dire souvent aussi, c'est le déplacement vers le
lieu de travail, le déplacement quotidien, et ça prend
l'automobile. Juste avec les frais d'immatriculation - et ça aussi,
ça touche largement les familles québécoises partout sur
le territoire - c'est 254 000 000 $ qu'on va avoir été chercher
de plus par des augmentations d'entre 50 % et 82 %, selon les
catégories. Et, lorsqu'on additionne ce bout uniquement pour 1991, on va
se retrouver à peu près à un niveau de 1 200 000 000
$.
Vous allez me dire: Ce n'est pas toujours toutes les familles qui vont
payer ça. Correct. On va être généreux dans la
mesure; on va enlever 230 000 000 $ là-dessus. Alors, juste à ce
niveau-là du soutien financier, d'assurer le maintien de la valeur
réelle du soutien financier à l'égard des familles, on est
à zéro. Le minimum qu'on puisse dire: On n'a rien changé
de la situation des familles.
On va en parler tantôt, de la réelle situation qui n'a pas
évolué chez les familles québécoises, et ça,
c'est sans parler de montants en apparence plus minimes, mais qui ont
déjà frappé ou qui vont frapper les familles de plein
fouet. Évidemment, la réforme, c'est plutôt un transfert de
factures au niveau municipal. Encore là, où vous pensez qu'on va
aller chercher cet argent, les 477 000 000 $ qu'on transfère vers les
contribuables municipaux? Est-ce que les familles n'en auront pas, sur les 477
000 000 $, une grande partie à payer? Tout le monde qui a un, deux ou
trois enfants et qui s'est dirigé dans le secteur résidentiel
voit venir ça à une très grande vitesse.
Là, le bilan qu'on vient de mettre à zéro, le
compteur vient de repartir de l'autre côté. Il n'y a encore rien
de changé dans ta colonne A. Alors, sur 477 000 000 $, là, les
familles commencent à être drôlement en déficit. Puis
le ministre de la Santé et des Services sociaux répondait,
à l'Assemblée nationale mardi, qu'il n'y a rien de changé
dans la décision du gouvernement d'imposer une nouvelle taxe sur la
maladie, un impôt-services pour l'optométrie et les
médicaments, en particulier, pour les personnes de 65 ans et plus, sur
le programme dentaire. Devinons qui va être le plus touché, sinon,
évidemment, les parents des enfants de 14 ans et moins, à moins
que l'on réduise encore davantage l'âge au niveau de
l'accessibilité au programme. Eh bien, il y a un 100 000 000 $ qu'on va
aller chercher là.
Il y a un autre 100 000 000 $ qu'on va aller chercher dans les
programmes complémentaires. On sait que ça va être encore
les familles qui vont être largement touchées là-dessus et,
la cerise sur le gâteau dans le bilan, c'est les familles pauvres. C'est
quelque 3 000 000 $ qu'on va rechercher dans les poches des familles les plus
pauvres du Québec, qui s'étaient inscrites au programme APPORT.
Ça, c'est, je pense, toute la symbolique de ce gouvernement,
c'est-à-dire j'indexe et je fais paraître de la main droite, mais
- excusez-moi l'expression - "checkez" bien ma main gauche parce que,
là, j'ai des grands doigts et je vais aller chercher votre bien. Je le
veux tellement, votre bien, les familles du Québec, que je vais finir
par l'avoir. Il est en bonne voie de l'avoir, le bien des familles.
Alors, 3 000 000 $ dans le programme APPORT sur les familles les plus
pauvres du Québec, qui sont allées s'inscrire à un
programme d'aide. Lorsqu'on arrive au bout de l'année, évidemment
- appelons-les les trop-versés, si on se situe de la part du
gouvernement, ou les trop-perçus, si on se place du point de vue des
familles - là, je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de
difficultés à comprendre que les familles ne se sont pas mis 65
$, 85 $ ou 100 $ de côté, quand elles ont moins de 15 000 $ de
revenus, au cas où la méthode d'évaluation n'eût pas
été assez efficace pour calculer correctement le revenu. Alors,
il y a des familles - et, là, je peux citer des cas - maintenant qui se
retrouvent, avec l'application fantastique de ce programme-là, avec des
programmes de remboursement dont l'intérêt est supérieur
aux montants qu'elles peuvent rembourser par mois.
Je peux vous citer un cas très précis où les
intérêts exigés par le ministère du Revenu pour des
corrections à l'application du programme APPORT, les
intérêts mensuels, sont supérieurs au montant que cette
personne-là peut rembourser au ministère du Revenu. Alors, on
s'entend sur un montant du genre 30 $ à 50 $ par mois et on arrive,
à la fin du mois, on fait le versement au ministère du Revenu et,
sur la facture, on se retrouve avec 75 $ à 80 $ d'intérêt
Elles sont donc, ces famflles, à toutes fins utles, condamnées
à vie à avoir un compte au ministère du Revenu.
Là-dessus, j'espère que la ministre va m'expliquer quel a
été le rationnel du Conseil des ministres avec l'ensemble des
mesures dont elle décrit si bien l'efficacité aujourd'hui,
comment on est arrivés à une décision aussi antifamiliale.
Ça, je le décrivais à titre de: C'est la cerise sur le
gâteau.
Une autre façon pour établir le bilan, c'est quand on
regarde ce que ça a voulu dire, pour tes familles
québécoises, l'application de la TPS fédérale et de
la TVQ, la taxe de vente québécoise, qui s'applique
uniformément sur les vêtements, les meubles et les chaussures. On
va prendre juste un exemple pour illustrer ça. On a à peu
près 90 000 naissances au Québec, par année. J'ai entendu
ce chiffre-là.
Une voix: 97 000.
M. Trudel: 97 000? Vous n'auriez pas dû l'augmenter.
Ça va faire plus mal au niveau de la multiplication que je vais faire.
O.K., on va les mettre à 100 000. Savez-vous ce que ça veut dire,
l'application de la TVQ et de la TPS juste sur les couches de
bébé? Mme la ministre, je le sais, a des grands enfants, elle
aussi. Moi, j'en ai. On a passé la période des couches, mais on a
tous, dans notre cercle d'amis, encore et heureusement, des familles qui ont de
jeunes enfants.
Juste par l'application de la TVQ et de la TPS sur l'achat des couches
pour le bébé qui est venu au monde en 1991, ça va
être 10 000 000 $ qu'on va aller chercher dans les poches de ces
familles-là. Juste ça! Ça va être 10 000 000 $.
Être jeune et parent, oui, mais... Si j'avais été à
90 000, ça aurait fait 9 000 000 $, Mme la ministre. Ça fait 10
000 000 $, juste la multiplication de ce que ça veut dire, la taxe, la
TVQ et la TPS, sur 52 semaines. Un "set" de couches, si mes chiffres sont bons
- ça fait sept ou huit ans que je n'en ai pas acheté -
actuellement, ils sont, les meilleurs, dans les 11,95 $ à 12 $ pour
passer la semaine. Et rajoutez la taxe par-dessus ça, vous en avez pour
1,80 $. Multipliez ça par 52 semaines et multipliez ça par 97
000: 9 970 000 $.
C'est juste pour illustrer que, dans le bilan de la ministre responsable
de la famille au gouvernement, on a oublié de faire la deuxième
colonne. Et on peut dire, au cours de l'année 1990, que ça a
vraiment été la fête des familles, mais la fête des
taxes pour les familles, et qu'en matière de maintien de la valeur
réelle du soutien financier à l'égard des enfants c'est
une situation qui est l'inverse. (15 h 45)
Dans ce sens-là, il faut même revenir - et on n'est pas les
seuls à le dire - au rapport annuel du Conseil de la famille. Il y a des
gens qui sont ici avec nous aujourd'hui. Dans le rapport annuel 1989-1990 des
activités du Conseil de la famille, à la page 22, parlant de la
garantie du soutien financier de la part du gouvernement pour les familles
québécoises: "Au Québec, la situation est un peu
meilleure, mais l'accent mis sur les familles nombreuses comptant de jeunes
enfants semble se faire progressivement au détriment des autres familles
qui comptent moins d'enfants ou qui sont à une autre étape du
cycle familial. Pour elles, on se contente d'indexer des allocations et des
crédits d'impôt qui ont une valeur médiocre, sans jamais
chercher à les bonifier. De cette manière, on ne tient pas compte
du fait que ces familles font face elles aussi à des dépenses
d'entretien et d'éducation des enfants qui ont considérablement
augmenté au cours des dernières années, bien
au-delà du taux d'inflation." Je prends par-devers moi cette citation du
Conseil de la famille dans son bilan et, là-dessus, je conclurais en
disant: Donc, la série d'études, la série d'envois de
réalisations, la série de documents qui ont été ou
seront publiés à l'intention de familles, finalement, entre vous
et moi, Mme la ministre, c'est une bien piètre consolation pour le jeudi
soir, le vendredi soir et le samedi, lorsqu'on est une famille au
Québec.
