(Onze heures vingt et une minutes)
Le
Président (M. Lemay) :
Alors, à l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'agriculture, des
pêcheries, et de l'énergie, et des ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes
présentes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est
réunie aujourd'hui afin de procéder à l'étude du volet Société du Plan Nord, Développement
nordique du portefeuille Énergie et
Ressources naturelles pour l'exercice financier 2019‑2020.
Une enveloppe de deux heures a été allouée pour l'étude de ce volet. Il
n'y aura pas de vote à la fin de cette séance.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Gaudreault (Jonquière) remplace M. Roy
(Bonaventure).
Société du Plan Nord et Développement nordique
Le
Président (M. Lemay) :
Parfait, merci. Puisqu'un temps de deux heures est prévu pour ce bloc, il n'y a pas de remarques préliminaires. Nous
allons donc passer directement aux échanges. Nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les questions et
les réponses. Et, puisque nous avons débuté les travaux à 11 h 21, puisqu'une période de deux
heures doit être consacrée à l'étude de ces crédits cet après-midi,
y a-t-il consentement pour que le
temps allant au-delà de 13 heures soit réputé écoulé et soustraire à
l'enveloppe prévue par la partie gouvernementale? Consentement? Parfait.
Discussion générale
Donc,
je vais maintenant reconnaître un premier bloc d'échange avec la
partie gouvernementale, et, si je ne me trompe pas, c'est député de Lac-Saint-Jean.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Oui, M. le Président, c'est moi. Alors, merci, M.
le Président. Salutations...
Une voix :
...
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Oui, excusez-moi.
Le
Président (M. Lemay) :
Excusez-moi. On m'indique ici que le premier bloc s'en va à l'opposition officielle. Je suis vraiment désolé de ça. Effectivement, donc, le député
de Laval-des-Rapides, c'est vous, pour votre premier bloc.
Merci.
M. Polo : Merci
beaucoup, M. le Président. Je tiens à saluer mes collègues des deux côtés, M. le ministre, vos équipes, M. le président de la Société du Plan Nord également.
Écoutez, moi, je
commencerais, M. le Président, avec un enjeu de relations
fédérales-provinciales, le projet de loi C-69. J'aimerais demander au ministre
qu'est-ce qu'il en pense, O.K., et comment voit-il, justement, l'évolution de ce projet de loi là dans le
contexte du Québec.
Le
Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le ministre, si
vous voulez aussi simplement
indiquer les personnes qui sont présentes avec vous et, après ça,
répondre à la question du député.
M. Julien : Oui, alors j'ai avec moi, là, M. René
Dufresne, P.D.G. de la Société du
Plan Nord, ici, Jonathan
Gignac, vice-président à la Société
du Plan Nord, Pierre-Yves Boivin,
chef de cabinet à mon ministère. J'ai également
Mme Brigitte Boulianne, directrice générale de l'administration, et Mme Dominique Savoie, qui est sous-ministre au ministère. Alors, merci à toute l'équipe de
m'accompagner lors de cette étude des crédits.
Pour
revenir maintenant sur la question de mon collègue, le projet
de loi fédéral C-69, comme vous le
savez tous, est à l'étude par le
comité sénatorial permanent de l'Énergie, de l'Environnement et des Ressources
naturelles, et ce, depuis déjà le 12 décembre 2018. C'est un projet, effectivement, qui a suscité beaucoup de réactions des provinces, pas seulement du Québec, des territoires, mais aussi de différentes associations industrielles. Le Québec, dans ce projet
de loi, a insisté sur le respect du principe un projet, une évaluation,
afin d'éviter les délais associés à la tenue séparée d'évaluations
d'impacts à la fois du fédéral et du provincial, et ce, pour un même projet.
Les commentaires du
Québec ont été portés à l'attention du gouvernement fédéral, d'abord, et puis à
celle du Comité sénatorial permanent de
l'Énergie, de l'Environnement et des
Ressources naturelles. Le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles porte les préoccupations
du Québec, que j'ai énumérées précédemment, concernant la Loi sur la
Régie canadienne de l'énergie, qui est incluse dans le projet de loi C-69.
En
conclusion, M. le Président, le ministère de l'Environnement et de la Lutte
contre les changements climatiques est
le principal interlocuteur du gouvernement fédéral en ce qui a trait à la loi
sur l'évaluation d'impact, et le ministère des Transports du Québec pour
porter les préoccupations du Québec en ce qui concerne la Loi sur les eaux
navigables canadiennes. Donc, oui, on suit
le processus, qui est au comité sénatorial, et nos préoccupations en termes de
double évaluation ont clairement été portées à ces comités qui cheminent
le projet de loi C-69.
Le Président
(M. Lemay) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais savoir... on comprend tous
qu'effectivement c'est le ministère de
l'Environnement et du Développement durable, là, qui est le principal
interlocuteur. Ceci dit, hier, j'ai utilisé l'expression que vous êtes comme des frères siamois, surtout
sur l'évaluation de projets futurs ou projets actuels, vous devez
travailler main dans la main, donc vous avez
quand même une opinion à partager ou, en fait, une position à partager, là, à
ce niveau-là.
Comment
pressent-il que cela peut affecter les délais, M. le Président? Comment est-ce
que le ministre anticipe que ce
projet de loi peut affecter les délais? Hier, nous avons longuement parlé des
différents permis, des différents processus entre le moment où un projet
naît versus un projet voit le jour, etc. Comment il prévoit ou il anticipe que
ça va affecter les délais?
Le Président
(M. Lemay) : M. le ministre.
M. Julien :
Oui, M. le Président. Naturellement, c'est une préoccupation de premier plan
pour notre gouvernement, puis, je
suis certain, pour l'ensemble des partis siégeant à l'Assemblée nationale. La
notion d'efficience et d'efficacité doit être maintenue. Et, justement, quand on regarde, là, le principe d'un
projet, une évaluation, sur lequel on insiste, entre autres, dans les discussions sur le C-69, ça vise
exactement ça. Nous, on veut assurer, premièrement, notre juridiction, les
éléments, en fin de compte qui relèvent de
notre province, de notre gouvernement. Puis on a un souci également au
ministère, quand on participe aux
discussions de l'étude par le comité sénatorial, de maintenir toute l'agilité
du processus. L'implication également du
volet autochtone est importante, pour nous, dans ce projet de loi là. Donc,
naturellement, à la fois les gens de mon ministère, à la fois les gens du ministère de l'Environnement
et l'ensemble des intervenants au dossier pour le Québec ont une forte préoccupation par rapport, comme vous le
mentionnez, à l'agilité, par le fait même, les délais. Alors, pas de
dédoublement, c'est ce qu'on regarde actuellement dans les discussions.
Le Président
(M. Lemay) : Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
O.K. Pas de dédoublement. Mais quel genre d'échange avez-vous eu avec votre
collègue de l'Environnement, quel
genre d'échange avez-vous eu avec vos homologues au fédéral pour vous assurer
que cette agilité est maintenue et préservée?
Le Président
(M. Lemay) : M. le ministre.
M. Julien :
...comme je réitère, nos préoccupations sont claires, nos préoccupations sont
partagées par les ministères touchés
au Québec. Naturellement, j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Sohi à ses
bureaux, c'était au mois de... en début d'année. Février, de mémoire. On a discuté de ces éléments-là et des
préoccupations. Et ce qu'on cherche également, chers collègues, à éviter, on cherche à éviter des
exigences qui pourraient être différentes, qui pourraient être même
contradictoires, à la limite, dans le
processus. On va faire valoir le respect de nos compétences et on garde
toujours en tête, en réalité, plus d'agilité,
plus d'efficience. Mais soyez assuré qu'à la fois avec mes collègues du
ministère de l'Environnement on a des discussions
par rapport au C-69, à la fois les équipes ministérielles et les sous-ministres
partagent ces préoccupations-là.
Et,
comme je le mentionnais d'entrée de jeu, on n'est pas le seul gouvernement
provincial qui a ces préoccupations-là,
et, naturellement, au mois de juillet on aura une rencontre, entre autres, des
ministres, de mes homologues provinciaux, et on aura l'occasion de discuter de ces enjeux-là. Nous autres, on
revendique une seule évaluation pour un seul projet. On aimerait aussi soustraire, à titre d'exemple, là,
les territoires conventionnés. Donc, il y a des enjeux, il y a des éléments
qu'on regarde pour s'assurer, en fin de compte, de la cohérence, toujours dans
un souci du respect de nos compétences et également dans un souci d'agilité et
d'efficience des processus pour ne pas augmenter indûment les délais.
• (11 h 30) •
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Le ministre fait référence à divers enjeux qu'il regarde, notamment avec son
collègue de Deux-Montagnes, ministre
responsable de l'Environnement. Parlez-nous de ces autres enjeux qui sont
actuellement évalués ou considérés et qui font partie des discussions
avec son collègue ministre de l'Environnement. À quoi fait-il référence?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Pouvez-vous préciser votre question? À tous égards, ce que je discute avec le
ministre de l'Environnement, c'est ça
que vous souhaitez avoir? Je discute régulièrement avec lui, là, mais...
Pouvez-vous préciser votre question, s'il vous plaît, cher collègue?
Le
Président (M. Lemay) : M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
M. le Président, non, je fais référence à une partie de sa réponse, lorsque le
ministre nous explique qu'il discute
avec son ministre de l'Environnement sur différents enjeux qu'il regarde en
lien avec ce projet de loi là et notamment les territoires conventionnés. Quels sont les différents enjeux, là,
qu'il regarde ou qu'il analyse et qu'il discute avec son collègue
ministre de l'Environnement?
Le Président (M. Lemay) :
...la précision. M. le ministre.
M. Julien :
Alors, le ministre de l'Environnement, comme moi, a des préoccupations qui sont
communes puis qui sont logiques, là,
qui sont évidentes, là. Quand on parle du projet de loi C-69... Puis je
réitère, en réalité, les éléments les plus
pertinents de nos discussions. Une évaluation pour un projet, pour nous, c'est
essentiel. Respect des compétences du Québec
en ce domaine, pour nous, c'est essentiel. Donc, à partir du moment où est-ce
qu'on participe à ces discussions-là, où
c'est qu'il y a un comité interministériel avec les sous-ministres des
ministères qui sont impliqués, justement pour parler avec le Comité sénatorial, pour parler avec, en
réalité, les gens qui actuellement étudient le projet de loi C-69, alors,
c'est des lieux communs pour nous. À la fois mon collègue et moi-même, on a à
coeur ces enjeux-là de préservation des compétences et de maintien, en fin de
compte, de l'agilité des processus sous notre compétence.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
M. le Président, le ministre fait référence aux discussions et rencontres avec
le Comité sénatorial. Je veux juste vous informer que le Comité
sénatorial en question, le 26 février dernier, rencontrait le ministre de
l'Énergie, du Développement du Nord et des
Mines de l'Ontario, M. Greg Rickford, le 28 février, rencontrait le
ministre de l'Énergie, des Ressources
de la Saskatchewan, le 28 février également, rencontrait le ministre du
Labrador sur le même enjeu, et ainsi que le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, ainsi que l'ancienne
première ministre de l'Alberta, Mme Notley, le 19 mars, rencontrait le vice-premier ministre du Nunavut,
le sous-ministre associé également au Bureau des évaluations environnementales de la Colombie-Britannique, le 21 mars,
rencontrait le ministre de la Croissance de l'entreprise et du Commerce du Manitoba et, le 24 avril à venir,
le premier ministre de la Nouvelle-Écosse sur ce même enjeu-là. Est-ce
que le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles du Québec a une
rencontre à venir avec le Comité sénatorial sur ce sujet-là?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Oui, merci pour la question, cher collègue. Je tiens à préciser que mon
prédécesseur n'allait pas à ces rencontres
de comité. Mais nous, on a l'intention... on travaille actuellement, justement,
sur le dépôt d'un mémoire. Alors, les équipes
travaillent sur le mémoire, avec les préoccupations que je vous ai déjà
énoncées, pour travailler de manière très claire, de manière très précise sur les enjeux, et on
déposera également ce mémoire-là en temps et lieu, avec toutes les
préoccupations du Québec de manière ordonnée. Alors, pour nous, c'est ça qui
est important et c'est ce qu'on va faire.
Le Président (M. Lemay) :
Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Très bien. Donc, on apprend qu'il y a un mémoire qui en préparation, en
rédaction. Quand est-ce que le mémoire compte être prêt et de quelle
façon sera-t-il déposé ou présenté?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
...le mémoire est en travail. Naturellement, ce mémoire-là sera éventuellement
déposé auprès du Comité sénatorial. Et je tiens à mentionner que mon
collègue de l'Environnement a eu des discussions quand même avec les sénateurs
québécois qui travaillent sur ce comité.
