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(Quinze heures trente-sept minutes)
Le Président (M. Garon): La séance est ouverte.
Rappelons le mandat de la commission qui est de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Affaires municipales, programmes 8 et 9, secteur habitation, pour
l'année financière 1992-1993. À cette fin, il a
été entendu que la commission dispose d'une enveloppe de quatre
heures, selon l'ordre de la Chambre où on disait de commencer les
délibérations immédiatement, ou aussitôt que les
gens seraient là, pendant quatre heures. Quand je dis quatre heures, au
fond, disons qu'il est 15 h 37. il faut constater le temps pour ne pas que les
gens s'obstinent après.
M. le secrétaire, pourriez-vous annoncer les remplacements?
Le Secrétaire: II n'y a pas de remplacements, M. le
Président.
Le Président (M. Garon): II n'y a pas de
remplacements.
Secteur habitation
J'invite le ministre, et ensuite le porte-parole de l'Opposition
officielle et les membres de la commission qui veulent le faire, à faire
des remarques préliminaires. M. le ministre.
M. Ryan: Oui, M. le Président. J'attendais une nouvelle
indication de vous pour être bien sûr de me conformer à
votre volonté.
Le Président (M. Garon): C'est beaucoup dire. Moi, je me
conforme au règlement. Ha, ha, ha! Alors, c'est pour ça que
j'avais invité le ministre, ensuite, le porte-parole de l'Opposition
officielle et ensuite les membres qui le veulent, à faire des remarques
préliminaires. Alors, M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Très bien. M. le Président,
conformément à l'habitude, au début de mes remarques, je
ferai un exposé liminaire dans lequel je traiterai de la
Société d'habitation du Québec et des programmes qui s'y
rattachent. Je causais tantôt avec le député de Shefford,
puis nous sommes convenus que nous réserverions une période de
temps substantielle avant la fin de cette séance pour l'examen des
questions reliées à la Régie du logement. Je ferai une
déclaration introductoire à ce moment-là, quand on
arrivera à ce point-là, en ce qui touche la Régie du
logement. (15 h 40)
En raison des engagements contractés - je pense qu'on vous a
passé le texte de la déclaration que j'ai préparée
en vue de cet échange - au cours des années
précédentes et de la continuité qu'il entend maintenir
à cet égard, la présence du gouvernement du Québec
dans le secteur de l'habitation demeurera très importante en 1992-1993.
Elle s'exprimera par des dépenses dont le volume total est estimé
à près de 508 000 000 $. Cette présence du gouvernement se
fera particulièrement sentir dans le soutien au logement social, le
soutien au logement pour personnes âgées, l'appui financier
à la restauration de logements dans les milieux ruraux et urbains.
L'action du gouvernement dans le secteur de l'habitation n'aura
toutefois pas l'ampleur qu'elle revêtit en 1991-1992. Le gouvernement ne
dispose malheureusement pas des ressources nécessaires pour maintenir,
au cours de la prochaine année, l'effort considérable accompli en
1991-1992 pour la relance de l'industrie de la construction
résidentielle. Le gouvernement estime avoir donné un coup
d'épaule important à cette industrie avec les programmes Mon
taux, mon toit et AMI. Pour l'année 1992, les mesures instituées
par le gouvernement fédéral en matière d'assurance
hypothécaire et de recours au REER seront appelées à
prendre la relève. En raison des coupures drastiques inscrites dans le
dernier budget fédéral, en matière de logement social, le
gouvernement du Québec subira également le contrecoup de cette
réduction, vu que la participation financière du Québec
à ce secteur d'activité est fortement liée à celle
du gouvernement fédéral.
La Société d'habitation du Québec est le
maître d'oeuvre des interventions gouvernementales en matière
d'aide à l'habitation. Je souligne tout de suite, M. le
Président, l'absence regrettée du président de la
Société d'habitation du Québec, président et
directeur général, M. Jean-Paul Arsenault. Il a subi une
légère intervention chirurgicale, hier, qui le retient à
la maison aujourd'hui et est très malheureux de ne pouvoir être
avec nous. Nous avons en retour, avec nous, le vice-président de la
Société, M. Lapointe, que tout le monde connaît. Je
voudrais vous présenter tout de suite, également, à la
gauche de M. Lapointe, Mme Louise Thibault, présidente et directrice
générale de la Régie du logement. À ma droite, il y
a Mme Charlotte Ouellet, qui est attachée politique à mon cabinet
pour les questions relatives à l'habitation.
Alors, la Société d'habitation a pour objet
de stimuler le développement et la concertation des initiatives
publiques et privées en matière d'habitation, de mettre à
la disposition des citoyens des logements à loyer modique, de favoriser
le développement et la mise en oeuvre de programmes de construction,
d'acquisition, d'aménagement, de restauration et d'administration
d'habitation; de faciliter l'accès à la propriété
et, de manière générale, de promouvoir
l'amélioration de l'habitat, d'où l'importance des budgets
accordés à la SHQ. Ceux-ci définissent mieux que toute
autre source de référence, à condition, évidemment,
de les examiner dans leurs données complètes, les
priorités gouvernementales en matière d'habitation. Comme, en
outre, la Société d'habitation est chargée de gérer
les programmes d'intervention découlant de l'entente
fédérale-provinciale en matière d'habitation, elle dispose
annuellement de ressources qui dépassent maintenant le demi-milliard.
Quand on sait le pouvoir d'entraînement que le secteur de la construction
exerce sur l'ensemble de l'économie, on comprend que la
Société d'habitation est pour la société
québécoise un levier économique de toute première
importance.
À tous égards, l'année 1991-1992 a
été une année riche en réalisations pour la
Société d'habitation. Dans le secteur de l'aide à la
construction et à l'acquisition d'habitations, les programmes Mon taux,
mon toit et AMI ont permis à plus de 26 000 ménages
d'acquérir une propriété. Les programmes PARCQ et PRIL ont
permis à plus de 15 000 ménages de bénéficier d'une
restauration majeure du logement qu'ils occupent, soit à titre de
propriétaire, dans le cas du programme PARCQ, soit à titre de
locataire, dans le cas du programme PRIL
Dans le secteur de l'aide au logement, le nombre de
bénéficiaires du programme Logirente, destiné aux
personnes âgées de 60 ans et plus, est passé de 42 068 en
1990 à 51 050 en 1991. Le nombre de bénéficiaires du
programme de Supplément au loyer s'est maintenu à plus de 10 500.
Dans le secteur du logement social, le nombre d'unités HLM en
exploitation s'est accru de 1891 unités, et celui des unités
gérées par des organismes privés sans but lucratif a
augmenté de 688 unités. Tout compte fait, plus de 49 000
ménages sont venus s'ajouter en 1991 à la liste des
ménages aidés financièrement par la Société
d'habitation. Ce chiffre représente une augmentation de 48,9 % par
rapport au chiffre de 33 336 ménages qui furent aidés en
1990.
Compte tenu des engagements contractés au cours des années
antérieures et des dossiers fermés et ouverts pendant
l'année, le nombre total de ménages subventionnés à
l'aide des programmes de la SHQ s'élevait, à la fin de
l'année 1991, à 205 011 unités, comparativement à
175 624 unités.
Au plan financier, des dépenses totales de 543 800 000 $ avaient
été prévues pour la SHQ en 1991-1992. De ce total, une
part de 322 000 000 $ devait provenir du gouvernement québécois
et une part de 220 000 000 $ devait provenir du gouvernement
fédéral. Vous remarquez tout de suite que la proportion est
sensiblement plus forte du côté des sommes en provenance du
gouvernement québécois.
À la fin de l'année, les dépenses probables
étaient cependant estimées à 475 200 000 $, soit 68 600
000 $ de moins que prévu. La part respective de Québec et
d'Ottawa a été réduite en conséquence à 273
400 000 $ et 201 700 000 $, respectivement. La subvention gouvernementale
à la SHQ, qui devait être à l'origine de 304 900 000 $,
sera plutôt de 244 400 000 $ pour l'exercice 1991-1992. Des
crédits de 60 500 000 $ auront ainsi été
périmés.
L'ampleur de l'écart observé entre les dépenses
prévues au budget et les dépenses réelles de
l'année est exceptionnelle. Elle trouve son explication dans les
principaux facteurs suivants. Premièrement, les dépenses
engendrées par le programme Mon taux, mon toit ont été de
29 100 000 $ alors que des dépenses de 70 000 000 $ avaient
été prévues à l'origine. Le programme, tous les
observateurs le confirment, a connu un succès remarquable. Il a permis
au Québec de réaliser la meilleure performance de toutes les
provinces canadiennes en matière de construction de nouvelles
unités. Le programme a été directement responsable de
l'ajout d'au moins 9000 unités nouvelles au parc d'habitations du
Québec. Il se pourrait qu'en réalité ce nombre ait
été sensiblement plus élevé. Nous serons en mesure
de l'établir plus tard, quand nous aurons toutes les données sur
le mouvement des constructions d'habitations au cours de la dernière
année. Mais la chute des taux d'intérêt, chute qui a
été substantielle, le coût moyen moins élevé
des unités qui ont pu être financées à l'aide du
programme, un nombre d'unités financées moins élevé
que prévu, ainsi que des retards survenus, surtout au premier semestre,
dans la réception et le traitement des demandes ont contribué
à une réduction du volume prévu d'activité. Tandis
que le programme connaissait un succès remarquable et produisait des
résultats éloquents, dont s'est réjoui le monde entier de
l'habitation, le gouvernement engageait dans le programme 41 000 000 $ de moins
que prévu.
Personnellement, étant donné les résultats
remarquables que nous avons connus, je ne suis pas du tout gêné de
cette performance étant donné l'état des finances du
gouvernement. Je pense que nous avons réussi à produire une
performance remarquable à un coût sensiblement moins
élevé que prévu. Je pense qu'il faudrait être
vraiment masochiste pour s'en attrister.
Deuxième facteur qui a contribué à la
réduction des dépenses de ce côté-là:
l'utilisation d'une somme de 10 000 000 $, provenant des excédents de
subventions antérieures du gouvernement, ajoutée à une
somme de 12 300 000 $ du
solde de Corvée-habitation qui avait été
récupérée au début de l'année 1991 pour le
programme Mon taux, mon toit - tout ça a été
annoncé clairement à l'époque - et ensuite à un
excédent de 6 600 000 $, approprié à même le surplus
de la SHQ pour l'année financière 1990. Alors, l'effet
combiné de ces trois mesures a mis à la disposition du
gouvernement des crédits plus élevés que ce qu'on pensait,
qui ont permis, par conséquent, de réduire les crédits
nouveaux, l'argent nouveau que le gouvernement devait engager dans le
programme. (15 h 50)
Et, enfin, la participation de la SHQ au déficit d'exploitation
des habitations à loyer modique a été inférieure
aux prévisions par une marge de 4 000 000 $, les revenus des locataires
ayant en effet été plus élevés que prévu et
les frais d'intérêt moins élevés; le déficit
d'exploitation a été plus modeste, et la subvention que la SHQ
doit verser comme sa part des déficits de fonctionnement, en
conséquence, a été plus basse. On avait prévu, je
pense que c'était un montant de 81 000 000 $ pour l'année
à ce chapitre-là; les dépenses vont être d'à
peu près 77 000 000 $.
Finalement, les dépenses encourues au titre des programmes PRIL
et Supplément au loyer ont été inférieures aux
prévisions par des marges respectives de 3 500 000 $etde1 600 000 $.
À propos du programme PRIL, je signale tout de suite que le
chiffre que je viens de mentionner n'est pas le plus significatif. Il traduit
les dépenses effectivement engagées par la Société
d'habitation pour le programme PRIL en 1991. Mais, effectivement, le gros des
dépenses au titre du programme PRIL va venir pour la SHQ en 1992 et au
cours des années suivantes.
Je peux dire qu'à la fin de notre exercice, c'est-à-dire
au 31 mars 1992, les crédits entiers de 55 000 000 $ qui avaient
été autorisés en engagements pour le programme PRIL ont
tous été utilisés par les municipalités. Il ne nous
restait rien à la fin de l'année. La réponse des
municipalités, qui a été un petit peu lente au
début, a été remarquablement vigoureuse à compter
de l'été, et elle s'est poursuivie, là, jusqu'à la
fin de l'exercice financier.
Alors, les explications qui viennent d'être fournies aideront
à saisir dans une juste perspective la portée des crédits
attribués à la SHQ pour l'exercice 1992-1993. Si on
établit, en effet, une comparaison entre les prévisions
budgétaires initiales de 1991-1992 et celles qui viennent d'être
dévoilées lors du dépôt des crédits pour
l'année 1992-1993, on a l'impression d'un recul, vu que les
dépenses prévues passent de 543 800 000 $, en 1991-1992, à
508 000 000 $ en 1992-1993. Mais il sera plus juste et plus réaliste de
comparer des prévisions de dépenses de 1992-1993 aux
dépenses probables du dernier exercice, c'est-à-dire à
celles que l'on pouvait raisonnablement établir vers la fin de
l'exercice.
À l'aide de cette approche, on constate que les crédits de
1992-1993 prévoient des dépenses de 508 000 000 $ contre des
dépenses probables de 475 000 000 $ en 1991-1992, soit une augmentation
de 6,9 % par rapport aux dépenses effectivement encourues en
1991-1992.
Il est vrai que les deux programmes majeurs de la Société
d'habitation dans le secteur de l'aide à la construction et à
l'acquisition d'habitations ont pris fin le 31 mars 1992 et n'ont pas
été renouvelés. Je signale cependant que ces deux
programmes très appréciés étaient
entièrement financés par le gouvernement du Québec. Les
avantages très appréciables qu'ils apportaient à un nombre
limité de ménages, sans égard à leurs revenus, se
justifiaient surtout par l'effet de stimulation qu'ils étaient
destinés à exercer sur l'industrie de la construction
résidentielle et par la réponse qu'ils permettaient d'apporter
à l'un des objectifs de la Société d'habitation qui est de
favoriser l'accès à la propriété. Sans
préjuger de ses intentions futures en ce domaine, le gouvernement estime
que, pour l'année 1992, la réduction de 10 % à 5 % de la
mise de fonds initiale requise pour les prêts hypothécaires
assurés par le gouvernement fédéral devrait assurer la
relève, de même que la mesure permettant le recours au REER pour
financer l'achat d'une maison. Soulignons en outre que les programmes Mon taux,
mon toit et AMI comportaient le plus souvent des engagements gouvernementaux
étalés sur plusieurs années. En conséquence de
cette caractéristique, les crédits de 1992-1993 prévoient
des dépenses accrues pour chacun des deux programmes, soit 33 900 000 $
pour AMI, en 1992-1993, versus 26 000 000 $ de dépenses probables en
1991-1992, et 30 300 000 $ pour Mon taux, mon toit, en 1992-1993, versus des
dépenses probables de 29 100 000 $ en 1991-1992.
On ne saurait trop souligner le travail considérable accompli en
1991-1992 grâce au programme PARCQ et PRIL Au titre des mesures de
relance de l'économie, le gouvernement autorisait des engagements
additionnels de 8 000 000 $ dans le volet rural du programme PARCQ, en
1991-1992, et ce, en sus du budget assumé conjointement avec le
gouvernement fédéral à l'égard de ce programme. En
outre, le gouvernement portait de 15 000 000 $ à 55 000 000 $ le budget
d'engagement attribué au programme PRIL entièrement
financé par le gouvernement du Québec. Grâce à ce
budget de 55 000 000 $ accordé au programme PRIL, les
municipalités et les MRC, qui agissaient comme mandataires du
gouvernement en cette matière, ont pu autoriser la mise en route de
programmes de restauration domiciliaire dont le nombre de
bénéficiaires s'est élevé à 7270. Mais les
débousés découlant de ce programme doivent être
étalés sur plusieurs années. Il en découle que les
dépenses consacrées à PRIL en 1991-1992 seront d'environ 6
400 000 $, tandis qu'elles passeront à
15 600 000 $ en 1992-1993.
La réponse des municipalités et des MRC au programme PRIL
fut quelque peu lente à venir en raison surtout de délais qui
retardèrent la transmission du matériel permanent d'information,
mais elle fut au deuxième semestre rapide et forte. À la fin de
l'exercice budgétaire, tous les crédits réservés au
programme avaient été engagés ou étaient sur le
point de l'être. Le gouvernement ne pouvait pas maintenir en 1992-1993
l'effort très important qu'il s'imposa en 1991-1992 en raison de la
récession. Pour l'année 1992-1993, des engagements atteignant 23
500 000 $ seront néanmoins autorisés dans le cadre du programme
PRIL, lequel vise la restauration d'immeubles locatifs à loyer modeste.
On ne saurait trop souligner l'importance croissante des programmes de
restauration dans l'activité de l'industrie de la construction
résidentielle. Ces programmes dépassent désormais en
importance, au point de vue financier, les programmes consacrés à
la construction d'unités nouvelles. Si les gouvernements veulent
contribuer à l'amélioration de la qualité de l'habitat
dans les centres urbains, ils devront de plus en plus s'orienter vers le
soutien à ce mode d'intervention. Les associations regroupant les
constructeurs d'habitations reconnaissent également qu'ils leur faudra
attacher de plus en plus d'importance à ce secteur.
Dans le domaine du logement social, le gouvernement du Québec
déplore vivement la décision que le gouvernement
fédéral a prise de réduire unilatéralement et de
manière radicale ses engagements, sans même prévenir ou
consulter à l'avance les provinces au sujet de ses intentions.
Après que le gouvernement du Québec eut arrêté en
février sa programmation en matière d'habitations HLM, pour
l'année courante, nous apprenions que le gouvernement
fédéral avait décidé, dans le discours sur le
budget livré à la fin de février, de réduire de 21
% cette année et de 51 % à compter de l'année prochaine
ses engagements en matière d'habitation sociale. (16 heures)
Comme la décision du gouvernement fédéral doit
connaître application dès la présente année, le
gouvernement du Québec se voit forcé de réviser sa
programmation en conséquence. Nous sommes à mettre au point une
nouvelle programmation dont la teneur sera rendue publique d'ici la fin
d'avril. Cette nouvelle programmation comportera forcément une
réduction significative dans le nombre d'unités
autorisées. Vu que le gouvernement fédéral assume la
partie la plus importante des déficits de fonctionnement des logements
à caractère social, la diminution des sommes qu'Ottawa est
disposé à engager dans ce secteur ne pourra qu'entraîner
une réduction du nombre d'unités à construire.
Cela étant dit, le gouvernement fédéral n'est pas
le seul à s'interroger sur la nécessité de revoir certains
programmes auxquels nous étions devenus habitués depuis de
nombreuses années. Les logements à caractère social
rendent d'indéniables services à des milliers de ménages
éprouvant des difficultés à se loger. Étant
donné le faible loyer exigé des locataires, chaque unité
entraîne en contrepartie un déficit d'exploitation dont le fardeau
doit être assumé par la collectivité. Le déficit
mensuel des quelque 58 000 unités que l'on compte dans le secteur public
au Québec s'élève présentement à 346,56 $
par unité.
Dans le cas des unités nouvellement construites - parce
qu'à ce moment-là le coût de construction est plus
élevé, la dette est plus élevée, vu qu'on commence
- le déficit moyen d'exploitation est d'environ 750 $ par mois, par
unité. De ce total, une partie de 59 % est assumée par le
gouvernement fédéral, une partie de 31 % par le gouvernement du
Québec, et une partie de 10 % par les municipalités. Tandis qu'un
nombre réduit de ménages logeant dans ces habitations
bénéficient ainsi de subventions importantes, des ménages
beaucoup plus nombreux et souvent tout aussi démunis doivent trouver
à se loger sur le marché privé, devant tantôt
assumer seuls le fardeau de leur loyer, devant tantôt se contenter d'une
maigre allocation de soutien versée en sus de l'aide sociale. Il y a
là une situation d'inégalité et de
déséquilibre difficilement acceptable.
Si le gouvernement fédéral avait choisi, avant d'agir,
d'ouvrir un dialogue avec les provinces à ce sujet, le Québec
aurait été heureux de participer à l'exercice. Il aurait
fait valoir la nécessité d'un rééquilibrage
général des programmes gouvernementaux en matière d'aide
à l'habitation. Il aurait souligné l'importance d'un soutien
fédéral plus efficace dans plusieurs programmes tels la
rénovation des immeubles locatifs, l'allocation-logement pour personnes
âgées et l'accès à la propriété,
où le Québec porte seul présentement un fardeau financier
d'initiatives que je qualifierais d'indispensables. Le Québec aurait
également rappelé l'urgente nécessité d'un
ajustement des seuils d'admission dans le programme PARCQ et la
nécessité d'un apport fédéral dans les programmes
de restauration de logements en milieu urbain.
Les nouvelles qu'apportait le dernier budget fédéral sont
d'autant plus regrettables qu'à compter du dernier exercice
budgétaire Ottawa avait décidé de hausser de
manière importante la part du Québec dans les budgets
fédéraux consacrés à l'habitation. Pour
l'année 1991, la part du Québec dans le budget principal, lequel
représentait 88 % du budget total de 3 300 000 000 $, était
passée à 26,5 %, soit une augmentation de plus de 3 points par
rapport au niveau de 23,2 % obtenu l'année précédente.
Pour l'année 1992, une nouvelle augmentation plus modeste avait
également été annoncée pour le Québec, mais
l'effet de cette dernière augmentation sera pratiquement annulé,
à toutes fins utiles, en
raison de l'ampleur des coupures effectuées dans le budget
fédéral consacré à l'habitation.
Les interventions du gouvernement dans le secteur de l'habitation sont
largement influencées par la conjoncture économique, sociale,
politique et budgétaire. Elles sont de plus en plus conçues et
appliquées en fonction des priorités générales
inscrites dans la politique gouvernementale. La plupart des mesures prises dans
ce secteur entraînent en outre des obligations financières pouvant
embrasser des périodes d'une longueur qui va jusqu'à 35 ans dans
le cas de maints programmes financés conjointement par le gouvernement
fédéral et le gouvernement québécois. Les
obligations que porte le Québec, au titre des emprunts effectués
ou des obligations émises par la Société d'habitation du
Québec au cours des années, dépassent maintenant 2 000 000
000 $?
Une voix: 2 000 000 000 $.
M. Ryan: En raison de ces considérations, il faut se
garder de toute comparaison à courte vue qui chercherait uniquement
à établir des rapports entre les chiffres d'une année et
ceux de l'année suivante. Si l'on s'en tenait uniquement, par exemple,
aux dépenses probables de 1991-1992 et aux dépenses
projetées pour 1992-1993, il serait facile d'établir que certains
programmes se verront attribuer, en 1992-1993, des crédits accrus alors
qu'en réalité ces programmes auront dans certains cas
cessé d'exister ou, à tout le moins, cessé de produire des
effets autres que ceux découlant d'engagements déjà
pris.
En longue période, le niveau des crédits attribués
annuellement à la SHQ fournit néanmoins une bonne indication de
l'orientation de la politique gouvernementale. Depuis 1986-1987, les
crédits attribués à la SHQ ont été
généralement stables pendant une période de cinq ans. Ils
ont ensuite connu une augmentation substantielle en 1991-1992. Ils
connaîtront de nouveau, en 1992-1993, une augmentation appréciable
puisque la Société d'habitation passera d'un niveau de
dépenses probables de 244 000 000 $ en 1991-1992 à un niveau de
dépenses projetées de 288 000 000 $ en 1992-1993.
L'évolution des sept dernières années a aussi
été généralement favorable. Pendant cette
période, les crédits budgétaires de la SHQ sont
passés de 168 000 000 $, en 1986-1987, à 288 000 000 $ en
1992-1993, soit une augmentation de 71,4 %.
Par-delà les programmes dont la gestion est assurée par la
SHQ, celle-ci, de concert avec d'autres organismes gouvernementaux, notamment
le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu
et de la Formation professionnelle, et j'ajouterais le ministère des
Finances, a entrepris un travail d'étude et de réflexion sur les
politiques gouvernementales de soutien à l'habitation. L'objet de cet
exercice est de chercher s'il pourrait y avoir des manières plus
efficaces et plus justes que celles que définissent les programmes
actuels de mettre au service des contribuables les sommes importantes que le
gouvernement engage chaque année dans le secteur de l'habitation. Il
pourrait découler de cet exercice une meilleure harmonisation des
mesures gouvernementales dans ce secteur.
Mais toute entreprise de cette nature a des implications nombreuses et
complexes. Elle touche à divers programmes mis en oeuvre dans d'autres
secteurs du gouvernement, notamment la fiscalité, le soutien à la
formation, l'aide à la famille, etc. Certaines solutions peuvent
être très attirantes au premier regard. Un examen critique oblige
cependant à y déceler, la plupart du temps, des failles majeures.
Conscient de ces difficultés, le gouvernement préfère
procéder dans ces matières avec prudence, sans
précipitation. Il n'en est pas moins conscient des difficultés
aiguës et souvent urgentes auxquelles font face des milliers de foyers en
matière d'habitation. Il demeure résolu à venir en aide
à ces foyers suivant des modalités qui puissent répondre
à leurs besoins tout en tenant compte des ressources limitées
dont dispose l'État à cette fin, et tout en tenant compte aussi
de l'effort prioritaire que chaque ménage doit fournir lui-même,
jour après jour, dans la recherche d'une solution à ses
problèmes en matière de logement.
Le Président (M. Garon): Alors, merci M. le ministre. M.
le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je n'ai pas de
texte, mais je vais essayer de faire le tour rapidement des sujets qui ont
été traités par le ministre. Et probablement que je vais
l'amener complètement sur une autre vision et sur un autre ton, parce
qu'on a traité de beaucoup de choses: de coupures, de logement social,
de décisions du fédéral. Et ce qui en découle,
d'après la lecture du texte, c'est bien plus sur un ton de fatalisme, de
résignation. C'est donc dire qu'il va falloir arrêter de vouloir
continuer à accepter la pauvreté et y contribuer. Il va falloir,
à un moment donné, décider de se battre et puis faire
quelque chose. C'est devenu intolérable. (16 h 10)
Et moi, je vais le prendre avec quelques points. D'abord, le secteur de
l'habitation. Comme tel, on sait tous que, d'après la Constitution de
1867, c'est de juridiction provinciale; ça nous appartient. Sauf qu'avec
le temps le fédéral a non seulement empiété, avec
son pouvoir de dépenser, mais il en a pris un large champ et ça
s'est amplifié, avec l'entente fédérale de 1986, au point
où, maintenant, le Québec est complètement
dépendant ou il l'est très largement, et il l'est par rapport
même aux orientations qui nous sont imposées par le gouvernement
fédéral. De façon
unilatérale, sans consultation - et le ministre l'a dit
textuellement - il décide à un moment donné de modifier
des choses, de nous imposer des coupures, peu importent les engagements que,
nous, on a pris et la planification que, nous, on veut se donner comme
société. Je dois dire que c'est intolérable comme
planification et comme développement d'être toujours
dépendant de quelqu'un en haut qui, lui, décide de nous imposer
ses restrictions, ses coupures, ses orientations. Habituellement, quand on veut
imposer à quelqu'un des nouvelles orientations, on en discute ou on paie
pour. Mais là on coupe et on impose. J'aurais espéré que,
dans ce domaine-là, le ministre ne dise pas ce qu'il a dit finalement -
puis on va en discuter tantôt, ce sera certainement un point sur lequel
on va échanger - et qu'il ne nous répète pas aujourd'hui
ce qu'il a dit au congrès de l'Union des municipalités en fin de
semaine, sur un ton plutôt fataliste, de résignation: Ils nous ont
coupés. On va s'ajuster. C'est l'harmonisation.
Je ne suis pas d'accord avec ça, je vous le dis, et je ne suis
pas tout seul. Ils sont nombreux, les gens qui ont décidé de
prendre une vision différente par rapport à cette façon du
gouvernement fédéral de voir les choses et à cette
façon de se prendre pour je ne sais pas qui, mais de prendre les autres
pour n'importe qui. C'est exactement comme ça qu'ils agissent. Puis en
matière d'habitation... Pas le ministre fédéral de
l'habitation parce que, selon les commentaires qu'on a eus au cours des
derniers mois, il était plutôt favorable à du logement
augmenté. D'ailleurs, les chiffres que vous avez cités nous
permettaient d'espérer un peu plus, pour une fois, au Québec,
mais le gouvernement fédéral comme tel, lui, a
décidé qu'il y avait un comportement inacceptable, pour ne pas
prendre d'autres termes.
L'habitation, c'est important. C'est tellement important, et pas
seulement pour la construction, mais pour le logement social; c'est une
préoccupation majeure. Prenez à peu près tout ce qui sort
comme politique de vos collègues ou de ce qui vient des conseils
existants, que ce soit le Conseil de la famille, le Conseil permanent de la
jeunesse, ce qui existe comme comités officiellement mandatés par
le gouvernement pour faire des suggestions ou des groupes bien
structurés dans la société, on en revient toujours
à un point majeur par rapport à la misère et à la
pauvreté qui se vit, au logement comme un des fondements ou un des
secteurs prioritaires pour aider les gens. Qu'on prenne le Conseil des
communautés culturelles, il en avait fait un point majeur d'aide aux
nouveaux Québécois, ceux qui ont décidé ici...
