(Dix-neuf heures trente minutes)
Le
Président (M. Iracà) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des
ressources naturelles ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle
d'éteindre la sonnerie de leurs cellulaires.
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Mines des crédits budgétaires du portefeuille Énergie et
Ressources naturelles pour l'exercice financier 2016-2017.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements
pour cette séance?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme D'Amours (Mirabel) est remplacée par M. Surprenant (Groulx).
Le Président (M. Iracà) : C'est
tout?
Le Secrétaire : Oui.
Le
Président (M. Iracà) : Merci. Nous allons procéder à une discussion
d'ordre général par blocs d'échange en alternance
entre le gouvernement et l'opposition. Il n'y aura, malheureusement, pas de
remarques préliminaires ce soir parce
que nous manquons de temps, nous avons seulement une heure. Je tiens à vous
aviser qu'il va être très important de
respecter le temps, le bloc de temps, parce qu'on ne pourra pas reporter sur
d'autres blocs. Alors, je vais être le méchant, ce soir, qui va être
obligé de vous arrêter, mais je vous demande à l'avance votre indulgence.
Mines
Discussion générale
Alors, je
suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition
officielle. M. le député de Sanguinet, la parole est à vous.
M.
Therrien : Merci, M.
le Président. Donc, je profite de
l'occasion pour vous saluer, M. le
Président, saluer les députés de la partie gouvernementale, ma collègue à la recherche et mon collègue
de Groulx, de la deuxième opposition, ainsi qu'évidemment le ministre et son équipe qui se prêtent au jeu de l'étude
des crédits. On l'apprécie toujours. Alors, je vous salue, M. le ministre.
D'abord,
je vais y aller avec quelques questions puis, dans un délai raisonnable, je
vais vous laisser répondre, là. Mais
c'est sûr que, des fois, je vais peut-être faire signe que je veux passer à autre chose parce que
j'ai juste 17 minutes. Si on
regarde l'étude des crédits, renseignements particuliers, opposition officielle,
celui-là, ce document-là, à la page 7, question particulière, ventilation par mois du
budget octroyé pour l'élaboration et la publication de la stratégie
minérale, ventilation par mois du budget, alors vous arrivez avec un
tableau — est-ce
que je vais trop vite, M. le ministre, ça va? — et puis il y a le montant, là, déploiement
pour 2016-2017, vous avez 112 millions. Est-ce qu'il serait possible
d'avoir une ventilation de ce
montant-là, savoir qu'est-ce que vous faites avec le 112 millions, si
possible avoir un dépôt par écrit de
cette ventilation-là? Est-ce que c'est possible d'avoir ça? Tu sais, vous
pouvez peut-être en faire une nomenclature si vous avez déjà
l'information puis, ensuite, peut-être l'avoir par écrit.
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M. Blanchette : On avait-u la
ventilation?
Une voix : Je n'ai pas la
ventilation.
M. Blanchette : O.K. Il faut dire
que le titre de ministre délégué... Je laisse, dans le fond, le ministre en
titre, Pierre Arcand, le soin de faire la
gestion budgétaire, mais oui, ça sera possible d'obtenir les
informations ventilées, comme vous le souhaitez.
M.
Therrien : O.K.
Donc, est-ce que vous allez vous engager à le déposer à la commission?
M.
Blanchette : Bien sûr,
je m'engage oralement, publiquement, en présence de mes collègues,
et de vous-même, et du député de Groulx.
M.
Therrien : On l'apprécie, M. le ministre. Ça commence
bien, déjà on va avoir un dépôt... Oui, mademoiselle, oui.
Mme Drouin
(Line) : Mon nom est Line Drouin, je suis sous-ministre associée aux
Mines.
M.
Therrien :
Bonjour.
Mme Drouin
(Line) : Ce que je pourrais vous dire, c'est que l'essentiel du budget...
Le
Président (M. Iracà) : Juste
avant de commencer, s'il vous plaît,
ça prend le consentement autre que le ministre.
Mme Drouin
(Line) : D'accord. D'accord.
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, est-ce qu'on a le consentement des partis pour que la sous-ministre puisse parler?
Des voix :
...
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup. Allez-y, madame.
Mme
Drouin (Line) : Ça me fait
plaisir. Donc, essentiellement, ce sont les budgets consacrés à la restauration
des sites miniers abandonnés, 110 millions sur la somme globale qui sont
consacrés à la restauration des sites miniers abandonnés.
Le Président (M.
Iracà) : Merci. M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Ça veut dire que c'est juste pour la restauration des sites miniers?
Mme Drouin
(Line) : Oui.
M.
Therrien :
Alors, il n'y a pas d'autre argent pour quoi que ce soit d'autre? C'est ça que
vous me dites?
Mme
Drouin (Line) : On a de l'argent
pour mettre en place la vision stratégique du développement minier. Nous
bénéficions d'un fonds pourvu à même l'impôt
minier versé par les sociétés d'État, mais, principalement, c'est 110 millions,
effectivement, qui sont consacrés à la restauration des sites miniers.
M.
Therrien :
Vous dites 110 millions sur les 112 millions, c'est ça?
Mme Drouin
(Line) : Oui.
M.
Therrien :
Donc, il resterait 2 millions.
Mme Drouin
(Line) : 2 millions en crédits, oui.
M.
Therrien :
O.K. Ce n'est pas gros, hein?
M.
Blanchette : Une courte, courte intervention, M. le Président?
Le Président (M.
Iracà) : Oui, M. le ministre.
M.
Blanchette : Et, avec le dernier budget, si jamais ça vous intéresse,
vous pourrez poser les questions plus en avant, mais il y aura un
620 millions, d'ici 2022, qui sera consacré à la restauration des sites
miniers.
M.
Therrien :
Combien, vous dites?
M.
Blanchette : 620 millions, tel qu'annoncé au dernier budget de
mars 2016.
M.
Therrien : Est-ce que ce montant-là était déjà prévu ou était déjà dans un fonds quelconque
au préalable? Ce n'est pas une
dépense supplémentaire? Ce n'est pas du nouvel argent? C'est ça que je
veux savoir : Est-ce que c'est du nouvel argent ou...
Mme
Drouin (Line) : Oui. C'est une
accélération des investissements en restauration minière, en restauration des sites miniers abandonnés. Donc, on sait qu'il y a
une enveloppe de 1,2 milliard qui était nécessaire au départ pour
restaurer lesdits sites. Ce que le gouvernement a décidé de faire, c'est
d'accélérer la restauration des sites miniers abandonnés afin de couvrir
jusqu'à 80 % d'ici 2022.
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M.
Blanchette : Juste ajouter, ce qui était prévu, dans le fond, c'est
50 % de la décontamination d'ici 2022. On a augmenté ça à 80 % de la décontamination d'ici 2022. Donc, il y a
un effort soutenu qui va se faire, histoire d'améliorer le bilan, parce
qu'on traînait ça comme dette. Et on veut aussi, pour des raisons
environnementales, pouvoir faire du nettoyage
assez large. Puis, pour votre information, ce n'est pas tous des sites
lourdement contaminés. Il y en a, on va les prioriser. Mais il y en a
beaucoup, c'est des sites d'exploration minière pour lesquels il y a moins de
dommages, donc il n'y a pas de parc à
résidus miniers, nécessairement. Ça, ça fait un grand nombre, un grand volume,
mais les sites les plus critiques sont mis en priorité pour fins de
décontamination.
M.
Therrien :
O.K. Ça va. Votre stratégie, vision stratégique, à la page 4, vous savez, au
Parti québécois, on a dénoncé... Ça, ce n'est pas vous qui l'avez fait,
là, mais, vous savez, vous êtes économiste, hein, M. le ministre.
M. Blanchette : ...
M.
Therrien :
Oui. Donc, vous pouvez comprendre... vous ne le direz pas, là, mais que, quand
le Parti libéral est arrivé au
pouvoir puis qu'ils ont sabré 20 % des crédits d'impôt, mais de façon
paramétrique, là, sans trop de réflexion, en tout cas, on a posé beaucoup de questions, puis la réflexion n'avait
pas été posée parce que je peux imaginer... parce qu'on n'a jamais eu de réponse, et le fait qu'ils
le fassent de façon paramétrique prouve bien que c'est un peu n'importe
quoi. Mais je le sais que vous êtes économiste et je le sais que c'est ce que
vous pensez, mais vous ne le direz pas.
