(Quinze
heures quatre minutes)
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources naturelles
ouverte. Quelques petites consignes. Je demande aux personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs téléphones. Vous indiquer aussi
que nous sommes toujours enregistrés.
Donc, les députés qui parlent ou le ministre qui parle derrière ceux qui
parlent, de vouloir s'assurer que vous êtes bien à l'écoute parce que
vous êtes enregistrés et filmés, etc.
Alors, la commission
est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille
Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice financier 2014-2015.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. M. Chevarie (Îles-de-la-Madeleine) est remplacé par M.
Billette (Huntingdon); M. Hardy
(Saint-François) est remplacé par Mme Boulet (Laviolette); M. Simard (Dubuc)
est remplacé par M. Bernier
(Montmorency); M. Leclair (Beauharnois) est remplacé par M. Drainville
(Marie-Victorin); et M. Jolin-Barrette (Borduas) est remplacé par M.
Deltell (Chauveau).
Énergie
et ressources naturelles
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, bienvenue à tous. Bon après-midi.
Alors, nous allons débuter par des remarques
préliminaires puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par
blocs d'environ une vingtaine de
minutes. Alors, nous avons débuté nos travaux à 15 h 4, et une
période de trois heures doit être consacrée
à l'étude du programme cet après-midi. Alors, il y a consentement pour
qu'on termine à 18 h 4?
Des voix :
Consentement.
Remarques
préliminaires
La Présidente (Mme
Léger) : Consentement. Alors, je cède maintenant la parole au ministre.
Vous avez des remarques préliminaires, M. le ministre. Vous disposez de 17
minutes.
M.
Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Et, chers collègues, l'étude
des crédits aujourd'hui est pour moi l'occasion de
vous présenter les réalisations et les défis du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. J'aimerais profiter de l'occasion pour saluer d'abord les collègues
de l'Assemblée nationale, le député
de Côte-du-Sud, M. le député de Côte-du-Sud, mon adjoint
parlementaire, le député d'Abitibi-Est, le député de Pontiac, et le député de
Montmorency, et le député de
Huntingdon qui sont ici aujourd'hui. Mes salutations également, bien sûr, au
député de Marie-Victorin. Mes salutations aussi au député de Chauveau et
à Mme la députée de Mirabel.
Encore
une fois, j'aimerais vous dire que, pour me seconder aujourd'hui dans cette
opération, je peux compter sur une
équipe très dévouée du ministère. Permettez-moi de vous présenter ceux qui sont
en avant, ici, avec moi : d'abord, à ma gauche, Mme Christyne Tremblay, sous-ministre; à ma droite, M.
François Émond, mon directeur de cabinet; et, à l'extrême droite, M. Robert Sauvé, secrétaire général associé pour le
Secrétariat du Plan Nord. Je les remercie chaleureusement de leur
soutien et du soutien de l'ensemble des représentants du ministère qui sont
avec nous aujourd'hui.
Le
23 avril dernier, le premier ministre m'a confié le mandat de diriger cet
important ministère dont la mission est
cruciale pour le développement du Québec et de ses régions et pour
l'approvisionnement énergétique du Québec. Les prochaines heures seront
donc consacrées à discuter tout l'aspect énergie et territoire.
Mais d'abord, puisque l'ensemble des enjeux liés
aux ressources naturelles et à l'énergie dépendent étroitement du territoire que compose le Québec, je vais vous
parler des dossiers du ministère qui touchent à la gestion du territoire.
Le territoire public représente plus de
92 % de la superficie totale du Québec. Il est utilisé à diverses fins
liées à la mise en valeur des
ressources naturelles, à la protection de ces milieux ainsi qu'au développement
d'activités récréotouristiques. Les principaux enjeux liés à la gestion
et à la mise en valeur du territoire concernent principalement l'accessibilité
du territoire, la cohabitation des usages et la multiplication des demandes
d'utilisation provenant des milieux régionaux, locaux et autochtones.
La connaissance géographique est essentielle
pour l'État afin d'exercer sa gouvernance et offrir les meilleurs services possible aux citoyens. À cet égard, le
gouvernement doit disposer de connaissances géographiques officielles, communes et réutilisables sur son territoire, et
c'est pourquoi le ministère travaille à mettre en place une cartographie de
référence du Québec complète et intégrée des
réseaux routiers, du réseau hydrographique et des adresses municipales. Par ailleurs, considérant les moyens que le gouvernement
entend mettre en place pour relancer le Plan Nord dans les prochaines années, nous allons poursuivre nos
efforts pour améliorer la connaissance géographique des milieux nordiques,
et, pour ce faire, des partenariats de
financement avec les ministères et organismes ainsi qu'avec le milieu régional
seront établis. Enfin, le
gouvernement entend poursuivre ses actions en matière de coopération
géographique avec ses partenaires nationaux, régionaux et locaux.
Le Québec, pour l'avenir, souhaite quoi? Il
souhaite à veiller à la sécurité énergétique du Québec, à utiliser l'énergie du Québec comme levier de développement
économique, à orienter chaque forme d'énergie vers l'utilisation la plus appropriée et promouvoir une consommation
efficace de l'énergie, notamment en misant sur l'innovation technologique. Ces principes vont continuer
d'orienter nos choix lorsqu'il s'agit de répondre aux besoins énergétiques
des Québécois, et ce, jusqu'au renouvellement de la stratégie énergétique.
Comme vous le
savez, malgré tous les efforts qui ont été déployés pour diversifier nos
sources, les hydrocarbures ne
disparaîtront pas à court ni à moyen terme de notre bilan énergétique. Le
Québec est toujours dépendant des hydrocarbures,
et ces derniers sont d'ailleurs entièrement importés de l'extérieur du Québec
pour approvisionner en pétrole brut
ses deux raffineries. Nous avons donc tout intérêt à ce que l'approvisionnement
des raffineries soit le moins coûteux et
le plus sécuritaire possible. Nous considérons donc avec soin les mesures qui
permettent à celles-ci d'avoir accès à des pétroles moins chers. Des
projets d'oléoducs sont susceptibles d'apporter une flexibilité accrue dans ce
domaine, et, bien sûr, il va sans dire que la vigilance sera de mise dans
l'analyse de ces projets. La sécurité du public et la protection de l'environnement
sont des conditions incontournables.
• (15 h 10) •
De plus, nous
pensons que le Québec a tout intérêt à vérifier dès maintenant
le potentiel en hydrocarbures que renferme
son sous-sol. La production domestique de cette ressource permettrait de
réduire l'impact des importations de cette
commodité sur le déficit de notre balance commerciale. C'est dans cette
perspective, d'ailleurs, que, le 30 mai dernier, j'ai annoncé, en compagnie du ministre
du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques, le plan d'action gouvernemental sur les hydrocarbures, ce plan qui
propose une approche rigoureuse pour le développement responsable de la filière des hydrocarbures, et nous avons l'intention
d'agir en toute transparence avec la population québécoise.
Le gouvernement veut réunir les conditions adéquates avant d'envisager une exploitation
des hydrocarbures. Et, pour ce faire,
avec une EES, une évaluation environnementale stratégique, il poursuit
l'acquisition de connaissances, une première
EES sur l'ensemble de la filière des hydrocarbures et une autre propre à
Anticosti. D'ailleurs, vous me permettrez d'indiquer qu'une équipe conjointe du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles et du ministère
du Développement durable travaille déjà, depuis avril 2014, avec le comité
des citoyens pour recueillir les commentaires et les préoccupations. Le gouvernement va s'assurer que les conditions soient en place
pour favoriser le développement économique du Québec
et de ses régions. Et, pour ce faire, nous
allons garantir un approvisionnement stable et à prix compétitif de pétrole et de
gaz naturel en effectuant un suivi rigoureux
des projets en développement, et ce, dans le meilleur intérêt des Québécois.
Le gouvernement va intervenir auprès du gouvernement fédéral pour faire avancer les intérêts du Québec, notamment en ce qui a trait à la gestion
des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent.
Pour ce qui
est de l'hydroélectricité, vous savez que c'est notre grande richesse
énergétique collective. Le Québec
est le quatrième producteur mondial d'hydroélectricité, et son expertise dans ce
domaine est reconnue mondialement. Comme le
stipule la stratégie énergétique du Québec, le gouvernement mise fort sur l'hydroélectricité et
l'énergie éolienne, deux sources qui se complètent très bien.
L'accroissement de notre capacité de production hydroélectrique est garant d'un développement économique soutenu, de la
réalisation d'investissements majeurs, du maintien de notre expertise de
classe mondiale et de notre contribution à
l'effort planétaire de lutte contre les changements climatiques. Grâce à cette
puissance installée, nous pourrons combler nos propres besoins, augmenter nos
exportations d'électricité propre et renouvelable
et contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le
nord-est de l'Amérique du Nord.
Je tiens d'ailleurs
à rappeler le contrat de vente d'électricité qui a été signé entre Hydro-Québec
Energy Services, une filiale
d'Hydro-Québec, et des entreprises d'électricité du Vermont. Ce contrat porte
sur la vente, pendant 26 ans, d'énergie
renouvelable et faiblement émettrice de carbone. Tel que nous nous y étions
engagés en campagne électorale, le
premier ministre a également donné le signal de relancer les six projets de
petites centrales hydroélectriques soumis par les communautés et retenus
par Hydro-Québec Distribution.
Pour ce qui
est de l'industrie éolienne, cette industrie est un fleuron pour le Québec. En
l'espace de 15 ans, nous avons
déployé plus de 40 parcs éoliens dans plusieurs régions du Québec avec une
puissance de près 2 400 mégawatts. À la fin de 2014, ce sera près de 2 900 mégawatts qui seront en
opération. Cette filière génère une industrie manufacturière dynamique et est un important moteur
socioéconomique pour les régions de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent, où les
communautés sont appelées à participer
activement aux projets. La filière éolienne au Québec est aujourd'hui invitée à
développer son expertise. Et nous nous
étions donné comme objectif, d'ici 2015, la cible de 4 000 mégawatts
d'énergie éolienne, et cet objectif sera atteint.
Pour ce qui
est de l'électrification des transports, bien, c'est notre gouvernement qui
avait initié en 2011 un projet d'électrification des transports qui a
été repris également par le gouvernement précédent. Nous avons pris récemment l'engagement de poursuivre ces efforts. Et vous
n'êtes pas sans savoir que le secteur des transports est celui qui génère
le plus de gaz à effet de serre. D'ici, 2020
nous espérons y voir rouler sur nos routes des milliers de véhicules électriques et, pour y arriver, nous offrons des programmes, des programmes de
rabais à l'achat et à la location de véhicules électriques.
Pour aider le
Québec à réduire sa dépendance au pétrole, pour accroître la compétitivité des
entreprises également et pour
diminuer la facture énergétique des ménages, nous souhaitons poursuivre les
efforts amorcés en matière d'efficacité et d'innovation énergétiques.
Nous entendons continuer à faire la promotion de cette efficacité énergétique.
Le
Québec a également les moyens de miser sur l'innovation, particulièrement par de nouvelles sources énergétiques.
De nouvelles possibilités s'offrent à nous. Le Québec possède des atouts
nécessaires à l'intégration de la géothermie,
à l'utilisation de la biomasse forestière résiduelle, à la biométhanisation du
biogaz ainsi que l'énergie solaire.
Au cours des
dernières années, le gouvernement a travaillé à l'établissement de ce qu'on a
appelé le Plan Nord. Il a pris l'engagement de relancer le Plan Nord
et de rétablir la confiance de manière à assurer le développement de son
territoire. L'acceptabilité sociale pour les
projets de développement des ressources naturelles est une valeur à laquelle
nous accordons une grande importance, et
nous allons, je le dis bien, tout mettre en oeuvre pour maximiser les retombées
dans toutes les régions du Québec.
Nous avons
pris également l'engagement de protéger une grande partie du territoire
nordique. Mais, avant de le protéger,
nous devons d'abord nous assurer de bien connaître son potentiel minier, et
cette mesure va permettre de concilier véritablement
la protection du territoire et la mise en valeur du potentiel minier. Pour
développer, Mme la Présidente, un
territoire aussi immense, nous devons absolument nous appuyer sur des connaissances scientifiques
rigoureuses. Afin d'améliorer en
continu nos connaissances et de planifier les interventions dans le meilleur
respect du milieu, nous allons mettre
sur pied un réseau de soutien à la recherche, au développement des
connaissances du territoire nordique, et, à cette fin, le gouvernement
va participer à la création de l'Institut nordique du Québec.
Donc, Mme la Présidente, comme vous le voyez, plusieurs défis attendent le Québec
au cours des prochaines années à l'égard
de son développement nordique. Nous comptons les relever tous en mettant en
pratique les principes du développement
durable. Il me fera plaisir, au cours de ces interventions, de pouvoir répondre
aux questions. Et, sur des questions probablement plus techniques, il me fera plaisir également de céder la parole à quelques-uns de mes collaborateurs sur cette question.
Je pense, en
terminant, Mme la Présidente, que nous pouvons accomplir beaucoup
de choses au Québec. Il s'agit de s'entendre, évidemment, sur les consensus les meilleurs possible pour
réaliser ce que nous voulons faire au Québec
pour développer l'économie du Québec
et pour que cette économie, sur le plan social, revienne également aux
différentes communautés. Mme la Présidente, je suis prêt, donc, à répondre à toutes les questions de mes
collègues. Merci infiniment.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. Vous avez fait à peu près
12 min 30 s, donc le temps va être alloué au parti ministériel en temps et lieu. Alors, j'invite maintenant
le porte-parole de l'opposition
officielle et le député de Marie-Victorin
à faire ses remarques préliminaires pour un maximum de 10 minutes.
M.
Drainville : Bien, je
ne ferai pas de remarques préliminaires, Mme la Présidente, je vais garder le
temps pour pouvoir poser plus de questions et obtenir plus de réponses
de la part du ministre.
La Présidente (Mme Léger) : Ça va,
M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Chauveau, porte-parole
du deuxième groupe d'opposition, pour ses remarques préliminaires pour un
maximum de sept minutes.
M.
Deltell :
Une fois n'est pas coutume, Mme la Présidente, je vais adopter presque la même
attitude que mon confrère de
l'opposition officielle, à la différence que je vais prendre la peine de vous
saluer, saluer les collègues ministériels, les députés de l'opposition
officielle et également M. le ministre et toute son équipe. Soyez les
bienvenus. Gardons maintenant tout le temps pour le débat. Merci.
Discussion générale
La
Présidente (Mme Léger) : Au plaisir. Alors, je suis maintenant prête à
reconnaître une première intervention de
l'opposition officielle. Alors, M. le député de Marie-Victorin, la parole est à
vous. La fin des remarques préliminaires est terminée, alors c'est votre
tour. Oui, M. le ministre.
M.
Arcand : Oui. Mme la
Présidente, avant de répondre aux questions du député de Marie-Victorin,
j'aimerais déposer deux documents que
mon collègue le ministre délégué aux Mines s'est engagé à déposer hier, soit la
carte des projets miniers actifs et
en développement et la liste des sites miniers orphelins. Alors, je voudrais le
déposer dès maintenant.
Documents déposés
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. On va prendre les dépôts. Et vous
savez qu'il y avait d'autres documents aussi
qu'il y aura à déposer, il y en avait plus que deux. On va prendre les deux
aujourd'hui. M. le député de Marie-Victorin.
• (15 h 20) •
M.
Drainville : Alors,
merci, Mme la Présidente. Alors, à mon tour de vous saluer, de saluer tous les
collègues, M. le ministre, toute l'équipe qui vous accompagne également.
Merci d'être là.
D'abord, sur
la question des documents, M. le ministre, il y a un autre document que vous deviez nous faire
parvenir sur l'emplacement des 800
puits au Québec. C'est un engagement
qui avait été pris par votre équipe ministérielle. Je prends pour acquis
que le travail est en cours et que ce sera déposé incessamment auprès de nous.
On va, si vous me le permettez, entamer tout de
suite nos travaux avec une première question sur le projet d'oléoduc Énergie Est de TransCanada PipeLines.
Alors, juste pour que les gens qui nous écoutent situent un peu l'importance de ce projet-là, je rappelle qu'il
s'agit, donc, d'un oléoduc qui va transporter chaque jour plus de
1 million de barils de pétrole
brut de l'Ouest. C'est du pétrole en provenance des sables bitumineux. Donc, un
pipeline de quoi... c'est plus de 4 000 kilomètres. Bon, là-dessus, il y a un gazoduc
existant qui va être transformé en oléoduc, mais il y a quand même plus de 1 000 kilomètres de nouveaux
tronçons, donc, qui seront construits sur le territoire québécois. En fait,
c'est 1 400 kilomètres de plus
qui vont être construits en bonne et due forme, et, de ces 1 400
kilomètres de pipeline, il y en aura
1 000 sur le territoire québécois. Donc, c'est du pétrole brut qui va être
exporté de l'Alberta, qui va passer sur notre territoire et qui, pour l'essentiel, sera exporté vers les marchés
étrangers. Dans le cadre de ce projet-là, il est prévu également de
construire un terminal pétrolier à Cacouna, donc dans le Bas-Saint-Laurent
québécois.
Dans le fond, ma première question, elle est
assez simple. Est-ce que vous pouvez nous dire, M. le ministre, quelle est
votre position, vous, sur le projet de TransCanada? Est-ce que vous êtes
favorable ou défavorable au projet d'Oléoduc Énergie Est de la compagnie
TransCanada PipeLines?
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Oui. Écoutez, sur
cette question-là, je peux simplement vous répondre que... D'abord, vous posez
la question au bon moment, puisque, comme
vous le savez, il va y avoir éventuellement une audience auprès de l'Office
national de l'énergie. Et ce projet-là n'est
pas encore connu complètement, on connaît certaines lignes de ce projet-là.
J'aurai l'occasion, d'ailleurs, de rencontrer la semaine prochaine les
dirigeants de TransCanada pour avoir une idée beaucoup
plus précise des retombées de ce projet, de voir quel genre de dossier ils vont
présenter, encore une fois, sur cela.
Je vous
dirais que le projet de TransCanada, en soi, comporte certainement des éléments
intéressants. Nous savons également
qu'il y a des enjeux également sur le plan environnemental. On nous a promis
des retombées de millions de dollars
durant la phase de construction pour les régions du Québec qui seront
traversées. Nous allons donc suivre... d'abord regarder ce projet-là de
très près.
Comme vous le
savez, également il y a toute une question environnementale. Je pense que le
député de Marie-Victorin le sait, il y a eu des discussions sur les
levés sismiques à un moment donné et sur le sort des bélugas dans la région de Cacouna. Il y a eu également des
questions sur les travaux de forage, sur les travaux d'arpentage préliminaires.
Et la compagnie, jusqu'ici, a accepté, en
tout cas, de soumettre au BAPE ces travaux, et donc il va y avoir, je dirais,
le BAPE qui va véritablement faire le
travail de ce côté-là. Et je pense qu'à partir du moment où le BAPE fera ses
recommandations il est clair que nous allons
également faire valoir nos intérêts auprès de l'Office national de l'énergie
sur cette question-là.
Donc, il est
clair que ce projet-là peut avoir certainement des aspects qui peuvent être
intéressants, mais ce n'est certainement
pas, de notre point de vue, un oui inconditionnel à ce projet. C'est un projet.
C'est un projet qui, donc, en ce sens-là, peut avoir des éléments
positifs. Il s'agira de voir les détails de ce projet.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Marie-Victorin.
M.
Drainville : Bon,
vous allez vous présenter devant l'Office national de l'énergie à titre
d'intervenant. Ça, c'est une décision
que vous avez prise, que vous avez annoncée à la fin mai. Est-ce que vous avez
l'intention de vous présenter devant
l'Office national de l'énergie avec un certain nombre de conditions qui devront
être rencontrées par la compagnie TransCanada avant de donner votre
accord au projet?
M.
Arcand : Je pense, M. le
député, que la priorité d'abord, c'est que le BAPE fasse son travail. Parce que
sur... il y a deux éléments, je
pense, qui sont très importants, qu'il faut comprendre. Un élément
qui, pour nous, est important, qu'on va devoir vérifier et poser des
questions à l'entreprise lors des prochaines rencontres... Et je vous dirais
que la première chose, c'est de savoir exactement, de préciser... Parce qu'on a
parlé de retombées économiques. Retombées économiques durant la construction,
c'est une chose. Est-ce qu'il va y avoir des retombées économiques après? Il
est clair que... Est-ce que c'est bénéfique,
par exemple... Puis je vois devant moi la présidente. Mme la Présidente, je
sais que vous venez d'un secteur où
il y a un développement pétrochimique important, et donc il est clair qu'on va
vouloir savoir exactement s'il y a,
pour la région de Montréal-Est—Pointe-aux-Trembles entre autres, des retombées économiques qui
peuvent être intéressantes, d'une part. Alors, ça, c'est le travail que le
gouvernement va faire.
Il y a
l'autre partie du travail qui est la question environnementale plus directe,
qui, pour nous, est beaucoup plus... le
travail, disons, du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Et il est
clair que notre intervention auprès de l'Office
national de l'énergie va être motivée, bien sûr, par les recommandations du
BAPE aussi sur ces questions-là. Ce sont
donc les deux volets. Et il est clair que nous allons... je serais très surpris
qu'on donne un oui à ce projet-là sans, bien sûr, y apporter un certain
nombre de conditions.
M.
Drainville : Vous
dites : D'abord, le BAPE doit faire son travail. Est-ce que vous parlez
d'un BAPE sur le projet de terminal pétrolier ou est-ce que vous parlez
d'un BAPE sur l'ensemble du projet de pipeline Énergie Est?
M.
Arcand : Bien, je pense que
c'est un BAPE, actuellement, qui va se faire d'abord sur la question, je
dirais, de l'endroit où il y a le
port de Cacouna, d'une part, et il est clair également que nous, on va regarder
les autres éléments à l'intérieur de ça.
M.
Drainville : O.K.
Mais, en tout respect, vous ne répondez pas à ma question. Est-ce que le BAPE
va étudier seulement le projet de
port pétrolier à Cacouna ou est-ce que le BAPE va étudier l'ensemble du projet
de pipeline, les 1 000 kilomètres de pipeline sur le
territoire québécois?
M.
Arcand : D'abord, il y a deux choses. Premièrement...
Et vous avez le BAPE, d'une part, qui me semble... En tout cas, je n'ai pas vu encore exactement quel
est le mandat très précis, mais, j'imagine, va être surtout sur la question,
je dirais, de Cacouna et des alentours. Mais
je vous rappelle que nous avons également, lors de notre annonce du 30 mai
dernier, dit qu'il y aurait une EES sur
l'ensemble des hydrocarbures au Québec. Donc, l'ensemble des hydrocarbures,
l'évaluation environnementale stratégique
qui va se faire va être une EES qui va être globale, qui ne va pas juste
étudier les aspects environnementaux
de la chose, elle va étudier également les aspects économiques, et donc sur
l'ensemble du territoire. Donc, je
pense qu'il va y avoir une combinaison des deux qui va se faire, d'une part, de
façon plus spécifique, le travail du
BAPE et, d'autre part, l'EES plus globale qui va se faire à ce stade-ci lors de
l'annonce qu'on a faite... je pense, c'était le 30 mai dernier.
La Présidente (Mme
Léger) : ...l'abréviation EES, pour les besoins de...
M.
Arcand :
Alors, l'EES, l'évaluation environnementale stratégique.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci. M. le député de Marie-Victorin.
M. Drainville :
Bon, d'abord, Mme la Présidente, nous, au Parti québécois, on a été clairs, on
souhaite la tenue d'un BAPE sur l'ensemble du projet d'oléoduc Énergie
Est, donc le projet de TransCanada. Ça, c'est très clair. On a demandé, le 13 juin dernier, l'appui du Parti
libéral, du gouvernement libéral pour voter une motion qui ferait en sorte
qu'il y aurait un BAPE sur l'ensemble du
projet, et, malheureusement, le gouvernement libéral s'est opposé à cette
motion-là.
Là,
ce matin, ce qu'on comprend, c'est que le ministre de l'Environnement a déclaré
en étude des crédits que le BAPE ne
porterait pas seulement sur le port de Cacouna, mais sur tout le tuyau, pour
reprendre ses termes. Alors, est-ce que vous êtes d'accord pour que le
BAPE porte sur tout le tuyau, si je... Hein?
M.
Arcand :
Sur tout le tuyau, ça veut dire sur l'ensemble du tuyau.
M. Drainville :
C'est ce que je comprends.
M.
Arcand :
Oui, aucun problème. Moi, je n'ai pas de difficultés avec cela. Le mandat du
BAPE doit être défini de façon précise, et
je pense que ce qui est très important pour l'ensemble des Québécois, c'est
d'avoir la transparence. Nous, nous
voulons les projets, nous voulons que l'économie fonctionne, mais elle ne doit
pas se faire à n'importe quel prix.
C'est le sens de nos déclarations des dernières semaines. Et, en ce sens-là,
vous savez, M. le député, j'ai été responsable de l'environnement, je pense que la question environnementale est une
question importante. Je souhaite, cependant, que le débat, au Québec, se fasse avec toute la maturité possible. Et, comme
vous le savez sans doute, sur ces questions-là, le risque zéro n'existe pas, ce n'est pas possible.
Il faut donc que l'ensemble des événements dans lesquels nous sommes
impliqués... il faut analyser de façon très claire les avantages et les
inconvénients.
D'ailleurs,
vous le savez très bien, même l'EES que j'avais faite en 2011 sur la question
même du gaz de schiste n'avait pas conclu qu'il fallait bannir à jamais
le gaz de schiste. Ils avaient dit à ce moment-là qu'il n'y avait pas d'acceptabilité sociale, mais ils reconnaissaient
qu'il y avait eu quand même des améliorations sur le plan technique. Alors,
il faut regarder ça d'une façon, je dirais,
la plus neutre possible et vraiment prendre la meilleure décision dans
l'intérêt des Québécois.
• (15 h 30) •
M. Drainville :
Parce que vous comprendrez, M. le ministre, que nous, on ne veut pas — et
«nous» étant le Parti québécois, «nous»
étant aussi beaucoup, beaucoup de Québécois, et je suis pas mal certain qu'il y
a dans vos rangs également des gens
qui vont être d'accord avec nous — qu'on ne souhaite pas que le Québec devienne
une simple autoroute pour faire
passer le pétrole bitumineux de l'Ouest du Canada, là. Ça ne doit pas être ça,
le Québec, là. Moi, je ne pense pas
que c'est une bonne idée que le Québec laisse passer le pétrole très polluant
et très générateur de gaz à effet de serre en provenance de l'Alberta
sans qu'il y ait au minimum des retombées importantes.
Et
là le projet, tel qu'il se présente, comporte des risques, notamment des
risques environnementaux considérables, pour des bénéfices, en tout cas, jusqu'à maintenant, qui nous
apparaissent très, très minimes. Les chiffres qui ont été évoqués jusqu'à maintenant, là — et ça, c'est tiré de vos propres documents,
c'est tiré de votre annonce de mai, là — on parle de 200 emplois pendant la phase d'exploitation, là. Projets de TransCanada
PipeLines, oléoduc Energie Est, emplois au Québec, 200 emplois en phase d'exploitation. Donc, une
fois que le pipeline a été construit... Bon, on ne peut pas dire non à un
seul nouvel emploi au Québec, on s'entend
là-dessus. Mais, quand on regarde le risque que va nous faire courir le
passage, à chaque jour, de
1,1 million de barils de pétrole bitumineux sur le territoire québécois,
est-ce que le Québec y trouve son compte avec 200 emplois?
Pour
ce qui est des retombées fiscales, les chiffres qui ont été avancés jusqu'à
maintenant par la compagnie, si je ne
m'abuse, on parle de retombées... je pense que c'est 45 millions de
retombées fiscales par année pour le Québec. Encore une fois, on ne dit pas non à un seul sou noir,
là, surtout dans l'état actuel de nos finances publiques, mais 45 millions
de dollars par année, 200 jobs en
échange d'un passage de 1,1 million de barils de pétrole bitumineux, moi,
je ne vois pas comment... Je veux
dire, c'est un mauvais marché pour le Québec, cette histoire-là. En tout cas,
dans l'état actuel des choses, avec
l'information que nous avons présentement, c'est un très mauvais marché, c'est
une très mauvaise affaire où le Québec prend
de très, très grands risques pour des retombées qui, jusqu'à maintenant, en
tout cas, nous apparaissent bien minimes.
Puis, vous y
avez fait référence, on s'entend, là, que, si jamais il y avait un déversement
de pétrole bitumineux au Québec, si jamais il y avait un déversement qui
devait survenir, ça serait encore au Québec d'éponger les dégâts environnementaux, les
dégâts sociaux, les dégâts économiques, comme ça a été le cas à Mégantic, là.
C'est ça qui va se passer. Alors, ça aussi, ça doit rentrer dans la
balance.
Alors, nous,
je vous le dis, dans l'état actuel des choses, on ne voit pas comment ce
projet-là sert les intérêts du Québec.
Puis, dans le fond, j'aimerais sentir un peu plus de fermeté de votre part, M.
le ministre, en tout respect, j'aimerais vous entendre dire : On va défendre les intérêts du Québec dans ce
dossier-là, on va s'assurer que les intérêts du Québec soient protégés. Parce que, pour le moment, ça
n'est pas dans l'intérêt du Québec de permettre à ce projet-là d'aller de l'avant et de permettre, donc, la construction
d'un pipeline de 1 000 kilomètres sur notre territoire national, et il me
semble que ce serait une bonne façon
de marquer, justement, votre volonté d'assurer la protection des intérêts du
Québec que de dire très clairement...
Bien là, vous l'avez fait un peu en appui à votre collègue du Développement
durable, là, mais il nous semble, nous, que la première étape pour
assurer la protection des intérêts du Québec, notamment des intérêts
environnementaux du Québec, c'est de mettre en place un BAPE sur ce projet-là.
L'autre chose
sur laquelle je veux attirer votre attention, là, vous nous dites : On va
d'abord faire le BAPE, on va regarder
les résultats du BAPE et on va s'inspirer des résultats du BAPE pour informer
notre position qu'on ira par la suite défendre devant l'Office national
de l'énergie. Moi, ce que je comprends, c'est que le dossier est déjà devant l'ONE, là, le dossier de TransCanada PipeLines, il
est déjà devant l'Office national de l'énergie. Êtes-vous bien certain que le BAPE va avoir terminé ses travaux avant que les travaux de l'ONE prennent
fin? Parce que, si vous nous dites : On attend après le BAPE pour aller devant l'ONE,
moi, je pense que l'ONE procède, là. Alors, si l'ONE procède, puis le
BAPE n'a pas terminé ses travaux, vous allez dire quoi, vous, à l'ONE, à
l'Office national de l'énergie?
M.
Arcand : D'abord, premièrement, comme vous le savez, ce qui est prévu, d'une
part, c'est qu'on va connaître le
projet de façon beaucoup plus détaillée, d'une part. L'autre chose, je
voudrais juste revenir... D'abord, M. le
député, je suis obligé de vous dire, sur cette
question-là, que vous avez appuyé le projet Enbridge. Lorsque vous étiez le gouvernement, le gouvernement avait appuyé le projet Enbridge...
M. Drainville : ...
M.
Arcand : D'accord,
mais...
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre... M. le député de Marie-Victorin...
M. Drainville : ...
La
Présidente (Mme Léger) :
D'accord, mais vous allez avoir le temps tout à l'heure, M. le député de Marie-Victorin. Allez-y, M. le ministre, c'est votre tour.
M.
Arcand : Je comprends, mais vous parlez d'un pipeline...
Le projet Enbridge avait un pipeline qui était quand même plus vieux que celui dont on parle actuellement. Je ne
vous dis pas qu'il n'y a pas de risque, qu'il n'y a pas de danger, etc., on est
très conscients de la problématique.
Deuxièmement, je vous dirais la chose suivante. C'est que, sur cette question-là,
les chiffres que j'ai ici ne sont pas...
Je ne vous dis pas que je trouve, actuellement, que c'est le projet du siècle. Je vous dis, cependant,
qu'il y a quand même des
éléments pas mal plus intéressants que ce dont vous avez fait part. Les
chiffres que j'ai ici... Et c'est pour ça que je veux rencontrer la compagnie, pour pouvoir faire valider un
certain nombre de choses, mais, par
exemple, on parle de 837 emplois directs pour le développement durant trois ans, d'une part, 2 700 emplois pendant la période de
construction. Et les 200 emplois dont vous parlez, c'est par la suite,
c'est 200 emplois pendant 40 ans, d'une part. Alors, il y a les emplois, donc, pour ce projet-là directement, mais il y a toute une industrie pétrochimique qui
est importante également
au Québec, et cette industrie pétrochimique là emploie des
milliers de personnes au Québec. Et, comme vous le savez, moi, j'ai vu, parce que je viens de la
région de Montréal, j'ai vu beaucoup de gens à Montréal faire des
manifestations lorsque Shell a fermé
ses portes à Montréal, et il y
a eu beaucoup de monde qui sont
venus dans les rues, qui ont dit : C'est la fin de l'industrie
pétrochimique au Québec, il faut absolument qu'il y ait une relance de cette
industrie-là.
Alors, ce que
je vous dis, c'est que mon oui à ce projet-là n'est pas inconditionnel, c'est
clair. Je veux voir, moi aussi, les
retombées économiques directes, et, ne vous en faites pas, lorsque le projet
sera déposé à l'ONE à l'automne, il y
aura par la suite des séances, et
nous aurons, à ce moment-là, notre intervention qui sera faite de façon très
claire et nous aurons vu également,
via les audiences du BAPE, exactement dans quelle direction ça s'enligne sur le plan environnemental.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député.
M. Drainville : Il y a une
immense différence entre Enbridge puis TransCanada. Le projet d'Enbridge vise à
approvisionner le marché québécois,
vise à approvisionner nos deux grandes raffineries, de Montréal-Est, Suncor, et celle de
Saint-Romuald. Le projet de TransCanada vise à exporter le pétrole de
l'Alberta. Il y a une méchante différence. Dans le cas d'Enbridge, c'est un pipeline existant qui est
transformé et qui va permettre, effectivement, l'approvisionnement de nos raffineries québécoises, et donc de
maintenir et éventuellement, souhaitons-le, créer davantage
d'emplois dans cette industrie pétrochimique qui est la nôtre. Alors là, on voit
un bénéfice direct, concret pour le Québec et pour l'économie
québécoise. Dans le cas de TransCanada, au moins 90 % du pétrole qui va passer sur le territoire québécois est destiné
à l'exportation. Il y a peut-être,
peut-être, 10 % qui sera raffiné chez nous, et, encore là, ce n'est pas
sûr, ça, parce qu'avec ce qui va arriver
d'Enbridge, la capacité de raffinage de Suncor et d'Ultramar à Saint-Romuald va
être, selon toute vraisemblance, atteinte. Donc, s'il vous plaît, faisons la
différence entre ces deux projets-là.
Par ailleurs,
sur Enbridge, on va y revenir dans mon deuxième bloc parce que j'ai bien
l'intention de vous demander ce que
vous allez faire, effectivement, pour faire respecter le rapport de la
commission parlementaire. Vous avez raison de dire que, lorsque nous étions au pouvoir, nous avons appuyé ce projet-là,
mais seulement après une commission parlementaire
qui a fixé 18 conditions à Enbridge pour qu'on appuie ce projet-là. D'ailleurs,
le rapport de la commission a été
appuyé par le Parti libéral et par la CAQ. Alors, moi, j'ai bien hâte que vous
me disiez ce que vous allez faire pour faire respecter les 18 conditions
que le Québec a mises de l'avant en échange d'un appui sur Enbridge. Il me
reste, malheureusement, très peu de temps...
• (15 h 40) •
La
Présidente (Mme Léger) : Mais, M. le député de Marie-Victorin, il n'y
en a plus, mais vous avez d'autre temps, vous aviez un 10 minutes. Est-ce que vous voulez reprendre un cinq
minutes du 10 minutes puis donner l'autre cinq minutes divisé en deux?
M. Drainville : Bien, je... À
moins...
La Présidente (Mme Léger) : Comme
vous voulez.
M. Drainville : Bien, je
pourrais prendre le 10 minutes au complet tout de suite aussi?
La Présidente (Mme Léger) : Oui, si
vous voulez.
M. Drainville : S'il y a
consentement. Ça réglerait la question.
Des voix : ...
M.
Drainville : Très
bien. Merci à tous les collègues.
Alors, je veux revenir, M. le
ministre, c'est très important... C'est
parce que vous nous avez dit tout à l'heure : On va d'abord
laisser le BAPE faire son travail puis, après ça, on va vous dire ce qu'on va aller dire devant l'Office
national de l'énergie. En toute sincérité, là, je trouve ça insuffisant parce que, si le BAPE n'a pas fini ses travaux, vous allez quand même
devoir défendre une position devant l'Office national de l'énergie.
Et j'attire
votre attention sur ce que la Colombie-Britannique a fait. La Colombie-Britannique, là, dans
le projet de Northern Gateway, là...
Alors, je rappelle pour les gens qui nous écoutent, Northern Gateway, un
oléoduc à deux voies, deux voies,
pour transporter le pétrole bitumineux de l'Alberta vers le port de Kitimat en Colombie-Britannique, et un oléoduc qui va dans l'autre sens
pour transporter du pétrole plus léger qui sert à diluer, donc, le pétrole plus
lourd de l'Alberta, des sables bitumineux.
Alors, dans le cas de ce projet-là, Northern Gateway, qu'est-ce que le gouvernement de la Colombie-Britannique a fait? Le gouvernement de la Colombie-Britannique, il s'est présenté devant la commission
d'examen, une commission d'examen conjointe
qui a été fixée par le ministère de l'Environnement fédéral et par l'Office
national de l'énergie — c'est pour ça qu'on l'appelle commission
conjointe — et là le
gouvernement de la Colombie-Britannique s'est présenté devant l'ONE... en fait,
devant la commission d'examen, puis il a dit : On a cinq conditions,
nous autres, pour donner notre appui à ce
projet-là, pour donner notre appui au passage, donc, de ce pétrole albertain
sur notre territoire colombien, là,
colombo-britannique. Et, encore une fois, ça, c'est du pétrole qui est destiné
à l'exportation, à l'Asie dans ce cas-ci.
Alors là,
vous avez un gouvernement... Ce n'est pas un gouvernement séparatiste, ça, là,
le gouvernement de la Colombie-Britannique,
là, c'est un gouvernement qui défend l'intérêt de sa population, et il a
dit : On a cinq conditions. Ça
doit passer par le processus d'évaluation environnementale et être approuvé. Il
faut mettre en place des systèmes de pointe pour intervenir, prévenir et
assurer la reprise des activités en cas de déversement sur les côtes de la
Colombie-Britannique. Même chose, un système
aussi pour intervenir, prévenir et reprendre les activités en cas de déversement
en sol britanno-colombien. Le projet
doit satisfaire aux Premières Nations. Et, cinquièmement — écoutez bien celle-là, M. le ministre — la Colombie-Britannique doit profiter
financièrement du projet proposé à la hauteur des risques auxquels la
province, son environnement et ses contribuables s'exposent.
Moi, dans le
fond, ce que je voudrais vous entendre dire, c'est que, moi, là, ministre des
Ressources naturelles du Québec, là,
si je donne mon O.K., ça va être en échange d'un bénéfice clair pour le Québec.
Il va falloir que ce soit clair que
c'est dans l'intérêt québécois de donner notre accord et il va falloir qu'il y
ait un partage des bénéfices équitable. C'est ça, ma position comme ministre. Il me semble que ce
serait raisonnable, M. le ministre, que vous preniez cette position-là aujourd'hui, nonobstant ce que le BAPE va dire. Le
BAPE va vous éclairer, bien entendu, et on souhaite que le BAPE se penche sur ce dossier-là, mais on voudrait vous
entendre dire : Moi, là, je vais veiller sur l'intérêt québécois. C'est ça,
ma job, puis je vais m'assurer que, si ce projet-là va de l'avant, les
Québécois en tirent un bénéfice clair.
Moi, je vous
le dis, on a des immenses réserves, on ne pense pas que, dans l'état actuel des
choses, ça vaut le coup. Mais on a
donné notre appui à un BAPE. Donc, on n'est pas des gens obtus, on dit :
Ça prend un BAPE. Pas juste sur Cacouna,
sur l'ensemble du projet. Il faut s'informer, il faut être davantage éclairés.
Mais la finalité de tout ce processus-là, de toute cette démarche-là, ça doit être de dire : Le Québec, les
Québécois ne vont pas laisser le pétrole de l'Alberta passer free sur leur territoire, sur 1 000
kilomètres de long, puis on ne va pas prendre tous les risques puis avoir des
peanuts en termes de retombées et de bénéfices pour le Québec. Ce n'est
pas raisonnable, ça, comme position?
M.
Arcand : M. le député, sur
cette question-là, il me semble que j'ai été très clair. J'ai dit que c'était
un oui avec des conditions, et
j'allais voir si les conditions pouvaient être remplies. Dans le fond, je dis
exactement la même chose que vous.
M. Drainville : ...
M.
Arcand : Bien,
écoutez, on va voir ce que le BAPE...
M. Drainville : ...
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Marie-Victorin, vous laissez le ministre... Allez-y.
M.
Arcand : D'abord,
premièrement, je voudrais que ce soit bien clair, ce dont on parle, c'est que
nous allons comparaître...
Probablement, là, d'après ce qu'on me dit ici, c'est qu'on va comparaître à
l'automne 2015. À l'automne 2015, lorsque le Québec va comparaître, le
BAPE va être terminé et l'EES va être terminée, l'évaluation environnementale stratégique, elle va être terminée. Donc, on aura
de bons arguments, d'une part, pour pouvoir défendre nos intérêts devant
l'Office national de l'énergie. Je tiens à
vous dire, M. le député, que vous n'êtes pas allés, d'ailleurs, dans le cas
d'Enbridge, devant l'Office national
de l'énergie. Nous, nous allons y aller et nous allons défendre les intérêts du
Québec. On parle d'un pipeline,
d'ailleurs, qui est nouveau, donc qui n'a pas d'âge, d'une part, ce qui
n'implique pas certaines considérations.
Et vous savez très bien qu'on ne peut pas
comparer des pommes et des oranges. Dans le cas de la Colombie-Britannique, on parlait d'un projet qui traversait
des montagnes, qui allait sur des territoires des Premières Nations, ce n'était pas du tout le même projet. Donc, les
conditions qu'on va poser ne seront pas les mêmes qu'en Colombie-Britannique.
Et il est clair également — et ça, je tiens à vous l'affirmer encore une
fois — que,
pour nous, il faut voir le dossier de façon complète sur le plan économique également. Il y a la question de la
création d'emplois, il y a la question de la sécurité énergétique des
Québécois qui est importante aussi. Parce que, même avec le projet Enbridge,
là, ça ne sécurise pas l'ensemble du Québec comme tel, il y a des possibilités
qui peuvent être intéressantes. On a donc besoin d'avoir des éléments extrêmement importants dans ça, on a
besoin de connaître ce que le BAPE va dire, on a besoin de connaître ce que les gens de l'évaluation environnementale
stratégique vont dire et on a besoin d'avoir, donc, un portrait qui est le plus
global possible face à cette situation. Et
ne vous en faites pas, nous allons défendre les intérêts du Québec de la
meilleure façon et d'une façon complète et globale, j'en suis certain.
M. Drainville : Bien, je vous
sens déjà plus affirmatif, j'aime ça.
M.
Arcand : Bon, tant
mieux. Tant mieux.
M.
Drainville : J'aime ça. Mais, sur la sécurité énergétique,
vous le savez comme moi parce que vous êtes un homme qui connaît ses dossiers, vous savez très bien
que, dans le cas de TransCanada, ce qui va être transformé en oléoduc,
là, la partie gazoduc qui est transformée en oléoduc, elle sert actuellement à
importer au Québec du gaz naturel pour Gaz
Métro. Alors, quand vous me parlez de sécurité énergétique, je veux bien, mais
vous savez très bien qu'un des enjeux pas trop, trop secondaires de la décision qu'on doit prendre dans le cas
de TransCanada, c'est que, si, effectivement, on accepte
d'importer par le gazoduc... enfin, si on accepte, nous, le projet, ça veut
dire que le gazoduc qui sert actuellement
à transporter du gaz naturel albertain jusqu'au Québec pour Gaz Métro ne
pourra plus transporter du gaz naturel pour Gaz
Métro parce qu'il va y avoir du pétrole dans le tuyau. Et donc, si
vous voulez me parler de sécurité énergétique, il y a cet enjeu-là également.
Encore une
fois, c'est loin d'être clair que le pétrole qui va arriver par TransCanada va
servir les besoins du marché québécois. Ce qui est clair, c'est que ça va être une
infime partie de ce pétrole-là qui va servir le marché québécois,
les raffineries québécoises,
contrairement à Enbridge, mais qu'en plus, si ça allait de l'avant, Gaz Métro
va le prendre où son gaz naturel? Ça, c'est... Avez-vous une réponse à
cette question-là?
M.
Arcand : Oui, absolument.
M. Drainville : Vous en avez
une?
M.
Arcand : Absolument.
Absolument. Alors, je peux...
M. Drainville : Allez-y, mon
cher.
La
Présidente (Mme Léger) : M. le ministre, je vous rappelle, toujours,
que c'est toujours mieux de s'adresser à la présidence, mais je vous
laisse aller.
M.
