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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission des affaires sociales reprend ses travaux. La commission
des affaires sociales est réunie afin d'étudier les
crédits budgétaires du ministère de la Santé et des
Services sociaux et de la Régie de l'assurance-maladie du Québec
pour l'année financière 1990-1991. Nous allons entendre ce
matin... Avant de procéder, je demanderais s'il y a des
remplaçants.
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Marcil
(Salaberry-Soulanges) sera remplacé par M. Fradet (Vimont); Mme Marois
(Taillon) par M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles).
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Alors, ça va pour les remplaçants?
La Secrétaire: Oui, M. le Président.
Ministère de la Santé et des Services
sociaux
Le Président (M. Tremblay, Rimouski):
Alors, nous étudions ce matin la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
M. Chevrette: On va commencer par finir la Corporation
d'hébergement.
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): O. K.
M. Chevrette: Ensuite, tel que convenu avec le ministre, nous
allons faire quelques embardées sur le FRSQ et quelques dossiers de Mme
Blackburn et, après ça, nous reviendrons comme dessert avec
l'ex-futur ou je ne sais trop quoi...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette:... le président de la RAMQ. Vas-y
Michel.
Corporation d'hébergement du Québec
(suite)
M. Bourdon: M. le Président, le ministre nous a remis hier
un exemple de calcul de coût initial et de coût
révisé d'un projet. Le document parle du centre hospitalier juif.
Je pense qu'il faut plutôt lire le Centre d'accueil juif à
Montréal. Est-ce que le ministre peut nous remettre ce matin ou
bientôt une ventilation semblable pour les autres projets que j'ai
mentionnés hier?
M. Côté (Charlesbourg): Pas ce matin
évidemment parce que ça nécessite une recherche un petit
peu plus en profondeur, mais je m'engage, dans les plus brefs délais,
à remettre à la commission, peut-être en (n'indiquant la
liste des centres pour lesquels vous voulez obtenir de l'information.
M. Bourdon: Alors, il s'agit, M. le Président, du centre
hospitalier Notre-Dame-de-la-Merci, du centre hospitalier Santa Cabrini, du
centre hospitalier de Lachine, de l'Institut de recherche clinique, du centre
de santé de la Basse-Côte-Nord et des centres hospitaliers
Sainte-Marie et Portneuf.
M. Côté (Charlesbourg): Sainte-Marie et...
M. Bourdon: Et Portneuf. Il y en a trois autres: le centre
hospitalier Cité de la santé de Laval, centre hospitalier de
l'Archipel et le centre hospitalier Saint-Eustache. Est-ce que le ministre peut
me donner une idée quand je pourrais avoir ça?
M. Côté (Charlesbourg): Le plus rapidement possible.
Je ne sais pas... Deux semaines, trois semaines. Mais de toute façon, je
dis deux ou trois semaines, mais le plus rapidement possible. Si ça peut
être fait avant, ça sera fait avant.
M. Bourdon: O. K. Parce que... M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Bourdon:... dès que les données seront
disponibles, j'apprécierais de les avoir même si ce n'est pas...
en vrac...
M. Côté (Charlesbourg): Au fur et à mesure,
O. K.
M. Bourdon:... au fur et à mesure. M. Côté
(Charlesbourg): Oui. O. K.
M. Chevrette: Mais ça doit être colligé dans
les procès-verbaux?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Chevrette: Est-ce colligé dans les
procès-verbaux de la...
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas
nécessairement. Je pense qu'il faut remonter, il faut refaire
l'historique du dossier. Vous aurez tout
l'historique du dossier au complet, à partir du moment où
ç'a commencé à se parler en termes de projets et on voit
le temps que ç'a... les échanges qu'il y a eus.
M. Chevrette: Quand c'est marqué RDC, coût
révisé avant construction, parce que dans votre liste que vous
nous avez envoyée...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Chevrette:... parce que je ne suis pas spécialiste dans
ça, mais c'est marqué: coût révisé, et il y
en a d'autres: coût révisé avant construction. Quelle est
la différence entre les coûts révisés puis les
coûts révisés avant construction? Dans le "listing" que
vous nous avez envoyé, il y a deux types de coût
révisé. C'est parce que je ne fais pas la distinction. Quand tu
ne connais pas ça.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Il y a un coût
initial qui est fait à partir du PFT. Le coût Initial, c'est lui,
ça, qui est fait... Je veux juste rappeler un petit peu ce que j'ai dit
hier. Le centre hospitalier, par exemple, décide qu'il serait bon de
présenter un projet au ministère pour une rénovation
fonctionnelle ou un agrandissement, il le fait en contact avec l'agent de
liaison du ministère et dit: Voici ce que ça devrait contenir,
toute une série de liste d'épicerie, de choses qu'ils veulent
voir inclure à l'intérieur du projet. À ce
moment-là, sans que les professionnels de la construction soient
impliqués dans le dossier, on évalue à approximativement
à x millions de dollars, 9 000 000 $, 8 000 000 $, 5 000 000 $, 15 000
000 $, et c'est à partir de ce moment-là que le ministre va dire:
On reconnaît la pertinence de faire des études, donc, d'aller au
choix de professionnels qui, eux, vont faire des analyses qu'il faut pour
être capables de mettre un prix sur le projet. Et avec un concept, donc,
des plans préliminaires, c'est uniquement là qu'on commence
à avoir une idée réelle de ce que ça va
coûter. Par la suite, le montant dégagé par ces
études-là, c'est ça qui sert de coût pour aller
chercher un C. T. d'autorisation de construction. Encore là, il y a des
variations, très peu souvent en moins, mais davantage en plus, quant au
coût final en termes de réalisation. Donc, il y a des moments
très importants: premièrement, plan fonctionnel et technique,
où il y a une première évaluation; par la suite, les
études et plans et devis préliminaires qui t'amènent
à un coût de C. T. de réalisation et coût
révisé, évidemment, par la suite.
M. Bourdon: M. le Président, le ministre mentionnait, hier
soir, que, au niveau du pian fonctionnel et technique, il y a toujours un agent
de liaison du ministère qui travaille avec l'établissement.
Est-ce qu'il serait possible de nous donner le nom de l'agent de liaison?
M. Côté (Charlesbourg): oui. définitivement.
mais ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est un agent de liaison du
ministère et non pas un agent de liaison de la corporation.
M. Bourdon: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Parce qu'il y en a deux,
c'est de deux ordres.
M. Bourdon: O. K.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, si on se comprend, le
coût initial est le coût fait par le PFT; le coût
révisé est le coût au moment de l'élaboration du C.
T. au Trésor, puis le coût final, c'est sûr, quand tout est
terminé.
Le Président (M. Gautrin): Ça va, M. le
député, vous avez une réponse.
M. Bourdon: Ça va.
Le Président (M. Gautrin): avez-vous d'autres questions?
m. le député de joliette.
M. Chevrette: c'est-à-dire qu'on se comprend bien, ce qui
est demandé, ce sont des explications comme celles du centre hospitalier
ou du centre d'accueil juif; c'est ça?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: C'était parti à 9 000 000 $...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette:... II s'est ajouté à ça des
honoraires professionnels de l'ordre de... six lits de plus, etc. C'est
ça?
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. M.
Chevrette: Oui, je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): Ou. en cours de route, des
ajouts qui sont négociés avec le ministère ou le conseil
d'administration, en cours de route. Alors, on arrive devant toutes sortes de
situations.
M. Chevrette: J'en ai un exemple, chez nous, Saint-Eusèbe.
Ils sont partis à 68 lits, ios sont passés à 122, puis Us
ont ajouté 50 Iits de chroniques, ça fait une escalade de trois
chocs différents. C'est évident.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Ou,
d'autres cas, par exemple, prenons le dossier Lakeshore, l'hôpital de
Lakeshore. Le ministère avait décidé, à
l'époque, que, quant à lui, le maximum qu'il participerait,
c'était 23 000 000 $. Si le milieu voulait se cotiser pour ajouter
des
choses à l'hôpital, II pourrait le faire. Le projet est
à 30 000 000 $, mais Ils ont toujours pris l'engagement d'en payer sept.
Ce n'est pas le ministère qui va le payer. Donc, II y a une
différence fondamentale entre le projet d'origine puis le projet qu'on
va présenter. Mais en règle générale, II y a des
explications dans ces cas-là.
M. Chevrette: Merci.
La Président (M. Gautrin): Bon. Maintenant, on va rentrer
sur le Fonds de recherche en santé du Québec. Merci. Mme la
députée de Chicoutimi.
Établissements de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean
Mme Blackburn: Pas tout de suite, M. le Président. Vous
allez me permettre quelques questions d'ordre un peu plus général
sur les établissements de la région. D'abord, rappelons
rapidement que le bilan de santé, que le ministre doit connaître,
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean est peu reluisant.
L'espérance de vie est de deux ans plus basse que la moyenne
québécoise. Ça c'est un peu amélioré chez
les femmes. Ça se dégrade considérablement chez les
hommes. Les décès sont surtout liés aux maladies
reliées à l'appareil circulatoire, à l'appareil
respiratoire, les tumeurs malignes qui sont plus présentes dans les
environs des grandes usines que sont l'Alcan ou les papetières. Il y a
également, et s'ajoutent à ça, les problèmes
liés aux maladies héréditaires dont on connaît
l'incidence dans la région de Charlevoix et tout le
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Moi, j'ai un certain nombre de questions, la première: Est-ce que
le ministre a l'intention de reconnaître dans le financement la
présence chez nous de problèmes liés aux maladies
héréditaires, prévoir des budgets en conséquence?
Parce qu'il y a là des fortes incidences. Il y a des organismes qui sont
prêts à travailler à ces dossiers-là, à faire
de l'information, à aider les personnes à rester en bonne
santé le plus longtemps possible. Ce sont des maladies
dégénératives. Alors, vous savez ce que ça veut
dire. Ça veut dire que, bon, à 27, 28, 30 ans, ces
personnes-là sont complètement impotentes parce que ça se
dégrade sur toute la vie. Alors, l'idée, c'est d'essayer de les
garder les plus autonomes possible le plus longtemps possible. Est-ce qu'il a
l'intention de reconnaître cette situation-là dans le
financement?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Vous savez que le
coût de système normalement vise à reconnaître des
besoins nouveaux et que, historiquement, le coût de système se
distribuait de façon paramétrique et que, par conséquent,
les mieux nantis en recevaient davantage, les CHU, de 1 %, de 0, 7 %, de 0, 4
%. Et, on se retrouvait dans une situation où on ne pouvait pas toujours
nécessairement reconnaître des besoins nouveaux. Donc,
l'allocation des ressources, et j'ai commencé à l'annoncer cette
année et ça sera encore plus évident l'an prochain, vise
une meilleure équité dans le système, premièrement,
et, deuxièmement, de reconnaître, effectivement, certains besoins
spécifiques au niveau des régions en termes d'allocation de
ressources et pourrait éventuellement nous permettre, effectivement, de
les reconnaître. Et, on ne pouvait pas apporter cette
correction-là dans l'application du coût de système de
manière draconienne dans un an. On commence cette année par des
enveloppes dédiées des deux tiers et d'un autre tiers qui est
fait de façon paramétrique, de telle sorte que l'an prochain, on
puisse, au niveau du coût de système, arriver à une
répartition qui va davantage tenir compte de la santé, donc,
notre santé à la carte. C'est important. Alors, c'est un
instrument qui a coûté quand même quelques dollars et qui
est un instrument de référence et qui doit nous servir de base
quant à l'allocation des ressources. Donc, c'est de manière
globale que l'allocation se fera, mais toujours en tenant compte de
l'état de santé de chacune des régions du
Québec.
Mme Blackburn: Est-ce que je peux entendre par là que les
budgets reliés à la croissance de la demande de traitements en
hémodialyse et en néonatalogie, on va retrouver ça dans
les enveloppes de l'université... de l'hôpital de Chicoutimi,
parce que...
M. Côté (Charlesbourg): L'université, c'est
un lapsus, ça?
Mme Blackburn: Non, c'est après ça.
M. Côté (Charlesbourg): Ah, c'est ça. Ha, ha,
ha!
Mme Blackburn: On va y revenir. Ha, ha, ha! En souhaitant que
ça tourne vers là, mais...
M. Chevrette: C'est la question qui suit. Mme Blackburn:
Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Une chose certaine, c'est
que c'est cette tendance-là que nous voulons prendre et normalement sur
le budget d'avril 1991, on devrait avoir de ces mesures-là.
Mme Blackburn: Parce que cette année, les coûts
reliés à ces deux postes-là, à cause de
l'accroissement de la demande de traitements, c'est 500 000 $, ce qui est
important, me dit-on.
M. Côté (Charlesbourg): II y a... Moi, je l'ai dit,
nous allons travailler avec des instruments que mes prédécesseurs
ont demandés et que j'ai.
J'ai l'avantage de les avoir. Donc, on va les utiliser. Il y a un
Conseil d'évaluation des technologies, en particulier au niveau de la
cardiologie dont vous avez fait allusion tantôt, qui recommande un
certain nombre de choses, donc, pas une multitude de dispensateurs de points de
desserte, mais davantage concentré avec tous les équipements
qu'il faut pour garantir la sécurité du travail. Donc, à
partir de ça, il y a les analyses qui vont découler de ces
rapports et qui vont s'appliquer en termes d'allocation de ressources.
Mme Blackburn: On peut penser que l'hôpital de Chicoutimi
qui est un hôpital à caractère régional... Quand on
parle d'équipements adéquats pour répondre aux besoins de
la population, ça va être pris en compte, compte tenu de son
caractère régional?
M. Côté (Charlesbourg): Bien, écoutez, on en
a discuté beaucoup, lors de la réforme, des hôpitaux qui
pourraient être des hôpitaux régionaux, et ça, je
pense que tout le monde convient qu'il faut mettre des efforts additionnels,
sans nécessairement négliger pour autant aussi les autres
hôpitaux de chacun des territoires qui desservent, à
l'intérieur de leur MRC, les populations qui sont là. Mais, ce
qu'il faut, c'est davantage viser à ce qu'il y ait aussi
complémentarité, mais un leadership régional, le
reconnaître.
Mme Blackburn: Oui, merci. De façon plus immédiate,
on a un problème, il y a une salle d'angiographie, à
l'hôpital de Chicoutimi et, selon les critères établis par
le ministère, pour une population comparable, ça en demanderait
trois. On a perdu, d'ailleurs, un spécialiste qui n'en pouvait plus de
travailler dans ces conditions-là puis, comme on sait qu'il n'en a pas
trop trop, la liste d'attente varie de cinq à sept mois. Est-ce qu'on a
l'intention de faire quelque chose dans ce dossier-là? Il y avait,
d'ailleurs, de l'argent qui avait été mis de côté,
si je ne m'abuse, c'est de l'ordre de 400 000 $, pour Installer un nouvel
équipement, mais il n'y a toujours rien qui s'est
concrétisé.
M. Côté (Charlesbourg): Je me suis retourné
vers mes principaux collaborateurs, et 0 ne semble pas que ce soit
nécessairement partagé par le ministère, mais, que
ça prenne trois salles, là...
Mme Blackburn: Bien, est-ce que... Oui? M. Côté
(Charlesbourg): Pardon? Une voix: Oui...
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas... Mme
Blackburn: Excusez-moi.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas où
vous avez pris ces informations, peut-être un petit peu plus
précise, là.
Mme Blackburn: Mais, est-ce qu'au nombre... ? C'est qu'il n'y a
seulement qu'une salle...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord.
Mme Blackburn:... et, de façon générale, ce
qu'on reconnaît pour une population comparable... et sur ça, le
CRSSS a, je pense fait ses recommandations, c'est trois salles, à tout
le moins, il pourrait se contenter de deux, mais une, c'est largement
Insuffisant, et les listes d'attente se prolongent indûment, avec des
conséquences sur la santé, là, je ne vous ferai pas de
dessin là-dessus. Je voulais juste savoir si vous aviez l'intention,
dans ce dossier-là, de poursuivre la volonté qui avait d'ailleurs
été manifestée... si je ne m'abuse, il y a
déjà de l'argent de réservé, 400 000 $
peut-être, pour...
M. Côté (Charlesbourg): Je me tourne vers mes
officiers supérieurs...
Mme Blackburn: Puis il n'y a rien...
M. Côté (Charlesbourg):... et Us ne semblent pas
partager cette volonté exprimée si clairement dans votre
royaume.
Une voix: Ha, ha!
Mme Blackburn: Bien, mon cher ami, on pourra... M. le ministre,
on pourra peut-être vous faire tenir, là-dessus, les informations
plus précises parce que...
M. Côté (Charlesbourg): Je suis ouvert à
toute information qui est susceptible...
Mme Blackburn: Une Information...
M. Côté (Charlesbourg):... d'influencer mes
décisions.
Mme Blackburn:... cependant, que vous devez connaître,
c'est un engagement que vous avez pris alors que vous étiez sur le
développement régional, à l'occasion de la biennale,
à Chicoutimi, ça fat déjà bientôt quatre ans,
si je ne m'abuse, M. te ministre, vous vous le rappelez peut-être...
M. Côté (Charlesbourg): Quatre ans?
Mme Blackburn: II me semble que ça fait bien longtemps,
parce que, de toute façon, ils ont retardé le Sommet
déjà depuis plus d'une année. Alors, ça doit bien
faire bientôt quatre ans.
M. Côté (Charlesbourg): Trois ans.
Mme Blackburn: C'est l'accélérateur
nucléaire.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai été
mêlé à ça, moi.
Mme Blackburn: Et... oui, et ça, j'y étals et nous
y étions, et depuis, rien. C'est passablement long. Je comprendrais que
le ministre ne se rappelle pas, mais il comprendra que, là-dessus, on a
un peu plus d'écrits.
M. Côté (Charlesbourg): Bien, écoutez, c'est
peut-être un peu normal à l'occasion, là, j'ai quand
môme présidé un certain nombre de sommets et et de
biennales, ça commençait à en faire passablement, avec le
nombre de dossiers: 100 dossiers par sommet, là. Que je ne vois pas
nécessairement la fine pointe de chacun des dossiers... Mais je vais
faire les vérifications qui s'imposent. On me dit qu'il y a un dossier
au ministère, à ce niveau-là, qui est en cours, et je vais
le vérifier.
Mme Blackburn: Est-ce que vous pourriez me...
M. Côté (Charlesbourg): Vous informer?
Mme Blackburn:... m'envoyer ou m'informer sur cette
question-là...
M. Côté (Charlesbourg): Ah! oui oui. Mme
Blackburn:... parce que... M. Côté (Charlesbourg):
Oui.
Mme Blackburn:... je comprends. D'ailleurs, au moment où
vous étiez en train de parler, c'est ce que je disais. Je comprends que
vous ne vous en rappeliez pas, mais, là-dessus, je voudrais vous assurer
qu'on a des écrits peut-être un peu plus que pour les salles
d'angio.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! bien, en tout cas, il y
a une chose qui est certaine, c'est que, à partir du moment où
vous piquez mon intérêt, j'ai, dans mes dossiers aussi, le
verbatim de chacun des engagements pris à ce moment-là. Je vais
me référer à ces engagements et quand je vais vous
revenir, vous allez avoir le dossier au complet.
Mme Blackburn: Bien. Autre sujet, l'hôpital... la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme plusieurs autres régions
au Québec, souffre d'une pénurie de
médecins-spécialistes. Une des façon de garder et d'amener
chez nous des médecins-spécialistes, ça a
été, en tout cas, en médecine familiale, c'est l'ouverture
qui a été faite par l'Université de Sherbrooke, de
reconnaître l'hôpital de Chicoutimi comme étant
associée aux fins d'Internat en médecine familiale. Je pense que
c'est 14 ou 16 internes, qui ont fait leur stage chez nous, leur internat chez
nous, et iI y en a une douzaine qui ont manifesté l'intention de rester
dans la région. Tout simplement pour illustrer comment ça a un
effet réel sur la décision des médecins de rester en
région. L'hôpital a présenté un projet en vue
d'être reconnu comme hôpital universitaire. Le ministre nous a
manifesté, à l'occasion de la commission parlementaire, son
intérêt pour ce type de mesures, de manière à mieux
répartir les médecins sur le territoire du Québec. Est-ce
qu'il a l'intention d'intervenir pour qu'effectivement l'hôpital
régional de Chicoutimi soit reconnu comme hôpital universitaire
pour fins d'enseignement de la médecine?
M. Côté (Charlesbourg): Je l'ai dit à
l'époque, je continue de penser exactement la même chose. Il faut
que les hôpitaux universitaires, donc affiliés aux
universités, sortent des grands centres de Québec et de
Montréal. Ça m'apparaît fondamental et, en sortant des
grands centres, effectivement, ça peut avoir des effets
d'entraînement très intéressants pour que des
médecins spécialistes et omnis puissent éventuellement
s'implanter au niveau des régions.
Il y a un projet dans l'air, actuellement, qui est celui de
l'Université de Sherbrooke, qui est, bien sûr, le maître
d'oeuvre de son dossier. Il y a deux candidatures actuellement, il y a
Chicoutimi et II y a l'hôpital Charles-Lemoyne dans
Montérégie, qui sont analysées, qui ont fait l'objet de
dossiers, encore tout récemment, d'échanges avec des officiers
supérieurs du ministère, quant à la localisation et quant
à la reconnaissance d'une nouvelle manière de faire de la part de
l'Université de Sherbrooke, qui est très novatrice, sur la
manière de faire, et qui s'inspire de la tradition de
l'Université de Sherbrooke, où on mettra davantage l'emphase sur
la pratique que sur le théorique, tout en ne négligeant pas, bien
sûr, le théorique.
Ça, c'est un dossier qui est, effectivement, très
intéressant et que l'Université de Sherbrooke ait elle-même
initié une démarche, que de penser de pouvoir aller à
Chicoutimi ou d'aller à Charles-Lemoyne, en banlieue de Montréal,
juste le fleuve qui sépare les deux, c'est une leçon magistrale
aux autres, qui doivent sortir, à mon point de vue, de leur coquille et
aller voir en région ce qui se passe, à l'occasion, je pense que
ça pourrait être très profitable.
Est-ce que, pour autant, la décision est prise? Je pense qu'elle
chemine. Il y a encore des rencontres à avoir avec le ministère.
Quel sera le choix final? Je ne le sais pas. Est-ce que ce sera Chicoutimi ou
est-ce que ce sera Charles-Lemoyne? Je ne le sais pas, mais je pense
qu'il y a un pas très Important de franchi, ou d'autres
universités... Et je l'espère bien, Laval, malgré, me
dit-on, le passé. Parce que, me dit-on, Laval a déjà
été à Chicoutimi. Sur le plan pratique, on peut
peut-être se poser la question s'il ne serait pas plus logique et plus
fonctionnel que ce soit Laval à Chicoutimi, que Sherbrooke, compte tenu
du fait que, dans le projet présenté, les étudiants en
médecine devront voyager passablement. Ça leur permettrait de
voir l'attrait du parc, évidemment, mais ce n'est pas négligeable
non plus pour les gens de Laval. Ce ne serait pas négligeable non plus
pour les gens de l'Université Laval. Donc, à ce niveau-là,
il y a des décisions qui devront être prises au cours des
prochaines semaines. Je ne sais pas encore ce que sera la décision,
mais, inévitablement, ce sera entre Charles-Lemoyne et Chicoutimi.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre a l'intention d'intervenir?
Parce qu'actuellement, je sais qu'il y a une distance, ça
paraît... Je suis tout à fait d'accord avec vous, d'abord, en ce
qui a trait aux attraits du parc, c'est sûr que, chaque fois que
quelqu'un traverse le parc, il peut peut-être nous aider à
défendre le dossier. Mais, ça, c'est autre chose.
M. Côté (Charlesbourg): II se traverse bien.
Mme Blackburn: II apparaît tout à fait, il
apparaît plus normal, effectivement, que ce soit Laval que Sherbrooke,
quoique la pratique d'enseignement à l'Université de Sherbrooke
retient l'attention et l'adhésion de plus d'hôpitaux, parce que
c'est une médecine plus sociale, comme vous l'expliquez bien. Ça
explique aussi, en partie, pourquoi l'hôpital de Chicoutimi s'est
adressé à Sherbrooke et pourquoi Sherbrooke a déjà
établi une collaboration dans le cadre du programme de médecine
familiale. Comme c'est déjà amorcé, je voudrais savoir si
le ministre a l'intention d'intervenir pour que ça se réalise?
D'autant que je suis d'accord avec lui, tout à fait. Charles-Lemoyne, ce
n'est pas très loin des grands centres, n'est-ce pas?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est une
région de au-delà de 1 000 000 de population, qui a un
problème très très important de desserte, aussi, et une
région qu'il faut considérer, de la même manière.
Mais c'est l'université, elle-même, qui va faire le très
grand bout de chemin, et je me vols très mal intervenir pour
décider à sa place. Je pense que, ce qu'il faut, c'est indiquer
la volonté très nette du gouvernement de ce que ça se
décentralise, et qu'on puisse, effectivement, faire davantage pour des
réglons comme Chicoutimi, comme Rimouski, comme d'autres.
Mme Blackburn: Mais, est-ce que vous avec l'intention de forcer
sur les décisions. (10 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
Mme Blackburn: Parce que c'est ça qui est important.
À ce moment-là, ça va rester à peu près
comme juste avec des bons souhaits. Ça va rester à peu
près comme la situation qu'on connaît actuellement.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que je
pense que forcer les décisions c'est un terme un peu fort. Je ne pense
pas que ce soit nécessaire d'aller jusqu'à forcer des
décisions. Ce qu'il faut, c'est sonner le réveil, et la
nécessité d'aller à l'extérieur des centres comme
Québec et Montréal. Et Sherbrooke montre le pas, et j'ai bon
espoir que d'autres emboîtent ce pas-là. Et s'il faut que le
ministre fasse des démarches personnelles, par exemple auprès de
l'Université Laval, ça, le ministre peut faire ça. Il est
prêt à faire ça. Si c'est ça que vous appelez forcer
une décision, dans ce sens-là, le ministre peut au moins faire
ça.
Mme Blackburn: Peut-être la forcer, aussi, en reconnaissant
des avantages budgétaires.
Le Président (M. Gautrin): J'ai une question du
député de... Avez-vous terminé, Mme la
députée de Chicoutimi?
Mme Blackburn: Non, je n'avais pas terminé, est-ce
que...
Le Président (M. Gautrin): C'est parce qu'il y a une
question d'alternance, entre les deux groupes.
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Et le député de
Matapédia avait une question à poser sur un sujet semblable.
M. Paradis (Matapédia): Oui, c'est ça
Au-delà des bonnes intentions des centres hospitaliers universitaires,
qui, à l'instar de Sherbrooke, sont prêts à établir
une antenne dans un autre centre hospitalier, est-ce que le ministre n'a pas
l'intention, avec la réforme de la Santé, le projet de loi qui
sera déposé à l'automne, de forcer la main un petit peu
plus que ça aux médecins, pour s'assurer d'une répartition
équitable dans toutes les régions du Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'on en a
discuté abondamment. Si ma mémoire est fidèle, et on me
corrigera, c'est quoi, 85 000 000 $ que nous Investissons annuellement pour
permettre d'avoir des médecins en réglons, par toutes sortes de
mesures.
M. Paradis (Matapédia): Les cinq dernières
années. 85 000 000 $.
Une voix: Au cours des cinq dernières années.
M. Côté (Charlesbourg): II me semble que c'est 85
000 000 $. Mais en tout cas, je vous dis ça de mémoire. Il y a eu
une progession à ce niveau-là, en particulier au niveau des
omnis, où on est à peu près en équilibre des
besoins par rapport aux médecins implantés. Ce qui n'est pas le
cas au niveau des spécialistes. Le dernier plan triennal des effectifs
médicaux a permis de commencer à bouger, de manière un
petit peu plus Importante, des spécialistes vers les régions
excentriques. Et on se retrouve, maintenant, avec un problème de
régions Intermédiaires. C'est là qu'est le
problème, maintenant. Le phénomène de la
rémunération différenciée a, bien sûr,
joué à ce niveau-là, et les plans d'effectifs, sur le plan
des régions. On est à refaire l'exercice d'un autre triennal, qui
est en cours actuellement, et qui, bien sûr, a des objectifs courageux.
Je l'ai dit dans mon texte, on va faire en sorte que, dans les régions
bien pourvues, à ce moment-ci, comme Québec et Montréal,
on soit dans une situation où les effectifs, qu'il y ait moins de
reconnaissance de nouveaux effectifs, et qu'on comble moins les gens qui s'en
vont à la retraite. Donc, des postes vacants, forçant ainsi les
nouveaux arrivants à aller ailleurs que dans ces
régions-là. D'autre part, il faut s'interroger, et on l'a fait en
commission parlementaire à plusieurs reprises, un plan d'effectifs
médicaux, sans tenir compte des cliniques privées, sera,
règle générale, toujours voué à un quart ou
un demi-succès. Et, à partir du moment où on tiendra
compte de ça, on peut en arriver à un meilleur équilibre
des médecins, un peu partout, à travers le Québec. Mais,
effectivement, on s'adresse à ça, et il y aura toute une
série de mesures qui devront nous permettre d'atteindre ces
objectifs-là.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président,
peut-être en terminant rapidement, est-ce que le ministre retient
toujours l'idée, ou l'idée chemine-t-elle toujours, de
régionaliser l'enveloppe de la RAMQ?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, et les commandes ont
été passées à ce nlveau-là à la RAMQ,
très précises, quant aux pistes à explorer, et quant aux
écueils, parce qu'il y a, définitivement, des écueils.
Davantage dans le sens de ne pas dire quels sont les écueils qui nous
empêcheraient de le faire, mais davantage comment faire pour contourner
les écueils pour le faire. C'est toute une philosophie
complètement différente, en tout cas à mon point de
vue.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée de
Chlcoutlml.
Mme Blackburn: M. le Président, juste une invitation au
ministre dans le prolongement de la question qui a été
posée par le député de Matapédia. Si le ministre a
l'intention de procéder à des expériences de
régionalisation de l'enveloppe de la RAMQ, on pourra peut-être
l'inviter à commencer dans une région qui a l'habitude des
projets-pilotes. Je dis celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, parce que c'est mieux
circonscrit. Ça s'explique facilement. La clientèle est mieux
identifiée et, chez nous, je pense que vous ne rencontreriez pas
d'obstacle majeur sur un tel projet dans la région.
Le Président (M. Gautrin): SI j'ai compris, on allait
discuter de la RAMQ après le FRSQ.
Mme Blackburn: Oui, mais ça va. Je...
Le Président (M. Gautrin): Alors, on peut commencer la
RAMQ tout de suite si vous voulez, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que, quand on
prendra la décision, c'est tout le Québec qui sera une
expérience-pilote en même temps.
Mme Blackburn: Bien. Très brièvement, une courte
question. On m'a fait savoir qu'à l'hôpital de Roberval il y a un
directeur général par intérim. Il y a eu un concours
d'ouvert. Ils n'ont pas trouvé de directeur général. Ils
ont tardé et ils ont ouvert un autre concours. Ça fait 18 mois,
si je ne m'abuse. Mais ce qui, semble-t-il, pose des problèmes, c'est
que le directeur générai par Intérim a
décidé de faire une restructuration administrative. Il abolit des
postes; il en ouvre d'autres. Est-ce que c'est normal et est-ce que le ministre
pense qu'il faudra peut-être retarder la restructuration administrative
en attendant l'entrée en fonctions du prochain directeur
général? Est-ce que c'est dans les règles des choses? Je
dois dire que je ne connais pas bien ces... Il n'a pas été
embauché pour faire une restructuration. Semble-t-il qu'il s'y adonne,
parce que ça fait déjà un moment qu'il est là.
D'aucuns prétendent qu'il s'incruste. Mais, moi, je n'ai pas cette
évaluation à faire, parce que...
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, il y a un principe
qui continue de toujours être là, c'est que le conseil
d'administration est autonome dans ses décisions. Que ce soit un D. G.
en permanence ou quelqu'un qui est engagé de manière temporaire,
mais passablement permanente pour faire des choses, il reste que c'est le
conseil d'administration qui doit entériner l'ensemble des
décisions qui sont prises, et ça demeure toujours sa
responsabilité. Quant à moi, j'ai été
sensibilisé au phénomène d'un premier concours qui s'est
soldé par un échec, puisque aucune des Candida-
tures n'a été retenue. Effectivement, une présence
aussi longue, dans un établissement, de quelqu'un qui le fait d'une
manière contractuelle m'inquiétait. C'est pour ça que j'ai
accepté et recommandé qu'on procède le plus rapidement
possible à un nouveau concours, souhaitant que la perle rare puisse se
présenter et assumer une permanence au niveau de l'administration de
l'hôpital. Mais ça demeure encore une responsabilité du
conseil d'administration.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est fréquent, un
intérim aussi long? Je veux dire est-ce que... à
l'occasion...
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'il y a eu d'autres
intérims qui étaient aussi longs que ça?
Une voix: De mémoire... oui. Il y en a un à
Legardeur.
Mme Blackburn: Pour des raisons de vacance.
M. Chevrette: Legardeur, ça fait deux ans.
Mme Blackburn: Puis il y a une vacance au poste? Pour
maladie...
M. Chevrette: À part de ça, je pense que...
Mme Blackburn: Pour maladie, ça se voit. Mais...
M. Chevrette:... c'est bon encore pour huit mois...
M. Côté (Charlesbourg): Comment? Vous pensez que
c'est bon...
Mme Blackburn: II dit: Je pense que c'est bon encore pour...
M. Chevrette: Legardeur, iI y a toutes sortes de bonnes raisons
pour...
Mme Blackburn: Alors, j'en viens aux crédits du FRSQ.
Le Président (M. Gautrin): Du FRSQ, merci. C'était
l'objet de notre débat.
Fonds de la recherche en santé du
Québec
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Le Fonds de la
recherche en santé du Québec a été
créé en 1963 pour promouvoir et aider financièrement la
recherche, la formation et le perfectionnement de chercheurs reliés au
domaine de la santé. Sa compétence est reconnue. Je pense qu'elle
fait l'unanimité des milieux de recherche, sauf que, si on regarde
à la fois le plan triennal et le financement qui est accordé au
FRSQ, ça ne semble pas être l'avis du ministre.
Je ne voudrais pas faire une guerre de chiffres, parce que, chaque fois
qu'on le fait, moi, j'ai une personne qui fait la recherche là-dessus et
le ministre a des dizaines de fonctionnaires, et on fait dire n'importe quoi
aux chiffres. Ils avouent tout sous la torture. Alors, je vais seulement en
prendre quelques-uns.
D'abord, je reprends le discours du ministre. Et, là-dessus, je
l'endosse. Il dit: II faut aller dans le sens de la prévention. Aller
dans le sens de la prévention, c'est s'assurer qu'il se fasse de la
recherche en ces domaines, qu'il y ait des chercheurs pour ce faire. Je pense
que c'est élémentaire, et pour qu'on puisse faire ça, il
faut qu'il y ait de l'argent.
Si on regarde le plan triennal, le rapport du FRSQ, d'abord, qui
s'Inquiète du sous-financement et de ses effets pour réaliser des
projets de recherche, tant en recherche en santé mentale, en recherche
évaluative, en recherche épidémiologique, qu'en
santé communautaire. Ce sont autant de sujets qui ont été
abordés en commission parlementaire par le ministre lui-même.
J'estime - et ça, sans faire de partisanerie aucune - qu'il est
important et urgent que le Québec s'adresse dans cette voie si on veut
un peu réduire le curatif.
D'ailleurs, il y a des études qui démontrent que c'est
rentable la recherche en santé. Selon une étude
américaine, M. Mushkin, en 1979, qui a fait des recherches sur la
rentabilité des recherches en santé, estime que la
rentabilité a comme effet de réduire de 20 % à 30 % les
coûts reliés à la santé et de 39 % les coûts
reliés aux décès prématurés. Alors, la
recherche en santé est payante. Je le rappelle, pour les
Américains, une étude américaine, une recherche en
santé a eu comme effet de réduire de 20 % à 30 % les
coûts reliés à la santé et de 39 % les coûts
relies aux décès prématurés. Donc, c'est rentable
mais, quand on regarde les crédits qui sont consacrés ou
consentis au FRSQ, on n'a pas l'impression que c'est suffisamment pris en
compte.
Le plan triennal du Fonds de la recherche en santé du
Québec. Vous avez certainement les tableaux. D'abord, les budgets du
FRSQ sont composés des fonds qui lui sont fournis par te
ministère et également d'une petite somme qui lui est
accordée par la RAMQ. Alors, pour ce qui est du budget de la RAMQ,
l'augmentation, ça représentait 3, 4 % du budget total en 1985.
Et en 1990-1991, ça ne représente plus que 3 %. Donc, il y a une
diminution relative par rapport à l'apport de la RAMQ au financement du
Fonds de la recherche en santé.
À présent, si on prend le plan triennal ou les plans
triennaux du FRSQ, on constate qu'en 1985-1986 les budgets qui lui
étalent accordés représentaient 74 % de ses plans, de ses
projets de développement. Dans le budget actuel, compte tenu que la
demande est croissante parce qu'il
faut en mettre un peu plus pour la formation de chercheurs en raison de
l'augmentation de la valeur des bourses et du nombre de bourses
demandées, on se retrouve, en 1990-1991, avec un plan triennal qui
demanderait, pour répondre aux besoins et sans extravagance, 83 000 000
$. On retrouve un écart entre les besoins du FRSQ de l'ordre de 53 %.
Alors, en 1985, on finançait à 74 % le plan triennal du FRSQ et,
avec le budget de 1990-1991, par rapport aux prévisions du FRSQ ou
à ses besoins, on n'est plus qu'à 47, 7 %.
Moi, je dirais Juste au ministre, sans faire de partisanerle aucune,
est-ce qu'il n'estime pas que c'est Important d'investir en recherche,
particulièrement en santé mentale, évaluative,
épldémlologle et santé communautaire? Est-ce qu'il a
l'Intention, peut-être, de nous annoncer quelque chose de surprise et
dire au FRSQ: Oui, on est capables, cette année, d'ouvrir un peu plus
qu'on ne l'a fait?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense que c'est très clair que le FRSQ représente, à mes
yeux et aux yeux du ministère, le fer de lance de la recherche dans le
domaine de la santé et qu'il faut continuer à le supporter, qu'il
faut, bien sûr, en faire une priorité, chez nous, compte tenu du
virage qu'on veut prendre versus la prévention. (10 h 45)
II y aura un virage à faire partout. Que de prendre les chiffres
pour 1985-1990 en parlant de 74 % - et moi non plus, je ne veux pas en faire un
débat politique parce que ça ne mènerait nulle part et je
ne suis pas sûr que ça donnerait un sou de plus au FRSQ - par
rapport à 1990-1991, dans le triennal, qui parle de 1990-1991, c'est la
première fois que le FRSQ demande de doubler son budget. Ça,
c'est une première constatation qui est quand même très
très importante. Je ne dis pas que ça ne répond pas
à des besoins sentis par le FRSQ. Ce que nous devons faire, c'est mettre
un certain nombre de priorités sur le plan gouvernemental quant aux
nombreux besoins que nous avons à combler. Dans les objectifs qu'a
déposés, le printemps dernier, Mme Lavoie-Roux, il était
clair qu'on voulait graduer, à chaque année, le pourcentage
consacré à la recherche et, en particulier, au FRSQ. L'objectif
est toujours le même, mais, cette année, nous sommes dans une
situation plus difficile et plus délicate. J'ose espérer que,
dans ces réallocations de sous, avec la réforme, on pourra en
dégager suffisamment pour effectivement reconnaître et aller dans
l'orientation qu'avait prise Mme Lavoie-Roux, que je partage, sur le plan de
l'augmententation des budgets au FRSQ. J'espère pouvoir le faire
à compter de l'an prochain.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre trouve...
M. Côté (Charlesbourg): On se rappellera qu'en
commission parlementaire on est venu nous dire aussi que, pour la recherche en
santé, tout étant relatif, il se faisait quand même
beaucoup de recherche, mais que la recherche sociale était un peu le
parent pauvre du gouvernement, et c'est vrai. Je pense que les chiffres sont
là; c'est très clair, très très très clair.
Il va falloir, bien sûr, tenir compte de ces besoins-là aussi
lorsqu'on aura à affecter de nouvelles sommes au niveau de la recherche.
C'est de tout ça qu'il faudra tenir compte au moment où on aura
à décider de l'allocation des ressources additionnelles.
Mme Blackburn: Le ministre me permettra d'abord une
légère correction. Lorsqu'il dit que c'est la première
année que le FRSQ demande de doubler son budget, les plans triennaux
évoluent de la façon suivante: 36 000 000 $ en 1985-1986; en
1986-1987, 42 000 000 $...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, le plan triennal.
Mme Blackburn:... en 1987-1988...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, le triennal.
Mme Blackburn: Oui. Mais le triennal... Il y a une
évolution.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Blackburn: Entre 1988 et 1989, vous avez 22 000 000 $ de
demande, alors ça passe de 70 000 000 $ à 77 000 000 $ et
à 83 000 000 $. C'est vraiment sur un étalement, un plan
triennal.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, sur trois ans. C'est un
triennal qu'ils demandent de doubler. Je comprends et je ne veux pas dire que
ce n'est pas bien justifié de la part du FRSQ, sauf que, pour celui qui
est assis dans les responsabilités et qui doit arbitrer à travers
un nombre de demandes qui sont tout aussi prioritaires les unes que les autres,
les arbitrages ne sont pas toujours faciles, compte tenu surtout du fait que la
réallocation n'a pas encore véritablement commencé et
qu'on souhaite la commencer à partir du budget de l'an prochain. Ce sont
des demandes qui sont là, dont on devra tenir compte. L'objectif
était très clair pour Mme Lavoie-Roux dans ses orientations quant
à la progression que devait connaître le budget du FRSQ, et je le
partage. Il s'agit de voir quand on pourra le faire. Je vais être de ceux
qui vont poser des questions à partir du mois de septembre dans le
prochain exercice.
Mme Blackburn: Le ministre nous dit - et il faut lui accorder
qu'il a probablement raison; je
ne suis pas équipée pour prouver le contraire - qu'il y a
des problèmes de caisse. Cependant, dans le cadre de l'entente qui est
intervenue à la suite de la modification de la Loi sur les brevets
pharmaceutiques, il y a 19 200 000 $ qui sont rentrés dans les coffres
de l'État pour soutenir la recherche en pharmacologie et en
équipements de soins de santé. De ces budgets-là, le
gouvernement n'aura versé actuellement que 1 200 000 $. Est-ce qu'il
n'aurait pas trouvé le moyen de conserver un peu plus ces sous-là
dans la caisse aux fins d'encourager la recherche? Là, on ne demande pas
de nouveaux déboursés. Il a encaissé, au cours des deux
dernières années, 19 000 000 $ qui ont été
versés à la suite de l'entente intervenue à la suite de la
modification sur les brevets pharmaceutiques. C'est le projet de loi... je ne
me souviens plus... Quelque chose... Ça ne doit plus être C-72. Il
y a 19 000 000 $; ça s'est ajouté. Là, on prétend
qu'il les a mis en caisse et qu'il donne juste l'intérêt. D'abord,
il faut se rappeler que ce que demandait le FRSQ, c'était: Donnez-nous
le budget et nous, on va vous en créer un centre en recherche
pharmacologique. Ça a été refusé. Le gouvernement a
dit: On va vous donner les intérêts. Il n'a pas donné tout
à fait les intérêts, d'autant plus que les
intérêts montent passablement de ce temps-ci, ça
signifierait un budget un peu plus élevé, il n'a pas donné
les intérêts. Je me dis: Pourquoi est-ce qu'il n'a pas choisi
cette occasion, alors qu'il avait de l'argent neuf qui ne provenait pas de ses
caisses à lui, pour précisément l'investir dans la
recherche au Québec? Vous reconnaîtrez qu'on a des
problèmes dans la formation des chercheurs et dans tous les secteurs de
la recherche au Québec. Je n'invente rien en disant ça.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne vous apprendrai
probalement rien en vous redisant qu'effectivement il y a 25 000 000 $ de
compensation qui devaient et doivent toujours être versés en
totalité par le gouvernement fédéral. Nous en sommes
actuellement à 12 500 000 $ de versés, donc la moitié, par
le fédéral. On m'informe que c'est 12 500 000 $ de versés
au fonds consolidé. C'est ce qu'on me donne comme information. Si c'est
plus, évidemment, j'aimerais bien qu'on m'informe de manière
officielle de la part du ministère des Finances. Ils peuvent
peut-être avoir quelques oublis à l'occasion, c'est possible mais,
jusqu'à maintenant, c'est 12 500 000 $. Et ce qu'a choisi le
gouvernement à l'époque, et je pense que c'est un choix
judicieux, c'est qu'au lieu de prendre 25 000 000 $ et le donner au FRSQ, qui
effectivement l'aurait bien investi - Ça, je n'ai pas de doute dans mon
esprit là-dessus. Ce n'est pas ça qui est le... - il aurait pu
être dépensé dans trois ans, dans quatre ans, dans des
recherches. Donc, une croissance assez importante au niveau de la recherche, et
revenir par la suite, reculer, ce qui n'est pas très intéressant
au niveau de la recherche. Ce qu'a choisi le gouvernement, c'est à peu
près de remettre annuellement au FRSQ l'intérêt qu'aurait
donné le placement des 25 000 000 $, mais 12 500 000 $ sont
déjà dans les coffres et c'est 1 200 000 $ qui ont
été versés au FRSQ. C'est une voie, une autre solution qui
m'apparatt être davantage garante sur le plan d'une stabilité en
termes de recherche. C'est ce que recherche le FRSQ et, à partir du
moment où le fédéral aura versé le résiduel
des sommes, il sera de mon devoir de m'assurer que de 1 200 000 $ on passe
à 2 500 000 $ ou 3 000 000 $, dépendamment des taux
d'intérêt, bien sûr, parce que vous avez
évoqué les taux d'intérêt. Mais qu'on assure
davantage une stabilité sur une plus longue période que ce
qu'aurait rapporté le placement de ces montants d'argent là,
c'est un peu dans ce sens-là que le gouvernement a choisi. Quand j'avais
discuté avec M. Vlanney à l'époque, à mon
arrivée au ministère, leur interrogation était davantage
dans ce sens-là compte tenu des décisions que le gouvernement
avait prises.
Mme Blackburn: D'abord...
Le Président (M. Gautrin): Mme la députée,
je m'excuse...
Mme Blackburn: Oui.
Le Président (M. Gautrin): ...j'ai cru comprendre que
l'opposition voulait mettre dix minutes sur le frsq. ça fait à
peu près trente minutes qu'on consacre...
Mme Blackburn: J'ai terminé, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): .... Alors, je ne sais pas
comme vous voulez vous arranger.
Mme Blackburn: Une dernière question, une toute
dernière question.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
Mme Blackburn: Quelle garantie le FRSQ a-t-il que le ministre ne
retirera pas d'une main ce qu'il est en train de donner de l'autre? Quand on
regarde le budget de cette année, à cause d'une Indexation trop
faible sur le fonctionnement du FRSQ, c'est 4,5 %, il est reconnu dans le
document d'étude des crédits que cette hausse est
Inférieure à l'Inflation, puisque le montant nécessaire
à l'indexation a été amputé de 289 000 $. Quelle
est la garantie qu'on n'enlèvera pas d'une main ce qu'on est en train de
leur donner en intérêt?
