(Neuf
heures quarante et une minutes)
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Bon jeudi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Nous
débutons nos travaux avec la rubrique de déclarations de députés, et je cède la
parole à Mme la députée de Bertrand.
Féliciter
l'organisme En moins de 2, avec Mathieu, lauréat
du Prix d'excellence en français Gaston-Miron
Mme Nadine
Girault
Mme Girault :
Mme la Présidente, à travers ses capsules humoristiques, Mathieu Roy
transmet son amour du français de manière drôle et efficace.
Fondateur
de l'organisme En moins de 2, avec Mathieu, ce professeur depuis plus de
18 ans a mis son expérience à profit pour développer des capsules
humoristiques afin d'expliquer les concepts de la langue française aux jeunes
de quatrième et cinquième secondaire. Des
notions comme l'usage du participe passé ainsi que l'utilisation de la virgule
viennent en aide à plusieurs, même à
plusieurs adultes. Toujours accompagné d'une touche d'humour, il nous fait
parcourir l'univers de la grammaire en ne manquant pas de souligner les
subtilités de la langue de Molière.
Tout récemment son
organisme a remporté un honneur bien mérité lors de la 10e édition du Prix
d'excellence en français Gaston-Miron,
éminent poète, natif de mon comté. D'ici peu, les capsules de la deuxième
saison En moins de 2, avec Mathieu seront mises en ligne.
Félicitation,
Mathieu, et merci de rendre les leçons de français aussi divertissantes pour
nos jeunes et nos adultes!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Laval-des-Rapides,
la parole est à vous.
Souligner
la commémoration du génocide du peuple arménien
M.
Saul Polo
M. Polo :
Le 24 avril prochain marquera le 107e anniversaire du génocide
arménien.
À
pareille date, en 1915, l'Empire ottoman a orchestré la mort de plus de
600 intellectuels arméniens à Constantinople, déclenchant ainsi une
extermination sans précédent envers la minorité arménienne. Environ 1,5 million
d'Arméniens ont été tués, soit les deux tiers de la population arménienne,
entre 1915 et 1916.
La
commémoration de ce génocide est un jour de deuil pour plusieurs de nos
concitoyens, mais c'est aussi un jour de
revendication pour la reconnaissance du génocide. Je salue votre résilience et
votre courage. En mémoire des victimes, il nous incombe de se souvenir
du premier génocide du 20e siècle.
Je souhaite vous
exprimer ma solidarité la plus sincère à vous, chère communauté, mais aussi à vos
ancêtres. Toutes mes pensées vont à la
diaspora arménienne canadienne et québécoise. Plus que jamais nous devons tirer
des leçons de cette tragédie, un tragique événement, afin d'éviter que
les droits de l'homme soient encore une fois bafoués. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Merci, M. le député. Mme la députée de Bellechasse, je vous cède la parole.
Souligner
le travail des patrouilleurs bénévoles
du parc régional du Massif-du-Sud
Mme
Stéphanie Lachance
Mme Lachance :
Merci, Mme la Présidente. Il y a quelques jours a pris fin la saison de
sports d'hiver au parc régional du Massif du
Sud. J'aimerais souligner le travail de la patrouille composée de
30 bénévoles qui a assuré la sécurité des sportifs grâce à leur grande connaissance des circuits, leurs
conseils, leur formation et, surtout, leur passion pour le plein air.
Cette patrouille
bénévole existe maintenant depuis sept ans. Cet hiver, c'est plus de
900 heures de bénévolat qui ont été
offertes, orchestrées par le chef de patrouille Éric Roberge. J'aimerais aussi
profiter de l'occasion pour souligner l'apport
inestimable de M. Pierre Dubeau, qui a été cochef de cette patrouille
bénévole pendant plusieurs années avant de prendre sa retraite, l'an
dernier.
À toute l'équipe de la patrouille du
parc régional du Massif du Sud, merci de veiller à la sécurité des usagers et
de faire la promotion d'un mode de vie sain et actif, hiver comme été. Une
patrouille bénévole, c'est unique au parc régional du Massif du Sud,
signe de l'engagement des gens dans leur communauté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole à M. le député de Viau.
Souligner
le 200e anniversaire de la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain
M.
Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Merci, Mme la Présidente. Cette semaine, la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain célèbre ses 200 ans d'existence.
Fondée en 1822 par un
groupe de commerçants, elle n'a, depuis, cessé de contribuer à la prospérité du
Grand Montréal et de ses entreprises. Acteur
majeur pour l'économie de Montréal, la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain a directement participé à la création du port de Montréal,
de HEC Montréal et d'Aéroports de Montréal. Son
histoire moderne est tout aussi ancrée dans le vécu des Montréalaises et
Montréalais. À titre d'exemple, le rôle dans la mobilisation pour
relancer l'économie montréalaise pendant cette pandémie.
Aujourd'hui,
la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, c'est un réseau de plus de
8 000 membres, ce sont quelque 3 000 entreprises. Je
tiens donc à souligner le talent et la fierté qui animent la communauté
d'affaires montréalaise à travers sa chambre
de commerce, qui se révèle au quotidien comme un tremplin pour projeter
Montréal vers l'avenir.
Je
salue toute l'équipe de la chambre de commerce et son P.D.G., M. Michel
Leblanc. Bon anniversaire à la Chambre de commerce du Montréal
métropolitain!
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole
à Mme la députée de Saint-François.
Féliciter
l'organisme Moisson Estrie pour l'atteinte du niveau Élite
dans le cadre du programme ICI on recycle +
Mme
Geneviève Hébert
Mme Hébert : Mme la Présidente,
Moisson Estrie, déjà réputée pour être bien plus qu'une banque alimentaire, a
obtenu récemment une nouvelle reconnaissance dans le cadre d'ICI on
recycle +, de RECYC-QUÉBEC.
L'obtention niveau Élite
résulte de l'implantation d'une quinzaine d'actions qui permettent à
l'organisme de valoriser considérablement
ses matières résiduelles. Par exemple, Moisson Estrie recycle les emballages et
composte les résidus alimentaires non
consommables provenant des denrées récupérées chez ses fournisseurs. En fait,
son comité de développement durable a fait merveille, puisque le taux de
valorisation atteint 98 %. En 2020‑2021, Moisson Estrie a sauvé environ 1 330 tonnes
de CO2, ce qui représente plus de 11 000 allers-retours en voiture entre Sherbrooke et Québec. Voilà un extraordinaire exemple de réduction du
gaspillage alimentaire, de redistribution des denrées, de la protection de
l'environnement.
Je
tiens donc à féliciter tous les employés et bénévoles pour leur participation
efficace au tri des matières résiduelles, sous la houlette de la
directrice générale, Mme Geneviève Côté. Merci, Mme la Présidente.
15
417
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Jean-Lesage,
la parole est à vous.
Déplorer
le manque d'encadrement entourant les reprises de logement
M.
Sol Zanetti
17
955
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. La semaine dernière, on apprenait que des locataires ont été
intimidés à accepter des évictions-loyers sans motif. C'est arrivé sur la rue
des Aulnes, dans Jean-Lesage, un édifice de 36 logements où
plusieurs locataires à moindres revenus dépendent du Programme de supplément au
loyer pour survivre.
Je
vous laisse imaginer la suite du plan : évincer les locataires, rénover
les lieux, relouer l'ensemble de l'oeuvre à des prix indécents. Je comprends
que des propriétaires cherchent à faire fructifier leur investissement, mais,
encore une fois, une violation complète du droit au maintien au
logement, c'est inacceptable. À chaque fois que ça arrive, les logements abordables se font de plus en plus rares, dans les
quartiers populaires, déplaçant les gens loin des services dont ils ont besoin.
Même quand les locataires portent plainte et ont gain de cause au tribunal, il
n'y a aucune conséquence réelle pour les propriétaires, qui repartent se
réessayer ailleurs.
La
hausse incontrôlable des loyers et le déni du droit des locataires ne pourront
pas être freinés tant qu'il n'y aura pas
un réel encadrement des reprises de logements, tant qu'il n'y aura pas des
réels recours pour les locataires malmenés. Merci, Mme la Présidente.
15
417
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député. Mme la députée
d'Argenteuil.
Féliciter M. Jacques Charbonneau, lauréat
du Prix international Caravaggio
Mme Agnès
Grondin
17
827
Mme Grondin : Le
parcours coloré de Jacques Charbonneau s'est dessiné lorsqu'un refus de
s'excuser en classe, par conviction, l'a amené à suivre, en guise de punition,
un cours d'arts visuels par correspondance de Paris depuis le bureau du directeur. Devenir un artiste reconnu
mondialement commence d'abord par une vision de la vie singulière, Mme
la Présidente.
Depuis
les 20 dernières années, Jacques a choisi Argenteuil comme lieu de
création. Il est le fervent promoteur des Journées de la culture, par le biais du projet Nature et tradition, une
exposition en plein coeur de la forêt où les artistes sont invités à
habiter la beauté de la nature dans l'expression de leur art.
Le
17 avril prochain, Jacques est attendu à Milan pour recevoir le
prestigieux Prix international Caravaggio — Great
Master of Art. Au nom de tous les Québécoises et Québécois, j'aimerais offrir
mon admiration des plus sincères à cet illustre artiste.
15
417
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Roberval.
Rendre
hommage à M. Dominic Jean, pompier,
décédé dans l'exercice de ses fonctions
Mme
Nancy Guillemette
18
247
Mme Guillemette : Merci,
Mme la Présidente. Aujourd'hui, je tiens à rendre hommage à Dominic Jean, un
pompier de mon comté, décédé en service le 24 mars dernier.
Le lieutenant Jean a
quitté la maison pour combattre un incendie, il n'y est jamais revenu. Il a
perdu la vie dans l'exercice de ses
fonctions. Il n'a pas été en mesure de sortir après l'effondrement du bâtiment
qu'il tentait d'éteindre avec ses collègues.
Pompier
volontaire depuis plus de 18 ans, M. Jean était un homme d'exception,
un homme dévoué, engagé dans sa
communauté, un homme apprécié de tous. Il n'hésitait jamais à venir en aide aux
autres et à s'impliquer pour le bien de sa communauté, pour le bien de
tous.
Samedi dernier, plus
de 200 pompiers et une foule impressionnante ont tenu à lui rendre un
dernier hommage. Aujourd'hui, Mme la
Présidente, je tiens à offrir mes sympathies à sa conjointe, son fils, sa
fille, sa famille, sa mère et tous les gens du secteur Géant. Mes
sympathies à tout le monde. Merci, Mme la Présidente.
15
417
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. Je cède la
parole à Mme la députée d'Abitibi-Ouest.
Rendre
hommage à Mme Noëlla St-Laurent, artiste-peintre
et enseignante, pour son engagement dans
le milieu culturel local et régional
Mme Suzanne
Blais
17
825
Mme Blais
(Abitibi-Ouest) : Mme la Présidente, aujourd'hui, je rends hommage à
une femme de tête et de coeur, Mme Noëlla St-Laurent, qui nous a quittés
en janvier dernier, à l'âge de 86 ans, au terme d'une vie bien remplie.
La communauté
amossoise vous le dira : Décrire Mme Saint-Laurent, c'est parler de
sa générosité, de sa sensibilité, de sa
créativité, sa compréhension, de son respect envers autrui et de l'amour. Son
engagement envers les jeunes et les autres s'est fait à travers sa carrière
d'enseignante et son implication avec le groupe fondateur de La Société des arts Harricana en donnant des leçons privées
de peinture au sein du Réseau du libre savoir d'Amos-Harricana. Dire oui
ou encore «je suis prête» était naturel pour
celle qui travaillait souvent dans l'ombre, mais combien impliquée. «En art,
il n'y a jamais d'échec, mais tout est une source d'apprentissage et de
créativité», disait-elle à ses élèves ou partenaires.
Mme
Noëlla St-Laurent, je suis convaincue que vos oeuvres et votre générosité ne
seront jamais oubliées. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Cela met fin à la rubrique de déclarations des députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 52)
(Reprise à 10 h 4)
Le
Président : Mmes, MM. les députés, bon jeudi à toutes et à
tous. Prenons quelques instants pour nous recueillir.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Mmes
et MM. les députés, nous allons poursuivre les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique
Présentation de projets de loi, Mme la leader du deuxième groupe d'opposition.
Mme Labrie :
Merci, M. le Président. Je vous demanderais d'appeler l'article a,
s'il vous plaît.
Projet
de loi n° 795
Le Président :
Et, à l'article a du
feuilleton M. le député de Rosemont présente le projet de loi n° 795, Loi visant à faciliter l'accès du vérificateur général aux
documents et aux renseignements nécessaires à l'exercice de ses attributions.
M. le député.
M. Vincent
Marissal
M. Marissal : Merci, M. le Président.
Alors, ce projet de loi a pour objet de faciliter l'accès du Vérificateur
général aux documents et aux renseignements nécessaires à l'exercice de
ses attributions.
Pour
ce faire, le projet de loi modifie la Loi sur l'accès aux documents des
organismes publics et sur la protection des renseignements personnels afin
qu'il ne soit plus nécessaire que le Vérificateur général fasse la
démonstration d'un préjudice pour
refuser de confirmer l'existence ou de donner communication d'un renseignement
relatif à une vérification.
Le
projet de loi précise également que le pouvoir du Vérificateur général d'exiger
des documents et des renseignements
peut porter sur certains documents du Conseil exécutif visés par une
restriction de communication d'une durée
de 25 ans en vertu de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics
et sur la protection des renseignements personnels.
Enfin,
le projet de loi énonce qu'une divulgation faite au Vérificateur général dans
le cadre d'une vérification ne constitue pas une renonciation au secret
professionnel de l'avocat, au privilège relatif au litige, au privilège relatif
aux règlements ou à la confidentialité d'un document du Conseil exécutif.
Merci, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix :
Adopté.
Le Président :
Adopté.
Dépôt
de documents
Nous sommes à la
rubrique Dépôt de documents. M. le leader du gouvernement.
Réponse
à une pétition
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je
dépose la réponse à la pétition déposée en Chambre le 16 mars 2022 par
la députée de Roberval.
Réponses
à des questions inscrites au feuilleton
Je
dépose également les réponses aux questions inscrites au feuilleton par la
députée de Mercier le 15 mars 2022 et par le député de
Laurier-Dorion le 22 mars 2022 et le 29 mars 2022. Merci.
Le
Président : Merci. Ces documents sont déposés.
Décisions
du Bureau de l'Assemblée nationale
Pour ma part, je dépose
des décisions du Bureau de l'Assemblée nationale.
Il n'y a pas de dépôt
de rapports de commissions.
Il n'y a pas de dépôt
de pétitions.
Il
n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une
violation de droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période de questions et réponses orales sera tenu le vote reporté
sur la motion du chef du troisième groupe d'opposition débattue hier aux
affaires inscrites par les députés de l'opposition.
Questions
et réponses orales
Nous en
sommes donc maintenant à la période de questions et de réponses orales, et je
cède la parole à la députée de Fabre.
Enquête sur la gestion de la pandémie de coronavirus dans
les
centres d'hébergement et de soins de longue durée
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président,
depuis deux semaines, l'horreur du CHSLD Herron a refait surface.
Après avoir
appris que le gouvernement savait qu'il n'y avait plus personne pour s'occuper
des résidents depuis le 30 mars,
et qu'il n'a rien fait, et qu'aucun suivi n'a été fait pour s'assurer de leur
sécurité, est-ce que quelqu'un peut douter encore de l'obligation de la CAQ à déclencher une enquête publique
indépendante? En appui à une telle enquête publique indépendante, au Journal de Montréal on peut
lire : «Si un gouvernement du
Québec a [...] cru bon de créer une commission d'enquête sur
l'effondrement d'un viaduc à Laval, on le doit bien plus encore aux 5 060
de nos compatriotes fauchés cruellement dans
les CHSLD. Car plus le temps passera, plus les révélations se multiplieront.» Martine Biron a également dit : «Le
gouvernement gagnerait à ouvrir ses livres.»
M. le Président, qu'est-ce que le gouvernement
attend? Les 5 060 familles attendent.
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais (Prévost) : Comme je
suis la première à me lever, M. le Président, j'aimerais vous féliciter et vous
remercier pour la belle soirée que vous avez organisée hier pour célébrer les
personnes qui ont 15 ans, 20 ans de vie politique. Et,
moi, dans mon cas, c'était 10 ans. Il n'y avait pas de partisanerie. C'est très
intéressant d'entendre les chefs, je
tiens à le souligner. Et la cheffe de l'opposition officielle, parlant de la
députée d'Anjou—Louis-Riel,
a mentionné que c'était une grande dame. Effectivement, c'est une grande
dame. Elle a remis un présent à tous les députés de toutes les oppositions.
Maintenant,
M. le Président, je tiens à vous dire aussi que tous les députés ici, qu'ils
soient de l'aile du gouvernement ou
d'ailleurs, qui ont contacté mon cabinet pour avoir de l'aide, durant la COVID,
l'ont reçue. Je pense en particulier à des religieuses, des congrégations qui ne faisaient pas partie de
l'enveloppe des primes COVID. Donc, on a été capables de répondre à la
situation.
En terminant,
M. le Président, il y a des enquêtes en cours. Il y a celle du coroner. Il y a
eu l'enquête de la protectrice, du Commissaire à la santé et au
bien-être. On va laisser la coroner terminer et déposer son rapport.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, on cherche toujours les réponses
pour les familles. Qu'est-ce qui s'est passé? En appui à l'obligation de tenir une enquête publique indépendante, Daniel
Boyer, de la FTQ, qui représente 35 000 professionnels de la santé, dit : «...il est temps que le
gouvernement cesse de tourner autour du pot et qu'il ordonne la tenue d'une
enquête publique sur l'hécatombe dans
les CHSLD. [...]Les familles des victimes ont le droit de savoir ce qui s'est
passé afin de corriger la situation.»
Qu'est-ce que le gouvernement attend? 5 060
familles attendent.
• (10 h 10) •
Le Président : Mme la ministre
responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président,
nous savons tous, ici, et la population le sait, combien ça a été difficile
dans nos milieux de vie pour
personnes âgées. Oui, les milieux de vie étaient des milieux qui n'étaient
peut-être pas adaptés, ça fait des années qu'il y a des CHSLD vétustes. Il
manquait de cliniciens en prévention et contrôle des infections. Il manquait
de préposés aux bénéficiaires. Il manquait
d'infirmières, d'infirmiers auxiliaires. Il manquait beaucoup de personnel,
du personnel qui se déplaçait. Ça fait partie aussi des règles syndicales, des
ententes de se déplacer d'un endroit à l'autre. Ce n'était pas valable dans le
cas de la COVID.
Le Président : En terminant.
Mme Blais (Prévost) : C'était
bien difficile, mais, M. le Président, on a fait tout ce qu'on a pu.
15
725
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
16
493
Mme Sauvé : M.
le Président, et je continue, dans Le Devoir, Marie-Andrée Chouinard,
qui écrit : «Un autre drame plane
au-dessus de la tragédie funeste qui s'est jouée dans les CHSLD du Québec lors
des premières vagues de la pandémie,
avec un bilan de plus de 5 000 décès.
Il s'agit du brouillard qui entoure la gestion de la crise dans ces moments les
plus aigus, là où le terrain criait à l'aide, mais en vain. Pour découvrir la
vérité, une commission d'enquête publique est nécessaire.»
Qu'est-ce que le
gouvernement attend? 5 060 familles attendent.
15
725
Le Président : Mme
la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite
Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, je parlais des députés, tout à l'heure, qui avaient contacté le
cabinet. Tous les députés qui ont
contacté que ce soit mon cabinet ou le cabinet de l'ex-ministre de la Santé ont
obtenu des réponses. On est allés faire des visites de vigie, on a
envoyé les CISSS et les CIUSSS pour voir ce qui se passait. Il fallait aussi
que l'ensemble de la députation soit extrêmement présente.
Et je répète ce que
j'ai dit la semaine dernière : La semaine d'avant, au 30 novembre,
nous avions 25 milieux de vie en éclosion et, au 10 avril, 274. Et
nous les suivions à tous les jours...
15
725
Le Président : En
terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...et rien ne laissait présager la tragédie de Herron.
15
725
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Fabre.
Enquête sur la gestion de la
pandémie de coronavirus
dans les résidences pour personnes âgées
Mme Monique
Sauvé
16
493
Mme Sauvé : M.
le Président, l'enquête de la coroner porte sur six établissements et
53 aînés décédés en CHSLD et RPA. Pour l'ensemble des 5 060 aînés décédés
dans les CHSLD, en appui à la nécessité d'une commission d'enquête indépendante, Paul Arcand a écrit : «...le gouvernement du Québec [...] refuse de créer une commission d'enquête
publique pour faire la lumière sur ce drame. Il l'aurait fait dans
n'importe quelles autres circonstances aussi sordides.»
Dans La Presse,
Isabelle Hachey écrit : «Des milliers d'aînés morts dans des conditions
horribles, indignes, inhumaines. Il faut un
temps de réflexion. Collectif et public. Il faut comprendre comment on a pu en
arriver là. On le doit à ces milliers de victimes laissées à elles-mêmes au
pire moment et à leurs familles endeuillées. Il faut une commission d'enquête
publique. Pas pour demander à deux ou trois gestionnaires de rendre des
comptes, mais pour se rendre compte, collectivement.»
Nous le demandons,
ils le demandent. Qu'est-ce que le gouvernement attend? 5 060 familles
attendent.
15
725
Le Président : Mme
la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite
Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, collectivement, ça fait des années qu'on sait que nos personnes
vulnérables n'obtiennent pas toujours
les soins et les services de haute qualité. La preuve : dans les CHSLD
privés, on achetait des places au
plus bas soumissionnaire, ce qui veut dire que les infirmières, les préposés
étaient payés moins dans les CHSLD privés conventionnés que dans les
CHSLD publics.
Ils ont raison, la
Coalition avenir Québec, quand ils mentionnent qu'il faut conventionner. Il y a
même un CHSLD qui a été nationalisé, oui,
sur la Rive-Sud, récemment, on est parti de privé à public, le CHSLD Valeo. Il
y a un CHSLD qui a été conventionné, et il y en a trois autres qui
seront conventionnés prochainement. Pourquoi? Parce que, M. le Président, il faut que les employés
reçoivent approximativement ou même le même salaire, avec les mêmes conditions
de travail, pour faire en sorte qu'il y ait
une stabilité dans nos milieux de vie. Et il faut aussi, M. le Président, faire
en sorte de rénover le plus rapidement possible...
15
725
Le Président : En
terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...nos CHSLD vétustes.
15
725
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de Mont-Royal—Outremont.
M. Pierre
Arcand
M. Arcand : M. le Président, il
n'y a pas juste eu des drames au CHSLD Herron, il y en a eu même dans mon comté, Vigi Mont-Royal, M. le Président. Une
enquête publique, c'est la chose nécessaire à faire. Pourquoi? Parce que les
Québécois ont le droit
de savoir ce qui s'est passé entre le 13 mars et le 10 avril. Les
Québécois ont le droit de comprendre ce qui s'est passé pendant ces
12 jours d'inaction.
Refuser une enquête
publique, M. le Président, c'est de refuser l'évidence. Allez-vous enfin...
15
725
Le Président : M.
le leader du gouvernement, en réponse.
M. Simon
Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, il y en
a déjà une, enquête publique, M. le Président. Les oppositions enfoncent
une porte ouverte, M. le Président. Depuis
le début, la coroner a fait enquête. Elle a le pouvoir d'assignation, elle a
entendu des témoins, elle a entendu des ministres, des sous-ministres, des
directeurs, des témoins. Les familles étaient présentes, ont pu par le biais de leurs avocats ou même eux-mêmes
questionner les témoins, M. le Président. Le Commissaire à la santé et au bien-être, également, a fait une enquête, M.
le Président, et a rendu ses rapports, ses recommandations, M. le Président.
Alors, l'enquête... La Protectrice du
citoyen, également, a rendu un rapport, M. le Président. Alors, on parle déjà
de trois enquêtes publiques, M. le
Président. Alors, ça existe déjà. En plus de la Vérificatrice générale, on est
rendus à quatre, M. le Président. Alors, les enquêtes se font, et elles
sont publiques, et le député de Mont-Royal le sait très bien.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, ça fait plusieurs années que je connais la ministre sur
une base personnelle. Mars 2020, c'est
l'état d'urgence, vous êtes ministre — puis
je prends à témoin les personnes qui nous écoutent — il
y a des vies en danger. Votre chef de
cabinet reçoit, le 29 mars, à 20 h 11, un message qui dit :
«Le résultat est qu'il n'y a [...] plus
de personnel pour prendre soin des 154 résidents[...]. C'est très
problématique.» La ministre ne fait rien, pas de suivi.
Peut-elle
reconnaître, aujourd'hui, qu'elle a commis une erreur, au moins?
Le
Président : Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants.
Mme Marguerite
Blais
Mme Blais (Prévost) : M.
le Président, je pense que je n'accepte pas les propos que la ministre n'a rien
fait. Je pense que je n'accepte pas
ça. Les trois ministres à la Santé étaient réunis à tous les matins, à
7 heures, et nous avions ensemble des discussions sur tout ce qui allait
mal par rapport à la COVID.
Quand
j'ai reçu le courriel, le 30, ce que vous n'avez pas mentionné... ce que le
député n'a pas mentionné, c'est que
le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal nous affirmait, hein, par le biais de
la sous-ministre qui nous avait écrit, qu'il prenait la situation en
main, pour redresser la situation et former le personnel.
Le
Président : En terminant.
Mme Blais (Prévost) : Et,
dans toutes les situations à travers le Québec, ce sont les CISSS et les CIUSSS
qui prêtaient...
Le
Président : Question principale, M. le député de Robert-Baldwin.
Pratiques en matière d'éthique chez les filiales
de la Caisse de dépôt et placement
M. Carlos
J. Leitão
M. Leitão : M. le Président, là, j'ai
une question pour le ministre des Finances. Nous avons appris, cette semaine,
qu'il y avait des suites dans l'affaire
d'Otéra Capital, notamment des révélations qu'un de ses hauts dirigeants
pourrait se trouver en situation de
conflit d'intérêts concernant 26 prêts. Après le scandale de 2019, ces
révélations sont inquiétantes pour la
confiance du public et aussi pour la réputation de la Caisse de dépôt et
placement du Québec. Il est donc très important que la caisse fasse
preuve de la plus grande transparence possible.
Donc,
M. le Président, je demande aujourd'hui que le conseil d'administration de la
Caisse de dépôt et placement du
Québec rende public le rapport de 2019 sur les manquements d'éthique dans sa
filiale d'Otéra Capital, chose que ce gouvernement refuse toujours de
demander.
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Merci, M. le Président. Puis ça va me permettre de
clarifier, parce qu'il y a eu plusieurs discussions
sur la Caisse de dépôt, cette semaine, et les sujets allaient dans toutes les
directions. Alors là, je vais répondre précisément à celui-ci.
Alors,
l'éthique et la conformité, c'est non négociable, M. le Président. Et les
conflits d'intérêts doivent être proscrits en tout temps, et on doit les
prévenir. Et la Caisse de dépôt doit adopter les meilleures pratiques de
l'industrie.
Et
ce qui s'est passé en 2019, c'est qu'Otéra et Ivanhoé n'avaient pas les codes
d'éthique et de déontologie de la Caisse
de dépôt, et ça a amené des situations inacceptables, notamment quatre
manquements graves, et ces personnes-là ont perdu leurs emplois.
Le
Président : Première complémentaire, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos
J. Leitão
M. Leitão : M. le Président, on se
rend compte, maintenant, qu'après ce rapport 2019 il y a encore des
situations qui, de l'avis du ministre
et de mon avis aussi, sont inacceptables. Je ne comprends toujours pas qu'un
haut dirigeant d'une entreprise
financière qui accorde des prêts puisse aussi avoir des intérêts dans des
entreprises à qui ces prêts sont accordés. On est en 2022, M. le
Président, ça n'a aucun sens.
Qu'est-ce que le
gouvernement va faire, M. le Président?
• (10 h 20) •
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) : Bien, je ne suis pas
d'accord avec l'interprétation du député de Robert-Baldwin. Les articles
réfèrent à la situation qui précède le
rapport 2019, et, suite au rapport, il y a eu des actions, Otéra et
Ivanhoé ont dû adopter les meilleures
pratiques de l'industrie, intégrer leurs codes d'éthique et de déontologie à
celui de la Caisse de dépôt, faire preuve de la plus grande
transparence. Et ces situations-là précèdent le rapport, et ces situations-là
ne sont plus tolérées aujourd'hui.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député de Robert-Baldwin.
M. Carlos
J. Leitão
M. Leitão : Raison de plus pour
rendre ce rapport public, M. le Président. En plus, lors de son rapport de mars
2022, 2022, la Vérificatrice générale
du Québec nous mettait en garde face au risque réputationnel, à la Caisse de dépôt et placement du Québec.
La vérificatrice avait alors émis cinq recommandations qui auraient dû faire
l'objet d'un suivi de la part de ce gouvernement. Rien ne semble avoir
été fait.
Allez-vous finalement
faire un suivi sur ces cinq recommandations de la Vérificatrice générale
concernant les filiales de la caisse?
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) : Bien, M. le Président, la
Vérificatrice générale du Québec fait un travail remarquable. Elle a fait un audit de conformité à la Caisse de
dépôt. Elle siège au comité d'audit, elle signe les états financiers. Elle a
fait des recommandations, et, bien sûr, ses recommandations vont être
intégrées au processus de la Caisse de dépôt.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Protection
du caribou forestier
Mme Manon
Massé
Mme Massé : Merci, M. le Président.
Ce n'est pas à Ottawa de sauver les caribous forestiers du Québec, c'est au
gouvernement du Québec. Moi, à la place du
ministre des Forêts, je serais gênée de me faire marcher dessus par Ottawa.
J'aurais honte de me faire donner des leçons par le ministre, monsieur Bay du
Nord en personne. Une chose est certaine, M.
le Président, si on avait un gouvernement solidaire, là, le fédéral, un, il se
mêlerait de ses affaires, puis, deux, nous, on s'occuperait de nos
affaires.
Le
ministre, tout ce qui l'intéresse, en fait, c'est l'affaire des compagnies
forestières. Il y a 10 ans, il y avait 200 caribous
en Gaspésie. Aujourd'hui, il n'en reste même pas 30. À cette vitesse-là, les
seuls caribous qu'il va nous rester, c'est ceux qu'il y a sur les
vingt-cinq cents.
M.
le Président, le ministre des Forêts, comment il trouve ça, lui, de se faire
humilier par Ottawa parce que lui, il ne fait pas sa job?
Le
Président : M. le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs.
M. Pierre Dufour
M. Dufour : Bien,M. le
Président, premièrement, je pense qu'on va remettre un petit peu de pâte à dents
dans le tube, là.
Premièrement,
c'est important de mentionner, là, qu'il y a eu une rencontre, le 11 mars
dernier, avec M. Guilbeault. On a discuté des enjeux parce qu'on avait une
entente, justement, qui devait se renouveler, qu'on travaille, justement,
entre nos deux appareils. C'est tellement facile, de dire que le gouvernement
n'a rien fait.
Permettez-moi
de mentionner quelques activités qu'on a faites. On a enlevé 1,5 million
de mètres cubes de bois, qu'on a retirés de la possibilité forestière. On a
fermé 310 kilomètres de chemins forestiers qui... c'est à peu près
une valeur de 2 millions pour
enlever ces chemins-là. On a protégé l'aire protégée de Manouane-Manicouagan,
une aire de connectivité du caribou
forestier, justement pour ne pas avoir la même situation que les hardes isolées
qu'on a des problèmes avec
aujourd'hui, au Québec, à cause du non-fonctionnement qui a été fait par les
anciens gouvernements, et ça, nous, on l'a
mis d'attaque, on l'a mis en place. On a mis des aires protégées, par rapport à
cette situation-là, pour, justement, protéger le caribou. Ça, c'en est, des actions concrètes qu'on a faites. Et je
pourrais continuer avec les 39 000 kilomètres carrés qu'on a
faits dans la région d'Eeyou Istchee...
Le
Président : En terminant.
M. Dufour :
...justement pour protéger le caribou migratoire.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme Manon
Massé
Mme Massé : M. le Président, ça,
c'est le ministre, là, qui patente des commissions en pleine crise,
actuellement, pour éviter d'agir maintenant. Maintenant. C'est
maintenant que l'enjeu est majeur. C'est le même ministre, d'ailleurs, qui a aboli la protection du caribou au Saguenay.