Arcand : Vous savez, M. le
député, premièrement, qu'il y a actuellement un projet qui est en cours, qui
s'appelle le projet IFFCO,
c'est-à-dire un projet à Bécancour, et ce projet-là va avoir besoin d'une somme
importante de gaz naturel au moment
où on se parle. Actuellement, je dois vous dire... Et on a eu l'occasion de
l'annoncer, d'ailleurs, le 30 mai dernier, ça n'a pas fait les manchettes parce que c'est un peu technique
actuellement, mais il y a une entente, actuellement, qui existe entre les
distributeurs de gaz de l'Est canadien et TransCanada pour des conduits de gaz
naturel au Québec, et ces ententes-là vont permettre d'avoir le montant
suffisant de gaz naturel pour les besoins énergétiques en gaz naturel au Québec. Et donc, sur cette question-là, cette
entente-là doit être approuvée par l'Office national de l'énergie, et nous
allons intervenir dans ce dossier-là.
J'ai moi-même envoyé une lettre au président de l'Office national de l'énergie
pour lui dire qu'on voulait que
l'audience se tienne le plus rapidement possible. De façon générale, l'audience
devrait se tenir au mois de septembre. On a demandé la possibilité que
cette audience puisse se tenir avant.
La Présidente (Mme
Léger) : Il vous reste 30 secondes.
M.
Arcand :
Alors, simplement vous dire que, sur cette question-là, dès que nous aurons
l'autorisation de l'Office national
de l'énergie sur la question du gaz, il va y avoir une possibilité... Parce que
ce dont on parle dans le cas d'IFFCO seulement, c'est presque 20 %
du gaz naturel au Québec, seulement pour cette entreprise-là. Donc, ça va être
un gros consommateur de gaz naturel. Et ils ont fait des ententes avec Gaz
Métro qui, comme vous le savez, a la distribution exclusive du gaz naturel au
Québec, et il va y avoir, je pense...
La Présidente (Mme
Léger) : ...c'est tout le temps que nous avons.
• (15 h 50) •
M.
Arcand :
...actuellement les sommes nécessaires et les pipelines nécessaires pour
transporter le gaz naturel.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. Merci, M.
le ministre. Alors, je passe maintenant
la parole du côté ministériel. Alors, c'est M. le député d'Abitibi-Est.
À vous la parole.
M.
Bourgeois : Merci, Mme la Présidente.
Une voix :
...content de vous revoir.
M.
Bourgeois : La même
chose... et aussi aux membres de la deuxième opposition, tout le personnel,
M. le ministre, chers collègues
du parti de... pas l'opposition, mais somme toute...
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député d'Abitibi-Est, vous y allez?
M.
Bourgeois : Oui, oui, oui, bien sûr.
C'est parce que j'ai bien aimé entendre le député de
Marie-Victorin sur le
sujet, mais moi, j'ai d'autres sujets qui m'intéressent un peu plus, qui sont
plus en lien directement avec la réalité de mon comté et la réalité de plusieurs comtés aussi, celle de l'industrie forestière, celle, donc, de toute la dynamique de la foresterie. On se rappellera que, lors de la campagne électorale, le premier ministre s'était engagé à créer un ministère de
la Forêt, de la Faune et des Parcs. Je me permets de citer le journal Le
Quotidien, dans lequel on apprenait qu'il y aurait un ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs si
les libéraux remportent leur pari. «Il y a là un confluent d'enjeux qu'il
est important de ramener sous un même parapluie de façon à faire avancer les
dossiers.»
Moi-même, en cours de
campagne, j'ai pris l'engagement auprès des gens du secteur forestier de
l'Abitibi-Témiscamingue de faire en sorte
qu'effectivement cette situation-là, au niveau de la foresterie et au niveau de
l'industrie, au niveau de toute la
dynamique forestière, et de la faune, et des parcs, qu'elle soit amenée dans un
autre ministère. On pense que c'était
une voie qui était appropriée. Évidemment, on est dans un contexte, au niveau
budgétaire, qui nous amène à aussi
avoir une rigueur, une préoccupation quant à savoir si le fait de créer un
nouveau ministère comme celui-là a eu des
impacts en termes d'application, en termes de coûts, donc, au niveau
économique, quels sont les impacts. Là-dessus, M. le ministre,
j'aimerais vous entendre nous détailler un peu plus les enjeux autour de ce
sujet.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Bien, d'abord, premièrement, ce que je peux dire par rapport à cela, c'est que,
comme vous le savez, chacun a sa vision des choses par rapport à
l'organisation d'un conseil exécutif et l'organisation d'un gouvernement. Dans
notre cas, nous avons jugé qu'à l'époque nous avions une ministre de l'Énergie
et des Ressources naturelles qui s'occupait
des mines, qui s'occupait de la forêt et qui s'occupait du territoire, qui
s'occupait de tout ça. Ça faisait beaucoup de choses à un moment où les régions demandaient, évidemment, beaucoup
de services et une meilleure qualité de service à ce niveau-là. Alors, il est clair qu'il fallait, à tout le moins,
diviser le ministère en deux. C'est d'ailleurs ce que le premier
ministre avait demandé durant la campagne électorale, où le premier ministre
avait déclaré de façon très claire : Il va y avoir un ministère et un ministre de la Forêt, entre autres, de la
Faune et des Parcs si nous gagnons l'élection. Et c'est donc suite à cette promesse que le premier
ministre a décidé de créer ce ministère de la Forêt, et je tiens à souligner
d'abord qu'un des premiers gestes
qu'il a faits, c'est d'améliorer de façon importante l'aide pour les travaux
sylvicoles. Ça a été une des premières décisions de notre gouvernement à
ce niveau-là.
Maintenant,
je vous dirais que la bonne nouvelle aussi dans ce domaine-là, c'est que la
scission, si on veut, des ministères,
eh bien, n'a pas engendré de coûts supplémentaires pour le contribuable
québécois. Je pense qu'il y a eu un redéploiement
des organisations, mais il y a un leadership qui est bien, à ce stade-ci, je
dirais, dirigé et qui fait en sorte que...
Comme vous le savez, vous venez d'une région dans laquelle le secteur des mines
est un secteur très important, il y a
d'autres régions, c'est beaucoup plus la forêt, et donc, les organisations, les
opérations régionales se sont faites au sein de deux organisations
distinctes, et je pense que c'est au bénéfice de tous les Québécois et les
Québécoises.
Je pense que, du côté de la forêt, la
décision que nous avons prise offre à cette industrie une voie qui lui est
propre au niveau du Conseil des ministres. Je pense que c'est bien
important. Je vous rappelle que la forêt, depuis nombre d'années, a eu des périodes un peu plus difficiles. Elle est en mode
véritablement de relance au moment où on se parle, et, malgré ces éléments difficiles, c'est quand
même 60 000 emplois au Québec. C'est beaucoup d'emplois au Québec,
et ça représente des siècles d'activité économique dans la plupart des régions
du Québec.
Donc,
je pense qu'il y a des enjeux qui sont très importants pour l'avenir, et nos
deux organisations, au niveau des
terres et forêts, au niveau de l'énergie, des ressources naturelles, des mines,
nous avons la volonté très nette de travailler ensemble pour vraiment
faire en sorte qu'on soit encore plus efficaces à ce niveau-là. Lorsqu'on parle
de la relance économique du Québec, on parle
de la relance, évidemment, de nos forêts, de l'industrie comme telle et aussi
les activités énergétiques, la... Je dirais, les ressources naturelles
sont importantes. Et, comme vous le savez, en plus j'ai la responsabilité du Plan Nord. Vous travaillez avec
moi sur la question du Plan Nord. C'est un plan qui est considérable, et ça fait partie, pour le Québec, je vous dirais,
de l'avenir, de ce qui doit être l'avenir du Québec, de nos plans d'avenir,
les Québécois. Je pense qu'il est très important pour le Québec de
véritablement faire en sorte que le Plan Nord soit non seulement un élément de développement économique, un élément de
développement social... D'ailleurs, le Plan Nord, c'était une très bonne
chose parce qu'on est en train de nous imiter un peu partout. L'Ontario a ce
qu'on appelle the Ring of Fire actuellement, qui est une espèce de lancement
qui est fait actuellement par l'Ontario, et notre volonté est véritablement d'être encore plus efficaces que les
Ontariens à ce niveau-là et d'attirer les bonnes entreprises qui vont nous
permettre de développer ces activités-là.
Alors,
je pense que, pour répondre, donc, à votre question, on a, dans ce souci
d'efficacité, de stabilité et de cibler véritablement les intérêts de chacun de nos ministères, véritablement,
nous avons des équipes qui sont là, dévouées, prêtes à faire avancer les
dossiers, et je pense que les diverses composantes régionales que nous avons
actuellement vont continuer à le faire au cours des prochaines années.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. Je rappelle aux gens,
les membres de la commission, que j'essaie toujours de garder une équité
entre la question du député et la réponse du ministre. Et, avec l'autorisation
du député, si le ministre poursuit au-delà
du nombre de temps, je vous regarde, et, si vous le laissez aller, je le laisse
aller. Ça dépend de vous, ça dépend des députés, là, selon ce qu'ils
veulent. Alors, à votre tour, M. le député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci, Mme la Présidente, de la précision. Mais,
effectivement, je souhaitais que le ministre puisse élaborer, puisque c'est quand même une action
importante qui s'est réalisée. Donc, à ce moment-là, je jugeais qu'il y avait
tout à fait lieu de lui accorder un peu plus de temps.
La Présidente (Mme Léger) : Pour les députés de l'opposition, vous me
regardez si vous... Parce que j'essaie de garder l'équilibre. Allez-y.
M.
Bourgeois : Merci.
M. Morin :
C'est à moi?
M. Bourgeois :
Oui...
M. Morin :
Mme la Présidente, on passe...
La Présidente (Mme
Léger) : C'est à vous? Alors, je vais à Côte-du-Sud? On s'en va à la
Côte-du-Sud?
M. Morin :
Il me passe la puck. Merci.
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, M. le député de la Côte-du-Sud.
M.
Morin : Merci. Moi aussi, je vais... Mme la Présidente,
bonjour, premièrement. Salut bien, M. le député de Marie-Victorin. Bonjour, tout le monde. On va
parler d'efficacité énergétique. À travers le monde, je crois qu'on en parle
beaucoup, Au Québec, encore plus parce qu'on
sait que l'efficacité énergétique est perçue comme porteuse de développement économique. On a juste à penser à
nos maisons qu'on rénove pour être plus efficaces. Essentiellement,
cette efficacité énergétique, c'est un synonyme, bien sûr, de productivité
accrue.
Ce
n'est d'ailleurs pas une idée si nouvelle. Cette idée remonte aux années 70 au
Québec suite au choc pétrolier. Grâce
à la mise en place de mesures gouvernementales, en 1977, via le bureau des
économies d'énergie — ça me
rappelle des souvenirs — la consommation de pétrole a chuté de
40 % entre 1979 et 1987, et cela, bien sûr, au profit de l'électricité,
gaz naturel, et on parle de plus en plus de
la biomasse. Donc, beaucoup d'efforts ont été mis en place par le gouvernement
du Québec depuis les dernières années, tous
gouvernements confondus. Je crois que tous ici présents, on voit ça d'un bon
oeil au Québec, c'est une bonne approche.
Le
Québec, après tout, est un champion mondial de la production
d'hydroélectricité. Donc, il est très important de regarder nos transports en commun, on y regarde de près. On puise
davantage à cette source d'énergie qui est propre, renouvelable. Et, encore là, on dit que notre
électricité est propre et renouvelable, et il y a certaines gens qui disent
qu'on pollue en faisant des barrages,
on pollue en faisant de l'éolien.
Donc, M. le ministre, malgré toutes ces petites oppositions, qu'est-ce
que votre ministère entend poursuivre dans cette optique d'efficacité
énergétique?
La
Présidente (Mme Léger) : M. le ministre.
• (16 heures) •
M. Morin :
Et, Mme la Présidente, je vais le laisser aller parce que je veux l'entendre au
grand complet.
La Présidente (Mme
Léger) : D'accord. Alors, M. le ministre, vous avez le temps qu'il
faut.
M.
Arcand : Je pense que, l'efficacité énergétique, il y a quelques
années, on ne connaissait pas ça. Aujourd'hui,
on connaît de façon importante
l'efficacité énergétique, c'est
quelque chose qui est très important. Comme vous le savez, nous avons de nouveaux programmes. J'ai eu
l'occasion au cours des dernières semaines, même, d'être impliqué. Je peux simplement vous dire qu'on a, par
exemple, le programme Novoclimat, qui existe pour certaines des résidences au Québec, et il commence maintenant
à y avoir une construction Novoclimat, ce qui veut dire meilleure isolation des
murs, meilleurs systèmes,
etc., là, je ne rentrerai pas dans les détails trop techniques. Il y a
des programmes Technoclimat, des programmes
ÉcoPerformance, les programmes pour, également, la biomasse forestière.
Je
vais vous donner deux exemples parce
que j'ai eu l'occasion, entre autres, de pouvoir assister il y a quelque
temps, entre autres, sur une annonce
que j'ai faite à Mirabel... Mme la
députée de Mirabel
va être heureuse de savoir ça, c'est un endroit qui s'appelle Les Serres
Bertrand. Et c'est un producteur, il fait des tomates en serre, entre autres,
et véritablement il a eu une très bonne
subvention pour, en fait, que son entreprise se dote d'un système
de biomasse. Et je dois dire que
c'est un système qui est beaucoup plus efficace, qui est beaucoup
moins coûteux en termes de gaz naturel, et, dans ce système-là, il achète des copeaux de bois d'entreprises
de fabrication de meubles dans la région de l'Estrie. Alors, ça, c'est extrêmement intéressant et ça permet, justement, à avoir une efficacité énergétique qui est
renouvelée. Et, si je voulais aller
plus loin, je vous dirais en plus qu'il produit ses tomates sans pesticides à l'intérieur de ses serres parce qu'il le fait de façon même très écologique à
ce niveau-là.
Alors,
c'est un projet qui fonctionnait au niveau, entre autres, de nos projets. Et
c'est un projet de 3,9 millions
de dollars, et ça va créer des emplois. Il va agrandir ses serres, ses serres vont
être de meilleure qualité, et voilà un endroit où on va réussir, avec ce produit agricole, à exporter aux États-Unis.
Il veut attaquer le marché de Boston, entre autres, dans le Massachusetts.
Et
j'ai même appris qu'on est le seul endroit en plus, je dois vous dire, où on a
des tomates roses, au Québec. Tout le
monde dans le reste du monde achète des tomates rouges, mais, au Québec, on
aime les tomates roses. Alors, j'ai eu l'occasion d'apprendre ça lors du
lancement de ça.
En
plus de ça, j'ai eu l'occasion d'aller, par exemple, chez Cascades, à Kingsey
Falls, où il y a une entreprise de Sherbrooke
qui s'appelle l'entreprise Rackam, qui a développé un système de concentration
solaire parabolique pour réduire la consommation
de gaz naturel, ça va produire de l'eau chaude nécessaire aux activités de
Cascades. Et je pense que, dans le
domaine des pâtes et papiers, c'était une annonce qui est extrêmement
intéressante parce que c'était une première mondiale dans ce domaine-là, et ça permet donc à Cascades de sauver des
coûts et ça permet aussi de faire quelque chose qui est beaucoup plus
écologique, entre guillemets.
Donc,
je pense que toute cette question d'efficacité énergétique est très importante.
Et, comme vous le savez, c'est toujours
mieux d'aller dans cette direction-là que d'avoir, évidemment... surtout
lorsqu'on sait que notre pétrole, il est importé à peu près à 100 %,
le gaz naturel vient de l'extérieur également. Si on réussit à faire de
l'efficacité énergétique, non
seulement on est plus écologique, mais, en plus de ça, ça coûte moins cher,
c'est bon pour la balance commerciale du Québec en ce sens-là.
Donc,
Mme la Présidente, je vais poursuivre la mise en oeuvre de ces programmes-là.
Ces programmes-là sont efficaces. Non
seulement ils nous permettent d'atteindre nos objectifs de lutte aux
changements climatiques, ça réduit les gaz
à effet de serre, ça coûte moins cher pour les entreprises. Donc, des
investissements qui, au départ, sont un peu plus coûteux, mais, à long terme, c'est extrêmement bénéfique, et on va donc
continuer à travailler parce que ces réductions-là sont très, très
bonnes pour l'ensemble des Québécois et pour nos entreprises québécoises de ce
côté-là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre, donc le programme d'efficacité énergétique
est efficace?
M.
Arcand :
Oui, tout à fait.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Côte-du-Sud.
M. Morin :
...juste un petit clin d'oeil à mon ministre...
La Présidente (Mme
Léger) : C'est ce qu'il disait.
M.
Morin : ...pour lui dire qu'en Côte-du-Sud on est très à
l'écoute parce que, chez nous, le palais de justice, le nouveau palais de justice qu'ils sont en train de
construire, va être en géothermie, nos églises, auxquelles on va de temps
à autre, ça va comme ça, le poste de police.
M.
le ministre, on rêve chez nous, en Côte-du-Sud, à La Pocatière, d'avoir un
site régional de biomasse. C'est simplement un petit clin d'oeil parce
que j'aurai à vous parler de ça, là, très bientôt. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, vous avez encore du temps de ce
côté-ci. Quel est le député qui veut... Pardon?
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Léger) : Il vous reste environ cinq minutes... huit,
huit minutes. À qui je donne la parole? M. le député de Pontiac.
M. Fortin (Pontiac) : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour au ministre. Bonjour à mes collègues du parti
gouvernemental. Bonjour à mes colorés collègues de l'opposition ainsi qu'à la
députée de Mirabel, que j'apprends à connaître — Mirabel, c'est bien ça? — que j'apprends à connaître et que, je
m'assure... je suis certain, nous démontrera sa couleur, elle également,
au cours de prochaines années, ainsi qu'à toute l'équipe ministérielle.
Lors de son
discours d'ouverture, le premier ministre, que je salue aujourd'hui en cette
journée qui lui est toute spéciale, sa journée d'anniversaire, a
clairement dit qu'il voulait continuer dans la voie qui mène à une
électrification accrue des transports.
Depuis ce temps, on entend les députés du Parti québécois le remercier de
continuer dans cette voie, mais ce
qu'ils omettent de mentionner — et je ne leur en veux pas, ils restent des
collègues très appréciés — c'est que le premier
plan québécois en matière de véhicules électriques a été dévoilé bien avant
leur arrivée au pouvoir, Mme la Présidente.
L'objectif de ce plan, lorsqu'il a été présenté, était de mettre le Québec à
l'avant-garde à ce niveau et d'utiliser notre ressource québécoise — celle à laquelle le député de Côte-du-Sud
faisait référence, notre ressource publique — à cet
effet. L'objectif était, évidemment, de créer une chaîne de déplacements en
transport individuel et collectif qui était bien alimentée à
l'électricité.
Alors, quand
on a dévoilé ce plan, Mme la Présidente, le plan 2011-2020, on a annoncé une
somme, une somme de 250 millions
de dollars pour déployer, pour utiliser ces véhicules électriques. Ça voulait
dire quoi, ces montants-là, exactement?
Ces montants-là étaient annoncés pour trouver et pour financer des moyens
d'encourager les Québécois à se tourner vers cette alternative. C'était
utilisé pour accélérer l'arrivée de ces véhicules en installant des bornes un
peu partout à travers la province, hein? On entend récemment, là, les annonces
publicitaires qui nous disent dans chaque municipalité
dans lesquelles ces bornes seront installées. C'était pour travailler avec les
sociétés de transport en commun pour
les convaincre de se tourner vers ce moyen de transport et c'était pour appuyer
des mesures pour la fabrication de produits
et de composants également à ce niveau-là. Et, bien évidemment, le pourquoi de
cette mesure était assez simple à comprendre du point de vue
environnemental, c'était, évidemment, un plus utiliser des voitures
électriques.
Mais il y avait également des raisons
économiques derrière tout ça. Nous sommes le quatrième producteur d'hydroélectricité au monde. Alors, qui de mieux
placé pour stimuler ce déploiement véhicules électriques et pour dire : On veut être moins dépendants du pétrole que l'on
importe, Mme la Présidente? Le fameux Maîtres chez nous dont on parlait il y a plusieurs années, que Jean Lesage a
introduit, prend tout son sens sur ce dossier. Quand on pense au développement
de nos ressources, quand on pense à la
diminution de la dépendance aux ressources extérieures, si on veut réellement
être à nouveau maîtres chez nous, il
faut aller de l'avant avec le projet d'électrification des transports, et c'est
pour ça qu'on s'est donné des cibles
également. On s'est donné des cibles claires, que, d'ici 2030, 1,2 million
de véhicules électriques seraient sur
nos routes — c'est
beaucoup de véhicules, ça — qu'il y aurait une réduction de 3,5 millions de tonnes de nos
émissions de GES, que 1,5 milliard de
litres d'essence seraient économisés, ce qui est environ 17 % de notre
consommation en ce moment, et que
95 % de tous les déplacements sur le réseau de transport collectif
auraient recours à l'électricité.
Alors, on
s'était donné non seulement des cibles claires, mais on voulait également
devenir un pilier économique à ce
niveau-là. Et je veux savoir de la part du ministre, je veux savoir — et j'ai l'impression qu'il pourra commencer une réponse, mais on
pourra continuer notre discussion plus tard — s'il entend poursuivre ce
projet d'électrification des transports et à quelle rapidité il entend le
faire.
• (16 h 10) •
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Bien, nous allons,
bien sûr, continuer ce déploiement de... Pour ce qui est, je dirais, de
l'électrification des transports,
c'est un élément qui, pour nous, est très important. Je vous dirais cependant
que le grand défi que nous avons...
Vous savez, les transports, entre autres, c'est 43 % des gaz à effet de
serre au Québec. C'est donc majeur. Et, je me rappelle très bien, en
2011 on avait lancé, entre autres, la route bleue parce qu'on veut que les
véhicules... Parce qu'il n'y a pas de
batteries suffisamment fortes pour les grands véhicules, les camions, et donc
on utilise du gaz naturel. C'est quand même une réduction des gaz à
effet de serre, c'est efficace. Il y a eu des ententes entre Gaz Métro et le
groupe Robert, entre autres, pour cela. Et là on a commencé à le faire en 2011,
on va continuer.
Et il y a de
plus en plus de véhicules soit électriques, hybrides rechargeables. Il y a des
programmes du gouvernement qui
existent, il y a le programme Roulez électrique qui donne des crédits d'impôt à
ceux qui achètent des véhicules
hybrides rechargeables ou des véhicules 100 % électriques. Et il est clair
qu'un des succès au cours des prochaines années, ce n'est pas nécessairement la volonté du gouvernement comme
telle parce que je pense que, tous partis confondus, on a tous la volonté de vouloir avoir des
véhicules qui sont plus propres, qui sont plus électriques, qui sont moins
générateurs de gaz à effet de serre.
Je pense que le grand défi qu'on a devant nous au cours des prochaines années,
c'est qu'on a besoin de nos
entreprises québécoises et même des entreprises à l'extérieur qui vont nous
amener une technologie qui va être
avec un rapport qualité-prix qui va être
très efficace à ce niveau-là. Donc, je pense que c'est là qu'est le défi qui
est devant nous, je pense qu'il faut
accélérer l'arrivée de véhicules électriques. Il commence à y avoir des
véhicules... J'ai vu des Honda
Plug-In, des Toyota Prius et d'autres genres maintenant qui existent dans
certains de nos concessionnaires. Je...
La Présidente (Mme Léger) : Il reste
une minute au gouvernement.
M.
Arcand : Oui. Je vous dirais qu'à court terme également
nous voulons développer ce que
j'appelle l'autoroute électrique. La
20 et la 40, où passent une grande partie, si on veut, des automobiles au
Québec, il y aura un déploiement de réseau de bornes électriques. Parce qu'un des
problèmes, surtout lorsqu'on a une automobile qui est 100 % électrique,
c'est toujours de savoir s'il va y avoir une
borne pas loin pour pouvoir faire une recharge relativement rapide du véhicule.
Alors, il est clair qu'on va redéployer...
On a demandé à l'Hydro-Québec de redéployer l'infrastructure de recharge pour les véhicules électriques. Il est clair également que l'on demande à
nos sociétés de transport de travailler à l'électrification
du transport collectif...
La Présidente (Mme Léger) : En
terminant.
M.
Arcand : ...et aussi on donne à nos entreprises...
on a des programmes pour que chaque entreprise ait aussi des bornes électriques. Donc, on
travaille, et l'Hydro-Québec a ce qu'il faut pour suffire à la demande.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. C'est tout
le temps alloué du côté ministériel. Alors, on s'en va maintenant au deuxième groupe d'opposition.
Vous avez 22 minutes. Plus, vous avez toujours votre sept minutes. Donc,
si vous en voulez quelques-unes dans le sept, ça peut être pris à ce moment-là.
M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : Merci,
Mme la Présidente. Alors, à nouveau,
salutations à M. le ministre, à l'équipe ministérielle, collègues, collègues. Alors, le député ministériel a dit tout à l'heure qu'en effet c'était la journée anniversaire de
notre premier ministre. Alors, à mon tour de lui souhaiter mes bons
voeux. Ce qui n'est pas sans me rappeler, Mme la Présidente, que, quelques jours avant le déclenchement de
l'élection, le 10 février dernier, notre premier ministre avait annoncé
que, pour lui, les augmentations de tarifs d'électricité, dorénavant, ne devaient pas être plus élevées que le taux
d'inflation. Malheureusement, c'étaient des paroles parce que
ça n'a pas été un geste, puisqu'une fois premier
ministre le premier ministre, donc, a maintenu une augmentation
deux fois plus élevée que le taux d'inflation pour les tarifs d'électricité,
rompant ainsi une promesse électorale. C'est dommage.
Mais ce qui
explique en partie cette augmentation de deux fois le taux d'inflation des
tarifs d'électricité, c'est un programme
qui ne mène nulle part, c'est un programme qui est... Et ce ne sont pas mes
mots, Mme la Présidente, ce sont les
mots d'experts qui disent que c'est un programme ruineux, que c'est un boulet,
que c'est improductif, que c'est ridicule, absurde, inefficace et
coûteux, et c'est le programme des éoliennes.
Un peu
d'histoire, Mme la Présidente. Les éoliennes sont nées il y a environ une
dizaine d'années. C'est né sous l'administration du premier ministre
Landry, soutenu par le premier ministre Charest. Puis à l'époque j'étais de
ceux aussi, moi, qui pensaient que c'était
une riche idée. Malheureusement, ce n'était pas riche, mais c'était appauvrissant
pour nous autres parce que
l'expérience nous a appris qu'au cours des 10 dernières années l'éolien ce
n'est pas rentable. C'était prometteur,
c'était intéressant, c'était attrayant, c'était beau, c'était vert, c'était
tout ce que vous voulez, mais ce n'était pas rentable.
Ça coûte actuellement, l'éolienne, trois fois plus cher à produire le kilowattheure que
l'hydroélectricité. Ça fait 10 ans
que ça dure. Et mieux que ça, Mme la
Présidente, on est actuellement en surplus. Alors, pourquoi continuer à produire de l'électricité qui nous coûte trois fois plus
cher quand on en a de trop? C'est pour ça que, selon nous, il faut mettre un
terme au programme des éoliennes. Mais,
comme on dit en anglais, Mme la
Présidente, «don't get me wrong», là,
ne me... Croyez-moi bien, là, il
n'est pas question pour nous de déboulonner les éoliennes actuelles,
mais, bon Dieu! on ne va pas perpétuer
le modèle d'affaires des éoliennes, qui nous coûte trois fois plus cher. Donc,
c'est un projet qui est né il y a une dizaine
d'années, qui était intéressant, mais qui, malheureusement, s'est trouvé... Aujourd'hui, 10 ans plus tard, on se rend compte que ce n'est pas
rentable.
Je vous
rappelle, Mme la Présidente, qu'il y a un peu plus d'un an, le 14 juin
dernier, à l'Assemblée nationale, c'était
un vendredi vers 16 h 30...
On le comprend, c'était le vendredi, 16 h 30, il n'y avait peut-être
pas grand monde qui nous suivait, mais
pourtant il s'est pris là une décision extrêmement importante et lourde de
conséquences. Le gouvernement
péquiste, avec le soutien de l'opposition libérale, se sont donné la main pour
adopter le projet de loi n° 25, qui contenait, entre autres,
un appel d'offres de 800 mégawatts d'énergie éolienne. Et je me
souviendrai longtemps, Mme la Présidente,
longtemps du député de Rivière-du-Loup qui me regardait dans le coin de
l'Assemblée nationale, puis il
disait : J'espère que les gens de la Gaspésie vont se souvenir longtemps
de ce que la coalition fait en votant contre ce projet-là. Et moi de lui
répondre : Oui, j'espère qu'ils vont s'en souvenir, les Gaspésiens et tous
les Québécois, parce qu'aujourd'hui on en paie le prix, Mme la Présidente, on
en paie le prix.
Est-ce qu'il
serait possible pour moi de dire que le député de Rivière-du-Loup faisait de là
un enjeu électoral et tentait d'avoir
le vote des Gaspésiens? Je vais vous dire une chose, c'est y aller directement
de l'avant, hein, je pense que ça le confirme. Mais je ne lui prêterai
pas ça.
Donc, Mme la Présidente, on a eu droit à une loi
qui permet de...
Une voix : ...
M.
Deltell : Pardon?
M. Bernier : ...prêter des
intentions à un député, hein, vous savez, madame...
M.
Deltell : Je posais
la question, monsieur...
M. Bernier : Non, non, mais moi, je
m'adresse à la présidente. Je trouve que vous êtes limite, là, dans vos...
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. Prudence.
M.
Deltell :
Prudence, d'accord. Merci.
La Présidente (Mme
Léger) : Continuez, M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : Bien, parlant de prudence, on invoque toujours un
article, on cite les mots, mais, bon, ça va, donc... alors que moi, je citais exactement les mots
prononcés par le député de Rivière-du-Loup, exactement ça, exactement ça.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Chauveau, continuez votre...
Une voix :
...
M.
Deltell :
Vous ne serez pas capable de me contredire là-dessus.
Donc, Mme la
Présidente, je comprends que ça choque un peu les gens. Je comprends, ils n'ont
pas tenu leur promesse électorale de maintenir les tarifs d'électricité au
niveau de l'inflation. Je les comprends d'être vexés puis je comprends que c'est plate de rappeler que,
malheureusement, ce programme-là est ruineux, mais c'est le cas. Et ce n'est
pas moi qui le dis, Mme la Présidente, c'est
des études de gens sérieux. Le gouvernement péquiste avait mis sur pied la
Commission sur les enjeux énergétiques du
Québec, Maîtriser notre avenir énergétique. C'est le PQ qui a mis ça sur
place, là, ce n'est pas la CAQ, là.
Ce n'est pas des gens d'extrême droite ou je ne sais pas quoi, là, c'est le PQ
qui avait mis ça sur place. Et que conclut cette étude-là neutre et
objective signée par Roger Lanoue et Normand Mousseau? On nous dit que «la stratégie [de] la construction de
nouveaux projets est ruineuse pour le Québec», page 19.
Page 49 : «Au printemps 2013 — ça, c'est ce dont je vous
parlais tantôt, le 14 juin — le gouvernement a lancé un appel d'offres
de 800 mégawatts de capacité[...]. [Ce
qui correspond] à une subvention annuelle d'environ 140 millions de
dollars que les Québécois devront
payer pendant 20 ans...» 140 millions de dollars pendant 20 ans
en subvention. On a-tu les moyens de
se payer ça? Nous, on pense que non. Et c'est pour ça qu'il faut arrêter cet
appel d'offres, parce que ça coûte trop cher et c'est inefficace.
D'autant plus qu'on est en surplus, ça ne sert à rien. Et ça correspond à une
subvention directe de 200 000 $ par emploi.
Plus
loin, page 184, en conclusion, c'est clair : «...il ne fait aucun doute
pour la commission que le gouvernement du
Québec doit immédiatement cesser les nouveaux appels d'offres pour la
production d'électricité et qu'il doit annuler les contrats en cours de renouvellement ou alors [...] renégocier sur la
base du PASO, lorsque possible.» Ce n'est pas la CAQ qui dit ça. C'est une étude d'experts commandée par le gouvernement
précédent qui dit que ça n'a pas de bon sens, que c'est ruineux et que
c'est un boulet improductif pour le Québec.
Alors, Mme la
Présidente, j'ai posé à quelques reprises des questions à l'Assemblée
nationale. On sait que, malheureusement, le
gouvernement signe et persiste, va de l'avant avec ce projet-là. C'est dommage,
ça va nous coûter 140 millions
de dollars par année pendant 20 ans. Nous, on pense qu'on n'a pas les
moyens de ça, que c'est inefficace, qu'on est en surplus.
Ma
question au ministre est la suivante : Est-ce qu'on peut au moins
s'assurer qu'il s'agit là du dernier appel d'offres non rentable pour
les Québécois en matière d'énergie éolienne?
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
• (16 h 20) •
M.
Arcand :
Écoutez, sur la question des éoliennes, évidemment je pense que là-dessus, oui,
nous étions d'accord avec le Parti
québécois sur cette question, et nous avons participé, nous, la période de 2003
jusqu'à 2012, lorsque nous étions au pouvoir. Nous avons également participé à
l'élaboration de cette filière éolienne, qui, certainement, était importante.
Je tiens à vous
rappeler puis je tiens à le rappeler au député de Chauveau sur cette
question-là, quand nous étions au pouvoir en
2003 — moi, je
n'étais pas là, mais on me l'a raconté à plusieurs reprises — en 2003, il était pour manquer d'électricité au Québec.
On s'était fait dire qu'il y avait eu des périodes de sécheresse et que, là,
les réservoirs de l'Hydro
commençaient à avoir des problèmes, etc.
Et on n'a pas décidé en catastrophe de faire le Suroît pour le plaisir
d'avoir une usine de ce type-là, pour le plaisir, on s'était fait dire qu'il y
avait des risques à ce niveau-là.
Et
je mettrais en garde le député sur le fait de faire de la microgestion au niveau
de la question énergétique, je pense
que c'est extrêmement dangereux d'aller dans cette direction-là. Parce que la
filière éolienne, évidemment, actuellement
on vit dans une situation où les prix de l'énergie, de façon générale, ne sont
pas très élevés. On a vu que le pétrole
commence à remonter. Il y a eu un effondrement du prix du gaz naturel, là ça
commence à repartir. Et, l'électricité, il y a eu une augmentation, etc., mais je vous dirais qu'on a besoin
d'avoir, je dirais, toute l'énergie nécessaire au Québec, un, parce que les besoins résidentiels continuent
d'augmenter. Et, si on a des surplus aujourd'hui, c'est parce qu'entre autres il y a eu au cours des dernières années
véritablement de la part de certaines usines comme les usines de pâtes et
papiers, qui étaient de grands consommateurs
d'énergie... Ces usines de pâtes et papiers fonctionnent beaucoup plus au
ralenti qu'elles ne le faisaient durant les années 90, par exemple. Je
pense que la députée de Laviolette, qui est ici, est bien placée pour savoir de quoi on parle lorsqu'on parle du
ralentissement, entre autres, au niveau des pâtes et papiers.
Maintenant,
sur la question de la filière éolienne, la filière éolienne, je tiens à le
rappeler, c'est quand même... elle
génère plus de 2 000 emplois directs au Québec, ce n'est pas rien. Il
y a 1 200 emplois en Gaspésie, et tout le monde sait qu'en
Gaspésie on a un taux de chômage qui est très élevé, autour de 20 %, et
qu'il faut véritablement travailler à lutter pour qu'il y ait moins de chômage
en Gaspésie.
Il
y a des entreprises manufacturières au Québec pour qui la filière éolienne est
particulièrement importante. Pour les
gens de la région de Trois-Rivières, par exemple, tout le monde connaît Marmen,
qui est une entreprise qui fait, entre autres,
de l'éolienne, des pylônes, certains de ces éléments-là. Il y a des compagnies
comme Enercon, toutes sortes de compagnies
de fabrication qui vivent... Et simplement juste là il y a près de
600 emplois indirects qui sont créés, et donc ce sont des éléments
dont on doit tenir compte.
Maintenant,
sur la question, évidemment, de... cette question de filière éolienne là et des
surplus énergétiques, je tiens à vous
rappeler que, la question des surplus énergétiques, on en parle beaucoup dans
les médias, mais ce dont on parle
actuellement en termes d'énergie au Québec, c'est qu'on parle de surplus. On a
à peu près 4 % de surplus énergétiques. 4 %, ça veut dire que, si on décidait, par exemple, demain matin,
d'avoir une aluminerie du même type que celle d'Alouette ou d'autres, eh
bien, on n'aurait presque plus de surplus énergétiques.
C'est donc
une marge de manoeuvre que nous avons au moment où on se parle. Et il est très
clair qu'il faut faire en sorte qu'on
ait, évidemment, la meilleure balance possible dans les circonstances, mais,
encore une fois, l'énergie, c'est quelque
chose qui est assez imprévisible. On a vu de quelle façon ce qui s'est passé au
cours des dernières années a été différent
en 2010, en 2000, va être probablement très différent en 2020 par rapport à ce
que c'est. On a des surplus énergétiques
parce que, bon, les Américains ont découvert le gaz de schiste, et, là,
utilisent beaucoup le gaz de schiste, et
ont un peu moins besoin d'électricité, même si l'Hydro me dit actuellement qu'il
y a une demande nouvelle pour notre électricité.
Alors, il y a des perspectives d'avenir extrêmement intéressantes, et moi, je
pense que cette marge de manoeuvre là, telle
qu'on la connaît actuellement, est une marge de manoeuvre qui, oui, si on fait
une microgestion, peut coûter de l'argent aux Québécois, mais, lorsqu'on regarde
les bénéfices de la filière éolienne, on s'aperçoit que les bénéfices sont quand même très importants et créent de
l'emploi dans des régions qui en ont bien besoin, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Chauveau.
M.
Deltell : Merci,
Mme la Présidente. Peut-être
quelques notes rapides. Microgestion... Vous savez, Mme la Présidente, quand on parle de deux fois le taux d'inflation,
l'augmentation des tarifs d'électricité qui concerne tous les
citoyens du Québec, je n'appelle pas ça de la microgestion. Quand on
parle de pertes de 140 millions
de dollars par année pendant 20 ans, je n'appelle pas ça de la
microgestion, j'appelle ça une réalité économique catastrophique. Et l'élément dont il faut tenir compte, l'élément principal,
c'est le porte-monnaie du contribuable. Puis, si on se rend compte que ça
ne va pas bien, puis qu'on est en surplus,
puis ça coûte trois fois plus cher, il faut avoir le courage de dire halte.
Pensons aux contribuables, pensons
aux consommateurs d'électricité, pensons aux citoyens du Québec
qui paient puis qui se disent : On
va-tu continuer à payer à perte, oui ou non? Nous, on pense que non, et c'est
pour ça qu'à un moment donné il faut dire
halte à ce projet-là. Nous avons eu le courage de le dire dans la campagne électorale, nous souhaitons que le gouvernement ait cette
même audace là, ce même courage là, ce même sens des responsabilités.
Parce que, Mme la Présidente, ceux qui utilisent
l'électricité le savent. J'ai ici le mémoire de l'Association québécoise
des consommateurs industriels d'électricité, qui a rendu public son mémoire
l'année passée et qui condamne vigoureusement,
elle aussi, l'utilisation de l'éolienne. La page 35 : «De façon
peu sage, de récentes décisions politiques — on parle
encore du fameux 14 juin 2013 — et notamment l'ajout entièrement non
nécessaire de 800 mégawatts d'électricité éolienne — non
nécessaire — viennent
aggraver la situation. Car il y a péril. Les coûts énormes associés à ces
surplus forcent une hausse déraisonnable des tarifs industriels.» Ça,
c'est du côté de l'industrie.
Du côté des consommateurs, c'est exactement le
même constat qu'on fait, Mme la Présidente. L'Union des consommateurs, le 11 octobre, publiait un rapport qui a été rendu
public, justement, lors de l'étude qui a été faite par la commission sur l'avenir énergétique et qui disait
de façon très claire : «...le recours "forcé" à [de l'énergie
renouvelable] décrété par le
gouvernement oblige Hydro-Québec à renoncer à [des] térawattheures peu
coûteux...» Et ça conduit à quoi? Ça
conduit à des augmentations qui sont inacceptables. Le client hydroquébécois
paiera «plus que trois fois plus cher pour de l'énergie issue du secteur
privé dont l'achat leur aura été imposé par nos gouvernements». Page 17.
Donc, Mme la Présidente, tant l'association
québécoise des consommateurs d'électricité industriels n'est pas d'accord
que l'Union des consommateurs n'est pas d'accord. Ceux qui consomment, que ce soit
l'industrie ou les consommateurs, trouvent que c'est
déraisonnable, l'électricité éolienne.
Mme la Présidente, je repose ma question : Est-ce
que le ministre peut nous assurer que le 800 mégawatts d'appel d'offres qui se conclut le 3 septembre prochain... Il n'est pas trop tard
pour bien faire. Vous pouvez encore tirer la plug, comme on dit en mauvais québécois. Vous pouvez encore arrêter ça, cet appel d'offres là. Est-ce que cet appel
d'offres de 800 mégawatts d'éolienne est le dernier appel d'offres
d'éolienne à perte pour les contribuables?
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Mme la
Présidente, cet appel d'offres a été lancé, et nous n'avons pas l'intention de reculer sur cette
question-là, de façon très claire.
Maintenant,
le député, je citerai son chef qui parlait en 2007... À l'époque, il était député de
Rousseau, en 2007. Alors, il disait que le développement doit être équitable pour les régions : «Il
est important, disait-il, de développer des partenariats avec les communautés locales comme les MRC, les municipalités et les communautés
autochtones. Ce sont de beaux
projets.» Ça, c'est que disait le chef de la Coalition avenir Québec.
Maintenant, je comprends... D'abord, premièrement,
la décision de l'augmentation de 4,3 % a été prise le 1er avril,
on n'était pas là le 1er avril.
L'élection a eu lieu de 7 avril, et nous sommes véritablement... le
nouveau Conseil exécutif est entré en fonction le 22 avril. Ça, c'est
la première chose.
Deuxièmement,
sur la question, je dirais, de façon générale, des tarifs électriques, si on
regarde les 10 dernières années,
lorsque je regarde les 10 dernières années sur cette question-là, le tarif
au Québec a augmenté de 25 % en incluant l'augmentation de 4,3 %, alors que l'inflation... ou l'indice des
prix à la consommation a augmenté de 34 %. Donc, il n'y a pas là un abus au cours des 10 dernières
années qui est particulièrement majeur. Il y a quand même de ce côté-là, je
pense, une certaine retenue. Et la
régie tient compte de ça. Et, comme vous le savez, le rôle de... la régie est
là également pour regarder l'aspect
des consommateurs. Les consommateurs ont l'occasion d'aller devant la Régie de
l'énergie et faire valoir leur point de vue de ce côté-là.
Deuxième élément, eh bien, en kilowattheures, je rappelle
que le Québec, c'est 0,687 $ en termes de
kilowattheures; en Ontario, c'est
0,1239 $; en Alberta, c'est 0,1481 $;
et, à New York, c'est 0,2175 $. Donc, le Québec est encore extrêmement compétitif à ce niveau-là. Donc, lorsqu'on regarde les 10 dernières années et qu'on regarde les
tarifs actuels, il y a quand
même une chose qui est évidente,
c'est encore au Québec qu'on paie le moins cher notre électricité, et donc
je pense qu'il est important de le dire à ce niveau-là. Et je rappelle donc que, ce développement futur des éoliennes, nous allons accepter le dernier appel, nous allons voir
pour l'avenir. Pour l'avenir, s'il y a des projets d'éolien à regarder, il va
falloir que ce soient des projets qui soient
évalués par le gouvernement comme étant vraiment des projets très
significatifs pour une communauté.
Deuxièmement, on peut avoir deux visions par
rapport à l'avenir énergétique du Québec.
C'est de penser qu'il n'y aura pas de
développement d'entreprises au Québec, que rien ne va se
passer au Québec, que, véritablement, l'activité économique
va être réduite à néant ou, deuxièmement, qu'on va avoir une stratégie
agressive, ce que l'on veut avoir pour
développer peut-être l'aluminium vert au Québec.
Vous savez que c'est de plus en plus important, et, si on réussit cette stratégie-là, bien, je pense qu'on va en
avoir de moins en moins. Et moi, je vois actuellement de façon très
claire les surplus énergétiques comme étant une grande opportunité pour
le Québec.
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme Léger) : Merci.
M. le député.
M.
Deltell : ...Mme la
Présidente, quelques observations. Tout d'abord, pour nous, quand on augmente
de deux fois le taux de l'inflation les tarifs
d'électricité, pour nous, c'est majeur. Alors, oui, c'est vrai que c'est nous
qui payons le moins l'électricité. On
le sait, ça fait partie de notre, je dirais, patrimoine québécois
depuis particulièrement les années 60 avec
la nationalisation. Mais, quand on inflige des augmentations de deux fois le
coût de l'inflation, pour nous c'est majeur.
Deuxièmement, quand il est question de surplus, Mme la Présidente, je tiens à
vous rappeler que la Romaine, ce n'est
pas fini. La Romaine, c'est 1 569
mégawatts d'ici 2020. Alors, oui, on a un bon «buffer», comme on dit en mauvais
français, on a un bon coussin, là, pour
accueillir de nouvelles industries, accueillir de nouvelles alumineries avec la
Romaine qui va être en marche d'ici
2020. Et aussi le ministre cite mon chef, le député de Rousseau, le chef du
deuxième groupe d'opposition, pour
des déclarations de 2007. Aucun problème, Mme la Présidente. Je l'ai dit
moi-même en introduction, j'étais moi
aussi pour les éoliennes. Mais, quand on se rend compte que ça ne marche pas,
quand on se rend compte que ça coûte
trois fois trop cher, quand on se rend compte que ça nous amener
140 millions de dollars par année pendant 20 ans, il faut avoir le
courage de dire : Assez, c'est assez. Et nous, on a ce courage-là.
