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(Quinze heures trente-six minutes)
Le Président (M. Richard): Je vous rappelle le mandat de
notre commission. Le mandat de la commission pour cette séance est de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
pour l'année financière 1991-1992, le volet pêcheries, soit
le programme 10, Développement des pêches et de l'aquiculture au
Québec.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement.
Le Président (M. Richard): Magnifique. Déclarations
d'ouverture. Vous avez un commentaire d'entrée, M. le ministre?
Remarques préliminaires M. Yvon
Vallières
M. Vallières: Oui. Alors, M. le Président, je veux
vous remercier et évidemment, souhaiter la bienvenue à mes
collègues autour de cette table afin qu'on puisse aujourd'hui regarder
les crédits du ministère, des pêches plus
particulièrement, et inviter mes collègues, suite à
l'allocution que je vais prononcer qui va, grosso modo, dresser le tableau de
nos actions réalisées au cours de l'année 1990-1991 et des
perspectives que nous envisageons pour 1991-1992... J'inviterai donc mes
collègues, par la suite, à questionner les différentes
personnes qui m'accompagnent, de même que celui qui vous parle, sur les
intentions de notre ministère et les différents
éléments qu'on retrouve au cahier du budget.
Alors, M. le Président, comme vous le savez, les pêches
maritimes au Québec représentent une industrie extrêmement
importante pour certaines de nos régions. Dans les régions de la
Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine, de la Côte-Nord,
l'industrie de la pêche commerciale est bel et bien la principale assise
économique. La population de ces trois régions ressemble
d'ailleurs à plus d'un trait à celle des autres provinces
maritimes. De l'ordre de 400 000 habitants, elle est sensiblement égale
à celle de la région maritime du Nouveau-Brunswick et à
celle de Terre-Neuve. Les emplois occupés dépendent en grande
majorité, comme dans les provinces maritimes, du secteur de la
pêche.
Enfin, cette population québécoise en région
maritime connaît un taux de chômage annuel moyen toujours trop
élevé, qui oscille autour de 16 % en 1990. La période de
déclin prononcé qui a suivi les sommets de 1987 s'est poursuivie
en 1990. De façon générale, l'année 1990 a
été marquée par une baisse des contingents de plusieurs
espèces et une diminution des captures. Ce fut une année
difficile pour toute l'industrie, bien que les prix de certains produits aient
montré des signes de redressement en fin de saison,
particulièrement sur le marché américain. Ainsi, le bloc
de morue est passé de 2,05 $ canadiens la livre en avril 1990 à
2,61 $ en octobre de la même année. Le bloc de chair de crabe des
neiges de cinq livres est passé de 6,90 $ à 7,92 $.
La consommation québécoise des produits de la pêche
a atteint en 1990 un seuil estimé à 3,75 kilos par personne par
rapport à 8,50 kilos en 1989, pour une demande totale de 57 225 tonnes
de produits finis. Aux États-Unis, elle est estimée à 7,50
kilos par personne en 1990. Dans les principaux pays de l'Europe, par contre,
elle atteint des sommets de 20 kilos au Royaume-Uni, 35 kilos en Espagne, 27
kilos en France et 45 kilos au Portugal. Étant donné qu'environ
80 % de la production québécoise est exporté du
Québec, l'industrie régionale dépend en très grande
partie des fluctuations de la demande internationale. En fait, les provinces de
l'Est canadien, importants transformateurs de produits de la pêche,
doivent se tourner vers un vaste marché de consommation pour
écouler leurs produits. C'est ainsi que les États-Unis,
principalement les États du Nord-Est, achètent bon an, mal an,
environ 65 % des exportations québécoises, alors qu'elles sont
destinées à 20 % aux pays de la Communauté
économique européenne et à 15 % au Japon. L'augmentation
régulière de la consommation américaine de produits de la
pêche depuis les 10 dernières années, de l'ordre de 0,3
kilo par personne par année, entretient la tendance d'une plus grande
demande pour ces produits. Cependant, cette augmentation est en grande partie
attribuable à la disponibilité d'autres espèces de
poisson, surtout les variétés asiatiques à chair blanche,
plutôt qu'à l'augmentation de la demande de produits traditionnels
provenant du Québec.
La survie de l'industrie québécoise des pêches
maritimes passe aussi par l'assurance d'une participation équitable
à l'exploitation des ressources de l'Atlantique. Or, j'ai
remarqué, depuis ma nomination à titre de ministre responsable
des Pêcheries, qu'à long terme le Québec a subi une
érosion marquée de sa part relative, principalement dans le
poisson de fond. Cette érosion est attribuable à une
surpêche d'origine canadienne, principalement due à la
surexploita-
tion de la flotte de chalutiers de la côte ouest de Terre-Neuve.
De plus, il ne fait aucun doute que le Québec et surtout les
pêcheurs et les populations des régions maritimes n'ont pas pu
tirer profit de la création d'une zone exclusive de pêche de 200
milles nautiques en 1977. J'ai signalé à mon homologue
fédéral ma profonde déception suite à cette
érosion de la part québécoise des pêches de
l'Atlantique. Je l'ai en outre informé de ma volonté de mobiliser
toute l'industrie québécoise sur cette question afin de
rétablir un plus juste partage.
Au chapitre de la ressource du golfe Saint-Laurent, l'année 1990
a été caractérisée par une baisse des contingents
de morue, de 130 540 tonnes en 1989 par rapport à 111 000 tonnes en 1990
et 83 000 tonnes en 1991. Ces baisses de contingents, combinées aux
difficultés pour les engins fixes de capturer les parts qui leur
étaient attribuées, ne font que refléter la chute
dramatique des débarquements. Pour le Québec, ils sont
tombés de 81 000 tonnes en 1989 à 72 100 en 1990. Il s'agit d'une
baisse de 12 % en un aa Ces chutes de volume sont particulièrement
sensibles dans le secteur du poisson de fond, soit 17 % pour la morue, 28 %
pour le sébaste, 57 % pour le flétan du Groenland et 25 % pour la
plie. La chute de la valeur des captures québécoises, de 82 000
000 $ en 1989 à 70 100 000 $ en 1990, est davantage importante, soit 15
% en un an.
Le manque de ressources allait directement se répercuter au
niveau de la transformation. La valeur des expéditions de l'ensemble des
usines de transformation du Québec, qui se chiffrait à 196 000
000 $ en 1989. chutait à 152 000 000 $ en 1990. Il s'agit là
d'une diminution de 23 % en un an seulement.
La valeur des livraisons des usines de transformation de la
Gaspésie a atteint en 1990 68 600 000 $ par rapport à 84 200 000
$ un an plus tôt. Cette baisse de 19 % en un an est principalement
attribuée aux chutes de capture du sébaste, qui ont baissé
de 56 %, du flétan du Groenland, qui ont baissé de 53 %, du crabe
des neiges pour une baisse de 22 %, de la plie pour une baisse de 36 % et de la
morue, pour une baisse de 14 %.
Le scénario est semblable pour les Îles-de-la-Madeleine;
chute de la valeur des livraisons de 39 700 000 $ en 1989 et de 30 900 000 $ en
1990, soit 22 %. en 1990, les captures aux îles-de-la-madeleine ont
atteint 20 200 tonnes par rapport à 22 720 tonnes un an plus tôt.
les diminutions se sont fait particulièrement sentir pour le
sébaste avec moins 22 %, le maquereau avec moins 14 %, le crabe des
neiges avec moins 40 %.
Par contre, un redressement se remarque sur la Côte-Nord. La
valeur des expéditions des usines atteint, en 1990, 27 700 000 $ par
rapport à 24 700 000 $ en 1989. Il s'agit d'une hausse de 12 %,
principalement occasionnée par les excel- lentes performances de la
pêche au crabe des neiges. Il s'est débarqué l'an dernier
4135 tonnes de cette espèce par rapport à 2250 tonnes une
année auparavant, sort près du double. Bref, pour la plupart des
espèces marines, le manque de ressources s'est fait cruellement sentir,
autant au niveau des pêcheurs que des transformateurs. La production
aquicole québécoise est par ailleurs stable, autour de 1500
tonnes par année, alors qu'elle progresse à un rythme
accéléré à l'échelle canadienne: 18 000
tonnes en 1989, par rapport à un sommet de 29 000 tonnes en 1990, sur le
plan canadien.
L'industrie aquicole québécoise fait face à divers
défis: la compétition sur les marchés américains -
particulièrement pour la moule - des techniques de production non
performantes, des coûts de production prohibitifs qui s'expliquent en
grande partie par les conditions climatiques difficiles qui prévalent au
Québec et des coûts énergétiques
élevés pour y pallier.
Pour ce qui est des espèces d'eau douce susceptibles de vous
intéresser plus particulièrement, M. le Président, les
captures québécoises peuvent être évaluées
à 2000 tonnes en 1990, en hausse de 5 % par rapport à celles de
1989. Cependant, le potentiel de développement de ces espèces est
considérable, comme vous le savez, au Québec. Tout cela pour vous
dire que l'année 1990 a obligé tous les intervenants du milieu
à une double prise de conscience: celle, d'abord, qu'il faut
gérer une phase de restructuration du secteur des pêches
commerciales et celle qu'il devient urgent de mettre en place un instrument
d'envergure pour pallier à la situation.
Au début de l'année, le gouvernement du Québec,
saisi de la situation que plusieurs entreprises de transformation
n'étaient pas en mesure de démarrer leur saison et que des
problèmes de rentabilité affligeraient sérieusement
plusieurs segments de la flotte, de même que les aquiculteurs, a mis sur
pied un vaste programme de relance du secteur des pêches. Ce programme,
appelé CAP - Programme de coopération pour l'avenir des
pêcheries - a été adopté en avril 1990 par le
Conseil des ministres. D'un montant de 50 000 000 $ répartis sur cinq
ans, le programme CAP se veut, en premier lieu, une politique
intégrée de structuration et de consolidation de la flotte de
pêche et des usines de première transformation afin de
rétablir l'équilibre entre les ressources disponibles, la
capacité de pêche et de transformation et, ultimement, de
rétablir la situation financière des pêcheurs et des
entreprises qui demeureront en activité.
En selon lieu, le programme CAP se veut une politique de diversification
durable de la transformation des produits de la pêche au Québec et
une politique de consolidation de l'aquiculture afin de compenser partiellement
la baisse d'activité dans la pêche et la première
transformation.
La rapidité avec laquelle le gouvernement a
procédé dans le dossier d'adoption du programme CAP vient
réaffirmer l'importance qu'accorde notre gouvernement non seulement
à l'industrie des pêches du Québec, mais aussi au
rôle qu'elle tient dans le développement régional de l'Est
du Québec. Au terme de sa première année de mise en
oeuvre, le programme CAP aura permis des déboursés atteignant 25
800 000 $ dans le cadre du plan de restructuration et des budgets
réguliers du ministère. Ce montant comprend une somme de 20 200
000 $ au chapitre des subventions et des immobilisations et un montant de 5 600
000 $ au chapitre des garanties et du capital-actions.
Voici maintenant l'essentiel des projets mis de l'avant dans le cadre du
CAP et des programmes réguliers du ministère pour l'exercice
1990-1991. Nous avons d'abord décidé d'accorder des
facilités de financement à des groupes de pêcheurs
désirant acquérir et partager ensuite un contingent individuel.
Divers cas ont été réglés de cette façon
pour améliorer la situation de 17 pêcheurs. D'autres projets en ce
sens sont à venir. Ils contribuent à la rentabilisation de la
flotte du Québec.
Nous avons également travaillé à
opératio-naliser les 39 permis de pêche sur la
Basse-Côte-Nord afin d'assurer une meilleure exploitation du potentiel
halieutique de cette région défavorisée. La mise en
exploitation de ces nouveaux permis risque de s'avérer
problématique à cause des restrictions sur la taille des bateaux
imposées par le gouvernement fédéral. Nous avons cependant
acquis, en 1990, une sensibilisation beaucoup plus grande à l'effet de
permettre aux pêcheurs de la Basse-Côte-Nord de participer
pleinement à l'exploitation des ressources maritimes et nous avons
travaillé à mettre sur pied des mesures complémentaires
devant faciliter l'opérationalisa-tion de ces nouveaux permis. Ces
mesures concernent principalement l'offre par le ministère d'une
subvention de 35 % du coût de location ou d'acquisition d'un bateau de
pêche usagé.
Nous avons également franchi des étapes importantes dans
le but d'atteindre notre objectif de repositionnement du Québec en
incitant les pêcheurs et les usines à diriger davantage d'efforts
vers les espèces sous-exploitées ou négligées. Bien
que le problème de la pêche côtière avec des bateaux
de moins de 45 pieds demeure entier, nous entendons nous y attaquer. Pour le
moment, nous avons commandé, de concert avec Pêches et
Océans, région de Québec, une importante étude sur
l'avenir de cette pêche. Le coût total de cette étude est de
345 000 $ et les pêcheurs ont été associés
pleinement à ces travaux. Dans l'attente de l'étude de ces
travaux, nous avons dû, cette année, pallier aux urgences. C'est
ainsi que des programmes spéciaux de démarrage de la pêche
côtière, de soutien à la pêche au homard et de
soutien à la pêche aux poissons de fond à l'aide d'engins
fixes ont été mis en place en 1990, à la plus grande
satisfaction des pêcheurs. Au total, 1847 pêcheurs ont
bénéficié de ces programmes pour une dépense de 2
700 000 $.
Enfin, comme dernier moyen, nous avons entamé en 1990
l'intégration pleine et entière des pêches au secteur
bio-alimentaire en dotant les pêcheurs d'outils qui ont fait leurs
preuves dans le monde aquicole québécois. Il s'agit,
premièrement, de l'inclusion des produits de la pêche dans la Loi
sur la mise en marché des produits agricoles. Cette loi a permis la
formation du plan conjoint. La loi, sanctionnée le 22 juin 1990, a
permis aux pêcheurs de homard des Iles-de-la-Madeleine de former le
premier plan conjoint dans l'histoire des pêches commerciales
québécoises. Deuxièmement, le ministère a consenti
à une certaine forme de régularisation des liquidités des
pêcheurs, en modulant les remboursements des hypothèques maritimes
en fonction de la rentabilité des bateaux.
Au niveau du secteur de la transformation, voici les moyens que nous
avons choisis: les regroupements, les fermetures, le maintien des usines
stratégiques et la diversification des usines isolées
géographiquement. Il fallait agir, et vite. Aussi avons-nous consenti
d'urgence des garanties de prêts à certaines usines, en
particulier aux grandes unités stratégiques qui fournissent
plusieurs centaines d'emplois. Ces garanties totalisent 3 000 000 $.
Puis, sans attendre, nous nous sommes attaqués aux regroupements
possibles. Le regroupement de 10 entreprises du
salé-séché, en Gaspésie, est déjà
réalisé grâce à la formation d'un consortium. Le
ministère a accordé une subvention de 3 350 000 $, dont la plus
grande part, soit 2 800 000 $, est remboursable, et des garanties de
prêts à certains membres pour un montant de 800 000 $. Le
consortium a fermé quatre usines pour concentrer les approvisionnements
dans les six demeurant en opération.
La restructuration attendue du secteur du crabe semi-hauturier devrait
donner lieu à une rentabilisation accrue des entreprises de
transformation. L'étude qui a permis aux transformateurs de
dégager des avenues de solution à la surcapacité
sectorielle a coûté 90 000 $ au ministère. Les
négociations dans le but de la rentabilisation de ce sous-secteur sont
actuellement en cours.
Enfin, les discussions entre industriels et le ministère se
poursuivent dans le secteur du frais-congelé, dans Gaspé-Nord. Le
programme CAP a également cherché à diversier certaines
usines, notamment celles isolées géographiquement. Cette
diversification vise essentiellement à augmenter la valeur
ajoutée et l'emploi en région maritime en suscitant des projets
nouveaux ainsi que la transformation d'espèces
sous-exploitées.
Au cours de l'année 1990-1991, la crise sectorielle a pris des
proportions telles que le ministère n'a pu mettre en oeuvre toutes les
mesures désirées pour favoriser la diversification
du secteur. La situation d'insolvabilité qu'ont vécue une
forte proportion des entreprises et l'urgence des interventions
rattachées à chacun des cas ont monopolisé les ressources
ministérielles.
La consultation étroite que nous avons entretenue en 1990-1991
avec le secteur nous a incités à préciser certaines
approches initialement retenues dans le programme CAP, dont celle de favoriser
les projets de seconde et troisième transformations en faveur d'une
approche qui, basée sur la structure industrielle existante, bonifie
toute initiative ayant pour effet d'ajouter une valeur économique aux
produits québécois.
Je me dois ici de signaler que la mise en place du programme CAP ne va
pas sans coûts. On estime - ce n'est là une surprise pour personne
- que le programme CAP devrait conduire à la suppression de plusieurs
centaines d'emplois de pêcheurs, d'aides-pêcheurs et de
travailleurs en usine. Par contre, M. le Président, il permettra la
prolongation de la période d'emploi de plus de 1000 pêcheurs et
aides-pêcheurs, ainsi que la consolidation de près de 5000 emplois
en usine, 2500 pêcheurs et plus de 3000 aides-pêcheurs qui,
autrement, étaient fortement menacés.
Par la force des choses, et sans l'Intervention marquée de
l'État, une certaine rationalisation aurait eu cours, mais à un
prix économique et social doublement onéreux, puisque les forces
libres du marché auraient normalement provoqué de nombreuses
faillites et d'importantes distorsions entre l'infrastructure de capture et
celle de la transformation. Le prix à payer se serait
répercuté pendant de nombreuses années. Je ne vous cache
pas que l'approche qui consiste à diversifier l'emploi en usine et
à consolider l'aquiculture est encore en voie de structuration,
malgré les efforts déjà consentis. Les perspectives
augurent bien puisqu'elles constitueront de véritables alternatives
d'emploi en région. D'ailleurs, j'estime pour ma part qu'il est grand
temps que nous assumions des risques dans certains secteurs naissants. En
effet, on ne peut espérer, dans les domaines nouveaux, échapper
à la loi de la moyenne. Il y aura des réussites, il y aura des
échecs, mais afin d'offrir des alternatives à la rationalisation
des secteurs traditionnels, il est de première importance que nous
acceptions de prendre d'autres risques avec nos partenaires du secteur
privé et cela, pour le bénéfice des régions. Nous
pouvons leur demander un effort de restructuration, mais certainement pas
uniquement à leurs dépens. Il faut qu'ils y gagnent sur d'autres
plans. C'est pourquoi nous entendons gérer des risques qui permettront
réclusion de nouveaux projets industriels essentiellement à
l'intérieur des unités de transformation existantes.
En matière d'aquiculture, le Québec possède un
potentiel important: eaux de surface et souterraines abondantes; eaux
côtières très étendues; énergie à
coûts compétitifs; proximité du marché
américain et expertise privée, universitaire et gouvernementale
disponible. Une importante phase de consolidation des projets d'aquiculture a
eu cours en 1990-1991.
En ce qui a trait à la mytiliculture, les entreprises ont
été aux prises, en 1990, avec des niveaux d'endettement
élevés et des revenus trop faibles. L'assistance
ministérielle dans ce secteur s'est limitée l'an dernier à
un montant de 55 000 $ pour permettre la poursuite des opérations de
production jusqu'à ce qu'un plan de redressement complet soit produit,
ce à quoi nous travaillons présentement. Au niveau des moules, le
ministère a pour objectif de consolider la jeune industrie mytUicole du
Québec pour un soutien technique et financier à la
production.
Enfin, le ministère a supporté en 1990-1991 plusieurs
projets de développement à l'intérieur de ses budgets
réguliers et dans le cadre de son programme d'aide financière au
développement de l'aquiculture. Ces actions, qui ont
nécessité des déboursés de 525 000 $, visaient
essentiellement à supporter le démarrage de projets par des
subventions pour l'étude du potentiel hydrique, des subventions de
démarrage et des garanties de prêts.
Au niveau du saumon, le MAPAQ poursuivra son objectif de
vérifier, d'ici à trois ans, la rentabilité de la
production du saumon en bassin pour le marché de la consommation. Il est
certain que la conclusion sera déterminante pour d'autre projets
éventuels.
Au niveau des élevages en eau douce ou salée, le
ministère entend donner la priorité de recherche et de
développement aux productions actuelles et, par la suite, à de
nouvelles espèces.
Enfin, pour soutenir concrètement ces orientations, nous
travaillons à un projet d'implantation de centres de recherche en
aquiculture marine et nous étudions la possibilité d'un projet en
aquiculture d'eau douce.
Au sujet de la ressource halieutique, si nous ne pouvons pas directement
hâter la reconstitution des stocks, j'appuie toute mesure visant à
leur protection. Puis, comme je l'ai signalé, j'entends, de concert avec
l'industrie, mener une lutte serrée pour repositionner le Québec
dans les captures de l'Atlantique. Au niveau de la flotte
semi-hauturière de 45 à 100 pieds, le maintien de la
capacité de capture du Québec s'appuie sur un prérequis,
soit l'abandon de la pêche à concurrence et son remplacement par
le nouveau mode de gestion à quotas individuels transférables. En
1990, des quotas individuels transférables ont été
introduits pour la pêche semi-hauturière du crabe et le secteur de
la crevette au nord-ouest du golfe sera ainsi couvert en 1991. Bien que ce
système comporte des lacunes, il demeure énormément
supérieur à la course à la ressource qui avait lieu
précédemment. Il offre une plus grande sécurité
aux
pêcheurs, permet l'allongement de la saison de pêche et un
approvisionnement plus régulier des usines et, surtout, il constitue une
condition de la réussite des mesures de rentabilisation entreprises.
Au sujet de la mise en marché des produits, nous avons mis de
l'avant, de concert avec l'industrie, une initiative visant à
protéger le marché québécois du homard, mis en
danger par la nouvelle réglementation américaine sur la taille de
cette espèce. Le ministère s'est engagé dans une
fructueuse campagne de promotion du homard sur le marché domestique.
