(Dix
heures deux minutes)
Le Président (M.
Lemay) : Donc, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de
l'énergie et des ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les
personnes présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils électroniques.
Et aujourd'hui nous
sommes réunis afin de procéder à l'étude du volet Énergie et Ressources
naturelles des crédits budgétaires du
portefeuille Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice financier 2020‑2021.
Une enveloppe de 3 h 30 min a été allouée pour l'étude
des crédits. Pour cette séance, le ministre sera accompagné d'Hydro-Québec.
Avant de commencer, est-ce
qu'il y a consentement pour poursuivre deux minutes au-delà de l'heure prévue?
Consentement. Merci.
Alors, Mme la
secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Campeau (Bourget) est remplacé par M. Lamothe
(Ungava); Mme Lessard-Therrien
(Rouyn-Noranda—Témiscamingue) est remplacée par Mme Ghazal (Mercier); M. Roy (Bonaventure) est remplacé par M. Gaudreault
(Jonquière).
Énergie et Ressources naturelles
Le Président (M.
Lemay) : Merci. Nous allons donc maintenant procéder aux échanges
entre les groupes d'opposition et le ministre par blocs d'environ
20 minutes pour permettre à chaque groupe d'opposition d'écouler
graduellement son temps de parole. Le temps d'échange inclut les questions et
les réponses.
Je suis maintenant
prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un
premier bloc d'échange. M. le député de Laval-des-Rapides, la parole est à
vous.
Discussion générale
M. Polo :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Je salue tous les membres présents. Ça
fait plaisir de se revoir, de vous revoir, mais surtout le personnel qui
accompagne le ministre. Bien sûr, bien avant tout, saluer la nouvelle P.D.G. d'Hydro-Québec,
Mme Brochu. Félicitations pour votre nouveau mandat et surtout, auprès des
femmes, d'avoir aussi, si on peut dire, brisé un autre plafond de verre en tant
que P.D.G. d'une grande société d'État ici, au Québec. Félicitations également.
Je
voudrais, si c'est possible, par courtoisie aussi, peut-être donner quelques
instants, là, au collègue ministre, juste
pour lui permettre de faire quelques salutations également avant qu'on puisse
commencer, là, avec les questions, si c'est possible.
Le Président (M.
Lemay) : Bien sûr. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Julien :
Merci, cher collègue. Très rapidement, je tiens à vous remercier tous d'être
ici aujourd'hui. Oui, effectivement, on est très heureux d'être avec Mme Brochu
et toute son équipe, là, Mme Boucher, Martin Imbleau, Éric Filion, Jean‑Hugues Lafleur, Geneviève Fortier, Serge Abergel. Donc, je pense qu'on est prêts, aussi avec
l'équipe ministérielle, à pouvoir répondre,
aux meilleures de nos connaissances, avec Hydro-Québec, à l'ensemble de
vos préoccupations. Alors, un grand plaisir d'y être, et également je
tiens à saluer tous les collègues qui y sont, dont mon collègue de Lac-Saint-Jean.
Le Président (M.
Lemay) : Merci. M. le député de... Allez-y.
M. Polo :
Merci. Mme Brochu, avez-vous quelques mots d'introduction, si vous le
souhaitez?
Le Président (M.
Lemay) : Mme Brochu.
Mme Brochu
(Sophie) : Ah! simplement vous dire tout le bonheur que nous avons à
être avec vous ce matin quant à l'opportunité de répondre aux questions, le cas
échéant.
M. Polo :
Excellent. M. le Président, moi, je commencerais plutôt... j'inviterais Mme
Brochu ou, en fait, la P.D.G. d'Hydro-Québec, peut-être, à nous faire un état
de la situation.
Actuellement, on vit
une pandémie, une situation particulière à travers le monde. Ça affecte non
seulement, là, les ménages québécois, les
individus, notre façon de nous comporter, etc., mais bien sûr, ça affecte, bien
sûr, la façon comment Hydro-Québec... autant
notamment les revenus, les services qui sont déployés, la relation avec la
clientèle. Bien sûr, la pandémie a commencé à la fin de l'hiver, se poursuit
pendant l'été. On parle déjà d'une deuxième vague qui s'approche ou, en fait,
qui est à l'horizon. Et au mois de juin, Mme Brochu a notamment, dans une
entrevue, annoncé qu'en date de la mi-juin, donc il y a à peu près deux mois de
ça, qu'il y avait déjà des effets qui étaient percevables ou perçus au niveau
des revenus.
Bien, commençons plutôt par une question d'ordre
général : Comment se porte Hydro-Québec? Et surtout, dans le contexte
actuel, là, après presque cinq mois déjà de pandémie, quels sont les effets que
vous commencez... ou que vous constatez déjà à ce niveau-là?
Le Président (M. Lemay) : Oui. M. le
ministre.
M.
Julien : Oui. Avant de laisser la parole à Mme Brochu,
naturellement, pour aller plus avant,
naturellement, depuis le début de la pandémie, on regarde avec Hydro-Québec
différentes mesures, justement, pour juste faire en sorte que la clientèle soit
le moins impactée possible.
On constate, essentiellement, également des
impacts sur les revenus. Du côté industriel et commercial, il y a des réductions. C'est normal, il y a eu
des fermetures. Du côté, en fin de compte, résidentiel, il y a une
légère augmentation... bien, une légère, à peu près 5 %, due, naturellement,
au télétravail, à la présence plus soutenue des citoyens à l'intérieur de leur
résidence.
Donc, oui, on mesure au quotidien l'évolution de
la situation, et je laisserai Mme Brochu poursuivre.
Le
Président (M. Lemay) : Avant
cela, est-ce qu'il y a consentement pour que Mme Brochu puisse
répondre? Consentement. Mme Brochu, la parole est à vous.
Mme Brochu (Sophie) : Merci. Alors,
écoutez, le monde entier vit une circonstance exceptionnelle. Le Québec ne fait
pas exception, Hydro-Québec non plus. Je vous dirais que beaucoup de choses
changent chez Hydro-Québec et j'aime à penser que la pandémie révèle le
meilleur de l'organisation, au sens où, en très, très peu de temps, l'organisation a déployé des mesures
exceptionnelles pour permettre, d'abord, à ses employés de travailler de
manière sécuritaire et aussi de continuer de répondre aux besoins de la
clientèle.
Évidemment,
il y a des gens d'exploitation terrain qui ont été mobilisés, pendant un
certain temps, sur certains projets, sachant qu'on espérait et qu'on a
finalement pu reprendre des opérations terrain. Mais rapidement, près de
12 000 personnes se sont mises en télétravail. Donc, on s'est
retournés de bord sur un dix sous, comme on dit.
Par ailleurs, grande empathie de l'organisation
à l'égard de la clientèle, de nos concitoyens puis des gens qu'on a la
responsabilité de servir. Grande empathie parce que, d'entrée de jeu, on a
dit : Écoutez, il n'y aura pas d'interruption d'électricité. Si vous avez
des problèmes à payer vos factures, ne vous inquiétez pas, on rediscutera de
tout ça plus tard. On a mis en place des mesures d'allègement, également, pour
faciliter la vie de nos clients affaires et des discussions individuelles avec
nos grands clients industriels pour les aider à donner un peu de visibilité à
ce qu'ils vivaient puis ce qu'on pouvait faire pour eux.
Un exemple de ce que l'organisation a fait de
mieux, à mon sens, puis il y en a beaucoup, mais, à un moment donné, nos
équipes de service à la clientèle ont décidé, puis c'est tout au mérite d'Éric
Filion, qui est le président d'Hydro-Québec
Distribution, et de son équipe, de faire de la proaction avec les clients.
Donc, on s'est mis à téléphoner nos clients pour dire : Comment
allez-vous? Est-ce qu'il y a quelque chose qu'on peut faire pour vous? On voit
que vous accumulez un retard. Il n'y a pas de stress. Si vous voulez, on peut
prendre une entente de paiement. Et au début de ces appels-là, évidemment, les
clients sont un peu surpris, un peu anxieux. À la fin de l'appel, les gens sont
extrêmement heureux. Donc, beaucoup d'empathie. On réussit à ramener les gens à
recommencer leurs paiements quand ils le peuvent. On ne les force pas, mais on
les aide à réinitier tout ça.
Maintenant, il reste qu'il y a une conséquence
économique à tout ça. Hydro-Québec n'est pas dans un monde à part, et nos
clients ont réduit leur consommation. C'est vrai au Québec, c'est vrai aux États-Unis.
Alors, si j'avais à simplifier vraiment, il y a comme trois grands pans
financiers qui ont été frappés : la consommation d'électricité au Québec,
nos ventes d'électricité aux États-Unis, et sur le prix, et sur le volume. Mais
par ailleurs, vous allez comprendre ça, quand on a des grands projets
de construction, les dépenses de la main-d'oeuvre qui sont affectées à ces grands projets de construction là sont
capitalisées à l'intérieur des projets. Alors, quand les projets sont
suspendus, on a encore la main-d'oeuvre, mais ils ne peuvent pas être
capitalisés. Donc, sur le bénéfice net d'un plan comptable, on doit absorber
cette charge-là.
• (10 h 10) •
De manière
générale, très caricaturée, là, 200 millions pour les ventes au Québec de
moins, à peu près 200 millions pour
les exportations prix-volume, puis à peu près 200 millions pour la
capitalisation de main-d'oeuvre qui autrement aurait dû être
capitalisée.
Longue histoire courte, quand je me suis
exprimée récemment, j'ai dit qu'il y aurait un impact de plusieurs centaines de
millions sur le bénéfice d'Hydro-Québec. Et je maintiens ça en disant, par
ailleurs, qu'on va être, nous l'espérons, au nord de 2 milliards pour
notre bénéfice cette année, comparativement à 2,8 milliards ou
2,9 milliards. On va être à peu près dans ces eaux-là.
Évidemment,
je vous dis ça sous réserve de... on ne connaît pas encore l'effet domino de
l'impact de la première vague et si,
oui ou non, il y aura une seconde vague. Au meilleur de notre connaissance, ce
matin, c'est ce que je peux répondre.
Le Président (M.
Lemay) : Merci.
M.
Polo : Oui, bien sûr, c'est très difficile d'anticiper le futur,
surtout sans vaccin, c'est très difficile d'entrevoir un retour à la
normale à très court terme. Ceci dit, Hydro-Québec a quand même l'habitude de
faire des prévisions, là, sur une longue
période de temps. Et on est à quelques mois de l'automne, le retour des temps
froids, donc bien sûr, la politique d'Hydro-Québec qui est normale, qui
est une politique qui est très, très solidaire à ce niveau-là, qui ne prévoit
pas de débranchement pendant l'hiver... Ceci dit, il y a des ménages à faibles
revenus qui sont très affectés.
Comment vous entrevoyez, justement, en fonction
d'un scénario historique actuellement, comment vous entrevoyez les prévisions à
court et moyen terme face tant aux revenus mais également peut-être
éventuellement aux dividendes qui sont versés au gouvernement?
M. Julien : ...Mme Brochu. Pour
l'instant, on mesure les effets au quotidien, de manière dynamique, de la
pandémie sur la clientèle, sur les revenus, à la fois sur les exportations, sur
les revenus intérieurs et sur les différents travaux.
De se projeter... pour être aléatoire, on connaît à peu près la mention de
Mme Brochu de moins 600 millions. L'an dernier, c'était
2,9 milliards. Naturellement, il y a des mesures qui sont en place et qui
perdurent, là, l'annulation des frais d'administration, soit intérêts, en
réalité, et frais de retard à la clientèle, justement pour éviter une pression
supplémentaire sur la clientèle. Certaines mesures aussi prévues dans les
clauses de contrats des grands consommateurs sont en place, parce qu'il y avait
la notion de pandémie dans ces contrats-là. Mais de se projeter au-delà, en
réalité, sur cet automne, dépendant comment va se dérouler l'automne, ça
devient un peu arbitraire, où différents scénarios peuvent être analysés. Mais
peut-être que Mme Brochu peut compléter.
Mme Brochu (Sophie) : Bien, en fait,
j'ajouterais... parce que, quand même, vous soulevez un point qui est
extrêmement important, les ménages à faibles revenus. On entretient, avec les
organisations qui s'occupent des ménages à faibles revenus, d'excellentes
relations, avec les ACEF notamment, et ce sont des conversations que nous avons
client par client, ménage avec ménage. Donc, je ne voudrais pas que ces gens-là
aujourd'hui aient une anxiété très grande par rapport au futur. On va continuer
de faire preuve d'empathie avec les ménages à faibles revenus. On va évidemment
s'attendre à ce que ceux qui sont capables de payer leur facture assument leur
facture.
Puis encore une fois, sur l'évolution de la
demande, il n'y a pas de doute, monsieur, qu'il va y avoir un impact sur la
consommation, la nature de la consommation. Et ce n'est pas parce que je ne
veux pas vous répondre, mais c'est parce que, bien humblement, il faut
comprendre qu'on ne sait pas trop devant quoi on est. Donc, encore une fois, on
pense à être un peu au-dessus de 2 milliards de bénéfice, qui va
normalement se reconstruire à travers le temps et le plus rapidement possible.
Et, si on peut donner un coup de main, et c'est notre intention, au rebond de
l'économie du Québec, on va le faire, c'est certain.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député.
M.
Polo : On entend beaucoup, de la part du gouvernement, bien sûr,
mettre l'emphase sur la relance économique
dans le contexte actuel. La relance économique est aussi en grande partie
reliée à la capacité des ménages, bien sûr, à consommer ou à faire
rouler l'économie. Quand on parle des ménages, que ce soient les ménages à
faibles revenus ou les ménages en général, bien sûr, les ententes d'étalement,
de remboursement ou de paiement de facture est définitivement un des facteurs
ou, en fait, des situations avec lesquelles on est très familiers, les députés
et moi.
Ceci dit, quand on parle d'une situation qui
s'échelonne sur deux hivers, arrive un certain moment donné où ce n'est plus
juste une entente de paiement basée sur quelques mois d'hiver où on a eu un peu
plus de misère. Là, on parle de presque 12 mois, sinon plus. Ça, c'est un
facteur. Jusqu'où les ménages, soit les faibles revenus ou autres, vont être
capables d'avoir de l'empathie de la part d'Hydro-Québec à leur donner non
seulement plus de temps... mais c'est parce qu'à un certain moment donné la
facture s'additionne, s'accumule, même si elle est reportée sur le temps, elle
s'accumule de très grande façon.
Deuxièmement, vous avez de plus en plus
d'entreprises qui se préparent déjà à peut-être demander à leurs employés de continuer à travailler à partir de la
maison, d'une part. Donc, ça, ça affecte aussi... ça change la dynamique
de travail, donc, d'une part aussi peut-être une augmentation de la
consommation. Jusqu'à quel point cette empathie d'Hydro-Québec envers les
clients résidentiels va aussi se transférer ou se traduire par une empathie de
la part du gouvernement auprès
d'Hydro-Québec en fonction de ses responsabilités et de ses obligations envers
le gouvernement?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien : Oui. Il n'y a pas de
doute pour nous, là, puis Hydro-Québec... puis les discussions que j'ai avec
Mme Brochu... fait preuve d'empathie dans la situation actuelle. Et des
mesures ont été planifiées et sont appliquées à la fois pour le secteur résidentiel,
pour le secteur industriel, le secteur commercial. Maintenant, c'est beaucoup,
en réalité, quand on prend le résidentiel, comme on a mentionné précédemment,
plus de frais de retard, plus de frais d'intérêt.
Et
il faut aussi concevoir que le gouvernement fédéral et le gouvernement
provincial mettent en place des mesures
de soutien et de support, en réalité, auprès des citoyens, auprès des
industries. Alors, on pense que ces mesures-là sont celles qui doivent être privilégiées. Naturellement, Hydro-Québec, dans
son carré de sable, applique des mesures,
justement, pour s'assurer que la clientèle soit le moins impactée possible,
même pour réduire la pression sur la clientèle et... Mais les mesures qui peuvent être prises ont
certaines limites, et je crois que c'est plus les gouvernements fédéral et provincial, par des mesures larges qui
touchent spécifiquement les besoins de manière éclairée, qui peuvent
intervenir à cet effet-là.
Le Président (M.
Lemay) : Vous voulez rajouter quelque chose?
Mme Brochu
(Sophie) : Bien, je rappelle qu'on n'est pas du tout dans le mode
d'interrompre, non plus, l'électricité à
personne. Ça fait que ça, je veux bien qu'on se comprenne. Puis je veux aussi
quand même nous rappeler collectivement que le Québec bénéficie des tarifs
résidentiels électriques les plus bas en Amérique du Nord. Ça ne soustrait pas à notre devoir d'empathie, mais
disons que ça nous positionne favorablement par rapport à nos
concitoyens nord-américains.
Le Président (M.
Lemay) : Député de Laval-des-Rapides.
M.
Polo : Mais, si on regarde plus spécifiquement... puis j'entends le
ministre, lorsqu'il fait référence, disons, aux programmes fédéraux,
programmes provinciaux, de la façon comment les différents programmes... les
différents gouvernements se sont adaptés ou organisés en fonction de soutenir
ces Québécois, Canadiens au niveau de leurs revenus.
Mais vous le savez, M. le ministre, que mensuellement ou peut-être
bimensuellement les Québécois reçoivent une facture d'Hydro-Québec, et
il y a là un impact direct au quotidien d'un... si on peut dire, d'une
responsabilité qu'ils doivent assumer.
Ma question, c'est...
