Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Neuf heures quarante et une minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je demanderais aux membres de la commission de bien
vouloir prendre leur place. La commission de l'aménagement et des
équipements débute ses travaux. La commission est réunie
afin de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires municipales, programmes 1
à 7, pour l'année financière 1991-1992. À cette
fin, il a été entendu que la commission dispose d'une enveloppe
de 6 heures. Alors, M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Aucun remplacement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez des remarques préliminaires? Peut-être avant
les remarques du ministre et du porte-parole, est-ce que vous voulez
procéder d'une façon spéciale pour l'étude des
crédits: programme par programme ou élément par
élément? J'aimerais peut-être qu'on s'entende au
départ pour savoir comment on fonctionne.
M. Dufour: Mme la Présidente, si j'avais une suggestion,
ça serait d'abord une discussion générale sur l'ensemble
des dossiers qu'on a devant nous. Je pense que la réforme de la
fiscalité municipale pourrait faire partie, bien sûr, de ces
échanges-là. Après ça, on pourrait passer programme
par programme, quitte à accepter globalement, à la fin de toute
la discussion et de la journée.
La Présidente (Mme Bélanger): L'adoption des
crédits. Merci.
M. Gauvin: Question d'information. Est-ce que, dans un
débat comme proposé par le député de
Jonquière, le côté ministériel va pouvoir intervenir
par alternance ou au niveau du sujet, plutôt que de revenir sur un sujet?
Ça va?
M. Dufour: Vous le pouvez.
La Présidente (Mme Bélanger): Tous les membres de
la commission ont le droit de parole. M. le ministre, pour des remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires
M. Claude Ryan M. Ryan: Oui, Mme la Présidente. C'est la
première fois que j'ai l'honneur de présenter devant la
commission parlementaire de l'aménagement et des équipements les
crédits annuels du ministère des Affaires municipales. Je le fais
avec d'autant plus de plaisir que je connais et apprécie depuis
longtemps le travail de toute première importance qu'accomplissent les
institutions municipales dans notre système de gouvernement.
Les institutions municipales sont l'assise première de toute vie
démocratique digne de ce nom. Elles ont joué et continuent de
jouer un rôle de premier plan dans l'encadrement et le
développement de l'activité collective au plan local. Pour les
citoyens, elles sont le lieu premier de rencontre, de concertation et
d'intervention dans les choses d'intérêt commun. Le rôle que
les municipalités assument dans la prise en charge des multiples
problèmes directement reliés à la vie quotidienne des
personnes en fait des institutions très proches de la population et
capables, en conséquence, de parler et d'agir en leur nom sur un grand
nombre de sujets.
Notre législation reconnaît le caractère
démocratique et représentatif des institutions municipales. Tout
en entourant l'action des élus municipaux de normes et de
contrôles divers, qui, à mon humble avis, sont trop nombreux et
trop lourds tout en étant souvent nécessaires, elle
reconnaît le principe suivant lequel, dans leur champ de
compétence, les autorités municipales sont, en définitive,
redevables de leur gestion non pas au gouvernement, mais aux populations qui
les élisent au suffrage démocratique.
Le gouvernement reconnaît et respecte ce principe d'autonomie des
municipalités. C'est de ce principe que procèdent, en
dernière analyse, les propositions qu'il soumettait aux
municipalités, le 14 décembre dernier, en vue de la mise au point
d'un nouveau partage des responsabilités entre Québec et les
municipalités. Alors même qu'il fait face à l'une des
situations financières les plus difficiles de son histoire
récente, le gouvernement a dû procéder à un
inventaire serré des dépenses auxquelles il doit faire face.
Parmi ces dépenses, il en a discerné un certain nombre
portant sur des objets qui, de par leur nature même, ont un lien direct
avec la responsabilité des élus municipaux. La protection
policière, la voirie locale et le transport en commun sont trois champs
d'intervention qui engagent prioritairement, à n'en point douter, la
responsabilité municipale.
L'aménagement et l'entretien des chemins locaux situés sur
le territoire d'une municipalité, par exemple, doivent relever d'abord,
en principe, de l'autorité locale. Qui peut mieux que
l'autorité
municipale déterminer les voies de communication
nécessaires à la bonne marche de la collectivité? de
même, la protection de la vie, des libertés et des biens des
citoyens et des entreprises implique de multiples tâches qui, de par leur
nature, engagent la responsabilité du pouvoir local. il serait trop
facile pour un maire et ses conseillers de se glorifier de l'existence sur le
territoire de leur municipalité d'un climat élevé > de
sécurité à l'endroit duquel ils seraient exempts de toute
forme de responsabilité.
Comment ne pas reconnaître, enfin, que le transport en commun
engage, lui aussi, au premier chef la responsabilité des élus
municipaux?
Selon notre tradition, les sociétés de transport en commun
sont formées principalement, sinon exclusivement d'élus
municipaux ou de dirigeants désignés par ces derniers. Dans ce
domaine, le pouvoir de décision courant relève, comme il se doit,
de l'autorité politique locale ou intermunicipale ou d'autorités
désignées par celle-ci et agissant sous son contrôle. Il
est normal qu'il en soit ainsi, car on verrait mal le gouvernement
décider ou tenter de décider, à partir de Québec,
la gestion du transport en commun dans toutes les régions du
Québec.
Des nuances pertinentes doivent certes être apportées aux
affirmations qui viennent d'être faites. On peut difficilement nier, en
contrepartie, le message essentiel qu'elles véhiculent, à savoir
que les domaines dont il a été question relèvent
prioritairement de l'autorité municipale. Une fois que l'on a admis ce
principe, on doit aussi reconnaître en corollaire ce qui en
découle. Là où réside la responsabilité
première des décisions, là doit aussi loger la
responsabilité première des obligations financières
découlant de l'existence du pouvoir de décision et de son
exercice.
Voilà la thèse qui sous-tend les propositions
gouvernementales du 14 décembre dernier visant à la
définition d'un nouveau partage de responsabilités entre
Québec et les municipalités. Jusqu'à ce jour, ce ne sont
pas les proclamations bruyantes ou solennelles en faveur du principe de
l'autonomie municipale qui ont fait défaut dans nos débats. Tout
le monde est pour la vertu On connaît de nombreux politiciens, des deux
côtés de la Chambre, qui ont réussi à se faire
élire pendant des années en se réclamant de ce principe.
Ce qui a plutôt fait défaut dans nos débats, ce fut la
cohérence entre le discours et l'action. D'un côté, on
n'hésitait pas à s'ériger en farouche partisan de
l'autonomie municipale et, de l'autre côté, on traitait
inconsciemment les élus municipaux comme des partenaires mineurs en
faisant assumer par Québec les responsabilités qui auraient
dû loger d'abord chez les élus municipaux. Le transport en commun,
la protection policière, la voirie locale offrent trois exemples
éloquents de cette contradiction qui s'était installée
entre le discours et l'action.
En 1990, par exemple, les municipalités de la Communauté
urbaine de Montréal assuraient entièrement la gestion et la
direction du service de transport en commun à l'intention de la
population de la région montréalaise. Et sur des dépenses
totales de 807 000 000 $, 30 % à peine provenaient de revenus autonomes
formés surtout de contributions fournies par les usagers du service, 25
% provenaient de contributions des municipalités et 45 %
émanaient du gouvernement du Québec. Des constatations semblables
doivent être signalées à propos de la voirie locale et de
la protection policière.
Dans le premier cas, Québec assume depuis longtemps la plus
grande partie du fardeau financier. Dans le second cas, celui de la protection
policière, Québec finançait en entier, jusqu'à ce
jour, les services de protection policière offerts dans la très
grande majorité des municipalités du Québec par la
Sûreté du Québec, sans que les municipalités
n'assument à cet égard la moindre responsabilité
financière.
Il fallait de toute évidence rechercher un équilibre plus
sain dans ces trois domaines. Tel est le sens véritable et
profondément démocratique de la démarche instituée
par le gouvernement, le 14 décembre dernier. Certains ont tenté
de faire croire que Québec entendait désormais se dégager
complètement de toute responsabilité à l'endroit du
transport en commun, de la protection policière et de la voirie locale.
Il s'agit là de critiques fausses et tendancieuses à leur face
même.
Dans le secteur du transport en commun, en vertu des propositions du 14
décembre, Québec continuera de financer une partie importante de
la facture annuelle, surtout au chapitre des dépenses d'immobilisation,
mais aussi en raison des assouplissements annoncés ces derniers temps au
chapitre du fonctionnement.
Dans le secteur de la voirie locale, la part de financement
exigée des municipalités représenterait, si les
propositions du gouvernement sont appliquées là dans la forme
qu'elles ont connue le 14 décembre dernier, à peine le quart de
la facture totale encourue pour les dépenses publiques à cet
égard, le quart. Lorsqu'on affirme par conséquent que
Québec fait du pelletage puis transfère toute la
responsabilité aux municipalités, on fait, pour dire le moins,
une affirmation qui est passablement éloignée de la
vérité intégrale.
Dans le secteur de la protection policière, la contribution des
municipalités concernées, la contribution là,
définie dans les propositions du 14 décembre, ne vise que les
municipalités n'ayant pas un corps de police approuvé par le
ministère de la Sécurité publique. Cette contribution
serait à peine de l'ordre de 30 % de la facture totale des frais
effectivement encourus par la Sûreté du Québec pour le
service offert sur le territoire de ces municipalités. Nous avons
procédé, il y a une couple d'années, à une
vérification des coûts réels des services offerts par la
Sûreté du Québec dans chaque partie du territoire où
l'on n'a pas un corps policier municipal. Le coût total des services
présentement offerts devrait être estimé à quelque
chose comme 250 000 000 $ et la contribution attendue des municipalités,
compte tenu des assouplissements qui ont été annoncés il y
a une couple de semaines, serait de l'ordre d'à peu près 70 000
000 $, c'est-à-dire entre 25 % et 30 %.
Les propositions du 14 décembre étaient donc
foncièrement justifiées dans leur inspiration
générale. Elles ont par ailleurs suscité, comme le
souhaitait le gouvernement, un concert de réactions qui, contrairement
à nos attentes, véhiculaient le plus souvent une forte
opposition. Autant il ne saurait être question de reculer sur le principe
de la réforme proposée, autant il importait par contre que le
gouvernement écoute les représentations que lui faisaient
parvenir les municipalités. Au cours des quatre mois qui se sont
écoulés depuis le dépôt de la proposition
gouvernementale, nous avons écouté avec attention les
réactions que nous ont communiquées les deux unions
représentant les municipalités urbaines et les
municipalités rurales, quand elles voulaient bien prendre la parole.
Nous avons également pris connaissance avec profit de très
nombreuses critiques et analyses individuelles que nous ont fait parvenir bon
nombre de municipalités. Et je veux dire à ces
municipalités, qui se sont donné la peine de procéder a
une analyse approfondie des propositions gouvernementales, qu'elles ont fourni
une contribution très importante au débat, que leurs documents
ont été lus, analysés, étudiés avec grande
attention et que la plupart des assouplissements que nous avons pu mettre au
point émanent de ce travail d'analyse consciencieuse qui a
été fait au niveau d'un grand nombre de municipalités.
Au terme de cet exercice, j'annonçais, le 5 avril dernier, devant
la conférence des maires de banlieue de l'île de Montréal,
une série d'assouplissements dont l'application entraînera une
diminution de quelque 110 000 000 $ de la contribution attendue des
municipalités. Ces assouplissements témoignent non pas - je
regrette de contredire le porte-parole de l'Opposition sur ce point - d'une
quelconque panique qui aurait pu s'emparer du gouvernement, mais d'une
volonté sincère de réagir de façon
compréhensive et constructive aux réactions dont le gouvernement
avait été saisi.
Ainsi que je le déclarais dans La Presse du 13 avril, les
discussions sont à peu près terminées en ce qui touche ce
dossier. Même si l'on peut toujours envisager la possibilité
d'accommodements mineurs de dernière heure, l'essentiel m'apparaît
avoir été dit. Il appartiendra maintenant au gouvernement de
prendre très bientôt des décisions fermes dont la teneur
sera normalement contenue, pour l'essentiel, dans le prochain discours sur le
budget et dans la législation qui devrait logiquement en
découler.
Une fois effectué ce transfert de responsabilités dont les
retombées complètes ne se feront toutefois sentir qu'à
compter de 1993, le gouvernement disposera de ressources accrues pour faire
face aux responsabilités de plus en plus lourdes qui lui incombent dans
des secteurs comme la santé, l'éducation, la
sécurité du revenu, la voirie régionale et nationale, etc.
On pourra s'attendre en retour à ce que, conformément à
l'engagement pris dans le document rendu public le 14 décembre, et je
cite: Le gouvernement n'introduira aucune autre modification significative dans
l'équilibre des responsabilités fiscales et financières
entre les municipalités et le gouvernement pendant la durée du
présent mandat, à moins que de telles modifications n'aient
donné lieu au préalable à des consultations, voire
à un accord explicite entre le gouvernement et les
municipalités.
En invitant les municipalités à assumer des
responsabilités nouvelles dans le financement de certains services
publics directement reliés à leur mission, le gouvernement
obéit à une philosophie de responsabilisation qui
m'apparaît conforme à la pensée libérale, mais il
convie aussi les municipalités à une attitude de
solidarité collective, à une heure où le Québec en
a grandement besoin. Que nous soyons élus au plan municipal ou au plan
québécois, nous formons, en effet, une seule et même
société dont la direction politique ultime loge à
Québec. Parmi les tâches qui incombent à l'autorité
politique québécoise, il y a celle qui consiste à
établir suivant quelles modalités générales seront
réparties les attributions et les charges collectives au sein de notre
société. Pour que la société
québécoise soit forte, il faut que tout le corps, autant ses
parties locales que sa dimension nationale, soit sain et vigoureux. La
soumission aveugle au mythe de l'État-providence avait
entraîné, depuis 25 ans, un alourdissement excessif des
responsabilités en direction de Québec. nous procédons
aujourd'hui à un effort de redressement qui me paraît capital pour
l'avenir de nos institutions politiques québécoises. la part
attendue du pouvoir municipal est certes appréciable, mais, en regard
des besoins auxquels doit faire face le gouvernement, cette contribution
représente une partie fort limitée du fardeau global qui doit
être assumé par le gouvernement au nom de l'ensemble de la
collectivité, si l'on veut que l'état québécois
soit capable de faire face avec honneur et dignité à ses
obligations dans des domaines comme la santé, l'éducation, la
voirie régionale et nationale, etc. (10 heures)
Je souhaite que nous terminions le plus tôt possible
l'étape ouverte par les propositions gouvernementales du 14
décembre. Sitôt arrêtées les décisions du
gouvernement à cet égard, je compte que nous pourrons
entreprendre avec les
municipalités le travail technique qui sera nécessaire
pour assurer la mise en oeuvre harmonieuse des décisions
gouvernementales. Je veux assurer l'Union des municipalités du
Québec et l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec que nous aurons besoin de leur collaboration et
que nous serons disposés à mettre en marche, dans les meilleurs
délais, les groupes de travail dont l'apport sera nécessaire pour
assurer que l'opération se fera avec toute la précision et
l'harmonie nécessaires.
Ensuite, je souhaite que nous puissions entreprendre le plus tôt
possible un dialogue autour d'un grand nombre de sujets d'intérêt
plus durable et peut-être plus décisif aussi pour notre avenir
commun. Au premier rang de ces sujets, je mentionnerai d'abord ceux qui furent
présentés sous forme de pistes de réflexion dans le
document gouvernemental du 14 décembre.
Dans ce document, il était proposé, entre autres, de
revoir l'organisation municipale au Québec de manière, en
particulier, à établir un découpage municipal plus
conforme aux réalités d'aujourd'hui, moins évocateur de
notre passé rural et plus apte à assurer la bonne marche des
municipalités à un niveau optimal de qualité et
d'économie. Nous offrions également de réexaminer le
rôle et les responsabilités des municipalités
régionales de comté, à la lumière de
l'expérience faite depuis cinq ans et des besoins d'aujourd'hui; de
rechercher un allégement sensible des contraintes et contrôles de
toutes sortes, tant législatifs que réglementaires et
administratifs, qui pèsent lourdement sur les municipalités dans
l'exercice de leurs fonctions; de mettre sur pied des aménagements
pouvant faciliter une participation plus efficace, plus directe des
municipalités à la gestion des terres publiques, des territoires
non organisés; de rechercher un meilleur équilibre dans la
participation des municipalités au processus de définition des
territoires agricoles; de repenser, do réviser le partage des
responsabilités entre le gouvernement et les municipalités en
matière de protection de l'environnement; d'examiner le rôle des
municipalités dans le développement régional, tant au plan
économique qu'au plan social; de rechercher un nouvel équilibre
entre les municipalités et le gouvernement en matière de
développement culturel; de rechercher de nouveaux modes d'implication
des municipalités dans la gestion du loisir, des parcs et de la faune;
de chercher à mettre au point un régime juridique plus clair,
plus cohérent et moins lourd pour les municipalités; de
définir de manière plus précise les conditions et
modalités d'un régime de consultation et de collaboration
efficace, stable et institutionnalisée entre Québec et les
municipalités.
À ces sujets sont venus s'ajouter au cours des dernières
semaines de nombreux thèmes non moins fondamentaux, notamment l'avenir
des e.entros-villes, la prolifération des zones de défavorisation
dans les centres urbains, la promotion de la compréhension et de la
collaboration interculturelle dans les villes, le développement des
politiques de logement et d'habitat, etc. Il a malheureusement
été impossible, en raison du climat politique surchauffé,
les derniers mois, d'entreprendre l'examen de ces problèmes à une
table commune. Je réitère cependant la volonté ferme du
gouvernement d'orienter le plus tôt possible autour de thèmes
comme ceux-là ses échanges avec les municipalités et les
deux unions qui les regroupent.
À l'occasion de l'étude annuelle des crédits du
ministère des Affaires municipales, il me fait plaisir de souligner que,
nonobstant les débats des dernières semaines, le ministère
a poursuivi au cours de la dernière année et entend continuer
d'assumer au cours de l'année à venir les fonctions nombreuses
qui lui ont été dévolues par le législateur pour le
service des municipalités. Parmi les fonctions qu'exerce le
ministère à l'endroit des municipalités, citons en premier
lieu l'encadrement législatif et réglementaire qu'il leur
procure. Chaque année, le ministre des Affaires municipales parraine
à l'Assemblée nationale une quantité impressionnante de
projets de loi tantôt publics, tantôt privés concernant les
municipalités.
La préparation de ces projets de loi donne lieu à des
échanges nombreux entre les représentants du monde municipal et
les services du ministère. Les unions regroupant les
municipalités sont très généralement
consultées sur les projets de loi à caractère
général. Quant aux projets de loi privés concernant des
municipalités individuelles, ils sont le plus souvent
présentés à la demande des municipalités
concernées et après que des consultations approfondies eurent eu
lieu entre ces municipalités et des services du ministère.
Nous sommes saisis pour les semaines à venir d'un grand nombre de
demandes de municipalités. Il doit y en avoir une vingtaine dans
l'appareil actuellement. Je compte que nous pourrons trouver une journée
ou deux pour examiner en dehors de la cohue de fin de session ces projets de
loi, comme nous avons pu le faire il y a quelque temps.
Bien sûr, pour nous, ce n'est pas toujours de la toute
première importance, mais pour la municipalité qui est
concernée, lorsqu'elle se donne la peine de venir à Québec
pour demander des modifications législatives, c'est parce qu'elle trouve
l'exercice très important. Je veux assurer les municipalités de
notre volonté de service et de collaboration.
Une autre fonction du ministère à l'endroit des
municipalités porte sur l'organisation et l'aménagement du
territoire municipal. Le ministère veille activement sur les
procédures relatives à la délimitation des territoires
municipaux, aux projets de regroupement, d'annexion et d'entente
intermunicipale
Dans l'exercice de cette fonction, le ministère dispose d'un
programme spécial qui lui permet de favoriser sans l'imposer la
réalisation de projets de fusion ou de regroupement des
municipalités. Et dans l'exercice des pouvoirs qui me sont
attribués par la loi à cet égard, je situe au premier rang
parmi les critères dont doivent s'inspirer les décisions
ministérielles celui de la volonté librement et clairement
exprimée par les populations concernées et non pas seulement par
les élus qui, parfois, en fin de mandat pourraient être
tentés d'obtenir des changements majeurs. À ce moment-là,
nous disons: "Vox populi suprema lex." La voix du peuple est la loi
suprême en ces choses, surtout quand il s'agit de délimitation des
territoires pour un avenir qui risque de durer toujours. Plus souvent
qu'autrement, l'action du ministère consiste surtout à assurer en
ces choses le respect de toutes les procédures et surtout la
conformité des décisions à la volonté clairement
exprimée des citoyens.
Je note que les propositions du 14 décembre dernier ont
entraîné l'ouverture de conversations très nombreuses
à travers tout le Québec entre municipalités autour de
sujets traitant d'ententes intermunicipales, de formes diverses de
regroupement. On sent que cette idée d'une consolidation par un
réaménagement plus rationnel de nos institutions municipales est
maintenant lancée avec force et nous en suivrons le cheminement avec
beaucoup d'intérêt.
Autre élément du rôle du ministère en
matière d'organisation du territoire municipal, le rôle majeur
attribué au ministre des Affaires municipales dans la mise au point et
le suivi des schémas d'aménagement, dont la réalisation a
été confiée aux municipalités régionales de
comté.
En vertu de la Loi sur l'aménagement du territoire et
l'urbanisme, il appartient au ministre des Affaires municipales de surveiller
la préparation des schémas d'aménagement mis au point par
chaque MRC et de présider aussi à leur révision, il est
intéressant de souligner que toutes les MRC - 99, 96 plus 3
communautés urbaines -ont mis au point le schéma
d'aménagement commandé par la loi. Dans tous les cas sauf 3, le
schéma d'aménagement est en vigueur. La première
génération des schémas a permis de franchir une
étape significative en matière d'aménagement du
territoire. Nous entrons maintenant dans la phase de révision des
schémas, laquelle connaîtra son point culminant en 1992 et en
1993, alors que devront être révisés 78 des schémas
déjà en vigueur.
Le ministère des Affaires municipales existe d'abord pour le
service des institutions municipales; à preuve, le fait que, sur un
budget de 459 000 000 $ en 1991-1992, plus de 85 % seront consacrés
à des dépenses reliées à des programmes de soutien
financier ou technique au bénéfice des municipalités.
À titre d'exemple, le ministère versera cette année aux
municipalités une somme de 29 100 000 $ au titre du programme de
péréquation visant à aider les municipalités moins
richement dotées au chapitre de la propriété
foncière. Ce montant sera évidemment ajusté lorsque seront
mises en oeuvre sous leur forme définitive les propositions
gouvernementales du 14 décembre dernier.
Comme nous le savons, ces propositions comportent un enrichissement du
budget réservé à la péréquation.
Actuellement, le budget est de 29 000 000 $. Les propositions du 14
décembre contenaient un ajout de 20 000 000 $. Ensuite, il y a une somme
276 000 000 $ au titre des paiements de compensation tenant lieu de taxe sur
les immeubles gouvernementaux et les immeubles des réseaux de la
santé et de l'éducation. Évidemment, si les propositions
du 14 décembre se réalisent, ce montant sera réduit de
moitié; il faut le dire franchement, il sera réduit de
moitié, mais pas pour l'année 1991-1992. Pour l'année
1991-1992, il n'y aura pratiquement pas d'impact parce que l'année 1992
des municipalités n'embrasse que quatre mois de l'année 1991-1992
du gouvernement. Et les paiements des "en lieu" de taxes sont
généralement faits à compter du mois d'avril. Par
conséquent, pour les trois premiers mois - je m'excuse, j'ai dit quatre;
ce sont les trois premiers mois - il n'y aura pas d'impact, là. Dans
l'année 1991-1992, je ne voudrais pas que vous pensiez qu'en mentionnant
le montant de 276 000 000 $ je tente de camoufler quoi que ce soit. C'est
ça qui va être effectivement versé au cours du
présent exercice.
Troisièmement, il y a une somme de 16 200 000 $ au titre du
programme de plafonnement des taxes foncières sur les terres agricoles;
quatrièmement, une somme de 18 700 000 $ pour le soutien financier
à la restructuration du territoire, aux villages nordiques et à
l'Administration régionale Kativik, une somme de 5 700 000 $ pour
diverses formes d'aide financière, une somme de 56 800 000 $ pour la
construction de réseaux d'aqueduc et d'égouts. Ça, c'est
ce qui reste de l'ancien programme PAIRA, les engagements découlant du
programme AIDA, engagements découlant de décisions passées
ou pouvant découler de décisions qui seront prises au cours de
l'année. Enfin, une somme de 2 400 000 $ pour la Société
d'aménagement de l'Outaouais.
Par conséquent, le rôle du ministère en est
principalement un de transfert de sommes financières aux
municipalités et ce rôle va continuer dans des proportions
importantes. En ce qui touche le programme AIDA, en particulier, qui est le
plus important de tous les programmes d'aide du ministère, avec celui
des "en lieu" de taxes, le ministre des Finances fera part de ses intentions
dans le prochain budget. Ça n'est pas contenu dans les crédits,
mais le ministre des Finances est saisi des besoins considérables qui
existent dans nos municipalités en matière de
construction ou de renouvellement des systèmes d'aqueduc et
dégoûts et il fera part de ses décisions dans le discours
sur le budget.
Je signale enfin - et je terminerai sur ça - le rôle de
vigilance et de soutien qu'exerce le ministère à l'endroit des
municipalités en ce qui touche la bonne gestion des affaires
municipales. À juste titre, les citoyens insistent pour que leurs
dirigeants municipaux soient compétents, intègres et efficaces
afin de faire valoir leurs doléances en cas de mauvaise gestion
réelle ou appréhendée. Les citoyens disposent
auprès du ministre et des services du ministère de recours
variés et efficaces. Ils peuvent s'adresser soit au ministre, soit aux
services du ministère, soit à la Commission des affaires
municipales. Pour soumettre toute plainte au sujet de laquelle ils souhaitent
une vérification ou une action appropriée, selon la nature du
grief, celui-ci est traité tantôt par les services du
ministère, tantôt par la Commission des affaires municipales,
tantôt par le ministre lui-même et ses proches collaborateurs. (10
h 15)
Au cours de la dernière année, le ministère a
été saisi de 258 dossiers nouveaux à cet égard. Les
plaintes portent le plus souvent sur des questions d'administration, des
questions reliées à des contrats, des règlements d'emprunt
ou des règlements municipaux, questions reliées à des
soumissions, comme vous pouvez le comprendre. Le nombre de ces
représentations dont nous sommes saisis ne doit pas être
interprété comme signifiant qu'il y aurait eu 258 situations de
mauvaise gestion au cours de l'année. Très souvent, les
vérifications auxquelles nous procédons nous amènent
à conclure qu'il s'agissait d'une chicane de clôture locale ou
d'une querelle entre des clans. Et vous savez que les querelles, au plan local,
sont parfois très vives. Alors, il arrive que les gens, ne pouvant pas
attendre jusqu'à la prochaine élection pour régler ou
tenter de régler leurs comptes à leurs élus, veuillent
recourir à l'autorité du ministère. Et. dans ces
cas-là, cette autorité est exercée avec vigilance et
empressement, certes, mais pas du tout dans un esprit de domination ou
d'écrasement de qui que ce soit. Le seul souci que nous avons dans
l'examen de ces doléances, c'est d'entendre les représentations
de tous dans l'esprit d'impartialité qui s'impose.
Pour l'année 1991-1992, le ministère a été
invité, comme la plupart des autres ministères, à assumer
une part de sacrifice en vue de contribuer à l'amélioration de la
situation financière du gouvernement. Le ministère verra son
budget passer de 457 000 000 $ en 1990-1991 à 448 000 000 $ en
1991-1992. Je préviens tout de suite qu'il faudra comparer ce dernier
chiffre à celui des dépenses probables de l'exercice pour avoir
une idée réelle de l'importance des ressources mises à
notre disposition au cours de l'année. Je conclus en affirmant que cette
réduction n'est aucunement de nature, selon moi, à empêcher
le ministère de continuer à fournir aux municipalités du
Québec, au cours de l'année 1991-1992, des services d'excellente
qualité. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Mme la Présidente, permettez-moi d'abord de
souhaiter la bienvenue au ministre des Affaires municipales et au
sous-ministre, M. Gagné, ainsi qu'à toutes les collaboratrices et
collaborateurs qui les accompagnent.
Pour la sixième année consécutive, la commission de
l'aménagement et des équipements entreprend l'étude des
crédits du ministère des Affaires municipales sous le
gouvernement du Parti libéral. Depuis 1986, quatre ministres se sont
succédé à la barre du ministère. Je ne sais trop si
on doit y voir là un signe d'instabilité. Chose certaine, les
municipalités du Québec ont été les grandes
perdantes de ces six dernières années.
L'an dernier, lors du même exercice, je mentionnais que la
politique du gouvernement libéral en matière d'affaires
municipales se résumait à peu de chose: des coupures importantes
de budgets, une indécision chronique, un manque total de consultation
auprès des intervenants municipaux, l'art consommé de refiler aux
autres les problèmes d'équilibre budgétaire, les promesses
électorales reniées et, surtout, une absence complète de
vision, de principes et de projets susceptibles d'Influencer le
développement du Québec.
Cette année, je dois en toute honnêteté
réajuster mon tir. Le nouveau ministre des Affaires municipales ne
pourra pas être accusé d'indécision. En fait, il en a pris
une décision et elle est importante: pelleter le déficit du
gouvernement québécois dans la cour des municipalités, un
transfert unilatéral de 500 000 000 $ sans aucun service additionnel et
sans aucune amélioration des services déjà offerts. Pire,
l'existence même de certains de ces services est remise en cause par
l'action gouvernementale libérale. Il y avait bien longtemps qu'un
ministre des Affaires municipales n'avait pas été sur la sellette
comme l'est l'actuel ministre, et pour cause. Le 14 décembre dernier, le
ministre déposait à la table Québec-municipalités
le document Intitulé "Vers un nouvel équilibre", document qui, si
son contenu est mis en vigueur, jettera les bases d'un profond
déséquilibre au sein du milieu municipal.
Comment pourrait-il en être autrement quand, de façon tout
à fait arbitraire, le ministre coupe aveuglément dans le
transport en commun? Après avoir déposé, en 1981...
Après qu'il y eut
eu, en 1980, un pacte qui liait les municipalités et le
gouvernement du Québec concernant le transport en commun, on se rend
compte que les propositions que le ministre fait ne dégagent pas les
municipalités de tous les engagements qu'il a forcés ou
négociés avec les municipalités, à savoir que le
transport en commun doit servir pour les plus démunis de notre
société, à savoir que le transport en commun est un
service qu'on doit donner à la société, aux gens les
plus... En fait, le transport en commun est pour des gens qui, règle
générale, ne sont pas les plus riches de notre
société. Le gouvernement a décidé, à ce
moment-là, ou avait décidé que ce service devait
être à coûts partagés ou à frais
partagés pour ces raisons. Pas de transport en commun, ça
voudrait dire de nouvelles constructions de routes, de nouvelles constructions
de ponts; ça veut dire certainement des milliards en cause. Donc, c'est
un choix de société qu'on s'était imposé. Pour ma
part, j'avais participé à ces négociations et je vous dis
que ça avait fait l'objet d'une entente entre les municipalités
et le gouvernement du Québec.
Aujourd'hui, on leur propose de reprendre tout le dossier, de le
remettre aux municipalités. Je ne sais pas si le ministère a dans
la tête ou dans l'idée de laisser aux municipalités aussi
le choix à faire concernant ces actions vis-à-vis de ce sur quoi
on s'était entendu avant ou vis-à-vis des décisions qui
avaient été prises en concertation avec le gouvernement du
Québec. Si le ministre persiste à dire qu'il responsabilise les
municipalités, bien, ce n'est pas une responsabilité à peu
près, ça devra être une responsabilité
complète et non pas une responsabilité en morceaux, tel que c'est
proposé actuellement.
En ce qui concerne la voirie locale, il s'agit de voir un peu ce qui se
passe dans le réseau routier dans l'ensemble du Québec. La
plupart des petites municipalités ont souvent et la plupart du temps un
plus long réseau routier rural; donc, les municipalités les plus
démunies. Le ministre propose qu'on refile ou qu'on redonne aux
municipalités l'entretien des réseaux routiers. Est-ce que
ça veut dire, les municipalités étant responsables
complètement du réseau routier, qu'elles auront le pouvoir et le
droit de canceller ou de fermer des chemins s'il y a lieu? Parce que je pense
aussi que la responsabilité va avec le pouvoir de décision. Je
pense qu'à ce moment-là on organise ou on force les
municipalités à faire des choix très difficiles puisque,
depuis plusieurs années, la voirie locale est en mauvais état. Il
y a eu négligence, il y a eu moins de services de donnés,
l'entretien a été laissé-pour-compte. J'invite le ministre
à se promener un peu sur le territoire du Québec pour se rendre
compte de quelle façon, dans quel état est la voirie locale.
Donc, ça, ça me semble des décisions importantes.
Quand on parle aussi de refiler aux munici- palités les
coûts de la Sûreté du Québec, alors qu'actuellement
la Sûreté du Québec n'est même pas en mesure d'offrir
un service adéquat dans l'ensemble des régions du Québec,
je pense qu'à ce moment-là la mesure devient un peu plus comble.
On est peut-être d'accord sur un certain principe à l'effet que la
Sûreté du Québec ou que la police, c'est une
responsabilité locale, mais jusqu'à quel point peut-on redonner
aux municipalités cette responsabilité sans qu'il y ait de
véritables négociations et de véritables échanges?
Actuellement, on leur propose de payer la facture sans aucun service
supplémentaire.
Je pense qu'à ce moment-là les municipalités ne
sont pas heureuses de cet état de fait, et avec raison, parce
qu'à mon point de vue les municipalités n'ont pas
participé aux négociations qui régissent les conventions
collectives avec la Sûreté du Québec, mais on leur propose
de payer tout de même la facture. À ce moment-là, ça
me semble, en tout cas, un déséquilibre vis-à-vis des
municipalités. Le ministre nous semble, en tout cas, être surpris
que le climat ait surchauffé entre les municipalités et son
ministère. Il faudrait bien dire qu'à force d'attiser le feu on
finit par déclencher des Incendies. C'est effectivement ce qui se
produit sur le territoire.
Il y a un élément dont on ne parle pas beaucoup dans la
réforme, c'est lorsque le ministère propose qu'à l'avenir
les amendes qui seront payées par les citoyens, les amendes concernant
la sécurité routière, soient repayées ou
redonnées aux municipalités. Moi, je pense qu'à ce
moment-là on fait fausse route, puisqu'on se sert de la
répression pour remplir les coffres de la municipalité. Dieu sait
si c'est une source de taxation qui est fluide et qui est inconstante comme
elle n'est pas tangible. Il s'agit de connaître les relations entre les
municipalités et leurs corps policiers pour savoir qu'un des moyens de
pression qui est employé par les policiers, effectivement, c'est de ne
pas émettre de billets de stationnement ou des billets de circulation
lorsqu'il y a des difficultés. C'est un moyen de pression et ça
devient une source très aléatoire de revenus, d'autant plus que
je ne crois pas que ces amendes-là aient été faites par le
législateur comme moyen de pression. C'est plutôt un moyen
d'éducation et je pense qu'à ce moment-là, c'est un
détournement, effectivement, de ce qui se passe, ce qui devrait se
passer dans la réalité et dans une société
organisée.
La taxe d'amusement qu'on enlève est aussi un point assez
crucial. J'ai cru comprendre, à certains moments, que le ministre
voulait la conserver pour les municipalités, mais tout en rajoutant les
15, 56 % de la TPS et de la TVQ, ce qui me semble un non-sens parce que, s'il y
avait un moyen par lequel les municipalités pouvaient s'impliquer dans
la culture, c'était peut-être par ce moyen-là que les
municipalités
le faisaient. En leur enlevant cette possibilité, je pense qu'on
fait, entre autres, comme résultat qu'on met trop de pression,
justement, sur une forme de notre développement qui déjà
est en difficulté. Donc, si on remet des taxes supplémentaires,
ce n'est pas de cette façon-là qu'on va les revaloriser.
La taxe scolaire, le ministre recule quelque peu en disant. Ça
sera 25 %. C'est à partir de 1992-1993. Ce n'est pas un gain
effectivement pour les municipalités. C'est que le ministère ou
le ministre est moins gourmand, mais, à mes yeux, il n'y a pas de gain
pour les municipalités. Il y aura toujours un manque à gagner
concernant ça. Moi, je pense que le ministre se refuse à regarder
les véritables problèmes et les véritables enjeux locaux.
Tout à l'heure, il a soulevé un peu le voile et j'aurais
aimé que ces questionnements qui ont été faits... Je ne
sais pas si on est quelque peu dans ces questionnements que le ministre a
apportés vers la fin de son exposé, mais j'ai l'impression et
j'ai au moins la certitude que ces questionnements-là auraient dû
être faits avec les municipalités avant d'entreprendre quelque
réforme ou quelque changement que ce soit.
On traite souvent... Et le ministre a l'air prudent. Il reconnaît
l'importance des municipalités, mais des municipalités, ce sont,
en fait, des institutions qu'on doit traiter avec égard et avec beaucoup
d'attention. Et je ne crois pas que, dans les deux dernières
années, on ait senti cette volonté-là de la part du
gouvernement. Lorsqu'on parle d'autres enjeux ou d'autres perspectives qu'on
veut bien soulever, on peut se questionner sérieusement, à savoir
comment les municipalités pourront devenir des intervenants ouverts
à quelque proposition que ce soit parce que, depuis deux années
consécutives, elles se sont fait refouler de 800 000 000 $ à 820
000 000 $ de taxes supplémentaires, ce qui me semble très,
très élevé.
Le maire de Québec, M. Jean-Paul L'Allier, disait dans une
entrevue au Devoir, le 22 janvier dernier: Dans une
société qui sèche sur place parce qu'elle ne se renouvelle
pas, s'équiper pour la croissance, c'est s'équiper pour la
déchéance. M. L'Allier faisait ainsi référence
à l'étalement urbain dont sa ville est particulièrement
victime. Par l'étalement urbain, on encourage le dépeuplement des
centres-villes et la surutilisation de l'automobile. Le gouvernement
libéral se désengage du transport en commun tout en adoptant des
plans de développement du réseau routier où les autoroutes
se multiplient.
Autre enjeu municipal, les regroupements. Avec 2 000 000 d'habitants de
moins que l'Ontario, le Québec compte deux fois plus de
municipalités. Pourtant, à bien des endroits, des regroupements
seraient plus que souhaitables. Non seulement les regroupements engendrent-ils
la solidarité et la concertation, mais cela met également fin aux
chicanes de clocher qui nuisent à l'épanouissement et au
développement d'une région. C'est ce que le gouvernement ontarien
a compris en décrétant un seuil minimal quant à la taille
des municipalités.
Enfin, je donnerais un dernier exemple d'un problème sur lequel
le gouvernement devrait sérieusement se pencher. Il s'agit de la
concurrence parfois féroce à laquelle se livrent plusieurs
municipalités. Pensant pouvoir se développer et grossir ad vitam
aeternam, plusieurs municipalités en sont rendues à se livrer une
dure concurrence pour attirer chez elles de nouvelles entreprises ou de
nouveaux résidents. Certaines vont même jusqu'à faire de la
publicité à la télévision pour atteindre leur
objectif. Toujours est-il que cette concurrence est non seulement malsaine pour
l'ensemble d'une même région, mais elle amène souvent les
municipalités à se mettre, ou à quatre pattes devant les
promoteurs, ou dans des situations où les avantages accordés au
nouvel arrivant sont à la limite de ce que permet la loi. (10 h 30)
Comme vous le voyez, de nombreux enjeux aux conséquences
très importantes mériteraient un examen attentif du ministre.
J'espère à tout le moins que cette étude des
crédits nous permettra d'en discuter, mais revenons à nos moutons
budgétaires. Cette année, le budget du ministère des
Affaires municipales, excluant le secteur de l'habitation, est de 448 229 600
$, en baisse de 6,7 % par rapport aux dépenses probables de la
dernière année financière. Tout de même, les
Affaires municipales demeurent l'un des ministères les plus importants
par rapport à l'ensemble du budget gouvernemental. Le ministère
des Affaires municipales est surtout un ministère important pour les
municipalités et la population, puisque tout près 90 % de son
budget représente des dépenses en matière de transferts,
c'est-à-dire des sommes d'argent qui sont retournées aux
municipalités et aux organismes municipaux.
En conséquence, toute variation du budget a un impact direct sur
les municipalités et sur leurs contribuables. Il est donc fort
déplorable de constater une baisse des dépenses de transfert dans
trois des sept programmes que nous étudions aujourd'hui. Pour le
programme 7, Aide financière à la Société
d'aménagement de l'Outaouais, il s'agit d'une baisse de 26,5 %. Pour le
programme 1, Aménagement du territoire municipal, la baisse est de 31,6
% au seul chapitre des dépenses transférables. Enfin, pour le
programme 6, Aide financière à la construction de réseaux
d'aqueduc et d'égouts, la diminution est de 18 %. Devant le nombre
considérable de demandes d'aide en vertu du programme AIDA, cette baisse
n'est pas pour rassurer les municipalités en attente d'un réseau
décent d'aqueduc et d'égouts. Et il y en a, croyez-moi. Le
ministre en a fait état dans son exposé.
Voilà, Mme la Présidente, comme vous
pouvez le constater, il s'agit là d'une entrée en
matière qui n'a rien de bien réjouissant, mais qui ne fait que
refléter l'action gouvernementale aussi bien pour le ministre des
Affaires municipales que pour l'ensemble des ministères: un gouvernement
sans vision, sans objectif et sans principe, sauf celui de faire payer les
autres à sa place et de démanteler toute la structure municipale
actuelle acquise au prix de longs efforts.
Voilà les quelques notes ou les quelques mots que je commenterai
en matière de cet échange qu'on poursuivra aujourd'hui avec le
ministre des Affaires municipales. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? Alors, nous passons au programme 1. Discussion
générale sur tous les... Allez-y, M. le député de
Jonquière.
Discussion générale Réforme de la
fiscalité municipale
M. Dufour: Moi, je voudrais qu'on discute de la réforme de
la fiscalité municipale. Beaucoup de choses ont été dites
depuis le 14 décembre 1990 au sujet des propositions contenues dans le
document intitulé: "Vers un nouvel équilibre",
déposé à la table Québec-municipalités.
À plusieurs reprises, nous avons interrogé le ministre
lors de la période de questions. Ce sujet a également fait
l'objet de la première motion du mercredi ainsi que de la
première interpellation. Je ferai donc un bref résumé des
propositions du ministre des Affaires municipales pour lui poser, par la suite,
un certain nombre de questions. Au total, le gouvernement du Québec
s'apprête, à compter de 1992, à refiler une facture plus ou
moins - il y a des propositions sur la table, mais c'est celle qu'on a, il n'y
a pas eu de changement - de 477 500 000 $ aux municipalités qui se
répartit comme suit: 266 200 000 $, pour le transport en commun; 43 300
000 $ pour l'entretien du réseau routier local; 79 300 000 $ pour le
service de la Sûreté du Québec; 82 000 000 $ par la
suppression des "en lieu" de taxes dans les écoles primaires et
secondaires; 25 500 000 $ par l'abolition des droits sur le divertissement; 7
600 000 $ pour la cessation de la subvention versée annuellement aux
MRC; 6 000 000 $ par l'arrêt des réductions accordées aux
municipalités pour l'immatriculation de leurs véhicules.
En échange de cette coupure avoisinant les 500 000 000 $, les
municipalités devront taxer davantage les entreprises, les commerces et
les contribuables, tout en espérant que le gouvernement
fédéral acceptera la demande de Québec de payer ses "en
lieu" de taxes.
Transport en commun
La première question, bien sûr, c'est concernant les
sociétés de transport. Actuellement, il y a des menaces
sérieuses qui planent sur l'avenir de ces sociétés. Je
veux juste penser à la Société de transport de la Rive-Sud
de Montréal où les villes membres songent de plus en plus
ouvertement, même, à aller jusqu'à la privatisation. Je
voudrais savoir du ministre si le fait que les municipalités deviennent
responsables, complètement ou en très, très grande partie,
du transport en commun dans son fonctionnement, est-ce que le ministre peut
nous informer si, dans son esprit, les sociétés de transport
avaient le droit ou le pouvoir d'aller jusqu'à la privatisation versus
leur propre société de transport? C'est une alternative qui a
été suggérée ou proposée dans certains cas,
spécifiquement celui de la Société de transport de la
Rive-Sud de Montréal.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: II y a différents éléments que je
voudrais souligner en réponse à cette question-là.
J'apprécie de manière générale le ton constructif
de l'intervention du député de Jonquière dont je
reconnais, encore une fois, les connaissances et l'expérience en
matière municipale, ce qui m'incline à écouter toujours
avec beaucoup d'attention les propos qu'il tient autant sur nos projets que sur
le domaine municipal en général.