Mme la
Présidente, c'est dommage que le ministre mette de côté les recommandations de
la Commission sur les enjeux énergétiques commandée par le gouvernement
précédent. Dommage que le gouvernement mette de côté les observations faites
par l'Association québécoise des consommateurs industriels et par l'Union des
consommateurs. Maintenant, ce n'est pas
juste ces gens-là qui trouvaient que ça n'avait pas d'allure, les éoliennes.
J'aimerais vous citer une étude d'un économiste de l'Université Laval,
Michel Lafontaine, août 2012. Ce qu'il y a d'intéressant dans cette étude-là, Mme la Présidente, c'est qu'elle a été entérinée
par l'actuel président du Conseil du trésor. Je vous invite à lire la page de garde où c'est marqué : «Nous
tenons à remercier M. [...] — l'actuel président du Conseil du
trésor — économiste
et professeur à l'École des hautes études
commerciales, qui a généreusement accepté d'effectuer une analyse critique du
présent document; il en est résulté des améliorations importantes tant au
contenu qu'à la présentation.»
Alors, que
dit ce fameux document entériné par l'actuel président du Conseil du trésor?
Page 5 : «On [...] peut [...]
conclure que l'éolien est un moyen ridiculement coûteux pour réduire les gaz à
effet de serre.» Toujours à la page 5, la
création d'emplois : «Que ce soit [au] plan du contrôle des gaz à effet de
serre ou celui de la création d'emplois, la filière éolienne est totalement injustifiable; elle est
ridiculement coûteuse et est tout simplement absurde...» Ça, c'est un document
qui a été entériné par l'actuel président du Conseil du trésor. Poursuivons la
lecture, c'est très intéressant.
Page 15, on
parle de l'intermittence de l'éolien. Parce qu'on comprend que l'éolien, bien,
il faut qu'il vente, hein? S'il ne
vente pas, ça ne marche pas bien. Alors, ça prend l'intermittence et ça
démontre, selon l'étude, que c'est inefficace. Ce n'est pas moi qui le dis, Mme la Présidente, c'est une étude qui a
été entérinée par l'actuel président du Conseil du trésor.
Et, en conclusion, qu'est-ce qu'il est dit? «...les
projets visant à ajouter un autre 750 mégawatts de capacité éolienne
devraient faire l'objet d'une sobre évaluation par le parti politique qui
remportera [la prochaine élection] de septembre
2012 et d'un enterrement discret suite à cette évaluation.» On a passé tout droit à l'enterrement, hein, Mme la Présidente. Et, je vous le répète, ce n'est pas un caquiste
qui a écrit ça, ce n'est pas un ancien de l'ADQ qui a écrit ça, ce n'est pas... C'est Michel Lafontaine, c'est un
économiste de l'Université Laval. La
filière éolienne au Québec : la maladie de Don Quichotte ou l'art de gaspiller
8 milliards, écrit par Michel
Lafontaine et entériné par l'actuel président du Conseil du trésor.
Alors, Mme la
Présidente, moi, j'ai un petit conseil pour nos amis ministres. Quand le
président du Conseil du trésor...
Pour les gens qui nous écoutent, c'est important de le savoir, le président du
Conseil du trésor, c'est le gars qui dit
oui ou non à des projets, hein? Les ministres arrivent, ont des projets, ont
des idées, des grands développements, tout ça, ils frappent à la porte : Aïe! J'aurais un grand projet, tout ça.
Là, le président du Conseil du trésor, il dit oui ou non. Alors, quand le président du Conseil du trésor va vous dire non,
mes amis ministres, sortez-lui cette étude-là où lui, il disait que ça n'avait pas de bon sens, puis rappelez-lui
qu'il est d'accord avec le fait que l'éolienne, le projet de
800 mégawatts, va coûter
combien? 140 millions de dollars par année pendant 20 ans. Eh oui! Je n'ai
pas fini de le répéter parce qu'on n'a pas
fini de payer. Je vais le répéter pendant 20 ans parce que c'est ça que ça
coûte, 140 millions de dollars pendant 20 ans. Nous, Mme la Présidente, on estime que ça n'a pas
de bon sens. Et je crois comprendre que l'actuel président du Conseil du
trésor, à l'époque où il était un économiste
chevronné, et non un ministre libéral muselé, eh bien, il concluait que, lui
aussi, ça n'avait pas de bon sens. Alors...
Des voix :
...
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député! M. le député, je vous demande de retirer votre
mot.
M.
Deltell :
Je le retire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Léger) : Continuez, M. le député de Chauveau.
M.
Deltell :
Mais c'est quoi, «ministre», «libéral» ou «muselé»? C'est quoi que je retire,
Mme la Présidente? Alors, revenons maintenant
au fond du dossier, Mme la Présidente. Le ministre, tout à l'heure, a ouvert la
porte en disant que nous allons voir
pour l'avenir et que les prochains appels d'offres d'éolien devront être
significatifs pour les communautés.
Mme la Présidente, je dis tout de suite au ministre qu'il va se faire répéter
exactement les mêmes arguments qu'il
nous sert aujourd'hui : Il faut penser aux emplois, il faut penser aux
régions, il y a du chômage. Puis ces gens-là n'ont pas le choix, puis, qu'est-ce que vous voulez, on
a une industrie. Ils vont vous le dire, ce que vous nous dites actuellement,
et on va avoir exactement le même problème
puis on va se farcir un autre 140 millions de dépenses inutiles pendant 20
ans.
Alors,
Mme la Présidente, ma question est au ministre. À nouveau, est-ce qu'il s'agit
du dernier appel d'offres d'éolien à perte pour les contribuables
québécois?
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, M. le ministre. Il faut juste savoir,
M. le député de Chauveau, entre le Trésor et... il y a toujours un ministre des Finances aussi qui donne des
orientations entre les deux. Nos déclarations nous suivent tout le
temps, hein? Alors, M. le ministre, à vous la parole.
M.
Arcand :
Bien oui, il y a même eu, Mme la Présidente, une déclaration en 2012 du chef de
la CAQ qui parlait de l'augmentation
des tarifs, et il disait qu'au budget de monsieur... que M. Bachand et le
gouvernement Charest avaient annoncé que, pour réduire la croissance de
la dette au Québec, il y aurait une augmentation des tarifs d'électricité entre 2014 et 2018, hein, le tarif patrimonial, et
tout ça. Et lui, il avait dit à ce moment-là : Nous, par souci d'équité
entre les générations, on a appuyé le
gouvernement Charest. C'est ce qui avait été dit à ce moment-là, et ça, c'est
en 2012, une entrevue à QMI.
Bon,
bien, je vous dirais... Écoutez, dans ce domaine-là, dans le domaine
énergétique, comme vous le savez, il y a toujours de l'imprévisibilité, d'une part. Et, d'autre part, je vous
dirais qu'il y a beaucoup de gérants d'estrade également, comme vous le savez. Alors, on nie toutes les
analyses, et tout ça. Mais moi, je vais vous dire ce que j'ai entendu au début
juin à la conférence de Montréal, conférence
internationale, et tout le monde a dit : Le Québec est dans la bonne
direction sur le plan énergétique en développant son expertise en
énergies propres. Et ça, c'est bien important de le dire.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. Alors, la parole,
maintenant, est du côté du gouvernement. Alors, je cède la parole au
député de Pontiac.
• (16 h 40) •
M.
Fortin (Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. Manque de temps tout à
l'heure dans le dernier bloc. Je me suis un peu pressé lors de ma question et j'ai senti le ministre également
pressé lors de sa réponse. Sept minutes sur l'électrification des transports, c'est bien peu. Alors, le ministre a
pu commencer sa réponse, et je sentais qu'il en avait beaucoup plus à
dire. Et personnellement, comme j'étais accroché à ses lèvres, j'aimerais lui
donner l'opportunité de continuer sur le
sujet. Il a parlé de bornes, il a parlé de véhicules. Il a parlé de ces
fameuses bornes en bordure d'autoroute, et, comme il n'y aurait pas de pire publicité que de voir une série de
voitures électriques en panne sur le bord de l'autoroute, j'apprécie sa réponse à ce niveau et j'apprécie
également le processus de consultation qu'Hydro-Québec est en train de faire auprès des différentes communautés. Ils
étaient à Gatineau tout récemment, et j'ai pu y participer en compagnie de
nombreux acteurs de l'entreprise privée et
de nombreux conseillers municipaux afin d'entendre Hydro-Québec nous parler
davantage des plans d'avenir qu'ils ont pour l'électrification des transports.
Il y a cependant deux
sujets spécifiques par rapport à cette question qui m'interpellent
particulièrement et auxquels ils n'avaient
peut-être pas réponse, et, je suis certain, le ministre pourra nous éclairer
collectivement sur le sujet. Tout d'abord, c'est la capacité du Québec à
faire de lui-même... à se rendre un expert au niveau de la fabrication de composantes de voitures électriques. On le sait,
le Québec fait plusieurs éléments qui peuvent être utilisés dans ces voitures
électriques, qu'on pense aux batteries,
qu'on pense aux systèmes de motorisation électrique, qu'on pense aux matériaux
légers. Dans plusieurs de ces domaines, le
Québec dispose d'experts en entreprise privée et dans nos centres de recherche
qui peuvent aider dans le développement de
cette industrie non seulement au Québec, mais également à l'extérieur de
notre province.
Et, dans le
plan d'action 2011-2020, auquel je faisais référence un peu plus tôt, sur les
véhicules électriques, on visait le
développement de produits innovants, de produits structurants pour cette
filière industrielle, et ce plan-là avait comme objectif que cette filière soit, évidemment,
de classe mondiale. Avec toutes les initiatives, donc, qu'on a annoncées
pour favoriser ces investissements, je sais
qu'on compte générer des investissements privés d'au-delà 500 millions de
dollars dans les prochaines années et de
faire passer jusqu'à 5 000 le nombre d'emplois dans ce secteur. Alors,
j'aimerais que le ministre élabore sur ce sujet, savoir où on en est.
Et le deuxième sujet
sur lequel... j'aimerais qu'il touche — je sais qu'il comptait y
arriver plus tôt — c'est
l'électrification pour le transport en
commun. On les voit ici, à Québec. Tout autour du Parlement, souvent il y a les
petits autobus électriques qu'on
voit. Et, puisque j'habite moi-même sur la rue Saint-Louis, j'apprécie
énormément ces véhicules qui ne font presque aucun bruit le matin, hein,
quand ils se déplacent devant chez moi. Alors, je suis certain qu'il y a plusieurs gens à Montréal, à Laval, sur la
Rive-Sud, à Gatineau, dans les milieux urbains qui aimeraient, justement, se
lever le matin, ne pas être réveillés par de
lourds autobus qui se déplacent. Alors, j'aimerais que le ministre nous
explique, peut-être au point de vue
des autobus, peut-être au point de vue des taxis, où on en est avec
l'électrification des transports.
M.
Arcand :
Merci. Je remercie infiniment le député de Pontiac pour cette question parce
que ça me permet aujourd'hui de dire jusqu'à
quel point, au Québec, il se fait de la créativité, il se fait de l'innovation
en matière d'énergie, et
particulièrement le nombre d'entreprises québécoises qui participent
actuellement à la filière industrielle d'électrification des transports.
Elle est extrêmement nombreuse, donc il y a beaucoup de travail qui se fait de
ce côté-là.
Et
je vais juste citer quelques exemples au député pour que ce soit très clair et
très direct également pour ceux qui
nous écoutent aujourd'hui. Par exemple, actuellement, Rio Tinto Alcan
travaille, actuellement, à la fourniture de pièces d'aluminium qui vont permettre l'allégement des
voitures électriques. Ça, c'est le travail qui est fait actuellement par Rio
Tinto.
J'ai eu l'occasion,
d'ailleurs... Je pense que j'étais avec la députée de Vachon, d'ailleurs, sur
ça — c'était
sur l'île Sainte-Hélène — nous avons eu un travail qui a été fait avec
Alcoa et un groupe israélien qui s'appelle Phinergy, qui développe
actuellement une batterie pour voiture électrique qui utilise de l'aluminium et
qui permet d'avoir une autonomie infiniment
supérieure. Alors, ils travaillent actuellement sur ce concept-là qui est
nouveau, qui est intéressant.
Il
y a également l'IREQ qui travaille de ce côté-là. Il y a Bathium près... Je
pense que c'est près du comté du député de Marie-Victorin, Bathium, qui fabrique actuellement des batteries de
plus longue durée pour les véhicules électriques. C'est une entreprise qu'on a supportée et qu'on
continue de supporter. Bombardier, qui a mis au point une technologie de recharge sans fil pour les autobus urbains.
Donc, ça répond en grande partie à votre question. Il y a des compagnies
comme AddÉnergie, Gentec, qui fabriquent des
bornes de recharge électrique. Nova Bus, qui fabrique les autobus urbains.
Autobus Lion, qui fabrique des autobus
scolaires qui sont des autobus électriques. Paccar, qui fabrique des camions
hybrides. Paccar, qui est située à
l'entrée des Laurentides. BRP, qui
développe des véhicules légers hybrides rechargeables. Infodev, qui développe un prototype de microbus urbain électrique. Je dois dire que celui de
Québec a eu quelques ennuis, mais les
choses s'améliorent de ce côté-là. Donc, il y a un travail qui est fait de
façon très importante, sans compter, bien sûr, des entreprises comme RONA, St-Hubert qui travaillent... Les
Rôtisseries St-Hubert, qui ont des bornes rapides également et, donc,
qui continuent de travailler en ce sens-là.
J'ai
parlé de l'autoroute 40 et éventuellement aussi de l'autoroute 20. Il y aura
donc des corridors importants de recharge
rapide qui sont prévus. Dans le cas de l'autoroute 40, c'est d'ici la fin de
l'été qu'il y aura des bornes de recharge, et éventuellement il y en
aura également au niveau, je dirais, de l'autoroute 20. On prévoit... Au cours,
je dirais, de la prochaine année, eh bien, il y aura un objectif d'avoir un
nombre très important. On a déjà une entente au niveau du gouvernement. Au niveau, entre autres, de
certaines ententes avec la SQI, il y a, par exemple, des bornes électriques. On
parle de 125 bornes, d'ici le début de l'an
prochain, qui seront dans des édifices gouvernementaux, et donc
l'approvisionnement va continuer d'être de plus en plus important pour
l'avenir.
Lorsque
vous m'avez parlé du transport, on travaille avec la Société de transport de
Montréal et également celle de Québec
pour avoir, évidemment, des véhicules qui sont encore de plus en plus... je
dirais, de moins en moins énergivores sur le plan des hydrocarbures, et
donc, je dirais, des autobus qui sont beaucoup plus efficaces.
Et
également on travaille actuellement pour ce qui est des taxis. Moi, j'ai eu
l'occasion, il y a deux ans, de me rendre
à Vancouver, et là, à peu près... je te dirais, il y a certainement 40 %
de la flotte à Vancouver où ce sont des Prius qui sont des taxis actuellement. Alors, je pense qu'il y a un effort à
faire encore beaucoup plus important dans la région de Montréal, dans la région de Québec et dans
certaines de nos régions pour qu'il y ait de plus en plus de voitures qui
soient soit hybrides, soit hybrides
rechargeables ou qui soient électriques. L'objectif que nous avons, c'est que,
d'ici 2030, nous voulons que
1,2 million de véhicules électriques roulent sur les routes au Québec, et
donc je pense que c'est très important
pour l'avenir. Et, si notre objectif est atteint, ça veut dire
1,5 milliard de litres d'essence qui vont être économisés grâce aux
véhicules électriques. C'est donc, je pense... ce sont des éléments très
importants pour notre avenir.
Je vous dirais
également que l'énergie électrique... J'ai eu l'occasion d'en parler au niveau
des taxis, entre autres, mais je vous dirais également que, sur cette voie de
l'électrification, le Québec a déjà une expertise qui est passablement unique. Je peux vous dire qu'on
reçoit énormément de gens qui viennent voir nos entreprises au Québec, et il faut qu'il y ait une accélération. Pour
pouvoir mieux réussir, il va falloir qu'il y ait une accélération de la
technologie. Il y a de bonnes
technologies qui existent, mais il faut que cette technologie-là ait un rapport
qualité-prix qui fasse l'affaire aussi
des consommateurs. C'est toujours la même chose, les gens disent
toujours : Ah! bien, c'est intéressant. C'est cher, il faut que ce soit un peu moins cher. Il faut
qu'on ait une meilleure autonomie. Je pense qu'on est près du but en ce qui
concerne l'automobile électrique, mais il
faut, évidemment, travailler à peaufiner cela et faire en sorte qu'on ait véritablement, je dirais, des automobiles qui
fassent l'affaire des consommateurs. On avance actuellement, et notre but,
c'est de faire tout ce qui est possible pour qu'on avance le plus rapidement
possible.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. M. le député de
Pontiac, c'est terminé? Je donne la parole au député d'Abitibi-Est.
Une
voix : ...
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Huntingdon? Alors, M. le député de
Huntingdon.
• (16 h 50) •
M.
Billette : Bien, parfait. Merci beaucoup à mon collègue. Premièrement,
je veux saluer M. le ministre — c'est un plaisir de vous retrouver — avec qui j'ai été adjoint parlementaire
pendant quelques années à l'Environnement. Je veux saluer mes collègues également, vous, Mme la
Présidente, en premier lieu, et également les collègues des deux oppositions
officielles. C'est un plaisir pour moi de me retrouver ici en remplacement,
mais un dossier tellement important pour l'économie, pour la vision du Québec,
pour nos jeunes également dans l'avenir.
Il
y a deux petits points sur lesquels je vais revenir, Mme la Présidente, que M.
le ministre a discutés. Au niveau de
la biomasse, je pense que c'est un dossier très important sur lequel on a des
exemples vraiment concrets. Et, lorsqu'on parlait tantôt des serres, on a eu, voilà quelques années, la chance
d'avoir un investissement majeur dans notre milieu, à Huntingdon, à Sainte-Clotilde, chez les Serres Lefort.
C'est 10 hectares, c'est la plus grande production de serres qui utilise, justement, la biomasse. 10 hectares, c'est immense, c'est le
plus grand parc de production serricole à la grandeur du Québec. Et, je vais vous dire, l'avantage de ça, ce
n'est pas uniquement... Oui, on a un
gain au niveau des gaz à effet de
serre qui est très, très, très important. Au lieu d'utiliser des carburants
fossiles, à ce moment-là, pour chauffer les serres... On a également une économie très importante au
niveau du coût parce que la matière première, elle est disponible ici, au
Québec. C'est bon pour l'industrie
forestière, et ça nous permet deux choses. Première des choses, d'avoir une
diversification au niveau de notre
agriculture, donc on peut maintenant produire... Vous parliez des tomates roses
tantôt, chez les Serres Lefort ce sont des piments, des piments qu'on va
distribuer...
Une voix :
...
M.
Billette : Non, ça, il n'y en a pas, de piments bleus. Et, je vais
vous dire, c'est très important parce qu'il faut devenir compétitif. Lorsqu'on parle du Québec dans nos assiettes, c'est
d'avoir nos produits québécois dans nos marchés d'alimentation. Mais, au-delà de ça, il faut être capable de les produire,
de les produire à un prix compétitif. Et, lorsqu'on regarde, ce n'est
pas la serre à côté de chez nous qui est notre compétiteur maintenant, c'est le
Mexique, ce sont les États-Unis, ils ont des parcs de serres... et l'Ontario,
maintenant, qui est devenu le leader à ce niveau-là. Donc, je suis vraiment content, M. le ministre, d'entendre dire
que c'est un programme intéressant, essentiel, qu'on va poursuivre. Donc,
je veux vous remercier au nom du milieu
agricole, et c'est comme ça qu'on va pouvoir mettre le Québec dans nos
assiettes avec des produits québécois, et ce, à l'année.
Deuxième
point que je veux revenir, c'est sur l'éolien. Je vous écoutais parler tantôt,
j'écoutais mon collègue de Chauveau également. Et j'écoutais les paroles
de mon collègue de Chauveau, que j'ai un respect très, très important envers lui, mais je reprendrais les paroles des
années 70, les verbatims, si on les a, sur la Baie-James, c'est exactement
la même chose : Ça n'a pas d'allure de
produire de l'électricité, de construire des grands barrages, on va être
endettés pour 20 ans dans l'avenir.
Et c'est ce qu'on appelle... C'est une vision, Mme la présidente. Il ne faut
pas regarder qu'à court terme. On
parle ici de diversification de notre parc énergétique. Lorsqu'on est en
entreprise — M. le
ministre a été en entreprise
également, j'ai été en entreprise — ce qui est le plus grand risque, c'est
d'avoir tous les oeufs dans le même panier.
Il faut diversifier notre offre énergétique, comme on fait dans une entreprise
sur nos clients, on les diversifie. Il ne faut pas juste avoir une vision à court terme sur l'année un. Et,
lorsqu'on dit... Si on avait écouté les gens de l'opposition à l'époque
de Robert Bourassa, si Robert Bourassa, qui a été un très grand premier
ministre, avait écouté les gens de l'opposition, il n'y aurait pas de
Baie-James aujourd'hui, on serait au nucléaire.
Donc,
c'est de dire : Il ne faut pas voir le coût à un moment x qui est le
moment actuel, mais il faut se projeter dans l'avenir, et c'est ce qu'on appelle avoir une vision. Pas une
vision à court terme, Mme la Présidente, mais une vision sur notre diversité, diversité, à ce moment-là, de
notre parc énergétique au Québec. Et c'est un petit point que je voulais
rajouter, puis ça serait important de faire
un copier-coller avec les verbatims des années 70. Peut-être qu'on se
retrouverait, mais à un âge beaucoup plus jeune à ce moment-là.
Mais
ce n'était pas le sujet de mon intervention, Mme la Présidente — je pense que c'étaient deux points que je
voulais apporter qui avaient été entendus,
qui étaient fort intéressants — c'est au niveau de la protection du milieu
marin. La protection du milieu marin...
Vous savez qu'ici, au Québec, on a la chance d'avoir des bassins hydrologiques
qui sont très, très, très importants,
et la principale colonne vertébrale que l'on y retrouve, c'est sans aucun doute
le fleuve Saint-Laurent, puis ça
couvre presque toutes les régions du Québec. De nombreux comtés, la plupart des
comtés, si on n'est pas directement le long du fleuve Saint-Laurent, on
a au moins un bassin versant qui se verse. Et, même dans Huntingdon, qui est le point de départ, avec le
lac Saint-François, du fleuve Saint-Laurent, je vais vous dire, c'est un point
très important, et la protection en est autant pour nos générations futures au
moment où on se parle.
Pourquoi
la protection du milieu marin? Je pense que ça a un impact, premièrement,
économique très important. L'économie
du Québec s'est bâtie sur l'économie... Pas à partir de Jacques Cartier, mais
on a pensé aux frères Molson qui
faisaient du cabotage en utilisant... qui ont été un des premiers avec un
bateau à moteur, à vapeur même, à pouvoir faire une base de transport
économique entre le Québec...
La Présidente (Mme
Léger) : On a parlé de Jacques Cartier hier, attention à ce que vous
allez dire.
M.
Billette : Non, je suis déjà rendu plus loin. C'est passé vite, ça. Je
le sais que vous êtes une grande connaissante...
La Présidente (Mme Léger) : O.K.
Parce qu'hier ça faisait partie de nos débats, Jacques Cartier, hein?
M. Billette :
Je le sais que vous êtes une grande connaissante, donc je n'ai pas rentré sur
ce terrain glissant, Mme la Présidente. Chacun ses forces.
Et également,
au niveau touristique, si on regarde au niveau touristique, les touristes,
souvent, quand ils arrivent, ils
veulent aller voir des baleines, ils veulent aller voir la Gaspésie. Donc, je
pense, c'est un atout, vraiment, qu'on a au Québec et également les parcs éoliens, maintenant, qui sont une
nouveauté touristique très importante. Mais, je pense, c'est vraiment un patrimoine — on peut l'appeler comme ça — un patrimoine vraiment unique qu'il faut
conserver. Je pense, c'est une
richesse, c'est notre... la source de notre or bleu ici, au Québec, qui est le
fond marin qu'on a, le fleuve Saint-Laurent
en tant que tel. Et en plus on a développé une expertise. L'Université du
Québec à Rimouski, là, il y a des grands
chercheurs qui se sont penchés sur le cas du fleuve, le golfe du Saint-Laurent
également, qui fait en sorte qu'on a développé une expertise vraiment
très forte. Et, pour bien agir sur un fleuve comme le fleuve Saint-Laurent,
avant de poser les gestes il faut bien le
connaître. Puis je pense que l'Université du Québec à Rimouski a fait un
travail vraiment exceptionnel, et je tiens à le souligner. Et toute
l'équipe de chercheurs, ils ont transmis ça aux étudiants qui ont également
travaillé sur le fleuve Saint-Laurent. Parce
que le fleuve en tant que tel, je pense que c'est notre histoire, c'est une
richesse collective. C'est même une
réalité politique, les deux autres partis... C'est souvent des discussions,
qu'on peut dire, avec le fédéral pour
savoir exactement qui est responsable de quoi au niveau de la
responsabilité politique. C'est également dans nos moeurs sociales,
également, d'avoir le fleuve.
Il y a
déjà beaucoup de choses qui ont été faites, M. le ministre, lorsque j'étais adjoint parlementaire... Mme la Présidente, avec M.
le ministre, il faut toujours
parler à vous. Et premièrement, au niveau des aires protégées, en 2015 on
avait un objectif — on
a toujours un objectif parce qu'on est en 2014 — d'avoir 10 % des
aires protégées. On a parlé beaucoup des aires protégées au niveau des parcs. Mais ce
qui est important également, c'est d'avoir des aires protégées au niveau marin, et c'est une vision qu'on s'était
donnée lorsque M. le ministre était ministre de l'Environnement à cette
époque.
Également, une
étude environnementale stratégique. Lorsque j'ai dit : Il faut bien
connaître le fond marin pour pouvoir
l'occuper éventuellement, ou en extraire des produits, ou aller jouer dans le
fond marin, je pense qu'il faut avoir des
études sérieuses. Il y a une étude environnementale stratégique que le
rapport a été déposé en 2013, c'est tout récent, on n'était pas au gouvernement. Le gouvernement précédent, il n'y a aucune action qui a
été posée suite à l'évaluation environnementale stratégique. En 2011, il
y a une entente historique également qui a été signée avec le fédéral.
Mais on est
présentement en étude de crédits pour l'année 2014-2015, et je pense qu'il y a
des enjeux qui sont très importants
que j'aimerais savoir de la part du ministre quelle est sa vision avec ces
enjeux-là. Il y en a quatre que j'ai soulevés. Premièrement, au niveau de la pêche, je pense aux citoyens,
citoyennes, là, de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, de la
Côte-Nord, je pense que c'est un enjeu, c'est leur gagne-pain pour plusieurs
d'entre eux, c'est leur activité économique, c'est la raison de l'occupation du territoire dans ces régions-là. Donc,
également au niveau économique, lorsqu'on parle au niveau environnemental et au niveau du contexte
également politique fédéral-provincial. Donc, j'aimerais, sur principalement
ces quatre enjeux-là, Mme la Présidente, avoir quelles sont les intentions et
la vision du ministre à cet effet.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
• (17 heures) •
M.
Arcand : Bien, merci. D'abord, j'aimerais rappeler au
député... Simplement pour le bénéfice des gens qui nous écoutent, parce qu'il a parlé au début de sa
question de la biomasse forestière, vous savez qu'on a un budget d'à peu près 50 millions uniquement
pour aider les entreprises, soutenir les mesures du programme, qui permet,
d'ailleurs, la création d'à peu près 1 600 emplois dans le domaine de la biomasse forestière. Et ce
programme-là, ça permet de réduire à peu
près les CO2, là, d'à peu près 70 000 tonnes. Ça, c'est comme si on
enlevait 20 000 véhicules à essence, là, sur la route. C'est quand même très significatif et c'est pour
ça que la biomasse forestière, c'est quelque
chose d'extrêmement intéressant.
Je voulais
également vous dire que dans la région de Lanaudière, à Sainte-Marcelline-de-Kildare, j'ai annoncé aujourd'hui un programme pour mettre une première
borne de recharge dans cette municipalité aujourd'hui. Donc, ça fait
partie également des ententes qu'on a entre le gouvernement et le milieu
municipal.
Maintenant,
comme vous le savez, le gouvernement du Québec a d'importantes responsabilités
en ce qui concerne les eaux de son
territoire et la protection du milieu marin. Je tiens à vous rappeler que, dans
ce qu'on appelle l'estuaire du Saint-Laurent, c'était à l'époque de
Mme Normandeau, nous avions annoncé qu'il n'y aurait pas d'exploration ou d'exploitation pétrolière dans ce secteur-là. Je
pense que c'était très important. Il y a la volonté du gouvernement fédéral
de créer une aire marine protégée dans un
site qui s'appelle le Banc des Américains. Également, je pense que nous travaillons de concert avec le gouvernement
fédéral pour gérer les pêches commerciales, pour gérer la navigation, et nous
devons définir avec eux — et c'est ce que nous allons faire très
bientôt également — des
modes de gestion d'aires marines protégées respectueux, bien sûr, des
compétences et des responsabilités de chacun.
Maintenant,
je vous rappelle que nous avons donc signé cette entente très importante avec
le gouvernement fédéral parce
qu'évidemment avec ce qu'on appelle Old Harry, qui est une structure qui
pourrait permettre, un jour, des activités d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures — évidemment, si ça se fait correctement,
c'est toujours la même phrase que
l'on donne sur ces questions-là — les activités, actuellement, sont
interdites, et il va falloir qu'on ait un cadre législatif et réglementaire qui soit mis en place pour ça.
D'ailleurs, la mise en place de ce cadre-là, je l'ai annoncée le 30 mai
dernier, et, à l'automne, nous aurons
probablement tous ensemble des heures de discussion sur un projet de loi, qu'on
appelle un projet de loi miroir, sur
la gestion commune de nos hydrocarbures dans le golfe Saint-Laurent. Et donc
c'est un projet qui devrait être
déposé à l'automne 2014 si nous réussissons à nous entendre d'ici ce temps-là
avec le gouvernement fédéral.
Puis je
rappelle également que nous devrions déposer... Ça fait depuis 2007 que je suis
en politique, et, en politique, on parlait toujours d'un projet de loi
propre aux hydrocarbures. Je présume qu'à partir du moment où on connaîtra, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, l'EES sur les hydrocarbures, et ainsi de suite, on pourra, à ce
moment-là, être plus en mesure de
véritablement définir un projet de loi qui sera propre aux hydrocarbures en
milieu terrestre. En fait, d'ici la fin 2015 si on peut le faire. Alors,
je pense que c'est extrêmement important.
L'accord
que nous avons fait en 2011 — l'accord Canada-Québec — devait être suivi, si on veut, d'une loi.
C'est donc ce que nous allons faire.
Et là-dessus il est très important qu'on agisse parce qu'il y a eu d'autres
ententes qui ont été faites, avec
Terre-Neuve-et-Labrador entre autres, et je pense que la position que nous avons
est une position qui parle, évidemment,
de l'intégrité territoriale du Québec, qui va constituer la base primordiale
sur laquelle les importantes ressources
naturelles présentes dans le sous-sol marin pourront être mises en valeur dans
le respect des compétences du Québec.
Alors, je pense que
c'est très important de souligner le fait également que nous avons une
université qui est à Rimouski et qui
s'appelle l'UQAR, qui poursuit, justement, les études sur le patrimoine marin.
Nous voulons travailler pour en faire
un centre d'excellence pour la formation multidisciplinaire en gestion de
ressources maritimes. Et nous savons également
qu'il y a de très nombreuses communautés sur la Côte-Nord, en Gaspésie, aux
Îles-de-la-Madeleine qui dépendent de
l'industrie de la pêche pour leur subsistance, et je vous dirais qu'on pourra
parler, à un moment donné, un peu plus longtemps
de la stratégie maritime que le premier ministre a annoncée pendant la campagne
électorale et qui va permettre de
développer, bien sûr, cette industrie. Je rappelle que le transport par bateau
coupe les GES de façon très importante par rapport au transport par
camion.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. C'est tout le temps
que nous avions pour la partie ministérielle.
Maintenant, je cède la parole à l'opposition officielle, au député de
Marie-Victorin, pour une vingtaine de minutes.
M. Drainville :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, sur les documents qui nous ont été
distribués, on a eu l'occasion de
regarder ça, M. le ministre, on aurait voulu avoir la valeur des
investissements pour chaque projet qui nous a été déposé, là. Sur les deux cartes que vous nous avez distribuées, là,
il y en a une des deux qui s'intitule Projets miniers de mise en valeur et développement. Il nous semblait, à nous... et peut-être, des
fois, on se trompe, hein, ça arrive, mais il nous semblait qu'on s'était entendu pour que vous nous donniez également
la valeur des investissements pour chacun des projets en développement. En tout cas, si c'était possible de nous
le déposer ultérieurement, ce serait utile. Mon collègue député de
Chauveau, je pense, a la même souvenance que moi. Donc, ce serait utile que
vous nous le déposiez...
La Présidente (Mme
Léger) : ...M. le ministre, est-ce que vous pouvez déposer...
M.
Arcand :
C'est-à-dire qu'on a déposé, actuellement, le projet pour ce qui est des mines
actives et des projets miniers de
mise en valeur. Maintenant, sur la question des coûts, on peut essayer de voir
ce qu'on peut faire, mais c'est assez
volatile, là, c'est toujours... Je ne sais pas si c'est une information qui est
nécessairement pertinente à ce stade-ci dans la mesure où est-ce qu'on n'a pas nécessairement... C'est surtout
dans le cadre de projets qui sont en évolution. Des fois, les chiffres
peuvent changer assez rapidement.
M. Drainville :
...Mme la Présidente...
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député, oui, allez-y.
M. Drainville :
Faites ce que vous pouvez, mais il nous semblait, hier... Le député de Chauveau
me rappelle, me glisse à l'oreille
qu'il nous semblait, hier, que le ministre délégué aux Mines a donné des chiffres, lui. Maintenant,
est-ce qu'il donnait des chiffres sur
les sites orphelins ou est-ce que c'était sur les projets miniers? Moi, ma
souvenance, c'est que c'était sur les projets miniers. Alors, ce serait
utile, à tout le moins, pour la suite des choses.
Par ailleurs, tout à l'heure, vous avez fait une liste exhaustive des entreprises
québécoises qui sont impliquées dans des projets d'électrification de transport.
Ce serait utile aussi si vous pouviez nous la déposer. Pas nécessairement tout de suite, mais c'est une...
Vous allez me dire : C'est une information publique. Mais, comme elle est déjà
colligée sur un document
qui vous appartient et que c'est de l'information publique, c'est quelque chose d'utile. Parce qu'effectivement c'est impressionnant d'entendre la longue liste
des entreprises qui sont actives dans ce domaine-là, c'est très encourageant
pour l'avenir.
Alors,
parlons maintenant d'Enbridge. On en a glissé mot déjà, plus tôt, dans notre
premier échange. J'aimerais ça qu'on
prenne ensemble la liste des 18 conditions qui ont été... ou des... Oui, on
peut appeler ça des conditions, les 18 conditions du rapport de la commission parlementaire, donc,
qui était chargée d'étudier le projet Enbridge. On ne va pas les passer les 18 au complet parce qu'on va manquer de temps.
Mais il y en avait quand même un certain nombre sur lesquelles j'aimerais
attirer votre attention, et je veux savoir de votre part, M. le ministre, où
est-ce qu'on en est.
D'abord,
la première recommandation qui a été faite dans le rapport de la commission...
Puis je rappelle pour les gens qui
nous écoutent que ce rapport de la commission parlementaire avait été approuvé
par les trois principaux partis siégeant
à l'Assemblée nationale, donc le Parti québécois, qui était au gouvernement à
ce moment-là, le Parti libéral et la
CAQ également. Donc, c'étaient les recommandations de la commission
parlementaire, et ces recommandations-là sont devenues, dans l'esprit, en tout cas, de beaucoup de gens, les
conditions, dans le fond, que les trois principales formations
politiques québécoises souhaitaient mettre de l'avant pour que le projet
Enbridge aille de l'avant.
Alors,
la première recommandation, c'était qu'Enbridge s'engage à ne transporter du
pétrole qu'aux raffineries situées
sur le territoire québécois. Est-ce que c'est possible de nous dire si vous
avez obtenu une garantie de la part d'Enbridge que le pétrole qui va
circuler dans l'oléoduc 9B va servir uniquement à des raffineries
québécoises?
La
Présidente (Mme Léger) : M. le ministre.
M. Drainville :
...du pétrole, Mme la Présidente, qui va circuler jusque chez nous, jusqu'en
territoire québécois. Et je rappelle que c'est une recommandation avec
laquelle les trois partis étaient d'accord.
M.
Arcand :
D'accord. La première recommandation... Enbridge, d'abord et avant tout, c'est
pour le territoire québécois. On n'a
pas demandé de garantie formelle pour les 30 prochaines années comme quoi ça ne
serait qu'au Québec seulement, mais il est clair qu'Enbridge l'a répété
à plusieurs reprises, c'est de transporter du pétrole pour qu'il y ait véritablement une action qui soit faite dans nos
raffineries québécoises. Parce que le but premier de la ligne 9B, c'était
ça. Alors, je n'ai pas demandé de document à
Enbridge, mais je pense que c'est très clair que, pour au moins les cinq
prochaines années à tout le moins, si
ce n'est pas les 10 prochaines années, il va y avoir véritablement une
exclusivité ou presque qui sera
donnée à ce moment-là aux raffineries québécoises. Alors, ça, là-dessus, je
vous répondrais que ça me semble très clair.
L'autre
élément, c'est le fait que — puis on a eu l'occasion de le dire — Enbridge ne réussira pas à satisfaire tous
les besoins du Québec en matière
d'hydrocarbures. Donc, il y a de la marge de manoeuvre de ce côté-là. Et je
vous dirais, moi, que, dans les
recommandations — puis on
pourra passer celles que vous voulez — moi, la recommandation qui m'est apparue la plus importante dans le dossier
d'Enbridge, c'est qu'il y avait encore des préoccupations sur la question du
pipeline, est-ce que le pipeline était
sécuritaire, etc. Et, moi, la recommandation... de toutes celles que j'ai vues,
celle qui m'apparaissait, évidemment,
très importante pour les citoyens qui nous écoutent, c'est la mise en oeuvre
d'une unité de vigilance. Et, quand
on a fait l'annonce, entre autres, du 30 mai dernier, lorsque j'ai eu
l'occasion de le faire, il était très clair
que cette unité de vigilance doit assurer l'information sur la sécurité de
l'oléoduc, sur la protection de l'environnement. Et il y a des représentants d'Enbridge, il y a des représentants du
ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, du ministère des Ressources
naturelles, des Affaires municipales, etc., alors, ça, cette unité de vigilance, elle fonctionne actuellement. Moi, je vous
dirais que c'était celle qui m'apparaissait, en tout cas, la plus
déterminante et directe pour les citoyens du Québec.
• (17 h 10) •
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Marie-Victorin.
M. Drainville : Oui. Puis d'ailleurs vous avez raison de
dire que l'unité de vigilance dont vous nous parlez, c'était une des 18 recommandations, effectivement, du rapport. Donc, c'est une mesure que nous accueillons très
positivement.
Par ailleurs, dans votre annonce du 30 mai,
vous confiez à la firme Dynamic Risk Assessment Systems le mandat d'étudier les impacts, en matière de sécurité et
d'environnement, de l'inversion de la ligne et vous vous engagez à rendre
public ce rapport. Est-ce que, dans votre
esprit, ça répond à la recommandation 3 du rapport, c'est-à-dire
qu'Enbridge dépose au ministère du
Développement durable ses données d'inspection afin qu'un expert indépendant
évalue l'intégrité de l'oléoduc et
les pratiques d'entretien et d'inspection? En d'autres mots, est-ce que cette
firme-là va s'adresser à Enbridge pour obtenir d'Enbridge les données
qui vont lui permettre, après ça, de bien faire son travail?
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
D'abord, premièrement, ce dont vous parlez, c'est-à-dire le rapport de la firme
Dynamic Risk Assessment, c'est... D'abord,
le rapport fait. Et, le rapport, nous nous sommes engagés à ce qu'il soit rendu
public, il va être rendu public, d'une part. Ça, c'est la première des
choses, et ça va faire partie des choses également qui vont être discutées au
sein du comité de vigilance.
Maintenant,
deuxièmement, ce que j'aimerais rappeler peut-être de ce qu'il y a de nouveau aussi
qui a été fait... Parce qu'encore une
fois, comme vous le savez, ils sont allés devant l'Office national de
l'énergie, et il y a eu, le 14 mai dernier... Et je pense que c'est
important de le dire parce qu'il y a eu plusieurs mesures qui ont été annoncées
par le gouvernement fédéral pour rehausser
la sécurité des pipelines, et, entre autres, l'introduction de ce que le
gouvernement fédéral a appelé la
responsabilité absolue pour tous les pipelines réglementés par l'ONE. Et, selon
le principe, l'exploitant est
responsable des frais, des dommages et intérêts sans égard à la faute jusqu'à
concurrence de 1 milliard pour tout grand oléoduc. Alors, ça, c'est une nouvelle mesure qui est très sérieuse. Et
moi, si je m'appelais Enbridge, je peux simplement vous assurer que je
devrais m'assurer fortement que mon pipeline soit sécuritaire.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Marie-Victorin.
M. Drainville :
Oui. Puis, effectivement, ça répond à une autre des recommandations de la
commission parlementaire à l'effet que le fédéral modifie sa
réglementation. Là, je la cherche...
M.
Arcand :
...par exemple, on dit : «D'exiger [...] un plan...»
M. Drainville :
«Que le gouvernement fédéral revoie l'ensemble de ses lois touchant le
transport du pétrole afin de
maximiser la sécurité...» Bon, là, ce n'est pas l'ensemble des lois touchant le
pétrole, on parle davantage des pipelines, là. Mais enfin disons que ça
y répond en partie.
Vous avez
raison, en passant, sur l'étude de Dynamic Risk Assessment, c'est,
effectivement, notre gouvernement qui
avait commandé l'étude, et elle n'attendait que sa divulgation, son
dévoilement. D'ailleurs, vous prévoyez la rendre publique quand?
M.
Arcand : Je pense que c'est d'ici les prochaines
semaines, hein? Je pourrais vous dire, disons, d'ici la fin août.
M. Drainville :
Mais allons-y rapidement, M. le ministre, parce que j'ai l'impression qu'on
va manquer de temps, là. Moi, ce qui
m'intéresse, là, c'est... D'abord, sur la 1, je vous en ai parlé tout à
l'heure, vous me dites : Enbridge nous
disent que ça va desservir d'abord et avant tout les raffineries québécoises,
mais je ne leur ai pas demandé une garantie à l'effet que ce serait le cas pour l'avenir, etc. Pourquoi on ne leur
demande pas une garantie que ce sera le cas? Il me semble que c'est une demande
raisonnable, ça. Que le pétrole de l'Alberta vienne chez nous, ça va dans la
mesure où ça bénéficie d'abord et
avant tout à l'économie québécoise et aux Québécois. Alors, qu'on demande une
garantie à l'effet que ce sera le cas pour la durée de vie du pipeline,
ça m'apparaît raisonnable, ça. Non?
M.
Arcand : Écoutez, je
pense que d'abord,
premièrement, vous le savez, l'évolution de la situation
énergétique change constamment. Peut-être
que les mesures que nous allons faire vont faire en sorte qu'on va avoir besoin
de moins en moins de besoins
d'hydrocarbures. Alors, de vouloir demander à la compagnie de garantir à 100 %, je pense que c'est un petit peu
exagéré. Moi, je pense que vous devriez comprendre d'abord, premièrement, que
le pipeline, il arrête à Pointe-aux-Trembles,
en partant, et il a été fait, d'abord et avant tout... ce projet-là a été fait
pour la relance des entreprises de
l'est de Montréal. Et, dans tout ce que j'ai vu, moi, sur ces dossiers-là, il
est clair que c'est pour le marché québécois de façon à peu près absolue. La seule chose, c'est que de dire à une
compagnie : Écoutez, pour la durée de vie du pipeline, vous n'aurez jamais l'occasion de vendre une
goutte de pétrole à qui que ce soit ailleurs qu'au Québec, c'est peut-être
un peu exagéré. Mais l'objectif qui est recherché, c'est que ça desserve le
marché québécois d'abord et avant tout.
M. Drainville :
C'est parce qu'il y a une préoccupation, Mme la Présidente. Il y a une
préoccupation chez certains qu'Enbridge
pourrait, disons, obtenir l'aval, obtenir le feu vert pour que le projet aille
de l'avant puis que, progressivement, ce
pétrole-là, qui devait desservir d'abord et avant tout les besoins du marché
québécois, desserve de plus en plus le marché de l'exportation. Il y a des craintes qui ont été exprimées là-dessus.
Alors, on essaie de s'assurer, justement, que le contrat moral qui lie les autorités québécoises,
notamment, et la firme Enbridge soit respecté pas juste pour les 12 ou 24
premiers mois, mais que ce soit respecté pour la suite des choses. Ça ne
m'apparaît pas déraisonnable.