Le Président (M. Lemay) :
Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : ...peut être plus précis. Ma question
était assez précise. Le mémoire est en rédaction. Quand est-ce que le mémoire va être prêt ou est-ce
que c'est un simple défi qu'il a
lancé à son équipe ou à sa machine? Est-ce
qu'il peut être plus précis sur une date de rédaction, en fait, de dépôt
et de présentation du mémoire en question?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, vous avez plus de précisions?
M. Julien :
Bien, écoutez, le mémoire est en élaboration, il sera déposé par les canaux de
communication usuels et quand... en temps et lieu, puis soyez assuré
qu'on va s'assurer que ce soit en temps opportun pour nous.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
M. le Président, j'ai également demandé : Est-ce qu'il compte rencontrer
le Comité sénatorial? J'ai fait la liste des différents ministres
responsables du même portefeuille que le ministre québécois, est-ce qu'il
compte rencontrer le Comité sénatorial?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre, sur l'intention de rencontrer le...
M. Julien :
Alors, comme je le mentionnais déjà, il y a des discussions avec mon collègue
de l'Environnement avec certains
sénateurs. Comme je mentionnais, mon prédécesseur ne se déplaçait pas à ces
comités-là et, comme je mentionne, pour
nous, la démarche qu'on a entreprise, cher collègue, c'est de préparer un
mémoire étoffant tous les enjeux pour le Québec, étoffant tous les éléments qui nous préoccupent et sur lesquels
on veut préserver soit notre compétence, un projet, une évaluation,
l'agilité du processus, et le mémoire sera déposé en temps et lieu auprès du
comité.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Donc, est-ce que c'est vous qui allez le déposer, c'est au nom du ministère de
l'Énergie et des Ressources naturelles ou c'est au nom du ministère de
l'Environnement et Développement durable?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Alors, comme j'ai mentionné... alors, je vais le redire, le ministère de
l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques est le principal interlocuteur du gouvernement
fédéral en ce qui a trait à ce projet de loi.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député.
M. Polo : Parfait. M. le
ministre, est-ce que vous êtes au courant que le Comité sénatorial sera à
Montréal le 26 avril prochain?
M. Julien : Merci pour
l'information.
M. Polo :
Non, mais, c'est une question, ce n'est pas une information. Est-ce que vous
êtes au courant? Est-ce que vous êtes au fait? Savez-vous que, le 26 avril
prochain, le Comité sénatorial sera à Montréal?
M. Julien :
Bien, honnêtement, je n'avais pas cette information-là, mais, pour moi, je ne
suis pas l'interlocuteur principal du Comité sénatorial.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Parfait. M. le Président, hier, j'ai fait la remarque sur l'enjeu de l'alliance
énergétique, puis, aujourd'hui, le
ministre nous en fait une autre démonstration. M. le ministre, c'est au centre
de vos responsabilités, c'est un projet de loi qui vient... qui a la possibilité de toucher aux compétences... aux
responsabilités des compétences du Québec, et vous déléguez, oui, c'est bien beau que ce soit votre collègue
ministre de l'Environnement qui est le principal interlocuteur, mais vous
avez la chance de montrer un leadership, de vous montrer non seulement
intéressé, informé, mais surtout de défendre votre position à ce niveau-là, et
vous n'affichez aucun intérêt, en fait, vous n'êtes pas informés que le Comité
sénatorial sera à Montréal la semaine prochaine.
M. Julien : Oui, alors, M. le
Président, je suis heureux, là, d'entendre mon collègue mentionner ça. Comme je
mentionnais, mon prédécesseur n'y allait
jamais, et j'ai l'information, là, que le ministère de l'Environnement sera à
la rencontre du Comité sénatorial le 26 avril.
Mais, honnêtement, M. le Président, puis j'aviserais mon collègue que je
ne connais pas l'agenda de tous mes
collègues, mes 26 collègues ministres. Et, moi, l'important, c'est de
faire valoir les préoccupations spécifiques à mon ministère. On a des
discussions interministérielles sur les enjeux du projet de loi C-69, et,
dans ce dossier-là, c'est le ministère de l'Environnement et mon collègue qui
est porteur du dossier.
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. le ministre, pour cet élément de
réponse. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Je vous ai donné un exemple, là, le 26 février dernier, le ministre de
l'Énergie et du Développement du Nord
et des Mines de l'Ontario, Greg Rickford, a rencontré le Comité sénatorial.
C'est bien beau qu'au Québec ce soit votre collègue ministre de l'Environnement qui soit le premier interlocuteur,
ça ne vous empêche pas, vous, de démontrer un intérêt aussi pour échanger, pour vouloir rencontrer, pour démontrer un
leadership à ce niveau-là. Et vous semblez être bien satisfait de laisser toute la place à votre
collègue ministre de l'Environnement et de n'assumer aucune responsabilité,
aucun leadership à ce niveau-là. Qu'est-ce que vous avez à dire, M. le
ministre?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
...chaque ministère provincial prend son interlocuteur pour le projet de loi C-69
et, pour moi, ce n'est pas une
satisfaction, on assume notre leadership au ministère des Ressources naturelles
en participant au comité interministériel. Quand j'ai l'occasion, en fin de compte, comme j'ai rencontré M. Sohi,
principalement, on a discuté de l'enjeu du C-69 sur les mêmes enjeux de
compétence et de dédoublement pour éviter qu'il y ait deux évaluations sur
certains projets. On les énonce.
Mais, à partir de ce moment-là, pour
nous, en réalité, le choix qu'on a fait au gouvernement, c'est que ça soit
le ministère de l'Environnement qui soit
porteur du projet C-69 puisqu'il est le principal touché. Mais là mon collègue, s'il veut, en fin de
compte, aller sur des enjeux de gouvernance, on est très impliqué dans les
discussions, on énonce nos préoccupations,
et, contrairement peut-être à un
gouvernement précédent, on n'agit pas en silo au gouvernement, là.
Alors, oui, le ministère de l'Environnement
travaille étroitement avec le MERN pour s'assurer que les enjeux pour le
Québec, avec le projet de loi C-69, soient bien adressés par le
mémoire, et surtout qu'on défende les intérêts du Québec.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Hier après-midi, le ministre nous disait qu'il a rencontré le ministre fédéral
dans le cadre d'un congrès des mines,
de façon épisodique, accidentelle, pour ne pas dire, M. le Président.
Aujourd'hui, il nous dit qu'il n'est même pas au courant que le Comité sénatorial vient au Québec la semaine
prochaine. Il n'affiche aucun intérêt à vouloir, à tout le moins, les rencontrer, malgré le fait que, oui,
c'est son collègue ministre de l'Environnement qui en est responsable.
Pour un ministre d'un gouvernement qui se
dit nationaliste, qui souhaite réaffirmer les intérêts du Québec, qui souhaite
défendre les intérêts du Québec, il
n'affiche aucun leadership, aucune volonté sur un enjeu qui est d'importance
pour son propre ministère. Honnêtement,
je suis un peu non seulement surpris, mais abasourdi sur la réaction et le
comportement du ministre, M. le Président.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député, est-ce qu'il y avait une question? C'était un commentaire?
M. Polo :
En fait, je continue de le répéter, moi, ce que je souhaite, c'est de voir
justement votre leadership s'afficher, votre intérêt de rencontrer ces
gens-là et de défendre votre position en tandem avec votre collègue ministre de
l'Environnement, et pas juste de dire, comme
vous l'avez dit hier : Bien, on va laisser Hydro-Québec faire les
démarches à l'international, ils vont nous
appeler lorsqu'ils vont faire la signature d'une entente. On va laisser notre
collègue ministre de l'Environnement
faire les démarches, puis il va nous appeler quand ça va être le moment de
prendre la photo. Il est où, votre leadership, M. le ministre?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Oui, je répondrais à mon collègue abasourdi actuellement, là, qu'on n'a pas de
leçon à recevoir, en fin de compte,
du Parti libéral, qui n'a jamais participé à aucun de ces comités. À partir du
moment où, nous, en réalité, on a une
structure, les échanges interministériels, où on défait les silos entre le
ministère de l'Environnement, le ministère des Ressources naturelles, et tous les autres ministères, et on va oeuvrer,
M. le Président, dans tous les dossiers. On va oeuvrer comme ça, et, nous, en fin de compte, le collègue
nous questionne et on mentionne nos préoccupations. Et lui, il parle de
leadership après ça... le gouvernement précédent, qui n'a jamais assisté,
jamais défendu les intérêts du Québec en ce domaine-là, aucune leçon à
recevoir.
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. le ministre. Ceci conclut ce
premier bloc d'échange avec l'opposition officielle. Je cède maintenant la parole à un membre du gouvernement, le
député du Lac-Saint-Jean, pour un bloc d'environ
10 min 30 s.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Alors, merci, M. le Président. Alors, salutations à
mes collègues au gouvernement, mes
collègues de l'opposition. Salutations à M. le ministre ainsi qu'au
président-directeur général de la Société du Plan Nord,
M. Pierre-Yves, Mme la sous-ministre, ça me fait plaisir de m'entretenir
avec vous.
Mais juste comme ça,
là, je veux rappeler qu'on est en commission au niveau d'énergie, ressources
naturelles, d'Hydro-Québec. Donc, moi, je
vais vous parler d'énergie, de Plan Nord, ainsi de suite. Là, comme je peux
voir, on parle de leadership, puis
moi, je connais votre horaire et je sais que vous avez un leadership excellent,
et on ne remet pas en cause, aucunement, votre leadership. Comme nouveau
gouvernement, je pense que ça va très bien.
Puis j'aimerais vous
parler de la qualité du minerai. Hier, je reviens un peu sur hier, M. le
ministre, on a parlé beaucoup au niveau des
mines, tout ça. Ma collègue de Rouyn-Noranda—Témiscamingue en a parlé. On sait qu'on a
une qualité de minerai qui est exceptionnelle,
qui est très bonne. On parle d'avantages, là, qu'on a, ici, au Québec. On a
une stabilité politique, hein, aussi, qui
est enviable. On a aussi une qualité de travailleurs qui est exceptionnelle,
ça, là-dessus, là, on est reconnus.
On a aussi un système transport, hein, on l'oublie parfois, on a des voies
ferrées, on a des voies maritimes, on
a des routes, qui est un enjeu majeur pour le développement, justement, de nos
ressources minières. Et, bien entendu, on a notre leader, on a Hydro-Québec, au niveau de l'énergie propre, qui a
des orientations claires, et on en a besoin aussi pour développer la
Société du Plan Nord, développer nos ressources minières, et investir.
Hier
aussi, on a parlé, bien sûr, de processus administratif, et, je suis content,
on parle d'avoir les permis, on parle entre
six, huit ans des fois, parfois 10 ans, et on sait que le marché vient...
parfois est volatile. On sait qu'au bout de 10 ans, des fois, c'est long, les marchés changent, donc
le temps qu'on ait les autorisations, les permis, bien, les entreprises
s'en vont et on perd de la richesse, on perd
des emplois. Et je sais qu'on veut améliorer ce secteur-là parce que, je pense,
c'est au bénéfice de tous et de toutes. Et,
bien entendu, l'acceptabilité sociale et la question de l'acceptabilité
environnementale, le BAPE, est une priorité pour notre gouvernement, et c'est
important de les respecter.
Et je reviens un
peu... Hier, aussi, on a parlé des redevances, tu sais, pourquoi qu'on
n'augmente pas, et je suis content quand même, parce qu'on voit qu'au Canada on
est l'endroit où est-ce que les redevances sont les plus élevées, et en termes de fiscalité aussi, de recettes
fiscales, donc c'est au Québec... on est en avance parmi nos provinces
voisines.
Et
je voudrais aussi qu'on parle de l'apport économique, je pense, c'est important
de le rappeler. On a parlé d'apport
économique hier. On parle que ce secteur-là, c'est 31 000 emplois,
tout près de 120 000 $ l'emploi en moyenne. Moi, j'ai fait un petit calcul, là, c'est
spéculatif : c'est 3,7 milliards en salaires. Mais c'est spéculatif,
mais quand même, c'est important,
3,7 milliards, là. On parle... C'est des gros chiffres. Puis on sait que
ça vient quand même... Ces emplois-là, c'est beaucoup dans les régions, donc c'est un secteur d'activité économique
excessivement important pour les régions. Mais il n'y a pas juste les emplois, on sait que ces
industries-là emmènent beaucoup aussi de petites PME autour de ça. Je le
sais, je viens d'une région, on a des
infrastructures, mais il y a beaucoup de PME qui vivent de ça. Et on parlait
aussi d'apport social. Et, je suis
content, hier, vous avez souligné que ces industries-là, ces PME s'impliquent
beaucoup, quand vient le temps, avec
les municipalités. Moi, chez nous, j'en ai, là, j'ai des entreprises qui ont
investi dans des arénas, et ils ont mis pas rien que des petits montants d'argent, là, des 100 000 $,
des entreprises, ils ont investi dans des arénas. Et aussi on parle beaucoup d'organisations communautaires, hein? Les
organisations communautaires, elles vivent aussi... elles ont besoin d'aide gouvernementale, mais, vous le savez, elles
demandent beaucoup d'aide des entreprises, des commandites. On parle de centaines de millions de dollars qui sont
investis au niveau social par ces entreprises-là, ces PME-là. Donc, je pense
que c'est important de le rappeler.