Et vous avez utilisé une phrase assez particulière, Mme la P.D.G., lorsque vous
avez dit : On n'est pas dans une business d'éliminer les dettes mais
plutôt de les repousser dans le temps. Par contre, le ministre parle
ouvertement de réduire les tarifs pour certaines clientèles, soit commerciales
ou industrielles, afin de relancer l'économie. Pourquoi ce discours-là, ou
cette idée-là, ou, si on peut dire, cette vision-là ne pourrait pas
s'appliquer, par exemple, auprès des clientèles résidentielles?
M. Julien :
...avoir mentionné réduire les tarifs d'aucune façon, là. Il y a des programmes
qui sont en place actuellement. Quand on a regardé la perspective, puis on
s'est assis avec Hydro-Québec assez rapidement, là, dès le début de la
pandémie, à la fois pour la relance économique que vous avez mentionnée, cher
collègue, là, on a développé, de mémoire, 24 ou 25 mesures qui ont été
présentées pour dire comment Hydro-Québec peut participer à la relance
économique du Québec, soit par rapport à certains travaux d'infrastructure,
soit par rapport à certains gestes qui peuvent être faits, par exemple, le
triphasé pour le secteur agricole, donc plusieurs mesures.
Mais maintenant ce
qu'on dit, c'est Hydro-Québec, en réalité, dans son terrain de jeu, vient
cibler, de venir dire : On ne mettra pas une pression indue à la fois sur
la clientèle commerciale, résidentielle, industrielle, par rapport aux
difficultés momentanées. Et on vient mettre en place, en fin de compte, un
mécanisme qui fait en sorte qu'il n'y a pas de frais d'administration, pas de
frais d'intérêt sur les retards. Tout ce qu'on vient de mentionner, c'est que
l'outil d'Hydro-Québec n'est pas l'outil du gouvernement fédéral ni du
gouvernement provincial qui peut regarder, de manière beaucoup plus vigilante
et de manière beaucoup plus efficiente, un soutien auprès, en fin de compte, de
ces différentes clientèles.
Je m'explique.
Donner, en réalité, des baisses de tarifs majeures sur le résidentiel pourrait
profiter à certains individus mais pas se rendre, en réalité, auprès des
individus qui en ont réellement besoin, tandis que les mesures provinciales et fédérales ciblées pour un soutien,
soit aux résidents, soit aux citoyens, soit à l'industrie, au commercial,
sont beaucoup mieux ciblées. Donc, oui, on participe, on ne met pas une
pression supplémentaire, on met en place des mécanismes qui favorisent la
poursuite des activités, mais ce n'est pas l'outil le plus efficient pour
atteindre ce que vous souhaitez.
• (10 h 20) •
M. Polo :
Comme on a eu de longs débats à ce niveau-là, M. le ministre, je veux dire,
tous les Québécois savent qu'Hydro-Québec leur appartient, puis je pense que,
dans une situation actuelle, cette empathie que démontre la société d'État auprès de ses clients, je pense
que le gouvernement aurait bien intérêt aussi à peut-être se
l'approprier puis de dire : Regardez comment est-ce qu'on peut bien cibler.
Parce que je suis d'accord avec vous, peut-être une mesure mur à mur, au niveau
d'une réduction de tarifs, n'est peut-être pas la plus appropriée. Mais Dieu
sait qu'Hydro-Québec sait très bien, a beaucoup d'informations sur chacun des
ménages et sait très bien quels sont les ménages qui en ont le plus besoin,
etc.
C'est là où je
considère que, dans le contexte actuel, le gouvernement passe à côté de
peut-être démontrer encore plus d'empathie,
justement, sur la facture qui est reçue par chacun des contribuables québécois
de la part d'Hydro-Québec. C'est là
que je vous demande : Est-ce que vous avez une ouverture? Parce qu'on
entend ce discours-là de la part du gouvernement, de comment relancer
l'économie, de comment soutenir les PME, comment soutenir la grande industrie,
etc., mais on ne l'entend pas assez auprès du consommateur moyen, des familles
les plus démunies et pas seulement un report de paiement ou un étalement de
paiement, mais définitivement, comment est-ce qu'on peut leur permettre de
respirer un peu plus en sachant, là, que cette société d'État qui nous
appartient tous fait un effort additionnel en leur permettant, justement,
d'avoir peut-être un peu moins de stress quand ils reçoivent la facture d'Hydro-Québec.
M. Julien : Je réitère, en réalité, qu'Hydro-Québec met en place des mesures, justement, pour réduire le stress auprès de l'ensemble de la clientèle. Et, quand on est arrivés sur
certains éléments industriels ou grands consommateurs, on a discuté avec Hydro-Québec, et des téléphones ont été
faits à l'ensemble de ceux-ci pour justement voir quelle était leur position. Et je crois que ces gens-là
étaient rassurés par rapport à la position d'Hydro-Québec et du gouvernement.
Je réitère également,
comme mentionnait Mme Brochu, que l'effet escompté... on n'a pas de boule
de cristal, on voit l'effet jusqu'à présent, à peu près 600 millions. Et
Mme Brochu mentionne, bon, probablement qu'à la fin de l'exercice on va
être au-dessus, quand même, de 2 milliards de dividendes.
Tout
ce que je viens mentionner, c'est qu'Hydro-Québec fait preuve d'empathie, prend
des mesures spécifiques pour éviter, justement, un bris de service pour
ne pas mettre de la pression supplémentaire auprès de sa clientèle, bien au
contraire.
Mais ce dividende-là
qui est distribué au gouvernement par la suite, le ministre des Finances, le
ministre de l'Économie, l'ensemble du gouvernement, quand ils regardent les
mesures à prendre, qui vont coûter quand même plusieurs milliards, comme elles
ont été annoncées, pour soutenir les citoyens, les commerces, l'industrie,
c'est via ce mécanisme-là qui est beaucoup plus efficient et ciblé sur le
besoin spécifique.
Donc,
Hydro-Québec fait sa part en disant : On enlève de la pression sur les
consommateurs. Mais le gouvernement prend la grande part en
disant : Voici les mesures spécifiques pour aider les citoyens et le
commerce.
Le Président
(M. Lemay) : M. le député.
M. Polo :
M. le ministre, ce que les Québécois entendent de votre part, c'est que le
dividende qui est généré par Hydro-Québec, c'est votre priorité la plus
importante et que vous voulez vous assurer que les revenus qui sont générés, à
tout le moins le dividende qui va être versé au gouvernement, c'est votre
intérêt principal et non pas l'intérêt des contribuables et de regarder comment
est-ce qu'on peut faire baisser, justement, la pression pour les contribuables
à la fin de la journée.
Actuellement, il y a
un contexte mondial qui affecte tous les ménages. Ça se répercute autant sur
l'économie et sur la capacité de consommation des ménages québécois. Et ce
qu'ils voudraient entendre de votre part et de la part du gouvernement auprès
d'Hydro-Québec, c'est de regarder comment est-ce qu'on peut alléger cette
pression, comment est-ce qu'on peut alléger ce stress qui leur est imposé. Et
actuellement il n'y a aucune, aucune empathie de votre part à justement essayer
d'alléger cette...
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. le député de Laval-des-Rapides.
Ceci termine ce premier bloc d'échange. Nous allons maintenant passer la
parole à la députée de Mercier, du deuxième groupe d'opposition.
Mme Ghazal :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Bien, bonjour, tout le monde, M. le
ministre, Mme Sophie Brochu, messieurs dames du cabinet du ministre
et du ministère, et aussi à mes collègues. Je suis très contente d'être ici
parmi vous aujourd'hui.
Je vais avoir une
question... En fait, j'ai une période de 10 minutes maintenant, je vais en
avoir une autre plus tard. Je vais poser ma question pour profiter de la
présence de Mme Sophie Brochu dans le deuxième 10 minutes. Pour le
premier, je vais poser ma question à M. le ministre.
Je vais aller sur les
subventions à l'industrie extractive, qu'on parle des minières, pétrolières et
gazières. On le sait, normalement, on s'attend à ce que ces compagnies-là,
quand elles viennent extraire ces ressources-là ou faire de l'exploration,
normalement, on s'attend à ce qu'elles paient pour ça. Mais au Québec, ce qu'on
fait, c'est qu'on donne des subventions
indirectes, que ce soit par des crédits d'impôt aux grandes corporations ou
aussi des déductions d'impôt pour les
actionnaires de ces compagnies-là, donc pour les particuliers. J'aimerais
poser, dans le fond, la question au ministre : Est-ce qu'il sait à
quelle hauteur s'élèvent les pertes fiscales qui sont associées à ces deux mécanismes-là
de subventions indirectes qu'on donne à cette industrie extractive?
Le Président (M.
Lemay) : M. le ministre.
M. Julien :
Bien, écoutez, pour moi, ce n'est pas, en réalité, la notion de pertes fiscales
mentionnée par ma collègue de Mercier. L'an dernier, lors de l'étude des
crédits, votre collègue de Rouyn-Noranda avait questionné, justement, sur la
fiscalité du domaine minier. Et, bon, la dernière étude, de mémoire, relève de
2015, du ministre des Finances, du ministère des Finances, qui démontre
clairement qu'au Canada la fiscalité la plus avantageuse pour une province, en
termes miniers, c'est celle du Québec, qui prend en compte, en fin de compte,
l'ensemble des éléments, à la fois, en
réalité, le support à l'industrie, à la fois les redevances versées, à la fois
les impôts payés par les employés, à la fois les impôts payés par les
entreprises. Donc, au Québec, actuellement, c'est ici, dans toutes les
provinces du Canada, que la fiscalité est la plus avantageuse pour le
gouvernement sur le secteur minier.
Mme Ghazal :
Ça, c'est... Oui, absolument, puis il y a encore des documents, dans le
ministère, qui disent : On est les plus avantageux, venez, venez, parce
qu'on donne beaucoup, beaucoup de cadeaux fiscaux. En fait, moi, j'ai fait une
demande d'accès à l'information auprès de Revenu Québec sur les crédits d'impôt
et les discussions sur les 20 dernières années. Ce qu'on a donné, c'est
3,8 milliards de dollars au cours des 20 dernières années. Je n'ai
pas la dernière année, au moment où la CAQ
est arrivée, mais, à entendre le ministre, j'ai l'impression qu'on va
continuer ce qui a été fait dans le passé. Donc, de 2001 à 2018, c'est
3,8 milliards.
Puis ce que j'ai envie aussi de
mentionner plus spécifiquement... parce que le ministre dit : Bien, c'est
avantageux parce que ça nous rapporte, donc c'est comme un... on a un retour
sur investissement. Je ne sais pas si le ministre peut documenter ce retour sur
investissement. Parce que, si on prend uniquement la partie crédits d'impôt
qui, elle, est de 1,6 milliard, donc 1,2 milliard sur les 20
dernières années, c'est 123 millions qui ont été donnés à des sociétés qui
n'ont aucune opération au Québec. Elles ne font rien ici, au Québec. 54 %
de cet argent-là, donc 600 millions, à des sociétés étrangères. Leur siège
social n'est pas au Québec. 316 millions de dollars à des sociétés qui
n'ont aucun employé au Québec. Donc, je ne sais pas quelles retombées elles ont
faites. Elles ont eu des cadeaux, mais c'est quoi, les retombées?
Moi,
j'aimerais ça que le ministre me dise s'il trouve ça normal qu'on donne à des
compagnies qui ne bénéficient aucunement au Québec.
Le Président (M.
Lemay) : M. le ministre.
M. Julien :
Oui. Merci, M. le Président. Écoutez, je pense qu'on s'est mal compris, ma
collègue de Mercier et moi. Tantôt, quand je disais que c'était la fiscalité la
plus avantageuse, ce n'était pas pour les entreprises, c'était pour le Québec
par rapport aux autres provinces, c'est-à-dire que c'est au Québec qu'on exige
le plus, en réalité, des entreprises minières en termes de retombées fiscales à
travers le Canada.
Alors, c'est sûr
qu'on peut prendre chacun des éléments puis dire : Oui, il y a des
subventions qui sont faites via le MEI, via Ressources Québec, via différents
éléments. Après ça, naturellement, il y a des milliers d'emplois, c'est-à-dire
qu'il y a 32 000 emplois directs et indirects, avec une rémunération
au-dessus de 100 000 $ en moyenne, avec impôts payés. Naturellement,
il y a des bénéfices, avec les redevances minières qui sont payées, qui sont
dans des sommets actuellement. Donc, quand on regarde le portrait global du
secteur minier au Québec, en termes de fiscalité, c'est au Québec, dans toutes
les provinces du Canada, où on met le plus de pression sur l'industrie minière.
Mme Ghazal :
Ma question n'est pas dans le portrait global, est très, très spécifique par
rapport aux impôts, là. Je parlais de la fiscalité, donc pas les subventions
qui sont données, puis là on exige qu'il y ait un retour sur l'investissement
pour les Québécois. Je parle vraiment des crédits d'impôt et des déductions
d'impôt. Donc, le crédit d'impôt, c'est pour les entreprises, je l'ai dit, sur
les 20 dernières années, 1,6 milliard. Et pour ce qui est des contribuables... c'est-à-dire que, quand il y a
une personne, souvent, c'est des gens avec des salaires... même
200 000 $ et plus, ils donnent 1 000 $, ce qu'on appelle
les actions accréditives. Puis les deux gouvernements, les deux paliers de
gouvernement vont leur donner 695... En tout cas, ils ont un retour de
70 %.
Donc, moi, c'est ça,
ma question, c'est : Pour cet argent-là, pour que les Québécois sachent
l'argent qu'ils ont payé à ces industries extractives en subventions
indirectes, en crédits d'impôt, le 3,8 milliards sur 20 ans...
qu'est-ce que ça leur a rapporté, quand c'est des entreprises, comme je le
disais, pour la plupart, qui ne sont pas au Québec,
qui ne sont pas opérantes au Québec, qui n'ont pas de siège social au Québec?
Qu'est-ce que ça leur a donné? Pas le portrait global, spécifiquement
sur cette question-là.
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
• (10 h 30) •
M. Julien :
Oui, M. le Président. Je ne peux pas répondre à la question de Mme la députée
de Mercier. Elle ne veut pas un portrait
global, mais c'est un portrait global, la fiscalité, en fin de compte, du secteur
minier, c'est-à-dire quand un investisseur regarde, en réalité, la
possibilité... comme on dit, ils ont le choix des bonbons pour investir, là. Tu
as l'Australie, tu as l'Amérique du Sud, tu as l'ensemble des pays, puis tu as
le Québec, tu as l'Ontario, tu as la Colombie-Britannique, qui sont des grands
joueurs canadiens, en fin de compte, dans le secteur minier. Quand on regarde
le portrait global, on ne peut pas faire du «cherry picking» puis venir
dire : Oui, ici, on a donné quelque chose, qu'est-ce que ça a donné? Il
faut regarder la fiscalité dans son entièreté.
Alors,
l'investisseur, lui, il regarde qu'est-ce que ça lui coûte de venir investir au
Québec. Et ce que je réitère, c'est qu'à travers le Canada, de toutes
les provinces, le système fiscal du Québec, c'est lui qui donne le plus, en fin
de compte, de retours par rapport à toutes
les provinces, quand on regarde toute la fiscalité, alors à la fois l'impôt
payé, les redevances payées, l'impôt payé par les travailleurs, les subventions,
le soutien.
Donc, il faut qu'on
le regarde, effectivement, dans une globalité. On ne peut pas le regarder,
dire : Oui, mais cette portion-là ne nous donne rien. Oui, mais l'investissement,
lui, il nous donne quelque chose. Les 1 000 employés nous donnent quelque
chose, à 100 000 $ et plus pour telle mine. Le 1 milliard d'investissement
pour partir une mine, en fin de compte, qui est à 80 % et plus faite par
des entreprises québécoises, donne, en réalité, des emplois indirects. Quand on
regarde l'ensemble du portrait, selon l'analyse du ministère des Finances,
c'est au Québec qu'on retire le plus de l'industrie minière à travers le Canada.
Mme Ghazal : Est-ce
que, dans l'analyse du ministère
des Finances, est-ce qu'on parlait aussi de ce 3,8 milliards sur
20 ans?
M. Julien : Il faudrait voir. En
fin de compte, l'analyse du ministère des Finances, qui date de 2015, de
mémoire, prend tous les spectres, en réalité, toutes les sommes qui sont
retirées, toutes les sommes qui sont investies, et c'est au net. Donc, oui, il
y a plusieurs mesures qui viennent supporter, en réalité, l'apport d'investissements
de compagnies au Québec
dans le secteur minier. Oui, on voit les redevances, puis l'industrie
minière dit : Les redevances sont
trop élevées. Oui, on voit également, en fin
de compte, la fiscalité par rapport à l'impôt sur les industries, l'impôt sur
l'individuel, les sous-jacents, en réalité, des emplois indirects créés. Alors,
quand on prend l'ensemble de la tarte, l'ensemble des éléments du secteur
minier, c'est au Québec qu'on est le plus... qu'on obtient le plus de retombées
économiques dans le secteur minier selon le dollar investi.
Mme Ghazal : Moi, j'aurais aimé
avoir des... parce que je pose une question précise, j'aurais aimé avoir des réponses précises. Le ministre
pense que oui, globalement, c'est une bonne chose. C'est une bonne chose, par exemple, que la moitié des déductions
d'impôt soient allées à des gens... je parle des... bien, ce n'est pas des
contribuables, mais c'est des personnes,
là, pas morales, mais physiques, qui ont des salaires de 200 000 $ et
plus. Donc, le ministre...
Moi, ce que je
veux savoir, est-ce que cet argent-là... de leur donner, d'être aussi
généreux juste en déductions d'impôt
puis crédits d'impôt, est-ce que ça vaut vraiment la peine? Si on ne donnait pas cet argent-là, est-ce qu'ils investiraient ici parce
qu'ils trouveraient quand même leur compte, étant donné qu'il y a d'autres subventions
directes, par exemple, par Investissement Québec? C'est cette question-là
précise.