C'est le même ministre qui pense que des enclos, ça remplace une stratégie
de protection de l'espèce. Le premier ministre disait...
Le
Président : M. le leader du gouvernement, question de règlement.
M. Jolin-Barrette :
...35, M. le Président. Il y a un prêt d'intentions de la part de la
députée. Et je ne me suis pas levé tout de
suite, M. le Président, ni sur la première... Là, sur la deuxième, on rajoute,
c'est un crescendo. M. le Président, on ne peut pas prêter des
intentions qui ne sont pas vraies, M. le Président, alors un peu de prudence
s'impose.
Le
Président : Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques, poursuivez votre
question.
Mme Massé :
Hier, le premier ministre disait que le ministre des Forêts, il faisait son
travail. Bien, c'est vrai. Est-ce qu'il est fier d'être l'employé du mois des
forestières?
Le
Président : M. le ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs.
M. Pierre
Dufour
M. Dufour : Oui. M. le Président,
permettez-moi de souligner à la collègue que, donc, on a investi, dans les
dernières années, 25 millions,
alors que le fédéral a investi 3,5 millions. Je pense que, déjà là, ça
démontre, là, qu'il y a de l'argent que le Québec a investi pas mal plus
que le fédéral, dans ce dossier-là.
L'autre
chose qu'il est important de préciser, notre commission, que vous dites, là,
qui semble être bidon, selon vos propos,
cette commission-là, à Sainte-Anne-des-Monts, qui commençait le 12 avril,
plus de 100 personnes y ont assisté. Ils ont été obligés de mettre du monde debout parce qu'il n'y avait plus
de chaises. Et il y avait différentes personnes qui étaient là pour,
justement, parler, autant des environnementalistes, le milieu, des gens de la
politique...
15
725
Le Président : En
terminant.
17
823
M. Dufour : ...et,
je peux dire une chose, les gens étaient très contents de cette consultation.
15
725
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques...
Des voix :
...
Le Président :
S'il vous plaît! Vous êtes la seule à avoir la parole.
Mme Manon
Massé
15
421
Mme Massé : C'est
fou, M. le Président, j'entends ça, mais il ne nous dit pas c'était quoi, le
mandat de la commission. Le mandat de la commission, ce n'est pas de
protéger les caribous.
Comment le ministre va protéger les
caribous? Pourquoi, tout simplement, ne pas... Par exemple, la solution de
l'aire protégée de Pipmuacan, pourquoi ne
pas dire oui maintenant? Pourquoi ne pas mettre un moratoire sur les
territoires où ces bêtes-là vivent,
actuellement? On est en train de les exterminer. Qu'est-ce qu'attend le
ministre pour agir maintenant?
15
725
Le Président : M.
le ministre de la Forêt, des Parcs et de la Faune.
M. Pierre
Dufour
17
823
M. Dufour : M.
le Président, justement, on peut dénigrer les enclos de protection qu'on a
faits, mais les enclos de protection,
ça a été, justement, pour protéger la bête actuelle, qui existe, pour,
justement, arrêter l'hémorragie qui existait au niveau de ces hardes-là. Donc, ça, je pense que c'est une action
concrète qui nous a permis, justement, de travailler avec la commission pour arriver à une résultante finale,
avec une stratégie, comme elle l'a mentionné, qui va être déposée en 2023.
15
725
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Gaspé.
Accès
à la propriété
Mme Méganne
Perry Mélançon
18
217
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, la flambée des prix de
l'immobilier est un des sujets les plus courants dans les discussions, au Québec, notamment pour les
adultes de mon âge. Chaque semaine, on voit des articles sur les 100 000 logements manquants, au Québec, ou sur des gens fortunés qui flippent des maisons
ou des blocs-appartements pour faire une passe d'argent.
Avec
regret, on ne peut pas dire que le gouvernement en fait suffisamment. Même que
je ne l'ai jamais entendu aborder le phénomène de la spéculation immobilière.
J'espère qu'il ne minimise pas la colère des jeunes sur l'enjeu de l'habitation, parce que c'est toute une génération
de Québécois qui subit les effets d'un marché immobilier hors de prix.
M. le Président, la spéculation immobilière est un réel enjeu.
Avant
que les jeunes perdent tout espoir de posséder un jour une propriété, qu'est-ce
que va faire le gouvernement pour s'y attaquer?
15
725
Le Président : M.
le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
17
929
M. Girard
(Groulx) : Merci pour la question, c'est un sujet extrêmement
important. Et effectivement la demande pour
les biens immobiliers est extrêmement forte parce que la pandémie a provoqué un
désir d'avoir plus d'espace, et en plus on a mis les taux d'intérêt à 0 %,
ce qui a stimulé la demande. Donc, on a besoin... Puisque la demande est forte,
il faut stimuler l'offre. C'est pour ça, d'abord... Puis ce n'est pas juste le
gouvernement. Il y a eu une hausse des mises en chantier, l'an dernier,
au Québec, donc, du secteur privé, de plus de 50 %. Donc, le marché privé
réagit.
Ensuite, nous avons
financé les 15 000 unités
de logements sociaux qui avaient été promises, qui n'étaient pas adéquatement financées, avec 950 millions, 3 000 logements abordables avec un nouveau
programme. Nous avons resserré les règles hypothécaires pour tempérer
l'endettement à la demande. Nous avons resserré les pratiques de déontologie
des courtiers. Et pas plus tard qu'hier, M.
le Président, il y a eu une hausse des taux d'intérêt de la Banque du Canada,
qui va tempérer la demande. Alors, le marché va s'équilibrer.
Le Président :
En terminant.
M. Girard
(Groulx) : Et on fait tout ce qu'on peut dans le respect des contrats
privés.
15
725
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne
Perry Mélançon
18
217
Mme Perry
Mélançon : M. le Président, c'est drôle puis ce n'est pas
drôle, parce que, chaque fois qu'on parle de crise du logement, avec le gouvernement de la CAQ, il y a le ministre
des Finances qui nous répond, sur un air complètement détaché, à peu près les mêmes réponses, là :
J'ai foi que le marché va s'équilibrer de lui-même; il ne faut surtout pas
soutenir la demande en aidant les
premiers acheteurs; consolez-vous, Montréal est moins pire que Vancouver. Bref,
il reste passif pendant que des spéculateurs sont hyperactifs et dopent
le marché immobilier.
Va-t-il enfin
intervenir dans ce far west immobilier?
15
725
Le Président : M.
le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
17
929
M. Girard (Groulx) : Bien,
je regrette, mais le secteur privé a un rôle. Les mises en chantier sont en
hausse de 50 %, au Québec. La banque centrale est celle qui doit
contrôler l'inflation. Il y a eu une hausse de taux d'intérêt de 50 points de base
hier. On a resserré les pratiques des courtiers pour qu'ils défendent les
premiers acheteurs, interdire la double
représentation. On a resserré les règles hypothécaires. Et surtout on travaille
sur l'offre, M. le Président, avec la construction de logements sociaux,
la construction de logements abordables.
15
725
Le Président : Deuxième
complémentaire, Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne
Perry Mélançon
18
217
Mme Perry
Mélançon : Bien, je vais poursuivre l'énumération. On peut
favoriser la construction, on peut essayer de faire diminuer le prix du bois, créer une taxe antispéculation.
Plusieurs façons d'agir sur l'offre, M. le Président. Parce que le
gouvernement ne veut rien faire pour la demande. Ne rien faire n'est plus une
option.
Est-ce que le
ministre peut enfin nous dire pourquoi ma génération n'aurait pas le droit
d'accéder à la propriété?
• (10 h 30) •
15
725
Le Président : M.
le ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Bien, au
contraire, votre génération a le droit d'accéder à la propriété, puis c'est
pour ça qu'on travaille à l'enrichissement collectif. Nous sommes
23 % de la population canadienne mais seulement 20 % de son économie. C'est inacceptable. C'est pour ça
qu'on a des mesures en main-d'oeuvre, des mesures pour la productivité des entreprises, pour créer de la richesse. C'est
pour ça que le revenu disponible a crû plus vite que la hausse de l'inflation,
au Québec, depuis le début de la pandémie.
On
va continuer à travailler sur l'offre parce que la demande est plus forte que
l'offre. Si on stimule la demande, on ne fait rien pour aider le marché.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de Verdun.
Mesures
pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon : Après quatre ans, la CAQ
n'a toujours pas de plan pour lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre,
puis la situation est pire que jamais. Au
début de leur mandat, le nombre de postes vacants, au Québec, était de
118 000. On est rendus à 238 000 postes vacants, et la
situation va continuer de s'envenimer.
Le
constat de la Commission des
partenaires du marché du travail est
que tous les secteurs seront en déséquilibre. D'ici 2030, ça va juste
s'empirer. Ce qui s'en vient, pour les entreprises, ce sont des années de
misère.
Le
gouvernement brille actuellement par son inaction. L'économie des régions en
fait les frais. Les entreprises sont abandonnées.
Les travailleurs sont abandonnés parce qu'ils doivent compenser pour le manque
de main-d'oeuvre. Les consommateurs et les
citoyens sont abandonnés. Ils vont perdre des services, ils vont payer plus
cher, ils vont attendre plus longtemps.
À quand des actions
efficaces?
Le
Président : M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet :
Merci, M. le Président. Évidemment, le phénomène de pénurie de
main-d'oeuvre qui découle du vieillissement
de la population, tout le monde le sait, c'était annoncé et anticipé depuis une
vingtaine d'années. Le parti qui nous
a précédés au pouvoir a déposé une stratégie nationale de main-d'oeuvre en mai
2018, donc à peu près une vingtaine d'années après l'information venant
des économistes et démographes, de ce vieillissement-là de la population.
On
travaille avec les entreprises. On a quatre piliers d'intervention. On a un
plan d'action pour la main-d'oeuvre qu'on a présenté en septembre 2019. On a
une vaste offensive main-d'oeuvre qu'on a présentée après la mise à jour
économique de mon collègue : formation,
requalification, accroissement de la productivité des entreprises, immigration
temporaire et permanente. On est en action. On a le taux d'emploi, au Canada,
chez les 15 à 64 ans, le plus élevé, à 77,6 %. 75,6 % au Canada,
74,8 % en Ontario. C'est un témoignage très éloquent des résultats...
Le
Président : En terminant.
M. Boulet :
...découlant de nos mesures pour lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre.
Le Président : Première complémentaire,
Mme la députée de... M. le député de LaFontaine, en première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Oui,
merci, M. le Président. Le ministre, M. le Président, est très sympathique, le
ministre dit : J'ai fait ça, ça, ça, mais la conclusion est que ça ne
fonctionne pas, ça ne marche pas, M. le Président, et ont été déçus les
entrepreneurs du Québec, les femmes et les hommes qui
soutiennent notamment l'économie des régions. J'ai fait une tournée du Québec
de Gaspésie en Abitibi. Le premier sujet de l'heure, là, c'est la
pénurie de main-d'oeuvre. C'est une véritable crise. Les exportateurs et manufacturiers du Québec ont déploré qu'il n'y avait
rien, de mesures structurantes, dans le dernier budget.
Quand le gouvernement
va-t-il s'attaquer à la crise?
Le
Président : M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet : M. le Président, pour la
première fois, on a formé un comité interministériel, on travaille, Éducation,
Enseignement supérieur, Économie et
innovation, MIFI, Travail et emploi. On a un plan qui est extrêmement cohérent,
avec des bourses Perspective Québec,
avec des soutiens de revenu. On a intégré, depuis notre accession au pouvoir, 91 000 prestataires d'aide sociale,
parce que ça, c'est une des clientèles éloignées du marché de l'emploi, ce qui
fait qu'au Québec, actuellement, on a le taux d'assistance sociale le
plus bas depuis 1977. Imaginez, M. le Président...
Le
Président : En terminant.
M. Boulet :
...il y a 183 000 personnes, cette année, qui ont participé à nos...
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée de
Jeanne-Mance-Viger.
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti : Merci, M. le Président.
Juste pour les hôtels de la région de Québec, c'est plus de la moitié des
postes qui sont à combler. Il y a des propriétaires qui travaillent
11 jours consécutifs par manque d'employés. D'autres grands hôtels
ferment tous les jours de semaine parce qu'ils sont incapables de trouver des
travailleurs.
Malgré
ces défis, le gouvernement n'a pas jugé bon d'inclure le tourisme dans sa
supposée opération main-d'oeuvre. Pourquoi?
Le
Président : Mme la ministre du Tourisme.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx (Berthier) : ...je
veux paraphraser le député de LaFontaine, qui dit : Ça ne marche pas, ça
ne fonctionne pas. Bien, dans
l'industrie hôtelière et avant la pandémie, il manquait
14 000 travailleurs avant que le gouvernement de la CAQ ne
prenne le pouvoir.
Alors,
je peux poser la question à l'opposition officielle : Qu'est-ce qui a été
fait de la part de l'opposition officielle avant qu'on arrive en poste, où déjà, dans une industrie qui était
florissante, il n'y avait pas d'action qui était menée de la part du
gouvernement précédent pour contrer, donc, cette pénurie...
Des voix : ...
Le Président :
Je vais vous demander, s'il vous
plaît... Ça va très bien, on entend questions et réponses. Je vais vous demander de continuer sur cette lignée. S'il
vous plaît, soyons attentifs à ceux et celles qui ont la parole. En
l'occurrence, c'est Mme la ministre du Tourisme. Il vous reste
13 secondes, madame.
Mme Proulx (Berthier) : Merci,
M. le Président. Le collègue de... Le ministre de l'Emploi a déposé plusieurs
mesures, plusieurs actions, 10 millions du côté du ministère du
Tourisme, entre autres...
Le
Président : En terminant.
Mme Proulx
(Berthier) : ...avec le Conseil québécois des ressources humaines en
tourisme.
Des voix : ...
Le Président :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Évitez ces commentaires. Je n'en ai pas entendu jusqu'à maintenant, ça
ne me tente pas de commencer à en entendre non plus.
Mme la députée
d'Iberville, en principale.
Attribution de contrats publics en contexte de pandémie
Mme Claire Samson
Mme Samson : Merci,
M. le Président. S'il est vrai que les faits sont têtus, comme ils le disent si
souvent, je vous confirme que je le suis tout autant, M. le Président.
Ma question : En vertu de la Loi
sur la santé publique et de l'état d'urgence sanitaire, les pouvoirs
supplémentaires dont l'État se dote
doivent viser à protéger la santé de la population et de la situation de
pandémie. C'est du moins ce que prétend le projet de loi n° 28.
J'aimerais savoir en
quoi l'entreprise McKinsey — et
les millions de dollars de contrats qu'ils ont reçus du gouvernement — a-t-elle
protégé la santé des Québécois.
Le
Président : M. le ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard (Groulx) : Bien, je veux juste
clarifier que nous avons travaillé avec McKinsey pour l'enrichissement de la société québécoise. On a fait des travaux,
avec le ministère de l'Économie, pour augmenter le potentiel économique du Québec à long terme, pour travailler sur la
productivité, l'offre de travail, et c'était vraiment un travail qui était
utile, et ça a permis de stimuler la
réflexion, d'engendrer des mesures qui vont faire une différence pour les
Québécois. Et le contrat a été négocié pour s'assurer qu'on paie un
tarif vraiment minimal pour la qualité du travail qu'on a reçu.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme Claire Samson
Mme Samson : Alors, je vois que les
travaux et les contrats octroyés à McKinsey n'avaient rien à voir avec la
santé, premièrement.
Deuxièmement,
est-ce que le gouvernement nous dit ainsi que cette expertise-là n'était pas
disponible au sein du gouvernement?
Le Président :
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Écoutez, je me souviens très
bien, M. le Président, qu'au début de la pandémie, notamment, on avait des discussions avec le ministre des Finances et avec, entre autres, le ministre de l'Économie
et moi-même, quand j'étais au Trésor,
parce que, il faut se rappeler, au début de la pandémie il y avait un enjeu
très important, c'est de dire quelles étaient les mesures qui devaient être mises en place qui auraient le plus
d'impact pour être capable de garder l'économie ouverte tout en regardant ce qui se passait du côté de la
pandémie. Puis je me souviens très bien qu'il était important, et la firme
McKinsey a apporté une expertise incroyable, de nous montrer qu'est-ce qui
s'était fait en Europe...
Le Président :
En terminant.
M. Dubé :
...parce que la pandémie avait
frappé bien avant, et je pense que ça a été d'une aide inestimable, M. le Président.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme Claire Samson
Mme Samson : Alors, ça n'avait rien à
voir avec la santé. Et les hauts fonctionnaires vont être contents de savoir
que le gouvernement ne leur reconnaissait
pas l'expertise pour promouvoir et améliorer la situation économique du Québec.
J'aimerais
savoir combien d'autres contrats comme celui de McKinsey va-t-on retrouver, qui
n'ont rien à voir avec la Loi sur la santé publique et l'urgence
sanitaire.
• (10 h 40) •
Le
Président : M. le leader du gouvernement.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je veux
que ce soit très clair, M. le Président : les gens de la fonction publique
qui ont travaillé les deux dernières années,
durant la pandémie, on doit leur dire merci, M. le Président. On a une fonction
publique, au Québec, M. le Président, qui
est compétente, des gens dévoués. Tous les sous-ministres à la Santé qui ont
été mobilisés, les gens à la Sécurité
publique, les gens avec le ministère des Aînés, M. le Président, avec le
ministre délégué à la Santé mentale, les
gens du conseil exécutif, peu importe, M. le Président, de quel ministère, ce
sont des gens qui ont travaillé jour
et nuit. Je pense aux infirmières, je pense aux gens dans les CIUSSS, dans les
CHSLD également, M. le Président. On doit leur dire merci et être
reconnaissants...
Le
Président : En terminant.
M. Jolin-Barrette :
...à tous les employés de l'État, qui se sont donnés corps et âme pour
faire fonctionner le système de santé durant cette période.
Le
Président : Question principale, Mme la députée d'Iberville, à
nouveau.
Contrats
attribués en contexte de pandémie
Mme Claire Samson
Mme Samson : Alors, je persiste, M. le
Président. J'aimerais savoir combien d'autres contrats ont été octroyés par le
gouvernement, qui n'avaient rien à voir avec la santé publique et l'urgence
sanitaire, au cours des deux dernières années, et pour combien de
milliards.
Le
Président : Question principale... M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
M. le Président, je vais juste, aussi, informer la députée d'Iberville
d'une information qu'elle a peut-être, là,
puis je ne suis pas certain qu'elle a oublié, mais je vais juste le rappeler.
Elle est avec nous, justement, à la Commission
de la santé, et, à la Commission de la santé, lorsqu'on discute du projet de
loi n° 28, on sait très bien qu'une des exigences de la Loi sur la santé publique, c'est de faire un rapport
d'événement de ce qui est arrivé durant la pandémie, que nous devons déposer 90 jours après la fin
des mesures d'urgence. Ce rapport-là, nous nous sommes engagés, lorsque les mesures d'urgence seront levées, à le déposer.
Dans ça, on va faire référence à tous les contrats qui ont été donnés de
gré à gré par la Santé en raison des mesures d'urgence. Elle le sait, ce
rapport-là va être en préparation. Mais la première chose qu'il faut faire,
c'est mettre fin aux mesures d'urgence, et ça, elle le sait aussi, M. le
Président.
Le
Président : Première complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme Claire Samson
Mme Samson :
M. le Président, le gouvernement aurait pu mettre fin aux mesures d'urgence
et à l'urgence sanitaire hier en ne
renouvelant pas pour la 107e fois ou 108e fois le décret. Il pouvait
y mettre fin, hier, puis c'était fini. Il ne l'a pas fait. Pourquoi?
Le
Président : M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Je vais le répéter, M. le
Président, on est prêts à mettre fin aux mesures sanitaires depuis la journée
où nous avons déposé le projet de loi
n° 28, le 16 mars. Nous avons dit : En termes de prudence, en
termes de bonne gestion de l'État, on
a besoin de mesures transitoires pour être capables de mettre fin à l'état
d'urgence dans les meilleures conditions pour protéger les Québécois.
On
a besoin, en ce moment, de vacciner 30 000 à 40 000 personnes
par jour, en ce moment. On a 29 000 personnes de Je contribue qui viennent nous aider à un
moment difficile de la crise, où il manque 13 000 employés. Ça, c'est
de la gestion, M. le Président.
Le
Président : En terminant.
M. Dubé :
Ça nous prend des mesures transitoires pour être capables d'enlever les
mesures sanitaires.
Le
Président : Deuxième complémentaire, Mme la députée d'Iberville.
Mme Claire Samson
Mme Samson :
Moi, je pense, ses chiffres ne fonctionnent pas, M. le Président, là. Il y
a 39 000 personnes qui viennent
vacciner, ils administrent 33 000 vaccins. Chaque personne qui
vaccine vaccine une personne par jour? Ça ne marche pas, les chiffres.
Qu'il mette fin à
l'urgence sanitaire immédiatement. Les mesures transitoires, là, c'est un
leurre.
Le
Président : M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
M. Christian Dubé
M. Dubé : M.
le Président, je pourrais inonder la députée d'Iberville de chiffres, je ne le
ferai pas, là, ce matin, là. Je pense
que de réaliser, en ce moment, qu'il manque 13 000 employés
uniquement dans le réseau de la santé, pour fins de COVID... Il manque 50 000 employés pour
d'autres raisons. On a besoin des 29 000 personnes de Je contribue
non seulement pour la vaccination,
non seulement pour le dépistage, mais pour toutes les autres activités où ils
viennent nous aider dans le réseau, dans tous nos établissements du
Québec, M. le Président.
Pourquoi, en
ce moment, on est obligés de faire du délestage puis de fonctionner à
70 %, 75 % de notre capacité?
Le Président : En terminant.
M. Dubé : C'est
parce qu'il nous manque du monde. Je pense que tout le monde le comprend.
Peut-être pas la députée...
Le Président : Question
principale...
Des voix : ...
Le Président : S'il vous
plaît! Question principale, M. le député de La Pinière.
Relations entre le ministre de
l'Économie et de l'Innovation
et La Compagnie électrique Lion
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : M.
le Président, ce matin, il y a encore un article, dans le Journal de
Montréal, qui montre à quel point c'est une bonne chose d'être en
lien, on va dire, positif avec le ministre de l'Économie.
Quand le ministre de l'Économie est venu en
politique, M. le Président, là, il était en lien avec deux individus, entre
autres Guy LeBlanc, dont il a fait le premier fonctionnaire millionnaire de
l'histoire du Québec, et évidemment Michel
Ringuet, qui a bénéficié, comme c'est écrit dans le journal, des effets des
subventions du ministre. M. le Président, là, Michel Ringuet, là, à l'entrée
en bourse de Lion Électrique, s'il avait vendu ses actions, il était assis sur
30 millions de dollars.
Il y a une question à laquelle il n'y a jamais
eu de réponse, que je vais reposer : Le ministre de l'Économie, directement ou indirectement, avait-il une
participation dans Lion entre son entrée en politique et l'entrée de Lion en
bourse?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M.
le Président, je trouve un peu déplorable, ce matin, l'article du Journal de
Montréal à l'effet de
M. Ringuet, il y a clairement un manque de rigueur qu'on a vu dans
l'article, et il est encore plus déplorable de voir le député embarquer
dans le même jeu.
Premièrement,
M. Ringuet n'a jamais été gestionnaire de mes actifs, plutôt mandataire.
Il faudrait expliquer au député la différence. Deuxièmement, il n'est
plus mandataire depuis quelque temps.
Deuxièmement,
dans l'article, on parlait que la CAQ avait propulsé Lion. Alors, la CAQ... ou,
en fait, Lion a été propulsée en 2016‑2017 par le Parti libéral. Je l'ai
félicité ce matin parce que c'était une bonne chose.
Troisièmement,
tous les projets, tous les programmes, avec Lion, pour la subvention du
transport d'autobus scolaire ou les programmes d'aide aux subventions
sont gérés par mes deux collègues en face de moi, à savoir le MTQ et le MEQ. Le ministère de l'Économie n'a rien à voir
avec les programmes de subvention pour Lion Électrique. Donc, toutes
insinuations de conflit d'intérêts sont non justifiées.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette : Quand
on n'a pas une bonne relation avec le ministre, on tombe en faillite. C'est
dans le journal ce matin, et allez parler aux actionnaires de Nemaska.
Je répète,
c'est dans un français, à mon avis, M. le Président, impeccable, c'est aussi
facile à comprendre que des chiffres,
le ministre de l'Économie connaît les chiffres : A-t-il eu, oui ou non,
une participation directe ou indirecte dans Lion Électrique entre son
entrée en politique et l'entrée en bourse de Lion?
Le Président : M. le ministre de
l'Économie et de l'Innovation.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : La réponse, c'est non, parce qu'en entrant en
politique j'avais des investissements dans un fonds d'investissement,
qui a été vendu au mois de novembre 2018, dans lequel il y avait une petite
participation dans Lion. Ça a été vendu en
novembre 2018, ça a été divulgué. La Commissaire à l'éthique était au courant.
Alors, ça n'a aucun rapport avec l'entrée en bourse de Lion Électrique.
Alors,
non, il n'y a eu aucun intérêt de la part du ministre de l'Économie dans Lion Électrique.
Et, encore plus important, toutes les aides
qui ont été données à Lion ont été gérées par le ministère de l'Éducation et
par le ministère du Transport. L'aide à Lion d'Investissement Québec,
elle se fait au même titre...
Le
Président : En terminant.
M. Fitzgibbon :
...qu'on va faire avec tous les assembleurs de voitures électriques au
Québec.
Le
Président : Deuxième complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Compte tenu des déboires
du ministre de l'Économie avec la Commissaire à l'éthique, nous sommes
en droit de poser la question suivante : Le ministre serait-il d'accord de
participer à un audit piloté par la Commissaire à l'éthique pour s'assurer,
pour s'assurer que le ministre dit vrai?
Des voix : ...
Le
Président : ...la parole n'appartient qu'au ministre de l'Économie et
de l'Innovation. À vous la parole.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M. le Président, je dois
avoir 500 pages de la part de vérifications de la Commissaire à l'éthique,
et, tout ça, la Commissaire à l'éthique a
publié, a commenté. Alors, je pense que le travail a été fait. Alors, la
demande du député de La Pinière n'a aucun bon sens.
Le
Président : Question principale, Mme la députée de Verdun.
Stratégie
pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre
Mme Isabelle Melançon
Mme Melançon :
Bien, M. le Président, vous avez entendu le ministre de la Santé dire, tout
à l'heure : Il nous manque
50 000 personnes. Clairement, il y a quelque chose qui ne fonctionne
pas, quand on parle de pénurie de main-d'oeuvre. Clairement, il faudrait peut-être que les ministres se parlent entre
eux. Le plan du ministre en emploi ne fonctionne pas.
• (10 h 50) •
Je le rappelle, là,
en 2018, quand ils sont arrivés, il y avait 118 000 postes vacants.
Là, il y en a 238 000, c'est deux fois
plus. On est assis sur nos mains. On manque des belles occasions. Lors de la
mise à jour économique, le ministre aurait pu bouger. Lors du budget, le
ministre aurait pu bouger. Malheureusement, il n'y a rien qui est fait. Les
régions crient au secours, les employeurs
crient au secours, les employés crient au secours, et les consommateurs, là,
c'est eux qui vont attendre plus longtemps, qui vont payer plus cher,
qui n'auront plus de services.
Qu'attend le ministre
pour agir?
Le
Président : M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité
sociale.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Merci, M. le Président.
On partage manifestement le même intérêt. C'est une priorité. Après la mise
à jour économique, l'opération main-d'oeuvre, M. le Président,
3,9 milliards de dollars, dont 2,9 milliards de nouveaux crédits. J'invite ma collègue à bien lire le
budget aussi. Dans le budget, il y a des mesures pour accroître la
productivité, la recherche,
l'innovation, prendre le virage numérique, acheter des nouveaux équipements,
2,2 milliards de dollars. Il y a 290 millions
de dollars, dans le dernier budget de mon collègue aux Finances, pour
accompagner les personnes immigrantes dans les régions, pour répondre aux
besoins de main-d'oeuvre.
Enfin,
dernière information, c'est important : le vieillissement de la
population, ça va continuer. On va connaître un creux historique en 2030. C'est important de mettre des solutions à
moyen et long terme, et ça passe par la formation. La requalification, ça donne des résultats. Il y a
183 000 participants individuels actifs entre le
1er avril et le 18 février derniers, cette année...
15
725
Le Président : En
terminant.
17
899
M. Boulet : ...qui
participent à nos mesures. Merci, M. le Président.
15
725
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
11
789
M. Tanguay : Oui,
M. le Président. Le ministre vient de parler d'investissements pour augmenter
la productivité, augmenter la production. J'ai visité à Coaticook, jeudi
dernier, une entreprise qui fabrique des armoires, M. le Président. Ils ont investi massivement, puis c'est une
merveilleuse entreprise, dans la productivité et dans la robotisation. Mais les employés, qui, avant, en sortaient 450,
unités par jour, vont en sortir 1 100,
unités par jour. Et personne ne va perdre son emploi, la pénurie va demeurer. Alors,
ça ne marche pas, ce que vous mettez de l'avant, ça ne marche pas. Et les
PME...
15
725
Le Président : M.
le ministre du Travail, de l'Emploi et de...
Des voix : ...
Le
Président : S'il vous
plaît! S'il vous plaît! La parole... S'il vous plaît! M. le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, vous avez votre réponse à donner.
M. Jean
Boulet
17
899
M. Boulet : Oui.
Alors, merci, M. le Président. La pénurie de main-d'oeuvre, c'est un défi de
société. Ce n'est pas qu'une
responsabilité qui repose sur les épaules de l'État. Les entreprises qui sont
représentées par des associations patronales à la Commission des
partenaires du marché du travail reconnaissent toutes que l'accroissement de la
productivité, que ce soit la robotisation,
l'automatisation ou l'intelligence artificielle, ça aide les entreprises non
seulement à lutter contre la pénurie
de main-d'oeuvre, mais à accroître leur potentiel de recrutement et de
rétention. Il y a énormément d'entreprises modèles, au Québec, qui
connaissent un succès phénoménal. Merci, M. le Président.
15
725
Le Président : Et
cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Mmes, MM. les députés, nous allons suspendre
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 54)
(Reprise à 10 h 57)
Votes
reportés
Motion proposant que l'Assemblée exige du gouvernement
qu'il déclenche une
enquête publique et indépendante pour faire la lumière sur les circonstances
entourant les décès survenus au CHSLD Herron lors de la
première vague de la pandémie de COVID-19
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme
annoncé précédemment, nous allons maintenant procéder au vote reporté sur la motion de M. le chef du troisième
groupe d'opposition débattue hier aux affaires inscrites par les députés de
l'opposition, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale déplore le drame survenu au CHSLD Herron, où 47 aînés sont
décédés lors de la première vague de la pandémie de COVID-19, au
printemps 2020;
«Qu'elle rappelle les inquiétantes révélations
concernant cette tragédie qui ont ressurgi dans les médias ces derniers jours;
«Qu'elle réitère le
principe de responsabilité ministérielle dans la gestion des événements,
c'est-à-dire que les ministres sont
individuellement responsables de la gestion de leur ministère et qu'ils doivent
répondre non seulement de leurs propres actions, mais aussi de celles de
leurs fonctionnaires;
«Enfin, que
l'Assemblée nationale exige du gouvernement le déclenchement d'une enquête
publique et indépendante pour faire
toute la lumière sur les circonstances entourant ces décès, et ce, tant pour
les familles des victimes que pour la dignité de celles et de ceux qui
ont perdu la vie.»
Que les députés en faveur de cette motion
veuillent bien se lever.
Le
Secrétaire adjoint :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine),
Mme Perry Mélançon (Gaspé), Mme Hivon (Joliette), M. Gaudreault
(Jonquière), M. Bérubé (Matane-Matapédia).
M. Fortin (Pontiac), M. Leitão (Robert-Baldwin),
Mme Nichols (Vaudreuil), M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Tanguay (LaFontaine), Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil
(Notre-Dame-de-Grâce), Mme David (Marguerite-Bourgeoys), M. Derraji (Nelligan), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Melançon (Verdun), Mme Charbonneau
(Mille-Îles), M. Barrette (La Pinière), M. Kelley (Jacques-Cartier), Mme
Sauvé (Fabre), M. Polo (Laval-des-Rapides), M. Arcand (Mont-Royal—Outremont),
M. Ciccone (Marquette), Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Rousselle (Vimont).
M.
