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(Seize heures treize minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements débute ses travaux. Le
mandat de la commission est de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Affaires municipales,
programmes 8 et 9, secteur habitation, pour l'année financière
1991-1992.
À cette fin, il est entendu que la commission dispose d'une
enveloppe de cinq heures.
Alors, M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente, M.
Paré (Shefford) remplace Mme Juneau (Johnson).
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, est-ce que vous avez des remarques préliminaires?
M. Ryan: Oui, Madame.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous avez la
parole.
Remarques préliminaires M. Claude Ryan
M. Ryan: Depuis 1987, Mme la Présidente, le marché
des logements mis en chantier a connu un perte de vitesse significative. Selon
des données portant sur des villes de 10 000 habitants et plus, le
nombre d'unités mises en chantier passa de 52 663 en 1986 à 66
757 en 1987. Mais ce niveau fut bientôt ramené à des
proportions plus modestes. Au cours des années qui suivirent, le nombre
d'unités mises en chantier passa en effet à 50 581 en 1988
à 48 859 en 1989 et à 40 249 en 1990. Étant donné
la récession qui sévit présentement, il se pourrait qu'une
nouvelle diminution de l'activité survienne en 1991 dans le secteur de
la construction.
Dans l'ensemble du Canada, on assiste également à une
diminution marquée de l'activité dans le secteur de la
construction résidentielle. De 215 340 unités en 1987, le nombre
d'unités mises en chantier est tombé, pour l'ensemble du pays
à 150 620 en 1990, soit une chute de 30 %.
Dans le cas du Québec, le sommet atteint en 1987 s'explique en
rétrospective par les besoins qui s'étaient accumulés
pendant la récession des années précédentes et par
un changement prononcé dans l'écart entre le nombre de
ménages et le nombre de logements disponibles. Avant 1987, le nombre des
ménages en quête d'un lieu de résidence était
supérieur à celui des logements disponibles. Après 1987,
au contraire, l'augmentation des logements disponibles a été plus
prononcée que celle des ménages en quête d'un logement.
Aujourd'hui, le taux d'inoccupation des logements - surtout dans le secteur des
logements collectifs - demeure très élevé. Il atteignait
8990 unités en 1990 contre 5941 unités en 1987.
Conscient des difficultés de l'économie et du rôle
moteur de l'industrie de la construction dans une stratégie de relance,
le gouvernement rendait public au début de la présente
année, un vigoureux programme visant à susciter ta reprise de
l'activité économique. En plus de dévoiler de nombreux
projets d'investissement dans le secteur public, le gouvernement
annonçait d'importantes mesures dans le secteur de l'habitation. Ces
mesures expliquent en large partie l'accroissement exceptionnellement
élevé des crédits réservés au secteur de
l'habitation pour l'exercice budgétaire 1991-1992. Les dépenses
prévues au chapitre de l'habitation, en exluant la part du gouvernement
fédéral, passent en effet de 215 400 000 $ en 1990-1991 à
un nouveau sommet de 322 900 000 $ en 1991-1992, soit une hausse brute de 49, 9
% et une hausse nette, compte tenu d'apports venus d'autres sources - que nous
pourrons expliquer plus tard - de 41, 6 %.
Une telle hausse survenant en pleine période de restrictions
budgétaires ne saurait s'expliquer que par les effets bienfaisants
qu'elle ne manquera pas d'exercer sur le volume de l'activité
économique. En longue période, elle aura également des
effets très utiles sur les rentrées fiscales du gouvernement.
Parmi les mesures instituées par le gouvernement au début de la
présente année, le programme Mon taux, mon toit occupe la
première place, avec une dépense totale prévue de 70 400
000 $. Entièrement financé par Québec, le programme a pour
but de contribuer à la relance de l'économie en stimulant
l'industrie de la construction résidentielle. À
l'acquéreur d'un logement neuf dont le prix peut varier de 110 000 $
à 150 000 $ selon les régions, le programme offre, soit une
subvention d'intérêts permettant de ramener à 8, 5 % le
taux d'intérêt payé par l'acheteur sur un prêt
hypothécaire, et ce, pour une période de trois ans, soit une
subvention directe égale à 4, 5 % du coût d'acquisition
jusqu'à concurrence d'une subvention maximum de 5 000 $.
Le programme devait à l'origine s'appliquer seulement aux
unités d'habitation dont la construction aurait été
entreprise et complétée en 1991, mais le gouvernement
décidait récemment de rendre admissibles au programme les
loge-
ments dont les fondations avaient été
édifiées entre le 15 novembre et le 31 décembre 1990. Il
décidait aussi de reporter au 1er juillet 1992 la date limite
fixée pour le parachèvement et la prise de possession des
logements situés dans des ensembles comprenant 24 unités ou plus
et d'au moins trois étages et demi. Après un départ
plutôt lent, le programme Mon taux, mon toit donne lieu depuis un mois
à un accroissement très rapide des Inscriptions. En date du 22
avril, le nombre de demandes reçues était de 1456.
Il me fait plaisir d'ajouter, Mme la Présidente, que le
gouvernement a également décidé d'acquiescer à une
autre demande soumise autant par des constructeurs d'habitations que par de
nombreux conseils municipaux et de non moins nombreux, de plus nombreux encore,
acheteurs éventuels d'habitations. Il a été
décidé que tout en maintenant le sommet de 150 000 $
réservé pour I'île de Montréal, la valeur admissible
d'une unité d'habitation construite à travers tout le
Québec pourrait atteindre un maximum de 130 000 $. De nombreux
constructeurs nous avaient dit que les limites fixées pour les
territoires qui avaient accès à des unités d'habitation
d'une valeur maximum de 130 000 $ étaient arbitraires. Elles
n'étaient pas arbitraires, parce qu'elles étaient fondées
sur les découpages du recensement fédéral, mais elles
comportaient quand même des effets difficilement justifiables. Je vous
donne un exemple. La ville de Mirabel, dans la circonscription d'Argenteuil,
avait accès au seuil de 130 000 $. Ce seuil s'appliquait sur le
territoire de Mirabel jusque dans la paroisse de Saint-Janvier, qui est
contiguë à la ville de Saint-Jérôme, et la ville de
Saint-Jérôme restait en dehors. Il suffisait de franchir la
frontière d'une ville à l'autre - il faut bien que ça
arrive quelque part - pour que l'autre ville soit exclue. Puis, moi, j'ai
plaidé auprès de M. Arsenault - il en est témoin - pour
qu'on ajoute un certain nombre de villes. Ça se révélait
très difficile si on voulait être équitables. Et
finalement, nous avons décidé de prendre le taureau par les
cornes - comme le gouvernement aime le faire, comme on me reproche parfois de
le faire du côté de l'Opposition - et nous portons à 130
000 $ le montant maximum admissible pour toute unité d'habitation qu'on
voudra soumettre dans le cadre du programme Mon taux, mon toit.
Le gouvernement a décidé en outre de prolonger de quelques
mois l'excellent programme AMI - ça, c'est une aide à la mise
initiale de fonds - institué en 1988 afin de venir en aide aux
ménages comptant au moins un enfant, qui ont besoin d'un
supplément de ressources financières afin de pouvoir
réunir la mise de fonds nécessaire pour l'achat d'une
première maison. Aux ménages comptant au moins un enfant, qui
veulent faire l'acquisition d'une première maison afin d'y
résider, le programme offre, pour une période de sept ans, une
garantie s'appliquant à un prêt additionnel, ou prêt de
première hypo- thèque. Le prêt ainsi garanti peut atteindre
10 % de la valeur du prêt hypothécaire, sans toutefois
dépasser 7000 $. Depuis son lancement, en 1988, le programme AMI a connu
un succès remarquable. Au 29 mars 1991, 35 711 certificats de garantie
avaient été émis. Depuis le début de l'année
1991, la moyenne hebdomadaire des demandes d'adhésion au programme a
continué d'augmenter. Entre le 29 mars et le 22 avril, pas moins de 2335
demandes ont été reçues, et de ce nombre, les trois quarts
portent sur l'acquisition de maisons existantes.
Un autre volet de la politique gouvernementale de soutien à
l'habitation porte sur la rénovation de logements existants. À
cette fia le gouvernement dispose de deux programmes, soit le programme PARCQ,
lequel s'adresse aux propriétaires occupants, et le programme PRIL,
lequel vise à soutenir la restauration d'immeubles locatifs
occupés par des ménages à faibles revenus. Le programme
PARCQ offre au propriétaire d'un logement détérioré
une aide visant à rendre le logement conforme à des normes
minimales de salubrité et de sécurité. Conçu
à l'intention des ménages à revenus très modestes,
le programme, financé à paris égales par les gouvernements
fédéral et québécois, a permis depuis cinq ans la
restauration de 41 484 logements pour lesquels des subventions totalisant 221
800 000 $ ont été engagées. En plus de sa contribution
équivalente à celle du gouvernement fédéral, le
gouvernement engagera cette année des crédits additionnels de 8
800 000 $ dans le programme PARCQ. Les sommes ainsi engagées viseront
surtout à stimuler la restauration de logements
détériorés dans les régions rurales.
Étant donné le nombre élevé de locataires
que compte le Québec, une attention particulière doit être
accordée à la qualité des immeubles locatifs. Le
gouvernement fédéral s'étant retiré de ce secteur,
le gouvernement du Québec créait, en mai 1990, un nouveau
programme, entièrement financé par le Québec, à
l'intention des propriétaires d'immeubles locatifs. Aux
propriétaires bailleurs de logements et de maisons de chambres, le
programme PRIL offre une aide financière pouvant atteindre
jusqu'à 14 250 $ par logement, ou 8500 $ par chambre d'une maison de
chambres, pour la réalisation de travaux de rénovation d'une
valeur d'au moins 5000 $ par logement, ou 2500 $ par chambre d'une maison de
chambre.
Le gouvernement avait autorisé des engagements de 15 000 000 $ au
titre de ce programme en 1990. Pour l'année 1991-1992, le montant des
engagements qui pourront être autorisés s'élèvera
à 55 000 000 $. Nous estimons à plus de 8000 le nombre
d'unités de logements qui pourront être restaurées en
1991-1992 grâce au programme PRIL.
En plus de son implication dans la construction et la restauration
résidentielle, le gouvernement, par l'intermédiaire de la
Société
d'habitation du Québec, fournit, sous diverses formes, une
contribution importante au financement de logements à l'intention des
milieux moins favorisés. Par le truchement de l'Entente-cadre
Canada-Québec sur l'habitation sociale, signée en 1986, les
gouvernements du Canada et du Québec unissent leurs efforts afin de
mettre à la portée des ménages à revenus modiques
des programmes d'aide dont la gestion est assumée par la
Société d'habitation du Québec. Deux programmes retiennent
particulièrement l'attention à cet égard, le programme
d'habitations à loyer modique et le programme d'aide aux organismes sans
but lucratif.
Généralement administrés par des organismes
municipaux, les habitations à loyer modique, communément
appelées HLM, étaient au nombre de 56 668 au 31 mars 1991. De ce
nombre, 23 646 unités étaient réservées à
des familles, 33 022 unités étaient occupées par des
personnes retraitées. Dans l'ensemble, le taux de vacance était
inférieur à 1,0 % dans chaque catégorie. En outre, les
listes d'attente étaient encore abondantes, surtout dans la
région de Montréal où, pour la dernière
année, la Société d'habitation du Québec a
annoncé que 2183 unités nouvelles viendront s'ajouter au parc
existant, soit 1125 unités de plus qu'au cours de l'année
précédente.
Les offices municipaux d'habitation qui administrent des HLM ont
enregistré un déficit de 213 000 000 $ en 1990. De ce
déficit, une proportion de 10 % est financée par les
municipalités, une proportion de 59 % par le gouvernement
fédéral et une proportion de 31 % par le gouvernement du
Québec. Pour chaque unité de logement, le coût mensuel
moyen est de 557 $. La contribution mensuelle moyenne du locataire est de 232
$, et le déficit moyen est par conséquent de 325 $ par mois. Le
gouvernement maintiendra en 1991-1992 son engagement envers les programmes
visant à procurer des habitations décentes à des foyers ou
à des personnes défavorisées. Le volet logement public
sans but lucratif et le volet logement privé sans but lucratif
bénéficieront d'augmentations de crédits de 8,71 % dans le
premier cas et de 47,3 % dans le second cas.
Nous avions d'abord prévu que le nombre d'unités
réservées au volet organismes sans but lucratif serait de 600
unités dans le cadre de la programmation 1991, mais ce total a
été porté à 868 unités en raison de
l'urgence des besoins et de la qualité des projets qui nous avaient
été soumis. Le nombre d'unités qui pourront être
engagées en 1991 dépendra des décisions que le
gouvernement fédéral prendra au cours des prochaines semaines
concernant le niveau des ressources qu'il mettra à la disposition des
provinces pour la réalisation des programmes concernés.
Le Québec tire le meilleur parti possible de l'entente
fédérale-provinciale sur l'habitation. Cependant, les
critères qui président à la répar- tition des fonds
fédéraux entre les provinces défavorisent encore le
Québec. On trouve au Québec 28 % des ménages
définis comme faisant face à des besoins impérieux en
matière de logement. On classe comme ménages faisant face
à des besoins impérieux les ménages qui doivent consacrer
plus de 30 % de leurs revenus au paiement du logement, sujet évidemment
à un certain plafond pour le montant du loyer. Mais, même si elle
a sensiblement progressé au cours des deux dernières
années, la part que le Québec retire des fonds
fédéraux demeure inférieure à ce qu'il serait en
droit de toucher. Cette part est passée de 17,8 % du budget
fédéral global en 1989 à 21,6 % en 1990. En
résultat net, le Québec a obtenu 68 900 000 $ de plus en 1990
qu'en 1989, et ce, nonobstant la coupure de 15 % instituée dans ce
secteur par le budget fédéral de l'an dernier.
Le programme Logirente destiné aux ménages
âgés de plus de 60 ans est un autre volet fort actif de la
politique gouvernementale en matière d'aide au logement. Le programme
offre aux bénéficiaires une aide égale à 75 % de la
partie du coût du logement qui excède 30 % du revenu du
ménage, sujet à des plafonds de loyer allant de 255 $ par mois
pour les chambreurs à 340 $ par mois pour les personnes seules et 390 $
par mois pour les ménages de deux personnes. Au 31 mars 1991, le
programme Logirente comptait 47 553 bénéficiaires, dont la
très grande majorité sont des personnes seules, 90 %, des femmes,
80 %, et des personnes ayant plus de 65 ans, 71 %. Les
bénéficiaires sont locataires dans une proportion de 92 %. La
subvention moyenne était, au 31 mars 1991, de 49,20 $ par mois. Ce
programme, créé en 1980, est entièrement financé
par le Québec. (16 h 30)
La Société d'habitation du Québec réalise
depuis 1985 des logements à loyer modique destinés aux
autochtones vivant hors réserve pour le compte de corporations
autochtones sans but lucratif. Le programme accorde des subventions pour
combler 100 % des déficits d'exploitation, après déduction
du loyer, lequel représente 25 % des dépenses du ménage.
Les coûts sont partagés dans une proportion de 75-25 entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec en vertu
des dispositions de l'Entente-cadre Canada-Québec sur l'habitation
sociale. De 1985 à 1990, 1385 unités ont été
réalisées dans les volets urbain et rural du programme de
logements autochtones, pour un coût total de réalisation de 85 200
000 $. En 1990, 221 unités ont été
réalisées, totalisant 14 800 000 $. Le déficit moyen
d'opération est de 673 $ par mois par unité. En 1991, nous
entendons réaliser 168 nouveaux logements. Le gouvernement du
Québec entend maintenir ce rythme de production annuelle jusqu'à
ce que soit jugé suffisant le parc immobilier autochtone hors
réserve.
La Société d'habitation du Québec intervient
également dans 14 villages inuit du nord du Québec.
À la suite de l'acceptation du transfert de responsabilité du
gouvernement fédéral en 1981, le Québec est devenu
propriétaire de 871 logements situés dans 14 villages nordiques.
Seulement 5 % de ces logements étaient alors en bon état. Le
village de Umiujaq a aussi été créé, impliquant la
construction de 60 logements. Pour ces réalisations, 80 000 000 $ ont
été investis jusqu'en 1986. De 1987 à 1989, 73 300 000 $
ont été autorisés pour l'ajout de 236 unités et le
remplacement de 191 unités désuètes. Dans son plan
triennal 1990-1992, le service d'habitation autochtone de la
Société d'habitation du Québec entend réaliser 404
unités dont 240 unités ajoutées au parc de logements et
164 unités remplacées. En 1990, 87 unités ont
été ajoutées et 67 ont été
remplacées, pour un coût total de 30 300 000 $. À ia fin de
1992, 808 unités auront été ajoutées dans ces 14
villages nordiques et 355 unités désuètes auront
été remplacées, pour un total de 1518 nouvelles
unités construites au cours de la dernière décennie. Une
fois soustrait le loyer que paient les locataires, le coût d'exploitation
de ces unités est partagé, pour les ajouts, dans une proportion
de 75-25, et pour les remplacements, dans une proportion de 50-50, entre le
gouvernement fédéral et celui du Québec.
Le programme Mon taux, mon toit a également été
modifié afin que le droit de propriété particulier
accordé aux autochtones sur le territoire des réserves indiennes
soit reconnu. Au total, compte tenu de la contribution fédérale
à certains programmes dont la gestion est assurée par le
Québec, des crédits de 543 800 000 $ seront consacrés
à l'habitation en 1991-1992, soit une hausse de 30,45 % sur
l'année précédente. De ce total, une part de 322 900 000 $
sera fournie par le Québec, soit 59,3 % du total. Les engagements
budgétaires du Québec pour l'exercice 1991-1992 sont en hausse de
près de 50 % par rapport au montant de 215 400 000 $ consenti en
1989-1990.
Ces chiffres illustrent mieux que tout discours l'importance que le
gouvernement attache à l'habitation, à la fois comme moteur
économique et comme source de création de conditions sociales
plus humaines. La Société d'habitation du Québec agit
comme maître d'oeuvre des politiques québécoises en
matière d'habitation. De nouveau, au cours de la dernière
année, la Société a fourni une performance exceptionnelle
répondant avec empressement et compétence aux nombreuses demandes
que le gouvernement et sa clientèle n'ont cessé de lui adresser.
Je suis heureux de lui exprimer publiquement l'appréciation du
gouvernement pour son travail efficace et sa collaboration
empressée.
Vu la forte proportion de locataires que l'on trouve au Québec,
il importe d'accorder aux locataires et aux propriétaires une protection
adéquate. Cette protection est assurée prin- cipalement à
travers la Régie du logement. Cet organisme fonctionne sous l'empire
d'une législation sur le logement locatif dont la philosophie peut
être résumé dans le principe du droit au maintien dans les
lieux. La Régie du logement est surtout connue pour le rôle
d'arbitre qu'elle exerce dans les litiges opposant propriétaires et
locataires en matière de fixation du loyer. Son rôle embrasse de
fait non seulement le montant du loyer, mais aussi tous les aspects des
relations entre locataires et locateurs. En 1990, la Régie a
traité 100 807 causes. De ce nombre, 40 954 portaient sur des dossiers
de recouvrement - résiliation de bail - soit 40,6 % du total, et 22 567,
soit 22,3 % du total, portaient sur des fixations de loyer. Les autres dossiers
portaient sur des dommages matériels aux logements, des diminutions de
loyers, des rétractations ou résiliations de baux, etc.
Pour répondre aux besoins dont elle est saisie, la Régie
dispose de 29 bureaux régionaux et locaux et d'un personnel de 292
employés, équivalent temps complet. Les effectifs de la
Régie compte 39 personnes agissant à titre de régisseurs.
En plus des causes dont elle a traité, la Régie a reçu en
1990-1991, quelque 800 000 demandes d'information.
Au cours de la dernière année, la Régie a vu
à rendre plus accessibles dans chaque région les services de
conciliation qu'elle offre aux locataires et aux propriétaires. Cette
politique a produit des résultats intéressants puisque le taux de
succès des dossiers soumis à la conciliation a augmenté de
28,7 %. La Régie envisage de mettre de nouveau l'accent sur son
rôle de conciliation. Au cours de la prochaine année, elle
envisage également d'offrir à la population des services de
médiation dont l'objet serait de permettre l'intervention d'un tiers
représentant la Régie dès l'émergence d'un conflit,
et non pas après avoir attendu qu'il atteigne un point culminant ou
insoluble.
La Régie, tout en subissant une diminution d'effectifs de l'ordre
de 10 % entre 1984 et 1990, a dû faire face pendant la même
période à un accroissement important de sa clientèle. Le
nombre des causes traitées par la Régie est passé de 70
789 en 1984 à 100 807 en 1990. La Régie a néanmoins
réussi pendant cette période à réduire les
délais survenus dans le traitement des causes Dans les affaires de
non-paiement des loyers, par exemple, le délai de traitement qui
était de 74 jours en 1989 est passé à 64 jours en 1990.
Pour l'ensemble des causes civiles, le délai moyen est passé de
111 jours en 1989 à 108 jours en 1990. Dans les causes de fixation des
loyers, la Régie a réussi à entendre la presque
totalité des causes dont elle avait été saisie cette
année avant la date limite du 31 mars pour les avis de renouvellement de
bail. Je les en félicite. Au 31 décembre dernier, les causes
relatives à ia fixation des loyers avaient été entendues
dans tous les bureaux régionaux sauf
un.
Au cours de la dernière année, la Régie a dû
procéder à la fermeture de quatre bureaux régionaux, ceux
d'Alma, de Chicoutimi, de Victoriaville et de Sorel. Les raisons qui motivaient
ces fermetures furent de l'ordre de la rationalisation. Il fut
décidé de fermer les bureaux dont le niveau d'affaires
n'était pas suffisant et dont la clientèle pouvait trouver,
auprès d'un autre bureau situé dans un rayon de moins de 100
kilomètres, les services requis. Il restera au cours des prochains mois
à trancher le dossier des bureaux situés dans la région de
Montréal. La Régie a soumis au ministre un projet visant
l'unification de ces bureaux, mais avant toute décision, le ministre
voudra d'abord recueillir l'avis des députés de la région
montréalaise.
Au chapitre des objectifs administratifs, une attention spéciale
a été apportée ces derniers mois à
l'amélioration des services d'accueil téléphonique
à la Régie, particulièrement à Montréal.
Tandis que les bureaux de la Régie sont souvent inondés d'appels,
ni l'équipement ni le personnel de l'organisme ne lui permettent
d'accueillir tous les appels qui lui sont destinés. Le personnel,
évidemment parce qu'il est en nombre limité, non pas parce qu'il
ne veut pas les accueillir. Chaque jour, selon des contrôles
sérieux qui ont été effectués, des milliers de
citoyens téléphonent en vain à la Régie, toutes les
lignes étant continuellement occupées. Afin de remédier
à cette situation, la Régie fut autorisée au début
de l'année à procéder à l'embauche temporaire
d'employés occasionnels pour la période intensive de la fin de
l'hiver et du début du printemps, et elle compte pouvoir affecter
à ce service d'accueil téléphonique un certain nombre
d'employés réguliers additionnels au cours du présent
exercice.
La Régie se voit attribuer en 1991-1992 des crédits de 16
532 000 $ comparativement à des crédits de 16 126 000 $ pour
l'exercice précédent. La hausse s'explique surtout par
l'indexation des traitements du personnel et par une augmentation des besoins
en contrats de service. On observe, en contrepartie, une réduction des
crédits au chapitre de l'embauche du personnel occasionnel,, des
communications et de l'acquisition d'équipement. La Régie
n'échappe pas aux mesures d'austérité que le gouvernement
a voulu instituer dans tous les secteurs de l'administration publique.
Le gouvernement estime en outre normal qu'une partie des frais
occasionnés par la Régie soit assumée par les usagers des
services offerts par la Régie. Aussi, une légère hausse
sera prochainement instituée sur les tarifs afférents aux causes
dont est saisie la Régie. La hausse projetée devrait rapporter
des revenus additionnels d'environ 500 000 $ au cours de l'exercice
1991-1992.
En terminant, j'adresse à la présidente de la Régie
ainsi qu'aux régisseurs et au personnel de cet organisme les
remerciements et l'appréciation du gouvernement pour le travail accompli
au cours de la dernière année. Étant donné
l'importance du secteur dans lequel oeuvre la Régie, une collaboratrice
de mon cabinet verra, au cours de la prochaine année, à consacrer
une partie importante de son temps à l'examen des problèmes des
locataires et des propriétaires et au maintien d'une liaison constante
avec ia Régie du logement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. te
ministre. M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui. Merci, Mme la Présidente. Alors, je
salue le ministre de même que les gens de la Société
d'habitation du Québec et de la Régie du logement.
Moi aussi, j'ai des félicitations à faire aux gens qui
travaillent, mais pas nécessairement au gouvernement, par exemple. C'est
là-dessus que je veux intervenir en vous disant que je ne trouve pas la
situation très rosé, au contraire. Je vais prendre sur deux
volets mon intervention pour camper la place de l'habitation dans la
société, regarder les gestes qui ont été
posés avec les conséquences qu'on subit aujourd'hui, ce qu'on est
en train de faire et les risques que ça nous apporte pour demain. La
façon dont je vais le faire, ça va être souvent en citant
des coupures de presse toutes récentes pour montrer que le milieu, qui
n'est jamais écouté, a le goût de s'exprimer, de se faire
entendre et a des commentaires qui sont souvent bien plus durs que je peux
l'être. Je vais le prendre sur deux volets: le premier volet, ça
va être en regardant l'habitation côté logement social et,
le deuxième, ce sera par rapport à sa responsabilité
économique.
Si on y va d'abord sur le logement social, eh bien, je prendrais tout
simplement pour commencer, comme je le disais, La Presse du 20 avril
1991 - c'est donc tout à fait récent; c'est à peu
près ce qu'il y a de plus récent, ça fait quelques jours
seulement - pour un peu citer ce que les 600 officiers municipaux disent lors
de leur congrès à Hull. 600 officiers municipaux veulent
humaniser le logement social parce qu'ils constatent que, malheureusement, il y
a 700 000 Québécois qui vivent à l'assistance sociale.
Là, il va falloir arrêter de se fermer les yeux et il va falloir
arrêter de penser que c'est l'affaire des autres. Je dois dire que
ça se peut qu'il y ait des gens qui m'ont entendu; des
députés disent que j'ai déjà dit ça dans
d'autres commissions. C'est vrai. Je le répète et je n'ai pas
fini de le répéter parce que quelqu'un doit s'occuper de la
pauvreté au Québec à un moment donné, et montrer
aux yeux du gouvernement que la pauvreté qu'on connaît au
Québec, qui est en train de se transformer en misère, c'est
à cause
de décisions gouvernementales prises au cours des
dernières années.
Chacun des ministres, dans son secteur, a coupé partout, a
coupé sur les plus faibles en prenant toujours la même maudite
comparaison qu'il y en a des plus pauvres. Donc, ce qu'on essaie de faire
maintenant, ce n'est pas de dire: Essayez de rendre les gens un peu plus riches
par rapport à la moyenne. C'est d'essayer de dire: Comme il y en a des
plus pauvres, bien, on va vous amener vers la misère. Ça, c'est
dans les mesures qui ont été prises dans la loi 37 sur l'aide
sociale et qu'on veut ramener dans le règlement sur les HLM.
Malheureusement pour le gouvernement et heureusement pour les gens
concernés dans les HLM - on va y revenir tantôt - il y a eu un
jugement qui a amené un peu de consolation chez des centaines et des
milliers de gens, au moins pour une certaine période. On ne sait pas
combien de temps. On va le savoir tantôt, j'espère.
Mais, la misère qu'on est en train de vivre, qui est
au-delà de la pauvreté et qui est en train de s'installer, c'est
indigne d'une population qui se dit avancée comme celle du
Québec. Et là, il va falloir qu'on se retrousse les manches, tout
le monde; il n'y a aucun ministre qui va pouvoir dire que ce n'est pas sa
responsabilité, spécialement dans le logement. Quand les
officiers municipaux disaient en fin de semaine que le logement est une
nécessité vitale, c'est vrai. Il n'y a personne qui va pouvoir
contester ça. Ils allaient plus loin: Le coût du logement ne
convient pas à un grand nombre de foyers défavorisés. Les
différents programmes gouvernementaux sont mal harmonisés.
L'indice de pauvreté était de 14 % en 1980; il est passé
à 19 % en 1990 alors qu'on a vécu, n'oubliez jamais ça, ce
que le ministre des Finances appelait une période de vaches grasses,
quatre à cinq années de croissance sur lesquelles on pouvait se
péter les bretelles. 19 % de notre population est maintenant
considérée comme pauvre; c'est une augmentation de 5 %. Ces
dernières données ne tiennent pas compte des effets
récents de la récession et de la nouvelle flambée de
l'indice des prix à la consommation, ni de la TPS. Je vais vous dire que
ça doit être terrible où on est rendu. (16 h 45)
Donc, le chômage, lui, était le mois passé à
12,5 % et la chute continue. Là, je ne le fais pas de gaieté de
coeur, sauf qu'il faut être réaliste et il faut regarder la
vérité en face si on veut prendre des mesures. Le chômage,
c'est catastrophique. L'aide sociale, vous avez vu le nombre croissant de
personnes tombées effectivement sur l'aide sociale. Parmi tous ceux qui
sont arrivés sur l'aide sociale, 51 % sont des jeunes de moins de 30
ans. Ça, c'est l'avenir. 51 % de tous ceux qui sont tombés sur
l'aide sociale depuis six mois, c'est des jeunes de moins de 30 ans. Ça,
c'est la réalité, et c'est par des mesures qui ont
été prises, je le disais tantôt. Quand on prend des mesures
ou quand on modifie des programmes à la baisse et qu'on pénalise
les plus pauvres, on installe la misère. Et c'est ce qu'on est en train
de faire. À Montréal, vous avez vu les derniers chiffres. Un
tiers de la population est maintenant considéré comme pauvre.
Encore tout dernièrement, quand on reprend encore les journaux,
on regarde ce que disaient, il n'y a pas longtemps, les maires des
municipalités canadiennes réunis à Montréal; les
chiffres étaient apportés par la municipalité de
Montréal. Le maire Doré lui-même venait dire qu'à la
ville de Montréal, un ménage locataire sur quatre éprouve
des problèmes de logement. Ces données, qui excluent les
chambreurs et les itinérants, c'est 25 %. Donc, quand on parle de
logement et d'habitation, ici, dites-vous que la pauvreté, vous en
êtes coupables si vous ne prenez pas les bonnes mesures. On est en train
d'appauvrir, d'amener dans la misère 25 % de notre population dans la
région métropolitaine. C'est le coeur économique, c'est la
métropole du Québec. Ça n'a aucun bon sens, c'est
inacceptable.
On va plus loin que ça en disant que 163 500 ménages
locataires de Montréal consacrent 50 % de leurs revenus au logement. Si
ce n'est pas ça, la misère, quand on se permet de dire... On
refuse des contrôles - c'est une décision, ça - sur le prix
des loyers. Ça pourrait être une façon. Je ne dis pas que
je la partage - on va en discuter tantôt - mais on pourrait arrêter
de couper, par exemple, dans les programmes de logement social. Les HLM
diminuent, les coopératives diminuent, les organismes sans but lucratif
diminuent. Je comprends qu'on fasse des comparaisons en disant que ça a
augmenté par rapport à ce qu'on avait prévu. Il n'y a rien
de plus facile. C'est pour ça qu'on va dire que de faire de la
politique, il n'y a rien de plus facile. On a juste à dire en
début d'année: J'en prévois 600, même si c'est par
rapport à 1000, 1500 ou 2000 qu'il y avait les années
précédentes, j'en annonce 800, et applaudissez-moi, merci
beaucoup, bonjour. Sauf que ce n'est pas par rapport aux années
précédentes, c'est par rapport à une annonce qu'on fait
pour être capable d'annoncer qu'on en donne un peu plus. Je m'excuse.
Ça, moi, je n'embarque pas là-dedans, pas quand on voit la
situation. Je viens de vous dire l'état dans lequel se retrouvent nos
ménages démunis à Montréal en consacrant, entre
autres, 50 % de leurs revenus au logement. Qu'est-ce que ça a comme
effet dans la réalité, dans le vécu quotidien des gens?
Exactement ça. Ça aussi, c'est des journaux qui datent de
quelques semaines à peine: "Des bébés des quartiers
pauvres ont un poids insuffisant à la naissance. Québec note des
taux qui dépassent ceux du tiers monde." Ce n'est pas drôle
d'entendre ça. Là, on parle de chez nous et c'est la
réalité. "Les bébés de moins de 2,5 kilos risquent
d'avoir des séquelles mentales et physiques." Eh
bien, si on fait en sorte que les familles n'aient pas les moyens
d'habiller et de nourrir leurs jeunes, c'est ça qu'on a. Même les
femmes enceintes... Puis on sait la situation dramatique des gens qui sont des
quartiers Pointe-Sainte-Charles, Saint-Henri, Petite Bourgogne et tout ce
coin-là, le T de la pauvreté à Montréal et le T qui
est en train de faire un grand carré, parce que ça
s'étend. Ça a des effets sur la santé physique et mentale
des gens. Ce n'est peut-être pas nous qui allons payer, ici, quand on va
étudier les crédits de l'habitation, mais ça va être
l'autre commission, quand on va étudier les problèmes
reliés à la santé. On n'a pas le droit d'accepter
ça, de couper dans les programmes et de se sentir correct, parce qu'on a
été solidaire avec le Conseil des ministres.
L'espérance de vie de 11 ans de différence entre
Saint-Henri et Mont-Royal. Comment vous dire? Moi, en tout cas, je ne suis pas
capable d'accepter ça. Je vous le dis: C'est une responsabilité
collective. Je suis aussi coupable, je le dis. On n'a plus le droit de se le
cacher; on doit s'en parler, et, chacun dans nos secteurs maintenant, on ne
doit pas regarder comment on peut couper, on doit regarder comment on peut
aider, parce que ça va nous coûter cher, ce qu'on est en train de
faire: 11 ans de différence parce qu'on est en bas de la côte,
comparativement à ceux qui sont en haut de la côte. On est dans la
même ville. On n'est même pas dans des régions
différentes, on est dans la même municipalité. "À
Saint-Henri, le tiers des écoliers ne déjeunent pas." C'est ici
qu'on doit en parler, parce que les ménages que je vous ai
donnés, au nombre de dizaines de milliers tantôt... Pourquoi les
femmes, dans bien des cas de familles monoparentales, n'ont pas les moyens de
nourrir leurs enfants? Si elles n'ont pas les moyens de nourrir leurs enfants,
c'est parce qu'elles paient 50 % pour le loyer. Je dois vous dire que c'est
dangereux. Ces enfants-là ne déjeunent pas, ne mangent pas, et
c'est probablement ceux-là qui, à un moment donné, vont se
ramasser dans d'autres chiffres qu'on peut citer et qui sont une catastrophe:
35 % de nos jeunes ne finissent pas le secondaire V, quand, pour être
balayeur dans n'importe quelle "shop", il faut avoir le secondaire V. On s'en
va où, avec 35 % de notre population, de notre jeunesse qui est notre
avenir, à nous tous? 35 % qui ne le finissent pas, c'est la garantie,
l'assurance de l'aide sociale à perpétuité pour plus du
tiers de notre population. C'est ça, la société qu'on veut
bâtir pour demain? Moi, je n'accepte pas ça, puis je vais le
dénoncer. Je vais essayer de trouver, avec tous ceux qui le veulent
bien, des solutions.
La semaine passée... Je ne nommerai personne, mais j'ai entendu
quelque chose qui doit être dit, dans une rencontre d'organismes
communautaires. Quelqu'un nous disait son témoignage parce que lui,
effectivement, paie plus de 50 % pour se loger. Il concluait qu'à la fin
du mois, quand il veut s'habiller ou qu'il veut se faire soigner, des choses
comme celles-là, il vole. Il disait qu'il n'a plus aucun scrupule
à voler, parce qu'il faut qu'il vive. Sinon, il lui reste le suicide.
Soit dit en passant, là-dessus aussi, on a le championnat mondial du
suicide chez les jeunes. C'est en train de devenir la première cause de
mortalité chez les moins de 25 ans. Ça va même
dépasser les accidents d'automobiles. Ça, c'est une
réalité chez nous. Il disait: Moi, maintenant, j'en suis rendu
à voler. J'aime mieux voler que mourir, et, si je me fais arrêter,
eh bien, tant mieux, je serai peut-être quelques jours à la
chaleur et nourri. Il a frappé le cap où, maintenant, dans sa
tête à lui, voler est devenu indispensable. C'est quelque chose
d'acquis dans sa tête. La prochaine étape, c'est quoi? C'est la
question que je lui posais. Et il a dit: Devine. Ce sera sur moi ou sur
quelqu'un d'autre. À un moment donné, quand j'en aurai assez, je
ne sais pas ce que je vais faire.