L'habitation, le logement était un des premiers points qui a
été traité par le Conseil des communautés
culturelles. Le Conseil de la famille a fait la même chose en disant: II
faut du logement; il faut s'en occuper davantage et il faut mettre une urgence
et une aide particulière. Il faut avoir une préoccupation par
rapport au logement social. Pourtant, on ne le retrouve pas aujourd'hui.
Dernièrement, tout dernièrement, le rapport qui a
été déposé au ministre de la Santé et des
Services sociaux, le rapport de M. Camil Bouchard, «Un Québec fou
de ses enfants», traite aussi du logement comme d'un point essentiel,
majeur, et une de ses recommandations, une de ses exigences qui est
répétée et ramenée même dans la conclusion:
II faut plus de coopératives d'habitation; c'est une façon
d'aider des citoyens à revenu modeste ou à revenu bas à
être capables de s'en sortir. Et là c'est tout le contraire qu'on
nous annonce aujourd'hui, autant au niveau fédéral que
provincial. Donc, on ne tient pas compte de ce que les rapports nous demandent
en matière de logement, et ça je ne peux pas dire que je suis
d'accord avec ça. Je suis d'accord avec eux autres, je ne suis pas
d'accord avec la façon dont on reçoit ce que les gens nous
demandent, les recommandations qu'ils nous proposent. On n'en tient pas compte
et c'est dommage.
Mais c'est quoi, la situation actuelle? Est-ce que ça
s'améliore? Est-ce qu'on peut se permettre le retrait qu'on est en train
d'apprendre ici aujourd'hui? C'est ça qui est l'orientation du
gouvernement. C'est ça l'orientation en matière de logement, de
construction et d'habitation: c'est le retrait tranquille. Pourtant, on a juste
à regarder ce qui est sorti tout dernièrement pour s'apercevoir
que c'est le contraire. On a le choix dans une société. Une
société qui s'appauvrit, puis dont on contribue à
l'appauvrissement, puis tout le monde est plus pauvre, puis vive la
misère. C'est un peu ça. Puis je dois dire, le discours que
j'entends de ce temps-là, c'est lamentable et inquiétant:
Ça va mal, on a fait ce qu'on a pu, ça n'a pas donné les
résultats qu'on a voulus, on n'en fait pas plus, merci beaucoup. Voyons
donc! «C'est-u» une façon d'administrer un État?
Ça va mal, et puis regardez les résultats: la chute des emplois,
la chute de la construction. Grâce au programme Mon taux, mon toit,
ça a fait que la chute a été moins lourde qu'ailleurs; on
est contents.
Moi, je ne suis pas content. Je ne me résigne pas à
ça. Je ne voudrai jamais me résigner à ça. La
pauvreté, il faut la combattre, il ne faut pas la partager. Et ce qu'on
est en train de faire comme société, on se partage la
pauvreté. Et toutes sortes d'études le disent: Par son
comportement, Québec crée la pauvreté. Et c'est par des
misères comme celles qu'on est en train de vivre qu'on crée la
pauvreté. Regardez les derniers chiffres qui sont récents. Il
faut le dire. Dans le journal Les Affaires de samedi, 4 avril, ça
ne fait pas longtemps, c'est la dernière édition qui est sortie:
«Un logement locatif sur six est en mauvais état à
Montréal.» Vous voyez. Vous la connaissez, la situation de
Montréal. Comme métropole, qu'est-ce qu'on est en train
d'en faire, sinon de la vider, puis de faire en sorte que... On peut
bien mettre ça sur le dos du maire de Montréal; ça, c'est
une affaire. On va attaquer une personne, on n'aura pas réglé le
problème. Il va falloir, chacun des ministres, prendre ses
responsabilités par rapport aux secteurs qui nous concernent.
Montréal vit une situation dramatique, tout le Québec est en
train de vivre une situation difficile à cause de ça - il ne faut
pas se le cacher - pas juste Montréal, mais on ne peut pas accepter que
Montréal soit en train de tomber comme on le voit là - regardez
les articles de la fin de semaine - puis dire qu'on ne fait rien.
Là, je regarde. «Un logement sur six est en mauvais
état.» Et parmi les autres problèmes, c'est un
problème d'accessibilité financière. Et on nous propose
quoi comme solution - comme si on était en dehors de la
réalité - on nous propose quoi? On nous dit: PRIL, on est bien
contents, on a tout engagé l'année passée. On a fait un
effort, mais ne nous en demandez pas tant cette année, comme si la
récession, la crise et la misère étaient en arrière
de nous! Ce n'est pas vrai, malheureusement. Ce n'est pas vrai. On a encore
perdu... Le premier ministre le disait cet après-midi: 29 000 jobs en
mars. Est-ce que c'est encourageant et est-ce qu'on peut se dire qu'on n'a pas
notre part à faire comme collectivité pour relancer
l'économie? Puis le secteur de la construction, ce ne serait pas
important? Moi, je ne suis pas capable d'accepter ça.
On dit: Des gens ont questionné des experts, un conseiller
immobilier. M. Untel dit qu'un sur six on est très conservateurs. Ce
serait certainement plus que ça, parce qu'il ne faut pas oublier que 60
% des logements à Montréal ont plus de 30 ans. Ça, c'est
la situation actuelle dans le domaine du logement.
Quand on regarde mardi, le 10 mars, c'est encore très
récent, dans le Journal de Québec: «La hausse timide
des revenus de l'an dernier. Le revenu des travailleurs s'est accru en 1991 au
taux le plus faible depuis les 30 dernières années.» C'est
ça, la situation qu'on vit au Québec. Depuis 30 ans, il n'y a
jamais eu une hausse aussi faible des revenus des contribuables. Puis,
tantôt, ça va m'amener à discuter avec la Régie du
logement de l'augmentation des loyers par rapport à ça. Quand on
tient compte de ça puis qu'on sait ça, il faut, je pense, quand
on ouvre un débat, regarder la situation puis ce qu'on peut faire.
Ça, ça l'est, la réalité. La situation, c'est
ça: On est pauvres. On s'appauvrit. Et le discours que j'ai entendu et
quand je lis les crédits, ça nous dit: On en a fait
l'année passée, parce qu'on était en crise, on va en faire
moins cette année, comme si on ne l'était plus, alors qu'on l'est
encore.
Et on ne fait pas notre part, on ne fait pas notre contribution comme
organisme public, dont la Société d'habitation du Québec
dont on étudie les crédits maintenant. On ne fait pas d'effort,
ni d'imagination ni d'investissement, pour être un
accélérateur, pour être quelqu'un qui va se lancer, pour
aider davantage. On nous dit dans la construction, encore une fois, mains et
poings liés: Bravo au fédéral. Il y a deux mesures qui
font que ça va être 5 % au lieu de 10 % que ça va prendre
de capital pour devenir propriétaire et on peut utiliser son REER. Comme
il y a deux mesures, comme le taux d'intérêt est bas, bien nous,
cette année, on ne fera rien. C'est ça que le discours du
ministre nous dit. On ne fera rien. (16 h 20)
En tout cas, les chiffres, depuis le début de janvier, ne nous
disent pas que c'est suffisant. Si on pense que la construction, c'est
important, il faudrait faire quelque chose. Ce que nous disent les chiffres,
sur une base annuelle, des constructions de février: on s'en allait
à 18 000. Heureusement, sur la base des chiffres de mars, on s'en va
à 26 000 unités en 1992. Mais c'est drôlement bas, c'est
drôlement inquiétant, et ce n'est pas vrai que la chute est aussi
forte partout dans les autres provinces. Donc, on fait quoi? Est-ce qu'on ne
pouvait pas s'attendre à ce qu'il y ait des annonces qui soient un peu
encourageantes, un signe d'optimisme pour les citoyens? Moi, je dois vous dire
que je n'en ai pas vu.
J'ai de la difficulté en regardant la situation, l'importance du
secteur, à voir qu'on a périmé - le ministre le disait
lui-même, je voudrais reprendre les bons chiffres - 60 000 000 $. On a
périmé 60 000 000 $ l'année passée. Le ministre l'a
expliqué. Ah oui! ça, O.K. Mais rien n'empêche que 60 000
000 $ sont périmés; ils n'ont pas été
dépensés. Cette année, il faut comparer des choses
semblables. C'est trop facile, d'une année à l'autre, de dire ce
qu'on a dépensé par rapport à ce qu'on va planifier. Quand
on est ici pour étudier les crédits, on regarde ce qui
était planifié l'année passée par rapport à
ce qu'on va planifier pour l'année qui vient, parce que c'est comme
ça qu'on est capable d'évaluer les intentions, les orientations
dans la matière qui nous concerne.
Donc, dans les deux cas, je dois vous dire, on a périmé 60
000 000 $ alors qu'on aurait pu essayer de dépenser ce qu'on a voulu...
Vous allez me dire: Oui, mais il y a eu les décisions
fédérales. Effectivement, encore une fois, on se résigne.
On a périmé 60 000 000 $ et ce qu'on nous annonce, là,
c'est qu'il va y avoir 14 000 000 $ de moins de planifiés dans le
logement cette année par rapport à l'année passée.
Ça, on va avoir des questions là-dessus. Non seulement il y a 14
000 000 $ mais, en écoutant le ministre tantôt, on a appris qu'il
y a 64 000 000 $ - et, puis, bon, c'est correct que ce soit comme ça
là - mais dans les 64 000 000 $ qu'on va payer cette année, qui
vont être pour ce qu'on a dépensé l'année
passée dans AMI et dans Mon taux, mon toit, ça nous enlève
encore de l'argent pour ce qu'on veut
faire cette année. Je veux dire qu'il va finir par ne pas rester
grand-chose!
Et, en plus, j'ai hâte de voir si les crédits qui sont
déposés ici tiennent compte des dernières annonces du
gouvernement fédéral qui contribue à des programmes, qui a
annoncé qu'il y avait une contribution. J'espère que oui.
Autrement, ça voudrait dire qu'on se ramassera l'an prochain avec une
surprise aussi forte ou aussi déplaisante que celle qu'on a eue cette
année en disant: Coupure de 64 000 000 $! Ça pourrait être
autant ou plus l'année prochaine en disant: Mais oui, mais vous saviez
que le gouvernement fédéral avait décidé de nous
couper de 21 % et, ensuite de ça, bon, ça va en augmentant. Mais
21 %, comme on est dépendants, finalement, des politiques et des
programmes fédéraux, bien, on n'a pas pu dépenser autant
parce que le gouvernement fédéral n'a pas mis sa part.
Je trouve que les chiffres ne sont pas encourageants par rapport au
logement. Mais il y a des inquiétudes, par exemple, qui ont
été soulevées par bien du monde. De ce que je lis ici, les
gens ont raison d'être inquiets. J'espère qu'on va sortir en
confirmant ou en niant les inquiétudes qu'on va discuter cet
après-midi, mais le danger par rapport à ces inquiétudes
exprimées par bien des gens, elles ont encore été
ramenées dans votre discours, M. le ministre. Je pense au budget. Quand
on les regarde un par un, on s'aperçoit qu'il y a eu des montants
périmés et on annonce moins pour l'an prochain. Quand on regarde
juste là, c'est à peu près 12 000 000 $ de HLM publics qui
n'ont pas été réalisés cette année par
rapport à ce qui avait été prévu. On n'est pas
allés au maximum dans le Supplément au loyer. On n'est pas
allés au maximum dans PRIL, mais ça, c'est des engagements qui
vont être ramenés l'année suivante. Mais là on nous
dit: II ne faut pas croire, il ne faut pas penser - c'est à peu
près la conclusion de votre intervention - parce qu'il y a des montants
qu'on vous dit plus gros, qu'il va y en avoir plus dans les programmes. Il
n'est pas question de ça, par les chiffres que je vous ai donnés
tantôt, ce qu'on va payer de l'année passée et les coupures
qui vont probablement nous arriver par les restrictions qui nous sont
imposées par le gouvernement fédéral.
Donc, les budgets nous montrent déjà qu'à peu
près dans tous les secteurs, y compris la rénovation qui prend de
l'ampleur, on ne sera pas là pour aider davantage, que, si on ne peut
pas amener la reprise, au moins de faire en sorte que la chute et la crise
soient moins fortes. Ça, on ne l'a pas.
Les coopératives. Bien, ça, on va faire un bout
là-dessus certain tantôt. Ça va être quoi
l'orientation qu'on va prendre? Ça va être quoi qu'on va
défendre? Où on s'en va là-dedans? On ne le sait pas. Ce
qu'on sait, c'est que le fédéral se retire, et c'est à 80
%, des coopératives. Et puis au Québec, probablement, comme on
nous coupe 21 % dans les logements sociaux, et il y a une contribution
fédérale dans les HLM privés sans but lucratif, ça
veut dire qu'il faut s'attendre à en avoir moins cette année.
Alors que c'est une formule qui est proposée, défendue et
recommandée par à peu près l'ensemble de tous les
intervenants, bien nous, ici, on va en mettre moins et, si j'ai bien compris la
décision du ministre, on se résigne aux coupures du gouvernement
fédéral au lieu de se battre. la construction. les gens
s'inquiètent. on y reviendra plus précisément
tantôt. mais vous avez vu, que ce soit n'importe laquelle des
associations de constructeurs du québec, on espère qu'il va se
produire quelque chose parce que, cette année, le début de
l'année est plutôt catastrophique. je vous le disais tantôt,
les chiffres de février nous ramènent au pire de la crise de
1982. les chiffres de mars, une légère augmentation, mais c'est
encore moins que l'an passé, qui était la plus basse des
années depuis la grande année de 1987. donc, on est encore en
descente et on se résigne à ce que fait le gouvernement
fédéral. mais une des inquiétudes qui est amenée
par bien des gens - on demande une réponse et on ne l'a pas; je vais la
reposer tantôt, la question, c'est évident - c'est: qu'est-ce
qu'on va faire? est-ce que la tvq va s'appliquer à l'habitation,
à la construction le 1er juillet 1992? encore une fois, si on
amène cette tvq au niveau de la construction, on pourra se dire merci
comme société, probablement, parce qu'on aura contribué
à aggraver la situation économique, la dépression
plutôt que la reprise économique. les gens l'ont dit, c'est
probablement une augmentation de 5,5 % sur une maison. ça va affecter
non seulement la construction neuve, mais largement un autre secteur qui est
important, c'est la rénovation. donc, on va discuter
là-dessus.
En conclusion, le dernier point qui est une inquiétude... Parce
que je ne vais pas dans tous les détails, je veux qu'on se garde plus de
temps pour échanger. La dernière section de votre discours
portait sur l'harmonisation. L'harmonisation, de la façon dont vous
venez d'en parler, là, ça confirme de plus en plus que vous avez
l'intention de mettre en application le document qui a été rendu
public au cours des derniers mois et qui nous montre... L'intention du
gouvernement, ce n'est pas l'harmonisation par rapport à la
misère, ce n'est pas l'harmonisation par rapport à ce qu'on veut
faire pour aider les gens, c'est l'harmonisation avec la fameuse loi 37 tant
décriée, la fameuse loi 37 qui a appauvri les
Québécois en grande partie. Je vous le disais tantôt: le
Québec coupable de sa pauvreté. La loi 37 appauvrit les gens au
point où on doit nourrir les enfants dans les écoles. On est
rendus là, c'est une réalité. C'est tellement reconnu
qu'à la rencontre du Parti libéral dernièrement, il y
avait un document de réflexion du groupe de
travail sur la lutte contre la pauvreté et l'appauvrissement.
C'est rendu que nos partis politiques ne parlent plus seulement de lutte
à la pauvreté, on parle d'appauvrissement. On est rendus
là, et c'est le Parti libéral. Donc, c'est une
réalité qui est reconnue et sur laquelle on devrait avoir des
mesures pour aider.
Il y a des recommandations dont on va palier tantôt, des
recommandations intéressantes, sauf que mon problème, c'est que
les recommandations intéressantes qu'on retrouve lors de cette rencontre
ne sont pas retenues dans le discours que j'ai entendu tantôt.
J'espère que je vais vous convaincre de changer d'idée ou que
vous allez me convaincre que j'ai mal compris. Mais je vais vous dire que
ça va, dans bien des cas, en contradiction flagrante avec les
recommandations qui sont faites par le Parti libéral.
Vous êtes venu le confirmer en parlant d'harmonisation, à
la page 17 tantôt, parce que c'est dit: «Par-delà les
programmes dont la gestion est assurée par la SHQ, celle-ci, de concert
avec d'autres organismes gouvernementaux, notamment le ministère de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle - et vous avez pris la peine de l'ajouter - et le
ministère des Finances...» Vous êtes venu confirmer ce qu'on
a trouvé dans le document d'harmonisation qui dit qu'en fait ce n'est
pas une harmonisation en vue d'aider qu'on veut apporter, c'est une
harmonisation avec la loi 37, un mandat imposé par le ministre des
Finances et le président du Conseil du trésor pour
récupérer de l'argent. On dit plus loin qu'il faut une meilleure
harmonisation, comme si on pouvait faire plus avec moins sur le dos des
pauvres. Donc, l'harmonisation veut dire de dépenser moins. Vous l'avez
laissé entendre, c'est clair. Je dois dire: c'est très
honnête, c'est bien, sauf que ce n'est pas ce que je pense, moi,
souhaitable dans la situation actuelle, dans le contexte économique
qu'on traverse, quand on sait qu'il y a près d'un demi-million de
personnes qui sont sans emploi identifié, plus ceux qui sont sur l'aide
sociale, donc au-delà de 1 000 000 de Québécois qui n'ont
plus de revenu de travail mais qui en veulent. (16 h 30)
Ça, c'est une affaire, c'est une catastrophe. Comme
société, est-ce que nous, ici, aujourd'hui, on est en train de
donner de l'espoir aux gens? Est-ce que nous, on est en train de donner
à nos entreprises dans le domaine de la construction-rénovation,
comme la construction de neuf, un espoir qu'ils vont avoir un encouragement?
Est-ce qu'on est venu leur dire, aujourd'hui, que le ministre qui est
responsable du secteur de l'habitation a l'intention de se battre - en sachant
tout son poids politique au Conseil des ministres - pour que la TVQ ne
s'applique pas le 1er juillet? Non. Ça, on n'en a pas entendu parler.
Est-ce que les intervenants qui vont certainement nous lire ou nous entendre
ont trouvé, aujourd'hui, ce qu'ils voulaient entendre du ministre
responsable de l'habitation? Un gars déterminé. Ça nous
laisse entendre dans son discours qu'il est choqué. Mais, est-ce que
ça nous laisse entendre qu'il est aussi déterminé qu'il
est choqué par rapport au geste qu'il a qualifié, lui-même,
d'inacceptable, du geste du gouvernement fédéral de venir nous
couper, de venir nous pénaliser en termes d'investissements, en termes
d'aide? Non. Au contraire, c'est, encore une fois: Bien, on va s'y conformer,
puis on va aller à la baisse. Dans certains cas comme PRIL, on va
prendre la relève.
On ne se bat pas alors que tous les intervenants se sont
mobilisés, ont dénoncé. Les ministres de l'habitation des
autres provinces ont dénoncé cette façon de faire du
gouvernement fédéral en disant que c'est unilatéral, que
ça n'a pas de bon sens, que ce n'est pas le moment opportun, dans une
période de crise économique, pour venir affecter la construction
ou l'aide aux plus démunis. C'est essentiel, c'est une
responsabilité collective qu'on devrait avoir. On n'a pas
retrouvé ça et on n'a pas retrouvé des crédits
additionnels. On a des explications sur les 60 000 000 $ de
périmés, on a une orientation sur la volonté d'en mettre
moins, d'en investir moins.
C'est inquiétant et l'harmonisation vient nous confirmer que,
probablement, on va continuer à appauvrir une partie importante de notre
population en récupérant sur l'argent qu'on donne dans le
logement social et en brassant un peu l'argent qu'on possède, en ayant
un... ce que vous appelez une meilleure harmonisation des mesures
gouvernementales, c'est-à-dire qu'il y en a des pauvres qui sont moins
pauvres. Il faudrait en arracher à eux autres, entre autres, ceux qui
sont dans les HLM, pour donner à d'autres pauvres. C'est exactement
ça que la politique d'harmonisation - le document qui est disponible
maintenant, puis qu'on peut lire - c'est l'orientation que ça donne.
L'État fait une économie de 50 000 000 $ chez des gens qui sont
perçus comme pauvres selon les programmes actuels et qu'on aide. On va
leur en enlever, pas seulement pour économiser, mais pour partager avec
d'autres pauvres, plus pauvres qu'eux autres. On peut faire une bonne
harmonisation, mais je ne pense pas qu'on puisse économiser dans une
période comme ça.
Je conclurais par une première question. Ensuite, vous pourrez
répondre à ça, puis à mes commentaires. On retrouve
justement dans la rencontre qu'il y a eu - vous n'appelez pas ça un
conseil national, c'est un conseil général. Le conseil
général du Parti libéral, le dernier qui a eu lieu
dernièrement, là, au mois de mars. Il y a une recommandation qui
est très claire et je reviens là-dessus. Vous allez me trouver
fatigant, mais ça fait tellement longtemps que je vous le demande.
Là, ce n'est plus moi qui vous le demande, puis je n'en ai pas
parlé jusqu'à
maintenant... Je l'amène parce que c'est eux qui l'amènent
comme quelque chose qui me semble important, puisque c'est la résolution
24. Avec tous les attendus, là...
Attendu que le logement et la qualité de vie sont
indissociables;
Attendu que chaque individu a droit à un logement convenable
répondant à ses besoins propres et sans discrimination, qu'il
soit nouvel immigrant, personne âgée, célibataire ou membre
d'une famille monoparentale;
Attendu que le logement social est une nécessité au
Québec, compte tenu du nombre grandissant de gens à faible
revenu;
II est résolu que le gouvernement du Québec s'engage
à organiser un colloque d'envergure provinciale sur les problèmes
de l'habitation.
Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne résolution? Est-ce
qu'on peut s'attendre - parce que nous, ça fait des années qu'on
le demande, puis ce n'était pas utile... Maintenant que c'est
demandé par le conseil général du Parti libéral du
24 mars dernier, que le gouvernement s'engage à organiser un colloque
d'envergure provinciale sur le problème de l'habitation, peut-on penser
que maintenant la situation est assez grave et préoccupe suffisamment
l'ensemble de la société, y compris le gouvernement actuel, pour
qu'on ait enfin une consultation et qu'on sache un peu plus où on s'en
va comme société?
Le Président (M. Garon): Est-ce qu'il y a d'autres membres
de la commission qui veulent faire des remarques préliminaires? Alors,
M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui. Je voudrais reprendre un certain nombre d'items
qu'a abordés le député de Shefford dans son intervention.
Je signalerai tout d'abord que le député de Shefford serait plus
crédible s'il n'avait pas adopté au début de la
dernière année le même ton négatif qui a
caractérisé son intervention d'aujourd'hui. À l'entendre
parler, l'an dernier, il n'y avait rien de bon dans le programme du
gouvernement. Tout était négatif, c'était un langage
misérabiliste et le plus péquiste qu'on pouvait imaginer.
Aujourd'hui, lui-même sera le premier à reconnaître que les
réalisations du gouvernement dans le secteur de l'habitation au cours de
la dernière année ont été parmi les meilleures des
10 dernières années. Je pense qu'il conviendra de ça, sans
discussion, dans les moments d'honnêteté dont je le sais
capable.
Alors, si, par conséquent, il n'avait pas eu cette habitude -
dont il nous a souvent infligé la manifestation - de voir uniquement le
côté noir des choses, ce serait encore plus intéressant de
discuter avec lui, même si on aime quand même le rencontrer et
échanger à propos d'habitation avec lui. Je veux l'assurer que je
suis très intéressé à ça.
Il a dit, par exemple: II est intolérable que le gouvernement du
Québec soit toujours dépendant du gouvernement
fédéral. C'est une affirmation grossière, injuste - je
vais prendre les termes de M. Daoust, dimanche dernier - inacceptable,
intolérable. Les principaux programmes du gouvernement sont des
programmes dont il a pris l'initiative lui-même, mais qu'il finance
entièrement. Le programme Mon taux, mon toit, il n'y avait pas un cent
d'argent fédéral. Il y avait juste une chose: ils sont venus,
à la fin, ajouter un petit élément à propos de
l'accès à l'assurance-prêts justement qui a
été apprécié, mais qui était un
élément minable dans l'ensemble du dispositif que nous avions mis
sur pied. Le programme AMI, ça, ça dure depuis déjà
trois ans et je ne me souviens pas que le député de Shefford ait
jamais eu des remarques publiques favorables à ce programme magnifique,
entièrement financé par le gouvernement du Québec.
Logirente, ça, ça va l'intéresser plus parce que ce
programme-là - est-ce que je serais injuste en disant qu'il avait
commencé sous le gouvernement précédent? On est prêt
à reconnaître les bons coups du gouvernement
précédent, pas de problème, mais c'est entièrement
financé par le gouvernement du Québec. Le programme PRIL,
entièrement financé par le gouvernement du Québec.
Puis, se faire dire: «Vous êtes entièrement
dépendants d'Ottawa», c'est désagréable. Puis, je
pense que ce n'est pas juste. Je vous le dis en toute amitié: Je
n'accepte pas cette critique. Je pense que le gouvernement du Québec a
pris beaucoup d'initiatives dans le domaine de l'habitation et nous allons
continuer d'en prendre. Je répète ce que j'ai dit à propos
du gouvernement fédéral. Là, nous sommes dans un
système fédéral où le gouvernement
fédéral, depuis la fin du dernier conflit mondial,
c'est-à-dire depuis 1945, a assumé un rôle important dans
le domaine de l'habitation. Il faut bien se rendre compte de ce
qu'étaient les conditions à l'époque. Les soldats
revenaient de la guerre par centaines de milliers, toute l'industrie avait
été mobilisée pendant six ans par la fabrication d'engins
de guerre et la production de biens directement reliés à l'effort
de guerre. Un immense effort de reconstruction s'imposait après la
guerre, puis il y a deux grandes voies qui ont été choisies par
le gouvernement de l'époque. D'abord, le développement de
l'habitation, la conversion de l'industrie à des fins de paix et le
renforcement des dispositifs de sécurité sociale. Ça,
ça a été les trois grandes caractéristiques des
politiques du gouvernement fédéral. On a fonctionné dans
cette orientation pendant de nombreuses années et le gouvernement
fédéral est intervenu dans le secteur de l'habitation au titre
qu'il avait d'une responsabilité en matière de stimulation de
l'économie.
On ne peut pas prétendre qu'un gouvernement fédéral
est entièrement libre de toute responsabilité en matière
de stimulation de l'économie.
Le député convient lui-même, d'autre part, que le
secteur de la construction résidentielle est un des
éléments moteurs pour la marche de l'économie. Alors, le
gouvernement fédéral est intervenu, il a mis sur pied des
programmes qui comportaient un partage avec les provinces. Avec les
années, nous en sommes venus à rapatrier la responsabilité
complète de la gestion de ces programmes. Ça, c'est nous autres
qui avons obtenu ça, hein - il y a trois ou quatre ans, lors de la
dernière entente en 1986 - la gestion complète de ces programmes?
Une drôle de dépendance! Nous ne sommes pas montés sur le
mont Royal avec ça, mais nous l'avons obtenu. Depuis ce temps-là,
nous gérons entièrement les programmes, ce qui fait qu'on va
gérer des crédits d'au-delà de 500 000 000 $ cette
année, alors que le gouvernement du Québec va mettre à peu
près la moitié de ça dans la cagnotte. Ça vaut la
peine! (16 h 40)
Le député souligne un point, et je ne veux pas du tout
reculer sur ce que j'ai écrit dans mon intervention liminaire. Il a
raison de souligner que le retrait unilatéral du gouvernement
fédéral, comme il l'a fait cette année, est inadmissible.
Là-dessus, je ne recule évidemment pas d'un pouce par rapport
à ce que j'ai dit. Mais, si le gouvernement fédéral nous
avait consulté, nous lui aurions dit que nous étions prêts
à faire un bout de chemin avec lui dans l'examen, la révision des
politiques suivies jusqu'à maintenant. Ça, c'est un débat
fondamental que nous devons inaugurer. Je pense que l'échange de cette
année nous permet de le faire.
