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(Dix heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît, je demanderais au ministre de prendre place. M. le ministre, s'il
vous plaît. Je demanderais à M. le ministre de prendre place. S'il
vous plaît, à l'ordre! À l'ordre! M. le ministre, la
commission devait commencer à 10 heures pile. Il est 10 h 15.
Alors, la commission de l'aménagement et des équipements
débute ses travaux. Le mandat de la commission est de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires municipales, programmes 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7
pour l'année financière 1993-1994, et il a été
convenu que le temps alloué à la commission pour l'étude
de ces programmes est de 6 heures.
Alors, Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Aucun remplacement. Secteur gestion
municipale
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
peut-être que, avant de demander au ministre de faire ses remarques
préliminaires, j'aimerais savoir de quelle façon on
procède. Est-ce qu'on étudie programme par programme et on adopte
programme par programme ou si on étudie tous les programmes et qu'on
adopte à la fin en bloc?
M. le député d'Abitibi-Ouest?
M. Gendron: Mme la Présidente, je pense que, suite aux
remarques du ministre, je ferai les miennes et, après ça, j'ai un
certain nombre de sujets que je veux appeler. Je peux bien indiquer, au moment
où je vais appeler les sujets, qu'ils se greffent à tel
programme, mais, moi, je n'ai pas l'intention d'appeler programme par
programme. On fera l'adoption des programmes à la toute fin de
l'étude des crédits, parce que les 10, 12 points sur lesquels je
veux questionner le ministre, ce n'est pas nécessairement directement
à une référence aux crédits budgétaires.
Alors, comme on fait habituellement, je veux dire, je vais indiquer les points
sur lesquels j'aimerais échanger avec le ministre, puis à la
toute fin, on réglera la question des programmes. (10 h 20)
La Présidente (Mme Bélanger): Parfait.
Alors, M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires à faire?
Remarques préliminaires
M. Claude Ryan M. Ryan: Toujours, madame. Mme la
Présidente, évidemment, il m'est toujours agréable de
retrouver les membres de la commission parlementaire pour l'étude des
crédits du ministère des Affaires municipales. L'étude des
crédits budgétaires est l'un des exercices les plus fondamentaux
de l'institution parlementaire. Les luttes pour le contrôle des
crédits par les élus du peuple ont occupé une place
majeure dans le développement de notre système parlementaire et,
même aujourd'hui, dans les circonstances infiniment plus complexes, nous
devons veiller à la gestion des deniers publics. Le contrôle des
dépenses par les élus du peuple est une nécessité
que je qualifierais de quasi absolue.
Ce contrôle comporte 2 volets également importants, soit,
d'abord, l'information des députés et, par le truchement des
parlementaires, l'information de la population. L'examen des crédits
permet de vérifier de fond en comble et d?une manière
que je qualifierais de difficile à prédire à l'avance
différents aspects du fonctionnement d'un ministère, tantôt
des aspects généraux, tantôt des aspects très
particuliers, mais l'initiative des questions revient au député
et non pas au ministre ni à ses fonctionnaires, puis il est bon qu'il en
soit ainsi. Puis même les questions qui peuvent paraître les plus
anodines ou les plus marginales deviennent parfois les plus importantes. Et
c'est comme ça que les choses doivent être, c'est comme ça
que la démocratie fonctionne et nous l'acceptons volontiers.
Le deuxième volet de cet exercice, c'est celui de l'approbation
des crédits par les députés. Il est vrai, pour parler de
manière réaliste, que cette approbation est largement acquise
lorsque le gouvernement dispose d'une solide majorité à la
Chambre. Mais chaque ministre, nous le savons tous, encourt des risques
très réels lors de l'étude des crédits s'il n'est
pas capable, avec ses collaborateurs, de fournir des réponses
satisfaisantes puis emporter une majorité des voix lorsque la
décision doit être prise. Mais il n'emporte pas
nécessairement l'adhésion morale et politique de ses concitoyens,
et, en définitive, ce qui fait fonctionner la démocratie, c'est
le degré d'adhésion réel des citoyens aux politiques et au
gouvernement qui les incarne. Pour toutes ces raisons, j'ai toujours pris au
sérieux, depuis que nous formons le gouvernement et également
dans les longues années où nous fûmes dans l'Opposition,
l'exercice annuel de la révision des crédits par les
parlementaires. Et c'est dans le même esprit que je retrouve la
commission parlementaire ce matin.
Je voudrais tout d'abord, Mme la Présidente, faire une
brève revue de l'année 1992-1993, après quoi, dans une
deuxième section, je vous indiquerai les principales orientations que
nous envisageons pour l'année 1993-1994.
Mes remarques pour l'année écoulée graviteront
autour de 4 titres principaux. Le premier est celui de
l'aménagement et de l'organisation du territoire. Au cours de la
dernière année, de nombreuses initiatives ont été
prises à cet égard. Comme vous le savez, la législation
québécoise confère au ministère des Affaires
municipales une triple responsabilité: la responsabilité de
l'organisation du territoire en unités municipales, ça, c'est
l'unité fondamentale, le gouvernement local que nous avons au
Québec et le ministère des Affaires municipales en assume la
responsabilité; deuxièmement, le regroupement des
municipalités en des municipalités régionales de
comté et des communautés urbaines, toutes les
municipalités sont regroupées soit dans des MRC, soit dans des
communautés urbaines pour l'exercice de fonctions de dimension plus
large; troisièmement, la coordination de l'aménagement du
territoire suivant des orientations définies dans la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme. C'est une tâche considérable,
par conséquent, qui incombe au ministère des Affaires
municipales. Et, au cours de la dernière année, cette tâche
s'est exercée surtout à travers les réalisations
suivantes.
Tout d'abord, il y a eu l'adoption du projet de loi 56 modifiant de
manière substantielle la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme
d'une manière qui a répondu aux attentes du monde municipal, aux
attentes des intervenants extérieurs au monde municipal et
également aux attentes des 3 partis principaux représentés
dans cette Chambre, puisque la loi fut adoptée à
l'unanimité. Cette loi apporte des modifications considérables au
contenu des schémas. Elle introduit de nouveaux éléments
obligatoires comme, par exemple, la planification du transport terrestre, qui
doit désormais faire partie du contenu obligatoire du schéma, et
l'identification des zones présentant des contraintes dues à des
particularités environnementales, en particulier à la protection
environnementale des rives, du littoral et des plaines inondables.
Maintenant, ça devrait être identifié, ça.
Les contraintes, les lieux où on trouve des contraintes attri-buables
à des activités humaines devront également être
inclus. Le schéma devra être accompagné d'un plan d'action
où seront clairement identifiés les étapes de
réalisation, les intervenants, les moyens qu'on envisage d'instituer
pour réaliser des objectifs. Tout le processus de révision des
schémas a été substantiellement remanié de
manière à clarifier les obligations de chacun, à
préciser les délais qui doivent intervenir et à assurer
que les étapes nombreuses qui doivent précéder l'adoption
d'un nouveau schéma seront faites en conformité avec l'objectif
même, qui est la réalisation de plans concrets
d'aménagement, puis, deuxièmement, des objectifs plus larges puis
l'aménagement rationnel du territoire à travers le
Québec.
Une des grosses innovations de la loi 56, c'est une meilleure
définition des interventions gouvernementales qui devront être
soumises à la MRC pour obtenir un avis de conformité. Ces
interventions-là étaient définies de manière
très vague dans la loi qui existait jusqu'à maintenant, mais,
avec la nouvelle loi, là, on a toute une série de points
précis sur lesquels obligation est faite au gouvernement par
l'Assemblée nationale de soumettre ces projets d'intervention à
l'avis de la MRC. En retour, pour ne pas que l'inertie d'une MRC paralyse
l'action du gouvernement, la MRC disposera, dans ces cas-là, d'un
délai de 4 mois, 120 jours, pour émettre son avis, puis, quand
l'avis aura été émis, il ne pourra pas changer le mois
suivant ou dans 2 mois. Il sera bon pour 3 ans, de manière à ce
que le gouvernement puisse agir sans nécessairement instituer une
querelle avec la MRC ou les municipalités concernées.
Le projet de loi a entraîné également une
bonification des pouvoirs des municipalités et des MRC,
particulièrement en matière de contribution pour fins de parcs,
en matière aussi de développement de parcs régionaux. On a
fait une amélioration importante qui va avoir un effet très
apprécié sur les projets de regroupement. Comme vous le savez,
dans la loi actuelle, les municipalités qui se fusionnaient, dans la loi
comme elle existait avant l'adoption du projet de loi 56, pouvaient se donner
des règles propres pour le partage des actifs et des passifs, par
exemple pour une période de 5 ans, mais, au bout de 5 ans, elles
retombaient sous la règle générale. Par conséquent,
tous les arrangements qui avaient été faits au moment de la
fusion pouvaient être brisés par la nouvelle majorité d'un
conseil municipal fusionné.
Là, on a enlevé cette limite de 5 ans, parce que, quand
une municipalité qui n'a pas de dettes, par exemple, veut se fusionner
avec une municipalité lourdement endettée, elles font un
arrangement pour 5 ans. Chacune aura la responsabilité de sa dette. Au
bout de 5 ans, qu'est-ce qui arrive? Là, on n'avait pas de
réponse, maintenant, on a une réponse. Elles pourront s'engager
pour 15 ans, pour 20 ans, pour 25 ans si elles le veulent, la limite de 5 ans
étant enlevée.
On a assoupli également le régime juridique des SODIQ, ce
qui va être très apprécié dans les centres urbains.
(10 h 30)
Deuxièmement, au cours de la dernière année,
évidemment, le ministère a continué son travail
considérable d'examen des schémas d'aménagement. Je suis
content de souligner que maintenant, sur 97 MRC et communautés urbaines,
nous avons approuvé, à l'heure actuelle, 95 schémas
d'aménagement. Il y en a seulement 2 qui restent en suspens: celui de la
MRC de La Côte-de-Beaupré, puis l'autre, c'est de
Témiscamingue. Pour Témiscamingue, il ne reste qu'un point
à régler, qui est relatif à l'exploitation de la
forêt, tandis que, à la MRC de La Côte-de-Beaupré, il
n'y a seulement qu'un point également, la définition de la ligne
de partage de la partie inondable. Il va y avoir des auditions publiques du
BAPE avant longtemps là-dessus, ce qui devrait permettre de trouver une
solution.
Au sujet de l'organisation du territoire, nous avons été
saisis, au cours de la dernière année, d'un grand nombre de
demandes d'assistance technique dans des dossiers devant conduire,
éventuellement, à des annexions ou à des regroupements. Il
y a eu 42 demandes de cette nature. Trois fusions ont été
réalisées: à L'Assomption, Saint-Vallier et Wotton.
Cinquante pro-
jets d'annexion nous ont été soumis et 13 ont
été approuvés et réalisés.
Nous avons été saisis, au cours de la dernière
année, de 265 projets d'ententes intermunicipales portant sur incendies,
policiers, voirie, aqueduc et égout, etc., et, de ce nombre, 178 ont
été approuvés. Nous avons formé, au cours de la
dernière année, le groupe de travail sur Montréal et sa
région, qui a tenu un nombre impressionnant de séances
privées et publiques. Le groupe a publié un premier rapport
d'étape, il y a déjà 3 mois. Son rapport final doit
m'être soumis vers la fin de l'été. Les derniers
renseignements indiquent que le rapport sera livré à temps,
c'est-à-dire, moi, je l'attends en août ou septembre prochain,
après quoi je pense que nous aurons des décisions importantes
à prendre là-dessus.
Au cours de la dernière année, comme vous l'avez
constaté, nous l'avons fait ensemble ici, le gouvernement a mis fin
à la Société d'aménagement de l'Outaouais et a
remplacé cette entité par un nouveau pouvoir donné
à la Communauté urbaine de l'Outaouais, pouvoir qui lui permet de
se doter des instruments dont elle pourra avoir besoin pour assurer son
développement économique, en particulier son développement
industriel diversifié.
En matière de finances et de fiscalité municipales, je
suis heureux de signaler que, de manière générale, la
situation financière des municipalités est saine. On avait
prédit toutes sortes de désastres lorsque fut discutée la
réforme de la fiscalité municipale, il y a à peine 2 ans.
Et, nous avons constaté, par les budgets de cette année, dans la
très grande majorité des municipalités, que les effets de
la réforme ont été fort tempérés, et ceci,
pour 2 raisons.
Tout d'abord, par l'effort de discipline que se sont imposés les
municipalités. Il y a beaucoup de municipalités qui ont
trouvé, dans la limitation de leurs propres dépenses, dans
l'aménagement d'une discipline budgétaire plus rigoureuse, des
ressources qu'elles ne pensaient pas avoir. Il y a eu, d'autre part, les
programmes de compensation financière du gouvernement, qui ont eu
également un effet bienfaisant. Je souligne, à cet égard,
de manière spéciale, les assouplissements que nous avons
apportés, en décembre 1992 plus exactement, aux dispositions
relatives au transfert de la responsabilité en matière de voirie
locale. Les quelque 23 000 000 $ que le gouvernement a injecté dans ce
volet du programme, en décembre, contribueront, j'en suis sûr,
à faire en sorte que la prise en charge de la voirie locale par les
municipalités se fera dans des conditions qui permettront qu'elle se
réalise d'une manière profitable pour tout le monde, surtout
d'une manière utile pour la qualité des chemins.
Nous avons aboli, au cours de la dernière année, les
droits sur les divertissements, qui étaient institués par une
couple de centaines de municipalités. Ces droits-là ont
été remplacés par un programme de compensation
financière échelonnée sur 4 ans, dont la première
tranche a déjà été réalisée en 1992
et dont la deuxième sera réalisée cette année.
Nous avons assoupli la loi 145 par le projet de loi 55, en particulier
tout ce qui regarde la surtaxe sur les immeubles non résidentiels, et
ça a donné lieu à de nombreux ajustements qui ont
bénéficié aux municipalités.
On s'est inquiété des contributions que les
municipalités sont appelées à verser pour la
Sûreté du Québec. Ça me fait plaisir de rapporter
que, selon nos relevés les plus récents, la très grande
majorité des municipalités se sont acquittées de leur
responsabilité à cet égard. Nous avions facturé, en
tout, les municipalités qui reçoivent les services de la SQ pour
un montant de 68 000 000 $. De ce total, 3 000 000 $ ont été
déduits sous forme de crédits accordés à des
municipalités qui se sont dotées d'un corps de police ou qui ont
conclu une entente avec une autre municipalité. Supposé qu'une
entente ait été approuvée en mars, par exemple. Ça
veut dire que les 9 mois qui restaient dans l'année 1992 ont
été crédités à cette
municipalité-là sur sa facture. Alors, il y a eu 3 000 000 $ de
crédits qui ont été accordés à des
municipalités qui ont décidé de prendre leur sort en
charge. Nous en étions très heureux. Sur le reste, sur les 65 000
000 $ qui restaient, au-delà de 63 000 000 $ ont déjà
été perçus. Il restait, selon nos plus récents
relevés, des cotisations à recevoir d'une valeur de 1 900 000 $.
Dans certains cas, il y avait des négociations qui se poursuivaient, et
il y a des cas particuliers qui avaient été portés
à notre attention.
Je souligne, à cet égard, les arrangements particuliers
que nous avons consenti à des municipalités qui sont le
résultat de regroupements effectués antérieurement
à l'adoption de la loi 145, mais dont les effets se font encore sentir.
L'exemple le plus éloquent, c'est celui de Gaspé,
municipalité dont le regroupement remonte à 15 ou 20 ans, mais
dont la configuration géographique n'est pas tellement plus logique
aujourd'hui qu'elle ne l'était à ce moment-là. Nous
connaissons tous la configuration de cette municipalité. On l'a
considérée comme étant, disons, les 15
municipalités qui existaient auparavant pour les fins de la cotisation
pour le service offert par la Sûreté du Québec. Nous avons
fait la même chose avec la ville de Bécancour, avec la ville de
Loui-seville, avec la ville d'Amqui. Il y a encore 1 ou 2 cas qui sont en
discussion là-dessus, mais, sauf ces cas-là, à peu
près tout est maintenant réglé, de ce point de vue
là, de manière fort satisfaisante.
J'ajoute que nous avons adopté, à l'Assemblée
nationale, la loi 74, qui modifie le régime de négociation dans
le secteur des policiers et des pompiers municipaux, à la grande
satisfaction des municipalités, et, je dois le dire aussi, en guise
d'appréciation à l'Opposition, avec l'approbation unanime des 2
partis. J'en étais très heureux. Et tous les arbitrages soumis
à compter du début de la présente année tombent
sous le coup de la loi 74.
J'ajoute un dernier point, toujours au chapitre de la fiscalité
et des finances. Nous avons corrigé rapidement la situation qui avait
été créée par un jugement de cour concernant la
théorie du faisceau de droits en matière d'évaluation
municipale. Nous nous souvenons
tous des échanges que nous avions eus en commission parlementaire
à ce sujet. Ça a été réglé de
manière satisfaisante. On a porté à mon attention quelques
causes qui étaient en cours devant les tribunaux, dont nous n'avions pas
eu connaissance au moment de l'approbation de la loi. Nous examinons ces
dossiers et nous essaierons de dégager des solutions qui tiendront
compte du principe suivant lequel, d'une manière très
générale, le législateur n'intervient pas dans des causes
déjà engagées devant les tribunaux. Il ne pouvait pas en
aller de même, cependant, des causes qui étaient seulement
inscrites devant le Bureau de révision de l'évaluation
foncière. S'il avait fallu qu'on tienne compte de ces causes-là,
qui étaient inscrites mais qui n'ont pas été entendues,
là, on aurait été en danger de chambarder tout le
système d'évaluation foncière au Québec, puis
ça aurait été une source de complications et de
coûts énormes que nous avons tenu absolument à
éviter. Les programmes...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, je
vous signale que les 20 minutes sont terminées. Je ne sais pas s'il y a
consentement de la part de l'Opposition pour que vous poursuiviez.
M. Gendron: Bien, je n'ai pas d'objection, mais j'aimerais avoir
une indication... Si c'est pour se prolonger jusqu'à ce soir, on va
avoir des problèmes.
M. Ryan: Ce n'est pas la matière qui ferait
défaut.
M. Gendron: Ah! ça, je n'en disconviens pas, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je pense que, si vous me donniez une vingtaine de
minutes de plus, il n'y aurait pas de problème.
M. Gendron: II n'y aura pas d'objection, mais,
sérieusement, quand même, je ne voudrais pas que ça...
M. Ryan: Je peux essayer de faire ça un peu plus vite
aussi.
M. Gendron: C'est ça. Je ne voudrais pas que ça
dépasse 40 minutes, parce que, règle générale,
comme vous l'avez bien dit tantôt, c'est une occasion en or pour faire un
travail de vérification sur ce qui a été fait et sur ce
qui s'en vient, mais, si on n'a pas le temps de le faire, on a un
problème.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, allez-y, M. le
ministre.
(10 h 40)
M. Ryan: le député sait que je suis 100 % d'accord
avec lui. les programmes de transfert. ça, c'est le troisième
chapitre, programmes de transfert. au cours de l'année,
évidemment, nous avons appliqué le programme de subvention de
plafonnement et de paiement de transition dans le cadre de la loi 145. Nous
avons versé, en 1992-1993, 11 400 000$ pour les paiements de
plafonnement et 500 000 $ pour les paiements de transition.
Le programme de péréquation a été enrichi
considérablement. C'est une des suites de la réforme de la
fiscalité municipale. En 1991, il comportait un budget de 29 100 000 $
et, en 1992, c'a été 43 900 000 $. On a changé les
critères permettant l'admissibilité d'une municipalité.
Certaines municipalités, qui n'en avaient pas besoin, ont
été exclues et d'autres, qui étaient laissées
à la porte, ont été incluses, de manière que le
programme s'applique d'une façon beaucoup plus équilibrée
à travers l'ensemble du Québec.
Sur les «en lieu» de taxes, nous avons versé
au-delà de 300 000 000 $, en «en lieu» de taxes, y compris
une certaine réduction au chapitre des immeubles des réseaux,
pour des raisons reliées à la loi 145, évidemment. L'aide
aux MRC s'est poursuivie en 1992. Nous l'avons indexée. Le montant total
qui a été versé à ce titre est de 8 300 000 $. 64
MRC ont bénéficié de la subvention de base de 82 521 $ qui
est indexée chaque année.
Le programme AIDA s'est vu attribuer 25 000 000 $ de plus en 1992,
à la fin de l'année, comme vous le savez. Au cours de
l'année, nous avons reçu 120 demandes d'une valeur de plus de 61
000 000 $, seulement au cours de l'année, en plus des demandes, des
quelques centaines de demandes qui sont déjà dans nos dossiers
comme héritage des années précédentes. Les
subventions accordées en 1991-1992 avaient été de 10 900
000 $. En 1992-1993 ça, ce sont des engagements contractés
envers des municipalités ce montant était porté
à 16 500 000 $. On avait approuvé 52 projets en 1991-1992 et, en
1992-1993, nous en avons approuvé 77. J'ai fait faire une
répartition, Mme la Présidente, selon les comtés et les
partis qui les représentent à l'Assemblée nationale, et
nos calculs indiquent qu'à peu près 72 % des subventions sont
allées à des comtés ministériels et 27,8 % à
des comtés représentés par l'Opposition, ce qui est assez
proche, je pense, de la configuration politique du Québec et ce qui
indique que nous examinons les projets à leur mérite de
manière que chacun ait la part qui lui revient.
Au cours de l'année, nous avons procédé à
une révision des critères d'attribution. Il y a un changement que
je tiens à souligner. Autrefois, il y avait une partie mécanique
dans le programme: si le projet était admissible, la contribution de la
municipalité était fixée à 3 % de sa richesse
foncière uniformisée, sans plus. Et là elle avait droit au
maximum, une fois qu'on déduisait sa contribution. Maintenant, nous
avons introduit le critère de capacité de payer de la
municipalité. Alors, chaque projet donne lieu à une
négociation avec la municipalité concernée et nous tenons
compte de sa situation financière, son potentiel fiscal, son
endettement, etc. Ça, ça nous permet de sauver beaucoup d'argent
que nous
pouvons redistribuer à un nombre plus élevé de
municipalités. Ceci explique que, au cours de la dernière
année, nous avons un nombre de municipalités
bénéficiaires pas mal plus élevé qu'au cours de
l'année précédente. Je tiens à rendre hommage ici
autant aux services du ministère qu'à mon cabinet qui travaillent
en étroite collaboration sur ces dossiers. nous avons également
prévu, dans les cas d'équipements d'égout et d'aqueduc,
qu'ils vont se faire dans une perspective de regroupement. supposez qu'on se
donne un équipement commun, 2 ou 3 municipalités. à ce
moment-là, il y a une réduction de la contribution de la
municipalité qui est accordée. au lieu de 3 % de sa richesse
foncière uniformisée, c'est 2 %. et, quand ça donne lieu
à un regroupement, pas seulement à une entente intermunicipale,
un regroupement, là il y a une subvention spéciale pouvant aller
jusqu'à 100 000 $ qui est accordée à chacune des
municipalités impliquées, ceci pour favoriser évidemment
le regroupement.
Nous avons continué, au cours de l'année, le programme
PARTM. C'est la troisième année consécutive pour les
municipalités de la Gaspésie. Un budget de 3 600 000 $ leur a
été accordé, ce qui a permis de financer 76 projets
d'amélioration locale.
Le ministère a aussi comme fonction d'assurer la bonne marche des
institutions municipales. Ça, ça fait partie de sa vocation de
base, et, à ce chapitre, je souligne les réalisations suivantes.
De nombreuses améliorations législatives ont permis de donner une
plus grande marge de manoeuvre aux autorités municipales dans la gestion
des affaires locales. Vous vous souvenez des seuils exigés pour le
recours à des soumissions publiques. Nous avons modifié les
seuils minima au-delà desquels on doit recourir à une
procédure plutôt qu'à l'autre. Ça veut dire
qu'aujourd'hui une municipalité a beaucoup plus de marge de manoeuvre
pour procéder d'une façon souvent plus économique. On a
établit des catégories suivant la population des
municipalités, etc. On a beaucoup amélioré ça. On a
donné aux municipalités un pouvoir de regroupement en
matière d'achat de biens et de services. On leur a donné un
régime spécial en matière d'assurance de manière
qu'elles puissent se doter de sociétés ou de services
d'assurances qu'elles géreront elles-mêmes, qu'elles
autofinanceront, qu'elles soutiendront par leurs propres démarches.
Nous avons adopté un bon nombre de projets privés. En
1992, nous en avons adopté une bonne douzaine dont certains
étaient des très gros projets qui ont permis de régler les
problèmes des municipalités. Je pense que les choses ont
marché rondement, et vous aurez remarqué que nous examinons
dorénavant les projets de loi privés dans les périodes
d'intersession, ce qui évite de les étudier de manière
bousculée au dernier ou à l'avant-dernier jour de la session. On
fait ça dans un climat détendu. Les municipalités ont plus
de temps pour s'expliquer; les députés, plus de temps pour
examiner les implications d'un projet. Ça permet surtout d'accorder plus
de temps aux opposants ou aux intervenants qui veulent venir faire entendre
leur point de vue à l'Assemblée nationale. Alors, ça a
très bien fonctionné de ce côté-ci, je pense
bien.
Je voudrais souligner le travail accompli par les bureaux
régionaux du ministère. Le ministère a des bureaux
régionaux dans 9 endroits différents. Vous les connaissez, les
députés, vous transigez avec ces bureaux. On ne souligne
peut-être pas assez que ce sont des bureaux très modestes. Au
bureau de Montréal, par exemple, qui dessert toute la grande
région de Montréal, y compris Laurentides, Lanaudière, y
compris la Monté-régie, on a, comme personnel, 1 directeur
régional, 5 professionnels, 2 employés de soutien. C'est tout ce
qu'il y a. Au bureau de Bas-Saint-Laurent et Gaspésie: 1 directeur
régional, 3 professionels, 1 soutien; Abitibi-Témiscamingue: 1
directeur régional, 1 professionnel, 1 soutien; Outaouais: 1 directeur
régional, 2 professionnels, 1 soutien. Je pourrais continuer comme
ceci.
Ces bureaux ont reçu au cours de l'année 42 000 appels
téléphoniques, 2900 visites, ont tenu 475 rencontres
d'information avec des élus ou des cadres municipaux pour des questions
reliées à l'application des lois, à la bonne marche des
institutions municipales, ont tenu 80 réunions régionales
d'information pour les élus, les administrateurs municipaux, 10 sessions
de formation pour élus et cadres municipaux. Ils sont très actifs
dans le traitement des dossiers relatifs aux plaintes que nous recevons des
citoyens. Souvent, c'est eux qui sont appelés à faire les
premières vérifications au nom du ministère.
En tout cas, je veux dire que tout ceci se fait avec un
déploiement minimum, qui est un très bon exemple du genre de
simplicité que devrait revêtir l'administration gouvernementale.
Souvent, la délégation régionale sert de prétexte
pour gonfler les effectifs. On n'est pas plus avancé. Si on en coupe 2
à un endroit et qu'on en ajoute 3 à l'autre, ça
coûte plus cher à la collectivité même si ça
ne figure pas dans les états financiers du ministre des Finances
à la fin de l'année. Ça figure, mais on a plus de
misère à le trouver.
Je voudrais dire un mot de la Commission municipale du Québec. La
Commission municipale, dont je salue le président qui est ici, a un
rôle diversifié poly-forme. Elle fait des enquêtes d'abord
à la demande du ministre ou du gouvernement dans certains cas. Il y a
plusieurs enquêtes qui sont en marche actuellement à Boisbriand,
Saint-Nicéphore, Weedon Centre en particulier. Elle exerce des tutelles.
Il y a des tutelles qui sont en marche présentement dans 7
municipalités différentes. Elle est appelée à agir
au nom du conseil municipal quand il se produit une absence de quorum en raison
de démission ou de départ. Elle exerce des pouvoirs quasi
judiciaires dans certains cas, des congédiements de cadres municipaux
par exemple, des ententes intermunicipales qui n'auraient pas été
respectées, exemption de taxes foncières, exemption de la surtaxe
sur les immeubles non résidentiels, etc. Je crois que la Commission
accomplit un. excellent travail dont la dernière année nous a
fourni des bons exemples. Si on a des questions à poser, on pourra le
faire tantôt. (10 h 50)
Elle fait un travail avec les communautés autoch-
tones. Je vais réserver ce sujet-là pour les
échanges que nous aurons au cours de la journée, mais je veux
signaler de façon spéciale, cependant, une visite que j'ai faite
en novembre dernier dans les communautés inuits, lesquelles sont
dotées, comme vous le savez, d'institutions municipales. J'ai
trouvé, dans ces communautés, des institutions municipales en
bonne santé. Les Inuit prennent déjà la
responsabilité de la conduite de leurs affaires locales dans le cadre de
la législation municipale du Québec. Nous leur fournissons une
assistance financière et technique appropriée. Ce n'est pas
facile d'assurer la gestion locale dans les conditions climatiques et
géographiques fort difficiles qui existent là-bas, mais j'ai
trouvé, chez ces communautés, un esprit, un souci de prise en
charge de leurs affaires qui ne se traduit aucunement par quelque forme que ce
soit de rejet du Blanc, ou du gouvernement, ou des institutions
québécoises. Je pense que là il y a un excellent exemple
qui devrait nous inspirer de rechercher une collaboration encore plus
active.
Je termine ce bilan en insistant sur la grande amélioration qui
s'est produite dans les rapports avec les municipalités, autant
individuelles que par le truchement des 2 unions qui les représentent.
L'année a été une année très active au point
de vue travail en commun. La Table Québec-municipalités, en
particulier, a produit un travail très constructif, lequel s'est
accompli dans un esprit de collaboration et de civilité remarquable.
J'en viens à l'année 1993-1994, en deux mots. Tout
d'abord, le ministère va continuer à donner l'exemple de la
modération et de la discipline. Pour l'année 1993-1994, les
effectifs équivalence temps complet du ministère vont passer de
416 à 388 unités. Ça, c'est conforme au plan de
réduction général des effectifs institué par le
Conseil du trésor et qui doit embrasser les 4 prochaines années.
Alors, le ministère fait sa part de ce côté-là.
L'Opposition nous a posé toutes sortes de questions, par exemple, sur
les sondages. Vous avez dû voir que ça ne prenait pas beaucoup
d'espace, la réponse. Il n'y en a eu aucun au cours de l'année.
Nos sondages, nous les faisons par le contact direct avec les
municipalités et la population, et les résultats sont
excellents.
Publicité. Vous avez remarqué qu'il n'y a pratiquement pas
de contrats de publicité ou tout ça. Je dois vous
féliciter, M. le sous-ministre, vous avez fait faire des belles cartes
pendant l'année pour les regroupements éventuels. Je voulais
avoir un portrait clair de toutes les municipalités de village et de
paroisse à travers le Québec et j'avais demandé qu'on
fasse des cartes là-dessus. On nous a préparé des cartes,
et vous avez, dans la documentation qui vous a été fournie,
combien ça a coûté. C'est vraiment à l'honneur de la
Direction du ministère, qui réalise de très belles choses
dans des conditions fort économiques. Remarquez que des appartenances
à des clubs ou à des affaires comme ça, il n'y en a pas au
ministère des Affaires municipales. Chacun, je ne le sais pas... M. le
sous-ministre, vous êtes libre de participer au club que vous voulez,
mais c'est vous qui payez. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Alors, il n'y a pas eu de directive de donnée,
ça se fait spontanément, Mme la Présidente. Je pense que,
dans cette année marquée par l'intérêt pour
l'austérité budgétaire, ce sont des choses qu'il est bon
de souligner.
En matière d'organisation et d'aménagement du territoire,
nous allons mettre l'accent, en 1993-1994, sur les schémas
d'aménagement. On veut que les schémas d'aménagement
deviennent de plus en plus des instruments de développement et non pas
simplement des photographies de la réalité comme on l'envisage ou
comme on l'a saisie par une caméra à tel moment. Parmi les
aspects qu'on va mettre en relief, il y a d'abord les orientations
gouvernementales. La première génération, on était
plutôt généreux, mais là il va falloir serrer la vis
un petit peu.
J'ai eu le cas récemment d'une municipalité
régionale qui nous avait envoyé un projet de schéma. On
lui a répondu en indiquant des orientations précises. On nous
revient avec la version définitive et on ne tenait pas compte du tout de
ce qui avait été dit par le gouvernement. On a été
obligé de revenir à la charge et de dire: On ne peut pas
approuver un schéma dans des conditions comme celles-là. Et, pour
l'information des députés, cette MRC est dans le comté
d'Argenteuil, mais on l'a traitée... C'est un petit peu une indication
pour les autres qui vont venir. C'est la première qui s'est
présentée, et on n'a pas fait de traitement spécial. Je
pense qu'il faut faire passer le bien général avant les
considérations particulières, et ça, on va tenir compte de
ça.
Les considérations environnementales sont de plus en plus
importantes aussi, et on veut voir également les possibilités de
développement d'un rôle plus actif des municipalités et des
MRC en matière de développement économique et social.
Alors, ça, ce sont des priorités qu'on va développer au
cours de la prochaine année. Je pense que ça va être
très intéressant.
Le deuxième grand volet, c'est le regroupement. J'ai
déjà indiqué... J'avais souhaité pouvoir le faire
pour l'examen des crédits, mais je ne pourrai pas parce que tout n'est
pas complètement ficelé encore. Nous avons un train de mesures
visant à stimuler les projets de regroupement à travers les
municipalités que nous rendrons public prochainement, mais qui va
comporter, je pense, des attraits non négligeables pour les
municipalités.
En matière de fiscalité municipale, nous allons être
très probablement obligés de présenter des modifications
à la Loi sur la fiscalité municipale pour tenir compte, entre
autres, de certains problèmes relatifs au BREF. M. Beaudoin va
être content de m'entendre. Le président du BREF, ça fait
déjà au-delà de 1 an et demi qu'il me parle de la
nécessité de modifications législatives. M. Beaudoin, je
suis content de vous dire que M. le ministre a pris l'initiative lui-même
de m'en parler, ce matin, puis que j'ai souscrit volontiers à cette
chose. Je pense qu'on doit ça. Le BREF accomplit un excellent travail,
et il y a certaines contraintes, dans sa loi, qu'on pourrait corriger
rapidement, en s'y mettant. Ça, ça fait
partie de la Loi sur la fiscalité municipale.
Les installations ferroviaires. Il y a un problème de taxation
qui se pose depuis longtemps, et je pense qu'on a tous les
éléments pour résoudre ce problème-là
à brève échéance. Il se pourrait qu'un projet de
loi soit soumis prochainement pour régler ce problème-là.
De même, vous vous souvenez que, lors de l'adoption de la loi 145, on
avait modifié la loi sur les mutations immobilières, mais il y a
certains trous qui sont restés dans la loi comme elle est actuellement
qui pourraient permettre des échappatoires. On veut faire des
corrections. Il y a un comité qui travaille ça avec les
municipalités, et je crois que nous pourrons en venir à des
conclusions dans un avenir pas trop éloigné.
Nous allons maintenir les programmes de transfert dont j'ai
parlé, tantôt, en 1993-1994. Je ne sais pas encore, dans certains
cas... Le programme PAFREM, ça, il y aura des modifications qui
viendront dans le train de mesures visant à stimuler les regroupements.
Le programme de péréquation, je pense bien que, s'il y a des
changements, ça devrait venir dans le budget, mais je n'en
prévois pas, pour être franc. Le programme AIDA, le budget pourra
prévoir des ajouts de crédits, mais ça, il appartiendra au
ministre des Finances d'en prendre l'initiative. je souligne que, dans les
paiements de compensation aux municipalités, il y a une modification qui
va prendre effet à compter de 1993-1994. c'est les compensations de
plafonnement accordées à ce qu'on appelait les
municipalités délinquantes, les municipalités qui
n'avaient pas de corps de police qui là, maintenant, sont
obligées de se doter d'un corps de police ou de s'affilier à
d'autres municipalités pour fins de services policiers. on leur donne
des compensations de plafonnement à cause des coûts
élevés qui découlaient pour eux de la réforme. on
ne peut pas les financer indéfiniment. ça fait que ce programme,
dans leur cas, va être sur une base décroissante au cours des
prochaines années: dès cette année, il va tomber à
75 %; l'autre année après, ce sera 50 %; l'autre année
après, 25 %; puis, après ça, ce sera fini.
En ce qui touche l'abonnement pour les institutions municipales, nous
allons avoir l'occasion d'en parler tantôt. Je ne m'attarde pas
davantage, Mme la Présidente, parce que je répondrai volontiers
aux questions des députés là-dessus. On a un menu
législatif qui n'est pas négligeable, cependant. Nous envisageons
des modifications à la Loi sur l'organisation territoriale municipale,
à la loi de la CUM, à la Loi sur la fiscalité municipale,
puis, également, nous voulons mettre de l'avant le livre 3, la
révision des lois municipales.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. le député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, Mme la Présidente.
Alors, je vais être sûrement plus bref pour être
capable, rapidement, d'aborder les thèmes que je veux exposer.
Cependant, j'en profiterais, Mme la Présidente, pour saluer d'une
façon spéciale le ministre des Affaires municipales ainsi que
tout son personnel, autant les gens du cabinet que les gens du
ministère, plus particulièrement M. Gagné, sous-ministre,
M. le président de la Commission municipale, M. O'Bready, de même
que le président du Bureau de la révision de l'évaluation
foncière, ainsi que les membres de la commission et tous les autres
fonctionnaires qui, comme c'est la tradition, accompagnent le personnel
politique pour, effectivement, répondre aux diverses questions qui
seront posées.
De rappeler, Mme la Présidente, que l'étude des
crédits est une occasion privilégiée pour dresser un bilan
de la dernière année, c'est évident, et de porter un
jugement sur les choses qui sont annoncées ou qui se feront, c'est
également requis de le faire. Cependant, je ne pense pas qu'il y a lieu
d'aller aussi fort que le ministre l'a laissé voir. Ça fait 17
ans, moi, que j'ai l'occasion d'en faire moi-même ou d'en questionner et
j'ai rarement vu un ministre se faire revirer lors de l'étude des
crédits. Donc, il ne faut pas dramatiser. (11 heures)
Tantôt, il laissait voir que c'était tellement majeur, que,
si les députés étaient le moindrement attentifs, il y
avait des chances d'assister à des renversements ministériels. Je
n'ai pas vu ça souvent. C'est un contrôle important. Je pense que
c'est un exercice nécessaire, si on le voit comme il faut, dans sa
responsabilité de fonction contrôle. C'est de permettre aux
parlementaires d'exercer un peu leur fonction de contrôle de ce qui s'est
passé, mais c'est un contrôle a posteriori. Les choses sont
décidées. On étudie les crédits de la prochaine
année. Alors, quand même on questionnera les crédits,
ça, je ne pense pas qu'on fasse un grand travail utile. Il vaut mieux,
je pense, retenir un certain nombre de grandes priorités, de projets
spécifiques ou de créneaux particuliers et apprécier
davantage ce qui a été fait, selon nous, ou ce qui a
été omis d'être fait.
Il est peut-être bon de se rappeler, cependant, que c'est la
huitième année. L'étude des crédits, cette
année, là, c'est la huitième année de gestion
libérale des affaires municipales, pour les crédits de ce matin.
Je voudrais juste faire un commentaire, ce n'est sûrement pas les 5
premières qui nous ont virés à l'envers, parce qu'il ne
s'est pas passé grand-chose dans les 5 premières années de
l'administration libérale, dans le domaine des affaires municipales.
Ça a été sous le signe de l'indécision chronique et
de l'absence de vision. Il ne s'est passé rien.
Dans le fond, il a fallu attendre l'arrivée du
député de Maskinongé pour que les choses commencent
à s'agiter un peu. C'est probablement relié au personnage. Mais
c'est en 1990 que le gouvernement a décidé de rompre pour la
première fois, de rompre unilatéralement l'entente fiscale
négociée en 1980, qui conférait aux municipalités
du Québec une source de revenus quasi exclusive, à savoir
l'impôt foncier.
Je n'ai pas envie de refaire l'historique, parce que
je me rappelle les responsabilités que j'avais à
l'époque, mais c'est dans cet épisode malheureux et je
veux le rappeler au ministre des Affaires municipales, qui fut un complice
actif de cette rupture, à l'époque que
l'élargissement du champ d'impôt foncier au profit des commissions
scolaires s'est traduit par une augmentation de taxes foncières de
l'ordre de 320 000 000 $ pour les contribuables québécois.
Parce qu'il faut toujours se rappeler que ce gouvernement, discours de
budget après discours de budget... Je me rappelle toujours la phrase
éternelle du ministre des Finances, et, comme c'est le même, il
rappelle toujours que c'est un gouvernement qui ne touche pas à
l'impôt foncier des contribuables. Je comprends! S'il fallait qu'il y
touche, avec les 3 500 000 000 $ à 4 000 000 000 $ d'impôt de plus
que les contribuables ont dû assumer, ça serait bien la fin du
monde.
Alors, moi, je rappelle que ce gouvernement prétend, à
chaque discours sur le budget, que, lui, il ne touche jamais aux contribuables.
Il n'y a jamais de hausse directe d'impôt chez les contribuables. Mais il
a des grosses pelles, puis c'est des méchants pelleteux, puis la facture
augmente pour les contribuables. Elle augmente au chapitre des droits, des
immatriculations de toute nature, des taxes déguisées, des
responsabilités qu'il ne veut plus assumer, et on aura l'occasion de le
faire.
Voulant sans doute ménager le député de
Maski-nongé qui, personnellement, s'opposait à la rupture de
cette entente fiscale et ayant sans doute aussi à l'esprit ce qui s'en
venait, le premier ministre muta le ministre des Affaires municipales à
d'autres fonctions et il le remplaça par l'actuel ministre qui, lui,
avait une tâche pas mal plus colossale à accomplir, c'était
500 000 000 $ à pelleter dans la cour des municipalités, puis il
est allé chercher l'homme pour le faire, mais toujours en ne touchant
pas aux contribuables québécois, par exemple. Tu sais, 500 000
000 $ de plus dans la cour des municipalités, mais on vous garantit
qu'il n'est pas question d'augmenter les taxes. Nous, on est contre ça.
Les taxes sont assez élevées et les contribuables sont
déjà assez taxés. Ça va juste vous coûter 500
000 000 $ de plus, mais on n'augmente pas l'impôt des contribuables.
À peine arrivé à la barre des Affaires municipales,
à l'automne 1990, le nouveau titulaire annonçait, le 14
décembre de la même année, un transfert sans
précédent de factures au monde municipal. Et c'était la
déclaration de guerre. Rapidement et unanimement, l'ensemble des forces
vives du Québec (municipalités, patrons, syndicats) faisaient
connaître leur opposition à ce pelletage qui, de surcroît,
survenait dans un contexte extrêmement difficile et presque sans
précédent.
Devant le tollé soulevé par sa proposition du 14
décembre, le ministre des Affaires municipales a commencé
à jeter un peu de lest. C'était drôle de l'entendre
tantôt, comment ça confirme notre prétention. Il a pris au
moins un bon 20 minutes, tantôt, pour dire: Regar- dez comme on a
été gentils. Ils s'attendaient qu'on les massacre à toute
épreuve. Regardez, on a adouci telle affaire, on a réduit telle
affaire, on les a moins plantés que prévu.
Alors, il confirme notre prétention que le tas de neige, il
était sans précédent. Puis il a décidé
d'aller donner un petit coup de pelle devant la porte du garage pour baisser le
tas un peu. Alors, le 14 décembre, ça n'avait pas de bon sens.
Ça fait que, le 14 mai, il a dit: Là, ce n'est plus 500 000 000
$, que vous allez prendre; c'est juste 400 000 000 $. On est gentils, on
comprend vos besoins. Puis il a annoncé une réduction de factures
de 500 000 000 $ à 400 000 000 $. Mince consolation qui fut
rejetée, tout aussi unanimement que la précédente
proposition.
Cette unanimité, d'ailleurs, a été constatée
lors des consultations publiques tenues en juin 1991. Le ministre se rappelle
sûrement de juin 1991, à la suite du dépôt de la loi
145. Mais, justement, le ministre, devant le fait que les milieux
concernés en avaient encore gros sur le coeur, a décidé
que les règles démocratiques, on repassera. Ce n'était
plus dans le portrait, ce n'était plus dans le décor. Et
l'étude du projet 145, c'a duré le temps des roses. C'est le
ministre qui a décidé que c'était assez, puis, d'une
façon brutale, on a arrêté l'étude du projet de loi
145. On a imposé le bâillon, que ce gouvernement utilise depuis
comme si c'était la mode, la règle, et malgré notre
opposition légitime et malgré que le ministre partageait notre
point de vue, parce qu'il a dit: C'est vrai que vous fonctionnez
normalement.
Je me rappelle, je suis retourné voir les galées. Je suis
retourné voir les choses qui se disaient, à ce moment-là,
puis le ministre lui-même, le ministre des Affaires municipales disait:
C'est vrai que vous fonctionnez correctement. L'Opposition étudiait
correctement le projet de loi 145, mais il a dit: Moi, qu'est-ce que tu veux,
moi, j'ai un leader, et c'est lui qui m'impose le bâillon, puis ça
me fait bien de la peine, mais c'est fini, les discussions; 145, c'est
adopté.
Donc, de 1990 à 1992, vous ne me ferez pas brailler sur les
années extraordinaires de relations cordiales, chaleureuses et
fantastiques dans le monde municipal. C'est dans le monde du rêve, puis
on n'est pas à Walt Disney, ici, là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Alors, j'étais obligé au moins de
rappeler ça, tu sais, que Walt Disney, c'est l'été, en
juillet, mais surtout pas quand, aujourd'hui, il y a l'air... un fond de
neige.