Mais c'est relié directement à un problème qui est
fondamental au Québec, c'est le logement social. Pas juste ça,
mais ça aussi, et d'une façon importante, très importante.
D'ailleurs, je vous le disais. J'ai commencé là-dessus. Les
offices municipaux d'habitation reconnaissent aussi que les gens n'ont plus les
moyens de payer leur loyer, qu'il va falloir harmoniser nos programmes d'aide.
Harmoniser veut dire, non pas harmoniser juste en fonction des coupures des
autres ministères, harmoniser en fonction de répondre à
des besoins.
J'y reviens. "Les médecins s'inquiètent pour les femmes
enceintes en milieu défavorisé." Ça se tient, ça.
Dans les milieux défavorisés, les femmes enceintes n'ont pas les
moyens d'avoir ce qui est nécessaire pour être capables de faire
en sorte qu'à la naissance, l'enfant ait eu toutes les vitamines.
Ça nous donne les résultats que je vous donnais tantôt.
L'espérance de vie est moins longue, et les bébés risquent
d'arriver avec des séquelles mentales et physiques. C'est directement
relié. "En milieux défavorisés, le Québec a autant
de naissances fragiles que dans le tiers monde. La file s'allonge devant les
soupes populaires. On compte plus de 500 000 pauvres dans le grand
Montréal." Là, je ne vous parle pas de Calcutta, puis je ne vous
parle pas des banlieues de Caracas ou bien de Mexico. Je vous parte d'une ville
qu'on connaît tous assez bien, probablement, puis plusieurs de nous
vivent directement à Montréal ou en banlieue. C'est 500 000 de
nos concitoyens, des gens qui espèrent énormément que,
nous, on va trouver des solutions à leurs problèmes, pas
nécessairement juste au déficit. Oui, on a une obligation
là-dedans.
Écoutez, ces chiffres-là, je ne les ai pas
inventés. Ces chiffres-là, qui sont reconnus et officiels, sont
amenés par Statistique Canada, par les offices municipaux d'habitation,
par le
Conseil de la santé et des services sociaux et même
probablement que, dans tous les ministères, on les a, ces
chiffres-là. On ne peut pas les contredire. La preuve, c'est qu'on
s'apitoie tous là-dessus, sauf que, moi, je pense que la période
d'apitoiement est dépassée. Il faut maintenant trouver des
solutions. Il faut trouver des solutions maintenant parce que, comme on le
disait tantôt, les chiffres qu'on a donnés sont avant même
de tenir compte des prix de l'inflation, de la TPS et de la chute de
l'économie québécoise. Donc, ça veut dire qu'il n'y
a plus 19 % de pauvres au Québec; il y a plus d'un
Québécois sur cinq dans la pauvreté, alors que, mon Dieu,
on continue à augmenter tout le nécessaire.
Moi, je rencontre des petits travailleurs d'une façon très
régulière, des gens qui vendent leur maison. Ils travaillent et
ils sont inquiets; ils ne pourront plus rencontrer les augmentations de taxes
scolaires, de taxes municipales, d'électricité, de tout le
nécessaire. Imaginez-vous les pauvres, eux autres, qui n'ont même
pas les moyens de manger et a qui on dit: Vous voulez vous entraider, on va
vous couper tous les deux. Et ça, ça nous concerne directement.
C'est l'application, par la Société d'habitation du
Québec, parce que c'est une volonté du gouvernement, d'appliquer
l'esprit et la volonté de la loi 37.
On a connu autre chose au Québec. On a connu les grosses
familles, on a connu l'entraide. On faisait des bis pour se bâtir. On a
réussi à installer, depuis quelques années,
l'individualisme. C'est un peu normal, on essaie de s'en sauver chacun,
spécialement les 20 % dont je vous parle. Mais, comment se fait-il qu'on
ne puisse pas s'entraider? Comment se fait-il que, quand tu es mal pris puis
que tu as 483 $ ou 487 $ - je ne sais pas exactement combien - parce que tu es
un adulte, tout seul, sur l'aide sociale, comment se fait-il que, si jamais tu
veux partager ton logement pour être capable de t'aider, partager, faire
quelque chose en commun pour t'en sortir, juste t'encourager pour ne pas te
suicider, on s'en vient dire: Essaie ça, toi, on t'attends au coin de la
rue, puis ton chèque, il va être coupé. Il y a quelque
chose de pas correct là-dedans. Il y a même quelque chose de
vicieux, de malicieux et surtout de dangereux par rapport à notre
jeunesse qui est désespérée. De plus en plus, les autres,
ceux qui, à 45 ou 50 ans, dans les fermetures... N'oublions pas que les
fermetures d'entreprises qu'on connaît présentement, c'est souvent
à cause que c'est des vieilles entreprises qui ne se sont pas
modernisées ou des employés qui ont beaucoup d'ancienneté,
donc des salaires très élevés. Ce n'est pas de leur faute.
Après 30 ans à la même place, tu finis par avoir un bon
salaire, mais tu n'es plus compétitif, on ferme l'entreprise, on la
déménage. Les gens de 45, 50 ou 55 ans sur l'aide sociale,
après l'assurance-chômage, je vais vous dire, eux autres aussi,
ils sont perdus. Ce n'est pas juste les jeunes, il y a aussi cette
catégorie de gens dont il va falloir s'occuper bientôt.
On a une responsabilité quand on parle d'habitation, par rapport
au social, par rapport à la société - c'est même
majeur - et il va falloir faire quelque chose. On ne peut pas juste regarder
ça et penser que ça va se régler tout seul ou que c'est la
responsabilité de quelqu'un d'autre. Moi, ce que je suis en train de
passer ici, puis je le pense vraiment, c'est d'abord et avant tout, à
mon avis, une responsabilité du ministère, l'habitation, parce
qu'au Québec, on ne peut pas vivre comme à Caracas, sous des
toits de tôle, parce que la température n'est pas égale
à l'année. L'habitation, c'est majeur, c'est-à-dire qu'il
faut loger nos gens. On ne peut pas accepter, dans un contexte de
développement qu'on dit moderne, que des gens consacrent 50 % de leurs
revenus - ça veut dire qu'ils sont très bas, en plus - à
se loger. Ça veut dire qu'ils ne peuvent pas manger. On a beau compenser
puis dire: C'est la responsabilité de M. Marc-Yvan Côté,
ministre de la Santé et des Services sociaux, qu'il subventionne des
organismes communautaires et qu'il fasse des soupes populaires. Je vais vous le
dire, ce n'est pas vrai. Je ne suis pas d'accord avec ça pantoute. On
est mieux de les aider d'une façon beaucoup plus digne en leur
permettant de pouvoir se loger d'une façon convenable et, oui, avec du
logement social en très grande partie. Il n'y a pas de honte, en
Amérique du Nord, dans une société qui se dit capitaliste,
à vouloir créer plus de HLM. À preuve, l'Ontario, et pas
parce que c'est M. Rae. Avant, ils ont toujours construit plus de HLM que nous
au Québec. Il va falloir avoir honte. Si on veut copier, qu'on copie
aussi dans les côtés qui peuvent être un peu plus positifs,
et pas nécessairement par les discours qu'on tient par rapport aux
populations qu'on doit desservir, les populations qu'on doit aider plus
spécialement. (17 heures)
On a une responsabilité sociale, et la demande que je vous fais,
M. le ministre, c'est de prendre d'autres mesures que celles dont vous avez
parlé dans votre discours tantôt, beaucoup plus énergiques,
beaucoup plus importantes que celles qu'on vient d'annoncer. On vient
d'annoncer la solidarité avec la politique gouvernementale de
restrictions budgétaires. Le gouvernement a une responsabilité
dans le social et une responsabilité aussi - et ça va m'amener
sur l'autre volet, celui de la construction, tantôt - mais comment se
fait-il qu'on ne profite pas - c'est dit entre guillemets parce que,
habituellement, on profite de choses plaisantes - de cette période
très difficile pour un nombre croissant de notre population pour
relancer la construction en créant et en construisant des logements
sociaux, et spécialement des coopératives et des OSBL qui nous
coûtent moins cher que les HLM? On peut faire les deux,
on doit faire les deux, mais on pourrait peut-être favoriser les
groupes qui sont prêts à se prendre en main et responsabiliser les
gens. Et ça, vous le savez. Je ne ferai pas une profession de foi sur
les HLM, les coopératives et les OSBL. Je l'ai déjà faite
et je vais probablement avoir l'occasion d'en faire une à nouveau
tantôt quand on sera sur le dossier spécifique. Mais vous savez
que, même si on a accepté une cinquantaine de projets, 56 ou 58
projets d'OSBL la dernière fois, il y avait quoi? 192 bons projets qui
étaient soumis et qu'on aurait pu réaliser; je suis convaincu
qu'on aurait aidé des gens, non seulement à mieux se loger, mais
à se prendre en main.
Dans les coopératives, il y a aussi le volet sociétaire
qui permet aux gens de se responsabiliser, de participer et de se motiver entre
eux autres dans une période comme celle qu'on est en train de traverser.
Il va falloir que quelqu'un prenne des décisions. Il va falloir que
quelqu'un réagisse à ça. Moi, je le fais en exigeant
présentement en leur nom, parce que je trouve que ça n'a pas de
bon sens. On ne prend pas nos responsabilités sociales. On a trop
l'habitude et la facilité de dire que ça dépend d'un autre
ministre, d'un autre ministère, d'une autre régie, d'une autre
société ou d'un autre gouvernement. On ne peut pas se permettre
d'attendre que les autres décident.
J'écoutais tantôt le discours du ministre et je dois vous
dire... Je ne l'ai pas devant les yeux. Je l'ai quelque part, mais j'ai trop de
papiers. Mais quand il était dit... Je pense à la page...
Ça m'a frappé et je vais essayer de le retrouver. On disait en
parlant de HLM, si je me rappelle bien, ou de coopératives, qu'on va
attendre... "Le nombre d'unités qui pourront être engagées
en 1992 dépendra des décisions que le gouvernement
fédéral prendra au cours de la prochaine année concernant
le niveau de ressources qu'il mettra à la disposition des provinces pour
la réalisation des programmes concernés." Si on est rendus
à attendre ce que le fédéral va nous donner, je ne suis
pas d'accord. Et je vais vous dire, ma première question va être
probablement là-dessus. Ce n'est pas vrai que c'est le
fédéral qui va continuer à nous couper, à nous
pénaliser, à nous priver et à nous faire attendre à
part ça qu'il veuille bien nous en donner, et qu'on l'apprend en cours
d'année, alors qu'avant, on avait une politique beaucoup mieux
structurée. On savait la date de l'appel de propositions. On
était capable de décider du nombre de projets parce qu'on
n'était pas dépendant et soumis aux autres. On a une
responsabilité sociale. On doit la prendre et on ne doit surtout pas se
départir de cette responsabilité-là. À mon avis et
tout à fait au contraire, on doit récupérer la pleine
juridiction pour être capable d'agir quand c'est le temps, suffisamment
vite, et ne pas payer une partie qui ne nous revient jamais.
Donc, ça, c'est la responsabilité sociale que je voulais
absolument traiter parce qu'on est dans une situation dangereuse, explosive et
inacceptable et on a une responsabilité au niveau du logement, c'est
reconnu. Allez à n'importe quel colloque concernant le
développement de Montréal, de Québec, la lutte à la
pauvreté, le logement, l'habitation viennent presque toujours en
tête de liste des gens qui ont une préoccupation par rapport
à la lutte à la pauvreté. Regardez juste ce que les
institutions religieuses, l'association des évêques du
Québec a dit, et ça venait presque en tête de liste:
Logeons nos gens, ayons une responsabilité sociale et prenons les moyens
nécessaires. deuxième volet qui est important aussi, c'est la
responsabilité économique. l'habitation, dans son ensemble, a le
volet social et le volet construction, aide à la construction. vous avez
parlé des programmes mon taux, mon toit, ami, pril, parcq. o.k., oui,
ils sont là, les programmes. bons programmes, on y reviendra un par un
tantôt, m. le ministre, sauf que depuis l'abolition du ministère,
le 12 décembre 1985, on dit toujours que, s'il n'y a pas de
ministère, il faudrait au moins qu'il y ait une politique, et il n'y en
a pas. et on se fait dire que oui et que non - ça, on va y revenir
tantôt - on ne sait plus jamais. à une rencontre, c'est
possiblement, probablement et oui, et, à l'autre, il n'en est pas
question pantoute, on n'en a pas besoin. mais qu'est-ce que les gens du milieu,
eux autres, disent par rapport à une politique?
Là-dessus, on a juste à regarder, même des gens que
vous ne pouvez pas faire autrement qu'écouter, à mon avis,
puisque votre collègue de gauche fait partie de ce
sous-comité-là, probablement, le sous-comité sur la
réglementation dans l'industrie de la construction. Je vais vous dire,
ça aussi, c'est très récent. C'est un comité mis
sur pied par votre prédécesseur pour essayer d'avoir une
idée parce que, si on refuse des commissions parlementaires, si on
refuse des commissions itinérantes, si on refuse des consultations
publiques, on a au moins mis une table de concertation.
Mais on dit que, bien que l'on estime que, depuis 1984, les
différents programmes d'accès à la propriété
représentent 31 % de l'ensemble des politiques d'aide à
l'habitation pour des investissements de plus de 380 000 000 $, peu de ces
programmes obtiennent les succès escomptés. La raison principale
est que les conditions d'admissibilité sont, en pratique, à la
fois trop restrictives et, somme toute, peu attrayantes. C'est même vos
comités qui vous disent que vos programmes ne sont pas corrects, ne sont
pas appliqués, ne sont pas adaptés. Et la preuve, vous la faites
d'une façon régulière. Vous allez être obligé
de le reconnaître comme moi. Vous avez déjà annoncé,
sur le fameux programme Mon taux, mon toit, une modification. Vous parlez
aujourd'hui d'autres modifications, parce
qu'il faut répondre finalement aux besoins et à la
réalité qu'on vit chaque jour. Pourtant, on aurait
été mieux de consulter avant plutôt que d'amener des
modifications après.
On a fait la même chose dans PARCQ. Vous vous en rappellerez. On a
annoncé PARCQ et quand on a essayé de l'appliquer, là, on
s'est dit: Bien non, ça n'a pas de bon sens, 15 ans, c'est trop long,
revenons à 5 ans et modifions telle affaire. Bien, on a amené des
modifications. Avec Mon taux, mon toit, on a fait la même chose. On
l'annonce, on le lance, et ça, Mon taux, mon toit... Là,
ça m'amène à ce que vous disiez. Vous avez même
commencé votre intervention en disant qu'il y avait une baisse, depuis
1987, dans les mises en chantier au Québec. Vous avez raison, ça
tombe, ça descend. Malheureusement, quand on regarde les chiffres de
cette année, 1991, bien, là, on a le droit d'être un peu
inquiet malgré le taux d'intérêt qui baisse. On n'est plus
en 1981-1982 avec des 20 %, 22 %, 23 % de taux d'intérêt. Le taux
d'intérêt de la Banque du Canada est rendu à 10 % et
quelques. C'est loin d'être ce que c'était il y a huit, neuf ans.
Donc, le taux d'intérêt a baissé. Mon taux, mon toit
garantit 8,5 % pour trois ans. On aurait pu penser, on aurait pu espérer
qu'il y ait une certaine reprise parce qu'on dit, et je pense que c'est vrai:
Quand la construction va, tout va. On aurait pu espérer, on pouvait tous
souhaiter qu'il y ait une certaine reprise, à tout le moins. Bien non.
On regarde les chiffres. En janvier 1991, c'a diminué de 53 % à
Montréal, en février, 56 % de moins, en mars, 55 % de moins.
Ça, c'est des chiffres qui sont inquiétants, mais on va en
regarder d'autres à la grandeur du Québec et vous allez vous
apercevoir que c'est encore probablement beaucoup plus inquiétant cette
année qu'on espérait de reprise économique. En mars 1991,
malgré le taux d'intérêt qui est bas, malgré le
programme Mon taux, mon toit, il y a une diminution de 38 % par rapport
à mars 1990, alors qu'en 1990, il y avait une augmentation de 33 % par
rapport à l'année précédente, le même mois.
il y a quelque chose de débalancé et d'inquiétant,
là.
On disait, à un moment donné, qu'on espérait, lors
de l'annonce, que Mon taux, mon toit était pour amener - écoutez
bien - 8000 logements de plus au cours de la courte période durant
laquelle va s'appliquer le programme Mon taux, mon toit, parce que c'est pour
l'année 1991. le ministre avait dit: ça devrait
générer, finalement, quelque chose comme 8000 logements de plus.
quand on regarde les chiffres dans le journal les affaires du 6 avril - ce
n'est pas très vieux non plus - ce qu'on nous dit: la
société centrale d'hypothèques et de logement, que
malgré l'addition de 4200 unités... donc, pour la
société centrale d'hypothèques et de logement, selon ses
perspectives, ses calculs à elle, ce n'est pas 8000 qu'on va aller
chercher de plus, c'est 4000. donc, imaginez-vous. le programme n'a pas d'effet
ou, en tout cas, a deux fois moins d'effet que le peu qu'on escomptait. On
aurait pu espérer plus que ça, parce qu'on se rappellera... On
l'a cité en disant qu'on l'avait demandé et on nous le donne.
Êtes-vous contents? On vous ramène Corvée-habitation?
Corvée-habitation, on n'a pas parlé de 4000 ni de 8000, on a
parlé de dizaines de milliers de mises en chantier nouvelles. Là,
on devra se contenter de 4000 probablement, supérieur à ce qu'il
n'y aurait pas eu.
Et là-dessus, je vais conclure. La table - encore la même
table - ce qu'elle dit là-dessus, elle, c'est que si les programmes
étaient adaptés, c'est probablement 100 000 de plus qu'on
pourrait avoir. Il y aurait 100 000 ménages au Québec, dont 50
000 à Montréal, qui seraient probablement
intéressés, aptes et capables de devenir propriétaires,
donc stimuler la construction, et on leur permet de passer de locataires
à propriétaires. Et là, on ne l'a pas, et on en a la
preuve maintenant, les chiffres sont là.
Et je vais conclure là-dessus. À mon avis, votre plus
grand ennemi, M. le ministre de l'habitation, pour la relance de la
construction, au moment où on se parle, c'est votre collègue,
ministre des Affaires municipales. J'en suis convaincu. Vous le regarderez dans
le miroir et, parlez-lui, ne vous gênez pas. Je suis sûr qu'il est
coupable du fait qu'il y ait si peu de construction au Québec au moment
où on se parle, et pas parce que c'est psychologique, entre les deux
oreilles, pour les citoyens qui veulent devenir propriétaires, mais
parce que l'insécurité les guette et les inquiète.
Déjà à l'automne 1990, lorsqu'il y avait seulement
une menace d'augmentation d'un certain montant de transfert aux
municipalités, une étude avait été faite et rendue
publique, vous vous en rappellerez, par l'association des entrepreneurs en
construction résidentielle du Québec, et déposée
par l'Union des municipalités du Québec à un colloque. Si
je me rappelle bien, on disait - une étude de SECOR, je pense - Si vous
mettez en application votre menace d'augmentation des taxes foncières
dans les municipalités, on est sûrs qu'il va y avoir au minimum 25
000 ménages qui vont retarder leur achat de maison. 25 000. On vous
disait ça à l'automne. Et là, c'est en train de se
confirmer.
C'est ça que je vous disais au début de mon intervention.
Il va falloir regarder les décisions qu'on a prises et les
conséquences qu'on vit aujourd'hui. Regardez comment on modifie des
choses, si on veut modifier, finalement, la tangente qu'on est en train de
prendre comme société. Vous nous avez dit à l'automne: Si
la menace devient réalité, c'est 25 000 de moins. Là, on
est rendus en avril 1991, la menace est devenue finalement une annonce, une
imposition pour plus que prévu, et c'est probablement ce qui est en
train de se produire. Devant cette décision, les citoyens sont en train
de calculer
combien ça va leur coûter de devenir propriétaires,
parce qu'il faut le montant qu'on investit, il faut les réparations, et
il faut l'entretien. Les gens calculent, je dois dire, et ils sont
obligés de calculer de plus en plus, spécialement quand on sait
que la pauvreté augmente en termes de pourcentage et d'individus au
Québec.
Oui, il y a crise économique, il y a le climat. Sauf que
n'oublions pas qu'en 1981-1882, il y a eu la reprise de la construction. On
avait comme une espèce de sentiment de reprise, ou, en tout cas, le
gouvernement lançait des mesures en disant: On se prend en main et on
repart. Alors que là, ce qu'on dit, ce n'est absolument pas ça,
on est encore dans les coupures. Le gouvernement ne nous dit pas:
Présentement, on va investir dans le logement social. Et
là-dessus, les chiffres, malheureusement, qui ont été
déposés, autant par la sous-commission de la
réglementation que par les associations intéressées
à la construction et les municipalités... Si vous allez de
l'avant, vous allez amener tellement d'insécurité et
d'inquiétude que les gens ne feront pas le geste de devenir
propriétaires.
Là, on est en train de vivre les conséquences d'une
décision de votre collègue, ministre des Affaires municipales, M.
le ministre responsable de l'habitation. Et je sois dire, il faut que vous le
regardiez comme ça. Sinon, les gens risquent -et là, ce n'est pas
une invitation que je leur lance, au contraire - de vouloir attendre de voir ce
que ça va vouloir dire comme augmentation. Les gens ne veulent pas,
comme on l'a connu un certain temps, être obligés de revendre leur
maison l'an prochain, parce que, quand ils vont recevoir leur compte de taxes,
ils ne pourront pas le payer. C'est bien beau d'avoir une Cadillac, à
condition d'avoir du gaz dedans pour être capable de se promener; c'est
beau d'avoir une maison, à condition d'être capable de rencontrer
les paiements. Les paiements, ça ne veut pas juste dire le taux,
l'hypothèque avec les intérêts. Ça veut dire
l'entretien, l'électricité qui n'arrête pas d'augmenter,
les taxes scolaires qui n'arrêtent pas d'augmenter, les taxes municipales
qui n'arrêtent pas d'augmenter. On nous parle d'impôt qui va
augmenter. Je vais vous dire, il n'y a pas beaucoup de bonnes nouvelles; et
dans ce qu'on en train d'étudier aujourd'hui, il n'y a pas non plus
beaucoup de bonnes nouvelles, parce qu'on ne nous annonce pas effectivement
qu'on va augmenter considérablement le logement social, ni qu'on va
investir davantage pour aider les gens à devenir propriétaires.
Nous savons maintenant que le programme Mon taux, mon toit, selon la
Société centrale d'hypothèques et de logement, va inciter,
non pas 8000, mais 4200 citoyens à devenir propriétaires. (17 h
15)
Ça nous amène quand même à une diminution
considérable, et je vais juste conclure là-dessus. Le 22 avril
1991, c'est hier, en raison d'une faible demande et de tout ça, pour
1991 à
Montréal ce qu'on prévoit, c'est une diminution de 17 %
par rapport à l'an dernier; c'est le plus faible taux d'activité
de construction depuis 1982. Et ça, vous avez dû voir le
communiqué, la construction dans la région de Montréal
atteindra cette année son niveau le plus bas depuis 1982. Ce sont les
prévisions de la SCHL qui ont été rendues publiques hier.
Donc, les deux volets qui nous concernent, le social ou le volet qui pourrait
être un stimulant économique, le volet responsabilité
économique, les deux, à mon avis, c'est une catastrophe et un
fiasco.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre, une réaction?
M. Claude Ryan (réplique)
M. Ryan: Mme la Présidente, quelques rapides commentaires.
Tout d'abord, en ce qui touche la situation de la pauvreté au
Québec, je ne suis pas d'accord avec le député de
Shefford. Nous avons fait des études au gouvernement sur
l'étendue du phénomène de la pauvreté, et les
études que nous avons faites indiquaient il y a encore quelques mois que
les frontières de la pauvreté ont reculé depuis cinq ans
au Québec, surtout grâce aux différentes mesures
instituées par le gouvernement dans les divers secteurs de
l'activité. Je n'ai pas ces études-là devant moi pour
l'instant, mais nous en avons fait une vérification soigneuse. Je vais
vous donner un exemple qui est particulièrement, je pense,
éloquent. On a parlé beaucoup de l'appauvrissement des personnes
âgées, ces dernières années. Or, les données
dont nous disposons maintenant indiquent qu'au lieu d'un appauvrissement, il
s'est produit une certaine amélioration de la condition
financière des personnes âgées. Ce n'est pas le fruit d'un
miracle, c'est le fruit des mesures qui ont été instituées
au cours des dernières années, en particulier l'accession d'un
nombre de plus en plus grand de personnes qui arrivent à l'âge de
la retraite à un régime de retraite public, ou à un
régime de retraite privé qui vient souvent s'ajouter à
celui-là également. Ce qui fait que le revenu moyen des personnes
âgées, au lieu de reculer comme on l'a indiqué souvent,
s'est plutôt situé, ces dernières années, à
un niveau amélioré. Il faut tenir compte de tous ces
faits-là quand on discute de la pauvreté. C'est facile de partir
en excursion autour d'un thème comme celui-là, mais c'est
extrêmement périlleux. Je pense que celui qui prétend le
faire doit s'imposer un devoir de rigueur, un devoir d'analyse sectorielle sans
lequel il risque de passer à côté du problème.
En parlant des milieux les plus démunis de notre
société, je vais faire circuler un tableau, si vous me permettez,
Mme la Présidente, à l'intention des membres de la commission qui
seront intéressés. Je vais le faire circuler pour donner une
idée plus claire de la conscience que peut
avoir le gouvernement de la priorité qu'il convient d'accorder
aux besoins des milieux les plus démunis. Nous avons fait un
relevé des fonds qui ont été consacrés à
l'habitation par le gouvernement du Québec depuis une quinzaine
d'années. Si vous observez la partie des fonds qui est allée
à des contribuables, à des familles à faibles revenus,
vous observez que, de 1977 à 1980, cette proportion en 1982 s'est
située à 77 %, 80 %. En 1983, elle a baissé à 75 %,
en 1984 à 63 %, en 1985 à 56 %, en 1986 à 67 %. Puis
là, à compter du moment ou le gouvernement libéral entre
en action, le pourcentage des fonds consacrés à l'habitation pour
les faibles de notre société, pour ceux qui en ont le plus
besoin, augmente spectaculairement. En 1987, le pourcentage passe à 73
%, en 1988, à 83 %, en 1989 à 89 %, en 1990 à 90 %. Je
pense que ces chiffres-là parlent plus fort que toute dissertation
théorique ou abstraite. Puis, comme les sommes consacrées
à l'habitation ont également augmenté pendant cette
période-là, d'une manière sensible, on est obligé
de reconnaître qu'il y a un effort plus grand du côté des
milieux défavorisés. Il me semble que c'est une
vérité qui saute aux yeux.
Alors, je pense que de ce point de vue ci, les chiffres parlent
d'eux-mêmes. Le député s'est réclamé du
récent congrès de l'Association des offices municipaux
d'habitation du Québec, auquel je n'ai malheureusement pas pu me rendre
la semaine dernière parce que j'étais retenu ici par les travaux
parlementaires. Mais j'ai fait venir le texte des résolutions qui ont
été adoptées à ce congrès. J'ai le texte,
devant moi, des résolutions qui ont été adoptées au
congrès, et puis je n'ai pas trouvé dans ces résolutions
l'écho des préoccupations misérabilistes du
député de Shefford. J'ai trouvé au contraire des
résolutions à caractère fort fonctionnel, des
résolutions dont la teneur vise surtout l'amélioration des
services offerts aux personnes qui vivent dans des habitations à loyer
modique, qui visent à améliorer la qualité des relations
entre les personnes qui vivent dans ces maisons, la qualité des
relations avec les associations qui les regroupent.
Il y a des améliorations qu'il faut faire, j'en mentionne une
à titre d'exemple. Il n'y a pas un député dans cette
commission qui n'a pas été l'objet de représentations de
la part de personnes qui vivent dans des HLM - tous des blocs de HLM à
deux étages - pour qu'on construise des ascenseurs. À mesure que
les résidents vieillissent, ils ont plus de misère à
utiliser des escaliers, ils voudraient avoir des ascenseurs. Puis il y a des
règlements sévères de ce point de vue là, et on n'a
pas les moyens d'en fournir. Ça serait mieux d'en avoir, ça
serait infiniment préférable. On n'a pas les moyens. Mais qu'il y
ait une résolution qui traite d'un sujet comme celui-là, je pense
que c'est tout à fait compréhensible. Mais je n'ai pas
trouvé, encore une fois, je n'ai pas trouvé dans cette
série... Il y a au moins 35 résolutions ici, et je n'en ai pas
trouvé qui aillent dans le sens des récriminations
généralisées et dogmatisantes du député de
Shefford. S'il peut nous faire la preuve du contraire, bien ça, on en
sera très heureux. On peut bien prendre un article de journal... Je
pourrais en prendre tous les jours, moi, qui favorisent la thèse du
gouvernement, mais je n'aurais pas de place pour les mettre tellement il y en
a.
Chaque jour, dans les ministères dont j'ai la
responsabilité, il y a des gens, dont c'est la fonction, qui colligent
des articles. À la Sécurité publique, je voyais ça,
hier; je n'ai pas le temps de lire ça. On va au fond du problème.
Je ne suis pas obligé de ramasser tous les commérages de village
partout à travers le Québec. On se procure la
vérité objective. Puis ça, on se la procure par
l'étude, et non pas en passant son temps à citer des manchettes
de journaux, ou des bouts de conversations à la télévision
ou à la radio.
Le député a dit que ça coûtait moins cher
pour des habitations OSBL que pour des HLM. Je ne sais pas où il prend
ses renseignements; j'aimerais bien ça qu'il me donne ses sources, parce
qu'il faut comparer des choses comparables. Si vous prenez ce qu'on
dépense dans les HLM qui sont en marche depuis une vingtaine
d'années au moins, tandis que le programme OSBL, c'est tout
récent, on n'arrivera pas aux mêmes données, c'est
évident. Mais si vous prenez un programme OSBL qui a été
lancé, disons, l'année passée et un programme HLM qui a
été lancé l'année passée, qu'on voit ce
qu'ils nous coûtent depuis un an ou deux, on va arriver à des
coûts sensiblement comparables, d'après ce que me disent les
autorités de la Société d'habitation du Québec. Et
moi-même, je suis entré en fonction comme ministre responsable de
l'habitation avec le préjugé que ça coûtait
terriblement plus cher de construire des habitations dans le secteur public que
ça n'en coûte dans le secteur privé. Après avoir
vérifié plus soigneusement, puis ça, il n'y a pas un
article de journal qui me l'a dit jusqu'à maintenant, j'ai
été obligé de le trouver par moi-même...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: ...après avoir vérifié plus
soigneusement, j'en viens à la constatation que si on réconcilie
les échelles de temps pour le calcul, finalement, on arrive à des
montants qui sont passablement comparables. Par conséquent, on pourrait
discuter longtemps de ceci, mais je ne pense pas que ça nous ferait
progresser beaucoup. J'étais étonné, justement... J'en
venais à ce point-là, monsieur mon voisin en entendant le
député de Shefford parler de la dépendance excessive du
gouvernement du Québec à l'endroit des politiques
fédérales. C'est profondément injuste à l'endroit
du Québec de formuler une
telle critique. Je donne un exemple. Le programme d'aide à la
construction que nous appelons Mon taux, mon toit, c'est un programme pour
lequel nous envisageons cette année des engagements de 70 000 000 $. 70
000 000 $ dans une année, et il n'y a pas un sou qui va venir du
gouvernement fédéral dans ce programme-là, Mme la
Présidente. C'est un programme entièrement financé par le
Québec.
Il y a quelques années, à peu près trois ans, le
gouvernement fédéral a décidé de se retirer du
volet restauration des immeubles locatifs, du programme d'aide à la
restauration de logements. Il a maintenu le volet aide aux propriétaires
occupants, PARCQ. Le gouvernement du Québec a-t-il réagi en
passant son temps à chialer comme le faisait le gouvernement
précédent? Il a fait la critique qu'il fallait faire. Nous avons
adressé une critique sévère au gouvernement
fédéral, et je la réitère aujourd'hui sans la
moindre hésitation. Mais nous avons pensé qu'il était plus
pratique d'agir.
C'est pour cela que, l'an dernier, nous avons institue le programme
PRIL, le Programme de restauration d'immeubles locatifs, pour lequel des
engagements de 15 000 000 $ avaient été autorisés
dès l'année dernière. Le programme a été
lancé vers le mois de mai l'année dernière, si mes
souvenirs sont bons. Et cette année, combien mettons-nous dans le
programme PRIL? Le député ne l'a peut-être pas entendu
lorsqu'on nous l'avons dit ces derniers temps. Il n'en a pas parlé dans
ses remarques et je le comprends aussi. Je ne lui en fais pas grief. Mais je
veux le lui rappeler pour qu'on soit de bon compte. 55 000 000 $, trois fois et
deux tiers de plus que l'an dernier. Vous savez que le facteur de
multiplication des activités qui découle de ces investissements
est énorme.
Le programme AMI. Est-ce qu'il y a un sou du gouvernement
fédéral dans le programme AMI, M. le président de la
Société d'habitation du Québec? Pas un sou. Ça
n'intéresse pas le député de Shefford; il a seulement 40
000 bénéficiaires depuis deux ans. 40 000
bénéficiaires, c'est formidable. Surtout pour des jeunes foyers
qui veulent devenir propriétaires de leur maison pour pouvoir
élever leur famille. On exige que le foyer bénéficiaire du
programme ait un enfant. Là, on a ajouté quelque chose
récemment: un enfant qui est presque arrivé. On ne veut pas
demander qu'il ait déjà son certificat de baptême. Presque
arrivé, ça va être bon aussi. Ce programme-là,
à part ça, permet l'accès à l'acquisition, non
seulement d'une maison neuve, mais aussi d'un maison déjà
existante, une maison usagée. Ça n'existait pas avant, ça,
et c'est tellement bon. Vous savez comme moi qu'on peut se procurer une maison
usagée ou une unité d'habitation souvent à meilleur
marché qu'une maison neuve; ça va de soi parce que la maison
s'est dépréciée un petit peu, et il y a toutes sortes de
circonstances qui font que les occu- pants d'une maison usagée veulent
la quitter. On peut souvent l'avoir à de meilleures conditions. On a un
programme qui est extrêmement intéressant de ce
côté-là. Mais, aux yeux du député de Shefford
et de l'Opposition qu'il représente, dois-je présumer, ça
n'existerait pas. Je dois lui dire qu'aux yeux des observateurs impartiaux,
ça existe.
Alors, ce sont des exemples assez patents, je pense bien, qui montrent
combien le gouvernement du Québec est capable de prendre ses
responsabilités. Et cette année, dans l'ensemble des
dépenses qui seront consacrées à l'habitation, sommet
jamais atteint dans toute l'histoire du Québec, en pleine période
de contractions économiques, de restrictions budgétaires,
l'apport du gouvernement du Québec à l'ensemble des
dépenses ira chercher 60 %.
Il faut au moins reconnaître ce qui se fait. Je pense que
ça ne coûterait pas cher d'être de bon compte et de dire:
C'est vrai, ils font un gros travail cette année. Moi, quand
j'étais dans l'Opposition, je disais souvent à un
collègue: Félicite-les brièvement, ça va être
plus payant que de critiquer longuement si tu passes à
côté. On en a eu un exemple à la Chambre encore cet
après-midi. Quand le gouvernement fart vraiment un bon coup, c'est mieux
de dire: Oui, c'est très bien. Maintenant, avez-vous autre chose? On ne
s'attarde pas là-dessus. On n'a pas la mission de faire la propagande du
gouvernement, mais qu'on soit dans l'Opposition ou au pouvoir, on a la mission
de respecter les faits, de les reconnaître loyalement. Alors, je pense
que j'ai donné des exemples qui parlent de manière fort
éloquente. (17 h 30)
II y avait juste un autre point que je voulais mentionner. Nous avons
fait des améliorations dans le programme Mon taux, mon toit, et il y
aura encore des changements dans ces programmes-là au cours des
prochaines semaines. Le député de Shefford s'étonne et
dit: C'est une bande d'improvisateurs. Ils auraient dû savoir à
quoi s'en tenir. Nous ne prétendons pas, contrairement à ce dont
vous nous affublez parfois, être en possession tranquille de la
vérité. Nous sommes à la recherche de la
vérité, sans cesse. C'est pour ça que nous n'avons pas de
dogme, même en matière constitutionnelle. Nous aimons regarder les
horizons qui s'ouvrent et garder notre liberté de jugement, une certaine
distance. Or, nous lançons un programme; nous le laissons tomber
après avoir écouté toutes les suggestions qu'on nous fait.