Secrétariat à la famille
À cet égard, ça m'amènera, Mme la ministre,
à une première question. J'ai du mal à imaginer que la
ministre responsable de la famille ne se soit pas inquiétée des
effets de l'application de la TPS et de la TVQ, la taxe de vente
québécoise. Certaines informations nous indiquent que la ministre
avait commandé une étude au Secrétariat à la
famille sur les effets de l'application de la TPS et de la TVQ
québécoise pour les familles du Québec. Alors, ma
première question, Mme la ministre, est très simple. La ministre
responsable de la famille au Québec s'est-elle inquiétée
et a-t-elle commandé une étude au Secrétariat à la
famille en ce qui concerne les effets de l'application de la TPS et de la TVQ
québécoise sur le budget des familles du Québec?
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre.
Mme Trépanier: M. le Président, au départ,
je vous dirai que M. le député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue nous parie depuis 10 minutes de
l'inquiétude des jeudis et des vendredis soir, et il a raison de le
faire. Et, comme ministre déléguée à la Famille,
évidemment... Nous aussi, dans les décisions gouvernementales que
nous prenons, on ne peut pas faire autrement qu'y penser, en voir l'impact sur
les familles: Ça, c'est une chose. Moi, j'essaie de voir ça et le
gouvernement essaie de le voir toute la semaine dans l'ensemble des actions
gouvernementales et dans l'ensemble du soutien qui est apporté. Et il
faut faire des comptes, effectivement, il faut ajuster nos colonnes.
Je réalise que, depuis une semaine, nous avons eu l'occasion de
nous rencontrer à quelques reprises à des tribunes
différentes et M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue évite soigneusement d'entrer dans le
coeur du bilan de la politique familiale. Et il m'a avoué à une
émission de radio que c'était effectivement des beaux documents,
que c'était des beaux papiers. Je dois vous dire, M. le
Président, que cette politique familiale là a été
préparée soigneusement après une vaste consultation. Je
dois dire que c'est le premier plan d'action triennal qui est produit au niveau
de la famille. Avec les lunettes noires que le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue a mises et l'énoncé qu'il a
fait du nouveau fardeau fiscal pour les Québécois, et il a
raison: effectivement, il y a de nouvelles dépenses que les
Québécois doivent assumer, imaginez qu'est-ce que ce serait si,
dans l'autre colonne, on n'avait pas eu la prévoyance d'offrir
le soutien nécessaire aux familles québécoises. Et,
évidemment, on parie spécifiquement du soutien financier ici,
mais H faut élargir également. Il faut voir l'ensemble des
actions gouvernementales.
Dans ce sens-là, nous considérons et nous restons
convaincus que, de par la priorité gouvernementale qui a mis sa
politique familiale à l'avant-plan - et on voit que, malgré la
conjoncture économique, malgré les temps difficiles, on a
à coeur d'appliquer la politique familiale au Québec et de
réaliser le plan d'action - en bout de piste, quand la tempête
sera passée, après la récession économique, les
familles seront quand même dans une position pas si mal. C'est vrai que
certaines décisions ont eu pour conséquence un accroissement
important du fardeau fiscal. Toutefois, dans l'ensemble, au cours des
dernières années, nous croyons, de ce côté-ci, que
le fardeau fiscal net des personnes qui ont des responsabilités
familiales a diminué par rapport aux personnes qui n'ont pas de telles
responsabilités, et ça, c'est important de le souligner.
Il y a aussi un autre facteur. C'est évident que les mesures ont
été difficiles à prendre et, avant de prendre des mesures,
c'est sûr que nous avons demandé, dans chacun de nos
ministères, d'évaluer pour nous l'impact que ça aurait -
je réponds ici à sa deuxième question - sur chacune de nos
clientèles. Nous avons dû faire des choix et je dis que, dans
l'ensemble, les familles n'en sortent pas trop perdantes. C'est évident
que, si la situation économique avait été meilleure, si la
conjoncture avait été différente, s'il n'y avait pas eu de
récession, la situation serait encore plus rosé pour les
familles. Mais aussi, depuis 1985, je pense que le Parti libéral a
géré de façon plus serrée les finances publiques,
et ça aussi, ça va, en bout de piste, aider les familles
québécoises. Et ça, ce sont toutes des choses que nous ne
prenons pas en compte lorsque nous faisons les colonnes de M. le
député de Rouyn-Noranda.
Il y a plusieurs autres mesures, là, mais, pour répondre
spécifiquement à la question de M. le député,
effectivement, on s'est inquiétés. Effectivement, on a pris des
décisions, on a fait des choix. Mon rôle, c'est de faire en sorte
que, dans l'ensemble des mesures gouvernementales prises, nous tenions compte
de l'aspect familial, d'une part. Les familles doivent aussi faire leur part,
c'est très clair, et elles la font, et toujours trop, à mon avis.
Sauf qu'en bout de piste H faut voir le résultat net de nos
interventions. Quand je dis que je suis fière, je suis extrêmement
fière de l'état d'avancement de notre plan d'action en politique
familiale. Et c'est peut-être parce que nous aurons été
prévoyants, que nous aurons été tenaces, que nous aurons
été des chiens de garde dans le gouvernement au niveau de ce plan
d'action qu'en bout de piste les familles, elles, sortiront peut-être les
moins perdantes de la récession économique.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. Bon, M.
le député de...
Étude par le Secrétariat à la
famille
des effets de la TPS et de la TVQ sur
le budget des familles du Québec
M. Trudel: Mme la ministre, y a-t-P eu ou non étude par le
Secrétariat à la famille de l'impact de la TPS et de la TVQ sur
les familles québécoises? Est-ce qu'il y a eu une étude ou
s'il n'y en a pas eu? Est-ce que vous avez commandé une étude au
Secrétariat à la famille sur l'impact de la TVQ et de la TPS sur
les familles québécoises?
Mme Trépanier: J'ai demandé le point de vue du
Secrétariat à la famille, effectivement, pour préparer mes
interventions dans les divers comités ministériels, comme nous le
faisons dans chacun des projets de loi, dans chacune de nos interventions dans
les comités ministériels et au Conseil des ministres, c'est bien
évident. Je ne vous dirai pas que la TVQ a été
adoptée de gaieté de coeur.
M. Trudel: Non, non, non. Ce n'est pas ça, la question,
Mme la ministre. Ce n'est pas ça la question. Y a-t-il eu
étude...
Mme Trépanier: Vous m'avez parlé d'étude sur
la TVQ en...
M. Trudel: Sur l'impact de la TVQ et de ta TPS sur la famille
québécoise. Vous dites oui?
Mme Trépanier: Oui.
M. Trudel: Si c'est oui, est-ce que le résultat, ça
a été une étude, un papier écrit sur ce que
ça signifie, la TVQ, la TPS, sur le budget de la famille au
Québec? Je m'excuse, mais si la ministre a voulu plaider la cause des
familles, bien sûr, je vais lui reconnaître la
légitimité de demander des avis. Ça va de soi! A-t-eJle eu
une étude écrite, un résultat qui lui indiquait: Eh bien,
voilà ce que ça veut dire, l'application de la TVQ et de la TPS
sur les familles au Québec?
Mme Trépanier: Pour répondre le plus
adéquatement à la question du député de
Rouyn-Noranda, je pourrais peut-être demander au secrétaire
à la famille de donner les constats généraux qui sont
ressortis de cette demande d'impact.
M. Ouellet (Aubert): Nous avons essayé de voir au
Secrétariat quels étaient les effets sur les familles, selon la
taille de la famille et le niveau de revenu de la famille, de la TVQ. Nous
avons aussi pris en compte l'impact du crédit
remboursable qui a été introduit à l'occasion de la
mise en place de la TVQ. Les données dont nous disposons à ce
sujet-là sont les données qui apparaissent - et que vous
connaissez - dans l'annexe du ministre des Finances, l'annexe qui a
été rendue publique au moment où le ministre des Finances
a annoncé, par une déclaration ministérielle,
l'introduction de la TVQ au Québec à partir du 1 er janvier
1991.
