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(Quinze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance de notre commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation ouverte. Je vous rappelle notre mandat
qui est le mandat suivant: Procéder à l'étude du programme
10, qui est le Développement des pêches et de l'aquiculture, des
crédits budgétaires du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation pour l'année financière
1992-1993.
M. le secrétaire, nous avons, je pense, un remplacement?
Le Secrétaire: Oui. M. Brouillette (Cham-plain) est
remplacé par M. Maltais (Saguenay).
Développement des pêches et de
l'aquiculture
Le Président (M. Richard): M. le ministre, vous avez, je
présume, des remarques préliminaires?
M. Vallières: Oui, M. le Président, si vous me le
permettez.
Le Président (M. Richard): Sûrement, vous avez donc
la parole.
Remarques préliminaires M. Yvon
Vallières
M. Vallières: En premier lieu, je voudrais indiquer
à mes collègues de l'Assemblée nationale qu'il me fait
plaisir d'être ici aujourd'hui, en compagnie des principaux officiers du
ministère, afin d'échanger sur un secteur d'activité
économique à la fois important et particulier. Et j'espère
que nous aurons l'occasion d'examiner ces crédits qui ont
été déposés et qui devraient nous permettre non
seulement de constater l'importance du secteur, mais jusqu'à quel point
le gouvernement actuel fait de l'exercice un exercice sérieux afin de
doter l'ensemble du Québec maritime des politiques les plus aptes
possible à permettre son développement et d'assurer
également que ce secteur, en plus de se développer, connaisse une
assise solide pour plusieurs années.
J'ai utilisé volontairement, M. le Président, l'importance
et le particularisme du secteur des pêches étant donné la
structure gouvernementale qui a été mise en place pour soutenir
son développement. Le secteur des pêches et de l'aquiculture
commerciales constitue une source d'emplois et d'activités primordiale
dans des régions entiè- res comme la Gaspésie, les
îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord ou encore la
Basse-Côte-Nord.
On dénombre, comme vous le savez, actuellement, quelque 5366
pêcheurs et aides-pêcheurs au Québec, dont 2292 sont
propriétaires de leur bateau. Bon an, mal an, les quelque 50 usines de
transformation de poisson qui sont situées en régions maritimes
fournissent des emplois à quelque 4470 travailleurs, dont près de
la moitié sont des femmes. Ajoutons à ces statistiques
qu'au-delà de 50 % de ces travailleuses ont un conjoint qui est
pêcheur et que, dans bien des cas, l'usine constitue l'unique source de
revenu stable de ces ménages. Pour cette main-d'oeuvre, la
mobilité est à toutes fins utiles inexistante.
Le secteur des pêches et de l'aquiculture commerciales a
impliqué, au cours de la dernière année, des
dépenses gouvernementales de près de 22 500 000 $. D'autre part,
notre prévision budgétaire pour 1992-1993 s'élève
à 27 400 000 $. (15 h 40)
Je me propose donc, M. le Président, de vous dresser un court
bilan des résultats de la saison 1991, de même qu'un portrait de
la situation actuelle dans l'industrie des pêches. Je vous parlerai
également des initiatives qui ont été prises par le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
pour faire face à cette période de mutation que nous connaissons,
aux nouveaux défis que nous devons affronter, aux différentes
perspectives de développement qui s'offrent et aux différentes
stratégies que je compte mettre en oeuvre pour rendre le secteur
québécois des pêches des plus performants.
Malgré une reprise encourageante dans les prix de certaines
espèces importantes, très peu d'intervenants sectoriels ont pu
améliorer leur situation de façon notable au cours de la saison
1991. Comme pour plusieurs autres produits de consommation, le marché
mondial des produits marins est en profonde mutation. Tous ces changements
obligent nos pêcheurs et transformateurs à réviser de fond
en comble leurs modes d'opération traditionnels. Comme nous le savons,
près de 80 % de la valeur de la production des usines de transformation
de nos régions maritimes est exportée principalement aux
États-Unis; 62 % de nos exportations plus précisément aux
États-Unis, 16 % dans la Communauté économique
européenne et 12 % au Japon. au total donc, la valeur globale de nos
débarquements en 1991 a connu une hausse légère de l'ordre
de 8 % malgré une baisse des volumes de 5 %. cette hausse est imputable,
en presque totalité, au secteur des mollusques et crustacés. ce
secteur a graduellement pris une importance considérable pour notre
industrie. les revenus
provenant de ces espèces représentent maintenant plus de
70 % des revenus de l'ensemble des pêcheurs, même si les crabiers,
homardiers et crevettiers comptent pour moins de 20 % du nombre total de
pêcheurs au Québec.
Vous me permettrez de tracer maintenant un portrait plus précis
de ce qui a pu se passer en 1991 à partir des données qui
m'apparaissent les plus significatives. La régression des prix de la
morue peut s'expliquer en grande partie par la diminution très
importante des importations américaines de filets de poisson de fond au
cours des deux dernières années. Cette baisse est de l'ordre de
65 000 000 de livres pour chacune de ces deux années. En fait, la
concurrence est très féroce sur nos marchés traditionnels
d'exportation pour la morue, étant donné la possibilité
d'approvisionnement en provenance de l'Alaska, où les
débarquements de poisson de fond sont passés de 287 800 tonnes
métriques, en 1986, à 2 065 000 tonnes métriques en 1990.
L'impact de la hausse des prix de la morue sur le revenu des pêcheurs
s'est trouvé fortement atténué par la diminution des
prises de l'ordre de 20 % et par la vigueur du dollar canadien.
La situation qui prévaut donc fait en sorte que 80 % des
pêcheurs de poisson de fond continuent à éprouver des
difficultés à rentabiliser leurs activités. C'est pourquoi
des mesures de soutien temporaire au revenu de ces pêcheurs ont dû
être offertes encore une fois en 1991.
La pêche au sébaste a, quant à elle, retrouvé
les volumes de capture des années 1988 et 1989 avec 15 000 tonnes
métriques, mais les marchés pour ce produit sont demeurés
faibles. Les opérations de la société Madelipêche,
qui traite près de 85 % de cette espèce, s'en sont trouvé
naturellement affectées.
Dans le secteur des poissons pélagiques, nous avons
assisté à une baisse des débarquements de 21 % à
7120 tonnes métriques et à une diminution des revenus de 33 %,
les faisant passer de 3 000 000 $à2 000 000 $.
Finalement, ce sont les pêcheurs de homard, crevette et crabe qui
se sont le mieux tiré d'affaire en 1991 avec un accroissement de leurs
revenus de 13 %, à 53 800 000 $, malgré une diminution des
volumes capturés de 5 % à 23 500 tonnes métriques.
Toutefois, l'augmentation très importante de l'offre de crabe Opilio en
provenance de l'Alaska, soit 117 000 tonnes métriques en 1990 à
195 000 tonnes métriques en 1991, commence à avoir des effets sur
les prix qui sont en baisse régulière depuis quelques mois.
La production mondiale de crevette d'élevage ne cesse de
s'accroître et atteint maintenant plus de 600 000 tonnes
métriques. À titre d'exemple, les prévisions moyennes pour
1995 font état d'un volume estimé à 900 000 tonnes
métriques. Les plus gros pays producteurs sont la Chine, la
Thaïlande et l'Inde.
La popularité de ce produit alliée à la baisse de
consommation du boeuf a incité plusieurs grandes entreprises
américaines du secteur alimentaire, dont Cargill, dont le chiffre
d'affaires dépasse les 43 000 000 000 $, à s'impliquer dans ce
marché, accroissant d'autant la force de commercialisation de ces
produits qui concurrencent de plus en plus nos espèces dites
traditionnelles.
Le même phénomène est présent pour plusieurs
autres produits d'aquiculture en raison de la fiabilité de ces
productions et de la productivité croissante des élevages. Ces
avantages se reflètent d'ailleurs dans la composition de la demande. Je
vous donnerai, M. le Président, l'exemple des États-Unis
où le saumon d'élevage représente déjà 5 %
du marché et où la crevette est devenue, en trois ans, le second
produit consommé, soit 1 kg per capita, après le thon du
Pacifique et de l'océan Indien, à 1,68 kg per capita.
Malheureusement, le développement de l'aquiculture ne
connaît pas pareil succès au Québec, et ce, malgré
les efforts très importants des secteurs privé et public. La
rentabilité, pour le moment, n'est visible que dans le secteur de la
truite de table et d'élevage. Des difficultés d'adaptation
techniques et climatiques affectent de façon importante la
compétitivité de nos élevages. Nous devrons poursuivre la
recherche et le développement pour trouver des moyens qui nous
permettrons de rentabiliser ce secteur.
Pour ce qui est du secteur de la pêche commerciale en eau douce,
les interventions du ministère ont d'abord visé la consolidation
des bases d'opération de l'industrie en favorisant l'implantation de
l'usine de transformation du lac Saint-Pierre. Cette usine permettra
d'accroître la qualité des produits transformés tout en
facilitant leur commercialisation sur les marchés métropolitains.
Par ailleurs, la fusion des opérations de Cusimer avec celles de Fruits
de mer Impérial a eu deux effets: tout d'abord, cette fusion a permis
à l'entreprise de Saint-Hyacinthe de se concentrer sur la transformation
de poisson d'eau douce et, d'autre part, Cusimer, de Mont-Louis en
Gaspésie, a pu consolider ses activités de transformation de
produits marins avec un accès à 4 000 000 de livres de ressources
additionnelles.
Les activités de développement et de mise en valeur des
espèces d'eau douce sont par ailleurs axées vers une exploitation
accrue des réservoirs nordiques en collaboration avec les autochtones,
notamment les Cris avec qui nous avons mis sur pied un projet d'exploitation
couvrant toutes les phases de production, de la capture à la
commercialisation.
Au niveau de la transformation, la baisse des ressources, la
surcapacité de production des usines et les changements sur
différents marchés ont fait en sorte que très peu
d'entreprises ont pu générer des revenus importants en 1991. Cela
n'est pas sans affecter le niveau d'emploi dans ces entreprises. La valeur
totale de la production
des usines, telle que nous l'estimons, soit environ 150 000 000 $, est
à peine supérieure à celle de l'an dernier, alors que les
coûts de production ont continué leur progression. D'autre part,
le retour des stocks à des niveaux plus acceptables apparaît
encore assez lointain.
M. le Président, c'est en tenant compte de l'ensemble de ces
facteurs que nous avons dû intervenir au cours de la dernière
année. J'aimerais vous présenter les différentes actions
que nous avons mises de l'avant. Suite à une consultation, nous avons
élaboré nos orientations sur la base des objectifs suivants:
d'abord, l'exploitation rationnelle des ressources, suivie de la consolidation
et du renforcement de la production aquicole, de l'accroissement de la
rentabilité du secteur de la transformation, de la valorisation de la
qualité à tous les niveaux de la chaîne de production et de
la mise en commun des efforts de commercialisation.
Pour favoriser l'atteinte de ces différents objectifs, le
ministère a proposé 16 nouvelles mesures d'aide dans le cadre du
Programme de coopération pour l'avenir des pêcheries, soit le CAP.
L'objectif du programme CAP est d'aider à rentabiliser le secteur des
pêches tout en consolidant les emplois dans les régions maritimes.
Jusqu'à maintenant, 19 800 000 $ sur les 50 000 000 $ initialement
prévus à ce programme ont été investis pour
l'amélioration du secteur des pêches. (15 h 50)
Cette action a favorisé la réalisation de plusieurs
projets, dont^ la relance des activités des Crustacés des
îles inc. à Havre-Aubert, assurant ainsi le retour au travail de
quelque 250 Madelinots. De plus, un volet particulier du programme CAP, visant
à répondre à une mesure fédérale, encourage
la reconstruction ou la construction de bateaux de plus de 12,17 mètres
en Basse-Côte-Nord. Un autre, qui favorise le développement de la
mytiliculture a permis à Cultures Marée Bleue d'améliorer
ses performances, son expertise et ses rendements de production.
Chez les entreprises aquicoles, les engagements ont totalisé 786
500 $ en subventions essentiellement dans le but de compléter des
programmes de redressement antérieurement engagés. Les
opérations visant la rentabilité et la consolidation doivent
être poursuivies. Sur le plan de la commercialisation, nous entendons
poursuivre nos efforts en vue d'établir, à Montréal, un
centre de distribution des produits marins.
L'exemple des dernières années, que ce soit avec
Gaspé Cured ou dans l'établissement du plan conjoint dans
l'industrie du homard, démontre la nécessité de
regroupements pour favoriser la commercialisation de nos produits marins. Par
ailleurs, l'expérience de Socomer prouve qu'il y a encore des avantages
pour favoriser l'organisation de la commercialisation malgré un
échec.
Des ajustements importants s'imposent et nous nous affairons à la
mise en place de solutions nouvelles au cours des prochains mois.
En matière de relations avec le gouvernement
fédéral, notre rôle est de s'assurer que les
décisions prises à Ottawa ne viennent pas à l'encontre de
nos politiques et interventions ou encore des intérêts du secteur
québécois des pêches. À cet effet, nos
différentes représentations auprès du ministre canadien
des Pêches et des Océans, M. John Crosbie, nous ont permis de
véhiculer les préoccupations des différents intervenants
d'ici tout en s'assurant de faire valoir nos positions.
Mis à part le programme CAP, dont nous avons parlé plus
tôt, le ministère offre évidemment d'autres mesures de
support aux pêcheurs, aquiculteurs et transformateurs. Ainsi, les
montants engagés afin de garantir des emprunts pour l'achat de bateaux,
d'équipement, le refinancement ou la consolidation de dettes ont atteint
11 200 000 $ en 1991-1992. À ce montant, s'ajoutent 3 500 000 $
versés au titre de rabais d'intérêt étalés
sur la durée des prêts. Le programme d'aide au
développement de la production aquicole a permis, quant à lui,
à une dizaine de promoteurs de démarrer de nouvelles
piscicultures ou de prendre de l'expansion. Ces productions concernent
essentiellement la truite de table. D'autre part, un projet-pilote
d'élevage du pétoncle géant, en Basse-Côte-Nord, a
aussi été initié avec l'aide du ministère. Ce
projet devrait permettre de confirmer le potentiel économique des
techniques utilisées.
Par ailleurs, neuf associations de pêcheurs, aquiculteurs et
transformateurs ont pu bénéficier du programme d'aide aux
associations pour un montant de 400 000 $. Ce programme permet aux associations
de mettre sur pied un secrétariat permanent dont le mandat est d'offrir
différents services aux membres ainsi que de collaborer à
l'amélioration de leurs compétences administratives et de gestion
de leur entreprise de pêche. D'autre part, l'amélioration du
processus de négociation entre les pêcheurs et les transformateurs
constituait l'objectif majeur de la mise en place d'un plan conjoint du homard
aux îles-de-la-Madeleine. Le ministère conserve bon espoir que
cette expérience permettra à chacune des parties d'adapter ses
stratégies de négociation de telle sorte que le processus
s'améliorera considérablement au cours des prochaines
années.
Le ministère a également investi environ 800 000 $ au
cours de la dernière année et a récemment consenti 1 300
000 $ dans la construction d'un centre de recherche en mariculture à
Grande-Rivière. Ce dernier devrait être complété au
cours des deux prochaines années. Nul doute que ce centre, dont le
coût total est de 4 000 000 $, contribuera à trouver des solutions
aux différents problèmes que nous connaissons dans l'implantation
d'un secteur aquicole viable au Québec. Malgré l'état de
nos installations
actuelles, nous avons déjà entrepris plusieurs recherches
en ce sens, dont l'évaluation de la biomasse commercialisable de la
mytiliculture et l'étude comparative, sur le plan de la qualité,
des différents stocks de moules aux îles-de-la-Madeleine. Des
projets de recherche en partenariat avec le Nouveau-Brunswick ont aussi
été initiés dans ce champ d'activité. Des
expériences menées sur l'élevage du pétoncle ont
également permis de démontrer les possibilités qu'offre la
technique du captage en milieu naturel.
Nous avons élaboré à l'échelle
expérimentale une technique de stabulation du homard. Nos
expériences de stérilisation des ombles de fontaine sont de plus
en plus positives et nous avons mis au point avec l'Université Laval des
techniques d'élevage sur les écrevisses.
Pour ce qui est des activités de pêche traditionnelle, la
mise au point d'une bouette préusinée est terminée et ces
travaux devraient profiter d'abord aux pêcheurs de homard qui pourront
économiser sur les volumes de poisson-appât nécessaires. La
mise au point de techniques de fabrication de nourriture à base de
résidus marins et destinée à la mariculture est
également en cours, tout comme la préparation de charcuteries
à partir de produits aquatiques ou de sous-produits, tels chitine,
saveurs ou enzymes.
Comme j'y faisais allusion au début de ma présentation, M.
le Président, l'industrie québécoise des pêches,
comme celle des autres provinces maritimes d'ailleurs, doit opérer dans
un cadre particulièrement contraignant. La disponibilité des
ressources marines va demeurer encore durant plusieurs années un
problème incontournable pour notre secteur. La pénurie de
ressources touche présentement de façon importante les
pêcheurs et les transformateurs de poisson de fond qui ont vu les
contingents de morue du nord et du sud du golfe passer de 130 540 tonnes
métriques en 1989 à 83 000 tonnes métriques lors de la
saison 1991 et à 78 000 tonnes métriques pour la présente
année. Dans le cas des espèces pélagiques, la
reconstitution des stocks apparaît plus facile, mais elle s'effectuera
dans un contexte où la demande pour ces espèces se fait de plus
en plus rare. Les scientifiques prévoient une baisse naturelle des
stocks de homard et de crevette. D'autre part, la reconstitution du stock de
crabe est en bonne voie, mais l'effort de pêche se doit d'être
adapté à la concurrence provenant de l'Alaska et de la Chine. Il
nous faudra donc innover et favoriser l'accroissement de la valeur
ajoutée de ces trois espèces.
Il existe une rare exception au mouvement de baisse
généralisée qui affecte nos ressources et elle concerne le
flétan du Groenland dont les stocks devraient augmenter de façon
sensible au cours des prochaines années puisque le cycle baissier de
cette reproduction tire maintenant à sa fin. Quoi qu'il en soit, la
rareté des ressources rend plus difficile le partage entre les flottes
de pêche des différentes provinces qui cherchent toutes à
compenser le manque à gagner par un accroissement de leur part relative.
Les changements dans la demande des consommateurs des pays où nous
exportons nos produits ainsi que le développement de nouvelles sources
d'approvisionnement constituent des défis majeurs auxquels notre secteur
devra nécessairement s'adapter.
Il existe, par ailleurs, des facteurs plus structurels qu'il nous est
possible d'améliorer. En premier lieu, plusieurs de nos comportements
affectent négativement le coût des approvisionnements: la
concurrence indue que se livrent souvent les transformateurs pour s'approprier
la ressource, les transports excessifs de la matière première,
les achats non sélectifs qui empêchent de rétribuer
justement les débarquements de meilleure qualité, les entreprises
de pêche qui utilisent des modes d'opération et de gestion qui
sont dépassés. Au niveau des usines, on retrouve trop souvent une
capacité de production qui excède de beaucoup les
disponibilités en ressources. Les entreprises se limitent trop souvent
à des procédés de première transformation, laissant
de côté le concept de valeur ajoutée, par le fait
même les énormes possibilités qu'offrent les
deuxième et troisième transformations. Les usines utilisent aussi
des procédés axés davantage sur l'utilisation d'une
main-d'oeuvre maximale plutôt que sur l'amélioration de la
compétitivité dans l'entreprise. (16 heures)
Je pourrais continuer l'énumération des problèmes
structurels qui m'apparaissent évidents dans notre industrie, mais je
crois que ces exemples suffiront pour démontrer l'ampleur des
défis qui nous attendent au cours des prochaines années.
Globalement, nous aurons à faire passer notre industrie de l'ère
du protectionnisme à celle de la mondialisation des marchés. Cela
veut dire, M. le Président, que nous avons fait beaucoup jusqu'à
maintenant et que nous devrons continuer afin d'adapter le secteur à
cette nouvelle réalité.
Au niveau des entreprises de pêche, nous devrons accentuer
l'expérimentation de nouveaux modes d'opération plus productifs,
tels les regroupements de permis, la diminution des coûts de capture,
l'amélioration des relations commerciales entre pêcheurs et
transformateurs, afin d'assurer des revenus décents aux pêcheurs
et de permettre aux transformateurs de disposer de la matière
première à des prix compétitifs. Pour ce faire, nous
allons poursuivre nos incitatifs au développement des pêches
complémentaires, au regroupement des entreprises de pêche,
à la mise en place de plans conjoints et à la mise en commun des
efforts de commercialisation.
En sus de nos programmes d'aide, différentes politiques de
développement ont ou seront élaborées. Parmi celles-ci,
mentionnons le processus de consultation sur la reconnaissance
officielle du statut de pêcheur commercial, la poursuite des
représentations ministérielles sur les comités
consultatifs portant sur le partage de la ressource, la défense des
intérêts du Québec et les consultations bilatérales
avec les autres provinces dans la création d'une nouvelle agence
fédérale d'émission des permis et de gestion des
contingents, la poursuite des représentations dans le dossier de la
pêche hauturière d'hiver à l'entrée du golfe, les
pressions pour maintenir l'accès des pêcheurs
québécois au Labrador, particulièrement dans la zone de
Black-Tickle, les pressions et les représentations en vue du maintien de
l'Office canadien du poisson salé, la promotion du développement
du système de gestion par contingent individuel, l'harmonisation avec le
gouvernement fédéral des efforts de commercialisation des
produits marins.