M. Côté (Charlesbourg): Vous vous adressez au
ministre. Vous demandez au ministre... Évi-
demment, un ministre, ça peut avoir une seule chose, une parole.
Alors, je ne mettrai pas ma carte de crédit pour vous garantir que
ça va être ça. C'est ma parole. S'il y a des situations
comme vous en décrivez qui se produisent, je vais le vérifier. Je
pense que le minimum qu'on se doit vis-à-vis le FRSQ, c'est de lui
remettre approximativement les intérêts du placement ou de
l'argent encaissé par le gouvernement du Québec.
Mme Blackburn: La question que je pose est claire. On a une
sous-indexation qui entraîne des compressions de 289 000 $ au poste de
fonctionnement du FRSQ. Est-ce que ce n'est pas ça retirer d'une main ce
qu'on a donné de l'autre? Je termine là-dessus, M. le
Président.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, ce
n'était pas l'intention... Mais je... L'explication, je vais vous la
faire donner par M. Dicaire. C'est pas mai plus neutre que si elle était
donnée par le ministre et elle risque peut-être davantage
d'être crue.
M. Dicaire (André): En fait, ce que vous retrouvez dans
les documents qu'on vous a transmis, c'est qu'il y a eu une pleine indexation
au Fonds de la recherche en santé du Québec, ce qui donne un
ajustement de 1 700 000 $. Par ailleurs, vous avez un ajustement non
récurrent de 289 000 $. Cet ajustement-là non récurrent,
c'est qu'il y a eu des besoins budgétaires particuliers l'année
dernière pour faire face à une situation bien
particulière. Cette situation n'étant plus actuelle aujourd'hui,
on fait un retrait de 289 000 $, mais ça n'enlève strictement
rien, cet ajustement-là, au FRSQ. C'est des sommes qu'il devait
rencontrer l'année dernière et qu'il n'a plus à rencontrer
cette année. C'est tout simplement ça. Donc, il a eu la pleine
indexation.
Mme Blackburn: Et quels étaient ces besoins
particuliers?
M. Dicaire: je pourrais vous donner cette information-là.
ça peut être des locaux temporaires, ça peut être des
dépenses... mais ce sont des dépenses vraiment
particulières qui sont considérées comme non
récurrentes et que vous ne retrouvez pas cette année. je pourrais
vous donner une information plus exacte là-dessus...
Mme Blackburn: D'accord.
M. Dicaire:... mais il n'y a pas eu de prélèvement
direct ou indirect.
Le Président (M. Gautrin): L'information, vous la ferez
parvenir au secrétariat de la commission qui la fera parvenir à
tout le monde?
M. Dicaire: Oui.
Régie de l'assurance-maladie du
Québec
Le Président (M. Gautrin): Merci. Est-ce qu'on parle de la
RAMQ maintenant?
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Joliette, sur la RAMQ.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'on appelle
à la barre des témoins le président de la RAMQ?
M. Chevrette: Oui, et qu'il se le tienne pour dit.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président, je vais commencer par
demander à M. Cantin ou à M. le ministre... Je vais y aller assez
en vrac d'ici 23 h 35 environ, pour finir peut-être par une bouillabaisse
de petites questions sur certains dossiers.
M. Côté (Charlesbourg): Comme dans les "quiz"
télévisés: ceux qui sont payants, c'est à la
fin.
Données statistiques
M. Chevrette: II y en a peut-être un seul qui pourrait...
Non, ce sont des farces. D'abord, à la RAMQ, est-ce que vous avez
commencé à bâtir des statistiques? On sait qu'il y en a
sans doute de bâties sur les usagers, puisque on a fait le relevé
du fait qu'il y a des surconsommateurs de médicaments. Est-ce qu'on a
commencé à inventorier les "ordonnanciers", ceux qui font des
ordonnances? Est-ce que c'est fait aussi comme compilation? Avez-vous des
statistiques à l'effet, par exemple, que le même médecin a
prescrit à la même personne... a fait 30 prescriptions, en a fait
40 à une autre? Est-ce que vous avez ce genre de données
statistiques?
M. Cantin (Réjean): Je ne sais pas si vous me permettez,
M. Chevrette, en commençant, de prendre trois ou quatre minutes -
ça m'apparaît important - avant de répondre d'une
façon spécifique à votre question.
Lorsque je suis arrivé à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec - ça fart exactement un an -, j'ai
constaté que c'était un appareil administratif qui avait vieilli.
Il a 20 ans, il a comme le régime, donc. J'ai constaté surtout
que tous les efforts avaient été faits pour bien payer le monde -
donc, un rôle d'agent payeur - mais qu'on avait négligé une
dimension excessivement importante, l'évaluation des programmes et, en
plus, qu'on avait diminué les contrôles qui devaient être
exercés auprès des
professionnels de la santé.
J'ai constaté qu'on devait essayer de tirer de cet appareil
administratif plusieurs données, mais que les systèmes
informatiques étaient quelque peu vieillots et qu'on commençait
à avoir de la difficulté à donner les services qu'on doit
donner autant à la population qu'aux professionnels. À titre
d'exemple, on sait que, lorsque le régime est parti, il a
été constitué pour administrer deux ententes: une des
omnipratiçiens et celle également des médecins
spécialistes. Aujourd'hui, Je m'amuse à dire qu'au Québec
on a 16 000 médecins et que la Régie doit administrer à
peu près deux conventions collectives par docteur. Donc, les
systèmes ne sont pas tout à fait "up to date", si vous me
pardonnez l'expression, par rapport aux besoins d'aujourd'hui. (11 heures)
J'ai remarqué aussi que la Régie pourrait jouer un
rôle prédominant par rapport à une dimension conseil,
qu'elle n'avait pas joué à venir jusqu'à date, et
ça, relié aux négociations des conventions collectives et
relié également auprès du ministère par rapport
à sa programmation, et le mariage qu'il devra y avoir entre les deux
régimes: mariage de la Régie de l'assurance-maladie avec le
mariage de la Régie de l'assurance hospitalisation.
Comme dernier constat, il m'est apparu que, si on regardait ce qui
était disponible, on était quasi dans une obligation de mener
toutes nos négociations avec les professionnels de la santé en
fonction quasiment de réactions, mais non pas axées sur des
objectifs précis ou une politique. Donc, la réflexion
étant terminée, on a dit: On essaie de s'organiser pour faire
face aux nouveaux besoins, je veux dire, des prochaines années.
La première chose qui a été faite c'est que, bon...
J'arrête dans deux minutes, ce ne sera pas long. Alors la première
chose, c'est qu'il y a eu une reprise complète de l'organisation.
Ça été important puisque, comme tel, on a touché la
moitié des cadres de la Régie et c'a permis de se retrouver avec
des yeux neufs comme tels, des oreilles nouvelles. Et on a décidé
de regarder de très près toutes les modifications qui devaient
être faites au système.
Pour répondre d'une façon plus particulière
à votre question: Est-ce qu'on est en mesure de faire, d'apporter ou
d'avoir des statistiques sur les "ordonnanciers"? Je pense qu'il faut
regarder... parce qu'un des problèmes majeurs de la Régie
actuellement, et c'est un problème très important, c'est qu'il y
a une clientèle qui échappe à la Régie en termes de
suivi. Alors, si vous me demandez: Avez-vous le portrait complet? Je dois vous
dire qu'il y a une clientèle qui m'échappe et c'est la
clientèle qui est payée à... les médecins qui sont
payés dans le cadre d'honoraires à vacation, d'honoraires fixes
ou encore à salaire. Donc, il y a une masse salariale d'à peu
près 250 000 000 $ consacrée à cette fin-là, pour
laquelle on n'est pas capables de faire de lien avec ce qui se passe à
la rémunération à l'acte. Ça, je dois vous dire que
c'a été le premier constat. C'était quelque chose qui
était remarqué depuis quelques années et pour lequel on
n'avait pas de solution. On est en train de passer à travers cette
difficulté là puisqu'on aura, au cours des prochains mois, une
feuille d'activités qui nous permettra de suivre le
bénéficiaire, indépendamment des modalités de
remboursement qui seront reliées au service qu'il a reçu,
c'est-à-dire aussi bien à l'acte, à salaire, à
vacation et, comme tel, à honoraires. Donc, on est capables de faire des
suivis, mais je vous dirais une chose: Les suivis, peut-être qu'ils
viennent trop tardivement, c'est-à-dire que le suivi se fait lorsqu'on
analyse les statistiques, et les statistiques, assez fréquemment, ou on
les a 18 mois après, ou on les a 24 mois après. Alors, ce qu'on
est en train de faire, c'est de se servir, actuellement, de l'Informatique non
plus uniquement comme informatique au service de l'agent payeur, mais davantage
informatique au service de la consommation comme telle. Ça voudra dire
qu'on va insérer dans les mécanismes des drapeaux rouges. Des
drapeaux rouges qui vont nous permettre de déceler les... comment
dirais-je? - les lacunes, si l'on veut, ou les abus que l'on observe au fur et
à mesure qu'ils se passent. Disons que, si notre inquiétude c'est
que, par exemple, un individu qui est rendu à avoir vu une dizaine de
médecins après six mois, bien, est-ce que. On est en droit de se
poser des questions. Il y aura des drapeaux rouges qui vont être
levés dans le système pour nous permettre de voir les lacunes,
les abus ou les faits qui sont justifiés mais sur lesquels on pourrait
se poser des questions. Donc, oui, dans bien des cas, on est capables de
répondre de façon précise, puisqu'il y a certaines
statistiques qui sont tenues, sauf que, dans d'autres cas, il y avait des
lacunes qui existaient, auxquelles on est en train de remédier par les
corrections qu'on est en train de faire à nos systèmes, pour
qu'Us nous servent autant à évaluer les programmes qu'à
suivre, aussi, d'une façon un peu plus particulière, la
consommation.
M. Chevrette: À partir de ce fait-là, du rôle
conseil que vous pouvez jouer, je vous donne un exemple, ou deux. Est-ce que
vous pourriez être en mesure, d'ici peu, de pouvoir nous dire, par
exemple, que des actes de prévention ou de précaution, à
cause du fait, par exemple, que les médecins commencent à avoir
peur d'être poursuivis, qui vont... Un patient entre à
l'hôpital et on lui prescrit une douzaine de radiographies, des tests
quasiment jusqu'à des test d'urine, bon Dieu, quand tu te coupes un
doigt. Est-ce que vous pourriez être en mesure, à partir de la
Régie de l'assurance-maladie, d'évaluer le nombre de gestes
posés par précau-
tion, mais qui engendrent un coût épouvantable pour le
système? Est-ce que ça, ça pourrait être
décelable par la RAMQ?
M. Cantin: Bon, je pense que, par rapport à ça, il
y a déjà des choses, dans le système. Est-ce qu'on est
capables de le faire individuellement, médecin par médecin, d'une
façon plus particulière, je dirais, en sous-région ou dans
un établissement donné? Je pense que je n'ai pas la
réponse, mais je pourrais vous la fournir ultérieurement. Je
pense qu'il faut suivre, à ce moment-là, les services qui sont
rendus. Et, si je regarde, actuellement, les services rendus - un service rendu
étant un acte facturé, M. Chevrette - ce qui s'est passé
au cours des six dernières années, c'est qu'on observe, par
exemple, pour les omnlpraticiens, une légère diminution des
services rendus en nombre, et ces services rendus correspondent à 4470
services rendus. Quant aux spécialistes, Ils correspondent, si je prend
les spécialistes isolément, a 4700, mais, si j'Inclus les
spécialistes qui sont reliés à la médecine de
laboratoire, Ils correspondent à 6500 et ils sont stables, au cours des
trois dernières années. Alors, il ne semble pas qu'il y ait une
progression par rapport aux services rendus, qui pourrait être un
comportement normal, relié à ce qu'on pourrait appeler une
médecine défensive. '. analyse des coûts
M. Chevrette: Je comprends, mais on a... En tout cas, moi, j'ai
vu des gens qui croyaient avoir une côte fracturée; c'a pris deux
ou trois séances de radiographie, l'Injection de... C'est la
médecine nucléaire, ça, où on injecte un liquide et
on peut voir sur écran... Tout ça, pour une côte
fêlée, je ne sais pas combien ça peut avoir
coûté. Et, fondamentalement, c'est pour ça que je trouvais
important de vous poser la question, parce qu'un "no fault" ou introduire,
prendre fait et cause pour un professionnel qui oeuvre à
l'intérieur d'un centre hospitalier ou d'un centre d'accueil, est-ce que
ça ne pourrait pas contribuer à une diminution des coûts?
Parce que je demeure convaincu, en tout cas, de par les discussions mêmes
qu'on a avec certains médecins, qu'il y a une série d'actes
professionnels ou d'actions qui sont demandées à
différents groupes, à l'intérieur d'un centre hospitalier,
qui ne se feraient pas, mais qui sont faites pour se donner, ou bien bonne
conscience, ou bien par crainte de poursuites. Et ça, est-ce que ces
gens-là charrient quand ils nous disent ça ou si, dans les faits,
ça peut être vrai?
M. Cantin: C'est vrai. Mon directeur du contentieux me rappelle
qu'il y a actuellement un rapport, au niveau du fédéral, qui
revêt une dimension pan-canadienne et qui se penche, justement, sur ce
dossier-là. Or, je dois vous dire qu'on a eu ce rapport II y a environ
quatre mois. Il y a eu des réunions qui se sont tenues - je pense qu'il
y en a eu une couple depuis - et on essaie d'avoir une approche qui est la
même pour l'ensemble du Canada, à travers les comités qui
existent.
M. Chevrette: Ce serait peut-être intéressant que
vous mettiez même... Il y a des députés
intéressés à cet aspect. Je pense qu'il y a des
médecins qui, s'ils étaient un tantinet sécurisés,
n'iraient probablement pas dans le sens de la surconsommation - je ne parle pas
seulement des médicaments là-dedans - d'actes de
vérification qui, entre vous et moi, sont souvent
exagérés, prohibitifs par crainte.
Je comprends qu'il y a eu de très mauvais jugements, en
particulier à Toronto. J'en ai lu quelques-uns, quand ils sont sortis,
allant dans les millions de dollars, 1 000 000 $ ou 2 000 000 $. Naturellement,
ça effraie n'importe quel professionnel. Mais, à mon point de
vue, il y aurait peut-être lieu de faire une étude en
parallèle, en disant: Dans plusieurs contrats collectifs, on prend fait
et cause sauf en cas de faute " lourde. Quand c'est une faute professionnelle,
c'est évident qu'on ne peut pas demander à un État
d'assumer une erreur grossière sur le plan professionnel. Mais,
généralement, prendre fait et cause, sauf en cas de faute lourde,
à mon point de vue, pourrait... Si ça peut contribuer, si jamais
vous pouviez faire cette étude-là, ça m'apparaîtrait
important qu'on puisse analyser très sérieusement cet aspect,
comme on le retrouve dans d'autres secteurs professionnels.
Le deuxième aspect, c'est... Je ne sais pas si vous avez pu
observer qu'il y a certains actes qui sont posés qui ne l'étaient
pas antérieurement. Tout d'un coup, ça se développe comme
une traînée de poudre. Je me souviens qu'en 1984, l'ablation de
verrues plantaires, ça avait augmenté de 1500 % dans l'espace
d'un an ou d'un an et demi. Est-ce que vous rencontrez ces
poussées-là dans différents secteurs de traitement dans la
santé? Est-ce que vous avez pu déceler certains courants de
même? À un moment donné, c'est comme une mode qui se
répand.
M. Cantin: Je vais vous en donner un exemple, si vous voulez. Il
n'est pas par rapport à une pratique médicale, mais il est par
rapport à une pratique pharmaceutique. À titre d'exemple, il se
passe un phénomène, actuellement, qui doit être
investigué et pour lequel on peut avoir des réponses faciles,
rapides, c'est l'utilisation du fameux semainier. Il y a trois ans, par
exemple, l'utilisation du semainier correspondait à 7000; l'année
suivante, il était de 19 000 et, l'année dernière, il
était de 100 000 passé. Alors, il faut comprendre que ça
peut être relié à une modalité de facturation qui y
est reliée, puisque ce sont des honoraires professionnels qui sont
payés.
Alors, normalement, lorsque vous avez une prescription aux 30 jours et
que vous la faites passer sous le cap d'une prescription aux sept jours, vous
retirez quatre fois les honoraires professionnels.
Alors, c'est quelque chose qui est inquiétant. Je pense que, pour
des catégories de personnes, le semainier est une absolue
nécessité médicale, que ce soient les personnes qui sont
confuses ou certains autres types de personnes. Mais il y a une démesure
et ça correspond à votre préoccupation.
Ce qu'on regarde, par rapport aux actes médicaux, c'est que, dans
le passé, M. Chevrette, il y a eu beaucoup de glissements qui se sont
traduits par des changements de pratique. À titre d'exemple, je dois
vous dire que, pour la présente année, dans le cadre de l'analyse
des crédits et des prévisions budgétaires, on
évalue simplement les glissements à 1 % de la pratique chez les
omnipraticlens, tandis que, dans la pratique chez les spécialistes, il
n'y a aucun glissement.
Je ne sais pas si je réponds à votre question. J'ai
répondu par le biais de la pharmacie.
M. Chevrette: Ça représente quoi comme coûts,
juste l'exemple que vous nous donnez? 100 000, ça représente
combien d'argent, par rapport¸ à 19 000?
Coût des médicaments
M. Cantin: Je pense qu'il faut que je le regarde par rapport aux
honoraires professionnels, parce que le médicament ne coûte pas
plus cher. Le médicament ne coûte pas plus cher, sauf que, si les
honoraires professionnels coûtent 5 $ et quelque, je crois...
M. Chevrette: Les deux combinés font 10 $, donc ça
fait 10 000 000 $.
M. Cantin: Alors, il y a des sommes qui sont importantes. Je dois
vous dire que j'ai rencontré, à cet égard-là,
autant la Corporation professionnelle des médecins que l'Ordre des
pharmaciens. Je dois vous dire que même, dans le cadre d'un prochain
bulletin, l'Ordre des pharmaciens va essayer de prendre position au point de
vue pharmaceutique, mais il y a un problème qui se dessine. (11 h
15)
M. Chevrette: Est-ce que vous pouvez, à partir de
l'informatique, réaliser la force des lobbies dans le domaine de la
médication?
M. Cantin:... le directeur des opérations.
Une voix: On n'est pas capables.
M. Chevrette: Vous n'êtes pas capables.
M. Cantin: Non, la force des lobbies, non.
Je veux dire, à partir de l'Informatique...
M. Chevrette: Non, mais, si je vous pose ça, ça se
pose. Il y a des compagnies qui peuvent nous dire, monsieur... Moi, j'ai
posé des questions à des compagnies d'Informatique qui nous
disent que, oui, on peut déceler des courants de la force d'un lobby.
Par exemple, vous savez qu'il y a des lobbies puissants en pharmacie qui vont
mettre sur le marché un nouveau produit et, le mois suivant, si c'est un
lobby qui est bien orchestré avec un marketing qui a de l'allure, on
peut, dans les six mois qui suivent, déceler un courant, la force du
lobby. Mais, quand je dis la force d'un lobby, ça veut dire: Est-ce
qu'on peut constater les courants de changement, par exemple? Prenez, par
exemple, dans les somnifères; est-ce qu'on ne peut pas, à cause
d'un bon marketing - on est dans la vente ou dans la consommation - voir ces
courants-là s'opérer?
La question, c'est parce qu'avec le ministre en a parlé un peu
hier, à savoir que, s'il y a 10 % de la santé qui est le
résultat ou d'une mauvaise ou d'une surconsommation, c'est grave en
maudit. Comme société, est-ce qu'on ne doit pas envisager
ça encore plus froidement et dire: Écoutez, on a des
problèmes globaux, dans la consommation de médication, on a des
mauvaises attributions et, plus que ça, on est à la merci de
lobbies influents? Et 10 % des coûts, quand c'est 10 % des montants que
vous avez là en santé, c'est de l'argent en maudit. c'est
quasiment 1 000 000 000 $.
M. Cantin: Je pense, M. Chevrette, qu'on pourrait essayer de
"focuser" la notion de lobby par rapport à deux dimensions: le prix
réel d'acquisition...
M. Chevrette: Je connais ça aussi
M. Cantin: Je pense que vous connaissez assez bien ce
dossier-là.
M. Chevrette: Mockle m'avait expliqué ça.
M. Cantin: Oui, et Je pense qu'il avait été
initié sous votre gouverne, également. Alors, l'autre, je pense
qu'il y a un phénomène aussi qui se produit et sur lequel j'ai
demandé aux enquêteurs de porter une attention
particulière. ll y a plusieurs médicaments où it ne doit
pas y avoir de substitution et il y a substitution.
M. Chevrette: C'est ça.
M. Cantin: Bon. Alors, pourquoi y a-t-il substitution? Est-ce
dû au phénomène que vous évoquez? C'est fort
possible, mais...
M. Chevrette: Je suis convaincu que c'est ça.
M. Cantin: ...c'est une dimension, comme telle, qui va faire
l'objet d'une analyse particulière au cours de la prochaine
année.
M. Chevrette: O.K. Et vous allez nous en rendre compte
après? L'an prochain, vous serez là...
M. Cantin: Ça me toujours fait plaisir de rendre compte de
mon administration, M. Chevrette.
M. Chevrette: Ça nous fait plaisir de vous l'entendre dire
et, moi, je serai là pour vous questionner.
Des voix: Ha, ha, ha!
Coût de l'acte médical
M. Chevrette: Maintenant, il y a également, au niveau des
actes, une évolution dans le coût de l'acte. Si on regarde, au
cours des 10 dernières années, est-ce qu'on peut en
découvrir les facteurs? Est-ce que vous êtes assez
équipés pour découvrir des facteurs, dans
l'évolution des coûts, qui ne soient pas exclusivement dus
à l'indexation de la vie?
M. Cantin: Non, je pense que, comme tel, écoutez, on n'est
pas capables, honnêtement...
M. Chevrette: On peux-tu essayer?
M. Cantin: Ce que je peux dire, c'est que, par exemple, si je
regarde le coût des actes au Québec, par rapport au coût des
actes de l'ensemble du Canada, en général, tous les actes au
Québec sont quasi inférieurs à ce qu'on observe
ailleurs.
M. Chevrette: Ça, c'est vrai.
M. Cantin: Ça, c'est une chose. Bon, il est arrivé,
à un moment donné, qu'il y a eu des coûts d'actes qui ont
été ramenés à des dimensions très
réduites pour essayer d'éviter une pratique médicale dans
ce sens-là. Je veux dire, donc, qu'il y a eu une tendance. Pourquoi,
dans certains cas, y a-t-il eu des progressions? Bien, je pense,
peut-être, que vous aurez l'occasion d'échanger avec les gens des
relations du travail qui auront peut-être une réponse meilleure
que la mienne à cet égard-là, parce que c'est eux autres
mêmes qui négocient. Je ne veux pas me faufiler, je ne veux pas
leur passer la balle, mais peut-être que de par
l'expérience...
M. Chevrette: Si vous aviez à demander au Dr Desjardins:
Quel poste tu choisirais, entre l'importance d'avoir le contrôle de la
RAMQ et celui de la Fédération des médecins
spécialistes, je pense qu'il hésiterait en maudit.
M. Cantin: Oui, je n'en doute pas.
M. Chevrette: J'ai déjà parlé de
réformer cette boîte-là, je n'ai pas été
assez longtemps pour le faire, mais je me souviens très bien qu'au
moment où j'en ai parlé, ça m'avait épaté de
voir le nombre de médecins qui composent le conseil d'administration de
la Régie, par rapport, à mon point de vue, à un juste
équilibre entre le bénéficiaire, le consommateur et les
corps professionnels ou médicaux. À mon point de vue, il y a,
à la RAMQ, une surreprésentation des professionnels de la
santé. Ça, c'est à mon humble point de vue, et je ne pense
pas avoir changé depuis 1984. Est-ce que vous avez un désir, M.
le ministre, de créer un équilibre à ce
niveau-là?
M. Côté (Charlesbourg): Je ne voudrais pas mettre le
président de la Régie de l'assurance-maladie du Québec
dans l'embarras...
M. Chevrette: Non, c'est pour ça que je m'adresse
directement à vous.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous ai vu dévier
sur la question; je partage les mêmes inquiétudes que vous et nous
aurons probablement les mêmes solutions.
M. Cantin: Maintenant, M. Chevrette, si vous me permettez, un de
mes cadres me souligne que, par rapport à votre préoccupation, il
y a une petite étude qui est en cours pour essayer d'étudier ce
phénomène-là, en termes d'augmentation par rapport
à certains actes, des années soixante-dix à
aujourd'hui.
M. Chevrette: Ça, ça va être le "fun". Vous
allez pouvoir nous en...
M. Cantin: Et dans le cadre de l'évaluation de
programmes.
M. Chevrette: Vous allez pouvoir envoyer ça aux membres de
la commission après?
M. Cantin: Pardon?
M. Chevrette: M. le ministre, vous n'avez pas d'objection?
M. Côté (Charlesbourg): Non, je n'ai pas
d'objection.
M. Chevrette: Si jamais ça sort, ce serait
intéressant, plus pour notre culture personnelle, mais je pense que
c'est quand même intéressant, quand on s'y intéresse,
d'avoir ce genre de données. Moi, ça m'intéresse. M. le
Président, vous allez prendre note...
Le Président (M. Gautrin): Aucun problème...
M. Chevrette:... que monsieur est prêt...
Le Président (M. Gautrin): On a pris note que monsieur
allait envoyer au secrétaire de la commission les documents pertinents
et le secrétaire de la commission se fera un plaisir de les faire
parvenir à tous les membres.
M. Chevrette: C'est bien, ça.
Je pourrais peut-être poser quelques questions... J'ai posé
des questions sur l'évolution des coûts, les tendances.
Maintenant, est-ce que l'on peut, à partir des données - ]e
trouve ça important... Dans votre exposé préliminaire,
vous parlez de mariage ou de rôle conseil. Je pense qu'effectivement la
RAMQ doit jouer un rôle conseil, quand il s'agit d'arriver à des
négociations, mais un rôle conseil, aussi, au niveau des tendances
qui se dessinent au point de vue des courants, des changements de cap qui
semblent s'opérer. Vous savez que les médecins ont une puissance
extraordinaire, ils peuvent prendre des tangentes et ça se manifeste
sans doute au niveau des coûts. Je pense que vous êtes là
aussi pour nous conseiller, pour nous dire: Voici, il y a une telle tangente et
ça peut être dangereux. Par exemple, on me dit qu'à un
moment donné, dans certains petits milieux, ça se dessine plus.
Je ne nommerai pas l'endroit parce qu'on va identifier le médecin - il
faut faire attention quand c'est petit - mais je connais un endroit, au
Québec, où il n'y a pas un patient qui passe au bureau qui ne
passe pas, par la suite, des tests de diabète, et c'est localisé
et bien précis.
À un moment donné, c'est de rendre service même
à une corporation professionnelle que ces aspects-là soient
rapportés ou qu'il y ait un rôle conseil, qu'il y ait un ombudsman
qui ait la tâche discrète, s'il le faut... Je ne parle pas de
tomber à bras raccourcis sur les Individus. Mais j'essayais de
m'imaginer, parce que j'étais ministre de la santé à cette
époque-là, ce que ça représentait, en bout de
ligne, pour les contribuables québécois s'il y avait 800
personnes, dans un petit arrondissement, qui passaient des tests de
diabète. C'est peut-être une méthode préventive
nouvelle vague, mais je pense que ce n'est pas ça. Je pense que c'est
une phobie, une lubie qu'un individu a, il est "striké", comme on dit en
bon québécois, sur les tests de diabète. Je me suis
rentré un clou dans le pied, croyez-le ou non, je suis allé pour
la piqûre contre le tétanos et il m'a donné un papier pour
que j'aille passer des tests de diabète. J'avais le fou rire, tout le
monde me disait ça dans la place, mais je riais...
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'il savait que
vous étiez un gars sucré.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: À l'occasion, je peux être
salé.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Blague à part, ces choses-là, je me
suis Imaginé, pendant 30 secondes, s'iI y a toutes sortes de lubies de
même à la grandeur du Québec, combien, au bout de la
course, on doit payer des sommes faramineuses à cause de ces
faits-là.
M. Cantin: Je pense que, tantôt, lorsque je parlais
d'évaluation, il faut parler d'évaluation, mais il faut
peut-être parler aussi d'expertise et de profits médicaux.
À cet égard-là, Je dois vous dire qu'une emphase est mise
pour analyser davantage les profils médicaux de pratique de certains
professionnels de la santé. Alors, je pense que, cette année, on
a accentué les recommandations qui ont été faites au
comité de révision par rapport à ce qui nous
apparaît être des profils déviants. Comme cette
année, on a accentué les enquêtes qui ont été
faites, puisqu'on en a faites environ 100 de plus que l'année
dernière, justement à partir de préoccupations comme
celles-là.
Services optométriques et dentaires
M. Chevrette: O. K. Les coupures dans les services
optométriques, on en annonce 5 000 000 $: en 1989-1990, ils
étaient de 44 409 000 $; en 1990-1991, ils seront de 38 898 000 $. Il y
a une baisse de 12, 4 %. Je voudrais d'abord savoir comment ça va se
faire, comment ça va s'effectuer. Moi, un ou l'autre...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): On était après
se consulter...
M. Chevrette: Moi, c'est la vraie réponse que je veux.
M. Côté (Charlesbourg):... pour tenter de voir
clair. Évidemment, lorsque la réforme sera déposée
à l'automne, on l'a dit, il y a un certain nombre de choses dans le
panier de provisions, comme le disait ou le suggérait Rochon, qui
pourrait être réexaminé. Évidemment,
l'optométrie faisait partie de ces soins dispensés qui pouvaient
être réexaminés. C'est dans cet esprit-là que
ça avait été fait à l'époque, mais,
évidemment, il n'y a pas de décision de prise d'aucune
manière par le gouvernement, à ce moment-ci.
M. Chevrette: En tout cas, le seul point que je veux soulever
là-dessus, c'est que c'était peut-être là un genre
d'acte préventif. Quand on a à payer par après, c'est
difficile dans le domaine de la santé de ne pas... Si on ne
regarde pas globalement les actes médicaux posés, puis
apparentés certains à la... Je pense que ce serait la même
question, en fait, sur les services dentaires. Quand on voit que les caries ont
baissé de l'ordre de 30 % chez les enfants de sept à onze ans,
n'y a-t-il pas là un geste préventif, puis un coût social
diminué, par la suite, lorsque cette génération-là
atteindra 25, 30 ou 40 ans, alors qu'on voit toutes les personnes
âgées, aujourd'hui, en très grande majorité sans
dentition ou avec dentition artificielle et des maux d'estomac
épouvantables qui constituent un coût social assez Important par
la suite? C'est pour ça que ce genre de coupures m'apparaîssent
plutôt non réfléchies par rapport à une
réforme qui pourrait être axée sur la
prévention.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne vous cacherai pas que,
très honnêtement, il y a eu des discussions et l'orientation, sans
que nécessairement la décision soit prise, allait dans le sens de
prendre des décisions pour régler un problème à
court terme qui, autrement, va être beaucoup mieux réglé
par une philosophie qui va sous-tendre les décisions qu'on va prendre
à plus long terme et qui vont venir dans le cadre de la réforme.
Effectivement, ça va interpeller l'optométrie. Je suis d'accord
avec vous que ça peut être un acte préventif. Encore
faut-il, de la même manière, questionner tout ce qui se passe, au
moment où on se parle, dans les soins dentaires. L'examen de
prévention aux huit ou neuf mois a donné des résultats
assez intéressants à ce niveau-là. Est-ce qu'on doit
continuer de payer le curatif au moment où on paye le préventif?
Continuer de payer les deux, je ne suis pas sûr que ce soit une
très bonne philosophie. Si, par contre, on décide que c'est la
prévention... Prenons le domaine dentaire: si on décidait, demain
matin, sur le plan philosophique, que, dans les soins dentaires, on renforce ce
que nous avons à faire au niveau des écoles par les CLSC, au
niveau d'hygiénistes dentaires plus permanents sur l'ensemble du
territoire et qu'on continue de payer la prévention, l'examen chez un
professionnel aux huit mois, est-ce qu'on devrait continuer de payer le
curatif? Je me pose de sérieuses questions. Je ne suis pas sûr de
ça. Je ne suis pas sûr de ça du tout. (11 h 30)
Donc, effectivement, sur le plan philosophique, on a retardé un
certain nombre de décisions qui vont se prendre dans le cadre de la
réforme, qui ne sont pas décidées à ce moment-ci,
mais qui auraient dû l'être pour les équilibres financiers.
J'ai préféré faire en sorte qu'on puisse repousser
l'échéance d'un questionnement à ce niveau-là.
C'est pour ça qu'arrive, très honnêtement, un écart
entre ce qu'il y a dans les livres et ce que sera la réalité.
M. Chevrette: Mais la coupure de 3 300 000 $, par exemple, pour
les soins den- taires, ça va se refléter comment entre-temps? En
attendant la décision...
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas dentaire. Il
n'y a pas de coupure de 3 300 000 $ dans le dentaire. Il y en avait en
optométrie.
M. Chevrette: Dans le service dentaire, il n'y a pas 3 300 000 $
de coupures?
Une voix: Non.
M. Chevrette: II y a 5 000 000 $ en optométrie.
M. Cantin: Non, ce n'est pas une coupure, M. Chevrette. C'est
relié à l'application, sur une base de 12 mois, de la
décision de ramener les examens à neuf mois...
M. Chevrette: À neuf mois.
M. Cantin:... comparativement à ce qu'ils étaient
antérieurement. Alors...
M. Chevrette: O. K.
M. Cantin:... donc, il y a eu un impact dans la première
année.
M. Chevrette: Que tu retrouves à la deuxième.
M. Cantin: C'est ça.
M. Chevrette: O. K. Et les 5 000 000 $ en optométrie,
ça, c'est une ponction.
M. Cantin: Moi, pour le moment, tel que vient de le dire M. le
ministre, je n'ai pas d'information de quel...
M. Chevrette: Oui, mais je parle au niveau des crédits
là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, c'est
ça.
M. Chevrette: Ça, je comprends que vous autres,
ça...
M. Cantin: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
que...
M. Chevrette: Mais ça, on ne sait pas encore comment
ça sera appliqué.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est-à-dire ou
si elle va l'être.
M. Chevrette: Donc, c'est à suivre. Je vais me mettre une
note sur mon bureau d'y revenir de temps en temps.
M. Côté (Charlesbourg): soyez sûr d'une chose,
c'est qu'il y a passablement de professionnels dans le champ qui vont vous le
rappeler.
Des voix: Ha, ha, ha!
Physiothérapie
M. Chevrette: Coupure des services de physiothérapie. On
sait qu'on n'en fait plus dans les cliniques privées depuis le 1er
avril, je pense. C'est-à-dire qu'à compter du 1er avril 1990 le
gouvernement ne paiera plus ce qui va se donner en clinique privée.
Est-ce que vous ne craignez pas... Ma question est peut-être pour le
ministre. Je ne sais pas, mais l'impact, sûrement qu'à la RAMQ,
vous ne le verrez pas tout de suite. Mais est-ce que vous ne craignez pas que
les listes d'attente soient épouvantables dans les centres
hospitaliers?
M. Côté (Charlesbourg): II faut quand même
faire attention et remettre ça dans son véritable contexte. Je
pensais avoir écrit à chacun des députés pour leur
expliquer ce qui s'était produit. On s'est retrouvés dans une
situation où on facturait au gouvernement des frais de
physiothérapie qui n'étaient pas pratiqués par un
physiothérapeute. C'est ça, finalement, l'histoire très
claire. Ç'a été dénoncé et on s'est
retrouvés dans une situation où, effectivement, ce n'était
pas un physiothérapeute, mais un technicien qui dispensait des soins qui
étaient facturés par un médecin qui avait une clinique.
C'est aussi clair que ça. Lorsqu'on l'a fait, c'est davantage ça
qu'on a voulu éliminer, en s'assurant que, pour des clientèles
comme, par exemple, les personnes de 65 ans et plus, ça demeure un
service assuré partout. On a voulu le protéger à ce
niveau-là. Deuxièmement, on voulait s'assurer de payer pour ceux
qui les dispensent et non pas pour ceux qui ne les dispensent pas, qui avaient
un à-côté, qui donnaient des soins faits par un technicien
et qui facturaient. Je ne suis pas sûr que c'était bien bien
correct, mais on a fait ces réajustements-là.
Donc, globalement, c'est ce qui s'est passé en termes de
décisions et avec les réajustements qu'on a fait à la
suite de la publication... Evidemment, il y a bien du monde qui s'est
dépêché d'afficher qu'au 1er avril 1990, ce n'était
plus assuré. Mais on a fait les correctifs qui s'imposaient. Je pense
que la solution actuelle est une situation raisonnable. Je pensais avoir fait
parvenir, y compris au député de Joliette, un état de la
situation avant et après. Si ce n'est pas fait, je vais vous le faire
parvenir pour vous donner l'explication.
M. Chevrette: C'est ce que je regardais et je ne l'ai vraiment
pas eu. La CSST, est-ce qu'il y a une entente à ce niveau-là?
M. Côté (Charlesbourg): On me confirme que
ç'a été envoyé à tous les
députés.
CSST
M. Chevrette: En tout cas, j'ai un problème; je ne l'ai
pas. Vous me l'enverrez et je vous remercie d'avance.
Mais, pour la CSST, est-ce que vous pourriez m'expliquer s'il y a eu
véritablement une entente, aussi, en ce qui regarde un accidenté
de la CSST, par rapport aux cliniques privées. Parce que les
hôpitaux - |e prends mon coin - Us ne sont pas capables d'assurer, dans
des délais raisonnables... Qu'est-ce que vous voulez, quand il y a des
listes d'attente de trois mois en physiothérapie! C'est souvent dans les
premiers mois que tu as besoin de réadaptation et non pas trois mois
plus tard. Qu'est-ce qu'on fait, concrètement, avec les
accidentés du travail? Ce que ça nous fait... Je vais vous
expliquer. Je me suis rendu compte que le bonhomme ne travaille pas pendant
trois mois; il attend sa physiothérapie pour retourner sur le
marché du travail. Donc, c'est encore nous, c'est-à-dire à
même les cotisations d'employeur et tout - les deniers de l'État -
qui payons le salaire de trois mois dans une attente de soins de
physiothérapie et on se retrouve bien souvent, après trois mois:
ou bien c'est repris tout croche, ou bien le mal est fait et ça ne
marche plus.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ça
posait un problème pas mal existentiel à un ministre de la
Santé et des Services sociaux et, d'ailleurs, c'était
commencé bien avant que j'arrive. Avant, c'était dans les centres
hospitaliers. Donc, il y avait un contrat de services entre la CSST et les
hôpitaux. La CSST s'est dit, à un moment donné: Ça
coûte trop cher et on peut avoir mieux pour moins cher dans le
privé. Donc, elle a délaissé les centres hospitaliers pour
avoir des ententes avec les cliniques privées dans plusieurs cas - j'en
connais - pour, semble-t-il, une même qualité de services à
coût moindre. Donc, il y avait un avantage pour la CSST et une
rapidité aussi pour le bénéficiaire pour recevoir des
services. Ç'a causé quand môme certains traumatismes au
niveau des centres hospitaliers qui ont des équipements et du personnel.
Il y avait donc, à ce moment-là, moins d'entrées de
revenu.
Il y a à nouveau des contrats en centre hospitalier avec la CSST
et je ne crois pas que la CSST ait complètement éliminé
ses contrats de services avec des cliniques privées. Cependant, ce qui
est moins acceptable, c'est la pratique à l'effet qu'il y avait dans les
contrats priorité de services à être dispensés par
un centre hospitalier à des gens de la CSST et je ne suis pas sûr,
moi, que c'est comme ça que ça doive fonctionner. Je ne suis pas
sûr de ça du tout. Je pense
qu'un centre hospitalier doit soigner les patients qui lui sont
référés. Pour être capable d'avoir des contrats, la
CSST exigeait priorité. Je ne suis pas sûr qu'on doive encourager
et "supporter" des démarches comme celles-là au niveau des
centres hospitaliers. C'est à tout le monde, les centres hospitaliers,
sur le plan des services à être dispensés. Quand je disais
tantôt: II y a des problèmes que ça pose, ça, c'en
est un.
M. Chevrette: O.K. Médicaments prescrits dans les
hôpitaux. Y a-t-il moyen d'avoir des chiffres assez précis de la
Régie à savoir, dans l'ensemble du monde hospitalier du
Québec, combien ii se consomme de médicaments à partir des
hôpitaux?
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas par la
Régie que vous pouvez avoir ça, parce que la Régie ne paie
pas.
M. Chevrette: Ce serait par quoi?
M. Côté (Charlesbourg): C'est à même
les budgets des centres hospitaliers.
M. Cantin: On est capables, mais pas par la Régie.
M. Chevrette: Y a-t-il moyen de l'avoir? M. Cantin: Pas
par la Régie.
M. Chevrette: Non, mais y a-t-il moyen de l'avoir par...
M. Côté (Charlesbourg): Par le ministère.
M. Cantin: Oui, par le régime de l'assurance
hospitalisation.
M. Chevrette: J'aimerais bien ça, moi, qu'on nous dise:
Centres d'accueil - d'abord, on va loger une commande si c'est possible -
hôpitaux chroniques, hôpitaux psychiatriques et secteur des soins
dé courte durée. J'aimerais bien ça.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai les mêmes
intérêts que vous.
M. Chevrette: Je pense que ça pourrait être
révélateur et ça pourrait peut-être servir
d'avertissement, juste le fait de dire qu'il y a une étude. O.K. pour
ça.
Pour faire suite à une de mes argumentations tantôt - je
vois le directeur du contentieux de la RAMQ - est-ce que c'est possible, sans
avoir les noms, de nous dire combien il y a de poursuites pour acte
professionnel? Est-ce que vous êtes mis au courant, dans l'ensemble du
réseau, du nombre de poursuites qu'il peut y avoir contre des
médecins, des infirmières ou...
Une voix: En termes de responsabilité professionnelle, on
ne tient pas ce genre de statistiques là.
M. Chevrette: Vous ne l'avez pas? M. Côté
(Charlesbourg): Non.
M. Chevrette: Est-ce que le ministère peut l'avoir par le
réseau?
M. Côté (Charlesbourg): C'est une autre commande, si
je comprends?
M. Chevrette: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): C'est une autre
commande?
M. Chevrette: oui, mais ce serait plutôt le nombre. je ne
veux pas avoir la nature et \a... ce n'est pas une question d'entrer dans les
cas; c'est pour justifier un peu ce que je disais par rapport au "no fault" ou
encore prendre fait et cause. ce serait intéressant de voir si la
crainte n'est pas démesurée par rapport... je sais que les
polices d'assurance peuvent être démesurées
présentement, le coût des polices d'assurance a augmenté de
400 % à 500 %. mais est-ce que dans les faits ou poursuites... c'est
pour établir un lien, pour voir s'il y a un lien de cause à effet
dans tout ça, par rapport aux craintes aussi par la multiplication des
actes.
M. Côté (Charlesbourg): On en a pris note. MTS
M. Chevrette: Merci. Les MTS, dans le réseau, nous
coûtent combien? Combien on en est rendu à dépenser pour le
sida, par rapport au petit million que j'avais mis, en 1984, pour
l'hôpital Saint-Luc, pour faire des tests? On en est rendu à
combien, en 1990?
M. Côté (Charlesbourg): Le sida, c'est 11 000 000 $
que nous avons investis - je le disais dans mon texte d'introduction - sans
tenir compte, bien sûr, des cas qui sont traités dans le
réseau, qui ne sont pas nécessairement comptabilisés
à ce moment-ci.
M. Chevrette: C'est devenu tellement un fléau qu'il serait
peut-être intéressant de voir... On dépense sans doute des
sommes astronomiques dans le domaine curatif, présentement. Et ce genre
de fléau là, si on n'a pas une campagne, par exemple, de
sensibilisation énorme au niveau de la prévention, il
m'apparaît qu'on peut se ramasser, dans quelques années d'ici,
avec des chiffres astronomiques. Je me souviens, on n'avait rien, puis ce n'est
pas loin, là, en 1983. Je me souviens, quand on a commencé les
tests,
suite à une conférence fédérale-provinciale,
qu'on a découvert du Jour au lendemain qu'on en avait 83 cas, dans
l'espace d'un rien de temps. Puis là, c'est quoi? Le nombre de
sidatiques se situe à combien? À tout près de 300 ou 400?
500?
M. Côté (Charlesbourg): On vous donnera le chiffre
exact de l'inventaire qu'on peut avoir.
M. Chevrette: Si vous avez des chiffres... M. doté
(Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...j'aimerais que vous nous fassiez connaître
le coût, présentement. En tout cas, si on peut le faire,
peut-être s'enligner sur des campagnes de sensibilisation à la
prévention, parce que, chez les jeunes, ce qui me frappe dans les
sondages qu'on fait, c'est qu'ils ne se soucient à peu près pas
de ça, en plus. Puis c'est là, entré vous et moi, qu'il
est peut-être le temps de faire une sensibilisation, ou avec l'accord du
scolaire, ou en collaboration avec le monde de l'éducation. Mais il y a
quelque chose à faire à ce niveau-là, sinon on peut se
ramasser à des coûts très faramineux.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, quand je
vous ai dit tantôt, en budget de 1989-1990, 11 100 000 $, ça
incluait l'AZT, le paiement des médicaments d'AZT, mais pas
nécessairement les dispensations de services dans des
établissements du réseau.
M. Chevrette: O.K. Là, je voudrais poser peut-être
une petite dernière question sur la RAMQ puis, après ça,
ma petite bouillabaisse vite, vite. Compte tenu qu'il y a une réforme
puis qu'il y a un réalignement de la RAMQ, une période de
relâche encore, sans doute, de quelques mois, est-ce qu'il serait
possible qu'on puisse, dans quelques mois, par exemple, avoir les informations
ou si la RAMQ, dans sa transformation, dans sa redéfinition, est en
mesure de rendre maintenant les services suivants, d'avoir une gamme des
services que vous pouvez rendre, y compris, par exemple, celle de l'information
technique pour les parlementaires? Une commission, par exemple, qui se
réunirait et voudrait avoir des statistiques dans tel secteur...
Ça peut contribuer à des éléments de
sensibilisation et de motivation extrêmement grands dans la population,
au-delà de tout parti politique. Ce sont des données
techniques.
M. Côté (Charlesbourg): Tout ce qui, sur le plan de
l'information, est communicable pourra être mis à la disposition
des parlementaires dès que la Régie pourra en disposer.
Évidemment, ce 6ont des éléments de base très
importants pour les décisions qu'on s'apprête à prendre. On
ne sera pas toujours d'accord mais, au moins, quand on a la même base
d'information ça nous évite d'embarquer dans des débats
qui n'en finissent plus et qui, de part et d'autre, justifient des positions
qu'on prend. Là-dessus, quant à mol, je n'ai aucun
problème à communiquer ce qui peut être communicable par la
Régie.
M. Chevrette: D'accord. Je vous remercie et je vous souhaite
bonne chance dans votre réforme.
M. Langlois (Louis-Philippe): Ce fut agréable, M.
Chevrette.
M. Chevrette: Et l'an prochain attendez-vous, étant
donné qu'il y a aura eu une réforme, que je sois plus pointu dans
mes questions.
M. Langlois: J'essaierai moi-même d'être plus
précis.