J'ai les données qui sont ici. Peut-être que je
peux même les déposer. Moi, j'aimerais ça que le ministre ait une curiosité par
rapport à ça, de dire : O.K., on a donné tant, est-ce qu'on va continuer
dans la même stratégie que dans le passé? J'aimerais qu'il ait cette
réflexion-là puis cette curiosité de dire : Oui, on a... C'est généreux,
c'est avantageux, c'est bon pour l'économie du Québec, mais est-ce que c'est
100 % bon? Peut-être pas. Peut-être que cette portion que la députée de
Mercier lui amène... là, je parle à la troisième personne, ce n'est pas une
bonne chose, mais peut-être que ce que moi, je lui amène, ce n'est pas...
peut-être que c'est à remettre en question. Je veux savoir si le ministre est
curieux.
M. Julien : Oui, mais, M. le
Président, non seulement je suis très curieux, ça fait deux ans que je travaille,
en fin de compte, dans ce secteur-là avec toutes mes équipes, avec l'industrie
minière. Et je réitère que ce que fait la députée de Mercier, actuellement,
c'est de pointer des éléments, mais qui sont regardés par les investisseurs.
C'est des investisseurs quand même assez sérieux. Quand on vient mettre
1 milliard pour ouvrir une mine au Québec, bien, habituellement, ils
regardent l'ensemble du portrait, c'est-à-dire à la fois les redevances qui
doivent être payées, l'impôt qui doit être payé. Et ce qu'on voit actuellement,
c'est qu'il y a un glissement.
Le Québec, en réalité, est de moins en moins
attractif par rapport au secteur minier, pas seulement pour les investisseurs.
Naturellement, il y a les notions réglementaires, etc., mais actuellement, au
Canada, on est l'endroit où on exige le plus des compagnies minières quand on
regarde le portrait global. Donc, si ma collègue dit : Oui, mais
trouvez-vous normal qu'on donne ça ici pour attirer les investisseurs...
c'est-à-dire que, si je ne prends pas le portrait global, l'investisseur, lui,
il dit : Ça me coûte combien aller faire des investissements au Québec,
aller faire des affaires au Québec? Et cette globalité-là montre qu'au Québec
c'est ici qu'on en retire le plus.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup, M. le ministre. Donc, le temps étant écoulé sur ce bloc
d'échange, on reviendra tout à l'heure, Mme la députée. Et, en même temps, si vous voulez déposer un
document, je vous invite à le transmettre au secrétariat ou courriel du
secrétariat, et puis on regardera pour le dépôt. M. le député de Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
M. Polo : Ah! merci. Merci beaucoup,
M. le Président. Je vais poursuivre, M. le Président, avec quelques questions, notamment,
au niveau des surplus d'Hydro-Québec, au niveau de sa capacité de production, parce
que...
Une voix : ...
M. Polo : Oui, oui, oui. Non,
parfait, pas de problème. Non, je voulais aborder la question des surplus, parce
que, dans les derniers mois ou, en fait, dans les dernières semaines, ça a été
annoncé publiquement qu'Hydro-Québec prévoyait une baisse des surplus, une
diminution des surplus au cours des 10 prochaines années. Notamment, un
porte-parole d'Hydro-Québec Distribution s'est prononcé sur ce sujet-là, et je
voulais savoir, à tout le moins pour commencer, quels sont les surplus actuels
d'Hydro-Québec en termes de production.
M. Julien : Alors, en termes de production,
puis naturellement, il faut le voir globalement... alors, oui, on voit le
spectre, en réalité, le surplus de distribution puis le surplus de production.
Ce qu'on a toujours mentionné puis on réitère ça, là, avec Hydro-Québec,
c'est : 2021‑2022, il va falloir vraiment s'interroger sur les prochaines
phases de développement. On mentionnait ça il y a deux ans, on le mentionne
encore l'an dernier et cette année. Donc, il faut le voir dans une perspective
globale. Et je vais laisser Mme Brochu mentionner que ce n'est pas des
surplus, mais on doit plus le qualifier... Je vous laisse le qualifier,
Mme Brochu.
Mme Brochu (Sophie) : Alors, merci.
Alors, petit moment historique aujourd'hui, petit moment historique, parce que,
personnellement, je n'aime pas beaucoup le mot «surplus», qui
ne caractérise pas la situation,
actuellement, d'Hydro-Québec. Un surplus, ça ne vaut rien, ça ne coûte pas
cher, puis tout le monde peut l'avoir gratis. Et c'est comme ça qu'au sud de la
frontière, on nous attend, parce qu'on a des surplus. Or, un surplus, c'est un
restant de table. Ce qu'on a, c'est un repas qui n'a pas encore été servi. Ce
qu'on a, c'est de l'énergie disponible qui va trouver preneur chez nous ou au
sud de la frontière, chez nous parce qu'on accroît l'électrification de
certains usages, chez nous parce qu'on va
réussir à attirer des entreprises qui vont vouloir consommer l'électricité, au
sud de notre frontière parce que les
gens prisent l'électricité. Alors, si vous voulez bien, on va parler d'énergie
disponible qui demeure à être écoulée. Moi,
j'appelle ça un potentiel latent. Puis ce n'est pas juste de la sémantique,
parce que la posture mentale de nos clients potentiels est complètement
différente sachant qu'on parle de surplus.
On regarde Hydro-Québec
de manière générale, il y a Hydro-Québec Production dans son ensemble et il y a
Hydro-Québec Distribution. Quand on dit... Vous faites référence, avec
justesse, sur le fait qu'on va arriver à une période où on va être dans une
situation plus serrée au niveau du bilan de la puissance et de l'énergie. C'est
au niveau d'Hydro-Québec Distribution.
Au niveau
d'Hydro-Québec Production, il y a un potentiel latent, et c'est ce potentiel
latent là qui s'est construit au fil
du temps, parce qu'on a choisi, au cours des dernières années, de construire
des ouvrages, des barrages pour nous donner une capacité économique, une
capacité électrique, encore une fois, pour supporter notre économie. Alors, au
niveau d'Hydro-Québec Production dans son ensemble, nous avons toutes les
énergies disponibles, à la fois pour servir le Québec, à la fois pour servir
l'augmentation de la consommation chez nous et à la fois pour servir des grands
contrats d'exportation comme ceux qu'on contemple, par exemple, au
Massachusetts.
Pour
ce qui est d'Hydro-Québec
Distribution, Hydro-Québec passe des contrats, notamment avec Hydro-Québec
Production, mais aussi avec d'autres partenaires de production privés pour
s'approvisionner. Et elle commence à lever la main, mon collègue Éric Filion
commence à lever la main pour dire : Quelque part en 2026, là, évidemment,
le contexte de pandémie a probablement retardé de quelques mois, donc probablement
fin 2026, on va commencer à avoir besoin d'apports additionnels à ceux
dont on dispose aujourd'hui... pourront répondre des producteurs privés, pourra
répondre Hydro-Québec à partir des capacités disponibles dont elle dispose.
Le Président (M.
Lemay) : ...Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Effectivement, et ce que je crois en comprendre, au niveau d'Hydro-Québec
Distribution, c'est que... et justement, ils ont commencé à discuter ou à faire
un tour de différents fournisseurs potentiels pour réévaluer, si on peut dire,
le mix énergétique, notamment le secteur éolien. Et je m'en réjouis, M. le
ministre, parce que nous avons eu, à votre arrivée au gouvernement, nous avons
eu de nombreux échanges, notamment, sur le Parc éolien d'Apuiat, et autres. On
vous a vertement critiqué de laisser tomber ce projet-là. Et là ce que j'en
comprends, c'est que le premier ministre est ouvert et il respecte sa parole à
ce niveau-là en disant que, lorsque le moment sera venu, ça va être un des
premiers projets qui vont être considérés. Est-ce que c'est toujours le cas?
M. Julien :
...des bonnes discussions par rapport à ça. Naturellement, actuellement, il y a
3 667 MW d'éolien au Québec, et ce qu'on a mentionné, c'est que le
prochain projet de développement énergétique au Québec serait Apuiat, quand le
besoin se fera. Et naturellement, là, on voit que toute la notion d'exportation
a avancé la semaine dernière avec le référendum et la situation et on pense qu'éventuellement
le mix doit être bien analysé. Et on voit aussi l'évolution, là : les
premiers contrats qui ont été faits, 100 MW, étaient à 0,13 $,
0,14 $; actuellement, là, on voit en bas de 0,06 $ certains projets
éoliens.
Donc,
cette mixité où on a la batterie, puisqu'on a beaucoup d'hydroélectricité au Québec, 94 %, 95 % de notre énergie
électrique, ça permet, justement, d'avoir une mixité intéressante avec d'autres
formes, et on va le regarder attentivement. Et cette mixité-là doit être au
bénéfice, naturellement, des citoyens du Québec.
• (10 h 40) •
M. Polo :
Parfait. Mais je reviens... Parfait. Je comprends qu'il y a Hydro-Québec
Distribution, mais il y a Hydro-Québec Production. On parle de combien, en
termes de potentiel, actuellement, produit ou, si on peut dire, généré qui
reste à être... qui reste à trouver preneur, si on peut dire? Juste pour être
précis.
M. Julien :
Juste avant de passer la parole à Mme Brochu, il faut comprendre que le
surplus de production, on ne le perd pas, là. On a un marché spot. On fait des
échanges, en fin de compte, spot. Naturellement, la réalisation de grands
contrats avec le Mass, avec New York ferait en sorte de mettre, en contrats
long terme, une stabilité dans le marché par rapport à ces... pas ces surplus
mais ces potentiels latents. Mme Brochu.
Mme Brochu
(Sophie) : Bon, alors, écoutez, vous me permettrez peut-être deux,
trois petites choses, si vous me permettez,
là, puisque j'en ai l'occasion. Le boulot d'Hydro-Québec... Je vais
parler d'Hydro-Québec Distribution,
parce que la première responsabilité d'Hydro-Québec Distribution, évidemment,
c'est l'approvisionnement fiable, concurrentiel de sa clientèle. Sa deuxième responsabilité,
tout aussi importante à notre avis, c'est d'aider ses clients à consommer mieux
et moins de ce qu'on leur vend. Et il se dégage, du coup, des capacités très importantes
que l'on revalorise, encore une fois, soit au Québec ou soit aux États-Unis.
On
a fait sortir des petits chiffres, parce que, là, j'arrive, je suis la «rookie»
je demande toutes sortes d'informations
parce que je pars de zéro, et, quand on regarde, depuis 2003, toutes les
mesures d'efficacité énergétique d'Hydro-Québec pour économiser
l'électricité correspondent à 10 TWh, et ça, c'est le contrat...
l'équivalent du contrat d'exportation avec le Massachusetts. Alors, c'est dire
que non seulement on augmente le nombre de nos clients, mais on autogénère un
potentiel latent additionnel. Alors, ça, on s'y applique, et je tiens à le
nommer parce que la première responsabilité, avant de penser aux
approvisionnements, c'est ça.
Après ça, du côté
d'Hydro-Québec, comme M. le ministre l'a dit, notre électricité trouve preneur.
La grande richesse d'Hydro-Québec, ce n'est pas seulement, et c'est déjà
immense, ce n'est pas seulement de produire de l'électricité renouvelable et
qui est verte, c'est d'avoir une capacité de l'entreposer, et ça, c'est
immense.
On parle beaucoup des
batteries, hein, des batteries qu'on peut installer chez nos clients, puis
elles vont jouer un rôle de plus en plus important, puis on y travaille
nous-mêmes, au développement des batteries, mais la plus formidable des
batteries du Québec, ce sont nos réservoirs. Alors, ces réservoirs-là peuvent
accumuler de l'eau, peuvent accumuler une
énergie latente en attendant qu'on ait les conditions les plus favorables
possibles pour les écouler.
Cet hiver, par exemple... Cet été, par exemple, compte
tenu de la pandémie, les prix de l'électricité n'étaient pas tout à fait au
rendez-vous. Si on avait été complètement au fil de l'eau, il aurait fallu
couler l'eau puis laisser l'eau aller puis de la vendre au prix du marché. On a
choisi, on a ces capacités-là, de garder de cette électricité-là et de la
vendre plus tard dans le temps. Ça ne manipule pas du tout les prix, ça ne
change pas les prix qu'on soit sur le marché ou pas, là, on n'a pas cette
capacité-là à influencer le prix du marché, mais ça nous permet à nous
d'attendre d'avoir les conditions propices. Et cette capacité-là d'entreposage
efface, si vous voulez, la notion du fameux surplus dont on parle.
Alors, est-ce
qu'on est capables de répondre à toute la demande du Québec? La réponse, c'est
oui. Est-ce qu'on est capables de répondre à notre contrat qu'on a signé
avec nos collègues du Massachusetts? La réponse est oui. Aujourd'hui, nous entretenons des discussions avec d'autres marchés,
que ce soit au Canada ou aux États-Unis, puis on pourra ajouter aussi des
grands projets éoliens au Québec, qui viendront se jumeler aux capacités
d'Hydro-Québec pour servir nos marchés limitrophes.
M.
Polo : Merci, M. le Président. Puis j'aimerais, avant de poursuivre
avec mes questions, juste amener peut-être un petit commentaire, parce
que M. le ministre et nous, élus, on a l'occasion de se côtoyer six mois
par année ici, de façon hebdomadaire, mais Mme la P.D.G., Mme Brochu, on
n'a pas l'occasion d'échanger aussi souvent
avec elle. Donc, je comprends que M. le ministre intervienne à chacune de mes
questions, mais mes questions sont plutôt dirigées à la P.D.G.
d'Hydro-Québec. Donc, si ce serait possible, M. le Président, de permettre
peut-être un dialogue un peu plus direct, comme ça on peut maximiser le temps
que nous avons avec la P.D.G., compte tenu qu'on n'a pas le privilège de
l'avoir aussi souvent que le ministre.
Ceci dit, M. le Président, les points apportés
par Mme Brochu m'amènent deux, trois questions, notamment au niveau
de cette capacité de rétention des barrages. Est-ce que vous êtes en train de
confirmer qu'il n'y a eu aucun délestage dans la dernière année, dans les
dernières années? Cette capacité permet encore d'accumuler de l'eau et donc de
conserver ce potentiel à vendre à meilleur prix. Est-ce que c'est ce que vous
confirmez?
Mme Brochu (Sophie) : ...pardon.
Le
Président (M. Lemay) : Pour répondre à la question du député de
Laval-des-Rapides, le ministre a toujours l'opportunité de pouvoir céder
la parole, mais il a toujours l'opportunité de vouloir répondre, si besoin il y
a. Donc, sur ce, Mme Brochu, allez-y.
Mme Brochu (Sophie) : On peut
prendre un café. Je voulais vous dire ça aussi. Tu sais, on se voit là, là,
mais, tu sais, tout le monde m'appelle, je rencontre tout le monde. Venez me
voir n'importe quand, n'importe quand, ça va me faire plaisir, là. On est pas
mal là, là, alors ça va me faire plaisir de vous rencontrer tous. La question,
c'était quoi encore, là?
M. Polo : Délestage.
Mme Brochu (Sophie) : Ah! délestage.
Alors, sur le passé, il y a déjà eu ce qu'on appelle des déversements. On ne
prévoit pas ça à court, à moyen terme, malgré le fait que la consommation ait
baissé. Il y a la capacité des grands réservoirs d'entreposer et il y a
aussi... et il y a ça, là, il y a où tombe l'eau. Si l'eau tombe en amont des
barrages, c'est une chose. S'il pleut en aval des barrages, c'est une autre
chose.
Mais aujourd'hui, compte tenu de la circonstance
des réservoirs, on ne voit pas ça à court, à moyen terme, et on a choisi sciemment, encore une fois cette année,
de laisser monter l'eau, justement, pour attendre les prix en question. Alors
là, vous me ferez grâce du passé, parce que j'ai suffisamment à apprendre le
présent puis le futur, mais, pour le court et le moyen terme, là, c'est là
qu'on est.
M.
Polo : ...de notre capacité à
fournir en électricité tous les ménages québécois, en fait, tout l'ensemble du
territoire québécois. Si on se projette dans l'avenir, parce qu'on parle depuis
quelques années déjà, là, d'une électrification
non seulement des transports, mais de l'électrification à grande échelle, là,
du Québec, dans un scénario très optimiste ou idéal,
si on peut dire, est-ce que la capacité actuelle permettrait de répondre à
cet... disons, à ce projet d'électrification à très grande échelle à l'ensemble
du territoire québécois?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien : ...avec ce qu'on a entre
les mains, on a suffisamment de potentiel, cher collègue, là, pour aller de
l'avant. Puis on a des discussions, avec le programme d'électrification du Québec,
voir, justement, c'est quoi, le bon mixte, parce qu'il y a toujours la notion
d'énergie avec du potentiel latent et il y a toujours la question de puissance,
également, pour avoir le bon mixte.
Comme
on mentionnait, en période de puissance, certains enjeux... on ne peut pas non
plus bâtir des infrastructures. Ça serait comme faire trois ponts pour l'heure
de pointe. Alors, il faut que tu aies une mixité, justement, entre
l'énergie, l'hydroélectricité et, en période de puissance, qu'est-ce qu'on
fait, Alors, comment... est-ce qu'on accumule? Est-ce qu'on va avec une mixité
d'énergie? Mais c'est certain qu'on a de la place.
Ce qu'on constate dans les 10 dernières
années, même maintenant les 12, parce que je... c'est qu'il y a une
stabilisation par rapport à la demande d'énergie au Québec. Alors, c'est une
ligne. Donc, à la fois il y a des gains, qui ont été mentionnés par
Mme Brochu, de 10 MW en termes d'efficacité énergétique, puis à la
fois le développement économique a fait une croissance de la demande. Donc,
oui, on a les marges puis on y travaille fortement.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député.