Alors, bien sûr que les spécialistes de l'image de ce
gouvernement y ont vu. Ça, je leur rends grâce, je leur
lève mon chapeau parce qu'il y a énormément de
spécialistes de l'image dans ce gouvernement-là. Et ils ont
tassé un peu les choses. Ils ont mis un peu de mascara pour s'assurer
qu'on ne voie pas tout. Cependant, ce n'est pas parce que je suis nouvellement
aux Affaires
municipales que je n'ai pas de contact avec les élus
municipaux.
J'en ai 50 municipalités dans mon comté, et on ne reste
pas en vie longtemps en politique si on ne s'occupe pas du monde municipal.
J'en ai des contacts avec les élus municipaux, et eux autres n'ont pas
trouvé que c'était le paradis avec le Parti libéral,
même si Paradis a passé par là. Ils n'en ont pas eu
connaissance, quand Paradis a été ministre des Affaires
municipales; il ne s'est pas passé grand-chose.
Moi, en tout cas, ce que je conseille aux élus municipaux, c'est
de demeurer vigilants et de rester très, très critiques face
à ce gouvernement «pelleteux» comme c'est pas possible.
Puis, comme je l'ai mentionné tantôt, le ministre, ce matin, a
confirmé nos prétentions. Oui, il a été très
attentif et à l'écoute des adoucissements, des nombreux
adoucissements de toutes ces mesures qui ont toujours été dans le
même sens: Voici, nous, on veut un gouvernement le plus petit possible,
le plus rapetissé possible, le moins influent possible et, pour
ça, on sort la pelle et on vous pelleté des
responsabilités, puis vous allez en prendre. J'avais l'occasion,
d'ailleurs, à l'invitation de l'UMQ, d'assister au congrès de
l'UMQ. J'ai écouté attentivement l'allocution d'ouverture qui a
été à peu près dans le même genre que celle
qu'on a ici, là, assez serrée, assez longue, qui reprend toutes
les actions de ce gouvernement-là. Le ministre des Affaires municipales
a fait un bilan sans précédent. De son point de vue,
c'était un bilan très positif, et je comprends la
présentation qu'il en a faite. Si j'étais ministre des Affaires
municipales du gouvernement, c'est rare que j'irais faire une
présentation négative du travail que je pense avoir accompli.
Qu'est-ce tu veux? Je comprends sa présentation, mais je ne pense
pas de le renverser sur sa chaise, ce matin, de dire que je pense qu'il se
dégage de la dernière année, tout compte fait, une
année assez tranquille, un bilan qui n'est pas uniquement
négatif je ne dirais jamais ça, ce n'est pas vrai
mais qui n'est peut-être pas aussi reluisant que la présentation
que le ministre en a fait.
Regardons ça rapidement. Ça va être plus court, mais
regardons ça rapidement. On est heureux, nous, de concourir à
l'adoption de la loi 56 modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. Le ministre en a parlé, ce matin. Alors, ce n'est pas
compliqué: Oui, c'est une bonne initiative. Là-dessus, on est
d'accord. Vraiment, c'était important et utile, les modifications que
vous avez apportées. On y a concouru, on l'a adoptée
unanimement.
Loi 74, écoutez, je ne ferai pas 1 heure sur la loi 74 modifiant,
à la satisfaction de tous, le régime de négociation et
d'arbitrage des policiers et des pompiers municipaux. Qu'est-ce que voulez que
je vous dise? Oui, c'est bien, ça, puis, oui, c'était requis,
puis, oui, on était tannés, puis bravo!
Des voix: ...
M. Gendron: Oui, mais je vous l'ai dit, je ne passerai pas les 6
heures là-dessus.
Des voix: Ha, ha, ha!
(11 h 10)
M. Gendron: Alors, là, ça, ça fait 2 bonnes
législations voulues et adoptées à l'unanimité.
Alors, ça prouve une chose, que c'est possible de faire des choses en
collaboration avec l'Opposition, puis de sanctionner conjointement le
résultat quand on fait des choses qui sont dans le sens voulu et
souhaité des élus municipaux, qui correspondent au gros bon sens
commun.
Mais, dans le domaine des législations, ça s'arrête
là. La loi 20, qui a aboli les droits sur les divertissements
perçus par les municipalités, moi, je ne peux pas applaudir.
Pourquoi je ne peux pas applaudir à la loi 20? Carrément dans la
ligne de la grosse pelle, carrément dans la ligne du pelletage du
gouvernement, parce que vous avez pelleté dans les cours des
municipalités, par cette loi, à peu près 30 000 000 $.
Cette décision a fait perdre 30 000 000 $ aux municipalités
québécoises, en particulier aux villes de Québec et de
Montréal. Mais je rappelle toujours que, vous autres, vous ne touchez
jamais aux impôts des contribuables. Vous ne vous occupez pas de
ça. Ils en ont assez. Mais 30 000 000 $ par la loi 20.
Le projet de loi 55, quant à lui, qui a constitué un
amalgame de dispositions diverses concernant la fiscalité municipale et
l'évaluation foncière, je rappellerai simplement au ministre, qui
se réjouissait de l'exemption pour 17 municipalités du droit de
30 $ sur l'immatriculation des véhicules, qu'il en reste juste 177
autres à exempter pour qu'il y ait réellement matière
à réjouissance. Alors, je répète les chiffres. Il y
en a 17 qui sont bien heureuses, 30 $ sur l'immatriculation qui... mais il en
reste 177 à exempter. Alors, les proportions n'y sont pas bien, bien:
177 contre 17. Alors, moi, j'ai beaucoup plus de contacts avec les 177 à
exempter que les 17 qui l'ont été.
Je rappellerai également au ministre qu'il a omis de mentionner,
dans son discours devant l'Union des municipalités, que la loi 55
interfère dans un processus judiciaire légitime en annulant un
certain nombre de causes pendantes en matière d'évaluation
foncière. D'ailleurs, le Barreau du Québec n'a pas manqué
de vous le rappeler et de le dénoncer à plusieurs reprises. Bon,
aujourd'hui, vous avez dit: Oui, on a vu quelque chose qu'on n'avait pas vu,
puis c'est ressorti, puis on va s'en occuper.
Pour ce qui est de la demande, une deuxième année
d'affilée, du gel des salaires dans la fonction publique municipale,
écoutez, moi, je dis: Je l'ai entendue, l'an passé, il ne s'est
rien passé. Alors, j'ai entendu la même demande. On va voir ce qui
va se passer. Sur la demande, je vais y revenir sur la demande du gel de
salaires pour les administrations municipales, on va revenir en questions. Je
fais juste signaler quelque chose.
Vous avez aussi parlé de la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels et des problèmes qu'elle engendre, en particulier
à Montréal. Puis j'aurai l'occasion d'y
revenir, lors des questions qu'on veut débattre, mais je veux
juste rappeler, à ce moment-ci, 2 petits commentaires rapides parce que
c'est le moment pour faire ça, les remarques préliminaires.
En ce qui concerne le cas de Montréal, sans parler du fond, je
voudrais juste dire au ministre que ça prend soit du culot ou une
mémoire sélective pour imputer la faute à tout le monde,
sauf au gouvernement, comme le ministre l'a fait. Parce que la surtaxe sur les
immeubles non résidentiels, le ministre sait bien puis
j'espère que ses collègues ministériels le savent, et
ça ferait partie aussi de leur job, si jamais ils décidaient de
la faire...
Une voix: Wo! Wo! Wo!
M. Gendron: Ça fait partie de leur job d'être
conscients que la surtaxe sur les immeubles non résidentiels, O.K., a
été créée, pensée, planifiée et
imposée par le ministre des Affaires municipales. Ça n'existait
pas avant, ça. Ça n'existait pas à nulle part. Puis, dans
le projet de loi, on a décidé d'instaurer une surtaxe pour la
première fois, de dire: Non, non, ça n'a rien à voir avec
nous autres, c'est la ville de Montréal. Je regrette, la surtaxe,
ça n'existait pas dans le projet de loi 145. La ville de Montréal
ne pourra même pas s'en prévaloir. Alors, on va la questionner
davantage. Avant la loi 145, ça n'existait pas, cette surtaxe.
Le second commentaire porte sur le gel des «en lieu» de
taxes du gouvernement fédéral. Ici, je tiens à rappeler au
ministre qu'il s'était dit convaincu, au moment de l'étude du
projet de loi 145 et on la, encore là, retracé, dans le
procès-verbal que le fédéral se plierait au
régime fiscal du Québec et qu'il paierait la surtaxe sur les
immeubles non résidentiels. Je ne sais pas, là, si c'est un
problème de foi qui, parfois, aveugle, la foi du ministre envers le
régime fédéraliste, qui l'aveugle. J'espère qu'elle
a été ébranlée un peu, mais, nous, on doit
constater qu'une fois de plus le fédéral s'est payé notre
tête, la vôtre, et qu'il fait à sa guise, comme dans bien
des affaires.
J'entends la ministre de l'Éducation dire: Non, non, nous autres,
il n'est pas question de permettre les intrusions en éducation. Toutes
les semaines, le fédéral met ses plus gros pieds dans le domaine
de l'éducation. Alors, même chose ici. Ce geste cavalier d'Ottawa
privera les municipalités du Québec de 40 000 000 $; 40 000 000 $
de moins parce que le gouvernement fédéral a décidé
de ne pas faire ce qu'il serait logique de faire, comme n'importe quel
contribuable: payer ses taxes. Décidément, ces dernières
manquent de veine dans leur relation avec les gouvernements supérieurs,
par les temps qui courent, au chapitre de leurs besoins financiers. Je parle
des municipalités.
Toujours dans ce domaine-là de la fiscalité municipale, le
ministre n'a pas parlé du tout de la réforme de la
fiscalité. Il n'a pas fait mention de la promesse que vous aviez faite,
lors de l'étude du projet de loi 145, à l'effet de corriger le
plus rapidement possible les carences douteuses de l'article 65, paragraphe 1,
de la Loi sur la fiscalité municipale qui traite de l'évaluation
des biens industriels. Ça, il va falloir revenir là-dessus.
J'aurai des questions à poser là-dessus.
Enfin, le ministre a fait état d'améliorations prochaines
aux mesures favorisant les regroupements municipaux même si, dans les
faits, le ministre a répété ce qu'il avait
déjà annoncé, le 8 octobre dernier. C'est évident
qu'on va suivre avec beaucoup d'intérêt tout nouveau
développement quant aux politiques encourageant les regroupements de
municipalités. J'aurai l'occasion, lors de l'étude plus
détaillée des crédits, de revenir là-dessus.
Au chapitre des crédits comme tels, pour la prochaine
année fiscale, ceux du ministère des Affaires municipales
s'élèvent à 440 000 000 $, si on exclut le secteur de
l'habitation. Ils se situent donc en hausse de 4,7 % par rapport aux
dépenses probables de l'an dernier. Cette progression est d'abord et
avant tout imputable au programme Aide et surveillance administratives et
financières, ce qu'on appelle le programme 2, qui comprend le Fonds de
péréquation. On verra plus tard, aujourd'hui, que ce programme a
été bonifié afin d'amoindrir quelque peu les impacts
importants du pelletage de 400 000 000$ découlant de la loi 145. Donc,
ça coûte un peu plus cher. Ça coûte un peu plus cher
au gouvernement, ce qui a été prévu, parce qu'on a
décidé d'atténuer un peu les impacts négatifs sur
les contribuables.
N'eut été de cette mesure très ponctuelle,
très temporaire, très circonstancielle, les crédits du
ministère des Affaires municipales auraient probablement diminué,
puisque tous les autres programmes, à l'exception du programme 3
concernant l'évaluation foncière, subissent, eux, des
réductions avec lesquelles on n'est pas en désaccord. Pas de
problème avec ça.
On aura l'opportunité, pour les prochaines heures, de
débattre d'un certain nombre de sujets. Je voudrais juste, en terminant,
puisqu'il s'agit d'une première pour moi en tant que porte-parole de ma
formation politique en matière d'affaires municipales, faire quelques
commentaires généraux sur la fonction municipale au
Québec, mais très succincts pour aller rapidement aux sujets que
je veux toucher.
Je pense qu'il faut être conscient qu'on l'a déjà
dit, on l'a déjà répété, mais les
administrations municipales sont celles, parmi l'ensemble des administrations
publiques, qui sont les plus accessibles aux citoyens, et c'est
particulièrement vrai dans les petites communautés, dans les
petites municipalités, où les conseillers municipaux et le maire
côtoient quotidiennement la population. Si, dans les grandes villes,
cette proximité n'est pas aussi tangible, il n'en demeure pas moins que
n'importe quel citoyen peut aller questionner ses représantants
publiquement, lors des séances du conseil municipal, et c'est important,
je pense, de regarder ce volet très largement démocratique. C'est
un acquis du système municipal important. Cette proximité prendra
de plus en plus d'importance dans les années à venir si la
tendance actuelle se poursuit de confier de plus en plus de
responsabilités aux administrations municipales.
En ce qui nous concerne, une vraie décentralisation ou toute
mesure de décentralisation des pouvoirs comporte des avantages, et,
nous, on est convaincu, de ce côté-ci, et la formation politique
à laquelle j'appartiens est convaincue que, dans le temps qui viendra,
dans le futur, il va falloir toujours souscrire à une plus grande
responsabilisation des élus municipaux, leur confier davantage de
responsabilités, mais, bien sûr, avec les transferts
afférents, et, si on n'est pas en mesure de le faire, à tout le
moins discuter et négocier les nouvelles responsabilités qu'on
veut confier aux administrations locales, parce que, règle
générale, avec la négociation, par toute sorte de formes
de négociation, c'est très rare qu'il y a des perdants. On a
toujours beaucoup plus de gagnants dans une formule de négociation que
dans une formule d'imposition.
Je pense que le Québec doit avoir un message clair et limpide, et
il est important que les administrations municipales sentent que le
gouvernement du Québec a un discours clair et précis dans le
même sens d'une plus grande responsabilisation, d'une responsabilisation
accrue et d'une décentralisation réelle, mais au moins discuter
des pouvoirs fiscaux qui doivent les accompagner. (11 h 20)
Je vous donne un exemple. Pour le ministre des Affaires municipales,
ça fait... Ça peut faire sûrement drôle, à un
moment donné, d'entendre le ministre des Affaires municipales qui clame
haut et fort, et souvent avec raison, qu'il est opportun, à ce
moment-ci, de poser des gestes de renforcement des périmètres
urbains ou des centres-villes, pour éviter ce qu'on appelle le
phénomène de l'étalement urbain.
Je l'ai déjà entendu, à plusieurs reprises,
discourir adéquatement, selon moi, discourir très
adéquatement sur le phénomène de l'étalement
urbain, qui est coûteux, qui est dispendieux, qui va coûter une
fortune aux générations qui vont nous suivre, si on n'est pas
conscients que, à certains égards, il faut avoir des politiques
qui vont dans le sens de contrer l'étalement urbain, qui coûte
trop cher. Pourtant, le même ministre des Affaires municipales, qui avait
un beau discours là-dessus, dans le même souffle, il n'a pas eu de
trouble, il a appuyé le déménagement de l'Hôtel-Dieu
dans l'est de l'île de Montréal; et ça, c'est lié au
phénomène de l'étalement urbain. Oui, oui, si on fait un
trou au centre-ville, puis qu'on ne compense pas...
Je veux juste illustrer par un exemple qu'il faut faire attention
à ce qu'on dit, parce qu'à un moment donné les
administrations municipales ont de la difficulté à nous suivre.
Un beau discours sur l'étalement urbain, mais sans les politiques qui
vont dans le sens contraire de l'étalement urbain, cela fera beaucoup
plus mal que 10 autres beaux discours qui suivront pour contrer le
phénomène de l'étalement urbain.
Il faut avoir une vision d'ensemble, autrement dit. On ne peut pas avoir
une gestion à la petite semaine du domaine municipal. On ne peut pas se
contenter d'interventions ponctuelles ici et là. Il faut avoir une vue
très large, élargir les horizons pour s'assurer que les
administrations municipales fonctionnent dans un cadre qui correspond à
ce qui se passe aujourd'hui. Je pense que le ministre des Affaires municipales,
à une couple de reprises, a jeté des bonnes idées sur la
table, a vraiment déposé des bonnes idées au niveau du
monde municipal. Je souhaiterais, moi, éventuellement, qu'il les
collectionne, les élargisse pour faire, peut-être, un...
Le moment est venu, peut-être, de faire un forum avec le monde
municipal pour un vaste débat public où toutes les options
seraient confrontées, toutes les idées seraient
confrontées, parce qu'il y en a plusieurs idées, là, qui
fourmillent actuellement quant au rôle que l'on devrait donner aux
municipalités, dans un contexte de rationalisation budgétaire,
dans un contexte où, effectivement, l'État-providence, c'est
terminé, on n'a plus les moyens, personne, quel qu'il soit. Je pense que
le moment est venu de tenir un débat assez large avec le monde
municipal, mais à condition que certaines options soient mises sur la
table pour permettre que toutes les tendances s'expriment, plutôt que, ad
hoc, à la pièce, arriver avec toutes sortes de petites mesures
qui ne sont pas vraiment associées à l'ensemble d'un contexte,
là, qui oblige, je pense, à regarder ça d'une façon
plus large.
Voilà, Mme la Présidente, les remarques que je voulais
faire. Je peux indiquer, à ce moment-ci, les principaux sujets dans
l'ordre que je voudrais aborder pour les heures qui vont suivre. Un des
premiers dossiers que je voudrais aborder, ça sera, M. le ministre, puis
je vais vous laisser réagir après, là, si vous voulez,
quelques minutes, mais un des premiers sujets que je voudrais aborder
c'est juste parce que je pense que ça travaille mieux quand on l'indique
comme ça, là ça sera la surtaxe sur les immeubles
non résidentiels; le deuxième, ça sera le gel des
subventions du fédéral; troisièmement, ça sera le
gel des salaires; quatrièmement, le regroupement des
municipalités et j'indiquerai, par la suite, les autres sujets,
là, mais c'est les principaux, là, pour tout de suite. Est-ce que
ça vous convient?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Gendron: Est-ce que ça vous convient de procéder
comme ça?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a des
commentaires sur...
M. Gendron: Sur le premier sujet...
M. Ryan: Je ne sais pas s'il y a des sujets que les
députés ministériels seraient intéressés
à aborder aussi. Je ne détesterais pas avoir une idée, tu
sais, pour...
M. Maltais: Bien, je... Je pense que...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: ...il y a quelques sujets qu'on va...
M. Ryan: On fait l'ordre du jour, un petit peu, de nos
échanges, hein.
M. Maltais: Oui.
M. Gendron: Oui, oui, puis, de toute façon, je vais faire
la liste qui va se compléter, je peux le faire. Je vais vous parler de
l'évaluation industrielle liée à l'article 65 tu
sais, je veux dire, si je fais toute la liste l'étalement urbain,
je vais avoir des questions et des faits précis. Sur le transfert de
causes aux cours municipales, je vais parler de ça; AIDA, le programme
AIDA, je veux parler de ça; contestation des taxes foncières
municipales par le gouvernement, je veux parler de ça;
élargissement de l'impôt foncier scolaire, je veux parler de
ça; Fonds de péréquation; réouverture de
Schefferville. Je ne dis pas, encore là, que je vais être long
là-dessus, mais je vais en parler. Gaétan Cou-sineau à la
Commission municipale, je veux parler de ça...
Une voix: Ah oui?
M. Gendron: Oui. Je veux parler d'un certain nombre,
également, de dossiers locaux, un certain nombre de dossiers locaux,
comme Côte-Saint-Luc, comme Saint-Colomban,
Sainte-Marthe-sur-le-Lac...
Une voix: Morin-Heights.
M. Gendron: Morin-Heights, Napierville...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...Gaspé, puis un certain nombre d'autres
affaires. Alors, c'est à peu près... Que voulez-vous, on ne peut
pas tout faire! On n'a seulement que 6 heures, puis on a avait 15 minutes de
retard, puis, connaissant le ministre, j'ai peur d'en prendre d'autres,
d'autres minutes de retard. Alors, j'y vais tout de suite pour
éviter...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Je pense que le député d'Abitibi-Ouest
vient de faire le tour un peu de la majeure partie des dossiers. Alors, sans
annoncer nécessairement le type de dossiers qu'on voudra discuter avec
vous, M. le ministre, je pense que ça ne sera pas une surprise
générale pour vous, lorsqu'on interviendra sur des dossiers
précis, en tout cas en ce qui me concerne, et peut-être que mes
collègues auront des points particuliers, mais ça ne sera pas une
surprise pour vous. Je ne pense pas qu'on est en mesure de prendre le ministre
des Affaires municipales à court.
M. Gauvin: Un peu dans le même sens...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: ...sens, Mme la Présidente, je pense que je
voulais me réserver, du moins, le droit de vérifier avec M. le
ministre certains de nos dossiers. Contrairement à ce que peut penser le
député d'Abitibi-Ouest, nous faisons notre travail à la
façon de parlementaires qui forment le gouvernement. Finalement, il peut
y avoir des points qui nous intéressent comme les autres
députés dans cette Chambre.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va. Alors,
M. le député d'Abitibi-Ouest.
Discussion générale Surtaxe sur les
immeubles non résidentiels
M. Gendron: Le premier point, M. le ministre, je voudrais juste
replacer par 1 phrase ou 2 le contexte, puis j'aurai 3 ou 4 questions
précises. Bon, le problème de la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels. Bon, c'est sûr que vous êtes conscient que
ça crée beaucoup de mécontentement,
particulièrement à Montréal, mais je voudrais vous
rappeler, pas uniquement à Montréal, comme vous le laissez trop
souvent sous-entendre.
À Montréal, le mouvement de protestation a pris l'allure
d'une véritable révolte, puis, bien sûr, dans ce
temps-là, ça amène des gens à poser des gestes qui,
parfois, peuvent être répréhensibles, parfois peuvent se
passer autrement, comme on aurait souhaité, mais, sur le fond des
choses, je ne peux pas être en désaccord avec ces gens qui
prétendent qu'il y a actuellement un certain nombre de situations qui
font que c'est très dangereux pour l'avenir d'un certain nombre de
commerçants.
Et, moi, je ne pense pas que le ministre peut se défiler et dire:
Écoutez, ce n'est pas moi, c'est la ville de Montréal. Je veux
juste rappeler que c'est vous qui êtes le père de la surtaxe sur
les immeubles non résidentiels. Alors, c'est peut-être une
paternité qui vous intéresse moins aujourd'hui, mais c'est la
vôtre. Avant la loi 145, rappelez-vous que cette surtaxe-là
n'existait pas, elle n'existait pas. Il n'y en avait pas de surtaxe.
Maintenant, elle existe.
Alors, M. le ministre, vous avez rencontré les manifestants. Vous
avez promis parce qu'on vous lit d'étudier attentivement
le dossier. Je me rappelle le commentaire que vous avez fait, puis je n'ai pas
envie... Après avoir blâmé Montréal et traité
les commerçants de sauvages, là, vous avez dit: On va regarder
ça, et, à une couple de reprises, vous avez pris des engagements
fermes d'être attentif à cette
réalité-là.
Alors, la première question que je voudrais vous poser, puisque
vous avez étudié attentivement le dossier, est-ce que vous
dégagez un certain nombre de pistes de conclusion qui vous permettraient
soit d'envisager des modifications à la loi 145, soit, encore, des
dispositions administratives qui feraient que la difficile situation des
commerçants montréalais soit atténuée? S'il
y a moyen de le faire, comment voyez-vous que ça peut se faire? Est-ce
que d'autres rencontres sont prévues avec les autorités
montréalaises et les commerçants concernant cette
problématique spécifique? C'est les 2 ou 3 premières
questions pour lesquelles j'aimerais avoir des précisions.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre. (11 h
30)
M. Ryan: Tout d'abord, la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels a été instituée, il est vrai, par
l'adoption de la loi 145, mais c'est une mesure qui répondait à
un voeu émis depuis longtemps par le monde municipal, qui avait
été confirmé, entre autres, dans le rapport du
comité que présidait M. Jacques Parizeau, du comité qui
avait été formé à l'initiative de l'Union des
municipalités du Québec, qui avait formulé une
série de recommandations, dont plusieurs ont été retenues
dans la loi 145, même si l'auteur ou l'un des avocats antérieurs a
eu bien du mal à se reconnaître là-dedans. Je le comprends.
Mais, nous autres, nous n'avons pas fait un rapport, nous l'avons fait.
La surtaxe sur les immeubles non résidentiels est une mesure qui
peut servir de mesure alternative pour les municipalités ou qui peut
encore remplacer la taxe d'affaires qui existait depuis longtemps, là,
sur les logements commerciaux. Alors, c'est une faculté qui a
été donnée aux municipalités de recourir à
ce moyen de financement soit en remplacement de la taxe d'affaires, soit en
complément de la taxe d'affaires, mais à l'intérieur de
limites qui ont été fixées dans la loi. La surtaxe sur les
immeubles non résidentiels a été instituée dans
près de 200 municipalités, près de 200
municipalités.
Avez-vous entendu parler de problèmes ailleurs, des
problèmes sérieux qui auraient été portés
à la connaissance du gouvernement?
M. Gendron: Oui, Boucherville, Québec.
M. Ryan: Moi, ça n'a pas été porté
à ma connaissance du tout, ces problèmes-là. Ce sont des
problèmes de politique locale ordinaires, là, qui se sont
posés à ce niveau-là. Mais, moi, je vous dirai
franchement, puis M. le sous-ministre était à la Table
Québec-municipalités avec moi, on revient sur ces
choses-là régulièrement, il n'y a pas eu d'intervention
là-dessus, à ma connaissance. Il faut dire qu'il n'y a pas un
propriétaire dans Boucherville ou dans Sainte-Foy qui aurait
été plus ou moins satisfait de l'impact de la mesure pour lui.
Mais, de manière générale, la mesure a été
instituée sans trop de bouleversements.
À Montréal, il est arrivé une situation
particulière. C'est que la ville a été autorisée
par la loi 145 à transférer sous forme de surtaxe sur le
non-résidentiel, là, la taxe d'eau et de services, toujours sur
les logements commerciaux. Puis, évidemment, la première
année, en 1992, elle a appliqué la surtaxe sur le
non-résidentiel pour financer l'équivalent de la contribution
additionnelle qu'elle devra verser pour le transport en commun. Elle a
déjà été appliquée en 1992, puis il n'y a
pas eu de mouvement général, là. C'est parce qu'elle
venait s'ajouter, à ce moment-là. L'autre n'était pas
enlevée, là, remarquez bien.
Mais, cette année, la ville de Montréal s'est dit: On ne
peut pas garder 2 rôles d'évaluation: un rôle de valeurs
locatives et un rôle de valeurs foncières. On va uniformiser
ça, là. Ça va être le rôle des valeurs
foncières, plus l'annexe pour les immeubles non résidentiels qui
est prévue dans la loi 145. Puis, ils ont décidé de
transférer tout ce qui regarde la taxe d'eau et de services. Puis,
là, ça fait un transfert qui est assez substantiel, j'en
conviens, et qui crée, pour les propriétaires, une situation de
risque.
Évidemment, là, si vous avez un local commercial
occupé par une entreprise qui n'est pas capable de payer son loyer, le
propriétaire, lui, doit payer la taxe d'eau et de services qui a
été transformée en un supplément de surtaxe sur le
non-résidentiel. Puis, là, on lui demande de payer ça. Il
peut le faire en 2 versements. Je pense que c'est ça qui était
originellement, au début de l'année. Même, on
devançait de 1 mois le premier paiement. Ça fait que les
propriétaires n'étaient pas heureux, puis je les comprends
facilement.
Mais tout ce qui touche l'application de cette mesure et la
responsabilité stricte de la municipalité, ça n'a rien
à voir avec le ministre. Je l'ai dit publiquement à plusieurs
reprises, puis je suis heureux de l'occasion qui m'est donnée de le
répéter ici, en commission parlementaire. Ce sont des
décisions qui ont été prises par les autorités
municipales. Elles auraient pu doser les choses autrement. Rien ne les
obligeait à faire le transfert tout de suite de la taxe d'eau et de
services, là, sous le titre de la surtaxe sur le non-résidentiel.
Elles l'ont fait. C'est une responsabilité politique qu'elles ont
assumée. Donc, elles doivent répondre dans l'arène
où elles évoluent.
En ce qui touche maintenant les marchands, les propriétaires qui
ont institué des protestations, je les ai rencontrés. Ils avaient
demandé pour me voir. Je les ai rencontrés. Le groupe que dirige
M. Sergakis m'a soumis différentes questions, et je leur ai dit que je
leur donnerais des nouvelles. J'ai rencontré les autorités
municipales de Montréal. Par la suite, nous avons exploré
différentes possibilités qui peuvent exister. Puis, là, le
maire de la ville de Montréal m'a informé qu'il a
créé un comité, un groupe de travail pour examiner les
améliorations possibles, là, aux décisions
budgétaires qui ont été prises pour l'année 1993,
soit en vue de la présente année, soit en vue de l'avenir.
J'ai cru comprendre que le groupe que dirige M. Sergakis ne veut pas
participer à ce travail-là. Je pense que la première
responsabilité de M. Sergakis va consister à participer au groupe
de travail, puis voir si les améliorations peuvent être obtenues
de ce côté. J'ai justement une lettre que j'ai
préparée pour M. Sergakis, en fin de semaine, que je serai
probablement appelé à signer, aujourd'hui. Je lui rappelle les
choses qui sont de compétence municipale, d'après nos lois, puis
sur lesquelles le ministre, une fois la loi adoptée, n'a pas de
prise.
Maintenant, on pourrait discuter. Je me souviens que, l'an
dernierj'en ai causé avec le maire de Montréal, la
dernière fois que je l'ai vu lui a décidé de jeter
la grosse partie du résultat du transfert sur le commerce et
l'industrie, alors que, dans d'autres municipalités, comme à
Montréal-Nord, on a mis le fardeau surtout sur le résidentiel,
sachant que c'était une année très difficile pour le
commercial et l'industriel. Mais là, c'est l'autorité, c'est le
conseil de la ville de Montréal qui a pris cette responsabilité,
mais de nombreuses solutions très différentes ont
été apportées, d'une municipalité à l'autre,
et la responsabilité de ces différences loge du côté
des municipalités et non pas du gouvernement du Québec ni du
ministre. Voilà l'essentiel de la position que j'ai essayé de
définir dans ce dossier.
M. Gendron: Mais, regardez, Mme la Présidente, je pense
que le ministre va en convenir, là. Trois choses, rapidement. Est-ce que
vous ne convenez pas, M. le ministre, que c'est un peu trop facile de dire:
Oui, bien, c'est vrai que la surtaxe provient de la loi 145, mais, avant
ça, il y avait une taxe d'affaires, et la surtaxe sur les immeubles va
remplacer la taxe d'affaires? Je le sais. Le contexte neuf, c'est que les
besoins des municipalités, avant le pelletage, en termes de perte de
revenus, n'étaient pas du tout les mêmes que ceux
d'aujourd'hui.
Le maire de Montréal qui apprend que le pelletage, ça lui
coûte 120 000 000 $ de plus comme facture, c'est évident qu'il
n'est pas dans le contexte de celui lorsqu'on a fait la discussion
d'éliminer éventuellement la taxe des affaires et de la remplacer
par une surtaxe sur les immeubles résidentiels. Et ça, j'aimerais
ça que vous conveniez de ça, que le contexte n'est pas du tout le
même.
Deuxième question précise, M. le ministre. Là, je
vous cite: Je suis satisfait de l'ouverture... c'est-à-dire, je vous
cite... M. Sergakis vous cite: Je suis satisfait de l'ouverture que M. Ryan a
démontrée, mais il reste maintenant à savoir quelles
seront les actions concrètes qu'il posera. Et là on ne parle pas
du maire de Montréal. On ne parle pas du comité de travail. On
parle de vous, ministre des Affaires municipales.
Je lui ai parlé à quelques reprises, et lui s'attendait,
comme d'autres... La Ligue des propriétaires, ce n'est pas M. Sergakis
comme tel, puis la Ligue des propriétaires, d'ailleurs, dans une loi
privée sur la charte de Montréal... il était ici, le
président de la Ligue des propriétaires, puis, il vous disait:
Vous, M. le ministre, voici ce qu'on vous demande. Les revendications ne
s'arrêtent pas là. Et là il vous demandait un certain
nombre d'affaires, exemple, bon, que soit abolie la loi 145, qui accorde trop
de pouvoirs aux municipalités. Bon. Je m'en doute de la réponse.
Moi, je m'en doute de la réponse.
Mais je veux juste vous dire qu'il y a un certain nombre de questions
qui ont été soulevées, lors de la rencontre avec M.
Sergakis, et, lors de cette rencontre-là, vous avez dit: J'étudie
un certain nombre de choses attentivement. Question précise: Qu'est-ce
que vous avez étudié attentivement? Est-ce que vos études
sont terminées...
M. Ryan: Regardez... Non, non.
M. Gendron: ...puis vous avez des réponses à donner
précisément sur un certain nombre de questions qui ont
été soulevées lors de cet échange-là?
M. Ryan: D'abord, là, il faut dire une chose. C'est qu'il
y a eu un transfert quant à la forme de taxation, mais le fardeau
financier global résultant du transfert ne représente à
peu près aucune addition. C'est seulement quelques millions de dollars
par rapport au fardeau de l'année précédente. Par
conséquent, il n'y a pas eu augmentation générale du
fardeau financier pesant sur les entreprises commerciales et industrielles
à Montréal et sur les propriétaires d'immeubles non
résidentiels. Il faut mettre ça bien clair. Ça, c'est le
premier point qui fausse toute l'affaire.
Deuxièmement, il est arrivé que, par le transfert qui a
été fait, ça n'a pas produit des résultats
absolument symétriques par rapport à la situation qui existait,
l'année précédente. Il y en a qui ont écopé
de conséquences plus lourdes, d'autres de conséquences moins
lourdes, en conséquence. La majorité, même, des
propriétaires d'immeubles non résidentiels ont
bénéficié d'une réduction de leur fardeau fiscal.
Savez-vous ça?
Alors, il y a le cas des autres, puis, quand j'ai dit à M.
Sergakis: Ça, ça me préoccupe, évidemment, le cas
des autres, comment la ville pourrait essayer de faire des adaptations qui
permettraient, en courte ou en longue période, de voir à ajuster
ou adoucir certaines aspérités, c'est dans ce sens-là
que... (11 h 40)
Je ne peux pas faire davantage. La loi 145, le député y
était quand le président de la Ligue des propriétaires est
venu ici. Je lui ai dit qu'il n'était pas question d'abolir la surtaxe
foncière sur le non-résidentiel qui, à mon point de vue,
est une bonne taxe.
M. Gendron: Alors, M. le ministre, en ce qui vous concerne, vous
n'avez pas d'autres rencontres prévues avec le groupe de M. Dukakis...
Sergakis, pardon.
M. Ryan: Regardez, je vais écrire à M. Sergakis,
là, ma lettre partira probablement aujourd'hui, puis, si, à la
suite de cette lettre-là, il veut me rencontrer, moi, je suis toujours
disponible pour rencontrer les gens. Si je peux aider à
interpréter certaines choses à l'autorité de
Montréal, je le ferai. Mais des points, là, qui concerneraient le
gouvernement, l'Assemblée nationale ou le ministre des Affaires
municipales, M. Sergakis n'en a soulevé aucun dans notre rencontre que
je pourrais retenir explicitement.
Il peut me dire: Je déteste le maire de Montréal, je
n'aime pas ce qu'il a fait, il a pris des décisions pourries.
Très bien. Tout ce que je peux lui dire: Je vous comprends, à
certains égards, mais allez lui dire ça
à lui, puis préparez-vous pour la prochaine
élection. C'est ce qu'on répond toujours, de notre point de vue
à nous.
M. Gendron: O.K. Parfait. Donc, M. le ministre...
M. Ryan: On ne m'a pas soumis, encore une fois, de proposition
qui serait susceptible d'être retenue au niveau du gouvernement ou de
l'Assemblée nationale.
M. Gendron: O.K. Donc, quand M. Sergakis disait: II reste
maintenant à voir quelles seront les actions concrètes qu'il
posera en parlant de vous et non du maire de Montréal il
va avoir sa réponse, aujourd'hui, qu'il n'y aura pas d'actions
concrètes de posées parce que, vous, vous ne croyez pas que, dans
le questionnement qu'il a soulevé, il y a des choses qui se rapportaient
au gouvernement, à l'Assemblée nationale ou au ministre des
Affaires municipales.
M. Ryan: Je pense que le député d'Abitibi-Ouest
donne un très bon exemple de distorsion...
M. Gendron: Oui?
M. Ryan: ...parce que j'ai déclaré plus tôt
que la ville de Montréal a formé un comité, un groupe de
travail chargé de l'aviser sur des mesures qui pourraient
peut-être être envisagées afin d'atténuer l'impact
des décisions budgétaires de cette année. S'il arrivait
que ce groupe ait des propositions à formuler concernant des
améliorations législatives possibles, à Québec, on
va l'écouter avec intérêt.
M. Gendron: Alors, ça va.
M. Ryan: Ça va, ça?
M. Gendron: On se comprend bien.
M. Ryan: Mais je ne peux pas aller me mettre au coin de Peel et
de Sainte-Catherine, puis dire: Qui est-ce qui a des modifications à
proposer à la loi 145, là? Je ne peux pas faire ça.
M. Gendron: O.K. Alors, moi, pour ce point-là, Mme la
Présidente...
M. Ryan: Très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va.
M. Gendron: ...je ne vais pas plus loin.
Contributions fédérales en regard de
l'impôt foncier
Deuxième sujet que je voudrais toucher, c'est la fameuse question
du gel des contributions fédérales en regard de l'impôt
foncier. Je ne veux pas faire un long laïus là-dessus, mais il faut
se rappeler que les taxes foncières découlent du principe qu'une
municipalité rend un certain nombre de services à ces immeubles
et qu'en retour les propriétaires de ces immeubles en paient une partie.
Nous, on avait convenu que les immeubles municipaux ne devaient pas
échapper à cette logique. Ce n'est pas parce que c'est un
immeuble municipal qu'il doit échapper à la logique de payer ses
taxes foncières dessus. Et le gouvernement fédéral semble
l'avoir oublié. Donc, ça, c'est dans la problématique, et
il l'a oublié au mépris des lois québécoises en
matière de taxation foncière qui devraient traiter tous les
contribuables sur le même pied.
D'ailleurs, le gouvernement du Canada l'a indiqué clairement. Il
a indiqué clairement, lui, son intention de faire fi des lois du
Québec en gelant ses contributions à titre d'impôt foncier.
Pire encore, la décision fédérale est rétroactive.
C'est sérieux, là. La décision fédérale est
rétroactive au 1er janvier 1993, alors que le gouvernement
fédéral doit sûrement savoir puis, s'il ne le sait
pas, bien, là, le ministre est responsable en grande partie que
l'exercice financier des municipalités québécoises est en
cours depuis le 1er janvier.
Ça, ça oblige à rouvrir. S'il n'y avait pas
d'assouplissement de leurs mesures, ça oblige à rouvrir leur
budget et à couper afin de ne pas mettre en péril les
équilibres budgétaires prévus. Puis vous savez tous que
les municipalités, eux autres, elles n'ont pas autant de facilité
que le gouvernement à faire un déficit. Elles n'ont même
pas le droit. Elles ne peuvent pas faire de déficit; il faut qu'elles
soient en équilibre.
Alors, le trou ainsi creusé, ce n'est pas un pourboire,
là. C'est 40 000 000 $, dont 10 000 000 $ uniquement pour la ville de
Montréal, comme si elle n'en avait pas assez. Alors, 10 000 000 $ pour
la ville de Montréal. L'UMQ, la ville de Montréal, la
fédération des municipalités ont dénoncé
cette décision unilatérale. L'Opposition officielle a
été la première à réagir, le 11
février dernier, dans les communiqués.
Mais, du côté du gouvernement québécois, pas
beaucoup de réactions. Le ministre n'a pas été très
jasant, très parlant là-dessus. Il a plus de choses à dire
sur la langue, puis encore là, que là-dessus. Tout ce qu'on sait,
c'est qu'il y a une lettre qui est partie en quelque part, puis on n'a jamais
eu de résultat, puis on ne sait pas exactement ce qu'il y avait dans la
lettre. Alors, ça ne fait pas des enfants forts comme défense,
là, pour 40 000 000 $.
Moi, j'aimerais ça, première question, M. le ministre:
Est-ce qu'on peut avoir copie de cette missive extraordinairement agressive et
sans doute avec énormément de termes contre cette intrusion
encore inqualifiable du fédéral? Alors, est-ce qu'on peut avoir
copie de la lettre du premier ministre au ministre des Finances du Canada?
Deuxièmement, a-t-il eu une réponse ou un accusé de
réception poli en disant: Bon, on reparlera après la
Campbellmanie? Si oui, on «peut-u» avoir une copie de cette
réponse-là?
Vous, M. le ministre, pourquoi vous n'avez pas réagi un peu plus
fort? Pourquoi votre retard à vous ranger comme un allié naturel,
inconditionnel de la cause? C'était quoi vos réticences ou vos
réserves? C'est la première question que j'aimerais poser
là-dessus.
M. Ryan: Comme d'habitude, il y a des questions chargées
de sous-entendus et d'implications non vérifiées.
M. Gendron: C'est pour ça. J'attends. On va avoir les
vérifications.
M. Ryan: On est habitué à ce traitement-là.
On ne s'en plaint pas.
M. Gendron: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Tout d'abord, là, une chose qu'il faut dire: La
loi 145 a été adoptée en juin 1991. Là, nous sommes
en avril 1993. Pour l'année 1992, il y avait combien est-ce qu'on
peut dire, en 1992? au moins 175 entre 150 et 175 municipalités
sûrement qui ont institué...
Une voix: 188.
M. Ryan: ...pour 1992 188, me dit le sous-ministre
la surtaxe sur les immeubles non résidentiels. Et le gouvernement
fédéral a payé la note au complet.
Alors, c'est bien beau de dire: II décide tout seul de son bord,
puis il est au-dessus des lois, ce n'est pas ça qui est arrivé.
Il a payé ses taxes, là, comme il a été
invité à le faire, en vertu de la politique qu'il a quant au
quantum qu'il va payer. Nous autres aussi, nous en avons une quant au quantum.
Nous le savons tous. Alors, il a payé ses taxes comme les autres. On ne
peut pas le blâmer pour ça. Mais, quand le gouvernement
fédéral fait des bonnes choses, je n'ai jamais entendu
l'Opposition dire un mot favorable. Moi, ça ne me fait rien de le dire.
Alors, n'ayez aucun problème dans la mise en oeuvre de la loi 145, en
1992, concernant les «en lieu» de taxes du fédéral.
Est-ce que c'est clair, ça?
M. Gendron: C'est très clair, mais un contribuable du
Québec, il ne paie pas une année, puis, l'année suivante,
il ne paie pas... Moi, 1992, je le sais...
M. Ryan: Non, mais je continue. Je continue... M. Gendron:
...je parle de 1993, 40 000 000 $.
M. Ryan: ...je continue. Je vais dire ce qui est arrivé,
là. Le gouvernement fédéral a des problèmes
financiers comme nous en avons nous aussi...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...comme les municipalités en ont à un
degré moins intense, moins aigu que les autres. Eux autres, au cours des
6 dernières années, ils avaient constaté que le coût
de ce programme d'«en lieu» pour le fédéral avait
augmenté de 77 %, passant de 238 000 000 $, en 1986-1987, à
environ 424 000 000 $, en 1992...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...pendant que la valeur nette du pacte n'avait
pratiquement pas augmenté.
Puis, là, ils se sont dit: Est-ce qu'on va continuer de laisser
augmenter ça en spirale? Et là ils ont fait part d'intentions
pour l'année 1993. Ils ont dit: On veut réviser ce
programme-là. Il y a quelque chose qui augmente en spirale
là-dedans qu'on ne peut pas laisser continuer comme ça
indéfiniment. Là, c'est une mesure qui a été
annoncée pour l'ensemble des municipalités du Canada, pas
seulement les municipalités du Québec.
Là, les municipalités ont réagi. La ville de
Montréal a réagi. La fédération canadienne des
maires a réagi vivement. Des dirigeants municipaux de toutes les parties
du Canada ont réagi, montrant que ce n'était pas un
problème d'abord québécois. Puis, là, le
gouvernement fédéral a accepté de former un groupe,
là, qui va réviser le programme en collaboration étroite
avec les municipalités, avec la fédération canadienne des
maires à laquelle participent la plupart des grandes villes du
Québec.
Je pense qu'il est trop tôt pour tirer des conclusions. Il n'y a
pas de projet de loi qui a été déposé à la
Chambre des communes encore là-dessus.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Tant qu'il n'y a pas de projet de loi, je pense bien que
c'est la loi existante qui s'applique, à ma connaissance.
Alors, il y aura des changements. Je pense qu'ils veulent faire une
réévaluation, puis c'est bon qu'ils la fassent. Mais il n'y a pas
de mesures précipitées qu'on doit entrevoir là-dedans,
à l'heure actuelle. Puis, nous autres, de notre côté, nous
avions été informés par la ville de Montréal,
l'Union des municipalités du Québec et d'autres sources,
évidemment, de ces mesures qui s'en venaient, puis nous avions
été informés également de conversations qui
étaient commencées avec le gouvernement fédéral par
nos services, par certaines municipalités, comme la ville de
Montréal, et tout. (11 h 50)
Les conversations semblaient aller bon train, au mois de janvier et
février. Puis, des fois, on se dit: Eh bien, si c'est engagé
sérieusement, puis que ça marche, des fois, ce n'est pas
nécessaire de venir mêler les cartes en essayant de venir chercher
du capital politique facile. On s'est dit: On va les laisser continuer en les
prévenant: Dès qu'il y a des complications, vous nous avertissez,
puis nous interviendrons.