M. Chevrette: Bonjour. Merci. M. Langlois: Bonjour.
Merci.
Médecine d'urgence
M. Chevrette: Quelques petits cas, M. le ministre. En ce qui
regarde le développement de la médecine d'urgence, est-ce que le
ministère entend attaquer ce problème de front puis est-ce que
vous aurez des crédits additionnels? En d'autres mots, est-ce que vous
entendez reconnaître les "urgentologues" parce que, si j'ai bien compris,
ils vous avaient ébranlé passablement lorsqu'ils sont venus en
commission? Est-ce que vous avez des projets là-dessus?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Nous venons à
peine de recevoir un document de soins préhospitaliers, donc cette
grande famille, là, de soins à dispenser, on est à
examiner de très près le rapport qui nous a été
soumis. Effectivement, on aura des décisions à prendre quant aux
orientations de la même manière qu'on le fait maintenant dans le
cas du cathétérlsme cardiaque, avec des documents de base presque
inattaquables sur le plan technique, la même chose dans le
préhospitalier. J'ai l'impression qu'en 1991 on pourra
déjà donner des orientations, y compris dans le cadre de la
réforme.
M. Chevrette: La pénurie des infirmières. J'ai lu
un article, je ne sais pas si c'est hier ou avant-hier. Des primes de 500 $
à qui recrute une infirmière ou trouve une infirmière.
J'ai lu ça dans un journal, je ne me souviens pas lequel, mais c'est
rendu une chasse aux primes, là. Je trouve ça grave un peu. (11 h
45)
Est-ce qu'on a un plan d'attaque pour essayer de recruter du personnel
infirmier?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que
c'est davantage au niveau d'une table qui est en discussion
actuellement, où II y a, quoi, quelque 40 personnes? Je pense que c'est
42 personnes qui siègent autour de la table sur la revalorisation du
rôle des infirmiers et des infirmières et, évidemment,
c'est une table qui a eu quelques problèmes de mise en route, compte
tenu des négociations, je ne vous cacherai rien. Mais j'entends,
dès le moment où on aura signé avec la FTQ la convention,
remettre à la table... et j'entends participer à cette prochaine
table, de façon à ce qu'on puisse revaloriser le rôle de
l'infirmier et de l'infirmière. Évidemment, on a du travail
à faire, mais j'ai bonne espérance qu'on puisse y arriver. O.K.,
j'ai dit FTQ, tantôt, signature, mais c'est CEQ; excusez-moi.
M. Chevrette: CEQ?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): II y a déjà
une rencontre de prévue pour le 19 juin. Mais c'est une table qui a une
importance capitale. D'après mol, c'est à partir de cette
table-là qu'on va pouvoir, avec elles et eux, voir les choses qu'on peut
faire pour être capables de revaloriser leur rôle. Ça passe
par là.
M. Chevrette: A plusieurs reprises, en 1987-1988 en particulier,
on avait demandé le résultat de bon nombre d'enquêtes qui
avaient été déclenchées - ce n'était pas
vous qui étiez là, naturellement, c'était votre
prédécesseur, Mme Lavoie-Roux - il y avait eu une vingtaine
d'enquêtes adminsltratlves qui avaient été
déclenchées, et on n'a jamais eu les rapports. J'ignore pour
quelle raison, parce qu'il y avait une coutume - et je vous en fais part - que,
si c'était très serré... Il y a des choses, dans les
rapports, je le reconnais, qui n'ont pas intérêt à prendre
le chemin du public, mais il était coutume que le ministre... Moi, je le
sais, je l'ai fait: tu fais venir le critique. Tu dis: Voici, le rapport, c'est
ça, mais cette partie-là, moi, je ne peux pas rendre ça
public. On avait offert ça à votre prédécesseur,
elle devait y penser, et les élections ont été
déclenchées. On ne sait même pas, par exemple, si les
rapports ont été concluants, on ne sait pas s'il y a eu des
sanctions administratives, on ne sait même pas s'il y a eu des
poursuites. Je sais qu'il y a un cas bien patent, là, où
même la Sûreté... Je comprenais pourquoi celui-là
n'était pas... H y a même eu des saisies de documents, à un
moment donné, simultanément à Longueuil et à
Québec, ici, au centre dé réadaptation Tilly, je pense, et
à celui de... Là, je ne me souviens plus, je sais que c'est
à Longueuil. Par la suite, on n'a jamais eu de rapport sur cette
vingtaine d'enquêtes administratives qui avaient été
déclenchées à l'époque.
Est-ce que vous pourriez, dans un premier temps, me dire si vous pensez
regarder ces rapports-là, s'il y a possibilité de voir quels sont
ceux qui peuvent être rendus publics et s'il y a possibilité
d'avoir les motifs pour lesquels les autres ne le seraient pas ou la
méthode qu'on prenait à l'époque, en tout cas, que je vous
soulignais...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, évidemment,
ça interroge un certain nombre de principes et de moyens de faire
aussi...
M. Chevrette: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que vous êtes
suffisamment prudent, ayant vous-même occupé des fonctions
ministérielles, pour savoir que ce n'est pas la totalité de ces
choses-là qui peut être rendue publique. J'en conviens et je
prends acte aussi de... C'est une question qui a déjà
été posée au feuilleton et que j'examine actuellement dans
le but de ne pas poser de geste qui pourrait créer certaines situations
désolantes ou désobligeantes. Et, aussi, on est à revoir
un certain nombre de nos façons de faire dans ce genre de situation
là.
M. Chevrette: Je vais vous donner un exemple. Je ne vous dirai
pas où, mais il y a des individus qui nous arrivent et qui disent:
Voici, nous autres, on a été mis au courant de telle et telle
action; on s'est prévalus de la loi sur l'accès à
l'information et, quand on a un rapport, il manque telle page, telle page et
telle page. Comme nous, on n'est pas en mesure de savoir quel est le contenu
des pages manquantes, on les inscrit au feuilleton pour les demander. Mais
peut-être qu'effectivement dans une procédure où... On ne
veut pas être irresponsables dans ça. On ne veut vraiment pas
être irresponsables. On comprend qu'il y a des choses qui peuvent
conduire à des accusations au criminel. Donc, je comprends qu'un
ministère n'a pas à dévoiler une preuve qui était
en instance de poursuite. Je comprends tout ça. C'est parce que, tant et
aussi longtemps qu'on reste dans l'ignorance, on peut être taxés
nous autres mêmes, comme Opposition, si on ne pousse pas sur notre
dossier, de vouloir camoufler des choses au public, et ce n'est pas l'objectif.
Vous comprenez, le bien-fondé de notre revendication n'est pas dans le
sens de jouer à l'irresponsable; non, non.
M. Côté (Charlesbourg): Tantôt, je parlais des
manières de faire. Quand on parle des manières de faire, c'est
que, dans certains cas, il n'y a même pas de rapport écrit.
M. Chevrette: Aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez connu ça
aussi à l'époque. Ce que je vais faire, c'est que
je vais regarder avec le contentieux du ministère cas par cas, et
ce qui peut être communicable vous sera communiqué.
M. Chevrette: Et nous autres, on regardera, à la
lumière de ce qu'on pourra échanger... Même s'il y a une
question au feuilleton, c'est... Je comprends ça. O. K. Merci pour
ça.
Il y a une région au Québec, qui est la région de
l'Estrie, qui reçoit à peu près 4, 35 % des ressources
budgétaires, et les ressources des centres hospitaliers, par exemple,
n'ont pas progressé aussi vite que celles d'ailleurs au Québec,
et elle se dit pénalisée. Vous avez été
sensibilisé par les gens de l'Estrie. Est-ce qu'il y a un correctif qui
sera apporté cette année?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai rencontré les
gens du CRSSS avec les représentants des établissements il y a
environ deux mois et demi, si ma mémoire est fidèle, pour me
faire sensibiliser à ce dossier-là qui, chez nous, a fait l'objet
d'une analyse assez attentive et qui fait partie des dossiers où l'on
parle d'équité interrégionale. C'est un des dossiers sur
lesquels nous nous sommes penchés et j'espère être capable
de prendre une décision d'ici une quinzaine de jours quant à ce
dossier précis.
M. Chevrette: Merci. Scanner de Brome, on en a parlé hier,
je pense. À Sept-îles maintenant, il y a un ambulancier qui semble
en conflit d'intérêt avec l'exploitation de son salon
funéraire. Je ne sais pas si vous avez été mis au courant
de ça. N'y a-t-il pas un inspecteur du ministère qui a
été sur place? Pourriez-vous le demander? La
problématique, à toutes fins pratiques, vous devez l'avoir
reçue. Un instant... Vous avez sans doute reçu ça. Je vais
vous donner plus de détails. Ça s'en vient. Le Conseil
régional de la santé, ça, il est au courant. M. Langlois a
été mis au courant, Philippe.
M. Côté (Charlesbourg): II était ici avec
nous hier, mais il ne l'est pas aujourd'hui.
M. Chevrette: Oui, ça a été signé par
Louis-Philippe Langlois. Il a été prévu qu'un de nos
inspecteurs ira dans cette région au cours des prochaines semaines et
soyez assurés qu'il sera mandaté pour examiner ce dossier
avec...
M. Côté (Charlesbourg): Quand, ça?
M. Chevrette: Ça, c'est daté du 1er mai 1990. Ce
n'est pas si loin que ça. Pour un gros ministère de même,
ce n'est pas si loin que ça. Donc, tout ce que je voudrais, c'est que
j'apprécierais, lorsque l'inspecteur y sera allé... Parce qu'ils
ont fait appel au député de Duplessis pour
précisément s'enquérir de ça et j'ai promis au
député de Duplessis que je vous le soulignerais.
M. Côté (Charlesbourg): La question est
posée.
M. Chevrette: II semble bien que c'est un conflit entre deux
transporteurs ambulanciers, mais dont un a un salon funéraire...
M. Côté (Charlesbourg): Puis l'autre n'en a pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Ça arrive dans quelques endroits au
Québec. Donc, j'ai bien compris que vous donnerez suite.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Trente secondes. Une petite question sur le
déménagement de l'hôpital Hôtel-Dieu de
Montréal. Je sais, pour vous avoir entendu au sommet économique
de la belle région de Lanaudière, que vous nous disiez qu'il y
aurait un potentiel de déménagement d'un centre hospitalier
là où le besoin se posait. On me dit qu'il y a même des
mouvements dans le nord de Montréal pour le déménagement
de ce dit hôpital et il y a un mouvement dans Lanaudière
également pour le déménagement de ce dit
hôpital.
M. Côté (Charlesbourg): II y en a un à
Laval et il y en a un autre qui vient de s'élever à
Montréal pour le garder à l'Université de
Montréal.
M. Chevrette: Donc, il y en a quatre. Donc, vous
réitérez les propos que vous aviez dits au sommet
économique de Lanaudière, à savoir que l'hôpital ira
là où il y a explosion démographique et où les
besoins sont les plus criants.
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai rien à
retrancher ni à ajouter à cette déclaration.
M. Chevrette: C'est pour ça que je me rappelle tellement.
Vous avez remarqué que les mots étaient quasi les mêmes
qu'ici.
Ça achève, madame. Il me reste trois minutes de mon temps
légal.
Le Président (M. Gautrin): Vous en avez perdu beaucoup
avant.
M. Chevrette: Pas de remarque là-dessus, vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: À la Cité de la santé de
Laval, vous savez que ce centre hospitalier est contraint de réduire ses
services et son personnel pour combler un déficit de 900 000 $. On
me
dit même que la Cité de la santé est le seul
hôpital pour l'île Jésus; on le sait tous, mais les
libéraux avaient promis un agrandissement très fort de 311 lits.
C'est 300 000 de population; donc, ça fait un lit par 10 000, ce n'est
pas trop...
M. Côté (Charlesbourg): II y en a 153 de
livrés.
M. Chevrette: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): II y en a 153 de
livrés.
M. Chevrette: Oui. À quand les autres?
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, quand on
s'est dit tantôt qu'il y avait Rivière-des-Prairies,
Lanaudière et Laval, plus la quatrième sur l'île de
Montréal qui revendiquaient l'Hôtel-Dieu...
M. Chevrette: L'Hôtel-Dieu, c'est combien de lits?
M. Côté (Charlesbourg): C'est 600. On va le ramener
à 500. C'est 600 et quelques, mais ça...
M. Chevrette: Mais ce n'est pas nécessairement la
même région qui pourrait hériter des 600. Est-ce possible,
ça?
M. Côté (Charlesbourg): Ça mérite
d'être vérifié éventuellement. Il faut quand
même garder...
M. Chevrette: Oui, mais vous ne voyez pas là une
ouverture?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Chevrette: Vous ne voyez pas là une ouverture?
M. Côté (Charlesbourg): De votre part? Oui, bien
sûr.
Des voix: Ha, ha, hal
M. Chevrette: C'est parce qu'au lieu de déplaire à
trois vous pourriez plaire à trois sur quatre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il faudra toujours
se rappeler que l'Hôtel-Dieu de Montréal, ce n'est pas n'importe
quelle institution.
M. Chevrette: Non, je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le plan historique,
ç'a une valeur très, très importante et il faudra toujours
garder ça à l'esprit.
M. Chevrette: Donc, à la Cité de la santé,
il y aura un effort additionnel de fait, qui viendra quand? On ne le sait
pas.
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, quand je les ai
rencontrés, il y avait une priorité d'équilibre
budgétaire. L'an dernier, sur le plan financier, dans le budget de
1988-1989, le ministère a fait des efforts. J'ai refait des efforts
financiers cette année avec eux. Ce sur quoi on s'est entendus, c'est
qu'eux devaient résorber une partie du déficit et nous avons
ajouté des sommes d'argent, compte tenu de la situation
particulière que vivait la Cité de la santé de Laval
encore cette année. Donc, on est dans une situation où maintenant
la balle est dans leur camp et on a aussi ajouté les 153 lits qui,
normalement, devraient débuter, en termes de construction, au
début de l'automne. C'est une solution qui va très certainement
faciliter le travail et, inévitablement, les budgets de fonctionnement
vont aller avec les 153 lits. Alors... (12 heures)
M. Chevrette: O. K. Centre hospitalier, statut
désigné, Rivière-du-Loup. Le député-ministre
de Rivière-du-Loup, M. Albert Côté, pourra donner suite
à un engagement électoral pris en 1985. Il a en effet obtenu
l'assurance de son collègue de la Santé et des Services sociaux,
M. Marc-Yvan Côté - c'est vous-même - que le Centre
hospitalier régional de Rivière-du-Loup aura le statut
d'hôpital désigné. Moyennant l'octroi de subventions
supplémentaires totalisant 2 000 000 $, le CHRR pourra chercher à
recruter un nombre accru d'omnipraticiens et de spécialistes
intéressés à s'établir en région.
L'annonce officielle de la "chose" doit être faite ce
printemps.
Le Président (M. Gautrin): On est dans les
préservatifs, là.
M. Chevrette: Je le lis, ce n'est pas moi qui l'ai écrit.
Lors du rattachement des établissements de santé et de services
sociaux de Kamouraska-Témiscouata et de basques au CRSSS du
Bas-Saint-Laurent. "C'est-u" vrai, ça?
M. Côté (Charlesbourg): Lorsque nous avons refait le
découpage des régies, sur le plan de la santé et sur le
plan de l'éducation, Rivière-du-Loup dépendait de la
région 03 de Québec et non pas du Bas-Saint-Laurent. Il y a eu
des lobbyings très puissants et très forts pour maintenir cette
association à Québec. J'avais décidé, à
l'époque, que l'ensemble de l'oeuvre dépendrait du
Bas-Saint-Laurent, avec toutes les conséquences que ça
supposait.
Lorsque, avec M. Bourassa, nous nous sommes rendus, au mois de septembre
1989, à Rivière-du-Loup, j'ai pris, au nom du gouvernement du
Québec à l'époque, l'engagement de régler ce
problème et il n'est pas de mon
intention que ce soit autrement. Comme le printemps se termine le 21
juin 1990, il me reste donc encore un mois pour être capable de remplir
l'engagement que je réitère aujourd'hui.
M. Chevrette: Un mois? La pénurie d'infirmières
à Rimouski, est-ce que ça se tasse, à l'hôpital de
Rimouski? Vous n'en avez pas entendu parler?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Chevrette: Comme ça, les journaux, c'est du local. Ils
se sont trompés.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que
Rimouski n'est pas nécessairement du local. Je pense que c'est un centre
qui...
M. Chevrette: À l'urgence de Rimouski, on a dit que les
infirmières réclamaient...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il y a un
problème d'infirmières à peu près partout, compte
tenu de la situation qu'on connaît. L'effort de la convention collective
devrait normalement donner des résultats un petit peu plus à long
terme. Mais c'est un problème qui est probablement particulier.
Évidemment, si on offre des primes de 5000 $ partout pour être
capable de les avoir, je pense que c'est une situation où on va revenir
au moment où les municipalités se "compétitionnaient" pour
avoir une industrie. C'était celle qui payait le plus qui
réussissait à l'avoir. Mais ça ne réglait pas
nécessairement le problème.
M. Chevrette: Deux petites dernières vîtes. M. le
ministre, vous nous aviez dit que vous réfléchiriez longuement,
après que les conventions collectives seraient signées,
relativement au décret. Vous avez rapporté quelques cas
précis où on y allait même du droit au travail, surtout
dans les temps partiel qui n'ont pas pu réintégrer le travail.
Après quelques mois de réflexion où tout semble
rentré dans l'ordre, est-ce qu'un geste magnanime que je vous demandais,
à toutes fins pratiques, hier, dans mon exposé d'ouverture,
est-ce que ce ne serait pas bon, ça, avant le 23 ou le 24 juin, de poser
ce geste de magnanimité?
Le dernier petit point. Vous aviez l'habitude de nous envoyer, à
chaque crédit, la masse salariale de votre cabinet et le "listing".
Cette fois-ci, vous ne l'avez pas fait. C'est sans doute un oubli.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas dans la
liste?
M. Chevrette: Parce que, d'habitude, vous le faisiez tout le
temps. On avait les noms, mais vous ne l'avez pas fait comme les années
pas- sées.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'on me disait
qu'il y avait uniquement une question qui n'avait pas de réponse. C'est
la question 15 - je ne sais pas de quel volet - où il y avait une
incompatibilité de chiffres, où il y avait des erreurs. J'ai fait
corriger la réponse et elle vous parviendra.
M. Chevrette: c'est possibile qu'elle n'ait pas été
explicite, parce que vous aviez toujours l'habitude de le faire depuis cinq
ans. c'est pour ça...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, aucun problème
avec ça.
M. Chevrette: Ça ne fait pas l'objet d'une question ici,
c'est juste pour signaler ça.
M. Côté (Charlesbourg): O.K. C'est correct.
M. Chevrette: Vous nous envoyez ça comme d'habitude.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, on va le faire avec
grand plaisir.
M. Chevrette: C'est plus, pour nous, pour une compilation de
noms.
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez voir que...
M. Chevrette: Je suppose qu'il y a des attachés politiques
de notre bord qui espèrent, un jour... Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! M. Chevrette:
La 160... C'est fini.
Le Président (M. Gautrin): Envoyer au Secrétariat
des commissions et distribuer? Merci.
M. Côté (Charlesbourg): Sur la loi 160, je l'ai dit
à l'époque, il ne pourra pas y avoir de réforme bien faite
au profit des bénéficiaires s'il n'y a pas une valorisation des
ressources humaines, à tous les niveaux, que ce soient les cadres ou les
travailleurs. Dans ce sens-là, il y a une réflexion très
importante que nous faisons actuellement dans le cadre de la
réforme.
Évidemment, la loi 160 est au c?ur des préoccupations
des travailleurs et du gouvernement aussi parce qu'elle a eu des effets
positifs, mais elle a aussi des effets négatifs, la loi 160, et j'avais
dit à l'époque qu'à partir du moment où les
conventions collectives seraient signées - |'ai dit ça le 18
décembre 1989 - je m'assoirais avec les principaux dirigeants syndicaux
et, à ce moment-là, on pourrait convenir
ensemble d'une manière de faire l'analyse exhaustive des
bienfaits et des méfaits de la loi 160, qu'à la lumière de
cette analyse, à ce moment-là, j'aurai, quant à moi, des
décisions à prendre ou des recommandations à faire au
gouvernement, et qu'une loi, c'est évolutif, y compris la loi 160, et
qu'elle doit s'ajuster dans le temps. Je n'ai pas changé d'idée.
Je l'ai redit à Mme Lavallée, je l'ai redit à Mme Simard
que j'ai rencontrée récemment, dès que nous aurons
signé la convention collective avec la CEQ, je vais m'empresser de
convoquer une rencontre avec les intervenants de telle sorte qu'on puisse
amorcer la discussion concernant l'analyse que Je veux qu'on fasse au niveau de
la loi 160, très ouverte et très honnête.
M. Chevrette: au-delà des ententes qu'il pourrait y avoir
ou de l'évolution, est-ce que vous êtes prêt à
regarder certains cas qui ont touché directement au droit au
travail?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de cette
analyse, mais pas isolément.
M. Chevrette: Non, mais si on vous apporte des cas, ce sera une
pièce à la réflexion.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: O.K. Merci beaucoup, merci à vos
fonctionnaires qui vous ont accompagné. Quant à moi, j'ai
terminé mon agréable tâche. À l'an prochain.
M. Côté (Charlesbourg): À l'an prochain.
Polytoxicomanie
Le Président (M. Gautrin): Est-ce qu'on passe tout de
suite à la polytoxicomanie ou si vous voulez faire un petit ajournement?
Non, vous êtes prêts à partir. Pas d'ajournement, pas de
suspension. Merci. Alors, vous êtes prêts à passer à
la polytoxicomanie. Mme la députée de Marie-VIctorin, vous avez
la parole.
Remarques préliminaires Mme Cécile
Vermette
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Alors, pour la
cinquième fois, on est à l'étude détaillée
des crédits alloués au ministère de la Santé et des
Services sociaux par le gouvernement du Parti libéral. Cependant, c'est
la première fois qu'on peut se réjouir qu'une heure sera
consacrée à tout le volet de la polytoxicomanie. Alors, avant
d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais aussi, M. le Président,
saluer le ministre de la Santé et des Services sociaux ainsi que tout le
personnel et ses conseillers qui sont avec lui.
Alors, comme vous le savez tous, la toxicomanie, évidemment,
ça n'a pas de frontière. Ça touche hommes, femmes, jeunes,
vieux, pauvres, riches, peu importe le rang social que vous pouvez occuper ou
aussi le sexe selon lequel on vous classifie. Toute personne peut être
susceptible, un jour ou l'autre, d'avoir des problèmes de toxicomanie.
En fait, on dit qu'au Québec, à partir des différentes
enquêtes qui ont été menées, on estime que 34 % de
la population fait usage régulier de substances toxicologiques comme
l'alcool, la drogue, le tabac. Dans les 34 %, on n'inclut pas les
médicaments, ce qui veut dire que beaucoup de personnes, en tout cas,
sont susceptibles d'avoir eu un problème ou d'avoir un problème
avec une substance toxicologique.
On peut dire que la polytoxicomanie c'est un fléau. À la
maison, dans la famille, elle est plus souvent qu'autrement source
d'éclatement et de violence. Dans nos écoles, on a vu aussi
plusieurs fois de la violence, et de plus en plus. Au travail, elle engendre
énormément, en fin de compte, des pertes de productivité.
On a vu aussi, dernièrement, l'ensemble des entreprises déclarer
qu'une majorité de PME ont des gros problèmes de rendement
à cause des problèmes de toxicomanie, de consommation, en fin de
compte, de plusieurs, soit alcool, médicaments ou drogues.
Alors, on peut dire que les coûts financiers reliés aux
problèmes de la toxicomanie sont assez effarants. Il y a des
études en Ontario qui démontrent que ça représente
des coûts indirects de 9 000 000 000 $. Ils ont une recherche assez
exhaustive dans le domaine grâce à l'Addiction Research Foundation
qui leur permet, justement, d'avoir des données fiables, ce qu'on n'a
pas ici, au Québec, à l'heure actuelle. On peut croire qu'ici au
Québec, ça devrait être d'un même ordre de grandeur,
en tout cas, si on regarde, car on est habitués à faire des
parallèles avec l'Ontario. On essaie, en tout cas, quelquefois, de se
comparer. Alors, j'imagine que, là encore, ça devrait être
assez similaire et comparable.
On peut dire que beaucoup de dollars sont perdus par les entreprises et
plusieurs employés ont des problèmes d'alcool ou de drogue, et
même la cigarette aussi. Même avec les campagnes antitabac qu'on a
eues, on retrouve actuellement une recrudescence au niveau de la consommation
de cigarettes, surtout chez les jeunes et les femmes. C'est le même
problème pour la consommation d'alcool, ce sont les femmes et les
jeunes, en fait, qui consomment de plus en plus d'alcool.
Quand on regarde tout ça, c'est sûr qu'on peut constater
les coûts sociaux qui en découlent, tous les problèmes
sociaux qui en découlent, et ça touche les problèmes de
santé, évidemment, et même ça va beaucoup plus loin
que les problèmes de santé, tous les accidents de la route et les
accidents de travail aussi. Ce sont des sommes énormes et je pense que
c'est important
qu'on s'y arrête assez en profondeur et qu'on examine tout le
volet de cette question-là.
Alors, ce sont toutes les couches de la société qui sont
vraiment prises à partie par rapport à ce problème de la
toxicomanie. Il existe au Québec, heureusement, plusieurs organismes,
mais on sait qu'il est assez difficile de savoir exactement le nombre
d'organismes qui existent au Québec parce qu'il n'y a pas vraiment de
répertoire exhaustif pour nous dire exactement ce qui se fait au
Québec. Hier, je faisais des crédits avec le ministère de
la Sécurité publique où c'était très
partiel, en fin de compte, ce qu'on pouvait me donner là-dedans.
Évidemment, tout le monde s'entend pour dire qu'il se fait des choses au
Québec, mais ça se fait d'une façon éparse,
éparpillée un peu, sans coordination et sans concertation.
Il ne suffit pas uniquement de parler toujours de ressources humaines et
financières. Si on regarde tout ce qui se passe au niveau des
bénévoles et tous les organismes communautaires, il se fait
énormément de choses, même s'ils ont beaucoup de
difficultés à survivre quelquefois. En fait, c'est toujours le
don de soi qui prime et l'entraide mutuelle qui font en sorte qu'on s'implique
dans ce domaine-là.
Ce qui est important, en fait, même si, depuis longtemps,
ça existe, ce problème-là, c'est qu'il y a
déjà eu des ressources qui ont existé, notamment l'OPTAT
qui a été démembré en 1975. Depuis ce temps, il n'y
a qu'un service à l'intérieur de votre ministère qui
s'occupe beaucoup plus du volet réadaptation que de tous les autres
aspects dont tenait compte, à ce moment-là, l'OPTAT. Donc, c'est
ce qui fait dire qu'en fait, au Québec, nous sommes les parents pauvres
dans le domaine de la toxicomanie, ce qui nous montre qu'en frais de
ressources, au moins de catalyseurs dans le domaine de la toxicomanie, ce qui
n'existe pas ici, malheureusement, on l'a fait disparaître en 1975. Ce
n'est pas moi qui le dis, ce n'est pas nécessairement les organismes,
probablement lors des consultations de 1986 et de 1988 que vous avez faites via
votre ministère et par les orientations de votre ministère, qui
arrivaient à cette conclusion-là aussi et qui relevaient aussi
que les politiques mises de l'avant n'avaient pas atteint les objectifs qu'on
s'était donné à atteindre à ce
moment-là.
Donc, compte tenu de la situation et comme c'est la première fois
qu'il y a un porte-parole officiel dans le domaine de la toxicomanie, en tout
cas, au niveau des élus, c'est sûr que tout est à faire
dans ce domaine-Jà. Le 3 mars dernier, j'ai fait un forum sur la
toxicomanie, il y avait 240 organismes d'inscrits, donc 350 personnes, et,
aussi, j'ai fait une tournée à travers l'ensemble du
Québec. Ce qui ressort de ça, c'est l'isolement de certaines
ressources dans les différentes régions du Québec, le
manque de financement, bien sûr, le manque de coordination au niveau des
activités et aussi de dialogue entre les différentes ressources
qui peuvent exister. Non pas qu'il ne se fait pas des choses, mais ça se
fait d'une façon isolée et, encore une fois, sans coordination et
très souvent avec beaucoup de duplicata.
Dans le domaine de la médication, notamment, dans les
régions éloignées - je suis convaincue que vous allez
avoir un rapport, bientôt, de cet aspect-là - H y a beaucoup plus
de problèmes au niveau de l'absorption de médicaments, et c'est
très difficile de faire prendre conscience à ces gens qu'ils ont
un problème de toxicomanie, au niveau des personnes âgées,
parce que, justement, c'est un aspect légalisé de la toxicomanie.
(12 h 15)
Donc, on pourrait vraiment se dire qu'avoir un conseil
québécois en toxicomanie serait une façon de
répondre adéquatement à tous les problèmes que nous
avons rencontrés, d'autant plus que, dans les recommandations de 1986 et
1988, vous arriviez à la même conclusion, et l'ensemble des
mémoires qui vous ont été présentés à
ce moment-là arrivaient à cette même conclusion. Donc, lors
du forum, nous en sommes arrivés, nous aussi, à cette même
conclusion et, lors de cette tournée aussi, l'ensemble des intervenants
que nous avons rencontrés formulaient, en tout cas, hors de tout doute,
la nécessité d'un organisme qui pourrait jouer le rôle de
catalyseur. Il pourrait être le porte-parole de l'ensemble de tous les
intervenants qui existent dans ce domaine.
Alors, j'espère que nous aurons l'occasion de revenir sur ces
différents volets et, maintenant, à moins que le ministre ait des
remarques préliminaires là-dessus, j'irais sur des questions plus
particulières à ce moment-ci.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je pense qu'à ce
moment-ci, M. le Président - j'avais eu l'occasion de le dire en Chambre
à une question de Mme la députée - il est clair que les
gens, soit vous ou le comité Mario Bertrand qui a fait aussi le tour des
intervenants, vont très certainement en arriver au même
diagnostic. Et je pense que je n'ai pas grand-chose à retrancher ou
à ajouter à ce que vous avez dit. On pourrait le faire de
manière encore bien plus longue, on pourrait en parler pendant quatre ou
cinq heures. Sur le diagnostic, j'ai l'Impression qu'à peu près
tout le monde va s'entendre, compte tenu de tout ce qui a été
fait jusqu'à maintenant, depuis 1987 en particulier où il y a eu,
au niveau du ministère, une sensibilisation au niveau d'une
tournée régionale. En 1988 et 1989 d'autres actions ont
été posées avec des plans qui ont été
déposés au niveau du ministère, qui ont amené la
décision du premier ministre de faire en sorte de former un
comité de haut calibre - et je pense qu'il y a des gens, là, qui
sont des gens qui ont
prouvé que, dans la société
québécoise, ils étalent capables de faire de grandes
choses - et recommandations que nous aurons donc au cours du mois de juin. Il y
a différents problèmes. Je pense qu'il faut se le rappeler. Oui,
c'est vrai qu'il y a un manque de leadership. Finalement, de ne pas l'admettre,
je pense que ce serait de ne pas admettre une évidence.
Compte tenu du fait qu'il y a plusieurs intervenants, vous l'avez dit
tantôt, la Sécurité publique que vous avec
interrogée, ou la Justice, d'autre part, a des choses à faire
dans ce domaine-là. D'autres ministères aussi. C'est donc un
problème intersectoriel, qui concerne plusieurs ministères, et le
mien au premier titre, bien sûr. Donc, ce qu'il faut faire, l'obligation
qu'on a, c'est d'assumer un leadership qui pourrait nous permettre,
éventuellement, d'Intervenir sur plusieurs fronts à la fois. Et
quand on se dit ça, bien, on n'a pas inventé grand-chose
jusqu'à cette heure. Je pense que les génies travaillent un peu
partout, de votre côté comme du nôtre, pour tenter de
trouver des solutions miracles, en espérant qu'ils puissent en trouver,
parce que le meilleur remède, ce n'est pas, d'après moi, de
comparer ce que ça nous coûte. Ça ne nous donne rien de
comparer ce qu'on dépense chez nous par rapport à ce qui se
dépense en Ontario. On n'a pas réglé un cas. Le
problème c'est, fondamentalement, un problème de consommation
dû à différents facteurs et que c'est de plus en plus un
phénomène de multiconsommation. Donc, ce n'est plus uniquement le
phénomène de consommation d'alcool, de consommation de
cigarettes, mais on l'a vu, par exemple, avec des dossiers sur lesquels on a
travaillé dernièrement, Dernier recours, où on avait des
cas particuliers, où c'était le multiplicateur qui créait
des problèmes.
Donc, il va falloir intervenir, d'après moi, et on verra les
recommandations que l'un et l'autre feront. Je l'ai toujours dit,
là-dessus, peu importe d'où ça vient, ça ne me
dérange pas que ça vienne de votre initiative ou que ça
vienne du comité Mario Bertrand; quant à moi, l'ouverture est
là. L'important c'est de trouver les bonnes solutions aux
problèmes qu'on rencontre. On va d'abord devoir se structurer sur le
plan de la prévention. Si on le dit dans le cas de l'ensemble de la
réforme de la santé, de tenter de mettre un frein au curatif, et
parler de prévention, s'il y a un domaine où il est important
d'intervenir à ce niveau-là, c'est bien celui-là. Bien
sûr, malgré tout ça, malgré le fait qu'on sera dans
des situations idéales sur le plan de la prévention, on va quand
même se retrouver avec des cas où il va falloir de la
désintoxication, et, par le fait même, aussi de la
réadaptation, et ça, c'est très très important.
Un phénomène sur lequel on a, mais totalement
manqué notre coup, peu importe tout gouvernement confondu, au cours des
dernières décennies, c'est la recherche. Il y a des montants
d'argent de disponibles aujourd'hui en recherche en toxicomanie qui ne sont pas
dépensés parce qu'il n'y a pas d'équipes de recherche,
suffisamment d'équipes de recherche pour être capable de
dépenser l'argent qui est dévolu. Ce n'est pas des sommes
mirobolantes. 400 000 $? 400 000 $ qui ne sont pas dépensés parce
qu'il n'y pas eu cette préoccupation ou cette pointe de recherche.
Ça, c'est un élément extrêmement important pour
être capable de connaître les phénomènes et d'en
parler d'une manière très professionnelle, très
scientifique quant à la connaissance des causes exactes et des
solutions, bien sûr.
Formation, bien sûr que ça aussi, c'est un
élément très important. Formation de ceux qui ont à
oeuvrer dans ce milieu-là, qui ont un lien direct avec la recherche. Si
vous voulez avoir la meilleure qualité de gens qui vont s'occuper de la
formation, il faut nécessairement que vous ayez une très bonne
qualité de recherche qui va conditionner la formation des jeunes. Donc,
je vous le dis d'emblée, je pense que les gouvernements n'ont pas
assumé le leadership qu'ils devaient assumer à ce
niveau-là, qu'il nous faut, bien sûr, trouver de meilleurs
mécanismes de coordination des efforts de l'ensemble des intervenants du
gouvernement et, bien sûr, qui débouchera définitivement
sur des allocations de ressources additionnelles, mais, à la
lumière des recommandations qui nous seront faites, investies aux bonnes
places au bon moment - c'est ça qui m'apparaît extrêmement
important - et mettre un focus très rapide sur la recherche, sur le
développement d'une pointe de recherche dans ce domaine-là.
Vous proposez, quant à vous, et je n'en suis pas surpris, un
conseil québécois en toxicomanie. Vous y revenez avec une
insistance presque maladive. Évidemment, c'est la solution que vous
défendez. Est-ce que, aujourd'hui, je peux vous dire que j'endosse
ça? Je ne suis pas réfractaire comme je ne m'emballe pas, non
plus, à la création d'une nouvelle structure, l'important
étant que les objectifs fixés peuvent être atteints par
différentes formules, que, bien sûr, j'attendrai que le
comité Mario Bertrand puisse soumettre son rapport au premier ministre
au mois de juin et, à la lumière de ça, dans la mesure
où on est désigné, comme ministère, comme un des
porteurs de ballon importants, et on entend l'être aussi, bien sûr,
enclencher au niveau du gouvernement un certain nombre de décisions qui
vont toucher la prévention, qui vont toucher la désintoxication,
la réadaptation et qui vont toucher le phénomène de la
recherche qui m'apparaît indispensable à une bonne
compréhension de ce qui se passe et qui va avoir une incidence
très certaine sur la formation et sur les solutions d'avenir.
Discussion générale Mme Vermette: M. le
Président, je suis
heureuse de voir votre ouverture d'esprit. En fait, je pense que c'est
au-dessus des partis politiques lorsqu'on touche un volet aussi important que
le domaine de la toxicomanie. Maintenant, est-ce que vous conviendrez avec moi
que le comité Bertrand, d'une part, ne fait que reprendre les exercices
qui ont été faits en 1986-1988? Pourquoi attendre, justement,
pour réinvestir des sommes d'argent de votre ministère au niveau
du service de toxicomanie et pourquoi attendre de prendre des décisions
alors que, déjà, vous aviez des orientations
ministérielles en 1986, vous aviez des orientations
ministérielles en 1988, et qui vont probablement arriver aux mêmes
conclusions que le rapport Bertrand, d'autant plus qu'il a été
fait avec les gens de votre ministère? Vous parlez des gens de haut
calibre du comité Bertrand. Est-ce que, à l'intérieur de
votre ministère, ce ne sont pas des gens de haut calibre qui sont
capables et qui ont déjà fait l'exercice et d'en arriver,
justement, à des recherches concluantes? Pourquoi attendre, justement?
Pourquoi? Ce que je me pose comme question, c'est qu'au moment du discours de
la 34e Législature, le premier ministre disait que c'était pour
lui une priorité et, justement, il voulait presser le comité
Bertrand qui devait déposer ses recommandations, en fait, au mois
d'avril pour permettre au niveau du budget 1990-1991 de pouvoir y consacrer des
sommes importantes. Et là, maintenant, nous sommes rendus en juin et ce
dossier devra être donné au premier ministre pour consultation et
étude, ce qui veut dire qu'encore là, II y a une économie
de temps, une économie d'argent, évidemment, en même temps.
Lorsqu'on regarde la situation qui est assez alarmante au niveau des services
qu'on doit donner aux victimes de la toxicomanie, que ce soient les jeunes, les
moins jeunes ou les plus âgés, bien, ils sont toujours en attente
et, là, c'est beaucoup plus que, justement, des belles paroles qui sont
importantes. Mais je pense que ces victimes-là sont en droit et en
mesure de s'attendre à des services adéquats selon, justement,
les problèmes auxquels ils ont à faire face.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis un peu ambivalent
quant à la réaction à avoir. Le comité Bertrand est
un comité qui va régler un certain nombre de problèmes que
nous avions dans le passé sur le manque de leadership gouvernemental. Le
fait que ce soit le premier ministre qui l'ait demandé, ça
exprime très clairement et très nettement la volonté
gouvernementale. Il n'y a pas quelqu'un de plus élevé que le
premier ministre dans la hiérarchie gouvernementale et c'est là
un signal qui m'apparaît extrêmement important quant à la
volonté du gouvernement de faire un certain nombre de choses.
Donc, on sera devant une situation où ce n'est pas la
volonté d'un ministère, ça va être la volonté
du gouvernement exprimée par le premier ministre dans un comité
qui devait remettre un rapport préliminaire au mois d'avril, mais un
rapport final au mois de juin. C'est le rapport final que nous aurons donc au
mois de juin. Et de penser que d'avoir un rapport en avril pour pouvoir
influencer des budgets qui se déposent à la fin mars, c'est un
petit peu plus compliqué.
Vous avez, à l'occasion, dit: Écoutez, le comité
Mario Bertrand, finalement, refait un peu ce qui a été fait.
Évidemment, je ne vous prêterai pas à vous ces
intentions-là, avec votre propre rapport. Je n'irai pas
jusque-là, parce que ce serait trop facile de dire que vous aussi, vous
avez tenté de réinventer la roue puisque tout était
là. Alors, pourquoi avoir créé votre comité...
Mme Vermette: Moi, j'ai pris la roue, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Pourquoi être
allé à Toronto? Pourquoi être subventionné par
Sabena pour votre colloque? Et ainsi de suite. Je pense que vous avez voulu
apporter une contribution positive à un débat comme
celui-là. L'objectif étant fondamentalement sain, je le partage.
Quant à moi, je n'hésiterai d'aucune manière à
piger dans des solutions que vous pourriez proposer, parce que l'objectif est
davantage le bénéficiaire. Ça ne veut pas dire que je
serai obligé, quant à moi, de partager ce que vous allez nous
proposer. Il peut y avoir, effectivement, des éléments
très intéressants dans vos propositions qui seront en
complémentarité avec ce que nous propose le comité
Bertrand et pourquoi me fermer à ça, puisque votre objectif,
celui de Mario Bertrand, le nôtre et celui du premier ministre, c'est
davantage de s'assurer qu'on ne piétine pas comme on l'a fait dans le
passé, mais qu'il y ait une complémentarité des
intervenants et une meilleure unité dans l'action gouvernementale pour,
effectivement, tenter de régler une situation qui est tout à fait
désastreuse et qu'on peut dénoncer, mais sur laquelle il faut
agir.
Donc, quant à moi, l'Inquiétude de budget additionnel,
ça ne m'effraie pas. Je serais plus effrayé si j'étais
tout seul. Mais quand j'ai comme capitaine du bateau le premier ministre,
ça m'énerve un petit peu moins. Il faut être capable
d'aller chercher des sommes additionnelles pour intervenir. Évidemment,
on a posé quelques gestes dans différentes régions du
Québec. Il n'y a pas plus connu que Jean Lapointe, dans le domaine de la
toxicomanie, à travers le Québec. C'est un ambassadeur
extraordinaire et on a supporté Jean Lapointe dans deux régions
différentes. J'ai moi-même décidé, il y a quelques
mois, avec la complicité des fonctionnaires, d'une intervention à
Sainte-Anne-des-Monts, au niveau de la Gaspésie. Vous direz que c'est
mon coin d'origine, oui, c'est vrai.
Mme Vermette: Est-ce que je peux dire
quelque chose là-dessus, M. le ministre? Lors de ma
tournée, justement, je suis allée à l'hôpital de
Maria et ce que j'ai rencontré, qui est assez... Et justement, le trait
caractéristique de la situation actuellement dans les régions du
Québec, c'est qu'à cause de cette tournée que j'ai faite,
ça a permis à ces gens-là, de Maria et de
Salnte-Anne-des-Monts, d'être en même temps, au même moment
au même endroit. À l'hôpital de Maria, le médecin,
qui est en charge du service de toxicomanie, avait un programme, mais pas de
sous et, a Sainte-Anne-des-Monts, ils avaient les sous et pas de programme.
Alors, c'est un petit peu ce qui se passe un peu partout à l'heure
actuelle, et c'est pourquoi on dit qu'il manque une forme de coordination. Ce
serait très important d'avoir de la coordination dans ce
domaine-là.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez fait une
contribution utile quant à la complémentarité des
rôles des uns et des autres et c'est définitivement ce que nous
recherchons et qui, normalement, avec le dépôt du rapport de Mario
Bertrand, serait de nature, bien sûr, à enclencher un processus
quant à l'unification des troupes devant cette cause-là, qui
m'apparaît très importante, et toujours vous rappeler que tous les
documents que le ministère possédait quant à ce sujet ont
été déposés au comité de Mario Bertrand. Je
suis très heureux de vous dire que ce n'est pas n'importe qui, au niveau
du ministère, qui nous a représenté à ce
comité-là, c'est mon sous-ministre en titre, M. Dicaire, qui
voulait très nettement marquer et porter à la contribution du
comité Bertrand tout ce qui avait été fait par le
ministère et par les régions du Québec, de telle sorte
qu'on n'ait pas à réinventer la roue. Pour ceux qui connaissent
Mario Bertrand, ça ne se perd pas nécessairement dans les
dédales de la recherche. (12 h 30)
Mme Vermette: M. le premier ministre... Je m'excuse, c'est un
lapsus...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette:... avec tout ce qui se passe actuellement chez
vous, on ne sait jamais. M. le ministre, j'ai certaines craintes et non pas
parce que je mets en doute la qualité ou la valeur de M. Mario Bertrand,
mais si on revient et si on regarde l'histoire, en fin de compte, en 1975, il y
a eu un comité interministériel présidé par M.
Frigon, justement, qui se rapportait au premier ministre, qui était M.
Robert Bourassa, à l'époque, et qui devait favoriser justement
les volets que vous venez de dire en ce qui concerne la toxicomanie, et c'est
comme ça que l'OPTAT est mort de sa belle mort et tout ce qui devait se
faire en toxicomanie s'est arrêté. Alors, vous comprenez nos
craintes quand le premier ministre répète le même exercice
une deuxième fois.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous comprends
d'être inquiète parce que, entre-temps, il y a eu neuf ans de
pouvoir de votre gouvernement. Évidemment, tout ça confondu, si
on a comme objectif le bénéficiaire, on devra à la fois
tirer profit de nos erreurs, nous, comme gouvernement, et vous, comme
gouvernement, et faire en sorte que ces erreurs ne se reproduisent plus.
Mme Vermette: Je vous... Alors, on pourrait peut-être
revenir, évidemment...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette:... mais une chose que je pourrais vous dire, c'est
qu'on a mis sur pied, en 1978, le service de toxicomannie parce qu'il n'y avait
plus rien, et ça, ça nous revient un petit peu.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha...
Mme Vermette: Ce que je voulais vous dire, tout simplement,
maintenant, j'ai regardé dans les différents... J'aimerais avoir
les montants d'argent alloués au Service de toxicomanie, est-ce que
c'est possible d'avoir ces sommes d'argent, de les sortir du ministère
et de voir ce que ça représente?
M. Côté (Charlesbourg): Excusez-moi,
là...
Mme Vermette: Les sommes allouées au Service de
toxicomanie, à l'heure actuelle.
M. Dicaire: Le Service lui-même, au ministère?
Mme Vermette: Le Service comme tel, oui. M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Dicaire: On va vous le fournir, oui. Est-ce qu'on l'a ici?
Mme Vermette: En attendant, on pourrait peut-être
aussi...
Le Président (M. Gautrin): Donc, j'imagine que vous allez
les remettre au secrétariat qui va les transmettre à tous les
membres?
M. Dicaire: Oui, oui.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
Une voix: Ha, ha, ha!
Mme Vermette: Bien. Alors... Et avec sa ventilation, j'imagine,
les salaires et tout ça, tout ce qui est donné à
l'intérieur de ce Service...
Le Président (M. Gautrin): Tout ce que vous voulez.
Mme Vermette:... le nombre d'employés et tout ça,
là, on va avoir tout le détail de ce qu'il y a au Service de
toxicomanie?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Vermette: Oui?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Vermette: Vous allez nous envoyer ça? Bien. Alors,
dans les documents qu'on vous a demandés, en fait, c'est
là-dessus que j'ai certains points d'interrogation, à savoir,
pour les différentes formes de réadaptation et de
désintoxication, effectivement, il y a des sommes d'allouées d'un
ordre d'à peu près 20 000 000 $, dont 8 000 000 $ vont aux
centres hospitaliers. Et là-dedans, j'ai de la difficulté
à comprendre, j'aimerais savoir, en tout cas, comment sont
attribuées ces différentes sommes d'argent-là puisque...