Puis c'est
excessivement important, parce qu'on parle d'occupation du territoire beaucoup,
mais ça fait en sorte... Moi, je suis comme
vous, là, je ne veux plus parler d'occupation du territoire, je veux qu'on
parle habiter le territoire. Il faut
dire qu'on habite le territoire, puis ça maintient — on va dire les vrais mots, là — l'épicerie du village — on va dire «village», parce qu'on a des villages — les stations-service, les garages. Puis ces
entreprises-là, elles emmènent des gens qui travaillent, qui restent dans la municipalité, qui vont envoyer des
enfants à l'école, qui vont maintenir nos écoles. Donc, c'est très important. Puis, au bout de tout ça,
là, c'est de la création de richesse, puis, avec ça, on est capable d'y aller
dans notre priorité, qui est l'éducation
puis les services de santé. On sait que ça ne s'en va pas en diminuant, donc
c'est important. Puis je trouvais important de revenir là-dessus.
Puis, moi, dans ma
région, je ne fais pas partie du 49e parallèle, mais, quand même, il y a
beaucoup d'employés, il y a beaucoup d'entreprises qui dépendent des ressources
minières, qui dépendent de la Société du Plan Nord, qui dépendent de toutes nos
ressources hydrauliques. Donc, c'était important que j'en parle.
Puis,
vous savez, chez nous, GNL, il y a Métaux Blackrock, Arianne Phosphate. C'est
des industries qui vont créer de
l'économie puis qui vont nous garder dans notre territoire, qu'on va continuer
à habiter notre territoire, puis tout ça se fait avec un consensus de développement social incroyable. Les entreprises,
aujourd'hui, là, avec les municipalités, avec les citoyens, doivent travailler en collaboration,
puis il y a des mécanismes qui le permettent : on sait que, dans notre
ministère, on a un service, maintenant, d'accompagnement pour aider ces
entreprises-là.
Donc,
c'est un petit peu une rétrospective d'hier, parce que vous êtes venu me
chercher quand vous avez parlé de tout
ça. Je pense, c'est important de le dire. C'est important de le dire, que ça va
bien, les choses qui vont bien aussi, parce que c'est des vases
communicants, hein? On peut bien monter d'un côté. Bien, on en met moins
ailleurs, tu sais. Ces entreprises... Ça fait que c'est des vases communicants.
M. le Président,
combien il me reste de temps?
Le Président (M. Lemay) :
4 min 30 s.
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : Bon, ça va bien. Là, je m'en vais... On va parler
de gouvernance, on va parler d'aménagement du territoire au nord du 49e parallèle.
Je sais que le Plan Nord... On sait qu'on est riche en ressources naturelles, on a beaucoup de ressources
naturelles. On sait qu'on a beaucoup encore de gisements miniers, il y a de
l'exploration qui se fait. Les nouvelles technologies sont toutes
améliorées : avec les nouvelles... l'informatique, toute l'intelligence
artificielle, on est capable d'aller chercher les études de sols, tout ça. On a
beaucoup plus une vision d'ensemble de ce qu'il y a dans notre sous-sol.
On sait aussi que
c'est 200 000 kilomètres carrés de forêt, soit plus de la moitié des
forêts exploitables du Québec en haut du 49e parallèle.
Donc, c'est un très, très grand territoire — je vous donne quelques statistiques,
là — puis
ça comprend plus de 75 % de la capacité
de production hydroélectrique qui est installée là. Donc, c'est quand même un
gros potentiel. Puis, hier, on parlait entre 70 et 75 centrales, barrages,
là, au niveau d'Hydro-Québec.
Une voix :
63.
• (11 h 50) •
M. Girard
(Lac-Saint-Jean) : 63. Bon, bien, on parle de 75 qui sont installées
là, donc... Puis, quand on parle de ressources minières, bien, on... les
ressources... les ressources hydrauliques aussi, c'en est, là.
Aussi,
il faut quand même le dire, on a des très beaux paysages. Il y a un fort
potentiel faunique, il y a de la diversité, il y a des cultures locales. Puis on a quand même, là-dedans, des
destinations de calibre mondial. Mais, pour avoir visité certaines entreprises au Nord-du-Québec, je vois
aussi qu'ils en tiennent compte maintenant. Maintenant, on fait des
genres... les entreprises travaillent, font
des genres de musées. Chez nous, Rio Tinto, à Alma, a une partie musée, là, qui
travaille. Donc, c'est toutes des choses qui sont excessivement
importantes. Il y a aussi beaucoup d'implication sociale là-dedans.
Donc,
moi, M. le ministre, ma question, c'est : Je voudrais avoir votre vision
au niveau du développement dans le Nord, en haut du 49e parallèle.
J'aimerais avoir votre vision là-dessus.
Le Président
(M. Lemay) : Parfait. M. le ministre. Environ
2 min 20 s.
M. Julien :
Parfait. Merci, cher collègue, pour cette question, pour ces éléments-là.
Écoutez, j'ai la chance, M. le Président,
puis, pour moi, c'est vraiment une chance, d'avoir été nommé ministre de
l'Énergie et des Ressources naturelles et surtout, également, responsable de la
Côte-Nord, un lieu que je connaissais peu. Comme je mentionne, depuis six
mois... moi, je n'habite pas le Nord, mais, depuis six mois, le Nord m'habite,
il n'y a pas de doute.
Et, depuis
mon arrivée en poste, j'ai travaillé, naturellement, avec les élus locaux, tant
sur la Côte-Nord... on est allés sur
l'Abitibi également. Pour nous, le développement nordique, comme le mentionnait
mon collègue... puis on l'a entendu,
là, de l'ensemble des intervenants au nord du 49e parallèle, ils nous
disent : Ce n'est pas occuper le territoire, c'est habiter le territoire. Habiter le territoire,
occuper le territoire, il y a une grande distinction. Habiter, ça veut dire la
qualité de vie. La qualité de vie des résidents est hyperimportante et doit
être considérée au premier chef.
Avec la
Société du Plan Nord et avec M. Dufresne, que j'ai eu l'occasion de rencontrer
continuellement, plusieurs fois par
mois, ce que j'aime, c'est cette volonté-là de développement socioéconomique.
La Société du Plan Nord porte des actions à la fois pour la communauté
et à la fois pour le développement économique. Plusieurs actions pourront être
énumérées plus tard, mais c'est cette volonté-là.
Et la Société
du Plan Nord sert de levier, sert de maillage dans les projets avec le
promoteur, la communauté, le gouvernement.
Pour donner accès, par exemple, à un site, la Société du Plan Nord va
travailler avec la communauté, le ministère
des Transports, avec les communautés autochtones, avec les promoteurs. Donc,
c'est un outil de maillage pour faire
arriver le développement socioéconomique au Nord. C'est un outil fantastique.
On peut l'améliorer. On va l'améliorer. Mais les projets déjà faits et déjà en cours par la Société du Plan Nord
font en sorte que, justement, les communautés, avec la table des
partenaires qui couvre toutes les communautés, sont bien écoutées et que le
développement se fait selon leur vision à eux.
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Ceci complète le bloc d'échange avec la partie du
gouvernement. Je cède maintenant la parole à un membre du deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue, pour un bloc
d'échange de 9 min 45 s.
Mme Lessard-Therrien :
Oui, merci, M. le Président. En janvier dernier, le ministre des Ressources
naturelles a annoncé son intention
d'accentuer le développement nordique entamé par l'ancien gouvernement libéral
en accélérant le processus pour l'implantation des minières. Le ministre
insiste pour réduire les délais sans compromettre, évidemment, la protection de
l'environnement.
J'aimerais
que le ministre puisse m'expliquer comment on fait pour accélérer le
développement du Nord, en coupant, par
ailleurs, 5 000 postes dans la fonction publique, sans diminuer les
exigences, et qu'il me précise qui seront les grands perdants de cette
accélération : Est-ce que ce sera l'environnement, l'acceptabilité sociale
ou encore le portefeuille des Québécois?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Bien, écoutez, là, je ne dirai pas à ma collègue qui sera les grands perdants
puisqu'il n'y aura que des gagnants. Alors, à partir de là, la réponse
est assez simple, il n'y aura que des gagnants.
Notre engagement également est de décentraliser
des postes en région, justement, pour s'assurer que le volet Développement économique en région soit bien
supporté par le gouvernement. Alors, quand on regarde le processus et
quand on cherche des perdants,
effectivement, on n'en trouve pas. On l'a mentionné, c'est-à-dire qu'on a une
Société du Plan Nord qui nous
accompagne, justement, dans ce maillage entre les intervenants pour favoriser
le développement nordique. Mais, quand
on regarde le processus... et je le réitère, là, une des premières choses que
j'ai faites, en arrivant au ministère,
c'est : donnez-moi un cas type,
donnez-moi un exemple. Parce
qu'on avait entendu, quand même, des doléances de certaines minières qui mentionnaient, dans les
journaux : le Québec, fantastique, mais tellement difficile de faire
affaire au Québec.
Alors, notre
objectif, nous, c'est... puis, on le réitère, là. Si quelqu'un voit qu'on ne va
pas là, rappelez-nous à l'ordre. On
ne va pas réduire les exigences réglementaires, aucunement. On ne va pas
réduire la robustesse du processus, aucunement. L'exemple type qu'on m'a
sorti, c'est entre un claim et l'exploitation pour un projet, 660 permis,
10 ans. Des permis répétitifs...
Une voix : ...
M. Julien : Vous voulez que
j'arrête là? Mais, je suis dans le coeur de ma réponse. Je vais arrêter.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée.
Mme Lessard-Therrien : ...ma
question, mais comment on va faire pour accélérer le processus et vous parlez
d'exemple. Moi, j'en ai un exemple, ici, qui est sorti dans les nouvelles la
semaine dernière avec le cas de Stornoway Diamonds, un exemple probant de ce
que ça fait quand on va trop vite quand on veut faire du développement.
J'aimerais
vous rappeler que ce projet a nécessité 1 milliard de dollars en
investissements, dont près de la moitié provient des poches des Québécois avec Investissement Québec, la Caisse
de dépôt et le Fonds de solidarité. En 2018, on a, par ailleurs, ajouté un 30 millions supplémentaire dans un
financement d'urgence qui provenait aussi de fonds publics. Cinq ans plus tard, la valeur en bourse de Stornoway
n'atteint même pas 100 millions de dollars, ce qui veut dire que
c'est 10 fois moins que les
investissements. En 2015, on parlait pourtant... il y a une présentation de la
firme qui parlait pourtant d'un des
meilleurs projets de diamants en développement au monde. On parlait aussi que
c'était un projet-phare du Plan Nord. Voilà
ce que ça a fait, entre autres, quand on se fie trop à l'industrie et quand on
va trop vite. Dans les ennuis qui sont énumérés qui a mis la minière en difficulté, on parle,
entre autres, que les diamants extraits sont plus petits et moins beaux que
prévu, que le prix du diamant sur le marché mondial est inférieur à ce qui
était projeté.
Ça, là, M. le
ministre, investir autant d'argent des contribuables dans les projets aussi
imprévisibles, c'est du gambling. Moi,
j'aimerais rappeler au ministre des Ressources naturelles qu'il n'est pas au
Casino de Montréal, mais qu'il est bien
à l'Assemblée nationale. Et j'aimerais savoir comment il va s'assurer qu'une
telle situation ne se reproduise plus. Moi, je pense que ce n'est
certainement pas en allant plus vite. Et quelles seront les conséquences pour
l'entreprise qui a exploité notre territoire en vain?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Quand même surpris de ce genre de questions là de ma collègue, qui, pourtant,
je pense, vient d'une région, là, qui connaît bien le secteur minier.
Je ne vois aucun
lien, aucun lien entre la lourdeur d'un processus d'approbation par le
ministère des Ressources naturelles, le ministère de l'Environnement pour faire
cheminer entre un claim et une exploitation et, après ça, la vie économique du projet via ses investissements et
via, en réalité, les aléas d'un marché à risque. C'est justement
pourquoi, en réalité, les risques sont pris
en grande partie par les promoteurs et que le gouvernement vient les appuyer en
développement économique.