En ce qui touche les sociétés de transport, tout d'abord,
j'ai rencontré la Société de transport de la Rive-Sud de
Montréal, vu que celle-ci a été mentionnée dans la
question du député de Jonquière. J'étais
accompagné, ce soir-là, du ministre des Transports. Nous
étions allés ensemble pour entendre leur point de vue vu que
l'organisme de transport relève de la compétence du ministre des
Transports. J'ai retenu deux éléments principaux des
échanges que nous avons eus ce soir-là. En premier, eux estiment
qu'il y avait un certain engagement du gouvernement a leur verser un
supplément des contributions financières pour trois années
incluant l'année 1992. Ils s'inquiétaient de savoir si ce qu'ils
estiment être un engagement du gouvernement allait être
annulé par les propositions du 14 décembre. Ils nous ont remis
des pièces documentaires établissant leur position. M. le
ministre des Transports s'est engagé à examiner très
attentivement cette question qui nous avait été posée,
à faire des recommandations appropriées au gouvernement à
ce sujet. Deuxièmement, en ce qui touche l'impact plus large de la
réforme dans les territoires des municipalités desservies par la
Société de transport de la Rive-Sud de Montréal, nous
avons pu établir, à l'aide des projections qui avaient
été arrêtées par les services du ministère,
que l'impact général de la
réforme dans ces municipalités n'est pas du tout
destructeur, n'est pas du tout de l'ampleur qu'on pourrait signaler dans
certaines autres parties du territoire du Québec qui demandent un examen
attentif de notre part.
On disait, par exemple... Je vous donne un exemple, la ville de
Brassard. Quand on regardait l'impact sur le taux de taxation en industriel et
au commercial, on voyait une augmentation spectaculaire, et on regardait du
côté résidentiel, il n'y avait pratiquement rien. Si elles
font un ajustement, chaque municipalité va être libre
d'établir le mélange qu'elle voudra entre les différentes
formes de taxation mises à sa disposition. On constate que l'ajustement
pourrait se faire sans que ça soit trop, trop pénible. Pour la
ville de Boucherville, c'était la même chose. On pourrait faire le
tour. Je pense que le député de Jonquière est familier
avec ces données-là. Ce n'est pas la partie du Québec
où il y a lieu de porter les plaintes les plus fortes.
Je me souviens que certains ont dit, ce soir-là: Réglez le
problème pour l'année 1992 découlant de ce que nous
considérons comme des engagements, et le reste, nous sommes prêts
à y voir et à prendre notre part. Je n'ai pas entendu les propos
alarmistes dans les journaux. Ça ne veut pas dire que ceux qui lisent
les journaux avaient tort. Il peut arriver que l'homme public, des fois, dise
des choses qui dépassent sa pensée. Aussi les journaux ont bien
l'obligation incontournable de les rapporter, sinon le plaisir. Mais de ce
côté-là, moi, j'ai eu un échange très
constructif dont je suis sorti instruit et je n'ai pas eu l'impression qu'on
s'en allait vers ça.
Cette Société-là, entre parenthèses, c'est
celle qui a connu l'accroissement le plus significatif de son volume de
passagers depuis trois ans. Elle a entrepris un programme de restauration
vigoureux, de redressement de ses relations de travail qui étaient
joliment dégradées et je crois que, tout compte fait, on a des
perspectives qui sont loin d'être aussi sombres qu'ont pu le laisser
entendre certaines nouvelles parues dans les journaux. Ça, c'est ma
réaction pour la Société de transport de la Rive-Sud de
Montréal.
Sur un plan plus large, en réponse à la question du
député, je crois que le gouvernement, tout en indiquant aux
municipalités qu'il n'entend plus financer comme il l'a fait dans le
passé les déficits de fonctionnement, n'abandonne pas les
municipalités concernées à leur sort. Il leur propose de
nouvelles sources de revenus. Entre autres, il y aura l'accès à
un impôt foncier spécial sur le non-résidentiel qui sera
accompagné d'un plafond, jusqu'à nouvel ordre, permettant d'aller
chercher de cette source une somme d'appoint qui permettra d'assurer la
participation des entreprises au financement du transport en commun dont elles
bénéficient sous mille et une formes. Alors, de ce
côté-là, il y a cette source-là qui est très
importante et qui a pour objet justement d'assurer un équilibre.
On a fait des gorges chaudes à propos de la taxe sur le
stationnement. Vous avez peut-être entendu le maire d'Outremont dire:
Moi, je n'en ai pas de stationnement chez nous. Il y en a des stationnements
à Outrement; il n'y en a pas autant qu'à Montréal, mais il
y en a à Outremont. Le maire peut aller voir sur l'avenue où est
l'école de musique Vincent-dïndy; tout le long de la rue, il y a
des stationnements payants qui appartiennent à la ville d'Outremont. Si
vous allez sur l'avenue Laurier, il y en a des stationnements aussi. Dire qu'il
n'y en a pas du tout, ça va bien quand c'est répercuté
dans le fond de la Gaspésie, mais ce n'est pas vrai.
La ville de Montréal en a beaucoup et je sais pertinemment
qu'à la ville de Montréal on a fait des études sur le
rendement éventuel d'une taxe sur les espaces de stationnement. Il y a
des calculs qui ont été faits. A supposer qu'elle imposerait une
taxe de 0,25 $ par jour par place, ça rapporterait des sommes
considérables. Ça confirme la justesse d'une suggestion qu'on a
faite, et on ne l'impose pas, mais ça confirme qu'avec une
préparation sérieuse et un bon aménagement il y a de
l'argent que la municipalité peut aller chercher de ce
côté-là. Que ceux qui occupent l'espace urbain avec leur
voiture, en plein coeur de journée, à longueur de journée
et de semaine, soient invités à payer un petit peu plus pour les
coûts que ça entraîne, je pense que c'est un des
éléments de la réforme.
Je veux signaler que, souvent, j'ai entendu le maire de Montréal,
dont je loue d'ailleurs la conduite dans le débat que nous avons eu; il
a toujours été très correct. On a le droit d'être
durs envers quelqu'un, mais il est resté correct sur toute la ligne. Il
a dit, à un moment donné: À Québec, on ne comprend
pas les problèmes de développement urbain et de transport en
commun. Mais le projet de taxe sur le stationnement, c'est directement
l'expression d'un souci que nous avons d'assurer un meilleur équilibre
des responsabilités. Je reconnais que, dans les banlieues, l'application
de la taxe sur le stationnement serait infiniment plus difficile parce que dans
les banlieues, comme vous le savez, on a développé des gros
centres d'achats, dont un des attraits, c'est justement d'offrir le
stationnement gratuit.
On l'a même dans les villes de ceinture comme Saint Eustache, que
représente le député de Deux-Montagnes; à
Châteauguay, on a ça également et on pourrait faire le tour
des villes qui sont dans la grande périphérie des centres
urbains. Elles le verront et peut-être que, dans l'immédiat, ce
n'est pas une chose que voudront faire ces municipalités-là;
ça ne sera pas imposé par le gouvernement, ces propositions. Mais
là, je donne deux exemples de sources de financement compensatoires
auxquelles pourront recourir les municipalités pour compenser la perte
de revenus qu'entraînera pour elles l'abolition des
subventions gouvernementales de fonctionnement.
En plus, dans les ajustements qui ont été rendus publics
il y a quelque temps, il est indiqué que nous sommes à
définir une source de revenus qui pourrait être attribuée
aux municipalités, à la suite d'une décision qui
relève de la compétence de Québec. On a mentionné,
à titre d'exemple, les droits d'immatriculation sur les plaques de
véhicules automobiles. Je ne sais pas si c'est la forme
définitive que retiendra le gouvernement. Il appartiendra au ministre
des Finances de l'annoncer en temps et lieu, mais c'est une des formes qui sont
considérées sérieusement par le gouvernement. Là,
il dérivera de cette source-là une partie significative du manque
à gagner qui découlera, pour les municipalités, de
l'abolition des subventions pour le financement des déficits. Par
conséquent, je voudrais assurer le député de
Jonquière que nous n'abandonnerons pas les municipalités à
leur sort en ce qui touche le transport en commun. Nous voulons les
responsabiliser davantage et elles auront le moyen d'assurer un financement
meilleur.
Il y a la contribution de l'usager aussi. Je pense que tout le monde va
convenir que, quand l'usager paie 0,30 $ dans la piastre sur le service qui lui
est offert, quand je prends le taxi ou que quelqu'un prend le taxi, il paie le
plein prix. Si quelqu'un voyage par le service Voyageur - et il y en a beaucoup
qui voyagent par Voyageur autour de Montréal - il paie le plein prix. Le
gouvernement ne finance pas les déficits de Voyageur. C'est un service
de transport éminemment populaire. Je l'ai emprunté pendant
plusieurs années pour voyager entre Québec et Montréal.
J'aimais ça me retrouver avec les gens qui sont la clientèle de
Voyageur, mais on ne le finance pas. Alors, je me dis que nous allons garder
une contribution. (10 h 45)
Tantôt, j'ai entendu le député de Jonquière
dire: Oui, mais les assistés sociaux, les pauvres et tout, là,
voulaient vous imposer aux sociétés de transport de transporter
ces gens-là à des conditions spéciales. Tout d'abord, il
faut ajouter quelque chose. Dans le programme d'aide sociale que nous avons
refait ces dernières années et dans lequel les allocations de
base ont été sensiblement augmentées, il y a une partie de
l'allocation qui couvre les frais de transport. On a fait des études sur
les dépenses des personnes qui sont dans cette situation. On a
attribué un certain nombre de points pour les dépenses de
transport et l'allocation que l'assisté social reçoit contient un
certain montant qui va pour le paiement de ses dépenses de transport.
Par conséquent, l'argent qui tombe dans la boîte de la
Société de transport de la CUM ou de la société de
transport de la CUQ, c'est de l'argent qui vient souvent directement du
gouvernement.
La même chose pour les prêts et bourses.
On a réformé le régime d'aide financière aux
étudiants, il y a deux ans, et on a examiné soigneusement les
frais de transport de l'étudiant pour qu'ils soient
considérés parmi les dépenses admissibles pour les fins de
l'établissement du montant de l'aide financière à laquelle
il aura droit.
Quand on a calculé le transport des étudiants à
Montréal et à Québec, on a calculé le prix du
billet de transport à même les autobus de la CUQ, la CUM ou le
métro, c'est ça qui a été transposé dans les
dépenses admissibles qui donnent en retour accès à un
montant plus élevé de bourse ou de prêt, selon les cas. Il
y a un autre cas aussi. Le ministère des Transports, en vertu de sa loi
constitutive, participe au transport des étudiants de manière
significative. Encore là, il y a des contributions importantes qui sont
fournies aux organismes de transport en commun.
Pour le transport des élèves handicapés, des
personnes handicapées, il y a des budgets considérables. Je pense
que c'est au moins 30 000 000 $ qui sont dépensés par le
gouvernement pour le transport adapté. Le député de
Jonquière se souvient probablement que le gouvernement a pris
l'engagement de verser 25 000 000 $ par année au nouvel organisme
métropolitain de transport pour la région de Montréal qui
doit essayer d'établir des tarifs uniformisés, favoriser
l'interpassage d'un service à l'autre, d'un autobus de la
Société de transport de la Rive-Sud au métro de la
Société de transport de la Communauté urbaine, etc. On
leur donne 25 000 000 $ pour ça.
Ces 25 000 000 $ là, où pensez-vous qu'ils vont, Mme la
Présidente? Ils vont à chacun des organismes de transport. La
Société de transport de la CUM en touche la plus grosse partie,
la Société de transport de la Rive-Sud en touche aussi. On va
continuer, pour les immobilisations, à financer une partie
considérable. Dans l'état actuel des choses qui n'ont pas
été modifiées par les propositions gouvernementales, le
gouvernement paie 100 % du développement pour le métro. Il paie,
je pense, 80 % du coût des autobus acquis par les organismes de
transport. Ça va rester ça. On ne peut pas dire, par
conséquent, que le gouvernement dit: On se lave les mains. Nous avons
une responsabilité de transport en commun. Je souscris à la
proposition qu'a faite le député de Jonquière
là-dessus, mais je dis: La responsabilité prioritaire est celle
des autorités municipales, et nous sommes prêts à continuer
de les soutenir sous des formes qui nous apparaissent devoir être
sensiblement modifiées, étant donné la conjoncture
nouvelle d'aujourd'hui.
Je suis très heureux que le débat s'oriente sur ces
questions de fond. J'entendrai volontiers les représentations qu'on va
nous faire là-dessus, mais ça, je pense que ça donne un
portrait d'ensemble de la manière dont le gouvernement voit le
problème à l'heure actuelle.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour:. Oui, Mme la Présidente, moi, je pense que le
ministre a soulevé plusieurs hypothèses ou plusieurs avenues dans
son exposé. Ma question était à l'effet que si les
municipalités reprennent des responsabilités ou reprennent des
coûts supplémentaires pour le fonctionnement du transport en
commun... Moi, j'essaie toujours de suivre le raisonnement du ministre des
Affaires municipales lorsqu'il nous dit: On va responsabiliser. Et la
décision doit être dans le lieu où ceux qui payent...
Donc, s'ils ne paient plus, est-ce que les municipalités vont
avoir plus de latitude pour décider à travers le fonctionnement?
Et j'ai soulevé l'hypothèse: Est-ce qu'elles pourraient aller
jusqu'à la privatisatiser? Est ce que vous pouvez reconnaître que
ça pourrait être une forme de partenariat? Parce que n'oublions
pas que le transport en commun a été fait de Québec par
loi et les municipalités sont à l'intérieur d'un cadre
assez restreint.
M. Ryan: Regardez, si jamais une société de
transport particulière ou les municipalités qui la
contrôlent voulaient envisager la privatisation, il faudrait qu'elles
viennent en parler avec le gouvernement, étant donné la
participation considérable que nous avons prise au financement des
immobilisations. Je pense bien qu'elles n'auraient pas le toupet de vouloir
vendre tout ça au secteur privé sans avoir la permission du
gouvernement. On leur rappellerait rapidement les antécédents du
dossier, s'il y en a qui voulaient agir comme ça. Je pense que ça
saute aux yeux.
M. Dufour: En fait, on responsabilise pour des paiements, mais au
point de vue décisionnel le Québec va garder la main suffisamment
haute sur les municipalités pour qu'elles n'aient pas tellement de
latitude par elles-mêmes. Il va falloir qu'elles reviennent à
Québec pour demander, etc., ce que vous avez déploré
tantôt.
M. Ryan: Si jamais un groupe de municipalités voulaient
disposer, en faveur du secteur privé, de tous les actifs
accumulés pendant des années de subventionnement gouvernemental,
entre autres, je pense bien qu'il serait d'élémentaire
équité que le gouvernement du Québec soit appelé
à donner son opinion là-dessus, et même son approbation.
D'abord, ça demanderait des changements aux lois. Il faudrait qu'on en
parle ensemble.
M. Dufour: On va parler un peu de l'état de
Montréal, du transport en commun. J'ai rencontré des responsables
du transport en commun dans la région de la Communauté urbaine de
Montréal et il semblerait que, même avec ou sans vos propositions,
il y aurait un manque à gagner d'environ 50 000 000 $. C'est
évident que l'attitude ou les propositions que vous avez faites jettent
la consternation sûrement parmi les administrateurs et, tantôt,
possiblement parmi les usagers parce qu'à Montréal, s'il n'y
avait pas de transport en commun, comme je l'ai soulevé tout à
l'heure, ça voudrait dire la construction de nouveaux ponts, de
réseaux routiers. Et ce qu'on pense avoir économisé va
nous coûter probablement le double.
Je sais aussi, d'autre part, que la ville de Montréal envisage
l'éventualité de suivre vos recommandations à l'effet de
taxer le stationnement et les entreprises. Mais, déjà,
Montréal est en concurrence féroce avec ses banlieues où,
déjà, le fardeau fiscal des entreprises et des commerces est plus
élevé que sa couronne. En prenant pour acquis que Montréal
aille carrément dans le sens de vos propositions, qu'est-ce qui va
arriver pour Montréal tantôt9 Est-ce que ça veut
dire que la ville va se vider de ses entreprises, comme elle s'est
déjà vidée en grande partie des citoyens?
Je pense que c'est une question très importante que je
soulève là. Moi, je ne suis pas le défenseur de
Montréal, particulièrement; je viens d'une région. Mais il
y a des problèmes qui nous sautent aux yeux qu'on ne peut pas nier. On
ne peut pas nier l'évidence. Qu'est-ce qui va arriver en supposant
que... On pourra peut-être parler des taxes sur le stationnement pour
d'autres municipalités, mais pour Montréal et ses banlieues,
qu'est-ce qui va arriver dans un cas comme ça, où elles imposent,
où elles vont aller chercher carrément les revenus? Est-ce qu'on
a des études d'impact sur ce qui pourrait arriver?
M. Ryan: Ça me fait plaisir que vous souleviez cette
question-là parce qu'elle est tout à fait vitale pour le bon
dénouement de cette discussion. J'ai eu accès récemment
à des données concernant l'évolution du fardeau fiscal
dans une municipalité fort importante de l'île de Montréal,
l'évolution du fardeau fiscal au cours des dix dernières
années. Savez-vous ce que les données que j'ai consultées
m'ont révélé? Que le fardeau fiscal des entreprises a
augmenté à un rythme sensiblement inférieur à celui
de l'inflation depuis 10 ans, sensiblement inférieur à celui de
l'inflation. Le fardeau fiscal du résidentiel a augmenté, au
cours des six dernières années, à un rythme
inférieur à celui de l'inflation. Alors, ça, c'est bien
significatif, vous savez. Et je pourrai mettre ces données-là. Je
ne les ai pas ici ce matin, malheureusement. J'ai ça dans une autre
serviette; j'en transporte toujours plusieurs, mais j'ai été
surpris de voir ces données-là, et quelqu'un m'a dit:
Peut-être que votre affaire n'est pas si bête que ça quand
on la regarde de proche.
Il y a une autre chose que j'ai signalée aussi à
l'attention des observateurs, a bien des reprises. Le fardeau fiscal des
entreprises sur l'île de Montréal, l'ensemble, savez-vous
à
combien ça monte dans une année: fédéral,
provincial, municipal, scolaire? 4 500 000 000 $. Or, ce qu'il était
proposé d'ajouter pour les entreprises, si on suivait
littéralement les suggestions du gouvernement, ce qui n'est pas
obligatoire encore une fois - je vais indiquer pourquoi tantôt - ce qu'il
était proposé d'ajouter sur l'île de Montréal,
c'était à peu près 150 000 000 $. C'était à
peu près l'équivalent de 3,2 % ou 3,5 % de l'ensemble du fardeau
fiscal qu'elle porte actuellement. Ce n'est jamais réjouissant, mais
quand on regarde ça dans des perspectives plus larges, je ne pense pas
qu'il y ait lieu d'entonner les refrains alarmistes que nous avons entendus ces
derniers temps. Pour une entreprise qui est sur le bord de l'écrasement,
une charge additionnelle de 1 % peut être mortelle. Et je voudrais que
vous le considériez quand on discute de sujets plus larges aussi;
ça jouera là aussi. Mais je pense que, de manière
générale, l'impact de ceci peut être fort
modéré.
Si on regarde le cas de Montréal, en particulier, puisque nous en
parlons, suivant les projections originelles du gouvernement, à supposer
que les nouvelles charges pour le transport en commun seraient
complètement dévolues au non-résidentiel, le bilan net de
l'opération se solderait, pour Montréal, par une augmentation du
non-résidentiel de 13,9 % et le résidentiel - savez-vous combien?
- 0,8 %. Comme je le disais au maire de Montréal, à supposer
qu'il prendrait 2 %, 3 %, 4 % de l'autre côté pour
équilibrer les choses, il va arriver à un résultat qui va
être fort convenable; ça, c'est pour toute la ville de
Montréal. Et la ville de Québec, nous avons fait les calculs
également et je vous assure que les projections sont loin d'être
les plus déconcertantes ou les plus troublantes qui soient. Ce n'est
jamais agréable d'envisager un certain accroissement du fardeau fiscal.
Il y a, dans ces propositions-là, accompagné des assouplissements
que nous avons rendus publics tantôt, un potentiel de souplesse
très grand.
Ici, j'ai un tableau - je vous indique ça parce qu'on fait toutes
sortes de projections pour essayer de se donner raison aussi, ça se
comprend. On a fait une supposition. Disons que les coûts additionnels de
transport en commun seraient entièrement financés par le
non-résidentiel; ça, c'est la proposition de départ. On en
a fait une autre: 75 % le non-résidentiel, 25 % le
général, c'est-à-dire résidentiel et
non-résidentiel ensemble, comme vous le savez. On en a fait une autre:
50-50. On en a fait une autre: 33-66; une autre: 25-75; et une autre
entièrement financée par le général. On a toutes
les équations possibles et il y en a bien d'autres que toutes les
équations possibles qui peuvent entrer sur une page comme
celle-là. Mais on en a bien d'autres qui peuvent être faites,
évidemment, au gré de chaque municipalité, suivant sa
situation propre et tout. De manière générale, je pense
que tout ça peut être absorbé, compte tenu de
l'évolution de la fiscalité municipale au cours des
dernières années. Je pense qu'on a des données qui
permettent d'envisager qu'on puisse s'en sortir fort convenablement.
M. Dufour: Oui, mais, M. le ministre, je veux admettre que, quand
on prend nos discussions morceau par morceau, ça fait des petits
montants. C'est bien sûr qu'on parle de transport en commun, et vous
pouvez avoir raison, ça peut représenter 3 %, 4 %. Mais quand on
additionne l'ensemble des taxes que les entreprises subissent ou que les
contribuables subissent... Parce qu'il n'y a pas juste la taxe foncière,
il y a l'impôt.
Moi, je regarde le budget du Québec; il n'est pas en baissant
depuis six ans. Il a augmenté de quelques milliards et j'ai comme
l'impression que mon chèque, il diminue, quand j'ai fini de faire le
marché... Et les familles doivent subir la même chose. Les comptes
d'électricité n'ont pas diminué, que je sache. Les prix de
l'immatriculation, je vous souhaite bonne chance pour l'augmentation que vous
pensez pouvoir faire, mais quand on renouvelle nos permis, ça prend une
bonne bouchée. Ça ne fait pas longtemps que je viens de le
renouveler. Merci au gouvernement du Québec! Je n'ai pas de meilleures
routes pour circuler, mais je paie plus cher d'immatriculation. Je regarde
l'essence. Les coûts baissent à la pompe; le gouvernement ne
baisse pas ses revenus. (11 heures)
Chaque année, les municipalités haussent environ...
suivent à peu près le coût de la vie. C'est à peu
près ça, les hausses qu'on subit. Les 4 % ou les 5 % plus les 3
%, les 4 % ou les 5 % que vous proposez, on est rendus à 10 %. Et tout
ça vient toujours de la même poche. Si vous me disiez, dans nos
discussions, qu'on compartimente le contribuable, qu'on dit: Cette
année, c'est ça qu'on attaque. Mais là, ce n'est pas
ça. On a eu la tornade du désert et là, on a la tornade
des taxes. Il y a plus de 1 000 000 000 $ qu'on va aller chercher dans les
poches des contribuables cette année. La petite entreprise, vous l'avez
dit, est déjà en difficulté. Il y a une récession
en plus. Comment on va s'en sortir?
Moi, je pense qu'on est dans une spirale où on va tous se faire
avaler. Bien, moi, je pense que, cette année, honnêtement, sans
aucune partisanerie, on pourrait peut-être s'asseoir. C'est vrai que les
finances du Québec sont peut-être bien mal en point. Bon! Et
ça doit être la faute des autres, on va l'admettre, admettons-en
une partie. Mais après six ans que vous administrez, il me semble qu'il
y a une partie de la facture qui vous est redevable. Moi, je regarde et j'ai
beau analyser froidement la situation, il me semble que, depuis les
dernières années ou la dernière année, le clou, il
commence à être rentré jusqu'à la tête et
c'est bien juste si le marteau ne rentrera pas avec.
Honnêtement, par rapport aux décisions que vous prenez,
c'est évident qu'on va faire la discussion sur chaque morceau du budget
du ministère, mais, globalement, on ne peut pas dissocier le
contribuable... D'ailleurs, vous avez été les premiers à
le faire en disant: En Ontario, ils taxent moins que nous autres. Je ne sais
pas d'où c'a sorti. Vous avez dit: On sait, oui, on a vu une partie de
l'étude, je dois être honnête, mais est-ce que c'est la
seule étude disponible sur laquelle on peut s'appuyer? Je sais qu'en
Ontario, ça fait 50 ans qu'on ne fait pas d'évaluation
foncière. Donc, c'est difficile de comparer des pommes avec des
oranges.
Je sais aussi qu'en Ontario le niveau de vie des citoyens est plus
élevé. Ça aussi, ça rentre en ligne de compte. Ces
comparaisons-là ne sont pas tout à fait, à mon point de
vue, correctes. Par exemple, quand on sait qu'un célibataire au
Québec va payer 1500 $ de plus pour l'impôt sur le revenu; un
célibataire qui gagne entre 30 000 $ et 35 000 $, il va payer 1500 $ de
plus. En Ontario, il paie 1500 $ de moins. Ce que j'essaie de dire dans le
fond, il y a des choix qu'on a faits au Québec. On a
décidé que les municipalités pouvaient fonctionner de
cette façon-la. Vous autres, d'autre part, vous dites oui comme
ça, mais en plus, comme ça, vous jouez sur les tableaux. Je vous
dis que c'est embêtant de vous suivre. Là, c'est un boulier.
Chaque point, on est en frais d'aller le chercher. Je vous dis que, quand on
fait l'addition, les citoyens du Québec, cette année, ils en
mangent toute une. On leur fait mal. Comment on fait la relance
économique? Je ne le sais pas.
M. Ryan: Je trouve qu'il ne faut pas non plus perdre de vue les
considérations de temps qui accompagnent ces mesures dont nous parlons.
Les mesures envisagées par le gouvernement s'appliqueront, en partie,
à compter du 1er janvier 1992. D'ici à ce temps-là, nous
ne serons plus, je l'espère bien, dans le climat de récession que
nous avons eu depuis l'été dernier. Déjà, il y a
certains signes qui indiquent que les choses commencent à aller mieux.
Je causais justement, quand je suis allé rencontrer la
Société de transport de la Rive-Sud, avec le maire de
Boucherville - je pense que ce n'est pas être indiscret que de dire
ça - qui m'a dit des choses: Ça repart, on sent ça que
ça commence à repartir chez nous.
J'étais dans une entreprise de service automobile, samedi. J'ai
demandé au propriétaire, j'ai dit: Comment ça va? Il dit:
Depuis quelque temps, ça va beaucoup mieux. On sent qu'il y a certains
signes qui indiquent que ça ne traînera peut-être pas aussi
longtemps qu'on ne le craignait. Je souhaite que ce soit vrai.
Moi, mon postulat, c'est que ces mesures vont commencer à
s'appliquer à un moment où l'économie va avoir
recommencé à fonctionner d'une manière plus active. Si on
appliquait ça demain matin, tout ça, je pense qu'il y a des
considérations qui auraient peut-être une actualité encore
plus grande, mais ne pas minimiser l'impact, encore une fois, ça ne sert
à rien; mais il ne faut pas oublier qu'on a calculé ça de
manière que ça s'applique à un moment donné
où, normalement, selon toutes les indications raisonnables dont nous
pouvons disposer, le gros, le creux de la période de récession
que nous avons connue depuis l'année dernière, le milieu de
l'année dernière, va commencer à s'éloigner
sérieusement.
Encore une fois, l'impact. Comment ça se fait qu'on est
là? Là, je ne veux pas encourir le reproche que me fait
l'Opposition parfois. Des fois, ils me disent, quand je veux leur donner des
explications: II se prend pour le ministre des Finances. Il faut que je vous
donne au moins l'essentiel. Si vous regardez le performance du gouvernement
pour les quatre dernières années, c'est une performance qui est
hautement louable en matière de finances publiques. Le déficit du
gouvernement, nous l'avons porté de plus de 3 500 000 000 $, quand nous
sommes arrivés, à 1 500 000 000 $, 1 600 000 000 $, la
dernière année, 1989-1990. 1988-1989, ça avait
été 1 800 000 000 $, je pense. l'autre année avant, 2 400
000 000 $. on les a coupées beaucoup, les dépenses. c'est
évident qu'on les a coupées. il faut être ministre pour le
savoir, qu'on ne nous parle que de ça depuis cinq ans. on ne peut pas
nous avoir parlé rien que de ça sans qu'il ne se soit rien fait.
c'est impossible.
En plus... Alors, de ce côté-là... Et regardez un
autre critère qui ne saurait tromper. C'est la part des dépenses
publiques par rapport au PIB, par rapport à l'ensemble des biens et
services que produit notre population, quelle part a été
avalée par Québec. À la fin du régime du
gouvernement péquiste, la part était de près de 26 %. Et
l'année dernière, c'était de 22 %. Et c'est beaucoup,
ça, 4 % du PIB, là. C'est énormément d'argent que
nous avons laissé dans le secteur privé. Et comment ça se
fait que nous avons laissé ça là et que personne ne s'en
est aperçu? Tout le monde a oublié qu'il y a trois ans à
peine nous avons fait une diminution de taxes, une année, de 1 300 000
000 $ d'un trait. On ne l'a pas retrouvé, cet argent-là, depuis
ce temps-là. On l'a redistribué à la population parce
qu'on voulait qu'elle bénéficie immédiatement de la
gestion rigoureuse que le gouvernement avait imprimée aux affaires
publiques.
Cette année, vous allez me dire: Comment ça se fait que
vous arrivez à ça? Cette année, il y a des facteurs
particuliers. Depuis deux ans... Je ne veux pas faire de politique avec
ça mais, depuis deux ans, le gouvernement fédéral s'est
drôlement désengagé. On a écopé, pour les
deux dernières années, au moins de 225 000 000 $ à 230 000
000 $ par année. Ça fait que ça, ça veut dire que
c'est 450 000 000 $ qu'il faut qu'on aille chercher quelque part. Le
ministre des Finances va en parler plus longuement dans son budget.
L'aide sociale. Tout le monde était favorable à ce qu'on
augmente l'aide sociale, en particulier pour les jeunes de 18 à 30 ans,
mais les charges qui découlent de ça sont énormes. Cette
année, on se réveille, je pense que c'est 100 000 assistés
sociaux de plus depuis l'été dernier. Ça, ça
entraîne une charge considérable sur le Trésor public. Il y
a eu la crise amérindienne qui a entraîné des
déboursés importants aussi de l'ordre d'à peu près
125 000 000 $ à 130 000 000 $. On ajoute tout ça. Ça veut
dire qu'il y a 600 000 000 $, 700 000 000 $, 800 000 000 $ qui sont venus
s'ajouter déjà à ce montant de base, l'augmentation
structurelle de 700 000 000 $, 800 000 000 $ par année. Ça fait
que ça crée... Ajoutez ces deux montants ensemble. Il faut bien
qu'on aille chercher l'argent quelque part si on veut que les finances se
maintiennent.
Ce n'est pas parce qu'il y a eu une mauvaise gestion. C'est la
conjoncture qui a créé cette situation-là et
j'espère qu'on va la surmonter le plus vite possible. Mais on se dit...
Je sais que c'était l'intention profonde du ministre des Finances, qui
est un administrateur judicieux et solide - il a fait la preuve de ses talents
dans ses propres entreprises privées qu'il dirigeait - et il voulait
créer une espèce de réserve dont le Québec pourrait
se servir quand il y a des moments un peu plus difficiles. La dernière
récession est arrivée un petit peu trop vite et les mesures du
gouvernement fédéral également. Il est obligé de
faire des ajustements que nous faisons ensemble.
Et j'ajoute un dernier point. C'est que la ponction qui sera faite du
côté dont nous discutons ici ne représente qu'une partie de
la charge générale qui incombe au gouvernement. Disons que le
rendement net va être autour de 400 000 000 $ plutôt qu'entre 475
000 000 $ et 500 000 000 $ qui avaient été envisagés
d'abord. Mais c'est une partie, ça, de la perspective à laquelle
doit faire face le gouvernement pour la prochaine année. Je ne peux pas
donner de pourcentage actuellement, on le saura quand le ministre des Finances
dévoilera son budget, mais c'est une partie seulement. Il ne faudrait
pas qu'on pense qu'il y a seulement ce secteur-là. Au contraire, c'est
à peine une partie, encore une fois. Ceci pour essayer de faire
comprendre, d'expliquer... Je comprends très bien les réserves
qu'on peut avoir, mais je pense que toutes ces explications-là montrent
que le gouvernement n'a pas agi à la légère.
Encore une fois, nous avions fait une comparaison - le
député en a parlé dans son intervention - entre le
Québec et l'Ontario. La comparaison nous révélait ceci. Si
on regarde le fardeau fiscal global, quand nous sommes arrivés au
pouvoir en 1985, à la fin de 1985, l'écart entre le Québec
et l'Ontario était de 10, 5 %. Et le gouvernement
précédent n'était pas entièrement à
blâmer. Il l'avait réduit un petit peu. Il avait
déjà été plus haut que ça. Ça fait
qu'on ne peut pas lui dire qu'il n'avait rien fait. Il avait fait un certain
point. Il l'avait mis sur les déficits. On n'était pas plus
avancés, par exemple. Au lieu d'aller le chercher sous forme de taxes,
il l'a mis sur les déficits et il nous a endettés terriblement.
Mais ça ne fait rien. Le fardeau fiscal était passé,
disons, de 12 %, 13 % d'écart défavorable Québec-Ontario
à 10, 5 %. Nous autres, savez-vous de combien on l'a fait évoluer
dans quatre ans? On l'a ramené à 3, 5 % l'an dernier.
Quand on compare le fardeau provincial avec le fardeau municipal,
là, on arrive à la constatation suivante. En ce qui regarde les
taxes provinciales, il y a un écart de 11, 6 % défavorable au
Québec, c'est-à-dire qu'on taxe plus au niveau provincial et on
arrivait au niveau municipal à un écart favorable, cette fois-ci,
de 17, 4 %. Là, je tiendrais à me dissocier totalement - je n'ai
pas besoin de le faire; le contraire vous étonnerait - de certains
messages publicitaires qu'on a pu lire dans les journaux ces derniers temps. Il
y avait une image: deux contribuables, l'un du Québec et l'autre de
l'Ontario. Celui du Québec regarde son voisin avec envie: Tu es
chanceux, tu es moins taxé que moi. Ce n'est pas vrai, ça. C'est
un message mensonger.
Au niveau municipal et scolaire, l'ensemble de la charge est
inférieur de 17, 4 % au Québec par rapport à l'Ontario.
Ça, on a essayé de contester les données sur lesquelles
nous nous appuyons et, franchement, le ministère des Finances a produit
un document qui est disponible pour les députés qui voudront
l'avoir, indiquant qu'il y a peut-être dix manières
différentes de calculer ces choses-là. On peut partir de la
richesse foncière, on peut partir du revenu personnel, on peut partir du
nombre de têtes, on peut partir du nombre d'individus, on peut partir
d'une série de facteurs. Ils les ont tous analysés et ils ont
finalement retenu les facteurs qui donnent l'indication la plus juste. Nous
autres, on ne peut pas jouer avec ça, au gouvernement du Québec,
parce que pour les fins du calcul de la péréquation à
Ottawa, c'est l'effort fiscal que s'impose chaque province qui est une
donnée fondamentale. Pensez-vous qu'à Ottawa on va envoyer de
l'argent au Québec sans s'être assuré que les
données que nous présentons sont rigoureusement
démontrées? Ils n'ont pas coutume de nous faire des cadeaux
gratuits comme ça.
Quand nous affirmons cela, nous l'affirmons sur la foi des meilleures
données disponibles au ministère des Finances. Il n'y a qu'une
manière de calculer qui peut justifier le point de vue de l'Union des
municipalités du Québec, c'est quand on prend uniquement la
richesse foncière et le taux de taxation. Là, c'est
évident. La richesse
foncière, nonobstant qu'il n'y ait pas eu de
réévaluation systématique de faite depuis des
années, comme on l'a fait au Québec, est considérablement
plus élevée en Ontario qu'au Québec. Une même
maison, toutes proportions gardées, à Toronto et à
Montréal, est évaluée plus cher à Toronto. C'est
évident que si la même maison est évaluée 100 000 $
a Toronto, 70 000 $ à Montréal, il peut arriver qu'elle soit
taxée, disons, à 3,4 %, alors que celle de Montréal serait
taxée à 4,0 %, sans que ça change le fond du
problème. C'est ça qu'il faut établir clairement. Je pense
que c'est l'occasion de le démontrer blanc sur noir.
Franchement, moi, j'ai consulté avec attention les données
qu'on a portées à ma connaissance et je tiens encore une fois
à me dissocier de ce genre de choses qu'on répand.
J'apprécie que le député de Jonquière, quand il a
parlé de ces choses, ait dit: Je ne suis pas satisfait; il y a des
données qui font défaut; il faudrait avoir d'autres
études. Je comprends ça, mais il a accès... je lui donne
accès aux données que le ministère des Finances a
réunies pour les fins de ces choses-là. S'il veut les contester,
nous serons disposés à entendre ces
considérations-là. Voilà.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Rimouski aurait une petite question à poser. M.
le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Oui. M. le ministre, vous avez
laissé entendre qu'après l'adoucissement que vous avez
déjà consenti aux municipalités sur la réforme
totale en sa globalité, 500 000 000 $ ou 517 000 000 $, moins les 110
000 000 $ ou 119 000 000 $, on arrive à un résultat net de 400
000 000 $ de ponction qu'on va faire dans les municipalités. Cependant,
cette ponction-là, on a une disposition à l'intérieur de
la réforme au sujet des "en lieu" de taxes pour les édifices
fédéraux. Est-ce que ma compréhension de tout ça,
si vraiment la réforme ou les estimations que vous avez faites, si on
pouvait aller chercher 75 000 000 $, grossièrement, ça ne vient
pas diminuer d'autant le transfert qu'on fait aux municipalités? Est-ce
que c'est une bonne appréciation de ça ou... (11 h 15)
M. Ryan: Oui. Comme vous le savez, nous proposons aux
municipalités de transformer l'actuelle taxe sur la valeur locative.
Disons que quelqu'un loue un commerce dans un centre d'achats qui appartient
à un autre, là, il va payer une taxe sur la valeur locative. Il y
a un rôle qui est établi. On dit: La valeur locative, pour cet
espace-là, c'est tant. Vous payez une taxe là-dessus. Là,
nous autres, nous avons proposé que cotte taxe-là soit
remplacée par uno taxe d'affaires sur la propriété. Cela
veut dire que ça serait sur l'ensemble du centre d'achats. Le coût
de la taxe actuelle sur la valeur locative serait transféré dans
le coût du loyer qui est chargé au locataire. C'est le
propriétaire qui serait responsable de payer à Québec. Si
nous avions ce système-là, les immeubles fédéraux
qui, actuellement, échappent à la taxe sur la valeur locative ne
pourraient pas échapper à cette forme de taxe foncière
différenciée.
Le ministre qui préside le Conseil du trésor
fédéral l'a reconnu lui-même. Il a donné une
entrevue récemment au journal Le Droit. Il a dit: Si les choses
sont faites comme ça, on va être obligés de prendre nos
responsabilités, à condition qu'on n'essaie pas de taxer les
immeubles fédéraux plus fort que les autres. Ce qui n'est pas du
tout l'intention de la proposition qu'on a faite Maintenant, là, il y en
a qui me disent: On est bien attachés à la taxe sur la valeur
locative, en particulier à Montréal. Ils sont bien
attachés à la taxe sur la valeur locative. S'ils ne veulent pas
recourir à cette taxe-là, à la taxe d'affaires que nous
proposons, à ce moment-là, ils perdraient l'accès aux
revenus fédéraux parce que le gouvernement fédéral,
jusqu'à nouvel ordre, ne paie nulle part au pays de taxe sur la valeur
locative dans les endroits où il est locataire, par conséquent,
dans les endroits qu'il loue. O.K.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Rimouski.
M. Ryan: Le rendement net de ça, qu'est-ce qu'il sera au
juste? Nous avons fait un estimé. Il y aura peut-être des
ajustements qu'il y aura lieu de faire à ce moment-là, tout
dépendra de l'ampleur de l'acceptation de la proposition dans les
municipalités. Notre intention, pour l'instant, c'est de ne pas rendre
cette modification obligatoire, mais de la rendre possible, facultative,
d'autoriser les municipalités à l'instituer pour ne pas la rendre
obligatoire partout sur le territoire
M. Tremblay (Rimouski): Au sujet de la taxation des entreprises,
souventefois on dit que les entreprises vont être taxées encore
plus fortement, mais il faut comprendre aussi. Je pense qu'elles pourront
figurer dans leurs dépenses d'opération les dépenses de
taxation. Alors, elles auront un retour appréciable de leur
remboursement de taxes. Je pense que, de ce côté-là, il n'y
a peut-être pas un impact aussi négatif qu'on ne voudrait le
laisser entendre au niveau des entreprises.
M. Ryan: C'est un facteur qui doit être pris en
considération. L'affirmation que véhicule la question du
député de Rimouski est juste.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va? M. le
député de Jonquière
M. Dufour: Tout de même, moi, je comprends la tentative,
bien sûr, du député de
Rimouski pour aider le ministre des Affaires municipales qui se
défend assez bien, pour essayer encore de lui donner une marge de
manoeuvre. Il faut comprendre, Mme la Présidente, que c'est vrai que le
fédéral pourrait et est susceptible de payer plus d"en lieu" de
taxes aux municipalités, mais encore faut-il avoir des bâtisses ou
des immeubles qui appartiennent au gouvernement fédéral, ce qui
n'est pas le cas de toutes les municipalités au Québec. Bon, je
pense qu'il faut être bien clair sur nos principes.
Sans faire une bataille de chiffres, je voudrais juste revenir sur le
transfert du fédéral en moins. Il semble que, cette année,
la diminution soit de 152 000 000 $. C'est moins que l'an passé. Je
pense que le gouvernement du Québec va chercher plus que 152 000 000 $,
là. On parle de quelque 500 000 000 $, plus les autres. Moi, je veux
bien croire que le gouvernement pourra toujours se dire: Nous autres, on est
des bons administrateurs, on a baissé le déficit. Il y a des
choix qu'on doit faire dans la société. Peut-être que, si
on n'avait pas diminué les entreprises au moment où la situation
était bonne, on n'aurait peut-être plus de déficit du tout.
C'est 4 000 000 000 $ qu'on a enlevés. Peut-être que si on les
avaient gardés, on aurait peut-être fait des choix
différents.
Moi, il y a une chose que je sais et, si vous me donnez la preuve du
contraire, je vais être bien content, mais moi, si je regarde ce qu'on
payait auparavant, ce qu'on paie aujourd'hui et si je regarde le budget du
Québec qui va en augmentant comme ça, ce n'est pas juste le fait
de la bonne administration. Il y a certainement des coûts qui sont
allés en augmentant. Le budget du Québec, si je ne me trompe pas,
à l'oeil, c'est de 8 000 000 000 $ qu'il a augmenté dans les cinq
dernières années; grosso modo, c'est de mémoire que je
donne ça. C'est au-dessus de 8 000 000 000 $. Vous dites que vous avez
baissé le déficit. Ce n'est pas juste à cause de la bonne
administration. C'est surtout, d'après moi, dû à des taxes
qui ont été imposées, de nouvelles taxes qui ont
été imposées. Ça, il ne faut pas le cacher.
Moi, je vous dis honnêtement: J'ai l'impression que mon
chèque de paie s'en va en rétrécissant. Quand on regarde,
qu'on va magasiner de ce temps-ci, que les gens vont dans les commerces et
qu'ils vont acheter des choses, ils se rendent compte que 15,56 %... Il n'y a
pas juste vous autres, c'est bien sûr, mais on est deux pour manger la
tarte. Ça va plus vite. On serait seuls...
Moi, je dis: C'est vrai que le fédéral nous a
organisés, mais je peux vous dire aussi qu'entre 1980 et 1985, quand le
gouvernement du Parti québécois était au pouvoir,
l'Opposition n'aidait pas beaucoup. Quand on disait: Le fédéral
nous arrache les deux bras, je n'ai pas entendu, à ce moment-là,
l'Opposition défendre la position du gouvernement du Québec. Elle
disait: C'est parce que vous êtes des mauvais négociateurs, les
gens d'en face; c'est parce que vous êtes des pas-bons. Moi, j'ai au
moins à la mémoire l'image de ce qui se passait. Je
n'étais pas là, mais je me rappelle, comme citoyen ou comme maire
dans le temps, que j'entendais ces sons de cloche. La vérité
était là pareil parce que 100 000 000 $ arrachés au
gouvernement du Parti québécois ou 100 000 000 $ $
arrachés au gouvernement du Parti libéral, c'est le contribuable
québécois qui paie et, moi, je le déplore.