M. Polo : Et, quand on parle
d'infrastructure ou de grande structure d'Hydro-Québec, est-ce que, ce que je
comprends, M. le ministre, que, dans le contexte actuel, que ce soit, par
exemple, la baisse des exportations, la baisse de la consommation industrielle
et commerciale, notamment, vous n'entrevoyez plus de constructions de grands
barrages? Parce qu'à ma connaissance ça a fait partie du discours de votre
premier ministre depuis des années, de retourner à la construction de grands barrages.
Est-ce que c'est la commande que vous avez passée ou les discussions que vous
avez avec Hydro-Québec?
M. Julien : ...tout à l'heure, on
regarde actuellement, puis ce qu'on voit poindre avec M. Filion, en
réalité, 2026‑2027. Quand je disais 2021‑2022, c'est qu'on ne peut pas attendre
d'être rendu au besoin pour planifier. Et on va
regarder, en fin de compte, tous les potentiels en termes économiques et en
termes, naturellement, d'électrification verte par rapport aux ajouts de
développement, puis on va prendre les éléments les plus efficients,
transformation à moindre coût.
Donc, est-ce que c'est de l'augmentation de
puissance, par exemple, sur des ouvrages actuels? Est-ce que c'est de l'éolien?
Est-ce que c'est du photovoltaïque? Est-ce que c'est de nouveaux ouvrages? On
va regarder, en fin de compte, qu'est-ce qui est le mieux pour répondre. Comme
je le mentionnais tout à l'heure, on a actuellement 95 %... 94 %,
95 % d'hydroélectricité, 4 %, 5 % d'éolien, 1 %, en fin de
compte, dans des réseaux autonomes avec, en réalité, du pétrole, mais cette
mixité-là est opportune, justement, pour voir... On a la chance de pouvoir
réajouter plusieurs sources puisqu'on a notre batterie hydroélectrique qui est
là, qui donne un courant constant sur demande.
M. Polo : Et, Mme Brochu, dans les
informations qu'on a obtenues en lien, notamment avec tous les efforts et les
budgets qui sont alloués pour faire, si on peut dire, le démarchage de nouveaux
marchés à l'exportation, certaines des données nous ont été communiquées,
spécifient que l'ensemble ou presque la totalité des budgets dévoués à cela
dans la dernière année ont été concentrés au niveau de l'État du Maine. Et j'en
suis très conscient qu'avec, si on peut dire, l'épée de Damoclès qui était le possible
référendum, c'est normal qu'il y ait des efforts accentués vers cet État-là.
Ceci dit, ça veut dire que, dans la dernière
année, il n'y a eu aucun effort, aucun budget alloué à faire du démarchage, que
ce soit poursuivre les discussions ou à faire du démarchage auprès de
l'Ontario, auprès d'autres États du Nord-Est américain. Parce que c'est un peu
cette vision-là de l'alliance énergétique qui a été présentée aux Québécois, au
peuple québécois, comme étant un projet un projet ambitieux, et là certains
Québécois se posent si c'est... au lieu de l'ambition, c'était peut-être un peu
d'illusion qui leur a été présentée, là, à ce niveau-là.
• (10 h 50) •
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien : ...je vais passer la
parole à Mme Brochu par la suite. Le manque d'ambition, c'est quand même
surprenant, là, une semaine après l'annonce, en réalité, là, par rapport au
référendum du Maine, que mon collègue de Laval-des-Rapides tienne ce genre de
discours là. Je pense qu'on doit se réjouir, puis je l'ai déjà mentionné, il
faudrait se réjouir, là, des efforts qui sont faits par Hydro-Québec et des
résultats qu'on obtient.
Effectivement, il y a eu des sommes investies
assez importantes, parce qu'il faut comprendre aussi comment ça fonctionne.
Dans le Maine, en réalité, bien, il y a des joueurs, là, qui ne souhaitent pas
voir l'hydroélectricité arriver. Vous
comprendrez très bien que l'énergie actuellement utilisée, à bien des égards,
c'est le gaz, et certains diront, bien, qu'il faut se battre à armes
égales pour faire valoir... Et on le sait, on a la vertu avec nous, c'est de
l'énergie verte, de l'énergie renouvelable. On ne peut pas être assis sur nos
mains puis espérer que ça va fonctionner.
Donc, je pense que le travail d'Hydro-Québec de
démarchage, à la fois dans le Maine, à la fois pour le Mass, à la fois pour New
York, est très probant, et on peut se réjouir des résultats obtenus jusqu'à
présent. Je pense qu'on s'en vient vers des résultats très concrets, et les
étapes ne sont pas sautées, elles sont travaillées de manière diligente par
Hydro-Québec.
Le Président (M. Lemay) :
Mme Brochu.
Mme Brochu
(Sophie) : Oui, bien, en fait, je vous rassure... Là, je ne sais pas
ce à quoi vous faites référence toujours, là, mais je vous rassure quant au
fait qu'Hydro-Québec entretient des discussions puis des conversations avec non
seulement nos clients québécois, mais aussi avec nos collègues des provinces
voisines et des États voisins. Bien sûr, le Massachusetts, vous connaissez
l'état du contrat. Ce que nous venons de connaître comme dénouement au Maine est extrêmement heureux. On ne prend rien pour
acquis. On ne prend rien pour acquis parce qu'il reste quand même des haies à
franchir d'ici à ce qu'on puisse mettre ce projet-là en construction. Donc, on
va continuer de s'y affairer, on va continuer de parler à des gens et... Oui?
Une voix :
...pousuivez, poursuivez.
Mme Brochu (Sophie) : Oui, c'est correct. Alors, et donc on va continuer à consentir des
efforts importants. J'ai mon collègue ici, M. Imbleau, dont le mandat
spécifique est de développer les marchés en question. Vous avez vu l'annonce du
gouverneur Cuomo, vous avez vu l'annonce de la ville de New York. Nous sommes à
pied d'oeuvre pour discuter avec eux. Nous sommes en discussion avec le
Nouveau-Brunswick, en discussion avec la Nouvelle-Écosse et, on l'espère, sous
peu en discussion très constructive avec Terre-Neuve.
Le Président (M.
Lemay) : Merci beaucoup.
M. Polo :
Et, Mme Brochu, le deal qui ne pouvait être refusé par les Ontariens, à la
sauce de la nouvelle P.D.G. d'Hydro-Québec, comment peut-il être amélioré selon
vous?
Le Président (M.
Lemay) : Environ 30 secondes.
Mme Brochu
(Sophie) : Pardon?
Le Président (M.
Lemay) : 30 secondes environ à ce bloc.
Mme Brochu
(Sophie) : 30 secondes, 30 secondes. L'électricité, sur tous les
territoires, est un sujet loadé émotivement et politiquement. Je pense qu'on
comprend tous ça. En Ontario, c'est un sujet politique et économique. Et la loi de la gravité devrait amener l'Ontario à
consommer l'électricité du Québec qui est moins chère, renouvelable,
verte, avec des lignes disponibles. Un gouvernement choisit d'autres voies pour
des considérations sociopolitiques qui sont
les leurs. Alors, ce qui serait très raisonnable, pour n'importe qui de ce
côté-ci de la frontière, de juger évident est jugé différemment. On
respecte ça, et on reste en contact avec eux, puis on leur dit : Si, puis
bien, puis quand vous avez besoin, on est là.
Le Président (M.
Lemay) : Merci beaucoup, Mme Brochu. Ceci complète ce bloc
d'échange. Et je cède maintenant la parole au député de Jonquière, porte-parole
du troisième groupe d'opposition.
M.
Gaudreault : Oui. Alors,
bonjour. Je veux d'abord vous féliciter pour votre nomination. C'est vraiment
une bonne nouvelle aussi pour les femmes, parce que vous êtes la
première femme à devenir P.D.G. d'Hydro-Québec, société
d'État dont nous sommes très, très
fiers.
Moi,
je voudrais intervenir sur l'entente qui est intervenue entre Hydro-Québec et Mercedes-Benz, le 4 février 2020, pour le développement des technologies de batteries
à électrolyte solide. Mes questions seront à Mme Brochu. À ce
moment-là, M. Karim Zaghib était le directeur général du Centre
d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie
d'Hydro-Québec, mais, le 19 juin 2020, en pleine pandémie, on a appris que
M. Zaghib est nommé conseiller stratégique chez Investissement Québec. Et,
lors du communiqué de presse qui a été émis à ce moment-là, on a appris, évidemment,
qu'en passant à Investissement Québec, M. Zaghib n'était plus D.G. du
Centre d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie.
Première question,
juste pour être clair. C'est parce que, quand je vais sur la page du Centre
d'excellence en électrification des transports et en stockage d'énergie, c'est
toujours M. Zaghib, présentement, là, au moment où on se parle, qui est
inscrit comme directeur général du centre d'excellence. Alors, est-il
réellement encore le D.G. ou est-ce qu'il a été remplacé? Si oui, par qui?
Le Président (M.
Lemay) : Mme Brochu, allez-y.
Mme Brochu
(Sophie) : Bon, alors, écoutez, là, vous comprendrez qu'on rentre dans
le un petit peu pointu, là. Je vais vous dire ce qu'il en est. M. Zaghib a
quitté Hydro-Québec. Il a fait beaucoup pour Hydro-Québec, il a développé
grandement les capacités puis les connaissances d'Hydro-Québec en matière de
batteries. M. Zaghib, maintenant, est passé... en fait, il a une double
fonction. Il est chez Investissement Québec, où il conseille le président sur
le dossier des batteries, mais aussi sur tout le dossier de l'utilisation de
l'électricité des batteries. Et, comme vous le savez, le ministre de
l'Économie, le gouvernement travaille sur une filière complète qui requiert...
dont la batterie, et M. Zaghib est allé travailler là. Il a également pris
charge de cours dans une université, je ne me souviens
plus laquelle, je pense que c'est McGill. Mais suivez-moi. Alors, il y a...
Donc, il n'est plus... Si la page n'est pas à jour, alors vous nous en
excuserez, puis on va s'assurer de mettre tout ça à jour. Vous avez trouvé
quelque chose que je n'avais pas vu.
M.
Gaudreault : Mais qui l'a remplacé?
Mme
Brochu (Sophie) : Bien, en fait, je vous dirais... Et puis ça me
permet de faire un point que je trouve important pour nous tous au Québec, là.
Chez Hydro-Québec, maintenant, on a une personne qui est responsable de l'innovation
de bout en bout. Auparavant, puis ce n'est pas pour juger du passé, d'abord,
ce n'est pas mon style, deux, ce n'est pas utile, mais, auparavant,
l'innovation était un peu partout chez nous. Alors, aujourd'hui, nous avons
David Murray, qui est aussi président d'Hydro-Québec Production, qui est
responsable de mettre tous ces morceaux-là de toutes les innovations qu'on fait
chez Hydro-Québec, du barrage jusque dans les résidences et les bâtiments, voir
où on est présents, voir où on voudrait ne plus être, parce que ça se peut, et
voir où on voudrait accroître notre présence.
Ce centre
d'excellence là, pour répondre à votre question, est sous l'égide de
M. David Murray, qui est en train de revoir toute l'organisation du
travail. Pour avoir discuté avec lui, il y a d'excellentes personnes qui sont
là. Évidemment, M. Zaghib avait aussi contribué à l'attraction de certains
talents, mais il y a là des talents absolument fabuleux. Je ne minimise pas le
talent de M. Zaghib, mais je ne sous-estime pas le talent des gens qui
demeurent et qui sont là pour continuer de nous accompagner.
M.
Gaudreault : O.K. Donc,
je comprends que M. Murray remplace M. Laporte qui
était à la direction Hydro-Québec Innovation.
Mme Brochu
(Sophie) : Oui. En fait, oui puis non. Est-ce que je peux répondre à
ça, M. le ministre? O.K. M. Laporte, c'est un gars formidable qui avait,
bien avant mon arrivée, indiqué son intention de prendre sa retraite après plusieurs décennies de bons services. Dans
des organisations, il y a toujours une personne un peu extraordinaire qui est
capable de pogner à peu près n'importe quoi puis de s'occuper de bien des
choses parce que c'est des gens très polyvalents. M. Laporte avait
différentes fonctions transversales. Il avait, par exemple, les services
partagés, que j'ai confié à Éric Filion, il avait les équipements, que j'ai
confié à Marc Boucher, il avait l'innovation, que j'ai confiée, donc, à David
Murray. Donc, David Murray a pris un bout de M. Laporte, M. Filion a
pris un autre bout, Marc Boucher a pris un autre bout. Donc, des fonctions
transversales qui, maintenant, sont déployées au sein de l'organisation.
M.
Gaudreault : Bon, je pense que tout le monde reconnaît, et vous l'avez
dit vous-même, là, l'extrême compétence et les connaissances extraordinaires de
M. Zaghib. Maintenant qu'il est rendu à Investissement Québec, moi, je
veux savoir, il n'y a pas une perte d'expertise par rapport à l'entente qui est
intervenue entre Mercedes-Benz et Hydro-Québec? Parce que, quand on lit le
communiqué sur l'annonce de cette entente-là, c'est quand même assez
extraordinaire, là. On est très fiers de voir qu'Hydro-Québec va pouvoir
développer, vraiment, des activités de recherche et développement dans l'avenir
des batteries, que l'électrolyte solide devient vraiment la voie d'avenir pour
les batteries, pour le stockage, pour l'électrification des transports.
Donc,
que le plus hot, si vous me passez l'expression, dans ce domaine-là, quitte
pour Investissement Québec, là, on se retrouve avec une entente entre
Hydro-Québec et Mercedes sans le plus fort là-dessus, qui est rendu chez
Investissement Québec. Alors, moi, je veux savoir qu'est-ce qui arrive, là, de
cette entente entre Mercedes-Benz et Hydro-Québec. Est-ce qu'elle est toujours
active? Et est-ce qu'on est sûr d'avoir la propriété intellectuelle conservée
chez Hydro-Québec pour de la recherche d'aussi haut niveau?
• (11 heures) •
M. Julien :
Juste pour commencer, j'ai eu l'occasion d'aller visiter à quelques reprises,
deux, trois reprises, là, le centre d'expertise. On parle, en réalité, d'un
centre de renommée mondiale, avec autant... de mémoire, 200 ingénieurs.
Puis, quand on faisait la visite avec le directeur général, les compétences étaient...
ce n'est pas lui qui tenait, en réalité, tous les outils pour développer, quand
ils faisaient des expériences. Donc, il y a des chercheurs chevronnés, plus de
200, puis c'est une reconnaissance mondiale, effectivement.
Et, comme mentionnait
Mme Brochu, je pense qu'il a participé fortement au recrutement, mais son
départ auprès d'Investissement Québec ne fait pas en sorte que le centre
d'expertise est démuni, là. Je veux dire, il y a des gens exceptionnels par
rapport aux enjeux qui sont mentionnés par mon collègue de Jonquière. Et
naturellement, on travaille avec Investissement Québec, avec Hydro-Québec, au
développement de cette nouvelle technologie là, à la fois... même, le secteur
minier, avec notre approche des minéraux critiques et stratégiques, donc tout
le volet lithium également qui est regardé.
Donc,
pour moi, oui, il y a un déplacement mais il n'y a pas une perte d'expertise au
sein du centre d'expertise.
Le Président (M.
Lemay) : Est-ce que vous voulez rajouter quelque chose?
Mme Brochu
(Sophie) : Bien, je vous dirais que monsieur n'est pas parti en
Californie, là, monsieur est au Québec, il est avec Investissement Québec. Il y
a des échanges entre Hydro-Québec et Investissement Québec, il y a un groupe de
travail qui a été formé. Et moi, j'aime à penser qu'il n'y a personne sur
terre, personne, personne qui est le meilleur pour tout, tout le temps.
M.
Gaudreault : O.K. Je veux juste savoir...
Mme Brochu
(Sophie) : Et autour de M. Zaghib, il y a des grands talents.
M. Gaudreault :
O.K. C'est parce qu'il ne me reste vraiment pas beaucoup de temps. Pour ce qui
est des garanties de garder la propriété intellectuelle, chez Hydro-Québec, de
cette entente avec Mercedes-Benz sur la recherche concernant les batteries,
alors est-ce que vous avez une réponse là-dessus?
Mme Brochu (Sophie) : Je peux vous
donner une orientation pour la question spécifique de Mercedes-Benz. C'est
justement la responsabilité de M. Murray de voir à s'assurer que les
propriétés intellectuelles soient préservées, que les brevets soient préservés
et que, lorsqu'on s'engage avec un partage de brevets, à s'assurer qu'on
préserve, disons, la valeur associée à ces brevets-là. Malheureusement, compte
tenu du peu de temps qui s'est écoulé entre mon arrivée puis ce dossier-là
spécifique, je ne peux pas vous répondre de manière précise. Mais je comprends
très bien votre préoccupation, on la partage tous et, bien, on vous fera part,
là, de la suite des choses avec Mercedes.
Je vous dirais qu'il y a des dossiers multiples,
hein, au centre de recherche, et des fonctions exploratoires avec plusieurs
partenaires, Daimler en étant une, mais il y en a d'autres. Il y en a plusieurs
autres aussi.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député.
M.
Gaudreault : Oui. Bien, c'est parce qu'il ne faudrait pas qu'on perde cette expertise. Moi, de voir que le plus
fort dans ce secteur-là est rendu chez Investissement Québec, qui fait affaire
avec le secteur privé, alors qu'Hydro-Québec a une entente avec Mercedes-Benz
pour développer vraiment la filière d'une... de haut niveau de recherche sur
les batteries à électrolyte solide, moi, je veux m'assurer qu'on ne revivra pas
le moteur-roue 2.0, là, et qu'on va garder une expertise très forte avec
la propriété intellectuelle dans notre société d'État, qui nous appartient, où
on a investi dans la recherche à cet égard.