Cette initiative sera reconduite en 1991 pour l'un ou l'autre des produits de
nos entreprises qui ont la faveur des consommateurs québécois. Le
ministère a également poursuivi sa démarche de soutien
pour renforcer les regroupements de commercialisation déjà
existants. (16 heures)
Au coût total du programme CAP de 50 000 000 $ est venue s'ajouter
une importante contribution du gouvernement fédéral. En effet,
suite aux demandes répétées du gouvernement du
Québec, le ministre des Pêches et Océans annonçait,
en août dernier, un programme de 53 000 000 $ qui s'appliquera au
Québec. Ce montant représente, à notre avis, la juste part
du programme d'envergure de 584 000 000 $ annoncé le printemps dernier
dans les Maritimes. Il s'agit, en effet, d'une juste part puisque le secteur
des pêches, au Québec, représente à peu près
10 % de l'ensemble des pêches de l'Atlantique.
Dans la foulée du programme CAP, j'ajouterai, M. le
Président, les points suivants: la réactivation - comme je
l'annonçais récemment - du comité ministériel sur
le secteur des pêches et de l'aquiculture commerciale dans le but
d'assurer la coordination, la complémentarité et la
productivité maximale des mesures de développement
adoptées en faveur des régions maritimes dans la poursuite des
objectifs du CAP. J'ai l'honneur de présider ce comité
composé également des ministres responsables de l'Agriculture et
du Développement régional, de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle, de
l'Industrie et du Commerce et de la Technologie et des Finances. Le
secrétariat de ce comité est assuré par le
secrétaire général associé à la
planification du ministère du Conseil exécutif.
Également, M. le Président, nous avons assisté
à la formation d'un comité de travail regroupant des
représentants du MAPAQ et du ministère de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle afin que
des vérifications soient faites des niveaux d'adéquation des
différents programmes de formation professionnelle, d'adaptation de la
main-d'oeuvre et de la sécurité sociale en fonction des
caractéristiques propres à la main-d'oeuvre visée et
à la situation particulière du secteur des pêches.
En troisième lieu, mentionnons l'adoption, en 1990, de la Loi
modifiant la Loi sur le crédit aux pêcheries maritimes. Cette loi
vise à "provisionner", à l'intérieur de l'enveloppe
globale de 30 000 000 $ prévue à l'article 7 de la loi, un
montant de 4 000 000 $ pour le secteur de l'aquiculture et celui des usines de
transformation de produits marins.
En quatrième lieu, il y a la signature, l'été
dernier, de trois protocoles d'entente avec Pêches et Océans
Canada portant, l'un, sur l'inspection des produits marins, l'autre, sur les
activités de recherche et de développement et le
troisième, sur les statistiques de pêche maritime. Ces trois
protocoles visent à harmoniser les activités des deux niveaux de
gouvernement.
Tout récemment, il y a quelques semaines, M. le Président,
juste avant l'annonce du nouveau titulaire de Pêches et Océans
Canada, il y avait la prolongation d'un an de l'Entente auxiliaire
Canada-Québec sur le développement des pêches du
Québec pour permettre la réalisation et le financement des
projets engagés avant la fin de l'entente. La date limite de l'entente
est donc reportée du 31 mars 1992 au 31 mars 1993.
Bref, M. le Président, les activités 1990-1991 ont
exigé des budgets de 31 969 400 $, dont 5 625 200 $ pour
l'élément 1, Planification, recherche et administration, et 26
344 200 $ pour l'élément 2, Contribution à la pêche,
l'aquiculture et la transformation. un an après l'annonce du programme
cap et sachant que l'année 1991-1992 serait également difficile
pour l'industrie entière, il m'ap-paraît essentiel d'articuler
notre action en fonction d'objectifs mûris par le temps et qui ont fait
l'unanimité du milieu. sur ce, voici donc, m. le président, les
grandes orientations que nous entendons poursuivre durant l'exercice en cours
et je terminerai avec ces quelques remarques.
La première série d'objectifs touche l'exploitation
rationnelle des ressources. Dans ce contexte, nous chercherons essentiellement
à repositionner le Québec dans les pêches de l'Atlantique
et à maintenir notre capacité de capture par
l'opérationalisation des 39 permis sur la Basse-Côte-Nord, par le
développement de la pêche aux espèces
sous-exploitées ou complémentaires et par l'extension des quotas
individuels transférables à la flotte de pêche
semi-hauturiè-re. Nous chercherons également à
améliorer la rentabilité des entreprises de pêche en
insistant sur le regroupement des permis, en insistant auprès de
Pêches et Océans pour l'amélioration des systèmes de
contingents, en promouvant les pêches exploratoires et en favorisant la
mise en place de formules qui, tels les syndicats de gestion, sont propices
à améliorer la gestion des entreprises de pêche. Nous
comptons cerner avec plus de rigueur les possibilités de
développement
que recèlent les grands plans d'eau douce pour y accroître
la productivité. À certains endroits, nous favoriserons
l'implantation d'un nombre restreint de petites usines de transformation pour
consolider l'emploi basé sur les ressources naturelles. Nous comptons
également poursuivre notre démarche d'appui et d'assistance pour
renforcer les moyens dont disposent les pêcheurs et leurs associations
dans la défense de leurs intérêts.
La seconde série d'objectifs que nous maintenons touche la
production aquicole. Tel que mentionné préalablement, nous
poursuivons notre effort pour consolider cette industrie par un appui à
la fois financier et technique ainsi qu'au niveau de la recherche et du
développement.
Le secteur de la transformation des ressources, quant à lui,
exigera de la part du gouvernement une attention continue pour accroître
la rentabilité du secteur de la première transformation ainsi que
la valeur ajoutée au produit. Dans ce contexte, il faut mener à
terme les projets de rationalisation en cours, appuyer les efforts de
diversification, les innovations et les transferts technologiques, tout cela
dans un contexte plus étroit de partenariat avec l'industrie.
Il nous faut poursuivre un objectif pour lequel le gouvernement et
l'industrie ont déjà engagé d'importantes ressources
financières, à savoir la valorisation de la qualité
à tous les niveaux. Nous avons réussi à mettre en place
des normes de qualité. Il faut maintenant parler de programmes de
gestion de la qualité, ce qui implique des aspects aussi
différents que la fraîcheur du produit, son emballage, son format
et sa durée de conservation.
Nos efforts au niveau de la commercialisation des produits s'inscrivent
dans un objectif global d'améliorer la position concurrentielle du
Québec en favorisant la consolidation des regroupements de
commercialisation. Par ailleurs, des efforts de pénétration du
marché québécois seront poursuivis en 1991-1992. De
même, nous poursuivrons notre questionnement sur les possibilités
et les avantages de renforcer Montréal comme plaque tournante de la
commercialisation des produits de la pêche.
Enfin, nous travaillerons à harmoniser les actions entre
Pêches et Océans Canada pour tirer le maximum des deux programmes
majeurs destinés l'un et l'autre à restructurer le secteur
québécois des pêches commerciales.
M. le Président, nous amorçons l'année
financière 1991-1992 avec un calendrier chargé, sachant toutefois
que certains projets nécessiteront plus d'un an pour leur
réalisation concrète. Les crédits requis pour mettre en
oeuvre les outils retenus et pour l'atteinte de nos objectifs sont de 29 128
500 $, dont 6 188 600 $ pour l'élément 1, Planification,
recherche et administration, et 22 939 900 $ pour l'élément 2,
Contribution à la pêche, l'aquiculture et la transformation.
Ces quelques éléments étant lancés, M. le
Président, je laisserai maintenant la chance au député de
Duplessis de nous faire part de ses commentaires. Nous pourrons procéder
par la suite à l'étude des crédits comme tels. Je vous
remercie.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
porte-parole officiel, M. le député de Duplessis, M. Perron, vous
avez la parole.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Tout comme le ministre,
je voudrais souhaiter la bienvenue à son personnel politique ainsi qu'au
personnel de son ministère et, bien sûr, souhaiter la bienvenue
à mes collègues du gouvernement et aussi au personnel de la
commission.
M. le Président, c'est avec beaucoup d'interrogations et
d'inquiétude que j'aborde l'étude des crédits du ministre
délégué aux Pêcheries. L'exercice auquel nous sommes
conviés permettra, je l'espère, de faire la lumière sur
les véritables intentions du ministre face au marasme qui sévit
dans l'industrie de la pêche.
Les crédits de cette année totalisent 29 129 000 $. C'est
une baisse de 8,9 % par rapport à l'an dernier. Pire encore, si l'on
tient compte de l'inflation anticipée pour 1991 qui devrait être
de l'ordre de 5,7 %, eh bien! c'est 4 662 000 $ qu'il manque au ministre.
Paradoxalement, cette baisse abrupte des crédits du ministre
délégué aux Pêcheries arrive à une
période où l'industrie de la pêche traverse la pire crise
de son histoire. Au Québec, les débarquements sont tombés
de 97 000 tonnes en 1987 à environ 67 000 tonnes cette année,
soit une baisse de 30 % sur quatre ans. Quant aux prix, leur niveau a
baissé de 30 % durant cette période. Ainsi, la valeur de
débarquement a chuté de 126 000 000 $ en 1987 à 68 500 000
$ en 1990. Ces deux tendances ont évidemment eu un effet direct sur les
résultats des usines de transformation dont la valeur des
expéditions est passée de 257 000 000 $ en 1987 à 160 000
000 $ en 1990, un recul de 40 %.
M. le Président, l'ensemble du secteur des pêches est en
grande difficulté. La crevette que les pêcheurs vendaient 2,50 $
la livre en 1987 se vend actuellement de 0,40 $ à 0,50 $ la livre. Le
homard se vendait 3,15 $ la livre il y a deux ou trois ans et il se vend moins
de 1,75 $ aujourd'hui.
Plusieurs causes expliquent ce bilan négatif. Il y a, bien
sûr, des raisons conjoncturelles, dont la plus importante est sans nul
doute l'instabilité des prix sur le marché américain vers
lequel quelque 70 % de la production de l'Atlantique des produits halieutiques
est écoulée. Notre industrie des pêches, trop petite pour
influencer les prix
sur les marchés internationaux, doit tout simplement suivre la
cadence.
Parmi les autres facteurs conjoncturels, signalons l'appréciation
du dollar canadien par rapport au dollar américain. La politique
monétaire funeste de la banque centrale a fait bondir le dollar canadien
de 20 % depuis 1987. Cette pratique, qui visait exclusivement à mater
l'inflation ontarienne, a sans aucune subtilité asséché
l'économie de plusieurs régions du Québec. Bref, cette
appréciation de 20 % équivaut à une taxe à
l'exportation de 20 %. L'industrie, à travers l'ensemble de ces
problèmes, a dû porter le fardeau supplémentaire d'une taxe
de 20 % à l'exportation. C'est véritablement grotesque, mais que
représente l'industrie de la pêche pour la banque centrale, quand
arrive le temps de porter secours à l'Ontario?
Pour ce qui est de 1991, d'ores et déjà, nous savons que
la saison de pêche sera tout aussi catastrophique que la dernière.
D'ailleurs, certains signes avant-coureurs se sont déjà
manifestés. Ici, je fais référence aux stocks de poisson
de fond dans le golfe Saint-Laurent qui connaissent un déclin
inquiétant. Afin de rétablir les stocks, le gouvernement
fédéral envisage de diminuer le quota des prises de morue dans le
golfe, la fermeture de la pêche dans certains secteurs, l'interdiction
d'utiliser deux engins de pêche, et même la suspension automatique
de certains permis de pêche.
M. le Président, même si l'on reconnaît le
bien-fondé des réductions de quotas, le fédéral
doit arrêter l'érosion de notre quote-part à nous au
Québec. La politique fédérale de gestion de la ressource a
fait passer la quote-part du Québec de 7,5 % en 1989, pour l'ensemble
des débarquements de poisson de fond de l'Atlantique, à 5,8 % en
1990, alors qu'elle était de 11,9 % au début des années
soixante-dix. Seulement pour la morue, la part du Québec est
passée de 130 540 tonnes en 1989 à 111 000 en 1990. Cette
année on prévoit que les contingents passeront à 83 000
tonnes. Cette politique de gestion de la ressource démontre bien la
nécessité pour le Québec de devenir souverain. La
souveraineté nous permettra de déterminer nous-mêmes nos
quotas et, surtout, la souveraineté nous donnera accès à
la zone de 200 milles, zone qui nous a toujours été
refusée par le gouvernement fédéral et dont l'accès
permettrait d'atténuer les effets dus à la baisse des
contingents.
Plus encore, M. le Président, la nécessaire
souveraineté mettra fin à l'incompétence, au manque de
clairvoyance, à l'incurie et aux politiques chaotiques du gouvernement
fédéral. 1 Est-il nécessaire de rappeler que l'ensemble de
la i problématique structurelle des pêcheries est i directement
imputable à l'administration fédérale? i Le système
en vigueur, jusqu'à tout récemment, ; pour la pêche dans le
golfe Saint-Laurent i s'appuyait sur le principe du premier arrivé,
premier servi. Cette politique a entraîné l'achat i de bateaux de
plus en plus rapides, de plus en plus efficaces et de plus en plus gros.
Résultat: ces bateaux arrivaient en même temps aux usines avec
leurs cargaisons.
Ainsi, les usines ont dû à leur tour s'agrandir et investir
dans de nouveaux équipements. Or, nous nous retrouvons maintenant devant
une industrie dont la capacité de production dépasse largement
les besoins, compte tenu de la quote-part qui nous est allouée par le
gouvernement fédéral. Bref, le fédéral a
structuré cette industrie de manière à ce qu'au
Québec elle se fasse hara-kiri. Ce dont le Québec a besoin dans
les pêcheries, ce n'est pas d'une politique d'autodes-truction, mais
plutôt d'une politique d'autodétermination. La politique
d'autodestruction du gouvernement fédéral, appuyée par le
gouvernement libéral du Québec, est rendue à
l'étape de la rationalisation. Cette rationalisation gauche et malhabile
risque de tuer l'industrie de la pêche au Québec. Dans deux ou
trois ans, lorsqu'il y aura reprise, l'industrie québécoise aura
presque disparu et celle des Maritimes viendra prendre sa place.
Du burlesque fédéral passons à l'aquiculture, la
pièce en trois actes du ministre délégué.
L'aquiculture, M. le Président, l'espoir du ministre, eh bien, le bilan
est triste et désespérant. À écouter parler ce
gouvernement, l'aquiculture devait permettre de reproduire la pêche
miraculeuse du lac de Génésareth. Il est toujours permis
d'espérer, d'ailleurs, l'espérance est l'une des trois vertus
théologales. (16 h 15)
Cependant, le miracle ne s'est pas produit. Le ministre ne m'accusera
pas de faire de la petite politique sur le dos de l'aquiculture car je vais
citer les opinions de son propre ministère. Ces opinions, nous les
retrouvons dans le document "L'industrie bio-alimentaire au Québec,
bilan 1990 et perspectives". À la page 51, on parle des espèces
élevées. En eau douce, il y a la truite arc-en-ciel et l'omble de
fontaine. En eau marine, il y a la moule bleue et le saumon de l'Atlantique. Au
troisième paragraphe de cette page, on fait un bilan qui se lit comme
suit, et je cite: "Malgré des débuts qui semblaient prometteurs,
l'industrie a eu à faire face, particulièrement en 1990, à
une multitude de problèmes. L'activité myticole a
été confrontée à un apprentissage difficile des
techniques d'élevage, à une commercialisation non
structurée, ainsi qu'à un accès difficile au financement
nécessaire pour supporter les opérations. L'élevage du
saumon, qui s'inspire d'innovations technologiques toutes récentes et,
pour certaines, non encore éprouvées, a connu d'importantes
difficultés d'adaptation qui ont entraîné des
mortalités massives. Les éleveurs de truites qui alimentent le
marché de la table ont, quant à eux, eu à faire face
à une forte concurrence en provenance de l'Ontario et de l'Idaho, ce qui
a, dans plusieurs cas, affecté considérablement la
rentabilité.
Plus loin, on parle de la moule bleue et on lit ceci: "Au niveau de
l'élevage de la moule bleue, l'année 1990 a été
marquée par la cessation des opérations de l'entreprise Les
produits Baie-Bleue inc. de Saint-Omer, dans la baie des Chaleurs." Bref,
l'aquiculture au Québec, c'est une catastrophe qui est même
décriée par le ministère. Lorsqu'on est rendu là,
eh bien, on a tout simplement perdu le contrôle de la situation.
Maintenant, quelles sont les solutions du ministre? Ici, je ne pourrai
citer aucun document car il n'y a rien de concret. Tout ce que l'on sait, c'est
qu'on commence à se demander, au ministère, s'il vaut la peine,
compte tenu des coûts, de continuer à développer
l'aquiculture. L'attitude du ministre consiste à baisser les bras devant
les difficultés, et les exemples sont nombreux.
Prenons simplement le programme CAP, le fameux programme de
coopération pour l'avenir des pêcheries annoncé par le
ministre Michel Pagé en 1990. Il devait, selon lui, avoir un impact
structurant et durable sur l'ensemble du secteur des pêches maritimes. De
plus, il ajoutait que ce programme favorisera la consolidation de 3000 emplois
en usine et la prolongation de la durée d'emploi pour près de
1000 pêcheurs et aide-pêcheurs, en Gaspésie. Où est
la Côte-Nord dans tout ça? Voilà de bien belles promesses,
M. le Président, de bien belles promesses qui ne seront pas tenues car
un document émanant du Conseil exécutif, daté du 18
février 1991 - très récent - et dont le titre est
"Redémarrage du comité ministériel sur le secteur des
pêches et de l'aquiculture commerciale" disait exactement le
contraire.
Ce dont on parle dans ce document n'a rien à voir avec la
consolidation ou la création d'emplois. À la première
page, nous pouvons lire: "II va de soi qu'une partie importante des mesures
incluses dans le programme 4 ont comme objectif de faciliter le mouvement
d'adaptation des capacités de capture et de transformation par rapport
au volume prévisible des ressources. Ces mesures, qui ont comme objectif
fondamental de redresser les niveaux de rentabilité des entreprises de
pêche et des usines de transformation, vont inévitablement
entraîner de nouvelles pertes d'emplois qui pourraient être de
l'ordre d'un millier et qui ne pourront être rapidement compensées
par les développements prévus dans les activités
d'aquiculture et la transformation plus poussée des produits."
Voilà une preuve accablante, une preuve qui démontre que le
ministre a deux discours: un pour la population et un autre pour le Conseil des
ministres. Ce document du Conseil exécutif explique clairement que le
programme CAP n'est rien d'autre qu'un programme de création de
chômage, qu'un programme de mises à pied, qu'un programme de
misère noire.
Le programme CAP, c'est un programme conçu par des
théoriciens et par des économistes. Leurs modèles
économétriques et mathématiques sont bien loin de la dure
réalité de la Gaspésie, de la Côte-Nord et des
Îles-de-la-Madeleine. En économie, on pense de la façon
suivante: seules les entreprises les plus productives et les plus efficaces
doivent survivre mais, dans la pratique, un tel concept appliqué aux
pêcheries donne des résultats catastrophiques. L'industrie de la
pêche n'est pas une industrie comme une autre, car elle est à la
base du tissu social de nombreuses communautés de la Côte-Nord,
des Îles-de-la-Madeleine et du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie. La
pêche, c'est plus qu'une activité économique, c'est un mode
de vie. La Gaspésie, ce n'est pas la Gaspésie, c'est la
pêche. La Basse-Côte-Nord, ce n'est pas la Basse-Côte-Nord,
c'est aussi la pêche. Lorsqu'un économiste parle de rationaliser
l'industrie de la pêche, il parle de rationaliser des régions.
Lorsqu'un économiste parle de fermer telle ou telle entreprise, il parle
de fermer tel ou tel village, et lorsqu'on parle de réduire tel quota,
on parle de diminuer toute une communauté.
Bref, lorsqu'un théoricien parle de pêche en s'appuyant sur
des schémas particuliers et partiels, il fait abstraction de la
fierté et de la dignité de tout un groupe d'individus
attachés à leur coin de pays. Non, M. le Président, les
problèmes reliés aux pêches ne se règlent pas avec
des prix Nobel d'économie car, pour comprendre les pêcheries au
Québec, il faut savoir qu'une communauté vivant de la pêche
est composée d'hommes, de femmes et d'enfants avec de l'eau salée
coulant dans leurs veines. Seule une approche globale et cohérente
viendra à bout des problèmes du secteur des pêches.
Les quelques points que je viens de soulever ne constituent qu'un survol
très sommaire face à la situation catastrophique actuelle. Au
cours des prochaines heures, j'aurai l'occasion d'approfondir davantage
certains de ces points. J'ai de nombreuses questions et j'espère que
l'étude des crédits apportera des réponses à mes
inquiétudes.
En terminant, je tiens à rappeler au ministre que j'aborde cet
exercice avec beaucoup d'ouverture et dans un esprit constructif en
espérant que le restant du Québec - pas toujours, ce n'est pas
toujours le cas - comprendra une fois pour toutes l'importance des principales
régions maritimes du Québec, soit le Bas-Saint-Laurent, la
Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine ainsi que la Côte-Nord.
Merci, M. le Président.
Discussion générale
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le député de Berthier, vous
aviez une question?
M. Houde: Trois petites questions.
Le Président (M. Richard): Trois questions. On va
commencer par la première. Allez-y, M. le député.
Programme REPERE
M. Houde: Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre,
bonjour. Nous parlons de l'élevage des moules, comme l'ont si bien
mentionné le député et le ministre, des moules, du saumon
et ainsi de suite. Pour ma part, j'aimerais obtenir des précisions en ce
qui concerne le pétoncle et, plus particulièrement, le projet
REPERE, s'il vous plaît.
M. Vallières: Merci, M. le député de
Berthier. Peut-être rapidement, M. le Président, concernant le
secteur de la mytiliculture auquel faisait référence tantôt
le député de Duplessis, je voudrais simplement lui indiquer que
l'ensemble des problèmes qu'on retrouve dans ce secteur qui est
actuellement, il faut bien l'admettre, en perte de vitesse, c'est
principalement du à des problèmes qui sont reliés à
une mauvaise maîtrise des techniques par les producteurs. On
éprouve beaucoup de difficultés à en arriver à un
niveau de rentabilité qui soit acceptable. Depuis 1986, le Québec
a soutenu le démarrage de plusieurs entreprises de production de moules.