La
garantie financière — la
recommandation 5 — d'exiger que la compagnie Enbridge ait une garantie financière
suffisante pour couvrir tous les dégâts en
cas de sinistre, incluant après la cessation de l'opération de
l'oléoduc 9B, est-ce que vous
avez l'intention, M. le ministre, de demander à Enbridge une garantie
financière suffisante pour couvrir tous les dégâts en cas de sinistre? Et on pense encore une fois,
malheureusement, là, à Lac-Mégantic. On ne peut pas s'empêcher de penser aux immenses dégâts qui ont été
provoqués par cette catastrophe, les pertes de vies humaines, évidemment,
mais tout ce qui vient avec aussi, et on
veut s'assurer qu'à l'avenir ce ne soit pas le gouvernement québécois, et donc
les bons contribuables qui nous
écoutent, qui soient pris pour éponger les dégâts qui pourraient être liés à un
éventuel déversement. Donc, est-ce
que vous avez l'intention de demander une garantie financière pour couvrir
l'ensemble des dégâts qui pourraient survenir en cas de sinistre?
M.
Arcand :
Bien, tel que je vous l'ai dit, actuellement la garantie financière, elle est
couverte par l'annonce qui a été
faite. Je dois vous dire que nous avons travaillé de concert avec le
gouvernement fédéral. Il s'agissait de donner, à ce moment-là, un
chiffre de garantie financière qui était le plus raisonnable possible dans les
circonstances, qui allait couvrir ce qui
nous semblait, à ce moment-là, un risque raisonnable. Le gouvernement fédéral a
regardé ce qui se faisait dans le
monde, voici... Et, suite à l'accident du Lac-Mégantic, je dois vous dire
qu'évidemment il y a eu énormément de pressions
qui ont été faites. Et, à la suite de ça, le gouvernement fédéral a jugé que
1 milliard, c'était quand même assez dissuasif et permettait d'avoir, donc, au niveau de l'entreprise, une
responsabilité quand même extrêmement importante. Et, lorsqu'on regarde ce qui a été fait, je dois
vous dire qu'on ne peut jamais garantir à 100 % qu'il n'y a pas de risque
quelque part, mais je pense qu'à 1 milliard,
la population est quand même passablement protégée par cette mesure-là.
D'ailleurs, ils ont fait des...
M. Drainville :
Ça vous rassure, vous? 1 milliard, pour vous, c'est suffisant? En résumé,
là.
M.
Arcand :
Bien, c'est-à-dire, écoutez, c'est une garantie de 1 milliard. Pour un
oléoduc comme ça... Évidemment, une
catastrophe peut toujours être encore plus importante que ça, mais ça se fait
selon des normes qui ont été faites ailleurs dans le monde. Et il y a eu une série de consultations qui ont été faites
là-dessus, et il semble y avoir de ce côté-là certainement, je dirais,
une approbation de la plupart des milieux, et je n'ai pas vu personne qui a
dit : Écoutez, c'est insuffisant. Il est clair que le milliard dont on
parle, c'est parmi les plus hauts standards dans le monde.
M. Drainville :
O.K. Recommandations 9 et 10. «Qu'Enbridge soutienne financièrement les
municipalités pour la mise à niveau
des équipements associés aux interventions d'urgence...» Et la 10 :
«Qu'Enbridge partage les informations relatives
au plan d'urgence [et] assure la formation continue des intervenants de
première ligne [tout en renforçant] la concertation [etc.] et tienne
annuellement des exercices de simulation.»
Donc, 9 et 10, aider
les municipalités, les soutenir financièrement pour la mise à niveau des
équipements et participer à la formation des
intervenants de première ligne, notamment par des exercices de simulation.
Est-ce que vous êtes d'accord? Est-ce que vous allez demander à Enbridge
de respecter ces recommandations?
• (17 h 20) •
M.
Arcand : Je dois vous dire qu'au ministère,
actuellement, le ministère participe à ce que j'appelle l'unité de
vigilance, et ça fait partie des choses qui sont demandées au niveau de l'unité
de vigilance, de s'assurer, justement, que ces différentes recommandations qui sont mises
en place soient quand même suivies. Alors, je pense que l'objectif que nous avons, c'est de traiter cette recommandation au niveau de
l'unité de vigilance, et nous allons nous assurer que ça se fasse.
M. Drainville : Vous allez
vous assurer que ça se fasse?
M.
Arcand : Bien, on a... Écoutez, sur cette unité-là, on a
un représentant à la
fois du ministère du Développement durable
et un représentant du ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles. Alors, s'il y a... Puis il
y a des municipalités qui sont là, et je dois vous
dire que les municipalités sont extrêmement exigeantes dans ce domaine-là également, et donc il est clair que la
compagnie va devoir s'assurer que ses pipelines sont sécuritaires.
M.
Drainville : Bien,
dans le fond, la question, M. le ministre, là, c'est : Est-ce que vous
allez demander à Enbridge de
respecter l'essentiel des 18 recommandations pour que le gouvernement du Québec
appuie le projet? Dans le fond, c'est ça, la question.
M.
Arcand : Oui, tout
à fait. Depuis le début, il y a...
M. Drainville : La réponse,
c'est : Tout à fait, oui?
M.
Arcand : Oui. Enbridge, nous
avons eu des rencontres. Pas moi personnellement, mais les membres de mon
équipe ont eu des rencontres. On a parlé des
18 conditions de la commission parlementaire, et les gens d'Enbridge nous
ont donné l'assurance qu'ils allaient respecter
ces conditions. Alors, à un moment donné, je ne ferai pas signer de contrat
formel, mais il est clair que nous sommes
présents sur cette unité-là, et nous allons nous assurer... Il n'y a pas juste
moi, d'ailleurs, comme je vous l'ai
dit, il n'y a pas juste notre ministère, il y a un autre ministère qui est
présent, les municipalités sont
présentes, Enbridge est présent et même des gens du gouvernement fédéral sont
présents, et tout le monde a intérêt, évidemment, à ce que ça fonctionne
correctement. D'ailleurs, les recommandations de la commission parlementaire faisaient partie des choses, évidemment, qui ont
été discutées aussi à l'Office national de l'énergie, et ça fait partie des
choses qui nous apparaissaient acceptables.
M.
Drainville : Est-ce
que ce serait possible, Mme la Présidente, que M. le ministre dépose la liste
des membres qui siègent sur cette
unité de vigilance? Je pense que c'est une information d'intérêt public qui
pourrait être utile pour la suite des choses. Vous me faites signe que
oui, ce serait possible?
M.
Arcand : Aucun
problème, oui.
M.
Drainville : Et
est-ce que ce serait possible également de nous déposer la liste des rencontres
qui ont déjà eu lieu? Je comprends qu'il puisse y avoir des
informations...
M.
Arcand : C'est-à-dire
qu'écoutez je pense qu'il y a eu des discussions jusqu'ici. Il va y avoir des
rencontres qui vont se faire parce
qu'on n'est pas encore tout à fait en branle actuellement. Mais ça me fera
plaisir de vous informer sur les futures rencontres, sans problème.
M. Drainville : Donc, il n'y
a pas eu de rencontre encore de l'unité de vigilance comme telle. C'est bien
ça?
M.
Arcand : Non, c'est
ça.
M. Drainville : Mais il y en
a une qui est prévue...
M.
Arcand : C'est-à-dire qu'il y
a eu des échanges qui ont eu lieu. O.K.? Mais une rencontre formelle, là, avec
des minutes, et tout ça, il n'y en a pas eu encore.
M.
Drainville : Et
l'unité de vigilance, donc, si je comprends bien, son mandat, c'est de veiller
à la mise en oeuvre des 18 recommandations de la commission
parlementaire?
M.
Arcand : Bien, pas juste ça.
Il y a, évidemment, ce que l'Office national de l'énergie a recommandé, il y a
quand même des éléments dans ça, et,
écoutez, tout le monde va passablement dans la même direction. Mais je peux
vous assurer que je vais demander à
mon ministère de s'assurer que les recommandations de la commission
parlementaire sont analysées par l'unité de vigilance. Et, s'il y a un
problème, on va intervenir.
La Présidente (Mme Léger) : ...vous
allez déposer la composition du comité de vigilance?
M.
Arcand : Oui.
M. Drainville : Et, si jamais
vous avez besoin d'un coup de main, vous m'appelez.
M.
Arcand : Oui.
La
Présidente (Mme Léger) :
Merci. On passe du côté ministériel. Alors, je cède la parole au député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci, Mme la Présidente. C'est bien gentil, cette offre
de nous aider, on...
M. Drainville :
...vous avez M. Boisclair...
M.
Bourgeois : Bien oui, c'est ça, on a déjà M. Boisclair, donc on
devrait être bons pour se débrouiller.
M. le ministre, moi,
je vais me permettre de revenir un peu sur le sujet du Nord, sujet qui m'anime beaucoup.
Nous l'avons entendu, le premier ministre a annoncé la relance du développement
du Nord avec le Plan Nord plus. L'objectif, qui est de maximiser les retombées du Nord au sud...
et le ministre des Finances a également réitéré cet engagement en annonçant dans
son premier budget une série de gestes et de mesures pour appuyer le développement
responsable des ressources naturelles au Québec, notamment la
création de la Société du Plan Nord et la mise en place du bureau de
commercialisation.
Je
crois que tous, ici, devraient s'en
féliciter. Le Plan Nord, c'est un chantier majeur de notre temps, et il
devrait être relancé avec les moyens
qui lui sont dus. Le Nord-du-Québec, c'est un immense territoire dont le fabuleux
potentiel est à peine entamé. Je ne
reviendrai pas avec Jacques Cartier comme hier parce que le député de Huntingdon nous a quittés pour quelques
instants, mais, quand même, je vais me permettre d'aller un peu plus loin sur
cet élément.
La Présidente (Mme
Léger) : On ne peut pas vraiment mentionner l'absence d'un député.
M.
Bourgeois : Ah! je m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Léger) : Il va revenir d'un instant à l'autre.
M.
Bourgeois : C'est un collègue. Donc, vous me permettrez également de
revenir un peu sur cette annonce qui a été
faite pendant la campagne électorale dans le comté d'Abitibi-Est. Quel hasard!
C'est avec grande fierté que, lorsque le chef est venu faire cette
annonce... Donc, M. le premier ministre maintenant qui est venu annoncer la
relance du développement du Nord avec le
Plan Nord plus pour maximiser les retombées du Nord au sud, et il annonçait
donc, je le cite : «Le Plan Nord
représentait une initiative globale de développement durable du Nord québécois
qui suscitait l'intérêt sur la scène
internationale et représentait l'espoir d'un avenir meilleur pour les
communautés locales, les Premières Nations et les Inuits. Moins d'un an après l'élection du Parti québécois, des
projets ont été repoussés, voire abandonnés. On parle maintenant d'un
"Plan mort".
«Un
gouvernement — je le
cite, vous comprendrez — libéral s'engage
à relancer le Plan Nord dans toutes ses dimensions,
économiques, sociales et environnementales, en reprenant où nous avons laissé,
et en ajoutant au projet original une offensive
majeure pour créer des emplois et des retombées qui profiteront à toutes les
régions. Enfin, on va s'occuper des vraies affaires dans les régions», a
déclaré le premier ministre.
Fier de cette annonce et du résultat qui s'ensuivit, il me
fait plaisir aussi de rappeler quelques engagements, puisque notre gouvernement a mis en place
la Société du Plan Nord pour coordonner le développement sur cet immense
territoire regroupant l'ensemble des partenaires, dont la majorité des
membres sont indépendants du gouvernement.
Dans le but de maximiser les retombées à travers les
régions, Mme la Présidente, le bureau d'approvisionnement sera intégré à la Société du Plan Nord pour faire
connaître aux entreprises de tout le Québec les besoins en fournitures, en équipements de toutes sortes afin d'associer le
sud à cet immense développement et également de mieux faire connaître les fournisseurs de machinerie, les équipementiers
et les sous-traitants industriels pour ainsi favoriser l'interaction entre
les grands donneurs d'ordres et les entreprises de l'ensemble du territoire
québécois. Un mandat spécial sera donné à Québec
Ressources, filiale
d'Investissement Québec, afin de faire connaître les besoins des grands
donneurs d'ordres et accompagner nos entreprises dans leur
développement.
Évidemment,
la mise en place de ces outils nous permet, justement, de pouvoir bien
accompagner les entreprises et
s'assurer que, dans le fond, cette opportunité pourra les mener aussi à
d'autres projets. Nous développerons ainsi au Québec un réseau de
fournisseurs et d'équipements de calibre mondial dans les secteurs des mines,
de la forêt et de l'hydroélectricité. Parce
qu'il faut bien comprendre, plusieurs ont associé le Plan Nord
au départ à une stratégie seulement minérale,
mais ce n'est pas le cas. Il y a dans cet immense territoire plein
d'opportunités dans plusieurs domaines d'activité économique. Ceux-ci en sont quelques-uns. Je
pourrais ajouter le tourisme, je pourrais ajouter aussi l'habitation, puisque,
seulement pour répondre aux besoins en
habitation de l'ensemble des communautés du territoire du Nord-du-Québec, du Nunavik et du secteur nord-côtier, déjà là, il y a encore
aussi un très grand potentiel.
• (17 h 30) •
Puisqu'il
est important que tout le Québec profite des retombées économiques qui seront
créées par la relance du Plan Nord,
nous nous sommes engagés à partager une partie des redevances issues de
l'exploitation des ressources minières, pétrolières et gazières, cela
afin que les municipalités et les communautés locales et autochtones aient un bénéfice direct à s'engager dans le développement minier, pétrolier et gazier de leur communauté,
ainsi que la capacité de le soutenir,
et afin que les générations futures puissent bénéficier de ce développement à
la fois économique et social. M. le
premier ministre a déclaré : «Développer le Nord, c'est aussi accroître le
versement au Fonds des générations et réduire
le poids de la dette. C'est un legs extraordinaire que nous, les libéraux,
voulons laisser aux générations futures.» Là-dessus, je pense que le
député de Chauveau doit aussi être en accord avec ce fait.
Investir stratégiquement
pour le développement du Nord, ça se fait de la façon suivante :
premièrement, en encourageant
l'approvisionnement en gaz naturel au nord du 49e parallèle vers Sept-Îles
afin de desservir la Côte-Nord, dernière région à forte intensité
industrielle toujours privée de cette énergie; deuxièmement, favoriser une
entente de co-investissement entre des entreprises pour le désenclavement de la
fosse du Labrador, ce qui permettrait d'aller de l'avant vers un lien ferroviaire reliant le gisement de fer de la fosse
du Labrador vers le port de Sept-Îles; relancer le projet de cabotage sur la Côte-Nord en collaboration avec
les armateurs du Saint-Laurent et en faire un projet pilote pour une période de cinq ans dans le cadre de la stratégie
maritime; participer à la réfection d'un quai long de 560 pieds qui est
vital pour le développement économique de
Port-Cartier dans le cadre de la stratégie maritime. Ces mesures vont nous
permettre de répondre adéquatement aux besoins identifiés pour faire la
stratégie avec les investisseurs étrangers qui viendront réaliser des projets
d'envergure avec nous pour pouvoir développer le Québec comme nous le souhaitons.
La mise en
place de nouvelles règles pour maximiser les retombées économiques locales en
matière d'emploi et de contrats
locaux prévoyant notamment des programmes de formation adaptés aux besoins des
jeunes autochtones fait aussi partie de cette stratégie.
Il créera un
réseau de soutien à la recherche et au développement des connaissances qui
figurait dans le Plan Nord original et qui avait suscité l'intérêt de
près de 65 organisations du réseau universitaire représentant un potentiel
de 1 750 chercheurs. Mme la Présidente, je termine. Ce réseau...
La Présidente (Mme Léger) : ...
M. Bourgeois : Ah oui? Ah! je
pensais que vous aviez l'intention de...
La Présidente (Mme Léger) : Non.
Vous avez tout le temps que vous voulez.
M. Bourgeois : Parfait. Ce réseau contribuera à la planification
écologique du développement et à une amélioration des connaissances du
Nord dans ses dimensions économique, sociale et environnementale.
Pour relancer
le Plan Nord, il faut travailler ensemble avec les communautés autochtones et
les impliquer dans notre démarche. Il
faut aussi prioriser le respect de l'environnement et le développement durable
tout en créant de la richesse avec
une vision pour les générations futures. Il faut fournir à tout le Québec, des
régions ressources aux régions maritimes, les moyens de se développer et de
participer pleinement au potentiel de ces projets. C'est ce que nous visons
avec ce grand projet de société.
M. le ministre, j'aimerais connaître quels sont
les gestes concrets que vous entendez faire pour participer au développement
harmonieux et économique du Nord du Québec.
Le Président (M. Morin) : M.
le ministre.
M.
Arcand : Bien, je
remercie infiniment mon adjoint parlementaire, le député d'Abitibi-Est, pour
cette question-là, ce qui me permet, d'une
part, de parler du Plan Nord, qui est pour moi... Vous savez, c'est quelque
chose d'absolument extraordinaire
parce qu'il y a peu de sociétés au monde qui ont vraiment un territoire aussi
vaste et dans lequel il y a autant d'opportunités. Et on est toujours
mal placé pour se juger, mais moi, je me rappelle très bien d'un éditorial en
2012 qui avait été fait, à ce moment-là, par le New York Times — ce
n'est quand même pas rien de se retrouver
dans un éditorial du New York Times — où on a parlé du Plan Nord comme étant
vraiment un projet... probablement, dans le monde, un des plus extraordinaires projets qui pouvaient exister parce que c'est un
projet dans lequel on pouvait à la fois faire du développement durable,
on pouvait respecter l'environnement, faire le développement économique. On
pouvait, dans une situation où... Également, on pouvait probablement corriger
aussi avec une meilleure prospérité économique...
on pouvait corriger certaines des injustices qui ont été faites par le passé,
et qui fait que plusieurs communautés, plusieurs
groupes autochtones dans le Nord n'ont pas, évidemment, le niveau de vie
qui est celui du sud, évidemment.
Tout le monde reconnaît également que, dans le
Nord, il y a des défis en matière de logement, en matière d'habitation, il y a également des défis
sociaux de façon générale. Il y a aussi d'extraordinaires moyens de réaliser de la
prospérité dans le Nord, particulièrement avec la fosse du Labrador. Alors,
c'est 120 000 habitants qui se partagent 1,2 million de kilomètres carrés. C'est 72 % de la superficie totale du Québec.
Et à cet endroit il y a, d'une part, un mélange de ressources naturelles qui peuvent être
exploitées et qui sont très riches, dans un premier temps, particulièrement dans la fosse du Labrador.
Et, deuxièmement, je vous dirais qu'il y a, évidemment, des ressources à la fois forestières, fauniques absolument
exceptionnelles.
Et notre rôle est vraiment de relancer le Plan
Nord. Et la chance que nous avons, je vous dirais, c'est qu'à l'époque — puis c'est peut-être un message que je
pourrais lancer aujourd'hui aux gens de l'opposition — lorsque nous avons vraiment ouvert la machine, en 2010, 2011 et 2012, sur la
question du Plan Nord, on était quand même assez près d'une élection, et donc plusieurs ont considéré
que c'était une façon un peu partisane d'aborder cette question-là, que c'était
pour nous aider en campagne électorale, et
ainsi de suite. Je vous dirais, cette fois-ci, on est en début de mandat, on
sait exactement à quelle date il y
aura une élection suite à la loi qu'a passée le député de Marie-Victorin. Je pense qu'on devrait essayer
de discuter du Plan Nord dans un esprit le moins partisan possible, en
essayant, autant que possible, de voir les bénéfices que l'on peut y
trouver pour l'ensemble des citoyens.
Moi, la
question du Plan Nord, c'est une question qui est formidable parce qu'il y a
peu de sociétés dans le monde qui ont
la chance de véritablement avoir un territoire de cette nature que l'on peut
développer. Et tout le monde va reconnaître, dans le sud et dans à peu près n'importe quel pays du monde, que parfois les
développements se sont faits de façon assez anarchique. Cette fois-ci, on a une chance extraordinaire, avec le Plan Nord, de pouvoir faire un développement du XXIe siècle
et d'une façon absolument exceptionnelle. Et je pense qu'il y a non seulement
une industrie sur le plan économique,
l'industrie des ressources naturelles, mais il y a également, je dirais,
un potentiel touristique, des productions bioalimentaires à mettre en valeur, respect de la nature, travail avec
les différentes communautés là-bas. Je pense que c'est un immense territoire et c'est un plan immense, et
ce n'est pas pour rien qu'on a appelé ça le chantier d'une génération. Je pense que nous avons pris l'engagement de
reprendre ce projet, de rétablir la confiance, de pouvoir travailler, au cours
des prochaines années, à améliorer la situation de ces communautés dans le Nord.
D'ailleurs,
dans le Plan québécois des
infrastructures qui est maintenant
devenu public, on a parlé, dans ce plan de 2014 à 2024, dans ce qui a été annoncé, d'investissements dans le
Nord de 1,2 milliard de dollars pour les 10 prochaines années. Et ces investissements sont des
investissements très importants, il y
a à la fois à l'intérieur de ça des
prolongements de routes, le
prolongement de la route 138, le prolongement de la route 167. Il y a
également la construction de logements au Nunavik. Il y a la création de
quatre ports nationaux dans le Nord du Québec.
• (17 h 40) •
Hier, j'étais avec le
ministre fédéral des Ressources naturelles parce que nous allons interpeller
également le gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral veut
aller dans le Nord, et nous le lui avons dit clairement hier, que le Nord, ce n'était pas seulement le
Nunavut, il y avait également les territoires du Plan Nord qui sont importants.
Et, le gouvernement fédéral, entre un
citoyen du Nunavik et un citoyen du Nunavut, dans notre esprit ce sont des
citoyens qui vivent dans des régions
nordiques, et le gouvernement fédéral devrait autant aider les gens du Nunavik,
par exemple, qu'ils aident les gens
du Nunavut actuellement. Iqaluit ou
Kuujjuaq, là, on est dans la même sphère au
moment où on se parle.
Donc,
nous avons des plans très précis, on
a annoncé des efforts particulièrement importants. Si vous vous rappelez,
dans le dernier budget on a annoncé
100 millions de dollars pour la formation des communautés autochtones. On
parle aussi de planification d'une
école de métallurgie modulaire à Chibougamau, on parle de centres
multifonctionnels. Et on parle aussi
d'un travail très important pour, je dirais, désenclaver actuellement le port
de Sept-Îles parce que le port de Sept-Îles
est très important pour l'avenir du Plan Nord. Et il y a eu, au fil des
dernières années, différents conflits, il faut régler ces conflits-là.
Puis
j'aurai l'occasion, d'ailleurs, de revenir cet automne... On sera assez occupés
en commission parlementaire cet
automne parce que j'aurai l'occasion de revenir avec un projet de loi pour
créer la Société du Plan Nord. C'est une société qui va être en mesure de gérer une grande partie, évidemment, de
tout ce qui se passe au niveau du Nord, et je pense qu'il y a des éléments dans ça qui vont être très
importants pour l'avenir des Québécois. Et j'ai toujours eu l'occasion de le dire, et je le dis vraiment avec beaucoup de
passion : Le Nord, ce n'est pas seulement pour les citoyens du Nord.
Le Nord et le développement du Plan Nord,
c'est une opportunité extraordinaire pour toutes les régions du Québec. Qu'on
soit en Outaouais, qu'on soit dans les
Cantons-de-l'Est, qu'on soit dans la région de Québec, qu'on soit partout au
Québec, il y a des opportunités extraordinaires pour nos entreprises, et
je pense que c'est majeur.
J'aurai
l'occasion également, au cours de l'été — dans les prochains jours, d'ailleurs — de visiter certains projets qui, sur le plan du développement énergétique,
développement durable, sont des projets très fascinants. Par exemple, la
mine de Raglan, dans laquelle il y aura un
projet d'éolienne avec de l'hydrogène. Je sais que plusieurs de mes députés,
d'ailleurs, me disent : Il me semble
qu'il y a un potentiel d'avenir pour l'hydrogène parce que, dans certains
domaines, c'est vraiment une énergie
qui est propre, c'est une énergie qui a le mérite d'être... devrait être
exploitée davantage. Alors, il y a des projets formidables.
Je
pense que, le Québec, on a véritablement une possibilité d'être une tribune
extraordinaire pour le monde entier. Et
moi, je peux vous le dire parce que j'ai eu l'occasion de parler à la ministre
des Relations internationales, dans toutes les délégations du Québec
partout à travers le monde, actuellement les gens leur parlent encore du Plan
Nord, puis : Qu'est-ce que vous allez faire? Qu'est-ce qui va se passer au
niveau du Plan Nord?
On a annoncé, au
cours de la dernière semaine, un investissement important dans la région de
Port-Cartier, l'investissement de
FerroAtlántica. Ça s'est fait en 2011, le premier ministre du Québec était allé
en Espagne rencontrer cette
entreprise. Cette entreprise y a vu des possibilités extraordinaires, et
finalement, évidemment, l'investissement est arrivé, 300 emplois,
véritablement des projets d'avenir pour les gens de la région de Port-Cartier.
Alors,
je pense que le Plan Nord, c'est ça. C'est une amélioration du niveau de vie de
nos citoyens du Nord et un développement
qui peut se faire d'une façon exceptionnelle, où on mesure le développement
économique et, évidemment, le respect de l'environnement.
Le
Président (M. Morin) : Merci, M. le ministre. Vous arrivez en
plein dans votre temps. Donc, la parole revient au député de
Marie-Victorin. À vous la parole, monsieur.
M. Drainville :
Merci, M. le Président. On a un nouveau président, on est contents, contents de
vous voir.
Alors
là, on va juste terminer le petit bout sur Enbridge. Mais, juste avant de
terminer un petit bout sur Enbridge, je
veux juste dire à mon honorable collègue d'Abitibi-Est, là, quand il parle, là,
du Plan Nord sous le gouvernement du Parti
québécois... Je veux juste attirer son attention sur le fait que, dans notre
Plan québécois des infrastructures, nous, on mettait 1 350 000 000 $ pour le développement
nordique, et, dans le tout dernier budget qui vient d'être déposé, le Plan Nord ne va chercher que 1,1 milliard.
Donc, on mettait plus d'argent, nous, pour le développement nordique,
1,3 milliard dans le Plan québécois des infrastructures 2013-2023, que le
gouvernement libéral en met, lui, pour le plan 2014-2024. Vous mettez 200 millions de moins pour le
développement du Nord, je veux juste attirer votre attention là-dessus.
Et je veux attirer votre attention également sur
le fait que, la programmation du ministère des Transports, les deux régions où ça baisse le plus sous votre
gouvernement, c'est le Nord-du-Québec et la Côte-Nord. C'est des diminutions de 40 %, ça, de la
programmation du ministère des Transports pour 2013-2015, une diminution de
44 % pour la Côte-Nord puis une diminution de 45,8 % pour le
Nord-du-Québec.
Ça fait que,
si c'était si important que ça, le Nord, pour le gouvernement libéral, M. le
Président, il me semble qu'ils ne
couperaient pas de 45 % dans la programmation du ministère des Transports
quand on sait que les infrastructures de
transport sont toujours un élément très important pour amener des
investissements dans une région donnée. Je fais juste dire ça en
passant, juste un petit élément d'information. C'est toujours utile d'être bien
informé.
Maintenant, sur la question d'Enbridge, juste
une dernière question, dans le fond, M. le ministre. Si jamais Enbridge... Si les conditions de l'inversion du
pipeline se compliquaient, notamment parce qu'Enbridge ne respecte pas les conditions qui ont été émises dans le rapport
de la commission parlementaire, là, les 18 conditions, est-ce qu'il serait
envisageable, à ce moment-là, voyant que le
Québec, dans le fond, n'y trouve peut-être pas son compte, pas autant, en
tout cas, que prévu ou, en tout cas, que les
recommandations de la commission ne sont peut-être pas respectées à un niveau
acceptable par le gouvernement du Québec...
est-ce qu'il serait, à ce moment-là, envisageable que le gouvernement du
Québec demande à Enbridge de verser une
redevance pour l'utilisation de son territoire pour le projet? Dans le fond, en
contrepartie de la réalisation du projet,
est-ce que ce serait possible que le gouvernement du Québec dise : Bien,
écoutez, on vous a donné 18
conditions, là vous ne semblez pas en mesure de les respecter toutes, alors,
voyant cela, on veut s'assurer que
les Québécois en aient pour leur argent, et donc on va demander une sorte de
compensation financière à Enbridge pour
s'assurer, justement, qu'il y a un traitement équitable qui est réservé au
Québec, face au Québec et face aux citoyens québécois? C'est un peu le même esprit, dans le fond, qui anime le
gouvernement de la Colombie-Britannique face au projet Northern Gateway.
M.
Arcand : Écoutez,
premièrement, je voudrais juste, avant de répondre à votre question, juste
quelques instants revenir quand même... Je
ne peux pas laisser passer la question du Plan Nord. Je pense que tout le monde
sait que ce qui avait été déposé à
l'époque n'avait aucune base budgétaire, alors vous avez pu mettre les chiffres
que vous vouliez. Que ce soit en
matière de politique d'innovation et de recherche, que ce soit en matière de
Plan Nord, que ce soit en matière de
n'importe quoi, il n'y avait pas de base budgétaire. Nous, on a déposé un plan
avec des crédits budgétaires. Alors,
nous, c'est très clair que ce que nous avons sur la table, ce sont des choses
qui sont très directes et sur lesquelles il y a vraiment une base budgétaire qui existe. Alors, je voulais juste
revenir là-dessus parce que vous, vous n'en aviez pas, de base budgétaire, et ça a été, d'ailleurs,
décrié par tout le monde. Alors, je ferme la parenthèse là-dessus parce que...
M. Drainville : Si je peux me
permettre, M. le ministre, vous vous trompez d'année, là. Là, je vous parle du
PQI de 2013-2023. Celui-là, il n'y a pas de question là-dessus, là.
M.
Arcand : Oui, mais
en tout cas...
M. Drainville : Je veux juste
vous dire ça en passant, là. Vous comprenez?
M.
Arcand : Non, mais je fais
simplement vous dire quand même que, de façon générale, vous le savez, les
chiffres que vous avez établis au fil du temps, ils manquaient pas mal
de base budgétaire de façon importante.
M.
Drainville : Oui,
mais là on ne parle pas de la bonne année, là. Là, vous nous parlez de... Je
comprends de quoi vous nous parlez,
du rapport du VG. Mais ce que je vous dis, c'est que les chiffres que je vous
donne là, c'est les chiffres de l'année d'avant, l'année sur laquelle il
n'y en a pas, de question.
M.
Arcand : En tout
cas, on ne fera un débat, là, je vais essayer de répondre à votre...
M. Drainville : Et on en
mettait plus...
La Présidente (Mme Léger) : On va
laisser la parole au ministre maintenant.
M. Drainville : Non, mais il
faut...
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député, vous allez avoir le temps de revenir.
M.
Arcand : Je vais tenter de
répondre à votre question. Mais, comme vous le savez, là-dessus nos chiffres
sont publics, c'est transparent. Pour employer une expression, ce que
l'on a, c'est ce qui existe véritablement.
Maintenant,
pour répondre à votre question, la première chose, c'est que nous, on travaille...
Quand on reçoit des entreprises au Québec, qui interviennent au Québec,
on essaie quand même d'avoir une base de confiance, hein? On demande des choses aux entreprises. Les
entreprises nous demandent des choses, nous demandent de les aider. Il y a une
négociation qui existe. Il y a un projet, on
regarde le pour et le contre, on fait ce qu'on doit faire. Ce n'est pas a
priori des ennemis. O.K.? Alors, on
travaille avec cela. Et on a créé, comme on l'a dit dans le cas d'Enbridge, une
unité de vigilance. L'unité de vigilance va se réunir, on va faire le
travail qui doit être fait comme gouvernement.
Ce dont vous me parlez n'a jamais été demandé,
d'ailleurs, dans le dossier d'Enbridge par ma prédécesseure. Jamais elle ne m'a
parlé, jamais on n'a discuté...
• (17 h 50) •
M. Drainville :
Non, c'est moi qui vous le demande.
M.
Arcand : C'est ça,
c'est vous qui me le demandez.
La Présidente (Mme Léger) : Je vais
laisser le ministre répondre. Vous allez avoir le temps, M. le député de Marie-Victorin.
M. Drainville : Oui, oui.
Non, non, mais c'est correct, là.
La Présidente (Mme Léger) :
Terminez.
M.
Arcand : Vous savez, un gouvernement peut toujours
intervenir lorsque la situation devient difficile. Je prends pour acquis cependant que, dans le cas
d'Enbridge, il y a manifestement une bonne volonté de la part de l'entreprise de vouloir réaliser son
projet et de vouloir réaliser son projet dans des conditions qui sont
optimales. Alors, en ce sens-là, il n'y a pas de problème.
Dans d'autres
cas, je peux vous le dire, dans le cas du Plan Nord, vous le savez probablement, mais il y a actuellement un enjeu dans lequel, je vous dirais, autour du
port de Sept-Îles... il y a des difficultés actuellement dans lesquelles
le gouvernement va devoir utiliser un peu son muscle probablement... ses muscles, je devrais dire, pour l'avenir parce qu'il y a différents enjeux actuellement autour du port de Sept-Îles. Il y en a qui ont des terrains et qui font en
sorte qu'évidemment il n'y a pas de passage
facile vers le port de Sept-Îles.
Alors, dans ce cas-là, le gouvernement intervient. Je ne vois pas, à ce stade-ci, dans le projet d'Enbridge, dans
l'attitude qu'ils ont actuellement, la nécessité d'examiner des mesures comme
celles dont vous me parlez actuellement.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Marie-Victorin, vous pouvez intervenir, là.
M.
Drainville : Très
bien. Non, non, mais moi, je ne suis pas en train de dire — comment dire? — que la collaboration d'Enbridge n'est pas au rendez-vous, là, ce que je... Je
vous pose des questions. J'essaie, dans le fond, de voir, si jamais ça ne fonctionnait pas... Puis là
vous auriez le loisir de me répondre : C'est une question hypothétique,
là. Et c'est vrai que c'en est une,
mais en même temps je veux juste mesurer un peu votre niveau d'ouverture à une
mesure correctrice comme celle d'une
redevance, par exemple, qui pourrait assurer, justement, un traitement
équitable pour le Québec et pour ses citoyens.
Alors, vous me dites : On n'en est pas là, mais le gouvernement doit
s'assurer que tout se passe bien. Donc, vous ne fermez pas la porte
complètement.
M.
Arcand : Vous savez, le
gouvernement, M. le député, fait des budgets à chaque année, peut imposer des
taxes, peut imposer une série de mesures à chaque année de façon
différente selon les circonstances. Alors, on a toujours ce pouvoir-là comme gouvernement et on essaie de
l'exercer de la meilleure façon possible, dans l'intérêt des Québécois. Et, comme vous le savez, ces discussions-là qu'on
a avec les entreprises, on le fait en s'assurant que les entreprises font...
Évidemment, tant mieux si elles font un profit, c'est important qu'elles en
fassent, mais il faut également que les Québécois
en aient pour leur argent aussi, que ça crée des emplois, que ce soit quelque
chose qui soit des emplois de haute qualité
pour l'avenir. Alors, c'est une négociation que nous avons dans chacun des cas
et une négociation qui est la plus profitable. Puis moi, je dois vous
dire très franchement, je crois au scénario gagnant-gagnant. Je pense que c'est
très important que, dans ça, on soit tous gagnants de façon claire.
M.
Drainville : J'aime
bien votre attitude, je dois dire, votre attitude qui n'est pas dogmatique, qui
est une attitude pragmatique où vous
dites : Ça doit être gagnant-gagnant. Donc, ça doit être gagnant,
évidemment, pour l'entreprise, mais il faut que ce soit gagnant également pour
les citoyens, pour le Québec, pour notre économie, pour notre environnement,
pour notre territoire, hein? Donc, j'aime bien cette attitude-là.
Passons maintenant, si vous me le permettez, à...
Parce qu'il nous reste à peu près une dizaine de minutes, là, j'aimerais ça qu'on se jase un peu de l'évaluation
environnementale stratégique... Enfin, vous en avez annoncé deux, une pour Anticosti et une autre plus globale. Je dois
vous dire, M. le ministre, il y a quand même un certain nombre d'intervenants — appelons-les comme ça, là — ou de parties prenantes qui nous ont dit
qu'ils trouvaient que les EES, telles que vous les aviez annoncées, baignaient
dans un certain flou artistique. Ils ont un petit peu de difficultés à savoir
où vous vous en allez avec ça, ils
aimeraient en savoir davantage, notamment sur toute l'étape de consultation,
là, qui va précéder le dépôt du rapport, en particulier le rapport de
l'EES générale à l'automne 2015, si je ne m'abuse.
Est-ce que
vous pouvez déposer à cette commission des documents qui pourraient permettre
éventuellement à certaines des ces
parties prenantes ou certains de ces intervenants d'en savoir davantage sur le
processus qui va... les règles, dans le fond, qui vont régir les deux
évaluations environnementales stratégiques? Pouvez-vous nous... Y a-tu des
documents que vous pouvez déposer? Ça nous éviterait de jaser de ça,
puis on pourrait passer à d'autres dossiers ou...
M.
Arcand : Bien,
premièrement, je vais vous répondre, la meilleure façon... Vous savez, ce n'est
pas la première fois que je fais une EES,
j'en avais fait une sur le gaz de schiste, si vous vous rappelez bien, à partir
de début 2011, dont le rapport a été
fait. Sur la question des EES, il est clair que la première chose qu'il faut
dire par rapport à cela... Je peux
vous envoyer l'information, ce que j'ai actuellement, mais on aura l'occasion,
au cours des prochaines semaines, d'avoir
plus de détails qui vont être faits de ce côté-là. Comme vous le savez, il y a
deux EES : il y a une EES globale, il y a une EES spécifique sur la question
d'Anticosti. Si vous vous rappelez, M. le député, la première EES que j'avais
faite à ce moment-là, en 2011, il y avait
toujours certains éléments... c'était presque une bataille entre certains
groupes environnementaux et des
membres de l'industrie. Les gens de l'industrie trouvaient qu'ils n'avaient pas
assez de membres sur l'EES, les
groupes environnementaux se disaient sous-représentés. Il y avait eu certaines
tensions. Il me semblait que les gens
qui composaient l'EES à ce moment-là étaient des gens qui étaient très compétents
et neutres face à ça, et ceux qui ne l'étaient pas, neutres, étaient
clairement identifiés. Alors, ça, c'était lors de l'EES de 2011.
Maintenant,
je dois vous dire que, cette fois-ci, l'objectif, c'est que l'EES soit la plus
scientifique possible. Donc, qui sera appelé? Certainement, peut-être,
une institution québécoise qui sera appelée à travailler dans ce domaine-là.
Qu'est-ce qu'on demande comme tel...
M. Drainville : ...par
exemple?
M.
Arcand : Pardon?
M. Drainville : Pensez-vous à
l'Institut Maurice-Lamontagne?
M.
Arcand : Écoutez, je ne veux
pas, à ce stade-ci... Je sais qu'il y a des discussions, mais ça va être une
institution québécoise qui aura un
caractère scientifique, non partisan, qui sera non seulement appelée à
travailler, je dirais, avec les gens...
Il y aura des consultations, bien sûr. Dans toutes les EES, il y a des
consultations qui se font. Et le but, d'une part, c'est... Il y a différents objectifs. Vous avez,
par exemple, dans le cas de l'EES... S'il s'agit d'Anticosti, entre autres,
parce qu'on parle de celle-là
beaucoup actuellement, c'est de dresser l'état de la situation, encadrer les
activités d'exploration, d'évaluer le
potentiel. Parce qu'il n'y a pas juste la question environnementale dans le cas
d'Anticosti, il faut que les gens voient
est-ce que vraiment, dans le cas d'Anticosti, si on y trouve, par exemple, du
pétrole, est-ce que véritablement, sur le plan économique, ça peut faire
du sens. Il faut analyser. Est-ce que ça vaut la peine de construire un port à
Anticosti? Qu'est-ce qu'on va faire avec ça?
Est-ce que c'est vraiment rentable pour les Québécois? Est-ce qu'on parle de
2 000, 5 000, 10 000,
40 000 puits, je ne sais pas? C'est ça qu'il faut véritablement évaluer.
Donc, je pense que c'est bien important, et de prévoir les mesures de suivi, d'encadrement si on voit
véritablement, là, qu'il y a un potentiel. On a parlé, à un moment donné, de plusieurs non pas millions, mais
milliards de barils de pétrole. Je ne peux pas vous répondre aujourd'hui si
c'est vrai ou pas vrai.
Alors, c'est
un peu l'orientation qui est donnée. Je peux vous annoncer aujourd'hui que
j'aurai l'occasion, dans les
prochaines semaines, de me rendre à Anticosti. À ce moment-là, sur l'EES
d'Anticosti, on va donner des détails encore plus importants. Je peux
vous faire part de ce que nous avons à ce stade-ci sur nos orientations
générales.
Et, dans le
cas, je dirais, de l'EES plus globale qui va avoir lieu, je pense que la
première chose — c'est ce
qu'on a annoncé, d'ailleurs — c'est que nous allions... Il
y a tellement eu d'études sur, je dirais, les différents enjeux que le premier travail qui doit se faire à l'automne pour
l'EES globale, c'est de faire, si on veut, un résumé de toutes ces études
et d'y dégager peut-être les meilleurs
consensus possible à ce stade-ci pour qu'on puisse véritablement savoir
vraiment, là, qu'est-ce qui est le
plus consensuel. Le grand défi que nous avons en matière d'hydrocarbures... Et,
dans ce domaine-là, c'est sûr qu'il
n'y a jamais personne qui va vous dire qu'il n'y a aucun risque à faire du
développement tel qu'il est. La question
est de calculer exactement le niveau de risque et, si ce niveau de risque là
est faible, est-ce qu'économiquement c'est
dans le meilleur intérêt des Québécois. C'est ça, actuellement, qu'on essaie de
voir de ce côté-là et de faire en sorte véritablement que, pour les Québécois... Je pense qu'il faut identifier
aussi ce qui manque en termes de connaissances, et donc, à ce moment-là,
on pourra avoir un mandat beaucoup plus précis.
Et ça me fera
plaisir, M. le député, de vous donner là-dessus toute l'information. Moi, je n'ai pas de parti pris au départ. Particulièrement sur le cas d'Anticosti, on a essayé d'avoir une
vision qui est la plus objective
possible dans ça et on va continuer dans cette direction.
• (18 heures) •
M. Drainville : O.K. Mais je
comprends, vous nous dites : Restez à l'écoute, on va préciser. Mais moi, malheureusement, je n'aurai pas beaucoup de temps
avec vous, là. On va passer encore un peu de temps ce soir, c'est bien
agréable, mais après ce soir, là, c'est bye, bye, mon cowboy, on se revoit
seulement à l'automne, là. Y a-tu moyen d'avoir
quelque chose pour les gens qui veulent savoir un peu comment ça va se passer
dans les prochains mois? Parce que le rapport, il est prévu pour
l'automne, là. Ça fait que, tu sais, d'ici l'automne, il va se passer de quoi,
là?
M.
Arcand : Non, non, non, là. M.
le député, juste pour vous dire, le rapport est prévu probablement, là, quelque
part au début de l'été 2015, fin du printemps, début de l'été...
M. Drainville : ...le
général?
M.
Arcand : Le
général, oui, c'est ça.
M. Drainville : Oui, mais
celui sur Anticosti, c'est plus tôt, là.
Une voix : ...
M.
Arcand :
Pardon?
Une
voix : ...
M.
Arcand : Peut-être
décembre, oui.
M. Drainville : Pour
Anticosti, décembre?
M.
Arcand : Pour
Anticosti.
M. Drainville : Bon. Mais
vous n'avez rien à nous proposer, là, rien? Vous n'avez pas quelque chose à
nous remettre ou à nous déposer?
M.
Arcand : Écoutez, on a annoncé
ça le 30 mai, on travaille actuellement à ça. Je peux vous remettre un
certain nombre d'objectifs que nous
avons à ce stade-ci, ça me fera plaisir de vous les remettre. On est en train
de faire le travail de précision
actuellement, et, très rapidement, je pourrai être en mesure de vous dire
exactement qu'est-ce qu'on fait pour Anticosti.
Et, de toute façon, je tiens à vous rappeler que, pour l'EES, il va être très
important de voir aussi le résultat des sondages stratigraphiques de cet
été pour pouvoir évaluer exactement ce que l'on fait pour Anticosti.
Mais, vous
savez, moi, je n'ai rien à cacher dans ça. Donc, dès que l'information va être
plus précise, ça me fera plaisir, même si on n'est pas en session, de
pouvoir vous la faire parvenir.
La Présidente (Mme Léger) :
1 min 30 s qu'il vous reste.
M.
Drainville : On va se
faire des petits lunchs, là, on va jaser de ça. O.K. Il me reste une minute, je
veux juste vous donner matière à
réflexion pour que vous puissiez me donner la réponse ce soir. On change
complètement de registre. Projet
éolien à Murdochville, c'est mon collègue le député de Gaspé qui s'inquiète
avec raison. On a besoin... enfin, le projet a besoin d'un décret qui
permettrait de lancer la construction du parc éolien de 74 mégawatts à
Murdochville. Pour que le projet puisse
aller de l'avant, ça prend un décret, et, dans le fond, le député de Gaspé me
demande de vous demander :
Est-ce que vous allez l'adopter, ce fameux décret qui permettrait de lancer la
construction du parc éolien de 74 mégawatts à Murdochville? C'est
un projet important pour Murdochville, on sait la condition économique dans laquelle se trouve cette communauté-là. Ce serait
la première fois qu'il y aurait un parc qui générerait des redevances pour
Murdochville. Il y a déjà d'autres parcs
éoliens dans la région, mais ils ne génèrent pas de redevances pour la
municipalité, pour la communauté. Là,
ce serait le cas. Et là, apparemment, il y a des délais, il y a des retards. On
aimerait ça, savoir, est-ce que vous
avez l'intention de donner votre O.K.? Allez-vous l'adopter, le décret, pour
que ça puisse aller de l'avant?