Mme Brochu (Sophie) : C'est une
préoccupation légitime. Nous la partageons.
M. Gaudreault : O.K. Il me reste du
temps, M. le...
Le Président (M. Lemay) :
30 secondes.
M. Gaudreault : Combien?
Le Président (M. Lemay) : 30.
M.
Gaudreault : O.K.
Alors, parce que vous comprenez qu'avec les changements que vous nous avez
communiqués avec Hydro-Québec Innovation, transfert de M. Zaghib à
Investissement Québec, site Web qui n'est pas à jour... Vous allez me
dire : C'est un détail, mais, quand même, c'est assez étonnant. On a
raison d'être inquiets.
Mme Brochu (Sophie) : On est en
pandémie, hein, alors la mise à jour des sites Web pour dire qui mène quoi, là,
on a... on est un petit peu dans le jus.
M. Gaudreault : C'est beau.
Mme Brochu (Sophie) : Mais je
n'excuse pas l'affaire.
On me passe une note, parce qu'évidemment, comme
je vous dis, je ne sais pas tout. Ce sont nos brevets. Ce sont nos brevets, ce
sont les brevets d'Hydro-Québec.
Le Président (M. Lemay) : Ceci
complète ce bloc d'échange. Et je cède maintenant la parole au député de Laval-des-Rapides
pour un prochain bloc.
M. Polo : Merci. Merci beaucoup, M. le
Président. Je vais juste revenir sur quelques questions que j'ai faites dans
mon dernier bloc en lien avec les discours ou, en fait, les messages présentés
ou partagés par le premier ministre, là, au cours des dernières années, qui,
pour lui, selon lui, le développement économique du Québec passait notamment
par non seulement l'exportation mais la construction de grands barrages. Ce que
j'en comprends de la réponse du ministre,
c'est qu'actuellement aucune commande, aucune indication de ce genre
n'a été présentée à Hydro-Québec aujourd'hui, deux ans plus tard, après l'arrivée de ce gouvernement. L'idée ou les projets de construction de grands barrages ne font plus
partie du discours du gouvernement ou de la part d'Hydro-Québec. Est-ce que c'est
bien ça que j'ai compris?
M.
Julien : Non, bien non.
Bien, si vous avez compris ça, vous avez malencontreusement mal compris. Donc,
on dit qu'en 2021‑2022 on doit se pencher sur du développement pour, justement,
faire face à 2026‑2027 et naturellement faire face également aux différents
éléments qui pourraient arriver sur des exportations qui se matérialisent.
Et, pour nous, ça va être de voir les développements qui sont les plus
opportuns, et on n'exclut rien, bien au contraire. Et Hydro-Québec est bien au
fait des différents potentiels, soit, en fin de compte, sur des ouvrages, de
manière plus robuste, sur une augmentation de puissance — il ne
faut pas penser que l'augmentation de puissance sur certains ouvrages
actuels... ce n'est pas banal, là, c'est beaucoup, beaucoup de mégawatts — sur
le développement, en fin de compte, effectivement, de
l'éolienne ou d'autres sources. Donc, on va trouver la méthode la plus
efficiente pour répondre aux besoins. Et notre intérêt à tous, chez Hydro-Québec
comme au gouvernement, c'est d'avoir beaucoup de besoins pour en développer.
Le Président (M.
Lemay) : ...parole au député de Laval-des-Rapides. Juste mentionner,
pour la députée de Mercier, que les documents, ils seront déposés sur Greffier,
là, donc ils seront disponibles pour votre prochain bloc. M. le député,
allez-y.
M.
Polo : Merci. Merci beaucoup, M. le Président. Mme Brochu, j'essayais de trouver, ou peut-être
vous allez m'aider, là, de mémoire, la croissance des revenus d'Hydro-Québec, O.K., au cours des prochaines années, disons d'ici
2030. Selon votre mémoire, la croissance des revenus d'Hydro-Québec est portée... porterait l'augmentation des revenus à combien d'ici
2030?
Des voix :
...
Mme Brochu
(Sophie) : Existants. O.K. Bon, alors, on me présente ici, pour
m'aider à vous répondre, le dernier plan stratégique d'Hydro-Québec, qui avait
une cible, 2030, d'un bénéfice net de 5,2 milliards de dollars avec un
point de départ, 2020, qui était prépandémie, tout près de 3 milliards,
donc une augmentation significative. De cette augmentation-là, bon, évidemment,
il y a toutes sortes d'hypothèses qui sont faites. Il y a l'implantation du
contrat, notamment, au Massachusetts et au Maine et il y a les augmentations
futures de consommation au Québec. Il y avait aussi, si ma mémoire est bonne,
puis là je fais presque regarder notre CFO, il y avait quelque chose comme 350 millions
de dollars où on espérait faire un investissement à l'international pour en
tirer des bénéfices corollaires.
Une voix :
...
Mme Brochu
(Sophie) : Je pense, quelque chose comme 300, 350 millions. Je
regarde, c'est ça?
Une voix :
...
Mme Brochu (Sophie) : C'est bon, on me dit que c'est bon. Ce n'est pas pire. Alors, c'est ça,
300, 350 millions. Vous comprendrez que, dans les... Et puis,
encore une fois, je ne juge pas du passé, ce n'est pas utile, ce n'est pas mon
style, mais faire des investissements considérables à l'international nécessite
un contexte propice, contexte qui était déjà très difficile, prépandémie, qui
l'est encore davantage aujourd'hui.
Aujourd'hui, là, on
est en train de revoir notre plan stratégique. Ce n'est pas une mise à plat,
hein? Ce n'est pas une mise à plat, parce qu'il y a beaucoup de choses
là-dedans qui ont été pensées et qui vont perdurer, peu importe quelle est la
circonstance. Mais l'évolution de nos ventes, l'évolution des exportations,
l'évolution de la consommation vont influencer la courbe. Nous allons avoir
aussi des discussions avec le gouvernement pour revoir la courbe de notre
croissance.
Je vous donne un
exemple de ce qui ne changera pas et qui risque de s'accélérer :
l'hydrogène. L'hydrogène avait été identifié... tantôt, on parlait de l'énergie
disponible au Québec, alors voilà un potentiel extraordinaire. Et l'hydrogène,
c'est, à quelque part, les nouveaux barrages du Québec, à quelque part, parce
que ça va être une façon de transformer notre économie, de faire des investissements.
Ça n'exclut pas qu'il y ait de nouveaux barrages, mais en termes... Tu sais, on
dit : On frappe l'imaginaire. Et que peut-on faire avec notre électricité,
et que peut-on construire pour amener un hydrogène vert qui va être un vecteur
dans la nouvelle transition énergétique? Bien, ça, c'en est un, pan.
Alors donc, histoire
courte, on est à revoir le plan, puis la progression va se faire, à court
terme, en fonction de ce que l'on va vivre. Et c'est pour ça qu'on travaille si
fort à l'exportation sur les marchés limitrophes et on va travailler fort à la
consommation ici, mais une consommation qui va être sensée, économique et
porteuse.
• (11 h 10) •
J'ai-tu le droit de
continuer 30 secondes? Parce que c'est une affaire qui est importante, c'est
une affaire qui est importante. Parce qu'on parle de l'électrification des
transports et tout, là, puis la responsabilité qu'on a, au Québec, que ce soit
vous, au gouvernement, les parlementaires, et tout, puis nous, chez
Hydro-Québec, c'est de... ce n'est pas d'électrifier, c'est de réduire nos
émissions de gaz à effet de serre. L'électrification est un moyen, un moyen
superimportant qu'on doit déployer. L'erreur qu'il ne faut pas faire, c'est de
court-circuiter le raisonnement puis de dire : On va tout électrifier. Ça
ne sera pas possible.
Prenez le tarif des
serres, extraordinaire. On veut augmenter l'autonomie alimentaire du Québec, il
fallait réduire le tarif de serres, et on a... Éric Filion et ses équipes, au
cours des dernières années, avaient développé un tarif qu'on a appliqué en test
auprès des 10 plus grands serristes du Québec. Le test, c'est quoi? C'est
de dire : On va fournir de l'électricité pour la photosynthèse et on va
vous demander de vous interrompre une centaine d'heures pendant l'hiver parce
qu'on est serrés au niveau des surplus. Ça a fonctionné, et là aujourd'hui le
tarif passe de 10 à 5,9 sous. Pourquoi? Non seulement on permet à
1 000 serristes d'accéder à ce tarif-là, non seulement on leur
dit : Avant, c'était pour la photosynthèse,
maintenant vous allez pouvoir chauffer mais aussi on leur dit : Vous allez
garder votre «backup» pour la pointe avec le propane et le gaz naturel.
Alors, c'est ça, on
ne pourra pas investir et tout électrifier, tout, tout le temps, il va falloir
travailler avec les autres formes d'énergie.
Le Président (M.
Lemay) : Merci beaucoup.
M. Polo : Merci. Mais,
Mme Brochu, je veux juste préciser ma question sur l'aspect financier. Ma
question, c'était sur les revenus et non pas sur les bénéfices nets. Il y a une
différence entre les deux. L'estimation, les prévisions d'augmentation des
revenus... et je vais vous dire tantôt pourquoi, là, mais quelle est la...
Mme Brochu (Sophie) : ...si vous me
disiez pourquoi vous... je vais essayer de trouver une autre façon de vous
répondre.
M. Polo : Bien, en fait, c'est que
je veux comparer un peu, notamment, face au plan stratégique, là, qui a été
dévoilé, là, à la fin de l'année 2019... bien, savoir... il y a cinq ans,
votre prédécesseur anticipait que les revenus d'Hydro-Québec allaient doubler
d'ici 2030 et allaient s'établir à 27 milliards.
Mme Brochu (Sophie) : Oui, bien là,
oui, prépandémie, avec des hypothèses d'acquisition de grandes entreprises sur
le marché international. Et je ne vous dis pas qu'on ne fera pas
d'international. D'ailleurs, on a investi 600 millions dans Innergex pour
les aider à devenir un joueur de classe mondiale. On leur a dit : On va
vous appuyer avec un portefeuille de 500 millions pour acheter des
entreprises puis vous développer, que ce soit dans le domaine de la batterie ou
dans l'éolien, et tout. On va faire de l'international, mais aujourd'hui, là,
si vous me dites : où est-ce qu'on met les énergies d'Hydro-Québec... puis
ce n'est pas de dire que l'international n'est pas important, mais, avant
d'aller acheter un distributeur dans le trouble en Amérique du Sud, je vais
m'occuper des ménages à faibles revenus chez nous. Et donc, l'objectif, ce
n'est pas de développer du «top-line» puis d'être extraordinaires, on veut
avoir de la croissance. On va avoir une croissance belle, qui va être
supportée, qui va être rentable pour le Québec et au plan environnemental et au
plan financier.
On se reparlera, dans quatre mois ou dans un an,
si jamais l'étude des crédits... qui pourrait s'appeler l'étude de débits, parce
qu'on ne reçoit pas de crédits, on en donne au gouvernement, ça fait qu'étude
des crédits-débit, on reviendra vous voir puis vous présenter notre plan stratégique.
M. Polo : Mais ceci dit, Mme Brochu, moi, la question
que j'ai pour vous, c'est... et je
comprends, la question de la
pandémie est quelque chose qui affecte l'ensemble des prévisions de cette
vision, mais, vous savez, en temps de crise, c'est aussi une opportunité. Et actuellement,
on n'entend pas, de votre part, depuis que vous êtes arrivée en poste, que l'international
représente cette opportunité. C'est tout le contraire, vous avez annoncé clairement
que vous vouliez vous concentrer sur le Québec. Et j'en suis, comme tous les Québécois,
et vous avez vu, par la teneur de mes premières questions, que l'intérêt des Québécois
prime avant tout. Ceci dit, avec des revenus... Et c'est pour ça que je vous
repose la question : Quelles sont vos prévisions de revenus
d'ici 2030? Tout d'abord.
Et, en fonction du bénéfice net, un portefeuille
d'investissement, que ce soit au Québec ou ailleurs, ce n'est pas ni... ce n'est pas blanc ou noir, il y a
une variété. Et vous avez fait le lien avec l'investissement auprès
d'Innergex. Quelle est votre vision, à l'international, d'Hydro-Québec? Votre
prédécesseur avait une vision claire, même si la portée ou les résultats
n'étaient peut-être pas au rendez-vous, mais quelle est votre vision de l'international
pour Hydro-Québec?
Le Président (M. Lemay) :
Mme Brochu.
Mme Brochu (Sophie) : Le gars
qui a le portefeuille pour faire des investissements avec un coût de capital
financier y était hier, il s'appelle Charles Emond, il dirige la Caisse de
dépôt et de placement du Québec. Lui, il a les moyens financiers, le coût de
capital et le métier pour dire : Je vais aller investir dans une entreprise
pour faire un placement financier. Hydro-Québec, ce n'est pas une shop
financière, c'est une shop industrielle. Alors, si on fait un investissement...
Puis ça ne veut pas dire qu'on n'en fera pas. Puis je vous dirais que, dans ma
vie passée, j'ai contribué à ce qu'Énergir achète des entreprises de
distribution et d'électricité d'ailleurs, au Vermont. Ça fait que,
psychologiquement, des achats à international, je me sens très bien. D'ailleurs,
je profite de l'occasion pour dire qu'il n'y a plus de surplus, puis les États-Unis,
ce n'est pas l'international. Non, je blague, mais les États-Unis, c'est un terrain de jeu qui, pour nous, est tout à fait
à l'intérieur de la géométrie du Québec. Alors, des investissements, par exemple, dans un
parc de grandes batteries quelque part aux États-Unis, près de nos lignes d'exportation,
c'est un investissement intelligent pour nous; de l'hydrogène, au Québec, c'est
un investissement qu'on va pouvoir faire; supporter Innergex dans son
développement L, on va le faire.
Alors, je pourrais bien avoir une baguette
magique puis vous dire : On va tripler les revenus, pas le style. Et je ne
dis pas que c'était une mauvaise orientation, ce que je dis, c'est
qu'aujourd'hui je ne sais pas comment on pourrait sortir de notre chapeau un
chiffre comme ça. De l'ambition puis de la croissance, on en a, je vous dirais.
Notre ambition, c'est le «bottom-line», ce n'est pas tellement le «top-line»,
et donc, on va s'organiser pour avoir un dividende sain, solide, en croissance,
pour nos contribuables concitoyens, avec des tarifs électriques qui vont être
intelligents pour ceux qu'on va servir. On ne manque pas d'ambition, on essaie
de calibrer le réalisme avec les exigences des circonstances actuelles.
Et je vous le dis, des projets, au Québec, en
hydrogène, suivez-moi deux instants... L'hydrogène, là, on peut l'utiliser
comme carburant, l'hydrogène, on peut l'injecter dans un réseau de gaz naturel
pour en faire une portion de gaz naturel complètement renouvelable, et, un jour
pas si lointain, on va prendre de l'hydrogène, on va le mixer avec du CO2 et on va
en faire un gaz complètement renouvelable. Que va-t-il arriver? Le Québec va
être une des premières places sur la
terre de dire : Venez chez nous, vous allez être 100 % renouvelable,
que vous ayez une charge électrique ou une charge thermique. Ça, c'est
notre ambition.
M. Polo : M. le Président, mon commentaire
envers Mme Brochu n'est pas seulement d'ordre financier ou d'investissement.
Et j'en comprends et je sais très bien que le P.D.G. de la Caisse de dépôt
était ici, mais la valeur ajoutée et la grande différence entre Hydro-Québec et
la Caisse de dépôt, c'est qu'Hydro-Québec non seulement est une fierté pour les
Québécois, à cause et en grande partie grâce au savoir-faire de ses employés,
de ses travailleurs, de ses génies... et c'est ce savoir-faire qui se traduit à
travers une visée internationale. Et actuellement, je n'entends aucunement
cette ambition de vouloir exporter notre savoir-faire. Parce que ce n'est pas
juste une question d'acheter des actions ou d'acheter une participation, c'est
aussi une question d'exporter notre savoir-faire, de permettre à notre
savoir-faire québécois aussi de pouvoir se perfectionner et d'aller à l'international
et de pouvoir, justement, ramener aussi cette expérience-là au Québec, comme ça
a été fait par le passé, vous le savez très bien.
Et le contexte actuel, non seulement la pandémie
mais... Quand vous regardez les fiascos internationaux dans le domaine de
l'hydroélectricité... Nous avons un voisin, au Labrador, qui vit un fiasco
total avec Muskrat Falls, un projet qui coûte plus que le double de ce qu'il
était anticipé initialement. Ma collègue de Mercier s'est déjà levée ici, au
salon bleu, pour notamment dénoncer l'investissement de la caisse dans une
société colombienne, sur un projet en Colombie, Hidroituango. O.K. Mais ça, non
seulement, c'est un... elle l'a dénoncé sur le plan financier mais aussi sur le
plan social, et autres. Ce savoir-faire du Québec, ce savoir-faire d'Hydro-Québec,
ce savoir-faire non seulement au niveau de l'infrastructure mais aussi au
niveau de l'aspect social, de l'aspect, bien sûr, économique, de l'aspect
environnemental, c'est là où je ne l'entends pas de votre part ni de la part de
ce gouvernement, encore moins à l'intérieur de six mois ou huit mois.
Lorsqu'on regarde, justement, la planification
stratégique, à la page 32, qui dit : «Au fil des ans, nous avons
développé une expertise reconnue mondialement et des solutions technologiques
innovantes dans les domaines de la production hydroélectrique et du transport
d'électricité. Nous mettrons ce savoir-faire à profit dans les entreprises dans
lesquelles nous investirons», et aujourd'hui, j'entends totalement le contraire,
M. le Président.
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre, allez-y.
