(Onze heures quatorze minutes)
Le
Président (M. Pagé) : Alors, à l'ordre, collègues! Étant donné
que nous avons quorum, je déclare la séance de la Commission de l'agriculture, pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes de bien
mettre iPhone, iPad et tout le reste en mode vibration.
Énergie et Ressources
naturelles
La commission
est réunie afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du portefeuille
Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice financier 2016-2017.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Villeneuve (Berthier) sera remplacé par M. Lelièvre
(Gaspé) et Mme D'Amours (Mirabel), par M. Surprenant (Groulx).
Le
Président (M. Pagé) : Parfait. Je vous remercie. Alors, à ce
moment-ci, on m'indique, compte tenu de l'heure où nous commençons nos
débats, qu'il y a un consentement de la part de tous les partis... Évidemment,
on va finir à 13 heures. Par contre, ce soir, au lieu de compléter nos
travaux à 18 heures, on compléterait jusqu'à 18 h 15. Il y a
toujours consentement? Ça va? Alors, ça va nous permettre de faire la totalité
du temps qui est associé à cette commission parlementaire.
Alors, au
moment d'ajourner nos travaux, hier midi, le groupe parlementaire formant le
gouvernement avait la parole.
J'invite donc pour un premier bloc d'échange — en fait, c'est un bloc de 11 minutes
qu'il nous reste à faire — la partie gouvernementale pour compléter ce bloc de
11 minutes.
Et j'ai
compris que le ministre souhaitait ouvrir immédiatement avec ce qu'on pourrait
appeler une déclaration d'ouverture. En fait, normalement, ce n'est pas
tout à fait... Pardon?
Une voix : ...
Le Président (M. Pagé) : En
fait, les remarques préliminaires devaient être faites hier, le ministre n'en a
pas véritablement fait, mais, dans son bloc qui est offert à la partie
gouvernementale, il va profiter de son bloc pour faire quelques remarques.
Alors, allez-y, M. le ministre. Vous disposez en tout de 11 minutes.
Remarques préliminaires
M. Pierre Arcand
(suite)
M.
Arcand : Merci beaucoup, M. le
Président. D'abord, permettez-moi de saluer mes collègues, évidemment, M. le Président, le député d'Abitibi-Est, mon
adjoint parlementaire. Évidemment, je vois le député de Saint-Maurice,
je vois le député de Dubuc. J'ai vu tout à
l'heure le député des Îles-de-la-Madeleine, celui de Papineau. Alors, je suis
très heureux de les avoir encore
aujourd'hui. Mes salutations également au député de Sanguinet, le député de
Gaspé, qui est présent, et la députée de Saint-Hyacinthe.
Donc,
aujourd'hui, M. le Président, j'ai le plaisir de présenter, dans le contexte de
l'étude de crédits, les réalisations et
les défis du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. Pour me
seconder dans cette opération, je dispose d'une équipe très
dévouée : d'abord, à ma gauche, M. François Émond, mon directeur de
cabinet, à ma droite, M. Gilbert Charland,
sous-ministre en titre. Également,
nous accompagnent aujourd'hui MM. Laurent Fafard et Guillaume
Demers, deux conseillers politiques
de mon cabinet, Mme Luce Asselin, sous-ministre
associée à l'Énergie, M. Mario Gosselin, sous-ministre associé au Territoire, M. Marc Gagné, directeur
général des ressources financières et matérielles et de la gestion contractuelle, Mme Mylène Martel,
directrice générale des ressources
humaines et des ressources informationnelles, et Mme Lynda Roy, qui est secrétaire
générale, également
du ministère. Et je salue également mon attachée de
presse et directrice adjointe du cabinet, Mme Véronique Normandin.
Je tiens également
à remercier les équipes des divers secteurs du ministère qui ont préparé les
documents pour cette étude de crédits. Elles ont fait un excellent travail,
et il y avait d'ailleurs beaucoup de questions qui ont été posées.
Alors,
entrons maintenant dans le vif du sujet. Parmi les grands dossiers
qui nous ont mobilisés au cours de la dernière année, il faut d'abord
citer, bien sûr, la Politique énergétique 2030, L'énergie des Québécois — Source
de croissance. C'est une politique que nous venons tout
juste de lancer. Je suis particulièrement fier de cette nouvelle politique qui engage le Québec dans une économie
à faible empreinte carbone. Et je suis fier pour une raison, parce que,
très souvent, on
sait, on est sujets à de nombreuses divisions au Québec, et, pour une fois,
cette politique a réuni à
la fois les groupes environnementaux, l'entreprise, les municipalités, tous les joueurs d'importance dans le secteur
énergétique. Et je pense que cette
démarche rigoureuse et ces consultations
publiques ont permis aux différents
acteurs et aux citoyens de s'exprimer, ce qui fait que c'est une politique
qui, à mon avis, a été passablement consensuelle.
Notre volonté, c'est de faire du Québec un chef
de file à l'horizon 2030 dans les domaines de l'énergie renouvelable, de l'efficacité
énergétique et bâtir ainsi une économie
nouvelle, forte et à faible empreinte carbone. Notre vision, c'est de placer le citoyen consommateur au
centre de ces actions. Et nous avons, entre autres, comme objectifs, en plus de privilégier cette économie faible en
carbone, de mettre en valeur de façon optimale nos ressources énergétiques, de
favoriser une consommation responsable chez les entreprises, les institutions
et les citoyens et de tirer pleinement parti de toute la chaîne de l'innovation
technologique.
Notre profil
énergétique fait déjà du Québec un État exemplaire en matière d'énergie verte. Je peux vous dire que nous allons
aller beaucoup plus loin parce que notre objectif de réduction, d'ici 2030, des
gaz à effet de serre, c'est 37,5 %.
C'est une énergie majoritairement produite par Hydro-Québec, ce qui en fait le
plus grand producteur d'énergie renouvelable
en Amérique du Nord, mais nous avons l'audace d'aller encore plus loin pour
sortir progressivement de l'ère des
énergies fossiles et faire place aux changements de comportement. Nous
offrirons le choix aux consommateurs, nous allons les accompagner, en
plus de soutenir les projets technologiques.
• (11 h 20) •
Ce nouveau
pacte que notre gouvernement fait avec la population du Québec repose sur
quatre orientations : une centralisation de la gestion de la
transition énergétique, l'économie à faible empreinte carbone, une offre
énergétique diversifiée, et, enfin, nous
définirons une nouvelle approche en matière d'énergies fossiles. Quand on
regarde les cinq cibles exigeantes
que nous avons — 15 %
d'amélioration de l'efficacité avec laquelle l'énergie est utilisée, 40 % de
réduction des produits pétroliers consommés,
éliminer complètement le charbon thermique, augmenter de 25 % la
production totale d'énergie
renouvelable et augmenter de 50 % la production de bioénergie — l'innovation sera la clé du succès de
cette transition énergétique. Mais il faudra
aussi mobiliser les citoyens et les entreprises, et, grâce à ce pacte, le
Québec renforce son leadership et prouve qu'il est possible d'enclencher
une réelle décarbonisation de l'économie québécoise.
Maintenant, comme vous le savez, nous avons mené
une EES globale, une évaluation environnementale stratégique, sur les hydrocarbures au Québec et une évaluation également
propre à l'île d'Anticosti. Nous avons publié l'ensemble des 63 études scientifiques qui ont été produites dans
le cadre de ces EES, qui sont accessibles actuellement sur le site Web du plan d'action gouvernemental sur
les hydrocarbures. En novembre dernier, nous avons engagé un dialogue ouvert et constructif et nous avons tenu des
consultations dans plusieurs régions du Québec, et, le gouvernement, il
reste quelques rapports à déposer, et nous
serons en mesure très bientôt de les déposer. Comme nous l'avons annoncé,
nous souhaitons doter le Québec d'un cadre
légal qui va régir l'exploration et l'exploitation, entre autres, des
hydrocarbures.
Comme vous le
voyez, nous nous sommes engagés également sur la voie du développement durable
et responsable, nous voulons... Entre
autres, nous avons publié le livre vert sur l'acceptabilité sociale. Désormais,
avant qu'un projet de développement
voie le jour sur notre territoire, nous allons d'abord nous assurer qu'il
réponde aux plus hautes exigences. Et,
comme en témoigne le dépôt récent, nous prenons en compte, bien sûr, le facteur
humain. Je l'ai souvent répété au cours des derniers mois,
l'acceptabilité sociale, pour les projets de mise en valeur, est pour nous une
priorité.
Nous avons
déposé le livre vert le 16 février dernier, et j'ai eu l'occasion, au cours de
cette démarche, de dresser, entre autres, un portrait des pratiques et
des outils courants, établir un diagnostic qui nous permette véritablement de
déterminer les points à améliorer. On a procédé à une évaluation interne de nos
pratiques en matière d'acceptabilité sociale
sur la base de quatre thèmes, soit le rôle des instances décisionnelles, les
approches participatives, la prise en compte des répercussions sociales, environnementales et économiques des projets
et les mécanismes de partage des bénéfices.
Dans un deuxième temps, nous avons invité les
citoyens à partager leur vision de l'acceptabilité sociale et à suggérer des
pistes d'amélioration. À cette étape de la démarche, nous avons tenu
25 tables de discussion à travers le Québec,
auprès également des communautés autochtones. Ces tables avaient pour but
d'enrichir notre réflexion. C'est, au total,
près de 200 personnes que nous avons eu le privilège d'entendre au cours
de cet exercice. Il y a eu des mémoires, 41 mémoires et
commentaires ont été déposés. Divers constats ont été réalisés.
Entre autres,
dans le fruit de cette réflexion, il y a cinq orientations. Il faut mieux
connaître les rôles et responsabilités de notre ministère, de rendre
plus transparents et participatifs les mécanismes de planification et de conciliation des usages, améliorer la mise en
place des processus prévisibles d'information à toutes les étapes de
projet, la question du partage des bénéfices
et renforcer, évidemment, la capacité d'analyse de notre ministère sur les
impacts, les retombées économiques et
les répercussions des projets en assurant la prise en compte des facteurs
d'acceptabilité sociale. Le succès de
ces projets passe inévitablement par la prise en compte de ce facteur. Nous
avons l'intention et l'obligation de prendre
en compte les attentes, les intérêts et les préoccupations de nos populations
locales. Le livre vert a fait l'objet de consultations particulières
devant cette commission qui se sont déroulées du 15 mars au 5 avril
2016.
Maintenant,
puisque l'ensemble des enjeux liés aux ressources naturelles dépendent
étroitement du territoire, les dossiers
du ministère touchent également à la gestion du territoire et à l'information foncière et géospatiale. Comme vous le savez, 92 % de la superficie totale du Québec, c'est un territoire public,
et sa gestion s'exerce dans un contexte où de multiples acteurs font
valoir leur intérêt. À cet égard, le gouvernement travaille actuellement à
mettre en place une cartographie de
référence du Québec complète et intégrée des réseaux routiers, du réseau
hydrographique et des adresses municipales.
Également, nous voulons amorcer le processus d'optimisation des services
actuels du Registre foncier du Québec et nous avons annoncé différentes
mesures à cet effet dans le budget qui représentent des économies pour le
gouvernement parce qu'on va utiliser, bien sûr, beaucoup plus l'Internet.
J'ai eu l'occasion de parler du Plan Nord,
j'aurai l'occasion d'y revenir plus tard aujourd'hui.
Pour ce qui est du développement
minier, mon collègue le ministre délégué aux Mines a défendu les crédits du
ministère, échangé également les actions que son ministère a réalisées dans la
dernière année du secteur minier et il a présenté une vision stratégique du
secteur minier.
Et
notre but, bien sûr, c'est de continuer le développement responsable du Québec.
Plusieurs défis nous attendent à cet égard, et c'est avec grand plaisir
que je pourrai répondre pendant ces heures aux nombreuses questions que les
citoyens se posent sur le développement responsable de notre territoire. Et je
suis donc prêt à répondre aux questions, M. le Président.
Discussion générale (suite)
Le
Président (M. Pagé) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, on
va procéder immédiatement avec un premier bloc. Cette fois-ci, nous entreprenons nos échanges avec le groupe de la
deuxième opposition pour un bloc de 20 minutes. Mme la députée de
Saint-Hyacinthe, à vous la parole.
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Bonjour. M. le ministre, j'aimerais
aborder le sujet de l'exportation vers l'Ontario.
On sait que l'Ontario est à la croisée des chemins, est à veille de prendre une
décision concernant ses centrales nucléaires,
donc je voulais savoir... Je sais qu'on a la capacité... en fait, actuellement,
la capacité de transmission entre l'Ontario
et le Québec, ce n'est pas le problème. On a toutefois des problèmes de
connexion qu'on peut travailler. C'était inscrit dans votre rapport
d'octobre 2014, dans un rapport qui est... Independent Electricity System
Operation, ils le mentionnaient. Donc, je voulais savoir où est-ce que vous en
êtes rendus avec vos négociations avec l'Ontario.
M.
Arcand :
D'abord, je vous remercie de poser la question parce que c'est une... Juste la
semaine dernière, nous avons eu une
rencontre. M. Chiarelli, le ministre ontarien de l'Énergie et des
Ressources naturelles, était ici, à Québec. Et j'ai eu l'occasion de le rencontrer jeudi dernier, et nous avons
travaillé, évidemment, avec le gouvernement ontarien. Nous espérons d'ailleurs, je vous dirais, avoir des
résultats concrets d'ici quelques mois sur cette négociation qui a lieu
avec l'Ontario. Ce qui a retardé jusqu'ici
les délais, si on veut, qui a fait un peu de délais, c'est que l'Ontario attend
d'avoir... Parce que, comme vous le savez, ils se sont maintenant intégrés au
marché du carbone que nous avons avec la Californie.
Et donc l'Ontario doit avoir vraiment les dernières données pour leur permettre
de travailler à la réduction des émissions
de gaz à effet de serre, et donc ils doivent avoir exactement... comprendre de
quoi on parle, et ils sont en train d'effectuer ce travail-là au moment
où on se parle.
Maintenant,
ceci étant dit, vous savez, c'est un enjeu important pour nous. Nous discutons
actuellement un échange d'électricité qui se ferait sur nos lignes
actuelles, mais sur une base, d'une part, d'échange et sur une base également beaucoup plus permanente et beaucoup plus, je
dirais, contractuelle, si vous me permettez l'expression. Alors, c'est de ça
dont on parle. On va jusqu'à un
1 000 mégawatts d'échange actuellement avec l'Ontario, et il y a un
échange de 500 mégawatts de part
et d'autre, là, durant certaines périodes de l'année. Alors, c'est de ça dont
on parle actuellement avec l'Ontario.
Comme
vous le savez, ces éléments-là sont importants parce que ces échanges, qui sont
des échanges saisonniers, nous permettraient de pouvoir, évidemment,
utiliser l'électricité de l'Ontario durant des périodes d'hiver où on a besoin d'électricité. Et l'avantage, c'est que
l'Ontario a besoin de notre électricité durant les périodes... Parce qu'ils
ont un hiver plus clément, particulièrement
dans le sud de l'Ontario. Mais donc ils ont un été plus chaud que nous, ils ont
donc besoin de notre électricité pour la climatisation, et donc on a une
possibilité, là, d'échange extrêmement intéressant.
Mais
je vous dirais que les négociations vont bien. Mais, en même temps, je vous
dirais que l'opportunité qui se présente
devant nous, c'est que le Québec pourrait fournir, d'ici 2032, de l'électricité
sur une base permanente à l'Ontario, au moment où l'Ontario est en
train, actuellement, de faire la rénovation, si on veut, de ses centrales
nucléaires.
• (11 h 30) •
Mme
Soucy : Vous parlez des échanges saisonniers, mais il faut être quand
même plus ambitieux que ça. On sait que deux des trois centrales
nucléaires, Darlington et Pickering, je pense, qu'on les nomme, sont
présentement avec des gros problèmes de
réseau puis de capacité de transmission. Donc, pour du plus long terme, combien
de mégawatts que vous pensez qu'on est capables de fournir à l'Ontario?
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Écoutez, d'abord, premièrement, vous savez très bien, vous avez assez
d'expérience, Mme la députée, qu'on explique ce qu'on essaie de faire,
mais, en même temps, on est extrêmement prudents parce qu'il y a une
négociation en cours actuellement entre les gens d'Hydro-Québec, entre les gens
de notre gouvernement, les gens du gouvernement de l'Ontario. Et, comme vous le
savez, en Ontario, depuis qu'ils ont décidé d'abandonner le charbon comme
source d'énergie, en Ontario, évidemment, il y a beaucoup de compétition, il ne
faut pas se le cacher. Dans ce domaine-là,
il y a beaucoup de compétition. L'industrie nucléaire fait son lobby,
l'industrie du gaz également, il y a différentes approches qui sont
faites.
Nous,
on est convaincus qu'on a un produit qui est extraordinaire parce qu'il est
fiable, parce que, sur le plan de la puissance,
il est énergétique et, donc, réussit à satisfaire des besoins industriels. Et
également il y a un lien extrêmement direct
qui se fait, particulièrement dans la région d'Ottawa, parce qu'on a les lignes
qu'il faut, et il n'y a pas, pour nous, au moment où on se parle, au
stade des négociations, des déboursés supplémentaires pour des lignes de
transmission. Maintenant, il se peut que la
négociation aille plus loin. Si cette négociation-là va plus loin, elle
pourrait peut-être, un jour, impliquer
des déboursés supplémentaires, des lignes de transmission supplémentaires, mais
je vous garantis que ce serait à l'avantage du Québec parce que nous
sommes, évidemment, celui qui va fournir l'électricité à l'Ontario.
Mme Soucy :
Vous savez, on a actuellement... la capacité de transmission entre le Québec et
l'Ontario est de 2 700 mégawatts,
on est loin de l'utiliser. Il y a des problèmes actuellement d'infrastructure,
j'en conviens. Par contre, ce n'est pas à cause qu'on n'a pas la
capacité de le faire, ce n'est qu'une question d'interconnexion.
Là, vous êtes en train de me dire qu'on a la
capacité de le faire. On sait qu'on est capables de le faire, qu'on est
capables de livrer la marchandise, puis vous êtes en train de me dire qu'il n'y
a rien de concret actuellement, que des
échanges saisonniers qui ne rapporteront pas ce que pourrait rapporter notre
électricité si on pouvait l'exporter pour la capacité qu'on est
actuellement, là. On ne parle pas d'infrastructure majeure, là, alors je ne
comprends pas...
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre...
Mme Soucy : Même l'Ontario Power
Autority l'a dit, les capacités d'interconnexion ne sont pas assez développées.
Mais, dans la négociation que vous sensibilisez avec l'Ontario, saisonnier, ce
n'est pas quelque chose qui va nous
rapporter comme on pourrait. Je ne comprends pas comment ça se fait que vos
négociations n'avancent pas plus. Les rencontres se multiplient depuis
2014, puis il n'y a rien de concret encore, sauf les échanges l'hiver et l'été.
Alors, tu sais, il faut quand même prouver à l'Ontario que notre électricité
est quand même un meilleur choix.
Puis le lobbyisme, oui, il est fort pour le
nucléaire, sauf qu'il y a une grande partie de la population qui sont conscients que le nucléaire, c'est dépassé puis
qui privilégient notre électricité propre. Alors, j'ai de la misère à
comprendre comment ça se fait qu'on n'est pas plus ambitieux, comment ça se
fait que nos négociations vont à ce train-là.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : D'abord,
premièrement, je vous répondrai de la façon suivante. Premièrement, vous
comprenez qu'en Ontario c'est
60 000 emplois, le nucléaire, ce n'est pas rien, là. Alors, quand
vous avez 60 000 emplois, même si vous voulez être... Puis le nucléaire, il y a beaucoup de désavantages dans
le nucléaire, mais le nucléaire, ça ne fait pas beaucoup de gaz à effet de serre. Alors, ça, ça fait partie
des avantages du nucléaire. Les gens n'en veulent pas, on n'en veut pas
ici, au Québec, mais, en Ontario, c'est une industrie qui est là depuis très
longtemps, et donc ils ont une culture, je dirais, très forte qui a été reliée
au nucléaire.
Maintenant,
pour répondre à votre question, il y a deux ententes dont on parle. Il y en a
une qui est déjà réglée depuis le
mois de septembre, qui est l'échange saisonnier que nous avons. C'est également
un élément, à mon avis, très rentable pour le Québec parce que moi
particulièrement, j'aime mieux, durant les périodes importantes pour nous,
importer de l'Ontario que d'importer des États-Unis au moment où on se parle.
Alors, pour nous, c'est très bénéfique pour le Québec d'avoir ces échanges-là.
Maintenant,
on a entrepris, déjà depuis quelques semaines, les discussions, l'Ontario va
sûrement rénover une première
centrale très rapidement, d'ici les prochains mois. Et également, la deuxième
centrale qu'ils veulent rénover, comme
vous le savez, rénover des centrales nucléaires, il y a des implications
énormes en termes de coûts et peut-être, je dirais, de respect des
budgets qui sont difficiles à atteindre. Alors, l'Ontario, sur le cas de la
deuxième centrale — je
crois que c'est celle de Pickering, celle de
Pickering — ils
veulent attendre avant de la rénover, ils vont d'abord rénover la
première centrale, qui est située à Darlington. Alors, c'est dans ce cadre-là.
J'aimerais
vous dire, Mme la députée, que moi aussi, je suis le premier à vouloir aller le
plus rapidement possible, mais je ne
peux pas non plus bousculer mes partenaires, qui vont à leur rythme et... Mais
je peux simplement vous dire que les
négociations sont constantes, nous avons un cadre très défini, et la
communication entre mon cabinet, entre le ministère et les gens de l'Ontario, elle est extrêmement
positive. Je pense que tout le monde veut avoir un résultat, puis je suis
heureux de voir également que
M. Chiarelli, qui est quand même un ancien maire de la région d'Ottawa, a
une certaine sensibilité par rapport
au Québec. Et donc, en ce sens-là, je crois que ça augure bien pour l'avenir,
mais je ne vendrai pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
Le Président (M. Pagé) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Sauf que, vous comprenez, la réfection des centrales
nucléaires en Ontario, c'est 12 milliards. Alors, on a l'avantage,
nous, à la table de négociation, de leur vendre le fait que notre énergie est
propre, le nucléaire, c'est dépassé. C'est
quand même 12 milliards, la réfection. Je ne dis pas que, demain matin,
remplacer toutes leurs centrales nucléaires...
mais je pense qu'on a un avantage actuellement qu'il faut saisir, puis on
dirait que, je ne sais pas, le gouvernement est résigné à attendre que
le train passe puis de négocier sur du saisonnier. Écoutez, je...
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Mais,
encore une fois, c'est au gouvernement de l'Ontario à décider ce qu'ils veulent
faire. Le gouvernement ontarien a beau
vouloir travailler à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ils
remplacent du charbon par du gaz naturel qui est très, très peu cher,
qui vient des États-Unis. Comme vous le savez, le gaz naturel, le gaz de schiste qui vient de la Pennsylvanie,
c'est à côté de l'Ontario, d'une part. Puis, de l'autre côté, vous avez le
Manitoba qui a également de l'hydroélectricité, donc Manitoba Hydro fait
également son lobby de ce côté-là. Donc, il y a des joueurs qui interviennent
en plus de l'industrie du nucléaire.
Donc, je
pense que la décision qu'Hydro Ontario va faire... ou enfin l'équivalent, qu'on
appelle IESO, là, qui est l'équivalent
d'Hydro Ontario, c'est une décision commerciale de leur part. Je sais que le
premier ministre et la première ministre,
Mme Wynne, ont des discussions constantes, mais nous allons faire
certainement tous les efforts, je peux vous
le dire que nous ne ménageons aucun effort, mais il faut que le client veuille
bien signer en bas de la feuille. Je pense que c'est ça qui est important. Je vous dis que nous avons déjà signé
avec eux ce qu'on appelle un MOU, c'est-à-dire un «memorendum of
understanding», sur la façon de faire évoluer le dossier. Et nous ne
fonctionnons pas, là, les bras croisés, nous
sommes très proactifs, et toutes nos équipes essaient de conclure la meilleure
entente possible. Comme on dit, une bonne entente, c'est une entente qui
est bonne pour les deux parties.
Le Président (M. Pagé) : Mme
la députée de Saint-Hyacinthe, il vous reste un peu moins de sept minutes.
• (11 h 40) •
Mme
Soucy : Vous savez, à long terme,
2 700 mégawatts, c'est loin
d'être assez, on s'entend. Les lignes, si j'ai bien compris, vous aviez
dit qu'il n'y avait aucune ligne actuellement qui est prévue, en cours. C'est
bien ce que j'ai entendu?
M.
Arcand : C'est-à-dire que,
pour répondre à votre question, il y a les dossiers qui sont faciles. C'est-à-dire
le premier dossier était plus facile parce
que c'est un échange saisonnier. Le deuxième dossier, c'est un dossier qui
n'est pas si compliqué que ça sur le plan
technique parce qu'on utilise encore des lignes, sauf que c'est une négociation
à savoir quel genre de tarifs on va avoir.
Maintenant,
il y a des possibilités pour aller au-delà du 1 000 mégawatts aussi,
mais là, si on décide de faire ça, ça va
impliquer la construction de lignes, ça va impliquer des déboursés extrêmement
importants pour l'Ontario. Et je peux comprendre l'Ontario de vouloir
prendre son temps dans ce cas-ci parce que l'Ontario, comme vous le savez, avec...
différents projets ont fait en sorte que
l'Ontario a eu des hausses... Si on pense qu'on a eu des hausses de tarifs
importantes au Québec, je peux vous dire
qu'en Ontario ils en ont eu des énormes et ils ont même eu des projets solaires
qui ont coûté très cher à l'économie
ontarienne. Alors, je pense que le ministre de l'Énergie de l'Ontario, il est
prudent — je peux
le comprendre également — dans ce domaine, mais je peux vous assurer
que nous assurons le leadership dans ce dossier.
Mme Soucy : J'espère que le Québec a
bien pris note que, l'Ontario, ça leur a coûté cher, le solaire. Alors,
j'espère que le premier ministre a compris ainsi. Alors...
M.
Arcand : Oui, je
comprends, mais on n'a pas les mêmes programmes. Mais, ceci étant dit, je vous
dirais cependant que le solaire, un jour, va
certainement être présent au Québec. Parce qu'actuellement ce n'est peut-être
pas rentable de le faire, mais moi, je pense
qu'éventuellement, lorsque les coûts vont diminuer de façon importante, je
pense que le solaire sera possiblement au rendez-vous au Québec.
Mme Soucy : Vous voulez vous
entendre idéalement avec l'Ontario pour combien d'années?
M.
Arcand : Écoutez,
ce dont on parle actuellement, c'est une entente qui pourrait aller autour de
15 ans, c'est-à-dire à peu près jusqu'en 2032. Alors, c'est à peu près le genre
d'entente dont on parle.
Maintenant,
il faut, je dirais, travailler aussi... on a les possibilités d'aller plus
loin. Mais, encore une fois, si on décide
d'aller plus loin, là on entre dans une négociation plus complexe qui,
justement, impliquerait de nouvelles interconnexions avec l'Ontario.
Mme
Soucy : Parfait. J'aimerais passer à un autre sujet, qui sont les
minicentrales. Lors du dévoilement de votre politique énergétique, vous
vous êtes engagés envers les clients qu'ils ne paieraient plus ni pour les
parcs éoliens ni pour les minicentrales.
J'étais ravie de l'entendre. Au nombre de fois que la coalition a dit que ça
coûtait cher, les parcs éoliens, mais
que le Parti québécois puis le Parti libéral s'entêtaient à dire que ça ne
coûtait pas plus cher, ce n'était pas ça qui faisait augmenter les
factures d'électricité, alors je suis heureuse, aujourd'hui, de l'entendre.
Mais vous
oubliez de dire à partir de quelle date les clients ne paieraient plus pour les
minicentrales et les parcs éoliens.
Parce que les travaux qui ont déjà commencé pour certains des six projets de
minicentrale, plus les appels d'offres qui sont en cours, les six
projets totalisent 70 mégawatts d'électricité. Donc, en ce moment, il y en
a qui sont achetés à 0,096 $ le
kilowattheure et puis, au moment de la production, vont être à 0,096 $, si
je compte le temps de la construction, et
tout, alors qu'on pourrait acheter notre électricité à 0,033 $ le
kilowattheure dans notre bloc patrimonial. Alors, si on fait les
calculs, je ne vois pas que demain matin, l'année prochaine, nos tarifs
n'augmenteront pas à cause de ça.
Alors, en
quelle année avez-vous prévu que, vraiment, les Québécois ne paieront plus ni
pour les minicentrales ni pour les parcs éoliens avec les projets qui
sont en cours puis les appels d'offres?
M.
Arcand : Bon,
d'abord, premièrement, sur la question des minicentrales, nous avons décidé de
garder les six projets qui, pour nous, étaient les projets importants. Pour la
suite des choses, nous croyons aux possibilités des minicentrales dans l'avenir dans la mesure où il y a de l'acceptabilité
sociale, dans la mesure où ça répond à un besoin, dans la mesure où les
minicentrales jouent un rôle communautaire important. Il y a différentes
conditions.
Maintenant,
c'est très peu significatif. Si demain matin, par exemple, les minicentrales,
il y avait une hausse, là... On parle d'en bas de 1 %, là, c'est
très minime parce que ça ne produit pas un nombre de mégawatts très important.
Maintenant,
ce que je pourrais vous dire par
rapport à ça, sur toutes ces
questions-là, le mandat qui a été donné à Hydro-Québec pour l'avenir, au
niveau des tarifs dans l'avenir, et ce, au cours des prochaines années, c'est
de ne pas dépasser l'inflation. C'est ce que
nous avons dit à Hydro-Québec de faire. C'est d'ailleurs une commande qu'ils
semblent respecter actuellement. Je tiens à vous rappeler
que, depuis que je suis en poste, je n'ai pas de nouveau projet de minicentrale. Et, dans le cas de l'éolien, bien,
j'ai mis une cible à 2,5 % d'énergie disponible. C'est la cible que j'ai
mise pour déclencher dans l'avenir de futurs
appels d'offres pour ce qui est de l'éolien. Mais, moi, ce que je vous
dis, c'est que la commande qui est placée à Hydro-Québec — puis,
hier, on a passé quatre heures en commission
parlementaire — c'est de s'assurer, là, de respecter
l'inflation au niveau du tarif des citoyens.
Et l'autre élément que j'aimerais ajouter par
rapport à cela, c'est que, dans la politique énergétique — puis
ça, ça a été mentionné dans la commission Mousseau-Lanoue, ça a été mentionné
partout — la
meilleure forme de réduction, c'est
l'énergie que l'on ne consomme pas, et donc le mandat est donné également
à Hydro-Québec de travailler beaucoup plus efficacement sur
l'énergie, sur l'idée de sauver des coûts en énergie. Je pense
que, si on regarde ce qu'on pourrait faire, on pourrait sauver des
sommes très importantes pour l'ensemble des consommateurs québécois.
Le
Président (M. Pagé) :
Je vous remercie, c'est ce qui met fin à notre bloc. Alors, à ce moment-ci, on se tourne vers la partie gouvernementale pour un bloc de
20 minutes, et je comprends que c'est le député de Saint-Maurice qui ouvre
la période d'échange. Allez-y, M. le député de Saint-Maurice.
M.
Giguère : Merci, M. le Président. Je vous salue en passant, je salue l'opposition,
M. le ministre, toute l'équipe.
Moi, j'aimerais ça vous entretenir sur les
mesures d'efficacité énergétique qui ont été mises en place, sur les programmes,
M. le ministre. Avec votre ministère, vous administrez
neuf programmes associés à l'efficacité et innovation énergétiques, qui ont pour but aussi de diminuer
les gaz à effet de serre. Ces programmes-là sont dans les secteurs industriel, institutionnel, commercial, résidentiel et du
transport. Ils sont financés par le Fonds vert, par le biais du plan d'action sur les changements climatiques et par les quotes-parts versées par les
distributeurs d'énergie. Ils ont non
seulement un impact économique, aussi au niveau de la création d'emplois et de l'innovation technologique,
mais ils génèrent d'importantes économies d'énergie et des réductions de gaz à effet de serre. Nous avons mis quand même, le gouvernement, une cible, d'ici 2020, de moins
20 %, et 2020, là, c'est demain, c'est rapidement.
J'aimerais ça
savoir... Dans les finances actuelles du gouvernement, nous savons
qu'il faut investir chaque dollar à la
bonne place, chaque sou, parce que ces sous-là sont durs à gagner, et puis ils
viennent des poches de nos citoyens. Dans ces programmes-là, l'argent qui est investi, j'aimerais ça savoir comment que
cela profite aux citoyens, aux Québécois.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
• (11 h 50) •
M.
Arcand : Bien, d'abord, je peux vous dire qu'on a quand même
un bilan, quand on le regarde... Vous savez que, dans les
années 90, on était encore à l'hydroélectricité, et, malgré cela, suite
aux efforts qui ont été faits sur le plan industriel,
suite aux efforts qui ont été faits par plusieurs citoyens, déjà, le
Québec, on est les meilleurs au Canada
pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais on peut aller encore plus loin. Pas nécessairement
sous tous les aspects, mais je vous
dirais qu'on peut aller plus loin. En
tout cas, certainement en matière d'efficacité
énergétique, je pense que, là-dessus, il y a un effort important qui
doit être fait.
Donc, vous savez, on a une liste importante de
programmes. On a annoncé dans notre politique énergétique, d'ailleurs, que nous allions éventuellement avoir
un nouvel organisme qui va travailler à la réduction des gaz à effet de
serre pour les entreprises, pour le
résidentiel et également à l'efficacité énergétique parce que ce sont des
choses très importantes pour nous. Déjà, il y a beaucoup, beaucoup de
programmes qui existent, le programme Chauffez vert, Rénoclimat,
ÉcoPerformance, Technoclimat. Certains s'adressent à des particuliers, d'autres
s'adressent aux entreprises. Il y a évidemment tous les programmes également
qui existent qui sont administrés pour les automobiles électriques, le programme Roulez électrique. Alors, on fait ça
ensemble. Il y a Novoclimat 1, Novoclimat 2 pour les nouvelles maisons, etc. Donc, il y a différents
programmes.
Nous, ce que
l'on voit derrière ça, c'est véritablement la nécessité de créer un organisme, un organisme
qui va être en mesure de pouvoir
centraliser un peu toutes ces questions-là. Parce qu'actuellement la question que l'on se posait, c'est qu'au
moment où on se parle le ministère de l'Éducation s'occupe d'efficacité
énergétique, le ministère de la Santé
s'occupe d'efficacité énergétique, d'autres ministères, l'Agriculture touche à
l'efficacité énergétique. Nous, on pense qu'il est important de pouvoir rassembler en un endroit avec un
organisme l'efficacité énergétique. À un seul endroit avec une préoccupation, là, de faire en sorte qu'on
soit beaucoup plus efficace et qu'on puisse réduire les émissions de gaz
à effet de serre. Je pense que c'est bien
important que cet organisme-là puisse jouer pleinement son rôle, et c'est pour
ça qu'on a annoncé, pour les 15 prochaines années, des investissements qui
sont, au minimum, de 4 milliards de dollars et qui pourraient... Dépendamment comment le marché du carbone va évoluer dans
les prochaines années, ça pourrait être plus.
Je pense donc
qu'il faut aider les entreprises. Il faut également que le gouvernement prêche
par l'exemple au niveau de ses
bâtiments, au niveau de sa mobilité. Je pense qu'on parle de
1 000 autos électriques, d'ici les prochaines années, qui vont être des autos gouvernementales. Alors, c'est
toute cette efficacité énergétique là qui se doit d'être améliorée.
C'est le mandat qui est donné également aux
deux principales institutions, je dirais, la société d'État qu'est
Hydro-Québec, Gaz Métro, entre autres, pour véritablement travailler
avec nous à l'intérieur de ce programme.
Donc, je
pense que ce sont les efforts que le ministère fait actuellement pour faire en
sorte de se rapprocher un peu des
Européens en termes d'efficacité énergétique. Parce que, comme vous le savez,
les Québécois, per capita, ont avantage à être, je dirais, plus responsables sur le plan de la consommation. Et,
comme vous le savez, je vous dirais que plusieurs, à un moment donné, ont été des partisans de hausser les
tarifs parce qu'ils disaient : Les Québécois ne sont pas assez
responsables sur le plan de l'efficacité énergétique, les tarifs ne sont
pas assez élevés. Évidemment, inutile de vous dire que je ne partage pas cette vision-là. Je pense qu'il faut
aider les Québécois et leur donner les outils pour être plus
responsables sur le plan
de la consommation énergétique, on va donc travailler ensemble. Et je pense
qu'on est rendus dans un domaine qu'il y
a tellement d'innovation et de technologies que ça nous prend véritablement,
là, je dirais, un organisme plus centralisé.
M.
Giguère : Merci beaucoup. Parce que, quand on parle d'efficacité
énergétique, bien, on le sait, c'est l'utilisation de moins d'énergie, utiliser l'énergie qui est
disponible en moins grande quantité. J'aime bien, tantôt, quand vous
avez dit : L'énergie qu'on ne consomme
pas, c'est très rentable parce qu'on n'a pas d'affaire à construire, là, de
barrages, on n'a pas d'affaire à
construire de nouvelles lignes électriques, on n'a pas d'affaire, là, de mettre
des éoliennes en place. Puis on a aussi certains distributeurs d'énergie
comme Hydro-Québec, Gaz Métro et Gazifère qui mettent l'épaule à la roue
et administrent également leurs propres programmes d'efficacité et d'innovation
énergétiques.
Je vais me
permettre, si vous voulez bien, M. le ministre, de parler du LTE à Shawinigan,
donc Laboratoire des technologies de
l'énergie. Qu'est-ce qu'ils font, eux, justement, c'est de la recherche pour...
Ils sont basés directement sur le consommateur.
Par année, ils font une centaine, quand même, de projets. J'entendais dire
tantôt que le solaire n'est pas prêt, aujourd'hui,
à être commercialisé. Bien, au LTE, qu'est-ce qui est spécial, dans la cour du
LTE, il y a des maisons comme qu'on
habite, identiques, et, avec les développements qu'ils font, les projets, les
thermostats, les fenêtres, le solaire, ils sont capables de mesurer dans chaque maison l'efficacité énergétique
pour le consommateur, toujours pour le consommateur, ça rapporte dans la poche du consommateur. Donc,
il se fait beaucoup de travail sur le terrain. Puis aussi il y a
d'autres ministères et organismes gouvernementaux qui interviennent aussi à
l'occasion.
Donc,
j'aimerais ça savoir... En fait, les programmes sont nombreux, dans tous les
secteurs de l'activité humaine. De
façon générale, ils sont complémentaires dans la vision globale du
gouvernement. Puis ça, ça englobe tout. Serait-il possible de simplifier et d'améliorer l'offre de
services aux citoyens et aux entreprises en matière de soutien à
l'efficacité et l'innovation énergétiques?
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Bien, je pense que
c'est une bonne question parce que, d'abord, hier, vous avez posé des
questions au président d'Hydro-Québec sur le LTE à Shawinigan, et je pense
qu'il a eu l'occasion de vous le dire de façon très importante, ça fait partie
des plans d'Hydro-Québec. Ce centre de recherche à Shawinigan est, d'une part,
très important. Et je pense qu'à partir du
moment — puis je
le répète encore une fois — où on veut véritablement travailler de façon très sérieuse, comme vous le savez,
37 % de réduction de nos gaz à effet de serre, je vous dirais que c'est
encore plus difficile au Québec qu'en
Ontario parce qu'au Québec, en 1990, on avait de l'hydroélectricité en très
grande partie, en Ontario ils étaient sur le charbon. Donc, même si les
objectifs de l'Ontario sont importants, nous, on part d'une situation dans les
années 90, là, qui était bien meilleure que celle de l'Ontario. Donc, de
réduire à peu près du même montant nos gaz à effet de serre, c'est quelque
chose d'extrêmement exigeant, et c'est pour ça qu'il faut prendre les moyens
pour y travailler. C'est pour ça, d'ailleurs...
Puis ça me
permet de vous parler de l'organisme dont j'ai parlé tout à l'heure, qui va
investir des sommes très importantes.
Parce que, quand on parle de transition énergétique et d'économie de l'énergie,
on parle véritablement, là, d'efforts
à la fois spécialisés, efforts d'innovation, et je vous dirais... Et je vais
juste vous lire quelque peu, là, les différents objectifs qu'on a, entre autres parce que l'organisme que l'on veut
créer, ça va s'inspirer de ce qui s'est fait dans certains États. Dans
certains États, il y a eu des formules qui ont moins marché. Puis, dans
d'autres États, il y a des formules qui ont
bien marché, et donc c'est des formules qui fonctionnent beaucoup mieux. Moi,
la formule que j'aime bien puis que je n'ai pas utilisée pour nommer
l'organisme parce que... mais c'est un genre de «green bank», là, si vous me permettez. Mais évidemment, au Québec, le mot
«banque» n'est parfois pas toujours possible d'être utilisé de la bonne
façon, alors on trouvera un nom à un moment donné pour cet organisme-là.
Mais
essentiellement je vais vous donner en quelques secondes, là, le rôle. C'est de
coordonner la mise en oeuvre de tous
les programmes d'efficacité, de substitution et d'innovation énergétiques,
d'offrir des services directs tels que des services de financement aux consommateurs et aux entreprises, des
garanties de prêt, du financement à bas taux d'intérêt et des services d'information à la population.
Ensuite de ça, de conseiller le gouvernement sur les normes et
règlements, sur les mesures d'écofiscalité, d'assurer l'atteinte des cibles
minimales du gouvernement. Alors, leur travail va être véritablement de
s'assurer qu'on puisse atteindre nos objectifs, de coordonner la mise en oeuvre
des programmes, de travailler à rendre les
infrastructures publiques des secteurs de l'éducation et de la santé plus
sobres en carbone — parce que, comme vous le savez, il y a
beaucoup de bâtiments dans le secteur de la santé et de l'éducation — et
veiller à la reddition de comptes par la compilation, la validation et la
diffusion de données sur les résultats observés par rapport aux cibles fixées.
Alors, cette
porte d'entrée unique, je pense, elle va être bénéfique pour les entreprises et
pour le consommateur, et c'est en ce sens-là, je pense, qu'on va réussir
à être de beaucoup meilleurs en termes d'efficacité énergétique.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Saint-Maurice.
• (12 heures) •
M.
Giguère : Merci beaucoup. J'aimerais ça qu'on aborde aussi, là, la
fameuse réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20 %
d'ici 2020.
On sait que
les Québécois sont préoccupés par l'environnement puis le réchauffement
climatique. J'aimerais ça qu'on
recule dans les années 80. Quand ça a commencé, on a commencé à entendre
parler de plus en plus d'environnement, et puis sont arrivés les fameux bacs bleus dans les maisons. Les petits
bacs, je me souviendrai toujours, les petits bacs, on se posait la question quoi mettre dedans. On les a
mis sur le bord du chemin la première fois, il n'y avait pas grand-chose
dedans, ils sont
partis au vent. Donc, après ça, on est arrivé... Aujourd'hui, on est rendu avec
des mégapoubelles, et qu'on a de la
misère à fermer le couvercle après une semaine. Donc, il y a une évolution qui
a été faite sur l'environnement, puis je crois que ce bout-là, il est
bien fait.
Là,
aujourd'hui, on entend parler beaucoup, beaucoup de changements climatiques, et
puis la société québécoise a apporté,
au cours des 30 dernières années, justement beaucoup de changements. Puis
plusieurs de ces changements ont pu être
réalisés grâce à l'innovation majeure en matière de technologies vertes, ils
sont survenus en de multiples milieux. On peut notamment parler de
l'émergence des parcs éoliens, l'électrification des transports, ainsi qu'aux
technologies permettant la revalorisation
des matières résiduelles. Donc, c'est un peu ça qui se passe présentement. La société
québécoise a toutefois démontré que, pour
accepter de développer et mettre ces
changements de l'avant, ceux-ci doivent également répondre à des objectifs de croissance et de
développement économique. On a beau parler d'environnement, de changements
climatiques, mais l'économie est toujours reliée, est toujours rattachée à ça
pour nous, les Québécois.
Donc, les
changements doivent répondre à ces objectifs environnementaux et économiques
que nous nous sommes fixés. Ceux-ci sont
également ressentis au niveau de plusieurs secteurs d'activité. En effet, les
innovations en matière de technologies vertes touchent notamment les
secteurs du transport des personnes, des marchandises, les bâtiments, les méthodes de production industrielle et
agroalimentaire, les bioénergies, les énergies renouvelables et la
revalorisation des matières résiduelles. On peut juste nommer ceux-là.
J'aimerais ça savoir, là, qu'est-ce que vous faites pour soutenir l'innovation
et répondre aux préoccupations des Québécois en matière de réduction de la
consommation d'énergie.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre, il vous reste cinq minutes.
M.
Arcand : Il me reste cinq minutes. Alors, écoutez,
sur la question des émissions de gaz à effet de serre et
sur toute cette question-là,
je pense que le grand défi qu'on a, c'est évidemment des défis qui sont
majeurs. Quand on regarde ce qu'on a
fait par rapport à 1990, on s'aperçoit finalement
que, dans le domaine industriel, il y
a eu des efforts considérables
qui ont été faits, et l'industrie a réduit d'environ 25 %,
là, la pollution de façon générale, et que ce soient les papetières, que ce soit également dans le domaine des
alumineries. J'étais avec ArcelorMittal l'autre jour, où on diminue
maintenant le chauffage au diesel pour avoir
maintenant du gaz naturel liquéfié. Donc, il y a des efforts considérables qui
ont été faits depuis 1990 et qui permettent aujourd'hui aux entreprises
d'avoir les technologies pour diminuer de ce côté-là.
Vous avez parlé
tout à l'heure des bacs bleus qui existent. Éventuellement, il y aura des bacs
bruns. Il a commencé à y en avoir
dans plusieurs municipalités, on commence à pouvoir composter, recycler, faire
le travail qui doit être fait. Et ce
qui est très fascinant aussi, c'est que, maintenant, on a des usines de
biométhanisation. Je pense à celle à Saint-Hyacinthe, où, vraiment, on prend les matières résiduelles et
on fait du gaz qui est du biogaz à ce niveau-là. Donc, je pense que ça,
c'est très positif.
Notre grand
défi pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, c'est
véritablement la question du transport. Et ça, je pense qu'on a annoncé dans la politique énergétique l'idée
d'avoir... Parce que, si on veut véritablement que le transport
fonctionne, il faut qu'on améliore les infrastructures. Il faut améliorer les
infrastructures avec l'addition, de façon importante, de bornes de recharge. Je
pense qu'à Hydro-Québec on disait : Ça en prend 2 000, là, d'après
les estimés —
hier, on disait ça —
pour qu'il y ait vraiment une sécurité au niveau des infrastructures pour ce
qui est des automobiles électriques. On a annoncé, à l'intérieur de la
politique énergétique, des stations multicarburants où on pourrait, un jour, avoir... dans toutes les
nouvelles stations, on aurait à la fois des stations d'essence, des bornes de
recharge électrique, du gaz naturel
également pour les camions. Alors, si on réussit à faire cette offre
énergétique là, ça pourrait, de façon
assez importante, réduire aussi les émissions de gaz à effet de serre. Parce
que, dans le domaine du transport, c'est le plus gros enjeu. Je pense
que c'est, de façon majeure, le plus gros enjeu.
D'ailleurs,
ce n'est pas pour rien que, dans ma politique énergétique, je dis qu'il faut
réduire de 40 % les produits pétroliers.
On peut le faire, évidemment, dans certains domaines industriels, mais c'est en
grande partie dans le domaine du transport où il faut vraiment faire les
efforts parce que, dans le transport, c'est 44 % des émissions de gaz à
effet de serre. Et c'est d'ailleurs le seul
secteur qui est en croissance. Par rapport à 1990, tout ce qui est matières
résiduelles, les entreprises, tout ça, on a réussi à faire un travail
important. Mais, dans le domaine de transport, ça demeure un défi considérable pour l'avenir. Mais on prend les
moyens pour y arriver, et c'est pour ça qu'il va falloir que la
technologie avance au bon moment, qu'on
puisse avoir des autos électriques le plus rapidement possible, qu'on puisse
avoir, peut-être en attendant, des hybrides
rechargeables, des autos hybrides. Le
transport en commun, qu'on va continuer d'investir de façon importante
pour favoriser le transport en commun. Et, éventuellement, aussi il y a de plus
en plus de nouvelles applications pour, je dirais, du transport dit
communautaire, qui se fait de plusieurs façons dans les grandes villes puis
ailleurs.
Le Président (M. Pagé) : Il
vous reste une minute, M. le député de Saint-Maurice.
M. Giguère : Une minute? Bien,
justement, le transport électrique, ce que je comprends bien, là, vous mettez
l'énergie pour faire l'installation, pour être capable de recevoir, là, les
autos électriques, qu'elles soient, là, le plus autonomes possible. Parce qu'il faut mettre une pression sur les
constructeurs automobiles, et cette pression-là, je crois qu'elle va
venir avec les consommateurs, avoir un prix raisonnable qui puisse être... à
vendre à grand volume. Donc, présentement, oui, il y a des autos électriques,
mais il faut, à certains prix... il faut être capable de rejoindre, là...
M.
Arcand :
C'est ça. Bien, vous savez, je travaille avec le circuit électrique
d'Hydro-Québec à ce niveau-là. On est rendus à près de 700 bornes, et il
y a des projets pour encore 200 supplémentaires. Et je dois vous dire que j'ai
eu l'occasion de faire
une annonce dans la région de Maskinongé, on a réussi à couvrir, si on veut, la
40. Il y a des bornes électriques à
Québec, il y en a à Montréal, il y en a le long de la 40. Bientôt, on va
annoncer ce qu'on fait de façon plus précise
sur l'autoroute 20. Donc, on peut dire que, quand on regarde la région de
Montréal, Québec puis les deux grandes autoroutes
qui relient ces deux grandes villes là, sur 80 %, à peu près, de la
population du Québec, on a déjà une infrastructure qu'il faut. Et je
dirais que, dans les régions du Québec, on s'en va également dans cette
direction-là aussi. Je sais que mon collègue
de l'Abitibi aimerait bien en avoir entre Val-d'Or et Montréal, là, et on va y
travailler.