Dieu sait comment nous avons pris soin de recueillir l'avis des associations
compétentes de constructeurs et des autres organismes avant d'instituer
les programmes annoncés au début de l'année. Et là,
on nous dit: Votre programme est très intéressant. Remarquez que
les constructeurs nous l'ont dit. Ils ont dit: Vos programmes sont
extrêmement intéressants et on vous en remercie. Vous n'allez pas
tout à fait assez loin. Vous devriez faire telle
amélioration.
On nous a dit, par exemple: Que pensez-vous d'un constructeur qui a
posé ses fondations juste avant l'hiver; il a recouvert ça pour
l'hiver et il s'est dit: Je vais finir mon travail quand le printemps va
arriver? Ça représente au plus 5 % à 10 % de la valeur de
la maison, ce qui a été fait avant. Contrairement à ce que
vous pensez peut-être, j'ai été dans la construction
moi-même. Je connais ça un petit peu. Ils nous disaient: Vous nous
laissez de côté. On a écouté. On a eu des refus pour
commencer. On a eu des refus mais on a persévéré, on a
écouté, et récemment, j'avais le plaisir d'annoncer que
les maisons dont les fondations ont été posées entre le 15
novembre et le 31 décembre seront admissibles au programme Mon taux, mon
toit. On nous avait dit: Vous avez laissé les coopératives de
côté, et c'est vrai. Nous les avions laissées de
côté. Mais dès qu'on nous l'eut signalé, nous avons
pris nos notes en écoutant les gens et nous avons fait la modification
il y a peu de temps.
Il y avait une autre modification. On nous disait: Les gros
constructeurs, ceux qui font des maisons, des conciergeries ou des maisons
à appartements, comme on les appelle, ils disaient: Bâtir des
blocs de 30, 40 maisons, vous ne faites pas ça dans un an avec votre
petit programme Mon taux, mon toit. On ne commence pas ça au mois de
février, mars pour avoir fini tout ça pour le 31 décembre.
Ils ont dit: II va y avoir une queue qui va rester, qui va se prolonger dans
les premiers mois de 1992. On a dit: Très bien. On a
écouté ça et on a ajouté: Les projets comportant au
moins 24 unités et au moins trois étages et demi, ceux-là,
on va les autoriser, ces maisons-là, jusqu'à concurrence du 1er
juillet 1992. La période qui est indiquée pour le
parachèvement, la prise de possession, on a dit: Ça va aller
jusqu'au 1er juillet 1992. C'est une extension de six mois. Les gens
étaient contents.
Et là, ils nous ont dit: II y a un point que vous avez
laissé de côté. Le montant de 110 000 $, c'est trop bas,
ça. Ça ne nous aide pas. Je vous ai donné des explications
tantôt. Mais nous autres, on n'était pas trop pressés
d'agir, et je vais vous dire pourquoi. C'est parce que le montant moyen des
projets qui ont été soumis actuellement, c'est à peu
près 92 000 $, 93 000 $, le montant moyen, 93 000 $. On s'est dit: On va
regarder comme il faut et après avoir tout étudié, tout
pesé, là, on vient de décider que le montant maximum
admissible à travers tout le Québec va être de 130 000 $,
avec en plus un montant maximum admissible de 150 000 $ pour les villes qui
sont situées sur l'île de Montréal. On a
écouté. Après qu'on ait annoncé les
dernières améliorations, il y a deux semaines, l'Association
provinciale des constructeurs d'habitation du Québec est revenue
à la charge et a dit: Occupez-vous donc de celui-là. On a
écouté, on le met, et on est bien contents.
On reconnaît que c'est mieux 130 000 $ que 110 000 $. Il ne faut
pas être grand clerc pour convenir de ça, tu sais.
Ce sont autant d'améliorations que je porte à l'attention
de notre collègue de Shefford et de sa collègue de Chicoutimi qui
l'accompagne, en étant assuré que dans la solitude de
l'étude qu'ils se permettent parfois en dehors de la lecture des
journaux et ces choses-là, l'étude sérieuse, ils sauront
convenir qu'il y a de fichues bonnes choses là-dedans. Et en
matière de changements, le programme Corvée-habitation, on me
souligne que, sur trois ans, il a donné lieu à 22 décrets
de modification. C'était un bon programme. Nous n'avons jamais
nié que ce fut un bon programme, mais il a fallu l'améliorer en
cours de route, le roder sans cesse, 22 fois. On a été pris
l'été dernier avec les programmes d'aide pour les
sinistrés d'Oka et de Châteauguay. Il a fallu revenir à la
charge sept ou huit fois avant de trouver un équilibre stable. Le
dernier décret, du 14 novembre, on vit encore dessus; on avait à
trouver à peu près tous les paramètres, mais il a fallu...
Et, comme il faut agir vite dans certains cas, c'est mieux d'agir de
manière incomplète ou imparfaite que de rester assis à ne
rien faire. Alors, il y aura peut-être d'autres modifications, mais celle
que j'ai eu le plaisir d'annoncer tantôt était peut-être la
plus souhaitée, la plus largement souhaitée à travers le
Québec par les constructeurs et par les acquéreurs d'habitation,
et je suis très heureux qu'elle puisse entrer en vigueur dans les plus
brefs délais.
Alors, voilà quelques éléments, Mme la
Présidente, qui m'apparaissent dignes de mention. surtout en cette
période où nous avons des contractions budgétaires
sévères, c'est vrai. Mais on doit d'autant plus reconnaître
combien le gouvernement, malgré ce contexte difficile, a
décidé d'agir dans le secteur de l'habitation cette
année.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je ne reprendrai pas tout parce qu'on va avoir la
chance d'y aller point par point, y compris les programmes, sauf
peut-être pour vous dire que les chiffres que je cite, ce n'est pas du
commérage ni juste des textes de journaux pris dans le rêve d'un
des journalistes de la presse parlementaire. Quand on parle de l'augmentation
des assistés sociaux, c'est votre collègue de l'autre
côté qui nous donne le nombre de personnes sur l'aide sociale et
ce que ça va coûter au gouvernement. Quand on regarde
l'augmentation du taux de chômage... Je vous parlais de 12, 5 %
tantôt, mais vous savez très bien que ça n'inclut
même pas les employés qui ont commencé le travail
partagé dans des dizaines de milliers de cas. Imaginez-vous, le taux de
chômage, ce qu'il serait en réalité si ce programme
n'existait pas, alors qu'il n'existait
pas en 1982. Quand on fait des comparaisons, là, maintenant,
ça commence à être boiteux parce que ce n'est plus 12,5 %,
le chômage, c'est beaucoup plus.
Mais ça, ce n'est pas des études. Vous, vous me parlez
d'études que vous ne déposez pas. Moi, je vous parle de chiffres
officiels de Statistique Canada ou de votre collègue du ministère
de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu. Donc, je ne vous
parle pas d'études; je parle de constatations par rapport à des
chiffres gouvernementaux précis et officiels.
Quand vous avez dit tantôt que vous ne vous étiez pas
bâdré avec le commérage qui avait pu se passer au
congrès de l'office municipal d'habitation, je dois vous dire, oui,
là, j'ai pris une copie de presse. Mais au-delà des
recommandations, vous savez qu'il y a des discussions; et dans les discussions,
quand on prend des recommandations, il y a des attendus et des
considérants. Il y a des raisons pour qu'on demande des modifications.
Donc, ces gens-là, ce qu'ils ont dit, c'est... En tout cas, je peux vous
en déposer parce que c'est vrai que vous ne devez pas avoir le temps de
lire tous les journaux. Je peux vous envoyer une copie de cet
article-là, qui se lit très facilement.
Une dernière chose, parce que vous avez fait un
dépôt de document. Je vais vous dire que je ne suis pas
impressionné, mais du tout, par le fait qu'on parte avec l'idée
de dire que, de 1977 à 1990, les subventions qui sont données aux
personnes à faibles revenus sont passées de 70 % à 90 %.
Je le serais, impressionné, si on avait maintenu depuis 1982, 1983, 1984
et 1985 le nombre d'unités de logement. C'aurait voulu dire qu'on fait
la même dépense et qu'on aide le même nombre d'individus,
mais quand on voit le nombre de HLM diminuer considérablement, le nombre
de coopératives et de OSBL diminuer considérablement, on aide
peut-être plus les plus démunis, mais on aide moins de monde.
C'est qu'on a éliminé une classe de gens, et si on avait
gardé le même nombre d'unités et qu'on l'avait tout
donné aux démunis, je dois vous dire qu'on serait probablement
d'accord. On ne peut pas être d'accord quand on nous donne des
pourcentages ne tenant pas compte des unités produites par rapport aux
HLM, aux coopératives et aux logements sociaux. Et ça
m'amène à votre dernière remarque, qui va être ma
première question.
Mme Blackburn: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: ...vous me permettez. Peut-être avant
d'aborder la période de questions... Le ministre a fait état
d'études réalisées pour les fins du gouvernement,
démontrant qu'il y avait un abaissement de la pauvreté au
Québec. Si c'est vrai, je me réjouirais. Est-ce qu'il est
possible d'avoir copie de ces études-là? Je ne mets pas en doute
la parole du ministre, mais si c'est aussi patent, il aurait tout
intérêt à le communiquer rapidement au Québec et
surtout dans ma région. À Chicoutimi, le chômage est rendu,
dans la région, à 17,4 % et on ouvre les soupes populaires. Il y
en a une à Chicoutimi et il y en a une qui va ouvrir dans le secteur
nord. Il serait peut-être important qu'on ait une autre version de cette
réalité-là parce que les chiffres que cite mon
collègue émanent de documents on ne peut plus officiels, du
Conseil de la santé et des services sociaux.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
Mme Blackburn: Est-ce que c'est possible d'avoir ces
documents?
M. Ryan: Oui. Je répondrai non. Ces études sont,
pour le moment, pour l'usage des membres du Conseil exécutif du
gouvernement. Il appartiendra au chef du gouvernement de prendre des
décisions opportunes en temps utile quant à leur divulgation.
Ça viendra sûrement, parce qu'elles sont toutes basées sur
une analyse de données publiques. Il n'y a pas de choses
cachées là-dedans, mais c'est parce qu'elles doivent être
raffinées encore. Il y a certains points qui doivent être
développés davantage. Les données sur lesquelles reposent
les études allaient jusqu'avant la présente récession
économique, mais n'embrassent pas la présente récession
économique. C'est sûr qu'on peut faire beaucoup d'amplification
à partir de la situation temporaire - je le souhaite bien - dans
laquelle nous a plongés la récession économique.
Moi, j'ai toutes raisons de penser que, d'ici la fin de l'année,
l'économie aura commencé sérieusement à reprendre
son rythme. Déjà, assez curieusement, lors des derniers contacts
que j'ai, nombreux, avec les autorités municipales de différents
endroits du Québec, pour les raisons que vous pensez, mais pour d'autres
raisons aussi, je reçois de plus en plus de témoignages de maires
qui me disent: On commence à sentir que ça repart. Eux autres,
ils le voient par les demandes de permis qu'ils reçoivent, les permis de
construction, les permis de restauration de maisons, d'immeubles, et tout.
Ça, je l'ai entendu à plusieurs reprises de la part de maires
depuis quelque temps. J'espère bien que c'est vrai, que ce ne sont pas
seulement des hirondelles isolées et que ce sont des signes qui...
Pardon?
Mme Blackburn: C'est pas plus scientifique que les avancés
de mon collègue tantôt.
M. Ryan: Je le sais bien. C'est pour ça que je le dis sous
toute réserve aussi. Je ne fais pas d'affirmation catégorique,
mais j'exprime quand
même mon optimisme quant à la perspective d'une reprise
économique dans un avenir pas trop éloigné. À ce
moment-là, on va retrouver le niveau qui peut mieux servir de base de
comparaison si on veut savoir ce qui s'est passé au cours des cinq
dernières années. C'est ça que je veux dire. Et sur la
base des cinq dernières années, ces chiffres-là, je les ai
vus et analysés; je peux en parler en connaissance de cause. Et le plus
tôt possible, le gouvernement pourra rendre public le résultat de
ces études, le mieux ce sera.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: M. le ministre, c'est pour ça qu'au
début de mon intervention, je vous disais qu'on vit une situation
particulière et j'aurais espéré qu'il y ait des mesures
tout à fait spéciales pour que ce soit encore davantage un
ministère qui contribue à l'aide à la pauvreté,
à la relance, finalement, de l'économie au Québec.
M. Ryan: Me permettrez-vous une remarque additionnelle? J'ai
donné des chiffres, tantôt, quant au programme Mon taux, mon toit
et quant au programme AMI. Le programme Mon taux, mon toit, depuis le
début de l'année, j'ai dit qu'on était rendu à peu
près à 1400 demandes d'inscription, 1456. Depuis le début
de l'année, combien est-ce qu'on a de demandes au programme AMI, de
janvier au 31 mars, à ce jour-ci? On en avait à peu près
3000, pour moi. Il y en a au moins 3000. C'est ça que je veux vous dire.
Disons que vous avez 5000 unités d'habitation qui ont fait l'objet d'une
décision de la part d'investisseurs depuis le début de
l'année grâce à ces programmes-là. Savez-vous
combien ça représente d'activité économique
supplémentaire si vous mettez une valeur moyenne? On a dit 93 000 $
tantôt; c'est 465 000 000 $ qui vont être mis en circulation
grâce aux effets que le programme va avoir produits pendant ces deux
premiers mois, que les deux programmes vont avoir produits pendant les mois de
février, mars et avril, les trois premières semaines d'avril.
C'est formidable. De dire que le gouvernement ne fout rien, je pense que c'est
quand même injuste. Je vous donne cet ordre de grandeur là, c'est
de ça qu'on parle. C'est pour ça que l'effet multiplicateur de
ces mesures est beaucoup plus considérable qu'on peut le penser.
La Présidente (Mme Bélanger): Avant, M. le
député de Shefford, on n'a pas déterminé de quelle
façon vous vouliez... Est-ce que vous voulez continuer la discussion
comme...
Discussion générale
M. Paré: Moi, je pense que le ministre n'aurait pas
d'objection à ce qu'on fasse comme d'habitude, une discussion large sur
l'ensemble des dossiers. Finalement, on va prendre programme par programme et
approuver les crédits à la fin des cinq heures.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
M. Ryan: Merci de cette approbation anticipée.
M. Paré: J'étais convaincu que vous
accepteriez.
M. Ryan: On va être poli.
M. Paré: Vous venez de me mêler, là. (17 h
45)
M. Ryan: On va être aimable.
M. Paré: On va y revenir programme par programme
tantôt, et tant mieux si ça génère plus
d'économie, sauf que, moi, les chiffres que je suis obligé de
prendre, c'est ceux de Statistique Canada qui nous disent que c'est 38 % de
moins que l'an passé, malgré les programmes, au niveau de la
construction, les trois premiers mois de 1991. C'est ça qui est la
réalité.
Entente-cadre Canada-Québec sur l'habitation
sociale
Ça m'amène à un premier sujet. Vous l'avez
abordé très largement tantôt et je veux y revenir, c'est
l'entente fédérale-provinciale sur le logement social. Que le
Québec ait ses propres programmes et qu'il soit performant dans ses
propres programmes, j'aurais envie de dire bravo, et ça devrait
être plus comme ça. Sauf que, depuis 1986, en ce qui concerne
plusieurs programmes, et des grandes orientations et des budgets, des montants,
eh bien, on est dépendants d'un gouvernement fédéral qui
ne s'en cache pas, d'ailleurs, pour le dire. On a juste à regarder les
documents qui viennent directement de la Société, où le
ministre ne se cache pas pour dire le rôle de chef de file que joue le
gouvernement fédéral dans le logement des Canadiens. Donc, il ne
s'en cache pas; il joue un rôle, même s'il ne respecte pas ses
engagements, puis il décide de rompre de façon
unilatérale, même des ententes signées. Ce n'est pas
nouveau. À Ottawa, on nous a fait ça depuis que ça existe.
On a beau signer, on a beau s'entendre, quand ça ne fait plus leur
affaire ou quand ils décident qu'ils pelletent chez nous, bien, ils
coupent sans tenir compte de nos priorités. C'est la
réalité, il ne s'en cache pas. Ce qu'il veut, c'est le
contrôle pour nous amener dans ses décisions, puis il paiera quand
ça fera son affaire.
Vous savez, vous l'avez dit vous-même, ça aussi, c'est des
chiffres qui sont connus. Le Québec n'a pas reçu sa juste part
d'Ottawa en
matière de logement social. Ça, même si on voulait
le contester, qu'est-ce que vous voulez? On a juste à regarder le
montant qu'on recevait en pourcentage en 1986, qui était de 24 % - et
là, on parle de milliards de dollars - pour passer à 21 % en
1990, alors que l'Ontario passait de 32 % à 36 %; ça commence
à faire des montants importants. C'est en fonction d'un barème
puis d'une entente qui avaient été faits, puis c'est le prix des
logements, je le comprends très bien, sauf que, peu importe le mode de
calcul, ce qu'on sait, c'est que, sur le montant investi, nous, on perd. On
paye plus qu'on reçoit pour être capable de s'occuper d'un secteur
qui est pourtant majeur au Québec, l'habitation. Je ne reviendra pas sur
l'importance de l'habitation, je l'ai dit au début. Pourtant, ça
n'est pas fini. Si, au moins, les mauvaises nouvelles finissaient par
arrêter, mais on a juste à regarder. Déjà, en 1989,
on nous coupait un premier 12 % dans les nouveaux logements sociaux et on a
fait la même chose en 1990, on a annoncé un 15 %; puis là,
au mois de février, dans le discours sur le budget
fédéral, on nous annonçait la belle nouvelle: 15 % de
coupure pour les cinq prochaines années. Donc, jusqu'en 1995-1996, c'est
un manque à gagner de 411 000 000 $. Là, on sait d'avance qu'on
nous coupe. On ne se contente pas de nous dire que ça va mal puis qu'on
manque d'argent, on nous prévient pour les années à
venir.
Donc, nous, on a besoin d'argent, on paye, puis il nous en revient moins
que ce qu'on devrait finalement avoir. Ça, ça veut dire une
diminution dans le logement social concernant les programmes qu'on a mis en
commun. Vous avez cité des exemples vous-même, tantôt, par
rapport à la façon dont ça fonctionne: Ottawa, dans PARCQ,
a décidé de façon unilatérale de se retirer du
volet locatif, en sachant très bien que le volet locatif, c'est
Montréal qui en est le grand bénéficiaire, et
Québec. C'est au Québec et c'est spécialement les deux
grandes villes québécoises, mais Montréal a 75 % de
locataires. Avec les chiffres que je vous donnais tantôt de gens qui
vivent de plus en plus difficilement, puis dans des dizaines de milliers de
logements vétustés, Québec a été
obligé de prendre la relève puis d'investir effectivement des
millions de plus. Ça, ça vient finalement défaire des
planifications qu'on a faites selon les budgets, selon les crédits,
selon la connaissance du milieu par la Société d'habitation du
Québec. On signe des ententes, on s'entend pour des montants, puis on ne
les a pas, les montants. Ils l'ont fait là-dedans, puis là, on
voudrait peut-être planifier le nombre de coopératives puis d'OSBL
Vous dites vous-même dans votre intervention d'entrée: II faut
attendre qu'Ottawa se décide. C'est là où je vous dis
qu'on est dépendants, soumis et en attente de ce qui se décide
ailleurs.
Donc, je trouve que ce n'est pas normal, dans un secteur aussi
névralgique, à cause d'une entente qu'on a signée, que,
finalement, nous, on soit dépendants. Même un de vos
ex-collègues... Non, vous ne l'avez pas lu parce que vous ne lisez pas
les journaux. Je vais vous le lire, ça va vous permettre de le savoir:
"Si les gens savaient combien leur coûte Ottawa, l'indépendance
serait faite depuis longtemps." Yves Séguin. Ça, c'est tout
près, c'est cette semaine. "Vous connaissez la Société
centrale d'hypothèques et de logement - je le cite - et, par ailleurs,
de demander l'ex-ministre, elle supporte les hypothèques des HLM.
Là encore, les investissements sont deux fois plus élevés
en Ontario qu'au Québec, alors que les besoins sont deux fois plus
grands ici." Ce n'est pas moi qui le dis, là, je cite un de vos
ex-collègues qui était comme vous, qui pouvait avoir la
priorité et la primeur des études que, nous, on n'a pas, parce
qu'il était au Conseil des ministres. Et il reconnaît que le
Québec, effectivement, est pénalisé.
Ma première question va plus sur votre intention, ce que vous
prévoyez par rapport à tout ça, étant donné
que les contrats n'ont pas toujours été respectés,
étant donné qu'on a été pénalisés et
qu'on parle de 1 %, 2 %, 3 % ou 4 %. Ça a l'air de rien, mais quand on
parle de centaines de millions de dollars, 1 %, ça commence à
être important. Et 3 %, 4 %, ça l'est encore plus. On peut avoir
un objectif de 26 %, sauf que pour le moment, on ne l'a pas, le 26 % et on est
perdants, comme on l'a été dans le passé. Les mesures
qu'on nous annonce risquent de nous amener perdants encore dans le futur.
Étant donné que le rapport Allaire dit que ça devrait
être d'une juridiction strictement québécoise, est-ce qu'on
peut s'attendre à ce que vous fassiez, dans le secteur de l'habitation,
ce que votre collègue, ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, ex-ministre des Affaires municipales et
responsable de l'Habitation a fait, de réclamer dans les meilleurs
délais la totale juridiction en matière d'habitation au
Québec?
Le Président (M. Maciocia): Merci, M. le
député. M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai bien des choses à
dire sur ce que nous venons d'entendre. Tout d'abord, quand on fait des
comparaisons avec l'Ontario, il ne faudrait pas oublier que sous l'angle des
besoins impérieux, tels que définis dans le message que j'ai
donné à l'ouverture de nos travaux, le Québec
représente 28 % des besoins de l'ensemble du Canada, mais l'Ontario
représente 30 % des besoins. Ceux qui s'imaginent que l'Ontario est une
province riche d'un coin à l'autre ont une très mauvaise
connaissance de cette province. Il y a beaucoup de pauvreté en Ontario
également, et quand on parle de statistiques d'habitation, il ne
faudrait pas oublier ce chiffre que je viens de mentionner. Ça n'excuse
pas, ça, l'inégalité qui a pu exister en ce qui touche le
Québec.
Je pense que nous avons fait des progrès considérables par
la voie de la négociation au cours des deux dernières
années. Nous avons réussi à porter à 23 % du budget
principal, la grosse partie du budget, la part attribuée au
Québec. Il a des reliquats de passé et tout qui traînent
encore, où on n'a pas une part aussi élevée. On est
arrivés beaucoup plus proche, en tout cas, de l'objectif. Disons qu'on
le situe à 26 %, ce qui nous apparaît raisonnable. Je pense qu'on
s'entendrait Ià-de6sus des deux côtés de la table.
J'avais fait, moi, plusieurs représentations au ministre
précédent à Ottawa, M. Alan Redway, qui a malheureusement
démissionné pour une vétille, à mon point de vue.
Je pense que c'était un ministre qui était très
responsable et qui prenait au sérieux les questions d'habitation, et les
perspectives et les besoins du Québec également. Je n'ai pas
encore eu l'occasion de causer avec son successeur, mais nous allons continuer
de faire des représentations dans le sens d'un juste partage des
ressources. Mais, au point où nous en sommes, il n'y a pas
matière à séparation, à moins qu'on soit
décidé d'avance que tout doit conduire là. Ce
dossier-là, quand on le regarde avec un oeil un petit peu critique, peut
se prêter encore à des améliorations intéressantes,
et, franchement, il n'y a pas matière à mettre la hache dans la
maison, sûrement.
Le député invoquait tantôt le dernier congrès
de l'Association des offices municipaux d'habitation. J'ai entendu dire toutes
sortes de choses à propos de ce congrès-là, moi aussi. On
m'a informé qu'on aurait tenu un sondage officieux auprès des
personnes présentes pendant le congrès. Je ne sais pas si le
député de Shefford est au courant de ça.
M. Paré: Pardon?
M. Ryan: On a demandé aux personnes présentes si,
à leur avis, le gouvernement du Québec devrait détenir un
pouvoir exclusif en matière d'habitation. Voici des personnes
raisonnablement informées des questions d'habitation, pas des gens que
vous accrochez au coin de Peel et Sainte-Catherine à Montréal en
disant: Toi, serais-tu pour ci ou pour ça? Ça, ça ne vaut
pas cher. C'est des gens relativement bien informés, qui sont
engagés dans le secteur. On leur a posé la question: Le
gouvernement du Québec devrait-il détenir un pouvoir exclusif en
matière d'habitation? Savez-vous quelle a été la
réponse, M. le Président? Vous le savez parce que je vous l'ai
dit tantôt, mais blague à part. Oui: 216, et non: 296. C'est des
gens qui connaissent la valeur du dollar. Ils se disent: Bien, avant de tout
envoyer promener, peut-être qu'on peut se donner le temps de regarder
ça un peu. Je ne veux pas scruter leurs motifs, mais ça montre
que dès que vous devenez plus fonctionnel dans l'examen de ces
questions, vous devenez plus réservé, plus critique,
peut-être plus réaliste aussi. Alors, avant de partir en peur avec
ça, il faut regarder le tout attentivement.
Dans l'état actuel du dossier, mon objectif, comme ministre
responsable de l'habitation, c'est d'aller chercher la juste part du
Québec. Il y a une considération dont nous devons tenir compte en
matière d'habitation: Moi, je verrais que ce pourrait être un
secteur qui serait sujet au droit de retrait dont parlait l'accord du lac
Meech, par exemple; ça, c'est une bonne formule. Si ça tombait
sous l'accord du lac Meech, une chose comme celle-là, ce serait
très bien. C'est un domaine qui est de compétence
partagée. Il relève de la compétence du gouvernement
fédéral d'un point de vue économique. Si vous donnez au
gouvernement fédéral un rôle économique, un
rôle de "suscitation", de promotion de l'économie, je pense que
c'est bien difficile de dire qu'il ne devra pas toucher à l'industrie de
la construction. Aussi bien se situer dans le désert, à ce
moment-là. Mais que vous ayez des clauses qui permettent au
Québec, s'il le juge opportun, d'exercer toute sa souveraineté
là-dedans, ça, c'est un exemple qui est intéressant de
deux choses qui peuvent être envisagées, dans la perspective de
discussions constitutionnelles constructives, et non pas destructrices, d'un
pays qui a quand même sa richesse et sa valeur, que, moi,
j'apprécie, personnellement.
Ceci étant dit, on peut continuer à chercher; nous allons
le faire. Il n'y a pas péril en la demeure de ce côté-ci,
encore une fois. Maintenant, que le gouvernement fédéral ait
été obligé de réduire sa contribution ces
dernières années, je pense que ça se comprend. À la
lumière du contexte économique, le gouvernement
fédéral a voulu trop faire plaisir à tout le monde au
Canada et il a donné tellement, il a promis tellement, qu'à un
moment donné, il a été obligé de faire machine
arrière. Ces dernières années, le ministre des Finances
précédant M. Wilson a réussi à réduire le
déficit fédéral de 38 000 000 000 $ à 30 000 000
000 $. C'est quand même un résultat qui n'est pas
négligeable. Je pense qu'il a fait un travail considérable.
Et tout compte fait, la part du gouvernement fédéral
demeure encore très significative si je regarde les subventions en
provenance du gouvernement fédéral pour l'habitation. En 1982, si
je lis bien, elles étaient de 85 000 000 $, en 1990, 198 000 000 $; il y
a eu des changements dans les accents, ils ont mis l'accent sur un point ou
l'autre, mais on ne peut pas dire qu'ils se soient retirés; il y a quand
même 198 000 000 $ qui restent, et l'augmentation me semble
supérieure à ce qu'a été celle du coût de la
vie. C'est insuffisant, ça, nous en convenons tous les deux. Avant de
proclamer n'importe quoi, je pense que les chiffres sont toujours un
très bon guide, là, pour l'orientation de la pensée
critique.
Le Président (M. Maciocia): Merci, M. le ministre. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je partage tout
à fait l'avis du ministre à l'effet que les chiffres sont
généralement la base la plus fiable sur laquelle poser un
jugement. J'ai ici, émanant à la fois de Statistique Canada et
des comptes publics des provinces, l'illustration qu'effectivement, le
Québec y perd en matière de transferts, particulièrement
dans le logement social. Alors, les données que j'ai ici, ça
vient illustrer tout à fait les propos de mon collègue. On
illustre que, dans certains secteurs, la formule de partage des frais
bénéficie nettement aux provinces qui ont une capacité de
payer plus élevée. Et les chiffres que j'ai ici, ce sont des
chiffres publics, officiels et que vous pouvez consulter n'importe quand. La
source: Société canadienne d'hypothèques et de logement et
Statistique Canada.
Alors, en 1986, on démontrait de façon très nette
que les transferts en matière de logement social
bénéficiaient aux provinces les plus nanties. On avait, pour le
Québec, 662 000 000 $ en 1986, ce qui représentait à peu
près 25 % de l'enveloppe. Et il y a eu une chute à 18 % de
l'enveloppe en 1989. On est passé à 695 000 000 $, donc 18 % de
l'enveloppe totale, alors que l'Ontario, qui avait 34 % de l'enveloppe en 1986,
obtenait en 1989, 40 % de l'enveloppe. Autrement dit, on paie le logement
social en Ontario pour une raison très simple: parce qu'on a
comptabilisé, on a fait des transferts en fonction du coût
d'unités de logement. (18 heures)
On est en train de modifier, mais ça ne modifie par la courbe, et
je suis en mesure de vous le démontrer à la lumière des
études qui ont été déposées
là-dessus, qui démontrent que, compte tenu d'un certain nombre de
facteurs, les transferts, la répartition des... Il y a quatre facteurs
qui expliquent que la dynamique des transferts favorise les provinces les mieux
nanties. Et je les cite au texte. La formule de partage des frais
appliquée uniformément à toutes les provinces, 50-50, 50
au provincial et 50 au fédéral. "En réaction aux pressions
sur les dépenses, le gouvernement fédéral a choisi de
faire des coupures au financement des programmes établis, égales
par habitant, sans tenir compte de la pauvreté et de la richesse
relatives, et ces coupures entraînent un fardeau plus lourd pour les
provinces moins bien nanties. Pour compenser, les provinces moins bien nanties
doivent donc augmenter leur taux de taxation et, une fois le plafond du
programme de péréquation atteint, les provinces
bénéficiaires de péréquation doivent compenser les
coupures fédérales en levant des impôts
supplémentaires pour lesquels ils ne reçoivent aucune
péréquation."
À présent, en matière de logement social, vous avez
un autre tableau qui démontre hors de tout doute que le Québec
est pénalisé. Alors, j'y reviens, j'ai un tableau - je vais
remettre la main dessus parce que ça fait déjà un moment
que j'ai consulté cette étude - où il est clairement
démontré que, contrairement à ce que le ministre essaie
d'avancer, qu'on dit n'importe quoi sur la base de n'importe quoi, les
données qu'on a ici démontrent que nous sommes, au Québec,
pénalisés en matière de transferts en ce qui touche le
logement social. Alors, moi, je me dis: Si le ministre est capable de dire que
j'ai tort sur la base de ces données-là, qu'il aille les
contester à Statistique Canada et à la Société
canadienne d'hypothèques et de logement. Alors, moi, je me dis que s'il
est plus fin que tout ce monde-là, bien, écoutez...
Le Président (M. Maciocia): Oui, M. le
ministre.
Mme Blackburn: ...je veux bien, vous savez...
M. Ryan: La députée de Chicoutimi n'aura jamais de
désaccord avec moi quand elle invoquera des chiffres solides.
Mme Blackburn: Parce que ce ne sont pas des chiffres solides,
Statistique Canada?
M. Ryan: Quand elle les invoque...
Le Président (M. Maciocia): Un instant. Allez-y.
Mme Blackburn: Non, non, mais... On ne peut pas dire n'importe
quoi non plus, M. le Président.
Le Président (M. Maciocia): Allez-y, M. le ministre.
Mme Blackburn: D'ailleurs, le président était
là quand ces études-là ont été
déposées.
M. Ryan: Je pourrais expliquer pourquoi j'emploie ces nuances,
mais je m'en dispense. On est bien familier avec le mode d'intervention de la
députée de Chicoutimi. À condition que les chiffres soient
solides et complets... Il faut les donner au complet. Dans le cas dont nous
parlons, j'ai convenu moi-même, dans mon exposé, qu'il y avait eu
un écart défavorable au Québec ces dernières
années en matière d'attribution des fonds fédéraux
dans le secteur de l'habitation. Il n'y a pas de débat entre nous, on
peut bien essayer artificiellement de se chicaner, on est d'accord qu'il y a eu
un écart.
Maintenant, quand on analyse l'écart, il s'est produit surtout
sur trois ans. En 1986, nous étions à 24,8 %. Ensuite, nous
sommes descendus à 20,6 %, 19,9 %, 17,8 %. Là, nous sommes
remontés à 21,6 %. Nous allons essayer de monter
encore un petit peu cette année; ça veut dire qu'on va se
rapprocher de l'objectif. Ça a pu arriver à cette
période-là, mais Ici, je vous préviens d'une chose: il
faut bien situer ces données particulières dans tout l'ensemble
des finances publiques fédérales et provinciales si on veut se
former un jugement équitable. Il peut arriver une année, ou
même une période où, pour un programme particulier, il y
ait un certain recul et que, pour d'autres programmes, il y ait des avances. Il
faut vraiment faire un bilan complet, qui n'est pas facile à
établir, comme le savent tous ceux qui ont tenté des
études là-dedans.
Mais vous parliez de l'Ontario, tantôt. L'Ontario avait 33, 6 % en
1986; il s'est maintenu à ces niveaux-là en 1987 et 1988. En
1989, ila grimpé à 39, 6 %. Et en 1990, il est
retombé à 35, 9 %. Ils se sont aperçus que les
critères retenus... Ils ont basé le partage des fonds sur le
coût moyen d'une maison en fonction de certains critères.
Évidemment, ça coûte beaucoup plus cher, la construction,
en Ontario qu'au Québec. Si on donne un nombre d'unités en
fonction des besoins respectifs de chacun et que le coût de
l'unité moyenne soit plus élevé en Ontario, à ce
moment-là, c'est évident qu'on est défavorisés.
C'est évident. Mais le ministre fédéral qui avait pris
cette décision-là a fait une erreur pénible et
regrettable. Cest une erreur humaine qui ne met pas en cause tout un
système. Mais il vous dit, ici, là... C'est très
difficile
Et Je termine là-dessus, là, sur la question qu'a
soulevée le député de Shefford, sans prétendre
clore le débat pour autant puisqu'on reviendra volontiers s'il y a
d'autres questions. Je termine en disant qu'il serait très difficile
pour moi de soutenir que le gouvernement fédéral ne devrait avoir
aucun rôle à jouer dans l'industrie de la construction au Canada.
S'il doit avoir quelque responsabilité économique sérieuse
que ce soit, tout le reste est question d'aménagement concret. Mais on
est obligés de reconnaître ce postulat de base-là. À
moins de dire carrément: On veut avoir un Québec souverain
à tout point de vue. Ça, c'est une option légitime, mais
qu'on n'est pas obligés de partager.
Et je voudrais mentionner, peut-être la mettre au dossier pour que
les choses soient claires, une lettre que j'adressais à M. Redway, le 14
décembre, en plus de nombreuses rencontres que j'ai eues avec lui. J'ai
pris la peine de l'amener à Montréal à deux reprises pour
qu'il soit sur un terrain qui nous était familier, à part
ça, pour qu'on puisse discuter tranquillement des choses du
Québec. Et je lui disais clairement que des ajustements sont
nécessaires dans les orientations de plusieurs programmes
financés par le gouvernement fédéral en matière
d'habitation, et je tiendrai le même message à celui qui a
été appelé à le remplacer.
Mme Blackburn: M. le Président...
Le Président (M. Maciocia): Oui, Mme la
députée...