Dans quelle mesure devons-nous continuer, comme gouvernement, à
construire des logements aux frais des contribuables? Dans quelle mesure est-il
nécessaire que le gouvernement continue à être un
constructeur et un propriétaire d'habitation? Je pense que la question
est légitime. Il y a deux choses qui nous incitent à l'examiner
de front. Il y a tout d'abord le coût des logements sociaux. Là,
la thèse n'est pas faite en faveur d'un point de vue ou de l'autre, de
manière définitive, loin de là. Il y en a qui disent:
Regardez, dans l'immédiat. Déficit mensuel: 356 $; les nouveaux
projets: 750 $ à 800 $, suivant le cas; dans les OSBL, c'est un petit
peu plus élevé. Les organismes privés sans but lucratif,
ça peut aller chercher entre 800 $ et 900 $ de déficit moyen par
mois. Ça, ça vient s'ajouter à d'autres mesures de soutien
du revenu que le gouvernement institue à l'endroit de familles. Mais,
si, en même temps, vous avez une allocation-logement qui rapporte aux
familles qui en ont besoin 50 $ par mois - parce qu'elles sont sur le
marché privé - et que vous donnez 800 $ par mois à une
famille qui est sur le marché public, je pense qu'on est fondé et
même obligé de se demander si on doit continuer dans cette
voie-là. Alors, c'est la question que nous posons. Nous ne la
résoudrons pas de manière précipitée.
Il n'est pas question de sauter aux conclusions de l'autre
côté, parce qu'il y a des économistes ou des analystes qui
vont soutenir que, sur une base de 35 ans, la dépense que le
gouvernement consent permet d'accumuler un capital qui, à la fin, nous
laisse plus entre les mains que les paiements liquides qu'on ferait à
des individus sous forme d'allocation de logement. Ça vaut la peine de
le regarder. Moi, je n'ai pas tiré de conclusion définitive, mais
je me dis: II faut qu'on arrête d'être guidés, dans cette
société, par des fantômes, par des slogans et des
idées toutes faites. Je vous donne un exemple: Vous autres, le Parti
québécois, vous promenez depuis des années: Loi 101, il ne
faut pas toucher à ça! Il ne faut pas toucher à ça.
Ça veut dire qu'il faudrait tous être assis là et ne jamais
rien faire, même si ce n'est pas bon. On a eu un exemple avec le cas de
Rosemère, qui nous invite à nous poser des questions. Ce n'est
pas la fin du monde, se questionner. Moi, je vous dis là-dessus: Nous ne
sommes pas à la remorque du gouvernement fédéral. S'il y
en a un qui le sait, c'est le gouvernement fédéral. Quand il
transige avec le ministre actuel, il sait très bien que le ministre
n'est pas à la remorque du gouvernement fédéral. Je pense
que c'est assez connu. Ça, c'est un point que je voulais clarifier.
Un deuxième point. Il y a beaucoup de choses évidemment
qui ont été soulevées, mais c'est l'occasion de faire un
débat de fond. Je voudrais assurer le député de Shefford
que, quand nous parlons d'harmonisation, nous ne parlons pas uniquement de
prendre, disons, les sommes qui sont dans les HLM, de les transférer
plutôt dans les OSBL, de jouer avec les mêmes sommes et de dire:
Finalement, le pauvre de la catégorie A, on va le frapper un peu moins
fort. On va en donner un peu plus à l'autre, on va faire du yo-yo avec
ça. Pas du tout! Pas du tout! Ce que nous envisageons, c'est plus que
ça. C'est pour ça que l'exercice est complexe. Il faut se
demander quelles sont les mesures de soutien à l'habitation que le
gouvernement finance directement ou indirectement. Est-ce que ces mesures
pourraient être déployées d'une manière plus
pertinente pour lutter contre la pauvreté, justement? Vous allez
prendre... On a plusieurs programmes de remboursement d'impôt foncier. On
a - je ne sais pas si le député est au courant de ces
programmes-là - un programme automatique. Quand vous êtes au
sommet du supplément de revenu garanti, vous allez toucher
automatiquement, si vous êtes une personne âgée, une
déduction de 100 $ de votre impôt, un crédit d'impôt
de 100 $. Vous avez droit, en plus, à un remboursement d'impôt
foncier, jusqu'à concurrence d'un certain montant d'impôt foncier.
Savez-vous que, dans les mesures que nous avons actuellement, il y a des foyers
qui ont des
50 000 $ ou 55 000 $ par année de revenus et qui touchent un
remboursement d'impôt foncier? On peut s'interroger, voir si on ne
devrait pas établir un petit peu plus d'équilibre
là-dedans, peut-être en mettre plus du côté de ceux
qui en ont besoin.
Ça, c'est un exemple que je veux donner de l'ampleur de la
perspective que nous embrassons. Quand nous parlons d'harmonisation des
politiques de soutien à l'habitation, ce n'est pas une affaire à
peu près. Nos travaux se poursuivent, puis j'ose espérer que nous
pourrons arriver avec des conclusions intéressantes dans un avenir pas
trop éloigné.
Alors, c'est ça qu'est la perspective. Ce n'est pas du tout de
prendre un 10 sous, puis le diviser en trois, alors que c'est pour une seule
personne. Il ne peut rien donner. Mais vous conviendrez avec moi... Si on donne
800 $ à un foyer qui est dans une habitation HLM, et qu'on donne 50 $
à un foyer qui a le même nombre de personnes et qui est sur le
marché privé, on doit au moins s'interroger sur la justice de
ça. Est-ce que c'est équitable de procéder comme
ça? Je pense que c'est une question de fond qu'on pose, nous autres, en
toute objectivité.
Le député a soulevé une autre question qui ne
manque pas d'intérêt. La lutte contre la pauvreté,
ça, c'est bien important, et l'action du gouvernement dans la
conjoncture économique. Je suis tout à fait d'accord que le
gouvernement, en période de récession, a des
responsabilités. Je suis tout à fait d'accord aussi que l'action
du gouvernement ne doit pas contribuer à multiplier la pauvreté.
Mais, sur le premier point, l'action du gouvernement pour stimuler
l'économie peut s'exercer sur plusieurs fronts. On a choisi l'an
dernier, disons, le secteur de l'habitation, et c'est très bien.
Seulement la construction d'immeubles publics, la réalisation de projets
publics - des écoles, des hôpitaux, des routes, des centres de
services sociaux, des annexes de cégep, des pavillons universitaires,
etc. - là, il y en a toute une quantité. Il y en a tout un
volume.
Le premier ministre a rappelé, l'autre jour, en Chambre, le
programme de priorités que le gouvernement avait mis de l'avant en 1991.
Alors, il y aura encore des choses en 1992. On peut agir par la
réduction des charges fiscales pour libérer plus d'argent pour la
bonne marche de l'économie. On peut agir de multiples manières.
Alors, le gouvernement arrête ses priorités. Je pense bien que,
dans le discours du budget, on aura d'autres précisions sur les
priorités du gouvernement. Mais il n'est pas écrit dans le ciel
que le gouvernement doit agir sur le secteur de l'habitation avec la même
intensité qu'en 1991 à tous les ans. Ce n'est pas écrit
dans le ciel, ça. Ce n'est pas une nécessité
économique absolue, ni politique.
Pour la présente année, c'est une année de pause
relative en raison des initiatives prises par le gouvernement
fédéral. Il faut que l'action des deux niveaux de gouvernement
ait quand même un minimum de complémentarité sans qu'on
verse dans la dépendance servile l'un vis-à-vis de l'autre. Il
faut qu'il y ait un minimum de complémentarité. Alors, là,
ce que le gouvernement fédéral a fait en réduisant la mise
de fond de 10 % à 5 %, ça supplée en grande partie
à ce qu'apportait le programme mon taux, mon toit. le programme mon
taux, mon toit, c'était essentiellement ça. c'était un
programme qui permettait l'accès à la propriété en
favorisant une mise de fond moins élevée. on disait: on va vous
donner une subvention de 4000 $ ou 5000 $. qu'est-ce que ça veut dire,
ça? ça veut dire qu'on réduisait la mise de fond. si on
peut le faire autrement, par le moyen que le gouvernement fédéral
a pris, je me dis, moi: tant mieux pour cette année!
J'ai eu l'occasion de parler, ces jours derniers, avec le gérant
de la société centrale de prêts et d'hypothèques
pour le Québec. Je lui ai demandé: Comment ça va avec
votre mesure? Est-ce que ça rapporte beaucoup? Il m'a dit que le volume
des demandes a augmenté considérablement. Pour le REER, je pense
que ça marche moins fort, d'après ce que je peux comprendre.
Ça se comprend facilement parce que le REER, ce n'est pas des jeunes
personnes qui vont mettre de l'argent là-dedans, ce sont des personnes
d'un certain âge qui commencent à penser que fa retraite,
ça pourrait venir un jour. Mais, quand tu as 22 ans, tu ne penses pas
d'abord - à moins d'avoir été syndiqué toute ta
vie, ou dans le secteur public - à avoir un régime de retraite.
Tu te dis: Je vais prendre des chances, à gauche et à droite, et
on pensera à ça un petit peu plus tard.
Alors, ici... Je pense que, pour l'année 1992, 11 n'y a pas de
raison d'avoir des inquiétudes tragiques de ce
côté-là. nous veillons au grain. s'il y avait des choses,
nous allons les regarder de près. mais, encore une fois, je pense que...
ce que je disais tantôt, qu'il faut voir chaque initiative dans la
perspective plus large de l'ensemble des actions qu'institue le gouvernement,
je pense que c'est ça que je voulais dire.
(16 h 50)
Sur la pauvreté, le député de Shefford
soulève un point très important qui doit tous nous remplir, je
pense, d'une certaine gêne et d'une certaine humilité parce que
c'est évident que la manière dont l'économie a
fonctionné depuis quelques années, pas seulement au
Québec, mais au Canada, aux États-Unis aussi, puis en Europe,
c'est de plus en plus la même chose, la manière dont
l'économie a fonctionné a entraîné un
rétrécissement des chances, des opportunités. Puis, les
victimes là-dedans, c'a été plus les gens qui sont en bas
de l'échelle des revenus que ceux qui sont en haut. La catégorie
supérieure s'en est très bien tirée, avec toutes sortes
d'avantages et de manoeuvres savantes, mais les
plus démunis ont eu beaucoup plus de difficultés.
Je lisais encore un article dans le New York Times, ces jours
derniers, où on disait que les régimes de retraite dans le
secteur privé accusent un recul considérable chez la population
âgée de 20 à 35 ans. C'a diminué beaucoup. Alors,
c'est évident qu'il y a eu un rétrécissement des chances
qui se manifeste ici aussi. Quelqu'un qui voudrait soutenir que les politiques
gouvernementales ont été complètement
étrangères à ce phénomène-là, il
faudrait qu'il ait pas mal de toupet, à mon point de vue. Il y a des
politiques sur lesquelles on doit s'interroger, c'est sûr. Mais nous
faisons notre possible de ce point de vue. Nous faisons notre possible. Il y a
toutes sortes de mesures qui sont instituées par le gouvernement puis
nous sommes sujets à critique, et nous sommes prêts à les
prendre dans la mesure où elles sont fondées parce que celui qui
viendrait soutenir qu'il est satisfait de ce qu'on fait pour la
pauvreté, je ne pense pas qu'il appartienne au groupe parlementaire
ministériel, en tout cas. En tout cas, moi, je ne serais pas de cette
mentalité-là, je veux vous en assurer.
Sur la restauration des logements, vous avez dit: À
Montréal, il y a un logement locatif sur six qui est en mauvais
état. C'est vrai et c'est vrai qu'il y a une situation, là... Je
ne sais pas si un sur six, c'est le juste chiffre, mais c'est vrai qu'il y a un
problème de ce côté-là. C'est pour ça qu'on a
lancé le programme PRIL Alors que le fédéral
s'était retiré de la restauration urbaine, de la restauration de
logements en milieu urbain, nous autres, on a lancé le programme PRIL On
lui a donné des crédits, je pense, de 15 000 000 $, la
première année. Ensuite, on avait prévu 22 000 000 $, puis
on a mis plutôt 55 000 000 $. Puis, cette année, on revient
à 23 000 000 $. J'espère qu'en cours de route on pourra
peut-être trouver le moyen d'en mettre un petit plus; je le souhaite
vivement. Mais j'aimerais donc que le gouvernement fédéral
décide de s'associer franchement avec le gouvernement du Québec
pour promouvoir une action vigoureuse en matière de restauration de
logements en milieu urbain! Là, je serais fier du
fédéralisme. Je pense qu'il donnerait des résultats plus
intéressants que quand il fonctionne trop à direction unique.
Je termine, M. le Président, en abordant une question qu'a
soulevée le député de Shefford. Il a demandé si la
TVQ s'appliquerait au secteur de la construction résidentielle à
compter du 1er juillet. Je pense que c'est une question qui a été
soulevée par les constructeurs d'habitations; je pense que c'est une
question qui doit être soulevée également et je l'accueille
avec beaucoup d'intérêt. Évidemment, les décisions
en cette matière devront être prises par le gouvernement dans le
cadre du discours sur le budget. Je ne suis pas autorisé à parler
de cette question-là maintenant, mais je pense que c'est une question
qui nous a été adressée à maintes reprises par les
milieux immédiatement concernés. C'est une question sur laquelle
on doit s'interroger parce que, au moins, sous certains aspects, c'est
évident que l'application massive et univo-que de la TVQ au secteur de
l'habitation entraînerait des hausses de coûts qui ne pourraient
qu'avoir un effet déprimant sur le volume de l'activité.
Ça, c'est une question qui est à l'étude
présentement au gouvernement. Il appartiendra au ministre des Finances,
en temps et lieu, de faire connaître les intentions du gouvernement, mais
je l'enregistre quand même avec intérêt parce que c'est une
question très importante.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, je vais revenir à ma question. Mais,
quelques commentaires, parce que vous en avez fait plusieurs. Je vais vous
dire: Non, je ne ferai pas l'éloge de vos programmes inutilement. Le peu
de temps qu'on a pour parler de l'habitation, c'est quoi? C'est quatre heures
cette année, et j'espère qu'on va avoir la chance d'avoir un
vendredi au cours de l'automne. Ce ne sera certainement pas pour lancer des
fleurs, mais ça va être pour critiquer ceux qui ne marchent pas.
Quand vous dites qu'on n'a jamais parlé des bons programmes qu'on est
mieux pour parler des nôtres, je dois vous dire que, dans mon
intervention, je n'ai pas parlé du tout du passé. Je n'ai pas
parlé de nos programmes; j'ai parlé de la situation actuelle et
ce que j'espère pour l'année à venir. Je me rappelle
d'être intervenu pour que Mon taux, mon toit, à l'automne, sort
prolongé. Ce que je demande là, maintenant, c'est: Est-ce qu'on
va faire quelque chose? Quand vous dites qu'on n'est pas totalement
dépendant du fédéral, on n'est jamais totalement
dépendant, normalement, des autres, sauf que dans le logement social
où il y a l'entente... On a la preuve - vous l'avez dit dans votre
discours - on va devoir ajuster nos chiffres à la baisse à cause
du gouvernement fédéral. Si on est obligé de prendre la
relève du gouvernement fédéral dans le volet locatif parce
qu'il y a une urgence, principalement dans les grandes villes de
Montréal et de Québec, c'est de l'argent qu'on va mettre
là, mais c'est de l'argent qu'on ne mettra pas dans d'autres programmes
de logement.
Donc, on est contraint par des coupures - décidées de
façon unilatérale, vous l'avez dit - puis vous espérez
qu'il va vous parler. C'est une affaire, ça, sauf que, quand ils ont
décidé de couper le volet locatif, ça n'a
été ni un ni deux, puis on discute, puis on s'entend, c'a
été: On décide que... Maintenant, c'est la même
affaire en ce qui concerne les programmes, que ce soient les
coopératives, PHI, fini. On ne veut plus rien savoir. Ils ont
décidé que c'était fini. Dans les coupures de 21 % pour
cette année, on l'apprend, puis on dit: On va s'adapter. Moi aussi, je
voudrais bien qu'on puisse parler tant
et aussi longtemps qu'on est dans le système plutôt que de
se faire imposer, sauf que... En tout cas, tel que ça s'est passé
cette année, ils ne sont pas parlables. Il faut bien vivre avec
ça. Mais, en même temps, ça nous amène des coupures
qui font qu'on est victime. On ne paiera pas moins d'impôt, pas moins de
taxes, pas moins de TPS. On va payer la même affaire, puis même
plus, mais on va en avoir moins.
Ça me ramène à ce que je disais tantôt. Vous
avez dit qu'effectivement il faut remettre en question notre façon qu'on
a d'aider dans le logement social. Est-ce qu'on est toujours prêt
à construire des HLM? C'est une grosse discussion puis, effectivement,
c'est une grande décision qui mérite qu'on ait la chance
d'échanger pas seulement, voyez-vous, quelques heures par année,
à mon avis. Si on décide qu'on poursuit dans les HLM, si on
décide qu'on n'en veut plus de HLM ou qu'on en veut moins pour
transférer l'argent dans d'autres programmes, c'est un choix qu'on peut
faire comme société, mais comme société. Qu'on ne
fasse pas avec la société québécoise - comment je
dirais ça - le même affront que le fédéral nous
fait. Ottawa décide, on subit. Au niveau du logement social, ça
concerne tellement de monde au Québec que ça ne devrait pas juste
être le ministre qui décide, mais la population qui ait la chance
d'échanger, comme vous voulez que le gouvernement fédéral
discute avec vous sur ses budgets, puis ses politiques dans le logement social.
Je trouve que ce serait normal.
Vous avez parlé des retours d'impôt foncier, les RIF. Je
vais vous dire, moi, la connaissance que j'ai, sous toutes réserves, que
ce ne sont pas les riches qui ont des retours d'impôt foncier, parce que
les personnes âgées, les 160 000 personnes... À ma
connaissance, je vous le dis avec un bémol, je peux me tromper... La
connaissance que j'ai du retour d'impôt foncier, les 100 $ qui sont
retournés, je pense, par année, aux personnes âgées
qui sont 160 000, il faut que ces gens-là soient éligibles au
supplément de revenu de pension de vieillesse. Donc, ce n'est pas pour
les riches, les RIF, c'est pour les pauvres.
Donc, si on décide de les couper... parce que c'est l'alternative
que vous avez amenée sur la table tantôt, puis qu'on retrouve dans
la politique d'harmonisation... Est-ce qu'on ne devrait pas consulter ces
gens-là en pensant qu'on peut leur donner d'autre chose à la
place? Est-ce que ce n'est pas ça qui est la meilleure formule si elle
est là? Et 100 $, pour vous et moi, ce n'est probablement pas ce qui va
nous empêcher de dormir. Mais, pour des gens qui ont seulement la pension
de vieillesse avec le revenu de supplément... donc, ça veut
dire... On est en dessous du seuil de la pauvreté. Les 100 $, ça
peut payer la police d'assurance. En tout cas, ça peut aider ces
gens-là beaucoup plus qu'on pense.
Mais, devant ça, vous, vous dites: On est dans une pause
relative. Ce n'est pas le temps de faire une pause. C'est ma version à
moi. Vous avez conclu en parlant de la pauvreté. Moi, je vous dis: Ce
n'est pas le temps de faire une pause comme gouvernement. Ce serait
plutôt le temps d'investir. Vous allez dire: Oui, mais il y a d'autres
façons. Bien, vous avez vu. Il en était question à la
période des questions, cet après-midi. Oui, il y a des grands
investissements que l'État peut faire, puis pas seulement dans le
domaine de l'habitation, sauf qu'on s'aperçoit qu'il y a eu à peu
près 100 000 000 $ de périmés par rapport à ce qui
avait été prévu l'an passé dans les grands projets
et que cette année, quand on regarde, c'est moins que l'an passé.
Ce n'est pas le temps de faire une pause quand les citoyens attendent que
l'État fasse un pas en avant... pas celui-là qui va tout faire,
ça, c'est impossible, mais qu'il soit au moins un partenaire. Un
partenaire, ça veut dire qu'il participe et non pas celui-là qui
décide que, dans une période où tout va mal, on fait une
pause. (17 heures)
Autrement dit, je ne suis pas d'accord avec vous sur la pause, puis je
vous le dis. Donc, si on la fait, la pause, de toute façon... Puis, on
va arriver aux crédits bientôt. On va les prendre programme par
programme pour voir si c'est le temps de faire une pause, puis si vraiment...
Ça va nous amener où, le budget qui est là, par rapport au
milieu qui veut avoir une indication vers où on s'en va par rapport aux
HLM, aux coopératives et aux autres programmes existants.
Société d'habitation du Québec
Projet de sommet sur l'habitation
Je vous ramène à la question que je vous posais
tantôt - je comprends, je vous en ai tellement dit, je le reconnais, je
parle vite et en plus, dans une demi-heure, je peux en dire pas mal - qui
était la dernière, et sur laquelle j'aimerais ça qu'on ait
plus la chance d'échanger, mais pas seulement nous deux: la
résolution du conseil général du Parti libéral du
mois de mars dernier, qui dit: II est résolu que le gouvernement du
Québec s'engage à organiser un colloque d'envergure provinciale
sur les problèmes de l'habitation.
Je le sais que ce n'est pas la première fois que je vous le
demande, que vous dites que je radote et que je bégaie quand je le dis.
Mais là il y a un intervenant de plus que je juge important. Par une
résolution, une recommandation officielle pour un secteur qui est
fondamental, est-ce qu'on ne pourrait pas penser que, oui, maintenant, surtout
avec ce que m'avez dit tantôt, l'harmonisation qui s'en vient,
l'importance de ce secteur-là, est-ce qu'on ne pourrait pas faire front
commun, nous autres, au Québec, pour exiger quelque chose? Est-ce qu'on
ne pourrait pas avoir une orientation en en dis-
cutant et non pas attendre qu'il y ait une politique qui soit
annoncée? Ne soyez pas surpris si je dénonce. Quand on est en
réaction à des décisions, bien, on n'est pas partie
prenante aux décisions. C'est sûr que ce n'est pas moi qui vais
décider, je suis dans l'Opposition. Tout ce que je peux faire, c'est
demander, suggérer, critiquer - c'est mon rôle - et essayer de le
faire d'une façon positive. Là, j'essaie de le faire d'une
façon positive en vous disant: Moi, je serais prêt, et
j'espère que vous allez accepter, qu'il y ait une discussion large qui
va nous permettre que les grandes orientations ou les grands virages que vous
avez proposés tantôt, ils ne nous soient pas seulement
annoncés, mais qu'on ait la chance de participer aux discussions. C'est
ça ma question: Est-ce que vous allez répondre favorablement
à la recommandation ou si vous allez en faire une autre au prochain
conseil général pour dire que vous n'êtes pas d'accord et
qu'on enlève celle-là?
M. Ryan: Regardez, l'idée en soi est excellente.
M. Paré: Merci.
M. Ryan: II n'y a pas de problème là-dessus. Je
pense que...
Le Président (M. Garon): M. le ministre... M. Ryan:
Pardon? M. le Président, oui.
Le Président (M. Garon): ...vous avez la parole.
M. Ryan: Excusez-moi. L'idée en soi d'un sommet sur
l'habitation est excellente. Il s'agit de décider ensuite de deux
choses. D'abord, est-ce que le terrain est mûr pour un sommet?
Deuxièmement, est-ce que c'est un sommet sur l'habitation qui doit venir
au premier plan des grandes initiatives gouvernementales en matière de
regroupement des énergies en vue d'objectifs communs? Sur la
première question, je ne sais pas si le terrain serait mûr d'ici
à un an pour une initiative comme celle-là. J'ai certaines
interrogations là-dessus, sur lesquelles on va faire des échanges
entre nous. On va regarder ça de très près. Si vous
convoquez un sommet, il faut que vous soyez prêts à annoncer un
certain nombre de politiques et un certain nombre d'initiatives. Il faut que
les gens sachent où vous allez avec ça. Si vous convoquez un
sommet seulement pour aller chercher des applaudissements et des appuis, je
pense que là vous n'agissez pas de manière responsable comme
ministre. Il y a les deux là. Il faut l'ouverture à ce qui va
être dit et, en même temps, ceux qui vont venir vous parier, ils
s'attendent à ce que vous leur répondiez. Tant que vous
n'êtes pas rendu à un point où vous avez assez de cordes de
réunies pour être capable d'envisager une réponse claire,
franche et capable d'application ensuite...
On a tenu des sommets, ces dernières années, depuis 10
ans. Moi, j'en ai eu un dans mon comté, dans la région des
Laurentides, en 1986, tout de suite après notre élection. Je me
suis fait promettre une autoroute que j'attends encore. Ça fait que, un
autre sommet pour m'en faire promettre une autre, je ne suis pas trop
pressé. Les gens me disent: Réalise donc celle-là! C'est
moi qui ai la réponse des gens et le député de
Deux-Montagnes le sait très bien. Ce n'est pas tout d'aller à un
sommet, il faut y aller avec des instruments appropriés. Puis ça,
le gouvernement décide s'il va pouvoir libérer les instruments
dont vous avez besoin pour tenir un bon sommet. Alors, l'idée, encore
une fois - je ne saurais trop le répéter - est excellente. Je
serais très heureux personnellement que nous puissions réunir les
conditions nécessaires à la tenue d'un sommet fructueux. Mais,
maintenant, ces conditions-là ne sont pas réunies. À
l'heure actuelle, il y a des éléments qui font défaut. Je
vais examiner, au cours des mois à venir, avec le chef du gouvernement
et nos collègues, ainsi qu'avec la deputation, comprenant aussi les
membres de l'Opposition, les milieux de l'habitation, si nous sommes mûrs
pour une initiative comme celle-là. Je crois qu'il y a un travail de
formation de consensus qui doit être réalisé
préalablement à la tenue d'un sommet. Nous avons appris bien des
choses en matière de sommets, ces dernières années. Nous
abordons cette initiative avec une certaine prudence, pas parce qu'elle n'est
pas bonne en soi, elle est excellente, mais parce qu'il faut éviter, par
des procédures superficielles et prématurées parfois, de
faire naître des attentes auxquelles, ensuite, on ne sera pas capable de
donner satisfaction.
M. Paré: Je comprends.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Oui, je comprends, M. le ministre, et je suis
d'accord avec vous. De tenir des sommets et des sommets... On en a vécu
dans toutes les régions du Québec. Puis, nous autres aussi, on
attend la... Puis, les pneus de Saint-Amable, il a quasiment fallu qu'ils
brûlent pour qu'on tienne engagement. Je ne veux pas un sommet pour un
sommet, sauf que tout ce que vous avez dit dans votre intervention, au
début, et ce que vous avez repris, d'une façon encore plus
précise, dans votre deuxième intervention, le document qui
circule, que finalement vous ne faites que confirmer par toutes les
interventions que vous faites, et l'harmonisation dont vous parlez, d'une
façon très claire, dans votre réclamation, nous prouvent
qu'effectivement on s'en va vers des changements qui sont majeurs.
Vous êtes d'accord avec moi que ce n'est
pas peu de décider que les RIF n'existeront plus et que les HLM,
on risque de couper ça, je ne sais pas, de moitié ou de 100 %, je
ne le sais pas. Qu'on retarde parce que ce n'est pas mûr, la
consultation, ça pourrait peut-être être acceptable. On
pourrait faire ce que vous appelez, vous, la pause annuelle. Mais est-ce que,
pendant cette année-là, on peut s'attendre à ce qu'il ne
se passe rien ou si on va arriver en réaction... Dites-vous que vous
allez être dénoncé joliment si, dans le discours du budget,
il y a une annonce ou des annonces qui font que, contrairement à ce
qu'on pourrait avoir prévu - par exemple, plus de HLM par rapport aux
intervenants - l'annonce qui va être faite, c'est un programme de
supplément au logement, Logirente élargi, un programme
d'allocation-logement qui va aller chercher 50 000 citoyens de plus, mais qui
va faire en sorte que l'argent va être pris chez les gens qui sont
déjà dans le réseau des plus démunis et que le
gouvernement va récupérer 50 000 000 $, comme on trouve dans la
politique d'harmonisation.
Si vous me dites que la consultation, c'est une bonne chose, mais que ce
n'est pas le temps maintenant, moi, je pense que c'est le temps avant que les
grands gestes ne soient posés, à moins que vous me disiez que ce
n'est pas prévu pantoute. Vous allez me dire que ce n'est pas vous qui
préparez le discours, ça je comprends ça, mais il y a des
possibilités et vous devez être informé un peu de
l'orientation qui va être prise en matière de logement. Si toutes
les annonces sont faites dans le discours du budget - qui trace la voie
à la direction où on s'en va, qui fait que tout ce dont on a
parlé tantôt, que les possibilités deviennent des
réalités - on pourra toujours faire un sommet l'an prochain, mais
ce sera à partir de décisions déjà prises.