Nadeau-Dubois (Gouin), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), Mme Ghazal (Mercier), M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme
Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Dorion
(Taschereau), M. Marissal (Rosemont), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
M. LeBel (Rimouski), M. Roy (Bonaventure), Mme
Samson (Iberville).
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Que les députés qui sont contre
cette motion veuillent bien se lever.
• (11 heures) •
Le Secrétaire adjoint : M. Jolin-Barrette (Borduas),
Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville), Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Girard (Groulx),
Mme McCann (Sanguinet), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy
(Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Martel (Nicolet-Bécancour),
M. Roberge (Chambly), M. Lévesque (Chauveau), Mme Lachance
(Bellechasse), M. Charette (Deux-Montagnes), M. Lamontagne (Johnson),
M. Carmant (Taillon), Mme Blais (Prévost), M. Caire
(La Peltrie), M. Lefebvre (Arthabaska), M. Dubé
(La Prairie), Mme Laforest (Chicoutimi), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Chassé (Châteauguay),
Mme Hébert (Saint-François), Mme Proulx (Berthier), Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs),
Mme Girault (Bertrand), M. Julien (Charlesbourg), M. Boulet (Trois-Rivières), M. Lafrenière (Vachon),
M. Poulin (Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu), M. Bachand (Richmond), Mme IsaBelle (Huntingdon),
M. Chassin (Saint-Jérôme), M. Bélanger (Orford), Mme Picard
(Soulanges), Mme Grondin
(Argenteuil), M. Caron (Portneuf), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois), Mme Dansereau (Verchères), Mme Jeannotte
(Labelle), M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest),
M. Campeau (Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Thouin (Rousseau), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), Mme Boutin (Jean-Talon), M. Girard
(Lac-Saint-Jean), M. Allaire (Maskinongé), Mme Guillemette
(Roberval), M. Lemieux (Saint-Jean), M. Bussière (Gatineau),
M. Provençal (Beauce-Nord).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Y
a-t-il des abstentions? Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote.
La
Secrétaire : Pour : 38
Contre :
60
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, la motion est rejetée.
Motions sans préavis
Maintenant, nous
sommes à la rubrique des motions sans préavis. En fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un
membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue,
la parole est à vous.
Demander au gouvernement d'examiner la possibilité de
créer un comité-conseil jeunesse sur le climat
Mme Lessard-Therrien : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais souligner la présence dans nos tribunes des
jeunes de la Délégation des
générations futures et celle de Génération Climat Montréal, pour qui nous déposons la motion ce matin.
Alors, Mme la
Présidente, je demande le consentement de cette Assemblée pour débattre de la
motion suivante conjointement avec le ministre de l'Environnement et de la
Lutte contre les changements climatiques, le député de Robert-Baldwin, le
député de Jonquière, le député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que l'Assemblée
nationale reconnaisse l'importance et la nécessité de la voix, des idées et du
pouvoir de la jeunesse, dans une perspective de justice intergénérationnelle;
«Qu'elle
reconnaisse également la légitimité du rôle que la jeunesse a à jouer face à
l'urgence climatique en tant que citoyennes et citoyens ainsi que
représentantes et représentants des générations futures;
«Que l'Assemblée
nationale demande au gouvernement d'examiner, dans un processus horizontal,
inclusif, participatif et transparent, la
création d'un comité conseil jeunesse permanent sur le climat, représentatif
des régions du Québec et des membres des Premières Nations et des Inuits
du Québec.»
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Il y a consentement, sans débat.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Oui, Mme la leader du deuxième groupe d'opposition.
Mme Labrie :
Je demanderais le vote par appel nominal, s'il vous plaît.
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
nous allons procéder à la mise aux voix de cette motion présentée par
Mme la députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue.
Que les députés en
faveur de cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint : M. Nadeau-Dubois
(Gouin), Mme Labrie (Sherbrooke), Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques), Mme Ghazal (Mercier),
M. Zanetti (Jean-Lesage), Mme Lessard-Therrien (Rouyn-Noranda—Témiscamingue), M. Fontecilla (Laurier-Dorion), Mme Dorion (Taschereau),
M. Marissal (Rosemont), M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve).
M. Jolin-Barrette
(Borduas), Mme Guilbault (Louis-Hébert), M. Laframboise (Blainville),
Mme Rouleau (Pointe-aux-Trembles), M. Girard (Groulx),
Mme McCann (Sanguinet), M. Fitzgibbon (Terrebonne), Mme Roy
(Montarville), M. Lemay (Masson), M. Simard (Montmorency),
Mme Lavallée (Repentigny), M. Roberge (Chambly), M. Lévesque
(Chauveau), Mme Lachance (Bellechasse), M. Charette (Deux-Montagnes),
M. Lamontagne (Johnson), M. Carmant (Taillon), Mme Blais
(Prévost), M. Caire (La Peltrie), M. Dubé (La Prairie),
Mme Laforest (Chicoutimi), M. Dufour
(Abitibi-Est), M. Skeete (Sainte-Rose), Mme Chassé (Châteauguay),
Mme Hébert (Saint-François), Mme Proulx (Berthier),
Mme Charest (Brome-Missisquoi), M. Schneeberger (Drummond—Bois-Francs), Mme Girault (Bertrand), M. Julien (Charlesbourg),
M. Boulet (Trois-Rivières), M. Lafrenière (Vachon), M. Poulin
(Beauce-Sud), M. Émond (Richelieu), M. Bachand (Richmond),
Mme IsaBelle (Huntingdon), M. Chassin (Saint-Jérôme), Mme Foster
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré), M. Bélanger
(Orford), Mme Picard (Soulanges), Mme Grondin (Argenteuil),
M. Caron (Portneuf), M. Asselin
(Vanier-Les Rivières), M. Reid (Beauharnois), Mme Dansereau
(Verchères), Mme Jeannotte (Labelle),
M. Tremblay (Dubuc), Mme Blais (Abitibi-Ouest), M. Campeau
(Bourget), Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice), M. Thouin (Rousseau), Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac), Mme Boutin (Jean-Talon), M. Girard (Lac-Saint-Jean), M. Allaire (Maskinongé),
Mme Guillemette (Roberval), M. Lemieux (Saint-Jean), M. Bussière
(Gatineau), M. Provençal (Beauce-Nord).
M. Fortin
(Pontiac), M. Leitão (Robert-Baldwin), Mme Nichols (Vaudreuil),
M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), M. Tanguay
(LaFontaine), Mme St-Pierre (Acadie), Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce),
Mme David (Marguerite-Bourgeoys), M. Derraji (Nelligan), Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), Mme Melançon (Verdun), Mme Charbonneau (Mille-Îles), M. Barrette (La Pinière), M. Kelley
(Jacques-Cartier), Mme Sauvé (Fabre), M. Polo (Laval-des-Rapides),
M. Arcand (Mont-Royal—Outremont),
M. Ciccone (Marquette), Mme Rizqy (Saint-Laurent), M. Rousselle
(Vimont).
M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine), Mme Perry Mélançon (Gaspé), Mme Hivon
(Joliette), M. Gaudreault (Jonquière), M. Bérubé (Matane-Matapédia).
M. LeBel (Rimouski), M. Roy
(Bonaventure), Mme Samson (Iberville).
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Que les députés contre cette motion veuillent bien se lever. Y a-t-il des
abstentions? Mme la secrétaire générale, pour le résultat du vote.
La
Secrétaire : Pour : 97
Contre :
0
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc, cette motion est adoptée. Donc, je reconnais maintenant un membre
du troisième groupe d'opposition. M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Mme la Présidente, je sollicite le consentement
des membres de cette Assemblée afin de présenter, conjointement avec la députée
d'Acadie, la députée de Taschereau, le député de Bonaventure, la députée
d'Iberville et le député de Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale insiste sur l'importance de l'art pour l'identité
québécoise, ainsi que sur celle des artistes, des artisans et de toutes les personnes qui la rendent possible pour la
production, la diffusion, la promotion et la valorisation de notre
culture, précieuse et unique au monde;
«Qu'elle
souligne que depuis deux ans, ces dernières catégories de travailleuses et de
travailleurs ont été particulièrement touchées par les vagues
successives de la pandémie;
«Qu'elle
rappelle que la CAQ s'était engagée, lors de la [dernière] campagne électorale
de 2018, à réformer la loi sur le statut de l'artiste au cours de la
présente législature, qui s'achève;
«Qu'elle précise que cette réforme doit
permettre aux artistes de bénéficier des mêmes droits et protections que les autres travailleurs québécois,
c'est-à-dire d'obtenir des conditions minimales de travail négociées,
applicables à tous leurs contrats,
d'être couverts par la Loi sur la santé et sécurité du travail et protégés lors
d'accidents de travail ou de maladies professionnelles,
et d'avoir accès à des ressources et à des mécanismes en matière de harcèlement
prévus par les normes du travail, entre autres;
«Qu'elle
affirme le caractère essentiel d'assurer l'équité entre les différentes
catégories d'artistes et de disciplines artistiques, certaines étant
désavantagées, voire exclues de l'application de l'actuelle loi;
«Enfin, que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de déposer au plus tard le
15 mai 2022 un projet de loi pour réformer le statut de l'artiste,
afin de permettre son adoption avant la fin de la 42e législature.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de
cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger : Pas de
consentement.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Comme il n'y a pas de consentement, je suis...
Des
voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : S'il vous plaît!
Des voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le député de Matane-Matapédia. Mme la ministre, on... Bon. Alors,
nous allons procéder à la prochaine
motion, un membre du groupe formant le gouvernement. M. le leader du
gouvernement, la parole est à vous.
M. Jolin-Barrette : Oui. Mme la Présidente, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de
Jean-Lesage, avec la députée de Joliette, le député de Bonaventure et le député
de Rimouski :
«Qu'à l'approche du
17 avril, l'Assemblée nationale du Québec rappelle l'opposition formelle du
Québec au rapatriement unilatéral de la Constitution à cette même date en 1982;
«Qu'elle dénonce que,
40 ans plus tard, cet affront n'a toujours pas été corrigé et continue à produire
des effets préjudiciables à l'autonomie du Québec et à sa capacité de maintenir
et de développer sa personnalité collective;
«Qu'elle
rappelle que tous les gouvernements du Québec successifs depuis 40 ans ont
dénoncé cette situation qui continue à produire des effets
préjudiciables;
«Qu'enfin
l'Assemblée nationale réitère que la négation du caractère national du Québec
dans les lois constitutionnelles est injustifiée et inadmissible.»
Merci.
• (11 h 10) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
Des voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Bon, O.K., MM. les leaders. MM. les leaders. MM. les
leaders! M. le leader du
gouvernement...
Des voix :
...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : MM. les leaders, est-ce qu'on peut passer à la prochaine motion? O.K. Alors, merci.
Alors,
je suis prête à reconnaître un membre du groupe formant l'opposition
officielle. Mme la députée de Verdun, la parole est à vous.
Mme Melançon :
Alors, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve, le leader
parlementaire du troisième groupe d'opposition, la députée d'Iberville, le
député de Bonaventure et le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse que l'ensemble des secteurs de l'économie
québécoise sont affectés par la pénurie de main-d'oeuvre, et ce, partout
au Québec;
«Qu'elle rappelle
qu'il y a maintenant 238 140 postes vacants à combler;
«Qu'elle
prenne acte qu'Emploi-Québec considère que sur l'horizon 2023, tous les
secteurs d'activités seront en déséquilibre et que ceux-ci demeureront
en déséquilibre jusqu'en 2030;
«Qu'elle
déplore que le budget déposé en mars 2022 n'offre aucune solution à court terme
pour freiner la pénurie de main-d'oeuvre;
«Qu'elle
déplore que le gouvernement n'ait pas donné suite aux propositions offertes par
les associations patronales et les syndicats pour réduire la pression de
la pénurie de main-d'oeuvre;
«Qu'enfin,
elle exige du gouvernement des mesures immédiates pour enrayer la pénurie de
main-d'oeuvre qui affecte l'économie de toutes les régions du Québec.»
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette
motion? M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger :
Pas de consentement.
Avis touchant les travaux des
commissions
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Comme
il n'y a pas de consentement, nous sommes rendus à la rubrique Avis
touchant les travaux des commissions. M. le leader du gouvernement.
M. Schneeberger : Oui,
Mme la Présidente. Alors, j'avise cette Assemblée que la Commission de la santé
et des services sociaux poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi n° 11, Loi visant à augmenter l'offre de services de première ligne par les médecins omnipraticiens et à améliorer la
gestion de cette offre, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à
13 heures et de 14 heures à 16 h 30, à la salle
Pauline-Marois;
La
Commission de la culture et de l'éducation poursuivra l'étude détaillée du
projet de loi n° 96, Loi
sur la langue officielle
et commune du Québec, le français, aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
14 heures à 16 h 30, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de
l'économie et du travail poursuivra l'étude du projet de loi... l'étude des
crédits budgétaires, pardon, 2022-2023 du volet Développement économique
régional du portefeuille Économie et Innovation le mardi 26 avril 2022, de
9 h 45 à 11 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
finances publiques procédera à l'étude des crédits budgétaires 2022-2023
du portefeuille Cybersécurité et Numérique, le mardi 26 avril 2022,
de 9 h 30 à 11 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine...
Des voix :
...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Excusez-moi.
Si vous quittez le salon bleu, s'il vous plaît, faites-le en silence,
parce que je n'entends pas un mot de ce que le leader du gouvernement dit
présentement.
M. Schneeberger : La
Commission de l'aménagement du territoire procédera à l'étude des crédits
budgétaires 2022-2023 du volet
Loisirs, Sports et Saines habitudes de vie du portefeuille Éducation le
mardi 26 avril 2022, de 9 h 45 à 10 h 45, à la
salle Pauline-Marois;
La
Commission des institutions procédera à l'étude des crédits
budgétaires 2022-2023 du volet Réforme des institutions
démocratiques du portefeuille Conseil exécutif le mardi 26 avril
2022, de 11 h 45 à 12 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission des relations avec les citoyens procédera à l'étude détaillée des
crédits budgétaires 2022-2023 du volet
Lutte contre l'intimidation du portefeuille Famille le mardi 26 avril
2022, de 11 heures à midi, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La
Commission des institutions procédera à l'étude détaillée des crédits
budgétaires 2022-2023 du volet Lutte contre l'homophobie et la transphobie du portefeuille Justice le
mardi 26 avril 2022, de 9 h 30 à 10 h 30, à la
salle de l'Assemblée nationale;
La Commission de la
culture et de l'éducation procédera à l'étude détaillée des crédits
budgétaires 2022-2023 du volet
Protection de la langue française du portefeuille de Justice le
mardi 26 avril 2022, de 10 h 45 à 12 h 30, à la
salle de l'Assemblée nationale. Voilà.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le leader. Aujourd'hui, il n'y a pas
d'avis de la présidence.
Alors, nous allons
suivre avec la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
M. le leader du
gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite des travaux, s'il vous plaît?
M. Schneeberger :
Oui. Alors, pour la suite, je vous demanderais d'appeler l'article 18
du feuilleton.
Projet de loi n° 15
Adoption
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Donc, à l'article 18 du feuilleton, M. le ministre
délégué à la Santé et aux Services sociaux propose l'adoption du projet de loi n° 15, Loi modifiant la Loi sur la protection de
la jeunesse et d'autres dispositions
législatives. Y a-t-il des
interventions? M. le ministre délégué
à la Santé et aux Services sociaux,
je vous cède la parole.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi d'ouvrir la séance. Je suis
particulièrement fier et heureux de me lever
aujourd'hui en cette Chambre pour l'adoption du projet de loi n° 15,
projet de loi dans lequel j'ai investi énormément d'efforts et de temps,
car, pour moi, la protection de nos enfants, c'est primordial, en fait, c'est
la priorité.
Cette
loi, qui date maintenant de 40 ans, n'a jamais vraiment été dépoussiérée.
Il y a bien eu quelques ajustements au
fil du temps, mais rien de cette ampleur, Mme la Présidente. C'est ni plus ni
moins une réforme en profondeur, adaptée aux réalités d'aujourd'hui, et il était temps, et, en fait, c'était plus
que temps, Mme la Présidente, de s'y attaquer. Moins d'un an après le dépôt du
rapport de la Commission spéciale sur
les droits des enfants et la protection de la jeunesse, nous livrons
la marchandise. L'adoption de ce projet de loi va changer la donne, notamment
parce que nous nous sommes attaqués à des concepts complètement dépassés
en 2022.
Pour
débuter, nous avons introduit un préambule qui n'existait pas dans l'ancienne
loi, soit celui de venir dire que l'enfant est dorénavant la priorité lorsque
vient le temps de prendre des décisions le concernant. Cela peut sembler
anodin, mais il n'en est de rien. Nous avons ainsi répondu favorablement à
l'une des recommandations de la commission Laurent.
Nous avons également revu la notion de
confidentialité, qui posait un problème dans bien des cas, notamment en ce qui
concerne l'échange d'information, et ce, pour le bien de l'enfant. Dorénavant,
la DPJ sera tenue de transmettre de l'information jugée essentielle et pertinente à un tiers lorsque la
situation le nécessite. Dans l'intérêt de l'enfant et afin d'éviter des
drames ou des situations potentiellement à risque, il est nécessaire que tous
collaborent afin d'assurer la protection de
nos jeunes. Ce changement, pour moi, était non négociable. Trop de familles ont
été brisées en raison de cette notion. Je n'en veux plus.
Autre point
majeur que nous avons introduit dans la loi, à partir de maintenant, et pour
l'avenir, il faudra s'assurer que les
enfants confiés à la DPJ ou en famille d'accueil puissent s'épanouir pleinement
sans avoir à vivre des situations qui peuvent
engendrer des troubles d'attachement sévères parce qu'ils passent d'une famille
d'accueil à leur famille biologique trop
souvent. Il faut arrêter ce qu'on a communément appelé le ballottage des
enfants, Mme la Présidente. L'idée, ici, n'est pas d'enlever les enfants à leurs parents, bien au contraire. Ceux-ci
auront toujours un rôle primordial à jouer. Mais, à un moment donné, c'est l'enfant qui pâtit des
allers-retours incessants, et ça, c'est excessivement nocif pour le développement
de nos jeunes.
• (11 h 20) •
Un autre
point très important et qui a été réclamé par de nombreux groupes est
l'introduction de la notion d'exposition à la violence conjugale. Dorénavant, celle-ci devra être prise en
considération lors de l'intervention de la DPJ. S'il y a risque de compromission, des actions devront être posées
immédiatement. Une formation sera d'ailleurs offerte à tous les intervenants
afin qu'ils soient en mesure de détecter
celle-ci, car l'expression à la violence... l'exposition à la violence
conjugale peut parfois prendre des formes insidieuses.
L'ajout
suivant a été fortement recommandé par ma collègue et députée de Notre-Dame-de-Grâce ainsi que par la commission Laurent, et c'est avec plaisir que
nous avons pu introduire l'accompagnement lors de la transition des jeunes à la vie adulte. Maintenant, ceux-ci
pourront bénéficier de services de l'État pour les aider à s'accomplir
lorsqu'ils auront atteint l'âge de
18 ans, et ce, jusqu'à 25 ans. C'est une avancée majeure et importante
pour les jeunes adultes qui se retrouvaient plus souvent qu'autrement livrés à
eux-mêmes. Ces situations peuvent engendrer des problèmes graves, comme
l'itinérance.
La nouvelle
mouture de la loi ajoute un chapitre nouveau tenant compte des réalités
autochtones. Nous adaptons plusieurs
dispositions de la LPJ aux Premières
Nations et Inuits afin de mieux
répondre aux besoins des enfants autochtones et de favoriser une plus grande participation des communautés et des
organismes autochtones en milieu urbain aux moyens à mettre en place afin de soutenir les familles et
d'assurer la continuité culturelle. D'aucuns diront que nous n'allons pas
encore assez loin, mais, au lieu de voir le
verre à moitié vide, il serait bien mieux de voir la réelle volonté de notre
gouvernement de travailler de concert avec les peuples autochtones.
Enfin, en ce qui concerne l'intervention
judiciaire, les modifications apportées à la Loi sur la protection de la jeunesse
assurent notamment la représentation systématique des enfants par avocats au
tribunal. De plus, les ordonnances visant
la permanence du projet de vie de l'enfant dans un milieu de vie substitut
devront tenir d'abord compte de l'intérêt de l'enfant et ensuite assurer
une continuité et une stabilité.
Notre gouvernement est en action et dans la
bonne direction afin d'améliorer les services offerts aux jeunes et aux familles et de mieux protéger les enfants du
Québec. Plusieurs actions ont été déployées au cours des dernières années,
notamment afin de consolider les services en protection de la jeunesse. Et,
tellement important pour moi, le plan du gouvernement améliorera la qualité et
l'accès aux services de proximité pour nos jeunes en difficulté et leurs familles
et misera sur des services qui seront
adaptés selon l'intensité des besoins, pour soutenir le développement optimal
des jeunes, et cela, en amont de la DPJ.
Bref, Mme la
Présidente, nous avons travaillé très fort, mon équipe et moi, de concert avec
les équipes du ministère, tant
clinique que juridique, qui ont mis tout leur coeur malgré tous les autres
dossiers qu'ils ont à gérer. Ils ont toute ma reconnaissance et ma
gratitude pour ce travail colossal.
Je tiens
également à remercier les oppositions, qui nous ont permis de bonifier ce
projet de loi. J'en profite pour souligner particulièrement l'appui
indéfectible dont a fait preuve la députée de Notre-Dame-de-Grâce lors de
l'étude détaillée. Je sais qu'elle croit en notre réforme depuis le
début. Elle a su défendre ses points de façon remarquable afin d'améliorer considérablement celle-ci. Et, tout
comme moi, elle l'a fait pour nos enfants présents et à venir. Je tiens à la
remercier publiquement pour cette excellente
collaboration. Je suis persuadée que ce travail que nous avons fait tous
ensemble permettra d'améliorer l'avenir de nos jeunes. J'y crois
fermement.
Un mot
également pour tous ceux qui sont venus en consultations particulières et qui
nous ont déposé un mémoire. Je vous ai
tous lus et écoutés avec le plus grand intérêt, et chacun était motivé par la
motivation la plus noble, celle
d'améliorer l'avenir de nos enfants.
Et, pour
terminer, je tiens à remercier Mme Laurent ainsi que tous les
commissaires, qui ont fait un travail de fond remarquable en nous
remettant un rapport étoffé qui nous a permis de réformer cette loi, et ce, en
moins d'un an.
Bien entendu,
Mme la Présidente, notre travail ne s'arrête pas ici, et nous poursuivrons la
mise en oeuvre de ce chantier colossal que nous avons entrepris. Il en
va de l'intérêt de tous nos enfants. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le ministre.
Maintenant, je suis prête à céder la parole au
prochain intervenant. Je crois que ça va être Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce. Alors, la parole est à vous.
Mme Kathleen Weil
Mme Weil : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, nous voilà, évidemment, à une étape bien,
bien importante du projet de loi,
soit l'étape de l'adoption, Loi
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et d'autres dispositions
législatives.
Alors,
on se rappelle le tragique et triste contexte de la réforme proposée par la Commission spéciale sur les droits des enfants et
la protection de la jeunesse, qui
inclut des recommandations de modifications législatives, soit le décès
de la fillette de Granby en avril 2019, la
petite Lilly, comme l'appelle Mme Laurent. Et j'ai une pensée aujourd'hui
pour la petite Lilly.
Pour cette
dernière étape, aujourd'hui, j'aimerais revenir sur certains grands thèmes du
projet de loi n° 15 pour que l'on
puisse apprécier l'impact que des mots et l'importance qu'on donne à des mots...
à quel point ça peut avoir un impact sur le bien-être de l'enfant.
Alors, l'intérêt de l'enfant, la considération
primordiale, le projet de loi vient affirmer que toutes décisions par la DPJ doivent être prises dans l'intérêt de
l'enfant, qui est la considération primordiale, et que la stabilité de l'enfant
est un déterminant majeur pour son sain développement. Et, bien que le
maintien ou le retour de l'enfant dans son milieu familial est privilégié pour
assurer cette stabilité, il est conditionnel, toujours et toujours, à l'intérêt
de l'enfant.
Un amendement
vient clarifier que c'est l'intérêt de l'enfant qui prime, aussi, dans le
projet de loi qui vise également à
mettre en évidence l'ordre de priorité pour choisir un milieu de vie substitut.
Lorsque le maintien de l'enfant dans son milieu familial n'est pas dans son intérêt, l'enfant doit être confié en
priorité à des personnes qui lui sont les plus significatives, notamment les grands-parents et les autres membres
de la famille élargie. Lorsqu'il n'est pas dans l'intérêt de l'enfant qu'il
soit confié à ces personnes, l'enfant doit être confié à un milieu de vie se
rapprochant le plus possible d'un milieu familial. Lorsque le retour,
finalement, de l'enfant dans son milieu familial n'est pas dans son intérêt, la
décision doit, de façon permanente, assurer
la continuité des soins et la stabilité des liens et des conditions de vie
appropriés à ses besoins et à son âge.
J'ai amené un
amendement, que le ministre a accepté, afin de favoriser le maintien de
l'enfant avec sa fratrie dans un même
milieu de vie substitut quand la situation est favorable. Donc, l'amendement se
lit : «Lorsqu'un enfant est retiré de son milieu familial, le maintien de l'enfant avec sa fratrie dans un
même milieu de vie substitut doit être favorisé à condition que cela
soit dans l'intérêt de cet enfant.»
Par ailleurs, plusieurs groupes avaient demandé
de réduire les délais lorsque le tribunal ordonne de confier un enfant à un milieu de vie substitut. Nous avons
plaidé que le temps des enfants est différent à chaque âge et à chaque étape
de leur développement. Malheureusement, notre
amendement a été rejeté, mais le concept, évidemment, est bien compris
par le ministre et son équipe.
Donc, une nouveauté dans le projet de loi, c'est
le fait d'inclure celui du droit de l'enfant ou adolescent d'être représenté. Chaque enfant a un droit d'être
représenté par un avocat. Et donc il faut y revenir sur la commission spéciale
qui avait dit qu'actuellement, à présent, la représentation des enfants est
variable et peu encadrée. Donc, cet amendement vient répondre à cette
préoccupation.
La plupart
des enfants sont représentés par avocat devant le tribunal grâce à l'aide
juridique. D'ailleurs, les avocats permanents
de la Commission des services juridiques représentent, Mme la Présidente, plus
de 12 000 enfants par année devant le tribunal. Et le
commentaire de la commission, c'est que, toutefois, le travail de
représentation des enfants s'avère complexe
et les règles pour l'encadrer sont insuffisantes. Donc, il faudra porter une
attention toute particulière à ce nouveau droit pour assurer l'efficacité
et l'impact voulu par le ministre pour les enfants et par la société,
évidemment.
• (11 h 30) •
Donc, autre changement bien important que je
voudrais souligner, c'est la création de ce poste de directeur national de la protection de la jeunesse et table
des directeurs, bon, surtout le directeur. En novembre 2020, on se rappelle,
lors d'observations et de recommandations
préliminaires, la commission spéciale recommandait qu'un directeur national
de la protection de la jeunesse ayant un statut de sous-ministre soit nommé. La
commission soulevait, à l'époque, un problème
de leadership et de reddition de comptes au sein de la protection de la
jeunesse. Et elle recommandait aussi que cette autorité provinciale
aurait notamment pour fonction d'exercer un suivi rigoureux des services aux
enfants et aux familles et de mesurer les effets des interventions. Je pense
que c'est un commentaire important.
On a eu
l'occasion, d'ailleurs, non seulement lorsqu'on a adopté cet article, mais
aussi tout au long... on a pu poser des questions à la directrice nationale,
qui a pu répondre à nos préoccupations... ou tout simplement une compréhension
du fonctionnement du système avant d'adopter certains amendements. Et je dois
vous dire que j'ai beaucoup apprécié sa collaboration et son éclairage.
En mars 2021,
le gouvernement a nommé une première... bon, donc, c'est Catherine Lemay, cette
première directrice dont je vous
parlais qu'on a eu l'occasion d'échanger avec tout au long de l'étude du projet
de loi. Elle s'assure, donc, du suivi des trajectoires de soins et de services
des enfants de la DPJ, détermine les orientations et les normes de pratique
clinique et de gestion et exerce les contrôles requis pour assurer que les
interventions à la DPJ respectent les standards généralement reconnus et soient adéquates sur les plans à la fois
scientifique, humain et social. De plus, elle doit exercer un leadership
et soutenir l'action des directeurs dans l'exercice de leurs responsabilités,
coordonner toute l'intervention impliquant l'intervention
de plus d'un directeur au sein d'une autre autorité compétente. J'ai eu
l'occasion de parler de la table qui
a été créée, qui était un forum. Une fois, c'était la table... non, ce n'était
pas la table, je ne m'en rappelle plus... l'Association des centres jeunesse du Québec. Donc, j'ai eu l'occasion
de parler... donc, cette table va produire un rapport parce qu'ils vont faire des échanges sur les
meilleures pratiques et s'assurer qu'il y a une cohésion et cohérence dans les
actions qu'ils posent dans tous les territoires du Québec. C'est bien important
de le mentionner, parce que c'est inégal, l'application
de la loi dans les territoires, pour différentes raisons. D'ailleurs, la
commission spéciale a dédié un chapitre complet sur les impacts.
Donc, j'en
viens à la violence conjugale, le ministre y a fait référence. C'est bien
important de souligner le travail qui
a été fait concernant la violence conjugale. La commission spéciale,
d'ailleurs, a dédié un chapitre ou avait dédié un chapitre complet sur les impacts des conflits
familiaux et de la violence conjugale sur les enfants, le chapitre XII. Selon
la commission, l'intervention, selon
des services de protection de la jeunesse, dans le cas de violence conjugale et
de conflits sévères de séparation,
est un des enjeux ayant fait l'objet du plus grand nombre d'appels et de
courriels à la commission. Imaginez-vous, pendant tous les mois qu'ils ont fait leurs
consultations, c'était l'enjeu numéro un. Elle a également reçu de nombreux témoignages à ce sujet lors des auditions
publiques et des forums régionaux, et ceux-ci ont soulevé de nombreux problèmes, notamment le manque de formation des
intervenantes, les difficultés de collaboration entre les différents organismes
et l'exercice de parentalité lors de ces conflits.
Selon la
commission, l'exposition à la violence conjugale fait partie des catégories les
plus fréquentes d'incidents fondés en
protection de la jeunesse. Elle souligne aussi que l'agressivité du parent
violent peut faire vivre aux enfants un climat de peur et d'insécurité. Selon les victimes, experts entendus, la
violence conjugale a des répercussions sur le développement. Les enfants
vivant dans un contexte de violence conjugale ont davantage de problèmes de
santé et le bien-être des enfants. Cette
violence affecte leur sentiment de sécurité et de bien-être, en plus d'entraver
leur développement mentale et physique. Ils sont également plus à risque
de reproduire des modèles relationnels violents dans leur vie en devenant à
leur tour victime ou agresseur.
Selon ce qu'a entendu la commission, le vécu des
enfants n'est pas toujours pris en compte, et des témoins ont souligné qu'il est important d'écouter les enfants
qui vivent des situations de violence conjugale. L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et enfants
victimes de violence conjugale affirme que, lorsque l'enfant exprime des peurs, elles ne sont pas entendues. On
priorise le droit de contact des parents au détriment de l'intégrité
psychologique et physique des
enfants. Dans un mémoire déposé à la commission, le refuge de l'Ouest-de-l'Île
a dénoncé le fait que les intervenantes
de la DPJ ne reconnaissent pas le vécu des enfants et ne respectent pas leur
rythme. Il mentionne également la pression exercée sur les enfants pour
reprendre contact rapidement avec l'agresseur, même s'ils disent qu'ils ne
sont pas prêts.
La commission
constate que les enfants vivant dans un contexte de violence conjugale ou
familiale ainsi que ceux qui sont au centre de conflits sévères de
séparation constituent des victimes trop souvent oubliées. Les commissaires
soulignent l'urgence d'intervenir rapidement dans la vie de ces enfants et de
leur apporter le soutien et les ressources nécessaires
pour leur venir en aide et pour assurer leur bon développement et qu'il est
essentiel de bien évaluer les besoins de
ces enfants, de les écouter, d'écouter leurs opinions, leur détresse et les
accompagner adéquatement tout en tenant compte de leur rythme.
Alors, elle a
aussi souligné... Puis on a beaucoup parlé avec le ministre de ça, la
formation. Et donc on nous a rassurés qu'il
y aura la formation pour tous les intervenants et intervenantes qui auront à
agir, évidemment, en matière de compromission. Et donc on a été
rassurés, et je vous dirais que ce que le ministre a fait, on a trouvé ça
excellent, je l'ai dit hier, c'est qu'il...