Moi,
quand je parle d'accélération de processus sous la responsabilité du ministère
des Ressources naturelles et, en réalité,
du ministère de l'Environnement et des ministères concernés, c'est dire :
Entre le claim et l'exploitation, il faut qu'ils démontrent, en fin de
compte, les éléments environnementaux, le déboisement, la capacité, en réalité,
par rapport aux ressources naturelles à être conforme au processus. Et nous, on
dit : 660 permis entre le jour 1 et l'exploitation, 10 ans,
c'est trop long.
Alors, ça, c'est
l'engagement qu'on prend, nous autres, au ministère, de travailler avec le
ministère de l'Environnement, les sous-ministres
ont un comité interministériel. On va prendre ça, on va le couper en petites
tranches, on va faire un «lean management»
pour venir dire : Chacune des étapes, là, sur le chemin entre le jour du
claim et l'exploitation, comment on
peut améliorer notre agilité pour que le cheminement se fasse plus rapidement
sans mettre en doute les enjeux réglementaires,
acceptabilité sociale, environnement, sans réduire la robustesse? Et on peut le
faire, 660 permis, je le disais hier,
des informations qui sont répétées à chacune des étapes. Faune et forêt, le
même permis annuellement sans changement. Alors, nous, on va
regarder : Est-ce qu'on peut être plus agile?
Et
là vous me parlez d'un cas de figure où, effectivement, le filon a été moins
bon que ce qui était anticipé. Mais, ça, c'est... là, là, en réalité,
vous mélangez l'investissement au processus. Et, moi, ce que je vous parle,
c'est le processus d'approbation, qui fait
en sorte que les investisseurs, quand ils regardent le Québec, ils
disent : Oui, qualité de minerai, oui, je serais intéressé à
investir, mais, si je commence à travailler aujourd'hui, dans 10 ans, je
vais pouvoir exploiter. Alors, dans 10 ans, quel sera l'état du marché des
minéraux? Ceux qui sont convoités par l'entreprise, et c'est une incertitude supplémentaire... Et, si on est plus efficace, si
on est plus efficient, si on est plus agile, on va amener plus
d'investisseurs.
• (12 heures) •
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Lessard-Therrien :
...préoccupe, c'est vraiment juste ce qui se fait en amont, mais, une fois que,
là, le fiasco pogne, qu'on peut dire, bien là, tout d'un coup, vous ne
vous sentez plus concerné? C'est un peu ça que je comprends?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien : Pas du tout. On est concernés tout du long, à
partir du moment qu'on est investisseur
dans des projets. Et, naturellement, il y a des risques liés à certains
investissements. Actuellement, il y a 25 mines actives au Québec. Je pense
que le Québec tire très bien son épingle du jeu, quatrième au monde, quatrième
au monde actuellement.
Donc,
oui, on peut prendre des cas de figure, il y a des réussites; oui, il y a des
cas de figure où ça va moins bien. Mais, globalement, c'est 31 000 emplois
à 120 000 $ l'emploi.
Le Président (M. Lemay) :
Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien :
Où est l'urgence de développer tant ce nord, alors qu'on vit une importante
pénurie de main-d'oeuvre? Puis vous
parlez des entreprises que j'ai dans mon comté et, oui, je les suis de très
proche, ces entreprises-là, je les
rencontre. Et un de leurs défis majeurs actuellement, c'est qu'ils ne sont pas
capables de faire tourner leurs entreprises à pleine capacité parce
qu'il leur manque de monde. Comment vous pouvez entrevoir de développer encore
plus le Nord, alors que déjà, dans les entreprises existantes, il manque de
monde?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Alors, j'entends le défi de la main-d'oeuvre et j'ai eu l'occasion, en réalité,
d'aller en région, en Abitibi, rencontrer
les gens de la mine LaRonde, Malartic, de voir leurs projets. Je suis descendu
dans la fosse avec eux, j'ai vu des travailleurs.
Puis ce que me disent ces entreprises-là, ce n'est pas : Oh! il faudrait
arrêter le développement minier au Québec parce qu'on a un défi de
main-d'oeuvre. C'est : On adresse le défi de main-d'oeuvre par la mine 4.0.
J'ai vu, en fin de compte, Meglab, à titre d'exemple, où on a des systèmes
dorénavant nettement plus efficaces en termes de capacité, avec des véhicules
autonomes. Alors, on s'en va vers ça. Donc, on ne fera pas un frein justement.
Alors,
ils le voient, le défi de main-d'oeuvre et ils s'y adaptent. Et, nous, ce qu'on
dit, c'est : On veut, en fin de compte,
des emplois bien rémunérés au Québec et c'est ce qu'on a dans le secteur
minier. Alors, oui, c'est un défi, mais je n'ai pas entendu aucune
entreprise sur le chemin qui disait : On devrait arrêter, là, on a des
enjeux de main-d'oeuvre.
Le Président (M. Lemay) : Mme
la députée Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Mme Lessard-Therrien : Oui, je
vous amène sur un autre sujet avant la fin. Je voudrais parler des garanties financières pour la restauration environnementale
des sites miniers actifs qui sont déposées au gouvernement du Québec.
J'aimerais savoir les intentions de rendre
publics ces chiffres-là, mine par mine, comme le font déjà la Colombie-Britannique et l'Ontario, qui sont les
plus grandes provinces minières au pays, avec le Québec. On a les
données globales, je vous le concède, mais
on n'a pas les données mine par mine, et que c'est essentiel d'un point de vue
d'intérêt public pour s'assurer que toutes
les mines déposent les montants adéquats, et que le Québec n'ait pas à payer
les pots cassés. Plus de transparence
est nécessaire pour une meilleure performance. La Colombie-Britannique et
l'Ontario ont compris ça; pourquoi pas le Québec?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre, en 45 secondes.
M. Julien :
O.K., rapidement, ce qu'on a actuellement en place comme garanties, c'est
50 %, en fin de compte, des coûts
de restauration et de réhabilitation au départ; 25 %, 25 %, on a
100 %. Les analyses faites par le ministère démontrent clairement que les sommes en garantie sont
conservatrices par rapport aux travaux de réhabilitation. Alors, on
n'envisage pas du tout, bien au contraire, que
ces sommes-là ne soient pas suffisantes pour restaurer, à terme, le
rétablissement des mines.
Mme Lessard-Therrien : Mais
est-ce qu'on peut l'avoir mine par mine et pas par entreprise?
M. Julien : Bien, alors, pour
ce qui est de mine par mine...
Une voix :
...
M. Julien : Alors, les plans sont publics, on me dit ici à
l'oreille, et la garantie est publique mine par mine. Donc, cette
donnée-là existe.
Je voudrais quand même revenir sur les mines
orphelines du passé : 452 sites, les sommes sont provisionnées...
Une voix : ...
M. Julien : Oui, les sommes sont provisionnées. L'ancien gouvernement s'était engagé, il y a plus de deux ans, à dire, sur six ans : Être à 80 %. Quand je suis arrivé, il y avait
11 % de fait après deux ans. Donc, le tiers du temps d'écoulé et beaucoup moins que le tiers de l'avancement. On va
déposer un plan ce printemps pour voir comment on peut accélérer puis
comment on peut, justement, rétablir.
Les sommes sont là, il y a des enjeux
d'expertise pour faire la réhabilitation, mais on veut faire mieux et plus
rapidement que l'ancien gouvernement.
Le
Président (M. Lemay) : Merci, M. le ministre. Ceci complète le
bloc avec la deuxième opposition. Maintenant, je cède la parole à un
membre du gouvernement, Mme la députée de l'Abitibi-Ouest, pour un bloc de neuf
minutes.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Merci, M. le Président. M. le ministre, chers
collègues, mesdames messieurs, bonjour.
Lorsque je
pense au Plan Nord, ce sujet m'interpelle particulièrement, car c'est un
important acteur économique pour la
région de l'Abitibi-Témiscamingue. Plusieurs entreprises régionales travaillent
sur ce grand chantier. Les travailleurs et travailleuses de partout au Québec nous amènent à découvrir le
phénomène «fly-in/fly-out». Nous pouvons comparer le développement du Plan Nord à celui de l'Abitibi.
En premier lieu, ce sont les mêmes ressources qui vont être exploitées
sur le territoire du Plan Nord, dont les forêts et les mines. Ce territoire
représente d'ailleurs plus que la moitié de la possibilité forestière des
forêts publiques du Québec.
Une autre leçon qu'on peut retenir du développement de l'Abitibi, c'est l'importance
d'utiliser judicieusement les retombées économiques de l'exploitation du
territoire pour assurer un développement durable des communautés, pour éviter
que sa valorisation ne soit pas en montagnes russes, un peu comme dans le cas
des années 30 à 60 en Abitibi.
En ce qui
concerne les mines qui ne sont plus en exploitation, la réflexion est déjà plus
qu'entamée sur les normes qui doivent
être maintenues pour assurer l'acceptabilité sociale des projets miniers. Il
faut surtout que ça ne soit pas abandonné comme ça a été fait par le passé.
Plusieurs
facteurs environnementaux doivent être pris en considération dans le
déploiement du plan du Nord, et notre
participation avec les communautés autochtones, notamment le patrimoine unique
de la nordicité, les lacs et les rivières intacts ou très peu perturbés, le fait que ce territoire soit vaste et
encore peu connu, le fait que la biodiversité de ce territoire constitue
un symbole identitaire important pour la population qui l'habite, les grands
potentiels d'aménagement de l'exploitation des ressources naturelles, exige une
gestion durable et responsable.
Je crois que notre gouvernement entend y jouer
un rôle significatif, selon les modes de gestion qu'il appliquera. M. le
ministre, parlez-moi des modes de gestion durable et responsable à l'exploitation.
Le
Président (M. Lemay) : M. le ministre.
M. Julien :
Oui, merci, cher collègue, pour cette question. La protection de
l'environnement s'opère dans un contexte où des communautés habitent le territoire — habitent le territoire, ils n'occupent pas
le territoire — et
réalisent différentes activités qui
peuvent avoir un certain impact sur l'environnement, on le sait tous. Cette
occupation doit être considérée, cette préoccupation,
pour assurer la cohabitation harmonieuse entre les besoins des communautés et
la fragilité de l'environnement nordique.
Nous avons procédé, via la Société du Plan Nord, au nettoyage de différents
sites d'entreposage, à titre d'exemple les
matières dangereuses résiduelles au Nunavik, un enjeu environnemental,
également un enjeu de santé publique qui a été bien répondu; l'élaboration d'un mode, également, novateur de protection
de l'environnement permettant à certaines activités sociales et économiques qui respectent la
biodiversité et la capacité de support des écosystèmes; développement en
cours du mécanisme d'affectation, que vous
connaissez probablement, de 30 % du territoire voués à la protection
environnementale, doivent être pris en compte dans le déploiement du Plan Nord.
Donc, oui, le Plan
Nord, via la Société du Plan Nord, on veut faire du développement économique,
mais on garde toujours également la perspective environnementale, protection du
territoire. Alors, pourquoi on fait ça? On veut protéger le patrimoine unique de la nordicité, les lacs et les rivières
pour qu'ils demeurent intacts et peu perturbés par les activités économiques, le fait que ce territoire
est hypervaste, quand même, au nord du 49e — corrige-moi, René — mais
c'est 1,2 million de kilomètres carrés, donc, c'est 80 %...
Une voix :
...
• (12 h 10) •
M. Julien :
...72 % du territoire québécois, moins de 2 % de la population, alors
c'est un enjeu qu'on veut préserver, et le fait que la biodiversité de
ce territoire constitue un symbole identitaire majeur, important pour les
populations qui l'habitent.
Alors,
on a des grands potentiels, on reconnaît des grands potentiels d'exploitation
pour l'économie et des grands potentiels d'aménagement des ressources
également, qui exigent une gestion durable et responsable. Je crois que le gouvernement de la CAQ... je ne le crois pas, j'en
suis certain, entend y jouer un rôle significatif selon le mode de
gestion qu'il appliquera.
J'aimerais...
Je pense que c'est excellent. Donc, pour nous, ce n'est pas des oppositions,
chers collègues, hein? On le dit, on
le réitère : On veut faire du développement économique de manière plus
importante au nord du 49e parallèle. On a des ressources fantastiques. On a un potentiel extraordinaire. On a une expertise qui a été développée à travers les années au
Québec. On veut le faire, mais on ne le fera
pas a contrario des enjeux d'acceptabilité
sociale et environnementale. On peut faire les deux.