Dans le secteur de la transformation, des regroupements d'entreprises
apparaissent inévitables afin d'améliorer la productivité
des équipements mis en place, d'accroître la polyvalence des
entreprises et de diminuer leur dépendance vis-à-vis des facteurs
extérieurs. Alors que le ministère sera sollicité dans la
réalisation de telles interventions, il devra également s'assurer
que les entreprises évoluent vers des systèmes de gestion
modernes, efficaces et rentables et que leurs dirigeants assument une part
raisonnable des risques financiers et d'affaires qui sont rattachés aux
opérations et au développement de leurs entreprises.
Le ministère dispose déjà dans ses programmes des
outils nécessaires pour faciliter la concrétisation de tous les
projets qui seront conformes aux objectifs qu'il poursuit. Des politiques de
développement viendront cependant appuyer ses efforts: ainsi, une
politique ministérielle d'émission des permis d'usine;
également, un comité MAPAQ-industrie afin d'améliorer
l'approvisionnement des usines de transformation; ajoutons, afin d'augmenter la
valeur ajoutée des produits, que le ministère poursuivra ses
travaux de recherche et de développement en partenariat avec
différents intervenants du secteur privé; également, nous
pensons à des ajustements quant au rôle «support»
qu'offrent le ministère et sa société d'État qui
viendront compléter et améliorer cette fonction, soit le service
à la clientèle et le rôle complémentaire de la
Société québécoise des pêches et du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Pour ce qui est du domaine de l'aquiculture en eau douce, la production
actuelle de truite de table se développe progressivement en consolidant
ses activités. Ce rythme de développement sera maintenu et le
programme d'aide au développement de la production aquicole se
révèle suffisant pour assurer le support ministériel. Par
ailleurs, de nouvelles politiques ministérielles touchant les
activités aquicoles en eau salée pourraient être mises en
application au cours de la prochaine année. Le ministère
considère qu'il est essentiel, pour le Québec, de se doter d'un
secteur maricole fort, et de nouvelles productions mieux adaptées aux
conditions locales sont déjà envisagées. Le secteur de la
mytiliculture conserve un potentiel de développement très
intéressant, mais il est important que son rythme de croissance soit
adapté aux capacités d'assimilation des intervenants. Cela ne fut
pas le cas par le passé et les attentes exagérées ont pu
constituer une des causes des échecs qu'on a connus.
En ce qui concerne la commercialisation, le ministère
considère qu'il est urgent de nous positionner davantage sur nos propres
marchés québécois et d'y offrir des produits à plus
grande valeur ajoutée. La consommation québécoise de
produits marins d'ici se situe, actuellement, à 3 %. Donc, 3 % seulement
de consommation des produits de la pêche québécoise et il
s'agit, la plupart du temps, du homard en saison. Si l'on considère que
les ventes au détail se situent à environ 750 000 000 $
annuellement, la conquête de 15 % du marché
québécois permettrait à notre industrie de disposer d'un
marché alternatif de plusieurs millions de dollars.
Nous devons davantage cibler la clientèle que nous entendons
desservir, adapter nos produits en fonction des attentes de cette
clientèle et mettre en branle des offensives promotionnelles plus
efficaces. Par ailleurs, le ministère entend, via ses programmes d'aide
actuels, poursuivre ses efforts de promotion de produits
québécois sur les marchés étrangers, favoriser les
regroupements de l'offre, autant au niveau des pêcheurs que des
transformateurs, favoriser l'amélioration de la qualité à
tous les niveaux de l'industrie et promouvoir l'accroissement de la
consommation des produits marins.
Voilà donc sommairement, M. le Président, ce que nous
entendons réaliser au cours de la prochaine année et aucun effort
ne sera ménagé pour que les difficultés actuelles soient
amoindries afin de rendre le secteur québécois des pêches
viable et des plus performants. Le budget de 27 400 000 $ dont nous disposons y
sera consacré et seules les interventions susceptibles de
générer des impacts positifs sur ce secteur seront
autorisées.
Je vous remercie, M. le Président. Je laisserai maintenant la
parole à mon collègue de Duplessis et à mes autres
collègues.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre, M.
Vallières, responsable des Pêcheries au Québec. Maintenant,
je cède la parole à M. Perron, qui est député de
Duplessis et aussi porte-parole de l'Opposition en matière de
pêcheries au Québec. M. Perron, vous avez la parole. Est-ce que
vous avez des remarques préliminaires?
M. Denis Perron M. Perron: Ça a tout l'air, M. le
Président,
nonobstant ce que vient de dire le ministre. Parce que ça a l'air
que, selon l'exposé, l'allocution qu'il vient de faire, tout est beau
dans le domaine des pêcheries, mais j'en doute
énormément.
M. le Président, j'aborde les crédits du ministère
des Pêcheries avec beaucoup d'appréhension et avec une
énorme vague d'incertitude pour les années qui s'en viennent. Je
ne doute pas que l'exercice auquel nous sommes conviés nous permettra
d'éclaircir les visées authentiques du ministre et de son
gouvernement quant à la crise stagnante qui sévit dans
l'industrie de la pêche. les crédits totaux du programme 10,
après avoir baissés de 8,9 % de 1990-1991 à 1991-1992,
seront à nouveau diminués de 6 % en 1992-1993 si on les compare
à ceux de l'an dernier. il s'agit donc d'une diminution cumulative de
près de 14,4 % depuis 1990-1991, et ce, sans qu'on ait tenu compte d'une
inflation non négligeable cette dernière année. de
même, en examinant la ventilation détaillée des
crédits totaux du programme 10, on voit immédiatement, en
consultant la catégorie intitulée capital-autres dépenses,
que les allocations faites à ce poste budgétaire sont en
décroissance continuelle depuis 1989-1990: de 1989-1990 à
1990-1991, une diminution de 11,1 %; de 1990-1991 à 1991-1992, une
baisse de 11,5 % et, cette année, une nouvelle réduction de 16 %.
au total, cela représente une chute dramatique de près de 34
%.
Si on analyse maintenant l'élément 2, c'est-à-dire
Contribution à la pêche, l'aquiculture et la transformation, on
constate que ces crédits ont baissé de 3 121 500 $, soit 12 %,
l'an passé et diminueront à nouveau de 1 811 100 $, soit de 7,9
%, cette année. Il s'agit donc d'une baisse cumulative de 4 932 600 $ en
deux ans.
Lorsqu'on scrute la variation totale des différents items faisant
partie des crédits affectés aux transferts depuis 1990-1991, on
s'aperçoit facilement jusqu'à quel point les entreprises ont pu
être affectées par cette baisse dramatique: consolidation et
développement des entreprises, moins 15,7 %; construction de bateaux,
moins 28,7 %; production aquicole, moins 56,6 %.
Finalement, la situation des crédits périmés est
carrément scandaleuse. La somme totale des périmés du
programme 10, qui était de 1 509 800 $ en 1990-1991, a augmenté
jusqu'à 6 661 300 $ l'an dernier, c'est-à-dire au cours de
1991-1992, soit une hausse incroyable de plus de 341 % pour un montant global
qui représente, ces 341 %, 5 151 500 $. Lorsqu'on ne considère
que l'élément 2 du programme, on observe quand même une
augmentation de 321 % en rapport avec 1990-1991. J'aurai amplement l'occasion
de vous entretenir en détail de ces derniers points un peu plus tard.
(16 h 10)
Au Québec, les débarquements sont tombés de
façon extrêmement importante du niveau élevé de 97
000 tonnes métriques qu'ils avaient atteint en 1987. Les statistiques
démontrent d'ailleurs que la variation en pourcentage du cumulatif,
lorsqu'on prend en considération le total des espèces, a
diminué de 4 % lorsqu'on compare les résultats en date de
décembre 1991 avec ceux de décembre 1990. La valeur des
débarquements a aussi chuté dramatiquement depuis 1990. Ces deux
tendances ont évidemment eu un effet direct très néfaste
sur les résultats des usines de transformation dont la valeur des
expéditions s'est effondrée depuis quelques années.
M. le Président, l'ensemble du secteur des pêches est en
grande difficulté. Par exemple, la crevette et le homard, qui sont deux
de nos produits les plus en demande, se vendent aujourd'hui à des prix
ridiculement bas. Il en est de même pour le secteur du crabe. L'an
passé, lors de l'étude des crédits de ce ministère,
je vous avais fait part de plusieurs causes conjoncturelles ou autres pouvant
servir à expliquer ce bilan négatif. Les mêmes raisons
peuvent être ressor-ties encore cette année.
On doit aussi faire référence au stock de poisson de fond
dans le golfe du Saint-Laurent qui connaît un déclin
inquiétant. Afin de rétablir les stocks, le gouvernement
fédéral n'hésite pas à diminuer le quota des prises
de morue dans le golfe. M. le Président, même si l'on
reconnaît le bien-fondé des réductions de quota, le
fédéral doit arrêter l'érosion de notre quote-part
qui diminue sans cesse depuis le début des années soixante-dix.
Seulement pour la morue, la part du Québec est passée de 130 000
tonnes en 1989 à 111 000 tonnes en 1990 et à 84 000 tonnes en
1991. Cette année, le chiffre de 79 000 tonnes nous a été
mentionné.
M. le Président, ici, je voudrais mentionner
l'incompétence, le manque de clairvoyance et l'incurie du gouvernement
fédéral et ses politiques chaotiques. Je voudrais aussi
mentionner le fait que les dédoublements des champs de compétence
causent énormément de torts à l'ensemble de l'industrie
des pêches du Québec.
J'aurai l'occasion de faire un survol assez
généralisé en rapport avec les secteurs suivants:
crédits totaux, crédits par élément, crédits
périmés, programme CAP, Primonor, Socomer, pêche et
aquiculture commerciales, bilan 1991, Office canadien du poisson salé,
zone de 200 milles, ainsi que divers secteurs dont je voudrais toucher.
Quant au programme CAP, pour faire face à la crise majeure qui
affecte l'industrie québécoise de la pêche, le gouvernement
du Québec annonçait en mai 1990 l'injection de 50 000 000 $ sur 5
ans et l'instauration du Programme de coopération pour l'avenir des
pêcheries. À ce jour, le ministre a dépensé 17 300
000 $ afin de rationaliser l'industrie de la pêche. Cependant,
après une année d'application du programme et une
consultation auprès des intervenants du milieu, le ministre
décide de changer complètement l'orientation du programme. Ainsi,
après avoir consacré le tiers des sommes du programme à
tenter de diminuer la capacité de capture, voilà qu'on annonce
que le reste des montants prévus au programme sera consacré au
maintien de la capacité de capture. Ce changement de cap démontre
à quel point l'annonce de ce programme fut improvisée par
l'ancien ministre délégué aux Pêcheries. Il vient
attester en même temps de la valeur du discours de l'Opposition
officielle sur le dossier, et ce, depuis quelques années.
Parmi les éléments nouveaux du programme, il faut noter
une volonté, quoique timide, de soutenir le renouvellement de la flotte
de pêche. Dans le même ordre d'idées, le gouvernement
propose de développer et d'intensifier la pêche d'espèces
jusqu'à présent sous-exploitées en déboursant
notamment 75 % des coûts d'une étude de faisabilité,
jusqu'à un maximum de 10 000 $, pour une exploitation hauturière.
Pour les entreprises côtières et semi-hauturières, elles
pourront obtenir 50 %, 35 % et 25 % de la valeur des captures par saison pour
la première, deuxième et troisième année, et ce,
jusqu'à un maximum de 10 000 $.
Jusqu'à présent, cependant, le programme n'a pas eu tous
les succès escomptés au niveau de la création d'emplois ou
de la simple protection des emplois actuels. Le nombre de travailleurs d'usine,
de pêcheurs et aides-pêcheurs mis à pied continue à
se compter par centaines et même par milliers depuis 1987. On se
rappellera qu'au départ le programme CAP devait favoriser la
consolidation d'emplois en usine et la prolongation de la durée
d'emploi. Toutefois, ces promesses se sont révélées
mensongères. J'en veux pour preuve le mémoire
présenté le 18 février 1991 par le ministre lui-même
au Conseil des ministres où il est admis que les mesures prévues
au CAP vont inévitablement entraîner de nouvelles pertes d'emplois
qui pourraient être de l'ordre d'un millier et qui ne pourront être
rapidement compensées par les développements prévus dans
les activités d'aquiculture et la transformation plus poussée des
produits.
D'autre part, comme je l'indiquais précédemment, le
ministre annonçait 50 000 000 $ sur 5 ans, mais encore faut-il que ces
sommes soient véritablement dépensées. Pour l'année
1990-1991, le ministère avait prévu, dans le plan de
restructuration, dépenser 10 000 000 $. Il n'en utilisa que 7 844 000 $,
soit 22 % de moins que prévu. En 1991-1992, les chiffres sont encore
plus renversants. Sur un autre montant total de 10 000 000 $, 4 408 000 $ n'ont
pas été dépensés, soit un pourcentage de
près de 45 %.
Quant à l'aquiculture et à la pêche commerciales,
face au bilan 1991, nos pêcheurs ont écoulé 80 % des
captures sur les marchés étrangers, principalement aux
États-Unis. L'année dernière, les revenus provenant des
exportations ont diminué de 30 % en raison de la baisse de la ressource,
passant de 131 000 000 $ en 1990 à 93 000 000 $ en 1991. Bref, le
ministre le reconnaît lui-même, et je le cite: «Le
problème de la ressource et l'évolution sur les marchés
internationaux exigent des changements structurels et des ajustements majeurs
au sein de l'industrie québécoise des pêches.» M. le
Président, ça fait plusieurs années que le ministre pose
exactement le même diagnostic et nous en attendons toujours les voies de
solution, et encore plus les solutions.
Quant au document «Bilan 1991 et perspectives», il dit qu'au
cours des cinq dernières années le secteur des pêches a
poursuivi son mouvement de rationalisation et d'adaptation. Ainsi, depuis 1987,
on note une diminution du nombre de bateaux de 25 % et d'usines de 30 %.
L'industrie québécoise des pêches doit donc revoir
l'ensemble de sa situation et élaborer des stratégies qui
favoriseront son développement et la création d'emplois.
Un autre problème serait causé par le fait qu'encore en
1991 20 % des pêcheurs se sont partagé 70 % des revenus globaux,
soit les pêcheurs de homard, de crevette et de crabe. Le homard serait un
des rares produits majoritairement écoulé sur le marché
domestique et pour lequel des campagnes de promotion se sont
déroulées avec succès lors des deux dernières
années. Si le ministre croit que ce type de crustacé constitue
une alternative intéressante qui se doit d'être exploitée,
j'espère que cela ne veut pas dire pour autant qu'il entend
privilégier cette espèce aux dépens des autres
espèces.
Il est de notoriété publique que la production aquicole
québécoise piétine. Les raisons invoquées sont
nombreuses. Pensons simplement au coût et aux conditions de production.
J'ai hâte de voir les mesures brillantes que nous proposera le ministre
et son gouvernement au nom des pêcheurs et des propriétaires
d'usine, et c'est là son ultime responsabilité afin de permettre
à l'industrie, comme le ministre l'évoquait
antérieurement, de s'accaparer ce marché en pleine expansion.
M. le Président, je me dois aussi de mentionner la situation
pathétique dans laquelle se retrouve la société de
commercialisation Socomer et l'usine de transformation Primonor. La
première des deux éprouvait de sérieux ennuis financiers
et, dans le but de renflouer ses coffres, a demandé aux entreprises qui
lui devaient des montants d'argent de la rembourser immédiatement. Huit
entreprises ont ainsi été placées sur la sellette. La
Société québécoise des pêches entra donc en
jeu et fit une avance sous forme de garantie de 3 000 000 $ à Socomer.
Par ce fait, elle décide d'exercer le contrôle de la
société car elle devient subrogée aux droits de la
principale banque faisant affaire avec Socomer. Socomer doit aussi de l'argent
à certaines entreprises de pêche, soit 560 000 $ à la
Société
des pêches de Newport et 610 000 $ à Purdel, selon les
dernières informations. Les agissements de la Société
québécoise des pêches dans le présent dossier
m'apparaissent peu respectueux de l'éthique qu'une société
publique devrait entretenir et le ministre devrait y regarder de plus
près. (16 h 20)
Pour ce qui est du dossier Primonor, le ministre est déjà
au fait de mes interrogations quant à la légèreté
avec laquelle le dossier a été traité. J'ai d'ailleurs
exposé mes doléances au ministre dans une lettre que je lui
faisais parvenir en date de 31 mars dernier. Je crois sincèrement que la
gestion de cette entreprise est très douteuse et que le gouvernement,
par son inaction dans ce dossier, oeuvre à titre de complice d'une
situation qui perdure et qui pourrait causer la perte de 125 emplois et la
ruine de près de 200 pêcheurs et aides-pêcheurs en
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent.
En conclusion, M. le Président, au Québec, 12 500 emplois
dépendent directement de l'industrie de la pêche. Le ministre a
beau vanter la mise en place de mesures libérales favorables au
développement de la pêche qu'il appelle regroupements
d'entreprises, restructuration de la flotte de pêche, mise en place de
modes de gestion et de production mieux adaptés à la conjoncture
actuelle, il faut qu'il réalise que l'approche de la rationalisation
à tout prix, qui semble la sienne et celle de son gouvernement, provoque
des conséquences catastrophiques dans l'industrie des pêches du
Québec. J'espère qu'il considère renoncer à cette
approche draconienne qui pénalise de façon injuste non seulement
les pêcheurs, mais aussi les travailleurs et travailleuses d'usine et les
propriétaires. J'ai de nombreuses questions sur ce dernier point comme
sur d'autres et j'espère que, dans les prochaines heures, vous saurez
m'apporter des réponses adéquates.
En terminant, je tiens à rappeler au ministre que j'aborde cet
exercice avec beaucoup d'ouverture et dans un esprit constructif afin d'aider
l'ensemble de l'industrie des pêches du Québec,
c'est-à-dire d'aider les pêcheurs, les aides-pêcheurs,
c'est-à-dire d'aider les travailleurs, travailleuses d'usine et d'aider
aussi les propriétaires d'usine. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Duplessis, M. Perron. Maintenant, puisque nous avons un
seul programme qui est le programme 10, vous avez déjà
immédiatement la parole pour poser des questions en fonction de votre
questionnement et de vos interrogations. Je m'excuse, M. le ministre.
M. Valiières: M. le Président, je pourrais
peut-être répondre à quelques-unes des questions qui sont
soulevées par le député de Duplessis.
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
ministre.
M. Yvon Valiières
M. Valiières: Évidemment, il y en a plusieurs.
J'aimerais qu'au départ on s'entende bien. Même si le texte que
j'ai lu tantôt, les propos que j'ai tenus pouvaient donner l'allure de
beaucoup d'optimisme, je veux bien que mes collègues de
l'Assemblée nationale sachent que le contexte, dans le secteur des
pêches - et, au moins là-dessus, je pense qu'on va se rendre
d'accord tous - c'est un contexte qui n'est pas facile. C'est une situation
qu'on veut voir se changer le plus vite possible et qu'on veut voir
s'améliorer le plus rapidement possible. Alors, même si j'ai
confiance en l'avenir - c'est peut-être ça qui a pu transpirer ou
transparaître à l'intérieur du texte dont je faisais part
tantôt - je pense qu'il faut aussi faire preuve de beaucoup de
réalisme. Et je comprends en partie, à tout le moins, les
appréhensions de mes collègues qui se situent dans des
comtés, dans des circonscriptions électorales qui sont fortement
axées, au niveau de l'économie, sur le secteur des
pêches.
Pour avoir discuté avec eux de certains dossiers, et les prendre
les uns après les autres... Tantôt on parlait de Primonor,
Côte-Nord. Peut-être qu'on pourrait y revenir tantôt avec le
député de Duplessis. On parlait plus récemment d'autres
entreprises dans le comté de Gaspé; d'autres fois, c'est aux
îles-de-la-Madeleine. Je sais jusqu'à quel point, quand une usine
est en problème dans une région donnée, ça peut
venir affecter l'économie et ça peut aussi rendre les gens
très vulnérables, qu'ils soient pêcheurs,
aides-pêcheurs ou encore des gens qui travaillent en usine ou encore les
propriétaires des mêmes usines.
Mais je veux assurer mes collègues que celui qui vous parle met
tout en oeuvre, avec les moyens dont on peut disposer au gouvernement du
Québec, pour aider le secteur des pêches. L'année
dernière, vous vous souviendrez que j'avais nettement indiqué,
j'avais même dénoncé, au cours de 1991, la diminution
considérable de la part relative du Québec dans l'ensemble des
pêches atlantiques, et plus particulièrement au niveau du poisson
de fond. Évidemment, les pressions du Québec se maintiennent afin
d'éviter que ne se continue ce phénomène.
