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(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Gautrin): Puisqu'il y a quorum, à
l'heure actuelle, je rappellerai le mandat de cette commission. La commission
des affaires sociales est réunie afin d'étudier les
crédits budgétaires du ministère de la Santé et des
Services sociaux et de la Régie de l'assurance-maladie pour
l'année financière 1990-1991. Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Marcil
(Salaberry-Soulanges) sera remplacé par M. Benoit (Orford).
Le Président (M. Gautrin): J'imagine... Y a-t-il eu
entente sur la répartition des temps de parole, monsieur... Non, ce
n'est pas le point 4, je saute. Merci. C'est parfait. Je rappellerai, si vous
me permettez, qu'on est réunis pour une période de dix-neuf
heures, c'est bien cela?
M. Chevrette: Oui. Là-dessus, le ministre est au courant
que, moi, je prends neuf heures et demie, qu'un autre... Parce que les
critiques n'étant pas les mêmes sur tout l'ensemble des dossiers
que représente...
Le Président (M. Gautrin): J'ai bien compris
ça.
M. Chevrette: D'accord.
Le Président (M. Gautrin): Alors, c'est dix-neuf heures au
total?
M. Chevrette: Au total.
Le Président (M. Gautrin): La répartition,
c'était marqué neuf heures pour le volet santé, une heure
pour la polytoxicomanie - je vais mettre mes lunettes - deux heures pour la
protection de la jeunesse, cinq heures pour les services sociaux et deux heures
pour l'OPHQ. Est-ce que c'est sur ça que vous vous êtes mis
d'accord?
M. Chevrette: C'est bien ça, M. le Président, et ce
que je suggère à la partie ministérielle et au ministre,
c'est que, globalement, à la dernière heure, on adopte les
crédits plutôt que de s'enfarger à dire: Une demi-heure sur
tel sujet et tel autre. Jeudi après-midi, avec Denis Lazure, le
député de La Pinière, il y aurait...
Le Président (M. Gautrin): Non, La Prairie.
M. Chevrette: La Prairie, c'est correct.
C'est parce que, moi, je mêle ces trois coins-là: Chambly,
La Pinière et La Prairie.
Le Président (M. Gautrin): Châteauguay...
M. Chevrette: II y aurait donc une adoption globable des
crédits jeudi après-midi.
M. Côté (Charlesbourg): Jeudi soir. M. Chevrette:
Jeudi soir.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que ça marche
pour vous?
M. Côté (Charlesbourg): Ça va.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Est-ce que vous vous
êtes mis d'accord quant à l'ordre dans lequel vous allez
étudier les crédits pour le volet santé?
M. Chevrette: Non, mais cet après-midi...
C'est-à-dire que, cet avant-midi, j'aurais souhaité parier avec
les dirigeants d'Urgences-santé. Ce sera pour cet après-midi,
d'après ce que j'ai compris. Ce matin, ce sera plutôt un tour de
piste. Il y a trois ou quatre volets en ce sens qu'il y aura la
société d'hébergement du Québec, je pense que ce
sera ce soir, et la RAMQ demain matin, en ce qui me concerne. Le reste, ce sera
plutôt des questions que les députés voulaient poser mais
par mon intermédiaire. Les questions, je les adresserai au ministre.
Le Président (M. Gautrin): La règle d'alternance,
si jamais il y a des gens qui veulent...
M. Chevrette: Si alternance il doit y avoir.
Le Président (M. Gautrin): Bon, parfait. Alors, ça
va? M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
uniquement pour vous confirmer qu'au préalable j'ai eu des
échanges avec le député de Joliette et qu'il y avait
manifestement une volonté d'interroger plus en profondeur trois champs
d'intérêt au niveau du ministère, qui étaient:
Urgences-santé, la RAMQ et la Corporation d'hébergement du
Québec. Effectivement, cet après-midi, puisque je n'ai pas pu
rejoindre ce matin... Compte tenu du fait que je m'étais engagé
moi-même auprès de M. Lamarche pour qu'il soit ici en
après-midi, alors, ce sera en après-midi, et ce soir, la
Corporation d'hébergement et, demain matin, la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, de telle sorte que, par la
suite, on prendra la relève avec les différents
intervenants en toxicomanie, jeunesse, qui sont Mme Vermette, M. Trudel et M.
Paré aussi, et ainsi de suite, avec M. Lazure jusqu'à jeudi soir.
Je n'ai pas, quant à moi, d'objection fondamentale à ce qu'on
puisse y aller très ouvertement. Je pense que c'est peut-être la
meilleure méthode dans ces conditions-là plutôt que de
s'enfarger dans des règlements qui feraient davantage des questions de
règlement que des échanges au niveau des crédits du
ministère.
Le Président (M. Gautrin): Je vous remercie. Alors, est-ce
qu'on est prêts à commencer?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Gautrin): normalement, on invite le
ministre à faire une déclaration préliminaire. je pense
que vous avez 20 minutes pour votre déclaration préliminaire, si
j'ai compris le règlement. non?
M. Côté (Charlesbourg): J'aurai peut-être
besoin d'un peu plus, mais...
Le Président (M. Gautrin): Parfait. Alors, s'il y a
entente entre tout le monde, vous avez le temps dont vous avez besoin.
Remarques préliminaires M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Au début de cette année budgétaire
où se dessinent des changements majeurs pour le système de
santé et de services sociaux, il me fait plaisir d'entreprendre avec
vous l'étude des crédits pour l'année financière
1990-1991.
Depuis que j'ai pris la direction du ministère, j'ai
été à même de constater les forces et les faiblesses
du réseau de la santé et des services sociaux
québécois. Évidemment, je suis très ouvert à
en connaître d'autres au cours de cette commission parlementaire et je
pense que le député de Joliette tentera de nous en
démontrer quelques-unes.
Pour amorcer les discussions que nous aurons au cours des prochains
jours, j'aimerais, d'une part, effectuer un bref retour en arrière, ce
qui me permettra de présenter la situation budgétaire 1990-1991
et, d'autre part, de poser les assises des orientations que j'entends mettre de
l'avant.
Le gouvernement du Québec a, malgré des contraintes
financières sérieuses, fait des efforts budgétaires
significatifs pour maintenir et accroître les services à la
population. Depuis quatre ans, le gouvernement actuel n'a imposé aucune
coupure budgétaire significative aux établissements du
réseau, afin de maintenir une prestation de services de qualité
à la population.
Le gouvernement a non seulement maintenu les dépenses dans le
domaine de la santé et des services sociaux, mais il les a accrues de
façon importante. Le budget consenti au ministère et à la
Régie de l'assurance-maladie du Québec est passé de 8 200
000 000 $ en 1986-1987 à 10 200 000 000 $ en 1989-1990, soit un
accroissement de 24,3 %. Ce budget représente un peu plus de 30 % (30,6
%) de l'ensemble du budget gouvernemental.
Durant cette période, la croissance des dépenses de mon
ministère fut de 26,3 %, alors qu'elle ne fut que de 18,6 % pour
l'ensemble du gouvernement. Près du tiers (31,8 %) des crédits
additionnels ont été injectés pour répondre aux
besoins du ministère.
De 1986-1987 à 1989-1990, les dépenses du ministère
ont en moyenne augmenté de 7,5 % par année. Cette croissance
moyenne est inférieure à celle du produit intérieur qui se
situe à 9,15 %. Elle est cependant nettement au-dessus de celle du taux
de l'inflation, qui a progressé de 4,4 %.
À notre arrivée au gouvernement, certains problèmes
demandaient des solutions énergiques et immédiates pour non
seulement maintenir mais aussi améliorer les services de santé et
services sociaux à la population québécoise. Le secteur de
la santé, des services aux personnes âgées et aux jeunes en
besoin de protection a, à cet égard, tout spécialement
retenu l'attention.
En 1985, les compressions budgétaires imposées par le
gouvernement précédent, et je prends le soin de le dire, compte
tenu de la situation économique et financière de l'époque
qui était extrêmement précaire, minaient dangereusement
l'équilibre budgétaire des centres hospitaliers. Il nous a fallu
prendre des mesures radicales visant d'abord à éliminer les
déficits, qui étaient à l'époque de 260 000 000 $,
et à rétablir les bases budgétaires de ces
établissements pour une somme de 110 000 000 $.
D'autre part, pour leur permettre à ces mêmes centres de
compenser l'augmentation des coûts liés à
l'évolution des clientèles ainsi qu'à l'impact
technologique, le gouvernement décida d'octroyer aux centres
hospitaliers et aux centres de santé des crédits additionnels
à titre de coût de système pour répondre au
développement technologique et à l'augmentation de la demande de
services. Les montants cumulatifs récurrents totalisaient en 1989-1990
près de 158 000 000 $.
Parallèlement à cet apport de crédits, le
ministère a pris des mesures pour responsabiliser les
établissements en regard des dépassements budgétaires et
faire en sorte qu'il n'y ait plus de déficit.
Les services d'hébergement et les services à domicile pour
les personnes âgées furent aussi au centre des
préoccupations gouvernementales. Les montants cumulatifs
récurrents totalisent plus de 93 500 000 $.
La situation d'engorgement dans les salles d'urgence et des listes
d'attente dans le secteur
de protection de la jeunesse a aussi retenu notre attention.
En plus de répondre aux situations qui demandaient une action
Immédiate, le gouvernement s'est aussi doté d'orientations et de
plans d'intervention en regard de la santé mentale, de la lutte contre
le sida, de la répartition des effectifs médicaux et du
développement des services suite à de nouvelles
constructions.
En janvier 1989, le gouvernement adoptait une politique en santé
mentale. Cette politique, rappelons-le, vise, d'une part, à permettre
à toute personne dont la santé mentale est perturbée ou
qui risque de voir son équilibre psychique compromis d'obtenir une
réponse adaptée à ses besoins et, d'autre part, à
favoriser le maintien et le développement de la santé mentale de
ia population. La politique proposait des actions concrètes en regard de
la protection des droits et de la répartition des ressources de
promotion, de respect et de protection des droits, de répit aux
familles, d'organismes communautaires, d'entraide et de formation. Les conseils
régionaux ont d'ailleurs reçu, en 1989-1990, chacun une enveloppe
globale pour actualiser ces quatre mesures. Il nous sera possible, dès
l'automne prochain, de donner suite aux plans régionaux d'organisation
des services. Cette année, en 1990-1991, le ministère
préparera, avec les conseils régionaux, la
décentralisation des budgets pour la santé mentale vers chacune
des régions.
Le sida, cette maladie grave et mortelle, a fait l'objet d'une attention
particulière de la part du ministère en 1988, qui rendait public
un plan global de prévention, de prise en charge et de contrôle de
l'épidémie du sida. En juin 1989, il mettait en place le Centre
québécois de coordination sur le sida. Ce centre, chargé
de mettre en place les nouveaux programmes de prévention, de soins et de
services, de môme que de formation des intervenants, coordonne et
canalise la collaboration de tous les intervenants du milieu. En incluant les
sommes consacrées pour le médicament AZT, le gouvernement
consacre annuellement 11 100 000 $ de façon spécifique pour les
interventions préventives en regard du sida et les services
spécifiques aux sidéens. À cela s'ajoutent
évidemment tous les services rendus par les établissements dans
le cadre de leurs propres activités et reliés à cette
maladie. la répartition inéquitable des médecins
spécialistes entre les régions constitue une entrave des services
médicaux auxquels la population a droit, quelle que soit sa
région de résidence. en 1986, les régions universitaires
de québec, estrie et montréal métropolitain comptaient 78
% des spécialistes pour 51 % de la population. à l'inverse, les
autres régions, avec une population de 49 %, ne comptaient donc que 22 %
des spécialistes. face à cette situation, il fallait redresser la
situation pour que les citoyens puissent obtenir des services
médicaux.
Nous devions favoriser l'installation des nouveaux médecins dans
les régions en pénurie. Dès 1986, le gouvernement adopta
des mesures législatives permettant la mise en place des plans
d'effectifs médicaux. L'application de ces mesures a déjà
permis d'accroître le nombre de spécialistes et d'omnipraticiens
dans plusieurs régions en pénurie. Les efforts doivent cependant
être maintenus. Nous devons continuer à infléchir les
tendances passées quant aux régions d'installation des nouveaux
médecins. Les régions les mieux pourvues seront ainsi
appelées à contribuer soit en limitant la croissance de leurs
effectifs, soit en ne remplaçant pas une partie des médecins qui
quittent ou abandonnent la pratique. Ceci facilitera et accentuera le
recrutement dans les autres réglons.
Les investissements immobiliers réalisés depuis 1986-1987
ont permis d'accroître les services de santé et le nombre de lits
d'hébergement de soins de longue durée disponibles ou encore
d'améliorer ces services.
C'était un bref rappel qui m'apparaissait utile compte tenu des
investissements considérables que le ministère a dû faire
au cours des dernières années et qui répondaient, bien
sûr, à des besoins.
Quant à la situation de 1990-1991, le budget accordé cette
année pour les services de santé et les services sociaux atteint
10 900 000 000 $. Ces crédits se répartissent comme suit: 8 500
000 000 $ pour le ministère et le réseau lui-même, et 2 400
000 000 $ pour les programmes administrés par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Cette année, le budget de mon
ministère et de la Régie de l'assurance-maladie du Québec
s'accroît de 738 900 000 $. Il fut un temps, M. le Président,
quand j'étais aux Transports, où un montant comme celui-là
aurait été, très certainement, le bienvenu pour l'ensemble
du réseau routier à travers le Québec. Je
répète donc...
Une voix: II serait encore bienvenu.
M. Côté (Charlesbourg): oui. une augmentation de 738
900 000 $. rappelons que cet accroissement représente 35,4 % de
l'ensemble des crédits additionnels alloués par le gouvernement
du québec pour 1990-1991, soit une masse globale de 2 085 000 000 $.
En 1990-1991, le budget de mon ministère s'accroîtra donc
de 540 300 000 $. Cette augmentation de 6,8 % est nettement plus
élevée que le taux d'inflation prévu à 4,8 % et un
peu plus élevée que le produit intérieur brut du
Québec, estimé a 5,7 %. Cet accroissement des crédits
comprend d'abord les crédits nécessaires pour couvrir les hausses
des salaires du personnel cadre et syndiqué, la croissance des autres
dépenses et l'augmentation, au 1er janvier 1990 et 1991, des cotisations
de l'employeur à la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, à la CSST, à
la Régie des rentes du Québec ainsi
qu'à l'assurance-chômage. Il inclut aussi des crédits qui
permettront de poursuivre l'action entreprise pour améliorer les
services à la population.
La part des crédits consacrés au traitement
des cadres comprend l'accroissement des salaires au 1er juillet 1989, une
provision pour la progression salariale et l'indexation des échelles au
1er juillet 1990.
Les augmentations de 5, 13 %, au 1er janvier 1990, et de 4
%, au 1er janvier 1991, de même qu'un accroissement de 0, 48 %, pour
couvrir la progression normale des syndiqués à travers les
échelons de la structure salariale, ont été pris en
considération dans le calcul des crédits pour le personnel
syndiqué.
De plus, un montant de 200 000 000 $ a été
inclus dans les crédits pour l'équité salariale, pour le
relèvement des primes d'inconvénients et de
responsabilités, et pour les échelles d'infirmières
bachelières. C'est d'ailleurs cette injection des crédits
supplémentaires qui nous a permis de signer la convention collective
avec les syndicats d'infirmiers et d'infirmières. (10 h 30)
En plus de l'annualisation des décisions
budgétaires 1989-1990, des ajustements dits mécaniques et des
crédits requis pour donner suite aux conventions collectives, le
ministère a obtenu plus de 110 000 000 $ en crédits nouveaux pour
répondre aux besoins du réseau. Ces crédits serviront
notamment au coût de système santé, aux services aux
personnes âgées, aux services en langue anglaise, au
désengorgement des urgences et au développement suite à
des travaux d'immobilisation.
En 1990-1991, nous continuerons à verser des
crédits additionnels dans le réseau pour permettre aux
établissements de maintenir la qualité des services. Donc, un
montant additionnel de 46 900 000 $ sera versé aux établissements
de santé à titre de coût de système.
L'approche arrêtée par le ministère
pour allouer le coût de système santé 1990-1991 sera
différente de celle des années antérieures, en ce sens
qu'elle sera constituée, en grande partie - environ les deux tiers de
l'enveloppe globale -, d'ajustements spécifiques pour la
réalisation de projets résultant des effets de clientèle
et d'évolution technologique, tels l'arrivée nette de
médecins, certains nouveaux médicaments ou encore l'accès
à des services spécialisés. Le solde, soit le tiers de
l'enveloppe globale, sera alloué aux établissements au prorata de
ce qu'ils auraient obtenu si on utilisait les mêmes taux d'ajustement
paramétrique que ceux de 1989-1990.
En 1991-1992, les crédits alloués à
titre de coût de système seront répartis en tout ou en
partie à partir de la méthodologie basée sur la richesse
relative des régions. Ceci favorisera une meilleure équité
interrégionale.
Encore cette année, nous poursuivrons nos efforts
pour accroître et améliorer les services aux personnes
âgées. Ainsi, 28 000 000 $ seront affectés aux services aux
personnes hébergées et au maintien à domicile des
aînés, ce qui porte le total des crédits ajoutés
à 121 500 000 $.
L'approche arrêtée pour allouer ces
crédits sera similaire à celle de 1989-1990. Une allocation
régionale, inversement proportionnelle à la richesse
régionale eu égard aux besoins des personnes âgées,
sera mise à la disposition de chaque conseil régional. Le conseil
régional recommandera la répartition des crédits entre les
ressources institutionnelles d'hébergement et de longue durée, le
maintien en milieu de vie naturel et les ressources de support au maintien en
milieu de vie naturel. Sur acceptation de cette répartition par le
ministère, il sera de la responsabilité du conseil
régional de proposer une affectation par établissement ou
organisme.
En 1990-1991, un groupe d'experts est créé
afin de formuler des orientations visant à indiquer clairement la
direction vers laquelle le ministère devrait s'engager au cours des
prochaines années pour répondre aux besoins des personnes
aînées. Ce groupe d'experts, présidé par M. Jean
Pelletier, doit formuler des objectifs mesurables et préciser les
actions à mettre en oeuvre pour atteindre ces objectifs. Il existe
actuellement de nombreuses études sur ces sujets; il n'est pas question
de refaire le travail de recherche déjà accompli. Je m'attends
que le groupe d'experts me soumette, au début de 1991, donc, fin
décembre, début janvier, des propositions, j'insiste,
réalistes et concrètes.
L'accessibilité des services de santé et des
services sociaux est l'un des objectifs fondamentaux poursuivis par le
gouvernement en matière de santé et de services sociaux. Afin de
rendre des services accessibles à nos concitoyens de langue anglaise, le
gouvernement a approuvé, pour chacune des régions, un programme
d'accès aux services offerts par le réseau
d'établissements de santé et de services sociaux. Pour coordonner
ce plan d'action, on injectera 1 100 000 $.
Les personnes d'expression anglaise, au Québec,
compteront ainsi sur 249 établissements (79 établissements
désignés et 170 établissements indiqués) pour
recevoir des services dans leur langue. Sur les 858 établissements de
santé et de services sociaux que compte le Québec, ceci
représente un pourcentage de 29 % qui ont l'obligation de rendre
accessibles des services en langue anglaise.
Les mesures mises en place, en 1986-1987, dans le cadre du
plan d'action visant à désengorger les salles d'urgence, ont
été très bénéfiques. Entre 1985 et 1988 - on
peut le dire, je pense, et le répéter - à l'époque,
la situation des urgences s'était nettement améliorée. Le
budget total affecté pour le fonctionnement des mesures permettant de
désengorger les urgences atteindra, en 1990-1991, près de 129 200
000 $,
dont 10 800 000 $ pour les 332 places additionnelles ouvertes en
1989-1990. Donc, l'argent du budget de fonctionnement récurrent, au
moment où nous nous parlons, est de 129 200 000 $, ce qui est
considérable.
Toutefois, je suis conscient que le plan d'action connaît
actuellement un essoufflement et qu'un Important virage doit être
porté si l'on veut améliorer davantage la situation qui
prévaut actuellement dans les urgences. Un sérieux examen de
conscience doit être fait par les administrations hospitalières,
dans le but de revoir l'ensemble de leurs politiques de fonctionnement interne
et externe, car la solution à ce problème d'encombrement doit
passer par cette voie.
C'est donc dans cet esprit que j'ai annoncé, lors de ma
conférence de presse du 27 février 1990, la mise sur pied de deux
groupes, qui auront des mandats très précis. D'abord, le groupe
d'intervention a pour tâche principale de mettre en lumière les
problèmes d'organisation et de fonctionnement dans les salles d'urgence
et de formuler ses recommandations tant à l'établissement, au
conseil régional, qu'au ministère, pour apporter les correctifs
qui s'Imposent. Ce groupe tactique, communément appelé le GTI, a
déjà amorcé son plan de travail, et je suis convaincu
qu'il pourra contribuer grandement à aider les administrations
hospitalières. Également, dans le but de, si vous me passez
l'expression, "réenli-gner" le plan d'action 1986-1987, j'ai
décidé de créer un second groupe, le groupe
stratégique, qui aura pour mandat de me faire des recommandations
précises quant aux mesures à caractère permanent qui
devront être mises de l'avant par les établissements pour
améliorer la situation. Les mesures comporteront très peu
d'injections budgétaires, mais seront davantage fonction d'une
organisation interne de fonctionnement et d'une coordination
régionale.
Le secteur de la protection de la jeunesse constitue aussi un autre
secteur où l'ajout des crédits n'est pas le seul remède au
problème d'engorgement. Depuis l'exercice financier 1986-1987, des
sommes importantes ont été investies afin de résorber les
listes d'attente dans le secteur de la protection de la jeunesse. Cet
investissement représente 6 600 000 $ en 1989-1990. Malgré ces
Investissements massifs, le phénomène des listes d'attente
tardait à se résorber. Au 5 janvier 1990, la liste d'attente
à l'évaluation comptait encore 3761 signalements. Un plan
d'action, comportant un bilan de la situation, une stratégie
d'intervention et des mesures concrètes, a été mis en
place en collaboration avec les directeurs des CSS et les directeurs de la
protection de la jeunesse. D'ores et déjà, des mesures mises en
place ont été efficaces. Après 15 semaines, la liste
d'attente à l'évaluation a diminué de 37,3 %, passant de
3761 situations, le 5 janvier 1990, à 2359 situations, le 23 avril 1990,
et à 1935 au 11 mai dernier.
Fait important à souligner, parallèlement à cette
diminution systématique de la liste à l'évaluation, on a
aussi réduit de près de 100 cas la liste d'attente de la prise en
charge, passant de 986 à 886.
Parallèlement à l'ajout des crédits importants,
nous avons aussi révisé certaines normes de pratique des
intervenants des CSS. Les recommandations du rapport Harvey à cet
égard, maintenant en application dans tous les CSS, aident à
normaliser les pratiques, à accroître l'efficacité de
l'intervention et à stabiliser la liste d'attente à
l'évaluation malgré la progression exponentielle des
signalements. Le lancement des travaux de la deuxième phase du rapport
Harvey, qui porte sur l'examen de la prise en charge, devrait aussi avoir une
incidence sur la liste d'attente à la prise en charge.
Enfin, la réflexion en cours au ministère, au sujet des
listes d'attente, nous amène à remettre en question
l'investissement systématique dans les ressources lourdes de la
protection de la jeunesse. Notre investissement futur pourrait désormais
toucher d'autres partenaires susceptibles d'agir dans le domaine de la
prévention et de l'intervention de première ligne afin
d'améliorer le support à la famille et à la jeunesse.
Malgré notre impuissance à contrôler l'entrée
des signalements, le redressement de la situation s'avère très
significatif. La gestion du phénomène des listes d'attente
devrait être sous contrôle une fois que les éléments
de la réforme du système de la santé et des services
sociaux seront intégrés dans le réseau.
À l'instar de l'ensemble des pays industrialisés, le
gouvernement du Québec porte à la question de la toxicomanie une
attention toute particulière. Ainsi, le premier ministre du
Québec a mandaté un groupe de travail sur la lutte contre les
drogues. Ce groupe, présidé par M. Mario Bertrand, identifie
présentement des pistes d'action à prioriser. Un rapport sera
déposé au premier ministre en juin prochain, et le plan d'action
qui en découlera devra avoir un impact sur les actions de notre
ministère.
Le ministère a déjà procédé, en 1988,
à une vaste consultation concernant les orientations à
privilégier. Il a également investi près de 4 000 000 $
dans ce secteur pour la prévention, la réadaptation et la
recherche. En 1989-1990, les régions ont complété un
programme régional de prévention de la toxicomanie.
Des crédits de l'ordre de 22 400 000 $ sont aussi ajoutés
pour assurer le fonctionnement à la suite des différents projets
de construction dans le secteur de la santé et des services sociaux. Ces
crédits additionnels permettront de rendre accessibles des lits et des
services supplémentaires dans les établissements et
d'améliorer certains services en les rationalisant.
Pour répondre, d'une part, à la hausse croissante des
loyers payés par les établissements
et, d'autre part, aux besoins additionnels de location, on ajoute 3 200
000 $ aux crédits prévus pour la location d'espace.
Nous ajoutons aussi 2 000 000 $ en crédits nouveaux pour
accroître les services dispensés par les maisons
d'hébergement jeunesse, par les centres de femmes et par les organismes
de mesures de rechange. De plus, nous injectons 1 000 000 $ pour la gestion du
transport ambulancier.
Afin de compléter ce tour d'horizon concernant les crédits
qui seront injectés dans le réseau, permettez-moi d'aborder avec
vous la question des immobilisations. Au cours de l'exercice budgétaire
complété le 31 mars dernier, le Conseil du trésor a
autorisé le ministère à entreprendre ou à
compléter des projets totalisant 986 300 000 $ au cours de la
période s'étendant du 1er avril 1989 au 31 mars 1992. De cette
somme, 669 800 000 $ sont alloués au parachèvement et 316 500 000
$ aux nouvelles initiatives de maintien d'actifs et de développement
inscrit au plan annuel des immobilisations 1989-1990.
Dans ce contexte, j'attire votre attention sur la volonté
manifestée par le gouvernement de corriger les problèmes de
sécurité-vétusté observés dans le
réseau ces dernières années. Ainsi, dans le budget de M.
Levesque du mois de mai dernier, 75 600 000 $ ont été
ajoutés à cet effet. Pour le plan triennal qui débute, le
ministère allouera ses enveloppes budgétaires pour
répondre aux besoins de sécurité-vétusté des
immeubles, rééquilibrer les secteurs en déficit de lits,
développer et améliorer les services d'hébergement et de
longue durée à la population vieillissante et les services de
réadaptation à la jeune population. Nous verrons aussi au
développement de la recherche en santé et au rehaussement
technologique.
Pour atteindre ces objectifs, nous révisons actuellement le cadre
normatif en nous basant sur une politique de conservation des immeubles et des
équipements, nous demandons une enveloppe budgétaire
consacrée au développement et nous finalisons un cadre de gestion
des immobilisations qui devrait permettre de mieux rationaliser les choix de
projets devant faire l'objet d'investissements immobiliers.
Les budgets 1990-1991 des établissements et des conseils
régionaux seront indexés pour tenir compte de l'impact financier
des conventions collectives et, de plus, les établissements pourront
compter sur une indexation des dépenses non salariales correspondant au
taux de croissance prévu par le ministère.
L'année budgétaire 1990-1991 sera marquée par
l'intégration au budget global d'éléments qui donneront
aux gestionnaires des établissements une plus grande marge de manoeuvre
pour gérer de façon efficace et efficiente les ressources mises
à leur disposition.
L'intégration au budget global des établis- sements de
services sociaux des avantages sociaux reliés à
l'assurance-salaire, aux droits parentaux et à l'utilisation des banques
de congés de maladie accumulés impliquera que le ministère
ne corrigera plus, à partir des états financiers, les montants
prévus et que, par ailleurs, les établissements pourront
bénéficier des surplus qui résulteront d'une gestion de
ces postes budgétaires. Ce sera également le cas pour les revenus
de suppléments de chambres en établissement de santé.
Afin d'inciter les employeurs à une meilleure prévention
des accidents de travail, la CSST a modifié son mode de tarification.
Cette modification amènera des changements budgétaires importants
pour certains établissements. Afin d'atténuer l'impact de ces
modifications et aussi pour permettre aux établissements de s'adapter au
nouveau mode de tarification, le ministère procédera, pour une
période transitoire de deux ans, à des réallocations de
ressources entre les établissements.
Le contexte des finances gouvernementales a également
motivé l'introduction, pour 1990-1991, d'une demande aux
établissements pour qu'ils participent aux efforts de réduction
des dépenses. Malgré d'importants efforts déployés
au cours des dernières années par l'ensemble des
établissements, il y a encore place pour des mesures de réduction
de dépenses qui n'affectent pas les services directs à la
population. C'est pourquoi un ajustement a priori, variant de 0,15 % à
0,30 % selon la catégorie d'établissements, sera effectué
au budget 1990-1991.
C'est certainement un thème très intéressant pour
le député de Joliette, compte tenu de la fin de semaine: le
désengagement du gouvernement fédéral dans le secteur de
la santé. (10 h 45)
M. Chevrette: C'était d'ailleurs ma première
question ce matin. Ce n'est pas tellement sur les transferts comme sur vos
convictions.
M. Côté (Charlesbourg): On ne peut aborder
l'étude des crédits du ministère de la Santé et des
Services sociaux sans s'attarder quelques instants sur la problématique
du désengagement fédéral.
Rappelons tout d'abord quelques faits brutaux. Le gel de la contribution
fédérale au financement de la santé annoncé dans le
dernier budget fédéral représente un manque à
gagner pour le Québec de 157 400 000 $ en 1990-1991. Si on
considère l'ensemble des mesures de réduction de la contribution
fédérale adoptées depuis 1982, le manque à gagner
pour le Québec au titre du financement de la santé
représente, pour la seule année 1990-1991, un montant de 848 000
000 $ et atteindra, en 1991-1992, 1 121 000 000 $. Le résultat de ces
coupures est que la contribution fédérale au financement de la
santé, qui représentait, en 1977-1978, quelque 45,3 % des
dépenses du Québec à ce titre, n'en
représente plus que quelque 36,2 % en 1990-1991. Il n'est donc
pas exagéré de parler d'une véritable opération de
désengagement du fédéral dans le secteur de la
santé.
Ce désengagement est à la fois inacceptable, injuste et
incohérent. Il est inacceptable, parce qu'il remet en cause de
façon unilatérale un engagement historique des gouvernements
fédéral et provincial, pris au milieu des années soixante
et renouvelé par la suite jusqu'au début des années
quatre-vingt, de collaborer au développement et au maintien de
systèmes de santé qui permettent d'améliorer l'état
de santé de i'ensemble des Canadiens.
Il est inacceptable également parce qu'il survient à un
moment où les pressions sur les systèmes de santé sont
énormes, tant en raison du vieillissement de la population, du
développement de la technologie que de l'émergence de nouveaux
besoins. Le désengagement fédéral a pour effet de reporter
sur les provinces la responsabilité financière de faire face
à ces pressions alors qu'elles-mêmes doivent affronter de graves
problèmes financiers.
Il est injuste parce qu'il s'opère de façon aveugle,
c'est-à-dire sans tenir compte de la capacité fiscale de chaque
province. Il en résulte que les provinces moins bien nanties doivent
supporter un fardeau encore plus lourd pour maintenir des services de
santé accessibles et de qualité.
Il est incohérent, enfin, avec les exigences imposées par
le fédéral dans le cadre de la Loi canadienne sur la
santé. Comme on le sait, cette loi impose aux provinces de maintenir un
système de santé universel et accessible tout en interdisant
toute forme de contribution des usagers pour les services assurés et ce,
sous peine de sanctions financières.
L'imposition de standards dits nationaux s'est justifiée
historiquement dans la logique fédérale par l'importance de son
engagement financier et par sa volonté d'assurer des services
équivalents dans chaque province. Le désengagement actuel remet
fondamentalement en cause cette approche. Le gouvernement fédéral
ne peut à la fois accélérer son désengagement
financier et justifier le maintien de normes nationales dont le poids du
respect incombe essentiellement aux provinces.
En conclusion, il nous apparaît clair que le gouvernement
fédéral doit maintenant se brancher. Ou bien il veut
réellement épauler les provinces dans le maintien de
systèmes de santé de qualité, et il doit alors
rétablir sa participation financière; ou bien il poursuit dans la
voie du désengagement, et il doit alors en tirer les conséquences
logiques eu égard à l'imposition de normes nationales.
Le gouvernement du Québec a pu, jusqu'à présent,
faire en sorte que le désengagement fédéral n'affecte pas
directement le niveau et la qualité des services de santé offerts
aux Québé- cois. Cela a été possible au prix de
nombreux efforts et parce que la santé constitue un secteur prioritaire
d'intervention pour notre gouvernement. Mais l'aggravation de la situation
menace nos acquis et les responsables de cette situation doivent être
clairement identifiés et doivent supporter le poids politique de leurs
gestes.
Malgré la baisse des revenus - et j'achève, M. le
Président, je sais que j'ai déjà abusé largement de
votre patience - provenant du gouvernement fédéral, le
gouvernement québécois a, jusqu'à maintenant,
réussi à maintenir et à accroître ses
investissements dans le secteur des services de santé et des services
sociaux, parfois au détriment d'autres secteurs d'activité
gouvernementale. Cette baisse progressive et importante de revenus nous
amène maintenant à considérer des sources de financement
additionnelles et à réexaminer certains programmes tout en
conservant l'accessibilité et l'universalité des services de
santé et des services sociaux à caractère essentiel.
Le financement de certains services par les bénéficiaires
a été accru. Cette situation se présente pour le transport
ambulancier et les suppléments de chambres en établissement de
santé où les frais n'avaient pas été indexés
depuis plusieurs années. Un rattrapage s'imposait donc. Le tarif de
prise en charge pour un transport par ambulance a donc été
porté de 70 $ à 90 $. De plus, les suppléments de chambres
privées et semi-privées ont été redressés de
28 % en moyenne, ces suppléments n'ayant pas été
indexés depuis plus de cinq ans maintenant.
La dernière mesure afférente au financement alternatif est
l'introduction de frais de 10 $ pour le remplacement avant
échéance des cartes d'assurance-maladie perdues, volées ou
détruites. Ces frais ont pour objectif de ne pas faire supporter par
l'ensemble de la collectivité des frais administratifs reliés
à un nombre restreint de bénéficiaires. Le
ministère, en collaboration avec la Régie de l'assurance-maladie
du Québec, a également entrepris de rationaliser ses programmes
et ses dépenses. J'entends aussi examiner avec la Régie de
l'assurance-maladie du Québec les mécanismes qui habiliteraient
cet organisme à exercer un véritable rôle
d'évaluation des programmes sous sa responsabilité et lui
permettraient d'exercer un véritable contrôle auprès des
dispensateurs de services ainsi que des utilisateurs de services.
En terminant, M. le Président, au cours des prochains mois, nos
efforts seront tout spécialement consacrés à
définir dans sa forme finale le projet de réforme des services de
santé et des services sociaux entrepris il y a plus de quatre ans. Je
dois rappeler ici que la phase ultime de ce vaste réexamen du
système québécois de la santé et des services
sociaux profitera largement de l'étude de l'avant-projet de loi sur les
services de santé et les services sociaux que
vient de compléter cette commission parlementaire. Je rappelle
que nous avons eu 266 mémoires, que nous en avons entendu près de
175 et je n'ai pas besoin, M. le Président, de vous dire que certains
principes nous guident, qu'ils continueront toujours de nous guider dans la
même ligne de pensée que celle de la commission parlementaire. Je
rendrai public à l'automne le plan d'action concernant l'ensemble des
mesures adoptées dans le cadre de cette réforme. Après,
l'Assemblée nationale sera saisie du projet de loi contenant les
dispositions législatives qui devront être adoptées afin de
permettre les changements souhaités.
Donc, M. le Président, un très gros programme pour le
ministère de la Santé et des Services sociaux, bien sûr, vu
dans le cadre plus large d'un autre programme gouvernemental qui est tout aussi
chargé, lui aussi, et tout en tenant compte, bien sûr, dans chacun
des cas et chacune des situations, des imprévus à la fois
à la santé et gouvernementaux qui pourraient survenir au cours de
cette année. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Je pense
que vous avez pris 34 minutes. C'est ça?
M. Chevrette: Oh! Je n'en aurai pas besoin.
Le Président (M. Gautrin): Alors, j'imagine que... Je
donne la parole au député de Joliette avec 34 minutes devant lui,
s'il veut les utiliser.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Tout d'abord,
l'étude des crédits budgétaires constitue un des moments
privilégiés du parlementarisme. En effet, c'est à cette
occasion que nous remplissons une fonction fondamentale de notre rôle
d'élu, à savoir celui du contrôle des dépenses de
l'État. L'exercice est d'autant plus important qu'il concerne plus de 30
% du budget gouvernemental. Malheureusement, notre règlement
prévoit un maximum de 20 heures par ministère, ce qui ne
représente que 10 % des 200 heures totales à notre
disposition.
Vous le devinerez, ce ne sont pas les sujets de discussion qui manquent,
et j'espère sincèrement que nos échanges seront des plus
profitables et ce, dans l'intérêt de toute la population. Et avant
d'entreprendre nos discussions plus à fond, vous allez me permettre, M.
le Président, de souhaiter la bienvenue au ministre et à toute
son équipe qui l'entoure. J'espère que nous aurons les
échanges des plus fructueux, et je le répète, c'est en
fonction de la population.
Nous avons eu l'occasion récemment, dans le cadre d'une vaste
consultation publique sur la réforme des services sociaux et de
santé, d'énoncer les grands principes qui devraient, selon nous,
en articuler la teneur. Sans reprendre in extenso notre discours de
clôture, j'aimerais néanmoins m'attarder sur certains
éléments clés.
Par ailleurs, le ministre, dans le cadre de ses interventions publiques,
soulève tranquillement le voile sur ses intentions. Au lendemain de la
commission parlementaire, le ministre admettait pour sa future réforme
la nécessité de plus d'argent. Cela avait de quoi surprendre,
compte tenu de la véritable liste d'épicerie qu'il avait
constituée au cours des audiences. Bien qu'on nous réserve la
réforme pour le début de 1991, nous étions donc en droit
d'espérer que la volonté gouvernementale se concrétise
dès le dernier budget, d'autant plus que de nombreux engagements
contractés par le ministre ne nécessitent aucun amendement
législatif et revêtent même un caractère
d'urgence.
Au lieu d'un premier pas dans cette direction, le gouvernement a
plutôt choisi de lancer le débat sur le financement de notre
réseau par le biais d'une vaste remise en question des principes de la
gratruité, de l'universalité et de l'accessibilité. Le
débat étant lancé, cela amène un certain nombre de
commentaires de notre part.
Premièrement, le gouvernement doit cesser d'agiter des
épouvantails, comme s'est employé à le faire
récemment le président du Conseil du trésor. À
l'instar de la commission Rochon, le gouvernement libéral doit
reconnaître que notre système de santé et de services
sociaux réussit assez bien à contrôler ses coûts. Les
statistiques à cet égard sont éloquentes, puisque la part
du PIB des crédits du MSSS et de la Régie de l'assurance-maladie
du Québec combinés connaît une décroissance, passant
de 7 % en 1985-1986 à 6,7 % en 1989-1990. De plus, il faut savoir que
les dépenses de santé et d'adaptation sociale exprimées en
pourcentage du budget gouvernemental n'ont connu qu'une croissance de 1 % en
dix ans, passant de 29,3 % à 30,3 %. Ce résultat, si l'on tient
compte de la diminution globale des dépenses gouvernementales, est tout
à fait acceptable.
Deuxièmement, si le système a réussi relativement
bien à résorber ses coûts, cela ne s'est pas fait sans
heurts. Le gouvernement doit admettre qu'il existe une limite aux compressions
budgétaires et que des coupures abusives risquent de compromettre et
compromettent déjà l'objectif de l'accessibilité aux
services. Les nombreuses listes d'attente pour une chirurgie élective,
une place dans un centre d'accueil, une intervention de la Direction de la
protection de la jeunesse ou une place dans un hôpital de soins de longue
durée illustrent cette nouvelle réalité. Pour notre part,
nous estimons qu'il importe de maintenir à 7 % - notre part - du PIB le
pourcentage des dépenses en santé et en réadaptation
sociale, ce qui nous situerait dans une moyenne tout à fait acceptable
en comparaison avec d'autres sociétés occidentales. Si le
gouvernement avait maintenu une telle moyenne, croyez-le ou non, c'est
entre
260 000 000 $ et 460 000 000 $ qui auraient été
ajoutés au budget chaque année entre 1987-1988 et 1990-1991. Le
maintien d'une telle moyenne par le gouvernement permettrait d'éviter et
de remettre en cause de façon indirecte les acquis
d'accessibilité.
Troisièmement, le gouvernement du Québec doit prendre acte
que les hausses appréhendées des coûts sont attrlbuables
essentiellement à trois phénomènes requérant des
solutions originales et non pas une remise en cause des grands principes. Non
seulement doit-il en prendre acte, mais il doit agir.
D'abord, le vieillissement de la population. Les crédits
alloués au maintien à domicile demeurent insuffisants,
malgré les 15 500 000 $ supplémentaires annoncés dans le
budget. Le virage s'impose; le ministre l'a annoncé, on l'attend encore.
Qui plus est, le gouvernement promet, depuis maintenant plus de deux ans, une
politique de maintien à domicile, alors que nous en sommes encore
à la formation toute récente d'un nouveau comité
chargé d'étudier la situation. De plus, dans son document
d'orientations, le ministère évalue à 5000 le nombre de
places nécessaires en centre d'accueil pour faire face aux besoins de
l'an 2000. Rien dans le budget n'annonce que le gouvernement s'apprête
à faire face à cette responsabilité. Bien au contraire, on
a ouvert, depuis 1986, un nombre dérisoire de nouvelles places en centre
d'accueil. En conséquence, nous exprimons notre vive déception
face à l'insensibilité du gouvernement, d'autant plus qu'il
s'agit là d'un secteur où il n'est pas nécessaire de
passer par une réforme pour agir.
Autre phénomène contribuant à hausser les
dépenses en matière de santé, le développement de
nouvelles technologies et médications. Encore ici, le gouvernement
pèche par son inaction. Dans un premier temps, il importe qu'il
s'attaque à la statistique désastreuse démontrant que le
Québec ne produit que 20 % de ses équipements médicaux.
S'il est impossible de réduire les coûts, qu'à tout le
moins le gouvernement pose des gestes et mette sur pied une politique d'achat
québécoise pour que le Québec profite au maximum de ces
dépenses colossales. L'urgence est d'autant plus grande que les
importations sont passées de 65 % en 1985-1986 à 80 %
aujourd'hui. Eu égard aux équipements supercoûteux, le
gouvernement a l'obligation de réduire toute duplication inutile en
passant des messages non seulement au réseau, mais aussi aux propres
membres du gouvernement libéral.
J'ajouterais qu'avant de s'aventurer dans une remise en question des
grands acquis qui, disons-le, ont fait l'objet d'un consensus lors de la
récente commission parlementaire, le gouvernement aurait
été mieux avisé de lancer le difficile débat sur
l'acharnement thérapeutique. Le développement technologique
n'aura jamais de fin. Les équipements seront de plus en plus
sophistiqués et coûteux et, un jour, inévitable- ment, la
question surgira: Devons-nous, comme société, nous payer le
dernier cri, le dernier appareil évidemment plus coûteux?
Voilà une discussion que le gouvernement va devoir aborder. (11
heures)
Quant aux médicaments, plutôt que de se faire la main sur
les bénéficiaires de l'aide sociale, il est du devoir du
gouvernement de regarder là où ça compte vraiment,
c'est-à-dire dans l'accréditation des médicaments, leur
utilisation dans les établissements du réseau et les lobbies
exercés par les grandes compagnies pharmaceutiques. Je vous
réfère au témoignage, en février, de l'Association
des pharmaciens, entre autres, qui a posé des questions fondamentales
à mon point de vue.
M. Côté (Charlesbourg): Des pharmaciens de centres
hospitaliers.
M. Chevrette: De centres hospitaliers. Un dernier
phénomène expliquant la pression sur les coûts de
santé est, sans contredit, l'absence de contrôle sur
l'accroissement des actes médicaux. Ici, nous demandons au gouvernement
des solutions aussi originales que courageuses. Sans craindre de diversifier le
mode de rémunération des médecins, il faut qu'il s'assure
d'une meilleure répartition des médecins sur le territoire en
procédant à la régionalisation des enveloppes de la RAMQ.
En plus, il doit rechercher à diminuer la proportion d'actes
médicaux dits de sécurité en analysant sérieusement
la mise sur pied d'un régime de responsabilité de "no fault".
Finalement, si le gouvernement s'engage dans la voie d'un contrôle accru
des usagers, a fortiori doit-il regarder du côté des
dispensateurs. Là-dessus, je dois reconnaître que le ministre y a
répondu dans son exposé. Comme j'ai écrit cela sans le
consulter, naturellement je ne savais pas ce qu'il dirait.
M. Côté (Charlesbourg): Vous auriez dû me
consulter.
M. Chevrette: Je ne suis pas sûr, surtout pas certain. Mais
sur ce, je dois reconnaître qu'on doit y aller sur les deux volets.
L'exposé du ministre y a répondu.
Quatrièmement, toujours à partir du débat sur le
financement du réseau, il importe que le gouvernement libéral,
qui se berce dans l'illusion d'un fédéralisme rentable, se
réveille rapidement. Dans son document d'orientations, par ailleurs
étrangement silencieux sur toute la question du financement, le
gouvernement semble espérer que les transferts fédéraux
connaîtront une croissance. Dans le document d'orientations, je dis bien.
Or, les transferts financiers, qui représentaient 28,9 % des revenus
budgétaires du Québec en 1983-1984, ne représentent plus
que 21,6 % en 1989-1990, et ça, c'est grave. Les coupures
additionnelles prévues au dernier budget
fédéral accentuent cette tendance pour porter maintenant ce ratio
à seulement 17,7 % en 1992-1993. Ces coupures sont
particulièrement douloureuses dans le secteur de la santé, la
part du financement fédéral passant de 42 %, en 1984-1985,
à 39 % en 1989-1990. Si les dépenses d'Ottawa s'étaient
maintenues dans la même proportion, c'est 275 000 000 $
supplémentaires qui auraient été investis dans notre
réseau. Il nous faut donc conclure que le gouvernement libéral,
davantage préoccupé par l'accord du lac Meech, n'aura pas su
réclamer notre dû.
Cinquièmement, je tiens à
réitérer ce qui était une conclusion importante dans mon
discours de clôture de la commission parlementaire sur la réforme.
Si le gouvernement veut intégrer le secteur privé dans notre
réseau, qu'il ait le courage de ses convictions et qu'il le fasse par la
grande porte, c'est-à-dire en passant par l'Assemblée nationale.