On va faire les deux. On va le faire de manière très responsable pour en faire
plus, puis on peut faire plus. Et, en fin de compte, à terme, c'est par ces mesures-là qu'on pourra, justement,
assurer le développement économique. Et, pour moi, le développement
économique... on a la table des
partenaires qui siège, qui représente à la fois les élus municipaux, à la fois les entreprises, à la fois les chefs autochtones.
La table des partenaires, 21... combien de personnes? 32 personnes?
Une voix :
Entre 32 et 35.
M. Julien : ...de l'ensemble du milieu du Nord québécois du 49e. Et on va
déposer un nouveau plan d'action. On va
y travailler cette année, pour déposer un nouveau plan d'action de la Société du Plan Nord. Et soyez assuré que ce plan d'action
là, là, ça ne sera pas le plan
d'action des partenaires puis développement économique. Ça va être un plan d'action intégré. Ça va
être un plan d'action qui va prendre l'ensemble des préoccupations
des partenaires, qui, eux, représentent les communautés, les communautés
vivant, habitant le territoire.
Alors, on peut faire
mieux, on peut faire plus puis on va le faire en conformité avec la volonté du
milieu.
Le Président
(M. Lemay) : Merci, M. le ministre. Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Combien de temps?
Le Président
(M. Lemay) : 1 min 30 s.
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : 1 min 30 s? Le Plan Nord comprend
certaines mesures de réinvestissement pour favoriser
le développement du tourisme, secteur bioalimentaire. Je lisais récemment
que, dans les serres nordiques, entre autres à Kuujjuaq... il me semble
un exemple de projet mobilisateur, qui pourrait bénéficier aux autres communautés.
M. le ministre,
pourriez-vous m'en dire plus sur ces mesures?
M. Julien :
C'est ça, comme je le mentionnais, la Société du Plan Nord a un volet
socioéconomique. Ici, on a l'exemple des serres. De mémoire, René, c'était 350 000 $
qui avaient été...
M. Dufresne
(René) : ...une serre hydroponique, une serre fermée.
Le
Président (M. Lemay) : ...que M. Dufresne prenne la parole,
il n'y a pas de problème. Simplement, ça prend un consentement des
membres de la commission concernant...
M. Julien : Ah! mais
c'est juste... rien que pour être sûr que j'avais le bon montant. Donc, c'était
350 000 $, qui était un
levier pour développer les serres, en réalité, avec des conteneurs pour,
justement, récupérer l'énergie, qui profite à la communauté, qui, soudainement, ont accès... parce qu'on a eu une
première récolte au mois de février cette année, accès à des végétaux
frais via, en fin de compte, un investissement qui a servi de levier.
Donc,
la Société du Plan Nord fait du développement socioéconomique du Nord. Alors,
c'est des mesures comme ça qui font en sorte qu'ils agissent à la fois
sur le développement économique et sur le développement social au Nord.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup, M. le ministre, ce qui
complète ce bloc d'échange avec la partie du gouvernement. Je suis maintenant prêt à reconnaître un membre du
troisième groupe d'opposition, le député de Jonquière, pour un bloc de
9 min 45 s. La parole est à vous.
M. Gaudreault :
Oui. Alors, merci, M. le Président. Bonjour à tous et à toutes.
Je veux tout de suite
aller sur un dossier concernant le Plan Nord et Anticosti, qui est un joyau du
Québec, et particulièrement sur l'accès à
Anticosti, parce qu'on le sait, que son plus grand problème, Anticosti, c'est
l'accessibilité à l'île d'Anticosti.
Des représentants de la Société du Plan Nord ont fait des rencontres en
novembre 2017 avec des élus locaux, avec
des gens de la place. Et là on a appris, dans un article de Radio-Canada
Côte-Nord, le 29 mars dernier, donc c'est très récent, le maire de l'île d'Anticosti, John
Pineault, bien, il est un peu tanné d'attendre, là. Il y a eu une citation où
il dit : «Il y a eu l'étude du
Plan Nord qui a été faite durant toute l'année passée et qui normalement
devrait être livrée dans le mois de janvier. On ne l'a pas eue encore.»
Alors,
moi, j'aimerais savoir, de la part du ministre ou des représentants de la
Société du Plan Nord, on en est rendu où
sur l'étude pour un possible lien maritime pour désenclaver l'île d'Anticosti.
C'est quoi, les résultats des rencontres que vous avez faites en
novembre 2017 du côté de la Société du Plan Nord? Voilà.
Le Président
(M. Lemay) : O.K. M. le ministre, et en vous rappelant que, si
vous voulez céder la parole, il n'y a pas de problème...
M. Julien :
Ça va être partagé, je vais commencer puis je vais laisser, après ça,
M. Dufresne y aller. Naturellement, on est bien conscients de ces enjeux-là. On a eu l'occasion quand je
suis... à ma quatrième visite, troisième visite, quand on est allés sur la Minganie, j'ai rencontré le maire
Pineault, on a discuté longuement des enjeux, justement,
d'accessibilité, et d'autres enjeux par
rapport à Anticosti. Et je suis content de voir que mon collègue ici reconnaît
ce joyau-là par rapport au fait qu'on
va le préserver de développement d'hydrocarbures, comme ça avait été déjà été
le cas énoncé par un gouvernement précédent.
Alors,
naturellement, on y travaille, et j'ai eu l'occasion
de discuter avec M. Dufresne, justement, de l'avancement de ce dossier-là, qui est un dossier complexe avec différents enjeux
puisque, effectivement, on a la rive nord, Anticosti, on a également la rive sud. Alors, M. Dufresne va vous
entretenir un peu des différents enjeux et du processus actuellement en cours pour être
en mesure de desservir adéquatement Anticosti.
Le
Président (M. Lemay) : Parfait. M. Dufresne, puisque j'ai
constaté le consentement, simplement vous nommer ainsi que votre titre
et, ensuite, vous pouvez y aller avec votre élément de réponse.
M. Dufresne
(René) : Oui, bien, en fait, le groupe de travail...
Le Président (M. Lemay) :
...pour les fins d'enregistrement...
M. Dufresne (René) : ...me présenter, oui. René Dufresne,
président-directeur général de la Société du Plan Nord. Merci, M. le
Président.
En
fait, le groupe de travail n'a pas terminé ses travaux. Ce qu'on a constaté, au
fur du déroulement des travaux, des échanges,
des consultations qu'on a fait avec les gens, que ce soit de la Minganie, avec
les gens d'Anticosti, avec les gens de
la Gaspésie, quand on s'est concentré... En fait, le mandat qui avait donné à
l'époque par le gouvernement, ça consistait, là, à réaliser une étude
afin d'instaurer une traverse maritime entre la Côte-Nord, l'île d'Anticosti et
la Gaspésie. Donc, ça sous-tendait une boucle, une boucle touristique pour être
capable, là, de relier la Minganie, Anticosti et la Gaspésie.
Ce
qu'on a constaté à force des travaux, c'est que la situation était un peu plus
complexe que ça puis que le modèle qui
était utilisé de boucle avec une traverse, donc un bateau, ce n'était peut-être
pas le modèle le plus optimal qu'on pouvait avoir compte tenu de la complexité de la situation. Quand on regarde une
boucle du genre, bien, ça nous amène à certains éléments. Je ne suis pas un spécialiste des bateaux, là, je ne peux pas
parler, là, pour les gens de la Société des traversiers, qui, eux, ont
fait toutes ces analyses-là...
M. Gaudreault :
...spécialistes non plus, je vais vous dire.
M. Dufresne (René) : ...par contre, on était plusieurs, il y avait
plusieurs ministères à travers. Nous, dans le fond, la Société du Plan
Nord, c'était de coordonner l'exercice.
Quand l'analyse a été
faite avec les résultats, l'évolution des travaux puis des résultats qu'on
avait, ce qu'on a constaté, c'est que, si on
garde dans une boucle, ça nous amène dans une boucle, ça nous amène dans des
choix préétablis, c'est-à-dire un gros bateau, parce que, tu sais, se
promener d'une rive à l'autre, ça nous amène un gros bateau, on veut faire du
développement touristique, donc ça nous amène un gros navire.
Ça
nous amène peut-être aussi, avec un gros navire, à des temps de traverse qui
sont assez longs. Ça nous amène aussi,
avec un bateau, deux mois par année, ça ne fonctionne pas. Janvier, février, un
navire, ça ne peut pas fonctionner, donc, c'est à quai. Donc, le bateau peut fonctionner 10 mois par année.
Mais, sur le 10 mois par année, si on prend un gros navire pour une situation touristique, bien, ça veut dire
essentiellement qu'à peu près huit mois par année il se promène vide. En
termes de désenclavement, si on veut amener
vraiment Anticosti à être capable de faciliter les déplacements des
résidents comme ils nous le demandent :
On peut-u aller à avoir un rendez-vous médical puis pas que ça prenne deux
jours, mais qu'on puisse le faire
dans la même journée, aller visiter nos enfants à l'école... Parce qu'à
l'école, à un moment donné, je ne me souviens
pas en quelle année, ça arrête, il faut qu'ils aillent en Minganie. Donc,
est-ce qu'on est capable d'avoir une desserte qui nous permet de faire
ça dans la même journée? Le modèle étudié présentement...
Le Président (M. Lemay) :
...donner la parole au député de Jonquière.
M. Dufresne (René) : Excusez,
excusez-moi.
M. Gaudreault :
...forme de proportionnalité parce que je n'ai pas beaucoup de temps puis je
vois déjà le temps qui file. Je
comprends, là, les problèmes, mais... Puis, je suis heureux d'entendre ça,
parce qu'on essaie de comprendre pourquoi ça traînait, mais, une fois
qu'on dit ça... Puis je comprends la réalité de la glace, puis des bateaux,
puis du temps, puis de la boucle.
Mais, est-ce
qu'on peut avoir un moment, là, est-ce que le ministre peut nous dire, par
exemple, avec vous, là, quand est-ce
qu'il va pouvoir donner une réponse aux gens d'Anticosti? Est-ce qu'il va, dans
le plan de match du Plan Nord, prioriser le désenclavement de cette île, oui, pour... de cette île, cette île, en
deux mots, là, l'île d'Anticosti... pour, oui, pour les gens, d'abord, qui y vivent, mais aussi pour permettre
aux gens du Québec au complet d'aller visiter et de voir, de profiter de
ce joyau faunique et écologique unique.
Alors, moi, je veux avoir un engagement clair de la part du ministre, là, un,
de rendre public le rapport dont le
P.D.G. de la Société du Plan Nord nous parle et, deux, un engagement puis une
priorité politique de la part du ministre.
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
• (12 h 20) •
M. Julien :
Oui, merci, cher collègue pour cette question-là. Naturellement, comme vous
pouvez le constater, on a déjà eu, M. Dufresne
et moi, plusieurs discussions puisque j'avais été interpelé directement par le
maire Pineault. Puis les arguments du maire Pineault, que j'ai beaucoup
apprécié lors de notre rencontre, sont assez éloquents, je pense que le besoin
est là. Alors, on pense que d'ici...
Puis, effectivement, là, comme mentionnait M. Dufresne, puis je ne veux pas rallonger,
là, le mandat qui avait été reçu, les
options potentielles ne sont pas les bonnes. Alors, on se donne probablement une période, là, de cinq à six mois pour être en mesure d'avoir, en réalité, d'autres options qui seraient
mieux adaptées, mieux adaptées pour Anticosti, en termes de desserte.
Le Président (M. Lemay) : M. le
député de Jonquière.
M. Gaudreault : O.K. Donc, on
va dire dans le courant de l'été, c'est à peu près ça, cinq à six mois.
M. Julien : On va dire d'ici la fin de... oui, si je prends
six mois, ça m'amène en octobre, mais ça va être dans ces délais-là, là.
M. Gaudreault : O.K. J'en
aurais encore long à dire là-dessus, mais je vais aller sur un élément, avec le
temps qu'il me reste. C'est quand même
étonnant qu'on ait la Société du Plan
Nord mais que les décisions se
prennent à Québec. L'ancien gouvernement avait dit qu'il y avait une
cible d'emploi, au moins de 60-40, donc 60 % des emplois à Québec puis 40 % sur le territoire touché par le
Plan Nord. Là, on s'aperçoit que les derniers chiffres nous donnent à peu près
des chiffres de 73-27, donc 73 % des emplois à Québec, 27 % des
emplois dans les régions. On est loin de la cible.
Moi,
j'aimerais ça, deux éléments, que le ministre nous dise : C'est quoi, ses
objectifs en termes d'emploi sur le terrain,
quitte à... Parce qu'ils nous ont fait une grande promesse en campagne
électorale, on veut déplacer 5 000 emplois dans les régions. Il me semble que le premier
concerné devrait être la Société du Plan Nord. Puis, deuxièmement, au-delà
de déplacer les emplois, là, la vraie
décentralisation, c'est quoi? C'est que les décisions se prennent localement.