C'est pour ça que, moi, je pense que ça fait longtemps
qu'on aurait dû le tenir, à mon avis. Mais est-ce qu'on peut avoir
l'assurance de votre part, étant donné l'importance de ça
et de la recommandation qui est sur la table, qu'il n'y aura pas de grands
changements d'orientation, de déplacement massif de budgets d'un
programme à l'autre tant et aussi longtemps que les intervenants
n'auront pas pu se prononcer par une commission, un colloque ou quelque chose
où les gens vont pouvoir se faire entendre?
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: Je peux donner l'assurance qu'il n'y aura pas de
changements substantiels sans étude approfondie qui les a
préparés et justifiés, mais je ne peux pas répondre
à la question qu'a posée le député de Shefford
au-delà de ce que je viens de dire parce que j'engagerais le ministre
des Finances et le gouvernement. Je n'ai pas reçu de mandat pour parler
en leur nom aujourd'hui. Le ministre des Finances prendra ses
responsabilités. Il peut arriver qu'il fasse des propositions
très radicales sur un sujet ou l'autre. Mais là je spécule
gratuitement, je ne parle pas de l'habitation en particulier. Ça, c'est
le privilège du ministre des Finances de présenter des
propositions à la population pour la réalisation de
l'équilibre des finances publiques une année donnée. C'est
sacré, il l'exerce avec toute l'exclusivité possible. Je ne peux
pas vous donner de réponse au-delà de ce que je vous ai dit. (17
h 10)
Moi, ma tâche, c'est de veiller à ce que les mesures que
nous instituerons éventuellement soient des mesures soigneusement
approfondies, puis dont nous aurons minutieusement mesuré les
ramifications avec l'ensemble des politiques gouvernementales en matière
de sécurité du revenu, en matière de soutien à la
famille, en matière de fiscalité, etc. Mais, dès que je
parle en ces termes, j'engage plusieurs autres ministres avec moi,
évidemment. J'engage le ministre de la Sécurité du revenu,
le ministre des Finances, et tout. C'est pour ça qu'il n'y en pas un qui
peut se détacher du peloton seul, puis dire: Moi, là, on s'en va
dans cette direction-là. Je pense qu'il n'appartient pas à un
ministre sectoriel de parler de cette manière-là. Ce serait
prétentieux puis faux. O.K.
M. Paré: Plus vous parlez, moins vous me rassurez. Je dois
vous le dire au départ parce que, effectivement, c'est sûr que
vous n'êtes pas ministre des Finances. Puis, je ne vous demanderai pas de
nous dévoiler des choses, vous ne pouvez pas, sauf que juste le discours
que vous avez lu tantôt, j'ai l'impression, nous emmène dans un
entonnoir...
M. Ryan: Je pense qu'on a fait la preuve quand même -
excusez-moi, je vais vous laisser terminer...
M. Paré: Non, allez.
M. Ryan: Je pense qu'on a fait la preuve quand on a
réformé l'aide sociale. Des sommes d'argent plus importantes ont
été données aux jeunes de 18 à 35 ans. Puis, dans
l'ensemble, elles n'ont pas été enlevées à
d'autres, elles ont été financées à même des
crédits additionnels qui ont été inscrits dans le
programme de l'aide sociale. Je pense que c'est ça qui a
été l'expérience jusqu'à maintenant. En tout cas,
je vous dis ça, là, il ne faudra pas extrapoler trop. Puis, ce
que nous avons fait jusqu'à maintenant dans le secteur de l'habitation,
de ce qu'a fait le gouvernement du Québec, je pense bien que les
initiatives que nous avons prises pour l'amélioration de certains
programmes, puis le lancement d'autres programmes comme ceux que j'ai
nommés tantôt, on n'a pas pris cet argent-là pour Mon taux,
mon toit et AMI. On ne l'a pas pris dans le logement social, on l'a pris
à même les fonds
généraux du gouvernement pour des fins de stimulation
économique.
Maintenant, en matière de logement social, une chose sûre,
on ne pourra pas agir de manière radicale là-dedans parce qu'il
faut vivre avec tous les engagements accumulés depuis une trentaine
d'années. Puis, il y en a pour une génération avant qu'il
soit donné suite à tous ces engagements, puis ça, le
gouvernement est lié pour des périodes qui vont jusqu'à 35
ans, comme vous le savez. Mais, quand il s'agira d'engager des choses
nouvelles, là... C'est pour ça que dans un sens, ce que le
fédéral fait cette année - encore une fois, j'en souligne
le caractère unilatéral et je le déplore - mais, ce qu'il
fait, c'est un pas dans la direction d'une révision. Puis, si on le
prend de cette manière-là, nous autres, on est en train de
travailler des ajustements, on va éviter des choses catastrophiques,
là. On travaille ça soigneusement. On a plusieurs
hypothèses déjà, sur lesquelles nous allons faire des
choix la semaine prochaine ou l'autre semaine après. On va essayer de
ménager le plus possible le petit monde. C'est notre tâche
ça, c'est notre responsabilité incontestable. Mais, qu'on
décide, à un moment donné, qu'une somme un peu plus
élevée irait pour le supplément au loyer, par exemple,
dans la période difficile où nous sommes, plutôt que sur la
construction de nouveaux logements, est-ce que le député de
Shefford s'opposerait à ça en principe? J'en serais
étonné, connaissant son bon jugement.
M. Paré: Je dois dire que c'est de ce genre de sujet que
je voudrais qu'on puisse traiter dans son ensemble parce que - moi, je ne vous
répondrai pas, je ne suis pas ministre de toute façon et je n'ai
aucun pouvoir de dépenser ni même de statuer - répondre
comme ça en disant si je préfère un plutôt que
l'autre, je ne suis pas sûr qu'on doit mettre les uns par rapport aux
autres. Vous venez de dire que le gouvernement fédéral, c'est un
peu ce qu'il est en train de faire en décidant de couper cette
année, faire une pause, donc, pour qu'on puisse regarder un peu plus
dans quel sens on va. Ce n'est absolument pas ce qu'il fait, le gouvernement
fédéral, parce que la décision, c'est une décision
strictement imposée par le gouvernement pour réduire le
déficit. Ce n'est pas par rapport à une planification ou un
changement d'orientation de logement social. La preuve, c'est que le ministre
fédéral, lui-même, dans les semaines qui ont
précédé, a dit et a écrit que le logement
coopératif était probablement le meilleur système
économique qui nous permet une mixité dans le logement et qui
nous permet finalement d'améliorer - parce qu'on peut y aller par la
rénovation, puis par la construction - donc, le tissu de l'habitat dans
les grandes municipalités. Il a eu la surprise comme tout le monde: ce
n'était pas par rapport à une décision en matière
d'habitation, c'est par rapport à une décision en matière
économique. Donc, ce n'est pas la même chose. Ça, c'est
dommage et ce n'est dans cette direction-là qu'il faut aller.
Ce que vous dites, c'est: Attendez le discours du budget et vous verrez
si ça va être dedans. Je vous retourne la question. C'est
sûr qu'on ne peut pas avoir un échange plus poussé que les
quelques heures qu'il nous reste ici, avant que ça arrive. C'est
maintenant ou pas que je passe les messages parce que... Bien, peut-être
pas?
M. Ryan: Mais, à quel sujet? À quel sujet, votre
message?
M. Paré: Par rapport aux modifications qui pourraient
être contenues dans le budget de M. le ministre des Finances qui
toucheraient le logement - donc, le logement, dans sa totalité, par
rapport aux programmes de construction, de logement social et d'aide de toutes
sortes - mais c'est la dernière chance que j'ai de vous dire... Je ne
vous demande pas de me dévoiler ce qui va être annoncé. Ce
que j'essaie de savoir, c'est ce que vous allez défendre, parce que les
ministres ont une responsabilité sectorielle. Leur rôle, c'est par
rapport aux secteurs dont ils ont la responsabilité de nous dire un peu
ce qu'ils vont défendre ou l'orientation qu'eux autres
privilégient.
Je vais vous donner juste un exemple vite. La ministre des Affaires
culturelles ne s'est pas gênée pour dire qu'elle était
contre la TVQ sur telle chose, sur le livre ou des choses... Elle a dit ce
qu'elle défendait, pas seulement: On va attendre la décision, ce
n'est pas moi qui la prends. Ce n'est pas moi qui la prends, mais je peux vous
dire ce que je défends. C'est ça qui nous manque, c'est ça
qu'on n'a pas présentement, ni comme politique ni comme orientation. On
ne sait pas, parce que c'est comme si ça venait toujours des autres.
Quand ce n'est pas le ministre des Finances, c'est la SHQ.
On a un ministre qui est responsable de l'habitation et c'est ce que lui
aime, ce que lui veut, ce que lui défend qu'on aimerait connaître.
C'est pour ça qu'on aimerait ça avoir une commission. Comme on ne
peut pas l'avoir avant, on peut peut-être avoir des indications sur ce
que vous allez défendre d'ici le 10, 14 ou 18 mai par rapport à
la politique d'harmonisation qui est déposée.
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, les choses sont à l'étude. Je ne
suis pas en mesure de dire s'il y aura des mesures dans le discours du budget.
Je ne suis pas du tout en mesure de le dire et je ne voudrais pas que vous
sortiez d'ici en pensant que j'ai laissé entrevoir qu'il y en aurait. Ce
n'est pas ce que j'ai dit. Mais il y a une chose que je voudrais dire au
député, cependant: S'ils
ont des suggestions à faire pour l'amélioration des
programmes actuels, c'est le temps de les faire, pour l'amélioration. Si
on trouve que le programme PRIL pourrait connaître des
améliorations... J'ai cru comprendre que le député de
Shefford a souhaité tantôt des améliorations au programme
Logirente, par exemple. Il y en a peut-être qui souhaitent des
améliorations dans d'autres programmes, mais je pense que c'est
l'occasion de le dire et ça, ça peut être très utile
pour le gouvernement aussi.
Mais, en général, les députés
ministériels disposent de canaux pour faire part de leurs observations
au ministre de manière plus directe. C'est pour ça qu'ils
laissent la chance à l'Opposition en commission de parler. Mais je
réitère cette suggestion. Si on trouve... Par exemple, on a le
programme d'allocation-logement qui existe déjà, dont il n'a pas
été question cet après-midi, qui apporte un
supplément de revenu aux ménages qui sont sur l'aide sociale,
mais qui doivent faire face à un loyer plus élevé que le
prix moyen du loyer dans leur secteur, prix moyen qui est acceptable pour les
fins de l'aide sociale. Alors, à l'intention de ces ménages, mon
prédécesseur, M. Bourbeau, avait fait approuver un programme
d'allocations supplémentaires qui est encore en vigueur, dont les
prestations sont relativement modestes, qui s'adresse surtout aux
ménages qui ont des enfants. Peut-être que ce programme-là
n'est pas complet, puis tout. On se pose toutes ces questions-là en
examinant la question de l'harmonisation. Évidemment, si vous trouvez
qu'un programme n'est pas complet et que vous vouliez le renforcer, bien
là, vous devez vous demander la question: Où trouver l'argent? Je
ne saurais trop souligner que, dès que cette question est posée,
nous devons faire face à la réalité inéluctable de
l'état actuel des finances publiques qui n'est pas reluisant, cette
année. (17 h 20)
On parlait de pause, tantôt. Je ne voudrais pas qu'il y ait de
malentendu non plus. J'ai bien parlé d'une pause dans les initiatives du
gouvernement en matière de stimulation de l'industrie de la construction
résidentielle. Le mot «pause» s'applique rigoureusement
à ça. Je vous dis: Cette année, il y a des mesures de
contrepartie qui sont instituées par le gouvernement
fédéral, qui devraient produire des résultats
satisfaisants. Ça ne veut pas dire que, l'an prochain, il n'y aura pas
un nouvel engagement au cours des mois à venir. Moi, je souhaite bien
que le gouvernement puisse retrouver le plus tôt possible la voie de la
stimulation de l'industrie de la construction parce qu'on a vu l'an dernier que
cette industrie a un impact énorme sur tout l'ensemble de
l'économie. Quand tu bâtis une maison, c'est 25 agents
différents de l'économie qui en bénéficient
directement et ceux qui en bénéficient indirectement, ils sont
très nombreux. Il n'y a pas de discussion là-dessus.
Mais je reviens à ceci. Nous ne sommes pas - je vais vous dire
ça bien simplement... Le gouvernement n'entend pas annoncer, d'ici
à quelques semaines, un chambardement radical de tous les programmes
d'aide au logement. Ce n'est pas ça qui est dans l'esprit du
gouvernement. Je pense que ceux qui connaissent le ministre actuel savent que
ce n'est pas sa manière de procéder. On regarde les choses, une
par une, sérieusement. Il y a peut-être des améliorations
particulières qu'on pourra envisager. Mais avant d'en arriver plus loin,
c'est sûr qu'il y aura un grand débat public, si jamais on doit en
venir là. Je peux garantir ça. Avant de faire des changements
majeurs, on publiera sûrement des documents d'orientation plutôt
qui permettront d'engager ce débat, peut-être de déboucher
sur un sommet du genre de celui qui a été
préconisé, ce n'est pas du tout exclu.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Oui, M. le Président. Voici, je
pense que la pause qui est envisagée, c'est une pause qui, pour le
gouvernement du Québec, est certainement temporaire, mais elle sera
drôlement compensée, d'une part, par le programme du
fédéral, à savoir qu'ils ont réduit la mise de
fonds de 10 % à 5 % et l'accès, aussi, au REER. Il faut bien
comprendre aussi que les taux d'intérêt sont très bas
présentement et que la construction domiciliaire... Je regarde
ça, en tout cas, dans mon coin de pays à moi. Elle est
relativement florissante présentement, et elle est faite en fonction des
besoins de la région. Ça ne m'inquiète pas outre mesure
que le gouvernement du Québec, présentement, se retire un peu
temporairement, compte tenu qu'on a des mesures compensatoires qui sont
données par le gouvernement fédéral.
Il y a une autre chose qu'il faut bien considérer. C'est qu'il y
a au-delà de 6000 unités, je pense, invendues au Québec
présentement, dans la province de Québec, je ne sais pas si c'est
exact?
M. Ryan: Entre 7000 et 8000.
M. Tremblay (Rimouski): Alors, de 7000 à 8000. Il ne faut
pas mettre trop de pression. Je comprends que ça aide parce qu'on est
plutôt dans un marché d'acheteurs présentement, alors c'est
l'acheteur qui est favorisé par le fait qu'il y a beaucoup de maisons
libres. Sur ce côté, je pense qu'on doit être prudent pour
ne pas mettre davantage d'entreprises, parce que les entreprises, quand elles
ont sur les bras, je ne sais pas, une vingtaine ou une dizaine de maisons,
dépen-damment de l'ampleur de l'entreprise, et qu'elles ne sont pas
capables de les vendre, ça pose un
problème d'une autre nature.
Au sujet de la question d'un sommet sur l'habitation ou encore d'un
forum, moi, je serais bien partisan de ça parce que je pense qu'il y a
beaucoup de questionnement qu'on doit se faire. Lorsque, dans votre propos du
début, M. le ministre, vous nous dites que, présentement, les
unités de logement au Québec, les HLM ou les logements sociaux,
nous coûtent, aux trois paliers de gouvernement, 346 $ par mois pour le
fonctionnement et 750 $ pour les nouvelles unités, je m'interroge au
sujet des bas salariés qui n'ont, pour la majorité, pas
accès à ces logements sociaux. Il y en a plusieurs... Moi, j'ai
des cas dans mon comté, des gens qui sont à faible revenu, qui
travaillent au salaire minimum et qui n'ont pas beaucoup d'argent. Ils n'ont
pas accès aux logements sociaux. Alors, j'aimerais bien, un moment
donné, lors d'un forum, qu'on puisse discuter et qu'on puisse en
même temps trouver une formule qui pourrait permettre à ces
gens-là d'avoir accès à des logements sociaux, tout en
étant, nécessairement, bien préoccupés par ceux et
celles qui n'ont pas le moyen d'en avoir, de ces logements-là. Mais je
pense qu'il faudrait prêter une espèce d'oreille attentive
à ces bas salariés pour qu'ils aient au moins une chance d'avoir
un accès, ces gens-là, parce qu'ils travaillent à bas
salaire et, nécessairement, ils n'ont pas accès à ces
avantages-là. Alors, moi, ça m'intrigue, ça me pose un
problème de conscience.
M. le ministre, en terminant, je voudrais que vous me disiez si vous
avez des chances de faire revoir les seuils d'admissibilité au fameux
programme PARCQ, parce que ces seuils d'admissibilité, à mon
sens, sont trop bas présentement, en termes de revenus des personnes
admissibles. J'aimerais bien qu'on révise ça à la hausse
de façon à ce que les gens qui ont des revenus supérieurs
à 16 000 $, je crois, puissent avoir accès au programme PARCQ,
pour qu'on puisse, d'abord, leur permettre d'améliorer leur maison et,
en même temps, leur donner la chance d'avoir des maisons plus
adéquates. Voilà, M. le ministre.
Le Président (M. Garon): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'apprécie beaucoup
l'intervention du député de Rimouski dont les propos montrent
qu'il suit de près les questions de l'habitation. Je pense que, quand il
a souligné l'importance de la baisse des taux d'intérêt,
c'est un facteur de stimulation en soi qui est très important. Les
constructeurs et les acheteurs de maisons le savent. Il n'ont pas besoin de
commissions parlementaires et de gouvernements pour leur dire ça. Ils se
rendent compte de ça tout de suite. C'est évident que c'est un
facteur qui va être très utile pour la saison qui s'ouvre en
matière de construction d'habitations.
Le surplus de logements qui existe est important aussi, mais je suis
assez encouragé parce qu'il y a à peu près un an et demi -
et M. Lapointe pourra me corriger là-dessus - le surplus de logements
qu'on constatait était autour de 8000. Après tous les programmes
de stimulation que nous avons eus la dernière année, on
l'établit entre 7000 et 8000. Donc, il n'y a pas eu d'augmentation. Il y
a même une certaine diminution, d'après ce que je crois
comprendre. En outre, le surplus existe surtout dans les immeubles à
logements locatifs. Il y en a qui se lancent dans la construction de gros
immeubles, surtout dans les logements à un prix assez
élevé, à un loyer assez élevé. Du
côté de la construction unifamiliale ou de la construction de
duplex ou ces choses-là, le surplus est beaucoup moins
considérable. Ça, c'est quand même un facteur encourageant
qu'il vaut la peine de souligner.
Maintenant, le député de Rimouski a parlé
également du programme PARCQ. Je lui en suis très reconnaissant
parce que c'est le problème sur lequel les députés des
circonscriptions rurales ont davantage attiré mon attention au cours de
la dernière année. En 1991-1992, comme vous le savez, en plus de
participer, avec le fédéral, au financement du programme, il y
avait des ressources d'à peu près 25 000 000 $ qui étaient
déjà disponibles au titre de la participation des deux
gouvernements. Nous avons mis 8 000 000 $ de plus. Québec,
unilatéral, M. le député de Shefford, 8 000 000 $ de plus,
pour stimuler le rendement de ce programme dans les régions rurales du
Québec. Le rendement a dépassé les prévisions que
nous avions envisagées pour l'année 1991.
Mais le gros obstacle, c'est le seuil d'admissibilité parce que
le niveau de revenu qui est autorisé pour être admis au programme
PARCQ, c'est un niveau qui est presque inférieur au seuil de
pauvreté. Il faut que la personne soit propriétaire de son
logement, en plus. Il faut qu'elle occupe sa maison, et on exige qu'elle fasse
tout ça avec un revenu, je pense, de 12 000 $, 13 000 $ ou 14 000 $ par
année, jusqu'au maximum des maximums de 23 000 $. Alors, il y en a
beaucoup qui sont disqualifiés au départ, qui pourraient profiter
de ce programme-là pour restaurer leur maison et la rendre durable, des
fois, pour une autre génération. Là, ils sont
gardés à l'extérieur.
Alors, j'ai mentionné dans mon intervention, tantôt,
l'importance qu'il y aurait à travailler ce programme-là. Nous
avons fait de nombreuses représentations auprès du gouvernement
fédéral afin d'améliorer les seuils
d'admissibilité. Nous poursuivons les démarches. Je continue de
penser que nous devrions obtenir des améliorations au cours des mois
à venir. C'est très important.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Shefford.
Crédits périmés
M. Paré: Oui. Maintenant, sur les crédits, comme
tel. Un peu programme par programme ou, en tout cas, aller sur les chiffres.
Quand on regarde les chiffres comme tels, bon, il y a 60 000 000 $ qui ont
été périmés, qui n'ont pas été
dépensés par rapport à ce qu'on avait prévu. Quand
on regarde, c'est surtout, effectivement, Mon taux, mon toit, avec quelque
chose comme 39 000 000 $ qui n'ont pas été
dépensés. Il y en a d'autres aussi. Vous donniez les chiffres, de
toute façon, en page 5 de votre intervention, où on donnait la
part du Québec et d'Ottawa. Dans la part du Québec, finalement,
on s'aperçoit qu'il y a 60 000 000 $ de périmés, donc de
moins de dépensés. La diminution est forte. La diminution, au
fédéral, est de 19 000 000 $. Donc, il y a une part de 19 000 000
$ de moins du fédéral et 60 000 000 $ du Québec. Il y a
coupure fédérale, mais il faut dire qu'il y a coupure importante
par rapport aux prévisions qui n'ont pas été faites. (17 h
30)
Est-ce que je suis correct quand j'interprète que la coupure de
19 000 000 $ du fédéral fait en sorte que ça a
amené une réduction des investissements de la
Société d'habitation du Québec finalement de 25 000 000 $
ou à peu près? S'il y a 62 000 000 $ à peu près de
périmés - et, là-dessus, il y a tout près de 38 000
000 $ ou 39 000 000 $ qui sont Mon taux, mon toit - ça veut dire que la
balance, c'est l'entente fédérale-provinciale; on n'a pas
dépensé. Donc, le fait que le fédéral nous retire
19 000 000 $ d'investissement amène la Société
d'habitation du Québec à ne pas investir 25 000 000 $. Est-ce que
je suis correct quand j'interprète comme ça?
M. Ryan: Non, je pense que vous n'êtes pas correct. Vous
n'êtes pas correct. J'ai expliqué tantôt les facteurs qui
ont amené cette opération de crédits périmés
de 60 000 000 $. Il y a eu d'abord le programme Mon taux, mon toit: 41 000 000
$. En plus, il y a eu l'utilisation d'un trop-versé de 10 000 000 $.
Ça, c'étaient des sommes qui avaient été
versées en excédent à la Société les
années précédentes par le gouvernement. Là, on les
a prises puis, au lieu que le gouvernement donne une subvention de tel montant,
il a pu donner 10 000 000 $ de plus à cause de ça aussi. Donc, on
lui a retourné ce qui avait été envisagé.
Il y avait une subvention gouvernementale - je pense que c'est 304 000
000 $ - qui avait été envisagée. Elle va être de 244
000 000 $. Et on a trouvé un autre 6 500 000 $. C'était dans le
rapport financier de la Société; c'était un surplus pour
l'année 1990, si mes souvenirs sont bons. Ça fait un autre 6 000
000 $, ça.
Puis là, dans les programmes fédéraux, les
dépenses que nous avons eues... On avait prévu, je pense, 82 000
000 $ puis on a eu 78 000 000 $. je vais expliquer pourquoi. c'est parce que
les déficits de fonctionnement ont été moins
élevés en raison des revenus plus élevés des
locataires et des charges de financement moins élevées par suite
de la baisse des taux d'intérêt. on a sauvé 4 000 000 $
là. puis, on continue, là. c'est à peu près les
principaux points. il n'y a pas eu autre chose. le fédéral, lui,
avait réduit l'année précédente de 15 000 000 $ le
niveau des engagements. il a maintenu ça l'année 1991, puis,
là, cette année, il nous claque un autre 21 % et, l'année
prochaine, 51 %. mais, pour l'année 1991, il n'y a pas eu de changement
par rapport à 1990 dans l'engagement du fédéral.
Oui. Mais, évidemment, on me rappelle une chose que j'oubliais,
parce que je ne suis pas trop de style vantard: c'est qu'on est allé
chercher cette année 26,5 % du budget principal comparativement à
23,2 % l'année précédente. Ça, ça s'est fait
par la négociation. Puis je voudrais souligner que mon homologue, le
ministre fédéral à l'habitation, M. MacKay, a
été extrêmement correct dans les discussions qu'il a eues
avec moi à ce sujet-là, puis les choses se sont
réglées franchement et droitement. Encore cette année, je
pense qu'il a fait son possible; il a porté notre part à 26,87 %.
Et ça, là, on peut vous assurer qu'il y avait des grosses
représentations des autres provinces l'année dernière.
Cette année, j'ai suivi ça de moins proche parce que, quand on a
vu le budget fédéral, je me suis dit: Même s'il nous donne
0,5 % de plus, ça ne change pas grand-chose. Je pense que ça fait
15 000 000 $ sur 35 ans ou quelque chose comme ça. Très peu.
Mais...
M. Paré: Je ne veux pas rempirer sur les louanges que vous
vous faites.
M. Ryan: Pardon?
M. Paré: Je ne veux pas en ajouter par rapport à la
bonne négociation que vous avez faite, mais je vais seulement vous citer
la page 15 pour dire que... On nous laisse entendre qu'on nous a
augmentés enfin, même si, depuis des années, on nous
pénalisait; depuis 1986, c'était toujours en baissant. C'a
peut-être augmenté en 1991, puis c'était beau pour 1992,
sauf que la fin du deuxième paragraphe de votre page 15 dit:
«L'effet de cette dernière augmentation sera pratiquement
réduit à peu de chose en raison de l'ampleur des coupures
effectuées dans le budget fédéral consacré à
l'habitation sociale.» On nous permet de tomber de plus haut des
illusions qu'on nous avait promises, finalement, parce qu'on ne l'aura pas.
M. Ryan: Oui, ça, je suis d'accord. Mais, l'année
dernière, les 3,3 %, eux, ils étaient significatifs, puis combien
ça a représenté en millions d'engagements, M.
Lapointe?
M. Lapointe (Jean-Louis): Je pourrais dire qu'on est
passé... Le niveau des engagements définitif a été
de 819 000 000 $ par le fédéral. C'est une augmentation de plus
de 100 000 000 $. Le Québec est à peu près la seule
province dont le budget absolu, sur 35 ans, a augmenté au Canada, parce
qu'on a gagné des points de pourcentage.
M. Paré: heureusement. depuis le temps qu'on
dénonçait le fait qu'on était loin d'avoir le pourcentage
qui nous était dû. je dois dire: c'est un juste retour des choses
après des années de pénalité.
M. Ryan: Nous l'avons fait sans faire de bruit inutile, sans
casser de vitres, en rencontrant nos homologues, en discutant franchement avec
eux autres. Puis je dois encore une fois souligner que le ministre
fédéral avait été très correct dans ce
dossier-là.
M. Paré: Peut-être le ministre, mais pas le
gouvernement. C'est un peu le problème!
M. Ryan: Mais, là, lui-même, je ne sais pas s'il a
été consulté avant toutes les mesures dont nous avons eu
connaissance parce que, comme vous le dites, il y avait eu des
déclarations favorables aux coopératives d'habitation très
peu de temps avant le budget. Je pense qu'il s'est fait une opération -
vous l'avez souligné tantôt - plutôt financière.
Mais, dans notre gouvernement, les choses ne se passent pas comme
ça.
M. Paré: Quand on regarde les chiffres, dans les HLM
publics, on se ramasse avec 12 600 000 $ de périmés. Dans les HLM
publics, on se ramasse avec des crédits périmés de 12 600
000 $. Pourquoi a-t-on périmé 12 600 000 $ dans les hlm,
connaissant les listes d'attente et les demandes des différents projets?
c'est dû aux coupures fédérales?
M. Ryan: Juste une petite minute, on va vous sortir ça.
Regardez, on a un tableau. On peut vous donner les principaux
éléments qui vont permettre de reconstituer ceci. Dans les HLM,
on avait prévu - je m'excuse -77 900 000 $. Le résulat, c'est 73
800 000 $. Alors, il y a tout de suite 4 000 000 $. Les OSBL:
prévisions, 6 600 000 $; résultats, 5 600 000 $. Il y a encore 1
000 000 $ là. Supplément au loyer. Il y avait des
prévisions de 13 300 000 $, un résulat de 11 700 000 $. il y a
encore 1 600 000 $ là. le parcq, lui, c'était 25 700 000 $ de
budget puis 31 500 000 $, dépenses probables. le programme des i nuit,
15 200 000 $, 14 700 000 $.
Maintenant, est-ce qu'il n'y a pas eu de l'argent de
récupéré au chapitre de Logi, nove aussi? Oui. Maintenant,
on avait prévu 5 500 000 $ de plus que ce qui a été
effectivement dépensé, je pense. Ça se peut? M.
Lapointe: Dans Loginove...
M. Ryan: Non, 8 300 000 $, qu'on avait. En tout cas, vous avez
les principales composantes, M. le député de Shefford, dans ce
qui vient d'être dit. Vous avez les mêmes données que nous.