Est-ce qu'il y a des critères? Est-ce que, en région, on donne
plus d'argent par tête de pipe pour des traitements en externe qu'en
interne? Quelles sont les variables et sur quoi se base-t-on pour attribuer
justement ces différentes sommes d'argent-là?
M. Vu (Duc): D'après ce que je comprends, vous voulez
avoir des données par...
Mme Vermette: Oui.
M. Vu:... par catégorie d'établissement?
Mme Vermette: Écoutez, moi, je vais prendre ce qu'on avait
demandé. En fait, ici, on avait demandé les montants
alloués en réadaptation et désintoxication, on dit 29 000
000 $, dont 8 000 000 $ dans les services hospitaliers.
M. Vu: Oui.
Mme Vermette: Oui. Et quand on m'envoie à l'annexe, on
m'envoie à l'annexe 2. Pour les clients traités, la
clientèle traitée et les dépenses en centres d'accueil et
de réadaptation pour la toxicomanie, on arrive à une somme de 20
864 052 $ et là, je voudrais savoir comment c'est attribué, parce
qu'il y a différentes régions. D'abord, ça ne couvre que
13 centres, 13 corps, en fait, soit privés ou publics, pour l'ensemble
du Québec, je voudrais savoir, en fin de compte, comment ces
sommes-là sont attribuées. Est-ce que, selon les régions,
il y a des sommes plus élevées? Est-ce que, à
Montréal, on donne plus d'argent pour un traitement en interne, en
externe, que dans les régions éloignées? Parce que, moi,
j'ai fait certains calculs puis je ne m'y retrouve plus, alors, je voulais
juste vérifier vos barèmes.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il faut quand
même les prendre avec beaucoup de réserve. On m'a expliqué
à l'occasion que c'était une base historique qui n'a pas
été questionnée. Je me méfie quand on me dit que
c'est une base historique. Elle peut être victime de certaines
inéquités quant à la répartition des sommes.
Là-dessus, bien sûr, il va falloir revoir un certain nombre de
choses, parce qu'une base historique, c'est fait pour être revue à
la lumière d'orientations qu'on donnera. Mais, je ne suis pas sûr
qu'on trouve des explications très pointues de la ventilation de ces
sommes-là.
Mme Vermette: Parce que ce n'est pas comme dans les centres
d'hébergement, il n'y a pas de plan triennal, en fin de compte, pour une
première, deuxième, troisième année. Il n'y a rien
de ça là.
M. Côté (Charlesbourg): En 1987, II y a 3 900 000 $
qui ont été ajoutés et il y a uniquement les 3 900 000 $
de 1987 qui, eux, ont été attribués sur une base
d'équité. Alors, c'est la base historique qu'il faut
peut-être à ce moment-là questionner.
Mme Vermette: Questionner. Parce que si je regarde... En tout
cas, je donnais une moyenne à peu près. Si je regardais entre le
Carrefour Ubald-Villeneuve qui est dans la région de Québec et
celui de la Montérégie, en fait, qui ne font que de l'externe
là, bon, si je fais une moyenne à peu près, il y a une
différence de 60 $ entre chaque personne par tête de pipe, si vous
voulez, et je fais une moyenne de 600 $, ce qui fait que quand j'arrive dans
les internes, différentes régions internes, ça peut
varier. A Préfontaine, à Montréal, ça leur fait
1414 $ par personne; en Abitibi, c'est 7380 $ par personne. Il y a un nombre de
grandeur assez immense.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la base historique qui
fait ça. M. Duc Vu va peut-être donner un complément
d'information.
M. Vu: Effectivement, comme le ministre vous a répondu
tout à l'heure, c'est sur une base historique, d'une part, mais aussi
sur une base de services qui sont donnés à l'Intérieur de
chacun de ces établissements. Maintenant, si vous voulez avoir le
détail comme tout à l'heure, vous demandiez par région, on
pourrait vous fournir un tableau qui donne par catégorie
d'établissement et par région le montant investi.
Le Président (M. Gautrin): Monsieur, pour les fins
d'enregistrement, est-ce que vous pourriez donner votre nom?
M. Vu: Je l'ai fait, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Vous l'avez déjà
fait?
M. Vu: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Parce que la
secrétaire n'avait pas entendu.
Prévention
Mme Vermette: D'accord. Là, où, en fait, j'ai de la
difficulté à comprendre, parce que quand le premier ministre
toujours... je me réfère toujours aux intentions du premier
ministre dans son discours de la trente-quatrième Législature
où il voulait faire de sa priorité, en fin de compte, le volet de
la toxicomanie. Il trouvait inacceptable que nos jeunes subissent davantage ce
fléau. Je regarde que pour 12 régions du Québec, ce qu'on
donne pour la prévention actuellement, en tout cas, si mes chiffres sont
corrects, ce sont vos chiffres, 54 289 $ par région pour un grand total
de 651 000 $. Alors, je me dis quelle forme de prévention... Une fois
que tu as payé un salaire à quelqu'un, il ne reste plus grand
chose, en tout cas, au niveau d'un programme. Alors, j'ai de la
difficulté à comprendre comment on va en faire une
priorité.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez raison
d'être prise devant un dilemme tout à fait extraordinaire, qu'il
n'y ait pas nécessairement de lien direct entre les budgets et le
discours. Mais j'ai toujours compris que lorsqu'un premier ministre
décide de confier à un comité la responsabilité de
lui faire des recommandations quant aux priorités d'investissement sur
le plan gouvernemental, il faut avoir un minimum de décence et attendre
le rapport du comité. Donc, il n'était pas clair à mon
esprit que les effets budgétaires devaient se faire sentir dès
avril 1990, au moment où le discours de la trente-quatrième
Législature était en décembre 1989, si je ne m'abuse. On
va les voir très prochainement et, à ce moment-là, bien
sûr, vous aurez raison de dire que 651 000 $, à peine 50 000 $ par
région, ce n'est pas le Klondyke, c'est une ressource. C'est vrai. Vous
avez raison. Et quand on veut faire un virage prévention, il faudra que
ça paraisse davantage.
Mme Vermette: Oui, bien, d'autant plus, M. le ministre, si vous
voyiez mon anxiété ou, en tout cas, ma hâte qu'il se
réalise des choses. J'ai l'impression que vous misez tout en fonction du
rapport Bertrand alors que je sais pertinemment qu'il y a eu des orientations
en 1986 et en 1988 qui ont fait état de la situation justement.
L'ensemble des organismes du Québec ont été
consultés. Tout a été colligé. Déjà,
on était au courant... Le premier ministre déjà
était au courant puisque dans sa campagne électorale,
lui-même en a fait une de ses priorités. Donc, j'Imagine que ce
n'était pas quelque chose de nouveau pour lui, quant à ça.
C'est là, en fait, que je m'explique: Bien sûr, il faut avoir la
décence d'attendre. Mais parlez-en aux victimes. Elles, ça fait
longtemps qu'elles attendent. De plus en plus, parce qu'on n'est pas capables
d'avoir des ressources pour répondre adéquatement aux besoins,
surtout des ressources jeunes, parce qu'on sait qu'au Québec, la seule
ressource jeune qui existe c'est dans la Montérégie à
l'heure actuelle, parce qu'il n'y a pas de traitement de désintoxication
pour les jeunes. Alors, on les retrouve à la rue ou on les retrouve
à Dernier Recours. Il y a 15 000 sans-abri juste dans la région
de Montréal. C'est assez dramatique. Ça fait des situations
dramatiques dans certains cas.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous ne voulez pas
ajouter à votre anxiété, je ne voudrais pas vous laisser
véhiculer des chiffres qui sont absolument faux que de parler de 15 000
itinérants. Je pense qu'il faudrait faire attention. Il y a quelqu'un
d'autre à Montréal qui a parlé d'un nombre moins grand que
ça, puis il a été obligé d'amener des correctifs
par la suite.
Mme Vermette: II s'en rajoute apparemment 3000 chaque
année.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, il faut quand
même faire attention. Il ne faut pas véhiculer des chiffres qui ne
sont pas vrais. D'abord, ce n'est pas vrai, il n'y a pas 15 000
itinérants dans la grande région de Montréal. Il y en a
déjà trop - je pense qu'on se comprend - à moindre que
ça; donc, il ne faut pas en ajouter qui ne sont pas là.
Lorsque vous évoquez... Comme j'ai la responsabilité de la
santé publique, y compris la vôtre, et que je vous vois faire des
problèmes d'anxiété à ce moment-ci...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg):... ça pourrait
nécessiter une visite chez un médecin et, par la suite, des
médicaments, je vais tenter de vous donner un médicament qui ne
coûtera pas une cent à personne dès ce moment-ci, pour
tenter de vous expliquer que oui, c'est vrai, le ministère de la
Santé et des Services sociaux a pris le leadership de faire un examen
très important au niveau de toutes les régions du Québec,
de ce qui se faisait et de proposer un certain nombre de choses. Oui, c'est
vrai, mais si on continuait dans la voie qu'il n'existe que le ministère
de la Santé et des Services sociaux pour s'adresser aux problèmes
de toxicomanie au niveau du Québec, encore une fois, on ferait fausse
route. Il y a l'Éducation, la Sécurité publique, d'autres
intervenants, la Justice, le Travail. Donc, il y a une multitude d'intervenants
qui ont une respon-
sabilité sectorielle auxquels le ministère de la
Santé et des Services sociaux ne s'était pas adressé.
Ce que fait le comité Bertrand... Et on est à une semaine
ou deux, j'imagine, du rapport, peut-être trois, mais, en tout cas, c'est
en juin. Ce qu'on fait, c'est qu'on s'est adressé pour avoir une vision
maintenant gouvernementale. Quant à moi, j'ai la totale confiance - je
ne vous demande pas de la partager - en mon premier ministre qui,
effectivement, en a fait une priorité et on jugera aux actions qui
découleront des recommandations que fera le comité Bertrand et
que vous pourrez faire éventuellement et qui pourraient être en
parfaite complémentarité avec ce que fait Mario Bertrand.
Alors, à partir de ça, effectivement, il y a des gestes de
coordination à poser. Vous nous avez donné des exemples qui sont
très clairs, qu'on avait constatés nous aussi et avec tout ce que
ça comporte sur le plan de la panoplie d'interventions possibles, y
compris le communautaire. J'en ai rencontre moi-même des gens de
Lanaudière, par exemple, qui sont dans le communautaire, qui ont
été pendant un bout de temps le déversoir d'un centre
hospitalier en toxicomanie; le centre hospitalier était beaucoup mieux
pourvu sur le plan financier que ne l'était la ressource communautaire,
mais une ressource communautaire avec un sens du devoir tout à fait
exceptionnel de sa contribution à la société. C'est pour
ça qu'on a tenté de réajuster un certain nombre de choses
à ce niveau-là, en attendant, bien sûr, que le
comité Bertrand nous fasse ses recommandations, puis qu'on tente de les
appliquer le plus rapidement possible.
Rapport Bertrand
Mme Vermette: Vous avez ouvert une porte intéressante. En
tout cas, vous avez trouvé une occasion extraordinaire au niveau du
rapport Bertrand pour avoir une totale confiance en votre premier ministre, je
trouve ça tout à fait louable de votre part. On ne peut pas en
dire autant pour le lac Meech, mais, en tout cas, c'est un autre sujet. Ce
n'est pas mon domaine; ce n'est pas mon dossier.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non...
Le Président (M. Gautrin): Ça c'est hors d'ordre.
Si vous me le permettez, est-ce qu'on peut rester dans le débat sur la
santé?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas du lac Meech,
c'est exactement la même chose. Il ne sera pas différent
là-dedans qu'il l'a toujours été quand il s'agissait de
défendre les intérêts du Québec. (12 h 45)
Mme Vermette: Alors, si on regarde le dossier du rapport
Bertrand, une de ses prin- cipales préoccupations est uniquement le
volet de la drogue, les drogues dures. Il ne s'occupe pas du problème de
l'alcool. Il ne s'occupe pas du problème des médicaments,
d'autant plus quand on sait que vous-même, vous en faisiez mention
tantôt, c'est le problème de la polytoxicomanie, parce que les
gens consomment davantage maintenant plus qu'un produit toxicologique.
Alors, comme c'est plutôt une consommation mixte d'un, de deux ou
de trois produits, ce qui est important, c'est qu'on s'attarde à tous
ces différents volets-là. Et quand on regarde, à l'heure
actuelle, la problématique de l'alcool autant chez nos jeunes et quand
M. Bertrand disait qu'il n'existait pratiquement pas de problèmes de
drogue dans nos écoles, que, bien sûr il y avait un petit peu de
problèmes d'alcool, ça m'inquiète un peu.
Quand on regarde un petit peu, M. Bertrand a pris davantage le volet de
la répression plutôt que de l'aide aux victimes, ça
m'inquiète encore un petit peu. Quand je regarde tous les écrits
qui sont sortis depuis le rapport Bertrand, II a été vraiment
contredit à certains endroits. On dit à un moment donné:
La drogue est en hausse à l'école aussi. Le directeur de la
police de Québec disait qu'il n'y avait pas de problèmes de
drogue dans les écoles. Puis ceux qui travaillent dans les écoles
disent: Oui, c'est en hausse. Parce qu'on en parle de moins en moins, ça
m'inquiète un peu, d'autant plus que le problème n'est pas
nécessairement une consommation de drogues dures.
Il y a beaucoup de phénomène nouveaux, notamment l'alcool
et l'absorption de médicaments. Et les médicaments sont un des
fléaux importants à l'heure actuelle et non parce que les gens
prennent ça comme des "Smarties", mais parce qu'on les prescrit comme si
c'était du bonbon, justement, et c'est là qu'est le gros
problème à l'heure actuelle. On dit que 72 % des personnes
âgées de 65 ans et plus consomment des médicaments. Vous en
savez quelque chose. Et plus souvent qu'autrement, ce sont des psychotropes,
des analgésiques, des tranquillisants, des somnifères, de sorte
qu'au niveau des personnes âgées, c'est très difficile,
à l'heure actuelle, d'avoir une ressource au problème de leur
toxicomanie, parce que ces personnes âgées, lorsqu'elles arrivent
dans les urgences, d'abord, premièrement, on ne sait pas comment
réagir à un problème de toxicomanie. La formation des
professionnels de la santé n'est pas tout à fait adéquate
dans ce domaine. Et, très souvent, c'est le phénomène de
la porte tournante ou le syndrome de la porte tournante, de la balle de
ping-pong. Justement, on les réfère à des ressources
communautaires qui ont beaucoup de difficulté à s'en sortir. Les
urgences, elles, ne savent pas du tout comment réagir face à ces
problèmes de toxicomanie. Et ce qui arrive, plus souvent qu'autrement,
c'est que la personne retourne avec une double prescription. Plutôt
que
de lui enlever ses médicaments, on lui en donne plus.
Le jeune qui arrive avec un problème de toxicomanie, parce qu'il
n'y a pas de ressource, on l'envoie en psychiatrie. Et, vous le savez fort
bien. Vous avez eu sûrement des dossiers là-dessus, surtout dans
la région Laurentides-Lanaudière qui est une région
dramatique à l'heure actuelle en ce qui concerne tout ce qui peut
exister au niveau des ressources jeunes en toxicomanie.
M. Côté (Charlesbourg): Ça provoque chez moi
certains commentaires. Quand je vous vois insister sur vos inquiétudes
presque quotidiennes vis-à-vis du comité Bertrand, vous
avez...
Mme Vermette: Vous m'en donnez l'occasion aujourd'hui. C'est pour
ça.
M. Côté (Charlesbourg): Je trouve ça sain,
parce qu'on le fait dans un forum qui s'y prête. Je vous écoutais
puis vous avez évoqué un certain nombre de choses qui ont
été publiées, bien sûr, en cours de route, qui ont
alimenté vos connaissances et vos réflexions. Et ça me
tenterait de faire un parallèle - quoique les comparaisons, c'est
toujours boiteux un peu - qui n'est d'aucune manière sexiste.
J'ai eu l'opportunité, moi... D'ailleurs, je vis toujours avec la
même femme. Donc, il n'y a pas de problème. Ça va faire 15
ans cette année... Elle a été inquiète pendant deux
périodes de neuf mois à tous les jours du temps où elle
était enceinte. Elle s'interrogeait sur des phénomènes
sans savoir ce qu'allait être le bébé au moment où
il allait arriver. Puis je peux vous les présenter aujourd'hui Je n'ai
pas honte. C'est deux petites merveilles. Évidemment, ils tiennent
davantage de leur mère que de leur père. Mais c'est normal
d'avoir des préoccupations puis des inquiétudes en cours de
route.
Ce qu'il faut davantage regarder... Et vous jugerez le rapport de Mario
Bertrand - de son comité - au moment où vous aurez en main le
rapport final plutôt que de juger, à gauche et à droite, de
telles déclarations, ici ou là. Je pense que c'est porter un
jugement très partiel sur un document qui sera complet au moment
où il le rendra public, à la lumière de l'ensemble des
informations qu'il a reçues au cours de ses tournées. D'ailleurs,
je pense que le vôtre n'est pas terminé non plus. A ce que j'ai
compris...
Mme Vermette: J'attends de délibérer avec vous
là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Alors le vôtre n'est
pas terminé non plus mais vous avez déjà tiré des
conclusions: que ça prendrait un conseil québécois en
toxicomanie... Dépêchez-vous parce qu'il pourrait, bien sûr,
alimenter nos réflexions.
Mme Vermette: J'attends votre O.K. Je vais vous le déposer
quand vous allez être prêt.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, moi, je suis
toujours prêt; je suis toujours ouvert à recevoir des
recommandations. Je l'ai dit depuis le début, je vais continuer. Je vous
l'ai dit en Chambre et je vous le répète aujourd'hui: Je suis
prêt à ça parce qu'on ne peut pas se fermer à
différentes expertises qui peuvent nous amener sur des pistes de
solution très intéressantes.
Donc, cette inquiétude-là, moi, je ne la partage pas. J'ai
bien confiance, parce qu'on met le focus sur Mario Bertrand mais il y a
d'autres gens à l'intérieur du comité qui ne sont pas de
jeunes premiers, qui ont une bonne expérience. Et surtout profiter de
tout ce qui a été véhiculé, dit et écrit un
peu partout, ça m'apparart extrêmement important.
Quant au mandat précis qui touchait davantage les drogues dures,
c'est vrai, mais j'imagine mal un rapport final qui ne s'en tiendrait
qu'à cela compte tenu des problèmes que la société
connaît aujourd'hui et des gens qui consomment plusieurs drogues en
même temps. Donc, à partir de ça, ça c'est une chose
assez inquiétante.
D'autre part, vous avez soulevé un autre élément
qui est celui de la consommation de médicaments. Je n'ai pas
nécessairement d'informations particulières qui viennent du
comité. Est-ce que c'était ça qu'on leur demandait au
niveau de la consommation de médicaments? Je pense qu'à ce
moment-là c'est davantage la responsabilité du ministère
de faire les études qu'il faut. On l'a vu ce matin, dans les discussions
de crédits avec la RAMQ, qu'il y a des préoccupations très
importantes à ce niveau-là, à la fois de la RAMQ et du
ministère, et on ne se contentera pas de dénoncer des situations
dans ces cas-là, on va définitivement agir. Mais on verra le
rapport et, moi, je réserve mon jugement sur le rapport. Je dis: J'ai
une totale confiance en ce qui va sortir, on verra. Si on doit être
critique après ça, on le sera.
Surconsommation de médicaments
Mme Vermette: Oui, mais M. le ministre, quand on parle d'un
problème de polytoxicomanie et de toxicomanie, il faut toujours
envisager une approche globale. Dans cette approche globale-là, eh bien,
la surconsommation des médicaments est très importante parce que,
justement, beaucoup de personnes sont toxicomanes sans le savoir parce que,
justement, ils font une consommation abusive de médicaments. Un des
problèmes majeurs, en fin de compte, au niveau de la consommation des
médicaments, comme c'est une drogue légale, c'est plus difficile
de faire prendre conscience aux personnes qui consomment des médicaments
qu'elles ont un problème de toxicomanie. Et qu'est-ce qui arrive dans
ce
cas-ci? Comme il n'y a pas vraiment, justement, de connaissance ou
d'expertise dans le domaine, parce qu'on n'a pas de données fiables pour
nous dire exactement le nombre de personnes, on ne traite jamais les gens pour
un problème de toxicomanie. On les traite pour n'importe quoi sauf pour
un problème de toxicomanie. Que ce soit des jeunes, que ce soit des
personnes en milieu de travail ou que ce soit des personnes âgées,
c'est toujours la même problématique qui ressort. C'est ce qui
fait que, malheureusement, un jeune qui est arrêté par la DPJ est
souvent, non pas considéré pour son problème de
toxicomanie, mais uniquement pour le délit qu'il a commis. On n'a pas de
données fiables et de statistiques fiables à cet effet-là,
d'une part. D'autre part, la personne âgée qui rentre à
l'urgence pour un problème de surconsommation de médicaments,
elle arrive là avec des troubles que lui occasionne son
médicament et on ne la traite pas pour le problème des
médicaments. Au contraire, elle retourne chez elle avec double
prescription et encore plus de médicaments à prendre ou,
très souvent, on les classifie dans des problèmes de
psychiatrie.
Donc, à ce moment-là, c'est très important de
prendre tout ça dans son approche globale parce que la toxicomanie, en
fin de compte, a différents volets, prend différentes formes,
s'exprime de différentes façons et si on ne sait pas comment
aborder ce volet-là dans son ensemble... Ce n'est pas uniquement des
drogues dures, la toxicomanie, il faudrait enlever ça dans la tête
du monde, aussi. C'est une dépendance. l_a toxicomanie est une
dépendance à un produit, et ça peut être autant la
cigarette, que ça peut être l'alcool, que ça peut
être les médicaments, ou ça peut être une drogue
dure.
Une voix:...
Mme Vermette: Et ça, peut-être... Oui, dans votre
cas, oui, ça se pourrait. C'est une plaisanterie que monsieur a... et
que j'ai comprise. Alors, tout simplement, c'est une forme de
dépendance. Il a trouvé sa dépendance, c'est pour
ça.
C'est une forme de dépendance et je pense qu'on ne peut pas
traiter la toxicomanie sans toucher l'ensemble de ces différents
volets-là, et ce serait très important, en tout cas, au niveau de
la médication, que ce ne soit pas juste un problème de
consommation versus les clients, mais aussi de la pratique médicale
versus les clients, et aussi certaines conditions, en tout cas, sociales ou
psychosociales de certains individus. Et notamment, quand vous pariiez de
prévention, au niveau des écoles, ce serait très
important. On parie... Les parents ont juste peur, maintenant, que leurs jeunes
consomment des drogues dures, de sorte que, maintenant, les jeunes consomment
de l'alcool à plein. On n'en tient pas compte, parce qu'on trouve
ça bien moins nocif, alors que c'est plus nocif l'alcool que les drogues
dures. Et les jeunes vont dans la pharmacie des parents et consomment
facilement des médicaments, parce qu'ils en trouvent très
facilement à portée de la main dans la pharmacie familiale, de
sorte qu'ils font la consommation des deux. Alors, c'est pour ça que je
vous dis que c'est très important de toucher l'ensemble des
différents volets, peu importe l'âge. Parce que, des
amphétamines, vous savez, il y en a qui en font le commerce, c'est
sûr, mais ça se retrouve aussi dans le milieu du travail. Il y a
beaucoup de gens qui ont des gros problèmes à ce niveau-là
aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Je partage votre point de
vue sur l'approche globale. Je pense que ça ne peut pas être
différent. Et il n'y a rien qui m'indique que, dans les propositions que
nous aurons, il n'y aura pas une approche globale. L'autre point de vue que
vous exprimez rejoint exactement ce que je disais tantôt, en
début, c'est que nous sommes des parents pauvres de la recherche dans
ces domaines-là, et les 400 000 $ qui sont affectés à la
recherche ne sont même pas dépensés parce qu'il n'y a pas
eu cette pointe d'excellence développée au fil des années
en recherche et, conséquemment, il nous faudra faire des efforts
supplémentaires pour créer des noyaux de recherche, à ce
niveau-là, qui vont influencer tout le reste. Une meilleure recherche
signifie une meilleure connaissance et signifie que, éventuellement, on
pourra prendre des décisions beaucoup mieux éclairées par
rapport aux connaissances que la recherche pourra nous transmettre. Je partage
votre point de vue. L'approche globale, c'est clair. Évidemment,
lorsqu'on s'adresse au domaine des médicaments, c'est un domaine
très, très vaste, et c'est une préoccupation du
ministère, de la RAMQ, je l'ai dit tantôt, qui va continuer de
l'être. Quant à nous, dans notre secteur d'activités, dans
une politique gouvernementale, c'est des choses qui ne seront pas
oubliées.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président, est-ce que
je pourrais faire juste un commentaire?
Le Président (M. Gautrin): Oui, bien sûr, M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Ça fait deux jours qu'on
est en commission parlementaire et qu'on parie de l'abus des médicaments
chez les personnes âgées. Et moi...
Mme Vermette: J'ai parié de l'ensemble.
M. Paradis (Matapédia): ...ça m'agace un peu parce
que, souventefois, dû au vieillissement de la population, les personnes
âgées sont obligées de consommer pour un paquet de
considérations,
dont des maladies chroniques. Et, que l'on amène cette psychose
de surconsommation des personnes âgées, Ça m'agace, parce
que ça peut aussi contribuer à aider les personnes
âgées à diminuer ou à cesser leur consommation, dans
certains cas, ce qui pourrait être fatal. Et je pourrais vous citer des
études, qui ont été faites par des collègues
pharmaciens, qui vous disent aussi, qu'autant il y a des personnes
âgées qui peuvent faire une surconsommation de médicaments,
autant n'en prennent pas, pour des maladies chroniques graves, de telle sorte
qu'il y a un taux d'hospitalisation qui peut être comparable sur l'abus
des médicaments des personnes âgées, comme celles qui n'en
prennent pas du tout et qui en auraient besoin pour leur état de
santé. Alors, je pense qu'avant de lancer gratuitement, de façon
générale, que les personnes âgées consomment, de
façon abusive, des médicaments, bon, je pense qu'il faut le
faire, mais avec beacoup de prudence et de nuance. Comme on peut affirmer que
l'alcool est plus dangereux que la cocaïne ou la morphine, on peut
l'avancer, mais être très prudent, aussi, et circonspect, et un
petit peu plus nuancé.
Mme Vermette: Je pense que je n'ai pas parlé des cas
extrêmes. Ce que j'ai relevé, j'ai parlé surtout, chez les
personnes âgées, d'abus d'analgésiques, ou d'abus, en fin
de compte, de psychotropes, ou l'abus de tranquilisants pour les faire dormir
aussi. En ce qui concerne, M. le ministre... Il y a deux volets: au niveau de
l'alcool...
Le Président (M. Gautrin): Je pense qu'on est
arrivés à l'épuisement du temps, peut-être qu'on
pourra reprendre cet après-midi.
Mme Vermette: Est-ce qu'on pourrait m'offrir cinq minutes? On
m'avait dit que j'avais peut-être une heure à faire à ce
niveau-là. Il y a peut-être deux petites questions qui restent, en
ce qui concerne l'alcool et le tabac.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce qu'il y a
consentement?
Mme Vermette: On a vu que ça a pris 10 ans, avec des
campagnes de publicité...
Le Président (M. Gautrin): Moi, j'ai faim.
Mme Vermette:... pour faire en sorte, en tout cas, qu'il y ait
une diminution, en tout cas, du tabac, qui a eu une influence dans la
population. Est-ce que vous êtes prêt à faire un même
genre... Il faut recommencer. Êtes-vous prêt à recommencer?
Puisqu'on voit qu'on aurait des tendances à reprendre, en tout cas, la
consommation de tabac, surtout chez les femmes, ce qui est très nocif,
parce que ce sont les femmes qui ont des enfants. Aussi, la consommation
d'alcool.
Est-ce que vous seriez prêt, aussi, au niveau des grandes
compagnies, en fin de compte, à faire les mêmes choses qu'on a
faites au niveau du tabac, à faire des campagnes anti? On en fait
beaucoup: "La modération a bien meilleur goût". Mais, au niveau
social, de démontrer que ce n'est pas nécessairement plus on
consomme plus on prend une place dans la société, surtout chez
les jeunes, parce que ça a un rôle majeur, à l'heure
actuelle, est-ce que vous êtes prêt, en tout cas, auprès de
Mario Bertrand qui a eu de bons contacts auprès des brasseries et qui
s'y connaît bien, est-ce que vous êtes prêt à faire
les pressions nécessaires pour, justement, à ce niveau-là,
qu'il y ait un effort substantiel pour que, au niveau des publicités, en
tout cas, elles soient beaucoup plus sobres qu'elles le sont et soient moins un
incitatif à la consommation, mais beaucoup plus, justement, au niveau
social, en tout cas, qu'elles ne prennent pas une aussi grande place qu'elles
en prennent?
M. Côté (Charlesbourg): Je ne vous connaissais pas
mesquine comme ça, en faisant allusion aux activités
passées de M. Bertrand, et de faire un lien aussi direct avec son
passé et la consommation de boissons alcooliques. Ça, je pense
que ce n'est pas...
Mme Vermette: Ce n'est pas lui personnellement, là,
hein!
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais,
évidemment, quand on met ça sur la place publique, ça
laisse un peu de place à interprétation. De toute façon,
j'ai été responsable de la Régie de l'assurance automobile
pendant trois ans et demi et je n'ai pas hésité à mettre
l'emphase sur des campagnes publicitaires qui visaient à sensibiliser
des gens, par exemple, au port de la ceinture de sécurité,
où on a pris des mesures draconiennes vis-à-vis de ceux qui
consomment de la boisson et qui conduisent en même temps, puisque 50 %
des accidents de la route étaient causés par des gens qui
consommaient. Et j'ai été particulièrement
impressionné, à l'époque, par le phénomène
où on s'attaquait en particulier à la consommation de boissons.
Il y avait, au moment où j'ai visité l'urgence de
Sacré-C?ur, à Montréal, une de ces journées
où on m'a montré des cas de jeunes qui avaient consommé du
vin et des drogues et qui étaient le fléau qu'on connaissait
à Montréal et qui remplissaient les salles d'urgence de
l'hôpital Sacré-Coeur, à l'époque, donc, un
phénomène aussi, là, extrêmement important et auquel
on ne peut pas rester insensible, puisque c'est la jeunesse du Québec,
donc, les forces vives de demain qui en sont les victimes. Je ne suis pas
fermé à ce genre de campagne publicitaire, mais il faut d'abord
l'inscrire dans un plan global, puisque vous m'avez dit tantôt: Ça
prend un plan global d'intervention. Donc, je ne peux pas vous répondre
de manière isolée aujourd'hui
à une demande spécifique qui devrait davantage s'inscrire
dans un plan global que nous aurons.
Mme Vermette: Alors, qu'est-ce que vous envisagez? Est-ce que
vous envisagez, finalement... Compte tenu que vous êtes favorable
à un plan global et que vous êtes favorable à la recherche,
comme on sait que pour faire de la recherche il faut des données fiables
et que pour avoir des données fiables, il faut avoir un centre de
données, alors, est-ce que vous seriez favorable, à ce
moment-là, indépendamment de ce que vous m'avez dit au point de
départ, à la reconnaissance, en tout cas, d'un organisme qui
pourrait jouer ce rôle catalyseur et de coordination des
activités, et aussi de pouvoir traiter ce centre de données et
qui pourraient favoriser des données fiables? Est-ce que vous êtes
en faveur d'une telle formule?
M. Côté (Charlesbourg): L'important, c'est d'avoir
les données; l'important, c'est qu'elles soient accessibles. L'important
n'est pas le véhicule; l'important, c'est le contenu. Alors, quant
à moi, vous ne me ferez jamais m'embarquer dans un contenant, mais
davantage sur le contenu. C'est oui au contenu; quant au contenant, il pourra
prendra la forme qu'on décidera éventuellement, mais, pour moi,
c'est purement, à ce moment-ci, une question secondaire.
Mme Vermette: Alors, au niveau du contenant, je peux vous dire
qu'il y a beaucoup de formes de contenants, actuellement. Il nous manque juste
le contenu.
Le Président (M. Gautrin): je pense qu'on devrait presque
ajourner. on devrait ajourner sine die, parce que, là, on a vraiment
dépassé notre temps.
(Suspension de la séance à 13 h 5) (Reprise à 16 h
34)
Le Président (M. Gautrin): Je pense qu'on pourrait
commencer. Si j'ai compris les ententes, nous avons un remplacement,
aujourd'hui, du député de Joliette par le député de
Shefford; c'est bien cela? Alors, j'imagine qu'il y a consentement unanime pour
ce remplacement, le parti ministériel étant unanime pour cela?
Alors, M. le député de Shefford, je comprends qu'on discute
aujourd'hui de la protection de la jeunesse pendant l'heure et demie ou les
deux heures qu'on a...
La Secrétaire: Les deux heures.
Le Président (M. Gautrin):... les deux heures qu'on a
devant nous. On siège jusqu'à...
La Secrétaire: 18 h 30.
Le Président (M. Gautrin): Ah! Bon Dieu!
M. Côté (Charlesbourg): Les réponses vont
tellement être claires qu'à 18 heures ce sera fini.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, M. le
député de Shefford.
Protection de la jeunesse
Remarques préliminaires
M. Roger Paré
M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. Je n'en doute
pas que les réponses vont être claires, et c'est la raison
pourquoi on est ici, je l'espère. Comme c'est la première
occasion qu'on a la chance d'échanger sur ce sujet en commission
parlementaire, je suis content d'en profiter pour, au tout départ,
pendant quelques minutes, vous soumettre mes inquiétudes puis presque
vous offrir mon aide, finalement, en disant que quand on traite d'un sujet
aussi Important, délicat, sensible que les jeunes, on n'a pas d'autre
choix, je pense, que de prendre des mesures comme res-ponponsables de la
société par rapport à ce groupe-là.
On sait à quel point c'est important On peut bien - puis on va le
faire, parce que les crédits c'est ça que ça nous
amène à faire - prendre des tableaux, prendre des montants puis
jouer avec des chiffres mais, en même temps, on sait quelque chose, c'est
que, finalement - comment est-ce que je pourrais prendre ça - c'est un
problème de société, quand on parle des jeunes, il ne faut
pas l'oublier, spécialement dans le contexte actuel. Quand on lit les
différents mémoires, que ça vienne autant du rapport
actuel ou de la commission Harvey ou de tout ce qu'on peut lire
là-dessus, ou de tous les intervenants dans le milieu, que ce soit des
travailleurs dans les réseaux, que ce soit des parents ou de tous les
autres groupes, on s'aperçoit d'une chose: il faut s'occuper des jeunes,
au moment où on se parle, sinon, on va se ramasser comme on est
présentement, c'est-à-dire avec une jeunesse, à 18 ans,
qui est "maganée".
Là-dessus, je pourrais juste donner, par rapport à la
situation actuelle, des faits qui sont connus puis des résultats qui
nous amènent d'autres genres de problèmes qui sont souvent plus
Importants. Ce que je veux dire par des résultats, c'est que quand on
n'a pas pris à temps les jeunes qui sont touchés par la
protection de la jeunesse, on les retrouve dans d'autres genres de
problèmes d'adultes, mais souvent parce qu'on ne les a pas pris à
temps. On n'a pas réglé, au moment où c'était
important. Et ce que je veux dire par là, quand je parle de
résultats, on les retrouve, quand on prend la peine de lire Deux
Québec dans un. C'est là où on s'aperçoit qu'il
y de la misère, et ça, je
pense... On peut qualifier le rapport comme on veut, mais les faits sont
là, la réalité est là. Et, encore tout
dernièrement, je dois dire.
Il s'agit de prendre les journaux - môme pas de reculer dans le
temps - maintenant, de les prendre au moment où on se trouve, à
la veille d'une commission parlementaire, pour s'apercevoir qu'il y a des
raisons d'être inquiets. On dit, puis ça, ça ne fait pas
longtemps non plus, que le tiers de la population de Montréal vit dans
un état de pauvreté et que ça va en augmentant; on dit
même, et ça, c'est dans un journal du vendredi 11 mai, là,
on est vraiment à quelques Jours à peine d'aujourd'hui dans le
passé: Le fossé s'élargit entre les riches et les pauvres
au Québec. Et on va en disant: Le fossé qui sépare les
salariés nantis des pauvres, des chômeurs ou des employés
à statut précaire s'élargit, et ça risque de
devenir une source de tension sociale. C'est inquiétant.
Quand on relie tout ça, puis je pense que tous les professionnels
de la santé, peu importe ce qu'on fait, quand on est dans le
réseau ou proche des groupes, on s'aperçoit d'une chose: c'est
que la pauvreté va avec tous les autres problèmes qui sont de
santé, de délinquance. L'appauvrissement amène des
problèmes, et ce sont ces gens-là sur lesquels, très
souvent, on est appelés à intervenir davantage, non seulement au
niveau de la protection de la jeunesse - les jeunes en bas de 18 ans - mais
ceux en haut de 18 ans. Donc, dans les résultats, c'est le tiers de la
population de Montréal qui est pauvre.
On s'aperçoit, quand on fait le tour des autres
ministères, à l'Éducation, quand on dit que 38 % des
jeunes ne sont peut-être pas des décrocheurs dans le terme aussi
grave qu'on veut l'utiliser, mais 38 % de nos jeunes ne complètent par
leur secondaire V. Je dois dire, comme société, on doit
être inquiet. Quand on regarde les sans-abri à Montréal,
par milliers - et ça aussi c'est un secteur qui vous concerne, M. le
ministre - par milliers et de plus en plus jeunes, c'est inquiétant.
Quand on regarde aussi qu'on a le championnat du suicide chez les jeunes, on a
toutes les raisons d'être inquiet. Donc ça veut dire qu'il faut
absolument se préoccuper dès maintenant de tous nos jeunes de
moins de 18 ans en espérant qu'au cours des prochaines années,
des toutes prochaines années à partir de maintenant, on ne dira
plus de nos jeunes adultes 18-30 ans que la situation est aussi catastrophique
qu'elle l'est présentement, parce qu'on aura prévenu, dans le
domaine de la santé comme dans tous les autres domaines, mais
celui-là de façon encore plus importante. La prévention,
c'est majeur.
C'est sûr que c'est facile à dire. On pourrait bien faire
tous les beaux discours sur la prévention, on est aussi pris avec des
cas à régler dès maintenant. Et ça c'est le
rôle que tous les intervenants de la DPJ, du réseau des CSS; ils
doivent s'occuper maintenant et en priorité de ceux qui sont sur la
liste. Mais il faut régler la liste, il faut régler les listes,
mais le rôle qu'on a à faire comme intervenant, c'est oui, c'est
d'abord à deux titres, vous dans votre cas, c'est comme ministre de la
Santé et des Services sociaux responsable de régler les cas
maintenant, c'est plus à partir de maintenant pour ces gens-là,
du curatif. Mais, l'autre rôle, comme membre du Conseil des ministres, je
dois vous dire, ce qu'il faut faire à partir de maintenant, moi je
pense, c'est diminuer les listes, pas juste par rapport aux jeunes qui sont
dessus pour ne pas laisser des gens en danger, poursuivre cet état de
situation qui n'est pas acceptable pour une société, mais prendre
des mesures qui fassent en sorte qu'on n'ait plus de jeunes sur les listes, et
de moins en moins. Et ça, c'est demandé... Qu'on regarde à
peu près tous les bilans, tout ce qui nous est donné, ce qu'on
dit, c'est que ça prend, entre autres, une politique de la famille. Tant
et aussi longtemps qu'on n'aura pas une véritable politique de la
famille, tant qu'on n'aura pas des politiques ou des programmes d'aide, soit
comme soutien à la famille ou autrement, on va avoir de plus en plus de
victimes. Et, entre autres, par des mesures d'appauvrissement qu'on est en
train de prendre: coupures d'aide sociale, coupures dans les HLM, toutes ces
choses-là nous amènent davantage de jeunes susceptibles
d'être des gens qu'on va devoir traiter. C'est une inquiétude que
j'ai, je vous la manifeste. Je regarde, dans les rapports qui sont sortis
encore tout dernièrement, "Une réalité qu'on ne peut plus
taire: les enfants malaimés". Ce qu'on dit là-dedans, je dois
vous dire, il y a des choses à faire dresser les cheveux sur là
tête. On les connaît mais, à un moment donné, il faut
peut-être se les rappeler quand on dit que: "Les mauvais traitements
infligés aux enfants constituent la cause principale de mort entre six
mois et un an. " Comme société, c'est presque incroyable, on
n'est pas dans un pays en voie de développement, on est en
Amérique du Nord, on est au Québec où on se dit une
société moderne et développée. Puis quand on dit
qu'on rattache - malheureusement, c'est une réalité -
pauvreté et violence, parce que des gens, des familles et de plus en
plus, malheureusement, les familles monoparentales, parce qu'elles sont
pauvres, ont de moins en moins les moyens de même donner l'essentiel
à leurs enfants, c'est déjà une agression par rapport aux
jeunes, étant donné qu'ils ne peuvent même pas avoir les
besoins minimaux essentiels en termes de logement, de vêtement, de
nourriture. On a déjà ce qu'on appelle des enfants
"poqués", pas par mauvaise volonté, mais par une situation
économique précaire dans laquelle se retrouvent
énormément de gens.
Donc, moi, je n'ai pas l'intention de parler plus longtemps
là-dessus en termes d'entrée en matière, parce que je me
dis, ce qui est important, c'est qu'on aille au fond par rapport à
ce
qu'on va pouvoir faire avec les budgets qui sont là et les
orientations que se donne le ministre, par rapport à tout ce qui a
été déposé en termes de mémoires au cours
des derniers mois. Heureusement, on s'aperçoit d'une chose, il y a
beaucoup de réflexion, il y a beaucoup de gens qui font des suggestions,
on est conscients de plus en plus, de la situation alarmante dans laquelle on
vit et ça, ça doit nous amener, de plus en plus, à prendre
des décisions rapides.
Mais, le message que je voulais passer, avec ces quelques minutes,
c'est: au-delà du traitement curatff des victimes qu'on a
déjà, au-delà de limiter les gens qui sont sur la liste
par rapport à des traitements qu'on doit leur donner, si on a
identifié des milliers de jeunes qui exigent qu'on s'occupe
d'eux-autres, mais au-delà de ça, ce qu'il faut se donner comme
société - et c'est là que c'est important - moi, je pense
qu'il y a des urgences par rapport à une véritable politique de
la famille et du préventif. Il faut absolument de plus en plus de
soutien aux familles qui sont les plus proches de ces jeunes-là,
évidemment, et qui sont les mieux placées pour être
capables de s'occuper de leurs jeunes. Donc, il y a des mesures à
prendre et ce sont des mesures à prendre pas nécessairement comme
ministère sectoriel, il faut absolument - je dois dire que c'est un peu
le message que j'ai passé à l'habitation aussi parce que c'est
directement relié - ça prend, le plus rapidement possible, une
véritable politique de la famille avec les programmes qui y sont
rattachés, les mesures qui vont favoriser la prise en charge par les
parents de plus en plus, à condition - et ça revient souvent
ça - qu'on leur en donne les moyens. Quand une société a
10 % de chômeurs, puis presque autant d'assistés sociaux, quand on
est rendu presque aussi à 10 % de gens de 65 ans et plus qui sont,
très souvent, dans la majorité des cas, en-dessous du seuil de la
pauvreté, c'est inquiétant. Il faut absolument, comme
société, qu'on ait une préoccupation sociale, sinon, comme
le disait le texte que je vous ai lu tantôt, on risque de se ramasser
avec ce qui était dit par le Comité d'analyse des tendances
sociales, avec des tensions sociales. Et ce qu'il faut faire, je vais vous le
dire: ce n'est pas d'alarmer personne, c'est à nous, en étant
bien sensibles à ça, de prévenir en prenant, dès
maintenant, des mesures.
Alors, moi, je n'ai pas d'autres commentaires préliminaires, M.
le Président, quand le ministre sera prêt je serai prêt
à passer à autre chose.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le ministre, est-ce
que vous avez des commentaires préliminaires?
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
évidemment, comme le dit le député de Shefford, dans
l'exercice auquel on est convié, la tradition veut qu'on s'adresse
davantage à des colonnes de chiffres, en termes d'additions et de
soustractions. C'est davantage un exercice mathématique et un exercice
de pelure de banane, auquel on a été confronté dans le
passé, autant d'un bord comme de l'autre. Moi, j'ai fait les deux
côtés, ça fait que... Vous aussi, d'ailleurs. Et, autant
que possible, pour faire en sorte de faire mal paraître le ministre et le
ministre de bien planter celui qui pose la question.
Ce que je constate, cette année, à tout le moins,
puisqu'on en est à la dernière séance de la
deuxième journée des crédits sur trois, on s'adresse
davantage aux questions elles-mêmes qu'aux colonnes de chiffres. Je
trouve ça très heureux parce que ce n'est pas très souvent
qu'on a l'occasion d'échanger des avis sur les problèmes de la
société et les problèmes qui confrontent le
ministère. Je ne m'en plaindrai certainement pas. Ce n'est pas parce
qu'il n'y a pas des chiffres intéressants à défendre, au
niveau du budget du ministère, les chiffres sont fort
intéressants.
Tout le problème de la jeunesse est définitivement le
problème du devenir dans notre société. Parce que ceux qui
sont les jeunes d'aujourd'hui vont être les leaders de demain, vont
être ceux qui seront aux commandes des différents gouvernements.
Peu importe, gouvernement sur le plan local, sur le plan provincial, sur le
plan fédéral, ce seront donc les leaders économiques,
culturels de la communauté. À ce niveau-là, ça
paraît très important de faire en sorte qu'on ait une bonne,
très bonne connaissance de l'état de la situation dans laquelle
nous sommes maintenant et, bien sûr, par le fait même, de pouvoir
s'adresser aux véritables problèmes qui confrontent la
jeunesse.
Et de soulever deux questions qui débordent définitivement
le cadre de la responsabilité sectorielle du ministère, en
abordant la pauvreté et en abordant la famille, me paraît deux
thèmes extrêmement importants qui interpellent le gouvernement,
quel qu'il soit, sur ses responsabilités plus sociales. À ce
niveau-là, c'est un discours que je n'ai pas toujours partagé,
où j'ai eu un ministère davantage à vocation
économique qu'à vocation sociale, mais - je n'ai pas peur de le
dire - il y a une sensibilisation beaucoup plus importante, en ce qui me
concerne, depuis mon arrivée au ministère de la Santé et
des Services sociaux, à des problèmes de cette
nature-là.
Évidemment, le gouvernement, à ce moment-ci, compte tenu
d'une conjoncture économique qui devient un petit peu plus dtfficfle,
est davantage interpellé sur la pauvreté qui existe, même
en pleine période de croissance. Donc, elle existe aussi,
forcément, dans les périodes plus difficiles sur le plan
économique. Elle existe partout. Et, moi, j'ai toujours
été frappé... Parce que, pour un Gaspéslen
d'origine, de se retrouver à Montréal, au moment de notre
jeunesse, c'est
toujours un rêve, parce que tu te retrouves normalement dans la
plus grande ville du Québec, qui est la métropole du Canada, et
tu as toujours une impression que tout va bien dans ce merveilleux monde qu'est
Montréal. Il n'y a pas de pauvres, iI y a rien que des riches. Parce que
les Gaspésiens, à l'époque, quittaient la Gaspésie
pour aller gagner leur croûte à Montréal.