Mme Blackburn: Une dernière. Un tout dernier chiffre
là-dessus. En 1989-1990, on observe une stagnation des transferts
financiers. Le ministre l'a déjà dit, je me rappelle de son
discours. En matière de transferts en enseignement supérieur,
ça ne représente plus que 21, 6 % des revenus budgétaires
contre 28, 9 % en 1983-1984. On sait aussi qu'en 1983-1984, il y avait les
mesures de compensation pour le pétrole, qui expliquaient qu'on allait
en chercher un peu plus que ce... Mais on allait chercher simplement pour
soutenir le prix du pétrole, alors ça n'avait pas de valeur
réelle dans le budget. Mais il y a quand même, et le ministre le
reconnaît, une situation qui stagne et qui se dégrade en
matière de santé, en particulier, en matière
d'éducation et de logement social. Ce sont les trois grands secteurs
d'activité où on connaît une
décélération importante des investissements ou des
paiements de transfert, qui ne sont pas sans effets.
Le Présdient (M. Maciocia): M. le ministre.
M. Ryan: Si je regarde le nombre d'unités de logement
social construites au Québec au cours des cinq dernières
années - 4162 en 1986, 4890 en 1987, 4966 en 1988, 4291 en 1989, 3470 en
1990 - la performance des cinq dernières années n'a pas le
caractère dramatique qu'on voudrait lui conférer. Ce sont des
chiffres que...
Mme Blackburn: Est-ce qu'on pourrait avoir le tableau
échelonné sur 10 ans? Ça nous donnerait un aperçu
peut-être un peu plus juste de la réalité.
M. Ryan: Oui, je n'ai pas d'objection à ça, mais je
vais vous donner une petite précision là-dessus puisque vous
ouvrez cette avenue. Il y avait une différence, dans les programmes
d'habitation sociale, sous le gouvernement du Parti québécois et
sous le gouvernement du Parti libéral. Le gouvernement du Parti
québécois ne construisait pas des habitations sociales uniquement
pour ceux qui sont en situation de besoin impérieux. Les normes
n'étaient pas les mêmes, puis on admettait dans des HLM des
personnes qui avaient un niveau de revenus qui les eût rendues capables
de se loger ailleurs. Puis, comme on est obligés - je l'ai
indiqué dans mon message - de fournir une subvention moyenne de 325 $
à chaque ménage qui habite un logement HLM au Québec, on
se trouvait à subventionner des personnes dont les besoins
étaient beaucoup moins impérieux que ceux d'autres personnes.
Depuis ce temps-là, nous avons resserré tes
critères, puis je puis affirmer que le nombre d'unités
d'habitation construites à l'intention de ménages à
faibles revenus a été plus élevé sous
le Parti libéral qu'il ne l'a été sous le Parti
québécois. Pendant les années du Parti
québécois au pouvoir, le nombre moyen d'unités à
l'intention de ménages à faibles revenus, nous
l'établissons à 3550. Pendant les années 1986 à
1990, nous l'établissons à 4335.
Il y a bien des choses dont on doit tenir compte quand on joue avec les
statistiques, puis dans ce secteur-ci, il y en a un grand nombre. J'ai
été assez prudent, les premiers mois. Je ne m'avançais pas
trop le cou, parce que je savais que M. Arsenault me surveillait
continuellement. Mais aujourd'hui, on a réalisé une espèce
d'osmose qui fait que bien des perceptions sont devenues communes. Lui, essaie
d'améliorer les miennes; moi, j'essaie d'améliorer les siennes;
puis nous nous faisons fructifier mutuellement par notre expérience
respective. Je pense que c'est ça qui est intéressant. Je
voudrais tellement que l'Opposition embarque dans ce mouvement. Ha, ha, ha!
J'autoriserai volontiers M. Arsenault à vous accorder des entretiens
particuliers.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Avec les commentaires que j'avais au début
puis l'orientation que vous êtes en train de prendre, soyez certain d'une
chose, on va plutôt être en opposition sur bien des affaires. J'ai
hâte qu'on arrive programme par programme parce que c'est facile aussi
d'utiliser des chiffres. Quand on parle de construction par rapport à
unité subventionnée, il va falloir tantôt qu'on se parle
là-dessus. Il y a une différence entre construire un HLM et payer
l'entreprise privée pour un supplément de loyer privé. Je
ne suis pas sûr. En tout cas, les chiffres, on verra tantôt. Par
rapport aux unités aussi, c'est facile de faire dire n'importe quoi aux
chiffres. Peut-être qu'on aidait moins de démunis, sauf qu'en
quantité réelle construite, c'est une autre affaire et on a le
droit... On y reviendra tantôt. Ce qui vous est d'ailleurs
recommandé par les comités que vous avez mis sur pied, c'est que
ça va prendre une certaine mixité si on veut arrêter la
ghettoïsation tantôt. Mais ça, j'y reviendrai. Je veux
revenir sur ma question.
Moi, que les officiers des offices municipaux aient voté, dans un
certain pourcentage, pour un maintien dans le système actuel, je dois
dire que je les comprends parce que, de toute façon, c'est eux autres
qui contrôlent la Société canadienne d'hypothèques
et de logement. Je respecte ça. Je ne les insulterai pas pour ça
et je n'utiliserai pas les qualificatifs que vous avez utilisés par
rapport à tous les autres, comme si c'étaient des gens mal
informés ou mal intentionnés. Vous relirez les galées.
Vous allez voir, je dois dire, il faut faire attention. Tous les autres qui
demandent le rapatriement, je ne pense pas que ça soit une gang de
niaiseux et je ne pense pas non plus que la raison qui fait qu'ils demandent
ça, ça soit basé sur des sentiments ou des impressions.
C'est aussi basé sur des chiffres comme ma collègue les a soumis.
Et parmi ces intervenants, il y a à peu près tout le monde au
Québec, qui sont représentés par leur élu parce
qu'il y avait les gens de la Commission Bélanger-Campeau dont il y a des
représentants ici, de votre côté. Et dans la Commission
Bélanger-Campeau, dans les secteurs qu'on veut rapatrier, il y a
l'habitation. Ça fait partie des secteurs qui doivent être de
responsabilité québécoise. Le rapport Allaire...
M. Ryan: II n'y a aucune recommandation de cette nature-là
parce qu'elle savait que c'était compliqué.
M. Paré: Dans le maintien...
Mme Blackburn: C'est parce que l'Opposition a eu le haut du
pavé. Disons les choses telles qu'elles sont. C'est-à-dire que le
gouvernement, qui était majoritaire, a réussi à passer ce
qu'il voulait, alors... Je ne commencerai pas la discussion de
Bélanger-Campeau ici.
M. Paré: Je voudrais...
M. Ryan:... que ç'aurait été plus
démocratique si le contraire s'était produit?
M. Paré: Vous pourrez répondre. Oui, bien la
démocratie... On a juste à regarder les... On regardera les
prochains résultats.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! Chacun son tour, s'il vous plaît!
M. Paré: On regardera les résultats. Dans les
institutions communes que propose la Commission Bélanger-Campeau, il n'y
a pas l'habitation. Et là, on va se parler tel que c'est et on va
arrêter de prendre des vessies pour des lanternes. La commission Allaire,
je dois vous dire, je n'ai pas participé à ses discussions, mais
dans le rapport Allaire, je veux bien croire que vous êtes sorti à
un moment donné - et j'espère que vous ne sortirez pas si on vous
fait choquer aujourd'hui - mais la commission Allaire, ce qu'elle propose,
elle, c'est le rapatriement de l'habitation. Je ne pense pas, non seulement je
ne pense pas, mais je suis convaincu que ce n'est pas une gang de nouilles.
Vous êtes en train de dire que tout ce monde-là, c'est bien de
valeur, vous ne les écoutez pas. Vous, vous êtes très
patient et tolérant, c'est une de vos grandes qualités.
Félicitations! Sauf que je ne pense pas que la population du
Québec doit en souffrir. Ça, c'est une autre affaire.
Là, vous dites, et vous allez même bien plus loin que
ça, vous ne vous contentez pas de dire
que vous n'êtes pas tout à fait convaincu. Tout le monde ne
partage pas ce que je défends, et je comprends. On a le droit
d'être divisés et partagés, et c'est la discussion qui fait
avancer les idées. Sauf que vous ne vous contentez pas de dire que vous
ne partagez pas ça et que ceux qui ne partagent pas ça n'ont pas
la bonne information, et que, vous, vous avez la bonne information, mais vous
êtes à la défense et à l'excuse depuis tantôt
du système fédéral qui nous pénalise. Vous dites:
Non, il n'est pas question que ça soit rapatrié; il faut que
ça reste à Ottawa, on est capables de récupérer et
on a un objectif de 26 %. En gros... Non, bien vous pourrez commenter. Voue me
dites que non. Vous êtes prêt à vous donner du temps pour le
regarder. Vous n'êtes pas prêt à totalement rapatrier
ça, mais vous avez dit qu'il n'est pas question, dans votre esprit
à vous, que le Canada ne s'occupe pas du secteur de la construction
à un certain niveau; vous n'êtes pas capable de concevoir
ça.
Mais vous avez, en ce qui concerne l'entente
fédérale-provinciale sur le logement social, un objectif de 26 %.
Comme vous ne voulez pas tout rapatrier tel que le demande votre parti dans le
rapport Allaire et que vous voulez que ça soft partagé - vous
l'avez dit clairement, vous voulez que ça soit un domaine partagé
- vous avez un objectif qu'on finisse par réparer, finalement, des
pertes qui sont depuis que ça existe. Parce que n'oubliez pas que tes
HLM, il s'en construisait, qu'on payait en Ontario dans les années
soixante-dix, mais, nous, on avait à peine commencé. On a
commencé dans les années soixante-dix. Pour vous, votre patience
et votre tolérance par rapport à ça, c'est quand, votre
objectif d'atteindre les 26 %?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Tout d'abord, Mme la Présidente, si le
député de Shefford veut me citer comme il faut, je vais lui dire
la même chose que j'ai dite à la députée de
Chicoutimi: En matière de chiffres, qu'il cite au complet. À ce
moment-là, il n'y a pas de problème. (18 h 15)
Je viens d'ajouter tantôt, en matière de compétence
sur l'habitation, que la formule du droit de retrait qui était comprise
dans l'accord du lac Meech nous aurait permis de prendre nos décisions
dans ce domaine sans faire d'affirmations péremptoires d'ordre
dogmatique comme celles que vous faites facilement. Et, avec cette
clé-là, on avait les éléments voulus pour prendre
nos responsabilités. Puis, quand vous dites que moi, je veux laisser
ça là-bas, je pense que vous m'attribuez des propos que je n'ai
point tenus. Je vous dis que, de manière générale, pour ce
pays-là, s'il doit demeurer, c'est bien difficile de concevoir un
gouvernement central qui n'aurait pas de responsabilités
économiques, y compris dans un secteur comme celui-ci. Ce qui ne
règle pas nécessairement le cas particulier du Québec, qui
peut justifier des arrangements propres. Ça, je voudrais que ça
soit compris bien clairement, pour qu'il n'y ait pas de malentendus entre
nous.
Deuxièmement, vous me dites: Quel ordre de temps vous
êtes-vous fixé? Bien, on est rendus à 22 %; le plus vite
possible, le plus vite possible. Si on peut gagner quatre points dès
cette année, je vais le faire volontiers, mais je n'ai pas ie pouvoir
magique pour décider ça de moi-même. Tout ce que je peux
vous dire, honnêtement, c'est que nous allons travailler avec toute la
force de persuasion dont nous sommes capables Et puis, je pense que nous allons
avoir des résultats encore cette année, et que nous retournerons
à un niveau qu'on a eu il n'y a pas tellement longtemps, finalement. il
y a bien d'autres secteurs dont on pourrait parler. Regardez, la
députée de Chicoutimi qui s'occupait de critique de
l'enseignement supérieur, elle ne parlait plus beaucoup des programmes
de recherche fédéraux ces dernières années. Elle
n'en partait plus beaucoup. Les programmes du Conseil de recherche en sciences
humaines, elle ne pouvait pas en parler, parce que la part des chercheurs du
Québec est de 28 %, 30 %. Les programmes du Conseil de recherche en
sciences médicales, elle n'a jamais posé de questions
là-dessus; notre part est de 32 %. Il y avait les programmes du Conseil
de recherche en sciences naturelles et en génie où nous
étions encore à 21 %, moi, quand j'étais ministre;
aujourd'hui, le pourcentage, je pense qu'il est rendu à 23 %.
Dans l'ensemble, comparé à ce qu'on a connu il y a 20 ans,
il y a eu une amélioration spectaculaire qui montre que c'est donc
possible. Puis, je vous dis, je serais prêt, moi, à
reconnaître nos fautes là où on n'obtient rien, à
condition que vous vouliez être objectifs et reconnaître les bons
coups quand il y en a. Mais ça, vous ne les voyez jamais; toujours le
côté négatif. C'est ça qui me fatigue. Et je
l'accepte, là, comme élément du débat
démocratique. Cependant, ça me fournit une occasion de
préciser mes idées.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Je voulais seulement, si vous permettez, M. le
député de Shefford, je ne voudrais pas qu'à cette
commission on véhicule des affirmations - pour le moins qu'on puisse
dire - inexactes. Il n'a jamais été question à la
Commission Bélanger-Campeau du rapatriement des pouvoirs, et
particulièrement de l'habitation, jamais.
Puis, j'entendais tantôt la députée de Chicoutimi
dire: Vous avez employé la majorité à la Commission. On
s'est toujours posé la question si on avait la majorité à
la Commission. Il n'a
jamais été question de rapatriement de pouvoirs, personne
n'en a parlé. Puis, jamais n'a été mise aux voix une
résolution comme celle-là, de rapatriement de pouvoirs, que ce
soit l'habitation, la formation professionnelle, la santé ou autre,
absolument pas. Je voudrais que ça soit clair.
M. Paré: II ne faudrait pas non plus dire qu'à la
Commission Bélanger-Campeau on n'a jamais traité de questions
relevant de l'habitation, parce que, moi, je dois vous dire que j'ai
assisté à la Commission à quelques reprises à
Québec, à Sherbrooke et à Saint-Hyacinthe. Je ne me
souviens plus si j'ai été ailleurs aussi, mais à quelques
reprises, j'ai assisté à la commission. Et toutes les fois qu'il
y avait des représentants de groupes intéressés au
logement et à l'habitation, c'était le rapatriement au
Québec. Je pourrais vous citer des groupes, mais je ne le ferai pas ici.
Il y a eu, à Sherbrooke, je me rappelle très bien et, si je me
rappelle bien, à Saint-Hyacinthe, il y a eu des groupes qui ont
parlé de logement et d'habitation. Ils ont dit que pour être
capables d'avoir une bonne planification et d'avoir notre part du gâteau,
la meilleure façon, c'est d'administrer nous-mêmes le secteur du
logement et de l'habitation. Et ça, je me rappelle parce que
j'étais là, j'ai questionné.
M. Maciocia: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Viger.
M. Maciocia: Mme la Présidente, il y a eu des groupes qui
ont revendiqué; ils ont revendiqué toutes sortes de pouvoirs. On
a eu tellement de Saint-Jean-Baptiste ou autres qui sont venus revendiquer le
Québec complètement, pas seulement séparé, mais
complètement en dehors du Canada, même pas
séparé.
Mais ce n'est pas ça, je pense, la question qui a
été posée ici. On a dit que la Commission
Bélanger-Campeau avait affirmé le rapatriement des pouvoirs dans
l'habitation. Jamais il n'a été question à la Commission
Bélanger-Campeau du rapatriement des pouvoirs dans l'habitation au
Québec, jamais. C'est sur ça que voudrais être clair, parce
qu'il y a d'autres organismes qui ont revendiqué autre chose. Il y a
d'autres organismes qui ont dit qu'il faudrait rester à
l'intérieur de la fédération canadienne. Alors, on ne
peut... Il y en a eu au-delà de 300 qui sont venus devant la Commission,
mais la Commission n'a jamais décidé aucun rapatriement de
pouvoirs au Québec. On a décidé seulement qu'il y avait
deux commissions; il y avait une commission sur les offres à venir de la
part du Canada et une commission qui va vérifier la viabilité de
la souveraineté du Québec. Les recommandations, ça, c'est
l'autre commission. C'est tout.
M. Paré: Je ne reviendrai pas là-dessus parce qu'il
y a eu les conclusions, il y a eu les votes, il y a eu ceux qui sont venus
témoigner - et moi, je tiens compte de ce dont, moi, j'ai eu
connaissance à la Commission; j'espère que nous avons tous lu le
fameux rapport de la Commission - et il y a eu aussi le vote sur les
conclusions, pas seulement sur les recommandations. C'est de ça que je
tiens compte.
Ça m'amène à une autre question. Pour vous, c'est
ce que vous défendez. Donc, vous avez une responsabilité
ministérielle. Vous êtes ministre responsable de l'habitation.
Vous avez appliqué des programmes, administrés ou à faire
administrer par la Société d'habitation du Québec, des
programmes et des sommes d'argent. Vous avez le droit de défendre
l'autonomie ou pas de l'habitation avec Ottawa. Ce que vous défendez, ce
n'est pas ça. C'est plutôt une augmentation de notre part du
gâteau parce qu'on est pénalisés et vous le
reconnaissez.
Répartition interprovinciale des fonds
fédéraux
Mais là, ce que vous espérez, c'est aller chercher le plus
vite possible, au moins - si on ne peut pas décider de toute
l'orientation - un montant qui soit équivalent à ce qu'on paie en
termes de pourcentage de la population. Vous dites que si vous le pouvez, ce
sera cette année. Ça veut dire quoi, dans la démarche que
vous allez entreprendre à partir de maintenant? Est-ce que ça
veut dire que... Parce que, depuis juillet 1990, à la suite de ce qu'on
connaît de l'accord du lac Meech, que ça n'a pas
fonctionné, le premier ministre a dit qu'on ne participait plus à
des rencontres. Donc, ça veut dire qu'au comité sur la
répartition interprovinciale des fonds fédéraux, depuis
juillet, il y a une nouvelle formule de répartition qui est en
application, mais le gouvernement n'a pas participé, lui, depuis juin
1990, à des rencontres.
Quelle est votre intention, vous, comme membre de ce gouvernement par
rapport à l'affirmation et la déclaration solennelle du premier
ministre? Quelle est votre intention à partir de maintenant pour aller
chercher le maximum? Est-ce que vous avez l'intention d'assister à la
prochaine rencontre fédérale-provinciale sur le logement? Sinon,
quels moyens allez-vous prendre pour aller chercher le maximum?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Regardez, je suis solidaire de la politique du
gouvernement en ce qui touche la méthode de contact avec le reste du
Canada pendant cette période très difficile. Ceci n'interdit pas
que des rencontres aient lieu entre ministres. Moi, j'ai rencontré
à plusieurs reprises mon homologue fédéral. Il n'y a
absolument rien qui interdit ça. Le président de la
Société
d'habitation du Québec a rencontré à plusieurs
reprises le président de la Société centrale
d'hypothèques et de logement. Il y a des fon-tionnaires qui ont des
contacts entre eux également. Toutes sortes de consultations se font.
Soyez assuré que, même si, dans le reste du Canada, on regrette
l'absence du Québec à de nombreuses rencontres
fédérales-provinciales, on s'arrange pour avoir le point de vue
du Québec quand même de toutes sortes de manières. Il
suffit de lire la documentation pour le connaître, le point de vue du
Québec. C'est aussi une manière, peut-être, de faire
réfléchir le reste du pays, qui peut avoir son utilité.
Là-dessus, je n'ai pas l'intention... Je suis un homme de discipline, de
liberté en même temps. Si je n'étais pas content de la
ligne de conduite du gouvernement, tout le monde sait ce que je ferais. Je l'ai
déjà indiqué clairement.
M. Paré: Comme on n'a pas participé aux rencontres
depuis juin 1990, mais comme en juillet, selon les documents qui m'ont
été fournis par chez vous à la suite d'une question que
j'avais déposée, la question 28, on dit qu'effectivement, depuis
juillet 1990, une nouvelle formule de répartition est en application.
Par ailleurs, le comité s'appelle dorénavant sous-comité
de la planification des programmes. Et, le Québec n'y participe plus
depuis juin 1990.
Est-ce que vous avez le contenu de cette entente-là? Est-ce que
ça nous touche? Est-ce que ça nous favorise? Est-ce qu'on peut
avoir le dépôt de cette entente-là?
M. Ryan: Quelle entente?
M. Paré: L'entente qui serait intervenue entre le
fédéral et les autres provinces.
M. Ryan: II n'y en a pas eu d'entente entre les provinces et le
fédéral. C'est le ministre qui a été obligé
de décider à une couple de reprises ces dernières
années. L'an dernier, il a apporté certaines modifications, mais
il n'y a pas d'entente qui serait intervenue. C'est évident qu'il y a
des provinces qui ne sont pas intéressées à ce qu'il y ait
un changement dans le partage des ressources.
M. Paré: Avec la réponse que vous me faites, je
vais vous demander des explications par rapport... On demandait - question au
feuilleton, c'est la question 28 - des explications par rapport à nos
relations avec le gouvernement fédéral à
l'intérieur de ça. Dans la réponse qu'on fait à la
question 28, page 22, 32, je vous l'ai lu et je la relis: "Ce comité -
on parle du comité FPT sur la répartition interprovinciale des
fonds fédéraux - avait pour mandat d'élaborer un
modèle révisé d'allocation aux provinces et territoires
des fonds fédéraux attribués à l'habitation
sociale. Depuis juillet 1990, une nouvelle formule de répartition est en
application. Par ailleurs, le comité s'appelle dorénavant le
sous-comité de la planification des programmes. Le Québec n'y
participe plus depuis juin 1990. Informations propres à 1990-1991.
Nombres de réunions... " et tout ça. C'est quoi, ce
paragraphe-là, si on me dit qu'il n'y a pas d'entente?
M. Ryan: C'est ça. Le président de la
So-ciété d'habitation du Québec m'informe que, l'an
dernier, un des gros facteurs de la disparité du partage venait de ce
facteur coût dont j'ai parlé tantôt. Ils se sont dit: II
faut tant d'unités d'habitation dans telle province et tant
d'unités dans l'autre en vertu d'un même critère de besoins
impérieux. Après ça, on est astreint aux écarts de
coûts. C'est entendu que là où ça coûte plus
cher, proportionnellement, ils vont avoir plus d'argent pour un nombre
d'unités qui ne sera pas injuste ou critiquable par rapport aux
autres.
Alors, ce qui est arrivé, c'est qu'on a demandé que soit
remis en cause à ce comité-là les critères qui
servent à établir les coûts. il s'est produit un consensus
entre les membres sur certains indicateurs dont il y aurait lieu de tenir
compte, qui élargissaient le débat, qui contribuaient à
tempérer les effets des décisions antérieures. Ça,
ç'a été entériné par le gouvernement
fédéral et le comité continue de travailler. S'il arrive
un consensus, comme le fédéral est là avec les provinces,
ç'a a des chances de devenir une décision. S'il n'arrive pas de
consensus, le gouvernement fédéral, dans les programmes sur
lesquels il a autorité, prend ses décisions; et là, nous
n'y sommes plus, nous autres, depuis un certain temps. Mais des contacts
privés permettent quand même d'avoir des échanges et de
faire circuler l'information.
Comme on me le signale, il n'y a rien qui s'oppose à des
rencontres entre le gouvernement fédéral et nous. Nos
fonctionnaires rencontrent souvent ceux de la Société canadienne
d'hypothèques et de logement. Moi-même, j'ai tenu plusieurs
rencontres avec le ministre fédéral de l'Habitation, M. Redway.
Nous avons eu une conférence à Montréal, je pense que
c'est au mois de novembre. Nous avons fait le tour de toutes les questions qui
sont l'objet de relations entre le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec.
M. Paré: Oui, si je me rappelle bien, votre
dernière rencontre, ce n'était pas au début de... En
hiver, février, probablement.
M. Ryan: Février, oui, je m'excuse. M. Paré:
Février. Donc, c'était... M. Ryan: Avant le budget.
M. Paré:... si je me rappelle bien, dans le temps, avant
le budget.
M. Ryan: Oui, oui. La semaine avant.
M. Paré: O.K. Depuis le budget, vous n'avez pas eu de
contacts directs?
M. Ryan: Non. Oui, on s'est revus. Oui, M. Redway est revenu
à Montréal après ça. Nous avons eu l'occasion de
causer de nouveau ensemble. Mais dans le budget, il n'y avait pas beaucoup de
mouvements. Il restait à répartir les sommes, et là, il y
a une deuxième partie du budget qui doit être
précisée dans le cas de l'habitation, au mois de juillet. Tant
qu'on n'a pas cette deuxième partie, on n'a pas l'idée
définitive de l'ampleur des choses qui pourront être
réalisées. On nous a dit: Vous pouvez commencer en engageant, je
pense, c'est la moitié du budget qui était disponible
l'année précédente. Marchez avec ça. Et le reste,
on a dit: On vous donnera les précisions plus tard.
M. Paré: Toujours là-dessus, bon...
M. Ryan: Et également, la Société a
écrit à toutes les provinces, à ses homologues des autres
provinces pour leur faire part de ses préoccupations, de ses vues
concernant ces questions.
M. Paré: Ça veut dire qu'il ne reste pas grand
temps pour savoir si, cette année, on va chercher la même chose,
plus ou moins.
M. Ryan: regardez. je pense bien que d'ici le début de
juillet, on devrait savoir à quoi s'en tenir. le plus tôt sera le
mieux, évidemment.
M. Paré: Je comprends que la Société
d'habitation du Québec est en contact, les hauts fonctionnaires et les
gens avec le même niveau. Est-ce que vous prévoyez, vous, des
démarches particulières parce que, effectivement, comme je le
disais...
M. Ryan: Oui.
M. Paré: ...tantôt, chaque point veut dire des
dizaines de millions de dollars.
M. Ryan: Regardez, d'abord, le premier ministre, à son
niveau, suit ces choses de près. Chaque fois qu'on lui demande de faire
des représentations auprès de son homologue fédéral
sur un sujet particulier, il le fait volontiers, et souvent avec d'excellents
résultats.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur ce, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension delà séance à 18 h 30)
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Maciocia): Je déclare la
séance ouverte. M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. On va
entreprendre maintenant programme par programme, si vous le permettez, pour
permettre à ma collègue de Chicoutimi d'aller à une autre
commission. Comme il y a un sujet qui l'intéresse, on va aller tout de
suite dans le programme des coopératives d'habitation et des organismes
sans but lucratif. Je vais laisser tout de suite la parole à ma
collègue de Chicoutimi et je reviendrai par la suite sur le même
sujet.
Mme Blackburn: Bien, merci. M. le Président?
Le Président (M. Maciocia): Allez-y, madame...
Coopératives d'habitation et organismes sans
but lucratif
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, j'ai adressé au ministre une lettre le 18 mars dernier
au sujet des programmes de répartition des unités en OSBL Dans le
plan de répartition qui avait été présenté
pour fins de consultation en 1990, il était prévu que le
Saguenay-Lac-Saint-Jean aurait 24 unités. Alors, quand j'ai vu que vous
aviez augmenté le nombre d'unités autorisé, je me suis
dit: Bon, on devrait aussi avoir droit à une augmentation. À
l'étonnement général, et surprise et déception, non
seulement n'avions-nous pas les 24 unités prévues au plan de
répartition, mais nous n'en avions que 15, alors qu'il y avait des
demandes bien faites et bien structurées pour 124 unités. Alors,
moi, ma question est simple: D'abord, comment ça s'explique et comment
ça se justifie? Parce que c'est la seule région qui a connu ce
sort-là puisque la région 01, ils en ont eu 18, alors qu'on en
avait planifié 16; Québec 03, 72 qui avaient été
planifiées, ils en ont eu 126; la région de
Trois-Rivières, 33 de planifiées, 39 accordées; l'Estrie,
27 planifiées, 28 accordées; Montréal, 352, 570;
Outaouais, 28, ils en ont reçues 44; et la Côte-Nord pour laquelle
on en avait planifiées 16 en a reçu 22. Et chez nous, on en
planifie 24 et on en a 15. C'est vraiment un cas d'exception. Je voudrais
savoir s'il y a moyen - et là, je pose la question au nom des
différents groupes qui ont présenté des projets - est-ce
qu'il y a possibilité, est-ce qu'on peut penser qu'il y a d'autres
projets qui pourraient être reconnus au moins pour atteindre 24
unités tel que prévu?
Le Président (M. Maciocia): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Ryan: Pour commencer, parce que je vais vous parler du point
de vue de celui qui est entré là dedans avec un regard neuf,
parce que, moi, je n'étais pas dans le secteur avant le 5 octobre
dernier. Ensuite, je demanderai à M. le président Arsenault de
compléter au besoin. Lorsque je suis entré en fonction,
déjà l'appel d'offres avait été fait dans le
milieu. On avait reçu déjà la plupart des propositions, et
on commençait déjà a demander, a ce moment-là:
Quand rendrez-vous les décisions? Il y avait en tout, je ne me souviens
pas combien de projets qui ont été soumis. C'est, en tout cas,
peut-être 700, 800. 3000? Non. Pour des unités.
Mme Blackburn: 124.
M. Ryan: 124 projets...
Mme Blackburn: 124 unités.
M. Ryan: ...pour 3000 unités. 3290 unités.
Mme Blackburn: Ah! Pour tout le Québec. Pour le Saguenay,
c'était 124.
M. Ryan: Maintenant là, on m'a dit: II y a une tradition
qui est établie à la Société d'habitation que, pour
l'octroi des projets, de choix des projets, il y a des jurys qui sont
formés et tous les projets sont examinés. il y a un groupe de
jurys, je ne sais pas si c'est trois ou quatre, qui siégeait, qui a
établi une série de critères, et c'est eux qui
établissent la sélection des projets à partir de l'examen
qu'ils font en comité. Ensuite, on soumet ça au ministre et le
ministre... Il est arrivé au moins un certain nombre de cas que j'ai
été appelé à arbitrer. Des fois, il y en a un qui a
112 et l'autre qui a 111 et demi, par exemple. Des fois, quand on regarde les
besoins d'une région, ça prend plus d'un demi-point. On regarde
ces choses-là et il peut arriver qu'on établisse un partage. On a
ajouté un certain nombre d'unités, comme vous le savez, on en a
ajouté 268, pour établir un équilibre le meilleur
possible. Dans le cas du Saguenay-Lac-Saint-Jean - et tantôt, on pourra
vous donner les critères dont on s'inspire - il y a le critère,
le concept architectural, il y a la fonctionnalité, il y a
différents critères, le besoin, évidemment, tel que
mesuré dans cette région-là par nos services, etc. Pour la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il avait été
prévu, je pense que vous avez dit qu'il était prévu 24
unités, deux de 12, un de 12 dans chacune des deux régions,
Saguenay et Lac-Saint-Jean. Là, à l'examen des projets, ils sont
arrivés à classer ces projets-là Ils donnent des points
à chaque projet, en fonction des différents critères. Dans
le cas des projets qui étaient en provenance de Chicoutimi et du
Lac-Saint-Jean, je pense qu'il y en a un qui les a retenus, c'était
Jonquière, si mes souvenirs sont bons; c'est lui qui s'est classé
le premier; il y en a qui ont été déclarés non
admissibles parce que, dès le départ, ils ne répondaient
pas à certaines exigences de base. II y en a d'autres qui sont
arrivés en deçà de la ligne d'arrivée.
Mme Blackburn: Vous me permettrez d'exprimer mon
étonnement, parce que les entreprises qui travaillent sur ces projets
chez nous ont développé, me dit-on et me disait on par le
passé, une des expertises les plus remarquables. Alors, des projets qui
s'écartent considérablement des règles, ça
m'étonnerait un peu. Généralement, elles ont
développé - et c'était d'ailleurs l'évaluation
qu'on en faisait - une expertise assez remarquable dans le domaine et, bon an,
mal an, elles arrivaient à obtenir leur quote-part. Si on prend juste au
pourcentage de la population, c'est quelque chose comme 48 unités, on a
un peu plus de 5 % de la population du Québec, ça donnerait 43
unités si on prenait ça exclusivement sur cette base de
population Moi, j'admets qu'il peut y avoir d'autres critères tels les
besoins, et je l'admets. Cependant, comment expliquer que ce soit la seule
région pénalisée? J'aimerais que vous fassiez
connaître aux promoteurs les raisons et les critères sur la base
desquels ils ont été exclus. Autrement, ils risquent de
répéter les mêmes erreurs l'an prochain, si vous me dites
qu'il y en a qui n'ont absolument pas été retenus sur la base des
critères que vous avez établie. À présent, est-ce
que les critères ont été modifiés de façon
telle que nos promoteurs ne puissent plus se qualifier?
Le Président (M. Maciocia): M. le ministre.
M. Ryan: Non. Les critères sont bien connus et tous les
promoteurs de projets qui ont voulu obtenir des explications après que
les décisions eurent été rendues en ont obtenu en
abondance de ma collaboratrice, Mme Ouellette, qui était en
étroit contact avec la Société d'habitation du
Québec, et je suis sûr que la Société
elle-même a fourni des explications à de nombreux promoteurs de
projets aussi. Je ne sais pas si ceux-là ont communiqué avec
vous, Mme Ouellette, ou avec...
Mme Ouellette (Charlotte): À ma connaissance, pas de
ceux-là...
M. Ryan: Vous pouvez être sûre qu'on en a
donné, et même...
Mme Blackburn: La Société d'habitation Desjardins,
il y a le BRICH.
M. Ryan: Même dans bien des cas, je peux vous assurer que
nous les avons mis sur la bonne piste pour la prochaine sélection Ils ne
pourront pas refaire l'opération maintenant qu'elle a été
accomplie, mais il y en a beaucoup à qui nous avons donné des
indications très utiles pour la
pertinence de leurs présentations futures.
Mme Blackburn: Écoutez, je me permets encore une fois de
m'étonner. Je pense que madame et monsieur connaissaient bien le dossier
et la façon de travailler ce dossier-là. Il y a la
Société d'habitation Desjardins et il y a le BRICH qui sont les
principaux promoteurs dans la région et qui ont développé
une expertise. À moins que les règles n'aient complètement
changé, je vois difficilement d'autres explications pour comprendre
qu'on ait diminué le nombre d'unités planifiées; non pas
celles qu'on avait demandé d'avoir, celles qui étaient
planifiées par le gouvernement. Ils sont en deçà de
ça, et là, on me dit que c'est parce qu'ils ne répondaient
pas aux critères. J'aimerais qu'on puisse peut-être avoir des
explications additionnelles parce qu'ils sont venus à quelques reprises
au bureau, et d'ailleurs, j'ai écrit au ministre à ce sujet.
Le Président (M. Maciocia): Est-ce que pour...
M. Ryan: J'aimerais peut-être que M. Arsenault fournisse
quelques explications et, ensuite, Mme Ouellette.
Le Président (M. Maciocia): Pourriez-vous vous identifier,
M. Arsenault?
M. Arsenault (Jean-Paul): Oui. Jean-Paul Arsenault. D'abord, je
pense que je dois dire que, comme pour tous les groupes, les règles sont
connues. Le groupe promoteur, les GRT les connaissent, nos règles. Elles
sont connues; d'ailleurs, nous tenons à les rendre publiques dès
le départ. Je pense que si certains groupes ou certains projets, parce
que, je pense qu'on devrait peut-être plutôt parler des projets et
des groupes...
Mme Blackburn: Des promoteurs.
M. Arsenault: ...pas nécessairement le GRT et le
promoteur. Vous pouvez avoir un excellent GRT qui n'a pas pu faire la
démonstration ou la promotion d'un projet, pour différentes
raisons. Des fois, le projet n'est pas assez avancé. Exemple:
l'organisme est peut-être en voie d'être incorporé, il n'est
pas incorporé. Donc, il y a un certain nombre de conditions qui font
qu'à ce moment-là, les projets comme tels... Et dans le cas,
mettons, si on prend du Saguenay-Lac-Saint-Jean, comme pour tous les groupes,
nous sommes prêts à les rencontrer, soit les GRT, soit l'organisme
promoteur, et discuter avec eux, en particulier du détail de leur
proposition en regard des règles qui sont publiques et qui sont connues.