On vous a fourni des données détaillées.
M. Paré: La question que je vous posais... C'est sûr
que, pour la SHQ, c'est 4 000 000 $ qui n'ont pas été
dépensés. Pour la Société canadienne
d'hypothèques et de logement, c'est 8 500 000 $. Mais pour les HLM
publics, il y a eu 12 600 000 $ qui n'ont pas été investis au
total des deux gouvernements. C'est à cause d'une coupure
fédérale, d'une décision fédérale? Pourquoi
a-t-on refusé, si ce n'est pas ça, d'investir l'argent qui
était...
M. Ryan: Évidemment, quand les taux d'intérêt
sont moins élevés, ça coûte moins cher pour tout le
monde. Le déficit d'exploitation est moins élevé. Donc,
c'est ça qui explique que la contribution fédérale a
diminué de 8 500 000 $ et, la nôtre, de 4 100 000 $, en grosse
partie. Puis il y a une autre partie qu'on a expliquée, c'est que le
déficit a été moins élevé parce que le
revenu des locataires était plus élevé. O.K.?
M. Paré: Ça me ramène à la politique
globale d'habitation dont je vous parlais tantôt. On a de l'argent.
Ça coûte moins cher. Tant mieux si on économise sur
l'intérêt, mais on ne le remet pas dans le développement
social. On ne le dépense pas. Et quand on va chercher des augmentations
de loyer chez les plus démunis - ça veut probablement dire 2 000
000 $, parce que j'ai vu 4 000 000 $ tantôt: probablement 2 000 000 $
d'intérêt sauvés et 2 000 000 $ qui sont les augmentations
qu'on est allé chercher sur les loyers - ça n'a pas
été réinvesti dans le logement social. Ça n'a pas
été dépensé, donc, ça retourne au fonds
consolidé. J'ai la bonne interprétation des choses? (17 h 40)
M. Ryan: Le député sait très bien que la
version finale et officielle du règlement sur les conditions de fixation
du loyer était généralement acceptable. Les milieux
concernés nous ont remerciés d'avoir tenu compte de leurs avis.
Nous avions établi des prévisions d'abord qui comportaient un peu
plus. Nous avons écouté ce qui nous a été dit.
Finalement, le règlement que nous avons publié, il n'y a pas
grand monde qui sont venus sur la pelouse à Québec dire qu'ils
voulaient le changer parce que nous l'avons adapté le plus possible pour
tenir compte des représentations qui avaient été faites.
J'avais rencontré le FRAPRU moi-même pour entendre ses
représentations. Il y avait un groupe qui réunissait les
principaux groupements, qui est
venu nous voir également. Il y avait des choses pleine de bon
sens qu'ils nous ont soumises et on écoutait, on prenait des notes.
Après ça, quand on se retrouvait entre nous, on disait: Telle
affaire, il faut en tenir compte. C'est ce que nous avons fait. En particulier,
il avait été question de porter la participation à 30 % du
revenu au lieu de 25 % comme actuellement. On a maintenu le niveau de 25 %. On
avait demandé de graduer la contribution du deuxième jeune adulte
dans le foyer là, qui touche l'aide sociale ou qui a un revenu d'autres
sources de travail. On a tenu compte de ça. On a introduit une
graduation qui fait que le jeune n'est pas taxé au maximum tout de suite
en partant, on lui donne une chance. Le député sait que tout
ça est vrai.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Montmagny-L'lslet.
Dossier des HLM
M. Gauvin: Merci, Mme la Présidente. Je veux juste
vérifier auprès de la Société d'habitation du
Québec ou de vous-même la situation des HLM dans une région
comme celle que je représente. La Société d'habitation du
Québec a peut-être fait la même analyse que j'en fais
finalement, les municipalités sont de moins en moins enthousiastes au
développement des HLM pour personnes âgées parce que le
portrait global de nos régions ou le profil des besoins des personnes
âgées est moins, à mon avis, vers les HLM publics. Les gens
âgés, profitant d'un service amélioré de soins
à domicile du ministère de la Santé, se permettent de
rester dans leur propriété ou dans leur logement plus longtemps.
Je pense que ça a changé le besoin au niveau des HLM publics, au
niveau de la clientèle dans une région comme celle que je
représente. Est-ce que j'ai la bonne lecture? C'est ce que les
municipalités me confirment.
M. Ryan: D'abord, il y a une chose que je voudrais dissiper. Il y
en a qui disent qu'il y a bien des HLM qui sont à moitié vides
à travers le Québec, etc. J'ai regardé les
dernières statistiques et le taux de vacance, c'est à peu
près 200 ou 300 unités sur un total de 58 000. Quand on pense
qu'il y a du mouvement dans ce secteur-là, ce n'est pas grand-chose.
Franchement, là, ceux qui montent des bateaux avec ça, je pense
qu'ils sont mal informés. Premier point.
Deuxième point. Les études de la Société
d'habitation du Québec ont établi que les besoins sont
très inégalement répartis et sont beaucoup plus aigus dans
les grands centres urbains, en particulier dans la région
immédiate de Montréal, dans la région de Québec
aussi. Alors, les recommandations de la Société d'habitation du
Québec, ces dernières années, ont consisté à
proposer qu'un nombre relativement plus élevé d'unités
soit attribué plutôt aux grands centres urbains.
Un troisième point que j'ajouterais, c'est que nous avons
examiné les demandes qui nous sont parvenues cette année des
municipalités. J'ai constaté qu'il y en a un grand nombre qui
n'ont pas répondu à l'appel d'offres qui leur avait
été fait. Je pense que ça, ça confirme ce qu'a dit
le député de Montmagny-L'lslet, qui est toujours assez proche du
terrain, qui suit son affaire de très près. Le nombre total
d'unités qui a été demandé n'était pas
sensationnellement plus élevé que le nombre d'unités qui
avait été envisagé dans la première
répartition. Par conséquent, on voit qu'on atteint là un
certain niveau de saturation de ce point de vue.
Il y a une autre chose qui joue, c'est que les politiques du
gouvernement vont de plus en plus dans le maintien à domicile, dans le
soutien des ménages qui décident de rester chez eux, à
condition de recevoir une certaine aide. Nous considérons que ça
coûte moins cher de fournir une aide à domicile un petit peu plus
élaborée que de construire des maisons où vont aller
habiter les gens. Et puis il y a un nombre croissant de personnes qui ne
veulent pas habiter dans ce genre de maison, pour toutes sortes de raison dont
elles sont maîtres. Je pense que cette question qui a été
posée par le député de Montmagny nous ramène
à la question de fond dont je parlais tantôt, que c'est une
période propice pour réexaminer nos choix dans ces grandes
questions, en tenant compte évidemment de tous les aspects de la
réalité.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur le même
sujet, M. le député de Deux-Montagnes?
M. Gauvin: Oui. Excusez, est-ce que je peux ajouter, s'il vous
plaît, une toute petite question? C'est parce qu'il y a lieu de croire
qu'il y a plus de personnes âgées dans le besoin qui sont
satisfaites de la politique qui s'est développée autour des CLSC
et, évidemment, le ministère de la Santé. Je pense qu'il y
a plus de personnes qui profitent des soins qui répondent à leurs
besoins, tout en restant chez eux dans la mesure du possible. Donc, on rejoint
plus de personnes au niveau des services gouvernementaux, finalement,
conjugués à la Société d'habitation et au
ministère de la Santé.
M. Ryan: C'est dans cette perspective qu'un programme comme le
Programme de remboursement d'impôts fonciers a son importance aussi. On
ne peut pas jouer dans un programme comme celui-là impunément si
on veut encourager des gens à rester davantage chez eux parce que,
à mesure que les gens avancent en âge, leur capacité de
revenus est moins forte, ils ont besoin d'un certain soutien. Encore là,
je dis, si jamais des ajustements intervenaient, qui ne relèvent pas de
ma compétence d'ailleurs, c'est
entendu que le gouvernement veillera à ce que ça touche
les foyers qui ont un certain niveau de revenus. Parce que, d'après les
données que nous avons, il y a des ménages possédant des
revenus de 55 000 $ par année et qui ont accès au remboursement
d'impôts fonciers; et ça, c'est un petit peu fort, à sa
face même. Mais c'est pour ça que, comme je le disais plus
tôt, en réponse à une question du député de
Shefford, on ne peut pas prendre seulement un volet et dire qu'on va agir sur
celui-là, il faut voir l'effet sur les autres volets. Le gouvernement
est très conscient de ça. C'est pour ça qu'on y va avec
toute la prudence nécessaire dans l'exercice d'harmonisation qui est
l'objet d'inquiétudes dans plusieurs milieux. On n'est pas
intéressé à braquer sur la tête des gens des
affaires artificielles ou mal calculées. Merci, j'apprécie
énormément cette préoccupation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Merci, Mme la Présidente. Moi, je viens de
terminer une tournée de mes municipalités. Il n'y en a aucune qui
m'a parlé qu'elle avait besoin d'une extension de HLM. Lorsqu'on est en
campagne électorale et lorsqu'on va dans les HLM, le directeur des HLM
nous dit ça, mais on n'en a pas entendu parler. Moi, je viens de
faire... Je ne parle pas de Saint-Eustache, parce qu'il y en a qui se
construisent dans le moment - je vous voyais, madame - je parie de
l'extérieur. Je n'ai pas compris ce que vous avez dit, mais j'ai
supposé que c'est ça que vous vouliez dire. D'ailleurs, ils ont
déjà commencé à creuser, il est trop tard pour les
arrêter. Mais je parle de l'extérieur: Saint-Placide,
Saint-Benoît, Saint-Joseph, etc., en dehors de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.
Il n'y a pas un conseil municipal qui est revenu à la charge, alors
qu'en campagne électorale ils veulent tout. Je me demande - c'est pour
ça que je m'adresse à la Société - s'il n'y a pas,
premièrement, une certaine saturation dans le milieu rural et,
deuxièmement, je pense que c'est clair aussi que les CLSC nous donnent
le message à savoir que les personnes âgées
préfèrent les soins à domicile. Elles se sentent plus en
sécurité, elles se sentent plus chez eux, elles sont moins
perdues. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que votre
question s'adressait au ministre ou à M. Lapointe?
M. Bergeron: Non, c'était une constatation, Mme la
Présidente, je voulais savoir si j'étais correct dans l'optique
que j'ai constatée.
M. Ryan: Je pense que votre intervention soulève plusieurs
questions. Tout d'abord, le gouvernement a fait des études - j'en ai
déjà parlé ici - sur l'évolution de la
défavorisation ou de la pauvreté au cours des dernières
années. Les études faites par le gouvernement ont indiqué
que le secteur des personnes âgées a connu une amélioration
relative de sa condition par rapport à d'autres segments de la
population. Dans la mesure où sa condition s'est
améliorée, cette catégorie de la population est
peut-être moins obligée de recourir au logement social, ce qui
fait que le besoin diminue. (17 h 50)
C'est facile à comprendre que la position soit
améliorée parce que vous avez le Régime de rentes du
Québec qui a commencé à produire des fruits, il y a
quelques années, pour les personnes qui arrivent à l'âge de
la retraite. Ça n'existait pas avant, ça. Il y a le
supplément de revenu garanti qui existe à Ottawa
également. Il y a les régimes de rentes privés qui
s'étaient multipliés depuis la Révolution tranquille, qui
produisent également des bénéfices intéressants
pour les titulaires. Toutes ces choses-là ont contribué à
une amélioration de la condition des personnes âgées qui
font que les besoins de logements sociaux ne sont pas exactement ce qu'ils
étaient. Ceux qui représentent des circonscriptions rurales le
savent. Des fois on voit que, dans un village, il y a un mouvement d'opinion
qui se crée: un projet HLM. Ça peut aussi bien être la
chambre de commerce qui prenne l'initiative de ça ou le maire ou tout
ça, puis, eux autres, c'est autant pour leur popularité, des
fois, que pour répondre à un besoin vérifié. Puis,
on le voit, nous autres, il y a bien des projets qu'on reçoit. On ne
peut pas les appuyer sur des listes suffisantes de candidats. Il y en a qu'on
est obligés d'abandonner en cours de route. Parce que ça avait
été présenté avec des noms de personnes qui n'en
avaient plus besoin après un certain temps. Il y a toutes sortes de
choses qui arrivent. Il n'y a pas la même intensité de besoins en
milieu rural qu'il a pu y avoir un certain temps. Ça, c'est
d'accord.
Puis, chez les personnes âgées, également ceci. Il y
a un autre point intéressant. Il y a des personnes qui arrivent à
un degré d'autonomie diminué, mais pas suffisant, disons, pour
justifier le passage en centre d'accueil. Puis, là, il y a
peut-être un besoin d'unités d'habitation à
caractère social, mais adaptées aux besoins de ces
personnes-là. La Société s'interroge là-dessus. On
a un programme qui est géré conjointement avec le
ministère des Affaires sociales pour certaines catégories de
personnes. Je souligne, parmi les points qui ont donné lieu à des
améliorations substantielles l'an dernier, que le programme
qu'administrait l'Office des personnes handicapées a été
transféré à la Société d'habitation du
Québec. On avait prévu qu'on traiterait combien? 300, 400
dossiers, qu'on réglerait 300, 400 cas au cours de l'année, on en
a réglé deux fois plus. On en a réglé 800. On
devait mettre à peu près 2 000 000 $; on a mis près de 4
000 000 $ là-
dedans. À la Société, il y avait une liste
d'attente - je ne sais pas si le député était familier
avec ça - qui était le gros sujet d'hésitation pour le
transfert, on se disait: Qu'est-ce qui va arriver avec les personnes qui sont
sur la liste d'attente? Bien, la liste d'attente, j'ai des bonnes nouvelles, on
est en train de la faire fondre. Il y avait au moins 800, 900 noms sur la liste
d'attente, je pense.
M. Lapointe: On s'est donné trois ans, mais ça ne
prendra pas trois ans.
M. Ryan: la société s'était donné
trois ans; la liste d'attente va avoir été éliminée
avant ça. ça, je pense, c'est une nouvelle très
très intéressante.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Ryan: Ça va?
M. Paré: oui. on va demeurer dans les hlm...
M. Ryan: Vous allez en parler.
M. Paré: ...vous avez fait pas mal le tour, mais juste
quelques commentaires, puis une question. C'est évident qu'il semblerait
qu'il y a moins de demandes pour les HLM. Je dois dire que c'est un peu
relatif. Il s'agirait de relire les transcriptions de l'année
passée pour se dire: Je ne suis pas tellement surpris. On l'avait dit
que dès qu'on était pour changer le règlement de la
sélection des locataires dans les HLM, en rendant ça plus
exigeant, en faisant en sorte d'éliminer beaucoup de gens, la liste des
30 000 était pour fondre. Et puis, là, aujourd'hui, on constate
qu'on avait raison. Quand on change le règlement de sélection,
puis qu'on dit: Tant de milliers de gens n'ont plus le droit à cause des
revenus ou à cause de la famille, puis des enfants qui participent,
ça devient moins alléchant. Donc, le discours qu'on tenait il y a
une année: la liste va fondre, on va justifier qu'on en a moins besoin.
On est un an plus tard, puis on dit: La liste a fondu, puis on n'en veut plus.
Bien, je ne suis pas surpris. Quand on rend le programme moins accessible,
moins alléchant, il est moins utilisé. Donc, ce n'est pas une
surprise.
Qu'il y ait des municipalités qui n'en veulent pas, ce n'est pas
d'hier. On connaît ça. Sauf que je dois vous dire... Puis vous
voyez ça régulièrement, des gens qui en annoncent dans
leur comté, dans leur municipalité, ils sont très heureux;
entre autres, les petites municipalités. Ça, il faut être
prudent. Je suis d'accord avec ça, par exemple, il ne faut pas qu'il y
en ait trop, puis, à certaines places, je pense, qu'il n'y a ni le
besoin ni l'utilité d'en avoir. Mais, il y a des municipalités...
Je regardais la fête que ça faisait à Sainte-Christine
d'avoir une coopérative - mais c'est quand même du logement social
- pour garder les personnes âgées dans le village. Sinon, elles
n'ont pas le choix, elles quittent. Et, après, on se demande pourquoi il
y a des régions qui se vident, puis il y a des municipalités qui
se vident. Ce n'est pas seulement les jeunes qui vont étudier ailleurs;
les personnes âgées, quand elles veulent un petit peu de services
ou de sécurité, elles n'ont pas le choix de quitter leur petite
municipalité. Le HLM a un rôle social de densification des petites
municipalités, pas des grandes seulement. Et ça, ça a un
rôle social important. C'est pour ça que moi, en tout cas, avant
qu'on décide de les abolir totalement puis dire qu'il n'y a pas personne
qui en veut...
Je faisais juste regarder le portrait de Pierre Paradis qui a
annoncé son HLM-personnes âgées avec Mme Bertrand, cette
semaine, le sourire fendu jusqu'aux oreilles tous les deux. Ils permettaient de
garder leurs personnes âgées dans un HLM à Bromont. Qu'ils
étaient contents, ces gens-là. Puis on était contents pour
eux autres. Ce n'est pas vrai que personne n'en veut, sauf qu'il faut faire
attention, il faut en accorder avec discernement, là où le besoin
se fait sentir. Mais, qu'il y ait une demande moins forte, je dois dire que je
ne suis pas surpris. Et il va falloir, comme société, qu'on ait
aussi des logements de plus en plus adaptés. Vous en avez parlé,
M. le ministre, je suis d'accord avec vous.
Est-ce qu'il n'y a pas moyen que la Société d'habitation
du Québec ne s'accroche pas à ses normes comme avec la Bible et
qu'elle décide qu'il pourrait y avoir des critères beaucoup plus
faciles, beaucoup plus ouverts par rapport aux nouvelles demandes? Pourquoi un
HLM doit avoir telle grandeur, telle superficie, avec telles normes? Est-ce
qu'il n'y a pas moyen de regarder des exemples - c'est de Charny, si je me
rappelle bien, les gens que j'avais rencontrés - où on peut
accepter qu'il y ait des appartements plus petits pour des gens seuls, pas
nécessairement en perte totale d'autonomie, mais en autonomie
restreinte, de pouvoir avoir des appartements plus petits et mettre le
même montant sur la bâtisse, mais qui va permettre de se donner des
aires communes? Et quand je parle d'aires communes, pas seulement des services
et de l'espace, mais d'être ouverts sur le milieu. Donc, près
d'une paroisse, près de... En tout cas, dans le coeur d'une
municipalité ou dans le coeur d'un quartier, avoir une habitation
adaptée qui est ouverte sur le milieu. Donc, les espaces communs peuvent
être utilisés non seulement par les résidents, mais par les
gens du quartier, à l'extérieur. C'est ce qu'on appelle continuer
à vivre avec le milieu. Moi, je pense que c'est ça qu'il faut
regarder. On n'abolit pas une formule qui est là depuis longtemps et qui
a fart ses preuves, on l'améliore pour la rendre plus conforme aux
besoins changeants d'une popula-
tion qui est vieillissante.
Ma question sur les HLM: II y a eu 1625 mises en chantier, selon les
chiffres que vous nous avez fournis, en 1991. Avec le discours qu'on entend ici
et la remise en question des HLM dont il a été question depuis le
début de l'après-midi, avec la coupure du gouvernement
fédéral de 21 % sur le prochain budget des programmes
partagés, donc HLM publics, comment vous prévoyez en mettre en
chantier en 1992?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, pour l'année 1992, on va essayer de
diminuer le moins possible. Il y a des projets qui avaient été
retardés pour une raison ou l'autre, qui étaient
déjà quand même entrés dans la machine, qui vont se
mettre en marche. Il y en a d'autres qu'on va autoriser. Moi, je ne pense pas
que l'effet majeur se produise tout de suite en 1992 sur les mises en chantier.
Mais, M. Lapointe, j'aimerais ça qu'il complète là-dessus
parce qu'ils sont plus dans la gestion des opérations que le ministre
peut l'être et je voudrais qu'il vous dise en toute vérité
les perspectives comme il les entrevoit, sujet évidemment...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Lapointe.
M. Ryan: II y a des choix qui n'ont pas été faits
encore.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant. M. le
député de...
M. Paré: Oui. Je n'ai absolument pas d'objection, au
contraire. C'est juste de préciser ma question. Par rapport aux
crédits qui sont déposés et à la coupure
fédérale qui est annoncée, donc qui est connue, aux
prévisions en termes d'unités qui sont connues au moment
où on se parle, parce qu'on a planifié l'année, c'est quoi
les mises en chantier qui sont planifiées pour 1992?
M. Lapointe: J'aimerais savoir si vous parlez des
prévisions de mises en chantier ou des prévisions
d'engagement.
M. Paré: Des mises en chantier. Parce que, ce dont je vous
ai parlé, 1625, c'est des mises en chantier selon les documents que j'ai
reçus. Donc, j'aimerais savoir c'est quoi les mises en chantier
prévisibles, prévues pour cette année, pour 1992.
M. Ryan: M. Angers, qui est vice-président de la
Société, va peut-être répondre là-dessus.
M. Angers (Paul): En fait, ce qui est prévu cette
année comme mises en chantier n'est pas influencé par le budget
fédéral de cette année, puisque les engagements qui
permettent les mises en chantier de cette année ont été
pris au cours de l'exercice antérieur souvent et ne sont pas... Je ne
dis pas que c'est impensable qu'une mise en chantier se fasse la même
année que l'engagement, mais la grande partie des mises en chantier qui
vont se faire et qui sont en cours dans le moment résultent
d'engagements antérieurs et ne sont donc pas soumis à la coupure
budgétaire que le fédéral a annoncée lors du
dernier discours sur le budget. Les prévisions qu'on peut avoir et qui
peuvent évidemment varier selon les contraintes ou les problèmes
qu'on rencontre sont de l'ordre de 1300 environ dans le moment. Mais elles
doivent être équilibrées également par ce qu'on fait
dans les autres programmes, c'est-à-dire ce qui se fera dans le secteur
privé avec les coops et les OSBL, et ce qui pourra se faire
également en matière de supplément au loyer, de
façon à maintenir un volume d'intervention suffisant. (18
heures)
M. Paré: Donc, pour 1992, on planifie maintenant 1300
mises en chantier de HLM publics.
M. Angers: Oui.
M. Paré: Étant donné que...
M. Lapointe: Peut-être seulement pour compléter,
pour dire que cette prévision-là est très
influencée par nos engagements de l'année qu'on vient de
terminer, l'année 1991, parce que la mise en chantier n'intervient
qu'après que l'engagement est contracté.
M. Paré: Dans les 1300 qu'on prévoit mettre en
chantier cette année, il y avait de la programmation HLM publics. Pour
la programmation 1991, la feuille que vous nous avez remise, «programme
HLM publics», il y avait 1000 unités qui étaient
identifiées. Là, on nous parle maintenant de 1300. Est-ce que
c'est ces 1000 là de l'an passé, qu'on va faire cette
année, et 300 autres qu'on va rajouter? Les 1300, comment on les...
Est-ce qu'ils sont acceptés? 1000 d'acceptés et 300 à
venir? Je ne sais pas si je suis clair, mais je voudrais savoir comment on les
calcule.
M. Ryan: Regardez, les 1000 dont vous parlez, je pense que c'est
un nombre d'unités qui a été annoncé
l'été dernier pour Montréal et Québec. On avait
pris une décision anticipée dans le cas de Montréal et
Québec parce qu'ils voulaient mettre leur programme en marche plus
tôt, on avait anticipé sur la décision
générale du gouvernement en leur attribuant 1000 unités:
800, je pense, à Montréal et 200 à Québec.
Une voix: C'est ça.
M. Paré: Est-ce que ces 1000 là sont les
1300 dont on parie?
M. Ryan: c'est difficile à dire, ça, là; il
y en a sûrement une partie. il y en a peut-être une partie qui va
être mise en chantier dans un an et demi, deux ans, on n'a pas de
contrôle immédiat là-dessus.
M. Paré: donc, c'est 1300 qui est prévu pour cette
année. ce qu'on sait, c'est qu'il va y avoir des mises en chantier pour
1300 unités en 1992.
M. Ryan: Ça pourrait arriver qu'il y en ait plus aussi,
ça va dépendre de l'empressement des gens à mettre en
marche les projets déjà approuvés en premier lieu.
M. Paré: Sauf que...
M. Ryan: Comme le disait M. Angers, pour les projets qui vont
être adoptés dans la programmation qu'on va arrêter au cours
des prochaines semaines, ça, il n'y a pas beaucoup de chance que
ça se mette en marche au cours de l'année, sauf exception.
Ça affectera les mises en chantier de l'année 1993,1994
aussi.
M. Paré: Si, en termes d'unités, on dit que
ça peut varier, en termes de budget qu'on a planifié pour ce
programme, c'est quoi?
M. Ryan: Pardon?
M. Paré: Le budget dans les crédits
réservés aux HLM publics.
M. Ryan: C'est parce qu'il faut bien se rendre compte que les
unités qui vont être construites cette année, là ce
n'est pas des dépenses de fonctionnement...
M. Paré: Non. Une voix: Bien non.
M. Ryan: ...c'est des dépenses d'immobilisation qui vont
donner lieu à des emprunts et à des opérations
financières destinées à assurer la marche de ça et
le financement de la construction. Et, après ça, c'est
réparti sur une période qui va prendre de nombreuses
années. Il y a des emprunts qui sont faits pour ça, des
obligations qui sont émises et tout. Ce qui rentre dans les
dépenses, c'est les budgets de fonctionnement. Une fois que la maison
est ouverte et occupée, là, le budget de fonctionnement
commence.
M. Paré: Non. Moi, ce que je veux savoir... En termes
d'unités, vous avez répondu: On s'attend à 1300; ceux qui
sont commencés, ceux qu'on va annoncer, mais la plupart c'est des mises
en chantier de projets déjà acceptés.
C'est sûr qu'il y en a qui vont être refusés en
disant: On n'a plus de budget, donc c'est sûr qu'on fait une
planification. La preuve, c'est qu'on étudie les crédits. Dans
les crédits planifiés, ce que j'aimerais savoir, autant en termes
de fonctionnement que d'immobilisation, autant le fédéral que le
provincial, c'est quoi la ventilation ou le montant d'argent qui est
réservé pour les HML publics en 1992-1993, sur l'année
financière qui commence? On a ça certain.
M. Ryan: Oui, regardez, vous l'avez dans les données qui
vous ont été communiquées sans doute. le budget total
prévu pour les hlm, c'est 207 400 000 $. là-dessus, la part de la
société canadienne d'hypothèques et de logement est de 125
000 000 $ et la part de québec est de 82 200 000 $.
M. Paré: O.K. Ça répond à ma
question. Mais ça veut dire, par rapport à l'année
passée, où on retrouve dans le livre des crédits 227 000
000 $, une diminution de 20 000 000 $ dans les HLM publics pour l'année
1992-1993.
M. Ryan: Ça se peut. Seulement en raison de la diminution
des taux d'intérêt, vous arrivez probablement à pas loin de
ça, vous savez.
Effet éventuel de la TVQ sur la construction
d'habitations
M. Paré: Là, j'aimerais ça qu'on aille - si
on veut se garder du temps pour la Régie - sur un autre dossier,
très rapidement. On en a parié tantôt, mais je veux y
revenir parce que c'est trop important. Vous avez reçu comme moi,
probablement, et comme tous les députés, une belle brique qui
vient de l'APCHQ. Une belle brique qui aurait fait une belle maison, mais voici
la première brique d'une maison qui ne sera jamais construite à
cause de la TVQ. On en a parlé tantôt. La réponse que j'ai
eue, c'était que ce n'est pas vous qui allez prendre la décision.
Je comprends. Sauf qu'il faut regarder la situation telle qu'elle est,
connaissant l'importance de la construction dans l'économie. Et
là il y a déjà 20 000 personnes - la pétition vous
a certainement été envoyée - au-dessus de 20 000 personnes
ont signé une pétition demandant à ce qu'il n'y ait pas la
TVQ. Et ce que les gens disent, c'est que c'est une augmentation très
importante sur les maisons par rapport au coût. On parie de 5,5 % qui
vont se refléter, effectivement, sur l'achat d'une maison. Donc, qu'il y
ait diminution cette année, est-ce que ça se rapporte juste au
contexte économique? Probablement, selon les chiffres que nous donnent
les associations de constructeurs, que ça empêchera 5000 personnes
capables d'acheter une maison, au moment où on se parie, de faire le
geste. Donc, 5000 familles qui ne s'achèteront pas une maison parce que
la TVQ va augmenter les coûts.