Ce qui m'a frappé, c'est, en 1980, lorsque j'ai fait
l'élection partielle comme organisateur de Maisonneuve, où on a
fait du porte-à-porte, où on a frappé des quartiers
où il existe véritablement de la pauvreté, effectivement,
de la pauvreté et des conditions pas très "honorantes" pour le
Québécois moyen, quant aux conditions de vie de ceux qui
habitaient certains quartiers. Et ça, ça m'avait, à
l'époque, profondément frappé et ayant les
responsabilités que j'occupe maintenant, on prend davantage conscience
de l'importance du phénomène.
Je l'ai dit en commission parlementaire, il n'y a pas tellement
longtemps: Ça interpelle Santé et Services sociaux, mais
ça interpelle aussi l'ensemble du gouvernement auquel il faut s'adresser
et là-dessus, sans nécessairement qu'on partage les mêmes
points de vue, il y a à tout le moins une sensibilisation qui est
là au niveau de la pauvreté où le gouvernement doit avoir
une vision d'ensemble et ça, le plus rapidement possible.
Le deuxième est bien sûr la famille. La Révolution
tranquille a amené sa part de gloire au Québec, mais aussi son
lot de problèmes qui viennent, d'après moi, directement des
effets de la Révolution tranquille avec l'éclatement des
familles, en particulier, qui est une cause très importante du
phénomène de notre jeunesse qui se questionne, se cherche. Et un
soutien à la famille, oui. La commission parlementaire sur la
réforme nous a démontré qu'il y a des gens qui
souhaitaient qu'on ait davantage de support à la famille, mais ça
nécessite bien sûr un constat très important qu'il faudra
toujours se rappeler: Que l'État n'est pas une famille. L'État
n'est pas une famille. La famille demeure le responsable, la cellule
responsable de la jeunesse comme des personnes âgées. Et à
partir du moment où, comme société, on oublie ça,
et on a une tendance à l'oublier au niveau du Québec, que la
responsabilité première, ultime et primordiale revient à
la famille, aux parents des enfants, et que la société
québécoise s'est dotée de mécanismes d'avant-garde
- je pense qu'on peut le dire - pour être capable de protéger la
jeunesse et des mises en place de systèmes très très bien
implantés partout qui font l'orgueil du Québec et qui font
l'envie d'autres pays qui ont pourtant une histoire beaucoup plus importante
que la nôtre - mais je vais le dire et je vais continuer de le dire
partout - c'est et ça devra continuer d'être la
responsabilité de la famille. C'est là que prend tout son sens le
soutien ou le support à la famille, davantage que de prendre la respon-
sabilité à la place de la famille.
Ça, ça signifie éventuellement, bien sûr,
tout un processus d'intervention au niveau de la prévention, un virage
qu'on souhaite tous dans à peu près tous les domaines, au niveau
de la prévention pour, bien sûr, diminuer le curatif. Vous avez
raison de dire que tout ce qu'on peut investir aujourd'hui dans la
prévention fera en sorte qu'on aura moins à investir dans le
curatif dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans et que c'est un virage
très important qui portera ses fruits à long terme, non pas
uniquement en question de piastres et cents, mais en fonction de la
qualité de ce que seront nos jeunes de demain, adultes du surlendemain.
Et ça, ça va conditionner, je pense, la société
québécoise. C'est dans ce sens-là que des efforts ont
été faits par tous les gouvernements, très importants,
pour protéger la jeunesse contre toutes sortes d'abus, toutes sortes de
facilités dans notre société. À partir de ce
moment-là, il y a des progrès très importants qui ont
été accomplis dont nous devons être fiers. Ça ne
veut pas dire pour autant qu'il ne reste pas des problèmes et qu'il n'y
en a pas et qu'ils sont différents de ceux que d'autres
sociétés connaissent. Dans cette société de
communications où évidemment, vous atteignez facilement le
récepteur qui est l'enfant, toutes sortes de messages lui parviennent,
à la fois par le monde des communications, à la fois par son
milieu scolaire, à la fois par son milieu naturel et par,
éventuellement, son milieu de travail. Je pense qu'il faut agir
là-dessus bien sûr et protéger notre jeunesse. Et
protéger notre jeunesse, c'est protéger l'avenir du Québec
de demain.
Donc, dans ce sens-là, lorsque j'ai annoncé que nous
aurions une politique de santé et bien-être, prenant la
relève de Mme Thérèse Lavoie-Roux, j'ai dit, quant
à moi: Au lieu de partir avec 20 objectifs immédiatement, j'ai
identifié, au nom du gouvernement deux priorités: le
vieillissement et la jeunesse, parce qu'effectivement, ça
m'àpparaissait être les deux premières priorités
auxquelles on doit s'adresser lorsqu'on veut faire une politique de
santé et de bien-être. Dans ce sens-là, on a maintenant un
certain nombre d'outils qui nous permettent de savoir d'où on part et
ça nous permet de mieux savoir où on va aller. Et, quand on parle
de santé à la carte, ça nous donne des
éléments de réflexion, comme la santé chez les
femmes nous donne des indications très précises où nous en
sommes maintenant, en termes de santé, au niveau de tout le
Québec, qui vont conditionner les actions qu'on devra poser, les gestes
qu'on devra poser, dans tous les secteurs, mais en particulier au niveau du
vieillissement et des jeunes. Et ça, ça m'apparaissait des
priorités qu'on devait lancer immédiatement. Pour partager vos
états d'âme, voilà les miens.
Le Président (M. Gautrin): M. le député.
Discussion générale
M. Paré: Merci, M. le Président. Je suis content de
voir qu'on se rejoint au niveau des grands principes. De toute façon,
c'est tellement clair au moment où on se parte, que la situation est
dramatique. L'augmentation de la pauvreté, elle, n'est plus contestable,
elle est juste cons-tatable, au moment où on se parte. C'est partout et
c'est de plus en plus. Quand on regarde - on en parlait encore dans les
journaux dernièrement - l'augmentation des emplois dans un état
de précarité, c'est plus du temps partiel, ça veut dire
que les revenus augmentent souvent beaucoup moins rapidement, même, que
les nécessités de la vie, dont le logement. C'est un bon exemple,
si on regarde, depuis 1981, avec la crise économique et malgré la
reprise, les salaires, les revenus ont augmenté beaucoup moins vite que
les logements, qui sont une nécessité. Tu sais, à
Montréal, quand on commence à parler d'à peu près
120 000 familles qui doivent consacrer presque 50 % de leur revenu juste pour
se loger, on peut être sûrs qu'il va y avoir des problèmes.
Donc, il faut avoir, vraiment, une vue globale, et le soutien aux familles,
c'est souvent comme ça. C'est non seulement souvent comme ça,
mais ça doit être comme ça, par rapport aux
nécessités quotidiennes de la vie que sont le logement,
l'alimentation, les vêtements et l'électricité, entre
autres, tout ce qui est de nécessité courante.
Vous dites que vous avez choisi, parmi vos priorités, deux
groupes particuliers, qui sont les personnes âgées et la jeunesse,
et qu'en même temps vous voulez favoriser la prévention. Je dois
vous dire que ces objectifs, je les partage avec vous, et je suis heureux de
l'entendre. Par contre, ça doit se concrétiser, et c'est
là, effectivement, où on va tomber au niveau des chiffres, parce
que, qu'on le veuille ou pus, quand un gouvernement choisit des
priorités, c'est qu'il y met les montants nécessaires et le
personnel nécessaire, qui prend les mesures appropriées. Donc,
quand on regarde les budgets, relativement au budget consacré à
la protection de la jeunesse, selon les chiffres que, nous, on a, bien on se
rend compte que, finalement, les dépenses probables de 1989-1990, c'est
quelque chose comme 339 000 000 $ et qu'on se ramasse, dans les crédits
pour cette année, avec 343 000 000 $. Là, pour compléter,
c'est les budgets des CSS qui sont responsables de la protection de la
jeunesse, quand je prends le budget total des CSS. Donc, on s'aperçoit
qu'il y a une augmentation qui n'est même pas équivalente à
l'inflation.
J'aimerais ça savoir, de la part du ministre, comment on peut
envisager être capables d'atteindre des objectifs, de régler des
problèmes par rapport aux gens qui sont déjà mal pris, de
faire de la prévention, quatid on ne s'en donne pas les moyens. Parce
que là, si on ne donne même pas aux CSS, qui sont les organismes
parrains, responsables d'un paquet de dossiers, dont, en grande partie, en ce
qui concerne la protection de la jeunesse, les moyens d'en faire plus, est-ce
qu'effectivement on va atteindre les objectifs qu'on se fixe, et, tant
qu'à être dans les chiffres, Je pourrais tout de suite demander,
si on regarde l'évolution des crédits alloués à la
protection de la jeunesse, spécifiquement? (17 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Bon, c'est une
manière d'aborder, effectivement, et de, si vous me passez l'expression
qu'on dit très parisienne maintenant, tester si, effectivement, l'action
suit les intentions. J'ai bien dit une façon. Moi, ce n'est pas celle
que j'ai prise, depuis que je suis arrivé au ministère, parce que
j'ai tiré profit de bien des choses de mon passage ailleurs. Et, tirant
profit de mon passage ailleurs, j'ai vu passer, par centaines de millions de
dollars, au cours des quatres dernières années, des budgets qui
allaient à la santé et aux services sociaux, alors qu'on devait
se contenter, nous, aux Transports et au Développement régional,
des miettes. Et on a vu passer 1 000 000 000 $ de plus à la
Santé, au cours des quatre dernières années. Je
m'étais dit: Si le bon Dieu m'envoyait là, un de ces bons jours,
il essaierait peut-être de regarder ce qui se passe. Évidemment,
le tonnerre m'a frappe au mois d'octobre 1969 et j'ai commencé a
travailler avec les officiers du ministère où j'ai trouvé,
à mon arrivée au ministère, une compétence et un
désir de faire beaucoup de choses, et c'est très
réconfortant pour quelqu'un qui s'asseoit dans un fauteuil, voulant
partager un défi et ayant certaines appréhensions aussi, compte
tenu de l'ampleur du dossier. J'ai plutôt pris le pari - et je le
répète partout - que nous devions d'abord faire la
démonstration que nous pouvions faire davantage avec les sommes que l'on
avait. Et on est à 11 000 000 000 $, globalement, au niveau du budget du
ministère, pour 1990-1991. C'est considérable!
Donc, on s'est assis à la table et, confrontés
déjà à un premier exercice, les gens dû
ministère me disaient: On a des problèmes très Importants
au niveau des listes d'attente en protection de la jeunesse, donc, quant aux
signalements. Et dès le mois de janvier - c'est quand même pas
très tard après, juste le temps d'arriver puis de s'installer un
peu et de regarder comment ça se passe - avec une complicité tout
à fait exceptionnelle de la part des hauts fonctionnaires du
ministère et de l'ensemble de la structure, avec une complicité
des CSS et une complémentarité du réseau, auprès de
qui on a sollicité un effort additionnel, et pas une cenne de plus, dans
l'espace de cinq mois, d'une liste d'attente, en termes de signalements, de '
quelque 3700 signalements, on est passés - et les chiffres ont encore
évolué à la suite d'hier - au 18 mai, à 1771: 2000
de moins en espace de cinq semai-
nés, pas une cenne additionnelle et avec des centaines de prises
en charge de moins sur les listes d'attente, alors qu'on aurait
été en droit de s'attendre, lorsqu'il y a moins de signalements
ou davantage de signalements de traités, qu'on augmente la liste de
prises en charge.
Donc, ce que je vous dis, c'est que ça peut être, à
l'occasion, une question de piastres et de cennes, mais que ce n'est pas
toujours une question de piastres et de cennes. Il faut d'abord faire la
démonstration que l'on en a maintenant pour notre argent et, par la
suite, ajouter des sommes très importantes. Ça, ce n'est pas le
fait que le ministre... Parce que le ministre peut bien parier, mais si le
restant ne suit pas, y compris au ministère et y compris dans le champ
avec les CSS, si ça ne suit pas, vous allez pomper de l'argent comme
vous le voulez et vous ne réglerez pas les - problèmes non plus.
Donc, les signaux sont différents et je suis très heureux de ce
qui s'est passé, en parfaite harmonie avec... La machine s'est
serrée un petit peu au début, en particulier au niveau du champ,
parce qu'on n'était pas habitués à ce genre de
message-là. Mais on a eu une collaboration de tous les instants des CSS:
2000 signalements de moins sur les listes d'attente, dans à peine cinq
mois, avec une collaboration très efficace de tout le monde. Je pense
qu'il faut leur rendre hommage!
Est-ce que ça veut dire pour autant que, dans l'enveloppe
budgétaire 1989-1990... Quand on parle de frais d'exploitation: 238 000
000 $; crédits de 1990-1991, 251 000 000 $, ça fait donc une
augmentation de 12 000 000 $. Il faut regarder les têtes des chapitres de
la ventilation qui est extrêmement importante dans ces cas-là, et
ça, ça représente l'indexation, plus ou moins.
Lorsqu'on regarde Familles d'accueil, le budget est passé de 91
000 000 $ à 81 000 000 $. Il y a eu 10 000 000 $ de moins parce que, au
niveau des familles d'accueil, on est à travailler et on est en phase
finale du règlement du dossier parce qu'il y avait une situation qui
était à peu près semblable à celle des listes
d'attente au niveau de la jeunesse. Le gouvernement avait accepté de
mettre des sommes additionnelles pour tenter de régler un
problème et, aujourd'hui, cet argent-là n'est pas là. Je
vous le dis tout de suite, ça ne comprend pas les démarches que
nous sommes à faire, au niveau du Conseil du trésor, quant
à des sommes additionnelles qui seront requises pour solutionner, d'une
manière finale, le problème des familles d'accueil, à la
fois au niveau de la jeunesse et aussi au niveau des personnes
âgées. Donc, c'est un dossier qui est extrêmement important
et qui vient, finalement, donner une signification au Chef.
C'est sûr que si vous prenez, globalement, le budget - 340 contre
343 - on peut porter le jugement qu'on n'est pas dans une situation très
reluisante, mais, moi, ce que je vous dis - ça ne me tente pas
d'expliquer des chiffres en tentant de me défendre du tout, d'aucune
maniè- re - c'est que les frais d'exploitation des CSS sont là,
très clairs: 238 000 000 $ par rapport à 251 000 000 $, c'est une
croissance de 12 000 000 $. Quant aux familles d'accueil, bien,
évidemment, on portera le jugement lorsqu'on aura fini l'exercice qui
est en cours actuellement avec le Trésor.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui. Je vais revenir tantôt sur les listes,
étant donné que c'est un facteur important. Mais par rapport aux
crédits qui sont alloués spécifiquement à la
protection de la jeunesse, selon une estimation, c'était 48 400 000 $
l'an passé et, cette année, on parie de 49 357 000 $. Je ne sais
pas si vous pouvez me dire exactement quelles étaient, non pas les
crédits prévus pour l'an passé, mais les dépenses
réelles de 1989-1990 par rapport à la protection de la jeunesse,
qu'on voit si, effectivement, il y a ou non augmentation des crédits
dans ce secteur-là pour cette année.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, le temps
qu'on me cherche les tableaux, je peux peut-être commencer à vous
donner une réponse parce qu'il faut voir l'historique de tout ça.
Depuis 1981, le ministère a réussi à isoler, sur le plan
des tableaux, les sommes dévolues à la Loi sur la protection de
la jeunesse et on se rend compte qu'il y a une croissance à peu
près continuelle des sommes affectées à la protection de
la jeunesse. J'ai ici, sur le tableau que j'ai entre les mains, jusqu'en
1987-1988, et je suis après faire chercher les années qui
pourraient suivre, 1988-1989 et 1989-1990.
Finalement, ce que je peux peut-être vous donner comme point de
repère à ce moment-ci, c'est que le budget est passé de 31
425 000 $, en 1981-1982, à 74 000 000 $, en 1987-1988 - on est à
concilier les chiffres pour les dernières années - passant de 16
% du budget des CSS à 33 %, en 1987-1988. Donc, l'Importance, à
l'intérieur des CSS, du traitement des dossiers relativement à la
jeunesse a doublé en termes d'importance de pourcentage
budgétaire, évidemment par les sommes aussi, passant de 31 000
000 $ à 74 000 000 $. Il y a un phénomène là qui
s'est continué, mais on est à concilier les chiffres pour les
dernières années.
M. Paré: Oui, effectivement. Qu'on soit obligés,
à un moment donné, d'augmenter, je dois dire, c'est pour
répondre aussi aux besoins quand on regarde les signalements qui ont
aussi augmenté considérablement, passant, si on prend 1985-1986,
de 37 000 $ à 50 000 $, en 1988-1989.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Paré:
Donc, aussi, il faut suivre...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça aussi.
M. Paré:... l'évolution de la demande et des
besoins.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Paré: Mais pour cette année
spécifiquement, est-ce qu'en ce qui regarde...
M. Côté (Charlesbourg): Quand vous parlez de cette
année, vous partez de l'année qui vient de se terminer?
M. Paré: Si on parle des crédits
déposés pour 1990-1991...
M. Côté (Charlesbourg): O. K.
M. Paré:... et qu'on regarde ce qui concerne la protection
de la jeunesse comme telle et les services aux jeunes contrevenants, selon les
documents qui nous sont fournis, on se ramasse avec un budget de 49 357 000 $:
40 297 000 $ pour la protection de la jeunesse et 9 059 000 $ pour les services
aux jeunes contrevenants - on se rejoint là-dessus - ce qui fait 49 000
000 $, pour 1989-1990. C'est quoi qui est prévu pour 1990-1991? Est-ce
qu'il y a une augmentation ou s'il n'y a pas de crédits nouveaux du tout
par rapport à la protection de la jeunesse et aux services aux jeunes
contrevenants?
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'indexation. M.
Paré: II y a indexation. M. Côté (Charlesbourg):
Oui.
M. Paré: Donc, ça veut dire 4 et quelque chose
%.
M. Côté (Charlesbourg): 4, 5 %. Il y a indexation,
compte tenu du fait que, dans les années antérieures, il y a eu
des sommes assez appréciables d'ajoutées: il y a eu, en
1986-1987, 1 400 000 $ et, en 1987-1988, 3 900 000 $, mais non
récurrents. Donc, c'était pour traiter un phénomène
de pointe puis de signalements qui étaient élevés à
l'époque. Mais, en 1988-1989 et en 1989-1990, il y a eu respectivement 6
800 000 $ et 8 800 000 $ récurrents d'ajoutés à la base
budgétaire du ministère, ce qui fait qu'on peut estimer,
aujourd'hui, qu'on est en vitesse de croisière, comme budget, et qu'il
s'agit maintenant de l'indexer. On a réussi à passer à
travers l'année 1989-1990, donc au 31 mars, avec un travail tout
à fait exceptionnel qui a résorbé les listes de
signalements, donc en attente, avec une meilleure coordination du travail.
Mais, d'après ce que j'ai compris, vous avez dit qu'on reviendrait
tantôt aux listes d'attente, donc...
M. Paré: Oui oui, mais...
M. Côté (Charlesbourg):... on n'en traitera pas.
M. Paré: Oui, là, je suis dans les chiffres du
budget pour essayer de comprendre. Là, vous me parlez de 6 600 000 $
récurrents, de 8 000 000 $ récurrents. Est-ce que, par rapport au
budget de l'an passé où ces montants-là étaient
déjà consacrés à la protection de la jeunesse
et...
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'indexation.
M. Paré: C'est l'indexation. Donc, ça nous
amènerait à quelque chose comme 49 000 000 $ et on se ramasse
à peu près à 51 000 000 $, 52 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Paré: C'est ça qui est prévu pour cette
année.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, 52 000 000 $.
M. Paré: Les nouveaux crédits, vous prévoyez
les investir comment? Où vont-ils par rapport à...
M. Côté (Charlesbourg): En termes de
priorité, dans ces secteurs-là, ce seront les familles d'accueil
ou les pavillons. Donc, les familles d'accueil pour la protection de la
jeunesse et les familles d'accueil pour personnes âgées aussi.
M. Paré: Bon. Là, je dois vous dire que je ne vous
rejoins pas.
M. Côté (Charlesbourg): Vous me demandez les
nouveaux crédits.
M. Paré: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, à partir du
moment où vous avez une indexation de ce qui était l'année
passée, il n'y a pas de nouveaux crédits. Il y a une indexation
des crédits de l'an passé. Donc, l'indexation suit pour tout le
monde. Alors, il n'y a pas de nouveaux crédits. Mate, ce dont je vous ai
parlé tantôt et qui était nos priorités en demande
de crédits additionnels, au moment où l'on se parle, ce sont des
crédits qui vont être affectés d'abord aux familles
d'accueil.
M. Paré: Vous me dites qu'il devrait y avoir quelque chose
comme, bon, quelque 2 0Q0 000 $ de plus et moi, je vous demandais,
spécifiquement, par rapport à ce qui est pour la protection de la
jeunesse et les services aux jeunes con-
trevenants.
M. Côté (Charlesbourg): Bien oui, mais on a
parié d'indexation.
M. Paré: O. K., on parie d'indexation. M.
Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Paré: moi, je vous dis: ça va être
consacré où? vous me dites: ça va d'abord être pour
les familles d'accueil. pourtant, vous m'avez dit...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, ce sont deux
choses.
M. Paré: Non? Bon.
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont deux choses. On part
d'un budget, disons, de 49 000 000 $.
M. Paré: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Arrondissons les chiffres
pour se comprendre. Si vous faites l'indexation à 4, 5 %, bon, disons
que c'est 2 000 000 $, pour se comprendre très vite, ça fait 51
000 000 $. Donc, les 51 000 000 $ seront répartis de la même
manière que les 49 000 000 $ l'étaient, mais ce sont les 49 000
000 $ indexés. Donc, si vous êtes un établissement, un CSS
qui recevait, pour les fins de l'application de la Loi sur la protection de la
jeunesse, 4 000 000 $, vous allez avoir 4 000 000 $ indexés de 4, 5 %,
ce qui va faire, au total, 51 000 000 $. Donc, c'est là où
ça va. Donc, c'est le budget de 1989-1990 qui est en 1990-1991, mais
indexé.
M. Paré: Donc, ça veut dire indexation des sommes
déjà consacrées à ces volets-là, en
1989-1990, pour 1990-1991.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Paré: ça veut dire pas d'ajout de personnel,
entre autres, pas d'ajout, c'est l'indexation. donc, comme tout augmente,
normalement, ça fait juste nous permettre de garder...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Puis je vais
vous...
M. Paré:... nos effectifs tels qu'ils sont.
M. Côté (Charlesbourg):... dire pourquoi. Je vais
vous dire honnêtement pourquoi.
M. Paré: Oui oui. (17 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Parce que, quand je regarde
mes chiffres, en 1987-1988, on a ajouté 3 900 000 $; en 1988-1989, 6 800
000 $, puis, en 1989-1990, 8 800 000 $. Puis, le 5 janvier, quand on s'est
réuni pour dire: II faut faire quelque chose, les listes d'attente
étaient au zénith, en termes de signalements. Ce n'est pas parce
qu'on avait mis de l'argent que les listes avaient diminué. Là,
on a dit: II faut que les listes diminuent, puis on va prendre les moyens pour
que les listes diminuent. Et là, tout le monde s'est concerté et
a dit: Nouvelle façon de faire, en collaboration avec les officiers du
ministère, rencontre et suivi avec les CSS qui ont offert leur
collaboration. J'ai moi-même convoqué à Québec tous
les CSS en même temps, avec les officiers du ministère, pour qu'on
puisse se parier de choses très claires et sans ajout d'argent
additionnel. La liste de signalements est passée à 2000 de moins,
sans ajouter un cent, alors qu'elle ne baissait pas quand on ajoutait des
millions. Alors, c'est pour ça qu'il n'y en a pas, d'argent additionnel,
cette année. On va regarder d'autres besoins et, dans la mesure
où la démonstration d'autres besoins sera faite, à ce
moment-là, on examinera leur mérite et il y aura, bon, en cours
d'année... parce qu'il y a la phase 2 du rapport Harvey. Bon, comme on
ira à l'automne, on a prévu quelques sommes d'argent, que nous
avons, pour être capables de faire face aux obligations
financières qui découlent de l'application de la phase II du
rapport Harvey qui se fera à l'automne.
M. Paré: Quand vous dites: On a prévu des sommes
d'argent pour la phase II du rapport Harvey, on les retrouve où dans les
crédits?
M. Côté (Charlesbourg): Dans les crédits de
base du ministère.
M. Paré: Dans les?
M. Côté (Charlesbourg): Les crédits de base
du ministère.
M. Paré: Qui ne sont présentement pas
affectés au dossier dont on parie. Ça veut dire qu'on n'est pas
capables de savoir aujourd'hui comment vous avez réservé.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, il ne
faut pas présumer que c'est un investissement très massif. Ce
n'est pas des investissements de la même nature qu'on a faits dans le
passé. Donc, on devait d'abord, dans un premier temps, s'attaquer
à régler le problème des signalements avec des listes
d'attente qui, d'ailleurs, ont fait l'objet de questions à plusieurs
reprises à l'Assemblée nationale. Moi, un peu, depuis que je suis
là, je ne comprends pas, mais, auparavant, passablement et de
manière assez régulière. C'était ça qu'il
fallait, donc, stabiliser la situa-
tion au niveau des listes d'attente parce qu'on sait que personne n'aime
avoir des listes d'attente aussi importantes, malgré le fait que tout le
monde a travaillé de manière très consciencieuse, faisant
en sorte que les cas codés 1 et 2 étaient traités en toute
première priorité et que les autres pouvaient subir un
délai d'attente. On doit continuer de travailler dans ce sens-là
à résorber ces listes d'attente parce qu'il en reste encore qui
ont une longueur d'attente inacceptable. Ce que je comprends, c'est qu'on l'a
pris de 3700 à 1700, 2000. C'est inédit dans l'histoire de
gestion d'un programme comme celui-là et qu'on doit continuer d'y aller.
Donc, ça, ça nécessitait plus d'investissement sur le plan
financier pour stabiliser la réforme II du rapport Harvey. On parle de
sommes qui vont s'ajouter d'environ... qui vont davantage dans la recherche. On
parle de 150 000 $ à 200 000 $.
M. Paré: En tout cas, j'espère qu'on va venir
à la liste bientôt.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Paré: Même, très rapidement.
J'espère...
M. Côté (Charlesbourg): Moi, aussi, je vais... Je
vous tends la mouche depuis tantôt puis...
M. Paré: Oui. Ça, je m'en viens. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Paré: C'est qu'en même temps... Je suis d'accord
avec le fait de dire: II faudrait essayer de faire plus avec moins. Ça,
j'en suis. On est tous d'accord avec ça. Sauf qu'on n'a pas beaucoup de
preuve que c'est faisable jusqu'à maintenant. Et, là, on va venir
à la liste. Vous allez peut-être avoir un premier
résultat.
M. Côté (Charlesbourg): Une première
preuve.
M. Paré: Une preuve. Sauf que... On va y revenir. Mais,
seule affaire, partout, quand on regarde autant, que ce soit dans le rapport du
comité de la protection de la jeunesse, que ce soit dans le rapport
Harvey, que ce soit dans le... attendez un peu, dans tous les autres rapports
qui nous sont soumis, l'avis du Conseil des affaires sociales, on retrouve
toujours... Je vais vous le lire pour vous montrer que je ne déduis pas
mais je constate: Le comité n'en continue pas moins de pousser dans le
sens d'une solution réglementaire - on va y revenir tantôt, eux
autres, leur solution, elle est réglementaire - laquelle devra
forcément s'assortir de l'attribution de ressources suffisantes pour
permettre au DPJ de s'y conformer. Partout, quand on regarde les rapports, on
dit: Oui, effectivement, il faut regarder. Il y a toujours une espèce de
cheminement qu'on va suivre. Ça peut être par le fonctionnement.
Ça peut être par le financement ou ça peut être par
la réglementation qu'on va améliorer les choses. Mais, quand on
regarde ce que chacun nous propose... Et, le comité, ce qu'il nous
propose, le comité qui est devenu le conseil, ce qu'il nous propose,
c'est une solution réglementaire mais dans laquelle iI nous dit oui
à la condition qu'on y mette les ressources suffisantes pour être
capables de les appliquer. Et, là, on ne retrouve pas de ressources
suffisantes parce qu'on dit que c'est seulement l'indexation.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Je m'excuse, je ne
partage pas votre point de vue à ce niveau-là puis,
évidemment, j'ai suffisamment d'indépendance d'esprit pour
être, capable de vous le dire, de la même manière que je ne
partage pas non plus l'Idée de ceux qui pensent que par une voie
réglementaire, on va régler les problèmes. C'est de
l'utopie pure et simple de bureaucrates qui ne savent pas ce qui se passe dans
le champ. Ce n'est pas du fait que vous allez mettre un délai pour
régler des dossiers dans un règlement qui va faire que ça
va se faire. Ce n'est pas compliqué, ça. C'est davantage par une
meilleure coordination des efforts de chacun et une meilleure
complémentarité de l'ensemble des services dispensés par
le ministère. Au lieu de tirer à gauche et à droite par
différents intervenants, tirez dans le même sens, qu'on va
régler. Et la démonstration est faite maintenant. Elle est faite
maintenant. Elle s'est faite dans l'espace de cinq mois qu'avec la
volonté du ministère, avec la volonté des CSS et des
ressources sur le terrain qui conjuguent leurs efforts qu'on arrive à
des résultats spectaculaires au niveau du règlement de ces
dossiers-là que l'argent n'avait pas réussi à
régler, que l'ajout de millions et de dizaines de millions de dollars
n'avait pas réussi à régler. Et c'est ça qui est
formidable, dans l'exercice qui a été mené au cours des
cinq derniers mois, c'est que les gens ont compris le message que ça
devenait une responsabilité de chacun des maillons de la chaîne
qui doit s'adresser à ce genre de problème là. C'est
ça qui est arrivé. Moi, je vous dis, avec un meilleur support de
la part du ministère, un suivi plus serré, un questionnement
quant à la méthode de fonctionnement, et aussi quant à
l'uniformisation des méthodes de travail au niveau de l'ensemble des
CSS, au lieu que chacun développe sa méthode, avec tout ce que
ça comportait. Puis, on a notre part de responsabilités, au
central, là-dessus, parce que le message qu'on a toujours envoyé
dans le passé, c'est: Plus vous allez en avoir sur la liste d'attente,
plus on va vous envoyer de l'argent. Bien sûr. Alors, finalement, c'est
que, pas fou, hein, on a dit: Si on a des listes qui ne sont pas longues, on
n'en aura pas d'argent. Alors, le message que j'ai passé: Vous aurez de
l'argent
quand on aura réglé le problème des listes
d'attente. Tout le monde a travaillé. Ça ne veut pas dire que,
demain matin, il n'y aura pas des réajustements à faire sur le
plan des bases budgétaires, on va pouvoir, maintenant, dans une
situation régularisée, s'asseoir puis faire en sorte qu'au
début de l'automne on puisse regarder un certain nombre de choses. Mol,
je suis très très ouvert à ça. On va pouvoir
défendre et on aura fait la démonstration que, effectivement, on
en a fait pas mal, sans même en demander en additionnel, puis ça,
je trouve que c'est très sain pour le système, très sain
pour le ministère puis le réseau aussi.
M. Paré: O. K. Donc, parmi les voies possibles
suggérées jusqu'à maintenant, si je résume, le
Comité de protection, de la jeunesse, dans son rapport
d'activités 1988-1989,. propose - parce que c'est le dernier disponible
- des solutions par voie réglementaire. Le rapport Harvey propose des
résolutions par voie de fonctionnement. Et l'autre possibilité
qu'il nous reste, qui est la troisième et probablement l'ultime, c'est
du financement. Donc, on a trois façons de résorber les listes,
et surtout de régler les problèmes des jeunes par rapport au
fonctionnement de la protection de la jeunesse puis des gens qui sont dans le
milieu: financement, fonctionnement, règlements.
On vient d'éliminer règlements et on vient aussi de dire
que ça ne prend pas du financement, donc, ce que vous allez
privilégier, et là vers quoi on s'en va, ce sont des
modifications au fonctionnement.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que ça peut
être... La réponse est très claire au niveau du
règlement. La Protection de la jeunesse, dans son rapport, dans ses
préoccupations, a examiné quelques plaintes, pas
nécessairement l'ensemble de la problématique au niveau de 50 000
signalements. Ça, c'est un premier phénomène. Je ne
partage pas son avis sur le plan de la solution réglementaire; elle est
éliminée, quant à moi. Si quelqu'un d'autre veut le faire,
il le fera, mais ça ne sera certainement pas moi qui vais le faire. Je
pensé qu'il y a d'autres moyens de le faire avant, par le
fonctionnement, et je n'exclus pas par de l'argent. Je ne l'ai pas exclu, mais
je ne le mets pas dans ma première priorité. Ma première
priorité: fonctionnement; deuxièmement, on mettra de l'argent
lorsque ce sera justifié. Mais, au lieu de traiter de manière
traditionnelle, comme ça a toujours été fait au niveau du
ministère, par de l'ajout de ressources financières, On va
maintenant travailler par des objectifs de résultats. Ça,
ça fait toute une différence.
À partir de ça, bien sûr qu'au bout de la ligne
ça va se traduire par une question de piastres et cents. Bien sûr,
parce qu'il n'y a pas grand monde qui est intéressé à
travailler, puis ne pas être payé. Il y en avait, à
l'époque, mais ça a pas mal disparu, aujourd'hui. Donc, on se
retrouve dans une situation où, d'abord, fonctionnement, avec des
objectifs de résultats. C'est ce qu'on a fixé aux CSS, quand on
les a rencontrés. On a pris des paris. Ce n'est pas compliqué,
c'est une, méthode qui n'a pas été inventée par
nous autres, ça, on a pris des. paris. J'en ai même pris avec mes
fonctionnaires, des paris, sur le plan de diminuer la laisse, sans jamais,
d'aucune manière, affecter la qualité du service dispensé
aux jeunes. C'est ça, le pari qu'on a pris. On à pris ça
au mois de janvier, le 5 janvier. Évidemment, je vais être
obligé de payer, là, en double, parce que je ne pensais pas qu'on
pouvait arriver avec un résultat aussi important que celui-là.
Mais ce sont des méthodes qui, aujourd'hui, sont
éprouvées: objectif des résultats. Si tu ne les atteins
pas, ce n'est pas un drame, puis tu ne te feras pas mettre à la porte si
tu ne les atteins pas; tu vas te faire semoncer, si tu ne les atteins pas,
parce que tu n'as pas fait ce qu'il fallait faire. Mais si tu fais la
démonstration que tu as fait ce qu'il fallait faire, que tu n'as pas
atteint les résultats, puis que c'est un manque de ressources sur le
plan financier qui en est la cause, là, à ce moment-là,
c'est la responsabilité du ministre d'en ajouter.
M. Paré: Je ne sais pas si on va retrouver dans les
crédits les résultats de vos paris.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Bien non, ça,
c'est définitivement...
M. Paré: C'est personnel?
M. Côté (Charlesbourg): C'est définitivement
personnel, puis c'est la Société des alcools qui va en
profiter!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Ça, ce n'est pas bon pour la
santé.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Quand on a l'occasion,
ça fait du bien. C'est bon pour le moral, comme ils disent.
Des voix: Ha, ha, ha!
Liste d'attente
M. Paré: On va aller sur la liste d'attente. Je ne vous
ferai pas patienter plus longtemps, je sais que vous avez le goût d'y
venir. La liste d'attente de la protection de là jeunesse. Il y a eu
beaucoup, beaucoup d'augmentation. C'est sûr, quand on regarde, par
rapport à la loi, quand ça a commencé, et depuis qu'il y a
les listes d'attente. Quand on parle de listes, il faut aussi dire qu'il y a,
finalement, trois listes, aussi. Il y
a la liste des signalements, ensuite, la liste en attente
d'évaluation et, finalement, celle qui est la liste prise en charge.
Les signalements, il y a eu augmentation considérable, donc,
c'est aussi normal qu'il y ait eu considérablement d'augmentation au
niveau, autant du personnel que des enveloppes budgétaires qui sont
nécessaires. Donc, si on regarde de 1981-1982 jusqu'en 1988-1989, c'est
une augmentation de plus de 100 %, finalement, pour passer de près de 25
000 à 50 400, donc, augmentation considérable par rapport au
signalement.
En attente d'évaluation, ça a aussi augmenté, mais
ça a plutôt fluctué. Ça s'est maintenu toujours dans
les 3 000. De 1985 à 1989, là...
M. Côté (Charlesbourg): Quand on a lancé
l'opération, on était à 3761.
M. Paré: Oui, là, quand vous pariez de 3761,
là, on arrive maintenant à la dernière partie, donc, le
trimestre qu'on est en train de vivre, ou les deux trimestres, finalement, la
première partie de 1990, vous parlez de 3761...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Paré:... à partir du 5 janvier 1990 et vous avez
dit tantôt, rendus au 22 mai 1990, on se ramasse à 1771.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, 18 mai.
M. Paré: Vous voyez que... 18 mai, vous voyez que je vous
écoute et je vous suis de près.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que vous
êtes frappé par le 20 mai, il a dû se passer quelque chose,
à un moment donné, dans votre vie.
M. Paré: Le 20 mai? Ça dépend quelle
année.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: II ne faut pas parler là-dessus, j'ai
l'impression qu'on pourrait en parler plus d'une heure. Il y a diminution par
rapport, maintenant, à ce qu'on appelle la liste d'attente à
l'évaluation. Parce que quand on... La liste d'attente des signalements,
je dois vous dire qu'il faut les prendre quand ils viennent et plus il va y
avoir des besoins, comme je disais au début - j'espère de tout
mon coeur que non - mais il y a des risques que ça ne diminue pas, comme
la situation d'appauvrissement et de difficulté économique
s'aggrave au Québec. Donc, ça, on ne peut rien y faire - bien, on
ne peut rien y faire, en tout cas - je vais essayer d'y répondre rapide-
ment, mais ça va venir selon les signalements.
Pour ce qui est du signalement en attente d'évaluation, vous nous
dites qu'il y a baisse. Là-dessus, quand on regarde le journal du 12
avril 1990 - ça aussi c'est récent - et là, je vais citer:
"Deux facteurs expliquent la performance des CSS", explique M. Boucher. Les
deux facteurs ç'a dit en août dernier, avec 2 000 000 $ investis
par le ministère de la Santé et des Services sociaux, les DPJ ont
pu engager du personnel supplémentaire. Donc, au départ - ce
n'est pas moi qui le dis, je le cite - un des facteurs qui a permis les
résultats que vous êtes en train de nous donner, c'est, entre
autres, et c'est M. Boucher, qui est du CSS, qui le dit: "C'est les 2 000 000 $
qui ont été consacrés à la DPJ en personnel
supplémentaire". Et l'autre, c'est, en outre, la façon de faire
dans les CSS s'est améliorée, les intervenants sociaux mettent
quinze heures plutôt que vingt-cinq heures, pour évaluer un
dossier et leur travail est mieux encadré.
Là, j'en viens à ma question. J'aimerais qu'on m'explique.
Le lire, c'est quelque chose, mais j'aimerais, maintenant, qu'on me dise
comment on y est parvenu pour faire en sorte d'améliorer la façon
de faire et passer de 25 heures à 15 heures par dossier? Comment, en
termes pratiques, ça s'explique? Si on dit que les gens - en tout cas,
pour ceux que je connais, autant dans mon coin, dans ma région, et ceux
que j'ai rencontrés ailleurs - ce sont des gens qui ont un boulot
complexe, compliqué, pas facile parce que c'est très humain par
rapport aux contacts qu'ils ont pour chacun des dossiers.
Il ne faut pas l'oublier, ce sont des dossiers d'enfants
maltraités, qui sont rapportés et ils doivent maintenant
être des intervenants qui s'immiscent dans un vécu de base,
c'est-à-dire la famille. Comment, maintenant, on peut arriver avec une
norme où on dit que chaque dossier est traitable, maintenant, sur une
base horaire qui nous fait économiser 10 heures par dossier? J'aimerais
ça qu'on m'explique comment c'est faisable. (17 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez,
là-dessus, mol, j'ai participé à des rencontres. On m'a
donné des résultats par les officiers du ministère et,
évidemment, ce qui m'avait frappé, à l'époque,
c'était des manières différentes d'intervenir d'un CSS
à l'autre. Déjà ça me chatouillait, parce que,
j'imagine qu'un jeune qui a besoin dans la région
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie et un jeune qui a besoin dans les
Laurentides, il y a peut-être de fortes chances que ça puisse
demander les mêmes techniques d'intervention, et les mêmes temps
d'intervention. Ça, le ministère est arrivé, à dire
qu'il fallait donc tenter d'uniformiser, en collaboration avec les CSS. Ce qui
a été fait. Et ça, je pense, donne déjà des
résultats très intéressants a ce niveau-là. Quant
à la technique avec laquelle on procède, est-ce
toi, maurice, qui va répondre? je vais vous laisser entre les
mains de m. boisvert, qui est un spécialiste, qui a fait une partie de
sa vie dans les css, donc qui sait comment ça marche, et qui est venu
montrer au ministère comment ça devait marcher. donc je vous le
laisse.
Rapport Harvey
M. Boisvert (Maurice): Voici, ce qu'on a signé, M. le
ministre, je pense, ce qui explique, au fond, une plus grande efficience,
c'est, au fond le rapport Harvey, ou les conclusions du rapport Harvey, qui
font... vous me déconcentrez... qui font en sorte que, maintenant, on
est capables de réduire, de façon importante, le nombre d'heures
consacrées à l'évaluation. Mais ce n'est pas de cet ordre
là, de 25 heures à 15 heures. Il y a ici M. Boucher, justement,
qui a été interviewé et qui nous dit que ça n'est
pas une réduction de cet ordre-là. Sauf que, il faut
reconnaître qu'il y a quand même eu une amélioration
importante. Si ce n'était que, par exemple, par un meilleur
mécanisme de filtrage à l'entrée, de sorte qu'on priorise
mieux les cas. Il y a des évaluations terminales qui se font, de sorte
que ça prend beaucoup moins de temps. Et l'ensemble de ces
mesures-là fait en sorte qu'on a une meilleure, si vous voulez,
efficience dans notre système. Alors, c'est donc tout un ensemble de
mesures qui fait qu'on est capables de mieux intervenir.
Et lorsqu'on a rencontré l'ensemble des CSS, M. le ' ministre y
faisait allusion tantôt, rencontre qui a eu lieu au cours des derniers
mois, on les questionnait sur un certain nombre de paramètres. On leur
demandait de revoir un peu certaines façons de travailler, de voir les
choses, comme, par exemple, des aspects importants en ce qui a trait, entre
autres, à la judiciarisation de certains cas. On se rendait compte, par
exemple, qu'il y avait une disparité importante d'un CSS, ou d'un
directeur de la protection de la jeunesse, à l'autre, en ce qui
concernait les taux de judiciarisation. Donc, des pratiques très
différentes, qui ont une incidence importante sur les durées, si
vous voulez, d'évaluation à cette première
étape-là. Par exemple, si vous avez des taux de judiciarisation
de près de 75 % des cas, alors que la moyenne provinciale peut
être, mettons 50 %, vous voyez, donc, qu'il y a une incidence majeure de
ce mode de pratique là, sur votre productivité, entre guillemets.
Alors, ça c'était, si vous voulez, un indice où un
élément qu'on regardait.
Les autres éléments aussi, qui sont importants dans cette
analyse-là, c'est de voir comment les partenaires, autour du CSS,
intervenaient ou faisaient leur boulot, si vous voulez, par rapport à
cette clientèle-là. On s'est rendu compte, par exemple, et on se
rend compte encore aujourd'hui, que plusieurs partenaires avaient tendance, si
vous voulez, à systémati- quement laisser aller les
bénéficiaires, ou les clients, vers cette porte d'entrée
qui était le CSS, qui était le DPJ. Et bien sûr c'est un
peu, ce que j'appelle, chez nous, le syndrome Hygrade,
c'est-à-dire que plus les gens y vont, plus, naturellement, ils sentent
qu'il y a des services qui se donnent et qu'ils vont avoir des réponses,
et plus les gens y vont. De sorte que, ça avait comme une espèce
de... un phénomène de déresponsabilisation des partenaires
dans le milieu, qui fait en sorte que ça venait, aussi, gonfler de
façon importante les listes d'attente et qu'on assistait à une
augmentation, de façon systématique depuis les dernières
années, des listes d'attente. Donc, je vous donne un peu, là,
quelques exemples de ce qu'on a fait et ce qu'on a questionné, avec les
CSS et voir comment est-ce qu'on pourrait améliorer ça, et en
mobilisant, justement, ces autres partenaires-là.
Donc, si on regarde en termes d'avenir, M. le ministre disait dans son
introduction hier, qu'on n'investira pas nécessairement dans notre
système lourd, ou dans ce que j'appelle l'artillerie lourde, qui est le
système de protection de la jeunesse, mais il va falloir, dès
maintenant, penser à aller vers ce que vous disiez, tantôt, les
ressources dites de prévention. Aller vers la première ligne,
faire en sorte que l'intervention se fasse d'abord là, pour
éviter que les clients se retrouvent dans notre système de
protection de la jeunesse. Ainsi donc, on va être capable, je pense,
d'améliorer et on va être capable, à un moment
donné, de suffire à la tâche, sans nécessairement
rajouter de l'argent neuf. Et s'il y a des sommes d'argent, en tout cas, dans
l'avenir, qu'il faille investir, c'est davantage à ce niveau-là
qu'il va falloir les mettre que dans le deuxième niveau.
M. Paré: C'est intéressant mais ça
soulève bien des questions, je dois vous dire, par rapport à tout
ce que vous venez de dire. Je ne sais pas par quel bout commencer parce que
j'ai bien des questions, mais je vais aller tel que c'est là. Pas parce
que je ne rêve pas qu'il n'y en ait plus de listes, Au contraire, je l'ai
dit dès le début. J'espère qu'il n'y en aura plus non pas
parce qu'on les aura éliminées mais parce qu'on aura
réglé le problème à la source. On aura fait en
sorte qu'il n'y ait plus de nécessité de signalement. Sauf que,
malheureusement, on n'est pas rendus là. Il y a encore des signalements
et...
M. Côté (Charlesbourg): C'est peut-être un peu
utopique aussi.
M. Paré: Oui, c'est certainement utopique, sinon ça
voudrait dire qu'il n'y aurait plus de problèmes et tout le monde va
être parfait. On va voir ça quand on va être mort. Mais, par
contre... Et ça, c'est très... je ne sais pas comment le dire....
En tout cas, je ne veux pas
être méchant, absolument pas, sauf que quand on joue avec
des listes, c'est relativement complexe et ça permet de dire bien des
choses. Je prendrais juste... J'étais en commission parlementaire, la
semaine passée, et quand on prend des listes dans les HLM... Mais je me
rends compte que ce n'est pas ça, là. Je fais un parallèle
qui n'est pas très très correct...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. C'est ça que
j'allais vous dire, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Mais je vous le dis que quand on parle de
listes... Et c'est pour ça que j'ai bien des questions à vous
poser là-dessus. Les listes de HLM, c'est bien sûr, on va les
diminuer de moitié, pourquoi? On va faire en sorte que les gens ne
puissent plus aller dessus en diminuant les revenus. Ça, c'est une
façon d'éliminer des listes. Là, je me dis: Moi, je suis
bien prêt à ce qu'on élimine des gens sur les listes
d'attente d'évaluation, en autant que la façon dont on va
procéder va donner le même service et la même
qualité.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Et vous avez
cité, tantôt, le Conseil des affaires sociales. Je me rappelle, je
n'étais pas nécessairement ici, je pense que j'étais en
semaine de vacances, cet hiver, quand ils l'ont sorti. Ce sont eux, aussi, qui
ont interpellé des familles du Québec en parlant du nombre de
signalements qu'il y avait au Québec par rapport à l'Ontario.