Le
Président (M. Pagé) : Et le député qui vous parle est également
très intéressé entre l'Abitibi et la région des Laurentides. Alors, on
passe à un bloc d'échange de 20 minutes avec M. le député de Sanguinet pour
l'opposition officielle.
M.
Therrien : Merci, M. le Président. D'abord, je veux vous
saluer, vous et votre équipe. Je voudrais saluer le ministre et son équipe également, les députés de
la partie ministérielle, mon collègue de Gaspé, qui vient me donner un coup de main parce qu'il est fortement intéressé
au dossier de l'énergie, et je le sais, M. le ministre, que vous êtes au
courant de son intérêt évident. Saluer aussi la députée de Saint-Hyacinthe, de
la seconde opposition, alors, et évidemment ma recherchiste, toujours au poste.
Écoutez,
le gouvernement, avec sa politique d'austérité et le peu d'argent qu'il met
dans ses plans, dans ses projets, bien,
c'est toujours des rendez-vous manqués. On l'a vu avec la politique économique
qu'il a déposée la semaine passée, il s'était
tellement dépêché qu'il n'y avait même pas de signature après le document.
Vous, par contre, on peut dire que ça a été long, là, vous avez eu le temps de signer bien des fois, là. Ça a
été long avant d'obtenir la politique énergétique, mais je vous dirais, M. le ministre — et en tout respect parce que je vous
respecte beaucoup — c'est un
rendez-vous manqué aussi. On a des
cibles ambitieuses, on a des éléments intéressants qui plaisent à l'ensemble de
la population et aux gens concernés
plus directement par la politique de l'énergie. Par contre, les moyens sont
rares, sont insuffisants, et l'argent n'est pas au rendez-vous pour,
justement, atteindre ces objectifs ambitieux. Donc, pas de moyens, on ne peut
pas réussir grand-chose, et moi, je vous dis, je ne vous accuse même pas de ça,
M. le ministre, c'est le gouvernement dans son ensemble qui est structuré de façon à ne pas mettre d'argent nulle part.
Bien, quand tu ne mets pas d'argent nulle part, tu ne vas nulle part.
Alors donc, je
voudrais parler du dossier éolien parce que, le 23 mars, en Chambre, j'ai posé
une question. J'étais alerté par plusieurs
intervenants du milieu des éoliennes, et puis il y a des centaines d'emplois
qui se perdent. Mon collègue de
Gaspé, je suis convaincu qu'il va prendre le relais tantôt, il va parler de ça,
il va poser des questions là-dessus, dans
son coin, c'est la catastrophe. Et j'avais posé une question par rapport à
savoir c'était quoi, le soutien gouvernemental, éventuellement, qu'on
pouvait espérer de votre part pour soutenir l'énergie éolienne.
C'est
un secteur, écoutez, en croissance, un secteur qui devient de plus en plus
efficace, vous le mentionnez même dans
votre document. C'est un secteur d'avenir. L'expertise québécoise est en
développement et est très, très prometteuse. Donc, vous m'aviez répondu — je vais vous lire la réponse, là :
«Alors, nous allons travailler avec les gens de l'industrie éolienne. Le marché du Nord-Est américain
représente un marché important, il y a des possibilités extraordinaires
également dans le cas du Plan Nord, et, vous
allez voir, on aura un bon chapitre sur l'industrie éolienne lors du dépôt,
très bientôt, de notre politique énergétique.» Ça, c'était le 23 mars.
• (12 h 10) •
Évidemment,
quand on a pris connaissance de votre
politique rapidement... Et je suis sûr que je ne vous déçois pas en disant qu'on a regardé, justement,
quels étaient vos engagements par
rapport à cette industrie, et on a été déçus parce qu'il n'y avait pas d'engagement formel. Par
contre, hier, on a discuté... Parce que, là, dans votre réponse, on
disait : Bien, le Plan Nord peut offrir des perspectives
intéressantes pour développer l'éolien. Puis moi, je vous dis, M. le ministre,
aujourd'hui vous m'arrivez avec des réponses positives, si jamais réponse il y
a, là, on va être bien contents, puis on va
vous serrer la main, puis on va dire : Écoutez, vous êtes un bon ministre.
Puis le but, là, c'est d'aider notre monde puis c'est d'aider cette
industrie-là, pour vrai, là.
Alors,
hier, on a posé les questions par rapport aux communautés nordiques. Vous
disiez qu'on devait acheminer davantage d'électricité à ces gens-là,
vous parliez de 160 mégawatts. Et donc, écoutez, évidemment, on parle de
160 mégawatts, ça peut être offert de différentes façons. Puis, hier, je
pense que c'était le P.D.G. d'Hydro-Québec qui
disait : Bien, tu sais, il y a une communion entre l'hydroélectricité puis
l'éolien, entre puissance et énergie, puis il a bien expliqué ça, puis
je pense qu'on est pas mal tous d'accord avec ça.
Puis on avait parlé
des projets miniers sur la Côte-Nord, quelles étaient les perspectives liées à
l'achat, éventuellement, d'électricité de la
part de ces projets-là. Il y en avait 17, et vous aviez été moins directif dans
votre réponse. On avait été un peu...
pas déçus, là, mais, en tout cas, on manquait un peu d'information. Puis là
vous me disiez hier... Il me
semble — je vous
dis ça de mémoire — que
c'est vous ou le P.D.G. qui disait : Bien, écoutez, c'est un peu
compliqué, prévoir d'avance, là, les exigences que ça imposait sur le réseau
électrique.
Alors,
ma question est simple : C'est quoi, les projets avec l'éolien? Et quand
est-ce qu'on va avoir une commande de mégawatts pour l'industrie? Quand
est-ce que ça va arriver? Parce qu'ils attendent après ça, puis ils sont en
train de mourir, là. Avec les perspectives
que vous me dites par rapport au Plan Nord, par rapport aux 17 projets miniers,
par rapport aux 160 mégawatts, y a-tu
un geste que vous avez posé, un geste concret envers ce secteur-là pour leur
promettre, justement, l'achat de mégawatts?
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Bien, d'abord, premièrement, permettez-moi de vous dire encore une fois que je
pense que la politique énergétique, c'est
une politique qui a été saluée par pas mal tout le monde. Je regarde la
liste, là, ici, là, de tous les gens
qui sont là : les stations de ski du Québec, l'Association minière,
l'Association de l'aluminium du Canada, les chambres de commerce, le Conseil du
patronat, Écotech, Équiterre. Même Greenpeace dit des bonnes choses sur la politique énergétique. La Fondation David-Suzuki, Fédération
québécoise des municipalités, l'Union des municipalités du Québec. L'Université du Québec à Trois-Rivières était contente parce qu'on a parlé
d'hydrogène. La Coop fédérée, les
différentes associations... Il y en a plus d'une cinquantaine qui ont
salué cette politique-là, d'une part. Ça, c'est la première des
choses.
Quand vous dites en plus que c'est sans moyens,
c'est près de 60 millions de plus qu'on a mis en 2016-2017 par rapport à ce qu'on a mis en 2015-2016
pour les programmes que nous avons.
Donc, il y a plus de programmes, il y a plus d'efforts qui sont faits par le gouvernement. Parce que je
n'ai pas besoin de vous dire jusqu'à quel point notre objectif, c'est de
travailler à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Maintenant, je vous rappelle que, quand on a
décidé de faire la première politique en 2006, on parlait, à ce moment-là,
d'avoir 4 000 mégawatts d'éolien. On avait mis cet objectif-là parce
que, d'une part, on manquait d'énergie à ce moment-là, dans un premier
temps. Deuxièmement, il était, je dirais, important de développer cette
industrie-là particulièrement en Gaspésie, et on avait dit à ce moment-là qu'on va faire des efforts importants, il y a eu des déclarations qui ont été faites en se disant : Ça va
donner pendant les 10 prochaines années une chance à l'industrie de pouvoir
travailler à faire des efforts pour, d'une part,
profiter d'un marché au Québec qui est présent, mais, par la suite, d'aller chercher des façons
de pouvoir exporter. N'importe quelle personne... puis prenez n'importe quelle
entreprise qui existe au Québec et qui
a un succès le moindrement, elle doit exporter, elle doit travailler à
l'exportation, elle doit réussir non
seulement à avoir une conquête de certains marchés au Québec, mais elle
doit aussi réussir à exporter actuellement au Québec.
Alors, votre question
porte sur l'éolienne. Ce qu'on dit dans la politique énergétique... Parce que
rappelons-nous que, lorsqu'on
décide, au Québec, de faire des projets, et des projets qui font en sorte que
ces projets-là impliquent de l'énergie nouvelle, il y a une dépense qui
est reliée à cela, et cette dépense-là doit être partagée. Ce sont nos lois et
règlements au Québec avec la Régie de l'énergie, ces dépenses-là doivent être
partagées par tous les consommateurs québécois.
Alors, nous, il est très important qu'on puisse se dire qu'il faut amener
maintenant... Compte tenu de ce nouveau paradigme que nous avons au Québec, qui est le paradigme, entre autres,
là, je dirais, d'un besoin énergétique qui n'est pas aussi dominant
qu'il l'était en 2006, on peut se dire que, ce besoin énergétique là, il faut
absolument avoir une politique en ce sens-là qui est réfléchie.
Maintenant,
il y a eu de nombreux articles sur la filière éolienne. Nous acceptons de
procéder dans le futur à des appels
d'offres pour la filière éolienne au Québec, mais on a mis un critère qui
est : il faut que notre énergie disponible soit autour de 2,5 %. Actuellement, elle est à un
peu plus que 3 %. Quand elle arrivera à 2,5 %, on fera, à ce
moment-là, des appels d'offres. C'est le critère que nous avons.
Maintenant,
je vous rappelle qu'il y a quand même des éléments actuellement qui existent
encore au Québec. On a, entre autres, le 200 mégawatts qu'on a
donné à la communauté innue, qui n'est pas encore fait, dans lequel il y a des possibilités. On a le Mont Sainte-Marguerite dans
Lotbinière qui est un autre projet qu'on a. On a Roncevaux en Gaspésie, Nicolas-Riou près de Rimouski. Hier, le
député des Îles parlait au président d'Hydro-Québec, puis il espérait,
en fait, qu'on puisse avoir un projet
d'éoliennes également aux Îles-de-la-Madeleine. Là, il y a un enjeu sur le plan
environnemental qui, je l'espère, va être
réglé. On va avoir ce projet-là, mais il faut que les entreprises québécoises,
dans le domaine de l'éolien, puissent
aussi exporter. Moi, je peux vous dire que, quand je parlais au ministre de
l'Énergie de l'Ontario, ils essaient d'être très agressifs sur le plan
de l'exportation, et, au Québec, on réussit actuellement à faire des choses
intéressantes.
Le Président (M. Pagé) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Oui.
Le
Président (M. Pagé) : ...permettre de laisser la chance à
l'opposition de poser une autre question, s'il vous plaît. Parce qu'on a
équilibré le temps, alors vous avez utilisé à peu près le même temps.
M.
Arcand : O.K.
Parfait.
Le Président (M. Pagé) :
C'est ce que l'on tente de faire, très respectueusement.
M.
Arcand : C'est la
passion pour l'énergie qui l'emporte.
Le Président (M. Pagé) :
C'est ce que l'on constatait. Alors, M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Écoutez, je voudrais juste vous dire que ce qui est important, c'est que
l'industrie de l'éolienne puisse être
soutenue. Parce que, si vous ne la soutenez pas à court terme, à moyen puis à
long terme, si vous commandez des
mégawatts, ça ne serait peut-être même pas au Québec qu'on va remplir la
mission, justement, de combler les exigences, ça va être fait ailleurs. Parce qu'on a une situation urgente, là, ça
prend des commandes, il faut faire survivre ce secteur-là.
Puis
je vous dirais, là, par rapport — juste en terminant, là — à votre politique énergétique, les gens ont
salué votre politique avec vos cibles, comme
les gens ont salué votre 250 000 jobs sur cinq ans. Vous êtes forts
dans les cibles, les gens apprécient
ça. Bien, l'année passée, vous avez créé 300 jobs en un an. Tu sais, la
différence, là, c'est que vous avez des cibles
extraordinaires, puis tout le monde est d'accord avec ça, mais vous ne les
atteignez pas. C'est ça, le problème, et
c'est ça qui nous inquiète. Et nous, on le sait plus que quiconque parce que ça
fait deux ans qu'on vous a dans la
face, puis qu'on vous écoute, puis qu'on vous scrute. Ça fait qu'on est comme
des visionnaires de ce que le Parti libéral fait. Ça fait qu'il y a une
différence, puis j'espère que vous allez être l'exception qui confirme la
règle.
Moi, je vais passer
la parole à mon collègue, qui attend avec impatience d'avoir la parole.
Le Président (M.
Pagé) : M. le député de Gaspé, vous disposez encore de
7 min 30 s.
• (12 h 20) •
M.
Lelièvre : Merci, M. le Président. Je tiens à saluer M. le ministre et
l'ensemble des collègues et les personnes qui accompagnent l'équipe
ministérielle.
M.
le ministre, on va s'entendre à l'effet qu'il y a eu beaucoup d'information et
de désinformation qui a circulé dans les dernières années sur
l'industrie éolienne. Bien que n'étant pas parfaite, on est conscients qu'il y
a eu beaucoup d'exagération. Je trouve
important de rappeler quelques éléments ici qui ont été présentés dans le cadre
d'une étude produite par le
Technocentre éolien au cours de l'hiver. Par exemple, est-ce que les gens
savent qu'Hydro-Québec a acheté dans les
trois dernières années pour 850 millions d'énergie à court terme, hein, à
des coûts de 0,179 $ du kilowatt? Ce n'est pas l'éolien, ça, là, c'est de l'énergie qui a été
achetée à court terme par Hydro-Québec. Est-ce que la population sait que
le bloc d'énergie attribué à Hydro-Québec
Distribution ne peut répondre à la demande des consommateurs pendant 73 %
de la période de l'année? C'est quand
même des éléments qui sont troublants, puis ça mériterait d'être approfondi.
Donc, je déplore qu'il y a beaucoup de désinformation qui a été mise sur
les épaules de l'éolien.
Si on revient dans un
côté plus pratico-pratique, c'est 5 000 emplois au Québec, l'éolien. Donc,
1 200, à peu près 25 %, dans la
région de la Gaspésie et de la MRC de La Matanie, mais c'est surtout
l'industrie qui a débuté dans les années
2000 et à l'égard de laquelle on peut être fiers. On peut être fiers parce
qu'on a réussi à maîtriser les coûts, hein? Le dernier appel d'offres,
lancé en 2013, puis dont les soumissions ont été ouvertes il y a un peu plus
d'un an, fait état d'un coût de 0,063 $, 0,065 $ du kilowatt. Donc,
ça rend le coût très, très compétitif.
Du
côté de l'industrie éolienne, ce qu'il est important de constater aussi, c'est
que, partout dans le monde, on voit une
augmentation. Dans les 15 dernières années, on a eu une augmentation de 25 fois
de la production d'énergie éolienne sur
l'ensemble de la planète. Le Québec s'est mis dans la production d'énergie
éolienne dans les années 2000. On a été visionnaires, on a appris comment bien faire de l'éolien au Québec,
comment mettre en place un tissu manufacturier qui génère 5 000 emplois, dont les trois quarts à
l'extérieur de la région de la Gaspésie. Puis aujourd'hui, bien, la crainte
des intervenants de l'éolien, c'est que la
politique énergétique n'est pas très, très ambitieuse au niveau de l'éolien. Je
vous avais parlé d'une cible, bon, on
parlait autour de 4 %, vous avez mentionné autour de trois point quelques
pour cent tantôt, qui devra baisser à 2,5 % avant de voir
l'apparition de nouveaux appels d'offres, mais quand atteindra-t-on cette cible
de 2,5 % là?
Et
il faut se rappeler que, d'ici 2024, on doit, comme société québécoise qui a
mis au monde cette industrie-là, on doit
alimenter les carnets de commandes des usines de composantes d'éoliennes par la
construction principalement de parcs éoliens.
Et, si, d'ici 2024, le Québec n'est pas au rendez-vous pour construire de
nouveaux parcs, bien, c'est clair que les usines ne pourront pas attendre le remplacement naturel des parcs. Parce
que pourquoi 2024? Bien, c'est parce qu'en 2024 on va commencer à remplacer les premiers parcs, qui vont avoir 20 ans de
durée de vie. Donc, comment prévoyez-vous, M. le ministre, avec vos collègues vous assurer qu'on n'assistera pas à
un effondrement, hein, de l'industrie manufacturière au Québec d'ici
2024? Puis ça a toujours été prévu depuis le début du lancement de la filière
qu'on devait supporter cette industrie-là pour protéger notamment les
5 000 emplois. Merci.
Le Président (M.
Pagé) : M. le ministre.
M.
Arcand :
D'abord, je dois vous dire que l'éolien est quelque chose que l'on supporte
depuis, d'ailleurs, nombre d'années.
Il n'y a pas d'enjeu par rapport à l'importance de cette filière-là. La seule
chose que nous avons dite — puis je le répète
encore une fois — depuis
2006, on a donné ces contrats importants là en espérant que ces contrats-là
allaient servir au Québec et, aujourd'hui,
on se retrouve dans une situation qui est différente de celle de 2006 au niveau
de nos besoins énergétiques. C'est
une situation qui peut évoluer très rapidement. Si, demain matin, nous avions
une nouvelle aluminerie, si nous avons les nouveaux contrats
d'exportation d'Hydro-Québec vers les États-Unis, si on réussit à conclure assez rapidement l'entente avec
l'Ontario, à ce moment-là il se peut très bien que le paradigme change.
Dans un premier temps.
Deuxièmement,
je vous dirais qu'il y a déjà des entreprises au Québec qui réussissent sur le
plan international. Actuellement, par
exemple, Éoélectrique est une entreprise d'éoliennes qui va à Cuba parce qu'il
y a un appel d'offres actuellement à Cuba. C'est une des forces qu'ils
ont. Innergex est rendue au Mexique. Boralex, aux États-Unis, actuellement, fait des activités au niveau des États-Unis.
Et il faut que ça se poursuive, il n'y a rien qui les empêche d'aller là.
Quand
vous me parlez de l'étude de Techno éolien, je peux simplement vous dire que,
là-dessus, Hydro-Québec a répondu,
puis, bon, ils ont fait un... Je n'ai pas envie d'entreprendre un débat de
nature technique avec vous aujourd'hui, mais enfin Hydro-Québec a répondu que les chiffres ne reflétaient pas la
réalité. Et c'est sûr que le défi que nous avons au Québec,
qui est un défi constant, le défi qu'on a au Québec, c'est un défi de
commercialisation, un défi comment on réussit à pénétrer des marchés extérieurs. Parce que le Québec
est un marché qui est là, mais c'est un marché de huit millions, il faut essayer... Le Québec vit de ses
exportations. Les entreprises du Québec qui vont réussir sont les entreprises
qui vont vivre de l'exportation, on ne peut pas constamment être
tributaire du Québec.
Quand on regarde le
marché éolien au Canada, il y a 11 000 mégawatts d'éolien au Canada
au complet, en Alberta, en Colombie-Britannique, en Ontario, partout, et le
Québec, sur les 11 000, en a 4 000. Alors, le Québec fait déjà beaucoup plus que sa
part. Et, comme vous le savez très bien, il faut, en même temps, réussir à
supporter l'industrie puis, en même
temps, il faut aussi protéger le consommateur. On a une mission qui est constante parce qu'à chaque fois qu'il y
a des coûts plus importants, je tiens à vous le rappeler, c'est le consommateur
qui, en bout de ligne, va finir par payer. Alors, ça, je pense que c'est
extrêmement important de bien comprendre ça.
Mais moi, je vous dis
que, dès qu'on voit une opportunité, c'est clair qu'on va continuer à adopter
l'industrie éolienne. J'aurais pu jouer en
vous disant : Écoutez, on va en mettre 2 000, là, d'ici 2030 puis
attendre en 2027 avant de déclencher
des appels d'offres. J'aurais pu jouer de cette façon-là. Là, on a mis un
critère qui est contraignant, qui est un critère qui va immédiatement
déclencher un appel d'offres pour l'avenir pour l'industrie éolienne. C'est ce
que l'on veut faire au Québec.
Je
comprends que le Plan Nord, avec tous les petits villages, ce n'est peut-être
pas des tonnes de mégawatts, mais c'est
quand même quelque
chose qui peut être regardé. Je
prends, entre autres, la mine Raglan, là, qui est une éolienne qui a été lancée de 3 mégawatts. C'est parce qu'il y a encore 60 millions de litres de diesel dans ce coin-là, il
pourrait y avoir plus d'éoliennes.
Le
Président (M. Pagé) :
Alors, c'est tout le temps que nous disposions pour ce bloc de 20 minutes,
vous aurez l'occasion de revenir. On retourne à la partie gouvernementale
avec le député de Saint-Maurice?
M. Busque :
Beauce-Sud.
Le Président (M.
Pagé) : Beauce-Sud, pardon...
M. Busque :
Beauce-Sud. Pas de problème.
Le
Président (M. Pagé) :
...pour un bloc de 20 minutes. Alors, M.
le député de Beauce-Sud,
la parole est à vous.
M.
Busque : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, chers collègues de la partie gouvernementale, collègues de la première
opposition ainsi que de la deuxième opposition, M. le ministre ainsi que toute
l'équipe qui vous accompagne. Mon
collègue de Shawinigan nous a entretenus tantôt de mesures d'efficacité et d'innovation énergétiques. Dans
votre réponse, M. le ministre, vous avez
parlé, bien entendu, entre autres, de mesures d'efficacité et d'innovation
énergétiques au niveau des entreprises.
Alors, moi, j'aimerais vous entretenir de ces différentes mesures là au niveau,
principalement, particulièrement, des PME. Encore
là, c'est possiblement une déformation professionnelle dans mon cas, étant
donné que je viens d'une région où est-ce qu'il y a énormément de PME.
Alors, la Beauce est reconnue à cet effet. Alors, sachant également l'importance de nos PME sur l'économie
québécoise et sur le développement des emplois... Parce qu'au niveau de la création de nouveaux emplois nos PME sont
responsables d'une très, très grande partie des nouveaux emplois générés
au Québec. Je ne pense pas faire erreur si
je dis que c'est à une hauteur de... tout près de 80 % des nouveaux
emplois sont créés dans des PME un peu partout sur le territoire
québécois.
Connaissant également
le contexte mondial dans lequel notre économie évolue — alors,
bien entendu, tant celle du Québec, du
Canada que des pays qui nous entourent — alors, le contexte des PME revêt une
importance, comme on dit, capitale,
mais également on doit être très, très à l'affût de nos PME, et favoriser le
développement de ces PME, et leur
venir en aide au niveau du contrôle de leurs coûts. Alors, nos petites
entreprises, dans un contexte mondial, doivent rester compétitives. Alors,
c'est sûr que, si on parle de petites entreprises, au niveau compétitivité, on parle que ces
petites entreprises là, dans un contexte mondial toujours,
c'est sûr qu'elles n'ont pas le pouvoir d'achat de grosses compagnies ou
de multinationales, alors leur volume d'affaires est également plus petit.
Alors,
on s'entendra que le contrôle des coûts, à ce moment-là, devient le
nerf de la guerre, devient impératif. Un contrôle des coûts au niveau de nos PME, bien, ça peut être au niveau du
matériel, au niveau des achats. Bien
entendu, c'est définitivement au niveau de la main-d'oeuvre. Alors, ça, c'est
un secteur très important, mais également on sait que, dans plusieurs PME, le coût de l'énergie est un coût qui est important.
Alors, c'est sûr qu'au niveau de l'énergie, étant donné que ça
représente quand même une facture importante pour nos PME, on va comprendre
facilement qu'une fluctuation peut avoir un impact
important sur la viabilité même de nos PME. Dans ce contexte, on va comprendre
assez facilement que nos PME sont préoccupées par l'augmentation de leurs frais
d'exploitation liés, entre autres, à leur consommation
énergétique de carburant et/ou combustibles fossiles et à la difficulté
d'innover et d'amener des nouveaux produits sur le marché. Il faut
savoir qu'en plus des fluctuations constantes des prix du carburant et des
combustibles fossiles, difficiles à prévoir, le marché du carbone a un impact,
quoique faible, sur le prix.
Alors,
selon les estimations du ministère des Finances du Québec, l'impact de
l'assujettissement des distributeurs au marché du carbone depuis le 1er
janvier 2015 sur les prix à la pompe est d'environ 0,019 $ du litre d'essence
et atteindrait 0,03 $ du litre à l'horizon 2020. Alors, une hausse de
0,015 $ par mètre cube de gaz naturel est également estimée pour 2015.
Dernièrement,
d'autres facteurs ont influencé plus grandement le prix, et ce, à la baisse,
mais il est fort possible que ce ne
soit temporaire. Ainsi, les PME, dont les frais d'exploitation d'énergie ne
sont pas négligeables, craignent que des hausses des coûts les
rattrapent et nuisent à leur performance et compétitivité.
Alors,
M. le ministre, que faites-vous pour répondre à ces préoccupations justifiées
des PME et pour stimuler le développement économique de ces mêmes PME?
• (12 h 30) •
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre, si vous permettez, je ne voulais pas couper notre collègue. Juste pour votre information, bien respectueusement,
lorsqu'on nomme un groupe parlementaire, c'est toujours l'opposition officielle et la deuxième
opposition. Vous avez appelé autrement, je ne voulais pas vous couper, alors
juste pour votre information. M. le ministre, allez-y.
M.
Arcand : Alors,
d'abord, premièrement, j'entends bien ce que vous me dites, là, parce que je
pense qu'il y a un enjeu très important pour les petites et moyennes
entreprises. Puis d'ailleurs on s'en est préoccupés dans notre politique énergétique,
et je tiens à vous le dire. Évidemment, on a eu beaucoup de discussions avec le
ministère des Finances sur la question des
petites et moyennes entreprises parce qu'on est conscients qu'au Québec un des
avantages compétitifs qu'on a pour nos
petites et moyennes entreprises, c'est un coût de l'énergie qui est faible,
c'est un coût de l'énergie qui va nous permettre, justement, de pouvoir
être plus compétitifs.
Alors, c'est
pour ça qu'il y a eu des efforts qui ont été faits par le ministère de l'Énergie,
et particulièrement, à la fin 2014,
début 2015, on a travaillé pour avoir ce plan pour les petites et moyennes
entreprises où on a mis 165 millions avec différents types de programmes, les programmes ÉcoPerformance,
Technoclimat, qui aident, entre autres, les entreprises qui développent des nouvelles technologies ou des procédés
qui sont innovateurs en matière d'efficacité. On a eu des programmes de biomasse forestière qui
étaient aussi très importants, tellement populaires qu'il a fallu en
refaire parce qu'il y avait trop de demande,
à un moment donné, pour des programmes de biomasse forestière. Donc, je
pense que ça, ça a été quelque chose de particulièrement majeur.
Puis, quand
je regarde la politique énergétique, là aussi on s'engage, évidemment, dans
cette politique à offrir plus de
soutien via l'organisme dont je vous avais parlé pour travailler à faire en
sorte que les entreprises puissent convertir leurs procédés, leurs
chaudières industrielles, accroître leur efficacité énergétique. Je pense que...
Et on dit dedans que le gouvernement va
faire en sorte, entre autres, de mieux desservir les régions du Québec parce
que, s'il y a un endroit où il y a du
potentiel d'avenir, c'est là également, dans plusieurs régions du Québec. Je
sais que vous venez de la région de la
Beauce et que, là, il y a des projets, entre autres, là, de gaz naturel, de
prolongement, entre autres, qui peuvent certainement arriver à un moment
donné. Alors, d'une part, je pense que c'est bien important de dire ça.
L'autre élément
également, c'est que, comme on veut
que les tarifs soient bien faits, on a demandé à la Régie de l'énergie de produire un avis qui
propose des solutions tarifaires qui s'inspirent des meilleures pratiques des
autres États. Et je pense que, parmi les défis qu'on a actuellement, c'est d'avoir une simplification des tarifs. Il y a actuellement beaucoup trop de tarifs. Je pense qu'il y a 12 ou 14 sortes de tarifs
différents. Je pense qu'il faut ramener ça d'une façon beaucoup plus
simple pour le consommateur, et on va travailler en ce sens-là.
Quand on
parle aussi des petites entreprises, bien, on a parlé du comité qui va être formé
aussi pour les serriculteurs en
matière d'agriculture, pour les centres de ski également. Et, lorsqu'on a
publié notre politique énergétique, je dois vous dire qu'on a eu... Enfin, ceux qui représentent probablement le plus les
petites et moyennes entreprises, c'est la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, et ce
qu'ils ont dit, c'est que la politique propose des objectifs ambitieux en
faveur d'une transition énergétique, et les
orientations nous apparaissent très intéressantes. Alors, je pense que ça, ce
sont des commentaires qui ont été extrêmement positifs.
Donc, on est là pour soutenir les petites
entreprises. On est là pour donner un coup de main pour faire en sorte que cette nouvelle technologie là puisse,
évidemment, être présente dans ces petites entreprises là. Et, si on peut
contribuer à réduire la facture le plus possible, je pense que c'est un élément
qui, pour moi, est majeur.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Beauce-Sud.
M.
Busque : Merci beaucoup, M.
le ministre. Effectivement, on se rend compte que, dans la politique
énergétique, il y a plusieurs volets pour venir en aide, justement, et
stabiliser les coûts au niveau énergétique, là, des petites et moyennes
entreprises du Québec.
Alors,
j'aimerais vous parler d'un autre sujet qui m'est très cher. On en a parlé un
petit peu précédemment et on en a parlé quand même aussi... on a eu la
chance d'aborder ce sujet-là hier avec les représentants d'Hydro-Québec. J'aimerais vous entretenir et en connaître un peu
plus au niveau de l'électrification des transports et des programmes qui
sont liés au développement, là, de ce
segment parce que, bien entendu, l'électrification des transports, je pense que
c'est clair pour tout le monde que c'est une
priorité du gouvernement de déployer ce réseau et de faire du Québec un leader
mondial en matière de transport électrique.
D'ailleurs, à
cet effet-là, je crois qu'à travers la totalité des voitures électriques qu'on
retrouve en sol canadien tout près de
50 % de ces véhicules-là se retrouvent au Québec. Alors, je suis au
courant qu'il y a un plan d'action qui a été dévoilé en 2011. Alors, il
y a eu des ajouts qui ont été faits depuis ce moment-là, et, en février 2016,
bien, justement, j'ai ici le nombre de
véhicules qu'on pouvait compter au Québec, qui était de
8 682 véhicules, dont tout près de 4 000 entièrement
électriques.
Alors, on a parlé aussi de l'importance tantôt,
bien entendu, de déployer le réseau de bornes, qui va assurer, justement, un développement efficace de ce réseau.
Mais, dans ce contexte, pouvez-vous nous préciser la contribution globale des programmes du ministère de l'Énergie
et des Ressources naturelles afin que la progression dans le temps de réduire les principaux... excusez-moi, les
programmes du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles afin que
leur progression dans le temps... afin de réduire les principaux freins à
l'adoption des véhicules électriques au Québec?
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
• (12 h 40) •
M.
Arcand : Écoutez, je pense que
les véhicules électriques au Québec, c'est inévitable, on s'en va,
évidemment, vers ça. Il faut continuer à développer l'infrastructure, c'est
pour ça que j'ai mentionné que nous voulions augmenter de façon importante le nombre de bornes de
recharge. On a également parlé, évidemment, des efforts pour les
nouvelles maisons, dans lesquelles il y
aura, évidemment, de nouvelles bornes de recharge également possibles dans des
nouvelles maisons. Donc, il y a une évaluation qui est faite à ce niveau-là.
Jusqu'ici, on
a dépensé, là — seulement
les aides, c'est-à-dire le 8 000 $
qu'on offre pour les véhicules électriques, le 4 000 $ pour les hybrides rechargeables et le 500 $ au
niveau des hybrides — le
gouvernement a dépensé 59 millions jusqu'ici, depuis les dernières
années, pour appuyer, justement, l'achat de ces véhicules-là. Maintenant, juste
les programmes de bornes de recharge à domicile, il y a un programme qui avait,
à la fin de février dernier, là — j'ai les chiffres ici — 3 514
demandes, et le montant d'aide financière, c'était 2,3 millions de dollars
qui a été accordé pour que les gens
puissent avoir une aide au niveau de l'installation, là, des recharges de
240 volts à domicile. Donc, c'est quelque chose qui, à mon avis, était très positif. Et également on aide,
évidemment, les entreprises pour les bornes de recharge en milieu de
travail aussi.
Donc, je
pense que l'idée derrière ça, c'est une question d'infrastructure, et moi, je
pense que le temps n'est pas si éloigné que ça où on va avoir
véritablement une explosion du nombre de véhicules. Combien de gens maintenant
ont commencé à acheter des hybrides? Combien
de gens qui roulent actuellement en hybrides rechargeables? Écoutez,
vous avez un véhicule comme la Tesla 3 qui
est, tout simplement, disponible quelque part en fin 2017, et là, bien, il y a
déjà 300 000 personnes en Amérique du
Nord qui ont déjà mis un dépôt de... quoi, c'est 1 000 $,
1 200 $ ou quelque chose comme ça. Alors, écoutez, c'est
fascinant de voir l'intérêt que les gens peuvent avoir.
Je pense que, le processus qui va se faire au
fil des prochaines années, les gens vont passer de l'hybride, vont aller peut-être un peu plus à l'hybride
rechargeable, puis, lorsqu'on va vraiment atteindre une économie que
plusieurs personnes vont qualifier
d'acceptable, bien, à ce moment-là, ça va devenir l'explosion au niveau des
véhicules électriques. C'est ce que
l'on souhaite parce qu'encore une fois, comme je l'ai dit, je dirais que le
plus grand défi qui est devant nous, c'est
dans le domaine du transport. C'est là qu'il y a le plus de pollution, et je
vous dirais que bientôt on aura une loi zéro émission également pour
avoir plus de choix, plus de disponibilité de la part des concessionnaires, et
là je pense qu'il y a beaucoup de potentiel aussi pour l'avenir.
Je peux vous
parler également de ce que j'ai fait à Trois-Rivières récemment. Je suis allé
là pour visiter l'institut d'hydrogène
à Trois-Rivières. Je pense que, là aussi, dans le domaine de l'hydrogène, il y
a de l'avenir, particulièrement en
matière, je dirais, de stockage. Il y a de l'avenir de ce côté-là, et, si, un
jour, dans le domaine de l'hydrogène, on réussit, je dirais, à faire en sorte qu'on puisse avoir aussi
peut-être une offre à ce niveau-là, au niveau de l'hydrogène, bien, tant
mieux parce que ça va contribuer à la
réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais, pour l'instant, je vous
dirais qu'on se concentre sur l'électrique parce qu'on a l'infrastructure,
parce qu'on a Hydro-Québec, parce qu'on a ce qu'il faut pour véritablement bien
fonctionner.
Je pense que
le plus grand défi, c'est de convaincre les gens. C'est comme toute nouvelle
chose, les gens sont un petit peu
insécures par rapport à l'autonomie. Je pense, c'est le plus gros défi qu'on
peut avoir devant nous, mais je pense que,
quand les gens voient, je dirais, l'économie d'énergie, d'une part, que ça va
créer, les coûts qui vont être, au niveau de l'entretien, diminués, ça
va être presque comme une poule aux oeufs d'or pour bien des gens parce que ça
va être vraiment une amélioration et, je dirais, des coûts bien moindres pour
l'avenir de ce côté-là.
Le Président (M. Pagé) : M.
le député de Beauce-Sud, il vous reste un peu moins de trois minutes.
M. Busque : Trois minutes?
Le Président (M. Pagé) : Un
petit peu moins.
M. Busque : Parfait. Alors, on est à
même de constater qu'il y a quand même des sommes importantes de déployées, là, au niveau des programmes pour,
justement, l'électrification des transports et on comprend aussi, avec
la ressource naturelle qui est
l'hydroélectricité, dont nous disposons, l'importance, là, du développement de
ce segment-là. C'est sûr que
l'électrification des transports, comme vous l'avez mentionné, au niveau
diminution des gaz à effet de serre, considérant
l'importance de l'impact sur les gaz à effet de serre sur les transports, c'est
sûr que l'électrification devient très, très importante pour la
réduction et l'atteinte de cibles de réduction des gaz à effet de serre.
Alors, pour
nous, les Québécois, le choix de l'électrification des transports,
bien, c'est sûr que ça s'appuie sur la reconnaissance
de nos atouts en énergies renouvelables disponibles, des ressources naturelles
aussi abondantes qui vont dans le
sens, là, de participer à la fabrication de composantes pour ces dits
véhicules, et de tout acabit. Et on sait que notre sol regorge de ressources tels le lithium, le graphite,
les terres rares, le cobalt, le vanadium et le niobium, qui sont tous,
en quelque part, des composantes. Alors,
c'est sûr que, de ce côté-là, l'électrification des transports peut
définitivement être générateur d'un certain développement économique
pour le Québec.
Alors,
j'aimerais vous poser la question, M. le ministre, à ce sujet-là, l'impact des
mesures mises en place par le MERN, justement, positives, justement,
dans le cadre du développement de l'électrification des transports.
Le Président (M. Pagé) : En
moins d'une minute, M. le ministre.
M.
Arcand : Écoutez,
je pense que ce qu'il faut dire par rapport à ça, c'est que, depuis nombre
d'années, au Québec, on a quand même travaillé très fort pour appuyer les
entreprises qui... Par exemple, il y a un groupe français à Boucherville, là,
Bolloré, qui travaille pour l'amélioration des batteries. On a le moteur TM4
qu'Hydro-Québec, actuellement... Il y a un projet possible avec Peugeot ici, au
Québec, et on pourrait travailler avec le moteur TM4 qui a été développé par Hydro-Québec. C'est vraiment
un moteur électrique québécois, et donc il y a ça. J'ai eu l'occasion,
au cours de la dernière année... Il y a un
projet, entre autres, avec Alcoa et une entreprise israélienne où on pense
qu'on pourrait avoir des batteries
qui feraient une autonomie de 1 000 kilomètres. Alors, tout ça, c'est
des beaux projets pour l'avenir avec l'appui du gouvernement.
Le
Président (M. Pagé) : Je vous remercie, M. le ministre, sur ce
sujet très intéressant. Alors, à ce moment-ci, il va nous rester à peu près 12, 13 minutes dans
un bloc de 20, que vous pourrez reprendre... puis la deuxième opposition
pourra reprendre après la pause. Donc, Mme la députée de Saint-Hyacinthe, pour
une douzaine de minutes.
Mme Soucy : Merci, M. le Président.
J'aimerais revenir sur les six projets de minicentrales d'ici 2020. On va
revenir un petit peu dans le temps, là, il y avait eu un contrat initial qui avait
été signé de 0,075 $ le kilowattheure, indexé à 0,025 $ par année...
Une voix : ...
Mme Soucy : Pour cent, 2,5 %
par année, pardon. Le PQ avait fait un semi-moratoire. Semi parce que, bon, il y en a un qui avait été exclu. Donc, vous êtes
revenus au pouvoir, vous avez levé le moratoire. Donc, on est pris avec
les mauvaises décisions des deux partis.
Puis faisons
l'exercice ensemble. Le contrat initial, 0,075 $ le kilowattheure, en
2020, avec l'indexation, on va payer
0,096 $, au moment où est-ce que la production va commencer, alors que
nous avons de l'électricité dans le bloc patrimonial à 0,031 $ le
kilowattheure. Donc, on est en train de dire que c'est 500 millions de
dollars sur 20 ans que les clients
d'Hydro-Québec épongeront malgré vos promesses que vous avez faites comme quoi
que les clients ne paieraient plus
pour les minicentrales. Et ça, on ajoute par-dessus ça les parcs éoliens parce
qu'il y a quand même 39 contrats en cours, donc, et on sait que, d'ici 2042, le prix des parcs éoliens, on
paiera 23 milliards. Donc, c'est beau de faire des belles promesses
puis un show avec votre collègue de l'Environnement à la Place des Arts, mais
encore faut-il dire aux contribuables en quelle année ils vont finir de payer
pour les parcs éoliens et les minicentrales.
Donc, après
le moratoire du Parti québécois, là, est-ce que le prix des... le kilowattheure
va augmenter, comme nous le rappelait
également Radio-Canada, il y a quelque temps, pour et les minicentrales et les
parcs éoliens? Parce que les contrats
sont déjà signés, il faut les respecter. Vous donnez plus le kilowattheure que
qu'est-ce qu'on va le vendre. Alors, en quelque part, la perte, elle
s'éponge par qui?
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
• (12 h 50) •
M.
Arcand : Écoutez,
je vais vous répondre de la façon suivante. Premièrement, ce qu'on a dit au
cours de la campagne électorale, c'était que nous allions respecter les
ententes sur les six minicentrales qui avaient été annulées. D'ailleurs, la députée de Vachon, à ce moment-là,
avait un peu sorti un lapin de son chapeau lorsqu'ils sont arrivés au
pouvoir, puis, tout de suite, ils ont décidé d'annuler les minicentrales.
Quand on a
pris le pouvoir, je dois vous dire qu'on était actuellement avec des
poursuites, là, de la part de plusieurs de ces promoteurs-là, et il y
avait, entre autres, dans un cas... je pense qu'il y avait une poursuite, quand
même, de 20 millions de dollars, là.
C'était quand même très significatif, là, et ça, c'est tous les Québécois qui
auraient potentiellement payé par
rapport à ça. Alors, nous, on trouvait que d'avoir indexé ça tout de suite,
c'était un coût moindre que de payer des poursuites, là. C'est une
décision qui, pour nous, était une décision qui était, je pense, économique et
réaliste dans les circonstances. Et
l'indexation commence lors de la mise en service, là, pas avant. Alors, ça, je
pense que c'est très important.
Maintenant,
ce que je voulais vous dire... Puis, tout à l'heure, vous parliez de ça, et je
vois, d'une part, le député de Gaspé
qui dit : Écoutez, vous devriez faire plus d'appels d'offres puis mettre
plus d'éolien, puis vous, vous dites un peu le contraire, là, que les Québécois paient déjà trop pour de l'énergie dont
ils n'ont pas besoin. Ça vous démontre jusqu'à quel point, là, il y a comme un débat énergétique à
faire. Je pense que nous, on a la solution la plus réaliste, la plus
raisonnable dans les circonstances par
rapport à ce dossier-là. Il faut à la fois protéger le consommateur québécois
de hausses inutiles puis, en même
temps, il faut développer l'économie. Puis on sait très bien que l'éolien, ça
crée des emplois, ça crée de l'activité économique puis ça crée de
l'activité économique dans une région qui en a besoin, on sait ça.
Mme
Soucy : Vous savez, ce que je dis, c'est que les Québécois paient pour
vos mauvaises décisions. Parce que c'est
des mauvaises décisions de gestion, c'est des mauvaises décisions de
négociation à la base, et c'est pour ça que les Québécois paient. Alors,
c'est ça qui est inacceptable, parce que c'est de parti en parti. Que ça soit
le Parti libéral ou le Parti québécois, vous savez, c'est comme la compétition
de qui qui va avoir fait la plus mauvaise décision, en fait.
Donc, est-ce
que vous affirmez en ce moment que... Parce que, dans vos propos, je vois que
vous êtes d'accord avec moi, mais il
faut quand même le dire aux Québécois : Oui, vous allez arrêter de payer
pour les parcs éoliens et les minicentrales.
Mais il ne faut pas faire accroire aux Québécois qu'ils vont arrêter de payer
demain matin quand ce n'est pas le cas. Vous comprenez, c'est la
transparence, c'est de dire : Oui, à partir de maintenant, moi, en tant
que ministre de l'Énergie, je sais calculer,
je sais que ce n'est pas rentable, mais maintenant il faut vivre avec les
mauvaises décisions, et vous allez
commencer à arrêter de payer à telle date, mais pas faire accroire aux
Québécois qu'ils vont arrêter de payer demain matin quand ce n'est pas
le cas.
Alors, vous
comprenez, c'est ça qui est inacceptable. Puis ça, c'est sans compter, là, les
millions qu'on a gaspillés juste en
équilibrage pour mettre l'énergie éolienne sur le réseau, hein, parce que ça
coûte quand même quelque chose faire ça. Ce n'est pas qu'on est contre les éoliennes,
on est contre la mauvaise gestion, contre la mauvaise négociation qui
s'est faite dès le début, à partir des
contrats d'éoliennes... Les parcs éoliens, en soi, ce n'est pas qu'on est
contre, mais il faut se dire une
chose aussi : Est-ce qu'on en a vraiment besoin? Parce qu'on a l'hydroélectricité,
qui est, en soi, une énergie propre qu'on essaie de vendre aux
États-Unis...
Une voix : ...
Mme
Soucy : ...et en Ontario également, oui. Alors, c'est ça que je veux
vous entendre dire, en quelle année les Québécois vont arrêter de payer
pour les parcs éoliens et les minicentrales? Juste l'année, c'est juste ça que
je vous pose comme question.
Le Président (M. Pagé) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Écoutez, tout
d'abord, premièrement, vous me dites : On n'est pas contre, mais je n'en
veux pas. C'est à peu près ça que vous nous dites.
Mme
Soucy : Non, non, je dis : Vous avez mal négocié. Ce n'est pas
qu'on est contre, vous avez mal négocié à la base. Les contrats, ils ne
se tiennent pas. Tu sais, vous payez plus cher que qu'est-ce qu'on peut le
vendre.
M.
Arcand : Alors, écoutez, d'abord, premièrement, pour ce qui est de l'éolien, là, si je prends
celui-là d'abord... pour ce qui est
de l'éolien, oui, les premiers contrats, c'était une nouvelle industrie, les
premiers contrats étaient plus élevés. Les derniers contrats, on a eu, je
pense, un contrat, c'était dans la région de...
Mme Soucy : 6,3.
M.
Arcand : Bon, 6,3, c'est comparable à ce qu'on paie pour
des barrages et c'est comparable à ce qui se fait au niveau de La
Romaine.
Maintenant, j'aime mieux, moi, personnellement,
je dois vous dire, j'aime mieux payer un peu plus cher pour de l'éolien plutôt que d'importer du
charbon puis du gaz, hein? On s'entend avec ça, là, ça, je pense
que tout le monde va être d'accord
avec moi là-dessus.
En même temps, je pense qu'il faut aussi mesurer
la question du développement régional. Un développement régional, c'est important.
C'est important au niveau de l'avenir du Québec, et l'éolien avait l'avantage
et a toujours l'avantage de développer des
régions du Québec qui en ont besoin. Alors, là-dessus,
vous pouvez être sûrs qu'on veut avoir
une orientation qui est réfléchie, mais il faut développer également
les régions du Québec. Les minicentrales aident à faire ça et
l'éolien aide aussi à faire ça.
Maintenant,
moi, un des points que j'aimerais vous dire, c'est qu'il y a
eu plusieurs petites minicentrales
qui ont vu leurs contrats renégociés à la baisse par le gouvernement du
Québec... par Hydro-Québec, en fait, et il y a eu une cinquantaine de contrats d'achat d'électricité qui ont été faits au
cours des derniers temps. Et moi, pour recevoir tous les appels de tous ceux qui étaient les propriétaires,
je pense qu'ils trouvaient qu'Hydro-Québec négociait de façon assez
dure. Alors, je peux vous dire que les
tarifs, dans ce cas-là, ont été baissés, et, dans ce cas-là, entre autres, il
va y avoir, donc, un effort considérable. Puis moi, je pense que vous
devriez nous faire confiance pour l'avenir.
Les dernières augmentations, c'était 7/10 de
1 % — les
dernières augmentations de tarifs — et nous, on est convaincus
qu'au cours des prochaines années ça ne dépassera pas l'inflation. C'est la
garantie que l'on donne aux Québécois à ce
niveau-là. Donc, je pense qu'il faut nous croire sur parole. Écoutez, on peut
prendre chacun des secteurs et, là,
commencer à décortiquer chacun des secteurs, mais ce que je vous dis, c'est que
les minicentrales, comme l'éolien, lorsqu'il y aura vraiment une application
de la norme du 2,5 % que j'ai mentionnée tout à l'heure, on fera des
appels d'offres puis on va essayer de contrôler les coûts. Mais on est très
conscients également qu'il faut que ces industries-là nous aident,
particulièrement l'éolien, sur le plan de l'exportation aussi, puis le
président d'Hydro, hier, a dit qu'il allait travailler avec l'industrie pour
faire des projets communs entre Hydro-Québec et nos entreprises éoliennes.
Alors, je pense que c'est positif parce
qu'encore une fois la voie de la richesse, pour le Québec, passe par l'exportation, puis, je ne le répéterai pas assez
souvent, c'est l'exportation qui va faire qu'on va s'enrichir au Québec,
d'abord et avant tout. Ce n'est pas seulement en comblant nos besoins
intérieurs, c'est en exportant.
Le Président (M. Pagé) :
Moins de deux minutes, Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Mme
Soucy : Oui. Alors, juste revenir, ce n'est pas 6,3... oui, mais on ne
compte pas le transport, et tout. Dans l'étude des crédits, on l'a vu,
c'est un peu plus que 0,08 $ le kilowattheure qu'on paie.
Alors,
écoutez, je veux passer à un autre sujet, la sécurité du réseau de transport
d'Hydro-Québec. Pour conserver nos
liens d'affaires avec les États-Unis, Hydro-Québec TransÉnergie doit appliquer
les normes de fiabilité de la North American Electric Reliability
Corporation, la NAERC. Alors, un engagement a été signé entre la Régie de
l'énergie et le NAERC qui stipule qu'Hydro-Québec doit mettre en oeuvre le Programme
de surveillance de la conformité et d'application des normes de fiabilité du
Québec.