Vous dites: Oui, le fédéral vient nous arracher notre
argent. Moi, je suis d'accord avec vous. C'est pernicieux et ça fait mal
parce que c'est des additions. 100 000 000 $, ce n'est pas grave cette
année. 100 000 000 $ de plus l'an prochain, et on est rendus à
300 000 000 $. C'est comme ça qu'on se fait organiser et c'est pour
ça qu'on dit que, des fois, le fédéral n'a plus sa
place.
M. Ryan: Si vous me permettez juste une précision.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Le député de Jonquière a dit qu'il
n'était pas là à l'époque. Moi, j'y étais.
À un moment donné, je me suis donné la peine de faire des
calculs parce que j'entendais le ministre des Finances de l'époque
affirmer continuellement qu'il allait y avoir une diminution l'année
suivante. Là, j'avais fait une comparaison de ce qui était
arrivé effectivement pendant les années où le Parti
québécois était au pouvoir, et vous pourrez le
vérifier, c'est du domaine public. Les paiements de transfert
fédéraux ont augmenté continuellement, pendant cette
période-là, de 7 %, 8 %, 9 %, 10 % par année. Le ministre
des Finances disait: Un jour, ça va venir et quand c'a commencé
à venir, il l'avait annoncé tellement longtemps d'avance qu'il
n'y a pas grand monde qui l'a cru, et c'est nous autres qui avons
écopé des conséquences. , C'a commencé à se
matérialiser au cours des trois dernières années parce
que, avant ça, il y avait des choses, on annonçait des choses,
mais vous regarderez les chiffres et la période où votre parti a
été au pouvoir a été une très bonne
période, de ce point de vue là, du point de vue du rendement des
paiements de transfert, autant les paiements au titre des programmes à
frais partagés que les paiements au titre de la
péréquation.
Je me souviens qu'un jour on avait établi la démonstration
à une commission parlementaire où était présent
l'ancien ministre des Finances. J'avais eu l'occasion de faire un travail pour
lequel il m'avait d'ailleurs accordé la collaboration bienveillante des
fonctionnaires de son ministère. Il m'avait donné ça en
toute libéralité d'esprit et je l'ai toujours
apprécié, pas tout ce
qu'il a fait, mais ce geste-là qu'il avait fait à
l'époque.
Alors, c'est un point, je pense, qu'il est important de mentionner, mais
là, nous sommes tous d'accord que, depuis trois ans, ça a
frappé dur et, comme l'a indiqué justement le
député de Jonquière, le montant de 220 000 000 $ de
l'année dernière, lui, est structurel; on ne l'avait pas
l'année passée et le montant de 150 000 000 $ de cette
année s'ajoute à celui-là. En tout cas, le ministre des
Finances a établi clairement, dans chacun de ses discours, ce que
ça représentait exactement. Il va le faire de nouveau cette
année.
Il y a un autre point que je voulais mentionner dans les facteurs qui
motivent les décisions du gouvernement, c'est qu'au cours des derniers
mois les rentrées fiscales n'ont pas été au même
rythme que dans une période de prospérité. Là, je
ne sais pas - et nous aurons des indications plus claires là-dessus -
mais je pense que c'est une chose que nous comprenons tous sans explication,
que le volume des rentrées fiscales a accusé une diminution qui
vient parfois contredire les prédictions, les pronostics ou les
projections même conservatrices qu'on aurait pu établir. Il y a
tout ça qui fait partie de la situation et j'apprécie que le
député de Jonquière se montre compréhensif à
cet égard, malgré ses critiques que je comprends aussi.
M. Dufour: Peut-être un point que vous avez soulevé,
M. le ministre, à deux reprises ces derniers temps et même ce
matin. Vous parlez de nouvelles sources de taxation pour le transport en
commun. Vous nous avez dit, d'un côté, que les négociations
sont pratiquement finies. Je ne sais pas quand ça va finir, s'il y a
encore des négociations concernant la réforme de la
fiscalité parce qu'il semble que ça évolue à tous
les jours; c'est comme une partie de baseball. Je ne sais pas à quelle
manche on est rendus, mais ça semble avancer quelque part. Je ne sais
pas trop.
Vous avez dit, d'une part, que les négociations sont pratiquement
terminées, mais vous avez soulevé deux points: un, la
possibilité de taxer par le biais de l'immatriculation et, en même
temps, celle de rétablir des coûts pour les voies rapides. Je ne
sais pas si c'étaient des postes de péage et je ne veux pas...
Moi, j'ai pris ça sur... Je vous demande, par rapport à
ça: Est-ce que c'est sérieux, ces hypothèses-là?
Est-ce que vous avez envie de... Moi, je vous le dis carrément, par
rapport à l'immatriculation, on vient d'en avoir une là; une
deuxième de suite, ça va déranger du monde. Bon. Et
où ça va s'appliquer? Sur l'ensemble du Québec, sur des
territoires spécifiques?
M. Ryan: Je voudrais peut-être rappeler les sources
alternatives de financement, qui étaient proposées dans le
document du 14 décembre pour le transport en commun. Il y avait d'abord
une taxe spéciale additionnelle sur le non-résidentiel, une taxe
foncière additionnelle sur le non-résidentiel. Ça va,
ça? Il y avait comme base la transformation de la taxe actuelle sur la
valeur locat'rve en taxe d'affaires. Mais ça, ça ne fait pas
partie du financement des transports en commun directement. Les seules
transformations qu'on a permettaient d'aller chercher un montant
appréciable du côté du gouvernement
fédéral.
En plus, il y avait la taxe sur le stationnement. Il y a toujours la
possibilité du recours à la taxe foncière
générale aussi.
M. Dufour: Les deux taxes que je soulève, est-ce que
ça aussi, ça continue comme alternatives?
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Ou en supplémentaire?
M. Ryan: Attendez. Je m'excuse. J'oubliais ce
point-là.
Comme je l'ai mentionné tantôt, l'imposition de droits
additionnels sur l'immatriculation des véhicules automobiles est une des
avenues qui sont présentement considérées. Il appartiendra
au ministre des Finances de faire part des décisions. Il pourra
décider qu'il s'agirait de droits additionnels applicables dans les
régions desservies par le transport en commun. Il pourrait
décider qu'il s'agirait de droits applicables dans les régions
plus larges. Prenez la région de Montréal, par exemple. On
pourrait décider que ça ne s'appliquerait pas uniquement
là où c'est le transport en commun, mais pour tout ce qu'on
appelle la région, la zone fédérale de recensement, la
grande région métropolitaine de recensement.
Il y a toutes sortes de possibilités. Il pourrait décider
que ça va s'appliquer à l'ensemble du territoire du Québec
aussi. Il y a toutes sortes de possibilités, mais, pour le moment, c'est
à l'étude, ça.
La deuxième possibilité, soit celle de l'instauration de
péages sur les voies de communication rapides dans les régions
urbaines, c'est celle qui a été mentionnée au cours des
derniers jours. Cette idée n'a pas été mise de l'avant par
le ministre des Affaires municipales. À un moment donné, ce qui
est arrivé exactement, c'est que je pense qu'un de mes collègues,
l'ancien ministre des Transports, a été interrogé et il a
dit: Ce ne serait peut-être pas une mauvaise idée. Moi, j'ai
examiné ça quand j'étais là.
À un moment donné, moi, on m'a passé la balle. On
m'a demandé: Qu'est-ce que vous en pensez, vous? Moi, j'ai dit: Si le
ministre des Transports présentait une suggestion dans ce sens-là
au cabinet, moi, je l'étudlerais avec sympathie. C'est une idée
que je trouve qui n'est
pas négligeable. Je n'ai pas fait de proposition. Ce n'est pas
dans mes attributions d'en faire une non plus. Il appartiendrait sur ce point
au ministre des Transports de faire une proposition au gouvernement, s'il
l'estime fondée. Mais je crois comprendre, par des propos qu'a tenus
hier le ministre des Transports, qui trouve que l'idée est pour le moins
prématurée, qu'il n'est pas sûr que les dépenses qui
résulteraient d'un tel système vaudraient vraiment la peine,
à comparer aux revenus qui en découleraient.
C'est une idée qui est là parmi bien d'autres qui, pour le
moment, n'est pas épousée de toute évidence par le
ministre des Transports, lequel a le pouvoir d'initiative dans cette
matière. Ça n'empêche pas ses collègues d'avoir
leurs idées personnelles. Dans un groupe où l'on admet la libre
discussion, ça fait partie des règles de la vie. Ça va
très bien. Et moi, je n'en ai jamais fait une proposition. Je veux que
ce soit clair. Je n'en fais pas une proposition aujourd'hui non plus. Ça
fait partie du champ des idées qui ont été
explorées.
Réseau routier local
M. Dufour: Mme la Présidente, j'aimerais aborder la
question de la voirie ou du réseau routier local. Je pense que ça
intéresse les gens d'en face comme de ce bord-ci. L'Union des
municipalités régionales de comté conteste les estimations
gouvernementales concernant les coûts d'entretien, de réfection et
de construction du réseau routier local. Votre ministère ou le
ministère des Transports les évalue à 3000 $ le
kilomètre; l'UMRCQ, 4000 $ à 5000 $. Je pense que si on voulait
avoir un réseau décent, potable, je pense que l'UMRCQ est plus
près de la réalité parce que, si ça vient
localement, on peut peut-être penser que ça coûte moins
cher, mais les gens vont demander une meilleure qualité d'entretien,
définitivement, si ça passe aux mains locales. (11 h 30)
Donc, ça va être de nature à augmenter les
coûts. Il n'y a pas de miracle. Il va peut-être faire un miracle,
diminuer les coûts la première année. Au bout de la
deuxième ou de la troisième année, sur l'entretien et la
construction, il va y avoir des coûts supplémentaires. Qu'est-ce
que vous dites par rapport à ça? Est-ce que vous avez fait des
études spécifiques? Est-ce que l'état du réseau
routier, globalement, on le connaît à Québec? Parce que ces
évaluations-là ont été faites d'une façon.
Bien sûr, je sais que le ministère octroie des montants x à
donner aux municipalités pour l'entretien du réseau routier. Mais
il n'est pas entretenu comme il devrait l'être.
M. Ryan: J'étais porté à ajouter juste une
remarque sur le sujet précédent en guise d'introduction à
ma réponse...
M. Dufour: Ah! vous le pouvez!
M. Ryan: ...à propos de droits de péage, disons,
sur les voies de communication rapides. On peut avoir l'opinion qu'on voudra,
mais ce n'est pas nécessairement être stupide que d'avoir une
autre opinion. Aux États-Unis, vous allez à New York, vous prenez
des voies de communication rapides à New York, vous payez, et ils ne
sont pas plus fous que nous autres, les Américains. Excepté que
c'est un système à étudier et, encore une fois, là,
la responsabilité des propositions à cet égard incombe au
ministre des Transports et non pas à d'autres ministres. Eux autres ont
le pouvoir de suggestion, ils peuvent donner une suggestion, et chaque ministre
porte sa responsabilité propre. Ça, c'est bien clair. Il n'y a
pas de conflit entre les ministres là-dessus actuellement. Pas du tout.
Même hier, avant que M. Elkas donne ses opinions, nous en avons
discuté ensemble et il n'y avait pas de problème
là-dessus. C'est évident qu'une idée, celle-là
même, si elle était bonne, n'est sûrement pas mûre
dans le contexte actuel.
Alors, je reviens à la question qu'a posée le
député de Jonquière sur le problème plus large de
la voirie locale. L'idée de fond ici, comme je l'ai exposée dans
ma présentation liminaire tantôt, c'est que les
municipalités devraient être invitées à prendre en
charge de plus en plus le financement des travaux relatifs à
l'aménagement, à l'entretien des voies de communication locales.
Je pense que c'est un principe auquel nous souscrivons tous.
Déjà, dans les municipalités urbaines, c'est ce qui se
fait depuis longtemps. Dans les municipalités rurales, le gouvernement a
porté une grosse partie de la charge jusqu'à maintenant, pour des
raisons qui se comprennent aussi: le Québec n'était pas toujours
complètement développé comme on aurait pu le souhaiter; la
richesse était inégalement répartie; il fallait assurer le
minimum, et le gouvernement a fait sa large part pendant des
générations. Il l'a faite de manière souvent
inégale. Dans certains endroits, la charge des chemins municipaux est
assumée à 100 % par le gouvernement; dans d'autres, elle l'est
à 25 %, 35 %, 50 %. C'est évident que le système qui s'est
développé empiriquement au cours des années ne pouvait pas
rester comme ça. À un moment donné, il faut établir
une économie plus équitable pour tout le monde et plus
réaliste aussi. On a constaté également que c'est plus
économique quand les gens qui sont au palier local sont appelés
à prendre la décision. Ils vont généralement
prendre une décision plus économique que les grands bureaux qui
siègent à Québec. Ils sont plus proches de la
réalité, ils ont plus de pouvoir de marchandage avec les
"offreurs" de services, et ils ont plus de pouvoir de surveillance aussi sur la
qualité du travail qui s'accomplit. Il y a d'énormes avantages
à envisager une responsabilisation plus grande des élus locaux
en
matière d'entretien de la voirie locale et d'amélioration
de la voirie locale aussi.
Alors, ça, c'est la base des propositions du gouvernement. Et
là, on s'est dit, on s'est retourné et on s'est posé deux
questions: Combien ça nous coûte et combien ça leur
coûte à eux autres? Sur la base des données que nous
recevons au ministère des Affaires municipales, nous avons établi
les coûts qu'encourent présentement les municipalités pour
la partie d'entretien de leurs chemins dont elles sont déjà
responsables. Nous sommes arrivés à un coût moyen de 3000 $
par kilomètre. Maintenant, si on estimait ce que ça coûte
au gouvernement pour l'entretien des chemins dont il a la responsabilité
à travers le Québec, il se pourrait que le montant soit plus
élevé que ça. Là, il y a une vérification
à faire. Il se pourrait que le montant soit plus élevé
parce que les chemins dont il assume la responsabilité sont entretenus
dans des conditions différentes, répondent peut-être
à des exigences différentes aussi, présentent
peut-être des conditions spéciales. Mais, en toute
hypothèse, les coûts totaux qu'encourt le gouvernement pour ces
chemins-là sont de l'ordre d'à peu près 200 000 000 $.
Ça varie entre 185 000 000 $ et 210 000 000 $, selon la mesure qu'on
emprunte pour calculer. Mettons 200 000 000 $. La part qui serait
transférée aux municipalités, c'est 43 000 000 $. Encore
là, c'est à peu près le quart - il ne faut pas
exagérer, non plus - c'est à peu près le quart qui leur
serait transféré.
Comment serait assuré le soutien du gouvernement? On l'a
mentionné, il y aurait tout d'abord un programme d'aide à
l'amélioration de la voirie locale de l'ordre de 50 000 000 $. En plus,
passé un certain plafond de contribution des propriétaires
fonciers, il y aurait des paiements de compensation gouvernementaux de l'ordre
de 51 000 000 $. En plus, nous avons prévu un programme de 14 000 000 $
pour l'entretien et la réparation des ponts. Ça veut dire qu'il y
a 115 000 000 $ qui seraient laissés en disponibilité par le
gouvernement pour seconder, épauler les municipalités dans la
prise en charge de leurs responsabilités. Elles auraient le pouvoir de
décision qu'elles n'ont pas actuellement. Vous savez comment ça
se passe actuellement. Je pense que vous, vous ne représentez pas une
circonscription rurale; il vous manque des connaissances pratiques de ce point
de vue là, peut-être. Mais un député rural comme
moi...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: J'ai une partie rurale dans mon ancienne
municipalité.
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Je connais ça un petit peu...
M. Ryan: Très bien.
M. Dufour: ...par hasard.
M. Ryan: Vous savez comment ça se passe. Pour le budget
d'aide à la voirie rurale, le gouvernement met un budget à la
disposition du député et dit: Arrange-toi avec tes
municipalités, consulte-les, examine leurs besoins et fais-nous des
propositions. Et les propositions que le député présente
au ministre des Transports sont retenues par celui-ci de manière
très générale. Depuis quelques années, nous
insistons de plus en plus pour que les municipalités participent. Moi.
je dis dans mon comté régulièrement... À un maire
ou à un conseiller qui vient me voir, qui voudrait avoir 25 000 $, je
dis: Combien êtes-vous prêts à mettre? Si je vols qu'ils
sont capables de le mettre, je dis: Mettez au moins autant. Dans mon for
intérieur, je me dis: On va avoir deux fois plus de travaux pour le prix
de la moitié, du côté du gouvernement. Puis, on a eu de
très bons résultats de ce point de vue là. Là, je
me dis: On leur transfère des responsabilités encore beaucoup
plus grandes; il y a de l'intérêt également
là-dedans.
Maintenant, les normes qui ont été mises là, tout
ça, on n'applique pas cette partie du programme avant le 1er avril 1993.
il nous reste encore, par conséquent, en date d'aujourd'hui, deux ans
pour mettre au point les choses. Au cours des prochains mois, nous allons
vérifier avec les municipalités l'état des chemins. Il y
en a qui nous ont dit: C'est bien beau de transférer tout ça,
mais vous ne vous en êtes pas occupé depuis des années;
êtes-vous capable de nous garantir qu'au moins les chemins vont
être mis dans un état convenable? On va examiner ça avec
les municipalités. On va faire un bilan de l'état des
chemins.
Avant-hier, je pense - le député de Rimouski s'en
souviendra - nous avions une réunion avec des maires et des
préfets de la région du Bas-Saint-Laurent. Ils ont dit: Est-ce
qu'on pourrait être là quand ils vont faire l'évaluation?
J'ai dit: Oui, sûrement. Moi, dans mon comté, quand on va examiner
un chemin quelque part - le maire m'a fait des représentations - on
téléphone au divisionnaire, le responsable de la voirie pour le
district, et on dit: Peux-tu venir voir ça avec le maire et le
député ou son représentant? On va voir ça ensemble,
en général; ça se fait comme ça. En
général, on s'entend très bien. Quand il y a un trou, il y
a trois personnes qui sont là, elles disent toutes les trois: II y a un
trou là. Disons qu'il y a un bord de chemin qui est dangereux, qui est
sujet, quand il y a de la pluie et tout, à des effondrements; je pense
que ça ne prend pas bien, bien de temps pour constater ça, on
voit ça assez vite. On n'a pas toujours l'argent pour le réparer;
ça, c'est une autre chose. Mais, pour le constater, ça va assez
vite. C'est pour ça que
les maires vont être associés à cet
exercice-là; je n'ai aucun doute là-dessus, c'est
déjà une pratique très courante. Premièrement.
Deuxièmement, ils ont dit: Oui, mais la classification des
chemins, ce n'est pas clair dans le document. Quand est-ce qu'un chemin va
devenir intermunicipal? Quand est-ce qu'il va devenir régional,
admissible au budget, qu'il va tomber à la charge du gouvernement? Il y
a un certain nombre de chemins qui ont été classés, et
ça va être à réviser, ça. J'ai eu
connaissance de cas où on m'a dit: Ce chemin-là, vous le
connaissez très bien, il devrait être pris en charge par le
gouvernement. Et des fois ils ont raison. Alors, ça va faire partie de
l'examen qui va s'accomplir au cours des prochains mois.
Il y en a d'autres qui nous ont dît: Entretenir des chemins dans
des régions montagneuses ou dans des régions où la
fréquence de pluie et de neige est beaucoup plus élevée
que dans d'autres, ce n'est pas le même coût. Nous en convenons
aussi. C'est évident que les 3000 $ par kilomètre que nous avons
mis, c'est une moyenne abstraite. Mais ça va tout être
modulé. On va regarder les choses et, si on constate que les coûts
d'entretien ou d'amélioration sont beaucoup plus élevés
dans certaines régions, on va tenir compte de ça également
dans les calculs généraux.
Le gouvernement aborde cette partie de l'exercice dans un esprit ouvert.
J'ai constaté une chose, c'est que, de manière assez
répandue, quand on discute au-delà des déclarations de M.
Nicolet et autres, quand on discute avec des maires, concrètement sur le
terrain, ils nous disent: Votre affaire n'est pas si bête, mais faites-le
dans des conditions convenables et on est prêts à prendre le pari.
Je pense que c'est ça qu'est la nouvelle formulation de la proposition,
on va essayer de se rapprocher d'eux au point de vue de l'appréciation
de la réalité concrète et on va essayer de garder le
principe qui a été mentionné de la prise en charge de
cette responsabilité-là à titre prioritaire par les
municipalités.
M. Dufour: Mais là, M. le ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous permettez, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Vous êtes intéressée...
La Présidente (Mme Bélanger): Je suis très
intéressée...
M. Dufour: Je vais vous nommer...
La Présidente (Mme Bélanger):... parce que je pense
que Mégantic-Compton, avec ses 49 municipalités...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Vous êtes la cantonnière de votre
comté, c'est bien.
La Présidente (Mme Bélanger): La réforme
Ryan remet 2780 kilomètres aux municipalités. Alors, je pense
qu'on a beaucoup de voirie rurale. Évidemment, il y avait de la voirie
qui appartenait déjà aux municipalités, mais il y en avait
qui était entretenue par le ministère. Il y a des routes qu'on
appelle locales, mais qui ont une vocation peut-être un peu plus que
locale, qui vont être remises aux municipalités. Il y avait
déjà dans la programmation des travaux de reconstruction de
prévus. Je prends le cas de Lambton comme exemple, le taux; c'est 6, 5
kilomètres évalués à 400 000 $ pour la
reconstruction de la route. Alors, c'est 3000 $ pour le coût de
l'entretien - c'est l'entretien d'été et l'entretien d'hiver,
évidemment - mais les coûts de réfection, est-ce que
ça va être remis complètement aux municipalités?
Parce que ça, on peut s'attendre que ça va rester comme ça
si les municipalités ont à reconstruire les routes qu'on va leur
remettre. Est-ce qu'on a prévu des budgets pour la reconstruction quand
un chemin a réellement besoin d'être reconstruit?
M. Ryan: Oui. Comme je l'ai indiqué, il y a un budget de
50 000 000 $ qui est prévu pour les travaux d'amélioration qui
seront réalisés dans chaque circonscription, en consultation avec
le député et la direction divisionnaire ou régionale du
ministère des Transports. Maintenant, la question que vous avez
posée, Mme la Présidente, devrait probablement être
adressée au ministre des Transports quand ses crédits passeront
au crible de la commission parlementaire parce que, lui, il a un budget pour la
présente année et il en a un pour l'année prochaine.
Ça, ça va venir avant que la réforme s'applique. Si
c'était déjà inscrit à la programmation, je crois
que j'aurai toute raison d'insister pour que ce soit réalisé.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, mais il faut
dire, M. le ministre, que ça fait 10 ans que c'est inscrit à la
programmation.
M. Ryan: je dois vous dire, en guise de consolation, que vous
n'êtes pas seule. tous les députés ruraux ont vécu
cette situation, y compris celui d'argenteuil.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Vous dites, M. le ministre, que le point de vue des
discussions... Je vous regarde aller et vous me donnez des informations, mais
vous discutez à deux, trois paliers différents. Je remarque:
Québec-municipalités, les unions, vous allez sur le terrain, vous
parlez avec tout le monde.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Ryan: C'est vrai.
M. Dufour: Moi, je trouve que vous nous donnez raison un peu, que
la réforme est un peu improvisée jusqu'à un certain point
parce que vous ne connaissez pas exactement l'état de la situation. Vous
avez pris une décision, vous avez arrêté une
décision à l'effet qu'on va transférer des chemins et
qu'on a tant d'argent à mettre là-dedans. Mais, en même
temps, on ne connaît pas tout à fait l'état du dossier,
donc on va aller avec les maires, on va se promener sur le terrain. Bien
sûr, ils vont s'acheter des lunettes, ils vont tous y voir les trous;
ça, il n'y a pas de problème là-dessus.
Le problème que j'ai, moi, dans ma conscience, c'est que le
réseau routier du Québec, ça s'est bâti comment?
Quand on regarde l'histoire, c'est des gens qui se sont installés un peu
n'importe où, il n'y avait pas de plan d'urbanisme, pas de plan
d'aménagement. Les gens se sont installés un peu partout. Bon.
Les municipalités ont donné des routes et, dans ce
temps-là, c'était la petite voirie, ça se faisait comme
ça. Aujourd'hui, on rechange toute la mécanique, on dit:
Là, ce n'est plus ça; nous autres, on ne s'occupera plus de
ça, ça va être les municipalités qui vont le faire.
Tout à l'heure, dans mon exposé premier, j'ai dit: Est-ce que le
fait qu'on remette cette responsabilité-là ou ces
coûts-là - moi, je pense à la responsabilité de
payer -est-ce que les municipalités vont avoir le droit, est-ce qu'elles
peuvent revenir à l'heure zéro, reculer et dire: On ferme ce
chemin-là? J'ai déjà vu dans ma municipalité, et je
veux vous rassurer, il y avait de la voirie... (11 h 45)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: ...de la petite voirie, qu'on appelle aussi, dans ma
municipalité. C'était une grande municipalité, 86
kilomètres carrés. Il y a de l'espace pour des gens qui
cultivent, des cultivateurs et des "cultivateurs"; il y a à peu
près de tout là-dedans. Et j'ai travaillé aussi dans les
MRC. Donc, il y a une espèce d'improvisation. Vous me dites: C'est en
1993, il n'y a pas de problème. Mais un coup que la décision est
arrêtée? Vous savez bien que ce n'est pas parce que je dis
à quelqu'un qui est malade: II te reste six mois à vivre, que
ça le remet en santé. Il dit: II me reste six mois; j'attends le
temps et je vais tomber. Là, en 1993, il y a des actions, il y a des
décisions qui sont arrêtées au moment où on se
parle. Elles pourront peut-être être raffinées, mais elles
sont déjà enclenchées. Elles sont dans la machine en tout
cas.
Il y a 800 ponts au Québec... Que je sache, Québec a
toujours payé pour la réparation des ponts au Québec.
Ça appartient aux municipalités, mais c'est le ministère
qui en fait la réparation.
Je connais un pont qui appartient à la municipalité, mais
le ministère aussi paie en grande partie les réparations. Il y a
800 ponts qui sont affectés. Est-ce que vous incluez ça dans
votre réseau actuellement? Parce que ces ponts-là passent quelque
part. Ils doivent passer aussi dans des municipalités. Est-ce que c'est
inclus? Est-ce que ça élimine les autres actions du
ministère pour en faire une véritable responsabilité
première, et sienne?
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais rectifier une impression qui
risquerait d'être créée par des propos du
député de Jonquière, qui serait injuste pour les services
du ministère des Transports. Ceux qui transigent avec les bureaux
régionaux du ministère des Transports savent d'expérience
que les responsables régionaux du ministère sont très bien
informés sur l'état du réseau routier dans chacun des
territoires. Ils sont très bien informés. Ils informent
régulièrement les autorités à Québec, ici.
Je me rappelle, quand nous tenions des réunions autrefois, au niveau
régional, avec les représentants du ministère, chaque
année le sous-ministre faisait sa tournée des régions. Il
venait s'enquérir des besoins de chaque région avec les
députés, et il venait deux jours avant dans la région et
il circulait sur toutes les artères où il y avait des
problèmes qui lui avaient été signalés par la
direction régionale. Et on voyait, il arrivait à la
réunion et il était bien au courant. On disait: II y a telle
courbe ici; il y a tel endroit là qui est dangereux. Oui, M. le
député, je suis passé hier, j'ai vu ça; on l'a
noté. Et il disait à son divisionnaire: Tu donneras une
priorité là-dessus.
Au point de vue de la connaissance, et on a répandu des
légendes ces derniers temps, mais je pense que nous sommes très
bien informés - au ministère des Transports, j'entends - de
l'état du réseau. Mais il faut que cette connaissance-là
soit partagée avec les autorités municipales qui, des fois,
peuvent avoir des raisons de soupçonner qu'elle n'est pas aussi
précise qu'elles pensent. Très bien, ça va être
fait. Mais je ne voudrais pas qu'on pense que nous ne savons pas
déjà pas mal à quoi nous en tenir et, en ce sens, je dois
rejeter l'accusation d'improvisation qui a été contenue dans
l'intervention du député de Jonquière. Je pense que c'est
une accusation qui est malheureusement - ce n'est pas son habitude - injuste.
Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: merci, mme la présidente. je voudrais porter
à l'attention du ministre des affaires municipales que dans le cadre de
la réforme de la fiscalité...
La Présidente (Mme Bélanger): Plus fort, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: ...dans le cadre de la réforme de la
fiscalité, je m'inscris un peu dans le sens de la députée
de Mégantic-Compton qui porte à votre attention l'état du
réseau routier en général. Moi, je veux bien... Vous
savez, dans le cadre de la réforme de la fiscalité concernant la
Sûreté du Québec, s'il y a un aspect qui est probablement
le plus équitable à l'égard du monde rural, c'est bien
celui du transfert à l'égard des frais de la Sûreté
du Québec puisque, d'une façon très équitable,
l'ensemble des municipalités de moins de 3000 habitants aura 0,10 $ les
100 $ d'évaluation à payer, quelle que soit leur situation de
développement. Il y a toujours un rapport assez direct entre la
population, le vandalisme, les actes criminels, les infractions au Code de la
route.
Cependant, il y a un aspect dans la réforme qui m'apparait
être très inéquitable et c'est celui du réseau
routier. Et ça, je vais faire abstraction... Je pourrais débattre
au niveau de l'entretien du réseau routier, mais strictement au niveau
de la reconstruction du réseau routier, c'est que, fondamentalement, il
y a une iniquité entre les municipalités puisque certaines ont un
réseau routier développé à 85 %, 90 % où il
y a eu réfection. Je vous parle, à ce moment-là, de
chemins qui sont pavés, dont le terrassement-gravelage a
été fait. Ils sont pavés, donc, nécessitent, par le
fait même, moins d'entretien sur du long terme: pas
d'abat-poussière, on rabat les bas-côtés du chemin pour
l'accotement, on a des lignes à faire et le travail est, à toutes
fins pratiques, complété. Et ça, il y a des
municipalités pour qui c'est complété à 85 %, 90 %,
95 %, 97 %.
Cependant, il y en a qui sont à 40 % de réseau pavé
dans mon comté. J'ai 45 municipalités et je vais vous en
mentionner une, Saint-Sylvestre paroisse, où 40 % du réseau est
pavé, à l'entretien du ministère des Transports, qui est
actuellement à l'entretien du ministère. Je pense que je ne ferai
pas d'erreur si, en ajoutant le réseau municipal au total de du
réseau routier de Saint-Sylvestre paroisse, ça chute à 30
%. Fondamentalement, il m'apparaît y avoir une iniquité entre
Saint-Sylvestre paroisse, dans mon comté, et Sainte-Croix paroisse
où il y 95 %, 97 % du réseau qui est pavé. Est-ce qu'on
pourrait dire que Sainte-Croix paroisse a fait manifestement des efforts au
cours de la décennie soixante-dix de concert avec le gouvernement du
Québec? Mais, évidemment, les limites du gouvernement
étant ce qu'elles sont, pendant qu'il aidait Sainte-Croix, il ne pouvait
peut-être pas nécessairement aider d'autres municipalités.
Il y a des limites au système. Il y a tout ça à
considérer. Ça, c'est probablement, dans la réforme, ce
qui agace profondément les élus municipaux et les citoyens. Qu'on
procède à l'entretien, bien sûr, Saint-Sylvestre en aura
peut-être un peu plus qu'ailleurs, la fardeau en sera d'autant plus
lourd, mais c'est fondamen- talement ce qui fait l'objet d'une discussion chez
les élus et, également, dans la population, de plus en plus il y
a une préoccupation, une sensibilité très grande, et on
pourrait en énu-mérer d'autres dans d'autres localités qui
vivent des situations semblables. Je pense que c'est un des
éléments sur lequel on devrait se pencher et qu'on devrait
considérer très sérieusement.
Évidemment, quand on regarde ensuite l'état de l'entretien
du réseau routier, il est inutile de vous indiquer qu'à bien des
endroits - d'ailleurs, le rapport Middlemiss l'indiquait d'une façon
très claire, le rapport Vallières également, lequel avait
été préparé à l'invitation de M. Marc-Yvan
Côté, ministre des Transports de l'époque - on faisait un
constat de l'ensemble de l'état du réseau routier. Mais,
fondamentalement, les gens sont fort agacés par cet aspect, cette
iniquité à l'égard du développement du
réseau routier.
Je voudrais aussi porter à votre attention un autre
élément qui agace, préoccupe les élus municipaux,
c'est celui de l'entretien d'hiver à l'égard de tronçons
de routes. Il y a une obligation, semblerait-il, à l'intérieur de
la loi qui régit les municipalités, d'assurer un entretien
d'hiver jusqu'au 1er janvier et après le 1er avril. Alors, il y a des
gens qui, manifestement, planifient leurs travaux d'exploitation
forestière en novembre et en décembre. Alors, les
municipalités doivent d'une façon ad hoc joindre à leur
contrat d'entretien d'hiver ou donner à l'heure ou d'une façon
contractuelle l'entretien pour des gens qui vont aller faire de l'exploitation
forestière dont les municipalités n'encaissent et ne retirent
aucun bénéfice direct. Vous comprendrez bien que sur une terre
boisée on collecte peut-être comme taxes foncières pour une
municipalité, hormis la commission scolaire, 85 $, 100 $, 125 $, 150 $
à la rigueur, sur une terre de trois arpents de façade par 30
arpents de profondeur, mais une fois qu'on l'a coupée à blanc, le
compte de taxes, lui, chute à 35 $, 40 $, 45 $, quand ce n'est pas 25 $.
Pour entretenir ce réseau routier là, ça coûte des
sommes astronomiques. Ce sont des véhicules lourds qui utilisent des
tronçons qui sont à l'entretien de la municipalité, bien
souvent à l'entretien de la municipalité, pas à celui du
ministère des Transports, défoncent la route et se retournent de
bord et demandent aux élus municipaux de l'entretenir. Alors, on sait ce
que ça coûte, un voyage de gravier, et combien ça en prend
pour taper un réseau semblable; alors, les 125 $ de taxes qui sont
encaissés ne paient même pas un voyage de gravier pour le remettre
en état.
La situation est différente sur les terres gouvernementales
où on exploite des réseaux qui sont à l'entretien de
l'exploitant forestier, qui doivent entretenir le réseau routier. Alors,
imaginez comment ça peut être extraordinaire pour les compagnies
papetières ou les grandes entreprises ou même des petits
exploitants forestiers de faire la coupe sur des terres
privées dont l'entretien est à la municipalité. Je
pense que c'est un des éléments qu'on devrait considérer
éventuellement pour qu'ils planifient leurs travaux à d'autres
moments dans l'année pour exploiter les forêts ou faire en sorte
qu'ils paient des droits compensatoires à la municipalité. C'est
l'ensemble des citoyens de la municipalité qui doit payer pour que
quelqu'un encaisse un peu plus de bénéfices. Finalement, c'est
évidemment le ministère des Forêts, le ministère des
Finances qui encaisse les revenus de coupe et tout, puisque, évidemment,
il y a des salaires qui sont payes, donc des impôts du salaire des
bûcherons - enfin, c'est ce qu'on croit - qui sont encaissés par
le ministère des Finances, le ministère du Revenu plus
particulièrement. Je pense que ça, c'est un des
considérants et je voulais le porter à votre attention parce que
c'est une préoccupation que j'ai. C'en est une aussi qui m'est
communiquée par le monde rural, ses élus et la population.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Oui, en réponse à ceci, je veux vous
assurer que nous sommes bien conscients du degré inégal de
développement du réseau routier local à travers le
Québec. Certains endroits ont été particulièrement
favorisés par les gouvernements qui se sont succédé;
d'autres ont été ignorés. Moi, j'ai dans mon comté
un bout de chemin qui se prolonge dans la circonscription de Deux-Montagnes.
Sous le régime du Parti québécois, la partie de
Deux-Montagnes avait fait l'objet de travaux d'amélioration très
appréciables, mais les travaux arrêtaient à l'endroit exact
où commençait le territoire de la circonscription d'Argenteuil et
c'est inscrit là encore dans la réalité. On n'a pas eu
l'argent pour faire l'autre partie depuis ce temps-là. Nous autres, il y
a peut-être des cas qu'on pourrait citer aussi où il y a certaines
circonscriptions qui auront été avantagées. Mais
ça, c'est des aléas de la gouverne courante par les ministres qui
se sont succédé; je ne porte pas de jugement. Mais on est
conscients de ça.
Je pense bien que, dans les exercices qui vont se faire au cours des
prochains mois, on va avoir l'occasion ensemble de porter un jugement
d'appréciation sur le défi qui se pose à cet égard.
Je pense bien que la tarification qui résultera au bout de la ligne, la
tarification modulée dont j'ai parlé, devra tenir compte de
ça; le niveau de la tarification pourra être influencé. En
plus, l'attribution des budgets d'amélioration - j'ai parlé d'un
budget de 50 000 000 $ pour l'amélioration - il faudra qu'il soit
attribué, ce budget là, en tenant compte du degré
inégal de développement, c'est évident. C'est pour
ça que toutes les Informations qu'on va préciser au cours de la
prochaine année vont être très importantes. Si le niveau de
ressources qui est prévu actuellement devait s'avérer
insuffisant, le gouvernement aura la responsabilité d'examiner cette
question en temps utile. Mais ce n'est pas une question qui est urgente pour
demain matin.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour renchérir
un peu, M. le ministre, sur l'équité pour les
municipalités, le réseau routier dans Mégantic-Compton est
affreux, ça c'est évident; tout le monde peut le constater. Il y
a des routes numérotées qui ne sont pas encore asphaltées,
des routes nationales; une route 100, c'est supposé être national,
elle part de je ne sais où et elle s'en va aux États-Unis. En
tout cas. Par contre, il y a des routes intermunicipales qui vont être
remises aux municipalités parce que ce ne sont pas des routes
"connectrices", et j'ai commencé à faire la réfection de
ces routes-là. Disons que, pour une route entre autres, il y a six
municipalités qui participent. Là, pour cinq ça va
être fini, mais il reste la municipalité de Lac-Drolet où
les travaux sont évalués à 700 000 $. Ailleurs, je vais
leur remettre la route asphaltée et, eux, ils vont avoir 700 000 $
à mettre dans cette route. Est-ce que les projets qui sont en cours...
Il y a aussi la route 257, qu'on appelle numérotée et qu'on est
en train de terminer. Weedon, on la finit cette année. Il va y avoir la
partie de Lingwick qui va être à reconstruire pour des montants,
je pense que c'est 750 000 $. Est-ce que ce serait équitable de dire
à la municipalité de Lingwick: Bien là, vous autres, on
n'a pas eu le temps de le faire avant la remise; prenez-la et faites-la? C'est
là le problème, les 3000 $ le kilomètre, c'est l'entretien
d'hiver et l'entretien d'été, mais ce n'est pas la
réfection. (12 heures)
M. Ryan: Je suis obligé de répéter un petit
peu la même réponse que j'ai donnée jusqu'à
maintenant. Dans la répartition du budget d'amélioration qui est
prévu, il faudra tenir compte de ça. En plus, les
municipalités toucheront des sommes importantes dans tous les cas
où le niveau de taxation additionnelle causée par cette partie de
la réforme entraînerait une charge fiscale supérieure
à 0, 20 $ par 100 $ d'évaluation; là, il y a un autre 51
000 000 $ qui va venir de là, qui va être permanent aussi. Ces
sommes-là devront être réparties, comme j'ai essayé
de l'indiquer, en tenant compte des besoins qui auront été
établis par l'inventaire auquel on va procéder.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Oui. Mol non plus, je ne porterai pas de jugement,
mais sur l'état du réseau routier, comme le Parti libéral
a été plus longtemps au pouvoir, je pense qu'on va vous laisser
la partie qui vous concerne. On peut dire
qu'au point de vue de l'entretien du réseau routier on va prendre
notre partie. Mais, comme vous avez été plus longtemps au
pouvoir, il y a des chances que vous ayez une plus grande responsabilité
par rapport à l'entretien ou au développement.
Je pense qu'on pourrait peut-être faire tous des cas particuliers.
C'est bien sûr que, dans mon comté, il y en a aussi; il y a des
municipalités qui viennent d'être formées, mais je pense
que, si on ne reste pas dans des considérations un peu plus grandes, on
ne pourra pas passer au travers. On peut bien faire du cas par cas, et je ne
ferai pas de reproches, mais je dis que, si on le fait comme ça,
j'aimerais mieux qu'on s'en tienne à un plan un peu plus grand ou un peu
plus vaste, parce que chaque personne autour de la table, je suis sûr, a
des cas très spécifiques à soulever; on en a tous.
Vous avez dit tout à l'heure: On va transférer ou on va
remettre aux municipalités et, là, on va faire une étude
jusqu'en 1993. Mais avant de remettre le réseau routier - ça,
c'est une question générale et je pense que ça touche pas
mal de monde - à l'entretien ou à la charge de la
municipalité, est-ce que le ministère s'engage ou s'est
engagé quelque part à le remettre dans un état potable,
dans un état acceptable pour la municipalité? Mme la
Présidente a soulevé des cas; le député de
Lotbinière a soulevé des cas. Je suis sûr que celui de
Deux-Montagnes va soulever des cas et je peux en soulever. Mais c'est quoi, la
politique globale? Moi, je sais, par exemple, qu'à venir jusqu'à
il y a un certain temps, dans les municipalités, il y avait des remises
de routes qui appartenaient au gouvernement du Québec, mais le
gouvernement du Québec avait fait une intervention majeure et, à
ce moment-là, on les remettait à la municipalité qui
était consentante; c'est une entente, et ça, ça s'est fait
et ça se fait encore. Mais, dans les cas qui nous préoccupent,
parce que là, on parle de beaucoup de municipalités, au moins
1200 à 1300 municipalités, comment elles vont le recevoir, ce
réseau-là? Est-ce qu'elles vont le recevoir dans l'état
actuel ou s'il va y avoir une intervention avant de le leur remettre? Ça
dissiperait beaucoup d'inquiétudes si vous répondiez
affirmativement; je suis convaincu de ça.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Là, c'est parce qu'on a beaucoup de jugements
d'appréciation différents qui circulent. Il y en a qui disent
qu'il y aura un programme de 1 000 000 000 $ à réaliser avant
qu'on puisse toucher à ça. Si vous me dites ça, je ne peux
pas vous dire qu'on va attendre qu'on ait réalisé tout ça.
C'est absolument Impossible. Mais il va falloir qu'il s'établisse une
programmation qui va tenir compte de l'état dans lequel était le
réseau, qui comportera certaines obliga- tions de la part du
gouvernement de venir en aide là où les besoins sont le plus
clairement établis. Je pense bien que c'est une dimension qui est
essentielle dans l'exercice qui va se faire au cours des prochains mois. On ne
peut pas prendre l'engagement de dire: On va vous livrer ça quand
ça va tout être parfait. C'est absolument impossible.
M. Dufour: Mais, en continuant sur le même sujet, si vous
le livrez et qu'il n'est pas partait, ça veut dire que vous allez
être obligé de tenir compte, dans l'entretien, de montants
différents. Là, vous y allez avec votre modulation,
j'imagine.
M. Ryan: Non. Regardez. Le budget d'amélioration, lui, ce
n'est pas établi sur une base per capita. Ça va être
réparti en tenant compte des besoins différents qui vont
être plus aigus dans certains endroits que dans d'autres, de toute
évidence, et c'est là que le gouvernement va pouvoir agir.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Non, merci. Ça répondait à ma
question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Vous avez parlé aussi du rôle des
députés à travers cette opération-là. Quel
va être ce rôle-là? Là, on en a un rôle, c'est
évident. Le ministère des Transports, ou de la voirie, nous
demande: Établissez vos priorités. Comme députés,
on travaille en relation avec les chefs divisionnaires, on établit un
certain nombre de priorités - un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept;
ça dépend. Il peut y en avoir qui en ont plus que ça. Moi,
je n'en ai pas à l'infini - et, quand vient l'enveloppe, bien, il n'y a
pas d'argent dedans, ça fait qu'on est tout poigné avec
ça. J'imagine, qu'on sort d'un côté ou de l'autre, il nous
en manque tout le temps. Mme la députée de
Mégantic-Compton semble avoir des bonnes enveloppes, elle, mais ce n'est
pas le cas pour tout le monde.
La Présidente (Mme Bélanger): Pardon?
M. Dufour: Elle défend bien son dossier et je la
félicite, d'ailleurs. Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Aïe!
Franchement! Là, je ne le prends pas.
M. Dufour: Elle défend bien ses dossiers. Je dis:
Règle générale, quel va être le rôle des
députés? Parce que vous aviez une critique qui vient des maires
actuellement qui disent: Les députés, là, qu'ils nous
laissent tranquilles; ils
n'ont pas d'affaire là dedans. Et d'ailleurs, même si on
avait l'expertise, on n'a pas le personnel pour passer à des
études bien bien profondes. La municipalité est mieux
organisée. Quel va être ce rôle-là qui pourrait
être confié aux députés?