C'est pour ça qu'au mois de mars j'ai demandé à M.
Bourassa d'écrire à M. Mulroney pour attirer son
attention sur les conséquences que pourrait représenter
pour les municipalités du Québec une application
unilatérale des intentions originellement publiées par le
gouvernement fédéral. Alors là, il y a des
mécanismes de collaboration, et mon sous-ministre, M. Gagné,
recevait justement une lettre de son homologue fédéral en date du
26 mars ça, c'est l'étampe fédérale,
l'estampille fédérale, et, vous, vous l'avez reçue le 13
avril 1993 dans laquelle il fait part que le gouvernement
fédéral entend effectuer une révision du programme de
subventions aux municipalités. Il a invité la
fédération canadienne des maires et municipalités à
participer à la révision du programme. Le processus de
consultations avec cet organisme est déjà entamé. Vous
savez que la présidente, pour la présente année,
c'était Mme Delisle, la mairesse de Sillery, ici, à
Québec. Puis, au cours des prochains mois, Travaux publics
élaborera un document de travail qui vous sera remis pour examen et
commentaires, avant de préparer la version finale.
Donc, tout ça est engagé. Il n'y a pas de conclusions qui
ont été tirées encore. Il y a des problèmes de
financement qui se posent pour le gouvernement fédéral. Et, moi,
ne comptez jamais sur moi pour faire une dénonciation catégorique
et aveugle du gouvernement fédéral sur une question
financière parce que je suis trop au courant des difficultés
auxquelles fait face ce gouvernement autant que le nôtre. Si nous avons
raison, si c'est clair, si c'est justifié, appuyé sur un dossier
solide, je le ferai en tout temps. Mais je ne me lancerai pas dans la critique
pour le seul plaisir d'en faire.
Je vous donne un autre exemple de mon attitude. En matière de
logements sociaux, le gouvernement fédéral a décidé
de réduire son engagement. Nous aurons l'occasion d'en parler avec un de
vos collègues plus tard aujourd'hui. Mais je ne suis pas entré
dans des dénonciations aveugles parce que j'ai l'opinion,
moi-même, que les gouvernements doivent faire moins en matière de
construction publique de logements sociaux que ça n'a été
le cas à une autre période.
Il y a d'autres manières de répondre aux besoins des
ménages qui ont des problèmes particuliers de ce
côté-là. Nous le faisons cette année par certains
programmes dont j'aurai l'occasion de parler, mais il ne faut pas partir de la
première manchette dans La Presse ou dans Le Soleil pour dire:
Ah! on saute dessus. C'est trop facile. On participe à la
responsabilité générale des finances publiques dans le
pays. Moi, c'est dans ce sens-là que je vous donne ma réponse
nuancée, Mme la Présidente, à la question qui m'a
été posée.
Document déposé
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, là,
étant donné que la lettre est arrivée, nous
déposons officiellement la lettre adressée à l'honorable
Brian Mulroney et signée M. Robert Bourassa.
M. Gendron: Merci, Mme la ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est un
dépôt.
M. Gendron: .. .Mme la Présidente. Oui, c'est un
dépôt. Non. Moi, je ne veux pas revenir... Le ministre des
Affaires municipales dit: Je donne une réponse nuancée, comme si
la question ne l'était pas. La réponse est nuancée.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Gendron: La question, elle l'est aussi. Pensez-vous que je ne
le sais pas que le gouvernement fédéral est sur le
bien-être, qu'il est en faillite technique? Pensez-vous que je ne le sais
pas? S'il y a quelqu'un qui le sait, c'est bien de ce côté-ci.
Parce que, nous autres, on dit, justement: Quand la maison mère est en
faillite, je ne suis pas bien, bien intéressé que la filiale
fasse faillite parce que la maison mère l'est.
Donc, on le sait, que c'est 465 000 000 000 $ de dette, 32 000 000 000
$, 35 000 000 000 $ par année de déficit. Pensez-vous que je ne
le sais pas qu'ils sont en faillite technique? Si c'était une
entreprise, on n'en parlerait même plus du Canada. Bien, alors, n'essayez
pas de faire accroire qu'on est irresponsables. Je n'ai rien
dénoncé. J'ai dit: Comment ça se fait que, quand c'est une
loi du Québec, c'est facile comme ça de dire... On ne veut
même pas savoir si on fait des révisions ou pas. On dit: Nous
autres, là, on coupe 40 000 000 $, puis on fait un gel de nos
contributions. C'était ça, la question.
Et, moi, la lettre de M. Bourassa, premier ministre du Québec,
à M. Mulroney, je suis heureux que vous l'ayez déposée. La
question était: Est-ce qu'on a reçu une réponse? Si oui,
on «peut-u» avoir une copie de la réponse qui a
été donnée à cette lettre-là?
C'était aussi, en sous-question, M. le ministre... Moi, je ne
vous demandais pas de faire une dénonciation. Je vous demandais de
réagir, parce que ça ne prend pas une loi. Un Mazankowski n'a pas
besoin de loi, c'est une loi du Québec. Et, normalement, à la loi
du Québec, le fédéral ajuste les compensations
prévues pour ses édifices. Je le sais qu'il y a eu une
augmentation. C'est le cas des contribuables québécois. Les
contribuables québécois, il y a une augmentation. Est-ce qu'ils
remettent en cause le paiement de leur «en lieu» de taxes? Parce
que, effectivement, concrètement puis je ne m'en plains pas
mon petit chalet de rien, ça a doublé, cette année,
à Duparquet. Ah! je vais faire comme Mazankowski, puis je vais avoir la
bénédiction du ministre des Affaires municipales qui dit: Oui, je
comprends ça, c'est responsable de réévaluer, puis de
remettre en question. Je devrais avoir la même alternative, moi, de dire:
Eh bien, écoute, pour 1993, je suis loin d'être sûr que je
vais les payer, mes taxes sur l'impôt foncier, parce que c'a
doublé. C'est ça que vous m'avez donné comme
réponse.
M. Ryan: Non, non.
M. Gendron: Vous m'avez dit: Écoutez, eux autres,
c'était légitime d'évaluer parce que c'a pris une tangente
où l'augmentation est sans précédent. Je vous
cite à nouveau: Les «en lieu» de taxes du
fédéral versés aux municipalités sont passés
de 215 000 000 $ à 420 000 000 $. Les paiements de transfert sont donc
gelés parce que c'a augmenté trop vite. Alors, moi, je dis, il y
a peut-être lieu de regarder ça, mais ça ne justifie pas
plus le fédéral de se soustraire à sa
responsabilité de payeur de taxes par rapport à l'impôt
foncier.
Et est-ce que vous n'avez pas peur, M. le ministre, dernière
question liée à ça, qu'Ottawa invoque la même
raison, l'an prochain, pour ne pas se plier à la surtaxe sur les
immeubles non résidentiels? Et là la porte va être ouverte.
Et, bonne chance!
M. Ryan: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, il n'existe pas un malentendu. Il n'a
jamais été question que le gouvernement fédéral se
soustraie à l'obligation de payer des «en lieu» de taxes. Il
reconnaît cette obligation, y compris cette année, il la
reconnaît. Mais il appartient au gouvernement fédéral, de
son côté, au gouvernement provincial, de son côté,
dans leur champ propre de compétence, de déterminer le quantum
des «en lieu» de taxes qu'ils versent aux municipalités.
Nous avons procédé, de notre côté, à
des ajustements avec la loi 145. Le gouvernement fédéral avait
envisagé des ajustements dans le quantum, cette année, mais il
n'était pas question qu'il se soustraie à cette
obligation-là. Puis il a toujours fait partie de sa puissance
souveraine, comme de celle du gouvernement et de l'Assemblée nationale,
d'établir le quantum des «en lieu» de taxes. C'est pour
ça qu'ils ne sont pas soumis, comme gouvernement souverain, à la
taxation régulière des municipalités, mais ils
reconnaissent en retour qu'ils ont une obligation en raison de leurs
implantations dans les municipalités, puis ils s'acquittent de cette
responsabilité sous forme d'«en lieu» de taxes dont ils
tiennent à déterminer le quantum.
Je pense que ça, c'est un principe fondamental qu'on ne peut pas
contester. On peut discuter, politiquement. Si le quantum est réduit,
disons, à zéro, ça équivaut à bien
près à ce que vous dites, mais il n'était pas question de
ça du tout, du tout, du tout dans ce qui a été
communiqué. Puis je pense bien qu'avec les études qui vont se
faire on va se rapprocher d'une solution raisonnable, parce que le principe des
«en lieu» de taxes est reconnu par le gouvernement
fédéral, c'est-à-dire le principe de son obligation de
payer pour les services qu'il reçoit des municipalités, là
où il a des implantations immobilières.
M. Gendron: La réponse de M. Mulroney.
M. Ryan: Là, nous n'avons pas reçu de
réponse de M. Mulroney, à ma connaissance. Je vais
vérifier auprès du bureau du premier ministre, cependant. Je
pourrai apporter un complément de réponse au
député, là, d'ici très peu de temps. M. Gendron:
Merci.
M. Ryan: Et ce que nous avons reçu, par ailleurs, c'est
une lettre du sous-ministre fédéral qui écrit au
sous-ministre des Affaires municipales pour l'inviter à participer
à cet exercice de révision.
M. Gendron: Quant à vos craintes, éventuellement,
pour avoir un comportement similaire concernant les immeubles non
résidentiels, c'est quoi votre point de vue?
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Quant à avoir un comportement similaire pour
les immeubles non résidentiels, pour l'an prochain, est-ce que vous
n'avez pas peur qu'Ottawa invoque la même raison, l'an prochain,
concernant les immeubles non résidentiels? Parce que, là, c'est
le cas de la surtaxe, puis, l'an prochain, ça sera les immeubles non
résidentiels.
M. Ryan: Je reviens juste, là: Êtes-vous encore sur
les «en lieu» fédéraux?
M. Gendron: Oui, oui, je suis encore sur les «en
lieu» fédéraux.
M. Ryan: Juste une précision qui peut peut-être
intéresser les membres de la commission, nous avions prévu que
les «en lieu» de taxes du gouvernement fédéral, au
titre de la surtaxe sur le non-résidentiel, pourraient produire des
revenus d'environ 40 000 000 $. Or, pour l'année 1992, les encaissements
faits par les municipalités ont été déjà de
l'ordre de 28 000 000 $, puis la différence résidait dans
l'espace qui n'était pas occupé par la ville de Montréal.
C'est pour ça que la ville de Montréal avait un problème
de différence principale, dans l'espace qui n'était pas
occupé, en 1992, par la ville de Montréal. (12 heures)
Je comprends l'inquiétude du maire de Montréal. Quand il a
vu cette déclaration du gouvernement fédéral, il s'est
dit: Moi, j'ai prévu ça dans mon budget, pensant que tout allait
continuer comme en 1992. Puis, là, il a alerté tout le monde,
à commencer par le gouvernement fédéral, à juste
titre. Il a eu notre entier appui dès le début de la
démarche. Il m'en a parlé, moi, dès le début de
l'année, puis je lui ai dit: Vous pourrez compter sur notre appui
à toutes les étapes de la démarche. Mais
déjà, cette mesure est réalisé à peu
près partout sauf à Montréal, où on a
procédé en 2 étapes, la deuxième étape
risquant d'être affectée par cette intention manifestée par
le gouvernement fédéral, laquelle n'est pas encore
réalisée en ce moment.
M. Gendron: Oui, mais, vous, en conclusion là-
dessus, vous êtes confiant que le gouvernement
fédéral peut réévaluer, mais vous nous affirmez,
comme ministre des Affaires municipales, que vous n'avez jamais senti et vous
n'avez pas d'indication à l'effet que, après cette
évaluation-là, le gouvernement fédéral ne se
réajustera pas et continuera à poser un geste de contribuable
responsable envers ses immeubles et paiera ses «en lieu» de taxes
sur ses immeubles. C'est ça que vous affirmez comme ministre. Vous
n'êtes pas inquiet?
M. Ryan: Non, j'ai confiance que le gouvernement
fédéral va assumer sa responsabilité et n'essaiera pas de
s'en abstraire unilatéralement et arbitrairement.
M. Gendron: Donc, votre foi fédéraliste n'a pas
été touchée.
M. Ryan: Si ça avait été seulement cette
cause-là, je serais obligé de dire non. C'est plus difficile dans
les affaires amérindiennes.
M. Gendron: Ha, ha, ha! Je veux toucher maintenant le
dossier...
M. Ryan: Ça ne l'intéresse pas. Ha, ha, ha!
M. Gendron: Je n'ai pas dit ça.
Une voix: Vous n'avez pas compris?
M. Gendron: J'ai compris. C'est ça. La pêche n'est
pas ouverte partout.
Des voix: Ha, ha, ha!
Salaires des employés municipaux
M. Gendron: Alors, je voudrais toucher, Mme la Présidente,
le sujet suivant, c'est le gel des salaires des employés municipaux,
parce que, là, ça a l'air d'être une mode, année
après année, ça revient. Alors, je voudrais vous rappeler
qu'aux prises avec de sérieuses contraintes budgétaires
pour situer le contexte un peu depuis l'entrée en vigueur de la
loi 145 puis ça, je les comprends les
municipalités, comme le gouvernement québécois, cherchent
des moyens de réduire leurs dépenses. Elles trouvent que leurs
dépenses sont trop élevées, puis, ça, je ne pense
pas qu'on peut blâmer les municipalités d'avoir cette
responsabilité-là. Alors, l'un des moyens envisagés
consiste toujours, comme le gouvernement, parce que le modèle vient de
haut, à geler le salaire des 78 000 employés municipaux
québécois, parce que c'est quand même une masse salariale
significative de 2 500 000 000 $ à 3 000 000 000$.
Juste quelques données avant d'aller aux questions. Le traitement
moyen d'un fonctionnaire municipal, salaire, fonds de pension, etc., selon les
informations dont on dispose tantôt je vais avoir le point de vue
du ministre serait de 34 % supérieur à celui d'un
employé de l'entreprise privée et 24 % plus élevé
que celui d'un fonctionnaire à l'emploi du gouvernement du
québec. alors, moi, c'est l'information que j'ai.
Je voudrais avoir une appréciation du ministre sur les quanta et
les pourcentages. Est-ce que c'est exact qu'il est de 34 % ou 30 %
supérieur à celui d'un employé de l'entreprise
privée, puis il serait de 24 à 25 % supérieur à un
fonctionnaire du gouvernement du Québec?
L'écart, entre autres, s'expliquerait par le fait que,
contrairement au salaire de la fonction publique et de l'entreprise
privée, dans le secteur municipal, ces salaires-là n'ont pas subi
de coupures lors des années à partir de 1980, 1985, 1982. Il y a
eu des coupures dans le secteur de la fonction publique, et c'est l'explication
qui ferait que l'écart serait maintenu.
Alors, vous êtes ministre des Affaires municipales. Vous avez des
données. Première question: J'aimerais ça que vous portiez
un jugement sur ces données-là avant d'y aller de 2 ou 3 autres
questions plus spécifiques. Ou bien les données sont exactes et
on doit faire une évaluation à partir de ça, ou bien les
données sont erronées et on va dégager d'autres types de
constats. alors, premier commentaire, mme la présidente, je voudrais
savoir du ministre: est-ce qu'il a les mêmes données? partage-t-il
ce fait que je conclus, là c'est 34 % supérieur au
secteur privé? est-ce que vous avez des données là-dessus?
puis, est-ce que c'est à peu près 20 % à 25 %
supérieur aux employés du secteur public du gouvernement du
québec? ça serait ça, les différentiels salariaux
des employés municipaux au québec?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: D'abord, là, je ne suis pas en mesure de
répondre à la question concernant les pourcentages qui ont
été évoqués par le député
d'Abitibi-Ouest. Il y a différentes sources qui existent pour mesurer
ces réalités. Il y a les conventions collectives, il y des
études qui sont faites par certains organismes privés, il y a des
études faites par des organismes gouvernementaux, en particulier au
ministère du Travail puis à l'IRIR, l'Institut de recherche et
d'information sur la rémunération. L'IRIR a publié un
rapport, il y a quelques mois, où il établissait des comparaisons
concernant la rémunération dans le secteur municipal. Je n'ai pas
ce rapport devant moi actuellement, mais le rapport établissait un
écart entre municipalités et secteur public
québécois.
M. Gendron: Ce que j'ai là, c'est les chiffres...
M. Ryan: C'est peut-être de l'ordre de 25 %.
M. Gendron: C'est les chiffres de l'IRIR.
M. Ryan: Disons que, si ce sont les chiffres de l'IRIR que vous
avez, ça converge d'assez près avec le
souvenir que j en ai.
M. Gendron: Mais c'était plus... Oui.
M. Ryan: Maintenant, les comparaisons avec le secteur
privé, est-ce qu'elles émanent du rapport de l'IRIR
également?
M. Gendron: Également, dans ce que j'ai cité. M.
Ryan: Oui? M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Ça, j'en suis moins sûr. On va le
vérifier de toute manière, parce que les comparaisons avec le
secteur privé sont plus difficiles à établir...
M. Gendron: Oui, je sais.
M. Ryan: ...pour une raison bien simple. C'est qu'il y a une
infinie diversité d'entreprises, puis tout dépend du secteur que
vous choisissez. Si vous décidez, par exemple, de comparer la
rémunération dans les municipalités avec des entreprises
de même taille, disons qu'à la suite vous avez 60 employés,
si vous comparez avec des entreprises comme Alcan ou comme General Motors, et
tout ça, c'est évident qu'il va y avoir un écart de 35 %
ou 40 %. Non, c'est l'inverse, l'écart va être très faible.
Mais, si vous comparez avec des petites entreprises privées qui ont 50
employés, vous allez trouver qu'il y a peut-être un écart
de 35 %. Mais j'aimerais connaître la base de référence
exacte. Je ne peux pas accepter ce chiffre-là sans examen.
Ceci étant dit, nous savons tous, puis je pense que le rapport de
l'IRIR l'établit de manière indiscutable, que le niveau moyen de
rémunération des salariés dans le secteur municipal est
supérieur à celui qu'on trouve dans le secteur public
québécois et dans le secteur privé. Dans le secteur
municipal, je vous préviens d'une autre difficulté. C'est plus
difficile de faire des comparaisons, parce qu'on n'a pas le même
contrôle des données qu'on peut avoir quand on discute des
hôpitaux et du système d'enseignement, où les
rémunérations sont sous le contrôle direct de conventions
négociées, à toutes fins utiles, au bout de la ligne, par
le gouvernement du Québec, tandis que les municipalités...
Même quand l'Union des municipalités me parle de ce sujet, je suis
obligé d'accueillir ses propos avec prudence, parce que, souvent, elle
n'a pas elle-même les données.
La ville de Montréal ne passe par l'UMQ pour négocier ses
conventions. Elle ne vient pas consulter le ministre des Affaires municipales.
Elle a tout son service, ses conseillers. Elle fait ça directement. Le
maire L'Allier, à Québec, il ne passe pas par nous autres non
plus. Le maire de Trois-Rivières non plus. Ça fait qu'on n'a pas
le même contrôle sur les données. Par conséquent, je
suis obligé d'être prudent dans mon appréciation des faits
et des chiffres.
M. trendron: va va, M. le ministre.
M. Ryan: Non, non. Je n'ai pas fini. Ha, ha, ha!
M. Gendron: Ah!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: C'est un sujet très important. L'observation que
nous avons faite ces dernières années nous induisait à
conclure que, s'il y a de tels écarts, il doit y avoir des causes et,
parmi les causes, celle que nous avons identifiée en premier lieu... Il
y en a beaucoup, là. Pour des politiciens provinciaux, c'est facile de
dire: Qu'ils se tiennent debout comme nous faisons, nous autres, et ils vont
régler leurs problèmes. Ce n'est pas comme ça que
ça se posait, le problème. C'est qu'il y avait un facteur dans le
secteur municipal qui n'existe pas à Québec. C'est que les
policiers et les pompiers avaient un régime de négociation et
d'arbitrage qui les mettait en avant sur les autres, et ça a
été prouvé clairement par des études, ça,
sur les résultats des 10, 15 dernières années. Ils s'en
allaient en négociations et, quand ça ne faisait plus l'affaire,
des fois, après 1 ou 2 réunions, ils disaient des fois,
ça pouvait être la municipalité qui le disait parce qu'elle
ne voulait pas négocier, mais, en général, l'arbitrage
était demandé plus vite par le syndicat: On s'en va en arbitrage.
Et là les arbitres étaient partis à travers le
Québec sur l'orientation suivante. Vous autres, vous êtes à
Lachute. Alors là, il y a une convention qui a été
passée à Mascouche dans la région des Laurentides. Ils ont
donné 7 %. Bien, vous autres, c'est un petit peu comme Mascouche, on va
donner 7 % aussi. Après ça, ils s'en allaient à
Mont-Laurier et ils faisaient la même chose. Ils s'en allaient à
Joliette et ils faisaient la même chose. Après ça, ils
disaient: On s'en va à Trois-Rivières. Bien là, il y a eu
une négociation pour toute la région de Lanaudiè-re
c'est à côté, ça pour ne pas qu'il y ait trop
d'écart. (12 h 10)
Ça fait que c'est ce qu'on appelle le «leapfrogging»,
le saut de grenouille qui s'en va d'une place à l'autre. Très
bien. Mais on ne pouvait pas continuer comme ça indéfiniment. Et,
une fois que la municipalité a été obligée par un
arbitre de donner 5 % au régime de retraite, 6 % à la
rémunération, qu'est-ce que vous pensez que les autres
employés vont faire? Les manuels, les cols blancs? Ils ont dit: Nous
autres, on vaut autant que les policiers et les pompiers, et ils exigeaient...
Et les cadres, eux autres, ils regardent tout ça et disent: C'est nous
autres qui sommes responsables de tout ça. On ne peut pas se contenter
de 2 %. Ça fait qu'il y avait un problème qu'on a essayé
d'aborder à la source par la loi 74. Je ne pense pas que ce soit une loi
miracle, mais je crois qu'elle va améliorer beaucoup le régime de
négociation.
Je causais l'autre jour avec la mairesse d'une municipalité
importante que je ne veux pas nommer
aujourd'hui, pour ne pas m'ingérer dans ce dossier-là,
mais elle me disait: Nous autres, on avait une demande qui a été
inscrite à l'arbitrage au début de l'année et, dès
que votre loi a été confirmée, ils sont revenus en
négociations et on a réglé en négociations à
la satisfaction des 2 parties. Puis j'ai entendu parler d'autres cas comme
ça, où on se dit: Bien là, l'arbitrage, ça va
coûter bien cher. C'a l'air que les résultats vont être
beaucoup plus limités. On va essayer sérieusement la
négociation. C'était le but, ça, qu'on a poursuivi
ensemble, les 2 parties.
M. Gendron: Oui, je sais, M. le ministre, que vous n'avez pas
fini, mais mon point, ce n'était pas tellement ça. Bon. Vous
êtes quelqu'un qui constatez l'écart. On part de là. Mon
point était de 2 ordres. Un, le ministère des Affaires
municipales a-t-il des chiffres qui constatent le même écart?
Première question. Deuxièmement, je sens que vous êtes pas
mal plus nuancé qu'au congrès de l'UMQ. Au congrès de
l'UMQ, vous avez dit: Je vous embrasse tous, vous êtes beaux et fins, et
oui, on est d'accord là-
Alors, ma question, c'était: Est-ce que votre empressement, pour
une deuxième année d'affilée, à dire aux
élus municipaux que vous allez leur accorder le pouvoir de geler les
salaires de leurs employés est une intention réelle du ministre
des Affaires municipales? Avez-vous fait des démarches auprès du
président du Conseil du trésor? Avez-vous l'intention d'encadrer
ça, ou si, l'an prochain, aux crédits, pour la troisième
année, on se parlera de la même chose? C'est ça, mes 3
questions précises.
M. Ryan: L'an dernier et je vous comprends, vous
n'étiez pas dans le dossier, on ne peut pas être au courant de
tout il y a eu le congrès de l'UMQ et il y a eu d'autres
rencontres après. On est allés rencontrer le premier ministre.
Moi, j'ai organisé une délégation des municipalités
auprès du premier ministre. On a discuté de ces choses-là,
et le premier ministre avait dit: Cette année, on va régler
l'affaire de la négociation chez les policiers. Et le premier ministre a
dit lui-même qu'il préférait ne pas toucher à
l'autre sujet. Ça a été compris de tout le monde,
ça a été clarifié. Moi, j'ai fait tout le travail
que je devais faire à l'intérieur du gouvernement. La
décision a été prise comme ça, communiquée
en bonne et due forme.
Cette année, moi, j'ai répété aux
municipalités que j'accueille leurs demandes avec sympathie. J'ai fait
déjà les représentations auprès de ceux que j'ai
nommés: le premier ministre, le président du Conseil du
trésor, le ministre des Finances. Mais là, il y a un
problème. C'est que le gouvernement est engagé dans une
négociation avec les syndicats, qui relèvent directement du
secteur public québécois. Si le problème se règle
par la voie de la négociation, il n'y aura pas de loi spéciale
pour régler les rémunérations dans le secteur public.
Ça va s'être réglé par négociation. À
ce moment-là, je pense bien que la tendance du président du
Conseil du trésor va être de dire: Bien, les municipalités,
faites comme nous avons fait, réglez ça par la voie de la
négociation. Je pense que ça serait normal. Mais, si nous devons
aller en législation pour le secteur public québécois,
nous examinerons la possibilité d'inclure aussi le secteur municipal
sous des formes à déterminer.
M. Gendron: Si jamais, M. le ministre, vous alliez dans le sens,
là, du gel des salaires des employés municipaux, est-ce que
ça inclurait également celui des policiers, dans votre esprit,
comme ministre des Affaires municipales? Est-ce que vous auriez autant
d'ouverture pour dire: Bon, bien, écoutez: Les policiers sont aussi des
employés municipaux et, dans ce sens-là, on inclut le gel du
salaire des policiers?
M. Ryan: Regardez, on ne s'est pas rendus jusque-là, parce
que, pour le moment, le gouvernement a choisi la voie de la négociation
avec les syndicats du secteur public et parapublic. Ça fait que nous ne
nous sommes pas rendus plus loin que ça en ce qui touche les
municipalités, mais, dans l'annonce qu'a faite récemment, le
président du Conseil du trésor, il a précisé que la
politique de gel ou de «containment», là, de retenue dans
les rémunérations, va s'appliquer également pour les
policiers de la Sûreté du Québec sous des formes à
déterminer par la négociation.
La dernière fois, les policiers de la Sûreté du
Québecj'ai été moi-même associé
à la négociation ont collaboré à l'objectif
gouvernemental. Ils ont dit: Nous autres, nous préférons vous
donner cet argent-là sous forme de réductions des avantages de
notre régime de retraite. Nous avons dit: Très bien. Ça
revenait exactement au même pour le gouvernement, parce que, en longue
période, ça donne des résultats tout aussi
intéressants. Très bien. Là, c'est à
négocier avec eux, mais ils sont inclus dans l'objectif gouvernemental,
et la même proposition vaudrait sûrement à l'autre niveau
dans l'hypothèse où nous irions en législation sur ce
point-là.
M. Gendron: Si vous acceptiez le gel des salaires des
employés municipaux, compte tenu qu'il y a un grand nombre de
conventions qui ont des délais d'application qui sont fort
différents, ce qui n'est pas du tout le cas pour le Québec
Québec, c'est une convention collective uniformisée au niveau des
délais si jamais vous acceptiez de regarder ça et de le
faire, est-ce que vous avez regardé la conséquence que ça
crée?
Parce que, dans certains cas, ça voudrait dire carrément
une réouverture des conventions collectives. Ça veut dire que
vous interviendriez dans le processus directement de certaines conventions
collectives, et, en termes concrets, on appelle ça jouer dans
l'ouverture des conventions collectives, en termes syndicaux. Est-ce que vous
avez fait cette évaluation-là et est-ce que vous pouvez nous
indiquer le nombre de conventions collectives différentes au niveau
municipal?
M. Ryan: Oui. Une étude avait été faite de
cet aspect-là dans le cadre de l'exercice réalisé il y a 2
ans. Une étude avait été faite et des modalités
avaient été envisagées pour remédier à cette
situation. C'est possible, techniquement.
M. Gendron: Est-ce qu'il serait possible de disposer de cette
information-là? Je sais que le ministère l'a faite.
M. Ryan: Non. Là-dessus, c'est des choses qui restent...
C'est des documents de travail qui avaient été mis au point par
des services du ministère et du gouvernement mais qui n'ont pas
donné lieu à des décisions dans ce cas-là.
M. Gendron: Mais, règle générale, est-ce que
ce n'est pas ça, le sens d'un document de travail, faciliter notre
travail? Et, pour ce faire, on aimerait ça l'avoir.
M. Ryan: Pour faciliter la décision. Quand la
décision a été prise, suivant la loi sur l'accès
à l'information, à ce moment-là, il a de ces documents qui
doivent être rendus disponibles, mais, quand la décision n'a pas
été prise, c'est différent. Quand même, il faudrait
vous livrer tous les papiers que j'apporte chez moi le soir, et je ne pense pas
que jamais M. Comeau voudrait que j'aille jusque-là, même si je le
trouve très exigeant parfois.
M. Gendron: Pour ce sujet-là, Mme la Présidente,
j'ai terminé.
Regroupement des municipalités
Je voudrais maintenant toucher le sujet du regroupement des
municipalités. C'est un sujet qui est cher à ce gouvernement et
au ministre, parce qu'on sait que leur modèle, c'est celui de l'Ontario,
et ce qui se fait en Ontario devrait souvent être pris presque
intégralement au Québec, indépendamment des
particularités et des spécificités, mais on n'a jamais
beaucoup d'explications sur la légitimité, le rationnel, ce que
ça changerait vraiment. Et, à plusieurs reprises depuis votre
arrivée aux commandes, M. le ministre, vous avez exprimé votre
intention ou votre volonté de renforcer les mesures visant à
inciter les municipalités à des regroupements.
Dernièrement, d'ailleurs, au congrès de l'UMQ, vous l'avez
fait à nouveau, et là vous avez annoncé une indexation au
programme favorisant les regroupements municipaux, qui s'appelle le programme
PAFREM. Vous en avez parlé un petit peu tantôt, mais, moi, je ne
veux pas que vous me parliez du programme PAFREM. On le connaît. Tous les
députés l'ont eu. On sait exactement ce qu'il y a
là-dedans. Vous avez parlé que vous alliez le bonifier, puis ces
choses-là vont être rendues publiques. Parce que, dans le fond,
PAFREM, c'était de reprendre une annonce qui a été faite
en octobre dernier, et on est au courant. Et là, juste comme toile de
fond, on sait que la population du Québec est à peu près
de 7 000 000 d'habitants, comporte un peu moins de 1500 municipalités,
alors qu'en Ontario, avec 10 000 000, il y en a 700, et que ça, c'est
donc un beau modèle. Ça semble donc intéressant. (12 h
20)
Première question, M. le ministre. Au-delà de la
problématique, qu'est-ce qui vous incite vraiment, là,
très concrètement et précisément comme ministre des
Affaires municipales, c'est quoi, vos motivations profondes qui vous incitent
à prôner des regroupements et à quel chapitre
précisément vous voyez, là, soit dans certains cas une
meilleure façon d'économiser, ce qui n'est pas
nécessairement le cas... Moi, j'en ai, des municipalités et je
fais des portraits concrets. Si elles se regroupaient sur le plan municipal,
qu'est-ce que ça changerait de plus? Parce que le territoire physique de
La Reine, qui est tout petit, par rapport au territoire de Saint-Lambert, qui
est aussi tout petit, les 2 vont continuer à vouloir un centre
communautaire, et c'est légitime. Les 2 vont revendiquer un certain
nombre de services. Alors, un regroupement, disons, de ces 2
municipalités-là en termes de fonctionnement
peut-être que je n'ai pas votre expertise je ne suis pas capable
de voir toujours énormément d'économie réelle,
concrète, spécifique. C'est pour ça que je voudrais que
vous soyez assez clair, comme ministre, pour nous indiquer ce qui vous incite
précisément à prôner ces regroupements-là
avant de poursuivre un certain nombre de questions, là. J'aimerais
ça avoir votre point de vue bien concret là-dessus et celui de
vos réflexions jusqu'à date.
M. Ryan: Je pense bien que le problème est inhérent
aux conditions dans lesquelles se fait la gestion des affaires privées
et publiques aujourd'hui. Autrefois, on pouvait se contenter de petites
unités de gestion parce qu'il y avait d'abord le facteur de la distance
qui n'était pas facilement franchissable. Il y avait le facteur du
climat également. Il y avait le fait que les activités
économiques et culturelles étaient loin d'être aussi
développées, imbriquées dans des circuits larges que c'est
le cas aujourd'hui.
Aujourd'hui, on se dit, là, que, pour fournir une gestion
municipale convenable à une population, ça prend une taille
minimum. Tu ne peux pas faire ça avec 4 employés, une
municipalité. Tu peux passer la grat-teuse sur le chemin une fois
à toutes les semaines dans une petite municipalité. Tu peux
enlever la neige sur la rue principale. Tu ne pourras pas faire grand-chose
d'autre à part de ça.
Alors, la Sûreté du Québec, payer pour, c'est
correct, mais ce n'est pas une vocation pour une municipalité,
ça. C'est strictement ce que j'appellerais une gestion de subsistance.
Si vous voulez avoir quelque chose qui aille un petit peu plus loin, par
exemple, avoir des équipements pour accomplir le travail pour qu'il soit
de meilleure qualité, ça ne peut pas être
décidé par 1452 unités individuelles comme nous l'avons
actuellement. Il faut que ça se fasse sur une échelle plus large.
Si vous
voulez avoir des services culturels qui aient de l'allure... Allez
demander à une petite municipalité de 200 de population si elle
est capable d'avoir une bibliothèque municipale. Elle ne sera même
pas capable de payer pour s'affilier à la bibliothèque de
prêts et de placements régionale.
On se dit: II faut que vous ayez une taille minimum. Alors, on regarde
notre portrait municipal à travers le Québec, puis il y a
beaucoup de municipalités qui n'ont pas la taille minimum pour
être capable d'offrir des services de bonne qualité. Quelle est la
taille minimum? Ça, là-dessus, on n'a pas fait d'étude qui
dirait: Toutes les municipalités en bas de 1000, ça doit
disparaître demain. Dans certains cas, ça va être une
municipalité de 1000 qui devrait, pour des raisons géographiques,
économiques et autres, se regrouper avec une municipalité de
3000. Dans d'autres cas, ça va être 3, 4 petites
municipalités qui devraient se mettre ensemble.
On n'a pas de modèle unique, là, et rigide
d'arrêté d'avance. Nos services m'ont fourni une hypothèse.
Us m'ont dit: Peut-être, M. Ryan, qu'on pourrait envisager, pour
commencer, une campagne visant le regroupement des municipalités de
paroisse et des municipalités de village. Vous savez qu'il y a encore
375 unités actuellement, paroisses ou villages. Si c'était
regroupé, ça serait ramené à peu près
à 175. Ça ferait déjà un bon nettoyage.
Moi, j'en ai, dans mon comté, puis le député
d'Abitibi-Ouest en a sûrement dans le sien... Tu parles avec le maire de
telle municipalité, puis il dit: Ça n'a pas de maudit bon sens,
on devrait se regrouper avec la municipalité d'à
côté. L'autre aussi. Tu parles à l'autre maire: C'est donc
vrai. L'autre maire aussi, mais il n'y en a pas un qui veut laisser sa job. Il
n'y en a pas un qui veut prendre l'initiative, là, mais tout le monde
convient que ça serait infiniment préférable. Ça
n'enlèverait absolument pas le contact direct avec la population, puis
tout. Moi, j'ai au moins 3, 4 cas dans mon comté comme ça.
Alors, on m'a soumis cette hypothèse, que j'ai trouvée
très intéressante, bien étayée. On l'a faite
inscrire sur des graphiques, des tableaux, qui l'illustrent très
concrètement. Puis, dans cette perspective-là, il y a un travail
de promotion, un travail d'information qui va se faire au cours des prochains
mois pour faire voir davantage les raisons qui militent en faveur d'un
regroupement d'énergies.
Dans le secteur privé, les petites unités comme on a,
là, ça disparaît à la centaine chaque année.
Elles ne sont pas capables de résister à la concurrence. Dans
l'autre, elles pourront subsister plus longtemps en offrant des services dont
la médiocrité va croître au lieu de diminuer s'il n'y a
rien qui se fait. C'est ça qu'est le défi. Au bout de la ligne,
tout ça ajoute à nos coûts. Ce que la municipalité
ne peut pas faire, elle a été habituée de le pelleter
à Québec puis ailleurs. Ça allait bien, il y avait un
gouvernement qui était prêt à prendre n'importe quoi,
souvent poussé par un député qui voulait avoir l'appui de
sa population, puis tout. Aujourd'hui, on dit: II faut que vous soyez
équipés pour être capable de les prendre, les
responsabilités.
J'entendais le député d'Abitibi-Ouest dire, tantôt,
qu'il est favorable à une décentralisation. Ça va bien
ça, mais les municipalités, dans l'état où elles
sont actuellement, n'en veulent pas trop de décentralisation,
malgré le discours que nous entendons, parce qu'un trop grand nombre ne
sont pas équipées pour prendre ces
responsabilités-là. C'est pour ça que, si on veut faire
une décentralisation véritable, je pense que l'opération
regroupement est une dimension essentielle de l'entreprise.
M. Gendron: En tout cas, Mme la Présidente, je suis un peu
étonné de la réflexion du ministre, mais c'est ça
que je voulais. Je voulais que le ministre fasse une réflexion tout
haut. De me dire qu'il n'y a pas de modèle unique et rigide, c'est
sûr, mais de ne pas sentir qu'il y a plus d'objectifs... Pour un
gouvernement qui a constamment délesté et pelleté dans les
cours des municipalités, d'essayer de faire croire que, là, le
problème, c'est qu'elles ne sont pas assez organisées et que
c'est ce gouvernement-là, qui prônerait les regroupements, qui va
les organiser, c'est ça que je voulais démasquer.
Je pense qu'il faut savoir quels objectifs je poursuis, moi. Je poursuis
des objectifs très clairs dans ces discussions-là. Je ne crois
pas que le modèle artificiel... Ce n'est pas écrit dans aucun
livre que 2 petites municipalités qui se regroupent sur le plan
municipal, ça changerait la condition d'assistance dont ils ont besoin
pour offrir un service à leurs contribuables au niveau des services.
Je n'ai pas senti, lorsque vous me l'avez dit, c'est quoi les objectifs
que vous, comme ministre des Affaires municipales, et que votre gouvernement
poursuivez par des regroupements municipaux. Essayons d'être plus
concrets et de dire: On fait l'image qu'il y aurait 1000 municipalités
au Québec, disons, donc ça veut dire qu'il y en aurait 400
à 500 qui seraient regroupées. En quoi votre gouvernement est-il
en mesure de prétendre que, par une politique de regroupement des
municipalités, ces 1000 nouvelles municipalités seraient mieux
équipées pour faire face à des responsabilités?
Je pense le contraire de ce que vous avez affirmez. Il n'y a pas de
municipalités qui n'en veulent pas plus, mais elles veulent avoir la
capacité de décider elles-mêmes ce qu'elles vont offrir
à leurs contribuables. Par exemple, si on prend votre discussion de la
Sûreté du Québec et l'obligation d'avoir un corps de police
pour 5000 et moins, elles trouvent ça débile et elles ont raison,
parce que l'indice de criminalité dans certains cas n'a strictement rien
à voir avec la taille. Mais vous ne vous occupez pas de ça, vous
dites: 5000 et plus, ça vous prend un corps de police. C'est un exemple
que je donne, là.
Alors, si on ne voit pas les objectifs, je les comprends un peu, M. le
ministre des Affaires municipales, je comprends un peu pourquoi elles ont eu
des réticences à se regrouper. Elles ont peur de se faire
imposer
toutes sortes de normes gouvernementales qui vont être
appliquées uniquement à partir d'un ratio: 5000 et plus, voici ce
que tu dois te donner comme équipement. Est-ce que vous croyez que
ça leur appartient? Moi, je prétends que ça leur
appartient plus de décider ça d'elles-mêmes que ça
soit le ministre des Affaires municipales ou le ministère des Affaires
municipales qui statue pour elles. Et c'est ce que je voulais sentir. Dans
votre volonté de regroupement d'un certain nombre de
municipalités, est-ce qu'il n'y a pas là une volonté
éventuelle d'être en mesure de leur imposer aussi un certain
nombre d'obligations de se doter de services, d'équipements qui seraient
reliés strictement à la taille numérique? Est-ce que vous
ne croyez pas que c'est une des raisons qui expliquent qu'il n'y en a pas
beaucoup de regroupement? Et c'est drôle, ces gens-là,
normalement, ils sont logiques, ils sont de bonne foi. Si c'était si
avantageux pour elles, les municipalités, de se regrouper, comment
expliquez-vous qu'il n'y en a pas eu plus que ça? Comment expliquez-vous
qu'il n'y a pas eu plus de regroupement qui s'est fait?
M. Ryan: D'abord, je répète, pour que ça
soit bien clair, que nous n'avons pas de modèle
préordonné. Nous ne nous promenons pas à travers le
Québec, et, si j'apprenais qu'un de mes sous-ministres fait ça ou
un de mes collaborateurs, en disant: Tu vois, c'est ce modèle-là
que le ministre veut et c'est ce modèle-là, je dirais, tu as la
mauvaise adresse, parce que, moi, je ne l'ai pas, ce modèle-là.
Mais je me rends compte d'une évidence. Je pars d'une évidence
qu'il existe un très grand nombre de cas où les entités
que nous avons sont trop petites et trop dépourvues de moyens pour
être capables de s'acquitter convenablement des fonctions municipales
dans le contexte plus exigeant d'aujourd'hui. Je me dis, donc, qu'on a un
problème. (12 h 30)
Quand on a formé le groupe de travail sur Montréal et sa
région... Dans la région du Grand Montréal, il y a 136
municipalités. Rien que sur l'île de Montréal, il y en a
29. Peut-être que tout ça est justifié par l'histoire, puis
les particularismes, puis ceci, puis ça, mais, d'un point de vue
raisonnable, ça ne s'explique pas. Je ne sais même pas si on va
être capable de poser le problème, tellement que ces
particularismes sont ancrés profondément, mais, moi, j'aurai fait
mon devoir. Je l'ai dit clairement, c'était ma préoccupation
numéro un. Il y en a d'autres, également, qui font partie de
ça, je l'ai dit clairement, mais, dans le groupe de travail, il va faire
son travail, puis, s'il n'a pas abordé le problème, moi, je
réserverai mon jugement, puis ça finira là. Mais il me
semble que c'est évident, ça. Ça saute aux yeux. À
partir de ce moment-là, on dit: On ne l'imposera pas
d'autorité.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, si vous me
permettez. Étant donné que le mandat de la commission, c'est de
finir à 12 h 30, est-ce qu'il y a une entente entre les 2 partis pour
poursuivre jusqu'à 13 heures? Ça prend le consentement des
membres de la commission pour adhérer à cette demande.
Une voix: Consentement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je m'excuse.
Vous pouvez poursuivre.
M. Ryan: Alors, deuxième point, nous ne l'imposerons pas
d'autorité parce que nous avons du respect pour l'autorité
municipale, et nous l'avons prouvé à maintes reprises,
malgré tout ce qu'on a pu dire de négatif à notre sujet.
Deuxièmement, au point de vue pratique, le temps n'est pas propice pour
ça. Il faut être réaliste, le temps ne serait pas
propice.
En attendant, que faire? Il faut mettre au point des incitatifs, des
mesures qui vont stimuler l'initiative des municipalités. Il y en a
une... Ça n'a l'air de rien, là. Que de fois on est venu me voir
en me disant: Nous autres, on serait intéressé à un
regroupement, mais il y a votre affaire de 5 ans qui nous fatigue bien gros
dans la Loi sur l'organisation territoriale municipale. On l'a enlevé,
ce 5 ans-là. Ça a l'air de rien, mais c'est plus important que
bien des incitatifs financiers qu'on pourrait imaginer à partir de
Québec.
On nous avait dit: Dans vos programmes de compensation financière
découlant de la loi 145, vous pénalisez des municipalités
qui voudraient se regrouper, parce que, disons qu'une municipalité
à 3000 se regroupe avec une autre à 2800, ça fait 5800. La
cotisation qui en découlerait pour la Sûreté du
Québec serait beaucoup plus élevée que quand elles
étaient séparées, puis d'autres contributions qu'elles
recevaient du gouvernement seraient moindres. On va avoir des programmes de
neutralisation qui vont faire en sorte qu'aucune municipalité qui se
regrouperait ne sera pénalisée pendant une période qui
pourra aller de 8 à 12 ans. On lui donnera tout le temps pour se revirer
comme il faut, puis s'ajuster à sa nouvelle situation. C'est ça
qu'on va faire. On ne peut pas faire davantage.