Alors, ce
programme est en vigueur depuis le 1er avril 2015, et 35 normes sont
nouvellement en vigueur depuis le 1er avril 2016. Par contre, ce qui est
inquiétant, c'est que 30 autres normes ne sont pas encore en vigueur, dont huit concernent la
cybersécurité. On sait que le Congrès américain fait pression pour que les
normes soient renforcées à cause des actes
terroristes. Donc, pour protéger le réseau de transport d'électricité, donc,
des audits auront lieu. On sait que,
si Hydro-Québec ne passe pas les audits, c'est plusieurs millions de pénalité
qui vont y passer. Alors, on a appris que M. Boulanger, président
de TransÉnergie, allait quitter son poste bientôt. Alors, je ne sais pas si
vous savez s'il a été remplacé puis si la personne va prendre ça en charge
parce que...
Le Président (M. Pagé) : En
terminant, madame...
Mme
Soucy : ...à l'émission de M. Paul Arcand, il avait été mentionné
que le budget de 25 millions destiné au projet de conformité et de
sécurité s'était envolé en fumée...
Le Président (M. Pagé) :
Alors, désolé, Mme la députée de Saint-Hyacinthe...
Mme
Soucy : ...et puis qu'il n'y avait rien qui avait rapporté. Alors, je
voulais savoir si le réseau de sécurité...
Le
Président (M. Pagé) : Je suis désolé, c'est tout le temps que
nous avions, Mme la députée de Saint-Hyacinthe. Alors, lorsque nous allons reprendre à 15 heures, vous disposerez
d'un bloc de temps encore de huit minutes. Le ministre aura le temps de
préparer sa réponse.
Alors, la commission suspend ses travaux jusqu'à
15 heures et elle poursuivra son mandat.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 4)
Le Président (M. Iracà) : Alors, à
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles reprend ses travaux. Je demande à toutes les
personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs
appareils cellulaires.
La commission
est réunie afin de poursuivre les crédits budgétaires du portefeuille Énergie et Ressources
naturelles pour l'exercice financier 2016-2017.
Le consentement a été donné ce matin pour
terminer à 18 h 15. Toutefois, puisque nous avons débuté nos travaux à 15 h 3 précisément, et qu'une
période de trois heures doit être consacrée à l'étude des crédits cet après-midi, et que nous avons en tout
18 minutes de retard à reprendre pour compléter les neuf heures, y a-t-il consentement
pour poursuivre nos travaux au-delà de
l'heure prévue, soit 18 h 21 précisément? Alors, est-ce que
ça va pour qu'on poursuive jusqu'à 18 h 21, pour qu'on
respecte, dans le fond, tout le temps que nous devons consacrer aux importantes
études de crédits?
M. Surprenant : On va terminer aujourd'hui,
vous avez dit, M. le Président?
Le Président (M. Iracà) : Alors, on
va terminer cet après-midi à 18 h 21, mais nous allons reprendre ce
soir à 19 h 30.
M. Surprenant : Mais pour la CAPERN
encore. Donc, on pourrait...
Le Président (M. Iracà) : Pour la
période en cours.
M.
Surprenant : O.K. Donc, on pourrait prendre le temps ce soir aussi
au lieu de le prendre à la fin aujourd'hui. C'est parce que moi, j'ai
des engagements à l'heure du souper, alors...
Le Président (M. Iracà) : Mais c'est
pour le volet actuel. Ce soir, c'est un autre volet.
M. Surprenant : C'est ça qui est le
sens de ma question, là. Alors, on doit absolument terminer...
Le Président (M. Iracà) : C'est ça.
Oui, absolument.
M. Surprenant : Bon, d'accord. Très
bien.
Le Président (M. Iracà) : Alors, on
va commencer tout de suite. Lors de la suspension de nos travaux, cet après-midi,
le groupe parlementaire formant la deuxième opposition avait la parole.
J'invite donc la députée de Saint-Hyacinthe à poursuivre le bloc d'échange.
Mme
Soucy : Merci, M. le Président. Bonjour. En se quittant, j'avais
commencé à parler de la sécurité du réseau de transport, alors je vais revenir sur ce sujet-là. Alors, je disais que,
pour conserver nos liens d'affaires avec les États-Unis, Hydro-Québec
TransÉnergie devait respecter certaines normes. Alors, je ne répéterai pas tout
ça.
Alors,
mes questions s'adressaient, M. le ministre, au sujet du président
d'Hydro-Québec TransÉnergie. Est-ce que vous avez une idée quand est-ce
qu'il va être remplacé? Est-ce qu'ils ont trouvé un remplaçant ou...
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Écoutez,
comme vous le savez, moi, je ne me mêle pas du détail de l'opération. Pour ce
qui est d'Hydro-Québec, j'ai la responsabilité de nommer le président-directeur
général d'Hydro-Québec. Je présume que M. Martel va prendre les meilleures
décisions dans les circonstances.
Mme Soucy : O.K. Alors, pouvez-vous
nous garantir que les normes de sécurité qui sont demandées... Parce qu'on sait que c'est important pour les
États-Unis, avec les actes de terrorisme qui ont eu lieu les dernières années,
que les critères soient respectés. Donc, les huit critères qui concernent la
cybersécurité, est-ce que vous nous affirmez que tous ces critères-là vont être
respectés?
M.
Arcand : D'abord,
premièrement, les ententes sont faites entre la Régie de l'énergie et la NERC,
ce dont on avait parlé tout à l'heure. Ce sont des ententes qui sont
faites entre ces deux organismes-là.
Maintenant,
c'est fait, évidemment, avec des critères de très haute sécurité, et vous savez
que nous sommes dans un réseau nord-américain qui est quand
même intégré, avec des normes extrêmement précises. Je
tiens à vous rappeler qu'on a 800 millions
de dollars d'exportations vers les États-Unis, c'est donc très significatif
comme ventes d'électricité. Inutile de
vous dire que nous voulons s'assurer que toutes les normes sont respectées, et
donc je fais pleinement confiance à la capacité des gens d'Hydro-Québec.
Comme vous le
savez, à chaque fois qu'il y a eu des incidents qui ont touché soit notre
réseau... Entre autres, là, quand il
y a eu des pylônes qui ont été attaqués, à un moment donné Hydro-Québec a
appelé immédiatement les policiers, il
y a eu un processus d'enquête, il y a des accusations qui ont été portées. Et
la même chose sur le plan de l'informatique, parmi les changements dont M. Martel m'a dit également... sur le plan de
l'informatique, je pense qu'il y a une personne spécialement, maintenant, en charge de l'informatique au sein
d'Hydro-Québec et, donc, je pense qu'aujourd'hui on peut dire que nous
sommes pleinement protégés.
Mme
Soucy : En janvier 2016, à l'émission de M. Paul Arcand, il
avait été mentionné qu'un budget de 25 millions était destiné à un
projet de conformité puis de sécurité et puis qu'il n'aurait pas abouti. Alors,
le président, le P.D.G. d'Hydro-Québec avait
répondu : Pas à ma connaissance. Hier, je voulais poser la question au
P.D.G., là, mais est-ce que vous êtes au courant que cet argent-là, le
25 millions, finalement, a bien été consacré à se conformer au niveau de
la sécurité informatique?
M.
Arcand : Vous savez,
Hydro-Québec a un conseil d'administration. Comme vous le savez, mon sous-ministre
fait partie du conseil d'administration
d'Hydro-Québec, et le conseil d'administration a pour mandat de surveiller,
bien sûr, et de prendre les meilleures décisions qui touchent Hydro-Québec. Et
je peux vous dire que, dans l'esprit qui anime Hydro-Québec, il n'y a pas de compromis qui est fait sur ces questions
de sécurité. Je pense qu'il y va de la crédibilité d'Hydro-Québec face au marché américain, face à
nos clients américains, et donc je peux simplement vous dire que nous
nous assurons de la protection la plus grande du réseau.
Mme Soucy : Dans le rapport annuel,
le rapport annuel d'Hydro-Québec, il n'y avait pas de somme allouée précisément
à la conformité des nouvelles normes. Est-ce que c'est un oubli ou...
• (15 h 10) •
M.
Arcand : Écoutez, il faudrait
que je vérifie exactement ce qu'il peut y avoir à l'intérieur de ça, mais, moi,
tout ce que je peux vous dire, c'est que les
experts dans le domaine sont extrêmement pointus. Je n'ai pas besoin de vous
dire que les lignes de transport et la façon
dont on gère le transport électrique sont quelque chose qui est vérifié et
rerevérifié à plusieurs reprises et je n'ai aucune indication de croire
qu'Hydro-Québec ne fait pas le travail à ce niveau-là.
Mme
Soucy : O.K. Donc, vous nous confirmez que, lorsqu'il va y avoir les
audits du NERC, Hydro-Québec va passer
haut la main, puis on ne va pas perdre les exportations ou on ne va pas avoir
de pénalité sur ce qu'on exporte aux États-Unis? Parce que rappelons-le,
là, c'est quand même 80 % des exportations qui sont effectuées aux
États-Unis, alors c'est des bénéfices nets, pour Hydro-Québec Production, qui
sont considérables.
M.
Arcand : Quand vous avez un
client, Mme la députée, qui vous génère des revenus de 800 millions, je
pense que vous prenez tous les moyens pour
ne pas perdre ce client-là. Et je peux vous le dire, M. Martel a eu l'occasion
de vous le dire hier, il fait des
présences régulières aux États-Unis. Et il est, je pense, à Boston aujourd'hui,
il est allé à Washington, il
s'entretient avec les autorités fédérales américaines. Et donc je peux, tout
simplement, vous dire que nous ne prenons aucune chance parce que, comme je l'ai dit et répété à plusieurs
reprises ce matin, la richesse du Québec, particulièrement en matière énergétique, passe par de bonnes
exportations. Et donc, en ce sens-là, je pense que nous devons être extrêmement crédibles, et, là-dessus, je ne crois
pas que j'aie jamais eu aucun problème ou... Même dans mes rencontres
avec les dirigeants américains, personne n'a soulevé cette problématique-là.
Mme Soucy : Merci.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, M. le député de Groulx, il reste une minute.
M. Surprenant : Je vais reporter
cette minute à la fin, M. le Président. Merci.
Le
Président (M. Iracà) : Oui, il n'y a pas de problème, on va le
reporter au prochain bloc. Alors, ayant terminé cette période d'échange avec le deuxième groupe d'opposition, nous
allons procéder à un bloc d'échange avec la partie gouvernementale, et
je vais céder la parole immédiatement au député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Merci, M. le
Président. Eh bien, hier, j'ai laissé un peu de côté le ministre, je voulais
profiter pleinement de la présence des
représentants d'Hydro-Québec. Comme ma collègue de Saint-Hyacinthe souhaitait
pouvoir adresser d'autres questions, ils
étaient là hier, ça aurait été le moment opportun. Mais, moi, c'est le ministre
avec lequel je veux parler maintenant
parce qu'il y a donc dans votre responsabilité tout le volet énergétique, qui
m'interpelle beaucoup, puisque je suis d'une région qui est productrice
d'électricité, entre autres, par un réseau de centrales, les centrales de l'Outaouais supérieur. Mais je sais qu'il y a une
préoccupation toute particulière qui a été adressée lors de... la vision
que voulait développer notre gouvernement en
lien avec une politique énergétique répondant aux nouveaux besoins, donc
une politique énergétique orientée vers les horizons 2030. Et cette
démarche-là, elle s'est inscrite, M. le Président, dans une série d'actions, des actions importantes, parce que, pour pouvoir
élaborer un tel document... Et je pense que tout le monde a été à même de découvrir le 7 avril
dernier les intentions très claires du gouvernement, les orientations qui
s'en dégagent, mais, pour ce faire, il y a eu une démarche très, très sérieuse
qui s'est faite, qui remonte à 2013.
Vous avez
donc, M. le ministre, lors de l'examen de la... comment vous étiez pour faire
la démarche, tout de suite convenu,
lorsque vous avez fait cette annonce-là du 7 novembre 2014, d'une démarche
visant à développer une compréhension commune des défis et opportunités
auxquels le Québec doit répondre dans le contexte de l'énergie mondiale
actuelle. C'est un élément fort important. Le défi énergétique, on ne peut pas
le regarder seulement en fonction d'un secteur géographique comme le Québec, je pense qu'il faut le regarder de façon
mondiale parce qu'évidemment il y a des influences, des influences
d'autres secteurs, d'autres marchés dont on doit tenir compte, des grandes
tendances.
Et là-dessus,
donc, vous avez convenu, entre autres, de prendre en compte les travaux de la Commission des enjeux
énergétiques qui s'étaient déroulés à l'automne 2013. M. le Président, plus de
460 mémoires ont été déposés à cette occasion-là,
et il y a eu plus de 300 organismes qui ont été entendus, qui ont fait des
présentations, donc, comme matériel pour
alimenter la réflexion. Je pense que c'était déjà une très bonne base, mais
on a voulu aussi amorcer une réflexion puis alimenter ces discussions-là
par deux fascicules qui ont été produits et mis en ligne par le ministère, et
donc, en décembre 2014, les deux fascicules
ont été émis. C'était vraiment un souci, une préoccupation, je pense,
qui animait votre ministère, M. le ministre, concernant, dans le fond,
la possibilité aux intervenants intéressés de pouvoir s'enquérir de l'information pour être capables de mieux intervenir auprès de
votre ministère. Je présume, vous me confirmerez peut-être tout
à l'heure si ma lecture est bonne.
Et donc ces
deux fascicules-là, qui portaient à la fois sur les tendances mondiales et
continentales... Comme j'ai dit, quand
on parle du domaine énergétique... Vous l'avez bien mentionné tout à l'heure avec la députée de Saint-Hyacinthe,
quand on fait 800 millions de dollars
d'exportation, il faut tenir compte de ces voisins-là qui sont des
clients pour voir quelle est leur orientation en termes
d'approvisionnement énergétique, comment on peut venir bien se positionner. Et le deuxième, c'est tout le profil sur les
statistiques de l'énergie au Québec, c'est quoi, notre potentiel, qu'est-ce
qu'on est capables réellement de faire aujourd'hui, demain pour répondre, dans
le fond, à cette opportunité-là, à ces enjeux-là qui se présentent dans
l'avenir.
Vous avez
également poussé plus loin dans la réflexion. Ce que j'en ai compris, vous avez
poussé jusqu'à la mise en place de
tables d'experts afin de bien permettre aux citoyens, aux représentants des
entreprises, également au niveau des groupes
interpelés... Donc, on a fait un éventail large. On n'a pas fait ça en catimini
juste avec un petit groupe, là, on
s'est assuré de permettre à la fois aux
citoyens, aux entreprises, aux groupes d'intérêts de pouvoir, dans le fond, s'imprégner de l'information pour pouvoir mieux intervenir auprès du ministère
et faire des suggestions, des recommandations, émettre certains commentaires au niveau,
dans le fond, de toute la question des constats, les enjeux par rapport à la
nouvelle politique énergétique du Québec.
Donc, je pense qu'on doit souligner cette
ouverture-là de la part du ministère et cette préoccupation-là pour s'assurer, justement, qu'on livre une politique...
M. le Président, vous comprenez que, dans le cadre de nos travaux
de commission, on le fait, cette démarche-là, mais, d'y aller de façon plus large au niveau des clientèles cibles, des acteurs stratégiques,
je pense que c'est la façon de le faire. Et, là-dessus, M. le ministre, je pense que ça mérite d'être souligné de façon appropriée, et
je crois que ce n'est pas étranger à ce qu'on a eu comme réactions de la part
des groupes, des différents groupes
d'intérêts, lorsque vous avez déposé votre politique énergétique. Peu
importe le profil des groupes, les commentaires,
de façon générale, étaient très positifs, que ce soit au niveau
des gens au niveau de l'environnement, les groupes
dans le domaine économique, les groupes au niveau des citoyens. Un
équilibre, je pense, c'est l'enjeu que vous aviez, trouver un équilibre en fonction des enjeux, des opportunités qui
se présentaient au Québec pour pouvoir répondre à ce potentiel-là tout en respectant les préoccupations environnementales, les préoccupations citoyennes et aussi économiques.
• (15 h 20) •
Vous avez également
mis en place des tables de discussion qui portaient sur des thèmes très
pointus, on n'a qu'à penser au niveau de l'efficacité et l'innovation
énergétiques. Au niveau des énergies renouvelables, on a vu, on a été à même, dans certaines commissions,
d'avoir des gens qui sont venus témoigner de leurs préoccupations en lien avec ça. Mais le ministère,
encore là, directement, a été chercher cette information, a fait cet échange-là. C'est vraiment
notable d'avoir eu un processus
très rigoureux qui permettait d'aller chercher l'information, mais également
d'avoir un échange ouvert pour trouver, je dirais,
les meilleures pistes pour inclure ces enjeux-là à l'intérieur de la politique
que vous avez lancée.
Il y a
toute la notion aussi au niveau des hydrocarbures fossiles, qu'est-ce qu'il en
est, d'avoir des échanges fort intéressants
et, finalement, une table sur la décarbonisation du transport
routier qui a été organisée au mois d'avril 2015 en partenariat avec le ministère
des Transports. Parce que je pense que le ministère est un acteur important de
ce côté-là. D'ailleurs, si on regarde tout
l'enjeu de l'électrification des transports, il y a énormément de ministères
qui sont mis à contribution. Il y a
une douzaine de ministères, dont le vôtre, qui ont un rôle important à jouer,
mais qui doit être orchestré. Et
là-dessus, je pense, encore là, toute cette notion-là d'échange et de
continuité dans cet échange-là pour mener à terme les travaux de façon efficace est tout à fait
louable dans la dynamique. Il aurait été facile de travailler en silo, il
aurait été facile de vouloir déposer
quelque chose qui serait spécifique seulement au ministère, mais qui aurait eu
une portée beaucoup moindre. Vraiment, je pense que, de ce côté-là, on
doit souligner les efforts du ministère.
Mais
j'aimerais, M. le ministre, peut-être que vous le mentionniez encore plus pour
les citoyens qui nous regardent, qui
se disent : Bien, nous, on est où là-dedans? Comment on a été considérés
dans cette démarche-là? Parce que, souvent, les gens ont l'impression que ça se fait par des grands groupes
d'intérêts, que ça se fait par des organismes spécialisés dans le domaine, mais les citoyens, dans la
participation, par rapport à la mise en place, dans toute la réflexion de la
nouvelle politique énergétique, comment ont-ils été amenés à participer dans
cette démarche-là, M. le ministre?
Le Président (M. Iracà) : Alors, M.
le ministre, pour un temps restant de 10 minutes.
M.
Arcand : Merci beaucoup, M. le
Président. Écoutez, certainement, dans, je dirais, les récentes analyses
des politiques qui ont été faites au cours
des dernières années, je pense que la politique énergétique a certainement été
une de celles dans lesquelles il y a eu le
plus de consultations, dans lesquelles on voulait s'assurer d'avoir les bonnes
orientations pour l'avenir au Québec et ne
pas faire d'erreur ou de limiter, bien sûr, les erreurs, d'obtenir au sein de
la population du Québec le plus large consensus possible.
Alors, quand
je regarde simplement les chiffres... Et ça s'est fait en deux étapes. D'abord,
l'ancien gouvernement avait décidé de
faire une commission sur les enjeux énergétiques, commission qui... Entre
autres, là, il y avait un enjeu qui
touchait, dans ses recommandations, sur la question éolienne où ils disaient, à
toutes fins pratiques, d'arrêter l'éolien. Évidemment, à l'époque, le gouvernement du Parti québécois n'était pas
d'accord avec cela. Mais, quand je regarde le niveau de consultation, il y a eu, donc, cette commission-là sur les
enjeux énergétiques, et, en 2015, on a fait nous-mêmes nos consultations et... Parce que, écoutez, les
gens nous ont dit au départ : Écoutez, comment ça se fait que vous
faites des consultations alors qu'on vient
d'en faire? Mais, vous savez, à l'époque, le prix du baril était probablement
autour de 90 $, 100 $. En
l'espace de quelques mois le prix du baril de pétrole est tombé à 30 $
puis à 35 $ le baril, ça change la donne. Deuxièmement, en l'espace de deux ans, de 2013 à 2015, les Américains
sont devenus, je pense, au niveau de l'exportation... exportaient autant... c'est-à-dire produisaient
autant de gaz de schiste que l'Arabie saoudite en produisait, de pétrole,
etc. Enfin, il y avait des bouleversements extrêmement majeurs. D'ailleurs, si
la balance commerciale américaine s'est améliorée
considérablement, c'est à cause du fait qu'on a, évidemment, ralenti les
importations de pétrole qui venaient d'Arabie
saoudite, et donc il y a eu des bouleversements extrêmement importants à ce
niveau-là, au niveau énergétique.
Donc, quand je regarde les chiffres, en 2013, il
y a eu 468 mémoires, 300 présentations, 47 séances de consultation
publique, des interventions par centaines sur le Web, des ateliers avec les
communautés autochtones et cinq tables d'experts tenues à huis clos. Nous, ce
qu'on a fait à partir de 2015, on a dit : Aux gens qui voulez nous soumettre, je dirais, des documents, on va tout
prendre ce qui a déjà été fait, on ne veut pas que vous refassiez le
même exercice. Sauf que dites-le-nous si
vous avez des modifications par rapport à ce que vous avez dit en 2013. Il y a
eu des tables rondes thématiques avec
des experts, il y a eu 40 experts, 225 partenaires, 321 citoyens
qui sont intervenus, des séances de
consultation publique dans plusieurs régions du Québec — j'ai moi-même participé à une rencontre avec
les communautés autochtones également — 200 interventions sur le Web, des
lettres ouvertes qui ont été reçues. Je pense que, quand on fait le
total, là, on parle de milliers de personnes ou d'organismes qui ont été
consultés pour la politique énergétique.
Donc, ça, je pense que c'est ce qui fait
qu'aujourd'hui on peut dire qu'on a tenu compte de chacune des propositions qui nous ont été faites de
l'intervention qu'il fallait faire. Parce que tout le monde était d'accord pour
dire : Écoutez, vous savez, on est tous
d'accord pour diminuer notre consommation de pétrole, on est tous d'accord pour
favoriser les énergies renouvelables, on est
tous d'accord pour aller dans la direction, évidemment, de l'efficacité
énergétique. Ça, c'était facile à
faire. Ça, c'était le bout facile. Le bout qui était plus difficile, c'était
comment. Quelle sorte de cibles on se donne? Est-ce que les cibles sont
réalistes? Est-ce qu'on est capables de le faire? Est-ce qu'elles sont en lien
avec ce qui va se passer puis les objectifs de réduction de gaz à effet de
serre en 2030? C'est ça sur lequel il fallait travailler.
Alors, il fallait aussi que cette politique-là
ne soit pas une simple politique, là, de bonnes intentions, il fallait qu'il y ait des objectifs précis et des mesures
également qui touchaient, je dirais, ce que j'appelle la croissance
économique. Alors, ça, ça fait partie des
choses... Parce qu'une politique énergétique, c'est une politique qui se veut
également pour la croissance économique. Et, quand on a parlé du
4 milliards de dollars, minimum, que nous allions mettre pour les 15 prochaines années, bien, ça, c'est de
l'argent qui va, en bout de ligne, être destiné, d'une part, à améliorer la
situation au Québec. Parce que, si on
consomme moins, les Québécois vont avoir plus d'argent, d'une part.
Deuxièmement, favoriser une nouvelle
industrie, une industrie, je dirais, d'innovation, de changements
technologiques, donc ça, c'est quelque chose de très positif sur le plan
économique.
Et, encore
une fois, si on réussit à faire ce qui semble arriver de plus en plus,
c'est-à-dire... Nous, on travaille très fort pour de fortes exportations à l'avenir pour le Québec. Je n'ai pas
besoin de vous dire que, si, actuellement, on exporte pour 800 millions d'électricité au moment où
on se parle pour les États-Unis et qu'on réussit à augmenter ça de façon
significative... je peux vous dire que c'est
très, très, très bénéfique pour l'ensemble des Québécois. Ça aide le
gouvernement parce que c'est de l'argent qui revient au gouvernement, qui va
être utilisé pour avoir encore un meilleur équilibre budgétaire, pour
rembourser les dettes gouvernementales. Donc, ça, je pense que c'est important.
Et tout le
monde a regardé nos objectifs, où on s'est dit : On est actuellement à
47,6 % d'énergie renouvelable, actuellement,
dans notre portefeuille énergétique. On a déjà l'hydroélectricité depuis nombre
d'années, mais, on pense, avec les
efforts que l'on peut faire, on peut dépasser le 60 %. Et ça, dépasser le
60 %, c'est un gros mandat parce que, déjà, passer de 47 % à 60 % dans un laps de temps d'à peu près
20 ans... de 15 ans, c'est-à-dire, je peux vous dire que c'est un défi considérable. Mais on a vraiment
travaillé avec plusieurs joueurs. Il y a des mesures extrêmement
concrètes, dont l'élimination du charbon
thermique, le développement de nos bioénergies, on a des projets de
biométhanisation dans plusieurs régions du Québec. Alors, tout ça va
faire en sorte que l'on va pouvoir atteindre cet objectif-là. Et pas un critique n'a dit que ces objectifs-là n'étaient
pas réalistes, les gens disent : On aimerait ça avoir plus de détails.
Vous allez avoir les détails quand on
va déposer une loi de mise en oeuvre de la politique énergétique. Alors, c'est
ça, ce qu'on a fait.
Mais, encore
une fois — puis je
tiens à le répéter parce que j'en suis très fier — je pense qu'une des plus grandes difficultés dans nos différents dossiers au
Québec, que ce soit en matière d'affaires sociales, éducation, à plusieurs
autres niveaux, on a souvent des enjeux de
consensus, c'est-à-dire que les Québécois ne s'entendent pas sur la façon de
faire, comment est-ce qu'on devrait le faire. Je pense que la politique
énergétique est une très grande réussite sur le plan du consensus. Je pense qu'on a réussi à rassembler tout le monde sur des
enjeux communs, et c'est assez rare que vous voyiez à la fois
l'industrie, les groupes environnementaux, les municipalités être d'accord
avec, ensemble, les orientations.
• (15 h 30) •
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. le ministre. Alors, pour un temps restant de
1 min 50 s, M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois :
Oui, peut-être rapidement, M. le Président. Également, M. le ministre, vous
avez mentionné que vous avez
rencontré les communautés autochtones. Chez nous, j'ai des communautés, mes
voisins immédiats de comté. Que ce soit
Ungava, que ce soit Rouyn-Noranda ou Abitibi-Ouest, on a des communautés chez
nous qui sont souvent au coeur des
réalisations pour des projets. J'aimerais en entendre un petit peu plus du côté
de leurs réactions en lien avec ce qui a été déposé et les échanges, la
teneur des échanges un peu, là, de ce côté-là.
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M. Arcand : Moi, je peux vous dire que j'ai fait des consultations à l'automne avec les communautés autochtones. Et vous savez que je m'occupe également du Plan
Nord, et, parfois, je dois vous dire
que, lorsque je fais le travail qui est devant nous, je
m'aperçois souvent que j'ai beaucoup affaire aux communautés autochtones.
Alors, il y a eu des consultations qui ont été faites, des consultations qui étaient très importantes. Je dois vous dire qu'on a dit, au niveau des communautés, que nous voulions
travailler avec, évidemment, les quatre principales communautés :
les Naskapis, les Inuits, les Innus et également les Cris. Alors, on va
travailler avec toutes ces communautés-là. On a parlé de la création d'un
comité consultatif sur ces questions-là.
Vous savez,
de façon générale, les communautés partagent l'essentiel de nos objectifs.
D'ailleurs, elles l'ont affirmé à plusieurs reprises, mais, évidemment,
elles veulent avoir un discours de nation à nation, elles veulent avoir...
Le
Président (M. Iracà) : Merci, M. le ministre. Nous aurons
certainement l'occasion... vous pourrez continuer la réponse dans un autre bloc de la partie
gouvernementale. Nous allons procéder dès maintenant aux échanges... un
bloc d'échange avec l'opposition officielle,
avec le député de Sanguinet. Le député de Sanguinet, la parole est à vous pour
un bloc d'à peu près 20 minutes.
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Je vous salue, un nouveau président tout neuf. Alors,
rebonjour, M. le ministre. Alors, le
21 décembre dernier, vous parliez de la mise en place d'un partenariat
avec les Innus pour un projet d'éolien
de 200 mégawatts et vous parliez qu'il fallait convenir de différentes
modalités dans votre communiqué, là. Et puis, dans le cahier de crédits, vous le mentionniez, là, les
négociations sont en cours pour convenir d'une entente-cadre, puis
j'aimerais vous entendre d'abord sur ces modalités-là, ça implique quoi, ces
modalités.
M. Arcand : Écoutez, je dois
vous dire que, si je fais un petit peu d'historique, depuis quelques mois, avec
la nation innue, on a discuté de nos
intentions, évidemment, de pouvoir leur donner un coup de main. Déjà, avec le
ministre des Affaires autochtones,
entre autres, dans la région de Sept-Îles, on a un centre de formation qu'on a
lancé, etc. Et, vous savez, c'est une
population qui croît rapidement, dans laquelle, évidemment, la formation devient
extrêmement importante, et donc nous
avons décidé de travailler avec eux parce que... Évidemment, d'autres nations
ont eu des projets, le projet, entre autres,
avec les Micmacs, avec d'autres groupes, il y a des partenariats actuellement
avec la nation crie, et la communauté innue nous a dit : Écoutez,
c'est toujours un peu difficile de travailler avec le gouvernement. Alors, je
pense qu'il est important que le gouvernement pose un geste.
La
difficulté toujours avec la nation innue, c'est de s'entendre parce qu'il y a
neuf communautés différentes qui doivent réussir à s'entendre. Alors,
nous, ce qu'on leur a dit essentiellement, on leur a dit : Écoutez, nous
sommes intéressés. Puis, en plus de ça, je vous dirais qu'il y avait eu un
engagement du gouvernement précédent, qui est le gouvernement de votre formation politique, qui avait dit qu'ils allaient
faire quelque chose avec la nation innue, et nous, on était d'accord avec ça, on était d'accord pour
faire quelque chose. Alors, nous, actuellement, on a signifié, donc, au mois de décembre
notre intention de faire ce 200 mégawatts pour la nation innue. Au départ,
la nation innue avait regardé, je
dirais, certaines possibilités près de la région de Québec,
mais il y avait certains enjeux avec d'autres communautés autochtones. Donc, nous, on leur a dit : Écoutez,
si vous êtes intéressés par ça, je
pense qu'on est... Moi, je ne vais
pas commencer à donner un contrat pour avoir des problèmes avec d'autres
communautés autochtones.
Alors,
je pense que c'est bien important que les Innus
choisissent eux-mêmes aussi leurs turbiniers, c'est-à-dire ceux qui vont travailler. Moi-même, j'ai eu des
représentations, j'ai envoyé tout ce monde-là rencontrer les gens de la
communauté innue. Ce n'est pas au gouvernement à décider, il y a des gens qui
travaillent mieux avec un et avec l'autre.
Il y a des gens de la Gaspésie qui sont intéressés, il y a
des groupes qui ont déjà eu des ententes ici, au Québec, qui sont très
présents, qui sont aussi intéressés, mais moi, je laisse entièrement libre la
nation innue de faire ça.
Et
l'autre élément, pour moi, qui est très important, c'est de m'assurer également — et
ça, c'est le mandat que j'ai donné à Hydro-Québec — d'avoir
quand même un prix, en bout de ligne, qui va être
compétitif. Donc, je ne veux pas avoir
des chicanes de territoire, je veux quand
même avoir un prix qui va être
compétitif. On sait que les derniers appels d'offres... Entre autres,
dans la région de Rivière-du-Loup, on a eu quand même un prix qui était très
correct dans les circonstances. Alors, il faut aussi que ça soit vraiment près
de ce que l'on veut avoir à ce niveau-là.
Alors,
je sais que les négociations se poursuivent, il y a des discussions, mais
je ne crois pas encore que la nation innue...
Parce qu'il y a eu des élections, comme vous le savez, au
mois de mars, je pense, dans la communauté de Uashat, entre
autres. Il y a eu des élections, je pense que ça a un peu retardé le processus.
Mais on est prêts à donner ce 200 mégawatts là le plus rapidement possible
et on va travailler avec eux pour que ce soit un succès et que ça favorise
l'embauche pour la communauté.
Le Président (M.
Iracà) : ...M. le ministre.
M. Therrien : Parfait. Juste une question, peut-être,
très rapide. Est-ce qu'il y a un échéancier de prévu? Vous n'en êtes
pas là ou... Très rapidement, parce que...
M. Arcand :
Bien, vous savez, avec... Je peux vous dire que je n'ai pas voulu mettre
d'échéancier avec la communauté. La
communauté travaille à son rythme, et donc moi, je respecte le processus qui
est là. Si j'étais à la place de la
communauté, très honnêtement, j'essaierais d'aller assez vite parce que
je pense que c'est un bon contrat qui pourrait être important pour les
prochaines années et assurer une économie viable pour la communauté. Mais la
répartition entre les différentes communautés, c'est à eux de décider ce qu'ils
veulent faire.
Le Président (M.
Iracà) : M. le député.
M. Therrien :
Oui. Anticosti, j'ai posé la question hier au ministre de l'Économie, je
voudrais vous entendre là-dessus parce qu'on parle de rentabilité économique éventuellement
du projet, là, du pétrole sur Anticosti.
Dites-moi si je me
trompe, mais il me semble que vous aviez dit... En tout cas, le premier ministre
l'a dit, que ce n'était pas un projet qui
était rentable, et puis il me semble que vous aviez dit quelque chose qui ressemblait
à ça. Par contre, les études faites par le ministère des Finances — je
l'ai avec moi, là, je pourrais vous sortir, là, les citations — bien,
dans les citations, ils disent qu'évidemment c'est une projection, on n'est sûr
de rien à 100 %, mais que l'éventualité d'une
rentabilité est envisageable, et très envisageable même. Alors, quand vous
dites que ce n'est pas rentable ou quand j'entends... En tout cas, le premier
ministre l'a mentionné à plusieurs
reprises, et vous, quand vous dites que ce n'est pas rentable, qui a raison, là-dedans?
Tu sais, quand tu regardes, là, le ministère
des Finances qui est arrivé, quand même,
avec un topo assez costaud, moi, je
me demande... à savoir, là, pourquoi on parle des deux côtés de la bouche, autrement
dit, là.
Le Président (M.
Iracà) : M. le ministre.
• (15 h 40) •
M. Arcand : Bien, moi, je pense que c'est assez
facile à comprendre. Premièrement, l'étude des Finances est basée, je pense,
sur un prix du pétrole autour de 75 $, ce qui n'est pas le cas actuellement, d'une part. Je ne vous dis pas que ça ne peut pas l'être, mais
ça, c'est la première des choses.
La deuxième des
choses qui est importante de dire également, c'est que le prix du pétrole et la
question du développement d'Anticosti et sa rentabilité possible, elle est
basée sur un horizon d'à peu près 75 ans si ma mémoire est bonne. Donc,
on prend pour acquis qu'au cours des prochaines années, là, rien ne va changer,
qu'on va continuer à fonctionner de la même
façon, etc. Et c'est sûr qu'on se pose des questions parce qu'à partir du moment où, en 2050, on
dit qu'on va réduire les gaz à effet de
serre de 80 %, ça veut dire, en théorie, là, que tout le monde va rouler
probablement électrique ou autre, là, mais, en tout cas, sans pollution ou avec
le moins de pollution possible. Ça veut dire que ça représente, à notre avis,
un défi assez considérable.
Et je vous rappelle
que ça fait depuis 1990 qu'il y a eu des gens qui ont tourné autour d'Anticosti
avec des investisseurs privés, et jamais personne n'a décidé... n'a présenté,
en tout cas, au gouvernement une proposition très claire pour pouvoir investir. Quand on dit qu'il y a des enjeux, c'est
que, écoutez, on parle d'une île qui est au milieu du golfe Saint-Laurent. C'est une île dans laquelle
il n'y a aucune infrastructure. Et, vous savez, moi, pour avoir lu
certains papiers sur le pétrole, et les
origines du pétrole, et de comment ça s'est fait, un des éléments clés de la
réussite commerciale dans cette
matière, c'est le transport, l'efficacité du transport. Et on se retrouve donc
sur une île dans laquelle il n'y a pas d'infrastructure,
dans laquelle le transport représente donc un enjeu extrêmement important, et
ça, je pense que c'est majeur de ce côté-là.
Alors,
moi, j'ai demandé, de toute façon, qu'il y ait une évaluation environnementale
stratégique sur Anticosti, et, d'ailleurs,
ce rapport-là va être rendu public dans les prochaines semaines. Mais c'est
clair qu'autour de 35 $... le pétrole hier à 37 $, là, déjà
c'est assez évident, je pense que, les Finances et nous, on s'entend là-dessus
qu'à 37 $ ce n'est pas rentable.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député, il vous reste quand même 10 min 45 s.
M. Therrien :
Oui. O.K. Parfait, parfait. Écoutez, M. le ministre, avec tout le respect que
je vous dois, là, pouvez-vous... Bon, le
ministère des Finances arrive avec une projection de 75 $ le baril. Vous
me dites qu'en 2050 on va se détacher davantage du pétrole. Tu te
dis : À quoi ça sert éventuellement? Vous me dites que c'est sur une île,
c'est difficile, ainsi de suite. Bien, ça,
l'aspect difficulté d'être sur une île, puis ainsi de suite, c'est évalué, là,
par le ministère. Si vous me
dites : À 75 $ le baril, ça peut être rentable... En tout cas, eux
disent que ça peut être rentable. Ce que vous me donnez, avec tout le respect que je vous dois, ça ressemble un peu plus
à de l'opinion que d'autres choses. À partir de prémisses qui peuvent avoir de l'allure, bien, vous dites : Bien, à
partir de ça, on peut évaluer qu'il n'y a pas de rentabilité.
Vous savez, quand j'étais jeune, il fut une
époque où on parlait d'Hibernia.
Une voix : ...
M. Therrien :
Ça fait longtemps, M. le député de Dubuc, vous avez raison. Je me rappelle de
ça, je me rappelle comme si c'était
hier du projet d'Hibernia, puis ils disaient à l'époque : Il ne faut pas
faire ça, ça ne sera pas payant, il faudrait
que le baril monte au-dessus de 30 $ ou 40 $ pour que ça soit payant,
puis ainsi de suite. Puis même Mulroney, à l'époque, défendait le projet
d'Hibernia, puis les gens arrachaient leurs chemises sur la place publique,
puis ainsi de suite. Bien, finalement, ça a
été hyper payant pour Terre-Neuve, les gens de Terre-Neuve. Depuis ce temps-là,
ils ont le gros sourire dans la face.
Je ne vous
dis pas que vous avez tort, que le baril va se retrouver à 75 $
éventuellement, mais je vous dis qu'on est devant des incertitudes. Le
prix des matières premières, entre autres le prix du pétrole, c'est quelque
chose qui varie énormément, et ça peut
varier dans des courts laps de temps. La preuve, c'est que, quand il était à
150 $ ou 125 $, dans ce coin-là, bien, on se disait :
Bien, ça va toujours être de même, puis qui aurait cru que ça retomberait à
30 $? Là, cette personne-là, écoutez,
elle passe pour un héros national aujourd'hui, elle sort d'une pièce avec un
«bodysurf», là, tu sais. Bien, ce
qu'il faut se dire, c'est que 75 $, là, c'est possible, et pas dans un
grand laps de temps nécessairement, avant 2050, peut-être même avant
2020, 2022.
Alors, moi,
quand vous me dites... Puis j'aime vos propos, tu sais, quand... je trouve que
vous n'êtes pas assez prudent. C'est un commentaire de... Je vous dis ça
plein de bonhomie, vous n'êtes pas assez prudent parce que les fluctuations du prix du pétrole, historiquement,
on l'a vu récemment, ça peut bouger énormément. Ça fait que, quand le
premier ministre ou vous, peut-être, dites : Bien, ce n'est pas rentable,
calmons-nous. La rentabilité va dépendre des fluctuations du pétrole, qui, à
quelque part, sont difficilement prévisibles. C'est ça que je veux dire.
Bien là, vous
m'avez... En tout cas, vous m'offrez des explications puis vous me dites que
vous allez analyser davantage. C'est ce que vous me dites, que vous
allez faire une réflexion plus approfondie sur cette rentabilité-là. De toute
façon, vous allez faire un forage, là, cet été qui va vous aider à, justement,
préciser la rentabilité du projet. Puis c'est à ça que ça sert, l'exploration,
là, c'est d'arriver avec une marge d'erreur qui se rétrécit, c'est ça. O.K.?
Donc, encore
une fois, sur Anticosti, écoutez, le premier ministre a oeuvré d'une façon assez
originale dans ce dossier-là, et j'ai
toujours admiré le sourire que vous aviez quand même dans le visage parce que,
des fois, vous deviez avoir des
problèmes à gérer toute cette situation-là, et vous l'avez fait noblement, je
dois vous l'avouer, M. le ministre. Sauf que, quand on parle de beauté naturelle, de protéger Anticosti puis de
dire : Bien, c'est une beauté naturelle... Parce que le premier
ministre est allé là puis a trouvé ça «cute», bon, puis là, quand il dit :
Bien, on est pour l'exploitation du pétrole
en Gaspésie, c'est-u parce que la Gaspésie, c'est moins «cute»? Je ne sais pas
c'est quoi, son paramètre de «cute», tu sais, c'est-u beau? Comment
qu'il détermine la beauté? C'est-u le nombre de cerfs de Virginie? C'est-u la
couleur de l'herbe, ainsi de suite?
Puis, dans
votre document, là, L'énergie des Québécois, dans votre document, là, la
politique, à la page 60, là, vous
dites : «Une attention particulière sera apportée à la protection...» Et
là je vais le lire tranquillement parce que j'ai souligné, puis je commence à moins bien voir, là, puis je ne vois plus
grand-chose. Mais je vais essayer d'être... Vérifiez pour voir si je lis
comme il faut, là : «Une attention particulière sera apportée à la
protection des milieux naturels, notamment
les milieux insulaires.» Je voudrais vous entendre là-dessus, c'est quoi,
qu'est-ce que vous projetez comme analyse
de la beauté ou du milieu naturel comme tel. Avez-vous prévu quelque chose?
C'est-u le premier ministre qui va arriver
en «dune buggy» puis dire, avec ses lunettes, dire : Bien, regarde, moi,
je trouve ça beau, on ne fore pas icitte? Tu sais, ça peut être aussi
ridicule que ça, là.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, M. le ministre.
M.
Arcand : Bien,
écoutez, premièrement, je pense que je dois vous dire que, sur cette
question-là, ça a été écrit de la façon dont
il fallait l'écrire pour la simple et bonne raison qu'il y a... Et c'est ce que
le premier ministre a partagé, d'ailleurs,
c'est qu'il a énormément de doutes sur ce que j'appelle la fracturation en
milieu insulaire. Comme vous le savez, la
fracturation en milieu insulaire... je pense que, même dans votre formation
politique, il y a des enjeux très énormes, plusieurs ont fait des campagnes chez vous. Moi, j'ai été dans la saga
du gaz de schiste, là, à l'époque, je suis arrivé comme ministre de
l'Environnement en plein coeur de cette saga-là, et plusieurs personnes ont
énormément de problèmes par rapport à
la fracturation, puis elles disent : Écoutez, c'est dangereux. Et ce problème-là
est multiplié par deux quand il s'agit d'une île parce que, là, les gens
disent que c'est un enjeu.
Deuxièmement,
mettez-vous à ma place. Sur le plan strictement économique, je vois un article
dans Le Devoir, quelqu'un qui dit, par exemple : Bien,
écoutez, ça va prendre 16 000 puits pour être rentable selon les
chiffres du ministère des Finances. Il y
avait un ingénieur géologue qui s'appelait Marc Durand qui a dit :
Écoutez, c'est 16 000 puits. J'ai
un autre rapport qui ressort qui dit : Ce ne sera pas 16 000, ça va
être 4 000. C'est une énorme différence par rapport à ça. Donc, moi, ce que j'ai essayé de faire depuis
le début, comme j'essaie de le faire dans tous les dossiers qui sont de
nature controversée, c'est d'essayer d'être rationnel puis d'y aller selon les
faits, selon les évidences.
Et
c'est pour ça qu'on a, nous, face à la situation, au mois de mai en 2014, quand
on a pris le pouvoir, fait cette espèce
de plan d'action sur les hydrocarbures avec les études, avec les EES, avec les
consultations publiques qui se sont faites. Et c'est sûr qu'à un moment
donné le gouvernement va devoir prendre une décision sur l'avenir, mais, pour l'instant, au niveau d'Anticosti, je vous dirais
que, même au moment où on se parle, on ne sait même pas si
véritablement... À un moment donné, on a
dit : Écoutez, on va avoir du pétrole. Moi, j'ai vu un rapport à l'effet
qu'on avait maintenant 77 % de gaz naturel. Est-ce que c'est du gaz
naturel ou c'est du pétrole? Quelle est la portion pétrole? Quelle est la
portion de gaz naturel?
Alors,
nous, on a un contrat qui a été signé en bonne et due forme, on va respecter le
contrat. On a rencontré Pétrolia à ce
niveau-là, on a rencontré les autres partenaires, il y a des réunions d'un
conseil d'administration qui est formé par une société — je
pense que c'est une société en commandite — avec Corridor, avec Pétrolia,
avec Maurel & Prom, avec Ressources
Québec, ces gens-là discutent, et on va respecter le contrat. Il y a trois
fracturations, je pense, qui sont prévues,
puis des sondages, etc. Actuellement, au moment où je vous parle, c'est le
ministère de l'Environnement qui étudie la possibilité de donner un certificat d'autorisation du ministère de
l'Environnement en matière, je dirais, d'exploration.
Alors,
moi, je m'en tiens aux faits actuellement. Il y a même un comité de vigilance
sur l'île, on essaie de travailler avec
les meilleures ressources, mais c'est un dossier — je ne vous le cacherai pas — qui est loin de faire l'unanimité à
la fois dans la communauté et à la fois sur l'ensemble du Québec.
• (15 h 50) •
Le Président
(M. Pagé) : Alors, il vous reste deux minutes, M. le
député.
M. Therrien : Merci, M.
le Président. Écoutez,
j'aime votre prudence. Puis, de toute façon, nous, on partage cette prudence-là. Je veux dire, tu sais, avant de
savoir quoi que ce soit, il faut commencer par voir ce qu'il y a dans le
sous-sol. J'aime cette prudence-là. J'aurais
aimé l'avoir davantage dans les propos du premier ministre, ce qu'on ne
retrouve pas nécessairement.
Il
me reste 1 min 30 s, à peu près. Je vais y aller avec une petite
question, puis j'imagine qu'il va être capable de répondre à l'intérieur d'une minute. Sinon, on
reviendra après, là. Tu sais, quand vous parlez de beauté de milieux
naturels, ainsi de suite, il va y avoir la
loi sur les hydrocarbures, là, qu'on attend, là, est-ce que vous allez rendre
ces propos-là plus opérationnels, dire : Nous, qu'est-ce qu'on
détermine, comment on va déterminer la beauté d'un milieu naturel ou
l'importance d'un milieu naturel? Avez-vous une idée comment on va, justement,
éviter des débats qui peuvent aller dans tous les sens, là?
Le Président (M.
Iracà) : M. le ministre.
M. Arcand :
D'abord, premièrement, on va faire un projet de loi sur la mise en oeuvre de la
politique énergétique. Donc, ça va certainement aider à répondre aux
questions. Deuxièmement, il y a des rapports, des EES. Je pense qu'il y en a plus d'une soixantaine. Donc, vous allez
voir qu'il y a beaucoup de documentation sur ces questions-là. Puis une des raisons, entre autres, pour ce qui est
d'Anticosti, pourquoi on a diminué considérablement le nombre de puits
potentiels à l'époque, c'est simplement que
vous avez une grande partie du territoire qui est déjà protégée, vous avez déjà
une grande partie du territoire qui a
une réserve de biodiversité. Alors, sur l'île d'Anticosti, vous êtes quand même
près, là, d'une réserve de biodiversité qui est protégée, c'est en ce sens-là
qu'on a mis ça.
Puis je pense que, si, un jour, il y a un
projet — vous
savez, il y a un projet Old Harry qui existe également — là aussi, si jamais ce projet-là voit
le jour, ce qui, à mon avis, est loin d'être le cas actuellement parce qu'il
n'y a pas, semble-t-il, de financement pour ce genre de projet là, mais il y
avait déjà eu une entente entre le fédéral et nous sur ce territoire-là, bien
là ça va être le débat parce que est-ce qu'on fait un projet comme Old Harry
dans le milieu du golfe Saint-Laurent, puis
près des Îles-de-la-Madeleine, puis toute la question des pêcheurs... J'échange
avec le député des Îles-de-la-Madeleine constamment là-dessus en lui
disant : Écoutez, c'est sûr que ça va être un enjeu. Alors, ce sont des milieux... Quand je dis milieux naturels,
peut-être qu'on serait mieux de parler de milieux fragiles. Je pense que
c'est ça qui serait probablement l'élément...
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup. Alors, ça termine le bloc d'échange avec
l'opposition officielle. Nous allons
reprendre les échanges avec la partie gouvernementale, et je vais céder la
parole immédiatement au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Chevarie :
Merci, M. le Président. D'abord, soyez salué, M. le ministre, également votre
personnel, mes collègues de l'opposition et de la partie gouvernementale.
M.
le Président, je ne sais pas si M. le ministre avait terminé sa réponse à la
précédente question du député d'Abitibi-Est concernant les consultations avec
les communautés autochtones, je peux lui laisser l'opportunité de quelques
minutes pour compléter sa réponse.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, M. le ministre, je ne sais pas si vous
vouliez compléter votre réponse à la dernière question d'Abitibi-Est,
vous pouvez le faire si vous le jugez opportun. Sinon, je vais céder encore la
parole au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arcand : Oui. Bien, juste
pour compléter peut-être la réponse que j'ai donnée, dans les consultations que
nous avons eues jusqu'ici avec les communautés autochtones, je pense que les
communautés autochtones nous ont indiqué évidemment, je dirai, leur
satisfaction, premièrement, par rapport à notre premier projet d'éoliennes qui
a eu lieu dans le Nord-du-Québec parce qu'on a montré qu'on peut opérer une
éolienne alors qu'on est dans des températures passablement extrêmes. Donc, ça, je pense que ça a été compris par les
communautés autochtones, et les communautés autochtones réalisent
également qu'elles se doivent de limiter l'utilisation, je dirais, des hydrocarbures
dans l'avenir.