Et là, dans ce cas-là, si on prend dans le cas du Lac-Saint-Jean,
il y a quand même un projet qui a été retenu. Il y en a
quatre autres qui, pour différentes raisons, soit que l'organisme
était à un stade d'incorporation pas assez avancé, soit
que les prix dépassaient nos maxima ou pour d'autres raisons, le nombre
de ménages... Parce que vous vous souvenez, en tout cas, que nous avons
une balise d'avoir un nombre de ménages, sur la liste d'attente, qui
rencontrent les critères d'admissibilité et qui doivent, à
ce moment-là, être suffisants pour le projet. Donc, les quatre
projets ont été rendus inadmissibles parce qu'ils ne
rencontraient pas ces différentes balises-là.
Mme Blackburn: Mais il y avait plus que quatre projets, il y a
124...
M. Arsenault: Non, non, mais là, je parle de ceux du
Lac-Saint-Jean.
Mme Blackburn: Du Saguenay-Lac-Saint-Jean, les deux.
M. Arsenault: J'ai commencé par parler de ce
groupe-là...
Mme Blackburn: O.K.
M. Arsenault: ...et il y en a également du
côté de Chicoutimi, notre zone plus urbaine de
Chicoutimi-Jonquière où, au départ, il y avait 12
unités de prévues. Et il y a eu sept projets qui ont
été présentés pour 70 unités.
Là-dessus, il y en a un qui a été retenu, qui était
le Centre de rencontre de l'Escale. Pour les autres dossiers qui ont
été préparés, les projets, ils étaient
admissibles. Ce n'est pas qu'ils n'étaient pas admissibles, ils
étaient admissibles, ceux qui étaient là. Mais encore
là, nous procédons par ordre de priorité. À toutes
fins pratiques, il y a un certain nombre de points qui peuvent être
accordés et, dans ces cas-là, il y a une note de passage. On se
donne un minimum - c'est le même partout à travers le
Québec - qui est une note de passage. On dit: Si le projet ne rencontre
pas un minimum d'un certain nombre de points, en principe, nous prenons
peut-être des risques - appelons ça comme ça, entre
guillemets - soit que le projet ne se réalise pas, soit que si le
coût par rapport à nos prix maxima est élevé... On
dit: Quand ça va arriver aux soumissions publiques, ça va
peut-être dépasser, et, à ce moment-là, ils ne
pourront pas le réaliser. Donc, il y a une série de règles
comme ça qu'on se donne. Donc, si bien que dans les quatre projets,
finalement, le pointage qui était obtenu ne nous a pas permis de les
retenir à ce moment-ci.
Mme Blackburn: Dans les quatre du Lac, mais là, vous
parlez des sept de la région.
M. Arsenault: Non, non. Je parle des quatre de
Chicoutimi-Jonquière, de la zone urbaine.
Mme Blackburn: Vous partiez de sept, tout à l'heure, qui
étaient admissibles.
M. Arsenault: Oui. Il y en a un qui a été
retenu.
Mme Blackburn: À Jonquière, oui.
M. Ryan: Si vous voulez, regardez, tantôt, on va vous
résumer, pour chacun des projets, le pointage. On peut vous donner
ça.
Mme Blackburn: Moi, je ne voudrais pas être trop longue
parce que je prends du temps de mon collègue. Ce que je voudrais savoir
de vous, il y a des projets qui ne se réalisent pas pour
différentes raisons. Est-ce qu'on peut penser qu'éventuellement,
d'ici les prochaines semaines ou les prochaines mois, ils pourraient être
octroyés dans la région 02 compte tenu de la
pénalité importante? Moi, je veux bien vous croire sur la base
des critères, mais connaissant l'expertise qui est la leur, à
moins que vous ne me disiez que vous avez déjà
éprouvé beaucoup de difficultés avec les projets
réalisés chez nous, ce dont je n'ai pas eu connaissance,
là, parce qu'ils sont assez vigilants... À cet égard, il y
a un écart important, vous savez, de 24 à 15 et, partout, il y a
une augmentation systématique d'une unité, mais c'est difficile
à expliquer. Premièrement, est-ce qu'on peut penser que ça
pourrait être éventuellement, s'il y a d'autres projets qui ne se
réalisent pas, accordé, quelques projets chez nous? Ma question
s'adresse au ministre.
M. Ryan: C'est des cas particuliers.
Mme Blackburn: La deuxième question, c'était:
Est-ce que vous avez déjà éprouvé des
difficultés de gestion, des difficultés à rencontrer les
objectifs que s'étaient donnés les promoteurs...
Le Président (M. Maciocia): M. le ministre.
Mme Blackburn: ...qui vous laissent appréhender des
difficultés, là?
M. Ryan: La députée de Chicoutimi sait très
bien que le ministre, malgré les reproches innombrables qui lui furent
adressés à ce sujet, a toujours eu beaucoup d'attention pour les
cas particuliers.
Mme Blackburn: Moi, je rends hommage au ministre et j'ai
déjà dit quelque part et je le dis ici: Quand il s'est agi
d'immobilisations dans le réseau scolaire, je n'ai jamais eu à me
plaindre, sauf que j'étais dans un comté, probablement, où
les besoins étaient justifiés, j'ose le penser. Alors, c'est
pourquoi j'apporte...
M. Ryan: Le député de Shefford ne parle pas non
plus. Le député de Shefford a un beau sourire.
Mme Blackburn: ...les cas. Ce n'est pas un particulier, il y a 11
projets.
M. Paré: J'attends qu'on... Des voix: Ha, ha,
ha!
M. Ryan: ...on a inauguré des choses ensemble.
Le Président (M. Maciocia): M. le ministre.
Mme Blackburn: C'est deux questions: Est ce que vous avez
déjà éprouvé des difficultés qui vous
laissent appréhender...
M. Paré: ...parole...
M. Ryan: Ah oui! La parole...
Mme Blackburn: ...qu'il pourrait y avoir des problèmes de
réalisation dans l'un ou l'autre des projets?
M. Ryan: Regardez, blague à part, je pense qu'on ne peut
pas prendre d'engagement ce soir, évidemment. La balise qui avait
été donnée, disons, de 12 pour chacune des deux
sous-régions, c'était une balise à titre indicatif comme
l'a dit M. Arsenault, tantôt, ensuite entraient une série de
critères. En plus, il y avait une note minimum qui était
établie à travers tout l'échiquier. C'est évident
que si le premier projet d'une région avait seulement 90 points, alors
que le minimum était de 90, ça veut dire que ceux qui venaient
après risquaient d'être laissés de côté.
Ça, c'est des choses qu'on peut regarder de nouveau. Vous nous faites
une représentation qui est très sensée, je trouve, et y
faut l'examiner attentivement. On va examiner ça. C'est sûr qu'en
vue d'une prochaine planification, on peut avoir une attention spéciale
pour ce cas-là, pour le cas de la région, je parte bien, non pas
de tel projet. Il y a une chose que j'ai remarquée en regardant
rapidement la liste...
Mme Blackburn: D'accord, dans le cas de la région. Moi, je
ne défends pas un projet en particulier.
M. Ryan: ...vous avez parlé du Mouvement Desjardins. Il
parrainait trois projets, quatre même. Je pense qu'il y en a trois qui
ont été jugés inadmissibles.
Mme Blackburn: C'est important qu'ils le sachent. Je pense qu'on
va pouvoir leur dire. Mais le BRICH...
M. Ryan: Pardon?
Mme Blackburn: Le BRICH, il a une expertise assez...
M. Ryan: L'avez-vous celui-là?
Mme Ouellette: Le BRICH, on en a trois d'eux autres...
Le Président (M. Maciocia): Un instant. Voulez-vous vous
identifier, Mme Ouellette?
Mme Ouellette: Charlotte Ouellette, attachée politique du
ministre. Il y avait trois projets du BRICH. Il y en a un seul qui a
été retenu.
Mme Blackburn: Ça veut dire que les autres
n'étaient pas conformes.
Mme Ouellette: Ils étaient conformes, mais ils
étaient très faibles comparé à la norme, la ligne
qui avait été mise sur tout le Québec.
Mme Blackburn: Bien.
Mme Ouellette: C'est ça qui a fait... Il n'y a eu aucune
demande de ces groupes-là.
Mme Blackburn: De révision. Mme Ouellette: De
révision.
Mme Blackburn: Sauf qu'ils se sont adressés à mon
bureau. D'ailleurs, j'ai écrit au ministre.
Mme Ouellette: Vous pouvez leur dire de me contacter et on pourra
organiser une rencontre avec la Société.
Mme Blackburn: Bien.
Le Président (M. Maciocia): Oui, madame.
Mme Blackburn: au sujet de la régie du logement, est-ce
qu'on me permet quelques secondes? vous avez fermé le bureau de
chicou-timi. je vous ai entendu, tout à l'heure, nous dire que
c'était sur la base du nombre de dossiers traités. je vous dirai
que c'était chicou-timi qui traitait le plus grand nombre de dossiers.
le plus grand nombre de dossiers traités à la régie du
logement, c'était le bureau de chicoutimi et c'est celui qu'on a
fermé. c'est celui qu'on a fermé, à notre grand
étonnement. il était au centre d'une région, la plus
populeuse, c'est-à-dire la ville de la baie d'un côté et
jonquière de l'autre. on a fermé celui de chicoutimi et à
100 kilomètres... moi, je voudrais juste avoir une information. je ne
pense pas que le ministre voudra rouvrir mon bureau, je pense que ce serait
utile pour les gens de la baie, mais j'aimerais savoir: dans le nombre de
plaintes qui ont été portées cette année, parce que
vous nous avez parlé d'un accroissement des plaintes, je voudrais voir
l'évolution des plaintes qui sont portées par les locataires
versus les propriétaires parce que l'impression que j'ai, plus vous
éloignez les bureaux, plus vous rendez difficile pour le simple
propriétaire, à pied, pas de transport en commun, comme c'est le
cas chez nous, d'aller porter plainte à 100 kilomètres. Vous
savez, ils ne le font pas. Ceux qui sont capables de le faire sont les
propriétaires d'immeubles à logements multiples, mais pas le
petit locataire là-dedans. Alors, la crainte que j'ai, c'est qu'on ait
encore une fois défavorisé les plus démunis. 25 $ pour
l'ouverture d'un dossier, et qui plus est, on a éloigné le
bureau. Autrement dit, on est en train de décourager ces gens-là
à porter plainte. Ce n'est pas une question, à mon avis, c'est
une constatation. Je voudrais voir comment ça a évolué,
les plaintes, proportionnellement entre les propriétaires et locataires?
Peut-être que ça me donnera tort, mais mon intuition me dit que
j'ai des chances d'avoir raison.
M. Ryan: Regardez, il y a peut-être une couple de remarques
préliminaires...
Mme Blackburn: J'ai fini.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: oui, mme la présidente. on vous salue avec
plaisir. il y a peut-être une couple de remarques préliminaires
à faire. cet après-midi, je crois avoir dit qu'il y a eu
accroissement des demandes au cours des 10 dernières années, mais
1990 par rapport à 1989, il n'y a pas eu un accroissement de demandes.
le nombre de demandes ou de dossiers traités, c'est à peu
près du même au pareil pour les deux années. n'est-ce pas?
voyez-vous, même, il y a une légère baisse en 1990 par
rapport à 1989, mais si on se place de 1985 à 1990, il y a une
augmentation substantielle, mais ça ne change pas le problème de
fond qu'on veut discuter, pas du tout.
En réponse à un autre aspect de la question, les plaintes
proviennent en très grande majorité des propriétaires.
C'est dans une proportion, me dit le président, de 87 % qu'elles
émanent des propriétaires plutôt que des locataires. Dans
le cas du bureau de Chicoutimi, le choix fut fait parce que déjà
le bureau régional se trouvait à Jonquière, me dit-on. On
n'a pas les statistiques ici par bureau, je crois. Ah! par locataire et
propriétaire, mais si vous voulez une idée du volume de demandes
qui arrivaient au bureau de Chicoutimi puis à celui de Jonquière,
je crois que vous l'avez ici encore.
Mme Blackburn: Oui. C'était 40 %, de mémoire comme
ça, des demandes de toute la
région qui étaient traitées par le bureau de
Chicoutlmi, et ça s'explique, Chicoutimi est au centre de la
région métropolitaine, là-bas. On n'a pas vraiment compris
la logique qui sous-tendait ça. Je vous avoue que je n'ai pas fait le
levée de bouclier pour une bonne raison, parce qu'on parle toujours du
conflit Jonquière-Chicoutlmi. Moi, je ne tiens pas à vider les
autres bureaux au bénéfice de Chicoutimi. Cependant, je pense
qu'il aurait été intéressant qu'on laisse un minimum de
services à Chicoutimi de manière à répondre aux
gens de la ville de La Baie qui sont à l'est, de même qu'aux
villages en périphérie. Alors, on a mis de façon
excentrique... En mettant ça à Jonquière, on a
décentré les services par rapport à la population, ce qui
aura... C'est ce que je voudrais savoir: Est-ce que ça a eu un effet de
diminuer les plaintes venant des locataires? C'est ce que je voudrais savoir,
et je remercie mon collègue de m'avoir prêté un peu de
temps pour l'analyse.
M. Ryan: La Régie pourra vous adresser un
complément de réponse sur ce sujet-là. Nous ne disposons
pas des renseignements ce soir.
Mme Blackburn: Et s'il s'avérait que l'analyse que je
fais, non pas l'analyse mais la perception que j'ai de ce dossier-là
s'avérait fondée, est-ce qu'on pourrait envisager revenir sur la
décision qui a été prise?
M. Ryan: Là, il y a une chose. Je pense que, pour la
région, en consultant le volume d'affaires, un bon bureau devrait
normalement suffire. Est-ce qu'il devrait être logé à
Jonquière ou à Chicoutimi? La question peut toujours être
ouverte. On ne le sait pas. Il n'y a pas de vérité établie
pour toujours là-dedans.
Mme Blackburn: Vous parlez de la région. La région,
si vous partez de Saint-Félicien puis vous vous en allez de l'autre
côté de ville La Baie, ça donne 150 milles.
M. Ryan: Saint-Félicien, c'est bien proche de Robervaf,
ça. Il y a un bureau à Roberval, je pense.
Mme Blackburn: II y a un bureau à Roberval. Un à
Roberval et un à Jonquière.
M. Ryan: Alors, il ne faut pas invoquer
Saint-Félicien.
Mme Blackburn: Saint-Félicien, c'est encore plus loin.
M. Ryan: II y avait deux bureaux dans le Lac-Saint-Jean, il y en
avait un à Aima puis l'autre à Roberval; on a gardé celui
de Roberval. J'admettrai avec vous que partir de Dolbeau pour venir à
Roberval, c'est assez loin, ayant déjà vécu à
Dolbeau... Ha, ha, ha!
Mme Blackburn:... Dolbeau, vous ne vous en rappelez plus
très bien, par exemple, mais quand même je sais que vous
êtes né à Dolbeau.
M. Ryan: On va regarder ça, puis la question, si jamais on
nous amène un dossier bien détaillé établissant que
ça devrait plutôt être à un endroit qu'à
l'autre, nous autres, on n'a pas de préjugé là-dessus
À moins que le député de Jonquière ne
déciderait d'approuver totalement la réforme municipale.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Blackburn: si vous nous dites que vous vous laissez acheter
par ça, j'ai l'impression qu'il ne se laissera pas vendre avec
ça, mme ia présidente.
M. Ryan: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Oui, nous allons revenir au premier sujet qu'on a
traité ce soir, les coopératives d'habitation, si vous le
permettez, pour prendre programme par programme. Sur les coopératives
d'habitation, la table de concertation qui avait été mise sur
pied s'est donné des sous-comités, dont le comité des
coopératives d'habitation. Quand on lit attentivement le document, on se
rend compte que ça révèle des données très
intéressantes, qui plaident plutôt en faveur du
développement des coopératives d'habitation. Juste à titre
d'exemple, pour l'année 1987, on nous dit là-dedans que 40 % des
ménages avaient un revenu inférieur à 13 000 $, 60 %, des
revenus de ménages inférieurs à 19 000 $ et seulement 2 %,
des revenus importants et élevés. et que 33 % des membres paient
plus de 25 % de leurs revenus pour s'y loger, et que les coopératives
regroupent principalement des familles, dans une proportion de 75 %, les
familles monoparentales constituant à elles seules 26 % de la
clientèle et les personnes seules, 22 %. Donc, quand on relit le
document, on se rend compte que le rapport est plutôt favorable aux
coopératives, surtout le rapport d'évaluation de la SCHL. qui
identifie les bienfaits de la formule coopérative. Je ne reviendrai pas
là-dessus, on en a déjà passablement parlé sur la
responsabilisation, puis l'opportunité qu'on donne à plusieurs
personnes de devenir propriétaires collectivement, parce que ces
personnes-là ne le peuvent pas sur une base individuelle. Ma question,
étant donné que ce rapport a été soumis à la
table, qui l'a appuyé, qui l'a approuvé, moi j'aimerais savoir
quel suivi le ministre a l'intention de donner aux recommandations qu'on
retrouve à l'intérieur de ce mémoire, ou en tout cas de ce
rapport, qui
veut favoriser davantage les coopératives en admettant non
seulement des faibles revenus, mais des revenus modérés, et une
foule de recommandations qui sont soumises, finalement, au ministre, pour
prendre une décision. Est-ce que le ministre a pris connaissance du
rapport? Et est-ce qu'il a l'intention d'en tenir compte?
M. Ryan: La table de concertation, comme le sait le
député de Shefford, est présidée par le
député de Viger, qui est mon adjoint parlementaire pour les
questions reliées à l'habitation, en particulier, et nous avons
eu l'occasion d'en parler à plusieurs reprises. J'aurais souhaité
rencontrer avant ce jour les membres de la table de concertation pour
échanger avec eux sur les recommandations qu'ils ont retenues de leurs
travaux des derniers mois. Je n'ai pas été capable de le faire
encore. Nous envisageons, par conséquent, une rencontre pour la mi-mai,
au cours de laquelle on aura un échange sur tout le thème des
coopératives dans le secteur de l'habitation. Ce thème
m'intéresse particulièrement, parce que j'ai moi-même
été, pendant plusieurs années, président d'une
coopérative d'habitation, au temps où la formule ne se
réalisait pas dans les mêmes modes qu'aujourd'hui. Mais j'ai des
racines anciennes dans ce secteur-là, qui sont toujours vivantes. Il y a
bien des problèmes que soulèvent les recommandations de la table
de concertation. Tout d'abord, les politiques gouvernementales, depuis cinq
ans, se sont orientées de plus en plus vers deux avenues. Certaines, les
politiques de logement social, visaient à favoriser de plus en plus les
milieux démunis ou défavorisés, par conséquent
assez éloignées des normes d'autrefois, qui avaient une sympathie
spéciale pour ce que j'appelle la petite classe moyenne, la classe
industrieuse, avec des revenus modestes, mais qui réussit à se
débrouiller à force de savoir-faire, de discipline. Ces
gens-là ont été laissés pour compte par nos
orientations des dernières années d'une manière qui allait
parfois trop loin. Mais on sait tout de suite, si on veut rouvrir le volet de
l'accès à des milieux plus nombreux que ceux qui sont
présentement visés par les programmes, qu'on ouvre des
perspectives de coûts accrus, auxquels les gouvernements seraient fort
possiblement incapables de faire face. (20 h 45)
Alors, avant d'aller faire des promesses faciles de coopératives
dont les études ont démontré qu'une bonne partie de leurs
membres sont en général des gens qui pourraient réussir
à se procurer une maison sans passer par des programmes spéciaux
du gouvernement, si intéressants que soient par ailleurs les avantages
de la formule coopérative appliquée au secteur de l'habitation...
Quand on sait ça, avant d'engager le gouvernement dans une voie, bien,
on veut y penser comme il faut. C'est ce que nous sommes en train de faire.
Un autre problème que je retiens et dont j'ai été
saisi non seulement par la Société d'habitation mais par des
comités gouvernementaux, c'est le problème des écarts qui
existent déjà entre les avantages que procurent divers programmes
gouvernementaux de soutien au logement. Si vous prenez le programme HLM, le
programme OSBL, le programme Logirente, le programme d'allocation-logement du
régime d'aide sociale, le programme de supplément au loyer,
parrainé par la Société centrale d'hypothèques et
de logement, vous avez toute une panoplie de programmes qui procurent à
des gens de mêmes conditions parfois des avantages très
différents. L'allocation-logement qui est greffée maintenant
à l'aide sociale, ça va donner à peu près 42 $
à 43 $ par mois. Logirente donne à peu près 42 $, 43 $, 44
$ par mois également. On a vu, dans le cas des HLM, le déficit
financé par les pouvoirs publics, 325 $ par unité de logement. Il
y a d'autres programmes là, on pourrait trouver d'autres montants.
On se dit, et c'est une des préoccupations que nous avons:
Comment harmoniser ces mesures de manière qu'elles répondent
d'une façon plus équitable aux besoins comparables de diverses
catégories de citoyens? On n'a pas trouvé la solution encore. On
a commencé un travail là-dedans, c'est un des grands objectifs de
la prochaine année que de franchir des pas importants
là-dedans.
Par conséquent, avant de prendre trop de décisions dans le
secteur des coopératives, on va être obligés de se poser
ces grandes questions là, où est-ce qu'on veut aller? Nous
autres, une coopérative, c'est intéressant, un syndicat, c'est
intéressant, puis un entrepreneur privé, c'est intéressant
également. Une entreprise parrainée par la communauté
paroissiale peut être intéressante également. Il y a 50
formules. Mais il faut se demander au bout de la ligne: Les personnes qui sont
là-dedans, qui sont-elles? Est-ce que c'est celles-là que nous
voulons aider? On ne peut pas dire: On est favorable abstraitement à la
formule coopérative. On sait tous qu'il y a des coopératives qui
regroupent des millionnaires. Je ne suis pas intéressé,
même s'ils s'appellent coopératives, à soutenir ces
gens-là évidemment.
Alors ça, c'est une deuxième considération qui nous
invite à la prudence en ce qui concerne ceci. Puis un troisième
élément, il y a déjà des... Quand on peut donner
une réponse, on le fait. Dans le programme Mon taux, mon toit, je l'ai
dit plus tôt, nous avions fait l'erreur d'oublier les coopératives
ou de les omettre. On en avait parlé, mais on ne pensait pas qu'elles
seraient intéressées à ce genre de choses-là.
Alors, dès qu'on a eu des expressions d'intérêt de cette
source, on a corrigé le tir et on les accepte avec beaucoup
d'intérêt. Puis si on me disait, moi, qu'une coopérative...
Bien, il y en a dans le lot des organismes que nous avons retenus, au titre des
OSBL, il y a quelques
coopératives. Quand ce sont des projets qui répondent
à nos critères, toujours orientés vers les milieux les
moins favorisés, on est intéressés à fortiori
à accueillir un projet en provenance d'une coopérative. Mais dire
qu'on a une philosophie qui nous disposerait à dire: Demain matin, on
met un accent préférentiel de ce côté-là, je
ne suis pas en mesure de le dire.
Après que j'aurai causé avec les membres de la table de
concertation, vers la mi-mai, je pense que j'aurai entendu davantage leur point
de vue, je leur aurai fait part également de mes questions. Puis nous
devrions être capables d'en venir à un consensus quelque part.
M. Paré: Je vais vous exprimer ma déception. Je
dois vous dire que moi, ça fait plus d'années que je parle
d'habitation comme critique, parce que ça fait... Vous êtes le
quatrième ministre que je passe depuis 1985. L'habitation, j'aime
ça, puis j'y demeure. Et je me rends compte que, malheureusement, on n'a
pas avancé beaucoup, et c'est ça qui amène ma
déception par rapport au mouvement coopératif dans l'habitation.
Quand on a décidé de couper les GRT, c'est à ce
moment-là que votre prédécesseur, troisième en
titre, bis, bis, bis... Auparavant, on nous disait: Oui, oui, on va couper les
GRT, mais par contre, on demande au mouvement coopératif de nous faire
une suggestion de politique pour amener un programme parce qu'en même
temps, on a aboli Logipop 2 et tout ça. Bon. On a enlevé des
budgets, on a coupé un volet et on a coupé les budgets des GRT.
Bien, à ce moment-là, on a dit: Oui, on est prêts à
regarder ça. Amenez-nous des suggestions aux gens du regroupement des
coopératives d'habitation du Québec, amenez-nous des suggestions
et on va regarder pour remettre possiblement un programme sur pied. Et, chaque
année, aux crédits, on dit: On va regarder ça. On se fait
dire encore la même chose, et là, on nous dit: En plus, la table
de concertation a fait une étude. Elle a approuvé les
recommandations, mais on n'est pas encore en mesure de rien nous annoncer, et
le nombre d'unités mises en chantier diminue, malheureusement. Si on
regarde en 1988-1989, on est allé au-dessus, 1990-1991, bien, on est en
bas de 1000 unités produites par année. Là, ça veut
dire qu'on en fait moins qu'on en a déjà fait alors que les
besoins sont toujours là. On n'a pas de politiques, moins de budgets,
moins d'unités produites. Je trouve ça dommage parce que ce
milieu-là a prouvé, avec ses 1200 coopératifs, ses 20 000
logements et son actif de 700 000 000 $ qu'ils sont une force économique
importante au Québec et qu'ils répondent à un besoin.
Il y a des choses qu'il faut se rappeler. Je comprends et, je dois dire,
je suis passablement d'accord avec le fait qu'on aide les plus démunis
en priorité. Ça, je suis totalement d'accord. Mais il ne faut pas
oublier que parmi les pauvres au
Québec dont on disait qu'ils se comptabilisent maintenant par
centaine de milliers, il y en a 25 % qui sont des travailleurs à petits
revenus. Il ne faut pas oublier que les pauvres, ce n'est pas juste des gens
qui sont sur l'aide sociale ou des gens qui attendent l'assurance-chômage
ou qui n'ont pas de revenus autres que les prestations gouvernementales. Le
quart, 25 % des cas, les pauvres, c'est des travailleurs à revenus
très modestes, salaire minimum, et de temps en temps même en
dessous. La crainte exprimée non seulement par les coopératives,
je suis sûr que vous l'avez entendue cette remarque-là à
plusieurs occasions, non seulement des coopératives, des HLM, c'est
qu'il faut faire attention de ne pas créer des ghettos de pauvres, et
comme c'est toujours les plus pauvres et que quand ils sont un petit peu moins
pauvres, on les fait sortir, donc on ramène tout le temps ce qu'il y a
de plus pauvre, bien, on va créer des ghettos, et c'est dangereux.
Alors, ce que nous demandent les groupes, c'est la mixité. Ça ne
veut pas dire des gens riches. La mixité par rapport à des gens
qui sont pauvres sans être les plus pauvres et ça
amènerait... Ce que disent les gens dans les HLM et dans les
coopératives, c'est: On a besoin, nous aussi, d'un modèle. Si ce
n'est pas pour eux, c'est pour leur enfant, le modèle de la boîte
à lunch. C'est un peu une image là, mais il faut le prendre. Je
pense qu'il faut le reconnaître comme tel. De voir des gens partir le
matin et revenir le midi, partir à une heure et revenir le soir, qui
travaillent. Si on met, dans des HLM et des coopératives, des gens qui
sont les plus démunis et qu'on ne fait pas de mixité et tous des
gens qui ne travaillent pas parce que s'ils travaillent un peu, ils sont un
petit peu au-dessus de ceux qui n'ont rien ou presque rien, il n'y a pas de
mixité, il n'y a pas de modèle, il n'y a pas d'exemple. Et,
finalement, nous, on aura créé soi-même ce genre de
société qui fait que vous êtes pauvre, vous y restez. Moi,
je pense qu'il faut tenir compte de ça. Et une des propositions qui sont
faites, une des orientations qui seraient possibles, c'est: Pourquoi on ne
tient pas compte du revenu réel des gens quand on veut leur donner
accessibilité à du logement social? Au moins dans les
coopératives. Pourquoi on prend le salaire brut moins 10 %? Pourquoi on
ne prend pas le salaire net? Parce que pour ces gens-là, là, on
prendra le salaire qu'on voudra, quand ils auront payé toutes leurs
prestations d'assurance-chômage et les impôts
fédéral, provincial et la rente du Québec, et mettez-en,
en voulez-vous, en voilà, on calcule un revenu qu'ils n'ont pas
réellement et on les empêche de participer à une aide
à l'habitation qui leur permettrait d'être aidés eux autres
aussi et encouragés à poursuivre leur travail. Moi, je pense que
c'est une avenue qu'il faut absolument considérer d'une façon
très sérieuse, sinon on aura d'autres genres de problèmes,
comme je disais tantôt, qui vont peut-être être plus
graves.
Aider des gens qui travaillent, ça mérite d'être
considéré aussi. En tout cas, moi, c'est un message que je vous
passe en vous disant: Bon, c'est un peu dommage qu'on ne puisse pas avoir plus,
ce soir, d'indications et qu'on ne puisse pas non plus savoir effectivement sur
combien d'unités on va pouvoir compter cette année, puisqu'on
doit attendre maintenant le prochain budget du gouvernement
fédéral, la deuxième partie, la deuxième phase de
la subvention à l'habitation. Je trouve ça dommage parce que,
habituellement, on se le fait assez dire en période de questions ou
ailleurs: Attendez aux crédits, vous allez tout savoir. Et on se ramasse
aux crédits et on ne sait pas tout. Dans votre idée, dans
l'espoir que vous pouvez rêver pour cette année, on peut
s'attendre à quoi? Est-ce qu'au moins, on peut s'attendre à une
progression dans ce que vous allez négocier, discuter et ce que vous
avez l'intention de réclamer et, vous, d'investir? Est-ce qu'on peut
s'attendre à un peu plus d'unités cette année qu'en 1991
pour le prochain appel d'offres?
M. Ryan: Je ne peux pas donner de réponse à cette
question parce que je ne connais pas encore la décision que prendra le
gouvernement fédéral quant au budget qui sera disponible. Mais
nous devrions avoir cette réponse d'ici la fin de juin, ou au
début de juillet, et nous compléterons volontiers. Je pense bien
qu'on enverra le plus tôt possible après ça toutes les
indications nécessaires aux offices concernés et aux groupes
concernés pour qu'ils puissent nous soumettre des projets. On va
préciser ça lorsqu'on saura clairement à quoi s'en tenir.
Dans les décisions pour les OSBL, on vient de les rendre, il y a
à peine une couple de mois. Par conséquent, il n'y a pas de
précipitation en la demeure.
Mais la question qu'a soulevée le député de
Shefford concernant la mixité, c'est une question qui demande à
être approfondie. Ce n'est pas une question facile évidemment
parce que les coopératives, c'est un des points qui font problème
actuellement. Elles voudraient qu'on maintienne un certain pourcentage
obligatoire au-delà duquel elles seraient libres de choisir les membres
qui vont avoir accès au logement. Disons qu'on peut mettre 15 %. Il est
question de 15 %. Il est question de 30 %. Il est question de 50 %, il est
question de 75 %. Où tracer la ligne exactement et comment
répartir l'aide? À supposer qu'il y ait 50 unités de
logement dans un complexe, on décide d'en retenir 25 à des fins
d'aide au logement social, les autres, il faudrait que les coopératives
les financent par elles-mêmes. On ne peut pas mettre tout le monde sur le
même pied ceux qui seraient capables et ceux qui ne le seraient pas de
financer leur participation. En tout cas, c'est un problème qu'on va
regarder. D'autre part, si on met toujours des gens qui sont du niveau de
l'aide sociale uniquement ensemble, ça va finir par créer, comme
vous le dites, une ghettoïsation qui aura des coûts sociaux
très élevés. Or, il y a un problème qui se pose et
je pense que c'est bon qu'il soit soulevé. Ça va sûrement
être l'un des thèmes principaux dans la rencontre que j'aurai avec
les coopératives. Et moi, ce que j'ai remarqué dans l'ensemble,
c'est que les coopératives jusqu'à maintenant semblent avoir
recruté plutôt de la petite classe moyenne et de la classe moyenne
moyenne que de la classe vraiment démunie. Et ce n'est pas un reproche
que je leur fais. Au contraire, c'est dans ces classes-là que vous avez
les plus forts éléments de solidité et de
continuité aussi. C'est loin d'être négligeable pour une
société. C'est fondamental. Les politiques des dernières
années n'ont pas été orientées vers le soutien de
ces milieux, peut-être à tort. Encore une fois, il faudrait
trouver l'argent si on voulait faire mieux. L'argent s'est fait beaucoup plus
rare pour des fins publiques ces dernières années.
M. Paré: Ça m'amène effectivement à
la table de concertation. Vous venez d'en parler et vous parlez d'une
rencontre. Moi, je dois dire, les gens qui sont à la table ont
certainement fait un bon boulot. À preuve, c'est qu'ils ont formé
trois sous-comités qui ont amené finalement trois rapports. Ce
n'est pas nécessairement des rapports qui sont tendres par rapport aux
programmes actuels. J'en ai cité quelques extraits cet
après-midi, au début de notre rencontre, par rapport aux
programmes, par rapport aux effets et aux résultats escomptés par
rapport aux résultats obtenus. Et là, il y a le deuxième
dont on vient de parler sur les coopératives que, finalement, le rapport
est déposé, mais les suites ne sont pas données. Donc, il
n'y a pas de suivi. Et le troisième, je vais élaborer un peu plus
tantôt sur le troisième rapport sur le logement social. Mais c'est
sur la table comme telle que je voudrais un peu intervenir. Votre
prédécesseur, M. Picotte, avait mis sur pied la table en
février 1990. La table s'est réunie à quelques reprises,
les comités aussi, les sous-comités pour amener des rapports et,
ensuite de ça, les soumettre à la table. Votre
prédécesseur a rencontré la table une seule fois. Vous ne
les avez pas encore rencontrés. Et la dernière réunion a
eu lieu le 17 décembre 1990. On est maintenant dépassé le
17 avril, donc ça fait déjà un bon bout de temps.
J'aimerais savoir comment vous envisagez le rôle maintenant, c'est quoi
l'objectif que vous avez par rapport à la table, le mandat que vous lui
donnez puisqu'il ne semble pas que les rencontres soient très
fréquentes de la table avec le ministère, et que les rapports qui
sont soumis... Bien, depuis avril, il semblerait qu'on n'ait pas donné
suivi à beaucoup de recommandations qui ont été faites par
les trois rapports soumis par les sous-comités. Est-ce que la table a
toujours sa raison d'être? Comment voyez-vous son mandat, ses rencontres?
Pour ce qui est main-
tenant du suvi par rapport aux recommandations contenues dans les
rapport, ça, on y reviendra. Mais la table comme telle, comment vous la
voyez? Est-ce qu'il y a encore des raisons de se rencontrer pour amener
d'autres rapports? J'aimerais avoir votre vision par rapport à l'avenir
de la table. (21 heures)
M. Ryan: Si je juge d'après les recommandations qu'ils ont
faites, il y a sûrement là une concentration de ressources
intéressantes qui demande à être utilisée de la
façon la plus Judicieuse possible. Lorsque j'aurai rencontré les
membres de la table, jugé un petit peu de manière plus
précise leurs attentes, je pense que je serai plus en mesure d'apporter
une réponse à votre question. Si je voyais qu'il n'y a pas
d'utilité véritable à maintenir cet organisme, je pense
que je n'aurais pas beaucoup d'hésitation à le dira Si je vois,
au contraire, une utilité et une pertinence, ça
m'intéressera au plus haut point.
Maintenant, si on me recommande... Je donne juste un exemple:
recommander au gouvernement d'introduire un programme québécois
de développement des coopératives en habitation. Sur la base de
ma propre expérience qui remonte à 25 ans et qui a duré
plusieurs années, je ne serais pas porté à demander un
programme québécois de développement des
coopératives d'habitation. Si on m'en présentait... il me semble
que c'est au Mouvement Desjardins et aux organismes coopératifs de
développer ça et non pas au gouvernement. Si on me dit: Voici, on
a un beau programme de coopératives en habitation, mais on aurait besoin
d'un certain soutien du gouvernement, d'une certaine participation, là,
ça m'intéresserait vivement
On a déjà voulu mettre la charrue devant les boeufs en ces
matières-là. Vous vous rappelez, il y a un certain nombre
d'années on avait créé la Société de
développement coopératif, une belle structure. Mais on a
regardé ce que ça foutait exactement, et, finalement, le
gouvernement a conclu que c'était préférable de
l'intégrer à la Société de développement
industriel, tout en gardant l'ouverture à des contacts avec les
entreprises d'inspiration coopérative dans les régions. Je pense
que la décision, tout compte fait, était bonne parce que le
mouvement coopératif n'avait pas besoin de cette superstructure,
à mon humble point de vue. Il a des moyens aujourd'hui pour se donner
ces superstructures. S'il le veut réellement, il a tous les moyens de le
faire.