Il y a une conjoncture, une question conjoncturelle qui fait que ces nouveaux
producteurs ont fait face à des difficultés très
sérieuses à cause de plusieurs alertes. Entre autres, vous vous
souviendrez de celle de la toxicité de certains produits dont on a
entendu parler. Ceci est venu fortement perturber la tendance à la
croissance de la consommation de moules dans les grandes villes du
Québec et de l'Ontario, plus particulièrement.
De plus, d'autres problèmes très sérieux se sont
additionnés, comme la mortalité massive des moules aux
Îles-de-la-Madeleine, la situation financière de la grande
majorité des entreprises, une production faible due à une
technologie non encore au point. Mais je veux immédiatement rassurer le
député de Duplessis que le ministère, à ma demande,
se penche actuellement sur un plan qui devrait nous permettre de relancer ce
secteur. On sait que ce n'est pas facile. J'avais, encore la semaine
dernière, les producteurs de moules des Îles-de-la-Madeleine
à mon bureau; ils sont porteurs de projets qui nous incitent à
croire et à avoir de l'optimisme face au développement de ce
secteur. Mais dans la moule, comme dans d'autres secteurs de l'aquiculture
québécoise, force nous est de reconnaître que cette
industrie naissante au Québec n'est pas en mesure, tout de go, de
prendre la relève immédiatement face aux problèmes, aux
débarquements qui sont à la baisse, situation qui est reconnue
par l'ensemble du secteur des pêches au Québec, y incluant -
là, je pense - tous les membres des deux côtés de cette
Chambre de même que par le gouvernement canadien. Alors, je pense que
c'est un secteur auquel nous croyons.
C'est comme le secteur du saumon, d'ailleurs. On est au tout
début d'une industrie dans ce secteur au Québec. Moi, je refuse
de penser que ce secteur-là n'a pas d'avenir au Québec, mais pour
être honnête avec l'ensemble des gens, je pense qu'on ne peut pas
dire que ce secteur constitue, à court terme, une possibilité de
récupérer au niveau de l'ensemble des débarquements, de
compenser l'ensemble des débarquements qui sont largement à la
baisse pour plusieurs espèces, actuellement.
Pour ce qui est de la question...
M. Houde: ...le projet REPERE.
M. Vallières: ...concernant le projet REPERE sur le
pétoncle à des fins d'élevage et de repeuplement -
d'ailleurs, c'est de là que vient le mot REPERE. Il a été
officieusement créé comme projet au printemps 1989 par un accord
de principe entre le directeur de la recherche scientifique et technique au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
le directeur de l'institut Maurice-Lamontagne, du ministère des
Pêches et Océans Canada. Cet accord portait sur la formation d'un
comité avec le mandat de définir REPERE et d'en initier le
programme de recherche, dont un projet de recherche. L'année qui vient
de se terminer a permis au groupe REPERE d'entamer les travaux sur le terrain,
de préciser l'objectif et le fonctionnement du programme et de
s'associer officiellement avec un partenaire de l'industrie, soit l'Association
des pêcheurs de pétoncles des Îles-de-la-Madeleine.
Nous avons également établi les bases du financement du
programme. En donnant leur aval au programme REPERE, les deux paliers de
gouvernement se sont engagés à supporter REPERE à
même leurs budgets réguliers de recherche. Ces budgets de
recherche seront négociés chaque année, selon les besoins
du programme et les disponibilités gouvernementales. De plus, le
gouvernement fédéral a accordé à l'Association des
pêcheurs de pétoncles des Îles-de-la-Madeleine une
subvention de près de 300 000 $ répartie sur trois ans, dans le
cadre du programme d'essai et d'expérimentation halieutique et aquicole
pour la réalisation d'un essai d'ensemencement du pétoncle
géant^ sur les fonds à potentiel pectinicole aux
Îles-de-la-Madeleine. Enfin, le programme fédéral de
développement des pêches du Québec a répondu
favorablement à une demande de subvention de plus de 800 000 $ sur
quatre années adressée par REPERE. Le montant exact de la
subvention annuelle sera à négocier chaque année.
De plus, en 1990-1991, la création du programme REPERE a
été rendue officielle et publique, d'une part, par le
dépôt de documents et, d'autre part, par une présentation
publique du programme au colloque sur l'ensemencement et
lors d'une conférence de presse tenue au
Îles-de-la-Madeleine.
M. le Président, je pense que ce programme, qui est mis de
l'avant dans le secteur du pétoncle, est de nature à
privilégier le développement de ce secteur. Comme vous voyez,
c'est un programme qui vise à privilégier le développement
de ce secteur et, comme vous voyez, c'est un programme qui vise plusieurs
années et nous espérons que les résultats seront
concluants. Il y a des gens, dans le secteur, qui croient en la capacité
de produire au Québec du pétoncle sur une base de
rentabilité. Alors, les deux niveaux de gouvernement ont
été fiers de s'associer et de devenir de véritables
partenaires avec le secteur privé dans un secteur qui nous tient
à coeur comme celui de la moule dont je vous parlais
précédemment.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'il y avait un questionnement sur le dossier REPERE?
M. Perron: Non, ça va. Il peut continuer avec une autre
question; après ça, je prendrai la relève, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Ça va. M. Perron:
Ça va être long. M. Houde: II y a
peut-être...
M. Perron: Ça va être aussi long que les
réponses.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Berthier.
M. Houde: Avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Vallières: Sur le saumon de l'Atlantique, à
moins que le député de Duplessis ne revienne tantôt parce
qu'il a fait allusion quand même à des problèmes qu'on
retrouve dans ce secteur-là, j'aimerais qu'on y revienne parce que c'est
un élément clé, c'est le fer de lance véritablement
de tout ce qu'on veut faire dans le secteur aquicole, une expérience qui
est menée depuis de nombreuses années, qui a permis des
investissements majeurs des deux niveaux de gouvernement. J'aimerais qu'on
puisse aborder un peu plus longuement la problématique et qu'on puisse
voir comment on s'oriente, chez nous, au ministère afin de remettre sur
pied cette production parce que le haut taux de mortalité dont parlait
le député de Duplessis semble d'être résorbé
suite aux actions qu'on a entreprises, ce qui laisse présager un avenir
beaucoup plus prometteur que celui qu'on a connu dans le passé pour
cette entreprise de la baie des Chaleurs. Je pense qu'il va être
important qu'on continue nos efforts et qu'on continue, ma foi, à
prendre des risques dans un secteur où on est en train de créer
l'expertise et dans un secteur qui mérite notre attention parce que
c'est peut-être celui qui pourrait comporter, à moyen terme, le
plus d'avenir pour l'ensemble de l'aquiculture au Québec.
M. le député de Berthier, vous aviez une autre
question?
M. Houde: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Allez-y, M. le
député. (16 h 30)
M. Houde: Merci. Je sais très bien qu'au sein de la
direction de la recherche scientifique et technique nombre de projets ont
été réalisés. Cependant, ma question est de savoir
s'il existe un certain partenariat avec l'entreprise afin de concrétiser
ou de structurer certains projets. M. le ministre, est-ce que...
M. Perron: J'ai l'impression qu'on va avoir une autre
déclaration ministérielle, là.
M. Vallières: Non, M. le Président...
M. Houde: Ma question n'est pas longue, pourtant!
M. Vallières: ...que le député de Duplessis
ne s'inquiète pas!
M. Perron: Non, mais la réponse peut être
longue.
M. Vallières: Ça va être très court.
M. Houde: Tu le ramèneras à l'ordre.
M. Vallières: J'ai fait allusion tantôt au
partenariat qu'on veut continuer de développer avec le secteur
privé. Je pense qu'il est important pour les membres de cette
Assemblée, de même que pour le secteur des pêches, de
connaître les mesures qu'on a entreprises avec certaines de ces
entreprises qui sont dans le secteur. Cette année, sept entreprises ont
pu bénéficier de nos services d'accueil pour des périodes
de plus de deux mois. Il s'agit de Baccalao del Castillo, de la
Coopérative des pêcheurs de Carleton, de la Gastronomie
gaspé-sienne, des Pêcheries Gros Cap, de La Boulangerie Fin
croûte inc, de l'Association des pêcheurs de Blanc-Sablon et des
Pêcheries BSR. De plus, six entreprises ont utilisé quelques
services spécifiques. Il s'agft de: Dégust mer, Les Produits de
la mer Saint-Antoine inc, Les Crustacés de Gaspé, James Atkins,
Nourritures Nour-An et Les Aliments BJG inc. À ces accueils, s'ajoutent
plusieurs interventions orientées vers le soutien et le suivi technique
de dossiers
auprès d'entreprises et l'aide à la structuration de
projets.
Je pense qu'il est important que les techniques, les locaux, les
matériaux et les équipements dont nous disposons au MAPAQ,
secteur pêches, dans toute la mesure du possible, soient mis à la
disposition des entreprises du secteur privé afin de leur permettre de
performer au maximum. Donc, c'est dans ce sens-là qu'on s'est
associé à plusieurs partenaires au cours de la dernière
année. Comme je l'indiquais dans mon discours d'introduction, nous
voulons continuer à mettre l'accent sur ce partenariat
révélateur en termes de conséquences et de
rentabilité du secteur, mais aussi d'efficacité des
différentes entreprises qui oeuvrent dans ce secteur.
Programme CAP
M. Perron: Alors, M. le Président, si vous permettez,
après les réponses qui ont été données par
le ministre au député de Berthier, j'aimerais intervenir sur le
programme qui est si cher au gouvernement libéral ainsi qu'au ministre
lui-même, c'est-à-dire le programme CAP.
Pour faire face à la crise majeure qui affecte l'industrie
québécoise de la pêche, le gouvernement du Québec
annonçait, en 1990, qu'il injecterait 50 000 000 $ dans le nouveau
programme CAP. Ce programme vise, selon le ministre, à consolider les
emplois dans le secteur des pêches. On sait qu'entre 1987 et 1989 le
nombre de pêcheurs et d'aides-pêcheurs a diminué de 6814
à 5995, alors que le nombre de travailleurs et de travailleuses dans les
usines de transformation a baissé de 6611 à 5240. Il s'est donc
perdu 2190 emplois dans le secteur relié aux pêches. Or, nous
apprenions - je l'ai mentionné dans mon allocution du début -
qu'un document du Conseil exécutif disait que le programme CAP
provoquera la mise à pied de 1000 travailleurs et travailleuses. Pire
encore, ce même document disait que ces pertes d'emplois ne pourront
être rapidement compensées dans les développements
prévus, et je dis bien prévus, dans les activités
d'aquiculture et la transformation plus poussée des produits.
Comme je le disais tout à l'heure, le ministre annonçait
50 000 000 $ sur cinq ans, mais encore faut-il que ces sommes soient
véritablement dépensées. Pour l'année 1990-1991, le
ministère avait prévu dépenser 10 000 000 $ dans le plan
de restructuration. Or, aussi incroyable que cela puisse paraître, le
ministre a dépensé 7 844 000 $, soit 22 % de moins que
prévu. Ma question, M. le Président, est la suivante: Est-ce que
le ministre entend faire quelque chose pour atténuer l'effet de son
programme sur les mises à pied dans le domaine des pêcheries,
parce que c'est ça qui arrive, effectivement? Ce sont des mises à
pied et presque massives, dans ce cas-là, alors que le programme
était supposé faire le contrai-
re.
M. Vallières: M. le Président, comme vous savez, le
programme CAP vise plusieurs objectifs; initialement, ils avaient
été fixés par le gouvernement du Québec. On ne s'en
cache pas, on l'a dit ouvertement lors de l'annonce du programme, du projet. En
fait, premièrement, on vise la rationalisation de la flotte et, à
cet effet, on m'indique que quelque 10 000 000 $ sont prévus, 10 600 000
$ au total là-dessus. On m'indique également que, comme
deuxième objectif, on avait la restructuration, la rationalisation et la
diversification des usines de première transformation auxquelles on veut
consacrer, au cours de la période du programme CAP, quelque 23 000 000
$. Comme troisième objectif, la restructuration des usines de
deuxième et troisième transformations auxquelles on
prévoit accorder quelque 3 200 000 $. En quatrième lieu, la
restructuration et la recherche en aquiculture; on prévoit y
dépenser quelque 9 800 000 $. En dernier lieu, le développement
de la commercialisation pour quelque 3 400 000 $, ce qui fait un total de 50
000 000 $, comme nous l'avions annoncé.
Je veux d'emblée indiquer au député de Duplessis
qu'un an plus tard, un an après avoir mis en application ce programme
sur la coopération pour l'avenir des pêches, j'ai jugé
utile de reformer la table du comité interministériel qui avait
prévu et qui est à la source de la création de ce
programme CAP afin d'en faire l'évaluation et de pouvoir,
premièrement, réévaluer certaines actions. Le
député de Duplessis devra admettre qu'on a fait face, au cours de
1990, à une crise exceptionnelle dans le secteur des pêches et que
certaines activités et certaines aides qu'on a accordées à
l'intérieur du programme CAP sont ponctuelles.
À mon avis, il était devenu important que l'on revoie,
à la lumière de l'expérience de 1990, comment on allait
intervenir au cours des prochaines années à l'intérieur de
ce programme afin d'atteindre les objectifs de structuration de cette industrie
qu'on s'était donnés originellement au programme. La remise sur
pied du comité interministériel me permet de viser deux volets
bien particuliers qui recoupent les préoccupations du
député de Duplessis, soit de s'assurer comment, entre autres, on
va pouvoir intervenir au niveau des clientèles qui sont
dorénavant privées d'emploi parce qu'il y a tout un bassin de
travailleurs dans le secteur des pêches qui, suite à une
rationalisation, qu'elle soit faite de façon volontaire ou par la force
du marché, ont besoin d'une nouvelle formation, de nouvelles avenues
d'emploi. Alors, il paraît assez important d'asseoir à la
même table plusieurs ministères afin qu'ils concertent leurs
actions à ce niveau-là, chose qui a été faite.
Encore aujourd'hui, ce comité regroupant plusieurs ministères se
réunissait - j'ai présidé - afin qu'on puisse mettre sur
la table des éléments nous permettant
de cibler nos efforts et nos énergies afin qu'on obtienne tes
résultats les plus probants possible à l'endroit de ces
clientèles-là qui sont dans les régions maritimes, plus
particulièrement.
Il y a un autre volet sur lequel je veux que ce comité se penche
- il a déjà commencé - c'est de voir comment, au niveau
des usines qui ont été désaffectées suite à
la rationalisation, elles pourraient être réutilisées dans
le milieu. J'ai vu récemment que certaines usines avaient besoin
d'être démolies mais elles n'ont pas toutes besoin d'être
démolies. Il y a peut-être des usines où on pourrait,
grâce à certains programmes ou initiatives, recréer des
emplois dans ces milieux-là avec des infrastructures qui sont existantes
et disponibles. Encore faut-il que les principaux ministères à
caractère économique au Québec puissent, de façon
collégiale, se pencher sur le sujet, évaluer chacun des
bâtiments, voir les possibilités d'utilisation et voir
également si la nature de l'aide qui est accordée actuellement
dans les milieux maritimes par les différents programmes gouvernementaux
est suffisante pour permettre le démarrage de certaines activités
à caractère économique qui seraient
génératrices d'emplois.
Autant d'objectifs que nous poursuivons avec le rétablissement de
cette table interministérielle. Si je l'ai remise en place, c'est qu'il
y a des choses qui sont à faire. Je n'ai pas l'intention de
défendre le programme CAP comme étant la perfection, loin de
là. On tombe dans un secteur où on a fait preuve d'innovation et,
à mon avis, c'est faire preuve de sagesse que de vouloir
réévaluer certains éléments afin que les actions
qu'on va se donner correspondent au maximum aux besoins des différentes
clientèles que l'on vise, que ce soit les travailleurs en usine, les
pêcheurs, les aides-pêcheurs, que ce soit les industriels de la
pêche. Alors, je pense qu'on ne peut pas se permettre d'intervenir sur un
seul volet. C'est la raison pour laquelle j'ai annoncé qu'on allait,
dans un avenir rapproché - suite à toute une série de
consultations que j'ai entreprises dans le secteur maritime, car j'ai parcouru
à date plusieurs régions, j'ai rencontré plusieurs
associations, plusieurs individus également, afin de consulter sur les
objectifs qu'on poursuit à l'intérieur du CAP - voir si on ne
pouvait pas changer de cap un petit peu. Je pense que c'est possible, sans
remettre en cause les objectifs de base qu'on s'était donnés,
d'apporter les ajustements requis afin d'obtenir le maximum d'efficacité
dans les milieux concernés.
M. Perron: Alors, M. le Président, deux commentaires avant
de passer à d'autres questions sur le programme CAP. D'abord, je
voudrais rappeler au ministre que son collègue de Port-neuf, lorsqu'il
était ministre délégué aux Pêcheries,
lorsqu'il a fait l'annonce de ces fameux 50 000 000 $... Puis en passant, 50
000 000 $ répartis sur cinq ans, c'est un plan quinquennal, ce n'est pas
50 000 000 $ en 1990-1991, il ne faut pas se leurrer avec ça, là.
M. Pagé a affirmé que le Programme de coopération pour
l'avenir des pêcheries favorisera la consolidation de 3000 emplois en
usine, la prolongation de la durée d'emploi pour près de 1000
pêcheurs et aides-pêcheurs en Gaspésie, et il a même
ajouté que 50 nouveaux emplois seraient créés sur la
Basse-Côte-Nord du golfe Saint-Laurent dans le comté de
Duplessis.
L'autre commentaire. Je comprends très bien pourquoi le ministre
a remis en place son comité interministériel. Il faut dire deux
choses: premièrement, ça va très mal dans le domaine des
pêches dans l'Est du Québec; deuxièmement, son programme
CAP, il ne va pas si bien que ça. Ce que je voudrais que le ministre
m'explique, c'est comment il se fait qu'on ait vanté les mérites
du CAP - même dans son discours il l'a mentionné - en rapport avec
la création d'emplois et puis le maintien d'emplois, et que, par contre,
il confirme dans le document ministériel qu'il a présenté
et signé lui-même qu'il y aura effectivement perte d'emplois, aux
environs de 1000. Comment peut-il concilier ce qu'il a dit dans son discours
puis ce qu'il a dit au Conseil des ministres, ce qu'il a écrit pour le
Conseil des ministres?
M. Vallières: Alors, M. le Président, il ne
faudrait pas attribuer au programme CAP le fait qu'il y a moins de ressources.
Ce n'est pas CAP qui fait en sorte qu'il y a moins de poisson. Le programme CAP
aura beau avoir toutes les vertus, toutes les qualités qu'il faut, il
n'inventera pas la ressource. Le député de Duplessis est dans
l'obligation de reconnaître, face à la valeur des
débarquements, de même qu'au volume des débarquements,
qu'il y a réduction constante.
Même si nous avons les meilleurs programmes possible, ça
prend du poisson pour le traiter dans les usines, puis ça prend du
poisson pour qu'on puisse le pêcher. Alors, il y a un problème au
niveau de la ressource, tout le monde le reconnaît, il n'y a pas de
cachette là-dedans, mais je lui indique qu'avec l'année qui
s'amorce l'objectif qu'on poursuit, c'est de consolider certaines entreprises
afin de protéger les emplois qui sont existants. Ça peut amener
également.. Qui dit fermeture d'usine de transformation de poisson dit
des travailleurs qui vont être sans emploi. Je pense que c'est bien
évident. À mon avis, les principaux efforts de restructuration,
de consolidation dans le secteur des pêches, au niveau de l'industrie de
la pêche comme telle, ont été faits. Mais il reste
néanmoins des efforts à concrétiser afin de continuer dans
la voie qui est amorcée, de consolider les entreprises existantes, de
les rendre opérationnelles sur une base de rentabilité, et de
donner... Je l'ai expliqué, dans les régions. Chaque fois que je
vais en Gaspésie ou aux îles - j'ai hâte d'aller
en Basse-Côte-Nord - je le dis à chaque fois que ce qu'on
veut faire, c'est de donner un seuil minimum de rentabilité à
cette industrie, de lui donner une assise, une base sur laquelle on va pouvoir
bâtir par la suite afin de se donner de la continuité, mais aussi
une forme de rentabilité à long terme. (16 h 45)
Je pense qu'il faut oublier les programmes à courte vue qui ne
viseraient qu'à solutionner des problèmes qui sont ponctuels et
qui ne verraient pas le secteur pêches au Québec dans son ensemble
et à plus long terme. Pour un, moi, depuis que je suis en politique,
j'entends parler de ce secteur-là comme étant un secteur
problématique. Il y a eu à l'époque, à un moment
donné, de très bonnes années mais, de façon
générale, on intervient - c'est comme en dents de scie - et
ça dépend souvent de la ressource qui n'y est pas. Je pense qu'il
faut bâtir au Québec, dans l'industrie de la pêche, une base
solide et, pour ce faire, il faut continuer la rationalisation que nous avons
entreprise, non pas dans le but de rationaliser pour fermer simplement les
usines, mais bien pour donner un facteur de rentabilité à
l'ensemble des entreprises qu'on retrouve dans ce secteur-là et
bâtir avec ça, par la suite, autour de ces entreprises. C'est la
raison pour laquelle, d'ailleurs j'ai indiqué...
On a parlé beaucoup de deuxième, troisième
transformation. Moi, je pense qu'on a peut-être trop fortement
misé sur les deuxième et troisième transformations. Un des
éléments visés avec les ajustements qu'on va faire au CAP,
c'est de véritablement consolider la première transformation au
Québec. Je veux dire, on peut parler de deuxième et de
troisième, on a déjà un problème avec la
première. Alors, moi, je pense que nos actions doivent tenir compte de
ce facteur-là et on doit se donner les assises les plus solides possible
pour en faire un véritable secteur industriel au Québec, une
véritable industrie sur une base de rentabilité. Mais ça
va exiger des sacrifices.