On a été approché, ces temps derniers, par 4
municipalités des Bois-Francs, là: Victoriaville, Artha-baska,
Sainte-Victoire, Saint-Christophe. Très intéressant, mais ce
n'est pas nous autres qui sommes allés leur vendre cette
salade-là. Ils ont écouté ce qu'on disait, ils ont
écouté notre sous-ministre, M. Bolduc, qui est ici, qui est un
grand apôtre du regroupement. Vous pouvez le faire venir en Abitibi, il
va y aller volontiers.
M. Gendron: Attention aux sectes, là. M. Ryan:
Pardon?
M. Gendron: Attention aux sectes. Un grand apôtre des
regroupements. Attention aux sectes.
M. Ryan: Ah oui! O.K. Alors, ils sont venus nous présenter
un projet. Ils avaient fait toute leur étude de faisabilité puis
tout, qui avait beaucoup d'allure. Il
est arrivé une difficulté à propos de
Saint-Christophe, comme vous le savez. On a dit: Saint-Christophe, vous ne
voulez pas. On n'approuve pas le projet. La loi est bien compliquée
à ce point de vue là. Il a fallu qu'ils reviennent avec une
nouvelle démarche qu'ils sont en train de préparer.
Mais pourquoi veulent-ils se regrouper, ces 4
municipalités-là, au moins 3? C'est parce qu'il y a des avantages
évidents, puis il y a des choses qu'ils ne peuvent pas faire,
actuellement. Eux autres, ils pensent au développement économique
de la région: attirer des entreprises, créer de l'emploi,
favoriser le dynamisme des entreprises qui sont déjà là.
Ils se disent: Si on avait une municipalité d'une taille d'à peu
près 40 000 habitants actuellement, il y a Victoriaville,
à peu près 24 000, 25 000, puis les autres se partagent l'autre
15 000 si on était ensemble, ça ferait une force de frappe
beaucoup plus grande. Je trouve ça formidable. Il y en a beaucoup qui
pensent dans ces termes-là.
Le député de Deux-Montagnes est ici. Il sait que, dans sa
région, ça se parle beaucoup, aussi. Ça se parle beaucoup.
Les gens ne sont pas mûrs pour arriver avec un projet précis
demain matin, mais tout le problème de Sainte-Marthe de Deux-Montagnes
est venu de cette idée qu'on se rendait compte qu'il y a des besoins qui
dépassent l'envergure des municipalités actuelles, qui sont quand
même assez importantes chez vous, hein? Alors, c'est comme ça que
ça se pose.
M. Gendron: Non, c'est parce que j'aurais juste un commentaire
additionnel. Moi, je pense que le ministre a raison, puis, en tout cas, en ce
qui me concerne, moi, je n'ai aucun problème avec une volonté
ministérielle, autant d'un ministre des Affaires municipales que d'un
gouvernement, d'avoir des mesures précises, facilitant les
regroupements, initiant les regroupements.
Ce contre quoi j'en ai, c'est, entre autres, dans le monde rural et les
petites communautés, de leur présenter d'une façon fausse,
erronée et artificielle que des regroupements de petites
communautés, parce qu'elles se regrouperaient sur le plan municipal,
là, ça irait donc bien et qu'elles régleraient leurs
problèmes. Il faut plus que le gouvernement soit imprégné
et imbu de la réalité de la ruralité au Québec, ce
qui ne semble pas être le cas, selon ma vision des choses. Il ne semble
pas être bien imprégné de ça, compte tenu des cris
d'urgence et d'alarme partout du monde rural au Québec. Et je ne
voudrais pas qu'on se serve d'un débat sur les regroupements municipaux
pour qu'on fasse accroire à ces gens-là qu'il y a là une
belle lumière et leur faire ce qu'on appelle communément prendre
une vessie pour une lanterne.
C'est juste ça, ma réserve, et j'ai hâte que vous
publiiez... Parce que, effectivement, vous avez indiqué que vous
publieriez prochainement une petite brochure, un petit document faisant
davantage la promotion, donnant davantage d'éclairage sur le support que
le ministère des Affaires municipales peut offrir aux regroupements.
Mais j'aurais également aimé ça que, là-dedans, il
y ait une franchise, compte tenu de votre expertise.
Le ministère des Affaires municipales, il a une expertise, et ce
serait très important, parce que les regroupements, ne nous comptez pas
de peurs, comme par hasard, ceux qui y pensent, c'est presque davantage les
gens du milieu urbain. Quand tu es organisé et qu'un autre est
organisé, il y en a 2 qui sont organisés, oui. Bien, en tout cas,
je pense que la problématique des regroupements de milieux urbains
versus...
Là, vous allez me parler, M. le ministre, de ce que je sais. Moi,
je n'endurerais pas pendant longtemps, pas au sens coercitif, mais j'essaierais
de convaincre... Écoutez, ça donne quoi, dans la
municipalité de Tasche-reau, d'avoir une municipalité de ville et
une municipalité de campagne? Ça, j'essaierais d'arrêter
ça. Pas d'une façon coercitive, mais ça, j'essaierais de
faire de la vente en étoile de ça, parce qu'il me semble que
ça ne correspond plus à la réalité d'aujourd'hui.
Ça ne correspond plus à la réalité de 1993 d'avoir
autant de municipalités rurales du même nom que de
municipalités de parties urbaines du même nom. Ça, c'est
dépassé.
M. Ryan: On va inscrire cette citation-là dans la petite
brochure.
Une voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Dans le petit Bolduc?
M. Ryan: On en cherchera une du côté de
l'Opposition.
M. Gendron: O.K. Non, mais je conclus, M. le ministre. Ce que je
voudrais, c'est que, dans ce document, qui va faciliter, pour les
municipalités, des regroupements municipaux, il y ait une
problématique distincte des regroupements en milieu urbain versus les
regroupements des petites municipalités, parce que ce n'est pas la
même problématique pantoute. Moi, je l'ai vécue. Je
pourrais citer un nombre de petites municipalités qui,
concrètement, vont devoir continuer à desservir leur population,
et ce n'est pas parce qu'il y aurait des regroupements municipaux de 2 petites
entités, en leur faisant accroire que, s'il y en avait 1 plutôt
que 2, là, ça va être le paradis, puis ça va bien
aller, qu'ils auront un niveau de taxation qui va être revampé
pour donner plus de services. C'est faux. Et le gouvernement ne les soutiendra
pas plus, c'est faux. Donc, je ne veux pas que vous leur fassiez accroire des
choses qui ne correspondent pas à leur réalité.
C'était plus cette mise en garde là. Est-ce que vous partagez
cette préoccupation que les regroupements de petites communautés,
ce n'est pas du tout de la même façon que des regroupements de
villes plus organisées?
M. Ryan: Je vais vous dire plus que ça. J'avais certains
doutes au sujet de la loyauté d'un collaborateur de mon cabinet qui
surveille ces choses-là. Je le soupçonnais d'avoir des contacts
avec l'Opposition à mon insu. Vous venez de dire exactement ce qu'il dit
depuis 2 mois. J'espère qu'il ne vous a pas vu pour vous insuf-
fier ces idées-là.
M. Gendron: Je l'ai vu, mais je ne lui ai pas parlé.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ha, ha, ha! Nous partageons votre souci. Nous partageons
le souci du député d'Abitibi-Ouest, et nous allons voir à
ce qu'il soit inscrit dans le texte définitif de la brochure qui est en
préparation. Je pense que c'est tout à fait réaliste,
ça. (12 h 40)
M. Gendron: Je vous remercie. Sur les regroupements municipaux,
je n'ai pas autre chose.
Évaluation industrielle
Sur l'évaluation industrielle, M. le ministre, liée
à l'article 65, paragraphe 1°, de la Loi sur la fiscalité
municipale, j'ai quelques questions. Je voudrais juste prendre quelques minutes
pour situer ça dans le contexte. Lors de l'étude de la loi 145,
vous aviez pris l'engagement formel, M. le ministre, de régler, dans un
proche avenir, la question de l'évaluation industrielle. Après
avoir pelleté plus de 400 000 000 $ dans la cour des
municipalités, vous disiez, à ce moment-là, vouloir enfin
véritablement aider les municipalités en trouvant une solution
quant à la valeur à inscrire au rôle en ce qui concerne les
grandes industries: papetières, raffineries, alumineries.
Deux ans plus tard, au moment où vous avez fait ces
échanges-là, le problème est tout aussi entier et on ne
vous a pas réentendu là-dessus. Des centaines de millions sont en
jeu, M. le ministre. Pour certaines municipalités qui comprennent une ou
plusieurs grandes industries, l'impasse persiste et le manque à gagner
ne cesse de s'accentuer. Dans certains cas où des contestations
judiciaires ont été entreprises, des millions de dollars ont
été dépensés. En bout de piste, bien entendu, c'est
encore les contribuables qui en font les frais. Je rappelle, pour le
bénéfice de ceux qui sont moins familiers, que l'article 65,
paragraphe 1°, de la Loi sur la fiscalité municipale exempte
certains biens industriels de la règle générale en
matière de taxation afin d'éviter l'imposition d'une machine,
d'un appareil et de leurs accessoires utilisés principalement à
des fins de production industrielle ou destinés à être
ainsi utilisés, qui n'ont pas pour objet d'assurer un service à
un terrain ou un bâtiment. C'est une disposition qui est difficilement
applicable, qui est floue, qui prête flanc à une multitude, un
grand nombre de contestations, et je pense que le ministre en avait
convenu.
Deux questions. Le ministre entend-il respecter son engagement et
proposer bientôt une solution à ce problème qui demeure
épineux, constant? Est-ce que vous attendez que la Cour suprême se
soit prononcée sur le cas de la municipalité de Saint-Basile et
de la compagnie Ciment Québec avant d'agir? Si c'est ça, bien, on
s'en reparlera en 1999 ou à peu près. J'aime- rais ça que
le ministre nous donne un peu plus d'indications comment il voit le
problème aujourd'hui. Est-il toujours de même nature puis de
même réalité coûteuse pour les contribuables, et, en
conséquence, si vous en faites la même lecture aujourd'hui,
avez-vous l'intention de proposer quelque chose de concret prochainement pour
régler le problème? Par rapport à vos attentes au niveau
des jugements qui sont en cour, est-ce que vous attendez quelque chose de ce
côté-là?
(Consultation)
M. Ryan: Regardez, ce que j'ai constaté... Nous avons
abordé ce sujet qui m'avait été présenté
comme un des plus difficiles quand je suis venu aux affaires municipales. C'est
que les problèmes sont en définitive sectoriels. Nous avons
abordé le premier, celui des raffineries de pétrole, qui semblait
insoluble. Nous y avons apporté une solution qui, dans l'ensemble, est
équitable. Il y a eu certaines difficultés du côté
de Lévis, ici, mais, finalement, je pense que la solution était
équitable, puis tout le monde, aujourd'hui, s'en accommode.
Après ça, moi, j'avais pensé qu'on pourrait avoir
un groupe de travail qui réglerait le cas pour toutes les autres
entreprises industrielles, mais ça ne peut pas marcher. Ça ne
peut pas marcher comme ça parce que les problèmes sont trop
différents. Je .vous donne 3 exemples. On a mentionné le cas de
Saint-Basile, qui, présentement, est devant les tribunaux. J'ai
été saisi d'un autre cas qui m'a été soumis par des
municipalités de la Mauricie puis de Portneuf concernant les conduites
de gaz, où ça commence, où ça finit, pour fins de
taxation municipale.
Puis on a été saisis d'un gros problème concernant
les entreprises ferroviaires, les installations, les voies ferrées puis
les gares de triage. Il y a un litige qui dure depuis des années,
là-dedans. J'en suis venu à la conclusion qu'on va être
plus efficaces en agissant sur les problèmes un par un, en
déblayant le terrain un par un. C'est pour ça que j'ai
annoncé, dans ma communication liminaire, tantôt, que nous
envisageons un projet de loi pour les entreprises ferroviaires. Il y avait, je
pense, 10 ou 11 municipalités de la région de Montréal qui
sont concernées par ce problème-là. Des
négociations ont eu lieu entre elles et les 2 entreprises ferroviaires,
CN et CP, avec notre aide. Nous suivions ces travaux de proche. Elles en sont
venues à une entente entre elles, entente que nous autres sommes
disposés à accepter, qui entraînerait des modifications
à cet article-là de la Loi sur la fiscalité municipale.
Mais il faut régler un problème, là. Il y a des
implantations ferroviaires dans d'autres municipalités où il y
avait des problèmes de taxation aussi, en particulier dans la
région de Québec, ici. On veut s'assurer que les mesures qui
seront inscrites dans la loi pourront s'appliquer partout. Mais ça,
c'est un point où il y a un net progrès.
Dans les autres cas, celui qui est devant les tribunaux, nous l'avons
laissé marcher pour l'instant. Nous n'avons pas l'intention, nous
n'avons pas assez d'idées
claires non plus pour intervenir de manière à
empêcher que cette affaire-là se rende plus loin. Dans le cas des
conduites de gaz naturel dont j'ai parlé, les municipalités
concernées ont rappelé ce dossier-là à mon
attention récemment. Je dois les revoir prochainement, mais je n'ai pas
de solution en vue dans l'immédiat. Mais c'est un problème qui
est important aussi.
M. Gendron: M. le ministre, à part Saint-Basile et Ciment
Québec, comment il y en a de causes devant les tribunaux?
M. Ryan: Des causes devant les tribunaux, je ne sais pas. Du
côté de Baie-Comeau, est-ce que c'est fini, M. Carrier?
M. Carrier (Réjean): Oui, il y a eu
négociation.
M. Ryan: Ça s'est réglé par
négociation. Rouyn-Noranda également, ça s'est
réglé par négociation, d'après ce que
j'entends.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de causes devant
les tribunaux actuellement.
M. Gendron: Donc, d'après vous, il ne resterait pas
beaucoup d'autres causes que celles qu'on connaît. Premièrement,
ça, c'est un constat que je dégage des échanges qu'on
a.
Par contre, quant à envisager une solution à
l'épineux problème soulevé, votre choix serait davantage
le cas par cas qu'une législation, et, s'il en vient une, elle sera dans
le domaine ferroviaire.
M. Ryan: C'est ça. M. Gendron: C'est ça.
M. Ryan: Pour l'avenir prévisible. Si on peut avoir la
collaboration de l'Opposition, on pourrait faire ça assez vite.
J'attends la réponse. Ha, ha, ha!
Une voix: On va prendre ça en note.
M. Gendron: Est-ce que vous avez déjà fait une
évaluation des sommes qui peuvent être en cause par ce que vous
avez appelé vous-même l'épineux problème qu'on
discute? Est-ce que, effectivement, il y a des municipalités qui sont
obligées de sacrifier beaucoup d'argent, compte tenu que vous
préférez une solution ad hoc, cas par cas, plutôt qu'une
politique qui permettrait que chacune des municipalités sache sur quoi
s'appuyer pour avoir des dispositions moins floues, moins contestables et moins
ouvertes à la procédure dont vous savez où ça nous
conduit?
M. Ryan: Avec votre permission, Mme la Présidente,
pourrions-nous demander peut-être à M. Réjean
Carrier, qui est directeur de l'évaluation au ministère,
de nous parler de ça un petit peu? Il est plus dans l'épaisseur
du sujet que je peux l'être moi-même. Il pourrait indiquer que ce
sujet-là n'est peut-être pas d'une ampleur aussi vaste que
seraient portées à le suggérer les questions du
député d'Abitibi-Ouest. C'est un problème qui est de plus
en plus circonscrit. Je pense que la méthode que nous avons retenue par
l'expérience va nous permettre de régler les quelques cas qui
restent. Mais j'aimerais, si vous n'avez pas d'objection, que M. Carrier donne
peut-être quelques indications additionnelles.
M. Gendron: Non, je n'ai pas d'objection, en autant que c'est
assez précis et pas trop long. Mme la Présidente, est-ce que vous
étiez au courant qu'il y avait une demande en votre nom?
La Présidente (Mme Bélanger): M. Carrier.
M. Carrier: Ce que je peux mentionner concernant le secteur
industriel, c'est que, au cours des dernières années, on constate
qu'il y a eu une amélioration considérable du climat que
j'appellerais entre les gros contribuables et les municipalités. On
observe de plus en plus qu'il y a des négociations de gré
à gré qui se produisent avec des résultats concluants.
Donc, ça...
M. Ryan: Depuis 1990, ça?
M. Carrier: Au cours des dernières années, vous
avez raison.
Des voix: Ha, ha, ha!
(12 h 50)
M. Carrier: Alors, comme M. Ryan le mentionnait, l'approche,
suite à cette détente-là du climat, a été
plutôt de laisser aller les dossiers un par un. On ne dit pas qu'il ne
reste plus de cas sérieux à régler. J'ai à
l'esprit, entre autres, le secteur des alumineries, où il y a eu
plusieurs nouvelles installations au cours des dernières années.
Bon, il y a des mésententes au niveau des valeurs, mais je dirais que,
au niveau de ce qui doit être inscrit au rôle, la clarification de
l'assiette, c'est relativement clair. Les litiges portent de plus en plus sur
l'établissement des valeurs. Alors, on n'est pas du tout dans le
même ordre de grandeur de difficultés qu'on y était il y a
quelques années, entre autres avant le règlement des raffineries.
Alors, comme M. Ryan l'a mentionné, les cas les plus patents et
difficiles vont être réglés à mesure qu'ils vont se
présenter et j'ai à l'esprit celui des ferroviaires
et, pour les autres cas, on les laisse continuer devant les tribunaux.
M. Gendron: M. le ministre prétendait que j'essayais de
grossir. Moi, je prétends que vous essayez d'atténuer. J'aimerais
savoir, du ministre, cette fois-là, lorsque le jugement de la Cour
d'appel est sorti, le jugement rendu récemment par la Cour d'appel du
Québec entre Ciment Québec et le village de Saint-
Basile-Sud on disait que ça devrait permettre aux
municipalités d'aller chercher des revenus fiscaux beaucoup plus
importants chez les entreprises industrielles du Québec est-ce
que, ça, ça ne correspondait pas davantage à la
réalité? Est-ce que, ça, ça ne serait pas plus la
réalité objective des choses que si, effectivement, on avait une
législation très précise qui permettrait aux
municipalités de pouvoir aller chercher les niveaux de taxation auxquels
elles auraient droit auprès des grandes entreprises? Si vous aviez une
volonté un petit peu plus ferme de vous en occuper, est-ce que vous ne
croyez pas qu'elles retireraient pas mal plus de revenus? Et sinon, c'est qui
qui interprétait mal le résultat du jugement?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je ne le sais vraiment pas. Je ne sais vraiment pas si
ça irait dans un sens ou dans l'autre. Il faut être très
prudent avec les solutions globales là-dedans. Il faut bien, bien savoir
ce que ça va affecter, le genre de biens que ça va affecter.
C'est ça qui est le plus important de tout. Parce que, si on prend des
décisions artificielles, quand même on gonfle les coffres des
municipalités, si on réduit les entreprises à des
difficultés financières qui les obligent à réduire
leur chiffre d'affaires ou leur production après coup, on n'est pas plus
avancé. C'est de trouver l'équilibre, là-dedans, qui va
permettre à l'industrie de se sentir à l'aise, à la
municipalité de retirer sa juste part des fruits de cette
entreprise-là. C'est pour ça qu'on y va avec infiniment de
prudence.
M. Gendron: Je comprends, sauf que, regardez... En conclusion, je
ne ferai pas une longue discussion là-dessus, mais c'est un peu
surprenant que, pour 10 % de l'assiette fiscale des municipalités... Il
ne faut pas oublier que ce dont on discute, ça représente 10 % de
l'assiette fiscale de l'ensemble des municipalités. Donc, je
répète encore mon expression: Ce n'est pas nécessairement
un pourboire. Il y a beaucoup de sommes qui sont en cause, qui sont
importantes, et, quand le ministre dit: Bon, eh bien, on aime mieux cas par
cas, entretemps, il y a des petites municipalités... Si je prends le
même exemple que je viens de citer, la petite municipalité de
Saint-Basile, eh bien, ça lui a coûté juste 60 000 $ en
bataille juridique pour aller chercher un montant de 160 000 $. Alors, moi, je
trouve que ça fait dispendieux en étoile pour des petites
municipalités.
Il m'a semblé et il me semble toujours qu'un ministre des
Affaires municipales devrait poser des gestes pour éviter que les
petites municipalités, qui savent qu'elles pourraient mettre la main sur
100 000 $ de taxes de plus, mais pas incorrectement, elles ne soient pas
obligées de prendre des procédures. Eux autres, ça leur a
pris juste 8 ans, je pense, 11 ans. Le jugement a été rendu le 10
septembre, après 11 ans de procédures juridiques et
administratives, et il y en a d'autres comme ça. Alors, c'était
plus là-dessus que je voulais attirer votre attention. Je veux bien du
cas par cas, M. le ministre, mais des petites municipalités qui vont
gaspiller 50 000$, 60000$, 75 000$ pour tenter de mettre la patte sur 100 000 $
qui, selon elles, leur appartiendraient si les dispositions étaient plus
spécifiques, c'est un peu plus là-dessus que j'aimerais vous
entendre.
M. Ryan: Et, moi, je vous dis qu'au rythme où nous allons,
étant donné le caractère relativement circonscrit de cette
difficulté, nous allons la résoudre de manière plus
efficace et plus équitable avec l'approche que nous avons prise que si
nous avions épousé une approche globalisante. C'est bien
engagé, j'ai été extrêmement heureux... Et le
climat, là-dedans, est une affaire extrêmement importante.
J'ai remarqué, dans le cas des entreprises ferroviaires, les
municipalités nous ont parlé, les entreprises ferroviaires nous
ont parlé également, et là ils jugent 2 choses: Est-ce
qu'ils veulent faire quelque chose et est-ce qu'ils peuvent faire quelque
chose? Ils parlent avec vous et ils mesurent ça. Ils s'en vont, ils
retournent dans leur «boardroom», chez eux, et disent: Ce
gars-là, c'a l'air qu'il veut faire quelque chose, c'a l'air qu'il est
capable. On met l'affaire en marche et ça marche. Ça, ça
vaut 56 proclamations théoriques et doctrinales.
C'est ça qu'on a fait dans le cas du rail, c'est ça qu'on
a fait dans le cas des raffineries et, quand les autres dossiers vont
être assez mûrs, on va faire la même chose avec eux autres.
Il y a à peu près 5 ou 6 secteurs qui sont concernés. On
me dit que, dans le secteur des papetières, il n'y a presque plus de
problème depuis le règlement du litige à Baie-Comeau, qui
s'est réglé par négociation après un jugement de
cour, puis qu'on ne s'était pas rendu jusqu'au bout du processus.
C'est pour ça qu'il y a une question de doigté aussi
là-dedans. Il faut toujours avoir le pouce à la fois sur
l'entreprise, le secteur qui est concerné, puis sur les droits et
besoins de la municipalité. Le rôle du gouvernement, c'est de
tenir compte de tout ça. C'est pour ça qu'on nous avait
demandé, dans 1 ou 2 de ces causes-là... Je pense que, dans les 2
dont nous avons parlé, la cimenterie, également les conduites de
gaz, on nous avait demandé de verser une contribution financière
pour aider les municipalités et on a préféré
s'abstenir. Parce qu'on va être appelé à régler ce
problème-là après. Si on a été partie
prenante dans la cause, comment voulez-vous qu'on règle ça de
manière impartiale?
M. Gendron: Mme la Présidente, je dirais au ministre, et
je vais conclure là-dessus, que c'est une voie, sauf que, dans le
document que j'ai ici du maire de Baie-Comeau, parce qu'on vient de le citer,
justement... Vous dites que ça s'est réglé hors cour,
c'est vrai, sauf que le même maire disait ceci, M. Roger Thériault
disait ceci: «Même après des démarches
concertées et répétées, le gouvernement du
Québec semble décidé à ne pas modifier l'article
dont on discute». Ça va dans ce sens-là, ce que je viens
d'entendre.
Lui ajoutait ceci, et, quand même, c'est un maire, M.
Thériault, qui a une assez longue expérience: «Mais je
crois qu'il faut tenir le coup et continuer nos démarches pour obtenir
un engagement à compléter cette réforme selon l'esprit du
législateur à l'époque, surtout en tenant compte de
l'immense transfert de fardeau fiscal là, il parle de vous autres
qu'effectue le gouvernement libéral depuis quelques
années vers les municipalités». Il y a juste le mot
«libéral» que j'ai ajouté, moi. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha! M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: II y a juste le mot «libéral» que
j'ai ajouté, moi. Dans sa lettre, il parlait...
M. Ryan: II faudrait ajouter péquiste ailleurs pour
compléter.
M. Gendron: Non, parce que nous... Une voix: Ça,
c'est une autre histoire.
M. Gendron: Oui, on parlait d'une autre histoire, je la connais,
mais on ne parlera pas du transfert fiscal un petit peu ardu pour les
municipalités. Le pelletage de 500 000 000 $, ils n'ont pas connu
ça sous notre régime, M. le ministre.
Non, mais revenons à notre fait. Je fais juste vous dire, en
conclusion, que le gouvernement du Québec, vous me l'avez
confirmé, semble décidé à ne pas modifier cet
article, et je respecte ça. Vous dites: On a les données pour
vous convaincre qu'on a raison. Je voulais juste vous rappeler qu'il y a quand
même des gens qui ont passé par là. C'est le cas du maire
de Baie-Comeau. Puis, lui, il sentait quand même le besoin d'indiquer
que, d'après lui, compte tenu que les responsabilités seront de
plus en plus exigeantes pour les municipalités, elles n'ont pas les
moyens de perdre un certain potentiel de fiscalité.
M. Ryan: Juste un mot pour préciser et pour
compléter ce sujet-là. Je n'ai jamais dit que nous n'entendons
pas modifier l'article 65, 1°. J'ai dit que nous entendons le modifier
ponctuellement selon que les dossiers auront suffisamment mûri. Quand
nous avons fait le changement pour les raffineries, nous avons modifié
65, 1°. Si nous intervenons sur les installations
férrovières, nous modifierons 65, 1°, mais nous n'avons pas
de solution globale qui tiendrait en 3 lignes pour tout le monde.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
ministre.
Étant donné l'heure, nous suspendons les travaux
jusqu'après la période des affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 26)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Affaires municipales,
les programmes 1, 2, 3, 4, 5, 6 et 7, pour l'année financière
1993-1994.
Au moment de la suspension des travaux, nous étions au
questionnement sur...
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente, nous venions de
compléter la fiscalité municipale...
La Présidente (Mme Bélanger): La fiscalité
municipale.
M. Gendron: Je voudrais introduire un nouvel
élément.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
Étalement urbain
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente, je vais introduire
l'élément étalement urbain que je voudrais
apprécier avec le ministre. La problématique concernant
l'étalement urbain, ça demeurera toujours un dossier sur lequel
beaucoup de gens vont vouloir apprécier et évaluer les
différents impacts, parce que tout le monde sait qu'il y a des impacts,
soit à atténuer le phénomène, soit à
l'encourager ou à l'apprécier, mais une chose qui est sûre,
c'est que, de plus en plus, il n'y a pas beaucoup de gens qui ne constatent pas
qu'il y a des coûts à ce que le choix individuel de certaines
personnes exige des administrations publiques d'offrir un certain nombre de
services, ce qui fait que, que ça soit des autoroutes, des
hôpitaux, des équipements communautaires ou de toute nature,
à chaque fois que ces équipements-là sont obligés
d'être redéployés et offerts à des populations dites
migratoires qui sont parties des grands centres vers les banlieues, ça
nécessite de nouveaux investissements, ça nécessite des
coûts importants, et les infrastructures de services des anciens
centres-villes sont de moins en moins utilisées par un grand nombre
d'usagers. Donc, on est moins de monde pour porter une facture de plus en plus
élevée.
D'ailleurs, le printemps dernier, la corporation professionnelle des
urbanistes du Québec sonnait l'alarme: le temps était venu, selon
elle, d'effectuer un virage, non pas à 35°, à 45° ou
à 90°, mais on parlait d'un virage à 180°. Donc,
ça, c'est de bout en bout, pour ceux qui ont de la misère
à être des visuels. Sinon, la facture serait drôlement
salée, disait-elle, comme corporation, et on ne peut pas penser que le
gouvernement n'a pas une responsabilité quand on sait qu'il est souvent,
de moins en moins avec ce gouvernement-là, mais souvent partenaire du
financement de services ou d'immobilisations, que ça soit un programme
de revitalisation centre-ville, que ça soit des programmes d'habita-
tion quant au recyclage des bâtisses existentes, que ça
soit la restauration de bâtiments plutôt que de la construction
neuve, que ça soit des ponts, un plan de développement de
transport en commun, peu importe, ou encore sur quelque chose de plus
fondamental, le maintien du zonage agricole dans des zones où on a
tendance à dézoner massivement pour permettre l'occupation du
territoire. (15 h 30)
Je pense que, sur la problématique, il n'y a pas lieu d'aller
plus loin, Mme la Présidente, tout le monde la comprend, mais, depuis
1986, quand on regarde les décisions du gouvernement, ce n'est pas
facile de convenir s'il serait bien d'accord avec la nécessité de
contrer et de réduire, M. le ministre, le phénomène de
l'étalement urbain.
En termes plus clairs, quand on regarde vos diverses actions depuis un
certain nombre d'années, on serait presque porté à croire
que vous avez plutôt encouragé et stimulé
l'étalement urbain plutôt que chercher à le freiner ou du
moins à mieux le contrôler. Parce que vous allez me dire, ce que
je sais, qu'on ne peut pas permettre, on ne peut pas obliger tout le monde
à résider là où on souhaiterait qu'ils
résident, là où sont les services, et que ça
coûterait moins cher. Ça, je n'en disconviens pas. Mais il y a des
comportements qui permettraient peut-être de résorber et de
freiner cette tendance.
Alors, moi, je voudrais savoir c'est quoi votre point de vue, M. le
ministre, lié à ce phénomène-là et, surtout,
aux conséquences coûteuses qu'il entraîne. Alors, surtout au
niveau des conséquences coûteuses qu'il entraîne, c'est quoi
votre point de vue? Et j'aurais une couple d'autres questions, suite à
vos réponses à ce sujet-là.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Alors, je suis accompagné, là, à ma
gauche, de M. Felli, qui est le directeur de la Direction
générale de l'urbanisme et de l'aménagement du...
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît, le nom de...
M. Ryan: M. Felli, directeur de la Direction
générale de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire
au ministère. Le nouveau nom de votre direction, M. Felli, pourriez-vous
le dire?
M. Felli (Georges): C'est resté le même.
M. Ryan: C'est resté le même. Puis l'autre, c'est M.
Fernand Martin, qui est un collaborateur de M. Felli. Alors, ces messieurs
pourront vous apporter des compléments d'information, si nous le jugeons
nécessaire, en cours de route.
À propos de l'étalement urbain, nous serons toujours en
présence de 2 grands courants d'opinions. Je pense qu'il faut
éviter de verser dans le moralisme au sujet de cette question. C'est
facile de dire qu'on est contre l'étalement urbain, d'accumuler toutes
sortes de données prouvant que ça engendre des maux terriblement
négatifs, mais d'autres rétorquent aussitôt que
l'étalement urbain est d'abord un phénomène qui traduit la
liberté de déplacement dans une société, la
liberté d'établissement et vous diront qu'il engendre
également des biens très appréciables à de nombreux
égards.
Par conséquent, la question n'est pas simple, elle ne se tranche
pas uniquement par un oui ou un non. Je pense qu'il faut beaucoup d'analyse,
qui n'a pas encore été faite de manière suffisante, pour
qu'on tire des conclusions avec une assurance raisonnable. Chacun a ses
préjugés de départ. Cependant, chacun a une certaine somme
de connaissances qu'il a colligées au cours de son expérience,
des études qu'il lui a été donné de faire.
Moi, mon préjugé de départ, c'est qu'à
l'époque actuelle, les gouvernements doivent accorder une attention
particulière au renforcement des centres-villes, parce qu'il n'est pas
besoin d'être docteur en urbanisme pour constater qu'en Amérique
du Nord les centres-villes se dépeuplent, se vident de plusieurs
institutions, perdent de leur dynamisme et que la vie qui se perd dans ces
secteurs doit se retrouver à des distances plus ou moins
considérables avec l'obligation de tout recommencer pour ce qui en est
des infrastructures, aqueduc et égout, routes, écoles, services
hospitaliers, services de santé et services sociaux, entreprises, lieux
de travail, etc. Je pense que nous sommes allés, en Amérique du
Nord, très loin dans la direction de l'étalement urbain, à
certains endroits beaucoup plus loin encore que chez nous au Québec, et
on sent le besoin de s'arrêter pour chercher un équilibre plus
satisfaisant.
C'est évident que, si les grandes fonctions de la ville, la ville
au sens fort du terme, ne sont pas assumées par une espèce de
défaut de la ville d'être capable de les porter, à ce
moment-là, la vie organisée va s'étioler et perdre de la
qualité, même en périphérie où elle peut
apparaître brillante pour un temps. Alors, de ce point de vue ci, par
conséquent, mon préjugé de départ, moi, vise
à essayer de favoriser le renforcement du centre-ville. C'est dans cet
esprit que nous avons créé le Groupe de travail sur
Montréal et sa région. Nous l'avons intitulé
délibérément Groupe de travail sur Montréal et sa
région. On aurait bien pu dire: groupe de travail sur Montréal
métro ou la région métropolitaine de Montréal.
C'eût été entretenir la confusion et
l'ambiguïté. Nous avons préféré un titre qui
est exactement ce que nous voulions faire: Groupe de travail sur
Montréal et sa région. Ça veut dire que nous attendons du
groupe Pichette des recommandations qui indiqueront les voies à suivre
pour renforcer le centre-ville de Montréal.
Et, si vous voulez que je vous donne quelques exemples concrets, je
pense bien qu'en ce qui touche les schémas d'aménagement
je l'ai laissé entrevoir ce matin dans les orientations que le
gouvernement définira, nous sommes en train, là, à
l'intérieur du gouvernement, de mettre au point un document
d'orientation qui devra être disponible vers l'automne. Je n'ai pas trop,
trop pressé parce que les premiers schémas de
la deuxième génération ne nous seront pas soumis
avant l'année 1994, sauf quelques très rares exceptions. Il faut
qu'on soit en mesure de soumettre aux MRC qui voudront entreprendre leur
schéma d'aménagement, qui nous auront soumis leurs intentions
initiales, des documents d'orientation forts de ce point de vue là qui
établiront une position gouvernementale plus claire qu'actuellement.
Parce que, là, la position gouvernementale, pour l'instant, c'est
l'opinion du ministre Untel et du ministre Untel. Il n'y a pas encore de
véritable position gouvernementale sur le phénomène de
l'étalement urbain qui intéresse, évidemment, plus d'un
ministère. Ça intéresse le ministère des
Transports, le ministère de l'Énergie et des Ressources, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le
ministère de la Santé et des Services sociaux, le
ministère de l'Éducation, le ministère de l'Industrie et
du Commerce, le ministère des Affaires municipales, ça va de soi,
le ministère de la Sécurité publique, sous l'angle de la
police, également.
Alors, nous essayons de définir un document d'orientation de base
qui permettra de transmettre aux MRC, au moment où elles abordent
l'opération schéma deuxième génération, des
orientations plus nettes et, peut-être aussi, plus lourdes
qu'actuellement.
Deuxièmement, il y a des choses qu'on peut faire, c'est un petit
peu comme l'air qu'on respire, ça, sans avoir de grand plan. Nous
autres, nous avons senti assez vite que des programmes comme Mon taux, mon
toit, on ne peut pas les multiplier à la douzaine, parce que ce sont des
programmes qui ont davantage tendance à se réaliser à la
périphérie, par la nature même des habitations qu'il
favorise, l'habitation unifamiliale. Par conséquent, il y a beaucoup
plus de chances que ça intéresse des gens dans certains secteur
de Laval, dans certains secteur de Saint-Eustache, Deux-Montagnes,
Sainte-Marthe, Mascouche, Sainte-Thérèse ou Blainville que
Montréal même. Ça tombe sous le sens. D'ailleurs, les
statistiques l'établissent clairement.
C'est pour ça que, depuis 2 ans, nous avons décidé
de mettre l'accent sur la rénovation de l'habitation existante.
Ça, ça permet de donner un bon coup de pouce au centre-ville. Je
ne sais pas si vous savez dans quel état de délabrement
était le centre-ville de Shawini-gan, après une couple
d'incendies majeurs qui ont eu lieu là, il y a 2 ans. Je suis
allé visiter. On a décidé de mettre une partie importante
du budget du programme PRIL pour la rénovation de ces unités
résidentielles en plein coeur de Shawinigan. C'a fait un bien
énorme.
Puis, encore cette année, on va avoir donné près de
1 000 000 $ à Shawinigan pour la rénovation d'habitations
résidentielles dans le cadre du programme PRIL. Alors, il y a
vraiment... La Société d'habitation du Québec, donc, pas
par accident, mais par intention, le ministre des Affaires municipales a la
responsabilité, une volonté d'aller de plus en plus vers la
rénovation de l'habitation résidentielle de manière
à favoriser le renforcement du centre-ville.
Dans les décisions d'implantation du gouvernement, j'en parlais
plus tôt, je pense qu'il y aura des volontés à manifester
clairement. Si le gouvernement est conscient du problème de
l'étalement urbain et de ses conséquences, il voudra en tenir
compte dans ses propres décisions d'implantation. Ça pourrait
avoir des effets sérieux sur certaines de ses décisions. (15 h
40)
Je voudrais dire, en terminant, que, pour la première
génération des schémas d'aménagement, le
gouvernement n'a pas pu faire des miracles parce que la plupart des
schémas d'aménagement étaient déjà, soit
établis, soit en bonne voie, quand nous sommes arrivés au pouvoir
en 1985-1986. Et c'est vraiment la deuxième génération des
schémas qui va permettre aux MRC, aux municipalités et au
gouvernement de franchir des pas importants dans cette direction-ci.
L'idéal est, à mon point de vue, ceci. Il faut qu'on ait,
pour chaque région, un schéma d'aménagement qui comporte
une place raisonnablement définie à l'avance pour
différentes formes de développement, pas seulement une forme, on
ne s'en va pas dans une direction unique, mais pour différentes formes
de développement, en tentant compte d'arguments comme ceux que le
député d'Abitibi-Ouest a fait valoir, à savoir, en
particulier, les coûts élevés qui découlent de
l'étalement inconsidéré à la
périphérie que, seulement sur la rive nord de la rivière
des Prairies, le député de Deux-Montagnes en est conscient, le
gouvernement est obligé de bâtir là au moins de 15 à
20 écoles nouvelles depuis 7 ans. Ça, c'est à partir de
Repentigny jusqu'à Deux-Montagnes. Ces écoles, on n'avait pas le
choix, il fallait les bâtir parce qu'il y a de la population là.
Il a fallu développer des hôpitaux. Je pense qu'un gros
développement est en cours à l'hôpital de Saint-Eustache.
Un gros développement a été autorisé aussi à
l'hôpital de Repentigny, je pense.
Ça, c'est des choses qui sont inévitables, mais, à
un moment donné, s'il y a des grosses installations à
Montréal qui servent seulement à moitié, il faudra se
poser des questions. On ne dispose pas de renseignements suffisants pour tirer
des conclusions générales actuellement, mais il y a suffisamment
d'indicateurs pour que nous soyons beaucoup plus attentifs à ce
phénomène-là que nous ne l'avons été
jusqu'à maintenant.
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente, c'est un peu
ça. Je pense que je suis heureux d'avoir entendu les
considérations générales du ministre, mais, comme ministre
des Affaires municipales, compte tenu que vous êtes, dans vos fonctions
ministérielles, un de ceux qui est le plus touché quant à
la capacité d'infléchir dans un sens ou dans l'autre cette
orientation, il me semble qu'on pourrait aborder quelques exemples, mais d'une
façon plus serrée, plus précise.
Exemple concret: Dans les cas, nombreux cas de dézonage à
Laval, j'aimerais ça, moi, que vous disiez aux membres de cette
commission, lors de l'étude des crédits, qui est une occasion
privilégiée pour vérifier l'action du ministre des
Affaires municipales, c'a été quoi votre attitude quand on a,
effectivement, comme gouvernement, réclamé un dézonage
massif de terres
agricoles dans l'est de Laval, quand on a l'intention de bâtir un
projet d'autoroute 25 qui va se prolonger et quand on a également la
prétention que le moment est venu d'avoir un nouveau pont pour vider
davantage l'est de Montréal vers la région de Laval.
Alors, vous, comme ministre des Affaires municipales, quand il y a des
affaires de même, aussi concrètes que ça, dans ce qui a
été pris comme décision, j'aimerais ça savoir
qu'est-ce que vous avez recommandé, comme ministre des Affaires
municipales. Dans le dézonage de Laval, c'est évident que, si
vous avez joué votre responsabilité de ministre des Affaires
municipales, avec ce que je viens d'entendre, votre préjugé
favorable et plus que ça... Vous avez développé davantage,
vous avez dit: Moi, c'est bien clair, je suis un de ceux qui prétend
qu'il faut favoriser le développement des centres-villes.
Bien, en dézonant massivement les terres agricoles de Laval, vous
ne favorisez sûrement pas le centre-ville parce que, par
définition, il va se passer quelque chose, après le
dézonage. Ca va être soit un pont, soit de la construction
immobilière, mais ça ne sera sûrement pas la vocation qui
était prévue. Donc, ça a un effet grave et important sur
la dévitalisation et l'étalement urbain. Alors, dans quelques cas
concrets comme ça, c'est quoi votre position?
M. Ryan: Dans le cas que le député d'Abitibi-Ouest
mentionne, il s'agit de projets qui ont été soumis à la
Commission de protection du territoire agricole avant que je ne sois titulaire,
moi, du ministère des Affaires municipales, à ma connaissance.
Et, selon l'économie actuelle de la loi, les affaires de zonage agricole
échappent à la prise du ministre des Affaires municipales. C'est
comme ça que l'a voulu votre ancien collègue, le
député de Lévis, quand il a imposé la loi 90.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Nous autres avions demandé, du côté
de l'Opposition, à l'époque, qu'il y ait une meilleure jonction
entre la responsabilité du ministre des Affaires municipales sur
l'ensemble du schéma d'aménagement, cette partie qui consistait,
là, à régir le zonage agricole, puis le gouvernement, dont
le député d'Abitibi-Ouest faisait partie, à
l'époque, n'avait jamais voulu entendre parler de ça.
M. Gendron: Exact.
M. Ryan: Alors, on a fait les 2 choses en parallèle,
complètement séparées, et elles le sont restées
jusqu'à ce jour. Puis vous savez les pressions qui s'exercent sur le
gouvernement...
M. Gendron: C'est ça qui est inacceptable.
M. Ryan: ...par les milieux agricoles, mais c'est une situation
qui manque de rationalité et, quand nous aurons surmonté
l'époque des méfiances réciproques qui existent encore, je
pense qu'on pourra peut-être voir ce problème-là dans une
perspective plus large. À ce moment-là, les possibilités
d'intervention pour le ministre des Affaires municipales seront plus
claires.
Maintenant, il y a une autre chose que je veux mentionner en ce qui
touche les interventions gouvernementales. Il s'en est fait un bon nombre, ces
dernières années, sans qu'on se rende compte de tout ce que la
loi sur l'aménagement du territoire exigeait. Il y a bien des
étapes qui n'ont pas été suivies, parce que nous
apprenions en marchant, pour ainsi dire. Tu sais, c'est une grammaire
très complexe qui avait été implantée dans la loi
125 de l'époque. Le député s'en souvient, et il a fallu du
temps avant qu'on ne se familiarise avec ça. Je pense qu'on a franchi
des pas considérables. Les services sont mieux organisés
maintenant et, comme je l'ai dit ce matin, les indications contenues dans la
loi elle-même concernant les obligations du gouvernement sont beaucoup
plus claires maintenant qu'elles ne l'étaient.
Toutes les interventions qui sont prévues dans les nouvelles
dispositions de la loi sur l'aménagement urbain devront s'appliquer.
Ça, ça va faire du bien. Là, le ministre des Affaires
municipales pourra dire son mot, parce que c'est lui qui approuve, au bout de
la ligne, le schéma d'aménagement. Il sera informé de
l'avis de conformité donné par la MRC. Il pourra intervenir
auprès du cabinet au cas où le ministre concerné voudrait
agir par delà l'avis de non-conformité qui aurait pu être
donné.
Et le député sait très bien, pour avoir fait partie
d'un gouvernement, qu'il n'y a personne qui a d'autorité horizontale
illimitée. Chaque ministre tient beaucoup à son autorité
dans son secteur. Il y a beaucoup de ces problèmes qui devront se
régler comme par le passé, par la collaboration, la consultation,
la concertation réciproque. On ne peut pas tout régler
d'autorité, même dans les textes de loi. L'aménagement du
territoire, ça embrasse à peu près tout, hein. C'est pour
ça qu'on n'a pas de solution simple non plus. Mais je pense que les
matériaux s'accumulent d'année en année.
Moi, j'ai dit, lors des débats sur le projet de loi 56, que la
loi 125 nous a permis de franchir des pas très importants. Nous avions
voté contre, à l'époque, nous, de l'Opposition du temps,
et nous reconnaissons aujourd'hui que, dans l'ensemble, c'est une bonne loi,
puis nous avons contribué à son application de la manière
la plus loyale possible. Je pense qu'on va franchir des pas très
intéressants, là, avec les modifications que nous venons
d'apporter.
M. Gendron: Oui, moi, je voudrais juste peut-être conclure
là-dessus. Je ne disconviens pas, M. le ministre, par
l'intermédiaire de la présidente, que je connais peu de ministres
qui ont une responsabilité horizontale absolue, comme vous l'avez dit.