On était tous en train de déposer des amendements suite aux consultations qu'on
a eues. Le ministre a dit : Ce qu'on va faire, c'est que moi, je vais demander à mon équipe, avec des
experts, de regarder cette question et d'amener un paquet, si on veut, des amendements qui vont être
cohérents et comme ça, donc, on pourra s'assurer qu'on respecte toutes les
règles de la législation, etc., mais
en tenant compte des endroits importants dans le projet de loi. Alors, on a
beaucoup apprécié.
Ça a pris
quelques semaines. Le ministre voulait vraiment que son équipe aille au fond
des choses, et donc il y a eu des amendements qui ont été apportés. Et
on a tous apprécié cette expérience, parce qu'on sent vraiment qu'on a pu faire une différence par rapport à cet enjeu, qui
était souvent un peu... bien, souvent, très, très caché, je vous dirais, parce
que j'ai vraiment parlé avec beaucoup
d'avocats et de femmes victimes de violence conjugale qui m'ont beaucoup
éclairée sur la situation,
et on est venu vraiment répondre, je crois bien... On verra avec
l'expérience, mais j'ai bon espoir. Et c'est vraiment formation, formation,
formation qui va jouer un rôle, notamment, les tribunaux aussi, et ce sera donc
aux tribunaux d'assurer cette formation.
Le ministre
l'a mentionné, le passage à la vie adulte, un chapitre bien important pour moi
dans ce trajet que j'ai pris en
matière de protection de la jeunesse. Donc, le passage à la vie adulte... À
18 ans, on n'est pas vraiment adulte. Ça me fait penser à un article que
j'avais lu, ce titre est toujours resté dans ma tête, en effet, plus de
60 % des Québécois âgés de 18 à
24 ans vivent encore chez leurs parents. Ça, c'est dans la population
ordinaire, là, de tous les jours... de tout le monde. Imaginez, donc, des jeunes plus fragiles que la
moyenne, laissés à eux-mêmes, à un âge où l'on a peut-être atteint la majorité,
mais pas la maturité d'un adulte. C'est ce que vivent les jeunes de la DPJ.
Comme l'a documenté un groupe de chercheurs dans
l'étude sur le devenir des jeunes placés, qui suit un millier d'ex-placés de la DPJ, l'atterrissage dans la vie
autonome est difficile, voire brutal. Ainsi, 20 % de ces jeunes ont connu
au moins un épisode d'itinérance. À
19 ans, à peine le quart ont leur diplôme d'études secondaires. Mal
préparés, mal soutenus, beaucoup
tombent dans le vide. C'est pourquoi ils ont besoin du soutien du gouvernement.
L'étude démontre qu'étendre le
soutien de l'État à ceux qui le souhaitent jusqu'à l'âge de 21 ans serait
rentable humainement et économiquement. Imaginez jusqu'à 25 ans...
jusqu'à 26 ans, comme le ministre a inclus, donc, dans le projet de loi.
Alors, oui,
en effet, j'ai interpelé le ministre à de nombreuses occasions lors de l'étude
du p.l. n° 15 afin qu'il garantisse un accompagnement pour les jeunes issus de la DPJ
dans ce passage à la vie adulte. Et les jeunes sont venus rencontrer le
ministre. Ça a été un moment très, très fort, pour moi, en tout cas, de cette
étude du projet de loi. Et donc, lors d'une conférence
de presse, les ex-placés sont venus livrer un message. Le ministre les a
rencontrés. Et donc ils ont parlé d'un programme
qui prévoit l'accès aux services de santé physique et mentale, soutien social
et communautaire, le logement, le soutien à la scolarisation et à
l'insertion à l'emploi et un soutien financier adéquat.
Alors, la
bonne nouvelle, c'est que le ministre a eu beaucoup d'écoute vis-à-vis ces
jeunes et mes propres paroles. Nous avons bonifié le projet de loi. Un
amendement a été présenté par le ministre, et donc, comme il l'a dit hier,
modifiant la Loi sur le ministère de
la Santé et des Services sociaux. C'était une des clés de la solution. Alors,
l'État doit prendre des mesures, et évidemment le ministre a dit qu'il doit
prendre le temps pour bien implanter... Il fera des consultations. Alors,
on va tous suivre l'évolution de ce dossier. Moi, je vais le suivre avec beaucoup
d'intérêt.
Et j'aimerais
remercier, donc, les jeunes qui sont venus ici. Ils étaient en haut, dans nos
estrades, donc, quand ils sont venus.
Jessica Côté-Guimont, je la remercie. Je remercie Jessy Steve Gagné, Geneviève
Caron, Kevin Champoux-Duquette et Émilie Roy pour le succès, je pense,
collectivement, qu'on a eu et le succès qu'on aura pour les jeunes de... les
ex-jeunes placés de la DPJ.
• (11 h 40) •
Les
autochtones, évidemment, c'est un chapitre plus... bon, j'en parlerais, mais
évidemment c'est une situation plus difficile.
Le projet de loi n° 15 introduit un chapitre qui regroupe de nouvelles
dispositions sur les services de protection de la jeunesse destinés aux autochtones et reconnaît, dans son préambule,
qu'ils sont les mieux placés pour prendre soin de leurs enfants. C'était d'ailleurs une
recommandation de la commission Viens sur les relations entre les autochtones
et certains services publics, d'ailleurs reprise aussi par la commission
Laurent.
De nouvelles mesures visant à tenir compte des
facteurs historiques, sociaux et culturels qui leur sont propres seront intégrées, comme la possibilité de former
des conseils de famille. Le projet de loi prévoit aussi la possibilité, pour une
communauté autochtone ou un regroupement de communautés, d'administrer l'aide
financière pour favoriser la tutelle, la
tutelle coutumière, l'adoption et l'adoption coutumière. Le projet de loi
permet aussi de généraliser des ententes, comme celles qui sont intervenues entre des bandes attikameks et le gouvernement
québécois, visant la prise en charge par les communautés des services de
protection de la jeunesse.
Mais la nouvelle loi ne prévoit pas de nouveau
mécanisme pour les communautés qui souhaitent s'affranchir de la Loi sur la protection de la jeunesse avec
l'implantation de leurs propres modèles, autres que ceux existant en vertu de l'article 37.5 de la loi
actuelle.
Lors du dépôt du projet de loi, l'Assemblée des
Premières Nations du Québec et du Labrador a souligné leur mécontentement quand
il écarte des recommandations de la commission spéciale qui proposait au
gouvernement du Québec de permettre aux
dirigeants autochtones de créer leur propre loi sur la protection de la
jeunesse et de la famille. Et je les cite : «Malheureusement, nous sommes
encore devant un gouvernement qui tient absolument à imposer ses lois et ses
façons de faire en matière de protection de
la jeunesse. Le p.l. n° 15 n'est pas à la hauteur de nos ambitions,
puisqu'il ne reconnaît pas notre droit inhérent à l'autodétermination en
matière de protection de la jeunesse.»
D'ailleurs,
l'APNQL a encore réagi cette semaine pour exprimer leurs préoccupations à...
leur consternation par le peu d'écho
que semblent avoir les nombreuses représentations faites devant d'innombrables
tribunes qui ont étudié la situation des enfants et des jeunes qui se
trouvent confrontés, donc, au système québécois de protection de la jeunesse. Selon eux, il est clair que l'objectif poursuivi
par les gouvernements des Premières Nations est d'obtenir une pleine autonomie
dans la gestion de leur protection de la
jeunesse. Or, le gouvernement a plutôt fait le choix d'imposer ce qu'il juge
être bon pour les communautés.
D'ailleurs,
une des recommandations du Conseil de la nation atikamekw était de formuler le
considérant suivant, dans le
préambule : «Considérant que les Premières Nations et les Inuits possèdent
le droit à l'autodétermination et à l'autonomie gouvernementale,
notamment à l'égard de leurs enfants et de leurs familles.
«En ce sens,
le Conseil de la nation atikamekw aurait aimé que le gouvernement saisisse
l'opportunité [...] de mettre en oeuvre l'ensemble des recommandations émises
par la commission Laurent à l'égard des autochtones et principalement celles leur reconnaissant une plus grande et réelle
autonomie, à savoir : permettre aux dirigeants autochtones de créer leurs
propres lois sur la protection de la
jeunesse et de la famille; et reconnaître la compétence des dirigeants
autochtones dans l'exécution et le contrôle d'application de ces textes...»
Alors, il faudra... Moi, je vous dis, cette
expérience, et les échanges que j'ai eus, et la sensibilisation que les communautés autochtones ont pu nous faire, cette
sensibilisation qu'ils nous ont... nous ont sensibilisés, finalement, à la
réalité. Moi, je suis convaincue que, plus
tôt, certainement plus tôt que plus tard, il va falloir écouter la voix des
autochtones.
Et j'en viens donc à un sujet qu'on a traité
vraiment à la fin de l'étude du projet de loi, c'est ce fameux... durée
maximale d'hébergement. Richard Guay, gestionnaire des services sociaux à la
Commission de la santé et des services sociaux des premières nations du Québec
et du Labrador, a écrit une lettre adressée au ministre afin de rectifier ce
qu'il appelle certains faits et réaffirmer
leur opposition à la formation d'un conseil de famille comme condition pour
exempter les enfants autochtones des durées maximales d'hébergement,
comme il est prévu à l'article 131.12 du projet de loi.
Je le cite,
dans sa lettre, il dit : «...vous affirmez vouloir conserver un
"filet de sécurité" si l'enfant se trouve dans une situation
défavorable, ce filet de sécurité prenant la forme du conseil de famille. Nous
réitérons que nous sommes en désaccord avec le fait d'assujettir
l'exemption des durées maximales d'hébergement à la mise en place d'un conseil de famille, notamment car celui-ci ne constitue
pas une pratique répandue dans l'ensemble des nations et communautés au Québec. Certaines d'entre elles se verraient ainsi
imposer une façon inadaptée de gérer leurs services à l'échelle locale, par le
Québec. Les agences des services à l'enfance
et à la famille des Premières Nations, déjà en place dans les communautés,
ainsi que les organismes autochtones
ayant le mandat d'offrir des services sociaux en milieu urbain, tels que les
centres d'amitié autochtones, jouent
déjà ce rôle de "filet de sécurité" auprès des familles en difficulté
et des enfants à risque. L'article 131.12 tel que libellé actuellement a pour effet de créer un traitement
différentiel et de porter directement préjudice aux enfants et aux
familles qui soit décident de recevoir des services différents...» Soit parce
qu'ils décident de recevoir des services différents, soit parce qu'ils n'ont pas
accès aux services d'un conseil de famille.
«Par
ailleurs, rappelons que les durées maximales d'hébergement ont été introduites
à la loi dans le but d'assurer la
stabilité des liens affectifs des enfants confiés en milieu de vie substitut.
Cette disposition s'appuie sur une théorie — qu'il
appelle — occidentale
de l'attachement, dont l'application aux peuples autochtones est hautement
contestée, vu notamment les dynamiques familiales différentes au sein
des communautés.» Alors, il continue : «En quoi d'exempter les enfants
autochtones d'une disposition fondée sur une doctrine occidentale et
culturellement inadaptée mettrait-il l'enfant à risque? D'où vient la prétendue nécessité d'ajouter un filet de
sécurité? Par ailleurs, la loi regorge d'autres possibilités pour le tribunal de s'assurer de la sécurité de
l'enfant. Toute décision rendue par le tribunal doit, application des durées
maximales d'hébergement ou pas, l'être dans l'intérêt de l'enfant et
dans le respect de ses droits.»
Et,
je vous dirais, il a rajouté aussi : « Enfin, il y a une
contradiction entre le fait que le gouvernement refuse d'accepter cet
amendement et le considérant qu'on a adopté dans le nouveau préambule qui se
lit ainsi : "Considérant que les autochtones sont les
mieux placés pour répondre aux besoins de leurs enfants de la manière la plus
appropriée".»
Alors, je
voulais porter leur voix parce que je pense que c'était un moment important
pour nous tous, tous les députés, d'être
très sensibilisés quand on a devant nous un objectif clair, c'est de protéger
les enfants. Le ministre est plein de bonne volonté. Les gens qui travaillent avec le ministre, tout le monde est
rempli de bonne volonté, mais ce qu'ils nous demandent, c'est de les écouter. Et j'ai été très touchée par
ce commentaire, et mon collègue le député de Jacques-Cartier l'a bien dit hier,
on les invite dans des consultations, ils expriment leurs points de vue.
D'ailleurs, j'ai été vraiment agréablement surprise de voir le nombre d'autres groupes de la société
québécoise qui appuient cette notion d'autodétermination, mais, quand vient
le temps d'apporter un amendement, il n'y a
pas vraiment d'écoute et qu'on ne leur donne pas le temps. Donc, il n'y a pas
assez de temps de consultation, et on ne
respecte pas leur notion de temps pour pouvoir échanger convenablement avec les
décideurs.
Alors, je
voulais le mentionner, et ça n'a pas changé, comment dire... C'est important
d'apporter leur voix, parce que, tôt
ou tard, comme je l'ai dit, la société québécoise va évoluer, les gouvernements
aussi pour répondre. Et on a été au
gouvernement. Je connais exactement les défis pour le ministre, mais chaque
occasion est une occasion d'apprendre et d'apprécier. Pour moi, ça a été un moment important de comprendre que la
notion de temps chez les autochtones est tout à fait différente de la notion de temps pour nous, et qu'il va falloir
tenir compte de ça, et leur accorder le respect qu'on leur doit et le respect pour leur capacité de prendre
des décisions qui concernent le bien-être de leurs enfants et de leurs
communautés.
Il y a un
chapitre, dans le temps qu'il me reste, qui est très... assez bouleversant, de
la commission Laurent. On n'en a pas parlé en commission parlementaire
parce qu'on n'avait pas... ce n'était pas le moment de le faire, mais c'est le chapitre sur la commission... la communauté
anglophone et autochtone, et c'est certainement triste. Je tiens à signaler que
le chapitre XI est bien important dans le rapport. Et, je sais, j'ai parlé avec
des ex-commissaires qui ont dit qu'ils ont découvert
quelque chose qui les a vraiment surpris et qu'il faut miser sur l'importance
d'assurer un accès équitable aux services de prévention et de protection
de la jeunesse aux enfants et leurs familles d'expression anglaise au Québec.
Donc, le
constat de la commission spéciale : Pour établir un lien de
confiance, les enfants et leurs familles ont besoin que le soutien soit
offert dans une langue qu'ils comprennent. Les régions font face à une pénurie
de ressources et de main-d'oeuvre anglophone
malgré des besoins criants. Et ils soulignent l'Estrie, l'Outaouais, notamment,
dans les autres régions du Québec,
des services quasi inexistants, donc tout à fait différents de la réalité
montréalaise, bien qu'à Montréal les
services consacrés aux familles d'expression anglaise se détériorent. Alors,
ils recommandent de garantir l'accessibilité des services en anglais aux enfants et aux familles partout au Québec et
d'octroyer un mandat suprarégional à un ou des établissements pour
offrir des services de réadaptation aux enfants d'expression anglaise.
• (11 h 50) •
J'ai fait le
tour du Québec, quand j'ai eu la responsabilité... j'ai été nommé ministre
responsable de la communauté anglophone.
Je suis allée visiter toutes les communautés anglophones partout au Québec, et,
je vous dirais, ça m'avait beaucoup
frappée. Il y a beaucoup de pauvreté, contrairement à ce qu'on peut imaginer,
beaucoup de pauvreté, de fragilité et
un manque de ressources importantes pour les enfants qui ont des problèmes de
développement et de comportement. Et, des fois, c'est vraiment... pour
réussir à l'école, donc, des enfants autistes, etc., il n'y a pas d'appui. Et,
on comprend, c'est un... Ce serait vrai pour
d'autres communautés, notamment les autochtones aussi. Il va falloir porter...
Ce que la commission demande, c'est d'apporter une attention
particulière à cette situation.
J'ai vu, par
ailleurs, les CIUSSS et les CISSS avoir une relation avec les organismes qui
représentent des anglophones, et ça, ça m'a rassurée. Ce n'est peut-être
pas partout, mais honnêtement, je trouvais qu'ils étaient toujours à l'écoute
et ils se connaissaient. Mais il y a une fragilité dans ces communautés. Il va
falloir porter attention...
Familles
d'accueil, un enjeu important, il y a eu plusieurs reportages. C'est
évidemment... et le ministre l'a évoqué, lorsqu'on voulait étendre la possibilité, pour ceux qui sont en famille
d'accueil, de rester jusqu'à 21 ans, c'est ce manque de familles d'accueil
au Québec. Geneviève Rioux, la présidente de la Fédération des familles
d'accueil et ressources intermédiaires
du Québec, croit que, pour en attirer de nouvelles et conserver celles qui
jouent déjà ce rôle important, le gouvernement doit faire tomber bien
des obstacles.
La commission
spéciale, d'ailleurs, s'est penchée sur cette question, et son rapport contient
une série de solutions, notamment d'alléger les critères de recrutement
qui sont actuellement trop stricts et non identiques d'une région
administrative à l'autre. On se demande — et je les cite — alors
si le directeur national de la protection de la jeunesse imposera une norme
générale quant aux critères pour recruter des familles d'accueil. Donc, c'est
matière à réflexion, et je pense que la nouvelle directrice, c'est justement le
genre de rôle qui tombe dans son mandat.
En
conclusion, évidemment, cette réforme, c'est un pas de géant en avant, des
changements importants qui répondent, pour
la plupart, des recommandations de la commission Laurent, mais il y a tous
autres types de mesures qui touchent la première ligne, des mesures de
prévention, qui ne sont pas des mesures législatives. Mais on sait qu'il y a
deux grands problèmes, c'est la pénurie de main-d'oeuvre...
Donc, le
projet de loi ne peut pas tout régler. Depuis la pandémie, le nombre de
signalements à la DPJ est en hausse. La
liste d'attente pour une évaluation après un signalement ne cesse de s'allonger
et les départs parmi le personnel expérimenté se multiplient. Alors, la
commission spéciale recommande de, pour valoriser, soutenir et reconnaître les
intervenantes, revoir la charge de travail
des intervenantes pour assurer des services de qualité, assurer la sécurité
physique et psychologique des
intervenantes, offrir un meilleur soutien et un meilleur encadrement aux
intervenantes, améliorer la formation initiale et le développement
professionnel.
Aussi, le
ministre est aussi très partisan d'une première ligne très, très forte, la
prévention. On a parlé de plusieurs exemples où... des belles
collaborations entre les CIUSSS, les CISSS, les CLSC et les organismes du
terrain. Lorsqu'ils reçoivent un signalement, il y a
certains qui ont eu le réflexe d'aller voir si... l'appui à la famille, sachant
que ce n'était peut-être pas une situation
de compromission, vraiment, mais tout simplement une inquiétude, et donc de
tendre la main à des organismes
communautaires qui viennent, comment dire, sécuriser la DPJ, mais aussi,
évidemment, en travaillant avec la famille et les enfants, puis ça donne
des résultats.
Donc, pour
ça, évidemment, ça va prendre des programmes. Et je sais que le ministre a dans
son napperon beaucoup de projets et
une continuation à faire, mais ça va prendre un financement important pour
soutenir les organismes. Ça, ce message-là,
on le reçoit beaucoup. Ils sont mal en point. La COVID a fait beaucoup de mal
aussi, la période de la COVID, autant
du niveau de la compromission... mais aussi les organismes communautaires qui
ont été fragilisés. Donc, il va falloir porter une attention
particulière à la solidité de cette première ligne.
En
conclusion, je tiens à souligner que notre formation a été présente à chaque
séance de l'étude détaillée afin de plaider
pour les différentes recommandations des groupes ayant édité un mémoire. Nous
sommes fiers de notre participation. Moi,
je suis particulièrement fière d'avoir participé à cette commission, un projet
de loi extrêmement important pour nos jeunes
et nos enfants. Et, à chaque étape de ce projet de loi et chaque intervention,
nous avons tenu compte ensemble de l'intérêt de l'enfant primordial, une
considération primordiale. On a amené, donc, des modifications.
Le ministre
et son équipe, je veux saluer le ministre et son équipe. Ils ont démontré tout
au long une ouverture pour expliquer tout. Et puis, bon, une fois qu'on
a compris l'explication, soit que je retirais l'amendement, ça me semblait... évidemment, des fois, on le gardait quand même.
Parfois, le ministre a amené l'amendement. L'atmosphère a été vraiment, je vous dirais, extraordinaire. Je sentais que
tout le monde avait à coeur une chose, le bien-être de l'enfant et du jeune,
tout le monde qui était autour de la table, tous les députés du
gouvernement et des oppositions. Et on a bien échangé. Je me souviendrai
toujours de cette belle expérience ici, à l'Assemblée nationale.
Donc, nous allons voter pour l'adoption du projet
de loi. C'est une avancée pour la protection de la jeunesse. Il faudra suivre les actions, évidemment, du gouvernement et
toutes les autres recommandations du rapport de la commission Laurent.
Encore une fois, je remercie le ministre et je
remercie beaucoup aussi son équipe qui nous a accompagnés pour atteindre ce
résultat vraiment magnifique aujourd'hui. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée.
Avant de
céder la parole au prochain intervenant, je vous informe qu'un débat de fin de
séance se tiendra aujourd'hui, à 13 heures, en application de l'ordre
spécial. Ce débat portera sur une question adressée par M. le député de LaFontaine au ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale concernant l'impact de la pénurie de
main-d'oeuvre sur l'économie et toutes les régions du Québec.
Maintenant, nous vous écoutons, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve.
La parole est à vous.
M. Sol Zanetti
M.
Zanetti : Merci, Mme la Présidente. C'est Jean-Lesage, mais je ne vous en tiens pas rigueur. On se ressemble et on est
des amis. Donc, pas de problème.
Alors, ce
projet de loi sur la réforme de la Loi
sur la protection de la jeunesse est
né dans des circonstances tragiques. Et
je me souviens de ce moment, au Québec, où il y a eu cette tragédie, à Granby,
et ensuite où, finalement, le Québec entier était pris d'un émoi tout à fait légitime et justifié et où les chefs de
l'opposition et le premier ministre ont décidé de travailler ensemble pour
dire : Il y aura une commission spéciale pour qu'on trouve les causes
profondes de ce qui s'est passé et qu'on
y amène une solution collective qui se passe au-delà de la partisanerie. Et
c'est ce qui s'est passé avec la commission Laurent, à laquelle,
évidemment, tout le monde a participé.
Et je dois dire que l'étude du projet de loi,
disons, ça ne s'est pas passé exactement dans le même esprit. Oui, évidemment, tout le monde, comme le disait la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, était, autour de la table, plein de bonnes
intentions, puis avait, tout le monde, à
coeur, là, disons, je dirais, le bien-être de l'enfant, son intérêt supérieur,
mais clairement les oppositions n'ont pas participé à la rédaction de ce
projet de loi.
Et, dans le
cadre de l'étude détaillée, j'ai été quand même déçu de la quantité
d'amendements qu'on a proposés qui n'ont pas été acceptés. Certaines
choses l'ont été, des choses avec, disons, des conséquences grammaticales, mais
plus grammaticales que fondamentales. Ensuite de ça, on présentait des
amendements, d'autres étaient proposés de la part du ministre mais qui n'allaient vraiment pas, disons, rencontrer
vraiment les demandes qui nous étaient faites de la part de la société civile,
des gens qui sont venus témoigner en commission pour dire ce qu'il fallait
bonifier dans ce projet de loi là. Alors, je
le vis comme une déception. J'aurais voulu qu'on ait le même niveau de
collaboration tout au long de ce processus-là, pas seulement dans la
commission.
C'est un projet de loi en faveur duquel on va
voter parce qu'il est bon pour les enfants québécois. Par contre, il y a quand même quelque chose de majeur, et, à
voir comment il est reçu par plusieurs groupes, plusieurs communautés autochtones,
plusieurs groupes de la société civile, plusieurs groupes politiques
autochtones aussi, je ne peux pas m'empêcher
d'y voir là une autre occasion historique ratée. Et je ne pense pas que c'est
un projet de loi qui est bon pour les enfants autochtones, parce qu'il
n'atteint pas le niveau qui nous était demandé, le niveau de réforme, le niveau
de changement. Alors, c'est pour ça que j'ai un sentiment mitigé.
• (12 heures) •
On va voter
pour. Il est bon pour les enfants québécois, mais, en même temps, je trouve ça
inacceptable qu'on soit encore, au
Québec, à dire aux autochtones : En théorie, on reconnaît que vous êtes
les mieux placés pour vous occuper de vos enfants, puis ensuite de ça que, dans
un projet de loi, on leur impose des structures qui font tout à fait le
contraire, en fait, puis qu'on ne se rende pas à leurs arguments
lorsqu'ils disent : Laissez-nous faire, nous avons une culture différente,
les raisons pour
lesquelles vous faites des choses qui sont bonnes pour vous ne s'appliquent pas
chez nous et fait que les solutions adaptées
pour vous ne le sont pas pour nous. C'est un message clair. C'est tellement
simple. Et on dirait que, comme... bien, en fait, pas comme société
parce que je pense que, de plus en plus, la société québécoise chemine vers là,
puis est prête à entendre ça, et elle
comprend ça de plus en plus. Mais, au gouvernement, ça a bloqué. Est-ce que ça
a bloqué du point de vue ministériel ou ça a bloqué ailleurs dans le
gouvernement? On n'aura jamais le fin détail. Dans tous les cas, c'est quelque
chose qui m'attriste.
Le
droit à l'autodétermination, pour faire quelque chose d'aussi crucial que ça,
là, il ne peut pas être limité par des considérations du genre :
c'est trop compliqué, parce qu'il y a plusieurs communautés, parce qu'il y a
plusieurs nations. Qu'est-ce qu'on fait
quand un enfant est à la fois dans une communauté, puis, après ça, il sort,
puis là il est en milieu urbain? Qui va s'en occuper? Tout ça, ça
s'arrange. Ce sont des choses qu'on est capable de faire.
Puis
surtout, là, à partir du moment où on dit : C'est les autochtones qui
décident, bien, je veux dire, qu'est-ce qui peut arriver d'autre que des
solutions qui sont choisies par eux et qui, lorsqu'elles seront imparfaites,
comme tous les peuples prennent des
décisions imparfaites, et je nous inclus là-dedans, bien, ils vont les
améliorer, ils les auraient améliorées, comme nous, on essaie d'améliorer nos processus qui ne sont pas bons, comme
nous, on a essayé d'améliorer puis qu'on a réussi, je pense, à améliorer
la protection de la jeunesse dans le cadre de ce projet de loi là?
Alors, moi, c'est mon
amère déception par rapport à tout ça qui fait que j'ai un peu moins envie de
fêter, même si je reconnais les grandes
avancées pour la protection de la jeunesse et pour les enfants québécois qui
sont amenées par ce projet de loi là.
Un
autre angle mort qui a été pointé du doigt, c'est la question de la violence
conjugale. Au début, le projet de loi ne contenait rien là-dessus, et
finalement il y a eu des amendements qui ont été amenés, mes deux amendements.
Et puis, quand on a voulu aller plus
loin pour vraiment répondre aux demandes concrètes des gens sur le terrain qui
disent comment s'opérationnalise la
loi puis comment, des fois, la loi, sans le vouloir, bien, met des enfants en
danger, puis met des femmes en danger aussi, les personnes victimes de violence
conjugale, pour dire les choses plus largement encore... Et j'ai trouvé ça dommage. Il y a eu des gens en commission
parlementaire, puis je ne sais pas pourquoi on n'est pas allé jusqu'au bout.
Tu sais, à la fréquence à laquelle on ouvre
ce genre de loi là et à laquelle on fait ce genre de réforme là, ça n'arrive
tellement pas souvent, je me
dis : Ce petit pas de plus qu'on pouvait faire chaque fois, bien, on ne
l'a pas fait jusqu'au bout. Et c'est une autre de mes déceptions par
rapport à ce projet de loi.
Je
voulais le mentionner avant de voter pour, parce que c'est ce genre de chose
qui arrive lorsqu'on est dans une situation,
comme opposition, d'impuissance. Tu sais, on arrive dans une commission, puis
on a la minorité des votes, puis on fait des choses, puis après ça, bien...
C'est Woody Allen, je pense, qui disait : La dictature, c'est... Ah! bien,
là, ce n'est pas... c'est malpoli de
dire ça, la première phrase, mais après ça il disait... c'est comme :
Ferme-la, puis, ensuite la démocratie, c'est :
Cause toujours. Donc, des fois, j'ai l'impression qu'on a pas mal plus parlé
qu'on a été... entendus, oui, là, entendus au sens des... ça a été
perçu, ce qu'on a dit, mais ça n'a pas été intégré au projet de loi jusqu'au
bout.
Et
je le dis maintenant parce que c'est le genre d'erreur historique qu'il ne faut
jamais faire, qu'on n'aurait jamais dû faire, mais qu'il ne faut surtout
pas faire à nouveau. Et les conséquences de cette erreur historique, là, elles
vont ressurgir dans les prochaines années. Il va y avoir des problèmes qui vont
être liés au pas que nous n'avons pas fait. Je le dis maintenant parce que je trouve ça triste, mais il faut qu'on le
sache. Puis, quand ça va ressurgir, fatalement, là... tu sais, les
systèmes entraînent des conséquences, et c'est difficile à empêcher. Il faut
changer les systèmes pour empêcher ces
conséquences-là. Mais, quand ça va arriver, j'espère qu'il y aura plus
d'oreilles partout et plus de sensibilité pour qu'on puisse vraiment
aller jusqu'au bout par rapport à ça.
Je vous remercie, Mme
la Présidente. Ça fait le tour de mes considérations sur ce projet de loi.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député de Jean-Lesage. Mme la députée de
Joliette, la parole est à vous.
Mme Véronique
Hivon
Mme Hivon : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Donc, je suis
heureuse, à mon tour, de prendre la parole sur cet important projet de
loi qui vient réformer la Loi sur la protection de la jeunesse.
Je veux, d'entrée de
jeu, saluer mon collègue le député de René-Lévesque qui a fait un travail très
assidu pour le projet de loi, mais qui,
malheureusement, dans les derniers milles, n'a pas pu être présent, là, dans
les derniers jours, pour l'aboutissement
de ce projet de loi. Il est retenu chez lui pour de petits enjeux de santé
mineurs, il ne faut pas s'inquiéter, mais, quand même, qui ont leur lot
d'inconvénients, qui fait qu'il ne peut pas être avec nous. Donc, je le salue,
je sais à quel point il a pris ce dossier-là à coeur, à quel point il a
porté la voix de beaucoup de groupes et d'intérêts qui nous étaient communiqués et qu'il a communiqués au ministre.
Alors, aujourd'hui, bien humblement, je veux juste prendre la parole en son nom pour cette étape ultime de l'adoption
du projet de loi. Donc, merci, cher collègue, de tout le travail qui a été
fait.
Je
veux saluer aussi ma collègue de Duplessis, qui a siégé sur la commission
Laurent avec, bien sûr, les représentants des autres oppositions et du
gouvernement, dont la collègue qui est devant moi. Écoutez, je pense qu'il y a
eu un travail extraordinaire qui a été fait
dans cette commission-là. C'est incroyable, le nombre d'heures que nos
collègues ont investi avec les experts dans la commission, et je pense
que ça a donné de très bons résultats et, vraiment, je leur lève mon chapeau. Ce n'est pas eux, aujourd'hui, qui
prennent la parole parce qu'ils ont fait un travail en toute indépendance et,
ensuite, ils ont passé le ballon,
mais on leur doit une fière chandelle d'avoir été présents dans une manière un
petit peu différente de comment on
fonctionne habituellement. Et je ne suis pas sûre qu'ils ont eu tout le crédit
qui doit leur revenir par rapport à tout l'investissement qu'ils ont
fait en temps, en coeur, en énergie. Donc, aujourd'hui, je veux vraiment leur
rendre hommage, leur dire un énorme merci.
Donc, écoutez, oui, c'est un projet de
loi qui franchit de grands pas, qui nous ramène, évidemment, au drame de la petite fille de Granby, qui nous a marqués
collectivement de manière très forte, très durable et qui, au moins, nous aura
poussés à l'action. Alors, il faut au moins se dire qu'il y aura des avancées
qui sont sorties de cette terrible tragédie, mais
il faut tout faire pour qu'il n'y en ait pas d'autres. Mais évidemment il faut
aussi tout faire pour que le bien-être des enfants
soit une préoccupation et une priorité constante tout en haut de la liste des
priorités qu'une société avancée comme celle du Québec peut se donner,
celle de protéger et d'accompagner ses enfants, surtout les plus vulnérables.