M.
Arcand : En fait, vous vous
adressez au mauvais ministre parce que ce qui manque actuellement dans le cas
de Murdochville, c'est un certificat d'autorisation du ministre de
l'Environnement, donc du ministre du Développement durable et de la Lutte aux changements climatiques. Alors, ce qui manque
actuellement avant l'adoption du décret, c'est, en fait, que le ministère de l'Environnement nous donne le O.K., et, à
partir de ce moment-là, il sera possible de regarder ça. Donc, ce n'est pas nous, mais je peux
m'engager à vérifier auprès de mon collègue où en est rendu le dossier et vous
en faire part.
M. Drainville : Oui. Ce soir.
La Présidente (Mme Léger) : C'est
tout le temps que nous avons...
M. Drainville : Hein, ce
soir, on pourrait jaser de ça.
M.
Arcand : Oui, si je
peux...
La Présidente (Mme Léger) : Compte
tenu de l'heure, on doit arrêter et suspendre...
M.
Arcand : Ils sont
en crédits, mais je vais vérifier quand même. Je vais trouver une façon de
le...
La Présidente (Mme Léger) : Compte
tenu de l'heure, je dois vous arrêter.
Alors, la commission suspend ses travaux, et on
se revoit tout à l'heure, à 19 h 30. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 19 h 33)
La Présidente (Mme Léger) : Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires
du portefeuille Énergie et Ressources naturelles pour l'exercice financier 2014-2015.
Je rappelle
la consigne des cellulaires parce que l'heure du souper nous a peut-être
fait oublier que, nos cellulaires, il faut les fermer. Je vous rappelle
aussi l'angle de la caméra, surtout devant... Le ministre est là, les gens
derrière le ministre particulièrement. Et même chose s'il y a des attachés politiques
derrière les députés, de voir que nous sommes toujours dans un angle de
caméra. Donc, il faut écouter. Quand vous n'êtes pas dans l'angle de la
caméra, bien là, si vous n'avez pas le goût d'écouter, c'est votre
affaire. Mais notre but, c'est que les gens soient attentifs, évidemment.
Je vous rappelle les temps qui restent, pour le
gouvernement... Je vous les rappelle, le gouvernement, il reste
1 h 38 min pour le gouvernement. Si, les députés du
gouvernement, je peux avoir votre attention, 1 h 38 min.
Une voix : ...
La
Présidente (Mme Léger) : M. le député d'Abitibi-Est entre autres,
1 h 38 min qu'il vous reste de votre côté. Du côté de l'opposition officielle, M. le député
de Marie-Victorin, il vous reste 36 minutes dans l'ensemble de la période.
Du deuxième groupe d'opposition, 46 minutes.
Alors, si
vous voulez bien, on va reprendre, et on reprend avec le gouvernement. Alors,
je cède la parole au député de Montmorency...
M.
Arcand : ...
La Présidente (Mme Léger) : Oui, M.
le ministre.
M.
Arcand : J'aurais des choses à
déposer, Mme la Présidente, avec votre permission et la permission des
collègues.
La Présidente (Mme Léger) : Oui,
allez-y, on commence avec ça.
M.
Arcand : D'accord.
Premièrement, Mme la Présidente, j'aimerais profiter de l'occasion pour dire...
Je pense que la question venait du
député de Marie-Victorin, pour lui dire que l'étude de Dynamic Risk est
maintenant disponible et publique. Alors, ça, c'est la première chose
que je voulais dire...
Une voix : ...
M.
Arcand : Un résultat concret
des crédits. Deuxièmement, j'aimerais pouvoir lui dire que nous allons déposer
un certain nombre de choses : évidemment, le mandat et l'orientation
générale de l'EES; les acteurs québécois de l'électrification
des transports, la liste; troisièmement, les institutions qui font partie de l'unité de vigilance dans le
cas d'Enbridge et...
La
Présidente (Mme Léger) :
...juste le mandat officiel du comité de vigilance? Vous avez la composition,
mais est-ce que le mandat...
M.
Arcand : J'ai la composition pour l'instant, mais le mandat
doit être déjà défini par la commission parlementaire. Alors, je pense que c'est assez clair,
ce qu'ils ont à faire.
Et je vous
dirais également que j'ai les projets miniers et les investissements dans lesquels le gouvernement est impliqué au niveau des mines, les
montants d'argent avec Ressources Québec.
Et mon dernier point, c'était également de vous
dire... de dire, en tout cas, à votre collègue, pour ce qui est de
Murdochville, que ça suit son cours et qu'il ne devrait pas être angoissé.
M.
Drainville : ...est-ce
que j'ai votre parole là-dessus
ou c'est la parole du ministre de
l'Environnement que vous nous
transmettez?
M.
Arcand : C'est la
parole du ministre de l'Environnement que je transmets, mais je pense que les
choses évoluent correctement. C'est ce que je peux dire à ce stade-ci.
Documents déposés
La
Présidente (Mme Léger) :
Bien, merci, M. le ministre. Merci d'avoir déposé tous les documents,
on apprécie. Alors, je cède maintenant la parole au député de Montmorency.
À vous pour un espace de 19 minutes.
M.
Bernier : Merci, Mme la Présidente. Alors, je salue les collègues. Saluer M. le ministre, tout le personnel, bien sûr, du ministère qui vous accompagne, un de mes anciens collègues
qui est maintenant devenu votre chef de cabinet également. Ça
me fait plaisir de vous voir.
Le dossier de l'exploitation potentielle des
hydrocarbures au Québec ne date pas d'hier, M. le ministre. La SOQUIP, la Société québécoise d'initiatives
pétrolières, a été fondée en 1969. Déjà, elle avait pour mandat de développer le potentiel pétrolier et gazier du Québec. C'est un dossier, bien sûr,
comme on a vu, au niveau du Québec, qui ne laisse personne indifférent. La vaste majorité de la population
est consciente des enjeux liés à la protection de l'environnement ainsi que des risques
associés aux changements climatiques potentiels. Notre consommation de pétrole,
toutefois, ne disparaîtra pas à court ou
moyen terme. Bien que, comme discuté tout
à l'heure, beaucoup
d'efforts sont faits en ce qui regarde
les véhicules électriques ou les véhicules hybrides, il reste que notre
consommation est quand même omniprésente. Et,
comme on peut voir aussi au niveau du Québec, l'accroissement des véhicules se
fait d'année en année. Chaque personne... En tout cas, moi, je peux en témoigner, dans mon comté, Montmorency, on regarde les autoroutes le matin, et ça demeure, et c'est
encore très, très achalandé, et cela, de plus en plus.
C'est
un enjeu complexe qui résume presque à lui seul les enjeux du XXIe siècle. Il
est souhaitable de mettre en valeur
nos ressources pour assurer le développement économique, mais il est incontournable que ces projets
soient déployés dans le respect de l'environnement et des populations
locales. En janvier 2014, la ministre de l'époque, la députée de Vachon,
indiquait que le potentiel d'Anticosti était encore très imprécis, tant au
niveau du potentiel que des retombés économiques,
que des impacts environnementaux, tel
que mentionné par l'Agence QMI en janvier 2014. À peine un mois après,
le gouvernement du Parti québécois annonçait que le projet allait de l'avant à
Anticosti sans consultation de la population
locale. On comprend qu'à ce moment-là le précédent gouvernement avait beaucoup de préoccupations au niveau électoral, et ils avaient décidé d'aller de
l'avant très rapidement. Mais, contrairement à ce gouvernement, peu de temps après,
l'élection du Parti libéral... a affiché clairement sa volonté d'agir à l'égard
de la filière des hydrocarbures en se dotant notamment d'un plan d'action rigoureux, cohérent et transparent,
tel qu'annoncé le 30 mai dernier. Et j'aurai l'occasion d'y revenir, puisque ça s'est passé dans mon comté,
à Montmorency, au parc de la
Chute-Montmorency, que vous connaissez bien, M. le ministre, et on aura
l'occasion d'y revenir.
Comme
annoncé, la mise en place d'une évaluation environnementale
stratégique, EES globale et une
spécifique à l'île d'Anticosti,
permettra également d'alimenter la réflexion du gouvernement sur le développement de cette filière. Et, sur ça, il est important de souligner que la Fédération des chambres de commerce du Québec félicite le gouvernement du Québec pour sa décision de mener une évaluation
environnementale stratégique sur l'ensemble de la filière des hydrocarbures qui est cohérente avec le principe
de développement durable. Elle mentionne qu'en allant de l'avant avec
une EES qui saura répondre aux
considérations environnementales, socioéconomiques le gouvernement du Québec pourra bâtir
un cadre réglementaire à l'image du XXIe siècle qui est à l'aune du développement durable, ce qui réjouit, bien sûr... et ce que
mentionne Mme Françoise Bertrand, présidente-directrice
générale. Donc, on a un appui important en ce qui concerne ce dossier.
Donc,
comme je l'ai mentionné, contrairement au gouvernement précédent, le 30
mai dernier on a annoncé un plan
d'action sur cette filière. Soulignons que ce plan a fait l'objet de nombreux
appuis. Et ça, je désire le mentionner, au niveau, bien sûr, de la FQM, la Fédération québécoise des municipalités était heureuse de voir cette annonce. Également, un autre... Nous sommes heureux que le gouvernement démontre... La Fédération
québécoise des municipalités
mentionnait : «Nous sommes
heureux que le gouvernement démontre enfin la volonté concrète d'encadrer
l'exploration et l'exploitation de
cette filière névralgique afin de déposer, en 2015 — tel que vous l'avez mentionné — un projet
de loi complet...» qui devrait venir très, très prochainement. Donc, vous
aurez un automne très, très occupé, M.
le ministre, j'en suis convaincu.
D'ailleurs,
tout ça, M. le ministre, en ce qui nous concerne, c'est un élément fort
important au niveau de notre développement
économique. On a annoncé des projets gigantesques. On a parlé tout à l'heure du Plan Nord et toutes les répercussions au niveau du
Sud. On a parlé de la stratégie maritime. On n'en a peut-être pas parlé, mais il
y a quand même des mesures importantes au niveau des PME. Il y a tout le
démarchage qui s'est fait aussi par l'ancien premier ministre au niveau
international. J'en ai été témoin au moment où je travaillais comme chef de
cabinet aux Relations internationales, on a
vu tout le travail qui s'est fait pour être capable d'attirer des nouvelles
entreprises, des investissements partout. Donc, l'énergie est un élément
extrêmement important dans l'avenir et dans le devenir du Québec.
Écoutez, mais il y a toujours
l'élément sécurité, il y a toujours ce qu'on appelle l'acceptation sociale.
Donc, j'aimerais vous entendre, là, par
rapport à cet élément-là parce qu'on sait que ça a toujours
été et c'est toujours — et
c'est normal — un
élément fort important au Québec, le respect de l'environnement et l'acceptation
sociale des gens. Donc, dans cette
approche, M. le ministre, je voudrais vous entendre sur ce sujet-là par
rapport au plan. Et on reviendra sur la stratégie que vous avez annoncée, là, mais je pense que c'est important,
là, de voir puis que les gens puissent... Les gens qui nous écoutent ce
soir, là, quand on leur parle de stratégie, là... Et j'espère qu'il y en a...
• (19 h 40) •
La Présidente (Mme
Léger) : ...
M.
Bernier : N'en doutez pas, il y a beaucoup
de gens qui nous écoutent, ils veulent vous entendre sur ce plan-là pour
être capables, au moins, de bien comprendre, là, quels sont vos enlignements.
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, M. le ministre.
M.
Arcand : Bien, merci. Mme la Présidente, j'étais
d'ailleurs avec le député pour l'annonce que nous avons faite le 30 mai dernier sur la filière, et je le
remercie de nous avoir reçus à ce moment-ci parce que je pense qu'il était extrêmement important d'avoir une cohérence dans ce dossier. Depuis nombre d'années maintenant,
il y a, évidemment, les questions environnementales et il y a également le développement économique, les deux
se côtoient. Parfois, il y a une espèce de contradiction, certaines personnes y voient des contradictions. Nous
avons tenté, par notre approche, d'y apporter d'abord une certaine cohérence, d'une part. D'autre part,
il est très, très important de dire que, jusqu'ici, au Québec,
on n'a pas trouvé... on pense qu'il y a du potentiel, mais, encore une
fois, ça fait de nombreuses années où on pense qu'il y a du potentiel pour
développer la filière des hydrocarbures, mais on n'a rien de significatif
jusqu'ici.
Et je vous dirais
qu'on n'a rien non plus... Ce n'est pas juste la question de trouver les
hydrocarbures, la question est de savoir si
on peut exploiter ça de façon économiquement valable. Alors, je pense qu'il
était très important d'adopter cette approche cohérente, et j'aimerais
vous dire essentiellement que, dans l'annonce que nous avons faite le 30 mai dernier, il y avait huit gestes
principaux qui étaient pour être posés par le gouvernement, toujours dans cette cohérence-là.
La
première des choses, je pense que c'était de pouvoir déposer un règlement
éventuellement sur le prélèvement des
eaux et leur protection. C'est ce que nous allons faire dans les prochains
jours probablement pour pouvoir définir de façon très claire... qu'il
n'y ait pas de conflits, qu'une municipalité sache exactement la prévisibilité
de ça parce qu'il y avait des enjeux reliés à cette question-là.
Deuxièmement,
il y avait, évidemment, le dépôt du projet de loi que nous avons fait adopter
juste à la fin de la session
essentiellement pour dire que, sur les basses-terres du Saint-Laurent, il
fallait renouveler le cadre réglementaire que nous avions et qui fait en sorte que, si on veut faire une
exploration au niveau du gaz de schiste dans les basses-terres du
Saint-Laurent, il y a toute une mécanique. Et, pour l'instant, de toute façon,
ça ne se pose pas comme situation.
Ensuite de
ça, c'était de rappeler, encore une fois, dans notre plan l'interdiction de
toute exploitation ou exploration gazière
et pétrolière au niveau de l'estuaire et du golfe du Saint-Laurent. Alors,
c'était trois éléments de base qu'il était important de définir dès le
départ.
Par la suite, ce qu'il était important de faire,
c'était de réunir les connaissances et les conditions adéquates également. Alors, on a parlé de l'évaluation
environnementale stratégique sur les hydrocarbures. L'objectif, c'est d'avoir
un bilan des connaissances d'ici la fin
2014, les études complémentaires et un rapport final quelque part autour de
l'été 2015.
Ensuite de ça, on a parlé de l'encadrement
législatif. Il y avait tout un dossier, particulièrement par rapport à Old Harry, où il y avait un chevauchement, je
dirais, de juridictions. Il y a eu une entente historique. Le projet de loi
miroir sur Old Harry va être déposé,
je l'espère, s'il y a une conclusion heureuse de nos négociations avec le
fédéral là-dessus. On espère qu'il sera fait à l'automne 2014.
Nous
prévoyons éventuellement un dépôt d'un projet de loi sur les hydrocarbures à
l'automne 2015. Et je vous dirais également qu'en sixième élément toute
la question d'Anticosti — c'est-à-dire
l'acquisition de connaissances, l'évaluation
environnementale stratégique spécifique pour Anticosti, des conditions exigées
par le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, un arrêté ministériel pour s'assurer, là, que ce
qu'on va faire cet été, ce qu'on appelle les carottes, les sondages stratigraphiques, eh bien, ça va se faire
correctement, et, bien sûr, le suivi et contrôle sur place, en permanence, des gens du ministère des Ressources naturelles, également du ministère du Développement durable, un plan de communication constante avec la population et, bien
sûr, de regarder la question d'Anticosti et de ses retombées locales — demeure
un élément important.
Enfin, il y a
toute la question du gaz naturel, du dossier Enbridge, de la mise en place de
la sécurité au niveau du transport de ces hydrocarbures.
Et enfin le
dernier élément, c'était l'évaluation du projet TransCanada PipeLines, Énergie
Est, pour ce qui est de la
construction d'un terminal maritime et d'installations de stockage prévue à
Canouna. Donc, c'était dans l'ordre, un peu, de nos priorités. C'est ce que l'on a tenté de faire lors de la
conférence, et je dois dire que la réception a été excellente. Je pense que, d'une part, les groupes ont vu que...
différents groupes, que ce soient... Ceux du côté, je dirais, des entreprises,
voyaient, en tout cas, clairement définies
les règles du jeu pour l'avenir. Et les autres groupes se sont dits : Bon,
bien, voici un gouvernement à l'écoute de la population, qui prend le
temps de bien définir ce qui doit être fait au niveau de l'exploration et de l'exploitation éventuelles des
hydrocarbures si, finalement, on en trouve avec un rapport qualité-prix
qui sera vraiment valable pour le Québec et qui va nous permettre de
véritablement enrichir le Québec.
Alors, ça, je pense que ce sont les actions que
nous avons posées. Et je dois vous dire que ces enjeux-là, au départ, étaient quand même particulièrement
complexes, et ce que nous voulons faire, Mme la Présidente, c'est de
faire cette démarche qui ne va brûler
aucune étape. Et, comme vous le savez, actuellement on pense et on espère qu'il
y a des options possibles. Il y a des
projets, entre autres, en Gaspésie, l'île d'Anticosti, la question de Old Harry. Parce qu'il y a déjà une demande qui a été faite par Terre-Neuve
pour sa portion de Old Harry, actuellement, qui semble présenter... En tout cas, tout ça semble présenter certains
indices prometteurs quant à la présence d'hydrocarbures actuellement au Québec.
Mais, encore une fois, on veut le faire
correctement. La sécurité des personnes
doit être protégée, et le potentiel doit être aussi absolument garanti, confirmé. Je pense
que la rentabilité économique
doit être évaluée, et il nous faudra toujours retenir les meilleures
pratiques en la matière.
Et je tiens à
rappeler que, parallèlement à ça, ce n'est pas parce qu'on veut éventuellement
essayer de développer cette filière-là
qu'on va arrêter de trouver des façons d'économiser l'énergie. On sait très
bien que, les hydrocarbures, on vit
sur du temps emprunté, hein? Les hydrocarbures vont éventuellement être, on
l'espère, quelque chose qui est moins utilisé dans notre société, mais
on sait que ça n'arrivera pas demain, on sait qu'on va en avoir besoin pour
encore de nombreuses années. Alors, on va
continuer d'aller dans cette direction de la meilleure façon possible, en
expliquant clairement aux citoyens
chacune des étapes, et je pense que c'est la meilleure façon de faire. Et ce
qu'il est important de dire également, c'est
que, même si cette étape-là, elle est cohérente et organisée, je dois vous dire
qu'on continue quand même d'essayer d'avoir — pour employer l'expression
du rapport Mousseau, là — un
meilleur contrôle également sur nos énergies.
Je rappelle
que, depuis 1977, la consommation de pétrole au Québec, même si elle est trop
élevée, et tout ça, elle a quand même
chuté de 40 % par rapport à ce qui existait. Donc, ça, c'est très
important, elle a chuté au profit de l'électricité, du gaz naturel et de la biomasse. Donc, on avance
dans cette direction-là, et, si jamais on peut rétablir la balance commerciale
avec peut-être du pétrole québécois, bien, je pense que ce sera une bonne
chose.
• (19 h 50) •
M. Bernier : Effectivement...
La Présidente (Mme Léger) : Alors,
il vous reste, M. le député, à peu près 1 min 15 s.
M.
Bernier : 1 min 15 s. Bonté! C'est très, très court.
Écoutez, on a vu, le Conseil du patronat, effectivement, a salué cette
mesure-là. Également, le Regroupement national des conseils régionaux de
l'environnement a salué cette approche rigoureuse dans le
respect de l'environnement, mais, sur le plan économique, on se doit de
développer des nouvelles filières, on se
doit de regarder ces éléments-là. Lors de la présentation du dernier plan
budgétaire, le gouvernement a
également confirmé son intention de prendre des participations financières dans
des entreprises des secteurs des mines et des hydrocarbures afin de permettre à la collectivité québécoise
d'obtenir directement une part des profits en tant qu'actionnaire.
Question
très courte, mais quand même assez large : Quel avantage Québec
retirerait-il de la mise en valeur des hydrocarbures?
Parce qu'il reste que ce sont quand même des investissements, on vise des
rentabilités à moyen ou long terme si possible. Donc, je pense, ça
serait intéressant qu'on puisse donner...
M.
Arcand :
Je pense que...
La Présidente (Mme
Léger) : Malheureusement, il vous reste 20 secondes.
M.
Arcand :
Il me reste 20 secondes. Je pourrai peut-être, dans une... peut-être confirmer
la réponse parce que c'est une
réponse à caractère très économique. Je développe actuellement une stratégie
avec mon collègue, évidemment, de
l'Économie sur cette question-là et j'aurai l'occasion, Mme la Présidente, de
pouvoir, peut-être dans une prochaine étape, répondre plus directement.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci. Je rappelle l'équité... Là, vous ne me
l'avez pas... vous avez laissé le ministre, je comprends que c'est...
M. Bernier :
...
La
Présidente (Mme Léger) : C'est ça, entre vous. Alors, le temps de la
question et le temps de réponse, j'essaie de garder l'équité entre les deux, à moins que le député laisse aller le
ministre. Ça, ça vous appartient. Alors, je le rappelle pour ce bloc-là
de la soirée.
Maintenant,
la parole est au député du deuxième groupe d'opposition officielle. M. le
député de Chauveau, à vous la parole pour un temps de 23 minutes
environ.
M.
Deltell :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, bonsoir à tout vous tous. Peut-être
juste un petit mot rapide pour revenir et
conclure la question des éoliennes, puisque j'avais oublié un élément dans mon
argumentaire. Nous ne sommes pas
contre à 100 % les éoliennes, là où c'est rentable. Et l'on sait qu'il y a
une mine au Québec dans le Nord, Raglan,
qui développe, justement, l'éolienne, et ça se comprend parce que, là-bas, ça
coûterait une fortune de tirer des fils
électriques de la Baie James jusqu'à aller là-bas ou encore ça coûte une
fortune et c'est très polluant de faire ce que l'on fait depuis toujours, c'est-à-dire utiliser le diesel. Alors, là où
c'est justifié, nous sommes en accord parce que c'est beaucoup plus économique et c'est beaucoup plus
efficace là-bas, mais pas ici. Donc, c'est une précision qui m'apparaissait
importante.
Et
je tiens aussi à rappeler que, tout à l'heure, un collègue, le collègue de
Huntingdon, que j'estime, moi aussi, beaucoup,
faisait une référence à l'histoire, hein, s'en rappeler qu'il y a 40 ans le
grand projet de la Baie James était né de l'initiative de ce grand premier ministre qu'est Robert Bourassa, et où
serions-nous aujourd'hui s'il n'y avait pas eu la Baie James, bien entendu. Mais de comparer la Baie
James aux éoliennes, Mme la Présidente, avec tout le respect que j'ai pour le député de Huntingdon, c'est un peu
particulier parce, pour nous, l'éolienne... Et je pense que le député l'a bien
dit aussi, il faut voir l'ensemble de nos
sources énergétiques, mais on ne peut pas comparer une production d'électricité
avec l'éolienne, qui est minuscule... comparer à la production hydroélectrique
avec la Baie James.
Dans
les années 70, en 1971, lorsque Robert Bourassa l'a annoncé lors d'un congrès
du parti politique, Parti libéral, au
Petit Colisée de Québec, ici, eh bien, c'était le grand projet du siècle. À
juste titre, parce que, justement, on voulait développer le plein potentiel hydroélectrique du Québec. Ce n'était pas
complémentaire à la production hydroélectrique qu'il y avait à ce moment-là. Au contraire, c'était un grand pas en
avant que l'on faisait. Et, oui, c'est vrai qu'à l'époque le Parti québécois de René Lévesque préconisait
davantage l'utilisation du nucléaire. On sait que ça n'a pas suivi, mais
c'était vrai à l'époque. Mais de
comparer les éoliennes à la Baie James, Mme la Présidente, je pense que le
comparatif ne tient pas la route et je tenais quand même à le souligner.
Bien.
Mme
la Présidente, on sait que le premier ministre, dont c'est l'anniversaire
aujourd'hui, la semaine dernière, lors de
l'étude des crédits pour son ministère, donc le Conseil exécutif, a dit qu'il
fallait instaurer une culture d'évaluation des programmes et des
objectifs dans tous les ministères. Alors, ma question que je pose au ministre
des Ressources naturelles — et je souhaite qu'un jour son ministère
porte le titre de Richesses naturelles parce que les ressources créent
la véritable richesse du développement
économique du Québec — quels sont vos trois objectifs et quelles sont les cibles
rattachées à ça pour les quatre années à venir?
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Mme la Présidente, pour répondre à la question, il est clair que le ministère a
des objectifs extrêmement précis.
J'ai eu l'occasion au départ... Lorsque nous avons commencé la discussion, j'ai
eu l'occasion d'en parler. Mais, pour
rendre les choses les plus simples possible, je pense que, dans le mandat qui
m'a été donné par le premier ministre,
le premier objectif, c'est la relance du Plan Nord. Ça, je pense que c'est le
premier objectif qui est recherché au
niveau du ministère, c'est de pouvoir gérer efficacement le Plan Nord et de
prendre les mesures pour qu'on relance finalement le Plan Nord. Je pense
que c'est très important. Ça, c'est la première des choses.
Deuxième chose qui est très
importante, c'est ce que nous avons commencé à faire le 30 mai dernier, c'est
de mettre en place les conditions... je n'emploierai pas le terme des
conditions gagnantes, là, mais des conditions favorables à l'exploration et, éventuellement, à l'exploitation
des hydrocarbures au Québec. C'était un peu de mettre, je dirais, de l'ordre
là-dedans parce qu'on s'en allait quelque
part, dans une direction où est-ce qu'il y avait des conflits avec les
municipalités, il y avait la question d'Anticosti, il y avait d'autres
projets. Alors, on a essayé de mettre de l'ordre dans ça et d'avoir l'approche
la plus sérieuse possible.
Enfin,
c'est un objectif qui, celui-là, est plus à moyen terme, au cours de la
prochaine année, je pense qu'il est temps... On a fait, depuis, je
dirais, particulièrement 2009 à aujourd'hui, beaucoup d'études. On avait une
politique énergétique qui a besoin d'être revue, et je pense que l'objectif, je
dirais, à moyen terme — donc,
quelque part l'an prochain — de
pouvoir doter le Québec d'une nouvelle politique énergétique.
Compte tenu de ce qui
se passe, ce sont pour moi les trois éléments très importants pour ce qui est
de notre ministère. J'aimerais également
peut-être... J'écoutais tout à l'heure le député de Chauveau, puis, peut-être,
il pourra me répondre ou ne pas me
répondre sur cette question parce que, lorsqu'il parle des éoliennes, il
dit : Écoutez, je ne suis pas contre
les éoliennes, c'est juste que ça coûte cher pour rien, c'est beaucoup
d'argent, puis je ne suis pas sûr des retombées,
etc., puis c'est des surplus inutiles. J'ai expliqué là-dessus qu'on parle de
surplus qui sont d'à peu près 4 % par rapport à ce que le Québec consomme de façon générale. De la puissance,
si on veut, du Québec, de la puissance nécessaire, on a 4 % de
surplus.
Alors, ma question au
député...
La Présidente (Mme
Léger) : En terminant.
• (20 heures) •
M.
Arcand :
...la question est bien simple : Qu'est-ce qui, pour lui, est acceptable?
Est-ce qu'il faudrait être à 0,5 %, à 1 %, à 1,5 %, à 2 %? Qu'est-ce qui serait la marge de
manoeuvre? Est-ce qu'on devrait prendre le risque d'être presque à zéro et, s'il y a une nouvelle entreprise, on
dit : Écoutez, on n'a pas d'électricité disponible, on va être obligés de
l'importer? Alors, j'aimerais juste
savoir qu'est-ce qui serait acceptable comme surplus énergétique pour votre formation
politique.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député.
M.
Deltell : Mme la Présidente, je ne m'attendais pas à un si
grand hommage et à un si grand honneur ce soir. Voilà que le ministre tente de vouloir changer les rôles, mais j'en suis
extrêmement fier et extrêmement honoré. Alors, bien entendu que je vais prendre le temps de répondre à cette question.
Est-ce que, là, vous allez changer le temps qui est imparti au député versus le ministre? Je comprends qu'on a beaucoup
de temps ce soir puis je ne m'attendais pas à avoir un pugilat politique
avec le ministre lorsque j'avais fait la... Ça avait été fait en après-midi.
La Présidente (Mme
Léger) : C'est toujours très intéressant, la CAPERN.
M.
Deltell : Oui, les sujets sont toujours intéressants, et
particulièrement les richesses naturelles, je tiens à le dire. Alors, Mme la Présidente, il faut le voir sur un
objectif à long terme, bien entendu. Et, le ministre l'a très bien dit, en 2003
on s'arrachait les cheveux sur la
tête pour essayer de combattre, justement, l'inquiétude que nous avions, ce qui
avait amené votre prédécesseur, le député de Louis-Hébert, à aller
chercher la création du Suroît — voilà, je cherchais le mot, le Suroît — qui s'était fait dans une situation
particulièrement, spectaculairement, je dirais, maladroite, et que ça avait
échoué. Je n'irai peut-être pas
jusqu'à dire que ça avait coûté le poste de ministre au député de Louis-Hébert,
mais ça ne l'avait pas aidé.
Mais
qu'est-ce qui s'est passé depuis, Mme la Présidente? Qu'est-ce qui s'est passé,
c'est que les Américains, eux, ont
développé leur plein potentiel de gaz de schiste. Et vous savez, Mme la
Présidente, que, depuis cinq ans, alors qu'au Québec, ici, on tergiverse
beaucoup sur l'avenir du potentiel des gaz de schiste, on sait qu'aux
États-Unis le président Obama, qui a déjà, d'ailleurs, dit dans une déclaration
reprise par bien des gens et à juste titre, que «we're blessed with that kind
of new energy»... Aux États-Unis, le gaz de schiste, on dit que c'est une
énergie qu'on est béni d'avoir cette
énergie-là. Résultat : au cours des cinq dernières années, les États-Unis
ont développé leur plein potentiel. Et
combien de puits ont été creusés aux États-Unis depuis? Pas quatre, pas 40, pas
400, pas 4 000, 40 000, alors que nous ici, au Québec, on en a
400... potentiel de 400, et on est prudents.
Tout
ça pour dire, Mme la Présidente, que ce fait-là a amené le Québec à avoir un
surplus d'électricité. Mais on est
conscients aussi que, d'ici 2020, au Québec nous allons avoir la Romaine qui va
entrer en jeu. 2020, là, ça arrive vite en torpinouche, ça, là, là. Et combien la Romaine produit, Mme la
Présidente? Le ministre le sait sûrement, 1 500 mégawatts qui vont être disponibles pour accueillir la
grande industrie, qui vont être disponibles pour faire face à nos nouveaux
défis, qui vont être disponibles pour
permettre le plein développement de notre Québec. Alors, oui, actuellement, on
a un 4 %. La question n'est pas
de savoir si c'est 4 %, 3 %, 5 %, 6 %, je ne sais pas quoi.
La question est de savoir, à long terme, où est-ce qu'on s'en va. Et, comme nous avons la Romaine et comme la
Romaine a un potentiel extraordinaire, 1 500 mégawatts,
on ne commencera pas à arrêter la Romaine, là, c'est parti, l'affaire. Alors
là, on l'a. Et dois-je rappeler que la Romaine, quand on produit de
l'hydroélectricité, c'est trois fois moins cher que l'électricité produite par
les éoliennes. Eh oui! Alors, on l'a, ce potentiel-là, on l'a beaucoup.
Alors, pour
nous, pour notre formation politique, on est quand même en bonne voiture, on
est en voiture avec ça, on est
confortable avec ça. Alors, est-ce qu'il y a une question de chiffres? Je ne
crois pas. C'est une question d'avenir, de vision, de perspective. Et,
comme on sait que la Romaine s'en vient avec un potentiel formidable, pourquoi
s'entêter à faire de l'éolienne qui nous coûte trois fois plus cher, si ce
n'est que pour des raisons politiques?
Mais là, Mme la
Présidente, c'est là qu'apparaît le courage politique, où il faut dire non à
certaines choses. Nous avons eu ce courage.
Nous aurions souhaité que le gouvernement libéral ait ce courage, ce n'est pas
le cas. Chacun fait ses choix. La
population a décidé, Mme la Présidente. Moi, je suis un démocrate, un vrai, pas
un démocrate à géométrie variable.
J'aurais souhaité gagner, bien entendu, mais on accepte le résultat de la
population qui s'est prononcée. Mais je
le rappelle, Mme la Présidente, il n'est jamais trop tard pour bien faire.
L'appel d'offres finit le 3 septembre, il n'est jamais trop tard
pour bien faire. Vous nous avez imités sur bien des choses, imitez-nous
là-dessus. Comme j'ai dit en Chambre, on vous donne le go pour le faire.
J'attends la question du ministre.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Bien, d'abord, Mme la
Présidente, dans les calculs des surplus, la Romaine est là-dedans. Alors,
ça, c'est une des choses qu'on voudrait
mentionner au député de Chauveau, là, au niveau des calculs des surplus, il y a
la Romaine.
Maintenant,
je dirais un certain nombre de choses par rapport à ça. Premièrement, l'avenir
prévisible, c'est que, malgré les
efforts que nous faisons et le bureau qui existe pour ce qui est de travailler pour l'innovation, pour, je
dirais, l'efficacité énergétique, la
réalité, c'est que l'augmentation résidentielle continue d'être de plus en plus importante pour les
prochaines années, d'une part. Donc, les surplus sont causés par la baisse industrielle,
mais, encore une fois, on peut avoir
deux visions par rapport à ça. On peut dire : Écoutez,
le Québec va être stagnant, il n'y aura aucune activité économique ou on peut décider d'être
proactif et d'aller chercher de nouvelles entreprises et de voir ces surplus
comme étant une opportunité. Alors, il y a ça.
L'autre
élément, c'est que je rappelle au député que ces projets de la filière éolienne
créent des emplois directs fort
importants. On parle de 2 000 emplois directs et on parle, avec les emplois
indirects, d'à peu près 5 000 emplois. Ce n'est pas rien. Ce n'est
pas une mauvaise filière dans laquelle on a tous décidé, ensemble, de se
lancer.
Et je
terminerai là-dessus en disant au député de Chauveau également qu'il y a un
autre élément dont il faut tenir compte.
Tout le monde sait que nous avons une entente actuellement avec Churchill Falls
qui se termine en 2041. On sait les
frustrations énormes qui existent au sein des gens de Terre-Neuve, qui nous dit
que cette entente-là... Qu'est-ce qui va
arriver de cette entente-là, on ne le sait pas. Alors, quand on regarde ces
différents éléments là d'avenir et quand on regarde en plus le fait que
certaines des entreprises qu'on essaie d'aller chercher pour le Québec,
souvent, vont nous demander des ententes à
long terme, il faut être en mesure de pouvoir leur garantir à la fois des
tarifs et une puissance énergétique qui est convenable.
Alors, pour toutes ces raisons-là... Et je
tiens, encore une fois, à le rappeler, et je l'ai dit en fin d'après-midi aujourd'hui, évidemment il y a beaucoup de monde
qui ont beaucoup d'idées très valables sur la façon de fonctionner, mais il y a eu au mois de juin, à la conférence de
Montréal, différentes personnalités qui sont venues dire que le Québec, avec sa stratégie actuelle, allait dans la bonne
direction, c'est-à-dire l'hydroélectricité, d'être capable d'avoir, je dirai,
en plus une industrie éolienne valable,
c'était quelque chose qui allait dans la bonne direction. Et, comme vous le
savez, en plus, vous savez que, plus
les années vont passer, plus l'électricité, je dirais, propre, écologique va
avoir une valeur très importante. Il
va y avoir une plus-value pour ce que j'appellerais l'aluminium vert, par
exemple, qui est produit avec nos
centrales et qui vont utiliser des sources importantes d'énergie propre. Il va
y avoir une plus-value pour l'aluminium vert.
Donc, je
pense que, là-dessus, très important de pouvoir regarder ça avec une certaine
vision et de se dire encore une
fois : C'est quoi, la marge de manoeuvre au niveau des surplus? Qu'est-ce
qui serait acceptable à ce niveau-là? Je comprends que, dans un monde idéal, on aimerait arriver kif-kif, là,
c'est-à-dire avec une production identique aux besoins. Mais tout le monde sait que c'est extrêmement
difficile à faire, et je pense qu'il faut se donner une marge de manoeuvre.
La Présidente (Mme Léger) : Merci,
M. le ministre. Pas de question, M. le ministre? Non?
M.
Arcand : Pas
d'autre question.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Chauveau, vous avez encore du temps.
M.
Deltell :
Je suis un petit peu décontenancé. Je m'attendais à une question, il n'en est
pas venu. Alors, je vais continuer mon travail de député de
l'opposition.
J'apprécie
grandement l'échange qu'on a et j'ai beaucoup de respect pour le ministre des
Ressources naturelles, un homme
d'affaires qui s'est distingué. D'ailleurs, mon chef, lors de l'assermentation
du Conseil des ministres, avait été
dithyrambique à son endroit. Alors, je lui avais dit : Bon, bien, je vais
être un excellent porte-parole de l'opposition contre le ministre, que mon chef adore, et c'est ce qui s'appelle une
opposition constructive. On a un différend, on a pu exposer clairement
nos positions là-dessus, et c'est ça, le débat, qui est correct, qui est tout à
fait intéressant pour la démocratie.
Alors,
revenons, Mme la Présidente, à la gestion du ministère parce que c'est quand
même important. On a parlé du débat politique tout à l'heure. La gestion
du ministère, le ministre a répondu à la question, je l'apprécie. Les trois objectifs, il avait des objectifs clairs. Quant
aux cibles, bien, je crois comprendre que ça va être évolutif avec le mandat.
Nous serons attentifs à ça. Maintenant, c'est bien, avoir des objectifs
politiques, encore faut-il avoir les ressources financières nécessaires. Et le gouvernement n'a de cesse de rappeler
qu'ils sont au pouvoir pour quatre ans et demi en vertu de la loi sur les élections à date fixe, que
nous avons tous votée à l'unanimité sous l'égide du collègue de
Marguerite-D'Youville...
M.
Drainville : Marie-Victorin.
• (20 h 10) •
M.
Deltell : Marie-Victorin, pardon, je me trompe tout le
temps. Désolé. J'allais dire votre prénom, mais je n'ai pas le droit.
Alors,
les budgets, les ressources financières, quelles sont vos cibles? La question
que je pose au ministre, c'est les
dépenses consolidées pour l'année 2012-2013 pour l'ensemble du ministère et le
taux de croissance qui est prévu. Pour l'année 2012-2013, 2013-2014 et
2014-2015, dépenses consolidées et taux de croissance.
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, M. le ministre.
M.
Arcand : Écoutez, lorsque je regarde actuellement les revenus du ministère
qui sont prévus, ce sont des revenus consolidés,
pour l'année financière 2014-2015, qui totalisent 97,4 millions de dollars.
Comme vous le savez, l'objectif
est très important. Nous voulons avoir
une augmentation qui est très raisonnable. Elle est autour, je
dirais, de 1,8 %. Ça, c'est le taux de croissance annuel du
PIB, et nous, le taux de croissance des dépenses de programmes, c'est 1,8 %.
Alors, ça, c'est les mesures qui touchent le
ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles. Donc, c'est extrêmement
serré. Il est très clair que nos croissances
de dépenses sont limitées, et donc on travaille à faire en sorte qu'on puisse
gérer d'une façon la plus efficace possible.
Dans
les cibles qui ont été identifiées, je dois vous dire une chose, par rapport à
l'an dernier, par exemple, il y avait 1,5 million
de dollars, là, qui était la commission Mousseau, qui ne reviendra pas cette
année. Donc, on sauve, au niveau des
dépenses d'opération du ministère, actuellement 1,5 million de dollars qui
est en grande partie, là, la commission Mousseau. Plusieurs mesures également qui sont, je dirais,
envisagées aussi par le ministère. Comme vous le savez, il y a toute la question... Je n'entrerai pas dans le détail
aujourd'hui, mais la question du cran d'arrêt, du gel, en fait tout ce qui a
été annoncé par le Conseil du trésor va être strictement regardé par
notre ministère.
Autre
chose, je devrais vous dire, on est un ministère rentable pour le gouvernement
parce que nous avons des fonds, des
fonds spéciaux, le Fonds des ressources naturelles et le Fonds de l'information
sur le territoire, où le gouvernement a des revenus importants, et donc
qui nous permettent je ne dirais pas de s'autofinancer, mais pas loin de ce
côté-là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : C'est pour ça que j'appelle le ministre... le
ministère des Richesses naturelles. C'est important de le rappeler. Ce n'est pas inintéressant, ce que le
ministre a dit, Mme la Présidente, mais ça ne répond pas tout à fait à ma
question. Ma question portait sur les
dépenses de 2012-2013, 2013-2014 et 2014-2015. Vous avez répondu sur le
1,8 % pour cette année,
d'accord, mais il manque des chiffres : 2012-2013, 2013-2014, 2014-2015,
les dépenses consolidées et le taux de croissance.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Sur cette question-là, je vais être obligé de... Peut-être, vous allez me
donner un certain temps, puis je vais
vous dire pourquoi, tout simplement parce que, par rapport à ce qui se passait
en 2012-2013 et 2013-2014, il va falloir
essayer de comparer, là, des pommes avec des pommes parce qu'il n'y avait pas
tout à fait la même structure du ministère
l'an dernier. Sous l'ancien gouvernement, on avait un seul ministère. Là, on a
séparé terres et forêts, on a séparé... Alors, ça va être difficile de
véritablement, là, donner immédiatement une indication, mais je pourrai
certainement le confirmer à partir de ce moment-là. O.K.?
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Non, ça va. Mais on va juste remettre les chiffres dans leur juste perspective
et on pourra vous donner la réponse de façon plus précise. Parce que, là, on
veut comparer les mêmes choses, là.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : Moi, je crois comprendre, la soirée étant jeune,
on est ici encore pour un bon moment, on va avoir une réponse un peu
plus tard dans le courant de la soirée?
M.
Arcand :
La soirée est encore jeune, alors il n'y a pas de problème.
M.
Deltell : Ah, formidable! Il n'y a pas une émission de radio
qui s'appelle de même, d'ailleurs? Bien. Alors...
Une voix :
...
M.
Deltell :
Oui, c'est ça. Non, je suis allé une couple de fois à cette émission-là, c'est
sympathique. Bien.
Justement, le
ministre parlait, justement, de la nouvelle restructuration de son ministère.
Bon, les forêts, c'est allé chez un
ministre désigné. Le premier ministre s'était engagé à le faire. Et on sait
qu'à Roberval il y a de la forêt, donc il en avait fait un cas personnel. C'est très bien.
On est d'accord avec ce type d'initiative quand un premier ministre prend
à bras-le-corps un dossier. Là-dessus, on
trouve ça bien. Même chose hier, on avait votre collègue, votre homologue aux
Mines qui était présent. D'ailleurs, j'ai salué le fait que, pour un tout
nouvel élu, d'avoir à être confronté en à peine deux mois aux études des
crédits, ce n'était pas évident.
Mais justement, à cet
effet-là, Mme la Présidente, vous le savez, vous étiez présente avec nous, on a
posé une question précise qui, à mon sens,
est essentielle pour l'avenir des choses, et ça concerne le fonds Capital Mines
Hydrocarbures, que le gouvernement a
annoncé lors du budget. On comprend que c'est un fonds de 1 milliard de
dollars, ce n'est pas rien, et que ce fonds-là vise, justement, à
prendre des participations dans des entreprises, qu'elles soient dans les mines
ou encore dans les hydrocarbures. Et un
point, en principe, avec lequel on est d'accord, soit dit en passant, Mme la
Présidente, dans son ouvrage Cap
sur le Projet Saint-Laurent, mon chef, le député de Rousseau et chef du
deuxième groupe d'opposition, a
clairement dit que, pour lui, le potentiel des hydrocarbures à l'île
d'Anticosti doit être exploité, et avec une participation
gouvernementale, mais qui serait minoritaire. Pas question pour nous d'avoir
50 % plus un.
Alors, hier, j'ai
posé précisément la question au ministre délégué aux Mines à savoir si, pour
lui, le fonds, qui s'appelle exactement le fonds Capital Mines Hydrocarbures, est-ce qu'il
allait autoriser des participations majoritaires. Je ne peux pas vous dire que la réponse était
claire, j'invite le ministre à préciser sa pensée. Alors, est-ce que le fonds
que le gouvernement veut créer va permettre des prises de position
majoritaires à l'intérieur d'entreprises?
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre, maximum, une minute.
M.