Je n'en connais pas. Mais je connais des conseils des ministres, par exemple,
qui ont des préoccupations par rapport à ce que j'appelle des
problématiques sociales. Or, le
phénomène de l'étalement urbain en est une
problématique sociale, qui a grandi, et je sais que vous lisez à
peu près tout. Je n'ai pas besoin de vous rappeler ça, mais je le
fais, là, en 2 phrases.
Quand M. Filion avait rappelé qu'au Québec se
prépare une bombe et que, un peu plus tard, Mme Agnès Gruda avait
dit: L'étalement urbain, il faut stopper le big-bang, il y avait une
liste assez exhaustive et très douteuse comme décisions prises
par votre gouvernement liées au problème d'étalement
urbain. Et c'est dans ce sens-là, il me semble, que, vous, comme
ministre des Affaires municipales, qu'il y aurait lieu de dire, compte tenu de
la gravité du problème, en 1993: Oui, je m'apprête à
arriver avec pas nécessairement un énoncé de politique,
mais une réflexion à soumettre devant vos collègues au
Conseil des ministres pour que l'ensemble du Conseil des ministres soit saisi,
un peu ce que je faisais ce matin.
Si je reprends M. Filion, lui, il faisait une liste de 7 ou 8
décisions très précises: déménagement de
l'Hô-tel-Dieu, un des premiers hôpitaux universitaires du
Québec et principal symbole de la promotion de la ville. Lui, il disait:
Ça a un impact grave sur la vitalité du centre de
l'agglomération montréalaise. Je ne peux pas être en
désaccord là-dessus. Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'autres
facteurs à regarder, mais là, je parle du phénomène
d'étalement urbain, puis il vous faisait une belle liste de 8, 9 points
très précis, et je n'ai pas réentendu le ministre
reprendre l'un ou l'autre de ces points-là, puis dire: Bien, justement,
on ne peut pas, je pense, vouloir contrer le phénomène
d'étalement urbain et être d'accord avec 2 autres ponts qui vont
donner un accès aux automobilistes pour la région de Laval, parce
que vous savez bien que ça va contribuer à l'étalement
urbain. (15 h 50)
Et là, j'ai pris cet exemple-là, mais c'est plus, en
conclusion, M. le ministre: Est-ce que vous ne croyez pas que, dans vos
responsabilités, compte tenu de la gravité du problème, de
l'état de la situation, il y aurait lieu, effectivement, d'encourager un
certain nombre de politiques précises, particulièrement
liées à l'habitation, quand vous donnez l'exemple de... c'est
Shawinigan que vous avez dit? C'est ça, Shawinigan que vous avez dit?
Ça, je pense que c'est un bon exemple, tu sais, de stimuler ça
pour s'assurer qu'à un moment donné les usagers et les payeurs de
taxes soient conscients que, oui, ils auront peut-être la
possibilité de bénéficier de certains programmes, mais
à la condition qu'ils voient, là, comme nous, qu'on ne peut pas
encourager à tout crin cette magnifique liberté
d'établissement ou liberté d'aller s'établir là
où on veut. Moi, je n'ai rien contre ça, mais il faudrait que les
Québécois sachent que c'est à tes frais. Là,
à ce moment-là, il n'y a pas de problème.
Alors, je ne sais pas si vous avez l'intention de publier quelque chose,
d'alerter votre Conseil des ministres, comme ministre des Affaires municipales,
de la gravité du problème.
M. Ryan: Regardez, on a déjà fait un certain nombre
de choses. On ne part pas de zéro. J'ai parlé de l'habitation. Je
pense que le député est d'accord avec moi. La mesure qu'on a
instituée dans la loi 145, les 30 $ de contribution de l'automobiliste,
propriétaire d'un véhicule de promenade, sur les frais
d'immatriculation, ça, ça visait directement le
phénomène dont nous parlons.
J'ai reçu des centaines de lettres de gens qui m'ont dit: Bien,
moi, je ne bénéficie pas du transport en commun, puis vous me
taxez 30 $, ça n'a pas de bon sens. On leur a dit: Oui, mais dans votre
agglomération, il y a la moitié, peut-être, des
automobilistes qui font la navette chaque jour, qui vont vers le centre
urbanisé de la région pour trouver de l'emploi. Comme ça,
ils retournent dans le dortoir chez vous, le soir. Qu'ils payent un 30 $ pour
les facilités de circulation qu'ils ont dans le centre urbain, vous ne
trouvez pas que c'est très, très modeste. On n'a pas eu l'appui
de l'Opposition dans cette argumentation-là. L'Opposition soutenait
plutôt le point de vue contraire.
Mais c'est un exemple de choses qu'on a faites, ça, qui est
modeste, mais quand même très réel, très
réel.
Ha, ha, ha! Vous n'êtes pas obligé d'écouter votre
conseiller.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Quand il tente...
M. Ryan: II était là, lui, là.
M. Gendron: Oui, c'est justement. Quand vous tentez d'induire en
erreur le comportement passé de l'Opposition...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...je suis obligé de le consulter parce que ce
que vous venez de dire est inexact. Nous, on disait, le transport en commun,
c'est important de le maintenir.
M. Ryan: Non, mais, sur les 30 $, on n'a eu aucun appui de vous
autres. Vous avez voté contre. Je pense que votre conseiller va le
confirmer.
M. Gendron: Oui, puis il vous a expliqué... Là, je
ne veux pas refaire le débat...
M. Ryan: ...ça marche, ça.
M. Gendron: ...qu'on a déjà fait. On n'en avait pas
besoin, des 30 $. Puis on vous a expliqué exactement quoi faire pour ne
pas prendre les 30 $. Puis vous n'avez pas voulu.
M. Ryan: Très bien, très bien, très bien.
Là,
nous avons jeté les bases d'un groupe de travail sur les
villes-centres. Le problème est tellement complexe que seulement pour
s'entendre sur les «terms of reference», le cadre de travail, la
composition, ça nous a pris au-delà de 6 mois, avec les 2 unions
de municipalités. Ce n'est pas des blagues, ça nous a pris
au-delà de 6 mois. À un moment donné, Montréal veut
être là-dessus, puis Québec veut être
là-dessus. Puis, ils ont leur groupe, mais ils en veulent un autre, puis
tout. Je ne les blâme pas, mais là, le groupe va se mettre en
marche incessamment.
Je pense que je dois rendre hommage à nos services. Us ont
préparé une très bonne problématique. Je pense
qu'on pourra en passer une copie du document aux députés qui font
partie de la commission. Je pense que vous allez voir que c'est un bon document
sur la ville-centre qui va servir de point de départ. Moi, j'attends
qu'on puisse amener tout ce monde-là des milieux concernés, mais,
quand on veut parler des villes-centres, ce qui arrive: Ah! bien là, les
petites municipalités de l'UMRCQ, on veut être là-dessus,
nous autres, parce que ça va avoir des répercussions pour nous
autres. La grande ville veut être là-dessus. Si on amène
tout le Québec sur le comité, on n'est pas plus avancé
qu'on était.
Ça fait qu'il faut déterminer ça clairement.
Là, on achève de finir ça. Puis, comme nous marchons dans
un esprit de consultation, ça prend un petit peu plus de temps, des
fois. Mais ça, ça va être très important, ce
groupe-là. Et le but, encore là, c'est de mieux définir la
vocation de la ville-centre par rapport à la région qu'elle est
appelée à desservir et les moyens à prendre pour la
renforcer, parce qu'on va partout à travers le Québec:
Valleyfïeld, Saint-Jean, Sherbrooke, Saint-Hyacinthe,
Trois-Rivières, nommez-les. On va partout à travers le
Québec. Puis on constate un affaissement du centre-ville moins
prononcé qu'aux États-Unis dans bien des cas, mais quand
même inquiétant et préoccupant. Alors là, je pense
que cet instrument-là va être très bon pour nous
autres.
M. Gendron: Est-ce qu'on peut formaliser, M. le ministre, tout de
suite? On aimerait ça l'avoir. Pas nécessairement est-ce que vous
l'avez ici, mais pour faire le dépôt officiel du document que vous
venez de mentionner.
M. Ryan: Regardez, nous allons envoyer des exemplaires à
chaque membre de la commision cette semaine.
M. Gendron: Excellent! C'est juste parce que je voulais que vous
rappeliez l'engagement que vous prenez. Merci!
M. Ryan: II n'y a pas de problème à ça.
Transfert de causes aux cours municipales
M. Gendron: Je passerais maintenant au transfert des causes aux
cours municipales parce que j'ai des contraintes d'horaire. Alors, je ne peux
pas faire tout l'après-midi sur l'étalement urbain.
Transfert de causes aux cours municipales.
M. Ryan: Qu'est-ce que vous...
M. Gendron: Bien, j'y vais, là. J'attendais juste le
transfert des officiers avant de faire le transfert des causes.
M. Ryan: Je sais que M. Gagné... M. Blanchet va venir nous
rejoindre.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: M. Gagné va être accompagné de M.
Marcel Blanchet, que le député d'Abitibi-Ouest connaît
très bien, anciennement chef du contentieux au ministère de
l'Éducation.
M. Gendron: Tout à fait exact.
M. Ryan: On a travaillé à la loi 107 ensemble.
M. Gendron: Alors, la problématique sur le transfert des
causes aux cours municipales. Depuis quelques années, il est fait
état du transfert possible de certaines causes relevant actuellement des
cours du Québec ou des tribunaux administratifs vers les cours
municipales déjà lourdement chargées.
En termes clairs, là, je veux dire, les cours municipales en ont
déjà plein leurs responsabilités, puis on veut leur en
donner davantage. L'an dernier, le ministre de la Justice, lors du Sommet de la
justice, avait laissé entendre qu'un transfert des causes criminelles
comme les voies de fait, les vols mineurs, etc., avait été
envisagé. De plus, on songeait à transférer la Cour des
petites créances et la Régie du logement aux
municipalités. Alors là, après le pelletage, là, il
y aurait, en plus, une série de responsabilités qui,
dorénavant, seraient exercées par les cours municipales.
Plus récemment, la presse faisait état de la signature
imminente d'une entente entre le Procureur général du
Québec et les municipalités qui procurerait à ces
dernières les montants d'argent découlant des amendes
perçues en vertu du Code criminel. Puis il y a plusieurs propositions,
là, qui ont été lancées à gauche et à
droite, depuis 2 ans, sans que vraiment elles n'aboutissent, mais, de toute
façon, il se dit à peu près n'importe quoi dans ce
domaine-là, là.
Alors, moi, je voudrais que le ministre nous fasse le point rapidement.
Qu'est-ce qui en est exactement, là, que, lui, comme ministre des
Affaires municipales... Qu'en est-il au juste de l'éventuel transfert de
causes aux cours municipales? Est-ce que c'est effectif dans une couple de
semaines? Il croit à ça? Il n'y aura pas de problèmes
d'engorgement? Les cours municipales ont les effectifs requis et la
capacité de gérer ce type de délit ou quasi-délit?
Parce que, bien sûr, il s'agit de choses moins importantes. Ce n'est pas
péjoratif, là,
c'est juste en termes d'ordre de grandeur des délits. Suite
à ces réponses-là, j'aurais une couple d'autres
questions.
M. Ryan: Mme la Présidente, si la commission voulait
consentir à ce qu'on le fasse, j'aimerais peut-être demander
à M. Marcel Blanchet de faire le point sur le dossier où il en
est actuellement. Ensuite, j'ajouterai quelques commentaires.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,... M. Ryan:
Pardon?
M. Gendron: Moi, je le souhaite. Donc, je suis d'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): ...Me Blanchet.
M. Blanchet (Marcel): En ce qui concerne le transfert de
responsabilités vers les cours municipales, de responsabilités
qui sont actuellement assumées par la Cour du Québec, division
criminelle, il y a, effectivement, des hypothèses qui ont
déjà été avancées, mais il n'y a absolument
rien de réalisé, à ce moment-ci, là. Qu'on parle,
par exemple, du transfert de responsabilités en matière de
petites créances, c'était contenu dans le rapport McDonald, en
1991, mais, manifestement, il n'y a pas eu de décision de prise de
quelque façon que ce soit, à notre connaissance, en tout cas,
ici, aux Affaires municipales, sur ce point-là.
C'est la même chose en ce qui concerne l'autre point, en fait, le
problème de la Régie du logement, qui était contenu dans
le rapport Poulin, là non plus il n'y a pas eu de décision de
prise à ce moment-ci. Évidemment, il s'agit là de
questions qui sont préoccupantes pour les unions municipales, et elles
ont demandé à être consultées là-dessus, le
cas échéant, si jamais ça en venait jusque-là,
mais, quant à nous, on n'a pas eu de développements
récents là-dessus. Alors, on n'a aucune information à
l'effet que ça se ferait très prochainement, là. En tout
cas, on n'est pas du tout partie des discussions qui pourraient se faire
à ce sujet-là.
En ce qui concerne le transfert des amendes, effectivement, il y a un
protocole d'entente qui est en préparation par le ministère de la
Justice, qui voudrait conclure, avec certaines municipalités qui ont des
cours municipales, la possibilité, pour ces cours municipales là,
de traiter de certaines poursuites prévues au Code criminel et qu'en
conséquence, en compensation de cette nouvelle
responsabilité-là qu'assumeraient les municipalités et,
plutôt, les cours municipales de ces municipalités, les amendes
restent aux municipalités. Alors, il y a, effectivement, un projet de
protocole d'entente qui est en discussion là-dessus et qui serait
probablement proposé à certaines municipalités,
prochainement. (16 heures)
M. Gendron: Bien, merci, M. Blanchet.
Par contre, au ministre, j'ai entendu ce que M.
Blanchet m'a dit par rapport à ce que j'appellerais du
débordement de ce qu'on connaît au niveau des cours municipales.
Vous dites très clairement que vous n'êtes pas dans le coup
jusqu'à date. C'est ça que vous dites.
M. Blanchet: C'est ça. Il n'y a pas eu, à notre
connaissance, de communication qui nous laisserait croire, là, que c'est
sur le point d'arriver. Ça a déjà été
élaboré comme hypothèse, mais il n'y a pas eu de
décision prise là-dessus.
M. Gendron: O.K.
M. Ryan: Le ministère de la Justice nous a demandé
notre avis, en cours de route, sur l'orientation générale. C'est
déjà... Oui, oui.
M. Gendron: Oui, d'accord, sauf que, regardez, Mme la
Présidente, c'est pour ça que je voulais poser la question au
ministre, puis je n'ai rien contre M. Blanchet, là. C'est...
M. Ryan: Mais, dans ce cas-là, ça avait
été demandé au sous-ministre, entre
parenthèses.
M. Gendron: Non, mais ça ne fait rien. Moi, je veux, M. le
ministre, que ce soit vous...
M. Ryan: Ha, ha, ha! Correct.
M. Gendron: ...qui répondiez à la question
suivante: Le ministre de la Justice du même gouvernement que le
vôtre, en tout cas, jusqu'à date, mais là, avec toutes ces
réflexions, il ne sait pas où il est rendu, lui, là, mais,
jusqu'à date, il est toujours membre du même gouvernement que
vous, là, le ministre de la Justice, ou ce qui en tient lieu, a
annoncé, l'été dernier, M. le ministre des Affaires
municipales, il a dit ça comme membre du gouvernement libéral,
là, il a dit: Moi, j'entends transférer des causes comme les
voies de fait, des vols mineurs, ainsi de suite, aux cours municipales.
Deux questions à vous, M. le ministre. Est-ce qu'il vous en avait
parlé avant? Et, entre-temps, s'il ne vous en avait pas parlé
avant, est-ce qu'il vous a demandé un avis là-dessus? Pas vous,
comme personne, mais dans votre responsabilité de ministre des Affaires
municipales, est-ce qu'il vous a demandé un avis sur la capacité
des cours municipales d'extensionner et d'élargir leurs
responsabilités, eu égard aux nouveaux mandats qu'elles
pourraient avoir?
M. Ryan: Dans le gouvernement, il arrive souvent que les
ministres se consultent par l'intermédiaire de leurs sous-ministres.
Compris?
M. Gendron: Oui, j'ai compris. Se consultent par
l'intermédiaire de leurs sous-ministres.
M. Ryan: Par l'intermédiaire de leurs sous-ministres quand
les choses sont au stade exploratoire. Il y a
lieu de débroussailler le terrain. Ça se fait très
souvent, ça. On a eu un exemple plus tôt, ce matin, quand le
gouvernement fédéral a écrit au gouvernement du
Québec, de sous-ministre à sous-ministre, pour l'affaire des
«en lieu» de taxes, hein?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: À l'intérieur du gouvernement du
Québec, ça se fait souvent, aussi, et, dans ce sens, le
sous-ministre de la Justice écrivait, au début de l'année
1992... Quelle date c'était, exactement? Le 22 avril...
Une voix: 30 mars.
M. Ryan: 30 mars 1992, M. Chamberland écrivait à M.
Gagné pour lui demander ce qu'on penserait de cette
idée-là. M. Gagné... On en avait parlé ensemble. On
était plutôt favorables dans la mesure où les moyens
concrets peuvent être trouvés pour le réaliser. Si vous
avez une petite cour qui n'a pas de personnel, rien, puis que vous allez
alourdir son agenda de travail, ça peut être bien mauvais, mais,
si vous avez une cour qui est bien organisée, dans un centre urbain plus
développé, puis qu'il y a lieu d'ajouter ça à son
agenda, moyennant des compensations appropriées, c'est une idée
qui vaut d'être explorée. Et, tantôt, M. Blanchet ajoutait
que, au cours des derniers mois, il n'y a pas eu de développement en ce
qui nous touche là-dessus. Il n'y en a pas eu de mon côté
non plus.
M. Gendron: O.K. Mais alors, est-ce à dire, M. le
ministre, en conclusion, que, là-dessusj'ai bien entendu ce que
vous avez dit, cependant, au moment où on se parle, là, on est
rendu au milieu d'avril 1993...
M. Ryan: 20 avril.
M. Gendron: ...il n'y aurait pas grand-chose de neuf, pour ne pas
dire rien de neuf depuis l'automne dernier, où le ministre laissait voir
qu'à court terme il y aurait des transferts systématiques de
responsabilités?
M. Ryan: Là, il faudrait le demander au ministre de la
Justice. Moi, je n'ai pas autorité sur les cours municipales. C'est le
ministre de la Justice qui a autorité sur les cours municipales.
M. Gendron: Oui, je sais. Mais prenons un exemple. La
Régie du logement, ça, c'est chez vous. C'est sur tous vos
chapeaux, là.
M. Ryan: II n'y a pas eu... Non. Ça, il n'y a pas eu de
développement là-dessus. Pas du tout.
M. Gendron: Bon, bien, justement, s'il n'y a pas eu de
développement, par contre, sur le fond...
M. Ryan: Ça, c'était une recommandation du cocus
des députés, hein?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: D'un groupe de travail, le groupe Poulin...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...si mes souvenirs sont bons. Alors, il n'y a pas eu de
mouvement sur ce point-là. Il n'y a pas d'intention d'agir dans le sens
qui est indiqué.
M. Gendron: O.K., mais, bon, s'il n'y a pas d'intention,
ça règle mes affaires parce que, moi, je vous aurais
signalé... Je n'ai pas fini. Juste finir ma phrase. Je vous aurais
signalé une couple de dangers à ce que la Régie du
logement soit sous la houlette des municipalités, parce que, là,
il va y avoir autant de normes et de règles que de
municipalités...
M. Ryan: On ne revient pas à ça. Non.
M. Gendron: ...puis c'est une affaire qui n'est pas...
M. Ryan: Ça a été réglé il y a
15 ans, ça, hein?
M. Gendron: Non, parce que Poulin n'était pas dans le
décor, il y a 15 ans. Poulin n'en menait pas large...
M. Ryan: Mais...
M. Gendron: ...il y a 15 ans, puis, là, il y a dans le
rapport... Il a suggéré que... Là, vous me dites: On n'a
pas donné suite à sa recommandation. Alors, ce n'est pas il y a
15 ans qu'on a réglé ça.
M. Ryan: Non, mais je dis que...
M. Gendron: Moi, je sais que le ministre des Affaires municipales
n'a pas fait de démenti. Il n'a pas réagi quand on a
évoqué, fin décembre 1992, puis même au début
de 1993, qu'il serait possible, pour les cours municipales, d'exercer le
nouveau champ de juridiction. Je n'ai pas vu de démenti, je n'ai pas vu
de communiqué du ministre des Affaires municipales qui dit: Non, ces
gens-là sont dans les patates, il n'en est pas question.
M. Ryan: Je vois que... Oui.
M. Gendron: Là, ma job, aux crédits, aujourd'hui,
c'est de le vérifier. Je le fais. Vous me dites: Non, on ne touche pas
à ça. Moi, je prends ça comme une parole
d'évangile.
M. Ryan: Je constate avec peine que l'Opposition s'emploie
insidieusement à semer la zizanie entre les membres du gouvernement,
puis entre les ministres et les députés. C'est une chose
horrible. Ha, ha, ha!
M. Gendron: Oui, oui, oui. Là, vous avez l'air
indigné dangereusement. On peut suspendre. Ha, ha, ha! On ne
répand pas la zizanie, on constate et on questionne.
M. Ryan: II n'y a pas de zizanie. Pour avoir de la zizanie,
ça prend 2 intervenants. Puis, vous dites vous-même qu'il n'y en a
rien qu'un...
M. Gendron: Oui. C'est ça.
M. Ryan: ...dans chacun des 2 cas. Non, il y a pas de... Chacun a
droit à son opinion, puis essaye des choses, explore, mais tant qu'il
n'y a pas de décisions qui sont annoncées, il ne faut pas partir
en peur.
Une voix: Puis je pense que...
M. Ryan: Puis, je ne pense pas que vous attendiez d'un ministre
sérieux à ce qu'il nie chaque chose qui est dite, là,
chaque jour de la semaine. Il va devenir un écho tier.
M. Gendron: Non, mais, dans ses responsabilités, M. le
ministre, lorsqu'il s'agit d'orientations qui, effectivement, auraient des
conséquences néfastes sur le monde que vous devez
représenter et défendre, le monde municipal, je pense qu'il y a
lieu, de temps en temps, de signaler qu'il y a certaines orientations. Ce n'est
pas parce qu'elles sont indiquées par certains que ça ne requiert
pas de ceux qui en ont la responsabilité à assumer d'indiquer
tout de suite: Non, ce n'est pas une voie qu'on va retenir parce qu'elle ne
correspond à nos objectifs.
M. Ryan: Maintenant, vous savez, d'autre part, que chaque
ministre a un réflexe conservateur sur les choses qui relèvent de
lui, hein?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: C'est pour ça que le ministre, même s'il a
une certaine opinion, doit être prudent aussi. Il peut arriver que, tout
en voulant garder la responsabilité d'une chose, il se trompe.
D'écouter d'autres points de vue, ce n'est pas mauvais pour lui non
plus.
M. Gendron: O.K. Avant de terminer là-dessus, M. le
ministre, je voudrais savoir: Est-ce que ça représente
effectivement des sommes assez significatives ou s'il s'agit de choses
mineures? Et là je veux être très précis dans la
perspective où, dorénavant, les dollars pourront rester dans les
coffres des municipalités, suite aux ammendes que les cours municipales
pourront prélever, alors qu'avant ça ces amendes-là
étaient versées au fonds consolidé. Est-ce qu'il s'agit de
sommes significatives pour les municipalités? Avez-vous une indication
à ce sujet-là?
M. Ryan: Non, on n'a pas d'indication à ce sujet pour
l'instant. On n'a pas eu de rapport sur l'apport des amendes imposées
par les tribunaux, surtout la division criminelle, la Cour du Québec, la
part de revenus que ça peut représenter. Moi, je n'ai pas ces
données-là.
M. Gendron: Est-ce que c'est en vigueur présentement?
M. Ryan: Non. (Consultation)
M. Ryan: On m'informe que le ministère de la Justice a mis
au point un protocole d'entente par le Procureur général, un
protocole d'entente qui fait l'objet d'échanges avec des
municipalités individuelles. Puis là, je ne suis pas en mesure
d'indiquer s'il y aurait eu des ententes signées entre des
municipalités individuelles et des ministères du Procureur
général à ce sujet-là.
M. Gendron: Bon, on reviendra un peu plus tard parce que...
M. Ryan: On pourra vérifier. Peut-être qu'on pourra
vérifier cet après-midi même. Pourriez-vous faire un
téléphone? On va régler ça tout de suite.
M. Gendron: Oui, parce que les informations qu'on avait, c'est
qu'on disait, à la fin de décembre 1992, que, incessamment, dans
les tous premiers mois de l'année 1993 on en a une couple de
passés il se signerait des ententes pour permettre aux
municipalités de conserver ces sommes.
Et là ça m'étonnerait que le ministère des
Affaires municipales ne sache pas qu'est-ce que ça signifie comme apport
d'argent pour ses cours municipales parce que, s'ils veulent garder ces
sommes-là pouf couvrir certains frais, il doit y avoir quelqu'un
à quelque part qui a fait une évaluation de qu'est-ce que
ça peut représenter, puisqu'on sait qu'il y a 132 cours
municipales à travers la province. On connaît la nature des
infractions. J'aimerais ça, en tout cas, pouvoir éventuellement
avoir une évaluation.
M. Ryan: On l'aura peut-être dès cet
après-midi. Une voix: Très bien. M. Gendron:
Merci!
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Est-ce que M. le
chef de cabinet, vous avez quelque chose à rajouter? Ça va?
Très bien, monsieur.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: 1-0, Michel. (16 h 10)
M. Gendron: Bien, la «game» n'est pas
commencée, à ce que je sache.
Programme AIDA
Alors, M. le Président, j'irais sur le AIDA. M. Ryan: M.
Poiré.
M. Gendron: Alors, je place un peu la problématique. Le
programme AIDA, tout le monde sait que c'est un programme d'aide
financière aux infrastructures d'aqueduc et d'égout et qu'il
s'adresse, comme programme, aux municipalités de moins de 7500 habitants
qui, règle générale, sont prises avec des problèmes
d'approvisionnement en eau potable ou d'évacuation des eaux
usées. C'est un programme qui a été mis sur pied en 1988.
En 1988, il disposait de 100 000 000 $.
Quand il a été annoncé, le programme, M. le
Président, il devait se terminer en 1992. En décembre dernier, le
ministre des Affaires municipales annonçait un prolongement du programme
d'une année, accompagné d'un montant additionnel de 25 000 000 $.
De plus, pour des motifs d'urgence, une municipalité dont la population
dépasse les 7500 personnes pourrait appliquer, mais ad hoc, là,
pour des motifs d'urgence.
Dans ce domaine-là, je pense que les besoins sont nombreux. Dans
certains cas, même, ils sont criants, et le programme AIDA et le
ministre le sait sans doute même majoré de 25 000 000 $, ne
suffit pas. D'ailleurs, le Parti québécois a investi 607 000 000
$ dans ce secteur de 1976 à 1985 et l'effort du Parti libéral
constitue un sixième des efforts faits par le gouvernement
précédent. C'est évident que je veux bien croire que vous
êtes des bons, des spécialistes des colonnes pour balancer, mais
le Québec n'a pas à ce point changé pour que la demande
soit rétrécie à ce point et qu'un 25 000 000 $ pour tout
le Québec corresponde aux besoins des nombreux usagers.
Les premières questions que je voudrais vous poser, M. le
ministre, c'est, dans un premier temps, là: Combien restait-t-il de
l'enveloppe? Quand vous avez annoncé, en décembre, 25 000 000 $
additionnels, mais ça, c'est un programme de 100 000 000$, quand vous
l'avez mis sur pied en 1988. Alors, la question que je pose: Restait-il des
sommes d'argent quand, en décembre, vous avez décidé de le
prolonger pour une autre année et d'y ajouter une somme de 25 000 000 $
pour être capable de savoir, en 1993, là, aujourd'hui, en avril...
Quelqu'un me demanderait: Combien il y a d'argent dans ce programme-là?
je veux être capable de lui dire: II y a 25 000 000 $, 36 000 000 $ ou 42
000 000 $ et c'est... Quelle est la partie autre que les 25 000 000 $ que vous
avez annoncés qui restait au moment où vous avez
décidé d'annoncer de l'argent de plus?
Le Président (M. Tremblay, Rimouski): Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: Au moment où avons fait l'annonce, vers le
début de décembre, il devait rester autour de 15 000 000$
à 17 000 000$. Sur toutes les sommes antérieurement
affectées au programme, il devait rester un solde de 15 000 000 $
à 17 000 000 $. Ça dépend. Il y a une décision
peut-être qui a été prise le 30 novembre ou le 2
décembre. L'un va considérer qu'elle était prise. L'autre
considérait qu'elle n'était pas prise. Mettons autour... entre 15
000 000$ et 17 000 000$, on ne se trompe pas. Combien? 16 800 000 $. O.K.?
Alors, là, on ajoute 25 000 000 $. Depuis ce temps-là, il y a
déjà une dizaine de millions qui ont été
affectés, puis, au moment où nous nous parlons, il doit rester
autour de 32 000 000 $.
M. Gendron: Croyez-vous, par le nombre de demandes qui est
rentré actuellement, que les 32 000 000 $ vont être largement
dépensés ou insuffisamment dépensés, si on parle
strictement de l'année de calendrier 1993?
(Consultation)
M. Ryan: Regardez, il y a une chose. Chacun a sa méthode
d'administration. Moi, j'essaie de gérer ce programme-là en
gardant toujours un fonds peut-être de 10 000 000 $ à 15 000 000
$, parce qu'il peut nous arriver des gros imprévus, à un moment
donné. On en a eu un récemment qui s'est présenté,
puis on était bien content d'avoir des réserves. C'est le cas du
mont Tremblant. Là, on est arrivé avec un gros investissement qui
requérait la participation de plusieurs ministères, et la
participation demandée à notre ministère sortait de nos
normes habituelles, mais excepté que c'est un projet qui va créer
des centaines d'emplois, qui a reçu l'approbation du gouvernement ainsi
que du député de Labelle, comme le sait le député
d'Abitibi-Ouest.
C'est le premier projet majeur qui vient dans la région des
Laurentides un peu avancée depuis très longtemps, et nous avons
diverti de notre programme AIDA un montant vers une autre colonne pour qu'il
puisse servir là. Combien ça va être à peu
près? 2 400 000 $. On a besoin d'une marge comme ça. Il peut
arriver, une année, que le gouvernement n'aura pas d'argent à
mettre dedans. Le ministre ne se retrouvera pas, là, avec rien, rien,
rien. Il va avoir encore un peu d'argent pour voir aux cas pressés,
comme il en arrive chaque année dans ce secteur-là. Ça
nous donne une base.
Cette année, j'espère bien que le ministre des Finances va
vouloir enrichir encore le fonds parce que, en réponse à votre
question, ça étant dit, les besoins sont énormes.
Seulement au cours de la dernière année, nous avons reçu
à peu près 125 demandes dont les projets qu'elles visent auraient
une valeur a priori d'au-delà de 60 000 000 $. Puis tout ce que nous
avons dans nos dossiers, actuellement, ça va chercher en tout
combien?-II y aurait 1097 dossiers pour un coût total estimé
à 715 000 000$.
Maintenant, j'ajoute une chose très importante. Ça, c'est
la présentation qu'on nous fait. Puis vous savez comment ça se
passe la préparation des dossiers AIDA, hein? Des fois, c'est un bureau
d'ingénieurs qui
s'occupe de ça avant même la municipalité. Eux
autres connaissent leur région, puis tout, puis ils disent: Ici, il y
aurait ceci à faire, il y aurait ça à faire. Et ils
viennent voir la municipalité, ils disent: On va vous soumettre un beau
projet AIDA, allez les voir, vous pouvez avoir 3 000 000 $ pour ça.
Et là il s'est fait beaucoup de chrome, au cours des
dernières années, beaucoup de chrome, pas de
malhonnêteté, mais, tu sais, on aime tous avoir un coussin 2 fois
plus épais et des tuyaux 2 fois meilleurs, toutes sortes d'affaires. et
là, nous autres, notre politique, c'est de serrer les choses de
manière à ramener les coûts au niveau le plus conforme
possible aux moyens réels de la municipalité du québec.
c'est pour ça que nous avons mis la clause de négociation de la
participation de la municipalité. je suis convaincu que nous avons
réussi à réduire sensiblement, d'abord, le niveau des
dépenses admissibles, même la valeur des projets, pour
commencer.
Il y en a qui nous arrivent, c'est un projet de 3000 000 $. mais il y a
à peu près la moitié là-dedans qui est de l'ordre
du nécessaire, puis l'autre est de l'ordre du souhaitable. en
période de contraintes, qu'est-ce que vous allez faire comme ministre?
moi, je dis: le gars, l'affaire qui est souhaitable, qu'il attende une
période de vaches grasses; en période de vaches maigres, le
souhaitable on le laisse de côté. on sauve de l'argent
là-dessus. ensuite, on discute la participation de la
municipalité, puis on lui dit: vous autres, là, vous pensez que
vous allez vous en tirer avec vos 3 % de la richesse foncière
uniformisée. vous êtes capables de faire un peu plus que
ça. on a regardé vos choses, on a regardé vos vantardises,
m. le maire, quand vous avez présenté votre budget, à la
veille de l'élection, puis tout, vous pourriez faire un petit peu plus.
ça fait que ça permet de sauver de l'argent. tout le monde
participe, puis je ne le sais pas, on crée un climat plus sain autour de
ce programme-là. c'était peut-être un petit peu trop
automatique avant ça. et je ne blâme personne.
M. Gendron: Mais là, ça doit, il venait de nous
autres, mais au-delà de ça, tu sais, je veux dire...
M. Ryan: On est moins portés à être
«normatisés», nous autres.
M. Gendron: Parce que, quand je regarde qui est à votre
gauche...
M. Ryan: Oui, mais...
M. Gendron: ...je regarde qui est à votre gauche...
M. Ryan: Oui, mais regardez...
M. Gendron: ...c'est le même valeureux pionnier,
fonctionnaire fiable...
M. Ryan: Regardez à ma droite aussi. M. Gendron:
...intègre. Je connais...
M. Ryan: Oui, mais des gens qui sont capables, justement, qui
prouvent l'intégrité de la fonction publique et sa
dignité.
M. Gendron: Ah! C'était à votre droite?
M. Ryan: À ma droite, c'est un homme très
compétent qui a été secrétaire trésorier
d'une municipalité pendant 9 ans. Il peut vous dire comment ça
marche dans une municipalité, si vous voulez le savoir.
M. Gendron: Je le sais. Ha, ha, ha!
M. Ryan: Puis, à ma gauche, évidemment
ça me surprend de l'avoir à ma gauche c'est M.
Poiré, un homme qui a été considéré comme un
père et un frère par tous les ministres qui m'ont
précédé...
M. Gendron: C'est ce que je disais.
M. Ryan: ...y compris probablement par les gens de votre
côté.
M. Gendron: C'est ce que je disais. Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Ryan: C'est pour ça que je m'étonnais de vous
voir vous étonner à ce sujet-là. Nous savons tous que les
ministres passent et que ces messieurs demeurent.
M. Gendron: Est-ce que vous pensez, M. le ministre...
M. Ryan: Et lui, c'est de ceux qu'on souhaite voir
demeurer...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...même s'il peut avoir d'autres idées, des
fois.
M. Gendron: Est-ce que vous croyez, M. le ministre, que ça
va être...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...la dernière année du programme?
M. Ryan: Je souhaite que non.
M. Gendron: Bon, mais, présentement, vous n'avez pas
d'indication?
M. Ryan: Le Québec a besoin de ce programme-
là pour au moins 10, 15 ans encore, ou d'un programme de cette
nature.
M. Gendron: Oui. C'est ce que, en tout cas...
M. Ryan: Voyez-vous, le besoin d'eau, fondamental, ça
vient avant le besoin d'instruction. Puis, si tu ne veux pas aller à
l'hôpital trop souvent, tâche d'avoir de la bonne eau. Ça va
aider beaucoup. Alors, ça, c'est absolument fondamental. (16 h 20)
M. Gendron: Je souhaite que le programme demeure parce que,
effectivement, pour les urgences... Par contre, là, je ne veux pas faire
un cours ou de la philosophie sur votre façon de garder des sommes
importantes pour les cas imprévus, mais il me semble que, justement, il
y a une disposition dans le projet... pas dans le projet, dans le programme
AIDA qui permet de pallier à certains cas imprévus.
Alors, si jamais le gouvernement avait l'intention de fermer
Tannée budgétaire, il faudrait peut-être mieux en laisser
un peu moins en réserve pour les cas imprévus et en sortir un peu
plus pour les 50, 60 ou 80 petites municipalités qui en auraient
besoin.
M. Ryan: Regardez, ce que nous avons fait, entre autres, dans les
modifications, là, je l'ai annoncé, ce matin: pour le volet 4,
là, la subvention est laissée au jugement du ministre. Elle
était plafonnée à 25 000 $. Pour toute subvention
supérieure à ce montant, il fallait aller au Conseil du
trésor. Je ne lui en veux pas, moi, au Conseil du trésor, je
m'entends bien avec lui, mais je n'aime pas aller le voir pour un montant de 26
000 $, programme AIDA. On l'a fait porter à 100 000 $. Ça,
ça permet, justement, de répondre à beaucoup de besoins
qui nous arrivent, là, de toutes sortes de municipalités,
beaucoup plus rapidement, puis ça, c'est une grosse, grosse
amélioration. O.K.?
(Consultation)
M. Gendron: Mme la Présidente, je remercie le ministre
là-dessus. Je n'ai pas d'autres questions sur le programme AIDA.
M. Ryan: Vous avez noté ce que j'ai dit, ce matin, pour la
répartition selon les comtés?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Et ça, c'est bon, parce que le calcul est,
évidemment, fait a posteriori, et non pas a priori, hein? Ça
montre qu'il y a une justice naturelle au ministère qui s'exerce
spontanément.
M. Gendron: Oui. De toute façon, là-dessus...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...j'aurais bien des commentaires à faire,
mais...
M. Ryan: Ha, ha, ha! Merci, M. Poiré.
M. Gendron: ...on n'a que 6 heures.
M. Ryan: Oui. Ha, ha, ha!
Une voix: ...comment ça marche.
M. Gendron: Oui, je sais comment ça marche.
M. Ryan: Ça a bien changé depuis votre temps.
M. Gendron: Ah! beaucoup, beaucoup. Mais ça ne
paraît pas bien, bien sur le terrain.
Une voix: ...
M. Ryan: Aïe, justement...
M. Gendron: Parce que votre équilibre doit quand
même être lié au nombre de municipalités, M. le
ministre, sérieusement.
M. Ryan: Justement, Mme la Présidente, je voudrais ajouter
un complément d'information. Mon collaborateur, M. Marc Carrière,
est allé faire une tournée en Abitibi, récemment.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: II est allé dans le comté du
député d'Abitibi-Ouest...
M. Gendron: Et il a été bien reçu.
M. Ryan: ...il est allé dans le comté de
Rouyn-Noranda, aussi, dans le comté de Val d'Or, et Abitibi-Est, il y
est allé aussi. Là, il a rencontré 4 ou 5
municipalités qui ont des problèmes.
M. Gendron: Exact.
M. Ryan: II m'a remis un rapport écrit sur chacun de ces
cas-là, et je pense que vous allez avoir des rapports qui sont
plutôt empreints de compréhension.
M. Gendron: Exact. Dans le cas, en tout cas, de Landrienne, je
peux témoigner que les gens étaient très satisfaits et
très heureux de l'ouverture d'esprit et des échanges qu'ils ont
eus avec votre représentant, parce qu'il y a un problème
particulier, spécifique à Landrienne, qui était urgent et
que... Là, là, je reviens à votre point de vue, M. le
ministre. Vous dites que c'est plus important que l'éducation, l'eau.
C'était le cas. À Landrienne, on ne peut pas parler
d'éducation si on ne règle pas le problème; ils n'ont
même pas d'eau potable dans le village en 1993. Donc, il faut absolument
trouver une solution pour permettre que les quelques usagers, là,
qui
ont eu la malencontreuse... pas information, parce que ce n'est pas eux
autres qui ont ça, mais quand ils ont découvert le drame du fait
que leur eau potable n'était plus potable, puis que tu es dans un
village en 1993, c'est évident qu'on ne veut pas retourner au
«hook». C'est de même qu'on appelait, là, M. le...
C'est de même qu'on appelait ça, un «hook», avec
des... Non, non, un «hook».
Une voix: Transport d'eau. Transporter l'eau sur...
M. Gendron: C'est ça, mais je voulais vérifier
auprès du dictionnaire, là, si c'était le bon terme.
La Présidente (Mme Bélanger): Un
«hook», c'est un crochet, en anglais.
M. Gendron: Oui.
Une voix: C'est un «skyhook»...
M. Ryan: Je n'étais pas si loin que ça en campagne,
moi.
M. Gendron: Alors, je voudrais passer, maintenant, Mme la
Présidente, à la question de la contestation des taxes
foncières municipales par le gouvernement. Alors, la
problématique, M. le ministre, c'est la suivante: Année
après année, on questionne, nous questionnons au sujet des
contestations initiées par le gouvernement du Québec.
Oui, vous voulez donner une information, M. le ministre?
M. Ryan: Me permettriez-vous de donner... M. Gendron:
Oui.
M. Ryan: ...juste un complément d'information, à
propos des ententes pour les cours municipales, là?
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: On avait dit qu'on irait chercher les
renseignements.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: On m'informe qu'il y aurait eu, dès
février 1992, une décision du Conseil des ministres approuvant le
principe du partage des amendes. Chaque municipalité doit conclure un
protocole d'entente avec le Procureur général, et ces ententes
doivent ensuite être approuvées par le gouvernement. Trente-neuf
ententes ont été conclues à ce jour et sont
présentement à l'étude au Conseil du trésor, par
conséquent n'ont pas encore été soumises à
l'approbation du gouvernement et ne sont donc pas en vigueur, mais il y en a 39
quand même qui ont donné lieu à des accords entre des
municipalités et le gouvernement... et le Procureur
général, c'est-à-dire. Ça va?
M. Gendron: Merci. M. Ryan: Merci.
Contestation des taxes foncières municipales
par le gouvernement
M. Gendron: Sur le problème de la contestation des taxes
foncières par le gouvernement, ce que je disais, M. le ministre, c'est
qu'année après année on questionne des contestations
initiées par le gouvernement du Québec sur des immeubles
appartenant, entre autres, à la SIQ, la SIQ étant la
Société immobilière du Québec, ou faisant partie
des réseaux de la santé et de l'éducation. Les nombreux
changements découlant de la loi 145, notamment l'introduction de la
surtaxe sur les immeubles non résidentiels, ont rendu
l'évaluation foncière un peu plus compliquée, du moins
pour les premiers temps de l'application de ces nouvelles mesures de
taxation.
Le gouvernement québécois, il y a quelques années,
avait entrepris une contestation systématique de la valeur de ses
immeubles portée au rôle d'évaluation. Ça avait
causé beaucoup de troubles aux municipalités qui devaient aller
se défendre devant le service d'évaluation municipal. Alors,
c'est évident que, moi, il me semble que la lutte n'est pas tellement
égale quand c'est le gouvernement qui a beaucoup plus de moyens
financiers, parce que c'est le fonds consolidé, puis c'est le
déficit, et beaucoup plus de moyens techniques aussi pour s'opposer aux
municipalités.
L'arrivée du ministre actuel des Affaires municipales a
coïncidé avec un ralentissement des contestations gouvernementales,
ce qui a eu pour conséquence d'améliorer le climat des relations
Québec-municipalités, mais, malheureusement, ça n'a pas
duré longtemps. Alors là, je ne sais pas si sa ligne un peu
directrice parfois ou autoritaire a cessé de fonctionner, ce qui fait
que le problème de la contestation systématique a repris de plus
belle et le ministère plaide qu'il est mieux en mesure d'évaluer
la valeur des immeubles à partir de la loi 145, étant
donné qu'il est l'instigateur de cette loi.
Je ne trouve pas que c'est un argument très fort, en disant:
Bien, c'est nous qui avons fait la loi. Donc, on est mieux placé que
vous autres, les municipalités, pour en connaître toute la
portée. C'est probablement le cas, mais sur cette base d'argument
là, il n'y a pas grand-chose qui tient. des erreurs allant
jusqu'à 25 % d'écart se sont glissées dans plusieurs
évaluations municipales. en fait, la stratégie gouvernementale
est cousue de fil blanc. on cherche à décourager les
administrations municipales pour en venir à des ententes à
l'amiable qui réduiront les valeurs inscrites au rôle. je trouve
que c'est un problème sérieux, mme la présidente. c'est
pour ça que je le soulève, j'espère qu'il va être
pris en haute considération par le ministre actuel, parce que j'ai
l'impres-
sion qu'au tout début de son arrivée au ministère
des Affaires municipales il avait la même vision que j'ai actuellement.
La vision que j'ai actuellement, c'est qu'il y a, à moins que je me
trompe, et c'est pour ça qu'on fait les crédits pour
vérifier certaines orientations ou philosophies du gouvernement, mais
manifestement, selon moi, et c'est moi qui le dit, il m'apparaît qu'il y
a du harcèlement contre les municipalités.