Ça aussi, c'est une autre responsabilité extrêmement
importante qui relève des familles et qui fait que, effectivement,
peut-être que la seule et unique porte d'entrée était,
à ce moment-là, les CSS et qu'il y a, à ce
niveau-là, une certaine éducation à faire. Mais je peux
vous certifier... Parce que moi aussi, quand j'ai vu baisser ça de cette
manière-là, je n'ai pas besoin de vous dire que j'ai
déjà vu neiger un peu, et je me suis posé la question,
j'ai dit: Coudon, ils sont rendus où? Est-ce qu'on les a mis dans les
garde-robes ou si, effectivement, ce sont des cas qui ont été
examinés et qui ont été traités? Parce qu'à
chaque fois qu'on a examiné la liste, on s'est dit: II y a des chiffres,
mais il faut voir la qualité - ce n'est pas péjoratif, là
- mais la qualité des gens qui sont sur la liste d'attente. Et,
effectivement, est-ce qu'on signale pour signaler et puis que c'est facile de
le faire de cette manière-là? À ce moment, le traitement
se fait, bien sûr, beaucoup plus rapidement et exige beaucoup moins de
temps en termes de... Et une partie des ressources... Quand on parle de 1 et 2,
ce sont les cas les plus graves qui sont signalés et ceux-là sont
traités plus rapidement. Donc, normalement, dans les autres, ça
nécessite définitivement moins d'heures. Et moi non plus, je
n'accepterais pas qu'on diminue la liste en sacrifiant la qualité. Mais
ça, évidemment, c'est une question d'être professionnel. Je
ne peux pas interroger, demain matin - je sais que ce n'est pas ce que vous
demandez - le professionnalisme de chacun des intervenants de l'ensemble des
CSS, y compris du ministère. Moi, je pense que la boîte avait
besoin d'être brassée un petit peu. Elle l'a été,
elle a compris le message et elle a fait un travail fantastique. Pour une fois
que ça arrive, disons-le et rendons-leur hommage. Plus souvent
qu'autrement, on dit toujours que les fonctionnaires ne font rien. Cette
fois-ci, c'est une démonstration très claire qu'ils ont pris
leurs responsabilités entre leurs mains. Et on est à 1771,
peut-être encore moins que ça, mais ça cache d'autres
affaires. Je vais vous le dire, je vais aller jusqu'au bout, moi. Je n'ai pas
de... Il en reste encore à traiter, sur la liste, qui ont des
délais inacceptables. C'est ça qu'on veut tenter
d'éliminer une fois pour toutes. Il y en a 35 %, en moyenne, qui ont
plus de six mois, 21 % de trois à six mois, et 43 % de zéro
à trois mois. On est bien contents de ce qu'on a fait jusqu'à
maintenant, mais on se dit une chose: Il y a un 35 % qui est achalant. Et c'est
à ça qu'il faut s'adresser et on n'a pas eu le temps de passer
à travers l'ensemble de la liste. C'est ce que les gens sont
après faire. Donc, quand on aura fini l'opération totale, ce sera
probablement plus 1700, ça va peut-être être 1100, 1200,
1300 ou à peu près: 1200. Là, mol, Je pense qu'on est dans
une situation un petit peu plus confortable. On va dire: On a pris nos
responsabilités, tout le monde, comme partenaires, et on a
réglé une situation qui était alarmante. Après
ça, on dit: Bon, ayant stabilisé la situation, on peut envisager
ce par quoi vous avez commencé votre entrée cet
après-midi, au niveau des crédits, commencer à penser
à faire des virages et on va être dans une situation plus
confortable pour le faire. C'est ça et c'est pour ça qu'on n'a
absolument rien à cacher de ce côté-là.
M. Paré: Tantôt, quand j'ai cité, quand j'ai
lu un texte, ce n'était pas de la commission des affaires sociales,
même si j'espère qu'on va avoir le temps d'y revenir tantôt,
j'aimerais ça qu'on en traite, c'était du comité de la
protection de la jeunesse.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais vous savez, si
j'avais parié de.. Quand vous avez parié de la pauvreté,
vous avez...
M. Paré: Ah! O. K. Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Parce que j'ai tout
ramassé ça en même temps.
M. Paré: Oui, mais je dois vous dire, moi, que je n'ai pas
de misère à croire les études qui ont été
faites globalement, en tout cas, quand on regarde la situation des gens. Vous
l'avez dit
vous-même tantôt, quand vous êtes allé vous
promener dans un certain comté, que je ne veux pas nommer, de
montréal. je dois vous dire, on a juste à regarder le taux de la
pauvreté à montréal, vous allez convenir avec moi qu'il y
a des problèmes sur lesquels il va falloir se pencher rapidement. mais
pour revenir à ça spécifiquement, ce qu'on est en train de
parler, la liste d'attente d'évaluation, on a diminué, on a dit
qu'on a pris des mesures. bon, on a mis 2 000 000 $ de plus. donc, on a mis de
l'argent, on a mis du monde. c'est déjà une bonne explication par
rapport au fait qu'on puisse procéder mieux, plus rapidement, être
plus rapides dans le traitement des dossiers. ça, c'est une chose.
l'autre, vous m'avez expliqué que, finalement, il y a disparité
régionale. dans certaines places, on est plus portés à
judiciariser que d'autres places et ça amène plus de
délais, plus de complications, plus de coûts. tout s'ensuit. mais
par rapport à ça, au fait qu'on ait réussi à
diminuer la liste, à uniformiser selon la première phase du
rapport harvey, ça s'est produit comment? est-ce que c'est parce que
là où on l'a diminué, c'est parce qu'il y avait plus de
monde? même si on a donné des directives, ce sont des directives
qui sont venues par rapport à des nouvelles façons de traiter des
dossiers, par des directives, par des normes, par des rencontres de formation
par rapport aux gens qui l'ont à l'appliquer sur le terrain, parce que
c'est quand même un virage qui mérite d'être
expliqué. moi, je vais conclure cette question-là de la
même manière que vous, m. le ministre. moi, je n'ai jamais mis en
doute, vous ne m'avez jamais entendu dire ça dans aucun ministère
où j'ai été critique, et je ne le ferai pas ici non plus,
parce que je connais trop les gens qui sont là-dedans, je l'ai dit
tantôt dans mon autre intervention, le travail qu'ont à faire ces
gens-là, c'est admirable. nous, on a les cas qu'on délègue
à ces gens-là; c'est triste à brailler et c'est
pénible. j'imagine les gens qui ont maintenant à trouver des
solutions à ces gens-là, comment c'est difficile. donc, moi, je
ne pense pas que les gens ne font rien, qu'ils sont là pour ne rien
faire. ils ont quelque chose à faire, je le sais. je n'ai pas de
critique à faire.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas aller trop
loin non plus. Ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de
défaut.
M. Paré: Non, non, non. Bien non, ils sont vivants.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Juste d'être vivants, ils ont
déjà des défauts. Ça, c'est reconnu. Dès
qu'on souffle, on a au moins les défauts de nos qualités. Ce
n'est pas une critique, ce n'est pas non plus une crainte par rapport à
la façon dont ils vont agir.
C'est peut-être plus... C'est une autre question dans mon
"comment". Vous nous avez dit que vous avez fait des paris en janvier, mais
vous avez dû aussi fixer des objectifs précis. Comment
définissez-vous les objectifs que vous avez pu vous fixer par rapport
à la liste d'évaluation?
M. Boisvert: Je pense que ce qui est important de dire c'est que,
l'an passé, au cours de l'été, il y a eu une rencontre de
l'ensemble des CSS où chaque CSS s'est engagé à appliquer
le contenu du rapport Harvey. On attendait un engagement formel de la part des
CSS par rapport à ce rapport-là, donc pour changer justement le
processus, pour qu'il soit d'abord uniforme d'un CSS à l'autre mais
qu'il soit surtout, je pense... donc nécessité d'améliorer
le processus. Et ça, il y a eu un engagement formel de la part des CSS
et des conseils d'administration avec, justement, aussi une volonté de
l'implanter avec des échéanciers. Bien sûr, quand on change
un processus, le changement ne se fait pas sentir dans les semaines ou dans les
mois qui viennent. C'est souvent sur une longue période que ces
résultats se font sentir, et on sent donc aujourd'hui les effets
positifs, bénéfiques de ce qu'on a mis en place en cours
d'année, l'an passé. (17 h 45)
II y a eu aussi, en cours d'année, un programme de formation
réseau, qui regroupait non seulement les intervenants de la protection
de la jeunesse des CSS, mais c'était aussi des formations qui
étaient données à l'ensemble des gens du réseau qui
étaient, qui sont impliqués par rapport à la protection de
la jeunesse. Donc, cela aussi a un effet. Quand on disait tantôt qu'on
voulait que l'ensemble du réseau, dont le réseau des CLSC, pour
en parler, s'approprie aussi cette clientèle-là, s'en
préoccupe, que ça devienne pour eux des priorités dans
l'ensemble de leurs... pour l'ensemble de leurs clientèles, donc les
formations-réseaux ont permis - et ça se continue encore - de
rapprocher davantage les intervenants sur une même base.
Bien sûr, on questionne, puis, lors des rencontres, on a
questionné les gens par rapport à un certain nombre
d'indicateurs, pas pour leur donner un bulletin, un bon bulletin de passage,
mais pour qu'eux-mêmes en arrivent à être capables
d'apporter les ajustements qui s'imposent.
En parallèle à tout ça, ce qu'on est en train de
faire aussi - et on devient, comme ministère, de mieux en mieux
équipé pour être capable de vraiment suivre les
opérations et les gérer, on est en train actuellement de mettre
en place un système d'information - clientèle, qui va nous
permettre encore, au cours des prochaines années, de mieux suivre et de
mieux voir évoluer la situation. Alors, autant de mesures... il y a tout
un ensemble de mesures qui ont été prises, qui fait en sorte que
c'est un peu ça qui
donne des résultats aujourd'hui, c'est un peu l'aboutissement
attendu de certains objectifs qu'on s'était fixés l'an
passé avec les gens du réseau pour en arriver là.
Je pourrais vous parler aussi de toutes les études
complémentaires qui sont faites, entre autres, sur l'encadrement, au
chapitre de la protection de la jeunesse. Comment est-ce qu'on doit encadrer
ces gens-là? Vous avez parlé tantôt que vous admiriez les
gens qui travaillent dans ce secteur-là. Il y a de sérieux
problèmes qui se posent sur la façon dont on encadre le
personnel. On constate, par exemple, qu'il y a un taux de roulement Important
de ce personnel qui travaille à l'accueil évaluation et
orientation, à cause, justement, du contexte particulier dans lequel ces
gens-là évoluent. Donc, on va regarder, on regarde actuellement
comment on peut améliorer l'encadrement professionnel des gens qui
travaillent dans les services de protection.
Même chose aussi, on a des études complémentaires
sur les mesures d'urgence qui sont prises, sur le choix des mesures. Je vous
parlais tantôt de la judiciarisation ou non-judiciarisation: il y a
peut-être moyen, en tout cas, je pense, ensemble, de voir comment on peut
avoir des pratiques qui soient uniformes. Qn se questionne aussi sur ce
phénomène de judiciarisation, même avec le ministère
de la Justice. Dernièrement, il y avait une rencontre avec les gens de
la justice, justement à la suite du dépôt du rapport de la
Commission des droits, où l'on se questionnait sur ce
phénomène de judiciarisation, et je dois vous dire que c'est une
préoccupation qui n'est pas seulement chez nous, mata qui implique aussi
l'ensemble des partenaires, dont ceux de la justice.
Bon, alors, je pourrais aussi... Par exemple, on a
amélioré la bureautique dans les CSS: ce sont des choses qui font
que ça améliore la productivité. Ça, ce sont autant
de moyens concrets qui font que ça a permis l'amélioration qu'on
constate aujourd'hui.
H. Paré: Oui, merci pour les précisions.
Quand je reprends ce que vous avez déclaré, M le
ministre-Une voix: M. le ministre. M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M, Paré: Quand je reprends ce que vous avez
déclaré: "Notre investissement futur pourrait désormais
toucher d'autres partenaires susceptibles d'agir dans le domaine de la
prévention et de l'intervention de première ligne". Quand on
parle "d'autres", c'est "es"; pouvez-vous les identifier?
M. COté (Charlesbourg): J'ai dit ça où,
moi?
M. Paré: Hier, dans votre discours d'entrée, pour
la preuve que je vous suis vraiment, même à la radio.
M. Côté (Charlesbourg): Bon Ce n'est pas uniquement
l'affaire du ministère. La prévention, ce n'est pas uniquement
l'affaire du ministère. C'est une responsabilité première
du ministère, mais il y a toute une série de partenaires, tant du
privé que du réseau. Le réseau, on peut penser, demain
matin, aux CLSC, aux écoles. Les écoles font partie du
réseau où il doit se faire de la prévention. Ça,
ça me parait être des partenaires autres, avec un "s", qui doivent
définitivement prêter main forte au ministère. Ce n'est pas
une responsabilité qui est unique; elle doit se partager, cette
responsabilité-là.
M. Paré: Elle doit, mais, de façon plus
précise? C'est évident que c'est une préoccupation qui
doit être partagée par à pou près tout le monde, que
ce soit les écoles, les autres institutions, les organismes
communautaires. Sauf qu'il y a quelqu'un qui doit encadrer, effectivement.
Donc, c'est le CSS. Mais le lien normal ou habituel par rapport aux
écoles, c'est le CLSC, et monsieur l'a mentionné
spécifiquement tantôt. Est-ce que, parmi les partenaires de
première ligne, les CLSC sont des gens très importants par
rapport à la vision que vous avez? Et si oui, jusqu'où voyez-vous
le rôle des CLSC par rapport à ce dossier-ci?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Une chose est certaine,
c'est qu'on a dit que les CLSC deviendraient l'une des portes importantes
d'entrée du système. Ça, c'est vrai. Il s'agit maintenant
de le matérialiser dans la réforme sur le plan des structures et
sur le plan de ce que nous allons faire. Ça m'apparaît toujours
vrai aujourd'hui tout en considérant qu'au niveau de la jeunesse la
majeure est très fortement répandue et le CSS, mais qu'il y a,
dans ces cas ci, comme dans d'autres cas, d'autres situations, il doit y avoir
nécessairement une complémentarité entre les
différents éléments du réseau que sont les CLSC et
les CSS... organismes communautaires. Parce que les organismes communautaires
en font passablement aussi et on se l'est fait dire en commission
parlementaire.
M. Paré: Ah, bien, oui Moi, je pense que dans le
réseau, toutes les institutions sont complémentaires, surtout que
les CLSC doivent traiter aussi des différentes classes ou les
différents groupes de bénéficiaires. Je pense, je vous dis
tout simplement par rapport non pas à avoir assisté à la
commission, je ne sais même pas si vous avez passé ce
réseau-là, je dois vous dire, mais ce que j'ai cru comprendre,
par contre, au CLSC, on semblait leur donner comme priorité pour cette
année, à eux autres, les soins à domicile, donc, c'est
plus spécifiquement la clientèle du troisième
âge.
M. Côté (Charlesbourg): On parle...
Évidemment, vous parlez de cette année. Mais, moi, je vous dis
que. la réforme... On a toujours dit que les premières mesures
à effet budgétaire seraient en avril 1991 et le gros, en avril
1992. On ne peut pas penser faire un virement aussi important que
celui-là en plein milieu de l'année. Lorsqu'on regarde de
manière très réaliste ce qui va se passer avec le
dépôt à l'automne de la réforme, le projet de loi
qui sera déposé à l'Assemblée. Ce n'est pas un
projet de loi de 15 articles. C'est un projet de loi qu'on peut estimer
à 900, 1000 ou peut-être 1100 articles au niveau de la loi. Et ce
n'est pas moi qui vais précipiter l'adoption de la loi. Je veux le
concours de tout le monde; on va se questionner pour tenter de répondre
et voir ce qui, là-dedans, est correct ou pas. S'il y a des questions de
principe, eh bien, finalement, la majorité tranchera, dans le
système démocratique où on est, mais, on va l'adopter.
Donc, il est impensable de penser qu'avril 1991, on puisse avoir des gestes
majeurs sur le plan budgétaire. Ça ne nous empêche pas,
entre-temps, et ça, je l'ai dit, de poser des gestes qui ne
nécessitent pas d'ajout d'argent, mais davantage lier les allocations
d'argent en fonction de la réforme, et c'est ce qu'on va faire. Donc, il
est clair que, cette année, les CLSC ne sont pas touchés sur le
plan budgétaire, mais qu'ils le seront à partir d'avril 1991 et
de manière plus substantielle, en avril 1992. Ça, c'est clair. Le
maintien à domicile devient la première priorité des CLSC,
c'est clair. C'est vrai aujourd'hui, c'est vrai demain et ça va
être vrai dans cinq ans. C'est la vocation première des CLSC.
Il n'empêche que vous avez, dans certains cas, des CLSC... On va
prendre un exemple. Dans le comté de Saint-Henri, l'expérience
tout à fait exceptionnelle que nous subventionnons, grâce aux
efforts répétés de la députée, où on
s'occupe des femmes enceintes: un programme spécial, pilote, où
l'objectif est, fondamentalement dans une région qui a une
économie pauvre, plus pauvre, à tout le moins, de prendre en
charge des femmes qui sont enceintes pour leur éviter d'avoir des
bébés de petit poids et, finalement, faire ce qu'il faut en
termes de support et ainsi éviter toute une série de
problèmes après. Ça, c'est du préventif. Donc, il y
a possibilité au niveau des CLSC d'en faire aussi, mais qui vont
conditionner toute une partie de la vie par la suite. C'est un exemple; il y en
a d'autres.
M. Paré: Vous êtes en train de reconnaître un
peu, quand même, que dans le rapport de la Commission des affaires
sociales, il avait été spécifié que, dans ce
quartier, entre autres, il y avait une situation d'urgence par rapport au
danger à la naissance, à la malnutrition à cause de
l'appauvrissement et à l'espérance de vie qui est de beaucoup
différente de celle d'autres quartiers tout proches.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon, je
vais vous dire une chose: ils n'ont rien inventé; c'était connu
avant même qu'ils l'écrivent. Alors, évidemment, ils ont
été des gens qui ont reproduit et publicisé davantage un
phénomène qui était déjà bien connu. C'est
ce que je reproche, entre autres, dans ce rapport-là.
M. Paré: Moi, je dois vous dire que je ne reproche pas
qu'on informe, parce que ça va rendre les gens beaucoup plus sensibles
à une situation qui est réelle.
M. Côté (Charlesbourg): Moi non plus. Deux
Québec dans un, moi, j'ai vécu ça, je suis originaire de
la Gaspésie. Deux Québec dans un, ça n'a pas pris la
Commission des affaires sociales pour me démontrer ça... Le
Conseil des affaires sociales. J'ai appris ça sur le tas, moi, en
Gaspésie, étant jeune, qu'il y avait deux Québec dans un.
Évidemment, si on veut avoir un organisme qui va à nouveau
rééditer des exploits, puis l'édition d'un livre
passé ou d'un vécu, je ne suis pas sûr que c'est à
ça qu'on s'attend. Et j'aurai très prochainement des opinions
à émettre aussi sur "agir ensemble". On va y venir, on va se
retrouver.
M. Paré: Là-dessus, je vais juste vous passer le
commentaire que tout le monde n'a pas la chance comme vous - si c'est une
chance - d'être organisateur, puis d'aller passer une campagne
électorale dans Maisonneuve. Donc, les gens de Québec n'ont pas
eu l'occasion de découvrir sur place une constatation que vous avez
faite, qui, maintenant, est connue, quand on lit, au niveau de la
pauvreté de certains quartiers de Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous savez
pourquoi je me suis retrouvé organisateur, puis que j'ai pu faire
plusieurs comtés? C'est parce que les gens de la Gaspésie m'ont
rendu service: ils m'ont battu, en 1976.
Des voix: Ha, ha, ha!
Évaluation
M. Paré: Là, je n'ai pas de commentaire. Je vais
garder ça pour un autre moment. Spécifiquement, par rapport
à ce qui a été dit tantôt, juste une explication
sur... J'ai pris des notes à mesure que vous m'avez expliqué la
façon dont, techniquement, on en est venu à augmenter
l'efficacité et l'efficience au niveau de la protection de la jeunesse,
et il y a trois mots reliés qui m'ont frappé, ce sont "filtration
à l'entrée". Comment, techniquement, ou comment,
concrètement, on fait une filtration à l'entrée?
M. Boisvert: Je pense que le terme n'est peut-être pas
approprié. Au fond, ce qu'on veut, c'est de s'assurer, de vraiment
s'assurer que les cas qui entrent dans le système de protection de la
jeunesse sont vraiment des cas de protection de la jeunesse, et non pas des cas
qui pourraient être assumés par d'autres ressources dans le milieu
qui peuvent être des organismes communautaires, qui peuvent être
des organismes du réseau. Ça peut être des CLSC, par
exemple. Donc, je parlerais peut-être plus d'une meilleure
répartition ou d'une meilleure orientation des gens vers tes services.
C'est un petit peu dans ce sens-là. Donc, éviter que, un peu
comme on le disait tantôt, la protection de la jeunesse soit la porte
d'entrée unique et qui alimente, en quelque sorte, les services de
protection de la jeunesse. Donc, c'est important qu'on réussisse
à s'adresser ou à s'intéresser aux véritables cas
de protection, en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse. La Loi sur
la protection de la jeunesse est une loi d'exception qui s'intéresse
à tous les enfants du Québec, mais il y a aussi une autre loi,
qui est la Loi sur les services sociaux et de santé, où on peut
aussi desservir ou donner des services aux jeunes qui sont en besoin d'aide
sans nécessairement être en besoin de protection. Alors, c'est un
peu ce que je voulais dire tantôt. Ce n'est pas dans le sens
d'aliéner, si vous voulez, le sens ou toute la portée de la Loi
sur la protection de la jeunesse. Ce n'est pas du tout dans ce sens-là,
mais véritablement de mettre le maximum de nos énergies sur les
cas qui ont véritablement besoin de protection.
M. Paré: Quand on parlait des listes d'attente,
tantôt, j'ai dit qu'il y avait comme des étapes: signalement,
évaluation et, ensuite de ça, prise en charge. À la toute
dernière date, donc... probablement au 15 mai ou au 18 mai, là...
au 18 mai 1990, on avait un chiffre par rapport à l'attente
d'évaluation. C'est quoi le dernier chiffre par rapport à la
liste de prise en charge? (18 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Le 18 mai, c'est 870; donc,
à peu près une centaine de moins qu'au 5 janvier. Pour expliquer
le phénomène, je pense qu'il faut regarder deux choses. D'abord,
il devrait, normalement, y avoir une relation directe ou indirecte - prenez-le
comme vous voulez, mais en tout cas - sur le nombre de signalements qui n'ont
pas fait l'objet d'une analyse et, à partir du moment où vous
diminuez cette liste-là, ça devrait avoir des conséquences
sur la prise en charge. Malgré le phénomène de la liste,
qui est passée à moins de 2000, à 1700, on se retrouve
qu'on a réussi, pendant cette période-là, à
baisser, d'une centaine de cas, la liste en attente de prise en charge. Il en
reste tout de même, et c'est important, 870 qui attendent d'être
pris en charge, et ça, c'est une situation réelle et qui suscite
qu'on s'y attarde encore davantage qu'on l'a fait Jusqu'à
maintenant.
M. Paré: Je suis content d'entendre vos derniers propos
parce que, si ça avait été: On a diminué, bravo. Je
dois vous dire... Parce que, là, prise en charge, ça veut dire
que...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M, Paré:... l'évaluation faite, ça demande
une intervention rapide par rapport à des gens qui sont menacés,
aux niveaux physique, psychologique et moral.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Paré: Qu'il y ait 870 jeunes, connus,
identifiés, dont l'évaluation a été faite, et qui
sont encore dans l'état de menaces sur lesquelles on les a pris,
découverts, ou sur lesquelles ils ont été
dénoncés, il y a des cas qui sont....
M. Côté (Charlesbourg): N'allez pas trop loin
là-dedans. Moi, je suis très ouvert et, effectivement, tant et
aussi longtemps qu'il y en aura un en attente de prise en charge, c'est un de
trop. On se comprend là-dessus. Évidemment, quand ils sont en
attente de prise en charge, il faut laisser le minimum de jugement à nos
intervenants - ceux que vous avez qualifiés tantôt, ce sont les
mêmes...
M. Paré: Ah, oui?
M. Côté (Charlesbourg):... qui avaient un sens
très important du travail et un bon jugement, qui faisaient une maudite
bonne job. C'est vrai, mais c'est toujours vrai aussi dans la prise en charge,
ça continue, là.
A partir de ça, les cas qui sont les plus susceptibles d'avoir
une atteinte à l'intégrité physique ou morale d'un jeune,
bien sûr, sont pris en charge très rapidement, dans l'espace de 24
heures, dans le cas d'un, de 48 heures, dans le cas de deux. Dans le cas d'un,
ce sont des abus sexuels. Dans le cas de deux, c'est de la violence physique.
Donc, un instant, là. Ceux qui sont là, ce ne sont pas des abus
sexuels et ce n'est pas de l'abus physique. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des
cas... que ce ne sont pas des cas dont on doit se préoccuper... Si on a
pris la peine de les retenir, c'est qu'l y a quelque chose là. Mais je
veux qu'on place, véritablement, ce qui se passe dans la bonne colonne
exactement.
M. Paré: Effectivement, ce sont les mêmes personnes
qui s'en occupent, avec la différence que, très souvent -
moi-même pour en avoir contacté pour savoir ce qui se passe par
rapport à tels cas, qu'on n'énumérera pas parce que ce
sont des Jeunes et que ce sont des cas qui
n'ont pas à être mis sur la place publique - la
réponse qu'on me donnait, sur laquelle on ne pouvait pas intervenir
maintenant, c'est une question de fonds, c'est une question de
disponibilité, entre autres, dans les familles d'accueil où on
nous dit: II y a un moratoire. Là, vous nous dites qu'il y a 10 000 000
$ de moins. Si ce sont des gens qui sont en attente d'être placés,
il faut avoir les places pour les mettre, ce qu'on n'a pas
présentement.
Famille d'accueil
M. Côté (Charlesbourg): Un instant. On ne charriera
pas sur le moratoire. Le moratoire, il n'y a pas une place de moins. Le
moratoire dit qu'il n'y aurait pas de place additionnelle. Alors, si quelqu'un
est dans une famille d'accueil et s'en va, il y a quelqu'un d'autre qui peut
prendre la place. Parce que ça, elle est reconnue, cette famille
d'accueil-là, avec le nombre de places. Et, dans la règle, ce qui
avait été dit aussi, c'est que le sous-ministre, dans la lettre,
pouvait, lui, autoriser des places additionnelles dans la mesure où il y
avait des situations qui l'exigeaient.
Alors, il faut faire attention, là. C'est un moratoire, mais
c'est un moratoire qui a permis un certain nombre de choses, aussi, à ce
niveau-là, et qui nous a permis de rencontrer des familles d'accueil, de
rencontrer les CSS, de convoquer une rencontre des familles d'accueil et des
CSS, pour qu'on puisse discuter ensemble. Ça ne s'était pas fait.
Ça se faisait, familles d'accueil avec le CSS d'une région, mais
de toutes les régions du Québec, des familles d'accueil
représentées, de tout le Québec, avec les officiers
supérieurs du ministère, on a fait ça après les
Fêtes, pour être capables d'accorder nos violons.
Et de dire qu'effectivement... Et je le dis tel que je le pense, au
risque que ça me retombe sur le nez éventuellement; quelqu'un qui
ne parle pas, il n'y a jamais rien qui lui retombe sur le nez, et il ne fait
jamais rien, non plus. Une chose est certaine, c'est que le gouvernement du
Québec n'a pas reconnu, à sa juste et pleine valeur, la part des
familles d'accueil dans le passé. Et c'est ce qu'on a essayé de
faire, en travaillant avec eux. C'est ce qu'on défend maintenant dans
les instances gouvernementales, et j'espère qu'on pourra finaliser le
dossier très prochainement. Mais, là, il y a des besoins, et
ça nous a permis, là comme ailleurs, de définir un certain
nombre de choses sur le plan d'un minimum requis. Le répit pour une
famille d'accueil... On ne peut pas exiger d'une famille d'accueil qu'elle soit
là 365 jours par année sans lui accorder, à l'occasion, du
répit, puis qu'on le reconnaisse. Tu ne peux pas laisser aux familles
d'accueil, les responsabilités d'hébergement, avec tout ce que
ça comporte, et d'encadrement, uniquement par la bonne volonté et
la bonne foi d'une famille d'accueil. Ça prend un support sur le plan
des professionnels aussi. Donc, on s'est attaqué un petit peu à
tout ça et, là-dessus, il y a encore du chemin à faire.
Moi, je suis un de ceux qui vont travailler pour qu'on le fasse. Est-ce que je
serai capable d'aller jusqu'au bout? Je l'espère. En tout cas, on va
très certainement mettre l'épaule à la roue pour tenter
d'aller jusqu'au bout.
M. Paré: Moi aussi, je suis d'accord qu'ils font un
excellent boulot, qu'ils sont indispensables, sauf qu'un moratoire, vous allez
dire que ça n'enlève pas de place, mais ça n'en rajoute
pas, alors que les besoins sont grandissants. Quand vous avez dit,
tantôt, en commençant, et quand on regarde les budgets, que c'est
une diminution de 10 000 000 $ pour l'année à venir, par rapport
à aujourd'hui, c'est dans les chiffres que nous, on est capables de
constater.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, il faut faire
attention là, il faut faire attention. Les 10 000 000 $, ce n'est pas
une diminution du budget des familles d'accueil. Les 10 000 000 $, c'est une
situation de l'an dernier qu'il fallait régler. Nous sommes allés
chercher des crédits supplémentaires pour régler une
situation qui n'était pas nécessairement sous contrôle au
niveau des familles d'accueil et qui, annuellement... Savez-vous comment
ça marchait avant? Je vais vous le dire comment ça fonctionnait
avant. Il y a eu une période où il y avait 24 000 à 25 000
familles d'accueil au niveau du Québec, et c'était
particulièrement des jeunes, très majoritairement des jeunes,
à l'époque où il y avait encore des crèches, et
pratiquement pas de personnes âgées. Au fil des années, il
y a eu un renversement des tendances, davantage de personnes âgées
maintenant que de jeunes et avec, finalement, une prise en charge par le
ministère de l'ensemble de ces ressources-là. Donc, auparavant,
il y avait un budget qui était dévolu aux familles d'accueil, que
le Trésor, à chaque année, donnait et on jouait dans la
cagnotte. À la fin de l'année, s'il y avait 5 000 000 $ de plus,
on retournait 5 000 000 $ au Trésor, s'il y avait 6 000 000 $ de plus,
on retournait 6 000 000 $ au Trésor. Le Trésor était bien
heureux. Il disait: C'est extraordinaire, comment ça va cette
machine-là, ils nous retournent de l'argent. C'était efficace
parce qu'on retournait de l'argent. Mais, à partir du moment où
il y a eu un renversement des tendances, et qu'on a comblé tous les
postes, on s'est retrouvés, l'an passé, dans une situation de
ressources insuffisantes sur le plan financier pour être capables de
combler nos besoins. L'ajout, l'an passé, était en fonction
d'effets passés qu'il fallait corriger avec les ajouts
budgétaires et c'est ça qui a été fait. Donc,
à partir de ça, il faut quand même faire attention. Je vous
l'ai dit, au-delà des 81 000 000 $, on est en démarche, au moment
où nous nous parlons, pour finaliser un
dossier qui va ajouter à la qualité de vie des familles
d'accueil et, par conséquent, à la qualité de vie
éventuelle des bénéficiaires qui bénéficient
des familles d'accueil. C'est ça la démarche qu'on fait
maintenant, en parfaite harmonie avec les représentants des familles
d'accueil.
M. Paré: Une dernière chose, probablement, sur les
listes d'attente. Qu'on ait diminuer de 100 depuis Janvier, je dois vous dire
que c'est quelque chose, sauf que, quand on regarde les chiffres, ça va
en augmentant par rapport aux années précédentes. Ce sont
des chiffres qu'il faut aussi regarder. Si on regarde que c'était 140 en
mars 1988, c'était 846, en mars 1989, et, maintenant, on est à
870. Je dois vous dire que de ce côté-là...
M. Côté (Charlesbourg): II y a une croissance - vous
l'avez dit tantôt - il y a une augmentation des signalements. Par le fait
même, il y a une augmentation aussi des retenues. Il y a plus
d'évaluations, définitivement. Alors, à ce
niveau-là, il y a donc une conséquence directe sur la liste de
prise en charge, mais le ministère s'interroge. Je l'ai dit dans mon
texte - évidemment ce n'est pas le cru du ministre lui-même, c'est
celui d'experts qui sont autour de moi - où on dort regarder un certain
nombre d'intervenants pour la prise en charge. La prise en charge, ce n'est pas
juste institutionnel et ça doit être de moins en moins
institutionnel. Parce que, si on réussit à faire le virage dont
vous parlez, on n'en aura plus besoin, tantôt, pas du tout. C'est
utopique un peu, on se l'est dit, on se le répète, mais, en tout
cas, le moins possible, vous allez, dans ce cas-là, me faire investir
dans du béton. Donc, ça veut dire quoi, ça? Ça veut
dire peut-être davantage de familles d'accueil, puis ça veut dire
peut-être davantage aussi de prises en charge par le milieu. C'est
ça qu'il faut regarder, donc des choses qui sont plus
légères, moins lourdes. C'est dans ce sens-là que le
ministère s'oriente au cours des prochaines années et, par
conséquent, vous pouvez en faire davantage avec des budgets moindres. Je
pense que c'est ça, l'objectif.
M. Paré: Toujours sur le rapport Harvey, parce qu'on dit
que la première phase est maintenant mise en place, et... Les objectifs,
c'est l'amélioration de l'efficacité, de l'efficience dont on a
discuté tantôt, la fixation des délais maximum pour chaque
intervention - là-dessus on a dit que, finalement, ce n'était pas
nécessairement 15 par rapport à 25, mais, en tout cas, qu'on
essaie de raccourcir - puis la standardisation du fonctionnement des DPJ
à travers le Québec. On en a parlé un peu. Est-ce que de
vouloir appliquer de façon uniforme des standards à travers le
Québec dans le fonctionnement, c'est quelque chose de réaliste,
de faisable, étant donné la diversité des régions
et des problèmes?
Deux exemples: la Gaspésie, qui vit un problème de
décroissance et d'abandon de sa population jeune, et Montréal,
qui accueille des gens de communautés culturelles avec des
problèmes qui sont tout à fait différents.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez,
là-dessus... puis je laisserai peut-être compléter Maurice,
M. Bolsvert, pardon. L'une des problématiques que l'on a
soulevées au niveau de la réforme, c'était la
difficulté avec laquelle s'adaptait le réseau pour les nouveaux
défis. Et les nouveaux défis, c'était de combler les
besoins des communautés arrivantes, des communautés culturelles.
Finalement, on en a dit toute une série, mais il y avait celui-là
en particulier. Effectivement, on doit tenir compte de ces
spécificités-là, en particulier au niveau de la
région de Montréal, phénomène que tu ne retrouves
pas au niveau de la Gaspésie, ni du Bas-Saint-Laurent, ni même au
niveau du Saguenay-Lac-Saint-Jean, et pratiquement pas au niveau de la
région de Québec, non plus. Donc, il y a des cas très
spécifiques, quand vous faites allusion aux communautés
culturelles, puis ça, la réforme s'attaque à ça,
à la capacité du réseau d'être capable de les
atteindre. Quant au reste, M. Boisvert va vous répondre.
M. Boisvert: Je pense qu'on peut très bien avoir un
processus qui se ressemble dans l'ensemble du Québec, au fond. Puis je
pense que ce qui est important pour s'assurer qu'un enfant de la
Gaspésie ou un enfant de la région de Montréal ait droit
et accès aux mêmes services dans les mêmes durées,
bon, ça prend un processus qui soit uniforme dans l'ensemble de la
province. Ce qui n'empêche pas que, quant à la qualité ou
quant à la diversité ou les couleurs que ça peut prendre,
ça peut varier dans une région comme Montréal, bien
sûr, dans une région comme la Gaspésie. Mais il faut
absolument maintenir, à mon avis, un processus qui soit uniforme, si on
veut être capables de comparer, même si ce n'était que pour
permettre aux organisations d'être capables de se comparer, et pour nous
aussi, d'être capables de comparer les organisations et de vraiment voir
ce qui se passe. Mais ça, ça n'altère pas, à mon
avis, le service, ça n'empêche pas, justement, les régions
d'avoir des couleurs locales ou, en tout cas, d'avoir une façon
peut-être différente, une pratique qui peut être
différente. Mais, dans le processus, à mon avis, il faut
absolument avoir une même trame, une même trajectoire.
M. Paré: Malheureusement, on va être
obligés... Il reste juste 15 minutes, je ne pourrai pas aller au fond
sur le rapport Harvey, mais une dernière chose là-dessus. On a
parlé de la phase 1, qui est en Implantation, de la phase 2, qui va
l'être au cours des prochains mois, donc, on parle de l'automne. Et on
parle de l'implanter par rapport à une réutilisation et à
du fonction-
nement qu'on va améliorer. Il y a une foule de choses, et vous
avez dit que ce n'est pas une question d'argent. Malgré ça, qu'on
ne mette pas d'argent et qu'on puisse peut-être faire plus avec moins, ce
que j'espère, c'est quoi les objectifs que vous vous êtes
fixés? Est-ce que vous vous êtes fixés des objectifs ou des
paris que vous allez faire et qu'on pourrait connaître maintenant, par
rapport à ce qui va être à la phase 2 et qui va s'attaquer,
elle, à la prise en charge? (18 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Les gros paris, j'ai
décidé que je les prendrais après les vacances, parce que,
évidemment, il faut bien sûr que je m'occupe de mes vacances,
aussi. Donc, les nouveaux paris, ce sera à l'automne. Avec les
collaborateurs, c'est à l'automne qu'on va prendre un certain nombre de
décisions. On pourrait dire, à ce moment-ci, septembre et octobre
où on pourra, effectivement, prendre de nouvelles orientations ou de
nouveaux paris, si vous voulez.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président? Est-ce que
je peux vous poser une question?
Le Président (M. Gautrin): Pardon? M. le
député de Matapédia?
M. Paradis (Matapédia): Oui, oui. Le Président
(M. Gautrin): Merci.
M. Paradis (Matapédia): J'aimerais demander au ministre,
puisqu'il y a une somme sur les CSS, il y aura intégration au CSS
Bas-Saint-Laurent... Toute la partie du KRTB. Les gens aimeraient savoir si les
budgets qui étaient dévolus au KRTB, dépendant de la
région de Québec, seraient transférés de
façon totale pour le CSS Bas-Saint-Laurent?
M. Côté (Charlesbourg): Bon, il y a eu, au cours des
derniers mois, des discussions entre les CSS concernés, et aussi les
CRSSS, sur le plan du transfert des ressources. Évidemment, lorsque des
gens de Rivière-du-Loup ou du KRTB avait besoin de traitements ou besoin
de soins, c'était par la région 03 que ça se faisait et il
y avait des ressources, au niveau de la région de Québec, pour le
faire. Comme on se doit de respecter les limites des régions - et ce
n'est pas moi qui va prêcher le contraire - par conséquent,
ça prend des ajustements budgétaires, à la fois du CRSSS
03 qui, lui, perd une partie de sa clientèle, et du Bas-Saint-Laurent
qui, lui, reçoit une partie de la clientèle. Donc, un territoire
qui est ainsi transféré manque, sur son propre territoire, de
ressources. Et c'est à ça que nous nous adressons maintenant,
mais il m'apparaît évident qu'on ne peut pas faire un transfert
sans argent. Est-ce que ce sera la totalité des montants d'argent? Ce
que je vous dis, c'est que les deux CSS, avec les CRSSS, sont à
discuter, actuellement. Nous ferons des propositions, on va l'examiner. Dans la
mesure où ça nous convient, on le fera et, évidemment, ce
n'est pas pour diminuer la qualité du service qu'on voulait offrir aux
gens. Mais la situation est à se finaliser, au moment où nous
nous parlons. Il y a déjà des sommes qui ont été
prévues, en termes de transferts. Évidemment, le seul perdant,
dans ce genre d'exercice-là, c'est toujours le ministère. Et ce
cas-là ne sera pas différent des autres, puisque pour traiter des
dossiers, on a toujours besoin de plus d'argent que lorsqu'on transfère
les mêmes dossiers pour être traités par un autre. Donc, il
y a toujours des frais administratifs qui, évidemment, sont
difficilement tranchables. Le seul perdant, au bout de la ligne, c'est le
ministère, et le ministère va en assumer la
responsabilité.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que le transfert est
strictement en termes monétaires, ou aussi en termes de ressources?
M. Côté (Charlesbourg): Monétaires et de
ressources, les deux. Oui.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Shefford?
M. Paré: J'aimerais qu'on ait le temps d'aborder une autre
facette du dossier de la protection de la jeunesse, c'est-à-dire
l'insuffisance de ressources en ce qui concerne les centres d'accueil et de
réadaptation pour mésadaptés sociaux affectifs et jeunes
contrevenants. Dans ce dossier-là, on parle beaucoup et beaucoup trop de
transferts. Quand on parle d'environ 500 transferts par année, de gens
qu'on envoie d'une région à l'autre parce qu'on manque de
ressources dans les différentes régions du Québec... Donc,
le Comité provincial de coordination des admissions est obligé,
finalement, de suggérer et de coordonner - son nom le dit, d'ailleurs -
des déplacements. Et ça, à mon avis, c'est tout à
fait contraire aux objectifs de la Loi sur la protection de la jeunesse et de
la Loi sur les jeunes contrevenants, qui visent plutôt à
créer ou à établir la stabilité et la
continuité. Imaginez-vous, quand on prend des jeunes... Et je suis bien
placé pour en parler, étant donné que la région la
plus en manque et en besoin, c'est la Montérégie où, si on
prend les chiffres officiels, l'an passé encore - attendez un peu -
c'était 192, si je me rappelle bien. En 1988, on était à
192. Donc, 192 transferts, et il y en a, je dois vous le dire, ce n'est pas
très plaisant, et il faut le vivre ou voir ce qu'ont à vivre les
gens. Quand on dit des transferts, là, de gens qui partent - je vais
prendre un exemple - de Granby et qui se ramassent à Longueuil. Puis, de
Longueuil, le vendredi, les parents qui veulent aller les voir la fin de
semaine apprennent qu'il est en route pour Québec mais, mauvaise
surprise, il va se ramasser à Sept-îles. Je dois vous dire, pour
ce qui est de la stabilité, de la continuité et du support
familial, ou du support des intervenants de sous-régions, ce n'est
vraiment pas drôle. Et ça, ce sont des coûts énormes.
Vous le savez, c'est traumatisant pour le jeune, c'est traumatisant pour la
famille, c'est coûteux pour le gouvernement, et c'est probablement un
risque pour plus tard, par rapport au comportement de ce jeune qui va vivre une
expérience qui n'est pas plaisante. Je veux bien croire qu'on les
déménage même en avion et que ça leur permet souvent
de prendre l'avion quand ils ne l'ont jamais pris, sauf que ça n'a pas
de bon sens.
Quand je regarde dans le budget de développement 1990-1991, c'est
zéro, et on dit qu'il y a un manque de ressources. Là, oui, ce
sont des bâtisses, ce sont des lieux, ce sont des places que ça
prend pour pouvoir les loger dans leur région. Et là, on
s'aperçoit, bon, la Montérégie, ça n'a jamais
cessé et il faut faire quelque chose, c'est urgent, mais il y a
progression dans d'autres régions, et ça aussi, c'est
inquiétant. Centre du Québec, ça commence à
augmenter considérablement; mais maintenant, avec une progression assez
importante, Saguenay-Lac-Saint-Jean. Donc, il y a une région, au
Québec, depuis des années, on le sait, et c'est la seule, je
pense, qui est en croissance démographique ou une des seules qui l'est
d'une façon aussi importante ou, en tout cas, dont la population
grandit. Malheureusement, les problèmes qui sont reliés à
une population grandissante sont aussi là, mais les ressources, eux
autres, n'augmentent pas. Et d'autres réglons, maintenant, sont en
croissance de besoins... Pas de besoins, mais de demandes, enfin, de besoins
pour répondre aux demandes. Et là, on constate, cette
année, malheureusement, zéro sou, absolument rien en ajout de
crédits pour le développement. On va faire quoi, avec ce
problème-là? Comment on va régler ça?
M. Côté (Charlesbourg): C'est un problème qui
est réel et que je ne chercherai jamais à cacher, non plus, tant
qu'on n'aura pas des solutions permanentes. Je peux même vous dire que...
Vous avez parlé de 500 ou à peu près?
M. Paré: En 1988.
M. Côté (Charlesbourg): En avril 1990, le tableau
que j'ai me donne 537, dont 281 en Montérégie. Donc,
évidemment, on est pleinement conscients que la région qui a le
plus de problèmes est celle de la Montérégie. Et vous avez
raison, parce que j'ai même les régions de transfert: sur 281, il
y en a 149 qui sont dans la région 06A, donc, c'est l'île de
Montréal, ce n'est quand même pas dramatique dans ce
cas-là; 35 dans 06B; et 35 dans la région 05. Le reste, dans
d'autres régions: 22 à Québec et ainsi de suite. Je
conviens que Québec, ce n'est pas nécessairement dans le milieu
des gens. Les gens, un coup qu'ils y sont arrivés, veulent rester
à Québec. D'ailleurs, même les députés de
l'Opposition se battent avec acharnement pour être réélus
pour revenir à Québec. Donc, c'est un milieu de vie tout à
fait extraordinaire.
M. Paré: ...trop âgés pour être
traités par la protection de la jeunesse.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. C'est un milieu de vie
tout à fait exceptionnel, donc, je me questionne encore sur le fait que
la liste de récupération au niveau de la région de
Québec ne soit pas plus importante. Mais à partir de ça,
cette année, ce que nous avons dégagé en argent
additionnel pour s'adresser à ce problème-là, c'est 4 300
000 $, qui proviennent d'argent additionnel qu'on a eu, de réallocation
que nous avons à l'intérieur du ministère même.
Donc, on a commencé le principe de la réallocation pour
s'adresser aux principaux problèmes qu'on a. C'est donc 4 300 000 $
additionnels qu'on pourra Investir pour tenter de soulager certains
problèmes qu'on a actuellement.