Il faut indiquer immédiatement, par ailleurs, qu'au niveau de la
part québécoise, au niveau de la morue plus
particulièrement, si on prend comme année de
référence 1988, par rapport à l'ensemble du contingent
canadien dans cette espèce, notre part relative est de 6 % depuis 1988
et s'y maintient bon an, mal an. Par ailleurs, avant qu'on arrive à
cette part de 6 %, on a connu, dans les années
précédentes, une diminution assez catastrophique par rapport
à
l'ensemble canadien. Par conséquent, je pense que nous sommes
tout à fait justifiés de continuer à intervenir
auprès du gouvernement fédéral pour
récupérer et faire en sorte que notre quote-part se situe
à un niveau plus acceptable dans l'ensemble canadien.
Je veux également vous indiquer, M. le Président, que j'ai
consenti beaucoup d'efforts au cours de la dernière année
à discuter avec le gouvernement fédéral sur
différents dossiers qui nous concernent tous en cette Assemblée.
Il y a même des dossiers où on a eu un certain succès,
d'autres où on n'a eu aucun succès. Mais je veux profiter de
cette tribune, parce que tout est très public et peut facilement
être véhiculé, pour vous faire part - et ça peut
être intéressant pour mes collègues des régions
maritimes - de différents dossiers, de quelques-uns seulement que je
veux souligner, de ces interventions qu'on a faites au niveau du gouvernement
fédéral, souvent en collaboration avec les gens du milieu ou
leurs associations représentatives.
Qu'il s'agisse, par exemple, du soutien des pêcheurs de la
Basse-Côte-Nord pour éviter la mise en place d'une zone
restreignant la pêche au large de Black-Tickle. Je veux rappeler que la
zone a été mise en place, qu'une évaluation de son impact
sur les pêches de la Basse-Côte-Nord n'a pas été
faite à cause de l'absence de poisson à Black-Tickle cet
été, plus particulièrement à cause des glaces. Mais
c'est un point sur lequel on s'est acharné et on va continuer. Le
soutien, également, des pêcheurs de crevette pour l'implantation
de contingents individuels de crevette dans le golfe Saint-Laurent, de
même que la fixation du TPA de la morue du sud du golfe à 43 000
tonnes, comme prévu dans le plan triennal. Le ministère des
Pêches et Océans a maintenu le total des prises admissibles
à 43 000 tonnes malgré l'opposition des entreprises
hauturières et de la province de la Nouvelle-Ecosse qui
désiraient le voir maintenu à 48 000 tonnes et même
monté à 50 000 tonnes.
Également, le dossier de la fermeture de la pêche
hauturière de la morue du sud du golfe en hiver dans la division ou dans
la zone 4VN. Le ministère des Pêches et Océans n'a pas
accédé à cette demande, rappelons-le, de la coalition des
pêcheurs du golfe soutenue par les gouvernements du Québec et du
Nouveau-Brunswick concernant la fermeture ou une forte réduction de la
pêche d'hiver des entreprises hauturières aux dépens du
stock de morue du sud du golfe quand il sort en hiver. Voici un point, M. le
Président, où je suis persuadé que nous pourrons rallier
nos efforts afin de continuer et de venir à bout, éventuellement,
de convaincre le gouvernement fédéral de donner suite à
cette demande légitime non seulement du gouvernement du Québec,
mais également du gouvernement du Nouveau-Brunswick.
Que dire également de notre volonté de la mise en place de
quotas individuels pour les pêcheurs propriétaires de bateaux de
moins de 50 pieds et détenteurs d'un permis de pêche de poisson de
fond avec engin mobile, tout en évitant que cela ne se traduise par un
transfert important à partir du contingent des engins fixes, comme vous
le savez? On attend, sur ce dossier, la décision du ministère des
Pêches et Océans et on connaît l'opposition à la mise
en place de ce programme de quotas individuels des associations de
pêcheurs côtiers des Maritimes. Elles ont peur d'une remise en
cause du programme des pêcheurs qui s'applique aux pêcheurs des
Maritimes propriétaires de bateaux de moins de 45 pieds qui
pèchent dans le golfe. Mais je pense que, pour le Québec, c'est
une mesure qui pourrait largement avantager nos pêcheurs et
j'espère que l'ensemble de mes collègues pourront y contribuer.
(16 h 30)
Je pourrais comme ça, M. le Président, continuer à
vous souligner toute une série de dossiers à l'intérieur
desquels le gouvernement du Québec continue de faire des
représentations auprès du gouvernement fédéral,
plus particulièrement du ministère des Pêches et
Océans, et nous le faisons de façon de plus en plus
structurée, avec nos partenaires, nos partenaires qu'on veut, le plus
possible, aider également à bien se préparer afin de faire
avec nous ce que j'appelle, en toute modestie, là, la bataille de la
ressource. Je pense que plus nos partenaires, qu'ils soient industriels de la
pêche, ou pêcheurs, ou associations qui les représentent,
seront bien préparés, mieux le Québec pourra performer
dans ses représentations. Alors, c'est la raison pour laquelle il y a de
nombreuses mesures qu'on a introduites dans le Programme de coopération
pour l'avenir des pêcheries afin de venir en aide à ces gens qui
peuvent, je pense, en étant mieux préparés, avec le
gouvernement du Québec, avec le gouvernement d'autres provinces
également, mieux performer au niveau des représentations que nous
faisons au niveau du ministère des Pêches et des Océans
Canada.
Un autre point que soulevait avec justesse le député de
Duplessis, c'est qu'il faut tout mettre en oeuvre pour que les programmes qu'on
a ici au Québec, avec ceux du gouvernement fédéral,
agissent en complémentarité. Et je vous assure que ce n'est pas
toujours facile. Même si, des fois, le gros bon sens semblerait
l'indiquer, ce n'est pas toujours facile de pouvoir agir afin de maximiser les
sommes d'argent qu'on veut dépenser. Je suis de ceux qui croient qu'il
faut, par tous les moyens, éviter des dédoublements. Je sais
qu'il est toujours question de visibilité des deux niveaux de
gouvernement là-dedans. Moi, j'ai toujours dit, pour un, que, si
l'argent du gouvernement fédéral peut nous servir... Nous sommes
dans un régime, actuellement, qui fait en sorte que nous payons des
impôts au gouvernement fédéral et je pense que nous devons,
comme ministère, chez nous, et comme gouverne-
ment, plus généralement, négocier avec le
gouvernement fédéral afin d'obtenir le maximum possible de
retombées et de retour de nos impôts ici, au Québec.
Alors, j'espère qu'on pourra mettre de l'avant des propositions
nous permettant d'arriver à éviter ces dédoublements que,
malheureusement, on est encore obligé aujourd'hui, dans certains
secteurs d'activité, non pas de dénoncer mais, à tout le
moins, de relever afin d'en arriver à être davantage performant au
niveau des deux niveaux de gouvernement.
Rapidement, tantôt, le député de Duplessis parlait
de Socomer...
M. Perron: On va revenir sur...
M. Vallières: Oui. Vous allez y revenir, sur Primonor
également parce qu'on pourrait peut-être avoir des échanges
intéressants.
M. Perron: primonor également. j'ai nommé, dans
l'ordre, les dossiers sur lesquels je vais intervenir, si le ministre veut en
avoir la liste pour se préparer en conséquence...
M. Vallières: Oui.
M. Perron: ...je n'aurais aucune espèce d'objection.
Le Président (M. Richard): Vous voulez nous la
déposer, M. le député?
M. Vallières: J'aimerais revenir, M. le Président,
sur la question des périmés auxquels a fait allusion le
député de Duplessis. Je pense qu'il est dans la liste qu'il nous
a soumise.
On nous parle de périmés de l'ordre de 6 000 000 $, nous
disait le député de Duplessis.
M. Perron: 6 661 300 $, selon un document qui m'a
été fourni par le ministère lui-même.
M. Vallières: Bon! Alors, je vais peut-être prendre
au moins quelques secondes, quelques minutes pour dégonfler un peu cette
perception qu'on pourrait avoir de périmés de l'ordre de plus de
6 000 000 $.
M. Perron: C'est mon deuxième sujet, M. le
Président.
M. Vallières: Alors, je voudrais l'aborder maintenant, M.
le Président. Il faut d'abord indiquer que ce qu'on retrouve ici
dans...
Le Président
(M. Richard): excusez-moi, m. le
ministre. m. le député de duplessis réserve apparemment
cette question-là comme dans un deuxième temps.
M. Perron: Et d'ailleurs, M. le Président, si vous
permettez, comme c'est l'Opposition qui, actuellement, se doit de questionner
le gouvernement, je voudrais bien être dans une position où je
vais moi-même décider ce que je vais faire avec les crédits
qui nous sont présentés, d'une part. C'est la raison pour
laquelle j'ai mentionné... Et j'ai même remis au ministre la
liste, l'ordre de la liste dont je me servirais pour intervenir. Alors, je le
mets déjà au courant de ce qui va se passer d'ici 18 h 30. Alors,
s'il me permet, je vais procéder immédiatement aux crédits
totaux qui sont alloués à son ministère.
M. Vallières: Très bien. On pourra y aller au fur
et à mesure.
Le Président (M. Richard): Dans quelques instants.
D'ailleurs, on est à la photocopieuse pour vous produire, effectivement,
dans les prochaines secondes, la copie du questionnement. Maintenant, vous y
allez avez votre première question, M. le député. Par la
suite, j'aurais le député de Saguenay qui a une question à
poser à M. le ministre.
Discussion générale
M. Perron: M. le Président, je conçois très
bien, en tant que porte-parole de l'Opposition en matière de
pêcheries, que le ministre lui-même a fait énormément
d'efforts auprès du gouvernement fédéral en rapport avec
certains dossiers d'actualité, en particulier à
l'intérieur de cette fameuse position qu'a le gouvernement du
Québec à cause de la présence du ministre des Pêches
qui vient de Terre-Neuve et qui s'appelle M. Crosbie.
C'est clair, dans mon esprit, que, tant et aussi longtemps que M.
Crosbie sera là, je pense que les problèmes du gouvernement du
Québec, si on demeure dans un système comme celui-là,
c'est qu'on va avoir toujours énormément de problèmes dans
les pêches, puisqu'on est dans l'Est du Canada. Pour souligner
l'importance de ces dossiers-là, je pense que le ministre a
lui-même porté à notre attention certains dossiers. Et,
à un moment donné, il était presque en train de faire la
preuve que, si le gouvernement fédéral n'était pas
là, ça irait beaucoup mieux dans le domaine des pêches.
Surtout que, si on s'accapare les budgets que le gouvernement
fédéral a actuellement, avec les taxes et les impôts qui
proviennent du Québec, je pense que ça pourrait être
beaucoup mieux géré sur notre territoire que ça ne l'est
actuellement par un ministre qui reste pratiquement à Ottawa, qui
travaille à Ottawa, qui vient de l'Est, c'est-à-dire de
Terre-Neuve, et qui prend les intérêts autant de Vancouver qu'il
prend les intérêts de Saint John's, Terre-Neuve, par rapport aux
intérêts du Québec.
M. le Président, je suis aussi même très
assuré que le ministre délégué aux Pêcheries
fait
tous les efforts nécessaires auprès de son propre
gouvernement pour obtenir les crédits nécessaires dans le domaine
du fonctionnement des pêches. Surtout avec les problèmes qui sont
vécus dans l'ensemble du dossier des pêcheries dans l'Est du
Québec, je sais qu'il a fait beaucoup de représentations
auprès de son gouvernement. Mais, la réponse que je peux donner
à ça, parce que je sais qu'il ne la donnera pas lui-même,
c'est dû au fait que le président du Conseil du trésor
ainsi que son propre gouvernement ne croient pas tellement dans les
pêcheries du Québec. Lorsqu'on regarde ce qui s'est passé
au cours des dernières années, par rapport à la
réduction budgétaire, à la réduction des
crédits de l'ensemble du ministère des Pêcheries qui, en
passant, sont passés, en 1985, d'à peu près 39 000 000
$... Il pourra me parler de Madelipê-che, d'accord, mais, de 39 000 000 $
que ces crédits-là étaient en 1985-1986, ils sont
actuellement à un peu plus de 27 000 000 $ en 1992-1993.
Diminution des crédits
M. le Président, quant à la question des crédits
totaux, il y a une diminution, cette année, dans les crédits qui
nous ont été présentés à l'Assemblée
nationale, de l'ordre de 1 751 800 $, ce qui fait un moins de 6 % par rapport
à l'année dernière. On se pose la question, et ce, de
façon très sérieuse de ce côté-ci, surtout
lorsqu'on regarde les crédits périmés que je vais soulever
tout à l'heure, à savoir si le gouvernement du Québec ne
fait pas en sorte de présenter des budgets élevés dans
différents ministères, comme dans celui des Pêcheries, pour
pouvoir mieux récupérer des périmés par la suite
parce que les programmes ne marchent pas ou qu'on s'organise pour que les
programmes ne marchent pas.
Et la question que je voudrais poser au ministre, quant au programme 10
lui-même, aux crédits totaux qui sont alloués: Comment le
ministre explique-t-il cette nouvelle baisse de crédits, alors que les
pêcheurs eux-mêmes ont connu, cette année, une de leurs
pires saisons et que la saison 1992 risque d'être encore plus dramatique
que celle que nous venons de passer?
M. Vallières: Alors, M. le Président, concernant
l'élément 1 du programme 10, on remarque une augmentation des
crédits de l'ordre de 59 300 $ qui s'explique comme suit. En premier
lieu, il y a l'indexation et l'ajustement de la masse salariale, pour 113 700
$, l'ajustement des frais de fonctionnement pour 55 200 $ et une
réduction des dépenses d'équipement de laboratoire et
informatique pour 109 600 $, ce qui nous donne la variation de 59 300 $ qui
représente une variation positive de 1 %. (16 h 40)
Pour ce qui est de l'élément 2, où on rencontre la
plus forte variation de 7,9 % à la baisse, dans un premier temps, il y a
eu une augmentation de 162 300 $ pour l'indexation et l'ajustement de la masse
salariale; un ajustement des dépenses d'opération pour 43 100 $;
la réduction des crédits de capital principalement reliée
aux infrastructures industrielles de pêche pour 487 600 $. C'est un des
postes les plus importants dans cet élément, poste
négatif, donc. Et, plus particulièrement, il s'agit ici de deux
investissements majeurs qu'on a au niveau de Grande-Rivière, de
même qu'à Rivière-au-Renard. Alors, ce sont des contrats de
construction et des honoraires qui ont subi une variation importante.
Également, des crédits non récurrents: programme d'aide
à la flotte de pêche pour i 328 700 $. donc, ça, c'est le
poste majeur qui vient influencer à la baisse cet élément
et il est justifié à cause de la baisse des taux
d'intérêt. vous vous souviendrez qu'en 1991-1992 les taux qu'on
avait prévus étaient de 11 % alors qu'ils se sont situés
plutôt à 8 %. alors, conséquemment, nous prévoyons,
en 1992-1993, une réduction importante de l'ordre de 1 328 700 $.
également, vous remarquerez qu'au niveau du financement de la flotte
l'effort du gouvernement est décroissant. il décroît
année après année. alors, ce qui veut dire qu'étant
dégressif au niveau de l'aide, à un moment donné,
ça se ressent au niveau des crédits du ministère. il y a
diverses autres réductions de l'ordre de 200 200 $ dont je vous ferai
grâce. mais, en gros, c'est ce qui justifie la décroissance du
budget, par rapport à celui de l'année dernière, des
crédits.
Je veux aussi attirer l'attention du député de Duplessis
qui nous indique qu'il y aurait une réduction considérable du
budget du ministère des pêches par rapport aux années
passées. Il faut se souvenir qu'au cours des années 1983, 1984 et
1985 il y a eu des immobilisations importantes qui ne reviennent pas à
chaque année. Je pense particulièrement à la normalisation
des usines. Il y a certains types d'équipements dont on s'est
doté qui ne reviennent pas sur une base annuelle. Si, par ailleurs, on
allait comparer avec les années 1979-1980, on travaillait avec des
crédits autorisés de l'ordre de 19 000 000 $, alors
qu'aujourd'hui, pour 1992-1993, on travaille quand même avec des
crédits autorisés de l'ordre de 27 000 000 $.
M. Perron: Quel était le budget en 1985-1986?
M. Vallières: En 1985-1986, le budget était de
l'ordre de 39 000 000 $ de crédits autorisés. ii faut indiquer
que, cette année-là, on a périmé 25 %.
M. Perron: Oui. Mais je voudrais rappeler, M. le
Président, aux membres de la commission et aux gens qui nous
écoutent...
M. Vallières: Et il faut dire que dans...
M. Perron: ...que, le 2 décembre 1985, il y a eu des
élections générales et du périmé par la
suite.
M. Vallières: Dans les utilisations, c'est bon que le
député de Duplessis sache qu'en 1985-1986, au seul titre des
dépenses de parachèvement pour la normalisation d'usines, c'est 6
700 000 $ qui avaient été dépensés. Au chapitre des
prêts, placements et avances, une somme de 1 292 000 $ avait
été déboursée à ce moment-là, ce qui
n'est pas revenu.
Alors, ce sont des dépenses comme celles-là qui font en
sorte qu'il y a, effectivement, certaines années où il y a eu des
budgets qu'on peut considérer comme considérables, mais qui n'ont
pas été toujours reconduits. Et il y a des années
où on a périmé bien au-delà de 20 %. Je pense
à 1981-1982, où, sur un budget de 26 000 000 $, on a
périmé plus de 25 %, à ce moment-là. Je ne veux pas
faire de reproches à personne. Je sais qu'il y a des années qui
sont passées qui étaient peut-être moins faciles pour les
gouvernements, peu importe le gouvernement.
Mais c'est vous dire que le rythme de croisière d'un budget... Je
pense, en tout cas, que, si on remonte aux années 1978, 1979, 1980 -
budgets qui n'atteignaient pas, à ce moment-là, 20 000 000 $, qui
dépassent maintenant les 27 000 000 $ - il y a quand même eu une
croissance intéressante si on tient compte, globalement, des
différentes crises économiques qui ont secoué le
Québec, que ce soit dans les années quatre-vingt ou les
années actuelles. Il y a beaucoup de dépenses là-dedans,
comme je le mentionnais tantôt, qui sont des dépenses qui sont non
récurrentes, qui étaient faites une fois et qui ne revenaient pas
l'année suivante. Alors, je ne sais pas si le député de
Duplessis, sur ces points-là plus particuliers de variation des
crédits, a d'autres questions. On pourrait ensuite, peut-être,
s'attaquer à la question des périmés, où j'ai des
explications à donner également.
M. Perron: M. le Président, j'ai compris que le ministre
était en train de me dire que, d'abord, il y avait beaucoup de
problèmes dans les pêches, il l'a soulevé lui-même,
mais ça ne veut pas dire, ça... Ça veut justement...
Lorsqu'il vient informer les membres de la commission qu'il y a des dossiers
où la dette n'existe plus, à un moment donné, où il
n'y a pas de transfert de fonds, de fonds de transfert à faire, à
ce moment-là, ça ne veut pas dire qu'il doit baisser
régulièrement ses crédits, ça ne veut pas dire
qu'il ne doit pas défendre d'autres dossiers qu'il doive mettre sur la
planche de travail pour justement permettre que les crédits se
maintiennent et même qu'ils aillent à la hausse, parce qu'on sait
qu'il y a énormément de problèmes dans le domaine des
pêches. Et je vais en parler, tout à l'heure, de la construction
de bateaux, en particulier en Basse-Côte-Nord, par rapport au programme
lui-même. Je vais parler aussi d'autres choses concernant des
infrastructures qui devraient être mises en place et où le
gouvernement, où les gouvernements, puisqu'on est dans deux
gouvernements, actuellement, dans le domaine des pêcheries,
n'interviennent pratiquement pas.
Donc, les crédits sont diminués de part et d'autre, et on
se ramasse avec des problèmes comme ceux-là aujourd'hui, parce
que les crédits étant diminués, c'est que les projets qui
sont actuellement sur la table ne sont pas mis en marche. À partir du
moment où les crédits sont diminués, et n'ayant pas
d'argent, c'est que ies projets eux-mêmes sont déjà
préparés, et, dans la grande majorité des cas, avec des
plans et devis, et les dossiers n'avancent pas à cause qu'il n'y a pas
d'argent pour aller de l'avant avec ces projets-là. Lorsque le
gouvernement, dans le domaine des pêches, n'aide pas
financièrement, on sait très bien que ça a des
répercussions négatives face aux personnes qui veulent investir.
Ça, c'est clair, net et précis.
Le ministre a beau me parler des années 1982, 1983 ou d'autres
années antérieures, mais qu'on regarde les crédits qui ont
été alloués dans le domaine des pêches, en
particulier depuis 1987, qui sont presque régulièrement à
la baisse, et en particulier au cours des trois dernières années,
et on va se rendre compte que de là viennent les problèmes dans
le domaine des pêcheries. Je ne pense pas réellement - si le
ministre a des commentaires à faire là-dessus, il peut y aller -
qu'il y ait une volonté politique de la part de son gouvernement - lui,
il peut en avoir, je le concède, mais de la part de son gouvernement -
et, en particulier, du président du Conseil du trésor, de
s'occuper des pêches dans l'Est du Québec. Il n'y a pas de
volonté politique à ce niveau-là. Et on a juste à
regarder tous les dossiers qui traînent dans le paysage pour se rendre
compte qu'il n'y en pas de volonté politique exprimée par le
gouvernement lui-même, même si le ministre en a.
Le Président (M. Richard): Je céderai la
parole...