Alors, première question au ministre: C'est quoi le but? Quel est
le but que vous poursuivez? Quel est le but recherché par le
gouvernement en harcelant les municipalités de la sorte, sachant
très bien que vous êtes pas mal plus en mesure de les faire
infléchir suivant votre réalité, compte tenu des moyens
techniques, des moyens financiers et des moyens tout court? Et, dans ce
sens-là, je trouve que ça fait un peu curieux que le gouvernement
conteste les évaluations qui sont faites et aille contre les
créatures qu'il doit défendre. Alors, la question, je la
répète, quel est l'objectif recherché par le ministre des
Affaires municipales et son gouvernement en harcelant les municipalités
de la façon dont je l'ai décrite? (16 h 30)
M. Ryan: Regardez, j'ai avec moi M. Carrier, qui est le chef
d'évaluation que nous avons rencontré ce matin, M. Gagné,
évidemment, le sous-ministre, et, à ma droite, Me Christian
Beaudoin, qui est président du Bureau de révision de
l'évaluation foncière. Je pense qu'ils auront des choses
intéressantes à dire à ce sujet, mais je voudrais dire, en
ce qui me touche, que l'opération à laquelle réfère
la question est une opération hautement technique dans laquelle le
ministre a peu à faire. Nos services examinent l'évaluation
municipale.
Comme vous le savez, il y a eu de nombreux nouveaux rôles
d'évaluation, là, qui ont été implantés au
cours de la dernière année et de l'année
précédente, et ça a donné lieu, ça, à
une vague de demandes de révision d'évaluation auprès du
BREF. M. Beaudoin pourra en dire un mot tantôt. Dans un nombre de cas
plus élevé, il est vrai que, au cours des années
précédentes, les contestations sont apparues nécessaires
aux yeux de notre direction de l'évaluation, et, comme nous administrons
cette fonction pour les ministères concernés, on a
décidé de suivre la procédure.
Pour l'année 1992-1993, les nouvelles plaintes portées par
le ministère sont de l'ordre de 346 sur un total d'immeubles de
réseau d'environ 6000. Puis les autres immmeubles gouvernementaux, M.
Gagné, ça doit être autour de 6000?
M. Gagné (Florent): Ça. c'est l'ensemble. M.
Ryan: Ça, c'est tout l'ensemble, 6000?
Une voix: Les 2 réseaux, c'est 6000, et il y a encore 6000
pour la SIQ.
M. Ryan: C'est ça, ça fait 12 000 en tout. C'est
ça que je pensais. Il y a 12 000 immeubles en tout, et vous avez 346
contestations. Il n'y a pas de vague de criminalité là, je pense
bien. Je pense bien que Québec a le devoir de défendre aussi les
fonds publics qui sont destinés à Québec, en se servant
des recours que lui ouvrent les lois.
Peut-être maintenant, si vous aimez qu'on ait quelques
précisions additionnelles de la part de M. Gagné ou de M.
Carrier, j'aimerais que, M. Beaudoin, vous nous disiez comment ça vous
apparaît, ces contestations-là qui vous arrivent, vous.
M. Beaudoin (Christian): Présentement, les contestations,
sauf une qui comportait des questions de principe, généralement,
il y a un fort pourcentage de règlements hors cour. C'est une
révision qui se fait apparemment entre évaluateurs ou, du moins,
entre gens du ministère, et, au point de vue contestation, en ce qui
concerne le Bureau, ce n'est pas majeur, c'est mineur.
Mais il y a une grosse contestation présentement, sur le
principe, avec l'Université Laval, qui a fait l'objet d'une entente
entre les parties pour procéder sur quelques items. D'abord, il s'agit
de l'Université... Il y a des comptoirs de laboratoires de... Il y a
environ, je ne sais pas moi, 1000 ou 2000 items dont on se demande s'ils ont un
rôle ou pas. Alors, les parties se sont entendues sur une liste de, je ne
sais pas, 40 ou 50 items sur laquelle ils ont fait la preuve. Le Bureau a mis 5
membres à la disposition des parties, un banc étoffé, pour
que les principes qui sortent de cette première audition puissent
être pris à «face value» par les parties et
appliqués à tous les autres items. Sinon, on est dans une
contestation qui va durer 6 mois à 1 an et qui va coûter
extrêmement cher à toutes les parties. Alors, il y a eu une
entente de faite pour réduire au minimum la contestation
là-dessus. C'est une question de principe qui n'a pas été
touchée à 100 % encore et qui procède. Pour le reste, il
n'y a pas grand-chose à dire. Ça semble se régler au fur
et à mesure assez facilement.
M. Gendron: Bien regardez, Mme la Présidente, je suis
content, sincèrement je sais la responsabilité que vous
avez que vous donniez ces informations-là, mais je voudrais quand
même insister très légèrement, mais avez une
insistance forte. C'est le gouvernement du Québec qui est le plus
important contestataire de l'évaluation foncière dans la
région de Québec. Ça, c'est la réalité.
Alors, ce n'est pas des tiers. Et là le ministre dit: Écoutez,
bon, bien, ce n'est pas exagéré, 300 et quelques sur 12 000.
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Bon. Je comprends, mais, si on décortiquait le
12 000, je veux dire, ça ne fait pas sérieux, parce que, dans le
12 000, il y en a peut-être ça, 10 000 qui n'ont jamais
été contestées, qui ne font pas l'objet de rien parce que
c'est des affaires légères, peu signifiantes et significatives
par rapport à ce que l'on discute. Oui, ce n'est pas des complexes G, il
n'y en a pas 12 000.
Revenons aux choses importantes. Alors, moi, ce
qui me frappe, Mme la Présidente, et je pensais que ça
frapperait aussi le ministre, c'est 2 choses, M. le ministre. De dire devant
une commission parlementaire et ce n'est pas contre les personnes: Nous
réglons la majorité des problèmes hors cour, moi,
ça ne me convainc de rien. Parce que, je comprends, quand le
gouvernement du Québec règle hors cour avec une
municipalité, règle générale, c'est un
règlement genre un cheval, un lapin, compte tenu des moyens qui sont en
cause. C'est juste ça que je veux dire. C'est un règlement, un
cheval, un lapin.
M. le ministre, il dit: Oui, mais, nous autres, écoutez, on doit
avoir le souci du bon usage des fonds publics. Un instant. Les contribuables
municipaux, c'est les mêmes, c'est exactement les mêmes payeurs de
taxes, que tu sois payeur de taxes comme contribuable dans la grande piscine du
gouvernement du Québec ou que tu sois payeur de taxes dans la piscine
d'une municipalité. Comme tous les Québécois vivent en
quelque part sur un pied carré de terrain, puis qu'ils paient des taxes
foncières, qu'ils soient locataires ou propriétaires, je
n'accepte pas une plaidoirie sur la base de la défense ou
l'honorabilité des fonds publics. Ça ne marche pas.
Troisième point, M. le ministre. J'aimerais ça vous
entendre... Comment vous réagissez quand une instance comme la
vôtre, en termes de responsabilités, qui s'appelle le service
d'évaluation, dit... Et c'est le ministère qui a plaidé
ça, ce n'est pas moi. Le ministère des Affaires municipales dit:
On est mieux en mesure d'évaluer la valeur des immeubles à partir
de la loi 145, étant donné que c'est nous autres qui sommes
l'instigateur de cette loi. Ça ne vous lève pas des petits
problèmes de conscience? Moi, ça m'en lève. Si c'est vrai
que ces faits-là sont évoqués en disant: Écoutez,
c'est normal qu'on gagne, c'est normal qu'il y ait des règlements hors
cour qu'on conditionne, qu'on place dans le couloir de règlement qu'on
veut, qui a le gros bout du bâton? C'est bien plus le ministère
des Affaires municipales. Et surtout, pour mettre la cerise sur le sundae,
excusez l'expression, le même ministère dit: C'est normal, nous
autres, on la connaît, la loi. Nous autres, on a des avantages que les
municipalités n'ont pas. Et, dans ce sens-là, ça serait la
philosophie qui orienterait les projets de contestation?
C'est ça que je voulais questionner, parce que, sur le
bien-fondé, dans certains cas, de regarder ça, c'est
évident, vous faites bien. Le gouvernement se doit d'être
vigilant, à certains égards, mais là, quand on dit que,
dans la région de Québec, le plus important contestataire de
l'évaluation foncière, c'est le gouvernement du Québec,
ça, moi, je n'aime pas bien, bien ça.
M. Ryan: À la question que vous venez de poser, je pense
que la réponse est bien simple. Dans la région de Québec,
le gouvernement est de beaucoup le plus gros propriétaire foncier...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...puis celui qui a le plus de motifs de contestation
que d'autres à la suite du dépôt d'un nouveau rôle
d'évaluation. Il me semble qu'il n'y a rien d'objectivement
étonnant là-dedans. Quant à l'argument qui a
été cité, ça, ça aurait été
invoqué par un des procureurs du gouvernement?
M. Gendron: Oui. Bien, c'est ce qu'on me dit.
M. Ryan: Si ça a été invoqué devant
le BREF, je connais assez M. Beaudoin et ses collaborateurs pour savoir que
ça n'aura aucune espèce d'influence sur eux. Je pense bien qu'ils
ne jugent pas sur des déclarations comme ça. Les avocats ne sont
pas tous parfaits. Il y en a qui parlent à travers leur chapeau, des
fois. Ça devait en être un, ça. Il n'avait pas de mandat
pour dire ça, de toute évidence.
M. Gendron: Oui, mais, M. le ministre, est-ce que ce n'est pas ce
que j'appellerais une réflexion qui va plus loin, où on dit aux
évaluateurs municipaux de dire: Bien, écoutez, avant de vous
présenter devant le BREF, sachez que, nous, on est mieux placé
que vous autres parce que c'est nous autres qui avons fait la loi et on
connaît l'évaluation des immeubles?
M. Ryan: Regardez, il peut y avoir des vantardises informelles
comme ça, là, qui sont proférées par l'un ou
l'autre, mais ça n'a pas de rapport véritable avec ce qu'on
discute. En tout cas, soyez assuré que le ministre n'accordera aucun
appui à des arguments de cette nature, et je suis convaincu que le BREF
encore moins.
M. Gendron: Ça va. Est-ce que, d'abord, il est exact que
vous avez indiqué, vous, comme ministre, que le gouvernement se
soumettrait au régime de la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels? Vous avez dit ça?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Bon, alors, si c'est exact, comment faire un lien
entre cette déclaration, que je trouve correcte, et une espèce
d'ouverture systématique à la contestation des rôles
d'évaluation?
M. Ryan: On nie la deuxième partie, et je vais demander
peut-être l'autorisation que M. Réjean Carrier fournisse une
explication au niveau des faits, parce qu'il n'y a sûrement pas de
directives dans ce sens-là, soyez sûr.
M. Gendron: Allez.
M. Carrier: Merci. Alors, peut-être une précision,
au départ, là. Je voudrais être clair là-dessus.
C'est que le ministère n'a jamais parti de chasse aux sorcières
en ce qui concerne les plaintes. Notre seul objectif, lorsque nous
vérifions la valeur des propriétés du gouvernement, que ce
soit celles des réseaux du gouvernement ou de la SIQ, la
Société immobilière du Québec, c'est de s'assurer
qu'elles sont évaluées de
façon équitable. Ce n'est pas parce que nous nous appelons
le gouvernement du Québec que nous devons payer plus que notre part du
fardeau fiscal des municipalités. Alors, notre seul motif, lorsque l'on
examine les plaintes, c'est de s'assurer que les valeurs qui ont
été déposées le sont conformément soit aux
valeurs du marché ou aux règles contenues dans la Loi sur la
fiscalité. (16 h 40)
Pour revenir à ce que vous avez mentionné en ce qui
concerne la région de Québec, M. Ryan l'a bien
précisé, c'est vrai que le gouvernement du Québec est le
plus gros propriétaire ici, dans la région de Québec, ce
qui justifie que nous portions probablement, en termes de valeurs, plus de
plaintes que l'ensemble des autres propriétaires. Par contre, en termes
d'unités d'évaluation, le nombre de plaintes est certainement
moindre. Et il faut nuancer, aussi.
Dans la région de Québec, on a un certain nombre de
grosses plaintes. Je prends l'exemple de l'Université Laval où le
total au rôle est de l'ordre de 800 000 000 $. Je vous dirai que la
valeur contestée n'est pas le 800 000 000 $ de l'Université
Laval, ou 850 000 000 $ je n'ai pas le chiffre exact mais bien
une infime partie de cette valeur-là, alors il faut être prudent
lorsqu'on prend connaissance d'affirmations qui disent qu'on est le plus gros
contestataire. Il faut être très prudent là-dessus.
M. Gendron: Regardez, juste dans la région de
Québec, là, à titre d'exemple, la Communauté
urbaine de Québec, la valeur des plaintes déposées par le
gouvernement, ça dépasse 1 000 000 000 $. Ça
dépasse 1 000 000 000 $, la valeur contestée. Ça constitue
le tiers de toutes les plaintes de la CUQ, et là il me semble que
ça commence à être gros, là.
M. Ryan: Si l'Université Laval a 800 000 000 $, là,
ça fait 80 % qui va là.
M. Carrier: C'est ça.
M. Gendron: Oui, mais il ne peut pas y avoir l'Université
Laval à 800 000 000 $. Impossible.
M. Ryan: Oui. Dans le 1 000 000 $, c'est compris
là-dedans, c'est sûr. Là, c'est la valeur des
propriétés, quand vous arrivez dans ces grosseurs-là.
M. Carrier: Sur le...
M. Gendron: Non, mais on parle de la... Juste une minute. On
parle de la valeur des plaintes et non pas de la valeur des bâtiments
inscrite au rôle. Ce n'est pas pareil, là.
M. Carrier: Quand il y a 1 000 000 $ de mentionné, c'est
le total de la valeur des immeubles sur lesquels nous portons plainte. Et,
nous, nous ne portons pas plainte sur, prenons l'exemple de l'Université
Laval, les 800 000 000 $ en question, mais il y a certaines parties d'immeubles
qui ont été portées au rôle. C'est
peut-êtreje n'ai pas le chiffre exact 150 000 000 $, 100 000
000$. C'est la valeur en contestation qui est toujours largement
inférieure à la valeur totale qui est portée au
rôle.
M. Gendron: Bon. O.K., mais, M. Carrier, ou M. le ministre, ou M.
Beaudoin, moi, je voudrais avoir comme information précise... La valeur
contestée par le ministère des Affaires municipales
s'établit à combien, puisque vous m'indiquez que, vous, c'est une
faible partie de la valeur au rôle? Moi, j'avais une information,
justement, pensant qu'on comptabilisait les mêmes affaires, que la valeur
des plaintes déposées par le gouvernement dépassait le
milliard. Vous, vous dites: C'est impossible. C'est quoi, votre chiffre, si le
mien est impossible?
M. Carrier: Je pourrai faire des recherches et apporter la
réponse avant la fin de la journée pour avoir les chiffres exacts
concernant l'Université Laval et la région de Québec. Je
n'ai pas les chiffres avec moi. Ce sur quoi je voudrais être clair, c'est
que, lorsque nous contestons... Prenons l'exemple de l'Université Laval,
à 800 000 000 $. On ne s'attend pas à ce que le résultat
soit que la nouvelle valeur, après négociation avec
l'évaluateur, soit zéro au rôle. En fait, nous contestons
une partie du 800 000 000 $ pour des équipements que nous
prétendons qui ont été portés au rôle
injustement. Alors, c'est peut-être, je ne sais pas, 100 000 000 $, 150
000 000 $. Je n'ai pas le chiffre avec moi.
Alors, quand la Communauté urbaine de Québec rapporte des
chiffres gros comme celui que vous venez de mentionner, à l'effet que le
gouvernement est le plus gros contestataire, bien sûr, ils prennent le
total des valeurs inscrites au rôle. Ce n'est pas leur
intérêt de prendre le parti que nous contestons. Alors, c'est
cette nuance-là que je voudrais apporter.
M. Gendron: Elle a été apportée, merci. Moi,
je n'ai pas d'autre question sur... Il y a l'impôt foncier scolaire que
je voudrais toucher.
M. Ryan: Est-ce que je dois considérer que, pour le BREF,
vous avez terminé pour l'instant?
M. Gendron: Oui. Moi, je... Un instant. Merci. Une voix:
Ça va?
Impôt foncier scolaire
M. Gendron: Merci beaucoup.
Sur l'impôt foncier scolaire, ça ne sera pas long,
là. Il faut se rappeler que, en 1990, le gouvernement avait accru la
part du champ de l'impôt foncier occupé par les commissions
scolaires au détriment des municipalités. C'est un petit
mouvement qui avait coûté 320 000 000 $ de plus aux contribuables,
mais toujours pour la même raison: c'est un gouvernement qui ne
touche pas aux impôts des contribuables. Ça, c'est
sacré. Il faut se rappeler de ça. Dans le document d'orientation
fiscale intitulé «Vivre selon nos moyens» du
ministère des Finances et du Conseil du trésor, et je suis pas
mal sûr que le ministre a vu ça parce que, habituellement, il a
l'oeil averti... J'allais dire que, dans le document déposé par
vos collègues, Finances, Trésor et Revenu, il y a une petite
phrase, une petite phrase où il est fait mention d'un nouvel
élargissement de l'impôt foncier scolaire. Alors, dans le
présent contexte où le gouvernement s'en vient de plus en plus
sur le bien-être social puis qu'il a perdu le contrôle de ses
dépenses parce que, avec un déficit des dépenses
d'opération de 5 000 000 000 $, pour des spécialistes de
«balançage» de colonnes, il y a un problème il
faut prendre très au sérieux cette possibilité
évoquée dans le document d'orientation gouvernemental.
À l'époque du premier élargissement, en 1990, le
ministre des Affaires municipales de l'époque, le député
de Maskinongé, avait juré que jamais il n'accepterait une telle
chose. On connaît la suite. Le ministre, le député de
Maskinongé, a ravalé sa promesse. Il s'est écrasé
devant son collègue de l'Éducation, qui, lui, tenait à cet
élargissement parce qu'il en avait besoin. Or, détail très
inquiétant pour les municipalités, celui qui souhaitait cet
élargissement, aujourd'hui, ça l'est, le titulaire des Affaires
municipales. C'est lui qui est à la barre des Affaires municipales, puis
ça va bien, les relations sont correctes. C'est ce qu'il a
déclaré au congrès de l'UMQ, puis ça avait l'air
vrai, pour de vrai. Ça avait l'air vrai, je l'ai constaté. Les
maires ont l'air heureux. Tout est parfait.
Alors, tant mieux, sauf que, moi, je suis obligé, dans ma
responsabilité de porte-parole de l'Opposition, de dire: Bien, le
prochain budget, il s'en vient, M. le ministre des Affaires municipales. On est
à la veille d'un prochain budget. Je veux savoir du ministre des
Affaires municipales: Est-ce qu'il peut nous garantir que le partage des champs
de taxation foncière ne sera pas touché et que, dans le document
déposé par ses collègues «Vivre selon nos
moyens», c'est une alternative qui a été jetée sur
la table, comme d'autres, pour éventuellement recevoir de
l'éclairage de celles et ceux qui ont eu l'amabilité, la
gentillesse ou le temps de produire un avis puis regarder quel genre d'avis que
le gouvernement recevrait sur son intention éventuelle d'ouvrir le champ
foncier à nouveau, un peu plus largement, au milieu scolaire? Alors,
question très claire: Est-ce que c'est une hypothèse qui est
à l'étude? Si elle est à l'étude, est-ce qu'elle
est à l'étude du président du Conseil du trésor et
est-ce que le ministre des Affaires municipales a donné son aval
à cette éventuelle hypothèse? Voilà ce que
j'aimerais savoir.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Si le député d'Abitibi-Ouest a lu au
complet les passages du document «Vivre selon nos moyens» qui
traitent de la fiscalité scolaire, il aura remarqué je
n'ai pas les termes exacts devant moi qu'on dit qu'il pourrait
être question d'élargir la part de l'impôt foncier qui va au
scolaire, mais compte tenu des engagements contenus dans le document du 14
décembre 1990. Cette réserve-là est inscrite dans le texte
de «Vivre selon nos moyens». Et, dans le document du 14
décembre 1990, il était déclaré explicitement
qu'aucun nouveau transfert de responsabilités ou changement dans
l'équilibre des relations financières entre le gouvernement et
les municipalités ne serait institué sans qu'il y ait eu
consultation préalable, voire accord, entre le gouvernement et les
municipalités d'ici la fin du présent mandat.
Voilà la situation comme elle se présente à moi
aujourd'hui, comme elle se présente à moi depuis le 14
décembre 1990. Le député se souviendra qu'à
l'Assemblée nationale, au salon bleu, il interrogea, un jour, le
ministre de l'Éducation du temps et le ministre des Affaires municipales
sur le même sujet. Il doit se souvenir très bien de la
réponse qui fut donnée ce jour-là. C'est la même,
aujourd'hui. (16 h 50)
M. Gendron: Oui, oui. Je me souviens très bien de
là réponse. Le problème que j'ai, Mme la
Présidente, il est de 2 ordres. La nuance que le ministre vient de faire
ne figure pas à la page 23. Je l'ai devant moi, là. À la
page 23 du document qui s'intitule «Les finances publiques du
Québec: vivre selon nos moyens», on a un beau petit paragraphe qui
était exactement dans le même contexte que celui où,
probablement, l'ex-ministre de l'Éducation s'était ouvert la
trappe en disant qu'il fallait envisager de recourir à d'autres sources
de financement. Puis là, je sais qu'il s'était fait cogner sur
les doigts par le ministre actuel, qui cogne sur les doigts de plusieurs
personnes, puis, à la question posée en Chambre, effectivement,
il avait répondu ce que je sais.
Mais là, je regarde le document. On dit: «Tout en acceptant
le fait que l'éducation constitue un des rôles les plus importants
de l'État...» Il y a à peu près, 3 numéros de
violons dans le paragraphe, mais, à un moment donné, on
lâche le violon, puis on dit très clairement: «C'est
pourquoi il nous faudra non seulement s'assurer que les ressources
déjà disponibles sont utilisées de façon optimale,
mais aussi envisager le recours à d'autres sources de
financement».
La question simple que je pose au ministre des Affaires municipales,
c'est celle que j'ai posée, et, si le ministre des Affaires municipales
me répond ce qu'il m'a répondu: Au moment où je vous
parle, moi, comme ministre des Affaires municipales, cette hypothèse
n'est pas à l'étude, n'est pas retenue, donc on ne verra pas
d'autres dispositions dans le budget, eu égard au champ foncier, je suis
obligé de prendre la parole du ministre, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Vous voulez mettre sur les lèvres du ministre des
choses dont vous savez très bien qu'il ne peut pas énoncer. Moi,
je n'ai pas de mandat pour faire la police de toutes les études qui se
font au Conseil du
trésor. Il peut arriver qu'une étude soit en cours
là-dessus, il peut arriver qu'une étude soit en cours sur des
programmes dont j'ai la responsabilité comme ministre des Affaires
municipales et il peut arriver que des fonctionnaires prennent des initiatives
sans même que le ministre les ait approuvées. En matière
d'études, s'ils font ça, moi, je les félicite à
tour de bras, pourvu que j'aie le résultat des études au bout de
la ligne. Et c'est...
M. Gendron: Ça, j'ai assez d'expérience, Mme la
Présidente, pour comprendre ça et je n'en voudrais pas...
M. Ryan: Alors, je ne suis pas saisi, ni par le président
du Conseil du trésor ni par le ministre des Finances, d'études
qui seraient en marche à ce sujet en vue de mesures devant être
inscrites dans le prochain budget. Il ne m'appartient pas de parler du prochain
budget, évidemment. Le ministre des Finances le dira en temps utile.
M. Gendron: Ah bien, un instant, Mme la Présidente!
Ça, ce bout-là, je comprends ça, mais il appartient au
ministre des Affaires municipales, comme responsable, de protéger
l'application du champ foncier, qui, dans la problématique
québécoise, a été plutôt exclusivement
réservé, jusqu'à tout récemment, à eux
plutôt qu'à être occupé par 3, 4 autres intervenants.
C'est de votre responsabilité de dire: Moi, je suis d'accord avec
ça ou je ne suis pas d'accord avec ça. Alors, vous avez assez
d'expérience, vous aussi, pour savoir que la question, ce n'était
pas de vous demander aujourd'hui si, tout en étant ministre des Affaires
municipales, responsable de la langue, de la sécurité publique,
tous les dossiers que vous avez, c'est vous qui allez écrire le discours
du budget. Ça, je le sais. Ce n'est pas tout à fait vous qui
allez l'écrire, mais vous allez donner des indications.
La question était: Est-ce que le ministre des Affaires
municipales peut nous garantir que le champ de taxation foncier ne sera pas
touché? Vous m'avez répondu que, dans vos responsabilités,
c'est oui, il ne sera pas touché. Que le Trésor fasse des
études, vous le félicitez, c'est votre droit. Moi, je ne suis pas
obligé de dire la même chose, mais ça, je comprends
ça.
M. Ryan: Ma réponse, je vais vous la donner. J'aime mieux
la donner moi-même que de la voir résumé par vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Oui. Vous faites bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Moi, j'aime mieux qu'elle soit dite par
vous-même.
M. Ryan: C'est ça. Alors, moi, je m'en tiens au document
du 14 décembre 1990, lequel définissait et définit
toujours la politique du gouvernement comme je la connais en matière de
relations financières avec les municipalités.
M. Gendron: Merci. Je n'ai pas d'autres questions
là-dessus.
Fonds de péréquation
Le Fonds de péréquation. En mai 1991, M. le ministre, vous
aviez annoncé des changements au régime de
péréquation municipale. Ces changements visaient à ce
qu'on augmente les montants de péréquation versés aux
municipalités dont le taux de richesse foncière était
faible. Ce n'est sûrement pas avec l'extraordinaire boom qu'on
connaît partout, dans tout le Québec, qu'il doit s'être
augmenté. Vous connaissez la récession. Vous connaissez ses
effets. Vous connaissez les cris de désespoir et d'alarme
répétés un peu dans toutes les régions du
Québec, avec raison. Donc, la richesse foncière ne doit pas
être devenue forte. Ces modifications découlaient en droite ligne
du pelletage de 500 000 000 $ annoncé 5 mois auparavant.
Nous, on avait appréhendé des impacts majeurs, mais c'est
évident, on ne comprend pas et on ne l'a pas, on est dans l'Opposition.
On disait aux gens: Écoutez, ils essaient de vous dorer la pilule, mais
ça ne se passera pas de même. Ce Fonds-là, il était
de 30 000 000 $, M. le ministre, en 1991. Le Fonds de péréquation
a été bonifié d'une vingtaine de millions depuis. Alors,
on devrait être tenté d'applaudir et de dire: Bon, bien, 30 000
000 $ plus 20 000 000 $, ça fait 50 000 000 $. Ça fait quelque
chose d'intéressant pour pallier au taux de richesse foncière qui
est sûrement très affaibli.
Comme les montants de péréquation sont versés en
fonction d'un calcul mathématique fixe aux municipalités les plus
pauvres, il y a lieu de s'inquiéter de voir le Fonds prendre de
l'ampleur. Serait-ce que les municipalités du Québec
s'appauvrissent? Ce sont des questions qu'on se pose. De plus, les
modifications apportées au régime sont valides jusqu'en 1995 et
rien n'indique qu'elles seront reconduites au-delà de cette
échéance.
Je rappellerai au ministre qu'il était de votre intention, avant
la loi 145, d'abolir purement et simplement le Fonds de
péréquation municipale. Une fois la pilule 145 avalée,
est-ce que le gouvernement mettra fin au Fonds de péréquation?
Parce que, là, elle est passée, la 145. Alors, 3, 4 questions sur
ça: C'est quoi, le nombre de municipalités qui
bénéficient aujourd'hui du Fonds de péréquation?
Combien il y en a?
M. Ryan: Je vais justement vous donner des chiffres qui sont
intéressants de ce point de vue là et qui contredisent, selon
moi, ce qui vient d'être affirmé quant à l'espèce de
paupérisation croissante des municipalités à travers le
Québec. En 1989, le Fonds a eu un budget de 30 400 000 $ et des
subventions de péréquation furent versées à 638
municipalités, dont le montant de richesse foncière per capita
était établi en moyenne à
31996$. En 1992...
M. Gendron: Juste une minute, M. le ministre. Le dernier chiffre
que vous avez mentionné, c'est quoi?
M. Ryan: 31 996 $.
M. Gendron: Oui, mais c'est quoi, ce chiffre-là?
M. Ryan: Richesse foncière per capita.
M. Gendron: O.K.
M. Ryan: En 1992, 3 ans plus tard, le montant total de la
péréquation s'élève à 43 900 000 $. Le
nombre de municipalités bénéficiaires est de 624. Donc, il
n'y en a pas beaucoup plus. C'est à peu près le même
nombre.
Il y a eu des changements dans la composition parce qu'on a
créé des catégories différentes de
municipalités, comme vous le savez. Le montant de la richesse
foncière per capita était de 41 316 $, ce qui contredit
l'affirmation que j'ai entendue tantôt voulant qu'il y aurait eu
diminution de la valeur de la richesse foncière. C'est le contraire qui
s'est produit à travers le Québec. Il y a eu une
appréciation de la valeur de la richesse foncière. Alors,
voilà les chiffres qui disposent, je pense, des commentaires
entendus.
M. Gendron: Juste une minute. Je ne pense pas, M. le ministre,
que ça vient...
M. Ryan: Nous avons fourni, dans les renseignements
demandés par l'Opposition, la liste complète des subventions de
péréquation versées aux municipalités en 1992.
M. Gendron: Oui, oui, sauf que, justement, puisque vous nous avez
donné cette information-là, si on la regarde comme il faut
c'est juste pour revenir sur ce que vous venez d'affirmer vous
constaterez qu'il y a une plus grande concentration de municipalités
bénéficiaires. Autrement dit, il y a des régions où
il y a une plus forte concentration de municipalités
bénéficiaires que d'autres. Est-ce que vous admettez ça,
M. le ministre? Si vous regardez...
M. Ryan: Je ne suis pas en mesure de répondre à la
question. Je suis prêt à faire l'examen, et, si c'est vrai, on le
reconnaîtra.
M. Gendron: Bien, en tout cas...
M. Ryan: II peut arriver qu'il y ait plus de pauvreté dans
certaines régions que dans d'autres. Ça ne m'étonnerait
pas.
M. Gendron: C'est ce qu'on a voulu signaler, nous autres, et
c'est pour ça que je ne pense pas que ça vient en contradiction
avec ma prétention du préambule quand j'ai campé
l'affaire. Les montants de péréquation sont versés, en
fonction d'un calcul mathématique fixe, aux municipalités les
plus pauvres. Par définition, le fonds devrait prendre de l'ampleur,
parce que, quand on regarde la ventilation ou la répartition des
municipalités, effectivement, il y a des régions où le
nombre de municipalités bénéficiaires a augmenté
et, dans d'autres régions, les municipalités ont
réduit.
M. Ryan: II y a une chose, là. Tout d'abord, nous avons
introduit un indice de pauvreté ou de faible développement
régional. C'est normal, par conséquent, qu'on assiste à
une concentration plus forte de municipalités
bénéficiaires dans des régions qui seront touchées
par cet indice. Maintenant, ce que nous avons pris comme base, cette fois-ci,
c'est la médiane et non pas la moyenne. En prenant la médiane, on
prend toujours celle qui est au milieu. Ce n'est pas la moyenne, là. Par
conséquent, ça n'entraîne pas nécessairement le
résultat inévitable et fatal dont parle le député
d'Abitibi. Tu sais, ça ne sera pas l'augmentation fatidique dont il
parle.
M. Gendron: Oui, mais on peut regarder ça autrement, M. le
ministre. Est-ce que, depuis 1991, le taux moyen de richesse foncière,
en deçà duquel une municipalité a droit à la
péréquation, a changé? Comprenez-vous? (17 heures)
M. Ryan: Mais oui, c'a changé, parce qu'on a introduit 3
catégories de municipalités. La première catégorie,
c'est les 1 à 2000, l'autre, c'est 2000 à 5000 et l'autre, c'est
5000 et plus. On prend, à l'intérieur de chacune de ces
catégories-là, les municipalités qui sont en
deçà de la médiane.
M. Gendron: oui, mais, c'est quoi, les chiffres? parce qu'ils
étaient de 61,4 % en 1992, de 63 % en 1990 et de 66 % auparavant.
actuellement, il est...
M. Ryan: Non. Ça, c'est l'ancien système,
basé sur la moyenne encore une fois, mais ce n'est plus comme ça
que ça marche, là. Si vous voulez, on pourra vous fournir des
explications. Je pense que ce serait une bonne chose qu'une séance
d'explication puisse être organisée à l'intention des
députés intéressés. Je pense que c'est très
important.
M. Gendron: Oui. C'est parce que, moi... Oui. Ce n'est pas
tellement que... Si les critères ont augmentés...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: ...c'est évident qu'il y a un certain nombre
de municipalités qui n'auront plus droit au Fonds de
péréquation. On s'accorde là-dessus?
M. Ryan: Puis il y en a d'autres qui y auront droit.
M. Gendron: Oui, d'accord. Mais c'est pour ça que je
prétendais que ça peut avoir un effet pour dégager, si on
ne jouait pas avec les critères, s'il y a appauvrissement des
municipalités qui y avaient droit. Là, à partir du moment
où on modifie les critères pour en qualifier d'autres, il est
difficile de porter un jugement que l'effet d'être sorti du Fonds de
péréquation ne nous permet plus de conclure si, effectivement,
c'est parce que la municipalité ou la situation s'est
améliorée ou pas. Comprenez-vous?
M. Ryan: Vous savez que, ça, ça remet en question
la base même de tout le programme de péréquation. Ça
repose sur la richesse foncière uniformisée plus l'indice de
pauvreté dont je parlais tantôt, mais d'abord la richesse
foncière uniformisée. Quand on a réaménagé
le programme, il y a 2 ans, on s'est demandé si c'était la bonne
base, mais on n'en avait pas d'autre assez sûre, assez récente
pour qu'on puisse marcher là-dessus. Comme on était dans le
domaine municipal, on a préféré garder cette
base-là. Mais ce n'est pas une garantie que l'aide va
nécessairement en fonction des besoins réels vus dans toute leur
complexité.
M. Gendron: M. le ministre, je suis 100 % d'accord, et je trouve
honnête de votre part de dire ce que vous venez de dire, mais, comme
ministre des Affaires municipales, est-ce que vous croyez que c'est un outil
quand même qui doit demeurer, indépendamment de la garantie, que
vous ne pouvez pas donner, avec raison, que, parce que les municipalités
y ont accès, c'est spécifiquement pour témoigner
complètement de ce qu'on appelle leur indice de pauvreté?
Moi, ça me fait de quoi un peu, mais ça me fait moins de
quoi que de convenir qu'un fonds de péréquation sera toujours
nécessaire pour rééquilibrer une formule
mathématique qui a toujours ses vicissitudes, qui a toujours ses
faiblesses. Et c'est ça que je voudrais savoir en conclusion,
là-dessus, M. le ministre. Deux choses: Vous, est-ce que vous croyez que
le Fonds de péréquation joue globalement son rôle?
Puis, deuxièmement, à partir de 1995... Pas parce que
c'est une date que j'ai prise dans mon chapeau, mais ça a
été évoqué au ministère des Affaires
municipales et par d'autres que, là, les chances que le Fonds de
péréquation demeure, passé cette date-là, sont
minces. Est-ce que c'est inventé? Est-ce que c'est une fausse
prétention? Avez-vous des indications là-dessus?
M. Ryan: D'abord, je voudrais juste ajouter un complément
d'information. En vertu des changements que nous avons apportés, il y a
308 municipalités qui ont obtenu plus en péréquation
qu'elles n'obtenaient auparavant, il y en a 360 qui ont obtenu moins, il y a 40
municipalités qui ont été ajoutées à la
liste ça fait le tour, ça puis 59 qui ont
été jugées non admissibles. Alors, dans l'ensemble,
ça a été un déplacement qui n'a pas
été mauvais.
J'ajoute que ceci s'est fait en consultation avec les 2 unions,
lesquelles se sont déclarées d'accord. Et il n'y a pas eu, au
cours de la dernière année, de demande des unions pour qu'on
révise le programme de péréquation. En ce qui me touche,
je pense que c'est un programme très utile, voire nécessaire, pas
seulement souhaitable, mais nécessaire, et, par conséquent, moi,
je vais travailler, comme membre du gouvernement, à ce qu'il soit
maintenu au-delà de la limite indiquée par le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Gendron: Merci. La Présidente (Mme Bélanger):
Ça va? M. Gendron: Shefferville. La Présidente (Mme
Bélanger): Shefferville. Réouverture de
Shefferville
M. Gendron: Bon, à Shefferville, la problématique,
ce n'est pas compliqué, c'est qu'on a fermé puis on a rouvert,
puis on a joué à ça un bout de temps. En novembre 1990,
l'Assemblée nationale adoptait la loi 54 consacrant la
réouverture de la municipalité, imaginez, qui avait auparavant
été fermée par loi, dans la plus grande controverse, par
ce même gouvernement. Donc, une loi pour fermer et une nouvelle loi pour
rouvrir. Je n'ai pas envie de faire l'historique, parce que ça ne serait
pas beau, là, globalement, mais je veux juste rappeler que c'est une
ouverture qui s'est faite à rencontre de tous les intervenants, et c'est
le même gouvernement qui l'a faite. Il a fait à la fois la
fermeture et à la fois la réouverture.
Il y a eu également toutes sortes d'odeurs, dans ce
dossier-là, qui ont planées, dans l'octroi de certains contrats
à des proches de l'ex-ministre des Affaires municipales, le
député de Laporte. Toujours est-il que, en 1990, le ministre des
Affaires municipales n'a finalement eu d'autre choix...
Une voix: ...
M. Gendron: Oui, oui. Oui. J'ai bien dit des odeurs de
favoritisme.
M. Tremblay (Rimouski): Des odeurs, oui. Des odeurs, c'est bien
facile de répandre des...
M. Gendron: Et qui étaient assez fortes à un
certain moment donné.
M. Tremblay (Rimouski): Mais prouve... M. Gendron: Je ne
suis pas un enquêteur. M. Ryan: Juste un senteux. Ha, ha, ha! Des
voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Oui, pour ça. Juste un senteux. Ha, ha,
ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Quand elle est bonne, elle est bonne.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Alors, toujours est-il qu'en 1990 le ministre des
Affaires municipales n'a finalement eu d'autre choix que d'admettre qu'il
était impossible de fermer une ville et que ça n'avait pas
d'allure. Remarquez qu'on disait ça 2 ou 3 ans avant, mais là, on
était dans l'Opposition et, nous, on ne comprend rien. Ça, on le
sait. A toutes les périodes de questions, on a cette
réponse-là. Sur 6 questions posées, il y a 4
réponses qui commencent: Vous ne comprenez pas ça, vous ne savez
pas lire et vous ne l'avez pas, l'affaire. Mais ça, que voulez-vous, on
vit avec ça. Un jour, le purgatoire va finir.
M. Tremblay (Rimouski): Je ne sais pas quand.
M. Gendron: Ah! ça, c'est le peuple qui décidera
quand le purgatoire va finir.
Alors, l'échec fut consommé pour la modique somme de 10
000 000 $. C'est juste des fonds publics, ça fait que ce n'est pas bien
bien grave. C'est ce que c'a coûté, là, ferme, rouvre,
ferme, rouvre. Ce n'est pas un robinet, ça, là. Et là ce
qu'il y a de pire, c'est que l'aventure n'est pas terminée. Moi, je
pensais que c'était fini, mais l'aventure ne semble pas terminée.
C'est pour ça que je parle de ça. Ce n'est pas parce que j'aime
ça, là. C'est que cette aventure ne semble pas terminée,
puisque le décret 1487-92 du 7 octobre dernier pas il y a 15 ans,
le 7 octobre dernier prolonge jusqu'au 31 mars 1994, donc dans une
année, à peu près, la période durant laquelle le
ministère des Affaires municipales pourra utiliser des crédits
pour couvrir l'opération de réorganisation du territoire de la
ville de Shefferville.
Alors, les diverses questions, M. le ministre, dans un premier temps,
j'y reviendrai. La première: Est-ce que vous pouvez nous dresser un
bilan ou nous en faire parvenir un ça serait peut-être plus
simple à jour, de l'opération de réorganisation du
territoire de la ville de Shefferville? Et, dans ce bilan à jour de
l'opération, il y aurait lieu qu'on ait le total des dépenses
engagées pour ce dossier, depuis 1986. Parce que ce que vous nous avez
envoyé, vous ne vous êtes pas forcés, dans ce que vous nous
avez envoyé. Parce que j'y reviendrai tantôt, à la
fin, là ça fait une couple de questions qu'on vous pose
et, des fois, la réponse, c'est: Ce n'est pas de vos affaires. Ça
ne vous concerne pas. On ne trouve pas que ça regarde des
crédits. Alors, c'est évident qu'avec des réponses comme
ça on a des problèmes. Alors, au 1er mars 1993, la ventilation
des coûts, depuis 1986, de l'opération fermeture et ouverture de
Shefferville, vous nous avez écrit 3 700 000 $.
M. Ryan: ...
M. Gendron: Bien, vous même, vous avez parlé de 10
000 000 $, et on a des documents qu'on pourrait déposer...
M. Ryan: Moi, j'ai parlé de 10 000 000 $?
M. Gendron: Non, le ministère.
M. Ryan: Bon. Correct.
M. Gendron: Le ministère.
M. Ryan: Correct. Faites une distinction.
M. Gendron: Je vais toujours la faire, je vous le promets, mais
l'an passé, lors de l'étude des crédits...
M. Ryan: Ça ne me nuit pas nécessairement. M.
Gendron: Non, non, non.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
(17 h 10)
M. Gendron: Non, mais, de toute façon, ce n'est pas pour
rien, M. le ministre... Au lieu de porter un jugement, ce n'est pas pour rien
que je dis 3 choses. Donnez-moi le bilan, à ce jour, des
opérations de cette magnifique saga, première question.
Deuxième question: Quel est le total des dépenses
engagées pour ce dossier? Parce que les chiffres que j'ai ne
correspondent pas avec d'autres chiffres. N'oubliez pas que, quand on pose des
questions aux crédits, ce n'est pas le ministre des Affaires municipales
qui signe les réponses pour de vrai. Toutes les questions que j'ai
reçues dans les documents, c'est des documents du ministère.
Alors, si le ministère m'a dit, dans les documents qu'on a par
écrit que c'a coûté 10 000 000 $ et que, il y a quelques
semaines, il m'a dit que c'a coûté 3 000 000 $, j'ai un
problème de conciliation de chiffres du même intervenant.
Troisièmement, est-ce que la ville est toujours sous tutelle?
Moi, je ne le sais pas, mais je pose la question: La ville est-elle toujours
sous tutelle? Si oui, quand prévoyez-vous la retourner à la
normalité? Pour tout de suite, ce serait les 3 ou 4 questions auxquelles
j'aimerais que vous répondiez. Dépendamment des réponses,
je verrai si je reviens ou pas.
M. Ryan: Regardez, je demanderai tantôt l'autorisation de
la commission pour qu'on entende le sous-ministre, M. Gagné, sur ce
sujet. Comme on l'avait fait l'an dernier... On avait abordé ce
sujet-là à l'étude des crédits l'an dernier.
À la question du député, le total des dépenses
faites à ce jour était de 3 788 955 $ ça, ça
a été donné au député sur des
crédits totaux autorisés de 4 702 000 $, ce qui voudrait dire
qu'il resterait en disponibilité 803 415 $. Ça, c'est les
chiffres que nous avons. Je ne sais pas s'il y a quelque chose d'incompatible
là-dedans avec...
M. Gendron: Oui, M. le ministre, juste pour vous aider, ce qu'il
y a d'incompatible, c'est que, l'an passé je n'ai pas les
galées avec moi le ministère des Affaires municipales a
parlé d'un coût de 10 000 000 $ concernant la
réorganisation du territoire à Shefferville.
M. Ryan: Sans doute qu'il y a eu des montants qui ont
été payés, de 1986 à 1992, qui vont chercher
à eux seuls dans les 10 000 000 $. Ça, ça a
été, probablement, les indemnités versées aux
personnes qui sont parties et les autres paiements pour des frais directement
reliés à la fermeture de la ville, mais là, ce que nous
avons pour la période plus récente, c'est le montant que je viens
d'indiquer.
M. Gendron: Je suis d'accord, M. le ministre, mais ne
convenez-vous pas, toujours pour faire la lumière objective... Moi, ma
question était volontairement précise. Quand je parle que je veux
avoir un bilan un jour de l'opération de la réorganisation du
territoire, il n'y a pas de cachette. Moi, dans mon livre, ça comprend
les coûts que vous venez de dire, et je ne parle pas juste des
crédits du ministère des Affaires municipales. Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise? Si le ministère des Affaires municipales
n'avait pas pris la décision de fermer et d'ouvrir, est-ce qu'on aurait
dû payer les compensations qu'on a payées individuellement pour
des déplacements d'équipement? Vous savez bien que la
réponse est non. Si on ne ferme pas, il n'y a pas de raison de payer des
roulottes et des maisons, et de faire des évaluations, et ainsi de
suite.
Alors, puisque l'opération ou la gestion de l'ensemble de ce
dossier-là est une décision du ministère des Affaires
municipales par loi, et ça a été aussi une décision
du ministère des Affaires municipales, par loi, de la rouvrir, j'aurais
aimé qu'on me dise précisément: Bon, bien, au moment
où on a fermé versus au moment où on a
décidé que ça prenait une loi pour rouvrir, il y a eu des
coûts, pour l'ensemble de l'opération de réorganisation du
territoire de Shefferville, pour une somme de 8 000 000 $, 9 000 000 $, 10 000
000 $ ou 12 000 000 $, et voici la ventilation: II y en a 1 500 000 $ qui
proviennent de l'éducation, il y en a 2200 000 $ qui proviennent de la
santé et services sociaux, etc. c'est des exemples, mais le
ministère des affaires municipales est vraiment en mesure, comme
autorité, de demander qu'on puisse avoir le portrait total de cette
opération-là.