Ainsi, il faut que le gouvernement nous indique clairement quel avenir il
réserve aux OSIS. Par ailleurs, il doit clairement se prononcer sur
l'utilisation par les CLSC d'agences privées de maintien à
domicile. Alors que, pour l'année 1988-1989, 43 CLSC eurent recours
à de telles agences pour un coût total de 4 671 435 $, en
1989-1990, on se ramasse avec 46 CLSC qui ont utilisé leurs services
pour un montant de 6 893 354 $, soit une hausse de 48 %. De plus, on remarque
toujours, pour les CLSC, une hausse de 12 % des coûts d'utilisation
d'agences privées d'infirmières pour le maintien à
domicile. C'est passé de 729 383 $à820 109 $.
Sixièmement et finalement, eu égard au
financement du réseau, nous sommes d'accord avec le ministre à
l'effet qu'il existe des duplications de services dans le réseau. Nous
sommes aussi d'accord sur le fait qu'il faille changer, dans bien des cas, les
messages aux administrateurs du réseau. Ce sont d'ailleurs là les
constatations importantes de la commission Rochon. Le ministre a insisté
fortement sur ces deux aspects. Toutefois, le gouvernement doit réaliser
que si des économies sont possibles, il ne faut pas surévaluer le
potentiel de réallocation des ressources. D'ailleurs, il serait
extrêmement intéressant que le ministre nous indique aujourd'hui
combien il pense pouvoir dégager ainsi. 100 000 000 $, 200 000 000 $,
500 000 000 $? On le verra tantôt dans les questions. Et surtout quel
pourcentage de cette somme sera réellement investi dans la
prévention? Car, doit-on le rappeler constamment, il s'agit là de
la clé de l'avenir.
Comme vous le constatez, M. le Président, en voulant
faire un rapide tour d'horizon de la question du financement du réseau,
on aborde inévitablement bon nombre de dossiers. C'est, bien sûr,
parce que le nerf de la guerre, qu'on le veuille ou non, c'est l'argent.
Outre la question du financement, un dernier
élément m'apparaît particulièrement important. Il
est impérieux que le gouvernement rétablisse le climat de travail
qui s'est atrocement détérioré à la suite de
l'adoption de la loi 160. À cet égard, je crois que le ministre
devra poser rapidement un geste de bonne volonté.
Finalement, et j'aimerais conclure sur cet aspect, la
commission parlementaire a mis en relief l'importance de la formation
professionnelle des gens oeuvrant dans le réseau. On sait que c'est un
des réseaux... C'est le ministère le plus faible sur le plan des
sommes consacrées à la formation et au perfectionnement. Le
ministre s'y est montré sensible. Toutefois, rien dans le budget et dans
les crédits ne laisse entrevoir un virage majeur sur ce point et,
pourtant, il s'agit là de l'un des défis les plus importants du
réseau. Si l'on veut accroître la performance et la motivation
nécessaires pour les années à venir, le gouvernement devra
accepter d'y Investir massivement.
M. le Président, je n'ai pas voulu, au cours de
cette commission parlementaire, prendre le ministre par surprise. Je lui avals
indiqué d'ores et déjà que j'entendais, suite à un
rapide tour d'horizon du ministère, aller à des points bien
précis, en particulier, à la réforme d'il y a deux ans
dans le domaine ambulancier. Je dois vous avouer que c'est un fiasco. C'est une
catastrophe, cette histoire-là. C'est une catastrophe véritable
pour les contribuables québécois et pour la qualité des
services, tant à Montréal qu'à l'extérieur de
Montréal. J'entends, par mes questions, permettre au ministre de prendre
le taureau par les cornes et qu'on y apporte des correctifs. Il est
inconcevable qu'on ait presque et même plus que doublé les sommes
et qu'on en arrive à une détérioration de la
qualité des services ambulanciers au Québec. Je veux bien que le
ministre comprenne que l'objectif fondamental de l'Opposition dans ce dossier,
c'est de faire en sorte que la lumière soit faite sur cette
réforme qui s'est mal amorcée et qui a été
menée d'une façon, entre vous et moi, je ne dirais pas
cavalière, mais incompétente. Je qualifie d'incompétente
la façon dont on a conduit ce dossier, la façon aveugle dont on
est allé dans ce dossier et ses résultats catastrophiques sur les
coûts par rapport à la détérioration de la
qualité des services. On était en droit de s'attendre à un
accroissement de la qualité des services.
Par mes questions, je veux démontrer au ministre, au
cours de cette commission parlementaire, qu'avec le double de l'argent et plus
de ressources humaines on a une qualité qui s'est
détériorée. Pourtant, il y a eu un investissement massif.
Dès que M. Lamarche sera ici, je procéderai avec mes questions.
Le seul effet bénéfique de cette réforme, c'est
l'équité salariale des salariés des régions par
rapport à ceux de Montréal. C'est un des bienfaits que |e
reconnais et l'en suis heureux pour l'ensemble des techniciens ambulanciers.
Mais pour le reste, je
demanderai au ministre, Je demanderai carrément au ministre
à la fin, de procéder. Ça n'a pas de bon sens. C'est le
citoyen, le consommateur québécois qui fait face à une
administration tout à fait incompétente.
Deuxième point que je vais aborder: la Société
immobilière du Québec... Pas l'immobilière, mais la
Corporation d'hébergement du Québec, en particulier, les
dépassements de coûts dans le domaine de la santé. J'ai, il
y a quelques semaines, plusieurs semaines, demandé au ministre un
rapport dont nous avons reçu copie et j'entends questionner les
dirigeants de la Corporation d'hébergement du Québec sur les
raisons légitimant les dépassements de coûts dans
l'ensemble des dossiers, parce qu'il nous apparaît, dans certains
dossiers, que les dépassements de coûts sont magistraux, passant
du simple au double. Donc, on se doit de questionner à fond.
Et, quant à la RAMQ, à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, les objectifs de l'Opposition sont fort
clairs. Depuis le début, on a été porté au
Québec à mettre la faute, quand on parlait d'abus, sur le
consommateur, sur le bénéficiaire. Si la RAMQ ne peut pas me
répondre, il y aura au moins des commandes de la part de l'Opposition
pour bien établir qui est responsable de quoi. Je pense qu'à la
RAMQ on pourra se permettre de loger une certaine liste, une certaine commande
avec des points bien précis qui seront de nature à
éclairer l'ensemble des Québécois. Moi, personnellement,
je m'inscris toujours en faux contre le fait que c'est toujours le consommateur
qui a la brique, en bout de course. C'est lui qui abuse. Et je pense que le
ministre comprendra que, quand on a demandé de rencontrer la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, c'était pour avoir
le portrait réel, de sorte qu'on empêche ainsi certaines
personnes, qui peuvent être de bonne foi, mais certaines personnes de
mettre le doigt exclusivement sur la tête du consommateur et de lui dire
qu'il est le grand responsable des abus dans notre système.
Donc, l'objectif de l'Opposition face à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, c'est d'avoir les réponses les
plus précises possible, entre autres sur la médication. Je pense
qu'on sait qu'on s'apprête à légiférer à
l'Assemblée nationale, parce que le payeur, qui, en l'occurrence, est le
ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, veut
avoir des informations sur les consommateurs. Serait-il bon qu'il y en ait
aussi sur les dispensateurs? À mon point de vue, c'est inacceptable
qu'on y aille à sens unique. Là-dessus, je pense que nos
idées se rencontreront. Donc, ce sont les deux points majeurs, les trois
points majeurs, dis-je.
Naturellement, M. le Président, cet avant-midi, nous ferons
plutôt un tour de piste général, en allant toucher à
des questions que certains députés m'ont posées. Je
comprends que, ce matin, Urgences-santé ne pouvant être ici, on la
questionnera surtout cet après-midi. J'aborderai également la
question de la formation avec les dirigeants d'Urgences-santé, M. le
ministre, parce que vous avez dit cette phrase: C'était un des
objectifs. Je vous rappellerai que les grands objectifs de la réforme
des services ambulanciers du Québec, c'étaient la
stabilité dans l'emploi, l'amélioration de la formation et
l'amélioration de la qualité en région. Vous vous
rappellerez ça, c'était votre collègue, M. Dutil, qui
prêchait ça. Donc, c'est ça qu'on va regarder ensemble par
les questions que j'aurai à vous poser.
Première question, si le ministre me permet...
Le Président (M. Gautrin): Attendez un instant...
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Gautrin): D'abord, j'ai deux choses.
Premièrement, est-ce qu'il y a consentement unanime pour que le
député de Chauveau remplace le députe de Fabre? Ça
n'avait pas été annoncé au début. Il y a
consentement des deux partis?
M. Chevrette: Oui, monsieur.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, on en prend note
dans le procès-verbal. Avant de vous redonner la parole, est-ce qu'il y
a des déclarations préliminaires ou des remarques
préliminaires d'autres membres de la commission? Non? Alors, cela
termine les remarques préliminaires.
Je vous passe la parole, M. le député de Joliette.
Discussion générale Contrôle des
coûts du système de santé
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Tout d'abord, ma
première question au ministre: Est-il d'accord avec les conclusions de
la commission Rochon à l'effet que le système de santé au
Québec contrôle assez bien ses coûts?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, si
vous me permettez, dans un premier temps - j'aurais certainement dû le
faire d'entrée de jeu - de vous dire que l'Opposition nous a transmis un
nombre record de questions, avant même qu'on en arrive à
étudier ces crédits, qui ont nécessité de
nombreuses heures de travail de la part des responsables du ministère
et, quant à moi, de vous rappeler que le mot d'ordre a été
très clair: Toute l'information devait être transmise aux
députés de l'Opposition et aux députés de la
Chambre.
Je pense qu'on n'aurait peut-être même pas eu besoin de 20
heures de commission parlementaire après avoir répondu à
toutes ces questions.
Je l'ai fait avec un esprit de transparence et dans l'esprit,
effectivement, d'informer les parlementaires qui doivent être les
premiers informés ou être très bien informés pour
être capables de prendre des décisions. Et, à ce point de
vue là, c'est le même procédé qui va se poursuivre
au niveau de la commission parlementaire. Tout ce qui peut être rendu
disponible à la deputation, pour juger de la pertinence des gestes
posés sera fait toujours dans cet esprit-là.
Mais, je vous le répète, jamais le ministère n'a
été autant sollicité, peu importent les partis politiques
qui étaient dans l'Opposition, quant aux questions qui ont
été demandées et quant à la recherche que ça
a impliqué. Donc, vous avez tout ça entre les mains maintenant et
c'est une mine d'informations extraordinaire, dans laquelle vous puiserez
très certainement au cours de la commission parlementaire et des jours
subséquents pour alimenter votre réflexion et conditionner votre
questionnement. J'ai été très heureux de le faire et je le
ferai à nouveau. (11 h 15)
Quant à la question fondamentale: Est-ce que le système
contrôle bien ses coûts? La réponse est oui. Le
système contrôle bien, de manière générale,
ses coûts. Et je me pose une question avec un volet: Est-ce qu'il y a
possibilité d'améliorer? Je vous dis oui, et de manière
très importante.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous donner des indices,
par exemple, sur les façons?
M. Côté (Charlesbourg): Vous en avez vous-même
évoqué dans votre discours que j'ai repris à l'occasion un
peu partout en allant tenter de sensibiliser et de passer un message parce que,
effectivement, il y a des messages à passer. Ce n'est pas uniquement la
responsabilité du ministre, ce n'est pas uniquement la
responsabilité des sous-ministres qui l'entourent, mais c'est la
responsabilité de chacun des représentants des 900
établissements de partout à travers le réseau.
Évidemment, lorsqu'on passe un message comme celui-là un peu
partout au Québec, on se retrouve dans des situations où les gens
parlent maintenant davantage qu'ils ne parlaient, vous informent de situations
qui méritent d'être dénoncées, d'être
observées de plus près.
Quant à moi, il y a des indications très précises
qui permettent d'espérer contrôler de meilleure façon nos
coûts. Il m'apparaît évident qu'avec 1 300 000 000 $
d'achats dans le réseau de la santé et des services sociaux il y
a des économies très appréciables à faire, tout en
continuant de poursuivre les efforts de réflexion que nous faisons dans
le cadre de la réforme pour en arriver à des solutions qui vont
nous permettre de faire en sorte qu'on va sauver des sommes importantes. 1 300
000 000 $ d'achats par année, en passant du jambon jusqu'à
certains appareils, c'est considérable. 1 300 000 000 $, ça
signifie que nous avons beaucoup de travail à faire de ce
côté-là.
Des efforts ont été faits dans certaines régions du
Québec, mais ces efforts de rationalisation ne l'ont pas toujours
été au profit du ministère. On va se comprendre. Il y a eu
des initiatives isolées, mais qui ont davantage profité aux
établissements. Et il faut en arriver à trouver un système
où les économies engendrées par une opération comme
celle-là créeront de l'intérêt dans le réseau
à être performant à ce niveau-là, ce que nous
n'avons pas nécessairement à ce moment-ci. Dans ce
sens-là, c'est l'un des éléments extrêmement
importants.
Le deuxième élément, et là-dedans j'inclus,
bien sûr, les médicaments et l'achat de toutes natures
d'antibiotiques et autres choses... Curieusement - et prenons le cas de
l'Hôtel-Dieu de Québec - au moment où on a dit: "II devra y
avoir équilibre budgétaire", en faisant la nomenclature des
éléments sur lesquels l'Hôtel-Dieu de Québec pouvait
en arriver à un équilibre budgétaire, ce qui a fait
davantage l'objet d'une discussion publique, ça a été les
postes de personnel qui ont été, dans certains cas,
éliminés. Mais, à l'intérieur de la série et
de manière très substantielle il y avait, quant à lui, des
objectifs de réduction des dépenses dans l'achat des
médicaments, pas en fonction de dispenser moins de services aux
bénéficiaires, en fonction d'utiliser des médicaments
moins coûteux, mais produisant le même effet. Il y a des
économies assez appréciables là. Bien des exemples que je
pourrais vous citer à ce moment-ci ont été portés
à notre connaissance. Par exemple, l'hôpital Charies-Lemoyne
où le plan de redressement a été proposé et, dans
l'espace de huit semaines, avec la collaboration de tous les intervenants de
l'hôpital, y compris les médecins - et ça, c'est la
démonstration que les médecins sont capables de le faire quand
ils veulent se mettre à la tâche - 2 500 000 $ ont
été trouvés pour être capable d'arriver à un
équilibre budgétaire, mais parce qu'au bout il y avait des choses
intéressantes qui pouvaient venir. Il y avait des immobilisations qui
pouvaient venir et qui ne seraient pas venues, si l'hôpital n'avait pas
été en équilibre budgétaire.
Évidemment, dans la prestation des services par les
professionnels, c'est un autre endroit où, effectivement, il y a des
économies à trouver, davantage en fonction des besoins qu'a une
personne qu'en fonction des services qu'un professionnel veut dispenser. Il y a
un équilibre à faire là assez important qui doit, bien
sûr, faire l'objet d'une négocation avec les
fédérations de médecins. La duplication, vous en avez
parlé vous-même. Il y a effectivement beaucoup de duplication dans
le système et on doit s'attaquer a éliminer ces duplications. Et,
évidemment,
il y a bien d'autres choses, sur le plan du quotidien, auxquelles on est
confronté et aux solutions desquelles il faut s'adresser.
M. Chevrette: Voilà pourquoi j'aborde la question dans le
sens suivant. Vous conviendrez, M. le ministre, qu'il y a beaucoup de gens
à l'extérieur du réseau qui vont songer à des
méthodes... à sombrer dans la facilité. Par exemple, le
ticket modérateur, imposer des réserves à
l'accessibilité. Moi, ce que je veux savoir de l'actuel ministre de la
Santé, c'est indépendamment de ce que peut dire le Conseil du
trésor à ce stade-ci, parce que votre collègue du
Trésor brandit des épouvantails et veut remettre en question des
acquis. Je pense que je ne suis pas le seul à les lire, vous les avez
lus comme moi, mais c'est vous qui avez la responsabilité, vous
êtes porteur du ballon, comme on dit.
Est-ce que le ministre de la Santé actuel peut confirmer à
cette commission qu'il n'est pas question de toucher aux grands acquis et que
ce seront des méthodes plutôt de contrôle d'abus ou de
contrôle de la duplication qui feront l'objet de l'attention du ministre
et non pas des pans de mur qu'on veut enlever, la désassurance de
certains services? On voit tous ceux qui se permettent de se prononcer sur le
système de santé actuellement sombrer, moi j'appelle ça
dans la facilité. C'est l'impôt à rebours, c'est le ticket
modérateur, c'est la désassurance de certains cas. Regardez tous
ceux qui ne pensent qu'à l'aspect financier, mais qui ne font pas
l'analyse à partir des grands acquis de notre société et
à partir des possibilités de contrôle autres que la
désassurance, que l'impôt à rebours, les tickets
modérateurs et tout le kit. Moi, par exemple, j'ai appris des
pharmaciens en les lisant, parce que j'étais absent au moment où
ils ont témoigné, quand on se rend compte que les statistiques
prouvent que 10 % des maladies sont dues à la surconsommation de
médicaments.
M. Côté (Charlesbourg): Ou à la mal
consommation.
M. Chevrette: ...ou à la mal consommation. Imaginez-vous
que, comme coûts de système, c'est épouvantable ça.
Et à ce moment-là je pense qu'il y en a qui ne jouent pas leur
rôle dans notre société. Donc, est-ce que je peux entendre
de la bouche du ministre de la Santé que les grands acquis sont
intouchables et, on aura beau brandir ce qu'on voudra, que, lui, if va
s'inscrire en faux contre les brandisseurs?
M. Côté (Charlesbourg): C'est une question
très importante que pose le député de Joliette. Plusieurs
se la posent et on doit se la poser. Elle recevra réponse au moment
où la réforme sera déposée, mais, à ce
moment-ci, elle nous interpelle à différents niveaux. Il est
clair qu'avec le budget que nous avons, nous pouvons faire plus. Ça, je
l'ai dit et je le répète et je vais continuer de le
répéter. Avec les 11 000 000 000 $ que nous avons, nous pouvons
en faire davantage que nous n'en faisons maintenant. Et la priorité
à laquelle on doit s'adresser est celle de faire en sorte que notre
système produise davantage que ce qu'il produit actuellement avec ces 11
000 000 000 $.
On en a parié tantôt. Par l'élimination des
duplications, par un meilleur contrôle des abus et, lorsque j'ai
parlé d'abus, dans tous les cas j'ai toujours dit qu'il y avait de
l'abus du consommateur, mais qu'il y avait aussi de l'abus du dispensateur de
services. J'ai toujours associé les deux de manière très
évidente et je continue de les associer, que ça plaise ou que
ça déplaise aux hauts professionnels de la santé. Mon
objectif à moi est bien sûr, d'abord et en premier, de m'adresser
à ça. Est-ce que ça veut dire pour autant qu'on va tourner
la page du grand livre sur les grands principes? On va dire
accessibilité, universalité, gratuité et, même, on
en a ajouté un autre à la commission parlementaire, vous vous le
rappellerez, équité, qu'on va fermer le grand livre et qu'on va
dire: Tout ça est réglé et on s'en va vers une
réforme du système de santé et des services sociaux et
qu'on va dire: Tout ça, c'est classé et on ne peut même pas
s'interroger sur ce que c'est l'accessibilité, ce que c'est la gratuite,
ce que c'est l'universalité et ce que c'est l'équité? Moi,
je pense que non. Je pense qu'on est à une période où on
doit effectivement se poser des questions. Que le Trésor s'en pose,
c'est normal. C'est tout à fait normal que le Trésor se pose des
questions et qu'il se les pose comme il se les pose actuellement. Le
Trésor est un des éléments du gouvernement comme le
ministère de la Santé et des Services sociaux en est un autre et
le débat se fera éventuellement autour d'une grande table
où le Conseil des ministres aura à décider, mais comme
gouvernement.
Il est clair, quant à moi, que j'ai des points de vue qui,
à l'occasion, sont différents de ceux du Conseil du
trésor, mais c'est du choc ou de la confrontation de ces
idées-là que va jaillir la lumière. Il faut toujours se
dire qu'on se donnera ce qu'on est capable de se donner sur le plan financier,
ce que l'économie du Québec peut nous permettre. Il est clair
qu'à ce niveau-là je ne fermerai pas le grand livre aujourd'hui
en vous disant: Tout ça est classé. C'est faux. Si c'est
ça l'objectif de votre questionnement, non, il n'y a pas de
décision définitive, ferme et irrévocable quant au
cheminement du questionnement du ministre au moment où on se parle. Il y
a du questionnement qui se passe et qui va continuer de se faire tant et aussi
longtemps qu'on n'aura pas cheminé au Conseil des ministres sur
l'ensemble de ces questions.
M. Chevrette: Mais il y a une différence
entre dire qu'on se questionne sur le contenu d'un principe et le fait
de dire qu'on abandonne le principe. C'est très différent.
Je vais vous donner un exemple, l'accessibilité à un
centre hospitalier pour une maladie de courte durée. Si vous m'arrivez
et que vous me dites qu'il y a 20 $ par jour de frais d'hôtellerie,
carrément, vis-à-vis de certaines clientèles, ça
devient de la non-accessibilité ou presque, parce qu'il y en a qui n'ont
pas les moyens de payer 20 $ ou 25 $ d'hôtellerie par jour dans notre
société et c'est une atteinte au principe fondamental de
l'accessibilité, à mon point de vue, et môme, à
l'universalité des soins. Sinon, quel est le rôle de l'État
par rapport à ces grands acquis? La commission Rochon, je pense, a
été claire là-dessus, on ne devrait pas remettre en
question ces grands principes, précisément parce que le
rôle de l'État est de redistribuer la richesse collective de la
façon la plus correcte pour permettre à l'ensemble des citoyens,
quel que soit leur statut social, de pouvoir bénéficier d'une
qualité de soins de santé.
C'est le sens de mon questionnement. Ce n'est pas d'en arriver à
dire: On ne peut pas s'interroger pour... Je trouve qu'il y a une
différence entre s'interroger de la façon dont le fait le
Trésor sur la désassurance de certains services et le
questionnement, par exemple, sur des modalités de contrôle qui
s'imposent autant auprès du dispensateur que de l'usager. C'est
nettement différent. On pourrait, face à des besoins comme le
vieillissement de la population, face au besoin d'injecter des sommes
extraordinaires dans la prévention, on pourrait très, très
bien dire: Bon bien, écoutez, je reconnais que 6,7 % ou 7 % du PIB
consacré à la santé dans un budget, ce n'est pas
prohibitif. Mais, le réalignement, par exemple, en vertu d'une
politique, je partage ça. D'ailleurs, on l'a partagé, je pense,
des deux côtés de la table durant toute la commission
là-dessus. Il faut faire un réalignement face à
l'utilisation de ces sommes et injecter dans la prévention; sinon,
ça sera un cul-de-sac. Ce serait 12 % et ça serait bobo pardessus
bobo pareil. Ce sont des habitudes à changer, des mentalités, des
approches à changer. Je partage ça.
Ce dont j'ai peur, et je ne voudrais pas que le ministre pense que je ne
veux pas qu'on s'interroge à nouveau sur les abus ou les façons
de récupérer de l'argent, au contraire, je suis même
prêt à participer à ça. Si on est capable d'aller
chercher 300 000 000 $ ou 500 000 000 $, on va faire un exercice à part
à partir des données que pourrait nous donner la RAMQ, mais je ne
veux pas qu'on sombre, M. le ministre, dans la facilité de dire: C'est
un impôt à rebours, ce sont des frais d'hôtellerie, c'est de
la désassurance de tel service ou autre. C'est ça que je ne veux
pas. (11 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): II me paraît y avoir
trois éléments qu'aborde le député de Joliette. En
prenant d'abord l'exemple de l'hôtellerie je vais parler de la
prévention et finir avec Rochon.
Il est clair que si on devait, demain matin, parler d'une
hôtellerie de 20 $ sans aucune mesure compensatoire pour les gens
à faible revenu, il y aurait des effets néfastes, sachant
à l'avance que ceux qui ont moins de revenus, il y a des
conséquences directes sur leur état de santé. Donc, ce
sont les gens les plus pauvres qui ont le plus de problèmes de
santé et ça, ça ne prenait pas nécessairement la
commission des affaires sociales pour le savoir. On savait ça depuis un
certain temps, toutes les études tendaient à le démontrer.
Donc, il y a eu, au niveau de la commission des affaires sociales, une
actualisation des études qui circulaient et qui démontraient
déjà ça.
Donc, à partir de ce moment-là, on peut s'Interroger.
L'hôtellerie, je ne vous dis pas que moi, j'ai décidé et
que je... Non. Je n'ai même pas abordé personnellement les
problèmes spécifiques au sujet de l'hôtellerie. On n'en a
discuté que très brièvement. C'est un focus qui viendra
éventuellement, l'idée étant... Les gens parlaient de 5 $
- c'est ça, on ne parlait pas de 20 $, on parlait de 5 $ - et les gens
se disaient: Si l'individu est chez lui, il doit au moins lui en coûter 5
$ par jour pour manger. Du fait qu'il est dans un établissement du
réseau, est-ce qu'il ne serait pas juste et raisonnable qu'on lui
demande effectivement de payer ces 5 $ à l'hôpital comme il
paierait chez lui s'il était à domicile pour manger?
L'hôtellerie, il faut démystifier cela. Si c'est 20 $, je pense
qu'on commence à avoir un certain nombre de problèmes. Si c'est 5
$, c'est peut-être beaucoup plus acceptable, mais je ne vous dis pas que
j'ai décidé. Pas du tout. Il n'y a pas eu de discussion en
profondeur à ce sujet-là, mais je veux l'aborder avec vous de
manière très ouverte et très honnête. Donc, le
ticket modérateur dans certains cas comme celui de l'hôtellerie,
parce qu'on pourrait dire que c'est un ticket éventuellement, vise
à payer des frais qui, autrement, auraient été
payés si la personne avait été à domicile. Le
principe est clair. Quand on parie de virage de système au lieu du
curatif - il en restera toujours, du curatif - mais davantage d'investir dans
la prévention, c'est ça que nous voulons faire, trouver les
sommes qui vont nous permettre à la fois d'investir dans la
prévention et de répondre aux besoins prioritaires d'aujourd'hui
et de demain que sont le vieillissement, la jeunesse. On les a clairement
identifiés, ceux-là. C'est clair qu'il faut aller directement
là et que les sommes que nous allons pouvoir dégager par une
gestion plus serrée vont être réallouées à
des secteurs comme ceux-là.
Évidemment, lorsqu'on parle du rapport Rochon, je me souviens en
commission parlemen-
taire que M. Rochon, lorsqu'il a témoigné à la fin
de la commission, nous a dit: C'est davantage le panier de services qui sont
assurés qu'il faut questionner. Il y a peut-être des
éléments dans le panier au moment où on se parle, des
services offerts qui sont assurés qui devraient ne plus l'être. Je
vais aller plus loin que ça, je vais vous donner un exemple dans mon
livre à moi qui est déjà décidé, de toute
façon. Je vais vous le donner, peut-être même en
primeur.
On a un comité de pharmacologie au niveau du Québec. Ce
n'est pas le ministre qui va décider si tel médicament entre ou
n'entre pas sur la liste, s'il a une valeur thérapeutique. Je n'ai
aucune espèce de compétence dans ce domaine-là. Cependant,
on se fie à un comité d'évaluation des produits
pharmaceutiques présidé par un individu et des experts autour
d'une table et c'est eux qui font la recommandation au ministre d'ajouter ou
d'enlever tel médicament sur une liste, qui lui même est un
médicament autorisé par le fédéral et qui, par la
suite, devient automatiquement un médicament assuré. Il y a cinq
médicaments qui viennent de sauter, cinq, parce que je leur ai
demandé d'examiner la liste des produits et de savoir quels
étaient les médicaments qui avaient des effets
thérapeutiques et les médicaments qui n'en avaient pas. Et on
m'en a soumis cinq de manière unanime au comité de pharmacologie.
Où ce qui n'était pas unanime, on l'a laissé là, et
je vais vous donner un exemple. On a parlé à un certain moment
donné du valium. Ça apparaissait assez clair à un certain
nombre de membres que l'effet thérapeutique - et c'est toujours clair -
c'était entre 14 et 21 jours, 21 jours au maximum. Il y a du monde qui
est là-dessus à l'année et on paie à l'année
ces médicaments-là. On se disait: Si l'effet thérapeutique
varie de 14 à 21 jours, ne prenons pas de chance, disons au maximum 21
jours, on paie 21 jours. Au-delà de 21 jours, ça n'a plus d'effet
thérapeutique. Pourquoi paierait-on un médicament qui n'a plus
d'effet thérapeutique au bout de 21 jours, passé 21 jours?
Là-dessus, au comité, c'était partagé compte tenu
du sevrage pour certains, de la période de sevrage qui pourrait amener
certains problèmes. Donc, là-dedans, il n'y a pas de chance
à prendre. On s'est dit: Non, il n'en est pas question. Et on n'y a pas
touché. Il n'en demeure pas moins qu'on continue de payer des
médicaments et, pas à petites doses, pas pour 2 $, 2,50 $, mais
à très fort prix pour toute l'année à des individus
qui en consomment de manière très importante. Mais on n'a pas
pris de chance. On a dit: On n'y touche pas. Ça me paraît
être les professionnels qui sont les plus habilités pour nous
faire ces recommandations. Mais il y en a cinq où on a dit unanimement:
Ça n'a plus d'effet thérapeutique. Ils sont
désassurés. Bon, ce n'est pas beaucoup. On va avoir en retour 10
000 000 $. Mais il y a de ces services que nous payons aujourd'hui qui, comme
les médicaments, n'ont pas d'effets thérapeutiques et il faut
faire le ménage. On n'a jamais fait le ménage. On va le faire.
Dans le panier de services dont parlait M. Rochon eh commission parlementaire,
il y a très certainement, à l'intérieur de ce panier de
services, des choses qui aujourd'hui sont assurées, qui ne
méritent plus d'être assurées comme un service que nous
autres nous dispensons et qu'il faut donc, à partir de ce
moment-là, examiner. C'est vers cela que nous guidait M. Rochon lors de
sa comparution en commission parlementaire, en disant: Allez vérifier le
panier et regardez dans le panier. Ce n'est pas gratuité,
accessibilité, universalité, équité; prenez-en tant
qu'il y en a et ne vous gênez pas, s'il en manque, on en remettra.
M. Chevrette: Mais le danger... Vous me permettrez de vous
interrompre pour souligner un danger. C'est que les professionnels de la
santé ont droit à certaines équivalences. D'accord?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Et souvent, cette discrétion du
professionnel n'est pas exercée vis-à-vis du client. D'accord? On
se retrouve dans des milieux économiquement pauvres qui ont
nécessairement, à cause de leur état de santé qui,
bien souvent, est dû à leur statut social... On voit que c'est
dans les milieux pauvres qu'il y a le plus de consommation de
médicaments et le plus de consommation de services de santé et de
services sociaux. S'il n'y a pas l'exercice du droit à la
discrétion du professionnel, ces gens-là risquent d'être
pénalisés par les gestes qu'on pose; c'est ça qui est le
problème et c'est ça que je vous souligne.
Je vous donne un exemple. Beaucoup de personnes prennent des
somnifères et ça devient psychologique. Il y a des
médecins qui m'ont dit qu'ils pouvaient donner une petite pilule de
farine blanche et les personnes dorment très... et maudit que leur
pilule est bonne, alors qu'on a même enlevé tout médicament
là-dedans. Il paraît que c'est prouvé, sur le plan
scientifique, que ça devient très psychologique. Est-ce que la
discrétion n'est pas laissée aux professionnels pour ce qui est
de...
M. Côté (Charlesbourg): De la prescription
elle-même?
M. Chevrette: ...la prescription elle-même?
M. Côté (Charlesbourg): définitivement. elle
va toujours l'être, aussi. et c'est clair que, lorsqu'on parle d'abus de
consommation de médicaments, il y a des gens qui sont sortis sur la
place publique en disant: bien, écoutez, là, attaquez-vous
d'abord à ceux qui donnent les prescriptions et à ceux qui les
vendent.
M. Chevrette: Je suis un de ceux-là.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Et, d'ailleurs, c'est
une opinion que je partage totalement, que pour consommer des
médicaments, ça prend une prescription. Il y a une série
de médicaments où ça ne prend pas de prescription et qui
sont mêlés aux autres. Parce que c'est trop facile de dire que 10
%... C'est vrai que 10 % des gens hospitalisés ont mal ou
surconsommé des médicaments, mais ça ne dépend pas
toujours d'une prescription donnée par un professionnel. Ça veut
dire aussi des gens qui consomment mal. Et on est venu nous dire aussi,
notamment les pharmaciens d'hôpitaux, de faire attention à
certains produits naturels, parce que la consommation de certains produits
naturels avait aussi, dans certains cas, des effets nocifs sur la santé
et que des gens étaient hospitalisés pour mal consommation ou
surconsommation de certains de ces produits-là. Donc, là-dedans,
c'est une chaîne, c'est une chaîne. La très grande partie
des médicaments est obtenue par des gens qui ont d'abord une
prescription, deuxièmement, dispensée par un médecin. Et
l'objectif de ce qui était entrepris - on aura l'occasion d'en reparler
éventuellement en commission parlementaire puisque vous y avez fait
allusion tantôt - au niveau du contrôle de l'abus de certains
médicaments par des gens qui sont sur l'aide sociale, ce qu'il faut
comprendre, c'est que, dans cet exercice-là, il ne s'agit pas de dire:
II est allé à telle pharmacie, à telle pharmacie et
à telle pharmacie, ce n'est pas ça. Il y a des gens qui sont
allés voir jusqu'à 57 pharmaciens différents dans la
même année. Il y a des gens qui voient plus de 20 pharmaciens
différents par année. Il y a quelque chose qui ne marche pas dans
le système. Et c'est un peu ça et c'est davantage d'indiquer le
nombre de pharmaciens.
M. Chevrette: Mais pour y aller, c'est parce qu'ils avaient 57
prescriptions ou c'est parce qu'ils avaient au moins 20 prescriptions.
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour ça que,
par exemple, la carte-soleil peut amener une qualité de dispensation des
services. Si l'individu a vu dans la même journée, et ça,
c'est arrivé... On a un cas, à la RAMQ, de quelqu'un qui a vu 300
médecins dans un an; 300 médecins dans un an, il faut le faire,
hein! Ça veut dire que tu en vois un par...
M. Chevrette: Et il y a un médecin à
Trois-Rivières qui travaillait 28 heures par jour, aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais...
M. Chevrette: Ça coûte pas mal plus cher, ça
aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais tout ça
pour vous dire que, comme il n'y a pas de communication ou que l'individu ne
transporte pas avec lui son dossier, dans la mesure où on pourrait avoir
une carte-soleil, il y a véritablement abus du système. Comment
voulez-vous blâmer un professionnel de la santé si ça ne se
communique pas l'un vers l'autre? Finalement, la prescription est
là.
Donc, il y a une interrogation très importante à faire au
niveau du dispensateur, le gars qui donne la prescription et,
définitivement, celui qui vend les médicaments. On pourra
davantage vous en parier lorsque la RAMQ sera ici. Il y a des contrôles
plus importants à faire qui n'ont à peu près jamais
été faits dans le passé, ou très peu, au niveau de
ces contrôles. Évidemment, quand on paye, on a le droit de
contrôler. À tout le moins, c'est la philosophie que j'ai
transmise à M. Cantin lorsque je l'ai rencontré au mois de
décembre. Auparavant, celui qui l'a précédé,
c'était un agent payeur, la RAMQ. Aujourd'hui, c'est un agent payeur,
mais ça va être aussi un agent qui va contrôler, parce que
c'est extrêmement important qu'il y ait un contrôle là et,
à ce moment-là, on va éviter un certain nombre d'abus,
qui, automatiquement, vont rejoindre l'utilisateur aussi, le consommateur.
M. Chevrette: Sur la question ou la dimension de contrôle
par la RAMQ, ou bien encore par le ministère de la
Sécurité du revenu, on en parlera spécifiquement dans le
cadre de la loi. Mais il y a un principe fondamental à ce
niveau-là, c'est, à mon humble point de vue, qu'on ne peut pas
isoler exclusivement l'utilisateur dans une législation.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que vous n'avez pas
compris et, là-dessus, ça m'a étonné un peu d'un
ex-ministre de la Santé et des Services sociaux, c'est que la seule
autre clientèle qui est desservie...
M. Chevrette: Les personnes âgées.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, les personnes
âgées...
M. Chevrette: Je le sais. Je l'ai dit dans mon discours.
M. Côté (Charlesbourg): Le contrôle est
automatique par la loi sur la santé et les services sociaux puisque vous
n'avez pas besoin d'amender d'autres lois pour le faire, on a le pouvoir
à ce moment-ci. Et, dans le cas de l'aide sociale, c'était
uniquement cette clientèle qui n'était pas couverte pas la loi,
à ce niveau-là. Déjà, à l'intérieur
de la loi du ministère, on a les droits de faire ce que nous faisons au
niveau des personnes âgées.
M. Chevrette: le principe fondamental, vous 8embtez ignorer qu'on
ne peut pas continuer à taxer, à laisser croire que les abus ne
sont que dans un sens. à mon point de vue, quand on regarde le projet de
loi qui est sur la table, c'est clairement ça que ça va encore
laisser entendre, c'est que seuls les assistés sociaux abusent du
système. c'est ça que j'ai voulu souligner avec force. je suis
content que ça ait été suivi, au moins au niveau de la
perception. je trouve inconcevable, m. le ministre, et je le trouverai toujours
inconcevable, que dans un système où il y a un dispensateur et un
utilisateur, ce soit toujours projeté aux yeux du public que les abus ne
viennent que du consommateur. ça, que vous le vouliez ou pas, ce n'est
peut-être pas votre objectif, ce n'est peut-être pas l'objectif du
gouvernement, mais c'est la réalité qui se vit sur le terrain. on
se doit de corriger ces perceptions-là quand on les sent. regardez les
titres de journaux, regardez ce qu'on appelle les lignes directrices dans les
réseaux des médias électroniques; c'est clair, c'est
toujours le consommateur qui abuse. si un gars a obtenu 20 prescriptions dans
un an ou dans une semaine, c'est parce qu'il y a 20 personnes qui ont
écrit 20 fois: tu as besoin de telle chose. plutôt que de
blâmer l'individu, par exemple, si on avait le carnet-santé, si on
avait un autre système, mais qui traite les citoyens, tous sur un
même pied, et qu'on ne fait pas des catégories à part
à partir de leur statut social, c'est ça que la charte des droits
et libertés dit: tu ne peux pas être discriminé en vertu de
ton statut social.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais là-dessus
j'ai toujours été très clair, je vais continuer de
l'être. D'ailleurs, celui qui est peut-être le plus populaire de ce
temps-ci auprès des professionnels de la santé, c'est
peut-être davantage le député de Joliette que le
député de Charlesbourg.
M. Chevrette: Serait-ce possible qu'on soit sur le même
pied?
M. Côté (Charlesbourg): Mais ça ne
m'énerve pas outre mesure. Une chose qui est certaine, c'est qu'il va y
avoir un contrôle. Ça, je l'ai toujours dit. Mais quand vous
prenez votre exemple - je pense qu'il est faux - d'un individu qui est
allé chercher 20 prescriptions, le même individu est allé
en chercher 20, alors qu'à l'inverse il y a 20 personnes
différentes, qui n'ont pas forcément de communications, qui ont
donné un papier au même individu, je pense que le niveau de
responsabilité n'est pas tout à fait le même. Le niveau de
responsabilité n'est pas le même, parce qu'if y en a un qui en a
20 et il y a 20 personnes différentes qui ont donné un papier
à un individu... (11 h 45)
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous faites pour un bonhomme qui
consomme 30 sortes de pilules différentes dans un centre d'accueil? Les
30 sortes sont prescrites par le même médecin. Moi, ce que je veux
dire, M. le ministre, il peut y avoir un assisté social qui a
fraudé peut-être, qui est allé chercher 20 prescriptions
différentes. Mais c'est quoi comme responsabilité par rapport
à la collectivité? C'est un vol. "C'est-u" plus brillant celui
qui ne bourre son monde que de médicaments? Il y a des personnes en
centre d'accueil qui consomment 31 sortes de pilules par jour. Bon Dieu! Ce ne
sont toujours pas les assistés sociaux. Qui les prescrit? C'est le
même docteur, parce qu'il y en a rien qu'un qui va en centre d'accueil
faire le tour et la Chargex marche le matin, à part ça. Ça
dépend, s'ils ne sont pas à vacation, ils sont à la
Chargex. Là, il arrive et... 31 sortes de pilules, ça se voit,
ça.
M. Côté (Charlesbourg): C'est aussi...
M. Chevrette: II y a une femme d'un exministre qui me racontait
la semaine passée qu'elle a pris jusqu'à 30 sortes de pilules
différentes par jour parce qu'elle était dans un état
dépressif. Maudit! Je ne veux pas que l'odieux soit toujours sur le
pauvre consommateur. C'est ça que je ne veux pas.
M. Côté (Charlesbourg): Mais là-dessus, la
distinction m'apparaft... On doit la faire. Toute personne, que ce soient des
personnes âgées ou que ce soient des personnes sur l'aide sociale,
qui a besoin de médication va continuer d'avoir le secret absolu sur ses
besoins et les médicaments payés. Ça, ce n'est, d'aucune
manière, remis en question. ce à quoi on doit s'attaquer, ce sont
les fraudeurs. ce sont les fraudeurs et il y en a dans le système. et,
effectivement, ce sont des fraudeurs qui sont sur l'aide sociale. et ça,
c'est inacceptable, aussi bien par vous que par moi, que des fraudeurs viennent
ainsi chercher des médicaments et, dans certains cas, faire le trafic de
médicaments. et s'il y en a dans ce sens-là, il y en a aussi au
niveau des dispensateurs. moi aussi, j'ai reçu, chez nous, il y a deux
semaines, à mon bureau de comté, une famille d'accueil qui est
\/enue me dire que dans sa famille d'accueil il en coûtait entre 15 000 $
et 20 000 $ par année de médicaments - une famille d'accueil,
c'est neuf bénéficiaires - et qu'il y en avait un en particulier
qui prenait 27 pilules par jour. bon. il faut que ça soit prescrit par
quelqu'un, ça. ça m'apparaft bien évident. et vous avez
raison de dire qu'il faut aussi s'attaquer à ça. et,
heureusement, sur le plan collectif et sur la place publique, les gens
commencent à s'interroger de plus en plus, ce qui ne se faisait pas
auparavant.
J'ai eu l'opportunité de rencontrer des jeunes pharmaciens en
stage qui ont mené des expériences dans des centres d'accueil et
d'hébergement sur la consommation de médicaments
et sur les moyens à prendre pour qu'il y ait moins de
consommation de médicaments. Et, effectivement, il y a des
expériences qui sont menées actuellement qui ont tendance
à conclure à la possibilité de faire en sorte qu'il y ait
moins de médication à différents niveaux, au niveau des
personnes âgées et d'autres personnes, mais qu'il faut
définitivement s'attaquer à ça.
Donc, l'exercice, ce n'est pas de chasser de manière maligne et
inconsidérée la personne qui est sur l'aide sociale qu'il faut
poigner à tout prix. Ce n'est pas celui-là qu'il faut poigner
à tout prix. L'objectif, c'est de poigner à tout prix le
trafiquant de médicaments, celui qui abuse du système. Et je
considère que quelqu'un peut aller voir dans l'année 15, 20...
Ça peut même coûter jusqu'à 15 000 $ de
médicaments pour une personne, fusse-t-elle sur l'aide sociale.
Ça dépend de la gravité de sa maladie et de la
médication qu'on peut lui prescrire. Quand on parlait des derniers
médicaments qu'on a accepté de payer, c'était 6000 $ par
personne par année. Donc, ce n'est pas toujours la question du montant
d'argent qui est payé pour un individu qui doit nous faire questionner.
Ce n'est pas ça. C'est davantage le nombre de fois qu'on
fréquente une pharmacie. Et on peut le dénoncer sur la place
publique aujourd'hui. Dire qu'auparavant il y avait des prescriptions qui
étaient au mois et, aujourd'hui, c'est rendu à la semaine. Pour
avoir un petit semainier, supposément parce qu'on ne doit pas oublier de
prendre une petite pilule au jour... Mais le petit semainier, lui, c'est quatre
fois par mois au lieu d'une fois, à 4,60 $. C'est quatre fois par mois,
prescription du médecin, au lieu d'une fois. Ça, c'en est aussi
de l'abus.
M. Chevrette: Mais êtes-vous conscient, M. le ministre...
À mon point de vue, on prend le problème à l'envers. Si on
vit dans une société où il se consomme autant de
médicaments, où il y en a même qui y trouvent une
possibilité de "racket", où il y en a même que... C'est
rendu que, vous savez, il y a des gens qui peuvent aller directement à
la pharmacie s'en chercher sans prescription à part ça, dans
certaines autres pharmacies. On me rapporte même qu'il y en a qui sont
à la commission avec certains pharmaciens parce qu'ils envoient toutes
leurs prescriptions à la même place. Socialement, il y a un grave
problème de consommation de médicaments. Socialement, là,
ce n'est pas propre aux assistés sociaux. Nos personnes
âgées sont bourrées de médication en plus.
À partir de là, est-ce que ce ne serait pas plus
intelligent, comme société, de procéder à un "task
force" sur la médication au Québec, d'analyser toutes ses
facettes et de dire qu'on va le prendre intelligemment à partir du vrai
malaise profond plutôt que de le prendre exclusivement par le biais des
assistés sociaux qui consomment trop de médication? Si tu
consommes trop de médication, c'est quoi? Pour les personnes
âgées, on nous dit que c'est l'isolement qui fait en sorte que ces
gens-là se retirent, à toutes fins pratiques, dans la
médication, pour y retrouver leur plaisir. On me dit que les
assistés sociaux, pour les jeunes enfants en particulier, c'est la
pauvreté. Est-ce que ce n'est pas un tout global, plutôt que de
regarder ça exclusivement par la lunette du fraudeur?
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'on en est
à peu près rendu là. Il y a une conscience qui est de plus
en plus manifeste. Ça a pris tout un courage aux pharmaciens
d'hôpitaux de venir en commission parlementaire nous dire ce qu'ils nous
ont dit sur la consommation de médicaments à l'intérieur
des centres hospitaliers, et là où eux étaient davantage
impliqués dans le choix de la médication à prescrire
à un patient qui avait des résultats plus probants et qu'à
l'occasion et de manière très répandue ça
coûtait moins cher, Ils sont venus nous le dire en commission
parlementaire. Ça prenait un certain courage, plus d'autres
communications que nous avons eues avec eux Isolément depuis ce
temps-là.