M. Vallières: Je voudrais juste qu'on ajuste notre
langage. Le député de Duplessis parle de diminution des
crédits. Je veux juste lui rappeler que c'est normal, par exemple,
à la fin d'une entente comme l'entente auxiliaire qu'on a connue dans le
secteur des pêches, qui évoluait dans le temps et qui est
maintenant terminée, que des sommes qui étaient prévues
spécifiquement à cette entente se terminent sur la
présente année et que, conséquemment, vu les efforts qui
ont été faits au cours de cette entente pour doter le secteur des
pêches du Québec de certains équipements, c'est bien
évident qu'on ne
recommencera pas le lendemain matin. On parle plutôt, à ce
moment-ci, de l'épuisement de l'entente comme telle et des
crédits qui étaient prévus à cette fin-là.
On ne peut pas parler, à ce moment-là, de réduction du
budget comme tel du ministère.
Le député de Duplessis me fait part de nombreux projets.
Je sais que l'entente auxiliaire, dans sa région, plus
particulièrement dans son comté, a été très,
mais alors très profitable; je serais curieux de savoir le pourcentage
de l'entente qui a été dépensé dans son
comté. Et, s'il y avait des projets qui ont pu être honorés
à l'intérieur de cette entente, je m'en réjouis pour le
député de Duplessis, mais il ne faudrait pas, non plus, qu'on
laisse croire que, dans ce secteur, rien n'a été fait au cours
des dernières années. Il faut reconnaître aussi que ces
budgets-là sont des budgets qu'on voit apparaître sur une base
de... C'est ça, dans ce cas-ci, c'était une entente sur cinq ans.
Alors, par la suite, c'est normal que les sommes qui avaient été
prévues par les deux niveaux de gouvernement ne réapparaissent
pas dans nos crédits. Je pense que le député devra en
convenir avec moi. (16 h 50)
Pour ce qui est du financement des bateaux, je pense que, tantôt,
il y aura des questions peut-être un peu plus poussées et on
pourra y répondre. Je sais qu'il y a de nombreuses demandes à
l'intérieur même du comté de Duplessis afin d'obtenir du
financement pour les bateaux et j'espère que nos programmes, qui sont
montés en fonction de ça, permettront d'y répondre. Et on
sait plus particulièrement qu'au niveau de la disponibilité de
permis qui ont été alloués par le gouvernement
fédéral, Pêches et Océans, nous sommes ouverts et
qu'un programme, le programme CAP a prévu des interventions à ce
niveau-là.
Le Président (M. Richard): est-ce que vous me permettriez
de céder la parole à m. le député de saguenay, m.
maltais? vous aurez la parole pour la prochaine question, s'il vous
plaît.
Comité d'intérêt public pour
l'allocation des permis de pêche
M. Maltais: M. le Président, je vais être
très bref parce que je suis sur deux commissions, aujourd'hui. M. le
ministre, vous savez sans douté pourquoi je suis ici aujourd'hui. Je
voudrais vous parler précisément du Comité
d'intérêt public pour l'allocation des permis de pêche. Je
ne sais pas si vous avez amené avec vous ces hauts personnages, je ne
les connais pas, pas moyen de se faire entendre par eux autres. M. le ministre,
comme membre de l'Assemblée nationale, je veux vous indiquer que je ne
peux pas accepter - et, là, je ne m'en prends pas du tout à vous
ni aux fonctionnaires - comme élu imputable et responsable d'une
population, que des personnes, dans un bureau, sans jamais mettre les pieds sur
le terrain, qui ne vivent que de rapport en rapport, puissent avoir
autorité pour permettre à des gens de mourir de faim ou de vivre.
Comme élu du peuple, je ne peux, d'aucune façon, l'accepter.
La demande que je vous fais aujourd'hui, elle est bien précise,
claire, nette. Et si je ne reçois pas une réponse pour au moins
que celui qui est élu pour représenter la population puisse
s'expliquer envers cette tourelle de haut savoir, il va s'arracher du poil
quelque part dans cette province-là. Je ne peux accepter, mais d'aucune
façon, que des gens qui ne sont pas imputables puissent décider
du droit de vie ou du droit de mort. Ce que j'ai vécu dans mon
comté, particulièrement depuis un an, est abominable,
inacceptable, indigne de gens qui sont payés par les taxes des pauvres
travailleurs et qui, souvent, ont permis de leur enlever leur emploi. Je ne
peux accepter ça d'aucune façon.
Je sais que vous avez fait des efforts particuliers dans le dossier,
mais que vous devez aussi vous en tenir à une certaine rigueur
administrative. Ces gens-là, M. le ministre, je vous demande de me les
envoyer dans mon comté à une réunion publique avec les
intéressés pour que la population puisse savoir qui retarde ou
qui a refusé les permis nécessaires. Je vous le demande encore
bien clairement. Je veux, dans mon comté, Les Escoumins, comté de
Saguenay, devant la population, que les trois personnes qui siègent au
Comité d'intérêt public viennent s'expliquer à la
population, avec les intervenants du milieu. Et, si je n'ai pas réponse,
M. le ministre, je vais être obligé d'interpeller la commission de
l'Assemblée nationale et je vais me servir de tous mes droits et
prérogatives, comme membre de l'Assemblée nationale, pour que les
imputables soient imputés devant la population. Voilà, c'est
toute ma petite demande que j'avais à vous faire bien calmement.
M. Vallières: C'est une petite grosse demande, M. le
Président. D'abord, je veux vous indiquer que je connais le dossier
auquel fait allusion le député de Saguenay. Je veux lui indiquer
également que j'ai annoncé, récemment, que j'allais revoir
la politique d'émission des permis d'usine et que... Évidemment,
ça touche tout le processus actuel de fonctionnement du Comité
d'intérêt public qui, comme vous le savez, analyse chaque demande
de permis et fait une recommandation de pertinence, selon
l'intérêt public, au ministre. Il faut dire qu'au cours des
dernières années ce Comité a traité en moyenne 80
demandes annuellement, en a évidemment accepté, en a aussi
refusé. Et, dans le cas d'un avis négatif, il faut rappeler que
le Comité fait appel au demandeur en indiquant les raisons de l'avis et
lui offre la possibilité de faire des représentations
appropriées au Comité avant de transmettre l'avis final au
ministre. L'avis final relatif à cette demande est alors
rédigé et
envoyé au secrétariat. Mais je voudrais indiquer au
député de Saguenay que mon intention est de faire en sorte qu'on
puisse agir, dans ce type de dossier, avec le maximum et toute la transparence
requise. Quand je parle de transparence, je le rejoins en partie quand il dit:
II faut être capable d'expliquer ça aux gens du milieu. Je suis
également un élu et tous ceux qui sont ici autour de la table,
mes collègues, le savent, quand on a à expliquer des refus, qui
sont faits, d'aide gouvernementale ou, dans ce cas-ci, même pas d'aide
gouvernementale, un refus de permission d'opérer, il faut être
drôlement bien argumenté pour le justifier. Je pense qu'à
l'intérieur du processus on devrait permettre à tout le moins
d'éviter que les gens puissent penser que ceux qui sont leurs
élus n'ont pas fait tout ce qui était possible et humainement
possible de faire pour que l'émission d'un permis ou une décision
qui était négative puisse se transformer en réponse
positive.
Évidemment, le Comité d'intérêt public n'a
pas un rôle qui est facile et, par définition, s'il a à
faire des recommandations, c'est qu'à l'occasion elles sont positives
et, à d'autres moments, qu'elles sont négatives. C'est
arrivé également, au cours de 1991, que des décisions
négatives aient été rendues dans d'autres comtés
que celui de Saguenay...
M. Maltais: Si vous me permettez, M. le Président...
M. Vallières: ...et, de façon
générale, elles étaient bien argumentées.
M. Maltais: Oui, je voudrais simplement souligner que le
Comité d'intérêt public a agi, dans mon cas,
malhonnêtement, et je pèse mes paroles. Très
malhonnêtement. En 1988, ils m'ont fermé une entreprise à
Rivière-Portneuf. J'avais tous les rapports des études de tout ce
qu'il y avait, à savoir qu'il y avait de la ressource pour uniquement
une entreprise. Ils ont accordé un permis à une entreprise du
Nouveau-Brunswick, à Forestville, et naturellement la ressource n'est
bonne que pour une entreprise. En payant un petit peu plus cher aux
producteurs, ils ont fermé l'entreprise.
Dans le cas précité, ils invoquent l'inverse de leur
logique et je ne peux pas accepter ça parce qu'il ne doit pas y avoir
deux poids, deux mesures. À l'heure actuelle, ils cautionnent
l'illégalité et la malhonnêteté. Ce n'est pas le
gouvernement du Québec ni le ministre qui est responsable, ce sont ces
individus. Je ne peux l'accepter, M. le ministre, et je vous
réitère ma demande: Je veux les avoir dans mon comté.
Sinon, je vais être obligé de prendre d'autres moyens parce que,
moi, je ne peux pas accepter que des gens qui décident du sort, du
gagne-pain: Tu vas manger ou tu ne mangeras pas, qui sont relativement bien
payés, décident pour nos gens, dans nos comtés, sans que
la population ne puisse recevoir des explications sérieuses et ne puisse
se prononcer. Moi, je suis écoeuré, écoeuré
d'endosser des décisions auxquelles je ne suis pas prenant et sur
lesquelles on ne peut même pas être entendu. Je ne le fais pas
contre vous, M. le ministre. On est de vieux collègues, amis depuis de
nombreuses années, mais je vous informe que ne je ne peux pas accepter
cette décision-là.
Je sais que, dans votre énoncé, vous avez annoncé
une nouvelle politique. J'espère qu'elle sera beaucoup mieux. J'en suis
convaincu, parce qu'elle vient d'un élu. Mais, actuellement, on vit une
situation fort difficile et, si elle n'est pas réparée dans les
quelques mois qui vont suivre, ces gens-là, M. le ministre, vous
êtes mieux de leur engager des gardes du corps et de les tôler dans
votre ministère parce que leur sécurité ne sera pas
nécessairement assurée s'ils viennent se promener chez nous. Je
ne peux pas accepter ça et, si je suis sévère, hargneux et
en maudit, c'est parce que j'ai d'excellentes raisons de croire que ça a
été fait pour faire augmenter certaines valeurs d'autres usines
et je ne veux pas accepter ça. Les vraies raisons, je les ai
découvertes en cours de route et je ne cautionnerai pas
l'illégalité. C'est d'autres qui vont en prendre la
responsabilité. À l'heure actuelle, c'est un véritable
scandale de la façon dont ces gens-là agissent. Je ne peux pas
accepter ça et, je le répète, je vais prendre tous les
moyens mis par le système parlementaire qu'on a au Québec pour
obtenir justice pour mes concitoyens, mes concitoyennes de mon comté.
Voilà. (17 heures)
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saguenay. Ça va, M. le ministre?
M. Vallières: Très bien. J'ai pris très
bonne note des propos, des commentaires, du point de vue du
député de Saguenay. Je veux qu'il retienne de mon intervention,
plus particulièrement... et je retiens de la sienne également
qu'il est d'accord avec un encadrement additionnel, un encadrement beaucoup
plus serré des recommandations du Comité d'intérêt
public. Et je retiens également que le député de Saguenay
a fait allusion à des décisions antérieures qui ont
été prises par le Comité d'intérêt public sur
l'émission de permis, que je vais regarder. Et je vais,
assurément, M. le Président, revenir à mon collègue
de Saguenay afin de voir comment on peut ajouter de l'éclairage et
possiblement satisfaire le député de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le ministre. Je vais transmettre ça
aux gens concernés.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Duplessis, M. Perron, vous avez la parole.
M. Vallières: M. le Président, simplement
vous indiquer, en terminant, que, par ailleurs, dans ce dossier comme
dans d'autres, pour les gens qui ont à effectuer un travail
là-dessus, ce n'est pas un travail d'évaluation qui est facile
parce qu'il s'agit de dire oui ou non à une permission d'opérer
à l'intérieur d'une usine. On va regarder le dossier à la
lumière des arguments qui me sont apportés par le
député de Saguenay. Et je ne doute aucunement des
capacités et des moyens qu'il a, comme parlementaire, de continuer
à se faire entendre.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
député de Duplessis, M. Perron.
M. Perron: M. le Président, une courte question en rapport
avec le Comité d'intérêt public. Quels sont les membres de
ce comité?
M. Vallières: II y a cinq ou six membres, qui sont tous
des fonctionnaires.
M. Perron: Si le ministre n'a pas la réponse actuellement,
il peut toujours me la fournir un peu plus tard, au cours de l'étude des
crédits.
M. Vallières: On va vous la donner maintenant. Le
comité est présidé par M. Pierre Vagneux. En font partie
également les fonctionnaires suivants: MM. Marcil, Robitaille,
Lamon-tagne et Tremblay. On pourrait ultérieurement vous faire part de
leurs responsabilités à l'intérieur du ministère,
ce que je n'ai pas ici. Ce sont donc cinq personnes qui le composent.
M. Perron: M. le Président, je viens de comprendre
pourquoi le Comité ne marche pas bien. Il n'y a pas de femmes
là-dessus.
Le Président (M. Richard): On pourrait être d'accord
avec vous, M. le député de Duplessis.
M. Vallières: Effectivement, il n'y a pas de femmes.
Le Président (M. Richard): Question de partage.
M. Perron: M. le Président, le ministre a
démontré, au cours des derniers mois, beaucoup de sérieux
dans le domaine des pêches et même une volonté de
protéger et de relancer l'industrie de la pêche au Québec.
Ma question est la suivante: Si ses intentions sont celles que je viens
d'énumérer, est-ce que le ministre pourrait me dire pourquoi, au
cours des trois dernières années, il y a eu une réduction
des crédits du ministère de l'orde de 34 % et qu'en 1992-1993 on
remarque une chute, par rapport à 1991-1992, de l'ordre de 16 %, en
particulier dans le cas des dépenses de capital? Parce que c'est surtout
là qu'on retrouve les investissements gouvernementaux pour l'aide aux
pêcheurs, aux entreprises et à tous les projets qui peuvent
être présentés dans le domaine des pêches. J'ai la
forte impression que le ministre délégué aux
Pêcheries a énormément de problèmes à faire
comprendre le président du Conseil du trésor.
M. Vallières: Je vais être obligé de
répéter au député de Duplessis que... Je peux vous
donner un exemple, ici, d'un projet qui s'est fait à Sept-îles,
qui est un centre de services que vous devez connaître...
M. Perron: D'accord.
M. Vallières: ...où on a dépensé 2
000 000 $. Il y a eu Newport, auparavant. C'est une dépense qui ne
revient pas. L'installation est faite, elle est existante, alors on ne retrouve
pas les crédits par la suite.
M. Perron: Ce n'est pas ça que je veux dire. Je comprends
les investissements qui ont été faits dans d'autres dossiers,
antérieurement à l'année 1992 dans laquelle nous vivons
actuellement. Mais ce que je veux dire, c'est qu'il y a d'autres dossiers
actuellement en suspens et les crédits sont en chute libre. C'est
ça que j'essaie de faire comprendre au ministre. Il y a des dossiers sur
les tables de travail, il y a des plans et devis qui sont acceptés. Il y
a même, dans le cas de certains bateaux, des pêcheurs qui ont mis
leur petite signature, leurs initiales en différents endroits puis il
n'y a pas de crédits nécessaires pour régler ces
problèmes-là. C'est ça que je veux dire.
M. Vallières: Alors, on va convenir, là, qu'au
niveau des immobilisations, actuellement, il y aurait deux dossiers en suspens.
Ils sont en cours, mais sur lesquels il reste de l'argent qu'on immobilise. Il
y a celui de RMère-au-Renard et celui de Grande-Rivière.
Là, vous me parlez du financement des bateaux. C'est une autre affaire.
Il y a des données qui n'apparaissent pas ici, à
l'intérieur des crédits. Je vais juste vous donner un exemple et
je vous invite à en tenir compte quand vous faites vos remarques. Le
portefeuille d'aide financière pour le financement des bateaux est de 70
000 000 $. C'est un portefeuille existant de 70 000 000 $. Sous forme de
prêts, on retrouve 19 000 000 $; sous forme de garanties de prêts,
51 000 000 $. Ce sont toutes des sommes qui sont extrabudgétaires, qui
n'apparaissent pas dans les crédits qui sont ici et qui sont...
M. Perron: Non, mais qui ne sont pas nécessairement des
dépenses du gouvernement. Voyons!
M. Vallières: ...largement supérieures à ce
qui s'était dépensé. Par exemple, je regarde les
prêts aux pêcheurs, en 1986-1987, qui étaient de
l'ordre d'environ 34 000 000 $. Alors, c'est une majoration
considérable. Donc, quand on veut comparer, je pense qu'il faut tenir
compte de tous les éléments.
Maintenant, qu'il y ait des réductions au niveau des
immobilisations, bien, je vous l'ai dit tantôt, je le reconnais.
Maintenant, les programmes que nous avons, par exemple au niveau du financement
des bateaux, me semblent être des programmes, à moins que le
député de Duplessis ne m'indique que les programmes ne sont pas
suffisamment généreux et que des décisions... Ce que vous
semblez me dire, c'est que des décisions sont en attente, actuellement,
faute de budget. À moins qu'on me contredise à côté,
je ne pense pas que, faute de budget, on ne soit pas en mesure d'exercer le
financement des demandes de bateaux qui nous parviennent de votre comté
ou d'autres comtés en régions maritimes.
Je rappelle également au député de Duplessis que la
variation de tantôt, dont je vous faisais part, est largement due
à la variation des taux d'intérêt à la baisse. Donc,
c'est des crédits qu'on ne retrouve pas.
M. Perron: Ça, c'est pour la prise en charge d'une partie
des intérêts dans certains domaines d'activité.
M. Vallières: C'est ça.
M. Perron: O.K. On est d'accord là-dessus. Mais où
je ne suis pas d'accord... Est-ce que le ministre serait d'accord avec moi pour
dire que les ,70 000 000 $ dont il parlait tout à l'heure,
c'est-à-dire les 19 000 000 $ plus les 51 000 000 $, ce ne sont pas des
engagements gouvernementaux où le gouvernement doit investir ces 70 000
000 $? Ce sont des garanties qui sont données et le gouvernement ne doit
payer que lorsqu'il y a mauvaise créance.
M. Vallières: Exact.
M. Perron: Bon! Alors, c'est...
M. Vallières: Et je vais vous dire que, dans le secteur
des pêches, là, on est habitué d'en voir passer, des
mauvaises créances.
M. Perron: Sur le budget qui vient de s'écouler.
M. Vallières: II y a bien des garanties qu'on donne et
qu'on est obligé d'honorer par la suite.
M. Perron: Sur le budget qui vient de s'écouler.
M. Vallières: Ce n'est pas dedans. Vous avez raison que
ça n'apparaît pas dedans, mais je vous demande de tenir compte de
cet élément.
Les mauvaises créances, évidemment, n'apparaissent pas.
Elles sont extrabudgétaires comme les montants dont je viens de vous
faire part.
Maintenant, c'est quand même une donnée. Quand on parle de
risque gouvernemental, entre guillemets, ou d'implication gouvernementale... Ce
que le député de Duplessis semble vouloir laisser
transparaître, c'est que le gouvernement du Québec veut
négliger le secteur des pêches, compte tenu d'une réduction
de budget. C'est la démonstration à laquelle il tente de
s'attarder. Moi, je lui indique que le gouvernement du Québec non
seulement ne néglige pas, mais continue d'être un partenaire de
plus en plus présent. Entre autres, au niveau du financement des
bateaux, on a plus que doublé ce qui pouvait se donner comme aide. Parce
qu'on parle de prêts ou de garanties de prêts, mais c'est quand
même de l'aide qui est donnée aux gens afin de leur permettre de
faire leur métier convenablement. Et je n'accepterai pas du
député de Duplessis qu'il dise que le gouvernement du
Québec néglige ce secteur. (17 h 10)
Je pense au programme CAP qui est de 50 000 000 $ sur cinq ans. C'est
sûr, également, que, quand on va arriver à la fin du
programme CAP, il y aura des ajustements qui vont intervenir parce qu'il y a
là un programme qui s'inscrit sur une base de cinq ans. Et je veux
indiquer immédiatement au député de Duplessis, qui parlait
de périmés, tantôt, qu'au niveau des périmés
que l'on retrouve cette année et qui sont de l'argent du programme CAP
qui n'a pas été utilisé tel que prévu - c'est un
montant assez important, de l'ordre d'environ 4 000 000 $ - il faut bien
convenir avec le député de Duplessis qu'on ne peut pas parler
véritablement de crédits périmés. Ce sont des
crédits qui vont revenir l'an prochain et au cours des années
subséquentes. Le 50 000 000 $, dans le programme CAP, il va
effectivement se dépenser. On est rendu à plus de 18 000 000 $ de
dépensés. Le programme, c'est 50 000 000 $ et le 4 000 000 $
qu'il pourrait interpréter comme étant des crédits
périmés cette année, ce sont des crédits qui vont
revenir, au cours des années subséquentes, à
l'intérieur du programme CAP. Donc, on ne peut pas véritablement
parler de périmés dans le cas de crédits qui sont
transférés à une année subséquente.