M. Ryan: Mme la Présidente, d'abord, je voudrais dissiper
un malentendu qui a pu être créé par une réponse que
j'ai donnée tantôt. Quand j'ai indiqué le total des
dépenses engagées jusqu'à maintenant, 3788 000 $, j'ai
paru laisser entendre, à un moment donné, qu'il y avait des
dépenses avant, pour des indemnités à des personnes qui
sont parties, qui venaient s'ajouter à ça. ça,
c'était faux. je pense que le montant de 3 788 000 $ rencontre des
dépenses faites par le ministère pour la fermeture et la
réouverture jusqu'à la date du 1er mars 1993.
Maintenant, peut-être que ce que le député a
à l'esprit, c'est que, depuis un certain temps, il est question de
moderniser des installations d'aqueduc et d'égout à Shefferville.
Parce qu'il y a 2 groupes amérindiens qui existent là, à
chaque extrémité, je pense, du territoire. Là, il est
question de réaménager les conduites d'eau et d'égout, et,
pour ça, il y a un montant qui sera engagé par le
ministère des Affaires municipales, un autre montant de l'ordre de 5 000
000 $ par la Société québécoise d'assainissement
des eaux. À ce moment-là, ça nous met tout de suite
à un total de 9 000 000 $, et, avec ce qu'on mettrait pour les
infrastructures, de notre côté il y a une contribution
qu'on va faire nous autres aussi ça va nous porter à 10
000 000 $, tout compte fait. C'est peut-être comme ça qu'on arrive
aux 10 000 000$.
Mais je vais faire une chose. Au cours des prochains jours, je vais
faire envoyer au député une synthèse de tous ces
chiffres-là, pour que vous l'ayez clairement.
M. Gendron: Oui, c'est ce que je souhaiterais avoir, M. le
ministre.
M. Ryan: O.K.
M. Gendron: L'autre question, pour ne pas perdre du temps
là-dessus: Est-ce que la ville est sous tutelle encore?
M. Ryan: II y a un administrateur, là-bas, qui est
nommé par nous.
M. Gendron: Donc, elle est sous tutelle.
M. Ryan: Elle n'est pas sous tutelle, parce qu'il n'y a pas de
conseil municipal constitué.
M. Gendron: Non, mais, si...
M. Ryan: C'est un administrateur désigné par
décret du gouvernement.
M. Gendron: C'est ça, c'est un administrateur
désigné par décret.
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Admettez que ça ressemble à une
tutelle...
M. Ryan: Bien, regardez...
M. Gendron: ...mais ce n'est pas grave.
M. Ryan: ...j'en conviens volontiers avec vous, mais je veux
laisser le monopole de la tutelle proprement dite à la Commission
municipale.
M. Gendron: Ça va. Au moment où on se parle,
là, combien il y a d'habitants à Shefferville?
M. Ryan: 300 recensés, dont 150 Blancs et 150
Amérindiens, à peu près, là. Nous sommes dans les
approximations. C'est sur le territoire municipal lui-même, ça, et
il y a la bande indienne à la périphérie.
M. Gendron: C'est ce dont je parle. La mise en commun, là,
d'un certain nombre d'équipements et de services qui avaient un peu
justifié la réouverture, par loi, de la municipalité,
est-ce que ça évolue correctement ou difficilement?
M. Ryan: II y a eu des retards malheureux, là, parce qu'il
y a eu des désaccords sur le genre d'équipements qu'il fallait
installer là. Malheureusement, ça n'a pas pu se faire avant la
saison d'hiver. J'espère bien que, dès ce printemps, les
conditions seront réunies pour qu'on puisse procéder à la
réalisation du projet.
M. Gendron: Ça va, Mme la Présidente,
là-dessus.
M. Ryan: Ça va?
M. Gendron: Ça va là-dessus, pour des raisons de
temps. Ça va, merci.
M. Ryan: Très bien, merci.
Nomination à la Commission municipale du
Québec
M. Gendron: Merci. Je veux maintenant revenir sur la nomination
de M. Gaétan Cousineau à la Commission municipale du
Québec.
Une voix: C'est quelqu'un qu'on connaît? M. Ryan:
Qu'est-ce que vous voulez dire, là?
M. Gendron: Au montant qu'il souscrit, je suis convaincu que vous
le connaissez. Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Moi, je ne le connais
pas.
M. Gendron: C'est parce que tu ne lis pas les rapports, toi. Je
voulais tout simplement rappeler les faits. M. Cousineau fut maire de Gatineau.
Il a démissionné en 1988, en plein milieu d'allégations
j'y tiens de conflit d'intérêts. Le 10
février dernier, le ministre des Affaires municipales a nommé M.
Cousineau membre de la Commission municipale du Québec. Il faut se
rappeler qu'il y avait eu des mises en garde de faites, concernant cette
nomination, par des collègues de l'Outaouais, par le
député de Chapleau. Et le ministre, parce que je l'ai
questionné en Chambre là-dessus, a toujours prétendu qu'il
n'avait aucune indication, lui, qui le laissait voir qu'il n'y avait pas lieu
de nommer
M. Gaétan Cousineau.
Ce qui étonne là-dedans, sincèrement, et,
très correctement, c'est que le mandat principal de la Commission
municipale, comme tous le savent et j'espère qu'on va le rappeler
c'est un mandat de surveillance et de veiller à la bonne
conduite, ou la bonne gestion des municipalités, et le cas
échéant et le cas échéant, dans certains
nombres de situations, augmente c'est de faire enquête sur la
conduite de certains élus municipaux. (17 h 20)
Moi, je n'ai aucun outil, je n'ai aucun moyen, et je n'ai rien à
mettre en preuve. Je le dis, là, très clairement, une fois pour
toutes, pour que ça soit... Je n'ai pas d'éléments
à mettre en preuve, ce n'est pas ma responsabilité. Je ne peux
pas être un commissaire de la division des crimes économiques de
la Sûreté, et tout ça, mais il y a une chose qui est
sûre, cependant, M. le ministre: je suis un peu renversé que vous
ayez ratifié une nomination de quelqu'un sur lequel pesait un certain
nombre d'allégations de conflit d'intérêts. Pour l'instant,
je n'en suis pas sur les allégations, je veux juste avoir votre point de
vue. Comment se fait-il, comme ministre des Affaires municipales, que vous avez
accepté quand même de ratifier une nomination à la
Commission municipale du Québec, qui a justement comme mandat,
éventuellement, d'enquêter sur des présumées
conduites dites illégales ou irrégulières? Ça fait
drôle que quelqu'un qui est accusé de ça soit nommé
à la Commission pour faire des enquêtes sur, justement, ce que je
viens de spécifier.
Alors, moi, je veux juste savoir, très sincèrement...
Ça ne vous a pas alerté quand le député de Chapleau
vous a dit: Bien, j'aimerais ça que vous regardiez ça
sérieusement? Vous m'avez répondu en Chambre: J'ai fait
vérifier, et il n'y avait rien. Et on s'est rendu compte qu'il n'y a
jamais eu d'enquête. Alors, sur quoi vous êtes-vous basé? Le
«rien» provient de quoi? Qui a évalué ce
dossier-là que vous avez reçu? Parce que je sais que vous en avez
eu un. Je ne dis pas qu'il y a de quoi dedans, moi. Je ne suis pas
qualifié pour faire une évaluation de fond sur la série
d'allégations qui ont été faites contre M. Cousineau. Mais
est-ce que le ministre a pris connaissance, depuis, du dossier que je lui ai
remis il y a quelques semaines? Parce que, au début, on n'en avait pas
et ça n'existait plus. Si oui, quelles sont vos conclusions, si vous en
avez pris connaissance?
Deuxième question, qui est liée à ce que je vous ai
dit tantôt, qui n'est pas la situation des conflits
d'intérêts, mais uniquement l'aspect crédibilité,
entre guillemets: Comment un ministre peut-il nommer une personne à une
Commission municipale, alors que, sur cette personne-là, pèsent
des doutes qui sont exactement dans le sens du mandat qu'on lui confie quand il
est commissaire? C'est justement son mandat, là. C'est d'aller
vérifier des doutes et des allégations contre des élus
municipaux. Vous ne trouvez pas que ça part avec ce que j'appellerais
une prise contre lui? Alors, j'aimerais ça avoir votre point de vue
aujourd'hui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je vous remercie, Mme la Présidente.
Je voudrais tout d'abord rappeler que, lorsque M. Cousineau a
été nommé à la Commission municipale, au
début de la présente année, nous n'avions aucun dossier,
là, du genre de celui qu'a mentionné depuis quelques semaines le
député d'Abitibi-Ouest. Nous l'avons nommé sur la foi de
l'intérêt qu'il avait manifesté pour un travail à la
Commission municipale, de l'expérience exceptionnelle qu'il avait
acquise à titre, d'abord, de conseiller municipal, puis de maire de la
ville de Gati-neau, ensuite de sa compétence professionnelle comme
membre de la Chambre des notaires et des recommandations favorables que nous
avions reçues de personnes de la région, autant les
députés que des personnes indépendantes de la
deputation.
Alors, moi, il était entièrement à ma connaissance
que des soupçons avaient déjà été
semés dans l'opinion par un ancien adversaire à la mairie, M.
Sylvain Si-mard, que le député d'Abitibi-Ouest connaît
bien. Je pense qu'il est de la même formation politique. Les chicanes de
municipalité, de candidats les uns contre les autres, en
général, ça m'impressionne plus ou moins. Tu sais, je ne
pars pas avec ça, mais je ne les rejette pas non plus. On ne le sait
jamais. En tout cas, lorsque la nomination a été
recommandée au cabinet, je n'avais aucunement ce dossier-là, dont
a parlé le député d'Abitibi-Ouest, dans les mains.
Alors, quand le député d'Abitibi-Ouest en a parlé,
je me suis enquis des traces qu'on pourrait retrouver dans un dossier comme
celui-là au ministère des Affaires municipales. J'ai
confié le mandat à mon sous-ministre, M. Gagné, qui est
à mes côtés aujourd'hui. Il m'a remis, en date du 30 mars,
un rapport sur ce sujet. J'attendais toujours que le député
d'Abitibi-Ouest revienne avec des questions au salon bleu là-dessus,
puis le temps a passé. Il y avait des questions comme la langue, qui
prennent beaucoup d'importance, même démesurée, des fois,
dans les questions de l'Opposition. C'est son droit. La clarté se fait
semaine après semaine.
Alors, sur cette question-ci, voici un résumé du rapport
que m'a remis M. Gagné: «À la suite de votre demande, nous
avons d'abord vu à nous assurer, par des recherches approfondies, que le
ministère ne disposait d'aucun dossier à ce sujet qui aurait pu
lui être transmis au cours des années en cause. Ces recherches ont
été négatives». C'est-à-dire qu'il n'y en
avait pas, de dossier, au ministère. Ça va régler une
question, ça, et je pense que M. Gagné pourra témoigner de
ça, tantôt, si vous le voulez. Il n'y en avait pas non plus
à la Commission municipale, entre parenthèses. Je l'ai
demandé tout de suite à M. O'Bready, également.
«Nous avons cependant retrouvé, à la Commission municipale,
une lettre signée par le président de cet organisme, M. le juge
Richard Beaulieu, datée du 21 janvier 1988,» dont nous reparlerons
tantôt. «Par ailleurs c'est M. Gagné qui parle
nous avons obtenu de la ville de Gatineau un dossier comprenant des extraits
d'articles parus dans les journaux de l'Outaouais à cette époque
et qui font état de certaines allégations ou accusations
formulées à l'endroit du maire. Nous avons également
obtenu le dossier complet dont M. Sylvain Simard a parlé lors d'une
conférence de presse tenue le 11 février 1988».
Vous comprendrez que, moi, je n'étais pas au courant.
J'étais à l'Éducation, à ce moment-là. Je ne
passais pas mon temps à regarder dans le jardin du voisin. Alors, je
n'étais pas au courant de ces choses-là. J'avais eu vent de la
démission de M. Cousineau, mais je n'avais aucune idée des motifs
qui avaient pu inspirer cette décision.
Alors, ce dossier dont nous parlons est un recueil de documents publics,
soit des résolutions ou règlements adoptés par le conseil
municipal de Gatineau. Le dossier n'est assorti d'aucune analyse. Aucune
conclusion n'y est tirée. De plus, M. Roger Gaudreau, du Service de la
gestion financière et administrative du ministère, s'est rendu
à Gatineau le 19 mars afin d'effectuer certaines vérifications et
de visualiser les espaces dont il peut être question. Enfin, M.
Gagné a rencontré M. Cousineau le 24 mars 1993 en compagnie de M.
Roger Gaudreau, ci-dessus mentionné, et de Me François
Bélanger, qui est un des membres de la Direction des affaires
juridiques. Cette rencontre a permis de recueillir le point de vue de
l'intéressé et de le questionner sur divers points qui avaient
été identifiés.
À partir de ces éléments, nous avons
procédé à une analyse rigoureuse des
événements en regard des lois pertinentes et des règles
usuelles de comportement auxquelles sont conviés les administrateurs
publics. Les allégations du Mouvement démocratique de Gatineau
M. Simard appelait son mouvement comme ça tournent autour
de 2 points, c'est tout. Il y a 3 points, en fait, dans votre rapport, M.
Gagné.
Premièrement, la ville de Gatineau a modifié le zonage, le
18 novembre 1985, dans le secteur de la place Carrefour de la capitale, lot 29,
pour permettre l'implantation de services commerciaux à l'entrée
d'un quartier résidentiel. Or, M. Cousineau était
propriétaire, dans une proportion que nous n'avons pas pu établir
avec précision, d'un terrain qui a été touché par
le changement de zonage. M. Simard a alors prétendu que le maire aurait
bénéficié d'une augmentation de la valeur de son immeuble
dû à ce changement de zonage. Nos recherches ont permis
d'établir que le maire avait déclaré un
intérêt dans cet immeuble dans sa déclaration publique
d'intérêt et qu'il n'a participé ni au débat ni au
vote ayant entouré le changement de zonage. C'est de cette question que
traitait le juge Beaulieu dans une lettre qu'il adressait au maire le 21
janvier 1988. Nous partageons entièrement la conclusion du juge Beaulieu
à l'effet que M. Cousineau ne s'est aucunement placé en conflit
d'intérêts lors de la prise de décision par le conseil
municipal.
Deuxièmement, certaines allégations moins précises
ont également été formulées, à
l'époque, à l'égard d'un immeuble à bureaux
situé au centre-ville qui aurait profité du changement de zonage
de résidentiel à commercial dans le secteur centre-ville. Nous
avons pu
établir que les intérêts du maire dans l'immeuble en
question étaient de 5 %, que l'immeuble était bel et bien en
dehors du périmètre ayant fait l'objet du changement de zonage et
que l'établissement du périmètre centre-ville visé
par le changement de zonage faisait l'objet de discussions publiques depuis
plusieurs années, et ce, bien avant l'administration cousineau. le
changement de zonage ne constituait alors une surprise pour personne. en somme,
nous n'avons pu relever aucun élément justifiant une recherche
plus poussée sur cette question.
Troisièmement, on reproche à M. Cousineau d'avoir
posé des gestes, par le biais du conseil municipal, qui auraient eu pour
effet de l'avantager personnellement. On parle notamment du règlement
d'emprunt 414-86, adopté le 9 juin 1986. Par ce règlement, la
ville décrétait un emprunt de 2 400 000 $ visant à
effectuer des travaux dans un secteur où M. Cousineau possédait,
dans une proportion de 6,25 %, un terrain acquis quelques mois plus tôt
par la compagnie 149557 Canada inc. Le rapport que m'a fourni M. Gaudreau fait
l'historique complet des événements ayant entouré avant ou
après l'adoption du règlement 414-86. (17 h 30) l'examen de la
carte géographique des lieux fait bien ressortir que les travaux en
question visaient directement le secteur dit des oiseaux et que les terrains
propriété de 149557 canada inc., dont m. cousineau possède
6,25 % des actions, ne sont desservis que dans la mesure où ils se
trouvent en première ligne le long du chemin du cheval-blanc. cette
dernière précision est importante lorsqu'il s'agit de
déterminer si les intérêts de m. cousineau dans
l'exécution de travaux d'aqueduc et d'égout étaient
manifestement distincts de l'intérêt que retiraient l'ensemble des
contribuables du secteur visé par le règlement d'emprunt.
manifestement, m. cousineau n'a pas tiré un avantage distinct de celui
qui s'appliquait aux autres contribuables du secteur. en réalité,
compte tenu des parts très minoritaires qu'il détenait dans le
compte canada inc. et que, au surplus, une petite partie seulement du terrain
acquis par le compte de canada inc. a été desservie, soit les
lots riverains au chemin du cheval-blanc, on peut même prétendre
que son intérêt était moins immédiat que celui des
autres contribuables du secteur.
Depuis, la partie non riveraine du terrain de Canada inc. faisait
l'objet dès ce moment d'un développement différé.
Le développement vient d'être autorisé, il y a quelques
mois à peine. Entre-temps, à la suite d'une faillite personnelle
je reviendrai tantôt là-dessus survenue
ultérieurement, les actions de 6,25 % que détenait M. Cousineau
dans 149557 Canada inc. sont toujours dans les mains du syndic. M. Cousineau
n'a donc jamais retiré et ne retirera jamais de profit de cette
opération. Par ailleurs, nous avons constaté que M. Cousineau
avait participé aux...
M. Gendron: Mme la Présidente, un instant, moi... C'est
quoi la conclusion? Parce que, de toute façon, ça, M. le
ministre, vous vous étiez engagé en Chambre, à moins que
je ne me trompe, que vous alliez vérifier les allégations, suite
au document que je vous ai reproduit, lequel document vous disiez que vous
n'aviez pas aux Affaires municipales, puis pas plus à la Commission
municipale. Alors, ce serait peut-être plus intéressant, encore
là, pour nous permettre de faire notre job sur les autres sujets,
uniquement nous dire c'est quoi les conclusions finales, puis,
éventuellement, de les déposer. Je ne vois pas pourquoi vous ne
déposeriez pas ça. Ça permettrait de blanchir...
M. Ryan: Regardez, Mme la Présidente, j'achève la
communication. C'est important quand même, puis on me fournit...
M. Gendron: Ah oui, oui, mais on ne le savait pas, nous.
M. Ryan: À la Chambre, le président se serait
levé, au bout d'une page, puis il aurait dit, là: C'est
assez.
M. Gendron: Oui, oui. Non, non, mais, si vous achevez, il n'y a
pas de problème. Je ne savais pas.
M. Ryan: Je vous remercie beaucoup de votre compréhension.
Alors, ça achève. Il reste seulement une page. Par ailleurs
et le reste est important aussi nous avons constaté que M.
Cousineau avait participé aux délibérations du conseil
municipal sur le règlement 414-86 de même que les
règlements de taxation affectant ce secteur. Il a également
retardé à préciser son intérêt dans la
compagnie 149557 Canada inc., puisqu'il l'a fait le 21 juillet 1986, alors que
l'acquisition remonte au 8 avril. Et rappelons-nous que tous ces
événements-là sont arrivés bien avant les histoires
de démission à la mairie, d'élection pour 1987. Je pense
que l'élection a eu lieu en novembre 1987, qu'il a
démissionné au début de 1988, hein?
Selon l'avis de nos conseillers juridiques, M. Cousineau n'avait pas un
intérêt personnel dans la question du règlement d'emprunt
et les modifications apportées aux clauses de taxation, de sorte qu'il
ne se plaçait pas en situation de conflit d'intérêts en
participant aux délibérations entourant le règlement
d'emprunt 414-86.
Compte tenu des observations qui précèdent, j'en arrive
à la conclusion qu'aucun geste posé par M. Cousineau dans
l'exercice de ses fonctions comme maire de Gatineau ne semble avoir contrevenu
aux lois en vigueur, hormis une déclaration d'intérêt
incomplète au moment de l'acquisition, le 8 avril 1986, d'un terrain par
la compagnie 149557 Canada inc., la correction n'ayant été
effectuée que le 21 juillet suivant.
Même s'il aurait été préférable que M.
Cousineau agisse plus rapidement pour éviter toute
ambiguïté, j'ai personnellement acquis la conviction que cette
faute n'était pas intentionnelle, mais qu'il s'est agi d'une malheureuse
omission qui doit être appréciée dans l'ensemble du
contexte, notamment le fait que les parts de M. Cousineau étaient peu
importantes et qu'il n'a retiré et ne retirera aucun profit. A moins que
d'autres faits
soient portés à notre connaissance, nous mettrons un terme
à cette vérification.
Je souligne, en terminant, là, juste un commentaire, l'avis qui a
été donné par les services juridiques, c'est important,
parce qu'on est saisi de cas comme ceux-là régulièrement
dans une année. Il peut arriver qu'un conseiller municipal siège
sur un conseil, qu'il soit question d'une mesure, un règlement d'emprunt
qui va affecter un secteur où il a des propriétés, par
exemple. Pour qu'il soit tenu de faire une déclaration
d'intérêt, il faut qu'il soit amené à retirer un
bénéfice particulier, un avantage pécuniaire particulier.
Si c'est le même avantage que l'ensemble des contribuables du secteur, ce
n'est pas un motif de conflit d'intérêts. Ça veut dire,
autrement, qu'il n'y a personne qui pourrait être propriétaire
nulle part. Ça, ça a été éclairci. Il y a eu
des accusations portées contre d'autres maires depuis une couple
d'années, et on a éclairci ces choses-là. Il y a des
jugements, puis il y a des avis juridiques abondants là-dessus.
Même s'il y a eu omission, que souligne opportunément le
sous-ministre, même dans ce cas-là, selon l'avis des conseillers
juridiques, il n'y avait pas obligation stricte de faire ça.
M. Gendron: Au-delà de ça, M. le ministre,
là, mol...
M. Ryan: Voilà, les conclusions que je tire de ça,
c'est, bon, que nous ayons été alertés. Je pense que le
député d'Abitibi-Ouest a bien fait son travail. C'est malheureux
qu'il y ait eu une certaine discussion, mais ça, ce n'est pas grave,
parce nous déposerons un rapport qui complétera cette information
que je donne aujourd'hui, mais je crois qu'avec toutes ces précisions
qui ont été recueillies on peut considérer que ce dossier
doit être clos en ce qui me touche.
M. Gendron: Bien, juste un instant, Mme la Présidente.
Moi, ce qui me touche, je vais écouter ça attentivement.
J'aimerais être capable de l'apprécier quand vous le
déposerez, puis... Bon! Mais 3 choses. Admettez-vous, M. le ministre,
que la personne qui faisait l'objet d'allégations de conflit
d'intérêts, c'est M. Gaétan Cousineau? Ce n'est pas
d'autres personnes. Admettez-vous, M. le ministre, que, démissionner
quelques mois après avoir décidé de resolliciter un
nouveau mandat, quand on fait l'objet d'accusation d'allégations
d'intérêts... Mettez-vous à la piace de n'importe qui, y
compris celui qui vous parle, ça fait un peu louche. Troisième
facteur: Admettez-vous, M. le ministre, qu'on n'a pas vu ça souvent
quelqu'un qui a démissionné pour des raisons qui lui
appartiennent, mais quelques mois après avoir accepté de se
porter à nouveau candidat et avoir fait l'objet d'allégations de
conflit d'intérêts qui, selon ce que je sais, vont plus loin que
ça, comme si ce n'était pas assez que c'est lui-même qui
sollicite une job?
Parlons-nous franchement. C'est lui-même qui sollicite
d'être nommé à la Commission municipale, et un ministre qui
connaît tout ça, ce que je viens de dire que je n'ai pas le temps
de répéter, et qui, en plus, sait que c'est le personnage
lui-même concerné par tout ce que je viens de dire qui demande
d'être nommé à la Commission municipale, et que le ministre
des Affaires municipales prend la peine de le nommer, à la demande du
concerné, et qu'il reçoit des avis des députés de
faire attention, parce qu'il s'est dit des choses, et le ministre décide
de le nommer pareil... C'est ça que je voudrais que vous
répondiez, M. le ministre. Qu'est-ce qui vous a animé? Qu'est-ce
qui vous a motivé pour dire: Moi, je le nomme pareil à la
Commission municipale, rappelez-vous toujours, une instance qui a comme
fonction d'envoyer des commissaires pour aller faire la lumière,
éventuellement, sur des éventuels conflits
d'intérêts?
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: Alors, j'aimerais ça connaître vos
profondes motivations. Il n'y avait personne d'autre dans l'Outaouais qui
pouvait exercer cette responsabilité-là? Il n'y avait pas
quelqu'un d'un peu plus, ce que j'appelle... indépendamment qu'ils
soient complètement erronés, tous ces faits-là, qui,
d'avance, auraient donné ce que j'appelle un sceau de
crédibilité au personnage dans l'Outaouais suite à une
nomination comme ça à la Commission municipale du Québec?
Alors, c'est quoi vos motivations? Pourquoi il n'y avait pas d'autre
candidature que Cousineau?
M. Ryan: D'abord, là, resituons le contexte exactement.
Nous n'avions pas ce dossier-là, au moment où nous
procédions à l'examen de la candidature de M. Cousineau. C'est
clair, ça. Je l'ai affirmé à plusieurs reprises. Nous ne
l'avions même pas au ministère, le dossier. À plus forte
raison, moi, je ne crois pas l'avoir. Ça, c'est une chose qui doit
être nettoyée.
M. Gendron: Juste une seconde, M. Ryan... Excusez, M. le
ministre, juste une seconde. Les informations que j'ai puis je les ai
vérifiées à plusieurs reprises il me semble que le
député provincial vous a indiqué, le député
de Chapleau vous a indiqué exactement ce que j'ai soulevé.
M. Ryan: Si vous me laissez compléter...
M. Gendron: Alors, vous, vous dites que vous n'aviez pas
ça.
M. Ryan: Si vous me laissez compléter... M. Gendron:
Oui.
M. Ryan: ...ma réponse, vous aurez les
éléments d'information sur ce point-là aussi. Comme je
l'ai dit tantôt, j'ai consulté les députés, les 5
députés de la région pour une raison bien simple, c'est
qu'ils insistaient fréquemment pour que nous fassions des nominations de
personnes de l'Outaouais. Ils trouvaient qu'on oublie souvent l'Outaouais dans
les nominations qui sont
faites à Québec. Il arrivait une candidature
intéressante. Moi, je les ai consultés: Qu'est-ce que vous pensez
de cette candidature-là? Tout le monde m'a dit que c'était une
excellente candidature. Le député de Chapleau s'est
ravisé, puis, à un moment donné, il est venu après.
Je crois qu'il a dit ça... je ne sais pas si c'est à mon chef de
cabinet qu'il a dit ça, pas à moi-même. Il a dit: II y a
eu, à un moment donné, une faillite personnelle de M. Cousineau.
Il faudrait peut-être que vous examiniez ça comme il faut. Il n'a
pas parlé d'autre chose que de ça. C'est ça qu'il a dit.
Et, moi, c'est le rapport que j'ai eu, ça.
J'ai dit à mon chef de cabinet: Tu vas t'informer de ce
point-là comme il faut. Il a rencontré M. Cousineau, à ce
moment-là. M. Cousineau lui a dit: J'ai démissionné comme
maire parce que j'avais ma fille qui était atteinte d'une grave maladie.
Puis il ne se sentait plus capable de cumuler ses occupations de notaire, ses
occupations de chef de famille, puis, en même temps, ses occupations de
maire, puis il a dit: Je sacrifie la fonction de maire. C'est la réponse
qu'on a donnée. On a vérifié, puis c'était vrai
qu'il y avait une maladie grave dans sa famille. (17 h 40)
Deuxièmement, il nous a informés qu'il avait eu une
faillite personnelle. Il avait fait des placements qui n'ont pas
été des plus rentables on en a vu tantôt un exemple,
là puis il a été obligé de se
déclarer en faillite. Là, il a fallu vérifier
auprès de la Chambre des notaires, parce que, lorsqu'un notaire se met
en faillite, il faut qu'il se déclare à la Chambre des notaires,
qu'il se retire de la pratique pendant un temps, puis, ensuite, quand sa
faillite a été bien régularisée, là, il peut
reprendre l'exercice de sa pratique.
Nous avons fait des vérifications nécessaires à ce
sujet. On a dit que tout a été parfaitement régulier dans
le comportement de M. Cousineau eu égard à sa faillite, que,
dès que c'est arrivé, il a informé la Chambre des
notaires, il s'est retiré de la pratique pendant un temps, puis, avant
même de se présenter chez nous, il avait été
restauré dans l'exercice de sa pratique professionnelle par la Chambre
des notaires. Alors, voilà ce qu'il nous avait été dit.
Ça a tout été vérifié soigneusement, et rien
n'est venu contredire ça depuis.
M. Gendron: Mme la Présidente, rapidement, juste une
petite phrase là-dessus. Le député Kehoe dit ceci: Je ne
porte pas de jugement personnel sur ses affaires. Et là il les nomme les
affaires, il dit: Les allégations de conflits d'intérêts
à l'endroit de M. Cousineau, lorsqu'il était maire, n'ont jamais
été prouvées. C'est toujours M. Kehoe qui parle et
regardez ce qu'il dit: II y a eu beaucoup de ouï-dire...
M. Ryan: Quelle date, ça? M. Gendron: Le 4 mars.
M. Ryan: Le 4 mars 1993?
M. Gendron: Juste une minute. Oui, 4 mars 1993. Il y a eu
beaucoup de ouï-dire, mais il n'y a jamais eu de preuve voici ce
qu'on dit, M. le ministre des Affaires municipales a-t-il noté,
et le «a-t-il noté» s'applique au député John
Kehoe. Vous ne trouvez pas que c'est un peu étonnant qu'il aurait dit
ça à tout le monde et que, quand il aurait parlé à
votre chef de cabinet, il aurait dit: Moi, je n'ai aucun problème avec
M. Cousineau, et il n'aurait évoqué que sa faillite personnelle
que, moi, je n'ai jamais touchée? Je n'ai jamais parlé de
ça, moi. Ça ne me dérange pas, sa faillite personnelle. Je
connais un paquet de gens qui ont fait une faillite personnelle, et puis c'est
des honnêtes citoyens. Ce n'est pas ça que j'ai
évoqué, moi.
Alors, la question que je vous pose... vous dites, et là je suis
obligé... puis, moi, je prends votre parole, vous me dites que ces
faits-là d'allégations, ça n'a jamais été
porté à votre connaissance de la part du député
Kehoe?
M. Ryan: Non, parce que, si ça avait été
porté à mon attention, je les aurais vérifiés. Je
fais toujours ça. Moi, je n'ai pas de lien personnel avec M. Cousineau.
C'est vraiment mon intérêt pour la région de l'Outaouais
qui m'a porté à accorder une attention spéciale à
sa candidature, parce qu'on est porté à oublier ce
monde-là. Moi, je me disais, je veux laisser une marque, là,
qu'on les considérait comme des Québécois à part
entière, les gens de l'Outaouais.
M. Gendron: Donc, dans votre esprit, il ne s'est jamais
levé quelque doute que ce soit...
M. Ryan: Non.
M. Gendron: ...concernant l'intégrité de la
personne de M. Cousineau?
M. Ryan: De ce point de vue là, absolument pas.
M. Gendron: Merci. Trois dernières questions. Est-ce que
vous êtes au courant que, selon un scénario un peu propre à
l'Outaouais, il semble se préparer exactement le même
scénario? Est-ce que vous n'avez pas reçu un dossier concernant
la gestion du maire actuel de Gatineau...
M. Ryan: Oui. Oui.
M. Gendron: ...avec, susceptiblement, les mêmes personnes
impliquées? Qu'en avez-vous fait de ce dossier-là? Est-ce que
vous avez commencé à l'examiner? Est-ce que vous n'avez pas
reçu une plainte d'un citoyen qui vous a demandé de faire
enquête, cette fois-ci, pour éviter de dire ce qu'on s'est fait
dire la dernière fois: Bien, écoutez, il n'y a jamais eu
d'enquête, donc ça n'a jamais été prouvé, pas
fondé? Je comprends, il n'y a jamais eu d'enquête dans le cas de
M. Cousineau. Alors, moi, je tourne la page, mais, dans le cas du
maire Labine, l'actuel maire de Gatineau et je
répète, ce n'est pas moi qui l'ai monté, je ne vis pas
là il y a un dossier assez étoffé qui laisse voir
qu'il y a des choses qui mériteraient d'être
évaluées, fouillées, questionnées et
enquêtées. Ça, on vous l'a envoyé et il y a un
citoyen qui vous a demandé de faire enquête.
Alors, est-ce que l'enquête est en cours? De quel type
d'enquête s'agit-il? Est-ce que le ministre entend prochainement
être en mesure de nous faire rapport sur l'évolution de
l'enquête concernant l'actuel maire de Gatineau?
M. Ryan: Tout d'abord, là, je pense qu'il faut
connaître la politique dans l'Outaouais un petit peu. Il arrive souvent
ce genre d'histoire. Il en est arrivé souvent. Il ne faut pas grimper
dans les rideaux à la première histoire qu'on voit à
l'écran de Radio-Canada ou dans les manchettes de La Presse ou du
Droit. Il faut procéder aux vérifications sérieuses
qui s'imposent à toute autorité responsable. Alors, ce
monsieur-là, c'est un M. Yvon Boucher qui m'a effectivement
écrit, en date du 15 mars, et je lui ai laissé savoir, dans une
réponse que lui adressait une collaboratrice de mon cabinet, Mme Sylvie
Millette-Leduc, que nous examinions sérieusement les
représentations dont il nous a fait part.
Puis, actuellement, il y a un représentant de la Direction des
affaires financières du ministère, M. Roger Gaudreau, dont j'ai
parlé tantôt, qui a déjà une certaine
familiarité avec les affaires municipales de l'Outaouais, qui est
à Gatineau pour entreprendre l'analyse de cette plainte. Nous aurons un
rapport dès que les vérifications de M. Gaudreau auront
été faites, et on sera en mesure de faire rapport à ce
citoyen-là et au conseil municipal de ce qui en est.
Maintenant, je me souviens que j'avais vérifié
auprès de M. Labine à propos de M. Cousineau, parce que M. Labine
était le grand adversaire de M. Cousineau, en 1988. Il avait
critiqué son administration pour d'autres raisons, pas celles qui ont
été invoquées par M. Simard. Puis j'ai demandé
qu'est-ce qu'il pensait, qu'est-ce qu'il conservait de ça. Il m'a dit:
Moi, je ne conserve absolument rien de ces affaires-là. Il avait
combattu M. Cousineau sur un autre plan. Il m'a assuré que, dans son
jugement à lui, M. Cousineau était un homme qui pouvait faire un
excellent commissaire à la Commission municipale du Québec.
M. Gendron: Oui. Un dernier commentaire en ce qui me concerne,
maintenant, parce que le ministre a fait...
M. Ryan: Alors, sur ce cas-ci, l'affaire est en marche. Le
représentant du ministère est sur les lieux, et nous aurons
d'autres précisions dans un avenir rapproché.
M. Gendron: Ça va. Je remercie M. le ministre, puis on
attendra les conclusions. Cependant, je dois commenter le commentaire que le
ministre a fait tantôt me visant manifestement, mais ce n'est pas grave,
je suis capable d'assumer mes responsabilités, en disant qu'il y en a
qui montent dans les rideaux, puis que, dans l'Outaouais, il se passe des faits
particuliers.
Ce qui se passe, puis ça ne me fait rien de le dire, il se passe
toujours à peu près un fait unique. Regardez à peu
près toutes les transactions immobilières d'envergure, c'est
toujours les 4 ou 5 mêmes personnes sur des étiquettes
différentes, sur des Canada différents, mais, comme par hasard,
je ne connais pas beaucoup de régions que, qui que ce soit qui soit
maire, c'est les mêmes personnes impliquées. Ce n'est pas la
première fois que je parle d'affaires de même. J'ai vu pas mal de
dossiers dans ma vie, mais je n'en ai pas vu souvent où le maire, quand
il a annoncé et là je parle de l'ancien quand le
maire Cousineau a décidé de se représenter, comme par
hasard, il a fait le vide autour de lui.
Et ça, ce n'est pas moi qui était actionnaire avec lui. M.
Claude Bérard qui, pourtant, avait été son associé
spécial dans les projets de développement domiciliaire, il a
décidé de lui tourner le dos. Labine a fait la même chose.
Mais, quand on regarde les transactions dans la région de l'Outaouais,
comme par hasard, laisser voir que c'est un fait particulier, puis ça
arrive souvent, moi, je vous dis que je n'ai pas vu ça souvent. J'ai vu
ça dans l'Outaouais qu'il y a une espèce de contrôle d'un
certain nombre de biens immobiliers, et ça, ça ne me
dérange pas. Mais que ça n'alerte pas l'opinion d'hommes publics
qui ont affaire à des dominations, qui doivent avoir ce que j'appelle
une image de crédibilité, oh! ça, ça
m'inquiète. Ça, ça m'inquiète, et c'est ça
que j'ai voulu soulever.
Le ministre, il dit: On va faire enquête. Bien, on verra qu'est-ce
que ça va donner. Au moins, cette fois-là, dans ce cas-là,
il y en aura eu une. Dans l'autre, on dit: Ça n'a toujours
été que des allégations. Je comprends, on a tout fait pour
ne pas qu'il y ait enquête.
M. Ryan: Oui, mais, dans l'autre cas, là, moi, ça
fait 2 ans et demi que je suis ministre des Affaires municipales, puis, si M.
Sylvain Simard ou quelqu'un d'autre avait voulu me rappeler qu'il avait soumis
un dossier concernant la gestion des affaires municipales à Gatineau,
c'était bien facile. Il n'avait rien qu'à m'en-voyer un mot ou
à me donner un coup de téléphone. On s'en serait
occupé. Je n'ai jamais eu de nouvelles de personne avant que le
député d'Abitibi-Ouest parle de ça en Chambre.
M. Gendron: Oui, je comprends, sauf que, encore là, juste
pour conclure en ce qui me concerne, c'est un peu facile. Quand le ministre des
Affaires municipales est assez homme public pour voir, puis même chose M.
Sylvain Simard... Moi, je n'ai pas de bénédiction à donner
à Sylvain Simard, mais je n'ai pas de reproches à lui faire non
plus quand c'est écrit dans un journal comme La Presse... pas La Presse,
Ottawa-Hull, le vendredi 19 décembre: Les intérêts du maire
Cousineau, Bourbeau sera mis au courant du conflit. Bourbeau, ce n'est pas un
assisté social de chez nous, ça, là.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Gendron: C'est l'ex-ministre des Affaires municipales. Alors,
là, il y a un bout pour faire laisser voir que, écoutez, il n'y a
pas de problème, c'est ci, puis c'est ça. M. Simard avait beau
réagir, agir ou m'appeler. Il pensait que le dossier était rendu
quelque part. Quand c'est marqué dans les journaux tous les jours
et c'est avec ça qu'on s'abreuve, les politiciens, un peu: Bourbeau sera
mis au courant du conflit... Je répète, M. Bourbeau, à
l'époque, était ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Maintenant...
M. Gendron: Alors, moi, je veux juste au moins mettre ce caveat
pour M. Simard. M. Simard, il pensait qu'il y avait du monde à
Québec...
M. Ryan: Très bien, mais on me permettra...
M. Gendron: ...qui lisait de temps en temps les journaux, et
surtout pour des questions comme ça. je pense qu'il avait le droit de
penser ça. il avait le droit de penser ça, comme citoyen, que,
dans un dossier aussi important, il y a du monde qui avait accès
à des découpures de presse et des revues de presse. puis,
à un moment donné, ça soulève des affaires, puis on
va-t-y regarder ça? i
M. Ryan: II y a eu 2 autres ministres depuis ce temps-là.
Il ne faut pas vivre trop dans le passé, non plus.
M. Gendron: Bien non! Je comprends qu'il ne faut pas vivre dans
le passé. La nomination, ce n'est pas Sylvain Simard qui l'a faite, M.
le ministre.
M. Ryan: J'ai vérifié auprès de M. Bourbeau,
puis il n'a aucune souvenance de cet envoi-là. O.K.?
M. Gendron: Ça se peut, ça se peut. C'est qu'il y
avait un jugement de porté contre M. Simard.
M. Ryan: En tout cas, moi, dans mon cas, j'ai donné ma
déclaration claire et ferme, puis je pense que le député a
pris ma parole.
M. Gendron: Merci, là-dessus. Je continue.
Saint-Colomban.
(Consultation)
M. Ryan: Saint-Colomban, là, il y a un groupe de
citoyens... (17 h 50)
M. Gendron: Juste une seconde, M. le ministre. Je veux juste dire
un mot avant. Oui, pour Habitation, ça va marcher demain à 9
heures. Il paraît qu'il fallait que vous sachiez ça.
M. Ryan: Oui. Ça marche, messieurs? Très bien.
M. Gendron: O.K.?
M. Ryan: Très bien.
M. Gendron: Bon, Saint-Colomban.
M. Ryan: Saint-Colomban, oui, allez-y.
Enquête concernant l'administration de certaines
municipalités
M. Gendron: Tout ce que je veux situer dans 1 seconde ou 2, c'est
que l'Association des citoyens de Saint-Colomban a envoyé à la
Commission municipale, le 25 octobre 1992, une demande d'enquête à
l'endroit du maire de cette municipalité, M. Pichette, que connaît
très bien le ministre. M. Pichette est maire depuis novembre 1989. Avant
d'occuper cette fonction, il était actionnaire dans la compagnie
Terrasses PDG qui a construit et vendu quelques maisons sur une rue non
desservie par un aqueduc à Saint-Colomban.
Cela a fait en sorte que les 2 nouveaux propriétaires se sont
retrouvés avec de l'eau contaminée. Ils ont alors entrepris des
poursuites contre Terrasses PDG, et Terrasses PDG soutient, quant à
elle, que la municipalité est responsable de la contamination des puits,
et elle a, à son tour, entrepris de poursuivre la municipalité
pour un montant de 980 000 $, presque 1 000 000 $.
Alors, moi, ce n'est pas compliqué, c'est rapidement, parce que
j'ai juste quelques questions. Où est rendue la plainte de l'Association
des citoyens de Saint-Colomban? Le ministre, est-ce qu'il ne se traîne
pas un peu les pieds? Est-ce qu'il ne tarde pas à agir à cause de
ses liens avec M. Pichette? Et c'est à lui de dire non ou oui, mais,
nous autres, on est obligé de voir quelque chose là. Il me semble
que ça ne va pas vite. Puis, je sais qui est M. Pichette par rapport au
ministre. Puis...
M. Ryan: Excusez. Si vous le savez, voulez-vous le
préciser?
M. Gendron: Oui, un bon organisateur politique, puis c'est son
droit le plus strict. Ça ne me dérange pas. Oui, je le sais. Un
maire peut poursuivre sa propre municipalité? Une question que j'ai
à poser. Là, j'aimerais ça, je ne connais pas assez
ça... Vous êtes ministre des Affaires municipales. Est-ce qu'un
maire peut poursuivre sa propre municipalité? Puis, comment se fait-il
que, dans certains dossiers, le ministre a le doigt et le bras très
rapide, de temps en temps pour y aller fermement dans des déclarations,
de temps en temps pour y aller dans des actions concrètes, comme
l'éclair, pour déclencher une enquête, alors que, dans
d'autres cas, l'éclair est à son point mort?
M. Ryan: D'abord, là, je voudrais donner un premier fait:
M. Pichette est le maire de Saint-Colomban. C'est un homme qui était
propriétaire d'une quin-
caillerie qui allait très bien à Saint-Colomban. Il a
été entraîné ensuite dans du développement
domiciliaire. Ses concitoyens l'ont pressé de se porter candidat
à la mairie, il y a 3 ans. Il était, à ce
moment-là, membre de l'exécutif de l'association libérale
d'Argenteuil, comme c'était son droit. Il l'est demeuré
après avoir été élu maire, et, lorsque j'ai entendu
parler de ces représentations que faisaient des citoyensj'en
parlerai tantôtje l'ai invité, au nom de l'association,
à prendre congé de l'association pendant tout le temps que vont
durer ces choses-là. Là, il ne participe pas du tout à
l'activité de l'exécutif de l'association d'Argenteuil depuis que
ce dossier-là a été soumis à l'attention du
ministère. Alors ça, ça nettoie cette chose-là,
sans qu'on ne porte de jugement sur lui, cependant.
Deuxièmement, j'ai été informé de ces
représentations d'un groupe de citoyens sur le tard, parce qu'ils ont
tout fait pour éviter le député ministre, je ne sais pas
pour quel motif. Ils ont seine à gauche et à droite, là,
littéralement. Finalement, ils sont allés voir notre bureau, qui
est situé à Montréal, sur le même étage
où je suis, moi. Ils ont toujours... Comment ça se fait qu'ils
n'ont pas pensé à voir leur député ministre?
Ça, c'est leur droit de passer par à côté et de
faire ce qu'ils veulent, mais, d'habitude, dans le comté d'Argenteuil,
quand on a un problème, on va au bureau du député, surtout
qui regarde le gouvernement du Québec, surtout quand ça regarde
le ministère des Affaires municipales.
Alors, très bien, ils ont envoyé leur affaire. Moi, le
sous-ministre m'a informé, ça a pris du temps avant que
vous-même ne soyez informé. Ça a traîné dans
le bureau, à Montréal, pendant un bout de temps.
M. Gendron: Quel bureau?
M. Ryan: Le bureau régional du ministère.
M. Gendron: O.K.
M. Ryan: Ça a traîné pendant au moins 1 mois
ou 2. On est sur le même étage. Moi, je suis député
là; je n'étais même pas informé de ça.