Effectivement, il y a cinq ans, on n'aurait pas pu faire ce genre
d'exercice. Il y a trois ans, on n'aurait pas pu le faire. Aujourd'hui, on est
à un moment où, effectivement, on peut se poser la question plus
ouvertement. Mais l'un n'empêche pas l'autre. Je pense que ça doit
se faire de manière concurrente, à la fois sur ceux qui abusent
dans la consommation et sur ceux qui abusent dans la dispensation de ces
services-là, que ce soient des prescriptions, que ce soit par les
médecins ou par le pharmacien en institution.
Évidemment, on se retrouve dans des situations où ce n'est
pas nécessairement un phénomène, en tout cas, je
l'espère, qui est généralisé. C'est peut-être
un phénomène qui est un peu plus isolé, mais qui fait en
sorte que certains, dans la dispensation de ces services-là, en abusent.
Mais toute forme d'abus, que ce soit par le consommateur ou le dispensateur de
services, mérite d'être dénoncée et qu'on prenne les
actions nécessaires pour corriger la situation.
M. Chevrette: On va s'en reparler, de toute façon, en
commission. On voit qu'il y a là un grave problème de
société, et non pas seulement un problème propre à
un seul groupe. Ceci dit, où en êtes-vous par rapport aux OSIS qui
ont été préconisée, à un certain moment, au
niveau du fonctionnarisme de votre ministère, par rapport à la
réflexion que vous, comme ministre, en avez faite?
M. Côté (Charlesbourg): Personnellement, je n'ai pas
encore ouvert le livre pour savoir ce qu'était un OSIS. Je ne suis pas
pleinement convaincu que je l'ouvrirai avant la fin de la réforme.
M. Chevrette: Vous êtes?
M. Côté (Charlesbourg): je ne suis pas convaincu que
j'ouvrirai ce livre avant la fin de la réforme.
Équipements médicaux
M. Chevrette: Ça me rassure. L'autre question, dans ce
cas-là... Vous allez voir que je vais être bref quand les
réponses sont claires de même. Équipements médicaux.
Dans les équipements médicaux, on sent bien une volonté
des centres hospitaliers de se "superéquiper" avec le dernier
nouveau-né. Je pense que c'est un désir qui est légitime.
Mais, comme système, je sais qu'en vertu d'une loi qu'on a votée
- je pense que c'est en 1984, en décembre 1984 - dans la
surspécialisation il fallait obtenir l'aval du ministère comme
tel. On a vu ce que ça a donné, de toute façon. On se rend
compte que, même dans les régions... Qu'est-ce qui est
arrivé à Brome-Missisquoi, par exemple, avec le scanner?
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas compris
la...
M. Chevrette: À Brome-Missisquoi, qu'est-ce qui est
arrivé avec le scanner? Est-il installé?
M. Côté (Charlesbourg): Là, vous êtes
parti d'une grosse affaire pour tomber à une petite affaire.
M. Chevrette: Oui, pour tomber... Non, mais c'est pour partir de
la petite pour vous faire remonter à la grosse.
M. Côté (Charlesbourg): je préfère -
ça va vous étonner très certainement - d'abord aborder la
philosophie et, après ça, on tombera dans la
mécanique.
M. Chevrette: O.K. C'est comme vous voulez.
M. Côté (Charlesbourg): Effectivement, je pense que
le geste posé en 1984 par le législateur était un bon
geste pour à tout le moins permettre à ceux qui ont à
décider de l'allocation des ressources sur le plan du fonctionnement et
à l'occasion de l'achat aussi de pouvoir mieux répartir sur le
territoire en tenant compte des besoins du territoire et des masses critiques
nécessaires à l'implantation de ces appareils-là. Je pense
que ça a été une très bonne décision.
M. Chevrette: II s'agit d'une petite affaire, c'était venu
de Saint-Sacrement, à Québec, je pense.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Donc, à partir
de ce moment-là, c'est une loi qui est toujours là, qu'on a
toujours, dont le ministère se sert de la manière qu'il peut,
mais il faut se dire qu'au fil des années les fondations sont venues
jouer les trouble-fête dans une loi qui avait du bon sens, qui
était applicable dans la mesure où tu avais une poignée
sur le plan administratif. Mais les fondations qui ont poussé un peu
partout, qui avaient un objectif de base très sain, que d'aider un
centre hospitalier, que d'aider dans des vocations de centre hospitalier, en
termes du support, à l'implantation d'un certain nombre de choses sans
nécessairement s'impliquer dans des coûts récurrents,
ça a passablement dévié depuis et on se sert de plus en
plus maintenant des fondations pour acheter des appareils, les implanter et
faire en sorte que le gouvernement puisse, lui, récupérer
le...
M. Chevrette: ...le fonctionnement.
M. Côté (Charlesbourg): ...fonctionnement. Le
ministère a tant bien que mal réussi à maintenir un
discours et une action assez cohérents, malgré le fait que
certains ont pu s'échapper et passer à travers. Ce que le
ministère peut faire dans ces conditions-là, c'est dire que le
budget de fonctionnement ne sera jamais donné au centre hospitalier qui
s'est doté d'un équipement. Mais vous n'arrivez pas dans une
situation facile.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez des fondations qui ont
payé du fonctionnement aussi? Est-ce que vous êtes au courant?
M. Côté (Charlesbourg): Non, en tout pas, pas
à notre connaissance. Non, aucune; on me dit aucune.
M. Chevrette: Donc, elles ont payé surtout ' de
l'équipement.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, à partir de
ça, il m'apparait évident que...
M. Chevrette: C'est ce qui coûte moins cher, d'autre
part.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. C'est clair, c'est
fini. Et on nous transporte le problème le plus douloureux, et c'est
ça qu'il faut éviter. Et ce n'est pas toujours utlisé
d'abord en pleine connaissance des besoins d'un milieu. Prenons l'exemple de
Granby, Brome-Missisquoi-Perkins, c'est un dossier très épineux
où effectivement les gens, à partir de la fondation, ont
implanté dans le centre hospitalier Brome-Missisquoi-Perkins un scanner
qui n'avait pas fait l'objet d'approbation par le gouvernement et qui,
aujourd'hui, est à l'intérieur de l'hôpital sans droit
d'utilisation. C'est la décision que j'ai prise et j'ai confié
à M. Gaston Pellan, le D.G. de
l'Enfant-Jésus, le soin de me faire un état de la
situation là-bas et de voir jusqu'à quel point on pouvait rendre
complémentaires les hôpitaux de Granby et de
Brome-Missisquoi-Perkins. Très prochainement, je devrais recevoir un
premier rapport de lui et voir par la suite ce que nous ferons. Mais il
apparaît évident que, dans ce cas-là, nous avons besoin
d'un demi-scanner pour les deux hôpitaux. On est aux prises avec un
scanner qui est implanté dans un hôpital et qui a foutu le bordel
littéralement dans une chicane de clocher à peu près sans
précédent au niveau du Québec. Ça, c'est la
fondation. Donc, on doit s'interroger sur le niveau d'encadrement
nécessaire dans les fondations et, évidemment, le petit projet de
loi sur la résonance magnétique qu'on a déposé et
qui est passé déjà en deuxième lecture,
c'était dans le but d'avoir un certain contrôle à ce
niveau-là puisque c'est le ministère qui se ramasse, par la
suite, avec les pots cassés.
Donc, globalement, par exemple, en cardiologie, on a fait faire une
évaluation par le conseil d'évaluation des technologies qui fait
qu'on ne pourra plus maintenant - et prouvé scientifiquement par un
comité d'évaluation qui nous a rendu son rapport - implanter
n'importe où, au gré d'un chirurgien qui a décidé
que, lui, dans son hôpital, et du D.G. qui a décidé que,
lui, dans son hôpital, il y avait les chirurgiens qu'il faut et
l'équipement qu'il faut pour faire de la chirurgie cardiaque. On sait
que ça prend les masses critiques, on sait que ça prend les
équipements qu'il faut et que ce sont des coûts très
importants.
Ce que nous tentons de faire, c'est de s'assurer que, sur le plan de
notre conseil d'évaluation des technologies, il puisse nous donner des
avis dans différents domaines que nous suivrons sur le plan de
l'implantation ou de l'autorisation des techniques.
M. Chevrette: Est-ce que le rapport est public?
M. Côté (Charlesbourg): II est rendu public.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a moyen d'en avoir une copie?
M. Côté (Charlesbourg): Une copie, oui. M.
Chevrette: S'il vous plaît? M. Côté (Charlesbourg):
Oui.
M. Chevrette: Mais, au niveau de la prévention, par
exemple, je fais une nette distinction entre ce type d'équipement qui
peut servir au niveau de la prévention et du diagnostic par rapport
à l'implantation d'une chirurgie un peu partout au Québec. Est-ce
dans ce sens-là, votre réponse?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il faut quand
même être très prudents - c'est ce que nous dit le conseil
d'évaluation - très très prudents à ce
niveau-là. Par exemple, une salle d'anémodynamie. Le conseil, si
mon souvenir est bon de ce que j'en ai lu, ne nous recommande pas de
reconnaître des salles d'anémodynamie sans qu'il y ait de la
chirurgie cardiaque à ce niveau-là.
M. Chevrette: Là-dessus, c'est parce que j'ai..
M. Côté (Charlesbourg): Là, vous voulez
tomber dans les problèmes de comté, là.
M. Chevrette: Non, je veux rester au niveau encore...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Je suis encore resté au moins au niveau
régional, M. le ministre, au moins. Non, c'est parce que je voulais
faire la distinction. J'ai été amené à discuter de
ce dossier-là avec des spécialistes même de Montréal
et qui faisaient une distinction entre le diagnostic, la qualité du
diagnostic par rapport effectivement à ceux qui s'en servent en fonction
de faire de la chirurgie. Et ça, c'est nettement différent. Ce
que j'en ai lu, il y a une nuance épouvantable entre les deux. C'est
pour ça que je voudrais avoir le rapport. Ça me permettrait
peut-être après de discuter d'un problème régional
d'une façon plus correcte.
M. Côté (Charlesbourg): Mais spécialistes,
spécialistes, il faut quand même faire attention, parce que le
problème du scanner à Amos, le problème de pression d'un
scanner à Aima et le problème du scanner à
Brome-Missisquoi-Perkins, c'est la même source de conseil sur le plan
professionnel, parce que, eux autres, ils en opèrent un gros à
Montréal.
M. Chevrette: Alors, là je comprends. Mol,
personnellement, ça a toujours été dans l'idée de
doter les centres régionaux - et ça, j'ai toujours
été cohérent avec moi-même - d'équipements
minima parce que ça répond à un besoin de population, mais
pas nécessairement pour aller dans la surspécialisation. Je suis
d'accord avec vous qu'on ne doit pas commencer à implanter la chirurgie
cardiaque partout par rapport, d'abord, au potentiel même. Je ne sais pas
comment on réussirait à maintenir une compétence et une
expertise professionnelles, mais c'est plus au niveau du diagnostic. De toute
façon, je ne veux pas régler ce cas-là. J'en ai un
à Joliette là-dessus, mais ce n'était pas le désir,
c'est parce que vous avez ouvert la porte à cette discussion en disant
qu'effectivement, au niveau des équipements
ultraspécialisés ou superspécialisés... Je
suis entièrement d'accord, personnellement, à ce qu'on ne
permette pas aux centres hospitaliers d'y aller à fond de train parce
que le ministère pourrait ôtre complètement
débalancé et on pourrait se retrouver avec de la
surspécialisation dans certains sous-centres et ce serait aberrant.
S'ils ont besoin d'un demi-scanner, ils n'ont pas besoin d'un scanner, au prix
que ça vaut et surtout aux coûts récurrents que ça
occasionne. Je suis entièrement d'accord.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, un des
problèmes qu'on a et on l'a dit depuis un certain temps et il faut
mettre de l'ordre, c'est que les plus gros veulent devenir de plus en plus gros
en offrant à peu près tout l'ensemble des
spécialités et il faut que ça cesse. C'est pour ça
que, dans la mesure où on réussira la réforme avec des
objectifs de résultat par programme, il y en a qui vont devoir se
discipliner et nous allons pouvoir travailler dorénavant avec un bilan
de lits, avec des instruments comme ceux-là où on va pouvoir
gérer le système ou le réseau comme on ne l'a jamais
géré.
M. Chevrette: Effectivement, au niveau des régions, moi,
je suis en faveur des spécialités de base, mais pas
nécessairement au même centre hospitalier, vous avez raison. S'il
y a un équipement qui, déjà, est existant, en
complémentarité avec celui d'un autre, on n'a pas à
meubler deux centres hospitaliers du même type d'équipement qui
peut desservir un ensemble de population. Ça, c'est clair.
M. Côté (Charlesbourg): Les doyens de
facultés de médecine sont venus nous dire en commission
parlementaire - vous étiez là - qu'il y avait du ménage
à faire chez eux parce qu'il y avait duplication.
M. Chevrette: Exact.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, si c'est vrai
là, imaginez-vous...
M. Chevrette: Mais ces mêmes gars-là vont tirer, par
exemple, pour que certains centres hospitaliers aient tout, et ça, ce
n'est pas grave.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, il s'agit que la
corde tienne bien. Quelqu'un peut tirer, mais si tu ne réussis pas
à déplacer le bloc, ça ne change rien.
Sages-femmes
M. Chevrette: Sages-femmes. Est-ce qu'on va avoir un projet de
loi avant la fin de la session?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Est-ce que c'est une reformulation suite à
la commission parlementaire ou si c'est une réimpression d'un projet de
loi?
M. Côté (Charlesbourg): Bien, ça peut
être les deux. Puis, évidemment, ça va arriver au
même objectif. Ce que nous avons fait depuis la commission parlementaire,
c'est rencontrer les fédérations, la corporation, les
représentants des sages-femmes à plusieurs reprises pour en
arriver à respecter les conditions optimales que nous nous étions
fixées qui étaient de deux ordres: d'abord,
l'indépendance, l'autonomie de la sage-femme, et, deuxièmement,
la sécurité à offrir à la patiente. Ce sont ces
deux objectifs-là sur lesquels nous avons travaillé. On a fait un
peu de chemin avec les fédérations, mais, quant à moi, mon
optimisme légendaire me fait dire que le libellé du projet de loi
fera en sorte qu'effectivement on garantisse les deux objectifs d'autonomie et
de sécurité pour la patiente, mais ce ne sera pas
nécessairement salué avec un enthousiasme très grand de la
part des fédérations de médecins ou de la corporation
professionnelle.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut suspendre une minute, s'il vous
plaît?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Gautrin): Alors, on suspend les
débats pour deux minutes.
(Suspension de la séance à 12 h 7)
(Reprise à 12 h 12)
Le Président (M. Gautrin): Nous reprenons la séance
avec le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, M. le ministre nous disait
que ça pouvait être les deux. Si c'est une
réécriture et un redépôt, je suppose qu'il escompte
les consentements de l'Opposition parce que c'est différent que
d'apporter des amendements sur le contenu du projet de loi. Mais je n'ai pas
saisi quel était le...
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, dans mon livre
à moi, j'ai toujours compris que c'est un projet qui était
souhaité par l'ensemble des intervenants au niveau du Parlement et que,
dans la mesure où ce sont des arrimages qui ne sont pas toujours faciles
et qu'on cherche à avoir le maximum de consensus à ce
niveau-là, je suis à terminer, avec le document, devant les
comités ministériels, et je le déposerai donc à
l'Assemblée le plus rapidement possible, probablement d'ici à ce
qu'on puisse faire de la législation. Si c'est un dossier qui peut
progresser, à tout le
moins pour la deuxième lecture, l'étude article par
article pourra peut-être venir ultérieurement au mois
d'août, si c'était le cas. Et sachant que la deuxième
lecture est passée, il y a peut-être des mécanismes qu'on
peut mettre en branle, pour ne pas perdre de temps, immédiatement.
Transferts fédéraux
M. Chevrette: O.K. Transferts fédéraux. Vous
comprendrez qu'avec une coupure qu'on évalue, nous... Je ne sais pas si
on se trompe; d'ailleurs, je vous pose la question. Est-ce que c'est dans
l'ordre du possible que ça puisse se situer jusqu'à 275 000 000
$, le manque à gagner quant aux transferts fédéraux, au
niveau de la santé, je parie bien? A cause des coupures des
dernières années, des pourcentages que je citais dans mon
exposé du début, on sent très bien que ça ferait,
selon notre évaluation, 1 900 000 000 $ sur cinq ans de coupures. Est-ce
que c'est dans l'état du possible, ça?
M. Côté (Charlesbourg): Dans mon Intervention - je
sais que le député de Joliette a été
dérangé à quelques occasions, je comprends ça -
j'ai identifié ce qu'était le désengagement du
gouvernement fédéral - c'est très substantiel d'ailleurs -
que j'ai qualifié d'attitude inacceptable, injuste et incohérente
et je le répète au cas où ça vous aurait
échappé. Mais sur le budget de 1991-1992, ce serai 121 000 000
$...
M. Chevrette: 1 121 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): ...et c'est 848 000 000 $
sur le budget de 1990-1991 depuis 1982. Donc, c'est quand même
considérable comme problématique sur le plan financier. Si je ne
m'abuse, les pourcentages du financement du fédéral, c'est
passé de 45,3 % en 1977-1978 à 36,2 % en 1990-1991. Je sais, je
vous vois venir, vous voulez attaquer ma foi fédéraliste.
M. Chevrette: Non, dans un premier temps, pour être bien
sérieux, c'est évident que ça n'a plus grand bon sens
parce que je trouve que c'est énorme pour un système de
santé. Parce que, si le gouvernement du Québec n'a pas les
mêmes potentiels pour combler, c'est la qualité même de
notre système qui risque d'en prendre pour son rhume avec des sommes
aussi magistrales. Quand ça frise les 200 000 000 $ par an,
d'après ce que je peux comprendre, c'est de l'argent. C'est de la
"grosse grosse argent" parce qu'au niveau des indexations du coût global,
quand il y a une ponction aussi magistrale, on y goûte affreusement.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour vous donner une
petite idée de l'importance, je voulais faire un calcul: 180 000 000 $
par année, c'est le coût pour 6000 places pour personnes
âgées, ce dont on a besoin en l'an 2001. C'est ça que
ça signifie. L'impasse, sur le plan budgétaire, du gouvernement
du Québec n'est pas facile. Et c'est dire toute l'ampleur à
laquelle a dû faire face le gouvernement actuel dans la
récupération de ces sommes-là à l'intérieur
des masses qu'il a lui-même et que d'autres...
M. Chevrette: Est-ce que vous avez été
convoqué par Ottawa à une conférence
fédérale-provinciale depuis que vous êtes ministre de la
Santé?
M. Côté (Charlesbourg): II y a eu une rencontre des
ministres des provinces, mais pas fédérale-provinciale. Il y en a
de prévues à l'automne, puisqu'on est dans ce secteur-là,
avec une responsabilité santé et une responsabilité
sociale. Je devais recevoir M. Perrin Beatty, à Québec, le 2 mai
dernier, mais il a dû contre-mander à la dernière minute et
on tente de trouver d'autres dates pour se voir. Mais le message va être
très clair, il ne sera pas différent de ce que j'ai dit ce
matin.
M. Chevrette: ça m'apparait quasi prohibitif quand on
regarde notre système de santé et les besoins en vertu des
ponctions qu'on a dû imposer depuis 1982.
M. Côté (Charlesbourg): Dans l'honneur et la
dignité, disait quelqu'un que vous connaissez bien.
M. Chevrette: Oui, mais c'est pour ça que je trouvais que
votre foi s'ébranlait et que le non qui voulait dire un oui, le oui a
été plutôt pâlotte et à sens inverse. Parce
que des transferts aussi massifs coupés, des ponctions aussi fortes
mettent en péril même notre système. Et c'est
évident que récupérer des sommes à
l'Intérieur de ce qui se passe, c'est... À un moment
donné, l'exercice sera impossible; c'est ce que je comprends du
système. Et, automatiquement, le Québec verra la qualité
de son système de santé baisser si on ne réussit pas, par
des pirouettes à l'intérieur des actifs gouvernementaux, à
trouver les sommes équivalentes. C'est rendu à 200 000 000 $ par
année; c'est quasiment l'indexation du ministère, ça.
M. Côté (Charlesbourg): Pendant ce temps-là,
le gouvernement fédéral trouve le moyen de réinventer de
nouveaux programmes où il a davantage le contrôle, en se promenant
un peu partout à travers le Québec et en investissant
lui-même des sommes qu'il nous a, d'autre part, coupées en termes
de transferts, lui permettant d'initier un certain nombre de programmes au
niveau du Québec ou d'autres provinces et de pouvoir voguer
allègrement, seul, pour faire, comme il l'a fait si souvent dans le
passé, y
compris sous l'ère des libéraux, un programme qui va
mettre au monde une structure communautaire, qui va rendre service à la
communauté et qui, par la suite, devra être repris en compte par
le gouvernement du Québec, parce qu'il a maintenant répondu
à des besoins. Ça, c'est totalement inacceptable. Le
fédéral ne pourra pas parler des deux côtés de la
bouche en même temps, couper d'un côté et exiger des
standards nationaux d'autre part. Il devra nous laisser la latitude dont on a
besoin pour être capable de travailler.
M. Chevrette: Est-ce que vous iriez jusqu'à affirmer que
le fédéral ne devrait avoir aucun pouvoir en matière de
santé, que ça devrait être le propre, l'apanage exclusif du
Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Votre question est
très habile. Étape par étape, on en arriverait à ce
que Claude Morin appelait la souveraineté par étapes. Additionner
santé et services sociaux sur le plan d'une autonomie complète,
en matière de travail, d'immigration, vous auriez fini, au bout de 20
ans, 25 ans, 30 ans, par atteindre votre objectif. Je sais que dans votre vie
ce n'est pas traumatisant, 25 ans, mais ça fait appel à des
questions plus fondamentales. Tant et aussi longtemps que le Canada sera
là, existera et qu'il y aura des standards sur le plan national, je
pense qu'on doit se dire que le fédéral a des choses à
faire et à dire et qu'on doit davantage partager ensemble nos
misères et nos bons coups, mais pas le Québec partager la
misère et laisser au fédéral les bons coups. Moi, c'est
une vision totalement différente où on doit définitivement
laisser aux provinces beaucoup plus d'autonomie, au lieu de ce que nous propose
actuellement le gouvernement actuel et ce que nous proposerait Jean
Chrétien, éventuellement, avec un gouvernement
fédéral central fort auquel je ne m'associe d'aucune
manière et auquel je ne m'associerai d'aucune manière, ni avant
le 23, ni après le 23 juin.
M. Chevrette: C'est très clair, ça. Je n'ai
même plus de sous-questions sur le sujet. Je n'en demandais quasiment pas
autant.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: M. le Président, je propose la suspension
jusqu'à 15 heures.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous êtes
d'accord pour suspendre jusqu'à 15 heures?
Une voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Alors, on suspend
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
(Reprise à 15 h 37)
Le Président (M. Gautrin): La commission des affaires
sociales va reprendre ses travaux. Je rappellerai qu'elle est réunie
afin d'étudier les crédits budgétaires du ministère
de la Santé et des Services sociaux et de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec pour l'année financière
1990-1991. On avait convenu ce matin, si j'ai bien compris, M. le
député de Joliette, de porter nos questions principalement sur le
domaine des ambulances. Est-ce que c'est bien votre intention?
M. Chevrette: C'est bien ça, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Oui, monsieur?
M. Côté (Charlesbourg): Si vous le permettez,
j'avais promis, ce matin, de déposer une copie du Conseil
d'évaluation des technologies de la santé du Québec,
principalement dans le cathétérisme cardiaque avec tout ce que
ça comporte.
M. Chevrette: Merci beaucoup.
Le Président (M. Gautrin): On le reçoit comme
dépôt de documents.
M. Chevrette: On donne l'autorisation de le distribuer.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Consentement
unanime?
M. Chevrette: C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): Ah! C'est moi qui le
décide. Merci. Alors, je distribue.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Gautrin): Alors, M. le
député de Joliette.
Urgences-santé
M. Chevrette: M. le Président, vous vous rappellerez
l'étude du controversé projet de loi 37 qui, à mon point
de vue, est une loi mal foutue, mal préparée, mal défendue
mais dont les objectifs pouvaient être fort alléchants pour la
population en général puisqu'on y discutait d'une meilleure
formation des techniciens ambulanciers. C'était l'argumentation de base
de M. Dutil, à l'époque. Également, on parlait de
meilleurs services, d'une plus grande qualité des services, d'une
amélioration des services et, en particulier, nous disait-on, on
améliorerait également non seulement les services à
Montréal mais on
assurerait une stabilisation de l'emploi en région en plus
d'améliorer la qualité des services en région. M. le
Président, c'est à partir de ces principes fondamentaux que je
voudrais scruter, avec le P.-D.G., d'abord, d'Urgences-santé et aussi
avec sans doute les acolytes du ministre au niveau national, les dimensions de
coûts pour partir. J'aimerais savoir, j'aimerais que le ministre nous
dise, ou un de ses collaborateurs, combien il en coûtait, avant la loi
37, pour les services de santé au Québec et combien il en
coûte maintenant pour l'ensemble des services.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous me permettez, M. le
Président, dans un premier temps, d'abord, de vous dire que je suis
accompagné de M. Pierre Lamarche, d'Urgences-santé, et d'autres
officiers du ministère, dont M. Langlois, qui pourront me seconder dans
les réponses ou répondre eux-mêmes aux questions
posées par le député de Joliette.
J'ai évidemment des coûts qui concernent Montréal et
la province. Si votre intérêt est de savoir la différence
entre les deux, je pense que ça peut être intéressant. Dans
le cas d'avant la réforme, nous avions un budget pour Montréal de
39 300 000 $ et, pour la province, 46 000 000 $, donc 85 300 000 $. Si on
regarde le budget de 1989-1990, mais après la réforme, on se
retrouve dans une situation, à Montréal, passant de 39 300 000 $
à 48 100 000 $, alors qu'au niveau de la province on passe de 46 000 000
$ à 89 000 000 $, donc, sur le global, de 85 300 000 $à137 100
000 $.
M. Chevrette: Donc, 52 000 000 $, grosso modo, de plus...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...dans le domaine de la santé et des
services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Quels étaient les effectifs, à
Montréal, avant la réforme, au Québec, avant la
réforme, et quels sont les effectifs, présentement, à
Montréal et au Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que, dans votre
question, vous souhaitez obtenir la différence entre du temps plein et
du temps partiel? On sait que, là-dedans, il y a beaucoup de temps
partiel.
M. Chevrette: Non, mais il y avait un effectif calculé de
quelle façon avant? Peu importe la manière que vous prendrez, je
veux avoir les chiffres.
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de
Montréal, on peut peut-être demander à M. Lamarche
de le faire immédiatement.
M. Lamarche (Pierre): Dans le cas de Montréal, il y avait
deux catégories de personnel, comme vous le savez fort bien. Il y avait
le personnel en provenance du Conseil régional, qui est demeuré
sensiblement le même, c'est-à-dire autour de 300 personnes qui ont
été transférées par effet de la loi à la
corporation d'Urgences-santé. Au niveau des techniciens ambulanciers,
dans un premier temps, il y a eu une diminution du nombre apparent d'individus
parce qu'il faut vous dire que les techniciens ambulanciers pouvaient
travailler dans plus d'une compagnie et à l'intérieur même
d'un groupe de propriétaires de plus d'une compagnie, de telle sorte
qu'ils pouvaient être comptabilisés une ou deux fois. Mais on peut
dire qu'ils étaient, grosso modo, à peu près 700.
Maintenant, on a des effectifs qui sont autour de 1150 individus. Je
tiens à vous donner la distinction parce que ce n'est pas le nombre
équivalent à temps complet. Pour être capable de mesurer,
il faut toujours mesurer les équivalents à temps complet. Alors,
il n'y a pas eu, au niveau des techniciens ambulanciers, d'ajout d'effectif
à temps complet et du personnel interne transféré du
Conseil régional, il y a eu, je pense, l'ajout d'au maximum une dizaine
de postes à Urgences-santé.
M. Chevrette: De 700 qui se partageaient la tâche
antérieurement, c'est 1100 maintenant.
M. Lamarche: Non, c'était 1000 antérieurement et
c'est autour de 1123 ou 1150 maintenant. Mais ce ne sont pas des
équivalents à temps complet. Pour vous donner une réponse
adéquate, je devrais vous donner une réponse en équivalent
à temps complet, ce que je ne peux pas vous donner, ne connaissant pas
quelle était la situation dans les entreprises avant le 17 juillet, date
d'intégration des techniciens ambulanciers.
M. Chevrette: Combien avons-nous versé effectivement en
perfectionnement, la dernière année avant la fusion, à
Montréal? Et combien versons-nous effectivement dans le
perfectionnement, avons-nous versé la dernière année,
celle qui s'achève? La même chose pour le Québec.
M. Lamarche: Je peux vous répondre tout de suite sur la
première année...
M. Chevrette: Excusez-moi. Avant, les effectifs de la
province...
M. Lamarche: 1100.
M. Côté (Charlesbourg): Auparavant, on ne le savait
pas mais, maintenant, pour la province, excluant Montréal, c'est 1100
personnes en
stabilité d'emploi.
M. Chevrette: Mais vous ne le savez pas pour
antérieurement.
M. Lamarche: Auparavant, non.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Ce sont des
données non disponibles, malgré les efforts qui ont
été faits pour les obtenir.
M. Chevrette: Oui, si je vous posais la question, c'est parce
que... On ne pourra pas faire la... C'est parce qu'il y a des postes qui sont
disparus dans la négociation, il y a des centres de services qui ont
disparu dans la négociation, par exemple, Petite Nation ou des choses du
genre... Sainte-Émilie-de-l'Énergie, dans Lanaudière, etc.
Donc, on ne l'a pas antérieurement à la réforme. C'est
correct.
Perfectionnement, la dernière année avant la
réforme, et l'argent qui a été dépensé
effectivement la dernière année.
M. Côté (Charlesbourg): Avant la réforme, on
n'a pas ce qui se donnait en formation. Maintenant...
M. Chevrette: À Montréal, à
Urgences-santé, vous ne l'avez pas?
M. Lamarche: À Montréal, il n'y en avait pas eu.
L'année précédant la réforme, il n'y avait pas eu
de formation de techniciens ambulanciers à Montréal. Donc, la
dépense était égale à zéro.
M. Côté (Charlesbourg): Alors qu'on a, dans ce
cas-ci, 500 000 $ pour Montréal métropolitain et 528 000 $ pour
le restant du Québec, ce qui veut dire 1 028 000 $ pour l'année
budgétaire 1989-1990.
M. Chevrette: Est-ce que ce sont les cours qui coûtent 160
$ l'heure, par personne-programme, qui entrent dans ce total de 1 000 000 $?
Vous savez ce que je veux dire?
M. Lamarche: J'ai deux contrats. Je ne le sais pas par coeur.
M. Chevrette: Vous avez le contrat avec le cégep
Ahuntsic.
M. Lamarche: Oui. M. Chevrette: C'est ça.
M. Lamarche: J'en ai deux. J'en ai un sur la requalification du
personnel, de 40 heures, pour chacun des employés
d'Urgences-santé...
M. Chevrette: Je parle des 325 heures.
M. Lamarche: 325 heures... Non, c'est une dépense...
M. Chevrette: Celui-là, il est à 160 $
l'heure-homme...
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: ...homme-programme. C'est bien ça?
M. Lamarche: Ça se peut. Je n'ai pas le chiffre. Vous avez
probablement le contrat.
M. Chevrette: Pardon?
M. Lamarche: Vous avez probablement le contrat.
M. Chevrette: Ah! Je pourrai vous le fournir, au besoin.
M. Lamarche: Ça, c'est pour la dépense de cette
année, donc commençant le 1er avril 1990, et ça totalise
un montant approximatif de 750 000 $, la formation de 250 techniciens
ambulanciers.
M. Chevrette: 250. Ça se rapprocherait plus des quelque
800 000 $, hein? Quelque 400 000... Si vous calculez quelque 320 heures
multiplié par 15 par groupe, multiplié par 250, vous allez
arriver à quelque 800 000 $.
M. Lamarche: Êtes-vous fort en mathématiques ou si
vous avez fait des calculs avant?
M. Chevrette: Je suis assez fort, mais j'ai calculé hier
soir. C'est bien ce programme-là qui existe, de 325?
M. Lamarche: Bien, il y a deux programmes que je vous dis...
M. Chevrette: Je parle de celui des 325. C'est 40 heures? C'est
combien d'heures?
M. Lamarche: Non. Les 40 heures, c'est un programme de 40
heures...
M. Chevrette: De recyclage.
M. Lamarche: ...de formation pour le personnel déjà
en place pour les techniciens ambulanciers et qui comprend l'obligation de
reclassifier.
M. Chevrette: Mais, pour vos 250?
M. Lamarche: Pour les 250, c'est un programme de 336
heures...
M. Chevrette: 336, c'est ça.
M. Lamarche:... qui est donné par le cégep
Ahuntsic, oui.
M. Chevrette: Est-ce que ce programme de perfectionnement a fait
partie d'approbations du ministère de l'Éducation?
M. Lamarche: II fait l'objet de l'approbation du ministère
de l'Éducation.
M. Chevrette: M. Lamarche, je vais vous reposer la question
très lentement. Je voudrais que vous me répondiez bien
sûrement. Les 825 heures qui avaient fait partie de la réforme
étaient un programme approuvé par les CRSSS, approuvé par
le ministère de l'Éducation, approuvé par tout le monde.
Est-ce que les 336 heures ont suivi les mêmes démarches, oui ou
non?
M. Lamarche: Non. Les 336 heures s'appliquent à
Urgences-santé par effet de la loi 34, dont vous avez fait mention
tantôt, à l'article 149. 18 qui dit que tout règlement
adopté par un conseil régional en application du. Je peux vous le
lire: "Les normes relatives à la qualification du personnel
affecté aux services constituant un système préhospitalier
d'urgence de même que les normes d'équipement, de fonctionnement
et d'inspection des opérations de ces services, prévues à
un règlement pris en application de la Loi sur la protection de la
santé publique s'appliquent, compte tenu des adaptations
nécessaires et de la nature des activités exercées,
à ceux qui ont conclu un contrat avec la Corporation en matière
de transport ambulancier ainsi qu'à cette dernière. "
Or, en application de la Loi sur la protection de la santé
publique, le Conseil régional de la santé et des services sociaux
de Montréal métropolitain a adopté un règlement qui
s'appelle le règlement 2 et qui prévoit que la formation pour les
techniciens ambulanciers à Montréal doit être minimalement
de 330 heures-programme...
M. Chevrette: De programme. M. Lamarche:...
composées de... M. Chevrette: Je reprends ma question. M.
Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Je ne voudrais pas avoir à prendre tout
l'après-midi. Le contenu du programme est-il, oui ou non, en
périmé pour le ministère de l'Éducation par la
conférence des CRSSS, par le CRSSS de Montréal? Le contenu du
programme donné par le cégep Ahuntsic a-t-il fait l'objet
préalable d'adaptations ou de choix par Urgences-santé seulement
ou par son responsable de la formation?
M. Lamarche: Non. Le programme a été
fabriqué par le Dr Lambert Farand et par Mme Judith Leprohon qui sont
médecin et infirmière à Urgences-santé. Il a
été soumis au ministère de la Santé et des Services
sociaux, lequel a agréé, et il a été
acheminé par le ministère de la Santé et des Services
sociaux au ministère de l'Éducation, ministère de
l'Enseignement supérieur, je crois, afin de s'assurer qu'il devienne,
pour l'ensemble de la province, le cours qui se donne et qu'il s'inscrive dans
le cadre des 825 heures.
M. Chevrette: Est-ce que ce programme-là est reconnu
présentement et les crédits sont-Ils reconnus par le
ministère de l'Éducation?
M. Lamarche: Je crois que oui. Je crois que oui. Il est
donné par le cégep Ahuntsic qui a parfaitement le droit.
M. Chevrette: Oui, mais par un institut... Comment vous
l'appelez, l'institut?
M. Lamarche: C'est le Centre de formation des techniciens
ambulanciers.
M. Chevrette: Est-ce que c'est vrai que c'est un institut qui n'a
aucune juridiction légale?
M. Lamarche: Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez une certitude que cet institut
a un statut légal reconnu par le ministère de l'Éducation?
Parce que pour donner des cours il faut qu'un institut obtienne le permis du
ministère de l'Éducation. Est-ce que l'institut auquel vous
faites référence, le cégep Ahuntsic, est dûment
accrédité par le ministère de l'Éducation?
M. Lamarche: Je pense que le cégep Ahuntsic est
effectivement dûment accrédité par le ministère.
M. Chevrette: Non, non l'institut.
M. Lamarche: II n'y a pas d'institut, M. Chevrette.
M. Chevrette: C'est quoi? C'est quoi l'institut? C'est un mot
qu'utilise un de vos employés pour rien?
M. Lamarche: C'est peut-être un mot qu'utilise un de mes
employés pour rien. C'est peut-être un mot qu'utilise beaucoup de
mes employés pour d'autres raisons. Mais le contrat - vous l'avez devant
vous - est un contrat qui est signé entre le collège Ahuntsic et
Urgences-santé, en vertu des programmes de
formation sur mesure que connaissent tous les cégeps et qui sont
signés par la totalité des cégepâ et qui
nécessitent les heures de formation, la programmation qui font que les
professeurs sont payés par le cégep et embauches par le
cégep. Et il n'y a pas d'institut.
M. Chevrette: Donc, vous affirmez - en tant que personne
imputable devant la commission parlementaire, en raison de votre statut - bien
haut, vous là, que les cours sont dûment accrédités,
reconnus et seront portés au dossier scolaire des techniciens
ambulanciers.
M. Lamarche: Ce que je peux affirmer, c'est que j'ai signé
avec le cégep Ahuntsic un contrat qui fait en sorte que le cégep
Ahuntsic dispense des cours qui sont donnés dans le cadre de ces cours
de formation sur mesure et qui fait l'objet, premièrement, de
l'agrégation par le ministère de la Santé et des Services
sociaux et, deuxièmement, qu'il est acheminé au ministère
de l'Éducation. Est-ce que le ministère de l'Éducation,
dans les termes que vous me dites, l'a agréé? Je ne le sais
pas.
M. Chevrette: Je voudrais vous référer à
l'article 149.18 que vous avez lu. Dans l'article 149.18, ne vous en
déplaise, M. Lamarche, est-ce qu'il est dit que le programme est
adopté par Urgences-santé ou si ce n'est pas plutôt les
normes relatives à la qualification, et non pas le contenu des
programmes? Est-ce que vous croyez que l'assise juridique que vous donniez
à votre programme, pensée exclusivement pas
Urgences-santé, correspond à l'article 149.18, selon vous? Vous
êtes avocat.
M. Lamarche: Non. L'assise juridique, M. le député
de Joliette, c'est le règlement 2 du Conseil de la santé et des
services sociaux du Montréal métropolitain, lequel prévoit
une formation qui doit être minimalement de 285 heures, formation de
techniques ambulancières, et qui résulte du rapport Marois, du
nom de Me Pierre Marois, qui doit être de 30 heures, minimalement aussi,
en conduite d'urgence - cela résulte d'une recommandation qui avait
été faite par un coroner au Conseil de la santé et des
services sociaux du Montréal métropolitain - et de 15 heures
d'intégration, minimalement.
Donc, ça, c'est l'assise. Ça, c'est le fait juridique que
pour travailler, pour pouvoir être qualifié comme personnel, il
faut voir par la suite à l'article 149.5, sixièmement,
l'obligation de la corporation de s'assurer des qualifications du personnel
affecté au service constituant le système préhospitalier
d'urgence, et la qualité des services dispensés par ce personnel.
Il faut voir cette obligation pour savoir que la corporation
Urgences-santé a donc l'obligation légale de s'assurer que les
personnes qu'elle va embaucher sont des personnes qui vont répondre aux
exigences de formation contenues dans le règlement 2 du Conseil
régional de la santé et des services sociaux, qu'on a
établi à 336 heures.
M. Chevrette: N'est-il pas plus exact que les 825 heures qui
avaient servi de base pour vendre la réforme, à
l'époque... On ridiculisait, à l'époque, les 336 heures
qui existaient et on se basait sur le fait qu'il fallait une formation beaucoup
plus élaborée, et c'est là que les 825 heures ont fait
l'objet de consultations auprès des ministères, auprès des
organismes, du CRSSS. Mais, par la suite, ce n'est qu'au niveau
d'Ur-gences-santé que s'est tramé un programme de 336 heures,
comme ils ont bien voulu le faire. Est-ce que ce n'est pas plutôt
ça qui s'est passé dans les faits?
M. Lamarche: Non, ce n'est pas ça qui s'est passé
dans les faits. Pour les 825 heures, Urgences-santé n'a pas
l'autorité pour décider qu'elle va les mettre sur pied. C'est un
programme qui va devoir être fait... D'ailleurs, soit dit en passant,
nous partageons pleinement cet objectif.
M. Chevrette: C'est lui qui a fait l'objet de consensus à
travers tout l'appareillage.
M. Lamarche: Oui, oui.
M. Chevrette: Et non pas les 336 actuelles.
M. Lamarche: Non, non. Et nous souhaitons le plus rapidement
possible pouvoir atteindre ces 825 heures. Je dois vous dire que le Dr Lambert
et Mme Leprohon se sont assurés que les 336 heures qui sont
fabriquées soient conciliables avec un programme de 825 heures qui
pourrait être mis de l'avant. Cela dit, nous, nous n'avons pas
autorité pour dire: Nous allons mettre sur pied un programme de 825
heures. Nous avons autorité pour dire: Nous allons former du personnel
suffisamment qualifié pour pouvoir travailler à
Urgences-santé, comme l'exige la loi. Et comme l'exige la loi,
c'est-à-dire minimalement, conformément au règlement 2 que
le Conseil régional de la santé et des services sociaux de
Montréal avait adopté.
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes en mesure de dire
combien il y a eu de contrats de signés avec de nouveaux employés
depuis que vous êtes là?
M. Lamarche: De contrats.
M. Chevrette: Pas avec des employés qui ont
été transférés seulement, des employés
nouveaux, combien il y a eu de contrats signés par vous ou par vos
cadres supérieurs, qui auraient dû être engagés, de
toute façon, en vertu de l'article 149.15?
M. Lamarche: Je saisis mal votre question.
M. Chevrette: Combien avez-vous signé de contrats avec des
employés directement, en dehors de la liste de ceux qui vous
étaient transférés en vertu de cette loi?
M. Lamarche: II n'y a pas de contrats qui sont...
M. Chevrette: Desrochers doit vous en avoir
transféré une trentaine.
M. Lamarche: Ah!
M. Chevrette: Bien, après, là... Là, il n'y
a plus d'entrepreneurs privés, à Montréal.
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: C'est seulement du métal qu'on vous passe,
maintenant.
M. Lamarche: Oui. M. Chevrette: C'est ça? M.
Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Combien y a-t-il eu de contrats en dehors de ceux
qui étaient transférés par les employeurs? S'il y en avait
1000, il y en a au moins 100. On se comprend? Et il y en a, à part
ça...
M. Lamarche: non, mais ça, c'est parce que ce ne sont pas
des contrats, ce sont des embauches qui sont faites par le service du
personnel. les techniciens ambulanciers qui veulent oeuvrer à
montréal viennent s'inscrire et peuvent remplacer les postes en absence
ou de quelque façon. ce n'est pas un contrat qui est signé avec
des individus...
M. Chevrette: Ce sont vos listes de rappel, ça. Vous
appelez ça vos listes de rappel.
M. Lamarche: Oui. Ça fonctionne comme dans tout
établissement du réseau. C'est pour ça que je comprenais
mal votre signification...
M. Chevrette: Combien en avez-vous, d'abord, dans votre liste de
rappel, de personnes...
M. Lamarche: De personnes...
M. Chevrette: ...qui n'ont pas été
impliquées dans des transferts automatiques, en vertu de la loi?
M. Lamarche: Donc, des techniciens ambulanciers qui auraient
été embauchés après le 17 juillet...
M. Chevrette: Ça ressemble un petit peu à
ça, oui.
M. Lamarche: ...et qui ne venaient pas des compagnies
existantes.
M. Chevrette: Non, c'est parce que, M. Lamarche...
M. Lamarche: A peu près 70.
M. Chevrette: ...vous savez, la loi 37 devait assurer la
stabilité...
M. Côté (Charlesbourg): 34. M. Chevrette:
34?
M. Côté (Charlesbourg): Parce que 37, ça a
marqué votre passage.
M. Chevrette: Oui, c'est possible. 37, c'est... Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Non, il y en a eu une loi 37 lors de votre
passage.
Une voix: C'est la réforme de l'aide sociale.
M. Chevrette: C'est la réforme de l'aide sociale, 37.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais... M.
Chevrette: C'était 34, 37...
M. Côté (Charlesbourg): De ce que je comprends,
elles sont aussi marquantes l'une que l'autre.
M. Chevrette: Aussi marquantes l'une que l'autre. Oui, ça
a fini par deux "filibusters", c'est vrai.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: La loi 34 devait assurer la stabilité de la
main-d'?uvre en périphérie et en région, alors que
vous avez accepté allègrement l'embauche de bonshommes qui,
précisément, devaient, en vertu de la loi 34, rester en
région. Est-ce que vous pouvez contredire ce que j'avance?
M. Lamarche: II est vrai que nous avons embauché, que nous
avons recruté des techniciens ambulanciers qui pouvaient, avant
la réforme, travailler ailleurs. Il est vrai que, de chez nous
aussi, des techniciens ambulanciers sont partis pour aller travailler en
région, alors
qu'il pouvait y avoir une plus grande sécurité du revenu
qui leur était assurée. On partage, et c'est une partie de la
problématique. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, on a
décidé de former 250 nouveaux techniciens ambulanciers: on
partage une partie de la main-d'oeuvre avec la rive sud de Montréal et
avec la rive nord de Montréal. C'est-à-dire qu'il y a des
techniciens ambulanciers qui travaillent soit pour des entreprises de la rive
nord, soit pour Urgences-santé, à temps partiel, chez l'un et
chez l'autre. On est en situation de pénurie. Vous savez sans doute
d'expérience qu'en période de pénurie ce
phénomène-là est accéléré,
c'est-à-dire que, parfois, les techniciens ambulanciers ou les
infirmières, comme cela était le cas lors de la pénurie
des infirmières, ont intérêt à ne pas détenir
un emploi permanent, avec toutes les contraintes qu'oblige un emploi permanent,
mais préfèrent plutôt détenir plusieurs postes
à temps partiel parce qu'ils peuvent faire l'équivalent de ce
qu'ils font à temps complet, mais en choisissant les journées et
les soirées où ils vont travailler, c'est-à-dire, en
clair, éliminer l'obligation de travailler les fins de semaine.
M. Chevrette: pouvez-vous me dire combien il y a eu de
payé en temps supplémentaire au cours de la dernière
année, à montréal et dans le reste du québec?