Arcand : Oui. Écoutez, de façon très importante, je rappelle ce que
nous avions dit sur la question d'Anticosti, je répondrai un peu en vous
disant, par exemple, que le premier
ministre avait appelé ça la
loto-pétrole, hein? Vous vous rappelez
de ça? Et une de ces problématiques, ce n'était pas le fait d'aller voir à Anticosti,
c'était de dire : Le gouvernement
investit un peu trop dans le risque au
départ. Et, comme vous le savez, une minière aussi, c'est un élément risqué, et
donc tout ce que je peux dire à ce
stade-ci, c'est qu'on va prendre des participations, il y a un
intérêt pour nous, mais il va y avoir une politique qui va être établie à
ce niveau-là. Mais je serais extrêmement surpris qu'on décide, dans cette politique
d'investissement, d'avoir des participations majoritaires. Le rôle
du gouvernement est véritablement d'être un support à l'entreprise privée, et ce n'est pas un rôle dans lequel on doit avoir des
participations majoritaires dans des entreprises privées. Je pense que, si on veut avoir une cohérence, il faut qu'il y
ait, du côté de l'entreprise privée aussi, un intérêt. Ils ont du capital de risque, le gouvernement est prêt à aider les projets qui sont porteurs, mais, encore une fois,
on est là en termes de support, on
n'est pas là en termes de se substituer. Je ne pense pas que c'est le rôle de
l'État de devenir une entreprise minière au sens du terme. Alors, les fonds que
nous voulons donner... le fonds Capital Mines Hydrocarbures, bien, c'est
un fonds dans lequel, encore une fois, nous sommes intéressés à regarder un
certain nombre de choses.
Je
regarde un des gros investissements qu'on a faits dans ça, ce sont des
investissements... Par exemple, un des plus
gros qu'on a faits, sinon le plus gros, c'est Stornoway au niveau
des mines de diamants. Bien, O.K., on parlait de 100 millions en capital-actions, mais c'est beaucoup
plus énorme que ça. Donc, je pense que l'objectif, c'est d'être présent, mais en support seulement.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. Je comprends que, le député de
Chauveau, vous allez revenir tout à l'heure. Vous avez encore quand même deux autres temps... deux autres... un autre de
18 minutes et un autre de... non, un seul, 23 minutes, excusez-moi. Vous
avez suivi plus.
Alors, M. le député
de Huntingdon ou le député de Montmorency?
M. Bernier :
Je vais terminer les questions que j'avais.
La
Présidente (Mme Léger) : Ah!
d'accord. O.K. Bien, la fin de notre premier bloc... notre autre
bloc. Allez-y, M. le député de Montmorency.
M.
Bernier : Bien, justement,
je vais aller exactement dans le même sens où les questions ont été posées
tout à l'heure en ce qui regarde...
Monsieur a parlé beaucoup d'énergie hydroélectrique, et le Québec a
investi énormément. Ma question — puis le député de Chauveau
l'a mentionné — la
mise en valeur des hydrocarbures, O.K., qu'est-ce que le Québec peut en tirer
financièrement selon votre vision?
• (20 h 20) •
M.
Arcand : La mise en valeur des hydrocarbures, je dois vous
dire qu'il y a différentes analyses qui sont faites. Les analyses que
j'ai vues peuvent varier parce que les gens se posent des questions sur notre
capacité, n'est-ce pas... On dit :
Voici, il y a un potentiel de plusieurs milliards... Par exemple, si je prends Anticosti, on parle, par exemple, d'un potentiel de plusieurs milliards de barils de pétrole. Mais quelle est la capacité que nous avons au niveau
de l'exploration? Combien de pétrole — parce qu'on parle de pétrole de schiste dans
ce cas-là — on peut
éventuellement sortir de là? Et là la question qui se pose, c'est :
Est-ce qu'on parle d'un pourcentage acceptable ou non?
Là,
il y a différentes interprétations, mais il est clair... J'ai vu certaines
études qui pouvaient, par exemple, dire, puis je... Encore une fois, je pense qu'il faut pousser l'analyse plus
loin, mais certaines personnes au ministère des Finances, à l'époque, avaient évalué, par exemple, qu'à 100 $ le baril de pétrole, si je
prends ça comme exemple, on pouvait aller chercher, en termes de revenus, plusieurs milliards
de dollars de revenus sur un horizon,
quand même, qui est à moyen et à long terme. Alors, ça, ce sont des chiffres qui avaient été
évalués et validés, mais, encore une
fois, on pense qu'il y a du
potentiel, on pense qu'il y a un potentiel important, mais il faut vraiment
pousser plus loin parce que, si on commence à regarder ça d'une façon,
je dirais, qui n'est pas plus précise que ça, je pense qu'on va être déçus.
Vous le savez vous-même,
ça fait 30 ou 40 ans qu'on pense qu'il
y a du pétrole au Québec,
mais encore faut-il que ce pétrole-là
puisse être exploité d'une façon efficace, hein? On est loin maintenant... Plus les recherches se font, on est loin du pétrole de l'Arabie saoudite, qui est assez facile à extraire. Il y a le cas de Haldimand, je
pense, qui est beaucoup plus simple.
C'est une exploitation éventuelle qui devrait être beaucoup plus simple et
donc, en théorie, beaucoup plus rentable
éventuellement, mais, encore une fois, il faut pousser les analyses plus loin à
ce niveau-là. Mais le potentiel est certainement grand. Même chose, d'ailleurs, pour Old Harry, soit dit en passant, où il y a
un potentiel, nous dit-on, qui est très important.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Montmorency.
M.
Bernier : Vous comprenez, bien entendu, M. le ministre, que les Québécois... On regarde ce qui s'est passé en Alberta, ce qui s'est passé à Terre-Neuve... vous savez, au départ, les sables bitumineux, ça coûtait cher, être
capable de venir extraire le pétrole,
mais aujourd'hui, avec les coûts montants de cette énergie... Et
c'est normal que les Québécois...
et ça, ça fait... Ceux de ma génération,
bon, ça fait longtemps qu'on rêve de pouvoir exploiter du pétrole puis être
capables de devenir... bien que
l'énergie, ce qui fait notre marque de commerce, c'est l'énergie propre, c'est
l'hydroélectricité. Mais, comme besoin premier, il reste que le pétrole
demeure encore un des éléments premiers comme source d'énergie.
La majorité de ces exploitations-là,
M. le ministre, ça va se passer en région, hein, et de quelle façon le
gouvernement entend favoriser les retombées positives en regard de nos régions?
Parce qu'on a une politique qui est annoncée
en ce qui regarde nos régions pour être capables d'apporter les éléments
financiers nécessaires, et l'exploitation de nos richesses naturelles passe, bien sûr, par des redevances au
niveau des régions, donc j'aimerais vous entendre sur ça.
M.
Arcand :
D'abord, je peux simplement vous dire que, durant la campagne électorale, je
pense que le premier ministre a été assez clair. Je pense qu'il a, à
maintes reprises, répété que l'exploitation de nos hydrocarbures, si elle
devait se faire, devait profiter à tout le monde. En premier lieu, il a même parlé
de redevances pour les municipalités touchées,
donc ça va toucher des municipalités dans les régions du Québec. Et il est
clair également que, sur la question, par
exemple, je dirais, de la recherche qui est faite actuellement par Pétrolia et
par Junex en Gaspésie, il est clair que, si les choses devaient aller dans la bonne direction, ça va profiter, au
départ, aux municipalités en plus, bien sûr, de créer des emplois importants dans ces régions-là, où, comme
vous le savez, le taux de chômage est particulièrement élevé, et donc
ils en ont bien besoin.
Simplement
vous dire que nous analysons ça de la meilleure façon possible. Les
analyses nous démontrent encore une
fois que, si, demain matin, nous avions, par exemple, des hydrocarbures... Vous
savez qu'on importe maintenant... Je
pense, c'est 17 milliards, le chiffre, des hydrocarbures que l'on importe.
Si on réussissait ne serait-ce que d'avoir du pétrole québécois, pensez un moment ce que ça peut faire sur la balance
commerciale au Québec. Si, demain matin, on avait, je ne sais pas, moi, pour 5, 6 milliards de dollars de
pétrole québécois, je pense qu'on pourrait rembourser notre dette pas mal plus facilement, on aurait
certainement une plus grande marge de manoeuvre comme État québécois. Et, à
partir du moment où l'État québécois a une plus grande marge de manoeuvre, je
n'ai pas besoin de vous dire jusqu'à quel
point on serait en mesure d'offrir de meilleurs services à la population. Je
pense que la population... Si, demain matin, l'État québécois bénéficiait de ses ressources naturelles, je pense
qu'on verrait toute une différence au niveau, encore une fois, du genre
de services qu'on peut...
M. Bernier :
...marge de manoeuvre.
M.
Arcand :
...de marge de manoeuvre pour l'État québécois. Et, vous savez, simplement pour
vous dire, j'ai eu l'occasion il y a quelques années... Il y a trois ans, à peu près,
j'étais allé en Norvège, justement, avec l'actuel ministre de l'Économie à
l'époque où il était président d'Investissement
Québec. Et je peux vous dire que la
Norvège avait, quoi, 4, 5 millions de
population, à peu
près, là, d'après ce qu'on m'a dit,
avec seulement les rendements qu'ils ont sur, évidemment,
les ressources pétrolières très nombreuses
qu'ils ont... Nous, on parle de la Caisse
de dépôt avec des actifs de 200
milliards. Eux, ils ont des actifs
dans leur fonds pétrolier ou, enfin, leur fonds souverain, je dirais... ils ont
des actifs de 700 milliards, 800
milliards de dollars, c'est énorme. On me disait même qu'ils possèdent 1 % de l'équité mondiale, ce qui est assez
incroyable.
Et
nous, à l'époque, on était allés les rencontrer pour qu'ils investissent
davantage au Canada parce que, quand vous
avez des sommes d'argent comme ça à
investir... Le Canada n'était pas perçu par eux de très bonne façon, et
encore moins le Québec.
Alors, ils nous ont dit : Écoutez, c'est la première fois qu'on voit
des gens qui viennent nous parler du Québec. Et nous, on a dit : On a de magnifiques entreprises,
des Bombardier de ce monde. Vous devriez investir dans ça, vous devriez investir dans différentes autres entreprises.
On a des choses extraordinaires, et tout ça. Et, pour la première fois, là, il y avait
vraiment un intérêt de leur part. Donc, lorsqu'on
a des ressources naturelles... Je n'ai pas besoin de vous parler de Terre-Neuve qui était dernier au Canada il n'y a
pas si longtemps et qui, aujourd'hui, est dans une position
enviable.
Alors,
je pense qu'on a intérêt à regarder ça de près. Et je comprends qu'au niveau du
Québec on n'a pas une culture qui a
été développée au niveau du pétrole, et au niveau du gaz, et tout ça, on
regarde ça avec un... on est un peu suspects lorsqu'on regarde ça, mais je
pense qu'il faut quand même... je pense que les ressources sont là, et il
faut y aller de l'avant pour le bien-être des Québécois.
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, maintenant, je cède la parole au député de Huntingdon.
M.
Billette : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je veux revenir sur l'éolien. Je pense, c'est un
sujet qui nous interpelle beaucoup, moi et le député de Chauveau, qui est
fort intéressant, sur lequel on peut débattre, et j'ai apprécié beaucoup les propos du député de Chauveau. Je pense que mes confrères ont parlé de vision,
puis il a utilisé le mot «vision». Mais, toutefois, il y a un mot qu'on
peut rajouter après «vision», «vision à court terme» et «vision à long terme».
Et je vais
vous donner un exemple, Mme la
Présidente. Lorsque
M. Robert Bourassa, qui est un des grands premiers ministres, et on
s'entend bien là-dessus, je crois qu'il l'a souligné, lui également... Si M. Bourassa avait eu une vision à court terme lorsqu'on a fait La Grande, on serait aujourd'hui qu'on aurait la
centrale hydroélectrique de Beauharnois, du barrage Les Cèdres, la Manic et on serait là parce qu'on aurait
dit : On a un niveau de production d'énergie hydroélectrique suffisant pour le Québec. Si on
était arrivé avec La Grande 3, si on avait fait Marguerite,
Eastmain-1-A, Eastmain-Rupert, Robert-Bourassa, Outardes, si on avait regardé
tous ces barrages, ces travaux hydroélectriques là, et on s'était dit : On en a assez à l'heure actuelle, avec une
vision à court terme on n'aurait jamais réalisé ces grands projets là qui nous
sont fort utiles aujourd'hui, qui ont permis le développement du Québec. Lorsqu'on
parle de la Révolution tranquille, veux
veux pas, la force hydroélectrique qu'on avait ici, au Québec, a permis un développement industriel qui
a été inégalé depuis ces années-là. Mais c'est grâce à une vision.
Puis, lorsqu'on
dit qu'on est en surplus hydroélectrique, en surplus énergétique au Québec,
qu'il faudrait tout arrêter du jour
au lendemain, puis, en plus, on a une
opportunité de diversifier, je vais
vous dire, Mme la Présidente, c'est de faire la distinction entre une vision à court terme et une vision à long
terme. On parle ici de diversifier, en plus, notre potentiel énergétique, qui est principalement basé sur
l'hydroélectricité, d'apporter une autre source qui est l'éolien. Puis l'éolien,
veux veux pas, il y a une évolution qui se
fait dans le temps. Au début, on parlait de coût énergétique 0,18 $, on
parle autour de 0,10 $, 0,09 $, 0,07 $ maintenant.
Donc, on voit que le coût réduit de façon importante, et ça diversifie surtout
notre offre, et c'est ce qui est
très, très, très important. Et, si on regarde au Québec maintenant, c'est près
de 2 400 mégawatts qui sont
produits, des parcs éoliens qui sont en force, qui produisent. On en a un dans
le comté, chez nous, qui s'appelle Kruger. Kruger, avec le parc de
Montérégie, a quand même 44 éoliennes implantées sur le territoire. Il y en a
1 600.
• (20 h 30) •
Mais ce que
j'apprécie également, dû au fait que ce soit l'ancien ministre de l'Environnement,
je crois que c'est le respect également, l'acceptabilité sociale. J'ai
vécu un autre projet chez nous, qui est Saint-Valentin, lorsqu'il était ministre de l'Environnement, et j'étais l'adjoint
parlementaire à ce moment, et je crois que les gens ont une possibilité grâce au BAPE et la grande sensibilité que le
ministre avait... Donc, l'acceptabilité sociale est en premier lieu. Donc,
c'est le respect des régions, le respect des régions aussi bien au
niveau environnemental qu'au niveau région.
Et, je vais
vous dire, lorsqu'on regarde une région, on peut parler de la
Gaspésie. Et, je vais vous dire, ça m'a touché un petit peu, malgré le grand respect que j'ai envers le député de
Chauveau, lorsqu'il a dit que 800 emplois, c'était politique.
800 emplois en Gaspésie, Mme la Présidente, manufacturiers, 1200 emplois... Moi, je vais vous dire, là, j'ai
perdu ça, moi, 800 emplois dans
le comté, chez nous. Le monde, là, ça ne l'aurait pas dérangé, dire que c'est
une solution politique pour sauver 800 emplois. Je vais vous dire,
le père de famille qui travaillait dans le textile chez nous, là, à Huntingdon,
là, lorsque les usines ont fermé, là, qui est arrivé avec sa
boîte à lunch chez eux le soir, là, puis il a dit : Ça fait 40 ans que je travaille à l'usine, malheureusement je perds mon emploi, je n'ai
aucune formation, je vais vous dire, que ça soit politique on non
politique, il aurait été très heureux de garder son emploi.
Lorsqu'on
vient me dire que c'est une décision politique, pour les gens de la Gaspésie,
de pouvoir travailler, de pouvoir
occuper leur place, je vais dire que je l'ai vécu, moi, dans Huntingdon,
800 emplois, là, sur 2 000 de population, là, je vais vous dire, ça
fait 12 ans, on ne s'en n'est pas remis encore, Mme la Présidente. Ça fait
que, quand on vient dire aux gens de
la Gaspésie que 800 emplois, c'est uniquement politique, je vais
dire : Il faut réfléchir, il faut penser aux gens qui ont perdu leur emploi puis les gens qui
occupent ces emplois-là, l'expertise qu'on a développée également, qui est
très, très, très importante. Donc, je vais
vous dire, il ne faut pas regarder juste avec une vision... avec le coût
également qu'on a au niveau de l'hydroélectricité, mais c'est les
retombées.
Lorsqu'on est
en entreprise, il y a un terme qu'on appelle le «return on investment», le ROI.
Il ne faut pas juste regarder le coût
qui sort, mais c'est toutes les retombées indirectes qui sont engendrées dans
une région. Puis ça, lorsqu'on parle de retombées, là, ce n'est pas
juste celui qui fait l'éolienne en tant que telle dans une usine, qui fait les
pales de l'éolienne, qui fait la base de
l'éolienne, c'est beaucoup plus large que ça, là, Mme la Présidente, c'est des
entreprises de services
environnementaux qui sont développées au Québec, c'est une expertise, également
des compagnies de construction.
Monter une éolienne, là, ce n'est pas comme monter une maison. C'est le
transport de ces pièces-là. La plupart des
députés, on utilise l'autoroute 20 pour se rendre ici, c'est régulier,
mais c'est vraiment une expertise qu'on a développée au niveau du
transport. C'est également, au niveau du développement de projets éoliens...
c'est une expertise qu'on n'aurait pas eue
s'il n'y avait pas eu ces mégawatts-là qui auraient été mis en place. C'est l'opération
puis la maintenance de l'éolien, une expertise qu'un bon jour, peut-être, on va
pouvoir exporter à la grandeur de la planète. C'est la recherche et
développement également de l'éolien qui se fait. C'est la formation de la
main-d'oeuvre.
Je vais vous
dire, c'est ce qu'on appelle des retombées indirectes, «the return on
investment». C'est exactement ce
qu'on peut parler. C'est des retombées, puis des retombées dans nos régions,
dans toutes les régions, surtout la Gaspésie, qui avait un taux de chômage parmi les plus élevés au Québec. Ça fait
qu'on voit un petit peu la filière, c'est une filière intégrée qui est
là puis qui est très importante.
Puis le
député de Chauveau posait beaucoup la question sur le 800 mégawatts, si on
était pour le réaliser en 2013, ce
qui a été annoncé le 10 mai 2013. Auparavant, le 30 juillet 2012, il
y a 700 mégawatts qui ont été annoncés, puis c'était dans la stratégie
énergétique de 2006 à 2015. Donc, lorsqu'au niveau du Parti libéral on prenait
un engagement, on le réalisait, cet
engagement-là. L'engagement, c'était 4 000 mégawatts qu'on s'était
donné, on l'a réalisé. On a diversifié notre
bassin, on a créé des emplois en région. C'est des gens qui, maintenant,
peuvent avoir un bon emploi, qui partent à tous les matins, vont travailler, reviennent le
soir. Et c'est la dignité d'avoir un emploi, puis je pense que c'est la moindre
des choses. Puis je ne poserai pas... on n'a pas le droit de poser une question
au...
Une voix :
Oui.
M. Billette :
Oui? On a le droit, monsieur...
Une voix :
Vous avez le droit.
M. Billette :
Uniquement au ministre ou...
Des voix :
...
M.
Billette : O.K. J'ai une citation aussi, puis je ne demanderai pas
peut-être... Je vais demander plus au ministre s'il est d'accord avec cette citation-là : «Le développement éolien
doit être équitable pour les régions. Il est important de développer des
partenariats avec les communautés locales comme les MRC, les municipalités et
les communautés autochtones.» À ce
moment-là, les gens qui ont... Tu sais, ils s'engageaient même à augmenter la
cible de développement de l'énergie
éolienne de 10 % à 20 %. 10 % à 20 %, là, c'est au-delà...
Ça, c'est en 2007. La stratégie de développement énergétique était de
4 000 mégawatts. On parle, à ce moment-là, de le monter à
5 000 mégawatts.
Savez-vous qui a dit
ça, Mme la Présidente? C'était le chef du Parti québécois du temps et l'actuel
chef du deuxième groupe d'opposition
officielle, dont je peux nommer le nom en ce moment. Donc, le chef du deuxième
groupe d'opposition officielle, ce n'était pas assez,
4 000 mégawatts à ce moment-là, c'était 5 000 mégawatts
qu'il voulait...
Une voix :
...
M.
Billette : On ne prendra pas de pause. Parce que peut-être qu'il
faudrait qu'il aille le consulter pour être sûr et certain d'avoir les
mêmes lignes, mais, je veux dire, les paroles demeurent, et ça a été bien dit
en campagne en 2007.
Ça
fait que j'aimerais ça, savoir si le ministre endosse les propos de l'actuel
chef du deuxième groupe de l'opposition,
à savoir : Ça serait peut-être intéressant de faire de l'éolien. On a en a
déjà réalisé 4 000. Et, lui, sa demande, c'était encore plus, là. Ce qu'il en demandait, là, c'est
5 000 mégawatts, Mme la Présidente. Donc, c'est ma question : Est-ce
que vous endossez ces propos-là du deuxième chef... du groupe du deuxième chef
de l'opposition?
Des voix : Ha,
ha, ha!
M. Billette :
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Léger) : On va en venir à bout.
M. Billette :
On va en venir à bout.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci. M. le ministre, deux minutes en tout, à peu près.
M.
Arcand : Alors, les citations nous rattrapent. Moi, je
peux vous donner, peut-être, un des points très importants. La semaine
prochaine, je vais vous donner un exemple bien pratico-pratique, le député de Montmorency,
ce n'est pas tellement loin de chez lui, il
va être en mesure de faire l'annonce du parc, en fait, qui... un parc de la
Seigneurie de Beaupré probablement la semaine prochaine, hein? Qu'est-ce que c'est?
Bien, c'est un projet avec une compagnie québécoise qui s'appelle
Boralex, les frères Lemaire. C'est la famille Lemaire qui est dans ça. C'est
très important pour la région de Charlevoix,
c'est des emplois, c'est du travail. Qu'est-ce que ça veut dire également?
Bien, vous avez une entreprise de Matane
qui va travailler comme sous-contractant également. Le député de Matane va être
heureux, il va y avoir de l'action. Je veux dire, je pense que ça, c'est
un des éléments.
Le
point aussi — et
je tiens à le dire parce que c'est important — parfois, lorsqu'on regarde l'action qui est faite,
il y a une association canadienne éolienne au Canada. Et ce qu'elle dit de
façon très claire, c'est que le Québec, c'est reconnu comme l'endroit où le développement éolien a permis la mise en place de
la filière la plus intégrée en Amérique
du Nord, et c'est reconnu comme
endroit au Canada où les entreprises du secteur éolien préfèrent travailler. Ce
n'est pas à cause du prix, c'est à
cause, en fait, des expertises qui sont présentes et du cadre législatif,
réglementaire qui existe parce que, pour eux, c'est un cadre qui est
clair, qui est connu et qui est transparent. Donc, ça, c'est ce qu'on dit sur
l'éolien.
Et,
puisqu'on parle de la commission sur les enjeux énergétiques, vous pourrez lire
également... les gens qui sont allés
à la commission ont eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises
jusqu'à quel point — la
plupart des intervenants l'ont dit — les
bénéfices pour les régions sont immenses à ce niveau-là. Et ça, je pense qu'il
est important de le souligner encore une fois, vous savez, l'éolienne
est très bonne en ce sens-là.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. Alors, on passe maintenant à l'opposition officielle pour une période de 18 minutes. Donc,
le député de Marie-Victorin.
M.
Drainville : Merci,
Mme la Présidente. Alors, on va
essayer de traiter plusieurs dossiers en rafale. D'abord, merci pour les documents. Vous nous avez remis un
document sur l'évaluation environnementale stratégique spécifique à Anticosti. Est-ce que ce serait possible pour vous
de nous remettre un document similaire pour l'évaluation environnementale
globale? C'est possible?
M.
Arcand : ...
M. Drainville : Merci, M. le
ministre.
M.
Arcand : ...pas
précis encore, mais on va l'être de plus en plus.
M.
Drainville : Oui, oui, oui. Mais enfin, déjà, ce que vous nous
avez remis, c'est une amélioration par rapport à ce qu'on avait comme
information.
La Présidente (Mme Léger) : Est-ce
que vous pensez le déposer d'ici la fin de la soirée?
M.
Arcand : Pardon?
La Présidente (Mme Léger) : D'ici la
fin de la soirée, c'est possible?
M.
Arcand : D'ici
lundi, peut-être?
La Présidente (Mme Léger) : ...la commission?
D'accord.
M.
Drainville : Très bien. J'aimerais ça qu'on parle un peu de
Gentilly, M. le ministre. On ne va pas refaire tout l'historique du dossier, là, d'autant plus qu'on a
très peu de temps. Est-ce que c'est possible pour vous de déposer à la commission
un état de situation du déclassement, où est-ce qu'on en est, ainsi qu'un
échéancier des travaux à venir? Encore une
fois, je ne présume pas, là, que vous avez réponse à tout ça. C'est pour ça que
je vous demande un document, ça
pourrait venir plus tard, mais on aimerait ça, savoir où on en est avec ce
déclassement, quelles sont les prochaines étapes, etc.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Écoutez,
ce que je peux vous dire sur la situation, je peux vous parler des éléments qui
étaient importants pour Gentilly. Je peux
vous dire que, dans ces éléments-là, il
y avait, entre autres, ce qu'on appelle le retrait du
combustible, qui était un des éléments qui était regardé à cette période-ci. Il y a un
terme au niveau nucléaire qu'on appelle
la dormance, c'est-à-dire le stockage du combustible en piscine, là, si on
veut aller dans les dossiers éminemment techniques, le stockage à sec du combustible, qu'on prévoit à partir de
2021, et donc il y a tout un processus, là, qui va nous mener jusqu'en 2062. Alors, c'est
juste pour vous dire jusqu'à quel point la situation, ce n'est pas...
Vous ne fermez pas une usine comme ça de la même façon que vous le
faites pour n'importe quoi d'autre.
Alors, les
gens travaillent de près. Je sais qu'au cours des dernières semaines, il y avait
eu une petite... un événement qui s'était produit, mais qui, heureusement,
n'a pas eu d'impact, et donc nous suivons ça de très près actuellement.
• (20 h 40) •
M.
Drainville : ...est-ce
que c'est possible de nous déposer,
je dirais, une espèce d'échéancier avec les principales étapes à venir, quelque chose que les membres de la commission pourraient consulter ultérieurement, là? On ne fera pas ça ce soir, là.
M.
Arcand : Oui. Vous savez aussi que, dans ce dossier-là, la
Commission canadienne de la sûreté nucléaire est dans ça. Et donc je
pourrai déposer un peu... d'une part, la liste des activités de déclassement, si
on veut.
M. Drainville : Avec
l'échéancier?
M.
Arcand : On va
déposer l'échéancier, là, tel que je l'ai mentionné, oui. Les deux...
Une voix :
...
M.
Arcand : C'est ça.
La Présidente (Mme Léger) : ...ces
deux documents?
M.
Arcand : Oui. On
va...
La Présidente (Mme Léger) : La liste
des activités et l'échéancier.
M.
Arcand : Je vais
essayer de les déposer d'ici la fin de la soirée.
La Présidente (Mme
Léger) : O.K. Merci.
M. Drainville : Très bien.
Merci. J'aimerais vous poser des questions un peu plus techniques, M. le
ministre. Encore une fois, ça va probablement exiger que vous fassiez un peu de travail de
votre côté avec votre équipe, mais c'est de l'information... Je ne m'attends pas à ce que vous ayez ça au
bout des doigts. Je vous le dis tout
de suite, là, je ne vous pose pas ces questions-là pour vous
embarrasser, c'est vraiment à des fins d'information, pour qu'on
sache un peu ce qui nous attend dans
les mois et les années qui viennent, là. Parce que, bon, on vous souhaite
d'être ministre longtemps, hein? Et, moi, qu'est-ce que vous
voulez...
M.
Arcand : Venant de
quelqu'un de l'opposition, ça me... très heureux.
M. Drainville : Et, vous, je
suis sûr qu'en retour vous souhaitez que je sois votre critique longtemps,
hein?
Des voix : ...
M.
Drainville : Et, pour que je sois un bon critique, ça me prend
de la bonne information, hein? Alors, on a un intérêt
mutuel. Alors, j'aurais aimé, d'abord sur la question des effectifs, les effectifs de votre ministère... Vous avez un immense ministère
sous votre responsabilité, si vous pouviez nous revenir et nous déposer les
réponses aux questions que je
vais soulever maintenant. D'abord, l'impact des compressions qui sont demandées par
le Conseil du trésor, l'impact que ça aura sur les effectifs de votre ministère. Une fois ces
compressions réalisées, combien d'effectifs, disons, ETC, combien
d'effectifs seront dédiés à la surveillance, la surveillance des mines, par
exemple? S'il y a d'autres types de surveillance,
vous pourrez nous les transmettre. Combien d'effectifs seront dédiés au
contrôle et à l'inspection? Combien d'effectifs
qui seraient liés à l'émission des permis? Combien d'effectifs dédiés à la vérification des plans de restauration?
On aimerait ça également connaître quels sont
les suites qui ont été données aux avis d'infraction qui ont été émis ces dernières années, et quelles sommes ont
été dépensées par l'État québécois depuis 2008 pour les suivis, les suivis subséquents aux avis d'infraction, et, le cas échéant, quelles sommes dépensées par l'État pour le nettoyage, les nettoyages qu'ont
pu entraîner les avis d'infraction.
La raison
pour laquelle on vous pose ces questions-là, pour que les gens, les milliers de
téléspectateurs qui nous écoutent puissent avoir un peu de perspective.
Dans le fond, on comprend, M. le ministre, que le Conseil du trésor va demander des sacrifices à tout le monde, vous serez, bien entendu... le ministère que vous pilotez devra faire sa part. Mais
je dois vous dire que nous, de l'opposition, on est un peu inquiets parce
que vous dites, d'un côté : On veut donner une impulsion encore plus importante au développement
minier, au développement des ressources naturelles. On se rend compte, avec toute la question
des pipelines, notamment, que les enjeux de surveillance, de contrôle,
d'inspection ne seront pas moins
importants dans les années à venir. La nouvelle Loi sur les mines, qui a été
votée sous notre gouvernement avec la collaboration de la CAQ, va,
effectivement, entraîner de nouvelles responsabilités pour votre ministère.
Donc, on essaie, dans le fond, de voir,
d'évaluer l'adéquation entre les responsabilités qui sont les vôtres et les
ressources auxquelles vous aurez
accès comme ministre, et c'est pour cela, donc, qu'on apprécierait, quand vous
aurez les réponses, que vous puissiez nous les transmettre.
L'autre
question que je voulais vous poser, qui est, elle aussi, technique :
Quelles sont les sommes qui sont prévues pour 2014-2015 pour le suivi et le contrôle des sites miniers,
tant au niveau du respect de l'environnement qu'au niveau des redevances? Bon, j'imagine que, le respect de
l'environnement, vous allez me dire que ça regarde votre collègue, mais,
au niveau des redevances, je pense que ça vous concerne. Et est-ce qu'il est
possible de nous transmettre le nombre d'interventions
d'Urgence-Environnement dans le secteur minier au cours des cinq dernières
années — et
ça, je pense que vous allez me dire
que ça relève de votre collègue au Développement
durable — et les
coûts associés à ces interventions pour
ce qui est de l'État en termes d'interventions, en termes de suivi, en termes
de nettoyage également? Alors, je ne sais
pas, vous prendrez la partie de cette question-là qui vous concerne, et, si
vous pouvez nous fournir des réponses qui soient les plus précises
possible, ce serait très apprécié. Ça vous va, M. le ministre? Vous allez faire
votre...
La Présidente (Mme Léger) : M. le
ministre.
M.
Arcand : Oui.
Écoutez, sur ces questions-là, je... D'abord, premièrement, il y a quand même
beaucoup de choses, là. Alors, je pense que
ça va prendre quelques semaines avant de pouvoir vous donner un bilan le plus
complet possible. Sur la question des employés à temps complet, ce qu'on
appelle les ETC, là... Ça va?
La Présidente (Mme Léger) :
Continuez, M. le ministre.
M.
Arcand : Oui. Lorsque je parle
des employés à temps complet, nous avons une série de directives, là, qui sont
venues du Conseil du trésor, et ma
sous-ministre m'indique que les décisions ne sont pas encore complètes au sujet
de ce qu'on va faire exactement au
niveau des employés à temps complet, compte tenu de la situation. Je vous
rappelle qu'une des directives
importantes du Conseil du trésor, c'était d'abord et avant tout le gel de
l'embauche, et non pas des mises à pied, là. Tu sais, on parle de ça, on
parle de ne pas remplacer nécessairement, évidemment, tous les employés qui quittent à la retraite. Moi, je peux simplement
vous dire que, là-dessus, nous allons réallouer les ressources où est-ce que
les priorités sont les plus importantes. Et
je vous vois venir un peu dans votre question, il est clair que tout ce qui
touche les inspections, tout ce qui touche la sécurité du public va
être, bien sûr, une de nos priorités.
Je tiens également à vous dire et vous
rappeler aussi que, dans le ministère, il y a actuellement non seulement des
crédits, mais le ministère est aussi un
ministère qui a des fonds spéciaux et dans lesquels, donc, on peut avoir, je
dirais, une certaine marge de
manoeuvre à ce niveau-là. Donc, là-dessus, je peux simplement vous dire qu'il y
a des... C'est une façon pour nous de
gérer, mais je peux simplement vous dire que nous ne ferons pas de compromis
sur les questions de sécurité et sur les questions qui touchent,
évidemment, aux sites miniers, et autres.
M. Drainville :
Je veux juste — en
passant, une petite parenthèse, là — comprendre le sens du gel de l'embauche.
Si vous avez un fonctionnaire à l'inspection
qui quitte, l'inspection des sites miniers, par exemple... Vous en avez, hein,
de ces inspecteurs? Bon, il quitte ou elle
quitte. Est-ce qu'ils sont remplacés ou, justement, comme il y a un gel de
l'embauche, il ou elle n'est pas remplacé?
M.
Arcand :
Je peux peut-être demander à la sous-ministre, sur ces questions-là, peut-être,
de répondre, mais le gel, moi, ce que
j'ai compris du Conseil du trésor lorsqu'il parle de gel de l'embauche, ce
n'est pas dans... ils ne font pas de
ce que j'appelle de la microgestion. Alors, ils disent : Le ministère,
dans l'ensemble, nous voulons avoir le même nombre d'employés, etc., et donc c'est à nous, c'est au
ministère à réallouer les ressources au bon endroit. Alors, s'il y a des endroits
qui nous semblent moins prioritaires que d'autres, à ce moment-là, bien, on va
prendre nos décisions de gestion de la meilleure façon possible.
La Présidente (Mme
Léger) : Consentement à ce que la sous-ministre intervienne?
M. Drainville :
Oui, consentement.
La Présidente (Mme
Léger) : Consentement. Vous vous nommez, s'il vous plaît.
• (20 h 50) •
Mme Tremblay
(Christyne) : Alors, Christyne Tremblay, sous-ministre du ministère
Énergie et Ressources naturelles. Donc,
c'est une bonne question. Pour rassurer M. le député, si jamais un inspecteur
quittait son poste, nous avons toute la marge de manoeuvre pour le remplacer en
affectation-mutation dans l'ensemble de la fonction publique québécoise.
Le gel signifie qu'on ne peut pas aller en recrutement à l'extérieur de la
fonction publique. Mais, à l'intérieur du
grand réseau de la fonction publique, les gens sont encore mobiles, et on peut
aller recruter des inspecteurs qui sont ailleurs dans l'ensemble de la
fonction publique pour ces postes-là.
M. Drainville :
O.K. Mais, s'il n'y en a pas de disponibles, de personnes qui ont les
compétences pour être inspecteur, à ce moment-là vous ne comblez pas le poste?
Mme Tremblay
(Christyne) : La formation. On peut former des gens qui auraient des
formations connexes, similaires. Puis, M. le
ministre l'a mentionné, on peut faire également de la réallocation de
ressources à l'intérieur de nos propres
effectifs. Le ministère bénéficie quand même d'un bassin d'ingénieurs, de
géologues et de spécialistes qui peuvent occuper ces postes-là.
M. Drainville :
O.K. Mais où est ce qu'elle est, l'économie, à ce moment-là, avec cette
mesure-là? Si vous pouvez dépenser la
même masse salariale, si vous pouvez avoir le même nombre d'ETC dans votre
ministère, où est-ce qu'elle est, l'économie demandée par le Conseil du
trésor? Je ne la comprends pas.
Mme Tremblay (Christyne) : Je pense qu'elle vise de ne pas favoriser la
croissance de la fonction publique par l'arrivée
de nouveaux employés qui viendraient de l'extérieur du bassin, mais de
garder... À l'intérieur du bassin même, il n'y a pas de croissance, donc
c'est un jeu à somme nulle.
M. Drainville :
O.K. Mais, à ce moment-là, cette mesure-là serait moins exigeante que la mesure
qui s'appliquait auparavant,
c'est-à-dire pour deux départs, il y avait un remplacement, n'est-ce pas? Pour
le Conseil du trésor, là, les économies sont moins grandes avec une politique
comme celle-là qu'avec la politique précédente, qui était de dire : S'il
y a deux personnes qui partent, on n'en remplace qu'une seule. Est-ce que je
comprends bien?
Mme Tremblay (Christyne) : La mesure à laquelle vous faites référence, c'est
une mesure qui visait au niveau de
l'attrition, au niveau de la prise de retraite, où on avait l'obligation de ne
remplacer qu'un employé sur deux. C'est deux mesures qui sont
complémentaires et...
M. Drainville :
Ça tient toujours, encore, ça?
Mme Tremblay
(Christyne) : Oui, ça tient toujours.
M. Drainville :
Deux départs, on n'en remplace qu'un seul ou qu'une seule, c'est ça?
Mme Tremblay
(Christyne) : Oui.
M.
Drainville : O.K. Mais là ce que j'ai compris, c'est que, s'il
y a deux départs, vous pouvez combler les deux places qui sont libérées.
Mme Tremblay (Christyne) : Mais vous faites référence à un employé qui prend
sa retraite, donc là on a un poste d'un
employé qui quitte. Et un employé qui choisirait d'occuper un autre emploi,
donc le poste reste vacant. Et, si c'était quelqu'un qui partait à sa retraite, le ministère choisit quel poste sur
deux il va donner. Donc, pour faire référence à la réponse de M. le ministre, tout ce qui touche la
sécurité en matière d'hydrocarbures, en matière minier sera priorisé, et ce
ne serait pas un poste qui serait donné.
M. Drainville :
O.K. Mais disons qu'il y a deux inspecteurs qui quittent. Vous nous
dites : L'inspection, c'est super important, ça fait qu'on va
combler ces deux postes-là, on ne va pas appliquer la règle du un pour deux
dans ces deux cas-là, O.K., parce que c'est
prioritaire pour M. le ministre, disons. Mais, pour respecter la règle, il va
falloir que vous coupiez, entre
guillemets, ou que vous ne combliez pas deux autres postes ailleurs dans le
ministère, là, pour respecter la règle. En tout cas, je ne suis pas tout
seul à comprendre ça. J'espère que je comprends bien. J'essaie de comprendre, vous comprenez? J'essaie de
comprendre. Puis je pense que, si c'est si compliqué, là, d'avoir la réponse,
je ne dois pas être tout seul à ne pas
comprendre. Je veux comprendre c'est quoi, l'économie là-dedans, dans ce
système-là, là. Je veux comprendre ça, moi, là, là, elle est où,
l'économie, là, pour l'État, là?
M.
Arcand :
Ce que je peux peut-être dire à ce stade-ci, M. le député, c'est que,
premièrement, on ne parle pas de
coupures au sens où les budgets, là, n'ont pas été coupés de 5 % ou
10 %, là, on parle d'une augmentation limitée. Dans notre cas, on parle, je dirais, de gel, on ne
parle pas, actuellement, là, d'une situation où il faut couper un pourcentage
important.
M. Drainville :
M. le ministre, là, on va arrêter de tourner autour du pot, là...
M.
Arcand :
Non, non, mais, écoutez...
M. Drainville :
Le discours, c'est de dire qu'il faut qu'il y ait une rationalisation de
l'État, là. C'est ça, le discours, là,
il faut une rationalisation de l'État. Le résultat de l'opération en cours, ça
doit être une baisse de l'argent qui est dédié aux salaires. À un moment donné, il faut que ça baisse, il faut que les
dépenses diminuent quelque part. La seule façon que ça diminue, c'est qu'à un moment donné on paie moins de monde.
Alors, le moins de monde, il arrive comment? C'est ça que je veux
comprendre.
M.
Arcand :
C'est-à-dire que je pense qu'il faut que vous compreniez une chose qui me
semble très importante. On a parlé du gel de l'embauche, mais on a parlé aussi
d'une commission de révision des programmes. La révision des
programmes, si on décide que tel programme
est moins nécessaire dans l'appareil gouvernemental, qu'est-ce que ça va vouloir dire? Ça
va vouloir dire, admettons... Je ne sais pas, moi, je vous donne un exemple
théorique. Si on dit : Tel programme...
Dans tel ministère, il y a un programme de 100 millions de dollars, on
pense qu'il ne correspond plus aux priorités
d'aujourd'hui, bien, il
y aura forcément dans ce ministère-là
beaucoup moins de fonctionnaires qu'il y en a dans d'autres. Mais, au moment où on se parle, quand on regarde les budgets d'année en année, il n'y a
pas de différence très significative au niveau des budgets. Ce que le ministère nous dit, c'est qu'il n'y a pas de marge de manoeuvre actuellement pour une
croissance des dépenses...
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre, je dois vous arrêter. Merci.
M. Drainville : ...sur le temps du gouvernement parce que j'ai l'impression de leur rendre service un petit
peu aussi, là, une question tellement ouverte.
La Présidente (Mme
Léger) : Le gouvernement, consentement?
M. Drainville :
Je pense qu'on essaie tous de comprendre un peu comment cette histoire-là va
fonctionner. J'ai l'impression de rendre service aussi à mes collègues
libéraux.
La
Présidente (Mme Léger) : Je donne la parole maintenant au
gouvernement. Alors, je ne sais pas à qui je cède la parole, je vais...
Est-ce que je... Oui, M. le député de Pontiac.
M.
Fortin (Pontiac) : Bien, merci. Moi, j'aimerais poser ma propre ligne
de questionnement. Vous savez, pour un
instant, je vais mettre mon chapeau de député de Pontiac — je l'aime, mon chapeau de député de
Pontiac — et
revenir... Vous savez, moi, j'aime
ça, parler des avantages comparatifs qu'on a avec les autres provinces parce
que je suis, justement, député d'une
région frontalière, d'une région qui doit toujours se comparer avec nos
compétiteurs. Ils sont nos amis, ils sont
nos alliés, mais ils sont également nos compétiteurs, les autres provinces,
quand on parle d'attirer des entreprises, par exemple. Et là on ne parle pas juste des grandes entreprises, on parle
souvent de PME qui ont le choix de s'établir au Québec ou en Ontario,
dans un village d'un côté de la rive ou dans un village d'un autre côté de la
rive.
Et un des
avantages qu'on a au Québec, Mme la Présidente, vous le savez, c'est
l'hydroélectricité. Évidemment, c'est
un avantage comparatif et c'est sûrement l'avantage comparatif numéro un au
Québec. Non seulement sa capacité de production ici, mais les taux qu'on peut
offrir, justement, que ce soit aux individus, aux résidences ou aux gens qui
choisissent d'établir leurs entreprises ici.
Et on a la chance d'être parmi les endroits au monde qui sont les plus généreusement dotés de ce potentiel d'énergie
renouvelable. Et là je parle de l'hydroélectricité, mais je parle de toutes
sortes de choses également. Et c'est pour
ça, il y a plusieurs décennies, ensemble, qu'on a pris la décision
collective — et
je remercie les gens qui étaient là avant moi, ça a été fait avant mon temps,
ça, Mme la Présidente — qui
ont pris la décision de nationaliser notre actif
commun, notre bien commun afin d'assurer qu'on ait un maximum de retombées pour
tous les Québécois et aussi, en particulier,
ceux qui, comme moi, vivent dans nos régions. Alors, ça fait longtemps qu'on
s'en sert pour attirer des industries
majeures au Québec. Au début, on s'en est servi pour attirer des pâtes et
papiers. Chez nous, on a attiré des
gens comme Smurfit-Stone et d'autres entreprises. Ensuite, on s'est servi de
cette ressource-là pour attirer des gens dans le milieu de l'aluminium.
Mais, comme je disais, il y a beaucoup d'autres
industries, beaucoup d'autres types d'industries qui profitent aussi de ces
tarifs-là ou qui pourraient, s'ils sont intéressés — je les invite à nous
en parler, à parler aux différentes communautés — à venir s'établir au Québec et à profiter de
ces tarifs-là. Par exemple, ceux qui tirent profit, il y a l'industrie des serveurs informatiques qui ont besoin à la
fois de froid et de courant, ce qu'ici on ne manque certainement pas, au
Québec. Et ça, c'est, évidemment, sans compter tout ce qu'on exporte aux
États-Unis.
Tout ça pour
dire que l'hydroélectricité est au coeur de notre fibre économique. C'est vrai
à travers la province, c'est vrai
chez nous. Nous, on a quatre centrales hydroélectriques dans mon comté, et il y
en a deux qui sont la propriété exclusive
d'Hydro-Québec : la centrale de Bryson et la centrale de Chute-des-Chats
dans la municipalité de Pontiac. Et donc,
avec toutes ces centrales-là, avec tous ces actifs-là, c'est évident qu'il y a
certains événements, certaines circonstances qui, parfois, nous mènent à
prévoir des surplus pour les années à venir, et ça peut être le cas en ce
moment.
• (21 heures) •
Mais, comme
le disait le député de Huntingdon un peu plus tôt, il faut penser à long terme.
Il ne faut pas penser seulement à la
situation dans laquelle on est en ce moment. Il faut avoir une vision d'avenir
un petit peu plus généreuse, et donc
c'est pour ça que toutes ces centrales-là, tous ces actifs ont un potentiel à
long terme stratégique qui est intéressant pour le développement de
notre économie.