Ça m'a blessé, et j'en ai fait des reproches à qui de
droit. Et, ensuite, là, le ministère a envoyé 2
enquêteurs, pas des enquêteurs, des fonctionnaires, procéder
aux vérifications, comme nous le faisons dans chaque cas. Là, les
représentations, c'est bien compliqué, ça, parce que le
maire était un actionnaire de cette compagnie qui faisait du
développement domiciliaire; il avait commencé ça avant
d'être maire.
Ils se sont aperçus, peu après qu'il ait été
élu, qu'il y avait un garage municipal situé pas loin de
là, où on déposait du sel, là, pour la glace en
hiver. Ce garage-là, par son sel c'était là bien
avant que cet homme-là ne soit maire a pollué les sources
d'eau potable dans le secteur. Les gens qui ont été construits se
sont aperçus de ça après coup, une fois qu'il est devenu
maire.
C'est un problème extrêmement complexe. Là, il a
fallu décider quoi faire. Je vous fais grâce de tous les
détails, mais nos fonctionnaires sont allé faire des
vérifications sur les actes posés depuis l'entrée en
fonction de M. Pichette. Ils ont soumis au ministère un rapport
préliminaire, accompagné d'un certain nombre de constatations,
évidemment, et certaines de ces constatations doivent faire l'objet d'un
avis juridique. Et je suis convaincu, M. Gagné, que vous avez
demandé l'avis juridique à nos services, qui ne m'a pas
été communiqué, moi, jusqu'à maintenant. Je n'en ai
pas eu connaissance. J'attends ce rapport-là. Là, nous verrons ce
qu'il y a lieu de faire dans ce cas-là.
M. Gendron: Un maire peut-il poursuivre sa propre
municipalité?
M. Ryan: D'abord, la question ne se pose pas parce que M.
Pichette a démissionné comme dirigeant de cette entreprise,
même comme actionnaire de cette entreprise, et c'est l'entreprise qui
poursuit la municipalité, et non pas M. Pichette.
M. Gendron: Oui, mais, au mois de novembre, il n'avait pas
démissionné.
M. Ryan: II a démissionné, là... La date est
dans le rapport de notre enquêteur. C'est M. Picard qui est allé
là, je pense.
M. Gendron: Et la plainte? Où en est rendue la plainte de
l'Association des citoyens de Saint-Colomban?
M. Ryan: La plainte?
M. Gendron: Bien, l'Association des citoyens de Saint-Colomban,
ils ont fait une plainte à la Commission municipale.
M. Ryan: Non, justement, là, M. O'Bready, auprès de
qui j'avais vérifié, il n'a jamais reçu aucune plainte
de...
M. Gendron: Non?
M. Ryan: ...cette Association-là, non.
M. Gendron: En tout cas, c'est ce qu'ils nous ont dit. Ce n'est
pas grave. J'aime mieux.. Moi, je connais...
M. Ryan: Là, ils m'ont écrit récemment, moi,
pour s'excuser de la manière dont ils ont procédé.
M. Gendron: C'est pour ça que je le demande, puis je
connais M. O'Bready.
M. Ryan: Très bien. On a bonne mémoire, dans ce
temps-là, dans le sens où on oublie tout.
M. Gendron: Dans la même ligne, Morin-
Heights. Je voudrais vous parler un peu de Morin-Heights. La situation
ne change pas vite: 3 ans de procédure pour obtenir une enquête.
M. Paul-André Co-meau, dans sa décision, le président de
la Commission, M. Comeau, s'indigne du fait qu'il s'est écoulé 3
ans entre l'enquête et la demande d'accès aux documents. Il
souligne que le ministre et son ministère sont allés à
rencontre des dispositions de la loi sur l'accès à l'information
en ne répondant pas avec diligence aux demandes des citoyens. Il
déplore, en outre, que le ministre ait tenté de laisser croire
que sa lettre c'est ça au conseil municipal, en
décembre dernier, rendue publique par la suite, ait pu remplacer les
documents réclamés. Finalement, il rappelle la tactique, ainsi de
suite.
Moi, je veux juste savoir, dans Morin-Heights, qu'est-ce qui fait que
ça ne bouge pas vite? Puis qu'est-ce qui fait qu'après 59
irrégularités ou dérogations qui ont été
relevées par votre propre enquête, M. le ministre, l'enquête
du ministère, il n'y ait à peu près absolument rien de
corrigé, et les irrégularités mentionnées dans
l'enquête continuent de se produire, et tout va bien? Alors, c'est quoi,
là, qu'il faut couvrir? Qu'est-ce qu'il y a qui ne marche pas? Pourquoi
.vous n'avez pas la capacité d'apporter les correctifs tels que les
citoyens devraient en mesure d'observer?
Parce que, d'ores et déjà, là, les membres du
conseil municipal discutent des allégations et des
irrégularités qui se continuent, mais, depuis la tenue de
l'enquête, seul le maire Raymond Meilleur et un conseiller sont
restés en poste, et, malgré l'arrivée de 5 nouvelles
figures au conseil, la situation est inchangée, d'après les
informations que j'ai, puis ça n'a pas de bon sens, parce que votre
enquête, que vous avez dans les mains, a constaté une soixantaine
d'irrégularités ou de dérogations, et l'arrivée de
5 nouvelles personnes a permis de continuer comme avant.
M. Ryan: Oui, mais, ça, là, d'abord, les
irrégularités, il faut s'entendre À un moment
donné, il arrive, dans une petite municipalité, là, qu'il
y a 3 ou 4 pelles qui sont finies, qui sont à vendre; c'est des pelles
qui ont coûté 20 $ chacune. Et là, bien, à un moment
donné, ces gens-là, c'étaient des...
M. Gendron: Vous parlez de pelles manuelles, là?
M. Ryan: Oui, oui, des pelles manuelles, là. Puis il dit:
Bien, on va vendre ça. Les veux-tu? Je vais te payer 3 $ de la pelle, je
vais les prendre. Ils ont oublié de faire des appels d'offre, puis tout
ça. Ils ont bien fait, à mon humble point de vue. Il y a bien de
ce genre d'affaires là qui ont été relevées dans
l'enquête, là.
Avant de juger, il ne faut partir en peur, il faut regarder ça.
Moi, je vais vous dire ce qui est arrivé. Nos services ont fait
enquête, et je pense qu'on peut dire qu'ils se sont un peu
traîné les pieds là-dedans, là. Ça a
commencé il y à 3 ans, 4 ans, cette enquête-là. Moi,
j'ai eu le rapport de ça, là, il était rendu à peu
près au mois d'avril, mai de l'année passée.
M. Gendron: Vous venez de perdre votre étoile, M.
Gagné, là.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: M. Gagné vient de perdre... il a
arraché une étoile de son calepin, là.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: Non, non, continuez, là. Mais je veux juste
dire que M. Gagné est obligé d'enlever une étoile de son
bulletin d'évaluation.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Ah! il avait des compléments à faire, il
avait des compléments.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Alors, moi, je me suis dit, quand j'ai vu ce
rapport-là, dont les conclusions étaient: II n'y a pas lieu de
les mettre en tutelle, rien, qu'il y a lieu de leur donner des orientations,
leur dire qu'il ne faut pas qu'ils administrent les choses comme ça.
C'est généralement la pédagogie qu'on suit, ça.
S'il y a des choses bien graves, si c'est des affaires qui regardent les
tribunaux, en général, là: Disons qu'un administrateur est
en conflit d'intérêts ou qu'il a triché dans l'exercice de
ses fonctions. Ça, ça regarde les tribunaux. Ils peuvent le faire
disqualifier, mais il faut que les citoyens prennent l'initiative. (18
heures)
Dans notre cas, nous autres, si l'administration a été
très mauvaise, puis qu'on nous recommande la tutelle ça
arrive parfois ou une enquête, on demande à la Commission
municipale ou au gouvernement d'instituer une enquête. Dans ce
cas-là, il n'y a pas eu de recommandation de cette nature parce que la
nature des gestes faits ne justifiait pas une telle recommandation. Moi, quand
j'ai vu ça, j'ai dit, là: Je vais aller les voir, je vais aller
les rencontrer. C'est comme ça que je procède dans ma
circonscription, puis même ailleurs. Je vais souvent ailleurs. Je suis
allé avec le député de Deux-Montagnes à
Sainte-Marthe à combien de reprises causer avec eux autres, voir la
température, voir si on pourrait...
M. Gendron: C'est là qu'il a été question de
vaisselle.
M. Ryan: Pardon?
M. Gendron: C'est là qu'il a été question de
vaisselle, à Sainte-Marthe.
Une voix: Ça a été l'aboutissement. M.
Ryan: De?
M. Gendron: C'est là qu'il avait été
question de laver la vaisselle, là, à Sainte-Marthe, quand vous
étiez accompagné du député de Deux-Montagnes?
Non?
M. Ryan: Ça, vous demanderez au député de
Deux-Montagnes. Ça n'a pas d'affaire ici, ça.
M. Gendron: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Comme il a dit, il aurait dit la même chose
à propos d'un homme.
M. Gendron: La page est tournée. C'est ça qu'il a
dit.
M. Ryan: Alors, regardez, moi, je m'en vais... Là,
à l'été 1992, vous vous rappelez peut-être, j'ai
dû être hospitalisé pendant une certaine période. Il
y a eu le référendum, ensuite. Et, dès que le
référendum a eu lieu, j'ai été rencontré le
conseil municipal. Moi, les histoires d'envoyer des lettres sans voir les gens,
ce n'est pas mes méthodes. J'ai dit: Je vais aller les voir, je vais
leur résumer ce rapport-là qui m'a été remis, je
vais discuter ça avec eux autres, je vais vérifier leurs
intentions, puis il y en a d'autres députés qui peuvent
témoigner que c'est ma manière de procéder. Puis,
après ça, suivant ce qui va s'être dit, je leur
écrirai une lettre ou je déciderai de leur envoyer le rapport; je
déciderai ce que je voudrai.
Alors, je les ai rencontrés, puis, après ça, je
leur ai adressé une lettre, en date du 19 novembre, dont je vais
déposer copie aujourd'hui, dans laquelle lettre je résumais tout
ce qu'il y avait dans le rapport. Je savais qu'il y avait une requête,
à la Commission d'accès à l'information, pour avoir tout
le rapport. Puis, qu'ils fassent leur enquête, qu'ils prennent leur
décision, moi, ça ne me dérange pas. Puis, là, la
Commission a rendu sa décision. Dès le lendemain, on a
envoyé le rapport, et ceux qui s'intéressent aux puces et aux
poux, ils vont peut-être trouver une ligne ici ou là. Moi,
ça ne m'intéresse pas du tout.
Et je soutiens, sans aucune crainte d'être contredit par qui que
ce soit, que, dans cette lettre-là qui leur a été
envoyée, il y avait tout l'essentiel qu'il fallait dégager du
rapport, le rapport à la suite de la décision de la Commission
d'accès à l'information au sujet de laquelle j'ai mes doutes
personnels. Le rapport a été donné aux
intéressés. Ils ont maintenu une réunion, en fin de
semaine, mais pour un groupe de personnes intéressées.
M. Gendron: Oui, regardez, M. le ministre, pas tellement
là-dessus merci pour ça mais plus, vous, là,
comme ministre des Affaires municipales, est-ce que vous partagez que... Parce
que, là, je veux bien que vous tentiez d'atténuer que, dans les
59, il y avait toute sorte de «guidis» là-dedans. Je l'ai
vu, je l'ai vu pour le vrai. J'ai parlé à un conseiller, puis,
effectivement, il y a des affaires, qu'est-ce que vous voulez que ça me
foute? Mais, un instant, il y en a 59. Enlevez-en 40, 40 d'un coup sec,
là, puis, là, c'est juste pour discuter correctement. Il reste
des irrégularités sévères, graves. Alors, la
question que je vous pose...
M. Ryan: Au sujet desquelles des procédures sont
présentement en cours devant les tribunaux.
M. Gendron: Pour tout le reste des
irrégularités?
M. Ryan: Nous n'avons pas à nous immiscer dans certaines
de ces choses-là qui sont devant les tribunaux.
M. Gendron: Pour tout le reste des
irrégularités?
M. Ryan: Pas pour tout le reste, mais pour certaines.
M. Gendron: Mais, d'après vous, là, il n'y a pas
moyen que les officiers municipaux de Morin-Heights, aujourd'hui, corrigent
certaines lacunes? En clair, qu'est-ce qui fait que la situation n'a pas
changé, puis il y a des choses qui ont été relatées
en 1990, et là je ne parle pas des manches de pelles cassés, de
vendre les pelles 3 $, puis ça coûtait 7 $. Je m'en contrefous. On
va faire plus sérieux que ça.
Mais, en 1990, il y a tenue d'une enquête administrative
menée par votre ministère. Ça, c'est sérieux. Les
irrégularités et les dérogations au Code municipal
continuent d'être monnaie courante dans la gestion de cette
municipalité des Laurentides, mais ça, ça continue en
avril 1993, 3 ans après. Donc, pour les irrégularités qui
continuent, qui ont une signification par rapport au respect du Code municipal,
je vous pose juste une question: Qu'est-ce qui fait que ça continue?
Vous me répondez: C'est devant les tribunaux pour tous les types
d'irrégularités?
M. Ryan: Non. Depuis qu'il y a eu cette lettre-là,
ça, ça remonte au 19 novembre...
M. Gendron: 1992. M. Ryan: ...1992, oui. M.
Gendron: O.K.
M. Ryan: En 1992, ça ne fait pas longtemps. Là, il
y a des gens qui ont dit j'ai vu des articles dans les journaux, j'ai
reçu une lettre, moi: Là, ils recommencent. Faites attention, ils
recommencent. Justement, là, je voulais demander cette semaine à
M. Gagné d'envoyer de nouveau quelqu'un parce qu'il y a un point qui
m'intéresse vivement. C'est qu'il y a un programme du gouvernement au
sujet duquel ils ont demandé une subvention, le programme AIDA, puis,
avant de prendre une décision, on va vérifier soigneusement.
On nous dit que des travaux auraient déjà
été entrepris sans que les décisions soient prises en
bonne et due forme à ce sujet-là. On va vérifier. S'ils
n'ont pas suivi les orientations qui leur ont été données,
on véri-
fiera dans quelles circonstances, puis on prendra les mesures
appropriées. Mais la situation a été traitée de
manière tout à fait responsable, et je n'accepte pas les
blâmes de la Commission d'accès à l'information. Je vous le
dis franchement. Elle a droit à son opinion, mais je n'ai pas fait de
serment du Test à son endroit.
M. Gendron: Merci. Moi, je suis obligé de procéder.
Napierville.
M. Ryan: Je vais déposer la lettre, cependant...
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: ...si on veut la communiquer, hein?
M. Gendron: J'aimerais ça. Mme la Présidente,
voulez-vous demander de déposer la lettre officiellement, là?
Document déposé La Présidente (Mme
Bélanger): Oui.
M. Gendron: Bon. Napierville, Mme la Présidente, en 1989,
la municipalité de Napierville a procédé à des
travaux d'égout et d'aqueduc dans 2 nouvelles rues sans adopter de
règlement à cet effet. Une fois que les travaux ont
été complétés, la municipalité a
facturé les nouveaux résidents de cette rue. Donc, ces derniers
ont entrepris de contester la légalité de cette méthode
auprès du ministère des Affaires municipales. Et, depuis 3 ans,
en gros, le dossier est à l'étude au MAM. Il n'y a toujours pas
eu de décision de rendue à savoir si les gestes posés par
Napierville étaient légaux ou pas.
En mars 1992, pourtant, la municipalité admettait implicitement
ses torts, puisqu'elle présentait un projet de loi privé pour
régulariser la situation des gestes posés en 1989. Ce projet de
loi n'a, cependant, pas été déposé à
l'Assemblée nationale, mais il a fait l'objet d'une publication dans les
journaux locaux. Donc, moi, je le sais bien qu'il n'a pas été
adopté, puis les étapes n'ont pas suivi, mais une
municipalité qui prépare un projet de loi privé pour
corriger les gestes qu'elle a posés, c'est qu'il y a une forme
d'admission d'irrégularité, à tout le moins.
Alors, la question que je pose au ministre, c'est: Comment se fait-il
qu'après 3 ans d'analyse, le ministère n'ait pas encore
réglé cette situation? C'est quoi les obstacles? C'est quoi les
raisons qui font que vous n'avez rien réglé? Et je voudrais
savoir si le fait que ça a pris 3 ans avant de bouger, là. qu'une
des explications potentielles serait liée à des gestes
reprochés à la municipalité, qui ont été
posés à l'époque où l'actuel député
de Saint-Jean était maire de Napierville. Alors, c'est à vous de
le dire s'il y a un lien ou pas. Puis, qui s'occupe de ce dossier, au
ministère? Est-ce que la Commission municipale a été
saisie? C'est les questions pour lesquelles je voudrais avoir des
réponses.
M. Ryan: Regardez, il y a 2 choses, là. D'abord,
l'opération qui a été faite, des travaux sur un chemin ou
des travaux d'égout, je ne me rappelle pas, qui n'avaient pas
été faits, après l'approbation d'un règlement
d'emprunt en bonne et due forme, ça, ça devait faire l'objet de
correction par voie de projet de loi privé. Ça avait
été discuté, on nous avait fait des
représentations, et la municipalité avait même soumis un
projet de loi qui a fait l'objet de discussions abondantes, puis, finalement,
la municipalité l'a retiré. Ça fait que, nous autres, nous
n'en sommes pas saisis dans le contexte actuel.
Et, entre-temps, il est arrivé d'autres critiques à propos
de la municipalité, une plainte en regard d'un projet d'agrandissement
et de relocalisation d'une boulangerie. Les travaux auraient été
faits aux frais de la municipalité sur le terrain de l'entreprise afin
d'y rendre les services municipaux et de procéder au nivelage du
terrain. Là, il y aurait eu, selon les plaintes que nous avons
reçues, des contraventions à la législation, en
particulier à la Loi sur l'interdiction de subventions municipales.
Et là nos travaux sont en train d'être
complétés. On m'informe qu'un rapport devrait être soumis
très prochainement là-dessus. Peut-être que c'est ça
qui a conditionné l'autre, également. Je n'ai pas toutes les
nuances. Peut-être que Mme Livernois, qui est conseillère en
matière de législation à mon cabinet, pourrait apporter un
supplément d'information concernant l'abandon du projet de loi
privé.
M. Gendron: Oui, bien, c'est plus, moi, sur 3 ans que j'aimerais
ça avoir quelques mots, là. Qu'est-ce qui fait que ça a
pris 3 ans avant de régler cette situation-là? Parce que,
là, je pourrais aller plus loin dans des détails saugrenus, comme
des factures sur du papier comme on a ici, là, envoyer des factures
à la municipalité, que ce n'était même pas du papier
de la municipalité. C'est quoi... Là, je ne veux pas tomber
là-dedans, mais...
M. Ryan: Parce qu'il y a une chose, là. Je l'ai
rappelé ce matin, mais je veux le souligner de nouveau. C'est que le
ministre, lui, ce n'est pas une police universelle. Ces citoyens-là ont
reçu une facture, à la suite de la réalisation de travaux,
puis ils ont dit: On ne la paie pas, cette facture-là. Ça, ils
peuvent s'adresser aux tribunaux pour rendre cette facture invalide. Ils ont
tous leurs recours. Il n'y a rien qui les empêche de le faire. S'ils
pensent qu'il suffit qu'ils viennent au ministère, puis que le
ministère dise: Débarque de là, change ton chose, ce n'est
pas comme ça que ça marche. (18 h 10)
Alors, là, de ce point de vue là, la municipalité,
elle, était consciente du fait qu'il y avait une lacune dans la
façon dont elle avait procédé. Elle voulait la faire
corriger par la voie d'un projet de loi privé, ce qui est habituel, ce
qui est fréquent, mais ce n'est pas à nous de corriger ça.
C'est à la municipalité de prendre l'initiative de nous soumettre
un projet de loi privé,
puis, nous autres, le présentons à l'Assemblée avec
le risque d'être contredits par l'Opposition, et là le projet de
loi, après nous avoir été soumis, ne nous est plus soumis,
actuellement. Il pourrait arriver qu'il soit là la semaine prochaine, je
n'en sais rien, mais, pour le moment, là, il n'y a pas de dossier ouvert
là-dessus.
M. Gendron: M. le ministre, bien, écoutez, ne pensez pas
que je vous indique que je voudrais qu'à chaque fois qu'il y a un petit
malaise dans les 1500 municipalités au Québec ils aillent vous
voir, puis frappent à votre porte, comme vous venez de le dire...
M. Ryan: Oui, oui.
M. Gendron: ...puis, le lendemain, c'est sûr qu'il y a des
enquêtes. Je n'ai jamais demandé ça, mais là, dans
ce dossier-là, il ne faut pas, excusez, entre guillemets,
«finauder» non plus. Il y a un enquêteur qui n'a pas
été nommé par le critique de l'Opposition officielle. Il y
a un enquêteur du ministère des Affaires municipales qui a
été envoyé. Alors là, c'est parce que ce
n'était pas juste du papier mal adressé, puis tout ça.
Quand le ministère des Affaires municipales décide
d'envoyer un enquêteur, probablement qu'il présume que ça
vaut la peine d'aller voir ça. L'enquêteur, il doit sûrement
avoir parlé, il doit sûrement avoir dit quelque chose, faire
rapport. Et là, 3 ans après, que ça ne soit pas encore
réglé, il me semble que c'est légitime de dire au ministre
des Affaires municipales: Dans le dossier sur lequel il avait assez
d'éléments pour motiver vos «administratifs» à
déléguer un enquêteur, il est arrivé quoi? Le
rapport, qu'est-ce qu'il en a fait? Parce que, là, vous me dites,
aujourd'hui...
M. Ryan: Oui.
M. Gendron: ...il n'y a pas de dossier au ministère, puis
il n'y a personne qui est en charge de ce dossier-là, et il n'est pas
à la Commission municipale. Ça, je comprends ça pour le
vrai, puis je n'ai pas de trouble avec ça. Je dis juste: Pour les faits
qui ont été évoqués, les
irrégularités qui ont été évoquées,
qui devaient être corrigées, qui ne l'ont pas été,
qu'est-il arrivé du rapport de l'enquêteur du ministère
dans ce dossier-là? A-t-il dit des affaires ou il a dit: Oubliez
ça, il n'y a rien là, mais, entre guillemets, voici les raisons
pourquoi je vous recommande, M. le ministre, d'oublier ça?
M. Ryan: Sur le premier point, c'était la construction
d'un égout fluvial. Il n'y a pas de problème de ce
côté-là. La municipalité a réalisé cet
ouvrage sans respecter certaines exigences de la loi qui exigeait qu'elle
aurait dû avoir un règlement d'emprunt. Alors, ça, c'est
clair, la situation est connue.
Maintenant, il y a 2 choses: là, si la municipalité
reconnaît ça, puis il faut qu'elle se mette à rembourser
tout ce qui a été chargé aux contribuables pendant 3 ans,
c'est une grosse opération financière, puis, comme il y avait des
plaintes seulement en provenance de 1 ou 2 individus, que le
député connaît peut-être, là, la
municipalité s'était dit: La meilleure façon de corriger,
ça serait de demander l'adoption d'un projet de loi privé. Puis,
pendant ce temps-là, l'individu peut s'adresser aux tribunaux, s'il le
veut, pour faire invalider ces factures-là qu'il a reçues, mais,
nous autres, nous en restons à la position que, dans
l'intérêt général, il serait
préférable que le problème soit résolu par un
projet de loi privé, à moins que des éléments du
dossier ne soient assortis d'irrégularités qui nous
apparaîtraient inacceptables.
Jusqu'à maintenant, nous n'en sommes pas venus à cette
conclusion. Puis il y a l'autre cas, la boulangerie. Ça, c'est une
deuxième chose sur laquelle nos fonctionnaires vont procéder
à des vérifications, le rapport doit nous être soumis
prochainement. Je ne l'ai pas, moi, le rapport, actuellement.
M. Gendron: Merci, ça va. «Next». Excusez,
suivant. Dossier Gaspé. J'en aurais un certain nombre, mais j'ai retenu
ceux qui m'apparaissent les plus nécessaires d'être
questionnés. Dossier Gaspé, c'est qu'au printemps 1992 la ville
de Gaspé a octroyé un contrat pour la construction d'un aqueduc.
La procédure suivie pour octroyer ce contrat a été
jugée illégale par le directeur de la ville de Gaspé, M.
Henri Bernier, mais la ville a dit: Nous, on s'en fout, on procède
pareil. Alors, la ville ne s'est pas occupée de l'avis de son D.G., puis
ça, c'est possible, il n'y a rien de dramatique, jusqu'à date,
c'est un peu particulier, parce qu'il y avait des raisons pourquoi le D.G.
disait de ne pas procéder.
À la suite de ces événements, le comité de
citoyens de Gaspé a demandé au ministère des Affaires
municipales de faire enquête pour ces agissements, parce que, je
répète, il y a une dichotomie profonde entre l'évaluation
du directeur général versus la décision de la ville de
procéder pareil. Un fonctionnaire s'est rendu à Gaspé. Il
a effectué des vérifications, mais, encore là, là,
je ne connais pas les conclusions de ces vérifications. Le cabinet du
ministre a également été saisi, donc, et le
ministère et le cabinet du ministre ont été saisis de
cette affaire, à plusieurs reprises, pas une fois, à plusieurs
reprises. Habituellement, le ministre, il est vigilant. Ça prend du
temps, mais, règle générale, il est vigilant, et
l'information que j'ai dans ce dossier-là, c'est que rien ne se
passe.
Alors, les premières représentations remontent à
plus de 1 an. Deux ou trois questions: Peut-on savoir ce qui a
été vraiment vérifié, M. le ministre, par votre
fonctionnaire qui a été délégué au printemps
1992? Deuxièmement, peut-on connaître les recommandations qu'il
vous a faites quant à la poursuite ou l'évaluation de ce dossier?
Est-ce que, vous, vous en avez saisi la Commission municipale, vous ou votre
fonctionnaire, suite au rapport qu'il a fait? Et est-ce que, vous, à la
suite du rapport de votre fonctionnaire, vous portez également un
jugement qualitatif à l'effet qu'il est exact que, par rapport aux
règles d'octroi de contrats, dans ce cas précis, il s'agit
véritablement d'une erreur commise par la ville, comme le prétend
le directeur général de la
municipalité? J'aimerais ça avoir les réponses
à ces 4 questions.
M. Ryan: Oui. Regardez, là, 4 questions... M. Gendron:
Oui.
M. Ryan: ...voulez-vous me les rappeler une par une?
M. Gendron: Oui, très rapidement. Première
question: Qu'est-ce qu'a vérifié votre fonctionnaire qui est
allé là?
M. Ryan: II est allé vérifier les
allégations contenues dans les lettres que nous avions
reçues.
M. Gendron: O.K. Deuxième question: C'est quoi le rapport
qu'il vous a fait?
M. Ryan: II a produit un rapport dans lequel, fondamentalement,
il conclut que les allégations d'irrégularité dans
l'octroi du contrat et de conflit d'intérêts ne semblent pas avoir
de fondement.
M. Gendron: Troisièmement, donc, lorsqu'on regarde les
règles de contrats et que juste une minute, là on
dit, en quelques mots: Au printemps 1992, la ville a octroyé un contrat
de construction d'aqueduc d'une façon jugée inacceptable et par
le directeur général de la ville, et par le comité de
citoyens de la ville...
M. Ryan: C'est ça.
M. Gendron: ...là, quand les 2 prétendent que
l'attribution du contrat d'aqueduc à l'entrepreneur, qui a,
effectivement, effectué le contrat parce que la ville a
décidé de procéder... Ce que vous me dites, c'est que et
votre fonctionnaire qui a fait rapport et le contenu de son rapport confirment
que, selon vous, il n'y avait pas erreur quant à l'attribution du
contrat.
M. Ryan: La ville agissait dans l'exercice de ses attributions en
prenant ces décisions-là. Il peut arriver qu'elle ait agi d'une
manière illégale, puis, là, c'est justement le genre de
question qui doit être portée à l'attention des tribunaux.
Ce n'est pas une question que le ministre a mandat de trancher. Les questions
de légalité, ce n'est pas le ministre qui les tranche. Alors,
c'est ça qui est la réponse.
M. Gendron: Est-ce que...
M. Ryan: On est saisi très souvent de ça,
là, des décisions contestées d'un conseil municipal en
matière d'octroi de contrat. Chaque fois, je réponds la
même chose: Le ministre n'est pas juge de la légalité de
ces actions-là. Vous devez faire nettoyer ces choses-là par les
tribunaux si vous avez des motifs sérieux de porter grief.
M. Gendron: Oui, mais je voulais juste savoir, M. le ministre,
puisque vous avez délégué un mandataire du
ministère, est-ce qu'il serait possible que, au moins, la ville de
Gaspé et le comité de citoyens puissent prendre connaissance du
rapport qu'un de vos officiers a entre les mains?
M. Ryan: Oui, justement, je n'ai absolument pas d'objection
à ça, mais je veux, auparavant, suivant la méthode que
j'ai indiquée tantôt, que mes attachés politiques qui
traitent ce dossier-là aient l'occasion de causer une dernière
fois avec les autorités de la ville de Gaspé pour ensuite
être en mesure de me recommander si je dois signer sans nuance les
projets de lettre qu'on a préparés à mon intention. Alors,
ça, ça doit se faire incessamment, puis ce dossier-là sera
clos, après...
M. Gendron: O.K.
M. Ryan: ...en ce qui nous touche...
M. Gendron: Donc, si je peux conclure, M. le ministre,
là-dessus, c'est que, incessamment, le comité de citoyens et la
ville de Gaspé pourront prendre connaissance d'une espèce de
conclusion dans ce dossier-là où il y a des citoyens qui ont
prétendu qu'il y avait irrégularité?
M. Ryan: Oui, comme nous le faisons constamment. C'est comme
ça que nous procédons, que nous mettons fin à des dossiers
parce que toutes les vérifications, là, qui nous paraissent
nécessaires ont été effectuées.
M. Gendron: Bien, ça m'apparaît correct de
procéder comme ça. Moi, si j'ai questionné, c'est
justement parce que, après 1 an où des faits ont
été signalés et qu'il y a eu reconnaissance qu'il y avait
des choses qui devaient être au moins évaluées, puisque le
ministre a envoyé un enquêteur, qu'il ne se passe plus rien
après, là, j'ai le droit, je pense, comme porte-parole de
l'Opposition, d'essayer de revenir sur ces situations-là, puis dire:
Qu'est-ce qui vous arrive?
M. Ryan: Maintenant, j'ajoute une précision: Lorsque le
vérificateur a fini son travail, il remet un rapport. Et là,
très souvent, il y a des aspects du rapport qui doivent donner lieu
à des vérifications au point de vue juridique. Là, le
document est référé à nos services juridiques qui
doivent procéder à leur étude. Ils ont un agenda assez
chargé, puis, des fois, ça prend plusieurs mois avant que l'avis
juridique leur soit disponible. Tout ça, évidemment, ça
allonge la procédure, mais sans qu'on n'y puisse rien dans
l'immédiat.
M. Gendron: Suivant. Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Bon,
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, rapidement, c'était une municipalité
qui était en tutelle depuis 2 mois seulement. .. (18 h 20)
Document depose
La Présidente (Mme Bélanger): Avant, M. le
député d'Abitibi-Ouest, il faut dire que la lettre
adressée à M. Raymond Meilleur est déposée
officiellement.
M. Gendron: Oui, Mme la Présidente. La municipalité
est en tutelle depuis 2 mois. On invoque la gestion municipale
déficiente de la municipalité et, plus précisément,
le dossier de l'ex-directeur général à qui la
municipalité s'apprêtait à verser une petite prime de
départ de 350 000 $. Alors, apparemment, il n'y aurait pas de lien entre
cette tutelle et la constestation en cour devant les tribunaux contre le
ministre des Affaires municipales par la municipalité de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac et la ville de Deux-Montagnes à propos d'une
entente intermunicipale bloquée par le ministre lui-même en
personne, personnellement.
Alors, question. Le ministre peut-il faire le point sur les raisons qui
ont amené le ministre à mettre sous tutelle
Sainte-Marthe-sur-le-Lac? Quel est le sort qui attend l'ex-directeur de cette
municipalité, M. André Labelle? Puis j'y reviendrai avec 1 ou 2,
dépendamment de la réponse aux 2 premières.
M. Ryan: Regardez, je demanderai probablement que la commission
accepte que M. O'Bready apporte un complément de réponse parce
que, depuis 2 mois, comme l'a dit le député d'Abitibi-Ouest, la
ville de Sainte-Marthe-sur-le-Lac est en tutelle. Les circonstances qui ont
conduit à la décision sont les suivantes. Le directeur
général, M. André Labelle, avait été
congédié par le conseil municipal pour différentes raisons
sur lesquelles il serait trop long de s'étendre actuellement. Il a
institué une procédure de contestation auprès de la
Commission municipale comme le lui permet la loi. La Commission a entendu son
affaire pendant plusieurs jours. Elle a conclu qu'il avait été
congédié injustement. Elle a ordonné sa
réinstallation dans son poste, et ceci, si mes souvenirs sont exacts,
vers la fin de juillet 1992. C'est ça, hein? Alors, là, des
semaines se sont écoulées. Une décision comme
celle-là est exécutoire.
M. Gendron: Oui.
M. Ryan: Mais elle n'a pas été
exécutée. Là, le conseil municipal a institué une
procédure d'évocation en Cour supérieure pour contester la
décision. En même temps que ces procédures-là
somnolaient dans les dossiers de la Cour, il y a toutes sortes de conversations
qui se sont instituées entre les intéressés, le conseil
municipal, le directeur général de la ville et d'autres personnes
pour voir s'il n'y aurait pas moyen de s'entendre à l'amiable pour qu'il
foute le camp. La municipalité avait déjà engagé un
autre directeur général pendant ce temps-là. Et les
enchères montaient. Puis, là, j'ai eu vent, rendu à
certain point, qu'on s'en allait vers une entente qui aurait
entraîné une indemnisation de l'ordre de 340 000 $ que vous avez
mentionnée. C'est à peu près...
M. Gendron: Moi, j'en avais mis 10 000 $ de plus, mais ce n'est
pas grave, 350 000 $.
M. Ryan: 300 000$... En tout cas, entre 340 000 $ et 350 000 $,
on ne se chicanera pas.
M. Gendron: Non, non, je ne me chicane pas. Je fais juste dire
que, moi, le chiffre que j'avais...
M. Ryan: M. O'Bready me souligne que c'est plutôt 325 000
$. Mais il y a peut-être des choses dont on n'était pas encore
informé. Alors, j'ai trouvé que c'était un petit peu fort.
Puis, déjà, des citoyens avaient demandé la mise en
tutelle de cette municipalité-là. Le maire lui-même l'avait
demandé, l'année précédente, des conseillers
municipaux l'avaient demandé aussi. Puis, là, on a pensé
aux répercussions de ça. J'ai consulté M. O'Bready. On
s'est dit, là: Si on laisse une municipalité régler un cas
comme celui-là, d'abord, l'autorité de la Commission municipale,
qu'est-ce que ça veut dire, à ce moment-là? Ça veut
dire que ceux qui ont de l'argent pourront passer par-dessus: Qu'ils
étudient ce qu'ils voudront, on va faire à notre tête.
Je trouvais ça un petit peu fort. Puis, deuxièmement,
ça crée un précédent très dangereux pour les
autres municipalités. Ça veut dire que, suivant l'exemple de
Sainte-Marthe, on peut régler, pourvu qu'on mette un peu d'argent, on va
régler nos problèmes. Ça ne peut pas marcher comme
ça. C'est là que j'ai recommandé au gouvernement la mise
en tutelle de la municipalité. Ça s'est fait très vite
avant que cette entente ne se signe. Ça s'est réglé en
dedans de 48 heures. Puis on est arrivé. L'entente devait être
soumise au conseil le soir, puis ils ont reçu l'avis à 18 heures.
Il y avait une tutelle. Tout était, à compter de cette
heure-là, laissé en suspens tant que la Commission municipale
n'interviendrait pas. Je suis allé moi-même expliquer la
décision au conseil municipal en compagnie du député de
Deux-Montagnes.
M. Gendron: On s'en rappelle. M. Ryan: Et, depuis ce
temps-là... M. Gendron: Ça a été public un
peu.
M. Ryan: C'est l'essentiel de ce qui a été
discuté, et vous avez entendu parler de choses marginales. Vous n'avez
pas entendu parler de l'essentiel.
M. Gendron: Mais c'est ça, là, je questionne
l'essentiel, moi, là.
M. Ryan: Depuis ce temps-là, c'est la Commission
municipale qui a pris charge de la tutelle à Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Et peut-être M. O'Bready pourrait-il ajouter un complément
d'information pour nous amener en date d'aujourd'hui.
La Présidente (Mme Bélanger): Me O'Bready.
M. O'Bready (Jacques): Merci. Alors, écoutez, depuis la
date de la mise en tutelle, soit le 10 mars 1993, les 2 tuteurs que j'ai
nommés, soit M. Guy Bacon et M. Jean-Paul Boucher, qui est un des
vice-présidents de la Commission, ont bien sûr pris charge du
dossier, ont commencé à analyser un peu la situation
financière de la municipalité et ont mesuré un peu quel
pourrait être l'impact, par exemple, soit d'un règlement de 325
000 $ ou d'un autre règlement qui est négocié. Il faut
dire que le directeur général, M. Labelle l'ancien
directeur général, en tout cas, pour le moment, on va l'appeler
comme ça est en congé de maladie depuis avant l'appel
qu'il a fait à la Commission. Donc, on doit tenir compte, pour le
moment, de la situation, et, comme le ministre a dit, évoquée
aussi devant la Cour supérieure.
Alors, la Commission ne voudrait pas se retrouver juge et partie en ce
sens qu'elle ordonnerait à la municipalité de retirer son
évocation parce que la Commission pourrait être jugée comme
faisant appliquer elle-même sa propre décision en se servant un
peu des grands moyens. Donc, j'ai demandé aux 2 tuteurs de rencontrer
et ça a été fait, je pense, vendredi dernier,
là; je dois rencontrer un des tuteurs, ce soir, d'ailleurs, qui va
m'expliquer le cheminement du dossier les procureurs de la
municipalité, dans un premier temps. Parce qu'il faut vous dire qu'il y
a une action qui a été instituée aussi par M. Labelle de
presque 400 000 $ contre l'action en dommages, contre le maire, contre un
certain nombre de conseillers. Alors, donc, dans ça, on se retrouve avec
une décision de la Commission municipale, comme le ministre l'a dit, qui
n'a pas encore été appliquée et qui replace M. Labelle
dans son poste de directeur général.
Il y a, deuxièmement, un directeur général qui est
présentement en poste et qui n'est pas nécessairement
intéressé, lui non plus, à perdre sa job.
Troisièmement, il y a une incidence sur la question du congé de
maladie parce que le directeur général Labelle reçoit des
prestations d'assurance-maladie. Quatrièmement, il y a 2
négociations qui avaient été faites, une par un
médiateur privé, qui avait donné lieu à une entente
pas loin de 200 000 $, qui a été finalement refusée au
conseil. Or, la Commission est en train, là je ne peux pas vous
en dire beaucoup plus présentement de pondérer un peu
quelle serait la moins pire parmi ces solutions-là pour...
Vous comprendrez que, nous, on représente les
intérêts de la municipalité. Donc, il s'agit de tenir
compte de ce que ça va coûter à la municipalité. Et,
deuxièmement, dans quelles conditions aussi, si jamais le directeur
général Labelle est réinstallé, comment il pourra
faire sa job là-bas, puis continuer à administrer la
municipalité en harmonie avec le conseil qui est en place. Parce qu'il
faut se rappeler que c'est ce conseil-là qui l'a destitué.
Alors, nous, je vous le répète, pour me résumer,
c'est qu'on pondère. D'abord, on examine la situation financière
de la municipalité. Deuxièmement, on pondère un peu
chacune des solutions, avantagés et désavantages par rapport
à l'impact sur l'aspect financier et la gestion ou l'administration de
la municipalité.
M. Gendron: Merci. Toujours pour des raisons de temps, même
si on avait jusqu'à 19 heures, là, je ne veux pas abuser, vous
avez un caucus, puis tout ça. Je ne parle pas de vous, M. O'Bready, mais
de l'équipe ministérielle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. O'Bready: Je ne suis pas encore rendu là, M. le
député.
M. Gendron: Merci. Vous en avez eu pendant longtemps, des
caucus.
M. O'Bready: Ça va peut-être venir un jour, vous
savez. Ah oui!
M. Gendron: Bon, sur Sainte-Marthe-sur-le-Lac, j'espère
que vous allez continuer à suivre ça pour pas trop qu'il y ait de
coûts qui soient imputés aux contribuables, parce que c'est des
folies qui ont l'air de coûter cher.
M. le ministre, avant de vous remercier et de remercier vos
collaborateurs immédiats... Sur la question que je vais poser, M. le
ministre, là, je n'en fais pas une application du dossier
précisément, là.
Il n'écoute pas, là.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, M. le
ministre?
M. Gendron: Ce que je veux savoir, M. le ministre, c'est: Est-ce
que vous êtes au courant que, lorsque l'Opposition fait un certain nombre
de demandes, conformément aux règlements, lors de l'étude
des crédits... Vous êtes au courant qu'on a le droit de demander
un certain nombre de choses. Alors, moi, je veux savoir: Quand on vous a
demandé, à la demande 13, la liste des tarifs, droits et permis
en vigueur pour l'exercice financier 1992-1993... J'ai relevé les autres
années. Tous les ministères font ça, c'est courant, il n'y
a pas de problème, c'est une demande traditionnelle. (18 h 30)
Je veux juste savoir: Vous, comme ministre, est-ce que vous êtes
au courant qu'on m'a répondu que cette demande est non applicable
à l'étude des crédits? Et j'ai une couple d'autres
affaires où c'a été le genre de réponse que vous
m'avez faite. Je veux savoir: Êtes-vous au courant que c'est le genre de
réponse qu'on m'a faite? Et, si oui, est-ce que vous croyez que c'est
conforme à l'esprit du règlement quant à l'étude
des crédits?
(Consultation)
M. Ryan: Bien, regardez...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: ...c'est une ligne de conduite qui a été
arrêtée pour l'ensemble des ministères que ces postes, dont
vient de parler le député d'Abitibi-Ouest, sont des postes qui
comportent des revenus plutôt que des dépenses et que la
réponse à ces questions ne doit pas être donnée dans
ce forum-ci mais dans un autre forum. Le gouvernement n'a aucune objection
à fournir de réponses, mais il a été jugé
que ceci n'était pas le lieu approprié pour répondre
à des questions portant sur des revenus et non sur des
dépenses.
M. Gendron: Vous me répondez, M. le ministre, que c'est
une consigne pour l'ensemble des ministères.
M. Ryan: Des ministères, oui. Certains ont répondu,
par exemple, qu'ils n'en ont pas, eux autres. Même là, au point de
vue de la pertinence, on peut se poser des questions, mais, en tout cas, dans
notre cas, c'est la justification de la réponse qui a été
apportée.
M. Gendron: Je verrai ce que j'ai à faire avec ça.
Mme la Présidente, moi, je tiens à conclure en remerciant le
ministre et son équipe.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, un instant! Il
faut...
M. Gendron: Non, non. Oui, je le sais. Faites l'adoption des
crédits.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 1,
aménagement du territoire municipal, est adopté?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 2, aide
et surveillance administratives et financières?
Des voix: Adopté. M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Programme 3,
Évaluation foncière?
Des voix: Adopté. M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Programme 4,
Administration générale?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Programme 5,
Relations avec la municipalité?
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Programme 6, Aide
financière à la construction de réseaux d'aqueduc et
d'égout?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Et le programme 7,
Aide financière à la Société d'aménagement
de l'Outaouais?
Une voix: Adopté.
M. Gendron: Non, là, bien, en tout cas, sur division, le
dernier. Il n'y en a plus. C'est fini.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur division.
Alors, est-ce que l'ensemble des crédits du ministère des
Affaires municipales... Hein? Bon, les programmes 1 à 7, parce qu'il y a
2 autres programmes qui font partie des Affaires municipales, c'est dans le
programme Habitation. Alors, est-ce que les programmes 1 à 7
inclusivement sont adoptés?
Des voix: Adopté. M. Gendron: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce qu'il y
a des remarques finales, M. le ministre?
M. Ryan: En terminant, je voudrais tout d'abord vous remercier,
Mme la Présidente, le personnel de la commission, les membres de la
commission parlementaire, en particulier mes collègues du
côté ministériel et le député
d'Abitibi-Ouest, pour l'intérêt que tous ont porté à
l'examen des crédits du ministère des Affaires municipales. Je
voudrais adresser des remerciements et des sentiments d'appréciation
particuliers à l'intention du sous-ministre aux Affaires municipales
ainsi que de l'équipe de fonctionnaires qui l'entoure et qui seconde le
ministre et son cabinet dans l'exercice des fonctions
ministérielles.
Je pense que le ministère donne un très bon exemple de
discipline, de frugalité, d'application au travail, de conscience
professionnelle et d'harmonie dans ses rapports avec le monde municipal. Et je
tiens à le souligner, à l'issue de cet exercice annuel, une fois
de plus.
M. Gendron: Mes remerciements, Mme la Présidente, sont
aussi forts envers l'équipe ministérielle qui accompagne le
ministre. Alors, autant d'enthousiasme avec moins de pouvoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
ajourne ses travaux à demain matin, 9 heures.
(Fin de la séance à 18 h 34)