Alors, dans
votre domaine, ça vous a touché, puis, à la page 4, vous en parlez. Et vous en
parlez d'une certaine façon, en
disant : Bien, écoutez, oui, ça a nui. Bon, tu sais, vous avouez un peu,
là, que... à la page 4, là, malgré la réduction de 20 % de l'aide fiscale à l'exploration... Ça, c'est la... c'est
ça, c'est les crédits d'impôt, là, vous avouez... À quelque part, quand on lit ça, vous avouez que le
gouvernement a fait une erreur. Moi, quand je lis ça, c'est un aveu,
dire : Je pense qu'on a manqué
le coche. Puis, si on y allait dans chaque département ou à peu près,
probablement que chaque ministère dirait
la même chose. Ça fait que moi, je vous dis : Bien, bravo pour votre
honnêteté parce que vous l'avouez, vous dites : Regarde, ça a créé des
problèmes, et vous... Sauf que, dans la stratégie, vous y allez avec «évaluer
l'efficacité des mesures fiscales», mais je pense qu'il n'y a rien
d'annoncé. Dites-moi si je me trompe, parce que vous êtes au conditionnel.
M.
Blanchette : Premièrement, peut-être, en tout respect au député de
Sanguinet, M. le Président, moi, je n'avoue rien, là. Ce qui a été avancé, c'est une interprétation. Toutefois, à
comparer le Québec avec les autres juridictions canadiennes, les autres provinces canadiennes, nous étions, jusqu'avant
le dernier budget de mars 2016, à égalité avec l'autre meilleure province en matière de crédits
d'impôt à des fins minières, égaux avec Colombie-Britannique. Là, au dernier budget, on a ajouté un nouveau crédit
d'impôt pour ce qu'on appelle le Moyen Nord et le Grand Nord dans lequel
on a donné un 25 % de crédits
supplémentaires parce qu'on sait que, dans les régions du Grand Nord, c'est
aéroporté, ça coûte plus cher.
Présentement, nous sommes la province ayant les meilleures conditions en
matière de crédits d'impôt miniers.
M.
Therrien :
Là, dans la page 4, là, en une minute, là, qu'est-ce que vous annoncez, dans le
fond? Vous annoncez que vous allez réfléchir à ça?
M. Blanchette : Non, ce qu'on dit
dans...
M.
Therrien :
Tu sais, parce que vous dites, là : «...et le ministère des Finances
étudieront les mesures fiscales d'aide
afin d'évaluer...» Tu sais, c'est comme dans le conditionnel, là, j'ai-tu
manqué... Parce que, des fois, tu sais, je lis puis je peux, tu sais, je
peux peut-être ne pas comprendre, mais là vous y allez au conditionnel.
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M. Blanchette : Le ministère des
Finances va étudier une mesure qui serait contracyclique. Le principe est simple, c'est que, dans la période de
ralentissement de l'activité minière, on pourrait mettre plus d'ajouts, on
pourrait ajouter plus de crédits d'impôt à des fins d'exploration parce
que, quand on est dans un creux de cycle, les sommes d'argent à lever pour les fins d'exploration sont plus
difficiles. Donc, le ministère des Finances va étudier les creux de cycle,
quelle serait la mesure la meilleure,
contracyclique — vous
connaissez la définition de «contracyclique» — et s'assurer que, lorsqu'il y a une
reprise de l'activité minière, donc les dépenses d'exploration sont plus
facilement finançables, accessibles, etc.,
en haut de cycle, que ce crédit d'impôt là puisse disparaître. Puis ce que le
ministère des Finances va faire,
c'est étudier quelle serait la mesure la plus appropriée dans les temps qui étaient impartis. Puis ça, on parle d'une
vision, on veut développer ce type de mécanisme là, qui était demandé notamment
par l'industrie.
• (19 h 40) •
M.
Therrien : Moi, écoutez, les mesures contracycliques, j'en suis, là,
parce que j'ai jasé beaucoup avec le monde minier, là, puis je vous avouerai, là, honnêtement, ils m'ont parlé
de certaines mesures contracycliques. Honnêtement, je ne
me rappelle pas de ces mesures-là, mais moi, ce qui m'étonne, c'est que vous
donnez la responsabilité... en
tout cas, que le ministère
des Finances prend la responsabilité de ça d'une certaine façon, là, mais que le monde
minier... Bien, parce que moi, ils
m'avaient fait des suggestions... Mais, malheureusement, j'oublie,
mais il y a des suggestions du monde minier pour arriver avec des mesures
contracycliques. Eux autres en ont déjà en tête, là. C'est ce que j'ai compris quand
je les ai rencontrés. Ça, c'est ma première question.
Puis la
deuxième, vous parlez de ce qui va arriver, mais c'est quoi, l'échéancier? Vous
attendez ça pour quand?
Puis la dernière chose, rapidement,
si vous êtes capable, là, je vous envoie ça en rafale, là : Êtes-vous
capable d'évaluer, faire une analyse
d'impact sur la baisse des crédits d'impôt de 20 % que vous avez effectuée
en 2014 pour voir à quel point ça a
été nocif pour l'industrie minière? Êtes-vous capable de me dire s'il y a
une étude d'impact qui a été faite? Puis j'espère que oui parce qu'un gouvernement c'est quelqu'un de prévoyant habituellement, là, quand on
fait des choses comme ça.
Le Président (M.
Iracà) : Juste pour vous donner une idée, il reste à peu près sept
minutes.
M.
Therrien :
...sept minutes, j'ai d'autres questions.
Le Président (M.
Iracà) : Non, non, mais je vous donne une idée à vous, M. le député de
Sanguinet.
M.
Blanchette : En deux minutes, très rapidement.
Le Président (M.
Iracà) : Trois questions dans votre...
M.
Blanchette : Et c'est comme
ça que ça fonctionne pour les deux derniers budgets sur lesquels on a
procédé et le troisième plus
récemment, on travaille, quand on suggère des propositions au ministre
des Finances, que notre ministère, l'expertise qu'on y retrouve, travaille
avec les Finances de façon à trouver la meilleure mesure contracyclique. Dans ce cas-là, ce qu'on dit, c'est qu'on va travailler
à ce que, dans un bas de cycle, on puisse mettre plus intensément de crédits
d'impôt et, dans un haut de cycle, en mettre moins. Ça, c'est clair.
L'autre
chose qui est claire aussi, c'est qu'on a un comité consultatif des mines qui
existe dans lequel on retrouve nos
deux associations patronales principales, l'Association minière du Québec
et l'Association de l'exploration minière du Québec, qui nous font aussi des échanges, des
suggestions, des propositions. Donc, le jour qu'on va mettre, avec le ministère
des Finances, quelque chose de l'avant, ça aura fait un consensus d'abord et
avant tout.
Par ailleurs, malgré
le fait qu'on ait enlevé la fameuse allusion de début de votre proposition, M.
le député de Sanguinet, les impacts n'ont pas été nécessairement
évalués directement par
rapport à ça. Il y a
eu ralentissement. Vous connaissez la
conjoncture minière, les prix des métaux ont baissé, la conjoncture est au
ralenti. Mais il faut faire attention, nous
sommes une province parmi les plus diversifiées en matière de métaux, minéraux.
Il y a 15 métaux, 13 minéraux, et ça
fait de nous une des plus diversifiées. Or, pour certains minéraux, notamment
le lithium, les prix sont à la hausse. Si
on prend aussi des métaux comme l'or, ça aussi, les prix sont à la hausse. Ça
fait qu'il faut se méfier de... ralentissement, mais, en même temps, présentement, il y a comme une certaine... reprise, le terme est trop
fort, mais il y a une amélioration, du moins dans l'or.
M.
Therrien : ...je
veux juste rajouter quelque chose. Vous êtes économiste. Là, vous me dites que vous n'êtes pas capable d'évaluer l'impact qu'a pu avoir la
baisse des crédits d'impôt parce qu'il y a eu une baisse qui a été généralisée,
entre autres à cause des prix des métaux.
Mais vous êtes capable de faire une régression multiple, là. En économie, là,
tu sais, je veux dire, il y a une
variable dépendante puis il y a plusieurs variables indépendantes qui peuvent
expliquer la chute de la variable
dépendante. Je vais parler en économiste avec vous, là. Là, vous me dites,
bien, parce que ça a baissé à cause
des prix, on ne peut pas savoir l'impact des crédits d'impôt. Moi, je n'achète
pas ça, là. Moi, je n'achète pas ça en tant qu'économiste, là. Ça veut
dire que vous n'avez pas fait vos devoirs, là. Bien, c'est ce que je comprends.
M.
Blanchette : Écoutez, l'évaluation minutieuse...
M.
Therrien : Non, non, mais, écoutez, vous ne m'avez pas
convaincu, là, avec vos propos, là. Ce n'est pas parce que tu as une chute des prix des matières
premières qu'on n'est pas capable d'évaluer quoi que ce soit comme élément
qu'on rajoute ou qu'on enlève dans une industrie quelconque, tu sais.
Le Président (M.
Iracà) : ...je vous prierais de poser des questions, alors le ministre
va pouvoir répondre...