Donc,
de ce point de vue là, c'est certain que le projet de loi, qui est directement
inspiré des recommandations de la commission
Laurent, franchit des pas importants. On rappelle, encore une fois, à quel
point l'intérêt de l'enfant doit être au coeur de toutes nos décisions, c'est fondamental. Même chose pour la
stabilité, pour assurer une véritable stabilité de l'enfant.
Petite
parenthèse ici, dans la version précédente de la loi, avant celle qu'on va,
j'imagine, adopter sous peu, on parlait de «tendre à assurer la stabilité». Une
recommandation de la commission Laurent était vraiment de venir marquer le coup qu'il faut assurer, pas juste tendre à
assurer, il faut assurer cette stabilité-là. Et d'ailleurs c'est mon collègue
de René-Lévesque qui a amené cet amendement pour s'assurer, là, qu'on soit en
droite ligne avec les recommandations de la commission sur cet enjeu-là
important. Donc, je pense que c'est un amendement qui était d'intérêt.
Bien évidemment que
l'enjeu de la stabilité, de l'intérêt de l'enfant, de s'assurer que tout le
monde travaille de manière beaucoup plus intégrée, moins en silo, que, du début
à la fin, on se préoccupe du parcours de l'enfant, qu'on va tout faire, déployer tout ce qu'on peut faire
pour prévenir, mais aussi s'assurer du meilleur accompagnement possible.
À cet égard-là, ma collègue de
Notre-Dame-de-Grâce en a glissé un mot, mais toute la question de la stabilité,
mais aussi de la transition vers
l'âge adulte des jeunes adultes qui sortent du système de la protection de la
jeunesse est fondamentale.
• (12 h 10) •
Je
veux souligner à nouveau qu'à la demande de mon collègue et d'un amendement
qu'il a déposé, le collègue de René-Lévesque,
maintenant dans les considérants, on va avoir cette préoccupation-là qui va
être écrite noir sur blanc, en plus
d'un article formel dans le projet de loi, de vraiment bien marquer le coup
qu'on doit avoir une préoccupation pour la transition vers l'âge adulte.
C'est une période extrêmement critique. Le ministre le sait, on le sait tous,
on a été très sensibilisés à cette
réalité-là, mais on doit faire plus. Donc, maintenant, de l'écrire noir sur
blanc, comme le suggérait mon collègue, je pense que c'est une belle
avancée aussi.
Évidemment,
je veux parler de la violence conjugale, Mme la Présidente. Ça a été une
déception, lorsqu'on a lu la première
mouture du projet de loi, de voir que toutes les recommandations du chapitre de
la commission Laurent sur la violence
conjugale qui étaient recommandées comme devant faire son entrée comme nouveau
motif de compromission, l'exposition
par l'enfant à la violence conjugale, ce n'était pas dans le projet de loi. Mon
collègue a sensibilisé le ministre,
il lui a suggéré de rencontrer des
regroupements, évidemment, de femmes, de maisons d'hébergement, des experts
aussi, ce qu'il a fait avec la plus grande ouverture, et ça a donné des
fruits vraiment intéressants.
Donc, on a eu une
série d'amendements pour reconnaître finalement la violence conjugale comme
motif de compromission. C'est un pas énorme.
C'était une recommandation aussi du rapport Rebâtir la confiance que
toute la question de la violence conjugale soit beaucoup mieux prise en compte,
notamment en matière de protection de la jeunesse. On a travaillé dans les fins détails le meilleur
libellé possible. On aurait aimé aller un peu plus loin, c'est certain, mais on
se réjouit, minimalement, que la
violence conjugale soit véritablement reconnue désormais comme un motif de
compromission.
Je veux d'ailleurs
saluer tous les groupes qui se sont mobilisés, qui sont venus en commission
parlementaire défendre l'importance de cet
enjeu, qui ont rencontré le ministre, qui ont fait des propositions. C'est
comme ça qu'on réussit à améliorer
les choses et à faire des changements dans la société. Donc, vraiment, merci
beaucoup à tous ces groupes qui ont été d'une aide, et d'un éclairage,
et d'un sens de la conviction très, très précieux.
Bien
sûr, je veux parler de la question autochtone. On aimerait ça, aujourd'hui,
pouvoir se réjouir à 100 % du projet de loi qui est devant nous.
Malheureusement, il y a une ombre qui plane sur ce projet de loi, une ombre qui
est très sérieuse, malheureusement,
et il faut dénoncer ce refus du gouvernement de vraiment entendre la voix des
autochtones qui ont plaidé, qui ont demandé dans leurs mémoires, qui ont
refait des représentations jusque dans les tout derniers jours pour essayer de convaincre le ministre, le
gouvernement de vraiment reconnaître à quel point ils doivent être pris en
compte et que leur réalité doit être
prise en compte. Et, vous savez, on aurait souhaité, ils auraient souhaité
avoir une souveraineté beaucoup plus
grande en ce qui concerne tout le domaine de la protection de la jeunesse.
C'est quelque chose qui a été refusé par le gouvernement. Mais,
minimalement, ils nous ont demandé que, pour ce qui concernait les délais
maximaux de placement, ce qu'on appelle le
placement à majorité, qu'on reconnaisse leur spécificité et qu'on n'arrive pas
avec des nouveaux concepts qui fassent en sorte qu'on soit dans une
logique qui est étrangère à leur réalité.
Alors,
très concrètement, Mme la Présidente, ce qui nous a été demandé et ce qui a été
demandé au gouvernement, c'est de
permettre qu'il n'y ait pas de placement à majorité, que ce ne soit pas quelque
chose qui soit présent quand on parle d'enfants
autochtones, pour différentes raisons culturelles, par le fait qu'on n'est pas
dans la même logique, dans le même rapport
à la théorie de l'attachement pour ce qui est des nations autochtones. On a
une... C'est beaucoup plus un sens de la famille élargie, de la communauté. Donc, bref, il y a des réalités qui
sont propres aux nations autochtones. Je ne m'aventurerai pas à dire que
je suis la spécialiste aujourd'hui, mais j'ai beaucoup lu et été très sensible
à leurs arguments.
Et,
en fait, maintenant, ce que le projet de loi prévoit, c'est qu'il pourra y
avoir un placement à majorité s'il y a une recommandation d'un conseil de famille à cet égard. Or, il rejette le
concept de placement à majorité et il rejette le concept de conseil de famille parce qu'à part chez les
Attikameks, qui, on le sait, ont leurs propres ententes en matière de
protection de la jeunesse, donc ils
sont dans autre chose, ce n'est pas une réalité qui existe dans les
nations autochtones. Donc, de manière fort pertinente, les représentants
de la Commission de santé et des services sociaux des premières nations ont écrit au ministre, ont écrit à la commission pour
dire : C'est un concept qui nous est étranger. Qui va venir imposer ça
chez nous? Qui va décider de mettre
ça en place? Donc, c'est du paternalisme, c'est des relents de colonialisme. Et
ils rejettent ça, et avec raison.
Il
faut savoir aussi que, si on veut aller vers ça, ce que ça va vouloir dire,
c'est contraire à l'esprit de la commission Viens, c'est contraire à la commission Laurent, qui endossait toutes les
recommandations de la commission Viens en matière de protection de la jeunesse. Parce que ce que ça
peut vouloir dire, c'est que, si on exige ça, c'est autant d'enfants qui vont
devoir sortir de leur communauté, et donc vivre en dehors de leur communauté,
de la réalité culturelle de leur nation. Donc, c'est sérieux comme enjeu. Et ce n'était pas énorme de leur donner ça.
Et je ne m'explique toujours pas comment le gouvernement peut penser
qu'il est mieux placé pour savoir ce qui est bon pour la protection des enfants
autochtones que les autochtones eux-mêmes. Comment il est mieux placé pour
savoir ce qui est bon pour les enfants autochtones que la commission Viens, qui a fait un travail de fond en
comble, qui est allée dans le détail de recommandations et qui recommandait
justement de ne pas aller vers les délais
maximaux de placement, vers le placement à majorité, noir sur blanc, un appel à
l'action très clair que le gouvernement rejette. En plus, comment peut-il
penser qu'il est mieux placé, ensuite, que la commission
Laurent, qui a repris intégralement cette recommandation-là du rapport Viens,
qui, évidemment, provient des autochtones?
Et comment peut-il penser qu'il est mieux placé que tous ces gens qui se sont
mobilisés, des Premières Nations, pour nous écrire et nous demander de
ne pas aller dans cette voie?
Donc,
vraiment, ça dépasse l'entendement. C'est d'autant plus choquant qu'il y a deux
considérants dans le projet de loi qui sont opportuns, mais qui,
malheureusement, ne semblent déjà pas respectés :
«Considérant
que les autochtones sont les mieux placés pour répondre aux besoins de leurs
enfants de la manière la plus appropriée; et
«Considérant que la sécurité culturelle est
essentielle au mieux-être des enfants autochtones.»
Donc, en
refusant d'entendre la voix de la commission Viens et de la Commission Laurent,
mais surtout des autochtones, les
premiers concernés, le gouvernement lui-même est en train de montrer qu'il fait
fi de deux considérants qu'on nous disait pourtant être fondamentaux
pour les autochtones.
Donc, une
amère déception, une incompréhension, je dois vous le dire, Mme la Présidente,
de cette fin de non-recevoir de
respecter la voix des autochtones dans le dossier de la protection de la
jeunesse. Et, bien sûr, ça fait suite au fait qu'on a appris que la
sécurisation culturelle ne serait pas incluse dans la Loi sur la santé et les
services sociaux dans la présente législature et qu'il n'y aurait pas de
protecteur de l'élève autochtone. Donc, d'amères déceptions.
Alors, c'est dommage, mais je pense que c'était
essentiel de le dire. Si on veut travailler de nation à nation et si on veut bâtir de la confiance, bien, il faut
entendre ces cris du coeur, il faut entendre la voix des autochtones et il faut
enfin sortir de ces réflexes paternalistes,
qui, malheureusement, sont ceux qui nous ont menés dans les écueils que l'on
vit aujourd'hui.
Donc, en terminant, je veux dire qu'il faut
rester très vigilants sur des enjeux. Les intervenants du réseau de la protection de la jeunesse, ils doivent avoir un
meilleur soutien. On doit valoriser davantage cette profession-là. On doit
vraiment s'assurer de s'occuper des intervenants en détresse, qui ont
une charge de travail et une complexité de travail énorme. J'interpelle le gouvernement, notamment pour que
la technique en travail social soit bien valorisée et qu'elle puisse faire l'objet
des bourses Perspective pour s'assurer qu'il va y avoir de l'attraction, parce
qu'on les a mis de côté dans les premières moutures
de ce programme-là. Il faut envoyer des signaux importants. Il faut que les
ressources soient présentes. Il faut que les investissements soient
présents. Sans ça, on pourra faire les plus belles réformes du monde, on
n'arrivera pas.
Il faut aussi s'occuper des familles d'accueil.
Malheureusement, on ne va pas aussi loin que ce qu'on aurait souhaité. On aurait vraiment voulu qu'il y ait un
signal clair parce que la commission Laurent recommandait vraiment de mettre en place des mesures de soutien financier
et clinique mieux adaptées pour mettre en confiance les familles d'accueil, pour favoriser leur stabilité, pour favoriser leur
présence, le fait qu'on puisse en recruter. C'est un énorme enjeu, cette
question-là. Donc, j'espère que ça va rester sur l'écran radar du ministre
puis qu'il va s'en préoccuper.
• (12 h 20) •
Donc,
aujourd'hui, on franchit un pas important, et je pense qu'on peut être fiers
collectivement dans l'ensemble, sauf,
évidemment, le gros problème que j'ai soulevé, du pas qui est franchi. Il faut
rester très vigilants sur comment cette réforme-là va être appliquée,
s'assurer qu'elle va répondre aux objectifs qu'on s'est donnés, à l'intention
qu'on a poursuivie, autant dans les travaux
de la commission Laurent que dans la mouture du projet de loi. Et il va falloir
s'assurer que les moyens soient présents sur le terrain pour que ça se
déploie à la hauteur des ambitions que l'on doit avoir, pas pour nous, Mme la Présidente, mais pour les
enfants, pour les plus vulnérables dans notre société, pour les enfants qui ont
besoin d'accompagnement, de protection, et leurs familles, qu'on espère pouvoir
outiller le mieux possible. Parce que j'espère
qu'on va se dire un jour qu'au Québec on en a fait une véritable priorité,
qu'on est à l'avant-garde, qu'on a fait des différences incroyables puis que,
dans 10 ans, on va voir les résultats de ça puis on va dire : On a de
quoi être fiers. Parce que,
malheureusement, dans les dernières années, ce n'est pas ce qui s'est passé.
Alors, il est le temps de se tourner vers l'avenir. Espérons qu'aujourd'hui avec ce projet de loi, c'est un
premier jalon pour y arriver pour nos enfants. Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur le projet de loi n° 15?
Mise aux voix
Comme il n'y
a pas d'autre intervention, le projet de loi n° 15, Loi modifiant la Loi sur la protection de la
jeunesse et d'autres dispositions législatives,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Adopté. M. le leader du gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la
suite des travaux?
M. Schneeberger : Oui. Alors,
pour la suite, je vous demanderais d'appeler l'article 4 du feuilleton.
Projet de loi n° 28
Reprise du débat sur
l'adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Donc,
à l'article 4 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat, ajourné le 13 avril 2022, sur l'adoption du principe du
projet de loi n° 28, Loi visant
à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire. Y a-t-il des interventions?
Y a-t-il des interventions? Alors, M. le député de La Pinière, vous voulez
intervenir? Alors, je vous cède la parole.
M. Gaétan Barrette
M. Barrette : Je
veux être certain d'intervenir sur la bonne chose, Mme la Présidente. On ne
sait jamais, dans mon cas. Mme la Présidente, je veux quand même faire
une petite parenthèse, puisque...
Une voix : ...
M. Barrette : Oui, je sais, c'est volontaire. Alors, Mme la
Présidente, je veux quand même faire une courte intervention pour féliciter le
ministre délégué, qui vient de voir son projet de loi adopté, puisque c'est un
sujet qui m'a été aussi cher. Et je
constate qu'il y a un travail significatif et remarquable qui a été fait, dans
l'ensemble de l'oeuvre, par tous les parlementaires. Je veux souligner aussi le
travail de ma collègue la députée de Notre-Dame-de-Grâce et les autres équipes
aussi. Alors, c'est un bon moment pour le parlementarisme.
Je vais
arrêter là parce que, là, à un moment donné, il ne faut pas exagérer, là. Non,
je viens de faire quelque chose que les parlementaires ne font pas souvent, rendre
à César ce qui lui appartient. Moi, je suis très expérimenté là-dedans.
Alors, bon, là, ça va être un petit peu
différent, Mme la Présidente, pour le projet de loi n° 28. J'ai dit «2», tantôt, mais c'est 28, là, évidemment. Alors, je
dois avouer, Mme la Présidente, que c'est un projet de loi, à l'image de
tous les parlementaires des oppositions, qui
a été éminemment surprenant par son fond et par sa finalité. Et vais m'exprimer
très clairement, Mme la Présidente, dans les prochaines minutes.
Tout le monde le sait, là, je vais le rappeler
parce que c'est d'usage de rappeler un peu le contexte, ce projet de loi là est particulier, il vise à mettre fin à
l'urgence sanitaire, une urgence qui a été décrétée, je le rappelle,
107 fois depuis mars 2020, et on
peut se demander si la totalité de ces 107 fois là étaient justifiées.
Alors, je vais répondre à cette question-là : c'est oui au début, c'est définitivement non par
la suite. Alors, comment ça se fait qu'on se retrouve aujourd'hui avec ce
projet de loi là?
La première
question qu'on doit se poser, Mme la Présidente, c'est simple : Est-ce
qu'il faut une loi pour abolir, arrêter
l'urgence sanitaire? Est-ce qu'on a besoin d'une loi pour ça? La réponse, c'est
évidemment non. Si c'est non, la réponse,
Mme la Présidente, ça doit être parce qu'il y a d'autres finalités. Et est-ce
que ces finalités-là sont honorables? Là je ne sais pas si je peux répondre non, si la réponse non est
parlementaire ou non, mais je pense que non. Et j'irais même jusqu'à dire, Mme la Présidente, que c'est assez
douteux. Il y a plein de qualificatifs que je peux utiliser. Mais, Mme la
Présidente, j'apprécie les codes gestuels
que vous m'envoyez, mais j'ai le droit de douter et j'ai le droit d'exprimer
que je doute. Alors, j'exprime que je doute. Voilà.
Alors, personne ici, Mme la Présidente, ne peut
se lever et dire qu'il faut une loi pour abolir l'urgence sanitaire. Ça, là, c'est un non-sens juridique, un non-sens,
une impossibilité. Ça frise le ridicule. Mais j'ai juste dit «frise», hein?
Vous savez, quand on frise, on passe
proche, mais je n'ai pas le droit de dire qu'on l'atteint. Mais je peux friser
même si j'ai les cheveux assez droits, pas tout le temps, ça dépend de
l'humidité.
Alors, Mme la Présidente, 107 fois. Et là
on arrive aujourd'hui avec un projet de loi qui vise à arrêter l'urgence sanitaire, O.K. Il y a eu des consultations. Ah!
ça, Mme la Présidente, les consultations, je dois dire que ça a été, pour
moi... Je les ai regardées. J'y ai
même participé. Je dois dire, Mme la Présidente, que c'est un moment
d'anthologie extraordinaire, unique, qui va rentrer dans les annales.
En général,
Mme la Présidente, quand un gouvernement, un ministre dépose une loi, il
consulte. Et là je parle par expérience,
Mme la Présidente. Ça m'est adonné, imaginez-vous, de présenter des projets de
loi qui ont même été adoptés. N'est-ce
pas extraordinaire? Et, quand j'ai fait ça, écoutez, moi, je suis arrivé en
politique, j'ai fait selon les us et coutumes de la vie parlementaire,
selon les règles.
Alors,
consulter, ça veut dire qu'après, comme ministre, avoir réfléchi on va
recueillir des informations, des opinions venant de la société, la société en dehors du gouvernement. C'est ça
qu'on fait, parce que nul, évidemment, n'est parfait, et il y a utilité
d'aller voir, demander l'opinion des gens qui sont sur le terrain, de diverses
orientations, pour ajouter à la réflexion pour que le ministre, avec ces
informations-là, puisse lui-même, s'il le juge nécessaire et opportun, appuyer,
améliorer son propre projet de loi. C'est ça qu'on fait.
Alors,
normalement, là, les partis politiques, toutes les oppositions, le
gouvernement, on s'assoit, on propose une liste de gens qui devraient venir, des pour, des contre, on fait une
liste, on envoie les invitations. Bon, à la CAQ, en général, c'est à la
dernière minute, mais ça, c'est un autre débat. Et les gens viennent, préparent
un mémoire, le déposent, le lisent, l'expliquent et répondent à nos questions, les parlementaires.
Il y a donc eu des consultations, 13 entités, des individus ou des
organisations qui sont venus donner leur opinion. Alors, c'est là, Mme la
Présidente, que l'histoire se fait, et, vraiment, là, c'est quelque
chose.
Alors, dans
les entités qui sont venues, à la surprise générale, on a fait venir des entités
pour ou contre extérieures au
gouvernement et on a fait venir des employés de l'État. Il faut le faire. Il
faut le faire, Mme la Présidente. Ça, là, ça ne se peut pas. Quand je vous dis que ça frise le ridicule, là, c'est ça
que je veux dire. On fait venir en consultations, Mme la Présidente, ses
propres sous-ministres. Ce sont des employés du ministre. Ce n'est pas
n'importe qui, là. C'est des gens gentils,
compétents, et tout. Ce n'est pas des gens indépendants qui viennent donner
leur opinion, là. Pensez-vous vraiment qu'un sous-ministre va
dire : Mme la Présidente, le projet de loi de mon ministre est mauvais,
surtout si, probablement, il a été consulté
avant pour le rédiger? Mme la Présidente, j'avais dit au président... au
ministre : Cette phrase, il aurait dû la changer, mais il ne l'a pas... Je profite de l'occasion pour suggérer un
changement au texte du projet de loi, qui, à mon avis, n'est pas le bon.
• (12 h 30) •
Aïe! Mme la
Présidente, pensez-vous, disons, sur 1 milliard, là, combien de chances
que ça, ça arrive, de la part d'un employé de l'État dans le ministère?
Employé de l'État, Mme la Présidente, ça aurait pu être d'autres ministères.
Non, non, non. On fait venir des gens qui sont dedans le ministère de la
Santé : Bonjour, monsieur, bonjour, madame, pourriez-vous nous dire exactement ce que vous pensez de mon projet de
loi? Vous êtes d'accord? Bien, merci. Vous trouvez que c'est bon? Bien,
c'est fantastique. Et là on part avec ça puis on se dit : Wow! On a un
appui de la population.
Il fait venir le sous-ministre, M. Paré. Je
le connais bien, M. Paré, c'est un excellent sous-ministre. Très bon.
C'est un bon choix. Il va-tu vraiment parler contre son ministre qui, lui, l'a
nommé dans ce mandat-ci? On a fait venir Mme Labbé,
P.D.G. du CISSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mme la Présidente, c'est le
ministre qui nomme ces gens-là, là, franchement.
Elle vient d'être nommée, là, est-ce qu'elle va parler contre le ministre? On a
demandé de venir en consultations le
nouveau directeur par intérim de l'INESSS. Franchement. Il vient d'être nommé,
là, puis, je l'ai déjà dit dans les médias, il souhaite même expandre son rôle. Il est très bon, mais... il est bien
fin, là, le Dr Boileau, là, j'ai travaillé avec, mais il va-tu
vraiment, vraiment, vraiment venir parler contre le ministre? Bien non.
Alors là,
comme consultations, Mme la Présidente, là, ça m'apparaissait... il y a des
gens qui regardent ça, puis ils diraient : Ça a l'air organisé avec
le gars des vues pas mal. Et, c'est ça, moi, j'ai été étonné. Alors, vous ne
serez pas surprise, Mme la Présidente, si
tous les autres groupes, là, ceux qui n'étaient pas à l'emploi du ministère de
la Santé, tous les autres groupes qui sont venus en consultations ont, à
divers degrés, dit que ça n'avait pas d'allure, à divers degrés. Divers degrés,
c'est : Ça n'a extrêmement pas d'allure, ça a un peu pas d'allure, mais ça
a été critique, là. Il y a un seul groupe
qui a dit : Oui, il faudrait des ajustements, mais ce n'est pas si pire.
Il n'y a personne à l'extérieur du ministère de la Santé ou de l'Environnement du ministère de la
Santé qui a été invité à la consultation qui a été totalement en faveur du
projet de loi. Ce n'est pas banal. Ça dit beaucoup. On ne peut pas dire que ça
ne dit rien. Ça dit beaucoup. Bon.
Mme la Présidente, ceux qui ont été contre, ils
ont leurs propres intérêts. Je ne commenterai pas leurs propres intérêts parce
que ça se résume en une phrase qui indique leur biais. C'est sûr que les
syndicats, parce qu'il y en a eu beaucoup
qui sont venus, la CSN, la FIQ, la FTQ, bon, on s'attend à ce qu'eux autres
aient un biais qui leur est propre. Je ne le critique pas. Je ne le
commente pas. Ils étaient contre. Je ne leur donne pas de valeur dans mon
discours — ils
étaient contre — autre
le fait qu'ils étaient contre.
Mais, quand
la Ligue des droits et libertés, quand des professeurs de droit, un de
l'Université Laval, un de l'Université de
Montréal, viennent nous dire qu'on n'a pas besoin de ça, bien, ça a un poids,
ça. Ça, ce sont des individus qui, normalement, ont une objectivité
intrinsèque. On ne peut, en général, pas attacher un biais à un professeur
d'université. Ça se peut, Mme la Présidente,
surtout si un professeur a fait sa carrière sur un sujet, on peut le
comprendre, ça. Mais là, ce n'est pas ça, là, on a fait venir des professeurs de droit qui sont venus donner une
opinion de droit légal sur le projet de loi, ils ont dit : Ça n'a
pas d'allure.
Bon, Mme la
Présidente, ont même été prononcés les mots «abus de pouvoir». Ça, là, ce n'est
pas banal. Ce n'est pas moi qui... je cite, là, Mme la Présidente, je
cite. Le Barreau, Mme la Présidente, est venu dire qu'on n'en avait pas besoin,
le Barreau, là. Est-ce qu'on peut taxer le Bareau, devant un projet de loi, de
parti pris? La réponse, c'est non. Le Barreau, c'est le Barreau.
Alors, c'est là qu'on est, Mme la Présidente, on
est devant un projet de loi qui arrive comme ça, qui n'est pas nécessaire, et
qui est qualifié comme ça par tous les observateurs externes, tous, sauf
évidemment les employés du ministère. Moi,
je trouve ça inquiétant. Alors, quand on regarde ça, on se dit :
Voulez-vous bien me dire pourquoi on a ce projet de loi là? Pourquoi?
C'est une bonne question. Alors, on peut creuser pour parfaire notre réflexion
puis essayer d'identifier pourquoi on fait ça.
Bon, allons dans le corps du projet de loi. Il
fait quoi, le projet de loi? Le projet de loi, là, bon, de façon globale et un peu pompeuse, on veut mettre fin à l'urgence
sanitaire. On sait qu'on n'a pas besoin d'un projet de loi, c'est établi,
tout le monde le dit, et on continue dans
cette direction-là. C'est correct. Bien, en fait, ce n'est pas vraiment
correct, mais, pour la compréhension des choses, on a établi ça. Pas
nécessaire. O.K., maintenant, si ce n'est pas nécessaire, regardons donc
ce que ça fait.
Alors, quand
on regarde ce que ça fait, ça fait des choses qui ne sont pas très, très
complexes, là. Est-ce que ça demande une loi pour, par exemple... Il y a
quatre, cinq thèmes dans la loi, Mme la Présidente. Est-ce que ça prend une loi
pour décréter des contrats pour louer des
locaux, pour faire des vaccins et de stocker des vaccins? Voulez-vous bien me
dire, Mme la Présidente, avec toutes les données qu'on a, pourquoi on a
besoin de ça pour cinq ans? Ça fait maintenant, là, plus d'un an. Des vaccins, on sait ce que ça coûte, on sait combien ça
nous en prend, on est capables de faire des contrats fermes avec les
compagnies qui donnent ça, on sait tout ça, là, puis on sait où les stocker. On
le sait. On a-tu besoin d'une
loi pour ça? Non, on n'a pas besoin de ça. J'irais même jusqu'à dire, Mme la
Présidente, que ce sont des éléments qui auraient dû être réglés il y a
longtemps.
Dans la loi, là, on dit qu'on a besoin de ça,
là, pour s'assurer d'avoir des contrats pour maintenir en place des centres de dépistage. Vous savez comme moi, Mme la
Présidente... Puis je dis que vous le savez comme moi parce que je suis sûr que vous avez été vaccinée. Je suis
sûr que tout le monde ici a été vacciné. Et je suis sûr que nous tous et
toutes, on est allés dans des écoles, dans des arénas, dans des centres
de palais de congrès, dans des locaux locaux — locaux locaux — où... des locaux qui n'étaient pas utilisés. Dans mon comté, Mme la
Présidente, là, on a pris un immeuble vacant, là, qui était vacant depuis plus qu'une année et que, là, on a utilisé.
C'est une épicerie. Cette épicerie-là, là, bien, on l'a louée. On a-tu besoin d'une loi, Mme la
Présidente, pour prolonger ces contrats-là? Bien non, on n'a pas besoin de ça,
ce n'est pas nécessaire. Là, vous
allez me répondre : Oui, oui, oui, c'est pour ne pas aller en appel
d'offres. Mme la Présidente, là,
laissez-moi douter de ça parce que, même si on allait en appel d'offres, je ne
pense pas qu'on aurait eu un meilleur prix.
L'autre
élément, c'est le prolongement des contrats qui ont été conclus pendant la
pandémie. Alors, je ne peux pas faire
autrement, Mme la Présidente, que, là, là, vraiment, là... Là, ça, c'est clair,
là, qu'on est dans le doute, là. On est dans le doute. Je vais vous compter
deux histoires. Il y en a une qui est très connue, qui est l'histoire selon
laquelle, à un moment donné, on a acheté de la gravelle à un prix qui était...
Une voix : ...
M.
Barrette : Oui, oui, de la
gravelle, on s'en rappelle tous, là, un contrat qui a été scindé pour être sûr
de passer en dessous de la norme qui
permet de faire un gré à gré. Ça a été fait, ça. Mais ça, c'est une histoire banale,
c'est de la gravelle.
Moi, j'ai une
compagnie que je connais, là, je la connais, je l'ai visitée, Mme la
Présidente, ça, c'est... Le gré à gré, c'est
quoi, là? C'est : Allo! Tu appelles quelqu'un puis tu lui dis :
Peux-tu transférer ta production de la Chine à Montréal? Je vais te
donner un contrat de x années. C'est ça, Mme la Présidente, le problème du gré
à gré. En avons-nous eu pour notre argent? Ça existe, ça, Mme la Présidente, je
l'ai vu, j'ai parlé à ces gens-là. Et le gré à gré, ce n'est pas bien, bien compliqué, là : Oui, je vais transférer ma
production de Chine à Montréal, en partie; j'ai besoin, pour faire ça, d'un
contrat de minimum 10 ans à tel montant d'argent.
• (12 h 40) •
Mme la
Présidente, en 2020, là, il fallait le faire parce qu'il y avait une crise puis
il n'y en avait pas, d'équipement. Puis la raison pour laquelle il n'y avait
pas d'équipement, c'est parce que le gouvernement actuel n'avait pas rempli
la réserve stratégique qui était périmée en
2018. Mais ces contrats de gré à gré là, maintenant, aujourd'hui, là, ne sont
pas retournés en appel d'offres. Et
ce gré à gré là nous amène potentiellement à du favoritisme. C'est pour ça que
ce n'est pas correct. Mais la cerise
sur le sundae, Mme la Présidente, là, c'est la partie syndicale. Qu'a fait le
ministre de la Santé avec sa loi? Il ne fait qu'une seule chose, qui est
politiquement importante pour lui, il achète la paix syndicale, parce que ce qu'il fait, Mme la Présidente, là... C'est beau,
reconduire les primes, mais sachez, Mme la Présidente, qu'au moment où on
se parle nous terminons aujourd'hui le cycle de négociation précédent, et qu'on
entre cette année dans la prochaine négociation, et que, ce faisant, ça veut
dire que les syndicats peuvent sortir.
Et, en faisant cette loi là, Mme la Présidente,
le gouvernement s'achète la paix, il ne négocie pas, pas de moyens de pression,
pas rien, jusqu'au 31 décembre 2022, qui, évidemment, vous le constatez,
par hasard, par hasard, est après l'élection.
Il est là, le moteur, Mme la Présidente, un favoritisme d'un bord et la paix
sociale, de l'autre bord, en passant, par-dessus l'obstacle syndical,
qui est 100 % politique, Mme la Présidente, et ça, en quelque part, c'est
politiquement indécent, c'est se servir des
lois avec une finalité politique. Il n'a pas besoin de faire ça. C'est un aveu
d'échec devant sa négociation, et il
en tire un bénéfice en utilisant la loi, Mme la Présidente. C'est ça qui se
passe, là, ici, actuellement. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Le
ministre, là, avec sa loi, là, il le sait très bien, il sait très... Oui, Mme
la Présidente?
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Votre
temps est terminé, monsieur. Vous aviez...
M. Barrette : Ah! je suis
désolé, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : C'est
parce que vous n'êtes pas...
M. Barrette : Je vous voyais
très intéressée.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je suis toujours très intéressée
à ce que vous dites, M. le député de La Pinière, mais vous n'êtes
pas... En fait, vous n'avez pas 60 minutes. Ça a été déjà pris par votre
parti. Alors, c'était 20 minutes. Alors, je suis prête à entendre un autre
intervenant.
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Malheureusement, ça ne fonctionne pas comme ça. Alors, est-ce qu'il y a
d'autres interventions? Comme il n'y a pas d'autre... Oui, vous avez d'autres
interventions...
Une voix : ...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Alors, je vous cède la parole,
Mme la députée d'Iberville. Ce sera à vous après.