Ensuite de
ça, je vous dirais qu'il y a eu quelques événements malheureux dans le Nord-du-Québec et je peux, tout simplement, vous dire que j'ai reçu quelques
appels, entre autres du chef de la communauté inuite, qui nous a
dit : Écoutez, nous aimerions, oui, travailler ensemble
pour faire en sorte qu'on utilise le moins possible les hydrocarbures.
J'ai fait part également aux communautés
autochtones de certaines possibilités que j'ai évoquées dans le plan directeur
d'Hydro-Québec pour m'assurer que, dans ce plan directeur là, Hydro-Québec...
Comme vous le savez, les gens oublient ça,
mais Hydro-Québec a le mandat d'assurer la distribution d'énergie sur tout le
territoire du Québec, et, quand
l'énergie hydroélectrique n'est pas disponible, comme c'est le cas, par
exemple, à Kuujjuaq, bien, ils opèrent une centrale thermique, comme
c'est le cas aux Îles-de-la-Madeleine, ils opèrent des centrales thermiques. Et
donc l'idée derrière ça — et c'est le mandat qui a été donné à
Hydro-Québec — c'est de
changer ça le plus rapidement possible pour s'assurer que, si on n'est pas capable, à court terme, de rendre le
réseau hydroélectrique disponible dans ces régions isolées, il faut, à tout le moins, qu'Hydro-Québec puisse
tout faire pour mettre en oeuvre des sources d'énergie qui sont propres
et renouvelables. Alors, ça, je pense que c'est majeur.
Alors, cette consultation-là, elle est toujours
en permanence parce que, comme vous le savez, on a des tables de consultation, des discussions de nation à
nation avec ces communautés et on travaille tous ensemble pour assurer à
ces communautés-là des sources d'énergie qui sont propres. Je pense que c'est
un sentiment qui est partagé par la communauté. Et, comme vous le savez, les
communautés, parfois, particulièrement en matière énergétique, ont des
coopératives — je
pense, entre autres, à Kuujjuaq — puis veulent, évidemment, discuter de
l'opération de ça, de redevances, etc.
Alors, il y a
différents enjeux, mais on maintient le contact. Et je pense que la
collaboration entre nos groupes et les communautés autochtones — sur
cet enjeu-là, en tout cas — est
très bonne.
Le
Président (M. Iracà) : Merci. Alors, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine... Ça vous convient, M. le député d'Abitibi-Est?
M. Bourgeois : Oui, parfait.
Merci.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
• (16 heures) •
M. Chevarie :
Merci, M. le Président. Je vais avoir quelques questions, particulièrement sur,
justement, là, ce que vous avez évoqué avec le représentant de la
première opposition, le gisement Old Harry. Et on me dit que je dois qualifier le terme d'opposition officielle, O.K.,
alors je le précise. Le gisement Old Harry... Et puis j'aurai un autre
thème si le temps me le permet, de parler de l'acceptabilité sociale, qui a
fait l'objet d'une partie des consultations sur la politique énergétique du
Québec.
Et justement,
dans le cadre de cette réflexion-là, M. le Président, sur la politique
énergétique du Québec, on fait beaucoup mention des énergies
renouvelables, c'est très souvent au coeur des débats. Évidemment, c'est un
virage assez important que notre
gouvernement fait sur le plan énergétique. Et c'est une vision d'avenir, et je
pense que c'est une vision qui est
très justifiée et très pertinente. Mais également, dans une certaine mesure,
les hydrocarbures fossiles sont encore
présents, on a encore besoin de pétrole, non uniquement pour le transport, mais
également pour toute la biochimie aussi. Donc, on ne peut pas l'écarter,
tout au moins pour une certaine période de transition.
Et, en
déclinaison à cet état de fait par rapport aux hydrocarbures fossiles, il y a
plusieurs gisements de pétrole ou d'hydrocarbures.
Dans bien des cas, ce n'est pas clairement déterminé si on parle de gaz naturel
ou encore de pétrole. On peut penser au gisement Bourque en Gaspésie,
pas très loin de la ville de Gaspé. On peut penser à Haldimand... c'est-à-dire que le gisement Bourque est plutôt
vers Murdochville et Grande-Vallée, et Haldimand se situe plus à Gaspé.
Donc, on a également
mentionné — et
vous l'avez mentionné tantôt — le
gisement Old Harry. Et, considérant que le gisement Old Harry se situe à la frontière limite du Québec
maritime et également de Terre-Neuve, je
pense qu'il serait pertinent de faire un petit peu de géographie
pour bien situer de quoi on parle quand on parle du gisement Old Harry. D'abord, Old
Harry, il a été désigné comme tel, compte
tenu qu'il est à peu près
à 80 kilomètres au nord-est des
Îles-de-la-Madeleine, et c'est un peu en direction d'un petit village
aux Îles-de-la-Madeleine, dans la municipalité de Grosse-Île.
Alors, sur le
plan de la situation, de la localisation du gisement, il se trouve dans le
golfe du Saint-Laurent. Le golfe du
Saint-Laurent, il est entouré de cinq provinces : le Québec, Terre-Neuve,
le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard. Alors, on peut
quasiment le qualifier d'un grand lac, et c'est un immense territoire, un
immense plan d'eau. Parce que je ne sais pas
si vous le savez, M. le ministre, mais le golfe du Saint-Laurent, il a
300 kilomètres de diamètre. Alors, ça
prend une bonne chaloupe pour le traverser. Et puis les Îles-de-la-Madeleine
sont pratiquement au centre du golfe
du Saint-Laurent, et c'est pour ça que je mentionne souvent, surtout par
rapport aux taquineries de mes collègues par rapport aux
Îles-de-la-Madeleine, c'est une richesse énorme, les Îles-de-la-Madeleine,
c'est la capacité pour le Québec d'agrandir
son territoire maritime, uniquement vu par sa situation géographique. Et, quand
je dis que le golfe du Saint-Laurent,
c'est presque un lac, il y a deux entrées principales d'eau : le détroit
de Belle-Isle entre Terre-Neuve et le Labrador
et le détroit de Cabot entre Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse. Donc, comme je
le mentionnais, les Îles se situent au centre de tout ça.
Le gisement Old Harry, semble-t-il, comme je le
mentionnais au tout début, il pourrait contenir du mazout ou encore du gaz naturel, mais il n'y a rien qui a
été confirmé sur le plan scientifique. Il n'y a d'ailleurs jamais eu de
projet d'exploration. Donc, on ne sait pas
exactement qu'est-ce qui se cache en dessous de ce gisement-là. Ce qui est
certain, par ailleurs, c'est que le golfe du
Saint-Laurent, c'est une richesse pour les communautés maritimes de l'est du
Canada. Non seulement du Québec, mais
du Canada parce que c'est un territoire de pêche immense, c'est un attrait
touristique, c'est la mariculture et c'est des retombées économiques
assez extraordinaires. Il y a une biomasse marine présente qui est remarquable avec un énorme potentiel. On pourrait,
évidemment, exploiter si, effectivement, sur le plan économique, il y a
des avantages et si tout est fait correctement sur le plan de la sécurité et de
l'environnement.
Mais hypothèse qu'il y aurait un déversement,
une fuite quelconque, majeure, je ne pense pas qu'on est en mesure de qualifier les dommages que ça pourrait
faire actuellement avec les techniques que nous avons aujourd'hui. Je me souviens d'un premier rapport qui est sorti par
la firme, si j'ai bonne mémoire, Genivar, et on disait :
Actuellement, on n'a pas la capacité
d'intervenir en période hivernale avec une couverture glaciaire. Et
généralement, l'hiver, bien qu'à l'occasion
la glace arrive tardivement, en janvier, même fin janvier, il y a pratiquement
toujours de la glace dans le golfe, et
on n'était pas capable de mesurer la possibilité d'intervention s'il y avait un
événement quelconque, malheureux, qui se produirait dans le cas d'une
exploitation de ce gisement-là.
Donc, j'ai toujours
eu comme position que c'est peut-être possible d'explorer puis d'exploiter si, effectivement,
toutes les conditions étaient réunies. Mais
le principe de précaution doit nous guider très certainement, et j'ai dit
souvent : Il faut non seulement être prudent par rapport à une possibilité
d'intervenir dans ce gisement, il faut être, M. le ministre, extrêmement
prudent.
Et ma
question aujourd'hui est la suivante. J'aimerais vous entendre un peu plus par rapport à ce gisement, ce gisement Old Harry, et peut-être nous donner quelques informations concernant l'ensemble des évaluations environnementales stratégiques
qui ont été réalisées, et dont certaines, on devrait avoir les rapports éventuellement. Merci, M. le ministre.
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, M. le ministre, à cette
question à saveur des Îles-de-la-Madeleine, il vous reste sept minutes
pour y répondre.
M.
Arcand : D'accord. Merci
beaucoup, M. le Président. Vous savez, on comprend très bien, puis je pense
que c'est important de voir un petit peu
l'historique de ça. Comme vous le savez, c'est un territoire, comme l'a bien
expliqué le député des Îles, c'est un
territoire qui est complexe sur le plan constitutionnel, je dirais, parce que
la question est de savoir qu'est-ce
qui est la responsabilité de Terre-Neuve, qu'est-ce qui est la responsabilité
du Québec, qu'est-ce qui est la responsabilité fédérale. Et, vous savez,
comme dans bien des dossiers constitutionnels, tout le monde reste un peu sur ses positions, mais, à un moment donné, il faut
trouver des façons, entre guillemets, d'opérer, il faut trouver des
façons de fonctionner à l'intérieur de ce
territoire parce que je vous dirais que même les lignes, parfois, qui ont été
tracées peuvent être encore
contestées, etc. Le gouvernement de Terre-Neuve et le gouvernement fédéral ont
trouvé un modus operandi, une façon
de fonctionner, et le gouvernement du Québec, en 2011, a fait une entente avec le gouvernement
fédéral sur... des ententes qui
touchaient, entre autres, évidemment, si jamais il y avait une exploitation qui était faite dans le cas
d'Old Harry.
D'entrée de jeu, je peux vous dire qu'actuellement il n'y
a pas de projet réel. Il y a
des gens qui détiennent des permis,
mais ça ne va pas plus loin que ça. Il
n'y a pas de financement actuellement, à notre connaissance, qui existe dans ce domaine-là. Donc, je pense que c'est, au moment où on se parle,
hautement problématique. Moi, j'ai déposé un projet de loi
qui a été déposé au Parlement du Québec, à l'Assemblée
nationale, l'an dernier, je pense, au
mois de juin, et il y avait également
un projet de loi fédéral qui a été fait passablement en même temps et qui est mort au feuilleton lorsqu'il
y a eu les élections fédérales. Donc, pour le gouvernement fédéral, ils
doivent redéposer devant le Parlement du Canada un projet de loi pour reprendre
le cheminement législatif, et ce n'est pas actuellement, d'après ce que
je vois, quelque chose qui va
se produire nécessairement rapidement parce qu'il n'y a pas une urgence au
moment où on se parle.
Alors, c'est
là où on en est au niveau où on se parle. C'est clair que, si, demain matin, il y avait
une demande pour un tel projet, il y aurait
certainement d'énormes et d'importantes consultations, des BAPE, des analyses, des études sur toute la question.
Mais, simplement pour vous donner un ordre de grandeur, les études, actuellement,
varient très considérablement quand on parle du potentiel qui est en place. On
parle, par exemple... Parce qu'on
parle de pétrole puis de gaz, hein?
Il y a les deux dans le gisement Old Harry, mais on dit que ça peut varier
entre 70 millions et 5 milliards de barils de pétrole — c'est quand même très significatif — et on parle de 2 200 à 7 000
milliards de pieds cubes de gaz. Donc,
ça, ce sont des analyses qui avaient été faites à l'époque par Corridor
Resources, qui étaient ceux qui...
Et, bon, ce sont les promoteurs, évidemment ils indiquent jusqu'à quel
point il y a des possibilités importantes.
• (16 h 10) •
Maintenant, nous, notre préoccupation actuellement,
c'est parce qu'on est un peu en ligne avec Terre-Neuve. Et vous avez parlé de déversements et de possibilités de ce type-là, cependant, nous, la préoccupation que nous
avons, c'est qu'à un
certain moment... Je vous dirais qu'actuellement ce n'est pas le cas, mais il y
a eu une certaine période où on voyait
le gouvernement de Terre-Neuve donner son intention de bouger assez rapidement
dans ce dossier-là. Et donc on
avait un peu d'inquiétude par rapport à ça, et il est clair qu'on ne voulait pas que le gouvernement du Québec ait à
la fois tous les désavantages et
aucun des avantages. Si, demain matin, Terre-Neuve décidait de faire l'exploitation de ça
dans son territoire, qui est situé quand même très près des Îles, comment on
peut s'organiser pour que le gouvernement du Québec ait les... parce qu'un déversement, là, il n'y a pas de frontières, nécessairement,
au niveau des déversements. Alors, nous,
il faut être très prudent dans ça. Il faut s'assurer qu'on puisse réaffirmer,
je dirais, la souveraineté du Québec en cette matière. On s'est assurés, à l'intérieur de la première entente
qu'on a faite avec le gouvernement fédéral, qu'elle respectait toutes
les lois du Québec en matière du marché du carbone, des GES, de tout ce qui
touche finalement les conditions environnementales. Alors, c'est là-dessus qu'on
s'est penchés.
Maintenant,
vous pouvez certainement rassurer la population des Îles, que le projet,
actuellement, est un peu au beau
fixe, il n'avance pas, et c'est sûr qu'on ne procédera pas sans avoir tenu des
consultations importantes pour l'avenir des Îles de ce côté-là.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, merci, M. le ministre. Il reste
1 min 20 s, M. le député, si vous voulez terminer avec ce
bloc.
M.
Chevarie : Bien, ce que je vous suggérerais, M. le Président, ça
serait de reporter les minutes qu'il nous reste sur le prochain bloc.
Le
Président (M. Iracà) : Pas
de problème. Excellent, ça va. Merci, M. le député. Alors, à ce moment-ci, on
va procéder à un autre bloc d'échange avec
le deuxième groupe d'opposition, et je vais céder la parole au député de
Groulx pour une période d'environ 20 minutes.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Rebonjour, chers collègues et
M. le ministre. Alors, je vais d'abord parler de la tordeuse d'épinette. Les superficies
infestées par la tordeuse des bourgeons de l'épinette continuent
d'augmenter de manière importante selon les
données du ministère. En 2015, donc, on parlait de 6,3 millions d'hectares
comparativement à 4,3 millions d'hectares en 2014, donc une croissance de
près de 50 %. Alors, certaines régions sont particulièrement touchées. On parle notamment du Bas-Saint-Laurent,
le Saguenay—Lac-Saint-Jean,
la Côte-Nord, l'Abitibi-Témiscamingue et la Gaspésie. Alors, c'est une
menace sérieuse pour la forêt boréale et l'industrie forestière québécoise. La
dernière épidémie, en 1980, a détruit
35 millions d'hectares de forêt au Québec, l'équivalent de 10 ans de
récoltes selon les experts.
Cette
catastrophe naturelle constitue un défi majeur pour toutes les régions du
Québec et l'industrie forestière. Alors,
voilà quatre ans que la Fédération des producteurs forestiers du Québec discute
avec le ministère pour établir une stratégie
d'intervention lors de catastrophes naturelles dans les forêts privées. Ces
discussions n'ont toujours pas abouti et obligent l'industrie à faire
des choix déterminants pour son avenir dans un climat de crise.
De plus, le
budget ne prévoit qu'une maigre augmentation de 4 millions — page 117 du plan budgétaire — des
sommes dédiées au plan d'intervention contre la tordeuse des bourgeons de
l'épinette, ce qui inclut également les ajustements
salariaux prévus au 1er avril 2016. Alors, en 2015, un montant, je le
rappelle, d'un peu plus de 10 millions y était dédié, et depuis la
superficie infectée a augmenté de...
Le Président (M. Iracà) :
Excusez-moi, j'ai une question de règlement. Le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : M. le Président, on n'est pas dans l'étude des crédits
Forêts, on est dans l'étude des crédits Énergie. Donc, je ne comprends
pas...
Le Président (M. Iracà) : Alors,
vous voulez soulever une question de pertinence? C'est ce que vous dites, M. le
député d'Abitibi-Est?
M. Bourgeois : De pertinence,
exactement. On n'est pas sur le sujet, on est sur les crédits d'Énergie.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, je vais laisser quand même... M. le
député de Groulx, j'imagine que vous allez faire un lien éventuellement avec le volet qui nous incombe cet
après-midi. Je sais qu'il y a peut-être un autre volet... ou on va en
parler dans un autre bloc, alors je...
M. Surprenant : On devrait essayer
d'y arriver.
Le Président (M. Iracà) : Alors,
j'imagine que vous allez arriver avec le lien.
M. Surprenant : On le souhaite, M.
le Président.
Le Président (M. Iracà) : Alors, M.
le député de Groulx, on reprend. On vous écoute.
M.
Surprenant : Bon, parfait. Alors donc, en fait, là, une superficie qui
était 50 % plus infectée qu'en 2014-2015. Alors, ma question, en fait, était : Avec le 4 millions,
est-ce que vous pensez réellement pouvoir endiguer cette crise? Et, sur ces 4 millions, quelle somme est réellement dédiée
à des mesures contre la tordeuse d'épinette? Alors, voilà ma question.
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Bien, vous
savez, premièrement, j'ai des discussions régulières avec le ministre
responsable de la Forêt au Québec. Tout ce
que je peux vous dire par rapport à la tordeuse des bourgeons de l'épinette,
c'est que, vous savez, je suis également
ministre responsable de la Côte-Nord, et, pour moi, ça a été un des éléments
très importants qui m'a été mentionné
dans la région de Baie-Comeau, au nord de Baie-Comeau, qui était un enjeu
extrêmement majeur. Et je dois vous
dire qu'il y avait trois entreprises qui étaient un peu touchées par toute
cette question de tordeuse des bourgeons de l'épinette. Il y avait, entre autres, Résolu, il y avait Boisaco puis
il y avait Arbec, et je peux vous dire que le gouvernement a fait des
compromis de plusieurs millions de dollars pour favoriser ces entreprises-là,
ces entreprises forestières afin de
s'assurer, là, qu'il fallait mettre un terme à la crise forestière qui a sévi,
entre autres, sur la Côte-Nord.
Alors, ça, je
peux vous dire qu'au moment où, je dirais, la crise était à son maximum, il y
avait trois ministres qui se sont
impliqués par rapport à cette problématique-là : le ministre, à l'époque,
de l'Économie, il y avait le ministre des Forêts et moi comme ministre de l'Énergie et responsable de la
Côte-Nord. Nous sommes intervenus pour essayer d'utiliser tous les
programmes possibles du ministère de la Forêt. Les conditions, je dirais, de
puissance énergétique étaient très, très
compétitives pour permettre à ces entreprises de véritablement passer à travers
la crise de la tordeuse des bourgeons d'épinette.
Maintenant,
quand on fait ce genre de procédure là, il faut être extrêmement prudent,
particulièrement au niveau des
programmes. Le niveau des programmes est important parce que, comme vous le savez,
on a souvent — et ça
peut arriver avec les Américains — certains conflits au niveau des accords
commerciaux, et les Américains, l'aide que l'on peut apporter, ils ne veulent pas que ça devienne des subventions
déguisées et, donc, de nuire aux accords commerciaux. Alors, ça, je dois vous dire qu'on travaille
là-dessus pour s'assurer que tout ce que l'on fait est conforme aux accords
de commerce que nous avons avec les Américains de ce côté-là.
Maintenant, pour ce qui est des programmes, je
sais qu'à chaque fois qu'il y a eu un événement qui, je dirais, touchait, si on veut, l'industrie forestière... je
pense qu'on a toujours répondu de façon très importante. Le ministre de
la Forêt et de la Faune a toujours été
présent, et je pense que les gens de la région de Baie-Comeau doivent
reconnaître que le gouvernement, en
tout cas dans ce problème-là de la tordeuse, a été à la hauteur de la situation
et va continuer à l'être.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le ministre. Alors, M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Oui. Je remercie le
ministre pour sa réponse. Écoutez, M. le Président, on est venu ici en présumant qu'on venait pour l'énergie et les
ressources naturelles. Alors, est-ce que c'est, effectivement, limité à
l'énergie?
Le
Président (M. Iracà) : Bien, écoutez, il y a des décisions qui ont été
prises au niveau jurisprudentiel, là, dans les commissions. Il faut
interpréter dans le sens large les questions. Alors, vous avez le bénéfice du
doute en posant des questions qui sont
larges, qui peuvent avoir un certain lien avec l'énergie et les ressources
naturelles. Alors, c'est pour ça que je vous ai laissé parler et poser
votre question, là.
M.
Surprenant : Je l'apprécie puis j'apprécie, le ministre, d'y avoir
répondu. Mais, si vous permettiez, on pourrait déplacer notre temps
qu'il nous reste à la séance à notre prochain droit de parole...
Le Président (M. Iracà) : Aucun
problème.
M. Surprenant : ...et on va arriver
avec des questions, effectivement, au niveau de l'énergie, là, tout à fait.
Le Président (M. Iracà) : Plus
précises, en lien avec ça. Il n'y a aucun problème.
M. Surprenant : Je suis désolé.
Le Président (M. Iracà) : Et on va
reporter le 13 minutes qu'il vous reste au prochain bloc. Alors, ça va.
Alors, on va
recommencer un autre bloc d'échange avec la partie gouvernementale. On me fait
signe qu'on va terminer avec le
député des Îles-de-la-Madeleine et reprendre ensuite avec un autre député de la
partie gouvernementale. Alors, le député des Îles-de-la-Madeleine, la
parole est à vous.
• (16 h 20) •
M.
Chevarie : Merci, M. le Président. J'avais mentionné au dernier bloc que j'avais deux thèmes, le
gisement Old Harry et l'acceptabilité sociale, et je vais entreprendre ce
bloc-ci avec l'acceptabilité sociale.
On sait que,
très récemment, on était en consultation sur le livre vert qui présente les grandes orientations pour favoriser l'acceptabilité sociale des projets de mise en valeur de ressources
naturelles. Évidemment, on a entendu plusieurs groupes, plusieurs instances de toutes catégories :
Hydro-Québec, des professeurs de chaires d'études, des représentants
de l'industrie, des municipalités, des commissions, des instances de développement économique,
certaines villes également, le
Conseil du patronat, ainsi de suite. Et beaucoup,
beaucoup de choses ont été dites, et
surtout il y a eu plusieurs
suggestions qui auront le mérite d'être analysées et d'être évaluées.
Mais,
par ailleurs, il y a des éléments qui sont revenus régulièrement, et c'est à l'effet que, chaque projet qui est soumis, on a mis sur la table trois paramètres importants :
le volet économique, le volet environnemental et le volet
de l'acceptabilité sociale. Et, par
rapport à l'acceptabilité sociale, on a reçu, évidemment, plusieurs
versions, et plusieurs ont mentionné
des principes fondamentaux à
respecter. Certains, même, ont mentionné que c'est une notion, dans
l'analyse de certains projets, qui est
devenue incontournable, qui est devenue prépondérante, mais aussi qui n'est pas
nécessairement toujours tangible, entre
guillemets, mais très souvent perfectible. Et plusieurs ont mentionné que
l'acceptabilité sociale, ce n'est pas l'acceptation, je dirais, par une
majorité silencieuse, ce n'est pas non plus une vision binaire, c'est-à-dire un
groupe pour, un groupe contre.
Mais il y a
un professeur de l'UQAM — je me permets de la citer — Mme Corinne Gendron, qui évoque que
l'acceptabilité sociale est surtout un jugement de la population. Et, en
conclusion, ce n'est pas un concept qui est simple
et qui est facile à définir. Et, dans ce sens-là, j'aimerais ça vous entendre,
M. le ministre, sur comment vous allez vous
y prendre pour accroître, je dirais, l'objectif d'atteindre, dans les études
des différents projets qui seront déposés éventuellement, le maximum d'acceptabilité ou favoriser l'atteinte de
l'acceptabilité sociale auprès des communautés visées par certains
projets.
Le Président (M. Iracà) : Alors, M.
le ministre.
M.
Arcand : Bien, merci beaucoup.
M. le Président, je voudrais vous dire que c'est probablement un dossier
qui n'est pas facile parce que je peux vous
dire que partout où je vais, même à l'extérieur du Québec, vous avez des
enjeux qui touchent l'acceptabilité sociale
à peu près dans tous les pays du monde ou à peu près. Je vous dirais que,
probablement depuis les 10 dernières années,
avec l'avènement en plus de l'Internet, où là l'information circule un peu
partout de toutes les façons
possibles, avec, je dirais, la montée de plus en plus importante des groupes
environnementaux, avec les projets qui
existent un peu partout dans le monde, qui continuent d'augmenter, c'est sûr
que la sensibilité citoyenne est devenue très importante, et je pense
qu'on ne peut plus fonctionner de la même façon que l'on a toujours fonctionné
dans le passé.
Ce qu'il est
très important de dire, c'est qu'auparavant, il y a quelques années, il n'y avait pas d'enjeux de
cet ordre-là. Notre ministère
émettait des permis, des claims, il
n'y avait pas de façon de faire qui était nécessairement
très encadrée à ce niveau-là. Et, par la
suite, jusqu'à il y a peut-être 30 ans, il
n'y avait pas de ministère de l'Environnement, beaucoup,
qui existait au Québec. Aujourd'hui, depuis les 10 dernières années, avec l'augmentation des projets, ce n'est plus aussi simple.
Et nous, on
s'est penchés sur l'acceptabilité sociale d'abord et avant tout parce qu'on s'est rendu compte que ne n'était
pas juste les projets d'hydrocarbures qui nous causaient certains problèmes
en termes d'acceptabilité sociale.
Les projets d'éolien peuvent, entre autres,
poser des problèmes, les projets d'Hydro-Québec, parfois. Pourtant, c'est de
l'énergie verte, hein? On devrait
dire : Écoutez, cette énergie-là, c'est parfait, c'est extraordinaire,
c'est merveilleux. On s'est aperçu également que plus on s'approchait
des villes, plus les problèmes étaient importants.
Moi, je donne toujours l'exemple dans la région
d'Oka, où vous avez une mine de niobium. Il y avait un promoteur, pour la ixième fois, qui a voulu repartir une mine de niobium
dans la région d'Oka et Deux-Montagnes. Et il n'y a jamais eu des BAPE,
il y a eu toutes sortes de choses, et, finalement, ces projets-là n'ont jamais
fonctionné. Puis, par contre, vous avez une mine de niobium au nord de Dolbeau,
et, à cet endroit-là, bien, ça fonctionne depuis 25, 30 ans. Alors, comme vous
le savez, c'est pour nous un enjeu très important.
Nous,
essentiellement, ce que l'on dit, c'est que ce jugement collectif là ne veut
pas dire l'unanimité, mais c'est un
jugement collectif qui est posé par les citoyens. Et nous, ce qu'on dit à
l'intérieur du chantier sur l'acceptabilité sociale, c'est que ça nous
prend un processus. Ça nous prend un processus réel pour nous assurer que les
gens puissent être entendus. Et, si possible, ce qui semble se dégager de ça,
c'est qu'on veut que les gens soient entendus en amont. C'est-à-dire que très souvent, par le passé, quand il y avait des
projets, bien, on disait : Bien, écoutez, on veut avoir notre permis, on embauche les gens, on fait notre
financement. Il va y avoir des audiences à un moment donné sur l'environnement,
puis là on rencontrera les citoyens.
Puis c'était de même que ça fonctionnait, sauf
que les gens avaient travaillé six mois, un an, un an et demi, deux ans. Là, toutes sortes de rumeurs partaient
dans le marché, puis les gens arrivaient pour des audiences publiques,
et là ça devenait extrêmement problématique,
et l'entreprise n'avait pas vu ça venir, les citoyens entendaient parler de
ça pour la première fois. Très souvent, des
compagnies allaient voir le maire, puis, parce que le maire se disait ouvert à
ça, à ce projet-là, bien, ils disaient : Le maire est d'accord, donc tous
les citoyens doivent être d'accord, ce qui n'était pas toujours le cas, loin de là. Alors, je pense que c'était important de travailler,
avec ce chantier-là, à mettre un peu d'ordre à l'intérieur de ça.
Et nous,
donc, ce qui, pour nous, est important, c'est de regarder les pratiques de
notre ministère. Pourquoi c'est notre
ministère? Parce qu'on est en charge de la gestion du territoire, on a un rôle
particulier. Et, quand des entreprises, qu'elles soient minières ou
autres, viennent, souvent les permis sont émis par le ministère. Donc, on a, je
pense, une responsabilité particulière.
Alors, on a tenu des tables de discussion avec
l'ensemble des citoyens. On a travaillé, évidemment, sur les définitions qui
étaient là, et je pense qu'on va être en mesure, probablement d'ici la fin
juin, parce qu'on a tenu les consultations particulières il y a quelques
semaines... à travers tout ce qui nous a été dit, je pense qu'on va être en mesure de présenter un rapport qui va suggérer des
pistes d'amélioration sur nos façons de faire. Ce que les gens nous disent, c'est qu'il faut que vous soyez beaucoup
plus en amont, il faut qu'il y ait une consultation. Et ce qui semble
être un des éléments qu'on nous dit,
c'est : Avant même de parler de toutes les questions environnementales, on
peut-u savoir, d'abord et avant tout,
si ce projet-là, économiquement, est bon pour notre communauté? Parce que, si
ce n'est pas bon pour
la communauté, ça ne sert à rien de poursuivre plus loin. Alors, ça, là, je
pense que c'est une des conclusions qui semblent ressortir. Parce que, très souvent, même quand il y avait, je dirais, des audiences du BAPE qui étaient controversées,
très souvent les gens arrivaient puis ils
disaient : Écoutez, on n'est même pas sûrs que c'est bon économiquement.
Non seulement il y a quelques problèmes environnementaux, mais, en plus de ça, on ne sait même pas si
c'est bon économiquement.
• (16 h 30) •
Alors, je pense
que, clairement, il va falloir qu'on trouve des façons d'avoir
une première série d'audiences au départ,
éventuellement, pour qu'il
y ait véritablement, là, une
discussion un peu plus formelle avec les citoyens. Et, si on avance un peu plus tôt dans ce processus-là, je pense
que ça va permettre également à l'entreprise
de pouvoir s'ajuster. Parce que, si
elle commence à écouter les citoyens puis qu'il
y a des enjeux sur tel tracé, sur une
éolienne qui est trop près d'une
maison ou sur je ne sais pas trop quoi, mais enfin vous savez ce que je veux
dire, à ce moment-là, bien, ça permet aux gens de pouvoir
s'ajuster.
Puis une
chose qu'on a remarquée au fil des années — puis je suis assez bien placé pour le voir — c'est
que... Quand j'ai été ministre de l'Environnement, combien de fois j'ai rencontré des gens, des
groupes qui sont venus me voir sur toute
espèce de sujet et qui avaient toujours la même notion, ils disaient toujours : On nous place devant le fait accompli. Et donc je
pense que l'objectif,
en bout de ligne, que nous voulons réaliser, c'est de se dire : Il ne faut
pas placer les citoyens devant le fait accompli. Quand on leur présente
un projet, c'est un projet, ce n'est pas un élément sur lequel on doit nécessairement
dire : Ça va nécessairement se faire.
Autre chose
que je pourrais dire, même les plus petits projets comme... Bon, on a parlé beaucoup
des carrières puis des sablières, ça
provoque aussi certains enjeux, et donc il y a toute une question
éventuellement à travailler au niveau de l'aménagement du territoire.
Alors, ce
sont toutes des choses sur lesquelles le ministère, actuellement, se penche à travers ce qui a été discuté. On sait que, dans bien des cas, on ne pourra pas
avoir l'unanimité. On sait aussi que les municipalités, au moment où on se parle, veulent avoir un partage des
redevances. C'est des choses qu'on a vues à l'intérieur du chantier qu'on a
fait sur l'acceptabilité sociale. Il y a déjà des efforts qui ont été faits dans le pacte
fiscal, mais je pense qu'il y
a peut-être des choses encore à définir avec certaines municipalités qui veulent s'assurer que les retombées économiques d'un projet x...
Parce que ça peut être des très importantes
retombées économiques dans l'ensemble du Québec, mais peu de retombées économiques dans
leur municipalité.
Je sais que
les gens, particulièrement, sont très sensibles actuellement à ce que j'appelle le «fly-in/fly-out». Alors, je pense que c'est ça qui est le
but, actuellement, de ce chantier. Ça permet au ministère d'améliorer ses
pratiques pour faire en sorte que les projets de mise en valeur puissent favoriser l'acceptabilité sociale. Et, si ce n'est pas acceptable sur le plan social, bien, au moins, qu'on le sache
le plus rapidement possible pour que les gens ne perdent pas de temps
avec un projet qui, de toute façon, ne va mener nulle part.
Je pense
qu'un des problèmes qu'on a au Québec, c'est que les gens
disent : Souvent, les projets qui sont devant nous sont souvent interminables pour toutes espèces
de raisons. Puis je pense que, lorsqu'on a pu avoir le projet FerroAtlantica en
particulier, là, à Port-Cartier, écoutez, moi, je me rappelle d'avoir été
présent lorsqu'on a discuté avec les autorités, on était en 2011, ils ont
décidé en 2015, à la fin 2015 de ne pas faire, finalement, l'investissement.
Or, si on avait eu des procédures un peu
plus efficaces, je dirais, un peu plus rapides... On sait que ce projet-là, en
plus, avait beaucoup d'acceptabilité sociale, il n'y avait pas d'enjeu de ce
côté-là, sauf que les processus ont été très longs, et finalement on a eu une
décision qui est arrivée un peu sur le tard. Et donc, si le projet avait pu
pouvoir se faire même au début 2015, peut-être qu'on aurait aujourd'hui
l'usine qui serait en construction au moment où on se parle.
Alors, je pense
que c'est de revoir un peu l'ensemble, je dirais, de ce qu'on fait au moment où on se parle. On veut travailler
à assurer qu'au Québec on ait des pratiques efficaces à plusieurs
niveaux, et je pense que c'est une des façons, en tout cas, d'encourager ça. Parce qu'on
le voit partout dans le monde, s'il n'y a pas un processus, on risque d'aller
un peu dans la confusion et dans des
problématiques majeures, et ce n'est pas très bon pour l'image du Québec, de
toute façon.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. le ministre. Alors, M. le député des Îles-de-la-Madeleine, vous
voulez poursuivre?
M. Chevarie :
Merci. Oui, juste une minute, simplement pour apporter un commentaire, pour
mentionner que la réflexion du
ministre est extrêmement intéressante et que... Bravo pour l'initiative d'avoir
enclenché cette réflexion-là sur le
concept d'acceptabilité sociale! Alors, je vous suggère, pour le reste du bloc,
de passer la parole à M. le député d'Abitibi-Est.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, M. le député d'Abitibi-Est, il vous reste précisément quatre minutes
pour votre question.
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Bien, je veux faire du pouce un peu sur, justement, les
commentaires de mon collègue des
Îles-de-la-Madeleine. M. le ministre, pour avoir rencontré des investisseurs en
lien avec des projets... Puis, en
Abitibi-Témiscamingue, là, ce que vous avez défini, là, moi, je l'ai vécu
personnellement dans plusieurs projets, que ça soit des projets
hydroélectriques, que ça soit des projets miniers de toutes sortes d'envergure.
Et, quand on parle aux investisseurs, c'est
un irritant majeur, cette épée de Damoclès là qu'il y a sur la tête d'un projet
quand... toute la question de la prévisibilité, de l'enjeu de comment le
milieu va s'exprimer en lien avec un projet potentiel. Et là, quand je dis le
milieu, bien, dépendamment de l'envergure, pour eux, le milieu, c'est le
Québec, hein, ils disent : Comment nous, comme investisseurs étrangers, on
va être reçus là-bas? Et quelles sont les attentes ou quels sont les enjeux en
lien avec ce projet-là?
Mais, quand on le ramène aussi un peu plus au niveau local et... j'ai vu... Et je pense que ça fait
partie de votre approche dans le
cadre du livre vert, mais j'ai vu, maintenant — comment
je dirais? — l'évolution
que les promoteurs ont été obligés de
faire en lien avec la réalisation de leurs projets. Beaucoup
plus tôt dans le processus, ils interpellent les groupes d'intérêts, et
l'échange est beaucoup plus large que qu'est-ce qu'il était auparavant. Mais ce
qu'on constate aussi, il y a de la médiation
à faire entre les groupes d'un même secteur, les gens qui sont pour, les gens
qui sont contre dans les citoyens,
les groupes de citoyens qui... Et les promoteurs ont une préoccupation de ce
côté-là, ils disent : On ne veut
pas être un catalyseur d'enjeux négatifs pour le secteur, on veut être une
plus-value. Et je pense qu'effectivement d'établir des balises comme ce que vous avez enclenché comme processus
avec la commission qui vient de se tenir sur le livre vert, je pense, ça va aider à structurer, justement, cet enjeu-là.
Et surtout, surtout... vous l'avez mentionné, les gens ont beaucoup l'image du BAPE en tête. Mais, quand
on parle de petits projets, on l'a vu, là, par les gens qui sont venus déposer des mémoires, il doit y avoir autre chose
parce que, sinon, on s'embarque dans un processus qui est très lourd et
qui ne peut toucher qu'une partie qui n'est pas nécessairement celle que les
gens veulent discuter.
J'aimerais vous
entendre un peu là-dessus, là, par rapport à cet enjeu-là au niveau du livre
vert.
Le Président
(M. Iracà) : M. le ministre.
M. Arcand :
Oui. Bien, d'abord, premièrement, une chose également — puis je ne l'ai pas mentionnée tout à
l'heure, mais je pense que c'est ressorti à
plusieurs reprises — c'est
que les promoteurs veulent être accompagnés. Les promoteurs, ils veulent
que le gouvernement puisse les aider. Vous savez, je ne l'ai peut-être pas ici,
mais j'avais un graphique, à un moment
donné, d'Hydro-Québec. Même Hydro-Québec, c'est quand même une grosse
organisation qui est quand même... qu'il y a beaucoup de monde, hein,
qui travaille pour Hydro-Québec, ils sont habitués de gérer des projets, et là on m'avait montré, à un moment
donné, une feuille avec à peu près... s'il n'y avait pas 40 flèches pour
montrer toutes les sortes de permis qu'on
doit avoir pour un projet, les organismes qu'on doit contrôler, les ministères
que l'on doit voir... Et les gens
d'Hydro-Québec, qui sont quand même nombreux et bien équipés, nous
disaient : Écoutez, c'est compliqué parfois au Québec, etc.
Je
me dis donc que, si c'est compliqué pour des projets d'Hydro-Québec avec
l'équipe qu'ils ont, j'ose à
peine croire qu'est-ce que ça peut être pour
quelqu'un qui a une petite et moyenne entreprise et qui arrive avec un projet
qui est face à la machine administrative.
Alors, je pense que, dans la démarche d'acceptabilité sociale, c'est, d'abord
et avant tout, pour essayer de
travailler avec les gens pour que le promoteur, d'une part, puisse s'y
retrouver dans ce que j'appelle les dédales
administratifs. Je pense que c'est d'ailleurs un ancien ministre de l'Énergie qui est le maire de Val-d'Or, qui, à un moment donné, m'avait dit : Écoutez, il y a
tel projet, puis je pense qu'on est obligés de demander 92 permis,
quelque chose comme ça. La compagnie était vraiment...
• (16 h 40) •
Le
Président (M. Iracà) : M. le ministre, je suis désolé, on a déjà
dépassé un petit peu le bloc, donc je vais être obligé de vous interrompre. Alors, vous allez certainement avoir
l'occasion de reprendre vos propos dans un autre bloc. Alors, je vais céder immédiatement la parole à la
partie de l'opposition officielle avec le député de Sanguinet pour un
bloc d'à peu près 19 minutes.
M. Therrien :
Merci, M. le Président. Alors, vous êtes responsable de la gestion du
territoire. Alors, durant la campagne électorale, le premier ministre
mentionnait qu'il demandait aux différents partis de redéfinir les frontières nordiques à cause des marées, entre autres.
Qu'est-ce qui arrive avec ce dossier-là? Est-ce qu'il y a eu des rencontres
avec le gouvernement fédéral suite à
l'élection du 19 octobre? Est-ce qu'il y a eu des négociations qui ont été
entamées sur ce sujet? Parce que
c'est quand même un sujet important, là, entre autres à cause de la Stratégie
maritime. Alors, j'aimerais vous entendre là-dessus.
Le Président
(M. Iracà) : M. le ministre.
M. Arcand :
Écoutez, la réponse, c'est non, il n'y a pas eu de discussions avec le
gouvernement fédéral à ce sujet-là. Je crois
que les priorités actuellement dans les discussions avec le gouvernement
fédéral l'ont été, d'abord et avant tout,
sur la question, évidemment, des changements climatiques parce qu'il y avait
une grosse conférence à Paris au mois de
décembre. Et, au mois de mars, le premier ministre a eu l'occasion également de
s'asseoir avec ses homologues des provinces
et le premier ministre Trudeau pour discuter de la mise en place d'un plan sur
les changements climatiques. Et je
dirais qu'actuellement les priorités au niveau du ministère des Affaires
canadiennes c'est, évidemment, toute la question des infrastructures. On veut s'assurer que le Québec va avoir les
montants d'argent nécessaires pour les infrastructures, et je sais qu'au cours des prochaines semaines il y aura
d'autres rencontres de premiers ministres pour discuter de ces enjeux-là.
Maintenant,
je vous rappelle que c'est un dossier qui est complexe parce qu'il n'y a pas
juste le Canada impliqué dans ça,
vous avez également les nations autochtones. Alors, il y a différentes parties
prenantes, je dirais, dans ces dossiers-là, les nations autochtones, le gouvernement du Québec, et je pense que
c'est très important qu'on ait véritablement, en termes, je dirais, de plan d'attaque pour ça, vraiment,
là, un effort conjoint sur ces questions-là. Mais, compte tenu de la
situation actuelle, ça ne nous est pas
apparu, au moment où on se parle, comme étant la principale priorité au moment
où on se parle. Je pense que la
principale priorité, c'est les technologies vertes, c'est, je dirais, les
infrastructures pour les Québécois, là, d'abord et avant tout. Mais,
éventuellement, j'imagine qu'on pourra se poser la question là-dessus.
M. Therrien :
J'ai vu un paquet de papiers arriver, voulez-vous prendre quelques secondes
pour vous assurer de la réponse ou...
M. Arcand :
Non, non, non, ça va.
M. Therrien :
Parce que vous semblez être un homme très en demande.
M. Arcand : Non,
je suis très en demande. J'ai des conseillers qui m'envoient toutes sortes de
choses, c'est très intéressant.
M. Therrien :
Oui, c'est ça. J'imagine que c'est peut-être le choix du menu pour ce soir, je
ne sais pas. En tout cas, peu importe.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Therrien :
Ils ont choisi le restaurant, puis ils vous demandent qu'est-ce que vous allez
prendre. Alors, ça va. Bien, merci
pour la réponse, M. le ministre. J'avais peur d'être un peu hors d'ordre, mais
là c'est pour ça que j'ai commencé en disant que vous étiez responsable
de la gestion du territoire, pour m'assurer, là, que vous ne me feriez pas un
pied de nez, là.
M. Arcand : ...vous savez, il
y a des dossiers, M. le député, qui sont des dossiers politiques qui sont de
très haut niveau, qui dépassent
largement le ministre de l'Énergie, dans lequel ça s'en va probablement...
Puis, quand vous parlez de délimitation du territoire, je peux simplement
vous dire qu'on est dans des zones de premier ministre à premier ministre
littéralement.
M. Therrien : Je
comprends. Je comprends. Il n'y a pas de problème. Merci pour la réponse, M. le
ministre.
Écoutez, aujourd'hui, j'ai posé une question par
rapport au rapport qui serait produit sur Énergie Est. Vous savez — bon, vous étiez à la période de
questions — nous, on
a beaucoup de réticences à l'idée de voir ce rapport-là qui aurait été donné par le chef de cabinet du
ministre des Finances. En tout cas, vous étiez là. Et, le 9 novembre, vous
disiez que vous aviez l'intention de mettre
sur pied un comité d'experts indépendant afin d'évaluer les retombées
économiques projetées par le projet
TransCanada Énergie. Par rapport à ce qu'on connaît, là, actuellement, par
rapport à la position qu'on a, vous
la connaissez notre position, là... Je ne sais pas si la position de la CAQ
aussi... Je ne me rappelle pas s'ils ont posé une question là-dessus, mais, en tout cas, on peut dire que le choix des
personnes qui vont avoir à produire ce rapport-là... D'abord, est-ce que vous considérez que c'est des
experts? Puis est-ce qu'on peut dire que c'est indépendant? D'après
vous, là.
M. Arcand :
Écoutez, moi, ce que je peux vous dire par rapport à ça, là, pour répondre le
plus franchement possible à la question, ce
qui, pour nous, a été prioritaire, c'est que, dans ce dossier-là, l'entreprise
n'ait pas de contrat avec des
pétrolières ou avec d'autres entités. Je vais simplement vous faire une liste
ici pour votre information, je pense que
vous allez trouver ça intéressant. La compagnie TransCanada, elle a fait
affaire avec le Conference Board du Canada, qui a effectué l'analyse des
retombées économiques; une compagnie qui s'appelle Golder Associates, qui a
fait des évaluations environnementales;
Stantec, qui a fait également des évaluations de risques; vous avez eu
également Deloitte qui a travaillé
sur des analyses de retombées économiques pour TransCanada, ça les exclut; vous
avez un groupe-conseil qui s'appelle UDA qui a fait des analyses; vous
avez eu d'autres groupes qui ont été présents. Et là la liste peut continuer
encore longtemps, TransCanada a fait appel à peu près à tout le monde qui existe
dans ce domaine-là.
Nous... En
fait, nous, je parle du ministère des Finances, là, parce que c'est le
ministère des Finances qui a piloté le
dossier. Le ministère des Finances avait jugé à ce moment-là, je dirais, que
c'était véritablement, là, important d'avoir quelqu'un qui n'ait pas de
contacts, qui ne soit pas lié de près ou de loin avec tout le milieu des
hydrocarbures, et particulièrement,
évidemment, TransCanada. Alors, nous, on a fait l'engagement de procéder à une
étude sur les retombées économiques
du projet de TransCanada, puis, écoutez, on peut discuter quelle est la
meilleure... Vous savez, vous êtes économiste,
vous connaissez très bien la donne, et, particulièrement dans le cas du projet
TransCanada, vous savez très bien que
TransCanada a donné des contrats à des gens très sérieux qui nous ont dit qu'il
y avait des retombées économiques de 3 milliards de dollars. Puis
vous avez les groupes écologistes qui ont embauché d'autres économistes qui ont
dit qu'il y avait 30 emplois. Alors,
nous, essentiellement, ce qu'on essaie de trouver dans ça, c'est la meilleure
vérité possible entre 30 emplois
puis 3 milliards de dollars de retombées. Il doit y avoir quelque chose à
quelque part qui est un équilibre. Alors, c'est ça.
L'autre chose
que je pourrai vous dire, c'est que le ministère des Finances est parfaitement
légal dans sa façon de faire, il octroie souvent des contrats de gré à
gré. Maintenant, écoutez, j'imagine qu'ils vont analyser certains de vos
commentaires, mais je ne peux pas répondre à leur place.
M. Therrien :
Non, je comprends. Bien, je pourrais vous dire, étant donné que je suis
économiste : On fait souvent des
projections futures de façon à utiliser le principe d'anticipation adaptative,
minimum, ou anticipation rationnelle, ce qui est un peu plus complexe. Anticipation adaptative, c'est de regarder
les phénomènes passés et les informations passées pour se faire une trame dans les informations
futures ou ce qui va arriver dans le futur. Donc, si j'arrive avec des anticipations adaptatives puis je regarde les gens
que vous avez choisis pour évaluer le projet puis les retombées puis que
je vois que ces gens-là ont évalué les
retombées du Plan Nord à 148 milliards, je suis un peu inquiet. Pour vrai.
Je ne suis pas sûr qu'au Québec il n'y a pas des gens qui sont à la fois
indépendants de TransCanada puis à la fois, peut-être... Puis je vous dis ça, là, sous toutes réserves
parce que je ne les connais pas, là, tu sais, mais, à partir de cette
information-là, j'ai un peu peur. Puis, en
plus, qu'il y ait des accointances avec le chef de cabinet du ministère des
Finances, je ne sais pas... En tout
cas, ça ne protège pas votre gouvernement d'un parti pris quelconque, surtout
quand le premier ministre a donné son aval
à la Stratégie canadienne de l'énergie. En tout cas... Mais je ne veux pas... Je vous aime beaucoup, M. le ministre, pour vrai, oui...
• (16 h 50) •
Des voix : Ha, ha, ha!
Le Président (M. Iracà) : Une
déclaration d'amour, M. le député?
M. Therrien :
Oui, oui.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, on vous écoute, on vous écoute.
M. Therrien : Non, mais il y a de ces ministres
qui me sont sympathiques. Et, vous le savez, je vous trouve très sympathique. On a déjà travaillé dans les mêmes commissions.
À un moment donné, j'étais de l'autre bord, puis, bon, on a eu bien du plaisir ensemble. Puis vous êtes un
homme brillant puis un homme intègre, ça, je n'en doute pas. Mais je
n'irai pas plus loin parce que vous avez répondu...
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Therrien : Non, mais vous avez répondu au plus... tu sais,
vous avez répondu correctement à partir du titre que vous avez et des responsabilités que vous avez à l'intérieur de votre gouvernement, puis je ne veux pas vous mettre dans l'embarras, je n'irai pas
plus loin, tout simplement. Mais, si vous voulez en rajouter...