M.
Therrien :
...il faut qu'il réponde rapidement.
Le Président (M.
Iracà) : Alors, si c'est une question, allez-y, M. le ministre.
M.
Blanchette : Écoutez, c'est important à considérer, l'évolution des
investissements en dépenses d'exploration, il y a eu toutes sortes de hauts et de bas. En passant, la période où
qu'il y a eu le plus de bas, c'est quand j'avais une collègue qui me
précédait, qui était de votre gouvernement, qui a fait fuir les
investissements.
M.
Therrien :
...
M.
Blanchette : Bien, c'est la réalité, on a observé ça.
M.
Therrien :
...
M.
Blanchette : Par ailleurs, il est vrai que ce n'était pas totalement
de sa faute, qu'il y avait une partie de la faute qui était sur
l'ensemble de l'évolution de la conjoncture économique, je tiens à le préciser.
M.
Therrien :
...
Le
Président (M. Iracà) : Je vous inviterais à vous en tenir à des
questions si vous avez des questions, M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
...regardez, là, regardez, on était bien partis. Honnêtement, là, on était bien
partis, puis moi, je suis arrivé ici de bonne humeur, là. Là, vous me
dites une affaire comme ça, alors que, cette année, c'est l'année où est-ce qu'il y a eu le plus faible investissement dans le
secteur minier. Puis vous me parlez de la situation en 2013 comme étant la pire, bien non, vous avez été pires. Mais moi,
voyez-vous, je ne vous dis même pas ça, je n'ai même pas parlé de ça. J'aurais pu vous casser du sucre sur le dos, je ne
l'ai même pas fait parce que j'essaie d'être constructif. Puis, quand je
vous pose des questions, vous me revenez avec des affaires de même. Ça fait
que, là, si vous voulez faire de la petite politique, moi, ça ne me dérange
pas, mais je ne suis pas ici pour ça.
Moi, j'ai des questions à poser. Prochaine
question, l'échéancier : Quand est-ce qu'on va avoir une mesure contracyclique? Ce qui m'étonne, c'est que vous
n'en avez pas à me donner comme exemple. Ça m'étonne, vous ne me dites pas un exemple de mesure contracyclique. Là,
je dis : C'est correct, vous êtes en train d'analyser. Quand est-ce que
le bébé va accoucher, là?
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M.
Blanchette : O.K. M. le Président, il faut... Bon, par rapport à la
première partie de l'intervention, écoutez, ce n'est pas juste mon interprétation, ça été l'interprétation
généralisée que j'ai reçue de l'industrie. Peu importe où je me déplaçais, à Montréal, Québec, Toronto, les gens
me disaient tous ça : Il est temps qu'on ait enfin un ministre qui non
seulement connaît les mines, mais qui veut développer les mines.
Cela étant dit, la vision stratégique, elle est
importante sur le plan des principes, on s'entend. C'est ni plus ni moins qu'un document stratégique important sur les
cinq prochaines années sur lesquelles on va travailler. Or, là-dedans, il
est mentionné spécifiquement qu'on va développer — puis ça fait à peine
un mois qu'on l'a déposé — une
mesure contracyclique, on est intéressés à faire
ça. Et Dieu sait que, si on l'avait eu pendant l'actuelle conjoncture, que ça
aurait peut-être pu améliorer les
investissements. Mais il est vrai que les investissements sont difficiles à
lever en période de ralentissement dans l'industrie.
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le ministre. Alors, je vais céder la parole au député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Oui, merci. Ah! vous m'avez fait peur. Oui, écoutez, tout ça pour dire que moi,
je ne vous dirai pas, honnêtement, ce
que j'ai entendu, là. Ça fait six mois, à peu près, là, que je suis aux mines,
là, puis je ne vous dirai pas ce que
j'ai entendu sur votre ministère. O.K.? Je ne vous dirai pas ce que j'ai
entendu. Vous avez dit ce que vous avez entendu, moi, je ne vous le dirai pas, ce que j'ai... parce que ce n'est pas le
moment, là. Mais je peux vous dire que les gens ne sont pas impressionnés par le gouvernement libéral puis par
votre ministère, il n'y a personne qui m'a dit qu'il était impressionné.
Puis, quand je lis ça, là, ici, là, je ne
suis pas sûr qu'ils vont être impressionnés parce que les mesures les plus
importantes, elles sont en latence,
on n'en entend pas parler, on est dans le conditionnel tout le temps. Moi, je
veux dire, je veux bien croire qu'on veut stimuler les mines, là, mais
des choses concrètes, je ne peux pas dire qu'on en voit une tonne, là.
Juste... C'est-u ici? Non?
Le Président (M. Iracà) : Vous avez
une question? Il reste une minute, M. le député de Sanguinet.
M.
Therrien :
Oui, oui, bien, c'est ça. Oui, oui, oui. Écoutez, à la page 43, là, de la
vision stratégique, là, vous parlez de l'argent que vous dépensez pour les recherches
universitaires. Là, vous parlez de perception et, finalement, sur la perception de
l'industrie par la population et l'acceptabilité sociale. Là, vous prenez de
l'argent, là, puis vous mettez de l'argent dans la perception.
C'est ça qui est écrit, là, sur la perception de... par la population et
l'acceptabilité sociale. Là, il y a le livre vert qui a été déposé, là. Moi, ce que j'ai compris,
c'est que le travail se faisait, là, au niveau du livre vert, sur
l'acceptabilité sociale. Là, vous
faites des recherches pour savoir comment la population peut percevoir
l'acceptabilité sociale.
Moi,
honnêtement, je vous dirais, là, avec le peu d'argent que vous mettez dans
votre vision stratégique, là, moi, je pense
que vous devriez peut-être garder de l'argent pour autre chose. Qu'est-ce que
vous devriez faire à la place d'investir de l'argent sur des
perceptions, là? Moi, je veux dire...
Le Président (M. Iracà) : Il reste
10 secondes.
M.
Therrien :
Non, mais, regardez, dans le fond, c'est un commentaire, je veux dire. Tu sais,
quand on est rendu, là, que tout le
monde crie au meurtre, là, parce qu'il ne se fait rien dans votre ministère,
puis qu'on met de l'argent sur la perception, là, je veux dire, ça...
Le Président (M. Iracà) : Merci, M.
le député de Sanguinet. Nous allons procéder maintenant aux échanges avec la partie gouvernementale pour une période
d'environ 14 minutes. Alors, je vais céder immédiatement la parole au
député de Saint-Maurice.
• (19 h 50) •
M. Giguère : Merci, M. le
Président. Au nom de ma formation, on voudrait vous saluer, M. le Président,
saluer mes collègues de l'opposition, saluer M. le ministre ainsi que
toute l'équipe ministérielle, c'est important.
Et moi, je suis un
petit peu comme le député de l'opposition, je suis arrivé ici de bonne humeur
et je suis convaincu que je vais sortir
d'ici de bonne humeur, moi. Donc, moi, je voudrais discuter avec le ministre,
M. le Président, de la vision
stratégique du développement minier. Mais, avant de commencer, j'aimerais ça
qu'on regarde un petit peu qu'est-ce
qui s'est fait en arrière. En juin 2009, le gouvernement du Québec présentait
sa première stratégie minérale. Cette
stratégie s'appuyait sur trois grandes orientations, M. le Président :
créer de la richesse et préparer l'avenir du secteur minier, assurer un développement minier
respectueux de l'environnement et favoriser un développement minier associé
aux communautés et intégré dans le milieu. Ça, ça a été fait en 2009.
En
2013, décembre, il y a un bilan qui a été fait de tout ça. Puis le bilan,
qu'est-ce qu'il dit, c'est que 90 % des mesures découlant de la stratégie ont été réalisées, ont été mises en
oeuvre. Donc, ces actions-là, elles ont été réalisées en majorité. On voit l'importance
de cette stratégie, ça a fonctionné jusqu'en 2009. Mais, depuis 2009, on le
sait que le contexte minier au Québec, M. le ministre, est en évolution,
à grande vitesse même. Donc, à titre d'exemple, on a la demande de certains métaux, comme vous avez dit tantôt, qui a connu des
variations importantes. Ça, on le vit. Il y a des activités aussi qui tournent au ralenti dans
certains secteurs. On observe une demande accrue des substances en émergence,
entre autres celles utilisées dans les nouvelles technologies.