M.
Julien : ...M. le
Président, mon collègue de Laval-des-Rapides... moi, je n'entends pas du tout le contraire.
Au contraire, même, Mme Brochu le mentionne clairement, l'hydrogène vert,
c'est le «talk» de tout le Canada. Tout le monde parle de l'hydrogène, tous nos
collègues ailleurs parlent de l'hydrogène bleu. Alors, nous autres, on parle de
l'hydrogène vert. C'est une voie, en réalité, auquel on va beaucoup investir, en
termes d'expertise.
Tantôt, mon collègue de Jonquière mentionnait,
là, le brevet. Écoutez, il y a 900 brevets, actuellement, au centre
d'expertise, détenus, alors, ça, c'est de l'expertise, c'est des gens qui
travaillent. Alors, de vouloir faire le lien direct entre des investissements
sur des projets plus ou moins intéressants, à l'étranger, dans un contexte de
pandémie, qui font en sorte qu'ils sont probablement moins intéressants que
plus, actuellement, ce n'est pas juste là que passe l'expertise d'Hydro-Québec.
Alors, moi, je ne vois pas de contradiction par rapport à ce qui est mentionné
dans le plan stratégique, la fierté du Québec, Hydro-Québec, son expertise. Et
Mme Brochu a mentionné plein d'éléments, en réalité, qui vont démontrer
que l'expertise d'Hydro-Québec va être utilisée à bon escient.
L'autre élément, vous mentionnez, en fin de
compte, les revenus, les revenus, les revenus. Je rejoins tout à fait
Mme Brochu, quand c'est le «bottom-line» qui compte. Donc, les projections
du plan stratégique, en réalité, visaient beaucoup plus une croissance du
bénéfice net, parce que, par exemple, un revenu fait sur l'exportation, l'effet
levier est beaucoup plus important en termes de bénéfice net par rapport à
d'autres revenus. Donc, je pense que c'est le «bottom-line» qu'on doit se
fixer, comme société d'État, pour y arriver.
Donc, pour moi, on ne manque pas d'ambition, on
ne manque pas d'expertise, et on va mettre l'expertise d'Hydro-Québec à bon
escient, mais ça ne passe pas par l'acquisition de certains projets à
l'étranger, nécessairement.
• (11 h 20) •
Mme Brochu (Sophie) : Pas
nécessairement. Puis je vous dirais, si vous me permettez, prenez... on aide
présentement le Nouveau-Brunswick, là, avec Mactaquac, là. C'est une centrale,
ils sont en train de la rénover. Ils nous ont demandé un coup de main. On est
allés, on envoie notre monde. Et ceux qui me connaissent savent, là, que, bien
avant mon arrivée chez Hydro-Québec, je disais : C'est une shop
hallucinante parce qu'elle est... il y a tellement de monde brillant au pied
carré dans cette organisation-là. Alors, je vous dirais que nous sommes tous
conscients de l'expertise, nous la déployons, nous allons continuer de la
déployer dans des nouveaux univers.
Et je vous dirais : Aujourd'hui, si je vous
amenais un investissement qui fait du 4 %, seriez-vous contents? Non, mais
aujourd'hui, là, c'est ça, c'est à ça que ça se sort, les projets, à 4 %,
5 % puis à 6 %. Ça fait que, quand on va investir, Hydro-Québec, à
4 % puis à 5 % puis à 6 %, on va investir au Québec bien avant.
Aujourd'hui, les circonstances ne s'y prêtent pas. S'il passe une opportunité
où on peut ajouter de la valeur, comme industriels, on va y aller, mais
aujourd'hui, ce sont les fonds de pension qui achètent les infrastructures, et
ils se prennent un opérateur local. C'est ça, la recette, comme dit Daniel
Pinard. C'est comme ça que ça fonctionne, et on n'est pas là-dedans.
M. Polo : Mais, M. le ministre,
vous déplorez les propos que je tiens puis c'est votre droit. Ceci dit, la
réalité est qu'après deux ans, un gouvernement qui est arrivé en poste en se
pétant les bretelles, en se disant : Nous avons une vision ambitieuse pour le développement économique du Québec, nous
avons une vision ambitieuse pour travailler avec
Hydro-Québec comme étant le fer de lance de cette vision-là... Et quand vous
faites référence... Oui, j'ai fait référence aux revenus, parce que le
prédécesseur de Mme Brochu parlait de doubler les revenus, de baser cette
augmentation des revenus principalement sur les exportations puis la
participation à l'international, notamment. Puis bien sûr, lorsqu'on regarde
presque deux ans plus tard, M. le ministre, votre projet d'entente,
d'alliance énergétique, d'exporter vers
l'Ontario, d'exporter vers le Nord-Est américain... Et je me corrige, je suis
tout aussi fier, aujourd'hui, le référendum ne sera plus un obstacle
pour l'entente avec le Massachusetts, entente signée avant l'arrivée de votre
gouvernement.
Mais ceci dit, lorsque votre gouvernement est
arrivé en poste, vous avez clairement parlé d'ambition, et qu'on avait un
projet économique pour le Québec, et qu'on allait relancer le Québec sur les
marchés, sur le marché nord-américain et international. Aujourd'hui, deux ans
plus tard, au-delà des paroles, ce qu'on constate, c'est une illusion face à ce
discours-là parce qu'il y a un recul sur... un recul ou, en fait, aucun
résultat au niveau des exportations de nouveaux... de nouvelles ententes au
niveau des exportations du Québec en termes d'électricité, un recul face au
discours par rapport à sa participation internationale...
Le Président (M. Lemay) :
...Laval-des-Rapides, votre bloc d'échange maintenant terminé, je dois céder la
parole au deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier, la
parole est à vous.
Mme
Ghazal : Merci, M. le Président. Donc, comme je l'avais promis,
maintenant je vais adresser mes questions à Mme Sophie Brochu. Mais
tout d'abord, moi aussi, évidemment, félicitations pour votre poste. On est
encore à l'époque, les femmes, où on brise
des plafonds de verre, et vous en avez brisé plusieurs. Je ne sais pas si vous
en avez brisé dans le passé, je suis certaine, mais là vous venez d'en
briser un en étant à la tête d'Hydro-Québec, donc première femme. Et je sais
que c'est une cause, l'avancement des femmes, qui vous tient particulièrement à
coeur.
Moi, j'ai suivi L'effet A dans lequel vous avez
participé, les projets... puis les femmes dans toutes les sphères, pas
uniquement les femmes de la haute, là, comme on dit, mais aussi les femmes
itinérantes, vous avez parti un projet. Et j'ai beaucoup de respect pour votre
parcours et votre travail. Et moi, je suis convaincue que vous êtes aussi
sensible à toute la question dont on entend de plus en plus parler — bien,
ça fait très, très longtemps qu'elle dure — la représentation aussi des
minorités visibles, des personnes noires, et tout ça. Et je voulais savoir si,
à votre arrivée à Hydro-Québec, vous avez regardé le portrait de la situation,
la représentativité de ces personnes-là, issues des minorités visibles, ou
ethniques, ou noires.
Et peut-être une première question : Est-ce
qu'à la haute direction, est-ce que... combien il y a de membres, de personnes
issues des minorités visibles?
Mme Brochu (Sophie) : Dans la haute
direction?
Mme Ghazal : Oui, oui.
Mme Brochu (Sophie) : Je pense qu'il
n'y en a pas.
Alors, je vais vous raconter une histoire. Quand
je suis arrivée à Hydro-Québec, le contexte pandémique était très propice,
parce que j'avais l'occasion de m'exprimer à tout le monde en même temps par
WebEx une fois par semaine. Ça fait que les gens se branchent, 15 000,
16 000, 17 000 personnes, puis là je jasais avec eux. Et très
rapidement, j'ai voulu installer un certain nombre de valeurs, qui sont celles
d'Hydro-Québec mais que je porte personnellement, celles de la tolérance, de la
diversité, de l'importance de l'inclusion des complémentarités. Et c'est allé,
une semaine... et je m'appuyais beaucoup sur les semaines, tu sais, les
semaines internationales de... bon, contre l'homophobie,
pour la fierté, pour les personnes handicapées puis... et, à chaque fois, je me
suis exprimée très ouvertement là-dessus.
Est arrivé Black Lives Matter et j'ai pris un
temps de pause avant... je prenais toujours un temps de pause pour parler de
«soft» avant de parler de business. Et je leur ai exprimé, de dire :
Hydro-Québec a fait du chemin, au cours des dernières années, on a encore
beaucoup, beaucoup, beaucoup de boulot à faire. Et, en termes de minorités
visibles, bon, là, je vais dire quelque chose puis je ne veux pas irriter
personne, là, il y a la loi puis il y a la vie. Et la loi est nécessaire parce
que la loi dit à Hydro-Québec, par exemple : Vous devriez être à 19 %
de minorités visibles. «Fine», notre ambition devrait être bien au-dessus de
19 %, parce qu'il y a beaucoup plus que 19 % de capacité de représentation à Hydro-Québec. Alors, oui, la loi,
puis on est... Hydro-Québec, c'est une organisation de gouvernance, et
c'est correct. Bien, alors, la loi dit ça, puis on se gouverne, puis... mais il
faut qu'on ait une aspiration collective à faire beaucoup mieux.
Je réponds à votre question : à mon comité
de direction, zéro. J'ai travaillé, à mon comité de direction, en arrivant, à m'assurer qu'on ait la parité de
genre. On était cinq sur 12, malheureusement, là, je vais perdre une
collègue qui s'en va chez Desjardins. On verra tout ça, mais c'est du boulot
déjà avec la diversité de genre, on a beaucoup, beaucoup de boulot à faire avec
la diversité ethnique et culturelle. On dit 19 %, en fait, c'est 8 %,
15 %, 19 %. On est présentement à 8 %, en moyenne, chez Hydro-Québec.
Mme Ghazal : Tous les employés?
Mme Brochu
(Sophie) : Tous les employés. On devrait être à 19 %, on est à
15 % à Montréal. Vous allez me dire : C'est facile, à Montréal, mais
on est capables de faire ça en région aussi. On va y travailler, madame, c'est notre ambition, et on va se donner des mesures. Puis encore
une fois, l'objectif, ce n'est pas la loi, c'est de dépasser la loi, c'est
d'être... Puis ce n'est pas un objectif parce que c'est le fun puis que
c'est... c'est juste parce que c'est tellement brillant et contributeur de
richesse.
Mme Ghazal :
Exactement, donc je n'ai pas besoin de vous convaincre.
Mme Brochu
(Sophie) : Non, non. Là, vous prêchez à une convertie.
• (11 h 30) •
Mme Ghazal :
Je vois que vous êtes convaincue, mais c'est d'en avoir aussi dans la haute
direction, comme pour les femmes, de ne pas cantonner les gens à certains
métiers, puis je suis sûre que vous le savez. Puis j'aime que vous fassiez la
distinction entre la loi ou les normes, et les politiques, et aussi la réalité.
Parce que j'avais lu une étude... je pense,
c'est Noémi Mercier, dans L'Actualité, qui disait que, souvent, dans les entreprises et
les organisations, ils ont des superbelles politiques, rapidement,
contre le harcèlement, pour la diversité, etc. Bien, les gens disent : On
a fait notre job, on l'a faite, puis, dans la réalité, c'est là que c'est le
plus difficile, par exemple, pour des femmes, de se plaindre, etc. Donc, c'est
très bien que vous ayez cette distinction-là. Donc, peut-être, l'année
prochaine, je vais reposer la même question, puis ça va être différent, la
réponse. Merci.
J'ai deux autres
sujets, donc j'ai peu de temps. L'autre, c'est... je voudrais revenir sur la
saga à Saint-Adolphe-d'Howard, la ligne haute tension, ça a fait les manchettes
pendant de très, très, très nombreuses années, où les citoyens... Moi, je suis allée, tout de suite après mon élection, je
suis allée rencontrer les citoyens qui étaient très, très, très fâchés
parce qu'il y avait... En fait, c'est eux qui étaient les yeux et les oreilles
du ministère de l'Environnement, qui ne savait pas ce qui se passait sur le terrain.
C'est devenu... moi, j'appelle ça des citoyens militants experts de leur
milieu, qui savent qu'est-ce qui est interdit de faire, qu'est-ce qui n'est pas
interdit. Et, lors de la construction de cette ligne haute tension, c'est dans
les Laurentides, à cause de la hausse de la demande, bien, il y a eu des
déversements de sédiments dans les lacs et les rivières à ces endroits-là.
Jusqu'à ce que... il a fallu que les gens se battent, se battent, se battent,
interpellent leurs députés, interpellent le ministre jusqu'à ce que le ministre
de l'Environnement, finalement, les écoute,
et il a... Vous êtes probablement sûrement au courant qu'il y a une ordonnance
de non-conformité puis il y a une enquête pénale qui est en cours en ce moment.
Les citoyens ont un goût très amer.
Je pourrais
dire : Ah! ce n'est plus dans l'actualité, je n'en parle pas, je ne veux
pas qu'on parle du passé, bien... quoique je trouve que c'est quand même
important, là. Mais pour maintenant, maintenant que vous êtes ici, puis pour le futur, quelles leçons Hydro-Québec a
tirées de cette saga au lieu de... parce qu'il y avait beaucoup,
beaucoup : On se justifie, c'est escarpé, etc., comme si on venait de le
découvrir, là, beaucoup, beaucoup, même s'il y a eu des comités, tout ça. Ça
fait que je voudrais savoir : C'est quoi, les leçons qu'Hydro-Québec tire
de ça? Et quels sont les projets où on est en train d'appliquer ce qu'on a
appris, des projets où il n'y a pas d'oreilles puis de yeux de citoyens qui
sont présents, parce que ce n'est pas partout que les citoyens vérifient ce qu'Hydro-Québec
fait. Normalement, ça doit être le gouvernement, le ministère de
l'Environnement. Ça fait partie de son mandat. Ils ne sont pas toujours là. Il y
a peu d'inspecteurs, peu de gens présents sur le lieu.
Donc,
comment est-ce qu'Hydro-Québec...
.qu'est-ce qu'on a appris, puis comment est-ce que c'est appliqué, puis
est-ce que c'est déjà appliqué dans des projets actuels?
Mme Brochu
(Sophie) : Bon, écoutez, évidemment, j'arrive et j'entends une grande douleur,
j'entends une grande douleur des gens d'Hydro-Québec. D'abord, c'est des
gens... Puis là je vais me mettre au «nous», là, tu sais, je m'ajuste, là. Vous
savez, Hydro-Québec, les hommes et les femmes d'Hydro-Québec, ils veulent faire
les bonnes affaires, et puis, comme n'importe quelle entreprise, comme
n'importe qui de nous autres, des fois, on pogne de la garnotte, là. On prend
de la garnotte, on...
Mme Ghazal :
Oui, c'est le cas de le dire.
Mme Brochu
(Sophie) : ...et c'est difficile, et ça a été un projet difficile.
Bon, je ne l'ai pas vécu dans son intimité, mais, pour côtoyer que ce soit les
équipes d'affaires publiques, les affaires techniques, et tout, il y a de
grands enseignements qui ont été pris sur la manière dont on réfléchit les
projets pour la suite. Je n'irai pas sur le fond du dossier parce que je ne le
connais pas. Je vais y aller sur la posture mentale de l'organisation, puis la
posture mentale, c'est d'essayer de dire : Quand on a un projet devant
nous, il faut qu'il soit, appelons ça, optimal, on ne peut pas rien maximiser.
Il faut qu'il soit optimal au plan social, au plan environnemental, au plan
économique.
Je sous-estimais le
regard public. Depuis que je suis en poste, à chaque fois que je vais à
l'épicerie ou à la SAQ, quelqu'un me parle de l'élagage, quelqu'un me parle des
lignes à construire, et c'est normal, ça vient avec le boulot. J'ai pris la
pleine mesure de l'importance que les gens accordent à leur paysage, que ce
soit l'élagage dans leur cour ou que ce soit pour les grands projets. Je suis
convaincue, compte tenu des équipes que j'ai rencontrées, que ce que nous avons
vécu à Saint-Adolphe-d'Howard trouve résonance.
Est-ce que ça veut
dire qu'on n'aura plus jamais de problème? Ce n'est sûrement pas le cas, mais
je vous dirais que le niveau de sensibilité de l'organisation aujourd'hui est
très grand. Je ne peux pas le comparer avec le passé, mais je sais que la
posture mentale a été affectée et, j'ose dire, enrichie par cette expérience
douloureuse là.
Mme Ghazal :
Est-ce que les citoyens... Puis là ils vont suivre aussi ce que vous dites, et
tout ça, puis vos intentions pour le futur, parce que, pour eux, il est comme
rendu trop tard, eux, ils sont aussi... ils regardent qu'est-ce qui se passe ailleurs... c'est d'être écoutés. Eux, ils
arrivent avec des solutions parce qu'ils ont l'impression... on fait des
comités pour apaiser tout le monde, puis, après ça, Hydro-Québec allait et
fonçait puis il continuait dans la même direction. Ce n'est quand même pas rien
qu'Hydro-Québec... Je pense que ça fait depuis je ne sais pas combien de temps
qu'il n'y a pas eu d'ordonnance de non-conformité avec pénalité, etc., puis une
enquête de la part du ministère de l'Environnement. C'est parce qu'il y a eu
des graves, graves manquements. Donc, on vous entend.
Maintenant, mon
dernier sujet, c'était sur l'efficacité énergétique.
Une voix :
...
Mme Ghazal :
Là, il me dit que c'est... Ah! j'ai cinq minutes.
Une voix :
...