Alors, on constate que, pour les familles à faibles revenus,
l'introduction de la taxe de vente du Québec et du crédit
d'impôt remboursable permet aux familles à faibles revenus de ne
pas avoir à faire face à des déboursés nets
additionnels. Pour les familles qui ont des plus hauts revenus, au fur et
à mesure que leurs revenus augmentent, l'impact net s'accroît.
Pour les familles qui ont des plus bas revenus, H y a toujours une compensation
qui vient du crédit d'impôt et qui permet de réduire
l'impact net sur les familles.
M. Trudel: Là, vous me citez l'annexe du mois de septembre
du discours du ministre des Finances. Moi aussi, M. Ouellet, je l'ai lue. Merci
de le rappeler, mais au Secrétariat à la famille, avez-vous
réalisé une étude complète et exhaustive sur
l'impact de l'application de la TPS et de la TVQ ou de la TPS ou de la TVQ, en
particulier, une étude sur l'impact de l'application de la TVQ sur les
vêtements, les meubles, les chaussures et les articles similaires qui
n'étaient pas dans le programme de taxation du gouvernement depuis de
très nombreuses années? Avez-vous réalisé une
étude là-dessus?
M. Marcil: Vous parlez de ça depuis de très
nombreuses années.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Ouellet: Les travaux que nous avons réalisés ont
été réalisés à partir des données qui
apparaissent dans l'annexe que j'ai citée tout à l'heure.
Jusqu'à présent, par des mesures d'enquête, par exemple, ou
par des sondages auprès des familles, nous ne sommes pas allés
vérifier concrètement sur le terrain comment les familles
québécoises avaient été affectées par la
taxe dans leur budget et dans leurs dépenses. Nous n'avons pas
procédé à de telles études.
Mme Trépanier: M. le Président, je peux quand
même ajouter...
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr. (16 heures)
Mme Trépanier: ...qu'à ce chapitre-là nous
sommes en contact avec des organisations que M. le député
connaît certainement, qui sont les organisations de consommateurs, les
ACEF, qui sont à réviser une étude d'impact de la TVQ et
de la TPS sur les familles québécoises. Prochainement, nous
pourrons avoir accès à ces données également.
Alors, je ne sais pas exactement quel est l'objectif de la question du
député de Rouyn-Noranda, mais si c'est de savoir si la ministre
déléguée à la Famille est intéressée
à connaître l'impact de ces diverses taxes sur les familles
québécoises, je dois le rassurer immédiatement. De toute
évidence, oui.
Quant aux études que nous avons commandées, ce ne sont pas
des études formelles. Ce sont des travaux que le Secrétariat a
faits lorsque nous avons des avis à émettre dans les
comités et nous essayons de le savoir aussi par des gens qui sont
indépendants de la machine gouvernementale, des associations de
consommateurs. Vous savez que l'objectif premier du gouvernement présent
est d'essayer de faciliter la tâche aux plus démunis de notre
société. Les ACEF sont des associations qui, justement, viennent
aider les familles québécoises à faibles revenus à
boucler leur budget. Nous sommes en contact avec elles présentement.
Le Président (M. Gautrin): M. le député.
M. Trudel: Est-ce que la ministre est prête à
déposer publiquement à l'Assemblée nationale, suite aux
travaux de cette commission, non pas ces études, mais ces travaux, comme
elle vient de le dire, sur les indicateurs que nous avons dans le
système de l'impact sur les familles québécoises de
l'application de la TVQ du Québec? Est-ce que la ministre est
prête à déposer ces études, pardon, ces travaux,
a-t-elle dit, ici à la commission ou à l'Assemblée
nationale, et à déposer publiquement l'impact de ces
tableaux-là? Est-ce que la ministre peut les déposer? Si la
ministre s'y intéresse, elle a certainement demandé, elle vient
de nous l'indiquer, des travaux qui ont été faits par des
organismes. À partir de quelles sources? Vous citez des sources qui sont
extérieures. Vous dites des sources indépendantes. Je veux bien
et c'est très bien d'aller chercher la multiplicité des sources
pour plus de fiabilité des résultats. Est-ce que la ministre est
prête à déposer ces travaux, les résultats de ces
travaux sur l'impact de l'application de la TPS et de la TVQ, surtout la TVQ,
sur les vêtements, les meubles et les chaussures?
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre.
Mme Trépanier: Votre question, M. le député,
je peux y répondre en deux volets. Premièrement, concernant les
travaux des ACEF, je ne peux pas les déposer parce que je ne les ai pas.
Je vous ai dit, tout à l'heure, que nous sommes en contact avec les ACEF
et qu'elles nous tiendront au courant des travaux qui sont en cours
présentement. On nous a dit très prochainement.
Deuxièmement, quand je parie de
nos travaux, je parie de notes internes concernant la préparation
de nos comités ministériels. Je ne pense pas que je puisse
déposer ces notes-là. Les études d'impact gouvernementales
qui ont été faites, c'est au ministère des Finances que
ça a été fait. Nous, on a apporté des commentaires,
mais rien de formel et rien en fait de documents officiels. Alors,
peut-être qu'il faudrait demander les études. Si ce sont les
études d'impact que vous voulez quant aux familles
québécoises, c'est au ministère des Finances qu'il
faudrait demander ça. Nous, nous n'avons pas ça. Les
déductions qui ont été réalisées provenaient
du document que vous avez lu comme moi et dont on vous a fait état tout
à l'heure.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Trudel: Comme on aurait lu la même chose, est-ce qu'on
arriverait à la même conclusion que, dans l'application de la
nouvelle TVQ québécoise, le groupe le plus pénalisé
au niveau de l'application de ces nouvelles taxes, c'est la famille
québécoise?
Mme Trépanier: Ce que Je vous dirai - je reviens à
mon commentaire du début - je n'ai jamais nié que la TVQ avait un
impact sur la famille québécoise. Ce que M. le secrétaire
général a voulu faire ressortir, tout à l'heure, c'est que
nous avions essayé que l'impact soit le moins dur possible pour les
familles démunies. Ça, c'est une chose. Deuxième chose, ce
que j'ai dit qui était important, quand on balançait nos colonnes
et quand on regardait l'épicerie du jeudi et vendredi soir,
c'était qu'on regarde toute la semaine, qu'on regarde l'ensemble des
actions gouvernementales. Je vous dirai qu'en définitive nous
considérons que, lorsque nous regardons l'ensemble de la politique
familiale du Québec, la famille ressort gagnante malgré cette
taxe.
M. Trudel: Pardon?
Mme Trépanier: Je dis que, sur l'ensemble des actions
gouvernementales concernant ta famille québécoise, lorsque nous
regardons le bilan du plan d'action de la politique québécoise,
quand nous regardons l'ensemble du soutien que le gouvernement
québécois accorde à la famille québécoise,
qu'on fait la colonne plus et la colonne moins, comme vous avez dit tout
à l'heure, la famille québécoise en sort encore
gagnante.
M. Trudel: Mme la ministre, je respecte profondément votre
jugement, vous le savez bien. Mais, dans la balance des comptes, c'est
impossible, face à la réalité des familles, d'affirmer que
la famille en sort gagnante au bout du tunnel - parce que, là, c'est un
tunnel. C'est impossible d'en arriver à ce compte-là quand vous
regardez... Et je ne tiens pas la ministre elle-même responsable de
toutes les mesures de la deuxième colonne. Je demande seulement à
la ministre d'avoir un jugement plus nuancé lorsqu'elle tiendra compte,
dans le bilan famïial de son gouvernement, qu'elle a augmenté, d'un
côté, les mesures de soutien, mais, de l'autre côté,
permettez-moi l'expression, la varlope passe et, régulièrement,
la lame est sortie de façon très épaisse. Toute la
série d'impositions, de nouvelles taxes, de nouvelles charges qu'on a
faites aux familles, je pense que ça demande, à tout le moins,
Mme la ministre, de nuancer le jugement que les familles en sortent gagnantes
au niveau de l'ensemble des mesures.
Ne vous inquiétez pas, Mme la ministre, on va y revenir au niveau
de chacune des mesures. Jamais un groupe au Québec n'aura autant fait
l'objet de mesures et d'études comme la famille. Ça, c'est
certain. Je suis certain qu'à la fin de votre plan d'application de la
première partie de la politique familiale, comme vous l'appelez, on va
la connaître, en études, sous toutes ses coutures, la famille.