Mme
Claire Samson
Mme Samson : Merci, Mme la
Présidente. Le p.l. n° 28 est un leurre. On ne
cherche pas ici à mettre un terme à l'urgence sanitaire, mais bien à pérenniser
et à maintenir les pouvoirs exceptionnels que le gouvernement s'est donnés pendant la pandémie afin de se soustraire... et
ainsi se soustraire à toute reddition de comptes et à répondre aux questions
des oppositions. Et on en a eu un parfait
exemple hier, là. J'ai pris une question pour avoir des renseignements sur un
contrat de millions de dollars octroyé à McKinsey, et la seule réponse
que le député de Borduas a trouvé à me donner, ça a été des commentaires sur l'endroit où je me trouvais au moment où j'ai
participé à un webinaire avec M. Duhaime. Puis, après ça, ils vont
nous dire que M. Duhaime ne les énerve pas pantoute, ça ne les stresse
pas, mais ça, c'est une autre histoire.
Et on a
devant nous un gouvernement qui, en début de pandémie, nous a cassé les
oreilles en nous rappelant qu'il fallait
continuellement se fier aux experts. Or, pendant les audiences pour le p.l. n° 28, on a eu des experts de très grande qualité, en droit, qui sont tous venus nous dire que le projet de loi n°
28 n'était pas nécessaire, parce que, pour arrêter l'urgence sanitaire, il suffit au gouvernement de ne pas
renouveler son décret pour la 108e fois. Il aurait pu le faire hier. Il ne
l'a pas fait.
Donc, ce
n'est pas l'urgence sanitaire qui le préoccupe. Et, dans les faits, quand il
dit qu'il veut avoir des mécanismes de transition... Dans la vraie vie, Mme la
Présidente, là, si le gouvernement a besoin de louer des entrepôts réfrigérés
pour stocker des vaccins, là, il n'a pas
besoin d'une loi. C'est sa job. Il n'a pas besoin d'une loi pour faire sa job.
Et c'est la même chose pour louer des
endroits pour administrer des vaccins. Il n'a pas besoin d'une loi pour faire
ça. C'est sa job. Alors... Et,
pendant les audiences, à part les... puis le collègue de La Pinière l'a
mentionné, à part les employés du ministère qui, vraiment, là, nous on fait une vidéo corporative, là, il n'y a personne
qui était d'accord avec le projet de loi n° 28, personne.
Alors...
Et les experts, là, dont on nous a tellement
vanté la nécessité d'écouter, en début de pandémie, mais, quand c'est les avocats puis les professeurs de droit,
les sommités du Québec, là, on passe outre, là, ce n'est pas important, ces
experts-là, on n'a pas besoin de les
écouter. Alors, Mme la Présidente, même chose pour ce qu'il prétend avoir
besoin des mesures transitoires pour permettre à d'autres professionnels
d'administrer des médecins. Comment ça se fait que ça n'a pas été fait, depuis
deux ans, ça, avec l'ordre des professions puis le Code des professions? Parce qu'ils se sont traîné les pieds puis ils n'ont pas fait les vraies affaires. On va faire une loi,
on va garder des pouvoirs démesurés, et puis au diable les conventions
collectives, puis au diable tout, puis au diable les experts. C'est nous qui
savons ce qui faisons.
Alors, ils ne
l'ont pas fait, leur travail et, s'ils avaient vraiment voulu mettre fin à
l'urgence sanitaire, ils auraient appelé le projet de loi no° 898 que
j'ai déposé, qui compte deux articles, qui est facile et qui leur aurait
redonné toute la latitude pour
continuer de gérer. Et, de toute évidence, moi, je suis aussi d'avis que la
Santé publique doit continuer à prodiguer des conseils à la population. Et, à cet effet, les budgets de publicité
qui sont dédiés à la prévention devraient être administrés par la Santé
publique et non pas par votre gouvernement, et que la santé publique fasse des
messages publicitaires non partisans qui
continuent d'informer la population des mesures qu'elle privilégie, des choses
que les gens devraient faire pour se protéger. La Santé publique est
capable de faire ça.
Alors, c'est pour toutes ces raisons, et je
pourrais répéter ici ce que mes collègues de Nelligan et de Rosemont ont dit, on était tous là aux audiences, mais tout
ça pour vous dire, Mme la Présidence, que, naturellement, je vais voter contre
le projet de loi n° 28. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, Mme la députée. M. le député de Laval-des-Rapides, je vous cède la
parole.
M. Saul Polo
M.
Polo : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Puis je suis bien d'accord avec vous, vous pouvez m'escompter
les 19 secondes que vous avez données en trop à mon collègue de La
Pinière, c'est bien correct. Mme la Présidente, tel que mon collègue de La Pinière l'a mentionné, je
prends la parole aujourd'hui pour, en fait, dénoncer cet exercice démocratique
de... oui, on débat, on débat d'un projet de
loi présenté par le gouvernement pour... visant à mettre fin à l'état d'urgence
ou à l'état d'urgence sanitaire qui,
pour moi, est un exercice qui, comme mon collègue l'a mentionné, génère
beaucoup de questions et beaucoup de doutes. Et, à la rigueur, Mme la
Présidente, ce genre d'exercice, à travers ce projet de loi là, provoque justement une certaine apathie auprès de
la population quant à l'intérêt auprès de la politique puis auprès de
l'exercice démocratique que nous faisons aujourd'hui.
• (12 h 50) •
Ce projet de loi est, selon moi, innécessaire
puisque nous n'avons pas eu besoin d'un projet de loi pour mettre en place l'urgence sanitaire. Puis, aujourd'hui,
ce gouvernement arrive avec un projet de loi à la va-vite, à quelques semaines,
quelques mois de la fin de la présente
législature, pour se donner des pouvoirs additionnels, des pouvoirs qui vont
au-delà de la fin de la pandémie, en
fait, même du contexte actuel des besoins que nous avons comme population et
qui, justement, font juste provoquer encore plus de doute auprès de la
population sur cet exercice-là.
«Le projet de
loi prévoit que les mesures prévues par décret ou par arrêt ministériel du
ministre de la Santé et des Services
sociaux pris en vertu de la Loi sur la santé publique [...] qui sont en vigueur — depuis,
en fait... — en
vigueur lors de la fin de l'état
d'urgence demeurent en vigueur jusqu'au 31 décembre 2022. Il permet
toutefois au gouvernement de modifier ou d'abroger un décret ou un
arrêté afin de permettre l'allégement graduel des mesures.
«Le projet de loi permet au ministre d'ordonner à tout ministère ou organisme de lui
communiquer ou de lui donner accès ment à tout document ou à tout
renseignement en sa possession nécessaire pour la protection de la santé de la
population en lien avec la pandémie de la COVID-19.
«Par ailleurs, le projet de loi
prévoit que la durée de certains contrats en vigueur qui ont été conclus par le
ministre ou par un établissement de santé et services sociaux pendant l'état
d'urgence sanitaire peut être prolongée pour une période n'excédant pas,
selon la nature du contrat, le 31 décembre 2022 ou cinq ans.
«Enfin,
le projet de loi prévoit que ses dispositions cessent d'avoir effet le
31 décembre 2022, sauf exception»,
et prévoit aussi les conditions auxquelles
la régie peut communiquer au ministre des renseignements nécessaires à
l'exercice des fonctions de ce dernier.
Mme
la Présidente, quels sont certains des enjeux associés à ce projet de loi là?
On prévoit que la durée de certains contrats qui ont été conclus pendant
l'état d'urgence sanitaire peut être prolongée pour une période n'excédant pas
le 31 décembre 2022. Le gouvernement
maintient sa capacité à dicter les conditions de travail des employés de bureau
de la santé après deux années
extrêmes, difficiles pour les employés et qui a été hautement problématique. Le
projet de loi prévoit également que la durée et la valeur de tout contrat
existant et ayant pour objet l'entreposage ou le transport des biens, la
durée de ces contrats ne peut excéder cinq ans suivant la fin de l'état
d'urgence sanitaire.
Mme
la Présidente, contrairement à mon collègue de La Pinière, je n'ai pas
participé à l'exercice des consultations du projet de loi. Ceci dit,
quand je regarde la revue de presse, quand je regarde les notes, également, qui
m'ont été partagées sur les rapports puis
les recommandations effectuées lors de ces consultations, c'est assez
surprenant, à ce stade-ci, que le
ministre, que le gouvernement n'ait pas pris acte de l'opposition presque
unanime à l'extérieur, si on peut dire, de l'espace gouvernemental, une
opposition presque unanime à ce projet de loi. Et je dis bien à l'extérieur
parce que je suis tout aussi abasourdi que mon collègue de La Pinière de
constater que, pour ce projet de loi, lors des consultations, le ministre a fait appel à son sous-ministre ou à ses
sous-ministres, a fait appel aux présidents-directeurs généraux de certains
CISSS et CIUSSS pour venir corroborer la nécessité de ce projet de loi.
L'objectif
même des consultations, Mme la Présidente, c'est de pouvoir, justement, inviter
des personnes et des organismes ou des institutions à l'extérieur de
l'appareil gouvernemental pour venir donner une opinion indépendante. À quoi bon sert d'inviter un sous-ministre ou des P.D.G.
de CISSS et de CIUSSS, alors qu'ils ont l'occasion, à l'intérieur même de l'appareil gouvernemental, de contribuer à
la rédaction du projet de loi lui-même? Alors, quelle validité, quel poids,
quelle indépendance d'opinion a réellement
des recommandations effectuées par ces mêmes personnes lors des consultations?
La réponse, c'est : Aucune. Il n'y a
aucune différence, aucune validité, aucun poids à donner à ces opinions, toutes
complètes qu'elles soient, bien définies, bien présentées qu'elles
soient, parce que, nécessairement, ces personnes qui sont venues témoigner, qui sont venus participer à l'exercice
des consultations l'ont fait devant leur supérieur, le ministre de la Santé.
Donc, Mme la Présidente, c'est un gros point
d'interrogation. En fait, c'est une grosse... Je suis abasourdi, comme mon
collègue de La Pinière l'a mentionné, sur la validité de cet exercice.
Je vais vous citer
quelques passages, Mme la Présidente, de la revue de presse en lien avec ce
projet de loi depuis les dernières semaines. Radio-Canada cite dans un article,
Deux ans de gouvernance par décrets : «un bazooka en matière démocratique» : «Jugeant déraisonnable le maintien de l'état
d'urgence sanitaire, des experts en droit demandent à ce que le
gouvernement mette fin à cette mesure au Québec, deux ans jour pour jour après
son entrée en vigueur.
«Cette
mesure d'exception a été instaurée le 13 mars 2020 par le
gouvernement afin de mettre rapidement en place des mesures pour lutter contre la propagation de la COVID-19. Elle donne
plusieurs pouvoirs au gouvernement, dont celui d'accorder des contrats
sans lancer de processus d'appel d'offres.
«"C'est un
bazooka en matière démocratique", déplore Me Louis-Philippe Lampron,
professeur à la Faculté de droit de
l'Université Laval et spécialiste du droit constitutionnel. Bien qu'il croie
que la mesure avait [...] raison d'être au début de la crise, son
maintien, deux ans plus tard, est difficilement justifiable.
«[...]La
professeure de droit à l'Université de Montréal, Me Martine Valois, abonde
dans le même sens. La mesure n'a plus sa raison d'être, selon elle.
«"Que l'état
d'urgence soit maintenu, je crois que c'est un abus de pouvoir du
gouvernement."» Une citation de Martine
Valois, professeure à la Faculté de droit de l'Université de Montréal, qui...
«Selon elle, un recours aussi prolongé à une mesure exceptionnelle risque de
mettre à mal la confiance des Québécois envers les institutions démocratiques.»
Ce que je vous disais en début de mon intervention : «"On ne peut pas
accepter dans un système démocratique que, pendant deux ans, un groupe de 24 ou
25 personnes prenne toutes les décisions qui concernent la gouvernance du
Québec."
«Un
bilan trop tard? La Coalition avenir Québec affirme vouloir mettre fin à l'état
d'urgence sanitaire et déposer son rapport d'analyse avant les prochaines
élections d'octobre 2022.» Bien sûr, mais tout ça après le projet de loi.
Mme
la Présidente, La Presse du 15 mars dernier, je cite : «Le gouvernement [...] a
accordé pour 4,1 milliards de dollars en contrats en vertu du décret
d'urgence sanitaire 2020‑2021, selon [un] rapport [des] Statistiques sur les
contrats des organismes
publics, publié par le Secrétariat du Conseil du trésor. Ces sommes valent pour l'exécution de
2 688 contrats de plus de 25 000 $.
«Les
chiffres pour 2021‑2022 ne sont pas encore comptabilisés — je
cite — mais
des contrats onéreux ont [...] été accordés de gré à gré. Et on n'a qu'à penser
à l'achat massif des tests de dépistage rapide ou des masques N95 pendant
la vague Omicron.»
Mme
la Présidente : «Le fort volume de contrats accordés en vertu de l'urgence
sanitaire fait craindre [...] que certains groupes ou entreprises aient pu profiter de favoritisme.» C'est de ça
qu'on parle, Mme la Présidente. Et, à travers ce projet de loi là, on donne un passe-droit au ministre
puis au gouvernement de poursuivre cette façon de faire jusqu'au
31 décembre de cette année, et peut-être même pour les cinq
prochaines années.
Le
gouvernement maintient... «a [...] maintenu en place trop longtemps l'état
d'urgence [du] Québec. "Il y a des risques de dérapage énormes. La raison pour laquelle on fait des appels
d'offres, c'est [justement pour éviter le] favoritisme."»
Mme la Président, je
vous sens impatiente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Non,
pas du tout, je regarde l'heure...
M. Polo : O.K.
«Selon elle, il y a "clairement apparence de problème avec la gestion des
contrats" par le gouvernement.»
Justement, justement, parce qu'on a maintenu beaucoup... de façon trop longue
l'état d'urgence sanitaire et que le
gouvernement a abusé des mécanismes conférés par la même loi. Et aujourd'hui le
gouvernement nous demande, à travers ce projet de loi là, de leur donner
un chèque en blanc jusqu'au 31 décembre 2022 et de poursuivre pour encore
cinq ans. Mme la Présidente, est-ce que vous...
• (13 heures) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Vous voulez que je vous arrête? Je vous arrête
pile, il est 13 heures. Effectivement,
vous aviez bien vu. Alors, si vous voulez poursuivre votre intervention, M. le
député, de toute manière, vous connaissez... il vous restait quelques
minutes, donc vous pourrez poursuivre lorsqu'on rappellera ce projet de loi.
Débats
de fin de séance
Alors,
nous sommes rendus aux débats de fin de séance. Conformément à l'ordre spécial,
nous allons maintenant procéder au
débat de fin de séance portant sur une question adressée par M. le député de LaFontaine
au ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale concernant l'impact de la pénurie de
main-d'oeuvre sur l'économie de toutes les régions du Québec.
Je
vous rappelle que, conformément à l'article 310 du règlement, le député
qui a soulevé le débat et le ministre qui lui répond ont chacun un temps
de parole de cinq minutes, et le député a ensuite droit à une réplique de deux
minutes. M. le député de LaFontaine, je vous cède la parole.
Mesures
pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, heureux
de poursuivre le débat, maintenant, en débat de fin de séance, parce que lors
de la période de questions, évidemment, nous avons un temps excessivement
limité, puis on est pressés par un
30 secondes, une question, puis un 45 secondes d'une réponse pour le
ministre. Puis le ministre me faisait...
soulignait tantôt, quand il a fait son entrée, à raison, et je l'avais souligné
que je le trouvais sympathique. Et là je le réitère, Mme la Présidente, ce n'est pas un écart de langage, ce n'est
pas... Je l'affirme et le réitère, mon collègue, je le trouve très
sympathique. Mais je le rassure...
Une voix : ...
M. Tanguay :
Il dit que c'est réciproque, alors c'est l'harmonie totale. Bien, on va essayer
de maintenir ça, Mme la Présidente, pour
alléger votre tâche pendant les quatre minutes et demie qu'il me reste ou à peu
près. Mais je tiens à le rassurer,
mon cinq minutes ne sera pas sur une preuve à étayer sur le fait qu'il est
sympathique. Ça, je pense qu'on le prend pour acquis, puis c'est de
connaissance judiciaire et publique.
Alors,
un article ici et le budget, 22 mars 2022, Ulysse Bergeron, Québec mise
sur la productivité des entreprises pour contrer la pénurie de main-d'oeuvre. Dans le budget, je vais sortir les
pages E.9 et suivantes, où on parle de, longuement, accroître la productivité de l'économie
québécoise. L'accroissement de la productivité... Je cite le budget : «L'accroissement de la productivité constitue le principal levier — il est là mon point, le principal
levier — pour
augmenter la richesse du Québec et éliminer son écart de niveau de vie
avec l'Ontario.» Fin de la citation.
Ça,
Mme la Présidente, on voit que le gouvernement... Bien évidemment, la
productivité de l'économie québécoise, c'est
un élément important. Oui, il faut investir, bien évidemment, dans la
robotisation, dans des nouveaux procédés, des nouvelles technologies, faire en sorte que nos entreprises soient
beaucoup plus performantes. Pourquoi? Pour produire plus, produire mieux, dans des délais qui se
rapetissent, et faire en sorte, donc, d'assurer leur viabilité économique, et
d'assurer, donc, ce qu'on appelle la
productivité, produire plus, mieux, dans un délai plus restreint. Ça, c'est
parfait, Mme la Présidente. Il n'y a pas personne ici qui est contre
l'augmentation de la productivité via notamment les nouvelles technologies, la
robotisation, etc.
Mon
point, et comme le notait l'article du journal Le Devoir d'Ulysse Bergeron, Québec mise sur la productivité des entreprises pour contrer la pénurie de
main-d'oeuvre. Quand on lit, dans le budget, «principal levier», c'est trop
court, Mme la Présidente. Le gouvernement ne peut pas, puis
j'aimerais entendre mon collègue là-dessus, mettre quasiment, quasiment, pas toutes, mais quasiment puis, en
tout cas, la très, très, très grande part de ses oeufs dans ce panier-là. Ce
qui a fait dire à qui, à
Manufacturiers et exportateurs du Québec, le jour même du budget, et je les
cite : «Les mesures annoncées, conjuguées
à celles de la mise à jour économique, n'atténuent pas la pénurie de
main-d'oeuvre dans le secteur manufacturier. Le nombre de postes vacants continue de progresser et a atteint un
niveau record de 31 565 au quatrième trimestre de 2021, et les pertes économiques liées à la pénurie de
main-d'oeuvre se chiffrent à plus de 18 milliards de dollars au cours des
deux dernières années. Cela démontre que les
mesures en place ont peu d'impact sur les manufacturiers.» Et ça,
c'était — fin
de la citation — Véronique
Proulx, P.D.G. de Manufacturiers et exportateurs du Québec.
Mon point, Mme la
Présidente, c'est que, oui, il y a la productivité, oui à investir en nouvelles
technologies, robotisation, etc., et en
innovation, mais l'on ne peut pas dire que là est la mesure qui va répondre à
la pénurie de main-d'oeuvre, la
mesure avec un grand L, et mettre la quasi-totalité, sinon à tout le moins, une
partie très, très majoritaire, une énorme partie de ces efforts et également des investissements gouvernementaux via les
différentes institutions. Ça, c'étaient les Manufacturiers et exportateurs du Québec le jour même, le
22 mars dernier, du budget qui disaient : Votre lutte à la pénurie, à
cette crise de pénurie de main-d'oeuvre, c'est insuffisant.
Également,
Mme la Présidente, autre chose. Avant le budget, le 9 février 2022, la
Fédération canadienne des entreprises
indépendantes titrait La pénurie de main-d'oeuvre sabote la reprise de
l'économie : Deux PME sur cinq doivent refuser des ventes ou des contrats. Fin de la citation. Des refus de ventes ou de
contrats des PME puis même des Manufacturiers et exportateurs du Québec,
Mme la Présidente, il y en a à toutes les semaines, à tous les jours, à cause
la pénurie de main-d'oeuvre. Et ça, il faut
évidemment le reconnaître et avoir un plan complet qui n'est pas uniquement
miser sur la productivité, parce que
c'est insuffisant en soi, Mme la Présidente. Ça peut avoir un effet bénéfique,
et ça a un effet bénéfique, mais c'est nettement insuffisant.
Et j'aurai l'occasion
de revenir, dans le deux minutes qui m'est donné par la suite, pour compléter
avec d'autres citations. Le gouvernement n'a
pas un plan complet. Le gouvernement ne s'attaque pas de façon complète à la
crise des pénuries de main-d'oeuvre, puis c'est ce qu'on vit,
malheureusement, au Québec.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député. Alors, M. le ministre, je vous
cède la parole pour un maximum de cinq minutes.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Oui, merci, Mme la Présidente. Je renvoie le
compliment à mon collègue de LaFontaine sur le volet sympathique. Et
sympathique, quand c'est dans notre nature, ça a beaucoup plus d'impact,
beaucoup plus de valeur.
Et la pénurie de
main-d'oeuvre, comme vous savez, c'est un phénomène qui est occidental, qui se
vit d'ailleurs dans plusieurs pays, même
au-delà de l'Occident, qui est lié au vieillissement de la population. Mais, si
on fait une analyse fragmentaire,
comme l'a fait mon collègue, et de dire : C'est la productivité... Ça ne
se limite pas à la productivité. Puis on
a un plan d'action qui est global, qui est cohérent, qui a été fait en
collaboration avec les partenaires du marché du travail, notamment les
manufacturiers exportateurs.
Et je rappellerai à
mon collègue ou je l'informerai que Véronique Proulx, elle est membre de la Commission
des partenaires du marché du travail. Elle connaît les mesures, et les mesures,
c'est un ensemble, c'est l'addition de solutions qui vont nous permettre de
lutter efficacement contre la pénurie de main-d'oeuvre. Je le répète souvent,
mais il y a l'intégration de toutes les
clientèles éloignées du marché de l'emploi, les personnes en situation de
handicap, les jeunes, les personnes expérimentées, les personnes
judiciarisées, les personnes issues des Premières Nations, les personnes
bénéficiaires de l'aide sociale. On a des succès. On a des taux d'emploi en
augmentation chez toutes ces clientèles-là.
La
formation, la requalification... J'inviterai mon collègue à regarder le plan
qu'on a soumis en septembre 2019, qui a été bonifié lors de la mise à
jour économique. Et il ne faut pas isoler le budget. La mise à jour et le
budget sont véritablement complémentaires.
Rappelez-vous,
Mme la Présidente, le 30 novembre, la vaste opération main-d'oeuvre, des
bourses de 1 500 $ par
session complétée au niveau collégial,
2 500 $ par session complétée au niveau universitaire dans
les secteurs névralgiques de
l'économie du Québec, notamment les technologies de l'information, le génie, la
construction. Et il y a des secteurs publics essentiels, santé, éducation, services de garde à l'enfance, qui font
l'objet de cette vaste offensive, la plus importante de l'histoire du Québec, en matière de pénurie de
main-d'oeuvre : 3,9 milliards, dont 2,9 milliards de nouveaux
crédits. Intégration, formation, requalification, productivité puis
immigration.
Et
je rappelle à mon collègue ce que je lui ai mentionné ce matin, dans le dernier
budget, il y a 2,2 milliards pour stimuler la productivité, et c'est un
incontournable. La pénurie de main-d'oeuvre, ça inverse le rapport de force
entre les employeurs puis les salariés. Les employeurs se doivent, tous
les sondages vont dans la même direction... intégrer des nouvelles
technologies, que ce soit la robotisation, l'automatisation ou l'intelligence
artificielle. Ça permet de lutter efficacement
contre la pénurie de main-d'oeuvre, mais c'est aussi un facteur positif. Ça
donne un potentiel additionnel de recrutement
et de rétention aux entreprises. C'est extrêmement bénéfique aussi pour
l'accroissement du PIB par habitant.
• (13 h 10) •
Ce n'est pas que ça.
La pénurie de main-d'oeuvre, ça réside dans le nombre de départs à la retraite,
mais aussi de la vigueur de l'économie
québécoise, parce qu'il y a à peu près 20 % des postes vacants qui
découlent de la croissance économique québécoise. Et ça, on n'en parle
pas suffisamment. C'est un indicateur économique qui reflète l'excellente santé économique du Québec. L'autre 80 %, la
roue tourne. Il y a des départs à la retraite à tous les mois, et ça additionne
quant au nombre de postes vacants.
On a un taux d'emploi
record, au Québec, 77,8 %, je l'ai mentionné ce matin... 77,6 %, je
m'excuse, le plus haut taux au Canada chez
les 15 à 64 ans. On a 183 000 personnes qui ont participé activement
à nos mesures actives de formation et
d'intégration en emploi chez toutes les clientèles éloignées du marché de
l'emploi. En matière de requalification, en raison de la pandémie, on a accompagné 30 000 personnes qui se
sont réorientées par la voie de formations dans des secteurs publics essentiels
et dans des secteurs extrêmement fondamentaux
pour notre économie. Il faut
travailler tout le monde ensemble, et les entreprises ont aussi une
responsabilité à assumer, comme chaque personne au Québec. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. M. le député de La Fontaine, je vous cède la parole pour
votre droit de réplique.
M. Marc Tanguay (réplique)
M.
Tanguay : Oui. J'aimerais
souligner à mon bon ami le ministre, là, quand il a parlé de Véronique Proulx,
qui est membre de la Commission des
partenaires du marché du travail, elle est là-dessus, justement, elle, puis
elle voit tout ce que le gouvernement fait. Et il a dit, en début de son intervention,
aussi, il a dit : Il n'y a pas juste le budget, il y a eu la mise à
jour économique. Parfait.
Je vais vous
citer Véronique Proulx : «Les mesures annoncées, conjuguées à celles de la
mise à jour économique, n'atténuent pas la pénurie de main-d'oeuvre dans le
secteur manufacturier.» Fin de la citation. Alors, elle qui est partie prenante, qui est partenaire, qui est membre de la
commission, qui réfère, comme le demande le voeu du ministre, qui ne réfère pas juste au budget, mais à la mise à jour
économique, force lui est de constater que l'ensemble de l'oeuvre fait en
sorte qu'on rate la cible. Alors, ça, c'est un témoignage excessivement
important qu'il faut entendre.
Je ne suis
pas en train de dire que le ministre, il est assis sur ses lauriers puis qu'il
ne fait rien. Il le sait que ce n'est pas ça que je dis. Je dis, entre autres,
quand il parle... Là, je vais vous citer François Vincent, vice-président
Québec de la FCEI, la Fédération
canadienne des entreprises indépendantes. Lui, il dit, davantage au niveau du
côté des PME : «La crise de la pénurie de main-d'oeuvre empire au
Québec. Bien entendu, le budget 2022‑2023 comprend certaines mesures pour y
répondre, mais on ne fait qu'effleurer l'enjeu.» Fin de la citation. Ce n'est
pas moi qui le dis, c'est lui qui le dit. C'est lui qui le dit, Mme la
Présidente.
Alors, il
faut les écouter. Puis moi, quand je vais sur le terrain... Je sais que le
ministre y va, ça ne se peut pas qu'il n'entende pas ce message-là. Je
suis en Gaspésie, en Abitibi, on fait beaucoup de régions, c'est l'enjeu numéro
un. Puis il y a une expression forte que
j'ai entendue en Abitibi, à Rouyn-Noranda, ils m'ont dit : M. le député,
ça a un effet déstructurant de notre
économie, la pénurie de main-d'oeuvre. Alors, ils parlaient... Bien, 80 %,
notamment, c'est les gens qui vont à
la retraite. Que faisons-nous, justement, pour garder sur le marché du travail
les travailleurs expérimentés? Au niveau de l'immigration également, on
n'est pas du tout performant. On n'est pas là. Alors, il faut que le
gouvernement complète le plan de match, parce que c'est inexistant à l'heure
actuelle.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député de LaFontaine.
Alors, compte tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée
sont suspendus jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 h 14)
(Reprise à 14 h 31)
Le Vice-Président (M. Picard) : Veuillez
vous asseoir, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 28
Poursuite du débat sur
l'adoption du principe
Aux affaires
du jour, l'Assemblée poursuit le débat sur l'adoption du principe du projet de
loi n° 28, Loi
visant à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire. Et je reconnais M. le
député de Vimont.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) : Attendez
un petit peu. S'il vous plaît, ceux qui ont des discussions à avoir, je vous demanderais d'avoir les discussions à
l'extérieur du salon bleu, j'aime bien entendre les personnes qui ont la parole.
M. le député de Vimont, allez-y.
M. Jean Rousselle
M. Rousselle : Merci,
M. le Président. Je suis heureux de prendre la parole, aujourd'hui, sur le
projet de loi n° 28, Loi visant à mettre fin à l'état
d'urgence sanitaire.
Premièrement,
je voudrais commencer à remercier les groupes qui se sont présentés, les
groupes qui ont préparé des mémoires.
C'est toujours... tu sais, c'est du travail, hein, les gens, ils se déplacent
ou ils le font par vidéoconférence, mais juste le fait de préparer ces mémoires-là, ça prend du temps, et bien souvent,
bien, ils vont mettre des choses à côté pour, justement, favoriser, justement, le projet de loi qui est aujourd'hui...
qu'on parle, le projet de loi n° 28. On connaît tous... mais les gens, peut-être,
à la maison ne le savent pas, mais le choix des groupes... le gouvernement,
c'est lui qui décide, dans le fond, mais les
oppositions font des offres, elles demandent : Bien, écoute, j'aimerais ça
écouter tel groupe, j'aimerais ça tel groupe soit là, mais, à un moment
donné, ça finit comme un genre de négociation entre les groupes parlementaires
et puis ça se termine de même. Donc, je regardais les groupes, justement, qui
ont été entendus et, à ma grande surprise... et
d'ailleurs je ne vais pas prendre les paroles de mon collègue de La Pinière, mais qui était vraiment très intéressant, en passant, mon
collègue de La Pinière nous faisait remarquer comme quoi que c'étaient des
employés du gouvernement qui étaient là au
niveau... pour représenter les pour. D'habitude, comme le disait... puis là je
ne vais pas répéter qu'est-ce que mon
collègue mentionnait tantôt, mais d'habitude tu essaies d'avoir une opinion
externe. D'habitude, tu essaies d'avoir des gens de l'externe qui vont
dire est-ce qu'on s'en va dans le droit chemin, est-ce qu'il y a quelque chose
à améliorer, est-ce qu'on est correct.
C'est sûr
que, si on demande à notre gang, puis à notre gang qui, bien souvent, ont aidé
à préparer le projet de loi, moi, je
pense qu'ils vont toujours dire... bien, oui, ils vont dire comme le ministre.
Écoutez, ils ont travaillé dans le projet de loi, ils sont là, et puis, en tout cas, pas sûr
qu'il y en a un qui oserait dire : M. le ministre, moi, je ne suis
vraiment pas d'accord, tout le kit,
puis je ne pense pas qu'il viendrait le dire dans une commission. En tout cas,
à moins que je fasse erreur, là, à
moins que quelqu'un dise : Écoute, je suis tanné de travailler pour le
ministère de la Santé puis moi, je veux aller travailler ailleurs, là, mais moi, je n'ai jamais vu ça. Ça
fait 10 ans que je suis ici, là, je n'ai jamais vu ça, quelqu'un qui va
dire quelque chose à l'inverse de son
ministre. Donc, c'est ça que je trouve de spécial ou de bizarre, je dirais même
bizarre, dans le sens que d'habitude,
tu essaies d'avoir des opinions externes, tu essaies d'avoir des opinions qui t'enlignent
un petit peu sur où tu t'en vas, surtout qu'on parle, justement, dans ce
cas-ci, de mettre fin à l'état d'urgence sanitaire. Parce que je regarde les mémoires puis je regarde ces groupes-là, puis,
juste pour vous dire, là, pour vous dire c'est qui qui sont pour, là, il y a
Daniel Paré, le sous-ministre associé, il y
a M. Luc Boileau — je
pense que vous n'êtes pas surpris qu'il soit d'accord avec ça — il
y a Mme Julie Labbé, elle, qui est P.D.G. du CIUSSS Saguenay—Lac-Saint-Jean, il y a M. Guy Thibodeau, P.D.G. du CIUSSS de la Capitale-Nationale, puis Jean-François Fortin Verreault,
P.D.G. du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal. Bien, eux autres, là, j'ai regardé, parce que je n'étais pas présent aux
échanges, justement, des consultations particulières, j'ai lu les
documents, j'ai regardé un petit peu le travail exceptionnel de mon collègue de
Nelligan, qu'il a fait dans le dossier, puis
ces personnes-là, c'est comme... ils reprendraient un petit peu un langage
publicitaire pour le gouvernement au
niveau du projet de loi. C'est certain que ces gens-là, ils ne diront pas que
ça ne va pas bien, ils vont dire : Bien oui, on en a besoin
absolument.