M. Ryan: J'ai entendu des points de vue bien différents
là-dessus au cours des derniers mois. À une réunion de
préfets à laquelle j'assistais au mois de janvier, j'ai entendu
des propos très négatifs. À entendre les échos qui
m'avaient été transmis ce jour-là, les
députés seraient plutôt des nuisances que des facteurs
d'intervention utile. J'ai pris note de ces remarques-là et, ensuite, je
les ai vérifiées. D'ailleurs, comme vous disiez tantôt, je
circule assez librement à travers le territoire et je rencontre toutes
sortes de monde. J'ai demandé à beaucoup de gens depuis ce
temps-là: Le député dans votre comté, est-ce que
ça nuit pour la voirie locale? Ah! Nous autres, on s'entend très
bien avec et on aime bien qu'il soit associé à ça,
à ce travail-là; c'est un très bon élément
de liaison avec Québec et on ne voudrait pas qu'il soit sorti du
portrait II y a du pour et du contre. On va peser ça soigneusement; on
va consulter attentivement les députés du côté
ministériel. On va recueillir les opinions de l'Opposition, si elle veut
bien nous les donner aussi. Mais je ne dirais pas a priori que c'est mauvais,
ce système-là que nous avons actuellement. Moi, dans mon
comté, je trouve qu'il marche très bien.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lotbinière.
M. Dufour: Chez nous aussi. C'est l'argent qui manque. Ha, ha,
ha!
La Présidente (Mme Bélanger): Chez nous aussi.
M. Ryan: En général, le député n'a
pas intérêt à s'aliéner les municipalités
dans l'exercice de ce rôle qui lui est imparti parce qu'il a besoin de
leur appui à bien des égards et il ne pourra pas supporter
indéfiniment les conséquences d'une conduite arbitraire ou
injuste de sa part. Maintenant, est-ce qu'il y a lieu de tempérer
ça, étant donné que les budgets seront plus
considérables, par une attention plus substantielle au point de vue de
la direction régionale ou divisionnaire du ministère, au point de
vue du Conseil de la MRC aussi? Le Conseil de la MRC, vous savez comme moi, M.
le député de Jonquière, si vous demandez à 12
maires d'établir un ordre de priorités entre les besoins
présentés par 12 municipalités, qu'ils vont être
souverainement embarrassés. Chaque fois que j'ai voulu dire aux maires:
Donnez-moi donc un ordre de priorités,
Ils m'ont dit. Vous êtes bien mieux placé que nous pour
faire ça, parce qu'ils ne veulent pas se déplaire les uns aux
autres, ils ne veulent pas s'annuler les uns les autres. Le maire de
Saint-Timothée qui aurait été dire: Moi, je sacrifie mon
affaire au profit du maire de Saint-Bernard, ce n'est pas bien bien bon pour sa
prochaine élection. Tu sais, il faut être réaliste aussi;
II faut se rendre compte qu'on évolue avec des humains qui ont des
intérêts électoraux et tout. C'est pour ça que, si
on nous fait des propositions pouvant bonifier cette partie du projet, moi, je
suis bien disposé à les entendre, mais, jusqu'à
maintenant, les premiers échos que j'avais eus qui étaient
très négatifs me semblaient s'inscrire dans le vent d'un
négativisme généralisé qui existait à cette
époque-là, au mois de janvier, plutôt que sur une analyse
sérieuse. Alors, pour le moment, je serais porté à
maintenir cet aspect de la proposition plutôt qu'à
l'éliminer.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Merci, Mme la Présidente. Un peu dans le
même sens que le ministre vient de le mentionner, je voudrais simplement
porter à son attention et à celle de ceux qui nous liront...
La Présidente (Mme Bélanger): Plus fort, M. le
député de Lotbinière, s'il vous plaît.
M. Camden: Très bien. Vos batteries sont faibles,
madame?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est toi qui as
la voix faible.
M. Camden: Simplement porter à l'attention du ministre les
faits suivants. Je me rappelle au début du mandat, en 1986, avoir
rencontré l'exécutif d'une MRC - on a cinq, cinq MRC en
totalité ou en partie dans mon comté - qui venait me faire part
de ses priorités sur le territoire de la MRC visée, ayant
indiqué évidemment, avant la campagne électorale et
pendant la campagne, que j'allais établir les priorités en
consultation et en harmonisation avec les élus municipaux et en
consultant, évidemment, la population. J'ai constaté que, dans la
première demi-heure, ça allait relativement bien, la rencontre.
Dans la deuxième demi-heure, les cas des personnes présentes
prenaient le dessus sur les cas de l'ensemble. J'ai donc décidé,
à ce moment-là, de mettre mes culottes, de prendre mes
décisions et de les. harmoniser avec l'ensemble.
Mais pour revenir à ces budgets discrétionnaires pour
lesquels on doit avoir une préoccupation marquée et, comme
l'indique le ministère dans ses critères, c'est que l'argent ne
doit pas aller à l'entretien. Or, j'ai constaté que souvent,
dans le passé, quand il n'y avait pas de surveillance suffisante,
on utilisait cet argent à l'entretien, à faire du
rapiéçage de pavage dans les villages, un petit voyage de
gravier, des fois, devant chez un ami, rallonger un pont chez un voisin et,
finalement, on tourne en rond et l'amélioration et la reconstruction du
réseau ne se faisaient pas trop sentir, ne se constataient pas trop de
visu. Ça m'apparaissait important d'insister davantage sur la
reconstruction et l'amélioration.
Dans ce sens-là, M. le ministre, vous mentionnez que l'enveloppe
va être deux fois plus importante qu'actuellement. Mais,
déjà, les municipalités consacrent deux fois, et
même des multiples de trois et de quatre fois plus élevés
que ce qu'on a comme possibilité de leur verser, et c'est loin de
répondre à l'ensemble de la demande. J'aimerais seulement porter
à votre attention que, pour recharger en gravier un rang, avec une
couche de gravier de quatre pouces sur un kilomètre, c'est plus de 20
000 $ et, quand on passe à six pouces, c'est près de 30 000 $. Et
on n'a pas recreusé les fossés. Je dis "recreuser" parce que, des
fols, il faudrait tout simplement commencer par les creuser parce qu'ils sont,
à toutes fins pratiques, inexistants et là, il faut rajouter 5000
$, 10 000 $, 15 000 $. Et ce sont des coûts considérables, vous
savez. Je comprends qu'il y a un effort particulier de fait pour faire porter
jusqu'à 51 000 000 $ l'aide financière, mais c'est un fardeau
aussi qui est lourd. Il y beaucoup à faire, beaucoup à
reconstruire, beaucoup à retaper, et ça va être
d'étaler ça et d'échelonner ça. je voudrais aussi
savoir, peut-être: est-ce que les municipalités qui, profitant de
la réforme, pourraient être tentées manifestement dans les
deux ou trois premières années où l'effort semble
être plus grand, en tout cas l'effort annoncé à l'heure
actuelle, de faire en sorte d'augmenter d'une façon substantielle les
taxes pour aller chercher davantage et dépasser la norme de
l'augmentation des 25 %, ou de faire en sorte de dépasser les 0,20 $ des
100 $ d'évaluation pour l'entretien du réseau routier, est-ce
qu'à ce moment-là le budget va devenir illimité pour
répondre à ces demandes? parce que, manifestement, je vais vous
dire, si j'étais un élu municipal, je serais manifestement
tenté de dire: bon, on va donner un coup terrible pendant trois ans,
prévenir nos citoyens qu'ils vont probablement être
surtaxés pour procéder à des travaux d'entretien qui, au
fond, vont être des travaux d'amélioration ou de reconstruction.
comment allez-vous percevoir ça? comment allez-vous analyser
ça?
M. Ryan: II va y avoir le montant par kilomètre qui va
servir de limite et, deuxièmement, if y aura un budget
général qui va être limité également. On m'a
souligné cette possibilité dont vous parlez. On me l'a
soulignée.
C'est une chose que nous regardons de proche avec le ministère
des Transports, éviter que les contribuables ne se voient imposer des
augmentations artificielles de taxes par des administrateurs qui voudraient
aller chercher des subventions automatiques. On nous a souligné ce
problème-là et c'est un problème auquel nous devons
apporter une solution. Et vous avez raison.
M. Camden: Je pense, si vous permettez, Mme la
Présidente...
M. Ryan: Je ne pense pas que le danger soit très grand,
mais il pourrait arriver un certain nombre limité de cas.
M. Camden: Ce qui nous amène donc... Je pense qu'il serait
important qu'on considère éventuellement la possibilité
d'avoir un programme d'amélioration du réseau routier, outre
celui de 51 000 000 $, pour faire en sorte de rétablir cet
équilibre dont je vous faisais mention, les iniquités qui
existent entre des circonscriptions électorales qui, historiquement,
pour des raisons que je ne m'attarderai pas, vous savez, à essayer
d'identifier... On peut être, dans ces cas-là, très
partisan, subjectif, mais il y a aussi des éléments
pondérateurs de ceux qui nous ont précédés au cours
des 25 ou 30 dernières années. C'est foncièrement un
problème, une préoccupation que je voulais vous formuler ce
matin, une inquiétude que j'ai, de faire en sorte que des gens de
circonscriptions ou de municipalités soient traités d'une
façon très équitable, les uns par rapport aux autres.
La -Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
député de Lotbinière. M. le député de...
M. Camden: Peut-être, en terminant, Mme la
Présidente, si le député de...
La Présidente (Mme Bélanger): Bien là, elles
sont un peu longues, vos interventions, M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Je dois vous dire que j'apprécie fort bien
votre commentaire; mes électeurs l'apprécieront probablement
d'une façon différente. Je voudrais juste faire un
parallèle entre...
La Présidente (Mme Bélanger): II faut donner la
chance aux autres aussi.
M. Camden: Oui, mais je suis convaincu que le
député de Jonquière va me permettre de poser quelques
questions. (12 h 15)
M. Dufour: Moi, je n'ai rien à permettre, c'est Mme la
Présidente qui préside. Ha, ha, ha!
M. Camden: Ah bon! Des voix: Ha, ha, ha!
M. Camden: Je voudrais simplement faire un
parallèle...
M. Dufour: Je suis bien docile à la présidente.
M. Camden: ...entre les communautés urbaines de transport
et les offres qui ont été manifestées dans le cadre de la
réforme de la fiscalité quant à la possibilité
d'offrir des aides financières à ces communautés urbaines
de transport pour renouveler la flotte d'autobus, ajouter des véhicules,
creuser des nouveaux bouts de tunnel pour le métro et des achats de
rames de métro. Ça m'apparaît être, au fond, de
l'extension, de l'amélioration, de la reconstruction de réseau.
Ça leur permet d'avoir des équipements en milieu urbain. Il
m'apparaît qu'il y aurait un équilibre profitable et souhaitable
à faire à l'égard du milieu rural à avoir, comme
contre-équilibre à tout ça, un programme de reconstruction
du réseau routier au même titre qu'on le connaît
actuellement par le ministère des Transports sur le réseau local
et particulièrement à l'égard des liens qui unissent les
municipalités entre elles.
Dans beaucoup de municipalités - j'ai l'air de faire des cas
particuliers - de mon comté, et on retrouve ça dans d'autres
comtés, les municipalités, entre elles, ne sont pas toutes unies
et liées par un chemin pavé; c'est encore à
compléter. Alors, c'est loin d'être positif pour le
développement et les échanges économiques entre les
municipalités. En plus, on constate souven-tefois que le réseau
routier numéroté, dans mon comté entre autres, est non
complété. Le terrassement n'est pas complété,
alors, on est loin du pavage. Évidemment, quand on regarde la
révision de l'ensemble des programmes, on constate une chose, c'est que
le ministère des Transports est en train de résoudre ça
d'une façon très vite: il est en train de trancher et
décider que ça va être des routes locales. C'est
régler un problème, ma foi, assez rapidement. C'est une des
préoccupations que j'ai.
Vous savez, c'est avec un certain sursaut, récemment, que j'ai
constaté qu'on annonçait une aide financière à la
municipalité de Sainte-Foy pour élargir le boulevard Laurier -
c'est sûr que ça engorge à certaines heures - pendant qu'il
y en a d'autres qui roulent encore sur le gravier et dans les trous. C'est
étonnant à bien des égards. C'est une préoccupation
que je voulais porter à votre attention, M. le ministre, de façon
que, dans votre réflexion sur des amendements éventuels et des
modifications à la réforme de la fiscalité municipale, on
puisse considérer d'une façon positive ces
éléments, ce qui fera en sorte que la réforme n'en sera
que plus équitable pour l'ensemble des citoyens du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lotbinière.
M. Ryan: Oui, il y a cette voie qu'il reste à
préciser. Est-ce que ça va...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je pense bien que les députés auront
amplement l'occasion de faire valoir leurs vues auprès du ministre des
Transports quant aux conditions dans lesquelles devra s'effectuer le transfert
de responsabilités. Est-ce que nous en viendrons à recommander un
programme spécial de reconstruction du réseau routier local ou
une amélioration du budget qui est prévu à cette fin dans
les propositions du 14 décembre? C'est des questions de modalités
qu'il faudra voir. Je pense que, d'ici à un an, on sera mieux en mesure
de mettre des chiffres précis autour des besoins de ce
côté-là. Actuellement, c'est difficile à faire parce
qu'on n'a pas la même appréciation; les appréciations
varient beaucoup d'une source à l'autre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Mme la Présidente, à l'Assemblée,
on va demander un vote libre sur la question; je pense que l'Opposition va
avoir bien des amis de l'autre côté sur la question de la voirie.
Quand je regarde les points de vue, effectivement, il y a des gens qui sont
affectés. Ça fait l'objet de beaucoup d'intérêt chez
les députés ministériels. Moi, remarquez bien, mes
constatations vont dans le même sens qu'eux, je n'ai pas de malaise
à vivre avec ça.
Je voudrais peut-être parler d'un troisième volet des
propositions, concernant la Sûreté du Québec. À la
Sûreté du Québec, il y avait... Oui, est-ce que vous
vouliez intervenir avant?
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est parce que
je pense que le député de Rousseau...
M. Ryan: On était sur la voirie, je ne sais pas si on
devrait compléter ce volet-là avant, n'est-ce pas?
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la voirie avant,
M. le député de Rousseau.
M. Thérien: Une couple de petites questions.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur la voirie?
M. Thérien: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, avant de
passer à la Sûreté...
M. Dufour: Ce n'est pas parce qu'on a complété les
questions; moi, j'en aurais d'autres, mais je veux dire, à un moment
donné, on a fait pas mal le sujet. Si vous en avez des nouvelles...
M. Thérien: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Rousseau.
M. Thérien: sur la voirie, le député de
jonquière dit qu'il va avoir beaucoup d'appuis du côté
ministériel; je ne sais pas où il prend ça. de notre part,
au départ...
Une voix: Interventions...
M. Thérien: Peut-être certaines interventions plus
ponctuelles, mais au départ - je pense que le député de
Jonquière a de l'expérience - si on enlève
l'élément financier, je pense que dans la réforme il y a
une question "d'équitabilité", on répartit. Parce que vous
savez que l'entretien des routes dans les municipalités, ce
n'était pas équitable, absolument pas. Des exemples, on peut vous
en fournir. Exemple: à Rouyn-Noranda, dans toute la MRC, il y avait 400
kilomètres de routes municipales, dont 40 seulement à l'entretien
des municipalités. Dans d'autres régions, c'était
l'inverse. Pourquoi d'autres régions payaient-elles pour d'autres
régions? C'était tout à fait inéquitable.
Là, on n'est pas rendu au point de savoir si ça va coûter
3000 $ ou 5000 $ et c'est quoi la répartition de chacune.
Je pense que la réforme qui est déposée
était déjà prévue, même à
l'époque, dans le fascicule 5, lorsque le premier pacte fiscal...
C'était prévu par notre gouvernement, tout simplement par la loi
112. Lors de la réforme qu'on a déposée, on a
englobé tout ça. Moi, je vois ça comme élu;
premièrement, c'est une question d'équité, au
départ; après, on va discuter tout simplement de l'état
des routes et de combien on va donner comme compensation. Moi, c'est comme
ça que je le vois. Quand je rencontre mes maires, je me dis favorable
à ça parce que, enfin, on va avoir un dossier équitable.
Comment expliquer que la ville voisine, la municipalité voisine, elle,
entretienne 100 kilomètres et l'autre n'entretienne que 20
kilomètres? Ce n'était pas explicable au point de vue de
l'équité. Moi, je félicite le ministre d'avoir
déposé ça, prévu simplement en 1993, et ça
peut faire l'objet de discussions. C'est pour ça que l'invitation que le
ministre fait aux différentes unions de s'asseoir et de discuter, en
voirie, je pense que c'est essentiel et nécessaire. Là-dessus, je
pense qu'il n'y a pas de doute - vous en conviendrez, vous l'avez vu lorsque
vous étiez président - du côté de l'iniquité,
on l'a vu un peu dans l'Outaouais lorsqu'on a rapatrié certaines routes
qui étaient à la charge des municipalités. Le travail
était déjà amorcé, il se complète par
ça.
La discussion, nous-mêmes, on la fait avec le ministre en disant:
Quel montant ça va prendre et comment on va être capable de
remettre les routes en bon état ou dans un état satisfaisant? Et
l'année 1993, je pense que ça nous permet d'avoir des discussions
tout à fait réalistes et ça nous donne du temps aussi.
C'est pour ça, quand vous dites qu'il y a beaucoup d'appuis de ce
côté-là, qu'il y a des appuis à la discussion, mais
le fond, je pense que c'est tout à fait important que ce geste-là
se fasse. Même le ministère des Transports, on avait
été en Ontario visiter, étudier, plutôt, comment
s'était fait le délestage iI y a 20 ans - parce que, en Ontario,
ça fait longtemps que c'est fait de cette façon-là - le
système de compensation et l'augmentation des subventions aux
municipalités. Tantôt, M. le ministre en a parlé; moi, les
maires m'ont posé la question parce qu'ils disaient: On est un petit peu
contre ça que les députés puissent avoir la
discrétion, un certain budget. Moi, je peux vous dire: L'essence
même d'un élu, c'est de pouvoir décider. Je serais tout
à fait contre le fait qu'on enlève à un élu le
pouvoir de décider. Si on décide mal, bien, les gens verront,
à l'élection après, à nous remplacer. Mais si on
m'enlève le pouvoir de décider comme élu, je pense que
c'est l'essence même de l'élu. Moi, je réponds ça
à toutes mes MRC.
Moi, je peux vous dire qu'au niveau de la voirie, et je ne parle pas de
toute la réforme... Pour la police, je pourrais avoir - vous allez
aborder ça tantôt et on a eu l'occasion de travailler ça
ensemble même, dans les années où on était maire,
respectivement - quelques appréhensions, moi aussi, à parler au
ministre. Mais au niveau de la voirie, je pense, au niveau du fond, c'est une
réforme qui devait se faire, qui doit se discuter et c'est une
réforme équitable.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Rousseau.
M. Gauvin: J'aimerais ajouter, s'il vous plaît, Mme la
Présidente. Justement, il ne faudrait pas que ce soit
interprété - juste quelques mots pour ajouter - le fait que l'on
questionne le ministre pour une meilleure compréhension.
Évidemment, c'est une inquiétude comme représentant de
chacune de nos régions. Mais je pense qu'il est souhaitable et louable,
et M. le ministre l'a mentionné lui-même tantôt, qu'il
rencontre des municipalités à tous les jours ou à toutes
les semaines, et fréquemment. Je pense qu'on se permet aussi de lui
faire part des appréhensions que certains élus municipaux ont.
C'est l'échange que nous avons d'abord.
Dans le même sens, j'aimerais mentionner à
M. le ministre que certaines municipalités se questionnent et je
pense qu'il va falloir, avec le ministère des Transports, tenter de
préciser, en fait, ce qu'ils ont l'intention de faire de ce
côté-là. C'est que le ministère des Transports
reconnaît sur papier, par exemple, 25 kilomètres de routes dans
une municipalité au moment où ils en ont déjà 32
à leur entretien. Les 25 kilomètres, is les ont pris sur la
partie déjà octroyée comme entretien d'hiver. Mais il y a
déjà 32 kilomètres à la responsabilité du
ministère des Transports. Il y a ce questionnement-là aussi qu'on
devra faire, M. le ministre, je pense, tous ensemble avec le ministère
des Transports. C'est ce que je voulais ajouter, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Ryan: J'ajoute juste une remarque, si vous me le permettez,
Mme la Présidente. J'ajoute juste une brève remarque.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Je constate que, dans le groupe ministériel, il y
a au moins trois députés qui sont d'anciens maires: le
député de Montmagny-L'Islet, le député de Rousseau
et le député de Deux-Montagnes.
La Présidente (Mme Bélanger): 11 y en a cinq.
M. Ryan: Le député de Saint-Jean également;
quatre. Et il y en a un qui a été candidat à la mairie; il
a été plus heureux au provincial qu'au municipal, mais son
intérêt pour la chose municipale est connue depuis longtemps. Par
conséquent, ils sont bien placés pour avoir l'oreille des gens et
avoir la perception concrète de ce que sont les problèmes. C'est
pour ça que j'essaie de les écouter avec beaucoup d'attention, de
même que le député de Jonquière, d'ailleurs, dont je
reconnais souvent la compétence en ces choses.
J'ai bien aimé ce qu'a dit le député de Rousseau.
C'est une question de principe aussL II faut bien qu'on tranche le principe une
bonne fois, c'est peut-être aussi bien de faire ça maintenant, et
les modalités, comme on dit, on va les discuter, on va les
établir de la manière la plus humaine possible. Soyez
assurés qu'on n'est pas étranger à ces points de vue
là, au contraire.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: II ne reste pas beaucoup de temps pour attaquer le
troisième sujet...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière, étant donné l'heure -
il est 12 h 30, il manque deux minutes - avant de commencer à aborder le
sujet, je pense qu'on va suspendre les travaux.
M. Dufour: Oui, mais j'aimerais, par exemple, qu'après
le... Ce matin, j'ai remarqué qu'on a commencé un petit peu en
retard. On a seulement six heures. Je ne veux pas qu'on prolonge indûment
les travaux, mais j'aimerais bien qu'on puisse... Et j'espère
qu'à la minute que ça sera fini de l'autre côté on
s'en viendra ici, après la période de questions et les affaires
courantes.
La Présidente (Mme Bélanger): Après la
période de questions. Alors, la commission suspend ses travaux
jusqu'après les affaires courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 27)
(Reprise à 15 h 45)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission est de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère des Affaires municipales,
programmes 1 à 7, pour l'année financière 1991-1992. Au
moment de la suspension, le député de Jonquière avait
demandé la parole pour aborder le sujet de la Sûreté du
Québec.
M. Dufour: Merci, Mme la Présidente. Effectivement, quand
on examine le volet... Bien peut-être avant, est-ce que le
président de la SAO est ici?
Une voix: Oui.
M. Dufour: Oui, il est là; je le vois bien.
M. Ryan: II est ici, M. Séguin.
M. Dufour: Mme la Présidente, j'aurais peut-être une
requête à faire et c'est peut-être aussi pour rendre service
à des gens de l'Outaouais, à condition que le ministre, bien
sûr, concourt et que les ministériels concourent. J'ai eu une
demande du député de Hull à l'effet qu'il y aurait
peut-être lieu qu'on déroge à notre agenda pour poser des
questions au président de la SAO qui est ici, présent, avec nous.
Ça permettrait de le libérer, mais à la condition que
ça puisse hâter les travaux. Quant à nous, on a deux ou
trois questions à poser seulement.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est votre choix, M.
le député.
M. Dufour: Bien, c'est notre choix! Moi,
j'essaie de rendre service aussi, hein?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Maltais: Alors, Mme la Présidente, si le ministre ne
voit pas d'objection, je pense qu'on est d'accord. Maintenant, il faudrait
peut-être en aviser le député de Hull, qui doit être
en Chambre encore ou dans sa commission.
Une voix: Le député de Hull est parti. M.
Maltais: II est parti à Hull?
M. Dufour: II ne semble pas qu'il y ait eu de problème
pour lui.
Une voix: Non, pas à Hull.
M. Tremblay (Rimouski): II est en dehors du parlement
actuellement.
M. Maltais: Bon. Alors, on posera les questions à sa
place.
M. Dufour: On pourrait peut-être inviter monsieur...
M. Ryan: Est-ce que j'ai compris que vous vouliez parler de la
SAO?
M. Dufour: Oui. En fait, c'est peut-être pour
libérer M. Séguin.
M. Ryan: Très bien, oui, je vais l'apprécier.
La Présidente (Mme Bélanger): Le ministre reste
là.
M. Dufour: Oui, et on va revenir après sur la
réforme, bien sûr, celle qu'on a commencée ce matin.
M. Ryan: M. Séguin, on va sortir votre fiche.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Séguin, si
vous voulez bien prendre place.
M. Ryan: Assoyez-vous ici, M. Séguin. Pardon?
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai dit: M.
Séguin, si vous voulez bien prendre place.
M. Dufour: Ça va. Vous pouvez y aller.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va. M.
le député de Jonquière.
Société d'aménagement de l'Outaouais M. Dufour:
Oui, je veux parler un peu de la problématique puisqu'en 1986 l'un
de vos nombreux prédécesseurs aux Affaires municipales, le
député de Laporte, se donnait trois ans pour se départir
de la SAO, indiquant que le milieu municipal ou même celui des affaires
pouvait prendre en charge les fonctions assumées par la
Société. Je l'avais même mis au défi, dans le temps,
de donner suite à ses intentions et je lui disais que c'était
impensable qu'il puisse l'éliminer complètement. Je pense que le
cours du temps nous donne raison. L'an dernier, M. Picotte annonçait la
dissolution de la SAO pour février 1991. Nous sommes maintenant en avril
et la SAO est toujours présente, avec peu de ressources certes, mais
toujours en vie.
Au cours des dernières années, la SAO a
considérablement réduit ses activités. En 1990, elle a
dû de nouveau sabrer dans ses dépenses, notamment par la mise
à pied de ses 10 commissaires industriels, à cause des
compressions budgétaires imposées par le ministère.
Cependant, M. Séguin, le président de la Société,
s'est dit optimiste face à l'avenir, en compagnie de l'actuel ministre
qui se dit prêt à enclencher un processus qui amènera le
gouvernement à prendre position sur le sujet de façon à ce
que la mise en oeuvre de la solution maintenue prenne effet au début de
l'exercice financier 1992-1993.
Comme on le sait et comme cela a été dénoncé
lors du passage de la Commission Bélanger-Campeau à Hull, la SAO
devrait jouer un rôle de contrepoids face aux ingérences et
à l'arrogance de la Commission de la capitale nationale sur le
territoire de l'Outaouais québécois, ce qui, d'ailleurs, est un
peu à l'origine de la création de la Société
d'aménagement de l'Outaouais. Ma question: Est-ce que le ministre a
l'intention, comme M. Séguin semble le croire, de maintenir en place la
Société d'aménagement de l'Outaouais?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Mme la Présidente, avant de répondre
à la question, il faudrait peut-être vous présenter les
principaux collaborateurs qui m'entourent. On n'a pas eu l'occasion de le faire
ce matin, vu qu'on est restés dans les hauteurs, les grands
débats. À ma gauche, vous aurez tous reconnu le sous-ministre des
Affaires municipales, M. Florent Gagné; à ma droite, il y a M.
Jean-Marie Séguin, qui est le président de la
Société d'aménagement de l'Outaouais. En arrière,
il y a, parmi les collaborateurs qui sont là, M. Christian Beaudoin et
M. Jules Bergeron, du Bureau de révision de l'évaluation
foncière; M. Yvon Verrette, directeur général de la
gestion au ministère; Mme Raymonde Fiset, directrice du budget; M.
Michel Lemoine, analyste budgétaire; M. Georges Felli, directeur
général de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire;
M. Robert Aube, directeur des programmes d'urbanisme et
d'aménagement; M. Alphé Poiré, que tous les
députés connaissent à son titre de directeur
général de l'administration financière et de patron du
programme AIDA; son collaborateur à l'aspect financier du programme, M.
Marc-André Laforest. On me signale que M. Pierre Turmel, du service
juridique, est également présent parmi nous.
Il y a les collaborateurs et les collaboratrices de mon cabinet que vous
connaissez déjà. Je me dispense de les présenter parce que
j'aurais peur que ce soit interprété comme de la propagande
libérale. Je voudrais remercier tous ces collaborateurs du
ministère pour l'excellente collaboration qu'ils apportent au ministre
dans l'exercice des fonctions dévolues au ministère.
Ceci étant dit, je suis prêt à aborder la question
qui a été soulevée par le député de
Jonquière. Je souhaite la bienvenue à M. Séguin, qui
dirige habilement les destinées de la Société
d'aménagement de l'Outaouais. Comme vous le savez, nous avons inscrit
une provision dans les crédits de cette année qui permet
d'assurer l'existence de la SAO pour le prochain exercice budgétaire,
moyennant des ressources modestes certes, mais qui permettront de
compléter l'examen de révision qui a été entrepris
par la Société déjà et auquel doit s'associer, pour
la phase définitive, le gouvernement.
Dans un mémoire que M. Séguin m'avait déjà
remis il y a un certain temps - tantôt, il aura l'occasion de s'en
expliquer lui-même - il envisageait un double rôle pour la
Société d'aménagement de l'Outaouais dans l'avenir, un
rôle de promotion économique au sens le plus large du terme, parce
que, là, la Société n'est plus dans une position qui la
justifierait d'entreprendre des choses comme elle a pu le faire à
d'autres époques. Elle s'est départie de la plupart de ses actifs
ces dernières années pour les remettre entre les mains des
municipalités concernées, surtout celles qui constituent la
Communauté urbaine de l'Outaouais. Alors, elle envisageait plutôt
un rôle plus large de promotion économique de la région.
Elle avait également proposé que le gouvernement envisage un
rôle de présence de l'État du Québec, en somme,
auprès des organismes qui veillent au développement de la
région de la capitale nationale, en particulier la Commission de la
capitale nationale. On a besoin d'une présence très active du
gouvernement à ce niveau parce qu'un grand nombre de décisions se
prennent continuellement et, si nous ne sommes pas présents, il y a des
chances que nous soyons ignorés dans les décisions.
Alors, je n'ai pas de réponse à apporter ce matin aux
représentations que m'avait faites la Société
d'aménagement de l'Outaouais à ce sujet, sinon pour indiquer
qu'en ce qui touche toute la partie constitutionnelle ou paraconstitutionnelle
ou tout ce qui regarde l'aménagement du territoire par la Commission de
la capitale nationa- le, le ministre des Affaires intergouvernementales m'a
fait part de certaines réserves qu'il aurait à investir la SAO
d'un rôle trop étendu là-dedans. Il y a des choses qui
doivent se passer au niveau du gouvernement, au niveau des ministères,
et nous savons tous, ceux qui ont été proches de l'administration
gouvernementale, comment, en ce qui touche les rapports
fédéraux-provinciaux, le ministère
délégué aux Affaires intergouvernementales tient à
conserver la responsabilité. Ici, il y a des grosses questions qui se
posent à propos de ce volet de la proposition que nous a faite la
SAO.
Au sujet du deuxième volet, je pense bien que des consultations
avec les municipalités, les MRC et la communauté urbaine de la
région seront absolument nécessaires avant que nous puissions en
venir à une détermination claire. Ça, ce sont les
éléments de la réponse que je dois apporter. Nous
apporterons ces éléments additionnels, qui font défaut
actuellement, au cours des prochains mois. En attendant, je ne sais pas si mon
sous-ministre, M. Gagné, aurait quelque chose à ajouter à
ce moment-ci. Peut-être sur les crédits mêmes qui ont
été réservés, M. Gagné pourra apporter
quelques précisions
M. Gagné (Florent): Oui, peut-être quelques
éléments historiques, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Gagné. Je
m'excuse, c'est pour les besoins du Journal des débats.
M. Gagné: Je vous remercie. Peut-être quelques
éléments historiques. Vous vous rappelez qu'il y a quelques
années nous avions discuté à cette commission
parlementaire des transferts d'équipement que la SAO avait faits au
profit principalement de la SEPAQ et des municipalités, comme l'a
mentionné M. le ministre tantôt. C'est la raison pour laquelle,
dans les crédits dont nous disposons, il y a une certaine tranche qui
est destinée à la SEPAQ, faisant suite à l'entente que
nous avions eue à ce moment-là. Les équipements en
question étant déficitaires pour la plupart, la SEPAQ nous avait
demandé de contribuer pendant une période de quelques
années à la subvention. Alors, nous verserons donc, pendant
l'année 1991-1992, un dernier paiement à la SEPAQ. Si je me
souviens bien, M. Séguin, c'est une entente de cinq ans que nous avions
avec la SEPAQ. C'est donc la dernière tranche que nous versons cette
année, de 350 000 $, de sorte que les crédits qui apparaissent
devant vous aujourd'hui, c'est un montant de 2 409 000 $, dont il faut
soustraire 350 000 $ pour la SEPAQ, ce qui laisse donc un net d'un petit peu
plus que 2 000 000 $ destinés à la SAO elle-même. Alors,
c'est la précision que je voulais apporter, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député
de Jonquière.
M. Dufour: Les budgets qui restent à la SAO, je ne sais
pas si le ministre va répondre ou, en tout cas, il décidera qui
il voudra pour répondre... La vocation qu'on peut prévoir pour la
SAO, que je sache, l'aéroport est encore dans les mains de la SAO. Non?
Vous l'avez transféré?
M. Ryan: II n'est pas transféré encore, mais tout
est en préparation. Le transfert se fera dans un avenir prochain.
M. Dufour: Mais dans le montant qui est prévu de 2 000 000
$, il y a certainement de l'administration de l'aéroport à
travers ça.
M. Séguin (Jean-Marie): C'est-à-dire que, dans les
2 000 000 $, il y aurait des coûts pour l'aéroport parce que,
définitivement, avant qu'il y ait un décret pour
transférer l'aéroport à la ville de Gatineau, comme il
semble probable, il est clair qu'il va y avoir des coûts.
L'aéroport lui-même, l'excédent des dépenses sur les
revenus, si on peut appeler ça un déficit, il est de 375 000 $;
remarquez bien qu'il était de 700 000 $ en 1986.
M. Dufour: Quand vous dites que le déficit a
diminué, est-ce que ça veut dire qu'il y a un meilleur
achalandage ou s'il y a un meilleur contrôle des dépenses ou s'il
y a moins d'occupation?
M. Séguin: Disons qu'on a réduit
énormément les dépenses. On a nommé une personne
où il y en avait deux et qu'on en avait besoin de seulement une. On a
diminué énormément les dépenses dans le cas de
l'aéroport. Maintenant, cet aéroport-là, il faut l'avouer
aussi, si on compare avec les chiffres des différents aéroports
opérés par le ministère des Transports de Québec,
on se compare très bien dans nos coûts d'opération et, je
dirais, avantageusement. Maintenant, l'aéroport de Gatineau, bien, il y
avait la ligne aérienne Intair. Vous savez certainement toutes les
péripéties qu'ils ont eues depuis un an, alors on ne peut pas
donner un excellent service quand, pendant un certain temps, il y a des
horaires et que, tout à coup, au bout d'un mois, ces horaires-là
ne sont plus en vigueur. Mais il est clair que l'aéroport de Gatineau,
pour la région, c'est une nécessité et la ville de
Gatineau semble être prête à prendre la relève.
M. Dufour: Quand vous parlez de la ville de Gatineau, est-ce
qu'il y a une entente régionale concernant ça ou si c'est juste
la ville de Gatineau?
M. Séguin: À ce moment-ci, les négociations
se sont faites uniquement avec la ville de
Gatineau. Étant donné que le ministère souhaitait
qu'on accélère le processus, on ne pouvait pas attendre le
résultat de ce qui va arriver à la suite du
référendum et quelles seront les décisions.
M. Dufour: Mais il y a une chose qu'on connaît, c'est que
la CUO, elle existe, elle.
M. Séguin: Depuis le 1er janvier, oui.
M. Dufour: Bon. Par rapport à la CUO, est-ce qu'il y a une
volonté, parce que vous êtes un peu dans le secret, j'imagine,
vous avez le temps de regarder tout ce qui se passe là, vous êtes
un participant aussi, d'après ce que je vois...
M. Séguin: Je suis dans la même bâtisse.
M. Dufour: Est-ce que les autres partenaires semblent
disposés à travailler en collaboration? Parce qu'un
aéroport, à mon point de vue, ça dépasse un peu une
municipalité, ça sert beaucoup plus un arrondissement. (16
heures)
M. Séguin: Je dois vous avouer que depuis le 1er janvier
que la communauté urbaine, la CUO est entrée en fonction, je
pense que c'est un secret de Polichinelle de dire que les membres de la CUO,
depuis le 1er janvier, se préoccupent plus particulièrement de la
campagne du référendum. Je pense que c'est seulement après
ça qu'on va réellement voir si la CUO va prendre son envol. Mais
je ne pense pas, c'est-à-dire je ne pense pas, j'affirme même
qu'à date ils n'ont pas discuté de problèmes
régionaux, sauf la Régie intermunicipale pour les
déchets.
M. Dufour: Vous, M. le président, qui avez
été un acteur depuis de nombreuses années dans la
région de l'Outaouais - il y a sûrement plusieurs dossiers, en
tout cas, vous n'êtes pas un inconnu pour moi là - comment
voyez-vous l'avenir de la SAO avec les budgets diminués comme ils sont
là, et quelles sont les relations que vous pouvez établir par
l'autorité qui vous est déléguée par
Québec?
M. Séguin: J'ai toujours dit que les budgets, c'est
important, mais, quant à moi, c'est secondaire. Ce qui est important,
c'est que le gouvernement du Québec ait une structure
particulière dans l'Outaouais. Et je comprends que toutes les
régions du Québec peuvent être tentées de dire:
Bien, nous autres aussi, on a des problèmes particuliers; on devrait
avoir une structure particulière. Excepté que, chez nous, il y a
une raison particulière.
Le ministre a fait allusion tantôt à la Commission de la
capitale nationale. Il faut se rappeler que ça, c'est une structure
suprême. Il y a eu un jugement de la Cour suprême qui lui dit
qu'elle a des pouvoirs sur les deux côtés de la
rive; elle a des pouvoirs d'expropriation, de planification,
d'immobilisation. Et, depuis que le gouvernement du Québec a une
présence, je ne vous dis pas qu'ils ont arrêté de poser des
gestes, sauf qu'il y a plus de dialogue, puis moi, je pense que ça,
c'est important. Puis, c'est important aussi, la particularité; c'est
que si on ne réussit pas à créer un dynamisme
économique dans l'Outaouais pour faire contrepoids avec le
côté ontarien... Nous sommes tout de même l'image du
Québec. C'est pour ça que je dis: Le budget, c'est important,
mais ce qui est plus important, c'est d'avoir sur place une structure qui
représente réellement la volonté du gouvernement du
Québec. Puis, vis-à-vis de la Commission de la capitale
nationale, il est clair que cette structure-là ne doit pas être
l'interlocuteur pour négocier, si on veut, des changements de limites et
tout ça, mais beaucoup plus un agent de liaison pour l'autorité
provinciale.
Lorsque, par exemple, on discute de ponts, parce qu'il y a un
comité actuellement, le Comité
Québec-Ontario-fédéral sur les ponts futurs, je pense
qu'une structure sur place est plus en mesure de donner le vrai son de cloche
à Québec pour établir... Bien, c'est peut-être plus
logique qu'il soit là plutôt que là parce que là,
bien, les gens de Hull veulent en avoir un pour relier avec Ottawa, Aylmer en
veut un, Gatineau en veut un et Buckingham et Masson veulent en avoir un avec
le côté ontarien.
Alors, c'est des choses comme ça, mais je pense qu'en
résumé il faut dans l'Outaouais, à cause de sa situation
particulière, une structure représentant le gouvernement du
Québec, pas une structure décisionnelle, mais une oreille du
gouvernement du Québec.
M. Dufour: Oui. Ce que vous dites, M. le président, c'est
qu'effectivement, dans toutes les régions, il peut y avoir des
velléités d'un bord comme de l'autre à l'interne pour
savoir combien il y aura de ponts, combien il y aura de routes. Je pense que
cette question-là est soulevée un peu partout. Ce qui me semble,
en tout cas, ressortir de vos propos, ce qui justifie et ce qui devrait
justifier même une augmentation de la présence de la SAO, c'est la
CCN, qu'on appelle la Commission de la capitale nationale. Vous dites que vos
efforts semblent plus porter vers ça. La promotion économique,
ça peut se faire de différentes façons. Il y a d'autres
régions qui ont réussi à le faire. Moi, ce que j'essaie de
vous faire préciser: Comment voyez-vous votre rôle? Vous me dites:
Ce n'est pas important, le budget. Mais en autant que le président soit
payé, c'est bien sûr. Il faut aussi qu'il y ait au moins un
minimum de structures. On ne peut pas mettre juste un embryon, une tête
et rien avec. Il faut qu'il y ait aussi des embryons pour compléter.
Donc, le budget a une certaine importance. Mais par rapport à la CCN,
vous nous convainquez que oui, je pense que c'était ça, les
premières raisons, mais est ce qu'il y a d'autres facettes que vous
pourriez développer ou que vous verriez? Parce que vous n'êtes pas
juste un exécutant; j'ai comme l'impression que vous êtes aussi un
acteur dans le milieu.
M. Séguin: II est clair que j'ai souligné la
question de la Commission de la capitale nationale, mais ce ne serait pas
l'unique raison d'être. J'ai mentionné tantôt la question de
l'économie de l'Outaouais québécois. Pourquoi un organisme
comme le nôtre devrait-il être un organisme de promotion du
potentiel de développement économique et d'agent recruteur? Vous
allez me dire: Bien, dans les autres coins, ça se fait par le niveau
municipal. Mais pourquoi? C'est parce que chez nous il doit y avoir un effort
particulier parce que, de l'autre côté de la rivière, c'est
le côté de l'Ontario. Nous sommes la seule région
réellement frontalière urbaine. Vous avez, de l'autre
côté de la rivière, la ville d'Ottawa, la
municipalité régionale d'Ottawa Carleton. Et ce n'est pas
uniquement avec les moyens des municipalités qu'on va réussir
à faire l'équilibre. C'est pour ça que ça prend une
structure qui va avoir un mandat de Québec pour réussir à
faire cet équilibre-là. Parce que l'économie sur le
côté ontarien, c'est dynamique. On vit toutes sortes de
problèmes dans le quotidien. Vous avez, par exemple, le problème
de la taxe de vente Tantôt, vous allez avoir la taxe sur les services au
1er janvier. Bien, je trouve qu'on est là sur place pour donner des sons
de cloche. La taxe sur les services au 1er janvier, par exemple; le
gouvernement de l'Ontario ne l'a pas encore. Alors, il va arriver quoi? Par
exemple, quelqu'un qui veut acheter un voyage de 3000 $, est-ce qu'il va aller
s'adresser à une agence de voyages de l'autre bord, à Ottawa?
Alors, cette structure là doit participer à l'économie
aussi. Puis, si on réussit, parce qu'on est une structure du
gouvernement, à faire traverser aussi sur notre bord des entreprises,
bien c'est des nouveaux payeurs de taxes pour le Québec. Alors, ce que
notre structure va coûter au Québec, ça va être
compensé par ce qu'on ira recruter sur le côté
ontarien.
M. Dufour: Remarquez bien que moi, ça m'intéresse
de vous écouter. C'est ce que je mettais en doute en 1986 lors des
premières discussions; moi, j'avais conscience que la SAO avait
été mise en place pour des raisons bien particulières et
qu'elle avait des services à rendre. Et je savais aussi... Moi, je ne me
suis jamais posé la question, mais le début du mandat du
gouvernement actuel a fait qu'il n'y avait plus de problèmes. On
établissait un dialogue tellement grand avec les autres qu'il n'y avait
plus de problèmes entre Ottawa ou l'Ontario et le Québec, ce qui,
dans les faits, s'avère faux. Et moi, je vous dis, bien sûr, que
ce n'est pas un travail facile que vous avez à faire là,
surtout
avec les coupures qui ont été subies et aussi les
transferts un peu partout, la vente d'actifs. Il y a eu des points assez
importants. Mais de quelle façon, par exemple, vous pouvez continuer?
Dans la promotion industrielle, je sais qu'actuellement vous examinez la
possibilité de transférer à des municipalités des
parcs industriels. Je ne suis pas dans l'erreur quand je dis ça? Je ne
fais pas de...
M. Séguin: Oui, c'est exact. C'est exact.
M. Dufour: C'est exact. Et ces transferts-là, un coup
qu'ils seront terminés, quel va être votre rôle au point de
vue de la promotion économique?