Mais, en réalité, que vous vous en occupiez toute la semaine et
que les familles vivent l'écho de tout ça vers la fin de semaine,
le jeudi soir, le vendredi soir, vous allez convenir avec moi qu'au
début de la semaine on y va allègrement jusqu'au mercredi, au
Conseil des ministres, sur ce qui est tombé sur la tête des
familles depuis un an.
Écoutez, comment peut-on dire, au mois d'avril 1991: Les familles
québécoises sont sorties grandes gagnantes de l'ensemble des
mesures que nous avons prises vis-à-vis des famlles au Québec? Je
pense que la ministre va convenir qu'on peut douloureusement absorber un
certain nombre de mesures, comme elle l'a dit, mais de là à
proclamer qu'elles en sortent gagnantes de façon spectaculaire, il y a,
je pense, une marge. Et, là-dessus, il n'y avait pas de question.
Ma question, c'est sur, j'ai dit, la cerise sur le gâteau. Est-ce
que la ministre déléguée à la Famille est
intervenue lorsque le Conseil des ministres a eu à se prononcer sur la
récupération d'au-delà de 3 000 000 $ pour les familles
les plus pauvres dont parlait M. Ouellet, H y a quelques secondes? Est-ce que
la ministre déléguée à la Famille est intervenue,
je dirais, pour empêcher ce geste qui touchait la petite partie des
familles qui sont incluses dans la partie des familles les plus pauvres au
Québec? Elles sont tellement pauvres qu'on avait prévu 36 000 000
$ pour elles dans le programme APPORT. On en a effectivement versé de 17
000 000 $ à 18 000 000 $ uniquement. Et, rendu à la fin de
l'année, on va aller les clen-cher pour 3 000 000 $, ces
personnes-là, ce qu'on n'avait pas fait les années
précédentes.
Est-ce que la ministre, au moins au niveau des plus pauvres des familles
pauvres du Québec, est intervenue? Est-ce qu'elle peut nous expliquer,
dans la logique de la politique familiale du
Québec, comment elle a pu laisser passer une telle mesure? Et,
deuxièmement, quel est son point de vue sur le pourquoi et la
justification d'aller chercher 3 000 000 $ dans les poches des familles les
plus pauvres du Québec? Elles étaient tellement pauvres qu'elles
devaient faire appel à des programmes d'assistance au niveau de
l'État.
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre.
M. Trudel: Comme réussite spectaculaire... Excusez.
Mme Trépanier: Alors, M. le Président, comme dans
tous les dossiers qui concernent les familles, j'interviens lorsque
nécessaire et, évidemment, je suis intervenue dans ce dossier,
comme j'étais intervenue aussi dans le dossier des services de garde
pour conserver le même budget que les années dernières.
Évidemment, on ne parle que des aspects négatifs, sauf qu'en ce
qui concerne ce programme spécifique c'était des
trop-perçus du programme APPORT. Je suis intervenue en faveur de la
non-perception.
La décision qui a été prise est autre et je dois
dire que, dans l'ensemble de la réforme de la sécurité du
revenu, il y a des points extrêmement positifs pour les familles, pour
les individus les plus pauvres de notre société. Elle a voulu,
entre autres, donner la parité entre les jeunes de moins de 30 ans et de
plus de 30 ans qui font partie de nos familles québécoises
également. Et le ministre de la Sécurité du revenu
lui-même a convenu que, dans l'ensemble de cette politique de
sécurité du revenu qui est un énorme virage, il y a des
points à réviser et il en a révisé plusieurs,
d'ailleurs.
M. Bourbeau a lui-même dit, ici même en commission, pas plus
tard qu'hier, et je cite: Je suis prêt à admettre que ce
programme-là souffre d'un vice important, c'est-à-dire qu'il
devient presque impossible de planifier d'avance les revenus mensuels. Au
début, quand un travailleur se présente au programme APPORT, il
donne au fonctionnaire un aperçu de ce que seront ses revenus mensuels.
On fait des calculs et on projette que si, effectivement, M. Untel va
travailler à un tel revenu au cours des prochains mois, ça veut
dire qu'il aura droit à une prestation x et on lui verse la prestation
chaque mois où il doit travailler. Alors, il dit plus loin qu'il y a des
choses à revoir dans cette politique et qu'il les revoit
élément par élément. Alors, je pense que, dans
l'ensemble de la politique de la sécurité du revenu, les
personnes démunies ont un plus...
M. Trudel: Vous acceptez ça?
Mme Trépanier: ...sur la politique antérieure. Je
ne dis pas que je suis satisfaite du règlement quant à ce
dossier-là, mais je me rallie à la décision
gouvernementale et nous faisons toujours des représentations pour que
soient traités le plus équitablement tous les citoyens du
Québec, c'est très clair. Il faut quand même admettre que
c'était concernant des trop-perçus par les
bénéficiaires et que c'est la décision qui a
été prise. Alors, je m'y suis ralliée.
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre, j'aurais une
question bien brève sur les effets de la TVQ sur les familles. Vous
êtes au courant, quand même, bien sûr, qu'on a étendu
le champ de taxation et ça peut toucher les familles, comme l'a fait
remarquer avec brio le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Néanmoins, on a réduit le
taux de la taxe de vente de 9 % à 8 %. Aussi, il faut bien être
conscient que la TVQ, tout en élargissant le champ de l'assiette
fiscale, a réduit le niveau d'imposition. Ça devrait avoir un
effet bénéfique sur les familles. Est-ce que vous l'avez
évalué et quel est-il?
M. Trudel: Mais chez les enfants, pour la famille, là: les
vêtements, les meubles...
Le Président (M. Gautrin): Non, mais une famille...
Mme Trépanier: Je suis sûre, M. le
Président...
M. Trudel: ...les chaussures, vous passez de 0 à 8,
là, hein?
Le Président (M. Gautrin): ...ce n'est pas seulement les
enfants. Une famille, c'est plus un élément global. Ce n'est pas
uniquement les enfants.
M. Trudel: Vous passez de 0 à 8. On n'a pas baissé
de 9 à 8. On a passé de 0 à 8.
Le Président (M. Gautrin): Je sais, je sais.
Mme Trépanier: M. le Président, lorsque je parlais
de faire le total des colonnes A et B, c'en est un élément de la
colonne A. Je demanderais à M. le secrétaire d'élaborer
sur cette question et, ensuite, je reviendrai avec une question, si vous me le
permettez, au député de Rouyn-Noranda. (16 h 15)
M. Ouellet: Oui, les données existantes pour faire la
comparaison de l'impact de la TVQ sur les familles en comparaison de l'impact
de la TVQ sur la personne qui n'a pas de responsabilité familiale...
Alors, c'est la question qui a été soulevée tout à
l'heure. On a dit tout à l'heure que les familles sortaient perdantes
comparativement aux personnes qui n'ont pas de charges familiales. Les
données qui sont a notre disposition, et que nous ne sommes en mesure
de
contester d'aucune façon avec les instruments que nous avons
à ce moment-ci, indiquent qu'à tous les niveaux de revenus, donc
pour les bas revenus comme pour les hauts revenus, une famille qui compte deux
parents et deux enfants de moins de six ans va toujours être, soit plus
favorisée, soit moins défavorisée que le
célibataire qui n'a aucune charge familiale, et ce, à tous les
niveaux de revenus. Évidemment, les données dont nous disposons
pour faire ce genre d'étude sont souvent précaires. Donc, il faut
les utiliser avec une certaine précaution, mais, pour vous donner un
exemple, pour un revenu de 25 000 $, la famille qui compte deux enfants de
moins de six ans et deux parents va avoir, par rapport à la personne qui
n'a pas de charges familiales, une situation avantageuse nette de 247 $ au
cours de l'année 1992.
Donc, je pense qu'avec les données dont nous disposons on ne peut
pas, à ce moment-ci, soutenir que la réforme de la taxe, dans son
ensemble, va avoir sur les familles un effet plus pénible...
Le Président (M. Gautrin): Que sur l'ensemble des
citoyens.
M. Ouellet: ...que sur les personnes qui n'ont pas de charges
familiales.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le président.
Mme la ministre avait émis l'intention de poser une question au
député de Rouyn-Noranda. Je vous rappellerai que le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue n'est pas encore
membre du Conseil exécutif.
M. Trudel: Elle peut se pratiquer, M. le Président. La
ministre peut se pratiquer.