Et donc, d'un autre côté, on a entendu, au cours
des dernières semaines et des dernières heures également, le député de Chauveau parler du fait qu'on avait des
surplus énergétiques et nous dire : Bon,
bien, c'est assez, il faut tout stopper.
Mais moi, je dois m'excuser, là, j'ai dû... Notre whip en chef ici nous tient
très occupés avec toutes les différentes commissions parlementaires, toutes les différentes études de crédits, et
ça doit être pour ça, Mme la Présidente, j'ai dû manquer quelque chose, moi, en quelque part, il a dû y avoir un sondage
qui est passé qui dit que les Québécois ne veulent plus d'éolien. Parce que, d'habitude, on le sait,
les positions du deuxième groupe d'opposition sont assez près des positions
qui passent dans les sondages. Alors, j'ai
dû en manquer un en quelque part parce que je n'ai pas vu ça passer. Donc, je
blâme le whip en chef, mais je vais me faire un meilleur devoir de bien suivre
les nouvelles.
Et donc, d'un
côté, on a la Coalition avenir Québec qui parle comme ça, et, d'un autre côté,
on a le Parti québécois, qui, quand
il était au pouvoir, a commandé un rapport, hein, l'actuelle députée de Vachon,
qui était ministre, qui portait vos
souliers à l'époque, M. le ministre, qui avait demandé un rapport pour dresser
un portrait de l'approvisionnement, de
la production, de la mise en valeur et de la consommation des différentes
formes d'énergie qu'on a... On avait payé cher pour ça, on avait payé 1,5 million pour ce rapport-là. Et la
ministre, à l'époque, n'avait pas voulu le rendre public, mais il y avait une recommandation dans ce
rapport-là qui était, évidemment, que les surplus, ce n'était pas une bonne
chose puis, encore là, qu'il fallait tout
stopper. Le rapport s'entendait avec le député de Chauveau. Mais le rapport,
comme le député, pensait à court
terme. Nous, on a la chance, de notre côté, d'avoir le député de Huntingdon,
d'avoir le ministre qui pensent à
long terme. Alors, donnons-nous cette vision à long terme, donnons-nous une
vision. Et j'aimerais savoir qu'est-ce qu'en pense le ministre, de cet
état de situation là.
La Présidente (Mme Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Vous savez, je regarde la situation, qui évolue, d'ailleurs, de façon
extrêmement constante, je vais simplement
vous donner un exemple très pratico-pratique : le gaz naturel. Il y a
actuellement une espèce, je ne dirais pas, d'engouement, mais il y a un intérêt plus marqué maintenant, par
exemple, pour ce qu'on appelle le gaz naturel liquéfié, par exemple. C'est une formule qui semble...
Particulièrement dans des régions nordiques où l'électricité
n'est pas disponible, il y a peut-être des options qui peuvent être
intéressantes de ce côté-là.
Moi, tout ce
que je peux dire, c'est qu'au niveau des surplus énergétiques et sur la
situation actuelle, je tiens à vous rappeler qu'on est quand même dans
une position qui est très avantageuse avec notre production d'électricité et avec cette opportunité que nous avons d'utiliser
nos surplus électriques. Moi-même, j'ai eu l'occasion, depuis les dernières
semaines... J'ai parlé à mon homologue de
l'Ontario, j'ai parlé au ministre fédéral des Ressources naturelles, on essaie
de regarder une intensification peut-être
possible de ce côté-là. Vous savez que le premier ministre va se rendre... Au
mois de juillet, il y a une conférence des premiers ministres de l'Est
du Canada et des gouverneurs de l'Est américain. Le premier ministre sera là,
les gens d'Hydro vont être là, on va discuter de la possibilité de pouvoir
vendre les surplus énergétiques que nous avons, d'avoir, donc, cette vision,
qui est, à notre avis, très importante.
Puis je tiens
à rappeler encore une fois que notre production hydroélectrique, notre
production qui est d'origine hydraulique,
est une production qui est très importante. Et vous savez c'est quoi, le
message qu'on donne, par exemple, aux
Américains actuellement? C'est que les Américains, particulièrement ceux,
encore, qui ont une centrale au charbon... Une centrale au charbon, ça émet 100 fois plus de gaz à effet de serre
que l'électricité. Donc, le secteur, pour
nous, est très important, et je pense
qu'il y a vraiment là un projet intéressant pour le Québec. Les gens nous ont
dit au fil des années : Bien, ils ont du gaz
naturel, là, ils ont du gaz de schiste américain, ils n'ont pas besoin de l'électricité. Mais je pense que l'électricité que
nous produisons non seulement est une production avec un minimum de gaz à effet
de serre, mais elle a également une force hydraulique.
Et, comme vous le savez, cet hiver, les
Américains... Il n'y a pas juste nous qui avons eu froid, il y a eu des records de froid un peu partout aux États-Unis. Je
me rappelle, entre autres... je pense que c'était au mois de décembre où j'ai vu, à un moment donné, qu'à Atlanta, un
soir, il faisait moins 10 °C. Pour une ville en Géorgie... Et la région de
Chicago, les régions de Boston,
New York, tout le monde a connu des froids assez intenses. Et donc les
gens renouvellent actuellement un certain intérêt pour l'Hydro, et les
prix, d'ailleurs, au niveau américain, ont augmenté. Donc, il y a vraiment des possibilités intéressantes à ce
niveau-là. Donc, je vous dirais que, cet avantage très important, nous allons
le regarder et essayer de trouver, justement, ces opportunités.
Il y a actuellement des discussions et, le
premier ministre a eu l'occasion de le mentionner aussi pendant la campagne électorale, il y a une stratégie pour nos
alumineries, hein? Il y a des alumineries qui étaient très intéressées à
venir lorsque... En 2012, il y avait un
intérêt marqué, ces mêmes alumineries là ont commencé à nous contacter. On a
regardé certaines possibilités qui
sont intéressantes, et il y a un intérêt marqué pour notre hydroélectricité. La
seule chose qu'il faut dire
actuellement, c'est que le tarif L, qui était un immense avantage, est un
avantage, mais peut-être moins immense parce
que les prix, depuis quelques années, ont baissé. Mais là ils ont une tendance
à remonter, alors là on espère que ça va continuer dans la bonne
direction. Mais je pense qu'on a un avantage, actuellement, comparatif.
Je vous
dirais, de toute façon, que, dans les prochaines années, il va encore y avoir
des bouleversements. Je vais vous
donner simplement un exemple. On a décidé qu'on ne voulait plus à partir... Je
ne sais pas si c'est 2023, mais, en Allemagne,
par exemple, on ne veut plus avoir de nucléaire. Alors là, les Allemands font
de l'éolien beaucoup, mais, là, se rendent
compte, là, que de ne plus avoir de nucléaire, il y a quand même une force
qu'ils ont moins maintenant et, donc, commencent
à importer du charbon des États-Unis. Je ne sais pas comment ils vont faire
pour avoir un bilan de réduction de
gaz à effet de serre efficace, mais, en tout cas, j'entends dire qu'ils vont
dans cette direction-là. Donc, imaginez-vous, le charbon américain qui était là s'en va vers l'Allemagne et vers des
pays européens au moment où on se parle, et il y a donc un
bouleversement qui se fait de façon importante.
Moi, je dis
toujours par rapport à ça : Encore une fois, l'hydroélectricité demeure un
élément important. J'ai eu l'occasion,
hier encore, devant le ministre fédéral des Ressources naturelles... je lui ai
dit : Écoutez, vous avez BC Hydro qui existe, le Manitoba qui fait de
l'hydroélectricité, le Québec qui est très performant à ce niveau-là, et
d'autres provinces canadiennes, il me
semble que le Canada devrait faire un effort marqué aux États-Unis pour qu'on
puisse, justement, dire jusqu'à quel
point notre hydroélectricité, elle est efficace, elle est compétitive, elle est
verte, elle peut faire le travail pour les
Américains. Et je pense que ça peut représenter pour nous, vraiment, un
enrichissement collectif très important. Alors, on a cette vision-là, cette vision qui est, bien sûr, sur le vert
d'abord. Notre énergie, elle va être verte partout où on peut le faire et elle va continuer de l'être pour les
prochaines années, et il faut continuer à développer ces projets-là en toute
priorité.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le
ministre. M. le député de Pontiac, je laisse la parole maintenant à
monsieur... au député d'Abitibi-Est. M. Abitibi-Est...
Des voix : Ha, ha, ha!
• (21 h 10) •
M.
Bourgeois : Merci, Mme la Présidente.
Vous me permettrez, Mme la Présidente, rendu à cette heure-là, de faire ma petite partie d'histoire. Hier, on est
allés un peu plus loin, mais, ce soir, on va se limiter à revenir juste un
petit peu dans le temps, on va vous parler le Plan Nord initial, quand
il a été annoncé.
Donc, je fais
une petite rétrospective, je m'en viens en 2011. En 2011, on se rappellera que
le Plan Nord avait été annoncé, à
l'époque, par le premier ministre M. Jean Charest, et je me permets de
reprendre une partie du communiqué qui
avait été émis à l'époque pour annoncer le lancement du Plan Nord : «Le Plan Nord est ambitieux. Sa mise en
oeuvre nécessite des investissements
essentiels afin de faciliter l'accessibilité au territoire et d'améliorer la
qualité de vie de ses habitants.»
Donc, déjà, on parle de travailler avec les gens qui habitent le territoire,
principe fondamental qui est respecté encore
par la suite. «Le nouveau modèle d'affaires développé pour les projets du Plan
Nord vient changer à coup sûr la façon
dont le Québec financera les infrastructures et les services publics. À partir
d'aujourd'hui, les coûts d'implantation et d'entretien des
infrastructures seront partagés, tout au long de leur vie utile, par les
entreprises, les communautés concernées, le
gouvernement du Québec et les autres utilisateurs.» C'est
la déclaration que le premier ministre Jean Charest faisait à l'époque.
Donc, ce partage-là aussi... Je pense qu'on a
une préoccupation de la gestion des deniers publics, et cette préoccupation-là, elle se traduit également dans
ce projet, ce grand projet qu'est le Plan Nord. Donc, on met à contribution
l'ensemble des acteurs concernés par le
projet. Les entreprises, c'est elles, quand on
parle de projets miniers, quand on parle de projets dans le domaine
forestier, qui sont les acteurs, qui sont les premiers mis à contribution au niveau
des investissements. Le rôle du
gouvernement, c'est un rôle d'accompagnateur,
c'est un rôle de facilitateur. Mais, l'argent,
c'est eux qui vont l'investir avec leurs
investisseurs — leurs
investisseurs étrangers assez souvent — qui collaborent, qui participent dans
ces projets-là. Je me permets de continuer encore un peu sur l'annonce.
La Présidente (Mme Léger) : Il reste 3 min 30 s.
M.
Bourgeois : D'accord.
«Pour donner vie aux projets et coordonner tous ces investissements, le gouvernement
annonce qu'il créera [la loi de] la Société du Plan Nord, un organisme public
qui coordonnera la réalisation des investissements
publics retenus dans le domaine social et celui des infrastructures de
transport.» Donc, encore là, on fait l'identification
d'une société spécifiquement pour la mise en place. C'est
important, Mme la Présidente, de voir comment se dessine ce projet-là. Ce n'est pas
quelque chose qui va être géré à partir du ministère, mais on veut vraiment
avoir une société qui va s'en occuper
plus spécifiquement, qui a aussi, encore là, une préoccupation toute
particulière au niveau du domaine
social, au niveau des infrastructures, donc de faciliter, d'être un acteur
facilitant, accompagnateur du milieu.
C'est tout ça qui a permis de faire en sorte de
vendre, j'oserais dire, au départ le concept du Plan Nord auprès à la fois des populations, des acteurs investisseurs
des compagnies qui voulaient aller faire des projets. Ils voulaient être
rassurés sur une dynamique qui leur
permettait de dire : On a un milieu qui
est stable, on a un milieu qui est sécure et qui nous permet de, donc, maintenant, penser avec des
projets à long terme, une vision qui va aller au-delà d'un terme, mais vraiment
sur une vision de 25 à 50 ans.
Compte tenu que
le temps qui m'est accordé est un peu limité, j'aimerais permettre au ministre
de pouvoir nous entretenir un peu
plus sur, maintenant, le Plan Nord, comment il a été bonifié depuis ce
lancement il y a maintenant un peu plus de trois ans. Merci.
La Présidente (Mme Léger) : Vous avez deux minutes restantes.
M.
Arcand :
Bien, d'abord, Mme la Présidente, je remercie mon adjoint parlementaire de
parler du Plan Nord, qui est
certainement un des éléments majeurs. Et je suis très heureux de voir que, dans
le dernier budget du ministre des Finances,
on a véritablement, là, mis les efforts nécessaires pour relancer le Plan Nord.
On a indiqué que nous allons créer la Société du Plan Nord, qu'elle va
relever du ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
Et il est clair que l'un des défis qu'on a, c'est de structurer les interventions
gouvernementales dans le Nord avec la
collaboration de tous les ministères. Le grand défi qu'on a, c'est d'avoir vraiment, là, un travail d'équipe, je
dirais, au niveau du Plan Nord parce
que, comme vous le savez, le ministère de la Santé, des Affaires autochtones,
le ministère du Développement
économique, le ministère de l'Énergie, en fait une grande partie des ministères
du gouvernement du Québec sont
impliqués et doivent être impliqués au niveau, je dirais, du Plan Nord. Il doit
y avoir éventuellement une société
qui va coordonner le travail qui va se faire, et le rôle des activités du Plan
Nord, bien, c'est, bien sûr, de financer
aussi des infrastructures stratégiques. On
ne peut pas penser qu'on va se lancer dans ce dossier-là si on n'a pas un
minimum d'infrastructures. Et je
pense qu'il faut travailler en ce sens-là, et
les infrastructures stratégiques commencent de plus en plus à être
identifiées. Il y a un plan de 10 ans, un PQI de 10 ans où on a déjà
indiqué quelles étaient les premières infrastructures
qui seraient identifiées, et je pense qu'au
cours de la prochaine année ça va continuer en ce sens-là. Je vous rappelle que le budget de base dans le Fonds du
Plan Nord, en attendant que l'on ait la
Société du Plan Nord, c'est 63 millions
de dollars que l'on met pour l'année 2014-2015...
La Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre.
M.
Arcand :
...pour faire une série d'interventions.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci.
Alors, c'était tout le temps alloué pour le
gouvernement. Maintenant, on s'en va au
deuxième groupe d'opposition avec le député de Chauveau, 21 minutes.
M.
Deltell : Merci beaucoup, Mme la Présidente.
Rebonjour à vous tous. M. le ministre, on s'était
laissés en plan un peu tout à l'heure
concernant le fonds Capital Mines Hydrocarbures. Je tiens à rappeler la
question. C'est un point sur lequel on est d'accord, que le gouvernement, oui,
doit prendre une part quand l'occasion se
présente. Pas nécessairement tout, ce n'est
pas du mur-à-mur, mais part pour la rentabilité, que ce soit pour les Québécois
et, évidemment, notre porte-monnaie, mais
aussi ça fait partie de la stratégie de l'acceptabilité
sociale, à notre point de vue. Quand le gouvernement est à quelque part, ça peut rassurer bien des
gens. À tort ou à raison, mais ça peut rassurer bien des gens. Donc, on est
d'accord avec le principe du fonds Capital
Mines Hydrocarbures, mais, là où le flou existe, c'est
à savoir jusqu'à quel point le
gouvernement est prêt à investir. Pour nous, à la coalition, notre position est
claire. C'est toujours minoritaire, pas question que le gouvernement
soit majoritaire.
À la question
précise que j'ai posée tout à l'heure, j'ai senti un certain flou de la part du ministre.
Alors, je me permets, pour purifier
l'air, comme on dit... J'offre à nouveau l'occasion
au ministre de clarifier sa pensée. Est-ce que, pour lui, le fonds Capital
Mines Hydrocarbures doit, peut prendre des actions majoritaires dans une
entreprise? C'est majoritaire ou minoritaire. Nous autres, c'est
minoritaire. Est-ce que le gouvernement est ouvert à prendre des positions
majoritaires dans une entreprise, oui ou non?
La Présidente (Mme Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
J'ai déjà indiqué que l'objectif, c'est d'avoir des
positions minoritaires. Maintenant, vous comprendrez que, dans le fonds capital hydrocarbures, c'est un fonds qui est relié, si on veut, à
Ressources Québec et à Investissement Québec.
Il est clair que, si nous avions, par exemple, un projet du siècle... Il est
clair que, ce qu'on considérerait être un
projet du siècle, peut-être, à ce moment-là, que les responsables nous diraient : Écoutez, nous suggérons fortement au gouvernement qu'on
soit majoritaire. Mais, si on parle de projet minier, par exemple, vous
comprendrez... Et c'est un peu ce que le ministre de l'Économie, lorsque j'ai discuté avec lui, me disait toujours, vous
savez, premièrement, entre le moment
où on commence l'élaboration d'un projet
minier et l'ouverture réelle de la mine, etc., des fois ça peut prendre jusqu'à entre 12 et 14 ans, hein? Ce n'est pas simple. À partir du moment où on pense qu'il peut y avoir telle sorte de ressource, et ainsi
de suite, les projets, parfois, prennent énormément de temps.
Vous comprendrez que, dans ces circonstances-là...
Ce n'est pas pour rien que les gouvernements
donnaient, pendant longtemps, des crédits
d'impôt énormes, des retours d'impôt très importants, parce que c'est ce que j'appelle des investissements à haut risque. Vous comprendrez
que, dans ces circonstances-là, le gouvernement n'a
pas pour objectif de devenir
majoritaire dans ces cas-là. Maintenant, il ne faut jamais dire jamais dans la
vie, mais je vous dirais qu'il va y avoir une politique d'investissement qui va se
faire au niveau de cette société-là. Mais la politique d'investissement — et c'est la vision de notre gouvernement — c'est de
supporter nos entreprises, de les aider et de non pas devenir actionnaire
majoritaire.
La Présidente (Mme Léger) : M. le député de Chauveau.
• (21 h 20) •
M.
Deltell :
Bien. En effet, la réponse est plus précise que tout à l'heure, mais je ne vous
cacherai pas que je suis surpris de voir que
le gouvernement ne ferme pas la porte à une prise de possession majoritaire,
une prise d'intervention majoritaire dans des entreprises. La question
était claire. La réponse, le ministre a dit :
Il ne faut jamais dire jamais. D'accord, on
se guidera en conséquence. Et on a hâte, justement, de voir le dépôt de cette
politique, on pourra en débattre plus à fond à ce moment-là.
Autre point, Mme la Présidente, que je vais
aborder avec M. le ministre, c'est la question
des minicentrales. Là, à nouveau, nous avons
un point de vue divergent. Vous avez été dûment élus majoritaires, vous êtes au
pouvoir. Vous l'avez remis dans votre
programme électoral, vous le faites. C'est bien, nous respectons la démocratie.
On pense que ce n'est pas une bonne
idée, mais vous le faites, on est démocrate ou on ne l'est pas.
Maintenant,
on est démocrates, mais aussi des contribuables, puis on veut savoir comment ça
va coûter. Dans le cas des éoliennes,
on le sait, comment va coûter, je n'ai de
cesse de répéter ce chiffre. Mais, dans le cas des minicentrales, c'est le mystère.
Ici, pour la gouverne des gens qui nous écoutent, j'ai
ici le plan budgétaire du budget 2014-2015, le grand livre, et là-dedans on retrouve toutes les politiques qui ont été
annoncées par le ministre des
Finances qui se retrouvent
détaillées. J'invite les gens à regarder la page B.95, dernière ligne d'un tableau qui est très précis concernant l'impact financier de la mise en valeur de toutes les
ressources naturelles. Dernière ligne :
Redémarrage du programme d'achat d'électricité des pertes centrales...
des petites, pardon. Je reprends... C'est ce
qui s'appelle un lapsus, et un lapsus est toujours évocateur. Je reprends :
Redémarrage du programme d'achat d'électricité des petites centrales
hydroélectriques : 2014-2015, une barre; 2015-2016, une barre; 2016-2017,
une barre; total, barre. Il n'y a pas un chiffre, on ne le sait pas. On ne le sait pas,
quel va être l'impact des minicentrales. Si on regarde un peu plus loin, on a peut-être plus d'information. Redémarrage des programmes, ah! là, c'est tout
à fait... c'est
tout très bien défini. Point 6.3, page B.108, alors qu'est-ce qu'on retrouve là-dessus? Programme d'achat d'électricité des petites centrales hydroélectriques : Puissance, Municipalité, Structure du projet, Projets annulés, Total,
Puissance. On n'a pas de chiffres. Ça
va coûter combien?
Alors, Mme la Présidente, ma question est claire au ministre
des Ressources naturelles : Quel est le
montant que le gouvernement entend engager, investir, l'argent des
contribuables, dans les minicentrales?
La Présidente (Mme Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Écoutez, il faudrait faire une analyse exhaustive parce qu'encore une fois ces
projets-là ne sont pas en place. Vous savez, encore une fois, que, dans
ces projets-là, M. le député, on parle véritablement de projets... Les six projets qui avaient été annulés par le Parti québécois en 2013, il y avait six projets
qui totalisaient 83,2 mégawatts, alors
que l'Hydro, là, on parle de 36 000 mégawatts, à peu près, là. Donc,
c'est assez peu significatif en termes de
puissance totale pour l'ensemble du
Québec, mais, par contre, c'est significatif
pour les communautés parce que, dans ces projets-là, vous avez des projets...
Vous avez un premier projet qui est à Saint-Joachim dans lequel c'est majoritairement une entreprise qui a une vocation qui est détenue par la
municipalité. Par la suite, vous avez deux
autres projets autochtones qui sont situés
à Forestville. Et vous avez également un autre projet communautaire, que la
députée de Laviolette connaît bien, Manouane
Sipi, qui est un projet 100 % communautaire dans la municipalité de
La Tuque. Et vous en avez d'autres comme ça.
Maintenant,
le projet comme tel qui a été annulé, nous allons refaire ça, et là, à ce
moment-là, on sera en mesure de vous dire de façon
précise qu'est-ce que ça veut
dire. Mais on ne parle pas actuellement d'éléments qui nous apparaissent
très importants sur l'ensemble du dossier énergétique du Québec, alors... Mais je pourrai vous revenir lorsque nous aurons
fait le point de ce côté-là.
La Présidente (Mme Léger) : M. le député de Chauveau.
M.
Deltell :
Mme la Présidente, c'est un peu décevant parce
que, là, on s'engage dans un programme... Je comprends
que ce n'est pas le projet du siècle, on
comprend que ce n'est pas la Baie James, mais
ce sont quand même des sous qui vont
être investis, et il n'y a rien, rien, rien. Mme la Présidente, je suis un peu déçu parce que mon chef, le chef du deuxième groupe d'opposition, avait posé
clairement la question, il y a environ trois
semaines, en Chambre, le ministre
n'avait pas répondu. Trois semaines plus tard, je reviens à la charge, il n'y a
toujours pas de réponse. On veut avoir, à tout le moins, un ordre de
grandeur. Est-ce qu'on parle de 100 000 $, 1 million,
10 millions, 50 millions?
Vous avez six projets sur la table. Je ne peux
pas croire que, du temps du Parti québécois...
Et même, si je me souviens bien, de mémoire,
c'était sous le gouvernement du premier
ministre Charest que ces projets-là avaient été mis en place... ou,
enfin, on avait commencé à planter, à semer la graine. Est-ce qu'on avait, à
tout le moins, un ordre de grandeur? Que le Parti québécois ait eu le courage — je le salue, d'ailleurs — de mettre un terme à ça, c'est une chose. Mais les gens sont au pouvoir, on vous a déjà
interrogé là-dessus, et ne pas avoir de chiffre, je suis déçu. Est-ce qu'on peut au moins, à tout le moins,
avoir un ordre de grandeur?
M.
Arcand :
Je comprends, mais ces entreprises-là vont avoir des revenus, vont avoir des
dépenses, il va y avoir un bilan
financier. C'est très difficile pour nous, à
ce stade-ci, de vous dire de façon précise... Moi, je vais juste... Si vous
en voulez, des chiffres, je peux vous en
donner. Je peux vous dire, par exemple, que, dans un des cas, il y avait une
poursuite. Lorsque le Parti québécois
avait décidé, par exemple, d'annuler les projets, il
y en avait une, des entreprises, qui avait poursuivi le gouvernement
pour 20 millions de dollars. Alors, voilà un des coûts, là, que vous
vouliez savoir, et le Parti québécois, à l'époque, dans les discussions qu'ils avaient
eues à ce moment-là, il
avait été question de peut-être leur donner quelque chose en
compensation, etc. Alors, il y avait eu des discussions à ce niveau-là.
Mais moi, je
ne peux pas vous donner de chiffres tant et aussi longtemps que je n'aurai pas
les projets clairement définis devant
moi avec les différents bilans, les... Je sais qu'on a besoin de
83 mégawatts de puissance installée. Alors, ça, lorsqu'on le
regardera, je pourrai vous donner le chiffre, par exemple, au niveau des
83 mégawatts, vous dire ce que l'Hydro peut éventuellement livrer à ces
entreprises-là. Il y a eu une étude qui a été faite par Secor et KPMG qui dit qu'une petite hydraulique, ça crée à peu près 16 emplois par mégawatt par année. Alors là,
on va faire l'analyse de ce que ça veut dire exactement, mais on croit qu'un
projet comme celui de La Tuque pourrait créer plusieurs dizaines d'emplois
dans les régions.
La Présidente (Mme Léger) : M. le député.
M.
Deltell : Mme la Présidente, je suis déçu. Voilà que le gouvernement s'est investi beaucoup... a été très clair en campagne
électorale : Nous,
on y croit, aux minicentrales, puis on va les faire,
puis tout ça. Puis c'est correct, vous
avez été élus, vous le faites. Mais que vous
ne soyez pas capables de chiffrer comment ça
va coûter aux contribuables, je
trouve ça dommage. Vous dites — c'est
votre point de vue — que
c'est très significatif pour les communautés. C'est significatif aussi
pour ceux qui paient, on aurait aimé avoir un ordre de grandeur et on ne l'a
pas.
Mais, Mme la Présidente, je vais être bon joueur, il
y a des affaires avec lesquelles on
est d'accord. Plan Nord, une
excellente idée, on est d'accord avec ça. Il faut quand même
mettre en contexte. Je sais que le gouvernement s'était gargarisé — à
juste titre aussi — de
lancer l'initiative du Plan Nord, que c'était important. Je me souviens très bien,
c'était à Lévis, il y avait
une douzaine de projets qui avaient été lancés. Et une journaliste avait fait
l'enquête et avait remarqué que, sur
les projets, la plupart, les gens n'étaient même pas au courant qu'ils
faisaient partie du Plan Nord.
Et, parmi les projets qui avaient été annoncés du
projet du Plan Nord, il y avait Strateco. Et ça, c'est un dossier
qui est délicat parce que
ça concerne l'uranium. Et ça, quand on parle d'acceptabilité sociale, pour
l'uranium, c'est tout un défi, on le
reconnaît. Mais on sait que l'uranium, Mme
la Présidente, c'est important. C'est
important pour bien des aspects. C'est important, entre autres choses, pour la santé. Tous les gens qui passent
des TACO et des choses semblables, médecine nucléaire, ça permet de
sauver des vies. Mais on comprend que, lorsqu'il est question d'uranium, c'est
délicat. Mais, au-delà de ça, Mme la Présidente, ce qui se passe, c'est que le
projet de Strateco, où une entreprise a investi plus de 100 millions de dollars, c'est gelé actuellement. Et là ce qu'on croit comprendre, c'est que c'est une chicane,
différents intervenants, qui veut
tirer la couverte de son bord, puis tout ça, puis bref, au moment où on se
parle, c'est davantage les avocats qui en profitent que les citoyens et
que les travailleurs.
Alors, on
comprend que c'est délicat, on comprend que c'est devant les tribunaux, on
comprend qu'on est sur une glace mince
lorsqu'il est question de ça, mais on comprend qu'il faut aller de l'avant.
Alors, j'ai posé la question au confrère du ministre, ministre délégué aux Mines, hier...
Bien, en fait, je n'ai pas posé la question,
pour être précis, il me restait à peine une minute, donc j'ai lancé un cri du coeur en disant : Souhaitons qu'au gouvernement quelqu'un se propose pour être une espèce de médiateur et ramener tout le monde à la table. Alors,
connaissant les talents du ministre, est-ce qu'il serait prêt à relever ce défi, et de calmer le jeu,
et d'inviter tout le monde autour de la table
pour pouvoir respirer par le nez, mais, en bout de ligne, aller de
l'avant avec ce projet-là?
La Présidente (Mme Léger) : M. le ministre.
• (21 h 30) •
M.
Arcand :
Bien, vous savez, nous voulons créer des emplois et nous voulons que les choses
avancent dans la bonne direction. Dans
le dossier de Strateco, ce qu'il faut dire,
cependant, c'est que c'est très difficile pour nous d'intervenir, alors que le BAPE n'a même pas
terminé son travail sur la filière d'uranium, de dire :
Écoutez, il faut relancer le projet
de Strateco, il faut que le projet fonctionne, on va réunir les gens autour de
la table, alors qu'on a mandaté le BAPE pour, vraiment, jeter un éclairage sur la filière uranium parce que
c'est une filière qui est controversée. Vous comprendrez donc qu'à ce
stade-ci il serait probablement extrêmement prématuré de notre part
d'intervenir dans ce dossier-là pour pouvoir
relancer ce dossier-là, à moins que le rapport du BAPE nous indique de façon
très claire que c'est une filière qui ne comporte pas de risques, que
c'est une filière extrêmement valable, etc.
Deuxièmement,
dans le projet Strateco, il y a déjà eu des discussions qui ont eu lieu par le
passé, des échanges un peu
acrimonieux qui ont lieu entre le promoteur et différents groupes. Il y a une
communauté autochtone impliquée également
dans le projet de Strateco qui est assez négative sur l'ensemble du projet.
Donc, il est clair qu'avec ce
dossier-là actuellement... je vous dirais que les chances qu'on puisse vraiment
voir la lumière à ce stade-ci dans ce dossier-là me semblent, au moment où on se parle, assez minces.
Moi, je pense que la meilleure façon de faire dans les
circonstances, c'est d'attendre le
rapport du BAPE qui va arriver dans les prochains mois. Ce rapport du BAPE là
sera très clair et pourra nous indiquer la marche à suivre pour l'avenir. Si le rapport du BAPE
dit : Écoutez, l'uranium, c'est dangereux, puis il ne
faut pas aller dans cette direction, bien, ça va être la fin de l'histoire. Si
le rapport du BAPE laisse une ouverture, à ce moment-là on sera en mesure de
pouvoir prendre les meilleures décisions dans l'intérêt des citoyens. Et moi,
je me rappelle, il y a
deux ans, à peu près, on avait discuté avec certaines personnes au
sein des communautés autochtones, et les gens sont très
inquiets par rapport à ça. Et je pense que, s'il y a vraiment un travail qui
est fait sur cette filière, on pourra y répondre.
M. le député, juste pour dire une chose à propos des chiffres sur les six
minicentrales, là, les minicentrales vont préparer un plan d'affaires avec des revenus puis avec des dépenses.
Moi, le chiffre que je peux vous donner éventuellement, c'est qu'est-ce
que l'Hydro-Québec, éventuellement, dans un cadre d'un projet de 83 mégawatts avec les six projets...
qu'est-ce que l'Hydro va payer à ces centrales-là. Ça, il y a moyen d'avoir le
chiffre. Mais je ne suis pas pour entrer dans les dépenses d'opération, je n'ai pas vu le projet. Ils doivent
présenter le projet, et donc, à partir du moment où ils vont présenter
le projet, on sera en mesure d'examiner la situation.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci. M. le député de Chauveau.
M.
Deltell : ...je
comprends, là, que c'est votre choix, c'est votre décision, mais nous, bon, d'accord,
on respecte le fait que vous êtes au
pouvoir et que vous allez le faire. On aurait aimé savoir comment ça allait
coûter aux contribuables et, au moment où on se parle, on ne le sait
pas. C'est votre choix, ça va.
Concernant
Strateco, je comprends, Mme la
Présidente, que le ministre,
de son côté, affirme qu'il préfère attendre le BAPE. C'est sage comme attitude, mais on souhaite qu'en bout de ligne
le ministre puisse, à
tout le moins, intervenir pour faire avancer le dossier parce que, là, vous
avez des investissements majeurs qui sont en cours. Et le ministre
sait de quoi je parle. Pendant un an
et demi de temps, là, ça a été pas mal sur la glace, les projets de développement minier au Québec, et le gouvernement était tout fier, lors de son assermentation, de
dire que le Québec est de retour en affaires. Alors, bien.
Mais, dans le cas de Strateco, il faut donner aussi l'exemple, et on l'invite à
agir là-dessus.
Une voix :
...
M.
Deltell : Concernant le
cas très fragile — le
ministre parlait du BAPE — des gaz
de schiste, l'acceptabilité sociale, tout repose là-dessus.
Tout repose sur l'acceptabilité sociale. Mais, s'il y a un concept qui est
subjectif et difficile à définir, c'est bien l'acceptabilité sociale.
Alors, Mme la Présidente, ma question au ministre : C'est quoi pour lui,
l'acceptabilité sociale pour les gaz de schiste?
M.
Arcand :
C'est une très bonne question de la part du député, Mme la Présidente, parce
que l'acceptabilité sociale, ça n'a pas été
défini. Il y a des gens qui nous ont déjà proposé des chantiers à cet effet. Je
vous dirais qu'au ministère on a même
des spécialistes sur la question de l'acceptabilité sociale. Moi, ce que je
peux vous dire par rapport à cela, c'est qu'on travaille sur différents projets. Les projets doivent avoir un
assentiment des communautés. Je pense que c'est un élément important.
Si
vous faites référence plus spécifiquement aux gaz de schiste dans les
basses-terres du Saint-Laurent, comme vous
le savez sans doute, on a gelé les permis. On n'empêche pas, en théorie, les
gens d'au moins arriver avec certains projets
s'ils jugent que la population est prête à ce niveau-là. Mais, comme vous le
savez, il y a un règlement qui existe, que
nous avions fait adopter à l'époque, et le règlement prévoyait que, si une
entreprise avait un projet, voulait faire une exploration et faire une recherche dans les régions, ils devaient, à ce
moment-là, faire... Il y avait toute une procédure qui était reliée à ça, ils devaient même tenir une
assemblée publique dans la communauté touchée. Le gouvernement devait avoir un rapport de la municipalité qui disait
qu'il y avait une acceptation de la part de la population. Et la réalité, c'est
que, compte tenu des émotions que les gens
ont pu vivre sur ces différents dossiers là en 2010 et en 2011, bien,
finalement, les entreprises ont décidé de ne pas faire de projets à ce
niveau-là.
La Présidente (Mme
Léger) : En terminant.
M.
Arcand :
En terminant, je vous dirais que,
dans le cas d'Anticosti, il y a une... je dirais que ce qu'on a pu voir
de la part de la population, c'est qu'il y a, pour ce qu'on fait actuellement,
une bonne acceptabilité sociale dans les discussions qu'on a eues avec les
gens.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci. M. le député de Chauveau.
M.
Deltell :
Il me reste à peu près une minute?
La Présidente (Mme
Léger) : Il vous reste 1 min 30 s.
M.
Deltell : C'est
bien. En terminant, Mme la Présidente, juste pour conclure sur la question des
éoliennes, nous avons basé notre
position, entre autres, sur les études qui ont été faites par MM. Roger Lanoue
et Normand Mousseau. M. Mousseau,
postdoctorat à Oxford University, Ph. D. de Michigan State University, a
enseigné 10 ans aux États-Unis
et au Canada. Roger Lanoue a été
vice-président pendant 15 ans chez Hydro-Québec. Je pense, ce sont des gens qui
savent de quoi ils parlent quand ils
disent que ça va coûter 140 millions
de dollars par année pendant 20 ans.
Et, avec tout le respect que je vous dois, M. le ministre, ces gens-là,
ce ne sont pas des gérants d'estrade.
La
Présidente (Mme Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand : Vous savez, on a des opinions qui sont parfois
très diverses là-dessus. D'ailleurs, l'ancienne ministre n'a pas arrêté les éoliennes. Elle y croyait de
façon importante, nous y croyons à notre niveau. Et il est clair, encore une
fois, que les montants d'argent qui sont
mentionnés sont des montants d'argent qui sont là, mais qui impliquent... En
fait, le rapport sur la Commission
sur les enjeux énergétiques prend pour acquis que l'économie du Québec
n'avancera pas au cours des
prochaines années. Ça, c'est, je pense, la prémisse fondamentale sur laquelle,
nous, on a un certain désaccord avec
la commission. On pense, nous, qu'on va être capables de relancer l'économie de
façon pas mal plus importante que ça.
La
Présidente (Mme Léger) :
Merci, M. le ministre. C'était le temps dévolu au deuxième groupe
d'opposition. Maintenant, on revient au gouvernement avec le député de Pontiac.
M.
Fortin (Pontiac) : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Je suis content de voir que tout le monde a
encore de l'énergie malgré l'heure
tardive à laquelle on siège ce soir. Le député de Chauveau
et le ministre ont fait un bel échange plein d'énergie, donc c'était
intéressant.
Le
ministre a terminé sa réponse à ma dernière question tout à l'heure — un
peu plus tôt, en fait — question
qui portait sur les surplus en
électricité, en touchant sur l'industrie des alumineries au Québec. Alors,
revenons-y, puisque ces dossiers sont d'une extrême importance pour nos
collègues du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
nos collègues de la Côte-Nord, notre collègue de Portneuf. Et, puisque ces
collègues n'ont pas de voix autour de cette table, je vais leur prêter
la mienne pendant quelques instants, Mme la Présidente, si vous le permettez.
L'industrie des
alumineries au Québec, c'est 3 milliards, hein? Ce n'est pas des pinottes,
comme on dit. C'est 11 500 emplois
directs, c'est 20 000 —20 000, deux avec quatre zéros, là — emplois indirects stables. Et, encore une
fois, l'aluminium, c'est là, au Québec, où
on est les champions, hein? Si l'Alberta, eux, c'est les champions des sables
bitumineux, bien, nous, Mme la Présidente,
on est les champions de la production d'aluminium au Canada, hein, on a 90 % de la production canadienne. Et je ne
sais pas si vous savez ça, Mme la Présidente, mais il y en a seulement une,
aluminerie, à l'extérieur du Québec au Canada, et celle-ci se situe dans la
province dont rêve notre collègue de Marie-Victorin, c'est la
Colombie-Britannique, évidemment.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Fortin
(Pontiac) : Et, comme on disait...
M. Drainville :
Quelle culture générale!
M. Fortin
(Pontiac) : Comme on disait, tantôt, qu'on est...
M. Drainville :
...une belle province.
M. Fortin
(Pontiac) : C'est vrai que c'est une très, très, très belle province.
La
Présidente (Mme Léger) : Je
vous rappelle, M. le député de Pontiac, que M.
le député de Marie-Victorin va vous revenir tout à l'heure sûrement, il a le droit de parole
après.
M.
Fortin (Pontiac) : Comme on
disait tantôt, qu'on est le quatrième producteur mondial d'hydroélectricité,
bien, coïncidence, on est aussi le
quatrième producteur mondial d'aluminium. Mais un point particulièrement
important pour tout le monde, c'est
que nous sommes les seuls — et
j'insiste, là, les seuls — à
produire cet aluminium grâce à une source d'énergie renouvelable. Et donc les gens qui achètent des produits de
l'aluminium à tous les jours, les Québécois, peuvent être fiers de leur
achat parce que c'est un aluminium qui est vert.
Alors,
du ministre, ce que j'aimerais savoir, c'est qu'est-ce qu'on entend faire pour
assurer qu'on reste compétitifs à l'échelle mondiale au niveau de nos
alumineries.
• (21 h 40) •
M.
Arcand : Bien, je dois vous dire, M. le député, d'abord que l'industrie de l'aluminium est une industrie qui, au cours, je
dirais, des deux dernières années, a
eu sa part de défis parce
qu'évidemment l'aluminium se vendait
un peu plus cher il y a quelques
années, là ça a baissé un peu. Ça va reprendre, j'en suis certain, parce qu'il y a beaucoup d'applications au niveau de l'aluminium et il y a, bien sûr,
des tarifs, au Québec, qui sont extrêmement compétitifs. On a vu l'entente que le précédent gouvernement a faite avec Alcoa, on a
des ententes avec Rio Tinto qui sont importantes. Il y a
l'Aluminerie Alouette, il y a d'autres projets d'alumineries. Et le ministre de
l'Économie va certainement avoir aussi, je dirais, une stratégie très
claire au niveau d'aller chercher peut-être de nouvelles compagnies
d'aluminium, il y a certainement un intérêt de ce côté-là.
Vous
savez également que l'aluminium, c'est aussi pour nous pas seulement
une matière que l'on exporte tout simplement,
c'est aussi une expertise que nous avons au Québec. Quand vous avez mentionné
que nous avions des alumineries au
Québec, alors qu'il y en a une seule dans le reste du Canada qui est en Colombie-Britannique, vous savez très bien
que, d'abord, premièrement, il y a vraiment une expertise au Québec. Et je
pense que notre savoir-faire en matière d'innovation...
il y a des centres de recherche à l'intérieur des entreprises qui permettent de
véritablement améliorer les choses et de faire, en fait, de ces
alumineries encore des sources, je dirais, encore plus importantes...
D'ailleurs, j'ai parlé tout à l'heure
du 2 juin dernier, lorsque je suis allé au Circuit Gilles-Villeneuve. Et je
vais simplement vous donner un peu
plus de détails sur l'auto que j'ai conduite, et c'est une auto que j'ai
conduite —d'ailleurs,
j'étais avec la députée de Vachon,
hein — autour
du Circuit Gilles-Villeneuve, une voiture qui fonctionne avec une batterie
aluminium-air. Et c'est Alcoa et une firme
israélienne qui ont développé cette technologie et qui souhaitent, d'ailleurs,
fabriquer ces batteries ici même, et ce que
je peux vous dire par rapport à ça, c'est... Et ça, c'est un exemple, à mon
avis, d'innovation, c'est que cette
batterie est composée non pas de cellules de lithium comme c'est le cas en
général, mais bien de
50 feuilles d'aluminium qui, chacune, donne 32 kilomètres d'autonomie
à la voiture. Alors, par exemple, on avait une petite automobile,
là — je
ne me rappelle pas quelle était la marque, là, mais c'était vraiment une
automobile très traditionnelle — et ça veut dire que, dans des conditions
optimales, il peut y avoir jusqu'à 1 600 kilomètres d'autonomie.
C'est pas mal mieux que même, par exemple,
la luxueuse Tesla Model S, où on parle de 500 kilomètres d'autonomie
avec la Tesla Model S.
Alors,
je peux simplement vous dire qu'il y a dans ce dossier-là en particulier pour
nos alumineries... Si, demain matin,
il y avait une façon économique de produire ce type de batterie là, je peux
simplement vous dire que ce serait une avancée extraordinaire, et je
pense que c'est le genre d'innovation qui nous permettrait de distinguer nos
alumineries québécoises et de susciter beaucoup d'intérêt, je dirais, sur le
plan international.
L'autre élément pour
nous, c'est que je pense qu'au niveau des alumineries on a aussi une
opportunité très intéressante avec notre
électricité et avec, par le fait même, nos alumineries. Vous savez qu'on a vécu
avec un dollar à parité pendant
quelque temps. Cette fois-ci, le dollar était en baisse... Il a remonté un peu
récemment, mais il est quand même en
bas... il est autour de 0,91 $, 0,92 $ apparemment. Donc, ça nous
donne une meilleure compétitivité également pour vendre notre aluminium.
Alors,
je pense qu'il y a des éléments à l'intérieur de ça et je peux simplement vous
dire qu'on reçoit des appels. Dès que j'ai été nommé au niveau du
ministère de l'Énergie, les gens, de mon côté, ont entendu parler de certaines entreprises qui étaient intéressées à développer
de nouvelles alumineries au Québec. Nous sommes à préparer un plan
d'attaque pour attirer de nouvelles entreprises, et je pense que ça aiderait,
si on en avait une bonne, là, à régler le problème du député
de Chauveau, qui est très inquiet des
surplus énergétiques. Et, si on avait une bonne aluminerie, je peux simplement vous dire que ça nous aiderait à
régler le problème, je dirais, des surplus énergétiques. Et, comme
vous le savez, on travaille donc à l'élaboration du développement de la filière de l'aluminium pour l'avenir. Il va
y avoir une stratégie parce
que je pense qu'il est très
important qu'on demeure concurrentiels à l'échelle mondiale, et, au Québec, il faut absolument tirer avantage
de cette demande croissante qui se fait dans ce domaine-là et du caractère, bien
sûr, renouvelable de l'énergie que nous avons.
Donc, je pense qu'on
a une belle opportunité actuellement pour avoir cette stratégie dans le domaine
de nos alumineries. Et les alumineries le savent. Je n'ai pas besoin de vous
dire qu'avec l'entente qui a été faite dans le cas d'Alcoa, bien, il y a des gens qui regardent ça et qui sont très
intéressés. Alcoa a eu un très bon tarif, puis c'est parfait, c'est correct. Ils ont créé des emplois, il y a
eu des emplois à valeur ajoutée qui ont été créés dans ce dossier-là, et il y a des
gens qui regardent ça et qui disent : Est-ce qu'on pourrait avoir la
chance... Parce que vous avez des
surplus énergétiques, est-ce qu'on
pourrait en profiter? Et donc on travaille de concert avec le ministère de
l'Économie pour attirer ces nouvelles entreprises
dans l'avenir, et on aura certainement, je dirais, très bientôt à proposer des
choses à ces différentes entreprises.