M. Séguin: Ce qu'on considère, c'est que,
justement, on s'est peut-être trop consacrés à faire de
l'ouvrage sur le terrain, à faire l'ouvrage de commissariat industriel
auprès des entreprises existantes, et la région de l'Outaouais ne
s'est pas assez préoccupée d'aller vendre son potentiel à
l'extérieur. Alors, ce qu'on considère, c'est qu'un organisme qui
serait mandaté par le gouvernement, comme le nôtre, pourrait faire
la promotion au niveau national et même international et aller susciter
l'intérêt chez les Investisseurs ou des promoteurs et, à ce
moment-là, ces gens-là, après ça, les mettre en
contact avec les gens sur le terrain qui seront les commissaires industriels
qui continueront le cheminement.
M. Dufour: Est-ce que vous voyez à travers cette
promotion-là que vous suggérez, parce que ça existe ici,
à Québec...
M. Séguin: Oui.
M. Dufour:... une promotion internationale, etc. ? Je ne sais pas
si ça donne des résultats, mais il y avait des fonds de tiroir
qui ont été employés. Mais quand ça va être
fini, les fonds de tiroir, je ne sais pas si ça va pouvoir continuer.
Est-ce que vous voyez des collaborations? Parce que la SAO tire sa
légitimité de Québec. Les municipalités peuvent en
tirer des avantages, bien sûr. Mais, dans une promotion comme ça,
est-ce que vous voyez des participations? Parce qu'on a tendance à
responsabiliser de plus en plus les municipalités.
M. Séguin: Disons, c'est un scénario qui reste
à aborder. Le ministre des Affaires municipales m'a déjà
mentionné qu'il voulait discuter, d'ici à quelques mois, avec moi
de l'avenir de cet organisme-là. Ça, c'est un des
scénarios, de voir si les municipalités seraient prêtes
à être des partenaires dans cette démarche de promotion
économique là. Il faut tout de même souligner que les
municipalités ont déjà manifesté une certaine bonne
volonté. Je comprends qu'elles ne l'ont pas sollicité, qu'on leur
transfère des champs d'activité qu'on faisait, mais ça
s'est fait dans la cordialité. Et comme pour la question du transfert
éventuel des parcs industriels, les municipalités, au
départ, vont tout de même être privées de taxes
municipales - parce que vous savez, nous sommes un organisme qui paie de
l'impôt foncier - alors, il est clair que ces parcs-là, une fois
transférés aux municipalités, d'ici à ce qu'elles
vendent l'ensemble des terrains, elles vont être privées d'une
certaine source de taxes et revenus qu'elles avaient. Mais ça, elles
l'ont accepté comme geste initial de participation au
développement économique.
M. Dufour: est-ce que vous ne croyez pas que la sao, telle
qu'elle existe actuellement, ne deviendra pas un peu le pendant de ce qu'on est
en frais de créer ici, à québec, c'est-à-dire un
secrétariat à la capitale? ça ressemble à
ça.
M. Séguin: Disons que ce qui se fait ici, à
Québec, le Secrétariat à la capitale, je ne le connais pas
dans les détails, mais je l'ai regardé et je vous avoue que si,
demain matin, l'autorité décidait de faire de la SAO le
secrétariat économique de l'Outaouais, bien, j'endosserais
ça, parce que, actuellement, à cause d'un accident de parcours...
Est-ce que cet organisme-là est rattaché au ministère des
Affaires municipales? Il est clair que, depuis le début, sa vocation
était à caractère économique. Maintenant, le
Secrétariat à la capitale, si Québec tombait d'accord pour
avoir un secrétariat au développement économique de
l'Outaouais reflétant la préoccupation particulière du
gouvernement du Québec, ça représente un certain avantage,
c'est que ça relève directement du Conseil exécutif.
M. Dufour: Je pense bien qu'on n'épuisera pas le sujet.
Moi, pour ma part, je suis satisfait des réponses, d'autant plus qu'on
aura sûrement des échanges un peu plus grands dans un avenir
rapproché et, donc, on pourra peut-être se sensibiliser mieux.
Moi, je perçois tout de même ou j'apprends, ou vous confirmez
plutôt que les perceptions que j'avais vis-à-vis de la SAO, en
1986, j'ai l'impression qu'elles étaient bonnes. Je ne sais pas en vertu
de quel principe on' disait carrément et à plusieurs reprises...
Le ministre du temps disait carrément que c'était appelé
à disparaître d'ici à trois ans, budget zéro. On
voit bien que ce n'est pas parce qu'on a changé de gouvernement à
Québec que ça a effacé les problèmes avec les
autres, il y en aura toujours. Ce n'est même pas lié au projet que
nous, on poursuit comme parti.
Donc, à ce moment-là, il ne faut pas se le cacher,
l'Outaouais est une situation très spéciale au Québec.
Après ça, il y a une distance assez importante qui nous
sépare et il n'y a même pas de chemin pour nous relier en direct,
il faut passer par l'Ontario pratiquement pour s'en venir
ici. Donc, il y a peut-être besoin que Québec continue
à avoir un oeil très attentif sur cette région pour lui
conserver son caractère et même l'accentuer. Je pense que c'est
important de garder le caractère français
québécois.
Moi, je veux vous remercier, M. le président, de vos
informations.
M. Séguin: Ça me fait plaisir.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M.
Séguin. On revient au sujet de la Sûreté du
Québec.
M. Dufour: On pourrait le libérer.
M. Ryan: Mme la Présidente, je voudrais exprimer mon
appréciation...
La Présidente (Mme Bélanger): M. Séguin est
libéré s'il veut...
M. Ryan: Avant que M. Séguin ne nous quitte, je voudrais
exprimer mon appréciation à son endroit, à l'endroit du
conseil d'administration de la SAO également pour le travail très
utile qui est accompli dans des circonstances qui ne sont pas toujours aussi
claires qu'on serait justifiés de souhaiter. Je veux donner à M.
Séguin l'assurance qu'au cours des prochains mois, d'ici à la fin
de 1992, nous aurons progressé sensiblement dans l'examen de ce dossier
et dans la mise au point de réponses précises aux questions qui
nous ont été adressées par la SAO. En attendant, comptez
sur notre collaboration. (16 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Jonquière.
Réforme de la fiscalité municipale
(suite)
Sécurité publique
M. Dufour: J'aimerais, dans un deuxième temps, Mme la
Présidente, m'attaquer à un sujet qui fait l'objet de beaucoup de
discussions entre les municipalités et le ministère des Affaires
municipales concernant la sécurité publique. Depuis de nombreuses
années, il y a des gens, carrément il y a beaucoup de citoyens
qui disent que la Sûreté ou la police devrait être
payée par l'ensemble des contribuables. D'une part, on dit: Les
municipalités de ville paient le service de police, les petites
devraient aussi payer et le service de la Sûreté du Québec
est en plus ou en sus de ce qu'on reçoit. Pour les petites
municipalités, c'est leur seul service. J'ai remarqué que, dans
les échanges, M. le ministre nous a ramenés souvent au rapport
Parizeau concernant le coût que les municipalités devraient payer
pour le service de la police. Le rapport Parizeau, on peut lui faire dire ce
qu'on veut, c'est comme dans des chiffres, mais II y a beaucoup de
recommandations qui sont à l'intérieur. Ce n'est pas juste la
question de payer des coûts. Il y a un certain nombre de problèmes
qui, malheureusement, ne sont pas encore réglés.
Je vais juste parler, par exemple, des problèmes des
employés, de la police municipale, des conventions collectives.
Actuellement, il y a beaucoup de monde, il y a même des instituts de
recherche qui disent: Dans les municipalités, ils paient des gros
salaires, plus cher que dans la fonction publique. Il y a des raisons
importantes qui font que les municipalités paient plus cher qu'ailleurs.
Une des bonnes raisons, c'est que les conventions collectives qui sont
négociées, mais la plupart du temps ont subi les arbitrages, se
sont toujours soldées avec des augmentations, parce que, dans le domaine
policier et dans le domaine de l'arbitrage, c'est toujours par comparaison. Ce
qui fait que les policiers d'Alma, de Jonquière ou de Sherbrooke sont
devenus payés le même montant que les policiers de
Montréal, que les policiers de Québec. Ils sont même, je
pense, en avance quelque peu sur la Sûreté du Québec. Ce
qui fait que, grosso modo, un policier coûte environ 100 000 $, mais
comme salaire ce n'est pas loin des 1000 $ par semaine. C'est évident,
quand on paie un policier 1000 $, qu'on ne peut pas payer le chef de police en
bas de 1000 $ et, si on paie le chef de police 60 000 $ ou 70 000 $, on ne peut
pas payer le directeur d'une municipalité en bas du salaire du chef de
police, ça n'a aucun sens. Donc, il y a une hiérarchisation des
tâches qui fait qu'on se détache rapidement en disant. Les
municipalités, ce sont des mauvais administrateurs puis ils paient trop
cher leur monde. Moi, je veux mettre un peu la pédale douce par rapport
à ça ou je veux nuancer en partant de ce que je viens
d'expliquer.
On se prépare à geler les salaires des employés de
l'État. Les municipalités, que je sache, en 1982-1983 n'avaient
pas des salaires gelés et il n'est pas question encore de les geler pour
le moment, que je sache. Donc, les salaires continuent d'augmenter et
ça, c'est la spirale qu'on a faite et ça fait l'affaire du
gouvernement, parce qu'on prend comme exemple une minorité pour appuyer
la légitimité de nos gestes. Ce n'est pas toutes les
municipalités au Québec qui ont des directeurs d'un tel service.
Il y a beaucoup plus de petites municipalités que de grosses. Des
directeurs généraux dans les municipalités, il y en a
peut-être 200 au Québec; il y en a plusieurs qui sont bien
payés là-dedans, mais à cause de la hiérarchisation
qui se passe dans la municipalité en partant d'un salaire que tout le
monde voit bien, qui est bien visible dans la communauté. Là, on
ne parle pas de communauté visible, on parle de salaire visible. C'est
de même qu'on établit notre hiérarchisation.
Actuellement, bien sûr, mes propos sont à l'effet que,
vis-à-vis du rapport Parizeau, vis-à-
vis des corps policiers, il y a un certain nombre
d'éléments qu'on n'a jamais voulu toucher au Québec: la
négociation collective, par exemple, la syndicalisation des cadres. Il y
a un certain nombre d'éléments qu'on n'a pas touchés dans
le service policier. Le système d'arbitrage, est-ce qu'on doit le
maintenir ou pas? Il y a un certain nombre d'éléments, et je ne
parle pas seulement au ministre des Affaires municipales, mais au ministre de
la Sécurité publique. Il me semble que ça, c'est important
à établir d'avance parce que, comme c'est là, on est
partis toujours dans une façon ou une façon expansionniste pour
augmenter les coûts et on s'apprête à poser d'autres gestes.
Peut-être que, si on trouve des solutions à des problèmes
existants, on pourrait, à partir de ça, parler des
problèmes qu'il reste à régler, et c'est un tout; il faut
globaliser parce qu'on ne peut pas laisser ça en l'air. Mais ça
fait des années - d'ailleurs, le député de Rousseau est
bien conscient de ça - ce n'est pas d'aujourd'hui. On a eu un colloque
en 1984 ou en 1983 à Jonquière; j'étais président
de l'Union des municipalités à ce moment-là. Il y avait un
certain nombre de résolutions qui avaient été
acceptées par l'Union des municipalités du Québec. On a
fait des représentations; malheureusement, c'est resté en plan.
Le rapport Parizeau a repris en gros, probablement et sûrement, la grande
partie des velléités ou des intentions ou des volontés du
monde municipal dans le temps.
Ma première question au ministre, avant de parler du transfert ou
des paiements des coûts: Est-ce que le ministre a l'intention de toucher
ou de répondre au questionnement que les municipalités ont fait
à travers le rapport Parizeau, parce que le rapport Parizeau, tout de
même, répond à des exigences ou à des besoins des
municipalités? Est-ce que vous avez l'intention, dans un premier temps,
de répondre à ces demandes-là, à savoir: Est-ce
qu'on doit considérer que les cadres doivent être
syndiqués? Est-ce que l'arbitrage obligatoire est encore
nécessaire? Il y a peut-être des nuances à apporter. Je
comprends qu'il y a des villes comme Montréal qui ne veulent rien
savoir. Ça, c'est une question de point de vue. Comme vous aimez
beaucoup moduler, je vous amène dans certaines modulations, et bien
d'autres questions qui, je pense, sont intégrées. Si vous nous
donnez une réponse...
M. Ryan: Oui. Tout d'abord, je voudrais seulement rappeler, vu
que vous l'avez évoqué vous-même, les passages que le
rapport de M. Parizeau consacrait aux deux sujets dont nous avons traité
principalement ce matin et dont nous allons traiter cet après-midi.
À propos de la voirie locale, il disait, en toutes lettres, dans
ses recommandations, que toutes les municipalités, quelle que soit leur
taille, devraient avoir la responsabilité d'entrete- nir les rues dans
les agglomérations ou les conurbations situées sur leur
territoire et que les responsabilités assumées actuellement par
le ministère des Transports quant à l'entretien des routes ne
s'appliquent qu'en dehors de ces zones ainsi qu'aux autoroutes, que celles-ci
traversent des régions rurales ou urbanisées. Or, il
établissait clairement le principe du renvoi aux municipalités de
la responsabilité de l'entretien de leur réseau local. Ça,
c'est clair. On le sait très bien et il n'y avait pas de...
M. Dufour: Je peux peut-être essayer de répondre
là-dessus, ou tout de suite vous répondre, si vous permettez
qu'on ait un échange vraiment. Par rapport à la voirie locale,
c'est évident que c'est écrit, mais, dans l'esprit de l'auteur et
dans l'esprit aussi des municipalités, ce n'étaient pas tous les
chemins indifféremment.
M. Ryan: Mais non! Regardez. Nous autres non plus, ce n'est pas
tous les chemins indifféremment. Comme j'ai dit...
M. Dufour: II y a des questions du bâti, du
non-bâti.
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: En fait, ce que le rapport Parizeau voulait,
c'était d'essayer de rapprocher ce qui se passe dans les
municipalités de ville par rapport à des municipalités
rurales. C'est un rapprochement qu'il essayait de tenter par rapport à
ça.
M. Ryan: Quand même, la recommandation, je pense que vous
convenez qu'elle était là, hein? À propos de la
police...
M. Dufour: En tout cas, les municipalités jugeront.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Les municipalités jugeront et elles ont
commencé à le faire.
M. Ryan: C'était bon. Mais, quand il était en
dehors de la politique, il était revenu à son naturel.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: II y avait une autre recommandation qui était
excellente aussi: Que la Sûreté du Québec facture toutes
les municipalités où elfe assure les services de gendarmerie. Il
était plus clair qu'aujourd'hui.
M. Dufour: Allez-y. M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Non, non. Je vous écoute.
M. Ryan: II y avait la recommandation suivante: Que chaque
municipalité actuellement exemptée de l'obligation d'avoir un
service de police puisse choisir entre l'établissement de son propre
service, une entente intermunicipale et les services offerts par la
Sûreté du Québec. Ça, les municipalités
exemptées, c'étaient celles de plus de 5000, comme vous le savez,
qui étaient exemptées de l'obligation que leur faisait la loi
parce que le gouvernement ne faisait rien, et sous le gouvernement
précédent et sous le gouvernement actuel.
Alors, dans l'ensemble, je pense que M. Parizeau, là-dessus,
était - je lui donnerais un titre que je ne voudrais pas qu'on
généralise cependant - un petit peu un pionnier par rapport
à ce qu'on fait aujourd'hui. On s'inspire de la même philosophie
de décentralisation et de responsabilisation. Maintenant, ceci
étant dit, je ne veux pas m'attarder là-dessus
indéfiniment. En tout cas, on n'a pas l'occasion de le citer
favorablement trop souvent de notre côté de la Chambre. Quand
l'occasion se présente, je ne veux pas la rater.
Vous avez posé une question: Est-ce qu'on va, avec tout
ça... Si vous me permettez une explication additionnelle avant de
répondre à votre question. Pour les services de police, les
municipalités qui ont plus de 5000 habitants qui viendraient nous voir,
et il y en a quelques-unes qui l'ont fait, pour nous dire: Nous autres, on
aimerait mieux avoir notre service de police, qu'est-ce que vous en pensez? on
leur répond: Si vous êtes capables de répondre aux normes
d'encadrement que ça prend, si vous voulez avoir votre service de
police, vous avez le droit de l'avoir et on vous traitera sur le même
pied que celles qui l'ont déjà. On ne créera pas un
régime de discrimination à l'endroit de ces
municipalités-là. Mais, déjà, un certain nombre de
municipalités m'ont laissé entendre qu'elles
préféraient continuer avec la Sûreté du
Québec, pour toutes sortes de raisons, historiques, géographiques
ou de bonne coopération, qui existent, raison de financement
également.
Vous allez prendre une municipalité comme Gaspé, qui est
une municipalité qui a à peu près 80 milles de longueur,
son territoire. La Sûreté du Québec est établie tout
le long de la route nationale qui fait le tour de la Gaspésie. Aller
établir une police municipale en sus de celle-là dans cette
région-là qui longe la mer tout le long, ce serait une grosse
dépense. Le maire de Gaspé me disait la semaine dernière -
c'en est un autre que j'ai rencontré parmi les nombreux -qu'il
s'attendait bien à ce qu'on ait une attitude de compréhension
à l'endroit du cas particulier de Gaspé, ce qui est
profondément vrai. Je lui ai dit qu'on aurait une considération
spéciale, évidemment.
Alors, dans certains cas, certains vont vouloir... Je vous donne un
autre exemple tout à fait contraire Du côté de la rive sud
ici, il y a plusieurs municipalités qui sont re|olntes par notre
programme de responsabilisation. Vous avez la municipalité de
Bernières, ça doit avoir à peu près, je ne sais
pas, peut-être 8000, 9000 de population, ça n'a pas de service de
police. Saint-Rédempteur n'a pas de service de police: Saint-Nicolas,
Saint-Étienne. Il y a même Charny qui veut se joindre à ces
municipalités-là. Elles nous ont demandé de faire une
étude ensemble, de territoire, pour voir s'il y aurait une
possibilité de mise en commun pour avoir une force de police locale ou
intermunicipale. Nos services sont à leur disposition et ils travaillent
là-dessus actuellement. S'ils peuvent arriver à des ententes qui
seraient acceptables, encore une fois, sous l'aspect de la qualité de
l'encadrement, la qualification du personnel policier éventuel, nous
autres, on va leur faciliter les choses. On va leur faciliter des choses.
Pour les municipalités qui ont une population plus faible,
disons, en bas de 3000, c'est bien difficile d'envisager la constitution d'une
force policière qui va être professionnelle. Combien est-ce
qu'elles vont pouvoir en avoir? J'ai ici un nouveau collaborateur qui vient de
la municipalité de Brownsburg. Il y a un corps de police à
Brownsburg. C'est dans mon comté, ça. Il y a deux policiers, sous
un régime non syndical actuellement. Là, il y a des rumeurs qui
ont circulé dans la région des Basses-Laurentides voulant que la
Fédération des policiers du Québec aurait eu vent de leur
existence, puis ferait des approches. À ce moment-là, pour
l'autorité municipale, ça pourrait entraîner, s'ils se
syndiquent, peut-être la nécessité d'avoir quatre, cinq ou
six policiers au lieu de deux, et des conditions de travail
considérablement modifiées, ou tout. Eux autres, ils vont se
demander sérieusement: On est peut-être aussi bien avec le
programme du gouvernement. Je crois bien, pour être franc, que des
municipalités de moins de 3000 habitants n'ont pas ce qu'il faut pour se
donner un service policier de base et la très très très
grande majorité comprennent déjà, d'expérience, que
c'est mieux de continuer avec la Sûreté du Québec. Je
voulais mentionner ce point-là pour qu'on ait une idée du paysage
auquel on peut s'attendre pour les années à venir, à la
suite de ce que nous envisageons.
Maintenant, ça étant dit, plusieurs municipalités,
en particulier celles qui sont représentées dans la direction de
l'Union des municipalités du Québec, m'ont fait part de
préoccupations comme celles qu'a évoquées la question du
député de Jonquière: Est-ce qu'on va continuer avec le
même régime syndical, le même régime d'arbitrage, en
particulier des différends, qui fait qu'on a ce qu'on appelle du
saute-mouton qui se fait, du saute-mouton? On adopte une convention à
une place et, après ça, il y a un arbitre qui intervient et il
dit: Sainte-Thérèse, c'est à côté
de Blainville; ça, on a donné ça à
Blainville et on va donner un petit peu plus à
Sainte-Thérèse vu que trois mois se sont écoulés
depuis la fois prédécente. Après ça, il arrive
à Saint-Jérôme: On va donner un petit peu plus.
Après ça, il vient à Lachute et il dit: On va donner un
petit peu plus. (16 h 30)
À un moment donné, on s'aperçoit qu'une ville comme
Lachute, qui n'est pas riche, est obligée de donner une
rémunération qui est à l'égal de celle d'une ville
où il y a une grande usine de General Motors, par exemple. Il y a des
choses qui ne fonctionnent pas là-dedans. Les arbitres font leur
travail, je ne les critique pas. Mais c'est sûr que ce régime
d'arbitrage des litiges dans le secteur de la police devrait être
à tout le moins balisé de manière mieux définie
qu'actuellement.
Ce n'est pas tout, ça. Quand ils vont donner une convention
à des policiers, après ça, il y a des pompiers au service
de la municipalité. Les policiers ont eu 7 %, disons; les pompiers,
à côté, qu'est-ce qu'on va faire avec? Est-ce qu'on va leur
dire: Vous autres, on va vous donner rien que 3 %? Les cadres de la
municipalité regardent ça et disent: Coudon! est-ce que le maire
a une certaine estime pour moi? Après ça, les employés de
bureau qui sont syndiqués aussi. Finalement, on se retrouve avec un
régime où les municipalités de 25 000 habitants et plus
ont aujourd'hui un niveau de rémunération pour leur personnel qui
est supérieur de 27 %, je pense, à celui du secteur public
québécois. Il y a quelque chose qui ne marche pas. Je ne pense
pas qu'on puisse imputer uniquement la faute de tout cela aux maires et aux
élus de ces municipalités. Il y a un régime structurel qui
conduit à des situations comme celle-là et, par
conséquent, je crois que nous avons l'obligation de réexaminer ce
régime.
Aux dirigeants de l'Union des municipalités du Québec qui
m'ont interrogé à ce sujet, j'ai répondu que c'est
sûrement un sujet que nous , aborderons ensemble au cours des mois
à venir. J'ai rencontré la Fédération des policiers
du Québec également, dont le directeur général est
M. Guy Marcil. Il est venu avec son président aussi - j'oublie le nom du
président, c'est monsieur... Il est venu avec son président.
Pardon?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, je m'excuse, l'ordre de la Chambre, c'est de finir à 16 h 30.
Étant donné qu'on a du retard, un retard de 16 minutes sur
l'heure que nous avions cet après-midi, si vous n'avez pas à
quitter immédiatement, on pourrait peut-être reprendre les 16
minutes de cet après-midi, pour reprendre les 12 minutes de ce soir...
Mais c'est avec votre consentement, M. le ministre. C'est vous qui avez
demandé de quitter à 16 h 30. Le député de
Jonquière est prêt à faire les 16 minutes
immédiatement.
M. Ryan: Alors, j'apprécie votre obligeance et celle des
députés de la commission et je souscris volontiers à votre
suggestion.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, nous
poursuivons. M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je voudrais vous rappeler qu'il y avait une loi qui
exigeait ou obligeait les municipalités de 5000 habitants et plus
à se doter d'un corps policier. Depuis cinq ans, il n'y a pas beaucoup
de municipalités qui se sont dotées d'un corps policier -
à moins que je ne me trompe, mais, en tout cas, vous pourrez toujours me
le dire. À l'oeil, il me semble qu'il n'y a pas beaucoup de
municipalités qui se sont dotées de corps policier. Donc, celles
qui ont accepté, en gros, on se rend compte que ça coûte
environ 100 $ par tête pour s'être dotées d'un corps de
police. celles qui ne se sont pas dotées d'un corps de police, mais qui
seront touchées par la réforme vont payer environ 60 $ par
tête. donc, il y a une économie de 40 $, ce qui fait qu'il y
aurait...
M. Ryan: Excusez! J'ai manqué un élément du
raisonnement.
M. Dufour: Bon. Celles qui ont respecté la loi en se
dotant d'un corps de police, celles de 5000 habitants et plus, ça leur
coûte environ 100 $ par tête de population pour s'être
dotées d'un corps policier. celles qui n'ont pas respecté la loi,
avec la réforme que vous proposez, vont aller à peu près
à 60 $ par tête; ça veut dire à peu près
ça, en gros. c'est ça, la question, à l'effet de... bien
sûr, vous me dites: ii y en a qui sont hésitantes, elles ne
devraient peut-être pas, elles vont peut-être aimer mieux avec la
sûreté du québec. est-ce que celles qui se sont
dotées d'un corps de police vont avoir le droit d'abolir leur corps
policier et de dire: nous, on veut être servies par la
sûreté du québec? vous comprendrez que je vous ai
parlé d'un certain nombre de problèmes, mais il y en a d'autres
que je n'ai pas soulevés. par exemple, il n'y a pas une
municipalité au québec qui peut abolir son corps policier,
même avec l'approbation du ministère, si le comité de
reclassement n'a pas trouvé une job pour la police. c'est le seul
endroit au québec où ça existe. il n'y a pas un corps, il
n'y a pas d'individu qui a cette protection-là dans toute notre
société. je me rappelle, quand ça s'est passé,
ça, on n'était pas trop trop heureux et on n'était pas
trop trop d'accord, puis on disait que ce serait inefficace... d'ailleurs, le
député de rousseau opine de la tête; c'est bien sûr
que c'est clair; on était maires dans le temps quand ça s'est
fait; on n'était pas heureux tout à fait de ça. ç'a
causé des problèmes innommables, ce qui fait que même
les
petites municipalités qui n'avaient pas besoin d'un corps de
police sont restées prises avec un corps policier, avec des coûts
importants, et qui n'a pas atteint les buts qu'on voulait,
définitivement. Les policiers ont peut-être obtenu ce qu'eux
voulaient, mais pas les municipalités.
Donc, si c'est vrai que certaines municipalités de 5000 habitants
et plus - je ne parle pas du cas de Gaspé; Gaspé, c'est un cas
vraiment hors normes; je comprends ça... Mais si je regarde,
règle générale, les municipalités qui n'ont pas de
corps de police, elles ne s'en dotent pas, avec votre réforme, ça
va leur coûter moins cher que si elles avaient un corps autonome. Donc,
si c'est vrai, est-ce que c'est aussi vrai que celles qui voudraient se
débarrasser de leur corps de police ou de l'abolir tout simplement et
recourir à un service moins chromé ou moins complet par la
Sûreté du Québec... Est-ce que vous avez examiné ces
hypothèses-là? Est-ce qu'il y a des municipalités qui ne
vous l'ont pas demandé à venir jusqu'à maintenant?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Ryan: Non. Je vous dirai franchement que les demandes en
provenance de municipalités pour l'abandon d'un corps de police sont peu
nombreuses, très peu nombreuses. Il y en a qui demandent de
réduire leur corps de police, qui trouvent qu'elles ont un peu trop
d'effectifs et, là, elles se frappent à l'article, je pense que
c'est 64.1 de la Loi de police, auquel vous avez fait allusion, qui oblige
à passer par le comité de reclassement. Maintenant, ça,
c'est un article sur lequel nous avons les yeux. C'est un article qui pose des
problèmes. Vous avez rappelé opportunément qu'il remonte
à 1980. Il n'a pas que des lumières et ça a
créé des problèmes et ça en crée encore. On
a des situations absurdes avec ça. Je peux vous assurer qu'on le regarde
attentivement là.
Ensuite, vous dites: Si une municipalité voulait se
départir de son corps de police, quelle serait l'attitude du
gouvernement? Là, c'est une question qui s'adresserait plutôt au
ministre de la Sécurité publique, mais je vais vous donner
quelques éléments d'information rapide. D'abord, des
municipalités de plus de 5000 de population qui voudraient se
départir d'un corps de police qu'elles ont actuellement, je n'en connais
aucune. Je n'en connais aucune. Dans les demandes que nous avons, c'est
plutôt en bas de 5000. Je n'en connais aucune et je pense qu'il y a des
raisons vitales qui portent une municipalité à vouloir garder son
corps de police, parce qu'elle a un contrôle beaucoup plus direct,
beaucoup plus immédiat sur l'action de ce corps que lorsqu'il s'agit de
la Sûreté du Québec, indépendamment de la
qualité des services qui peuvent être offerts par la
Sûreté du Québec. Je pense que l'autorité municipale
d'une ville d'une certaine taille tient bien à avoir son corps de police
et à avoir quelqu'un qui va agir pour elle dans les matières
d'ordre public, de paix publique. C'est comme ça que ça
m'apparaît actuellement
Si une demande était faite, il faudrait l'examiner attentivement.
Dans le cas des municipalités de plus de 5000, je serais enclin à
insister pour qu'elles continuent d'assumer leurs responsabilités et, en
bas de 5000, j'aurais une attitude compréhensive.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Merci, Mme la Présidente. M. le ministre,
depuis la réforme Ryan que vous avez annoncée, chez nous il y a
plusieurs petites municipalités où ça grouille; ça
parle de fusion, ça parle de leur corps de police et de protection
contre les incendies, comme vous parliez tout à l'heure. Ce qui les
inquiète, elles, c'est de savoir où elles peuvent aller chercher
l'orientation. Est-ce qu'elles peuvent aller chercher chez vous l'orientation,
dans un comité qui va leur donner les bonnes orientations pour prendre
les bonnes décisions? Ce que je veux dire, c'est que deux ou trois
petites municipalités, qui n'ont jamais eu de corps de police et qui se
verront devant un fait accompli d'ici à 1992, se demandent quelle
décision elles doivent prendre Est-ce que, par exemple, on est mieux de
se fusionner avec la ville voisine qui est plus grosse? Est-ce qu'on est mieux
avec la Sûreté du Québec? Combien ça va nous
coûter, etc.? C'est des expériences qu'elles n'ont jamais
vécues et ce qui me surprend chez moi, dans le comté en tout cas,
c'est que la réaction est vive et elles veulent aller de l'avant dans un
avenir rapproché. Alors, ma question, c'est celle-ci: Est-ce que ces
gens-là, ces municipalités-là qui se réunissent et
qui en discutent dans le moment, peuvent aller chercher chez vous les
informations nécessaires pour prendre les bonnes décisions?
Mon deuxième point. J'ai lu ce que vous nous avez donné
lorsque vous avez annoncé la réforme Ryan, mais je ne me souviens
pas si c'est pour la police. Est-ce qu'il y a des mesures incitatives aussi
pour les municipalités qui décideraient de former un corps de
police ou si c'est seulement pour la voirie ou seulement les problèmes
qu'il y a? Je vous posais la question dernièrement, à savoir que
votre prédécesseur, M. Picotte, avait parlé de mesures
incitatives pour favoriser la fusion, pour dire aux municipalités: Bien,
si vous fusionnez, vous allez avoir tel ou tel avantage. Alors, est-ce que
ça entrerait, ça, dans la formation, dans la fusion de corps de
police ou de protection contre les incendies des petites municipalités?
Et c'est ça, c'est que c'est des petites municipalités chez nous
que vous connaissez toutes, Pointe-Calumet, Saint-Joseph, Oka, etc., et elles
veulent s'en aller vers la réforme Ryan. Elles savent que ce ne sera pas
si
pire que ça, mais elles veulent prendre les bonnes
décisions, par exemple. Elles veulent prendre les bonnes
décisions et elles veulent savoir où aller chercher l'information
afin de prendre les décisions qui vont être le plus favorables
pour elles.
M. Ryan: Pour votre information, une municipalité peut
s'adresser à la Direction de la protection policière au
ministère de la Sécurité publique. Il y a des personnes
qui vont être très heureuses de fournir à cette
municipalité l'information nécessaire. Le sous-ministre
associé intérimaire actuellement, c'est M. Houle.
Maintenant, à supposer qu'une petite municipalité soit
à côté d'une municipalité plus importante qui a un
corps de police, elle peut bien s'adresser, et il y en a des douzaines qui
l'ont fart au cours des dernières semaines, à sa voisine plus
grosse pour lui demander si elle serait intéressée à lui
fournir le service de protection policière. Mais là, les cas dont
j'ai entendu parler amènent à conclure que lorsqu'elles sont
placées en face du coût, elles s'aperçoivent que ça
va être encore plus économique de continuer comme actuellement,
les petites municipalités. Je n'ai pas entendu parler de cas où
des conversations de cette nature auraient abouti, jusqu'à maintenant,
entre une grosse municipalité et une petite qui serait juste à
côté. Ça n'exclut pas cette possibilité-là,
mais c'est là que j'en suis. Du côté de Saint-Jean, il y a
des discussions qui se faisaient également dans plusieurs
municipalités et avec l'aide de nos services qui étaient
empressés. C'est là que j'en suis là-dessus et, s'ils
veulent avoir des renseignements, on va les leur donner. Il y a quelqu'un qui
pourra même aller les rencontrer.
M. Bergeron: M. Houle, vous avez dit, M. le ministre?
M. Ryan: M Houle. M. Bergeron: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Rousseau.
M. Thérien: Oui. M. le ministre, je veux juste vous
rappeler que, dans les années 1981-1982, une des demandes des
différents maires, c'était la possibilité d'être
capable de payer la Sûreté du Québec, surtout pour les
municipalités en haut de 5000, et M. le président à
l'époque avait signé ça. Donc, les villes peuvent payer
maintenant la Sûreté du Québec. Sur le prix, là, je
ne veux pas qu'on en discute; ça peut être aléatoire.
Mais moi, ce sur quoi je veux surtout sensibiliser... Est-ce que le
ministre des Affaires municipales va sensibiliser le ministre de la
Sécurité publique au problème de fond? Parce que je pense
qu'à l'époque et l'essence du rapport, c'était le fait
qu'on ne voulait pas un type de police qui soit déjà
instauré parce que les municipalités n'en avaient pas besoin.
Elles ne voulaient pas un service dont elles n'avaient pas besoin. Et on
pariait de gendarmerie, à l'époque. Maintenant, comme M. le
député de Jonquière vous le disait, il y a une seule
façon de former un corps de police et ils sont sous l'autorité
d'un seul syndicat et c'est ce que craignent les villes. Pour payer la
Sûreté du Québec, on le voulait, donc, on l'a, 8 ans ou 10
ans après. Mais est-ce qu'il y a une possibilité de se donner une
sécurité accrue? Et c'est là que je demande au ministre
des Affaires municipales de sensibiliser l'autre ministre là-dessus.
M. Ryan: Sécurité accrue, à quel point de
vue?
M. Thérien: C'est-à-dire de voir s'il n'y a pas
d'autres possibilités pour une petite municipalité,
au-delà de ce qu'on demande, de l'effort fiscal, au-delà de
ça. Est-ce qu'il y a une possibilité de se donner une
sécurité dans une petite ville, une petite municipalité
agricole ou autre, mais pas passer par la Loi de police. Je ne parle pas de
l'effort fiscal, monsieur.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Ce que le député de Rousseau explique,
en fait, c'est qu'on avait étudié un peu le système
français, ce n'est pas bête, par rapport à notre
système. Il y a la police criminelle et il y a la gendarmerie. La
gendarmerie pose des gestes, pose des actions qui ne sont pas dans le criminel
et, à ce moment-là, il y a une différence notable, c'est
bien sûr, notoire entre les deux, et c'était dans ce
sens-là, je pense, que l'UMRCQ, l'Union des municipalités
régionales de comté, s'oppose parce qu'ils disent: On n'a pas
besoin d'une police aussi "fancy". Le fait qu'on paie, est-ce que ça va
nous en donner plus dans notre municipalité? Quel est le pouvoir qu'on a
vis-à-vis de cette police-là? Il y a un paquet de questions. Et
je dis que les questions ne sont pas vidées.
M. Ryan: C'est sûr qu'il y aura des questions à
réexaminer, dans le fond, au cours des prochaines années. Mais il
y a une chose dont on ne doit pas perdre la notion, c'est que là, il en
existe une police nationale au Québec, la Sûreté du
Québec, qui dessert entre 80 % et 90 % des municipalités du
Québec. Elle est là; elle est implantée historiquement
depuis longtemps. Dans l'ensemble, elle a donné un service
apprécié des citoyens et même des autorités
municipales. Moi, je suis quand même député d'une
circonscription rurale depuis 12 ans, puis les seules plaintes que j'ai eues
à propos de la Sûreté du Québec, c'est
à propos du poste de Grenville. Grenville est souvent
débordé le vendredi soir et le samedi par la jeunesse de
l'Ontario qui trouve que c'est plus gai au Québec que dans la province
puritaine qui nous voisine. Ils traversent de notre côté, puis on
aimerait avoir une surveillance un peu plus forte, et ils nous disaient: Bien,
avec les restrictions budgétaires, c'est difficile. Pour l'ensemble, ils
font le travail de base, qui est nécessaire. Ce n'est pas parfait. Ils
font le travail de base, qui est nécessaire. Si on n'avait pas
ça, puis si on était devant une feuille blanche pour refaire un
système qui serait conforme à nos exigences, puis à nos
préférences, peut-être qu'on n'aurait pas celui-là.
Il est là; il faut s'en servir au maximum. On ne peut pas
décider, parce que nous autres, un petit groupe de notables élus
par la population: Bon. on se débarrasse de ça, puis on
recommence avec d'autre chose. Peut-être qu'avec le temps on se dira:
Ça serait mieux d'avoir un corps de police régional, par exemple,
sous les auspices de la MRC, toutes sortes de possibilités qui ne
doivent pas être exclues, mais pas dans l'immédiat. Dans
l'immédiat, tout le monde se contentait pas mal de ça. La preuve,
c'est que vous avez esquissé des idées il y a 10 ans; il n'y a
personne qui s'était occupé d'y donner suite.
Alors, on va voir à ce que chacun prenne ses
responsabilités, puis après ça, toutes les autres
questions que soulève le député de Jonquière sont
des questions légitimes auxquelles devront s'arrêter les
autorités compétentes. Mais c'est ça que j'essaie de faire
comprendre à M. Nicolet, de l'UMRCQ. On ne peut pas commencer à
aborder ce problème-là comme si on créait une nouvelle
planète. On est pris avec des réalités concrètes
qui sont là. Il faut réaménager graduellement ces choses
de manière qu'elles répondent bien à notre potentiel, puis
à nos besoins.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
ministre, je vous ferai remarquer qu'il est 16 h 50. Vos disponibilités
étant ce qu'elles sont, vos obligations, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 48)
(Reprise à 20 h 7)
Le Président (M. Gauvin): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend ses travaux. Le mandat de la commission, je le rappelle, est de
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère des Affaires municipales, programmes 1 à 7, pour
l'année financière 1991-1992. Au moment où on avait
laissé, je pense que le député de Jonquière se
préparait à intervenir. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui, M. le Président, merci. Juste pour
boucler la boucle, il me restait une question à poser concernant la
Sûreté du Québec. Est-ce que, avec cette répartition
que vous vous apprêtez à refiler aux municipalités, vous
vous êtes engagé à ce que le service de la
Sûreté du Québec soit uniforme dans tout le Québec?
Autrement dit, est-ce qu'il y a des possibilités que vous ajoutiez des
policiers? Est-ce que ça va être le même service
partout?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas pris d'engagement envers les
municipalités d'offrir une garantie comme celle-là. Le postulat
de départ, c'est que la Sûreté offre des services
relativement comparables dans toutes les municipalités du Québec
qu'elle dessert. Mais nous devons procéder, au cours du proche avenir,
au cours des prochaines semaines, à une revue des postes
installés dans les différentes régions afin de voir
l'équilibre relatif des effectifs, le type de besoins auxquels on fait
face et les ajustements qui pourraient être nécessaires en raison
des besoins qui nous ont été signalés. On doit me
soumettre un projet prochainement à ce sujet-là. Mon intention,
c'est de favoriser un processus de consultation pour ainsi dire permanent entre
la Sûreté du Québec et des municipalités, soit
individuellement, soit à travers les MRC qui les regroupent, de
manière à ce que la Sûreté puisse rendre compte de
son travail et, en même temps, recevoir la réaction de ceux qui
sont desservis, qui seront appelés à payer au moins une partie du
service reçu.
M. Dufour: O.K.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui, je pourrais peut-être... Oui...
M. Ryan: À ce stade-ci de l'évolution des finances
publiques, nous hésitons de plus en plus à prendre ce que
j'appellerais des engagements aveugles, des engagements globalistes qui
entraînent des conséquences imprévisibles, souvent
très élevées au point de vue financier. Dire, par exemple,
que nous allons garantir un service rigoureusement égal à travers
tout le Québec, je pourrais l'affirmer. J'en serais très fier
comme démocrate, mais je le dirais en ne sachant pas ce que je dis. Et
les gouvernements ont fait ça beaucoup depuis une vingtaine
d'années et le résultat, c'est le genre de finances publiques
qu'on a. Ça fait qu'on est obligé de surveiller beaucoup ce qu'on
dit. Et si, un jour, on peut le faire et après ça le dire, moi,
j'en serai le plus heureux des hommes publics.
M. Dufour: Mais vous êtes sûrement cons-
cient que les municipalités vont être un peu plus
exigeantes.
M. Ryan: Oui et il y a un certain minimum d'encadrement qui va
devoir se ressembler un petit peu. Disons que vous avez une population de tant
de milliers d'habitants dans une région desservie par un poste, à
supposer que le nombre d'agents soit deux fois moins fort que dans une autre
région comparable, il y aura des ajustements qu'on devra regarder, c'est
évident.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
Disparition de la taxe d'amusement
M. Dufour: Oui. Sur les impacts de la disparition de la taxe
d'amusement, vous avez semblé ouvrir des portes, et ces
portes-là, à moins que nos renseignements ne soient pas bons,
étaient à l'effet que les municipalités pourraient
possiblement garder la taxe d'amusement, mais qu'elle s'appliquerait en plus
des taxes, la TPS et la TVQ, qui seraient appliquées. Est-ce que vous
pourriez nous faire le point par rapport à ça?
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Considérant les impacts que ça peut
causer, autant à la ville de Montréal, par exemple, qu'au point
de vue culturel.
M. Ryan: Quand nous avons conçu cette proposition, nous
tenions compte de l'entrée en vigueur éminente de la TPS et de la
taxe de vente québécoise, lesquelles allaient ajouter des charges
considérables aux frais d'organisation des spectacles sportifs,
récréatifs, culturels, etc., vu que devront s'appliquer les deux
taxes aux spectacles récréatifs, alors que ce n'était pas
le cas auparavant. En retour, on s'est dit: Puisqu'il va venir s'ajouter 15 %
de frais additionnels, c'est peut-être mieux de laisser tomber la taxe de
divertissement qui est de 10 %. On a dit aux municipalités qu'on
laisserait tomber celle-là vu que l'autre arrivait.
Maintenant, on nous a fait valoir, depuis, certaines conséquences
d'une mesure comme celle qui était proposée. Je vous donne juste
un exemple. À Montréal, la ville de Montréal
s'était engagée dans le financement du club de baseball, les
Expos. Elle s'était engagée à acquérir pour 15 000
000 $ de capital-actions. Les autorités municipales avaient
compté financer une partie de cet Investissement au moins, par le
truchement de la taxe sur les divertissements qui, dans le cas des Expos,
rapporte assez d'argent. Là, le maire Doré nous a dit: Vous ne
pouvez pas nous enlever cette affaire-là; nous en avons besoin. D'autre
part, ceux qui sont dans l'organisation de spectacles culturels ne veulent pas
entendre parler de 25 % de taxe sur les spectacles.
Là, il y a un problème; nous sommes en discussion
présentement avec le ministère des Affaires culturelles et les
milieux concernés de manière à essayer de trouver une
formule qui permettrait de garder la porte ouverte sans que ce soit obligatoire
et qui permettrait peut-être d'éviter que ne soient taxés
les spectacles à caractère culturel présentés, par
exemple, dans des lieux qui sont subventionnés par le gouvernement dans
une proportion importante. C'est sûr que des spectacles
présentés à la Place des arts, au Grand
Théâtre de Québec, ce n'est pas la même chose que
certains spectacles à caractère purement commercial qui peuvent
être présentés. D'autre part, quand vient une espèce
de festival western dans Mirabel, qui fait du tintamarre pendant une semaine,
ou une grosse exposition purement commerciale à Lachute, là,
quand même celle-là serait sujette à une certaine forme de
taxe sur les divertissements, ça nous permettrait au moins de faire
soigner nos oreilles après. Ce ne serait pas trop mal.
Mais ça serait laissé, en toute hypothèse, à
l'initiative de la municipalité. C'est là que nous en sommes dans
nos réflexions. Évidemment, ce que ça rapporte
actuellement, c'est à peu près 27 000 000 $, 28 000 000 $ par
année, si mes souvenirs sont bons. 15 000 000 $ à
Montréal.