Le Président (M. Gautrin): II faudrait qu'il consente
à ce qu'on lui pose une question. Est-ce que, M. le
député, vous consentiriez à vous pratiquer?
M. Trudel: C'est à la ministre à se pratiquer.
Le Président (M. Gautrin): Mais vous aussi, si je
comprends bien.
M. Trudel: À se pratiquer dans l'Opposition, ce qui ne
saurait tarder, bien sûr.
Le Président (M. Gautrin): Bon. Alors, est-ce que vous
acceptez qu'on vous pose une question?
M. Trudel: Bien sûr.
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre, pouvez-vous
poser une question? Le député accepte que vous lui posiez une
question.
M. Trudel: Je n'ai pas toutes les informations, mais...
Mme Trépanier: Je me suis peut-être mal
exprimée. C'est peut-être de lui émettre un commentaire.
Ça peut être sous forme de question aussi.
Le Président (M. Gautrin): Faites-lui donc plaisir.
Posez-lui donc une question. Il aimera ça.
M. Trudel: Alors, la forme à l'Assemblée nationale
est: Est-ce que le député ne reconnaîtrait pas...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Trépanier: Comme vous voyez, je n'ai aucun talent pour
poser des questions à la période de questions. Donc, je resterai
de mon côté de la barricade.
M. le Président, on parie de deux colonnes depuis un bon moment,
mais c'est facile de dire: La colonne des moins supplante la colonne que vous
nous avez faite. Faudra-t-il qu'on la dépose, cette colonne, à un
moment donne, et, quand on parle de colonnes de chiffres, il faut parler de
tous les chiffres. Je n'ai pas apprécié l'attitude du
député quand il a dit: Vous mettez vos lunettes rosés et
vous ne regardez qu'un côté de la médaille ou qu'une partie
du pan de mur. Au contraire, nous essayons de regarder l'ensemble de la
société, d'une part, et, deuxièmement, de passer à
travers une récession économique importante, tout en conservant
le plus grand pouvoir d'achat pour les familles; et, d'autre part, en donnant
le plus grand soutien possible et en établissant des structures
importantes pour l'avenir pour les familles québécoises.
À mon avis, le soutien gouvernemental de tout ordre n'a jamais
été si bien structuré qu'il l'est maintenant. À
preuve, il n'y avait jamais eu de plan d'action, il n'y avait jamais eu de
politique familiale concertée avant 1986-1987. C'est le commentaire que
j'avais à faire.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. Est-ce
vous pouvez voir ça comme une question, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue?
M. Trudel: Dans ma prochaine question, il y aura une
réponse à la question de Mme la ministre.
Le Président (M. Gautrin): Alors, M. le
député.
Plan d'action "Familles en tête"
M. Trudel: Avec le petit préambule, qu'on passe vite au
président. C'est pour ça, Mme la
ministre, que le Conseil de la famille du Québec dit: En
matière de politique familiale, le gouvernement se traîne les
pieds. D'autre part, le Conseil du statut de la femme invite le gouvernement du
Québec à revoir sa politique familiale. Puisqu'il ne faut pas,
selon votre façon de voir les choses, que regarder ce que coûtent
le jeudi soir, le vendredi soir et le samedi, eh bien oui, on va en parler, si
vous voulez en parler, du bilan et de l'énoncé de politique
"Familles en tête" du gouvernement du Québec.
La ministre va certainement reconnaître qu'en matière de
mesures concrètes pour le soutien dans le paysage réel quotidien
des familles ça n'abonde pas. Dans votre propre bilan que vous avez
publié, sur les 58 mesures proposées, les 58 recommandations en
matière de famille, il y en a 12 qui proposent des études, 13
mesures proposent des documents ou des énoncés de politique et 10
proposent la réalisation de documents d'information. Ah! Il n'y a
personne qui va nier que l'information soit nuisible au développement de
quelque groupe que ce soit dans la société.
Mme Trépanier: J'espère.
M. Trudel: Ça va de soi. Mais encore, Mme la ministre, un
petit peu plus pour le pain et le beurre lorsqu'on a des enfants - c'est
ça, la vraie vie - qu'il faut les faire garder, qu'il faut leur acheter
des couches, qu'il faut les chausser, qu'il faut leur payer un certain nombre
de loisirs et qu'il faut payer, au début de l'année scolaire, les
frais afférents et les frais supplémentaires, etc.
Quand on regarde le bilan que vous avez publié sur l'ensemble de
ces 58 mesures-là, on ne fera pas le tour au complet, mais on va juste
en donner un aperçu. Regardez au chapitre du ministère de la
Santé et des Services sociaux. On va faire un tour rapide de ça.
En termes de mesures concrètes, les familles vont peu s'y retrouver. La
mesure 13 sur l'approche familiale par le ministère; on a
élaboré 8 principes - la caissière, le vendredi soir, chez
Steinberg, les principes, là, Mme la ministre - dont le ministère
va s'inspirer pour rédiger sa future politique de santé et de
bien-être. Parce que, là, il faut avoir suivi les derniers travaux
de la commission parlementaire sur le projet de loi 120. La politique de
santé et de bien-être, c'est reporté à l'automne. On
est en train, d'ailleurs, de dessiner là un instrument pour intervenir
en matière de santé et de services sociaux au Québec sans
savoir à quel objectif précis ça va servir. Ça va
être dans la politique de santé et de bien-être.
Alors, on a élaboré 8 principes au niveau de la mesure 13.
Grande nouvelle pour les familles québécoises: il y aura 8
principes dont va s'inspirer le ministre de la Santé et des Services
sociaux lorsqu'il va regarder l'élaboration de sa propre politique de
santé et de bien-être au Québec. Là, on n'a rien sur
le terrain pour le Steinberg du vendredi soir, pour le marché du
vendredi soir, du jeudi soir ou du samedi. Il n'y a rien là-dessus.
C'est des principes.
On va aller plus loin. Les mesures 14 à 25: les travaux
préliminaires définissant les orientations du ministère et
le financement sont pratiquement terminés. Il n'y a pas de moyens
très concrets, là. Les travaux préliminaires. La politique
de périnatalité: 15, 16 et 23. Je vais essayer de retrouver la
phrase. Le ministère entend réaliser la mesure 15 en rejoignant
l'ensemble des parents pour les services prénataux, que ce soit par des
services dispensés directement par le CLSC ou ses partenaires. Le
financement des CLSC, on n'est même pas capable d'assurer la base des
services médicaux courants.
Je ne reproche pas ça à la ministre
déléguée à la Famille. Je lui indique que, à
la mesure 16, 42 CLSC sur 158 au Québec sont sous-financés. Une
des premières mesures qui sautent dans ces CLSC, parce qu'ils sont
obligés à l'équilibre budgétaire, c'est la
réponse aux besoins en termes de cours prénataux pour ceux et
celles qui veulent devenir parents. Moi, je sais qu'au CLSC le Partage des
eaux, de Rouyn-Noranda, eh bien, la mesure, cette année... Je ne vous
demande pas de répondre à cette observation concrète dans
un cas qui est plus proche du comté dont je suis le représentant.
Je fais juste vous indiquer que, sur un territoire qui regroupe une vingtaine
de paroisses, les cours prénataux, ça a voulu dire: On en donne
une fois à Rouyn-Noranda et, quand tu restes 45 milles plus loin, tu
viens à Rouyn pour suivre le cours prénatal. Sinon, tu t'en
passes parce qu'on n'est plus capables. Ça, ce sont des mesures au
niveau des CLSC.
Regardez ce que ça veut dire dans le bilan du plan d'action.
Mesure 17, oui, je l'accorde, un point pour vous. Oui, clairement. Nouvelle loi
de l'adoption internationale claire, des objectifs, reconnaissance des
mécanismes, O.K. C'est un point, c'est le premier. On n'a pas encore
adopté d'enfants, mais on a une mécanique claire. On le
reconnaît, ça. Mesures 18, 19 et 20 concernant les nouvelles
technologies, les jeunes mères en difficulté à la suite
d'une grossesse non désirée ou d'un accouchement, les
activités de dépistage de maladies transmises sexuellement et
l'information préventive en matière de planification des
naissances, elles sont réalisées en bonne partie. Mais voir ce
qui se passe au niveau de l'intervention ou de la capacité
d'intervention des CLSC en milieu scolaire et, encore là, pas de
produire l'information, mais rejoindre les personnes qui sont touchées
effectivement par ces situations-là. On n'a rien changé au niveau
de mesures concrètes pour s'assurer que ces gens-là, on s'y est
rendu.