Je regardais récemment, par exemple, les pêcheurs de la
pêche côtière qui se donnent un exercice qui n'est pas
facile présentement; j'espère que ça donnera les
résultats que nous escomptons. Mais dans tous les secteurs
d'activité, je pense qu'il y a une prise de conscience actuellement et
l'on doit profiter de cette prise de conscience pour instaurer au Québec
une façon de faire dans les pêches qui, somme toute, ne
diffère pas des autres secteurs d'activité si on veut construire
une industrie de la pêche solide, viable, où l'ensemble des gens
qui y gagnent leur vie vont pouvoir le faire sur une base à long terme
et non pas toujours en pensant que, l'année suivante, ils ne seront
peut-être pas au travail. Ça ne règle pas pour autant le
problème des gens qui ont été mis à pied, par
exemple, dans des secteurs où la seule façon qu'on a pu
découvrir à date de les faire travailler ou de travailler, c'est
dans le secteur des pêches. Une fois que la ressource n'y est pas, il va
falloir tenter d'innover. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé
à plusieurs ministères de se pencher sur la question afin de voir
comment on pourrait y arriver.
Maintenant, j'aimerais aussi entendre le député de
Duplessis sur ces baisses d'approvisionnement que nous avons, qui sont
reconnues. C'est reconnu par tout le monde qu'il y a une baisse des
approvisionnements. Lui-même, tantôt, y faisait allusion dans son
allocution. Alors, je pense qu'il faut se tourner, selon moi, vers la
consolidation des entreprises de première transformation, vers
l'exploitation des espèces sous-exploitées. On rencontre des
industriels de la pêche présentement et plusieurs sont d'accord
pour dire qu'il y a des espèces dont on pourrait tenir compte davantage
et qui sont exploitables sur une base rentable. On a parlé de
l'aquiculture tantôt. Je pense que c'est un autre secteur sur lequel il
faut viser. Je l'ai dit, j'ai été quand même clair
là-dessus tantôt, dans ma courte allocution, l'aquiculture au
Québec ne donnera pas des résultats spontanés. Avec les
conditions qu'on connaît au Québec, qui sont différentes
d'ailleurs, on travaille actuellement à créer de toutes
pièces un secteur aquicole. Ça comporte de grands risques et il
faudrait être capable de vivre avec, de part et d'autre. Moi, pour un, je
refuse de dire que l'aquiculture, c'est fini au Québec. Je voyais des
reportages récemment qui étaient très pessimistes. Je ne
voudrais pas que, comme parlementaires québécois, on tombe dans
ce piège de dire que l'aquiculture n'a pas d'avenir au Québec. Ce
n'est pas parce qu'on a des problèmes présentement que
l'aquiculture n'a pas d'avenir au Québec. Il faut les régler, nos
problèmes, et il faut, je pense, comme gouvernement, accepter de prendre
les risques requis. Quand on fait de la recherche et du développement
dans d'autres secteurs d'activité, on accepte que la recherche ne donne
pas toujours les résultats escomptés sur-le-champ. Alors, moi, je
pense que c'est un secteur qui est prometteur, mais il faut accepter la
situation telle qu'elle est présentement et redoubler d'ardeur afin de
développer ce secteur d'activité.
M. Perron: M. le Président...
M. Vallières: Je vais m'arrêter ici parce que je
sais que le député de Duplessis a peut-être d'autres
questions, d'autres précisions sur la première question qu'il
vient de me poser.
M. Perron: Alors, M. le Président, je pense qu'il est vrai
que le milieu est actuellement en train de faire une prise de conscience parce
que, justement, il y a une crise dans le milieu des pêches, que ce soit
sur la Côte-Nord, que ce soit aux Îles-de-la-Madeleine ou dans le
Bas-
Saint-Laurent-Gaspésie. À ce niveau-là, le
gouvernement lui-même, face à ce qu'il annonçait
l'année passée, en avril, par rapport au programme CAP, a aussi
fait ses devoirs. Il a appris ses leçons, d'abord, et il a fait ses
devoirs pour en arriver justement à admettre aujourd'hui que son
programme CAP ne crée pas d'emplois, ne maintient pas les emplois, mais
fait en sorte que, dans le cadre de la restructuration, il y ait des pertes
d'emplois dans nos régions qui semblent énormes, peut-être
pas énormes pour la région de Montréal et la région
de Québec ou l'axe, mais dans nos régions, lorsqu'on perd 10
emplois, à Lourdes-de-Blanc-Sablon, lorsqu'on perd 25 emplois aux
Îles-de-la-Madeleine, ça fait mal, et ça fait mal en
maudit. Ça, je pense qu'on doit en être conscient.
Par rapport aux crédits de l'an dernier, le ministre avait
prévu, dans le cadre de l'achat de contingents, un montant de 100 000 $,
alors qu'il n'a dépensé que 30 000 $. Si le fer de lance de la
politique du gouvernement consiste à rationaliser l'industrie, comment
explique-t-il un tel écart entre les 100 000 $ et les 30 000 $, parce
que ça devient du périmé?
M. Vallières: Je m'excuse, j'ai oublié, j'ai
échappé la dernière partie de la question parce que je
trouvais important de répondre à la première partie. Je
trouvais dans vos commentaires sur l'action gouvernementale dans CAP... On me
faisait mention d'une entreprise en particulier, je pourrais en mentionner
plusieurs, dont La Tabatière, je pense, qui a été
aidée l'année dernière à l'aide d'une subvention
d'intérêts qui a permis le maintien de quelque 150 emplois en
usine et plusieurs emplois de pêcheurs, d'aides-pêcheurs, une
centaine. Des actions comme celle-là, on pourrait en faire une longue
énumération ici. Je pense que ce n'est pas l'objet de nos
délibérations. Mais il demeure que, si ce que le
député de Duplessis dit qu'il faudrait éviter... ou
conserver toutes les usines qui sont là présentement, il sait
comme moi que c'est mission impossible. Il y en a qui ont été
fermées et d'autres qui, par la force des choses, à cause du
manque...
M. Perron: Je vais vous en parler de ça tout à
l'heure.
M. Vallières: ...d'approvisionnement, devront
possiblement...
M. Perron: On paie des propriétaires pour fermer les
usines d'ailleurs...
M. Vallières: ...tenir compte de la situation actuelle.
Alors, on pourra en parler tantôt, effectivement. J'aimerais que vous
répétiez la dernière partie concernant une...
M. Perron: Oui, c'est que l'an passé, dans les
crédits qui ont été alloués en 1990-1991, dans le
cas de l'achat des contingents, le ministre avait prévu un montant de
100 000 $ et il en a dépensé 30 000 $. Il y a une
différence de 70 000 $. Est-ce que le ministre peut m'expliquer ce qui
s'est passé dans cette affaire-là?
M. Vallières: Alors, si vous me le permettez, M. Lemieux
qui m'accompagne, qui est sous-ministre adjoint, pourrait répondre plus
précisément à cette question. On va essayer, dans toute la
mesure du possible, de garder le moins de questions en suspens pour être
en mesure de vous les donner de façon très précise, avec
les gens qui nous accompagnent, ces données budgétaires qui sont
très précises.
Le Président (M. Richard): Alors, M. le sous-ministre
Lemieux, vous avez la parole.
M. Lemieux (Robert): Merci, M. le Président. Alors, dans
le cadre du CAP, effectivement, l'an passé, on prévoyait
dépenser 10 000 000 $ pour commencer. Globalement, on en a
dépensé près de 8 000 000 $, 7 900 000 $.
M. Perron: 7 844 000 $...
M. Lemieux (Robert): En fait, le chiffre exact est de 7 000 000
$. C'est que les chiffres que vous avez, M. le député,
étaient évidemment fournis avant la fin de l'année
financière; le chiffre exact est de 7 000 000 $. C'est très
près, là...
M. Perron: On ne vous tannera pas pour quelques piastres!
M. Lemieux (Robert): C'est ça, 7 911 000 $, alors
près de 8 000 000 $. Cet argent-là n'est pas
périmé, il demeure dans le programme CAP et se retrouve dans les
50 000 000 $, c'est-à-dire que, si on avait prévu dépenser
31 000 000 $ en transferts, on en a dépensé 8 000 000 $, il en
reste 24 000 000 $. Alors, il n'est pas perdu, cet argent-là.
M. Perron: Quant à l'achat de contingents, donc, cet
argent-là, c'était prévu, ça, dans le CAP, pour les
contingents?
M. Lemieux (Robert): Exact.
M. Perron: O.K. Donc, cet argent-là peut demeurer en place
pour...
M. Lemieux (Robert): Peut être réutilisé,
effectivement. Il y a plusieurs projets, finalement, qui ont été
concrétisés au début de l'année, cette
année. Quand le projet est concrétisé, on ne peut pas
dire, à ce moment-là, qu'on paie, qu'on débourse de
l'argent, c'est déboursé au cours des années suivantes.
Alors, il
y a plusieurs projets de rationalisation de bateaux qui ont
été concrétisés pour rentabiliser justement la
flotte de pêche. Évidemment, l'argent... les dépenses vont
venir dans les années à venir.
M. Perron: De quels contingents s'agit-il à ce
moment-là? De quelles espèces?
M. Lemieux (Robert): On retrouve ça actuellement avec la
morue...
M. Perron: La morue.
M. Lemieux (Robert):... strictement. Parmi les projets qui ont
été réalisés - il y en a 4 ou 5 - ça touche
17 pêcheurs. Sur une flotte d'une centaine - à peu près -
de bateaux au Québec qui sont dans la morue - je parle de bateaux
semi-hauturiers - il y a 17 pêcheurs qui ont été
affectés par cette rationalisation, en fait, qui ont rentabilisé
leurs opérations pour le futur.
M. Perron: O. K. Sur la Basse-Côte-Nord, pour l'aide aux
bateaux semi-hauturiers, il avait été prévu un montant de
1 000 000 $; il n'a été dépensé que 184 000 $. Le
ministre peut-il nous expliquer cet écart, qui est tout de même
assez prononcé, de plus de 800 000 $?
M. Vallières: Moi, je lis qu'il y avait des
prévisions originales de 1 000 000 $ et que les prévisions
modifiées étaient de 184 000 $, Aide aux bateaux semi-hauturiers.
Je m'informe de... C'est quand même un grand écart par rapport aux
prévisions originales.
M. Lemieux (Robert): O. K. Il s'agit évidemment de la
flotte de 39 bateaux qui avaient la possibilité de grossir leurs permis.
Les projets ne se sont pas concrétisés, en fait, pour 35 bateaux
qui... Actuellement, les pêcheurs étudient ce
problème-là et n'y trouvent pas de rentabilité. Comme
premier obstacle, évidemment, le poisson n'étant pas sur la
Côte-Nord. Deuxièmement, ils devaient se diversifier vers des
espèces sous-exploitées comme le maquereau ou le hareng. Ces
projets-là sont encore à l'étude, actuellement, avec les
pêcheurs. L'autre obstacle qu'on a, c'est que les bateaux ne doivent pas
dépasser 50 pieds sur la Basse-Côte-Nord. La flotte du
Québec qui aurait pu être disponible pour ce genre de
rationalisation là ou de transfert de la Côte-Nord, ça
aurait été des bateaux de 55 ou 65 pieds. Nous sommes encore en
discussion avec le fédéral pour faire accepter des bateaux de
plus grande taille que 50 pieds.
Par ailleurs, il y avait quatre crevettiers qui avaient la
possibilité de pêcher et qui vont pêcher cette année
sur la Basse-Côte-Nord. Alors, les permis de crevette qui avaient
été accordés à la Basse-Côte-Nord -
c'est-à-dire qu'il y en a sept au total - vont tous être
opérationnels en 1991.
M. Vallières: On parle de 39 permis?
M. Lemieux (Robert): II en resterait 35, à ce
moment-là, à opérationatiser et qui sont dans des
espèces comme la morue, le hareng, le maquereau, un peu de
pétoncles dans certains cas.
M. Perron: Est-ce qu'il y a du capelan qui est touché en
rapport avec ces...
M. Lemieux (Robert): Le capelan pourrait aussi être
touché. Les espèces qu'on appelle pélagiques - le capelan,
le maquereau, le hareng - seraient concernées par ça. La grande
difficulté, c'est qu'on n'a pas beaucoup de morues pour rentabiliser les
bateaux sur la Basse-Côte-Nord et les pêcheurs sont un peu
réticents à investir. Même si ce n'est que 5 % qu'il est
nécessaire d'investir dans leurs bateaux, ils sont un peu
réticents.
M. Perron: Dans un autre domaine dont le ministre aime bien
parler en rapport avec l'aquiculture, les prévisions initiales
étaient de 1 500 000 $ dans les crédits de 1990-1991 et, cette
année, on dépensera 404 000 $. Il y a une baisse de 1 100 000 $.
J'aimerais porter l'attention du ministre au poste recherche et
développement. On sait qu'un des problèmes de l'aquiculture est
le manque de recherche et de développement, ce qu'on appelle
communément R-D. Or, le ministre prévoyait dépenser 500
000 $ en recherche et développement via le programme CAP et pourtant,
aux dernières nouvelles, le ministre ne prévoit plus aucun
déboursé à ce poste pour cette année. Est-ce que le
ministre a l'intention de laisser tomber l'aquiculture ou quoi?
M. Vallières: Alors, ça s'explique par le fait
qu'il y a un projet majeur qu'on retrouve, celui, de Grande-Rivière, qui
devait être réalisé cette année et qui ne l'a pas
été - en parlant de 1990-1991 - mais qui va l'être au cours
de 1991-1992. Donc, les sommes prévues à cette fin-là
seront effectivement dépensées. Il s'agit d'un projet, mais il
est majeur: les aires d'aquiculture qu'on retrouve à
Grande-Rivière.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous ventiler la
répartition...
M. Vallières: Peut-être, j'ai quelques
détails là-dessus. Je ne sais pas si ça vous
intéresse de savoir qu'on est même à préparer des
plans et devis précis. On prévoit aller en appel d'offres avant
l'automne, pour début des travaux à l'automne et fin des travaux
quelque part en juillet ou au mois d'août 1992. Donc, on va chevaucher
encore deux années financières avec
ce projet.
M. Perron: Dans le cadre de la recherche et du
développement, les 500 000 $, est-ce que le ministre pourrait nous
ventiler ce montant d'argent, à savoir comment il a été
dépensé en 1990-1991?
M. Vallières: C'est le centre de Grande-Rivière qui
n'a pas été commencé; donc, il n'a effectivement pas
été dépensé. Je ne peux pas vous le ventiler.
M. Perron: Vous me dites que les 500 000 $ portaient seulement
sur le centre de Grande-Rivière?
M. Vallières: C'est un centre qui va coûter 4 000
000 $. Il y a 600 000 $ qui ont déjà été
dépensés en 1989-1990 et les autres dépenses sont pour les
années à venir, à compter de cette année, avec les
appels d'offres qu'on va lancer au cours des deux prochaines années.
M. Perron: Maintenant, par rapport à la commercialisation,
le ministre avait prévu dépenser 650 000 $ dans le programme CAP
pour la commercialisation, soit 200 000 $ pour la première
transformation, 450 000 $ pour la seconde et la troisième
transformation. Est-ce que le ministre pourrait nous ventiler les
dépenses qui ont été faites au cours de l'année
1990-1991 en rapport avec la commercialisation? (17 heures)
M. Vallières: L'activité majeure qu'on a tenue,
c'est au niveau de la commercialisation du homard: des dépenses de 100
000 $ ont été faites sous forme de promotion.
Dans le domaine de la crevette, on est actuellement en discussion avec
les gens du secteur privé afin d'en arriver à une
possibilité d'intervention et d'implication du gouvernement avec nos
partenaires. Il faut dire que là-dessus, même dans le secteur du
homard, on a eu des résultats assez probants, assez intéressants
et on veut continuer, par nos gestes, à impliquer le secteur
privé. On ne pense pas que le gouvernement doive nécessairement
aller seul dans ce genre d'activité. Nous croyons que, dans les
différentes productions, on doit s'associer à nos partenaires.
Alors, quand on arrive dans un secteur comme la moule où on avait
prévu, au cours de la présente année, dépenser je
pense quelque 50 000 $, je dois vous dire qu'il n'y a personne dans ce
secteur-là qui a les reins assez forts pour nous épauler, pour
venir nous aider. Il y a peut-être des secteurs comme ceux-là
où on devra pallier l'existence même de partenaires solides afin
de faire chemin avec nous, enfin, de faire route avec nous, dans ces campagnes
qu'on veut mettre de l'avant.
M. Perron: Alors, si je comprends bien, les 75 000 $ pour la
promotion dans le domaine de la crevette et les 50 000 $ dans le cadre de la
promotion des moules n'ont pas été dépensés. Mais
est-ce que le ministre a l'intention de revenir avec ça au cours de
l'année 1991-1992?
M. Vallières: Définitivement. C'est que ça
peut paraître un peu plus complexe, mais il faut que les gens du secteur
eux-mêmes acceptent de s'impliquer.
On est à négocier avec eux présentement et on veut,
comme dans le secteur du homard où on a une contribution du
privé, en arriver à convaincre les gens qu'ils doivent
être, finalement, les plus convaincus de cette possibilité d'aller
vendre sur le marché québécois et de s'associer à
nous. On pense que ce sont des opérations qui sont nettement rentables
pour les entreprises. Moi, je pense qu'on peut être optimiste au niveau
de la crevette, à tout le moins. On pourra au cours de la
présente année avoir des partenariats avec les principaux
intéressés.
M. Perron: Vous allez avoir de la misère à faire la
promotion de la crevette de la Côte-Nord, il ne reste plus d'usine.
M. Vallières: On m'indiquait aussi que ce qui nous
apparaît très important - et je pense que ce n'est pas
négligeable - c'est que, quand on fait des campagnes de promotion, par
exemple sur le homard, il faut être sûr qu'on ne fait pas la
promotion des produits qui viennent de l'extérieur du Québec.
Alors, ça prend des campagnes qui sont adaptées à notre
capacité de consommer du produit québécois. Ce n'est pas
une mince tâche, mais on pense qu'on peut y arriver. Si on y est
arrivé dans le cas du homard, on peut y arriver, je crois, avec d'autres
espèces.
M. Perron: M. le Président, en ce qui concerne la
commercialisation, il y avait un montant prévu dans les crédits
de 450 000 $ pour la deuxième et la troisième transformation.
Comment le ministre explique-t-il qu'il n'y a pas un sou qui a
été dépensé dans ce domaine-là?
M. Vallières: Deuxième et troisième
transformation et... Ça prend des projets qui sont bien
structurés, auxquels on aurait pu répondre. Il n'y a pas eu de
projet de nature à nous inciter à investir les sommes qu'on avait
prévues, qui étaient originellement de 450 000 $. À moins
que M. le sous-ministre n'ait des ajouts pour indiquer pourquoi cette enveloppe
a finalement été complètement inutilisée.
M. Perron: II n'y a eu aucune demande en 1990-1991?
M. Lemieux (Robert): C'est exact.
M. Perron: Mais est-ce que vous reconduisez ce
programme-là en 1991-1992?
M. Lemieux (Robert): On continue de travailler avec l'industrie
de deuxième et de troisième transformation. C'est que dans
l'industrie de deuxième et de troisième transformation à
Québec, il y a très peu d'industriels. L'industrie est
concentrée à Montréal actuellement, surtout l'entreprise
qui s'appelle Blue Water qui fait sa propre publicité. On n'a pas
à participer à sa commercialisation.
Alors, on cherche des entreprises du Québec qui sont dans les
produits transformés ou les produits à valeur ajoutée.
C'est avec eux qu'on veut faire la promotion de ces produits-là.
Actuellement, il y a des usines qui se préparent à lancer
des produits sur le marché, des usines en provenance des régions
maritimes et qui vont être prêtes à lancer des produits sur
le marché. À ce moment-là, on va supporter leurs efforts
de commercialisation.
M. Perron: M. le Président, ce qui ressort de tout
ça, c'est qu'à un moment donné on semble
"budgéter", budgétiser au gouvernement tout en sachant dès
le départ qu'il n'y aura pas d'investissements, donc ça devient
périmé à la fin de l'année. Puis je présume
que le président du Conseil du trésor, il doit être joyeux
comme un pape lorsque ça arrive, cette affaire-là.
M. Vallières: Dans le programme global de CAP - 50 000 000
$ dont on parle ici, sur cinq ans, comme le mentionnait tantôt le
député de Duplessis - on ne périme pas de sommes dans le
sens que les 50 000 000 $ sont là sur une base de cinq ans. Alors, si
des sommes sont inutilisées au cours, par exemple, de la dernière
année, elles sont reconduites au cours des autres années.
M. Perron: Oui, mais, M. le Président, là-dessus,
moi, oui, quand on connaît le président du Conseil du
trésor, on sait très bien qu'à un moment donné il
va aller mettre le grappin dessus. Le ministre, le président du Conseil
du trésor, à un moment donné, il va se rendre compte que
le programme CAP ne marche pas. Il va aller piger à l'intérieur
de la cagnotte, ça ne sera pas long non plus, et là vous allez
vous rendre compte que vos 50 000 000 $, il n'y en aura pas eu 50 000 000 $
dépensés, mais il va y en avoir eu peut-être 30 000 000 $
à 35 000 000 $. Puis là, il va être content parce qu'il va
dire: Les Pêcheries, on peut périmer n'importe quel temps.
M. Vallières: II faut dire que l'enveloppe comme telle...
Ce qui nous protège peut-être un peu du Conseil du trésor
dans ce cas-ci, c'est que l'enveloppe a été elle-même
adoptée et on a obtenu la bénédiction du Conseil du
trésor sur cette enveloppe-là. C'est même dans un discours
sur le budget, alors je pense que ça prend quand même de la force
qu'on ne retrouve pas...
M. Perron: On sait que ça change, le discours sur le
budget.
M. Vallières: Vous voulez dire que ça change d'une
année à l'autre? Je douterais fort que M. Levesque, cette
année, annonce des modifications au programme CAP dans les sommes qui y
étaient allouées.
Il faut dire aussi que ces programmes-là qu'on a mis en place au
cours de la première année de CAP, à l'usage du programme,
j'ai nettement l'impression qu'il y a des gens, que certaines de nos
clientèles n'étaient pas nécessairement prêtes
à se prévaloir des programmes existant dans le cadre de CAP.