C'est ce qui arrive dans le cas du programme CAP. Et je veux indiquer
que, si le programme CAP, dans lequel on avait prévu dépenser
quelque 10 000 000 $ au cours de l'année, s'est plutôt
chiffré aux environs de 6 000 000 $, il y a une raison bien simple
à ça. Et j'avais indiqué, l'année passée,
quand on a fait nos crédits, je crois, que j'allais revoir ce programme
afin de l'adapter davantage au contexte actuel, de l'actualiser au secteur des
pêches, au gouvernement du Québec, suite à
l'évolution du secteur. C'est la raison pour laquelle les
démarches que
nous avions entreprises, qui ont été
véhiculées à l'intérieur des différents
comités ministériels et ensuite au Trésor, ont
été adoptées seulement au cours du mois d'août, et
les programmes sont devenus efficaces, au niveau de nos clientèles, au
cours du mois de septembre. C'est donc dire qu'en réalité on
opère sur un exercice d'à peu près six mois, à
l'intérieur du nouveau programme CAP. C'est ce qui fait qu'il y a des
crédits qui sont non pas périmés, mais qui sont, en fait,
transférés dans les années subséquentes, mais qui,
ici, peuvent donner, compte tenu de nos coutumes d'étude de
crédits, l'impression que ce sont des crédits
périmés. Et on en retrouve pour 4 000 000 $. Si vous ajoutez
à ça la variation au niveau des taux d'intérêt dont
je vous faisais part tantôt et des immobilisations qui ont connu,
peut-être, un certain retard, on retrouve les 6 000 000 $ dont vous
parliez tantôt, que vous considérez comme étant des
crédits périmés.
Crédits périmés
M. Perron: M. le Président, nous connaissons tous la
politique - même si le ministre n'est pas d'accord, j'en conviens, il a
le droit de ne pas être d'accord - de péremption des
crédits du gouvernement libéral depuis quelques années,
surtout dans le domaine des pêcheries. Ça nous semble, à
nous, qu'elle consiste à avancer des budgets, histoire de faire bonne
presse, et, par la suite, on compresse afin de ne pas dépenser le
budget. C'est une affirmation que je fais ici. Mais cette année, la
situation est définitivement scandaleuse. Comme je le mentionnais dans
mon allocution d'ouverture, les crédits périmés du
programme 10 correspondaient, au total des éléments, à la
somme de 1 509 800 $ en 1990-1991, alors qu'en 1991-1992, là, il y a un
imbroglio. Je me pose la question à savoir quelle est la
différence entre les deux dossiers qui sont fournis par le
gouvernement.
Lorsqu'on regarde, sur une question de l'Opposition en rapport avec les
crédits périmés dans le développement des
pêches et de l'aquiculture, la réponse qui nous a
été donnée était «que les crédits
périmés étaient de l'ordre de 6 611 300 $». Mais,
lorsqu'on regarde, par exemple, les crédits et les dépenses
probables de 1991-1992, on se rend compte que les crédits qui pourraient
être périmés, si on fait la différence entre les
crédits alloués de 29 128 500 $ et le 21 994 200 $, c'est 7 134
300 $ de périmés dans ce formulaire-là qui vient
directement des crédits. Par contre, la réponse du
ministère est: 6 611 300 $. Est-ce que le ministre peut nous expliquer
la différence entre les deux?
M. Vallières: Vous retrouvez un écart de 1 000 000
$? C'est quoi, le document que vous avez en main, avec lequel vous
travaillez?
M. Perron: C'est un document qui paraît dans les
crédits, qui nous a été déposé à
l'Assemblée nationale, ainsi qu'un autre document qui nous a
été déposé par le ministre
délégué aux Pêcheries sur une question que nous
avions posée, à savoir quels étaient les crédits
périmés pour l'année 1991-1992. Alors, il y a deux
chiffres. Il y a le chiffre qui vient du dépôt qui a
été fait en Chambre pour procéder par la suite à
l'étude des crédits et il y a le document qui vient du
ministère, où il y a une différence de plus de 1 000 000
$, à peu près 500 000 $ entre les deux. Lequel est le bon
chiffre?
Puis une autre question en rapport avec...
M. Vallières: Je vais répondre à
celle-là. On va répondre à celle-là. M. Abgral, qui
s'occupe des finances au ministère, a l'explication de la
différence de 500 000 $. M. Abgral.
M. Abgral (André): C'est parce que, dans le cahier des
crédits déposé par l'Assemblée nationale, il
apparaît des dépenses probables de 21 994 000 $, alors que, nous,
on indique 22 467 000 $ en termes de dépenses. c'est parce que,
effectivement, les dépenses... c'est parce qu'on a effectué un
prêt de 473 000 $ à cusimer. c'est dans les prêts,
placements et avances. ça n'apparaît pas dans les dépenses
mais plutôt dans une autre catégorie, mais ça a
été pris à même les budgets. ça fait que, si
on parle de crédits périmés, ils ont été
utilisés à même les crédits, mais ce n'est pas une
dépense, c'est une avance ou un prêt, si vous aimez mieux.
M. Perron: Qui est remboursable.
M. Abgral: Remboursable, oui, effectivement. Il y avait eu 946
000 $ à Cusimer, si je ne me trompe pas. De mémoire, 473 000 $ de
subvention et 473 000 $ de subvention mais remboursable, ce qui faisait un
prêt.
M. Perron: Sans intérêts ou avec
intérêts?
M. Abgral: Là, il faudrait que j'aille faire un tour dans
les livres. Je ne pense pas qu'il y ait des intérêts.
M. Perron: C'est quoi le nom de la compagnie à qui vous
avez avancé ça?
M. Vallières: C'est sans intérêts,
André.
M. Abgral: C'est sans intérêts, c'est ça.
C'est Cusimer.
M. Perron: Cusimer.
M. Abgral: C'est Cusimer.
M. Perron: C-u-s-i-m-e-r.
M. Abgral: C'est ça, effectivement. D'ail-
leurs, II apparaît identifié dans le programme CAP, pour un
montant de 946 000 $ dans l'année 1991-1992, dans les documents...
M. Perron: Mais est-ce que c'est une avance que vous avez faite
sur les crédits 1991-1992 ou 1992-1993?
M. Abgral: Sur 1991-1992. On parle toujours de la dépense
de 1991-1992, là.
M. Perron: O.K., d'accord. M. Abgral: O.K.?
M. Perron: C'est parce qu'il faut bien se comprendre sur les
chiffres. C'est assez difficile à manoeuvrer, à un moment
donné.
M. Abgral: J'en conviens, oui.
M. Vallières: Je peux peut-être ajouter, M. ie
Président, aux commentaires du député de Duplessis.
D'abord, je veux être bien compris. Le député de Duplessis
nous parle de périmés de l'ordre de 6 661 300 $. Moi, je vous
indique qu'au niveau du langage on ne s'entend pas, dans ce sens que, pour moi,
il y a là-dessus un 4 000 000 $ qui sont des crédits qui sont
purement et simplement à reporter à l'intérieur du
programme CAP au cours d'années subséquentes et que la variation
au niveau des taux d'intérêt, pour près de 2 000 000 $,
vient également faire en sorte qu'il y a des crédits qui peuvent
paraître périmés mais qui ne le sont pas en
réalité.
Je veux également rappeler au député de Duplessis
que de périmer des crédits... De toute façon, ceux de
cette année, c'est quand même infime, ce qu'on a comme
véritables périmés. Mais, si je remonte, par exemple - je
veux juste lui donner ça à titre d'exemple, ce n'est pas pour lui
en faire le blâme - aux années 1980-1981, sur des crédits
autorisés de 21 900 000 $, on avait périmé, à ce
moment-là, 19,3 %. Sur des crédits autorisés, en
1981-1982, de 26 000 000 $, on avait périmé 25,4 %. En 1982-1983,
sur des crédits autorisés de 27 342 000 $, on avait alors
périmé 22,4 %.
M. Perron: Ce n'est pas là qu'est ma question, M. le
Président.
M. Vallières: Alors, c'est pour vous indiquer, M. le
Président, que... Ce n'est peut-être pas là l'objet de la
question du député de Duplessis, mais, moi, je veux vous indiquer
que le fait de périmer des crédits, on en retrouve à
chaque année. Et il y a des années où on a
dépassé largement les 20 %, qui ne sont pas de notre
administration, et puis il y a des années, qui sont d'autres
administrations, où on a seulement des périmés à 2
% ou 3 %, comme ceux qu'on a faits en 1990-1991 à 3,4 %.
Alors, il y a des années qui sont exceptionnelles, comme cette
année, à cause, comme je l'expliquais, de cette partie du
programme CAP qui a été inopérante à cause de son
entrée en vigueur tardive, qui dépasse les 4 000 000 $. Pour
nous, c'est de l'argent en banque, pour le secteur des pêches.
M. Perron: M. le Président, le ministre n'est-il pas
d'accord avec moi que, lorsqu'il y a des crédits périmés,
ça retourne dans le fonds consolidé et que, par la suite, le
président du Conseil du trésor ou le ministre des Finances peut
en faire ce qu'il veut?
M. Vallières: Pas dans le cas du CAP, M. le
député de Duplessis. C'est pour ça que ma nuance est
très importante. Dans le cas du CAP, ça ne retourne pas
là. C'est un engagement du ministre des Finances. Ces sommes-là
demeurent. Alors...
M. Perron: Vous voulez dire qu'elles reviennent à toutes
les années pour la différence qui n'est pas mise en usage?
M. Vallières: Oui. Jusqu'à concurrence de 50 000
000 $. C'est une enveloppe protégée. C'est pour ça que je
trouvais important de vous la faire, cette nuance. (17 h 20)
M. Perron: M. le Président, dans l'année
financière 1991-1992, est-ce que le ministre pourrait nous donner un
chiffre, l'évaluation, à savoir combien il y a eu de mauvaises
créances au total, par rapport aux programmes et aux endossements du
gouvernement?
M. Vallières: Oui.
M. Perron: Que ce soit au niveau des garanties de prêts ou
que ce soit au niveau des garanties en rapport avec les
intérêts.
M. Vallières: Garanties de prêts du secteur des
pêches, mauvaises créances, 1991-1992 - ça exclut les
bateaux; on parle du développement industriel, ici - on parle de 2 982
000 $ environ de mauvaises créances. Je comprends la question du
député de Duplessis, c'est qu'il aimerait l'avoir sur les bateaux
également, j'imagine?
M. Perron: Oui. En fait, c'est l'ensemble des mauvaises
créances du ministère par rapport aux programmes qui
existent.
M. Vallières: on peut les obtenir. je pourrai les faire
parvenir ultérieurement, mais on m'indique que c'est infime par rapport
à ce que je viens de vous donner.
M. Perron: Vous allez les faire parvenir
ultérieurement?
M. Vallières: Parce que le ministère, s'il y a
reprise... Admettons qu'il y a reprise de bateau, revente du bateau. Donc, il y
a beaucoup moins de perte que dans le cas dont on vient de vous faire part.
M. Perron: II peut y avoir moins de perte, mais pas
nécessairement que le bateau va être revendu au prix de revient.
Il peut être vendu à perte.
M. Vallières: Le bateau peut être vendu à
perte?
M. Perron: Oui.
M. Vallières: Oui.
M. Beaudin: Si vous me permettez...
Le Président (M. Richard): Je donne la parole à M.
le député de Gaspé pour une question et je reviens
à vous, M. le député de Duplessis, par la suite.
Cusimer
M. Beaudin: M. le Président, j'ai été
étonné, tout à l'heure, que le député de
Duplessis ne semblait pas connaître l'entreprise qui porte le nom
Cusimer. J'aimerais demander au ministre si... Étant donné que
Cusimer est une entreprise qui a eu une initiative assez heureuse dans le
secteur des pêches, pour la région maritime, pour tout l'Est du
Québec, à toutes fins pratiques, est-ce que l'intervention
gouvernementale, en partenariat avec Cusimer, a apporté, M. le ministre,
les résultats qu'on avait escomptés, au moment où on a
entamé ce processus de partenariat et de rapatriement d'activité,
de permis et de ressources, d'une région qui n'avait rien à voir
avec la région maritime, dans la région maritime?
M. Vallières: Alors, évidemment, le dossier
Cusimer, Fruits de mer Impérial est un dossier qui prend beaucoup valeur
de symbole dans mon esprit parce que c'est un dossier, d'abord, sur lequel j'ai
mis beaucoup d'énergie afin qu'on puisse le concrétiser, de
même que le député de Gaspé, parce qu'il y va
là d'une question de principe. J'ai toujours dit que, dans toute la
mesure du possible, nous allions privilégier, au MAPAQ, des
interventions permettant, au niveau de la première transformation,
d'intervenir en régions maritimes. Alors, la transaction ou la fusion
qui a eu lieu entre Fruits de mer Impérial et Cusimer vient
témoigner, de façon concrète, de ces efforts qu'on fait et
qui se soldent, à l'occasion, par des résultats très
probants. Cette fusion d'entreprises, je dois l'indiquer, s'est
réalisée à une période avancée de la saison,
au cours du mois d'août 1991, ce qui a atténué - pour
répondre à la question du député de Gaspé -
l'impact souhaité. Cependant, il y a eu un impact important au niveau de
l'emploi. Sans ce projet, l'entreprise, qui avait 45 personnes à son
emploi en août, aurait réduit ce nombre à 20, en septembre,
et aurait fermé ses portes à la fin du même mois.
L'entreprise a donc opéré avec 65 employés, selon les
chiffres que j'ai ici, du début de septembre jusqu'à la fin de
novembre. Et plus de 40 employés ont fait 26 semaines de travail
l'année dernière, ce qui est très bon dans le secteur des
pêches, et tous ceux qui sont autour de la table peuvent en
témoigner. Le projet aura donc permis de maintenir une activité
importante à Mont-Louis. Le réaménagement de l'usine s'est
fait durant la saison morte pour compléter l'installation des
équipements en provenance de Fruits de mer Impérial de
Saint-Hyacinthe. L'année 1991 doit être considérée
comme étant une année de rodage.
C'est donc dire qu'on n'aura pas obtenu, en 1991, le maximum d'impacts
que nous recherchions. Mais, cette année, tout est en place pour
démarrer les opérations entièrement regroupées. Ce
qui signifie qu'un volume de 4 000 000 de livres de poisson restera en
Gaspésie pour traitement, ce qui devrait générer environ
80 nouveaux emplois en régions maritimes, plus précisément
en Gaspésie. Alors, voici le genre de dossier qui est indicatif que le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
dispose des outils requis pour intervenir et privilégier les
régions maritimes dans ce genre de dossier. Alors, je pense que
certaines interventions récentes, également, dans le comté
du député de Gaspé, témoignent de la
capacité qu'a le MAPAQ, avec les outils récents dont il s'est
doté, de solutionner des problèmes importants au niveau des
usines de transformation du poisson.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Oui, M. le Président, toujours dans les
crédits périmés. Est-ce que le ministre peut nous donner
la répartition, par programme, des crédits périmés
dans le domaine des pêcheries?
M. Vallières: Oui. C'est par programme d'aide
financière ou par programme budgétaire?
M. Perron: Par programme budgétaire. En d'autres mots, ce
qui a été budgété et ce qui a été
périmé dans l'ensemble du ministère.
M. Vallières: Est-ce que le député de
Duplessis fait allusion aux différents volets des programmes? Parce que,
évidemment, on a un seul programme. Je vais vous fournir ce que j'ai
ici, un à un. Vous allez peut-être trouver ça un
petit peu long. On va peut-être commencer avec
l'élément 1, Planification, recherche et administration.
M. Perron: C'est ça, par élément. M.
Vallières: O.K., par élément.
M. Perron: II peut y avoir des crédits
périmés en rapport avec un fonctionnaire qui est parti et on a
décidé de ne pas renouveler son poste par attrition. À ce
moment-là, ça devient des crédits périmés,
si on ne le remplace pas ou si on ne met pas l'argent sur un occasionnel ou
quelque chose.
M. Vallières: O.K. Donc, dans l'élément 1,
les crédits périmés sont de 385 900 $ dont 89 000 $ pour
le gel de l'embauche; 161 000 $ pour la rationalisation des dépenses, en
particulier des dépenses informatiques; 135 900 $ pour les mesures
additionnelles de réduction de dépenses au 27 novembre 1991. En
ce qui concerne l'élément 2, des crédits
périmés de... Je n'aime pas le terme, M. le Président,
parce que je vous disais tantôt que, d'après moi, il y a un 4 000
000 $ qu'on n'a pas à retrouver là. Mais, en tout cas, pour les
besoins de la discussion, des crédits périmés de 6 275 400
$. Au niveau du gel de l'embauche, 83 000 $; la rationalisation de certaines
dépenses en informatique, 94 000 $; des délais dans la
construction du Centre de recherche maricole de Grande-Rivière et dans
l'aménagement du Centre de service de RMère-au-Renard, 2 375 000
$; des économies au financement de la flotte de pêche
reliées à la baisse du taux d'intérêt, 1 075 000 $;
la rationalisation du Programme de soutien temporaire à la pêche
au poisson de fond et pélagique avec engin fixe pour 680 000 $;
l'entrée en vigueur tardive des mesures normées du programme CAP
entraînant des crédits périmés dans les volets
suivants - c'est un volet important, M. le Président, comme je vous le
mentionnais tantôt: réduction des permis de pêche au homard
pour 220 000 $; restructuration et rentabilisation des entreprises de
transformation pour 941 000 $. Il s'agit ici de projets de rationalisation qui
ne se sont pas concrétisés au même rythme que prévu.
Plusieurs projets ne sont restés qu'à l'étape
d'étude. (17 h 30)
En troisième lieu, l'aide au développement de la
production aquicole, pour 547 000 $, et l'année 1991-1992, dans ce
secteur, a fait l'objet d'une réflexion en profondeur des interventions
gouvernementales dans ce secteur d'activité. Il faut dire
également que le contexte économique que nous vivons au
gouvernement est également vécu par ces entreprises et que
ça n'a pas favorisé des interventions aussi nombreuses que nous
l'aurions souhaité.
Un autre volet qui est touché, du program- me CAP, est la
commercialisation des produits marins, pour 50 000 $, et autres dépenses
de transfert pour 210 000 $, dont, entre autres, le syndicat de gestion pour
150 000 $.
Évidemment, se joignent à ça des données que
le ministère avait déjà fournies à l'Opposition
officielle sur la liste des crédits périmés pour
l'exercice financier 1991-1992, pour l'ensemble du MAPAQ. On vient de donner le
détail en ce qui concerne le secteur pêche.
Le Président (M. Richard): Ça termine, M. le
ministre?
M. Vallières: Oui.
Le Président (M. Richard): M. Perron, M. le
député de Duplessis.
Crédits réservés à la
production aquicole
M. Perron: Ça va. On fera l'addition de tout ça
quand on aura la transcription, M. le Président.
Je voudrais passer maintenant aux crédits par
élément. Je ne parlerai pas du premier élément
intitulé Planification, recherche et administration puisque, lors des
deux dernières années budgétaires, il a subi des hausses,
quoique très légères, de ses crédits. Je voudrais
surtout parler de l'élément 2, Contribution à la
pêche, l'aquiculture et la transformation.
Les crédits de cet élément ont baissé de 3
121 500 $, soit 12 %, l'an passé et diminueront à nouveau de 1
800 100 $, soit 7,9 %, cette année, c'est-à-dire 1992-1993. il
s'agit donc d'une baisse cumulative de 4 932 600 $, soit 18,9 %, en l'espace de
deux ans, toujours en rapport avec contribution à la pêche,
l'aquiculture et la transformation.
De même, si l'on regarde de plus près les crédits
affectés au transfert depuis les deux dernières années, on
constate, par exemple, dans le cadre de Consolidation et développement
des entreprises, 1990-1991, 9 707 900 $; 1992-1993, prévisionnel, 8 179
900 $, soit une baisse de 15,7 %; une différence de 1 528 000 $.
Si on regarde la construction de bateaux, ça passe de 5 630 000
$, en 1990-1991, à 4 011 400 $ en 1992-1993; un différentiel de 1
618 600 $.
Si on prend maintenant la production aquicole où, en 1990-1991,
on avait 2 560 000 $, ça passe à 1 110 000 $, une baisse de 56,6
%, soit de 1 450 000 $.
Comment le ministre peut-il expliquer que les crédits
réservés, par exemple, à la production aquicole se soient
effondrés de façon dramatique depuis deux ans alors que,
publiquement, il semble lui-même fonder des espoirs sur la
réussite de ce secteur?
M. Vallières: Évidemment, M. le
Président,
d'abord, je vais demander à notre directeur financier de donner
une explication au député de Duplessis sur la variation des taux
d'intérêt qui sont progressivement passés de 15 % à
11 %, à 8 %. Du fait d'un phénomème cumulatif, le montant
qu'on retrouve au niveau des taux d'intérêt devient très
important, a une incidence également sur les crédits qu'on peut
considérer comme étant périmés. M. Abgral.
M. Abgral: Donc, la variation budgétaire de 1990-1991, si
on suit l'évolution jusqu'en 1992-1993, est occasionnée
principalement par la raison suivante, c'est qu'en 1990-1991 les taux
d'intérêt étaient estimés à 15 %, et, en
1991- 1992, ils ont été estimés à 10,69 %, et, en
1992- 1993, il est prévu 7,98 %. donc, forcément, les sommes qui
ont été déboursées, si on parle de 1989-1990 et
1990-1991, étaient toujours supérieures, 15 %, et elles ont
été diminuées en considérant les 10,69 % et elles
ont été aussi considérées pour 1992-1993
étant donné qu'elles ont été évaluées
à 7,98 %. donc, en gros, c'est la raison qui explique la variation au
niveau du financement de la flotte de pêche.