M. Paré: Là, je ne veux pas faire de chauvinisme ou
donner l'impression de travailler pour mon coin, mais avec les chiffres que
vous avez donnés, est-ce qu'on peut espérer que les 4 300 000 $
vont d'abord aller à des projets dont on parle depuis longtemps, dont le
Centre d'accueil Saint-Bruno? C'est vraiment la Monté-régie, je
dois vous dire. Vous avez dû faire les calculs, ce que ça
coûte en déplacements de toutes sortes. C'est le
déplacement pour la famille, c'est bien sûr que c'est eux autres
qui paient, mais il y a le déplacement de l'Individu, le
déplacement des ressources... J'ai vu le cas où on envoie
quelqu'un à Québec pour la fin de semaine, on le ramène
lundi pour étudier son cas en évaluation, puis on le retourne
à Québec. C'est quelque chose qui coûte les yeux de la
tête. Est-ce qu'il n'y a pas moyen de penser à l'investir
maintenant, surtout quand on sait que les chiffres qu'on donne là, on
devrait même les multiplier par trois, si on tient compte des prêts
officiels de ressources entre les régions, qu'on ne comptabilise pas
dans les 500, mais qui sont aussi des transferts.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis très heureux
que vous souleviez le cas de Saint-Bruno, parce que ce n'est pas la
volonté du ministère qui a manqué pour le réaliser.
C'est - comment est-ce que je vous exprimerais ça pour ne blesser
personne, mais tout en étant assez incisif pour ne pas que ça se
reproduise? - la capacité d'accueil et d'ouverture d'esprit de certaines
villes à recevoir, à l'intérieur de leurs limites, des
institutions de cette nature. C'est ça, le
problème fondamental qu'on a eu. La volonté politique a
toujours été là, et la volonté y est toujours. Mais
lorsqu'on se bute à des gens qui ne veulent pas les avoir dans leur
cour, ça rend la situation passablement difficile. On me signale
à l'instant - et vous l'apprenez presque en môme temps que moi -
qu'il y a une municipalité de ce territoire-là qui a
manifesté son intérêt, son ouverture. C'est
déjà beaucoup, par rapport à ce qu'on a connu
jusqu'à maintenant. Donc, normalement, on devrait être capables
d'aller plus avant dans le règlement d'un dossier de manière
permanente, et on le souhaite. Ce n'est pas simple, que d'être dans cette
situation-là. Quant aux sommes additionnelles, bien sûr, une
très large part des sommes additionnelles dégagées vont
être affectées à la Montérégie.
M. Paré: O.K.. Quand on regarde les coûts
prohibitifs, finalement des déplacements qui sont là... C'est
sûr qu'à un moment donné, il faut dépenser
maintenant pour économiser plus tard, sauf que, c'est bien connu, tous
les gens qui ont investi savent que, finalement, l'investissement ne nous
coûte rien quand on fait des emprunts: c'est de l'immobilisation. Moi, je
pense qu'à un moment donné, il faut prendre le tournant et il
faut décider de le faire, et qu'il y ait 4 300 000 $, c'est mieux que ce
que j'avais vu dans les chiffres où je voyais zéro. C'est
sûr que ce n'est pas suffisant, et j'espère qu'on va s'attaquer
à ce problème-là qui, comme je le disais tantôt, va
à rencontre des objectifs mêmes qu'on s'était fixés.
Parce qu'on les vit. Je ne sais pas, dans les autres régions, si les
gens les vivent, mais moi, j'ai vu des cas, c'est difficile à expliquer
aux gens. Et ça, peu importe qui est au gouvernement, la même
chose que vous avez dite tantôt, et je partage ça. Comment on
explique aux gens qu'on met un jeune sur un avion pour l'envoyer passer une fin
de semaine ailleurs, quand c'est un jeune contrevenant? Je dois dire qu'il y a
quelque chose de démesuré dans le fonctionnement et qu'il faut
régler rapidement.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez raison, mais
ça fait appel à l'histoire de l'implantation de ces
ressources-là dans le milieu. Et, là-dedans comme dans d'autres
domaines, moi, je l'ai dit, en courte durée et en longue durée,
moi, je suis prêt demain matin à en fermer où il y en a de
trop pour en ouvrir où il en manque. Ça, je l'ai dit, et je le
répète, à part ça. C'est vrai dans ce
domaine-là, aussi. Ça peut même être vrai pour la
région de Québec, la région que je représente. Je
n'ai pas peur de ça, moi, c'est une question d'être rationnel.
C'est une question d'être rationnel sur le plan de ce qu'on a à
faire. Moi, d'aucune manière, je n'hésiterai dans des situations
comme celles-là. Mais évidemment, on a à vivre, parce
qu'ils ne sont pas sur des roulettes. Si tu as une place où il y a un
surplus, tu ne peux pas mettre ça sur des roulettes, le
déménager et l'amener dans la région où il en
manque. Il faut donc tenir compte de ça. Mais bien sûr, dans la
mesure où les opportunités seront là sur le plan d'en
fermer pour en ouvrir ailleurs, même dans ma propre région
à moi que je défends, la région de Québec, je suis
prêt à ça. Que ceux qui ont des oreilles entendent, et que
ceux qui sont installés dans ces maisons-là m'attendent, parce
qu'éventuellement, on se verra.
M. Paré: J'étais un de ceux qui, à cause de
la région d'appartenance, se battent pour l'équité depuis
longtemps. Vous êtes sûr que moi, j'ai bien compris.
Le Président (M. Gautrin): Alors, il est 18 h 30, vous
voulez terminer rapidement, remercier les gens, c'est ça?
M. Paré: Oui, exactement, remercier tous ceux qui ont
accompagné le ministre et qui nous ont fourni des réponses, et
remercier aussi le ministre. Effectivement, il a eu des réponses
claires. C'est sur quoi on s'est entendus au début. Je ne dis pas
toujours satisfaisantes par rapport à ce qu'on défend et ce qu'on
pense, mais j'espère - et je vous le dis sincèrement - que
l'objectif de faire plus avec moins que vous vous êtes fixé, vous
allez l'atteindre. Mais vous pourrez compter qu'on va suivre ça de
près.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon? M. Paré:
On va suivre ça de près.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, j'en suis
pleinement convaincu. Je suis habitué à ça, me faire
suivre de près.
Le Président (M. Gautrin): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures. Bon appétit!
(Suspension de la séance à 18 h 30)
(Reprise à 20 h 5)
Secrétariat à la famille
Le Président (M. Gautrin): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des affaires sociales est réunie ici pour
étudier les crédits du Conseil exécutif pour les
programmes 3 et 4... Programme 3, éléments 3 et 4, merci,
concernant la famille. Alors, on va donner la parole... Si je comprends bien,
Mme la ministre, vous avez une déclaration d'introduction à
faire.
Mme Trépanier: Oui, M. le Président.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Gautrin): Bon, alors vous avez 20 minutes
pour faire votre déclaration d'introduction.
Mme Violette Trépanier
Mme Trépanier: Merci. Vous me permettrez en premier lieu
de saluer les gens qui m'accompagnent. À ma gauche, M. Aubert Ouellet,
secrétaire au Secrétariat à la famille...
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Trépanier: ...et M. Bernard Fortin,
président du Conseil de la famille, qui est derrière moi et qui,
tout à l'heure, se joindra à nous; Mme Marie-Josée Nadeau,
qui est ma directrice de cabinet; et toute mon équipe du
Secrétariat à la famille, du Conseil de la famille et du
cabinet.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Vous avez la parole.
Mme Trépanier: M. le Président, nous
procédons aujourd'hui à l'étude des crédits du
Secrétariat à la famille. Je vous avouerai être
particulièrement fière d'être ici pour vous faire part des
dernières réalisations du gouvernement en matière
familiale. La politique familiale franchit des pas de géant, depuis
l'énoncé de ses orientations rendues publiques à la toute
fin de 1987.
Cette fierté que je ressens possède toutefois
une bonne dose d'empathie pour l'ex-ministre de la Santé et des Services
sociaux, Mme Thérèse Lavoie-Roux. À cette femme revient le
mérite d'avoir placé le Québec à l'avant-garde, en
matière de politique familiale. Elle a été responsable de
ce dossier au moment où il a fallu déployer des efforts de
concertation interministérielle qu'exige l'élaboration d'une
politique multisectorielle. Sans cette indispensable complicité des
ministères, qu'elle a su solliciter et obtenir, notre politique
familiale n'aurait pu se traduire par un plan d'action contenant 58 mesures
dans 13 champs d'intervention. Elle a supporté le flambeau, cet hommage
lui revient.
1989 aura été une année
charnière pour la politique familiale du gouvernement du Québec
et ce, à plusieurs points de vue. L'année
précédente, on se souviendra que la famille s'était
retrouvée au coeur du budget présenté par le ministre des
Finances. Le budget 1988 aura été marqué par une
importante baisse de l'impôt payé par les familles. D'aucuns
s'entendaient pour qualifier ce budget de budget familial, avec l'introduction
des allocations de naissance et les allocations pour jeunes enfants,
l'abolition de la récupération des allocations familiales par
l'impôt et la mise en place du nouveau programme d'akJe à la mise
de fonds lors de l'achat d'une résidence pour les parents d'au moins
deux enfants.
Cette année-là aura aussi été
celle de la consolidation des structures visant le développement de la
politique familiale, avec la nomination des membres du Conseil de la famille,
dont la création avait été annoncée en
décembre 1987, au même moment où le gouvernement faisait
connaître l'énoncé de ses orientations en matière
familiale.
À l'automne, le Secrétariat à la
famille voyait ses effectifs augmenter. C'est au Secrétariat que
revenait, avec la collaboration des ministères concernés, le
laborieux travail d'élaborer un plan d'action situant bien les
problématiques en regard de la famille, ciblant des objectifs
précis et proposant des actions réalistes de soutien aux
familles.
Les années 1989 et 1990 verront le renforcement des
mesures de soutien aux familles. C'est ainsi qu'ont été
bonifiées les allocations à la naissance: l'allocation au
deuxième enfant a été doublée, passant de 500 $
à 1000 $; celle pour le troisième enfant et les enfants suivants
sont passées de 3000 $ à 4500 $, puis à 6000 $. Ces
parents reçoivent dorénavant une allocation de 375 $ tous les
trois mois, pendant les quatre premières années de l'enfant. Par
ailleurs, le programme d'aide à la mise de fonds lors de l'achat d'une
résidence a été élargi aux familes d'un enfant.
4500 familles avaient bénéficié de ce programme en 1988;
ce nombre est passé à 19 834 au 30 mars dernier. Je passerai
outre les nombreuses indexations accordées aux famOles lors des deux
derniers budgets, celle des barèmes d'aide des programmes APPORT et
APTE, celle des allocations familiales et des crédits d'impôt pour
enfant à charge et pour les familles monoparentales.
Je me permettrai seulement de vous mentionner que, en 1985,
on parlait d'un soutien financier qui totalisait 814 000 000 $ et
qu'aujourd'hui, il atteint 1 790 000 000 $, près de 1 000 000 000 $ de
plus. Seule une volonté partagée par tous les ministères a
pu permettre ce soutien accru aux parents, en reconnaissance du rôle
déterminant qu'ils détiennent dans notre avenir collectif. Ces
résultats positifs ne sont certes pas étrangers non plus à
la vigilance qu'exerce le Secrétariat à la famille, à sa
constante préoccupation de voir à ce que les décisions
gouvernementales prennent en compte le mieux-être des familles
québécoises. Ces efforts de concertation portent maintenant
fruit.
Je voudrais aussi exprimer ma satisfaction en regard de la
collaboration et des recommandations qui me viennent du Conseil de la famille.
Présidé par M. Bernard Fortin, ce jeune organisme, dont le mandat
consiste principalement à conseiller la ministre sur toute question
d'intérêt familial, vient de terminer sa première
année d'exercice complet.
En 1989-1990, le Conseil a élaboré cinq avis.
J'aimerais m'attarder quelques instants sur
le guide "Penser et Agir famille", que m'a présenté le
Conseil en novembre dernier. Ce guide, mis à la disposition des
intervenants publics et privés, suggère d'examiner les programmes
et les politiques d'un point de vue familial. Le Conseil y propose des
critères, un projet de grille d'analyse pouvant servir à
évaluer la qualité familiale des interventions non seulement
gouvernementales, mais dans tous les secteurs d'activité.
En septembre 1989, le gouvernement a rendu public le premier plan
d'action en matière de politique familiale intitulé Familles en
tête. S'inscnVant dans la foulée des orientations
énoncées fin 1987, Familles en tête passe à
l'action. Depuis octobre 1989, une seule ministre assume la
responsabilité de la Condition féminine et de la Famille, ce qui
favorise une plus grande cohésion dans des dossiers qui se recoupent
très souvent.
Avant d'aborder le coeur de Familles en tête, j'aimerais rappeler
ici la problématique qui a motivé le gouvernement à agir
pour les familles.
Un Québec différent, suis-je tentée de dire.
Différent de celui d'il y a 30 ans. Un Québec qui a beaucoup
changé. Des transformations majeures se sont en effet produites à
la base de la société, à l'intérieur même de
la cellule familiale. La société que nous présentent
aujourd'hui les médias ne ressemble déjà plus à
celle de nos parents. Nous avons tous été à même
d'observer ces transformations, nous les avons vécues et les vivons
encore: des familles de plus en plus petites: les familles de quatre enfants
étonnent presque et seulement 0, 5 % des familles
québécoises compte cinq enfants et plus de moins de 18 ans; des
familles de plus en plus mouvantes également: 50 % des mariages se
soldent par un divorce et de moins en moins de gens se marient.
Une famille qui, comme unité économique, ne ressemble en
rien à la famille traditionnelle. Il y a, en effet, de plus en plus de
familles où les deux conjoints sont sur le marché du travail.
Près de 60 % des mères d'enfants d'âge préscolaire
font partie de la main-d'oeuvre. Si cette nouvelle situation augmente les
ressources de la famille biparentale, elle exige aussi la mise sur pied de
mesures de conciliation adéquates. Par ailleurs, l'augmentation des
ruptures d'union entraîne la croissance du nombre de familles
monoparentales, souvent les plus défavorisées de notre
société.
Voici donc, dessiné bien sommairement, le nouveau profil de ta
famille québécoise. Sa nature et sa composition ont donc
été remodelées.
Parmi ces mutations, celle à laquelle les médias ont fait
le plus souvent écho est la décroissance démographique. La
chute du nombre des naissances est l'une des transformations les plus
importantes de notre société au cours des 30 dernières
années. Avec un indice de 1, 5 enfant par femme, le Québec se
situe aujourd'hui parmi les pays ayant le plus bas taux de fécon-
dité en Occident. Sans être alarmiste, il faut admettre que la
situation doit nous préoccuper puisque certaines conséquences
paraissent inévitables: la décroissance de notre population et
son vieillissement.
Malgré son importance, la question démographique ne doit
pas être l'unique moteur d'une politique de la famille. Les assises d'une
telle politique reposent surtout sur la volonté réelle de soutien
aux parents et sur le respect du choix des individus. Nous avons toutefois la
conviction que si nous réunissons, de concert avec l'ensemble de nos
partenaires, les conditions favorables à l'épanouissement des
familles, ces dernières choisiront d'avoir des enfants. Nous en voulons
pour preuve les effets bénéfiques qu'ont donnés des
politiques énergiques et soutenues en matière familiale. Des pays
comme la France et la Suède en sont des exemples. Ces pays connaissent
des taux de fécondité plus élevés que d'autres pays
voisins où n'existe aucune mesure particulière de soutien.
J'ai souligné plus tôt quelques-unes des mesures
adoptées par le gouvernement pour venir en aide financièrement
aux familles. Mais rappelons-nous que, quoique essentiel, le soutien
économique n'est pas suffisant pour assurer aux parents et aux enfants
une meilleure qualité de vie. Ce que propose le plan d'action, ce sont
des objectifs précis, dans l'éventail des secteurs qui touchent
la vie familiale, afin d'en arriver à créer un environnement plus
propice pour la vie des familles et pour l'épanouissement de leurs
membres.
Un de ces secteurs que nous jugeons capital est l'amélioration
des conditions de travail des parents. Je vous le mentionnais il y a quelques
minutes, près de 60 % des mères d'enfants de moins de six ans
travaillent hors du foyer. À titre à la fois de responsable de la
Famille et de la Condition féminine, j'ai pris part activement aux
travaux de la commission parlementaire de février dernier sur la
révision de la Loi sur les normes du travail. Parmi les propositions de
modifications à la loi, plusieurs concernent les droits parentaux. Il
nous semblait impératif d'élargir ces droits, de faciliter leur
accès et d'assurer une meilleure protection aux parents travailleurs qui
s'en prévaudront. Notre marché du travail oublie trop souvent les
responsabilités parentales. Les mesures de Familles en tête
à ce chapitre sont claires; elles visent à améliorer les
conditions de travail des parents, à assurer la garantie d'emploi
après un congé parental prolongé et à faciliter la
réinsertion au travail après une absence pour activités
parentales.
En matière de services de garde, les objectifs annoncés
sont précis: créer 60 000 nouvelles places, bonifier l'aide
directe aux parents et consolider le financement des services régis.
En matière de santé et services sociaux, il nous semble
fondamental que les services soient
davantage articulés en fonction des familles. Familles en
tête privilégie des interventions qui s'inscrivent autour des
moments importants dans la vie des enfants et des parents, autour de
circonstances qui peuvent avoir des répercussions graves sur les
familles: la naissance, la rupture d'union des parents et la violence.
L'école, pour sa part, est le partenaire indispensable des
parents dans l'éducation des enfants. Elle est aussi, pour les enfants,
leur milieu de vie le plus important après la famille.
Le plan d'action suggère donc des mesures qui permettront au
réseau scolaire et aux parents une meilleure concertation. Des
ressources serviront à stimuler la participation des parents à la
gestion de l'école. Chaque région scolaire du Québec
prépare un colloque sur les relations entre école et famille.
Plusieurs régions, dont Rimouski, Québec, Trois-Rivières
et, tout récemment, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la
Montéré-gie, ont réalisé cette activité,
lieu créateur de stimulation et d'échange qui permet à la
fois aux parents et aux commissions scolaires de s'adapter aux nouvelles
réalités familiales.
La diversité culturelle des familles est aussi une de nos
réalités. Ainsi nous faut-il mieux connaître et comprendre
les comportements familiaux des diverses communautés culturelles et les
prendre en compte dans les services d'accueil et d'établissement.
Le gouvernement a procédé, au cours des dernières
années, à des amendements législatifs touchant le droit de
la famille. Cependant, les nombreux changements qu'a connus la structure
familiale depuis une vingtaine d'années questionnent encore certaines
dispositions législatives. Un des objectifs visés dans ce secteur
sera l'uniformisation des obligations et responsabilités parentales dans
les lois et programmes gouvernementaux sans égard à l'état
civil des parents.
Une politique familiale axée sur la réalité
québécoise requiert une connaissance précise des
comportements des familles et des personnes qui la composent. La recherche sur
la famille fait aussi l'objet d'actions spécifiques, en particulier en
ce qui touche l'influence des médias.
En conclusion, ce premier plan d'action pour les familles contient des
mesures importantes. Quelque huit mois après avoir rendu public Familles
en tête, je puis affirmer que la concertation interministérielle
donne de fructueux résultats.
Le réseau des 22 répondants et répondantes
ministériels est bien fonctionnel et la coopération obtenue des
divers ministères pour la concrétisation du plan d'action est
excellente.
La réalisation de Familles en tête représentait un
défi, le défi de l'indispensable concertation de tous ceux et
celles qui ont à coeur l'amélioration des conditions de vie des
familles du Québec. Nous sommes maintenant plusieurs à y croire
et à y travailler. Le défi est en train de se relever. Merci.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. Je
demanderais maintenant au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue s'il a quelques commentaires.
M. Tremblay (Rimouski): Ils n'ont pas le droit.
Une voix: Si on avait le droit, eh qu'on applaudirait.
M. Rémy Trudel
M. Trudel: Merci, M. le Président D'entrée de jeu,
M. le Président, après avoir entendu la ministre nous faire le
bilan des activités du gouvernement en matière de politique
familiale, en insistant surtout sur les années 1988-1989 au niveau des
actions et des éléments qui ont été mis en place
par le gouvernement, il ne faudrait surtout pas oublier de parler surtout de ce
qui est l'objet de cette commission, c'est-à-dire le budget en
matière de développement familial ou en matière de famille
au Québec pour l'année 1990-1991. On peut comprendre facilement
que la ministre insiste beaucoup plus sur les années 1988 et 1989 que
sur la dernière année puisque, à l'instar de plusieurs
organismes qui regroupent les organismes familiaux au Québec, la
première qualification que l'on peut donner très certainement en
matière de famille à ce budget 1990-1991, une expression qui a
été reprise par beaucoup d'organismes, c'est d'abord un budget
qui masque la réalité des véritables besoins des familles
du Québec.
En ce sens-là, on ne peut pas dire que la vitesse à
laquelle s'opère le virage d'une véritable politique familiale au
Québec sous la gouverne de ce gouvernement soit une vitesse très
accélérée. Je veux bien reconnaître avec la ministre
qu'un certain nombre d'efforts se sont réalisés, se sont mis en
branle au cours des dernières années. Je trouve la ministre bien
généreuse d'employer des termes aussi grands que
"véritable politique d'avant-garde en matière familiale" quand on
regarde l'énoncé de politique et le plan d'action. Et, bien
évidemment, nous allons y revenir abondamment à l'occasion de
l'examen des éléments budgétaires prévus pour
l'année 1990-1991. Je pense que la ministre constaterait assez
facilement que si l'on compare la politique familiale et les
éléments de politique familiale de pays comme la Suède,
comme la Belgique, entre autres, on est très loin de notre compte dans
le virage familial que nous n'avons pas le choix, en quelque sorte,
d'entreprendre au Québec, compte tenu d'un ensemble de situations, de la
situation particulière et des déficits que nous avons
accumulés à bien des égards au Québec en
matière de politique familiale. Si le gouvernement a pris deux ans
jusqu'en 1987 pour nous donner des orientations ou les orientations que nous
allions prendre en
matière de politique familiale, deux autres années ont
suivi pour livrer, en période électorale, un plan d'action qui,
sans trop exagérer, au niveau des qualificatifs de notre
côté également, aurait pu s'appeler aussi "vaste plan
d'étude et de recherche en matière de politique familiale au
Québec". Il suffit, parmi les 58 mesures, de dénombrer les
mesures qui s'adressent à des groupes ou à des intentions
d'études, de publications, de relevés, pour dire que, oui,
effectivement, le retard que nous avions pris en matière de politique
familiale exigeait et exige toujours un certain nombre de mises à jour
des données. Mais la politique familiale, j'allais dire du pays, nous
exige beaucoup plus que cela.
La ministre a relevé avec justesse que la chute de notre indice
de fécondité nous cause une situation vraiment
particulière qui, au niveau du renouvellement et au niveau de la
poursuite de la nation, pose des défis particuliers et, dans ce
sens-là, la mise à jour des données est utile, bien
sûr, mais ce sont les moyens d'action très concrets qui doivent
suivre. Et c'est dans ce sens-là que les organismes familiaux, en
particulier la COFAQ, réagissaient au budget de 1990-1991 en
matière de famille en disant, donc, que c'est celui qui masque la
réalité des véritables besoins. Et on reviendra aussi, si
vous permettez, Mme la ministre, bien sûr, sur cet avis du Conseil de la
famille qui est bien instructif à bien des égards.
Pour ma part, je veux bien comprendre que le Conseil, quant à sa
ministre responsable, doit employer un certain nombre de mots qui sont plus
feutrés qu'une relation autre pourrait peut-être créer,
mais II y a quand môme un certain nombre de situations, je pense, que le
Conseil a observées très justement, dans la réalité
de la concrétisation des moyens à prendre pour vraiment prendre
le virage familial au Québec et faire en sorte que l'on n'ait pas
uniquement la famille en tête, mais qu'on l'ait aussi sur le terrain,
très concrètement, qu'on ait un certain nombre de mesures qui
permettent d'avoir le goût des enfants, le goût de la famille au
Québec et qu'on puisse s'y engager avec un certain nombre de supports
bien concrets. Si le rôle de la ministre responsable de la Famille est un
rôle - sans jeu de mots, bien sûr - horizontal au niveau du
gouvernement, le dernier budget et les actions au cours des derniers mois nous
indiquent que ça ne nous semble pas être le Pérou en
matière de politique familiale et de mesures familiales, masquer la
réalité, parce que, au niveau du budget très
concrètement, ça se résume peut-être, mais tel qu'il
est indiqué dans le budget, à une prime accrue au
troisième enfant, les enfants de troisième rang surtout. On se
demande toujours si le discours n'est pas familial et la pratique nataliste.
Là-dessus, il n'y a personne qui va être capable de dire:
Écoutez, une mesure, quelle qu'elle soit, si mal située qu'elle
soit, est dommageable pour le développement de la famille, mais tout est
question d'accès, tout est question, à savoir: Quelle mesure sera
plus "développementale", sera la plus créatrice au niveau du
développement familial au Québec, sera la plus incitative
à la promotion du groupe familial, de l'idée de famille au
Québec? La prime au troisième enfant, la grande nouvelle pour les
familles, la super grande nouvelle pour les familles, c'est qu'on va maintenir
la résistance à l'augmentation du coût de la vie. La grande
mesure de développement, c'est l'indexation des crédits, c'est
l'indexation des mesures, c'est le maintien du coût de la vie. La grande
annonce du ministre des Finances, c'est que la vie va continuer comme elle
était en 1989. (20 h 30)
Bien sûr que le gouvernement aurait pu choisir de ne pas indexer,
de réduire la capacité des familles en termes d'achats.
C'eût été particulièrement odieux, mais on
transforme tout cela en une espèce d'apothéose en disant: II y a
des mesures budgétaires importantes, grandioses pour la famille au
Québec. On leur dit: On va tâcher, à travers les mesures
gouvernementales, de maintenir votre pouvoir d'achat sans s'interroger sur ce
réel pouvoir d'achat et, surtout, là où il est
érodé par d'autres mesures dont les plus importantes
n'étaient pas contenues dans le budget.
En matière de politique familiale et d'aide à la
maternité, la grande mesure pour masquer l'incapacité de se
sortir, de se détacher du gouvernement fédéral en pareille
matière, 120 $, de 240 $ à 360 $ pour combler le délai de
carence de deux semaines pour celles qui ont accès au congé, au
mécanisme d'assurance-chômage prévu en cas de
maternité, 120 $. Voilà trois mesures essentielles qui sont
contenues dans le budget.
Pendant ce temps, la véritable situation des familles,
c'était d'abord des augmentations au niveau de là où tu
vis principalement, la vie familiale dans l'unité municipale, dans
l'unité scolaire. Ça veut dire les dépenses que l'on
refile aux commissions scolaires en matière de rénovation,
d'agrandissement, enfin, toute la série de responsabilités qu'on
confie dorénavant aux commissions scolaires et l'autorisation qu'on leur
donne d'aller chercher davantage dans les poches de qui? Essentiellement dans
les poches de ceux et celles qui ont décidé de développer
un groupe familial et qui, ce faisant, bien sûr, doivent posséder
un certain nombre de biens parce qu'il faut les loger, il faut les nourrir, il
faut les récréer. Il faut bien avoir ces unités de base.
Donc, on leur refile une augmentation de la taxe scolaire. On n'a toujours
indexé que de 4, 8 % les crédits d'impôt et les mesures
visant à soutenir les familles avec des revenus plus modestes.
Ça veut dire également une intention - heureusement qu'on
n'en est qu'avec l'inten-
tion; si ça va aussi vite que dans le domaine de la
politique familiale, peut-être que ça pourra retarder - de refiler
tous les frais de fonctionnement des transports en commun aux organismes
intermunicipaux de transport en commun et, dans ce sens-là, devinez qui
va payer? Mme Louise Roy, La Présidente-directrice
générale de la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, le disait très carrément il y a une
quinzaine maintenant: II est évident que, au moment où on nous
refilera les frais de fonctionnement des sociétés de transport en
commun, nous, on devra, comme tout organisme chargé de fournir des
services, aller chercher l'argent quelque part. Le "quelque part", ce sera dans
la population. Ça veut dire encore les familles qui sont les grandes
utilisatrices des services de transport en commun, ça veut dire les
enfants au niveau du transport, au niveau des déplacements. Ça
veut dire que c'est une autre mesure qui n'était pas contenue dans le
budget mais qui faisait partie du train d'avant et du pendant des taxes qu'on
décrétait en même temps.
Ça veut dire aussi - et on sait ce que ça
peut vouloir signifier lorsqu'on élève une famille - des tarifs
d'électricité qui vont subir d'ici 12 mois des augmentations
aussi élevées que 23 % dans la composition avec la TPS, avec la
taxe sur les produits et services. Dans ce sens-là aussi, pour la classe
moyenne, pour la famille moyenne qui a décidé de fonder une
famille, il y a beaucoup de gens ici qui savent ce que ça veut dire.
Moi, j'en ai trois à la maison et je sais ce que ça va vouloir
dire au niveau de l'augmentation des frais familiaux, au niveau des coûts
de chauffage, des coûts d'électricité. C'est évident
que ce n'est pas "la" mesure qui fait en sorte que c'est ça qui est le
déclencheur du fait de fonder une famille ou pas, mais ça peut
être ces éléments qui s'accumulent, des
éléments qui participent à la décision de retarder
et, souvent, de dire: Je mets sur pied un groupe familial.
Ça veut dire aussi des augmentations qui ont
déjà été annoncées, au niveau des permis de
conduire, par la Régie de l'assurance automobile du Québec, parce
qu'on a choisi de refiler au-delà de 1 000 000 000 $ de dépenses
du gouvernement dans des taxes indirectes ou sur de la tarification, sur des
services mais qui, finalement, se traduisent toujours par, à la fin du
mois, un certain nombre de factures à payer, un certain nombre
d'échéances à "rencontrer". C'est ce qui fait que,
lorsqu'on va entendre les gens en âge de procréer au Québec
discuter entre eux... Ce n'est pas sûr que toutes ces mesures-là
vont être des éléments de motivation pour la promotion de
la famille et de l'idée du développement de la famille.
Lorsque les enfants sont un peu plus âgés,
ça veut dire aussi des augmentations de frais de scolarité, 140 %
sur deux ans. Ça, c'est la même chose. Lus responsabilités,
lus déplacement» ut les frais de subsistance, à cela vont
s'ajouter des frais de scolarité qui vont augmenter de 140 % au cours
des deux prochaines années.
Ça veut dire aussi, dans le train de mesures qui ont
accompagné le budget, une limitation extrêmement sérieuse
à l'accès aux habitations à loyer modique, aux HLM.
Lorsque l'on abaisse le seuil d'accès aux habitations à loyer
modique de façon extrêmement sérieuse, on vient encore,
parce que la famille, ça veut dire, comme première
préoccupation, l'habitation, des mesures de soutien... Encore là,
on va faire en sorte que, ces seuils étant réduits - on y
reviendra au niveau des chiffres très concrets - de façon
magistrale, compte tenu de la situation, ça va littéralement
barrer l'entrée du système des habitations à loyer modique
à toute une série de personnes, des famPles à très
faible revenu qui vont faire en sorte que, à toutes fins utiles,
seulement les prestataires d'aide sociale - et encore - seraient admissibles
à ce système social d'habitation qu'est le système des
HLM.
Évidemment, on va passer rapidement sur toute la
réforme, la réorganisation de l'aide sociale au Québec. On
a décrit dans plusieurs milieux ce que ça a comme effet aussi sur
les familes, et la ministre mentionnait, dans ses remarques d'ouverture,
l'excellence du programme APPORT en matière de soutien aux familles. Il
suffit de mentionner que cette excellence n'a pas la barre très
élevée, lorsque l'on pense qu'au moment du dépôt de
la loi et quant aux objectifs visés par le programme APPORT on voulait
rejoindre, avec ce progamme, 44 000 familles au Québec. La ministre
avait bien mentionné que ce programme de soutien aux familles, en termes
de complément de revenu, devrait rejoindre 44 000 familles pendant
l'année 1988. Il n'aura rejoint que 17 785 familles et, pendant
l'année 1989, il en aura rejoint encore moins, il aura rejoint 17 144
familles. Somme toute, pour faire une description assez
élémentaire, le programme, il ne marche pas; ça ne rejoint
pas les véritables besoins des familles en matière de
supplément du revenu.
Le plan d'action Familles en tête, qui nous a
été présenté pendant la période
électorale - c'est 58 mesures - renferme un bon nombre d'intentions, un
bon nombre de développements qui sont souhaitables au niveau de la
famille au Québec. On se demande parfois si tout ce battage-là
n'a pas été fait uniquement pour la période
électorale. Par ailleurs, les autres ministères sont finalement
fort peu soucieux des aspects de la famille; même le Conseil de la
famille, dans son avis qu'il vous remettait, Mme la ministre, était
encore une fois avec des mots assez feutrés. Finalement, moi, je pense,
assez sévère... au niveau de ce que signifie dans le concret la
mise en branle, la mise en pratique des mesures de soutien pour une
véritable politique familiale au Québec si la
problématique - vous avez bien raison - est très bien
ciblée. Les objectifs particulièrement bien définis,
les moyens pour les concrétiser le sont moins. Les moyens pour
réaliser ces éléments de politique familiale sont beaucoup
moins présents. Quand le Conseil fait observer dans son avis - loin de
moi, Mme la ministre, l'idée de vouloir créer quelque
différent que ce soit entre la responsable ministérielle et ceux
et celles qui accomplissent cette responsabilité de conseiller la
responsable ministérielle à cet égard - lorsque le Conseil
lui-même, près de cette réalité, observe un certain
décalage, je pense que les mots veulent bien dire ce qu'ils ont à
dire. Le Conseil observe cependant un certain décalage entre l'ampleur
et l'envergure souhaitées dans les mises en situation et les mesures qui
en découlent. Les grandes intentions débouchent souvent sur des
mesures limitées ou sur des recherches. De plus, certaines mesures sont
restrictives par l'usage d'expression comme dans la mesure de ces moyens, s'il
y a lieu, de nature à réduire l'éventualité de la
réalisation, etc.
Dans ce sens-là, il ne faut pas se surprendre que le Conseil
invite également la ministre à exercer ou à
préconiser qu'une coordination dynamique du plan d'action soit faite. Je
pense bien qu'il faut y lire là une certaine mollesse, en quelque sorte,
des autres éléments composants du gouvernement qui ont des
relations avec la famille au Québec à non seulement faire en
sorte qu'on s'en soucie au niveau du discours, mais qu'on y aille aussi au
niveau de la pratique. Dans ce sens-là, voilà pourquoi les
organismes familiaux ont pu nous dire après la publication du budget: Un
budget qui masque la réalité du besoin des familles en
matière d'habitation, en matière de garderies, en termes de
mesures financières, en termes de soutien au revenu, parce qu'on n'y
retrouvait pas les éléments essentiels de la vie quotidienne dans
le domaine de la vie familiale, le soutien nécessaire à la vie
familiale au Québec, et on ne pouvait pas espérer de redressement
majeur là-dessus.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
auraient des remarques préliminaires à faire avant qu'on aborde
le vif du sujet dans le débat? M. le député de
Matapédia.
M. Henri Paradis
M. Paradis (Matapédia): Peut-être quelques remarques
rapidement. Après avoir entendu mon collègue de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, on peut se poser un certain nombre
d'interrogations sur la façon dont il aborde le sujet. Lorsqu'il dit que
le gouvernement aurait pu poser telle ou telle mesure, à toutes les
affirmations qu'il fait, on peut s'interroger sérieusement, s'il a
déjà été responsable d'une université comme
recteur, sur l'intégrité de son jugement. Il faut quand
même être un petit peu plus souple et nuancé dans ses
affirmations lorsqu'on dit que le gouvernement a indexé mais maintient
le niveau de vie, lorsqu'on se rappelle que son propre chef, lorsqu'il
était au pouvoir, n'a même pas indexé ce niveau de vie pour
les familles. On indexait les impôts de, quoi? 4 % ou 5 % lorsque
l'inflation était de 10 %, 12 %, et aujourd'hui on essaie de nous faire
la leçon. Il faut quand même être suffisamment
culotté pour le faire.
Et lorsqu'on parle de frais de scolarité, oui, soit! II y a une
augmentation des frais de scolarité, mais il faut aussi avoir
l'honnêteté intellectuelle pour reconnaître qu'il y a un
changement au niveau du régime des prêts et bourses. Lorsqu'on
parle de la Régie de l'assurance automobile, il faut se rappeler que le
premier qui a siphonné la RAAQ, c'est l'actuel chef de l'Opposition.
Lorsqu'on parle de transport en commun, moi, je ne verrais pas pourquoi
Rouyn-Noranda ou l'Est du Québec devraient supporter le transport en
commun lorsque Mme Roy elle-même, qui déchire son linge sur la
place publique, va donner les contrats de rénovation de son métro
non pas à La Pocatière, mais aussi à Montréal.
Alors, si l'économie du transport en commun est à
Montréal, bien, qu'on paie, à Montréal! (20 h 45) et,
enfin, les commissions scolaires, lorsqu'on dit qu'on transporte de part et
d'autre, qu'on refile aux commissions scolaires, la plus grande revendication
des commissions scolaires, c'est justement d'avoir une certaine autonomie. il
faut se rappeler qu'en 1978 ces mêmes commissions scolaires avaient 40 %
du champ de l'impôt foncier et, aujourd'hui, elles se retrouvent à
6 %. et on veut les ramener, quoi? à tout près de 15 %. on
n'enlève rien aux municipalités, on permet tout simplement aux
commissions scolaires d'avoir une plus grande autonomie et de gérer
leurs propres équipements.
Alors, je pense que, lorsque le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue fait certaines affirmations, M. le
Président, il faut les rapporter dans un juste contexte. Je comprends
son rôle d'Opposition; il a le droit, c'est le rôle de l'Opposition
de critiquer le gouvernement. Par contre, dans sa qualité d'ex-recteur,
il devrait avoir une qualité ou, du moins, une intégrité
intellectuelle un petit peu plus grande. Voilà, M. le
Président.
Discussion générale
Le Président (M. Gautrin): Merci sur la qualité des
universitaires. Maintenant, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Promotion de la famille
M. Trudel: Alors, on va procéder immédiatement.
Bien sûr, vous avez placé, Mme la ministre, le coeur de votre
présentation et le coeur de l'action gouvernementale autour des 58
mesures, annoncées par le gouvernement en fixant
un échéancier, pour le gouvernement, au 31 décembre
1991 - ça vient vite - pour la réalisation de ces 58 mesures en
matière de développement familial au Québec.
Est-ce que la ministre pourrait nous indiquer, pour l'année
1990-1991, lesquelles parmi ces 58 mesures seront effectivement mises en oeuvre
et sur lesquelles nous pourrons dire: Objectif atteint, à la fin de la
période budgétaire 1990-1991? Parce que, je le
répète, l'objectif fixé étant le 31 décembre
1991, II ne restera pas beaucoup de temps pour compléter la
deuxième période de réalisation quant à ces 58
mesures.
Mme Trépanler: M. le Président, la première
question s'adresse au plan d'action, mais j'espère qu'on aura l'occasion
de revenir sur les budgets tout à l'heure, parce que j'aimerais relever,
à mon sens, peut-être des inexactitudes qui ont été
mentionnées tout à l'heure face au budget, et j'aimerais bien
rectifier les faits. Mais je vais répondre spécifiquement
à cette question-là en espérant que le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue me posera des
questions sur le budget.
Une voix: Bon!
Mme Trépanier: Le plan d'action a été rendu
public, il ne faut pas l'oublier, juste en septembre 1989. Tout à
l'heure, on nous a dit: C'a été long, on parie beaucoup et on
agit peu. Mais est-ce que je peux vous rappeler, M. le Président, que
ça me semble quelque peu exagéré de dire qu'il y a eu des
lenteurs en matière familiale, en politique familiale depuis 1985?
N'oublions pas que les problèmes de la famille, la problématique
familiale n'est pas née en 1985. Tout ce à quoi nous avons eu
droit jusqu'en 1985, c'est à un livre blanc qui a été
publié en 1984. alors, il aurait pu y avoir des actions un peu plus
corsées sous le règne de l'autre gouvernement.
Quand nous sommes arrivés, en décembre 1985, tout de suite
nous nous sommes attaqués à ce problème et, en
décembre 1987, nous avons produit des orientations. la loi sur le
conseil de la famille a été adoptée en mai 1988. le budget
1988 a été considéré comme étant un budget
familial, en mai 1988; il y a eu la création du conseil, en octobre
1988; un autre budget axé sur la famille en mai 1989, et le plan
d'action en septembre 1989. à mon avis, c'est de l'action rapide.
Quant au plan d'action lui-môme, il est fondé sur une
donnée évidente qui est: La famille joue un rôle
déterminant et irremplaçable dans le développement et
l'épanouissement de chaque personne. À ce titre, la famille
mérite qu'on l'aide, qu'on la défende et qu'on la soutienne dans
l'exercice de ses responsabilités dans tous les secteurs
d'activité. Et nous avons, par choix, décidé de faire de
la politique familiale une politique multisectorielle. Et lorsqu'on nous a dit
tout à l'heure que le Conseil de la famille avait été
très mitigé quant à l'appui au plan d'action, je vous
dirai que... Je vais vous donner deux phrases qu'ils ont dites: On a vu dans le
plan d'action un plan d'action multisectoriel et multiministériel
où les mesures favorisant la natalité sont plutôt
marginales en regard de la diversité des mesures significatives retenues
qui sont nombreuses devant toutes celles qui visent à soutenir les
parents dans les différentes responsabilités. En somme, ce plan
est un excellent point de départ et le Conseil est d'accord avec les
priorités qu'il accorde à l'amélioration de la situation
économique des familles, à la révision des conditions du
marché du travail et à la création d'un environnement plus
propice à la vie familiale. Ce plan est sérieux parce qu'il
amorce des actions susceptibles de concrétiser les orientations
familiales du gouvernement. L'indice important du nombre d'études et de
recherches qui, je dois vous le dire, est de 13 sur 58 incite le Conseil
à penser que le plan d'action consoliderait l'élan gouvernemental
en vue d'améliorer les conditions de la vie familiale.
Ce qu'on nous dit ici, c'est qu'il est important d'asseoir notre action
sur un certain nombre d'études. Elles sont, en définitive, peu
nombreuses, comparativement au nombre de mesures, les mesures qui se
réaliseront en 1989, 1990, 1991. Pour bien comprendre ce plan d'action,
il faut les diviser par champ d'intervention. Il ne faut pas les
disséquer une à la fois.
Le premier volet de ce plan d'action est effectivement un soutien
économique. Les objectifs de la politique étaient de contribuer
à la cohésion et à la stabilité de la famille et de
soutenir les parents à titre de premiers responsables égaux et
sociaux de la prise en charge des enfants. Ça, c'étaient les
objectifs de la politique familiale qui ont précédé le
plan d'action
Si nous regardons le plan d'action par chapitre, alors, nous nous
rendons compte... Je vais retrouver mon plan. Le premier chapitre est le
chapitre du soutien financier. Vous avez dit dans vos remarques
préliminaires, M. le député, que le plan en était
un nataliste parce qu'on donnait du soutien financier à l'enfant,
à la naissance. Le soutien financier dont il est question ici est un
soutien financier à la famille pour l'aider à prendre ses
responsabilités familiales. C'est un outil pour la famille
québécoise.
Toutes les premières mesures sont présentement en cours.
Vous nous avez dit: C'est d'élucider la question; vous êtes
imprécis. Vous nous dites: S'il y a lieu, peut-être. Si je regarde
la mesure numéro 1 qui est la mesure de soutien financier, la
première à avoir été adoptée, on disait,
dans la mesure numéro 1: accroître l'aide financière
à l'égard des enfants de troisième rang ou plus. Se
plaçant dans cette perspective, le premier objectif du plan d'action
consiste à continuer d'augmenter l'aide financière à
l'égard des familles qui comprennent plusieurs enfants et
de jeunes enfants. À cet égard, le gouvernement entend
respecter, dans la mesure de ses moyens, les priorités suivantes:
accroître l'aide financière à l'égard des enfants de
troisième rang ou plus; assurer le maintien de la valeur réelle
du soutien financier à l'égard des enfants. M. le
Président, je vous dirai que cette mesure a été
concrétisée même si on disait "dans la mesure de ses
moyens". Je considère qu'une formulation telle, c'est du réalisme
dans les circonstances. Nous faisons un plan d'action pour trois ans à
l'avance, un plan triennal, sauf que les budgets sont votés année
après année, et nous considérions qu'il était
réaliste de dire que c'était dans la mesure des moyens du
gouvernement. Mais nous avons la preuve ici que c'était une
priorité gouvernementale, le plan d'action, et nous avons
réalisé plusieurs de ces mesures où nous disions "dans la
mesure de ses moyens".
Je réponds spécifiquement à votre question. Quelles
sont les mesures qui sont en voie de réalisation? Alors, toutes les
mesures concernant le premier chapitre sur le soutien financier, on disait que
l'aide augmenterait une année à la fois avec l'âge du
troisième enfant, de deux ans, trois ans, et nous continuons à
chaque année, effectivement, dans la mesure de nos moyens. Mais nous
avons prouvé l'an passé et cette année que nous respectons
cet engagement.
Quant au deuxième chapitre du plan d'action, il concerne les
responsabilités parentales et le marché du travail. Nous avons
ici toutes les mesures concernant la refonte du Code du travail sur les normes
minimales du travail. Vous n'êtes pas sans savoir, M. le
Président, que nous avons tenu, en février dernier, une
commission parlementaire sur toute cette section du plan d'action en
matière familiale qui, à mon avis, est extrêmement
importante. Pour que les familles puissent décider et puissent avoir le
goût de fonder une famille et d'avoir des enfants, il faut que nous
puissions faciliter la venue sur le marché du travail des deux
conjoints, pour ceux qui le désirent, et on sait que, dans les
années quatre-vingt-dix, de plus en plus de femmes travaillent, pas
toujours par choix, mais elles travaillent.
Et cette initiative de refonte du Code du travail, il ne faut pas perdre
de vue qu'il n'y avait pas eu d'aménagement dans les normes minimales du
travail depuis 1979. Alors, s'imposait de soi cette réforme. Il y a eu
commission parlementaire avec avant-projet où de nombreux groupes, plus
de 40 groupes, sont venus nous dire ce qu'ils entendaient par réforme du
Code du travail. Puis-je dire, M. le Président, au député
de Rouyn-Noranda-Témlscamingue que j'y ai participé de
façon extrêmement active? Lorsqu'on a dit tout à l'heure
que l'action de la ministre de la Famille était une faible, ou je ne me
souviens plus du terme exact, il ne faut pas oublier que le mandat que la
ministre de la Famille a est un mandat de concertation. C'est un mandat de
concertation avec les autres ministères.
Et, effectivement, dans ce dossier-là, le Secrétariat
à la famille comme le Secrétariat à la condition
féminine ont été extrêmement vigilants et
extrêmement actifs avec le ministère de la Sécurité
du revenu pour que les normes qui seront adoptées dans le projet de loi
qui devrait entrer en vigueur en janvier 1991 - et tout nous laisse croire que
les échéanciers seront respectés - pour que les femmes,
pour que les mères, pour que les pères aussi puissent vaquer
à leurs occupations professionnelles et aussi concilier leur vie
familiale avec ces occupations professionnelles de façon harmonieuse. Et
ce qui a été extrêmement intéressant de
découvrir lors de cette commission, c'est que la plupart des
intervenants, je dirais tous les intervenants, étaient d'accord pour
mettre de l'eau dans leur vin, puis-je dire, pour qu'on puisse en arriver
à avoir un cadre de travail efficace pour que cette vie parentale soit
harmonisée avec cette vie professionnelle.