Alors, ce n'est pas tout de déplacer
les emplois, mais il faut que les employés, dans les régions, aient les vrais
pouvoirs pour prendre des décisions. Alors, c'est quoi, l'orientation du
ministre à cet égard?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre, en environ une minute.
M. Julien :
...écoutez, premièrement, il y avait des enjeux à régulariser avec la Société
du Plan Nord parce qu'on est obligé
d'avoir un décret — corrigez-moi,
M. Dufresne — pour
régulariser le nombre d'emplois, qui n'avait pas été fait par le gouvernement précédent. Alors, la
Vérificatrice générale avait soumis, justement, que le nombre d'employés
n'était pas cohérent avec ce qui avait été autorisé. Ça a été fait.
Effectivement,
on constate, puis c'est une des premières discussions que j'ai eues avec
M. Dufresne, on constate qu'il y
a un pourcentage d'à peu près 26 %, 27 %, actuellement, on parle de
Roberval, Baie-Comeau, Sept-Îles, Chibougamau, on
a des ressources, là, à peu près 14 ressources y sont. J'ai demandé à
M. Dufresne de faire un diagnostic de ça. Effectivement, ça nous apparaît
insuffisant en termes de décentralisation.
D'un autre côté, des mandats de la Société du
Plan Nord, on ne parle pas d'une société où est-ce qu'il y a mille employés, hein, on parle d'à peu près 55,
57 employés. Ça prend quand même un noyau, en réalité, central pour gérer
des projets comme plus majeurs. Donc, c'est
faux du nombre aussi que les pourcentages sont plus durs à atteindre, chers
collègues, c'est faux du nombre que c'est
plus dur à atteindre. Mais on souhaiterait que ce soit mieux que ce qu'on a
actuellement parce qu'on pense que, quand les gens sont à proximité des
enjeux, ils sont plus efficaces.
Le Président (M. Lemay) :
Merci, M. le ministre. Ceci complète le bloc d'échange avec le troisième groupe
d'opposition. Je cède maintenant la parole à un membre du gouvernement, le
député de Dubuc, pour une période de neuf minutes.
M. Tremblay : Merci, M. le Président. M.Dufresne, bonjour. Salutations à l'équipe du Plan
Nord, M. le ministre, l'équipe
ministérielle, mes distingués collègues, aux gens de la recherche aussi, merci.
Je vous
dirais qu'avant d'arriver à des questions peut-être plus précises, plus
spécifiques, je croyais utile, pertinent d'y aller avec une présentation
peut-être plus historique, plus chronologique de ce qu'on aura vécu comme
réalité dans Dubuc, aussi parce que,
finalement, on peut voir, chez nous, les bateaux qui arrivent tranquillement pas vite et puis qui nous laissent voir à un retour de prospérité au niveau
des perspectives plus industrielles, ce qui est très attendu, je vous
dirais.
Maintenant,
chez nous, dans une communauté plus industrielle, mon collègue de Jonquière est
historien de formation, d'ailleurs il
connaît très bien nos réalités de communautés industrielles de pâtes et papier.
Par exemple, on avait l'impression que tout était un peu orchestré avec
des sonneries ou des sirènes chez nous, dans la communauté. Quand il y avait un
feu à Stone-Consol, ça retentissait dans
toute la communauté, puis c'est un appel à la solidarité, aux gens d'aller
travailler pour éteindre l'incendie, au même
titre que la cloche de l'église, la paroisse Saint-Édouard de Port-Alfred sonnait pour nous autres, les enfants de la communauté, qu'il était
l'heure de rentrer, au même titre que la cloche sonnait pour la
récréation.
Maintenant,
c'était une époque de prospérité aussi où on pouvait compter, dans un
arrondissement comme La Baie aujourd'hui, qui était, à l'époque, une ville, qui aurait été
une ville, des commerces, en tout cas pour ce qu'il en reste, de quatrième génération, mais on pouvait avoir des
services de détail ou sinon des services dans les différents
arrondissements. Aujourd'hui, ça a évolué, ça a décliné, je vous dirais. Il
faut faire parfois 15 kilomètres, et sinon plus, pour obtenir le même type
de services.
Alors, moi,
mon grand-père aura, mon père me rappelait souvent, aura travaillé 54
ans pour la défunte Stone-Consol, l'usine
de pâtes et papiers à Port-Alfred. Et puis c'était aussi une ambiance qui était
positive. Mon père, lui, aura travaillé comme débardeur pour Alcan à
Saguenay Terminals, où, finalement, il revenait, à des heures un peu saccadées,
habillé de bauxite, ou de charbon, ou peu
importe. Moi, jeune, dans ce contexte-là industriel prospère, je traversais
avec mon sac de hockey et puis
j'avais, sous les yeux, tantôt un décor industriel de silos d'entreposage ou
sinon de paravents de charbon, mais, tantôt aussi, des paysages de fjord,
parce qu'on vit dans un territoire qui est complètement exceptionnel.
Se
développaient, en parallèle de tout ça, quand même, les jalons d'une économie
touristique. Vers, je vous dirais, peut-être, 2003, on aura eu la fermeture de la Stone-Consol,
et puis, je me souviens encore, chez nous, c'était une cicatrice énorme, c'étaient des marches dans les rues. Ça a
été, finalement, un démarrage de gestion de décroissance. Et puis,
à l'époque, certains manifestaient le
besoin d'implanter un Plan Marshall. Finalement, ça s'est déployé, en quelque part, dans les mêmes années, sur
un projet de quai d'escale, qui venait consolider des jalons intéressants de développement touristique pour des périphéries
rurales, Dubuc étant composé, entre autres, de 13 communautés
rurales aussi dans le Bas-Saguenay, Falardeau et autres.
Finalement,
le quai d'escale amène des clientèles captives internationales intéressantes,
mais force est d'admettre qu'on vit avec une réalité de port en eau
profonde. Il y a Port Saguenay qui est là. Et puis on voit aussi apparaître de nouveaux modèles d'entreprises d'économie
rurale. Je citerai Km12, qui est une distillerie à Falardeau, qui, finalement,
est en train de prendre de l'expansion en
Europe et puis qui me signifiait clairement que leurs ambitions étaient de développer
encore davantage in situ et puis, finalement, même, d'aller plus loin avec les
autres distilleries qu'on retrouve au Québec, de créer, finalement, une espèce
de patrimoine au niveau de la... oui, tout à fait.
Alors, finalement, tout ça a évolué. Et puis
moi, je vous dirais qu'en 2003 j'étais à Tadoussac à l'époque pour la SEPAQ,
où, historiquement, quand on le vit, en tout cas, on en témoigne de façon
historique, on parlait des premiers balbutiements
d'un statut de l'UNESCO pour le fjord. Finalement,
mon collègue de Jonquière, encore, que je cite, finalement, c'est la municipalité, la communauté industrielle
d'Arvida, qui aurait pu, finalement, s'orienter vers cette ouverture-là
de la liste indicative de l'UNESCO, qui s'ouvre aux 20 ans, et puis, bon,
tu avais ceux du parti du fjord puis ceux du parti d'Arvida, mais c'est
fantastique, parce que c'est aussi une dimension historique très intéressante.
Alors, dans
le fond, j'arriverais à ma question, si vous me permettez, mais 2003, ça a été
cette cicatrice-là, au niveau industriel, et puis 2006, ça a été la
fermeture, ou désacralisation, de l'église Saint-Édouard de Port-Alfred. Une
certaine morosité se sera implantée. Et puis
là on voit poindre à l'horizon, d'une part, un quai d'escale, Port Saguenay,
mais des projets comme Blackrock, Arianne Phosphate, GNL Québec, M. le
premier ministre en a parlé.
Moi, ma question,
parce que j'aurai vécu, au niveau municipal,
quatre années en gestion de décroissance, si on veut, à recevoir des grands-parents tantôt, aujourd'hui, qui viennent nous demander, en nous portant le C.V. de leur fils... et
qui souhaiteraient que leur fils revienne dans la communauté pour travailler,
puis les pères qui m'interpellent au quotidien sur la rue pour me dire qu'ils ont le goût au retour à la dignité. Se
pointe à l'horizon, à travers le Plan
Nord... que j'aurai peut-être
vu à un moment donné comme étant un plan plus marketing politique,
mais qui, force est d'admettre, se déploie avec une logistique.
J'aimerais savoir les échéanciers,
comment regardent les échéanciers des projets miniers. Comme s'arrime
aussi... versus la concertation avec les municipalités, dont Saguenay, par exemple, parce que
Dubuc va être considérablement impacté. Et puis j'aimerais avoir un
portrait global, entendre le chant du ministre en ce sens. Merci.
• (12 h 30) •
Le Président
(M. Lemay) : M. le ministre. Environ 1 min 40 s.
M. Julien : Je vais vous préserver du chant, mais je vais vous
répondre. Écoutez, j'entends bien, en réalité, mon collègue.
Et, comme on dit, notre volonté, nous autres, c'est de développer le Nord-du-Québec
et, naturellement, là, principalement, là, c'est les minières, hein, dans le Nord-du-Québec, le 49e. Il y a des forêts également, là, mais les
minières sont très porteuses.
Mais
ce qu'on constate également, quand on parle avec la table des partenaires
puis qu'on parle d'habiter le territoire, c'est qu'il y a des enjeux également, c'est dire :
Oui, c'est bien, mais c'est quand
même cyclique. Quand c'est cyclique,
il y a des fractures. Alors, on regarde aussi tout le volet diversification économique.
Et ça également, là, dans ma première visite,
là... J'ai fait cinq visites sur la Côte-Nord. Ma première visite, je suis allé à la Table
bioalimentaire. Il y avait
plein, plein de gens, justement, qui faisaient du bioalimentaire à Sept-Îles.
Et ça, également, je pense que la diversification économique, c'est un enjeu
important.
Et,
encore là, la Société du Plan Nord peut travailler à cette diversification économique.
Puis je m'explique. Qu'on donne accès
à des territoires, ce n'est pas juste pour le développement économique. Alors, oui, il y a un accès qui peut
aller vers un gisement minier, qui peut
aller vers autre chose, mais il permet le développement de la communauté autochtone, locale, dans
d'autres créneaux d'activité.
Et,
naturellement, le fonds prévu à la Société du Plan Nord, le fonds d'initiatives, c'est un fonds d'initiatives
qui permet, justement, à la Société du Plan Nord, selon les critères prescrits, de venir faire du développement socioéconomique, de faire de
la diversification économique qui vient stabiliser, en fin de compte, les
enjeux liés à la grande industrie.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup, M. le ministre. Ceci termine le bloc avec la partie du gouvernement.
Je suis maintenant prêt à reconnaître
un membre de l'opposition officielle, M. le député de D'Arcy-McGee, pour un temps de 19 minutes.
M. Birnbaum : Merci,
M. le Président, M. le ministre. Évidemment, l'exploitation économique et énergique
du Nord est un enjeu incontournable. Moi,
j'ai tendance à croire que, des fois, on a une habitude malheureuse au Québec
de l'aborder d'une perspective ou une autre
aux dépens des autres perspectives, c'est-à-dire l'exploitation responsable et légitime, l'occupation... les gens qui habitent le territoire
doivent être pris en considération. Les enjeux de l'environnement doivent être pris de pair
aussi. Donc, il n'y a pas une priorité aux dépens des autres. Et, souvent,
dépendant notre perspective, on a tendance à
privilégier un ou l'autre. Je crois que l'ancien gouvernement a compris l'importance de faire l'équilibre
dans toutes ces choses-là.
Mais l'aspect de
protéger l'environnement ainsi que les habitants, souvent, du territoire, c'est-à-dire
le peuple autochtone, j'aimerais... et peut-être vous pouvez être épaulé par le P.D.G. de la Société du Plan
Nord dans vos réponses, j'aimerais connaître, de façon systémique et
précise... lorsqu'on parle des projets miniers, des projets de faire avancer...
d'adapter les routes ferroviaires, et tout
ça, c'est quoi, la façon statutaire dont on implique les communautés des
Premières Nations et nations des communautés
inuites. Et, je tiens à préciser, trop souvent, quand on parle de ces sujets,
la suggestion, c'est : Ah!
est-ce qu'on les a consultés, est-ce qu'on a respecté les traités pour qu'on
puisse passer à d'autre chose? Je pose ma question en nous invitant de comprendre l'autre perspective,
c'est-à-dire l'expertise hors pair de nos Premières Nations en tout ce qui a trait à la réconciliation des enjeux
environnementaux avec des enjeux d'exploitation. J'utilise consciemment
le mot.