C'est la raison pour laquelle aussi, même si les sommes demeurent, il y a
certains ajustements qui seront connus dans un avenir que je souhaite le plus
rapproché possible. Mais je pense que ça devrait être avant
la fin de la présente session, on devrait être en mesure
d'annoncer certaines modifications, et j'ai l'intention d'associer nos
principaux collègues, plus particulièrement ceux du secteur des
pêches, y inclus le député de Duplessis, à ces
modifications qu'on veut annoncer avant la fin de la présente session et
qui vont constituer des ajustements. J'espère que l'an prochain,
à la même date, on pourra se voir cette fois avec des
prévisions et que davantage de nos clientèles auront pu se
prévaloir de ces programmes que l'on veut les plus
généreux possible à leur endroit.
M. Perron: Combien il y a eu de crédits
périmés au ministère - Pêcheries - pour
l'année 1990-1991, sur le budget global?
M. Vallières: II y aurait eu quelque 3 253 000 $, de
périmés ce qui représente des périmés de
l'ordre de 10,2 %. Ça fait sourire le député de Duplessis,
mais c'est ça, le vrai chiffre, c'est le suivant: 3 253 000 $ de
périmés.
M. Perron: 10,2 % de périmés?
M. Vallières: Bien, si je le calcule là, c'est 3
253 000 $ sur un total de crédits autorisés de 31 969 000 $, ce
qui inclut, on me l'indique, les 2 000 000 $ du CAP qu'on va retrouver, qui ne
sont pas perdus.
M. Perron: Oui mais ça, là-dessus, j'ai certaines
craintes concernant le Conseil du trésor, hein!
M. Vallières: Vous me croyez, mais vous avez des
craintes!
M. Perron: Votre collègue, M. Johnson, va
s'en charger. Vous allez voir. Là, la manière dont c'est
parti avec le programme CAP, vous allez arriver la dernière
année, la cinquième année budgétaire, vous allez
avoir un joli montant d'argent à dépenser, de la manière
dont vous êtes partis là.
M. Vallières: Bien, comme je l'expliquais tantôt...
Je vais peut-être immédiatement inviter le député de
Duplessis, s'il avait à ce moment-ci, parce qu'il est encore temps pour
nous de... Avant qu'on lance les ajustements qu'on veut faire à CAP
là, s'il avait des suggestions nous permettant d'en arriver à un
meilleur niveau d'efficience, un meilleur niveau d'efficacité, on est
ouvert à ça. Comme je lui disais tantôt, j'espère
que l'an prochain nos clientèles, suite aux ajustements qu'on va faire,
vont être davantage préparées pour se prévaloir de
ça et que CAP pourra prendre un rythme de croisière où les
sommes qu'on prévoit dépenser dans les différents
éléments le seront davantage. pour revenir aux crédits qui
sont périmés, même si on parle de 10 %, j'ai indiqué
au député de duplessis que ce n'est quand même pas un
précédent, tous les ministères en ont. je regarde au fil
des années les crédits périmés et, pendant
certaines périodes, on a même atteint, on a même
dépassé les 25 % périmés alors que les budgets
étaient de beaucoup inférieurs à ce qu'on retrouve
présentement. plusieurs années, on a frôlé les 20 %
de périmés et, comme je vous l'indiquais, plus de 25 % dans
certains cas. alors, je pense que, toutes proportions gardées, compte
tenu également qu'on est à l'intérieur d'un programme qui
est tout à fait nouveau, certaines catégories de programmes qui
sont nouvelles pour nos clientèles, alors, je pense que c'est quand
même une performance qui est intéressante pour le
ministère.
M. Perron: M. le Président, pour revenir à la
flotte de la Basse-Côte-Nord pour laquelle on retrouve dans les
crédits un montant et des prévisions de 1 000 000 $, on en
dépense 184 000 $. Comment peut-on avoir prévu 1 000 000 $
à ce niveau-là, et ça semble avoir été
prévu pour une flotte qui n'existait même pas? Est-ce qu'avant
d'allouer ce 1 000 000 $ là vous avez regardé la flotte, de
quelle façon ça s'orientait? Encore là, on dirait que vous
avez prévu des montants pour pouvoir ensuite les périmer.
M. Vallières: On va essayer de vous démontrer que
ce n'était pas nos intentions.
M. Perron: Je comprends très bien que le ministre
délégué aux Pêcheries, c'est-à-dire celui qui
est là actuellement, n'a peut-être pas les mêmes intentions
que l'ancien ministre.
M. Vallières: Peut-être une précision sur
cap. on m'indique ici que d'engagés dans cap, au moment où on se
parle, après une première année d'opération, sous
forme de garanties, de transferts directs, on est à 12 800 000 $. alors,
quand on pense que c'est un programme de cinq ans, ça veut dire qu'on a
quand même engagé une forte proportion de ce budget même si
certains éléments des différents programmes qu'on retrouve
dans cap n'ont pas été utilisés. somme toute, si on
regarde l'ensemble de ce qui a été affecté comme argent,
la performance me paraît être intéressante. la question que
vous posiez... pour être sûr que le 1 000 000 $ qu'on mettait
là, ce n'était pas dans le but de le périmer, je vais
demander à m. lemieux d'élaborer un petit peu sur ce 1 000 000 $
qui, finalement, s'adressait à une flotte que vous me dites inexistante
à ce moment-là.
M. Perron: Elle était sur papier. En tout cas, le 1 000
000 $ était sur papier. On a l'impression que la flotte n'était
pas là à ce moment-là.
M. Lemieux (Robert): Non. En ce qui concerne la Côte-Nord,
ce qui avait été prévu, la Basse-Côte-Nord ou les 39
permis, parce que ça fait partie de cette rationallsation-là -
"rationalisation" ne veut pas dire nécessairement fermeture où on
"cancelle", etc. C'est évidemment une meilleure utilisation des
immobilisations. Alors, ce qui avait été prévu, c'est que
quelques bateaux pourraient être utilisés sur la
Basse-Côte-Nord et ça, ça voulait dire des ventes de
bateaux. On a prévu... On a mis en place un programme qui donne des
subventions de 35 % à un pêcheur de la Basse-Côte-Nord
exclusivement; ça s'adresse exclusivement à un pêcheur de
la Basse-Côte-Nord qui a droit à une subvention...
M. Perron: Entre Kégashka et Blanc-Sablon.
M. Lemieux (Robert): Exact. 35 % du coût du bateau pour
faire construire, pas pour faire construire mais, dans ce cas-là, pour
transférer ou acheter un bateau qui provenait d'une autre région
maritime du Québec. Les pêcheurs qui ont trouvé le
programme... Ils n'ont pas critiqué le programme excepté que la
rentabilité d'un bateau, actuellement, sur la Basse-Côte-Nord,
elle est très aléatoire et les pêcheurs n'ont pas voulu
prendre avantage du programme tant qu'ils ne sauraient pas un peu plus dans le
futur quel genre de capture ils peuvent envisager. Comme on le sait, sur la
Basse-Côte-Nord, il y a quelques années, on débarquait
quelque chose comme 7 000 000, 8 000 000 de livres de morue. On en est rendu
à peu près à 1 000 000 ou 2 000 000 de livres. Alors, les
pêcheurs sont prudents et ils ne veulent pas s'acheter de bateaux sans
penser s'ils ont des chances de les rentabiliser. Alors, la subvention, on
pensait, évidemment, qu'elle serait utilisée l'an passé,
qu'il y aurait quelques
bateaux qui pourraient être achetés par des pêcheurs.
ça, ça va vite. considérant qu'un bateau de 50 pieds,
ça peut coûter 500 000 $, 600 000 $, 700 000 $, ça va assez
vite quand même à 35 %.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Gaspé.
M. Beaudin: M. le Président, loin de moi l'idée de
prendre indûment du temps de questionnement du député de
Duplessis.
M. Perron: La démocratie l'exige, M. le Président.
(17 h 15)
M. Beaudin: Deux questions pour le ministre. Mais, auparavant, je
ne peux m'empêcher d'être assez surpris du ton et du contenu des
remarques préliminaires de mon collègue, particulièrement
à l'égard de la rationalisation et du programme CAP. Le
député de Duplessis a participé, soit par le biais de
commissions parlementaires ou par le biais de discussions avec l'ancien
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, à
des visites dans son comté en particulier et toutes ces
discussions-là, toutes ces études, ces consultations ont
amené le programme CAP, à la demande même de l'industrie,
des industriels et des pêcheurs et, dans plusieurs cas, des travailleurs
d'usine. Le député de Duplessis est également bien
placé pour savoir les difficultés qu'on a rencontrées au
cours de la saison 1990, la baisse importante des débarquements.
Évidemment, lorsque le programme CAP a été lancé,
je pense que le député de Duplessis a applaudi avec nous la
présentation de ce programme-là. C'était en mai 1990.
M. Perron: Avec restriction.
M. Beaudin: Oui, mais je pense que vous aviez fait des
déclarations, à ce moment-là, en tout cas, qui
étaient encourageantes pour nous parce que ça ralliait l'ensemble
des députés de la région maritime, y compris le
député de Duplessis, qui n'appartenait pas à notre
formation politique, mais qui avait participé avec nous à
différentes discussions.
M. Perron: À l'annonce.
M. Beaudin: À des discussions également, à
des colloques, en tout cas, un en particulier où j'étais
présent et où le député de Duplessis était
présent.
En ce qui concerne la rationalisation, je suis étonné un
peu du discours parce que vous laissez entendre, dans vos remarques
préliminaires, que la rationalisation est un exercice exclusif du
gouvernement, alors que la rationalisation est venue de l'industrie
elle-même. Le premier exercice est venu du secteur du salé-
séché qui a enclenché d'autres études auxquelles le
gouvernement a participé avec encouragement. Or, dans ce sens-là,
c'est deux remarques que je voulais faire, M. le Président, à mon
collègue de Duplessis: mon étonnement vis-à-vis du ton et
vis-à-vis du contenu également.
Mes questions au ministre. M. le ministre, vous savez que je viens d'un
comté où une bonne partie de la production, de la transformation
et de la commercialisation est dans le secteur du
salé-séché dont la commercialisation est faite par le
consortium du salé-séché, actuellement. Anciennement ou
encore dans les Maritimes, tout récemment, il y avait un autre office
qu'on appelait l'Office canadien du poisson salé et on a entendu dire
que l'Office canadien du poisson salé devait disparaître. Pour
moi, vous comprendrez que c'est un compétiteur sur le marché de
moins pour l'entreprise du salé-séché dans mon coin.
Est-ce que c'est fondé, première question? Ma deuxième,
une question de comté, particulièrement près de moi, c'est
que vous avez effleuré tout à l'heure la situation en ce qui
concerne le Centre de recherche de Grande-Rivière. Vous auriez
souhaité que le député de Duplessis vous pose d'autres
questions sur l'importance ou sur les échéanciers en ce qui
concerne la réalisation de ce projet-là. Moi, évidemment,
je suis peut-être plus directement intéressé que le
député du comté de Duplessis, alors je vous pose la
question.
M. Vallières: On pourrait peut-être y revenir
à la baie des Chaleurs. Pour rassurer le député de
Lévis pour ne pas qu'on se laisse tantôt sur une note
d'incertitude concernant le programme CAP, comté de Duplessis, on a
déjà des autorisations de fonctionnement pour 1991-1992 de
l'ordre de...
M. Perron: Je n'ai pas maigri au point où je devrais
m'appeler le député de Lévis!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallières: ...10 000 000 $. Alors, ça veut dire
que, pour l'année 1991-1992, c'est quelque 10 000 000 $ qu'on a
d'assurés à l'intérieur de ce programme-la. Il n'est pas
question de coupure là-dedans, on a l'argent pour fonctionner à
l'intérieur de nos programmes et j'annoncerai incessamment des
ajustements aux différents volets du programme CAP, suite à
diverses consultations qui ont été menées dans le
milieu.
Concernant l'Office de commercialisation du poisson salé, je dois
indiquer au député de Gaspé qu'à maintes reprises,
en fait, je me suis entretenu avec M. Valcourt afin de discuter de ce sujet.
Nous avons échangé différents points de vue, je dois dire,
sur l'existence même de cet office. Encore, au cours des derniers jours,
j'ai même écrit à trois reprises à mes homologues
fédéraux parce qu'il faut parler maintenant
d'homologues au pluriel, puisque M. Valcourt et M. Crosbie ont pu
être mis au courant de nos représentations. Compte tenu que l'OCPS
exerce ses activités en exclusivité, en particulier sur la
Basse-Côte-Nord, en vertu des ententes qu'on a signées, le
Québec et le Canada, j'ai cru important de manifester notre
désaccord avec toute action qui viserait à mettre fin aux
opérations au cours de la présente année. Je pense qu'il
allait de soi qu'on ne pouvait pas permettre pareilles opérations sans
que ça cause des préjudices importants à une foule de gens
et, plus particulièrement, sur la Basse-Côte-Nord. J'avais
l'occasion de m'entretenir récemment là-dessus avec M. Randy
Jones, qui est le président de l'Association, là-bas, et qui me
faisait part des mêmes inquiétudes.
La dernière lettre que j'ai fait parvenir à M. Crosbie,
qui est datée du 26 avril 1991, fait état de la position de notre
gouvernement - du ministère - face aux intentions du gouvernement
fédéral qui, mentionnons-le, est lié par une entente. Il
ne peut se retirer unilatéralement. Il doit donner un avis d'un an et
c'est marqué dans l'entente. Alors, j'ai eu l'occasion de le souligner
à quelques reprises et pour nous autres, c'était inacceptable. On
a assisté, au cours des dernières heures, à un revirement
de situation parce que... Je ne veux pas porter de jugement sur les intentions
qu'on se préparait à mettre de l'avant, mais je pense qu'il
fallait faire preuve de vigilance à ce niveau. Le nouveau ministre, M.
Crosbie, parle beaucoup d'égalité de traitement,
d'équité dans le secteur des pêches. Alors, voici un beau
dossier qui lui permet de l'être. Je pense que c'est un bon test pour
vérifier sa capacité de joindre l'acte à la parole. J'ai
demandé à M. Crosbie de confirmer à l'Office les points
suivants relativement à ses interventions sur la Basse-Côte-Nord,
en particulier: le principe d'une approche similaire ou du traitement sur un
pied d'égalité entre pêcheurs et industriels du territoire
couvert par l'OCPS - donc, autant les gens du Labrador, de Terre-Neuve, de la
Basse-Côte-Nord que les gens du Québec; une planification
adéquate au sein de l'OCPS pour assurer son mandat sur la
Basse-Côte-Nord qui doit être reflété dans le plan
coopératif 1991-1992 demandé à cette
société; des prix minimums payés aux pêcheurs et aux
industriels pour leur propre morue salée, établis sur une base
identique au Labrador et sur la Basse-Côte-Nord; la disponibilité
de contrats de commercialisation et du financement s'y rattachant pour la
production de morue salée faite par les industriels établis sur
la Basse-Côte-Nord et le maintien du bureau de l'OCPS sur la
Basse-Côte-Nord afin de desservir correctement le milieu pour tous les
aspects relevant du mandat de l'OCPS.
M. Perron: Dans la lettre dont le ministre fait mention...
D'ailleurs, je vais y revenir tout à l'heure, un peu plus tard, sur la
question de l'office canadien du poisson salé. est-ce que le ministre
pourrait m'envoyer, dans les prochains jours, une copie de la lettre qu'il a
fait parvenir à m. crosbie?
M. Vallières: Oui, volontiers. M. Perron: Ça
va.
M. Vallières: On peut peut-être vous la remettre
avant la fin de la séance. On doit en avoir des copies quelque part,
ici.
M. Perron: D'accord. M. le Président, en rapport avec...
Bien, je voudrais faire deux commentaires sur ce que dit le
député de Gaspé. Sur le programme CAP, j'avais
effectivement approuvé l'existence de ce programme parce qu'il fallait
faire quelque chose dans le domaine des pêches, dans l'ensemble de l'Est
du Québec en particulier, mais tout en y mettant une restriction par
rapport aux changements qu'il devait y avoir dans le milieu. La crainte... La
suggestion que je peux faire au ministre, c'est qu'avant d'apporter des
changements radicaux par rapport aux usines elles-mêmes, des mises
à pied dans différents secteurs d'activité, il faudrait
peut-être penser à autre chose que les pêcheries ou encore,
dans la deuxième ou la troisième transformation, mettre l'accent
là-dessus pour qu'avant qu'on ferme des usines, qu'on fasse des mises a
pied, on pense à une solution de rechange pour remplacer les emplois qui
sont perdus, au minimum.
Mais ce n'est pas ça qui se passe actuellement. Le plus bel
exemple qu'on peut prendre, c'est Alipêche Rivière-au-Tonnerre et
Alipêche Sept-lles. Ça fait presque 300 emplois de perdus,
ça, là, d'une claque, là. Ce sont des personnes qui ne
peuvent pas travailler. On a beau dire que l'aluminerie est en construction,
mais elles ne pourront pas aller y travailler parce que, dans la grande
majorité des cas, ce sont des femmes d'un certain âge qui
travaillaient dans ces usines-là et elles n'ont plus d'emploi,
aujourd'hui. À Rivière-au-Tonnerre, c'est 90 % d'aide sociale
maintenant. À Sept-lles, ce n'est pas le cas mais à
Rivière-au-Tonnerre, c'est 90 % d'aide sociale. Les gens tirent le
diable par la queue, il n'y a plus d'usine.
Le deuxième commentaire concerne l'Office canadien du poisson
salé. Moi, je pense qu'il est extrêmement important, pour le
moment en tout cas, qu'on maintienne en place, et sans changements radicaux,
l'Office canadien du poisson salé. Je sais que le ministre fait les
interventions nécessaires pour que ça se maintienne en place. Il
ne faut pas oublier, même si la Côte-Sud se trouve, en quelque
sorte, sur le marché international, en compétition avec l'Office
canadien du poisson salé - on parle de Gaspé Cured - que c'est
dangereux, en Basse-Côte. Il ne faut pas oublier qu'en
Basse-Côte-Nord, entre Kégashka et
Blanc-Sablon, il y a à peu près, en gros, 40 % à 50
% des gens qui bénéficient de ça dans différents
villages; 40 % à 50 % des emplois temporaires sont créés
à cause de l'existence de l'Office canadien du poisson salé.
Qu'on pense à Kégashka, qu'on pense à Harrington-Harbour,
qu'on pense à Aylmer Sound, qu'on pense à des villages où
il n'y a pas d'usine de transformation. C'est important qu'on n'aille pas d'une
claque, du revers de la main, tasser ça et dire: Bien, c'est parce qu'on
n'a plus d'argent, on veut fonctionner, on n'est pas d'accord, etc. Il faut
faire attention à la solution de rechange qui va être
apportée.
J'aurais une question à poser au ministre dans le cadre de la
pêche côtière. Les prévisions initiales au poste
pêche côtière étaient de l'ordre de 300 000 $ et ces
prévisions furent modifiées pour être portées
à 2 863 000 $. Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer comment il se
fait qu'il y a un tel écart entre les prévisions et la
réalité?
M. Vallières: Avant de répondre à votre
troisième intervention, parce que j'en ai d'autres auxquelles je veux
ajouter mon point de vue, je veux vous indiquer que là-dessus nos points
de vue se recoupent passablement, se rejoignent au niveau de la pertinence de
maintenir l'office de commercialisation. Je pense qu'on se rejoint tous
là-dessus. Maintenant, il faut reconnaître aussi qu'il y a des
déficits qui sont engendrés, qui sont importants, et les
discussions qu'on a eues à date avec nos homologues
fédéraux, c'est vraiment de s'assurer d'un traitement
équitable des régions sur la Basse-Côte-Nord, au Labrador
et à Terre-Neuve, et de reconnaître qu'un jour ou l'autre il va
falloir permettre une implication plus grande du secteur privé. On a
créé une relation de dépendance très importante. Je
pense qu'on peut y pallier et que toute modification des opérations ou
de la façon de faire de l'office devrait se faire sur une longue base de
transition. Je pense qu'on ne peut pas arriver et, en un an, dire: On fait
disparaître ça. Je veux dire qu'à partir du moment
où le fédéral décide - parce que c'est sa
décision - d'intervenir, je pense qu'il doit permettre au milieu, afin
de s'assurer que les opérations sont faites, de le faire sur une longue
période de temps. Je pense qu'on peut parler d'un minimum de cinq a six
ans pour que les gens puissent le faire de façon convenable.
Alors, les représentations qu'on a faites - je ne suis pas le
seul à en avoir fait, je sais qu'il y en a d'autres, entre autres les
gens du milieu en ont fait - connaissent des résultats. Je pense
qu'aujourd'hui M. Crosbie a annoncé qu'il maintenait les
opérations pour la présente année, mais je pense qu'on
devra ensemble - quand je dis ensemble, ce n'est pas rien que les
parlementaires, mais aussi le milieu - prendre des dispositions pour s'assurer
qu'on ne se ramassera pas en bout de piste avec un avis d'un an et qu'on ferme
la "shop". Ce qu'on veut, c'est peut-être négocier des choses qui
feront en sorte qu'il y aura une assez longue période de transition pour
permettre à l'entreprise privée, au milieu, de prendre la
relève de façon adéquate dans ce secteur.
Au niveau de la deuxième et de la troisième
transformation, le député de Duplessis a des propos qui
m'intéressent aussi parce que ça ressemble à ce que je
veux défendre et à ce que je défends, c'est-à-dire
que je n'ai nettement pas l'intention de privilégier la construction de
nouvelles industries dans le secteur de la deuxième et de la
troisième transformation, mais plutôt de se servir de
bâtiments existants de première transformation, et qui, à
cause des circonstances qu'on connaît, auraient dû fermer leurs
portes, pour susciter des investissements dans ce secteur-là. Il y en a.
On a relevé, je pense que c'est 17 ou 18 entreprises qui auraient des
locaux qui seraient... Certainement une dizaine au Québec, en
région maritime, qu'on pourrait possiblement recycler et penser à
d'autres secteurs d'activité. Évidemment, le secteur pêches
était la ressource naturelle existante dans ces milieux-là. Ce
milieu, c'est ce qu'on veut privilégier. Mais tout autre projet,
même s'il est d'autre nature... Nous sommes ouverts et j'annoncerai
prochainement les possibilités qu'on pourrait donner au milieu:
reconversion de ces entreprises à d'autres champs d'activité.