Mme Ghazal :
O.K., trois secondes. C'est terminé, bon. Merci.
Le Président
(M. Lemay) : Très bien. Sur ces bonnes paroles, je cède
maintenant la parole au député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
M. le Président. Il me reste combien de temps, là, pour ce...
Le Président
(M. Lemay) : Environ 19 min 30 s.
M. Polo :
Ah! O.K. Parfait. Bien, je vais poursuivre, en fait, sur à peu près le même
sujet, si vous me permettez, M. le Président. Vous savez, je vais parler pour
ma circonscription, Laval-des-Rapides, qui est un des secteurs les plus urbains
à Laval. Si vous connaissez un peu Laval, c'est le... un peu, c'est le secteur
où termine la ligne orange, les trois stations de métro à Laval. C'est aussi le
secteur qui inclut, là, le nouveau centre-ville de Laval, des tours à condos
qui se construisent autour de la Place Bell, des centres d'achats, des
boulevards très larges, un peu la réalité de quelconque banlieue, là, en
Amérique du Nord. Une réalité pour laquelle on est fiers, mais, en même temps,
qui introduit des situations particulières, notamment le fait que, que ce soit...
les grands stationnements ou les grandes constructions introduisent une réalité
d'îlots de chaleur, O.K?
Et, dans les
dernières années, à la surprise de plusieurs personnes, que ce soit ici, en
Chambre, ou même dans ma circonscription, je me suis positionné de façon très
proenvironnementale sur certains dossiers qui ont affecté beaucoup de mes
citoyens. Et je vais vous parler de deux boisés urbains, le boisé du Souvenir
puis le bois du Domaine Renaud, à Laval-des-Rapides. Le bois du Domaine Renaud,
ce n'est même pas un boisé, c'est un petit bois, O.K.? Et je vais vous parler
spécifiquement de ces deux dossiers... de ces deux secteurs-là,
Mme Brochu, parce que, dans les deux cas, à moindre envergure que le
dossier, là, de Saint-Adolphe-d'Howard, la société d'État, malgré l'écoute,
malgré la disponibilité, et tout, est arrivée avec ses grands sabots et a fait
de l'émondage, en fait, a fait des coupes à blanc sur des très petits boisés ou
bois urbains, en plein milieu d'un secteur très densément peuplé, O.K., le
dernier étant le bois du Domaine Renaud, là, au mois de mai, O.K., pour
déblayer, si on peut dire, ou, si on peut dire, ouvrir de l'espace autour de
lignes de moyenne tension d'Hydro-Québec, même pas des lignes de haute
tension, des lignes de moyenne tension.
Et je vais vous dire
pourquoi c'est problématique pour des citoyens de ma circonscription. Parce
que, dans le cas du bois du Domaine Renaud, le bois du Domaine Renaud est un
peu une frontière psychologique qui sépare un parc industriel d'un secteur très
résidentiel, soit de bungalows ou d'unifamiliales. Et l'entente entre
Hydro-Québec et la ville de Laval permet à
Hydro-Québec et aux contracteurs, là, aux compagnies engagées par Hydro-Québec,
de couper jusqu'à 6,5 mètres de chaque côté de la ligne. Ils sont
allés jusqu'à 14, 15 mètres d'arbres matures, pas centenaires, mais d'arbres matures d'un secteur boisé à travers lequel
traverse une piste cyclable et, surtout, qui permet aux résidents de ne
pas avoir à écouter, que ce soit l'autoroute 440, qui passe un peu plus
loin, d'avoir le sentiment de se sentir complètement détaché d'un parc
industriel, un des plus vieux parcs industriels de Laval.
Et mes citoyens, nos
citoyens, se sentent impuissants lorsqu'ils se réveillent un jour et ils
entendent des tronçonneuses arriver dans le boisé, constatent, par la suite,
photos à l'appui, que... d'arbres matures, donc, leur secteur, le secteur de
paix où ils ont l'habitude d'aller se promener, d'aller se promener en vélo ou
à pied, etc., a été complètement... presque rasé, O.K.? Et, malgré les
communications constantes avec Hydro-Québec, l'Hydro-Québec se justifie en se
basant sur l'entente avec la ville de Laval, etc. Et moi, ce que je déplore...
et vous avez dit : Les gens d'Hydro-Québec veulent faire le bien, ils
veulent faire les bonnes choses, les bonnes affaires pour les Québécois.
C'est aussi arrivé
dans le boisé du Souvenir, un peu plus au sud de ma circonscription, O.K., un
boisé qu'on a réussi à faire protéger en mettant de la pression sur la ville de
Laval, en mettant... en s'assurant que, dans le schéma d'aménagement, un futur
viaduc qui devait être construit pour connecter le boulevard du Souvenir d'est
en ouest était éliminé. Mais pas plus tard qu'à l'été 2019, des citoyens
se sont réveillés aussi au bruit de tronçonneuses pour justement... parce que
de... je ne dirais même pas de l'émondage, je dirais une coupe à blanc, avait
été effectuée.
À l'été 2019 ou,
en fait, à l'automne 2019, des citoyens et moi, on s'est réunis puis on
s'est dit : Comment est-ce qu'on peut faire le bien? Comment est-ce qu'on
peut réparer le dommage causé par Hydro-Québec, O.K.? Et nous avons... nous, on
s'est mobilisés, que ce soit avec la conseillère municipale, que ce soit avec
des organismes de notre circonscription, puis on a fait appel à la ville de
Laval pour justement nous fournir en arbres, pour s'assurer d'un reboisement
sur place. O.K.?
Mais en aucun cas
Hydro-Québec n'a contribué, que ce soit avant, en consultant ou informant les
citoyens de ce qui allait arriver, ou que ce soit après, en contribuant,
justement, au reboisement en partie avec d'autres types d'arbres qui ne
représenteraient pas, disons, un danger pour les lignes qui traversent ce
boisé-là. Et actuellement, dans le cas du bois du Domaine Renaud, ce n'est pas
le cas non plus. Et moi, c'est cela... où je déplore. Parfait, et je vous
entends, vous dites : Nous, les gens chez Hydro-Québec, on veut faire les
bonnes choses, les bonnes affaires pour les Québécois. Mais que ce soit le cas
soulevé par ma collègue ici ou que ce soit deux cas dans ma circonscription, en
aucun cas, il n'y a aucune démarche, au préalable, d'information ou de consultation
d'Hydro-Québec auprès des citoyens pour les informer, ou, à tout le moins, les
consulter, ou travailler avec eux sur quelle est la meilleure façon de
procéder.
Et par la suite, une fois que les outils sont
embarqués dans les camions et que les travailleurs sont partis, on laisse ça
aux citoyens de s'organiser pour regarder comment est-ce qu'on peut recréer un
semblant de normalité après que le dégât a été fait. Moi, c'est là où j'ai une
forte critique envers Hydro-Québec, envers la façon de faire d'Hydro-Québec,
qui arrive avec ses gros sabots, qui fait du dommage et, par la suite, repart
et se base sur soit des ententes avec la ville ou soit d'autres justifications.
Mais le citoyen, lui, à la fin de la journée, qu'est-ce qu'il se fait dire par
Hydro-Québec, c'est : Arrangez-vous avec vos troubles.
Et moi, ce
que je veux savoir de votre part, Mme Brochu, c'est : Comment est-ce
qu'Hydro-Québec peut, en 2020, aujourd'hui, avoir une vision qui est plus
inclusive, qui cherche même à faire un certain cotravail ou une meilleure
communication avec le citoyen et surtout comment éviter, oui, qu'il y ait des pannes
de courant en s'assurant de protéger des lignes? Mais, de l'autre côté, comment
s'assurer qu'il y a une certaine collectivité qui est consultée, avec qui on
travaille et qu'on s'assure de réduire au minimum les dommages qui sont
effectués par ce travail-là?
• (11 h 40) •
M. Julien : Oui. Très
rapidement, pour laisser Mme Brochu répondre de manière très précise à mon
collègue de Laval-des-Rapides, ça serait
bien que, quand mon collègue de Laval-des-Rapides vit des trucs comme ça, en 2019,
là, qu'il lève la main. Il ne faut pas hésiter. J'ai plusieurs de mes collègues
qui m'interpellent ou qui interpellent Hydro-Québec, puis, habituellement, la
réponse est très prompte, et les communications sont faites pour clarifier la
situation.
Il est vrai que, par les interventions multiples
d'Hydro-Québec, soit en termes, en fin de compte, d'élagage ou de tous ses
travaux, on reçoit plusieurs appels, puis plusieurs doléances sont nommées. Et
moi, ce que j'observe personnellement, c'est que les communications sont
bonnes, mais on peut, dans certains cas de figure, avoir des ratés, comme les
deux boisés... bien, le bois et le boisé mentionnés par mon collègue de
Laval-des-Rapides. Et un indicateur à la planification stratégique est
clairement, en fin de compte, l'expérience client qu'on veut augmenter, qui est
déjà très bonne chez Hydro-Québec.
Alors, je laisserai Mme Brochu répondre
spécifiquement à mon collègue.
Mme Brochu
(Sophie) : ...je vous
remercie d'avoir porté ces deux cas-là spécifiques à mon attention. Je vais y
porter un regard bienveillant. Je vais voir les enseignements qu'on a. Il y a
toujours matière à amélioration puis il y a aussi un boulot à accomplir. Mais
c'est de trouver cet équilibre-là entre le boulot à accomplir... parce qu'on
veut réduire les pannes de 50 % d'ici 2023, puis ça, ça veut dire que des
arbres, des arbres dangereux, il va falloir... Puis je ne dis pas que vos
arbres étaient dangereux, je fais juste dire : On voit de plus en
plus — c'est pas
mal des gars, là — des gars
avec leur chain-saw puis les... puis ils travaillent, puis pour...
Éric Filion va
sourire, parce que, ça a adonné de même, ils sont venus dans le coin de pays où
je vis, cet été, puis là j'ai eu tout
le monde, puis c'est assez amusant, parce que j'ai des gens qui disent :
Why don't you cut the fucking tree to the ground, it's going to grow
back, tu ne le coupes pas assez. Puis il y en a d'autres qui disent :
Bien, coupe-le pas à terre, il faudrait que
tu le coupes juste plus haut. Ça fait que, bref, tout le monde a une opinion
là-dessus.
Il n'y a pas de doute que, des circonstances
comme celles que vous évoquez, il y a un caractère, j'appellerais ça, un peu
plus intime de la communauté avec sa topographie puis sa réalité. Je vais jeter
un regard bienveillant. C'est certain que
c'est dans la mouvance du temps. Après ça, c'est de voir comment on est en
mesure de créer ces aménagements-là
dans le temps pour être capables d'avancer, de le faire économiquement puis de
le faire avec sensibilité pour les
communautés. Je vous remercie puis je vous remercie de faire ce boulot-là pour
vos représentants.
M. Polo : J'entends bien. Merci
beaucoup, Mme Brochu. J'entends bien les commentaires également du ministre. Et vous conviendrez... Je vais vous
rassurer, M. le ministre, la communication, après coup, d'Hydro-Québec
avec les équipes, au bureau de comté, ou ailleurs, ou même le citoyen, le
service après-vente ou après-service est là, la
communication est constante. Ce n'est pas après que le dommage a été fait qu'il
faut une meilleure communication, c'est avant que le dommage a été fait.
Et c'est là où, une fois, on peut dire : O.K., parfait, on va s'organiser
entre citoyens, élus, etc., on va mettre l'épaule à la roue, on va contribuer à
un reboisement du boisé du Souvenir, etc. Mais là, quand ça arrive à deux
reprises, comme je le rappelle, dans un secteur densément peuplé, urbain, où
les îlots de chaleur...
Et vous le savez, M.
le ministre, à l'été 2018, lorsqu'on faisait campagne, vous et moi, il y a
eu près d'une centaine de décès au Québec dus aux îlots de chaleur, et ça,
c'est une réalité qu'on vit également à Laval. Et de voir la société d'État qui
arrive et qui laisse des dommages et, après ça, consulte... Parfait, la
communication est là après coup, mais ce n'est pas ça que les citoyens
demandent. Les citoyens demandent... c'est une meilleure communication avant coup, une meilleure consultation, un
meilleur travail avec la communauté et surtout de regarder comment...
quelles sont les mesures après coup, proactives, présentées
par la société d'État afin d'assurer un certain reboisement. Et actuellement,
il n'y a rien de cela, mais la communication est bonne, mais il n'y a rien de
cela.
M. Julien :
...le Président, d'un autre côté, moi, j'ai des échos par rapport...
naturellement, ça dépend des secteurs. Donc, je comprends, il y avait une
entente avec la ville de Laval, dans le cas précis, puis je ne suis pas
spécialiste. Mais d'un autre côté, moi, j'ai des collègues qui m'interpellent
ou des citoyens qui m'interpellent, parce qu'a
priori les travaux d'élagage, dans certains secteurs, il y a une communication
auprès de la clientèle touchée. Donc, je ferais attention de dire qu'il
n'y a pas de communication a priori. Peut-être que, dans les deux cas de figure
que vous énoncez, dans les boisés, avec l'entente avec la ville de Laval, la
communication était peut-être avec la ville.
Je
comprends, là, puis Mme Brochu le mentionne, qu'on doit faire preuve de
plus de sensibilité, que ces notions-là sont de plus en plus sensibles également,
puis que les enjeux d'élagage, avec le réchauffement, on l'a mentionné, fait en
sorte qu'on a de plus en plus de besoins d'élagage. Donc, on en prend bonne
note puis on va faire en sorte de s'améliorer.
M. Polo :
Merci. M. le Président, puisque c'est mon dernier bloc ce matin, autant avec le
ministre qu'avec la présidente d'Hydro-Québec, je vais revenir sur un sujet qui
a animé nos discussions, le ministre et moi, l'automne dernier.
Mme Brochu, je vais faire référence ici à un document qui date de 2018, Évolution
des comptes d'écarts et reports et autres actifs. Je vois le ministre
sourire déjà. Évolution des comptes d'écarts... Êtes-vous familière avec les
comptes d'écarts?
Mme Brochu
(Sophie) : ...concept, avec les chiffres précis du passé, pas.
Désolée.
M. Polo :
O.K. Mais, comme c'est écrit noir sur blanc... Ici, à la page 6 du
document que je montre ici, qui est un document d'Hydro-Québec, daté de 2018, à
la page 6 de 31, on fait référence ici à l'évolution des comptes d'écarts
et reports et autres actifs. Donc, je donne le temps à vos équipes, là, de peut-être
faire des recherches, parce qu'on identifiait ici... on identifie, dans ce
tableau-là, plusieurs comptes d'écarts. Et, si jamais vous avez besoin d'aide,
je pense que le ministre peut vous aider, là, à ce niveau-là. O.K.?
Mme Brochu
(Sophie) : ...
M. Polo :
Parfait. Est-ce que vous avez en main... parce que c'est plus... parce que je
comprends qu'avec l'adoption de la loi n° 34, à
partir de 2020, l'obligation de présenter cette information-là n'est plus... si
j'ai bien compris, si je me rappelle bien, il n'y a plus d'obligation de
présenter, là, les chiffres au niveau des comptes d'écarts.
Ceci dit, pour
l'année 2019, je pense qu'on peut avoir accès à ces informations-là.
Premièrement, le compte d'écarts de nivellement pour aléas climatiques,
avez-vous les chiffres pour l'année 2019?
Mme Brochu (Sophie) : Là, écoutez, si vous voulez quelque chose, on va
vous le faire parvenir par écrit, là, ou...
Le Président
(M. Lemay) : M. le ministre.
M. Julien :
Écoutez, on va vous fournir toutes ces informations-là, là, si vous les
demandez, celles qui seront disponibles.
Parce
que naturellement, sur les discussions... Mon cher collègue de Laval-des-Rapides,
on a eu de bons moments passés ensemble, là, l'automne dernier, avec ma
collègue de Mercier également, alors ces notions-là ont été clairement
discutées, puis naturellement, tous les comptes d'écarts n'ont pas la même
fonction et la même valeur. Et, quand vous dites que ce n'est plus une
obligation de le produire, ce n'est pas l'obligation de le produire, c'est la
pertinence de le produire, considérant que... on se rappellera, et je suis sûr
que vous vous en rappelez, parce que je crois l'avoir dit à quelques reprises, que
l'écart était par rapport à un rendement attendu. Puisque le rendement attendu
n'existe plus, l'écart n'existe plus, donc je peux... on ne peut pas vous
fournir un écart qui n'existe plus, puisque le schème même de la tarification
n'est plus le même depuis l'adoption du projet de loi n° 34.
Mais naturellement,
là, n'hésitez pas à nous fournir vos questions sur les différents comptes
d'écarts que vous souhaitez retrouver, et, si Hydro-Québec est en mesure de les
fournir, s'ils existent toujours, ça nous fera grand plaisir de vous les
fournir, cher collègue.
M. Polo :
...M. le Président, je veux juste préciser que j'apprécierais, si le ministre
et son équipe pourraient nous fournir
l'évolution des comptes d'écarts et des reports et autres actifs tel que
présenté, là, en 2018, le rapport 4057-2018. Il y a plusieurs
comptes d'écarts. Je n'irai pas à travers l'ensemble des comptes d'écarts, mais
j'apprécierais, si cette information-là est disponible, avant l'adoption du projet
de loi n° 34, qu'ils puissent nous les fournir également.
J'avais
quelques questions en rafale, Mme Brochu, là, avant de
terminer, en lien avec la nouvelle marque de commerce créée et lancée
par Hydro-Québec à l'automne 2019, Hilo, O.K., notamment. Avez-vous, en
date d'aujourd'hui, peut-être des données, ou des informations de performance,
ou le développement de la marque en question depuis l'automne? Ce qu'on sait de
cette marque-là, c'est ce qu'on a lu dans les médias, c'est l'annonce, c'est le
lancement, etc. Mais avez-vous des données, rapidement, si c'est possible, et,
si c'est possible, de nous les divulguer, également, sur la performance de
cette division-là?