C'est sûr que ce n'est pas vous qui allez décider, sauf
qu'on va le savoir dans quelques semaines, de la bouche du ministre des
Finances. Comme vous êtes ministre responsable de l'habitation et dans ma
tête à moi - et c'est la réalité aussi - responsable
de ce secteur parce que les programmes d'aide, soit à la mise de fonds
ou à l'accession à la propriété, viennent du
ministère de l'habitation, et comme ça a un effet sur la
construction et l'accès à la propriété, et qu'on
sait que la TVQ, c'est dénoncé autant par ceux qui construisent
des maisons neuves que par ceux qui sont intéressés à la
rénovation... Parce que là, ce n'est pas des petits morceaux.
L'achat d'une maison, c'est un investissement important.
Ce n'est pas vous qui allez décider, c'est évident. Ce que
je veux savoir, c'est: Est-ce que vous êtes d'accord avec les
intervenants qui dénoncent la TVQ et qui demandent votre appui pour ne
pas qu'elle s'applique? Est-ce qu'on peut compter sur votre appui au Conseil
des ministres? Parce que vous ne vous êtes pas prononcé. Est-ce
que vous trouvez que la TVQ doit, oui ou non, s'appliquer sur ce secteur de
l'économie? Et, sinon, est-ce que vous allez faire comme certains de vos
collègues, dont Mme la ministre des Affaires culturelles - je la citais
tantôt -qui a dit qu'elle trouvait inacceptable qu'il y ait cette
taxe-là sur les livres et qui, finalement, s'est jointe au mouvement de
contestation qui a fait que ça n'a pas passé? Est-ce que vous
allez défendre le milieu au Conseil des ministres et demander que la TVQ
ne s'applique pas dans le secteur de l'habitation?
Je vais juste conclure là-dessus. Pourquoi je reviens
là-dessus et pourquoi j'insiste? C'est que vous avez dit tantôt
qu'il n'était pas question que le gouvernement intervienne de quelque
façon que ce soit, cette année, pour stimuler la construction.
Comme le fédéral a annoncé deux mesures, la mesure des 5 %
au lieu des 10 % et l'utilisation des REER, et que c'est suffisant... Mais,
comme il n'y a pas d'autres mesures, est-ce que vous allez en prendre une qui
serait le fait que la TVQ ne s'applique pas dans le secteur de l'habitation?
Parce que l'effet que ça aurait, probablement, c'est d'empêcher et
de nuire à la reprise économique. Et si vous vous contentez de
dire... Je trouve que ce n'est pas... On ne peut pas se contenter de ça
puisque les derniers chiffres nous prouvent que, depuis le début de
l'année, ce n'est malheureusement pas très encourageant au niveau
de la construction au Québec, et ça l'est plus dans d'autres
provinces. Il faut, je pense, qu'il y ait quelque chose qui soit fait. Et si on
ne veut pas et qu'on laisse la place au fédéral en matière
de programmes d'aide, est-ce que, au moins, on ne nuira pas à la reprise
en appliquant la TVQ? Est-ce que vous êtes d'accord avec les
présomptions qui sont faites par le milieu? Et est-ce que vous allez les
défendre au Conseil des ministres? (18 h 10)
M. Ryan: Nos services procèdent à des
vérifications sur plusieurs affirmations de l'Association provinciale
des constructeurs d'habitations concernant l'impact éventuel de la TVQ.
Les constatations auxquelles nos services en arrivent ne coïncident par
sur tous les points avec celles de l'APCHQ. Alors, il y a des convergences
à réaliser dans la perception des données, la projection
également des impacts possibles. Mais nous sommes conscients des
difficultés qui peuvent se présenter de ce côté et,
à ma connaissance, des discussions se poursuivent au niveau du
ministère des Finances à ce sujet. Des représentations ont
été faites au ministère des Finances; le ministère
des Finances examine cette question-là. Je crois bien que la
décision qui sera arrêtée sera rendue publique au moment
que choisira le ministre des Finances, mais fort possiblement au moment du
discours sur le budget.
À la question que vous me posez: Est-ce que vous allez faire
campagne publiquement pour une affaire qui doit être discutée
à l'intérieur du gouvernement? Ma réponse est clairement:
Non, ce n'est pas mon style.
M. Paré: Je ne veux pas que vous fassiez la discussion en
public, de toute façon...
M. Ryan: C'est ça que vous me demandez de faire.
M. Paré: Non. Je ne peux pas vous forcer à la
faire.
M. Ryan: C'est exactement ça que vous me demandez de
faire. Ma réponse est non.
M. Paré: J'aimerais ça que le milieu sache si le
ministre qui est responsable du secteur de l'habitation est sensible aux
préoccupations qu'ils ont, à l'inquiétude qui est
manifestée. Est-ce que vous ne pensez pas que c'est une barrière
importante par rapport aux gens qui veulent accéder à la
propriété? On dit que ça diminue. Je me rappelle du
discours il y a une année aussi. Je ne l'ai pas
répété là, mais je peux le répéter:
II y a eu diminution l'année passée, malgré que le taux
d'intérêt était à un niveau qu'on n'avait pas vu
depuis tellement d'années. Il y avait un paquet de facteurs qui
étaient favorables à la construction. Pourtant, il y en a eu
moins que l'année précédente, puis on disait: Bien, ce
n'est pas dur à expliquer, tout augmente tellement! En plus d'avoir peur
de perdre nos emplois, il y a l'inquiétude d'augmentations de toutes
sortes. Puis, là, on nous a annoncé que, le 1er mai, ça va
être l'électricité; puis la TVQ probablement le 1er
juillet; puis, ensuite de ça, les transferts aux municipalités
vont amener des augmentations de taxe foncière.
L'inquiétude fait que c'est souvent ça. Il n'y a pas juste
la capacité, il y a la volonté de
se porter acquéreur d'une maison et, avec le nombre de
barrières et d'inquiétudes que les gens perçoivent
maintenant - puis on en a parlé, il y a des chiffres qui sont sortis -
le nombre de dizaines de milliers de citoyens ayant les moyens de devenir
propriétaires, mais qui ne le font pas, il y a des questions comme
ça, des inquiétudes qui sont suscitées qui font qu'ils
vont attendre. Puis, en attendant, l'économie attend aussi.
M. Ryan: Je voudrais vous dire une chose, l'Association
provinciale des constructeurs d'habitations du Québec sait très
bien qu'elle a obtenu plus sous le ministre actuel qu'elle n'avait obtenu
depuis très longtemps en matière de soutien à
l'habitation. Les faits sont là qui parlent par eux-mêmes. Quand
elle a présenté ses inquiétudes au sujet de la TVQ, nous
en avons discuté avec elle. Au début, les représentations
étaient très catégoriques: On veut exemption pure et
simple. À mesure qu'on examine ça, le discours devient
peut-être un petit peu plus nuancé. Là, il est question
d'atténuation que l'Association souhaiterait, sans qu'il soit
nécessairement question d'une exemption totale.
Alors, il y a toutes sortes de perspectives qui sont examinées.
Les conversations se poursuivent dans un climat très constructor, parce
que l'Association provinciale des constructeurs d'habitations a
généralement une politique très constructive. On a des
rapports de collaboration avec elle qui sont, à mon point de vue,
excellents. Je pense que de tout ça il devrait sortir des conclusions
adaptées aux exigences de la réalité.
Encore une fois, je reviens sur l'autre point. Je suis content de voir
que la question du député a évolué à mesure
qu'il revenait à la charge. Il se rend compte que d'aller demander
à un ministre de faire ses campagnes sur le dos de ses collègues,
en public, ce n'est pas la façon la plus judicieuse de lui donner des
conseils.
M. Paré: Non. Sauf que vous allez me permettre
d'être inquiet parce que, de la façon dont...
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Paré: ...je perçois la réponse que vous
me donnez, il y a quelque chose d'important qui s'en vient par rapport au
coût d'une maison, pour ceux qui vont accéder à la
propriété, à partir du 1er juillet. Beaucoup de gens l'ont
manifesté et en ont parlé. Et que vous ne preniez pas position
publiquement, c'est votre droit, je respecte ça. Mais, en même
temps, vous dites: On est en train d'étudier ça au
ministère des Finances pour voir ce qu'on peut faire. Mais ça me
laisse sous-entendre qu'au ministère des Affaires municipales,
responsable de l'habitation, qu'à la Société d'habitation
du Québec, respon- sable de tout ce vaste secteur important pour
l'économie, on n'a pas fait d'études, on n'a pas
évalué les conséquences de cette taxe par rapport au
secteur dont on est responsable. Et, là, on fera quoi? On constatera les
dégâts si jamais ce n'était pas bon, ou le ministre des
Finances pourra faire ses études. Il fera ses études, mais il n'y
aura pas, du ministre sectoriel, de l'argumentation basée sur une
étude faite, évaluant les conséquences de cette taxe pour
défendre ça au Conseil des ministres. Ou j'ai mal perçu
ou, si c'est ça, je trouve ça déplorable.
M. Ryan: Je pense que votre perception est erronée, parce
qu'il y a beaucoup de consultations qui se font entre le ministère des
Finances et le ministre responsable de l'habitation, y compris la
Société d'habitation du Québec, sur tous ces sujets. Les
consultations sont fréquentes, je dirais même, continues. Et je ne
voudrais pas que le député ait le moindrement l'impression que
l'action de l'un et de l'autre se fait dans des voies parallèles qui ne
se rencontreront jamais. Les communications existent de manière
régulière et suivie. Et je dois dire que mon collègue, le
ministre des Finances, est très soucieux d'obtenir l'avis de son
collègue, le ministre responsable de l'habitation, sur toutes les
questions qui peuvent avoir une implication pour le secteur de l'habitation. Je
dois vous dire qu'il traite ces questions avec beaucoup de
considération.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Montmagny-L'lslet.
M. Gauvin: Merci. Dans le même sens, Mme la
Présidente, auprès de M. le ministre. Ce que j'aimerais ajouter
et ce qu'il faudait comprendre aujourd'hui, à l'occasion du débat
des crédits pour l'habitation, c'est que les députés du
gouvernement du Québec, mes collègues - j'ai été
témoin - s'inquiètent ou s'intéressent, justement,
à l'impact que peut avoir la TVQ au niveau de l'habitation. Mais ce
n'est pas le seul dossier où ils sont inquiets. Aujourd'hui, on parie
d'habitation, mais j'ai vu de mes collègues et moi-même relever
notre inquiétude au niveau du tourisme. Donc, vous avez de vos
collègues ministres qui ont reçu certaines réflexions de
la part de plusieurs députés et c'est pour dire, justement, que
le ministre des Finances tente probablement de faire un portrait global de
l'impact que ça pourrait avoir. Je le présume.
M. Ryan: S'il écoutait toutes les représentations
qui lui sont faites quant aux exceptions qu'il devrait envisager, il ne
resterait pas beaucoup d'espace pour l'application de la TVQ aux secteurs
où elle n'existe pas déjà, parce que chaque secteur est
venu faire ses représentations à tour de rôle. C'est le
problème du ministre des Finances et, évidemment, il ne peut pas
dire oui
à tout le monde, sous peine d'annuler des mesures de fond qu'il a
instituées. Ça, c'est son défi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
Abolition de programmes fédéraux d'aide
au logement
M. Paré: On a discuté tantôt par rapport
à l'abolition des programmes fédéraux d'aide au logement.
C'est sûr que, là - puis on en a parlé tantôt - le
gouvernement fédéral a décidé de couper dans deux
programmes ou de deux façons: D'abord, dans les coopératives;
donc, le volet coopératives fédéral. En sachant ce que
ça veut dire, c'est 600 unités au Québec par année.
Donc, c'est quand même important, sachant comment ça répond
à un besoin des gens et comment c'est important, ce genre de programme
pour une clientèle qui, en fait, nous amenait une mixité, ce qui
nous est souvent demandé. Et l'autre volet, qui veut qu'on coupe dans
les montants qu'on va investir comme tels, les transferts.
Ma question. Le ministre a déclaré, quand il était,
en fin de semaine... Donc, très constant. C'est bien, là-dessus.
Le ministre a dit dans sa déclaration de cet après-midi, entre
autres, qu'on va s'ajuster. Ce qu'il avait dit lors de sa déclaration
à l'Union des municipalités en fin de semaine, attendez un petit
peu: «Le gouvernement estime qu'il n'est pas possible pour lui de
maintenir son engagement dans le secteur au cours des prochaines années,
à cause des coupures fédérales». Donc, ce n'est pas
très long. Je vais vous le lire, ça va nous mettre dans le
contexte: «En matière d'habitation, je dois vous prévenir
que nous faisons face, en 1992, à une année de vaches maigres.
Tout d'abord, les programmes AMI et Mon taux, mon toit, dont nous avons pu
apprécier d'excellents résultats, ont pris fin au 31 mars.
À moins que le ministre des Finances n'en juge autrement dans son propre
budget, ils ne seront pas renouvelés au cours de l'exercice
budgétaire inauguré le 1er avril.» (18 h 20)
Je dois dire qu'avec les déclarations que vous avez faites et le
texte de cet après-midi, ce serait surprenant, parce qu'on dit: Non, on
laisse la place aux deux programmes gouvernementaux fédéraux.
«Le gouvernement du Québec a fourni, l'an dernier, un effort
exceptionnel pour soutenir la construction d'habitations nouvelles. Vu le
surplus de logements neufs qui existent actuellement, vu aussi les mesures
visant à faciliter l'obtention de prêts hypothécaires
instituées cette année par le gouvernement fédéral,
vu les mesures nombreuses prises par diverses municipalités dans ce
secteur, vu, enfin, les ressources limitées dont il dispose, le
gouvernement estime qu'il n'est pas possible pour lui de maintenir son
engagement dans ce secteur au cours des prochaines années. «Dans
le domaine du logement social, les nouvelles en provenance du gouvernement
fédéral, dont le rôle est décisif à cet
égard, sont franchement déprimantes.» Là, vous
dites: «En conséquence de ces décisions, le gouvernement
québécois devra réduire considérablement le nombre
d'unités nouvelles d'habitation qui seront construites au cours de la
prochaine année, autant au chapitre des habitations à loyer
modique qu'à celui des habitations construites par les organismes
privés sans but lucratif.»
Donc, on sait qu'il va y avoir diminution, vous le dites. C'est ce que
je disais au début de mon intervention, cet après-midi, c'est la
résignation, c'est l'harmonisation. On va accepter. Vous trouvez
malheureux qu'ils ne vous aient pas consultés et vous dites que vous
aimeriez ça que la politique nationale soit décidée, mais
elle ne l'a pas été, de concertation et de dialogue. Ça me
ramène encore une fois au conseil général du Parti
libéral du mois de mars. J'aime ça qu'on ne soit pas en
contradiction, mais je veux savoir si on est d'accord. Parce que la
résolution 15, c'est le désengagement du fédéral
dans les coopératives d'habitation. «Attendu que le gouvernement
fédéral s'est désengagé lors du discours sur le
budget, en date du 25 février 1992, du Programme de soutien aux
coopératives d'habitation en vigueur depuis 1985, et ce, en dépit
d'une promesse de le maintenir pour l'année 1992; «Attendu que la
disparition du Programme de soutien financier réduira de 600 le nombre
d'unités de logement prévu pour le Québec en 1992 et de
près de 1650 unités en 1993; «Attendu que le Programme de
soutien aux coopératives d'habitation destinées aux familles
moins - attendez un petit peu, la photocopie n'est pas très bonne -
nanties est reconnu comme étant efficace et performant en matière
de logement social; «II est résolu que le gouvernement du
Québec désapprouve le désengagement du gouvernement
fédéral au Programme de soutien aux coopératives
d'habitation et qu'il condamne également la réduction de sa
contribution financière dans l'entente-cadre Canada-Québec, mai
1986, sur l'habitation sociale et lui demande de verser une pleine compensation
financière pour l'année 1992-1993.»
Donc, la résolution dit, effectivement, que le gouvernement
dénonce, mais aussi demande. Jusqu'à maintenant, je voudrais
savoir si le gouvernement du Québec, le ministre a fait quelque
démarche que ce soit puisque, jusqu'à maintenant, les seules
choses publiques qu'on a vues, c'est une réponse à une question
à l'Assemblée nationale, à un moment donné, le
discours devant l'Union des municipalités, le discours aujourd'hui et
les réponses qu'on a entendues depuis tantôt,
où ça va toujours dans le même sens: on ne fait
rien. on trouve ça dommage. lorsqu'il y a eu assemblée des
ministres fédéraux, le ministre ne pouvait pas être
présent puisque c'était lors d'une motion à
l'assemblée nationale, le 10 avril, justement pour que le québec
ne participe pas aux négociations fédérales-provinciales
sur la constitution. donc, le ministre n'a pas pu se présenter à
Ottawa.
Est-ce que le ministre, au-delà de dire que c'est navrant - tous
les termes qui sont dans son discours - que c'est inacceptable, que ça a
été fait de la mauvaise façon, est-ce qu'il a l'intention
d'aller dans le sens de la recommandation 15 du conseil général
du Parti libéral qui demande que le gouvernement, lui, demande au
gouvernement fédéral de verser la pleine compensation pour
l'année 1992-1993? Ou s'il n'y aura pas de demande et qu'on va aller
dans le sens de son discours de la semaine passée: il va falloir aller
en diminution d'unités de logement dans le logement social?
M. Ryan: Regardez, il y a deux choses. Le programme des
coopératives, c'est un programme fédéral, ça. Nous
autres, nous n'étions pas impliqués dans ce programme-là,
sauf que nous émargions au budget de ce programme pour un certain nombre
d'unités de supplément au loyer. Le programme des
coopératives proprement dites, nous n'étions pas impliqués
dans ce programme-là. Si le gouvernement fédéral a
décidé de le laisser tomber, je ne vois pas à quel titre
on aurait exigé un montant pour le Québec dans un programme
où nous ne participions pas. Je comprends que ce n'est pas facile
à comprendre la structure de tous ces programmes-là.
Moi-même, il y a certains éléments que je suis loin de
comprendre complètement. Mais, en tout cas, il y a ça pour ce
programme-là.
Il y a deux facteurs qu'on ne peut jamais ignorer dans ce genre de
discussion. D'abord, est-ce que vous allez demander de l'argent à
quelqu'un qui n'en a pas? Si vous demandez de l'argent à quelqu'un qui
est endetté jusqu'au cou, qui est sur le bord de la faillite, vous
risquez de vous ramasser avec 10 %. Ça fait qu'il faut toujours penser
à ça quand on pense au gouvernement fédéral, que
c'est un gouvernement qui est très mal en point financièrement.
On peut bien faire les thèses qu'on voudra, la réalité,
c'est ça.
Deuxièmement, le gouvernement du Québec, quand il va
négocier de finances avec Ottawa, généralement, ça
se fait par le premier ministre et le ministre des Finances, puis là,
eux autres, vont tenir compte de l'ensemble des secteurs où le
Québec n'a pas satisfaction. Ils vont faire la liste des secteurs, puis
ils vont dire: Là, on s'est fait organiser. Là, on n'a pas tout
à fait ce qu'il nous faudrait. Ici, on pourrait améliorer. Puis
ils présentent une liste, un menu finalement qui donne lieu à un
arrangement d'ensemble. Il peut arriver que l'arrangement... que M. Mulroney
dise à M. Bourassa: Bien, je vais te donner 200 000 000 $ sur ceci. Ne
me parle pas du reste. Puis, ça va vous donner en tout tant, puis tout
ça. C'est comme ça que ça finit, au bout de la ligne. Ce
n'est pas une opération d'épicerie, ça, où chacun
s'en va frapper puis dit: Tu me dois ça, tu me dois ci. Ce n'est pas
comme ça que ça marche. Alors, dans cette perspective-là,
je ne peux pas demander au gouvernement, honnêtement, d'aller
récupérer des montants dans lesquels il n'était pas
impliqué, des montants consacrés à des programmes dans
lesquels nous n'étions pas impliqués. Mais, là où
il y a là perte, c'est évident que tout ça est
rapporté au ministre des Finances, au premier ministre également,
de manière à ce qu'ils puissent instituer les démarches
appropriées. Puis, si, moi, le ministre des Finances ou le premier
ministre me dit: Dans votre secteur, allez donc essayer de barguigner pour
obtenir tel avantage, je vais le faire volontiers. Mais, il ne faut pas que
chacun parte avec sa croisade, de son côté, puis dise: Bien, moi,
je vais leur montrer comment est-ce qu'on va chercher ça. Ce n'est pas
comme ça.
M. Paré: Je dois reconnaître que vous êtes
très constant et congruent. On ne peut faire autrement que de le
reconnaître.
M. Ryan: Et discipliné.
M. Paré: Ça veut dire qu'il est correct avec les
principes qu'il défend dans d'autres domaines. En fait, non pas comme
ministre de l'habitation mais comme ministre des Affaires municipales, vous
passez le message aux municipalités: Ne dites rien lorsqu'on vous
transfère des dettes parce que, moi, je ne dis rien quand on m'en
transfère d'Ottawa.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
M. Paré: Ça ne peut pas être plus beau et
plus clair. Comme ligne directe, je dois vous dire, elle est parfaite!
M. Ryan: Ha, ha, ha! Je l'attendais celle-là.
M. Paré: II nous coupe, il est mal pris, on
comprend...
M. Ryan: J'étais surpris qu'elle ne soit pas venue plus
tôt.
M. Paré: ...et puis on ne dit rien. Et nous, bien: Ne
dites rien si je vous en envoie parce que j'accepte ce que les autres me font.
Remarquez que les autres gouvernements provinciaux n'ont pas accepté
ça aussi facilement et ont contesté, ont demandé à
ce qu'il ait des montants investis dans la relance, donc la construction,
l'habitation et les coopératives. Et, le
logement social, c'est aussi de la construction et de l'investissement,
de l'investissement pour la construction et de l'investissement pour l'aide aux
plus démunis. Nous, on dit: On nous coupe, ce n'est pas grave. Oui,
c'est grave. La preuve, c'est qu'on périme, puis je suis convaincu qu'on
va périmer encore plus cette année parce qu'on aura eu moins
d'argent du fédéral. Et, tantôt, on regardait juste les
chiffres. Les HLM, là, on vient de diminuer de 325 ou quelque chose
comme ça. J'ai hâte de voir dans les autres programmes comment on
va aller. Mais, c'est bien sûr, si on en a moins, on dépense
moins. Et on dépense moins, l'économie roule moins, puis la
misère s'installe encore davantage. C'est une roue, ça. Le
gouvernement ne peut pas juste se contenter de dire qu'il y en a moins, il faut
qu'il fasse des gestes. Nous, ici, là, on nous coupe, puis, si je
comprends bien votre réaction, vous dites aux militants du Parti
libéral: Votre résolution, je n'en tiens pas compte. Vous ne
ferez pas de démarches. Vous n'avez pas entrepris de démarches.
Il n'y a pas eu de rencontre, puis vous n'envoyez pas de lettre exigeant qu'on
ne coupe pas parce que ce n'est pas le moment opportun. Nous, on a des gens qui
attendent pour être aidés. Donc, à la place, on va
harmoniser avec l'aide sociale pour couper. Est-ce qu'on ne devrait pas au
moins ou à tout le moins tenter d'aller en chercher un peu plus? (18 h
30)
M. Ryan: regardez, des coopératives étaient venues
me voir, moi, il y a un an et demi, puis elles m'avaient dit: on veut avoir un
programme pour les coopératives d'habitation. je leur ai dit qu'on
n'était pas capable d'en avoir un. je leur ai dit qu'on n'était
pas capable, qu'on les admettait dans le cadre des soumissions pour des projets
présentés par des organismes sans but lucratif privés. il
y a plusieurs projets qu'on a acceptés qui émanaient de
coopératives. on était très heureux. j'avais dit qu'on
n'était pas à un moment où on pouvait envisager un
programme spécial pour les coopératives. le gouvernement
fédéral, lui, en avait institué un.
M. Paré: Mais, sur le deuxième volet...
M. Ryan: Pour être congruent, qu'est-ce que vous me
recommandez?
M. Paré: Pardon?
M. Ryan: Si vous voulez que je sois congruent...
M. Paré: Oui. Moi, ce que je dis, dans les coupures
fédérales, il y a le programme PHI, ça, c'est bien
sûr, c'est strictement fédéral. On peut le dénoncer.
On peut ne pas le dénoncer parce qu'on ne participe pas, mais ça
a des effets chez nous. L'autre volet qui vous touche directement - vous n'avez
pas arrêté d'en parler et même de le dénoncer
à l'Union des municipalités du Québec, et dans votre
discours, cet après-midi, je dois dire - il y a probablement la
moitié des pages où on parle qu'on nous a coupé et on
doit... en tout cas. On ne s'obstinera pas sur le nombre de pages, mais
ça revient souvent. Sur la coupure, sur le transfert des fonds...
M. Ryan: Bien, là, vous en frappez particulièrement
parce que ça frappait une corde sensible chez vous.
M. Paré: Pardon?
M. Ryan: celles-là vous ont frappé
démesurément parce qu'elles touchaient une corde sensible chez
vous, la corde de l'antifédéralisme systématique.
M. Paré: Bon, bien, je dois être aussi sensible que
vous êtes congruent.
Mais est-ce que vous avez l'intention de répondre à la
résolution et de demander au gouvernement fédéral,
à tout le moins, pour les coupures de transfert, par rapport à
l'entente fédérale-provinciale, qu'il n'y ait pas coupure, qu'il
y ait augmentation ou qu'il y ait, comme le dit la résolution, pleine
compensation financière pour les années à venir, les deux
années 1992 et 1993?
M. Ryan: Vous voulez que je fasse le budget
fédéral, là? C'est ça que vous voulez? Qu'ils
augmentent le déficit fédéral encore plus. Moi, en tout
cas, je ne suis pas prêt à faire ça.
M. Paré: Bon.
M. Ryan: La semaine dernière, il y a eu une réunion
des ministres de l'habitation des provinces à Ottawa. Moi, je ne suis
pas allé en raison de la politique que suit le gouvernement, mais je
m'étais entendu avec le premier ministre pour déléguer,
comme représentant, le président de la Société
d'habitation du Québec, M. Arsenault, qui a participé à la
réunion pendant les deux jours, qui a apporté tout I'input qu'on
pouvait attendre du Québec au plan de l'information, au plan des
suggestions. J'avais donné un mandat très large à M.
Arsenault. Je pense qu'on ne peut pas dire qu'on était absent de
là, parce que le Québec, en matière d'habitation, est une
province phare pour l'ensemble des provinces du Canada. Quand on est là,
ils sont très heureux de prendre notre contribution. Vous pouvez
être assuré qu'elle a été bien fournie à
cette occasion-là. Nous sommes associés à la protestation
générale des provinces contre les décisions
unilatérales prises cette année. Ça ne veut pas dire qu'on
aurait contesté tout le fond de ces décisions-là de a
jusqu'à z.
M. Paré: Mais vous dites qu'il y avait un
mandat très large. Est-ce que le mandat... puisque c'est la
semaine passée, puisque la résolution qui a été sur
le parquet au mois de mars, c'est après le budget du mois de
février, donc les gens connaissaient la même situation.
Ml. Ryan: Oui. Elle a été réalisée en
bonne partie, déjà.
M. Paré: Est-ce que, dans son mandat large, de
façon officielle, il demandait à ce qu'il y ait compensation
financière?
M. Ryan: Non, parce que là vous demandez de refaire le
budget au gouvernement fédéral. C'est ça que vous
demandez. On proteste contre la décision qui a été prise
de réduire unilatéralement et drastiquement les compensations.
Là, les provinces disent: Bien, tâchez de faire quelque chose pour
redresser ça. Ça va. Mais on ne peut pas leur demander de faire
un budget qui serait à l'heure de 1991 quand ils sont en février
1992.
M. Paré: Vous savez, de toute façon, que...
M. Ryan: On peut bien faire l'exercice au point de vue scolaire.
Vous, vous allez arriver dans Shefford: Aïe! Je leur ai dit! J'avais le
drapeau. Je leur ai dit que ce n'était pas comme ça! Mais moi, ce
n'est pas mon approche.
M. Paré: Non, mais on a vu souvent des gouvernements
modifier en cours d'année, soit par des transferts de fonds ou des
décisions qui amènent des budgets supplémentaires... On
peut décider... Si les provinces avaient été assez fortes
pour exiger que... ce qu'elles avaient eu comme information du ministre
même de l'habitation du fédéral, à ce que le
logement soit un des facteurs ou un des secteurs qui serait
privilégié pour la relance économique. Il y a moyen que le
gouvernement modifie des décisions. Sinon, en politique, ça
voudrait dire qu'à toutes les fois qu'il y a un discours du budget on
est aussi bien de s'en aller chez nous, nous autres, douze mois, puis revenir
pour voir ce qu'il a décidé, si on ne peut pas contester et qu'on
ne peut pas demander de modifications. Ce n'est pas rien que comme ça
que ça se passe. On peut faire de la prévention dans nos demandes
et on peut demander des modifications en réaction à des
décisions qui ont été prises. C'est comme ça que
ça se passe en politique. Sinon, ça voudrait dire que,
peut-être, ils n'auraient pas besoin de nous autres, les
députés, et que quand on aura décidé, faisons
confiance aux fonctionnaires. De toute façon, ils sont très
compétents pour ça, ils feront fonctionner la machine avec ce
qu'on aura décidé, un point c'est tout. On ne dépasse pas
et on ne modifie pas. On ne peut jamais modifier. Ce n'est pas comme ça
que ça se passe. Heureusement que ce n'est pas comme ça que
ça se passe parce qu'il y a des décisions qui méritent
d'être contestées et qui méritent d'être
modifiées, sauf que... Bon. Je comprends que, dans le sens des
coopératives, vous n'interviendrez pas parce que c'est un transfert,
c'est strictement fédéral. Même dans le manque à
gagner, on n'interviendra pas non plus, sinon de condamner et d'être bien
navré que ça se soit passé. Mais les coopératives,
c'est quand même important, je pense. Les coopératives
d'habitation.