Pour en avoir discuté avec les gens du milieu, les gens de l'OPDQ, les
gens du MIC, de la SDI ou d'ailleurs, ce n'est pas facile d'identifier de
nouveaux créneaux dans ces municipalités où on a vu des
activités de transformation se retirer. (17 h 30)
Avec quoi peut-on travailler pour susciter la création d'emplois?
Moi, pour un, je pense qu'on devra bonifier suffisamment les programmes
gouvernementaux pour en faire des outils additionnels de promotion du milieu
pour attirer des investissements chez eux peu importe la nature de
l'entreprise. Mais si on veut permettre au milieu d'avoir des outils que
d'autres n'ont pas, à cause du contexte dans lequel ils sont, je pense
que nos outils de développement économique devront être
davantage modulés.
On me dit qu'ils le sont déjà dans le cas de l'OPDQ. Mais,
à mon avis, ils ne le sont pas encore suffisamment pour répondre
aux besoins des régions maritimes. Mais, là-dessus, on aura... Le
député de Duplessis, les gens qui sont autour de la table, le
député de Gaspé et les autres savent très bien que
ce n'est pas une mince tâche que de pouvoir appliquer un patron
d'intervention qui soit différent dans une région des autres
régions. Ça veut dire qu'on devra ensemble réussir
à démontrer - et, moi, je suis prêt à faire une
bataille là-dessus - qu'on doit fournir des outils additionnels à
ces régions pour
développer leur économie dans d'autres créneaux que
le secteur exclusif des pêches qui comporte ses limites. si on veut
garder les gens en gaspésie, sur la côte-nord et aux îles,
je pense qu'il n'y a pas d'autre alternative.
M. Perron: Pour la question que j'ai posée en rapport avec
la pêche côtière où il y avait des prévisions
de 300 000 $ et où on se ramasse avec 2 863 600 $... Par contre, on
parle plus loin d'un montant qui a été dépensé de 2
260 700 $ sur les 2 863 600 $. Donc, il y a une différence de 602 900 $.
Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer où iront ces montants de 602
900 $ par rapport à la pêche côtière? D'abord, c'est
quoi la différence entre les 300 000 $ et les 2 863 600 $?
M. Vallières: M. le sous-ministre adjoint va vous
expliquer la différence. On va également ajouter à
ça le nombre de personnes qui ont pu profiter des programmes avec les
sommes d'argent qui apparaissent ici aux crédits. Il y a eu modification
en cours de route et on va vous l'expliquer.
Le Président (M. Richard): M. Lemieux.
M. Lemieux (Robert): Suite à la saison de pêche de
1989, les estimés du ministère nous faisaient croire - et je
pense à raison - qu'il y a beaucoup de pêcheurs qui n'avaient pas
les moyens financiers d'acquérir les équipements
nécessaires pour redémarrer la pêche en 1990. Ils n'avaient
pas les sommes d'argent pour acheter certains agrès de pêche, pour
faire des réparations à leurs bateaux, etc.
Alors, on a décidé de mettre à la disposition des
pêcheurs un budget de 600 000 $ pour ça, dont 300 000 $
provenaient des budgets réguliers parce qu'on les avait dans les budgets
réguliers, et 300 000 $ en provenance du programme CAP pour leur
permettre de démarrer la pêche. C'était à la suite,
comme je le disais, de la saison de pêche 1989. Est arrivée la
saison de pêche 1990, où on s'est aperçu qu'elle
était très désastreuse pour tous les pêcheurs
côtiers du Québec qui sont dans le poisson de fond, qui
pèchent avec des engins fixes. Ils ne réussissaient pas à
prendre leurs captures. Alors, ils étaient dans de très grandes
difficultés financières et ils avaient décidé
d'arrêter d'aller pêcher tout simplement.
En plus, ça affectait les usines à ce moment-là et
ça affectait les travailleurs d'usine. Pour encourager ces
pêcheurs-là à retourner à la pêche et à
capturer ce qu'ils pouvaient capturer, au moins, faire un effort
supplémentaire pour capturer, on a décidé de leur donner
une aide supplémentaire pour payer leur pétrole, par exemple,
l'essence dont ils avaient besoin sur leurs bateaux, les dépenses
d'assurances, etc. Ça a augmenté le programme.
M. Perron: Les agrès de pêche.
M. Lemieux (Robert): Les agrès de pêche, etc. La
même chose s'est adressée aux pêcheurs de homard qui, eux,
se sont trouvés devant une situation où le homard payé aux
pêcheurs était autour d'un prix de 1,25 $ alors que deux ans
auparavant, c'était 3 $ la livre pour le pêcheur. Alors, à
1,25 $, les pêcheurs étaient pas mal décidés
à arrêter la pêche tout simplement. On les a maintenus
à la pêche parce que ça aidait le réseau d'usines du
Québec et parce que ça créait des emplois à
terre.
Il y a 1847 pêcheurs un peu partout au Québec qui ont
profité de ces trois volets du programme pour la pêche
côtière l'an passé.
M. Vallières: Ça a été tellement
populaire qu'il y a eu engorgement à un moment donné, tellement
on avait de demandes de gens pour se prévaloir de ce programme.
J'aimerais peut-être entendre le député de Duplessis sur ce
type de programme là, parce que, originalement, ce n'est pas ça
qu'on visait. On est intervenu à cause de la conjoncture qui
était très difficile.
Je vous disais tantôt que, dans mon esprit, le programme CAP doit
viser des objectifs à beaucoup plus long terme que ça. Bien,
là, on est comme "pogné" avec une situation qui fait en sorte que
si on veut garder notre monde à la pêche, il faut
littéralement intervenir à même les fonds qu'on avait
prévus dans le CAP à cet effet-là. La présente
année ne s'annonce guère plus reluisante que l'année
précédente. Alors, j'aimerais peut-être entendre le
député de Duplessis sur ces interventions qu'on a faites en
1990-1991. Je ne lui demande pas de nous vanter - ce n'est pas l'objet de
l'exercice - mais de nous dire honnêtement si ce programme a
répondu à un besoin. Si on se fie à l'affluence des
demandes et aux montants qu'on a affectés, ça a l'air que c'est
un programme qui est passablement populaire auprès des gens.
M. Perron: M. le Président, c'est rare, mais, là,
je me ramasse avec une question qui est posée par le ministre.
Normalement, c'est moi qui dois questionner le ministre. Mais en rapport avec
cette aide financière qui a été apportée aux
pêcheurs, j'admets d'emblée qu'effectivement, ça a
aidé énormément les pêcheurs à passer au
travers en 1990 à cause de la situation de 1989. J'admets aussi que la
souplesse qui a été apportée a permis de régler des
problèmes ponctuels face à certains pêcheurs. Il y a juste
une chose, là-dessus, que je voudrais porter à l'attention du
ministre. C'est qu'il arrive fréquemment, par exemple, dans le cas de
l'essence ou dans le cas d'achat d'équipement par des pêcheurs de
la Basse-Côte, je ne sais pas si c'est le même problème en
Gaspésie ou aux Îles-de-la-Madeleine, mais il reste qu'il y a
beaucoup de pêcheurs - et je pense que M. Lemieux va cor-
roborer ce que je vais dire là - qui portent ce qu'on appelle en
anglais des "nicknames", des surnoms et, lorsqu'on facture, les surnoms sont
marqués sur la facture. Au niveau de la division des pêcheries, on
refuse de payer parce que ce n'est pas le bon nom, il n'y a pas son bon
prénom, en fait. Alors, il faudrait guetter ça parce que ces
gens-là sont tellement habitués, ils se connaissent entre eux.
Ils sont tellement habitués que, des fois, il y a des factures qui
étaient retournées: Elle n'est pas conforme, elle n'est pas
conforme, elle n'est pas conforme. Alors, tu sais, il y a des gens qui peuvent
s'appeler Denis et, sur le terrain, on les appelle "Buck".
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Bellechasse, vous aviez une question.
Mme Bégin: Oui.
M. Vallières: Pour répondre à la question du
député de Duplessis, on avait déjà jasé de
cet élément-là et j'ai demandé aux gens en
région de le régler de façon définitive. Je pense
qu'il ne faut pas priver les gens et il faut tenir compte des coutumes qu'on a
dans le secteur des pêches. Ça, je pense que c'est malheureux que
des gens soient privés de remboursements ou de certaines aides
gouvernementales à cause de la mauvaise façon de les
identifier.
M. Perron: Avec le numéro du permis de pêche, on
peut retracer le pêcheur lui-même. Si le numéro est sur la
facture, on sait très bien que c'est la bonne personne qui est en bout
de ligne, là.
M. Vallières: Oui, on va faire le maximum, mais avec quand
même un minimum de prudence pour que l'argent soit bien utilisé,
là.
M. Perron: Oui, là-dessus...
M. Vallières: Mais j'ai même dit à certains
pêcheurs, dont M. Randy Jones de votre secteur que j'ai rencontré,
là-dessus...
M. Perron: Oui, Randy.
M. Vallières: ...quand je suis allé en
Gaspésie, à qui je disais: Bien, si vous n'avez pas plus
d'éléments que ça, faites-nous une formule
assermentée à l'effet que l'individu est allé à la
pêche effectivement. On va l'accepter et on va le rembourser. Alors, je
pense que c'est ce qui a été fait et ça a
réglé un paquet de factures qui n'avaient pas été
considérées auparavant.
Le Président (M. Richard): Mme la députée de
Bellechasse.
Mme Bégin: M. le Président, M. le ministre, moi, je
me réfère aux documents que vous avez présentés
suite à des demandes de renseignements de l'Opposition officielle.
À la lecture de ce document-là, vous avez fourni la liste des
établissements - usines et ateliers - qui ne possèdent pas de
permis et qui ont opéré en 1990-1991. Moi, ma question est la
suivante: Est-ce qu'il y a des efforts au niveau gouvernemental pour aider ces
entreprises-là à se conformer aux nouveaux critères de
votre ministère pour pouvoir ultérieurement obtenir leur
permis?
M. Vallières: Oui, plusieurs efforts ont été
faits, d'autant plus que le nombre d'usines qui opèrent actuellement
sans permis est révélateur des efforts qui ont porté fruit
à ce jour. J'aimerais qu'on puisse vous fournir quelques données
là-dessus, sur le nombre d'usines qu'on retrouvait auparavant, qui
opéraient sans permis, celles qui opèrent présentement
sans permis et pourquoi elles opèrent sans permis. On est en mesure de
vous répondre là-dessus. M. Lemieux.
M. Lemieux (Robert): En 1986-1987, on avait quelque chose comme
73 usines qui opéraient sans permis au Québec. Cette
année, en 1991, le nombre d'usines qui vont opérer sans permis
devrait être très minimal, pas plus, je pense, que 3 ou 4 usines.
Alors, pour nous, le problème est à toutes fins pratiques
réglé. Ce qui se produit, c'est qu'au cours d'une année il
y a des entreprises qui n'ont pas de permis d'usine de transformation de
poisson, qui sont des nouvelles entreprises qui décident de se lancer
dans la distribution en gros, que ce soit un atelier, par exemple, dans une
région urbaine, des gens qui faisaient du détail ou des choses
comme ça, qui décident de se lancer dans la distribution en gros
et qui, là, doivent obtenir au minimum un permis d'atelier et qui ne
demandent pas le permis. Éventuellement, on s'aperçoit qu'il y a
un problème à cet endroit-là. Souvent, ce sont des
nouveaux venus dans l'industrie, tout simplement, qui se lancent dans de
nouveaux types d'opération et qui n'ont pas demandé les
permis.
M. Vallières: II y a poursuite dans certains cas,
définitivement, de gens qui ne se conforment pas ou qui
récidivent, parce qu'il y a des gens qui sont des spécialistes de
la récidive dans ce secteur-là. Alors, j'ai bien indiqué
au ministère, chez nous, que, comme ministre, je n'avais pas l'intention
de tolérer de pareils intervenants dans le milieu et qu'on allait agir
avec rigidité afin d'éliminer ce genre de pratique qu'on ne peut
pas cautionner.
Mme Bégin: Les contrevenants qui sont mentionnés
également à la page 2 de la liste d'établissements, c'est
pour autre chose qu'ils ont contrevenu à la loi pour... À la page
2, vous mentionnez qu'il y a environ 15 contrevenants. Donc, c'est
différent du permis. Ce sont des
personnes différentes qui ont contrevenu à la loi,
à quel niveau?
M. Vallières: C'est des gens qui n'ont pas de permis, ni
d'usine, ni d'atelier. C'est peut-être des gens qui traitent une
espèce, par exemple, dans leur sous-sol ou autre. Donc, c'est des gens
qui ne sont pas nécessairement faciles à repérer non plus,
mais une fois qu'ils le sont,...
M. Perron: Des chevaliers pêcheurs.
M. Vallières: Exact, des chevaliers pêcheurs. Alors,
on a des exemples de gens qui opèrent dans leur sous-sol dans des
conditions qui sont...
Mme Bégin: Insalubres.
M. Vallières: Je ne dirais pas insalubres, mais qui sont
peut-être discutables.
M. Perron: Qui ne sont pas conformes à la loi sur la
qualité.
M. Vallières: Exact. Enfin, il y a des projets qui
mûrissent un peu partout. Évidemment, comme je vous l'indiquais,
les usines, les ateliers, il y a des efforts considérables qui ont
été faits pour que les gens se conforment, mais on trouve
ça au niveau des produits en eau salée. Il y a aussi les produits
en eau douce qui constituent une part des problèmes et où on
retrouve - je pense en particulier au lac Saint-Pierre où il y a toute
une série de pêcheurs actuellement qui transforment le poisson
dans des usines dont la conformité pourrait peut-être,
éventuellement, être mise en doute et où des projets sont
à être mûris présentement afin de pallier à
cette situation où de l'aide gouvernementale va être requise afin
de régler sur une base permanente ce type de problème. Mais il
faut dire que, là-dessus - je pense que ceux qui sont dans le secteur
des pêches ont largement témoigné depuis que je suis
là - il y a eu une nette amélioration par rapport à ce
qu'on connaissait il y a de nombreuses années.
Au fil des ans, les gens sont conscients que, compte tenu de la
qualité des produits, c'est important qu'ils se conforment aux normes
environnementales et à toutes les normes de salubrité à
l'intérieur des établissements. J'expliquais à un
contrevenant récemment jusqu'à quel point ça peut
être important. Ça prend juste une personne, un individu qui met
sur le marché un produit insalubre pour détruire toute une ligne,
toute une production, un produit au complet, maigre les efforts
considérables qui sont faits par d'autres pour garder une bonne
réputation à ce secteur-là des pêches. Je pense que
ça exige de nous d'être très vigilants à ce
niveau-là et on va continuer de l'être.
Mme Bégin: Merci.
M. Perron: M. le Président, avant de passer à autre
chose au niveau des crédits 1991-1992 qui sont alloués au
ministère, je voudrais dire au ministre ceci: Je trouve qu'en ce qui a
trait aux activités gouvernementales et aux prévisions qui ont
été faites en 1990-1991 par rapport à ces
prévisions budgétaires, les montants déboursés,
toujours dans le cadre du programme CAP... Puis, il y a eu des moyens
chambardements lorqu'on regarde les réponses qui m'ont été
données à la question 8 que l'Opposition avait posée. Il y
a des montants qui sont périmés, il y en a d'autres qui sont
complètement chambardés à la hausse, d'autres à la
baisse, pour toutes sortes de raisons. Alors, j'espère que dans le cadre
des crédits 1991-1992 on n'aura pas à étudier la
même chose, la même façon de procéder lorsqu'on
étudiera les crédits pour l'année qui s'en vient et pour
l'autre année. À ce moment-là, on va avoir encore beaucoup
de questions à poser quant au chambardement qui a été
amené en cours de route.
M. le Président, si on passe maintenant aux crédits...
M. Vallières: Peut-être juste un commentaire
là-dessus pour clôturer les commentaires...
M. Perron: Oui, pas de problème.
M. Vallières: ...du député de Duplessis. Je
comprends l'objectif qu'il veut poursuivre, je le partage. Maintenant, je lui
ai indiqué aussi qu'à partir du moment où il y a des
modifications qui vont être apportées à certains
éléments du programme CAP, j'ai demandé quand même
aux gens du ministère, chez nous, de garder une certaine souplesse, une
certaine flexibilité à l'intérieur des programmes qui nous
permettent de nous ajuster au contexte et à la conjoncture qui varie
très rapidement dans le secteur des pêches. Le
député de Duplessis devra reconnaître qu'il faut se garder
une certaine marge d'intervention quasi imprévue parce qu'on ne peut pas
prévoir l'imprévu. (17 h 45)
Par conséquent, quand on connaît la souplesse de nos
programmes et les exigences du Trésor, vous comprendrez qu'on veuille se
garder, nous-mêmes à l'intérieur de nos programmes, un
minimum de souplesse afin de pouvoir intervenir auprès de nos
clientèles. C'est l'objectif qu'on poursuit et c'est ce genre de
souplesse qui nous a permis d'aider les pêcheurs côtiers au cours
de la dernière année. Alors, il ne faudrait pas qu'on nous en
tienne rigueur. Je comprends, par ailleurs, le député de
Duplessis, parce qu'il y a des éléments qu'on avait
"prévisionnés" et pour lesquels on ne retrouve aucune
dépense. Alors, peu importent les raisons qui sont invoquées, que
ce soit parce que la clientèle n'était peut-être pas
prête à recevoir nos programmes ou encore
des modifications qu'on ne pouvait pas prévoir, moi, je peux vous
indiquer que, dans toute la mesure du possible, l'an prochain, on va travailler
avec des réalisations qui vont ressembler plus aux prévisions
qu'on avait originalement faites à l'intérieur des 10 000 000 $,
comme on vous le disait tantôt, qui ont déjà
été approuvés par le Conseil du trésor.
Développement des pêches et de
l'aquiculture
M. Perron: M. le Président, quant à la souplesse,
je veux bien accepter la réponse du ministre, mais j'aimerais mieux
qu'il soit plus souple dans la présentation de ses crédits. Comme
ça, on saurait vraiment où on s'en va. Là, c'est tout
chambardé en cours de route, puis on arrive à l'étude des
crédits passés et des crédits à venir, puis on se
pose des questions sur ce qu'il va arriver aux crédits à venir.
Concernant les crédits totaux, puisqu'on parle de crédits, les
crédits totaux du programme 10 baissent, cette année, de 8,9 %
par rapport à l'an dernier. On voit qu'en 1990-1991 ils étaient
de 31 969 400 $ et ça passe à 29 128 500, soit une variation
à la baisse de 2 840 900 $. Cette baisse arrive à un moment
où on s'interroge sur l'avenir de l'industrie de la pêche. Si on
décompose les crédits totaux du programme 10 selon les types de
dépenses, on remarque que les crédits destinés au capital
baissent de 12 %. L'an passé, ce même élément avait
déjà baissé de 11 %. De plus, est-il nécessaire de
rappeler que les effectifs du ministère - Pêcheries - ont
diminué de 15 personnes en 1990-1991, et que, cette année, aucun
personnel supplémentaire n'est prévu.
La première question au ministre: Comment le ministre
explique-t-il cette baisse de crédits, alors que les pêcheurs ont
connu, l'année dernière, leur pire saison et que la saison 1991
devrait être aussi dramatique sinon pire que celle de 1990?
M. Vallières: O.K. Alors, à l'élément
2 des crédits, on remarque une diminution des crédits de 3 121
500 $. D'abord, il y a eu le transfert de six effectifs à
l'élément 1, ce qui représente 160 000 $; l'indexation de
la masse salariale qui, elle, nous coûte 115 000 $; il y a
également des crédits non récurrents, et ça, c'est
important, c'est 1 643 000 $. Ce sont des infrastructures industrielles de
pêche, comme des centres de services, qui ne sont pas récurrents,
auxquels on a donné suite, mais qui ne reviennent pas au cours de la
présente année financière. Il y a également les
économies reliées à la TPS.
M. Perron: La TPS fait économiser du monde?
M. Vallières: Oui, croyez-le ou non.
M. Perron: C'est rare, ça.
M. Vallières: Les ministères, de l'argent. Je peux
peut-être demander à M. Abgral, tantôt, de donner une
explication...
M. Perron: Surtout lorsque la TVQ s'ajoute par-dessus.
M. Vallières: Je pense que tous les ministères ont
dû s'expliquer parce que le Conseil du trésor nous a
demandé certaines ponctions au sujet des économies qu'on a faites
à cause de la TPS. Je vais demander à M. Abgral de vous
l'expliquer, tantôt. Ça représente 407 000 $ dans ce
cas-ci. Il y a le Centre de recherche aquicole de Grande-Rivière qui,
lui, a requis des dépenses de 1 600 000 $. Tantôt, peut-être
qu'on pourra revenir à la question du député de
Gaspé là-dessus.
Il y a également, au niveau des transferts, une diminution des
crédits de transfert pour assurer le financement partiel
d'immobilisations de 1 096 000 $ et des crédits non récurrents
pour la transformation et la commercialisation des produits bio-aquatiques de 1
254 000 $. Ça, c'est surtout des budgets visant à moderniser des
usines. Donc, la modernisation ayant été faite dans certaines de
ces entreprises-là, ça ne revient pas au cours de la
présente année. Il y a également le financement de la
flotte de pêche, 292 000 $. Alors, si on fait le total, on assiste
à une diminution des crédits de 3 121 000 $ qui s'explique en
très grande partie par des dépenses, par des crédits non
récurrents - que l'on ne retrouve pas - et par des transferts de
personnel d'un élément à l'autre.
M. Abgral, j'aimerais, pour le bénéfice de la commission,
qu'on explique comment il se fait qu'on réussit à faire des
économies avec la TPS.
M. Perron: La TVQ aussi.
M. Vallières: On va commencer par la première.
Le Président (M. Richard): Essayez de nous convaincre, M.
Abgral.
M. Abgral (André): Ça me fait plaisir. Donc, avant
l'application de la taxe sur les produits et services, le 1er janvier 1991, il
y avait une taxe, qu'on appelait la taxe de vente à la fabrication, qui
était incluse dans le prix.