Encore là, en réponse aux besoins des
jeunes mères en difficulté à la suite d'une
grossesse non désirée ou d'un accouchement, un cadre de
référence à l'intention des cinq centres de
réadaptation pour les mères en difficulté d'adaptation a
été élaboré. Un cadre de référence!
Alors, là, on est dans les études, on est dans les papiers, on
est dans les documents, on est dans tes énoncés de politique, on
est dans les mesures d'encadrement.
Les activités de dépistage. Un plan d'action a
été déposé au ministère depuis près
d'un an. Ce n'est pas indiqué: il y a de l'action dans le
ministère depuis un an. Un plan d'action est déposé au
ministère depuis près d'un an. Le ministère veut
intégrer les orientations de ce document dans sa politique de
santé et de bien-être. Comme on dit au baseball, "postponed",
remis à plus tard pour cause de pluie ou de difficultés.
En matière de planification des naissances, un document de
réflexion, etc. Mesure 21, des discussions sont en cours entre les
sous-ministres des ministères de la Santé et des Services sociaux
et de la Justice pour arrêter les modalités de collaboration entre
les deux ministères en ce qui concerne les services de médiation.
Les mesures 22 et 24, le ministère a produit un document sur les
différentes formes de violence en milieu familial au Québec. Les
mesures 26 et 57 portent sur la recherche, deux documents faisant l'inventaire
des recherches effectuées au Québec; c'est le recueS des
recherches.
Je vais le reconnaître, Mme la ministre, sur la mesure 17 en
matière d'adoption internationale, faite, réalisée,
document ou projet de loi sur lequel nous nous sommes prononcés en
faveur également.
Pour le reste, on est en matière de mesures, on est en
matière d'études, on est en matière de documents, on est
en matière de principes pour que le ministre puisse penser
peut-être faire une politique de santé et de bien-être.
Comparez-moi ça avec le jeudi soir, le vendredi soir et le samedi matin,
au niveau du bilan familial, je pense qu'il faut modérer ses ardeurs un
petit peu.
Je terminerai par une question très concrète
là-dessus, puisqu'on est au chapitre de la santé et des services
sociaux. En matière de médiation familiale, disons qu'il y avait
ce grand objectif d'étendre à l'ensemble des régions du
Québec les services de médiation familiale dans les cas de
séparation et de divorce pour les parents. Or, au mois de mai 1990,
à peu près vers la même date, un petit peu plus tard, 11
mois plus tard, à la question: Qu'en est-B des services de
médiation familiale? vous répondiez: À mon avis, cette
mesure sera réalisée en 1990, mais par prudence - et je vous
comprends - je n'ai pas voulu la placer dans cette liste de réalisations
de 1990. C'est l'étude des crédits de l'an passé. Le
ministre évoquait, dans les travaux, qu'un comité
interministériel est chargé d'établir le maître
d'oeuvre sur le plan administratif ainsi que l'enveloppe budgétaire
nécessaire à l'extension des services de médiation pour
l'ensemble des régions du Québec. (16 h 30)
Alors, ça fait l'objet d'une lutte incessante entre ces deux
ministères, le ministère de la Santé et des Services
sociaux et le ministère de la Justice, depuis qu'on y a pensé et
depuis, entre autres, que des régions comme Montréal et
Québec peuvent jouir de ce service-là. Et le ministre de la
Justice, hier, je crois, en défense des crédits de son
ministère, nous donnait une définition bien bizarre de la
médiation familiale en disant que, quant à lui, quand on
était rendu en procédure de divorce, la santé et les
services sociaux n'avaient plus d'affaire là-dedans parce qu'on est en
matière de justice, on est en matière de règlement de
litige devant les cours et, qu'à son avis le ministère de la
Santé et des Services sociaux ou les services sociaux n'ont pas
d'affaire à ça.
Alors, pour l'instant, Mme la ministre, c'est bis, 23 mai 1990. À
quand la médiation familiale et comment va s'arbitrer - parce que je
pense que c'est ça - la chicane? On "va-tu" finir par en avoir, des
services de médiation familiale dans toutes les régions du
Québec? Si ça fonctionne à Montréal et à
Québec, pourquoi ça ne fonctionnerait pas ailleurs et qu'est-ce
qu'on attend?
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre, sur la
médiation familiale.
Mme Trépanier: M. le Président, comme la question
de M. le député a été précédée
d'un long préambule, vous me permettrez de répondre...
Le Président (M. Gautrin): Par un long préambule
dans votre réponse.
Mme Trépanier: ...à quelques-unes de ses
affirmations dans le préambule parce que je trouve ça très
habile de sa part de faire un grand discours et d'arriver avec une question
pointue. J'aimerais pouvoir y répliquer.
D'abord, je dirai au député de Rouyn-Noranda que le plan
d'action "Familles en tête" est un plan d'action 1989-1991. Nous sommes
à la mi-étape. Je n'ai jamais dit que toutes les mesures
étaient réalisées. J'ai dit qu'une très grande
partie des mesures, dans des chapitres extrêmement importants,
étaient complètement réalisées. Ça, j'ai dit
ça. Et on va y revenir parce que, évidemment, le
député a ressorti quelques mesures qui n'étaient pas
entièrement réalisées encore, mais il a fait abstraction
de plusieurs autres qui sont réalisées.
Deuxièmement, lorsque le député de... ! Le
Président (M. Gautrin): à l'ordre, s'il i vous
plaît!
Mme Trépanier: ...Rouyn-Noranda parle des propos du
Conseil de la famille concernant la politique familiale, je pense - surtout
qu'ils sont ici - que c'est presque insultant de se faire affubler de propos
qui ne sont pas les leurs. Vous nous sortez des titres de journaux et vous
savez fort bien que ce ne sont pas les propos mêmes du Conseil de la
famille quand on dit: Le gouvernement se traîne les pieds. Ce que le
Conseil...
Le Président (M. Gautrin): Voulez-vous suspendre une
minute?
Mme Trépanier: Deux secondes, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Alors, on suspend une
minute?
Mme Trépanier: Je retrouve mes papiers.
Le Président (M. Gautrin): On reprend nos travaux. Mme la
ministre.
Mme Trépanier: alors, ce que soutient le président
du conseil de la famille, m. fortin, dans l'article intitulé "la famille
négligée", c'est: nous aurions tort d'ignorer que des pas
importants ont été faits pour la reconnaissance de la famille. il
y a bon espoir que l'énoncé de politique va faire son chemin. le
gouvernement prend davantage en considération les familles et cela se
fait sentir dans les décisions qui sont prises par les
ministères. la révision des normes du travail tenant davantage
compte des parents travailleurs, la création de nouvelles places en
garderie, le développement de garderies au travail, les allocations
à la naissance d'un enfant sont des mesures qui favorisent la famille,
note le secrétaire du conseil, m. jean-pierre lamou-reux. il faut quand
même être honnête et donner toute la
vérité.
Deuxièmement, lorsque vous pariez de la mesure 13, je ne peux pas
croire que le député de Rouyn-Noranda soit contre cette recherche
et soit contre le fait de baser une politique sur des points et facteurs. Le
député a passé une année à citer abondamment
le document "Penser et agir famille", et avec raison. Je vous dirai que c'est
une demande expresse du Conseil de la famille, cette mesure 13. On dit,
à la page 2 de "Penser et agir famille", que le MSSS et son
réseau développent, dans les étapes subséquentes de
la réforme, l'approche familiale en révisant en
conséquence leur programme d'intervention, tel que le prévoit la
mesure 13 du plan d'action.
Ensuite, vous nous parlez de l'ensemble des mesures du plan d'action et
vous arrivez à la mesure 21, qui est la médiation familiale. Le
ministre Rémillard, à une question de Mme Harel lors de
l'étude des crédits cette année, a affirmé que
c'est toujours une priorité pour lui, que les discussions sont presque
achevées et il espère que la médiation pourra être
mise en application à l'automne 1991.
Moi, sur ce dossier-là, je peux vous dire que, l'an passé,
nous avions relancé les discussions entre les deux ministères.