La Présidente (Mme
Léger) : Nous attendions, M. le ministre, vous étiez pour dire une
stratégie globale et intégrée.
M.
Arcand :
Non, je ne le dis pas toujours.
La Présidente (Mme
Léger) : Ce n'était pas loin...
M.
Arcand :
Je ne le dis pas...
La Présidente (Mme
Léger) : Pas pour l'aluminium.
M.
Arcand :
Pas pour l'aluminium. Je ne le dis pas toujours.
La Présidente (Mme
Léger) : M. le député de Pontiac.
M. Fortin
(Pontiac) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Je suis content d'entendre
certaines des remarques du ministre. Et je tiens à m'excuser auprès de la
députée de Laviolette. On me dit qu'il y a des alumineries en Mauricie
également, donc je suis désolé pour mon oubli.
M. Drainville :
Il y en a en Colombie-Britannique aussi.
Des voix :
Ha, ha, ha!
M. Fortin
(Pontiac) : Absolument! On ne l'avait pas oubliée, celle-là.
L'innovation québécoise ne cessera de nous
émerveiller, mais j'aimerais, M. le ministre... Peut-être que vous pourriez nous dire, un petit peu plus tard,
combien de temps ça vous a pris pour faire le tour du Circuit
Gilles-Villeneuve. Juste par intérêt, comme ça, vous avez piqué ma
curiosité, donc...
Mais
l'industrie, comme vous le savez, M. le ministre, fait face à des enjeux qui
sont quand même relativement importants.
Vous en avez nommé quelques-uns, par rapport au taux de change, par exemple. On
nous dit aussi que les prix sont
relativement bas et que les inventaires sont quand même élevés en ce moment
dans certains milieux et qu'il y a des...
On a parlé des autres marchés, mais les autres marchés, là, qui sont peut-être
quand même compétitifs avec nous, les
trois parties du monde qui produisent plus que nous au niveau de l'aluminium,
si on parle de la Chine, on parle du Moyen-Orient,
ce sont des marchés qui ne se gênent pas pour jouer du coude une fois de temps
en temps. Donc, il y a quand même des défis auxquels on fait face à ce
niveau-là.
Et je reviens
sur les chiffres que j'ai mentionnés un peu plus tôt, les 11 500 emplois
directs et les 20 000 emplois indirects
stables. Et, quand on parle de conditions qui sont un petit peu plus
difficiles, de conditions du marché qui sont peut-être un petit peu plus difficiles, bien, on parle de ces
emplois-là, on parle des gens qui se lèvent le matin pour aller travailler au Québec dans ces alumineries-là.
Donc, c'est pour ça que c'est doublement important, et j'aimerais ça que le
ministre... Il nous a parlé un peu, là,
d'une stratégie à venir, mais peut-être qu'il peut nous parler des différents
tarifs, des différentes conditions de distribution, etc., par rapport
aux alumineries.
• (21 h 50) •
M.
Arcand : Bien, d'abord,
premièrement, pour ce qui est des alumineries, je peux simplement vous dire
que, bien sûr, on veut attirer de
nouvelles alumineries, mais celles qui sont déjà là ont quand même des projets
importants. Par exemple, lorsqu'on a parlé d'Alcoa, l'entente qui a eu
lieu avec Alcoa, je pense que c'est très important de dire qu'Alcoa, dans cette entente-là, a eu un bon
tarif, mais Alcoa s'est engagée à réaliser des investissements qui totalisent
250 millions sur cinq ans,
150 millions spécifiquement à l'aluminerie de Baie-Comeau, et ils vont
vraiment travailler à faire en sorte
qu'il y ait des produits laminés et destinés au marché de l'automobile, la
conversion d'une bouilloire du mazout aux granules de bois, etc. Il y a
différents projets de ce côté-là.
Il y a
Alouette également qui, dans le cadre de sa phase III, va réaliser un
investissement total de 2 milliards de dollars, moderniser ses équipements, etc. Et donc l'ajout d'une troisième
série de cuves, dans le cas d'Alouette, va représenter à elle seule, là, des investissements
de 1,5 milliard de dollars. Alors, je pourrais donc vous dire que c'est le
genre de retombées que génère un tel projet comme tel. Ces entreprises-là ont
eu des tarifs qui étaient, évidemment, inférieurs au tarif L, mais ces
entreprises-là ont réussi à avoir ce tarif en garantissant des emplois, en
garantissant des investissements et en
garantissant, donc, un certain nombre d'investissements. Je tiens à vous
rappeler que ces entreprises-là, également — je prends l'exemple d'Alouette — s'impliquent également, on leur demande
toujours... Je pense que les entreprises,
là-dessus, sont d'accord pour investir dans la communauté. Dans le cas
d'Alouette, elles ont investi dans la construction,
entre autres, d'un pavillon universitaire, là — je pense que c'est à Sept-Îles — et je pense que c'est un des éléments
importants de ce côté-là.
Maintenant,
si je vous parle aussi du Circuit Gilles-Villeneuve, je vous dis que ça a pris
cinq minutes, à peu près. Je
n'allais pas vite. Moi, ce qui était important, c'était voir jusqu'à quel point
la batterie pouvait se prolonger. Et d'ailleurs le vidéo de l'essai
routier est disponible sur ma page Facebook. Alors, je voudrais que vous
sachiez ça.
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Drainville : On peut
mettre ça sur Twitter aussi.
M.
Arcand : On peut
essayer de mettre ça sur Twitter.
M. Drainville : M. le
conseiller politique, là, il faut ouvrir un compte Twitter.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député de Pontiac, non?
M. Fortin (Pontiac) : Non, j'ai
terminé.
La Présidente (Mme Léger) : M. le
député d'Abitibi-Est.
M.
Bourgeois : Merci pour ces précisions, M. le ministre. Mme la
Présidente, moi, je veux revenir sur mon petit sujet du Nord. Compte
tenu que le député de Chauveau...
La Présidente (Mme Léger) : Ne
perdez pas le nord, là.
M.
Bourgeois : Non, surtout pas. Surtout pas. Le député de Chauveau et le
député de Marie-Victorin sont très intéressés. J'ai eu des confirmations
non seulement de la reconnaissance, de la valeur de ce projet-là. Donc, vous me
permettrez de l'élaborer un peu plus, de le
présenter aussi aux nombreux téléspectateurs qui nous écoutent pour qu'ils comprennent
mieux, un peu plus c'est quoi, cette dynamique-là. Parce qu'évidemment on a
parlé beaucoup du volet économique, des
enjeux au niveau du secteur minier, mais ça regroupe... vraiment, c'est une
vision beaucoup plus large que ça.
Ça touche
120 000 personnes, le Plan Nord, hein? C'est au nord du 49e
parallèle. Ça touche à la fois des communautés
autochtones, ça touche un territoire immense, 72 % du territoire
québécois. Par exemple, au niveau des premiers
peuples, on parle de quatre nations : les Inuits, qui sont dans le
Nunavik; les Cris, les Cris de la baie James, dans Eeyou Istchee; les
Naskapis, Kawawachikamach, qui est tout juste à côté de Schefferville, une
petite communauté de 1 000
personnes; et, finalement, les Innus du secteur, j'oserais dire, de la Côte-Nord
et du nord du Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Ces nations-là ont été mises à contribution
dès le début dans les discussions pour, dans le fond, s'assurer que la reconnaissance de ces communautés-là autochtones
avec leurs réalités spécifiques, compte tenu de leur localisation géographique...
Parce que c'est aussi une autre particularité importante et qu'il y a un enjeu
là-dessus non négligeable.
Et là je fais
une petite parenthèse si vous permettez, Mme la Présidente. Quand on parle, là,
de l'enjeu qu'il y a au niveau d'un accès au territoire, je peux vous citer...
On vient de réaliser tout récemment au Québec un projet majeur d'une ampleur moindre que le projet La Grande
à l'époque, mais qui est celui de l'Eastmain-1-A—Rupert—Sarcelle. Ce
projet-là, quand on ajoute le mot «Sarcelle», c'est parce qu'il y a eu une
entente avec la nation crie qui a permis de transformer un ouvrage régulateur en une centrale de production
hydroélectrique. Mais ce que ça a fait également, c'est la construction d'une route d'accès qui a favorisé
l'établissement d'un projet majeur maintenant qui est reconnu à travers le monde avec une compagnie mondiale dans le
domaine de l'or, Goldcorp, avec le projet Éléonore. Et, quand on parle à ces acteurs-là, ces grands joueurs là, ils nous
disent : Écoutez, on a le choix d'aller un peu partout dans le monde pour
réaliser des projets, sauf qu'on doit
établir, hein, dans le fond, l'évaluation du risque, mais aussi les paramètres
d'accueil. On veut avoir des réglementations claires, on veut avoir des
cadres bien définis, on veut connaître le territoire, donc connaître le
potentiel d'établissement de ce côté-là.
Au Québec, on est chanceux, on a une exploration
minière très forte, très vivante, qui réalise des travaux d'exploration qui ont
permis de mettre en valeur, dans le fond, ce potentiel-là en collaboration avec
les travaux du ministère. Parce que les
travaux géologiques du ministère sont un des éléments importants dans la
reconnaissance par rapport au territoire du Québec comme étant un
potentiel minier fort intéressant au niveau mondial, mais également la
facilité d'accès au territoire, la facilité d'avoir aussi de l'énergie pour
exploiter ces ressources-là. Aller réaliser des projets de cette ampleur-là
dans des territoires où il n'y a pas de route d'accès, où il n'y a pas
d'énergie disponible à proximité, on vient
de se discarter presque automatiquement par rapport à d'autres secteurs dans le
monde. Parce qu'il faut bien
comprendre ces enjeux-là, ils sont vraiment par rapport à des localisations à
travers le monde, et non pas entre une
région du Québec et une autre, même entre une région du Québec et l'Ontario ou
la Colombie-Britannique, comme le
député de Marie-Victorin a identifié certains potentiels, certaines situations
là-bas. Mais on s'entend que, quand on fait les comparaisons...
La Présidente (Mme Léger) : ...il
vous reste...
M. Bourgeois : Oui, bien sûr.
M. Drainville : ...une petite
extrapolation...
M. Bourgeois : Une petite, collègue,
petite.
La Présidente (Mme Léger) : 30 secondes.
M. Drainville : C'est de même
que les rumeurs partent, hein?
M.
Bourgeois : Ah! effectivement. Mais, évidemment, donc... Et je reviens
aux nations autochtones qui ont été mises
à contribution, ces gens-là se sont approprié aussi la dynamique pour être des
partenaires de réalisation. Et je suis certain
que M. le ministre pourra nous entretenir des autres volets au niveau de la
dimension économique et environnementale, qui, aussi, sont des enjeux majeurs. Donc, c'est un tout, le Plan Nord,
ce n'est pas juste une stratégie de développement de mines.
La Présidente (Mme Léger) : Merci.
M. Bourgeois : Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Léger) : Vous avez l'occasion de revenir, vous allez
avoir encore un autre 20 minutes pour la partie ministérielle pour conclure la soirée. L'opposition
officielle, maintenant. Alors, je cède la parole au député de
Marie-Victorin pour 18 minutes, pour conclure ce bloc.
M.
Drainville : Merci
beaucoup. 18 minutes pour couvrir tous les sujets, ça ne sera pas facile,
mais on va essayer, Mme la
Présidente. D'abord, une question... Sur la question des redevances, on a posé
la question hier à votre ministre des
Mines, là, il devait nous revenir avec une précision. Je ne sais pas si on vous
a informé de la question, là. Dans le plan budgétaire, il est écrit que
l'ensemble des redevances vont être versées au Fonds des générations — l'ensemble
des redevances minières — et
je ne veux pas que vous me répétiez que vous avez pris un engagement, qu'une
partie des redevances irait... je voulais
juste vous signaler que, dans le plan budgétaire, l'ensemble des redevances
s'en vont au Fonds des générations. Alors, il faudra peut-être préciser
ça à un moment donné.
Une des
choses que votre collègue nous a dites hier, c'est que, bon, il était question
du fait que les crédits d'impôt à
l'exploration minière avaient été coupés de 20 % et que la déduction
fiscale pour les accréditives a été également
coupée. Et, bon, dans un contexte où vous voulez encourager l'exploration,
c'est une décision, disons, qui risque plutôt de la décourager, l'exploration. Vous êtes conscients de ça, je suis sûr que vous
avez déjà eu des représentations
de la part de certaines minières ou de leurs associations
représentatives. Hier, le ministre des Mines nous a dit : Oui, mais là on
fait des simulations, on cherche à
regarder quelque chose — ce sont ses mots — on cherche à regarder quelque chose pour
compenser les coupures qui ont été faites
dans le dernier budget, là. Alors, je ne sais pas si vous pouvez nous aider un
petit peu là-dessus, le quelque chose en
question, visiblement ça viserait à compenser l'effet négatif des diminutions
de crédits d'impôt et des
accréditives pour l'exploration. Donc, mettez-la de côté, celle-là, M. le
ministre, ça pourrait être intéressant que vous nous donniez une petite
réponse là-dessus.
Je
vais vous poser une question dans un tout autre dossier, c'est le dossier du
projet Chamouchouane—Bout-de-l'Île. On a dû vous préparer à
cette question-là. Vous êtes le ministre responsable et d'Hydro-Québec et de
Lanaudière. C'est la région habitée, dirions-nous, la plus touchée par
ce projet-là. Ça préoccupe beaucoup de citoyens, on parle d'une nouvelle ligne de 735 kV. Cette ligne, donc,
de transport d'électricité, elle est fortement décriée. Il y a beaucoup de
citoyens qui craignent pour leur
qualité de vie, qui craignent pour
les paysages également dans une région qui compte beaucoup sur
le récréotouristique pour son développement
économique. Il y a plusieurs
citoyens également qui remettent en question la nécessité de cette ligne-là, de sa pertinence, ligne
qui va coûter 1 milliard de dollars, hein, c'est un très, très gros investissement.
Là,
je sais que vous allez me répondre : C'est une question
de fiabilité, il faut sécuriser le réseau. La population, dans le sud de Lanaudière, a connu une forte croissance, et des
nouvelles infrastructures sont nécessaires pour favoriser la qualité de service et la fiabilité de l'alimentation électrique.
C'est écrit là-dedans, M.
le... Comme je n'ai pas le goût de perdre mon temps, parce qu'il me reste peu de
temps, je vous amène tout de suite à la réponse que je vous donne à la
question...
• (22 heures) •
Des voix :
...
M. Drainville :
...à la réponse que vous me donnez, la sous-question. Et la sous-question,
c'est : Si la ligne, elle est à
ce point nécessaire, comme le prétend Hydro-Québec — et peut-être le ministre, et on nous dit que
c'est à cause du développement de la
Romaine, du développement de l'éolien, bref, il y a une surcapacité de
production, il faut grossir le réseau
de distribution en conséquence — la question qui se pose, c'est :
Comment se fait-il qu'Hydro-Québec n'ait pas prévu ce manque, n'ait pas prévu ce manque ou cette déficience au
niveau du réseau de distribution lorsqu'elle a fait les demandes à la Régie de l'énergie pour obtenir
ces nouvelles capacités de production dans le secteur éolien et dans le secteur de la Romaine? Est-ce que c'est un oubli?
Est-ce que c'est de l'improvisation? Ou se pourrait-il que la véritable raison de cette nouvelle ligne de 735 kV, ce
ne soit pas tellement pour assurer la distribution des nouvelles capacités de
production, Romaine, éolienne, mais que ce
soit plutôt une ligne qui vise à exporter l'énergie sur le marché américain
ou sur les marchés extérieurs, hors Québec?
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre.
M.
Arcand :
Bien, vous savez, il y a différents projets actuellement de l'Hydro dans le cas
de celle dont on parle, dans la
région de Lanaudière, et il y a un autre projet également qui doit, à un moment
donné, avoir une fin. Je pense que l'ancien
gouvernement aussi en a entendu parler beaucoup durant même la campagne
électorale, c'est le projet de Saint-Adolphe-d'Howard,
comme vous le savez, dans lequel... Et il y a une certaine similitude au niveau
de ces projets-là. Ces projets-là, ce
sont des projets qui sont des projets importants parce que ce sont des projets
dans des communautés à forte
croissance. Et je ne suis pas un expert, je ne prétends pas être un expert,
mais, dans le cas, par exemple, de Saint-Adolphe,
on m'a expliqué que, pendant des années, l'alimentation venait d'un poste à
Montréal parce qu'à l'époque les
Laurentides n'étaient pas très, très développées ou avaient un certain
développement. Mais là il y a une accélération du développement, d'où la nécessité de faire la même chose. On retrouve,
dans le cas de l'est de Montréal... exactement dans la région, je dirais, de Lanaudière, exactement le même genre de
problématique. Ce sont des régions à forte expansion, et je peux vous assurer que c'est pour... on a besoin
de cette nouvelle ligne de 735 kV qui entre sur l'île de Montréal pour
des besoins domestiques, et pas pour des besoins nécessairement d'exportation.
M. Drainville :
Pas nécessairement. Ça pourrait, donc.
M.
Arcand :
Bien, écoutez, il faudrait poser la question de façon technique, là, au
président de l'Hydro-Québec lundi, il
pourra vous répondre sur ces questions-là. Moi, ce qu'on me dit, c'est que
c'est essentiellement pour les problèmes de croissance qu'il y a à Montréal et, vous l'avez vous-même dit,
l'importance de la fiabilité du réseau. Parce qu'il y a des pertes, hein? Quand le réseau devient vieux, là,
on a des pertes, on a... et je pense qu'il est important qu'on puisse maximiser
la force électrique de l'Hydro à ce niveau-là.
Maintenant, je pense
que c'est très important, encore une fois, que le... On ne fait pas un
investissement de 1,1 milliard de
dollars, là, sans avoir d'excellentes raisons de le faire. Et, moi, ce que j'ai
eu de la part de l'Hydro, c'est : Essentiellement,
les besoins sont là. Il y a une forte exploitation actuellement de la région de
l'est de Montréal. Pour être responsable
de Lanaudière, il y a des demandes énormes à tous les niveaux, et je pense que
l'électricité fait partie de ces... enfin, la croissance, si on veut, de
la population fait partie de ça.
M. Drainville :
Et l'acceptabilité sociale là-dedans?
M.
Arcand : Bien, vous savez, l'acceptabilité sociale, l'Hydro-Québec travaille depuis nombre d'années sur différents dossiers. Je
peux simplement vous dire que, sur plusieurs de ces dossiers-là, on travaille beaucoup
sur l'acceptabilité sociale.
L'Hydro-Québec embauche des paysagistes, par exemple, pour s'assurer, justement, que les pylônes qui doivent passer le font dans les zones les moins habitées
possible si... Il y a toutes
sortes de techniques
qui sont faites, ils auront l'occasion de vous l'expliquer de façon plus
importante.
Mais, vous savez, la
réalité actuellement, M. le député, c'est que, dans plusieurs régions du Québec,
on a des problèmes, je dirais, reliés de façon
générale à l'acceptabilité sociale. Et je vous dirais même que les députés de
votre parti viennent me voir pour
certains dossiers en me disant : Écoutez, essayez de travailler à faire en sorte qu'il y ait une meilleure
acceptabilité sociale, et ça, je dirais que c'est une problématique qu'on a dans l'ensemble du Québec. Quand vous avez, par exemple, au Québec
des carrières puis des sablières qui ont, par exemple, un permis du ministère
des Ressources naturelles et un certificat d'autorisation du ministère de
l'Environnement, et ça pose un certain problème encore, je peux vous dire que, dans certains cas, je trouve qu'on a
certaines raisons d'être inquiets. Et je
pense qu'il faut travailler tous ensemble à l'élaboration d'un meilleur consensus social parce
qu'à un moment donné il faut que... l'Hydro, avec tout le respect qu'on
doit, doit, à quelque part, passer.
Moi,
j'ai regardé dans certains dossiers qui étaient plus litigieux avec l'Hydro les
différentes options, et les options, parfois,
ne sont pas évidentes. On essaie de minimiser à chaque fois les problèmes pour
les citoyens, mais, à un moment donné,
comme vous le savez, particulièrement dans le sud du Québec, les territoires
sont habités, les marges de manoeuvre ne
sont pas très grandes, et on a le choix à passer dans certaines zones où
l'Hydro-Québec a, au cours des années, réussi à, finalement, avoir leurs propres territoires, et les solutions autres
impliquent des expropriations massives, etc. Alors, il faut être très
prudent là-dedans.
La Présidente (Mme
Léger) : Merci, M. le ministre. M. le député.
M. Drainville :
Il me reste à peu près sept minutes, je voulais parler de l'eau dans le Nord.
Est-ce que vous, vous seriez
favorable à des projets d'exportation d'eau en vrac du Grand Nord québécois
dans le cadre d'un Plan Nord plus, comme vous l'appelez?
M.
Arcand :
Non. D'ailleurs, je pense que c'est en 2005 que... Je pense qu'à l'époque
M. Charest avait signé, je
pense, avec des gouverneurs, entre autres, des Grands Lacs une entente comme
quoi le Québec n'allait pas exporter de
l'eau. À ce moment-là, il y avait eu de la sécheresse de façon importante dans
les régions de l'Ouest américain et...
M. Drainville :
...je pense que l'entente dont vous parlez concernait quand même les Grands
Lacs et le fleuve, je ne crois pas que ça s'appliquait au Nord.
M.
Arcand :
Oui, oui, il y avait le fleuve et les Grands Lacs. Mais, quand même, il y a un
principe général qui existe
actuellement que l'eau n'est pas là pour être exportée, sauf dans des cas
vraiment d'urgence nationale, de désastre majeur. Enfin, il y a toute
une...
M. Drainville :
...ça n'a pas d'avenir? Le développement économique autour de l'exportation de
l'eau, ce n'est pas dans vos plans?
M.
Arcand :
Ce n'est pas dans nos plans actuellement. Ce n'est pas du tout quelque chose
qu'on regarde.
M. Drainville :
Parfait. Sur l'aluminerie, ça fait deux fois que vous faites référence à un
projet d'aluminerie, vous dites que
vous avez été approché, il y a un intérêt. Puis, à un moment donné, je vous ai
entendu dire : Si on avait une bonne aluminerie, là... — trois points de suspension — qui viendrait donc absorber les excédents
d'énergie, là, ce qui réglerait, dans vos mots...
M.
Arcand :
...député de Chauveau.
M. Drainville :
...la préoccupation du député de Chauveau, que l'on aime tous par ailleurs...
Je
veux juste vous dire, M. le ministre, qu'on veut du développement économique.
Si on est capable d'utiliser ces
surplus-là pour créer de l'emploi, créer de la richesse, il est bien entendu
qu'on ne sera pas contre. Mais je ne voudrais pas qu'on se dépêche de trouver vite, vite, vite un projet pour — comment dire? — absorber ces surplus-là juste parce qu'on a des surplus, là, il faudrait... C'est une
richesse qui nous coûte tellement cher à développer, le coût marginal est de
plus en plus élevé. La Romaine, on parle,
grosso modo, de 0,10 $ le kilowatt, là, à développer, là. Alors, il ne
faut pas non plus... Oui, il faut
regarder les beaux projets, mais il ne faut pas non plus se dépêcher d'en avoir
un, d'en attirer un juste pour mettre fin au débat sur les surplus.
C'est juste, je dirais, un appel à la prudence, si vous me permettez.
• (22 h 10) •
M.
Arcand : Je veux vous faire référence, M. le député, premièrement, à l'entente que vous avez faite avec Alcoa, entre autres. L'électricité payée n'était pas terriblement chère, sauf que vous avez
exigé des emplois, vous avez exigé des garanties
d'investissement, de la transformation, etc. Je veux dire, on est dans le même
esprit, et il est clair qu'il faut avoir un cadre dans lequel on va
pouvoir avoir une stratégie, il faut qu'il y ait un encadrement aussi à ce
niveau-là.
Certaines
alumineries qui nous ont approchés veulent avoir des tarifs tellement bas actuellement, et la valeur ajoutée n'est
pas extrêmement forte au moment où on se parle, ce qui fait qu'on
ne poursuit pas les discussions. Il faut vraiment qu'il y ait un projet dans lequel il y a
une valeur ajoutée, bien sûr, pour l'ensemble des Québécois.
Et ce sont les gens au ministère qui évaluent cette situation-là, et je
pense que c'est très clair dans notre esprit également.
M. Drainville : Oui. Puis, quand je regarde, si vous me permettez, M. le ministre, quand je regarde les projets miniers,
là, avec les investissements prévus, il
y a certains projets, là, qui sont
immenses, là. Il y a celui notamment de New Millenium,
là, dans le Nord du Québec, projet de fer, un investissement de 8 milliards. On s'entend que c'est des projets,
dans certains cas, qui vont avoir besoin d'un approvisionnement énergétique.
Vous allez me dire que c'est une évidence, ce que je m'apprête à vous
dire, là, mais il va peut-être falloir se poser la question : Est-ce qu'il
vaut mieux utiliser les surplus pour attirer
une nouvelle aluminerie maintenant ou est-ce qu'il ne vaut pas mieux le garder, ce
surplus-là, pour avoir éventuellement un autre investissement qui nous
rapporterait davantage dans deux ou trois ans, genre?
Alors,
je suis très conscient... je suis sûr que vous mettez dans la balance ces
diverses considérations là et que vous êtes
conscient qu'il faut trouver le bon équilibre entre le moyen et le long terme.
Des fois, on est pressé de sacrifier le long terme pour une décision à court terme parce que ça va faire taire
les critiques, mais, je dois vous dire, si vous prenez votre temps et que vous arrivez avec un bon projet
qui est plus porteur à long terme, je pense que vous allez peut-être
subir quelques critiques à court
terme, mais je pense que l'avenir vous aura donné raison. Et, en tout cas, moi, j'agirais comme ça si j'étais à votre place. Donc, je...
Voilà.
M.
Arcand : Je dois vous dire que, M. le député, à l'époque où nous étions dans l'opposition et qu'il y avait eu l'entente d'Alcoa, je ne
pense pas qu'à l'époque où nous étions dans l'opposition nous avions critiqué
très fortement cette entente-là, nous
avions été très positifs. Je pense qu'entre gouvernements il y a
un consensus, et les gens qui travaillent dans les différentes machines reconnaissent que nous tentons de faire les
meilleures ententes possible dans les circonstances dans l'intérêt des Québécois. Et il y a un certain nombre de critères, je pense, dans
lequel il y a un consensus parmi nous là-dessus.
M. Drainville :
Et je pense qu'il doit me rester à peu près le temps de poser une question. Si
jamais la réponse déborde sur le
temps des gens d'en face, des collègues, peut-être qu'ils vous permettront de
poursuivre la réponse parce que c'est
un dossier qui est très important, vous y avez fait référence à quelques
reprises, c'est Old Harry. Je vous ai entendu dire : Si tout va bien, s'il y a une conclusion heureuse, il y aura
dépôt d'un projet de loi à l'automne. C'est le fameux projet de loi sur les lois miroirs. Visiblement, vous
n'êtes pas sûr que vous allez pouvoir le faire parce que visiblement, à
l'interne, on doit vous dire :
Écoute, les négociations avec Ottawa, ce n'est peut-être pas aussi... ça peut
prendre un certain temps, ce n'est peut-être pas facile.
Pouvez-vous,
à tout le moins, nous éclairer un peu sur, disons, les défis d'en arriver à une
entente avec Ottawa sur les lois
miroirs? Quels sont les deux ou trois grands enjeux qui pourraient nous
éclairer, qui pourraient faire en sorte que le projet de loi ne serait peut-être pas déposé, comme vous le
souhaitez, l'automne prochain? Vous voyez le sens de ma question?
M.
Arcand :
Oui, oui, très bien, très bien. Je vois essentiellement le sens de votre
question.
La Présidente (Mme
Léger) : Et vous avez une minute pour y répondre.
M.
Arcand :
Oui. Alors, écoutez, bien, je pense que les enjeux, très clairement, ce sont
des enjeux territoriaux, d'une part.
Comme vous le savez très bien, il y a eu des reconnaissances territoriales
entre les provinces dans lesquelles il
y a, semble-t-il, une certaine reconnaissance entre provinces, mais non pas une
reconnaissance, par exemple, du gouvernement
fédéral. Alors, ça, c'est une discussion qu'on doit avoir à ce niveau-là. Nous
avons traditionnellement eu au Québec
un certain nombre de revendications
territoriales. Il y a des zones qui sont un peu grises parfois au niveau
de certains développements, le rôle, par exemple, dans le cas même,
je dirais, d'endroits qui doivent être protégés, le rôle du gouvernement
fédéral, de Pêches et Océans par rapport à notre gouvernement, etc.
Alors,
on est dans un processus, actuellement, de discussion. Je dois vous dire cependant
que, le gouvernement fédéral,
évidemment, on tente de faire en sorte que les choses
avancent dans la bonne direction. Il
y a aussi... c'est qu'on n'a pas les mêmes institutions, hein? On a le
BAPE; eux ont l'Office national de l'énergie. Qui va s'occuper de quoi?
Quelles sont les façons de faire? Est-ce qu'il va y avoir à l'intérieur de ces
négociations-là... Lorsqu'il va y avoir des dossiers
respectifs, est-ce qu'il y a moyen de... je ne dirai pas de fusionner, mais
d'avoir une espèce de bureau dans lequel chacun va avoir ses compétences? Alors, ce sont les genres de dossiers
sur lesquels actuellement on travaille pour essayer d'en venir à des
ententes.
Là
où moi, j'ai une certaine, je dirais... je ne dirai pas une angoisse, mais je
voudrais juste qu'on accélère le pas de
ce côté-là, c'est qu'il y a déjà un accord entre le Canada et Terre-Neuve. Et,
comme vous le savez, Terre-Neuve n'est pas
tellement loin, et donc je ne voudrais pas qu'on en arrive à être en retard au
niveau d'une décision. Et, en ce sens-là, je pense qu'il faut être
proactif dans ce dossier-là. Je sais aussi qu'il y a des inquiétudes au niveau
des résidents des Îles-de-la-Madeleine par
rapport à ça, mais je pense qu'il faut qu'on ait quand même une loi qui va
refléter l'accord de 2011 de la meilleure façon possible.
Alors, c'est ça
actuellement, les enjeux. Mais je dois vous dire que les équipes travaillent,
et les dernières informations que j'ai eues
à ce niveau-là me démontrent que... Je pense qu'il y a possibilité qu'on puisse
présenter une loi cet automne parce que je pense qu'il y a moyen de
faire des compromis de part et d'autre.
La
Présidente (Mme Léger) : Merci, M. le ministre. Ça a été deux minutes
de plus que les députés ministériels ont accepté de donner au député de
Marie-Victorin et au ministre, alors qui sera imputé...
M. Drainville : Et je les en
remercie, je les en remercie sincèrement. Merci.
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, c'est de la belle convivialité ici,
là. Alors, de ce côté-ci, je cède la parole je ne sais pas à qui. À M.
le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Je vais reprendre
parce que je n'ai pas eu l'occasion de terminer tout à fait...
La Présidente (Mme Léger) : Vous
aviez fait votre préambule, c'est le ministre qui n'avait pas répondu.
M. Bourgeois : Mais...
Une voix : ...
M. Bourgeois : Oui. Oui, oui. Mais,
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Léger) : Vous
allez nous parler de Colombie-Britannique?
M. Bourgeois : Eh non!
La Présidente (Mme Léger) : Non?
M. Bourgeois : Même que je ne
parlerai pas nécessairement du Plan Nord, mais je vais plutôt vous parler... Depuis le début de la séance, on a parlé beaucoup
des nombreux enjeux énergétiques, que ce soit au niveau des surplus en hydroélectricité, que ce soit au niveau de la mise
en valeur du potentiel pétrolier du Québec — je suis conséquent avec les préoccupations du député de Marie-Victorin,
donc — mais un
élément où je pense qu'on pourrait avoir un peu plus de discussions,
c'est au niveau du gaz naturel, qui est un enjeu de premier ordre.
Nous ne sommes pas producteurs, mais plusieurs
utilisateurs sont préoccupés de l'approvisionnement en gaz naturel au Québec, et aussi plusieurs régions,
actuellement, ne sont pas desservies au niveau de l'approvisionnement en gaz
naturel. Le gaz naturel représente
13,5 % de la consommation énergétique du Québec. En 2010, 52,2 % de
la consommation de gaz naturel au
Québec était destinée à l'industrie et 37,7 % au secteur commercial. C'est
quand même assez intéressant comme approvisionnement.
Le principal
produit de substitution au gaz naturel est le mazout lourd, dont les prix sont
plus volatiles et généralement plus élevés. Évidemment, les impacts sur
les émissions de gaz à effet de serre sont beaucoup plus importants que ceux du
gaz naturel.
Dans ce
sens-là, moi, j'aimerais qu'on regarde le gaz naturel comme alternative, mais,
malheureusement, il ne se rend pas
partout au Québec. C'est une problématique en général, mais particulièrement
problématique dans le cas de la Côte-Nord
et du Nord-du-Québec — ah! je reviens un peu au Nord du Québec, ça doit être l'habitude,
Mme la Présidente. L'Aluminerie Alouette, par exemple, un acteur
économique majeur non seulement pour cette région, mais aussi pour l'ensemble
du Québec, cherche depuis longtemps une solution en approvisionnement gazier.
La
question de la distribution de cette ressource amène également
d'autres enjeux au Québec et en Amérique
du Nord. Par exemple, l'augmentation de l'accessibilité au carrefour gazier de Dawn, en Ontario, est un
enjeu important pour le marché de
l'Est canadien. Le fait est que l'incertitude qui règne actuellement dans le marché du transport du gaz naturel au Canada
nuit au développement économique, car elle risque de compromettre la réalisation de grands projets d'investissement.
Le gouvernement précédent ne semblait pas se
préoccuper de cette filière. Les seules interventions qu'on leur connaît reflétaient davantage la position de
blocage pour ce potentiel économique plutôt que celle d'un appui à ce secteur.
Il suffit de nommer le projet de loi n° 37, interdisant certaines activités
destinées à rechercher ou à exploiter du gaz naturel sur les gaz de
schiste.
• (22 h 20) •
Une voix : ...
M.
Bourgeois : Il n'a pas
raison? Non, mais je voulais être sûr que vous écoutiez bien ce que j'étais en
train de vous adresser, M. le député.
La Présidente (Mme Léger) : Il va
vous manquer de temps, M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : On comprend que...
Vous avez dit...
La Présidente (Mme Léger) : Il va
vous manquer de gaz.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Bourgeois : Oh! il ne
faudrait pas me mettre au défi, Mme
la Présidente. On comprend que le gouvernement avait une vision assez étroite du potentiel gazier au Québec à
cette époque. Contrairement au
gouvernement du Parti québécois, le PLQ
a pris une position claire à l'égard du potentiel gazier avec l'annonce, dans
le dernier budget, de la création d'un comité
interministériel afin d'évaluer les projets de desserte de gaz naturel
liquéfié, notamment sur la Côte-Nord, afin de sélectionner les plus
avantageux tant sur le plan financier qu'environnemental.
Il serait intéressant que le ministre de l'Énergie
et des Ressources naturelles puisse partager avec nous et l'ensemble de ses collègues quelques informations
supplémentaires à ce sujet. Face à ces nombreux défis, comment le gouvernement
entend utiliser la filière du gaz naturel comme levier au développement
économique du Québec, M. le ministre?
La Présidente (Mme
Léger) : On n'avait pas parlé de gaz naturel. Alors, allez-y.
M.
Arcand :
Bien, d'abord, laissez-moi vous dire que je remercie mon adjoint parlementaire
pour cette question parce que le gaz
naturel... Et on s'aperçoit qu'on a besoin, au Québec, de plusieurs sources
d'énergie. L'hydroélectricité, parfois et même très souvent, c'est
extrêmement important. On a besoin d'hydrocarbures. Le gaz naturel fait partie,
évidemment, du paysage québécois, et on travaille de très près avec Gaz Métro.
Je peux vous dire
que, sur le plan strictement environnemental, si je mets mon ancien chapeau de
ministre de l'Environnement, on avait avec
Gaz Métro, là, des projets de biométhanisation extrêmement intéressants. Et on faisait d'ailleurs,
avec différents produits, là, ce qu'on appelle du gaz de nouvelle génération,
ce qui était quelque chose d'extrêmement bon sur le plan, bien sûr, écologique.
Maintenant,
vous savez que, sur le plan économique, actuellement — j'ai eu l'occasion de le dire tout à l'heure — il y a des projets de développement économique qui
sont importants qui nécessitent une source d'approvisionnement qui
est fiable et compétitive, et je pense que le projet IFFCO, pour nous, est actuellement
une priorité très importante parce que nous sommes en attente de confirmation d'un approvisionnement de 30 milliards de pieds cubes par année qui est nécessaire
à la mise en place de ce projet d'investissement. Dans le cas de Bécancour, là,
c'est presque 20 % de la consommation
de gaz naturel au Québec qui va strictement se retrouver dans la région de
Bécancour. Et c'est un projet de 1,2 milliard de dollars, ce n'est
quand même pas rien, et il faut s'assurer, donc, qu'on a le potentiel à ce
niveau-là.
On
travaille toujours aussi pour le projet de la route bleue, le transport, les
technosolutions. Je pense que j'ai vu, il
y a environ deux semaines, l'administration Obama dire que, pour tous les projets de transport par
camion, c'était le gaz naturel qui
était la solution retenue pour l'avenir. Donc, on présume qu'il y aura
de plus en plus dans l'avenir, au lieu d'utiliser les hydrocarbures... Et je sais que l'administration Obama a déjà
annoncé des projets extrêmement plus agressifs qu'auparavant, en tout cas, en matière de réduction de gaz à effet de
serre. Donc, je pense que le gaz naturel va jouer, aux États-Unis certainement et donc, par le fait même,
au Québec, particulièrement dans le transport routier, un rôle qui va
être de plus en plus important.
Une
des choses que je peux dire également, c'est que le gaz naturel liquéfié — j'ai eu l'occasion de le dire — dans le transport des marchandises
aussi, est un élément important. D'ailleurs, Gaz Métro regarde actuellement la possibilité d'augmenter sa production de gaz naturel liquéfié à son usine de Montréal,
et donc il y a, je dirais, vraiment une importance grandissante du gaz actuellement au Québec. Et, au niveau du gaz naturel
liquéfié également, il y a des entreprises... Je pense que c'est une
entreprise norvégienne qui investit dans la région du Centre-du-Québec à ce
niveau-là.
Moi,
je pense que, pour le Plan Nord, il y a certainement des possibilités
éventuellement, là, d'avoir un pipeline qui pourrait commencer à
Sept-Îles et se rendre plus loin dans le Nord. Ça fait partie des choses qui
sont regardées actuellement. Donc, il y a
différentes possibilités, et je vous dirais que cette filière du gaz naturel,
pour nous, est une filière qui
demeure très bonne, très importante. Et Gaz Métro, qui joue, comme vous le
savez, le rôle de distributeur exclusif au Québec, eh bien, va continuer
de jouer un rôle extrêmement important, et on regarde ça de très près.
Je
peux vous dire que, la question de l'approvisionnement sur la Côte-Nord en gaz
naturel, dans le Plan Nord, actuellement, on regarde véritablement les
moyens que nous avons de régler ça le plus rapidement possible. Et vous savez
que ce n'est pas pour rien qu'on parle aussi du transport maritime, d'une
stratégie maritime, comme le premier ministre l'a dit, parce que, que ce soit
par voie maritime ou par voie terrestre... Mais, dans un monde idéal, ce serait
probablement mieux par voie maritime. On
peut transporter du gaz, on peut faire des choses extrêmement intéressantes,
et je dirais que ce sont des options...
particulièrement sur le plan maritime, ce sont des options qui sont plus
réalistes, moins coûteuses que de
faire des distributions par gazoduc. Alors, le gaz naturel liquéfié, je pense
que c'est quelque chose qu'on regarde actuellement de façon importante.
Alors,
je vous dirais que l'importance du gaz naturel, elle est là, nous allons agir
en conséquence. Et je tiens à dire qu'à
ce stade-ci nous ne parlons pas de gaz de schiste, on parle du gaz naturel qui
vient de l'extérieur, et donc nous allons travailler pour que ce gaz naturel là joue pleinement son rôle et soit
un complément énergétique à tout ce qui se fait au Québec actuellement.
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, il vous reste quatre minutes, mais je
dois avoir l'autorisation pour faire le quatre minutes parce qu'on dépasse de deux minutes. Alors, il reste
quatre minutes. Est-ce que vous avez consentement qu'on termine le
quatre minutes?
Des voix :
...
La
Présidente (Mme Léger) : Alors, allez-y, M. le député d'Abitibi-Est.
Allez vers la fin, là, puis demandez au ministre la fin comme...
M.
Bourgeois : Bien sûr. Bien, Mme la Présidente, merci. Merci, monsieur...
La Présidente (Mme
Léger) : Demandez au ministre s'il a d'autre chose à ajouter.
M.
Bourgeois : Oui, oui, c'est ça. Merci, M. le ministre, pour les
précisions. Évidemment, on compte quand même,
de ce côté-là, que la solution au niveau de l'approvisionnement en gaz naturel
sera mise à contribution, comme vous
le dites si bien, à la fois pour le bénéfice de la mise en place du Plan Nord
plus et également dans la stratégie maritime, deux éléments majeurs,
dans le fond, qui ont été mis en place dès l'annonce du budget.
Donc, là-dessus, Mme
la Présidente, on peut procéder à la fin de la session, à moins que... M. le
ministre, aviez-vous d'autres commentaires?
La Présidente (Mme
Léger) : M. le ministre, une minute pour le mot de la fin.
M.
Arcand :
Une minute pour le mot de la fin. Bon. Alors, moi, je pense que...
La Présidente (Mme
Léger) : Il vous reste de l'énergie, M. le...
• (22 h 30) •
M.
Arcand :
Oui, oui, oui. J'ai l'énergie qu'il faut, il n'y a aucun problème. Je dois vous
dire que je pense qu'on a eu des
échanges extrêmement intéressants aujourd'hui sur l'ensemble des filières.
Comme vous pouvez le constater, les
dossiers énergétiques ne sont pas des dossiers qui sont simples, il y a
beaucoup de complexité, et nous surveillons la situation de près parce que c'est une évolution qui se fait de façon
très importante. Je dois vous dire que j'ai eu l'occasion de rencontrer plusieurs des dirigeants mondiaux
dans le domaine énergétique lors de la conférence de Montréal au mois de juin, et je pense que le consensus général,
c'est qu'on ne sait jamais tout à fait ce qui va arriver dans les prochaines
années. Il faut donc être extrêmement rigoureux dans le processus que nous
avons.
Je
pense qu'on a tous quand même un objectif, c'est de pouvoir maîtriser notre
énergie — comme le
disait le rapport sur les enjeux
énergétiques — de la
meilleure façon possible, maîtriser notre énergie, d'avoir une énergie la plus
propre possible et d'avoir des quantités également suffisantes d'énergie
pour qu'on puisse avoir vraiment des opportunités économiques pour le Québec
dans l'avenir.
Alors, je pense que
je veux remercier tous les députés, les députés de ma formation politique, le
député de Marie-Victorin, le député de Chauveau, Mme la députée de Mirabel.
Merci.
Je termine en
présentant à cette commission d'abord certains objectifs pour l'évaluation
environnementale stratégique globale sur les
hydrocarbures, tel qu'on en avait discuté. Et j'ai ici un document qui parle de
la description sommaire, là, des
activités de déclassement de Gentilly-2, alors pour quand même avoir un aperçu,
là, de l'avenir de ce côté-là, de quelle façon on y va. Alors, je
pourrai déposer ça à la commission.
Alors, merci
infiniment pour ces discussions.
Documents déposés
La Présidente (Mme
Léger) : Alors, on dépose ça. Merci. Oui, Mme la députée de
Laviolette.
Mme Boulet :
...prendre 10 secondes pour joindre ma voix à celle du ministre...
La Présidente (Mme
Léger) : Vous avez encore du temps.
Mme
Boulet : 10 secondes, Mme la Présidente, pour remercier
tous les fonctionnaires et le personnel politique qui sont derrière nous parce qu'on sait que les
crédits, hein... Je pense que vous le savez tous, combien c'est de l'ouvrage
pour ces gens-là. Alors, depuis plusieurs
semaines, ils se préparent. Alors, je voulais juste vous dire merci pour votre
présence. C'est toujours très apprécié puis une collaboration
extraordinaire. Merci.
M. Drainville : ...je me joins à la députée de Laviolette. Merci à tous
les gens qui vous ont accompagné, M. le ministre.
Mme Boulet :
Oui. Bien, je savais que... Merci. C'est ça.
La Présidente (Mme
Léger) : Ce n'est pas tout à fait terminé encore, presque.
Une voix :
Pas déjà?
La
Présidente (Mme Léger) : Effectivement. Et vous me permettrez de dire
merci d'abord aux députés aussi, M. le ministre, votre équipe,
évidemment le secrétariat qui nous accompagne.
Documents déposés
Et je dépose ici les
réponses aux demandes de renseignements de l'opposition de façon officielle.
Voilà.
Et
la commission va maintenant ajourner ses travaux au lundi 30 juin, à
9 heures, où elle entreprendra l'étude du volet Hydro-Québec des
crédits du portefeuille Énergie et Ressources naturelles. Et ce sera le
vice-président qui va assumer la présidence
pour les crédits d'Hydro-Québec, je vous retrouverai plus tard dans la semaine.
Alors, au plaisir et merci à tout le monde. Merci à toute l'équipe, la
sous-ministre et toute votre équipe.
(Fin de la séance à 22 h 33)