M. Perron: Par le fédéral.
M. Abgral: Par le fédéral. Prenons un exemple. Un
équipement, une machine de bureau qui valait 350 $, il y avait 13,5 %
qui étaient inclus dans les 350 $, qui correspondaient à la taxe
de vente à la fabrication. Cette taxe-là a été
remplacée par ce qu'on a communément
appelé la TPS au montant de 7 %. Étant donné
qu'autrefois, lorsqu'elle était incluse dans le prix, le gouvernement du
Québec devait payer cette taxe et que, désormais, le gouvernement
du Québec est exempté de l'application de la TPS, c'est aussi
simple que ça, c'est que les 13,5 %, on n'a plus à les payer
parce que le gouvernement du Québec est exclu du paiement de la TPS sur
tous ses produits, ses achats de biens et de services.
M. Perron: Dans ce cas-là, c'est que la TVQ
québécoise de 8 % ne peut pas s'appliquer parce que c'est 0.
M. Abgral: Exceptionnellement, la taxe de vente du Québec
qui même autrefois était de 9 % sur les produits a
été quand même diminuée à 8 %. Il y a encore
une économie de 1 % qui se fait là-dessus, mais elle n'a pas
été compressée en conséquence.
M. Perron: C'est environ combien, la récupération
sur la TPS?
M. Abgral: Globalement? M. Perron: Globalement.
M. Abgral: Pour l'ensemble du gouvernement?
M. Perron: Non, pour la division des Pêcheries.
M. Abgral: Seulement pour les pêches, au total, c'est 482
600 $ parce que tous les contrats de construction, même les parties
contrats d'entretien, réparations... Ensuite de ça, au niveau de
tous les achats d'équipement, de fournitures, etc. Si on prend les
catégories 7, 8... Par exemple, la catégorie 7, à
l'élément 2, on avait 216 000 $. Donc, il y a 70 000 $ qui sont
là-dedans. On ne peut pas les considérer parce que c'était
70 000 $ au niveau des dépenses d'électricité et,
autrefois, il n'y en avait pas. Donc, si on considère tout ça, il
y a un total, au niveau de l'élément 2, de 407 100 $.
M. Vallières: D'économies reliées à
la TPS.
M. Abgral: D'économies reliées à la TPS.
Effectivement.
M. Perron: Tout à l'heure, j'ai parlé des
dépenses de capital à l'effet que les dépenses avaient
été réduites, qu'il y avait eu une baisse de plus de 12 %.
Est-ce que le ministre pourrait élaborer davantage sur cette question de
la réduction des dépenses de capital?
M. Vallières: C'est des infrastructures qu'on construit
pour les pêcheurs. Je pense que le comté de Duplessis a
été largement visé par ça. Qu'on pense, par
exemple, au centre de services de Sept-îles ou encore à La
Tabatière ou encore à certaines... Toutes les usines, en fait, de
la Basse-Côte-Nord qui ont pu être construites, modernisées,
c'est des choses qui ont été faites et qui ne reviennent donc pas
à l'intérieur de nos crédits.
M. Perron: Parce que c'est déjà payé.
M. Vallières: C'est déjà payé, c'est
non récurrent.
M. Perron: Mais, là, le ministre a fait allusion au
centre...
M. Vallières: C'était dans l'entente auxiliaire,
vous vous souviendrez. Je prenais connaissance récemment de l'entente
auxiliaire, et la Basse-Côte-Nord en a, je pense, largement
profité. Je pense que c'était nécessaire aussi, mais les
sommes qui ont été investies sont considérables et je
pense que ça prépare bien la région aux défis qui
l'attendent au niveau de la ressource. Je ne sais pas si le
député de Duplessis peut corroborer, mais on m'indique que dans
l'entente auxiliaire, qui comportait quelque 35 000 000 $, il y aurait
près de 20 000 000 $ qui ont été dépensés
dans le comté de Duplessis.
M. Perron: Je n'ai rien contre ça, M. le Président,
dans la mesure où on maintient les usines de transformation, pas faire
comme on a fait avec Alipêche Rivière-au-Tonnerre et
Alipêche Sept-îles parce qu'à ce moment-là les
infrastructures vont donner quoi?
M. Vallières: Dans le cas qui nous concerne, les 20 000
000 $ ou à peu près qui ont été investis,
j'imagine, ont été bien investis à l'intérieur des
différentes modernisations, constructions sur la Basse-Côte-Nord.
C'est peut-être dû à la qualité de vos interventions
aussi. Ce n'est peut-être pas étranger à ça. Mais on
se rend compte que c'est un secteur qui en avaii largement besoin. Je veux dire
que si on en utilise autant, c'est que le milieu en avait besoin. Ce n'est pas
un reproche au député de Duplessis.
M. Perron: Bien, j'espère.
M. Vallières: Bien heureux! Bien heureu> qu'on puisse,
comme ça, servir adéquatement uns région maritime qui en a
bien besoin.
M. Perron: c'est ça, justement. je suis bier heureux,
disons, que des dépenses aient été faites dans
différents domaines d'activité. i reste quand même que
lorsque vous aure; l'occasion, m. le ministre, d'aller sur la basse
côte-nord du golfe saint-laurent, vous aile; vous rendre compte
qu'à l'est de havre-saint
Pierre, il y a un bout de chemin encore à faire. Je ne parle pas
de route, là. Je parle au niveau des pêches et au niveau de la
restructuration. Qu'on regarde le dossier de Kégashka avec la question
du poisson salé versus le poisson frais, c'est qu'il y a tout un
monde.
Une autre question que je voudrais poser. Dans le cadre du poste
fonctionnement - personnel, il y a une hausse de 6,4 %, alors que les effectifs
demeurent les mêmes. Tout le monde sait qu'actuellement il y a un gel des
salaires dans la fonction publique. Comment le ministre explique-t-il cette
hausse de 6,4% lorsqu'il y a un gel et qu'il n'y a pas d'augmentation
d'effectifs? Est-ce que ce sont des périmés éventuels
qu'il prévoit ou quoi? Est-ce qu'il va nous annoncer ça à
la fin de l'année prochaine?
M. Vallières: Le gel est effectif en 1992-1993. Donc, il
ne sera pas effectif pendant la période concernée. C'est ce qui
fait qu'il y a quand même une augmentation. C'est normal, ce qu'on
retrouve aux crédits actuellement, l'augmentation qui est là par
rapport aux crédits qu'on y retrouve. Pour les périodes de temps
qui sont visées par le gel, le dégel ou le non-gel, je vais
peut-être laisser M. Abgral vous indiquer dans la
périodicité ce que ça représente parce que je
trouve que c'est un point important qu'on puisse clarifier en quoi les
crédits qui sont là doivent correspondre également au
nombre de personnes qu'on retrouve.
M. Abgral: Effectivement, les augmentations salariales aux postes
de rémunération régulière ou occasionnelle sont
attribuables spécifiquement aux indexations des conventions collectives
qui sont déjà signées et il n'a jamais été
question du tout de revenir sur les conventions collectives qui sont
signées. Les conventions collectives sont signées jusqu'au mois
de décembre, à ce que je me rappelle, et même pour les
fonctionnaires, ça va être signé dans les prochains jours.
Donc, c'est prévu depuis le mois de décembre de l'année
antérieure au niveau des ajustements salariaux. C'est pour ça que
ça déborde quelque peu les 5,4 % habituels. Mais il y a toujours
des augmentations prévues au niveau des avancements d'échelons,
au niveau des promotions, etc. Mais c'est spécifique à ça.
Par contre, lorsqu'on parle de gel de traitement, c'est-à-dire que
ça va venir seulement à partir de la prochaine convention
collective qui va débuter le 1er janvier 1992 et qui va avoir une
répercussion principale sur 1992-1993 et non pas...
M. Perron: ...mois.
M. Vallières: ii serait intéressant aussi de
mentionner, au niveau du personnel global qu'on retrouve au ministère,
m. abgral, les variations de personnel qu'on a connues en 1991-1992 versus
l'année 1990-1991.
M. Abgral: Au niveau de l'effectif régulier, on peut dire
qu'à l'élément 1, au niveau de la planification, de la
recherche et de l'administration, il y a une augmentation de 7 postes
réguliers. Au niveau de l'effectif occasionnel, il y a une diminution de
1, ce qui donne un résultat net d'augmentation de 6. Par rapport
à l'élément 2, Contribution à la pêche,
l'aquiculture et la transformation, il y a une diminution de 6 postes. Mais
comme le disait tout à l'heure M. Vallières, c'est un transfert
d'effectifs au bénéfice de l'élément 1. Donc au
net, au niveau du secteur des pêches, il n'y a aucune diminution
d'effectifs, totale ou autorisée, peu importe.
M. Perron: Est-ce que le ministre a la ventilation des
crédits périmés pour l'année 1990-1991
actuellement? Première question. Deuxième question. Est-ce qu'il
y a des crédits qui ont été périmés par
rapport au personnel, que ce soit au niveau des traitements ou, encore, au
niveau d'autres rémunérations que l'on rencontre dans le
programme 10, éléments 1 et 2, aux deux endroits. On remarque que
les montants en 1990-1991 sont sensiblement les mêmes qu'en
1991-1992.
M. Vallières: En termes de périmés sur le
personnel, on retrouve quelque 19 600 $.
M. Perron: 19 000 $?
M. Vallières: Oui, 19 600 $.
M. Perron: Est-ce que c'est au niveau des traitements ou si c'est
au niveau des autres rémunérations? (18 heures)
M. Vallières: C'est les deux.
M. Perron: Les deux. Une autre question.
M. Vallières: C'est que vous me demandiez plus que
ça. Vous me demandiez la ventilation des quelque 3 000 000 $...
M. Perron: De périmés.
M. Vallières: ...de périmés. On devrait
être capable de vous donner ça.
M. Perron: Est-ce qu'on pourrait me la fournir dans les prochains
jours?
M. Vallières: Oui, je pense qu'on devrait être
capable de vous la donner tout de suite. Peut-être qu'on l'aurait tout de
suite, on l'a en main.
M. Perron: D'accord.
M. Vallières: Oui, M. Abgral pourrait vous faire part des
principaux éléments et peut-être
qu'on pourrait l'envoyer par écrit, par la suite, au
député de Duplessis.
M. Perron: D'accord. Maintenant, une autre... Non, je pourrais
l'avoir par écrit, peut-être, si vous avez les documents avec
vous.
M. Vallières: O.K. Il y en a qui visent,
évidemment, le fonctionnement, d'autres items qui, peut-être,
auraient pu attirer votre attention, mais on pourra vous la faire parvenir.
C'est surtout au niveau des transferts qu'il y a des périmés.
Alors, on pourra vous la faire parvenir ultérieurement et rapidement,
parce qu'on l'a en main présentement.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous dire ce qu'il
entend, dans la ventilation des crédits, par autres
rémunérations? Est-ce que ce sont des contractuels ou si ce sont
des contrats qui sont donnés à l'extérieur?
M. Vallières: Ce ne sont pas des contractuels ni des
permanents, ce sont des occasionnels dans la définition qu'on donne.
M. Perron: Qui travaillent au ministère dans
différentes régions du Québec et à
Québec.
M. Vallières: Qui font du remplacement. Ça peut
être en région ou à Québec. On m'indique que - oui,
c'est important de le mentionner - ça peut être des
étudiants en période estivale également.
M. Perron: Est-ce que c'était pour combler les 15 postes
qui ont été coupés par le président du Conseil du
trésor?
M. Vallières: Non, je ne pense pas. M. Perron:
Non?
M. Vallières: II y a des postes qui ont été
gelés, mais il n'y a pas de coupure de postes.
M. Perron: Bien, il y en a eu 15 à un moment donné
l'an dernier. En 1989-1990, il y a eu 15 postes de coupés.
M. Vallières: En 1989-1990, mais, là, on travaille
1990-1991 et 1991-1992.
M. Perron: c'est ça. en 1989-1990, on a coupé des
postes pour 1990-1991 et il n'y a pas de poste ajouté ni de poste de
coupé en 1991-1992.
M. Vallières: C'est exact.
M. Perron: O.K. Oups! On a changé de président. On
a changé de président, là, ça va être
dangereux.
Le Président (M. Houde): On vous la donne gentiment.
M. Perron: Dans les questions de l'Opposition, dans les demandes
de renseignements de l'Opposition officielle, à la première
question qui avait été posée, j'avais demandé la
ventPation des paiements de transfert pour la mise aux normes des usines de
transformation des produits de la pêche maritime dans le cadre du
Programme de rationalisation du secteur de la transformation des produits de la
pêche. Le total des subventions, en 1990-1991, a été de 1
550 000 $. Je considère en passant, M. le Président, que ce n'est
pas une ventilation très forte lorsqu'on nous lance un montant comme
celui-là. Par contre, on avait demandé la ventilation. Est-ce
qu'on pourrait déposer la ventilation ici en commission
parlementaire?
M. Vallières: Oui. En fait, le chiffre qu'on lisait, 1 550
000 $, doit plutôt être 1 616 021 $.
M. Perron: Ah! Ça a grimpé.
M. Vallières: ça a grimpé, mais c'est les
chiffres officiels qu'on a au moment où on se parle. quand on
répond à vos questions, l'année financière n'est
pas terminée. là, les chiffres que je vous donne sont ceux en
date du 15 avril 1991. alors, je peux vous donner, si le député
de duplessis y tient, la ventilation. il y a, entre autres, aliments fidas pour
la normalisation, 15 167 $; crustacés des îles, 9091 $;
association des pêcheurs de bonne-espérance, 812 131 $; le
comité régional transport des îles-de-la-madeleine, 4800 $
sous forme d'étude; l'entreprise h. aïda inc, 107 850 $ pour une
construction; le groupe frais et congelé, 62 250 $ sous forme
d'étude; primonor, 143 132 $ pour de la normalisation et de la
normalisation également pour saline middle bay. en dernier lieu, saline
middle bay, 450 500 $ et 150147 canada inc, c'est gaspé cured en fait,
124 588 $ sous forme d'étude, ce qui totalise 1 616 021 $.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait me faire parvenir
cette ventilation, M. le Président?
M. Vallières: Oui, en même temps que la lettre
à M. Crosbie dont je vous parlais tantôt.
M. Perron: D'accord. Dans le cadre des questions que j'avais
posées se rapportant à la liste d'établissements ayant
opéré sans permis en 1990-1991, en date du 25 mars 1991, à
la page 2 de la réponse du ministre, on parle de contrevenants, ce qui a
été mentionné tout à
l'heure, d'ailleurs, par la députée de Bellechasse. Est-ce
que le ministre pourrait nous dire quelles sont les différentes raisons
impliquées dans le cadre des contraventions qui ont été
faites en rapport avec la loi et les règlements sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments?
M. Vallières: La nature des contraventions?
M. Perron: La nature des contraventions, parce qu'on rencontre
quand même plusieurs installations qui sont en contravention. En d'autres
mots, ce que je voudrais savoir, c'est, par exemple, Poissonnerie des trois
fumoirs de Ilsle-Verte, pourquoi les contraventions? Poissonnerie Les
Méchins (division congelé) Les Méchins, pourquoi? Homard
Desrosiers inc. de Sept-îles, Crevettes de Sept-îles...
M. Vallières: Est-ce que vous voulez qu'on les
défile toutes ou si vous voulez juste, dans certains cas, faire des
vérifications?
M. Perron: M. le Président, le ministre pourrait
peut-être me faire parvenir, pour ne pas prendre trop le temps de la
commission à la question que j'ai posée...
M. Vallières: II y en a quand même un, deux, trois,
quatre, cinq, six, sept, huit, douze, quatorze. Dans plusieurs cas, c'est des
poursuites qu'on a entreprises; dans certains cas, c'est des récidives.
Dans d'autres cas, on cherche encore les preuves d'infraction qui sont à
obtenir. Dans plusieurs cas, il y a des démarches légales
d'entreprises, mais il n'y a pas encore de... Alors, c'est pour les entreprises
qui ont opéré sans permis. Plusieurs démarches
légales ont été entreprises et on devrait connaître
les suites au cours de l'année 1991.
Il faut distinguer. Il y a des usines qui ont opéré sans
permis en 1990-1991, puis il y a des contrevenants qui ont opéré
sans permis en 1990-1991.
M. Perron: C'est ça. Moi, je parle des contrevenants.
M. Vallières: Oui, les contrevenants, O.K. Il y a des
usines non conformes, il y a des problèmes environnementaux,
exploitation par un organisme fédéral non assujetti aux lois du
Québec, bâtiment non conforme appartenant au MAPAQ. Alors, on
pourrait vous les faire parvenir. Je pense qu'il n'y a pas de problème
avec ça.
M. Perron: S'il vous plaît!
M. Vallières: La nature de l'infraction et les actions
qu'on a entreprises comme ministère auprès de ces
entreprises-là.
M. Perron: Une question, toujours en rapport avec les
contrevenants: Crevettes de Sept-îles, ce dossier-là n'est-il pas
réglé actuellement concernant l'atelier? Je présume que
Crevettes de Sept-îles est en contravention pour des raisons... Il
faisait probablement de la transformation sans avoir de permis ou, encore, sans
avoir obtenu l'admissibilité en vertu de l'intérêt
public.
M. Vallières: On m'indique que le type d'opération
de Crevettes de Sept-îles fait en sorte que c'est un permis d'atelier qui
va lui être émis, ce qui va lui permettre finalement de se
conformer.
M. Perron: Est-ce qu'il est émis, le permis, ou s'il va
être émis? Est-ce que c'est confirmé ou quoi?
M. Vallières: On peut vous confirmer qu'il va l'être
s'il ne l'a pas été, mais c'est en voie de l'être, si ce
n'est déjà fait.
M. Perron: À la question 4, sur l'aquiculture, on parle de
la liste des permis de pêche commerciale émis en 1990-1991 par
catégorie et par région administrative. Est-ce qu'on peut
expliquer aux membres de cette commission ce qu'on entend, en aquiculture, par
milieu aquatique et milieu terrestre? Ce sont deux programmes différents
ou quoi?
M. Vallières: Ça, c'est votre question 4? M.
Perron: 4, oui, effectivement.
M. Vallières: II y a une distinction qui est très
nette. Pour être sûr qu'elle soit bien, bien comprise, je
demanderais à M. Lemieux de vous la donner. Il y en a une qui vise le
sol puis l'autre, en milieu aquatique, qui vise la mer. Alors, M. Lemieux.
M. Lemieux (Robert): Je pense que la meilleure façon de
pouvoir expliquer la distinction entre les deux, ce serait de penser à
des piscicultures qui impliquent des organisations ou des étangs de
pêche ou des installations qui permettent de faire l'élevage du
poisson en milieu terrestre tandis que la mytiliculture exige des exploitations
en milieu aquatique. C'est la distinction entre les deux. La façon de
traiter les deux dossiers n'est pas pareille parce que, en milieu aquatique,
ça demande aussi de s'entendre avec le fédéral pour
l'utilisation des eaux, des baies qui sont impliquées, etc., et
ça demande des permis qui sont différents, tandis qu'en milieu
terrestre, c'est strictement le Québec qui est impliqué.
M. Perron: Donc, si je comprends bien, au niveau aquatique, il y
a un permis différent
d'émis par rapport au milieu terrestre. Mais est-ce qu'il y a un
programme qui s'adresse à chacun des milieux ou si c'est
combiné?
M. Lemieux (Robert): C'est combiné. C'est le même
programme. En termes de programme de développement, c'est le même
programme qui s'applique aux deux. Les sommes qui sont versées peuvent
être différentes. Par exemple, pour la truite, on va verser, je ne
sais pas, moi, 1100 $ la tonne, alors que pour la mytiliculture, ça va
être des montants qui vont être différents à cause
des investissements qui sont aussi différents.
M. Perron: La question 5 qui a été répondue
par le ministère. Je demandais la ventilation des paiements de transfert
pour le développement de la production aquicole destinée à
la consommation. On me répond qu'il y a un total de subventions, en
1990-1991, de 400 000 $. Est-ce qu'on pourrait ventiler?
M. Vallières: Ventiler les 400 000 $?
M. Perron: Oui. Le ministre, dans ces cas-là, peut
toujours envoyer les documents.
M. Vallières: Une seconde.
M. Lemieux (Robert): O.K. On va vous les ventiler, effectivement.
Il y a deux types d'aide qui peuvent être accordés dans ça.
C'est une évaluation du potentiel hydrique parce que, avant de faire des
investissements, il faut s'assurer que l'eau va être là et
à long terme, qu'elle va être là pour supporter un
élevage de poisson...
M. Perron: D'accord.
M. Lemieux (Robert): ...et qu'elle va être de
qualité, etc. suffisante. Il y a des investissements, après
ça, aux investissements, etc. Alors, ça commence toujours avec
une aide pour l'évaluation du potentiel hydrique. Après
ça, si c'est positif, on va vers une aide au développement.
M. Perron: D'accord. Alors, la ventilation va suivre?
M. Lemieux (Robert): La ventilation va suivre.
M. Perron: Question 6. Dans la ventilation des demandes
acceptées et refusées de transfert de permis de pêche
commerciale, on mentionne plusieurs régions, soit la région de
Québec, la Gaspésie, Blanc-Sablon, Sept-îles,
Îles-de-la-Madeleine. Quelles sont les conditions de transfert des permis
de pêche?
M. Lemieux (Robert): Ce qu'on voit, normalement, c'est un
pêcheur qui cesse ses acti- vités de pêche commerciale pour
raison d'âge, par exemple, ou bien il y a un décès et le
permis, il veut le transmettre à son épouse ou à ses
enfants. c'est normalement les causes qu'on voit.
M. Perron: Est-ce qu'on parle surtout de la pêche au
saumon?
M. Lemieux (Robert): On parle surtout de la pêche au
saumon, mais si on allait aux Îles-de-la-Madeleine, on parlerait de
pêche à l'éperlan, par exemple.