M. Dufour: Mais je vous avais ouvert une autre porte concernant
la taxation pour Montréal. J'avais parlé d'une possibilité
de payer des "en lieu" de taxes sur le village olympique. On avait ouvert
ça lors d'une commission parlementaire. Vous devez vous en souvenir.
Vous avez une bonne mémoire. Sortez votre petit calepin, vous devez
avoir ça quelque part. J'avais dit: Si Montréal perd sa taxe
d'amusement, il y aurait peut-être possibilité... C'est le seul
endroit au Québec où le gouvernement du Québec ne paie
absolument pas d'"en lieu" de taxes. J'espère que vous pouvez regarder
encore ça.
M. Ryan: Oui, mais on paie assez cher pour le déficit
olympique. On a payé une grosse part, vous savez. Il ne faudrait
pas...
M. Dufour: Là, je parle du village comme tel, je ne parle
pas du stade.
M. Ryan: Correct.
M. Dufour: Où il y a des gens qui logent.
M. Ryan: Je ne peux pas prendre d'engagement là-dessus
parce que isoler une installation comme celle-là pour des "en lieu" de
taxes, je pense que ça serait difficile. J'aime mieux l'autre
formule.
Immatriculation des véhicules
municipaux
M. Dufour: Sans épuiser toutes les questions, M. le
Président, j'aurais aimé que le ministre nous dise en vertu de
quel principe il peut proposer de faire payer aux municipalités
l'immatriculation sur leurs véhicules parce que, pour autant que je
sache... Celles qui ont des véhicules, d'abord, la plupart sont des
municipalités un peu plus populeuses. Les plus petites
municipalités n'ont pas beaucoup de véhicules. Mais elles peuvent
être touchées pareil. Mais par rapport à des villes qui
ont... Par exemple, chez moi, je peux vous dire qu'on a certainement 300, 400
kilomètres de routes - c'était 230 milles, je ne les ai pas
convertis; c'était 220 ou 230 milles de routes - qui appartiennent
à la municipalité.
Les véhicules de la municipalité - je parle de
Jonquière, mais ça pourrait être Montréal, la
même chose - circulent la plupart du temps à 90 %, peut-être
à 100 % sur les routes de la municipalité parce que quand les
municipalités ont obtenu la permission de ne pas payer
d'immatriculation, c'est en vertu de certains arguments. Je pense que
l'argument de fond, c'était que les véhicules de la
municipalité circulent sur les routes de la municipalité. En
vertu de quels principes elles paieraient une immatriculation? Est-ce que vous
avez des éléments différents, ou si c'est une
décision, point, à la ligne?
M. Ryan: On s'est dit que l'immatriculation, ce n'est pas
relié aux routes sur lesquelles circulent un véhicule. Il peut
circuler dans un endroit ou dans un autre. C'est pour circuler n'importe
où qu'il a besoin d'un certificat, une plaque d'immatriculation. Et on a
constaté que le montant chargé aux municipalités pour les
plaques était sensiblement inférieur à celui que paient
tous les autres contribuables, y compris ceux qui les financent. Et puis on
s'est dit qu'il serait peut-être bon qu'ils paient le prix
régulier comme les autres. C'est de là que vient l'ajustement
envisagé d'à peu près 6 000 000 $.
M. Dufour: Oui, c'est 6 000 000 $.
M. Ryan: Le droit exigé actuellement n'est que de 3 $ par
véhicule, alors que vous savez, pour un véhicule ordinaire,
combien c'est. Ça fait que là, il y aurait cet
ajustement-là.
M. Dufour: Non, mais je serais curieux tout de même, M. le
ministre, de savoir à quoi est utilisé l'argent qui est
prélevé concernant les véhicules automobiles. On a eu une
augmentation de l'immatriculation. C'est de ça qu'on parle. Où il
va, cet argent-là? Dans le fonds consolidé de la
province7
M. Ryan: Je pense, encore là, que c'est au ministre des
Transports et au ministre des
Finances qu'il incomberait d'apporter une réponse à cette
question.
M. Dufour: Mais c'est votre proposition.
M. Ryan: Mais une partie étant déjà du
domaine public, il me fait plaisir de le rappeler. Le ministre des Transports a
bien indiqué qu'il allait constituer un fonds spécial pour la
remise en état du réseau routier, sur une base de cinq ans. Je
pense que c'est un fonds d'un milliard et demi.
M. Dufour: Un milliard, quelques cent millions, quatre cent, ou
sept cent millions.
M. Ryan: Un milliard et demi, autour de un milliard et demi. Et
nous avons consenti à cette augmentation des frais d'immatriculation
avec cette garantie que le produit servirait à constituer ce fonds qui
est impérieusement requis pour la remise en état du réseau
routier à travers le Québec. C'est ça qui est
l'explication.
M. Dufour: Mais ces fonds étaient aussi composés
pas seulement des coûts d'immatriculation, ils étaient
composés aussi d'un certain montant pris à la
Société de l'assurance automobile, pour quelque 100 000 000
$.
M. Ryan: Oui, mais regardez, les plaques d'immatriculation, c'est
transigé par la Société de l'assurance automobile.
M. Dufour: Oui, mais comme il y a des... On pourrait dire qu'il y
a des transferts vis-à-vis des municipalités, mais des transferts
entre diverses rencontres... Ce n'est pas...
M. Ryan: Mais comme ici, ça va transiter... Si jamais il y
a un montant qui est prélevé sur les plaques d'immatriculation
pour les fins du transport en commun, ça transiterait
inévitablement par la Société de l'assurance automobile et
puis ça serait transmis ensuite à qui de droit C'est des formules
qui restent à préciser, mais quand il ne reste que la formule de
transmission à préciser, ce n'est pas très
compliqué.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, il y a un
argument, à ce niveau-là, que moi j'ai entendu assez souvent sur
le terrain, je pense que les collègues aussi, c'est que vous avez une
municipalité qui a une flotte d'équipement de service au niveau
de la voirie, de l'entretien et, à un moment donné, ils sont
obligés de donner une certaine partie à l'entreprise
privée. Établir les coûts devient assez difficile parce que
la municipalité n'a pas de frais d'immatriculation pour sa flotto tandis
que l'entreprise privée, elle, qui donne» aussi d»»s
sorvlcos parallèles, a dos coûts additionnels et quand ils
viennent à comparer les coûts, il y a toujours
mésentente
et, à ce niveau-là, je pense que c'est un argument qui
vaut.
M. Ryan: Je vous remercie.
M. Dufour: Oui, à l'exception que l'entreprise
privée, elle, peut opérer à sa façon, la
municipalité opère au profit de ses contribuables. Moi, je pense
que les arguments que vous donnez peuvent peut-être être
défendables, mais quand on parle d'une municipalité qui
entretient ses chemins et qui fait ses chemins, bien, c'est un avantage qu'elle
avait mais, en fait, moi, j'ai toujours cru que quelqu'un qui circule à
l'intérieur de ses propriétés n'est pas
nécessairement obligé de payer des frais. Avant, on payait des
licences de radio, on payait toutes sortes de choses, mais ça a
été enlevé et il y a des raisons. Et le vécu des
municipalités - je comprends que vous êtes peut-être moins
touché dans votre comté, c'est plutôt des petites
municipalités. Je ne suis pas sûr qu'elles ont beaucoup, beaucoup
de machinerie. Mais quand je regarde les municipalités d'une certaine
importance, assez grosses, il y a pas mal de piastres là-dedans. En tout
cas, c'est évident que c'est un choix que vous faites...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière, je me référais à l'historique de la
ville de Montmagny qui a un volume assez important de...
M. Dufour: Mais il y a quoi, 50 machineries, 100?
Le Président (M. Gauvin): Je ne pourrais pas
préciser mais...
M. Dufour: C'est ça, c'est...
Le Président (M. Gauvin):... une population de 15 000
avec...
En fait, ceci dit, c'est un argument qui revient assez souvent.
M. Ryan: Oui, peut-être juste un mot dans la ligne de
l'argument que vous avez mentionné, M. le Président.
Actuellement, le coût d'immatriculation pour un autobus, par exemple,
c'est 3 $. Tout le monde sait que c'est vraiment inférieur au prix
coûtant. Il faut que ce prix-là soit ajusté, qu'il signifie
quelque chose. C'est un gaspillage. Émettre une plaque d'immatriculation
3 $ pour des autobus, autant dire qu'on ouvre une Saint-Vincent-de-Paul pour ce
secteur-là et qu'on leur donne ça gratis.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Si vous permettez, on ne fera pas
nécessairement... Je comprends qu'ac- tuellement, cette année, le
programme de péréquation municipale diminue encore parce qu'il
est gelé, il baisse à 61, 4. Non, je n'ai pas besoin de... Je
fais juste le donner pour information à l'effet que, oui, on y a
touché et oui, on ne posera pas de question parce que ça fait
deux ans ou trois ans que c'est en marche. Ça a parti de 70 2/3 et on
est rendu à 61, 4. Je sais l'état des négociations entre
les municipalités et je sais aussi qu'il n'y a pas de bonification. Et
à l'intérieur de la fiscalité municipale, il semblerait
que ça va rentrer dans le paquet. C'est ça. Donc, on n'y touchera
pas plus que ça.
Programme AIDA
Je voudrais plutôt parler du programme AIDA où je disais
que c'était une symphonie inachevée. Là, vous êtes
en frais de me donner raison parce qu'il y a beaucoup de
municipalités... On avait posé des questions à savoir s'il
y avait beaucoup de municipalités qui s'étaient inscrites au
programme parce que les réseaux d'aqueduc qui sont, à mon sens,
un des programmes minimums qui s'adressent aux municipalités, il n'y
avait pas beaucoup d'argent de mis à l'intérieur, c'était
environ 75 000 000 $. Cette année, on se rend compte que les budgets
descendent d'une façon dramatique. Même, on peut pressentir que
c'est la fin de la symphonie. J'aimerais savoir si vous avez l'intention, s'il
y a beaucoup de municipalités qui sont inscrites et qui n'ont pas eu de
réponse, de faire quelque chose pour les municipalités qui sont
en besoin d'aqueduc pour leurs citoyens.
M. Ryan: Regardez, ce serait peut-être une bonne chose que
nous demandions au directeur du service financier du ministère, M.
Alphé Poiré, de nous résumer où nous en sommes avec
le programme AIDA à la fin de la dernière année
financière, après quoi j'indiquerai les intentions du
gouvernement pour la période à venir. Je pense que ce serait bon
qu'on ait une vue rapide. Je souligne tout de suite un point qui doit
être mentionné. C'est que nous avons été saisis, ces
dernières années, d'un nombre considérable de projets. Il
doit y en avoir au moins 800 en tout qui sont dans les dossiers du
ministère. Maintenant, il faut bien comprendre que, souvent, une
municipalité s'inscrit, elle dit: Moi, je voudrais avoir un programme de
construction d'aqueduc ou de construction d'égout. Ça ne veut pas
dire qu'elle est prête nécessairement à le faire tout de
suite. Elle s'inscrit puis elle se dit: Peut-être dans trois ou quatre
ans, on va être prêt à faire ça, mais ils veulent se
mettre en lice. Nous n'avons pas, actuellement, les ressources humaines et les
ressources administratives voulues pour procéder à un examen
complet de toutes ces demandes très nombreuses qui nous sont parvenues
le plus souvent par la poste, mais les municipalités qui sont vraiment
intéressées
savent ce qu'elles ont à faire. Elles vont voir leur
député, viennent faire des visites à Québec avec
leur ingénieur. Vous savez comme moi que, dans bien des cas, c'est
l'ingénieur plus que la municipalité qui a poussé le
projet, parce que les ingénieurs sont à l'affût des
programmes gouvernementaux. Je ne leur en veux pas, je ne les critique pas,
mais, des fois, c'est eux autres qui vont dire à une
municipalité: Embarquez-vous là-dedans, vous auriez droit
à tant de subvention, puis tout ça, ça va marcher.
Ça fait qu'il y a eu une certaine inflation de la demande, il faut
être franc là-dessus. Je ne nie pas qu'il y a de très
grands besoins aussi, je ne le nie point. Mais nous prenons les dossiers qui
ont atteint un certain point de maturation et nous en faisons un examen
particulier.
Moi, quand je suis arrivé, grosso modo, le gouvernement avait
décidé de porter de 25 000 000 $ à 75 000 000 $ les
ressources rendues disponibles pour le programme AIDA. On m'a dit, quand je
suis arrivé, le 5 octobre: Là, il y en a à peu près
60 000 000 $ d'engagés là-dessus, ça fait qu'il vous reste
à jouer sur à peu près 15 000 000 $ d'ici à ia fin
de l'exercice. N'est-ce pas, M. Poiré?
M. Poiré (Alphé) C'est exact.
M. Ryan: Un excellent témoin. Alors, moi, je me suis dit:
800 dossiers, 15 000 000 $. Je me sentais petit dans mes souliers et, dans ce
temps-là, j'agis avec une infinie prudence. J'ai dit: On va regarder les
cas les plus pressés. Eux avaient déjà
préparé des cas qui étaient arrivés pratiquement
à maturité. On m'a soumis ces dossiers-là. Moi, j'avais
été saisi de nombreux cas par des députés aussi et
par des municipalités qui m'avaient écrit ou qui étaient
venues me voir. J'ai dit: On va tout regarder ça ensemble, on va voir ce
qu'on peut faire. Nous n'avons pas pris de décision encore, sauf deux ou
trois cas très pressés. Nous n'avons pas pris de décision
parce que je veux vraiment avoir une idée d'ensemble. Ce que nous
retenons comme digne d'examen immédiat, ça va faire en tout
peut-être une cinquantaine de dossiers au moins. Il y en a qui sont tout
prêts, qui ont été préparés par le
ministère. Mais moi, je veux m'assurer qu'il n'y a pas d'autres
priorités parce que, si je répondais oui à tout ce qui m'a
été présenté, il ne resterait plus un sou pour
rien. Il peut arriver, demain matin, que j'aie un député qui me
dise: Le système dégoût est tout brisé chez nous,
qu'est-ce que je vais faire avec ça? J'ai été prudent, on
n'a pas engagé ces fonds-là. Par conséquent, on va les
engager très prochainement, par exemple.
Ensuite, j'ai vu le ministre des Finances et je lui ai dit. Ce
programme-là finit avec l'exercice financier 1990-1991; normalement, il
nous reste à écouler les fonds qui restent dont j'ai donné
la nature tantôt. J'ai demandé au ministre des Finances de
prévoir des ressources dans son prochain budget là-dessus parce
qu'on ne peut pas fonctionner si on n'a pas un programme AIDA qui continue,
sous ce nom-là ou sous un autre. Moi. les noms, ça ne me fatigue
pas, j'aime autant continuer avec celui-là puisqu'il existe que d'en
chercher un autre par coquetterie.
Alors, je crois pouvoir dire que les représentations ont
été faites avec beaucoup de conviction et de fermeté
auprès du ministre des Finances, et j'attendrai les décisions
qu'il nous communiquera fort vraisemblablement dans le discours sur le budget.
Je me rappelle, il y a deux, trois ans, on m'avait dit: Tu n'as rien dans le
budget pour telle chose. J'avais dit: Attendez un petit peu,
l'été n'est pas arrivé encore. Quelques semaines
après, il est arrivé les fleurs du printemps, au début du
mois de juin. On a réglé le problème. Il ne faut pas
s'énerver avec ça.
Je vous préviens tout de suite, j'espère qu'il y aura des
choses dans le budget, mais si ce n'était pas là, je suis
sûr que le gouvernement trouvera les ressources à consacrer au
programme AIDA pour la prochaine année parce que les besoins sont
là. Je pense qu'un ministre responsable ne pourra pas se fermer les yeux
là-dessus, il est obligé de les faire valoir auprès de ses
collègues du gouvernement. Ça, c'est ma réponse à
votre question.
Je ne peux pas vous donner l'idée de l'ampleur que
revêtiront les ressources qui seront rendues disponibles en dernier, mais
ma conviction profonde est que le programme AIDA doit continuer et continuera
en 1991-1992.
Alors, peut-être que M. Poiré pourrait nous résumer
le point où en est la gestion du programme. Je voudrais rendre hommage
à M. Poiré qui gère ce programme avec beaucoup de
connaissances de la réalité, non seulement de la
réalité technique de conduites d'eau et des égouts, etc.,
mais aussi de la réalité sociale et même politique. C'est
un homme qui a une très bonne connaissance de toutes ces
réalités. Il nous donne une excellente collaboration.
Jusqu'à maintenant, il dort dire de notre part qu'on ne l'a pas
ennuyé trop parce qu'on ne lui a pas fait peser les décisions
trop fort jusqu'à maintenant. Ce n'est pas par manque de tentation
à certains jours M. Poiré...
Le Président (M. Gauvin): M. Poiré...
M. Ryan: ...si vous permettez, M. le Président
Le Président (M. Gauvin): ...pour de l'information
additionnelle. (20 h 30)
M. Poiré: Alors, en ce qui concerne le programme AIDA, M.
le Président, à date, nous avons reçu 866 demandes; je ne
peux pas ajouter
beaucoup de choses à ce que le ministre a dit, je pense qu'il a
tout dit. En tout cas! Pour le moment, nous avons reçu 866 projets pour
les 4 volets du programme AIDA: le volet 1, qui concerne l'alimentation, la
distribution et l'évacuation des eaux usées; le volet 2 qui
concerne la recherche d'eau; le volet 3 qui concerne la recherche de fuites et
le volet 4 qui concerne l'amélioration des équipements.
Alors, ces 4 volets pour les 866 projets, les coûts estimés
des travaux à la demande, c'est 623 900 000 $, c'est 624 000 000 $,
grosso modo. Sur les 866 projets pour lesquels on a reçu une demande
d'aide financière, il y en a 387 qui ont été
réglés, dont 119 dans le cadre du volet 1 qui concerne
l'alimentation, la distribution, l'évacuation, pour des promesses d'aide
financière de 51 200 000 $.
Le volet 2 qui concerne la recherche d'eau, il y a 76 dossiers qui ont
été finalisés, pour des promesses d'aide financière
de 1 800 000 $. Le volet 3 qui concerne la recherche de fuites, c'est 90 000 $.
Le volet 4 qui concerne l'amélioration des équipements, c'est 3
862 000 $. Maintenant, dans le cadre du volet 4, sur les 75 000 000 $
d'enveloppe qu'on avait reçue pour le programme AIDA, il y avait un
montant de 4 000 000 $ qui était réservé pour le volet 4;
présentement, le volet 4, les crédits sont à peu
près épuisés et pour une raison bien simple, c'est que
même si on n'est pas rendu à 4 000 000 $, il nous faut se garder
des réserves pour les révisions à la hausse parce qu'il y
a un certain nombre de dossiers où on a fait des promesses. On sait que
le maximum de promesses par projet, c'est 25 000 $. Il y a certains dossiers
où la promesse n'était pas rendue à 25 000 $, alors c'est
possible qu'à la révision finale, ça se ramasse à
25 000 $. Alors, les crédits qui ne sont pas engagés dans le
cadre du volet 4, il faut les réserver pour les révisions
à la hausse quand arrivera la vérification finale des
projets.
Maintenant, en ce qui concerne l'enveloppe budgétaire, M. le
ministre a été tout à fait précis, il nous reste
des crédits non engagés de l'ordre de 15 000 000 $ dans le cadre
de ce projet-là, pour lequel on avait eu des crédits de 50 000
000 $ dans un premier temps et de 25 000 000 $ dans un deuxième temps,
pour des crédits totaux de 75 000 000 $.
Le Président (M. Gauvin): On vous remercie de cette
précision, M. Poiré. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: je prends bonne note de ce que vous nous dites
à l'effet qu'il y a 15 000 000 $, vous avez 860 projets, vous êtes
en analyse et le ministre est en demande vis-à-vis du conseil du
trésor pour qu'il ajoute de l'argent. en fait, je pense que ça
complète ce dossier-là quant à moi. pas qu'il soit
complété, on pourrait poser bien d'autres questions, mais je
pense que c'est satisfaisant pour le moment.
Taxation des entreprises industrielles
L'évaluation industrielle, vous savez que c'est l'article 65.1,
vous y avez fait allusion. Et aussi, l'article 65.1, c'est l'article de loi
concernant la taxe sur l'industrie et la machinerie, ce qui est attaché,
pas attaché. Il y a un paquet d'affaires là-dedans, en tout cas,
d'une façon ou de l'autre. Est-ce que vous avez l'intention ou est-ce
que les études sont suffisamment avancées pour que vous puissiez
vous engager à faire évoluer la loi?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Dufour: Parce que ça fait déjà 15 ans que
c'est dans le paysage. Ça fait 18 ans.
M. Ryan: Oui, c'est le genre de problème que j'aime
résoudre. Quand c'a traîné longtemps, en
général, moi, je n'ai pas trop... j'ai une certaine
propension...
M. Dufour: C'est dans la machine, mais vous n'avez pas
actuellement...
M. Ryan: Si le député...
M. Dufour: Est-ce que vous avez des propositions qui...
M. Ryan: ...veut me promettre son appui pour le projet du 14
décembre, je vais m'engager à régler celui-ci assez
vite.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Vous auriez dû me demander ça pendant que
j'étais maire, pas depuis que je suis rendu député.
M. Ryan: Blague à part, ce problème se pose depuis
de nombreuses années. L'interprétation à donner à
l'article... C'est quel numéro? C'est 65.1?
M. Dufour: 65.1.
M. Ryan: 65.1 de la Loi sur la fiscalité municipale qui
traite de la taxation des entreprises industrielles, particulièrement
des équipements. Il y a des jugements de cour qui ont créé
des situations très difficiles. Le ministère m'a soumis, il y a
déjà, je dois dire, à peu près deux mois, un
dossier très étoffé sur ce sujet-là. Le
sous-ministre avait dit: Pour étude urgente. Je n'ai pas eu le temps de
lui en parler encore parce que tout mon temps était consacré
à chercher des réponses aux nombreuses objections que formulait
le député de Jonquière à rencontre des propositions
du 14 décembre. Mais nous
devons l'aborder très prochainement, blague à part. Et le
sous-ministre m'informait - le problème est particulièrement aigu
dans le cas des pétrolières, dans l'est de Montréal - que
les discussions seraient rendues à un point assez avancé avec les
municipalités de la CUM à ce sujet. Et nous aurons
peut-être des développements avant longtemps.
Il y a d'autres maires qui m'ont fait pan" de leur préoccupation
très vive à ce sujet, en particulier le maire de Baie-Comeau qui
a demandé de me rencontrer prochainement. Je le verrai la semaine
prochaine. Le député de Saguenay, M. Maltais, m'a justement
transmis cette demande du maire de Baie-Comeau. Je le rencontrerai
également. Lui, c'est le problème des papetières sans
doute qui sont chez lui qu'il veut...
M. Dufour: Les alumineries.
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Les alumineries aussi.
M. Ryan: Les alumineries aussi, très bien. On va examiner
le problème avec lui. Mais soyez assuré que nous en sommes
prévenus. J'en ai causé avec les représentants des
municipalités à l'occasion des nombreux entretiens que nous avons
eus au cours des dernières semaines et je pense qu'on peut dire que
c'est un problème qui va être l'objet d'une attention toute
particulière d'ici à la fin de l'année. L'année de
calendrier.
M. Dufour: Vous parlez des pétrolières... En fait,
malheureusement, dans ce dossier-là, il y a des municipalités qui
n'ont pas allumé trop vite. Malheureusement, Montréal fait partie
de ce groupe-là qui, à mes yeux, a vu passer le train mais il n'y
avait pas de problème parce qu'on ne s'occupait pas de la réforme
de la fiscalité qui avait été faite ou de la
réforme d'évaluation. Et elles ont perdu des sommes importantes
d'argent. Si, au lieu de rester sur leurs positions, elles avaient
travaillé avec d'autres municipalités, ce
problème-là, à mes yeux, aurait été
réglé depuis longtemps parce qu'il y avait beaucoup d'argent.
Ça a fait beaucoup de trouble dans les municipalités, et je suis
convaincu qu'il y a une source, que les compagnies ont trouvé des trous
quelque part à travers ça.
Il y a des éléments, tout de même. Vous me parlez
souvent du GBS, du gros bon sens. Vous savez, quand on voit une espèce
de gros contenant pour les raffineries qui sert d'entrepôt la plupart du
temps et qu'il y a 10 % de raffinage à l'intérieur, il y aurait
des chances que ça pourrait être taxé un petit peu plus que
ce ne l'est là. Là, ils n'ont pas le droit de taxer parce que
ça devient une machine industrielle. Moi, je vous dis que, de ce
côté-là, vous allez faire oeuvre utile sûrement si
vous vous attaquez au problème pour qu'on le règle. Ça, je
peux vous dire que je suis déjà, d'avance, tout ouïe par
rapport à ce sujet-là parce que |e l'ai vécu assez
durement et c'a causé suffisamment de problèmes. Et je pense
qu'après tant d'années, ce serait peut-être le temps qu'on
donne le coup de barre.
Je voudrais juste soulever la firme Évinbec qui a fait un projet
de recherche visant à identifier l'assiette fiscale municipale pour le
secteur des raffineries. C'est un montant de 9000 $; ce n'est pas la
quantité d'argent, mais j'imagine que c'est dans ce cadre-là.
Est-ce que ce rapport-là est concluant? En êtes-vous satisfait? Le
dossier dont vous parlez, peut-être que le sous-ministre ou vous le
savez, mais est-ce qu'actuellement les éléments sont tous en
place pour prendre une décision, pour trouver une solution?
M. Ryan: Non. Je précise ce que je disais tantôt.
J'ai reçu le dossier; je n'ai pas eu le temps de l'examiner à
fond encore. Je l'ai tout près de ma table de travail. Dès que
j'aurai complété une certaine étape, c'est un dossier qui
est prioritaire.
M. Dufour: Mais pour vos collaborateurs, est-ce que le dossier
semble complet?
M. Ryan: Oui, mais... M. Dufour: Parce que...
M. Ryan: mais, des fois... là, j'hésite à
passer la parole à m. gagné. des fois, eux autres peuvent penser
qu'il est complet et le ministre peut avoir une opinion différente.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Oui, mais je sais que ça fait longtemps qu'ils
vivent avec, eux autres aussi.
M. Ryan: Mais ça étant dit, M. Gagné...
M. Dufour: J'aimerais ça les faire compromettre un
peu.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Très bien. Moi aussi, si vous voulez le
compromettre, ça va me faire plaisir.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): M le député de
Jonquière.
M. Ryan: Peut-être qu'il serait bon que M. Gagné, si
ça vous intéresse, nous dise où en est le dossier, de son
point de vue.
M. Dufour: J'aimerais ça, parce qu'il n'y a
pas d'année que je n'en ai pas parlé.
Le Président (M. Gauvin): M. Gagné. M. le
sous-ministre.
M. Gagné: II faut tenir compte, M. le Président,
des remarques d'invitation à la prudence que le ministre et le
député de Jonquière m'ont adressées.
Écoutez, très brièvement, je pense que le fond du dossier
est assez bien connu, il s'agit de s'entendre sur la définition d'une
assiette foncière pour des entreprises, ce qui n'est pas toujours
évident à l'oeil. Comme vous le savez très bien, le cas de
Jonquière a été assez patent à cet égard.
Alors, on a travaillé avec des firmes, comme vous l'avez
mentionné tantôt, avec aussi des services d'évaluation,
comme celui de la CUM, comme Saint-Romuald, ici, de l'autre côté,
pour la raffinerie Ultramar, pour essayer de cerner ce que serait un concept
d'évaluation, une assiette foncière qui serait "manageable", si
vous me permettez le mot, qui serait à la fois facile d'administration
et qui ne causerait préjudice ni à l'entreprise qui paie ni
à la municipalité qui perçoit.
Ce que le ministre disait tout à l'heure est tout à fait
exact. En ce qui concerne les raffineries, un des éléments
très cruciaux dans ce dossier-là, nous sommes tout près,
nous sommes presque arrivés à un concept que tout le monde
reconnaît comme étant très intéressant. Les
évaluateurs ont examiné le concept en question; ils nous disent
qu'il est facile d'application, qu'il serait beaucoup moins sujet à
contestation que les concepts qu'on a véhiculés jusqu'à
maintenant. La Communauté urbaine de Montréal, avec qui nous
avons travaillé là-dedans, nous dit également que c'est un
concept intéressant. Alors, il reste évidemment à discuter
entre nous. Comme le ministre l'a mentionné, on n'a pas eu le temps de
débattre vraiment toutes ces questions-là, mais je pense qu'on
voit poindre la lumière dans ce dossier-là et on espère
que les propositions pourront être mises de l'avant très
prochainement.
M. Dufour: Est-ce que je pourrais savoir du ministre - là
ce n'est pas au sous-ministre que je m'adresse - si, dans son esprit, le
règlement de cet article-là... Parce que lui fait une condition,
que ce soit un consensus de tous les intervenants. Par exemple, je sais que,
pendant des années, les ministres des Affaires municipales qui se sont
succédé ont essayé à quelques reprises d'asseoir le
monde municipal, le monde des affaires et les évaluateurs, des experts,
tout le monde fait accord sur la façon de procéder.
Moi, j'ai toujours pensé que c'est très compliqué.
Quelqu'un dirait: Oui, on est bien contents que vous nous taxiez et on va
être d'accord la-dessus. Mais est-ce que, dans votre esprit, vous avez
cette intention-là, ou si, à un moment donné - moi, je
pense que c'est la bonne solution - le ministère ou le ministre va
s'entendre et s'arrêter sur une position et il va décider, il va
trancher et on va vivre avec. Je pense qu'il y a une espèce de
responsabilité. En tout cas, je peux me tromper, mais j'ai l'impression
que c'est comme ça que ça doit se régler.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: En principe, je pense qu'un dirigeant politique doit
rechercher un consensus avant d'agir et quand il ne peut pas le trouver, pour
des raisons invincibles, à ce moment-là, il a la
responsabilité d'agir. Ça ne le dispense pas de la
responsabilité de trancher. C'est pour ça qu'il est là
à part ça. C'est pour prendre la décision. Quand il y a un
consensus, c'est facile, la photographie dans le journal, tout le monde est
content, ça va bien. Mais c'est quand il n'y a pas de consensus qu'il
faut qu'il ait le courage et la force de trancher. Nous demanderons la
bénédiction du ciel à cet effet pour être sûrs
de l'avoir. Et, en général, ce n'est pas là-dessus qu'on
me fait le plus de reproches.
M. Dufour: Mais j'ai vu ce positionnement-là.
M. Ryan: Y compris le député de
Jonquière.
M. Dufour: Non, mais j'ai vu ce positionnement-là et je
trouvais que c'était...
M. Ryan: Je pense qu'au bout de la ligne tous ceux qui ont
exercé des responsabilités publiques savent qu'il faut que
quelqu'un prenne le taureau par les cornes et arrache la dent à un
moment donné, s'il le faut.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière
Demandes d'enquête sur la gestion
municipale
M. Dufour: Vous allez avoir notre appui là-dessus s'il y a
quelque chose qui s'annonce là-dessus. J'aurais aussi à poser...
Vous savez, au cours de l'année, on reçoit toutes sortes de
demandes des municipalités, toutes sortes de problèmes qui se
soulèvent, et ça touche, la plupart du temps, les
vérifications, des gens qui se plaignent de l'administration municipale
et on a l'impression qu'à un moment donné ces plaintes-là
se perdent. Il y en a quelques-unes qui passent à travers le processus
et il y en a d'autres qui se perdent en chemin ou qui ont l'air de se perdre en
chemin.
Et je me dis, en tout cas, pour les intervenants ou pour des gens qui se
plaignent, que ça devient frustrant. Ils voudraient avoir la
réponse souvent avant que la plainte soit rendue. J'admets que ça
prend un certain laps de temps, mais comment on fonctionne à travers
ces
enquêtes, les vérifications? J'aimerais qu'on fasse le
point un peu et on a plusieurs cas qui sont laissés en suspens et on ne
sait pas où c'est rendu. Peut-être que le ministère marche
avec prudence. D'un autre côté, on dit: On ne peut pas laisser
indéfiniment les pattes en l'air. Il faut que quelqu'un, à un
moment donné, saisisse au vol qu'il y a des choses qui ne fonctionnent
pas dans certaines municipalités et on doit intervenir.
Donc, est-ce que vous avez beaucoup de demandes d'enquête qui sont
faites? Et comment on fonctionne, à travers ça?
M. Ryan: Ainsi que je l'ai mentionné, ce matin, M. le
Président, au cours de la dernière année, nous avons
reçu à peu près 250 demandes d'enquête ou
d'intervention pour des raisons reliées à la gestion des affaires
municipales. Il y avait déjà un certain nombre de dossiers qui
étaient en traitement au début de l'année. Sont venus
s'ajouter ceux-là. Il y en a à peu près un nombre
équivalent qui ont été pratiquement réglés
au cours de l'année. Il en reste, par conséquent, une couple de
centaines qui sont encore en traitement au moment où nous
commençons le nouvel exercice.
En général, ces plaintes-là, la manière dont
ça procède actuellement, c'est ceci. Les gens peuvent
écrire. Il y en a qui vont s'adresser au ministère en
général. Il y en a qui vont s'adresser à un bureau
régional du ministère. Il y en a qui vont s'adresser au ministre.
Il y en a qui vont s'adresser à un député. Il y en a qui
vont s'adresser à la Commission municipale du Québec. En
général, lorsqu'une plainte arrive, le premier palier
d'intervention, c'est celui des fonctionnaires du ministère qui vont
procéder à des vérifications. Parce que, avant d'instituer
une enquête, il faut savoir s'il y a matière. (20 h 45)
Ça fait que le premier palier d'intervention est un palier
d'intervention plutôt discret. Ce sont des fonctionnaires qui vont sur
les lieux, qui examinent les livres, les procès-verbaux, la
correspondance, ce qu'il faut examiner pour faire la lumière sur les
choses qui ont été alléguées. Puis en
général, s'il n'y a pas du tout de choses, bien là, ils
informent l'autorité municipale qu'il n'y a pas eu grand-chose
là-dedans, puis qu'il n'y a pas matière à pousser
ça plus loin, que, par conséquent, ce dossier-là, ils vont
recommander qu'il soit clos.
Dans d'autres cas, il peut y avoir des redressements mineurs, des
redressements d'administration courante, et tout ça. Le fonctionnaire
fait part à l'administration de ses constatations et puis de ses
conseils. Puis l'administration en général se soumet à
ça et essaie de mettre les choses en ordre.
Quand ce sont des matières un peu plus sérieuses, ou
encore que la vérification a fait découvrir matière plus
grave, à ce moment-là, la
Commission municipale peut être appelée à
intervenir. Puis elle-même, elle peut intervenir de son propre chef, dans
une situation dont elle est saisie, comme le sait le député de
Jonquière. Puis elle procédera à ses vérifications,
elle peut faire une enquête en bonne et due forme aussi. Il y en a un
certain nombre qui sont faites chaque année.
Actuellement, je ne pense pas qu'il y ait d'enquête qui soit en
marche à la Commission municipale. La dernière fois que j'ai
parlé avec le président, il n'y en avait pas. Il avait
réglé les cas qui étaient dans la machine. Ça veut
dire que ce sont les cas les plus sérieux qui vont jusqu'à ce
niveau-là.
M. Dufour: Vous dites qu'il n'y a pas d'enquête... Par
exemple...
M. Ryan: Pardon? Je vais juste terminer mon récit, si vous
me permettez.
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Là, les services du ministère
préparent périodiquement un état des dossiers qui est
communiqué au sous-ministre et au ministre. Là, on voit où
en sont les choses exactement, et puis on peut procéder aux corrections
nécessaires s'il y a lieu.
Dans des cas particuliers qui retiennent son attention de manière
spéciale, le ministre peut toujours envoyer quelqu'un de son cabinet
faire des vérifications sur les lieux, dans une municipalité,
voir ce qui en est. Quand il voit qu'il y a une connotation un peu plus
politique là, ça peut être un de mes collaborateurs qui
sera mandaté pour y aller également.
Par conséquent... Il y a une chose. Peut-être qu'on
pourrait le demander à M. Gagné ici. Quand le fonctionnaire a
clos son dossier, M. Gagné, est-ce que vous écrivez dans chaque
cas au plaignant pour lui dire: On a examiné ça et puis
là, c'est final, on n'a rien trouvé? Qu'est-ce qui arrive,
là? Comment ferme-t-on le dossier?
M. Gagné: Bon, je pense qu'à cet égard la
question est très pertinente, parce que, comme le ministre l'a
signalé au début, les plaintes arrivent par toutes sortes de
canaux. Et c'est difficile parfois de boucler la boucle complètement.
Mais disons qu'on essaie de plus en plus, même si on a pu faire des
péchés à cet égard dans le passé dont on est
bien conscients, on essaie de plus en plus d'informer le plaignant du
résultat. Ça peut prendre la forme d'un appel du directeur du
service qui informe le plaignant des gestes qu'on a posés, des
conclusions auxquelles on en est arrivés et, le plus souvent, ça
se fait par écrit. Et on informe également la municipalité
concernée, qui a été mise en cause par la plainte, du
résultat de la vérification qui a été faite. Et
habituellement, les choses s'arrêtent là.
je dis "habituellement", parce qu'il y a toujours des cas où les
gens s'acharnent à creuser encore un peu plus, mais disons qu'il y a une
politique d'information qui se développe de plus en plus à
l'égard des plaignants, mais qui demeure perfectible, nous en sommes
très conscients.
Le Président (M. Gauvin): M. le député.
M. Dufour: Je peux peut-être soulever quelques cas qui me
viennent a l'esprit là, que, moi, je sais que ça fait longtemps
qu'ils marchent. Par exemple, la Régie d'aqueduc Richelieu, ça
fait déjà un bon bout de temps que c'est en marche. À ce
moment-là, il y avait des plaintes soulevées - je les donne de
mémoire là - il y avait des jetons de présence qui
étaient distribués, il y avait certaines dépenses. Moi, je
dis qu'à travers les plaintes il y en avait qui étaient plus
fondamentales, puis il y en avait d'autres, bien on peut dire bon... ça
a embarqué dans le tas là, dans le paquet, puis je ne pense pas
que la plainte soit fondée au complet. Mais il y avait des points
très précis où les gens de la Régie d'aqueduc
Richelieu s'étaient donné des jetons de présence. Il y a
eu une réponse le 22 mai 1990, où votre
prédécesseur, M. Picotte, disait: Le 17 novembre, vous
m'adressiez une correspondance voulant que le ministère fasse la
lumière sur différents cas à l'administration de la
régie intermunicipale, incluant la rémunération des
membres du conseil de l'organisme. Afin d'assurer le suivi de l'accusé
de réception du 28 novembre à votre attention, le service des
institutions financières et administratives... Et là, il parle
des deux autres correspondances du 7 janvier 1990 et du 6 février 1990
qui ont été adressées au député et il ne
veut pas produire d'avis juridique mais il dit qu'il continue à faire
son enquête.
Les conclusions devant se dégager de nos vérifications et
observations tiendront cependant compte à la fois du respect de
l'autonomie et de l'autorité dont dispose le conseil de la Régie
et des droits et attentes des contribuables. Et ça, cette lettre,
c'était le 22 mai 1990. À ce que je sache, il n'est pas
fermé, ce dossier-là, mais tout ce qui traîne...
M. Ryan: On m'informe qu'il y a une cause qui est à
l'étude à la Commission municipale du Québec sur ce
dossier-là. Nous devrions avoir des résultats dans un avenir
prochain. Nous cherchons... Là, il y a une...
M. Dufour: Si c'est à l'étude, ce n'est pas
nécessairement une enquête. Est-ce que vous voulez dire
qu'actuellement l'étude est à propos de l'enquête qui a
été faite et qu'il pourrait sortir quelque chose par rapport
à ça?
M. Ryan: M. le Président, auriez-vous objection? Nous
avons le vice-président de la Commission municipale ici, M. Boucher, que
tout le monde connaît. Il pourrait nous dire où en est le dossier
à la Commission municipale. Je pense que ça va clarifier toutes
les choses.
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre. J'aimerais
que M. le vice-président s'identifie, s'il vous plaît.
M. Boucher (Jean-Paul): Alors, Jean-Paul Boucher.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. Boucher.
M. Boucher: Alors, je ne sais pas si ça va répondre
à votre question mais, actuellement, devant la Commission municipale, il
y a une cause qui a été entendue et qui est en
délibéré. Alors, nécessairement, je ne peux pas
donner les résultats de...
M. Dufour: Non, mais est-ce que ça concerne ce
cas-là?
M. Boucher: c'est ça que je vais vous dire. vous jugerez
si ça concerne ce cas-là. et dans la cause que nous avons
entendue, il y avait une mésentente sur l'interprétation d'un des
articles de l'entente, c'est-à-dire le débit
réservé de saint-jean-baptiste de rouville. et il y a eu une
médiation de faite par quelqu'un du ministère conformément
à la loi. la médiation a échoué et la
municipalité de saint-jean-baptiste s'est adressée chez nous pour
faire interpréter le défaut d'accord de l'entente. alors, c'est
en délibéré et la décision va suivre dans les
prochains jours.
M. Dufour: Mais ça, est-ce que ça...
M. Boucher: Je ne sais pas si ça répond à
votre...
M. Dufour: Mais la Régie d'aqueduc Richelieu, là,
c'est effectivement un groupe de municipalités. Chaque
municipalité a des délégués. À
l'intérieur de ça... Ils prennent probablement le modèle
sur les MRC, mais les MRC ont le pouvoir, dans leur loi habilitante, de
rémunérer les membres de la MRC qui assistent au conseil de la
MRC.
Et dans des régies, à ce que je sache, à moins que
ce ne soit écrit dans la loi constituante, à mon point de vue,
elles ne peuvent pas - je ne donne pas un avis légal en disant
ça, mais selon les connaissances que j'ai du dossier ou des dossiers
municipaux - faire d'une façon détournée ce que la loi ne
nous permet pas. Donc, eux, il semblerait que... Ils l'ont fait, hein?
Ça fait qu'ils ont eu des plaintes là-dessus et, parce que tu
calcules que ce n'était pas une plainte farfelue, donc, il faut
l'étudier.
M. Ryan: Je suis content que vous ayez conservé votre
naïveté. C'est bon. Votre foi en la nature humaine intacte,
après de nombreuses années dans la vie municipale, c'est
parfait.
M. Dufour: Même quand j'étais dans le monde
municipal, M. le ministre, j'étais prudent.
M. Ryan: Moi aussi, j'essaie de rester candide. C'est la
manière de survivre. Alors, M. Boucher, on vous remercie.
Peut-être que vous pouvez rester ici. Il y a peut-être d'autres
questions de la part de M. le député de Jonquière...
M. Dufour: Donc, vous ne répondez pas clairement à
ma question...
M. Ryan:... ou d'autres membres. S'il y a d'autres cas...
M. Dufour: à savoir si c'est vraiment sur la Régie
que l'enquête a porté?
M. Boucher: Non, c'était sur l'entente. Sur
l'interprétation d'une des clauses de l'entente, le débit
réservé.
M. Dufour: En tout cas, ça va finir par aboutir.
M. Boucher: C'est très technique là, mais c'est
ça.
M. Dufour: ll y a à ma...
Le Président (M. Gauvin): On vous remercie, M. Boucher.
Est-ce qu'on a terminé avec M. Boucher?
M. Dufour: Non, on va continuer un peu. J'ai quelques cas comme
ça.
Le Président (M. Gauvin): Non? Vous pouvez rester en
place.
M. Dufour: J'ai une demande ou copie d'une lettre que M. Jacques
Asselin a adressée à Mme Florence Marier pour des ventes de
terrains dans la municipalité, à Napierville. Il dit. Il nous
serait impossible de procéder immédiatement, compte tenu de nos
présents engagements de travail. Nous pourrions cependant agir dans les
plus brefs délais. Nous mettons tout en oeuvre à cet effet, sans
que vous n'ayez à nous faire quelque rappel que ce soit. Enfin, si vous
deviez soumettre ou désirez obtenir toute information
complémentaire pertinente, adressez-vous à M. Richard Drouin. Et
c'est le 2 octobre 1990. On est rendu au 17 avril. Ça fait
déjà cinq ou six mois et il ne semble pas qu'il y ait eu des
développements. J'ai rencontré quelqu'un de ce coin-là qui
m'a dit qu'il n'y avait rien.
M. Ryan: Avez-vous mentionné Saint-Edouard?
M. Dufour: Napierville.
M. Ryan: C'est Saint-Edouard de Napierville, ça?
M. Dufour: Oups! Napierville, je ne sais pas, moi, exactement
où c'est.
Le Président (M. Gauvin): Oui, monsieur Excusez,
monsieur...
M. Ryan: Je pense que monsieur...
M. Dufour: Y a-t-il des gens qui peuvent nous renseigner? C'est
Mme Florence Marier.
M. Charbonneau: C'est une municipalité de mon
comté, le comté de Saint-Jean, évidemment.