On va prendre juste
ce petit gadget là, en passant, combien qu'il y a de métaux dans ça? Et, comme
diraient certains de mes collègues, on a de
la misère à prononcer les noms de tous les métaux qui rentrent dans ça. Mais
j'en profite, M. le Président, si
vous voulez bien, pour parler... Moi, je viens de la Mauricie, et puis nous
avons fait une annonce, voilà à peu
près une dizaine de jours, pour une entreprise à Shawinigan, dans ma ville,
Nemaska Lithium. Quand on parle du Plan
Nord, des mines, pour nous, dans les régions plus au sud, c'est loin pour nous,
ce n'est pas concret. Mais je peux vous
dire qu'à Shawinigan Nemaska, woups! le Plan Nord, le plan minier, ce n'est
plus la même retombée qu'on entend parler.
C'est quoi, Nemaska Lithium? Bien, c'est un fabricant pour faire des batteries
pour les autos électriques. Puis, en même
temps, ils vont exploiter une mine à Whabouchi, c'est ça. Excusez si je ne
prononce pas bien, là. Et puis on parle quand même de 300 emplois. J'entendais parler tantôt le député de
l'opposition qu'il ne se passait pas grand-chose, bien, je pense que je vais
l'inviter à venir à Shawinigan voir l'impact économique directement sur le
terrain. Ce serait important qu'il se déplace. Puis je vais l'inviter,
mon ami, parce qu'on s'entend quand même assez bien.
M.
Therrien :
...
Le Président (M.
Iracà) : L'invitation est lancée.
M.
Giguère : Oui, puis je le sais qu'il va venir, puis on va faire une
belle tournée, puis ça va lui faire du bien, il va repartir heureux.
Donc,
de plus, au Québec, il y a eu l'encadrement relatif aux activités minières, le
régime d'impôt minier et la Loi sur
les mines qui a été revue dernièrement. Puis ça, bien, avec la stabilité
politique que nous connaissons présentement, ça donne un environnement d'affaires stable, prévisible et favorable aux
investissements. Parce que vous savez, M. le Président, quand on veut que les entreprises viennent investir ici, ils
ne seront pas sur la place publique pour dire : Ah! il n'y a pas une stabilité politique, on n'ira
pas. Non, ils se retirent puis ils restent discrets, ils font de la business.
Donc, présentement, avec le Parti libéral au pouvoir, il y a une belle
stabilité politique qui fait qu'avec l'environnement des affaires stable nous avons des investissements et
nous avons des preuves présentement. Moi, ma question, M. le ministre, au mois de mars — oui, c'est ça — vous avez déposé la vision stratégique de
développement minier au Québec. J'aimerais que vous parliez de cette
nouvelle vision-là, où est-ce que vous voulez nous emmener.
Le Président (M.
Iracà) : Merci, M. le député de Saint-Maurice. M. le ministre.
M.
Blanchette : Merci, cher collègue. Je prends sur mon temps l'idée de
repréciser quelque chose par rapport au député de Sanguinet. Les mesures
budgétaires qu'on a mises de l'avant en mars 2016 ont été soulignées par des communiqués de presse de l'Association minière du
Québec, l'Association d'exploration minière du Québec, la Fédération des chambres de commerce du Québec et le Conseil
du patronat du Québec. Ils étaient unanimes pour dire que c'était un
projet des plus mobilisateurs pour ça.
Parlant
de mobilisation, la vision stratégique du développement minier au Québec, telle
qu'on l'a présentée, est issue de cette mobilisation-là des différents
intervenants. Il y a eu un diagnostic qu'on a partagé. On s'est promenés partout au travers du Québec, puis on a été à
Montréal, Québec, Rouyn-Noranda, Chibougamau et Sept-Îles présenter ce
diagnostic-là, sur lequel on a reçu beaucoup d'échanges.
Maintenant,
les gens nous ont dit — parce qu'on les a écoutés : C'est important. Ils nous ont
donné des conditions nécessaires à ce
développement-là. Ce que vous avez fait allusion, notamment sur des conditions
de clarté, de simplification, etc., ça a été entendu, clair, stable et
prévisible, ce qu'on n'a pas toujours eu, notamment avec le gouvernement qui
nous a précédés. Même si la période a été
courte, ils ont réussi à faire plus de dommages dans une période de 18 mois que
bien d'autres gouvernements. En la matière de développement minier,
j'entends.
Maintenant,
ce qu'on a dit comme condition, c'est autre, claire, stable et prévisible. On
veut quelque chose... parce qu'on est
rendus au XXIe siècle, on veut un développement minier qui soit responsable,
c'est-à-dire dans lequel on puisse utiliser
les meilleures pratiques tant en environnement qu'en matière d'acceptabilité
sociale. On veut également — puis ça, c'est important — que ce soit coordonné, harmonisé, concerté
avec le Plan Nord, avec la Stratégie
maritime, avec la politique énergétique. Ce qu'on a retenu aussi comme
idée, les gens voulaient ça.
Ils voulaient aussi des
retombées économiques dans chacune des régions du Québec, donc c'est là qu'on a
développé un peu des stratégies.
Et j'ouvre la parenthèse très rapide qu'on ne veut pas juste des mines, on veut
aussi de la transformation, d'où le
projet, c'est Whabouchi, finalement, le projet avec Nemaska Lithium. Il y aura,
effectivement, une mine de 300 employés à la mine avec le
concentrateur dans la communauté, proche de la communauté crie de Nemaska,
mais aussi 200 employés à terme à Shawinigan, dans votre comté propre. Et ça,
c'est des emplois de haute technicité. Donc,
c'est quelque chose, tout de
même, d'intéressant. C'est ça, quand on dit que le Plan Nord s'en va dans le
sud, c'est un exemple très probant,
une région qui a été durement affectée par la fermeture dans l'industrie des
pâtes et papiers, mais qui se régénère avec l'informatique notamment,
et, bien sûr, Nemaska Lithium, des emplois de haute technicité.
On veut aussi
s'assurer, M. le Président, d'une bonne formation. On parle des jeunes
parce qu'il y a un contexte de
départs massifs à la retraite, mais on parle aussi des communautés autochtones
et on parle aussi des femmes, pour lesquelles
elles pourraient mieux s'intégrer à l'industrie minière, étant donné que ces
nouvelles fonctions, notamment en environnement, en comités de suivi, et
autres...
Enfin, on
veut développer un réseau de fournisseurs et d'équipementiers. Ça aussi, c'est
une condition gagnante, puisqu'on ne retrouve pas ça juste en
Abitibi-Témiscamingue, même si je viens de là, et c'est une région qui m'est chère — j'imagine que c'est le même cas pour mon
collègue d'Abitibi-Est — mais les équipementiers et fournisseurs de services, on en retrouve énormément dans la
région de Montérégie, à Montréal, à Laval, dans ces autres régions là.
Donc, c'est un projet très porteur qu'on veut développer.
Ici, je
termine avec trois grandes orientations : économique, environnementale et
sociale. Je pourrai revenir sur les
deux autres, mais essentiellement, économique, un petit message très court
avant de redonner la parole à mes collègues, l'économique, on veut consolider ce qui existe déjà — on parle de fer, métaux de base, cuivre,
zinc, nickel et autres — mais on veut aussi
développer des minéraux stratégiques, ce à quoi vous faisiez référence tantôt.
Et ça, c'est fort important parce qu'on
a des... la plupart des gens ont des tablettes, des téléphones intelligents,
certains ont des voitures électriques, puis on espère qu'il y en aura de plus en plus, mais aussi l'utilisation des
énergies solaire et éolienne. Or, dans ces secteurs nouveaux là qu'on voit se développer à
l'international et au Québec, il reste qu'on utilise des minéraux stratégiques
dans lesquels le Québec est
pourvoyeur de ça, puisqu'on parle des éléments de terres rares, qu'on parle du
lithium, du vanadium et du graphite.
Donc, c'est vrai que, dans vos tablettes qu'on a ici, la couleur rouge vient
des luminophores des terres rares; le
néodyme, qui a des aimants, ça aussi, ça vient des éléments de terres rares; le
lithium dans les batteries, etc. Et on aura le plaisir d'avoir éventuellement de l'hydroxyde de lithium et du
carbonate de lithium de qualité éventuellement à Shawinigan.
Alors donc, c'est des exemples très concrets
qu'on veut essentiellement développer vraiment dans le sens des entreprises
manufacturières, et ça, ça crée de l'emploi au Québec.
Le
Président (M. Iracà) : Parfait. Merci beaucoup, M. le ministre. Alors,
je vais céder immédiatement la parole au député de Côte-du-Sud.
M. Morin :
Oui. Merci, M. le Président. Bonjour à vous tous. Mon collègue de Saint-Maurice
vous a salué au nom de notre équipe.