M. Perron: D'accord.
M. Lemieux (Robert): II y a peut-être 600 permis qui sont
impliqués aux Îles-de-la-Madeleine, pour l'éperlan, par
exemple. Évidemment, les permis les plus intéressants, ce sont
ceux pour le saumon et aussi ceux pour l'anguille, dans la région de
Québec, Kamouraska, etc. Les permis pour l'anguille sont aussi des
permis qui sont très exploités.
M. Perron: Maintenant, les conditions de transfert des permis de
pêche, ce sont des dossiers ad hoc, dépendamment de la situation
du permis par rapport aux personnes le détenant, face à l'avenir
de ces personnes-là, si elles lâchent, ou encore, c'est un
transfert de père en fils ou de mère en fille.
M. Lemieux (Robert): II y a ça, puis il y a aussi
l'expérience des gens qui veulent acquérir des permis.
Normalement, si c'est transféré à une tierce personne, ce
n'est pas la succession, à ce moment-là, ou quelqu'un qui
succède au pêcheur lui-même. On va favoriser, à ce
moment-là, un aide-pêcheur pour qu'il reçoive le permis et
non pas une personne qui est totalement étrangère au secteur de
la pêche. Alors, c'est tout norme, ça. Les pêcheurs sont au
courant des normes qui existent et de la façon de faire. (18 h 15)
M. Perron: La question 7 que j'avais posée se rapportant
aux enquêtes, aux... Un instant, je vais revenir à la question 7:
la liste des infractions à la Loi sur la transformation des produits
marins. On remarque qu'il y a eu plusieurs infractions et, sur un sujet
donné, on mentionne: Quantité de produits saisis et
dirigés à une usine du Québec, 29 412 kilogrammes. Est-ce
que le ministre pourrait nous donner les procédures qui sont
employées pour diriger ces produits-là vers une usine du
Québec suite aux saisies qui ont été
effectuées?
M. Vallières: On vérifie, en premier lieu, avec le
pêcheur ou le transporteur avec qui il y aurait avantage à
transiger. On peut aller là ou encore, on vérifie
nous-mêmes à l'intérieur de la région qui pourrait
disposer des équipements de
transformation requis. Ça peut varier ça,
évidemment, d'un endroit à l'autre ou d'une entreprise à
l'autre. Il n'y a pas de critères ou de normes précises qui
prévalent dans ces cas-ci.
M. Perron: Une dernière question sur les questions qui ont
été posées par l'Opposition. On a demandé la liste
des plans conjoints et d'offices de producteurs du domaine des pêcheries
qui ont été constitués en vertu de la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles, etc. Le ministre a répondu
à l'effet qu'il y avait effectivement un plan conjoint qui regroupe les
pêcheurs de homard des Îles-de-la-Madeleine. Donc, il y a un seul
plan conjoint. Est-ce qu'il est adopté? Est-ce que c'est
réglé, premièrement? Est-ce qu'il y a d'autres demandes
qui sont faites actuellement auprès du ministère et qui sont
à l'étude par rapport aux plans conjoints?
M. Vallières: Effectivement, il y a un premier plan
conjoint qui a été accepté par les pêcheurs des
îles dans le secteur du homard, accepté de façon sans
équivoque d'ailleurs, de façon très forte, par plus de 80
%, je pense, des pêcheurs. En fait, on parle de 87 %, je pense, des gens
qui ont voté favorablement. C'est le seul plan conjoint. Actuellement,
il y a des discussions afin d'en arriver possiblement à un même
type d'intervention au niveau de la crevette, mais on en est encore à
l'item vraiment tout à fait préparatoire à l'instauration
d'un plan conjoint dans ce secteur-là. Il faut également indiquer
que le plan conjoint qui a été adopté pour le homard est
en voie d'opérationalisation, si on veut. Les différentes
étapes qui visent à l'application comme telle du plan...
Ça négocie présentement, je pense, au niveau des
industriels de la pêche afin d'en arriver à une qualification au
niveau des prix, des négociations au niveau des prix. Alors, c'est un
plan qui, nous l'espérons, va très bien fonctionner parce qu'on
sait qu'il peut faire véritablement symbole dans ce secteur
d'activité et on espère que d'autres secteurs de la pêche
québécoise vont se prévaloir de cette possibilité
que leur donne maintenant la loi de se donner un outil qu'on juge, nous autres,
comme étant très important et répondant aux conditions
modernes des marchés présentement.
M. Perron: M. le Président, dans un autre ordre
d'idées, pour revenir aux crédits par élément, dans
l'élément 2, Contribution à la pêche, l'aquiculture
et la transformation, les crédits de l'élément 2 baissent
de 3 121 500 $. En suivant l'inflation, les budgets de ce poste auraient
dû monter à 27 546 900 $. Il manque donc toujours, en termes
réels, 4 606 000 $ au ministre pour cette enveloppe. Si l'on regarde de
plus près les crédits, par rapport à
l'élément 2, quelles sont les autres composantes de
l'élément 2 qui ont été coupées pour en
arriver à ces chiffres-là? Pourquoi ont-elles été
coupées?
M. Vallières: O.K. On va vous fournir ça. Je vais
reprendre certaines explications que j'ai données tantôt au niveau
des transferts plus particulièrement, et de certaines dépenses
non récurrentes. Je vous rappelle d'abord le transfert de six effectifs
à l'élément 1, de l'élément 2 à
l'élément 1; des crédits non récurrents qu'on
retrouvait à l'entente auxiliaire, soit des infrastructures de
l'industrie de la pêche pour des industriels de la pêche ou,
encore, pour les pêcheurs, des centres de services qu'on retrouvait
à l'entente auxiliaire, pour 1 643 000 $.
M. Perron: Ah oui! D'accord.
M. Vallières: Des usines également, dans les
crédits non récurrents pour les usines - plus
particulièrement en Basse-Côte-Nord - qui ont été
normalisées ou qui ont été l'objet de modifications
importantes. C'est non récurrent, ça aussi, puisque les travaux
sont déjà effectués. On pourrait ajouter à
ça les économies reliées à la TPS, 407 000 $, comme
je vous le disais tantôt. Il y aussi la baisse des taux
d'intérêt, je pense qu'il faut le mentionner. Le financement de la
flotte de pêche... Les taux d'intérêt ayant diminué,
on a des économies de 292 000 $ qui ont été
réalisées.
M. Perron: Je remercie le ministre de sa réponse, M. le
Président. En rapport avec l'aquiculture, on sait que cette industrie a
connu, en 1990, une période extrêmement difficile, voire
même catastrophique. C'est bien connu que l'aquiculture, au
Québec, ça ne marche pas beaucoup par les temps qui courent.
À titre d'exemple, la production aquicole canadienne progressait, de
1988 à 1990, de 60 % pendant que celle du Québec n'augmentait que
de 17 % pour s'établir à près de 1400 tonnes
métriques. Au ministère - Pêcheries - on reconnaît
que l'aquiculture a connu des débuts qui semblaient assez prometteurs;
cependant, on ne cache plus que cette industrie a connu une multitude de
problèmes qui l'ont dangereusement ébranlée.
Pour la moule bleue, l'année 1990 a été
marquée par la cessation des opérations de l'entreprise les
Produits Baie-Bleue inc. dont le ministre a parlé tout à l'heure
et dont j'ai parlé dans mon allocution du début. Qu'est-ce que le
ministre envisage pour relancer la moule bleue au Québec? Est-ce qu'il
pourrait élaborer davantage sur cette question-là? Je
présume que ça va à l'intérieur du programme CAP
aussi.
M. Vallières: II faut indiquer d'abord ceci: quand on dit
que l'aquiculture éprouve des problèmes actuellement, c'est
surtout l'aquiculture en milieu marin. Pour ce qui est des espèces qu'on
cultive en eau douce, on pense à quelque
450 entreprises actuellement dans le domaine de la truite, en
particulier, où ça fonctionne, et ça fonctionne
allègrement. Mais je reconnais qu'en milieu marin on est encore sur une
base expérimentale et de recherche. Je pense que le plus vite possible
on pourra atteindre un rythme de croisière de production sur une base
rentable, plus rapidement nous serons satisfaits des interventions qu'on a
faites parce que ce sont quand même plusieurs millions de dollars qui ont
été investis à date en recherche à ce niveau.
Je pense qu'on ne peut pas dire que le milieu ait subi des
problèmes majeurs de production parce qu'on n'est pas vraiment en
production encore. On est encore à rechercher des méthodes, des
techniques qui vont faire en sorte qu'on va pouvoir performer suffisamment pour
exploiter les entreprises sur une base rentable.
Au niveau de la moule bleue, on est actuellement à regarder des
scénarios qui feraient en sorte que les entreprises qui sont
actuellement les plus performantes pourraient profiter de certains projets qui
nous donneraient une expertise qui pourrait, par la suite, être
étendue sur une base plus élargie. On a des discussions et j'ai
déjà indiqué aux gens du milieu qu'il est de mon intention
de pouvoir annoncer les actions qu'on va entreprendre en 1991-1992. Nous en
sommes actuellement à l'étape des discussions avec des
partenaires éventuels que l'on veut parmi les plus performants afin de
se donner le maximum de chances de réussite. Mais, là aussi, on
explore des avenues de solution aux problèmes bien connus avec la moule
bleue. On pense qu'il y a de l'avenir dans le secteur, mais on trouve que ce
n'est diablement pas facile d'en arriver à trouver de meilleures
techniques de production sur une base de rentabilité des entreprises.
C'est très difficile. Les montants d'argent vont venir du CAP. On
m'indique, dans le cas de la moule, que c'est l'un des secteurs, comme
d'autres, qu'on retrouve... C'est que ce qu'on fait maintenant, les
résultats, on va pouvoir les calculer seulement dans trois ans.
Ça fait qu'on n'a pas de résultats au bout de l'année qui
nous permettraient de dire: Bien, ça a marché ou ça n'a
pas marché. Il faut vraiment permettre le temps de croissance requis
afin d'analyser les résultats des techniques qu'on met en place.
M. Perron: Trois à quatre ans avant d'arriver sur le
marché, je crois...
M. Vallières: Trois à quatre ans.
M. Perron:.. dans le cas de la moule bleue. En rapport avec
l'élevage du saumon qui s'inspire d'innovations technologiques toutes
récentes et, pour certaines, non encore éprouvées
d'ailleurs, cette industrie a connu d'importantes difficultés
d'adaptation qui ont entraîné des mortalités massives dont
on a parlé aussi tout à l'heure, suite aux questions qui ont
été posées, je crois, par le député de
Gaspé. Qu'est-ce que le ministre prévoit pour régler ces
problèmes qui existent actuellement quant à l'élevage des
saumons?
M. Vallières: Au niveau du saumon, évidemment,
notre attention est beaucoup attirée vers la grosse exploitation qu'on a
dans la baie des Chaleurs où on éprouve certains
problèmes. On les éprouvait, parce que le problème de
mortalité massive se résorbe, mais il faut penser qu'il y a
quelques endroits ailleurs au Québec où on a de la production,
où ça va très bien. Alors, on ne veut pas
généraliser non plus, sauf que la plus grosse qu'on a,
actuellement, est en problème. Il faut indiquer que c'est un secteur qui
est sujet à développement, qui est prometteur. Je regardais, au
niveau mondial, l'élevage de cette espèce est une industrie qui,
même si elle est relativement jeune, est en très forte croissance.
De 1981 à 1988, la production mondiale est passée de 17 000
tonnes à 141 000 tonnes. C'est donc indiqué que, si on
réussit à se donner des techniques de production qui
correspondent aux conditions climatiques du Québec et aux
différentes conditions qu'on retrouve, ça peut représenter
un marché très intéressant. C'est la raison pour laquelle
on ne négligera pas les efforts afin que l'expérience qui a
débuté et qui a comporté sa large part de problèmes
dans la baie des Chaleurs puisse se poursuivre et connaître des
résultats heureux pour qu'on puisse s'en servir afin d'appliquer
l'expertise qu'on aura acquise à d'autres entreprises
québécoises dans le même secteur d'activité.
M. Perron: M. le Président, toujours en rapport avec le
saumon, j'ai demandé à plusieurs reprises, au cours des
dernières années - puisque ça touche de très
près la pêche commerciale du saumon, on ne parle pas
d'élevage, mais on parle de pêche commerciale - qu'un programme
gouvernemental concret soit mis en place afin de procéder au rachat des
permis actuellement existants de pêche commerciale du saumon. Je sais
qu'actuellement le gouvernement est en train de faire le rachat de
différents permis commerciaux sur la Côte-Nord, en particulier sur
Ia Moyenne-Côte-Nord. Deux questions. Est-ce que le ministre pourrait me
dire s'il y a un programme en place pour le rachat des pêches
commerciales de saumon existantes? Deuxièmement, est-ce qu'il peut
déposer la liste? Je sais qu'il y a deux ministères
impliqués là-dedans.
M. Vallières: II y a le MLCP aussi...
M. Perron: II y a le MLCP qui est impliqué et le
MAPAQ.
M. Vallières:... pour la pêche sportive.
M. Perron: Mais qui est en charge du rachat? Est-ce que c'est
votre ministère ou si
c'est le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche?
M. Vallières: C'est le MLCP... M. Perron: C'est le
MLCP.
M. Vallières: ...qui est en charge des rachats. Il reste
quoi? 135 permis, qu'on m'indique, actuellement en vigueur sur la
Côte-Nord.
M. Perron: Est-ce qu'il y a une politique de rachat,
actuellement, dont le ministre est informé?
M. Vallières: II y avait une politique pour la
Gaspésie et, par extension, on est allé sur la Côte-Nord.
Ils pensent, actuellement, la renouveler. Alors, je pense que mon
collègue du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, M. Blackburn,
pourrait davantage y répondre.
M. Perron: Bon!
M. Vallières: Mais, effectivement, ils sont
à...
M. Perron: Bon. Compte tenu qu'il y a deux ministères
d'impliqués, de mémoire, c'est votre ministère qui
émet les permis et c'est le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche qui contrôle la réglementation, etc. Est-ce que
le ministre pourrait faire en sorte que je reçoive cette politique de
rachat des permis de pêche au saumon, afin qu'on puisse savoir exactement
de quelle façon le gouvernement procède pour le rachat de ces
pêches, parce que, justement, il y a beaucoup de plaintes dans le milieu
qui font que les gens sont insatisfaits de la façon dont on
procède pour le rachat des pêches au saumon.
M. Vallières: On va vous faire parvenir celle qui
existait. Celle qui est en voie d'élaboration, on la connaîtra
dans un avenir qu'on ne connaît pas. Mais celle qui existait, on est en
mesure de vous la faire parvenir, définitivement.
M. Perron: Celle qui va exister, la nouvelle programmation, c'est
en rapport avec l'annonce qui a été faite par le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, à l'effet que les
pêcheurs de saumon auront 2 200 000 $ d'indemnisations pour le rachat ou
quoi?
M. Vallières: Ce dont vous parlez, c'est un programme qui
est terminé au moment où on se parle. Les sommes dont vous parlez
s'appliquaient à la réglementation dont on parlait
précédemment. Il y aura une mise en vigueur. Je ne veux pas
parler au nom de mon collègue du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, je ne peux pas m'en-gager pour lui. Mais on m'indique qu'on
travaille présentement à une nouvelle réglementation et je
vous inviterais à demander à mon collègue du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, qui, j'en suis persuadé, pourrait
même vous mettre dans le coup à titre consultatif pour être
sûr que ça corresponde aux besoins des gens.
M. Perron: Est-ce que le ministre...
M. Vallières: M. le Président, je pense qu'il ne
nous reste qu'à approuver le budget.
M. Perron: M. le Président, on a encore cinq ou six
minutes, je pense.
Le Président (M. Richard): Six minutes.
M. Perron: En rapport avec la pêche commerciale au saumon,
est-ce que le ministre a été consulté par rapport à
cette programmation du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche pour le rachat des pêches commerciales au saumon parce que
ça concerne le commercial?
M. Vallières: Dans le programme qui existait, oui. Dans
celui qui s'en vient, on va le faire.
M. Perron: Pêche au homard. La taille des homards par
rapport au Canada, au Québec et aux États-Unis. En
décembre 1989 les dirigeants américains fixaient à 3 9/32
pouces la taille minimale légale des homards vivants importés par
les États-Unis. Selon le consul canadien à Boston - on l'a vu
dans les journaux récemment - M. Daniel Caron, le Secrétaire
américain au commerce étudie présentement la
possibilité de modifier le plan de gestion et d'autoriser l'importation
de homards vivants ayant une taille minimale de 3 1/4 pouces.
Par ailleurs, l'an dernier, l'ex-ministre délégué
aux Pêcheries du Québec, M. Pagé, entendait mettre en
branle une campagne vigoureuse de promotion du homard québécois.
En passant, la campagne de promotion, je voudrais vous raconter une petite
anecdote: l'an passé, je suis allé manger au
Saguenay-Lac-Saint-Jean tout de suite après l'annonce qui a
été faite par le ministre ici, à Québec, et je me
suis ramassé avec un homard dont une patte avait un élastique
bleu et une patte avait un élastique blanc. Alors, j'avais des maudits
problèmes pour savoir d'où il venait. M. le Président,
pour moi, le homard était sur la frontière.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Vallières: Cette année, vous ne pourrez pas vous
tromper, il va y avoir deux élastiques bleus et des fleurs de lis
dessus, en plus. Je voux vous indiquer également que l'idée de
l'identification a tellement été bonne, cette
promotion-là, que d'autres ont décidé de l'imiter, dont le
gouvernement canadien, je pense. Alors,
on va trouver une autre sorte de drapeau sur celui-là, une autre
sorte d'effigie.
Les gens ont découvert que c'était là une
excellente politique pour ceux qui veulent consommer des choses qui viennent de
chez eux. Je pense qu'on le doit aux gens qui ont pensé à la
formule qui est imitée maintenant par plusieurs autres
compétiteurs.
M. Perron: Oui, mais le ministre admettra avec moi que j'avais
des problèmes cette fois-là.
M. Vallières: Cette fois-là, vous aviez un
problème.
M. Perron: Le ministre peut-il nous dire...
M. Vallières: Mais il faut dire qu'on a manqué
d'élastiques aussi, c'était tellement populaire.
Une voix: Les marchands constataient que, s'il n'y avait pas
d'élastique bleu, ils les vendaient mal.
M. Perron: Puisque j'ai mentionné la question
américaine par rapport au homard qui provient de certains endroits du
Canada, est-ce que le ministre peut nous dire où en sont les
démarches dans le dossier du homard exporté aux
États-Unis, par rapport à la longueur? Quelles sont les actions
qui ont été entreprises par le ministre? Qu'est-ce qu'il fait, le
ministre, dans cette affaire-là?
M. Vallières: Quand l'annonce a été faite du
retour à la décision originale, j'ai nettement indiqué que
ça pouvait causer un préjudice important à nos
pêcheurs québécois, parce que c'est l'ajout, sur deux ans,
de quelque 10 000 000 de livres additionnelles de homard qu'on va transiter par
la région de Montréal, dont 3 000 000 au cours de la
présente année. J'ai indiqué qu'on avait des craintes que
ça pouvait avoir une incidence marquée sur les prix. On sait
jusqu'à quel point nos pêcheurs se battent afin de maintenir le
niveau des prix. J'en ai fait part lors de rencontres, plus
particulièrement avec mon homologue fédéral, M. Valcourt,
à l'époque. La proposition n'a pas été retenue.
J'ai même indiqué qu'on ne trouvait pas correcte la façon
d'agir qui tenait compte, à notre avis, plus des intérêts
d'une province en particulier que de l'ensemble des provinces productrices au
niveau du homard. Alors, on m'indique qu'il y a des discussions qui sont encore
en cours sur le sujet et, selon toute vraisemblance, il se pourrait que ce soit
les 3 1/4 pouces qui soient appliqués au cours de la présente
année aux États-Unis.
M. Perron: Est-ce que ça fait l'affaire des pêcheurs
québécois, cette décision éventuelle?
M. Vallières: Au Québec, c'est 3 pouces.
Maintenant, les pêcheurs de la Gaspésie, on me l'indique, se
montrent ouverts, actuellement, à l'augmentation de la taille sur une
base progressive. Donc, il y a une ouverture qui se manifeste à ce
niveau-là et on espère que les négociations en cours vont
déboucher sur des résultats nous permettant qu'il n'y ait pas de
préjudice occasionné à un secteur de la pêche qui
est primordial au Québec, soit celui du homard.
M. Perron: Une dernière question, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait nous informer des résultats de la
vigoureuse campagne de promotion qui a été faite, au cours de
l'année dernière, sur le homard québécois? Les
résultats probants sur le terrain...
M. Vallières: Le marché a tout absorbé notre
homard. Il faut indiquer aussi que les gens qui voulaient consommer du homard
québécois étaient très exigeants et demandaient le
homard à élastiques bleus du Québec. Alors, nous, on pense
que la campagne est un succès. Nos principaux partenaires sont
également très heureux. C'est ce qui fait que, cette
année, nous allons récidiver avec eux et mettre de l'avant une
campagne promotionnelle. J'ai en ma possession toute une série de
données parce qu'on a fait, effectivement, des "surveys", des
enquêtes nous permettant de constater l'efficacité de la campagne
et de reconduire l'expérience. Je pourrais les faire parvenir au
député de Duples-sis. On a tout ça par écrit
ici.
M. Perron: Oui, s'il vous plaît, M. le Président. Ce
serait intéressant de regarder par rapport aux années
antérieures. Est-ce qu'il y a des comparaisons, dans ce
document-là, qui sont faites par rapport aux années
antérieures au niveau de la mise en marché et au niveau de
la...
M. Vallières: II n'y en a pas sauf que, là, comme
je vous le disais, on l'a tout absorbé ici, au Québec, notre
homard, tandis que, par les années passées, c'est 50 % de notre
production de homard qui était exportée. Par conséquent,
force nous est de reconnaître que la campagne est un succès
total.
Adoption des crédits
Le Président (M. Richard): Alors, si vous le permettez, si
vous n'avez pas de voeux à vous transmettre, est-ce que les
crédits reliés ai programme 10 sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère sont adoptés?
M. Perron: Adopté avec restriction, M. le
Président. Il n'y en a pas assez.
Le Président (M. Richard): Adopté. Sur ce, nous
ajournons sine die.
(Fin de la séance à 18 h 39)