M. Dufour: Ah! O. K. C'est Saint-Jean de Napierville?
Voilà la réponse. Si on a des personnes-ressources autour de la
table, pourquoi ne pas en profiter? Est-ce que vous êtes au courant de ce
dossier-là?
Le Président (M. Gauvin): Oui, M. le ministre, on vient de
préciser que c'est la municipalité de Saint-Jean de
Napierville.
M. Charbonneau: Municipalité de Napierville dans le
comté de Saint-Jean.
Le Président (M. Gauvin): Excusez-moi. La
municipalité de Napierville dans le comté de Saint-Jean.
M. Ryan: Saint-Édouard, est-ce qu'il y en a une dans votre
coin?
M. Charbonneau: Saint-Édouard est dans le comté de
Beauharnois-Huntingdon. C'est voisin.
M. Ryan: Alors, dans le cas de Napierville, je n'ai rien à
communiquer aujourd'hui. On va faire des vérifications puis on donnera
des nouvelles au député de Jonquière là-dessus,
dans le cas de Napierville. Il y a un an qu'on aurait été saisi
de ça?
M. Dufour: Pardon?
M. Ryan: Quand est-ce qu'on aurait été saisi de ce
cas-là?
M. Dufour: La réponse de M. Jacques Asselin est en date du
2 octobre 1990.
M. Ryan: Ça fait que c'est peut-être un cas qui
s'est perdu dans la période de transition. On va vérifier
ça comme il le faut.
M. Dufour: Les ministres passent mais les fonctionnaires
demeurent au ministère.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: II est impayable! C'est profondément vrai.
Le Président (M. Gauvin): C'est un proverbe qu'on a
déjà entendu.
M. Dufour: Ah, oui! J'ai déjà vu ça aussi,
moi.
M. Ryan: Je vous dirais, entre parenthèses, juste une
observation de passage ici. Je n'ai pas eu le temps encore de la communiquer.
Il faut que nous assurions une meilleure liaison dans le processus
d'enquête. Il y a trois organismes qui sont intéressés. Il
y la Commission municipale, il y a le ministère, les fonctionnaires,
puis il y a le ministre. Le ministre est intéressé au plus haut
chef.
Moi, il y a une chose qui m'a un petit peu frappé au
ministère. C'est que les fonctionnaires vont faire des enquêtes
puis ils vont faire des remontrances aux élus, sans que ça passe
par des élus. Il y a quelque chose qu'on va être appelé
à vérifier de proche là-dessus parce que ça peut
conduire loin. Je pense qu'on en est conscient. C'est parce qu'on n'a pas eu le
temps de se retrouver ensemble, M. O'Brady, M. Gagné et moi-même,
pour regarder ça de proche puis établir une procédure qui
va faire que tous les angles vont être couverts correctement parce que
ça peut aller loin, ça. Comme ça marche actuellement,
ça peut aller loin. Un fonctionnaire qui est le moindrement autoritaire
peut en mener pas mal large dans un hôtel de ville, sans que le ministre
ne soit au courant, puis, ça, c'est dangereux.
M. Dufour: M. le ministre, j'accepte vos explications concernant
ces questions-là. Moi, je pense qu'on a tout intérêt
à ce qu'il y ait un suivi puis qu'il y ait des réponses de
données au citoyen. Je ne présume pas des résultats du
travail de la Commission municipale ni de ce que vous faites. Je trouve que,
pour les citoyens, s'ils n'ont pas la réponse claire puis assez
précise, il y en a toujours qui vont se poser des questions. Il y en a,
je le comprends, qui voudraient tout le temps que le ministère engage la
justice puis tout ça. Je pense que, de ce côté-là,
il ne faut pas tomber non plus dans l'exagération, mais il y a des
points bien précis.
M. Ryan: Oui, mais qu'au bout de la ligne chaque citoyen qui est
intervenu reçoive une lettre lui disant: Voici le dossier. Ça,
c'est fini. On l'a regardé, il n'y avait rien là-dedans puis
tout. Si c'est le principe que vous voulez énoncer, nous sommes à
100 % d'accord, il faut le réaliser. Nous le réalisons dans une
bonne mesure déjà, mais s'il y a des lacunes, signalez-les-nous,
nous les corrigerons. Ça, c'est très important.
M. Dufour: Pouvez-vous parler du cas de Natashquan?
M. Ryan: II y a bien des citoyens, cependant, pour être
juste...
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: ...qui écrivent sans justification suffisante.
Ils veulent régler des problèmes de clan, comme je le disais ce
matin, ou des problèmes de poteau puis tout. Des fois, ils voient toutes
sortes d'interprétations dans des décisions où il n'y
avait pas matière à de telles interprétations. Mais quand
nous faisons la constatation, c'est à nous de leur dire: Votre affaire,
il n'y avait rien là-dedans, puis on vous remercie.
M. Dufour: Pour votre édification, je vous inviterais
à lire le rapport d'une enquête qui a été faite par
la Commission municipale sur Ponsonby.
M. Ryan: Sur... (21 heures)
M. Dufour: Ponsonby. La municipalité de Ponsonby. Canton
de Ponsonby. Ça fait quelques années. C'est tombé à
rien ou à peu près. Il ne s'est rien produit. Je vous inviterais
à le lire. Vous allez voir que, des fois, il ne se passe rien et les
citoyens ont le droit de s'interroger sérieusement par rapport à
ça.
M. Ryan: Oui, d'accord. Il y en a un certain nombre, je suis
d'accord avec vous. Mais il y en a un certain nombre qui seraient mieux d'aller
directement à l'hôtel de ville, faire leur plainte là,
plutôt que d'essayer de se faufiler pour rien et faire perdre le temps de
tout le monde, aussi. Il y a les deux. Soyez assurés que tous les
rapports qui traitent de comportements incorrects sont l'objet d'une grande
attention.
M. Dufour: Je veux juste vous parler... Justement, ça
m'amène sur le sujet ou l'autre point que je voulais soulever, c'est
Natashquan. Il y a eu certains problèmes dans la municipalité.
Les membres du conseil municipal... Je ne veux pas les nommer
nécessairement, mais je pourrais le faire, je ne veux pas manquer
à la charité. C'est un cas public. Il y a eu des
détournements ou des utilisations de fonds provenant du
fédéral qui ont servi à faire des projets - et même
du Québec. Il y a même eu une condamnation là-dessus.
Ça a même été en prison. Ça a
été jusque-là. La personne a été
emprisonnée. Elle a même eu la permission de siéger
durant qu'elle était en prison; elle est allée siéger dans
sa
municipalité. Moi, le résultat que j'ai eu: pour
être disqualifié, il faut être passible de deux ans
d'emprisonnement. Dans un cas, elle n'était pas passible de deux ans
d'emprisonnement, mais dans un deuxième temps, pour se défendre,
elle a pris des fonds de la municipalité, environ 12 000 $, et il n'y a
pas eu de suites, que je sache. On m'a toujours dit: C'est rendu dans les mains
de la justice et on ne touche plus à ça. La meilleure
façon d'enterrer quelqu'un, c'est de l'envoyer devant la justice, et on
n'est plus capable de suivre rien. Je ne peux pas demander, à
l'Assemblée nationale, au ministre de la Justice où est rendu le
cas. Moi, je ne poursuis pas de lutte, je ne suis pas vindicatif jusqu'au...
Seulement, on ne peut pas permettre non plus, dans l'administration publique,
que des faits aussi, je dirais même brutaux, mais aussi évidents
aient la chance de se multiplier quelque part.
M. Ryan: II y a deux points qui valent d'être
signalés, en relation avec la question. Tout d'abord, le ministre des
Affaires municipales n'est pas un grand justicier qui peut dire: Vous, vous
avez mal fait et vous débarquez de votre poste; je vous avertis, je vous
décolle de là. Il n'a pas ces pouvoirs-là, fort
heureusement. Fort heureusement, il ne les a pas. Il peut constater si des
choses ont eu lieu ou non. Et s'il en arrive à la constatation que des
comportements illégaux ou criminels ont été établis
de manière raisonnablement suffisante, il va transmettre le dossier
à la justice. Lui-même ne s'érigera pas, encore une fois,
en persécuteur ou en poursuivant. Il va référer le dossier
à la justice qui, elle, apprécie ensuite le dossier à la
lumière de ses critères à elle. Le critère de la
justice est double: D'abord, est-ce qu'il y a faute véritable?
Deuxièmement, est-ce qu'il y a chance de gagner la cause devant les
tribunaux? Est-ce qu'il y a preuve suffisante pour que ça justifie
l'engagement de fonds publics pour une démarche comme celle-là?
Évidemment, ils tirent des conclusions parfois qui ne sont pas les
nôtres. Nous référons des dossiers de temps à autre
à la justice. Des fois, nous avions l'impression... Quand nous
l'envoyons là, c'est parce que nous trouvons qu'il y a matière
à l'envoyer là. Eux autres l'examinent et trouvent qu'il n'y a
pas matière à procès ou à poursuite. À ce
moment-là, il faut bien fermer le dossier, nous autres, pour
l'immédiat.
C'est ce qui est arrivé dans le cas de Natashquan, entre
parenthèses. La justice a conclu qu'il n'y avait pas matière
suffisante pour engager des poursuites avec chance raisonnable de
succès. Je crois comprendre que la personne que vise le
député de Jonquière s'est portée de nouveau
candidate aux élections qui ont suivi et a été
réélue par sa population.
M. Dufour: Non. J'ai su ce soir qu'elle s'est retirée
avant.
M. Ryan: Elle s'est retirée avant? M. Dufour:
Oui.
M. Ryan: II y a des raisons de penser qu'elle n'a pas mal
fait.
M. Dufour: Le peuple a jugé. Mais dans un cas comme
ça, il faut admettre... Si vous me dites que la justice n'a pas pu
s'exercer, mettons qu'il y a toujours bien des éléments
troublants, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle a été
condamnée à quatre mois de prison, à la prison Gomin ici,
pas bien loin. Ça, c'est un cas public, je ne dévoile rien en
faisant ça. Et il y a eu de la dénonciation, il me semblait,
assez précise. On dit qu'il y a 10 000 $ à 12 000 $ qui ont
été pris à même les fonds de la municipalité
pour défendre cette personne-là en justice. Le moins qu'on puisse
dire, c'est que ce sont des faits certainement troublants, sinon abracadabrants
C'est presque impensable...
M. Ryan: C'est bien.
M. Dufour: ...on est en 1990-1991
M. Ryan: A priori et d'après la connaissance que nous
avons du dossier, je serais porté à être d'accord avec le
député de Jonquière Maintenant, la justice examine ces
choses à la lumière de ses critères. Le ministère
de la Justice est très séparé des autres, en ces
matières en particulier. C'est lui qui a le mandat de prendre ces
décisions-là et je pense que c'est mieux qu'il en soit ainsi.
Le Président (M. Gauvin): J'aimerais, à ce
moment-ci, reconnaître...
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Gauvin): ..le député de
Deux-Montagnes, si vous permettez.
M. Ryan: Une autre chose: Des fois aussi, on va confier des
dossiers à la police. On va demander à la police de faire
enquête; si on voit qu'il y a vraiment des comportements qui demandent
une enquête rapide, on peut demander l'intervention du
M. Dufour: Donc, si j'ai bien compris, le dossier est
complété, est fermé..
M. Ryan: Oui, celui là, oui.
M. Dufour: ...et à la Justice et aux Affaires
municipales.
M. Ryan: Celui-là, oui.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
de
Deux-Montagnes.
M. Ryan: Elle n'est plus là en plus, d'après ce que
vous disiez.
M. Bergeron: M. le Président, M. le ministre, est-ce qu'il
existe des critères chez vous, chez vos fonctionnaires, sur lesquels ils
vont se baser avant de décider de faire une enquête sur une
plainte d'un citoyen? Par exemple, j'ai vécu - M. Poiré et M.
Boucher - dans le comté de Deux-Montagnes alors que j'étais
maire... Il y avait un individu qui disait qu'il avait une association de 2500
membres en arrière de lui, etc. Il avait, je ne dirais pas ses
entrées au ministère, mais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bergeron: En tout cas, tous les 15 jours, dans les journaux:
J'ai rencontré tel fonctionnaire, j'ai rencontré tel
fonctionnaire. Il avait plus de poids et il brassait plus de ce que vous savez
que le conseil municipal de Deux-Montagnes ou le conseil municipal d'une autre
municipalité pas loin de chez nous que je vais nommer. Alors,
aujourd'hui, je suis assis sur l'autre chaise, c'est entendu et ça me
revient à la mémoire. Est-ce qu'il y a des critères?
Est-ce gue vos fonctionnaires... Jos. Bleau arrive, il dit: Écoute, il y
a ce scandale-là. Il rencontrait les fonctionnaires du ministère
de l'Environnement. Il rencontrait les fonctionnaires du ministère des
Affaires municipales et, maudit, les conseils municipaux avaient de la
misère à les rencontrer, eux autres.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bergeron: Vous partiez des fleurs du printemps, tout à
l'heure, c'est un moineau du printemps, vous pouvez être sûr de
ça. sur quels critères vos fonctionnaires peuvent-ils se baser
pour dire: écoute, ce n'est pas sérieux ton affaire. le seul
moment où j'ai pu le régler, m. le ministre, et ça m'a
pris du temps, vous allez me le dire tout à l'heure, c'est qu'il disait
toujours "mes 2000 membres, mes 3000 membres". un bon matin, je me suis
tanné, ça m'a pris deux ans, ça doit être parce que
je ne suis pas vite, j'ai dit: o.k., je vais te recevoir à mon bureau
demain matin, mais à une condition, que tu amènes ton
exécutif à mon bureau de député, que
t'amènes les minutes de tes assemblées et je vais te recevoir. je
n'ai pas besoin de vous donner la réponse, il n'est jamais venu de sa
vie. mais quels sont les critères pour éviter ces
affaires-là dans une municipalité, pour que vos fonctionnaires
disent...
M. Ryan: Le critère premier...
M. Bergeron: ...Écoute, c'est sérieux cette
affaire-là ou ce n'est pas sérieux. M. Ryan: D'abord, a
priori... Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: ...je pense bien, quand un citoyen présente une
plainte à Québec, il faut prendre la plainte à son contenu
obvie. Il dit: Moi, je trouve que le conseil a voté une
résolution de manière illégale ou bien le maire a
favorisé un de ses amis ou le maire s'est fait payer pour telle
fonction. Il faut que tu prennes ça dans son contenu obvie. Tu dis: Si
c'est une allégation d'irrégularité, ça demande une
vérification; tu ne peux pas laisser ça là. La
vérification, avant d'aller la faire, tu ne peux pas claironner
ça à travers tout le Québec, il faut que quelqu'un se
rende sur les lieux, aille faire la vérification. Mais si c'est une
chose qui est futile à sa face même ou de nature purement
politique, il faut qu'il y ait assez de discernement pour dire: Ça ne
regarde pas le fonctionnaire, c'est un problème d'ordre politique, il
n'a pas d'affaire à se mettre le nez là-dedans. Moi, c'est
là que je mettrais la frontière. Mais dès que c'est une
allégation qui porte sur une réalité ou une apparence de
gestion irrégulière, illégale ou antiréglementaire
ou antiéthique, là je pense que c'est ça qui fournit la
matière.
Des fois, il y a des accusations d'incompétence aussi, des gens
qui sont remplis de bonne foi, mais, à un moment donné, qui ne
sont pas capables de tenir comme il faut les livres de la municipalité,
de suivre l'exécution d'un gros contrat, par exemple. Là, il y a
des citoyens qui nous écrivent: Ils sont en train de gaspiller de
l'argent, êtes-vous capable de vérifier ça? C'est le genre
de situation qui va se prêter à la première démarche
dont nous avons parlé tantôt, une vérification de nature
administrative. Je ne sais pas si M. Gagné a quelque chose à
compléter là-dessus.
M. Bergeron: Merci.
M. Gagné: Non. Je pense bien qu'en termes de
critères...
Le Président (M. Gauvin): M. Gagné.
M. Gagné: Oui. En termes de critères,
effectivement, le meilleur critère dans ça, c'est le jugement et
le discernement, comme vient de le dire le ministre. Parce qu'il y a vraiment
toutes sortes de plaintes et il faut à la fois répondre aux
plaignants avec toute la diligence dont on est capable - et, dans certains cas,
peut-être qu'il y a trop de diligence un peu, si j'ai bien compris votre
intervention, vis-à-vis de certains plaignants - et, d'autre part, ne
pas quand même tomber dans le piège de l'accusation facile, de la
dénonciation non fondée, etc. Alors,
il faut toujours mesurer entre ces deux objectifs qu'on essaie de
poursuivre en même temps où la ligne de comportement du
ministère doit se situer. Ce n'est pas toujours facile. Ce n'est pas
toujours évident et je pense qu'il n'y a pas une grille de
critères qui peut nous dépanner, autre que le jugement, le
discernement qu'on essaie d'exercer le mieux possible avec une certaine marge
d'erreur, j'espère, qu'on nous reconnaît.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
Demandes d'annexion
M. Dufour: Oui. Vous avez semblé, M. le ministre, ouvrir
une nouvelle porte de contestation qui va faire boule de neige, à mon
point de vue. Mon collègue d'Abitibi-Ouest vous a interrogé
à l'Assemblée nationale concernant une demande d'annexion. Et des
demandes d'annexion... Je prends juste la suite de ce que le sous-ministre, M.
Gagné, vient de dire concernant le discernement, puis la prudence. Je
pense que vous avez travaillé beaucoup avec les Indiens. Vous savez ce
que ça veut dire, la prudence. Il faut faire attention. Je pense
à la prudence de Sioux, comme on dit. Et par rapport à ces
demandes d'annexion, à une certaine partie des contribuables, vous avez
semblé dire que c'était décidé et que ça se
ferait nonobstant les coûts que ça pourrait engendrer ou les
pertes que ça pourrait engendrer pour la municipalité. C'est
clair dans mon esprit que l'acquiescement à cette demande va faire que
d'autres municipalités vont présenter le même
problème. Je veux juste vous donner...
De mémoire, dernièrement, il y avait le Village d'antan
à Drummondville qui demandait de s'annexer ou de se détacher d'un
territoire pour se rattacher à un autre. Il y a eu des protestations de
la municipalité, vous ne l'avez pas accordée. Il devait y avoir
des raisons précises. Peut-être que les citoyens ont
retourné. Il y a d'autres points, je ne sais pas. Je n'ai pas le dossier
en main, mais je fais juste une constatation. C'est qu'il y a beaucoup de gens
qui vont demander de fusionner ou d'annexer avec d'autres municipalités
et, si on ne tient pas compte de l'avis du conseil, j'aimerais savoir si vous
avez beaucoup de demandes dans ce sens-là. Est-ce que vous avez
l'intention de suivre l'avis du conseil ou si vous le laissez à votre
jugement? Et ça, ça me semble, en tout cas, qu'on est sur une
glace très mince. Et je pourrais vous en nommer des cas. Même
nous, on subit des pressions dans ce sens-là.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Je suis bien content que le député de
Jonquière soulève ce cas qui a fait l'objet d'un premier
échange avec le député d'Abitibi-
Ouest à l'Assemblée nationale il y a une semaine. 10
jours.
Depuis que je suis en fonction, j'ai été saisi
peut-être de sept, huit cas, demandes d'annexion ou de modification de
territoires significatives. Là où il y avait unanimité des
deux parties je n'en parle pas parce que, question de routine à ce
moment-là, à toutes fins utiles. On a réglé des cas
pour la ville de Québec, récemment. Tout le monde était
d'accord, ça ne pose pas de problème.
Il y a eu quelques cas où ça posait des
difficultés. Vous avez soulevé celui d'une municipalité du
côté de Drummondville. Il y a eu ce cas-ci, le cas de
Val-Senneville. Il y a eu un cas de fusion à Saint-Jean-Chrysostome et
Saint-Romuald. Il y a eu un cas intéressant aussi d'affiliation d'une
municipalité à une MRC dans le cas de Saint-Thomas-de-Joliette.
Je ne sais pas si vous avez entendu parler de ce cas-là. Cette
municipalité était affiliée depuis le début
à la MRC de D'Autray qui a son siège à Berthier et elle
demandait depuis des années de s'affilier plutôt à la MRC
de Joliette. Ça avait été refusé par les ministres
précédents.
Or, dans les trois cas principaux dont j'ai été saisi, mon
critère premier de décision, c'est la volonté des citoyens
concernés, premier critère. Si on voulait les annexer contre leur
gré, je me dis bien, il y a une limite. Ça prendrait une
intervention tout à fait exceptionnelle justifiée par des raisons
extraordinaires. Il faut d'abord vérifier ça. Maintenant, vous
allez me dire: II ne suffit pas qu'un groupe de personnes veuillent
capricieusement changer d'allégeance pour que tout de suite on se mette
à genoux devant elles pour le faire. Non, c'est entendu. Je pense qu'il
faut vérifier d'autres points également. Alors, les points que
j'ai vérifiés dans le cas de Val-Senneville: d'abord, la
volonté des citoyens. J'ai constaté qu'elle s'était
exprimée de manière constante depuis au moins cinq ans à
de très nombreuses reprises, toujours dans le même sens. (21 h
15)
Deuxièmement, j'ai constaté que le conseil de la MRC de ce
secteur... Comment s'appelle-t-elle?LaMRCde...
Une voix: Vallée-de-l'Or.
M. Ryan: La MRC de la Vallée-de-l'Or s'est
prononcée il y a quelques mois à huit contre trois en faveur du
projet d'annexion de Val-Senneville, pas de Val-Senneville, de ce petit
secteur-là à Val-Senneville. Mais huit contre trois, si on
considère que la ville de Val-d'Or a voté contre, elle devait
avoir deux voix, j'imagine, dans le conseil de la MRC. Ça veut dire
qu'il y en a une autre qui était contre; toutes les autres
étaient pour Ce n'est quand même pas négligeable non plus.
Malgré tous les mérites que nous reconnaissons tous les deux au
maire
Pelletier, il y avait d'autres voix...
Troisièmement, c'est un territoire particulier, celui-là,
auquel on avait accès. Il fallait passer par les deux
municipalités pour avoir accès là et le chemin
était bien entretenu par l'une des deux et mal entretenu par l'autre.
Les citoyens avaient une préférence pour celle qui avait
donné un meilleur service. Ils nous ont fait valoir ça. En plus,
j'ai regardé la distance de ce secteur à Val-Senneville. Je pense
qu'il y avait une dizaine, huit ou neuf milles...
Une voix: 17 kilomètres.
M. Ryan: ...17 kilomètres, tandis que, de
secteur-là à Val-d'Or, au centre de Val-d'Or, il y avait 25 ou 27
kilomètres. Au point de vue de l'éloignement, par
conséquent, on peut très bien opter pour l'autre
côté sans que ça crée de difficulté.
Un dernier critère, le député de l'endroit
était fortement favorable à cette annexion; il l'avait dit
à maintes reprises. Il a fait valoir les arguments; ce n'est pas un avis
infaillible, évidemment, mais c'est un avis respectable quand
même. Tout ça a motivé la lettre que j'adressais
récemment aux deux maires, leur faisant part de mon intention de
consentir à cette annexion, leur demandant de me faire part de leurs
représentations avant que ça ne devienne une décision
définitive. Le maire de Val-d'Or a réagi; il m'a écrit
pour demander une rencontre et je vais le voir prochainement. Je vais entendre
son point de vue et, s'il y a d'autres points de vue qu'on veut nous donner, je
les ferai entendre aussi et, au besoin, je ferai faire une nouvelle
vérification. Et, à moins qu'il ne m'apporte des arguments
vraiment contraires à ceux que je viens d'énoncer, la
décision va se confirmer dans le sens annoncé, parce que j'y ai
bien pensé avant d'envoyer cette lettre-là. Alors, c'est
là que c'en est.
M. Dufour: Est-ce que, dans vos critères, vous examinez
l'impact fiscal, pour l'un ou pour l'autre? Parce que je n'ai pas...
M. Ryan: Oui, évidemment, c'a été
examiné. M. Dufour: Mais vous n'en avez pas parlé. M.
Ryan: Non.
M. Dufour: Je vous pose la question. M. Ryan: Oui.
M. Dufour: C'a été examiné? La MRC
là-dedans, à quel titre la MRC peut-elle se prononcer par rapport
à une démarche semblable? Sur quels critères?
M. Ryan: Regardez, les MRC, c'est un peu comme comme les
commissions scolaires et les conseils municipaux, ça se prononce sur
à peu près n'importe quoi. Elles ont le droit de faire ça.
Il n'y a rien dans leur charte qui les empêche de dire: Nous n'avons pas
aimé la température qu'il a fait la semaine dernière. Nous
écrivons au ministre pour lui demander s'il serait capable de corriger
ça. Elles adoptent des résolutions sur toutes sortes de sujets.
Moi, j'en reçois des quantités innombrables et je les lis toutes
avec intérêt. Ça fait partie de leur métier. C'est
des corps publics qui représentent les citoyens; ils émettent
leur opinion. Là, ils ont vu ce sujet-là et ils ont dit: Nous
autres, ça nous intéresse d'émettre une opinion
ià-dessus. Eh bien, tant mieux! Il n'y a absolument rien qui les
empêche d'émettre une opinion, et j'espère qu'on n'en
arrivera jamais là. Moi, c'est comme ça que je vois ça. Je
suis un démocrate libéral.
M. Dufour: en partie, il y a des conseils municipaux qui se
prononcent sur tout et sur rien, mais il y en a d'autres qui ne se prononcent
pas sur tout et sur rien. moi, j'ai toujours...
M. Ryan: D'accord, mais, à 1500...
M. Dufour: ...pensé que, quand on donnait une
résolution, il fallait s'assurer que l'appui qu'on donne est
correct.
M. Ryan: Mais...
M. Dufour: Combien j'ai vu de conseils municipaux qui se
prononcent à peu près... qui sont prêts à tout
donner, mais ils ne se rendent pas compte que, comme la masse monétaire
ne grossit pas, eh bien, ils finissent à un moment donné par
parler contre leurs propres intérêts, et ça, c'est
malheureux.
M. Ryan: Ils ne sont pas prêts à tout donner. Je
m'excuse d'être en désaccord avec le député de
Jonquière. Ils sont prêts à demander que le gouvernement
donne tout, dans bien des cas.
M. Dufour: Oui.
M. Ryan: Dans bien des cas, hein?
M. Dufour: Ah oui!
M. Ryan: Mais, quand c'est eux autres, en général,
ils sont assez prudents.
M. Dufour: Ce que je dis pour m'expliquer plus, c'est qu'il y a
des municipalités qui vont demander des appuis à d'autres
municipalités...
M. Ryan: Ah oui!
M. Dufour: ...qui vont le donner incon-
sidérément et qui s'adressent au gouvernement. Par
exemple, on demande telle chose au gouvernement, et elles demandent un appui et
les autres municipalités appuient tout ça. Mais on sait bien
qu'il y a une masse...
M. Ryan: Ça m'est arrivé très souvent de
vérifier ce que vient de dire le député de
Jonquière. Demander à une commission scolaire: Vous avez
appuyé telle résolution adoptée par l'autre commission
scolaire, vous êtes-vous rendu compte de ce que vous avez adopté?
Ils ont dit: Non, on avait des bonnes relations avec eux autres. On voulait
leur être agréable.
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: Évidemment, on classait ça tout de
suite.
M. Dufour: Concernant toujours ces annexions-là, est-ce
que vous avez, dans votre esprit, toujours l'intention de vous établir
une grille? Et cette grille-là, c'est pour vos fins de
référence à vous, ou si vous avez l'intention d'en faire
une politique? Je vais vous expliquer pourquoi. Des fois, il y a des demandes
d'annexion qui peuvent être basées sur le raisonnable et le
raisonné. Il y a d'autres tantôt où elles peuvent se faire
parce qu'on n'est pas content, on va changer de place. Et la personne qui est
au bout de la municipalité ou qui est contiguë avec une
municipalité peut toujours demander d'être détachée
du territoire. Celle-là qui est dans le centre est prise pour demeurer
tout le temps à la même place. Ça fait que de cette
façon-là, si les demandes sont à 8 ou 10 par année
ou 15, moi, je vous dis que votre prise de position va vous amener d'autres
demandes, c'est évident. Parce que...
M. Ryan: Regardez, je ne suis pas inquiet de ça.
M. Dufour: Oui?
M. Ryan: Je ne suis pas inquiet de ça. Actuellement, il
n'y a pas de politique écrite là-dessus. Quand nous sommes saisis
d'une requête d'annexion, les services du ministère
procèdent à une analyse financière d'abord fiscale,
analyse quant aux services, l'impact que le regroupement des services aura.
L'impact sur l'aménagement du territoire, ça, c'est très
important aussi. À la lumière de ça, ils font une
recommandation au ministre. Le ministre examine ça. Il a pu recevoir de
la correspondance de son côté. Il a pu rencontrer ces
gens-là et tout. Il prend l'avis de ses conseillers politiques, discute
avec les fonctionnaires et, en général, on va en arriver
ensemble... Prenez le cas de Val-Senneville, il n'y avait pas de politique
écrite. Si vous en voulez, je pourrais vous écrire une politique
de trois pages demain matin à partir des quelques expériences qui
ont été vécues.
C'est tellement simple qu'on n'a pas besoin de mettre ça par
écrit. Pour l'instant, il n'y a pas assez de cas. S'il venait à y
avoir une avalanche de cas, c'est évident qu'il faudrait une politique
écrite, et là, elle serait induite des expériences faites
et non pas créée de toutes pièces à partir de la
cervelle du ministre. Moi, c'est ma façon d'approcher les choses
M. Dufour: Je vais vous donner un cas qui existe actuellement. Le
mont Pinacle appartient à la municipalité de Frelighsburg. Il y a
233 citoyens qui ont signé une requête et qui demandent
d'être attachés à Abercorn, à la municipalité
à côté. Les critères sont en apparence logiques
C'est contigu à l'autre municipalité et les gens disent: Nous,
pour fins de fonctionnement, on aimerait mieux appartenir à l'autre
municipalité. Qu'est-ce que vous seriez tenté de répondre
à cette demande?
M. Ryan: Comme vous le savez, il y a un gros problème
autour du mont Pinacle. Il y a un problème de vocation du mont Pinacle
sous l'angle de l'environnement et tout. J'ai été saisi de cette
requête des citoyens qui veulent être annexés. Les deux
municipalités qui sont concernées, c'est Abercorn et l'autre,
c'est Frelighsburg.
M. Dufour: C'est ça.
M. Ryan: Regardez, les tout derniers renseignements qu'on remet,
en date du 8 avril 1991, sont les suivants: La demande d'annexion du territoire
de la municipalité d'Abercorn a été acheminée le 7
décembre 1990 Depuis, nous sommes en attente des réponses de la
municipalité de Frelighsburg concernant un questionnaire qui permettrait
de compléter les études nécessaires. Si ce dossier
évolue normalement, dans la mesure où les municipalités
utilisent pleinement le délai accordé en vertu de l'article 154
de la Loi sur l'organisation territoriale municipale, une réponse finale
pourrait être disponible vers le 15 août prochain.
On dit que le conseil municipal de Frelighsburg doit procéder
d'ici à deux mois à une consultation des citoyens sur sa
réglementation d'urbanisme Un volet de ladite consultation traitera des
règles particulières d'urbanisme. Je pense que tout ça va
influencer la décision dans ce cas-ci. Quand nous sommes saisis d'une
demande d'annexion, évidemment, nous requérons l'opinion de
l'autre municipalité concernée. On veut s'annexer à une
autre municipalité. Ça fait qu'il faut avoir l'avis de l'autre
municipalité. Quand les deux sont d'accord, une pour laisser partir en
entier son organisation, ou une partie de son territoire, puis l'autre pour
l'accueillir, ça peut aller assez vite. Mais il faut d'abord que les
deux municipalités se soient exprimées, et puis la
seconde, dans ce cas-ci, n'a pas encore fait connaître sa
réaction.
Le Président (M. Gauvin): M le député de
Jonquière.
M. Dufour: oui, en fait, on verra c'est bien sûr que, quand
on ouvre des portes, une porte ne peut pas être à moitié
fermée et à moitié ouverte. ou elle est fermée, ou
elle est ouverte. moi, je pense que, par rapport à ces
questions-là, je n'ai pas à vous le rappeler, je pense que vous
le faites, je pense que c'est dans votre nature d'être prudent.
M. Ryan: Ah oui!
M. Dufour: Je le pense en tout cas. Et je pense aussi
qu'effectivement, par rapport à des municipalités... Non, je
pense qu'il faut reconnaître des choses. Et ce n'est pas un défaut
nécessairement dans le monde municipal. Moi, je vous dis que c'est un
monde qui est compliqué, qui est complexe, et puis ce n'est pas facile.
Il s'agit de vivre dedans. C'est un gouvernement dans un gouvernement, dans le
fond. Il touche au même monde qu'on touche nous autres mêmes. Il
touche à peu près à toutes les facettes de la vie des
gens. C'est très sensible. Et moi, je pense qu'on comprend qu'il y a des
éléments qui sont difficiles à maîtriser. Puis je ne
prétends pas que je les maîtrise tous, moi, je les regarde aller
et puis on en apprend à tous les jours dans ce domaine-là.
M. Ryan: C'est ça, c'est ça.
M. Dufour: Mais, par rapport à ça, c'est
évident que la porte que vous avez ouverte peut vous amener sur d'autres
pentes, et puis on va voir où ça va aller. Je fais juste examiner
ça. Je sais, par exemple, que, tantôt, ça pourrait
être justifié, puis d'autres tantôt, comme je disais - je ne
sais pas si vous avez eu le temps de le comprendre - la personne qui est
contiguë à une autre municipalité, ou les personnes, ou le
territoire, eux autres, ils ont toujours la chance de s'en aller ailleurs,
s'ils le veulent, et se faire annexer. Mais les personnes qui seraient
mécontentes, qui auraient d'autres bonnes raisons d'aller ailleurs, si
elles sont en plein centre de la municipalité, elles ne sont pas
contiguës avec personne, elles ne peuvent pas demander de s'attacher
à l'autre.
M. Ryan: Elles sont mieux de déménager.
M. Dufour: C'est ça. Il faut qu'elles votent avec leurs
pieds. Ça fait qu'à ce moment-là, c'est la
complexité du problème qu'on soulève. Qui vivra verra.
Il y a un dossier qui est ouvert depuis bien des années, qui
s'appelle Schefferville. Scheffer-ville, en fait, on a fait une loi pour la
fermer, on a fait une loi pour l'ouvrir, ça coûte
approximativement 10 000 000 $: 5 000 000 $ pour fermer, 5 000 000 $ pour
rouvrir. Encore malheureusement contre l'avis éclairé, je pense,
de l'Opposition. Je veux juste rappeler la bataille qu'on a faite à ce
sujet là. Je pense qu'on ne le dira jamais assez, l'Opposition avait vu
juste. La ville de Schefferville devait rester ouverte, le temps nous a
donné raison. C'est juste ça qui pouvait nous donner raison dans
le fond, parce qu'on n'avait pas le pouvoir de décider. Si on l'avait
eu, on aurait fait autrement. Tout de même, la municipalité est
ouverte, on ne reviendra plus là-dessus, mais la municipalité,
est-ce qu'elle est toujours en tutelle? Est-ce qu'il va y avoir des
élections bientôt?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Dufour: Puis est-ce qu'on pourrait faire le point, le
portrait? On posera des questions s'il y a des éléments qui ne
sont pas assez éclairants dans ce que vous nous donnerez.
M. Ryan: Regardez, la municipalité n'est plus en tutelle
depuis le 1er janvier. Un administrateur a été nommé. Il
sera en fonction pour une période indéfinie. Et, un peu plus
tard, nous examinerons l'opportunité de tenir des élections ou
non, peut-être à l'automne, pas pour l'immédiat.
M. Dufour: II y avait un élément à
l'intérieur du projet de loi qui disait que le conseil municipal, une
fois, pourrait redonner de nouvelles limites à la municipalité.
Autrement dit, la rapetisser, rapetisser le tissu.
M. Ryan: Oui, oui.
M. Dufour: On avait fait une bonne discussion là-dessus,
avec votre prédécesseur qui s'était rendu à notre
argumentation à l'effet que oui, on ne peut pas changer les limites
à tous les six mois ou à toutes les années, donc, c'a
été permis une fois. Le retard de la mise en place d'un nouveau
conseil, ou d'un conseil municipal, est-ce que ça peut avoir de
l'influence par rapport à cette question-là? Est-ce que la
question du périmètre urbain pourrait être
réglée avec l'administrateur ou si on doit attendre la mise en
place du conseil municipal?
M. Ryan: L'administrateur a tout ce qu'il faut pour faire des
recommandations au ministre sur cette question-là. Il a les mêmes
pouvoirs qu'un conseil municipal. Mais il ne lui appartiendrait pas de
décider ça seul, sans avoir l'autorisation du ministre. (21 h
30)
M. Dufour: II y avait un certain nombre
d'ententes qui devaient se faire entre la communauté autochtone
et la communauté blanche. On avait, encore une fois, soulevé
certaines hypothèses à l'effet que, d'abord, les services... Il y
a deux services qui demeuraient dans la communauté blanche et la plupart
des autres étaient dans la communauté autochtone. Nonobstant la
prétention qu'ils sont dans le Nord et que ça doit toujours
s'entendre, il peut arriver n'importe quoi. On avait demandé, à
ce moment-là, que les ententes prévoient qu'il y ait un
système d'arbitrage pour bien s'assurer que ni les uns ni les autres,
parce qu'ils sont loin, ne soient les prisonniers, en otage des uns ou des
autres. Et, à mes yeux, les ententes apparentes, et dans les faits,
l'eau et les égouts ne peuvent pas servir comme moyens de pression parce
que ce sont des services obligatoires. D'ailleurs, je regardais tout à
l'heure M. Boucher qui est commissaire à la Commission municipale, il
sait de quoi je parle. On ne peut pas couper l'eau à quelqu'un. Pas
à une municipalité, en tout cas. Et ce sont les deux points
seulement que les Blancs ont tandis que la communauté autochtone
possède l'aréna, certains services de loisir, l'hôpital, si
je ne me trompe pas, et, en même temps, l'aéroport qui est aussi
sur leur territoire. Tout ça pour demander: Est-ce qu'effectivement ces
ententes-là ont eu lieu, ont été signées? Si elles
ont été faites, est-ce que vraiment on se sent
protégé? Et quel est le rôle du ministre des Affaires
municipales à l'intérieur de ces
négociations-là?
M. Ryan: M. le Président, avec votre autorisation,
j'aimerais demander à M. Gagné de répondre à cette
question-là.
Le Président (M. Gauvin): M. Gagné, sous-ministre
en titre.
M. Gagné: M. le Président, les ententes dont parle
M. le député de Jonquière n'ont pas encore
été signées. Cependant, on peut dire que les discussions
progressent de façon très intéressante. Nos services ont
rencontré, encore il y a quelques jours à peine, les
autorités fédérales du ministère des Affaires
indiennes pour discuter, au fond, de deux choses en matière d'entente:
d'abord la réfection comme telle des infrastructures d'aqueduc,
d'égout et d'assainissement des eaux. C'est une chose qu'on est en train
de discuter avec le gouvernement fédéral. On s'est même
entendu de façon presque finale sur les quanta: qui paierait quoi et
combien. Et on est assez avancé aussi dans un projet d'entente sur
l'exploitation de ces services-là une fois que la réfection aura
été faite. Alors, je pense bien qu'on pourra en arriver
prochainement à un accord final avec les autorités
fédérales. Il restait quelques petits problèmes à
régler la dernière fois où on m'a donné un rapport
complet sur le dossier, mais je pense bien que ces embûches là
sont plutôt mineures et qu'on pourra en arriver à une entente
à la satisfaction des parties.
M. Dufour: Mais il y a une préoccupation tout de
même du ministère concernant ces éléments-là,
j'imagine.
M. Gagné: Très certainement, oui. On est
très conscient du caractère vital du service en question quand on
parle d'eau potable et d'assainissement des eaux.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'on peut ajouter une
petite question d'information à ce moment-ci? Est-ce qu'à
l'occasion de la fermeture de cette municipalité-là et de sa
réouverture, le territoire a changé?
M. Dufour: Bien oui.
M. Gagné: Bien, comme vous savez, le territoire n'a pas
encore changé juridiquement à ce jour, mais l'intention a
été annoncée de resserrer le tissu urbain de la ville de
Scheffer-vifle et, en pratique, c'est fait. Maintenant, le territoire ainsi
libéré qui doit servir à l'agrandissement de la
réserve de Matimekosh n'a pas été encore juridiquement
transféré au gouvernement fédéral, de sorte qu'au
moment où on se parte il est encore partie intégrante de la ville
de ScheffervHIe, bien qu'en pratique la démolition des édifices
art été complétée sur ce terrain qui sera
dégagé en faveur du gouvernement fédéral. Alors,
dès que certains problèmes techniques seront
réglés, un décret interviendra, tant au gouvernement
fédéral qu'au gouvernement du Québec, pour
transférer effectivement le terrain qui était celui de la ville
de Schefferville à la réserve indienne de Matimekosh. À ce
moment-là, on pourra répondre clairement, sur le plan juridique,
oui à votre question, mais, en date d'aujourd'hui, c'est: En pratique,
oui, mais juridiquement, pas encore.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui, j'ai en main une liste des avis
généraux particuliers adressés au ministère ou
à l'organisme par le Protecteur du citoyen durant l'exercice 1990-1991
où on parle de plaintes d'ex-locataires et ex-propriétaires de la
ville de Schefferville concernant les montants versés par le
gouvernement lors de l'opération d'acquisition d'immeubles. Est-ce qu'on
pourrait savoir combien de personnes sont concernées? Quels sont les
montants en jeu?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Je n'ai pas eu beaucoup de correspondance, moi, de M.
Jacoby, depuis que je
suis ministre des Affaires municipales. Cette lettre-là, est-ce
que c'est une lettre qui remonterait au mois d'octobre?
M. Dufour: On avait fait une demande au ministère
concernant Schefferville, s'il y avait des plaintes. Pas juste Schefferville,
en général. J'en ai une autre aussi.
M. Ryan: Ah! oui, oui. C'est correct. Oui, très bien. Je
l'ai ici.
M. Dufour: Notre demande, c'était: Est-ce que le
ministère des Affaires municipales a des plaintes chez le Protecteur du
citoyen? Et on en a deux. Ce n'est pas une quantité énorme, mais
ça peut concerner assez de personnes.
M. Ryan: Très bien. J'ai celle du Protecteur du citoyen.
Une réponse est en préparation à cette lettre-là
qui devrait lui être acheminée prochainement.
M. Dufour: Est-ce qu'il y aurait possibilité de nous
donner...
M. Ryan: II y a eu un accusé de réception qui lui a
été envoyé. Dans ce temps-là, quand je
reçois une lettre comme ça, j'écris à l'auteur:
J'ai reçu votre lettre, je l'ai lue, j'ai demandé qu'on en fasse
une étude et qu'on me remette une note à ce sujet-là.
Après ça, je lui écris de nouveau, quand j'ai reçu
les commentaires demandés. Dans ce cas-ci, le sous-ministre m'informe
qu'il va me remettre ses commentaires d'ici quelques jours. Est-ce qu'il y
avait un autre cas?
M. Dufour: Au moment où on se parle, est-ce que vous
pouvez nous informer s'il y a beaucoup de personnes concernées?
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: Est-ce qu'il y a beaucoup de personnes
concernées?
M. Ryan: Dans ce cas-ci, dans la lettre du Protecteur du citoyen,
il ne donnait pas le nombre. Il parlait des griefs dont aurait
été saisi le Protecteur du citoyen d'anciens locataires et
propriétaires de la ville de Schefferville.
M. Dufour: Puis il n'y a pas de montant en jeu? Il n'y a pas de
somme d'identifiée?
M. Ryan: Pardon?
M. Dufour: II n'y a pas de montant d'identifié?
M. Ryan: Non. Non. Il va avoir des nouvelles très
prochainement. Les vérifications ont été faites
là-dessus. Ça a pris un certain temps parce que ce n'est pas
à la porte, non plus, hein!
M. Dufour: Dans le même ordre d'idées, puisqu'on
parle du Protecteur du citoyen, il y a une plainte d'un citoyen envers la ville
de Saint-Luc concernant une opération d'acquisition de terrain. Est-ce
que vous avez répondu à ça?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, si vous voulez me permettre,
j'ai confié à une de mes adjointes, Mme Livernois, qui est
conseillère juridique à mon cabinet, le soin d'examiner ce
dossier, depuis une couple de semaines. C'est un dossier qui est assez
complexe. Peut-être que Mme Livernois pourrait être invitée
à nous résumer l'état du dossier.
Le Président (M. Gauvin): Avec plaisir, M. le ministre.
Mme Livernois.