Par contre, quand je regarde les autres
personnes qui ont fait des mémoires, qui se sont présentées, puis elles sont
toutes contre à des niveaux différents, on va s'entendre, à des niveaux
différents, bien là on parle... tu sais, le Barreau du Québec, là, il n'en a
pas parlé positivement, là, l'Alliance du personnel professionnel et technique
de la santé, là, l'APTS, ils sont contre,
fédération interpersonnelle, Louis-Philippe Lampron, qui est un professeur de
droit de l'Université Laval, Mme Martine Valois, professeure de
droit à l'Université de Montréal, la Ligue des droits et libertés, Confédération des syndicats nationaux puis la
Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec. Bien, il y en a qui
vont dire : Bien oui, mais là,
là-dedans, tu as des syndicats, c'est sûr qu'eux autres ils vont dire... ils
vont être contre, là. Oui, mais ces
syndicats-là, là, ils parlent pour qui, eux? Ils parlent pour des gens, ils
parlent pour des familles, ils parlent pour des femmes puis des hommes que ça
fait deux ans qu'ils subissent, justement, ce système-là, là. C'est un système
qui, à un moment donné... Puis je ne peux
pas vous dire qu'au début on n'en avait pas de besoin, O.K.? On va se le dire,
au début, quand ça commence, la pandémie, là, à un moment donné, tu as besoin
de ça. Mais, à un moment donné, on a l'impression qu'on s'est comme habitués
puis on aime ça. J'ai l'impression qu'on aime ça, on continue quand même.
Mais ces
femmes-là, et tout, là... Juste pour vous dire, il y a une personne qui m'a
appelé à mon bureau, c'est une femme, elle a accepté d'être permanente. Donc,
oui, elle a reçu la prime, et tout ça, bon, elle est permanente maintenant.
Elle a écouté, justement... elle a entendu,
justement, l'appel du gouvernement, elle s'est dit : Moi, je vais aller
travailler de manière permanente. Sa grand-mère décède. M. le Président,
sa grand-mère décède. Bien, savez-vous quoi? La journée des obsèques, là, bien, ils ont coupé sa prime, ils ont coupé sa prime...
sa grand-mère qui décède. Puis elle, elle est de bonne foi, là, elle va travailler pour le monde, là,
elle s'en va travailler pour les gens, là, mais on lui coupe sa prime, parce
que, toi, là, écoute, bien beau que
ta grand-mère est décédée, mais, écoute, là... C'est-u normal, ça? Bien non, ce
n'est pas normal.
C'est pour ça que, quand des fois j'entends des
gens dire : Oui, mais là le syndicat va être là, non, mais, justement, le syndicat, là, il est là, justement,
pour dire : Aïe! C'est assez, c'est assez. Ces gens-là, ils ont assez
donné, là. Aïe! Ils ont assez donné. Ça fait deux ans qu'ils donnent,
puis là le gouvernement peut faire qu'est-ce qu'il veut avec eux autres, il
peut faire qu'est-ce qu'il veut. Et ça, c'est comme... À un moment donné, comme
je vous dis, au début, je peux comprendre,
puis, je pense, ces gens-là aussi, ils comprenaient. À un moment donné, on va
mettre la main à la pâte puis, tu
sais, on va faire quelque chose, parce que la première n'était pas évidente,
comprenez-vous, donc tout le monde met la main à la pâte, puis on y va...
puis, envoye, on y va avec qu'est-ce que le gouvernement faisait.
Mais là, tu sais, ce projet de loi, c'est...
L'urgence sanitaire est là depuis le 13 mars 2020, 108 décrets. Aïe! Pensez-y, là, 108 décrets, ça n'a pas
d'allure. Puis là, là-dedans, dans le projet de loi, on dit... c'est un projet
de loi qui prévoit que les mesures prévues par le décret ou par l'arrêté
ministériel... «arrêtés du ministre de la Santé et des Services sociaux pris en vertu de la Loi sur la santé publique et
qui sont en vigueur lors de la fin de l'état d'urgence demeurent en vigueur
jusqu'au 31 décembre 2022». Donc là, qu'est-ce qu'on essaie de faire, là...
ce qu'on ne peut pas faire par la porte gauche, on va la faire par la porte droite, bien, on va mettre un projet de loi,
puis on sait qu'on a la majorité, on va aller sur un projet de loi, puis là les
décrets, nous autres, on ne se bâdrera plus... on ne se bâdre pas de ça, mais
pas pantoute. Aïe! Nous autres, on va être... jusqu'au 31 décembre
2022, on ne sera pas agacés par personne, personne, personne.
Donc, dans le
fond, le gouvernement s'achète la paix sur ce projet de loi là, et les
syndicats, ils n'ont rien à dire, surtout que, là, je pense, ils sont en
négociation, et tout ça. Mais, comme je revenais tantôt, c'est des gens qui
vont payer, là-dessus, c'est des gens, des mères et des pères de famille qui...
On oublie, là, on oublie... C'est bien beau que, oui, on va avoir des
infirmières, c'est correct, ça, mais, quelque part, ces gens-là, ils ont fait
un sacrifice. Ça fait deux ans qu'ils ont
fait le sacrifice. À un moment donné, ils ont commandé leurs vacances, si je ne
me trompe pas, mais là c'est rendu qu'il
y a des congés... quand tu as des congés, soit pour ta famille ou encore, comme
je vous ai expliqué, un décès, c'est comme... on coupe ta prime.
• (14 h 40) •
Donc, juste
pour vous dire, c'est que ne soyez pas surpris que... puis moi, je ne suis pas
surpris que les gens qui sont pour, là-dedans, c'est des employés du
gouvernement. C'est des employés du gouvernement, donc c'est sûr qu'ils
ne peuvent pas dire autre chose. Mais, comme je le disais tantôt, c'est que,
d'habitude, ça se négocie entre les partis, le gouvernement, les partis. Comment ça se fait qu'on n'a pas trouvé...
qu'on n'a pas réalisé à trouver des gens qui sont pour à l'extérieur de
la boîte? Comment ça se fait qu'on n'a pas trouvé des gens qui sont d'accord
avec ce projet de loi là à l'extérieur du
gouvernement? Parce que tous les gens le disent, ça n'a pas d'allure, ça n'a
pas d'allure, ce projet de loi, là. Ça n'a pas
d'allure pantoute. Puis là les gens, ils vont dire : Oui, mais là les
partis de l'opposition, ils vont prendre leur temps pour jaser. Non, non, ce
qui nous fait perdre notre temps aujourd'hui, là, c'est le gouvernement, parce
que, s'il n'y aurait pas ce projet de loi, je ne serais pas en train de
vous parler aujourd'hui, actuellement. Moi, je serais peut-être en
direction de Laval pour m'en aller chez nous, là, voir mes petits-enfants.
Mais ça, ici,
là, bien, pourquoi qu'on est contre? Parce que les spécialistes le disent, que
ça n'a pas d'allure, tout le monde le dit, que ça n'a pas d'allure, sauf
les employés du gouvernement. Je pense qu'ils veulent avoir le pouvoir de prolonger un pouvoir d'une manière... voyons,
d'une manière continue... excusez, le mot ne me vient pas, là, mais d'une
manière continue jusqu'au 31 décembre. C'est
ça qu'on veut avoir. Puis en même
temps, bien, je pense que ça bafoue
un petit peu les droits législatifs,
parce que, là, pendant qu'on décide... parce que c'est une gang qui décide, là.
Ils sont, quoi, 20, 25, je ne peux pas dire le chiffre exact, là, 27, si
je ne me trompe, là, mais c'est une gang qui décide comment ça fonctionne au Québec. Et ça, c'est Me Valois
qui vient de le sortir, ça. Me Valois, elle vient de mentionner,
dire : Ça n'a pas d'allure.
Le côté
législatif... Nous autres, on est élus, ici, là, on est 125 députés, c'est pour
représenter nos gens dans notre circonscription et puis les représenter
adéquatement. Mais là, avec des décrets de même, là, on ne représente pas
adéquatement notre population, parce que, là, il y en a 25, 26, puis bon
nombre, là-dedans, qui n'ont pas été élus, là, qui décident à la place du
gouvernement : Ça, ça va être bon pour nous autres, le gouvernement. Donc,
on bafoue carrément le droit législatif.
Puis en plus, comment je pourrais vous dire ça, il y a les droits et libertés
aussi qui arrivent à dire : Aïe! ça n'a pas d'allure, ça, non plus, là. À un moment donné, là, c'est comme... on
veut tout simplement attacher tout le monde puis dire : Nous
autres, on a raison.
Je le sais, que, le gouvernement, les partis
d'opposition, là, ça les dérange, ça les dérange. Ça, on le sait. Dans toutes
les autres lois, on l'a vu, ça les dérange, mais vraiment, vraiment, là. Mais
je trouve malheureux qu'on se serve d'une
loi, puis qu'en plus qu'on l'appelle Loi
visant à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire, là... Ouf! Un drôle de titre, ça, je pourrais vous dire, parce
que ce n'est pas ça qui arrive, mais pas pantoute, on continue ça jusqu'au
31 décembre. Puis en plus, M. le Président, pour votre information, il y a
des contrats qui vont durer pendant cinq ans. Et là le ministre... parce qu'avec l'échange qu'il y a eu pendant les
consultations il vient dire... le ministre vient dire comme quoi : Oui,
mais c'est juste 37 millions, là, c'est juste 2 % des dépenses
là-dedans, là, tu sais, c'est juste 2 %, 37 millions. Bien, c'est juste 37 millions, tu sais, c'est...
pendant cinq ans, ça, ça veut dire que ces contrats-là ont été donnés, puis là
ils vont perdurer pendant cinq ans.
Premièrement,
c'est un projet de loi qu'on n'a pas de besoin, mais pas pantoute, mais pas
pantoute. Si on veut mettre fin, là, à l'état d'urgence, bien, qu'on mette fin.
Si on a besoin... Un exemple, puis ça, c'est mon collègue, tantôt, qui le
mentionnait aussi, mon collègue...
Une voix : ...
M. Rousselle : ...oui,
de La Pinière, merci, mon collègue de La Pinière, bien, justement... Vous
êtes d'une aide incroyable, M. le Président,
merci beaucoup. Mais, juste pour vous dire, c'est que, s'ils ont besoin des
endroits pour vacciner les gens, ils ont-u besoin d'une loi? Bien non,
ils n'ont pas besoin d'une loi, ils ont juste à dire : Écoute, j'en ai
besoin, puis on loue, puis, go, on y va,
puis «that's it, that's all», tu sais, c'est juste ça. Puis, si ça prenait
d'autres personnes, si ça prenait d'autres personnes pour vacciner... Ça
fait deux ans, là, on n'aurait pas pu faire une loi ou quelque chose juste pour dire, écoutez, là, tous les gens qui
vaccinent actuellement, leur donner le droit de vacciner, puis c'est tout, là?
Ça ne prend pas un décret pour ça. Ça
ne prend pas... Tu sais, ça, ça aurait été vite, vite, vite, ça, là, là, tout
le monde est d'accord avec ça. C'est comme, go, il faut avancer, puis ça nous
prend du monde pour accélérer la vaccination, bien, go, on y va.
Mais ce n'est pas ça qui se passe, c'est qu'on
tient vraiment à garder ça, le contrôle. C'est comme un contrôle, vraiment, qu'on veut garder dans nos mains
jusqu'au 31 décembre. Ah! bizarrement, les élections sont en octobre. En tout
cas, juste pour vous dire ça, c'est
un flash qui me vient dans la tête, là, c'est qu'on veut garder ça jusqu'au 31 décembre,
après les élections. Donc, à ce
moment-là, c'est comme, bon, là, on a la paix jusque-là, puis les syndicats,
bien, il va falloir qu'ils prennent leur mal en patience, parce que c'est
que... malheureusement, c'est que, écoute, on a une loi, maintenant, qui
dit : Bien, écoute, c'est jusqu'au 31
décembre, puis on verra, au 1er janvier, là, on va vous régler ça, là, tu sais.
Et c'est ça que je trouve bien... en tout cas, entre autres, je trouve
ça bien malheureux.
Le maintien
de l'état d'urgence sanitaire pendant deux ans aura permis au gouvernement
caquiste d'octroyer pour 13 milliards
en contrats de gré à gré depuis mars 2020. Pensez-y, c'est de l'argent, mais
pas à peu près ça, là, là. Puis là on
dit : Non, faites-vous-en pas, là, ça a été fait dans l'art de... il n'y a
pas eu de problème, là, tu sais, ça s'est fait dans l'art, puis pas de problème. Oui, mais le monde, là, ils
veulent savoir, eux autres, là. Bien beau croire une parole, là... Ça fait
qu'au niveau transparence on repassera, là,
comprenez-vous, on ne le sait pas, là. C'est que, là, on informe, on s'informe
de ça, là. Le projet de loi prévoit le maintien par le gouvernement de la
capacité de dicter les conditions de travail des employés, réseau de santé, après deux ans extrêmement
difficiles, mais le maintien aussi de contrats jusqu'en décembre 2022 et, comme
je vous disais, cinq ans aussi.
Puis le projet de loi prévoit aussi la durée de
la valeur de tout contrat existant ayant pour objet l'entreposage, le transport
de biens. Mais ça, là, tu n'as pas besoin d'une loi pour ça, là, on a juste à
faire notre job puis de venir ici, à
l'Assemblée nationale, puis de régler ça. Au moins, ça va être transparent. Les
gens, ils vont dire : Écoute, là, on va le savoir vraiment, là, on
veut comme... on va passer ça sur le côté, puis tout le kit. La FIQ... Puis là,
bien, je pourrais vous en sortir... Tiens, je vais vous sortir... Radio-Canada
parle justement : «Jugeant déraisonnable le maintien de l'état d'urgence[...], des experts en droit demandent à
ce que le gouvernement [de la CAQ] — je
ne dirai pas le nom, parce qu'on n'a
pas le droit, ici — mette
fin à cette mesure au Québec, deux ans jour pour jour après [sa mise] en
vigueur.» C'est des professionnels, des professeurs de
facultés de droit qui viennent nous dire comme quoi que c'est un bazooka en
matière de démocratie, puis on continue pareil. Aujourd'hui, on est en train de
jaser de ce projet de loi là. Il me semble qu'on aurait... on pourrait
passer notre temps à bien d'autres choses que parler de ça, d'un projet de loi
de même.
On devrait
être transparents, puis s'organiser, justement, que ça fonctionne vraiment sur
le terrain, mais ce n'est pas ça qui se passe. Et les gens... Excusez-moi, là,
parce que j'ai tellement de papier, M. le Président, là, que je pense
que j'en aurais pour une couple d'heures,
mais on va arrêter à 20 minutes, je le sais. Mais au moins je sais qu'il y
en... Tu sais, le monde m'écoute, c'est bon, tu sais. L'alliance
professionnelle et technique de la santé, là, ils disent comme quoi que,
justement, ça porte atteinte aux travailleurs. Mais ça, je vous le mentionnais
tantôt, il ne met aucunement la fin des états d'urgence. Ça se continue, ça n'arrête pas. Et, comme c'est... Parce que,
là, maintenant, c'est rendu un mode de fonctionnement,
ce gouvernement impose et n'écoute pas. Bon, il demande que l'arrêté 2020-030
soit abrogé. Ça, c'est des demandes de syndicat, dire... Puis là eux
autres, ils ont fait leur part, là, tu sais. Comme je vous disais tantôt, il y en a qui disent : Oui, bien, c'est les
syndicats, hein? Non, non, eux autres, ils représentent des gens. Ils représentent
des humains, eux autres. Ils
représentent des mères de famille, des pères de famille puis qui veulent juste
avoir un peu de répit, à un moment donné, tu sais.
Je vais
sauter tout de suite à la Fédération interprofessionnelle de la santé, la FIQ.
Ils ont justement parlé que la gestion par décrets, c'était assez. Et là
qu'est-ce qu'on fait, actuellement, avec ce projet de loi là? On continue. À
place d'y aller par décrets, on va y aller jusqu'au 31 décembre 2022.
C'est ça qu'on veut faire. Donc, comme je vous ai dit tantôt, on fait par la
porte de gauche qu'est-ce qu'on ne peut pas faire par la porte de droite. C'est
un peu ça qu'on fait. Il faut favoriser les
emplois à temps plein. Bien oui, il y en a qui ont accepté, mais je pense que
le travail, il faudrait qu'il se fasse un petit peu plus sur le terrain puis
essayer de gagner les gens qui sont là, mais surtout de s'organiser qu'ils
restent à l'emploi. Parce que, là, ce n'est pas avec des décrets, puis
ce n'est pas avec ce projet de loi là qu'on va comme gagner ces gens-là à rester en poste, là, bien non. Après
ça, on dit : Bien non, mais ils s'en aillent au privé, ou ils s'en aillent
ailleurs, ou ils lâchent carrément. J'en connais personnellement qui ont arrêté
d'être infirmiers ou infirmières. Pourquoi? Bien, ils ne sont plus capables de vivre ça, là. Puis, avec le manque
d'emplois qu'il y a un peu partout au Québec, pas besoin de vous dire que c'est facile pour eux autres de
se trouver un emploi ailleurs, hein, et dans d'autres domaines, hein? Donc,
il y a de la place partout, donc, eux
autres : Pourquoi j'irais là me faire imposer des choses pendant que je
peux aller ailleurs?
• (14 h 50) •
Donc, moi, je
trouve ça malheureux, M. le Président, qu'on fasse ça. Comme je vous dis, tous
les groupes, que ce soit comme Martine Valois, la professeure de droit... qui
dit que ce n'est pas justifié, mais pas du tout, un renouvellement sans
interruption, maintenant 108 fois, je pense, c'est déraisonnable, ça n'a pas
d'allure. Et je pense que, si on veut mettre
un petit peu... mettre de confiance la population au niveau politique, je pense
qu'il faut avoir plus de transparence. Et,
je pense, ce serait le temps, à un moment donné, de dire : Regardez, là...
tu sais, on a demandé beaucoup de participation de la population, mais là, je pense, ce serait le temps
de faire quelque chose pour démontrer, justement, qu'on est ouverts, on peut montrer... on peut parler de qu'est-ce qui
s'est passé. Puis, en tout cas, juste pour vous dire que, je pense, vous avez
bien compris qu'on est contre ce projet de loi là.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le député de Vimont. D'autres interventions? Mme la députée de Mille-Îles.
Mme Francine Charbonneau
Mme Charbonneau : Merci,
M. le Président. C'est toujours un privilège de se lever en cette Chambre,
puis, je vous avoue, ça fait un petit bout que je ne l'ai pas fait. À chaque
fois, quand je vois le temps qui se termine, de la personne précédente, j'ai toujours un peu de palpitations
puis, je dis tout le temps, le genou mou, parce que c'est toujours un peu...
je ne sais pas si je devrais qualifier
d'excitant ou énervant, mais il y a toujours un sentiment de nervosité, quand
on se lève en Chambre. Ça fait maintenant un peu plus de 13 ans que je le
fais, puis à chaque fois, c'est un privilège, puis je vais avoir encore moins de temps pour le faire, donc j'en
profite à chaque fois pour dire merci aux gens de Mille-Îles de m'avoir permis
d'être ici. C'est toujours un privilège, M. le Président, puis vous comprenez
ce privilège-là.
Parenthèse :
hier soir, on a eu ici, à l'Assemblée nationale, au Parlementaire, une
célébration des gens qui fêtaient leurs 10, 15 et 20 ans d'années
d'expérience et d'implication publique, c'était fort apprécié. C'est toujours
intéressant de pouvoir échanger avec ces gens-là. Puis ce matin je me suis
permis de saluer de façon plus discrète le député de Matapédia, parce qu'il
n'était pas avec nous, ça fait que je suis allée le voir puis je lui disais
qu'il m'avait appris à juste être moi, en Chambre. Parce qu'au début, M. le
Président, hein, on essaie de «perler» comme il faut, puis faire les choses comme il faut, puis on dirait qu'un
coup que tu as annoncé que tu t'en vas tu te dis : Bien, regarde, je n'ai
rien à perdre, puis, les gens de
Mille-Îles, c'est cette Francine-là qu'ils connaissent, donc j'ai décidé de la
laisser être. Et je l'ai remercié
parce qu'il m'a appris cette grande leçon là. Il ne change pas, il reste pareil,
quand il se lève puis il prend la parole, que ce soit en période de
questions, et quel que soit le rôle qu'il a occupé, parce qu'il en a eu quelques-uns.
Juste avant de me lever, M. le Président, j'ai
enlevé cette chose qu'on met avec beaucoup de précautions puis qu'on garde ici, en Chambre. Donc, pour les gens
qui me voient, moi, je l'ai enlevé pour parler. Le président est isolé sur un
trône, donc il n'est pas obligé de le porter, mais tous mes collègues dans
cette salle sont obligés de le porter. Puis, je vous le dis, on est bien
plus loin qu'au restaurant où j'étais, mardi soir, avec une collègue. Donc, la
précaution est de mise.
M. le Président, en 2018, on a été élus, et les
125 députés qui rentraient en Chambre puis qui faisaient leur assermentation ne
savaient pas ce qui les attendait. Puis un an plus tard, un an et demi plus
tard, nos vies ont basculé. En 12 ans, je
n'avais jamais vu ça. Et pourtant j'en ai vécu, des choses, du haut de mon
grand âge. J'avais connu, vous vous souvenez,
Hydro-Québec et le moment où on a eu le grand verglas. J'avais vu la grande
grippe, où on a vacciné tous les aînés puis, après ça, on a continué à les
vacciner année après année. J'ai vu des moments difficiles pour la société,
j'ai vu des questionnements qu'on a faits ici, mais je n'avais jamais vécu une
pandémie. Je ne souhaite pas le revivre non plus. Je ne pense pas que c'était
un moment intéressant, mais je ne l'avais jamais vécu.
Et,
au moment où c'est arrivé, M. le Président, je vous le dis, j'ai applaudi le
fait que le premier ministre parlait aux Québécois à tous les jours. J'étais une groupie, j'ouvrais la télé puis
j'attendais. Je suis une élue, vous me direz, peut-être parce que j'avais un intérêt, vous me direz,
peut-être parce qu'il fallait que je transmette l'information aux gens qui
appelaient au bureau puis qui ne
savaient pas trop ce qui se passait, mais je trouvais qu'on était... puis là
mon verbe est vraiment bien prononcé,
parce qu'on est 125 députés, je trouvais qu'on était responsables, je trouvais
qu'on informait bien la population puis
qu'on prenait notre responsabilité collective pour dire : On a quelqu'un
qui est en titre pour l'Assemblée nationale, on a un premier ministre, il s'assoit puis il informe
la population. J'ai apprécié. Tout le long que ça n'a pas été politisé, j'ai
apprécié, puis, je vous le dis, ça a été un bon moment.
Vous
le savez, on a fermé l'Assemblée nationale, on a fermé des écoles, on a fermé
des commerces. On a dit aux gens,
avec beaucoup d'assurance et de bonne volonté : Il y a quelques gestes que
vous pouvez poser personnellement — et
ça, c'est avant le vaccin, là — qui
peut vous protéger, hein, on lave ses mains, on met un masque, on garde la
distanciation. Je me souviens d'avoir
fait la ligne au IGA proche de chez nous avec une distanciation pour pouvoir
aller faire mon épicerie. Personnellement,
je ne mettais pas de gants, mais j'ai vu des gens avec des gants. J'ai vu la
préposée avec le pouet-pouet pour
être sûre qu'on mettait un liquide sanitaire sur nos mains pour protéger non
seulement les gens qui rentraient, mais les choses qui étaient à l'intérieur. Et tout ça s'est fait de façon
naturelle. Pas sans heurt, hein? Il y a des gens qui étaient sceptiques, qui sont sceptiques puis qui vont
rester sceptiques. J'ai des collègues qui l'ont moins facile que moi, à Laval, pour
convaincre les gens qu'il faut qu'ils soient prudents puis que ce virus-là, il
ne fait pas juste couler ton nez, il peut amener
jusqu'à la mort ta mère, ta grand-mère, ton enfant, alors il faut protéger les
gens puis il faut que les gens en soient conscients.
Par
contre, vous et moi, on sait qu'un sceptique, c'est un sceptique. Je ne pourrai
pas le convaincre s'il est convaincu lui-même,
je vous dirais, un peu comme un camionneur, en plein milieu d'Ottawa, qui ne
sait pas qu'il dérange tout le monde quand il klaxonne à minuit le soir.
Un sceptique, c'est un sceptique. Mais on a voulu mettre en place tout un
processus qui amenait la population à cette
réflexion de se protéger, et le gouvernement a mis en place des mesures pour
pouvoir faire en sorte que la population se protège. Et j'ai compris les
premiers moments de l'état d'urgence, où on s'est arrêtés, puis on a dit : Il faut mettre en place des gestes,
il faut faire en sorte qu'on décide. Puis il y avait la cellule de crise, puis
il y avait tous ces gens-là qui
s'arrêtaient au quotidien, puis j'ai compris que l'immeuble où siège le premier
ministre était un immeuble qui était protégé et que les gens qui étaient à
l'intérieur travaillaient à tous les jours pour prendre les meilleures
décisions pour amener notre population dans un état sécuritaire, parce que le
virus était, à ce moment-là, quelque chose d'abominable.
Ça fait quelques
périodes de questions qu'on passe. On n'est pas toujours chics, à la période de
questions, mais les questions se posent
parce qu'il est arrivé des choses, puis on se questionne, puis on veut avoir
une résultante face à ça. Je mets ça
de côté parce que ce n'est pas là que je veux aller. Je veux vraiment aller
dans le principe où, au départ de cette pandémie, on avait une volonté de poursuivre, d'adhérer, puis de
protéger la population. Et là-dessus, je n'ai aucun doute.
Où
j'ai commencé à avoir un petit peu de problématique, c'est quand, là, on a
commencé à se parler un peu plus puis poser un peu plus de questions. Parce que
vous avez compris que, quand on a fermé l'Assemblée nationale, on n'en posait plus, de questions. Les chefs se parlaient,
puis je sais que le premier ministre prenait contact avec les chefs de chaque parti, puis il y avait des discussions qui se
faisaient parce qu'on n'était pas ici, puis la démocratie du Québec, c'est 125 députés.
Ce n'est pas une personne, ce n'est pas cinq personnes, c'est
125 personnes. Mais on avait acquiescé au fait qu'il fallait qu'on
se parle plus... j'allais dire discrètement, mais avec un moins grand nombre
parce qu'il fallait faire avancer les
choses, et être ensemble, c'était difficile. Je ne vous parlerai pas de la
difficulté de faire des réunions par Teams, vous l'avez sûrement connu, la fameuse phrase, je dis tout le temps,
c'est la phrase 2021, «ouvre ton micro», ou, l'autre phrase, «ferme ton micro», c'est les deux phrases les plus
populaires que j'ai entendues en 2021, parce que tout se faisait un peu
par ordinateurs et par écrans.
• (15 heures) •
Mais
l'état d'urgence nous a permis de faire des choses, et de la façon que ça
fonctionnait... Parce que les gens qui nous écoutent, des fois, ils mélangent
l'aspect sanitaire puis l'état d'urgence. L'état d'urgence, c'était vraiment
une volonté du Conseil des ministres, avec un plus petit groupe, de faire en sorte que
les décisions se prennent et s'acheminent sans être obligés de faire des appels d'offres, de prendre le plus bas
soumissionnaire, de regarder correctement l'ensemble des contrats. Il fallait que ça aille plus vite,
parce que le virus, lui, il n'attend pas qu'on passe un décret, il n'attend pas
qu'on prenne une décision à l'Assemblée nationale. Donc, les choses se
sont mises en place, puis on a suivi la parade, parce qu'on y croyait. Je vous
le dis, M. le Président, on a voulu adhérer à cette volonté-là.
Le
début, c'était mars 2020, 2020. On est en mars 2022. Ça fait un petit bout, là.
Le virus nous a joué un tour, hein? Il
s'est fait des amis, il a trouvé un variant, il y a des choses différentes qui
sont arrivées, mais on est revenus. L'Assemblée nationale a été fermée,
puis on est revenus. On est revenus ensemble; en premier, en plus petit nombre,
on n'était pas tous là en même temps. Les calculs avaient été faits, les gens,
les leaders s'étaient entendus, puis les choses se sont faites correctement pour qu'il y ait de l'espace entre nous. Je me
souviens, M. le Président, la dernière fois que je me suis levée, j'avais des plexiglas qui me contournaient
puis qui faisaient en sorte que, quand je parlais à ma voisine, je ne savais pas trop s'il fallait que je parle un peu par là
ou par là pour passer le plexiglas, pour qu'elle comprenne bien. Puis on
gardait notre masque même quand on prenait la parole.
Les décrets se succédaient à tous les 10 jours.
Puis le décret, bien, il ne se prend pas par l'ensemble de l'Assemblée nationale, il se prend par le Conseil des
ministres, puis le Conseil des ministres, bien, c'est 125 députés
concentrés en à peu près 25 ou 27 ministres. Je n'ai pas le décompte en
tête, mais ça ressemble à ça. La confiance qu'on fait aux ministres,
elle est toujours là, dans le sens où on pense qu'ils prennent les meilleures
décisions, mais le temps fait que, quelquefois, on reprend les mêmes décisions en ne questionnant pas trop ou en
questionnant moins puis en se disant : Bien oui, le décret de l'état d'urgence est nécessaire, puis c'est
beaucoup moins compliqué, parce que je peux aller beaucoup plus vite dans
plein de dossiers. Est-il utile de toujours
aller vite dans plein de dossiers? La réponse, c'est non. Puis je n'ai pas été
élue pour permettre juste à un petit groupe de prendre des décisions par
rapport à l'ensemble des citoyens de Mille-Îles, j'ai été élue par les citoyens Mille-Îles pour pouvoir aider, amener leurs
réflexions puis échanger par rapport à certaines décisions. Mais, j'aime le répéter en commission, puis vos
collègues le savent très bien, M. le Président, je sais compter. S'il y a un
gouvernement majoritaire, c'est parce qu'il
est majoritaire, donc, que ce soit ici, en Chambre, ou en commission. Je sais
compter. Mais j'ai l'opportunité de pouvoir
parler au nom de mes citoyens, j'ai l'opportunité de pouvoir émettre une
opinion. Alors, sur les projets de loi, comme celui du projet de loi n° 28,
bien, cette opportunité-là, elle est accessible.
Puis je vous le dis
parce que j'ai entendu la vice-première ministre, il y a quelques semaines,
nous accuser un peu de faire du temps les
mercredis pour la motion du mercredi parce qu'on revenait tout le temps sur la
même question. Et je comprends que c'est tannant, j'ai trois enfants, la
même question qui revient tout le temps, c'est vrai que c'est tannant, mais, en même temps, la volonté d'avoir des
réponses... bien, quand tu donnes la bonne réponse, tu ne la reposes pas, la
question. Moi, c'est clair que si vous me posez une question, puis je vous
réponds, directe, franche, avec honnêteté. Si vous
la reposez, je vais juger votre audition, mais je ne jugerai pas votre
compréhension. De ce fait, bien, si on pose la même question mercredi
après mercredi, c'est parce que la réponse n'était pas là.
Ceci
dit, il y a aussi tout l'aspect parlementaire. Puis ça, bien, malheureusement,
je vais quitter cette Assemblée, puis,
malgré qu'on s'engage tous à faire de la politique autrement, ce ne sera pas
autrement. Ça va être pareil. Ça veut dire que 45 minutes par jour,
pendant la période de questions, il y a des questions qui se posent puis il y a
des réponses qui se donnent ou qui ne se donnent pas. Puis, quand on se
lève en Chambre, ici, bien, souvent, on porte des accusations ou on dit : Bien, le passé, c'était ça, puis,
maintenant, c'est nous, l'avenir. Puis ça ne change pas. J'aimerais ça, par
contre, je vous le dis. C'est un souhait que je vous laisse, que ça change
pour qu'on puisse au moins se dire les vraies affaires.