Qu'il y ait eu une différence d'approche entre les deux
ministères, tout le monde l'admet, mais cette question est tellement
importante que je considère qu'il est normal que nous puissions trouver
la meilleure approche et que, si ça doit prendre quelques mois de plus,
je pense que c'est important que nous suggérions au gouvernement les
bonnes approches. Et, comme je vous l'ai déjà dit, comme les
ministres l'ont dit en commission et je dois dire aussi le ministre
Rémillard lors de la rencontre des groupes de femmes, c'est une question
qui est éminente, c'est une question extrêmement importante pour
notre gouvernement.
Quant au reste du plan d'action, j'aimerais bien qu'on revienne sur
certains chapitres, mais je suis convaincue que le député de
Rouyn-Noranda ne trouvera pas le temps d'y revenir. Alors, peut-être
qu'il vaudrait mieux que j'en parie tout de suite. L'objectif de la politique
familiale était d'abord de donner le soutien nécessaire aux
parents québécois pour jouer leur rôle de parents, tant au
niveau du soutien financier qu'au niveau de la conciliation de la vie
professionnelle et de la vie familiale.
Vous admettrez avec moi que, dans ces chapitres d'une importance
capitale, nous avons déjà, après un an de mise en
application de ce plan d'action, rempli nos engagements, notamment au niveau du
soutien financier. Tout le monde l'admet. Dans le texte que je vous lisais du
Conseil de la famille aussi, on admettait que le soutien financier était
important pour les familles québécoises, surtout la
stabilité et aussi tous les outils qui nous permettent une meilleure
conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale.
À ce chapitre des normes minimales de travail auxquelles le
Secrétariat à la famille a été très
étroitement associé, lors de la saison dernière, nous
avons rempli, par l'adoption de cette loi, l'ensemble des engagements qui
avaient été pris au niveau de la conciliation de la vie du parent
travailleur et de la vie familiale. N'oublions pas, non plus, tout le chapitre
sur les services de garde pour qui les engagements pris à cet
égard ont été aussi remplis.
Je dois vous dire que, ce matin, la présidente du Conseil du
statut de la femme a admis également que la politique familiale du
Québec était une bonne politique. Elle a dit - et vous pourrez
revoir les galées - qu'il fallait augmenter le support, qu'il fallait
continuer à supporter dans des secteurs diversifiés, exactement
ce qu'on dit. Et, moi, j'ai répondu, à une question de la
critique de l'Opposition, que notre problème, au niveau de la politique
familiale,
avait été un problème de perception et qu'on ne
pouvait pas empêcher, non plus, la population et les médias de
s'intéresser à toute la question démographique qui,
contrairement à ce que certaines personnes disent, est un
élément important. C'est sûr qu'il ne faut pas voir
ça de façon alarmiste, mais de façon réaliste. Il y
a un problème démographique au Québec et on voit que les
journalistes, entre autres... Lorsque nous faisons, par exemple, le bilan de la
politique familiale dans sa première année, ce qui ressort, c'est
toujours les mesures de soutien financier concernant les familles. Alors,
l'Important, c'est de savoir que, non, le Conseil de la famille n'est pas en
désaccord avec la politique familiale du Québec, non, le Conseil
du statut de la femme n'est pas en désaccord avec la politique familiale
du Québec. Après consultation sur le bilan de la politique
familiale du Québec, du premier plan d'action, on en arrive à
dire qu'on est encore en accord avec la très grande majorité des
mesures qui sont dans ce plan d'action là.
Deuxièmement, nous allons en consultation très
bientôt sur le deuxième plan d'action et ce sera un plan d'action
collé à la base. Je suis convaincue que la plupart des mesures de
ce premier plan pourront être continuées parce que c'est la
volonté de la population. C'est ce que les gens désirent, du
soutien financier et, deuxièmement, un appui pour jouer leur rôle
de parents de façon adéquate.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. Sur la
médiation.
M. Trudel: En matière de médiation familiale, Mme
la ministre, je pense que la plus grande action que vous devriez avoir au cours
de la prochaine année, c'est de mettre sur pied votre propre service de
médiation familiale entre le groupe Santé et Services sociaux et
le groupe du ministère de la Justice. Prenez les deux ministres et
mettez sur pied de la médiation entre ces deux groupes-là.
Ça va être la plus grande réussite à laquelle vous
pourrez arriver en matière de réalisations. Et là je fais
une demande expresse, M. le Président: Est-ce que je pourrai verser aux
galées de l'année prochaine la réponse que la ministre m'a
faite l'an passé...
Mme Trépanier: Merci de votre conseil, M. le
Président, mais on ne fait que ça.
M. Trudel: ...qu'elle fait encore cette année et qu'elle
sera obligée de faire l'an prochain, si on s'en tient à ces
éternels débats entre les grands garçons qui, par
ailleurs, laissent les familles des régions, qui sont aux prises avec
des problèmes graves, avec des situations qui sont difficilement
acceptables? C'est peut-être ça le plus beau geste qu'on pourrait
faire pendant l'année, de façon à ce que j'aie tort l'an
prochain en disant: Prenez le morceau des galées de cette année
et mettez-le l'année prochaine, ça va être encore la
même chose, pour qu'enfin la ministre puisse nous dire, dans son discours
d'ouverture, que le député avait tort, ce à quoi je vais
convenir facilement, à ce moment-là, bien sûr.
Mme Trépanier: Nous les rassortirons à ce
moment-là, mais pour conclure sur ce dossier-là je ne voudrais
pas laisser l'impression au député de Rouyn-Noranda que cette
question n'est pas importante pour le Secrétariat à la famille,
la ministre déléguée à la Famille. Au contraire,
dès le départ, nous avons toujours convenu que les services de
médiation familiale devraient être accessibles partout au
Québec, que c'était une priorité et que nos plans d'action
que nous faisons à chaque année... Nous avons convenu avec les
ministres qu'il fallait en arriver à une solution. Le dossier
étant tellement important, il faut trouver les bonnes solutions
également. J'espère que je pourrai revenir avec des propos, l'an
prochain, et dire que le député avait tort de s'inquiéter
autant.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. M. le
député, quelques petites questions.
Financement des organismes familiaux
M. Trudel: Mme la ministre, en matière de financement des
organismes familiaux...
Mme Trépanier: En matière de...
Le Président (M. Gautrin): Financement des organismes
familiaux.
M. Trudel: En matière de financement des organismes
familiaux, j'aurais, bien sûr, quelques questions à vous poser
là-dessus parce que, là aussi, on a quelques petits
problèmes. Nous allons sûrement en convenir. Bon, la nouvelle
approche promise par le ministre de la Santé et des Services sociaux au
niveau des subventions aux organismes communautaires... À
l'intérieur de ce groupe des organismes communautaires, bon nombre
d'organismes familiaux ne sont pas très satisfaits du support qu'ils
reçoivent du ministère de la Santé et des Services
sociaux. Ils se fixent des objectifs - je ne dis pas que le gouvernement doit
atteindre absolument les objectifs fixés par ces organismes-là -
à un niveau beaucoup plus élevé que ce qui est le cadre
actuellement. (16 h 45)
Ce qui est assez étonnant, Mme la ministre, c'est qu'en
matière de financement des organismes familiaux au Québec les
regroupements régionaux, par exemple, les regroupements de COFAQ ne
seront plus subventionnés, ne seront plus financés, à
partir de cette année, parce que la mécanique maintenant, c'est
la régie qui va subventionner les organismes communautaires,
dorénavant, et qui financera les organismes communautaires qui
sont sur le terrain et qui sont à l'action auprès des usagers.
Par ailleurs, les regroupements nationaux, on ne sait plus trop selon quelle
formule, continueront à être financés au niveau du
ministère. Et, de façon assez étonnante, en réponse
aux questions de mon collègue de Shefford, M. Roger Paré,
à l'étude des crédits de Santé et Services sociaux,
le ministre a souhaité que, dans l'optique des recommandations et de
l'avis du Conseil de la famille, le soutien aux organismes familiaux
relève, dans un avenir rapproché, du Secrétariat à
la famille qui, selon lui, est mieux outillé et plus compétent
pour statuer sur les demandes de subvention dans le cadre d'un programme
précis. Dans l'intervalle, le ministre dit: Quant à moi, quant
à mon ministère, les coupures vont continuer de s'appliquer,
malgré les protestations et ce qu'on a fait savoir au ministre en
matière de réductions pour le financement des regroupements
d'organismes familiaux au Québec.