Alors, il faut penser au Mouvement Desjardins en particulier qui,
pendant longtemps, avait besoin de l'appui des pouvoirs publics. Aujourd'hui,
c'est un mouvement qui est devenu auto-suffisant et qui peut faire de
très grandes choses, et qui n'est pas obligé de venir
quêter à la porte du gouvernement. Je peux vous assurer de
ça. J'ai été moi-même longtemps un militant dans le
Mouvement Desjardins que je connais très bien.
C'est pour ça qu'ici, ça demande d'être
discuté. J'agirais de manière irresponsable si je vous disais
aujourd'hui pour m'assurer que, demain, ils vont dire: M. Ryan parle dans le
bon sens. Oui, oui, c'est bon ça.
On va le vérifier, on va l'examiner comme il faut, on va regarder
ce qu'il y aurait en dessous de ça. Mais on ne mettra pas au point,
même dans trois mois, un programme de développement
coopératif en habitation, je peux vous assurer de ça, sachant
toutes les embûches qu'il y a là-dedans. Mais si on peut trouver
des formules précises qui permettraient de soutenir davantage
l'initiative des coopératives, nous le ferons volontiers.
Le reste des recommandations - je regarde ça - il y en a beaucoup
qui traitent de la mixité des groupes. Comme je l'ai dit tantôt,
ce n'est pas tout et c'est bien facile de dire: Moi, j'aimerais ça que
ce soit 50-50 ou 25-75. Comment vas-tu organiser ça? Comment ça
va fonctionner? Qui va organiser ces groupes-là? Comment va être
réparti le financement? Est-ce qu'on va donner la même aide
à des ménages qui vont avoir 35 000 $ par année et
à d'autres qui vont avoir seulement 10 000 $ ou 15 000 $? Comment
va-t-on organiser tout ça? il y a sans doute des avenues inédites
à ouvrir de ce côté-là, mais les réponses,
nous ne les avons pas sur le bout des doigts au moment où nous nous
parlons.
Il y a une autre chose. Est-ce que c'est préférable que
nous ouvrions les programmes existants aux coopératives pour qu'elles en
fassent le meilleur usage possible ou que nous ayons un programme
spécial? Le fédérai l'a renouvelé son programme de
coopératives, lui. Ce n'est pas spécialement clair tout
ça, entre vous et moi, et il en a fait des embardées dans le
passé, le fédérai. Ça n'a pas toujours donné
les merveilles qu'on annonçait quand on faisait la conférence de
presse pour annoncer le projet. Alors, on va regarder ça très
attentivement et je pense que les coopératives trouveront dans le
ministre un interlocuteur qui n'en est pas à la première page du
dictionnaire en ces choses.
M. Paré: J'ai commencé mon intervention
tantôt sur les coopératives en vous manifestant ma
déception et je dois vous dire, à vous écouter, que je le
suis de plus en plus...
M. Ryan: Ça ne me dérange pas, ça
M. Paré: ...parce que j'ai l'impression qu'on vient de
faire un recul par rapport aux coopératives d'habitation avec la
dernière déclaration que vous venez de faire. C'est pour
ça que, quand j'ai commencé tantôt, en parlant un peu du
fameux rapport du sous-comité de la table de concertation, j'ai
spécifié la ctientèle qu'on
retrouve dans les coopératives et j'ai donné des chiffres
pour être sûr qu'on sache à qui on s'adresse. Vous me faites
penser un peu à votre prédécesseur qui me disait, parce
que je défendais les HLM: Le député de Shefford veut aller
vivre dans les HLM. Ça, je dois vous dire, c'est de la démagogie
facile. Je ne pourrais pas aller vivre dans un HLM. On peut toujours dire des
choses, mais on connaît les critères d'accessibilité, et
tout ça. Ça n'empêche pas qu'on peut vouloir qu'il y en ait
plus et qu'on permette à des gens, comme je le disais tantôt, des
travailleurs à faibles revenus d'avoir accessibilité à ces
logements. Mais là où on a un recul, et je l'ai dit ça
aussi tantôt, vos prédécesseurs disaient toujours aux
mouvements: Apportez-moi une bonne idée de politique et je suis
prêt à regarder pour un programme. Et là, vous nous dites:
II n'en est pas question. En ce sens-là...
M. Ryan: Non, encore là... En tout cas, je
répondrai après.
M. Paré: Oui. Bien, en tout cas, je dois vous dire... Je
vous ai écouté. C'est pour ça que j'ai écrit
"recul" dès que j'ai entendu ça. Il n'est pas question
d'envisager une politique d'habitation pourtant comme si ça
n'était pas pensable, alors que, et vous l'avez dit vous-même, le
fédéral en a un programme. On en a déjà eu un qui
était Logipop, qui était très apprécié et
qui a permis aux coopératives... On a juste à regarder le nombre
d'unités au moment où le programme existait. Vous allez vous
apercevoir qu'il s'en construisait des HLM. On peut bien dire des affaires,
mais aussi il faut regarder les chiffres et la réalité des
choses. Donc, c'est un recul par rapport à vos
prédécesseurs. Il n'y a même plus d'intention maintenant,
comme si ça dépendait, comme vous l'avez dit, du mouvement
coopératif ou du Mouvement Desjardins ou d'autres. Oui, ça
dépend aussi d'eux autres, mais pas juste d'eux autres. À preuve,
c'est que le fédéral le fait et on l'a déjà fait.
Là, vous m'avez encore une fois amené à être en
contradiction avec les objectifs que vous défendez, quand vous avez pris
l'exemple de la Société de développement
coopératif. Je dois vous dire, j'étais critique en matière
de petites et moyennes entreprises au moment où le ministère de
l'Industrie et du Commerce, vers les années 1986-1987, a
décidé de mettre la hache aussi dans les sociétés
de développement coopératif. Je me suis objecté parce que
c'était un programme qui était performant. Et on est en train de
faire la même chose. Ce matin, j'étais sur le dossier de la
jeunesse avec votre collègue de l'Industrie et du Commerce et j'ai
justement utilisé l'exemple où on peut bien décider de
prendre des programmes performants et les traiter comme des structures et
vouloir simplifier les structures en grossissant une machine. Le plus bel
exemple qu'on est en train de faire, c'est la Société de
développement industriel du Québec. Je n'ai rien contre, c'est
une bonne machine, sauf que ça devient un immense appareil. Bien
là, on est en train d'y inclure, par des lois qu'on a passées en
décembre dernier et une autre en mars... On a décidé
d'enlever la Société de développement coopératif
pour l'intégrer à la Société de
développement industriel. Ça devient tout simplement une branche.
On a décidé de faire la même chose avec l'AQVIR et le
discours qu'on tenait, même le ministre, en disant: C'est des
sociétés extraordinaires, elles ont fait leurs preuves, ce n'est
pas très coûteux, c'est proche du monde, ça aide dans le
domaine de la recherche et du développement et dans le
développement de nos régions, et on va les intégrer. Moi,
j'ai toujours cru que, quand on a quelque chose qui est très productif,
très performant, en période de crise économique
spécialement, on les aide, on les publicise, on les encourage au lieu de
les siphonner comme on est en train de faire parce qu'on va avoir des
résultats comme ceux qu'on a, au moment où on se parle, en termes
de chômage et de développement économique régional.
On a des choses qui sont bonnes et qu'on décide que, parce qu'elles sont
bonnes, on les rentre dans un autre appareil gouvernemental comme un seul
secteur alors que le mouvement coopératif, qu'on le veuille ou qu'on ne
le veuille pas, c'est des sociétaires avec une philosophie qui est
différente de l'entreprise privée. C'est aussi de l'entreprise
privée parce que ça n'appartient pas à l'État, mais
le mouvement coopératif a une philosophie. Moi aussi, j'ai
été dans le mouvement coopératif assez longtemps pour
avoir le goût de le défendre et y croire. Que ce soit dans le
coopératif agricole, coopératif d'épargnes ou
d'assurances, je les connais passablement pour y avoir travaillé et
oeuvré, mais là, maintenant, vous allez voir les
résultats, et ça m'inquiète. Je vous le dis, la
Société de développement coopératif, le fait qu'on
l'enlève, ça m'inquiète. Moi, j'en ai parti des
coopératives de travailleurs, chez nous. C'était facile parce
qu'on les appelait, et il y avait des dossiers sur lesquels non seulement ils
avaient l'aide technique et financière pour le départ, mais il y
avait le suivi, exactement comme on défendait les GRT. Il faut
être capable de suivre ces gens-là et s'assurer qu'il y a une
certaine constance ou continuité. Il y avait moins de faillites dans ces
entreprises-là où il y avait un suivi. Moi, j'y crois au
mouvement coopératif, c'est pour ça que je le défends avec
conviction et détermination. Ce n'est pas sûr qu'on ne fait pas
des erreurs, et ça m'inquiète. L'autre dossier, ce matin, et, moi
aussi, je vais utiliser des exemples. C'est souvent comme ça qu'on peut
peut-être s'empêcher mutuellement de faire des erreurs ou d'avoir
des conséquences néfastes au cours des toutes prochaines
années. Moi, je parle même de moyen terme, parce que la
disparition des sociétés d'État, au cours des derniers
mois, nous amène dans la situation où on est aujour-
d'hui. On veut faire disparaître les groupes de ressources
techniques en les siphonnant vers les commissariats industriels. Regardez bien
la situation des jeunes dans un an ou deux. Vous allez me dire que ça
n'a pas de lien. Ça a un lien exactement la même chose. C'est une
philosophie qui est particulière. On pourrait le prendre exactement de
la même façon. Le jeune qui arrive avec une idée, mais pas
de projet, on va l'aider au groupe de Soutien aux entreprises jeunesse. Le
commissaire Industriel, il va dire: Je m'excuse, je travaille sur un projet de
10 000 000 $ avec l'implantation d'une usine américaine. Pourtant, les
PME créent 85 % des emplois au Québec. À un moment
donné, il va falloir faire des choix ou bien donc on va avoir des
conséquences comme on est en train de connaître et qui risquent
d'empirer. Je ne le souhaite pas, mais je le dis.
Donc, j'espère que j'ai mal saisi votre dernière
intervention et qu'il n'est pas question d'un refus d'une politique
québécoise en matière de coopératives, mais que
vous êtes prêt à l'étudier très rapidement
avec elles, parce qu'on leur a dit au cours des quatre dernières
années: Si vous m'apportez un projet qui est intéressant, on est
prêt à le regarder pour avoir une politique
québécoise en matière de coopératives d'habitation
au Québec. Mais j'espère que j'ai mal saisi quand j'ai cru
comprendre qu'il n'était pas question qu'il y ait de politique en
matière de coopératives d'habitation au Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense qu'une fois de plus le député de
Shefford s'est mépris sur les propos que j'ai tenus. J'ai dit: Je ne
peux pas dire, ce soir, qu'il y en aura un programme. Je dois rencontrer ces
gens-là. On va discuter; je vais les écouter. Il y a un certain
nombre de questions qu'il faudra poser avant qu'on en vienne à quelque
conclusion que ce soit. Je vais toujours à une rencontre avec un esprit
ouvert, et l'ouverture d'esprit, ça postule qu'on arrive avec certaines
questions si on veut progresser. C'est facile d'aller chercher juste une
bénédiction. Ça ne donne rien. Alors, on regardera
ça. On commencera peut-être, si jamais on nous apporte des
éléments solides, par un programme. C'est la meilleure
façon de déboucher inductivement sur une politique. Je l'ai dit
souvent au député de Shefford, j'aime mieux commencer par de bons
programmes, et, après ça, qu'on dise: Bien, sais-tu que ça
faisait une bonne politique tout ça, que d'avoir une grande politique
abstraite et des programmes qui rejoignent plus ou moins bien la
réalité. Là, il y a une approche qui diffère
légèrement entre nous. Je maintiens l'approche que j'ai toujours
défendue, je l'applique à tous les sujets dont je m'occupe et je
trouve que, finalement, ça sauve bien de l'argent au public.
Ça évite bien des cafouillages. Ceci étant dit, le
député de Shefford peut compter que nous rencontrerons les
personnes qui font partie de la table de concertation, surtout sous l'angle
coopératif, avec beaucoup d'intérêt et d'ouverture.
M. Paré: Je vais considérer, comme nous le dit le
président de l'Assemblée nationale. On a le droit de retirer
quelques paroles. Je vais considérer soit que j'ai mal compris ou que ce
n'est pas ce que vous vouliez dire, parce que quand vous avez pris la page des
recommandations, vous avez dit: Si je prenais comme exemple la première
recommandation qui dit qu'on va faire un programme québécois de
coopératives, ça, il n'en est pas question. C'est pour ça
que j'ai sauté Intérieurement; je suis resté assis sur ma
chaise.
M. Ryan: II n'est pas question de répondre oui à
ça sans examen.
M. Paré: Attendez un petit peu. Pour conclure avec la
table de concertation comme telle, dans son fonctionnement, son cheminement et
l'écoute que vous allez en faire, si j'ai bien compris, au milieu du
mois de mai, donc d'ici quelques semaines, vous allez rencontrer la table de
concertation. Est-ce que ça va être pour lui donner un mandat ou
si ça va être pour discuter des rapports qu'elle vous a soumis,
que ce soit dans le domaine des coopératives, du logement social ou de
la réglementation dans l'industrie de la construction?
M. Ryan: Nous allons fixer un ordre du jour avec eux. Ils ont
suggéré ces trois points-là entre parenthèses que
vous venez de mentionner. Et si d'autres points se présentent qui
seraient d'intérêt commun, nous pourrons les ajouter à
l'ordre du jour de la rencontre, dont la date est déjà en
discussion avec la table. Peut-être, M. Arsenault, que vous voudriez
ajouter quelque chose là-dessus. Mme la Présidente. (21 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. Arsenault.
M. Arsenault: Tout simplement, ce que je pourrais ajouter, c'est
qu'il y a deux dossiers sur lesquels la table a formulé, comme vous le
savez, des recommandations précises qui ont été
discutées. C'est les deux rapports dont on vient de parler, celui sur le
logement social et celui sur les coopératives. Quant au troisième
rapport déposé par le sous-comité, il a tout simplement
été déposé à la table, et puis je pense
qu'il devrait, normalement, faire l'objet de discussions à la table.
Ensuite, on verra quelles sont les recommandations que la table pourrait
formuler à l'égard de ce troisième rapport-là.
C'est la distinction que je voulais faire à ce moment-ci.
M. Paré: Sur un des deux rapports soumis par un des
sous-comités, donc le sous-comité sur le logement social avec les
représentants de la Société d'habitation du Québec,
ce rapport-là a été préparé,
déposé avec des recommandations. Ça, c'est le 17
décembre dernier que le sous-comité a déposé ce
rapport, donc ça fait déjà quatre mois que le rapport est
déposé et il inclut des recommandations, des orientations
très précises. J'aimerais ça avoir un peu vos commentaires
par rapport à certaines de ces recommandations qui sont
intéressantes et qui auraient pu faire partie de décisions
dès maintenant. Certainement qu'à la Société
d'habitation du Québec, on les a reçues et on les a
étudiées. Ou on décide de les inclure dans les programmes
ou dans la réglementation à venir dans les prochaines semaines.
On va y venir tantôt.
Le premier volet qui est concerné dans ce rapport du
sous-comité sur le logement social, on dit que le gouvernement doit
donner priorité aux programmes de logements sociaux et il recommande
d'étudier l'impact d'étendre aux familles le programme Logirente.
Comment a-t-on reçu cette recommandation? Est-ce qu'on l'a
étudiée? Est-ce qu'on a regardé les impacts financiers ou
la possibilité que ça vienne répondre à un plus
grand nombre de citoyens, mais, en même temps, peut-être remplacer
d'autres programmes? Parce que, tantôt, le ministre disait: II y a une
panoplie de programmes qui aident souvent des clientèles
différentes ou des clientèles semblables mais avec des taux
différents, puis là, on parlait de 40 $ et quelque chose pour une
personne puis 325 $ pour l'autre. Est-ce qu'on a déjà
envisagé Logirente extensionné, tel que recommandé
présentement?
Aide à l'habitation et au logement
M. Ryan: Regardez, quand on parle d'habitation, il y a deux
volets qu'il faut distinguer: il y a l'aide à l'accession à la
propriété puis il y a l'aide de soutien au logement. L'aide
à l'accession et le logement convenable sous forme de loyer, ainsi que
je l'ai dit plus tôt. Puis la réponse à ces suggestions
dont vous venez de parler était contenue dans les propos que j'ai tenus
plus tôt, nous avons fait, au cours de la dernière année,
un inventaire complet de toutes les formes d'intervention du gouvernement dans
le secteur de l'habitation, les formes explicites et implicites. Nous avons
constaté que le gouvernement consacre, chaque année, à
l'habitation et au logement des sommes qui vont chercher dans les 600 000 000 $
à 700 000 000 $. Cette année, ça va aller chercher dans
les 800 000 000 $ avec les ajouts qui sont faits. Il y a tout là-dedans.
Il y a l'allocation-logement qui est greffée à l'aide sociale, il
y a le supplément au loyer, il y a les programmes dont nous avons
parlé depuis le début de nos travaux, aujourd'hui. La question
qui se pose, c'est: Est-ce que les ressources que la communauté
déploie pour l'aide au logement et à l'habitation sont
réparties de manière vraiment rationnelle et équitable?
est-ce qu'il y en a assez de ressources? est-ce qu'elles pourraient être
mieux utilisées? est-ce que certains objectifs demeureront hors
d'atteinte aussi longtemps que nous ne mettrons pas plus d'argent dans ce
secteur? vous savez, il y a une foule de questions qui se posent. avant de
commencer à jouer avec les programmes, là, il faut vraiment faire
le tour complet. je vais donner un exemple: l'an dernier, quand le gouvernement
a décidé d'augmenter la taxe scolaire, en même temps il a
augmenté les crédits disponibles au titre du programme de
remboursement d'impôt foncier. si on commence à jouer avec l'un ou
l'autre des programmes, il ne faut pas oublier celui-là non plus, on a
au moins deux ou trois volets différents de remboursement d'impôt
foncier. on en a un qui est raccroché aux personnes plus
âgées; on en a une autre qui est raccroché au niveau de
revenus purement et simplement; il y en a un autre qui va pour les personnes
qui ont du supplément de revenu garanti. c'est automatique, on leur
donne un remboursement d'impôt foncier de tant chaque année.
là, on s'est posé la question en vue du budget qui s'en vient:
est-ce qu'on pourrait opérer certains ajustements dès cette
année? j'ai été obligé, moi, de conclure que nous
n'étions pas encore en état de le faire, parce que nous n'avons
pas eu le temps d'examiner toutes les ramifications de mesures comme
celle-là, et c'est mieux de se donner une année de plus pour
faire un travail dont les effets pourront durer quelques années. mais il
y a de la matière pour un examen très sérieux. il y a
plusieurs sujets soulevés dans les recommandations de la table sur le
logement social qui pourraient être accrochés par cet exercice
d'harmonisation qui nous apparaît nécessaire, mais que nous devons
faire en pensant qu'il ne faut pas enlever à un groupe des choses dont
il a absolument besoin sous prétexte de les donner à un autre qui
n'en aurait pas davantage besoin. il faut mesurer ça très
soigneusement. on n'est pas tout à fait rendu encore au point où
on devrait tirer des conclusions et, évidemment, ça va
conditionner un paquet de choses, ça, parce qu'on va établir des
seuils. ce qui est important, évidemment il y a des avantages sociaux et
politiques immenses à avoir une classe de propriétaires plus
nombreuse, source d'une stabilité très grande pour une
société. mais ce qui est important, fondamentalement, c'est que
les gens soient bien logés, pas nécessairement qu'ils soient
propriétaires de leur habitation en ville - en ville, c'est plus
difficile - et avec la tournure que prend l'industrie de la construction dans
les centres urbains, ça devient un problème très
très complexe. alors, c'est tout ça qui doit être
examiné quand on parle de logement social. par conséquent, on
travaille ces sujets-là avec conscience, je pense bien, avec le souci de
faire
avancer le dossier et toujours en pensant qu'on ne peut pas extraire du
gouvernement, pour ses fins, des ressources trop abondantes. Cette
année, on l'a fait parce que c'est une période de
récession. Il fallait donner un coup pour aider à la relance de
l'industrie de la construction qui est dans un marasme très
inquiétant, évidemment. On l'a fait, on donne un bon coup, et je
suis sûr que l'an prochain, quand l'économie aura repris, le
ministre des Finances n'aura pas le même sourire avec le ministre de
l'habitation. Là, il va dire: On revient au temps normal et on va vous
donner des choses qui conviennent à un temps normal. Je ne me fais pas
d'illusions.
M. Paré: J'aurais envie de dire... Probablement que M.
Arsenault ferait un très bon député, parce que pour
être député, on dit que ça prend beaucoup de
patience, et tout comme moi, ça fait déjà trois ou quatre
ans qu'il entend le même discours...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: ...et avec toujours le même sourire. Je
trouve ça extraordinaire parce que, je vais vous dire, ce que vous venez
de me dire, M. le ministre, je l'ai entendu par vos trois collègues
précédesseurs, sur des tons un peu différents, il y en a
des plus fougueux, des moins fougueux, mais: On va étudier et on va
regarder. Effectivement, je comprends que les hommes et les femmes politiques
passent, les ministres passent et la société continue et les
organismes aussi, heureusement, il y a une continuité. Sauf que toutes
les fois qu'on change, on recommence l'espèce d'exercice de
réévaluation, d'expertise. Même si la Société
d'habitation, elle, elle les a, l'expertise et la connaissance, quand vient le
temps de prendre des décisions qui impliquent des immobilisations, des
dépenses, ça devient la responsabilité très
politique du ministre et du Conseil des ministres, et du ministre des Finances.
On est toujours en attente, finalement, de la même affaire, des
décisions qui vont se prendre par rapport à une foule de sujets.
Je parlais des coopératives tantôt. Là, on parle de
Logirente. Je me rappelle même qu'en 1985, c'était une promesse
à 55 ans, et en 1989, on l'a oubliée et on n'en parle plus. C'est
une foule de choses comme ça dont il faut tenir compte. Là, vous
me répondez qu'il faut le regarder parce que ça va impliquer des
dépenses. Effectivement, ça va impliquer des dépenses. On
sait que - c'est dans un des volets qui ont été touchés
par le sous-comité dans son rapport - dans les institutions actuelles,
que ce soit les coopératives, les HLM spécialement, la
clientèle vieillit et, très souvent, de plus en plus les besoins
changent aussi. On en a déjà parlé et on avait
regardé la possibilité; il y a eu des projets pilotes et des
expériences qui ont été vécues par rapport à
la dispensation de services particuliers dans des institutions, que ce soit des
services très spécifiques pour des clientèles
particulières: personnes handicapées, personnes
âgées, familles avec jeunes enfants. On peut tout envisager dans
les HLM.
HLM particuliers
J'aimerais ça savoir, dans les crédits qui sont
déposés, quel budget est consacré à cette demande
de la table qui a déjà été
expérimentée et qui mérite d'être poursuivie. Au
niveau des services spécifiques à des clientèles
particulières, est-ce qu'on a envisagé quelque chose, cette
année: dans les HLM, avoir un meilleur service, par exemple, exemptant
popote roulante qu'il y ait une cuisine communautaire, qu'il y ait des
garderies dans des HLM-familles, des services plus particuliers, plus proches
des gens? Moi, je pense que c'est important. Je sais qu'on en a discuté;
je sais que la Société d'habitation du Québec a ça
sur sa planche de travail. J'aimerais savoir à quoi on peut s'attendre
comme développement, cette année, par rapport aux
crédits.
M. Ryan: M. Angers, est-ce que vous seriez
intéressé à commenter cette question-là? Avant que
vous ne le fassiez, je vais juste dire un mot. J'entendais le
député dire: Ça fait quatre ou cinq ans que je pose la
même question, j'ai la même réponse. Peut-être qu'il
faudrait qu'il change la question aussi. C'est facile de sortir le vieux
disque, mais il me semble qu'encore une fois...
M. Paré: Je vais revenir tantôt.
M. Ryan: Encore une fois, il me semble que c'est le rôle de
l'Opposition de renouveler les questions, pas rien que de les ressortir. Moi,
je me souviens, j'ai séjourné dans l'Opposition. Je me disais:
Bien, il faut que je dépasse le ministre de l'Éducation, dans le
secteur où j'étais; il faut que j'arrive avec de meilleures
choses que lui. Je ne passais pas mon temps à lui dire: Tu n'as pas de
politique; des fois, je ne voulais pas qu'il en ait, il était trop
dangereux, des fois. J'aimais mieux qu'il n'en ait pas. Je lui disais: Ajuste
ton action comme il faut pour qu'elle réponde aux besoins du milieu;
oublie l'idéologie et les objectifs du parti; essaie de faire des choses
concrètes. Le plus bel exemple que je puisse vous donner de ça,
c'est qu'il faisait la promotion du nationalisme, c'était le grand
théoricien de votre parti. Il n'y a qu'une chose dont il ne s'est pas
occupé quand il était là, c'était la qualité
du français dans les écoles. Moi, c'est la première chose
que j'ai entreprise au niveau primaire. J'ai dit: On va renforcer le
français, langue maternelle. On ne passera pas notre temps à
rentrer la loi 101 de force dans la gorge des gens. On va leur apprendre
à aimer leur langue, à la parler et à l'écrire
convenablement. Après ça,
peut-être qu'ils n'auront pas besoin d'une loi astreignante pour
la conserver, la développer. Alors, c'est des approches
différentes.
En matière d'habitation, encore une fois, j'applique la
même philosophie. Je crois que si le député de Shefford, je
sais qu'il en est parfaitement capable, voulait faire la moitié du
chemin, on pourrait se rencontrer dans un beau boulevard dont le nom serait
"Action". Je lui rappelle seulement, à titre de...
M. Paré: Ouvrez-moi pas des portes de même.
M. Ryan: Je lui rappelle seulement, à titre d'invitation
à une certaine humilité, un document qui émanait de son
parti avant la campagne électorale de 1981, dont les résultats ne
furent pas spécialement heureux pour celui qui parle. Le premier
ministre a annoncé qu'au cours d'un second mandat - ça,
c'était en pleine campagne, le 2 avril - son gouvernement étendra
progressivement le programme Logirente à tous les citoyens et citoyennes
de 55 ans et plus et qu'il instaurera un régime de retraite facultative
pour les personnes âgées de 60 à 70 ans. Magnifique! Il
devait être à peu près 25 ans en avant de son temps. Vous
avez fait tout le régime, le deuxième mandat, et vous n'en avez
pas parlé souvent de ça.
C'est pour ça que l'expérience enseigne la prudence.
J'aime mieux ne pas faire ce genre de promesse-là et réaliser un
petit peu plus que les gens ont été amenés à
attendre. C'est facile, on pourrait en avoir une politique comme vous dites; 10
promesses comme ça, ça ne coûterait pas cher. On gagnerait
peut-être une partie d'élection avec ça, mais les gens se
ramassent après et ils sont déçus. Alors, c'est pour
ça qu'on est prudents, on fait attention. (21 h 30)
M. Paré: Je voudrais juste vous dire... On repose les
mêmes questions? Non, on ne repose pas nécessairement les
mêmes questions.
M. Ryan: La même.
M. Paré: On traite des mêmes sujets. Je ne pourrais
pas vous parler d'autre chose que des programmes existants et des budgets qu'on
a, c'est notre rôle. S'il y avait de nouveaux programmes qui sortaient,
s'il y avait de nouvelles avenues qui étaient envisagées, je vais
vous dire, je pourrais très facilement parler d'autre chose. Je passe
mon temps à en demander, et je n'en ai pas.
M. Ryan: On vous en sort, puis vous ne les commentez pas. Le
programme PRIL, on ne vous a pas entendu dire un mot là-dessus.
M. Paré: Attendez, on commence, on a encore le temps, puis
on va en parler.
M. Ryan: Ça fait trois mois qu'il est sorti.
M. Paré: Je vous l'ai dit que je vais traiter...
M. Ryan: Ça fait trois mois...
M. Paré: Je les ai commentés d'ailleurs en
conférence de presse la semaine passée. Si ça ne sort pas,
c'est une autre affaire. Mais je voudrais juste vous dire, quand on a
parlé de Logirente, je suis bien content qu'on l'ait mis sur pied
Logirente, et je suis bien content qu'on l'ai fait passer de 65 à 60
ans. C'est dommage que l'engagement que vous aviez pris en 1985 ne soit pas
réalisé et amené à 55 ans, parce que je l'ai dit
tantôt, c'est une des clientèles, les 55-65 ans, les plus
poquées au Québec. Il va falloir s'en occuper. Donc, il faut
faire attention. Et la retraite facultative à 60-70 ans, je dois dire,
il y a eu des lois qui ont été passées là-dessus.
Que les gens puissent continuer à travailler jusqu'à 70 ans s'ils
le désirent, elle a été passée, la loi, et la
préretraite, avec le Régime de rentes du Québec, ça
a été passé aussi. Donc, tout n'a pas été
réalisé, mais la porte a été ouverte et le
commencement est déjà en place. Maintenant, mes commentaires sont
passés, je ne sais pas si on peut me dire...
M. Ryan: Peut-être M. Angers pourrait compléter ma
réponse, Mme la Présidente.
M. Angers (Paul): Avec plaisir.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Angers.
M. Angers: Merci, madame. En fait, M. le député, je
dirais que depuis quelques années, quand même, on a pris un virage
du côté de la Société d'habitation pour inclure dans
nos préoccupations d'autres éléments ou d'autres
activités que celles strictement reliées à la
résidence ou au bâtiment. Comme vous le savez, depuis quelques
années, par exemple, avec notre programme sans but lucratif
privé, on a mis sur pied des unités pour les personnes
âgées en perte d'autonomie. Au dernier appel de propositions, on a
eu la moitié des unités, des 868 unités,
c'est-à-dire 432 unités qui sont allées pour les personnes
âgées en perte d'autonomie. De même, on a eu dans ce
même appel de propositions 196 logements pour familles qu'on a dit avec
services, ce qui était pour nous une nouvelle avenue qu'on voulait
tester, qu'on voulait explorer avec les groupes communautaires. Dans ces
projets-là, non seulement on intervient, je dirais, au niveau du concept
architectural où on s'efforce d'assurer des espaces communautaires plus
grands ou, en tout cas, mieux adaptés aux besoins de la
clientèle, mais en plus on s'assure que la collectivité vient
supporter la
clientèle par des services d'appoint, des services
complémentaires pour, justement, soit maintenir les personnes
âgées en résidence ou supporter les familles qui ont
besoin, justement, d'un coup de main. Ce virage-là, aussi, on le fait du
côté des HLM ordinaires, gérés avec les offices
municipaux d'habitation, où dans le moment, on a soit en planification,
soit en construction cinq projets pilotes destinés à des
personnes âgées en perte d'autonomie, où, là encore,
on va retrouver des espaces communautaires plus grands et toutes sortes de
détails architecturaux qui vont manifester, je pense, notre
préoccupation pour les besoins particuliers d'une clientèle plus
fragile. On est en train également, du côté du secteur
public, des offices municipaux d'habitation, d'élaborer avec le
ministère de la Santé et des Services sociaux un cadre de
référence qui va nous permettre d'assurer, lorsque le nombre le
justifiera et les besoins de la clientèle également, que des
services vont être fournis à notre clientèle en HLM
à même les ressources existantes dans le réseau des
affaires sociales. Ce n'est pas un programme où la Société
d'habitation va donner par elle-même forcément tous ces
services-là, mais c'est plutôt un travail de collaboration, de
coordination avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux, de façon à assurer à la clientèle qui
demeure en HLM les services pour la supporter et lui permettre de vivre le plus
longtemps dans un milieu résidentiel qu'on souhaite le plus normal. Je
ne sais pas si ça répond, en gros, à votre question.
C'étaient, je pense, les grandes avenues de nos orientations à
l'heure actuelle, tant sur les bâtiments que sur les services.
M. Paré: oui, ça répond à ma question
et ça me permet d'amener une inquiétude par rapport aux groupes
qui sont impliqués dans le réseau. là, on est en train, et
il faut le faire... je parlais, au tout début, d'harmonisation entre les
politiques des différents ministères. je ne peux pas être
contre le fait qu'on implique un autre ministère qui est directement
concerné par rapport aux clientèles qu'on veut aider. donc,
personnes âgées, il est censé y avoir une politique du
troisième âge, les jeunes et la famille. sauf qu'en même
temps il y avait une crainte qui avait été amenée par les
coopératives d'habitation et les osbl, dans le sens que ce genre
d'institution qu'on met sur pied maintenant, ça devient ce que les
groupes communautaires appellent une ressource alternative santé. donc,
ce n'est pas le ministère des affaires sociales, maintenant, qui va
aider comme des maisons de femmes ou des maisons de jeunes. mais on va
desservir cette clientèle par rapport à des budgets qu'on prend
dans nos coopératives et osbl qui répondaient à une autre
clientèle. qu'on augmente les deux, d'accord, et qu'on fasse une
harmonisation entre les deux ministères, o. k., mais que le
ministère de la santé et des Services sociaux, lui, investisse
moins dans des institutions semblables pour qu'on prenne les unités dans
notre budget qui nous intéresse ici, sur lequel on discute, moi, je vous
dis: Soyons prudents. Qu'on fasse une bonne harmonisation au niveau des
services, au niveau de la complémentarité et au niveau du
fonctionnement, mais qu'on ne vienne pas juste remplacer ce qu'un autre
ministère n'investira pas. C'est une crainte qui a été
amenée, et, je dois dire, je pense qu'il est bon de le souligner. On
connaît les besoins en logement. Il ne faudrait pas qu'on devienne le
fournisseur des services de santé au détriment de notre budget,
pour favoriser le ministre qui a des problèmes financiers, lui. Sauf que
la clientèle santé n'est pas nécessairement de la
clientèle en aide de services d'habitation que nous, on veut rendre. Je
ne sais pas si je passe bien mon message, mais je pense que ce serait bon qu'on
en tienne compte.
M. Ryan: Je pense que c'est pertinent, sûrement. D'autre
part, il faut faire valoir l'avantage d'un projet qui serait conçu - on
est saisi d'un certain nombre de ces projets-là - avec une attention
spéciale à la dimension services de santé et services
sociaux. On a un projet qui a été refusé dans la
catégorie des OSBL, cette année, parce qu'il ne s'était
pas classé, mais qui est très intéressant en soi, qui
implique une collaboration poussée avec le CLSC, une affaire
inédite. On leur a demandé avec insistance de revenir
l'année prochaine. On va leur fournir l'aide nécessaire pour
qu'ils puissent se donner le maximum de chances de devenir acceptables. Ce que
vous dites est juste, il ne faut pas perdre de vue les objets qui sont propres
à chaque intervenant.
M. Paré: O. K. Ça va. Avant d'aller à un
autre programme, je pense qu'on va pouvoir échanger passablement. Il
semblerait que l'année qui s'en vient risque de nous amener des
échanges - et je parle du gouvernement et du milieu - peut-être un
peu plus que ce qu'on a connu. Sauf que je voudrais savoir quelles sont les
intentions du ministre par rapport à la consultation. Et là, vous
allez dire que je me répète et que je bégaie, mais je vais
le faire...
M. Ryan: Je ne le dirai pas.
Consultation et politique en matière d'habitation
M. Paré: Non? Je vais le faire en toute tranquilité
parce que depuis quatre ou cinq ans, effectivement: il y aurait consultation et
il y aurait une politique, il n'y aurait pas de consultation et il n'y aurait
pas de politique, et finalement, d'une fois à l'autre, c'est toujours
contradictoire. On ne sait plus s'il va y avoir une politique ou s'il va y
avoir une consultation.
j'aimerais savoir ce soir vos intentions non pas par rapport à
une politique, parce que s'il n'y a pas de consultation... moi, je pense que
ça prend la consultation avant la politique. est-ce qu'on peut
s'attendre à une consultation plus large et une consultation tout court?
parce que quand je regarde... je le comprends, je dois dire. ce n'est
certainement pas à vous que je dois faire des reproches, peut-être
au premier ministre, par exemple, de vous en avoir donné autant;
ça, c'est une autre affaire. mais vous n'avez pas eu le temps de
rencontrer la table de concertation. je dois vous dire, je le comprends
très bien. ça ne peut pas faire autrement que... il y a 24 heures
dans une journée et il y a 7 jours dans une semaine. vous n'avez pas eu
le temps de rencontrer la table de concertation. vous n'avez pas eu le temps
non plus de regarder les rapports des sous-comités et être capable
de les intégrer dans le budget, dans les crédits actuels et dans
les programmes à venir. et puis, là, vous proposez une rencontre,
tant mieux. des gens aussi ont demandé de vous rencontrer. vous aviez
dit, lors de notre dernière rencontre, en février: je vais avoir
la chance d'aller rencontrer les gens dans leur milieu pour leur faire des
belles annonces. vous avez eu un bel accueil quand vous êtes allé
dans le centre de montréal, petite bourgogne, et là... mais, par
la force des choses, les gens vous ont accueilli alors que vous alliez faire
une belle annonce.