Donc, salut bien. Salut, M. le ministre. Depuis deux ans, on a un budget
équilibré. On a eu le courage de
faire ça avec... en plus d'atteindre l'équilibre budgétaire, on favorise une
croissance économique, puis en s'appuyant sur un plan économique ambitieux pour le Québec. Parmi les conditions
favorables à la croissance économique, on projette de mettre en place des mesures afin de mieux
former, innover et tirer profit de la transition vers une économie à faible
empreinte de carbone — mon collègue doit être content — et d'attirer, développer et de retenir les
meilleurs talents. On sait très bien
que l'industrie minière, c'est 17 000 emplois directs et 18 000
emplois indirects, et c'est des salaires de tout près de
100 000 $ au niveau minier.
Donc, M. le ministre, quelles sont les mesures
qui auront un impact certain sur le secteur minier?
• (20 heures) •
M. Blanchette : Alors, je
commencerais d'abord par dire que ce budget-là, tel que je l'avais mentionné, a
été soutenu et appuyé par l'industrie ou les
gens de l'industrie, ce qui est une bonne chose. Mais parlons de l'aide qui va
être bonifiée pour le Moyen Nord et
le Grand Nord. On parle de 25 % de crédits d'impôt supplémentaires. On
sait que, quand il faut mobiliser des
infrastructures de forage essentiellement aéroportées par hélicoptère la
plupart du temps, c'est des frais.
Donc, c'est la raison pour laquelle on a bien entendu les demandes de
l'industrie et on a décidé de bonifier cette aide-là en crédits d'impôt, ce qui veut dire, sur le plan très précis,
qu'on passe de 31 % à 39 % pour les sociétés juniors en termes de crédits d'impôt à l'exploration et de
15 % à 19 % pour les autres sociétés qu'on appelle les sociétés
majeures. Premier champ
d'intervention, aidons, soutenons à l'exploration dans le Grand Nord, un
secteur qui en a grandement besoin.
Enfin, on a
décidé d'appuyer aussi la recherche en hydrométallurgie. Donc,
l'hydrométallurgie, c'est exactement ce
qu'on va faire à Nemaska Lithium. Mais l'hydrométallurgie, en simple, là, c'est
de l'eau, puis on va faire du traitement nécessairement avec des procédés qui vont favoriser une meilleure
concentration. Donc, on va développer les minéraux stratégiques et on a besoin de l'hydrométallurgie
et de secteurs de recherche et de développement pour faire ça. Donc, il
y a plusieurs organismes qui en font, mais ils veulent développer cette
expertise-là, et c'est souhaitable de le faire. Notamment, que ce soit à Corem, que ce soit à Consorem, que ce soit au
CTRI, à Agora 49, il y a plusieurs projets qui gravitent autour de nous
présentement.
Enfin, autre phénomène important qu'on a fait,
action qu'on a prise, ça a été toute l'acquisition du port, les infrastructures portuaires à Sept-Îles. C'est
stratégique parce que ça arrive vraiment de la Côte-Nord et de la Haute-Côte-Nord.
On a acquis ça pour un montant de
66 millions, donc c'est une bonne nouvelle. Ça appartenait à Cliff
Resources, et ça a été quelque chose,
un investissement qu'on a dû faire pour désenclaver et, en même temps, mettre
de l'avant la stratégie maritime, et on ajoutera... Pour les gens qui ne l'ont pas vu, il y
avait deux grosses crinques, et, essentiellement, il y aura comme un autre petit palier qu'on va faire pour le
côté maritime. C'est un investissement supplémentaire qui n'était pas là,
mais qu'on ajoute, de l'ordre de 15 millions.
Il
y aura, toujours dans le dernier budget qu'on a fait, deux tronçons de
routes... c'est-à-dire un tronçon reliant 138 et 389 sur la Côte-Nord à partir de Baie-Comeau pour désenclaver,
notamment rejoindre les gens de Mason Graphite. Et il y aura aussi la route de la Baie-James dans laquelle on va prévoir
des investissements. Ça, ce n'était pas au budget, c'était à la Société du Plan Nord, mais je
l'ajoute parce que ça a une vertu essentiellement d'ouverture et d'infrastructure
routière.
Enfin,
réhabilitation des sols, on en a parlé tout à l'heure, c'est 620 millions
d'ici 2022, ce qui représente à peu près
une centaine de millions. On sait que ça va concerner beaucoup
l'Abitibi-Témiscamingue parce qu'il y a un historique de sites orphelins, mais ça va aussi aller dans le
Nord-du-Québec et, dans une moindre mesure, sur la Côte-Nord. Ce n'est pas tous des sites lourdement contaminés, mais il
y en a une bonne portion. Et ça, on en est très fiers, puisque la population
souhaite ça, et moi personnellement, je ne
souhaite pas donner à mes enfants des
sites qui soient encore contaminés. Merci.
Le
Président (M. Iracà) :
Alors, M. le ministre, je dois vous féliciter, vous terminez exactement dans les temps que vous aviez. Vous allez avoir l'opportunité de
revenir, là, au niveau de la partie gouvernementale après le deuxième groupe d'opposition. Alors, à ce moment-ci, je
vais céder la parole au deuxième groupe d'opposition, au député de Groulx, pour
une période, à peu près, de 11 min 30 s.
M.
Surprenant : Très bien. Merci, M. le Président. Alors, je salue
également mes collègues du gouvernement, mon collègue de l'opposition
officielle de Sanguinet. M. le sous-ministre, bienvenue.
Alors,
comme mes collègues, là, je ne dirais peut-être pas que je suis de bonne
humeur, mais je suis de bonne mine. Alors, je vais faire du millage sur
un des propos de mon collègue, là, de Sanguinet tantôt, il parlait, là, de
soutenir l'exploration minière. M. le
ministre, vous disiez tantôt que, dans des creux de cycles, il faut adopter des
mesures qui sont contracycliques, et c'est ce que vous prétendiez faire.
J'aurais, par contre, une petite interrogation à vous poser à cet égard-là. À la page 33 du document que vous avez
déposé, là, pour le deuxième groupe d'opposition, au niveau des frais d'exploration, le point 1 : «Tous les frais
d'exploration d'un exploitant qui sont financés par l'émission d'actions
accréditives et renoncés en faveur
d'un investisseur — je le
comprends très bien — ne sont
plus admissibles au crédit de droits remboursable pour perte.» Alors,
j'aurais une question à ce sujet-là.
Mais,
dans un contexte, donc, où on dit que le Québec s'est classé, selon l'Institut
Fraser, au huitième rang en 2015,
alors qu'il figurait au sixième rang en 2014 pour l'attractivité des
investissements dans l'industrie minière, alors on comprend que — puis je traduis ce que Fraser disait — que l'incertitude associée aux changements à
la loi, aux règles sur les mines en 2013 et depuis a réduit l'intérêt
des marchés, des capitaux.
Alors, je vais vous
le lire au niveau des avantages fiscaux que les particuliers pouvaient obtenir
par le passé. Alors, avant ça, les gens
pouvaient investir dans des actions accréditives, il y avait une déduction de
100 % du montant qu'ils
investissaient. Et puis, après ça, il y avait 25 % de plus lorsque les
frais étaient engagés au Québec. Ensuite, on a rajouté un supplément de 25 % lorsque c'était fait à la surface.
Et, en 2014, on a ramené ça à 100 %
de base puis 10 %, 10 % au
lieu de 25 %, 25 %. Donc, on a réduit l'intérêt aux investisseurs d'investir ici, finalement, par le biais
d'actions accréditives. Donc, ça contredit un peu votre position, qui
dit qu'en creux de cycle il faut supporter l'investissement. Alors, il y a eu des mesures en 2014 qui ont
réduit, et vous, je ne vois pas de mesures qui, au contraire, vont supporter,
donc, des mesures contracycliques. D'une
part, vous ne ramenez pas le pourcentage de déduction comme il l'était. Et,
à l'époque, c'était nécessaire, et je crois
que ça l'est encore, nécessaire. D'autre part, bien, ils ne sont plus
admissibles au crédit, donc, pour les
compagnies elles-mêmes au niveau des pertes. Alors, pouvez-vous élaborer un peu
sur la dichotomie qu'il y a entre ce que vous tentez de faire puis ce
qui est écrit, là, ce que l'on constate?
Le Président (M.
Iracà) : M. le...
M.
Blanchette : M. le Président, pour répondre au collègue de Groulx, la
lecture qui est présentée là, elle est tout
à fait valable. Il est vrai qu'en 2014 il y a eu une diminution des crédits
d'impôt. O.K.? Ça, c'est réel. Donc, votre lecture, elle est bonne. Par
ailleurs, malgré cette diminution-là, nous étions à parité, c'est-à-dire à
égalité avec l'autre province, qui est la
province de Colombie-Britannique, en matière de meilleure province ou
juridiction minière — appelez-la
comme vous voulez — qui est la plus généreuse à l'égard des
crédits d'impôt. Ça fait que, malgré la baisse, nous étions dans les
meilleurs avec la Colombie-Britannique, à égalité en matière de crédits
d'impôt.