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M. Arcand : M. le
député, je ne veux pas vous mettre
dans l'embarras, mais je vous dirais cependant la chose suivante,
c'est qu'on m'informe que, dans cette compagnie-là, M. Jean-Pierre
Lessard, qui est associé chez Aviseo, est un ancien économiste du Bloc. Alors, on m'a dit ça. Alors, écoutez,
est-ce que ça peut aider à les rendre plus
sympathiques? Vous le savez, très souvent,
dans ce domaine-là, c'est toujours extrêmement difficile, hein? Il faut trouver des gens qui n'ont pas trop de liens avec les partis politiques, il
faut qu'ils n'aient pas trop de liens avec les entreprises, etc., puis il faut
quand même se rendre compte que le Québec,
c'est un petit milieu, ce n'est pas un énorme milieu, donc il faut... Mais,
écoutez, je laisse le ministère des Finances travailler sur ce dossier.
M. Therrien :
Mais je vais vous dire quelque chose, je les connais, mes dossiers. Je le
savais, ça, vous ne m'apprenez rien, rien du
tout. Mais je peux juste vous dire que la situation dans laquelle est octroyé
le contrat, peu importe à qui on va
l'octroyer... Je ne veux pas dire que c'est la couleur politique, c'est la façon
de faire. Puis, justement, le fait que cet individu-là ait travaillé
avec le chef de cabinet du ministère des Finances, c'est ça, le problème. C'est
l'accointance entre les deux, c'est ça, le problème.
Tu sais, vous
allez me dire : Bien, le Bloc québécois, ainsi de suite, ou le Parti
québécois, le Parti libéral... Moi, là, quand il y a des nominations qui se font, puis ces nominations-là
mettent sur le tapis des gens d'une grande compétence, peu importe la couleur, moi, je n'ai pas de
problème avec ça. Quand la ministre a nommé, bien, Bertrand St-Arnaud
comme juge, je pense que tout le monde a
applaudi ça. C'est un homme d'une grande, très, très grande compétence, puis il
y a des rouges qui sont d'une grande compétence aussi.
Moi, ce n'est
pas là-dessus que j'en ai, c'est la façon de faire, qu'on n'ait pas d'appel
d'offres, qu'on n'ait pas été d'une
façon plus indépendante, transparente du gouvernement, c'est tout. C'est tout,
c'est là que j'en ai. Puis, à partir de ce qu'on a déjà vu de ces gens-là,
à partir de l'analyse qu'ils ont faite sur le Plan Nord, moi, je me pose des
questions, des sérieuses questions. Ça prouve à quel point je ne suis pas
partisan quand je vous dis ça. Si je l'étais, j'aurais été abîmé par ce que
vous m'avez dit, mais regardez comment je suis resplendissant. Mais je pense
que...
Des voix : ...
M. Therrien :
Oui, je le vois par votre sourire que vous me trouvez resplendissant.
M. Arcand : Non,
mais, M. le député, sur le dossier de TransCanada, particulièrement sur les
considérations économiques, je pense qu'il
va y avoir de très importantes discussions parce que la question, en bout de
ligne, c'est toujours de se
dire : Écoutez, quels sont les bénéfices économiques qui sont valables
dans ce cas-là? Est-ce qu'on parle de 100 millions par année,
200 millions par année, 300 millions par année de retombées
économiques? Qu'est-ce qui ferait que ces
retombées-là sont considérées valables? Je crois que, dans ce dossier-là, il y
aura beaucoup... on va, nous, tenter d'établir la position
gouvernementale sur des faits, mais c'est clair que, sur certains aspects de ce
dossier-là, il y a toujours un peu de subjectivité qui entre en ligne de compte
parce que, quand on analyse tout particulièrement les questions de retombées
économiques, il faut faire en sorte que... je vous dirais, il y a un élément de
subjectivité qui entre en ligne de compte. Et le projet, en plus, a évolué. On
sait que Suncor, Valero semblent un peu plus impliqués à l'intérieur du projet, donc il y a peut-être des
retombées qu'on ne connaît pas sur le Québec. Alors, il y a toute la
question environnementale également. Donc, écoutez, c'est une position
gouvernementale qui sera prise à l'automne prochain à la lumière de toutes les
analyses et de toutes les études que nous aurons faites sur ces questions-là.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M. Therrien : En
tout cas, je comprends tout ce que vous me dites, là. Vous sous-estimez la
capacité des économistes à faire des
prévisions, qui sont généralement assez justes. Dans votre propos, j'ai
l'impression que vous avez tendance à
sous-estimer ça un peu, dépendamment à quels économistes vous vous référez et
si ces économistes-là sont objectifs.
Ceci étant dit, on en discutera plus tard. Bien, de toute façon nous avons,
nous, illustré notre position clairement à la période de questions. Puis là je vous la donne de nouveau, mais il reste qu'on va surveiller de près. Tu sais, cet
éventuel rapport là, à cause de ça, va
partir avec deux prises contre elle... bien, contre lui parce que
c'est un rapport. Ça fait que c'est ça que je trouve dommage.
À la page 19... Combien il me reste de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Iracà) : Il
reste cinq minutes, M. le député.
M. Therrien : Bon, on va faire... Non, non, on va y aller avec
un calcul que j'ai fait, qu'on a regardé ensemble, là, à la page 19. O.K.? Bon, à la page 19,
là, le premier... «Les ménages québécois consacrent environ 8 % de leur revenu disponible à [l'épargne].» Je veux juste que vous
m'aidiez à comprendre. O.K.? «En 2014, un ménage moyen constitué de 2,3 personnes a dépensé 4 000 $ en
énergie pour se chauffer, s'éclairer et se déplacer.» Alors, si on regarde le
pétrole, c'est 6,7 %. Alors, si vous
faites 6,7 % de 4 000 $... Bien là, si on regarde par
personne... O.K. On va le mettre par personne, ça veut dire que c'est 1 739 $ par
personne, 2,3 personnes. Le point 3, là, il a une drôle d'allure, mais
bon, c'est 1 739 $ par personne,
et, là-dessus, il utilise le pétrole pour 6,7 % de son portefeuille. Ça veut dire que ça donne 2,25 $ par semaine de pétrole pour se
promener en voiture.
Une voix : ...
M. Therrien :
Bien oui. Bien là, regardez, 1 739 $, vous faites 6,7 % de ça
puis, après, vous divisez par 52. Ça fait que ça fait 2,25 $ par
semaine. Ça ne fait pas ça? Bien là, aidez-moi parce que je ne comprends pas le
tableau à ce moment-là.
M. Arcand :
D'accord. Alors...
M. Therrien : Bien, aidez-moi, là, je veux savoir. Parce que,
tu sais, je trouve ça... Moi, honnêtement, là, dans cette politique-là, là, dans le document,
je trouve qu'il y a des éléments intéressants. Ils font un bilan, là... en tout
cas, ils montrent plusieurs informations intéressantes. Puis là je me suis
amusé à calculer ça, puis j'ai un problème lié au fait qu'une personne au Québec, en moyenne, dépense 2,25 $ par semaine en essence. Bien, dites-moi,
elle est où, l'erreur, dans mon évaluation.
M. Arcand : Bien,
écoutez, je pense que le tableau a été préparé par les gens du ministère. Je
pense que je vais leur demander de pouvoir trouver une réponse par rapport à ça
pour bien vous expliquer le tableau.
M. Therrien :
O.K. Bien, M. le ministre, je veux juste vous dire, c'est une question de
précision, là, je ne veux pas vous mettre dans l'embarras.
M. Arcand : Non,
non, non, je comprends. Je comprends.
M. Therrien :
J'essaie juste de comprendre parce que je trouve ça bien intéressant. Il y a
bien des éléments intéressants là-dedans. Puis, quand je suis arrivé puis j'ai
fait mes calculs chez moi, là, je me suis juste trouvé à avoir peut-être une
erreur dans mon évaluation.
M. Arcand : Bon,
alors, la page 19.
M. Therrien :
C'est ça.
M. Arcand : Avec
votre permission, je vais demander à la sous-ministre, Mme Asselin, de
pouvoir peut-être répondre. Avec le consentement.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, avant de procéder, ça me prend le
consentement de tous les partis. Est-ce que ça va? Vous allez devoir
vous nommer et nommer votre titre, Mme la sous-ministre.
Mme Asselin
(Luce) : Luce Asselin,
sous-ministre associée à l'Énergie. Alors, merci, M. le Président. Je
vais avoir une explication très, très
«basic». Ce que vous avez à la gauche de la page 19, c'est la consommation
par formes et la
consommation globale du Québec. Ce qu'on a voulu faire à droite, c'est
simplement donner des exemples. Alors, il ne faudrait pas faire une
association entre les deux.
M. Therrien : Il
n'y a pas de lien entre les deux?
Mme Asselin
(Luce) : À tort ou à raison,
peut-être qu'on aurait dû l'expliquer davantage, mais c'est vraiment ce que ça représente. Alors, l'exemple que vous avez
à droite, c'est un exemple avec des calculs qui ont été faits et
modélisés, mais ici on a simplement réparti les consommations par formes
d'énergie en donnant des exemples.
M. Therrien : À
gauche, ça veut dire, c'est le profil de consommation du Québécois moyen?
C'est-u ça ou... Quand vous dites 72 % d'électricité, est-ce que c'est
pour se chauffer seulement?
Mme Asselin (Luce) : Bien, on
le dit ici, se chauffer, s'éclairer et se déplacer. Alors, sa facture annuelle,
en fonction de cette consommation-là, a été reproduite par un coût de...
M. Therrien :
O.K. Je vais diriger autrement ma question. Aidez-moi, là. Si on prend aussi le
budget pour se déplacer, est-ce que vous trouvez que 6,7 %, ce n'est
vraiment pas beaucoup?
Le Président (M. Iracà) : Il
reste une minute, Mme Asselin, M. le député.
M. Therrien :
Peut-être prendre un petit peu sur mon temps, juste la laisser répondre
correctement, là.
Le Président (M. Iracà) :
Parfait.
• (17 heures) •
Mme Asselin
(Luce) : C'est parce qu'il
ne faut pas prendre la consommation globale ici, qui a été répartie pour
l'ensemble du Québec. Et là on a pris un cas
type de ménage dans lequel on a
modélisé un potentiel de consommation, et on arrive à une facture
d'énergie globale pour se chauffer, se déplacer, s'éclairer. Mais je peux vous
revenir avec...
M.
Therrien : Non,
bien... Non, je...
Mme Asselin (Luce) : Mais je l'ai,
vous savez, c'est parce que je ne l'ai pas sous les yeux. Mais on a fait vraiment
un modèle de calcul que je pourrais...
M.
Therrien : Oui. O.K. Regardez, c'est parce que je ne comprenais
pas, et puis, honnêtement, je ne comprends pas encore, puis... J'ai-tu
besoin de plus d'information? Vous pouvez peut-être me revenir plus tard. M. le
ministre, voulez-vous, tu sais, donner le document à la commission, juste cette
page-là, et nous éclairer parce que...
M.
Arcand : Moi, ce
que je...
M.
Therrien : Est-ce
que j'ai fait une erreur
d'interprétation à partir de ce que... Ce n'était pas faux, ce que je
faisais là comme calcul, là. À partir de l'information que j'avais, ça nous
donnait 2,25 $ par semaine.
M.
Arcand : Oui, mais c'est parce
qu'un ne va pas avec l'autre. Puis je pense que ce qu'il faut peut-être
essayer de bien comprendre dans ça, c'est
que, quand on parle de consommation d'énergie par formes, on a une tendance, un
peu, à sous-estimer les grands consommateurs
d'énergie que sont les entreprises. Les entreprises consomment,
évidemment, beaucoup plus que le
résidentiel. Alors, dans le tableau que vous avez, à gauche, là, vous avez la
consommation d'énergie sur l'ensemble
du Québec, et donc une grande partie des gens se chauffent à
l'hydroélectricité. À partir du moment où vous ajoutez les alumineries, vous ajoutez tous les grands... vous avez
quand même une consommation très importante, je dirais, d'électricité.
Et moi, je
vous inviterais également à regarder, en fait, la consommation par secteurs
d'activité. Vous avez — ça, c'est sur l'autre page — 29 % dans le
domaine du transport, 19 % dans le résidentiel. Mais regardez
l'industriel, le commercial et le public,
c'est 37 % juste l'industriel, là, et donc c'est quand même majeur. Mais
on va tenter de concilier les chiffres puis vous donner ça correctement.
M.
Therrien : Bien,
c'est parce qu'avec tout le respect que j'ai pour vous, là, c'est qu'en haut
c'est écrit «résidentiel», c'est-u la même... Ça a l'air à être la même... En
tout cas, regardez bien, là, pouvez-vous juste...
M.
Arcand : Bien, on
va trouver les solutions.
M.
Therrien : Oui, oui. Bien, je ne vous dirai pas :
Démêlez ça parce que ce n'est pas gentil, mais dire :
Essayez de me déposer quelque chose que je puisse comprendre, là. Parce que je
trouve ça intéressant comme information. Je vous dirais, dans votre politique,
là, il y a plusieurs absences de moyens, mais il y a des choses intéressantes, M.
le ministre, les cibles sont intéressantes, puis il y a des informations intéressantes. Le problème, c'est les moyens. Merci, monsieur...
Le Président (M.
Iracà) : Alors, s'il y a des nouveaux...
M.
Arcand : On va en
discuter, des moyens.
Le Président (M. Iracà) : S'il y a
des documents à transmettre, ne vous gênez pas à les transmettre au
secrétariat, on va les faire suivre aux différents partis et aux intervenants.
Alors, merci. Alors, nous allons procéder au
bloc avec la partie gouvernementale, avec le député de Dubuc, avec une période d'à
peu près 20 minutes.
M.
Simard : Merci, M. le Président. M. le Président, je vais parler ici — pour les gens que ça va intéresser, bien sûr — d'un
sujet, un dossier, je vous dirai, chaud, un dossier sexy, un dossier, bien sûr,
que, si on ne l'avait pas, il faudrait l'inventer, M. le Président, parce
qu'en réalité il rend de grands services à la population. Et puis, si on ne
l'avait pas, encore une fois, on serait très mal au Québec au niveau du
patrimoine de chacun. On va parler du Registre foncier, M. le Président.
Donc, vous
savez, M. le Président, le Registre foncier du Québec, c'est un département du
ministère des Ressources naturelles
qui ne fait pas beaucoup de bruit, mais qui est extrêmement, je vous dirai,
efficace et qui rend de grands services aux familles, aux entreprises et aux individus, c'est-à-dire l'ensemble
des Québécois, pour accumuler un patrimoine et, bien sûr, protéger ce
patrimoine.
Le Registre foncier du Québec, M. le Président,
célèbre cette année son 175e anniversaire. Donc, si vous me permettez, je
vais féliciter, bien sûr, l'ensemble des fonctionnaires qui y travaillent,
l'ensemble, bien sûr, de ceux qui y ont
travaillé pendant ces 175 ans, et je suis convaincu qu'il y en a qui ne
nous écoutent pas aujourd'hui, M. le Président. Donc, à partir de là, vous allez comprendre qu'on a véritablement un
département qui est extrêmement important pour l'ensemble des Québécois,
d'autant plus que son importance, après 175 ans, ça veut dire qu'on l'a
apprécié et qu'on continue à l'apprécier.
Et je vous
dirai que le Registre foncier du Québec, bien sûr, contribue à protéger les
droits fonciers des citoyens et des
entreprises. Il s'agit d'un registre légal public, et le Registre foncier a
pour but d'inscrire et de rendre publics les droits affectant les immeubles situés au Québec et
permet, entre autres, de rendre les droits opposables à un tiers et
d'établir un rang entre les différents
droits. Et, pour ceux qui nous écoutent, M. le Président, c'est grâce à lui
qu'on peut s'accumuler des biens,
s'accumuler un patrimoine tout en donnant, justement, ce bien en garantie à nos
institutions financières. Ça nous permet, tout au long de notre vie,
d'accumuler un patrimoine pour le bien de nos enfants et, bien sûr, de leurs enfants
à eux. Je vais dire, M. le Président, qu'il
s'agit de l'un des meilleurs registres fonciers au monde. Pourquoi? Parce
qu'il est bien structuré, il est bien établi et que ça permet, depuis les
175 années qui ont passé, de l'améliorer et encore améliorer son
efficacité.
M. le
Président, depuis 2001, le Registre foncier est informatisé. Depuis cette date,
il y a eu beaucoup de mouvements dans
ce dossier. Il y a eu, bien sûr, la rénovation cadastrale. Et je me souviens,
moi, très, très bien qu'il y a eu des
consultations — on s'est
promené partout sur le territoire — avec les municipalités, avec les notaires,
les arpenteurs-géomètres, il y a eu
beaucoup, beaucoup de rencontres à ce niveau-là à l'ensemble du Québec. Et je
me souviens, moi, dans le temps que
j'étais dans ce ministère, combien on a eu, justement, des rencontres à ce
niveau-là parce qu'il y avait des ajustements
à faire. Et, véritablement, ça s'est fait avec la collaboration, bien sûr, des
professionnels, mais ça s'est fait aussi avec la collaboration des municipalités et des gens, dans les
différentes rencontres, qui ont apporté des faits qui étaient soumis au
ministère et qui, nécessairement, apportaient, je vous dirai, des problèmes
qu'on devait nécessairement régler parce que...
si on ne voulait pas avoir de problèmes, et voilà que le Registre foncier s'est
amélioré pour ces raisons-là.
Tous les
registres et documents nécessaires à la publicité des droits sont conservés au
Centre de numérisation et de
conservation du registre foncier et peuvent être consultés par la clientèle en
temps réel à partir du site Internet, chose qui n'existait pas avant. On appelle ça le Registre foncier du Québec en
ligne. Cela inclut maintenant tous les index des noms, dont la
numérisation a été réalisée et complétée en 2015.
Par ailleurs,
le Québec est divisé en 73 circonscriptions foncières. On le sait, là,
parce que chacun dans nos régions on
est, je vous dirai, très jaloux de ce qui se passe sur notre territoire, on
veut obligatoirement conserver nos institutions, et nécessairement ça va avoir des effets, il faut bien le comprendre.
Donc, comme je disais, 73 circonscriptions foncières. Il faut se rappeler qu'il y a quelques années chaque
notaire, chaque arpenteur et autre professionnel utilisateur qui
s'occupe des dossiers des contribuables et
entreprises allait vaquer au bureau de publicité des droits. La raison, c'est
qu'on allait enregistrer au niveau des papiers, on allait enregistrer
nécessairement votre hypothèque, enregistrer ce que vous avez fait au niveau du
foncier, augmenter votre terrain, etc., par les arpenteurs-géomètres, et, bien
sûr, il fallait que ce soit légal, on allait le faire par papier.
Maintenant,
depuis la numérisation de ces bureaux, M. le Président, il y a eu beaucoup, beaucoup
de changements, et, bien sûr, ces changements-là, actuellement, les
activités du bureau de publicité des droits se résument à recevoir, numériser
et transmettre aux huit centres d'admissibilité et d'inscription du ministère
les réquisitions d'inscription présentées
sur support papier pour le traitement. Donc, ces bureaux-là reçoivent strictement les gens qui, nécessairement, pour toutes
sortes de raisons, sont à travailler
encore avec du papier plutôt qu'un ordinateur, et ça a des effets, ça, M. le Président.
• (17 h 10) •
Depuis l'informatisation, en 2001, du Registre
foncier, les nouvelles obligations d'utiliser le système en ligne de réquisition d'inscription entré en vigueur
en septembre 2014 et la mise en
vigueur des mesures administratives à l'automne 2015, les professionnels font directement de leurs bureaux de
travail les enregistrements de leurs documents sans passer par le bureau de publicité des droits,
et tout ça, ça a des effets, M. le Président. Je le répète souvent parce
qu'effectivement je disais tout à l'heure
qu'on veut protéger... dans chaque région, dans chaque endroit où il y a un
bureau de publicité des droits, on veut le
protéger. Mais véritablement ça change, ça évolue, M. le Président. Donc, les
bureaux de publicité des droits connaissent
une baisse marquée de leur achalandage, il faut le dire, et c'est indéniable.
Par exemple, en 2005-2006, seulement
24,38 % des documents étaient transmis au Registre foncier par voie
électronique, alors que, depuis 2015-2016, ce taux a grimpé à près de
80 %, M. le Président. Donc, il manque seulement 20 % pour atteindre
le 100 %. Donc, vous allez comprendre, d'avoir une multitude de bureaux
comme celui que l'on a, il peut y avoir des changements
prochainement. Il faut se rentrer ça dans la tête et il faut véritablement ne
pas en vouloir à qui que ce soit parce qu'en
réalité, avec les outils d'aujourd'hui, ça va donner un meilleur service à
l'ensemble de la population, plus rapide, plus efficient, et donner un
service immédiat, c'est ça qui est important.
Donc, dans le
plan économique du Québec rendu public le 17 mars 2016, le gouvernement a
annoncé des mesures pour l'optimisation du Registre foncier. J'ai une
question pour le ministre, M. le Président : Pouvez-vous nous expliquer, M. le ministre, quelles sont les
mesures d'optimisation et en quoi elles vont permettre d'assurer la
pérennité du Registre foncier, bien sûr, pour demeurer un des meilleurs au
monde et d'en maintenir l'intégrité tout en diminuant les coûts d'opération et
en optimisant les services aux citoyens? Parce que vous l'avez dit d'entrée de
jeu, ce qui est important, c'est le service à nos concitoyens.
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Bien,
merci. Je remercie le député de Dubuc de pouvoir aborder cette question-là
parce que je pense qu'on s'aperçoit — puis il l'a dit lui-même — que le Registre foncier, maintenant, il y a
une évolution très importante qui
s'est faite au cours des dernières années dans ce domaine. Essentiellement, il
y a deux mesures : le redéploiement des 73 bureaux de
publicité des droits en une seule adresse et une meilleure utilisation
également du réseau du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale pour la consultation du Registre foncier sur ces questions-là.
Je pense qu'à
partir du moment où on est passé, comme il l'a dit lui-même, de 24 % à
80 %, là, le travail qui est fait au niveau de l'informatique, on
s'aperçoit que, d'ici, je dirais, quasiment quelques mois, quelques années, on
sera probablement à 100 %. Donc, tout
va se faire en ligne, tout va fonctionner de cette façon-là, et, donc, on pense
qu'il faut réviser la façon dont on le fait.
Quand on
parle d'optimisation, c'est, évidemment, de trouver des façons de consolider
les bénéfices par rapport aux
investissements qu'on a faits au cours des dernières années, investissements en
matière informatique, là, qui ont été particulièrement
importants, parce que les investissements que nous avons faits en informatique
n'ont du sens que si, un, on est plus efficace puis, deux, si on réussit
aussi à réduire les coûts. Parce que, quand on fait des investissements de cet
ordre-là, on pense que ça va réduire les coûts. Donc, si on travaille à la
saine gestion des finances publiques, je pense qu'il faut bien comprendre que
ce projet-là peut générer — à
notre avis, en tout cas — des
économies importantes et récurrentes,
peut-être 5 millions par année encore pour le ministère de l'Énergie et
des Ressources naturelles, ce qui est quand même assez significatif
comme impact. Alors, ce redéploiement en une adresse va permettre de simplifier
la démarche des professionnels du
droit — on a
parlé des notaires, des avocats — des arpenteurs également, et
d'uniformiser et d'optimiser les services offerts à la clientèle du Registre foncier.
Maintenant,
comme vous le savez, il y a des préoccupations, entre
autres, que nous partageons actuellement avec le ministère de la
Justice et avec le Barreau du Québec. C'est-à-dire que l'utilisation du réseau
vise à bénéficier de la présence en région d'un réseau déjà bien établi
également, donc on va travailler avec le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale. Et, en travaillant avec
eux, je pense qu'on va pouvoir maintenir une présence gouvernementale
très importante en région parce que le
réseau a quand même 250 points de service partout au Québec. Donc, je
pense que c'est une façon pour le
gouvernement, à la fois, d'être plus efficace puis, à la fois, de pouvoir
réussir à travailler entre ministères et pouvoir réussir à régler, donc,
cette question-là d'une façon qui est, je pense, positive à la fois pour les
clientèles, mais à la fois pour les citoyens et les professionnels. Les gens
vont pouvoir consulter en ligne les index des noms, les seuls documents papier
qui étaient encore conservés dans le bureau de publicité des droits.
Donc, ça va
compléter l'informatisation du Registre foncier, et il n'y aura pas d'impact...
Évidemment, tout ça n'a pas d'impact
sur la clientèle, encore une fois, parce que tout ça est fait de plus en plus
presque de façon complète en virage électronique
avec une... de façon électronique, donc, et les quelques clients qui
transmettent encore leurs documents en format
papier le font en général même par la poste. C'est soit par la poste ou par
messager. Et parfois on se retrouvait dans
certaines régions avec des gens qui venaient porter un document une fois par
mois, alors je pense qu'il fallait faire quelque chose pour améliorer la
situation. Et donc il y a juste une adresse de transmission, et ça, ça va
devoir aider. Et je peux vous dire également qu'on continue une série de
travaux qui permet également d'automatiser certaines des tâches. Donc, on se
met également, je dirais, à l'avant-garde de ce côté-là.
Maintenant, il y a une chose que je dois
souligner également, c'est que tout ça, c'est fait, évidemment, en collaboration avec les ordres professionnels parce
que je pense que c'est important de consulter, même dans ce domaine-là
il faut consulter. Et les ordres professionnels — la grande majorité des
clients qui sont dans le Registre foncier, bien, c'est la Chambre des notaires du Québec, le Barreau du Québec, l'Ordre
des arpenteurs-géomètres du Québec — ont déjà été consultés sur certains des moyens que nous voulions faire dans le
cadre de la révision permanente des programmes. Et ils ont été consultés
de nouveau au printemps 2016, et ils sont tous favorables au projet de
redéploiement des bureaux de la publicité des droits.
Alors,
essentiellement, je pense que ce sont des éléments qui sont très bénéfiques
pour l'ensemble de la clientèle en bout
de ligne. Et, comme vous le savez, il y a peut-être d'autres possibilités, à
l'avenir, de modifier le Registre foncier. Le ministère des Finances et nous travaillons dans le
but d'optimiser encore davantage ce qui est fait de ce côté-là. Mais,
déjà avec des économies de 5 millions prévisibles à court terme, c'est
déjà un pas, je pense, dans la bonne direction.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député, pour un temps de quatre minutes.
• (17 h 20) •
M.
Simard : Merci, M. le Président. Je voudrais, M. le Président, si vous
me permettez, parler d'un autre sujet qui, quand même, touche passablement de gens, d'autant qu'il touche leurs municipalités.
Je voudrais parler du partage des redevances, M. le Président.
Au Québec comme ailleurs au Canada, les
ressources naturelles, bien sûr, appartiennent à l'État, donc à l'ensemble des Québécois. Les municipalités ne
perçoivent donc pas de redevances à proprement dit. Le gouvernement du Québec redistribue cependant aux MRC une somme
réputée correspondre à une partie des redevances sur les ressources naturelles qu'il a perçues. Ce programme, intitulé
Subvention tenant lieu d'un accès aux redevances sur les ressources naturelles, a été introduit dans le pacte fiscal
2000-2005 et a été reconduit par l'entente de partenariat 2007-2013 et,
par la suite, bien sûr, 2014 à 2015.
L'enveloppe annuelle étant initialement de 2,5 millions, M. le Président,
elle a été augmentée jusqu'à 10,2 millions en 2006 et est restée
telle quelle pour la durée de 2007-2013 ainsi que pour 2014 et 2015.
Les sommes provenant des redevances nettes sur
les ressources forestières et accessoirement des revenus provenant de l'exploitation
des substances minérales de surface, c'est-à-dire les carrières et sablières,
on le sait, c'est les municipalités qui
gèrent ça, tout le monde sait ça. Or, en 2014, le gouvernement prenait
l'engagement de partager les redevances provenant de l'exploitation des
ressources minières, pétrolières et gazières avec les communautés locales. Vous savez, M. le Président, l'UMQ, la FQM et
l'ensemble des municipalités — parce que ça, ce sont deux
organisations qui les représentent — les municipalités cherchent de nouveaux
revenus, des nouvelles sources de revenus, considérant qu'avec leurs responsabilités il est difficile,
bien sûr, d'avoir seulement des revenus fonciers parce qu'elles ne
suffisent plus, M. le Président.
Donc, je vous
dirai que le premier ministre mentionnait, justement, en 2014... le premier
ministre mentionnait expressément que
les autochtones, qui réclament depuis longtemps un partage des redevances sur
les ressources naturelles, seraient
également visés par cette distribution, par cette initiative afin qu'elle
puisse bénéficier directement à la mise en valeur de nos ressources
naturelles. Cependant, contrairement au milieu municipal, pour qui il s'agit,
bien sûr, de bénéficier et d'actualiser la
formule de partage des redevances existantes, le partage des retombées issues
de l'exploitation des ressources
naturelles avec les autochtones implique d'élaborer de nouveaux modèles de
partage, puisqu'il s'agit d'une première initiative. On n'est pas
habitués, mais, on le sait, avec tout le cheminement qu'on a fait, peu importe
le gouvernement, on est rendus là, M. le Président.
De plus, le
gouvernement ne perçoit actuellement que des redevances hydrauliques,
forestières et minières, et un certain
nombre d'années pourrait s'écouler avant qu'on perçoive des redevances sur les
hydrocarbures. Je pense qu'on le sait,
on a seulement qu'un projet d'hydrocarbures, et puis c'est compliqué. Et
actuellement il y a beaucoup de pourparlers à ce niveau-là, donc ça
pourrait prendre encore quelques années.
Ma question, M. le Président : Dans ce
contexte, j'aimerais vous entendre, M. le ministre, sur les suites à donner à l'engagement du premier ministre 2014 et
surtout sur les résultats tangibles qui ont été obtenus jusqu'à
maintenant à ce niveau-là.
Le Président
(M. Iracà) : Alors, merci, M. le député. Vous allez entendre le
ministre dans un prochain bloc parce qu'il
ne reste plus de temps. Alors, ça ne donne absolument rien de commencer un
début de réponse, je vais être obligé de vous interrompre, M. le ministre.
Alors, peut-être garder la réponse pour un prochain bloc.
Nous allons
débuter, à ce moment-ci, un bloc avec la deuxième opposition pour un temps de
20 minutes. Alors, le temps a été reporté pour un total de
20 minutes. Alors, M. le député de Groulx, la parole est à vous.
M. Surprenant : Merci, M. le
Président. Alors, plus tôt aujourd'hui, là, le sympathique député
d'Abitibi-Est, qui avait vu son équipe de
hockey se faire battre par la mienne, la surprendre, m'a surpris à son tour
tantôt. Alors, je suis un joueur d'énergie, j'étais un joueur d'énergie
au hockey moi-même, donc j'ai revu mon plan de match, et puis donc...
Le ministre
n'est toutefois pas sorti du bois, je vais parler de gestion de territoire.
Alors, je voudrais d'abord parler de la mise en oeuvre des
recommandations du rapport Morneau sur les lacunes et délais de réponse de la
SOPFEU lorsqu'elle nécessite l'autorisation du ministère de la Sécurité
publique et du MERN.
Alors, en juillet 2003, M. le Président, pendant
que le brasier prenait de l'ampleur au nord du village de Baie-Johan-Beetz, la
SOPFEU s'affairait à combattre un autre incendie qui s'était déclaré non loin
du réservoir Manicouagan, dans une région
inhabitée à plus de 100 kilomètres
de Fermont où le potentiel économique
forestier est reconnu. Une semaine
plus tard, l'incendie au nord de la baie a forcé l'évacuation du village en
catastrophe, la grand-mère sur le
dos, M. le Président, en pleine nuit. La SOPFEU n'a reçu l'ordre d'intervenir
que le lendemain, mais, de l'avis de plusieurs résidents, il était trop
tard. Alors, des pourvoiries et des chalets ont brûlé, tandis que des résidents
et des touristes ont échappé de justesse à la mort.
Le Président (M. Iracà) : Désolé, M.
le député. J'ai une question de règlement du député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Question de règlement. M. le Président, malheureusement,
malgré toute son habileté, notre collègue,
on est encore avec les crédits d'un autre ministère, qui ont été entendus en
début de semaine avec le ministère des Forêts, Faune et Parcs.
Malheureusement, on n'est pas sur le sujet.
Le Président (M.
Iracà) : Oui. Alors, écoutez, j'entends bien... Oui, M. le député de
Groulx.
M.
Surprenant : ...répliquer à ça cette fois-ci. Je parle bien, comme mon
collègue l'a fait tantôt — de l'opposition officielle — de gestion du territoire, et non pas de
gestion de la forêt en tant que telle, M. le Président, et le ministre
est responsable de la gestion du territoire.
Le Président (M. Iracà) : O.K. Pour
une dernière intervention, M. le député d'Abitibi-Est. Après ça, je vais
prendre la parole.
M. Bourgeois : D'accord. C'est juste
pour clarifier parce qu'on parle de la SOPFEU. La SOPFEU relève du ministre de
la Forêt, de la Faune et des Parcs. Si c'est pour la SOPFEU, on n'est pas dans
les bons crédits.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, écoutez, dans ce cas-ci, je vais...
Parce qu'en crédits, selon la jurisprudence, toujours, des séances, il faut interpréter de manière très, très large
au niveau de la pertinence des questions. Je vais laisser la chance au coureur, au député de Groulx, d'y aller
avec l'ensemble de sa question. Alors, si le ministre juge à propos, à
ce moment-là, de dire que c'est de
compétence d'un autre cabinet ou d'autres ministères et qu'il n'a pas les
réponses à ce sujet-là, il aura le
loisir de le dire, mais vraiment, là, avec la jurisprudence des séances que
j'ai entre les mains, il faut que ce soit interprété de manière très,
très large. Alors, je vais laisser la chance au coureur, et on aura la chance
d'y revenir à ce moment-là. Alors, M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Bon, alors, écoutez, M. le Président, j'entends ce que
vous dites. Alors, écoutez, on s'adapte rapidement, je vais passer à ma
question suivante pour éviter tout malentendu. Alors, je vais parler, donc, des
terres publiques. Ça vous va? J'y vais, M. le Président.
Alors, un
règlement du 15 juillet 2015 est venu modifier les règles relatives aux
terres du domaine de l'État. Entré en vigueur le 29 août, ce
règlement a eu pour effet de réviser les valeurs de référence permettant de
déterminer les loyers des baux de
villégiature. Il a eu pour effet, donc, d'augmenter les loyers des baux le
1er janvier dernier, il est venu imposer
une hausse des loyers sur les terres de l'État de 20 % à 60 % d'ici
2019 selon la superficie du terrain. On parle ici de chalets qui se
trouvent sur des terres qui ne font partie d'aucune municipalité. Les terres du
domaine de l'État font partie du patrimoine collectif des Québécois, elles sont
utilisées aux seules fins de villégiature, et non de résidence.
Alors, voici quelques hausses constatées entre
2012 et 2019 : moyenne au Québec de 74 %; les Laurentides, 88 %; Nord-du-Québec, 109 %;
l'Outaouais, 96 %; Québec, 184 %; Saguenay—Lac-Saint-Jean, 99 %. Le gouvernement frappe sans relâche sur la classe moyenne, à un
tel point que même les vacances sont taxées au Québec. Pour conséquence,
donc, en 2015-2016, seulement
15 nouveaux baux de villégiature ont été attribués contre 31 en 2014-2015.
Il y a donc bien corrélation entre
l'annonce de la hausse des taux en 2015 et ce résultat. En 2015-2016, on compte
seulement 1 919 renouvellements
contre 3 644 en 2014-2015. Alors, je vous le prédis, il va y avoir des ventes
massives de chalets, M. le Président. Or, les revenus des baux de
villégiature étaient de 4 131 000 $ en 2014 et de
3 595 000 $ en 2015, une diminution de 536 000 $, soit
13 %.
Alors, ma
question au ministre : Est-ce qu'il a réalisé, donc, l'impact de cela?
A-t-il donc, pour cela, réalisé une étude économique des impacts? Et
a-t-il, par ailleurs, anticipé les conséquences néfastes pour l'industrie du
tourisme au Québec?
Le Président (M. Iracà) : Alors, M.
le ministre, pour un temps de 15 minutes, la parole est à vous.
• (17 h 30) •
M.
Arcand : Bon, alors, je
remercie... Cette fois-ci, on ne mettra pas le feu aux poudres, là, on va être
corrects, on va pouvoir parler d'un... Je
pense que c'est un sujet, évidemment, qui est important. Vous savez, c'est une
question, à un moment donné, je dirais, de justice puis d'équité. Ça a
été mentionné, d'ailleurs, dans son rapport de juin 2014 par le Commissaire au développement durable, qui a dit
que la question des baux de villégiature devait être révisée de façon constante et de façon régulière. Et le Commissaire
au développement durable a dit : Écoutez, il n'est pas question de
priver l'État de retombées financières et
créer des inéquités avec les autres locataires. Alors, je pense que, ça, on est
parti de ça.
Il faut bien comprendre, encore une fois, qu'il
y a eu toutes sortes de chiffres qui ont été mentionnés sur la question des
baux de villégiature. Et je comprends très bien que les gens ont été habitués
pendant des années à des taux qui étaient
éminemment bas, sauf qu'on se retrouve aujourd'hui avec une situation qui est
la suivante, c'est que le loyer moyen
pour les villégiateurs sur les terres publiques... la moyenne est de 405 $ par année et va atteindre en 2020
646 $ par année. Nous sommes d'accord
pour dire que ce sont des augmentations qui, évidemment, dépassent l'inflation,
mais ce sont des augmentations qui ont été calculées de la même façon que ce
qui est calculé depuis 2003. Dans certaines régions, il n'y a pas eu d'augmentation. Dans d'autres, il y en a eu de façon
plus importante. Il y a eu, entre autres, des valeurs de référence qui ont été nouvelles, des nouvelles
valeurs de référence. Et je vous dirais en plus que le taux de location,
qui est de 10 % en Ontario, était de
6 % au Québec, et nous l'avons diminué à 5 %. Alors, je pense que
c'est très important, on a étalé les hausses sur une période de cinq ans
pour amoindrir le coût. Et je pense que ça, c'est quelque chose que l'on doit
souligner.
Maintenant, encore
une fois, vous savez, les gens ont un chalet. Quand je regarde les prix qui
sont demandés, par exemple, quand vous
décidez d'aller faire du camping une fin de semaine, c'est quand même assez
significatif. On m'a mentionné que, dans plusieurs terrains de camping,
ça peut coûter jusqu'à 300 $ la fin de semaine. Si on parle d'un taux
moyen de 400 quelques dollars par année, ce n'est quand même pas quelque
chose... On va passer de 400 $ à 600 $. Je comprends l'impact que ça peut avoir
pour le consommateur, mais, somme toute, c'est raisonnable. Quand je me compare à ce qui se fait ailleurs, je peux
simplement vous dire que c'est quelque chose qui me semble, en tout cas,
dans les circonstances, passablement raisonnable.
Je
dois vous dire qu'en fait ce que l'on voit au terme de l'étalement de cinq ans,
les trois quarts des villégiateurs vont
payer moins de 2 $ par jour. Alors, c'est ça, les chiffres que nous avons.
Et, vous savez, on a reçu plusieurs demandes au ministère qui disaient : Écoutez, c'est des augmentations qui
sont énormes. Et je ne vous dis pas qu'il n'y a pas des augmentations
importantes dans certains cas, mais, très souvent, les gens prenaient les
chiffres de 2008, puis les chiffres de 2005,
puis ils prenaient les chiffres de 2020. Alors, il faut juste ramener ça dans
la juste réalité des choses, entre 2008 et 2020, bien, il y a
12 ans qui s'est écoulé aussi entre ça, et, encore une fois, on a
exactement la même méthode qui a été utilisée en 2003 au sujet des baux de
villégiature. Alors, je pense que c'est très important.
Maintenant,
l'autre élément que j'aimerais rajouter, c'est que vous avez mentionné qu'il y
avait une diminution, qu'il y avait
moins de disponibilité, etc. Selon les informations du ministère, pour un terrain
qu'on a, il y a 40 demandeurs. Alors, la demande, elle est encore
extrêmement forte.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
M. Surprenant :
Je voudrais simplement que vous précisiez, M. le ministre, là. Au niveau, là,
des revenus générés par les baux de villégiature, je vous ai mentionné
tantôt qu'on a une baisse de 13 %, donc de 536 000 $. Donc, le gouvernement en perçoit moins, puis les gens, en
fait, perdent de l'autre côté, là, leurs lieux de villégiature. Donc,
c'est le contraire au «win-win» comme
situation, là. Et puis, comme il va y avoir des hausses, vous l'avez dit
tantôt, jusqu'en 2020, la situation,
donc, pourrait peut-être s'aggraver au niveau des revenus du gouvernement et
puis pour les gens qui vont perdre leurs lieux de villégiature.
Ma
question, c'est l'impact de ça. Autant pour le gouvernement que pour les gens,
il n'y a rien de gagnant là, là. Alors, comment vous pouvez établir une
mesure comme ça où personne n'est gagnant?
M. Arcand :
D'abord, premièrement, il y a une chose qu'il faut quand même regarder dans ça,
c'est qu'il n'y a pas juste le gouvernement dans ça, il y a les MRC. Les
MRC ont mis cette année, au terme...
Une voix :
...
M. Arcand :
...c'est ça, plus de 225 baux. Ils ont mis plus de 225 baux, d'une
part, et, selon les ententes de délégation qui ont été signées aussi, on
pourrait faire le calcul ensemble, mais les MRC, maintenant, conservent 50 % des revenus générés par les différents
droits perçus, et le solde est remis au gouvernement. Alors, ça, je pense
que c'est important de le dire, et ça peut
affecter... Nous, on pense que, dans l'ensemble — puis je le dis depuis le début — nous
avons répondu à cet effet à une
recommandation du Commissaire au développement durable, qui nous a dit :
Écoutez, il y a des inéquités dans la façon
dont vous fonctionnez, il y a des gens qui ne paient pas assez cher, vous avez
véritablement... Et non seulement ça, je
vous dirais qu'il y a des gens... Comme vous le savez, les baux de villégiature
sont pour, à toutes fins pratiques, à
l'infini, une fois qu'on a donné ça. Et vous savez qu'il y a des gens qui ont vendu des chalets, il y a des gens qui ont profité... Puis tant mieux pour eux, mais, à un moment donné, il faut essayer de ramener un minimum d'équité.
Puis je vous rappelle qu'en 2016 les MRC ont
reçu 5 millions de dollars de revenus des baux de villégiature également.
Alors, quand on fait la somme de tout ça, je pense que, de façon générale, nous
avons été dans une situation qui, pour le bénéfice du gouvernement, a été quand
même correcte.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Merci, M.
le ministre. Alors, je vais maintenant
parler du système d'information
géominière, le SIGEOM, donc qui contient
toutes les données géoscientifiques du Québec depuis 150 ans. Chaque année, il
s'enrichit de nouveaux travaux de
cartographie géologique, de prospection et d'exploration réalisés par le ministère,
les compagnies minières et les universités. La conception et la mise en
oeuvre du SIGEOM ont nécessité des investissements de plus de 40 millions
de dollars depuis 1993 sur un site du gouvernement.
Est-ce qu'on pourrait
avoir une ventilation des coûts annuels depuis 1993? Ma première question. Et
ma deuxième : Quelle est l'évolution de l'achalandage annuel, disons, pour
les cinq dernières années, donc le nombre de consultations, M. le ministre, s'il
vous plaît?
Le Président
(M. Iracà) : M. le ministre.
M. Arcand :
Écoutez, je pense que c'est un peu technique, là, on va prendre avis de la question...
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, ça va prendre le consentement, là, pour donner la parole à un fonctionnaire.
Vous allez devoir vous nommer, si j'ai le consentement, vous nommer et vous présenter. Alors, ça va, j'ai le consentement?
M. Arcand : Écoutez, on aimerait mieux prendre avis de la question,
là, parce que c'est quand même de nature très technique, on ne peut
pas...
Le Président
(M. Iracà) : Ah! O.K. O.K. Je pensais que quelqu'un voulait
prendre la parole. Excusez-moi, M. le ministre.
M. Arcand : Non,
non, non. O.K.
M. Bourgeois : M. le Président.
Le Président (M. Iracà) : Oui.
M. Bourgeois : Question de règlement
encore une fois.
Le Président (M. Iracà) : Oui,
allez-y.
M. Bourgeois : Cette question-là s'adresse au ministre des
Mines. On a fait les crédits au
niveau du ministère plus tôt la semaine dernière, et c'est directement
en lien avec la responsabilité du ministre des Mines.
Le
Président (M. Iracà) : Toujours
une question de pertinence. Alors, je vais laisser quand même
le ministre répondre à savoir si ça demeure de son champ de compétence
ou si, évidemment, ça pourrait être un autre cabinet ou ministère qui pourrait
répondre à cette question-là. Oui.
M. Bourgeois : M. le
Président, en complémentaire, c'est
qu'on s'adresse aux crédits de l'année en cours, et non pas aux crédits
des années antérieures.
Le
Président (M. Iracà) :
J'ai compris, M. le député d'Abitibi-Est. Alors, je dis la même décision, à l'effet
que le ministre pourra répondre s'il le juge à propos suite à la question du
député de Groulx.
M. Arcand : Oui. Bien, écoutez, comme je l'ai dit sur
cette question-là, vous savez, je pense qu'on est dans un climat de bonne collaboration. Alors, vous
savez, ce n'est pas directement sous moi. Alors, ce que je vais faire, c'est
qu'on prend avis de la question, puis on va vous répondre dans les prochains
jours là-dessus.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, M. le député, la parole est à vous.
M. Surprenant : Excellent. Alors, je vais maintenant
parler du registre foncier. Alors, le collègue de Dubuc en a parlé tantôt, donc j'ose croire que je suis dans le droit chemin, qu'il
y a une éclaircie dans la forêt, que, là, je peux passer.
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, je ne vois pas de main levée pour des objections. Alors, la parole est à
vous, M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Très bien. Alors, j'ai une courte question cette
fois-ci. Selon la réponse fournie à la question 27 des renseignements
généraux, vous pouvez en prendre connaissance, l'entretien du site Internet du
registre foncier du ministère des Ressources
naturelles a coûté 960 900 $
pour la seule année 2015-2016. Alors, quel type d'entretien — ma question,
donc — peut
presque coûter 1 million de dollars? Alors, combien a coûté la
construction du site lui-même, M. le ministre, quand on tient compte, généralement,
que le coût d'entretien est d'environ de 30 %, là, du coût de
construction? Alors, voulez-vous me décortiquer les chiffres, s'il vous plaît?
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M. Arcand : Je
vais demander, avec le consentement de tous, aux gens du ministère de vous
donner les explications nécessaires à ce niveau-là parce qu'on est vraiment,
encore là, dans la haute technique, alors...
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, puisqu'il s'agit d'une question plus technique, s'il y a quelqu'un qui... si
j'ai le consentement que quelqu'un du cabinet ou du ministère puisse prendre la
parole...
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Iracà) : Consentement,
ça va. Alors, simplement vous nommer et le titre.
M. Charland
(Gilbert) : Oui. Gilbert
Charland, sous-ministre à l'Énergie et aux Richesses naturelles. Le
site du registre foncier en ligne a été construit au début des années 2000
avec la réforme et la numérisation du cadastre. Donc, je n'ai pas les coûts de construction au début des
années 2000 en notre possession ici, techniquement, mais on va vous
faire parvenir les données sur les coûts de construction du registre foncier au
cours des prochains jours.
Le Président (M. Iracà) : Ça
vous va?
• (17 h 40) •
M. Surprenant :
Très bien, oui. Je vais passer à une autre question.
Le Président (M. Iracà) : Oui.
Allez-y, M. le député de Groulx, pour une période d'à peu près cinq minutes.
M. Surprenant : Alors, celui-ci, il est définitivement d'Énergie,
je vais parler d'Hydro-Québec. Alors, on apprend, donc, lors du dévoilement, M. le Président, du Plan Nord qu'Hydro-Québec va investir 20 milliards de dollars
dans des projets dans le cadre du Plan Nord. Alors, aucun détail n'a été
dévoilé quant aux projets précis qui sont envisagés. Rappelons que, dans la première mouture du Plan Nord,
on ne parlait que de 20 milliards... on ne parlait pas, pardon, de 20 milliards, mais de 47 milliards d'investissement venant d'Hydro-Québec. Ainsi, même si le gouvernement semble
mettre plus l'accent sur les aspects miniers
du Plan Nord, ce n'est pas maladroit de dire que le Plan Nord
est aussi, sinon, avant tout, un plan
énergétique. L'investissement d'Hydro-Québec soulève de nombreuses questions.
Le document gouvernemental
présentant le Plan Nord 2.0 n'indique pas précisément à quoi serviront les 20 milliards
qui doivent être investis par la société
d'État, aucune explication ou
justification de l'investissement d'Hydro-Québec, donc, à hauteur de 20 milliards. À
quoi sert donc cet investissement de 20 milliards, M. le ministre?
Le Président (M. Iracà) :
Alors, M. le ministre.
M. Arcand : Alors, écoutez, merci, M.
le député. Écoutez,
dans le cadre du Plan Nord, hier, quand il y a eu les audiences d'Hydro-Québec, on a eu un peu la même question
et nous avons dit que nous allons remettre, je dirais, de façon un
peu plus détaillée certaines des
réponses à cela. À l'époque, je tiens à vous rappeler que, quand on a fait, entre autres, le premier Plan Nord, évidemment
on avait mis un montant un peu plus important parce que le premier Plan Nord, à
ce moment-là, parlait de projets qui ont été faits sur une base dans laquelle
on était à ce moment-là autour de 2011, et c'était sur une base, évidemment,
dans laquelle il y avait plusieurs possibilités de projets.