Le Président (M. Richard:) Si vous permettez...
M. Perron: Alors, si on passe maintenant... O.K., ça,
ça répond à une partie des crédits
périmés.
M. Abgral: J'aimerais souligner toutefois que, si les taux
d'intérêt augmentent, exemple, ils font un bond à 21 % - on
appelle ça des crédits protégés - le financement de
ces enveloppes budgétaires, le Conseil du trésor va nous le
donner automatiquement. Mais, par contre...
M. Perron: À cause des engagements.
M. Abgral: C'est ça. Donc, dans les enjeux, lorsqu'ils
baissent, ça n'enlève rien à personne, ils les retirent
et, lorsqu'ils les augmentent, ça ne donne rien non plus à
personne, ils les ajoutent. Donc, c'est les règles du jeu pour certaines
enveloppes dont le financement agricole, le financement de la flotte de
pêche, etc.
M. Perron: C'est à cause de l'engagement légal du
gouvernement par rapport à certains dossiers...
M. Abgral: Effectivement.
M. Perron: ...où il y a une prise en charge des
intérêts...
M. Abgral: C'est ça...
M. Perron: ...ou une prise en charge de...
M. Abgral: On n'a pas le choix, c'est dans une loi,
effectivement.
M. Perron: D'accord.
M. Vallières: Ils font apparaître une partie des
périmés, dans le fond, là.
M. Perron: Mais pas une partie qui totalise 6 275 000 $.
M. Vallières: Non. Bien, il y a la partie dont je vous
faisais le détail tantôt sur la non-application partielle du
nouveau programme CAP, qu'on retrouvera dans les années
subséquentes. Je pense qu'avec la ventilation que je vous ai
donnée tantôt il y a bien des données, finalement, qui
devraient peut-être vous permettre d'atténuer
légèrement la nature des propos du début sur la grosseur
des crédits périmés, sur leur ampleur.
M. Perron: M. le Président, je parlais tout à
l'heure de l'élément 2, Contribution à la pêche,
l'aquiculture et la transformation. J'ai mentionné les trois
éléments par rapport aux crédits antérieurs et aux
crédits 1992-1993. Dans la production aquicole, en 1990-1991, il y avait
2 560 000 $, puis, en 1992-1993, on passe à 1 110 000 $, soit une baisse
de 56,6 %, 1 450 000 $ par rapport à 1990. Comment le ministre peut-il
expliquer que les crédits réservés à la production
aquicole - je répète ma question - se sont effondrés de
façon dramatique depuis deux ans alors que, publiquement, il semble
encore fonder des espoirs énormes sur la réussite de ce
secteur?
M. Vallières: Je vais commencer par la fin de votre
question, pendant que les gens retrouvent le tableau qui concerne la
première partie de votre question. Oui, je continue à croire dans
le développement de ce secteur. Comme j'indiquais au début, dans
mon allocution, il y a d'autres pays qui peuvent compter actuellement sur une
progression très importante de ce secteur. D'ailleurs, le secteur
aquicole, dans d'autres pays, prend tellement d'expansion que c'est devenu un
compétiteur important pour nos espèces traditionnelles ici, au
Québec. Alors, c'est donc dire que c'est un secteur qu'on a tout
avantage à développer.
Maintenant, on a des problèmes qui sont majeurs - il ne faut pas
se le cacher - au niveau d'une mise au point technologique pour certaines
productions. Si on fait exception de la truite de table comme telle, où
ça va très bien, dans les autres secteurs, on a des
problèmes au plan technique et on a des problèmes au niveau
climatique également qui n'ont pas - admettons-le - encore
été solutionnés. C'est ce qui fait que, à
l'intérieur du Programme de coopération pour l'avenir des
pêcheries, j'ai prévu certains
outils qui devraient permettre aux entreprises - entre autres, celles
qui sont les plus performantes dans ce secteur d'activité - de
travailler en étroite collaboration avec le ministère afin de
mettre au point des techniques de production qui vont nous permettre
d'envisager la rentabilité des entreprises et possiblement
également de satisfaire une partie du marché
québécois qui pourrait facilement s'approvisionner à
l'intérieur d'entreprises québécoises. (17 h 40)
Je pense qu'il est du devoir du ministre responsable des pêches au
Québec d'être optimiste face à l'aquiculture au
Québec, et j'ai des données ici qui sont quand même
révélatrices au niveau de la production aquicole, en tonnes
métriques. Il faut quand même indiquer qu'on assiste à une
progression qui peut paraître lente mais qui est quand même
indicative qu'on a marqué des points. Au niveau, par exemple, de la
production aquicole, si on remonte à 1987, on produisait environ 1000
tonnes métriques. En 1988, c'était 1300; en 1989, 1400; en 1990,
1493, donc tout près de 1500; en 1991, 1650 tonnes métriques de
production. Alors, je pense que, même si révolution est tente, on
peut convenir que ce secteur continue d'évoluer au Québec, mais
certainement pas au rythme que je le souhaiterais, parce qu'il y a beaucoup de
potentiel, et je pense que notre travail doit surtout, actuellement, consister
à mettre au point des techniques de production qui satisfassent les
conditions qui nous permettent d'atteindre la rentabilité des
entreprises. Et ce n'est pas facile, parce qu'on doit innover dans ce secteur
et faire oeuvre de pionnier. Mais je continue à croire que le
ministère et ses partenaires pourront y parvenir.
Au niveau budgétaire. Alors, l'an passé, on est intervenus
de façon assez importante au niveau de la mytiliculture, au niveau
budgétaire, donc cela a créé une incidence, et
également au niveau de Baie-des-Chaleurs Aquaculture où le
ministère a fait un effort particulier. Alors, évidemment, c'est
des mesures du CAP dont on parle ici et, évidemment, on est en attente
de ces expériences qu'on a tentées avec ces partenaires qui, nous
l'espérons, donneront des résultats intéressants. On
m'indique également qu'au niveau du programme régulier -
là, je vous parle du CAP - au niveau de l'aquiculture, on est à
réviser le programme actuellement afin de se donner, là encore,
des outils qui pourraient nous permettre d'être davantage performants.
Alors, si on assiste à une légère baisse, à une
baisse des crédits à ce niveau, c'est dû, je pense, aux
deux projets majeurs qu'on a connus l'année dernière et dont les
sommes ne se retrouvent pas répercutées cette année.
Et, comme vous le savez, dans ce secteur comme dans d'autres, je
l'indiquais tantôt en début d'allocution, il faut que nos
partenaires soient consentants à intervenir avec nous. Alors, ce n'est
pas toujours facile de trouver des partenaires dans le contexte
économique actuel, même si nous croyons que nos programmes sont
suffisamment généreux. Mais, comme c'est un secteur où les
gens font preuve, sont véritablement des pionniers dans ce secteur, ce
n'est pas nécessairement tout le monde qui a le goût du risque
dans une période plus particulièrement de difficultés
économiques comme celle que nous connaissons. On pense que les
programmes qu'on connaît devraient connaître un niveau de
popularité supérieur au cours des années qui vont venir,
parce qu'on pense qu'ils sont adaptés. Et ils ont quand même
été faits en étroite consultation avec ces gens
d'entreprises qui sont dans le milieu et on espère qu'ils pourront
donner des résultats intéressants au cours des années
à venir.
M. Perron: M. le Président, vous me permettrez de faire un
commentaire sur ce que vient de dire le ministre par rapport à
l'aquiculture. S'il croit tellement à l'aquiculture, je me demande
pourquoi les crédits qui sont alloués à l'aquiculture ont
eu une baisse de 1 450 000 $ au cours des deux dernières années
par rapport aux crédits.
Je vais passer, si vous permettez, à un autre dossier qui
s'appelle «Construction de bateaux». L'an passé, les
crédits du poste Construction de bateaux ont diminué de 5,2 %.
Cette année, ces mêmes crédits s'effondrent d'un montant
additionnel de 25 %. Est-ce que, mis à pan" les taux
d'intérêt, le ministre pourrait nous donner les raisons qui
peuvent servir à expliquer ou à justifier une telle baisse, une
telle débandade par rapport aux crédits alloués?
M. Vallières: Là, je m'excuse auprès du
député de Duplessis, c'est qu'on était en train de
m'expliquer un complément de réponse que j'aurais dû vous
donner dans...
M. Perron: Dans l'aquiculture?
M. Vallières: ...dans l'aquiculture, au niveau de la
progression comme telle des budgets depuis les années 1987-1988. Alors,
dans le budget, au niveau du développement des produits aquicoles, de
293 000 $ qu'on retrouvait en 1987-1988, on est passé successivement, si
on remonte à 1990-1991, à un budget de 615 000 $ et, au niveau de
1991-1992, à 1 390 000 $. Alors, si on tient compte des programmes
réguliers et des interventions ad hoc, c'est quand même un effort
considérable qui a été alloué...
M. Perron: Mais ce n'est pas assez. M.
Vallières:... à ce secteur d'activité. M. Perron:
Mais ce n'est pas assez.
M. Vallières: Mais le député de Duplessis
devra convenir avec moi que, pour faire plus, il va falloir intéresser
aussi des gens de ce secteur d'activité qui sont prêts à se
mouiller et à prendre des risques avec nous. Parce que, qu'on le veuille
ou non, c'est un secteur qui est à risque et, dans certains cas,
à haut risque. Mais, moi pour un, je suis prêt à faire des
efforts considérables avec ces gens pour prendre une forte proportion du
risque, compte tenu que tout est à inventer, littéralement, dans
ce secteur.
Je me souviens, entre autres, d'une visite que j'ai faite dans votre
propre comté, en Basse-Côte-Nord. Je trouve extraordinaires les
efforts que ces gens-là consentent afin de développer des
techniques.
M. Perron: Saint-Augustin?
M. Vallières: Oui. Je trouve que, techniquement, il faut
les aider, mais aussi financièrement, parce que, nous, on ne pourra pas
le faire au ministère. C'est avec ces gens-là... Et puis je les
regardais faire, et je pense qu'on doit leur témoigner beaucoup
d'admiration face au travail qu'ils font, avec une marge de manoeuvre au niveau
financier qui est très mince. Ces gens-là travaillent
littéralement pour rien, pour développer, finalement, un secteur
dans lequel ils croient. Je pense que le ministère a comme devoir de les
appuyer.
Le Président (M. Richard): Je vais donner la parole
à Mme la députée de Bellechasse.
M. Perron: M. le Président, j'avais posé une...
M. Vallières: Peut-être reposer votre question,
là, parce que...
M. Perron: Oui, c'est ça. Dans le cas de...
Le Président (M. Richard): Ah! O.K., je m'excuse. C'est un
complément de réponse?
M. Perron: Oui, dans le cas de la construction de bateaux. C'est
parce que là, M. le Président, j'ai un problème. Je lui
pose une question, et il me répond sur un autre dossier qu'on vient de
passer. Alors, il faut que je revienne sur la question que j'ai
posée.
M. Vallières: Oui, M. le Président, je pense que
c'était une question qui était en suspens.
M. Perron: Construction de bateaux.
Le Président (M. Richard): Là, je ne sais pas c'est
l'habileté de qui, là, si c'est la sienne ou la vôtre.
M. Perron: Ah, je ne le sais pas, moi, je pense que le ministre
est très habile.
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha!
M. Vallières: Construction de bateaux.
Construction de bateaux
M. Perron: Construction de bateaux. M. le Président, en
1990-1991, il y avait des crédits de 5 630 000 $; en 1992-1993, 4 100
400 $, une baisse de 1 618 600 $ par rapport à 1990-1991. Comment le
ministre peut-il... Oui, O.K. Je m'excuse, M. le Président. Donc, si on
regarde tout ça, c'est que, l'an passé, les crédits du
poste Construction de bateaux ont diminué de 5,2 %. Ça, c'est au
pourcentage. Cette année, ces mêmes crédits s'effondrent
d'un 25 % additionnel. Quelles sont les raisons qui peuvent servir à
expliquer ou encore à justifier une telle diminution dans les
subventions aux constructions de bateaux? Parce que ça, ça n'a
pas de bon sens: on parie de renouveler la flotte de pêche et on
réduit les budgets qui sont alloués. Je parie d'autres choses que
les intérêts qui sont a la baisse.
M. Vallières: C'est un facteur exogène, là,
les taux d'intérêt ont baissé toute l'année. C'est
plus de 1 000 000 $, effectivement, mais je veux dire, on l'a expliqué
tantôt, ce n'est pas d'autres choses qui... On n'a pas d'autres
explications que celle-là.
M. Perron: II n'y a pas d'autres choses que les
intérêts?
M. Vallières: Non, non.
M. Perron: Mais il doit y avoir aussi quelques mauvaises
créances là-dedans.
M. Vallières: Elles sont extrabudgétaires, donc
elles n'apparaîtraient pas ici.
M. Perron: D'accord. Comme expliquait...
M. Vailières: On va vous les faire parvenir; de toute
façon, on a convenu qu'on vous ferait parvenir ça.
M. Perron: M. le Président, le ministre a eu
l'occasion...
Le Président (M. Beaudin): M. le député de
Duplessis, est-ce que vous changez de sujet?
M. Perron: Oui, oui. Non, non, encore dans la construction de
bateaux.
Le Président (M. Beaudin): Construction de bateaux?
Parfait. (17 h 50)
M. Perron: Oui. M. le Président, il y a deux
pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, MM. Cox et Roberts, qui voulaient
profiter du programme CAP, l'aide financière pour bâtir un bateau
en plus de l'aide spéciale prévue pour la Côte-Nord dans un
programme spécifique qu'on retrouve à la fin du programme CAP.
Cherchant à savoir à quel genre de paiements ils pouvaient
s'attendre, ils ont contacté le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. M. Serge Dumas, de Blanc-Sablon, de
Lourdes-de-Blanc-Sablon, leur a alors fourni, à titre de renseignements,
des chiffres pouvant se rapporter aux coûts associés à un
bateau de 400 000 $ et aux coûts associés à un autre bateau
au coût approximatif de 500 000 $. Se fiant sur ces ordres de grandeur,
les pêcheurs ont continué leurs contacts et leurs démarches
auprès des constructeurs, jusqu'à même initialer les plans
et les devis. La veille de leur signature pour la construction des bateaux, le
MAPAQ leur a transmis de nouvelles données impliquant des
déboursés de beaucoup supérieurs. Les pêcheurs ne
peuvent faire construire, à ces coûts qui sont nouveaux pour eux,
les bateaux en question, et l'Association des pêcheurs n'a pas les moyens
d'entreprendre des poursuites en dommages et intérêts, et encore
bien moins les pêcheurs.
Selon des informations, il appert que le programme CAP est un
échec total ou presque total en Basse-Côte-Nord du golfe
Saint-Laurent et même dans l'est du Québec. Aucun bateau de plus
de 12,17 mètres n'a été construit depuis le début
du CAP, et ce, en Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent. Le programme
spécial pour la Côte-Nord signifierait, dans le cas qui nous
occupe, une économie de 16 000 $ sur 20 ans pour un bateau de 500 000 $,
ce que les pêcheurs trouvent énormément regrettable. Les
pêcheurs commencent à en avoir, comme on me dit dans le coin, ras
le bol d'écrire au ministre et aux fonctionnaires des Pêcheries et
de se faire répondre par le MAPAQ à peu près n'importe
quoi ou de ne pas recevoir de réponse du tout.
M. le Président, vous me permettrez de vous souligner ici une
lettre en date du 25 mars 1992 qui était adressée au ministre par
les deux pêcheurs en question... par le président, plutôt,
de l'Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, directeur
général, M. Randy Jones, où, d'ailleurs, M. Jones
mentionne: «Nous tenons à vous remercier - lettre adressée
au ministre - de votre chaleureux accueil lors de notre rencontre à
votre bureau le 19 mars dernier. À cette rencontre, nous avons
discuté avec vous de deux sujets: Primonor 1989 inc. et le programme
d'aide financière pour les bateaux de pêche hauturière de
la Basse-Côte-Nord. «Concernant le programme d'aide
financière pour les bateaux de pêche semi-hauturière de la
Basse-Côte-Nord, nous vous avons informé des
événements qui se sont produits dans le dossier des deux
pêcheurs de Harrington, Randy Cox et
Charlie Roberts. Ces deux pêcheurs ont été induits
en erreur par un représentant du ministère relativement à
l'aide financière qui leur serait accordée. «De
façon plus générale, nous vous avons demandé
d'apporter des modifications à ce programme spécial de
développement dont aucun pêcheur n'a
bénéficié jusqu'à maintenant en
Basse-Côte-Nord.»
M. le Président, dans une lettre du 27 mars... En passant, aucune
réponse de la part du ministre, à ce que je sache. Le 27 mars
1992, une lettre adressée à M. Lucien Poirier par les deux
pêcheurs en question, sort M. Randy Cox et Charlie Roberts de Harrington:
«II y a plusieurs mois que nous négocions avec un chantier naval
de Tourelle pour la construction de deux bateaux de pêche de 45 pieds et
11 pouces et nous nous sommes récemment entendus pour un prix de 468 000
$ l'unité. Le bureau du MAPAQ à Blanc-Sablon nous a fourni un
support appréciable et nous tenons à vous souligner l'excellent
travail qu'a effectué M. Jimmy Joncas dans ce dossier. «Toutefois,
comme l'ont déjà porté à l'attention du ministre
Vallières les représentants de l'Association des pêcheurs
de la Basse-Côte-Nord, un représentant du bureau du MAPAQ, M.
Serge Dumas, nous a induits en erreur relativement à l'aide
financière qui nous serait octroyée par le ministère.
«En effet, en janvier dernier, M. Dumas nous remettait la cédule
de paiements ci-jointe. Ce n'est qu'à la veille de la signature d'une
entente avec le contracteur, le 10 mars, que nous avons été
confrontés à la triste réalité.» Puis,
là, je termine avec la lettre: «Comme nous l'avons
mentionné à vos fonctionnaires et comme l'ont porté
à l'attention du ministre les représentants de l'Association des
pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, nous demandons au ministère
de modifier le programme d'aide financière actuellement en vigueur.
Présentement, les pêcheurs de la Basse-Côte-Nord doivent
choisir entre des programmes réguliers et le programme spécial de
développement de la flotte semi-hauturière de la
Basse-Côte-Nord. Or, de l'aveu d'un employé du ministère,
la différence entre ces deux programmes n'est que de 16 000 $ pour
l'achat d'un bateau de 500 000 $.» Ce qu'ils veulent, en fait, c'est un
nouveau programme ou ils voudraient retourner pratiquement à l'ancienne
politique qu'il y avait: «Nous demandons au ministère de nous
accorder le 35 % de subvention prévu dans le volet 1 du programme d'aide
financière pour les bateaux de pêche semi-hauturière de la
Basse-Côte-Nord et de nous accorder également le rabais
régressif du groupe B, tel que le prévoit le volet 2 du programme
d'aide financière pour les bateaux de pêche de plus de 12,17
mètres.»
M. le Président, dans ce cas aussi, il n'y a eu aucune
réponse, même pas un accusé de réception de la part
du fonctionnaire en ques-
tion. Et la question que je voudrais poser au ministre, puisqu'il a
mentionné, tout à l'heure, que le programme se rapportant
à l'aquiculture serait en révision, est actuellement en
révision: Est-ce que le ministre a l'intention de réviser le
programme concernant l'aide financière pour la construction de bateaux
de pêche, puisqu'il entend renouveler la flotte de pêche au maximum
au cours des années qui s'en viennent, et ce, à
l'intérieur du programme CAP?
M. Vallières: M. le Président, dans un premier
temps, je veux indiquer que la lettre qui a été adressée
au ministre, à laquelle fait allusion le député de
Duplessis, je me souviens et un de mes collaborateurs m'indique qu'il y a eu un
accusé de réception de fait, et il y a un projet de
réponse plus détaillée qui est en attente sur mon bureau
pour signature.
Pour ce qui est de l'autre cas, où vous disiez qu'il n'y aurait
pas eu d'accusé de réception, on m'indique... C'est M. Poirier,
qui est à ma gauche, qui m'indique lui-même avoir signé une
lettre à cet effet-là, un accusé de réception.
M. Perron: Quand?
M. Vallières: Est-ce que c'est récent?
M. Poirier (Lucien): Ça fait facilement deux ou trois
semaines.
M. Vallières: Deux semaines. Alors, simplement pour
rectifier à ce niveau-là. Alors, elle est datée du 10
avril 1992; j'en ai ici une copie.
M. Perron: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de la
réponse?
M. Vallières: Mais, de toute façon, je ne veux pas
faire de plat avec ça, mais c'est simplement pour dire que, des fois, il
faut faire attention à l'information qui nous est
véhiculée.