Sauf que vous avez dit lors de cette rencontre-là à ce
groupe, que ce soit le POPIR ou les représentants des associations de
locataires de ce milieu-là où, effectivement, eux autres, ils
connaissent la réalité de la crise économique, des
difficultés de logement et des difficultés à joindre les
deux bouts chaque semaine.
Vous aviez dit à ce moment-là: Oui, je vais revenir vous
rencontrer très bientôt. C'était en février. On est
rendus presque au mois de mai. Aux engagements financiers le 13 février
1991, je vous demandais s'il était dans votre intention qu'il y ait
consultation assez large avant qu'il y ait un nouveau règlement sur les
HLM qui soit déposé, entre autres, et qu'on puisse discuter de
politique d'habitation. Je vous cite, à la page 4033, vous ajoutiez: Que
certaines formes publiques de consultation soient souhaitables, je le reconnais
sans aucune forme d'hésitation. Il s'agit de définir les
modalités, l'opportunité de recours à ces
consultations.
J'avais envie de dire: Youpie! Bravo! Et je pense que je l'ai dit. Je ne
me souviens plus. En tout cas, je l'ai pensé si je ne l'ai pas
crié. On était pour avoir une consultation.
Le 13 février, bravo, et ça répondait non seulement
à une demande que je faisais, à une demande qui est faite de
façon systématique par des pétitions, entre autres, qui
circulent. Vous en avez entendu une qui a été
déposée par mes collègues à l'Assemblée
nationale cet après-midi, y compris moi, de gens qui disent qu'au nom
des 72 000 personnes vivant dans des logements sociaux, ils aimeraient
ça être entendus, être consultés. Donc, ça
semblait répondre finalement à cette demande, oui, puis vous
disiez que c'était souhaitable et qu'il s'agissait de définir les
modalités.
C'était encourageant jusqu'à ce que le 25 mars, donc un
mois plus tard, vous écriviez à un de mes collègues,
député de Gouin. Je vais lire deux paragraphes. Ça vaut la
peine parce que je dois vous dire que j'ai été
désenchanté. C'est pour ça que... Février, c'est
une affaire; mars, c'est l'autre. Là, on est en avril. J'aimerais savoir
si c'est février ou mars qui va être confirmé.
Dans votre lettre du 25 mars 1991, il était dit au
député de Gouin: "Dans votre lettre vous demandiez, à
l'instar de divers groupes, que soit convoquée une commission
parlementaire sur la situation du logement au Québec. Je regrette de ne
pas partager votre avis à ce sujet." Là, je dois dire que c'est
complètement le contraire de ce qui avait été dit en
commission. "la situation du logement est en effet bien connue du gouvernement
du québec..." vous disiez tantôt que vous irez consulter les gens
pour savoir si les programmes on va les appliquer, si on va avoir une politique
en coopérative ou quelque chose. là, la consultation va
commencer. mais ici, vous disiez: "la situation du logement est en effet bien
connue du gouvernement du québec, surtout par le truchement des
représentations nombreuses qui rejoint à ce sujet des
municipalités, des organismes bénévoles et des
députés ainsi que le travail qu'accomplit dans le secteur, depuis
des années, la société d'habitation du québec. je
ne crois pas qu'une commission parlementaire convoquée à ce
stade-ci nous aiderait à acquérir une connaissance beaucoup plus
poussée du domaine. "En outre, la convocation d'une commission
parlementaire serait de nature à faire naître des attentes
multiples dans divers secteurs de la population quant à l'accroissement
de l'engagement du gouvernement dans ce secteur. Aussi longtemps que les
finances publiques demeureront aussi serrées qu'elles le sont
actuellement, je crois qu'il ne serait pas sérieux de donner naissance
à de telles attentes sans avoir l'assurance raisonnable qu'on pourrait
au moins la combler en partie. Je ne suis pas de ceux qui cherchent à se
servir d'une commission parlementaire pour tenter d'infléchir les choix
du gouvernement. À titre de membre du gouvernement, je dois avoir un
sens plus prononcé de la solidarité."
Moi, la déduction que j'en fais...
M. Ryan: ...phrase suivante.
M. Paré: Oui. O.K. Je peux bien finir mon deuxième
paragraphe. "Je comprends, d'autre part, que des
députés veuillent recourir à ce moyen qui est, dans
son ordre, parfaitement légitime."
Non seulement c'est légitime, c'est obligatoire. Le
député a le devoir de déposer des pétitions. C'est
même une obligation, comme député. On n'a pas le choix. On
a l'obligation.
Moi, quand je lis ça, ma première réaction quand
J'ai vu la lettre, ça a été: On est bien conscients qu'on
a une responsabilité en période de crise pour aider les plus
démunis, on a une connaissance qu'on peut stimuler l'économie si
on va chercher suffisamment d'argent, mais que, là, comme on
préfère plutôt le sens très prononcé de la
solidarité, on lance la serviette. Bien là, on n'ira pas en
chercher plus et on ne viendra pas justifier, et je pense qu'il faut le faire.
Si c'est vrai qu'on peut répondre à des besoins des gens
davantage, et peut-être d'une façon meilleure, plus
coûteuse, on verra. (21 h 45)
Peut-être que oui, peut-être que non et peut-être que
si on se donnait des orientations, ça pourrait être plus
coûteux, mais pas nécessairement la première année.
Peut-être que ça nous amènerait à avoir des
programmes qui ne demandent pas des correctifs d'une façon très
régulière. Tout le monde le dit, tout le monde le demande,
même l'Association des entrepreneurs en construction qu'on a
rencontrée tantôt sur l'heure du dîner. Presque sans
exception, les gens demandent d'être consultés. Même les
gens de la table de concertation. En tout cas, moi, ceux que j'ai
rencontrés, qu'ils soient des offices, qu'ils soient des constructeurs,
qu'ils soient des associations de locataires, premièrement, ils ne se
sont pas rencontrés depuis le 17 décembre. Les gens veulent
être consultés sur les programmes, sur les règlements, sur
la politique. Et là, vous nous dites qu'à partir de maintenant,
malgré ce que vous m'aviez dit en commission... Là, je
désenchante, je dois vous dire, je suis obligé d'en conclure que
vous avez décidé qu'il n'en était pas question, que vous
aviez suffisamment d'information.
Par rapport à ça, je vous repose la question que je vous
posais le 13 février 1991: Est-ce qu'on peut s'attendre à une
quelconque consultation publique et, si oui, sous quelle forme?
M. Ryan: Tout d'abord, quand vous entendez partout à
travers le Québec des voix qui réclament une commission
parlementaire, il faut avoir l'ouïe particulièrement
développée. Je pense qu'il y a quelques groupes qui le demandent,
mais, franchement, ce n'est pas du tout un mouvement général. Ce
n'est pas avec une ou deux pétitions de plus que vous allez changer mes
convictions là-dessus. Je crois qu'avant d'arriver à une forme
publique de consultation, dont j'accepte le principe très bien, il faut
d'abord pratiquer des formes de consultation plus limitées, plus
modestes, qui vont permettre d'identifier un peu plus clairement les forces qui
sont à l'oeuvre dans le milieu et la capacité de réponse
qu'elles peuvent présenter. Il y a certains groupes que j'ai eu
l'occasion de rencontrer jusqu'à maintenant. Il y en a d'autres que je
veux rencontrer, l'Association des GRT, c'est très important.
Il faut que j'aie une bonne rencontre de travailleurs. Ce n'est pas une
rencontre. Je ne dis pas à quelqu'un: Arrange-moi ça pour dans
deux semaines. Il faut que j'aie deux, trois, quatre heures, pour la
préparer cette réunion-là, si on veut qu'elle soit
fructueuse. Autrement, on va là, on donne une belle impression, on
revient et on ne sait pas plus de quoi on traite. La
Confédération des coopératives d'habitation, à un
moment donné, ça va être très intéressant
aussi. Très intéressant. Encore là, on va étudier
le dossier comme il faut. On va voir comment ont évolué les
coopératives et on les rencontrera avec toute la pertinence
nécessaire et on réglera peut-être bien des
problèmes dès une première rencontre, au lieu de laisser
naître des attentes auxquelles on ne pourra pas répondre par la
suite.
Ensuite, il y a les OMH, l'Association des offices municipaux
d'habitation que j'avais vivement souhaité pouvoir rencontrer la semaine
dernière, mais j'ai été obligé de reporter cette
rencontre-là parce que j'étais retenu à Québec. Il
y a quelques groupes que j'ai rencontrés. Le groupe de
Pointe-Saint-Charles qui est un groupe extrêmement intéressant.
J'ai dit que je retournerais - les rencontrer, parce que, dans l'espace d'une
heure et demie, on n'en a pas eu assez pour aller au fond du problème.
Les rencontres, c'est assez long avec moi, parce que j'essaie d'aller au coeur
du problème. C'est facile d'aller passer une demi-heure pour avoir la
photo dans l'hebdomadaire régional, mais, moi, ce n'est pas ça
qui est mon but dans la vie.
Il y a les groupes de Saint-Henri que je dois aller rencontrer aussi. Je
l'ai promis à la députée de Saint-Henri. Quand on aura
l'occasion, on va y aller. On ne peut pas tout faire du même coup. Une
fois qu'on aura multiplié ces rencontres, ensuite on verra
peut-être la possibilité de rencontres publiques élargies.
J'ai déjà dit au FRAPRU que je ne me laisserai pas dicter ma
stratégie d'action par aucun groupe en particulier. Je devais rencontrer
le FRAPRU. Eux autres ont dit: On va simplifier la besogne du ministre; on va
aller la rencontrer publiquement à l'occasion d'un
événement où ils n'avaient pas d'affaire. J'étais
bien content. Ça m'a sauvé une réunion. Je les ai
remerciés. Ils m'ont dit ce qu'ils avaient à me dire à
cette occasion-là. J'ai enregistré ça et je me suis dit:
S'ils n'ont pas davantage à me dire, quand bien même j'attendrais
trois mois, ça ne sera pas la fin du monde.
S'ils ont plus à me dire, ils n'ont qu'à me
l'écrire n'importe quand et, sur la base de ce qu'ils m'enverront, je
vais décider si une rencontre peut être utile. Ce n'est pas parce
qu'il y
aurait trois lettres dans les journaux et quatre pétitions que
ça va changer ma ligne de conduite. Je ne marche pas comme ça.
Par conséquent, ça viendra en son temps, la consultation
publique, plus tard. Quant a la commission parlementaire, je crois avoir tout
dit dans la lettre que le député a citée pour mon plus
grand bonheur. C'est exactement ce que je pensais et que je pense encore
aujourd'hui. je ne voulais pas que votre collègue, le
député de gouin, nourrisse aucune illusion au sujet de mes
intentions. j'aime autant que tout fût clair. je l'avais dit à des
collègues du côté ministériel également. nous
savons tous ce que c'est que la dynamique d'une commission parlementaire. si le
ministre de l'habitation convoque une commission parlementaire sur les besoins
du québec en habitation, et qu'il n'ait aucune espèce d'assurance
qu'il pourra disposer d'un niveau minimum de ressources pour donner suite aux
attentes qu'il aura suscitées, il sera classé comme irresponsable
six mois ou un an après. on dira: pourquoi a-t-il dérangé
tout ce monde-là pour enfanter une souris? c'est mieux de
préparer les voies comme il faut, et, à un moment donné,
la commission parlementaire peut venir en son temps. lorsque l'opposition est
assez forte, elle peut obliger le gouvernement à tenir une commission
parlementaire. elle peut dire: on va pousser assez fort que le gouvernement va
être obligé de la tenir. ça, c'est à elle de faire
la preuve de sa force. pour le moment, on n'en est pas là, loin de
là. alors, c'est ma réponse. je ne pense pas que, dans l'avenir
prévisible, une commission parlementaire répondrait à un
besoin réel et serait une mesure opportune. le député
cherche des extraits de déclarations antérieures. je me souviens
qu'une fois, j'ai dit en commission parlementaire que je n'avais pas
d'objection à réfléchir à cette
possibilité-là. j'y ai réfléchi, et j'ai
arrêté une conclusion pour l'instant, que j'ai eu l'occasion de
donner à plusieurs reprises ces derniers temps.
M. Paré: C'est ce que je trouve très malheureux, et
M. Arsenault sera là pour le confirmer, mais il ne peut pas parler. De
toute façon, il ne le dira pas, et je le comprends très bien, il
n'est pas en position de le dire. Le discours que vous êtes en train de
tenir, c'est la quatrième fois que je l'entends, de quatre personnes
différentes. C'était oui à une consultation et à
une commission parlementaire, et la fois suivante, soit à une
période de questions à l'Assemblée nationale ou autrement,
ce n'était plus ça. Et là, c'était ça le 13,
et je vais vous dire, ça ne fait pas longtemps le 13 février.
Lors de l'étude des crédits, le 13 février, vous disiez
que vous reviendriez avec un nouveau règlement, cette fois-ci, qui sera
prépublié et qui prendra en compte les revenus accrus de certains
membres du ménage. Cependant, avant de faire une proposition au
gouvernement, vous comptiez examiner l'ensemble des formes d'aide
allouées aux locataires. C'est très général, vous
l'avez dit tantôt qu'il faut tout brasser ça. Que vous le
rebrassiez, c'est une chose, mais je pense que ce serait bon qu'on le rebrasse
peut-être avec les gens qui sont concernés. Et vous ajoutiez: On a
entrepris le travail et je compte avoir des propositions à faire au
gouvernement dans le cadre du prochain exercice budgétaire. C'est
maintenant. Et vous ajoutiez: Autour du problème plus large, il y a
l'équilibre dans les programmes d'aide au logement. Moi, je reconnais
volontiers qu'il faudra que nous ayons une forme de consultation. Votre
consultation, vous me dites que vous allez l'avoir avec différents
groupes. C'est ce que vous avez dit aussi lors des interpellations avant, sauf
que vous n'avez même pas rencontré la table de concertation
jusqu'à maintenant.
M. Ryan: Vous avez parlé d'abord d'un règlement sur
ceux qui vivent dans des HLM. Ça, il va y avoir un règlement que
nous rendrons public très bientôt. Il en faut un, parce que celui
qui avait été adopté a été invalidé
par le tribunal. On pourrait bien se réfugier et dire: L'ancien marche,
on ne touche à rien, il paraît que c'est dangereux. Je vais
présenter un projet de règlement au cabinet très
prochainement. Là, le projet de règlement sera
prépublié dans la Gazette officielle du Québec
pendant une période de 45 jours, comme le député le
sait très bien. Et là, on aura l'occasion de faire valoir des
réactions, de demander même que des consultations puissent avoir
lieu. Les gens pourront s'exprimer, mais il faut que la machine suive son
cours. C'est un règlement élémentaire, il n'est pas
compliqué ce règlement-là. Il y a un problème qui
découle des changements apportés à l'aide sociale auquel
il faut apporter une solution également. Il y avait un vice dans le
fonctionnement de nos HLM au point de vue de la contribution des locataires, et
il faut corriger ce vice-là de manière équitable.
Ça, ça va être fait, et ça ne demande pas qu'on ait
vu l'ensemble du dossier pour faire ça.
En ce qui touche l'autre volet, le problème plus large de
l'harmonisation, j'ai donné plus tôt dans la journée au
député de Shefford tous les renseignements dont il peut avoir
besoin. Je l'ai dit. J'ai fait honnêtement l'effort personnel, avec la
documentation qu'on m'avait fournie, d'examiner la possibilité de
mesures d'harmonisation au stade du prochain budget. Et j'ai dû conclure
un jour, après avoir examiné tout ça, après avoir
vu que ça impliquait l'intervention de plusieurs ministères, que
nous n'étions pas en mesure de toucher à cet appareil-là
pour le budget de cette année. J'ai dit: On va continuer le travail, on
va essayer en vue d'un autre budget ou peut-être pendant l'année
budgétaire aussi. Quand on a une bonne idée, on n'est pas
toujours obligé d'attendre au prochain budget pour mettre au point
des propositions. Si jamais on arrive avec un plan d'harmonisation plus
large qui impliquerait une réforme en profondeur que je n'exclus point,
à ce moment-là, c'est évident que ce serait un
thème parfait pour une consultation publique et large. Là, on
aurait quelque chose dans les mains. On ne partirait pas de... n'importe qui
qui veut parler de n'importe quoi qui va venir parce qu'il y a une
partie de dialogue qui est engagée, on ne sait pas trop autour de quoi
exactement par exemple. Là, on aurait quelque chose de formidable
à discuter. J'aime mieux ça, prendre un petit peu plus de temps
pour préparer des choses en profondeur. J'en ai tenu, moi, des
commissions parlementaires à plusieurs reprises. Elles ont
été nourries, nourries parce que la préparation
était très bonne. On arrivait avec des documents qui
étaient bien farts, etc. Il ne s'agit pas qu'on parte en excursion de
pêche et qu'on dise: On prend notre sac, on fait une belle commission
à partir de dans trois semaines, ça va nous occuper pendant un
mois. Il y en a qui ont essayé ça. Et on voit que ça ne
donne pas grand-chose.
M. Paré: Ça ne donne peut-être pas
grand-chose...
M. Ryan: Objectivement.
M. Paré: Objectivement? Bien, on peut se la poser, la
question. Ce n'est peut-être pas une question de 0,50 $ comme on dit,
mais c'est peut-être bien une question de 3 000 000 $. Il y a une
année, peut-être que si on avait consulte davantage et
écouté les intervenants, y compris l'Opposition, sur le fameux
règlement qui a été contesté dans sa
présentation, peut-être qu'aujourd'hui on n'aurait pas un
remboursement de quelques millions à faire. Donc, il faut tenir compte,
à un moment donné, que consulter, ça peut être
payant. Et on l'avait dit à ce moment-là. On ne suit pas la Loi
sur les règlements. On ne fonctionne pas de façon correcte. Les
gens ont le droit d'être consultés, donnez-nous du temps. On avait
même dit, et je me rappelle: Ça ne tient pas, l'argument du 1er
juillet. Donc, prenez le temps de consulter. Ce n'est pas la fin du monde et
ça va nous permettre probablement ou de le faire accepter ou, du moins,
de faire entendre les gens, mais de respecter le règlement comme tel.
Mais là, on se ramasse avec une perte de quelques millions pour le
gouvernement. Je dois dire que je ne braillerai pas là-dessus par
exemple, parce que ça veut dire qu'il y a des citoyens qui en profitent
dans les plus démunis de la société. Donc,
là-dessus, vous ne me ferez pas brailler, sauf que ce n'est pas sur le
montant que les gens gagnent que j'en veux, c'est sur le fait que là non
plus ce n'était pas important de consulter, là non plus ce
n'était pas le temps de se donner du temps. Moi, je pense que ça
l'était.
Là, vous dites - et ça m'amène dans les
HLM parce qu'effectivement, il faut regarder ce dossier qui est
important - que très bientôt, en l'absence de lignes uniformes ou
en tout cas plus standardisées à travers le Québec, II va
y avoir très bientôt un autre règlement qui va être
déposé sur les HLM avec les 45 jours de prépublication.
C'est ça d'acquis, mais comment prévoyez-vous ça? Est-ce
qu'il va y avoir juste les gens qui vont réagir par conférences
de presse ou bien par documents qu'ils vont vous envoyer ou si vous revenez
à ce que vous disiez le 13 février, une consultation, que ce soit
la commission de l'aménagement et des équipements ou d'une autre
façon? Est-ce que vous avez l'intention qu'il y ait une consultation ou
si vous avez changé d'idée par rapport à ce que moi
j'avais considéré comme un engagement le 13 février
dernier?
M. Ryan: II faut un règlement. Je pense que nous
avons...
La Présidente (Mme Bélanger): Deux minutes pour la
réponse.
M. Ryan: II faut un règlement, nous en convenons tous.
D'abord, moi, il faut que je présente ça au cabinet dans les
meilleurs délais. Ensuite, il sera prépublié, et,
là, je vais voir les réactions. Si les réactions sont
telles qu'elles justifient une consultation même sous la forme d'une
commission parlementaire, je ne l'exclus pas, mais si je constatais que
l'opposition portait seulement sur un point très précis qui a
déjà fait l'objet d'une décision politique à
l'occasion, disons de l'adoption de la Loi sur l'aide sociale, par exemple,
bien là, je serai obligé d'aviser. Je verrai selon la nature de
l'opposition, mais je ne pense pas qu'à part un ou deux points, ce
projet de règlement donne lieu à beaucoup de difficultés.
On va voir. Puis si les réactions sont telles qu'il faille entendre les
groupes qui voudront s'exprimer en commission parlementaire, je ne l'exclus
pas. J'ai toujours été ouvert à ça.
M. Paré: Je vais plutôt retenir ce que vous dites ce
soir que ce qui est dans la lettre à ce stade-ci.
M. Ryan: Deux choses différentes, deux choses
différentes. Là, vous parlez d'une consultation sur un point
très précis, le projet de règlement sur les HLM. Je n'ai
pas d'objection vis-à-vis de cette possibilité-là selon la
manière dont les réactions se manifesteront.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va?
M. Paré: Oui. Une question technique, Mme la
Présidente. Qu'est-ce qui arrive avec le temps qui était
alloué à la commission? (22 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): Ça
dépend
de votre bonne volonté, M. le député de Shef-ford.
On peut conclure à 22 heures et, s'il y a consentement des membres de la
commission, on peut poursuivre les minutes manquantes.
M. Paré: je dois dire: au choix du ministre. ou on
continue ou on revient.
M. Ryan: Combien est-ce qu'il nous reste de temps? Combien y
a-t-il de temps à compléter?
La Présidente (Mme Bélanger): Tout le temps qu'il y
a à compléter.
M. Ryan: Combien est-ce qu'il reste de temps? Est-ce qu'on peut
le savoir?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, très
long, 56 minutes.
M. Ryan: Moi, je pense qu'on est aussi bien... Je n'ai pas
d'objection à consentir à compléter ce soir.
M. Paré: Moi non plus.
M. Ryan: Je ne sais pas ce que vous autres, vous en pensez...
Parce qu'on en a d'autres demain, c'est un autre jour avec d'autres sujets.
M. Paré: Je sais, moi aussi. D'autres commissions,
d'autres dossiers.
M. Ryan: Vous aussi. M. Paré: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous n'avez pas fait
le tour des programmes?
M. Paré: Malheureusement pas encore. Mais comme le
ministre est en forme et qu'il a ça dans le goût, on devrait
continuer.
M. Ryan: Nous autres, ça marche tout par directive.
M. Paré: Alors, la directive, c'est? M. Ryan:
Continuez. Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on continue
jusqu'à 22 h 55.
M. Paré: On ne dépassera pas ça, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Sûrement
pas.
M. Paré: Devant cet accueil enthousiaste à cette
demande, je vais essayer d'accélérer. Mais pas juste raccourcir
les questions.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais vous
n'êtes pas obligé de faire les 56 minutes, M. le
député de Shefford. Si vous pouvez accélérer la
discussion, ça va faire pareil.
M. Paré: Les occasions de consultation en matière
d'habitation sont tellement peu nombreuses qu'il faut en profiter quand elles
passent.
Nouveau règlement sur les HLM
Et, sur les HLM, là, je dois vous dire que je l'ai
dénoncé. Il faut aussi profiter des chances qui passent, ne
serait-ce que pour prévoir le prochain règlement. Vous dites
qu'un autre s'en vient et vous m'inquiétez parce que vous laissez
entendre qu'effectivement, le prochain règlement qui s'en vient va
être à peu près de la même nature que le
règlement qui a été rejeté, qui a été
dénoncé, même par les municipalités, il ne faut pas
l'oublier. Les grandes municipalités avaient demandé d'être
consultées là-dessus, que ce soit Montréal, Québec
ou Hull. Et, là-dessus, c'est très inquiétant.
Par rapport à ce que je disais lors de mon entrée cet
après-midi, on a une responsabilité sociale par rapport à
la crise qu'on traverse, par rapport aux pauvres qui deviennent
misérables et par rapport au nombre de pauvres qui ne cesse
d'augmenter.
Je le disais, je le pense et je le répète: les pauvres
sont de plus en plus pauvres au Québec, il y a de plus en plus de
pauvres au Québec à cause de décisions du gouvernement,
dont la loi 37 qui a fait en sorte qu'on coupe dans le nécessaire des
plus démunis. Finalement, c'est une roue qui tourne. On consomme, on
produit et on fait tourner la roue économique. On empêche les gens
de consommer, on arrête de produire et il y a du chômage. C'est une
roue, l'économie. On n'a pas besoin de réinventer le bouton
à quatre trous, c'est comme ça. Mais quand c'est 700 000
Québécois qu'on a pénalisés, parce qu'ils sont
maintenant 700 000 sur l'aide sociale... N'oubliez pas que la première
décision qui a été prise en 1985, ça a
été de couper 30 000 000 $ dans l'indexation des assistés
sociaux. Depuis, on n'a pas bien cessé de fesser sur... N'oubliez pas,
c'est plus de 10 % de la population qu'on empêche d'être capable de
faire tourner la roue économique parce que quand ils ont payé le
nécessaire, c'est à peu près tout.
Là, c'est l'esprit même de la loi 37 que vous voulez
appliquer par rapport à ce que je qualifie de politique la plus
antifamiliale qui ne puisse pas exister. Le partage des familles, la
division des familles. Ça, j'espère que vous ne le
ramènerez pas, sinon dites-vous quelque chose: Consultations ou pas de
consultations, on va se faire entendre et pas seulement nous, mais ceux qui
sont sortis et qui vont ressortir probablement et peut-être d'autres.
Parce qu'on a vu les conséquences de ça: des familles
divisées. On parle d'entraide, on parle d'essayer de s'en sortir
ensemble. Habituellement, ceux qui sont les premiers à s'entraider, ce
sont les familles. Et là, on dit dans les HLM, non seulement ceux qui
sont à l'extérieur des HLM, si vous êtes deux sur l'aide
sociale, on vous coupe 85 $ ou 87 $ par mois, parce que vous voulez vous
entraider. Mais dans les HLM, en amenant le quart du salaire, non pas du
plus vieux, mais du plus haut salaire, là, ça fait quoi?
Ça devient démesuré pour le jeune. On l'empêche de
se préparer dans la société. N'oubliez pas que les jeunes,
même dans les HLM, si on veut une société où on
reconnaît ce qu'on a toujours dit avec la Révolution tranquille,
l'accès à la santé et l'accès à
l'éducation, pour que les citoyens, peu importe le milieu de vie
où ils naissent, aient des chances égales lorsqu'ils sont des
adultes... Donc, chance égale en santé, chance égale en
éducation. Ça veut dire que ce serait normal que les jeunes,
même si leurs parents restent dans un HLM, puissent peut-être se
ramasser quelque chose aussi, et essayer de s'instruire et aller chercher des
fonds, sans être obligés de payer une pension
démesurée par rapport aux enfants de familles non résidant
dans des HLM. Avez-vous pensé que les enfants de parents travailleurs ou
assistés sociaux qui ne sont pas dans un HLM ou autre, leur enfant peut
gagner un gros salaire? Parce que j'espère qu'il y a des jeunes de 18,
19, 20 et 25 ans, qui vont se trouver des jobs, même si leurs parents
sont sur l'aide sociale et qu'ils vont se faire de bons salaires pour essayer
de s'en sortir. Pourtant, leurs parents ne leur diront pas: II faut que tu me
donnes 25 % de ton salaire pour payer mon logis et, en plus, paie ta pension.
Ça fait quoi, ça? Bien, ça fait que les enfants s'en vont
ou les familles quittent les HLM, comme des centaines l'ont fait. Et
j'espère, j'ai quasiment envie de dire: Je vous supplie, pour les
familles, si on veut une véritable politique familiale au Québec
et si on veut reconnaître la chance aux plus démunis aussi...
Parce que dans une famille, il peut y avoir des jeunes qui ont de belles jobs
sans enlever qu'ils sont d'une famille démunie. Les parents peuvent
très bien, pour toutes sortes de raisons, ne pas avoir d'emploi et
être sur l'aide sociale sans engager leur avenir dans la misère,
parce qu'ils ont des enfants qui sont en train de s'en sortir. Ou bien non,
encore pire, s'ils sont sur l'aide sociale et que là, ils quittent le
HLM, je serais curieux de savoir, dans l'augmentation des sans-abri
à Montréal, s'il n'y en a pas qui sont victimes de cette
décision-là. Parce que, quand on fait sortir des familles des HLM
ou quand on divise la famille des HLM, parce que l'enfant dit: Je ne suis pas
pour faire sortir ma mère qui est veuve, ou bien non, mes parents qui
sont handicapés du HLM, quand moi, si je vais me marier à un
moment donné ou bien non, j'ai 18, 20 ou 22 ans, je vais leur laisser le
HLM, je m'en vais... Mais je m'en vais avec ma petite pitance de 487 $ ou 483 $
par mois, à Montréal, quand les logis, vous savez, à quel
taux ils sont? La moyenne des logis à Montréal, ça peut
peut-être faire une partie de ce qu'on appelle "les itinérants".
Tout se tient dans la société, et on a des responsabilités
par rapport à tout ce monde-là. Je pense sincèrement que
c'est une erreur et qu'on ne doit pas embarquer là-dedans. Il y a trop
d'itinérants, il y a trop de pauvreté. Connaissant les
critères d'accessibilité déjà aux HLM par rapport
au familles, aux parents, où on peut exiger une certaine contribution,
je suis d'accord avec ça, une certaine contribution des enfants au moins
au-dessus de 25 ans et même peut-être... Je vais vous dire, j'ai
une ouverture par rapport aux 18, 25 ans, mais pas l'ouverture de 25 % tel
qu'on l'avait fait. C'est démesuré. Pensez-y comme il faut, M. le
ministre, un jeune qui travaille et qui va donner 25 % pour payer le loyer de
ses parents, il n'y a aucun père ou aucune mère qui va exiger
ça, sauf s'ils sont obligés par le gouvernement. Exiger à
un enfant de donner 25 % de son salaire pour payer le loyer des parents...
Normalement, les parents, s'ils ont le droit, s'ils ont l'accessibilité
au HLM, c'est qu'ils n'ont pas beaucoup de revenus, ils vont exiger une
pension. Avez-vous pensé comme on exige de ces enfants-là? Moi,
j'en connais personnellement, et pas juste à Granby, j'en connais
ailleurs qui ont quitté la famille, et là, ils essaient de se
débrouiller tant bien que mal en essayant de prendre ce qui coûte
le moins cher parmi les logements ou les chambres disponibles. On en fait des
gens qui ont le droit d'aller voir leur famille, mais qui n'ont pas le droit
d'aller vivre avec leurs parents. Je ne vois aucune logique humaine dans une
décision... je n'oserais même pas la qualifier. C'est
complètement inacceptable. Et plutôt que de modifier le
règlement, si on est d'accord avec... En tout cas, cette analyse que je
fais de la situation, qu'on modifie la loi 37, qu'on redevienne humain. Le
gouvernement peut faire des erreurs comme les autres. La situation actuelle
nous prouve que les erreurs qu'on a faites au niveau du social au
Québec, depuis quelques années, bien, le social est en train de
faire des victimes. Et je trouve qu'on en a assez fait. J'espère...
C'est une invitation, c'est presque une supplication que je vous fais, M. le
ministre. Je ne le connais pas, le règlement, mais vous me dites qu'il
va être déposé bientôt. Je voudrais vous donner tous
les arguments que je suis capable pour vous convaincre, pour qu'ensuite vous
essayiez de convaincre les gens au Conseil des ministres, les hommes et les
femmes, qu'ils ne seront plus
jamais crédibles si vous nous revenez avec ça lorsqu'ils
vont vouloir nous dire qu'on a des mesures, puis qu'on a surtout une
orientation, qu'on a une politique familiale au Québec. On ne peut pas
se permettre, quand on a un peu de conscience puis un peu de respect pour les
citoyens, de penser qu'on peut avoir une politique familiale pour les gens qui
sont moins mal pris, une autre politique antifamiliale pour les plus pauvres de
la société. J'espère qu'on ne retrouvera pas ça
dans le règlement, M. le ministre.
M. Ryan: II faut bien essayer de comprendre quelle est la
situation à laquelle nous devons trouver une solution. Avant d'exclure
toute solution, il faut essayer d'examiner le problème. Le
problème est le suivant. Sous le régime qui
précédait la réforme de l'aide sociale, un jeune de 18
à 25 ans était exempté de contribution pour le loyer. Il
touchait à ce moment-là 187 $ par mois, à la
dernière époque qui a précédé la
réforme, c'était rendu à 187 $, exempté.
Maintenant, le même jeune de 18 à 25 ans, il touche, par suite de
la réforme, au-dessus de 400 $ par mois, 402 $. Ça fait
qu'à supposer qu'il soit le deuxième gagnant dans la maison, dans
le foyer, il serait invité à payer au maximum le quart de son
loyer, il serait invité à payer 100 $, suivant l'hypothèse
qui existait. Il lui resterait 300 $. Bien oui, il lui reste 113 $ de plus que
ce qu'il avait avant. Par conséquent, sa condition a été
considérablement améliorée. Maintenant, s'il est le
troisième, là il va payer 25 % de son revenu jusqu'à
concurrence d'un certain plafond fixé par comparaison avec le plafond
qui existe pour le programme Logirente. Ça veut dire qu'il va payer un
maximum d'à peu près 60 $ ou 63 $ par mois, 61,25 $. C'est le
maximum qui va lui être demandé, alors qu'il va toucher plus de
400 $ du gouvernement. On lui dit... S'il reçoit une allocation,
avez-vous réalisé que dans le calcul de l'allocation sociale, il
y a une partie qui va pour le logement? Je ne sais pas quel est le montant,
mais la partie qui va pour le logement, c'est au moins 25 %. Il va lui
être demandé de payer une contribution selon qu'il est le
deuxième gagnant, ou selon qu'il vient au rang troisième, ou un
autre. Je ne vois pas où est l'inéquité là-dedans,
je ne vois pas où est l'absurdité. Il me semble que ce serait
bien plus absurde si on disait: On donne l'aide sociale, puis ne t'en fais pas,
tu ne paies pas de logement, tout est correct, on ve veut pas qu'il y ait de
chicane avec ton père puis ta mère, ne paie rien, tu iras prendre
ce que tu voudras avec ça, il n'y a pas problème. Je pense que ce
serait enseigner l'irresponsabilité, en y pensant comme il faut. Puis je
l'ai exposé, quand je suis allé à Pointe-Saint-Charles, je
l'ai dit publiquement. J'ai dit: Êtes-vous capables de soutenir
sérieusement qu'il y a de l'inéquité là-dedans? Et
à plus forte raison de l'iniquité? Puis, on a tourné
autour, dans les réponses. C'est ça qui va être le sujet
qu'on aura à discuter en réservant les modalités; les
modalités ne seront peut-être pas celles-là. Mais le
principe a été très justement soulevé par
l'intervention du député de Shefford, je suis très heureux
qu'il m'ait fourni l'occasion de m'en expliquer quelque peu. On aura
l'occasion, dans le débat qui suivra... C'est un débat de
société, celui-là aussi. Est-ce qu'on encourage plus la
famille en préconisant le sens de la responsabilité et de la
solidarité, qu'en disant à chacun: Prends l'argent du public,
arrange-toi avec, ne t'occupe pas de tes parents, ne participe pas au
coût de l'unité familiale. Nous autres, on est bons, on est
capables. "Wo! Not my philosophy! Une philosophie beaucoup plus traditionnelle
que ça, dans le meilleur sens du terme. Je suis prêt à
soutenir la contradiction, parce que c'est un débat de fond. (22 h
15)
M. Paré: Vous avez raison, c'est un débat de fond,
c'est un débat de société. Dans bien des programmes
maintenant, on s'aperçoit... Et puis on dit, on justifie en disant qu'on
aide de plus en plus les plus démunis, en sortant des programmes d'aide
ceux qui ne sont pas les plus démunis. Puis là, on en a un bon
exemple en disant: II y en a qui sont pires, il y en a qui sont plus
misérables, donc vous n'êtes pas dans les pires, on peut se
permettre de vous en arracher. Mais quand vous dites: On a aidé
davantage, oui, la loi 37 est venue apporter certaines modifications qu'on
pourra juger favorables ou défavorables. Mais ce qui était dit,
par exemple, c'était la parité avec les moins de 30 ans. Sauf
que, là, ce qu'on amène, oui la parité, en leur disant:
Maintenant qu'on vous l'a donnée, on va vous en arracher. Et puis
maintenant qu'on peut vous en arracher à vous autres, on peut aussi en
arracher aux plus de 30 ans. Donc, le gouvernement, ce qu'il fait, il va en
chercher. Mais ce que vous faites par rapport aux familles, il faut tenir
compte de ça. je le disais tantôt, il n'y a pas juste des
assistés sociaux, en tous cas il y en a de plus en plus, mais il n'y a
pas seulement des assistés sociaux dans les hlm. il y a des familles, il
y a des gens qui travaillent, même s'il faut reconnaître,
malheureusement, avec les politiques qu'on est en train de suivre, bien, en 10
ans, ceux qui avaient des revenus de travail dans les hlm sont passés de
19 % à 7 %. et là, ça va probablement... ça, ce
sont les chiffres de 1989. j'espère qu'on va avoir les chiffres
bientôt pour être capable de voir jusqu'à quel point
maintenant on est en train de sortir les travailleurs des hlm. la
ghettoïsation, c'est ça. c'est par des mesures comme ça. on
est passé en 1979 de 19 % de gens qui avaient des revenus de travail, et
on est rendu à 7 % en 1989. et 1989, on est en 1991, avec toutes les
mesures qu'on vient de prendre, je vais vous dire, on doit être en bas de
5 %. je ne sais pas si je me trompe, mais, en
tous cas, j'espère qu'on va avoir les chiffres bientôt. Le
ghettoïsation, c'est ça. On a fait la parité, et puis,
là, on essaie de l'arracher en partie, et puis pas juste aux moins de 30
ans, maintenant aux plus de 30 ans. Mais à ceux qui ne sont pas sur
l'aide sociale à l'intérieur des HLM, mais eux autres aussi
là ils embarquent dans la trappe de division des familles.