Le
Président (M. Lemay) :
...si vous avez l'intention ou vous pensez être en mesure de déposer les
documents, c'est possible de le faire par après. Est-ce que c'est votre
intention?
M. Julien : ...ce qui est
disponible par rapport aux comptes d'écarts, parce qu'il y a plusieurs d'entre
eux qui sont plus pertinents. On va fournir, en fin de compte, ce qu'on a entre
les mains a posteriori.
Le Président (M. Lemay) : Donc,
à ce moment-là, ça serait simplement de l'envoyer au secrétariat de la
commission puis on le rendra disponible en temps et lieu.
M. Julien : Pas de problème.
Merci.
Le Président (M. Lemay) :
Maintenant, pour la réponse.
• (11 h 50) •
M. Julien : Donc, très rapidement,
sur Hilo, naturellement, c'est un projet pilote qui a été mis en place avec, de
mémoire, là, je vais laisser Mme Brochu en parler
plus... c'était 10 000, je crois. Et on est au terme de ce projet
pilote là, en réalité, là, avec différents potentiels, pour donner une suite,
suite qui ne devrait pas tarder. Mme Brochu.
Mme Brochu (Sophie) :
...d'abord, Hilo, ce n'est pas une marque, c'est vraiment une société affiliée,
c'est une filiale d'Hydro. Et Hilo a été mise de l'avant, encore une fois, là,
par nos amis, qui étaient là bien avant moi, auprès de 1 000 clients.
C'est un projet pilote auprès de 1 000 clients et, dans le fond, ce
qu'on a dit aux clients : Si ça vous tente, on aimerait ça tester des
outils technologiques avec vous, voir comment ça fonctionne, voir comment vous
vous sentez, est-ce que vous aimez ça, et de manière à ce qu'on puisse,
graduellement, élargir l'offre auprès d'autres clients.
Ce que j'en comprends... puis on est encore
vraiment, j'appellerais ça un laboratoire, au sens noble du terme, parce qu'on
essaie des choses. Et moi, je trouve que c'est une très belle façon de
fonctionner, plutôt que d'arriver avec nos gros sabots, justement, à l'écoute
de nos clients, donc ça va bien.
Hilo, c'est quoi, dans le fond? C'est qu'elle
dit au client : Si vous le voulez, si vous avez le goût, si vous le
souhaitez, si vous l'acceptez, on va installer des équipements chez vous puis
on va prendre charge de la manière dont vous allez consommer l'énergie, dont
vous allez utiliser l'éclairage, dont vous allez utiliser votre chauffage. Et
ces tests-là, aujourd'hui, sont suffisamment probants pour dire qu'on va avoir
une offre commerciale qui va être élargie, on pense, à l'automne. Évidemment,
on regarde aussi le timing avec ce qui se passe avec les gens. Est-ce que les
gens vont avoir le goût, dans le contexte actuel de pandémie, d'avoir plus
d'interactions comme ça? Donc, la lancée est bonne, l'orientation est le fun,
la réceptivité est correcte. On est encore en mode laboratoire, mais on va
l'élargir graduellement.
M. Polo : Merci. Et une dernière question,
parce que je pense qu'il reste à peu près
1 min 30 s : Mme Brochu, comment vous pouvez
rassurer les Québécois que leurs données de consommation seront hébergées et
resteront uniquement dans le territoire québécois? Parce qu'à date
l'information qui circule, c'est que, parmi les fournisseurs de services avec
lesquels peut-être Hydro-Québec fait déjà affaire, ou conçoit, ou prévoit faire
affaire, il n'y a aucune garantie que ces
données-là vont être hébergées uniquement au Québec. Comment vous pouvez
rassurer les Québécois que les données des Québécois vont être hébergées
uniquement en sol québécois?
Mme Brochu
(Sophie) : Alors, oui,
aujourd'hui, vous me posez une question à laquelle je ne peux pas répondre
de manière définitive et tranchée. J'aimerais ça parler... parce qu'il y a
l'hébergement puis, après ça, il y a toute la question de la cybersécurité,
puis, pour moi, c'est assez corollaire.
M. Polo : ...une expertise en
centre d'hébergement, là...
Mme Brochu (Sophie) : Oui, oui.
Non, absolument.
M. Polo : ...je veux dire, vous
avez l'équipement.
Mme Brochu (Sophie) : Non, non,
absolument. Absolument, je... oui.
M. Polo : Mais alors comment ne
pas pouvoir rassurer les Québécois que leurs données ne seront pas...
Mme Brochu
(Sophie) : Bien, en fait,
savez-vous quoi? C'est que vous me posez une question qui est à l'extérieur de mon champ de compétence.
Alors, sur le fait de rassurer les Québécois, sur le fait de dire :
Allons-nous faire les bonnes choses pour l'hébergement de leurs données...
M. Polo : Bien, est-ce qu'à
tout le moins vous partagez cette inquiétude-là des Québécois?
Mme Brochu
(Sophie) : Bien, absolument, monsieur. Je fais juste vous dire :
Pour rassurer des gens, il faut savoir de
quoi on parle. Je peux les rassurer d'une intention, mais, après ça, je ne peux
pas vous donner des informations précises sur le dossier. Je reviendrai avec vous,
si vous me permettez, avec un complément par écrit, mais, sur
l'orientation, je peux rassurer les gens qu'on est aussi soucieux de la chose.
Le Président
(M. Lemay) : Ceci complète ce bloc d'échange. Et maintenant,
rendu à ce stade-ci, je vais maintenant reconnaître le député des
Îles-de-la-Madeleine pour un dernier bloc d'échange pour le troisième groupe
d'opposition. La parole est à vous.
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Mme Brochu, c'est un plaisir pour moi de faire
votre rencontre aujourd'hui, puisqu'il y a un dossier important pour les
gens de ma circonscription des Îles-de-la-Madeleine, mais qui est aussi, je
pense, un dossier important pour Hydro-Québec sur le plan national, c'est celui
de l'avenir de la centrale d'Hydro-Québec, la centrale au mazout des
Îles-de-la-Madeleine. Vous savez que le plan était de raccorder les
Îles-de-la-Madeleine au continent avec un câble sous-marin, et, il y a à peine
deux semaines, on a annoncé que, devant l'explosion des coûts, on allait
poursuivre les études, voir quelles étaient les alternatives. Alors, ma
question est toute simple : Est-ce que vous avez pris cette décision de
revoir le dossier suite à votre nomination?
Mme Brochu
(Sophie) : Non...
M. Julien :
Juste très rapidement...
Mme Brochu
(Sophie) : Pardon.
M. Julien : ...la parole à Mme Brochu. L'analyse a montré
une explosion des coûts, là, assez importante, là. On
était à 700 millions, là, de manière préliminaire, puis ça monte de
manière importante. Naturellement, Jonathan Lapierre, le maire... également,
là, on a eu des discussions avec Hydro-Québec.
Alors, pour nous,
c'est de poursuivre l'analyse, parce que c'est sûr que l'objet, c'est de
réduire, en fin de compte, l'utilisation d'hydrocarbures et réduire du même
coup les GES. Ça va très vite, en énergie, par rapport à des palliatifs qui ne
sont peut-être pas aussi parfaits qu'une ligne électrique, donc, pour nous,
c'est de se donner le temps de faire cet arbitrage-là. Mme Brochu.
Mme Brochu
(Sophie) : Puis ça me fait plaisir de faire votre connaissance aussi.
Ceux qui me connaissent vous diront que je
n'ai aucune prétention opérationnelle et que, si j'ai un mérite, c'est de
m'entourer de gens beaucoup plus forts que moi puis de les laisser
travailler.
Dans le cas présent,
ce sont les équipes au dossier qui sont venues avec leur recommandation au
comité de direction, une recommandation qui a été approuvée unanimement compte
tenu des faits qui étaient devant nous. Et la recommandation n'était pas de
changer le cours mais de prendre le temps pour regarder l'ensemble des options
et de le travailler avec le milieu. Alors, si j'ai pu avoir une contribution
personnelle, c'est celle de m'assurer, deux fois plutôt qu'une, qu'on
consulterait le milieu, de belle manière, de grande manière, pour trouver la
meilleure façon d'approvisionner les Madelinots.
Il y a une centrale
présentement, elle émet des GES. Il y a des emplois, il y a une question de
fiabilité, puis vient aussi avec ça la question de la télécommunication. Le
dossier est éminemment complexe, et je n'aurais jamais la prétention en
arrivant de changer le cours d'un dossier de manière péremptoire.
M. Arseneau :
La raison pour laquelle je posais la question directement, c'est parce qu'on a
connu au moins trois revirements à 180 degrés, chez Hydro-Québec, dans ce
dossier-là. Des années 2000 jusqu'à 2015, on faisait des études
paramétriques sur la possibilité de placer un câble et, en 2014, on a annoncé
subitement que la centrale avait une durée de vie utile supplémentaire de
12 années, qu'on allait pouvoir la faire fonctionner encore jusqu'à 2035,
et que le dossier était clos, 2014.
Changement de P.D.G. à
Hydro-Québec, peut-être est-ce un hasard, deux ans plus tard, plan stratégique
où on annonce qu'on ira en appel d'offres, en 2019, pour trouver tous les
moyens de remplacer la centrale. C'était absolument nécessaire, ça, c'était en
2016.
Et 2018, on annonce
que la décision est prise. On n'a pas fait les études, on n'a pas fait les
appels d'offres pour trouver d'autres propositions, mais la décision est prise,
et ce qu'on comprend, c'est : ça coûtera ce que ça coûtera. On va
préserver les emplois, mais on veut avant tout améliorer le bilan énergétique d'Hydro-Québec
et du Québec par la même occasion. Donc, on est en 2018.
Cette année, comme
par hasard, nouveau P.D.G., changement possible de direction, et, quand je dis
possible, je comprends les propos du ministre Julien. C'est ce qui a été évoqué
aussi dans l'espace public, sauf que tout le monde semble prendre pour acquis
que c'est le début d'un nouveau virage, et, à cet égard-là, j'aimerais vous
poser la question : Est-ce que vous avez encore confiance de réaliser le
projet de raccordement, et dans les délais qui étaient prescrits, 2025?
Le Président
(M. Lemay) : M. le ministre.
M. Julien : ...parole à Mme Brochu sur ces éléments-là. Il faut
bien comprendre que les analyses ont révélé, en fin de compte, un dépassement. Puis quand vous dites «coûte que coûte»... bien, je ne
me souviens pas qu'on ait dit «coûte
que coûte», mais, à terme, la solution du câble, en réalité, passe de
700 millions à probablement plus de 1 milliard.
Et on voit également...
il faut comprendre que le domaine de l'énergie évolue très rapidement.
Quand on a parlé de l'hydrogène,
quand on a parlé, en réalité, de capacité de stockage, il y a cinq ans, on
n'était pas là puis, dans cinq ans, on va être probablement ailleurs. Je
pense que le temps ici, ce n'est pas une question de changement de direction.
On a besoin d'un temps de réflexion pour dire : Est-ce que la solution est
optimale? À terme, on va avoir un spectre de possibilités. Peut-être que
certaines possibilités réduiraient de 80 % des GES, donc ce serait moins
bon que le câble mais donnerait d'autres avantages. Je pense qu'Hydro-Québec
doit se donner le temps de faire cette analyse-là, à la lumière des coûts qui
ont été, suite à l'analyse préliminaire, énoncés, qui sont importants.
Le Président
(M. Lemay) : Mme Brochu, voulez-vous rajouter quelque chose?
Mme Brochu
(Sophie) : Bien, je pense que le ministre a tout dit, monsieur. Et il
n'y a pas de doute que la complexité du projet est grande, que les coûts sont
importants et que des moyens nouveaux et complémentaires peuvent être mis à
contribution, puis c'est une question d'optimalité. Puis il y a probablement
plusieurs solutions avec leur grandeur et leur misère, puis, à la fin de la
journée, je pense que ça va être quelque chose de combinatoire.
Maintenant, on va le
regarder en fonction de la réalité actuelle, et je vous dirais... puis
encore... Puis là je vais avant mon prédécesseur, ça fait que, là, je... Les
réseaux autonomes d'Hydro-Québec ont déjà été le parent pauvre d'Hydro-Québec, puis les réseaux autonomes,
c'était ça. Je ne dis pas qu'on ne s'occupait pas des réseaux autonomes,
mais c'étaient des réseaux autonomes. C'est pour des gens qui étaient loin puis
c'était moins «hot».
Puis, au bénéfice de
mon collègue, Éric Filion, il a dit : On va changer ça, puis on va
s'organiser pour que l'équipe des réseaux autonomes soit le laboratoire du
futur, puis on va travailler avec nos communautés pour réduire les émissions de
gaz à effet de serre, réduire les coûts, parce que ça coûte cher, puis on va
mettre en place différentes mesures. Ce qui fait que, dans différentes régions
du Québec, on a déployé d'autres énergies renouvelables. Il reste que les Îles-de-la-Madeleine,
c'est un gros réseau autonome, puis il y a beaucoup de monde, puis il faut s'en
occuper comme il faut. Ça fait qu'on va s'occuper de vous comme il faut,
monsieur, puis on va faire ça de la manière la plus optimale possible.
• (12 heures) •
Le Président
(M. Lemay) : ...
M. Arseneau : Oui. Merci, M. le Président. Pour ceux qui en
douteraient, là, de l'importance sur le plan national, c'est quand même
40 % des émissions de gaz à effet de serre d'Hydro-Québec, des émissions
directes, à la centrale des Îles-de-la-Madeleine, et on souhaite tous, là,
pouvoir améliorer le bilan.
Vous parlez de
M. Filion. Dans sa déclaration du 26 mai 2018, pour justifier le
choix du raccordement... disait que c'était la solution la plus écologique, la
plus économique et la plus fiable. Aujourd'hui, il y a l'économique qu'on remet
en question.
Mais les gens
soupçonnent que vous avez un préjugé favorable pour les énergies fossiles et
pour le gaz naturel. On parle... On a déjà évoqué, dans les différentes
coupures de presse, là, le fait que la principale source d'énergie aux Îles
pourrait être le gaz naturel liquéfié, ce serait moins cher, puis on pourrait
explorer toutes les autres sources complémentaires. Est-ce que vous excluez ce
scénario?
M. Julien :
...M. le Président, surtout ne pas prêter d'intentions à Mme Brochu.
Pour nous, en réalité, la solution, ça va
être... il n'y a pas juste l'économique, effectivement, en termes écologiques,
puis le câble ferait en sorte de régulariser la situation.
Naturellement, on l'a mentionné, Mme Brochu et moi, actuellement, il y a
des nouvelles technologies qui nous laissent présager qu'une mixité pourrait
réduire de 80 %, à titre d'exemple, l'émission des GES. C'est vrai que la
centrale actuelle représente 40 %. Rappelons-nous qu'au Québec, l'énergie,
99 % est propre et renouvelable; 94 %, 95 % hydroélectrique;
4 %, 5 % éolienne, puis il y a 1 %... puis de ce 1 %,
40 % est lié. Puis on va faire tout, au pouvoir d'Hydro-Québec puis du
gouvernement, pour réduire de manière optimale.
Maintenant, si mon collègue
veut prétendre qu'il ne faudrait pas poursuivre des analyses avec les nouvelles
technologies, on n'est pas là. On voit actuellement qu'il y a des opportunités
de stockage d'énergie, des possibilités, en fin de compte, d'optimisation avec
des éoliennes, avec une mixité.
Alors, on va regarder
tous les scénarios pour obtenir... et naturellement, à la face même de la
communauté, avec le maire, avec la communauté, on va présenter ça. On ne fera
pas ça, en fin de compte, dans des vases clos. Ça va être transparent pour
présenter une solution optimale, parce qu'on veut régulariser la situation.
Alors, pour nous, c'est clair.
M. Arseneau :
...parce que, quand la question est répondue par deux personnes, ça va un petit
peu plus vite, puis j'ai une question pour le ministre en terminant. On a mis
tous les oeufs dans le même panier du raccordement électrique, c'est-à-dire à la fois l'alimentation en électricité et la
transmission des données numériques. Le câble optique devait emprunter
le même canal. Est-ce qu'on regarde, du côté du gouvernement, une solution
alternative pour desservir les Îles-de-la-Madeleine en matière de transmission
de données électroniques et tout ce qui en dépend?
M. Julien :
Alors, c'est deux enjeux distincts, qu'on va regarder, puisque c'est deux
enjeux importants pour les Îles-de-la-Madeleine. Donc, un ne se fera pas au détriment de l'autre. Alors, je pense
qu'on a le mérite de se donner une réflexion supplémentaire avec les
dernières données qu'on a eues.
Sur le volet énergétique, je le
réitère, moi, ça fait deux ans à peu
près que j'ai ces fonctions-là, il y a
une évolution, vitesse grand V, de tout ce qui est stockage. Et, dans
les cinq dernières années, ça a plus avancé que dans les cinq dernières...
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Je dois vous interrompre.
M. Julien : ...puis, dans les
cinq prochaines, ça va avancer encore. On aura une solution.
Le Président (M. Lemay) :
Puisque ceci étant la fin de ce bloc d'échange et compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux jusqu'au mardi 19 août... En fait, désolé, on est...
jusqu'au 19 août, bien sûr, où elle entreprendra l'étude du volet Énergie
et Ressources naturelles, Société du Plan Nord et développement nordique des
crédits budgétaires du portefeuille Énergie et Ressources naturelles. Merci beaucoup
à tous et à toutes.
(Fin de la séance à 12 h 04)