Mme Livernois (Hélène): M. le Président,
suite à l'étude de ce dossier, j'ai contacté les parties
pour avoir des renseignements supplémentaires et je dois obtenir ces
derniers renseignements du ministère des Transports, parce qu'il y a eu
une transaction qui a eu lieu avec le ministère des Transports. Alors,
ce sont les derniers renseignements que nous devons obtenir afin de pouvoir
faire le point dans ce dossier parce que nous avions besoin de renseignements
supplémentaires. Là, il manque un renseignement extrêmement
pertinent dans le dossier.
M. Ryan: C'est un cas, si mes souvenirs sont bons, c'est un
citoyen qui se plaint de ce que le ministère ou la ville ait voulu lui
vendre un terrain à un prix supérieur à celui qu'elle
aurait payé pour la... La ville avait obtenu le terrain du
ministère des Transports, je pense, hein?
Mme Livernois: C'est parce que la ville a obtenu le terrain en
vertu du règlement pour la cession des immeubles excédentaires du
ministère des Transports à un prix qui est supposé
être la juste valeur marchande. Et le citoyen était
intéressé à acquérir ces terrains-là. Il en
a avisé la municipalité et la municipalité voulait lui
vendre à un prix de beaucoup supérieur. Alors, de là la
plainte du citoyen. Sauf que, comme je vous le dis, j'ai contacté les
deux parties pour des renseignements supplémentaires, mais il y a
vraiment... On devrait être en mesure de faire le point dans les deux
prochaines semaines sur ce dossier-là, sans aucun doute.
M. Dufour: Parfait.
Le Président (M. Gauvin): Oui. Je pense que ça
complète l'information, M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Oui. Ça va.
Le Président (M. Gauvin): Merci, Mme Livemois.
M. Dufour: II y a des programmes qui ont été mis en
marche sur la Gaspésie. Les programmes PARTM. Ça n'a pas
rencontré le succès escompté. C'est en Gaspésie,
oui. Est-ce que vous pouvez nous donner certains éléments,
pourquoi ça n'a pas fonctionné? Est-ce que vous avez l'intention
de le maintenir? Est-ce que vous avez l'intention d'agrandir la portée
du programme?
M. Ryan: M. Poiré pourra peut-être nous donner des
précisions. C'est un programme que nous avions institué l'automne
dernier, si mes souvenirs sont bons. Les municipalités avaient
très peu de temps pour soumettre leurs demandes et les projets qu'elles
avaient conçus. C'étaient des projets de travaux communautaires,
dans la plupart des cas, pour lesquels une contribution financière leur
était apportée. C'est un programme qui devait contribuer au
relèvement immédiat, partiel évidemment, de
l'économie de la Gaspésie. Les municipalités qui ont
présenté des demandes ont été assez nombreuses. Des
demandes ont été accueillies. On a partagé le budget qui
avait été rendu disponible à cette fin entre les
municipalités qui avaient présenté des projets. Je ne
pense pas que le programme ait été un échec.
M. Dufour: Mais la ville de Gaspé a refusé le
programme, je pense.
M. Ryan: Oui. Il est arrivé une complication dans le cas
de la ville de Gaspé. Elle n'acceptait pas certaines conditions et je
pense qu'elle a préféré rester en dehors. M. Felli, est-ce
que vous auriez quelques précisions additionnelles à apporter au
sujet de...
Une voix: Du programme?
M. Ryan: Oui, s'il vous plaît, si M. le Président le
permet.
Le Président (M. Gauvin): Oui, j'aimerais permettre...
M. Ryan: M. Felli.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce qu'il peut s'identifier,
pour les besoins des débats, du Journal des débats?
M. Felli (Georges): D'accord. Georges Felli. Pour répondre
à la question du député de Jonquière quant au
succès du programme PARTM, vous savez que le programme PARTM avait deux
volets: le volet A qui portait sur les travaux municipaux et le volet B qui
était surtout relié., pour couper des herbes en bordure des
fossés. Alors, nous avons reçu, dans le cadre du volet A, 79
projets. Nous avons engagé, sur les 3 000 000 $, 2 999 727 $; donc, il y
a à peine moins de 2000 $ sur les 3 000 000 $ qui n'ont pas
été engagés Quant au volet B où il y avait 1 500
000 $ de disponibles, nous avons eu 48 projets de municipalités et, sur
les 1 500 000 $, nous avons engagé 1 498 920 $, ce qui fait environ 1080
$ qui n'ont pas été engagés sur les 1 500 000 $. De sorte
que sur les 4 500 000 $, il y a à peine, disons, 4000 $ qui n'ont pas
été engagés par les municipalités. Le programme
s'est terminé le 31 mars. Les municipalités nous font parvenir
leurs réclamations. Nous sommes en voie de paiement de ces
réclamations-là
M. Dufour: À l'exception que, même si c'était
accessible à l'ensemble des municipalités, ta municipalité
la plus importante n'a pas pu y avoir accès ou n'a pas accepté le
programme.
Une voix: Pardon?
M. Dufour: Je disais: Bravo! l'argent a été
engagé, il n'y a pas trop de crédits périmés. Il y
a une seule chose qui est déplorable, c'est que la municipalité
la plus importante n'a pas pu profiter ou n'a pas profité, pour une
raison ou pour une autre - moi, je ne la connais pas - du programme. C'est
juste ce qu'on peut déplorer. La raison, est-ce que vous pouvez nous la
donner ou si elle est...
Le Président (M. Gauvin): M Felli
M. Felli: Oui. Disons que Gaspé a
préféré se retirer du programme compte tenu de certains
problèmes quant aux conditions de la main-d'oeuvre à être
embauchée. Alors, Gaspé a préféré tout
simplement se retirer.
M. Dufour: Est-ce que vous voulez dire que le décret de la
construction s'appliquait pour la ville de Gaspé et qu'il ne
s'appliquait pas pour les autres municipalités?
M. Felli: Non. Je pense que le décret sur la construction
s'appliquait à toutes les municipalités, sauf que, compte tenu de
la nature des projets, Gaspé a préféré se retirer.
Les autres types de projets ne requéraient probablement pas une
main-d'oeuvre aussi spécialisée que.. Je ne sais pas ce que
Gaspé voulait faire, je n'ai pas l'information, probablement que le type
de projet que Gaspé voulait faire requérait une main-d'oeuvre
spécialisée qui nécessitait le..
M. Dufour: Est-ce que ce serait possible d'avoir la nature des
travaux qui ont été faits dans ces
municipalités-là?
M. Felli: Oui. (21 h 45)
M. Dufour: Parce que ce que je me pose comme question, je n'ai
pas de cachette, moi, c'est que si les autres ont pu y avoir recours, c'est
peut-être des travaux de moindre qualité ou moins importants ou
moins nécessaires. Parce qu'à Gaspé, ça devait
être de la construction purement et simplement. Il y a toutes sortes de
façons de dépenser de l'argent. Est-ce qu'il a été
bien dépensé ou pas? Est-ce que je pourrais savoir du ministre
s'il était possible d'obtenir copie de ces différents projets
avec les montants, les municipalités où c'a été
dépensé...
M. Ryan: Ah oui! M. Dufour: ...etc.
M. Ryan: Oui, oui. On pourra faire parvenir ça, il n'y a
pas...
M. Dufour: On pourrait examiner ça. M. Ryan: ...de
soin.
M. Dufour: II y a peut-être un point que je voulais
soulever, aussi, c'est les subventions à la municipalité de la
Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent. L'an passé, il y avait 4500 $,
cette année, il n'y a pas d'argent de disponible. Est-ce qu'il y a une
raison?
Une voix: 24 000 $.
M. Dufour: 24 500 $. C'est ce que j'ai dit, non?
Une voix: Vous avez dit 4500 $.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Ryan: Juste une seconde. M. le Président, le montant
est classé à un autre endroit dans les crédits, il est
classé avec PAFREM.
M. Dufour: Est-ce que c'est le même montant qui est
accordé ou s'il diminue ou augmente?
M. Ryan: Attendez un petit peu. Le total du budget dans ce
programme-là est de 5 689 000 $ cette année, contre 5 454 000 $
l'année précédente.
M. Dufour: II doit être plus petit que ça. M.
Ryan: 24 000 000 $...
M. Dufour: 24 500 $.
M. Ryan: Oui, c'est ça.
M. Dufour: Pour cette année, c'est le même
montant?
M. Ryan: Oui.
M. Dufour: Puisqu'on parle de la Côte-Nord-du
Golfe-Saint-Laurent et ça ne fait pas longtemps qu'ils sont
érigés en municipalité, est ce qu'ils ont toujours
d'importantes contestations de l'évaluation foncière? Il y avait
beaucoup de problèmes... Non?
Une voix: Le BREF, mais il dit non.
M. Dufour: Le BREF, vous avez pu répondre à une
question par un signe de la tête, c'est bien.
Regroupement de municipalités
Peut-être un dernier point que je voudrais soulever avec vous, pas
parce qu'on manque de matériel, on aurait pu continuer un débat
et en faire un très très intéressant sur bien d'autres
dossiers, on aurait pu approfondir un peu plus. Malheureusement, c'est toujours
le temps qui nous presse là-dedans. Vous avez fait allusion, ce matin...
Ça fait plusieurs fois aussi que je parle de ce sujet-là a
l'Assemblée nationale dans les discussions, c'est dans l'air à
quelques endroits, il y en a qui prétendent que c'est dû à
vos propositions. Moi, je pense que régulièrement, ça va
plus loin un peu plus que ça. C'est le regroupement des
municipalités. Vous nous avez dit, ce matin que oui, vous trouviez qu'il
y avait beaucoup de municipalités. Il y a des tentatives à faire.
On parle de regroupement volontaire, la plupart du temps. Il n'y a pas de
fusion ou de mariage forcé, à ce que je sache, encore dans l'air.
Est-ce que vous pourriez nous donner un peu plus votre pensée concernant
les fusions municipales?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, au sujet des
fusions municipales.
M. Ryan: II suffit de comparer la carte municipale du
Québec à la carte municipale de l'Ontario pour se rendre compte
qu'il s'est effectué en Ontario un mouvement de regroupement à
l'époque moderne qui n'a pas eu lieu au Québec. L'exemple le plus
éloquent que je pourrais vous donner, c'est l'organisation du territoire
de l'île de Montréal où il y a 28 ou 29
municipalités, tandis que dans le territoire de Toronto il y a
déjà plusieurs années qu'on a procédé au
regroupement en quatre ou cinq municipalités. Ça s'est fait. Il y
avait eu une enquête qui avait été faite. Il y a un
rapport qui a été publié. Six mois après,
c'était réglé. C'était dans le temps du
gouvernement Robarts. Ça fait déjà un bon bout de temps.
Mais à Montréal, pendant des années, on a
discuté de fusion et,
à un moment donné, c'a été fini. Il n'en est
pas question depuis plusieurs années, de sorte qu'il y a encore des
municipalités sur l'île de Montréal qui ont des populations
de 5000, 6000, qui fonctionnent avec ça en plein coeur de l'île de
Montréal.
Et vous allez des fois à Montréal, c'est assez curieux,
vous allez dans Montréal, vous traversez une municipalité,
l'autre bord, c'est encore Montréal qui recommence. Vous allez au nord,
c'est la même chose. C'est une histoire particulière. C'est une
situation contre laquelle aucun gouvernement n'a pu rien faire jusqu'à
ce jour. Je ne sais pas si le gouvernement actuel pourra faire quelque chose.
Ça illustre très bien le problème.
Dans mon comté, on a des municipalités... Je vais prendre
un exemple concret: Saint-André-d'Argenteuil, paroisse,
Saint-André-Est, village, Carillon. Ça, c'est trois
municipalités qui pourraient très bien être
regroupées ensemble, tout le monde en convient là-bas, sauf que
chacun veut garder la sienne. Mais, quand on discute objectivement, tout le
monde dit: Ça serait bien mieux si ces trois municipalités
étaient regroupées. On va aller vers l'ouest du comté. Il
y a le village de Grenville, le canton de Grenville, le canton de Harrington.
Ça pourrait faire une municipalité plus forte ça, avec une
population peut-être, ensemble, d'à peu près 4000.
Là, c'est trois petites municipalités séparées.
La philosophie que le gouvernement a observée jusqu'à
maintenant est une philosophie d'encouragement. C'est l'encouragement doux que
j'appellerais, incitation douce au regroupement. Comme là, il y a un
projet de fusion à Hull qui est en marche: Gatineau, Hull, Aylmer. Si
les citoyens se prononcent en faveur de la fusion, là, le programme nous
permettra de leur verser une subvention, je pense que c'est 5 000 000 $.
Ça veut dire qu'il y a une certaine incitation dans ce programme qui
vise à promouvoir le regroupement des municipalités, mais
incitation dont les effets pratiques jusqu'à maintenant ont
été fort limités. Alors, il va falloir envisager
davantage...
Je veux terminer la phase dans laquelle nous sommes engagés
actuellement. J'ai été très intéressé par
des propos que m'ont tenus de nombreux porte-parole municipaux au cours des
dernières semaines en faveur d'un meilleur regroupement de nos
municipalités. Il y a beaucoup d'élus municipaux qui s'en rendent
compte et qui sont devenus persuadés qu'il faudrait regarder ça
de nouveau. C'est un des sujets - je l'ai mentionné dans mes remarques
liminaires de ce matin - sur lesquels je veux m'arrêter avec les
municipalités dès que le climat le permettra, c'est-à-dire
dans quelques semaines, je pense bien. Mon intention... Je n'ai pas de plan
dans mes poches, je ne me suis pas fait un plan de ce que devrait être le
regroupement idéal des municipalités au Québec, et je n'en
veux pas, mais je veux travailler avec les municipalités
là-dessus; je pense que c'est notre devoir à nous de leur poser
des problèmes, de vérifier des approches possibles avec elles, et
je souhaite que nous puissions mettre au point, au cours de la présente
année budgétaire, un programme d'incitation et d'appui plus fort
que le programme actuel dans le sens d'un regroupement des
municipalités, mais qui reposerait sur la volonté que prendraient
librement les municipalités concernées et leurs citoyens et non
pas sur une imposition d'autorité. C'est comme ça que je vois le
problème pour l'instant.
M. Dufour: Dans le référendum qui va avoir lieu...
C'est une consultation populaire plus qu'un référendum, parce
qu'ils ne sont pas liés nécessairement par le résultat.
Aylmer, Gatineau et Hull, je ne pense pas qu'elles soient liées par le
résultat, non?
M. Ryan: Non. Ce n'est pas...
M. Dufour: Non, en tout cas, c'est de mémoire.
M. Ryan: Non, non. Ce n'est pas contraignant. C'est un
référendum. Mais je pense bien, étant donné...
M. Dufour: mais ça, j'appelle ça une consultation
populaire. on appelle ça un référendum, mais,
effectivement, un référendum, ça lie en principe.
M. Ryan: Étant donné le contexte dans lequel a
été conçu et approuvé le projet de
référendum dans ces trois villes, je pense que si la population
s'exprime assez nettement en faveur de la fusion, politiquement, il sera
très difficile d'empêcher que la fusion ne se fasse.
M. Dufour: Mais est-ce que vous considérez que chaque
municipalité doit être majoritaire ou bien si c'est
l'ensemble?
M. Ryan: Je pense bien que, là, il faut qu'il y ait un
vote majoritaire dans chacune des trois municipalités, à
défaut de quoi s'il y en a deux qui se sont prononcées en faveur,
peut-être que ces deux-là pourront commencer par se regrouper.
Mais on ne peut pas demander aux citoyens de Hull de décider pour ceux
d'Aylmer, par exemple. Je pense que je n'irais pas jusque-là.
M. Dufour: Donc, je perçois que vous commencez à
effleurer la réalité municipale. Vous la percevez, mais vous
n'avez pas encore de positionnement concernant le nombre.
M. Ryan: Non. Non, non.
M. Dufour: Vous n'avez rien. Vous avez
dans l'esprit - je fais juste le confirmer, je vous ai bien entendu,
mais - qu'il devrait y avoir des politiques d'incitation fiscale un peu plus
grandes, mieux articulées.
M. Ryan: Incitation plus grande. Je n'ai pas limité
ça...
M. Dufour: Plus grande.
M. Ryan:... au fiscal. Je n'ai pas...
M. Dufour: Mais, à ce moment-ci, il n'y a pas de
volonté de forcer ou de faire une véritable politique où
on oblige...
M. Ryan: Non.
M. Dufour:... où on peut... Par exemple, en Ontario, on
sait comment ils ont procédé. Actuellement, la nouvelle phase
qu'ils ont mise sur pied, ils ont 800 municipalités, ils ont dit: Pas de
municipalité sous le seuil de 5000 habitants. À moins
d'exception, je pense bien qu'on s'entend là-dessus. Mais c'est 5000
habitants. Donc, ils prétendent qu'ils vont partir de 800 et ils vont
tomber à 500.
Donc, il y a des seuils. Quand ils sont partis de 1600 pour tomber
à 800, ils ont procédé aussi avec des objectifs assez
précis. Ça, vous n'êtes pas rendus là dans votre
réflexion. Je pense que vous dites... Le magasin est ouvert, en
fait.
M. Ryan: C'est sûr. Si on voulait envisager qu'il faut
passer à l'action plus rapidement que par le simple processus de la
libre expression de volonté des citoyens des municipalités
concernées, là, il faudrait faire une étude en profondeur.
Il faudrait créer un groupe de travail spécial qui nous soumettra
des recommandations. Peut-être qu'on aboutirait aussi mais, pour le
moment, ce n'est pas mon idée de procéder comme ça. On va
sonder le terrain encore pendant quelques mois.
Je me souviens très bien qu'en Ontario il y avait le groupe
présidé par M. Carl Goldenberg, qui avait étudié
l'organisation municipale dans le Toronto métropolitain. Le groupe a
conclu à la nécessité de faire 4 villes au lieu des 15, 20
qui existaient. Là, le gouvernement a pris le taureau par les cornes
tout de suite, a légiféré et a dit: II y aura 4
municipalités à compter de telle date. Vous irez en
élections. Le problème a été réglé
depuis ce temps-là. Et ça, c'est une approche qui n'est pas
à rejeter non plus, mais que je ne courtise pas pour l'instant, en toute
franchise.
M. Dufour: Non, mais est-ce que vous avez des régions
où vous sentez actuellement... Parce que la réflexion se fait,
bien sûr, à partir d'ici, votre vécu et vos
expériences. Est-ce que vous identifiez actuellement des régions
où c'est plus crucial, où ces problèmes-là... Ne
parlons pas de l'Outaouais, je pense qu'on en a fait suffisamment. On va avoir
à en parler d'une façon ou de l'autre, mais peut-être pas
à ce forum-ci.
M. Ryan: Non. Je vous dirai franchement que je n'en ai pas sur ma
carte actuellement. Je n'ai pas assez de données pour être capable
de vous dire dans telle région ou telle autre. J'ai mes impressions,
mais ce sont des impressions, je n'arrive même pas à une opinion
pour l'instant.
Le Président (M. Gauvin): M. le député
d'Arthabaska.
Compensation de l'effet de plafonnement des taxes
foncières sur les terres agricoles
M. Baril: Oui, M. le Président, je vous remercie.
J'aimerais connaître les intentions du ministre face à
l'élément 4 du programme 3, sur la compensation de l'effet de
plafonnement des taxes foncières sur les terres agricoles. On sait que
son collègue, le ministre de l'Agriculture, ça fait quelques fois
qu'il fait mention que ce plafond serait sauté et que ce seraient les
municipalités qui pourraient charger la taxe foncière sur la
pleine évaluation des fermes. Et on connaît actuellement
l'inquiétude de plusieurs agriculteurs de voir venir cette
réforme-là.
Donc, j'aimerais ça savoir, puisque c'est une de ses lois, les
lois du ministre des Affaires municipales, qui doit être amendée,
si vous avez l'intention d'amender ça? Est-ce que ça sera
amendé ou si ça va rester comme ça. C'est quoi votre
intention sur ça?
M. Ryan: II y a eu des échanges nombreux entre le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
le ministère des Affaires municipales sur ce sujet. Nous avons
discuté, ces derniers mois, de modifications dans l'économie
générale de ce programme-là, de manière qu'il
relève plus entièrement du ministère de l'Agriculture,
alors qu'actuellement la gestion de ce programme-là relève du
ministère des Affaires municipales.
Alors, il y a eu des discussions à ce sujet qui n'impliquaient
pas de modification fondamentale au programme, à ma souvenance. Mais les
études que nous avons faites là-dessus n'ont pas encore conduit
à la présentation de représentations formelles au niveau
du gouvernement. Nous sommes encore en train d'examiner le pour et le contre.
Le ministre de l'Agriculture examine soigneusement le tout et, vu que lui
aurait peut-être une responsabilité plus grande, c'est lui qui
porte davantage le dossier, pour être franc avec vous.
M. Baril: Mais avant toute modification, est-ce que le ministre
s'engage à consulter les
municipalités et l'Union des producteurs agricoles sur les
conséquences...
M. Ryan: C'est entendu.
M. Baril:... énormes qu'il va y avoir quand
même...
M. Ryan: Oui, c'est sûr.
M. Baril:... au niveau des producteurs sur l'enlèvement de
ce plafond-là?
M. Ryan: Déjà, je crois comprendre que le ministre
de l'Agriculture a reçu des représentations de l'UPA à ce
sujet. Il a sûrement eu des conversations avec l'UPA à ce sujet.
Et nous autres, de notre côté, si des changements doivent
être proposés au gouvernement, nous aurons sûrement des
conversations avec les unions des municipalités. (22 heures)
M. Baril: Mais vous, si le ministre de l'Agriculture vous
suggère une modification au programme, automatiquement, vous changez la
loi pour répondre au ministère de l'Agriculture ou si vous...
M. Ryan: Non, non. Il faut que nous soyons d'accord tous les
deux. Il sera question peut-être d'un mémoire conjoint
éventuellement. Ça arrive ça, que deux ministres qui ont
des responsabilités dans le même dossier présentent
conjointement un dossier au Conseil exécutif. Il y a bien des formes que
ça pourra revêtir. Nous arrêterons ces choses-là
quand le dossier sera mûr.
M. Baril: Mais...
Le Président (M. Gauvin): Juste une minute. Je vous prie
de m'excuser. J'aimerais aviser les membres de cette commission que l'ordre de
la Chambre était que les travaux prennent fin à 22 heures mais,
avec le consentement de la commission, on pourrait poursuivre jusqu'à 22
h 15, étant donné qu'on a du temps à reprendre. Donc, on a
le consentement de cette commission? Vous pouvez poursuivre, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Est-ce que j'ai bien saisi que vous avez dit que votre
ministère déjà avait des études sur cette...
M. Ryan: Oui.
M. Baril:... réforme-là?
M. Ryan: oui. des études ont été faites avec
le ministère de l'agriculture
M. Baril: Et, évidemment, les études sont encore
confidentielles.
M. Ryan: Oui. oui Ce sont des études internes pour
l'instant.
M. Baril: Et vous ne pouvez pas nous dire si ces
études-là seront... quel Impact elles auront, tant au niveau des
municipalités qu'au niveau des producteurs agricoles.
M. Ryan: Non. Nous ne sommes pas rendus là.
M. Baril: Merci.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je suis bien heureux qu'on ait quelques minutes
encore. Je pense bien qu'il y aura tout un cheminement à faire encore
vis-àvis des fusionnements ou les impacts que le ministre dira qu'il y a
sur certaines régions, à savoir qu'est-ce qui adviendra de tout
ça
On a remarqué, au programme 3, élément 6,
compensation à l'égard des immeubles, que les compensations
tenant lieu de taxes à l'égard des immmeubles des gouvernements
des autres provinces, des gouvernements étrangers, des organisations
internationales sont en baisse de 78, 7 %. Est-ce qu'il y a une explication
à ça?
M. Ryan: je n'ai pas compris la question. est-ce qu'il y aurait
moyen de répéter la question, s'il vous plaît? je ne l'ai
pas comprise.
M. Dufour: Dans les prévisions détaillées -
c'est le programme 3, Évaluation foncière, élément
compensation à l'égard des immeubles -il y a une réduction
de 79 % des montants accordés en compensation de taxes à
l'égard des immeubles des gouvernements étrangers et des
organisations internationales. Qu'est-ce qui explique cette
baisse-là?
M. Ryan:... de l'année précédente à
combler parce que le seuil est resté a peu près le même.
ça, c'est pour les édifices des consulats et ces
choses-là.
M. Dufour: Est-ce que les gouvernements des autres provinces
paient des "en-lieu" de taxes?
M. Ryan: C'est le même régime d'exemption ailleurs,
d'après ce qu'on nous dit.
M. Dufour: Ça veut dire qu'on donne le même
traitement que nous, on a...
M. Ryan: Oui.
M. Dufour:... dans les autres provinces? Il y a des ententes dans
ce sens-là.
M. Ryan: Oui, c'est ça.
Étalement urbain
M. Dufour: Ça va. L'étalement urbain, ça se
rattache un peu au regroupement. On saute un peu mais on va tout couvrir les
programmes pareil. L'étalement urbain, c'est un problème assez
crucial dont les villes centres sont bien affectées et c'est troublant.
Je disais ce matin, dans mon exposé, qu'il y a une compétition
féroce entre les municipalités parce que, au départ, le
législateur, à mon point de vue, a prévu des programmes
pour aider à empêcher cet étalement-là en faveur de
certaines municipalités. Avec le temps, je ne sais pas ce qui est
arrivé, ces programmes-là se sont étendus et les autres
municipalités ou les banlieues profitent des mêmes programmes, ce
qui fait que ce qui aurait pu être une action précise, efficace
pour amener les gens dans les centres-villes a fait que les banlieues en
profitent et ça devient de l'étalement, ce qui oblige des
infrastructures supplémentaires, des chemins, des ponts, des routes, du
transport, et le reste, et le reste. Est-ce que vous avez l'intention de vous
pencher sur un problème comme ça qui touche d'une façon
très dure les municipalités et, en fin de compte, les
contribuables? Parce qu'on sait bien que le transport en commun, quand on fait
des milles et des milles et qu'il n'y a pas de passagers ou d'usagers, il y a
des coûts à ça et des constructions de routes aussi. Je
suis sûr que vous êtes conscient de ce problème-là.
Est-ce que vous avez l'intention de vous pencher là-dessus et examiner
pour voir s'il n'y aurait pas des solutions à apporter? Parce que cette
concurrence qui existe entre les municipalités, pour moi, c'est un
désastre. Les seuls gagnants, dans le fond, c'est les
spéculateurs, les promoteurs.
M. Ryan: II y a au moins des mesures qui sont prises de temps
à autre de manière à contrer ce phénomène
ou, au moins, en ralentir les conséquences. Une décision a
été prise concernant mon comté par le ministère des
Transports il y a quelques mois, quand il a décidé de ne pas
procéder maintenant à la construction du tronçon de
l'autoroute 13 à partir de la 640 à Saint-Eustache -
Saint-Eus-tache, Sainte-Thérèse - jusqu'à
l'aéroport de Mirabel. Évidemment, le maire de Mirabel
était furieux, puis il me l'a dit publiquement dans les jours qui ont
suivi. À un moment donné je lui ai dit, puis je pense que M.
Bergeron était présent la première fois qu'on a eu un
échange là-dessus: Vous, quand vous amenez les gens
s'établir dans la partie nord de Mirabel, vous les sortez de
Montréal. Vous rendez-vous compte que ça entraîne des
grosses dépenses pour le Québec, ça? Vous rendez-vous
compte des conséquences que ça comporte pour le
développement de notre société? Vous rendez-vous compte
que ce n'est pas tout positif?
Il faut comprendre, le jeune couple qui va s'établir à
Saint-Janvier, lui, il voit bien des avantagos à s'établir
à Saint Janvier ou à Saint Hermas parce qu'il y a une belle
nature, un environnement beaucoup plus tranquille, beaucoup plus sain. Puis on
ne peut pas empêcher ça non plus, il faut bien comprendre que les
gens ont un désir de s'établir à tel ou tel endroit. Mais
jusqu'à maintenant, en vertu de nos principes d'universalité puis
de gratuité générale, quelqu'un allait s'établir
n'importe où, il fallait charroyer toute la carcasse de services vers
lui. Là, il faut se poser des questions, maintenant. Moi-même,
comme ministre de l'Éducation, j'ai contribué à la
construction d'un grand nombre d'écoles dans ces
régions-là. Mais là, je suis porté à me
demander, aujourd'hui, s'il ne faudrait pas envisager les choses quelque peu
différemment, s'il ne faudrait pas que ceux qui vont s'établir
dans ces régions où ça coûte très cher en
développement soient invités à assumer peut-être une
part un peu plus importante des dépenses qu'ils font encourir à
la communauté. Si on est obligé de fermer des écoles
à Montréal et à Québec pour en ouvrir à
Saint-Jean-Chrysostome puis à Saint-Étienne puis dans ces
endroits-là, peut-être qu'il faudrait que les gens se rendent
compte qu'il y a une espèce de coût additionnel qu'entraîne
leur décision de s'installer dans ces endroits-là. Jusqu'à
maintenant, ils n'en ont pas été informés, nous autres
mêmes en étions plus ou moins conscients, tout ça se
faisait de bonne foi. Quand on va entrer dans les systèmes
d'égout puis tout, on a du travail à faire de ce
côté-là, puis ça ne se fait pas avec des
prières. Alors, je suis très préoccupé par ces
choses, et je pense qu'il faut qu'on garde également à
Montréal et à Québec un tissus urbain substantiel.
Déjà, Montréal a perdu beaucoup de terrain comme
métropole. C'est quand même la locomotive qui a fait très
largement fonctionner l'économie de tout le Québec depuis de
nombreuses années. Il y a un équilibre à chercher que les
politiques des gouvernements doivent contribuer à définir. Ce
n'est pas facile parce que, le député de Jonquière l'a
sans doute constaté, chaque ministère a ses politiques aussi qui
tirent dans une certaine direction, qui obéissent à sa logique
propre. Le ministre de l'Éducation, lui, son but, c'est d'avoir des
écoles pour tout le monde, d'avoir des écoles qui vont être
aussi bonnes dans telle partie du territoire que dans l'autre, de ne pas
tolérer d'inégalités de ce côté. Mais est-ce
qu'il peut faire ça en exigeant rigoureusement la même
contribution de tout le monde, où qu'ils vivent, où qu'ils soient
placés? Ça, c'est une grosse question, c'est une des questions de
demain. Puis on pourrait dire la même chose pour les systèmes
d'eau puis les systèmes de communication routière aussi. Alors
là, c'est dans cette voie-là qu'il faut chercher des solutions,
je pense, pour l'avenir.
M. Dufour: ...des mesures coercttives pour... On peut changer la
nature des choses, je pense qu'on doit le forcer aussi quelque peu, parce que
la liberté de l'individu arrête où la mienne est
attaquée, c'est évident, c'est un principe pour vivre en
société. Si vous vivez en société, moi, ça
ne me fait rien, les gens à côté de moi peuvent faire ce
qu'ils veulent, en autant qu'ils ne me dérangent pas...
M. Ryan: C'est sûr.
M. Dufour: ...puis qu'ils ne viennent pas déranger ma
quiétude, ou qu'ils ne viennent pas chercher l'argent dans le
porte-monnaie.
M. Ryan: Le premier devoir du gestionnaire politique ici, c'est
de bien comprendre le point de vue qui inspire chacun et chacune dans ses
décisions personnelles. On a des députés ici qui me
regardent avec beaucoup de curiosité. Il y a la députée de
Châteauguay; c'est une région qui est dans la banlieue de
Montréal. Il y a le député de Saint-Jean, qui a eu des
développements phénoménaux de son côté; c'est
en banlieue de Montréal, ça. Le député de
Deux-Montagnes, qui a des développements phénoménaux du
côté de Saint-Eustache et de Deux-Montagnes, qui est promis
à un très bon avenir. Si la députée de Groulx
était ici, ce serait la même chose, la députée de
Terrebonne, le député de L'Assomption aussi. Mais il faut
comprendre les motifs. Ils contribuent, eux autres aussi, au
développement de la société du Québec. Il ne faut
pas oublier ça. Il va falloir faire un bilan des pour et des contre. Ce
n'est pas facile à établir. Et après ça, on pourra
tirer des lignes d'action mais, pour le moment, là, il y a bien des
informations qui demandent à être recueillies, des points de vue
à être entendus. Et quand on ne fait pas ça, on tombe dans
la technocratie très vite. Puis je pense bien que gouverner par la
technocratie... On l'a essayé, au Québec, et ça a conduit
à des impasses. Alors, c'est pour ça qu'il faut écouter
beaucoup avant d'en venir à des conclusions là-dessus, tout en
étant conscients qu'il y a des gros problèmes qui se posent.
Adoption des crédits
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre, membres de la
commission, si vous êtes d'accord, étant donné qu'il nous
reste seulement quelques minutes, on devrait procéder à
l'adoption, programme par programme, des crédits. Nous avons sept
programmes. Donc, j'appelle le programme 1, élément 1, pour
approbation. Le programme dans son ensemble ou est-ce qu'on approuve programme
par programme?
M. Dufour: En fait, on pourrait approuver programme par
programme.
Le Président (M. Gauvin): Bon. J'appelle le programme 1,
élément 1. Est-ce qu'il est adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. Le programme 2,
éléments 1, 2, 3 et 4. Est-ce qu'ils sont adoptés?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. J'appelle le
programme 3.
M. Dufour: Attendez un peu. Il y a l'élément 4,
c'est-à-dire que l'élément 3, ce serait sur division. Le
programme 2, élément 3.
Le Président (M. Gauvin): Le programme 2...
M. Dufour: Non. Je pense qu'il faut les adopter globalement.
Le Président (M. Gauvin): On n'adopte pas les
éléments, seulement les programmes. C'est-à-dire qu'on
m'informe que nous devons adopter seulement les programmes. Donc, le programme
2, est-ce qu'on le considère comme adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Le programme 3?
M. Dufour: Celui-là, sur division.
Le Président (M. Gauvin): Le programme 3. sur division. Le
programme 4?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Adopté. Le programme
5?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Le programme 6?
M. Dufour: Sur division.
Le Président (M. Gauvin): Sur division. Et le programme
7?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que le programme, dans
son ensemble, est... c'est-à-dire les crédits... Non?
Excusez-moi. Donc, étant donné que les programmes 1 à 7
sont adoptés, c'est ce qui complète les travaux de cette
commission pour aujourd'hui. J'inviterais, pour la conclusion, le
député de Jonquière.
Conclusions M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui. Elles ne seront pas tellement longues, mes
remarques. Je pense que la journée, tout de même, nous a permis
d'avoir un aperçu assez important de la situation des
municipalités, des Affaires municipales et des relations avec les
municipalités. Ce qui se dégage particulièrement, c'est
les impacts des propositions du 14 décembre qui, à mes yeux,
rencontrent des oppositions encore, même a ce jour, nombreuses. Je
reçois chaque jour des protestations ou des résolutions
s'opposant à ces propositions. Moi, je pense que le ministre, dans
l'état actuel, pour ne pas briser ses relations avec des partenaires
importants qui, déjà, l'an passé, ont eu des coûts
et, cette année, reçoivent encore d'autres diktats ou d'autres
volontés gouvernementales, pourrait accepter de retarder l'application,
même si ça semble difficile, de ces propositions pour engager un
véritable dialogue avec les municipalités. Il me semble que
ça rétablirait les ponts, ça remettrait...
Dans l'état actuel des choses, il n'y a pas péril en la
demeure, jusqu'à un certain point, parce qu'il y a beaucoup de parties
de la réforme qui s'appliquent dans le temps, à partir du 1er
janvier 1992 comme en 1993. Donc, ça pourrait permettre des
échanges, peut-être des échanges virils, mais qui, à
mes yeux, seraient beaucoup plus fructueux. S'il y a un véritable
échange, ça pourrait ouvrir la porte à un véritable
partenariat.
Quand on examine globalement tous les problèmes qui confrontent
et les citoyens et les municipalités dans le contexte dans lequel on
vit, on pourrait sûrement recevoir de meilleures propositions ou de
meilleures ententes avec des échanges plus soutenus. Voilà, en
guise de conclusion, ce que je voulais apporter comme remarques.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le ministre, en conclusion.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais remercier tous les
députés qui ont participé au travail de la commission
aujourd'hui, en particulier vous-même, M. le Président, mes
collègues du caucus ministériel, le député de
Jonquière, nos collaborateurs respectifs pour le travail, à mon
point de vue, éminemment constructif et démocratique que nous
avons essayé d'accomplir ensemble aujourd'hui. Je pense que le
député de Jonquière a montré une fois de plus qu'il
est au service du bien public, cherche le bien public dans son acception la
plus noble en ce qui touche les affaires municipales et on va essayer de
maintenir le dialogue, mais parfois le débat, à ce
niveau-là également.
On a pu remarquer pendant la journée que mes collègues du
côté ministériel sont des personnes très
informées des affaires municipales. Ce matin, autour de la table, il y
en avait quatre qui étaient d'anciens maires. C'est un titre que le
député de Jonquière ne peut pas réclamer en
exclusivité, dans cette commission, à tout le moins.
Je pense que je souligne toujours à la fin de l'examen des
crédits que, si les députés ministériels ne
s'expriment pas davantage dans une journée comme celle-ci, c'est parce
qu'ils sont des démocrates loyaux. Ils veulent donner une chance
maximale à l'Opposition parce que, s'ils n'avaient suivi que leur
instinct et leur goût, ils auraient pu occuper tout le temps de la
commission. Chacun avait des problèmes qu'il aurait aimé
soumettre. Pour ça, je leur exprime mon appréciation, pas
seulement parce que ce sont des personnes de mon parti, mais parce qu'ils sont
dans une position... Quand on est député ministériel, on a
un devoir d'effacement en commission parlementaire qui est très ingrat
et il n'y a rien qui me choque - je suis content que le député de
Jonquière ne l'ait pas fait -comme d'entendre, des fois, des
députés de l'Opposition les traiter de ceci et de ça parce
qu'ils donnent la chance à l'Opposition de prendre presque tout le temps
des échanges. Ce n'est pas, encore une fois, par indifférence,
impuissance ou absence, c'est par respect de notre institution parlementaire
qui donne une voix prioritaire selon la coutume. Ce n'est pas dans les droits.
Chacun pourrait réclamer de parler 20 minutes sur chaque sujet, nous le
savons tous et c'est la seule règle de base que nous avons en
commission, mais ils le font et je veux leur en exprimer mon
appréciation aujourd'hui et les remercier au passage de l'appui
très précieux qu'ils donnent au ministre des Affaires municipales
dans l'interprétation de la réforme auprès de leurs maires
et de leurs élus respectifs dans leur circonscription. J'adresse une
petite invitation au député de Jonquière. S'il pouvait
nous aider dans sa région...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan:... ça ne nous nuirait pas. Avec l'influence que
nous lui connaissons dans la région, je suis sûr que ça
aiderait beaucoup.
Pour finir sur la réforme par laquelle nous avons
commencé, j'aimerais bien pouvoir me rendre au voeu qu'a émis le
député de Jonquière mais, en ma qualité de
porte-parole du gouvernement à cette commission, j'en suis incapable. Je
dois réitérer qu'après de longs mois de débats le
projet qui a été mis de l'avant devra suivre son cours, donner
lieu à des décisions en vue du prochain discours sur le budget
et, ensuite, au dépôt d'une législation qui habilitera le
gouver-
nement à mettre en oeuvre les éléments des
propositions du 14 décembre qui auront été retenus.
Je souligne que cette législation devra être adoptée
avant l'ajournement d'été parce que les municipalités nous
ont fait savoir... Plus nous nous sommes rapprochés dans les
conversations, plus les municipalités ont insisté sur le besoin
qu'elles éprouvent de savoir à quoi s'en tenir pour
préparer leur prochaine année. C'est évident que, si nous
allions attendre au mois de décembre pour adopter une
législation, on se trouverait le nez collé sur l'année
1992. Pour les municipalités, l'année de calendrier commence le
1er janvier. Elles diraient: Comme vous n'avez rien fait avant, remettez donc
ça à l'année prochaine. Et nous ne pouvons pas le faire,
étant donné les circonstances financières que j'ai
évoquées à de très nombreuses reprises.
Cependant, nous aurons l'occasion, quand un projet de loi sera
déposé - il faudra qu'il soit déposé avant le 15
mai, si les choses suivent leur cours comme j'essaie de l'envisager avec vous
-nous aurons tout le temps voulu pour en discuter. Il y aura sûrement un
certain nombre de consultations particulières qui pourront avoir lieu
à cette occasion-là et nous verrons à ce que le projet de
loi soit rédigé sous la forme la plus réaliste et la plus
conforme à toutes les nuances de la réalité qu'on voudra
bien porter à notre attention.
Il y a bien des aspects de la réforme qui, eux, ne donneront pas
nécessairement lieu à des décisions budgétaires ou
législatives immédiates, mais qui continueront de donner lieu
à des échanges avec les municipalités, en particulier dans
le domaine de la voirie qu'on va essayer d'améliorer. On a
déjà apporté beaucoup d'améliorations. Je pense que
tout le monde doit convenir que les assouplissements qui ont été
annoncés ne sont pas des assouplissements mineurs, au contraire, des
assouplissements substantiels, surtout étant donné ce qu'on avait
été conduit à attendre. On attendait beaucoup moins et je
pense que c'est substantiel.
D'ici à ce que tout ça soit final, d'ici à
l'ajournement d'été, je pense bien qu'il y aura d'autres
améliorations qui seront apportées. C'est impossible qu'on
débatte tout ça pendant deux mois encore sans qu'on
s'éclaire les uns les autres au point de voir des choses un petit peu
meilleures encore que ce qu'on a vu. Le gouvernement reste ouvert de ce
côté, prêt à discuter mais, au bout de la ligne, je
pense que quand on aura vu, de part et d'autre, qu'on agit avec le maximum de
bonne foi, on pourra arrêter les décisions et passer à
autre chose. Je pense que c'est l'Assemblée nationale qui est
mandatée par la population pour prendre des décisions au nom de
la collectivité. Elle sera invitée à le faire, dans ce
cas-ci, par le gouvernement qui est son émanation logique et
incontestée. On va essayer de faire ça dans l'esprit de concorde
le plus avancé possible.
Encore une fois, j'apprécie l'esprit d'échange dans lequel
on a pu discuter de ce sujet. Je pense que, même si une distance
importante nous sépare encore de ceux qui ne sont pas d'accord avec le
gouvernement, des rapprochements nombreux se sont produits, qui ne sont pas
toujours tangibles, mais qu'on peut sentir dans l'atmosphère à
travers le Québec.
Il y a une chose que je souligne en terminant, c'est que le maire
individuel et ses conseillers sont des gens qui sont souverains dans leur art.
Ils ne sont pas obligés de le dire, ils le savent. C'est eux autres qui
mènent chez eux. Ils prennent leurs décisions, ils dirigent leurs
affaires. Ils ne se feront jamais dicter leur ligne de conduite par un syndicat
quelconque. Ils sont intéressés à être
regroupés dans des unions et tout mais, au bout de la ligne, chaque
municipalité... Moi, j'en ai 22 dans mon comté et je les admire
bien gros pour ça; le ministre peut avoir son idée, mais,
à Mirabel, c'est eux autres qui dirigent et le ministre le sait.
À Lachute, le ministre n'essaie pas de se substituer à
l'autorité municipale. Il recevrait un coup de pied dans le
derrière mérité s'il voulait le faire. Moi, j'aime
ça quand c'est comme ça.
Je pense que c'est dans cet esprit-là que les
municipalités regardent tout ça. Les élus municipaux
étudient, observent, mesurent les implications pour eux-mêmes et,
lorsqu'ils auront été à même de prendre connaissance
de la dernière édition considérablement retouchée
des simulations que nous avons mises en circulation il y a trois mois, ils vont
constater qu'il y a beaucoup de chemin qui a été parcouru depuis
ce temps-là. Il y aura beaucoup d'améliorations dans les chiffres
qui ont été mis en exergue et certains auront des nouveaux
articles à écrire, mais j'espère qu'on donnera autant de
place, surtout dans la presse régionale, aux nouveaux chiffres qu'on en
a donné à la première édition. Ça nous fera
une publicité formidable pour l'année.
Alors, merci beaucoup, M. le Président, et veuillez compter sur
mon attachement profond à la cause municipale. Je remercie encore une
fois mon sous-ministre, M. Gagné, toute notre équipe de
collaborateurs du ministère des Affaires municipales et l'équipe
de mon cabinet pour leur magnifique coopération.
Le Président (M. Gauvin): Merci, M. le ministre.
J'aimerais d'abord remercier les membres de cette commission, le
représentant de l'Opposition en matière d'affaires municipales et
vous-même, M le ministre, de m'avoir facilité la tâche comme
président pour m'acquitter de ma fonction.
Nous allons ajourner les travaux de cette commission qui devraient
reprendre demain matin, de 9 h 30 à 12 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-LaFontaine. Cette commission aura comme mandat
d'étudier les crédits budgétaires du ministre
responsable de l'Office de planification et de développement du
Québec. Merci.
(Fin de la séance à 22 h 25)