Maintenant, j'arrive dans les HLM publics, organismes sans but lucratif
(OSBL). Allons-y maintenant dans l'autre thème. Le volet sur lequel on a
une emprise et on voudrait que ça continue. C'est vrai que ça a
diminué. Si on regarde les chiffres, ça diminue même
d'année en année. Là, il n'y aura plus le volet
fédéral, mais il y a le volet québécois.
Il y a des projets qui ont été soumis et qui sont en
attente d'une réponse au niveau des organismes sans but lucratif, HLM
privés. Là, il y a eu des demandes qui ont été
déposées. Il y en a eu pour 2659 unités. On ne peut pas
s'attendre, probablement, à ce que ce soit accepté en entier,
surtout qu'il y a une coupure qui fait qu'il va y en avoir moins.
Est-ce qu'on peut... À combien d'unités on peut s'attendre
cette année au niveau des OSBL maintenant que tout est connu, y compris
la coupure fédérale? Combien vous aviez l'intention d'en accepter
et combien vous allez en accepter, finalement, par rapport à
l'imposition que vous amène le fédéral de réduire
le nombre?
M. Ryan: J'ai de mauvais conseillers à côté
de moi, Mme la Présidente. Il y en a un qui vient me souffler que je
devrais vous rappeler qu'on les a augmentés l'année
dernière. Vous savez, on en avait annoncé 600 et on en a
donné 868, je pense. C'est un autre point qui n'a jamais
été souligné par le député de Shefford,
à ma connaissance. Alors, pour l'année 1991, par
conséquent, je pense que la performance a été
supérieure d'au moins 33 % à ce qui avait été
entrevu.
Pour l'année 1992, je compte être en mesure de faire
connaître les décisions du gouvernement concernant les projets
dans le cas d'organismes privés sans but lucratif, avant l'ajournement
d'été. Si je peux le faire au mois de mai, on va le faire au mois
de mai. On va accélérer le plus possible. On a reçu les
soumissions. L'analyse est très avancée et on doit se prononcer.
Il faudra fixer le nombre d'unités, évidemment, comme le postule
la question du député de Shefford, mais je ne suis pas en mesure
d'apporter une réponse à cette question-là
aujourd'hui.
Si vous voulez savoir le nombre d'unités qui seraient mises en
chantier au cours de l'année, peut-être que M. Angers peut vous le
dire. Le nombre d'unités qui seront autorisées ou
engagées, là je ne peux pas vous le dire tout de suite.
M. Paré: Je peux bien vous dire «Bravo!» pour
les 868 de l'an passé, sauf que je me rappelle de la discussion qu'on
avait eue aussi l'an passé. On s'en va un peu en dents-de-scie ou bien
non en vagues par rapport aux projets qu'on accepte. Je
dénonçais, à un moment donné, en disant: On apprend
bien trop tard, pour être capable de faire les mises en chantier, les
autorisations de projets. Vous avez dit: Oui, mais il peut y avoir une petite
année et une grosse année, parce qu'on peut les accepter un petit
peu plus tard. Je me rends compte que 868, pour vous, ça va être
une grosse année. On risque d'avoir, cette année,
peut-être, une plus petite année, en tout cas, par rapport
à ceux qu'on va accepter ou si on les accepte trop tard. Dans les 2659
propositions que vous avez présentement, c'est sûr que les gens
attendent avec impatience une réponse pour savoir... Ils ont
réservé des terrains et, les comités, il ne faut pas
oublier que c'est des comités de bénévoles, des gens qui
ont des projets, qui veulent absolument...
Moi, j'avais cru comprendre, et c'est un peu ce que j'espérais...
Je ne sais pas si c'est dans votre discours à l'Union des
municipalités ou ailleurs, où vous aviez dit qu'on s'attend
à une réponse avant la fin du mois d'avril. Là, on est
rendu à l'été. Je vais vous dire: Je trouve ça
dommage. Est-ce qu'il n'y pas moyen d'aller plus vite pour permettre qu'il y
ait des projets qui se réalisent le plus rapidement possible et qu'on ne
reporte pas... Je comprends que ça vous cause un très grand
problème, le fait qu'Ottawa vous ait diminué. Ça veut dire
que votre planification est complètement chambardée. Mais
ça fait déjà, quand même, deux mois -
février-mars, mars-avril - ça fait deux mois qu'on sait la
nouvelle et, comme vous n'avez pas contesté la coupure, comment se
fait-il qu'on ne puisse pas aller plus vite que le début
d'été au mieux, si j'ai bien compris? (18 h 40)
M. Ryan: Moi, vous remarquerez, quand je réponds à
ces questions-là - peut-être que c'est un défaut en
politique - je donne toujours la perspective la plus sombre. J'aime mieux que
la réponse soit meilleure que la perspective qui avait été
entrevue. Ça fait qu'on va faire tout notre possible pour que ça
vienne plus tôt. J'aime mieux qu'on dise: Bien, il est bon parce qu'il
livre ça plus tôt qu'il l'avait dit, que dire: II l'avait promis
pour telle date et il ne l'a pas eu. C'est pour ça que je vous dis: On
se donne de l'espace et on va essayer de l'occuper le moins possible. On est
très conscient de ce que vous soulignez. Je ne fais pas de blague avec
ça, je suis sérieux. Je suis très conscient que ces
organismes attendent. Le nombre de projets qu'on va pouvoir accepter va
être modeste. Je pense que le plus tôt possible on pourra faire
connaître les décisions, le mieux ce sera. Là-dessus, votre
intervention va aider à devancer d'une semaine ou deux, à tout le
moins.
M. Paré: Là, ça veut dire qu'il y en aurait
eu, selon les documents qu'on a reçus, 1479 en 1989, 576 en 1990, 868 en
1991. Combien vous prévoyez de mises en chantier en 1992, comme
objectif?
M. Ryan: on me souligne qu'il y a à peu près 400
unités qui ont été reportées de programmations
antérieures, mais qui ne sont pas annulées pour autant.
M. Paré: 400, vous dites?
M. Ryan: Oui. Puis ça, il y en a un bon nombre qui
devraient être mises en chantier, normalement, au cours de la prochaine
année et ça, c'est en plus de ce que nous allons retenir pour la
programmation proprement dite. Ça fait que le tableau réel ne
sera pas aussi mauvais. Encore une fois, ce sera de l'argent en banque à
ce moment-là et ils diront: C'est mieux que ce qu'on avait laissé
entrevoir. On aime mieux ça que de promettre la lune puis de ne livrer
à peu près rien.
M. Paré: Je reviens sur les coopératives. Je ne
touche pas aux coopératives...
M. Ryan: C'est la même politique avec les
municipalités.
M. Paré: Pardon?
M. Ryan: La même politique avec les
municipalités.
M. Paré: Ça aussi, on pourrait y revenir
tantôt si on a le temps...
M. Ryan: Ah, oui...
M. Paré: ...parce que là je veux
accélérer, parce que j'aimerais ça...
M. Ryan: Et il y a la Régie du logement dont nous
étions convenus de traiter aussi.
M. Paré: Oui, et c'est pour ça que je vous dis que
j'accélère parce que je voudrais parler de la Régie du
logement dans quelques minutes.
M. Ryan: Ah oui!
M. Paré: Au niveau des coopératives d'habitation,
c'est sûr... Bon, il y avait le volet fédéral qui vient de
tomber, mais on a eu le volet québécois. Puis, avec les
années, bon, bien, on sait ce qui est arrivé. Ça fait des
années que les gens des coopératives, les
fédérations ont une proposition ou demandent: Est-ce qu'il y a un
programme québécois? Maintenant que le fédéral
s'est retiré, si on y croit aux coopératives, il va falloir qu'on
prenne la relève, comme on l'a
fait dans le volet locatif de la rénovation avec PRIL Est-ce
qu'on peut penser qu'on va finir par s'entendre, depuis le temps? Est-ce qu'on
peut penser à un programme québécois de
coopératives d'habitation?
M. Ryan: Regardez, le problème se pose comme ceci pour
moi: On ne pouvait pas embarquer, jusqu'à récemment, parce que
toute la politique en matière de logements sociaux consistait à
favoriser les ménages en besoin impérieux de logement. Les
coopératives, par nature, ne font pas ce genre de discrimination. Elles
vont s'adresser à des gens de conditions différentes, et c'est
une des caractéristiques, très positives d'ailleurs, des
coopératives, qu'elles réunissent des gens de toutes opinions
politiques autant que possible, de tous âges, de toutes conditions
sociales. Elles favorisent, par conséquent, une espèce de
mixité dont vous parliez tantôt qui est un immense actif en soi,
mais qui n'était pas conciliable avec les impératifs des
programmes fédéraux-provinciaux auxquels nous étions
associés.
Quand on quitte cette perspective-là, si vous voulez encourager
les coopératives, à quel point de vue? C'est pour favoriser
l'accès à la propriété, par exemple? Il y a des
coopératives qui sont des coopératives de propriétaires
d'habitation. À ce moment-là, on leur avait dit: On va arranger
ça pour que vous puissiez vous prévaloir du programme Mon taux,
mon toit. On l'a rendu accessible aux coopératives qui voulaient
participer dans cette perspective. Là, il reste le problème des
coopératives qui construisent des habitations qu'elles vont gérer
elles-mêmes. Si ce n'est pas pour des ménages
défavorisés, à ce moment-là, quel genre d'aide on
va leur donner? C'est ça qui reste à déterminer, parce
que, en soi, je pense bien que nous convenons tous que la formule
coopérative est un excellent instrument pour le développement
d'habitations à caractère social, d'habitations tout court.
J'ai, moi-même, été président
déjà d'une coopérative d'habitation. Je peux en dire les
avantages.
M. Paré: Je suis tout à fait d'accord avec vous.
J'y crois tellement que j'aimerais ça qu'on ait un programme
québécois. Il y a comme...
M. Ryan: Mais je vous dis: Trouver un programme spécifique
pour les coopératives en plus des programmes qui existent, c'est une
proposition qui est difficile. Le gouvernement fédéral se
lançait dans toutes sortes d'affaires. Ça allait bien, il pensait
qu'il avait l'argent. Il se ramasse aujourd'hui, puis il s'aperçoit que
ce n'était pas vrai. Puis, il est obligé de reculer
continuellement. Il faut qu'on trouve le joint exact dans lequel cette
affaire-là va entrer. Puis, je l'ai dit aux coopératives quand je
les ai rencontrées, il y a quelques mois. C'est un exercice que nous de-
vons faire et que nous pourrons faire plus utilement quand nous aurons un petit
peu plus de ressources pour faire des avancés puis des initiatives
nouvelles. Je ne rejette pas l'idée, au contaire. Encore une fois, la
formule coopérative est un instrument extrêmement
précieux.
M. Paré: Je le sais et c'est pour ça. Il y a,
à un moment donné, comme une contradiction par rapport aux
clientèles. Depuis des années, on cible les plus pauvres, les
plus démunis. Il y a un ciblage tout à fait connu, puis unique:
c'est les plus pauvres, les plus démunis. Donc, nos programmes de
logement social, c'est pour les plus démunis. On dit: C'est pour les
plus démunis. Mais, en même temps - ça revient très
souvent - on dit: II faut faire attention pour ne pas faire des ghettos. Il y a
même une résolution qui disait: Tout en évitant la
formation de ghettos de pauvreté. Donc, c'est très sensible. On
ne veut pas de ghettos. On dit qu'il faut une mixité.
Pourtant, dans tous les programmes, on a une seule cible: c'est les plus
démunis. Donc, on ne veut pas de ghettos, mais on prend toutes les
mesures pour en créer. Là où on peut ne pas en
créer, d'après moi, c'est dans les coopératives. Pourtant,
depuis des années, on ne trouve pas de formule, quitte à ce qu'on
prenne la relève du fédéral en attendant un programme
semblable. Mais, là, on ne trouve pas de formule qui permettrait cette
mixité... et de permettre aux gens, parce qu'il y a souvent des choses.
On dit: Oui, mais dans les coopératives les gens sont riches. On va
aider des gens qui sont dans le besoin. les chiffres officiels, vous savez, on
le sait... 70 % des ménages dans les coopératives ont un revenu
familial de moins de 30 000 $. il y en a 50 % qui ont un revenu familial
inférieur à 20 000 $ par année. ça, c'est des
chiffres connus selon l'évaluation qui a été faite par les
résidents actuels. 74 % des ménages qui habitent dans les
coopératives sont composés de groupes généralement
connus comme ayant des difficultés à se loger, que ce soient les
femmes seules, les couples avec enfants, les familles monoparentales.
même le tiers des ménages des coopératives sont des
ménages monoparentaux. donc, il y a une clientèle là qui
est la clientèle qu'on veut aider, mais il y a une mixité qui
n'est pas celle des gens en moyen. il n'y a pas beaucoup de gens en moyen
là-dedans et les pourcentages nous prouvent que c'est une
clientèle qu'on veut aider. mais il y a une certaine mixité. je
ne l'ai pas, moi non plus, la formule, sauf que j'espère qu'on va la
trouver rapidement. depuis le temps qu'on discute! je pense que ça fait
trois ans que la proposition est rendue à la société
d'habitation du québec, de la fédération des
coopératives d'habitation, puis on attend toujours.
Est-ce qu'il y a une volonté? Est-ce qu'on peut croire et penser
que, très rapidement et sérieusement, on va s'atteler à
trouver une
formule de programme de coopératives au Québec? Je repose
ma question parce que je sais que vous étiez en train de discuter.
Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que, sérieusement, rapidement,
on convoque les gens des coopératives pour regarder, trouver une
solution qui va permettre que des coopératives soient mises en chantier
et que des projets soient élaborés au Québec au cours des
prochains mois ou, tout le moins, au cours de l'an prochain? Est-ce qu'on est
prêts à prendre l'engagement d'étudier sérieusement?
(18 h 50)
M. Ryan: Non. On ne peut pas prendre l'engagement ici de vous
livrer une chose dont on n'a pas encore complètement cerné tous
les contours, mais on va continuer d'examiner ce secteur-là. Si une
percée peut être envisagée, moi, je m'en ferai le promoteur
avec plaisir. Plaisir, là, c'est une manière de parler, mais en
pensant que c'est une manière de rendre service a notre
société. Mais, là, le mieux que je puisse vous dire, c'est
qu'on va regarder ça de très près, on va continuer comme
c'est déjà en marche, mais je ne peux pas vous promettre une
livraison pour l'exercice 1992-1993, sans, cependant l'exclure totalement.
M. Paré: Malheureusement, comme il ne reste pas grand
temps, je serais d'accord pour qu'on passe immédiatement au dossier
concernant la Régie du logement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, avant de
passer au dossier de la Régie du logement, est-ce qu'on adopte les
crédits de la Société d'habitation du Québec, le
programme 8?
M. Paré: Oui, adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le programme
8, Société d'habitation du Québec, les crédits du
gouvernement sont adoptés. J'appelle le programme 9: Conciliation entre
locataires et propriétaires.
Conciliation entre locataires et
propriétaires
Maintien de l'existence de la Régie
du logement et augmentation
des frais d'inscription
M. Paré: Oui, merci, Mme la Présidente. Dans le
domaine de la Régie du logement, on n'a pas grand temps non plus, mais
on va essayer de faire le tour en posant plus rapidement des questions. On sait
qu'il y a eu beaucoup de modifications, on en a parlé
dernièrement, entre autres, l'augmentation des frais d'inscription dans
les causes à la Régie du logement. Ça, c'est des
décisions qui sont prises en cours d'année. Là, on a une
occasion unique de parler de ce qui a été fait et à venir
par rapport aux coûts et au plan de développement qu'on a
l'intention de faire. Donc, je reviens.
Depuis l'an passé, il y a eu augmentation des frais d'inscription
pour une cause à la Régie du logement. Il y a eu abandon de la
gratuité du bail type. Il y a eu aussi la fermeture de bureaux au cours
des dernières années. Là-dessus, il y a eu aussi des
indications ou des craintes qui sont venues des gens, suite au rapport Poulin,
sur l'avenir de la Régie du logement. Je pense qu'on va commencer par
ça. Il faut savoir c'est quoi les intentions maintenant du maintien ou
pas de la Régie du logement comme telle. Après ça,
ça nous permettra d'élaborer sur son fonctionnement, ses budgets
etc. On s'est questionnés là-dessus, le 25 février
dernier, lors de la vérification des engagements financiers. Donc, on se
retrouvait, vous, M. le ministre, et moi, et on a discuté de ça.
Vous avez dit qu'il n'était pas de votre intention maintenant d'abolir
la Régie du logement, mais vous avez quand même dit: On va
l'examiner sérieusement, mais pour le moment il n'est pas question
d'abolir la Régie du logement. Je me pose des questions de temps en
temps sur l'opportunité d'un organisme comme la Régie. Donc,
là, je vous cite. C'est ce qui a été dit aux engagements
financiers du 25 février dernier sur le même sujet. Je vous
demandais: Est-ce qu'il est de votre intention d'aller de l'avant par rapport
à la proposition du rapport Poulin sur l'abolition de régies et
de sociétés, en tout cas, de coupures un peu partout dans
l'appareil gouvernemental? Donc, il y a une recommandation spécifique
pour l'abolition de la Régie du logement ou son transfert aux
municipalités. Vous avez dit, à ce moment-là, que vous
étiez en train de regarder ça, que c'était en
réflexion. Est-ce que, depuis, les discussions ont eu lieu? Est-ce qu'on
est maintenant assuré qu'il n'y aura ni transfert aux
municipalités, ni abolition de la Régie du logement comme
telle?
M. Ryan: Tout d'abord, Mme la Présidente, je voudrais
souligner le plaisir que j'éprouve à être accompagné
par la présidente de la Régie, Mme Louise Thibault, par le
vice-président aux relations avec la clientèle, M. Rodrigue
Dubé, que plusieurs d'entre vous connaissez ici, en raison des services
nombreux et éminents qu'il a rendus à la collectivité dans
divers rôles au cours des dernières années.
Je vais répondre à la question qui a été
posée par le député. Je suis très heureux qu'elle
ait été posée parce qu'elle était dans mon calepin
parmi celles que je voulais aborder avec la commission. Avant que nous le
fassions, cependant, je voudrais exprimer mon appréciation à
l'endroit de la Régie pour les améliorations importantes qui ont
été apportées dans les services qu'elle rend à la
collectivité, au cours des dernières années. J'ai
été frappe, en particulier, de constater l'importance croissante
que
la Régie accorde à la conciliation et à la
médiation dans le traitement des litiges entre locataires et
propriétaires dont elle est saisie. Un nombre croissant de litiges se
règlent au stade de la médiation ou de la conciliation; c'est
autant d'acquis, autant pour les intéressés que pour la
collectivité.
Ensuite, nous avons été témoins, ces
dernières années, d'une amélioration considérable
dans les délais qui interviennent pour le traitement des causes. La
période qui s'écoule entre la première inscription et la
première audition a été abrégée
considérablement ces dernières années. On
s'aperçoit que c'était à 76 jours en 1989; c'a descendu
à 64 jours en 1990, puis c'était rendu à 50 jours en 1991.
Je me dis que c'est une amélioration quand même substantielle. Le
délai de traitement global des dossiers dont est saisie la Régie
était de 92 jours en 1989 et, en 1991, il était de 76 jours. Le
nombre de causes à entendre, le «backlog» qu'on peut
appeler, le stock de causes qui traînaient sur les tablettes ou qui ne
pouvaient pas être abordées était de 17 139; il a
baissé à 13 706 en 1990 puis, en 1991, il était de 10
746.
Une amélioration spectaculaire apportée au cours de la
dernière année doit être soulignée. Vous vous
souvenez que nous avions entendu dire, à plusieurs reprises, à
cette commission que l'une des grandes difficultés
éprouvées par la Régie consistait à fournir un
service téléphonique efficace. C'était devenu une
véritable légende que, si vous téléphoniez à
certaines heures, par exemple, au bureau de Montréal, il n'y avait pas
moyen d'avoir de réponse parce que les lignes étaient toutes
occupées. On pouvait appeler 10, 15 ou 20 fois, il n'y avait pas de
solution possible. La seule solution, évidemment, c'était
d'augmenter les ressources.
Fort heureusement, au cours de la dernière année, un
effort particulier a été appliqué à ce
problème. J'étais content; d'après les dernières
statistiques qu'on m'a remises, puis vous me corrigerez tantôt si je les
ai mal assimilées, en mars 1991, on estimait, d'après des
vérifications systématiques faites par les responsables, en
collaboration avec l'entreprise de téléphone, que pas moins de
586 565 appels n'auraient pas pu être acceptés en raison de la
surcharge des lignes. Rappelez-vous que le mois de mars, c'est un mois
très important. Cette année, en mars 1992, le nombre d'appels qui
ont été rejetés par le système
téléphonique était seulement de 35 325. On voit
l'amélioration spectaculaire qui a été apportée; je
veux le signaler avec d'autant plus de plaisir que M. Dubé a eu un
rôle important à jouer dans ce travail, vu que Mme la
présidente lui a confié la responsabilité des relations
avec la clientèle.
Alors, ce sont quelques points. Je pourrais en souligner beaucoup
d'autres, mais je ne veux pas prendre tout le temps de la commission. Je
voudrais que les députés puissent avoir des échanges avec
Mme la présidente et M. le vice-président et que ceux-ci, s'il y
a quelque chose qu'ils tiennent absolument à nous communiquer, qu'on
leur laisse quelque temps pour le faire aussi, vu le peu de temps
général qui leur a été accordé par le
cheminement de notre discussion cet après-midi. Je voudrais cependant,
avant d'aller plus loin, répondre à la question du
député de Shefford. C'est à quelle date exactement que
j'ai tenu les propos que vous m'attribuez correctement, je pense bien.
M. Paré: Le 25 février dernier, lorsqu'on a fait
les engagements financiers des mois précédents, vous aviez
spécifié que la recommandation du rapport Poulin, dont j'ai
parlé, était pour être étudiée à la
commission ministérielle des affaires sociales et de la culture.
Là, vous disiez, et je cite: On va l'examiner sérieusement, mais,
pour le moment, il n'est pas question de l'abolition de la Régie du
logement. (19 heures)
M. Ryan: Depuis ce temps, évidemment, les
représentants du comité présidé par M. Poulin ont
eu l'occasion de rencontrer les comités ministériels, en
particulier le comité des affaires culturelles et sociales et le
comité sur l'aménagement du territoire. J'ai eu l'occasion de
causer, moi, avec les membres de la commission également. J'ai surtout
eu l'occasion, peut-être, de réfléchir plus en profondeur
sur le travail qu'accomplit la Régie et de mieux me
pénétrer de certains aspects de son travail qui, peut-être,
avaient plus ou moins échappé à ma juste
appréciation jusque-là. Après avoir été
davantage au fond du dossier, je pense être en mesure de dire aujourd'hui
que ce ne serait pas une bonne chose de supprimer la Régie du logement.
Par conséquent, je ne puis pas m'engager à recommander cette
mesure au gouvernement parce que je trouve que la Régie du logement
accomplit un travail très important, mal connu à maints
égards, qu'il faudrait accomplir d'autre manière si on
prétendait l'abolir.
Moi, comme beaucoup de personnes, quand je suis entré dans le
secteur de l'habitation, je véhiculais le préjugé qu'on
allait à la Régie surtout pour des augmentations de loyer.
C'était mon impression, moi, qu'on allait à la Régie
surtout pour ça. Mais je constate, en regardant les choses de plus
près, que, sur les dossiers dont est saisie la Régie, il y en a
à peine 20 % qui portent sur des augmentations de loyer. Les autres
dossiers portent sur l'ensemble des relations entre propriétaires et
locataires. Les litiges qui se présentent à ce niveau-là,
si la Régie n'existait pas pour les accueillir, il faudrait qu'un autre
organisme soit là, ce serait les tribunaux réguliers. Vous voyez
ça, la surcharge qu'on pourrait imposer aux tribunaux réguliers
en échange d'un travail accompli par un organisme qui n'est pas
lié par des règles de preuve aussi astreignantes que celles qui
président à la
marche des tribunaux. Le volume de dossiers dont vous êtes saisis
chaque année dépasse les 100 000. Cette année, ça
va être de l'ordre de 91 000.
On voit ça là, aller transférer un fardeau comme
celui-là aux tribunaux, je pense que ce ne serait pas réaliste.
Il y a une chose qu'on peut se dire, c'est qu'un dossier moyen coûte plus
cher quand il est traité par les tribunaux que quand il est
traité par un organisme comme la Régie, qui a des méthodes
beaucoup plus expédi-tives. De ce point de vue, je pense, quand on prend
l'ensemble des problèmes qui surgissent entre locataires et
propriétaires, il faut une instance pour s'en occuper. Ce n'est pas
d'abord une instance de contrôle des loyers, il y a bien d'autres choses
que ça.
Ça étant acquis, est-ce qu'on va transférer
ça à chaque municipalité, comme le propose le
comité Poulin? D'abord, pour un grand nombre de municipalités, ce
serait impossible parce qu'elles sont trop petites. Elles n'ont pas les moyens
de se doter d'une structure comme celle-là. Vous me direz qu'on pourrait
le transférer à la MRC. Il faudrait que les municipalités
y consentissent et c'est loin d'être sûr que ce serait obtenu.
Là, je ne voudrais pas qu'on arrive avec une structure qui s'en irait
clopin-clopant, patte en avant ici, patte en arrière là, deux
étages ici, un demi-étage là, puis tout. Il faut qu'on ait
le même genre de traitement pour les personnes, à travers le
Québec, qui ont des litiges en matière d'habitation. Il ne faut
pas que ce soit réglé avec la méthode de Louis IX, sous le
chêne. Quand on est dans le Bas-du-Fleuve, que ce soit
réglé avec la méthode du coup de marteau, ou du coup de
baguette si on est dans une autre région et que, quand on serait
à Montréal, vous ayez les raffinements de la procédure
juridique. Ça ne tiendrait pas debout.
Alors, je n'ai pas trouvé d'avantages suffisants dans cette
proposition pour l'épouser auprès du gouvernement. Par
conséquent, je vous dis bien simplement aujourd'hui que je favorise le
maintien de la Régie. Il faut toujours réexaminer ses fonctions.
Ça, je pense qu'il y a une révision continuelle qui doit
être assurée, mais je ne pense pas qu'il serait bon de donner
suite à la recommandation qu'a faite, en toute bonne foi et pour le bien
général, le comité de députés dont parlait
le député de Shefford. Ceci étant dit, je voudrais laisser
la place à d'autres échanges.
Je ne sais pas si vous me permettez, M. le député de
Shefford? Je ne sais pas si, Mme la Présidente, il y a des choses que
vous tenez absolument à dire, que vous voudriez communiquer avant qu'on
vous noie de questions.
Mme Thibault (Louise): Peut-être juste une précision
pour dire que l'amélioration du service à la clientèle que
la Régie considère qu'elle a été en mesure
d'apporter au cours des dernières années, ça a
été fait alors que les budgets étaient maintenus
sensiblement les mêmes et que les effectifs étaient
également les mêmes. Donc, c'est à même une
augmentation de la productivité de la part de nos employés que je
tiens à souligner. Je pense que, pour autant, la qualité du
service n'a pas diminué, bien au contraire, on a des employés qui
sont, à mon avis, particulièrement performants et qui ont
à coeur d'aider la population. Au cours des dernières
années, on a essayé de prendre un virage qui est celui de cesser
d'être perçu comme un tribunal pour devenir plus un organisme
d'aide à la clientèle. Ça a amené un changement de
comportement chez les employés auquel ils adhèrent de
façon vraiment enthousiaste. C'est ce que je tenais à
souligner.
M. Paré: Oui, merci. Vous dites qu'on ne vous rend jamais
hommage de ce côté-ci. Je vais vous dire: Je vous remercie et je
vous félicite, M. le ministre, de cette décision par rapport au
maintien de la Régie du logement.