M. Lamarche: À Montréal, je peux vous le dire, pour
le reste du Québec, je ne peux pas vous le dire, mais il y en a eu
énormément. Il y a eu quelque chose comme 1 000 000 $ qui ont
été versés en temps supplémentaire pour maintenir
un niveau d'occupation des postes vacants qui n'était même pas la
totalité des postes vacants. C'est-à-dire que c'est un effet de
la pénurie. On réussissait à combler à 90 % ou
à 85 % les postes qui devaient partir à chacun des quarts de
travail en recourant à du temps supplémentaire.
C'est-à-dire que le service aurait été plus bas encore, si
on n'avait pas réussi à recourir au temps supplémentaire
pour effectuer le minimum qui était requis. C'est la raison
principale...
M. Chevrette: II y a un million combien? M. Lamarche:
Autour de 1 000 000 $.
M. Chevrette: 1 000 000 $ de temps supplémentaire au
Québec?
M. Lamarche: Non.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Ça, c'est
Montréal. Dans le reste du Québec il y avait eu des
évaluations qui parlaient d'à peu près 500 000 $. On me
dit que ça peut être dépassé, mais on n'aura pas les
chiffres... (16 heures)
M. Chevrette: Vous allez nous tenir au courant de ça?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: J'aurais une question à poser. C'est parce
que, dans le reste du Québec, les CRSSS autorisent le temps
supplémentaire, si j'ai bien compris. Comment ça se fait que
ça hésite à payer après l'avoir
autorisé?
M. Côté (Charlesbourg): on me dit que, dès le
moment où le crsss l'a autorisé, il n'y a pas d'hésitation
à payer. mais quand on ne l'a pas autorisé, c'est un petit peu
plus long à payer.
M. Chevrette: Je vous donnerai des exemples, M. le ministre,
où ce sont des autorisations verbales qui se donnent. Naturellement,
quand il y a une urgence, on n'a pas le temps d'avoir une lettre, surtout avec
Sa Majesté la reine qui prend un peu de temps. C'est sur la gueule,
comme on dit en bon québécois, cette autorisation et
après, il y a des gens qui nient avoir fait des choses, alors que
personne ne peut envoyer un véhicule sans autorisation de temps
supplémentaire.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que, dans ces
conditions-là, il y a peut-être des resserrements à faire
sur le plan des autorisations.
M. Chevrette: On pourra donner des exemples concrets pour qu'on
puisse corriger la situation. Je continue, M. le Président. Combien de
véhicules neufs, à Montréal? Pour vous aider, est-ce que
ça ressemblerait à 70?
M. Lamarche: II se peut que ce soit 70. Mais ce qui est
prévu, c'est qu'il y en ait 132 véhicules ambulanciers.
M. Chevrette: Oui, c'est 120 que vous avez actuellement comme
flotte totale, comparativement à 95 antérieurement?
M. Lamarche: Non. Le système est fort différent. Il
faut comprendre que le système est maintenant fort différent.
Auparavant, il y avait 80 véhicules au permis. Il était permis,
dans chacune des entreprises, d'avoir des véhicules de remplacement ce
qui faisait qu'on avait 95 véhicules auxquels on pouvait recourir.
Maintenant, les contrats qui sont agréés font en sorte que les
céduies de travail sont fixes et qu'il faut donc assurer le nombre de
véhicules nécessaire pour faire sortir la totalité des
céduies de travail prévues, dans la mesure, évidemment,
où nous avons le personnel pour pouvoir le faire.
M. Chevrette: La question auparavant, c'est combien de
véhicules neufs? C'est parce qu'elle
aura de l'importance tantôt.
M. Lamarche: Chacun des véhicules doit être
remplacé. S'il ne l'a pas été...
M. Chevrette: II y en a combien de remplacés?
M. Lamarche: II se peut qu'il y en ait 70. Je ne sais pas le
nombre exact. Mais il se peut qu'il y en ait 70. Donc il faut s'assurer, M. le
député, que les 80 véhicules puissent être mis sur
la route. Comme il y a juxtaposition des quarts qui sortent et des quarts qui
rentrent, à deux périodes dans la journée, il y a
nécessité d'avoir en circulation 110 véhicules. Or, les
calculs faits par les experts du ministère des Transports
établissaient que, pour s'assurer qu'il y ait 110 véhicules
disponibles en tout temps, en tenant compte des réparations, en tenant
compte des transports hors région, en tenant compte des véhicules
qui sont retardés, ça nécessite 132 véhicules.
Donc, il y a un contrat de 132 véhicules au maximum qui devront tous
être remplacés à échéance.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous qu'avec 70 véhicules
neufs... C'est déjà beaucoup par rapport à ce qui a
déjà existé, nous dit-on. Parce que vous vous rappellerez,
pour avoir sans doute préparé vous-même ou aidé
à préparer des mémoires du RETAQ, à
l'époque, vous vous rappellerez comment on s'en prenait à la
qualité des véhicules des employeurs privés. Comment
expliquez-vous qu'en vertu du fait qu'on est en train de renouveler la flotte
avec des KK, 70 neufs, on se retrouve avec un pourcentage tout aussi
élevé, sinon plus élevé, de 10-06. Vous savez ce
que je veux dire par 10-06?
M. Lamarche: Oui, mais je ne suis pas...
M. Chevrette: Pour les fins du Journal des débats,
ce sont ceux qui déclarent un bris avant de partir.
M. Lamarche: Il faut dire que vous travaillez probablement
à partir d'un document qui a été déposé par
le syndicat des répartiteurs vers le mois de janvier et qui donnait des
statistiques qui devaient se terminer vers septembre ou au plus tard vers
octobre. Vers septembre ou octobre, nous n'étions pas dans la situation
où nous sommes maintenant, avec 70 véhicules neufs. Nous
étions en période où nous devions compter sur un nombre
très élevé de véhicules usagés et qui
devaient être remplacés d'une façon
accélérée, qui avaient même, à toutes fins
utiles, terminé leur vie active au sein d'Urgences-santé, selon
les règlements mêmes qui avaient été
antérieurement adoptés par le conseil régional.
M. Chevrette: Ce n'est pas vrai ça?
M. Lamarche: je ne nie pas qu'il puisse y avoir eu des 10-06. ce
que je dis, c'est que vers la période où il y a eu des 10-06, la
flotte n'était pas dans l'état...
M. Chevrette: Mais en janvier 1990 - on n'est pas en octobre -
combien if y avait de 10-06 au mois de janvier par jour, en moyenne?
M. Lamarche: Je ne le sais pas.
M. Chevrette: Si on vous disait 25 %, qu'est-ce que vous
diriez?
M. Lamarche: Je dirais que c'est probablement très
élevé et très surprenant. C'est un chiffre que j'apprends
pour la première fois, 25 % des véhicules qui seraient en 10-06,
en janvier 1990...
M. Chevrette: Ça serait combien d'abord?
M. Lamarche:... ça veut dire 20 véhicules,
ça.
M. Chevrette: Si ce n'est pas vrai, ça serait quoi?
M. Lamarche: Je ne sais pas, il y a certainement un nombre de
véhicules qui sont en bris mécanique qui, même s'ils sont
parfaitement neufs, peuvent avoir des difficultés, soit avec la
chaufferette...
M. Chevrette: Ça ne vous surprend pas, un nombre aussi
élevé?
M. Lamarche: Pardon?
M. Chevrette: Ça ne vous surprend pas, vous, qu'il y ait
autant de bris que ça?
M. Lamarche: C'est ce chiffre-là qui me surprend. 25 %,
ça me surprend effectivement énormément Je pense
que...
M. Chevrette: Ceux qui compilent ça, ils ont le mauvais
crayon.
M. Lamarche: Je ne sais pas comment ils le compilent. En janvier
1990, vous me dites...
M. Chevrette: II n'y a pas grand monde de bon dans ça.
Vous allez le voir tout à l'heure.
M. Lamarche: Pardon?
M. Chevrette: C'est effrayant comme il y a du monde menteur dans
ça. Le temps de réponse, en 1986-1987, il était bien, pour
les statistiques, c'était bien de 5, 3 minutes?
M. Lamarche: En 1986-1987...
M. Chevrette: Oui.
M. Lamarche: ...je ne le sais pas.
M. Chevrette: Et en 1989-1990, ça serait bien de six
minutes?
M. Lamarche: De six minutes? M. Chevrette: Oui.
M. Lamarche: Ça dépend. Le temps interne ou le
temps externe?
M. Chevrette: Le temps externe.
M. Lamarche: Le temps externe est autour de six minutes, oui.
M. Chevrette: Alors qu'il était de 5,3 en 1986-1987.
Comment pouvez-vous expliquer, avec au-delà de 100 personnes de plus de
disponibles, avec des véhicules neufs, que le service se
détériore alors qu'on a mis 52 000 000 $ de plus dans la
réforme du système ambulancier au Québec?
M. Lamarche: Si vous aviez mis 52 000 000 $ à
Montréal, je serais bien content, mais...
M. Chevrette: Non, mais, à Montréal, c'est quand
même 11 000 000 $. Je sais que la majeure partie des 52 000 000 $, c'est
sur les salaires. Je l'ai dit, il n'y a pas... Je l'ai dit au ministre, ce
matin, que l'effet bénéfique de la réforme, c'a
été d'assurer des salaires. Je l'ai dit.
M. Lamarche: mais je ne sais pas d'où viennent les 11 000
000 $ non plus. je ne sais pas d'où viennent les 11 000 000 $ dont vous
parlez.
M. Chevrette: Bien, de 39 à... Je vais vous le dire. Il
vient des chiffres que le ministère nous a transmis: 48 000 000 $ versus
39 000 000 $, c'est 9 000 000 $, excusez.
M. Lamarche: Oui, mais il y a 4 100 000 $ de ces 8 700 000 $ qui
viennent du coût des conventions collectives. Il y a 900 000 $ qui
viennent du coût du régime de retraite. Il y a 500 000 $ au budget
de la formation et il y a 3 200 000 $ aux contrats d'entreprises. Alors, ce
n'est pas plus pour le service. Mais à tout
événement...
M. Chevrette: Mais vous me dites vous-même que la liste est
passée à 1100, ça doit... Je vous demande comment
expliquer qu'avec l'argent qu'on a mis, de l'argent neuf, avec une nouvelle
structure, avec plus de personnes, avec des véhicules neufs, avec un
contrat-budget, je suppose avec les... Pas un contrat budget mais un contrat
pour la tôle... Ça a été réglé, en
tout cas, ces contrats-là. Comment expliquez-vous que le temps, selon
les statistiques, de réponse à l'externe se soit
détérioré? 5,3 minutes par rapport à 6, c'est
beaucoup en pourcentage. Vous le savez. Comment expliquez-vous cette
détérioration?
M. Lamarche: II peut y avoir une multitude de facteurs. Le
premier facteur qu'il peut y avoir...
M. Chevrette: Oui, mais je voudrais avoir les facteurs que vous
avez identifiés. Je ne veux pas avoir une réponse
théorique. Je veux savoir ce qui se passe dans les faits.
M. Lamarche: Très bien. Les facteurs que nous avons
identifiés, c'est la pénurie de personnel. Quand on a 85 % des
quarts qui sont comblés, il y a donc 15 % du volume d'ambulances qui
devrait être en disponibilité sur lequel nous ne pouvons pas
compter, ce qui a pour effet d'augmenter le temps-réponse. Ce qui a pour
effet de faire en sorte que les appels se font sur des distances qui sont plus
longues, qui prennent donc un pourcentage ou une fraction de seconde. Le fait
qu'il y ait une pénurie du personnel, le fait qu'il y ait une
augmentation du temps-réponse, il y a aussi, donc, un
phénomène d'engorgement dans les salles d'urgence qui peut
survenir, une période de rétention des civières, ce qui
fait qu'une rétention de civières pénalise davantage si
nos quarts sont comblés à 85 % plutôt que d'être
comblés à 100 %. S'ils sont comblés à 100 %, on a
une espèce de volet sur lequel on peut compter pour être capables
de maintenir en disponibilité les véhicules, ce qu'on ne peut pas
faire lorsqu'on fonctionne avec 85 % de nos effectifs et ce qui a pour effet
d'avoir une augmentation sur le temps-réponse qui peut être
sensible...
M. Chevrette: Mais, M. Lamarche...
M. Lamarche: ...mais qui a tendance à se corriger.
M. Chevrette: M. Lamarche, vous vous êtes fait dire au mois
de janvier que le nombre de véhicules hors service est beaucoup trop
élevé. Aucun contrôle n'est effectué par un
responsable sur la légitimité de sa non-disponibilité. Un
quart de travail normal, de type 7 h 30 à 15 h 30, nous indique qu'en
moyenne plus de 30 % des quarts se déclarent 10-06. C'est quoi?
Qu'est-ce qui manque, dans cette boîte-là, pour qu'il y ait un
resserrement quant aux réponses à l'externe? Parce qu'il y a
détérioration de sept dixièmes de minute, c'est beaucoup,
dans un système. L'avez-vous calculé en pourcentage, la
détérioration globale?
M. Lamarche: C'est toujours une moyenne.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je peux me
permettre...
M. Chevrette: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Le député de
Joliette dit: Vous vous êtes fait dire... Par qui?
M. Chevrette: Par les répartiteurs...
M. Côté (Charlesbourg):... qui étaient en
négociation, à ce moment-là.
M. Chevrette: Non, non, pas à ce moment-là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. Moi, je vous dis
que oui, ils étalent en négociation à ce
moment-là.
M. Chevrette: Vous n'avez jamais contredit ça. "C'est-u"
vrai, six minutes? Il m'a dit que oui. J'ai pris la peine, avant de citer le
rapport, de demander à Pierre Lamarche, votre D. G., si c'était
vrai que c'était passé de 5, 3 à 6. Il ne le nie pas.
Donc, ce n'est pas une fausseté. Pourquoi ça s'est
détérioré?
M. Lamarche: Vous comparez des choses qui sont plus ou moins
comparables, M. Chevrette. Quand vous me partez de cinq...
M. Chevrette: Êtes-vous après me dire qu'il
était plus efficace avant, dans la formule qu'on avait?
M. Lamarche: De 5, 3 à 6, 2, quand vous me parlez de
ça, hein... Vous me parlez... À 5, 3, on a un temps de
réponse externe au 1er avril 1988. Le mois d'avril. C'est très
important, le mois d'avril... Quand vous me parlez de plus de 6, vous me parlez
des périodes qui sont la douzième ou la onzième
période du mois de l'année 1990, c'est-à-dire que vous me
pariez de la période du mois de décembre, et vous me pariez de la
période des mois de janvier et de février. Déjà
là, vous comparez deux choses qui se comparent difficilement: la
situation du temps de réponse au mois d'avril, alors qu'il n'y a pas de
neige, et la situation du temps de réponse au mois de janvier. Il faut
comparer des moments équivalents, pour être capables de tenir en
compte l'évaluation du temps de réponse. Alors, c'est vrai qu'il
y a eu une augmentation, mais si vous voulez comparer des choses qui se
comparent, c'est de 5, 3 à la première période...
M. Chevrette: Je ne veux pas jouer au jésuite, je veux
vous demander...
M. Lamarche: C'est de 5, 3 à la première
période...
M. Chevrette:... si vous êtes au courant que votre service
s'est détérioré.
M. Lamarche:... à 5, 8 à la deuxième
période. Donc, c'est une augmentation de 0, 5.
M. Chevrette: Ce n'est pas des réponses théoriques
que je veux, M. Lamarche. Je ne sais pas... Je ne veux pas un calcul
théorique de votre part, je vous pose des questions directes et je pense
que vous êtes imputable devant nous pour répondre à une
question directe, ne pas faire des hypothèses d'éventuelles
raisons qui auraient pu amener à écrire des choses. Je vous
demande si c'est vrai, les chiffres que je dis, ou si c'est faux. Je vais y
aller à l'externe-Interne, d'abord. "C'est-u" vrai qu'en 1987-1988,
c'était 9, 77 minutes, qu'en 1988-1989, c'était 10, 27 et qu'en
1989-1990, c'est rendu à plus de 11? "C'est-u" des menteurs qui ont
écrit ça, ou si ça a de l'allure, comme chiffres?
M. Lamarche: Moi, je ne sais pas jusqu'où vous allez dans
la période 1989-1990. Ce que j'ai, c'est...
M. Chevrette: C'est une moyenne sur l'année 1988-1989.
M. Lamarche: Oui, mais moi, j'ai...
M. Chevrette: C'est une moyenne sur l'année
1987-1988...
M. Lamarche: Je l'ai pour les...
M. Chevrette:... c'est une moyenne pour l'année
1989-1990.
M. Lamarche: Je l'ai pour les 12 premières
périodes. C'est à 10, 57 pour 1989-1990; c'est à 10, 27,
effectivement, pour 1988-1989...
M. Chevrette: C'est à 9...
M. Lamarche: Je ne l'ai pas pour 1987-1988.
M. Chevrette:... c'était à 9, 77,
antérieurement.
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Est-ce que vous reconnaissez, dans ce
cas-là, qu'il y a une détérioration?
M. Lamarche: Non, pas forcément.
M. Chevrette: Ah! Ça s'améliore, ça, en
prenant plus de temps?
M. Lamarche: Pas forcément. Le temps de réponse
moyen n'est pas le seul critère qu'il faut utiliser pouf avoir un
système d'urgence. Ça, ça comprend autant les appels qui
peuvent être sur une urgence, qui sont...
M. Chevrette: Comme ça, un médecin qui me dit que
30 secondes, II peut y aller de la vie d'une personne...
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette:... ça, ça n'a pas d'Importance...
M. Lamarche: Non, non.
M. Chevrette:... pour vous, là?
M. Lamarche: II a probablement raison, en certaines situations
spécifiques. Là, on parle d'une moyenne; là, on parle
autant de la personne qui s'est foulé une cheville que de la personne
qui est en arrêt cardiaque. Les 30 secondes n'ont pas la même
valeur.
M. Chevrette: Bien oui, mais vous ne choisissez pas...
M. Lamarche: Alors, c'est pour ça...
M. Chevrette: Vous ne choisissez pas vos 30 secondes
vous-mêmes.
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Vous ne pouvez pas deviner si c'est un...
M. Lamarche: Oui, oui.
M. Chevrette:... si c'est pour une cheville...
M. Lamarche: Oui, oui. C'est exactement ce qu'on fait, M.
Chevrette. C'est exactement la raison pour laquelle il y a des
infirmières qui répondent aux appels à
Urgences-santé et qui...
Le Président (M. Gautrin): M. Lamarche, si vous me
permettez, le député de Joliette avait demandé...
M. Chevrette:... un ajournement.
Le Président (M. Gautrin):... qu'à 16 h 15, on
ajourne pour quinze minutes, on suspende - merci, je fais des conclusions -
pour quinze minutes. Alors, on suspend les travaux jusqu'à 16 h 30.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 16 h 26)
Le Président (M. Philibert): alors, pour les fins du
journal des débats, mon nom est paul philibert, député de
trois-rivières. j'ai l'honneur de présider les audiences.
M. Chevrette: M. le Président, ma dernière
question, je vais la reprendre. Je sais que j'ai écourté la
réponse, parce que le président a dit qu'on ajournait. Mais de 9,
77 minutes, et mes informations sont à l'effet que ce serait plus que
11, présentement, est-ce que le président-directeur
général d'Urgences-santé ne voit pas là une
véritable détérioration quant au temps de
réponse?
Le Président (M. Philibert): M. Lamarche.
M. Lamarche: Je vous dis que... Je ne sais pas où vous
prenez les chiffres. J'en reconnais un certain nombre. Je pense...
M. Chevrette: Pas loin de chez vous.
M. Lamarche: Hein?
M. Chevrette: Pas loin de chez vous.
M. Lamarche: Oui, je sais. Mais c'est parce que moi, j'ai des
chiffres plus actualisés et je peux vous dire que, par période,
depuis la dixième période, c'est-à-dire que depuis le mois
de novembre il y a eu une diminution du total du temps moyen de réponse.
Je peux aussi vous dire, et c'est une donnée qui est nécessaire,
qu'il y a eu une augmentation des transports urgents d'à peu près
7 % pour la dixième et la onzième période, d'à peu
près 4 % pour la douzième période, et qu'il y a eu une
augmentation des appels d'à peu près 5 %. Donc, je ne dis pas que
c'est satisfaisant à date. Je dis que nous prenons des moyens pour
tenter de corriger, que le principal moyen qui devait être pris pour
pouvoir corriger était de régler la question de la pénurie
de la main-d'oeuvre, qui fait que lorsqu'on ne fonctionne qu'avec 85 % de ses
effectifs... Et ça, c'est un effet pervers d'une intégration
massive survenue le 17 juillet, alors que nous ne connaissions pas quel
était l'état de la main-d'oeuvre, alors que les entreprises
avaient systématiquement refusé de nous dire l'état de
leur situation et qu'on a donc dû chercher les correctifs.
Je ne dis pas que c'est entièrement satisfaisant, mais je tiens
à vous dire, cependant, pour répondre correctement à la
question que vous posiez avant la fin, que les 30 secondes n'ont pas la
même valeur selon la provenance des appels. J'ai ici un inventaire
clinique des appels de 1988, qui démontre que 13 % des appels que nous
avions reçus concernaient le système respiratoire, que 11 % des
appels reçus concer-
naient le système cardiovasculaire, que 10 % des appels
concernaient des troubles mentaux et que 9 % concernaient des troubles
digestifs Je suis obligé de vous dire que les 30 secondes - bien
ça, ça doit être pondéré - n'ont pas la
même valeur s'il s'agit d'un cas de trouble digestif que d'un cas de
trouble respiratoire ou d'un cas de trouble cardiovasculaire. En
conséquence, c'est pour ça que je vous dis que, quand on parle
d'une moyenne, on ne peut voir que de grands ensembles, mais on n'est pas
capables de dire dans la précision quel est l'effet sur ce que vous me
racontiez tantôt, les 30 secondes. Est-ce qu'elles sont
ramassées?
M. Chevrette: Pour vous, ce n'est pas grave?
M. Lamarche: Pardon?
M. Chevrette: Pour vous, ce n'est pas grave?
M. Lamarche: Pour moi, c'est très important et il faut
améliorer le temps de réponse.
M. Chevrette: Mais s'il y a des...
M. Lamarche: II faut améliorer le temps de transport.
M. Chevrette: Mais s'il y a des véhicules hors d'usage, il
n'y a pas... Je vais vous donner un exemple. Vous ne savez pas, vous, dans le
secteur, si l'appel qui va vous venir, c'est une crise cardiaque ou si c'est
une cheville foulée.
M. Lamarche: Oui, on le sait.
M. Chevrette: Vous ne le savez pas avant de recevoir l'appel au
moins. J'espère que vous êtes d'accord avec moi, là.
M. Lamarche: Non, pas avant.
M. Chevrette: Laissez-moi finir et vous allez voir où je
veux en venir. Vous ne le savez toujours pas avant que le gars vous appelle
pour entrer chez lui. Il vous dit: Venez chez nous, au 1408, rue de la
Bourbonnière. Vous ne le savez pas. S'il s'adonne que vous ayez 25 %
à 30 % des véhicules qui sont hors d'usage, s'il s'adonne que
vous ayez un nombre important de personnes, d'ambulances qui sont dans
l'inter-établissements, s'il s'adonne que ce sont dans un secteur
où vous n'avez pas aménagé les centres de services, les
postes pour courir, pour aller plus vite - parce que vous n'avez rien
touché à ça encore, alors que vous savez que les
populations se déplacent dans Montréal, vous n'avez pas
touché à cet aspect - il se peut que dans ce secteur-là,
ça puisse être une crise cardiaque et être plus long. Ne me
répondez pas d'une façon théorique. Les gens nous disent,
à Montréal: Sur le plan pratique, ça peut arriver à
n'importe quelle minute et on ne le sait jamais. On ne le sait pas avant
d'avoir l'appel si c'est une crise cardiaque ou une cheville foulée,
à moins que vous n'ayez des détecteurs épouvantables.
C'est peut-être un des instruments qu'on ne connaît pas mais que
vous auriez, par exemple. Est-ce que Cotton se serait greyé de
ça? (16 h 30)
M. Lamarche: Là, je ne le sais pas, mais ce que je peux
vous dire, c'est que c'est faux, ce que vous dites. Nous avons et nous
maintenons toujours le déploiement de la flotte sur la totalité
de l'île de Montréal et sur la totalité de I Tie de Laval.
On n'a pas encore aménagé la totalité des points de
service, mais on est en voie de les aménager. Il faut en trouver un dans
le secteur ouest, il faut déplacer celui de Laval, parce que le contrat
de location arrive à échéance, mais il y a quatre sur cinq
points de départ qui sont prévus. Cependant, ça ne change
rien au fait qu'on couvre le déplacement de la population par les
affectations sur vingt et un points minimaux à Montréal et
qu'effectivement, tant que l'appel n'est pas entré, on ne sait pas
quelle est la situation. Il est évident que, si les véhicules ne
sont pas en état de circuler, ils sont remplacés. Mais ce qui est
plus grave, c'est si on n'a pas le nombre de personnel nécessaire pour
faire partir les véhicules. Là, on a une baisse des
effectifs.
M. Chevrette: Sur ce dernier point M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Êtes-vous prêt à me jurer que
vous prenez tous ceux qui sont disponibles et qu'il vous en manque?
M. Lamarche: Ce que je dois vous dire, c'est que les conventions
collectives sont appliquées. Les gens sont rappelés et il n'y a
pas de personnes qui soient suffisamment capables de prendre en charge la
totalité...
M. Chevrette: Donc, ceux qui disent qu'il y a même des
techniciens qui se sont déclarés disponibles et qui n'ont pas
été appelés parce que votre administration est
clopin-clopant, ce sont des menteurs.
M. Lamarche: Ce sont probablement des gens qui ne savent pas
qu'il faut appliquer une convention collective. Ce n'est pas parce qu'une
personne se déclare disponible pour travailler qu'elle est dans son rang
pour être appelée. Et il faut attendre le rappel au travail selon
toutes les dispositions de la convention collective.
M. Chevrette: Oui, mais comment pouvez-
vous dire qu'il manque de personnel, si vous n'appelez même pas
ceux qui sont disponibles, peu importe le rang. Ça peut être le
quinzième. Mais, si vous avez... C'est donc dire que, si vous ne vous
êtes pas rendus au quinzième, vous ne pouvez pas affirmer qu'il
manque de personnel.
M. Lamarche: Là, je ne sais pas si c'est le
quinzième. C'est une fiction dont vous me parlez. Il est possible
qu'à l'occasion une ou deux personnes se soient déclarées
disponibles pour faire du temps supplémentaire et qu'elles n'aient pas
été appelées parce que ce n'était pas dans leur
rang. Mais nous, on doit appliquer le contrat de travail qui a
été agréé par tout le monde, et on
l'applique...
M. Chevrette: Indépendamment du temps de réponse et
des problèmes qui peuvent être causés à la
population.
M. Lamarche: On essaie de l'aménager. On a modifié
la convention collective à deux égards: à un premier
égard pour obliger la totalité des employés, qu'ils soient
à temps partiel ou à temps complet, à offrir une
disponibilité d'une fin de semaine sur deux, et nous avons aussi
amendé la convention collective pour aménager les rappels au
travail dans les cinq centres d'activité où les gens vont se
rendre disponibles. Maintenant, ces éléments produisent des
effets progressivement. La totalité des effets ne peut pas être
constatée, parce qu'il y a toujours un manque de personnel.
M. Chevrette: Que répondez-vous à ceux qui disent
que vous n'avez aucun contrôle sur le temps, qu'un technicien ambulancier
entre dans un centre d'accueil ou dans un centre hospitalier et en sort quand
il le veut, et qu'il n'est donc pas en disponibilité. Qu'est-ce que vous
répondez à ceux qui vous critiquent là-dessus?
M. Lamarche: Je réponds que je voudrais qu'on m'explique
de quelle façon on pourrait faire un contrôle. Est-ce que, dans
chacun des centres hospitaliers, dans chacun des centres d'accueil, on devrait
mettre un employé qui est cadre et qui mesurerait le temps
passé?
M. Chevrette: Mais ne pensez-vous pas qu'il pourrait y avoir des
"check spots", M. Lamarche, dans une structure aussi grande?
M. Lamarche: II y a...
M. Chevrette: Est-ce que vous ne croyez pas qu'à un moment
donné des gens qui peuvent passer une heure et demie en
non-disponibilité, ça mériterait d'être
surveillé et, en scrutant un peu la liste, comme par hasard, est-ce que
ça ne pourrait pas tomber, de temps en temps, sur... Si on se permet...
Si le ministre se permet, dans une législation pour voir s'il y a
certains assistés sociaux qui abusent d'un système de
médication... On ne me fera pas accroire que vous n'êtes pas
capables de regarder s'il n'y a pas des abus. Des "check spots", ça se
fait n'importe où, non?
M. Lamarche: Oui, on le fait, ça. Ce que je dois vous
dire, c'est que, dans le document que vous avez en provenance des
répartiteurs, vous n'êtes pas capable de mesurer...
M. Chevrette: Si ça ne vous dérange pas, j'ai autre
chose que ça, aussi.
M. Lamarche: Je suis certain, je reconnais assez le langage pour
en connaître la provenance. Ce n'est pas significatif.
M. Chevrette: Non, vous ne pouvez pas en connaître la
provenance.
M. Lamarche: Un transport inter-établisse-ments peut
prendre quatre heures.
M. Chevrette: Vous -ne le connaissez malheureusement pas,
lui.
M. Lamarche: II peut prendre quatre heures...
M. Chevrette: Ou elle.
M. Lamarche:...parce que, premièrement, il se peut fort
bien que l'état du patient se soit détérioré en
cours de transport.
M. Chevrette: Ce n'est pas la fille à Dick Drouin. C'est
juste pour vous rassurer. Continuez. Vous pouvez continuer, M. Lamarche.
Le Président (M. Gautrin): M. Lamarche.
M. Lamarche: Merci beaucoup de me permettre de parler.
M. Chevrette: C'est parce que je voulais vous renseigner sur la
source, pour ne pas vous faire de bile.
M. Lamarche: Donc, un transport qui prend quatre heures,
ça ne signifie absolument rien, à moins qu'on ne soit capables
d'analyser avec un profil. Or, ce que l'on fait, c'est qu'on demande,
effectivement, que lorsqu'il y a des cas qui paraissent abusifs à la
répartition il y ait des feuilles qui soient remplies. Ces
feuilles-là sont acheminées aux opérations, sont
examinées et on établit des profils.
En soi, ça ne veut rien dire. Il se peut tout à fait que
ce soit légitime, qu'un transport ait pris quatre heures, si la
civière a été retenue
pendant une heure et demie, si le patient a été en
arrêt cardiaque, s'il a fallu réanimer trois fois le patient... Et
ce n'est pas à chacune des fois où survient une situation
semblable qu'il faut faire enquête, parce que, autrement, on...
M. Chevrette: Mais il reste des contrôles... M.
Lamarche: Oui, il y a des contrôles.
M. Chevrette:... dans votre... est-ce que vous pourriez m'envoyer
les directives qui me démontreraient comment vous assurez vos
contrôles?
M. Lamarche: Bien, je pourrais vous envoyer les résultats
des contrôles tels qu'ils existent, les feuilles qui sont remplies
à la salle de répartition et acheminées vers les
opérations pour analyse, examen et pour qu'on puisse voir si,
systématiquement, toujours les mêmes techniciens
ambulanciers...
M. Chevrette: II n'y a jamais eu de rapport sur aucun, depuis que
vous êtes là?
M. Lamarche: Oui, il y a eu des rapports.
M. Chevrette: Sur le temps de disponibilité à
l'intérieur des centres? Est-ce qu'il y a eu des réprimandes?
Est-ce que vous avez pris des gens en flagrant délit d'abus?
M. Lamarche: C'est parce que je ne comprends pas
exactement...
M. Chevrette: Quelles sont vos techniques de contrôle?
M. Lamarche: Je ne comprends pas exactement de quelle
façon vous posez la question, si vous me posez la question au point de
vue de la qualité des services ou si vous me posez la question au point
de vue du temps.
M. Chevrette: Non. C'est dans le souci de l'intérêt
du payeur de taxes québécois. C'est le seul que j'ai.
M. Lamarche: Bien, dans le souci de l'intérêt du
payeur de taxes québécois, il y a toujours les deux aspects.
M. Chevrette: Et en n'ayant pas une détérioration
de la qualité des services, parce qu'on paie plus, aussi.
M. Lamarche: II y a toujours...
M. Chevrette: C'est un autre souci, mais c'est le
consommateur.
M. Lamarche: II y a toujours deux aspects.
Le premier aspect, c'est le contrôle de la qualité, pour
lequel on a constitué un service d'aide à la clientèle,
qui fait enquête sur chacune des plaintes qui sont reçues, sort
directement à la Corporation, soit au Conseil régional. Le
deuxième aspect, c'est sur les temps de réponse et, sur les temps
de réponse, la. façon dont on peut exercer le contrôle,
c'est en voyant le temps de disponibilité, le temps où la
personne revient en disponibilité, et en essayant de mesurer par profil.
Et ça, c'est pris en compte et ça, c'est examiné. Je
pourrais vous faire parvenir des...
M. Chevrette: Mais comment vous expliquez, M. Lamarche, que
depuis que vous avez pris la barre de cette structure... Par exemple, les
standards américains des cinq minutes pour les "stat" ont passé
de 65 % qu'ils étaient, en termes de respect, à 52 % ou 53 %.
Comment vous expliquez que le temps de réponse pour interne-externe est
passé d'environ 9 minutes à 11? Comment vous expliquez que c'est
passé de 5, 3 à 6 et que tout ça, c'est la qualité
des services? La qualité des services, d'abord, pour un système
préhospitalier, est-ce que ce n'est pas d'abord de la promptitude
à répondre?
M. Lamarche: Effectivement.
M. Chevrette: Puis, comment ça se fait que ça s'est
détérioré sur tous les plans? Sur tous les plans. Et II y
en a qui vous disent que vous ne contrôlez pas le temps que les gens font
dans les hôpitaux. Vous dites: Ils ne connaissent rien. Comment vous
contrôlez la longueur de la période de dîner? Expliquez-moi
donc ça.
M. Lamarche: On la contrôle exactement de la même
façon que ça se contrôlait avant, c'est-à-dire, le
moment où la personne se déclare en arrêt de travail pour
le dîner et qu'elle revient de cet arrêt de travail pour son
dîner, qu'elle se déclare à nouveau disponible. C'est le
contrôle qui est exercé.
M. Chevrette: Donc, ceux qui disent: Nous profitons aussi de
l'occasion pour signaler qu'il ne se fait aucun contrôle sur la
période de repas entre le service de la paie et les données de la
répartition, Ils ont tort.
M. Lamarche: Les gens qui m'ont écrit ça me l'ont
écrit au mois de janvier et, depuis, les moyens ont été
pris pour s'assurer que les contrôles soient effectivement pris.
Mais je voudrais aussi répondre à votre question de
tantôt, parce que c'est très important. Quand vous pariez des
standards américains de quatre minutes ou de cinq minutes, II s'agit de
standards avec des premiers répondants.
M. Chevrette: Oui.
M. Lamarche: On ne vit pas dans un système, à
Montréal, où il y a des premiers répondants autres que les
personnes qui téléphonent ou quelque personne qui peut être
utilisée comme premier répondant.
Deuxièmement, il s'agit bien des cas "stat" nécessitant
une intervention immédiate, et je vous dis que dans les statistiques que
vous avez et dans les statistiques que nous produisons, il y a une confusion
des réponses "stat" temps 1 et temps 3, c'est-à-dire des
réponses qui doivent être apportées à
l'intérieur des cinq premières minutes et des réponses qui
doivent être apportées à l'intérieur des 20 minutes.
C'est-à-dire que dans ces statistiques-là vous avez autant la
personne qui s'est foulée une cheville que la personne qui est en
arrêt cardiaque. Il y a une discrimination qui s'exerce. Elle s'exerce
par les infirmières qui font ce à quoi, par ailleurs, elles ont
avance certaines objections - une priorisa-tion des cas - et on affecte
immédiatement, dans les cas d'arrêt cardiaque. Quel est le temps
de réponse, dans ces cas-là? Les statistiques n'en
témoignent pas.
M. Chevrette: Est-ce que vous trouvez normal que pour des appels
inter-établlssements... Par exemple, qu'on prenne une heure et demie
entre le pavillon Rosemont et l'hôpital Maison-neuve, trouvez-vous
ça assez productif? Trouvez-vous ça correct?
M. Lamarche: Ça dépend. Ça dépend. Je
vous dis que là, on est en page 6 du document.
M. Chevrette: Pardon?
M. Lamarche: On est à la page 6 du document.
M. Chevrette: Je n'ai pas d'affaire à vous donner mes
sources. Si je vous demandais: Êtes-vous allé à la cabane
à sucre avec Cotton, vous me diriez: Ça ne te regarde pas. Je
prendrai les pages que je voudrai, si ça ne vous fait rien.
M. Lamarche: Je dirais: Pas cette année.
M. Chevrette: Mes informations, je les prendrai où je
voudrai. Pardon?
M. Lamarche: Je dirais: Pas cette année,
malheureusement.
M. Chevrette: Donc, s'il vous plaît, répondez aux
questions. Je pense que vous en avez déjà assez.
M. Lamarche: Je suis obligé de vous dire que ça ne
signifie absolument rien. Ça ne signifie absolument rien. Le temps de
réponse entre un établissement et un autre, à moins qu'on
ne soit capable d'examiner quel est le cas, et la situation... Est-ce que la
civière a été retenue? Est-ce que, dans
l'établissement où le patient a été accueilli, on a
été en mesure de traiter immédiatement le patient, ou
est-ce qu'on a demandé au technicien ambulancier de maintenir et de
stabiliser le patient pendant qu'on s'occupait d'autres patients? Il faudrait
examiner la totalité de ces données. Ce qui nous est donné
ici, qu'entre l'hôpital Maisonneuve et le pavillon Rosemont, ça
prend une heure et demie, qu'entre l'Institut de cardiologie et l'hôpital
Santa Cabrini, deux heures, l'hôpital Juif à l'hôpital St.
Mary's, une heure quinze... Il faut voir les cas cliniques.
Il se peut que ce soit exagéré. Il se peut que ce soit
extrêmement rapide. Pardon?
M. Chevrette: Avez-vous analysé les cas? Les avez-vous
jugés?
M. Lamarche: Non, je n'ai pas analysé ces cas
spécifiques là. Je ne peux pas analyser ces cas
spécifiques là.
M. Chevrette: Même s'ils sont portés à votre
attention.
M. Lamarche: Même s'ils sont portés à mon
attention, parce que les répartiteurs savent très bien que pour
être capable de repérer les gens, on doit d'abord me donner et
uniquement me donner l'adresse...
M. Chevrette: Les avez-vous demandées, vous? Après
avoir vu ça des répartiteurs, avez-vous demandé ces
analyses-là?
M. Lamarche: Non, M. Chevrette.
M. Chevrette: Avez-vous senti le besoin de vérifier si
ça avait de l'allure ou pas d'allure?
M. Lamarche: Je pense que ça peut davantage contribuer
à détériorer les relations, si on demande à une
personne qui a réanimé un patient pourquoi elle a pris une heure
et demie de temps. Il faut voir quels sont les cas et les juger à partir
des données réelles de chacun des cas.
M. Chevrette: Oui, mais ça, je parle
d'in-ter-établissements.
M. Lamarche: Oui, oui.
M. Chevrette: Vous prenez une personne qui voulait retourner
à. un centre d'accueil et il se prend deux heures, vous trouveriez
ça normal? Comment pouvez-vous le savoir, si vous ne demandez pas
d'analyser les cas? Vous savez
qu'un transport inter-établissements, ça peut être
pour un simple examen.
M. Lamarche: Ça peut être pour un simple examen.
M. Chevrette: C'est loin d'être des
réanimations.
M. Lamarche: Ça peut être des cas de
réanimation. C'est parfois...
M. Chevrette: Oui, mais c'est très rare, et vous le savez.
Règle générale, c'est beaucoup plus des examens.
Sortez-moi les pourcentages. Pouvez-vous me les sortir, d'abord?
M. Lamarche: Les motifs peuvent être un examen, mais s'il
s'agit d'un examen...
M. Chevrette: Quel est le plus grand motif régulier?
Examen, vrai ou faux?
M. Lamarche: Ça peut être traitements. Ça
peut être traitements en radiothérapie. Ça peut être
traitements en médecine nucléaire. Ça peut être
scanner.
M. Chevrette: Avez-vous les pourcentages?
M. Lamarche: Non, pas là. Peut-être qu'on
lésa.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez me les envoyer?
M. Côté (Charlesbourg): À la...
M. Lamarche: Dans la mesure où ils existent.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui, à la
commission.
M. Chevrette: Je dis: Me les envoyer. C'est parce que je les
demande; si la commission les veut, je n'ai pas d'objection.
M. Côté (Charlesbourg): C'est d'intérêt
pour la commission.
M. Chevrette: J'aimerais avoir les transports
inter-établissements, savoir quels sont les pourcentages de traitements,
les pourcentages de transferts, purement et simplement, les pourcentages
d'examens. Je veux savoir ça, parce qu'on pourrait peut-être se
demander, après, à quoi c'a servi. Parce qu'une administration de
deniers publics, ça prend du contrôle. Si le ministre parle de
vouloir récupérer 100 000 000 $, 200 000 000 $, 300 000 000 $
pour les réinjecter éventuellement dans la prévention, il
faudrait avoir un semblant de contrôle à
Urgences-santé, aussi.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que ces interventions,
vous allez pouvoir les envoyer au secrétariat de la commission? (16 h
45)
M. Lamarche: Oui. C'est parce que je ne sais pas si le
"breakdown", excusez le terme parisien, des statistiques
inter-établissements nous permet de déterminer ces
données-là. Mais ce que je peux dire, c'est que très
fréquemment, les transports inter-établissements sont des
transports à plus haut risque que les transports d'urgence. Et je peux
vous donner des exemples multiples. Quand on prend un patient qui est
traité à l'hôpital de Verdun et qui doit être
amené à l'hôpital Notre-Dame pour subir une
radiothérapie et un bombardement massif, il est, règle
générale, en état de danger, en état de
détérioration beaucoup plus risqué que quand on prend un
patient en transport urgent qui est un jeune homme qui s'est fracturé la
cheville en jouant au hockey dans une aréna. Pourtant, un est
traité comme étant un transport interétablissements et
l'autre est traité comme étant un transport urgent. Ce que je
veux dire, c'est que ça ne dit rien, dire que ça prend une heure
et demie entre l'hôpital Maisonneuve et le pavillon Rosemont, ça
ne signifie rien. Et un des motifs, ça peut être qu'à
l'hôpital Maisonneuve, alors qu'on était en état
d'occupation très élevée de la salle d'urgence, la
civière a été retenue pendant une heure; et l'ambulance ne
peut pas repartir si sa civière est retenue. Donc, ces faits-là,
pris ponctuellement comme ça, sans explications, sans être capable
de dire quels sont les éléments, ne peuvent pas témoigner
d'une situation. C'est peut-être bon dans un plaidoyer d'un syndicat qui
négocie. Un des éléments, M. Chevrette, que j'ai faits
pour être capable de donner une suite à ça, c'est que j'ai
réuni la totalité des présidents de syndicat pour leur
dire: Voilà un document qui pose des questions. Le président de
ambulanciers, le président des répartiteurs, la présidente
des infirmières et le président des cadres, je leur ai
demandé s'ils étaient capables de travailler ensemble pour
trouver des moyens qui pouvaient améliorer. Ils n'ont pas
été capables. Et, d'ailleurs, si vous prenez en compte exactement
les déclarations des infirmières, elles s'opposent à la
priorisation. Ce qui est proposé...
M. Chevrette: M. Lamarche, je vous arrête 30 secondes.
M. Lamarche: Ce qui est proposé là-dedans...
M. Chevrette: M. le ministre a juste fait une déclaration
pour les hôpitaux, les urgences. Je ne sais pas si la situation a
changé en dedans, mais ils ont eu assez peur qu'ils n'ap-
pelaient plus les journalistes, en tout cas, pour leur dire qu'il y
avait quelques civières. C'est vrai.
M. Côté (Charlesbourg): Ça a bien
changé en dedans, aussi.
M. Chevrette: Non, mais ils ont compris qu'il y avait un
resserrement qui s'imposait, en tout cas. C'est drôle, ce n'est pas
possible, ça, dans une structure comme la vôtre. Vous dites qu'ils
n'ont même pas trouvé une solution pour resserrer et
améliorer le système.
M. Lamarche: Non. Ce n'est pas aux présidents de syndicat
de trouver une solution. Et nous avons trouvé des solutions et nous
resserrons les contrôles et nous les effectuons, les contrôles. Ce
que je vous dis, c'est que là-dedans, ce qui est demandé, c'est
que les infirmières priorisent davantage, ce à quoi s'objectent
les infirmières. Ce qui est dit là-dedans, c'est que les
techniciens ambulanciers devraient écouter les affectations des
répartiteurs, alors qu'ils ont, à l'égard des
répartiteurs, des reproches à faire. Ce que je vous dis, c'est
que c'est davantage un document de propagande qu'un document intéressant
au niveau des statistiques.
M. Chevrette: Non. Même sur les statistiques, vous ne les
niez pas, vous allez même jusqu'à les confirmer, M. Lamarche. De
grâce...
M. Lamarche: Les statistiques qui sont produites par...
M. Chevrette: Si vous n'êtes pas d'accord avec le document
de propagande, niez les chiffres.
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: À date, vous les avez confirmés.
M. Lamarche: M. Chevrette, quand il s'agit de statistiques qui
sont données par l'organisation, je sais très bien de quelle
façon elles sont compilées.
M. Chevrette: Bon, bien, ce n'est pas dans le document, je vais
vous en poser une question, moi.
M. Lamarche: Mais quand on me dit que ça prend une heure
et demie pour un transport entre le pavillon Rosemont et l'hôpital
Maison-neuve, ce que je vous dis, c'est que ce n'est pas une statistique qui,
pour moi, est significative. À moins qu'on ne me dise: Voilà, il
s'agissait d'un cas très précis, les gens ont été
affectés à tel endroit, pour tel type de transport et ils n'ont
pas... Alors là, je peux donner suite à ça. Mais si on me
dit: j'effectue 200 000 transports par année, je ne peux pas
vérifier les 200 000 pour savoir s'ils prennent une heure et demie ou
s'ils prennent 45 minutes.
Le Président (M. Gautrin): M. le député
de...
M. Chevrette: Comment m'expliquez-vous que vous ayez pu signer un
contrat avec le cégep Ahuntsic au coût de 160 $
l'heure-groupe-programme, alors qu'il n'y a pas un programme, le plus gros
puisse-t-il exister au ministère de l'Éducation, qui
reçoit plus de 120 $? Est-ce que vous pouvez m'expliquer l'écart
de 40 $ pour un programme qui ne demande pas plus que d'autres programmes en
éducation, au contraire, quand l'Éducation n'a jamais
signé un contrat plus haut que 120 $ l'heure-groupe? Et ça, ce
n'est pas dans le document.