Récemment,
au dernier budget de mars 2016, on a ajouté l'exploration — ça, c'est nouveau, ça s'ajoute — pour le Grand Nord. O.K.? Grand Nord et Moyen Nord. Par ailleurs, dans la
mesure contracyclique, dans le fond, ce que le document dit, c'est qu'on va en développer une, mesure contracylcique,
qui va faire en sorte qu'il y aura plus de crédits d'impôt en bas de cycle et moins de crédits
d'impôt en haut de cycle parce qu'en haut de cycle les entreprises n'en ont
pas besoin. Ça fait que ce qu'on dit n'est
juste pas en application. On l'a mis, on l'a écrit dans le document de la
vision, qu'on va en développer une.
On veut juste faire sûr que ce qu'on met sur le marché ne soit pas plus
néfaste. Et c'est ce que les études
n'ont pas... ne sont pas terminées avec... les échanges ne sont pas terminés
entre le ministère des Finances et notre ministère. Mais votre lecture
était bonne.
Le Président (M.
Iracà) : M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Vous dites qu'on fait la même chose que la
Colombie-Britannique, mais elle se trouve au 20e
rang actuellement au niveau de l'attractivité minière, alors ce qui n'est pas
non plus, là, extraordinaire comme fin de comparaison. Je comprends qu'au niveau, peut-être, des pourcentages, là,
de déductibilité, peut-être qu'il peut y avoir une relation, mais il faut faire plus quand même. Puis là vous dites que
vous avez soumis l'idée dans votre vision, et vous devez avoir des études. Bien, à mon avis, des
études, des études, des études, bien, on va arriver, puis le creux de cycle va
être passé, puis les dommages auront été faits. Puis vous avez déjà quand même
l'expérience passée de déductions plus
élevées pour attirer de l'investissement, et, à mon avis... Écoutez, j'ai été
dans le domaine des valeurs mobilières pendant
27 ans, j'en ai vu passer, puis ça fonctionnait bien. Alors, je pense que
ça pourrait être très sain. Puis, au lieu de demander des études puis d'aller en comité, puis en sous-comité, puis de
tergiverser, je pense qu'il faut agir, puis... Alors, à mon avis, là,
réintroduire des avantages fiscaux un peu plus intéressants, ça pourrait
stimuler peut-être l'investissement. Alors, c'était un commentaire.
Le Président (M.
Iracà) : Un commentaire. Vous y allez avec une question?
M.
Surprenant : Oui, parfait. J'ai une autre question maintenant.
Le Président (M.
Iracà) : Parfait, allez-y.
M.
Surprenant : Bien, rapidement, au niveau de l'investissement, les
entreprises doivent investir afin d'acquérir des claims miniers puis
faire l'exploration par la suite. Et on sait que, comme le cycle est difficile,
il y a beaucoup d'entreprises actuellement
qui vont arriver à la fin de leurs deux ans, puis là ils manquent d'argent pour
pouvoir poursuivre. Alors, comment on les aide, les entreprises, à
passer cette période difficile là?
Le Président (M.
Iracà) : M. le ministre.
M.
Blanchette : Hé! que j'aime votre question. Deux choses sur l'Institut
Fraser. Nous, on considère que, quand ils
font leur analyse, là, il y a plusieurs éléments, dont la diversification, dont
le cadre réglementaire, il y a énormément de facettes qui sont prises en
compte. Première chose. Qu'on soit sixième, huitième, l'important, c'est d'être
dans le top 10, c'est-à-dire dans les 10
meilleurs. Pour nous, il n'y a pas un écart si significatif que ça, d'être
passés de sixième à huitième, mais, essentiellement, on est contents
d'avoir obtenu ce statut-là parce que les analyses ont été faites. Colombie-Britannique en 20e, ça peut être pour des
raisons autochtones, ça peut être pour toutes sortes de facettes, là,
sur lesquelles je n'entrerai pas. Mais nous, on se maintient dans des bonnes
moyennes.
Par
rapport aux claims, vous avez tout à fait raison, l'actif des entreprises
d'exploration, c'est leur portefeuille de
claims. C'est ça, les actifs. Et, lors du dernier... pas le dernier,
l'avant-dernier budget, celui de mars 2015, on a mis de l'avant une mesure fort importante qui s'appelle
une diminution des travaux exigibles, donc, sur le fameux deux ans de l'ordre de 35 %. Donc, on a diminué. Il y
avait une grosse charte, là, de chiffres parce que ça dépend du nombre d'années
que tu possèdes tes claims, etc. Tout ça est
quand même bien concilié, et toute la charte a été diminuée de 35 % pour
une période de deux ans.
Or,
l'application de ça, ça date du 1er janvier 2016 jusqu'au 31 décembre
2017. Pour toutes les entreprises qui ont des claims au Québec, il y aura une diminution de 35 % des travaux
exigibles. C'est notre façon... Et ça, on n'avait pas changé ça depuis 40 ans. Ça n'a pas fait
l'affaire de tout le monde, mais essentiellement, pour aider et soutenir
l'industrie de l'exploration minière,
c'est ce qu'on avait fait, on a diminué de 35 % les travaux exigibles de
façon à ce que les entreprises d'exploration
puissent maintenir, garder leurs actifs qui sont leurs claims. Ça, c'est un
effort qui s'applique à partir du 1er janvier 2016, mais qui était
lors du budget de mars 2015.
• (20 h 10) •
Le Président (M.
Iracà) : M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : ...une autre question. Québec Mines, on parle de dépenses
de 447 000 $ pour organiser, là, le congrès, là, ici, d'ailleurs, tout juste à côté en novembre dernier.
Alors, je voudrais savoir combien de fonctionnaires sont assignés au
congrès et puis quel est l'achalandage, en fait, de ce congrès-là, et puis...
Le Président (M.
Iracà) : Alors, M. le ministre.
M.
Blanchette : Oui. Premièrement, dire que l'activité de Québec Mines,
on en était à notre 36e édition...
Une voix :
36e, oui.
M.
Blanchette : ...36e édition la dernière fois, donc on s'en va
vers la 37e prochainement. C'est une activité dans laquelle on publie les résultats des travaux
géologiques qu'on a faits pendant toute l'année, en fait la période estivale,
donc, de façon à rendre les choses
les plus objectives possible. Le gouvernement du Québec fait énormément de
travaux. L'an passé, on en a fait
pour 15 millions. C'est le moment approprié qu'on va sortir ça. On en
profite aussi pour tenir des journées portes
ouvertes, pour sensibiliser la population, et, traditionnellement, on offre
aussi aux étudiants et aux étudiantes de la communauté de Québec de
venir et d'assister à ça.
L'an dernier, en toute
transparence, on vous le dit, on l'a suspendue, étant donné qu'il y avait une
période de négociation qui se faisait avec
les syndicats de profs, puis on... En tout cas, on n'a pas pris de chance, on a
annulé, tout simplement, l'activité.
Il y a eu
2 268 participants à cet événement-là. D'habitude, il faut toujours
ajouter un 500 qui arrive directement des
classes, c'est-à-dire des élèves. Il y a 385 citoyens lors de la journée
portes ouvertes et il y a 190 personnes provenant de l'extérieur du Québec, issues de 32 pays
parce qu'on avait tenu une activité à l'intérieur de la francophonie africaine.
Donc, ça a été énormément de contacts,
énormément de visibilité, c'est un... Québec Mines, c'est très scientifique,
c'est très géologique, puis, en même temps, on travaille avec l'Institut
canadien des mines pour sensibiliser la population élèves, jeunes à travailler dans cette industrie-là. Et c'est un des
principaux congrès francophones parmi la planète, il est hors de
question qu'on élimine ça. Au contraire, c'est une très belle vitrine sur
l'international.
Le Président (M. Iracà) : M. le
député de Groulx.
M.
Surprenant : Oui. Ma question, M. le ministre, est principalement au
niveau des fonctionnaires. Combien il y a de fonctionnaires qui sont
assignés à ce congrès?
Le
Président (M. Iracà) : Alors, M. le ministre, je ne sais pas si vous
avez la réponse. La question est : Combien de fonctionnaires sont
attitrés au congrès?
M.
Blanchette : Ah! O.K. O.K. O.K. La sous-ministre associée disait deux.
C'est deux fonctionnaires à temps plein
que ça équivaut et une dizaine de fonctionnaires à temps partiel pour l'organisation
de tout ça. C'est quelque chose qui
roule depuis 35 ans, hein, plus de 35 ans, donc c'est quelque chose
d'assez bien arrêté. Depuis 1980, pour être précis.
Le Président (M. Iracà) : En
40 secondes, M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Pardon?