M. Ryan: Je vais sortir mon calepin.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Ah! Vous pouvez le sortir. Je vais vous dire que,
si vous me répondiez plus souvent dans le sens où j'interviens,
je pourrais le faire plus souvent. Je suis très heureux d'entendre
ça. Je l'ai dit, ça fait longtemps qu'on se bat pour le maintien
de la Régie du logement, qu'on lui donne les pouvoirs et les moyens
d'être capable de répondre à l'ensemble des besoins qui
sont exprimés par les locataires et les propriétaires. Donc, de
ce côté-là, ce n'est pas une surprise, c'est une crainte
qu'on avait et je suis d'accord avec la décision que vous prenez. Le
rapport Poulin, effectivement, de ce côté-là,
c'était une erreur et on vient de le reconnaître. De la bouche du
ministre, je suis très heureux. Donc, de ce côté-là,
on n'aura pas de difficulté à s'entendre. Si je veux le maintien
de la Régie, ce n'est certainement pas parce que je pense qu'elle n'est
pas utile ou parce qu'elle n'est pas efficace. Moi aussi, je veux qu'on la
rende plus efficace.
Parmi celles-là, je vous demanderais de me confirmer une autre
chose qui va dans le même sens. Il y a le maintien de la Régie du
logement comme institution et comme service réparti sur tout le
territoire. On sait qu'il y a eu des coupures, des fermetures de bureau. Je
regarde l'efficacité, je regarde les moyens, je regarde le service
téléphonique qu'on a amélioré, mais je ne voudrais
pas que ça vienne justifier la fermeture de certains bureaux, par
contre. Est-ce qu'on peut s'assurer qu'il est de votre intention de maintenir
le nombre de bureaux actuel qu'on retrouve sur l'ensemble du territoire
québécois, qu'on ne nous arrivera pas avec le maintien du
service, mais la coupure des bureaux dans certaines régions du
Québec?
M. Ryan: II y avait certaines coupures qui devaient être
faites, certaines réductions de service qui devaient être
instituées à certains endroits. Elles l'ont été.
Les résultats que nous avons pu observer par la suite peuvent se
résumer à peu près comme suit: C'est qu'il y a eu
évidemment, soit disparition ou diminution du nombre de visites,
là où vous avez coupé les heures d'ouverture de bureau -
comme à Rivière-du-Loup, je pense - à ce moment-là,
le nombre de visites au bureau est moins élevé. On constate, en
retour, que le nombre d'appels téléphoniques est plus
élevé. Une grosse partie des affaires de la Régie se
transigent par téléphone. Alors, de ce point de vue là, je
pense qu'il y a une compensation qui a été apportée.
Là où un bureau régional a pu être fermé, il
y a eu un transfert de clientèle sous forme de modalités
différentes d'intervention, mais pas de diminution.
J'ajoute ceci: il avait été question de réduire le
nombre de bureaux à Montréal. La décision a
été prise récemment de maintenir les bureaux qui existent
dans chacune des grandes parties de Montréal, c'est-à-dire dans
le centre, dans l'est, dans le nord, dans le sud-ouest et dans l'ouest. Alors,
pour conséquence, ces bureaux-là seront maintenus. Il y en a un
qui va déménager, mais il reste dans la partie nord de
Montréal. Par conséquent, de ce point de vue là, je crois
pouvoir donner l'assurance que les services de base sont maintenus et je n'ai
pas eu de communication de la direction de la Régie - qui pourra me
corriger là-dessus, si j'erre -qu'il y aurait des volontés de
fermeture de bureau, là, au cours de la prochaine année.
Volontés, je ne veux pas laisser entendre que Mme la présidente
aurait des intentions mauvaises mais, des fois, elle peut se sentir
obligée à cause des compressions qui lui sont demandées
aussi.
Mais, cette année, il y avait des limites, il y avait des
coupures qui avaient été prévues dans le personnel, dans
les services, là, en raison de compressions demandées par le
Conseil du trésor. Puis, il a été décidé,
plutôt, à la suite de conversations avec le Conseil du
trésor, qu'on augmenterait la contribution demandée à ceux
qui instituent des procédures devant la Régie. Le montant
demandé pour l'ouverture d'un dossier était de 25 $; cette
année, on l'a porté à 35 $. L'année prochaine, il
est question de le porter à 40 $. Mais, après ça, on va
avoir atteint un plateau qui va être plus stable. Puis, on constate que
quand il y a un ajustement comme celui-là, dans les premiers mois, il y
a une certaine diminution des dossiers, qu'au bout d'un certain temps ça
se replace puis ça reprend le rythme qui existait avant. Mme Thibault
m'indique là que la diminution dans le nombre de dossiers qui entrent
concerne les propriétaires et non pas les locataires. Ce qu'on a
constaté, l'augmentation de cette année, c'est que les dossiers
émanant de locataires ont augmenté plutôt que
diminué tandis que, du côté des propriétaires, il y
a eu une certaine diminution, probablement temporaire. (19 h 10)
M. Paré: Quand avez-vous l'intention de monter de 35 $
à 40 $? Vous dites l'an prochain. C'est le 1er janvier 1993 ou si c'est
bientôt?
M. Ryan: La dernière augmentation remonte à
novembre 1991. Alors la prochaine viendra un an après. La plupart des
demandes émanent de propriétaires, vous le savez?
M. Paré: Vous dites que...
M. Ryan: Les dossiers sont initiés par des
propriétaires, introduits par des propriétaires.
M. Paré: J'aimerais ça avoir les chiffres. Vous
dites qu'il y a eu augmentation du nombre de dossiers chez les locataires?
M. Ryan: Oui. Mme la Présidente. Voulez-vous donner des
chiffres là-dessus, Mme la Présidente, s'il vous plaît?
Vous m'avez tellement absorbé avec le reste que je n'ai pas eu le temps
de sortir mes dossiers.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme Thibault.
Mme Thibault: Si on regarde l'ensemble des causes civiles, les
causes civiles intentées par les locataires étaient... J'ai
seulement, malheureusement, les chiffres pour 1990. Je n'ai pas encore en main
les chiffres pour 1991. Mais, pour 1990, par rapport à 1989... En 1989,
il y avait 12 577 demandes faites par des locataires. En 1990, il y en avait 15
030: alors, une augmentation de 2500 dans les demandes qui sont faites par les
locataires.
M. Paré: Là, on parle d'années. On compare
des années complètes et on parle de 1990. Depuis l'augmentation
du 15 novembre 1991, à 35 $, est-ce qu'il y a eu un impact? Est-ce qu'il
y a eu une diminution de la clientèle?
Mme Thibault: Je n'ai malheureusement pas encore les chiffres en
main. Mais il ne faut pas oublier qu'il y avait eu aussi une augmentation...
c'est-à-dire qu'on avait cessé de rembourser quand il y avait
entente entre propriétaires et locataires. Ça, ça ne
semble pas avoir eu d'impact sur les demandes intentées par les
locataires. Alors, on peut penser que, pour celles où le montant a
été haussé de 30 $ à 35 $, il n'y aura pas d'impact
non plus. Malheureusement, je n'ai pas les chiffres en main.
M. Paré: Ça fait qu'on en reparlera l'année
prochaine.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Dubé, je
pense, a un complément de réponse.
M. Dubé (Rodrigue): Oui. Disons, pour les causes inscrites
depuis le début janvier, donc les trois premiers mois de l'année,
nous avons un total de 6251 causes. Celles inscrites par les locataires -
dommages matériels locataire, diminution de loyer et résiliation
- ces trois-là, au total, font approximativement 600 causes. Donc, 600
sur 6250, approximativement 10 %. Ça, les trois premiers mois de
l'année, évidemment, c'est avec l'augmentation, les 35 $ qui
avaient été accordés au mois de novembre dernier.
M. Paré: Par rapport à l'an passé?
M. Dubé: Par rapport à l'an passé, comme
vous disait la présidente tout à l'heure, les causes introduites
par les locataires sont toujours inférieures à 15 %. Donc, quand
on a 90 000 causes, il y a 15 % de ces causes-là qui viennent des
locataires. Les autres viennent des propriétaires. Le recouvrement de
loyer, déguerpisse-ment, etc., c'est fait par les
propriétaires.
M. Ryan: Si vous voulez... Il y a le total, ici, pour 1990-1991.
En 1990, vous avez 98 108 causes en tout, dont 86 446 furent introduites par le
propriétaire et 11 662 par le locataire.
M. Paré: De toute façon, je pense qu'on comparera
sur une plus longue période. Ce qui m'intéresse, c'est surtout
à partir de l'augmentation. Est-ce que ça va avoir le même
effet que l'augmentation dans les HLM, puis tout ça? Finalement, on
l'utilise moins parce que ça coûte plus cher et ça,
ça va nous prendre une certaine période, à mon avis, pour
être capable de le regarder. J'aimerais ça qu'on...
M. Dubé: Écoutez, M. le député, vous
me demandiez tout à l'heure si nous avions les chiffres de 1991. Pour la
même période, pour les trois premiers mois de l'année, nous
avons effectivement les chiffres, ici: 110, 245 et 145, donc un nombre total
inférieur aux 600 et quelques auxquels je faisais
référence tantôt, pour un nombre de 6000 causes
approximativement. Donc, l'an passé, les locataires, pour la même
période, avaient fait un nombre moindre de demandes que ce ne fut le cas
cette année, après la hausse.
M. Paré: Ça m'amène sur un sujet qui
pourrait amener de la contestation pour cette année...
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait avoir juste un complément
d'explication...
M. Paré: Oui.
M. Ryan: ...de la part de la présidente?
Mme Thibault: je vous disais que je n'avais pas les chiffres pour
1991. je les ai en main. effectivement, pour les causes qui ont
été intentées par les locataires en 1991 par rapport
à 1990, le nombre est le même: 11 662 causes en 1990 et 11 592 en
1991. donc, il y a une différence de 70 causes.
M. Ryan: C'est ça. Très bien.
M. Paré: Oui. Est-ce que vous pouvez déposer ces
chiffres?
M. Ryan: Oui.
M. Paré: Pas d'objection.
M. Ryan: On pourra vous les transmettre. On va vous les
transmettre ces jours-ci, si vous voulez.
Critères de fixation et de révision du
loyer
M. Paré: O.K. Je voudrais, dans le peu de temps qui reste,
qu'on parle un peu du règlement sur les critères de fixation et
de révision du loyer. Dans le calcul qui a été
approuvé, qui a été déposé dans la
Gazette officielle du 18 janvier, sur le montant qu'on accepte, vous
avez reçu copie des regroupements de locataires dénonçant
le mode de calcul qui a été utilisé et l'augmentation
qu'on accepte sur au moins trois facteurs importants qui jouent dans
l'augmentation du loyer. Entre autres, il y a le mazout,
l'électricité et les frais d'entretien. J'aimerais savoir si
c'est vraiment ce qui est dit dans la lettre que vous avez reçue, si on
s'est basé là-dessus. Si oui, j'aimerais avoir des
explications.
Sur le mazout, entre autres, la portion acceptée par la
Régie, c'est 11,7 %. Le calcul qu'on accepte comme une augmentation
raisonnable sur le mazout, 11,7 %, alors que les coûts comme tels, c'est
plutôt une diminution de 37,12 %. On sait qu'il y a eu une diminution du
prix du mazout, donc une diminution de 37 %. La Régie aurait
accepté que, pour le facteur mazout, on accorde en augmentation 11,7 %
pour ce facteur du mazout. J'aimerais qu'on me dise si c'est vrai ou pas. Je
vais vous donner les trois; ensuite de ça, vous pourrez me passer vos
commentaires. en électricité, la différence n'est pas
grande parce que ce serait 12,9 % ou 13,4 %, et on accorde 13,6 %. disons que
le montant est moins fort mais, pour le mazout, il est énorme. pour les
frais d'entretien, on accepterait à la régie, ou on
suggère, 8,8 % d'augmentation pour les frais d'entretien alors que,
selon les chiffres sur lesquels on peut se baser, des coûts, ce
serait 1,8 % auquel on ajouterait la TPS de 7 %. Je ne pense pas que les
7 % puissent s'ajouter à 1,8 % pour faire 8,8 % parce que, dans les
augmentations, on calcule les augmentations de taxes, donc la TPS devait
être incluse dans le 1,8 %. Il y a une différence entre 1,8 % dans
le facteur frais d'entretien comparativement à 8,8 % qu'on accorde.
Est-ce que les chiffres que je vous donne sont vrais? Si oui, pourquoi?
M. Ryan: Allez-y.
Mme Thibault: Les chiffres que vous me donnez... Les indices que
vous donnez, que la Régie a proposés au gouvernement sont
corrects. Maintenant, la comparaison qu'on fait avec les chiffres qu'on
prétend être les chiffres du marché est fausse. D'abord,
pour le mazout, on a pris l'exemple d'un cas où, dans une
municipalité, pour un mois donné, le mazout avait diminué,
alors que ce n'est pas du tout la façon dont la Régie
procède pour calculer les taux d'augmentation. Ce qu'on fait, c'est
qu'on étudie le marché sur une période de 12 mois par
rapport à la période de 12 mois précédente et,
là, on calcule toutes les variations de taux qu'il y a eu pendant cette
période de 12 mois. Alors, on ne va pas chercher une facture ou un
compte de mazout en particulier, mais on étudie le marché du
mazout pendant 12 mois par rapport aux 12 mois précédents. Ces
chiffres-là, ce n'est pas des chiffres qu'on invente, c'est des chiffres
qui nous sont fournis par les compagnies qui vendent du mazout. Donc, les
chiffres réels sur le marché. (19 h 20)
La même chose pour l'électricité. Encore là,
c'est une comparaison des variations de prix sur une période de 12 mois
par rapport aux 12 mois précédents. Encore là, on va
chercher les chiffres qui nous sont fournis par Hydro-Québec, qui sont,
comme vous le savez, des tarifs fixés par décret. Pour ce qui est
des frais d'entretien, c'est exact que le pourcentage d'indexation qui a
été calculé reflète la TPS, parce que le
propriétaire s'est vu imposer en 1991 la TPS, il a dû la payer.
Donc, on pense que, comme c'est des dépenses qu'il a à faire,
c'est normal qu'il puisse recouvrer ce coût-là des locataires.
Alors, les 8,8 % d'indice qui ont été calculés
reflètent l'augmentation des prix des dépenses d'entretien
comprenant la TPS.
M. Paré: Dans le 1,8 % qui est l'augmentation
occasionnée par les frais d'entretien, la TPS n'est pas incluse?
Mme Thibault: Non.
M. Paré: Normalement, quand on regarde les augmentations -
je ne sais pas, moi, de l'indice des prix à la consommation, etc. - les
taxes sont toutes incluses.
Mme Thibault: Ça, c'est la façon de calculer
l'augmentation des frais, c'est à partir de l'augmentation des
dépenses des produits d'entretien, des salaires des concierges, etc. Les
8,8 % comprennent la TPS, mais on n'a pas dit: II y a 7 % plus 1,8 %. On a
calculé l'augmentation de toutes les dépenses comprenant la TPS,
quand il y en a de la TPS, dans cet indice-là. Alors, ça la
reflète. Par exemple, sur les produits d'entretien, si le
propriétaire paie de la TPS, la partie de l'indice qu'on va chercher
pour les produits d'entretien va refléter l'augmentation de la TPS.
M. Paré: Selon les informations qu'on me donne, lors d'une
rencontre du regroupement avec la Régie, le 13 février dernier,
M. Michel Meunier aurait confirmé que le calcul des 8,8 % se
décompose en 7 % de TPS et 1,8 % d'augmentation des coûts
généraux.
Mme Thibault: Je pense que l'information a été mal
comprise. Maintenant, je n'étais pas moi-même à cette
rencontre-là. Je ne sais pas si le vice-président veut
préciser. Mais, à ma connaissance, ce n'est pas l'information
qu'on a donnée.
M. Dubé: Lors de cette rencontre-là, il a
été questionné: Qu'est-ce qu'on entre comme intrant pour
le calcul des frais d'entretien? Puis, dans ce panier de biens-là, il y
a quatre biens: il y a le salaire des employés, ensuite de ça, il
y a les détersif s...
M. Paré: Les?
M. Dubé: les détersifs, les produits d'entretien.
ensuite de ça, il y a les produits chimiques ménagers et il y en
a un quatrième, dont j'oublie le nom. ces montants-là, quand on
en a fait l'analyse, ne tenaient pas compte de la taxe tps. donc, il a fallu
ajouter la tps parce que, sur chacun de ces produits-là, les
propriétaires l'ont payée. c'est pour ça que nous arrivons
à un montant de 8,8 %. pour chacun des cas, pour
l'électricité, pour le mazout, il y a eu une contestation au
départ des associations de locataires disant qu'on n'avait pas à
transférer aux locataires la tps. lors de cette rencontre, nous avions
six associations dont, entre autres, logement saint-louis. après
illustration, ils ont convenu que la tps était absorbée par le
propriétaire. donc, nous, ce qu'on mesure, c'est la variation des
coûts d'une année à l'autre. la tps est un facteur qui
augmentait les coûts de 7 %. c'est ainsi que pour
l'électricité on s'est ramassés avec 13,6 %. c'est ainsi
que pour le mazout, 11,7 %, etc., et pour les frais d'entretien
également . on le fait à partir, par exemple, de relevés,
dans certains cas, de statistique canada, dans certains autres cas, à
partir d'échantillons faits auprès de...
M. Paré: Bien, justement, à plus forte
raison, quand on se base sur les chiffres de Statistique Canada, j'ai
bien de la misère à digérer les 8,8 %, moi, je dois vous
dire. Puis, vous ne m'avez pas convaincu. Selon Statistique Canada,
l'inflation, on s'en va à 2 %, à 2,4 % et, pour l'entretien,
à 1,8 %. Ça inclut les taxes. Autrement dit, on fait un calcul
par rapport au produit qu'on achète. Donc, les salaires, les produits,
etc., on dit que l'augmentation des salaires n'a jamais été aussi
basse en 30 ans. On dit que l'augmentation du coût de la vie est à
peu près de 1,8 % à 2 %. Là, dans ce facteur-là, il
serait de 8,8 % parce qu'on ajoute... Ça veut dire qu'on doit
s'attendre, si la TVQ entre en vigueur sur les services et tout ça, on
peut s'attendre à des chiffres qui vont être ajoutés?
Globalement, on prend la taxe telle quelle et ça s'ajoute à
l'évaluation?
Mme Thibault: Non, ce n'est pas l'explication qu'on a fournie.
Pour ce qui est de la TVQ, s'il y a de nouveaux produits sur lesquels
s'applique la TVQ, c'est sûr que, comme pour la TPS, pour la
première année pleine d'imposition, ça va faire un indice
qui va être plus élevé parce que le propriétaire va
avoir à payer la TVQ sur ces dépenses-là pour une
première année entière. Mais pour la TPS, cette
année, l'augmentation se reflète pour la première fois
entièrement. L'an prochain, cette augmentation de coûts ne sera
plus là, elle va déjà avoir été
reflétée dans l'augmentation de cette année.
M. Paré: Moi, je vais vous demander de m'envoyer par
écrit la façon dont c'est calculé, avec les
détails, parce que, moi, c'est la première fois que je vois qu'un
facteur d'augmentation additionne totalement la TPS alors que c'est
sensé être inclus dans les autres prix. Je ne sais pas... si vous
regardez les détersifs et les produits dont vous m'avez parlé,
eux autres ont augmenté de 7 % avec la TPS, plus peut-être une
augmentation, sauf que ça ne fait pas le prix de l'augmentation plus 7
%. À mon avis, on ne voit pas une augmentation quand on dit: c'est 7 %
qui s'ajoutent à une évaluation globale de l'ensemble des autres
augmentations par rapport à des produits ou des services. En tout cas...
À plus forte raison, vous me dites que c'est la première
année. Ça veut dire que c'est inclus cette année et que
c'est pour tout le temps ensuite.
Mme Thibault: C'est que, pour ces produits-là qui se
vendaient, disons, 10 $ avant l'imposition de la TPS, avec les chiffres qui
nous étaient fournis par le Bureau de la statistique sur l'augmentation
de ces coûts, ça donnait une augmentation à 18,80 $.
Maintenant, on a un document qui explique le fonctionnement de toute la
méthode, où on va chercher nos indices, comment ils sont
calculés, qui pourra vous être transmis.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, ceci
étant dit, étant donné l'heure, si vous voulez faire des
remarques finales, il reste 30 secondes à chacun.
M. Paré: Une dernière question...
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y aura pas de
remarques finales?
M. Paré: ...parce qu'il nous reste un peu plus que
ça, Mme la Présidente. Sans vouloir, comme on dit, tanner tout le
monde, on a commencé à 15 h 37.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): L'ordre de la Chambre
est de finir à 19 h 30.
M. Paré: c'est quatre heures et on s'est entendu
là-dessus. d'ailleurs, le président, au début, a pris la
peine de spécifier qu'il était 15 h 37.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, continuez, M.
le député de Shefford.
M. Paré: Juste une question très rapide,
étant donné qu'on ne reparlera pas d'invitation avant une bonne
secousse. Les gens posent des questions et veulent des réponses. La
dernière que je vais vous poser, M. le ministre, est à vous. Je
vous remercie, les gens de la Régie, parce que ça ne concerne pas
la Régie comme telle.
Vous avez reçu, un débat de toute façon qui a
été connu, ça a été dans les journaux, mais
vous avez reçu une demande du FRAPRU - vous auriez probablement
été surpris que je ne vous en parie pas, du FRAPRU, dans les
quatre heures - concernant l'agissement de la Sûreté du
Québec de vouloir infiltrer les associations de locataires.
Moi, pour un, en tout cas, je dois vous dire que c'est une façon
de faire que je n'accepte pas et que je dénonce. De l'infiltration pour
de l'information, en système démocratique, je dois dire que je ne
trouve pas ça très très sain, et même dangereux. La
SQ aurait tenté, par deux fois, d'entrer dans ces mouvements qui
amènent des objections et ils font des manifestations. Moi, j'ai eu
copie de la demande qu'ils vous ont envoyée, je n'ai pas eu copie de la
réponse. C'est quoi? Comment vous prenez ça, dans votre cas
spécialement, parce que ministre de l'habitation et, en plus, de la
Sécurité publique? Des deux façons, vous devez avoir
quelque chose à dire là-dessus. J'aimerais entendre vos
commentaires là-dessus et savoir comment vous prenez ça que la
Sûreté du Québec ne se contente pas d'enquêter, mais
fasse de l'infiltration. (19 h 30)
M. Ryan: Mme la Présidente, c'est malheureusement une
question que nous devrions plutôt aborder lors de l'étude des
crédits du ministère de la Sécurité publique. La
question met en cause un agissement d'un représentant de la
Sûreté du Québec, hein? La Sûreté du
Québec relève du ministre de la Sécurité publique.
J'aimerais mieux que cette question-là soit abordée dans le cadre
de l'examen des crédits du ministère de la Sécurité
publique. J'aurai, à cette occasion-là, la compagnie des
principaux dirigeants de la Sûreté du Québec. On pourra
discuter de ce sujet-là. Ce n'est pas parce que je ne veux pas en
discuter, parce que je pourrais vous donner une réponse tout de suite,
mais je pense qu'il y aura une réponse plus complète. Si vous
voulez nous faire l'honneur de votre présence pour cette
partie-là de l'étude des crédits du ministère, on
vous accordera une attention spéciale dans les réponses.
M. Paré: O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Paré: J'irai prendre quelques minutes à la
prochaine rencontre avec les gens de l'autre ministère.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a pas d'autres
questions?
M. Paré: Non, il n'y a pas d'autres questions, sauf qu'on
a une série de quatre questions pour lesquelles on n'a pas eu
réponse. Si vous permettez, je vais les déposer et on pourra nous
envoyer par écrit les réponses.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va. Alors,
M. le député de Shefford, pour les remarques finales.
M. Ryan: Vous vous rappelez ces questions. Est-ce qu'on a le
temps que vous nous rappeliez ces questions-là?
La Présidente (Mme Bélanger): ah, oui. avant les
remarques finales, est-ce que le programme 9, conciliation entre locataires et
propriétaires, est adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le programme
étant adopté, M. le député de Shefford, les
remarques préliminaires.
M. Paré: Oui. Très rapidement-Une voix:
Préliminaires ou finales?
La Présidente (Mme Bélanger): Euh! finales. Je
m'excuse.
M. Paré: On peut recommencer.
La Présidente (Mme Bélanger): Non. On vous
remercie.
Conclusions
M. Paré: Non. Très rapidement, je veux permettre
à mes collègues d'aller souper. Je remercie les gens de la
Société d'habitation du Québec et de la Régie du
logement d'avoir accepté de répondre à nos questions et M.
le ministre, évidemment. Je pense qu'on a appris des choses et c'est
intéressant. Ça ne va pas dans le sens où j'aurais voulu
parce que je trouve qu'au niveau de l'habitation sociale, cette année,
ça va être, comme vous l'avez appelée, une année de
pause relative. Je trouve ça très décevant. Je vous l'ai
dit, je l'ai dit et je le répète: Ce n'est pas le temps d'une
pause. Au moment où le patient est malade, le médecin ne doit pas
s'en aller en vacances. L'économie du Québec exige des
interventions et des orientations et beaucoup plus, à mon avis, d'espoir
par rapport à ce qu'on est en train de traverser.
Tout au long du discours et des interventions, je n'ai rien vu qui nous
permette de croire que la construction va être stimulée et que les
gens mal pris vont en avoir davantage. Je ne l'ai pas perçu. On verra
dans le discours du budget. Vous allez me dire: On va écouter
attentivement, mais, pour le moment, je ne perçois rien qui permette
qu'on s'occupe de deux facteurs importants dans la société au
moment où on se parle, c'est-à-dire la création d'emplois
et la lutte à la pauvreté. Je n'ai pas trouvé qu'on allait
prendre des mesures concrètes qui nous permettent de penser qu'on va
vaincre la pauvreté et vaincre le chômage avec les mesures qu'on
retrouve là-dedans, dans les budgets et dans les programmes. Au
contraire, c'est une pause relative alors que ça aurait pris des gestes
importants à mon avis.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. Ryan: Deux mots, Mme la Présidente. Il y avait des
révisions qui s'imposent et qu'on entreprenne certaines de ces
révisions-là cette année ou une autre année,
ça ne change rien, au fond. Comme nous l'avons établi clairement,
au point de vue de dépenses proprement dites, l'année 1992-1993
va donner lieu à une augmentation de 6,9 % par rapport aux
dépenses probables de 1991-1992. Par conséquent, les
révisions que nous allons être obligés de faire auront des
répercussions partielles cette années, des répercussions
sur d'autres années ensuite. En même temps, nous examinons
l'ensemble des programmes du gouvernement dans ce secteur. Puis, je pense que
certaines réflexions nous seront peut-être salutaires. C'est
facile de foncer d'année en année en disant: Ah! je suis
allé chercher ceci,
je suis allé chercher ça, je suis allé chercher
ça. C'est peut-être plus utile pour la collectivité
d'accepter une pause que nous impose une conjoncture particulièrement
difficile, sous l'angle des finances publiques, pour mieux relancer les
programmes et voir de manière plus claire les vrais objectifs que devra
poursuivre le gouvernement en ces choses.
Quoiqu'il en soit, j'apprécie hautement le climat
éminemment civilisé des échanges que nous avons eus
aujourd'hui. Je veux remercier mes collègues du côté
ministériel de la très grande attention qu'ils n'ont cessé
de porter, du début à la fin, à nos échanges et
leur exprimer mon appréciation particulière pour les sacrifices
qu'ils consentent en se privant souvent, par respect - non pas au
détriment des droits, c'est même un privilège de
l'Opposition, mais ça va plus loin que les droits, on vous donne
à peu près tout le temps - le respect que manifeste une
institution parlementaire en donnant autant de place à l'Opposition de
manière volontaire et en laissant en veilleuse des droits qui leur sont
inaliénables. Alors, ça, je remercie beaucoup, j'apprécie
l'intérêt du député de Shefford pour les sujets
discutés, puis je veux l'assurer de ma collaboration dans la poursuite
d'objectifs communs. On en a plusieurs dans le secteur malgré tout, et
à vous, Mme la présidente, et à votre secrétaire,
nos salutations. Puis, je veux remercier particulièrement la direction
de la Société d'habitation du Québec qui m'a
apporté une collaboration exemplaire dans la préparation du
travail, puis également la direction de la Régie du logement du
Québec pour son dévouement dans la cause «bonnes relations
entre les locataires et les propriétaires», sa collaboration
exemplaire également à l'endroit du ministre responsable. Je vous
offre mes meilleurs voeux pour l'année de travail. Merci beaucoup.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
ministre. La commission de l'aménagement et des équipements ayant
accompli son mandat, soit l'étude des crédits budgétaires
du ministère des Affaires municipales, secteur habitation, ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 19 h 36)