Alors,
j'aimerais savoir, et peut-être avec quelques exemples précis, comment, dans
les délibérations, à chaque étape de l'affaire, est-ce que nos peuples
des Premières Nations ainsi que les peuples inuits sont impliqués?
Le
Président (M. Lemay) : M. le ministre, et, après ça, j'ai cru comprendre que M. Dufresne aussi pourrait
prendre l'élément de réponse.
M. Julien :
On va partager. Donc, pour nous, les questions que vous énoncez aujourd'hui
sont indissociables, c'est-à-dire l'acceptabilité sociale, les enjeux environnementaux et le développement
économique, c'est une triade,
une triade indissociable. Alors, quand on
parle de l'acceptabilité sociale, les communautés, naturellement, plusieurs
communautés autochtones vivent au nord du 49e parallèle. Et on le
mentionne, mais, comme je dis souvent, on le mentionne, là, qu'on veut faire des travaux de partenariat, d'acceptabilité par ces nations-là. Mais, on peut le dire, mais
il faut que l'action suive, en réalité, cette parole-là de partenariat.
Et, quand je rencontre ces gens-là, c'est toujours ce que je dis, je dis :
On convient qu'on veut travailler en partenariat, il faut que les actions se
concrétisent.
Via
la Société du Plan Nord, il y a plein d'éléments qu'on... M. Dufresne pourra
élaborer sur certains de ceux-là, mais la
Société du Plan Nord, quand je dis qu'ils travaillent comme un
vecteur, en réalité, pour faire atterrir des projets, ils travaillent à la fois avec le promoteur en termes de développement économique, ils travaillent à la fois avec le gouvernement en termes d'application de lois et règlements et en termes de
financement potentiel pour des accès, également, et ils travaillent, naturellement, avec la communauté, au bénéfice de la communauté. Donc, c'est
l'interlocuteur, en réalité, qui est le vecteur entre les trois éléments
pour assurer que les projets arrivent.
Des exemples concrets, M. Dufresne pourra
vous en donner, des exemples de formation de la communauté, formation, de la communauté, des plans de
formation, justement, pour qu'ils puissent être des partenaires dans
les développements. Des projets d'accès, donner de l'accès en partenariat avec la communauté, et ce partenariat vise quoi? Vise l'acceptabilité, l'acceptabilité des communautés via une implication participative. Et, si on ne
fait pas ça, on ne fera pas de développement économique au nord du 49e. Peut-être
quelques exemples, M. Dufresne.
Le Président (M. Lemay) : M. Dufresne.
M.
Dufresne (René) : Bien, en
fait, ce qu'il faut rappeler aussi un peu... c'est quoi, la mission de la Société du Plan Nord? Dans le fond, nous,
notre mission, c'est de contribuer au développement du territoire en conformité
avec les orientations, mais surtout en concertation avec le milieu. Puis ça,
là, la concertation avec le milieu, là, puis l'aspect de protection de l'environnement, c'est au coeur de
nos préoccupations, c'est au coeur de notre mission, l'acceptabilité sociale.
Quand on va
voir notre loi, à l'article 5, on a comme demande de travailler avec les communautés,
notamment inuites, cries, innues et naskapies, pour protéger, d'une
certaine façon, 50 % du territoire, d'avoir un mécanisme devant
permettre de consacrer, d'ici 2035,
50 % du territoire à des fins autres qu'industrielles,
à la protection de l'environnement puis à la sauvegarde de la
biodiversité. Ça se découpe en deux morceaux. On a un 20 % qu'on travaille
avec les communautés autochtones et les communautés... Il faut rappeler que,
sur le territoire du Plan Nord, il y a 63 communautés, il y a 31 communautés autochtones, et il
y en a 32 non-autochtones. On travaille avec tout le monde dans le but
d'arriver à comment on pourrait avoir
20 % d'aires protégées. C'est le ministère de l'Environnement qui est en
«lead», mais nous on est en support avec
eux, puis notre objectif, pour y arriver, si je ne me trompe pas, c'est d'ici
2020. On est présentement à près de 13 % d'atteinte, au niveau de
la protection en aires protégées, de 20 % du territoire.
On travaille aussi présentement, avec les
nations autochtones et les communautés inuites, à affecter 30 % du territoire dans un autre mécanisme à définir
ensemble, à travailler ensemble, de façon à vouer ce territoire-là, l'autre
30 %, à la protection, à la sauvegarde
de la biodiversité puis à la mise en oeuvre de divers types de développements.
Donc, sur ces deux aspects-là, on travaille conjointement avec les
communautés autochtones et les communautés locales.
Des exemples
plus concrets, parce que, oui, ça, c'est macro, mais, dans le plus concret, on
travaille présentement avec le
gouvernement de la nation crie pour voir comment on peut avoir un développement
cohérent de la région Eeyou Istchee
Baie-James, parce qu'il y a beaucoup de projets, il y a beaucoup de
possibilités de développement minier et autres dans cette région-là, et il y a une préoccupation, il y a une préoccupation tout à fait légitime des
communautés, c'est comment ça peut
s'intégrer à travers nos autres activités comme le piégeage, la chasse, puis ces
choses-là. Et, justement, la semaine dernière, j'étais en discussion avec le grand chef Abel Bosum pour voir
comment on pourrait travailler ensemble pour être capable d'arriver à
avoir un développement cohérent à Eeyou Istchee Baie-James.
Vous allez
m'excuser, des fois, je parle beaucoup, puis je n'ai pas l'habitude de la mécanique du
temps, si je parle trop longtemps, vous me ferez signe, j'arrêterai.
• (12 h 40) •
M. Birnbaum : Je trouve intéressant. On va en
convenir, que les intrants, ça peut être compliqué. Mais, de façon concrète — les
discussions avec les Cris, c'est bien intéressant — une
fois qu'il y a une grande divergence d'exprimée sur un plan d'exploitation ou une étude de faisabilité, y a-t-il
en place des mécanismes pour assurer que les préoccupations des communautés sont évacuées comme il faut, ou est-ce
qu'on dit : Bon, là, on a notre rencontre, c'est le fun, on vous
comprend, mais il faut s'avancer?
Le Président (M. Lemay) : M. Dufresne.
M. Dufresne
(René) : Bien, il y a toujours
l'assemblée des partenaires. Il y avait aussi, à une certaine époque, des tables pour chacune des nations autochtones pour
qu'on ait des discussions, mais ce n'est pas le véhicule qu'ils ont
préféré. On a mis fin à ces tables-là, ou
c'est des tables qui sont plus ou
moins actives. Parce que, dans le fond, les gens, ce qu'ils veulent,
c'est travailler concrètement sur des projets avec nous. Par exemple, des programmes de formation adaptés pour les communautés autochtones, on finance le centre de formation pour les
adultes, formation professionnelle à Uashat-Maliotenam. Uashat-Maliotenam, le
chef Mike McKenzie me dit : Oui, mais, M. Dufresne, pouvez-vous nous
aider? Dans le fond, on a des besoins d'adéquation entre les projets
miniers ou d'autres, puis, je dirais, la réalité de formation de la communauté.
Comment on peut s'adapter?
Donc, oui, il
peut avoir des grandes tables, oui, on peut faire des grandes discussions. Mais
moi, je suis là depuis juin 2016.
Depuis juin 2016, je vais régulièrement sur le terrain et je vais régulièrement
voir les gens sur le terrain, que ce soient
les conseils de bande, les gouvernements ou les élus, ou les sociétés de
développement économique. Puis ce qu'ils aiment, c'est la proximité de
dire : On peut-u travailler sur un projet de façon à ce qu'on puisse avoir
un développement cohérent puis qui nous permet d'habiter le territoire puis de
tirer profit de ce développement-là?
Le Président (M. Lemay) :
Merci. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci. Dans un autre volet, peut-être M. le P.D.G. peut être utile dans les
réponses à nouveau, dans le PQI 2019‑2029,
on prévoit quatre parcs nationaux dans le Nord. Est-ce qu'on peut me dire si
les sites sont identifiés? On est
rendus où et le processus est rendu où? Et est-ce qu'on peut parler un petit
peu de l'impact potentiel à la fois sur le 20 %, dont on parlait,
j'imagine l'impact positif, mais aussi sur les plans de la société pour
l'exploitation minière et forestière en même temps?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre, toujours... O.K. M. Dufresne, la parole est à vous.
M. Dufresne (René) : Mais, pour ce qui est de l'impact sur le
20 % ou la protection du territoire, je vais avoir le chiffre, là, sincèrement, je ne peux pas vous
le donner exactement, mais ce que je peux vous dire, c'est que,
présentement, on travaille à la mise en
place, avec le ministère de l'Environnement, de quatre parcs nationaux. Il y en
a deux, parcs, qui ont été créés
jusqu'à maintenant au Nunavik, et il y en a deux qui sont en cours de création
à Eeyou Istchee Baie-James. On a un budget
de 17 millions pour la création de ces parcs-là, c'est une entente qu'on a
avec le ministère de l'Environnement. Et, jusqu'à maintenant, on a investi 10 millions depuis 2015. Là,
présentement, on est, je vous disais tantôt, on est autour de 13 %,
exactement 12,78 % d'aires protégées.
Avec les parcs nationaux au Nunavik, ce qu'on m'indique, c'est : on
atteindrait 15 %.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Bien, M. le ministre, je comprends que c'est une obligation, on le trouve dans
le PQI. Deux choses. En termes
d'impact sur les plans d'exploitation, est-ce que vous êtes en négociation une
autre fois avec les communautés autochtones
ou... Comment est-ce que ça va se poursuivre, l'identification formelle du
territoire, l'interaction avec les projets d'exploitation avoisinante,
et tout ça? Comment est-ce qu'on aborde cette recherche, j'espère, et, d'autres
fois, une harmonie entre l'exploitation et la protection de l'environnement et
les territoires?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Merci. Oui, effectivement, c'est un travail qui se fait actuellement avec le
ministère de l'Environnement, la
Société du Plan Nord est également impliquée dans cette discussion-là, en
termes de protection, des zones de protection, c'est un travail qui est
en cours.
Juste
pour rebondir sur votre question précédente, si vous permettez, et on est à
travailler aussi, puis il y avait, dans le plan stratégique du ministère 2015‑2018, une volonté claire, là, de
développer, en réalité, une politique ministérielle... politique ministérielle de consultations... une politique
ministérielle de consultations des communautés autochtones.
Naturellement, à mon arrivée, j'ai constaté
que ça n'avait pas été réalisé tel que prévu à la dernière planification
stratégique. On y travaille. On y
travaille, on souhaiterait, en fin de compte, que cette politique de
consultations soit rapidement, soit à la fin de l'été ou au début de
l'automne, déposée pour discussion.
Mais,
ça permet quoi, en fin de compte, cette politique de consultations? C'est
d'avoir, en fin de compte, de manière très
claire et précise, comment se travaillent des consultations. Je le sais que ça
se fait déjà, mais comment se travaillent des consultations avec les communautés autochtones et également de bien
faire comprendre aux intervenants, l'ensemble des intervenants, comment doivent se faire ces
consultations-là avec leurs enjeux d'acceptabilité et les processus à mettre
en place. Alors, ça va être clair. Alors, ça a tardé un peu, mais on y
travaille fortement actuellement.
Le Président (M. Lemay) :
Merci. M. le député D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci. J'avais parlé du potentiel des projets avoisinants, mais, avant de
parler de ça, il faut poser la question :
Y a-t-il des projets spécifiques d'exploitation qui risquent d'empiéter ou de
se poursuivre dans le territoire désigné pour ces quatre parcs? Si oui, c'est quoi, l'état des négociations?
C'est juste pour préciser, en dedans des territoires qui sont identifiés
pour ces quatre parcs, y a-t-il des projets qui empiètent sur ce territoire-là?
Y a-t-il des négociations qui se poursuivent à ce sujet-là, et, si oui, elles
sont rendues où?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Non, non, ces endroits-là sont délimités et sont protégés d'exploitation.
M. Birnbaum :
Il n'y a aucun coin d'ambiguïté, c'est compris que ces territoires sont
délimités comme il faut et protégés ainsi?
M. Julien :
Bien, c'est-à-dire que la définition des territoires va considérer, en fin de
compte, qu'il n'y aura pas d'exploitation, donc c'est là qu'on en est.
Le Président (M. Lemay) :
M. le député D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Dernièrement, de mon côté, j'aimerais juste revenir, de façon générale, à ma
première question. Comme je dis,
comme je dis, on oublie trop souvent que nos discussions qui impliquent les
Premières Nations et les Innus, ils sont colorés par des problèmes. Il y
en a, des défis énormes, mais il y a une expertise, une créativité au sein de
ces communautés qui est à exploiter aussi.