Le Président (M. Iracà) : Il vous
reste 40 secondes, M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : O.K. Écoutez, rapidement, en fait, ce que je voudrais
soulever, c'est que c'est un congrès, en fait, qui a lieu ici, à Québec, puis il y a un autre congrès aussi à
Montréal, alors que l'industrie minière, évidemment qu'elle sollicitée
pour venir à Québec, puis je pense qu'ils seraient peut-être un peu tous
malvenus de ne pas se pointer à une organisation
gouvernementale. Alors, dans un contexte où ces entreprises-là reçoivent des
subventions, et autres, de la part du
gouvernement, évidemment qu'elles se doivent d'être là. Et, dans un contexte,
donc, où le secteur est très difficile présentement,
on leur demande de dépenser pour quelque chose qui peut-être... Est-ce que ça
ne pourrait pas être redondant, finalement?
M. Blanchette : Je vais laisser ma
sous-ministre répondre, M. le Président.
Le Président (M. Iracà) :
Malheureusement, il ne reste plus de temps, je suis désolé. Alors, nous allons...
Une voix : ...
Le Président (M. Iracà) : Ah! O.K.
C'est bon. C'est bon. Alors, c'était plus un commentaire.
Alors, on
va terminer le bloc d'une heure avec la partie gouvernementale pour un temps
approximatif de 14 min 30 s. Je
vais céder la parole immédiatement au député d'Abitibi-Est. Et, M. le ministre,
vous pourrez compléter, si vous voulez, l'intervention qui vient de se
produire, mais je vais laisser quand même le député d'Abitibi-Est débuter sa
question.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Bien, effectivement, je vais
permettre à Mme la sous-ministre de terminer et je ferai mes salutations
d'usage par la suite.
Mme Drouin (Line) : Ce que je pourrais
apporter comme précision...
Le
Président (M. Iracà) : Alors, juste avant de débuter, ça me prend le
consentement toujours, Mme Drouin. Est-ce que j'ai consentement pour que
Mme Drouin puisse prendre la parole?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Iracà) : Ça va.
Allez-y, madame.
Mme Drouin
(Line) : Merci. Ce que je souhaite ajouter, c'est que Québec Mines,
l'activité Québec Mines, est une
activité qui s'autofinance, donc, à même les inscriptions des participants.
Québec Mines est reconnue pour la qualité de la programmation et de la formation qui est offerte, et elle est
offerte en partenariat avec tous les gens du secteur minier. Donc, c'est un événement extrêmement important qui
est là depuis 36 ans, et on travaille sur des enjeux qui sont différents de l'autre congrès, qui s'appelle Xplor. Québec Mines est un
moment où on travaille sur l'acceptabilité sociale. On rencontre, on invite les citoyens de Québec à venir entendre parler des
mines et on travaille très étroitement avec les enfants, puisqu'on pense que cette clientèle-là doit être
informée, et c'est la meilleure façon de faire véhiculer l'information relative
aux mines et à l'importance du secteur minier.
Le
Président (M. Iracà) : Merci, Mme Drouin. Alors, je vais céder la
parole immédiatement au député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Je tiens à souligner la présence
du député de Sanguinet — je suis certain qu'il va
être très attentif à mes dires, puisque je vais toucher un sujet qui le touche
particulièrement — et
également du député de Groulx, auquel
j'ai dû, malheureusement, confirmer mes félicitations, puisque son équipe a
battu les Foreurs. Mais maintenant je
fais confiance à l'équipe de M. le ministre pour s'assurer que notre fierté
régionale sera bien défendue. Et
d'ailleurs, M. le Président, vous, qui êtes originaire de Val-d'Or, vous n'êtes
sans doute pas sans savoir que, dans l'équipe de M. le ministre, il y a
quand même des joueurs de Val-d'Or, ce qui va les aider à poursuivre...
Le
Président (M. Iracà) : Vous avez dit les Foreurs, les Foreurs de
Val-d'Or, on est dans le ton avec la commission.
M.
Bourgeois : Exactement. On est tout à fait dans le ton, et, justement,
je veux revenir, le député de Sanguinet était préoccupé par toute la question des sites miniers et orphelins,
abandonnés dans lesquels... Effectivement, les mines, au Québec, ça existe depuis longtemps, là, ce
n'est pas une opération soudaine. Depuis le début du XXe siècle, il y a des
mines qui, au départ, étaient dans le sud de
la province. Au fur et à mesure, ça s'est déplacé vers le nord. Et, quand ça
s'est déplacé, ça s'est amplifié en termes
d'opérations. Donc, ce que ça a créé à un moment donné, dans la phase
industrielle avancée, avec les moyens
d'exploitation, ça a créé des sites qui, malheureusement, se développaient plus
rapidement que ce que l'industrie
était capable de faire comme intervention complémentaire, puisqu'à ce moment-là
la législation existante n'était pas
là pour, justement, pallier à ces situations-là. Et, pour le bénéfice de ceux
qui nous écoutent via le réseau télévisé, je pense que c'est important
de bien clarifier pourquoi on appelle ça des sites miniers abandonnés.
Parfois, les
gens nous disent : Bien, écoutez, ce n'est pas compliqué, pourquoi ce ne
sont pas les compagnies qui avaient
exploité ces sites-là qui restaurent, puis ça serait bien plus simple, on
sauverait de l'argent, tout le monde. Dans les faits, c'est des sites orphelins. Et, quand on est orphelin, on n'a pas
de parents, on n'a pas de propriétaire. Donc, nous, la société québécoise, avons hérité de ces sites-là,
et vous comprendrez qu'à ce moment-là, de façon responsable, on doit les
gérer parce qu'il y a un impact environnemental.
M. le ministre l'a mentionné tout à l'heure, il y a un impact environnemental
important qui peut créer des situations
aussi dangereuses parce que ces sites-là, s'ils ne sont pas stabilisés puis
s'ils ne sont pas réhabilités, il pourrait y avoir des déversements
importants ou des incidents qui feraient en sorte que, pour la population, il y
aurait un risque qui pourrait être soulevé.
Donc, de
façon responsable, il y eu une loi qui a été mise en place et qui, maintenant,
prévoit la restauration des sites. Ce
qui est particulier, cependant... Et là, M. le député de Sanguinet, vous allez
reconnaître que, je pense, d'accélérer la
restauration des sites, c'est pour le bénéfice de l'ensemble de la population
québécoise, un bon geste, un geste responsable, approprié qui va nous
permettre, dans le fond, de tourner la page sur cette triste époque là, et
parce que maintenant...
Et là je
tiens à souligner, mon collègue de Saint-Maurice disait tout à l'heure que vous
aviez été prendre une bière ensemble
puis que vous étiez des bons amis. Moi, je sais que vous êtes venus dans mon
comté, mais, malheureusement, je n'étais pas là. Donc, je vous invite à
venir à l'été. Et, en plus, à Val-d'Or, on a la bière Le Prospecteur, donc on
est vraiment dans la thématique minière. Donc...
• (20 h 20) •
Le Président (M. Iracà) : ...des
invitations de lancées ce soir.
M. Bourgeois : Oui. Officiellement,
vous êtes invité.
Une voix : ...
M.
Bourgeois : Oui, et on pourra discuter encore plus longuement de
l'enjeu. Mais un point qu'il faut souligner — et là
ça rejoint la préoccupation aussi du député de Groulx — quand il y a une baisse dans le cycle
minier, quand il y a un ralentissement
économique, de faire des travaux de restauration, c'est stratégique. Parce
qu'on a toute une industrie qui est
associée à la dynamique de l'exploitation minière, et, quand cette industrie-là
a un ralentissement, bien, de pouvoir mettre
à contribution nos compagnies pour aller faire des travaux de restauration...
Parce que, dans les faits, c'est ce qu'ils font. Vous avez visité à Malartic, M. le député de Sanguinet, récemment,
vous avez vu l'ampleur des travaux. Ces équipements-là, là, on ne veut pas qu'ils restent arrêtés longtemps. Les
travailleurs qui sont associés à ces compagnies-là, on veut qu'ils soient à l'ouvrage, qu'ils soient
dans les camions, qu'ils soient dans les excavatrices. Donc, d'accélérer
le processus de restauration pour le
bénéfice de l'ensemble de la population, oui, de l'Abitibi-Témiscamingue, parce
que je sais que, dans notre cas, il
va y avoir beaucoup de travaux, mais en plus pour le bénéfice de la société
québécoise, le faire avec une
perspective d'enjeu de cycle économique, stratégiquement, je pense que ça
mérite une reconnaissance appropriée.
Et là-dessus,
j'aimerais, M. le ministre, que vous puissiez nous confirmer cette
stratégie-là, comment elle va se déployer dans les prochaines années.
Le Président (M. Iracà) : M. le
ministre.