Donc, le ministre dit: Moi, ce que je souhaite, c'est que ça
relève du Secrétariat à la famille qui est beaucoup mieux
équipé que nous pour évaluer ça. Est-ce que la
ministre est d'accord de rapatrier le financement des organismes familiaux, je
vais dire, sous la responsabilité de la ministre
déléguée à la Famille et assuré par le
Secrétariat à la famille, dans le cadre de l'affirmation de son
collègue en matière de financement des organismes familiaux?
Mme Trépanier: Avant de répondre
spécifiquement à cette question-là, vous avez fait
quelques affirmations. Il serait faux de prétendre que le financement
des organismes familiaux... Et, là, nous envisageons seulement le
financement octroyé par le MSSS. N'oublions pas que plusieurs organismes
sont financés par plusieurs ministères. Il y a eu un ajout de
financement pour l'ensemble des organismes. Cette année, le financement
a été de 1 595 000 $. Il y a eu un ajout aussi - et ça,
c'est important - d'une cinquantaine d'organismes, donc, ce qui nous
amène à 152 organismes financés par la Santé et les
Services sociaux cette année, dont 22 regroupements.
Tout en admettant l'importance et la reconnaissance des organismes
familiaux, il faut, en bons gestionnaires, s'assurer que les sommes
allouées répondent bien aux besoins; deuxièmement, qu'il
n'y ait pas de duplication, non plus. Il faut garder à l'esprit - et
c'est un peu la réaction qu'a eue le ministre de la Santé - il
faut être bien certain que les regroupements jouent le rôle
essentiel parce qu'ifs obtiennent 55 % du budget alloué aux organismes
familiaux. Ça, c'est important de se le dire également.
Et nous accordons tellement d'importance au financement des organismes
familiaux qu'il est prévu, dans la réforme de la santé et
des services sociaux, un financement plus adéquat, à mon sens,
aux organismes familiaux, on veut s'assurer de la stabilité du
financement. J'ai communiqué à plusieurs reprises, d'ailleurs, au
sujet du financement des organismes, avec mon collègue de la
Santé et, pour moi, ce qui était extrêmement important,
c'est que, dans l'avenir, on reconnaisse les organismes familiaux qui sont tout
à fait essentiels dans leur milieu et que ces organismes-là ne
passent pas les trois quarts de leur temps à chercher du financement,
qu'ils aient des cadres stables de financement. Ça, c'est de
façon générale.
Vous nous avez parlé de regroupements qui ne seront plus
financés l'an prochain. Vous avez peut-être commis un lapsus. Ce
sont les regroupements régionaux qui ne seront plus financés, pas
la COFAQ.
M. Trudel: J'ai dit régionaux.
Mme Trépanier: Vous avez dit "régionaux comme la
COFAQ".
M. Trudel: Régionaux de la COFAQ.
Mme Trépanier: O.K. D'accord, alors. Ce sont les
regroupements régionaux qui ne seront plus financés par le
ministère, sauf qu'ils pourront l'être par la régie
régionale qui, selon les besoins du milieu, si elle reconnaît la
nécessité du regroupement, pourra le financer.
En ce qui concerne les organismes qui ont vu leurs subventions
diminuées ou complètement annulées cette année, le
ministre de la Santé a convenu que ces organismes-là n'entraient
pas dans la mission du ministère de la Santé et des Services
sociaux. Il n'a jamais dit que ces organismes-là n'étaient pas
utiles dans la société, au contraire. Ce qu'il a dit, c'est
qu'ils n'entraient pas dans sa mission propre. Quant aux regroupements, ils
seront pris en charge par les régies quand la réforme sera en
application.
Concernant les regroupements, il y a certains regroupements qui
pourront, par exemple, s'ils conservent une dimension services, recevoir des
subventions. Par exemple, la fédération Yamaska, qui a une partie
de son travail qui est une partie de recherche et de services à la
population. Alors, à ce moment-là, elle pourra obtenir des
subventions si elle est capable de démontrer cette fonction-là.
Alors, dire que le financement des organismes familiaux n'est pas important
pour nous, je pense que c'est une erreur, mais il faut s'organiser pour que les
fonds soient bien utilisés et c'est ce que nous essayons de faire.
Quant au transfert des budgets alloués, je dois vous dire que je
suis ouverte à cette proposition, mais pas à n'importe quel prix.
Depuis l'annonce des coupures de subventions, je me suis questionnée sur
la possibilité de rapatrier certains budgets. Le Secrétariat
pourrait être bien outillé pour juger de la mission de
chacun des organismes, ça, c'est clair, mais c'est bien important
d'évaluer comment pourrait être faite la sélection des
organismes parce que ceux qui sont actuellement subventionnés par le
MSSS, qui répondent à sa mission, relèveraient-ils de la
Santé et des Services sociaux ou relèveraient-ils du
Secrétariat à la famille? C'est une question que je me pose.
De plus, présentement, le mandat et les effectifs du
Secrétariat à la famille ne permettent sûrement pas la
gestion d'un programme de subvention. Nous sommes un organisme de coordination.
Alors, je suis ouverte à toute suggestion qui pourra améliorer le
sort des organismes familiaux. Si le gouvernement juge que les organismes
seront mieux servis de cette façon, alors nous prendrons la
décision, mais c'est avec grand plaisir que j'en discuterai avec mon
collègue de la Santé. Je peux vous dire que, dans le domaine du
financement des organismes familiaux, des discussions sont engagées
depuis fort longtemps.
Le Président (M. Gautrin): M. le député, une
dernière question.
M. Trudel: Malheureusement, il reste du temps juste pour une
dernière question, mais la ministre m'a trop tenté en parlant de
rapatriement, peut-être, du cadre de financement ou du financement.
Mme Trépanier: Entendons-nous bien. Ce n'est pas moi qui
ai initié la discussion. Vous m'avez parlé de propos du ministre
de la Santé et je vous ai répondu à ces propos. Je vous ai
dit que j'étais ouverte à cette proposition-là, mais pas
à n'importe quelle condition.
Le Président (M. Gautrin): C'est bien. C'est bien.
M. Trudel: Est-ce que la ministre endosse, par ailleurs,
complètement la proposition du rapport Allaire sur le rapatriement
complet et nécessaire de tous les éléments de la politique
familiale dans le cadre fédéral actuel au gouvernement du
Québec? A-t-elle l'intention de commander les études
nécessaires, soit au Conseil, soit au Secrétariat, pour en
arriver aussi à mesurer les impacts de ce que ça pourrait vouloir
dire pour le Québec de posséder ces instruments
supplémentaires en matière de politique familiale?
Mme Trépanier: Alors, M. le Président, on
déborde beaucoup de notre mandat de commission, je pense, mais je peux
répondre au député de Rouyn-Noranda que, effectivement, je
considère que ce serait un plus de rapatrier tous les pouvoirs en ce qui
concerne la politique familiale. Le Secrétariat à la famille a un
mandat de coordination dans chacun des ministères. Tous les
ministères concernés sont déjà, au moment où
nous nous parlons... ou entreprendront des études pour voir les impacts
d'un tel rapatriement, chacun dans leur champ de juridiction. Mais je dois vous
dire, comme je l'ai dit publiquement d'ailleurs, lors du rapport Allaire...
J'ai endossé le rapport Allaire et je pense qu'on devrait rapatrier tous
les champs d'intervention en ce qui concerne la politique familiale.
Le Président (M. Gautrin): merci, mme la ministre. alors,
écoutez, compte tenu du temps et des contraintes du député
de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue...
M. Trudel: Non, non, je m'excuse, ce n'est pas juste en vertu des
contraintes, ça. Je veux remercier la ministre de l'accommodement au
niveau de l'horaire pour la défense des crédits. Je pense que
nous les avons couverts à l'intérieur de la période
prévue. Je veux remercier la ministre et les personnes qui
l'accompagnent au niveau de l'accommodement de l'horaire.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce qu'il y a des questions
de la part des députés ministériels? M. le
député de Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Non. On a vu que ça s'est fait de façon
quand même assez respectable.
Adoption des crédits
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, écoutez,
est-ce que le programme 3, éléments 1 à 4, du Conseil
exécutif, intitulé Promotion des droits des femmes et famille,
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): Adopté. Merci. Est-ce
que les crédits budgétaires relevant de la compétence de
la ministre déléguée à la Condition
féminine, responsable de la famille, pour l'année
financière 1991-1992, sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): La commission ayant accompli
son mandat... Elle n'a pas accompli son mandat?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Ah! La commission ayant encore
du travail à faire ajourne ses travaux au mardi, 30 avril 1991, à
9 h 30.
(Fin de la séance à 16 h 57)