J'imagine que ce n'est pas écrit dans les règles, mais j'aimerais être assuré
que, lors des discussions, les
entretiens avec les communautés du Nord et du Grand Nord, on invite ces leaders
de partager avec nous leurs idées,
leur expertise sur, et je le dis, l'exploitation responsable, sur la protection
de l'environnemental. On parle des partenaires
à part entière. Et est-ce qu'on les invite à s'impliquer davantage dans chaque
aspect des délibérations du ministère?
Le Président (M. Lemay) :
M. le ministre.
M. Julien :
Pour nous, c'est clair qu'on les invite. Pour nous, ça va de soi. Il n'y a pas
un déplacement que je fais sur la
Côte-Nord où je ne rencontre pas les chefs locaux du territoire que je visite.
Ça, c'est une chose, mais ça, on peut voir ça comme une visite, mais là on a des discussions,
naturellement, autour de la table, autour d'un repas. Mais la table des
partenaires, la table des partenaires, qui a 32...
M. Dufresne (René) : On me dit
que c'est 29.
• (12 h 50) •
M. Julien :
...29... Alors, sur la table des partenaires, là... La table des partenaires,
c'est les représentants communautaires
qui viennent induire toutes les actions gouvernementales au nord du 49e parallèle,
cette table-là fait des recommandations
qui sont déposées et, comme j'ai mentionné, c'est le plan d'action qui va être
déposé par la Société du Plan Nord, ça ne sera pas les actions des
partenaires, les... non, ça va être étroitement lié ensemble et à la
satisfaction des partenaires.
Alors, juste rapidement, sur la table des
partenaires, là, on a deux chefs innus, naskapis deux fois, deux Cris, deux Inuits... deux chefs inuits, donc on a huit
sur 29 des communautés autochtones, qui, eux, viennent induire tous les travaux gouvernementaux en termes de développement
nordique, qui sont, en fin de compte, chapeautés par la Société du Plan Nord. Donc, oui, quand on intervient localement,
il y a toujours la relation avec la communauté autochtone, on fait des programmes de main-d'oeuvre avec eux, trouver
des partenariats, ça, c'est une chose. Mais, en plus, on vient induire,
de manière globale, la mission de la Société
du Plan Nord par une vision commune où plus du quart des participants sont,
en fin de compte, des gens et des chefs de communautés autochtones. Donc, pour
nous, ça va de soi, et on ne peut pas faire autrement, ça ne pourrait pas
fonctionner.
Le Président (M. Lemay) :
...D'Arcy-McGee. Environ 1 min 15 s.
M. Birnbaum : ...dernière question, peut-être. Le ministre a
parlé déjà de l'importance d'un arrimage interministériel. Votre collègue la ministre responsable des
Affaires autochtones, c'est un ministère délégué. On est en train de parler
des questions d'une importance capitale.
Pour ces communautés, y a-t-il, de façon une autre fois systématique, un
arrimage entre les deux
ministères — les deux
ministres aussi, on en convient, mais les deux ministères — pour assurer que l'impact des actions
de votre ministère est considéré de façon pleinement rigoureuse par votre
collègue et le ministère responsable?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre. Environ 30 secondes.
M. Julien :
...assuré que toutes les démarches qu'on fait au ministère de l'Environnement
qui peuvent toucher une nation autochtone sont partagées, sont partagées
avec ma collègue. Et, si ce n'était pas le cas, soyez assuré qu'elle me ramènerait fortement à l'ordre. Mais c'est
convenu, on le fait, on le fait ensemble, on le fait étroitement. Et ma
collègue fait un excellent travail justement pour s'assurer de connaître
tous les dossiers qui sont déployés au Québec.
Le
Président (M. Lemay) : Merci beaucoup. Ceci complète le bloc
d'échange avec l'opposition officielle. Je suis maintenant prêt à
reconnaître un membre du gouvernement, le député de Bourget, pour un bloc
d'environ 8 min 30 s.
M. Campeau :
Merci, M. le Président. ...devrais en conclure que la ministre des Affaires
indiennes est dangereuse.
M. Julien : Non, elle est
rigoureuse.
M. Campeau :
Ah! c'est bien répondu. Mon collègue, hier, de Rivière-du-Loup—Témiscouata, je crois que c'est lui, a parlé de la conversion des centrales thermiques
au mazout qui étaient situées aux Îles-de-la-Madeleine. La même
situation existe dans le Nord-du-Québec, à
plusieurs endroits. On parle de 72 % du territoire et 2 % de la
population, donc c'est un endroit
plus difficile à rejoindre. On sait aussi que c'est 99 % d'énergie verte
avec Hydro-Québec, mais il y a encore ce 1 % qu'on peut améliorer.
Il y a eu un
exemple qui s'est fait au kilomètre 381 sur la Baie-James, et là on a fait
justement cette conversion-là. On parle de 3,5 millions et on aurait
été sauver, à ce moment-là, 365 000 litres de diesel. Souvent, on
compare ça en voitures, mais, peu importe,
c'est une occasion avec une action très ponctuelle de faire un véritable
changement au niveau des gaz à effet
de serre. Alors, il faut évidemment regarder à la fois le côté environnement,
le côté combien ça coûte, le côté... et l'empreinte environnementale
qu'on peut réduire à ce moment-là.
Si on revient
aux centrales électriques spécifiquement du Nord québécois, quels sont les
plans qui sont envisagés dans le Nord
par rapport à cette situation-là? Est-ce qu'il y a des plans qui sont vraiment
sur le point d'être annoncés? Est-ce qu'il y a quelque chose qui s'en
vient là-dessus?
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
Des voix : ...
Le Président (M. Lemay) : M. Dufresne.
M. Dufresne
(René) : Bien, en fait...
Oui. Par rapport aux centrales au mazout pour l'électricité,
présentement, c'est Hydro-Québec qui regarde, qui fait les études, qui regarde les
possibilités de voir comment on pourrait faire la... la transition
énergétique — merci,
M. le ministre — pour
arriver vers d'autres formes que du mazout.
On
fait aussi, de notre côté... on regarde la performance énergétique des
logements au Nunavik. Parce que, oui,
on peut changer le mode de fabrication ou de
production d'électricité, mais on sait aussi que l'économie d'énergie, c'est
une source importante aussi de façon de
faire la transition. Donc, dans cette mesure, de cette façon-là, il y a un
examen qui est en train de se faire pour élaborer des mesures de
réduction de consommation d'énergie.
Une voix :
...
M. Dufresne
(René) : Mais il y a les... M. le ministre me mentionne qu'il y a aussi... il y a eu deux projets, si je me
souviens bien, d'éoliennes à Raglan où, pour
pallier à soit au mazout lourd ou à d'autres formes de combustibles
fossiles, il y a eu deux éoliennes qui ont été implantées à Raglan pour
produire de l'électricité.
Si je reviens
au niveau du logement, il y a une annonce d'investissement de 1,1 million qui a été faite, justement
pour regarder comment on pourrait rendre plus performant le parc immobilier du
Nunavik.
M. Julien : Alors, c'est
certain que...
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Merci. C'est certain qu'on a 99 %, il reste... même, c'est 99 points
quelques, on a 99,7 %, 99,8 %, en réalité, d'énergie non renouvelable, dans les secteurs autonomes. Quand
on donnait l'exemple de Raglan, quand j'ai rencontré les gens de la mine Raglan, qui ont bénéficié
effectivement de support pour mettre en place deux éoliennes avec des
réductions importantes, là, d'utilisation de
diesel... Donc, ce n'est pas l'autonomie parfaite, on connaît tous l'énergie
éolienne qui permet, en réalité,
quand le vent y est, là, justement, de contribuer. Mais alors, oui, il y a
encore un support, mais nettement réduit en termes de diesel. Et, naturellement, il y a le projet majeur
d'Hydro-Québec pour à peu près 0,5 % qui est par rapport aux
Îles-de-la-Madeleine.
Donc, oui, il
y a des réseaux autonomes, oui, la Société du Plan Nord va contribuer comme
maillage avec Hydro-Québec, avec les
promoteurs, justement pour faire en sorte de réduire ces empreintes carbone de
projets autonomes. Alors, il y a de
l'accompagnement, on a des cas précis qui font en sorte que... je ne sais pas
si on va atteindre le 100 %, mais on est vraiment maintenant dans
la courte décimale d'énergie non renouvelable en termes électrique.
Le Président (M. Lemay) :
Parfait. M. le député de Bourget.
M. Campeau :
En général, quand on veut aller de 10 % à 20 %, c'est plus facile,
puis de 20 % à 30 %, c'est moins facile. Quand on est rendu à 99 %, on y va à la pièce pour réduire
chacun des petits points qui allaient... aller grignoter là. Je pense que, si je comprends bien, vous regardez
chacun des projets individuellement. L'idée de l'éolien est sûrement une
bonne idée quand il vente bien sûr.
Est-ce qu'on
a pensé, à mesure qu'il y a une route qui se rend à un endroit, à la
possibilité d'aller vers l'hydrogène? Parce
que, je me disais que peut-être ce serait une idée de tendre vers l'hydrogène,
en sens que l'hydrogène c'est l'électricité rendue liquide, dans le fond. On a une pile à hydrogène dans une auto,
ça permet de faire une longue distance. À partir du moment où on est capable d'amener l'hydrogène dans
un endroit spécifique, ça pourrait peut-être être une source d'énergie simple à apporter. Est-ce que la technologie est
rendue là? Je pense que oui. Est-ce que c'est économique? Est-ce qu'il y
a quelque chose en ce sens-là qui a été regardé?
M. Julien : Bien, ça,
actuellement, là...
Le Président (M. Lemay) : M. le
ministre.
M. Julien :
Merci, M. le Président, excusez-moi, je suis un peu vite sur la gâchette. C'est
sûr qu'actuellement, à Transition
énergétique Québec, on a rencontré hier... travaillent, et ils vont faire une
analyse technico-économique. Puis, naturellement,
avec leurs collègues de l'Allemagne, là, le DENA, qui est le pendant de TEQ en
Allemagne, qu'on a rencontré, ils
vont faire ça conjointement pour voir, justement, le potentiel de l'hydrogène.
Tout le monde en parle beaucoup. À force d'en entendre parler, on y
croit fortement, parce que c'est l'avenir, il n'y a pas de doute. Il est trop
tôt pour voir ce potentiel-là, comment il va
se déployer. Naturellement, il y a des premières étapes, là, mais on voit bien
que l'hydrogène, en termes de transport lourd, c'est un potentiel très
fort.
Naturellement,
on fait d'autres choses aussi, là, dans le Nord, là. Tu sais, le programme,
actuellement, qu'on est en train
d'analyser pour le gaz naturel liquéfié sur la Côte-Nord, qui est un volet plus
industriel, là, mais, si on transforme, par exemple... s'il y a un potentiel, là, si on prend juste une industrie
majeure là-bas, là, de mémoire, c'est 100 000 tonnes, 100 000 tonnes,
25 000 voitures, donc c'est une transformation, là. Ce matin,
j'entendais que le gaz, ce n'est pas mieux que le mazout lourd. Je ne sais pas où on a pris ces informations-là, c'est
nettement mieux. Alors, c'est une transition, on est en mode de transition. Puis, de toute façon, pour
certaines industries comme des alumineries ou des usines de bouletage,
ça prend une flamme. Donc, à terme, là, ce
ne sera pas de l'électricité, là, hydroélectrique, là, on ne peut pas compenser
ces éléments-là.
Donc, le
projet, actuellement, qu'on discute, là, c'est une aide financière, de mémoire,
de 25 millions qu'a accordé le
gouvernement pour l'apport en gaz naturel liquéfié et de 45 millions,
encore une aide gouvernementale, pour la transformation industrielle, pour les aider dans la transformation
industrielle, pour passer d'un mécanise, en fin de compte, au mazout lourd vers du gaz naturel. C'est les
investissements qui peuvent paraître importants, mais, en termes
d'efficience, ces
investissements-là, en termes d'efficience et de réduction des GES, là, si on
réduit, par exemple, totalement le 400 000 tonnes, faites le
calcul, en fin de compte, de l'investissement, 400 000 tonnes année,
là, perpétuelles, c'est un investissement hyper intelligent de transformer ces
industries-là.
Le Président (M. Lemay) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Ceci complète le volet Société du Plan Nord et Développement
nordique, une enveloppe de deux heures qui était sans vote.
Documents
déposés
Maintenant, en terminant, je dépose les réponses
aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux jusqu'au jeudi 18 avril, à 15 heures.
(Fin de la séance à 13 heures)