Alors, tout ce chapitre des normes du travail, je parle du chapitre 2,
les responsabilités parentales et le marché du travail, c'est
essentiellement les normes minimales du travail. Alors, c'est en marche. Ce
sera en vigueur en janvier 1991. Alors, à mon avis, ça va encore
bien jusque-là. (21 heures)
Si nous prenons le chapitre 3 qui est le pivot, je dirais, de la
conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle, et je peux vous
dire aussi que c'est le dossier charnière entre la condition
féminine et la politique familiale, nous avons adopté, en juin
1989, une politique sur les services de garde qui venait apporter une grande
réforme dans les services de garde au Québec, qui venait
améliorer le financement des services de garde au Québec, qui
venait apporter - et ça, c'est extrêmement important - une
stabilité et une fiabilité quant au plan de développement.
Il ne faut pas oublier qu'auparavant il n'y avait jamais eu de stabilité
dans le développement des services de garde. Chaque année, la
ministre de la Condition féminine, à l'époque, devait
aller se battre au Conseil des ministres - et là, je parle des
gouvernements antérieurs également - pour aller chercher le
nombre de places. Là, nous avons un cadre stable et fiable de
développement. Nous avons dit: Nous développerons 60 000 places
de garde. Alors, ça, c'est le chapitre des services de garde. Il n'est
pas terminé, évidemment; c'est un plan sur un certain nombre
d'années, mais c'est en cours; la politique est adoptée, le plan
d'action est adopté et les choses suivent leur cours.
Il est évident qu'une réforme de cette ampleur ne va pas
sans certains heurts pour l'organisme qui la met en place. L'organisme, qui est
l'Office des services de garde, n'accorde que
5 % de son budget à l'administration. Le reste, c'est en
exonérations financières. Alors, c'est une réforme d'une
ampleur gigantesque et à laquelle nous accordons extrêmement
d'importance. Alors, voilà trois chapitres où c'est en voie de
réalisation. Il faut que les années suivent leur cours pour y
arriver.
Quant aux autres, on prévoit que, totalement
réalisées, en 1990, seront les mesures suivantes... M. le
Président, le député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue
connaît le plan d'action aussi bien que moi, alors, je me contenterai de
juste énumérer les mesures par leur numéro. Alors, les
mesures 1, 2, et 3 qui sont du soutien financier; 5, 6, 7 et 8 seront
réalisées et les mesures 17 et 18, 23, 27, 30, 32, 33, 35, 40,
50, 51, 55 et 56; en partie, les mesures 28, 29, 42 et 43. Et je vous dirai, M.
le Président, que nous essayons... Peut-être par
tempérament, je suis habituellement très parcimonieuse dans mes
déclarations et je vous dirai qu'à mon avis, nous irons plus
loin, mais que, pour le moment, nous considérons que ces mesures seront
complètement réalisées en 1990.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
Garderies
M. Trudel: Très rapidement. Mme la ministre, vous m'avez
attribué des remarques qui, dans mon discours, dans mes remarques,
n'étaient pas les miennes. J'ai cité. Sur les trois indications
que vous donnez, sur la réponse que vous me faites, je citais lorsque
j'employais des mots, certaines expressions comme: Dans la mesure de ses
moyens, s'il y a lieu. Je veux bien croire à votre nature
d'opérer selon les moyens qui sont à votre disposition, mais je
citais le Conseil de la famille; la même chose pour les deux autres. Mais
on n'est pas ici pour se renvoyer les citations, mais voir ce qui se fait en
matière de politique familiale...
Mme Trépanier: On est un à un dans les
citations.
M. Trudel: ...au Québec. Alors, donc, vous me dites que 16
mesures sur 58 - à moins que j'aie manqué le numéro
complémentaire de la loto - avaient été
réalisées. J'aurais aussi quelques remarques à faire sur
tout ce grand volet essentiel de la politique familiale, les garderies. Je veux
bien croire, Mme la ministre, que vous avez un objectif, un cadre
d'opération pour vous mener à 60 000 places en garderie au
Québec d'ici cinq ans. Cependant, si on se fie au rythme des derniers
mois et de la dernière année, je vous trouve bien optimiste quant
à arriver à cet objectif-là, puisque, cette année,
on n'aura développé que 5800 places en garderies.
Vous le savez bien parce que vous l'avez expliqué, je le sais
bien, ailleurs, à ma collègue qui est responsable des questions
de sécurité sociale, et à qui vous avez répondu que
c'est finalement à cause du retrait du fédéral de ce
projet que vous avez dû restreindre le nombre de places
développées au Québec. Mais, là-dessus... Je
pourrai revenir sur la maîtrise d'oeuvre du Québec en
matière de développement de ces garderies comme
élément essentiel.
J'aimerais aussi avoir des précisions, Mme la ministre, si,
à travers vos responsabilités, nous pourrons compter en 1990 sur
la concrétisation de la recommandation 21, qui est en ce qui regarde les
services de médiation familiale dans le cas de séparation et de
divorce des parents au Québec. Vous avez vous-même
évoqué, dans vos remarques, l'augmentation assez faramineuse...
et c'est un lieu commun de le dire, puisque ces statistiques sur l'augmentation
des divorces sont très répandues... et la définition de la
famille ne répond plus à la définition traditionnelle du
groupe unitaire père, mère, enfants, et on se retrouve dans des
situations nouvelles. Ce service, vous le savez, est implanté à
Montréal et à Québec depuis, donc, je crois, 1983, si ma
mémoire est fidèle. De ce que nous avons pu avoir comme
information, ces services atteignent les objectifs pour lesquels ils ont
été créés dans ces régions, plus populeuses,
j'en conviens. Mais qu'est-ce qui va se produire pour les autres régions
du Québec en 1991? Nous n'avons aucune indication là-dessus. Et,
Mme la ministre, vous disiez... Je ne veux pas rater cette occasion d'en faire
la remarque... Vous disiez tantôt: J'espère qu'on va revenir sur
les mesures budgétaires contenues dans le budget. Bien sûr, qu'on
va essayer d'avoir le temps d'y revenir. Mais il faut dire aussi que, compte
tenu des responsabilités actuelles de la ministre et de son rôle
horizontal au niveau des autres ministères, vous l'avez mentionné
vous aussi, forcément, l'Opposition doit aussi questionner sur des
mesures qui ne sont peut-être pas, en termes d'affectation
budgétaire, directement rattachées à votre
responsabilité ministérielle, mais qui sont rattachées
à vos responsabilités en matière familiale.
Sur la médiation familiale, je souhaiterais bien avoir un
portrait un peu étendu de ce qu'on peut prévoir pour 1990-1991 et
savoir si, enfin, les régions pourront bénéficier aussi de
l'implantation de ce service.
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre.
Mme Trépanier: M. le Président, je voudrais juste
10 secondes pour dire que, lorsque nous avons parlé des mesures tout
à l'heure, M. le député de Rouyn-Noranda a dit que
ça faisait 18 mesures. Je pense qu'il faut faire bien attention quand on
donne des chiffres comme ça, parce que, là, on pourrait faire une
guerre de chiffres,
dire que je n'Inclus pas les mesures qui concernent les normes minimales
de travail, parce que ça ne sera pas fait en 1990, mais en 1991, etc. Ce
qu'il faut surtout retenir, je pense, de toute cette
opération-là, que nous avons faite tout à l'heure, c'est
que, de ma part, je vous dis que le plan va bon train, que nous ne voyons pas
de problème majeur et que ce que nous prévoyions réaliser
dans le plan d'action, nous considérons que nous le réaliserons.
Peut-être une preuve à cet effet-là: vous me pariez
présentement de médiation familiale et je ne l'avais pas inscrite
dans les mesures que je croyais réaliser. Avec la réponse que je
vais vous donner, vous allez voir que, à mon avis, cette mesure sera
réalisée en 1990 mais, par prudence, je n'ai pas voulu la placer
dans cette liste de réalisations de 1990. Votre question ne me surprend
pas, surtout que vous arrivez d'un colloque où vous avez abondamment
traité de médiation, apparemment. Et c'est une question qui vous
préoccupe au plus haut point, je le sais, et c'est tout à votre
honneur, parce qu'elle nous préoccupe nous aussi. On a un autre point en
commun. Et vous avez posé d'ailleurs... Pardon, M. le
Président?
Le Président (M. Gautrin): N'en trouvez pas trop.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Trépanier: II y en a quand même quelques-uns. Je
sais l'intérêt et la préoccupation du député
de Rouyn-Noranda-Témiscamingue pour la question familiale.
Vous avez posé... Je ne pensais pas avoir créé un
tel remous. Ha, ha, ha! Vous avez, M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, posé une question à
l'Assemblée nationale il y a quelques semaines, peut-être un mois
ou deux maintenant, sur la médiation. Vous me l'aviez posée. Vous
aviez posé une question complémentaire au ministre
Rémillard qui vous avait dit, à l'époque, à ce
moment-là, qu'il considérait que les services seraient
étendus à tout le Québec dans une période à
peu près d'un an. Les expériences-pilotes, qui ont
été tentées, ont été très
concluantes. Elles n'étaient pas du même type cependant. A
Montréal, l'objet de la médiation porte sur les droits de garde,
les droits de visite et de sortie, la pension alimentaire et le partage des
biens. La médiation est totale. À Québec, l'objet de la
médiation ne concerne que les droits de garde, de visite et de sortie.
On dit qu'elle est partielle parce qu'il n'y a pas toute la question... tous
les aspects financiers de rupture ne sont pas dans cette partie-là.
À Québec, ce n'est pas dans la médiation.
Au mois de janvier dernier, j'avais "recontacté" mes
collègues de la Justice et de la Santé et des Services sociaux.
Je leur ai écrit pour leur dire mon souci et mon intérêt
pour ce dossier-là, et l'inquiétude que j'avais de voir Implanter
cette médiation familiale. Je trouvais que ça ne bougeait pas
assez rapidement. Alors on a redonné vie à ce comité
ministériel et nous attendons Incessamment une proposition, et de la
Justice, et de la Santé et des Services sociaux. Il semblerait
établi qui prendrait la responsabilité de ces services-là
au niveau administratif... Reste à établir un protocole d'entente
quant à l'aspect psychosocial et à l'aspect juridique de la
médiation. Je ne suis évidemment pas responsable de ce dossier
comme la plupart des dossiers du gouvernement, mais je suis impliquée
dans ce dossier-là très activement comme dans plusieurs autres
également. Le Secrétariat à la condition féminine
et le Secrétariat à la famille sont représentés
à ce comité, et nous attendons des développements
très prochainement. Je me fie également aux commentaires de M.
Rémillard, lors de la question à l'Assemblée nationale,
disant qu'il y avait une volonté politique d'implanter des services de
médiation dans l'année qui vient sur la majorité du
territoire québécois.
M. Trudel: Est-ce que vous pouvez confirmer - et je ne vous en
tiendrai pas rigueur si vous n'avez pas l'information en détail - s'il y
a des sommes prévues d'affectées à différents
postes budgétaires des ministères concernés pour,
effectivement, mettre en pratique ces mesures dans les régions du
Québec parce que... Je veux bien accepter la réponse de M.
Rémillard en Chambre, je l'accepte, bien sûr, mais, sur les,
moyens très concrets pour les réaliser - et encore là je
ne vous ferai pas reproche du fait que ça ne soit pas dans votre
ministère en termes de budgétisation et d'affectation des
crédits - mais, est-ce que la ministre est assurée ou peut-elle
nous dire si on est assurés qu'il y a des budgets de prévus
à cet effet dans ces ministères pour l'implantation très
concrète? (21 h 15)
Mme Trépanier: Premièrement, je vous ai dit que le
partage des responsabilités n'était pas encore
complètement déterminé. Le comité
ministériel y travaille présentement. Avant de déterminer
quel sera le budget affecté de tel ministère ou de tel autre
ministère, il faut savoir qui aura la maîtrise d'oeuvre de la
médiation, puis nous irons chercher les budgets nécessaires par
la suite. Nous ne sommes pas encore rendus à l'étape du
financement parce que les responsabilités, les champs d'action ne sont
pas encore déterminés. C'est une proposition sur cette
étape-là que nous attendons d'ici quelques semaines. On nous
avait dit qu'en principe ça devrait être ces jours-ci selon
l'échéancier fixé. Très bientôt, on devrait
avoir des détails à cet effet-là. Je peux vous dire qu'on
est très tenaces dans ce dossier-là, que nous parlons à
nos collègues très régulièrement. C'était
une priorité pour le Secrétariat à la famille, c'est aussi
une priorité pour le Secrétariat à la condition
féminine, et ça fait aussi l'objet d'une mesure du plan
d'action. Alors, c'est vous dire que j'y attache énormément
d'importance.
M. Trudel: Si la ministre y attache autant d'importance, c'est
qu'il y a aussi une petite ou une moyenne question de savoir à qui
serait rattaché, de qui relèverait ce service de médiation
familiale, soit de la Justice ou de la Santé et des Services sociaux.
Quelle est la thèse de la ministre là-dessus? Où veut-elle
que ce service soit rattaché?
Mme Trépanier: Pour moi, l'important, c'est que les
services soient adéquats, soient efficaces. Qu'ils soient
rattachés à un ministère ou à l'autre, je pense
qu'il doit y avoir une dimension légale, mais il y a également
une dimension psychosociale extrêmement importante. Alors, l'important,
c'est que les services et que le service de médiation soient complets.
C'est pour ça que je vous ai mentionné au départ
qu'à Québec, c'était une expérience partielle;
à Montréal, on a parlé de l'ensemble des services. Alors,
qu'ils soient logés à une enseigne ou à l'autre, je pense
que l'important, c'est que les services soient adéquats, et c'est ce
à quoi on travaille et c'est ce pourquoi le Secrétariat à
la famille et celui à la condition féminine, tous les deux, sont
impliqués aussi activement, pour s'assurer de ça.
Congés parentaux
M. Trudel: Si vous voulez bien, Mme la ministre, maintenant,
j'aimerais revenir un tout petit peu sur toute cette question de
l'avant-pro-jet de loi qui a été déposé sur la
révision des normes minimales de travail et toutes ces normes, à
l'intérieur de ce projet de loi, qui concernaient et qui concernent
toujours les cionpôs do mntornito au niveau dos normes do travail. Vous
me corrigerez si je suis Inexact dans cette affirmation: Je pense que vous avez
manifesté comme ministre un appui à la proposition du Conseil du
statut de la femme sur rétablissement d'un véritable programme,
d'un véritable programme québécois complet de congé
de maternité pour que nous puissions cesser, en matière de
politique familiale, d'être à la remorque d'un autre gouvernement
qui, finalement, on le voit bien, avec les propres objectifs en matière
de garderie que vous vous étiez fixés, vient zigouiller, en
quelque sorte, vient saboter les priorités, les plans établis et
les objectifs établis par quelque gouvernement que ce soit. A cet
égard, j'aimerais bien vous demander si, avant de présenter le
projet de loi à l'Assemblée nationale, nous ne devrions pas faire
précéder tout cela, sur recommandation de la ministre
déléguée à la Famille, dont c'est la
responsabilité au Conseil des ministres, de faire en sorte qu'on pose le
geste qui nous permettrait d'atteindre les objectifs que vous avez
vous-même épousés quant à la création d'un
véritable programme de congé en matière de
maternité au Québec, de congés parentaux et de
congés de maternité... Est-ce que, Mme la ministre, vous seriez
prête ou est-ce que vous ne devriez pas sensibiliser également vos
collègues et le ministre de la Main-d'?uvre, de la
Sécurité du revenu d'exiger le rapatriement de la partie des
fonds de l'assurance-chômage attribués aux
Québécoises, que ces fonds-là soient rapatriés au
Québec et qu'on puisse, sur cette base, dessiner une véritable
caisse nous amenant à un véritable régime universel de
congé de maternité et que toute autre mesure, tant qu'on n'aura
pas posé ce geste-là, ne va que bonifier quelques mesures qui
sont réservées à un certain nombre de personnes qui
répondent aux conditions leur permettant de toucher les
rémunérations ou les sommes qui sont données en vertu du
régime d'assurance-chômage actuellement par le gouvernement
fédéral. Est-ce que vous êtes prête comme ministre
à sensibiliser vos collègues et à faire en sotte qu'on se
rende, avant la nouvelle définition des congés de
maternité au Québec en matière de normes minimales de
travail, ...de poser ce geste-là avant?
Mme Trépanier: Bon. M. le Président, le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue me permettra cette
boutade. Je pense qu'il met la charrue avant les boeufs. C'est de façon
très consciente que le gouvernement a choisi d'abord de revoir les
normes minimales de travail. Nous avons vu cette réforme en deux volets.
D'abord, revoir le cadre des normes de travail des travailleurs
québécois. Et, par la suite, de penser à un congé
parental rémunéré. Lors de la commission parlementaire sur
l'avant-projet de loi... Et c'est pour ça que nous avons
procédé de cette façon-fà, que nous avons
procédé avec un avant-projet de loi Nous avons voulu profiter de
cet avant projet de loi pour aller sonder les coeurs, pour aller voir la
position des divers intervenants face à un congé parental,
à un remplacement de revenu lors d'un congé de maternité
et lors d'un congé parental. Nous nous sommes rendus compte que, depuis
dix ans, il y avait eu un énorme bout de chemin de fart dans les
mentalités, d'une part. Et, d'autre part, aussi-dans les
mentalités, la façon de voir ces congés a beaucoup
évolué. Vous savez, le dossier dont nous partons
présentement n'est pas nouveau, il ne date pas de 1985 ou de 1980.
Ça fait vingt ans qu'on parte d'un remplacement de revenu pour
congé de maternité. Nous en sommes présentement à
une étape où je pense qu'il est temps d'agir. Vous avez raison de
dire que c'est un très grand intérêt de ma part, le
remplacement de revenu et les congés parentaux. Quand la position du
Conseil du statut de la femme, sur laquelle je reviendrai tout à
l'heure, est sortie publiquement, j'ai dit publiquement dans les
médias que j'accueillais fort favorablement cette proposition,
qu'elle méritait une étude très attentive. Et, lors de la
commission, j'ai, moi-même, suscité, ainsi que tous les membres de
la commission, des commentaires et des réactions à ce
projet-là chez tous les intervenants. Ce qui a été le plus
remarquable, c'est de voir que et les syndicats, et les patrons, et les
groupes, tout le monde est unanime à dire qu'il faut penser à un
régime de congé parental. Entreprendre la réforme des
normes de travail, c'est un énorme dossier. Parallèlement, au
même moment, nous avons formé un comité du
Secrétariat de la famille, de la Condition féminine, du
ministère de la Sécurité du revenu, qui est en train de
faire des propositions quant à la faisabilité d'un projet de
congé parental. Il y a eu la proposition du Conseil du statut de la
femme qui était intéressante à plusieurs égards et
à un égard plus spécifiquement, c'est que le Conseil du
statut de la femme propose une prestation, une allocation universelle. Alors,
ça serait une reconnaissance à la maternité, non pas
seulement du remplacement du revenu de femmes sur le marché du travail.
Et ça, à mon avis, c'est extrêmement positif. Il faut
creuser cette voie-là. D'autres nous ont proposé certaines autres
démarches.
Quant au rapatriement de l'allocation fédérale, vous
n'êtes pas sans savoir que ce sont de longues démarches, de
longues négociations et que, si nous attendions d'avoir fait cette
étape avant d'agir sur les normes minimales de travail, on risquerait,
vous et mol, de ne plus être là quand ça arriverait. C'est
pour ça que certains groupes nous ont dit: Attention au rapatriement de
la caisse fédérale; ça va trop nous retarder. C'est pour
ça que certains groupes disaient: Essayons donc de voir ce qu'on peut
faire en aménageant les allocations présentement disponibles ici,
au Québec, et, parallèlement, en essayant de voir ce qu'on peut
faire avec le fédéral. Nous, nous avions... Et ça,
toujours - il ne faut pas que j'oublie ça, c'est important - en ne
minimisant pas et en n'enlevant pas d'aide présente pour les familles
québécoises. N'oublions pas qu'on a pris des engagements face aux
familles québécoises et le soutien financier. Alors, il ne faut
pas, après deux ans... le soutien que nous avons accordé, si nous
le remplaçons, si nous faisons autre chose, il faut qu'il y ait un
remplacement, il faut assurer ce soutien-là aux familles
québécoises. Le Secrétariat à la famille y voit
à la survie de ce soutien-là. Il faut être responsables.
Mais il faut aussi voir ce que l'allocation fédérale, le nouveau
C-21, donnera également. C'est pour ça que nous trouvions que
c'était mettre la charrue avant les boeufs que de proposer un
régime de remplacement de revenu avant de savoir ce qui arriverait avec
le C-21 et avant de voir ce qui arrive aussi avec les normes minimales de
travail.
En 1978, le Comité ministériel permanent du
développement social, le COMPACS, sous l'égide du Parti
québécois, recommandait au Conseil des ministres de mandater le
ministre du Travail et de la Main-d'oeuvre et d'entreprendre aussi le plus
tôt possible des démarches nécessaires avec le gouvernement
fédéral pour récupérer les champs de cotisations
reliés au congé de maternité afin d'établir, dans
les plus brefs délais possible, un régime québécois
de congé de maternité. Il n'y a rien eu de fait à ce
niveau-là. Là, nous en sommes... Peut-être les
mentalités n'étaient-elles pas prêtes? Peut-être y
avait-il une volonté insuffisante? Un tas de raisons que je ne
commenterai pas. Le fait est que, présentement, je considère les
années qui viennent comme le moment opportun. Et ça, nous l'avons
vraiment réalisé lors de la commission. Quand le Conseil du
patronat, quand Ghislain Dufour... oui - je me trompe de Dufour des fois -
vient nous dire: Oui, nous sommes prêts à faire des concessions,
oui, nous sommes prêts à faire notre part pour assurer une
meilleure conciliation de la vie parentale et de la vie professionnelle,
ça c'est encourageant. On dit: Si tout le monde se retrousse les manches
et si tout le monde est prêt à faire son bout de chemin, on
arrivera probablement à des résultats positifs.
Le Président (M. Gautrin): Avez-vous une autre question,
M. le député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue?
M. Trudel: Au moins une, oui. Le Président (M.
Gautrin): Allez-y.
M. Trudel: Mme la ministre, je veux bien croire qu'il nous faut
procéder par étape dans l'amélioration du régime.
La ministre responsable de la Famille est-elle prête à
déclarer, ce soir, qu'au moment du dépôt d'un projet de loi
sur la révision des normes minimales de travail au Québec, qui va
toucher en particulier les régimes de congés parentaux, elle
pourra déclarer que ce gouvernement, par ailleurs, va entreprendre, se
commet sur l'entreprise de rapatriement des fonds fédéraux du
régime d'assurance-chômage en vue de créer une caisse
québécoise des congés de maternité universelle? On
sait très bien que la ministre ne pourrait pas décemment
s'engager à créer ce régime, mais est-ce que la ministre
pense convaincre ses collègues qui sont dans ce dossier et peut-elle
s'engager à dire qu'elle pourrait déclarer, au moment du
dépôt du projet de loi sur la révision des normes, qu'en
même temps le gouvernement du Québec s'engage à
entreprendre l'opération de récupération des fonds
fédéraux actuellement consacrés, via le régime
d'assurance-chômage, aux congés de maternité en vue d'en
arriver à ce régime pour lequel vous manifestez tant
d'enthousiasme, pour lequel nous manifestons tant d'enthousiasme et M. Dufour
également - qui ne disait pas la même chose en 1978?
Mme Trépanier: M. le Président, je vais vous faire
la déclaration suivante - M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue veut avoir des déclarations - :
Premièrement, nous sommes à revoir les normes minimales de
travail. Deuxièmement, nous avions comme engagement électoral, le
Parti libéral du Québec avait comme engagement électoral
d'introduire un programme de remplacement du revenu pendant le congé
parental à la suite de la mise en vigueur d'un congé parental
prévu dans le projet de loi C-21. (21 h 30)
De plus, la volonté gouvernementale de travailler à un
programme de remplacement du revenu est claire, puisque nous avons,
parallèlement à cette réforme de la Loi sur les normes, un
comité qui travaille ardemment à nous présenter des
propositions de remplacement du revenu. Est-ce que ce sera une proposition de
programme qui fonctionnera avec les fonds provinciaux? Est-ce que ce sera une
réallocation des fonds disponibles présentement? Est-ce que ce
sera une proposition qui nécessitera le rapatriement des fonds
fédéraux? Je ne sais pas quelle forme elle prendra, mais je peux
m'enga-ger à une chose, c'est de travailler, de continuer à
travailler à convaincre mes collègues de présenter et de
proposer un programme de congé parental. Quelle forme prendra-t-il? Il
est trop tôt pour le dire. Mais je peux vous dire - vous pourrez
peut-être le confirmer avec lui la semaine prochaine lorsqu'il sera ici -
que le ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu, de
qui relève spécifiquement la mise en oeuvre d'un tel dossier, est
très ouvert à un régime de remplacement du revenu. Il l'a
dit, d'ailleurs, dans ses notes de clôture lors de la commission
parlementaire. Le comité va bon train, les travaux avancent, mais je ne
peux pas aller plus loin au moment où on se parle.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre.
M. Trudel: Mme la ministre, toujours là-dessus, je pense
que vous êtes fermement convaincue que ce régime de remplacement
ne pourra jamais naître dans les conditions financières actuelles
du gouvernement du Québec. Je ne dis pas de ce gouvernement, mais du
gouvernement du Québec. La décision d'y aller sur l'articulation
de la mécanique d'une véritable caisse de maternité ou
d'un véritable régime de remplacement en matière de
maternité au Québec, ça va supposer cette volonté
d'aller chercher, là où il est, l'argent nécessaire. Vous
savez très bien que c'est une pièce essentielle à sa
réalisation et que c'est aussi une responsabilité de la ministre
en matière familiale de ce gouvernement ou de tout gouvernement d'aller
aussi loin que de se commettre, parce que c'est elle, la ministre, qui est le
porte-parole des familles et des conditions de développement de la
famille. En ce sens-là, on peut avoir les meilleures intentions du monde
en matière d'objectifs à atteindre, en matière de travaux
à développer pour réaliser ces objectifs-là, mais
il vient un bon matin, et c'est plus tôt que plus tard, dans tous les
cas, où ça prend le fric nécessaire, et la ministre doit
se commettre là-dessus parce que, encore une fois, elle est responsable
en matière de promotion de la famille et que c'est une pièce
essentielle. Je ne sais pas si vous avez des...
Mme Trépanier: Oui. M. le Président,
l'hypothèse qu'il n'est pas possible de réaliser un tel programme
sans le rapatriement des fonds fédéraux, c'est une
hypothèse; elle n'est peut-être pas dénuée de
fondement. Présumer de la capacité financière du
gouvernement du Québec dans les prochaines années, eh bien, c'est
présumer. Moi, je ne présume de rien. On ne connaît pas les
conditions financières du gouvernement du Québec dans les
prochaines années. C'est présumer, également, de la
volonté politique de réaliser un tel programme, d'autre part. Je
pense que j'ai manifesté une volonté ferme d'agir dans ce dossier
d'une part, lorsque j'ai appuyé publiquement l'intervention du Conseil
du statut de la femme et, d'autre part, par les actions que nous avons
menées, depuis, avec le comité ministériel, par ma
participation très active dans l'avant-projet de loi des normes,
également. Mais je ne peux aller plus loin aujourd'hui.
M. Trudel: On ne peut pas renvoyer indéfiniment la balle
de ping-pong, Mme la ministre, tout en... Je ne veux pas présumer du
niveau des disponibilités du gouvernement du Québec pour
atteindre tel objectif dans les années à venir, mais II y a une
chose qui est sûre: Si le gouvernement du Québec s'avisait -
quelque régime que ce soit - de vouloir développer un tel
programme avec des fonds proprement québécois, en laissant leur
part dans ce que nous payons toujours quotidiennement dans la caisse
fédérale, c'est évident qu'il y a quelque chose qui ne va
pas. Il faut d'abord aller chercher ce qu'on se paie. Je pense qu'on doit
exiger que ça nous revienne et qu'on ne peut pas toujours se placer,
compte tenu du problème démographique que vous avez
soulevé, compte tenu du problème de nos familles et de la
situation particulière de l'évolution de notre
société au cours des vingt-cinq ou trente dernières
années, on ne peut pas exiger d'autres qui vivent une
réalité moyenne de comprendre la réalité
québécoise, qui a son évolution particulière. Je
pense que la ministre a compris cela. Parlons d'allocations familiales.
Mme Trépanier: Est-ce que je peux juste dire ...
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr,
répon-
dez, parce que moi, j'allais répondre.
Mme Trépanier: Je veux juste dire en conclusion sur le
chapitre Caisse de congés parentaux, je dirai que nous avons la
volonté d'agir dans ce dossier, mais la forme que ça prendra...
ça peut prendre diverses formes. Nous sommes à étudier ces
scénarios et j'espère que nous aurons des propositions à
vous soumettre très prochainement. Je ne peux pas me commettre ce soir,
mais je peux vous dire qu'on travaille très fort.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. Sur les
allocations familiales.
M. Trudel: Comme c'était la conclusion... Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Trudel: ...ça viendra au dépôt du projet
de loi, la position de la ministre là-dessus.
Le Président (M. Gautrin): Merci Sur les allocations
familiales.
Allocations familiales
M. Trudel: Sur les allocations familiales, donc, le ministre de
la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu touche aussi
à une des responsabilités, des préoccupations
nécesaires de la ministre en matière d'allocations familiales. Le
ministre a déposé, il y a quelques semaines maintenant, un projet
de loi qui visait à ajuster, en quelque sorte, le régime
législatif quant à certaines dispositions en matière de
paiement des allocations familiales et des allocations pour jeunes enfants sur
une base mensuelle.
Vous savez quelles sont les objections que nous avons levées au
fait que l'on introduise, dans le projet de loi, la possibilité pour le
ministre, ou en fait, lui enlever l'obligation de poster à tous les mois
l'aide, via l'allocation familiale et les allocations pour jeunes enfants sur
une base mensuelle, prétextant les coûts élevés qui
sont reliés à l'émission des chèques pour les
familles qui jouissent de cette aide du gouvernement depuis fort longtemps
maintenant. Bon, le ministre propose le versement direct dans les comptes
bancaires des bénéficiaires de ces allocations familiales et, par
ailleurs, le versement à des périodes qui ne sont pas
nécessairement mensuelles, les revenus en termes d'allocations
familiales à ces familles. Il est évident que nous touchons
probablement à ce qui existe de plus démuni dans notre
société en termes de familles, parce que l'on sait très
bien, dans le régime actuel, quel est le montant, le chèque qui
s'adresse à ces familles et que... Avec la préoccupation
d'économie et de bonne gestion de tout gouvernement, il se
préoccupe de faire en sorte que le chèque ne coûte pas plus
cher, que l'enveloppe ne coûte pas plus cher que le chèque qui
arrive à la famille. Mais, dans ce sens-là, II ne faut pas voir
chacune des mesures prises isolément, quand on sait que, sans faire de
description précise, ce sera souvent, dans ces familles ou dans ces
situations familiales particulièrement dépourvues, le seul
chèque que touchera directement la mère de famille, en vertu de
la réglementation du ministre. À ce que je sache, la ministre ne
nous a pas donné d'indications très précises. La ministre
responsable en matière de famille au Québec ne nous a pas
donné d'indications très précises sur sa position, sur ses
intentions quant au fait que le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu veuille adopter de nouvelles dispositions qui
ne rendraient plus obligatoires, à défaut de, le versement
mensuel d'un chèque d'allocations familiales dans la famille. La
ministre entend-elle intervenir, entend-elle présenter à ses
collègues et aux organismes de l'Assemblée nationale qui vont
étudier encore ce projet de loi des mesures visant à ce que ces
familles puissent toucher directement, comme c'est le cas actuellement, sur une
base mensuelle, leur revenu d'allocations familiales ou les allocations pour
jeune enfant?
Mme Trépanier: M. le Président, ça me fait
plaisir de dire au député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue
que c'est déjà fait; je suis déjà intervenue et
ça fait longtemps. Je dois vous dire que j'attendais une question,
à l'Assemblée nationale, de mon collègue de Rouyn-Noranda,
qui n'est pas venue. Elle a failli venir une fois en additionnelle, je pense,
mais elle n'est pas venue. C'est pour vous dire que le gouvernement a le devoir
- et je pèse mon mot - de s'assurer que tous ses programmes, y compris
les programmes d'aide aux familles, soient administrés le plus
efficacement possible. Et quand on dit "administrés le plus efficacement
possible", ça ne va pas à l'encontre de la qualité des
services et de la prise en compte de la famille et de l'individu
lui-même. Il est exact que, lors du dépôt du projet de loi
22, si je ne m'abuse, on a parlé de la possibilité d'un
réaménagement de l'émission des chèques. On sait
que, dans d'autres secteurs, comme chez les personnes âgées, on a
favorisé grandement le dépôt direct et ça a
été grandement apprécié chez les gens. Moi, je peux
vous assurer une chose, c'est que, d'une part, les priorités que j'ai,
les objectifs que j'ai, c'est que les femmes, les mères - on parle ici
de mères - et les familles ne soient pas pénalisées par un
tel processus s'il devait venir et qu'au contraire ça puisse les
favoriser, jusqu'à un certain point - je parle du dépôt
direct - que ça puisse favoriser certaines familles. D'autre part, nous
avons très étroitement travaillé, le Secrétariat
à la famille et le MMSR, pour présenter des propositions qui
pourraient améliorer l'administration de l'émission des
chèques d'allocations familiales tout en tenant
compte des objectifs que je vous ai mentionnés. Il n'y a pas de
décision d'annoncée encore, mais je vous propose de reposer la
question à mon collègue du MMSR la semaine prochaine et
peut-être aura-t-il des nouvelles à vous annoncer à cet
effet. Comme vous le savez, mon rôle est un rôle de coordination.
Je n'ai pas non plus la maîtrise d'oeuvre dans ce dossier-là. Mais
j'espère que lorsque vous poserez la question à mon
collègue, vous aurez une petite pensée pour moi...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Trudel: Vous avez l'air à avoir...
Mme Trépanier: ...en entendant la réponse.
Le Président (M. Gautrin): II y aura toujours des
pensées pour vous, madame.
M. Trudel: En attendant, est-ce qu'on pourrait avoir votre
pensée à vous, Mme la ministre?
Mme Trépanier: Vous voulez dire ce que j'ai fait dans ce
dossier-là?
M. Trudel: Est-ce que vous êtes en faveur du maintien, dans
la loi, du système du versement mensuel obligatoire? (21 h 45)
Mme Trépanier: L'objectif que je poursuis... Je suis en
faveur... L'idéal, ce serait qu'on puisse trouver un système
où on a la liberté de choix, dans le fond, que les parents
puissent choisir l'émission d'un chèque, ou mensuel, ou un
dépôt direct. Vous seriez surpris de voir les résultats
d'études que nous faisons sur l'intérêt des citoyens pour
le dépôt direct. Il y a toutes sortes d'avantages à un
dépôt direct, li y a aussi des avantages à des
regroupements de chèques. Mais je pense que vous avez raison de dire que
les familles les plus démunies, ce sont celles qui attendent leur
chèque de 9,77 $ à la fin du mois, et qu'il ne faut pas, dans les
propositions que nous adopterons dans les décisions que nous prendrons,
pénaliser en quoi que ce soit les familles québécoises.
Ça, c'est ma position. Quelle sera la décision? C'est au ministre
de l'annoncer.
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre. M. le
député.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je veux bien croire,
Mme la ministre qu'il y a beaucoup de familles qui sont d'accord avec le
dépôt direct ou le transfert bancaire. Ce qui fait
problème, c'est précisément les autres, celles qui,
souvent... parce que... Il y aurait 10, 15, 20 familles qui seraient dans cette
situation-là au Québec que...
Mme Trépanier: Ça serait encore trop. M. Trudel:
...ce serait encore trop. Mme Trépanier: Vous avez
raison.
M. Trudel: Dans la mesure où on pourra garantir le
versement mensuel de cette aide du gouvernement, mais du choix sur d'autres
mesures, pourvu que ça plaise au mode de gestion familiale, il faut
d'abord garantir que cela puisse toujours se faire au moins mensuellement.
Là-dessus, je souhaite, évidemment, moi aussi que le ministre de
la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu puisse modifier ce
qu'il nous avait proposé dans son projet de loi et qui était son
intention première. Il n'avait certainement pas lu l'avis du Conseil de
la famille, de penser et d'agir famille, quand il a rédigé son
projet de loi. Ce n'est pas Inutile de le rappeler.
Une autre mesure, Mme la ministre, que j'aimerais bien...
Mme Trépanier: M. le Président...
Le Président (M. Gautrin): Mme la ministre, bien
sûr.
Mme Trépanier: M. le Président, je ne voudrais pas
laisser d'ambiguïté. Le ministre n'a rien proposé lors du
dépôt de son projet de loi. Il a dit qu'il étudiait la
possibilité et H s'est donné la possibilité dans son
projet de loi de faire des aménagements, d'une part. D'autre part, quand
on dit administration plus saine, plus serrée, ça ne veut pas
nécessairement dire en corollaire: problèmes pour les familles.
On peut peut-être faire les deux à la fois. C'est ça qu'on
essaye de viser. C'est ça, je pense, de la saine gestion. Mais je
partage vos préoccupations quant au reste.
M. Trudel: Quant à moi, en matière familiale comme
ailleurs, la responsabilité du soutien aux familles est trop importante
pour que ça ne passe pas par l'Assemblée nationale et qu'on
puisse passer simplement par règlement. Je pense qu'il faut toujours
s'inquiéter de la possibilité de faire les choses uniquement par
règlement. Comme disait une de mes collègues, on a souvent
l'impression que le ou la ministre qui est là, il y est pour...
Une voix:...
M. Trudel: ...c'est ça, jusqu'à la fin des temps.
Et quelque parti que ce soit, tout le monde s'imagine qu'il va toujours
gérer avec l'intention de la ou du ministre en question. Mais ce n'est
pas ça, la gestion publique, la gestion de responsabilité aussi
importante que le développement de la famille au Québec. Dans ce
sens-là, on doit s'assurer que le minimum est présent
sur le versement mensuel et que, par ailleurs, s'il doit y avoir des
modifications, s'il y a un nouveau système à proposer, avec des
études à l'appui et une rationalité derrière,
pourquoi changer quelque chose qui marche en quelque sorte? Pourquoi modifier
un système qui marche au niveau des allocations familiales? Nous allons
attendre la réponse du ministre concerné là-dessus. Mme la
ministre, il ne nous reste pas beaucoup de temps...
Mme Trépanier: Pourquoi pas essayer de l'améliorer
si possible?
Seuil d'accès aux HLM
M. Trudel: II ne nous reste pas beaucoup de temps et je m'en
voudrais de ne pas toucher aussi à une autre question qui regarde la
responsable de la famille au sein du gouvernement du Québec, et c'est...
voyez par règlement et non pas par modification législative, par
règlement, cette modification qu'on a fait quant au seuil d'accès
aux habitations à loyer modique. Donc, par un décret,
publié dans la Gazette officielle, le 7 mars dernier, le
gouvernement limite l'accès aux HLM et augmente de façon
considérable - c'est considérable - le taux d'efforts des
ménages locataires pour se loger dans un HLM. Prenons le cas d'une
famille monoparentale avec deux enfants. Les revenus annuels maximum permis
pour avoir accès à une habitation à loyer modique sont de
26 076 $ à Montréal et de 26 064 $ actuellement à
Québec. Mais le règlement ramènerait à 15 996 $, en
1990-1991, le seuil de revenu maximum pour avoir accès à ce
réseau d'habitations à loyer modique. Selon une évaluation
qui a été faite par, entre autres le FRAPRU, le Front d'action
populaire en réaménagement urbain, cette mesure contribuerait -
je donne la source - contribuerait à écarter 18 000
ménages inscrits sur les listes d'attente d'un accès à une
habitation à loyer modique. Alors, 18 000 familles ou ménages
actuellement inscrits sur les listes d'attente seraient éliminés
par cette mesure. Si c'est la façon de réduire les listes
d'attente pour les habitations à loyer modique au Québec, il
s'agit là d'une mesure d'équilibre qui est
particulièrement antifamiliale et particulièrement dure.
Comment la ministre peut-elle vivre avec ça? Avec une telle
mesure, avec un tel règlement qui est, assez clairement, antifamilial,
antisoutien aux groupes les plus démunis, aux groupes familiaux les plus
démunis dans notre société, et qu'on impose finalement une
espèce de fardeau supplémentaire au sens de... La question de
fonder ou de développer la famille - ça été
suffisamment dit et redit, je pense - c'est d'abord une question d'habitation.
C'est à ça que tu penses quand tu décides d'avoir un
premier enfant. Tous ceux et celles qui ont des enfants vous diront cela. Quand
tu décides de développer la famille, tu te préoccupes
d'abord: Comment est-ce que je vais vivre? Dans quel cadre physique? Alors,
comment la ministre peut-elle vivre avec une telle réglementation, une
telle modification unilatérale des seuils d'accueil, des seuils qui
permettent d'avoir accès aux habitations à loyer modique, compte
tenu du règlement qui a été édicté au
Conseil des ministres?
Mme Trépanier: M. le Président, toute la
révision du mode d'attribution des habitations à loyer modique a
fait l'objet d'un long processus de consultation contrairement à ce qui
récemment, a été évoqué très
fréquemment. Il y a eu des expériences-pilotes menées en
1985-1986 en étroite collaboration avec 17 grosses organisations dont
l'Office municipal d'habitation de Montréal, qui n'est pas le moindre,
qui a le plus gros parc de logements sociaux à Montréal. De plus,
un comité de députés du gouvernement s'est penché
et a rencontré, a entendu tous les groupes intéressés, et
il y a eu au-delà de 40 groupes de consultés. Le rapport de ce
comité a largement inspiré le projet actuel, qui a
reflété un large consensus. D'abord, il garantit à
l'échelle du Québec, une équité entre les
requérants d'un logement à loyer modique. Il permet
également d'uniformiser les règles de sélection tout en
respectant les particularités locales et régionales.
On a aussi éliminé un certain nombre
d'inéquités. On nous avait reproché - avec raison, je
pense - qu'il y avait de la discrimination quant à l'âge des
requérants. Maintenant les requérants sont admissibles à
partir de 18 ans. Ils l'étaient à 40 auparavant. Alors, quand on
nous accuse d'avoir voulu diminuer les listes d'attente, je pense que si
ça avait été le cas, on n'aurait pas adopté une
telle règle.
Deuxièmement, on a voulu uniformiser partout dans les offices
municipaux parce qu'il y a de grandes disparités. Vous, vous êtes
de région. Si vous veniez à Montréal, vous vous rendriez
compte qu'il y a 15 000 personnes qui attendent sur la liste d'attente. Alors,
ce qu'il faut... Et, nous, on a fait un choix de gouvernement en 1985. On a
décidé que l'aide disponible, que l'aide gouvernementale, que
l'aide disponible de l'État, qui n'est pas illimitée, irait dans
des programmes, irait aux gens les plus démunis. On n'est pas capables
d'aider tout le monde, on va donner l'aide qu'on a, l'argent qu'on a, aux gens
les plus démunis. C'est la raison pour laquelle on a adopté un
tel règlement, c'est une question d'équité pour que ce
soit les gens les plus démunis qui puissent accéder à un
logement.
Et, vous ne m'avez pas parlé... Ça revient un peu au
même... Oui, on m'arrête.
Le Président (M. Gautrin): Non, non. Brièvement, je
vous dis: II nous reste cinq minutes.
Mme Trépanier: D'accord.
Le Président (M. Gautrin): Alors, je vais vous laisser
parler. Il y a encore une petite question. Mais, dans deux minutes, moi, j'ai
une motion à mettre aux voix.
Mme Trépanier: Parfait.
Le Président (M. Gautrin): Alors, vous pouvez jouer comme
vous voulez avec les deux minutes qui vous restent.
Mme Trépanier: O.K. Alors, M. le Président, je
dirai juste que ce qui nous a guidés dans ce règlement-là,
c'est une question d'équité, de donner l'aide aux gens les plus
démunis possible... parce qu'on ne peut pas aider tout le monde, d'une
part. D'autre part, ça a été la même règle
qui a régi le règlement sur le partage du logement. On voulait
que... On trouvait inéquitable qu'un couple soit
désavantagé face à deux personnes seules qui avaient un
revenu supérieur. Alors, c'est une raison d'équité qui
nous a guidés dans ce règlement-là.
Adoption des crédits
Le Président (M. Gautrin): Merci, Mme la ministre.
Écoutez, je vais mettre ma motion aux voix, si vous me permettez. Voici:
Est-ce que le programme 3 du ministère du Conseil exécutif
intitulé "Promotion des droits des femmes et famille" est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Gautrin): A l'unanimité. Merci.
Alors... Oh... Convenu, comme il nous reste encore un tout petit peu de temps,
je vais laisser la chance à mon ami, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, de vous poser une microquestion.
M. Trudel: Ça va être sous forme de...
Mme Trépanier: Nos crédits sont-ils adoptés?
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Non, non, mais, s'il vous
plaît. C'est parce que c'est une entente implicite, sa petite
microquestion, puis on va aller se coucher.
M. Trudel: Sa motion est votée et, là, on passe
à la microquestion. En même temps, elle dit: Donc, nos
crédits sont adoptés.
Le Président (M. Gautrin): Non, non.
M. Trudel: Et ça permettrait éventuellement... Je
n'aurais eu qu'une toute petite observation question sur le budget direct des
organis- mes dans les volets que nous étudions ce soir. Je constatais
que sur une question que nous avions posée, au niveau de l'Opposition,
avant cette séance, sur la question 6: Est-ce que la ministre avait
demandé des avis au Conseil de la famille pendant la dernière
année? Et la réponse était: II n'y a pas eu de demande en
ce sens en 1989-1990. Peut-être que la ministre, si je peux faire une
suggestion, pourrait demander au Conseil de la famille, il a été
créé pour cela, une étude d'impact sur la réforme
de l'aide sociale au Québec, son impact sur la famille
québécoise, de façon à ce que, l'an prochain, on
pourrait avoir, puisqu'on a créé ce conseil pour donner des avis
à la ministre, le Conseil pourrait très bien...
Le Président (M. Gautrin): Une microquestion.
M. Trudel: ...nous donner cet avis, son avis sur l'impact de la
réforme de l'aide sociale sur le développement ou l'effort
familial au Québec.
Le Président (M. Gautrin): Une miniréponse.
Mme Trépanier: Une miniréponse pour dire qu'il y a
des contacts réguliers avec le Conseil de la famille. Nous nous
entendons sur les avis. Il émet de nombreux avis et je voudrais en
profiter pour les remercier. Ils se sont déplacés. Ils n'ont pas
eu l'occasion de se présenter ici et de répondre à des
questions. Je vais remercier les gens de la commission et aussi le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamlngue.
Le Président (M. Gautrin): Moi, je voudrais remercier
aussi, au nom de la commission, tous les gens qui ont bien voulu venir
témoigner devant elle et particulièrement la ministre, pour ses
suggestions très claires.
Mme Trépanier: On n'a pas fait l'élément
4.
Le Président (M. Gautrin): Je pense que... On a
voté le programme 3, qui comprend l'élément 3 et
l'élément 4.
Mme Trépanier: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Alors, n'ayez crainte. J'ai une
secrétaire, ici, qui 'check" toutes ces affaires-là d'une
manière magnifique.
À l'Instant, j'ajourne les travaux à demain, le jeudi 24
mai, à 10 heures.
(Fin de la séance à 22 heures)