Concernant les formulaires. Moi, j'ai vu ça, à un moment
donné, parce qu'il y a des gens qui me les ont montrés, les deux
types de formulaires qui avaient été utilisés. On
m'indique qu'il ne s'agit pas de vieux ou de nouveaux formulaires, mais
plutôt de cédules de remboursement qui sont toutes deux
disponibles aux pêcheurs. La première prévoit, en vertu du
programme régulier d'aide financière aux bateaux de 12,17
mètres, une prise en charge d'intérêts et un rabais
dégressif - on a marqué «dépressif», mais
ça devait être «dégressif» -
d'intérêts sur les premières années du projet. La
seconde prévoit plutôt, en vertu du programme spécifique
d'aide aux bateaux semi-hauturiers de la Basse-Côte-Nord, une prise en
charge d'intérêts et une subvention directe de 35 % afin de tenir
compte du fait que cette région ne peut bénéficier du
crédit d'impôt fédéral à l'investissement qui
s'applique ailleurs au Québec et dans les Mariti- mes.
En fait, le pêcheur a le choix entre deux programmes presque
équivalents, et c'est pour bien illustrer les implications
financières de chacun que les deux cédules de remboursement
auraient été remises. D'ailleurs, d'autres ont également
été fournies pour illustrer la différence entre
l'hypothèse où les taux futurs d'intérêt se
maintiendraient au niveau actuel de 8,25 % et celle où, à long
terme, ils s'établiraient plutôt aux alentours de 10 %. C'est donc
avec cet objectif de choix le plus éclairé possible du
pêcheur que différentes cédules ont été
remises.
Je ne veux pas entrer ici dans le détail de poursuites possibles
ou de la valeur des arguments que me fait valoir le député de
Duplessis pour ses commettants, mais c'est un dossier qui m'avait
déjà été soumis et, avant de donner une
réponse qui va être plus définitive que celle dont je vous
fais part aujourd'hui pour signature par moi-même, soyez assurés
que je vais voir ce dossier avec toute l'attention qui peut m'animer quand des
individus ont l'occasion de me soumettre directement des dossiers de cette
nature. Et je ferai part également, je pense, au député de
Duplessis, des résultats de cette analyse qu'on fera du dossier. (18
heures)
Sur un autre point qu'a souligné le député de
Duplessis, il me disait: Depuis l'arrivée, l'entrée en vigueur du
programme CAP, soit le 35 % du coût d'allocation qu'on donne pour l'achat
ou la construction d'un bateau, ce n'est pas efficace. Les données qu'on
me fournit m'indiquent le contraire. Il y a quand même des
résultats intéressants qu'on est en train d'atteindre. On parle
toujours des 39 permis qui sont disponibles. Depuis l'entrée en vigueur
du programme, le ministère a subventionné l'allocation de trois
chalutiers semi-hauturiers et a procédé au financement de deux
autres bateaux usagés, en 1991, pour un montant global de subvention de
371 117 $. Et, on m'indique qu'on a une demande de construction pour deux
bateaux neufs, au moment où on se parle, ce qui signifie qu'on serait
intervenus à date, ou en voie de le faire, sur quelque sept bateaux.
Alors, c'est sûr que je comprends le député de
Duplessis, que ce qu'il souhaiterait, lui, c'est que les 39 permis soient
opérationnels. Mais je lui indique quand même qu'il y a eu de
l'intérêt face au programme et qu'il y a des gens qui ont
décidé de s'en prévaloir. Et, même si ça peut
paraître un peu drastique comme réponse, quand il me demande si
j'ai l'intention de revoir le programme qui vise une aide à 35 %, je
dois lui répondre dans la négative. C'a déjà
été un programme qui a été passé dans les
différents comités ministériels. J'ai eu l'occasion d'en
débattre avec mes collègues, avec le Conseil du trésor
également, et, compte tenu que le programme fonctionne - on le
démontre avec quel-
que sept cas qui ont déjà été traités
ou deux qui sont en traitement - mon intention n'est pas, à ce
moment-ci, de modifier le programme.
M. Perron: M. le Président, deux choses. La
première, est-ce qu'il serait possible... Parce que, effectivement, la
semaine dernière, vendredi, je crois, il y a des vérifications
qui ont été faites par rapport à la lettre du ministre et
on n'avait pas encore reçu, dans la bas de la Côte - c'est
peut-être le courrier fédéral là - ni
l'accusé de réception du ministre, ni la lettre en réponse
par M. Poirier. Est-ce qu'il serait possible qu'on ait les deux, une copie des
deux, s'il vous plaît?
Et, lorsque le ministre aura répondu de façon formelle
à la lettre des deux pêcheurs, est-ce que je pourrais en avoir une
copie aussi pour qu'on puisse, au cas où, être bien
informés?
M. Vallières: Je sais qu'on a envoyé une copie
à l'Association, alors j'imagine que l'intimé doit accepter qu'on
donne ça à son député. Là, je prends pour
acquis qu'il n'y a pas de problème.
M. Perron: II n'y a pas de problème, ils m'ont
envoyé les deux une copie de la lettre.
M. Vallières: O.K. Alors, on va vous faire parvenir
ça. En ont reçu copie le sous-ministre adjoint chez nous, M.
Bernard, M. Claude Soucy, Serge Dumas et Randy Jones.
M. Perron: D'accord.
M. Vallières: Et M. Jones que j'avais
rencontré d'ailleurs en relation avec ces cas. On m'indique que le
dossier de M. Cox, auquel vous faisiez allusion tantôt, serait en voie
de...
M. Perron: De règlement?
M. Vallières: ...règlement, suite à une
entente avec un autre là, et la banque...
M. Perron: D'accord.
M. Vallières: ...et d'autres sources. On suit ça de
près. Ce n'est pas parce que c'est dans votre comté, mais c'est
parce que c'est un dossier qui... Même l'Association s'en est
soucié. Je pense que c'est un dossier qui est important pour votre
région, et puis on va tout mettre en oeuvre pour qu'il se
concrétise.
M. Perron: Bien, il faut comprendre, M. le Président, que
l'Association des pêcheurs de la Basse-Côte, en particulier Randy
Jones, le directeur général, suit à peu près tous
les dossiers qui lui tombent sous la main. On ne peut pas dire qu'il ne fait
pas son travail de ce côté-là. Mais, par contre, il y a des
choses qui peuvent se glisser à un moment donné, comme une lettre
qui prend plus de temps que prévu pour se rendre là-bas à
cause, des fois, qu'il y a des avions qui ne volent pas pendant deux ou trois
jours, ou quatre jours. Puis, des fois, le bateau est pris dans la glace,
même à ce temps-ci de l'année.
L'autre question que je voudrais poser au ministre: Est-ce que le
ministre peut me dire si les bateaux, les sept bateaux auxquels il a fait
allusion tout à l'heure, si ce sont des bateaux de plus de 12,17
mètres?
M. Vallières: Oui. M. Perron: Oui?
M. Vallières: Je vous dis oui, ce que M. Poirier me dit.
Il connaît les dossiers.
M. Perron: Est-ce qu'il serait possible d'avoir la liste des
propriétaires de ces bateaux-là?
M. Vallières: On pourrait vous la fournir.
M. Perron: Là, on parle toujours de 1991-1992? Puis, vous
dites qu'il y en a deux actuellement qui sont en voie d'être
acceptés?
M. Vallières: Oui. Il y a les dossiers de palangriers...
Là, je vais passer la parole à M. Poirier, qui, comme vous le
savez, est directeur du développement des activités
régionales, qui a l'information pertinente. Je veux être sûr
qu'on parle des mêmes choses. Il y a les palangriers, puis il y a des
bateaux d'autre nature. On va être sûr qu'on parle des sept
mêmes bateaux auxquels je faisais allusion tantôt. Parce qu'il y en
a d'autres aussi.
M. Poirier: C'est parce que, dans les dossiers de construction de
bateaux ou d'acquisition de bateaux pour la Basse-Côte-Nord, ce que je
veux juste préciser, c'est qu'il y a des permis de chalutage. Et,
là-dessus, je pense que la plupart des permis de chalutage qui ont
été donnés par Pêches et Océans ont fait
l'objet soit de location de bateaux, soit d'achat de bateaux usagés pour
la plupart du temps. Et il y a des dossiers de palangriers, ce qu'on appelle
les nouveaux permis, l'autre catégorie de nouveaux permis.
Là-dessus, il y a deux dossiers actuellement qui s'ouvrent, et c'est les
dossiers dont vous parliez tantôt.
M. Perron: Puisqu'on parle de palangriers, est-ce qu'il y a une
évolution assez nette par rapport aux palangriers, si on regarde les
dossiers de filets maillants? Est-ce qu'il y a une chute des filets maillants
et une montée des palangriers?
M. Poirier: Ce sont des bateaux polyvalents.
On parie de palangriers seineurs. Je pense que plusieurs aussi ont des
permis de pétoncle de rattachés. Dix ont des permis de
pétoncles de rattachés. D'ailleurs, je pense que les deux
dossiers qui s'ouvrent sont des dossiers avec permis de pétoncle.
M. Perron: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est
est-ce qu'il y a une diminution des permis qui sont émis avec filets
maillants et qu'il y a une augmentation des permis qui sont émis avec
palangres, ou si on maintient toujours les deux: palangres et filets maillants
sur le même bateau?
M. Vallières: Là, je pense que vous venez de nous
avoir.
M. Poirier: Non, non.
M. Vallières: Non? Lucien le sait, oui?
M. Perron: C'est ce que j'essaie de faire depuis le
début.
M. Vallières: Hé! Denis, ça fait deux heures
et demie que tu es là-dessus!
M. Perron: M. le Président, je voudrais dire au ministre
que ça fait deux heures et demie que j'essaie de faire ça et je
n'étais pas capable.
Des voix: ha, ha!
M. Vallières: Le permis de Pêches et Océans
ne le prévoit pas, ne le spécifie pas. Donc, ça
répond à votre question, je pense.
M. Perron: O.K.
Le Président (M. Richard): Je céderais la parole
à Mme la députée de Bellechasse, si vous permettez.
Mme Bégin: Merci, M. le Président. M. le ministre,
il y a environ un an, il a été mis sur pied le plan conjoint dans
le secteur du homard. Je voudrais savoir si les résultats de ce plan
conjoint vous permettent d'entrevoir la mise sur pied de mesures similaires
dans d'autres secteurs.
M. Vallières: Évidemment, M. le Président,
comme vous savez, le plan conjoint dans le secteur du homard est le premier
plan conjoint dans le secteur des pêches au Québec. C'est un
projet qui a pris quand même passablement de temps à aboutir, qui
a eu une période de rodage assez longue. Il y a eu des
négociations, je dois dire, qui ont été très ardues
et qui ont mené, comme vous savez, à certains problèmes.
On sait qu'au cours de la première année les négociations
entre les deux parties se sont terminées avec une requête par les
pêcheurs, en Cour supérieure, qui ont contesté les
décisions prises quant à l'établissement d'un prix de
référence pour le homard. La Cour supérieure a
porté jugement en faveur des pêcheurs et ordonné la reprise
des négociations pour l'établissement des prix. L'Association
québécoise de l'industrie de la pêche est allée en
appel de cette décision. C'est une véritable course aux
procédures. Et la Cour d'appel a rejeté leur demande et s'est
prononcée en faveur du jugement de la Cour supérieure. Les
conséquences, c'est que l'Office et l'AQIP ont dû choisir un
arbitre et renégocier de nouveaux prix de référence pour
le homard.
Alors, vendredi, le 24 avril dernier, l'Office des pêcheurs a
réalisé une entente de principe - et je suis heureux de
l'annoncer aujourd'hui - sur le prix, ce qui vient donc signifier qu'ils vont
bientôt officialiser cette entente avec la signature d'une convention.
Les autres intervenants du secteur des pêches du Québec voyaient
l'établissement de ce premier plan conjoint de façon très
positive. Et, pour répondre plus précisément à la
question de la députée de Bellechasse, c'est qu'il y a
présentement des discussions entre les pêcheurs et les producteurs
de crabe de la Côte-Nord - je pense que ça peut intéresser
le député de Duplessis - pour l'établissement d'un plan
conjoint à la fin de la présente saison de pêche. Il y a
également des discussions pour l'éventuel établissement
d'un plan conjoint pour le homard en Gaspésie, ce qui pourrait
intéresser nos députés de cette région maritime du
Québec. (18 h 10)
Moi, je veux vous indiquer, M. le Président et Mme la
députée de Bellechasse, que, en autant que je suis
concerné, j'essaierai par tous les moyens qui sont mis à ma
disposition de privilégier ce mode d'intervention. On a
déjà des moyens de prévus, et j'espère que le
secteur des pêches s'inspirera, entre autres, d'un autre secteur qui est
le secteur agricole au Québec, qui a donné des résultats
absolument extraordinaires dans ce secteur. Tout ce qu'on peut faire pour aider
les gens à s'organiser et à trouver une façon d'intervenir
au niveau de la structuration des prix, nous allons le faire. Et je suis
heureux de voir que le secteur du homard connaît un résultat, un
franc succès suite à une période de rodage qui a
été ardue. Je pense que d'autres secteurs d'activité dans
le secteur pêches au Québec pourront s'inspirer de
l'expérience. Je pense que c'est normal que, pour un premier plan
conjoint, il y ait peut-être une période de rodage un peu plus
difficile. Il faut souhaiter que d'autres secteurs d'activité pourront
s'en inspirer au fil des mois et des ans.
Mme Bégin: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Duplessis, M. Perron.
Primonor
M. Perron: M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, Primonor. Primonor est actuellement - à moins qu'il y
ait des changements de dernière minute - contrôlée à
50 % par Madeli-pêche et à 50 % par SOQUIA, par le biais de la
Société québécoise des pêches. Le 31 mars
dernier, je faisais parvenir au ministre une lettre dans laquelle je lui
exposais mes doléances au nom des gens de la Basse-Côte-Nord, en
particulier de La Tabatière et de Baie-des-Moutons, quant à
l'état critique dans lequel se retrouve cette entreprise. Son principal
créancier et financier, la Banque Royale, la considérait,
à ce moment-là, virtuellement en faillite. Cette banque refuse
d'ailleurs, à moins de changement, depuis le 28 janvier dernier, de lui
honorer ses chèques. Sans plan de redressement, Primonor risque donc de
fermer en 1992.
La Société québécoise des pêches
attribue les principales difficultés de Primonor à un manque
d'approvisionnement. De l'avis de cette dernière, l'entreprise pourrait
continuer à fonctionner et des garanties en matière
d'approvisionnement être obtenues à condition que 1 200 000 $
soient injectés dans l'usine de La Tabatière. La gestion de cette
entreprise, quant à moi, est très douteuse et les gens du milieu
se posent aussi de sérieuses questions. Et le gouvernement, par son
inaction dans ce dossier, oeuvre à titre, en quelque sorte, de complice
d'une situation qui pourrait causer la perte de 125 emplois et la ruine de
près de 200 pêcheurs et aides-pêcheurs.
Ma question au ministre est la suivante: Quand et comment le
gouvernement, le ministre lui-même fera-t-il toute la lumière sur
ce dossier de Primonor?
M. Vallières: Alors, M. le Président, j'ai
évidemment déjà entendu parler de ce dossier qui, comme
d'autres, constitue un dossier très important pour cette région
maritime du Québec. On sait très bien que les alternatives
d'emploi sont rares dans ce secteur, pour ne pas dire inexistantes. Alors, je
pense que c'est d'autant plus important.
M. Perron: II n'y en a pas d'autres, à part que de devenir
fonctionnaire du gouvernement du Québec ou du fédéral.
M. Vallières: Alors, conséquemment...
M. Perron: Puis, on sait que le fédéral, sur ce
côté-là, comme fonctionnaire, c'est
l'assuran-ce-chômage.
M. Vallières: Conséquemment à ce que je
viens de dire, vous comprendrez que l'énergie que je vais consacrer,
là, et que je consacre actuellement vise beaucoup plus à
m'assurer de l'opération de cette entreprise au cours de la
présente saison de pêche, parce qu'elle s'en vient à grands
pas dans votre région, et mon intention est évidemment... J'ai
déjà commencé à demander des réponses au
questionnement que le député de Duplessis m'a fait parvenir en
plusieurs points, une douzaine de points, je pense, 10 ou 12 points sur la
gestion de l'entreprise que, pour un, je me refuse à ce moment-ci de
qualifier de douteuse. Je suis en train de l'examiner et je veux assurer le
député qu'il aura une réponse. Il va comprendre, par
ailleurs, que, compte tenu de l'ampleur du questionnement qui m'a
été fait et également de l'importance du jugement qu'il
porte sur la gestion de l'entreprise, c'est avec beaucoup de prudence et aussi
avec beaucoup d'attention que je vais vérifier l'ensemble des
réponses qui me seront proposées et qui seront l'objet,
évidemment, d'un regard sérieux, entre autres par la
Société québécoise des pêches, face au
questionnement que le député de Duplessis m'a soumis.
D'ores et déjà, je pourrais lui faire part de certaines
réponses, des choses qu'on a déjà en main, mais je pense
que j'aimerais mieux répondre globalement à l'ensemble de vos
questions, à moins que vous ne vouliez qu'immédiatement on passe
du temps là-dessus. J'aimerais plutôt vous entretenir, sur
Primonor, des négociations qui sont en cours. J'ai déjà
indiqué au député de Duplessis, et je l'ai indiqué
également aux représentants des travailleurs de cette
région que j'ai déjà rencontrés, de même
qu'au propriétaire de l'entreprise actuelle, qu'en autant que
j'étais concerné, j'allais privilégier une solution qui
allait permettre d'abord l'ouverture de l'entreprise, qui devait être
prévue en juin de la présente année, mais d'établir
également un plan de développement stratégique de
l'entreprise qui serait basé sur un accroissement des approvisionnements
traditionnels et également sur la diversification des
approvisionnements.
À mon avis, le contexte actuel se prête bien à une
implication des pêcheurs, dans toute la mesure du possible, afin de
s'assurer des approvisionnements, et on m'indique qu'il y a également
des négociations en cours ou des propositions avec les employés
en usine pour une participation possible à l'entreprise qui devraient,
je pense, nous permettre d'aboutir à un scénario qui
prévoirait, dans une première étape, l'ouverture de
l'entreprise dans la présente année, mais aussi un
développement stratégique pour l'entreprise à plus long
terme, où on devra s'assurer des approvisionnements et où,
à mon avis, les pêcheurs côtiers régionaux et les
pêcheurs hauturiers pourraient être mis à contribution dans
l'entreprise. Mais tout ça est à l'état de
négociations. Les premières fois que j'en ai parlé avec le
député de Duplessis, je pense qu'on était beaucoup plus
loin les uns des autres que présentement. Semble-t-il qu'il y a eu une
évolution intéressante au dossier. Pour un, je
demeure optimiste vis-à-vis de la possibilité d'ouverture
de l'entreprise, mais il faut toujours et ne jamais oublier que, dans les
scénarios qu'on va se donner, l'implication de tous est rendue
nécessaire et que la bonne volonté des gens devra être
sentie pour qu'on puisse assurer le développement à long terme de
l'entreprise. Trop souvent, les gens sont portés à croire qu'une
usine, ça ne peut pas fermer. Il faudrait penser qu'il y en a d'autres
qui ont déjà fermé, et il ne faut rien négliger
pour s'assurer de sa réouverture. (18 h 20)
Je ne sais pas si le député de Duplessis comprend bien le
sens du message que je veux lancer. C'est que, s'il y a des gens qui ne sont
pas sérieux dans cette négociation, ils pourraient vite
constater, au plus grand désenchantement de tout le monde, incluant
celui qui vous parle, qu'on fait face à une situation où il n'y a
pas d'ouverture de l'usine. Alors, moi, ce que je souhaite, c'est qu'on mette
tout en plan et que toutes les personnes y voient de façon très
sérieuse. Il faut que cette usine-là ouvre cette année.
Moi, je veux bien faire la partie d'efforts qui incombe à un ministre,
mais je n'ai très certainement pas l'intention de me porter
acquéreur totalement d'une pareille entreprise.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous confirmer si, oui ou non, les demandes qui ont été
faites par l'Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, pour
obtenir certains documents afin de regarder la possibilité que les
travailleurs et travailleuses d'usine et même les pêcheurs et
aides-pêcheurs eux-mêmes investissent dans le capital-actions de
l'usine, ça a été fourni à ces gens-là? Et
je voudrais apporter à votre attention, M. le Président,
qu'à un certain moment, il y a plusieurs semaines, ni la
Société québécoise des pêches ni
Madelipêche ne voulait fournir quelque information que ce soit aux
pêcheurs concernés, aux aides-pêcheurs concernés,
donc à l'Association concernée, pas plus qu'aux travailleurs et
travailleuses d'usine. On demandait carrément aux pêcheurs et
à l'ensemble des gens de la Basse-Côte - surtout les gens de La
Tabatière et les gens de Baie-des-Moutons - d'investir les yeux
fermés dans une usine, ce que, moi, je ne ferais pas, et ce que
sûrement le ministre ne ferait pas non plus sans avoir regardé les
états financiers et, en plus, un plan de redressement se rapportant
à l'usine en question.
Est-ce que le ministre pourrait me dire si, premièrement, cela a
changé? Et, deuxièmement, est-ce que la proposition qui pourrait
être faite dans le sens de «un tiers, un tiers, un tiers»
comme capital-actions - un tiers de la part de Primonor, Madelipêche,
entre parenthèses; Société québécoise des
pêches pour un tiers et les gens de la Basse-Côte, le secteur de La
Tabatiè-re-Baie-des-Moutons, pour un tiers - est-ce que cette
hypothèse est actuellement regardée, et ce, de bonne foi?