M. Lamarche: Je ne sais pas quels sont les contrats qui sont
signés ailleurs. Je peux vous dire quels sont les problèmes
spécifiques que posait la formation que nous demandions au cégep
Ahuntsic. Premièrement, ils devaient acheter du matériel qui ne
sert qu'à l'enseignement des techniciens ambulanciers,
c'est-à-dire des mannequins pour réanimation cardiaque. Ils
devaient louer des locaux qui étaient à l'extérieur du
cégep, parce que nous faisons de la formation sur 24 heures dans la
requalification des techniciens ambulanciers et sur une période de 16
heures par jour, c'est-à-dire jour et soir, dans le cas des techniciens
ambulanciers que nous formons massivement, pour former les 250 nouveaux
techniciens ambulanciers. Il y avait donc de l'équipement, des
périodes...
M. Chevrette: Est-ce que vous avez pris des informations au
préalable auprès du ministère de l'Éducation pour
savoir quels étaient les coûts qui se signaient normalement dans
un programme de groupe de ce genre?
M. Lamarche: Non. Le document a été...
M. Chevrette: Vous n'avez pas pensé que ça pourrait
être important de vous situer peut-être au plus haut
écholon... Par exemple, quand on engage des avocats au gouvernement pour
négocier, il y a des catégories. Il y a des juniors qui peuvent
avoir 75 $, d'autres, 100 $, d'autres, 125 $. Un ultraspécialisé
dans des dossiers plus spécifiques, c'est tant par jour, par exemple.
Vous n'avez pas pensé que ça pourrait être important que,
avant de signer de pareils contrats, à 160 $, qui dépassent de 40
$ l'heure-groupe... C'est gros en maudit. Le plus gros contrat donné
à l'éducation. Un gars du Trésor, M. Dicaire, vous qui
êtes sous-ministre au Conseil du trésor, est-ce que ça vous
apparaît être une gestion correcte que de ne pas
vérifier
préalablement ce qui se paye au maximum ailleurs? Ce n'est pas
exagéré, ça?
M. Lamarche: Quand vous...
M. Chevrette: Je ne parle pas de la qualité des
enseignants. Je ne les connais pas. pas un. Je parle du coût du
programme.
M- Lamarche: La qualité des enseignants, elle est
assez...
M. Chevrette: Je n'en doute pas.
M. Lamarche: ... inouïe. sur 52 professeurs, on a 25
médecins qui travaillent chez nous. on a trois psychologues du
collège. on a une dizaine d'infirmières...
M. Chevrette: Au cas où vous auriez le goût de dire
que j'ai dit quelque chose, ça je n'en parle pas. Je prends pour acquis
que sont des sommités. Je parle du coût du programme.
M. Lamarche: Ils sont payés par le cégep, en vertu
des contrats qui s'appliquent par le cégep. Le document n'est pas
signé avec des avocats de l'entreprise privée sur lequel on fait
des appels d'offres. Le contrat est signé avec le cégep Ahuntsic,
par M. Inchauspé et moi-même, en vertu de ce qu'il a compté
comme étant le coût de la formation sur mesure qu'il proposait.
Ça équivalait possiblement à 160 $ l'heure.
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez nous envoyer ces
détails, à la commission?
M. Lamarche: Du contrat? M. Chevrette: Du contrat. M.
Lamarche: Sûr.
M- Chevrette: Puis, est-ce qu'on ne pourrait pas... Non, le
reste, j'irai le chercher au ministère de l'Éducation. C'est
correct. J'aimerais avoir ça.
Le Président (M. Gautrin): Vous aimeriez avoir le
contrat...
M. Chevrette: Moi, les informations que j'ai prises, c'est que le
ministère de l'Éducation, dans ces programmes, ça ne
dépasse pas 120 $ l'heure-groupe.
M. Lamarche: Dans quels programmes?
M. Chevrette: Dans n'importe quel programme. Le plus gros taux
horaire payé en éducation, on me dit que c'est 120 $
l'heure-groupe. Alors qu'ici à 160 $ l'heure-groupe, 15 étudiants
à la fois, c'est magistral en maudit. C'est très magistral. C'est
une des informations... Pour que quelqu'un vienne me dire ça... Je ne
sais pas qui vous avez en tête, mais je vous dirai que c'est du monde qui
a à coeur l'intérêt du public en général.
Le Président (M. Gautrin): Si je comprends bien, vous
allez nous déposer, M. Lamarche...
M. Lamarche: Je peux faire parvenir les deux contrats que nous
avons signés avec le cégep Ahuntsic...
Le Président (M. Gautrin):... faire parvenir aussi au
secrétariat de la commission les deux contrats avec le cégep.
M. Lamarche: Oui.
Le Président (M. Gautrin): Merci. M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Oui. Je voudrais savoir de la part du P. -D. G.
s'il trouve concevable que des centres hospitaliers retiennent des
civières... Parce qu'on a parlé de ça tantôt. Est-ce
qu'il trouve concevable qu'ils retiennent aussi longuement des civières?
Est-ce qu'il y a eu entente avec les centres hospitaliers? Est-ce qu'il y a eu
discussion, puisque dans un procès-verbal, vous dites que vous allez en
discuter. Est-ce que vous en avez discuté?
M. Lamarche: Oui. On a fait plus qu'en discuter. On a
écrit à la totalité des directeurs des services
professionnels des centres hospitaliers de soins de courte durée de
Montréal, aux représentants du ministère qui s'occupent de
cette question des salles d'urgence à Montréal, et au conseil
régional, en vue de les convoquer à une réunion. Parce que
la loi nous accorde l'obligation de concerter les moyens d'attribuer les
patients à chacun des établissements. Vous me posez la question:
Est-ce que c'est normal qu'un centre hospitalier retienne une civière?
Je vous dis que le centre hospitalier n'a pas le choix. La civière est
retenue parce que le centre hospitalier, dans sa salle d'urgence, n'a plus de
lit de disponible pour être capable d'accueillir le patient. Est-ce qu'il
y a là un problème de gestion des lits à
l'intérieur du centre hospitalier? Je n'en sais rien. Ce que je sais,
c'est que nous amenons là un patient qui n'a pas de lit et qui doit
être traité. Il doit donc être laissé sur la
civière.
Ce que nous avons fait pour tenter de corriger cette situation, c'est
multiple. La première chose que nous avons faite, c'est que nous avons
développé un logiciel pour être capables d'en arriver
à une répartition qui prenne en compte la totalité de la
charge de travail de la salle d'urgence, c'est-à-dire non plus seulement
les transports urgents que nous
envoyons, mais également les transports urgents qui proviennent
des autres régions et qui sont acheminés dans les centres
hospitaliers, les transports inter-établissements dont l'état de
déstabilisation du patient fait en sorte qu'il doit être
hospitalisé d'urgence, et les patients ambulants qui se rendent à
l'établissement, pour être capables de prendre en compte la
totalité de la masse de travail, pour être capables d'affecter en
fonction de ça.
Un des problèmes, un des centres hospitaliers qui procède
à une retenue de civières assez importante, c'est le centre
hospitalier Sacré-Coeur de Montréal. Une des raisons, c'est le
fait qu'assez rapidement la Cité de la santé était
congestionnée et l'ensemble des transports de la rive nord, comme de
Montréal, en provenance de Laval ou de la région nord,
était acheminé vers Sacré-Coeur, de telle sorte qu'il y
avait un surplus fréquent de patients à la salle d'urgence. Donc,
un des éléments que nous prenons, c'est de nous concerter pour
tenter d'établir une manière de mieux prendre en compte la
situation de chacun des établissements. Parfois, le fait d'amener un
patient en arrêt cardiaque va congestionner une salle d'urgence parce
qu'il y a déjà deux ou trois patients qui sont en arrêt
cardiaque et que la totalité du matériel disponible est donc
mobilisée pour ces patients déjà à la salle
d'urgence. Si tel est le cas et que nous sommes capables de le savoir, on
pourra procéder autrement en prenant donc en compte la situation
réelle dans les salles d'urgence.
L'autre élément que nous avons mis en oeuvre, c'est un
service de récupération et de soutien technique qui fait en sorte
qu'on va porter maintenant des civières aux ambulances pour qu'elles
puissent reprendre la route en laissant la civière à
l'établissement et on va chercher plus tard la civière. C'est un
des éléments qui a été mis sur pied pour tenter de
régler cette question. Maintenant, ça va toujours être
sujet aussi aux décisions du médecin de la salle d'urgence. Vous
savez que c'est lui qui, finalement, a autorité pour décider que
tel patient doit être laissé sur telle civière ou qu'il
peut être transporté ailleurs.
M. Chevrette: Mais trouvez-vous aberrant qu'un centre hospitalier
en soit rendu à retenir une civière qui appartient à
Urgences-santé? C'est sûrement parce que la qualité du
service en-dedans... Ils sont au maximum s'ils ont besoin de retenir une
civière, imaginez-vous. À moins des cas graves que je reconnais
quand il s'agit de fractures de la colonne vertébrale qu'on évite
de déplacer. Il y a des situations que je comprends. Mais, en
règle générale... Et on me dit que ça se produit
assez souvent dans le réseau où il y a des civières qui
traînent... Vous avez un système de récupération, je
suppose après?
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Je serais bien surpris que vous évaluiez en
termes de coûts votre système de récupération de
civières. Combien ça vous coûte, j'aimerais bien ça
le savoir, sur une période d'un mois? C'en est une façon de
contrôler les coûts éventuellement. Il vaut la peine des
fois de dépenser quelques sous pour faire une évaluation pour se
rendre compte que ça ne vaut pas la peine d'avoir un contrôle ou
bien, au contraire, d'en mettre un maudit bon pour récupérer des
sommes.
M. Lamarche: On a fait cette évaluation, M.
Chevrette...
M. Chevrette: C'est combien?
M. Lamarche: ...et on estime que l'on épargne
énormément, davantage. Parce que si on peut remettre un
véhicule sur la route, on est capables donc de répondre aux
besoins. Si on ne pouvait pas mettre ce véhicule sur la route parce que
la civière est retenue - et il y a parfois dans une journée
jusqu'à une vingtaine de civières qui peuvent être retenues
pour des périodes qui vont de une heure, parfois, à un quart de
travail complet - on serait obligés d'augmenter la flotte
considérablement. Donc, on pense que, d'avoir un plus grand nombre de
civières en circulation et donc remettre aux ambulances les
civières pour qu'elles soient capables de reprendre la route, c'est une
manière économique - soit dit entre guillemets parce que la
façon la plus économique serait évidemment que les
patients puissent être immédiatement transférés dans
un lit de l'hôpital - mais c'est une manière économique
d'opérer, compte tenu de cette situation qu'on connaît. Ce n'est
pas un phénomène qui est nouveau. Ça fait des
années que les civières sont retenues et il y a une diminution,
je dois vous dire, de cette rétention de civières qui est apparue
singulièrement avec l'apparition du groupe d'intervention tactique. (17
heures)
M. Chevrette: Vous parliez tantôt des infirmières
qui ne voulaient pas de la priorisa-tion. Il est assez intéressant de
voir pourquoi elles ne veulent pas de la priorisation. C'est Mme Diane Inkell
qui vous a écrit, à un moment donné, et qui vous a dit -
ce n'est pas si loin que ça, c'est le 4 janvier 1990 qu'elle vous a
écrit pour tout ça... Comment avez-vous réglé
ça, le fait que cette dame vous dise: "La priorisation constitue un
deuxième triage sur le triage déjà effectué par les
infirmières"? Elle dit: "Au cours d'une rencontre, le 20 décembre
dernier, avec M. Pierre Lamarche et les membres de la direction, il nous a
été communiqué qu'aucune amélioration de la
situation à brève échéance n'était
envisagée." Est-ce qu'elle ment, cette femme-là?
M. Lamarche: Ça a été discuté au
conseil
d'administration. Si vous avez les rapports du conseil d'administration,
vous allez voir qu'un rapport a été fait. Il y a trois
éléments qui ont été avancés.
M. Chevrette: J'ai senti qu'il y avait haro sur le baudet dans
votre procès-verbal.
M. La marche: Haro sur le baudet.
M. Chevrette: Du début du procès-verbal à la
fin. Il n'y a pas une personne, à moins d'avoir i'écorce aussi
dure que le ministre ou moi, qui pouvait endurer la pression que vous lui
faisiez subir. Ça se lit même dans le procès-verbal.
M. Lamarche: Ah bon!
M. Chevrette: Donc, ne vous basez pas là-dessus. Dites-moi
donc si elle mentait quand elle a écrit ça. C'est ça, la
question.
M. Lamarche: Écoutez, vous pouvez vérifier avec le
procès-verbal subséquent. Elle a apporté une correction au
procès-verbal. Haro sur le baudet...
M. Chevrette: a la fin de tout. elle dit qu'elle voulait vous
sensibiliser, à la fin de tout. je l'ai lu. vous pouvez continuer, mais
la question est claire.
M. Lamarche: Alors, c'était faux...
M. Chevrette: Mentait-elle lorsqu'elle vous a écrit
ça?
M. Lamarche: Écoutez... Mentait-elle? Elle écrit
qu'aucune amélioration à court terme n'avait été
prévue. Ce n'était pas exactement la situation. J'avais
prévu et on avait prévu trois modalités pour essayer de
passer au travers de la situation difficile du mois de décembre. Je
tiens à vous dire qu'au mois de décembre il y avait donc une
période de sept jours de congé qui pouvaient être pris par
les techniciens ambulanciers, ce qui pouvait faire en sorte que la
pénurie soit davantage augmentée. Alors, on avait prévu
une situation à court terme, une situation à moyen terme et une
situation à long terme. À court terme, on a négocié
et conclu une entente relative au temps supplémentaire; à moyen
terme, on a amendé la convention collective et on a
réexaminé la totalité du fonctionnement du service des
horaires et, à long terme, on a décidé - et c'était
décidé au conseil d'administration - de former 250 techniciens
ambulanciers pour pallier la pénurie. En conséquence, quand on
dit qu'il n'y a rien qui est prévu, je ne peux agir que sur les moyens;
je ne peux pas agir sur les résultats. Mais les moyens ont
été pris, à court terme, à moyen terme et à
long terme pour tenter de régler cette question qui devenait
effectivement difficile.
Maintenant, la discussion portait aussi sur la priorisation des appels.
Il faut savoir que la priorisation des appels, c'est une situation qui est
normale et qui se situe dans chacune des salles d'urgence. Dans chacune des
salles d'urgence, dans chacune des salles de réception d'appels
d'urgence, il doit y avoir un jugement qui est fait en fonction des
véhicules qui sont disponibles. Si on a un cas d'une personne qui peut
attendre une vingtaine de minutes ou qui peut attendre une trentaine de
minutes, et qu'on a, par ailleurs, un autre appel d'une personne qui ne peut
pas attendre, il faut porter un jugement d'opportunité. C'est ce que
font tous les employés des salles d'urgence; c'est ce que font tous les
employés des salles...
M. Chevrette: Est-ce vrai, ce que le Dr Kalina dit, que c'est
très stressant pour les gens qui vivent cette priorisation-là et
que, dans le fond, si on parle de priorisation, ce n'est que pour pallier,
à toutes fins pratiques, un manque de ressources à ce niveau?
M. Lamarche: C'est évident que la priorisation, elle, a
pour objet de permettre que des ressources qui sont devenues rares puissent
être allouées d'une façon plus efficace,
c'est-à-dire qu'on se dit: Si un patient peut attendre encore dix
minutes, alors que nous n'avons qu'une seule ambulance et que nous avons un cas
d'arrêt cardiaque, nous allons procéder au...
M. Chevrette: Mais, M. Lamarche... M. Lamarche: ...retard
de cet appel-là.
M. Chevrette: ...je suis à me demander, et j'essaie de me
toucher pour voir si je ne serais pas malade. Avant la réforme...
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: ...il y avait du monde...
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: ...qui s'occupait... Il n'y avait qu'une flotte de
95 véhicules potentiels en tout sur la route; là, vous en avez
120.
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Votre nombre est passé à 1100, au
lieu de 1000, de personnes disponibles pour travailler à
Montréal. Là, on est obligés de prioriser les
priorités parce que les ressources sont devenues moindres. Maudit,
qu'est-ce qui se passe? Mettez-vous dans la peau de ceux qui écoutent
ici. Nous autres, ça coûte cher, à Montréal, 70
véhicules neufs. Il y a 1100 personnes au lieu de 1000 sur la liste de
travail. Il se
paie pour 1 000 000 $ de temps supplémentaire, ce qui he se
payait même pas avant. Il y a donc 100 personnes, minimum, de plus sur
les listes et là, il faut prioriser les priorités parce qu'on
manque de ressources. Expliquez-moi donc ça logiquement...
M. Lamarche: C'a toujours existé.
M. Chevrette: ...pour qu'on comprenne un petit peu, parce qu'on a
l'air fou, on ne comprend rien, nous autres.
M. Lamarche: Ce sont des choses qui sont évidentes.
M. Chevrette: Oui, je sais qu'il y a des choses qui sont
évidentes à vos yeux arrogants, mais peut-être pas aux yeux
d'un contribuable québécois qui veut comprendre quelque chose,
monsieur...
M. Lamarche: Je vais essayer de vous expliquer pour que ça
devienne d'une façon non arrogante compréhensible.
M. Chevrette: Oui, non arrogante, s'il vous plaît. Oui,
ça fait la deuxième fois. Ça va suffire. La
troisième, c'est moi qui vais l'être.
M. Lamarche: Ça existait, M. Chevrette, avant la
priorisation. S'il y avait du temps supplémentaire qui n'était
pas payé dans les mêmes proportions - je l'ai dit tantôt au
tout départ - c'est qu'il y avait des employés qui, pour un
même propriétaire, travaillaient pour différentes
compagnies, de telle sorte qu'après avoir travaillé 40 heures
dans une compagnie ils travaillaient peut-être 20 heures dans un autre
compagnie, toujours à taux simple. On était donc incapables, dans
la mesure où on ne pouvait pas avoir ces données-là, de
savoir qu'en intégrant la totalité du personnel, les
modalités d'application des conventions collectives feraient en sorte
qu'on n'avait pas le nombre de personnes estimé, qu'on n'avait pas non
plus, à l'époque, le nombre de congés qui était
prévu et qu'on était incapables de savoir exactement quel
était le taux payé. Il y avait des situations, par exemple,
où une personne, travaillant pour un employeur dans une compagnie,
était classée au sixième échelon, dans une autre
compagnie, au deuxième échelon et, dans une autre compagnie, au
dixième échelon. Alors, si pour connaître le coût de
salaire, le ministère, avant, devait faire une moyenne, quand on les
embauchait, nous, on ne pouvait plus faire de moyenne. Ils étaient
embauchés selon leurs droits avec le transfert de la plus haute classe.
La même chose se produisait au niveau de la répartition du temps
supplémentaire. Alors, les contraintes existaient. Les contraintes,
elles étaient comme déplacées. Mais il y avait aussi de la
priorisation qui existait, je tiens à vous le souligner, et des temps de
réponse qui, manifestement, sont comparables. lorsqu'on compare un mois
à l'autre pour des périodes semblables, on a connu une
légère accélération dans les premières
périodes d'application de l'intégration et, par la suite, cela
s'est stabilisé au point de vue du temps de réponse moyen.
M. Chevrette: Mais, en 1988, Anthony Di Monte, chef de service
à la supervision, Claude Girard, assistant chef de service à la
répartition, Serge Houle, médecin responsable des médecins
de service, Claire Légaré, assistante chef des services
infirmiers, Ginette Légaré, conseillère en méthode
de procédures, ce n'était pas du monde qui était en
négociation. Ils nous disaient dans des rapports à
l'époque que l'intégration normalement du privé à
une seule structure devait améliorer la qualité, le temps de
réponse et tout le "kit". Comment expliquez-vous, deux ans après,
que c'est exactement une courbe inverse à ce qu'aurait dû avoir
comme effet la fusion dans une structure comme celle dont vous parlez?
M. Lamarche: Ça ne fait pas encore un an. Ça va
faire un an le 17 juillet, l'intégration. Et je pense...
M. Chevrette: Mais dans les faits, ça fait deux ans qu'ils
le savent. Vous avez été engagé combien de mois avant
même la structure permanente?
M. Lamarche: La loi n'était pas adoptée.
M. Chevrette: Je comprends, mais ça prenait un gars qui
était épais sur les bords pour ne pas savoir que vous
étiez la, voyons!
M. Lamarche: Mais, moi, je n'avais aucune autorité pour
aller au conseil régional et dire de quelle façon ça
fonctionnait.
M. Chevrette: Sacrifice! Si je voulais être arrogant, je
vous dirais: Qu'est-ce que vous faisiez dans les passages, d'abord? Mais je ne
le dirai pas.
M. Lamarche: J'y allais sur invitation de M. Marcoux.
M. Chevrette: Je ne le dirai pas. Je ne le dis pas, donc ne
répondez pas. Je ne le dis pas.
Une voix:...
M. Chevrette: Pardon?
Une voix:...
M. Chevrette: Comment expliquez-vous ça, ce recul, sur
tous les plans, les "stat", l'interne-
externe, la flotte, avec 70 véhicules neufs, 120 au lieu de 95 et
que vous vous retrouvez avec 25 véhicules de plus que dans le temps de
la structure antérieure, vous vous retrouvez avec 100 personnes de plus
disponibles sur vos listes et vous vous retrouvez avec une
détérioration sur les "stat" et sur l'interne-externe, un
déficit par rapport à la situation antérieure? À
quoi attribuez-vous ça, vous, comme P.-D.G.?
M. Lamarche: Dans l'ensemble des réponses que je vous
donne depuis le début, M. Chevrette, je vous ai dit que de passer de
1000 à 1100 ne signifiait absolument rien, à moins qu'on soit en
mesure de qualifier en équivalents à temps complet. Or, en
équivalents à temps complet, il y a une réduction parce
qu'il y a une pénurie. On peut avoir 1100 techniciens desquels il faut
en soustraire 300 d'ailleurs, ce qui donne à peu près 800, sur
lesquels il y en a une centaine qui sont en accidents du travail, donc 700
techniciens ambulanciers qui offrent en totalité une
disponibilité inférieure à ce que pouvaient offrir 700
techniciens ambulanciers qui travaillaient dans plusieurs compagnies et qui
pouvaient se multiplier par le fait qu'ils travaillaient dans plusieurs
compagnies. Cela ne peut plus arriver à partir du moment où
l'employeur est unique, à partir du moment où il n'y a plus
maintenant qu'un seul employeur et que la convention collective doit s'exercer
à l'égard de ce salarié comme étant un seul
salarié.
C'est un des éléments importants qui fait que le chiffre
de 1100 n'est pas un chiffre qui traduit réellement les
disponibilités offertes avant et après. Sur les véhicules,
ce que je vous dis - je trouve vos chiffres surprenants - c'est que, à
mon avis, l'état de la flotte est beaucoup plus sûr maintenant
qu'il ne l'était même il y a un an à ce moment-ci.
Peut-être vous souvenez-vous qu'il y a un an à ce moment-ci, sur
les 80 véhicules qui étaient disponibles, il y en avait 25 qui
avaient été arrêtés par ordre de la CSST et qui ne
pouvaient pas reprendre la route tant et aussi longtemps qu'ils n'avaient pas
subi un examen à la RAAQ et que l'examen subi à la RAAQ a fait en
sorte que, sur les 25 véhicules, seulement 2 pouvaient prendre la route.
Cette situation n'existe plus.
M. Chevrette: C'est ça qui est surprenant. M. Lamarche:
Cette situation est...
M. Chevrette: Qu'il y ait autant de véhicules qui ne
marchent pas le matin pour partir un quart, alors que la flotte est quasiment
toute renouvelée, que tu as une possibilité de 25
véhicules de plus qu'antérieurement et, comme par hasard,
ça ne marche pas plus.
M. Lamarche: Je ne sais pas où vous prenez vos
données. Elles sont davantage de l'ordre d'une impression. Je n'ai pas
de chiffres qui me démontrent une chose semblable.
M. Chevrette: O.K. Je vais parier de certitudes.
M. Lamarche: Moi, je pense qu'il y a une fiabilité de la
flotte qui existe maintenant et qui n'existait pas avant.
M. Chevrette: Je vais vous parler d'abord de certitudes, parce
que le document, vous l'avez signé de votre propre main. Ça ne
sera pas un autre qui va le rapporter, il n'est pas supposé être
menteur. C'est vous-même, soi-même. Vous avez signé des
ententes exceptionnelles et particulières avec les syndicats. Des
ententes exceptionnelles et particulières, c'est la première fois
que je voyais ça - exceptionnelles et particulières.
Ordinairement, tu signes une convention, tu as des lettres d'entente, un
contrat collectif et, si tu le modifies par la suite, tu as des lettres
d'entente. Là, des ententes exceptionnelles et temporaires - des
ententes temporaires - pour en arriver à payer jusqu'à 400 % pour
du temps supplémentaire. Vous avez signé ça le 18
décembre 1989. Est-ce que c'est devant une menace que vous avez
signé ça, pour appeler ça une entente temporaire et
occasionnelle? Parce que c'est la première fois... J'en ai fait pas mal
de relations du travail, depuis 1960. J'ai vu, dans certains cas, du travail
triple, mais c'est la première fois que je vois du 400 %. Comment
expliquez-vous ça et quels sont les motifs qui vous ont amené
à signer ça?
M. Lamarche: C'est exactement ce dont on parlait tantôt,
lorsque vous me pariiez de Mme Inkell qui voyait venir avec
appréhension, et la totalité du personnel voyait venir avec
appréhension la situation au mois de décembre de cette
année, alors qu'en période de pénurie survenait à
nouveau une période de congés massifs, ce qui faisait en sorte
qu'on risquait de manquer de personnel. On risquait de manquer de personnel
d'autant plus qu'en période de pénurie, comme vous le savez, les
personnes peuvent donc choisir les plages horaires sur lesquelles elles vont
travailler. Or, s'il n'y a pas d'obligation, comme c'était le cas de la
convention collective et comme c'est le cas de l'ensemble des conventions
collectives du réseau pour les travailleurs qui ne sont pas des
travailleurs à temps complet, d'offrir une disponibilité pour les
fins de semaine et pour l'un ou l'autre des congés, on se trouvait en
situation où, le jour de Noël, le lendemain de Noël, le Jour
de l'an, le lendemain du Jour de l'an et la fin de semaine entre les deux, on
risquait fort de manquer énormément de personnel et de ne pas
être capable de répondre aux demandes. (17 h 15)
Alors, on a fait cette entente exceptionnelle
dans laquelle, et je vous invite à le voir, il est dit que, comme
condition du maintien de l'emploi le salarié doit offrir une
disponibilité, soit pour la fin de semaine des 23 et 24 décembre,
soit pour la fin de semaine des 30 et 31 décembre. Ça, c'est
l'article 2. L'article 3, que cette obligation d'offrir une
disponibilité s'étend également soit aux 25 et 26
décembre, soit aux 1er et 2 janvier. Et il y avait une condition aussi
qui était mise...
M. Chevrette: Me permettez-vous de vous arrêter?
M. Lamarche: Non, non. C'est parce que je pense que c'est
très important que vous compreniez la totalité de l'ensemble.
M. Chevrette: Ahl Vous n'avez pas besoin d'avoir peur. J'ai
négocié pendant 18 ans...
M. Lamarche: L'article 8...
M. Chevrette: ...et je vous ai fait face à quelques
reprises, y compris dans une grève d'ambulanciers. je comprends assez
vite les textes.
M. Lamarche: L'article 8. Les dispositions de l'article 6, donc
la bonification du temps supplémentaire de la présente entente ne
s'appliquent à un salarié que dans la mesure où il
travaille tous les quarts de travail pour lesquels il est
"cédulé". Alors, c'était une entente par laquelle on
disait: Nous, on est prêts à bonifier pendant la période de
Noël et du Jour de l'an la rémunération du temps
supplémentaire, à la condition que vous travailliez soit à
Noël, soit au Jour de l'an et son lendemain, une des deux fins de semaine
et que vous ne soyez absent d'aucun des quarts de travail sur lesquels vous
devez être présent.
Je peux vous dire, et c'est rapporté dans les conseils
d'administration subséquents, que nous avons atteint à cette
période-là le meilleur taux de remplissage des quarts depuis
plusieurs mois. Donc, il y a eu un effet un peu bénéfique
à cette entente exceptionnelle et particulière. Elle a
été offerte, cette entente-là, aussi aux travailleurs de
la répartition qui ont signé la même entente. Elle a
été offerte aux infirmières...
M. Chevrette: Ils l'ont signée le 22 décembre, eux
autres.
M. Lamarche: Oui. Elle a été offerte aux
infirmières qui l'ont refusée en disant qu'il y avait trop de
contraintes et pas assez de gratifications. Elle a amené, le 22
décembre, une modification, permanente celle-là, à la
convention collective des techniciens ambulanciers qui dit que, pour être
inscrit sur la liste de rappel, le salarié doit exprimer par
écrit à l'employeur une disponibilité minimale d'une fin
de semaine sur deux fins de semaine, sauf pour la période de son
congé annuel et, le cas échéant, pour la période
des congés sans solde prévus à la présente
convention. L'alinéa précédent ne s'applique pas aux
salariés détenteurs d'un poste dépourvu de son titulaire
ou d'un poste à temps partiel régulier qui exprime une
disponibilité additionnelle. En conséquence...
M. Chevrette: Signée le 22 décembre 1989. M.
Lamarche: Oui. En conséquence... M. Chevrette: Entre vous et
Denis Perrault.
M. Lamarche: En conséquence, ce que nous avons fait, c'est
que nous avons corrigé, dû à la pénurie, un
problème très important que nous avions, c'est-à-dire que
nous n'avions que les salariés à temps complet qui étaient
tenus d'offrir des disponibilités les fins de semaine. Les
salariés à temps complet, on en a 500...
M. Chevrette: Oui.
M. Lamarche: ...parmi lesquels 100 sont sur la CSST, donc 400 qui
travaillent à deux par ambulance.
M. Chevrette: Puis, vous en avez 600 à temps partiel.
M. Lamarche: À deux par ambulance...
M. Chevrette: Et ordinairement, M. Lamarche...
M. Lamarche:...
M. Chevrette: Voulez-vous me permettre de vous dire que ça
s'inscrit complètement à l'envers du gros bon sens?
M. Lamarche: Vous avez parfaitement raison.
M. Chevrette: Puis, je vais vous expliquer pourquoi. Je jase, je
parle à du monde pas mal. Savez-vous que là où il y a du
temps partiel, le monde se garroche pour travailler? Dans les hôpitaux,
vous savez que c'était rendu épouvantable. Il y a des listes, je
ne me rappelle plus le pourcentage, mais c'est au-delà de 50 % des gens
qui sont à temps partiel. Pensez-vous que les hôpitaux ont de la
misère à s'en trouver, du monde, quand c'est à temps
double et à temps triple? Voyons!
Vous allez essayer de me faire rire avec ça, vous, que 400 %,
c'était la seule solution pour avoir du monde quand il y a du monde qui
travaille juste deux jours par semaine, des fois...
M. Lamarche: Vous ignorez...
M. Chevrette: II y a des gens qui se garrochent pour travailler,
qui ont besoin d'argent et quand on a 600 ou 700 temps partiel, vous allez me
faire croire qu'à 300 %, ce n'était pas suffisant, que 400 %
c'était le seul remède. Il n'y a pas un homme à qui j'en
ai parlé pour le "fun"... Je l'ai montrée, votre entente.
Ça fait longtemps que je l'ai. Puis, j'ai demandé: Trouvez-vous
que ça a du bon sens, ça? Je suis allé à
Montréal parler à des gens du CRSSS pour voir s'ils trouvaient
que ça avait de l'allure. Ils ont vécu un système avant,
eux autres. Il y en a qui ont refusé de me parler; d'autres qui mont dit
que ça n'avait pas de maudit bon sens. Et vous, vous trouvez ça
tout à fait normal, raisonnable et correct.
M. Lamarche: Parce que vous oubliez un phénomène
très important dans ce que vous décrivez. C'est vrai uniquement
dans le cadre où il n'y a pas pénurie de personnel. Dans un cadre
où il y a pénurie de personnel comme, par exemple, chez les
infirmières dans les centres hospitaliers, la règle est à
l'inverse. La règle est que les salariés ont un avantage à
être en situation de précarité. Et c'est toute l'histoire
de la dernière négociation avec les infirmières, et c'est
toute l'histoire des rapports entre les infirmières et le gouvernement
dans la première entente qui avait pourtant été
agréée par la Fédération des infirmières,
c'est-à-dire de contraindre la totalité des salariés
à subir les mêmes contraintes que ceux qui sont à temps
complet.
Vous avez raison de dire que, normalement, dans une situation où
les travailleurs sont à temps partiel et ne peuvent pas compléter
leur revenu pour pouvoir travailler, ils ont intérêt à
être au travail. Mais ce n'est pas la situation quand on est en situation
de pénurie. Quand on est en situation de pénurie, les 600
techniciens ambulanciers à temps partiel qui sont chez moi sont aussi
dans des entreprises de la rive nord, sont aussi dans des entreprises de la
rive sud. Je pense que vous devez savoir que les propriétaires de la
rive nord, d'ailleurs, étaient un peu mécontents d'une signature
à Montréal d'une obligation pour leurs salariés à
temps partiel de travailler une fin de semaine sur deux. Parce que nous les
partageons. Parce que, en situation de pénurie, les travailleurs sont
capables de choisir les plages horaires sur lesquelles ils travaillent, faire
leur revenu et même plus que leur revenu sans avoir à travailler
les fins de semaine, sans avoir à travailler le jour de Noël, sans
avoir à travailler le Jour de l'an. C'est la raison pour laquelle on a
fait une entente exceptionnelle et temporaire; j'en conviens, c'est nouveau. Ce
n'est pas si exagéré parce que vous savez très bien que
les conventions collectives du secteur public, lorsqu'elles paient à
taux triple, c'est lorsqu'une personne était "cédulée" en
congé, une journée de Noël, une journée
fériée et qu'elle est rappelée au travail par son
employeur. C'est donc extraordlnairement rare. Ce qu'il s'agissait de faire,
c'était de trouver une bonification pour faire accepter des contraintes
additionnelles. Ce qui a été accepté par les techniciens
ambulanciers, ce qui a été rejeté par les
infirmières.
M. Chevrette: Vous me permettrez, M. Lamarche, de douter
énormément de ce que vous avancez. Personnellement, je ne vous
crois pas là-dessus. Je trouve ça exagéré,
prohibitif. Que voulez-vous que je vous dise? J'ai consulté des gens qui
connaissent un peu le système et qui trouvent ça une
aberration.
Une autre aberration que je vais vous demander... Comment pouvez-vous
expliquer que la même personne soit le représentant de la
Corporation d'Urgences-santé auprès du cégep Ahuntsic,
qu'elle représente la corporation auprès du cégep, donc,
qui agit comme étant une autorité déléguée
de la corporation auprès du cégep Ahuntsic; que ce même
gars soit le porte-parole du RETAQ provincial, qu'il soit en même temps
membre du C.A. de la corporation et membre du conseil exécutif, qu'il
représente en même temps les techniciens ambulanciers concernant
les plaintes par rapport au transport, et qu'il soit en même temps
responsable de la formation à la corporation? Tout ça, tous ces
chapeaux-là à la même personne.
Comment expliquez-vous, en toute cohérence par rapport aux
rôles fondamentaux qui demandent des fonctions spécifiques,
d'abord, qu'il ne soit pas cadre pour représenter la corporation, quand
il a la responsabilité du fonctionnement? Pourquoi n'est-il pas cadre?
Comment pouvez-vous m'expliquer qu'on peut laisser décemment cumuler des
fonctions aussi contradictoires et aussi en conflit d'Intérêts les
unes avec les autres et qu'on laisse faire ça?
M. Lamarche: Bon. Je peux vous répondre, en tout cas, en
premier, par celle qui ne me concerne pas beaucoup. Je pense qu'il est de
notoriété publique que cette personne n'est plus le porte-parole
du RETAQ au niveau provincial. Elle est membre du conseil d'administration,
évidemment. Le conseil d'administration est désigné et
formé de 11 personnes, lesquelles sont nommées par le
gouvernement.
M. Chevrette: Est-ce qu'il représente auprès du
cégep Ahuntsic... On va les prendre dans l'ordre, d'abord.
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Pardon?
M. Lamarche: Non. C'est faux de dire ce
que vous dites, que c'est l'autorité de la corporation du
cégep Ahuntsic, c'est faux.
M. Chevrette: Est-ce qu'il s'occupe de la formation ou pas?
M. Lamarche: II est chargé de la coordination, comme le
cégep Ahuntsic a aussi nommé une personne en provenance du
cégep Ahuntsic.
M. Chevrette: Est-ce que ce n'est pas lui qui part de votre
corporation et qui coordonne le tout au cégep?
M. Lamarche: C'est lui qui s'assure...
M. Chevrette: Qu'est-ce qu'il fait au cégep, d'abord? Je
vais vous demander ça autrement.
M. Lamarche: Je suis prêt à répondre à
chacune des questions que vous posez...
M. Chevrette: Oui. Mais commencez par celle-là et on va
examiner chaque chapeau.
M. Lamarche:... mais il faut que j'aie le temps. Il faut que
j'aie le temps de pouvoir y répondre.
M. Chevrette: C'est parce que je ne veux pas un roman-feuilleton;
je veux des réponses brèves. Vous prenez dix minutes...
M. Lamarche: L'entente signée entre le cégep
Ahuntsic et nous prévoit que la corporation désigne une personne
qui agit à titre de coordonnateur de l'enseignement.
M. Chevrette: C'est qui, ça?
M. Lamarche: C'est Mario Cotton, nommé par la
corporation.
M. Chevrette: Donc, c'est votre coordonnateur.
M. Lamarche: C'est le coordonnateur aux fins de l'application de
l'entente entre le cégep et nous, comme le cégep a
désigné M. Rouleau, qui est une personne responsable de la
formation sur mesure.
M. Chevrette: Donc, à ce poste-là, comme conseil
d'administration, vous l'avez nommé coordonnateur du respect de
l'entente.
M. Lamarche: Non. Non.
M. Chevrette: C'est quoi d'abord?
M. Lamarche: Le respect de l'entente, c'est de la corporation au
cégep que ça s'applique. Ce qu'il s'agit de faire, comme
coordonnateur, c'est de s'assurer que les candidats seront recrutés, de
s'assurer que le matériel qui est nécessaire pour les
professeurs, choisi par le cégep, leur sera acheminé, de
s'assurer que les "cédules" de travail...
M. Chevrette: 160 $ l'heure, ce n'est pas le cégep qui
achète.
M. Lamarche:... de s'assurer que le matériel qui est
requis par les professeurs pourra être acheminé. Il est
acheté par le cégep, mais il est coordonné. Parce qu'il
faut avoir un ensemble de données. Il faut avoir des mannequins sur
lesquels on pratique. Il faut avoir de l'équipement pour savoir comment
pratiquer.
M. Chevrette: Les mannequins qui sont achetés... Je
suppose que Cotton ne va pas "checker" si les mannequins se promènent
d'un corridor à l'autre. Après que c'est acheté pour
donner un cours, qu'est-ce qu'il fait là? C'est ça que je veux
savoir.
M. Lamarche: C'est un travail constant où il faut
s'occuper de l'ensemble des activités et de la coordination des
activités entre le service d'urgence et nous. Parce que les gens
viennent sur des programmes de 10 semaines, soir et nuit, par groupes de 20,
ils sont recrutés. On est encore en train de recruter les personnes qui
vont s'inscrire vers le mois de septembre. La sélection de ces
personnes-là n'est pas terminée. Il agit donc uniquement à
titre de coordonnateur à l'intérieur de ça,
c'est-à-dire à l'intérieur des fonctions qui sont
dévolues par le cégep aux personnes qui sont coordonnateurs pour
s'assurer que la formation se fait.
Le technicien ambulancier aux plaintes, c'est le syndicat qui
désigne son représentant. Le syndicat a désigné
Mario Cotton comme étant le représentant du syndicat à
l'intérieur de l'entente relative au traitement des plaintes.
M. Chevrette: Ces deux chapeaux-là sont pareils,
coordonnateur et porte-parole des plaintes, c'est ça?
M. Lamarche: C'est-à-dire qu'il est responsable du
syndicat, à l'intérieur de l'entente, sur les plaintes.
M. Chevrette: II est membre du C. A.
M. Lamarche: II est membre du conseil d'administration.
M. Chevrette: II est membre du C. A. Il est responsable de la
formation à la corpo.
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Qui est votre responsable de
la formation?
M. Lamarche: C'est Mme Rancourt qui est la directrice des
ressources humaines, avec un poste de responsable à là formation.
Le titulaire est décédé il y a un ou deux mois et son
poste n'a pas encore été remplacé; c'est un poste de
cadre.
M. Chevrette: Comment conciliez-vous le fait qu'il serait votre
coordonnateur pour le respect d'une entente, donc un poste quand même
d'autorité, qu'il soit représentant des employés,
maintenant, pour des aspects et qu'il soit membre d'un conseil d'administration
pour d'autres? Comment conciliez-vous ça?
M. Lamarche: C'est parce que vous dénaturez la fonction.
Ce n'est pas coordonnateur du respect d'une entente.
M. Chevrette: Bien, nous autres, un coordonnateur, chez nous,
c'est un gars qui coordonne, donc, qui est en autorité, une certaine
forme d'autorité déléguée.
M. Lamarche: II coordonne des..
M. Chevrette: C'est ordinairement ça qu'on fait avec un
coordonnateur.
M. Lamarche: II coordonne des horaires de travail, il coordonne
des professeurs avec les cours à donner, il coordonne
l'équipement nécessaire pour l'enseignement. Ce n'est pas un
poste de responsable de l'application de l'entente. La responsabilité de
l'application de l'entente est signée par le président du
conseil, sur résolution du conseil. Et je vais m'acquitter de la
responsabilité...
M. Chevrette: Mais si vous signez un contrat avec un cégep
et que je vous dise: Écoute, tu me fourniras les professeurs et le
matériel pour former des gens... C'est ça, quand tu signes un
contrat. À 160 $ l'heure, ils doivent être capables d'acheter
leurs mannequins...
M. Lamarche: Non, non.
M. Chevrette: ...sans que Cotton...
M. Lamarche: Non, non.
M. Chevrette: ...soit obligé de courir les mannequins.
M. Lamarche: Non. C'est parce que la presque totalité des
contrats d'enseignement sur mesure qui sont faits, qui sont des programmes qui
existent dans les entreprises, cela comprend la responsabilité, pour les
personnes qui proviennent des entreprises, d'avoir un coordonnateur aux
ententes pour s'assurer que l'enseignement qui est donné est fonction
des besoins qu'a déterminés l'entreprise.
M. Chevrette: Donc, comme ça, c'est conciliable, pour
vous, très conciliable
M. Lamarche: C'est parfaitement conciliable.
M. Chevrette: O.K. De toute façon, je ne m'attendais pas
au contraire, mais je voulais vous entendre dire que ça ne
l'était pas. Est-ce que son poste de coordination a une part du
traitement qui viendrait du cégep?
M. Lamarche: Non.
M. Chevrette: Donc, les 160 $ l'heure, en sus de ça, il y
a une partie du salaire de Cotton?
M. Lamarche: Mais lui, je vous ai dit tantôt que c'est un
employé de la corporation Urgences-santé...
M. Chevrette: Oui, je sais.
M. Lamarche: ...à titre de technicien ambulancier
affecté, ayant comme responsabilité la coordination.
M. Chevrette: Quelle est sa part de salaire pour la coordination,
sa part de salaire pour les plaintes? Il n'est pas rendu dans le bureau? Est-ce
qu'il travaille sur un véhicule?
M. Lamarche: Non, il ne travaille pas sur un véhicule. Il
travaille...
M. Chevrette: Est-ce qu'il n'est pas rendu à
l'intérieur d'Urgences-santé pour s'occuper plus
précisément de la formation et que c'est là le gros de son
travail?
M. Lamarche: Non, il est principalement situé au
cégep Ahuntsic où il doit être pour pouvoir assumer la
coordination avec M. Rouleau, dans les édifices qui sont loués
par le cégep Ahuntsic, qui est l'école sur la rue Chambord, au
coin de Chambord et Henri-Bourassa.
M. Chevrette: Oui, je sais où. Je vais aller les voir.
M. Lamarche: Vous irez les voir. Je suis sûr qu'ils vont
vous recevoir avec plaisir.
M. Chevrette: Sûrement. Ils ne m'inviteront peut-être
pas à la cabane à sucre, mais je vais aller les voir.
M. Lamarche: Pour... (17 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être le mannequin
des fois?
Des voix: Ha, ha, hal
M. Lamarche: pour le traitement des plaintes, ça c'est un
traitement qui s'effectue sur la route. parce qu'il s'agit d'aller rencontrer
des techniciens ambulanciers pendant leurs heures de travail, donc il y a un
certain déplacement qui s'effectue. là-dessus, il y a un cadre
qui est responsable du service qui l'accompagne.
M. Chevrette: En plus? Si je comprends bien, il coordonne, mais
il n'a pas d'autorité. Il ne fait que coordonner des achats ou du
recrutement. Après ça, il traite les plaintes. Mais quand il part
pour une plainte, il n'est pas tout seul. Là, il est accompagné
par un cadre en plus. C'est bien ça?
M. Lamarche: C'est-à-dire que...
M. Chevrette: J'aimerais que vous me décriviez votre
boîte, comment ça marche.
M. Lamarche: C'est très simple. Comme dans chacun des
établissements, il y a une personne qui est responsable d'un service
d'aide à la clientèle.
M. Chevrette: Oui.
M. Lamarche: Dans chacun des établissements, il y a des
plaintes qui parviennent, soit de la population directement, soit du conseil
régional qui a autorité pour recevoir des plaintes. Alors les
plaintes sont traitées par le service des plaintes. Il y a une personne
qui est responsable du service des plaintes. Il y a une entente qui existe avec
la totalité des groupes à l'intérieur
d'Urgences-santé - sauf les infirmières, qui ont refusé de
signer cette entente à date - qui fait que les syndicats renoncent aux
prescriptions des 30 jours de connaissance des faits, renoncent à la
prescription des griefs, en échange de quoi, on permet qu'une
enquête simultanée de la plainte soit faite. Le syndicat des
répartiteurs a signé l'entente, a nommé son
représentant, qui est M. Bruno Pilote. Le syndicat des techniciens
ambulanciers a signé l'entente et a nommé son représentant
qui est M. Cotton et, l'ACIAS, le représentant des cadres a signé
l'entente et a nommé son représentant qui est son
vice-président, M. François Ferland. Ces personnes-là,
lorsqu'une plainte est faite par une personne provenant de leur groupe,
celle-ci est investiguée par le responsable d'aide à la
clientèle. Ils ont accès simultanément à l'ensemble
des données. Pour éviter deux choses: pour éviter,
premièrement, que le délai de traitement des plaintes ne fasse en
sorte qu'on ne puisse plus, en moment utile, apporter des correctifs
nécessaires; deuxièmement, pour éviter aussi une perte de
temps, parce que vous savez que, et l'enquête est faite uniquement du
côté patronal et que, par la suite, elle doit être faite du
côté syndical on ajoute les temps, on ajoute les
libérations qui sont prévues aux conventions collectives pour ces
enquêtes. Donc, on essaie de diminuer le temps et de traiter le plus
rapidement possible les plaintes qui sont faites avec les représentants
des groupes.