Ce que je
peux vous dire sur la question du 20 milliards — et
je ne peux pas rentrer aujourd'hui dans le détail, mais je pourrai vous le
donner un peu plus en dimension — c'est que, dans les projets que nous
avons d'Hydro-Québec, Hydro-Québec est un joueur extrêmement actif. Hier, le
président d'Hydro-Québec a parlé de la nécessité... ou éventuellement, si les choses vont comme on pense que ça doit aller, si on voit, par exemple, qu'on réussit des ententes d'exportation avec l'Ontario, si on
réussit nos ententes d'exportation avec les États-Unis, si l'aspect, si on
veut, minier repart de façon importante, et particulièrement dans la fosse du Labrador, où il a été question, entre autres, de l'idée d'établir peut-être
un jour des nouveaux barrages, c'est de ça dont on parle dans le 20 milliards
en grande partie.
Quand on
regarde ce qui se passe dans le Plan
Nord, on a actuellement 25 projets en cours dans le Plan Nord qui représentent des investissements de 39 milliards
de dollars. Donc, ce n'est pas rien. Et, si tous ces gens-là décident d'investir dans le Plan Nord et décident d'y
mettre les sommes nécessaires, ça va nous prendre de l'énergie pour répondre à ça. Ça
va donc nous prendre des nouveaux
barrages, ça va nous prendre des éoliennes, ça va nous
prendre des nouvelles possibilités pour l'avenir. Et, comme vous le
savez, quand on regarde le barrage de La Romaine, qui, à lui seul, a coûté au-delà
de 6 milliards de dollars, vous comprenez que d'évaluer à 20 milliards
de dollars les investissements d'Hydro-Québec d'ici 2035, je pense que c'est
très réaliste par rapport à la situation que l'on vit actuellement. Donc, c'est
un peu ma réponse à ce niveau-là.
Mais je dois
vous dire encore une fois qu'hier on a pris l'engagement de vous fournir
encore plus d'information. Mais je
tenais, aujourd'hui, à vous donner un peu les grandes lignes de ce
qu'on veut dire. Hier, le président d'Hydro-Québec a aussi dit qu'il donne
quand même des sommes très importantes de contrats de tout
genre dans les régions du Québec. C'est un joueur majeur. Quand on regarde la Côte-Nord
actuellement, on s'aperçoit que, sur la Côte-Nord,
les deux principaux... 50 % presque des contrats qui sont donnés sont
des contrats qui sont donnés soit par le ministère des Transports ou
Hydro-Québec. C'est donc dire l'impact très significatif de tous ces joueurs.
M. Surprenant : Merci.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, merci beaucoup, M. le ministre.
Merci, M. le député de Groulx. Le temps étant imparti, nous allons
procéder à un échange avec la partie gouvernementale, avec le député de
Beauce-Sud. La parole est à vous pour un temps de 19 minutes.
M.
Busque : Merci beaucoup, M.
le Président. Chers collègues, M. le ministre ainsi que membres de
l'équipe, j'aimerais vous entretenir
maintenant d'une autre source d'énergie pour laquelle on n'a pas vraiment
élaboré aujourd'hui, il s'agit du gaz
naturel, et également vous parler en sous-question des projets d'extension du
réseau de gaz naturel parce que j'ai dans mon comté la possibilité,
justement, d'avoir un dossier d'extension du réseau de gaz naturel.
En premier,
vous allez me permettre de faire un petit préambule sur les avantages du gaz
naturel. Alors, le gaz naturel est
vital pour l'économie du Québec et jouera un rôle majeur dans le maintien d'une
énergie accessible pour les Québécois. Le gaz naturel est actuellement
l'un des choix énergétiques les plus abordables en matière de chauffage et
représente environ 12 % de la demande totale d'énergie au Québec.
Entre autres avantages, le gaz est fiable,
c'est-à-dire qu'il est capable de fournir ce qu'on appelle la charge de puissance de base qui est la capacité à produire
de l'énergie sans arrêt jour et nuit. Alors, le gaz est pratique parce
qu'il offre la commodité d'une chaleur instantanée. Le gaz est abordable, le
prix du gaz est d'environ 50 % inférieur à celui de l'huile à chauffage et représente environ le tiers
du prix de l'électricité sur une base de la valeur d'un dollar. Entre autres
avantages, le gaz comme source d'énergie... Les avantages sont indéniables.
C'est notamment l'énergie fossile la moins polluante en dégageant 30 % moins de
gaz à effet de serre que le mazout et 45 % de moins que le charbon. Et
la combustion même du gaz naturel étant très complète, elle ne dégage que très
peu de polluants et/ou de contaminants.
Alors, qui utilise le gaz naturel? Alors, le gaz
naturel peut être utilisé dans divers secteurs, tant résidentiel, commercial
qu'industriel, et même associé à la production d'électricité. Alors, plusieurs
régions du Québec ne sont pas encore
desservies en gaz naturel. Alors, dans la politique énergétique 2020-2030,
le gouvernement réaffirme son souhait de
rendre disponible le gaz naturel pour le plus grand nombre de régions possible
sur le territoire québécois. Le gaz naturel constitue une énergie de transition qui est indispensable au succès d'une
économie forte, diversifiée et à faible empreinte carbone.
En 2015, le gouvernement a annoncé un appui
financier pour la réalisation d'un projet visant à étendre la distribution de
gaz naturel au Québec. Il y a une enveloppe de 38 millions de dollars qui
a été annoncée pour la réalisation d'un
projet d'extension de réseau de distribution de gaz naturel. Une partie de ces
38 millions a été engagée pour le prolongement de la distribution
de Lévis à Sainte-Claire dans la municipalité régionale du comté de
Bellechasse.
Alors, il
reste encore des sommes de disponibles, comme on peut en déduire. Alors, comme
je vous le mentionnais, il y a un
projet qui est sur la table qui vise à prolonger le réseau dans la région de
Thetford, Sainte-Clotilde, qui est dans mon comté de Beauce-Sud, Saint-Méthode, qui est voisin de Sainte-Clotilde,
mais qui n'est pas dans mon comté. Ça, c'est un projet qui est relativement avancé, et nous, on travaille à
l'addition — toujours
à ce projet-là — d'une
autre municipalité qui est la municipalité de Saint-Éphrem-de-Beauce,
qui, selon les premières informations que nous avons, serait un ajout très, très intéressant et, selon toujours
les premières informations que nous avons, constituerait... Dans le projet
qui est déjà avancé, là, lorsqu'on parle de Thetford, Saint-Méthode,
Sainte-Clotilde, l'ajout simplement de Saint-Éphrem constituerait à doubler la capacité ou la consommation en gaz, ce qui
ferait du projet global un projet encore plus intéressant.
Alors, ma
question, M. le ministre, c'est : À travers la stratégie énergétique, quel
est le rôle et quel sera le rôle et les autres interventions à venir en
ce qui concerne, justement, soit le prolongement ou soit l'amélioration du
réseau ou l'amélioration de la consommation en gaz naturel pour soit les
résidences, soit les entreprises ou soit les édifices commerciaux du Québec?
Le Président (M. Iracà) :
Alors, M. le ministre, la parole est à vous, et il reste 14 minutes.
• (17 h 50) •
M.
Arcand :
Bien, comme vous le savez sans doute, le gaz naturel, d'abord, c'est une source
qui émet moins de gaz à effet de serre. Et, de plus en plus, on travaille à faire en sorte
qu'il y ait du gaz naturel renouvelable, si vous me
permettez l'expression, donc du gaz naturel encore plus vert qui vient de
sources comme, entre autres, les matières résiduelles, et tout ça. Donc, il y a
un potentiel extrêmement intéressant de ce côté-là.
Plusieurs
régions du Québec ne sont pas encore desservies par le gaz naturel
à cause des distances, à cause des investissements qui sont requis, qui
ne permettent pas toujours d'atteindre les critères de rentabilité. Comme vous
le savez, à chaque fois qu'il y a
un projet gazier, il faut que la Régie de l'énergie s'assure que ce projet-là a
suffisamment de clients pour ne pas que ça
affecte, évidemment, le reste des consommateurs au Québec
pour un projet x. Souvent, dans le passé, les gouvernements ont été obligés d'intervenir et puis ont aidé, justement,
à la réussite de ces projets-là dans le passé.
Pour nous,
donc, on voit un appui quand même sans équivoque au gaz naturel parce que je pense
que, sur le plan industriel, c'est une source d'énergie qui est très importante,
très fiable et, je dirais, très abondante actuellement, et avec un prix, évidemment, qui est extrêmement
compétitif, très abordable actuellement. Parce que le gaz naturel ne
coûte pas terriblement cher au moment où on
se parle. Alors, je pense qu'il y a donc plusieurs attributs. Réduire les
émissions de gaz à effet de serre, prendre du gaz au lieu du diesel, c'est
quand même meilleur. Et je pense que c'est extrêmement important de dire que,
sur le plan industriel, il y a quand même une valeur importante qui est donnée
au niveau du gaz naturel.
Maintenant, si je regarde ce qu'on a fait au
cours de la dernière année, j'ai eu l'occasion d'annoncer le prolongement du réseau de pipelines de gaz naturel
dans la région de Bellechasse. J'étais là, nous avons fait une annonce,
le gouvernement a mis près de
20 millions de dollars. Et actuellement je suis en contact avec les
autorités fédérales parce que très
souvent, dans le cadre de ces projets-là de gaz naturel et d'extension du
réseau de gaz naturel, ça se fait en grande partie avec le gouvernement fédéral. Ce sont des projets
communs qu'ont le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et
Gaz Métro dans ce cas-là.
Maintenant,
la mise en service du projet dans la région de Bellechasse est prévue en
décembre 2016, et déjà on parle d'une
centaine de clients : l'usine de produits laitiers Kerry, la fonderie
Laforo, la manufacture de produits de plastique Micron, l'usine d'assemblage d'autocars Prévost, la Meunerie Trans-Canada
et la coopérative Exceldor de Saint-Anselme. Alors, ce sont des clients
importants qui vont certainement être, je pense, bien desservis par Gaz Métro.
Maintenant,
il y a plusieurs autres projets d'extension du réseau. Plusieurs députés de
notre formation politique viennent me
voir en me disant... Écoutez, le député de Portneuf m'a parlé de ça, entre
autres, et puis je sais que le député de Beauce-Sud aussi m'en parle. Alors, je pense que les projets d'extension
dans les différentes régions du Québec sont là pour continuer à aller vers la région de Thetford Mines, dans la région
de Portneuf, Saint-Marc-des-Carrières. Je pense que c'est quelque chose qui est envisagé actuellement. Et aussi, dans la
région de la Beauce, je pense qu'il y a peut-être une possibilité là qui
peut être extrêmement intéressante, et donc on y travaille au moment où on se
parle. Il y a plusieurs entreprises,
particulièrement dans la région de Portneuf, qui se sont montrées intéressées à
la venue du gaz naturel, que ce soit
Pavage Portneuf, Graymont, même des écoles qui veulent avoir du gaz naturel. Et
je pense qu'on peut dire qu'il y a vraiment un besoin qui a été
clairement identifié dans ces régions-là.
Je vous
dirais également que ce qu'il est important de dire, c'est qu'il y a des
projets au Québec de gaz naturel liquéfié
dans lesquels, par exemple, Pétrolia travaille, l'entreprise Pétrolia. Il y a
un projet de gaz naturel en Gaspésie. Ça, c'est d'aller chercher du gaz naturel, c'est le
projet Bourque. Il y a beaucoup, je dirais,
sur la Côte-Nord, d'enthousiasme pour l'idée d'avoir du gaz naturel liquéfié qui pourrait arriver sur la Côte-Nord
et donner, d'ailleurs, un certain appui, si on veut, à l'industrie. Je vous dirais que j'ai eu
l'occasion, il y a quelques semaines, d'aller à Sept-Îles
et à Port-Cartier pour annoncer, entre autres, le projet d'ArcelorMittal. Le gouvernement a contribué à faire en sorte qu'ArcelorMittal
n'utilise plus maintenant dans ses fours du mazout mais utilise maintenant du
gaz naturel. Et ça, je pense que c'est du gaz naturel liquéfié, qui est très important.
Moi, mon
souhait en plus, c'est que, comme on a un défi considérable au niveau,
je dirais, du transport... je
pense qu'il faut que les projets de gaz
naturel soient encore plus efficaces. D'ailleurs, si je vous lis un élément de la politique
énergétique, je pense qu'il faut donner des
marges de manoeuvre à Gaz Métro, qui est le principal distributeur au
Québec. Et souvent Gaz Métro avait des difficultés à garantir à l'avance
l'approvisionnement en gaz naturel, et donc, dans la politique énergétique, ce
qu'on dit, c'est que nous voulons pallier à ce problème en exigeant que le
distributeur Gaz Métro acquière une marge
excédentaire de capacité de transport équivalant à 10 % du volume de gaz
naturel qu'il prévoit utiliser au Québec. Je pense que c'est bien important
de le dire parce que la Régie de l'énergie va prendre en compte également le
coût de cette dépense récurrente dans l'établissement des tarifs de gaz
naturel. C'est donc une marge de manoeuvre qui va être en appui au développement industriel pour l'avenir, et ça, on a eu l'occasion d'entendre plusieurs
industries nous dire qu'il fallait que le réseau se développe plus vite.
Alors,
essentiellement, c'est ce que nous avons. L'extension du réseau gazier, pour
nous, est une priorité dans la politique énergétique. Développer le réseau
d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié est extrêmement important.
Puis, quand on parle, évidemment,
de sources d'énergie renouvelable, on a des objectifs très précis, il y a beaucoup
de projets de biométhanisation au Québec, et il faut que ces projets-là
avancent plus vite parce que ces projets-là vont permettre de nous trouver du gaz naturel renouvelable. Alors
là, le gaz naturel va être encore beaucoup plus du gaz naturel qui va réduire les gaz
à effet de serre. Je pense
que c'est vers ça qu'on veut tendre au Québec. Et, encore
une fois, je dois vous dire
que ce sont des projets qui sont extrêmement intéressants, et puis, si on peut trouver du gaz naturel au Québec,
bien, c'est le gaz qui risque de coûter encore moins cher parce que
c'est du gaz naturel qui va être plus près de nous. Et, en ce sens-là, ça
risque d'être bon pour l'ensemble du Québec.
Alors, essentiellement,
je vous brosse un tableau assez complet de ce qu'on fait en matière de gaz naturel. Je pense qu'il est clair qu'il faut diversifier, améliorer
cet approvisionnement en gaz naturel au Québec au cours des
prochaines années. Et je pense
que c'est le rôle de Gaz Métro, qui ont quand même un monopole en matière de distribution, d'être très proactifs
dans ce domaine. Et ils peuvent être assurés d'avoir l'appui du gouvernement du Québec, et je vais travailler avec le gouvernement
fédéral également
pour que ces projets-là se fassent conjointement puis qu'on ait beaucoup d'actions au Québec dans ce
domaine.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Alors, M. le député, je ne sais pas si ça complète
votre intervention.
M. Simard : Il reste-tu encore
quelques minutes?
Le
Président (M. Iracà) :
Il reste cinq minutes, puis j'avais un autre intervenant, là, de la partie
gouvernementale qui voulait prendre la parole. Alors, le député de Côte-du-Sud,
vous vouliez intervenir?
M. Morin : Oui. Merci,
M. le Président. Si on se rappelle,
le gouvernement dans le budget 2014-2015,
annonçait que les surplus énergétiques seraient utilisés comme un avantage
concurrentiel afin d'attirer des investissements industriels, de renforcer la compétitivité de la base manufacturière au Québec. Tout le monde reconnaît que le Québec a connu
une diminution des besoins en énergie, et cela, c'est combiné à une augmentation de l'offre, naturellement. Cette situation s'est traduite par des
surplus énergétiques plus importants qu'on prévoyait. Ça s'explique facilement.
Le ralentissement de l'industrie des pâtes
et papiers, combiné à un cycle baissier des prix des métaux, a fait en sorte
que les industries intensives en électricité ont fermé leurs portes.
Dans ce contexte, nous croyons que la meilleure option est d'utiliser ces
surplus énergétiques pour attirer les investissements et, surtout, renforcer la
compétitivité à la base manufacturière du Québec, qui est très prometteuse. En
effet, les bas prix de l'électricité au Québec, héritage d'un développement de notre potentiel hydroélectrique... on a façonné un secteur industriel, économique
au Québec très fort.
Par contre,
au cours des dernières années, le Québec a connu une diminution de la demande en énergie, diminution en demande en énergie, particulièrement des
entreprises qui sont combinées à une augmentation de l'offre, je l'ai dit
tantôt. Cette situation se traduit par une augmentation plus importante que
prévu de l'énergie disponible.
Donc, M. le ministre, quelles initiatives le
gouvernement a-t-il adoptées pour mettre en valeur tant l'énergie disponible
que les surplus énergétiques d'Hydro, et cela, tout en soutenant les
entreprises québécoises, qui en ont tellement besoin?
• (18 heures) •
Le Président (M. Iracà) :
Alors, M. le ministre, la parole est à vous. Il reste trois minutes.
M. Arcand : Oui.
Bien, vous savez, il y a deux façons de voir ça. Il y a des gens qui ont
dit : Écoutez, les disponibilités
énergétiques que nous avons, c'est épouvantable pour le Québec, ça n'a pas de
bons sens. Pourquoi on a tant de
disponibilités énergétiques? Il faut arrêter tout, etc. Moi, la façon dont je
le vois, c'est que les disponibilités énergétiques
représentent une opportunité. Ce n'est pas un handicap, ça représente une
opportunité, évidemment, si ça se situe dans des normes qui ont du sens.
Je pense que les bas prix de l'électricité, c'est un atout pour le
développement industriel.
Maintenant,
on a mis des normes très précises pour des futurs appels d'offres. Et, surtout,
ce que j'aimerais dire à ce stade-ci,
c'est que nous avons travaillé... Depuis que je suis ministre de l'Énergie, je
dois vous dire qu'évidemment toutes
les sources d'énergie se transigent actuellement à des taux très bas. Par
exemple, il y a quelques années, ce n'est pas si loin, le tarif L d'Hydro-Québec, là, c'était
vraiment extraordinaire, c'était la norme, etc., et on peut dire que plusieurs
entreprises, à ce moment-là, en ont profité. C'est pour ça qu'on a eu des
grandes alumineries qui sont venues ici, entre autres, au Québec, puis qui ont
profité des tarifs L d'Hydro-Québec.
Aujourd'hui,
ces mêmes entreprises là reviennent nous voir, nous disent : Écoutez,
regardez le prix du pétrole, regardez le prix du gaz, regardez tout ce
qui se passe, votre tarif L, il n'est plus compétitif. Il faut donc s'ajuster à
la situation, et c'est ce que nous avons
fait. Dès le départ et dès notre arrivée au pouvoir, nous avons fait des
modifications importantes à la structure que nous avions et nous avons
demandé... Parce que les tarifs, ce n'est pas établi par le gouvernement, c'est établi par la Régie de
l'énergie. Le gouvernement, je dirais, est celui, évidemment, qui initie
l'approche, et nous avons demandé à la Régie
de l'énergie d'accepter un nouveau tarif de développement économique qui
est rendu maintenant un tarif L moins 20.
C'est parmi les tarifs, évidemment, les plus compétitifs qui existent
actuellement en Amérique du Nord. Et, en
plus, bien, Hydro, c'est quand même de l'énergie verte, propre, renouvelable,
et donc ce nouveau tarif de développement économique là est là pour
aider les entreprises.
Je vais vous
donner un exemple d'entreprises qui ont profité du tarif de développement
économique. Amazon Web Services, qui
est arrivée ici, au Québec, et qui bénéficie du tarif L moins 20, ça a été un
des éléments qui a certainement contribué
à faire en sorte que le tarif de développement économique a pu être utile et
nous apporte, donc, une industrie nouvelle.
Et je pense que tout le monde reconnaît qu'Amazon est promise à un brillant
avenir parce que c'est vraiment une entreprise
maintenant dans le domaine numérique. Donc, c'est extrêmement important, et on
est donc dans des technologies nouvelles et des entreprises d'avenir.
Alors, c'est ça qu'il faut regarder, entre autres, pour le Québec.
Maintenant,
il y a d'autres entreprises également qui sont intéressées, il y a plusieurs
demandes qui sont faites, et je vous
dirais également qu'au niveau de la structure énergétique que nous avons le
ministre des Finances, dans le dernier budget,
a annoncé également que, pour les entreprises, là, manufacturières, on allait
avoir un tarif qui serait extrêmement compétitif également à ce
niveau-là.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le ministre. Nous
allons passer maintenant immédiatement au bloc d'interventions avec
l'opposition officielle. M. le député de Sanguinet, la parole est à vous pour
une période d'à peu près 13 minutes.
M. Therrien : Merci,
M. le Président. Alors, je vais poser une question sur Hydro-Québec. Je sais,
j'aurais peut-être dû la poser hier, mais,
bon, je pense que vous allez être correct pour répondre, là, j'imagine, là,
vous êtes un homme très compétent, M.
le ministre. Vous savez, j'ai appris à travailler en commission parlementaire avec le
député de Châteauguay, le ministre, alors j'ai une pensée pour lui. Puis on se
taquinait beaucoup comme ça, on avait beaucoup de plaisir. On a travaillé 110 heures ensemble,
puis le temps passait vite, on a eu bien du fun, malgré qu'on était
opposés sur le projet de loi, le projet de loi n° 3. Alors, j'essaie de
poursuivre la tradition en pensant à lui.
En septembre 2014, la Protectrice du
citoyen a demandé aux parlementaires d'assujettir Hydro-Québec à la Protectrice du citoyen. Semblerait-il qu'il y aurait 1 500 plaintes
par rapport à Hydro-Québec qu'elle reçoit par année, mais elle n'a
pas le mandat de les traiter. Et la Commission des institutions a eu un mandat
d'initiative pour réfléchir à la question, et, à la fin du mandat... Je vais vous le lire.
Bien, probablement que vous le savez, là, à travers vos menus
de restaurant, là, qu'on vous a passés,
là... Alors : «Que le gouvernement
du Québec envisage d'élargir le
mandat du Protecteur du citoyen afin d'y assujettir Hydro-Québec, sous réserve que la démarche se fasse à coût nul et en complémentarité
avec le mandat actuel de la Régie de l'énergie.»
Où on en est avec ça?
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M. Arcand : Écoutez, premièrement, je vais vous dire notre position. Notre position
est la suivante, je pense
qu'on est en train d'aller plus loin encore dans ce domaine-là. Nous, ce qu'on
veut éviter, évidemment, c'est les coûts puis les éléments qui font en
sorte qu'il y a du dédoublage. Je pense que c'est ça qui est important.
Actuellement, de la façon dont c'est fait, au
moment où on se parle — puis
vous regarderez, d'ailleurs, à la page 30
de notre politique énergétique — actuellement, premièrement, il y a eu une
augmentation importante des plaintes au
cours des deux dernières années pour une simple et bonne raison, on a mis
au-delà de 3 millions de compteurs intelligents au Québec. À partir du moment où vous arrivez avec une nouvelle
technologie, puis vous arrivez avec quelque chose d'un petit peu
nouveau, il y a, bien sûr, une certaine insécurité de la part des citoyens.
Même, moi, je
vais vous le dire très honnêtement, moi, je posais beaucoup de questions à
Hydro-Québec en leur disant :
Écoutez, êtes-vous sûrs que les compteurs intelligents, là, n'augmentent pas la
facture des citoyens? Parce qu'à un moment
donné on posait la question. Et donc les citoyens, souvent, comparaient leur
ancienne facture, et puis, en plus de ça, il a fait froid au cours des deux derniers... pas cet hiver, mais les
deux hivers précédents, et donc les citoyens voyaient leur facture arriver, puis ils disaient : Écoutez,
là, ça coûte... Je vous le jure, je vous jure, M. Arcand, ça coûte plus
cher, c'est incroyable, etc. Alors là,
évidemment, ça a fait augmenter le nombre de plaintes. Mais ce que je peux vous
dire actuellement, c'est que j'ai vu
un dernier bilan d'Hydro-Québec, et le taux des plaintes, actuellement, il est
stable. Alors, ça, là-dessus, maintenant qu'on a pas mal terminé
l'installation de la plupart des compteurs intelligents, je pense que vous
allez avoir une baisse au niveau de ces plaintes-là.
Ce
que l'on propose à ce stade-ci, c'est de revoir le rôle de la Régie de
l'énergie et de faciliter, en fait, les plaintes pour les citoyens. Parce que les gens disaient : Bien, le
Protecteur du citoyen puis la Régie de l'énergie... Moi, je dois vous dire que j'ai l'impression qu'on les protège plus
avec la Régie de l'énergie parce que, un, la Régie de l'énergie, c'est un
organisme judiciaire, alors que le Protecteur du citoyen n'a pas de cela. Nous,
la position a toujours été même, que ce soit
le Protecteur ou la Régie de l'énergie, il faut juste ne pas dédoubler les
formules. Et nous, on pense que de revoir le rôle de la Régie de l'énergie, qui a le pouvoir d'un
tribunal... je pense que c'est mieux que d'avoir un pouvoir de recommandation.
Alors, c'est
pour ça qu'on travaille en ce sens-là. C'est ce qu'il y a, et, quand il y a une
plainte, il faut absolument... Dans la modernisation de la régie que je
propose actuellement, il y a trois éléments, trois priorités qui sont en place.
Premièrement, de favoriser la
médiation — c'est un
mot qui est très sympathique, je dirais, puis sur lequel il faut, bien
sûr, travailler — mais surtout de mettre en place un mécanisme
de réparation si, vraiment, les plaintes sont claires et évidentes à ce
moment-là pour la régie. Et aussi, bien sûr, je demande à la régie de diminuer
le traitement des plaintes et que les citoyens
puissent avoir, je dirais, des délais de traitement qui sont raisonnables dans
les circonstances. Je pense que d'avoir cet organisme-là est plus facile que d'utiliser le Protecteur du
citoyen. Moi, je pense que l'objectif ultime qui est demandé dans ce domaine-là, c'est de s'assurer que le
citoyen ait une voix, puisse se faire entendre quand il y a quelque chose
qui ne marche pas, puis c'est ce qu'on essaie de faire actuellement.
• (18 h 10) •
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M. Therrien :
Je veux juste bien comprendre, là. Est-ce qu'on peut dire que ce que vous me
dites là, c'est une réflexion qui est
définitive? Vous allez clore le débat comme ça ou il y a encore une ouverture,
une réflexion qui n'est pas terminée?
Écoutez, vous répondez bien à ma question, là, mais je veux savoir est-ce que
les livres sont fermés ou si ce n'est pas décidé, il y a encore de la
réflexion là-dessus.
M. Arcand : C'est-à-dire
qu'on va le définir de façon plus formelle dans le projet de loi. Le projet de loi
de mise en oeuvre, je pense qu'on va
avoir l'occasion d'en discuter lors d'une future commission parlementaire. Il y
aura un projet de loi de mise en
oeuvre de la politique énergétique, et, à l'intérieur du projet de loi sur la
politique énergétique, nous allons établir certainement des approches au
niveau de la Régie de l'énergie. On pourra toujours en discuter, on verra. Moi,
je demeure quand même personnellement assez
convaincu que c'est la meilleure approche pour l'instant. Mais, bon,
vous savez que, dans une commission parlementaire, on discute.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député, sept minutes.
M. Therrien :
Oui. Bien, merci, M. le ministre. Donc, comme vous dites, on aura le temps, le
moment, l'occasion de se revoir pour ça.
Votre
politique de l'énergie, à la page 41, il faudrait peut-être que les...
Oui, oui, page 41, vous avez des cibles, là, c'est extraordinaire, hein, je suis vraiment
impressionné, là. Bon, vous parlez de 1 million de voitures en 2030, tu
sais, c'est... Je pense que c'est possible,
j'imagine, là. Je ne sais pas comment vous avez pu arriver à ce chiffre-là,
mais, en tout cas, c'est un objectif
ambitieux. C'est correct, sauf qu'on donne 8 000 $ par voiture de
subvention. Est-ce qu'on va donner 8 milliards pour arriver à ce
million-là?
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M. Arcand :
D'abord, vous savez que...
M. Therrien :
Parce que c'est 8 000 $ par voiture, ça fait 8 milliards, là, je
veux juste vous dire, là, en supposant que votre subvention va rester la
même tout au long de la mise en application de la politique. Juste avant, O.K.,
juste avant que vous y alliez avec la réponse — puis je vais vous laisser y
répondre amplement, là — quand
vous évaluez à 1 million dans votre modèle
d'évaluation, est-ce que vous considérez 8 000 $ jusqu'en 2030 pour
dire : Regardez l'impact que ça a sur le transfert de l'essence à
l'électricité? Tu sais, une modélisation, c'est ça, tu sais, tu fais une
politique microéconomique dans un marché
puis tu dis : Bien, regardons à partir de 8 000 $ par personne
pour les encourager à changer. Est-ce que vous avez fait cette
évaluation-là, dire : À 8 000 $ par personne, ça donne 1 million
en 2030 avec une progression qu'on est capable d'évaluer dans un modèle de
prévision?
M. Arcand : Bon, d'abord,
c'est à l'intérieur de la politique énergétique. Mais, comme vous le savez,
c'est un plan d'action
d'électrification des transports qui avait déjà été annoncé à l'automne. Alors,
c'est le ministère des Transports qui regarde
ça. Nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a pris, évidemment, le plan d'action
d'électrification des transports, puis, quand je regarde ce qu'il y a comme objectifs, j'ai déjà vu des discours
de votre formation politique, puis ça ressemblait pas mal à ça, ça ressemblait pas mal à ces objectifs-là.
Alors, je pense qu'on est tous un peu dans la même direction. Et ce que
je peux dire par rapport à ça, c'est qu'on
veut, évidemment, que la technologie nous aide. Je pense qu'on va y aller étape
par étape, il va y avoir plus de véhicules hybrides et hybrides
rechargeables, etc.
Maintenant, quand on a décidé d'établir les
aides pour les gens, comme vous le savez, il y avait des débats à l'interne, les gens disaient : Bien, écoutez,
on veut, d'une part, aider pour les véhicules électriques, mais on aimerait
bien, un jour, que les véhicules électriques
soient fabriqués au Québec. Avec Peugeot, on commence à avoir un projet dans
lequel il va y avoir des véhicules électriques éventuellement fabriqués au
Québec. Ce plan-là au sujet des rabais de 8 000 $, 4 000 $ — puis on a diminué maintenant à 500 $
les véhicules hybrides parce que, maintenant, les véhicules hybrides
sont rendus à un niveau qui est, je dirais,
assez concurrentiel, compétitif — ce plan-là, il est pour cinq ans. Rendu en
2020, on verra la suite des choses. Normalement, quand on donne un rabais comme
ça, un rabais, c'est pour aider, justement, à réduire les GES et c'est parce
que, vraiment, le prix du véhicule est beaucoup plus élevé par rapport à un
véhicule semblable qui fonctionne à l'essence. Alors, on va regarder la situation
en 2020 puis on verra si ça s'applique encore.
Le Président (M. Iracà) : Merci,
M. le ministre. Pour un temps, M. le député, d'à peu près deux minutes.
M. Therrien :
O.K. Bon, bien, donc, autrement dit, là, vous me dites que, pour atteindre cet
objectif-là, éventuellement on pourrait
diminuer de 8 000 $ à quelque 1 000 $ selon... Non, mais,
je veux dire, je suis capable d'acheter ça, là, tu te dis : Les
voitures électriques, à un moment donné, si elles vont atteindre l'économie
d'échelle dans la production, les coûts de production vont diminuer, puis
peut-être qu'on aura moins besoin de stimuli de la part du gouvernement pour
atteindre le million. C'est correct. Moi, honnêtement, je suis capable
d'acheter ça, là.
Dernière
chose — puis je
veux vous entendre là-dessus — le prix du gaz naturel, au Québec, est plus
cher qu'en Ontario. Y a-tu quelque
chose qu'on peut faire pour régler ça? Le prix du gaz naturel à la
consommation, il est plus cher au Québec
qu'en Ontario, y a-tu quelque chose qu'on peut faire pour diminuer l'écart
entre la consommation ontarienne puis québécoise? Parce que, là, vous
insistez beaucoup sur le gaz naturel dans votre politique.
M. Arcand : Oui. Bien,
d'abord, premièrement, si on peut faire du gaz naturel renouvelable, ça va
aider, d'une part. D'autre part,
c'est sûr qu'on a un problème au niveau du gaz naturel, c'est qu'on est en bout
de ligne. Maintenant, ça, c'est un
enjeu, d'ailleurs, en passant, sur lequel je vous invite à regarder une
décision de la Régie de l'énergie qui a été prise. J'ai demandé de regarder l'avenir, si on veut, du
gaz naturel d'ici les prochaines années puis les disponibilités de gaz
naturel parce qu'à ce moment-là on avait un
projet, entre autres, qui s'appelait IFFCO, là, qui pouvait prendre jusqu'à
20 % de la consommation totale
de gaz naturel. C'était très énergivore, ce projet-là. Et, à partir du moment
où de plus en plus les livraisons de gaz naturel viennent de la
Pennsylvanie, et non plus de l'Alberta, on est encore moins compétitifs que
l'Ontario, mais, à tout le moins, les choses s'améliorent parce que, souvent,
c'est une question de distance.
Alors, ce
sont des choses que l'on regarde. Et je dois vous dire que ça fait partie des
choses que la régie a dites, c'est
que le prix du gaz naturel... Si le projet de TransCanada ne se réalisait pas,
il est sûr que le prix du gaz naturel risque d'augmenter. Et, s'ils n'avaient pas la conviction que le projet de
TransCanada allait nécessairement faire en sorte que le prix n'augmente pas, bien, ils ont dit : Si
ça n'arrive pas, le prix va sûrement augmenter. Alors, ça, je pense qu'on
doit tenir compte de ça dans l'évaluation.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, il reste 30 secondes, M. le député.
M. Therrien :
Bon, bien, écoutez, je vais, tout simplement, remercier le ministre et son
équipe. Il y a des petites choses
qu'on a demandées, puis éventuellement, là, je suis convaincu que nous
obtiendrons satisfaction. Alors, je vous salue, M. le ministre. Et on se
revoit en Chambre, bien, sûrement l'année prochaine dans les mêmes
circonstances, mais avant ça dans les projets de loi, évidemment. Ça me fera
plaisir de travailler avec vous. Voilà.
M. Arcand :
Merci.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le député de Sanguinet.
Avec votre touche d'humour, vous avez allégé l'atmosphère, j'en suis
certain.
Alors, nous
allons terminer avec la partie gouvernementale pour un temps restant de trois
minutes. Alors, je ne sais pas si on va procéder avec une question avec
le député de Beauce...
M. Simard : Bien non, bien non.
Le
Président (M. Iracà) : ...Dubuc, excusez-moi, le député de Dubuc,
mais il reste seulement trois minutes. Alors, je ne sais pas si le
ministre veut faire des remarques finales?
M. Simard : J'ai deux petites
questions, M. le Président.
Le Président (M. Iracà) : Allez-y.
M. Simard :
D'abord, premièrement, M. le Président, sachant que le kilowatt le moins cher,
c'est celui qu'on économise, M. le
Président, sachant que l'innovation est au coeur des sociétés dynamiques et
prospères, le ministre peut-il nous informer sur la teneur des aides qui
sont actuellement disponibles aux entreprises québécoises qui désirent améliorer leur image de marque et, bien sûr, leur
rentabilité en investissant dans la modernisation des équipements de
production pour les rendre plus efficaces, plus énergétiques, c'est-à-dire
sauver de l'énergie, plus propres et plus performants? Ma première question.
Le Président (M. Iracà) : En
deux minutes, M. le ministre.
• (18 h 20) •
M. Arcand : Oui. Alors, en deux minutes,
simplement vous dire que, vous savez, on a eu, je dirais, au ministère puis dans d'autres ministères, un nombre infini de
programmes d'efficacité énergétique, d'amélioration, etc. C'est pour ça que je pense qu'il est important, à un moment
donné, qu'on centralise ça. Parce qu'il y avait beaucoup de programmes,
puis je pense qu'il faut centraliser ça, et c'est pour ça que l'organisme va
être extrêmement important. On va avoir un organisme
qui va fonctionner de façon très efficace. On ne parle pas de petites sommes,
là, on parle d'un minimum de 4 milliards.
Parce qu'avec le marché du carbone, de quelle façon le marché du carbone, au
cours des prochaines années, va évoluer,
certainement ça veut dire nécessairement plus de revenus à l'intérieur du Fonds
vert et, donc, plus de revenus potentiels pour nous dans l'avenir pour,
bien sûr, lutter sur la question du carbone. Alors, ça, je pense que ça va être
extrêmement important.
Actuellement,
il y a plein d'aides qui sont valables pour les entreprises. Il y a des
programmes qui sont administrés par nous, le Technoclimat,
ÉcoPerformance, les programmes de biomasse, etc., mais ça va être
particulièrement important qu'on ait un organisme centralisateur qui va
véritablement dire : Voici ce qu'on peut faire.
Puis
moi, je vois beaucoup... Puis je fais juste vous dire ça, mais je pense que,
dans ça, ça prend toujours aussi... Dans
le domaine énergétique, il y a beaucoup de gens qui ont beaucoup d'idées, puis,
des fois, c'est des idées un petit peu, je dirais, pas contradictoires, mais, tu sais, qu'ils pensent qu'on doit
prendre telle route pour arriver à tel endroit. Donc, je pense qu'il va devoir y avoir à l'intérieur de ça
des organismes de consultation et de reddition de comptes extrêmement serrés à la fois au gouvernement, à la fois à la
Régie de l'énergie pour qu'on puisse véritablement se dire tous ensemble
que ces sommes d'argent là, qui seront quand même importantes, vont être
utilisées à bon escient.
Le Président
(M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le ministre. Malheureusement, il
n'y aura plus de temps pour ce bloc ici.
Le temps imparti à
l'étude des crédits budgétaires du volet Énergie et Ressources naturelles étant
écoulé, la commission suspend ses travaux
jusqu'à 19 h 30, où elle poursuivra l'étude des crédits budgétaires
du volet — écoutez bien, là — Développement
nordique, relevant également du portefeuille Énergie et Ressources naturelles.
On se revoit tous à 19 h 30, merci.
(Suspension de la séance à
18 h 22)
(Reprise à 19 h 32)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! La Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles reprend ses travaux. Je demande...
Une voix :
...
Le Président
(M. Iracà) : ... — oui, on aura l'occasion de répondre à plusieurs
questions — à
toutes les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs appareils électroniques.
Développement nordique
La
commission est réunie afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du volet
Développement nordique du portefeuille Énergie et Ressources naturelles
pour l'exercice financier 2016-2017.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements pour ce volet?
La Secrétaire :
Non, M. le Président.
Discussion générale (suite)
Le
Président (M. Iracà) : Alors, lors de l'ajournement de nos travaux sur
le volet de la semaine dernière, le groupe parlementaire formant
l'opposition officielle avait la parole. J'invite donc à ce moment-ci la
députée de Duplessis à reprendre où elle
était rendue pour le bloc en lien — si vous vous en souvenez — avec l'opposition officielle. Alors,
la parole est à vous, Mme la députée de Duplessis.
Mme Richard : Merci, M. le Président. Bonne soirée à M. le ministre, les gens qui
vous accompagnent, chers collègues, M. le Président, également à vous.
Je nous souhaite une bonne soirée, de bons échanges.
Je
vais y aller — parce
que vous savez que le temps... ici, on est régis par le temps — donc, d'un premier essai pour en savoir un petit peu plus sur la société en
commandite qui doit être la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire.
On le sait, M. le Président, le gouvernement
libéral nous a annoncé qu'il créerait une société en commandite,
j'aimerais savoir de la part du ministre où
ils en sont rendus. Est-ce qu'ils ont des idées de qui pourra être sur le
conseil d'administration, c'est quoi, le profil? Donc, j'aimerais en
savoir un petit peu plus.
Le Président (M.
Iracà) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Merci, M. le Président. Écoutez, comme vous le savez, nous avons travaillé sur
la société en commandite. Je pense que
c'était très important pour nous de travailler sur le fait d'acquérir,
évidemment, les territoires de la
minière Cliffs, et donc cette société en commandite va voir le jour de façon
plutôt officielle dans les prochaines semaines.
Je demanderais peut-être à M. Sauvé, qui,
lui, participe de très près actuellement aux négociations, de pouvoir peut-être vous donner, à ce stade-ci, un
petit peu plus de détails parce que lui arrive avec des détails qui sont
plus frais sur ces choses-là.
Le Président (M. Iracà) : Alors,
pour un autre intervenant, ça me prend le consentement de tous les partis. Ça
va? Mme la députée de Duplessis?
Mme Richard : Oui, je vais donner mon consentement tout en
demandant à M. Robert Sauvé s'il peut être bref parce que j'ai
beaucoup de questions.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, à des fins d'enregistrement, vous allez
devoir vous nommer et nommer le titre que vous occupez.
M. Sauvé (Robert) : Robert Sauvé,
président-directeur général de la Société du Plan Nord. La société en commandite, qui s'appelle la société portuaire et
ferroviaire de Pointe-Noire, est déjà créée. Cette société en commandite
là, elle est propriété actuellement
d'Investissement Québec, qui a fait la transaction pour l'achat des
infrastructures sur le territoire de Pointe-Noire, c'est Investissement Québec qui en est totalement propriétaire. Nous
travaillons présentement à structurer
un partenariat avec deux partenaires de compagnies minières, et, dans les
prochaines semaines, je dirais, ou prochains mois au plus, la Société du
Plan Nord va acquérir d'Investissement Québec avec ses partenaires la société en commandite. Et la société
en commandite est commanditée, comme ça se fait dans toutes les sociétés en commandite, voit aux opérations et à la relance, si on veut,
des infrastructures de Pointe-Noire pour être opérationnelle le plus
rapidement possible, et ce qui est visé,
c'est que dès cet été, normalement, certaines opérations devraient être en
mesure de reprendre.
Le Président (M. Iracà) : Mme la
députée de Duplessis.
Mme
Richard : Merci, M. le
Président. M. Sauvé, est-ce que la Société du Plan Nord va rester majoritaire
comme actionnaire dans la nouvelle compagnie en commandite?
M. Sauvé (Robert) : La Société du
Plan Nord ne sera pas majoritaire de la société en commandite.
Mme Richard : Ça va être qui?
M. Sauvé
(Robert) : Il n'y aura pas de majoritaire. Ça va être un partage, mais
personne ne sera majoritaire parmi les commanditaires.
Mme
Richard : O.K. Un tiers, un
tiers... O.K. Parfait. Je vais m'essayer quand même, M. le Président, mais
je pense, M. Sauvé, qu'à ce moment-ci vous ne me direz pas les deux compagnies
en question.
Le Président (M. Iracà) :
M. Sauvé...
Mme Richard : Vous avez dit qu'il y
avait deux compagnies minières.
M. Sauvé
(Robert) : Comme la transaction n'est pas complétée puis qu'on est
encore en négociation, on n'est pas autorisés à en parler, c'est encore
des discussions d'affaires.
Mme Richard : D'accord. Je me doute
bien lesquelles, je ne les nommerai pas, moi non plus.
La Société du Plan Nord, en n'étant pas
majoritaire, c'est ce que je comprends... Sauf que c'est quand même
Investissement Québec qui, présentement, est le seul actionnaire, si on veut,
des terrains que possédait l'ancienne compagnie Cliffs, là, vous n'avez pas été
avec d'autres partenaires pour faire l'acquisition. Mais dans...
M. Sauvé (Robert) : Non, c'est
Investissement Québec.
Mme
Richard : C'est juste
Investissement Québec, il n'y avait pas de partenaires pour l'achat, mais il y
aura des partenaires éventuellement dans la société en commandite qui
vont se greffer à la Société du Plan Nord.
M. Sauvé (Robert) : Exactement.
Mme Richard : Et la Société du Plan
Nord a déjà nommé... je pense qu'il y a déjà une personne à Sept-Îles qui est en train de faire un certain travail, là,
pour mettre en place, c'est-à-dire, la division des terrains. On prévoit
même, si on devait aller de l'avant
prochainement avec Mine Arnaud, les silos seront installés à tel ou tel
endroit. On a déjà une personne à Sept-Îles?
M. Sauvé (Robert) : Il y a
plus qu'une personne à Sept-Îles. Il y a 17 travailleurs de Cliffs qui ont
été transférés à la société en
commandite, il y a un directeur général qui avait été embauché. L'équipe est en
place, ils continuent à assurer l'entretien de l'ensemble des
infrastructures et travaillent à relancer les opérations dès que ce sera
nécessaire.
Mme Richard : Merci. Quand je disais une seule personne en place, je pensais au
directeur général. Le directeur général
et les 17 personnes en place présentement sont sous votre autorité, sous
l'autorité du P.D.G. de la Société du Plan Nord, la société en
commandite n'étant pas encore...
M. Sauvé
(Robert) : Non, le directeur général est sous l'autorité du conseil
d'administration de la société en commandite.
Le Président (M.
Iracà) : Mme la députée.
Mme Richard :
Mais c'est qui présentement, le conseil d'administration de la société en
commandite?
M.
Sauvé (Robert) : Présentement, c'est deux représentants
d'Investissement Québec et un représentant de la Société du Plan Nord
qui est notre vice-président, Stéphane Asselin.
Mme Richard :
Parfait, merci. On aura sûrement d'autres occasions de s'en jaser.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, monsieur... Alors, je comprends que c'est terminé avec
M. Sauvé?
Mme Richard :
Oui, c'est terminé pour l'instant avec M. Sauvé.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, Mme la députée, vos questions pour le ministre.
Mme Richard :
Merci.
Le Président (M.
Iracà) : Il vous reste 3 min 50 s.
Mme Richard : Bon, on y reviendra au prochain bloc si on n'a pas le temps de vider la
question à ce
moment-ci. On avait demandé au ministère
une liste de certains projets miniers sur le territoire du Plan Nord,
je vous dirais qu'on en a reçu à peu près
une quinzaine. Moi, j'aimerais savoir, M.
le Président, de la part du ministre...
C'est bien beau, cette liste-là, là,
super beau. Moi, si j'avais tout ça pas juste chez nous, au Québec, l'économie,
comme on dit, ça irait extrêmement bien,
ce qui n'est pas le cas. J'aimerais savoir de la part du ministre
quels projets dans la liste que nous avons présentement, à court ou à moyen terme, on peut parler de
production, d'embauche, d'avoir de réels investissements pour une
relance économique parce que, quand je fais la liste, je vous dirais qu'il y en
a même certains que je ne suis pas sûre qu'ils vont aller vers une exploitation
à très long terme.
Le Président (M.
Iracà) : M. le ministre.
• (19 h 40) •
M.
Arcand : Écoutez, on peut essayer de passer à travers les listes.
Je ne sais pas si j'ai exactement la même liste, là, parce qu'on me donne
différentes listes, là. Alors, je vais peut-être passer à travers...
Mme Richard : Si je peux, M. le Président, c'est la page 111, sous les questions
particulières, M. le ministre.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, à la page 111.
Mme Richard :
Question 161, Énergie et Ressources naturelles, page... 161, sous les questions
particulières.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, vous pouvez peut-être prendre le temps de retrouver la
page en question.
Mme Richard :
Oui, on peut... Parfait.
M.
Arcand : Oui. Bien, O.K., écoutez,
c'est parce que je pense que la question a été posée à un moment donné, quand le ministre des
Mines est intervenu. Alors, je veux juste m'assurer, là, qu'on parle de la même
chose et qu'on ait la même liste.
Mme Richard : On l'avait posée à la société, ils nous ont renvoyé aux Ressources naturelles, puis là moi, je le reprends ce soir.
M.
Arcand :
Oui, c'est correct, pas de problème, on va y répondre. Laissez-moi juste le
temps d'avoir le bon document, on cherche le bon document.
Mme
Richard : Je vous laisse tout le temps. Parfait.
Sur
les quelques minutes qu'il me reste — et,
peut-être, ce sera M. Sauvé qui y répondra ou peut-être
qu'il n'aura pas le temps — vous
savez, quand on a fait le projet de
loi sur la Société du Plan Nord avec l'ancien ministre, M. Gignac, on avait parlé beaucoup
qu'on voulait l'implantation du siège social dans les régions impliquées directement
dans le développement nordique, mais, à cause d'un profil du P.D.G. qui
était, selon nous, impossible, parce
qu'on voulait un profil qui réponde aux attentes qu'on avait envers
le P.D.G., on a fait une concession — moi,
j'en faisais partie, en tout cas, à ce moment-là, quand on étudiait les deux projets
de loi — à l'effet que le siège social soit à Québec. Par contre, ce que je me rends compte, M. le
ministre, c'est que nous avons, je
vous dirais, beaucoup, beaucoup plus d'employés à Québec que dans toutes les antennes comprises, là, Chibougamau, Roberval, Baie-Comeau, Sept-Îles.
Donc, je voulais juste vous demander — parce que moi, j'ai l'impression que tout
provient encore de Québec — est-ce qu'il y a quand même une certaine autonomie au
niveau des antennes? Parce que je vous dirais que c'est près d'une quarantaine
d'employés à la société pour... Par rapport aux antennes, là, ce n'est pas un
poids très équilibré selon moi.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, vous aurez l'occasion de répondre, M. le
ministre, dans le prochain bloc. La question a été bien posée, mais,
malheureusement, il manque de temps.
Alors,
nous allons procéder à l'échange avec la partie gouvernementale pour un temps
approximatif de 19 minutes. Alors, je vais céder la parole immédiatement
au député d'Abitibi-Est. La parole est à vous.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Bonne soirée à l'ensemble des collègues.
Effectivement, nous allons avoir une
soirée, je suis convaincu, fort animée et fort intéressante parce qu'on va
pouvoir, en même temps, faire, je dirais, une meilleure connaissance avec le potentiel, avec la réalité de ce que
c'est que le Plan Nord. Et, là-dessus, je pense qu'il faut donc revenir
un peu sur les assises qui ont guidé cette mise en place du projet et la mise
en place, éventuellement, de la Société du Plan Nord.