M. Vallières: Alors, deux volets, donc, à la
question.
M. Perron: M. le Président, vous me permettrez... En tout
cas, on sait que, là-dessus, il y a des questions techniques. Je n'ai
aucune espèce d'objection à ce que le ministre demande à
un de ses fonctionnaires, qui connaît le dossier plus à fond -
c'est normal aussi - d'intervenir pour répondre aux côtés
techniques de l'affaire.
M. Vallières: Je dois dire qu'il n'est pas de mon
intention d'entrer dans les détails d'une négociation entre une
entreprise et des promoteurs. Mais je suis suffisamment de près ce
dossier pour vous apporter quelques éléments qui pourraient, je
le crois, vous intéresser.
Effectivement, quant au début, il y a eu demande de l'Association
des pêcheurs pour obtenir certaines données. Elles
n'étaient pas disponibles. Elles l'ont été par la suite.
On m'informe qu'une rencontre formelle entre l'Association des pêcheurs
de la Basse-Côte-Nord, les actionnaires de Primonor et un
représentant du MAPAQ a eu lieu le 2 avril, à laquelle furent
déposés les états financiers, les pro forma de
l'entreprise et l'étude du consultant concernant le plan de redressement
de Primonor. C'est depuis cette date que le dossier a, je pense,
évolué davantage.
La proposition du «tiers, tiers, tiers», à laquelle
fait allusion le député de Duplessis, est actuellement une des
hypothèses, un des scénarios qui est à l'étude. Ce
n'est pas le seul. Ce dossier-là évolue, je dirais, de jour en
jour. Par exemple, j'apprenais que, récemment, la participation des
employés d'usine avait été sollicitée. On parle de
coopérative de travailleurs; c'est sous analyse présentement.
Mais on me dit aussi que cette avenue semblait déplaire un peu aux
pêcheurs qui, au départ, faisaient une offre de participation dans
l'entreprise.
Il m'apparaît important, pour un, qu'on puisse assurer les
approvisionnements à l'entreprise. J'ose espérer qu'on pourra
impliquer les pêcheurs au cours du processus afin qu'ils soient partie
dans la transaction comme telle, s'il y avait transaction.
M. Perron: M. le Président, le ministre a mentionné
la présence d'un consultant dans ce dossier-là. Quel est le
consultant?
M. Vallières: Raymond Chabot.
M. Perron: Et il a été engagé à
contrat par qui?
M. Vallières: Par Primonor qui a été
subventionnée à l'intérieur de nos programmes.
M. Perron: À l'intérieur du programme CAP?
M. Vallières: CAP, oui. C'était subventionné
à 75 %. C'est une étude de redressement.
M. Perron: D'accord.
M. Vallières: C'est un autre point du programme CAP qui
semble suffisamment généreux et dont s'inspire bien des gens.
M. Perron: C'est de valeur; on n'aura pas le temps d'en parler
beaucoup, du programme CAP, M. le Président. il y a une aide
financière qui avait été demandée par l'Association
des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord en deux volets: le premier
volet, au montant de 20 000 $, se rapportant à l'Association
elle-même pour pouvoir travailler ce dossier-là de la
réouverture de Primonor, ainsi que l'engagement d'un consultant par
l'Association des pêcheurs. Est-ce qu'il y a une partie du dossier
où: est-ce que les deux parties, de 20 000 $ et de 30 000 $, ont
été réglées?
M. Vallières: Étant donné que cette
Association profite déjà d'aide... Nous, on leur verse quoi, une
trentaine de mille dollars annuellement, 35 000 $, et ils ont
déjà une personne permanente qui est subventionnée par
nous et une autre par le gouvernement fédéral, peut-être
pas à 100 %, mais il demeure que... J'ai demandé à M.
Randy Jones récemment de regarder la possibilité, avec le
personnel dont il dispose, de mener à bien la négociation qui est
actuellement enclenchée. Et il y a également l'étude de
redressement qui a été faite, qui est disponible. Donc, je ne
voudrais pas non plus qu'on se ramasse avec bien du monde dans ce
dossier-là, alors que je constate, actuellement, que le dossier
évolue très bien.
Je veux dire à M. le député de Duplessis que je
suis quand même prêt à considérer cette demande en
autant que M. Jones me précise ses besoins de façon plus
détaillée et justifie davantage cette demande qu'il m'a faite.
Disons que je ne vous dis pas non. Mais on pourrait regarder ça assez
rapidement parce qu'on sait qu'on est en pleines négociations. Et ce que
M. Jones me disait, c'est que ça semble lui prendre quelqu'un qui, au
niveau technique, est capable peut-être de fouiller un peu plus l'objet
d'une entente de façon un peu plus pointue que le personnel dont il
dispose présentement. Si tel était le cas, il pourra m'en faire
part et on pourra regarder la possibilité qu'on aurait de lui venir en
aide.
M. Perron: M. le Président, je pense que le ministre est
quand même assez bien informé de la situation des transports en
Basse-Côte-Nord et aussi de l'étalement des permis qui sont
émis aux propriétaires de bateaux. Et un des facteurs en
importance dans ce dossier-là, c'était justement que
l'Association soit subventionnée sur l'aspect du transport en
Basse-Côte-Nord pour aller rencontrer l'ensemble des pêcheurs,
possiblement un par un, pour les impliquer, justement, dans le tiers dont je
parlais tout à l'heure, dans le but de la réouverture de l'usine
avec la participation des pêcheurs. Mais, pour ce faire, il faut que ce
soit expliqué de vive voix et non pas par téléphone. Et
c'est une des raisons, la question de transport. On peut parler de noliser un
avion. À ce temps-ci de l'année, ça peut être soit
sur flotte ou sur skis, dépendamment où on va se rendre. Et c'est
clair que la demande comportait ça.
D'autre part, il y a actuellement une personne, M. Houle, qui travaille
pour l'Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord, mais ce
n'est pas de son mandat d'être consultant pour travailler à la
réouverture de Primonor. Il le fait presque à titre de
bénévole, actuellement, et c'est la raison pourquoi on a
demandé... Et, de toute façon, ce n'est pas un consultant. Avec
tout le respect que je lui dois, ce n'est pas une personne qui peut vraiment
ramasser l'ensemble des données, comme consultant, pour préparer
quelque chose de potable au nom de l'Association des pêcheurs, et
même au niveau de l'implication des travailleurs et travailleuses
d'usine.
M. Vallières: D'abord, je veux indiquer que le programme
CAP - oui, on en parle souvent, c'est qu'il y a de nombreux outils dans ce
programme - prévoit que des frais de déplacement spéciaux
peuvent être versés à l'Association des pêcheurs de
la Basse-Côte-Nord. Ils sont implicitement mentionnés dans notre
programme. Il y a un budget supplémentaire de 10 000 $... Excusez, ce
n'est pas dans CAP. Vous voyez, on peut même bonifier le CAP. C'est un
programme régulier. Il y a un 10 000 $ qui serait disponible, mais je
constate que c'est pour des rencontres de conseils d'administration et de
conseils exécutifs. Donc, ça ne répond pas totalement
à la demande qui est là. C'est le genre de choses, je pense, dans
les révisions de programme, où on doit s'assurer peut-être
d'y introduire un peu plus de souplesse, parce que je reconnais qu'il y a un
problème vraiment particulier dans la région de la
Basse-Côte-Nord plus particulièrement. Et, au moment où on
se parle, la demande que nous a formulée M. Jones n'est pas explicite,
n'est pas aussi explicite que ce que le député de Duplessis vient
de me donner au niveau des frais de transport. Alors, on va la regarder et voir
si on peut, à l'intérieur de nos programmes réguliers,
donner un coup de main à l'Association, conscients que leur boulot ne
peut pas se faire s'ils ne sont pas capables de se déplacer, et se
déplacer dans votre région, c'est des frais qui sont
considérables. (18 h 30)
M. Perron: D'accord. Maintenant, M. le Président, vous me
permettrez... Les gens de la
Basse-Côte, ou même de l'extérieur de la
Basse-Côte, on sait que très souvent on rencontre des gens dans le
domaine des pêches qui ne connaissent pas nécessairement le fond
des programmes. Mais, par contre, on a quand même des personnes
attitrées, au niveau du gouvernement, en particulier au ministère
des pêcheries, pour pouvoir répondre ou poser des questions
à ces gens-là à savoir c'est quoi exactement, leur envoyer
les formulaires concernés pour qu'on puisse élaborer dans le
dossier et faire ça assez rapidement. S'il y a un programme qui ne
s'adapte pas, il y a toujours la question discrétionnaire du ministre
qui peut s'embarquer là-dedans, dépendamment du montant.
M. Vallières: Dépendamment du montant. Ha, ha,
ha!
M. Perron: Dépendamment du montant. Mais il reste quand
même qu'il y a des possibilités. Si on veut aider vraiment dans le
domaine des pêches pour restructurer l'ensemble, pour permettre la
réouverture d'une usine comme celle-là, c'est qu'il faut
définitivement qu'il y ait une ouverture, non seulement au niveau
politique, mais qu'il y ait une ouverture aussi au niveau de la fonction
publique pour pouvoir aider au maximum ces gens-là, sans pour autant que
ça se fasse sur des longueurs de six, sept ou huit mois. Parce que,
à ce moment-là, si on fait ça sur une longueur de temps
comme celle-là, l'usine ne rouvrira pas, et la première chose
qu'on va savoir, elle n'ouvrira pas l'année prochaine non plus.
M. Vallières: M. le Président, vous me permettrez
une courte, courte intervention sur le point de vue du député de
Duplessis, et pour mes autres collègues également de la
commission. Je voudrais indiquer que, depuis que je suis aux pêches, j'ai
demandé qu'il y ait une attention bien particulière à la
clientèle. Il y a des conditions particulières qui
prévalent dans les régions maritimes qui font en sorte, je pense,
que ça mérite que les gens, quand ils s'adressent au
ministère - et je parle de notre clientèle, peu importe laquelle
elle est, et à mon avis elle commence par les députés...
C'est de toujours faire preuve d'ouverture et d'écoute et, dans toute la
mesure du possible, de traiter les dossiers le plus rapidement possible. Il y a
en cours actuellement une évaluation du niveau de service qui est
donné par le MAPAQ en régions maritimes, et c'est sûr qu'il
faut toujours insister considérablement auprès des fonctionnaires
afin qu'on obtienne un service toujours de meilleure qualité. Et,
à mon avis, quelle que soit la qualité d'un service au
gouvernement du Québec, il y a toujours place à
amélioration. Et c'est dans cet esprit qu'on travaille actuellement, au
MAPAQ, en régions maritimes. Et ce que j'aimerais bien qu'on puisse
faire quand on se reverra dans un an, possiblement pour les crédits,
c'est qu'on puisse m'indiquer qu'il y a eu des changements à ce
niveau-là, qu'il y a eu des améliorations. Ce n'est pas des
choses qui coûtent cher, il s'agit là d'une question d'attitude,
je pense, et d'ouverture des gens, des fonctionnaires à l'endroit de nos
clientèles.
Le Président (M. Richard): Si vous permettez, M. le
ministre et membres de la commission, il est 18 h 30. Pour faire l'enveloppe de
trois heures, il faudrait que j'aie votre assentiment pour les six prochaines
minutes, parce que nous avons commencé six minutes en retard. Et j'ai
aussi une demande de question de M. le député d'Iberville, M.
Lafrance. Alors, est-ce que vous voulez qu'on extensionne 18 h 30? Pour
l'enveloppe de trois heures, il faudrait extensionner de six minutes
additionnelles. Est-ce qu'on est d'accord?
M. Vallières: Oui, prenant pour acquis qu'on a un caucus
qui nous attend et que, lui, débute sans nous attendre, d'accord, M. le
Président. En complément à la réponse du
député de Duplessis, j'ai pris mes précautions dans le cas
de sa remarque finale où on disait qu'il faut qu'on trouve une solution
rapide. On est en pleines négociations et j'ai pris la mienne, ma
précaution, en indiquant à mes collaborateurs de s'assurer d'en
prendre note et de me revenir très rapidement sur le dossier.
Le Président (M. Richard): Je cède la parole au
député d'Iberville, s'il vous plaît, pour une courte
question, puisqu'il nous reste seulement six minutes au total.
Statut de pêcheur commercial
M. Lafrance: Oui, en effet, M. le Président, il ne nous
reste pas beaucoup de temps, alors je vais écourter ma question. Ma
question s'inscrit un peu dans le sens de l'évolution des choses,
là, et des politiques que M. le ministre vient de mentionner. Elle
touche la question du statut de pêcheur commercial. Est-ce que, M. le
ministre, vous pourriez nous dire en quoi consiste le projet de reconnaissance
de ce statut de pêcheur commercial, et où en est-on
présentement dans ce dossier spécifique?
M. Vallières: II faut d'abord indiquer, un peu dans le
sens que je le mentionnais tantôt, pour un, que je veux travailler
à ce que les associations qui représentent les pêcheurs
québécois soient les plus représentatives possible. Nous
avions financé - c'est l'année dernière ça - une
étude avec l'Alliance des pêcheurs commerciaux du Québec
qui a cerné les besoins et qui a identifié comme objectif la
possibilité de définir ce qu'est un pêcheur professionnel.
Moi, je pense que l'industrie québécoise des pêches a
besoin d'une structure de représentation qui lui permette de
jouer un rôle davantage moteur dans le développement
économique des régions. J'ai demandé récemment
à l'adjoint parlementaire aux pêches, le député de
Gaspé, M. Beaudin, d'effectuer une consultation auprès des
principaux intervenants du secteur pêches au Québec, dans les
régions maritimes, afin de voir la possibilité de définir
cette notion de «pêcheur professionnel» et possiblement, M.
le Président, que l'on puisse se tourner vers une législation
permettant aux pêcheurs du Québec de se regrouper en association
la plus représentative possible et en association dont les objectifs
répondraient, à mon avis, largement aux représentations
qui nous ont été faites à ce jour par les gens du milieu.
Les groupes consultés sont les pêcheurs côtiers, les
producteurs de pêche également, les pêcheurs en eau douce -
parce qu'ils n'aiment pas se faire appeler pêcheurs continentaux, les
pêcheurs d'eau douce - les pêcheurs semi-hauturiers et hauturiers
également.
Alors, le but, pour nous et pour celui qui vous parle, c'est d'obtenir
un avis sur un projet afin de répondre aux questions des gens qui nous
ont soumis ça au cours des dernières années. Il faut dire
qu'à date la consultation s'est très bien déroulée
et que le projet est généralement bien perçu dans le
secteur. Évidemment, on n'a pas l'intention de pousser sur une
législation ou des mesures qui ne seraient pas revendiquées par
le milieu, qui ne seraient pas l'objet d'une demande du milieu. Alors, j'ose
espérer que cette possibilité que l'on veut offrir, là, au
secteur des pêches, les gens vont vouloir s'en prévaloir.
Je suis en attente actuellement de réactions écrites suite
à la tournée de l'adjoint parlementaire et, à partir de
ces réactions, j'aurai l'occasion de faire part de mon point de vue et
de mes intentions futures face à cette définition du
«pêcheur professionnel» au Québec.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Comme
dernière question, M. le député de Duplessis, M.
Perron.
M. Perron: M. le Président, une courte question. J'avais
demandé, au nom de l'Opposition officielle, la liste
détaillée des contrats qui, depuis le 1er mars 1991, ont fait
l'objet d'un versement supplémentaire par rapport au montant initial, le
montant du surplus versé, le montant de contrat initial, les raisons de
dépassement et le nom de l'entreprise qui a réalisé le
contrat. Je voudrais remercier le ministre de m'avoir fait parvenir les
informations suite à la question 22 que nous avions posée.
Je voudrais toucher un dossier en particulier, celui de
Grande-Rivière, le Centre aqui-cole marin. Entrepreneur: Sopax M.G.,
groupe-conseil, où le montant initial était de 100 000 $, et il
est passé. Il y a un ordre de changement de 250 000 $. Est-ce que le
ministre pourrait nous expliquer pourquoi il y a eu un ordre de changement
aussi élevé que 250 000 $?
M. Vallières: O.K. J'ai eu le même questionnement
que le député de Duplessis quand je suis passé
là-dessus. La valeur des travaux est passée de 1 000 000 $
à 2 960 000 $. Alors, me direz-vous, mais pourquoi cette hausse dans
l'estimation des travaux? C'est la deuxième question, normalement, qu'on
pose dans ce cas-ci. Simplement parce qu'à l'origine il n'y avait aucune
évaluation spécialisée qui avait été faite.
Les premiers coûts avancés pour le projet avaient plutôt
été établis en référence à des
infrastructures déjà connues, existant ailleurs, comme le Centre
de recherche d'Alma, en Ontario, ou le Centre écologique du
Lac-Saint-Jean à Saint-Félicien ou encore le Laboratoire humide
de l'INRS.
Par ailleurs, les premiers estimés faisaient
référence plutôt au centre lui-même. Ça aussi,
c'est important pour la bonne compréhension du député de
Duplessis. À cela, il faut ajouter la prise d'eau de mer qui coûte
plus de 500 000 $ et la station de pompage et conduite extérieure qui
coûte également plus de 500 000 $. Je veux d'ailleurs mentionner
que les travaux pour ces deux éléments sont
complétés et que la phase 3, soit l'aménagement des aires
expérimentales et des bassins inférieurs, débute
actuellement. En tenant compte de ces éléments, le coût
final du projet est évalué à 4 000 000 $.
(18 h 40)
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Je fais
mention aux membres de la commission que le temps est écoulé.
Peut-être un cours message de fin, là, des voeux probablement que
vous avez à vous souhaiter l'un et l'autre. M. le député
de Duplessis, vous avez un message à nous laisser en toute fin,
très court, s'il vous plaît.
Remarques finales
M. Perron: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
le ministre délégué aux Pêcheries pour sa
collaboration lors de l'étude de ces crédits. Je sais très
bien que ce qui arrive dans le cas des crédits du ministère, ce
n'est pas nécessairement de sa faute, parce qu'il y a sûrement des
demandes additionnelles qu'il a faites au cours des derniers mois qui ont
été réfutées par le président du Conseil du
trésor. Mais je voudrais profiter de l'occasion pour endosser
entièrement le voeu qu'il a fait quant à la restructuration, la
réorganisation dans certains domaines des pêcheries pour permettre
de créer des emplois, et en particulier dans les milieux
défavorisés.
Je voudrais conclure en lui disant qu'au cours des trois
dernières années... Et de là l'importance de travailler
fort ensemble, je pense, avec les associations de pêcheurs, avec
l'AQIP, ainsi qu'avec les fonctionnaires, puis les personnes qui sont
intéressées aux pêcheries, pour essayer de régler au
maximum le problème qui a été vécu au cours des
trois dernières années, en vous soulignant que, dans le domaine
des pêches, autant chez les pêcheurs, que les aides-pêcheurs,
que les travailleurs et les travailleuses d'usine, et ce, à cause de la
fermeture de plus d'une trentaine d'entreprises à travers le
Québec, il y a eu des pertes d'emplois qui sont de l'ordre d'environ
3200 personnes au cours des trois dernières années. Et je pense
qu'il y a lieu de faire des choses où le gouvernement pourrait
contribuer financièrement avec les entreprises, bien sûr, et avec
possiblement les travailleurs et les travailleuses d'usine, les pêcheurs
et les aides-pêcheurs, pour recréer des emplois nouveaux dans ce
domaine-là, en particulier dans des régions
défavorisées comme^ la Basse-Côte-Nord, comme par exemple
les îles-de-la-Madeleine, le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. Je pense
que ça s'impose. Et tout ce que j'espère, c'est que le
gouvernement aura la même volonté politique qu'a eu le ministre
lui-même au cours de ces derniers mois, et en particulier au cours de
l'étude des crédits que nous venons d'effectuer. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Duplessis. Maintenant, c'est donc qu'on reconnaît
comme adopté le programme 10, qui est le Développement des
pêches et de l'aquiculture. Ça fonctionne?
M. Perron: Adopté.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté. M. le
ministre, vous avez le mot final, s'il vous plaît.
M. Vallières: Oui, M. le Président. D'abord, je
remercie mes collègues, de même que les gens qui m'accompagnent,
d'avoir participé à l'étude de ces crédits. Je veux
renouveler mes intentions de faire du secteur des pêches du Québec
un secteur viable, rentable et ma volonté de travailler avec l'ensemble
de mes collègues, de quelque option politique qu'ils soient d'ailleurs,
afin d'intervenir avec les meilleurs outils possible au niveau de nos
clientèles et avec un accent marqué sur la valeur ajoutée
de nos produits. Je le mentionnais tantôt dans mon allocution de
départ, je pense que, pour faire face à cette perte d'emplois
considérable qu'on a connue en régions maritimes, on doit, de
façon résolue, se tourner vers la valeur ajoutée de nos
produits, la création d'emplois en région, et mes
énergies, au cours de la prochaine année, M. le Président,
porteront là-dessus. Espérons qu'on pourra, l'an prochain, faire
un bilan encore davantage positif que celui que nous avons fait aujourd'hui du
secteur des pêches au Québec.
Le Président (M. Richard): Merci, mesdames, messieurs.
Nous avons donc accompli notre mandat. Nous ajournons sine die. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 44)