M. Chevrette: Donc, pour vous, si je vous résume, le fait
d'être membre d'un conseil d'administration, d'être
préposé aux plaintes et d'agir comme coordonnâtes du
respect d'une entente, ça ne le place pas en situation de conflit
d'intérêts. Tout est parfait, en harmonie et tout va bien, pour le
mieux dans le meilleur des mondes. Ceci dit, je voudrais vous questionner, dans
ce cas-là, sur une obligation légale qui vous est faite.
M. Côté (Charlesbourg): Juste, là-dessus, je
pense que ça mériterait au moins qu'on donne la chance à
M. Lamarche de répondre. Parce que c'est une affirmation et il peut dire
s'il la partage ou pas.
M. Chevrette: C'est supposé. Il a défendu cela
depuis le début comme étant conciliable. Je pensais que
c'était très complet, à moins que vous ne vouliez ajouter,
mon cher monsieur.
M. Lamarche: Ce que je voulais vous dire, c'est que la
première des choses, le premier des éléments, il
m'échappe. Qu'il soit membre du conseil d'administration, la loi...
M. Chevrette: La loi prévoit qu'il y ait un membre du
syndicat. C'est correct.
M. Lamarche: ...le prévoit, il doit être en
provenance du syndicat des techniciens ambulanciers, comme membre. Alors, ils
ont choisi, eux. Il a été nommé par le Conseil des
ministres. Donc, c'est une question qui m'échappe totalement. Les
infirmières sont aussi représentées. Les employés
répartiteurs et employés de bureau également.
Deuxièmement, à l'intérieur de l'entente relative aux
plaintes, la désignation du représentant m'échappe aussi.
C'est le syndicat qui décide, de son côté, de
désigner qui il veut comme représentant. La seule situation qui
ne m'échappe pas et qui est volontaire, c'est la désignation pour
agir comme coordonnateur d'Urgences-santé, à l'intérieur
de l'entente, de cette personne-là. Ça, c'est la seule
décision qui ne m'échappe pas, qui ne m'est pas...
M. Chevrette: Est-ce que ça ne vous a pas effleuré
l'esprit que ça constituait un poste possiblement d'autorité, de
cadre?
M. Lamarche: Non, absolument pas. Il ne faudrait pas que ce soit
un poste d'autorité parce que, ce qui est très important, c'est
de conserver la capacité de faire accepter la formation comme
étant un des éléments importants de l'amélioration
des services. Je crois beaucoup que ce sont les techniciens ambulanciers, parmi
eux, qui doivent s'assurer qu'effectivement la formation est suivie. Vous savez
fort bien... C'est une situation exceptionnelle. Vous m'avez dit que avez
négocié fort longtemps, vous savez fort bien que, règle
générale, les syndicats résistent beaucoup à la
formation en cours d'emploi. Or, dans cette situation-là, on assiste
à une situation complètement inverse où ce sont les
techniciens ambulanciers qui ont eux-mêmes demandé que la
formation soit portée même à 825 heures. Disons qu'un des
éléments très importants sur lequel il faut compter et,
à mon avis, qu'il faut pouvoir utiliser pour permettre qu'une formation
accrue soit donnée, c'est un des éléments importants,
c'est une des personnes en provenance du groupe, c'est de la formation sur
mesure en cours d'emploi en grande partie pour des nouveaux techniciens
ambulanciers qui vont être à l'emploi, soit des employeurs de la
rive nord, soit des employeurs de la rive sud ou soit d'Urgences-santé
éventuellement. Donc, c'est en quelque sorte une association
recherchée par les employés eux-mêmes dans le processus de
la formation et dans leur responsabilisation
M. Chevrette: En vertu de l'article 149.15, vous êtes
obligés de faire adopter le plan d'effectifs de la corporation, des
normes, des barèmes de rémunération ainsi que les autres
conditions de travail des employés de la corporation autres que le
directeur général qui sont établies par règlement
du conseil d'administration et soumis à l'approbation du ministre.
Est-ce que vous pourriez m'indiquer tout d'abord la date où les plans
d'effectifs ont été adoptés?
M. Lamarche: Ils n'ont pas encore été
adoptés. Il est convenu entre les représentants du Conseil du
trésor et nous que... Je dois vous dire que ça, c'est multiple.
C'est multiple et ça doit s'interpréter en fonction de la
totalité des dispositions de la loi. Il y a différents groupes.
Le premier des groupes, ce sont les techniciens ambulanciers pour qui la
convention collective, donc les conditions de travail étaient
déjà en quelque sorte déterminées jusqu'en
décembre 1991. La loi prévoyait donc le transfert direct de la
totalité de ces individus-là avec leurs conditions de travail qui
étaient prévues. Le deuxième des groupes pour lesquels il
y avait des dispositions qui étaient prévues, c'étaient
les infirmières. Les infirmières ont été
transférées dans le cadre de la loi toujours, dans le cadre des
articles 20 et suivants, avec un protocole qui prévoyait que la
négociation de leurs conditions de travail se ferait par le CPNSSS, sur
mandat du Conseil du trésor et c'est effectué et c'a
été signé vers le mois de décembre.
M. Chevrette: Ce que vous expliquez, M. Lamarche..
M. Lamarche: Mais je vais juste poursuivre pour que vous
compreniez.
M. Chevrette: ...je suis au courant de ça. Ce que vous
dites... Si ça peut abréger, je suis au courant de la loi. J'en
ai discuté trois fois comme vous.
M. Lamarche: Bien, le troisième des groupes, ce sont les
répartiteurs qui étalent en négociation au mois de janvier
et qui sont encore en négociation et qui négocient dans le cadre
du CPNCRSSS. L'autre groupe, c'étaient les médecins pour
lesquels..
M. Chevrette: Oui.
M. Lamarche: ...l'article 25 prévoyait que l'entente
était applicable. Le dernier groupe, c'est le groupe des cadres pour
lesquels il était prévu que les mêmes classements, les
mêmes rémunérations, les mêmes salaires
étaient transférés.
Maintenant, ce qu'il faut faire... Et de concert avec le Conseil du
trésor, on a convenu qu'on attendait donc la signature des
dernières conventions collectives et on produira quelque part au mois de
juin, pour le conseil d'administration du mois de juin, un projet de plan
d'effectifs qui traduira l'ensemble de ces dispositions-là au Conseil du
trésor, avec l'ensemble des dispositions prévues des conventions
collectives ou des conditions de travail, donc qui sont celles contenues dans
les conventions collectives. C'est pour ça qu'il faut attendre la
signature de la convention collective avec les répartiteurs,
employés de bureau...
M. Chevrette: O.K.
M. Lamarche: ...et on leur transmettra donc quelque part en mai
ou en juin.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous que le directeur des
finances... Expliquez-moi donc comment il a été
engagé?
M. Lamarche: Le directeur des finances?
M. Chevrette: Oui. Est-ce qu'il y a eu un concours?
M. Lamarche: Le directeur des finances, c'était le
directeur des finances du conseil régional de la santé et des
services sociaux.
M. Chevrette: II a été transféré.
M. Lamarche: II a été transféré.
M. Chevrette: Le directeur des ressources humaines.
M. Lamarche: La directrice des ressources humaines...
M. Chevrette: Elle a été engagée
comment?
M. Lamarche: C'est un poste qui a été ouvert une
fois les transferts effectués, lorsque les techniciens ambulanciers ont
été intégrés et qu'on s'est retrouvés donc
avec quelque chose comme un nombre de 700 à 800 employés de plus.
Le poste a été affiché...
M. Chevrette: Est-ce que c'est une nomination ou si c'est un
concours?
M. Lamarche: C'est un concours. Le poste a été
affiché. Il y a eu sélection et le poste a été
comblé avec un retard de quelques mois...
M. Chevrette: Le directeur des opérations?
M. Lamarche: C'est la personne... Il y a eu deux personnes qui
ont occupé le poste de directeur des opérations. Il y a eu une
première personne qui a quitté et qui a été
remplacée par Mme Hébert-Aubé, que je pense que vous
connaissez, qui était l'adjointe aux opérations.
M. Chevrette: Hébert...
M. Lamarche: Hébert-Aubé. Elle était
l'adjointe au directeur des opérations. Donc, elle a été
nommée.
M. Chevrette: Donc, il n'y a pas eu de concours.
M. Lamarche: II n'y a pas eu de concours pour le poste de
directrice des opérations.
M. Chevrette: L'adjoint au directeur général?
M. Lamarche: Adjoint au directeur général? M.
Chevrette: Oui. Avez-vous un adjoint? M. Lamarche: II n'y en a pas.
Non.
M. Chevrette: Vous n'en avez pas. Le directeur
médical?
M. Lamarche: Le directeur médical a été
choisi après publication dans les journaux, à l'interne, de la
création d'un poste. Il y a eu des postulations, il y a eu des jurys de
sélection. Il y a donc eu désignation du directeur en
problème médical.
M. Chevrette: Je vais essayer de trouver mon nom. O. K. pour
ça. Ça ne sera pas long. Est-ce que vous pourriez nous faire
parvenir les amendements au contrat collectif de travail sur le temps
supplémentaire, pour améliorer le temps
supplémentaire?
M. Lamarche: Les amendements...
M. Chevrette: Que vous avez eus, en cours de convention, pour
éviter du temps supplémentaire. Vous avez dit tantôt que
vous aviez signé un amendement à la convention collective...
M. Lamarche: Je l'ai ici.
M. Chevrette:... qu'il soit disponible une fin de semaine sur
deux, évitant ainsi d'augmenter le temps supplémentaire.
Le Président (M. Gautrin): Bon, on peut le déposer.
On accepte le dépôt. Vous en voulez des photocopies, c'est
ça?
M. Chevrette: Pour qu'on puisse l'avoir, c'est ça.
Le Président (M. Gautrin): Bon.
M. Chevrette: L'article 149. 16 de la loi dit que la corporation,
afin d'obtenir des ambulances nécessaires à l'exploitation de son
service d'ambulances, doit procéder de la manière et suivant les
termes et conditions déterminées par le gouvernement. Est-ce que
le gouvernement a défini les montants, les normes de base pour que se
réalise l'article 149. 16, le règlement?
M. Lamarche: L'article 149. 16, c'est l'article permanent. Mais,
si vous me permettez, il y a un article exceptionnel qui s'appliquait et qui
s'est appliqué, qui disait que pour les premiers contrats, la
corporation devait négocier de gré à gré avec les
titulaires de permis. Et, à défaut d'entente, le gouvernement
décrétait les conditions. C'était une situation, si vous
me permettez, en exception à l'article 149. 16. L'article 149. 16 n'a
pas encore trouvé son application. Il trouvera son application au terme
de ces premiers contrats qui ont été négociés et
agréés entre la corporation et la coopérative. Je vais
essayer de trouver l'article exact. (17 h 45 )
M. Chevrette: Quand prévoyez-vous avoir l'aval sur le plan
d'effectifs précis?
M. Lamarche: Le budget, normalement, devrait être
présenté au conseil d'administration de juin. Ce dont j'ai
discuté avec les représentants du Conseil du trésor, c'est
qu'on leur soumettrait le projet du plan d'effectifs antérieu-
rement et que, donc, vers le milieu de juin, on devrait avoir une
idée du plan d'effectifs qui serait soumis au conseil d'administration
de la corporation
M. Chevrette: Avez-vous l'article spécifique?
M. Lamarche: Je le cherche et je vais vous le dire.
M. Chevrette: Moi aussi, je l'ai cherché, mais je ne le
trouve pas.
M. Lamarche: C'est 26. Malgré l'article 149. 16 de la Loi
sur les services de santé et services sociaux, la corporation
Urgences-santé de la région de Montréal
métropolitain négocie de gré à gré, aux
conditions déterminées par le gouvernement, les premiers contrats
de location d'ambulances avec tout titulaire de permis d'exploitation de
service d'ambulance qui opère dans son territoire. Le (indiquez la date
de l'entrée en vigueur du présent article): ça a
été déterminé le 17 juillet...
M. Chevrette: Celle-là..
M. Lamarche:... à défaut d'entente.
M. Chevrette: Ça, ça a été
décrété pour Montréal, il y a environ, quoi, un an
ou deux?
M. Lamarche: II y a eu des négociations qui ont eu cours
et qui n'étaient pas terminées. Mais il y a eu des
négociations qui ont été tenues et agréées
au point de vue d'un principe, avant le 1er mai 1989, par une partie des
transporteurs, et cette partie des transporteurs était la
coopérative. Les autres propriétaires n'étaient pas
d'accord. L'entente qui était négociée et
agréée avec la coopérative leur a été
soumise le 1er mai. Il n'y a pas eu de séances de
négociations.
Il y a eu soumission de cette entente au Conseil du trésor - je
ne me souviens plus exactement de la date - il y a eu discussion, pendant une
période de dix jours, au Conseil du trésor, et, le 12 juillet, le
conseil des ministres agréait l'entente intervenue et étendait,
par voie de décret, les conditions aux autres entreprises, à
compter du 17 juillet. donc...
M. Chevrette: y a-t-il eu rétroactivité chez
plusieurs employeurs? parce qu'il en est resté un jusqu'en
décembre. lequel est le dernier? desrochers est disparu quand?
M. Lamarche: II a vendu le 15 juillet. M. Chevrette:
Juillet?
M. Lamarche: Oui. Il y a... Écoutez, ce que je peux vous
dire, c'est qu'il y a des sommes qui doivent être conciliées, qui
devaient être conciliées et qui ont été
conciliées entre les différents propriétaires, pour chacun
des différents propriétaires, pas en application du décret
que la corporation a l'obligation d'appliquer, mais du contrat ou du
décret antérieur qui avait été effectué par
le conseil régional et qui était rétroactif. Alors, les
comptables des compagnies d'ambulance de même que les comptables que nous
avions affectés à ce dossier-là ont travaillé, ont
déterminé si des sommes d'argent étaient dues, pour
chacune des compagnies, à l'égard de chacun des
propriétaires, ou si, au contraire, les propriétaires devaient de
l'argent à Urgences-santé et, par conséquent, à la
corporation.
M. Chevrette: Je veux revenir sur l'emploi - parce qu'il me reste
du temps - chez les employés. Comment pourriez-vous améliorer le
fait de combler les horaires avec une liste de 1100 personnes, alors qu'il vous
en faut, quoi, pour trois "shifts", 400 ou 500? Comment pourriez-vous
améliorer le système et faire en sorte que ça... Ça
n'a pas de bon sens, le fait qu'on ne soit pas capable de combler les...
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette:... besoins. Est-ce que vous y avez
réfléchi?
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez des recettes?
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez...
M. Lamarche: Oui, oui. Le problème, M. Chevrette, c'est le
suivant. Des 500 employés à temps complet que nous avons, 100
sont en arrêt de travail pour des raisons de CSST. C'est
énorme.
M. Chevrette: Est-ce que ça ne vous inquiète pas,
ça?
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: C'est dû à quoi, ça?
M. Lamarche: C'est...
M. Chevrette: Ce sont des beaux cas de CSST, par exemple, mais
c'est quoi? Des maux de dos? C'est quoi?
M. Lamarche: Ce sont principalement des maux de dos.
Ça coïncide exactement avec la même règle observable
partout en province. Et, à mon avis, c'est dû au fait que ce n'est
pas un
travail qu'on peut mécaniser, ou ce n'est pas un travail que l'on
peut faire par partie. SI un patient pèse 260 livres, s'il a fait son
infarctus une journée de verglas, s'il habite au troisième
étage d'un logement de la rue Saint-Denis, il faut le transporter. Les
moyens pour soutien technique n'existent pas.
M. Chevrette: C'est 25 %, ça, vous me dites, 20 %?
M. Lamarche: C'est 15 % de la masse salariale, qui est le
coût réel...
M. Chevrette: Oui, mais, du temps plein, c'est 20 %.
M. Lamarche: Pardon?
M. Chevrette: C'est 20 % de votre temps plein.
M. Lamarche: Oui, c'est 20 % des employés à temps
plein. Nos chiffres équivalent exactement à ce qu'estime la CSST,
c'est-à-dire 15 % de la masse salariale du coût des
accidentés du travail. Et c'est la même chose...
M. Chevrette: Est-ce que vous êtes allés à
Toronto pour voir si c'était dans les mêmes proportions?
M. Lamarche: Moi, je ne suis pas allé à Toronto.
Mais ceux qui sont allés à Toronto et qui ont posé cette
question-là se sont fait dire, par les gens de Toronto, que ce qui
était absolument nécessaire, c'était de prévoir des
emplois à l'intérieur desquels les techniciens ambulanciers
pouvaient être replacés, pour pouvoir diminuer le coût
social de la CSST ou, en tout cas, de l'équivalent en Ontario,
c'est-à-dire que chacun des systèmes d'urgence utilise
habituellement ses techniciens ambulanciers comme répartiteurs ou comme
employés de bureau à l'interne, pour avoir un effet
réducteur de ces coûts-là. Bon, nous, on a certains
problèmes. Il ne s'agit pas des mêmes unités de
négociations.
Mais pour répondre à votre question, qui est très
intéressante, le problème, voyez-vous, c'est qu'avec les gens
à temps partiel que nous avons, ils nous offrent une
disponibilité trop peu élevée, parce qu'ils ont la
possibilité de pouvoir aussi offrir une disponibilité un peu
partout. Ce sont des travailleurs qui sont très mobiles. Donc, il faut
augmenter le bassin, pour faire en sorte qu'il y ait des gens, qui n'auront pas
d'emploi et qui seront intéressés à offrir une
disponibilité plus importante à Montréal. Nous
l'espérons aussi pour combler les postes à temps complet que nous
aurons à combler, mais aussi pour offrir une disponibilité et,
donc, d'avoir l'effet de retourner, en quelque sorte, les employés qui
étaient en provenance de la rive sud, en provenance de la rive nord,
dans leur région, pour, aussi, combler les postes qui sont
laissés vacants dans ces régions-là. C'est un effet assez
dévastateur, mais le seul moyen par lequel on pense être capables
d'agir avec certitude, en prenant le temps nécessaire, parce qu'il faut
les former, c'est effectivement d'oxygéner. Une fois qu'on aura
oxygéné et qu'on aura donc des travailleurs en
disponibilité, on pourra aussi poursuivre le programme de formation
à l'interne. Parce que là, vous comprenez, on sera, en quelque
sorte - et on l'a été, parce qu'il a fallu le faire pour la
requalification pour le BCLS - les propres auteurs de .notre malheur si, en
plus de ça, on retire à nouveau les techniciens ambulanciers pour
complementer leur formation, ce qui est absolument nécessaire.
M. Chevrette: Alors, M. Lamarche, peut-être, je ne sais
pas, ou au ministre? Au niveau de la province, combien y a-t-il eu d'heures de
formation, au niveau des techniciens ambulanciers?
M. Côté (Charlesbourg): C'est à peu
près l'équivalent de ce qui s'est passé à
Montréal, parce que, effectivement, dans les chiffres que je vous
donnais tantôt, 528 000 $ ont été dépensés en
formation à l'extérieur de Montréal, et 500 000 $ à
Montréal. Donc, je n'ai pas le nombre d'heures, mais c'est à peu
près les chiffres qu'on peut vous donner à ce moment-ci.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a des centrales de distribution ou
d'appel qui ont été mises sur pied au niveau du
Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Non, il n'y en a pas.
M. Chevrette: Est-il exact que les structures comme les CRSSS
font un "lobby" assez fort pour qu'il n'y ait pas de centrale au niveau des
employeurs, parce que je me rappelle que M. Dutil, votre
prédécesseur, avait insisté pour dire aux entreprises
privées, durant un débat, vous relirez ça dans les
procès-verbaux: Regroupez-vous, installez-vous, et nous allons vous
donner... Comment se fait-il qu'il n'y en ait pas eu?
M. Côté (Charlesbourg): jusqu'à maintenant,
en tout cas, il n'y a pas de ces interventions-là qui ont
été faites par les crsss auprès du ministre.
M. Chevrette: au niveau de... est-ce qu'il est exact que les
crsss s'opposent? est-ce que vous êtes au courant s'il y a des crsss qui
s'opposent à ce que ça aille au niveau de l'entreprise
privée?
M. Côté (Charlesbourg): On me signale qu'il
y aurait peut-être, à certains endroits, certains petits
foyers de résistance. C'est peut-être normal dans les
circonstances actuelles. Mais, compte tenu de la réforme où des
régies régionales ne dispenseront pas de service, on sera
à même de se poser la question si on embarque tout de suite dans
le nouveau courant ou si on se laisse porter par l'ancien courant. Ce sont des
questions qui...
M. Chevrette: Ah! je sais que les ministres changent et les
idées changent! Mais, c'est parce que je savais qu'il y avait des
résistances au niveau de certaines structures du réseau contre le
fait que l'entreprise privée sur un territoire, parce que c'était
une grosse démarche qu'on demandait à l'entreprise privée
durant la réforme de la loi 34... On disait à l'entreprise
privée: En région, organisez-vous et, nous, on verra à
vous reconnaître. Dans certains coins, je ne dis pas partout, loin de moi
l'idée de dire que c'est unanime, mais, dans certains milieux,
effectivement, l'entreprise privée s'est regroupée et on s'est
parlé. Ils sont arrivés à une conclusion. Et on me dit
qu'il y avait de la résistance de la part du réseau pour assurer
une meilleure répartition de la ressource sur les territoires.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, je vais vous dire que
ce n'est pas... Oui, on me signale l'article 149.26. Vous vous rappelez
certainement à l'époque que ce n'était pas mon principal
cheval d'intérêt compte tenu d'où j'étais. Alors,
l'avant-dernier alinéa: Cette responsabilité doit, en premier
lieu, être offerte à un regroupement comprenant les titulaires de
permis d'exploitation de services d'ambulance de la région ou de chaque
partie de région visée dans ce plan. Si un tel groupe n'existe
pas... ainsi de suite. Alors, ça me paraît assez clair. C'est la
loi, ça. Donc, c'est la loi qui sera respectée, que les gens le
veuillent ou pas. Si elle est loi, elle est loi. Si elle n'est pas bonne, on la
changera. Puis, jusqu'à maintenant, bien, elle est bonne. Ce n'est pas
nécessairement, je vous l'avoue très candidement, un dossier sur
lequel je me suis personnellement penché depuis mon arrivée,
malgré des sollicitations venant d'Urgences-santé où j'ai
été invité à quelques reprises à aller
visiter et à travailler avec les gens là-bas comme au niveau des
gens du ministère. Il y avait, quant à moi, d'autres
priorités. Il fallait laisser le temps définitivement aux gens
qui étaient en place de travailler et d'appliquer ce qui, finalement,
est en vigueur depuis le 17 juillet 1989. Dans ce cas-là, il faut
laisser le temps de voir les effets. Et ce n'est pas dans sept mois ou huit
mois qu'on va voir définitivement les effets bénéfiques de
cette rationalisation-là. Moi qui étais sceptique, à
l'époque, je pense qu'il faut laisser le temps aux choses de se placer.
Et, bon, le questionnement, ce que je remarquais, c'est un questionnement assez
serré entre deux négociateurs syndicaux ou à peu
près.
M. Chevrette: Je n'ai pas encore fini pour ça.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! vous n'avez pas fini!
O.K. Mais, comme il est 17 h 58, je pensais être capable d'en dire un
petit bout.
M. Chevrette: Mais il y a une question que je pourrais
peut-être vous poser vite, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: En plus des 137 100 000 $...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...qui figurent à vos crédits
à vous...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...est-ce que vous pourriez me dire combien il en
figure à la RAAQ?
M. Côté (Charlesbourg): Ah! bien, il y a un projet
de loi qui est déposé maintenant.
M. Chevrette: La RAAQ est incluse?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, la RAAQ est incluse,
parce que la RAAQ...
M. Chevrette: La CSST?
M. Côté (Charlesbourg): ...finance. CSST? Il n'y en
a pas. Ça faisait l'objet de discussions à l'époque. C'est
une tarification normale, la CSST.
M. Chevrette: Oui, mais ça suppose combien d'argent de
plus que les 132 000 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): O.K. On va vous donner
ça.
M. Chevrette: Si j'essaie de définir un coût
global?
M. Côté (Charlesbourg): II n'est pas dedans. Il
n'est pas disséqué. Venant de la RAAQ, 37 200 000 $.
M. Chevrette: Un montant de 37 200 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Virement du ministère
de la Main-d'?uvre, de la Sécurité... aide sociale, 45 000
000 $.
M. Chevrette: Du MSSS?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Pas MSSS, Sécurité du revenu?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Un montant de 45 000 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Crédits venant
du MSSS, 13 280 000 $ et les revenus autonomes, 44 173 000 $. La CSST doit
être incluse là-dedans, mais elle n'est pas... Oui. Il n'est pas
ventilé.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y en a dans le DCH et dans
l'inter-établissements? Combien?
M. Côté (Charlesbourg): Dans les revenus
autonomes.
M. Chevrette: Dans les 44 000 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): Bien, on pourra
peut-être... On doit être capables d'avoir ça, les revenus
autonomes inter-établissements. 40 % de 44 000 000 $.
M. Chevrette: Mais, à vos crédits du
ministère, ne figurent donc que 13 288 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Et la différence vient d'ailleurs sur les
132 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Elle vient de la RAAQ. Elle
vient de...
M. Chevrette: De la RAAQ, de la CSST potentiellement, du MSSR et
des revenus autonomes.
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont des revenus
autonomes.
M. Chevrette: Et dans les revenus autonomes, vous avez
l'inter-établissements?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. 40 % de. À 100
$...
M. Chevrette: Mais dans la tarification de la CSST... Ah oui! Je
m'excuse.
Le Président (M. Gautrin): Écoutez, est-ce que vous
voulez prolonger?
M. Chevrette:... au début, une demi-heure, mettons.
Le Président (M. Gautrin): Est ce que vous voulez
prolonger ou... Normalement, on doit suspendre nos travaux jusqu'à 20
heures.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'avec M. Lamarche,
c'est terminé?
M. Chevrette: Je vais réviser mes notes. Je pense que je
suis avancé. Il n'en reste sûrement pas gros, deux ou trois
questions.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, on va demander
à M. Lamarche de prendre un bon souper à Québec et de nous
revenir à 20 heures?
M. Chevrette: Bien sûr.
M. Côté (Charlesbourg): On tirera nos conclusions
à ce moment-là?
M. Chevrette: Bien sûr.
Le Président (M. Gautrin): Alors, on suspend nos travaux
jusqu'à 20 heures et on demande à M. Lamarche de bien vouloir
rester ici avec nous.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 6 )
Le Président (M. Gautrin): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires sociales est réunie aujourd'hui afin
d'étudier les crédits budgétaires du ministère de
la Santé et des Services sociaux et de la Régie de
l'assurance-maladie pour l'année financière 1990-1991. Avant de
donner la parole au député de Joliette, je pense qu'on devrait
avoir un consentement unanime pour que le député de
Pointe-aux-Trembles remplace ici le député de Taillon, si je
comprends.
M. Chevrette: Oui, en disant qu'un précédent a
été créé ce matin avec M. Poulin.
Le Président (M. Gautrin): Ce matin, avec M. le
député de Chauveau. Alors, je pense qu'il y a un... Il y a
consentement unanime? Parfait. Alors, M. le député de Joliette,
si vous voulez continuer sur la question d'Urgences-santé.
M. Chevrette: Oui, sur la question d'Urgences-santé,
quelques questions tout d'abord avant de tirer des conclusions sur
Montréal. Au niveau du Québec, j'aurais une question à
poser au ministre. Quel échéancier est fixé pour la
réalisation des centrales de distribution, des appels, appelons
ça comme on voudra, pour le Québec? Des centrales de
répartition, c'est ça? Comment ça s'appelle?
M. Côté (Charlesbourg): II y a eu des
demandes de projets-pilotes pour les régions 03 et 6B à ce
moment-ci et, donc, des projets-pilotes d'un an et, par la suite, les autres
suivraient.
M. Chevrette: La région 03, voulez-vous me rappeler...
M. Côté (Charlesbourg): Les régions 03 et
6B.
M. Chevrette: Saguenay. C'est le Saguenay? C'est
Québec.
M. Côté (Charlesbourg): La région 03, c'est
Québec et 6B, Laurentides.
M. Chevrette: En parlant de Québec, est-ce vrai, la rumeur
qui veut que la coopérative de je ne sais pas quoi, comment ça
s'appelle exactement, est très déficitaire et qu'il y a danger de
faillite?
M. Côté (Charlesbourg): II y a un budget de 6 000
000 $ et un déficit de 6 %, donc, à peu près 300 000 $.
Les gens du ministère sont à analyser ce qui se passerait dans un
cas comme celui-là et à apporter les correctifs
nécessaires.
M. Chevrette: O.K. Entre 300 000 $ et 400 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): Sur 6 000 000 $, ce n'est
pas dramatique, mais il ne faut pas le laisser aller.
M. Chevrette: C'est 6 000 000 $ d'actifs?
M. Côté (Charlesbourg): De budget
d'opération?
M. Chevrette: Ou budget d'opération?
M. Côté (Charlesbourg): De revenus. Un montant de 6
000 000 $ de revenus.
M. Chevrette: Est-ce que c'est le décret... Ce n'est pas
le décret, eux, ils marchent... Parce que ce n'est pas
décrété pour le reste du Québec. Ils marchent sur
une entente qui remonte à un an, un an et demi?
M. Côté (Charlesbourg): Contrat budget depuis le 1er
avril 1989.
M. Chevrette: ...1989, O.K. Est-ce qu'il est signé, le
contrat budget ou il est sur le point de se signer?
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes bien
renseigné. À Québec aussi, il est sur le point
d'être signé.
M. Chevrette: Sur le point d'être signé. Bon.
O.K.
M. Côté (Charlesbourg): Comme ça, vous avez
plusieurs sources.
M. Chevrette: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez plusieurs
sources.
M. Chevrette: Ah! bien, j'en ai même des surprises! La
vraie source, vous ne pourriez pas vous en douter.
M. Côté (Charlesbourg): C'est bien possible.
M. Chevrette: Je suis venu à un cheveu de le dire à
votre chef de cabinet, mais je me suis retenu.
M. Côté (Charlesbourg): II dit: On a des surprises
à l'occasion, des...
M. Chevrette: C'est parce que M. Lamarche avait l'air tellement
sûr de sa source, ce n'est pas à moi qu'il a parlé.
M. Côté (Charlesbourg): On a des surprises
là-dedans. Les amis d'aujourd'hui, des fois, sont des ennemis de
demain...
M. Chevrette: Ah! Bien oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est vrai du monde
constitutionnel, c'est vrai ailleurs aussi.
M. Chevrette: C'est vrai. Je trouve que vous avez
évolué très vite sur le plan constitutionnel, vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que vous ne
m'avez pas véritablement connu. J'ai travaillé pour "mon non est
québécois" en 1980.
M. Chevrette: C'est vrai?
M. Côté (Charlesbourg): Bien sûr!
M. Chevrette: Mon non aussi, il ressemblait à ça.
Mais mon non n'a jamais voulu dire un oui, moi. Un oui, c'est un oui et un non,
c'est un non.
Le Président (M. Gautrin): Je pense que ce n'est pas
pertinent au débat...
M. Chevrette: Je pense que vous avez raison, M. le
Président.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un dossier urgent, M.
le Président
Le Président (M. Gautrin): Alors, on peut rentrer dans le
débat?
M. Chevrette: Oui. Donc, il est sur le point de se signer un
contrat-budget. Les centrales, il va y avoir des projets-pilotes?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Pas question de plier au "lobby" en ce qui regarde
les structures internes du réseau, mais la loi va s'appliquer, je ne me
souviens pas quel article on a lu avant le souper...
M. Côté (Charlesbourg): Article 146?
M. Chevrette: Article 145 ou 146...
M. Côté (Charlesbourg): L'article 149.26.
M. Chevrette: O.K., ça c'est clair. Par qui se donnent les
cours de formation en dehors de Montréal? Ce n'est pas par "l'institut"
Cotton... C'est par quel institut que ça se donne en dehors de
Montréal?
M. Côté (Charlesbourg): Cégep.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a des ententes dans chacune des
régions avec les cégeps?
M. Côté (Charlesbourg): II y a des ententes dans
chacune des régions.
M. Chevrette: Qui conclut les ententes avec les... Comme il n'y a
pas de régie au niveau des régions, qui conclut des ententes avec
les cégeps?
M. Côté (Charlesbourg): Des CRSSS. M. Chevrette:
Ce sont les CRSSS? M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: C'est un contenu de combien d'heures? 336
heures?
M. Côté (Charlesbourg): 180 heures
M. Chevrette: Est-ce que vous pourriez me dire combien
l'heure...
M. Côté (Charlesbourg): 160 $.
M. Chevrette: Ha, ha, ha! Vous m'avez vu venir...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: ...160 $ l'heure, le groupe? C'est sérieux
la question, par exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends.
Écoutez, je ne veux pas... Moi aussi, je suis un pêcheur de
saumon, donc je suis capable de voir des mouches. Évidemment, je ne suis
pas un saumon encore. Donc, je ne la prendrai pas. Ce sont des cours,
actuellement, de 180 heures...
M. Chevrette: 180?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, actuellement.
M. Chevrette: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): Le coût de l'heure, je
ne l'ai pas, mais je vais vous le faire parvenir.
M. Chevrette: O.K. Est-ce que vous pourriez, dans ce cas, M. le
ministre, me dire, dépendant des régions, quel est le
coût-heure-groupe?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Chevrette:
O.K.
M. Côté (Charlesbourg): Ça m'est disponible
mais...
M. Chevrette: Je pense que ça doit être facile parce
qu'un CRSSS doit conclure au niveau d'une région avec un seul
cégep, ça ne doit pas être... Même si dans certaines
régions...
M. Côté (Charlesbourg): Aussitôt que je
l'aurai, je ferai diligence pour vous le donner.
M. Chevrette: O.K. J'y compte beaucoup parce que ça peut
être formateur pour moi d'avoir ces coûts-là. On ne sait
jamais. Au niveau des régions, il y a seulement deux régions qui
sont tout près d'avoir des ententes au niveau d'une structure de
répartition. Est-ce qu'on pourrait me dire si, au moins, il y a des
discussions maintenant dans les autres régions?
M. Côté (Charlesbourg): O.K., non, parce que selon
le cheminement, ce qui était prévu, c'était d'abord deux
projets-pilotes qui devaient être approuvés par le Trésor
et qui le sont, et qui devaient s'implanter, puis par la suite,
possibilité d'extension. Donc, s'il y a des négociations
ailleurs, c'est de l'initiative de certains.
M. Chevrette: O.K. Est-ce que c'est vrai que le groupe de
Québec, la coopérative de Québec, est en demande au MSS de
200 000 $ de subvention pour corriger le contrat-budget, le contrat qu'elle a
de signé pour sa tôle? Vous n'êtes pas au courant?
M. Côté (Charlesbourg): Je regarde derrière
mon épaule et j'ai des signes de tête qui vont de gauche à
droite, qui signifient non.
M. Chevrette: Quelle est la différence entre le contrat
négocié avec le groupe de Québec, la coopérative de
Québec, et le contrat de Montréal?
M. Lamarche: C'est toute la différence inimaginable, parce
que dans le cas de Québec, comme dans le cas de l'ensemble des
régions à l'exclusion de Montréal, les budgets portent
à la fois sur le fonds salaire et sur la location des véhicules,
dans un cadre qui est davantage déterminé par le nombre de
transports qui sont effectués par des entreprises, tandis qu'à
Montréal le contrat qui est négocié est purement et
simplement un contrat de location de véhicules qui doivent être
disponibles en fonction de telles données, dans cinq points de service
déterminés par la corporation.
M. Chevrette: Oui. J'avais cru comprendre ça, mais je
voudrais savoir si, pour les véhicules, les montants horaires, par
exemple, prévus pour Montréal sont correspondants aux autres?
Oublions l'aspect fonds salaire. Je comprends que, vous autres, c'est une
structure qui paie les salaires, ce n'est pas pareil. Ce sont des
salariés du parapublic, péripublic, appelons ça comme on
voudra. Je comprends la différence, là, mais sur la
tôle.
M. Lamarche: Le contrat de Montréal, ce qu'il
prévoit, ce qui est versé aux entreprises ou à
l'entreprise, c'est exactement le même montant, plus la valeur de la taxe
de vente qui est versée aux entreprises en région pour acheter
des véhicules. Donc, c'est le même montant qui est versé
à la coopérative, à Montréal, par ambulance
autorisée au contrat. Ça veut dire à peu près 85
000 $.
M. Chevrette: Est-ce que l'achat de Desrochers, à
Montréal, figurait dans le budget de votre structure ou si ça
figurait dans une dépense gouvernementale?
M. Lamarche: L'achat de Desrochers?
M. Chevrette: Oui. Étant donné que ça s'est
fait le 15 juillet, vous avez dit, si j'ai bien compris, avant le souper,
là...
M. Lamarche: Oui.
M. Chevrette: ...vous m'avez dit que ça avait
été conclu le 15 juillet, alors qu'il y avait eu des
décisions de prises au début de juilllet. Est-ce que ces
dépenses-là d'achat ou d'immobilisations pour la structure ont
6té comptabilisées dans votre budget ou dans celui du
gouvernement?
M. Lamarche: Dans aucun des deux. La transaction s'est
effectuée entre la coopérative et le groupe Desrochers. La
coopérative a acheté aux mêmes termes et aux mêmes
conditions que l'ensemble des autres.
M. Chevrette: Ma question va s'adresser directement au ministre.
Est-ce que vous pourriez nous faire le portrait global, par écrit, du
fonds de développement coopératif? De quel ordre de grandeur le
fonds de développement coopératif est-il venu en aide aux
coopératives dans le domaine des ambulances au Québec? Je sais
que ça doit passer par le ministère de l'Industrie et du Commerce
probablement...
M. Côté (Charlesbourg): Du Commerce et de la
Technologie, oui.
M. Chevrette: ...mais étant donné que c'est
spécifique pour les corporations ou les coopératives, est-ce que
c'est possible d'avoir ça? Je le sais à peu près, à
l'oeil, mais c'est parce que...
M. Côté (Charlesbourg): Je vais me faire
l'intermédiaire auprès de mon collègue, M. Tremblay.
M. Chevrette: Oui, mais je suis convaincu que ça va
être très vite, c'est Trois-Rivières, Québec,
Montréal, puis on sait où.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Non, non. Je ne dis pas
ça parce que c'est un grand détour. J'ai dit: C'est avec plaisir
que je vais être te commissionnaire entre vous deux.
M. Chevrette: Oui, je pense que c'est à votre profit
aussi, autant qu'au mien. Je suis sûr de ça. Je peux continuer?
Parfait. Bon. Ça, ça va. Il me reste quelques questions,
j'achève, ne soyez pas impatients...
M. Côté (Charlesbourg): On est pris avec vous
jusqu'à 22 heures, de toute façon.
M. Chevrette: Oui, mais j'ai du monde d'invité, j'ai des
questions à poser, puis le président de la Corporation
d'hébergement du Québec est ici. Je ne le connais pas, mais on va
le connaître. J'ai quelques questions à poser.
Est-ce que je pourrais savoir du ministre, au niveau du Québec et
même de Montréal, ça inclut Montréal, quand il a
l'intention de mettre en application une des recommandations les plus
fondamentales de la réforme? Parce que votre collègue, à
chaque question que je posais durant tout le processus législatif
concernant la loi 34, me parlait des 825 heures. Je m'aperçois que,
présentement, on est à 180 en région, 336 à
Montréal, et que non seulement les 825 avaient été
mises de côté au niveau du programme, mais que vous savez
pertinemment que les 336, cela a été pigé,
décidé unilatéralement, en dehors du ministère de
l'Éducation, sans que la conférence des CRSSS ait
été mise dans le coup, et qu'on a décidé de mettre
336 heures après une entente entre un cégep qui s'est
créé, je ne sais pas, un genre d'institut qui est dirigé
par un coordonnât eu r sans autorité ayant trois ou quatre
chapeaux. En fait, ma question est assez claire: Quand est-ce que vous avez
l'intention de mettre 825 heures?
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, se rappeler un
certain nombre de choses qui m'apparaissent importantes à ce moment-ci,
pour ne pas déformer la formation davantage, la situer dans son cadre
important où effectivement, le ministère de l'Enseignement
supérieur a reconnu le syllabus du cours pour 825 heures.
M. Chevrette: Exact.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, c'est une chose
qui est faite.
M. Chevrette: D'ailleurs, je l'ai reconnu, ça.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord. Mais ce n'est
pas là où la déformation commençait, de mon point
de vue. Évidemment, tout le monde est libre de..!
M. Chevrette: C'est quand je me suis mis à mêler les
chapeaux.
M. Côté (Charlesbourg): ...le partager ou pas. Donc,
on est dans une situation où l'Enseignement supérieur a reconnu
les 825 heures, avec un cours très bien monté. L'application
s'est avérée un petit peu plus difficile, compte tenu des
ressources qui n'étaient pas nécessairement disponibles pour
l'implanter et compte tenu du temps que ça prend pour l'implanter. C'est
donc retourné vers un cours qui a reçu l'approbation du
ministère. Donc, quand on dit "fait hors des CRSSS", le ministère
est encore, à ce moment-ci, supérieur aux CRSSS, encore pour un
petit bout de temps.
M. Chevrette: Est-ce que ça a été fait par
écrit, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait avoir le...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, je peux vous donner une
copie de la lettre que le ministère a expédiée au niveau
de l'Enseignement supérieur et de la Science, reconnaissant le cours et
disant que le cours de 336 heures, ce n'est pas le cours traditionnel et
conventionnel de 336, mais un cours beaucoup mieux structuré, plus
étoffé, reconnaissant, du jugement du ministère de la
Santé et des Services sociaux, la validité, pour nous...
M. Chevrette: Ah! du ministère, pas de
l'Éducation?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
M. Chevrette: O.K. Donc, j'avais raison de dire, pas de
l'Éducation.
M. Côté (Charlesbourg): Les lettres ont
été expédiées par le ministère demandant au
ministère de l'Enseignement supérieur de reconnaître le
cours de 336 heures.
M. Chevrette: Mais ce n'est pas fait.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, c'est sur le point de
se faire. Parce que, moi aussi, je suis allé aux informations, je vous
ai suivi pendant une partie de l'après-midi, là. C'est le
ministère qui a donné l'autorisation de dispenser le cours. Mais
c'est un extrait du 825, il faut bien se comprendre. Il faut procéder
par étapes et l'objectif, à ce moment-ci, qui est toujours de
faire en sorte qu'on arrive avec les 825 heures, vous répondre
maintenant, je ne peux pas vous donner la réponse. Ça
m'apparaît très clair. Évidemment, j'ai pris des petites
notes, moi aussi, en cours de route, et je vais aller plus avant sur le plan de
l'information quant aux décisions éventuellement à prendre
à ce niveau-là. Mais c'était un des
éléments, à l'époque, qui étaient
importants. Il faut quand même être capable de les dispenser, ces
cours. C'est ça. Alors, évidemment, aussitôt que les
décisions seront prises, je vous les ferai savoir.
M. Chevrette: Qu'est-ce que vous répondez au fait qu'en
région il y a des points de service qui sont disparus par rapport
à la situation antérieure à la réforme et que, de
facto, les services s'en trouvent diminués?
M. Côté (Charlesbourg): ça m'achale un peu
d'entendre ça parce que l'essentiel, la très grande partie de
l'argent additionnel qui a été ajouté, l'a
été en région.
M. Chevrette: Ce sont des salaires.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est quand
même... Ça a beau être des salaires, mais c'est quand
même une stabilité d'emploi, une stabilisation de l'emploi qui est
extrêmement importante. Si mes souvenirs sont bons, de mémoire, il
y a au-delà de 40 000 000 $ qui ont été versés au
niveau des régions du Québec qui
doivent nécessairement ou normalement améliorer la
situation. Est-ce que, pour autant, ça veut dire qu'il n'y a pas une
rationalisation des points de services à avoir au niveau de l'ensemble
du rural? Je pense que oui. Ce n'est pas exclu. Ce n'est pas, non plus, un
drame. Il s'agit de voir, dans ces conditions-là, si, effectivement,
cette rationalisation crée des problèmes particuliers dans des
régions. Moi, je pourrais examiner ces situations-là. C'est
possible.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre, sur ce point précis,
vous aurez remarqué qu'un des premiers points que j'ai fait valoir
aujourd'hui, c'était qu'un des bienfaits de la réforme de la loi
34, c'était précisément l'équité salariale
en province. Je n'ai jamais mis ça en doute, au contraire, n'eût
été que pour ça, je trouvais que ça a toujours
été une excellente chose. Mais ceci dit, moi, en tout cas dans
mon propre milieu, il y a des points de service qui sont disparus. Un point de
service qui disparait, je pense, par exemple, dans le comté de Berthier,
à Sainte-Émélie-de-l'Énergie ou à
Saint-Jean-de-Matha, je peux me tromper dans l'endroit précis, mais il y
a un point de service qui disparaît et la qualité des services
s'en trouve... Il y a un creux, dès qu'une ambulance part dans ce
milieu-là, on crée un vide extrêmement important et
dangereux. Je suis allé dans l'Outaouais québécois, on me
dit la même chose, qu'il y a des points de service qui sont disparus,
qu'on ne peut plus maintenir à cause d'une négociation... Je ne
sais pas Des services qui existaient antérieurement et, à cause
de négociations... Je pourrais apporter les points précis...
M. Côté (Charlesbourg): Le point de service de
Saint-Jean-de-Matha est toujours là.
M. Chevrette: C'est peut-être Sainte-Emilie, dans ce
cas-là. Mais je sais qu'il y en a un des deux, parce qu'on me dit qu'il
manque trois postes permanents pour venir à bout de couvrir
adéquatement la région. Moi, remarquez bien que je ne peux pas
connaître le nombre précis de places à la grandeur du
Québec, là.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je pense que
dans des conditions comme celles-là, si le député a des
cas particuliers, on peut les regarder. De l'information des gens du
ministère, c'est qu'il n'y avait pas de points de service qui
étaient disparus. Donc, à moins qu'il n'y ait eu des
décisions prises par des CRSSS, à ce moment-là, puis que
le ministère...
M. Chevrette: Mais c'est effectivement vrai que ce n'est pas au
ministère que s'adressait la. C'est dans la négociation avec les
CRSSS Peut-être qu'on a demandé aux CRSSS de décider des
points de service à l'intérieur de leur région, mais... Il
y a au moins dans deux, même trois régions du Québec
où on me dit que la qualité des services aurait diminué
comme telle.