Mettre des gens qui travaillent justement au salaire minimum, et le
salaire minimum, c'est quoi? Cinq piastres et quelque chose de l'heure, 40
heures, ils vont faire 200 $, quand on a enlevé l'impôt, puis la
rente, puis tout le "kit", ce qui reste pour essayer de vivre, une famille avec
enfants là, n'oubliez pas ça, parce que là je parle de
familles avec enfants. Pour essayer de vivre, bien là, ça veut
dire que s'il y a juste ça et puis qu'il demandait une pension a son
enfant, plus le montant qui était acceptable, là, au montant
où on demande... Parce que, n'oublions pas, même le jeune qui
travaille au salaire minimum qui fait 800 $ par mois, on s'en vient lui
demander 200 $ par mois de loyer qu'il va payer en plus du montant du
père, plus la pension qu'il doit payer.
Là, je dois vous dire, on ne s'attaque pas juste, et je ne veux
pas qu'on s'attaque à eux autres plus qu'aux autres, mais on s'en prend
aussi aux familles non assistées sociales par des mesures semblables. Et
je veux dire, je comprends que je ne vous ai pas convaincu-Mais vous avez bien
terminé, et puis je suis content en disant qu'effectivement, c'est un
débat de société. On est en train de décider quelle
sorte de société on veut au Québec. Et je vous l'ai dit,
reculez de cinq ans, regardez l'appauvrissement, regardez ce qu'on est en train
de dire à Montréal maintenant que la misère est en train
de prendre la place de la pauvreté. On ne peut pas se le cacher. Vous
avez vu les reportages, vous avez vu la commission scolaire de Montréal,
la CECM, le dernier rapport sur les jeunes dans les quartiers
défavorisés, qui ne déjeunent pas. C'est une
réalité ça, et ça dépend de quoi? Ça
dépend en grande partie du fait que les logements ont augmenté
à Montréal. Je n'ai pas les derniers chiffres. Mais vous savez
qu'au cours des années quatre-vingt, le prix des loyers a
augmenté quelque chose comme deux fois plus vite que les revenus.
Ça, ça veut dire que tu paies plus pour ne pas en avoir plus,
juste pour avoir la même chose.
Je vous demande d'avoir un regard par rapport aux plus démunis de
la société, parce qu'une société qui commence
à comptabiliser ses pauvres et ses misérables en termes de 25 %
ou 33 %, c'est une société pauvre ou c'est une
société qui n'est pas équitable.
M. Ryan: Est-ce que j'ai bien compris que le député
dit qu'il y aurait 25 à 33 % de la société
québécoise qui seraient en état de pauvreté, au
sens rigoureux du terme?
M. Paré: Les derniers chiffres, je pourrais vous les
sortir, je lisais ça dans un document de Montréal, où on
reconnaît qu'il y a 33 % des Montréalais qui ont des revenus en
dessous du seuil de la pauvreté.
M. Ryan: II faudrait qu'on fasse la preuve de ça. Je
serais étonné que ça atteigne ces
proportions-là.
M. Paré: Malheureusement, puis je le dis parce que...
M. Ryan: Vous n'avez pas la source là.
M. Paré: Bien, je vous dis, je vais faire.. Je vais vous
dire comme vous dites: Je vais vous envoyer ça demain.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je n'aurais pas dû prendre ce truc-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Vous me simplifiez les choses.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: En tout cas, j'ai essayé de vous
convaincre...
M. Ryan: Excusez...
M. Paré: ...il semble que je n'aie pas réussi.
M. Ryan: Parce que nous autres, nos chiffres sont plutôt
autour de 15 %. Ce n'est pas glorieux, mais quand vous arrivez et que vous
doublez ça d'un coup seulement par une intervention, je trouve que c'est
peut-être un petit peu mettre la charrue devant les boeufs. Mais si vous
êtes capable de m'en faire la démonstration, je serai
obligé de l'entendre. Maintenant, sur le reste, la question de fond ici,
il y avait une barrière. Le jeune en bas de 25 ans était
exempté de contribution. En postulant que touchant une allocation
sociale de niveau très faible, il n'était pas capable de
contribuer. C'était ça qui était le postulat parce qu'il
n'y a aucun critère dans notre société qui dit que tu vas
faire une exception à partir de 25 ans. D'habitude, la majorité,
c'est 18 ans si j'ai bien compris. À partir de 18 ans, on est
supposé porter ses responsabilités. Et là, 25 ans,
c'était un cas historique ça, qui découlait de notre
régime d'aide sociale. On l'a corrigé le régime d'aide
sociale sous cet aspect. Il faut bien tirer des conséquences logiques
des corrections que nous avons faites quand on veut calculer la contribution au
coût du logement. Peut-être que le pourcentage donnera lieu
à des discussions
éclairantes. C'est possible. Mais le principe, il me semble, est
assez solide. On l'a corrigée la raison qui justifiait cette exemption.
À ce moment-là, on dit: On va établir les
conséquences qui en découlent normalement et il ne faut pas,
à ce moment-là, reculer devant ses responsabilités, me
semble-t-il. En tout cas, on aura l'occasion de le reprendre, mais je pense
avoir exposé clairement les motifs qui m'incitent à agir dans ce
dossier-là.
M. Paré: Oui, effectivement, et là-dessus je dois
vous dire bravo. C'est très clair. J'aime ça comme ça. On
ne partage pas le même avis, mais on défend chacun nos positions.
Je ne vous ai pas convaincu et vous ne m'avez pas convaincu, et on va en
reparler. Mais par rapport à l'équité maintenant. On a
décidé, par la force des choses, de rembourser des gens. Est-ce
qu'on sait, au moment où on se parle... Parce que dans les
réponses au feuilleton, je n'ai pas eu satisfaction. Est-ce qu'on sait,
au moment où on se parle, combien de ménages vont être
remboursés et combien ça va coûter à
l'État?
M. Ryan: Essentiellement, vous savez ce qui s'est fait à
la suite du jugement. Les offices municipaux d'habitation ont reçu une
communication de la Société d'habitation du Québec leur
disant qu'ils avaient à rembourser des montants qui auraient
été perçus en trop par rapport au règlement dont la
légalité avait été contestée. Ils ont
reçu l'instruction de procéder au remboursement. Selon les
renseignements que nous avons, il y aurait 14 186 locataires qui seraient
visés par les remboursements. Le total des remboursements
effectués et à effectuer est estimé à 2 622 500 $
et les dates des remboursements sont les suivantes. Voulez-vous avoir les dates
aussi?
M. Paré: Oui, s'il vous plaît.
M. Ryan: Mars, 8 offices, avril, 46, mai, 20, juin, 13, juillet,
2, 89 offices en tout. Ça, c'est basé sur un sondage qui a
été fait auprès des offices administrant 100 logements ou
plus. Les offices qui ont des ensembles plus petits, en général,
s'adressent à des personnes âgées. Et il n'y en a pas
beaucoup qui sont affectés là-dedans. Le niveau d'affectation est
très modeste. On prévoit que le remboursement moyen devrait
être de l'ordre de 215 $. Il y a pour plus de 1 000 000 $ qui a
déjà été remboursé.
M. Paré: On parle de 14 186...
M. Ryan: Je souligne juste un petit point pour l'histoire.
Lorsque le magistrat a prononcé son jugement, il s'est fondé sur
des chiffres qui avaient été présentés en
témoignage devant la cour et qui semblaient établir que le nombre
de baux qui allaient échoir en juillet ou en août était
assez peu élevé contrairement à ce sur quoi nous nous
étions fondés lors de l'adoption du règlement. Mais des
vérifications ultérieures ont établi que ce
chiffre-là est beaucoup plus élevé. Le magistrat peut
dormir tranquille. Il n'y a pas eu d'appel, mais il y a toujours l'appel des
faits et des chiffres. De ce côté-là, je pense que, quand
on regarde ça froidement, il y a une très grosse proportion des
baux qui deviennent échus en juillet ou août, et c'est malheureux
qu'il y ait eu un concours de circonstances qui a fait que la preuve a
glissé un petit peu. Mais le fond du dossier, c'est celui-là.
C'est la raison sur laquelle s'est appuyé le tribunal. Il n'y en avait
pas d'autre.
M. Paré: Pour l'information de tous ceux qui sont
intéressés, est-ce qu'on pourrait savoir c'est quoi le
pourcentage?
M. Ryan: 58 %. Ça, est-ce que c'est juillet et août
ou seulement juillet?
Une voix: Juillet seulement.
M. Ryan: seulement juillet. juillet et août, ça va
à 65 %, hein? juin et juillet, on devait arriver à 80 %. non, au
moins de 75 %. ça fait que finalement, ce n'est pas tout à fait
ce que... le juge a été correct parce qu'il a marché
avec... le chiffre 58 au premier juillet est sûr. si vous ajoutez
août, septembre... il allait entrer en vigueur le premier juillet, le
règlement. il ne faut pas compter juin.
M. Paré: Qu'est-ce qui explique que vous n'ayez pas
décidé d'appeler si vous êtes capable de...
M. Ryan: Autant régler ça rapidement et
clairement.
M. Paré: Je ne comprends pas là. La façon de
régler ça rapidement et clairement - je ne dis pas que je suis
d'accord avec ça - ça aurait été d'aller en
appel.
M. Ryan: La preuve a été déposée
là par nous autres devant le tribunal. On a eu l'occasion de
déposer notre preuve à ce moment-là. Et le tribunal a
jugé là-dessus, et je pense bien que la Cour d'appel normalement
aurait jugé là-dessus aussi. Tu ne peux pas rouvrir la cause
quand tu es rendu en appel seulement parce que tu as fait une erreur. O.K.?
M. Paré: Oui. Vous me parlez de 14 186 locataires...
M. Ryan: Oui.
M. Paré: ...qui vont être remboursés dans les
HLM...
M. Ryan: Ils l'ont été.
M. Paré: ...qui l'ont été ou qui vont
l'être.
M. Ryan: C'est ça.
M. Paré: Dans les 89 gros HLM plus les autres qui, bon,
doivent en avoir moins. Toujours question d'équité, parce qu'on
revient souvent à ce mot-là: Quelles sont vos intentions par
rapport à ceux et celles qui ont été forcés de
déménager? Est-ce qu'on a une idée du nombre de familles
qui ont décidé, par la force des choses, parce que le loyer
devenait, finalement, inabordable, est-ce qu'on a une idée du nombre de
ménages qui ont déménagé? De ceux qui ont
déménagé à cause de l'augmentation? Et question
d'équité, est-ce qu'on est prêt à regarder si on
peut les rembourser et si on peut leur permettre de réintégrer en
priorité un HLM?
M. Ryan: Pouvez-vous répéter?
M. Paré: Oui. On a parte de 14 186 locataires, donc des
gens actuellement dans un HLM, qui vont être remboursés, parce
que, bon, la loi nous dit qu'on doit le faire, et on l'a fait et ça va
nous coûter 2 600 000 $. Ça, c'est ceux qui sont restés. Il
y a des gens qui ont quitté à cause de la mesure. Je ne sais pas
si maintenant, au moment où on se parle, et j'espère que oui, on
est en mesure de nous dire combien de ménages ont quitté à
cause de la réglementation qui a été imposée et
qu'est-ce qu'on a l'intention de faire avec ces gens-là? Est-ce
qu'à tout le moins, on est prêt à accepter de leur
permettre d'être réintégré en priorité dans
un HLM parce que ces gens-là, normalement, ont été plus
pénalisés que ceux qui ont accepté de prendre la charge?
(22 h 30)
M. Ryan: Là, il y a une chose... Moi, jusqu'à
maintenant, et je reçois quand même un courrier assez abondant
pour le secteur de l'habitation, je pense que j'ai reçu une lettre
évoquant ce problème-là, c'est tout. Et il y a
déjà un certain temps, là. C'est dans les jours qui ont
suivi la proclamation du jugement de cour. Depuis ce temps-là, je n'ai
reçu aucune lettre à cet effet. Maintenant, s'il arrivait que des
cas se présentent, il faudra les étudier à leur
mérite; il faudra faire la preuve qu'on est parti pour cette
raison-là, parce que, chaque année, il y a un mouvement de
départ qui est évalué autour de 7 % ou 8 %. Si on
établissait qu'il y en a eu 12 % qui sont partis l'année
dernière, il y aurait une présomption qui inclinerait à
penser que certains sont peut-être partis pour cette raison. Sinon,
à supposer que les données soient à peu près du
même niveau que l'an dernier, il restera à examiner
peut-être un certain nombre de cas particuliers et, là, voir
certains cas où il serait démontré qu'un foyer est parti
à cause de ça; il faudrait voir à le restaurer dans ses
droits, de l'inscrire en priorité sur une liste pour avoir droit
à un logement dès qu'il y en aura un de vacant. Il y a bien des
choses qui peuvent être faites, il y aura peut-être un
dédommagement qu'il faudra envisager. Mais je peux vous assurer qu'on
regardera ça avec humanité, mais ce n'est pas une ouverture que
je fais, ce n'est pas une invitation qu'on fait. On regardera les cas. Mais
jusqu'à maintenant, je n'en ai pas été saisi, sauf par des
porte-parole officiels.
M. Paré: Moi, en tout cas, j'ai été saisi de
cas, de gens qui m'ont dit qu'ils avaient quitté pour ça. Je dois
vous dire, à la lumière de l'augmentation, que je comprends
très bien qu'ils aient quitté. Effectivement, je ne savais pas
quoi leur dire, sinon que je poserais la question, j'essaierais d'aller aux
informations pour être capable d'aller les conseiller.
Là, vous dites qu'il y a une question d'équité.
S'ils sont capables de faire la preuve, par rapport à leur départ
qui coïncide avec la mise en vigueur du règlement, si on est
capable de démontrer que l'augmentation était
démesurée par rapport à leur capacité de payer et
qu'ils répondaient - une façon de parler - à tous les
critères relatifs au règlement... Faire la preuve, c'est une
affaire; mais en s'adressant à qui et comment? Est-ce à l'office
municipal d'habitation, à la Société d'habitation du
Québec ou est-ce que c'est au ministre responsable de l'habitation?
M. Ryan: Regardez, d'ordinaire, les gens s'adresseront à
leur office municipal d'habitation; c'est la première instance à
laquelle Ils doivent recourir. Si des difficultés de parcours
surgissent, ils peuvent écrire à la Société
d'habitation, ils peuvent s'adresser à leur distingué
député; ils peuvent s'adresser également au ministre.
M. Paré: Mais au moment où on se parle, il y a des
directives que vous avez envoyées comme ministre responsable de
l'habitation aux offices municipaux d'habitation pour dire qu'il faut
rembourser les locataires résidents qui ont eu à débourser
des frais supplémentaires par rapport au règlement qui n'est plus
en vigueur. Est-ce que vous avez passé une interdiction par rapport aux
gens qui ont quitté ou est-ce que vous êtes prêt à
passer un message ou une directive ou une façon de procéder par
rapport aux gens qui ont quitté?
M. Ryan: Voyez-vous, il faut se mettre les pieds à terre
aussi. La directive a été envoyée au début de
février, il n'était pas question de ce sujet-là dans la
directive. Nous n'avons pas eu de réaction de la part des offices
municipaux jusqu'à maintenant. Je n'en ai pas un qui m'a écrit
pour dire: Là, on a un gros problème. Ils
viennent d'avoir leur congrès, il n'y a personne qui a
parlé de ça. C'est signe qu'ils n'ont pas dû rencontrer le
problème très souvent. Encore une fois, moi, je dis que c'est ma
source privilégiée d'information là-dessus. Les offices
municipaux ont, de par la loi, le mandat de gérer ce programme HLM. Les
dirigeants de la Société d'habitation du Québec
m'informent qu'eux n'ont pas été saisis de dossiers
là-dessus. Je dis: Tant mieux! S'il y a des cas où des injustices
auraient été commises, le ministre ne peut pas être
indifférent au bout de la ligne.
M. Paré: Le ministre peut-il me dire qu'il est
suffisamment sensible pour accepter de donner priorité à un HLM
aux gens qui ont été victimes d'un départ à cause
d'une augmentation démesurée, où ils ne pouvaient
pas...
M. Ryan: Regardez, le ministre... Là, on me souffle des
réponses de tous les côtés, ça me gêne comme
tout. Le ministre n'a pas l'autorité de changer les règlements
des offices municipaux d'habitation du bout de sa baguette. À ce
moment-là, il faudra discuter avec les offices concernés et voir
ce qui peut être fait. Je pense bien que ce genre de situation peut se
régler sans qu'on écrive des protocoles et des codes. On
m'informe justement - c'est une blague que je faisais tantôt - que
certains offices ont fait des représentations à ma
collaboratrice, Mme Ouellette, à l'occasion du dernier congrès de
l'Association des offices municipaux, des représentations verbales. On a
dit: On n'a pas encore eu de lettres encore, et tout, on va voir ce que
ça veut dire. Il peut bien arriver que, moi, je rencontre quelqu'un et
que je l'aie entendu parler de ceci, mais qu'il n'y a pas matière
à écrire ou à faire des représentations formelles.
En tout cas, on est à l'écoute et je pense bien qu'à la
question de savoir si la sensibilité sera suffisante, il faut
répondre par le dossier passé en souhaitant qu'il se maintienne
au niveau respectable qu'a souvent reconnu l'Opposition.
M. Paré: Mais c'est quand même surprenant qu'on ait
émis une directive. Et ça, c'est correct, en se donnant le temps
de l'émettre. Parce que ça n'a pas été le lendemain
du jugement, on s'est rendu presque à la limite du temps qui nous
était permis par la loi en sachant si on conteste la décision ou
si on l'accepte et on fait les correctifs. C'est évident.
Premièrement, ça avait été dit publiquement, et, de
toute façon, ça avait été tellement
dénoncé lors de la publication du règlement, ça ne
se peut pas que le ministère ou la Société d'habitation du
Québec n'ait pas pensé que parmi les victimes, il y a des gens
qui ont quitté. Comment peut-on émettre une directive en ne
touchant qu'une partie des victimes?
M. Ryan: Regardez, on n'a pas agi dans les mois après, je
pense qu'on a fait ça dans la semaine qui a suivi le jugement. C'est le
5 février qu'on a envoyé la directive.
M. Paré: C'est un mois plus tard....
M. Ryan: Oui.
M. Paré: ...ou presque.
M. Ryan: Oui. On a examiné tout le dossier. À ce
moment-là, nous n'avions pas d'éléments d'information pas
plus que nous en avons aujourd'hui pour justifier qu'on aurait inclus une
section spéciale sur ce sujet. C'est clair? Ce qui importait,
c'était que ceux qui sont dans des habitations HLM puissent savoir
à quoi s'en tenir rapidement, et, surtout, les offices municipaux nous
pressaient de donner une orientation claire.
M. Paré: Mais le message que, maintenant, nous, on doit
passer... Je ne dois pas être le seul député - je serais
bien surpris - qui a eu des cas disant: Qu'est-ce que moi, Je peux faire comme
citoyen, étant donné que je ne suis plus dans un HLM et que je
l'ai été? Les offices municipaux aussi l'ont été.
La preuve, c'est que...
M. Ryan: Regardez, le mieux que vous pouvez faire, c'est que
cette personne-là s'adresse à son office municipal
d'habitation.
M. Paré: O.K.
M. Ryan: si elle veut nous sensibiliser, qu'elle envoie une copie
de sa lettre à mon cabinet ou au président de la
société d'habitation du québec, aux trois endroits, et
là, on va sûrement se parler. si le problème peut se
régler au niveau de l'omh, là, c'est une considération que
je pense pouvoir émettre, tant mieux! et il ne faut pas courir
après la multiplication des actes qui viennent d'en haut, non plus. je
pense qu'en haut, c'est très important qu'on surveille tout ce qui se
passe, qu'on soit au courant le plus possible. mais de là à
mettre le doigt dans la sauce tout le temps, je pense que ce serait très
dangereux. c'est pour ça que j'ai bonne confiance, moi, que le peu de
cas qui me semblent devoir surgir à cet égard pourraient trouver
une solution raisonnable au niveau des omh à qui nous serons volontiers
disposés à offrir l'aide et la collaboration nécessaire
à cette fin.
M. Paré: Une dernière question sur les HLM et
toujours sur le règlement. Vous dites que ça chemine, que
ça va être présenté bientôt et que ça
va être déposé. Pourquoi, s'il y avait urgence pour le 1er
juillet, avec quelque 50 % l'an passé, cette année, on n'a pas
déposé et prévu de se donner le temps de la
prépublication pour que ça entre en vigueur le 1er juillet
1992?
M. Ryan: 1992?
M. Paré: En 1991, excusez.
M. Ryan: oui. mais là, ça va aller, je ne sais pas,
ça peut aller au 1er septembre ou quelque chose comme ça, on perd
deux mois, c'est tout.
M. Paré: C'est un commentaire, mais je pense qu'il
mérite d'être amené. Il y avait urgence, l'an passé,
pour le 1er juillet, et il n'y a pas urgence, cette année, pour le 1er
juillet. Ça veut dire que ça va aller... Et là, vous allez
tenir compte d'une autre date qui serait le 1er juillet.
M. Ryan: Non, non. On a voulu examiner attentivement toutes ies
implications du sujet. Et là, c'est évident, au point où
nous en sommes rendus, avant d'avoir fait la publication de 45 jours, il est
très improbable que nous pourrions arriver avec la mise en vigueur
à compter du 1 er juillet. Ça pourrait être le 1 er
août.
M. Paré: O.K. J'aimerais ça... Oui. Rapidement, on
doit être capables de passer à travers un paquet de... Là,
ça va être un peu comme la période de questions si on veut
être capables... Concernant PARCQ...
Une voix: Pas de préambule.
Programme d'aide à la restauration
Canada-Québec (PARCQ)
M. Paré: Pas de préambule et réponse aussi
rapide que la question, sinon ça va être compliqué dans mon
cas. Je vais prendre comme dans le vôtre. Dans le programme PARCQ, c'est
sûr que-Surtout le volet locatif. Maintenant, PRIL, mais je vais
parler... Parce qu'il y a des cas de PARCQ qui sont encore en suspens ou dont
j'ai déjà parlé et l'autre dont je n'ai pas parlé,
mais dont j'aimerais qu'on discute un peu, pour savoir si le
propriétaire respecte effectivement l'engagement qu'il a pris par
rapport au programme PARCQ. La Société d'habitation du
Québec doit s'assurer qu'il y a un contrôle. Et le contrôle,
si je comprends bien, c'est par une espèce de lettre circulaire qui est
envoyée aux locataires en en les informant de leurs droits et en les
informant, comment je dirais ça donc, de l'augmentation maximum
autorisée par la Société d'habitation du Québec
pour les cinq années. Est-ce que je me trompe ou je suis correct? Oui.
Donc, on doit aviser les locataires par une espèce de lettre circulaire
qui leur donne de l'information, mais qui va plus loin dans le sens qu'elle est
personnalisée en disant le maximum de loyer autorisé dans le
délai où il y a un contrôle, finalement, ou une
vérification qui est faite. Est-il vrai que c'est plutôt une
vérification très sporadique qui est faite, envoyée
à quelques-uns, un faible pourcentage de locataires, alors qu'à
mon avis, ça devrait être fait à l'ensemble des gens
concernés ou touchés par des rénovations pour lesquelles
le propriétaire a eu une subvention? Parce que, là, ce n'est pas
une information par rapport aux politiques, c'est une information par rapport
à quelque chose qui concerne l'individu personnellement.
M. Ryan: Mme la Présidente, auriez-vous objection à
ce que M. Arsenault réponde à cette question?
La Présidente (Mme Bélanger): Ah! Pas du tout, M.
Arsenault, allez-y.
M. Arsenault: Je pense que, d'une façon
générale, quand on dit qu'il y a un contrôle ou une
vérification qui est effectuée... Les données ou les avis
qui ont été transmis aux locataires l'an dernier étaient
au nombre de 6742 demandes qui ont été demandées aux
locataires. Pour 1991-1992, pour la prochaine année qui s'en vient,
nous, compte tenu des résultats obtenus et de la charge de travail
qu'impose ce contrôle-là, nous avons dû le faire sur une
base un peu plus réduite qui serait de l'ordre de 1745. Donc, ce ne
serait pas nécessairement un échantillon, mais c'est quand
même un nombre relativement élevé pour s'assurer du
respect. Donc, dans le fond, en deux ans, si on prend l'an dernier et cette
année, c'est à peu près 8500 locataires qui ont
bénéficié du programme, qui auraient reçu une
lettre, la lettre demandant si le loyer a été
respecté.
M. Paré: Est-ce que vous êtes en mesure de
compléter votre réponse en me donnant pour l'année
1990-1991?
M. Arsenault: 1990-1991, c'était l'année qui s'est
terminée au 31 mars là.
M. Paré: O.K. Est-ce que vous seriez en mesure de me dire
les 6700, c'était sur quel nombre d'unités concernées et,
pour l'autre année, les 1745, c'est pour quelle quantité? Parce
que je suppose que le nombre a dû augmenter.
M. Arsenault: Oui, il a augmenté. Il y avait, à
toutes fins pratiques, 26 000 dossiers propriétaires bailleurs... Sous
administration, on avait 26 000 dossiers dont 20 500 pour les
propriétaires occupants. Donc, si on fait la distinction, on aurait 5500
propriétaires bailleurs. Par contre, il peut y avoir, pour un
propriétaire bailleur, plus d'un logement par propriétaire. Donc,
un propriétaire bailleur peut avoir six logements ou huit logements. Je
n'ai pas le nombre exact ici...
Je m'excuse. À toutes fins pratiques, si j'en déduis, ce
serait à peu près, pour 1991-1992, de l'ordre de 15 % du total de
6700 et de 1700.
Donc, à toutes fins pratiques, l'an dernier, c'était ta
totalité à 6742; cette année, ce serait 1745 sur le grand
total. Le total exact, c'était 11 633 si vous voulez le noter.
M. Paré: 11 633 pour la dernière année. Ce
qu'on aurait dit à des gens par rapport à cette décision,
de diminuer le nombre d'avis alors qu'il y a augmentation du nombre de
personnes concernées, ce serait pour une économie, manque de
personnel et manque de budget, parce que c'est ce qui justifie qu'on diminue
les avis et qu'on diminue la vérification.
M. Arsenault: Bien, une vérification valable n'implique
pas nécessairement une vérification de 100 % des dossiers. Je
pense qu'on peut faire une vérification qui soit quand même
consciencieuse et valable sans nécessairement vérifier tous les
dossiers qu'ils ont. Maintenant, je pense qu'il faut voir que, l'an dernier,
ça a été à toutes fins pratiques la
quasi-totalité des dossiers. Cette année, une partie un peu plus
réduite, ça veut peut-être dire que l'an prochain, nous
pourrions revenir à un nombre un peu plus élevé.
M. Paré: II y a une grosse marge, partir de 100 % et
tomber à 15 %...
M. Arsenault: 15 %...
M. Paré: je comprends que vous dites: ii n'y a pas eu
beaucoup de cas. la décision est-elle financière, est-elle
budgétaire ou elle ne l'est pas du tout?
M. Arsenault: Bien, je pense qu'il s'agit d'utiliser au mieux les
ressources dont nous disposons. À ce moment-là, compte tenu des
résultats de l'an dernier, si nous avions eu un nombre très
élevé de dossiers en défaut, je pense que nous aurions
été justifiés, cette année, de
répéter l'expérience et, à ce moment-là,
d'avoir une vérification beaucoup plus étendue. Je pense que,
donc, cette année, avec une vérification un plus réduite,
nous croyons peut-être que les économies, en tout cas, les
énergies qu'on économise là peuvent être mises
à meilleur escient dans d'autres aspects du dossier.
M. Paré: je ne vous donnerai pas... je vous le donnerai
tantôt. je ne vous donnerai pas le nom présentement, parce que je
ne veux pas nommer des gens particuliers, en commission, mais un dossier qui
vous a été envoyé au ministère ou à la
société, là, par un comité de logement, pour un cas
bien particulier, où il est dit que la société aurait
accepté rétroactivement une augmentation de salaire qui va
au-delà de l'avis. est-ce que, à votre connaissance, c'est
quelque chose qui a pu se produire? alors que l'avis dit qu'on ne doit pas
dépasser telle augmentation, on l'aurait dépassée, et
suite à la demande du propriétaire, on aurait autorisé
rétroactivement l'augmentation imposée au-delà que ce que
l'avis accordait.
M. Arsenault: Mais là, je veux dire, je ne connais pas le
dossier...
M. Paré: À votre connaissance, ça ne s'est
pas produit...
M. Arsenault: ...auquel vous faites allusion. Personnellement, je
ne suis pas au courant de ce dossier. Maintenant, je pense qu'il y avait un cas
particulier, on peut sûrement l'examiner.
M. Paré: Bon. Oui. C'est un cas qui touche quand
même certaines personnes, je vais vous le remettre personnellement pour
ne pas s'en prendre à des gens qui ne sont pas ici pour se
défendre.
Mon taux, mon toit
Comme il ne reste pas grand temps, je vais nous amener sur un dernier ou
un avant-dernier dossier très rapidement, c'est le nouveau programme Mon
taux, mon toit. Je ne reprendrai pas tout ce que j'ai dit même si
ça semblerait que ce n'est pas ça qui va relancer d'une
façon aussi espérée la construction au Québec,
alors que c'est un secteur qui est important. Il y a eu des modifications qui
ont été apportées. J'ai juste deux petites questions
rapides là-dessus. La première. Étant donné que le
taux d'intérêt semble vouloir baisser par rapport à ce
qu'il était au moment de l'annonce, donc, normalement, ça devrait
coûter moins cher au gouvernement que ce qui avait été
prévu, est-ce que vous envisagez d'autres mesures, d'autres
améliorations afin de stimuler encore davantage la construction
résidentielle?
M. Ryan: Pas pour l'avenir prévisible.
M. Paré: Deuxième question. J'ai dit qu'elles
seraient courtes même si j'aurais envie de discuter plus longtemps
là-dessus. La deuxième, vous savez...
La Présidente (Mme Bélanger): II ne reste plus
grand temps, M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui, je le sais.
La Présidente (Mme Bélanger): Là, par
exemple, on ne dépassera pas.
M. Paré: Je cours verbalement, là. Vous savez que
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations du Québec a
une demande répétée, qui revient sans cesse, par rapport
aux maisons déjà construites. Effectivement, ça pourrait
peut-être les faire embarquer davantage,
les aider aussi. Parce qu'il ne faut pas oublier que ce sont, dans bien
des cas, des petites et moyennes entreprises qui construisent des maisons pour
les revendre et c'est leur gagne-pain. Est-ce que ce ne serait pas
envisageable, avec l'économie que le ministre va faire dû au fait
que le taux d'intérêt est moins élevé que ce qui
avait été prévu il y a quelques semaines ou quelques mois,
qu'il y ait une mesure particulière, un programme tout à fait
spécifique pour que ces maisons-là, qui sont bâties, soient
libérées, ce qui va probablement permettre à ces
gens-là, tout de suite, de se remettre à bâtir d'autres
maisons pour essayer de les vendre puisque ce sont des entrepreneurs en
construction résidentielle?
M. Ryan: II n'est pas dans nos intentions de faire une
modification sur ce sujet. Nous avons considéré, en instituant le
programme Mon taux, mon toit, que ce programme visait essentiellement à
stimuler l'activité dans le domaine de la construction à compter
de l'année 1981 et non pas en 1991, et non pas en 1990. Ceux qui ont
construit des maisons en 1990 sont des hommes ou des femmes d'affaires qui
connaissent leurs responsabilités, qui savent mesurer les risques qu'ils
prennent dans la conduite de leurs affaires. Et je pense qu'il leur appartient,
à eux, de disposer de ce surplus de maisons construites qu'ils ont pu
conserver de l'année précédente en les écoulant sur
le marché, à des conditions concurrentielles, de manière
à pouvoir avoir accès le plus vite possible, avec des nouvelles
constructions, au programme Mon taux, mon toit. Je pense que c'est ça
qu'ont fait la plupart des constructeurs débrouillards. Et on parlait
d'un stock d'à peu près 9000 logements inoccupés.
Ça, c'est au mois d'octobre, je crois. Moi, les chiffres qu'on m'avait
donnés gravitaient autour de 8000 à la fin de l'année,
mais je ne le sais pas de manière certaine. On calcule qu'il y a
à peu près 10 000 entrepreneurs en construction au Québec.
Ça veut dire que ça ne fait pas une grosse moyenne pour chacun,
ça. S'il y en a un qui avait une maison ou deux, débrouillards
comme le sont les constructeurs en général, je pense qu'ils vont
être capables de se débarrasser de ces maisons-là et se
dépêcher d'en construire des nouvelles. C'est ça qui fait
l'activité économique, c'est quand on fait des choses nouvelles.
Par conséquent, je n'ai pas l'intention de recommander une mesure sur ce
point précis.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que le programme 8, Société d'habitation du Québec,
est adopté?
M. Ryan: II y a une chose...
Une voix: Adopté.
M. Paré: Attendez, je pense que je vais avoir une
dernière réponse.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, non. C'est le
programme 8, Société d'habitation du Québec.
M. Ryan: Regardez. Il y a une chose qu'il faut dire, là,
on l'ajoute très rapidement.
La Présidente (Mme Bélanger): Très
rapidement, M. le ministre.
M. Ryan: C'est qu'il y a plusieurs de ces maisons-là qui
seront peut-être admissibles au programme AMI. Ça, ce n'est pas
négligeable parce que le programme AMI s'adresse à des maisons
déjà existantes.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que le
programme 8, Société d'habitation du Québec, est
adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
programme 9, Conciliation entre locataires et propriétaires, est
adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'ensemble
des crédits du ministère des Affaires municipales est
adopté?
M. Paré: C'était la fin, si je comprends bien.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, c'était
la fin.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, est-ce que vous avez des remarques finales?
M. Ryan: Oui. Mme la Présidente, je pense que vous avez eu
un lapsus qui est intéressant. Vous avez parlé des produits du
ministère. Nous avons de très bons produits. Notre politique se
résume à bien servir le client.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford. Aussi court que le
ministre.
M. Paré: Bien, moi, je veux remercier le ministre, le
président de la Société, la présidente de la
Régie et tous ceux qui l'ont accompagnée, en excusant l'heure
tardive. Si on a commencé en retard, il ne fallait surtout pas que ce
soit le
secteur de l'habitation qui en soit victime ou qui paie pour.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. Alors, la commission ajourne ses travaux
à demain matin, 9 h 30.
(Fin de la séance à 22 h 55)