L'année dernière, à
peu près à la même date, quand nous étions à l'adoption des crédits, nous avons
discuté beaucoup de, justement, la Société
du Plan Nord, qui venait d'être mise en place, qui devait se déployer dans
l'année à venir. Ce soir, je pense
qu'on sera à même de, justement, plus être capables d'échanger sur les actions
de cette année et également sur ce
qui s'en vient en termes de réalisations, en termes d'enjeux qui se dressent
devant le mandat qu'elle a à réaliser,
mais aussi que l'ensemble du territoire est en attente au niveau de certaines
réalisations et l'identification des partenariats, des collaborations
qui vont se faire sur ce vaste territoire là.
Et,
pour le bénéfice de ceux qui nous écoutent qui sont moins familiers, je pense
qu'il faut bien resituer, hein? Le territoire
du Plan Nord, c'est 1,2 million de kilomètres carrés. C'est un territoire
immense, un territoire tellement vaste qu'on ne peut pas le couvrir de façon entière soit par les routes, soit par
les réseaux ferroviaires, soit par la desserte maritime, il y a toujours
une section du territoire à laquelle on n'aura pas accès si on veut pouvoir s'y
rendre en n'utilisant qu'une forme de
transport. D'ailleurs, plus tard dans la soirée, je vous reviendrai là-dessus,
sur ces enjeux-là en tant que tels au niveau de toute la question des
réseaux d'accès pour le territoire, c'est un enjeu fondamental dans le
développement d'un projet d'une telle ampleur.
Mais
j'aimerais qu'on en discute, dans un premier temps, sur un volet qui est plus
un volet économique. M. le ministre,
vous savez que, dans le mandat qui vous a été confié, on a identifié clairement
cet enjeu-là en termes économiques, le
développement économique du Plan Nord. Ce n'est pas le seul, cependant. On a
également identifié très clairement des enjeux au niveau environnemental et au niveau social. Le social, ça
aussi, tout à l'heure, on en discutera un peu plus en détail, M. le
Président. Il y a 63 communautés sur ce vaste territoire qui sont composées de
populations autochtones, allochtones et inuites. Elles se répartissent sur le
littoral, mais aussi au coeur de ce vaste territoire là. On a les nations
autochtones innue, inuite, crie et naskapie qui sont réparties sur le
territoire, mais également les Nord-Côtiers, donc de la région de notre collègue de Duplessis et son collègue de
René-Lévesque, mais également les Jamésiens, du secteur, donc, d'Ungava plus spécifiquement avec notre
collègue, et également des Jeannois, dont le député de Dubuc en connaît,
à ma connaissance, plusieurs, et tout ce beau monde là veut être impliqué dans
la réalisation de ce vaste projet là.
Dès
le départ, il y a eu une écoute, une attente particulière identifiée, mais une
écoute à la fois de notre gouvernement
et, je peux dire, qui a été transmise auprès du bras oeuvrant quand il a été
créé. Donc, la Société du Plan Nord a
aussi cette mission-là de travailler comme un acteur structurant,
facilitateur, — comment
je dirais? — un outil
qui doit permettre, dans des cas plus
difficiles, de discuter avec le territoire et de voir des pistes de solution
parce que, oui, ces enjeux-là se présentent aussi comme ça.
Donc,
M. le Président, dans le volet de développement économique, compte tenu de
l'immensité du territoire, mais compte
tenu aussi du vaste potentiel qu'il représente... Parce que ça a été beaucoup
identifié en 2011 dans la première mouture,
on a beaucoup associé le Plan Nord avec le développement minier. Il y avait une
effervescence à l'époque qui était tout à fait particulière, qui
laissait croire que ce moteur-là qu'était le secteur minier était pour être
celui qui était pour vraiment retenir
l'attention, mais, en même temps, il y avait des attentes légitimes de la part
de la population avec tout ce qui
pouvait tourner autour de ça, comment venir les positionner. Mais aussi les
gens disaient : Mais on n'est pas seulement que du développement minier, il y a un secteur forestier fort important
à l'intérieur du Plan Nord, il y a aussi un potentiel touristique
incroyable et également tout le secteur énergétique qui est y associé. Le Plan
Nord englobe une grande partie de la
capacité de production hydroélectrique de la société d'État qu'est
Hydro-Québec, donc, automatiquement, amène les populations aussi à
vouloir se positionner en lien avec ces réalisations-là.
Et,
là-dessus, moi, j'aimerais un peu entendre le directeur général de la Société
du Plan Nord sur comment, dans votre
mandat, vous entendez déployer la stratégie en termes de développement
économique auprès des grands acteurs, les grands projets pour pouvoir s'assurer qu'ils vont donner accès à la
population, aux entreprises du territoire pour pouvoir aspirer à se
développer en même temps que ces grands projets là sur ce vaste territoire là.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, M. le ministre, je suppose que vous
allez céder la parole à M. Sauvé à ce moment-ci.
M.
Arcand :
Oui.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, M. Sauvé, la parole est à vous.
• (19 h 50) •
M.
Sauvé (Robert) : Merci. Il y a de prévu dans la loi créant la Société
du Plan Nord de mettre en place un bureau de commercialisation, ce que nous avons commencé à concrétiser par la
mise en place d'agents de commercialisation dans chacun des bureaux
régionaux. On en a quatre en fonction présentement : un à Sept-Îles, un à
Baie-Comeau, un à Chibougamau et un à
Roberval. Ces gens-là sont déjà en contact avec les donneurs d'ordres de leurs
territoires respectifs pour voir
quels sont les besoins en termes d'attribution de contrats et, en même temps,
ils sont en contact avec les PME qui ont la possibilité de pouvoir
répondre à ces contrats-là.
Et c'est vrai pour les grands donneurs d'ordres,
que ce soit Hydro-Québec, les grandes minières, ArcelorMittal, etc. Ça, ça se fait déjà par les agents de
commercialisation. Ça, c'est un volet sur lequel on travaille présentement. Il y a
une espèce de plateforme sur notre site
Internet qui va être installée, qui va nous permettre d'avoir un inventaire de
l'ensemble des entreprises
du territoire du Nord du Québec, donc du territoire du Plan Nord,
et qui va nous permettre de pouvoir faire la meilleure adéquation possible entre les sous-traitants, les entreprises
ou les fournisseurs avec les grands donneurs d'ordres selon les besoins qui sont identifiés. Ça, ça
existait déjà, on est en train de développer
ça. Et c'était plutôt développé du côté du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
et on profite de cette expertise-là pour l'étendre sur l'ensemble du territoire
de la Société du Plan Nord. C'est en train de
se faire présentement, les gens sont en poste, et tous les outils qu'on met en
place sont en train de prendre place également.
Le
deuxième volet qui est en développement, c'est de trouver, là aussi, une
plateforme qui va nous permettre de se mettre
en lien avec les entreprises du sud du 49e parallèle. Parce que vous pouvez
imaginer que les entreprises du Nord ne peuvent pas répondre à l'ensemble des contrats sur le territoire du Nord
du Québec, donc il y a des entreprises du sud qui font déjà affaire avec
le Nord, d'autres qui souhaiteraient faire affaire avec le Nord. Dans ce cas-là,
on va donner de l'information sur ce que ça veut dire, faire affaire avec le Nord, en termes de logistique, en
termes de coûts, en termes d'infrastructures d'hébergement et tout ce
que ça peut impliquer. On va aider les entreprises autant dans le Nord que dans le sud à se qualifier pour pouvoir participer
à des appels d'offres des grands donneurs d'ordres, mais on va aussi
créer un pont d'information pour que les entreprises intéressées du sud qui
veulent faire affaire dans le Nord puissent avoir accès à des informations sur
notre site Internet et avoir accès, donc, à la banque de données qu'on va
installer, qu'on va mettre en place.
Et troisième volet,
qui est aussi important mais plutôt différent, c'est de voir comment on peut
intéresser des investisseurs étrangers à venir soit s'installer au Québec en
partenariat avec des entreprises d'ici, soit venir faire des investissements
eux-mêmes dans de nouvelles entreprises, soit aussi amener des développements
technologiques pour optimiser ou rendre nos
entreprises plus performantes et, le dernier volet, d'acheter les produits
qu'on fabrique dans le Nord, notamment les produits miniers.
En
gros, c'est ce qui est en train de se mettre en place. Il y a déjà des phases
qui sont opérationnelles, et on va continuer à développer ça au cours de
la prochaine année. Je dirais que, d'ici la mi-2016, on aura pas mal de choses
de mises en place et de très opérationnelles.
Le
Président (M. Iracà) : Alors, merci, M. Sauvé. M. le député
d'Abitibi-Est, pour un temps restant d'environ huit minutes.
M.
Bourgeois : Oui. Donc, si je vous comprends bien... Et je m'excuse,
mais, si vous permettez, M. le ministre, je vais... Vous savez, j'ai l'habitude, hein? Quand vous avez un invité, je
m'en occupe bien, je m'assure qu'on...
Non, mais c'est pour ne pas avoir le
regret, après qu'il soit parti, de dire : On aurait donc dû lui poser la
question. M. Sauvé est là, donc on va en profiter, si vous
permettez.
Donc,
M. le Président... en complément, si je vous comprends bien,
M. Sauvé, les entreprises québécoises qui vont vouloir se positionner en lien avec ce vaste projet là, en termes de développement économique, en
termes de potentiel sur les projets majeurs, vont pouvoir faire
connaître leur intérêt à participer à la réalisation des projets. Donc, vous
allez solliciter les grands donneurs
d'ordres pour donner de l'information sur les projets, et eux, les donneurs d'ordres,
vont pouvoir aller recueillir de l'information en lien avec les réseaux de
fournisseurs, avec...
Le Président (M.
Iracà) : M. Sauvé.
M. Sauvé
(Robert) : Pas tous les grands donneurs d'ordres acceptent d'ouvrir
leurs livres et de nous dire exactement, précisément tout ce dont ils ont besoin. La plupart des
grandes entreprises ont déjà leurs fournisseurs, ont déjà des gens, mais notre travail, c'est de les
sensibiliser au fait qu'il peut y avoir sur leur territoire des entreprises
qui, de façon avantageuse, peuvent leur
rendre de bons services. Donc, dans
le fond, il s'agit
d'établir le lien puis la meilleure adéquation possible entre les besoins tels qu'exprimés par les grands donneurs
d'ordres et la capacité que les entreprises de la région et du reste du Québec
ont de pouvoir y répondre de façon tout à fait compétitive. Et c'est ce lien-là
qui est sur une base continue, donc ça prend des gens qui s'occupent de ça,
mais ça prend aussi des banques d'informations qui facilitent l'opérationnalisation des liens entre les donneurs
d'ordres dans différents secteurs — exemple,
en électricité, en plomberie, dans différentes technologies — avec
les entreprises du territoire ou du sud qui ont la capacité de répondre à tout
ça.
Et
en même temps, bien, l'information qui circule permet à des entreprises de se
diversifier, d'offrir de nouveaux produits
et d'adapter leur offre de services en fonction des contrats qui peuvent être
donnés sur le territoire. Et ça, ça s'est fait beaucoup, notamment en Abitibi-Témiscamingue, au cours de la dernière décennie, où il y a des
équipementiers qui se sont développés
pour vraiment répondre aux besoins puis qui ont remplacé, finalement, des entreprises extérieures qui, auparavant, fournissaient les
compagnies minières sur le territoire.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député, cinq minutes.
M.
Bourgeois : Oui. Donc, c'est
un point important. Parce que vous avez amené, justement,
cette connaissance-là, donc
l'appropriation de l'information de la part des entreprises et aussi des
travailleurs. Parce que je présume que, quand même, vous allez avoir aussi
une préoccupation pour avoir une forme d'échange au niveau des travailleurs québécois
qui vont vouloir offrir leurs services à ces grandes entreprises là qui ont des
besoins.
Et là je me
permettrai aussi une petite parenthèse, mais ce n'est pas juste le grand
donneur d'ordres, ce n'est pas juste...
Vous l'avez vécu, Mme la députée de Duplessis, quand Hydro-Québec donne un contrat, elle donne un contrat, par
exemple, de 50 millions, une fois qu'elle a donné le contrat, ceux qui
dépensent l'argent, c'est ceux qui ont obtenu le contrat. Hydro-Québec va payer pour le contrat qui est fait, mais, si c'est la
compagnie XYZ qui fait des travaux d'excavation et de remblai, qui
dépense l'argent?
De ce
côté-là, M. Sauvé, je pense que... L'accès à l'information, est-ce qu'il va être disponible pour, justement, ces joueurs-là qui, dans le fond, ont réalisé des
grands travaux pour ces projets-là, et donc venir donner aussi de l'information
à des acteurs du territoire
qui, parfois, vont avoir plus de facilité à se positionner... Parce que le
contrat de 50 millions, au départ,
ils ne pouvaient pas le faire, mais le sous-contrat de 500 000 $, de
20 000 $, eux aussi ont besoin de fournisseurs, ont besoin de sous-traitants. Dans la nomenclature,
est-ce qu'on... Ça se dessine comme ça, votre bureau de
commercialisation?
Le Président (M. Iracà) : M. Sauvé.
M. Sauvé
(Robert) : Oui. Bien, évidemment
que ça devient pas mal plus intéressant pour les fournisseurs d'avoir le niveau de détail qui correspond à ce qu'ils
peuvent offrir comme services, bien évidemment. Et ce n'est pas toujours avec les grands
contracteurs généraux qu'on obtient toute l'information parce que ça se décline
effectivement, des fois, en plusieurs étages de sous-contrats qui sont donnés.
Il n'y a pas seulement un groupe sous l'entrepreneur général, mais, des fois, il y a des sous-entrepreneurs généraux
qui vont redonner, eux aussi, de leur côté, des contrats, et c'est toute
cette hiérarchie-là qu'il faut être capable
d'identifier pour bien identifier où sont les donneurs de contrats qui vont le
plus possible correspondre aux entreprises qu'on veut soutenir dans leur
capacité de répondre à des besoins.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M. Bourgeois : Oui, M. le Président.
Bon. Et, dans cette démarche-là, vous avez travaillé avec les gens du territoire,
les organismes de développement du territoire pour voir un peu, dans la modulation, comment
vous allez livrer cette information-là sur le territoire? Je comprends
que le bureau de commercialisation, lui, il est physiquement dans chacune des parties de ce vaste territoire là, mais avec quel type de partenariat avec les sociétés
de développement, les chambres de commerce? Vous
fonctionnez comment de ce côté-là?
Le Président (M. Iracà) : M. Sauvé.
• (20 heures) •
M. Sauvé
(Robert) : Bien, il y a beaucoup
de travail qui se fait avec les CLD sur le territoire. Il y a beaucoup
de travail qui se fait aussi, j'imagine,
avec les chambres de commerce. Mais on a la chance d'avoir des professionnels
qui travaillent dans notre équipe qui ont de l'expérience, qui connaissent bien
ces réseaux-là, qui sont déjà en lien avec beaucoup
de fournisseurs et qui vont être capables de développer leurs propres réseaux.
Mais, évidemment, c'est pas mal impossible
maintenant, dans le monde d'aujourd'hui, de travailler seul, ça fait qu'il y a
déjà des intervenants sur le terrain avec qui on se concerte et avec qui
on partage l'information également. Et ça se fait de cette façon-là déjà, et on
va développer ces liens-là avec les organismes du milieu autant que possible.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député, allez-y, il vous reste une minute.
M. Bourgeois :
Donc, je vous remercie de l'information, M. Sauvé, parce que, vous
comprendrez, tant pour la députée de
Duplessis que pour un député comme moi, dans l'Abitibi-Est, où on a une
relation d'affaires depuis longtemps avec le territoire du
Nord-du-Québec, d'avoir un organisme qui permet de venir identifier clairement
comment ça va fonctionner dans la suite des
choses, je pense que c'est un... S'il y a un élément, par rapport aux premiers
balbutiements du Plan Nord en 2011 et
aujourd'hui, je pense, celui-là, il fait une différence. Peut-être, la députée
de Duplessis aura une autre opinion,
mais moi, je suis convaincu qu'on a là un modèle qui va permettre à notre monde
de venir se positionner en lien avec
des enjeux et qui va servir dans un premier temps pour les gens qui sont dans
le territoire, qui veulent vraiment s'assurer
de bénéficier des retombées économiques de ces projets-là, mais également pour
le reste du Québec qui veut avoir accès à cette information-là, pour
venir au moins identifier c'est quoi réellement, leur potentiel, M. le
Président.
Vous le
savez, même dans votre comté, je suis convaincu que vous avez des entrepreneurs
qui font affaire déjà, dans le Nord,
avec certaines compagnies. Mais tout ce qu'ils veulent, ils nous le disent, ils
nous interpellent, ils viennent à nos bureaux de comté et disent : Moi, je veux
être sûr que, lorsque ça va se présenter, qu'il y a des opportunités, vous
allez nous les identifier. Et, là-dessus, M. Sauvé, on compte beaucoup sur
votre équipe.
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le député
d'Abitibi-Est. Nous allons procéder au bloc d'échange avec le deuxième
groupe d'opposition, et je cède immédiatement la parole au député de Groulx.
M. Surprenant :
Je vous remercie, M. le Président. Alors, d'emblée, je vais indiquer à mes
collègues que nous allons plancher sur autre chose que du bois ce soir.
Alors, M. le
Président, d'abord, Mine Arnaud, alors, ils comptent exploiter pendant
30 ans un gisement d'apatite, un minerai destiné à la fabrication
d'engrais. En novembre 2015, le seul partenaire à ce projet, Yara
International, quittait le Québec avec toutes les données géologiques qui démontrent
la valeur économique de ce projet. Ce dossier traîne
depuis 2005, alors sous la responsabilité de la SGF. Le gouvernement est
actuellement à la recherche de partenaires financiers pour ce projet de 850 millions environ. Certes,
Investissement Québec a mandaté une firme internationale pour tenter de
trouver des investisseurs pour ce projet-phare de la relance du Plan Nord, mais
est-il prévu d'investir dans le financement
d'études géologiques pour démontrer encore la viabilité de ce projet afin
d'attirer toujours des investisseurs potentiels, M. le ministre?
M. Arcand : D'abord, M. le
Président, je pense que Mine Arnaud, c'est un projet qui, effectivement, date
depuis un certain temps. Investissement
Québec en est le principal actionnaire au moment où on se parle. C'est un
projet d'apatite qui vise à produire un concentré de phosphate utilisé
dans la fabrication d'engrais.
Maintenant, la compagnie norvégienne Yara avait
annoncé au départ son intention de permettre une production de 1,2 million
de tonnes par année de ce minerai essentiel au développement de l'agriculture
au niveau international. Au départ, Yara avait dit qu'elle allait acheter la
totalité de ça. Yara a indiqué qu'elle était intéressée toujours à acheter une partie, mais pas nécessairement la totalité.
Alors, je pense que c'est important de comprendre que Yara ne s'est pas
retirée complètement. Ce partenaire a décidé de limiter sa participation dans
le projet, ce qui fait qu'Investissement Québec a embauché une firme pour
essayer de remodeler, si on veut, le modèle financier pour ce qui est de Mine
Arnaud.
Maintenant,
je rappelle que nous avons travaillé, d'une part, avec une entreprise
spécialisée dans la recherche de financement
pour ce type d'entreprise là. Moi-même, avec le président d'Investissement
Québec, je suis allé à New York, je
pense que c'était au mois de décembre. Nous avons fait des représentations
auprès de certains investisseurs, et je dois dire que la réception, elle est quand même positive actuellement. Ce que
je peux dire par rapport à ce projet-là, c'est que c'est clairement,
dans le cas d'Investissement Québec et de Ressources Québec par le fait même,
je dirais, une des premières priorités de l'organisme au moment où on se parle,
et nous ne ménageons pas les efforts pour trouver le financement nécessaire
pour la poursuite de ce projet. Je vous rappelle que ce projet a vécu certaines
problématiques reliées, entre autres, à la
question environnementale, il y avait certains enjeux, ce qui fait qu'il y a eu
un premier BAPE qui a posé un certain
nombre de questions. Par la suite, c'est devenu beaucoup plus positif suite aux
corrections qui avaient été apportées par Hydro-Québec.
Mais, vous
savez, ce qui a lancé ce projet-là, sur le fait que l'agriculture, au niveau international,
va se développer au cours des
prochaines années de façon importante et qu'on a besoin de ce qu'il faut, du
minerai dont on parle, de l'apatite, je
pense que la réalité, elle est encore là. Actuellement, c'est beaucoup plus une
question de financement, et je sais qu'on est allés sur certains marchés asiatiques. Et, sans vous dévoiler de noms
actuellement, il y a des gens qui sont certainement intéressés à devenir partenaires pour Mine Arnaud,
et je peux vous assurer qu'on fait tous les efforts nécessaires pour
faire en sorte que les travaux de mise en
valeur du projet minier se déroulent le plus rapidement possible, selon le
calendrier qui est prévu.
Donc, je peux
simplement vous dire qu'il est clair qu'une phase d'exploitation n'est
peut-être pas si loin que ça. Mais, vous savez, je ne veux pas comme
faire de promesse ici ce soir parce qu'à chaque fois que nous avons fait des rencontres avec les investisseurs, c'est toujours
la même chose, il faut signer le contrat, signer les ententes pour que
tout le monde soit sur la même longueur
d'onde. Mais je peux simplement vous dire que personne chez Investissement
Québec ne baisse les bras, et il y a déjà, je peux vous dire, déjà des gens
extrêmement intéressés.
Le Président (M. Iracà) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Est-ce que vous
auriez un quelconque horizon en vue?
M. Arcand : Bien, écoutez,
premièrement, je peux vous dire que la phase d'exploitation, au départ, était
prévue autour de 2018. Il se peut qu'il y
ait un certain retard, mais, encore une fois, vous savez, les investissements
que l'on voyait, c'étaient des
investissements annuels de 140 millions, c'est des créations de
300 emplois. C'est encore dans nos cartons au moment où on se parle,
et, pour moi, je peux vous dire que, parmi tous les dossiers qui existent
actuellement sur la Côte-Nord, c'est
certainement un dossier, pour moi, qui est prioritaire parce que c'est beaucoup
d'emplois dans la région de
Sept-Îles. Et je sais qu'ils en ont besoin, et je sais que c'est donc quelque
chose... je pense qu'il ne se passe pas une semaine sans que je parle aux gens d'Investissement Québec, où je
demande aux gens de mon cabinet de vérifier ce qui se passe au niveau de
Mine Arnaud. Et je pense qu'Investissement Québec a bien reconnu la nature de
la problématique actuellement, et c'est pour
ça qu'ils ont fait appel au départ à des spécialistes pour trouver ce type de
financement, qui est quand même extrêmement spécialisé et qui est
nécessaire. Alors, on continue d'y travailler.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
M. Surprenant : Merci, M. le
ministre. Alors, sur un autre sujet, au niveau d'une potentielle troisième voie
ferroviaire, alors, l'étude de faisabilité d'un tracé... le nouveau tracé,
dis-je, ferroviaire reliant Sept-Îles à la fosse du Labrador, qui devait être déposé à la fin de 2015, ne le sera pas avant
l'automne 2016. Alors, le gouvernement avait octroyé près de 12 millions de dollars à la firme
d'ingénierie Canarail pour cette première étude. Aujourd'hui, nous savons
qu'on se rend vers les 15 millions
environ. Alors, quelles sont les raisons de ce dépassement? Et comment
allez-vous stopper cette dérape financière?
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
• (20 h 10) •
M. Arcand : Bien,
d'abord, premièrement, je tiens à vous rappeler que nous avions d'abord réservé
une enveloppe de 20 millions de dollars dans le Fonds du Plan Nord afin de
contribuer à la réalisation de cette étude-là pour
l'option ferroviaire. Je pense que vous allez être d'accord avec moi pour dire
que tout ce qui touche, évidemment, le transport...
Le minerai, d'aller chercher du minerai, c'est une chose. Mais de le
transporter de façon compétitive, c'est majeur. D'ailleurs, c'est pour
ça qu'on a, d'ailleurs, acheté le terrain de Cliffs, parce que, pour nous,
c'était une voie d'accès et ça allait nous permettre d'être beaucoup plus
compétitifs.
Maintenant, sur la question du chemin de fer, je
pense qu'il était important de regarder cette voie-là. Il y a eu pendant des années des discussions avec le
Canadien National, il y a eu des discussions avec des joueurs pour
regarder la possibilité de créer une voie
qui serait beaucoup plus facile pour les usagers, qui sont aux prises,
évidemment, avec des compagnies de
chemin de fer privées dans les deux autres cas, et donc c'est toujours difficile de négocier avec des gens qui sont des compétiteurs, dans un sens. Alors, je pense
que c'est bien important. Donc, pour nous, le côté multiusager
était particulièrement important au niveau de ce chemin de fer là. Donc, on a
un budget de 20 millions. Pourquoi on est rendus à 15? Je pense que peut-être
que M. Sauvé pourrait répondre à cette question-là parce que c'est au
niveau, évidemment, des ententes qu'on a pu faire avec les consultants.
Le Président (M. Iracà) : Avec
le consentement du député de Groulx? M. Sauvé, la parole est à vous.
M. Sauvé
(Robert) : En fait, il n'y a
pas de dépassement de coûts. Le contrat initial qui a été donné était
pour une phase qui est devenue la
phase IA, qui va du port de Sept-Îles jusqu'à Fire Lake. L'étude se fait à l'intérieur des coûts prévus. Il y avait
un contrat qui était donné à Canarail, mais il y a des frais aussi qui se
greffent d'autre nature que juste le contrat de Canarail qui
représentent un certain montant d'argent pour la phase IA. Mais on a
ajouté en cours de route la phase IB,
qui part de Fire Lake pour se rendre jusqu'à Fermont, et, comme on vise la
relance de la mine du lac Bloom, bien,
ça devenait pertinent d'envisager ce tronçon-là également. Donc, on a 70 kilomètres
de plus d'étude qui sont en voie d'être
complétés, qui représentent quelques millions supplémentaires de travaux, de
là l'enveloppe globale de 15 millions plutôt que le
contrat original, qui n'était que le contrat de Canarail, qui était de 11 780 000 $.
Mais, au total, on est exactement dans les prix qu'on avait prévus au départ,
compte tenu qu'il y a une phase IB qui s'est ajoutée.
Le Président (M. Iracà) :
Merci, M. Sauvé. M. le député de Groulx.
M. Surprenant :
Oui. Toujours au sujet de cette troisième voie potentielle, alors deux études
avaient été réalisées. Donc, en 2013,
le Canadien National et la Caisse de dépôt et placement du Québec avaient
conclu, donc, qu'un troisième lien n'était pas nécessaire, alors, sur le
principe que les volumes de minerai transportés ne justifiaient pas, donc,
cette troisième voie ferrée. Et la firme, justement, que vous avez mentionnée,
Consultrail, était aussi arrivée à la même conclusion,
pas besoin d'une troisième voie ferrée, les deux existantes suffisent. Alors,
maintenant, pourquoi cette firme, cette même firme, se retrouve aujourd'hui
financée avec les deniers publics pour réaliser la même étude?
Le Président (M. Iracà) :
M. Sauvé ou M. le ministre?
M. Arcand : Bien,
écoutez, premièrement, dans ce domaine-là, comme vous le savez, les choses
évoluent rapidement. Je vais vous donner simplement
un exemple, je
pense que, là-dessus,
c'est assez majeur. Il y a quelque
temps, il y avait une entreprise qui s'appelait WISCO. Cette entreprise-là
avait un projet dans la fosse du Labrador qui était majeur, on parlait d'un projet de 14 milliards de dollars. Je peux simplement vous dire que, demain matin, cette firme-là
décide de revenir au Québec,
c'est un projet majeur dans lequel on parle de tonnes et de tonnes de minerai
de fer. C'est combien?
M. Sauvé (Robert) : 50 millions...
M. Arcand : 50 millions de tonnes de minerai de fer. Alors, je pense
que vous savez qu'un chemin de fer on ne peut pas bâtir ça en deux
temps, trois mouvements. Je crois qu'il était nécessaire pour nous de revoir la
situation.
Maintenant,
très important également de vous dire que, dans le cas du Canadien
National, il y avait des discussions à l'époque, mais on sentait une certaine résistance de la part des entreprises
minières de faire affaire avec le Canadien National parce que le Canadien National est là, évidemment, comme opérateur,
ce n'est pas un OBNL, hein, c'est une entreprise qui est là pour faire des profits. Et, compte tenu du côté extrêmement stratégique
de la question du transport quand il
s'agit du minerai de fer, je pense qu'il était nécessaire pour les entreprises
de faire des voies alternatives. Actuellement, les
deux chemins de fer qui existent au moment où on se parle, il y en a un qui est
propriété de... C'est maintenant Rio Tinto, je pense, hein?
M. Sauvé
(Robert) : ...
M. Arcand :
Iron Ore, qui est Rio Tinto maintenant. Et puis l'autre, c'est ArcelorMittal.
Et, évidemment, les autres compétiteurs aimeraient faire affaire avec
quelqu'un d'autre, aimeraient avoir un chemin de fer, et d'ailleurs ils sont prêts à travailler avec nous en ce sens-là.
M. Sauvé a eu des discussions, des rencontres, et il y a vraiment un
intérêt de ce côté-là. Alors, à partir du moment où il y a quand même un
intérêt du côté privé, je pense qu'il est important pour le gouvernement de pouvoir évaluer de façon très
claire les différentes possibilités. Mais c'est sûr que, dans ces
possibilités-là, le CN ne fait pas partie
actuellement, là, des possibilités, et donc on regarde d'autres alternatives.
Parce que tout ça est clé, hein, il faut assurer un coût de transport
qui va être compétitif. On vient de régler la question de l'entrée du port de Sept-Îles, on va tout faire pour également régler
la question du coût de transport, et c'est pour ça qu'on veut continuer
à regarder cette possibilité-là.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député, sept minutes.
M. Surprenant :
Merci. Vous parlez, donc, d'une entreprise privée qui est intéressée aussi. Je
vais mentionner Champion Iron Mines,
qui participe à la réalisation de l'étude et qui, donc, pourrait être également
bénéficiaire de cette troisième voie.
Vous ne trouvez pas qu'il y aurait peut-être un risque de conflit d'intérêts,
d'une part? D'autre part, bien, vous avez, effectivement, procédé à
l'achat de Pointe-Noire à Cliffs et puis, donc, pourquoi ne pas acheter une
ligne ferroviaire d'IOC qui est à vendre également?
Le Président
(M. Iracà) : M. le ministre.
M. Arcand :
Bien, c'est-à-dire que ça, là-dessus, vous savez, on pourrait... D'abord,
premièrement, le gouvernement n'est pas un opérateur de chemins de fer.
Ça, c'est la première des choses qu'il faut dire. Le gouvernement est prêt à
participer à une étude, est prêt à, si on veut, stimuler la participation, mais
c'est clair que ça va être aux compagnies qui vont utiliser les chemins de fer
d'être au niveau du financement. Le gouvernement peut appuyer, peut aider, peut
peut-être, à la rigueur, compléter le
financement de ces projets-là, mais, encore une fois, il faut que ce soit une
initiative du privé. C'est au privé à s'organiser en ce sens-là. Nous,
actuellement, dans ce cas-là, on joue le rôle de facilitateur.
Pour
répondre de façon plus précise à votre question, pourquoi on n'a pas regardé
cette autre option là, peut-être que M. Sauvé a la réponse. Moi, je
ne l'ai pas.
M. Surprenant :
Pour préciser ma question, M. Sauvé, dans ce cas-ci, là... M. le
Président, alors, oui, pourquoi ne
pas acheter cette ligne-là qui est à vendre? On comprend que, dans le cas d'en
créer une troisième, on se lance dans de très longues études, un
chantier titanesque. Alors, pourquoi, donc, ne pas acheter celle-ci et
peut-être l'adapter?
Le Président
(M. Iracà) : M. Sauvé.
M. Sauvé
(Robert) : Bien, en fait, l'idée de travailler sur une option qui est
un troisième chemin de fer nous permet d'avoir
une autre opportunité ou une autre possibilité qui nous permet de faire face à
une croissance qu'on ne connaît pas encore,
mais qui pourrait théoriquement se rendre jusqu'à au-delà de 150 millions
de tonnes par année. Donc, à 150 millions de tonnes par année, on aurait à se poser la question si on améliore
l'un ou l'autre des deux chemins de fer existants ou bien si on crée un troisième chemin de fer. Donc, on a
juste voulu se donner toutes les options et aussi pouvoir comparer les coûts entre construire un nouveau chemin de fer et
se porter acquéreur et améliorer un chemin de fer existant. Donc, on
voulait vraiment avoir la possibilité, pour le gouvernement, de prendre
position puis d'avoir la meilleure information possible pour voir comment on fait évoluer le réseau de chemin de fer
pour répondre à la croissance des besoins qui va se dessiner sans doute au cours des prochaines années
en termes de tonnage à transporter de la fosse du Labrador vers le port de Sept-Îles. On va développer aussi le port de
Sept-Îles pour une capacité qui est nettement au-delà de 30 ou
50 millions de tonnes. On veut avoir la
possibilité de le développer pour répondre à l'ensemble des besoins des
minières qui, éventuellement, vont se développer sur le territoire de la
fosse du Labrador.
Par
ailleurs, la compagnie IOC a, effectivement, été à vendre. Il y a eu des
pourparlers qui ont été faits avec des entreprises en 2013 si je me
rappelle bien. La somme demandée était de 4 milliards de dollars si je me
rappelle bien du chiffre. À 4 milliards
de dollars, ça vaut la peine de regarder si ce n'est pas mieux d'en construire
un nouveau, et on voulait juste se garder toutes les options de notre
côté. Ça fait que oui, il est peut-être à vendre, mais il faut voir aussi si le
prix serait au rendez-vous.
Donc,
on a simplement, entre-temps... Compte tenu du fait que, comme le ministre le
disait tantôt, il n'y avait pas
beaucoup d'ouvertures à trouver une solution au moment du premier Plan
Nord — là, je
recule en 2011-2012 — bien, c'est
là que l'idée de développer une troisième voie et de voir combien ça coûterait,
quel volume ça suffit, comment ça peut se justifier et à quel prix on
pourrait le faire. Bien là, ça nous permet d'avoir une bien meilleure
connaissance de la possibilité du
développement du réseau ferroviaire pour répondre aux besoins de la fosse du
Labrador, et, dans les prochains mois, bien, le gouvernement aura à
regarder toutes les options qui s'offrent devant lui.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M. Surprenant : Donc,
je comprends ce que vous dites, que vous faites actuellement une étude pour
voir quel sera le besoin, puis que ça
n'exclut pas éventuellement, donc, d'acquérir ce qui existe déjà et de le
modifier. Vous avez fait évaluer... fait une... comparable.
M. Arcand :
On regarde actuellement toutes les options qui sont devant nous. Puis je pense
que l'idée, entre vous et moi, l'idée de
vouloir regarder cette possibilité-là d'avoir une troisième voie, met une bonne
pression également sur les propriétaires des voies de chemin de fer
actuels.
Le Président
(M. Iracà) : M. le député.
• (20 h 20) •
M. Surprenant :
Merci. On a parlé un petit peu, là... vous avez mentionné, au niveau, là, du
quai multiusage de Cliff... Et puis vous
avez acquis les terrains au coût de près de 67 millions de dollars si
j'ai bien lu. Alors donc, la société qui
gère déjà le quai multiusage dans l'intérêt
collectif au même principe que la société ferroviaire... En fait, qui va financer les immobilisations qu'il y aura à construire
autour de tout ça? Comment vous entendez travailler? Avec le privé ou
vous voulez garder ça public, que tout le monde ait un accès?
Le Président
(M. Iracà) : M. le ministre.
M. Arcand :
Peut-être, Robert peut répondre à ça.
Le Président
(M. Iracà) : Oui.
M. Sauvé
(Robert) : L'objectif du gouvernement en se portant acquéreur des infrastructures
de Pointe-Noire, c'est de s'assurer qu'il y aura
toujours une utilisation possible pour l'ensemble des
compagnies minières qui désirent utiliser les infrastructures du port de Sept-Îles. Il y avait
comme une enclave qui empêchait de pouvoir mettre en opération le quai
multiusager, qui a été construit quand même au coût de 220 millions de
dollars, donc 110 millions par des entreprises minières qui ont investi
des fonds dans ce quai-là, 55 millions par le gouvernement fédéral et 55 millions
financés par le port de Sept-Îles.
Ce
quai-là était un peu coincé, dans le sens où il n'y avait pas la possibilité, à partir du quai multiusager, d'accéder les chemins de fer pour aller rejoindre la fosse du Labrador. En
achetant les infrastructures de Pointe-Noire, ça nous donne la possibilité
de développer ces infrastructures-là. Il y a des terminaux — il y
en a deux, le terminal de Wabush, le terminal de Bloom Lake — qui
nous offrent un certain tonnage comme c'est actuellement. Il y a aussi la capacité
de développer davantage la capacité de
transbordement du minerai. Et il y a des territoires autour, et la grandeur du terrain permet aussi d'envisager des phases de développement sur plusieurs années de façon à répondre à la croissance des
besoins qui pourraient être générés par l'apparition de la nouvelle mine de
fer.
Et
c'est dans cette perspective-là qu'on travaille, donc il y a...
L'investissement qu'on a fait, c'est pour acquérir
l'ensemble des installations qu'on retrouve sur le territoire plus plusieurs
centaines d'hectares de terrain. Et, avec un minimum
d'investissement, il y a de prévu dans le budget 15 millions
de dollars pour faire un convoyeur qui permettrait de brancher les infrastructures de
Pointe-Noire sur le quai multiusager. Et déjà, en faisant cet investissement-là, on va déjà devenir opérationnels et avoir un volume qui va
nous permettre de répondre aux besoins, certainement, de trois à cinq ans, et ça nous donne donc tout ce temps-là
pour bien planifier et voir quelle phase de développement on va
vouloir réaliser sur le terrain pour améliorer la capacité et la performance
des installations.
Le
Président (M. Iracà) :
Merci, M. Sauvé. Ceci met fin au bloc d'échange avec le deuxième groupe d'opposition. Nous allons procéder immédiatement avec un bloc
d'échange d'approximativement
20 minutes avec la partie gouvernementale, et je cède, encore une
fois, la parole au député d'Abitibi-Est. La parole est à vous.
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. M. le ministre, vous comprendrez que, tout à l'heure,
j'ai insisté sur le volet développement économique, mais j'ai une
sensibilité toute particulière en lien avec les populations qui habitent le
territoire et je pense qu'il faut bien identifier les enjeux, comment ça se
présente, ce vaste territoire là, qui est deux fois le territoire de la France, qu'on veut aller développer avec les
gens qui habitent le territoire. Et qui sont-ils, ceux qui habitent ce territoire-là? Je le mentionnais tout
à l'heure, il y a 63 communautés, mais ces communautés-là... Et là
vous me permettrez, M. le Président, j'ai une petite carte, là, pour nous
permettre à bien identifier l'enjeu, là. Ce n'est pas la carte officielle du Plan Nord, je l'ai empruntée à
M. le ministre des Affaires autochtones, je trouvais qu'il y avait une
belle représentation... Parce que les communautés autochtones sont très
présentes sur le territoire.
Donc,
on a les gens de la nation innue, qui sont installés plus dans le comté de
René-Lévesque et Duplessis, un peu au
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
et donc ils sont plus en bord du fleuve, si je puis dire. Donc, on a là
huit communautés innues. On a la
communauté naskapie de Kawawachikamach, qui est en bordure du Labrador. On a,
après ça, les communautés cries. Les communautés cries, qui ont une
particularité un peu plus spécifique à eux, donc ceux qu'on appelle les «inland» et les «coast land», donc les
communautés qui vivent du long de la côte de la baie James et sur le bord de la baie d'Hudson. Dans les cas des Innus,
on parle de communautés qui sont desservies avec une route, un axe routier. Dans le cas des Cris, on parle de
communautés qui, pour la plupart, sont desservies avec un axe routier, sauf
celle de Whapmagoostui qui, elle, est
voisine avec Kuujjuarapik et qui n'est pas desservie par un réseau routier.
Donc, encore là, une autre particularité. Et, finalement, les
communautés inuites, les 14 communautés inuites qui font toute la bordure
de la baie d'Ungava et également la baie d'Hudson.
On a parlé, donc, des communautés
autochtones qui habitent ce territoire-là avec des enjeux qui sont très,
très différents pour chacune de ces
nations-là. Chacune des nations vit un déploiement qui est différent. Parce qu'ils
ont plus de facilité de réalisation,
il y a de l'entrepreneurship qui est un peu plus développé dans certaines,
moins dans d'autres. Il y a, effectivement, une conjoncture du
territoire qui facilite dans certains cas, mais qui rend plus compliqué dans
d'autres cas. Et, cependant, tout le monde, tout ce monde-là veut participer au
développement du Plan Nord, M. le ministre.
Les
communautés allochtones qui habitent ce territoire-là aussi veulent être
présentes, et, là-dessus, je pense que la
députée de Duplessis et sûrement son collègue de René-Lévesque vont toujours
faire en sorte de défendre les intérêts des populations de ce
territoire-là. Depuis que moi, je l'ai connue, je n'ai jamais eu de doute
là-dessus, on a toujours eu très clairement
son opinion là-dessus. Et c'est légitime parce que ces populations-là habitent
ce territoire-là, ils ont vu par le passé
des grands projets se réaliser dans lesquels ils ont pu participer, dans
d'autres, dans lesquels ils n'ont pas pu être présents. Elles aussi,
actuellement, sur la Côte-Nord, ces populations-là sont desservies par un
réseau routier.
Les
Jeannois, qui sont des entrepreneurs dans l'âme. Il doit y avoir quelques
Beaucerons qui sont allés s'installer au Saguenay—Lac-Saint-Jean à un moment
donné parce qu'il y a beaucoup de similitudes dans l'entrepreneurship jeannois
et... Et, de ce côté-là, encore là, il y a une desserte qui est assez bien
structurée.
Et, finalement, les
Jamésiens, qui sont ceux qui sont un peu plus à l'ouest, qui sont localisés
dans le secteur sud-ouest du vaste territoire, qui, eux aussi, sont desservis
par un réseau routier.
Tout
ce monde-là, là, quand il arrive des projets... Ils sont 120 000 au total,
120 000 pour un très vaste territoire. Donc, quand il arrive un projet à quelque part, ce n'est pas vrai qu'on
est juste à côté. On peut être les plus proches, mais on est encore très loin. Et, là-dessus, je pense,
juste d'identifier qu'est-ce que c'est, l'enjeu du réseau routier, maintenir
un réseau routier d'ampleur dans ce
territoire-là... Vous le savez, Mme la députée de Duplessis, la 138, la 389,
800 kilomètres approximativement, la 138; la 389, environ
400 kilomètres. Quand on nous parle d'autoroutes entre Montréal et Québec,
250, 300 kilomètres, c'est à côté pour nous autres, hein, de faire ces
distances-là.
Quand
on est de l'autre côté, là, du côté, je dirais, plus ouest, on vient de
réaliser la route des monts Otish, tout près de 400 kilomètres,
pour atteindre la minière Stornoway. Il y avait déjà une route qui était là, il
y avait aussi le développement d'un parc qui
a été... a facilité, dans le fond, l'implantation de ce parc-là avec cette
réalisation-là. On a la route du
Nord. Et là la route du Nord — je vais juste le préciser parce que,
souvent, les gens confondent — la route du Nord, là, c'est celle qui part de Chibougamau et qui vient rejoindre la
route de la Baie-James. Ça a l'air tout petit, il y a
404 kilomètres, 404 kilomètres de gravier, chemin d'exploitation de
ressources du territoire parce que les compagnies
forestières de Chibougamau-Chapais, Les Chantiers de Chibougamau, Barrette-Chapais,
là, ils vont sur le territoire... Et cette
route là, là, c'est du transport hors normes, elle est faite en fonction de ça. Il y a des gens qui disaient : Oui, mais ils
vont l'asphalter. Mais le problème,
là, c'est que, si on l'asphalte, les camions de transport de bois hors normes
ne pourront plus l'utiliser. Donc, il y a un enjeu avec les autres
utilisateurs du territoire.
• (20 h 30) •
Et pourquoi je
précisais c'était quoi, la route du Nord, c'est parce que les gens la
confondent souvent, ils pensent que c'est la
route du Nord, mais la route de la Baie-James, c'est elle qui va, hein, des axes sud-nord et
ouest-est dans votre cas, sauf pour
la 389, qui est également un axe sud-nord, hein... On le fait à l'inverse
pour illustrer, dans le
fond... Parce qu'on monte pas mal plus haut
qu'on peut descendre dans le Québec si on compare à partir du point où on
décolle.
Et
ça, c'est un enjeu majeur. M. le
ministre, vous avez eu beaucoup
de représentations, entre autres des
Cris du Nord-du-Québec, des
Jamésiens, par rapport à la fameuse route de la Baie-James, une route qui a
permis — je vous
le rappelle, M. le Président — de réaliser le projet de la Baie-James.
Le projet La Grande, si on n'a pas cette route-là... Et, d'ailleurs, elle s'est construite dans un temps record. Même si on
voudrait la refaire aujourd'hui avec ce même rythme là, je ne suis pas convaincu que ça se ferait aussi
bien. Mais oui, effectivement, il y a un développement qui se fait actuellement
dans le secteur de La Romaine, mais on
s'entend, Mme la députée de Duplessis, que ce n'est pas tout à fait à la
même vitesse. Mais ça se fait. Vous allez le reconnaître, ça se fait
actuellement.
Cet
enjeu-là de la route de la Baie-James, là, il est majeur pour la desserte des
populations cries. Je rappellerai, quand
cette route-là a été construite et même après sa construction, il a été
longtemps que, les communautés cries, leur seul lien vers le sud, il était via un transport aérien ou une route
d'hiver, au départ, donc, qui était fréquentable pendant juste une période assez courte l'hiver. Même si on
dit que l'hiver dure longtemps, là, avec les phases de dégel, il y avait
des risques associés. Donc, maintenir un réseau efficace dans le territoire du
Nord-du-Québec, déjà là, en termes d'engagement gouvernemental, là, c'est
quelque chose de majeur. Et les gens qui veulent développer des projets, là, qu'est-ce qu'ils nous demandent? Ils veulent avoir
accès au territoire. Comment on fait pour avoir accès à ce territoire-là
d'une façon économique? M. le député de Groulx, vous avez parlé beaucoup du
réseau ferroviaire, c'est pour ça que je me permets de parler du réseau
routier, parce que c'est fondamental.
On
veut développer le territoire du Plan Nord, il faut avoir des axes d'accès
appropriés pour le faire. Ça fait toute la différence par rapport à la
réalisation en termes de coûts, en termes de délais parce que demain matin, si
je fais un projet, là... Et ça, on peut en
parler, là, on peut vérifier avec les gens qui opèrent actuellement la mine
Raglan dans le secteur de
Povungnituk, quand votre service de livraison se fait par bateau, vous avez des
fenêtres de temps pour pouvoir, partout au Québec, livrer votre marchandise vers un des ports du long du Saint-Laurent
et faire la livraison via le système maritime pour aller livrer la
marchandise avec des risques associés.
Je
peux vous en parler, j'ai un entrepreneur de Val-d'Or qui avait à réaliser des
travaux à Whapmagoostui, et, là-bas,
ce n'est pas une livraison simple, là, c'était par barge. Et, juste avant
d'arriver, là, la barge, là, a chaviré. Tout le matériel pour les travaux qui devaient se faire dans l'été — les camions, il y avait des véhicules, des
camionnettes qui étaient sur le
chargement — tout ça
s'est ramassé à l'eau. Mais ceux qui ont été encore plus désorganisés, c'est
les membres de la communauté qui s'attendaient d'avoir des travaux
réalisés chez eux dans cet été-là. On parle d'un an de travaux, là, de
retardés, là.
Donc,
il faut bien comprendre les enjeux qui sont dans ce vaste projet là qu'est le
territoire du Plan Nord. C'est immense. Et, en même temps, il y a des
communautés qui sont là, qui opèrent puis qui disent : Nous autres, on
veut participer à ça. Puis là ils se font
interpeler, hein? Vous devriez développer une rue. On aurait besoin de tel
autre service pour être capable de
répondre à un investisseur potentiel,
on voudrait s'assurer d'avoir de la main-d'oeuvre. Et là, bien, je vais profiter encore de la présence du directeur
général et président de la Société du Plan Nord, comment la société est
outillée pour accompagner les communautés dans ce vaste projet là qu'est le
Plan Nord?
Le Président (M. Iracà) : Alors,
merci, M. le député. Pour un temps restant de sept minutes, j'imagine que, M.
le ministre, vous voulez céder la parole immédiatement... ou prendre la parole
avant?
M.
Arcand : Oui. Bien,
je vais juste essayer de répondre un petit peu.
Le Président (M. Iracà) : Vous êtes
quand même le ministre, hein?
M.
Arcand : Bien,
c'est ça que je me suis dit. Vous savez, mon adjoint parlementaire et moi, on a
une belle complicité, mais... D'abord, je
voulais juste profiter de l'occasion parce qu'il parle de la route de la
Baie-James, hein, et, tout à l'heure,
on me disait que la route de la Baie-James, là, c'est une route de
500 milles qui s'est faite en 500 jours au coût de 500 millions de dollars. Alors, il y a trois
500 qui sont rattachés à la route de la Baie-James. La route de la Baie-James,
on a déjà un plan d'action pour les trois,
quatre prochaines années où on va faire une réfection au coût de
85 millions de dollars, mais on
sait qu'il faut remettre 300 millions au total pour refaire la route de la
Baie-James. Pour nous, c'est une priorité.
L'autre priorité, c'est la 138, évidemment, où
nous allons travailler très rapidement, sur la question de la 138. J'étais avec le ministre des Transports et là je
suis en train de lui demander les dates, là. Je suis en train de lui
demander les dates où est-ce qu'on va faire le prolongement de la route 138.
C'est dans le plan d'action du Plan Nord au cours des cinq prochaines années, donc il faut qu'on puisse réussir à travailler
en ce sens-là. Alors, essentiellement, c'est ce que je voulais dire par
rapport à ça.