M. Côté (Charlesbourg): S'il y a des points de
service qui ont disparu, on va faire l'inventaire.
M. Chevrette: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'on est capables
de le faire avec les CRSSS. Je vous reviendrai avec et je vous donnerai les
raisons pour lesquelles ça aurait pu disparaître.
Le Président (M. Gautrin): J'ai actuellement une question
du député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Juste un commentaire, M. le
Président. C'est tout simplement pour apporter quelques clarifications.
Nous, dans l'Est du Québec, la réforme sur le service ambulancier
nous a permis d'avoir des employés qualifiés et qui pourraient
gagner leur vie. Il faut se rappeler - et l'ex-ministre des Affaires sociales,
à l'époque, le député de Joliette, devrait s'en
rappeler - que chez nous, dans certaines régions, on gagnait 1 $
l'heure, comme ambulancier, et évidemment, ça ne faisait pas des
familles très fortes...
M. Chevrette: Non, je pense que même...
M. Paradis (Matapédia): ...au niveau des ambulanciers.
Lorsqu'on a fait cette réforme, il y a peut-être un certain nombre
de choses qui n'ont pas été apportées dans toutes les
régions du Québec, parce qu'il y a des particularités dans
toutes les régions du Québec. Mais ça nous a permis
d'avoir des employés stables, qualifiés, de telle sorte
qu'aujourd'hui on a un service ambulancier, dans l'Est du Québec,
notamment de La Pocatière à Gaspé, qu'on peut qualifier de
tout à fait raisonnable et comparable à d'autres régions
du Québec. Ce qui n'était pas ie cas, auparavant, où on
devait avoir des employés qui avaient un "turnover" tout à fait
exceptionnel, parce qu'ils n'avaient pas un salaire suffisamment décent
pour rester chez nous. Dans ce sens-là, je pense que la réforme a
pu apporter certaines modifications pour permettre à nos employés
non seulement d'avoir une équité salariale vis-à-vis des
régions plus métropolitaines, mais d'avoir aussi des
employés qualifiés et, surtout et avant tout, d'avoir un service
aux bénéficiaires.
M. Chevrette: M. le Président, je pense que le
député de Matapédia n'apporte rien à ce que j'ai
apporté. J'ai personnellement commencé toute mon argumentation en
disant que s'il y avait un bienfait de (a réforme de la loi 34,
c'était l'équité salariale. Donc, je ne vois pas en
quoi...
M. Paradis (Matapédia): Je veux absolument
rappeler au député de Joliette que...
M. Chevrette:... c'est discordant et, deuxièmement, M. le
Président...
M. Paradis (Matapédia):... à l'époque
où il était ministre, il n'avait rien fait.
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que le
député de Joliette...
M. Chevrette: Je n'ai pas fini. Merci.
Le Président (M. Gautrin):... pourrait finir,
après, M. le député de Matapédia?
M. Chevrette: Deuxièmement, quand on parle d'une heure,
c'est complètement dans les carottes. C'est tout simplement la question
des disponibilités qui expliquait que les gens se couchaient à
côté de leur téléphone et regardaient l'heure, et
non pas les salariés réguliers de l'époque qui n'avaient
pas l'équité salariale avec Montréal mais qui avaient un
salaire. C'est très différent et il faut connaître le
dossier en détail pour savoir que c'est deux choses nettement
différentes. Ceux qui étaient en disponibilité par rapport
à ceux qui étaient salariés. Mais, cela dit, ça n'a
pas d'importance, la discussion ne portait pas du tout là-dessus. Depuis
le début, il y a une reconnaissance de ce
côté-là.
Moi, M. le Président, il y aurait... Je me souviens... Je
voudrais conclure sur le dossier par l'intervention suivante. Je me souviens
très très bien que toute la réformé de la loi 34 a
été basée sur l'amélioration de la qualité
des services. Et pour améliorer la qualité des services, il n'y
avait pas d'autre solution que de passer immédiatement à 825
heures de formation. Et ça, 825 heures de formation, c'était
disponible autant pour le monde rural et régional - dans les autres
régions du Québec - qu'à Montréal, et que les
grandes qualités ou les grands principes de la réforme,
après avoir formé notre monde, c'était d'en arriver
à avoir une main-d'oeuvre stable, et que l'amélioration de la
qualité des services s'ensuivrait immédiatement après. (20
h 30)
Rappelez-vous qu'il était temps d'enlever à des employeurs
privés, de gros méchants, de leur enlever la qualité des
services, parce que ça ne valait pas cinq cennes. Je m'en voudrais de ne
pas.....Je suis convaincu que M. le P. -D. G. d'Urgences-santé de
Montréal se rappellera d'un mémoire auquel il a assisté.
À une des pages de la fin, en annexe, on disait que les permis de ces
entrepreneurs ne valaient même pas 25 000 $, pour ensuite voir le RETAQ
négocier des sommes de 90 000 $ à 110 000 $ le permis pour s'en
porter acquéreur cependant. Et ça devait augmenter la
qualité des services d'une façon exceptionnelle.
Or, après un bon bout de temps, on se retrouve avec 336 heures
à Montréal, comrrie c'était le cas avec le
règlement antérieur, avec 180 heures en région, comme
ça a à peu près toujours été. Rien de
modifié.
On se retrouve également, M. le ministre, avec une structure qui
négocie des contrats horaires de formation, pour les 336 heures, de 160
$ heure-groupe, ce qui dépasse tout ce qui existe de plus cher au
ministère de l'Éducation, à 120 $.
On se retrouve avec des coordonnateurs sans autorité,
payés par Urgences-santé, où il y a une autorité
qui m'apparaît ambiguë. Un membre qui est à la fois membre du
conseil d'administration avec un rôle administratif d'application de
contrats, ou de supervision d'application de contrats, en plus de jouer un
rôle d'application, un rôle à jouer au niveau des
plaintes...
On se retrouve avec un temps de réponse stat à l'externe
de plus de cinq minutes et rendu à six, une détérioration
de l'ordre de 16 % à 17 %. On se retrouve, au niveau des appels,
à passer de 9, 77 à plus de 11 minutes,
détérioration encore au niveau du temps de réponse.
On se retrouve avec un nombre de véhicules... Malgré que
la flotte soit de 120 au lieu de 95 et malgré qu'elle soit
renouvelée à 70 véhicules KKK, on se retrouve avec des
problèmes de disponibilité de véhicules. Il se
déclare entre 25 % et 30 % de véhicules non disponibles le matin,
prenant jusqu'à cinq heures, six heures et quatre heures de
réfection avant de retomber sur le chemin.
On se retrouve avec des accusations non réfutées de manque
de contrôle des heures de repas, de manque de contrôle du temps
lors de transports émanant d'un établissement à un autre,
du manque de contrôle dans les disponibilités
déclarées suite à des visites à des centres
hospitaliers ou des centres d'accueil.
On se retrouve également avec des priorisa-tions à cause
du manque de ressources, priorisa-tions qui occasionnent un stress et, au dire
même de certains médecins d'Urgences-santé, qui
créent un problème, purement et simplement. À cause du
manque de ressources, on est obligés de procéder de la sorte,
alors que dans des endroits comme Toronto, on n'a pas ce même
phénomène, on n'a pas ce même rendement. on se retrouve,
par rapport aux normes américaines, avec une
détérioration, encore là, de 12% à 13%, alors qu'en
1986-1987 on se retrouvait à cinq minutes... 65 % des appels
étaient répondus dans cinq minutes. on est rendus à 52 %,
si ma mémoire est fidèle.
On se retrouve dans une série, suite à une réforme
qui se devait d'améliorer la qualité des services,
d'améliorer la qualité de formation des techniciens
ambulanciers... On se retrouve donc avec une détérioration. Aucun
pas de plus dans la formation. C'est le même règlement, nous a
dit le P.-D.G. Le P.-D.G nous a dit également qu'il ne niait pas
le temps de réponse qui s'était détérioré.
Il a dit ignorer les statistiques quant aux véhicules qui ne
répondaient pas le matin, il n'a aucunement précisé, dans
tout le questionnement, les modes de contrôle exercés par
Urgences-santé. De sorte que, M. le ministre, je pense qu'il nous faut
conclure qu'il faut absolument avoir l'oeil ouvert, vigilant, puisque 52 000
000 $ additionnels dans une réforme, en l'espace d'un an et demi ou deux
ans seulement, ce sont de gros sous, et les Québécois ne paient
pas pour voir leurs services ou la qualité de leurs services diminuer,
les Québécois ne paient pas pour voir la qualité de leurs
services rétrograder. Les Québécois, quand leur
gouvernement injecte 52 000 000 $ de plus, sont en droit d'exiger une
qualité supérieure, en termes de services. Même
l'égalité des services serait contestable, dans les
circonstances. On ne fait pas une réforme pour maintenir une
qualité de services, on fait une réforme pour l'améliorer,
et on constate qu'elle s'est détériorée.
Moi, je ne peux pas faire autrement. Je sais que ce n'est pas la
réforme du ministre, je sais que c'est une réforme qui a
été faite avant qu'il n'arrive. J'ose espérer qu'il aura
un oeil extrêmement vigilant sur cette structure et que son souci de voir
les deniers publics bien dépensés au niveau des centres
hospitaliers, dans les salles d'urgence... Si le ministre a cru bon de
créer des escouades tactiques stratégiques pour améliorer
les services dans les urgences, il n'hésitera sûrement pas
à créer au moins une petite escouade de contrôle au niveau
d'une politique qui est allée chercher d'un coup sec 52 000 000 $ et qui
voit la qualité des services se détériorer.
C'est un peu ça, le message que je veux passer au ministre
puisque, à toutes mes questions, il n'y a pas eu de contradiction,
à l'exception d'un cas où j'ai été ^contredit:
c'est quand j'ai donné un chapeau de 'trop à l'ami Cotton; trois
ou quatre chapeaux suffisaient.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
évidemment, devant une telle interprétation, le ministre ne doit
pas rester insensible et doit lui aussi donner son point de vue. J'étais
dans ce gouvernement qui a décidé, par la loi 34, de poser des
gestes assez importants à ce niveau-là. Faut-il se rappeler la
situation qui durait et que le député de Joliette, au temps
où il était ministre, a eu à vivre de manière assez
dramatique, dans des circonstances hivernales, même dans la
période des fêtes, à l'époque...
M. Chevrette: À Noël
M. Côté (Charlesbourg): ...si mon souvenir est bon
où, année après année, de manière assez
régulière, les Québécois étaient en droit de
se demander si, effectivement, on pouvait assurer une continuité dans le
service ambulancier à travers le Québec? Comme gouvernement, nous
étions l'objet, à de multiples reprises, compte tenu des
intervenants, d'une série de pressions qui faisaient en sorte qu'on ne
pouvait pas garantir la sécurité et la continuité du
service dans le domaine ambulancier.
La loi avait pour objectif, aussi, de stabiliser cette entreprise et de
tenter d'assurer cette continuité du service qui nous apparaissait
extrêmement importante. J'ai été, moi aussi, à
l'intérieur de notre gouvernement, un critique - c'est d'ailleurs, connu
- de ce projet de loi et, comme tout le monde, à partir du moment
où, dans un gouvernement, il faut faire des concessions, j'en ai fait,
et j'ai fait confiance à un certain nombre de personnes.
Il y a des conclusions qu'on se doit de tirer, à ce moment-ci.
Compte tenu du fait que j'ai été très passif dans les
échanges de cet après-midi - j'ai attendu, moi aussi - disant,
d'entrée de jeu, que je n'étais pas un spécialiste du
domaine et que je n'avais pas nécessairement pu consacrer le temps que
j'aurais souhaité consacrer à ce dossier, compte tenu d'autres
dossiers au ministère qui m'apparaissaient plus prioritaires... Une
chose m'apparaît extrêmement importante, à ce moment-ci.
C'est que, pendant les dix mois écoulés, en une petite occasion
seulement avons-nous été menacés de suspension de la
continuité du service.
M. Chevrette: Ça a failli y être aux
fêtes.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, ça a failli y
être aux fêtes.
M. Chevrette: 400 % de temps supplémentaire.
M. Côté (Charlesbourg): Pour quelques
répartiteurs, à l'époque, et j'ai été saisi
d'un certain nombre de choses, à l'époque. Je trouvais proprement
odieux qu'un petit groupe - je vous le dirai tel que je le pense - puisse
effectivement paralyser un système qui coûtait passablement cher
à l'État.
Dans ce contexte-là, après dix mois d'implantation d'un
nouveau régime qui, effectivement, reprend les principes qu'a
soulevés le député de Joliette, où il devait y
avoir amélioration de la qualité du service... C'est ça,
l'objectif, et c'est toujours ça, l'objectif. Il n'est pas
éliminé. Mais transférer des personnes en aussi grand
nombre, de structures un peu disparate, comme c'était auparavant, et les
ramener dans une structure où on a affaire à plus de 1000
employés sur un territoire, en particulier au niveau
d'Urgences-santé, un autre 1000 dans l'ensemble du Québec, on ne
sort pas ça du chapeau en criant lapin, amenez-le-moi, il va être
partait, immaculé, vierge, tout ce que vous voulez, et faire en sorte
que vous l'appliquiez
comme ça du jour au lendemain. Il faut laisser aux responsables,
tant dans le milieu rural, dans des régions du Québec, que dans
le cas d'Urgen-ces-santé, à Montréal, l'opportunité
de faire leurs preuves. Quant à moi, il m'apparaît très
intéressant que des échanges comme nous avons eu cet
après-midi puissent se faire: un questionnement serré. Et je
pense qu'avec la réforme, c'est davantage ça qu'on va avoir;
peut-être que M. Lamarche, dans ce sens-là, est un
précurseur de ce qui va arriver après la réforme, quand on
fera venir les CRSSS pour répondre aux questions des parlementaires.
Vous aurez un ministre moins actif, mais des gens qui devront répondre
de leur imputabilité vis-à-vis des gestes qu'ils ont
posés. Et ça, ça m'apparaît extrêmement
intéressant, évidemment, que de souscrire à ce
processus-là, c'est fantastique.
Oui, la formation demeure toujours un objectif très important.
Encore faut-il ne pas se limiter à dire qu'on va dispenser 825 heures et
qu'après ça, on va se gargariser de dire: Oui, ils ont eu 825
heures, mais on ne sait pas quelle est la qualité de l'enseignement
qu'on a dispensé. Il faut s'assurer que, s'il y a un syllabus de cours
qui garantit 825 heures à un individu et qu'il en sorte au bout de la
ligne mieux préparé, mieux qualifié et prêt à
répondre à n'importe quel genre de situation, il y ait aussi des
professeurs capables de dispenser ces cours-là de bonne manière,
avec tout ce qu'il faut en termes d'encadrement. C'est ce qu'on n'avait pas et
c'est ce qu'il faut tendre à avoir, à la fois dans le rural...
Parce que intervenir en urgence dans le rural, en régions comme en
ville, c'est le même patient qui a besoin de la même attention, la
même qualité du service et ça, ça m'apparaît
toujours extrêmement important.
Que de dire qu'il ne s'est rien fait, que ce sont les mêmes 336
heures, compte tenu des informations que j'ai, je ne partage pas l'idée
du député de Joliette. Ce sont 336 heures remodelées, qui
sont tirées des 825 qui, elles-mêmes, ces 825 heures, ont
été acceptées par le ministère de l'Enseignement
supérieur et de la Science. Évidemment, il y a du travail
à faire, ce que j'ai compris, au niveau des régions. Parce que de
336 à 180, au niveau des régions... Oui?
M. Chevrette: Si vous me permettez d'attirer votre attention, M.
le ministre, sur le danger que courent ces techniciens-là de ne pas
être accrédités, parce que le cours n'a pas
été reconnu avant.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous comprenez le sens de mes propos,
là-dessus?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. J'ai d'ailleurs pris
une note qui m'apparaît extrêmement importante. Je pense que
l'Enseignement supé- rieur, compte tenu de la pression que met
maintenant le ministère de la Santé et des Services sociaux et
qu'il est tiré d'un cours qui est déjà reconnu à
825... Enfin, je pense qu'on est dans une situation pour faire
reconnaître la qualité du cours et la qualité de
l'enseignement.
Ce que je comprends, c'est qu'il faut encore en mettre davantage sur le
plan de la formation. Il y a des efforts à faire, de ce
côté-là. La stabilité au niveau de la main-d'oeuvre,
nous l'avons atteinte. Et c'est quand même un pas extrêmement
important, un peu partout à travers le Québec, qu'il y ait des
effets bénéfiques à ce niveau-là.
Il y a un questionnement au niveau du temps de réponse, et je
pense que, dans ce cas-ci, M. Lamarche a donné des réponses
très honnêtes, compte tenu des statistiques qu'il nous a
livrées, tentant de donner des explications, compte tenu d'un contexte
particulier où il faut en arriver à une structure. Tout le monde
convient qu'il faut tendre vers une amélioration de ce temps de
réponse.
Des contrôles, on va en instaurer aujourd'hui et on va en avoir
besoin d'autres demain. Des contrôles, ça en prendra tout le temps
et je suis de ceux qui pensent qu'on doit en installer partout à travers
le système et, par conséquent, qu'on doit en installer partout
à travers le Québec, au niveau du système que nous mettons
en place actuellement quant à la desserte des services ambulanciers. 52
000 000 $ additionnels, oui, mais 43 000 000 $ dans les régions du
Québec, ce n'est pas imputable à Urgences-santé. Donc,
approximativement plus ou moins 10 000 000 $ à Urgences-santé,
dont les explications ont été données quant aux
conventions collectives, quant à différents intervenants, 3 200
000 $ pour l'achat de permis, qui fait en sorte que ce ne sont pas des sommes
additionnelles qui ont été données à
Urgences-santé pour être capable de remplir son mandat. (20 h
45)
Au-delà de tout cela, il y a quand même des constatations
qu'il faut faire par rapport à l'Ontario, où le coût moyen
- ça a déjà été dit et il s'agit
peut-être de se le rappeler ici - est de 26,36 $ per capita, alors qu'au
Québec on en est à 21,97 $ quant à des services qui sont
dispensés. Ça n'explique pas tout et ça ne veut pas dire,
parce que ça nous coûte moins cher chez nous, qu'on doit en avoir
moins et qu'on doit avoir des standards moindres sur le plan de la
qualité du service à offrir. Je pense que c'est ça,
l'objectif. Quant à moi, je fais confiance à
Urgences-santé pour apporter quelques correctifs. Et il faut aussi leur
apporter, quant à nous, du ministère, tout le support qu'il faut,
y compris du ministère, finalement, pour faire en sorte qu'on puisse
corriger les choses qu'il reste encore à corriger; il y en a. Et je n'ai
pas compris, dans les propos de M. Lamarche, qu'il
n'y en avait pas à corriger. J'ai compris qu'il y en avait
à corriger et que c'est dans ce sens-là qu'on devrait aller.
Alors, au-delà de tout ça, c'est une expérience
qu'il faut, bien sûr, continuer de suivre de très près et
s'assurer, lorsqu'on reviendra l'an prochain, que le ministre lui-même
puisse répondre aux questions, dans la mesure, très claires.
Maintenant bien embarqué dans le dossier, comme il ne l'était pas
jusqu'à maintenant, il va accepter la collaboration qui a
été offerte au ministre par Urgences-santé depuis le
début. Mais je leur ai dit: Menez votre barque; on se verra un de ces
jours, quand j'aurai le temps, et on va trouver le temps de se voir,
finalement, d'accorder nos flûtes à ce niveau-là et de
tenter de livrer aux Québécois un service de qualité. Si
on peut le faire à moindre coût, c'est clair qu'on va le faire
à moindre coût, quant à moi. Si on est capables
d'économiser ailleurs et qu'on est capables d'économiser
là, on va le faire. C'est dans cet esprit que ça va se faire,
bien sûr, en n'ayant pas peur de questionner et de vérifier.
Alors, c'est ce qu'on va faire.
M. Chevrette: Si vous me le permettez, M. le ministre, tout au
moins, avec des sommes additionnelles, de maintenir, au moins, la
qualité antérieure. C'est un minimum.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, sauf que pour
être juste, vous avez Urgences-santé... On doit se dire que, dans
son cas, il n'y a pratiquement pas eu de sommes additionnelles, quant à
la dispensation des services, au niveau de 10 000 000 $...
M. Chevrette: Oui, mais là-dessus, si vous me le
permettez, M. le ministre...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Chevrette: ...il était temps que les régions du
Québec aient droit à une équité dans les services
ambulanciers. Ce n'est pas parce que tu es dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
dans la Beauce, sur la Côte-Nord, en Gaspésie, dans
Laurentides-Lanaudière que les techniciens ambulanciers peuvent
travailler à des salaires a minima ou encore dans des
disponibilités à 1 $, pour ceux qui faisaient ça comme
extra dans leur milieu. Mais qu'on sache très bien que c'est normal.
S'il eut fallu qu'on mette encore plus d'argent à Montréal, je
pense que les gens, que les citoyens du Québec auraient eu droit de
maugréer très fortement.
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour ça que,
là-dessus, je rends hommage à mon collègue Dutil qui, lui,
l'a fait, parce que ça fait partie des bons coups, aussi. S'il y en a eu
des mauvais, il y en a eu des bons et, dans ce sens-là, quand on dit
qu'il y a très peu d'argent qui s'est ajouté à
Montréal, bien sûr que c'est en fonction d'une restructuration
aussi des services qui sont donnés. Dans mon livre à moi, je ne
connais pas un seul dirigeant d'organisme aussi important que celui-là
qui ne veut pas une amélioration sensible de la situation. Dans ce
cas-là, je suis pleinement convaincu qu'on pourra compter sur la
collaboration du personnel dirigeant. Mais si on ne peut pas compter sur le
personnel qui y travaille quotidiennement, on a aussi des problèmes,
parce que je ne connais pas un D.G., un P.-D.G. qui va pouvoir lui-même,
et seul, améliorer les standards qu'on s'impose. Ça prend une
collaboration très étroite de l'ensemble des travailleurs, des
médecins, des infirmières, des techniciens et techniciennes,
finalement, de l'ensemble du personnel qui est sur le terrain et qui offre ces
services-là.
M. Chevrette: Je demeure convaincu, M. le ministre, qu'une des
clés, c'est de ne pas avoir laissé aux usagers une plus large
part de la décision. Le grand reproche qui a été fait dans
toute cette réforme - je comprends que vous n'êtes pas
placé pour la commenter tellement - un des grands reproches, c'est
d'avoir laissé à un groupuscule le pouvoir complet sur le
système ambulancier à Montréal, ou d'avoir laissé
dans les mains de quelques personnes le pouvoir de gérer ça
à peu près à leur guise, au lieu d'avoir laissé
ça à une administration publique, comme l'est un peu le
réseau. Le réseau de la santé, dans tous les secteurs, que
ce soit en CLSC, en CSS, les centres d'accueil, on sait que c'est un ensemble
d'individus qui gèrent cette entreprise de santé, si vous me
permettez l'expression, en fonction du mieux-être de la
collectivité, et il ne faut pas laisser entre les mains d'une ou deux
personnes le pouvoir exclusif de mener ça à leur façon. Et
c'est peut-être ça.
Je sais que c'est difficile, je n'en disconviens pas, de pouvoir
répondre à cette approche. Moi, personnellement, je me suis
impliqué comme peu de personnes se sont impliquées dans ce
dossier, et vous en savez quelque chose. Je l'ai fait en toute netteté,
à partir de principes fondamentaux. Entre autres, le droit à
l'expropriation juste et correcte, d'abord pour ceux qui étaient des
propriétaires fonciers, à l'époque, d'entreprises qui
avaient des valeurs. On sait, on se rappellera que tout le monde était
prêt à nier, certains individus étaient prêts
à nier le droit même à l'expropriation de leur propre
entreprise, et qu'ils considéraient que ça ne valait pas de la
"schnoutte", permettez-moi l'expression - c'est le cas de le dire, que
ça ne valait rien, ces entreprises-là - alors que pour arriver
à leurs fins, ça a valu du jour au lendemain quelque 100 000 $ le
permis. Suite à la commission, on a fait un travail utile, je pense,
à cette commission-là, parce qu'on a fait reconnaître le
droit de
propriété à des individus qui, de bonne foi, et
très honnêtement, avaient acquis un droit de
propriété et un permis d'oeuvrer. Et ceux-là même
qui ne reconnaissaient pas de valeur ou de permis, pour leurs fins à
eux, se sont mis à reconnaître des 100 000 $, 110 000 $ le permis,
ce qui a été bien extraordinaire pour ceux qui avaient acquis ces
propriétés correctement, là, et qui constituaient des
organismes ou des entreprises de famille, dans bien des cas, qui,
honnêtement, se débrouillaient.
Comment il se fait que, du jour au lendemain, ce qui roulait carosse,
ça n'avait pas de maudit bon sens - et qui devait être
laissé pour compte, parce que c'étaient des criminels qui
achetaient des véhicules plus ou moins bons, et la CSST devait
complètement laisser tout ça - même avec des KKK flambant
neufs, le rendement n'est pas plus efficace sur le terrain? Et la crainte
fondamentale que j'ai, M. le ministre, c'est que ceux-là mêmes qui
ont procédé à ça en arrivent à leur vision
personnelle et finale, à savoir que le jour où ça ne
fonctionnera pas dans la taule, ils iront vous mener les clés. C'est le
seul, c'est un des seuls aspects qui n'a pas été
réalisé, dans tout ce que j'ai dit. Je ne souhaite pas que
ça vous arrive non plus, parce que la collectivité n'a pas le
droit de payer pour les vues de certains individus qui avaient des desseins
bien personnels dans ça.
M. Côté (Charlesbourg): II y a des choix qui ont
été faits, et pas par la porte d'en arrière, vous le
savez, mais par la porte d'en avant, avec un projet de loi qui a
été âprement discuté en commission parlementaire, en
Chambre, et qui a fait l'objet de multiples pressions de part et d'autre. Et le
gouvernement a fait un choix qui est celui-là, la loi 34, qui
aujourd'hui s'applique et va continuer de s'appliquer. Et à partir de ce
moment-là, je pense, c'est une jeune organisation qui vient de se
restructurer, qui a dix mois d'existence et qui, partout à travers le
Québec, compte sur 2000 employés. Ce n'est pas une mince
tâche que de recoller l'ensemble de ces intervenants, parler de
formation, parler de temps de réponse, parler de contrôles...
Ça m'apparaît être un dossier très important, et on
n'a qu'à regarder des grandes entreprises qui fusionnent. Combien de
temps ça dure, sur le plan de retrouver l'équilibre
souhaité ou l'objectif de départ? Et ça, je pense que
ça prend un certain temps. Et soyez sûr d'une chose, c'est que,
moi, je suis encore prêt à laisser du temps à
Urgences-santé et au système un peu partout à travers le
Québec de se stabiliser, compte tenu des objectifs de départ
quant à la qualité du service à améliorer. Et si la
qualité du service, l'an prochain, à pareille période,
n'est pas revenue... Il y a des indications qui nous permettent de croire
qu'elle s'en vient, compte tenu du fait que dans les quatre derniers mois, au
niveau d'Urgences-santé, il y a des choses qui commencent à se
replacer, qui me paraissent donner le signal d'un certain nombre de choses qui,
déjà, commencent à donner des résultats
intéressants, mais qu'il fallait prendre le temps d'implanter. Si,
à pareille date l'an prochain, dans le même exercice - parce que
je connais votre perspicacité, et vous connaissez aussi un peu la mienne
- on devait se retrouver devant une pareille situation où il n'y a pas
d'amélioration sensible par rapport aux objectifs de départ, bien
je pense qu'on va se parler dans le casque à trois certain, et il va y
en avoir deux du même bord, cette fois-là. Vous ne serez pas tout
seul, je vous le dis, là, et ça, je pense que les gens me
connaissent assez, maintenant, pour savoir que ça peut arriver. Dans ce
sens-là, je comprends que la balle est dans le camp, à la fois
d'Urgences-santé, et à la fois aussi des officiers
supérieurs du ministère, qui ont la responsabilité de
l'équité du service à travers toutes les régions du
Québec. Et ça, c'est un acquis très important de cette
réforme-là qu'il faut saluer - vous l'avez fait - qu'il faut
continuer de saluer, qu'il faut aussi protéger dans l'avenir, parce que
c'est la qualité du service qui en dépend.
Je vais peut-être, en terminant, remercier M. Lamarche, de
s'être prêté à un exercice... J'ai vu dans vous deux
des gens formés par les syndicats, deux négociateurs qui
n'avaient pas peur de se poser des questions puis d'y répondre. C'est,
encore une fois, l'expression la plus importante sur le plan de la
démocratie, de pouvoir questionner, puis de pouvoir répondre.
M. Chevrette: Je voudrais peut-être rassurer M. Lamarche,
parce que j'ai ouï-dire qu'il était à la recherche et
à la conquête de mes sources. Elles ne sont pas de la fonction
publique, M. Lamarche. Donc, cessez de fouiller dans votre entourage, sinon
vous risquez de verser, comme certains hauts fonctionnaires, dans la chasse aux
sorcières.
M. Lamarche: Non, je ne suis pas à la recherche de vos
sources, mais je connais les documents que vous avez et je les reconnais. Je
voulais tout simplement vous dire que si vous avez beaucoup d'information, mais
que vous nécessitez un complément d'information, vous pourrez
toujours me téléphoner, je pourrai aussi vous renseigner....
M. Chevrette: C'est sûrement ce que je vais faire. Ha, ha,
ha!
M. le ministre, en plus de remercier les gens qui se sont
prêtés à cet exercice, j'aurais quelques questions
particulières avant de garder les trois quarts d'heure à la fin
pour les dépassements de coûts, je voudrais vous poser une
question sur... M. Lamarche peut disposer, s'il doit disposer...
Le Président (M. Gautrin): M. Lamarche. au nom de la
commission, nous tenons à vous remercier d'avoir...
M. Lamarche: Je remercie la commission de m'avoir entendu.
M. Chevrette: Merci!
Le Président (M. Gautrin): À l'an prochain
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Est ce que vous voulez l'Office
des...
Dossier du centre hospitalier LaSalle
M. Chevrette: Non, c'est quelques dossiers... Je voudrais parter,
d'abord, d'un centre hospitalier bien particulier, je voudrais vous parler du
centre hospitalier LaSalle...
Une voix: Oui.
M. Chevrette: ...qui a fait l'objet d'une inauguration de vos
ex-collègues, Mme Lavoie-Roux et M. Gobeil, qui ont planté la
pelle ronde, quasiment jusqu'au manche, pour dire que ça se
construisait, la photo, le "kit", toute la publicité qui entourait
ça. On sait d'abord, qu'il y a au-delà, de 25 000 personnes qui
ont signé une pétition...
Le Président (M. Gautrin): 27 000.
M. Chevrette: 27 000, voyez-vous, c'est bon d'avoir un
député pas loin. Ils sont là au moins pour compter les
pétitionnaires. Vous allez m'appuyer tantôt?
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr.
M. Chevrette: Parfait. Merci! Donc, M. le Président va
m'appuyer. 27 000 pétitionnaires sur un bassin de population de 80 000,
si je ne me trompe pas, 80 000 qui se sont vu promettre, depuis des
années, au moins 125 à 128 lits, qui ont eu un engagement de
l'ordre de 27 000 000 $, ferme, formel, qui a fait l'objet de beaucoup de
publicité en pleine campagne électorale, et avant même les
campagnes électorales, et pour avoir... Je connais très
très bien ce secteur, M. le Président, ce n'est pas un milieu
économiquement superriche, loin de là, il y a un bassin de
population qui requiert ces services-là, à mon point de vue, pour
répondre à la concrétisation de cet engagement
électoral, d'autant plus qu'on a fait rêver la population. Il n'y
a personne qui a demandé à M. Gobeil et à Mme Lavoie-Roux
d'aller planter la pelle ronde là. Je pense qu'ils étaient
conscients de ce qu'ils faisaient, d'autant plus que Mme la ministre
elle-même était la ministre de la Santé et des Service
sociaux. À quand la réalisation? Est-ce pour bientôt? Trop
bas, trop haut, trop tard ou bien très tôt? (21 heures)
M. Côté (Charlesbourg): C'est un dossier qui n'est
pas un dossier facile et qui fait appel à la culture des
décisions passées du ministère quant au projet
d'investissements dans le domaine des centres hospitaliers ou du centre
d'accueil et d'hébergement. Je ne nie, d'aucune manière, les
engagements pris, les photos, la pelle sur le terrain, d'aucune manière
les engagements pris par ceux qui m'ont précédé dans les
responsabilités que j'occupe ou ceux qui ont occupé des fonctions
ministérielles, et qui étaient membres du gouvernement à
l'époque. Il y a un certain nombre de choses qu'on peut se dire.
L'élément qui fait que 80 000 personnes demeurent à
LaSalle ou dans le rayon d'influence de l'hôpital, ça
m'impressionne, mais juste un peu. Oui, parce que j'en ai 72 000 à
Charlesbourg, puis je n'ai pas d'hôpital. Est-ce que, parce que j'en ai
72 000 à Charlesbourg, j'aurais besoin d'un hôpital? Si c'est
ça la règle, dorénavant, je pense que ce n'est pas
très impressionnant comme qualité de gestionnaire, puis ce n'est
pas parce qu'il y en aurait 100 000 non plus que ça signifie que
ça prend un hôpital. Dans le cas de IHe de Montréal, comme
dans le cas de Charlesbourg, on n'est pas dans des régions
éloignées ou dans des régions qui, regroupant un nombre
aussi important de personnes, à ce moment-là,
nécessiteraient à coup sûr un hôpital. Je pense qu'il
y a des distinctions à faire très très nettes à ce
niveau-là, et ce n'est pas un critère, quant à moi, la
population, que je retiens pour dire oui ou non à l'implantation d'un
hôpital.
Au-delà de tout ça, 27 000 signataires d'une
pétition, c'est important. Bien sûr que c'est important, on ne
réussit pas à mobiliser 27 000 personnes... Bien sûr, c'est
un travail considérable que les gens ont fait, puis je le respecte comme
étant une volonté du milieu manifeste de l'expression de besoins
qu'eux-mêmes ont identifiés, puis qu'ils veulent obtenir,
évidemment, aussi, de la pression sur le gouvernement, pour que les
engagements pris antérieurement par ceux qui m'ont
précédé soient respectés. Ce qu'on a vu dans, le
cas de l'hôpital LaSalle, jusqu'à maintenant, ça a
été, bien sûr, l'autorisation d'un processus qui s'inscrit
à l'endroit suivant, et on va se le situer. D'abord, une volonté
d'un centre hospitalier de faire un plan fonctionnel et technique qui, lui,
chemine vers une autorisation d'étude pour aller plus avant quant
à l'identification des coûts reliés à ce que vous
voulez faire comme plan fonctionnel et technique. Donc, étude, choix de
professionnels qui vous permettent de faire des études plus avant et
d'identifier un coût qui approche de la réalité, si vous
aviez à le réaliser au moment où vous faites
l'étude. C'est ça que Mme Lavoie-Roux est allée
annoncer, dans un premier temps; c'est ça dans l'historique que
j'ai vu et, par la suite, bien sûr... Non, non, laissez-moi finir.
M. Chevrette: Je n'ai pas dit un mot. J'ai le droit d'avoir des
signes dans ma face.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. M. Chevrette:
J'espère!
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair. Des signes de
piastre!
M. Chevrette: Non, mais c'est bien plus qu'un signe de
piastre.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, attendez un petit
peu...
M. Chevrette: II y a même des doutes dans l'expression de
mon visage.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Par contre, je ne veux
pas faire en sorte de me méprendre quant à vos signes de
tête de haut en bas, parce qu'il y a déjà un autre
parlementaire qui s'est pris avec votre chef là-dessus, puis je ne
voudrais pas en être là.
Il y a eu, sur le plan historique, cette première annonce qui a
été faite par Mme Lavoie-Roux et il y a eu, par la suite, bien
sûr, avec mon collègue Gobeil et Mme Lavoie-Roux, une
signification très certaine et approbatrice d'une décision qui
devait venir et d'un document qui était au Trésor, mais qui n'a
jamais été entériné par le Trésor. Donc, un
C. T. qui a été expédié au Trésor mais qui
n'a jamais fait, d'aucune manière, l'objet, jusqu'à maintenant,
d'une acceptation par le Trésor. On est donc dans une séquence
où le projet lui-même est parti d'un plan fonctionnel et
technique, a reçu l'approbation, au niveau des études, quant
à l'identification des coûts et, troisièmement, a fait
l'objet d'un C. T. de réalisation et expédié au
Trésor, donc, inclus à l'intérieur d'un PAI et
expédié au Trésor pour un C. T. d'exécution qui,
lui, n'a jamais reçu l'étampe et l'approbation du Conseil du
trésor. Lorsque je suis arrivé au ministère, je me suis
retrouvé dans la situation où le dossier était au
Trésor et il n'avait pas reçu encore l'approbation, le
Trésor ayant décidé, en. campagne électorale, de ne
pas approuver ce genre de projet là et de le reporter après les
élections.
Arrivant au ministère, comme dans tous les projets, j'ai
questionné personnellement sur un certain nombre de projets. J'ai
demandé sur quelle base on les faisait et le ministère avait, en
cours d'élaboration, un bilan lits longue durée et courte
durée. Moi, j'ai dit: Dorénavant, lorsqu'on va décider de
projets, on va les décider en fonction d'un bilan lits courte
durée et longue durée, dépendamment de nos besoins, et le
faire en fonction des besoins spécifiques d'une région et aussi
dans les territoires des MRC puisque ça deviendra éventuellement
les territoires de référence. Et, pour vous dire toute la
vérité, dans le plan triennal d'immobilisations 1989-1992, j'ai
retiré le projet de LaSalle du Trésor. C'est moi qui l'ai
retiré, en attendant, comme raison - et c'en est une bonne - mon bilan
de lits courte et longue durée, parce que d'aucune manière je
n'aurais pu justifier au Trésor l'ajout de sommes aussi substantielles
sans avoir entre les mains le bilan de lits qui aurait justifié ou qui
allait justifier l'implantation du projet à la ville de LaSalle.
M. Chevrette: Sur l'île de Montréal, est-ce que vous
n'aviez pas en main un rapport vous disant que c'est au niveau du DSC de
Verdun, dans ce coin-là, qu'il y avait le besoin le plus criant et
urgent de lits de courte durée?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Sauf que si on joue une
région, on va jouer une région. C'est vrai qu'au niveau de
l'île de Montréal, quand on parle de besoins, on a parlé
longtemps de surplus de lits courte durée. Et ça, c'était
très clair dans les bilans, et à partir du moment où vous
vous présentez au Trésor avec... Et je ne blâme pas le
Trésor, parce qu'il faut avoir des instruments, aujourd'hui, pour
être capable de ne pas ajouter des lits dans des régions où
on en a de trop. Cependant, lorsque vous disséquez les chiffres par
sous-région ou par département de santé communautaire, par
DSC, on est, dans ce territoire-là de l'île, en carence, en
déficience. Donc, à partir du moment où, au niveau de
l'île, vous êtes en surplus et que vous êtes en
déficience dans un département de santé communautaire, la
première question - et c'est vrai qu'elle doit se poser - si on est en
surplus au niveau de l'île, c'est: Où ferme-t-on des lits pour
permettre d'en ouvrir à la ville de LaSalle? Et, dans ce sens-là,
il y a une logique tout le long, et c'est moi qui ai retiré le dossier
de la ville de LaSalle du Trésor. Je ne m'en suis jamais caché.
Ça a été très clair auprès de ma
collègue des Communications qui s'informe chaque jour où en est
rendu son dossier...
Une voix: Mme Frulla-Hébert.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Et d'autres
députés du secteur qui s'intéressent à ce
dossier-là, parce que c'est un dossier qui était connu presque
mondialement, maintenant. Ce que nous allons faire, compte tenu maintenant que
nous avons sorti un extracto du bilan de lits actuel, au niveau de la
région de Montréal, qui demeure toujours à être
validé par le Conseil du trésor... J'ai décidé,
maintenant, de refaire, à partir d'un bilan de lits qui est temporaire,
mais qui montre, effectivement, que nous pourrions justifier l'im-
plantation de lits... Je vais donc retourner au Trésor, avec le
C. T. d'exécution, pour le défendre, mais ayant entre les mains
des éléments très importants qui me permettent, à
tout le moins, d'avoir une chance de passer à travers.
M. Chevrette: C'est quoi, l'échancier?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez D'ici,
normalement, à une semaine, dix jours, le C. T. devrait être
expédié au Trésor pour fins d'analyse. J'imagine que pour
eux, ça ne devrait pas être très long. Ils ont juste
à prendre une copie de ce qu'ils ont fait et de l'ajuster, compte tenu
des nouveaux chiffres. Je ne suis pas sûr que c'est aussi...
M. Chevrette: Demandez ça à M. Dicaire, il est
habitué au Trésor.
M. Côté (Charlesbourg): Très bon
conseiller
M. Chevrette: Je n'en doute pas.
M. Côté (Charlesbourg): Très bon
conseiller.
M. Chevrette: J'ai déjà fait face à eux
autres souvent...
M. Côté (Charlesbourg): Moi aussi...
M. Chevrette: Pour un ministre de la Santé, aller au
Trésor, ce n'est pas drôle!
M. Côté (Charlesbourg): Je dois vous dire que moi,
j'ai eu beaucoup de plaisir, pendant trois ans et demi, à
défendre des dossiers de l'OPDQ au moment où M. Dicaire
était responsable des dossiers de l'OPDQ. Donc, on se connaît
bien.
M. Chevrette: Oui. Moi, j'ai eu affaire à un autre. Je
vous en reparlerai.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. On se complète
bien, maintenant, au niveau du ministère. Donc, normalement, d'ici
à une dizaine de jours, le C. T. devrait être
expédié au Trésor et, par la suite, il sera entre les
mains du Trésor.
M. Chevrette: Le député de Gouin pourrait
peut-être poser quelques question, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): M, le député de
Gouin?
M. Boisclair: Merci. C'est un dossier. M. le ministre... J'ai eu
l'occasion d'aller rencontrer les gens du comité de citoyens qui font
circuler cette fameuse pétition. J'ai été rencontrer les
gens de la direction générale de l'hôpital II n'en demeure
pas moins que si on enlève, si je ne me trompe pas, les lits pour les
soins de maternité, ce sont uniquement 35 lits de courte durée
qui demeurent pour une population d'environ 90 000 habitants. Vous avez
répondu, pour l'agrandissement des 125 lits supplémentaires... Il
y a cependant une demande qui avait été reconnue et
autorisée: 2 500 000 $ pour sécurité et
vétusté. Je pense qu'il s'agissait d'une simple visite pour vous
convaincre des besoins là-bas, des murs qui craquent, problèmes
de chauffage, problèmes de sécurité.
M. Côté (Charlesbourg):... centre hospitalier?
M. Boisclair: Toujours LaSalle.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! O. K. Excusez.
M. Boisclair: Toujours LaSalle, une demande de 2 500 000 $ pour
sécurité-vétusté. Est-ce qu'il y a de ce
côté-là...
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, ça
m'ap-parart très clair. C'est un projet.
M. Boisclair: Parce que vous avez fait plusieurs annonces
récemment pour...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, parce qu'on a
débloqué des dossiers de manière assez importante. Quand
on a dit qu'on passerait à l'action, j'ai décidé qu'on
déblaierait les dossiers. On en a débloqué plusieurs dans
ce secteur-là aussi...
M. Boisclair: On en a débloqué plusieurs.
M. Côté (Charlesbourg):... dans la région de
la Mauricie, encore tout dernièrement, de telle sorte qu'il puisse y en
avoir un peu partout à travers le Québec là où il y
a des besoins. Dans ce cas-ci, c'est sûr que c'est un hôpital qui,
sur le plan de la sécurité-vétusté, a des
problèmes. Ce que les gens ont voulu à l'époque, c'est
à la fois avoir sécurité et vétusté et avoir
l'ajout de lits.
M. Boisclair: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Si on avait
été dans une situation où l'hôpital avait fait
sécurité-vétusté, probablement que le projet serait
en phase terminale de réalisation, si ça avait été
uniquement sécurité-vétusté. Mais on a
ajouté du développement à la demande et ça,
évidemment, c'est des... Les gens étaient pleinement conscients
de ce que ça impliquait comme démarche additionnelle. Quant
à moi, si jamais le Trésor devait dire non à une
démarche comme celle-là et avec ses raisons... On peut facilement
dire demain matin: C'est la responsabilité et la faute du Trésor
qui dit non. Mais ça demeure quand même une responsabilité
gouvernementale de bien
gérer les sommes d'argent et de bien les affecter. Jamais,
d'aucune manière, quant à moi, je ne lancerai le blâme sur
le Trésor. C'est à nous d'arriver avec les arguments et de
choisir les bons projets.
Donc, dans ce cas-ci, dans la mesure où c'est un oui au projet,
ça vient de régler l'ensemble du projet. S'il y avait des travaux
nécessaires avant même que l'ensemble du grand oeuvre soit
exécuté, bien sûr qu'on est toujours ouverts à faire
ce qu'il y a à faire. Sauf que les gens craignaient à
l'époque que, si on faisait
sécurité-vétusté, il n'y ait jamais de
développement.
Le Président (M. Gautrin): Merci.
M. Chevrette: est-ce que votre c.t. sera du même ordre de
grandeur quant aux besoins de lits de soins de courte durée, à
savoir 125 ou 128, peu importe? mais est-ce que c'est de même nature que
le c.t. sera présenté au conseil du trésor ou s'il
pourrait être amendé? c'est le même projet.
M. Côté (Charlesbourg): Même projet.
M. Chevrette: Seulement légitimé d'une autre
façon.
M. Côté (Charlesbourg): Par le bilan de lits qui,
lui...
M. Chevrette: Par rapport, par exemple, à un
éventuel déménagement de l'Hôtel-Dieu...
M. Côté (Charlesbourg): Non
M. Chevrette: ...qui recrée un équilibre de lits ou
bien quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez.
M. Chevrette: Quels sont les arguments? Aidez-moi un peu.
M. Côté (Charlesbourg): C'est qu'avant on avait un
bilan de lits que le Trésor contestait.
M. Chevrette: O.K.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, avec différentes
sources...
M. Chevrette: Comme ils font souvent.
M. Côté (Charlesbourg): ...qui, dépendam-ment
des directions du ministère, ne donnaient pas les mêmes
chiffres.
M. Chevrette: O.K. Ça, je connais ça.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, on boitait un
petit peu de votre temps, et d'un temps il n'y a pas tellement longtemps.
M. Chevrette: Ça n'a pas changé, ça.
M. Côté (Charlesbourg): Non. À partir de
ça, on a maintenant un bilan de lits qui tient compte des facteurs de
vieillissement de population, donc nécessitant plus de soins, et des
jeunes qui en nécessitent davantage aussi. Donc, on tient compte de la
population, du vieillissement de population et des heures de soins requises
compte tenu que plus ça vieillit, plus ça en prend; plus c'est
jeune, plus ça en prend aussi.