M. Blanchette : Question
fort pertinente. Et, dans le fond, on rend disponibles, si les gens
s'intéressent... Ça, c'est tous les
sites à restaurer. Ça, c'est la faille de Cadillac en Abitibi-Témiscamingue,
mais je l'ai également pour chacune des régions du Québec. Bien sûr,
celle de l'Abitibi-Témiscamingue est plus importante là-dedans.
Qu'est-ce que ça fait travailler concrètement, cet
investissement-là de 620 millions d'ici l'an 2022? On parle d'une centaine de millions, donc, par année. C'est des
services de génie-conseil, génie civil, géologie, bien sûr, mais aussi toute
une équipe en environnement de biologistes,
faune, flore, et ça fait aussi... des entrepreneurs en construction, location
de machinerie lourde. Les universités et les
instituts de recherche sont mis à contribution, de même que les laboratoires
spécialisés et toute la mobilisation qui se
fait autour de ça. Donc, c'est des retombées économiques qui s'en viennent fort
importantes. Une fois que la prescription
est faite, c'est toute la mobilisation en termes de main-d'oeuvre. C'est
beaucoup du camionnage, et il y aura
peut-être des possibilités d'emploi. Drôlement important à faire, et, je vous
le dis, ce n'est pas juste pour l'Abitibi-Témiscamingue, ça couvre
l'ensemble du Québec, même si les sites les plus contaminés se retrouvent en
Abitibi-Témiscamingue.
Ensuite de ça, on
veut — puis
ça, c'est un principe, je pense, qui est cher à chacun des collègues qui sont
ici présents — limiter les impacts environnementaux. On ne
veut pas laisser à nos enfants de tels sites contaminés, et c'est ce à quoi on s'adressera en priorité. Les sites
les plus contaminés seront traités en premier, ceux qui ont des drainages
miniers acides. Bien sûr, le député de
Sanguinet, on ne l'amènera pas là. On l'invite, mais pas dans les sites
contaminés à drainage minier acide. Mais on pourra lui faire visiter
d'autres belles mines, effectivement.
Il
reste 498 sites miniers abandonnés, et c'est ce à quoi on va s'attaquer.
Là-dessus, il y en a 263 qui sont des sites d'exploration, donc avec moins de dommages, et il y en a tout de même
229 qui sont des sites d'exploitation minière. On va s'adresser, encore
une fois, comme je l'ai mentionné, aux sites les plus critiques.
Maintenant,
ce qui est bon à donner — puis je donne un exemple fort intéressant — il y a eu pour le Nunavik, c'est-à-dire la Société Makivik, en collaboration
avec l'ARK, c'est-à-dire l'Administration régionale Kativik, il y a eu
des projets qui ont fait beaucoup travailler les Inuits. Donc, c'était quelque
chose d'intéressant aussi à considérer.
Et
j'espère que ça ne se reproduira pas, mais on a pris les moyens, avec
l'adoption de la loi de décembre 2013, d'adopter
ce qu'on appelle le principe des garanties financières pour éviter qu'il y ait
de nouveaux sites orphelins. Maintenant,
on oblige les entreprises qui exploitent les mines à mettre une garantie
financière équivalant à 100 % des coûts
de restauration. Et là je vous informe, parce qu'on en est assez fiers — même si c'est les trois principaux partis
qui ont voté ça, on en est très
fiers — qu'il y
a maintenant d'accumulé dans les coffres du gouvernement le montant total de
724 millions de dollars à des fins de restauration. Cet argent-là, il ne
nous appartient pas, il appartient, dans le fond, éventuellement à la
décontamination, la restauration ou la réhabilitation des sites miniers.
Donc,
ça, c'est quelque chose sur lequel on est vraiment fiers, c'est l'application de la Loi sur les mines. Comme j'ai
dit d'entrée de jeu, on n'exploite pas une mine au XXIe siècle comme
on l'exploitait dans les années 50. Alors, merci, cher collègue.
Le Président (M.
Iracà) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je vais céder la parole au député
de Beauce-Sud.
M. Busque :
Merci, M. le Président. Alors, chers collègues de l'opposition, de la deuxième opposition,
chers collègues, M. le ministre, ainsi que membres du personnel, bonsoir.
Alors, nous sommes
tous conscients de l'état de l'économie mondiale et, plus particulièrement, du
contexte entourant le secteur des matières
premières. En effet, même si nous en sommes conscients, nous savons très bien
que ce secteur est cyclique. Je crois
que peu d'entre nous auraient pu prévoir les baisses marquées observées dans ce
secteur au cours des derniers mois. Cependant,
sachant que ce secteur reviendra intéressant et afin d'être prêts aux affaires, prêts à
saisir les opportunités, nous devons
poursuivre le développement ainsi que la promotion, car il s'agit là pour
nous d'un potentiel immense pour notre économie.
Nous
savons tous que les projets miniers requièrent énormément de capitaux pour
réussir, souvent de l'ordre de plusieurs milliards de dollars pour un seul projet. Ces
capitaux peuvent provenir du Québec ou du Canada, mais, compte
tenu
de la taille relativement modeste de notre économie, ce sont les capitaux
étrangers qui ont, historiquement, eu un rôle déterminant pour le développement de nos ressources minérales. Ce n'est pas un
hasard si le Québec a toujours fait la promotion
des accords de libre-échange, que ce soit l'ALENA ou, plus récemment, l'accord
économique et commercial global avec l'Union européenne. Ces accords facilitent la venue et l'encadrement des investissements directs étrangers.
Le
financement des projets est aussi lié à la promotion efficace du Québec
comme juridiction où les investissements peuvent
prospérer. Il est opportun de rappeler qu'une stabilité politique
et économique contribue à préparer un terreau fertile aux investissements tant locaux
qu'étrangers. Le financement obtenu dépend ainsi aussi de l'image positive du Québec. Nous
nous réjouissons d'ailleurs des derniers résultats de l'enquête de
l'Institut Fraser qui situe le Québec à la huitième place au monde pour son
attrait aux investisseurs miniers.
Donc,
M. le ministre, quels gestes concrets le Québec
fait-il pour assurer la promotion efficace du secteur minier?
Le Président (M.
Iracà) : Alors, M. le ministre, en 1 min 30 s, les
gestes.
M.
Blanchette : Les gestes, O.K. Écoutez, on fait de la représentation à
l'international. Ce n'est pas toujours nécessairement
juste le ministre. Oui, j'en ai participé, notamment à celle de Toronto, mais
on fait Londres, la Chine et Vancouver
aussi. On étudie le maximum pour aller rejoindre les investisseurs, bien sûr.
Moi, dans les années passées, j'ai eu à rencontrer des investisseurs
indiens, chinois, japonais, américains. C'est sûr, c'est des grands
consortiums.
Je tiens à
dire que vous avez tout à fait raison, c'est beaucoup l'entreprise privée qui
soutient l'investissement minier.
C'est normal, s'il fallait que la population ait à faire ces choix-là, elle les
mettrait en éducation et en santé. Donc, le gouvernement ne peut pas se substituer à
l'entreprise privée. Je pense, c'est quelque chose avec lequel vous êtes
confortable comme représentant des gens de la Beauce. Et j'ai entendu une,
disons, ineptie — je ne sais
pas si c'est dans le dictionnaire ou vocabulaire — par
le chef de la première opposition, dire que le gouvernement devrait investir ou
soutenir mieux l'industrie minière. On ne
peut pas se substituer à l'entreprise privée, je tiens à le mentionner ici. Et,
même, ça ne serait pas souhaitable
parce qu'on serait mal jugés, mal vus de l'extérieur. Ça fait
qu'essentiellement la promotion, oui, se fait, se fait à l'international
par Québec Mines aussi, mais par nos participations à Toronto au Prospectors
and Developers Association of Canada. Ça,
c'est le genre de représentation qu'on peut faire où qu'on rencontre vraiment
des délégations d'un peu partout sur la planète.
Documents déposés
Le
Président (M. Iracà) : Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, avant de
terminer, je dépose les réponses aux demandes de renseignements de
l'opposition pour le volet Mines, que j'ai ici avec moi.
Je lève la
séance, et la commission ajourne ses travaux à demain, après les affaires
courantes, où elle entreprendra l'étude
des crédits du volet Développement nordique du portefeuille Énergie et
Ressources naturelles. M. le ministre, il vous reste cinq secondes pour
le mot de la fin.
M.
Blanchette : Juste remercier tous les collègues, Groulx, Sanguinet,
Abitibi-Est, Saint-Maurice, Beauce-Sud et Côte-du-Sud. Merci beaucoup,
M. le Président, également.
Le Président (M. Iracà) : Merci
beaucoup. Les travaux sont ajournés.
(Fin de la séance à 20 h 30)