Puis la 389,
c'est l'autre priorité pour nous rendre éventuellement à Fermont, mais c'est
beaucoup d'argent, c'est beaucoup d'investissement. Mais, là où je suis
tout à fait d'accord avec le député, c'est la nécessité, évidemment, de pouvoir relier les gens, les communautés
importantes, c'est fondamental. La communauté crie, c'est très important.
Et je vois déjà les commentaires des gens,
entre autres dans la région de Blanc-Sablon, qui disent : Écoutez, on ne
fait pas partie du Québec, la route
ne se rend pas. Alors là, il faut travailler pour qu'éventuellement la route se
rende, puis ça, ça fait partie des objectifs que nous avons.
Alors, M.
Sauvé, peut-être, si vous vouliez compléter, si vous avez autre chose à dire
par rapport à ça, mais c'est nos grandes priorités.
Le Président (M. Iracà) : Alors, M.
Sauvé, en complément.
M. Sauvé
(Robert) : Bien, je pense que, pour les routes comme telles, ça donne
suffisamment d'information. M. le député a expliqué qu'il y avait 63
communautés, 32 sont non autochtones, 31 sont autochtones, quatre nations. Et
l'ambition qu'on a avec le Plan Nord, tel que défini et qu'on a lancé en avril
l'an dernier, c'est d'accompagner les 63 communautés sans égard,
nécessairement, à ce qu'il y ait un projet de développement voisin d'un
village. Dans le premier Plan Nord, on a
beaucoup mis l'emphase sur les communautés qui faisaient face à des pressions
de développement parce qu'il y avait
des compagnies minières qui s'installaient et qui développaient autour, puis il
fallait faire vite pour que le village
puisse suivre, au niveau de son développement, le rythme de développement amené
par les investissements miniers.
Maintenant,
on a la possibilité de mieux planifier. Et ce qu'on s'est engagé à faire, c'est
de travailler à l'amélioration des
conditions de vie et à la prise en charge du développement économique puis du
développement du potentiel de chacune des communautés sur le territoire.
Évidemment, on n'a pas un agent de liaison par communauté, on en a dans les antennes. C'est supporté par une équipe qu'on a au
central qui a des spécialités et des champs d'intervention, mais on travaille beaucoup en coordination avec l'ensemble
de l'appareil gouvernemental tant sur le terrain qu'à partir de Québec.
Donc, on est
en lien avec tous les 14 ministères et quatre organismes qui sont associés à la
réalisation du Plan Nord. Ça se fait
beaucoup à travers les directions régionales quand c'est sur le territoire, que
ce soit sur la Côte-Nord, en Jamésie ou
au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Et ça se fait beaucoup aussi à partir des instances centrales, où on retrouve
les dossiers les plus spécialisés, qui, finalement, sont planifiés et
souvent réalisés par des ministères. Mais nous, on est là pour coordonner, et, comme il y a beaucoup
d'éléments là-dedans qui sont multisectoriels, bien, on a la
coordination à faire pour l'ensemble des ministères pour que tout le
monde converge dans la même direction et que tout le monde travaille ensemble à
améliorer et à assurer le développement du territoire.
• (20 h 40) •
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
Sauvé. Un temps restant de deux minutes, M. le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Oui. Merci, M. le Président. Effectivement, je pense que la notion que vous avez amenée, M.
Sauvé, au niveau, je dirais, de la prestation de services en lien avec
l'ensemble des communautés, elle est fort importante. On n'axe pas, dans le
fond, les interventions de la société juste en fonction de projets de
développement économique, c'est fort
important, parce que, dans chacune de ces communautés-là, il y a
des enjeux auxquels vous devez être
partie prenante pour bien les accompagner. Parce que souvent, là, il y a
une synergie qui peut être faite juste avec une bonne collaboration, et
ça, je pense que c'est fort important.
Je veux juste revenir un petit peu sur la question de la route de la Baie-James. Je peux vous dire que
moi, j'ai vu des transports là assez
exceptionnels, là, des transports de transformateurs, là. Un camion avec 50
roues, là, avec, comme on dit, les tracteurs en avant, en arrière, puis
avec des sableuses, là, c'est assez impressionnant, des charges incroyables. Et
d'ailleurs c'est pour ça aussi qu'on doit refaire une partie de la route, parce
que, malheureusement, elle a manqué un peu d'amour. On avait besoin de...
Une voix :
...
M.
Bourgeois : Ça se
partage, l'amour. Et, compte tenu de ce qui se présente comme potentiel de projets,
bien, il faut, justement,
la réhabiliter le plus rapidement
possible. Et je tiens à souligner
aussi que, pour se rendre à chacune des communautés cries, là, il y a encore, là, environ une centaine de kilomètres à
chaque fois pour se rendre aux communautés qui sont en bordure de la
baie James.
Il y a
aussi une autre route fort importante, c'est la Transtaïga, qui, elle, au
niveau de Radisson, là, fait le transfert de l'ouest vers l'est. Et là, là-dessus, il y a tout le réseau des centrales de La
Grande-Rivière, la phase I, phase II, phase III, si je peux dire ça ainsi. Mais il y a
plein d'acteurs dans le domaine de l'exploration minière et de... Là, on a actuellement le projet Éléonore qui est en
train de se réaliser en termes d'exploitation de mines, mais, vous savez, M. le
ministre...
Le
Président (M. Iracà) : M. le député, alors, sur cette note de manque d'amour, on va être obligés de
mettre fin au bloc de la partie gouvernementale, mais on va y revenir, il y aura
une suite.
Alors, nous allons
procéder présentement à l'échange avec l'opposition officielle pour un bloc
d'environ 23 minutes avec la députée de Duplessis.
Mme Richard : Merci, M. le Président. Écoutez, c'est avec grand intérêt que j'ai
écouté mon collègue d'Abitibi-Est. Moi, je suis extrêmement contente
pour lui avec la route de la Baie-James, mais ce n'est pas nécessairement la même réalité en Basse-Côte-Nord avec la route
138. La Basse-Côte-Nord est un pays en soi, ils ne sont pas reliés au
reste du monde, eux. Et nous aussi, nous avions
un complexe hydroélectrique, qui s'appelle la Romaine. Et nous n'avons
qu'une seule route, 138, puis, malheureusement, elle a été mise à forte contribution par rapport au trafic lourd
qu'entraînait le chantier Romaine, et
on n'a pas les investissements, ils ne sont pas nécessairement au rendez-vous.
Ça fait qu'un petit peu d'amour sur la Côte-Nord, ça serait le
bienvenu de la part du gouvernement libéral, surtout pour notre route 138.
Plus
sérieusement, M. le
Président, quand j'ai terminé tantôt,
j'en étais à poser les questions par
rapport... Je le disais, on avait fait tout un plaidoyer pour avoir
vraiment le siège social en région. Ça n'a
pas été le cas, on a donné notre accord. Mais je voudrais que le ministre,
à ce moment-ci, lors de l'étude des crédits, où tout est enregistré, puisse me rassurer — même
si, des fois, il le fait à l'occasion dans certains dossiers, je dois lui en donner le
crédit — à l'effet que les antennes satellites, ce ne soient pas des pions
dans l'échiquier qu'est la Société du
Plan Nord. Parce que
c'est sûr qu'au niveau du
personnel... et vous le savez, M. le
ministre, on a eu beaucoup
d'échanges là-dessus quand on a discuté de la mise en place de
la société, à l'effet que ça ne devait pas venir d'en haut. Il faut vraiment
être au quotidien avec les gens qui habitent ce territoire, en tenir compte, et
j'espère sincèrement que vous pouvez me rassurer parce que, quand j'ai appris le nombre d'effectifs... Et là vous allez
remettre en place le bureau de commercialisation, ça fait beaucoup d'instances qui ne sont pas nécessairement
dans les régions. J'ai une inquiétude, si vous pouvez me rassurer à ce sujet.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M.
Arcand : D'abord, premièrement, je tiens à vous rappeler de bons souvenirs,
j'espère, c'est quand on a travaillé ensemble pour la création de la loi
qui a fait la Société du Plan Nord. Je tiens à vous rappeler que, sur le
conseil d'administration, nous avions
travaillé ensemble, et vous m'aviez demandé quelque chose qui était peu
commun, c'est-à-dire que la personne qui allait présider le conseil d'administration de la société vienne absolument du nord du 49e parallèle, ce que j'ai
accepté d'emblée, au départ.
Deuxièmement, vous
m'avez demandé que la majorité des membres du conseil d'administration viennent
également de la région au nord du 49e parallèle, ce que l'on a accepté également.
Et, bien sûr, dans la formation de la Société du Plan Nord, en plus on a une table des partenaires avec, évidemment, les intervenants, avec un tiers, des communautés autochtones, et puis les deux tiers, des autres
communautés. Donc, ça, là-dessus, je pense que, sur le plan de la
gouvernance, on est dans une bonne situation.
L'objectif
que nous avons actuellement, c'est — et on l'a dit pendant la commission
parlementaire — qu'on
veut que 40 % des employés de la
Société du Plan Nord soient à l'extérieur du siège social et soient dans les
régions au Québec. Alors là, je dois
vous dire qu'on y travaille actuellement. Essentiellement, la façon dont c'est
divisé, c'est que ce qui est centralisé à Québec, c'est d'abord
l'administration, l'aspect financier, le contrôle des finances, etc., et les
ressources humaines. Tout le reste, qui est
l'aspect opérationnel, c'est renvoyé dans les régions, puis c'est comme ça
qu'on essaie d'opérer actuellement au niveau de la Société du Plan Nord.
Et
donc, l'objectif, je n'ai pas les chiffres exacts devant moi, mais je peux
simplement vous dire que l'objectif, c'est
que, si on n'est pas tout à fait à 40 %, on s'en va dans cette
direction-là. Et je dois vous dire qu'il y a des gens qui viennent du Nord qui sont peut-être allés au cours
de la première année dans des fonctions, je dirais, pour apprendre un peu
le fonctionnement puis de pouvoir travailler
avec les gens au niveau du siège social, mais je peux vous dire
qu'éventuellement on va se retrouver avec l'atteinte de l'objectif de 40 %
de gens à l'extérieur de Québec.
Le Président (M. Iracà) : Alors, Mme
la députée, il vous reste quand même un 18 minutes.
Mme
Richard : Merci, M. le
Président, et merci, M. le ministre, mais je voulais juste vous faire réaliser
que moi, j'avais fait ce constat-là,
et que vous portiez une attention particulière à l'effet que... Vous savez,
souvent, dans les régions, on n'aime
pas toujours que les décisions soient prises à Québec sans tenir compte de la
réalité. Je pense qu'on l'a dit assez souvent pour que vous puissiez
avoir entendu notre message et je souhaite que ça puisse se poursuivre ainsi.
Je sais que vous avez fait des concessions,
on en a fait, nous aussi. C'est toujours comme ça quand on débat d'un projet de
loi, on essaie de le bonifier pour les
citoyens que nous représentons, que ce soit le meilleur projet de loi possible.
Je crois encore à la Société du Plan
Nord, sauf que les antennes satellites, pour moi, doivent être actives et
doivent avoir quand même une certaine autonomie.
Ceci étant, comme nous sommes régis par le
temps... Tantôt, je pense que vous l'avez trouvé, par rapport au projet dont il était question, par rapport au
projet minier... Je ne sais pas si nous avons tous la même feuille en ce
moment, page 111. Vous avez eu le temps de la retrouver? Si...
M.
Arcand : Page 332,
mais, en tout cas, je pense qu'on va...
Mme
Richard : Bien, moi, j'ai
page 111, question particulière 161, mais on a le même document,
en tout cas.
M.
Arcand : En tout
cas, ça doit se ressembler, je pense
bien. On va essayer d'aller dans cette direction-là, mais, Mme la députée, sur la question... Je suis ministre responsable de la
Côte-Nord, comme vous le savez. J'ai l'intention qu'il y ait des choses
qui se passent sur la Côte-Nord, des éléments positifs. Je suis allé sur la
Côte-Nord à de nombreuses reprises, j'ai fait même la route de Québec jusqu'à
Havre-Saint-Pierre en automobile.
Mme Richard : ...un grand bout
encore pareil.
• (20 h 50) •
M.
Arcand : Non, non, je comprends. Un jour, il y aura
une route qui va aller vers Blanc-Sablon également. Mais je peux vous
dire, je suis allé quand même à plusieurs reprises et je tiens, bien sûr,
à ce que les choses fonctionnent de ce côté-là.
Alors, soyez sans crainte, c'est mon désir le plus grand que vraiment
cette société-là soit un modèle pour l'ensemble des citoyens
du Québec et que ça démontre, justement, qu'on peut avoir un siège social à Québec,
mais que bien des décisions et des orientations sont prises dans les différents
bureaux qui sont sur place et qui, eux, assurent le lien opérationnel de ce
côté-là.
Maintenant,
au niveau des projets comme tels, je vous dirais qu'il y a
des projets... D'abord, premièrement, je dirais que Mine Arnaud est un projet qui, pour moi, est
très actif au moment où on se parle. Donc, ça, c'est un des premiers projets, pour moi, qui est très important.
Vous avez le projet Blackrock également, qui est un projet qui est situé avec les
Cris, je pense. Est-ce que c'est celui-là, Blackrock, avec les Cris?
M. Sauvé (Robert) : Oui, qui est au
sud de Chibougamau.
M.
Arcand : Oui? Bon,
c'est ça, au sud de Chibougamau. Alors, celui-là également est un projet qui
est très important. Le projet Tata Steel, évidemment,
Champion, on en a parlé, de ces projets-là. J'ai le projet d'Arianne
Phosphate, qui est au Lac à Paul, dans le
Saguenay. Il y a le projet de Mason Graphite, qui est à Baie-Comeau. Celui-là est un projet qui est
pas mal actif. Le projet d'Adriana, du lac Otelnuk, qui est un autre élément important;
Renard; Les Diamants Stornoway; et
vous avez le projet Nemaska Lithium également; Whabouchi, là, qui est un autre projet qui, pour
nous, est un projet important.
Maintenant,
je vous rappelle également qu'au
niveau de l'exploration ça bouge beaucoup
au moment où on se parle, particulièrement
pour la recherche de lithium et de graphite. Comme vous le savez, c'est une
nouvelle filière québécoise. Je
pense que le ministre des Finances, au cours du dernier budget, a donné beaucoup
de crédits d'impôt au niveau de l'exploration. Et, comme vous le savez,
cette nouvelle filière québécoise, dans le cadre de l'électrification
des transports et des batteries, je pense
que ça fait partie, évidemment, de certains des éléments qu'on veut mettre en
place dans la politique énergétique du Québec.
Je tiens à
vous rappeler qu'au cours du dernier budget également, ce que nous avons fait,
c'est qu'on a mis des montants beaucoup plus importants pour la
restauration de certains sites miniers à la fois en Abitibi et à la fois sur la
Côte-Nord dans le but de s'assurer,
justement, qu'il y ait du travail pour la restauration des sites miniers. On
pense que, lorsque l'activité économique va reprendre de plein fouet...
en attendant, je pense qu'il est important de maintenir ce travail de
restauration des sites miniers.
Le Président (M. Iracà) : Alors,
merci, M. le ministre. Et, pour un temps restant de 13 minutes, Mme la députée
de Duplessis.
Mme
Richard : Merci, M. le
Président. Écoutez, je sais très bien que le ministre est actif au niveau de la
région de la Côte-Nord, je l'en félicite,
d'ailleurs. Mais le ministre n'est pas tout seul dans le gouvernement libéral,
on comprend ça, M. le Président. Que
le ministre dise que Mine Arnaud, c'est un dossier qui est actif, soit, je suis
bien contente d'entendre qu'on cherche encore des investisseurs, sauf
que, M. le Président, pour les gens qui nous écoutent, là, Mine Arnaud, il n'est pas en production. Donc, ça ne donne pas
de l'emploi à mes travailleurs chez nous, où la période d'austérité qui
nous fait mal à tous au niveau de la santé, au niveau de l'éducation, au niveau
de nos centres de la petite enfance, ça fait mal aussi en région.
La chute du prix du fer... Parce qu'on
a misé sur le Plan Nord exclusivement sur une montée du fer qui a créé
des attentes énormes, mais là le prix du
fer, il a chuté, et, chez nous, on a des chômeurs. Puis je ne sais pas si je
vous l'apprends ce soir, M. le
ministre, j'ai appris récemment, vous savez, là, il y a un couple qui va au
comptoir alimentaire, ils n'ont pas droit
à l'aide sociale. C'est un ex-travailleur de Cliffs, il n'a plus de chômage. Il
a une maison, oui, mais il y a des termes à la fin du mois. Puis, parce
qu'il a une maison à son nom, on ne lui donne pas d'aide sociale. C'est un
dossier, là, que j'essaie de trouver une solution. C'est ça, la réalité.
Donc,
Mine Arnaud, moi, j'aimerais juste savoir, M. le Président, de la part du
ministre... Quand on parle d'être actif,
le gouvernement peut être actif pour trouver des investisseurs. Mais, si je
regarde dans la liste des projets, qui est la question particulière
qu'on avait posée, la question n° 161, qui est en production, puis qui est
active au niveau d'une production, puis qui embauche des gens, il n'y en a pas
beaucoup sur la liste.
Ceci
étant dit, je continue à louanger le ministre pour sa volonté, mais lui, comme
moi puis comme ma collègue la députée
de Vachon, on n'a pas de contrôle sur le prix du fer, on s'entend tous
là-dessus, n'est-ce pas? Ça fait que moi, je voudrais bien, Champion, il faut savoir aussi que cette mine-là, on la
souhaite, mais elle n'est pas active, puis le gouvernement, d'ailleurs,
compte investir 20 millions de dollars, hein, pour la soutenir.
Ceci
étant, comme je l'ai dit, j'en aurais beaucoup à dire ce soir, je vais avoir l'occasion d'en
discuter avec le ministre, je vais revenir sur quelque chose qui est extrêmement
important dans notre région. J'aurais aimé, moi, avoir autant d'investissements sur mon réseau routier avec le chantier
hydroélectrique de La Romaine que mon collègue qui a vanté les mérites
de la route de la Baie-James, mais, en plus d'avoir des problèmes avec la 138,
M. le Président, on a eu des problèmes à
l'effet que, notre main-d'oeuvre locale et régionale, on n'a rien retiré du
chantier hydroélectrique de la rivière
Romaine. Je l'ai déjà dit, je vais le redire, l'eau embouteillée était achetée
au Saguenay—Lac-Saint-Jean.
C'est notre société d'État, malheureusement.
Vous savez, quand on
a été au gouvernement, on n'a pas été 10 ans, on va le rappeler encore,
moi, je vais le rappeler, 18 mois, puis
on est accusés de tout, 18 mois. Ça me tenait à coeur, ça, que mon monde
travaille. Agnès Maltais, députée de
Taschereau, ministre du Travail à l'époque, on place un comité en place pour
trouver des solutions, perd le pouvoir,
le gouvernement libéral arrive, période de transition ou je ne sais trop, ce
projet-là, ce n'était pas dans les priorités. Bien, l'année passée, même si on est dans l'opposition puis qu'ils
disent qu'on chiale, des fois, c'est important de chialer, ça fait que j'ai chialé. Au mois de juin, l'année
passée, en présence du ministre des Ressources naturelles, de l'ancien
ministre du Travail, en présence de Mme
Lemieux de la CCQ, des gens de différents syndicats, des élus, on a eu une
rencontre au sommet pour leur dire : Il faut agir, là, parce qu'on est
plus vers la fin qu'au début.
Il y a eu un comité
de travail, qui a été remis en place récemment. Parce que c'est chapeauté par
la Société du Plan Nord, là, je ne suis pas
habituée d'être hors track, bien, bien. C'est chapeauté par la Société du Plan
Nord. Je remercie le ministre, encore
une fois, pour son travail, son excellent travail. Ils ont eu des propositions,
mais ce n'était pas clair, pas très
clair. Le message, en gros, c'était : Société du Plan Nord, gouvernement
libéral, pour favoriser la main-d'oeuvre locale et régionale, on va faire en sorte qu'eux, tout au moins, notre société
d'État Hydro-Québec puis le ministère des Transports, on puisse favoriser l'embauche de ces
travailleurs. Eh bien, M. le Président, je peux vous dire que, depuis deux
semaines, ça ne va pas bien du tout, du
tout, du tout parce que, là, on commence à demander des renseignements, ça va
donner quoi par rapport au pourcentage. J'ai interpelé le ministre, je
sais qu'il est très à l'écoute, très à l'écoute, mais on ne s'entend jamais sur les chiffres, hein, c'est-u 40 %
ou 50 %? Là, ce qu'on nous dit, c'est que la nouvelle entente, ça serait
pire que ce qu'il y avait auparavant. Ça fait que vous comprenez que
c'est des miettes, puis le projet, il avance.
Moi,
je voudrais savoir, de la part du ministre des Ressources naturelles, qui a
pris, entre autres, ce dossier-là... Puis moi, je suis bien contente parce qu'il est à l'écoute de la région, je
dois le dire. On va donner à César ce qui est à César. Est-ce que le
ministre des Ressources naturelles peut exercer un certain contrôle sur notre
société d'État qui s'appelle Hydro-Québec
pour lui dire tout au moins puis lui envoyer un message clair que, pour le peu
qu'il reste sur le chantier hydroélectrique
de la rivière Romaine... Vous savez, c'était un projet-phare, hein, au tout
début du règne de M. Charest pour le
Plan Nord. Puis après, pour le Plan Nord plus, bien, on a trouvé autre chose,
là, c'était Mine Arnaud, puis il n'est pas au rendez-vous.
Est-ce que le
ministre des Ressources naturelles... Il n'est pas président du conseil
d'administration d'Hydro-Québec, mais, comme
ministre des Ressources naturelles, il a un certain pouvoir puis, faisant
partie du cabinet ministériel, il a un pouvoir aussi d'influence. Il ne
pourrait pas envoyer le message à Hydro-Québec de donner peut-être des bons renseignements
au ministre? Puis je souhaite que l'équipe du ministre ait les bons
renseignements, puis qu'avant de prendre une
mesure ou d'accepter une mesure on la valide vraiment avec les gens concernés,
qu'est-ce qu'elle va donner, puis pas, là, pas dire, là... puis
qu'Hydro-Québec, là, après, là, ils disent : Aïe! On a été l'écoute, puis
on a mis des comités. C'est complètement
faux, puis moi, je n'ai pas peur de le dire ici, là, on n'est pas au salon
bleu, Hydro-Québec, dans le projet
hydroélectrique de la rivière Romaine, n'a jamais été à l'écoute. La population
de la Minganie s'est appauvrie. On
leur a fait croire... Puis ça, ça va avec la Société du Plan Nord, puis ça va
avec le Plan Nord, on leur a fait accroire que c'était le Klondike, que les emplois... que ça allait bien aller au
niveau des commerces. Ça n'a absolument rien donné. Oui, des redevances
à la MRC, mais on ne s'est pas enrichis collectivement.
Est-ce
que, M. le ministre, vous pouvez leur envoyer un message clair? Parce que, vous
savez, M. le Président... le ministre,
il va y avoir un retour d'ascenseur qui va se faire bientôt de la part des gens qui étaient sur le comité parce
qu'ils ne sont pas contents, et il semble qu'Hydro-Québec ne donne pas l'heure
juste.
• (21 heures) •
Le Président
(M. Iracà) : Alors, M. le ministre, la parole est à vous pour un
temps restant de six minutes.
M. Arcand :
Merci, M. le Président. Écoutez, premièrement, je vous trouve un peu dure, très
franchement, là, parce qu'hier on était en audition avec Hydro-Québec, on a
pris au moins une bonne demi-heure pour parler de la situation
sur la Côte-Nord, et, à de multiples reprises, le président-directeur général, M. Martel, qui était ici, a dit de
façon assez claire qu'il allait tout faire pour favoriser, évidemment,
l'embauche locale. Hydro-Québec a même publié des chiffres qui disent essentiellement que, depuis le début de la construction de la
Romaine, ça a engendré des retombées de l'ordre de 800 millions
pour la Côte-Nord, et c'est 800 emplois en moyenne qui proviennent de la Côte-Nord,
c'est 43 % des travailleurs.
Maintenant, la question
est toujours la même : Est-ce que ça pourrait être plus? Est-ce que c'est
assez? Est-ce qu'il y a eu des cas où est-ce
que des entreprises de la Côte-Nord n'ont pas été favorisées par rapport à d'autres? C'est possible,
mais je vous trouve dure de dire qu'il n'y a rien eu, c'est quand même
800 millions de dollars. D'autant plus que l'ancienne ministre
des Ressources naturelles — moi,
je peux vous en parler parce que j'en ai entendu parler — au départ, avait un peu mis en doute à un moment
donné la poursuite de la Romaine-3 et de la Romaine-4 parce qu'à
l'époque on trouvait que ça coûtait cher et
qu'on n'était pas sûr qu'on allait avoir besoin de toute cette électricité-là.
Moi, quand je suis arrivé en poste,
on m'a dit : Écoutez, la Romaine-3 et la Romaine-4... moi, je peux vous
dire aujourd'hui, pour avoir discuté
avec le premier ministre, on a l'engagement que la Romaine-3, la Romaine-4, ça
va se poursuivre tel quel et, donc, qu'on va aller dans la bonne
direction de ce côté-là.
Maintenant, je tiens
à vous rappeler également que le comité d'embauche, c'est un comité d'embauche
dont on veut le résultat. Je travaille avec M. Sauvé et je travaille avec
sa vice-présidente sur cette question-là de façon très spécifique. Ce qu'on dit, c'est qu'Hydro-Québec va introduire dans un
contrat une clause qui vise une augmentation de l'embauche régionale.
Alors, on peut bien jouer sur les mots puis sur les chiffres, mais, à un moment
donné, il va falloir qu'il y ait une
performance de ce côté-là. Puis on dit même que la cible visée, c'est une
augmentation d'environ 20 % du
pourcentage actuel de main-d'oeuvre régionale sur un contrat spécifique. Je
pense que les objectifs, ce n'est pas des
objectifs en l'air, c'est des objectifs qui sont très clairs de ce côté-là. Et
d'ailleurs une clause prévoit même une remise financière aux entrepreneurs lors de l'atteinte des cibles de
main-d'oeuvre visées. Donc, je pense qu'à partir du moment où on donne même un incitatif à l'entrepreneur pour
embaucher de la main-d'oeuvre locale, je pense que c'est assez positif,
et ça devrait, normalement, donner des résultats. Puis c'est une clause,
évidemment, qui fait en sorte que ça donne aux entrepreneurs de la région, là,
un levier extrêmement concurrentiel.
Alors,
on est au début de cela. Moi, j'ai fait le discours, l'autre jour, à la Chambre
de commerce de Montréal, j'ai eu l'occasion
d'échanger avec M. Laporte, qui est en charge de l'opération du chantier
la Romaine, et je peux vous dire qu'il est parfaitement conscient de la
réalité et des objectifs que nous nous sommes donnés de ce côté-là.
Donc,
pour répondre à votre question... Puis j'aurais aimé que vous soyez là hier
quand Hydro-Québec a comparu, mais je
peux simplement vous dire qu'il en a été fortement question, et on a eu des
engagements très clairs d'Hydro-Québec à cet effet-là, et mon rôle de
ministre va m'assurer que ces engagements-là fonctionnent correctement.
Le Président
(M. Iracà) : Alors, merci, M. le ministre. Il reste deux minutes,
je voulais vous aviser.
Mme Richard : Merci, M. le Président. Bon, écoutez, je ne doute pas de la volonté du
ministre. Je suis dure envers Hydro-Québec,
je l'ai été quand j'ai constaté ce que nous avait apporté le complexe
hydroélectrique de la Romaine et, malheureusement,
je ne changerai pas mes propos. Lors de l'échange que nous avons eu avec les
gens d'Hydro-Québec sur l'acceptabilité sociale, je leur ai dit ce que
je pensais et je le repense encore ce soir. Désolée pour vous.
Mais,
vous savez, M. le Président, pour ceux qui me connaissent, ils savent que je
n'aime pas laisser des choses en suspens, j'aime corriger le tir puis je
vais en profiter, des minutes qu'il me reste, pour corriger le tir. Vous avez
parlé, M. le ministre, de l'ancienne ministre des Ressources naturelles, Romaine-3 et 4, on est allés de
l'avant. Puis je veux juste vous dire
une chose parce que moi, j'ai travaillé avec votre ancien premier ministre et
avec M. Gignac pour avoir le quartier général à
Havre-Saint-Pierre — c'est
à peu près la seule chose qu'il va nous rester du complexe hydroélectrique de la rivière Romaine — et ce fut une fin de non-recevoir. Et, grâce
à la nouvelle ministre des Ressources naturelles qui est arrivée avec
l'élection du Parti québécois et de la première ministre Pauline Marois, on a
obtenu le quartier général à Havre-Saint-Pierre. C'est la seule chose qui va
rester après que tous les amis soient partis. Ça, je tenais à le préciser.
Deuxième
chose, je sais que vous faites votre possible, mais, M. le Président, quand
nous en sommes rendus à la fin d'un projet parce qu'il y en a plus de
fait qu'il en reste à faire et qu'on se rend compte, là, on n'a pas le choix
parce que c'est tellement... Puis ça a pris
un petit peu plus d'«exposure» parce que ce qui se passe sur la Côte-Nord, il
faut que ce soit grave en mautadit
pour que les médias en parlent. Mais là le gouvernement libéral a dit :
Oupelaïe! Ça fait comme deux ans
qu'on est dans ça, ça ne marche pas, là, on n'aime pas ça. La main-d'oeuvre,
puis tout ça, puis le syndicat, puis les élus, puis il n'y a pas de
retombées. Puis là Plan Nord, puis là on en parle, puis ça ne marche pas...
Le Président
(M. Iracà) : Il reste 20 secondes.
Mme Richard : En 20 secondes, quand on est obligé de payer des entrepreneurs
pour prendre la main-d'oeuvre locale et régionale chez notre société
d'État, on a un sérieux problème, M. le Président. C'est nous qui payons pour
qu'Hydro-Québec fasse travailler notre monde, méchant problème!
Le Président
(M. Iracà) : Merci. Merci, Mme la députée de Duplessis. Alors, si
vous voulez répondre, M. le ministre, peut-être dans votre bloc à vous, la
partie gouvernementale.
M. Arcand :
Je répondrai tout à l'heure, oui.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, je vais céder la parole au député d'Abitibi-Est pour un temps de
21 minutes.
M. Bourgeois :
Donc, ça va, M. le ministre? On reviendra plus tard?
M. Arcand :
Je peux répondre, si vous voulez, au...
M. Bourgeois : Mais vous me permettrez, moi, M. le ministre,
pendant que j'écoutais... Je voudrais bien comprendre parce que Mme la
députée de Duplessis... J'ai ici un article, là, de La Presse daté
du 26 février 2014 — 26 février, c'est le jour de ma fête, ça fait qu'écoutez c'est comme un cadeau du ciel — où le titre, je le lis : La
Romaine : Ouellet laisse planer un doute. Et je ne veux
pas faire la lecture complète, à moins que vous le souhaitiez, là, mais ce qui
en ressort en tant que tel, c'est
que Martine Ouellet... «La ministre des Ressources naturelles[...] — pardon — a laissé planer un doute, mercredi, sur le parachèvement d'un projet
de centrales hydroélectriques sur une rivière de la Côte-Nord. [Elle] a déclaré que la réponse définitive du gouvernement,
concernant le chantier de La Romaine, viendra au printemps avec la publication de la prochaine politique énergétique.
En sortant du Conseil des ministres, mercredi, Mme Ouellet a
cependant affirmé que le projet de 6,5 milliards, lancé en 2009 par les
libéraux, n'était "pour l'instant" pas remis en question.»
Donc, vous allez être
d'accord avec nous que ça laissait quand même planer un doute.
Le Président
(M. Iracà) : ...s'adresser à la présidence, il n'y aura pas
d'échange avec l'autre parti.
M. Bourgeois :
Malheureusement. Pardonnez-moi cet impair. Donc, vous comprendrez, M. le
Président, qu'on peut, nous aussi, avoir certains doutes par rapport à
ça.
Et
moi, M. le ministre, je tiens à souligner que la rigueur budgétaire qu'on a eue
au cours des deux dernières années nous donne aujourd'hui les moyens
financiers d'être capables d'investir pour l'avenir du Québec. Les crédits dont
on discute aujourd'hui, là, ils ne viennent pas d'un exercice futile, ils
viennent d'un exercice important qui s'est fait pour libérer une marge de manoeuvre pour nous permettre d'être capables
d'investir dans des projets structurants pour l'avenir du Québec, entre autres le développement du Plan Nord. Et ça,
là-dessus, je pense que c'est ça qui est la vraie voie pour être
capables de faire avancer le Québec.
M. le ministre, je
vais, dans ce grand enjeu qui est le Plan Nord... On a beaucoup parlé du
développement économique, des individus, des
localités, mais il y a un enjeu majeur qui avait été mis dès le départ sur la
table, c'est tout le volet
environnemental. Et là, là-dessus, M. le Président, je l'ai mentionné tout à
l'heure, 1,2 million de kilomètres carrés, un territoire si vaste,
mais, en même temps, avec une température si rigoureuse et un habitat qui est
fragile. Et, quand on veut développer un
territoire comme celui-là avec ces enjeux-là, il faut donc prendre des mesures
pour s'assurer qu'on va être capables de faire le développement, habiter
ce territoire-là, mais dans le respect de l'environnement.
Et je ne sais pas
si... À votre connaissance, M. le ministre, ailleurs dans le monde, est-ce
qu'on peut parler d'un projet d'une envergure comme celle-là, qui a un engagement
aussi poussé que celui qu'on a pris, c'est-à-dire de protéger à terme 50 %
du territoire du Plan Nord pour en préserver, en termes d'environnement, une
signature tout à fait particulière? À votre connaissance, M. le ministre,
est-ce que vous avez vu ça ailleurs dans le monde?
• (21 h 10) •
Le Président
(M. Iracà) : Alors, M. le ministre, la parole est à vous.
M. Arcand :
Vous savez, en 2011, M. le député, j'étais ministre de l'Environnement à ce
moment-là, et on avait ça en place,
et nous avions signifié très clairement nos intentions. Et, au moment où on
avait signifié nos intentions, en 2011, ce n'était quand même pas rien, il y avait même des groupes
écologistes — on
parlait de David Suzuki à l'époque, on parlait du groupe PEW, entre autres — qui étaient extrêmement enthousiastes sur la
volonté du gouvernement de faire un 50 % : 20 % en territoires protégés et le reste en
territoires non industriels. Et je me rappelle très bien qu'en 2011 on avait
même fait les éloges du Plan Nord et de la
volonté environnementale, à ce moment-là, dans le New York Times. Quand
vous êtes consacré dans le New
York Times comme étant un projet
ambitieux, un projet novateur, un projet vraiment du XXIe siècle,
qui se fait en même temps sur un aspect économique et, en même temps, dans le
respect de l'environnement, je peux simplement vous dire que c'est très bénéfique
pour l'image du Québec.
De
plus en plus, au fil des années, on va voir, au niveau des choix
d'investissements, pour les investisseurs dans l'avenir, on va voir à quelque part jusqu'à quel point il est important
de faire ce genre de choix là. Aujourd'hui, qu'est-ce que les gens recherchent? Des endroits où il y a
de la sécurité, où il y a de la main-d'oeuvre qualifiée, mais ils
veulent aussi, en plus d'avoir ces
éléments-là, ils veulent avoir, sur le plan environnemental, des endroits où il
y a une planification qui est faite
et un respect également sur le plan de l'environnement. Je pense que je n'ai
pas besoin de vous dire tout le débat que mon collègue des Forêts a eu à faire sur la question de Résolu, puis du
caribou forestier, puis comment il était important de démontrer qu'on
prenait les mesures pour protéger le caribou forestier, hein? Je pense que vous
êtes parfaitement conscient de cet enjeu-là.
Et
nous, ce qu'on veut faire avec la question environnementale dans le cadre du
Plan Nord, on a déjà identifié, de concert
avec les communautés autochtones, un nombre important de parcs qu'on va pouvoir
protéger déjà. Et, en plus, il est aussi,
je pense, clair qu'on va protéger certains endroits. Entre autres, là, la
fameuse entente Baril-Moses qui a eu lieu, on va protéger une partie de la Broadback et on va continuer à travailler.
Et on s'est donné jusqu'en 2035 pour, vraiment, clairement identifier quels seraient les
territoires, là, qui ne seraient pas sujets à du développement industriel. Je
pense que c'est l'objectif qu'on s'est donné
d'ici 2035, et on a dit aux gens qui faisaient l'exploration du
territoire : Écoutez, vous devez
accélérer l'exploration, on vous donne les crédits d'impôt pour le faire. On
veut vraiment identifier les territoires qui vont être industriels puis
les territoires qui ne le seront pas.
Alors,
je pense que pour la première fois, dans le cadre de ce développement du
XXI siècle d'un territoire qui est presque vierge, parce que sur des kilomètres, et des millions de
kilomètres carrés... on s'aperçoit que, finalement, on a un territoire
qui va être développé d'une façon cohérente dans l'avenir. Je pense que c'est
bien important de se rendre compte que c'est ce vers quoi on tend actuellement
et moi, j'étais très content de pouvoir présenter ça sur plusieurs tribunes
internationales.
Puis moi, je
peux vous redire que, quand je suis allé, la première année, lors de l'élection
de notre gouvernement, dans un
événement qui s'appelle Arctic Circle, qui avait lieu en Islande... Et, vous
savez, la protection du Nord, c'est fondamental.
Moi, j'étais surpris, lorsque je suis allé dans ces réunions-là, de voir qu'il
y avait des gens de la Corée qui étaient
là. Je me disais : Ça va être des gens de la Russie puis des pays
nordiques qui vont être là. Mais, au contraire, les gens sont de plus en plus intéressés par tout ce qui se
passe vers le Nord parce qu'ils savent très bien l'impact que le Nord va
avoir au cours des prochaines années, le
passage du Nord-Ouest, etc. Vous avez véritablement là un intérêt
extrêmement marqué, et les pays qui vont
ressortir gagnants, ce sont les pays qui vont avoir réussi à faire un très bon
équilibre entre la croissance économique puis la protection du
territoire.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député.
M. Bourgeois : Merci, M. le
Président. Effectivement, M. le ministre, j'abonde dans votre sens. Et je pense
qu'aussi ça vient rejoindre beaucoup
les valeurs des membres des communautés qui habitent ce territoire-là, tout le
lien qu'ils ont avec la terre pour vraiment
être en symbiose, si je peux dire, avec, donc, ce fameux territoire,
mais d'avoir cette souplesse-là,
hein, de pouvoir se doter d'informations ou d'interventions sur le territoire
de façon pointue pour pouvoir en permettre l'exploitation dans les endroits
propices et, en contrepartie, de réserver, protéger des espaces de façon spécifique, compte tenu de leurs
particularités, et aussi venir supporter un autre volet important du Plan Nord,
c'est tout le volet touristique.
Je pense que,
pour quelqu'un qui a eu la chance d'aller sur ce vaste territoire là, tout simplement de pouvoir voir ces espaces-là, des sites extraordinaires...
Je pense, entre autres, au détroit Guillaume-Delisle où c'est à couper le souffle, M.
le ministre. Et, là-dessus,
si on peut accompagner, encore là, les communautés du territoire pour faire
en sorte qu'il puisse se développer
des produits dans le domaine touristique pour mieux faire connaître le territoire
pour le bénéfice, encore là, des populations
qui l'habitent, mais aussi pour l'ensemble des Québécois... Je pense, un peu
comme je dis souvent aux gens qui me parlent, qui veulent se lancer dans
le développement du Nord, être partie prenante... je dis tout le temps : Vous devriez, comme vous l'avez fait, M. le ministre, partir de Québec,
aller vers la Côte-Nord, mais aussi aller vers la Baie-James et le
Grand Nord de pouvoir voir ce vaste territoire là et le rendre disponible pour
les populations pour pouvoir vraiment
avoir une spécificité non seulement environnementale, mais aussi associée au développement économique, associée à la
qualité de vie des gens qui habitent ce territoire-là.
Je parlais
avec mon collègue d'Ungava, qui me disait tout récemment : Quand je suis
sur le territoire, que je sors dehors à minuit, le ciel est clair. Il est tellement
étoilé, c'est incroyable. Je souhaite à tout le monde d'avoir la
chance de pouvoir se rendre dans le territoire,
de pouvoir bénéficier de ces images à couper le souffle qui vont leur permettre
d'encore mieux s'approprier cette réalité de ce vaste territoire là.
M. le ministre, cette protection-là, elle doit se faire avec les acteurs qui vont
aller réaliser des projets. En
termes d'accompagnement, vous allez assurer un suivi à la fois avec la Société
du Plan Nord et les ministères. Comment ça se
déroule, cette gestion-là de la protection du territoire puis de l'attribution
des secteurs en tant que tels, de façon plus spécifique, des aires
protégées ou des parcs?
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
• (21 h 20) •
M. Arcand : Bien, je pense
que, d'abord, il y a l'accompagnement des communautés. Vous savez, ce n'est
pas pour rien qu'on a des antennes,
premièrement, dans les différentes régions. On en a à Roberval, on en a à
Chibougamau, on en a à Baie-Comeau, on en a
à Sept-Îles. Donc, déjà, le rôle des gens qui travaillent dans nos antennes,
c'est de de travailler à, je dirais, l'accompagnement, et guider un peu
les gens qui soit veulent investir, et de travailler également sur l'aspect
environnemental avec les communautés.
Je pense qu'il y a des discussions actuellement
qui ont cours avec des gens, par exemple, de l'administration Makivik, les leaders des communautés cries et
d'autres leaders en ce sens-là pour s'assurer qu'on s'entende,
d'ailleurs, sur les endroits importants où
est-ce qu'on peut, je dirais, protéger les territoires, travailler également
sur le plan économique et faire vraiment un équilibrage très complet de
ce qui se passe.
L'autre chose
que j'aimerais peut-être vous souligner... Parce que vous avez, tout à l'heure,
parlé de quelque chose qui, pour moi,
est important, vous savez, le tourisme actuellement... Je lisais deux articles,
il y a quelque temps, qui me font réfléchir
beaucoup parce que, sur le plan touristique,
je pense qu'il y
a des opportunités. Deux
choses très importantes. Les gens, de plus en plus, et particulièrement
certains groupes cibles, là, entre, je dirais, 25 et 45 ans, ils ne
veulent plus nécessairement toujours aller dans des destinations uniquement
soleil, les gens veulent aller dans des destinations d'aventure, dans une certaine mesure, ce qu'on appelle les destinations
d'aventure. Et je pense que, s'il
y a des endroits où ça peut être intéressant, c'est de notre côté, dans le cadre du Plan Nord. Je pense qu'il y a des
endroits extraordinaires pour, si
vous me permettez l'expression, se rebrancher avec la nature. Je pense que
c'est quelque chose qui peut être fait. Alors, ça, c'est très important.
Puis l'autre
opportunité, c'est dommage de le dire, mais je pense que les gens qui sont dans
le domaine touristique en Europe sont
très inquiets pour l'été parce qu'ils se disent : L'été prochain, il va y
avoir vraiment, peut-être, un certain défi par
rapport à tout ce qui s'est passé en Europe. Les gens ont quand même une
certaine appréhension par rapport à la sécurité.
Écoutez, il y a peut-être pour nous certains éléments dans ça qui vont nous
permettre peut-être, si on y met les ressources, de pouvoir développer
le Nord et, entre autres, l'aspect touristique.
D'ailleurs,
on a un fonds, qui n'est pas énorme, qui est un fonds de 2 millions de
dollars, mais qui s'appelle un fonds
d'initiatives du Plan Nord. Alors, on travaille avec les communautés. C'est un
fonds qui accompagne pour n'importe quel
projet qui peut être novateur ou structurant, entre autres pour travailler avec
les gens du Plan Nord. L'objectif, c'est des projets qui vont générer de
l'activité économique. Donc, le tourisme est un exemple des projets qui
risquent d'avoir des activités économiques intéressantes.
Alors, il
faut travailler avec les communautés, développer, évidemment, une approche de
services, une qualité de service
éventuellement. Mais je pense que, pour les régions nordiques comme ça, je
pense que ça fascine beaucoup de monde.
Beaucoup de monde veulent connaître exactement ce genre de territoire là au
Québec, au Canada et ailleurs, et je peux
vous dire que la situation peut être extrêmement bénéfique si on y met les
efforts pour réussir de ce côté-là. Alors, moi, je suis très positif. Je pense qu'on peut aller de l'avant. Et, à partir
du moment où les communications avec les communautés sont intéressantes,
je peux vous dire qu'on peut aller extrêmement loin de ce côté-là.
Le Président (M. Iracà) :
Alors, merci, M. le ministre. Pour un temps d'à peu près quatre minutes.
M. Bourgeois :
D'accord. Bien, effectivement, M. le ministre, je pense que ce clin d'oeil à
l'industrie touristique, le potentiel du tourisme dans le territoire du
Plan Nord, c'est important, et il vise, dans le fond, l'ensemble, encore là, du territoire. Oui, le secteur du Nunavik a une
signature tout à fait particulière, mais, tant du côté de la Côte-Nord
que du côté de la Jamésie et du territoire Eeyou Istchee, je pense que... Et
là, encore récemment, les organisateurs du secteur touristique d'Eeyou Istchee,
territoire cri, ont lancé une initiative qui est très populaire, c'est-à-dire
de mieux faire connaître la réalité des habitants du territoire.
Une
expérience, hein, on comprend que ça se développe de façon différente. On n'est
plus dans un forfait, comme vous le
disiez, M. le ministre, là, de quelqu'un qui veut aller passer deux semaines
dans un site de façon à relaxer. Ils veulent découvrir des choses, et je
peux vous dire, faire le tour du territoire du Plan Nord, je pense qu'ils
pourraient prendre facilement un mois de
vacances, et ils manqueraient de temps, et ils auraient fait beaucoup d'avion,
de route, de train pour être capables d'avoir accès à tout ce
territoire-là. Et ils auraient été en symbiose avec la nature parce que, ce
vaste territoire là, on ne peut pas le
fréquenter sans être en lien avec la nature. Même si on aime beaucoup les gens
qui y vivent, quand on veut se déplacer d'un endroit à l'autre, c'est
quand même un enjeu important.
Une voix : ...
M. Bourgeois : Alors, mon
collègue de Côte-du-Sud est toujours prêt, lui, pour une partie de pêche dans
le territoire. Parce qu'effectivement c'est un
autre volet qui est exploité, mais maintenant on développe d'autres
produits pour mieux faire connaître ce territoire-là.
M. le
ministre, moi, ce que je constate, ce vaste projet là qu'est le Plan Nord, on a été capables de l'habiller, de l'articuler. On s'est donné des moyens avec la
mise en place de la Société du Plan
Nord pour être capables de dire...
Parce qu'élaborer une vision, c'est une
chose, mais de la livrer, hein, de se donner une mission puis des actions
structurantes, il faut avoir...
Le
Président (M. Iracà) : M. le député, il reste deux minutes. Alors, je ne sais pas si le ministre
veut faire des remarques finales. Parce qu'on arrive à la fin du bloc,
alors je présuppose peut-être, là...
M. Bourgeois : Je vais couper court parce que je veux permettre
au ministre de pouvoir en parler. Mais vraiment, M. le ministre, en conclusion, je suis convaincu qu'on est au bon endroit, de la bonne
façon. Et, l'année prochaine, on aura encore
plus de plaisir à faire ces crédits-là parce qu'on aura des résultats des plus intéressants, et je suis convaincu que la députée de Duplessis va avoir une
volonté de reconnaître les bons résultats qu'on aura atteints.
Le Président (M. Iracà) : Une
minute.
M. Arcand : Bien,
d'abord, je pense que, si on avait des porte-parole aussi enthousiastes que le
député d'Abitibi-Est, je pense que ça serait extrêmement positif. Je pense que, dans mes voyages, je vais l'emmener, peut-être, comme vendeur parce que je dois
vous dire qu'avec sa force de frappe au niveau de la vente et de la conviction
qu'il y met je suis passablement
impressionné. Et donc je le remercie beaucoup pour l'enthousiasme qu'il y met, à
supporter le Plan Nord.
C'est un plan
qui a un défi. Puis moi, je vous dirais une chose, je vous dirais qu'il y a
une chose qui, pour moi, est très importante,
vous savez, il y a un proverbe qui dit toujours : Quand on se regarde, on se désole. Quand on se compare, on se console. Moi, je peux vous dire, depuis à peu près
les deux dernières semaines, je lis des articles sur ce qui se passe actuellement en Ontario avec le «Ring of Fire», là, qui a des ratés
par-dessus ratés. Je pense que, quand on compare notre situation, on
s'aperçoit qu'on est en bien meilleure position.
Puis moi, je pense que, dans certains cas,
j'embaucherais aussi la députée de Duplessis parce que, dans le fond d'elle-même, même si elle fait partie un peu
de l'opposition, elle y croit, elle sait qu'il faut développer le
Plan Nord. Et, d'ailleurs, je
travaille avec elle, j'ai même contribué à l'aider à avoir une piscine à
Havre-Saint-Pierre.
Le Président
(M. Iracà) : Merci, monsieur... Merci. Alors, on finit avec deux
offres d'emploi.
Adoption des crédits
Alors, le temps
alloué à l'étude du volet Développement nordique des crédits budgétaires
du portefeuille Énergie et Ressources naturelles étant presque écoulé,
nous allons maintenant procéder à la mise aux voix.
Alors, le programme 1, intitulé — vous
allez avoir à voter deux fois, là — Gestion des ressources
naturelles, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Iracà) : Enregistré. Adopté sur division.
L'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Énergie et Ressources
naturelles pour l'exercice financier 2016-2017 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Documents déposés
Le
Président (M. Iracà) : Adopté sur division. En terminant, je
dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Elles sont ici.
Donc, sur ce, je lève la séance, et la
commission ajourne ses travaux au mardi 26 avril, à 10 heures, où
elle entreprendra l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Agriculture,
Pêcheries et Alimentation.
Bonne soirée à tous. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 21 h 29)