M. Chevrette: Ils redeviendraient donc dans le PAI de
1990-1991?
M. Côté (Charlesbourg): Définitivement.
M. Chevrette: Parfait. Merci. Deuxième chose,
monsieur...
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre, je tiens
à vous remercier pour l'information que vous...
M. Chevrette: Je vous le permets 100 milles à l'heure.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Je pense que par rapport
aux gens de LaSalle et aux personnes qu| se sont battues avant, c'est une
information qui est très bienvenue et très utile.
M. Côté (Charlesbourg): C'est toujours ce que j'ai
véhiculé comme information, jamais autre chose. Quand je l'ai
retiré, c'est que le projet avait peu de chances d'être
reçu par le Trésor. Maintenant, c'est ça pour la ville de
LaSalle mais ça va être ça aussi pour l'ensemble des autres
dossiers qu'on aura à décider éventuellement. Je l'ai dit
dans mon introduction de ce matin. On va avoir un nouveau cadre de gestion qui
va répondre maintenant à un certain nombre de critères
quand on aura à décider d'un projet. Contrairement à ce
qu'on m'a fait dire à Cap-Chat, il ne s'agira pas nécessairement
d'être du bon bord pour l'obtenir mais davantage de répondre au
critère de sécurité-vétusté, de
déficience au niveau des projets. Ce bilan des lits est validé
avec les chiffres du BSQ. Donc, on va avoir qu'une série de chiffres
maintenant. Il s'agit de faire partager notre optimisme au Trésor.
M. Chevrette: Si j'ai bien compris, ce serait un C.T. global qui
tiendrait compte de toutes les facettes.
M. Côté (Charlesbourg): Ce sera un C.T. pour
l'hôpital LaSalle.
M. Chevrette: C'est ça. Qui pourrait tenir compte du volet
vétusté du projet, du volet lits... Comme il se fait de temps en
temps, vous donnez un échéancier global à partir des deux
ou trois facettes du programme.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. M. Chevrette:
Parfait. Merci.
Le Président (M. Gautrin): Vous avez d'autres questions,
M. le député de Joliette?
M. Chevrette: Non, non. Je salue les gens de LaSalle et je suis
convaincu qu'ils voudraient vous remercier. Je pourrais même ajourner une
minute pour que vous alliez leur serrer la patte.
M. Côté (Charlesbourg): ce que je veux tout
simplement vous dire, c'est que je n'ai pas dit que je le passerais. j'ai dit
que je l'envoyais au trésor, puis que j'allais le défendre.
M. Chevrette: Bien oui, c'est ça... M.
Côté (Charlesbourg): Et moi.. M. Chevrette: C'est
déjà pas mal
M. Côté (Charlesbourg): Non. Personne ne me fera
commettre sur la place publique pour aller l'annoncer tant que le Trésor
ne l'aura pas décidé.
M. Chevrette: N'allez pas planter votre pelle s'il ne se fait
pas.
M. Côté (Charlesbourg): Ne vous inquiétez
pas.
M. Chevrette: C'est ça.
Le Président (M. Gautrin): Hors de question.
M. Chevrette: 30 secondes d'ajournement.
Le Président (M. Gautrin): 30 secondes d'ajournement? De
suspension. Pour un parlementaire comme vous...
(Suspension de la séance à 21 h 16)
(Reprise à 21 h 20)
Corporation d'hébergement du
Québec
Le Président (M. Gautrin): Est-ce que vous voulez
questionner sur la Corporation d'hébergement du Québec,
maintenant?
M. Chevrette: M. le Président, je vais laisser, pour
débuter, mon collègue de Pointe-aux-Trembles.
Le Président (M. Gautrin): Alors, M. le
député de Pointe-aux-Trembles, vous avez la parole.
M. Bourdon: M. le Président, M. le ministre, il y a des
questions qui se posent quant au projet de construction d'un certain nombre
d'institutions. J'en ai relevé huit qui devaient, au départ,
impliquer des coûts de 60 600 000 $ et les coûts ont
été révisés, haussés à 124 000 000 $,
ce qui est plus que ie double de ce qui était d'abord prévu. Je
pense à des cas comme le centre hospitalier Notre-Dame-de-la-Merci
où ça devait impliquer - et c'est le montant qui était
donné au moment du comité de sélection des professionnels
qui feraient les contrats - 6 700 000 $ et on parle maintenant de 19 000 000
$.
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour se comprendre,
est-ce que vous travaillez à partir des chiffres, des documents qu'on a
expédiés au député de Joliette?
M. Bourdon: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Parfait.
M. Bourdon: pour que, peut-être, les gens de la corporation
d'hébergement puissent comprendre, je vais donner quelques cas et,
après ça, on continuera.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Bourdon: Donc, le centre hospitalier No-tre-Dame-de-la-Merci,
ça devait être 6 700 000 $; ça dépasse 19 000 000 $.
Le centre hospitalier de Lachine, on parlait de 6 400 000 $; on est rendus
à 16 000 000 $. Le centre de santé de la Basse-Côte-Nord
où on partait de 9 500 000 $, on parie maintenant de 24 500 000 $.
Alors, comme mon collègue de Duplessis est ici, M. le ministre, je
commencerais peut-être par demander, dans le cas du centre de
santé de la Basse-Côte-Nord, qui représentait le
ministère au sein de comité de sélection et pourquoi
est-on passés de 9 000 000 $ à 24 000 000 $?
M. Côté (Charlesbourg): Qui représentait le
ministère? Je pense que vous avez demandé une copie de liste de
toutes les personnes qui représentaient le ministère. Dans les
questions, ça a été répondu, parce qu'il y avait
une question dans votre série que vous avez expédiée: Qui
représentait le ministère dans tous les comités?
Ça, on y a répondu dans tous les cas. Je n'ai pas, de
mémoire, qui était là.
M. Chevrette: Était-ce répondu sur une
feuille spécifique?
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est dans le lot que
vous avez eu, en fonction des réponses que vous aviez.
M. Chevrette: Ah oui! C'est correct.
M. Côté (Charlesbourg): Les membres du comité
étaient...
M. Chevrette: Chaque fiche... C'est correct.
M. Côté (Charlesbourg): La secrétaire
était Louise Roberge; pour le ministère, c'est un nom que vous et
le député de Pointe-aux-Trembles connaissez bien, Vincent
Rochette, le président du conseil d'administration, M. Alexandre Dumas,
pour l'établissement, et Jean Moyen, un autre nom que vous connaissez
bien, que le député de Duplessis aussi connaît très
bien.
Une voix: Jean Moyen?
M. Perron: Et que le ministre connaît très bien,
d'ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, pour l'avoir
supporté contre le député de Duplessis durant la
dernière campagne électorale.
M. Perron: Vous avez raison, mais j'ai l'impression que le
ministre commence à le regretter.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Perron: J'ai l'impression que le ministre commence à
regretter de l'avoir supporté.
M. Côté (Charlesbourg): Non, le ministre ne
regrettera jamais les gestes qu'il a posés durant une campagne
électorale.
M. Perron: On verra.
M. Côté (Charlesbourg): Non, en connaissance de
cause et avec les informations que j'avais à l'époque.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gautrin): Revenons donc aux questions du
député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Convenons, M. le Président, que M. Rochette
est connu de tout le monde. Et cela dit...
Le Président (M. Gautrin): Vous avez aidé à
le faire connaître.
M. Bourdon: ...quand c'est un ordre de grandeur, M. le ministre,
de 9 000 000 $ à 24 000 000 $...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Bourdon: ...ça suscite des questions parce que...
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Je peux peut-être
tenter...
M. Bourdon: ...c'est presque le triple du montant.
M. Côté (Charlesbourg): ...de vous l'expliquer, si
vous me le permettez, parce qu'il y a une explication pour celui-là,
mais qui vaut aussi pour les autres. Je vais peut-être d'abord vous
expliquer, pour votre bénéfice - parce que, moi aussi, ça
m'a suscité bien du questionnement, à l'époque - qu'il y a
différentes étapes avant même d'arriver à la
réalisation d'un projet comme celui-là. Il y a d'abord un PFT,
plan fonctionnel et technique, que vous devez connaître, mais qui est
fait à l'initiative du conseil d'administration de l'institution en
particulier et qui, avec l'agent de liaison du ministère, fait une
évaluation de ce que pourraient être les besoins de
l'hôpital ou du centre d'accueil et d'hébergement, en tout cas,
d'un établissement du réseau. Ils font cette
évaluation-là et ils évaluent. À ce moment-ci,
c'est le centre de Blanc-Sablon: 9 500 000 $. C'est à une étape
où il n'y a pas un professionnel du domaine de la construction, que ce
soit un ingénieur ou un architecte, qui a été mis dans le
coup. Donc, c'est au moment du plan fonctionnel et technique et on
évalue, selon certains paramètres, ce que ça pourrait
à peu près coûter et on arrive à 9 500 000 $.
C'est à partir de cette évaluation-là qu'on dit au
ministère: Là, on va choisir des professionnels qui vont faire
des plans et devis préliminaires qui vont nous amener à
évaluer ce que pourrait coûter le projet selon les normes standard
reconnues dans le code d'application, Code du bâtiment, avec tout ce que
vous voulez, et ce chiffre-là sert donc de base pour aller au choix des
professionnels: architectes, ingénieurs en structures, en
mécanique, en électricité et ainsi de suite.
Donc, à partir du moment où ils sont engagés, ce
sont eux qui font les plans et devis préliminaires qui font l'objet
d'une étude beaucoup plus méticuleuse d'abord du PFT, puis des
coûts possibles, éventuellement, si on va en réalisation.
C'est après avoir passé cette étape auprès des
professionnels dans les plans préliminaires que nous allons au
Trésor pour avoir un C.T. d'exécution qui, lui, reflète le
coût estimé à ce moment-là. Donc, dans ce cas-ci,
lorsqu'on va au C.T. de réalisation de l'hôpital, c'est bien
sûr 24 500 000 $, parce qu'il a passé toutes les étapes sur
le plan des professionnels: architectes,
ingénieurs et ainsi de suite. Donc, à ce moment-là,
ce sont des coûts qui sont validés par rapport à un plan
fonctionnel et technique qui a été réalisé par les
médecins de l'hôpital qui veulent avoir telle affaire, par le
conseil d'administration qui veut avoir une clinique externe, pour toute la
panoplie de services que les gens du centre hospitalier veulent avoir.
Donc, on en est là, et ton C.T. d'exécution te donne
approximativement les coûts de réalisation qui, à ce
moment-ci, sont évalués à 24 500 000 $. Et c'est là
qu'il entre dans le plan triennal d'immobilisations du ministère. Je
pense que le véritable jeu du coût des travaux se situe davantage
entre les plans préliminaires qui, dès le moment où ils
sont acceptés par le C.T. passent au plan définitif, et le
coût de réalisation, qui est le coût final de construction.
C'est donc là qu'on doit vérifier le jeu.
M. Bourdon: Si vous me le permettez, M. le ministre, est-ce qu'il
n'y aurait pas comme facteur, au moment de la sélection, le fait qu'en
dessous de 10 000 000 $, c'est un comité de trois et au-dessus de 10 000
000 $, c'est un comité de cinq? Vous savez que dans lé cas du
centre de santé de la Basse-Côte-Nord le procès-verbal fait
état d'une négociation où M. Moyen est intervenu en faveur
de Dupont, Desmeules, et on a croisé les octrois des deux types de
contrats. Ce qui me fait penser ça, c'est quand on regarde l'ensemble
des contrats dont je parle, M. le ministre - il y avait au comité de
sélection M. Vincent Rochette - il y a eu neuf contrats de moins de 10
000 000 $ et il y en a huit des neuf qui ont dépassé largement
les 10 000 000 $. Par ailleurs, quand on prend les changements de coûts,
comme vous venez de les expliquer, qui proviennent de ce que les professionnels
étaient, et les besoins, si je prends, par exemple, le centre
hospitalier Cité de la santé de Laval et le centre
hospitalier...
M. Côté (Charlesbourg): Je ne veux pas vous perdre
sur le premier, parce qu'il est important.
M: Bourdon: Juste pour les fins... Oh non! On va y revenir le
temps qu'il faut. Donc, le centre hospitalier Archipel et le centre hospitalier
de Saint-Eustache, donc trois où nettement on était au-dessus de
10 000 000 $ au départ, on ne pouvait pas faire ça à
trois; il fallait être cinq, avec les complications que.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, juste là je
vous arrête, parce que j'aime bien ça qu'on puisse se parler et
échanger de même et se couper l'un l'autre sur les informations.
C'est un forum que j'apprécie davantage que celui de la Chambre.
M. Bourdon: Moi de même, M. le ministre
M. Côté (Charlesbourg): Trouvez-moi dans la
réglementation gouvernementale l'endroit qui oblige d'avoir cinq
personnes dans un comité de sélection?
M. Bourdon: C'est la réglementation de 1984, M. le
ministre, qui dit que...
M. Côté (Charlesbourg): Non, monsieur. La
réglementation gouvernementale, c'est trois personnes en tout temps.
C'est le ministère lui-même qui a décidé
qu'au-delà de 10 000 000 $, il en mettrait cinq, mais ce n'est pas une
contrainte gouvernementale, d'aucune manière, c'est le ministère
lui-même qui, à l'époque...
M. Bourdon: Non, c'est une contrainte réglementaire que le
gouvernement s'est donnée...
M. Côté (Charlesbourg): Que le... Non, non... M.
Bourdon: ...et on met...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, pas à cinq.
La contrainte gouvernementale est de trois en tout temps, peu importe le
montant. C'est le ministère lui-même qui s'est donné la
contrainte, au-dessus de 10 000 000 $, d'en avoir cinq.
M. Bourdon: oui, m. le président, et c'est le
ministère lui-même qui s'arrange pour partir en bas de 10 000 000
$, pour ne pas en avoir cinq.
M. Côté (Charlesbourg): Non. non.
M. Bourdon: Le régime, je le connais. Je reprends les
chiffres.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
M. Bourdon: La Cité de la santé de Laval...
M. Côté (Charlesbourg): Non, absolument pas...
M. Bourdon: ...le centre hospitalier Archipel et
Saint-Eustache...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
Le Président (M. Gautrin): Un instant là. Finissez,
M. le député de Pointe-aux-Trembles, et après M. le
ministre pourra parler.
M. Bourdon: Bien, le régime de la règle vient du
ministère et j'en conviens. Mais il y a des gens au ministère qui
s'arrangent pour passer à côté. Quand on passe de 9 500 000
$ à 24 500 000 $, on a beau ne pas être ingénieur quand on
fait le pronostic... D'abord, M. Rochette est ingénieur, alors...
M. Côté (Charlesbourg): Comment? M. Bourdon:
M. Vincent Rochette...
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes très
mal informé, parce que M. Rochette est ingénieur.
M. Bourdon: C'est ce que j'ai dit. J'ai dit: C'est un
ingénieur.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, je vous ai très
mal compris.
Des voix: Sûrememnt.
M. Bourdon: Sûrement. Écoutez, quand il vous
remettait des rapports, il les signait comme ingénieur. Vous le
connaissez bien, il est ingénieur.
M. Côté (Charlesbourg): Çava.
M. Bourdon: Mais j'ai pris trois contrats, M. le
Président, où la valeur était au-dessus de 10 000 000$ en
partant, puis c'était cinq. Et ces trois-là devaient faire 82 000
000 $, puis on est passé à 103 000 000 $, donc une
différence de l'ordre de 25 %. Mais les huit autres, ça devait
coûter 60 000 000 $, puis ça en coûte 124 000 000 $, et, sur
un total de neuf, on en prend huit où c'est le même fonctionnaire
qui siège pour le ministère, et dans huit cas sur neuf, on
prévoit d'abord en bas de 10 000 000 $, puis le résultat final
est au-dessus de 10 000 000 $. Alors, ce que j'aimerais savoir c'est, dans le
cas du centre de santé de la Basse-Côte-Nord, qu'est-ce qui a fait
monter ça de 9 500 000 $ à 24 500 000 $, parce que c'est presque
le triple?
M. Côté (Charlesbourg): C'est la question,
ça?
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre. M. Bourdon:
Oui.
M. Côté (Charlesbourg): O. K. On en a beurré
un petit peu large, on va débeurrer ça, en même temps. On
va en profiter parce que c'est un dossier qui n'a jamais été clos
quant à moi, puis on va s'en parler très ouvertement. Parce que
de faire l'affirmation que vous faites, au niveau de Vincent Rochette, c'est
très mal connaître ce qui se passe en réalité. Que
de faire l'affirmation que le ministère a volontairement mis des
coûts de projet inférieurs à 10 000 000 $ pour faire en
sorte qu'on en choisisse trois au lieu de cinq, c'est très mal
connaître la manière dont ça fonctionne. Et ça, je
ne peux pas laisser passer ça. Et que de penser, d'avouer ici et de dire
ici que Vincent Rochette, que je connais très bien puis que je ne
renierai pas comme ami - ça, soyez sûr d'une chose - de dire que
Vincent Rochette a quelque chose à voir avec le choix des comités
de sélection, à ce moment-ci, des personnes qui ont à
travailler sur un comité, je m'excuse, ce n'est pas connaître
comment ça fonctionne. Parce qu'il y a quelqu'un en autorité
à la Corporation d'hébergement du Québec, qui choisit,
lui, qui doit être sur un comité. Et quand on fait
l'évaluation en PFT, Vincent Rochette, il n'est pas là, lui.
Donc, ça ne peut pas être Vincent Rochette qui demande en bas de
10 000 000 $ pour s'autochoisir éventuellement sur un comité.
C'est définitivement l'agent de liaison au niveau du ministère
qui, en contact avec le centre hospitalier, a déterminé un plan
fonctionnel et technique puis ils ont mis un coût au bout, 9 500 000 $.
Et c'est ce 9 500 000 $ qui a fait en sorte que le directeur, j'imagine que
c'est le directeur à la construction qui choisit les membres du jury,
les membres qui vont oeuvrer sur ces comités-là, et c'est
uniquement en recevant le plan fonctionnel et technique et la décision
du ministre de reconnaître une étude dans ces cas-là, qui
enclenche le processus de nomination, d'appel d'offres et de nomination des
personnes qui vont siéger sûr le jury. Donc, Vincent Rochette n'a
strictement et d'aucune manière, ni lui, ni Jean Moyen, ni Alexandre
Dumas, ni tous ceux qui sont sur les comités de sélection... Ils
n'ont strictement rien à voir avec l'évaluation du plan
fonctionnel et technique. Ce n'est qu'après, ce n'est qu'après,
qu'on arrive à cette situation-là.
Donc, quand on arrive au centre de santé de la
Basse-Côte-Nord, où l'évaluation passe effectivement de 9
500 000 $ à 24 500 000 $, il y a effectivement toute une série
d'événements qui font en sorte qu'on se retrouve avec des
coûts supérieurs. D'abord, au moment où vous commencez, il
y a des indexations en cours de route, il y a toute une série
d'éléments, et je vais vous lire une série de notes qu'on
a ici pour l'explication de la différence du coût, puis je vais
vous dire une affaire, je n'ai pas d'objection bien bien à vous la
donner.
Les coûts élevés ( de ce projet sont dus
aux facteurs suivants. a) ii y a très peu d'éléments de
l'édifice que l'on peut réutiliser dû à
l'état lamentable de ces derniers et à la qualité des
matériaux existants; b)l'éloignement; c) chantier non accessible
par le système routier; d) durant la réalisation de ce projet, il
est à noter que les locaux seront occupés, ce qui signifie, pour
l'entrepreneur, des contraintes et des délais additionnels; e)
main-d'oeuvre locale réduite et peu qualifiée; f) les
systèmes actuels de plomberie, chauffage, électricité sont
considérés comme
désuets, et le dégagement vertical, donc, espace libre de
planchers et planfonds, est restreint; g) il est à noter que certains
services offerts par l'établissement sont additionnels à un
projet standard réalisé partout ailleurs dans la province, vu son
éloignement et l'étendue du territoire couvert, tels: 1)
entreposage. on se doit de s'approvisionner pour des périodes plus
élevées, étant donné que la livraison n'est pas
journalière, hebdomadaire, mensuelle. 2) dentisterie. on se doit de
prévoir une dentisterie à l'intérieur du cs, étant
donné qu'aucune firme privée ne désire opérer une
clinique à blanc-sablon - ils veulent opérer des
hélicoptères, ils veulent opérer des avions, mais ils ne
veulent pas nécessairement opérer des dentistes. le
député de duplessis en sait quelque chose. 3) analyse de l'eau.
suite à une entente avec le ministère de l'environnement, le
centre de santé doit réaliser l'analyse de l'eau. 4) css. ces
services sont généralement localisés ailleurs. 5) centre
d'accueil. on retrouve six lits d'hébergement. 6) administration.
l'administration doit gérer l'hôpital, le clsc et le centre
d'accueil, les 11 dispensaires et plus de 100 habitations. 7) transport des
malades et des employés. location d'accueil et communications -
j'achève. 8) équipements spécialisés à cause
de l'isolement: réfrigération, unité
électrogène, chauffage, réservoir d'eau. 9) travaux divers
sont prolongés dû au climat.
Donc, on se retrouve avec des coûts qui, au départ, dans le
plan fonctionnel et technique, ne tiennent pas compte de l'indexation, des
imprévus, des oeuvres d'art et des honoraires. Et lorsqu'on vous a
donné ce montant-là, on l'a donné d'une manière
volontaire. On n'a pas voulu rien cacher. On a dit: On donne tout ce qu'on a.
Je vous le dis, là, ce n'est plus 21 000 000 $, tel qu'on vous l'a dit,
c'est 24 500 000 $. Donc, à partir de ce moment-là, il y a toutes
une série d'interventions qui viennent, qui s'ajoutent au dossier
initial et qui font qu'on ne peut pas présumer qu'il y a des gens qui,
volontairement ou sciemment, je l'espère en tout cas, au niveau du
ministère - je suis très à l'aise pour le dire, je
n'étais pas là - font qu'on les ramène en bas de 10 000
000 $, compte tenu du fait que le ministère s'est lui-même
imposé, au delà des 10 000 000 $, d'en avoir cinq, et, depuis
l'automne dernier, obligatoirement cinq dans tous les cas.
M. Bourdon: M. le Président, je ne crois pas, moi, que le
hasard fasse toujours les choses dans le même sens. Le centre d'accueil
Juif, on est passé de 9 000 000 $ à 15 000 000 $; le centre
hospitalier Notre-Dame-de-la-Merci, on est passé de 6 000 000 $ à
19 000 000 $; le centre hospitalier Santa Cabrini, on est passé de 5 000
000 $ à 10 000 000 $; le centre hospitalier de Lachine, on est
passé de 6 000 000 $ à 16 000 000 $; l'Institut de recherche
clinique, on est passé de 8 000 000 $ à 12 000 000 $; le centre
de santé de la Basse-Côte-Nord, on est passé de 9 500 000 $
à 24 500 000 $; le centre hospitalier Sainte-Marie, on est passé
de 8 000 000 $ à 15 000 000 $; le centre hospitalier Portneuf, on est
passé de 6 000 000 $ à 11 000 000 $. On est passé, en
général et pour ces huit contrats, M. le Président, de 60
000 000 $ à 124 000 000 $, soit une augmentation de 105 % par rapport au
pronostic original. Et les gens qui ont fait le plan fonctionnel et technique,
je suppose que ce sont des cadres payés pour savoir, puis, apparemment,
ils ne le savaient pas, et toujours dans le sens d'être en bas de 10 000
000 $ pour faire ça à trois plutôt qu'à cinq. Et je
donne les autres chiffres de trois places où c'était au-dessus de
10 000 000 $, puis c'est encore un plan fonctionnel et technique, on est
passé de 82 000 000 $ à 103 000 000 $. soit une hausse de 25 %;
25 % quand, au départ, c'était convenu que c'était plus de
10 000 000 $, et 105 %, quand on est passé d'en bas de 10 000 000 $
à beaucoup plus de 10 000 000 $. alors, je pense qu'il y a une
constante, et, comme on a parlé du centre de santé de la
basse-côte-nord, j'aimerais, m. le président, que le ministre nous
explique comment 11 se fait que, dans le procès-verbal, il est
indiqué qu'il y a eu deux pointages des firmes qui ont fait des
soumissions - je parie des firmes d'ingénieurs - une pour la
mécanique électrique, puis l'autre pour la structure, et que
ça a changé de firme et que les résultats ont tous
été changés, on a tout refait les pointages. il doit y
avoir quelque chose?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
trouve ça tout à fait fantastique. Évidemment, si on
arrive à la table avec une thèse qui, dans notre esprit, est
très claire, et qu'aucune espèce d'information ne peut vous faire
changer d'idée et que vous avez décidé que vous auriez, au
sortir de cette commission, la même idée que vous aviez au moment
d'entrer, aucune espèce d'information, à ce moment-là, ne
peut permettre d'éclairer votre lanterne. Si, au contraire, vous voulez
avoir de l'information, puis être capable de juger à partir de
l'information que vous avez, là, à ce moment-là, votre
jugement peut peut-être changer. Moi, je ne suis pas de ceux qui vont
présumer d'un certain nombre de choses qui ne doivent pas se passer.
Quand on s'en vient dire ici qu'il y a un PFT, que les gens qui ont
travaillé sur le PFT, devaient savoir... Eh bien, celui qui affirme
ça, ne sait rien - c'est clair là - de la manière
dont ça se passe. Parce qu'au niveau d'un centre hospitalier, il s'agit
de voir comment ça se passe sur le plan fonctionnel et
technique, avec quelqu'un qui est agent de liaison au ministère.
Pas agent de liaison à la construction, agent de liaison au
ministère avec un centre hospitalier où on va faire un plan
fonctionnel et technique. Eux font la liste d'épicerie d'un centre
hospitalier où on veut inclure, ajouter, changer des choses au niveau
d'un centre hospitalier qui fait l'objet d'une évaluation. Dans ce
cas-là, le ministère, historiquement, n'a jamais cru bon
d'investir des sommes au niveau du plan fonctionnel et technique pour faire la
vérification des coûts. Le ministère le fait à
partir du moment où il décide que ça devient, pour le
ministère, une priorité, et il va avec des professionnels, donc
architectes, ingénieurs, faire la validation de ce que pourrait
être l'équipement qu'on veut construire et, finalement, des
coûts qui s'ajoutent à ça, et c'est ça une
explication, tel que ça se passe.
Donc, lorsqu'on questionne ça, vous avez mentionné le
centre hospitalier Juif où il y a des dépassements quand
même assez importants, comme dans d'autres, j'avais prévu que la
question viendrait, bien sûr - évidemment, des explications
générales, ça demeure toujours des explications
générales - je peux vous déposer dans la mesure où
vous le souhaitez, l'explication cenne par cenne...
Le Président (M. Gautrin): Bien sûr, on va recevoir
ça avec plaisir.
M. Côté (Charlesbourg):... dans ce cas-ci, qui
explique les changements de cours - vous m'en donnerez une copie parce que
c'est mon original. Évidemment, quand on discute du cas particulier de
la Basse-Côte-Nord où on dit dans le procès-verbal.
Écoutez un peu, ce n'est pas le voisin qui vous l'a donné, le
procès-verbal... Vous ne vous imaginez pas que je ne l'ai pas lu avant
de vous le donner? Je l'ai vu le procès-verbal, moi aussi...
M. Bourdon: Ç'a dû vous édifier autant que
moi.
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair que j'ai
été très édifié, sauf que je vous ai
davantage édifié en ne cachant rien, en vous donnant tout ce que
j'avais sur le plan de l'information. Je n'ai rien à cacher, moi, dans
ce cas-là. Évidemment, il y a des gens qui ont cru bon de changer
d'idée, ce sont des gens à qui on a donné des pouvoirs de
le faire en les mandatant au niveau d'un comité. Puis, comme par hasard
- je me rappelle votre question en Chambre, c'est la même. Vous pensiez
avoir trouvé un scandale absolument épouvantable, en disant...
Vous rappelez-vous, vous aviez parlé d'un dénommé Rochette
qui n'était pas parent avec Vincent, un ami proche du Parti
libéral, puis là tu voyais venir le gros bébé
où ça devait forcément être quelqu'un qui
était apparenté à Marc-Yvan Côté, qui est un
ministre organisateur avec un dénommé François Rochette ou
Charlie Rochette qui devait être associé. Puis, quand vous avez
découvert, au bout de la ligne, le pot aux roses, c'est que les grands
perdants de la deuxième décision, c'était Roche, qui a eu
le plus petit contrat des deux. Alors, ne venez pas prêter d'intention
à personne, certainement pas à moi à ce
niveau-là.
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Joliette, vous voulez poser une question?
M. Chevrette: Moi, je n'ai pas d'idée. Ce n'est pas mon
dossier et je ne l'ai pas étudié plus qu'il ne le faut...
Le Président (M. Gautrin): Ah bon!
M. Chevrette:... sachant que ce n'était pas mon secteur,
mais j'aurais deux questions.
M. Côté (Charlesbourg): Oui
M. Chevrette: Par quel hasard tous les contrats, ou huit contrats
sur neuf en bas de 10 000 000 $, connaissent quasiment des augmentations du
simple au double? Est-ce que nos spécialistes du ministère sont
meilleurs pour évaluer les gros contrats plutôt que les
petits?
M. Côté (Charlesbourg): Meilleurs pour
évaluer les... (21 h 45)
M. Chevrette: Pour évaluer les gros contrats plutôt
que les petits? Parce que c'est surprenant, ils ne se trompent presque pas dans
les gros contrats...
M. Côté (Charlesbourg): Dans les...
M. Chevrette:... et ils se trompent du simple au double, par
rapport aux petits contrats, à votre 10 000 000 $. bien, petits
contrats, ce sont des gros contrats, mais je veux dire qu'aux contrats de 10
000 000 $, la compétence semble moins forte pour évaluer les
coûts exacts que pour évaluer les gros coûts en haut de 10
000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez...
M. Chevrette: II y a une erreur de 25 % par rapport à 100
%, et même un peu plus en ce qui regarde les gros. Et, deuxième
question: Dans les plans et devis, le départ, comment se fait-il qu'on
ne réussit pas à évaluer, parce que j'ai regardé
votre feuille, vite, vite, qui m'est passée sous le nez... Comment se
fait-il qu'un spécialiste au ministère, pour l'évaluation
des coûts, n'est pas capable dévaluer les honoraires
professionnels? Et évaluer les oeuvres d'art, quand on sait
que c'est automatique dans tous les contrats? Et évaluer... Je
comprends que s'il y a un ajout de six lits, c'est une modification au devis
initial.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, juste...
M. Chevrette: Mais quand toutes les parties, là, standard
à toutes les choses... Comment se fait-il qu'un spécialiste ne se
trompe pas dans les gros contrats et qu'il se trompe dans les petits?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Prenons l'exemple de
l'oeuvre d'art: c'est 1 %.
M. Chevrette: Mais oui, c'est une...
M. Côté (Charlesbourg): Donc, c'est 1 % du
coût de construction.
M. Chevrette: Bien, c'est automatique. Comment se fait-il qu'un
gars oublie ça?
M. Côté (Charlesbourg): Non Vous ne pouvez pas, pour
la simple et bonne raison qu'elle est évaluée au moment du plan
fonctionnel et technique, à cette étape-là où aucun
professionnel de la construction ne s'est mis le nez dans le dossier. Et les
professionnels se mettent le nez dans le dossier au moment où le
ministre reconnaît à l'établissement des crédits
pour engager des professionnels pour faire l'application du plan fonctionnel et
technique. Le plan fonctionnel et technique, ça, c'est la liste
d'épicerie. La liste d'épicerie voudrait avoir une clinique
externe, voudrait avoir tant de salles, pour tant de lits, pour tant de
chroniques, pour tant de ci et tant de ça. Et, au bout de la ligne, ce
sont des professionnels de la construction qui, eux, vont évaluer en
termes de mètres carrés, ce dont vous avez besoin, avec des
coûts de construction qui s'appliquent. Donc, à partir de ce
moment-là, on commence à avoir une bonne partie de la
vérité, au moment où les professionnels ont fait des plans
préliminaires. Et eux peuvent, à partir de ce moment-là,
déterminer à des coûts... Et il n'y a pas beaucoup de
variantes à partir du moment où on va au Conseil du trésor
avec les plans préliminaires et les évaluations, avec le C. T. et
avec les coûts de réalisation. Les écarts sont des ajouts
additionnels en cours de route, ou encore un temps un petit peu plus long pour
la construction, ce qui fait qu'il y a une indexation, forcément, ou une
soumission publique qui est plus élevée que ce qu'avait
été l'évaluation au niveau des professionnels.
Donc, à partir de ça, il faut bien distinguer, de
manière très nette, le plan fonctionnel et technique des
études préliminaires qui. encore là, te donne une bonne
indication de ce qu'est le coût, mais le véritable coût, le
seul, le vrai, c'est la soumission publique et quand les travaux sont finis.
C'est pour ça que, lorsque vous avez posé des questions, on vous
a transmis une série de tableaux avec les coûts tels que nous les
avions, et il y a des coûts, dans certains cas, qui sont
déjà déphasés au moment où on se parte,
à ce moment-ci, par rapport à ce qu'on avait comme
évaluation. Ce qu'on a voulu faire, c'est, de manière très
honnête, vous donner ce qu'on avait à l'époque. Il y a des
choses qui ont varié depuis, encore, dans certains cas.
Évidemment, lorsqu'on regarde le projet de Santa Cabrini, le coût
estimé à l'époque était de 5 700 000 $; il est de
10 000 000 $ maintenant. Donc, il est du double: 10 008 000 $. Donc, si on
avait à faire l'évaluation aujourd'hui et à aller en
soumissions publiques, c'est 10 008 000 $. Il y aurait quelqu'un qui aurait
été assez malin, au ministère, pour dire que ça va
être 9 500 000 $, pour être capable d'enclencher un processus de
choix de professionnels? Trouvez-le-moi pour que je le pende, demain matin.
Évidemment, je regarde le centre hospitalier de Lachine. Vous en avez
mentionné, tantôt? 6 400 000 $, 15 900 000 $. Le centre
hospitalier Sainte-Marie: c'était 8 000 000 $, c'est 15 000 000 $. Le
centre hospitalier de Portneuf: c'était 6 700 000 $, c'est rendu
à 11 000 000 $. Ça, c'est du simple au double, là. C'en
est, ça. Ce sont des dossiers qui sont quand même
extrêmement importants. Le centre d'accueil Juif: de 9 000 000 $ à
15 000 000 $. Cité de la santé de Laval: 30 000 000 $ et on parle
de 41 000 000 $. Ce n'est pas le coût réel, c'est le coût
estimé avant d'aller en soumissions publiques. On va le connaître
quand on va aller en soumissions publiques. C'est clair.
M. Bourdon: M. le Président?
Le Président (M. Gautrin): M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: Le centre d'accueil Juif, le centre hospitalier
Notre-Dame-de-la-Merci, le centre hospitalier Santa Cabrini, le centre
hospitalier de Lachine, l'Institut de recherche clinique, ça fait cinq
contrats pour une valeur d'à peu près 80 000 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): 80 000 000 $.
M. Bourdon: 80 000 000 $. il y en a qui disent mille et moi, je
dis milliards. c'est tout allé à trois personnes qui
étaient sur un comité du parti politique qui est au pouvoir. mais
tant que...
M. Côté (Charlesbourg): Répétez-moi
ça, là.
M. Bourdon: Bien. M. Marcel Lorrain, M. Claude Liboiron, M. Roch
Vallée étaient tous membres du comité de finances du
premier ministre actuel au moment du congrès à la chefferie.
M. Côté (Charlesbourg): Ça, ce sont des
accusations...
M. Bourdon: m. le président, je n'ai pas fait
d'accusation. j'ai dit une chose qui est une réalité. les trois
ingénieurs étaient membres du comité de finances du
premier ministre au congrès à la chefferie.
Le Président (M. Gautrin): Quelle est la question, M. le
député de Pointe-aux-Trembles?
M. Bourdon: Je voudrais demander au ministre, M. le
Président, si, dans le cas du centre de santé de la
Basse-Côte-Nord, il s'est informé à savoir comment on avait
changé les résultats des fiches d'évaluation des firmes
requérantes, ce qui a fait que Roche a changé de contrat et a
perdu la moitié de la valeur des honoraires et que Dupont, Desmeules, a
changé de contrat et est devenu premier dans le secteur où ils
étaient dans les derniers et que Roche est devenu dernier dans le
secteur où il était premier? Est-ce que le ministre s'est enquis
à savoir comment on a changé les résultats?
Le fait que Roche ne s'est pas plaint ne change pas que les
résultats ont été complètement changés. On
sait que Roche ne s'est pas plaint. Bon. Ce n'est pas un critère pour la
gestion des fonds publics. Peut-être qu'en général, le
groupe Roche n'a pas à se plaindre et il ne s'est pas plaint. Mais nous,
on remarque qu'ils avaient un contrat, on leur enlève pour le donner
à l'autre qui avait eu une autre partie du contrat d'ingénierie
et qu'on les change de place, après avoir complètement
changé les résultats dans le comité de
sélection.
Est-ce que le ministre s'est enquis de ça parce qu'à la
lecture même du procès-verbal... Et je crois le ministre quand il
dit qu'il ne dépose rien qu'il n'a pas d'abord lu... Ça, je suis
parfaitement conscient de ça. Est-ce qu'il s'est enquis à savoir
comment ça a pu se faire que ces trois personnes, Jean Moyen, Vincent
Ro-chette et Alexandre Dumas, avaient négocié un tel changement
d'un pointage qui est supposé être fait une fois dans le
processus?
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, M. le
Président, je voudrais rappeler au député de
Pointe-aux-Trembles que les personnes qui ont à travailler sur ces
comités sont des personnes qui sont assermentées et c'est leur
serment d'office. Je vous l'ai dit en Chambre: Si, pour vous, ça n'a pas
d'importance, pour moi, ça en a. J'ose espérer que ceux qui
s'assermentent sur ces comités savent ce que ça veut dire. C'est
sous le serment qui relève de la responsabilité de chacun des
individus que ça a été effectué.
M. Bourdon: M. le Président, là-dessus je voudrais
dire...
M. Côté (Charlesbourg): Laissez-moi finir.
Le Président (M. Gautrin): Un instant, s'il vous
plaît. M. le député, laissez le ministre terminer.
M. Côté (Charlesbourg): Et je n'ai pas fini,
à part ça. Prenez le temps de vous asseoir dans le fauteuil. Vous
en voulez des réponses, vous allez en avoir.
M. Bourdon: Je suis bien assis, M. le ministre. N'ayez
crainte.
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez en avoir.
Ça fait assez longtemps...
M. Bourdon: Mais ils ont fait des résultats
différents sur le même serment.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, s'il
vous plaît!
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous voulez lui demander
de prendre son souffle. Ça fait un bout de temps que je l'attends, M. le
Président, et maintenant que je l'ai, je ne le laisserai pas partir
comme ça, vous pouvez être sûr de ça.
M. Bourdon: Je ne partirai pas, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, il n'est pas
revenu en Chambre sur ces questions-là, M. le Président. Vous
voulez me parler de choses, je vais vous en parler de choses, moi, claires et
nettes, du passé. Vous allez me répondre à
celles-là aussi parce que c'est votre responsabilité
d'administrateur. Je vais vous en parler de choses qui se sont passées
dans le passé avant 1985. Vous en voulez, vous allez en avoir à
la tonne, des cas avant 1985.
M. Bourdon: M. le Président, mais la question...
M. Côté (Charlesbourg): Vous me direz: Je
n'étais pas là. Ça ne me dérange pas. Vous vous
organiserez pour répondre à celles-là. M. le
Président, vous allez m'expliquer comment est-ce qu'on a réussi
à faire dans le passé... Je vous attendais depuis longtemps en
Chambre, vous. Vous ne vous êtes pas relevé. Vous n'avez pas
osé.
Il y a des centres d'accueil et d'hébergement qui ont
été construits dans le nord de Montréal, qui ont
été répétés à Longueuil, sans
même qu'il y ait de concours public - et pas rien qu'une fois, à
trois répétitions, à part ça - où les
mêmes professionnels ont été entéri-
nés et choisis. Et pas des petits honoraires, non plus, pas des
petites affaires. Ça a été fait à
répétition, trois fois sous votre gouvernement. Pour un seul cas,
vous allez me répondre: Comment est-ce que vous avez réussi
à passer à travers la réglementation au moment où,
à l'intérieur du ministère même, des gens du
ministère qui avaient étudié ces cas vous ont mis en garde
contre des procédures qui allaient à rencontre de la
réglementation gouvernementale?
M. Bourdon: M. le Président.
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez effectivement
devoir répondre à ces questions éventuellement.
M. Bourdon: M. le Président.
M. Côté (Charlesbourg): vous voulez ouvrir une canne
de vers, vous allez en avoir toute une dans le portrait. vous allez être
poignes avec longtemps.
M. Bourdon: M. le Président, le ton de menace, qu'on veut
ouvrir une canne de vers, ça ne me fait pas du tout trembler.
Deuxièmement, j'ai posé une question précise au ministre,
laquelle est la suivante.
Le Président (M. Gautrin): Pourriez vous la
répéter?
M. Bourdon: Les résultats ont été
changés. Pourquoi? Comment? Est-ce qu'il s'est informé de
ça?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il a
plus que posé une question. Il a commencé par beurrer des gens
qui ont travaillé à l'époque de la chefferie de Robert
Bourassa, des professionnels, il les a mis sur la place publique comme il l'a
fait en Chambre dans d'autres cas. Lorsqu'on ouvre des cannes comme
celle-là, on finit par se faire "poigner" dans le coin comme il faut.
C'est ça qui est après arriver à ce moment-ci.
M. Bourdon: M. le Président, est-ce que le ministre, au
lieu de faire des menaces, pourrait répondre à la question?
M. Côté (Charlesbourg): Je ne fais pas de
menace.
Le Président (M. Gautrin): M. le ministre
M. Bourdon: Dans le cas du centre de santé de la
Basse-Côte-Nord, le comité de sélection a
complètement changé les résultats. Pourquoi?
M. Côté (Charlesbourg): M le Président,
voulez-vous me laisser le droit de parole?
Le Président (M. Gautrin): Écoutez, est-ce qu'on ne
pourrait poser une question à la fois?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Gautrin): Sur la Basse-Côte-Nord,
vous pouvez certainement répondre, on répond sur la
Basse-Côte-Nord.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
quand on fait des préambules comme il en a fait, je vais prendre le
temps de répondre.
Le Président (M. Gautrin): C'est justement...
M. Côté (Charlesbourg): Je ne laisserai personne,
dans un forum comme celui-là, dire des énormltés comme il
dit, le laisser tranquille et se sauver sur la place publique après.
Ça, ça m'apparaît être un devoir, ma
responsabilité à moi de rétablir certains faits. Dans ce
cas-là, ce ne sont pas des menaces, ce sont des réalités,
M. le Président, avec des documents en bonne et due forme.
J'ai été trop respectueux de la vérité et de
déposer en Chambre tous les documents qui mont été
demandés, des caisses de documents qui m'ont été
demandés pour les crédits, qui ont été
donnés, avec plaisir, à part ça, parce que l'information
doit circuler. Pensez-vous que, lorsque j'ai pris connaissance du
procès-verbal de la Basse-Côte-Nord, j'étais mort de rire
dans le procédé? Pensez-vous que quelqu'un responsable va
être mort de rire devant une situation comme celle-là? C'est une
situation qui est passée et qui, finalement, a été l'objet
d'assermentation d'individus sur leur serment d'office qui ont rempli des
obligations et qui ont décidé eux-mêmes - ce n'est pas le
ministre qui les a appelés - de revoir un certain nombre de choses, ce
qui est noté au procès-verbal. C'est clair, c'est noté au
procès-verbal, ça a été déposé, c'est
leur explication.
Moi, je vais repartir aujourd'hui, je vais aller voir Alexandre Dumas,
je vais aller voir Jean Moyen, je vais aller voir Vincent Rochette et je vais
dire: Aïe! Pouvez-vous me donner des informations supplémentaires
pour savoir pourquoi vous avez changé d'idée à ce
moment-là, alors que c'est consigné au procès-verbal? Je
m'excuse, si vous voulez le faire, vous le ierez; moi, je ne le ferai pas.
Le Président (M. Gautrin): Merci, M. le ministre. Je vous
rappellerai qu'il est 21 h 58. Est-ce que vous avez encore une question?
M. Bourdon: Plusieurs, M. le Président.
Le Président (M. Gautrin): Oui, mais il est 21 h 58,
à 22 heures, on va ajourner.
M. Bourdon: Non, mais le ton de la conver-
sation est agréable; autant continuer.
Le Président (M. Gautrin): Merci. Alors, une petite
question.
M. Bourdon: Dans le cas du centre hospitalier
Notre-Dame-de-la-Merci, est-ce que le ministre pourrait nous dire pourquoi
c'est passé de 6 700 000 $à 19 000 000 $?
Le Président (M. Gautrin):... M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je cherche une explication
particulière, je vais tenter de donner...
Le Président (M. Gautrin): Cela va.
M. Bourdon: On peut donner la liste au ministre et qu'il nous les
donne, si elles existent, par écrit. Moi, je n'ai pas d'objection. En
général, quand il fournit un document, comme dans le cas du
centre de la Basse-Côte-Nord, II fournit le bon. Alors il y aurait le
centre d'accueil Juif, le centre hospitalier Notre-Dame-de-la-Merci, Santa
Cabrini, Lachlne, l'Institut de recherche, le centre de santé de la
Basse-Côte-Nord - on l'a déjà...
M. Chevrette: Non, c'est le centre d'accueil Juif qu'on a.
M. Bourdon: Ah bon! C'est le centre d'accueil Juif. Sainte-Marie
et Portneuf...
M. Côté (Charlesbourg): Je regarde dans
Notre-Dame...
M. Chevrette: Les avez-vous tous par écrit, ' en d'autres
mots?
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce que j'ai ici, je
n'ai pas d'explication spécifique dans le cas de Notre-Dame-de-la-Merci,
mais dans la mesure où j'en ai, je n'ai pas d'objection à vous
les communiquer d'aucune manière. Dans chacun des Cas, je vais tenter de
les trouver et de vous les donner, de la même manière que je vous
l'ai donné au niveau du centre hospitalier Juif.
Le Président (M. Gautrin): D'après ma montre, il
est 22 heures, pour prolonger, il faudrait le consentement unanime. Est-ce
qu'il y a consentement unanime?
Des voix:...
Le Président (M. Gautrin): II n'y a pas de consentement
unanime
M. Chevrette: Non.
Le Président (M. Gautrin): Dans ces condi-
tions-là, on reprendra demain. On ajourne à demain, 10 heures,
même salle.
(Fin de la séance à 22 heures)