Mais
je me lève quand même pour dire que moi, je pense que le... puis je dis, «moi,
je pense», là, mais vous avez compris
que, de notre parti, le projet de loi n° 28 vient bousculer tout ce qu'on
comprend de la démocratie, parce que les gens nous disent... les gens,
toutes les provinces sauf la nôtre : On n'a pas besoin d'un projet de loi
pour enlever l'état d'urgence. On n'en a pas
besoin. On peut juste lever l'état d'urgence. Et si, et si, M. le Président,
parce qu'on l'a entendu, et si on a
besoin d'un projet de loi pour donner des primes, bien, oui, présente, parce
qu'autant les gens du CISSS de Laval, autant les gens des CISSS et des CIUSSS
de l'ensemble du Québec, du concierge jusqu'au P.D.G., devraient recevoir
une lettre de remerciement, devraient
recevoir de l'Assemblée nationale un mot qui leur dit : Merci, merci
pour les sacrifices, merci pour le
temps, merci pour la disponibilité, puis même celle qu'on a forcée, merci du
fait où, malgré la journée, vous avez probablement souri à une personne,
accompagné une autre personne, vous avez peut-être soupiré une couple de
fois, mais, au moins, vous étiez au
rendez-vous, puis on n'aurait pas pu s'en sortir, tellement qu'on a fait appel
à la population. On a demandé aux gens de se joindre à eux pour pouvoir
aider encore plus parce qu'on s'est aperçu qu'il y avait moins de monde en santé que de monde qui vivait dans les
villages puis dans les villes du Québec, puis que, quand le nombre d'un
dépasse le nombre de l'autre, on tombe dans une problématique. D'ailleurs, on
est encore en train d'en parler avec la sixième vague, de comment nos hôpitaux
vont être occupés.
Est-ce
que les décrets d'urgence puis est-ce que l'état d'urgence sanitaire vient changer
ça? Non. Malheureusement, non. Mais
est-ce qu'on pourrait avoir des lois ciblées sur les choses qu'on nous dit
qu'on ne peut pas faire si on n'a pas cette loi-là? La réponse, c'est oui. Et ce serait probablement plus
intéressant, puisqu'on pourrait cibler plus précisément. Moi, si je m'assois avec le ministre de l'Informatique
puis que je lui parle de transports... Je ne devrais pas faire cet exemple-là
parce que c'est sûr que, si je lui parle de
transports, il va faire un lien puis on va passer à autre chose. Mais mettons
que je m'assois avec lui puis on parle d'éducation, bien, on va parler
d'éducation des enfants, de ceux qu'on connaît, de l'expérience qu'on a. Mais on n'ira pas jusque dans le fond de
l'expérience ministérielle parce que c'est un ministre d'un département et non de l'autre. Il peut me donner
de l'information qu'il a été chercher chez son collègue, mais sans plus.
Alors,
si le ministre de la Santé a besoin d'un projet de loi pour les primes, bien,
qu'il fasse un projet de loi pour les primes.
Parce que, dans le projet de loi n° 28, c'est un peu noyé dans des bien
belles phrases, qui veulent juste dire qu'il a juste besoin d'étirer l'état d'urgence jusqu'en décembre 2022. Pourquoi
ça m'achale, décembre 2022? Bien, parce qu'il y a des élections, puis je n'aurai pas ma face sur le poteau. Puis les
sondages, aujourd'hui, vous font une belle jambe, M. le Président, parce que les sondages, ils disent ce
qu'ils disent, mais ce n'est pas parce que vous pensez être au pouvoir que
ça vous donne le droit de prendre des lois
qui vont vous donner des pouvoirs après les élections. Attendez d'être élus
pour vous en donner, d'autres pouvoirs.
Ceci dit, le danger,
c'est que les vagues ne sont pas finies. Puis, si on ne fait pas les choses
correctement, bien, on va juste se ramasser,
d'un décret à l'autre, à renouveler sans réfléchir, en disant : Ah! bien
oui, c'est ça que ça prend, puis on
ne fera pas de débat là-dessus, puis on ne posera pas trop de questions parce
que ce n'est pas trop bon. Alors, M. le Président, je veux vous dire que, moi,
la période de vaccination, j'y crois. Je vous le dis parce que je pense qu'il
faut le répéter, parce qu'on a encore
des gens qui sont sceptiques par rapport à ça. Puis, à chaque fois qu'on va me
dire qu'il faut que je porte un
masque, je vais le porter. J'ai juste peur que les gens qui nous filment ici, à
l'Assemblée nationale, me chicanent parce que des fois, rendue dans le garage
souterrain, je ne le porte pas tout le temps, parce que, là, j'en ai plein le
pompon, de l'avoir, parce que j'ai marché
tout... puis, rendue là, des fois, je l'enlève, mais je suis toute seule avec
un paquet de chars, ça fait que je n'ai pas trop peur.
• (15 h 10) •
Je
crois que le passeport vaccinal a eu lieu d'être, mais, maintenant, les gens
sont rassurés. Les gens sont vaccinés, la
plupart. Donc, le passeport vaccinal a fait son temps, puis on est passé à
autre chose. Mais on nous dit : Ça se peut qu'il revienne, puis je
ne suis pas mal à l'aise avec ça non plus. Par contre, M. le Président, quand
on regarde la Loi visant à mettre fin à
l'état d'urgence, quand on entend les gens qui sont venus en commission, quand
on regarde que c'est pour mettre en
place, encore, un décret puis un arrêté par rapport à tout ce qu'on peut faire,
puis à tout ce qu'on doit faire, c'est quand
même complexe. Et je crois sincèrement que ce n'est pas par un biais de projet
de loi qui va jusqu'en décembre 2022 que ça va nous aider.
Avant d'arrêter de vous jaser, M. le Président,
parce que je dois vous avouer que vous avez toujours une bonne écoute, je me permets de vous dire que je suis
très mal à l'aise puis que, probablement, comme le disait mon collègue de
Vimont, nous allons voter contre. Par
contre, j'espère sincèrement que la semaine de relâche que nous aurons va nous
faire du bien, va nous reposer, va
faire en sorte qu'on passera peut-être une Pâques différente, encore cette
année, c'est-à-dire aller voir la
famille mais pas tous ensemble, peut-être par petits groupes. Mais le repos va
nécessairement faire du bien. Puis, après la pluie, le beau temps. Alors,
au plaisir, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la députée. D'autres interventions? Mme la députée d'Acadie.
Mme Christine St-Pierre
Mme
St-Pierre : Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole aujourd'hui relativement à ce projet de loi n° 28, projet de loi qui
est très important, qui a été discuté lors de consultations à l'Assemblée...
pardon, en commission parlementaire.
Il y a des pour, il y a des contre. On va parler des personnes qui sont venues
dire à quel point ce projet de loi là n'est pas nécessaire et qu'il va
trop loin.
Mais, avant
de commencer mon exposé, M. le Président, je veux un peu parler du fait que je
vais bientôt quitter la vie politique active. Je ne pense pas que la politique
va me quitter, mais je vais quitter la vie politique active. Et j'aurai eu,
pendant ces 15 ans, de très, très belles images qui vont me revenir en
tête pendant... Lorsque je fais... Je penserai à ces années exceptionnelles,
ces années que j'ai beaucoup aimées, puis les personnes que j'ai rencontrées,
que j'ai beaucoup aimées. Mais il y a des
images moins belles qui vont me revenir en tête, M. le Président. Et l'une de
ces images, c'est celle du vote de ce matin sur la motion qui demandait
une enquête publique.
Le
gouvernement, on le sait, est contre la tenue de cette enquête publique. De
notre côté, nous sommes en faveur de
la tenue de cette enquête publique. Je pense que c'est bien connu. Le
gouvernement, on le sait, est contre. Très bien. Le gouvernement pouvait voter contre la motion ce
matin. Parfait. Le gouvernement a la majorité. Donc, bien entendu, la motion
allait être battue. Mais, lorsque j'ai vu,
M. le Président, les députés se lever et applaudir deux ministres responsables,
moi, là, je n'en suis pas revenue.
M. le premier ministre a dit cette semaine, à la suite de la victoire dans
Marie-Victorin, qu'il fallait rester
humble. Je n'ai pas vu d'humilité, là. J'ai vu, M. le Président, quelque chose
que je n'ai pas aimé, parce que la
responsabilité ministérielle, c'est majeur. La responsabilité ministérielle, ça
fait partie de notre système. Un ministre est responsable jusqu'au bout puis un ministre ne peut pas dire : Je ne
le savais pas, puis les autres s'en occupaient, puis, parce que les autres s'en occupaient, bien, je suis allé
me recoucher puis j'ai dormi. Un ministre ne peut pas dire ça, M. le Président.
Et je me mets dans la peau des personnes, des
familles qui ont perdu des proches...
Des voix : ...
Mme
St-Pierre : J'aimerais ça qu'on m'écoute, s'il vous plaît, M.
le Président. Puis, si on ne veut pas m'écouter, bien, on peut regarder...
ils peuvent regarder leurs iPad, leurs téléphones. Moi, j'ai la parole, là.
Le Vice-Président (M. Picard) : Vous
pouvez continuer, là.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) : S'il
vous plaît! Continuez, allez-y.
Mme
St-Pierre : M. le Président, je me mets dans la peau des
familles des victimes qui ont vu ça ce matin. Moi, là, si mon père ou ma mère
étaient morts de cette manière-là, là, puis que j'aurais vu ça ce matin, là,
j'aurais été complètement dégoûtée.
Puis pourtant je ne doute pas... Ce sont des bonnes personnes, là. Il y en a
une qui n'a plus le droit de parler parce qu'elle a perdu sa job de ministre, puis l'autre a le droit de parler,
mais elle, elle dira : Ça débordait de partout. Puis on nous a dit
que c'était beau, beau, beau puis c'était correct. C'était beau, beau, beau.
Le
29 mars 2020, la cheffe de cabinet de la ministre des Aînés reçoit un
courriel à 20 heures du soir. Et c'est marqué urgent, là. Ça ne va pas bien à Herron. Passé
minuit, vers 1 heure, elle écrit à sa ministre, cinq heures plus tard.
Qu'est-ce qu'elle fait, la cheffe de
cabinet, entre 20 heures et 1 heure du matin? À qui elle parle? Elle
parle à deux autres collègues, chefs
de cabinet aussi. Et ces trois chefs de cabinet là ne préviennent jamais le
chef de cabinet du premier ministre, n'entrent jamais en contact avec le
chef de cabinet du premier ministre, n'informent pas le cabinet du premier
ministre de ce qui se passe à Herron. M. le
Président, c'est impossible, impossible parce que l'ordre de marche d'un chef
de cabinet, c'est de parler le plus
rapidement possible, lorsqu'il arrive une situation d'urgence, de parler le
plus rapidement possible au chef de
cabinet du premier ministre. C'est ça, le travail d'un chef de cabinet. Et là
on nous dit : Bien, la directrice du CIUSSS a dit : On a pris
la chose en main, puis c'est bien correct. Ça n'a pas de bon sens, M. le
Président. C'est incompréhensible.
Et je reviens à cette image de ce
matin. C'était déplacé, d'applaudir lors de cette motion, c'était déplacé, puis,
moi, là, ça va me rester, là, gravé
dans la mémoire longtemps. J'ai beaucoup de respect pour mes collègues, puis
hier on a eu un moment où on a célébré dans la transpartisanerie notre travail
comme députés. J'ai beaucoup de respect pour mes collègues. Mais il y a,
à un moment donné, une ligne qu'il ne faut pas dépasser. Puis ce matin, là, je
vais vous le dire, M. le Président, j'ai vu
ces images-là tourner en boucle, là, sur les médias sociaux, puis je pense
qu'elles vont tourner en boucle très
longtemps, parce que la population ne le prendra pas. La population veut une
enquête publique. Je sais que le gouvernement veut mettre le couvercle
sur tout ça, je sais que le gouvernement veut passer à autre chose. Je le sais,
le gouvernement veut qu'on parle d'autre chose, mais on ne peut pas oublier ça.
On a déclenché une
enquête publique, M. le Président, pour un viaduc qui est tombé, le viaduc de
la Concorde, qui est tombé il y a quelques
années. Il y a eu une enquête publique. On a des morts par dizaines et par
milliers, et on ne veut pas
déclencher d'enquête publique. Les personnes ont le droit de savoir, les
familles ont le droit de savoir. Les familles ont le droit qu'on aille jusqu'au bout de ce qu'il s'est passé pendant
cette période-là. Elles ont besoin de ça pour guérir puis pour se dire : Bien, mon papa puis ma maman,
ils ne sont pas morts pour rien, mon oncle, ma tante ne sont pas morts pour
rien. Puis on va avoir la vérité, puis on
verra qu'est-ce qui est... comment les choses se sont passées. Mais la
responsabilité ministérielle, elle
demeure. Puis je pense que si on veut que les gens croient à notre système,
croient notre parlementarisme, croient au gouvernement, il faut
comprendre ce que ça veut dire, la responsabilité ministérielle.
Ce
projet de loi, M. le Président, il va trop loin parce que les experts ont
dit : On n'a pas besoin d'un projet de loi pour faire ce que le gouvernement veut faire. Il y a une juriste qui a
parlé d'un bazooka en matière démocratique. C'est gros, là. Ce n'est pas l'opposition officielle qui vient
dire ça, là, c'est une juriste qui vient dire à la commission parlementaire :
«Jugeant déraisonnable le maintien de l'état
d'urgence sanitaire, des experts en droit demandent [à ce] que le gouvernement
Legault mette fin à cette mesure au Québec, deux ans jour pour jour après son
entrée en vigueur.
«[...]"C'est
un bazooka en matière démocratique", déplore Louis-Philippe Lampron,
professeur à la Faculté de droit de l'Université Laval et spécialiste [en]
droit constitutionnel. Bien qu'il croie que la mesure avait sa raison d'être au
début de la crise — nous
aussi, là, il n'y a pas de problème avec ça — son maintien deux ans plus tard est difficilement
justifiable.»
• (15 h 20) •
Cette
semaine, on a adopté le 108e décret sans jamais venir discuter à
l'Assemblée nationale, devant les parlementaires, de la raison d'être de ces décrets. Puis les
mesures sanitaires, je les ai suivies à la lettre puis je suis convaincue qu'il
faut continuer de les suivre à la
lettre, mais je ne suis pas, là, de la catégorie qui dit qu'il n'y a rien qui
s'est passé, là. Mais poursuivre jusqu'en
décembre... Les droits des travailleurs, on ne discutera pas des droits des
travailleurs, puis on va dire : Vous allez faire ci, vous allez faire ça, puis on va vous imposer ci, puis on va
vous imposer ça, puis on va vous imposer vos conditions de travail. Je pense que ça ne va pas dans le
sens, là, du droit du travail. Ensuite, des contrats qui pourront être
poursuivis pendant cinq ans sans appel d'offres, c'est fort en ketchup,
c'est trop fort.
Il
faut que le gouvernement comprenne que ce projet de loi là n'a pas sa place
dans une société libre et démocratique. Quand des juristes parlent de bazooka... C'est un gros mot, bazooka, là,
puis le peuple québécois a droit à avoir une situation claire qui va faire en sorte qu'il va comprendre
ce qu'il se passe et que ça ne soit pas décrété continuellement par un conseil
des ministres, qui disent : Bon, bien,
O.K., aujourd'hui, on va prendre tel décret, on va en prendre un autre, puis on
va prendre un autre, puis on va en prendre un autre. Moi, je pense que
c'est inconcevable.
Puis on parle de
l'argent... On parle de la santé, bien sûr, mais on en parle aussi, de l'argent
des contribuables. Il y a eu des milliards,
et des milliards, et des milliards de dollars de contrats qui ont été donnés de
gré à gré pendant la pandémie. Puis
on le comprenait, l'état d'urgence, puis vous ne nous avez pas vu critiquer. On
n'a pas chiqué de la guenille, pas du
tout. On a dit : Il faut mettre l'épaule à la roue. Le premier ministre
rencontrait les chefs, régulièrement, des formations politiques. Je pense qu'on a été impeccables, puis
on est intelligents, puis on est capables de comprendre, on est capables
de comprendre qu'il faut, à un certain
moment donné, bien sûr, poser des gestes. Mais là pourquoi on veut à tout prix
ce projet de loi? Parce qu'il s'en vient des élections, puis on va
prendre pour acquis qu'on va être encore au pouvoir au retour. Moi, je me garderais une petite gêne parce que j'ai vu ça, moi,
dans ma carrière politique, des campagnes électorales qui virent bout pour bout en plein milieu d'une
campagne. Je l'ai vu puis je peux vous donner des exemples. Et je pense qu'il faut être très prudent, très, très, très
prudent lorsqu'on prend pour acquis qu'on va être là, l'autre côté de
l'élection. Ce sera au peuple de
décider. Puis moi, je crois à l'intelligence des électeurs, l'intelligence des
Québécois. Mais ça, là, M. le Président, ça ne passe pas.
Je
vous parlais des droits des travailleurs. Ici, l'Alliance du personnel
professionnel et technique de la santé et des services sociaux, qui a dit en commission parlementaire : «À l'aube
d'une probable sixième vague, le naturel qui a été chassé revient au galop. Tel que présenté, le projet de
loi n° 28 octroie au gouvernement Legault tous les pouvoirs pour imposer
unilatéralement les conditions de travail à tous les travailleurs·[et toutes
les travailleuses] du réseau de la santé [...] jusqu'au 31 décembre 2022[...]. Il s'exempte ainsi de son
obligation de négocier avec leurs représentants syndicaux et peut ignorer en toute impunité le Code du travail.
L'Alliance [...] considère que cette loi constitue aussi une atteinte directe
au droit d'association, qui est protégé par la Charte des droits et
libertés...» La Charte des droits et libertés protège le droit d'association de
la personne, des droits et liberté de la personne. «[La loi] n° 28
crée donc un précédent inadmissible.»
Est-ce
qu'on va avoir encore... Est-ce qu'on va assister encore à une autre clause
dérogatoire, là? Parce qu'on est en train d'en prendre l'habitude, des
clauses dérogatoires, dans ce gouvernement.
«Si le gouvernement
veut véritablement mettre en place des mesures transitoires, il se doit
d'assumer ses responsabilités en tant qu'employeur et de s'asseoir à une table
spéciale de négociation avec l'Alliance [...] et les autres organisations syndicales...» C'est ce que les
syndicats... l'Alliance du personnel, dis-je, professionnel et technique est
venu dire en commission parlementaire, il faut négocier de bonne foi.
La Fédération interprofessionnelle de la santé,
ils sont sur la même page, on parle de quand même beaucoup, beaucoup de personnes : «En décrétant l'état
d'urgence sanitaire à 106 reprises — nous
sommes rendus à 108 depuis le 13 mars 2020 — le gouvernement s'est donné tous les pouvoirs et
en a abusé en brimant les droits des [travailleurs et des] travailleuses et en contournant leur convention
collective. Avec ce projet de loi, le gouvernement souhaite ni plus ni moins
conserver le droit de décider seul des mesures
spéciales qu'il entend maintenir jusqu'au 31 décembre 2022, sans devoir
rien justifier à quiconque.
«[...]Le gouvernement a utilisé le prétexte de
l'urgence sanitaire depuis deux ans pour imposer unilatéralement aux professionnels en soins un nombre incalculable
d'arrêtés et de décrets. Il a même eu l'odieux d'accorder 1 milliard de
dollars en mesures incitatives pour le
personnel du réseau, et ce, sans négociation, alors que la convention
collective venait d'être signée, et
qu'il affirmait haut et fort ne pas pouvoir offrir davantage. Cette façon de
faire — a
dit le syndicat — est
inacceptable.
«[...]La fin
de l'état d'urgence sanitaire devrait normalement conduire à la fin de
l'application des mesures prises par
arrêtés ministériels [qui modifient] les conditions de travail, à moins que le
gouvernement et les syndicats conviennent d'une entente [en ce sens] à
l'effet contraire.»
Donc, c'est important aussi, on parlait ce matin
aussi du respect et comment on devait dire à quel point nos travailleurs et travailleuses de la santé, et tout
le personnel, ces gens-là avaient été impeccables, et tous les fonctionnaires
également, tout le monde a été impeccable,
mais il faut aussi leur donner, leur donner ce à quoi ils ont droit,
c'est-à-dire qu'on discute, qu'on
s'assoie, qu'on fasse des ententes avec les syndicats pour arriver à des à des
solutions si des problèmes se
présentent. M. le Président, ce n'est pas compliqué, il faut qu'il y ait des
discussions. C'est le dialogue qui doit s'installer.
Alors, je reviens à Louis-Philippe Lampron, qui
nous dit qu'«en période de pandémie ou crise majeure, le gouvernement bénéficie
d'une grande marge de manoeuvre pour bien protéger la population et bien
protéger le public. Plus l'atteinte aux
droits fondamentaux est grande, plus la justification devra être importante.»
Donc, il faut justifier qu'on va décider...
qu'on va décréter jusqu'en décembre 2022. Il dit : «On n'a pas besoin d'un
projet de loi pour mettre fin à l'état d'urgence sanitaire.»
Moi, c'est un
peu la question que je me posais lorsque j'ai vu cela, parce que je ne suis pas
une juriste, mais je me disais :
Si on met... si on décrète l'état d'urgence sanitaire sans projet de loi,
pourquoi ça prend un projet de loi pour lever l'état d'urgence sanitaire? Je ne comprenais pas trop. Puis là, bien, on
dit : Bien, c'est parce qu'il y a certaines mesures qu'on doit reconduire, et on veut s'assurer qu'on puisse
les reconduire sans problème. À chaque conseil des ministres, un décret,
on passe par là, puis c'est comme ça qu'on continue.
Mais c'est
allé trop loin, selon les juristes, M. le Président. Le p.l. n° 28
vise à maintenir des pouvoirs, des pouvoirs d'état d'urgence. «Il est questionnable que l'Assemblée nationale ait
été mise hors jeu pendant deux ans. On est hors des balises», dit maître Lampron. C'est lui qui parle
de bazooka, là : «On utilise le bazooka. Au Canada, nous sommes la seule
province à avoir maintenu l'état d'urgence
pendant tout ce temps. Il est important d'identifier les mesures pour nous assurer
de l'indépendance du directeur national de
la santé publique.» Et, là aussi, c'est vraiment important, parce qu'on a mis
en lumière le fait que de très bonnes
personnes... mais, l'indépendance, là, il y a parfois... des fois, on n'avait
pas l'impression... on a l'impression
que la ligne est mince entre l'indépendance du directeur de la santé publique
et... en fait, relativement à l'indépendance du directeur de la santé
publique.
• (15 h 30) •
Alors, dans son mémoire, Me Lampron dit :
«La COVID-19 n'est plus une menace dont les effets sur la santé de la population ne peuvent être anticipés de
manière certaine, nécessitant la prise de mesures immédiates. Il est urgent de
mettre fin à la gouvernance par décrets et
arrêtés ministériels qu'autorisent ces dispositions extraordinaires de la loi.
Le pouvoir de déclarer l'état
d'urgence sanitaire est encadré de manière stricte, car il s'agit d'un pouvoir
exceptionnel qui ne doit pas être
pris à la légère. La déclaration d'état d'urgence n'a jamais été soumise à
l'Assemblée nationale pour obtenir son
assentiment, comme le veulent la lettre et l'esprit de la Loi sur la santé
publique. La lecture des décrets et des arrêtés ministériels démontre de plus qu'il a été utilisé d'une manière parfois
excessive et selon une formulation qui ouvre toute grande la porte à des interprétations abusives.»
On parle... C'est Me Lampron, là, qui parle, là. C'est vraiment quelqu'un
qui est un expert qui s'est penché sur la question.
«Depuis le
13 mars 2020, l'état d'urgence a été renouvelé à plus de 100 fois — on
nous parlait de 107 — alors
que l'évolution de la pandémie a connu plusieurs mois d'accalmie, sans
compter le fait que plus de 82 % de la population a reçu à ce jour au moins deux doses de vaccin. La poursuite de l'état
d'urgence n'est plus justifiée», dit-il. Il me reste une minute, alors j'achève. Donc, je vais
conclure : «...n'est plus justifiée. Le gouvernement doit y mettre fin dès
maintenant. Ces arrêtés ministériels
concernent, pour au moins trois d'entre eux, et comme leur nom l'indique, des
mesures opérationnelles et de
ressources humaines», et on parle du mouvement de personnel. Donc, ces mesures,
bien sûr, doivent être analysées autrement que par le projet de loi
n° 28.
Alors, je
termine là-dessus, M. le Président. Je vous dis que nous avons toujours à coeur
de travailler, de collaborer, mais
nous avons aussi à coeur les intérêts des Québécois et des Québécoises, les
intérêts supérieurs des Québécois et des Québécoises. Et, compte tenu de
cela et compte tenu de ce que je viens de vous dire, ce que mes collègues vous
disent, M. le Président, nous sommes face à un projet de loi qui est
inacceptable et qui va trop loin. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Avant de commencer mon temps, M. le Président,
j'aimerais demander consentement à mes collègues
de pouvoir déroger à l'article 32 et de faire mon intervention de cette
banquette, parce que je ne voulais pas déranger ma collègue dans son
allocution. Voilà.
Le Vice-Président (M.
Picard) : Il y a consentement.
M. Tanguay : Il y a
consentement? Parfait. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Allez-y, M. le député de LaFontaine.
M. Tanguay : Merci beaucoup. Alors, moi également, il m'était
important de m'inscrire dans le débat, aujourd'hui, le débat quant au projet de loi n° 28, loi
qui a pour titre, M. le Président, Loi
visant à mettre fin à l'état d'urgence sanitaire, mais c'est un titre qui est paradoxal puis qui ne marche pas de
pair avec la rédaction même des articles.
Lorsque vous
dites, dans un titre, «mettre fin à l'état d'urgence»... Si je vous dis :
Je vais mettre fin à quelque chose, bien,
vous vous attendez que ce soit dans l'immédiat. Sinon, ce n'est pas réellement
mettre fin. Sinon, si je vous dis : On va prolonger ça jusqu'au 31 décembre... Puis, voyez-vous, je ne
voulais pas utiliser le mot «prolonger», mais c'est venu de soi, ça a coulé de source, ce n'est pas mettre
fin que de prolonger au 31 décembre. Quant à ça, M. le Président, la Loi
sur la santé publique, aux articles 118 et suivants, permet au
gouvernement, et c'est ce qu'il a fait à 107 reprises jusqu'à maintenant, de renouveler, de 10 jours en
10 jours, l'état d'urgence. Là, il ne renouvelle pas de 10 jours, il
ne renouvelle pas de 30 jours. Ils vont renouveler de plusieurs
mois, jusqu'au 31 décembre 2022, et c'est excessivement préoccupant.
Puis je vais reprendre la balle au bond de ma
collègue de l'Acadie, qui a cité le Pr Lampron. Moi, je vais citer d'abondant, M. le Président, la Pre Martine
Valois, professeure agrégée, Faculté de droit de l'Université de Montréal, qui
est venue parler de fondements de base, là. C'est fondamental dans nos chartes
des droits et libertés, dans notre système démocratique.
Nous devons avoir ici, à l'Assemblée nationale, des débats qui sont
nécessaires. Puis ce n'est pas uniquement de dire : Ah! bien là, je veux dire, avant, on avait la ministre du
Patrimoine, là, les députés de l'opposition, ils veulent avoir la minute de l'opposition puis ils veulent juste
s'inscrire dans le débat. Ce n'est pas... On a un travail à faire, M. le
Président, de questionner l'action
gouvernementale. Puis je vois mon collègue de La Peltrie, en face de moi,
qui le faisait lorsque nous étions au
gouvernement, questionner... Je le prends au dépourvu. Il n'a jamais fait ça,
questionner l'action gouvernementale, lorsqu'il était dans l'opposition,
si peu soit-il.
Mais je
serais curieux de savoir... Puis je vais prendre un exemple qui vient de notre
capitale nationale, la région de Québec. Je serais curieux de savoir...
J'aurais aimé ça savoir comment il aurait réagi si, d'aventure, on lui avait
dit que 13 milliards de contrats
publics ont été octroyés de gré à gré. On sait, le gré à gré, ce n'est pas
fondamentalement mal, là, c'est nécessairement mal puis il y a
nécessairement collusion ou quoi que ce soit de répréhensible. Mais c'est un
système, M. le Président, qui est très,
très, très limité quant à ses... Quant à la capacité de contracter de gré à
gré, il y a des limites, il y a des plafonds. Là, sur deux ans, c'est
13 milliards.
Pour le
bénéfice de mon collègue, je vais lui donner, puis je vois que j'ai d'autres
collègues de la Capitale-Nationale qui sont ici, un exemple très tangible... puis
les gens qui nous écoutent à la maison. J'aurais aimé le voir, comment
il aurait questionné ça, si on lui avait dit qu'aurait été donné en contrats
l'équivalent de 35 fois le Centre Vidéotron, qui a coûté, en 2015,
370 millions. Elle n'est quand même pas pire, celle-là. Je pense que c'est
une belle image, qui parle beaucoup, 35 centres Vidéotron, 35 fois
370 millions, 13 milliards en deux ans donnés de gré à gré.
Une voix : ...
M. Tanguay : Pardon? Sans club de hockey, M. le Président, d'ailleurs,
sans club de hockey, M. le Président, parce que, là, le club de hockey... Mais là, attention, le coup du club de
hockey, d'ici au 31 décembre 2022, je pense qu'on va en avoir un puis deux, là. Je pense qu'on va être
bons pour transférer les Penguins de Pittsburgh, les Blackhawks de Chicago
puis les Rangers de New York, parti comme
c'est là, M. le Président. Si on ne fait qu'appliquer une règle de trois, on va
aller chercher au moins un 2 milliards,
ce qui est à peu près le coût de ces trois clubs-là. Alors, il y en aura un...
Évidemment, avec les deux tunnels, ça
va bien aller, nos affaires, il y en aura un à Lévis, il y en aura un à Québec,
puis il y en aura peut-être un à Portneuf.
Alors, tout ça pour dire, M. le Président, 35
centres Vidéotron ont été donnés dans les deux dernières années, l'équivalent de la valeur de 35 centres Vidéotron
en contrats de gré à gré. Wow! Une fois que j'ai dit ça, là, tout le monde
a compris à la maison. Ça a-tu de l'allure?
Non. Est-ce que ça doit cesser? Oui. Est-ce qu'au départ, lorsque l'état
d'urgence a été déclaré, le
vendredi 13 mars 2020, lorsque l'état d'urgence a été déclaré, est-ce
que c'était justifié? Bien oui, c'était justifié. Il y avait menace
imminente. Il y avait une situation tout à fait exceptionnelle, à laquelle on
n'était pas préparés, pour laquelle,
évidemment, on était bien loin des vaccins, là. Là, c'était, je me rappelle,
c'était l'équipement de protection individuelle,
les EPI, je pense, si j'ai le bon acronyme. Puis là on a commencé à compter les
masques, compter les chemises, compter
les blouses, compter... et ainsi de suite, le matériel médical. Là, on le
savait, l'état d'urgence... la loi, à ce moment-là, avait un objectif, c'est-à-dire que la loi
permettait d'atteindre un objectif dans un état d'urgence. L'état d'urgence
requérait que le décret soit pris.
Ce qu'on
aurait aimé, évidemment, après ce 10 jours là, ou peut-être une prolongation,
mais très rapidement, ça aurait été
d'avoir un débat à l'Assemblée nationale. Mais le débat à l'Assemblée
nationale, M. le Président, on ne l'a pas eu puis on ne l'a toujours pas eu quant à l'à-propos, quant aux mesures
de façon spécifique, quant à la reddition de comptes. Là, j'entends que le premier ministre a dit que
d'ici juin — donc
on termine nos travaux le 10 juin — il
y aura un rapport qui sera déposé à
l'Assemblée nationale, mais visiblement, l'Assemblée nationale va arrêter de
siéger le 10 juin. On n'aura pas le temps d'en débattre, d'en discuter
puis de pouvoir poser des questions sur ce rapport qui, soit dit en passant, M.
le Président, ne serait-ce que le chapitre des contrats de gré à gré,
13 milliards, le rapport, là, j'espère qu'ils vont nous l'envoyer
en clé USB parce que, le cas échéant, on participerait à la déforestation de la
planète.
Alors,
en ce sens-là, c'est vous dire le nombre de questions qu'il y a à poser,
l'analyse que nous devons faire de façon
complète de ce qui a été apporté, de ce qui a été décidé. Puis aujourd'hui, M.
le Président, on est dans une situation où, oui, la COVID-19 est encore présente. Je veux dire, il y a encore
des cas. Est-ce que nous sommes dans un état comparable au 13 mars 2020? Personne ne peut affirmer
qu'on est dans un état comparable au 13 mars 2020. Personne ne peut affirmer
qu'on n'est pas plus préparés, qu'on n'est
pas à même, ne serait-ce que pour ce qui est des connaissances scientifiques,
ne serait-ce que la façon dont le réseau s'est réorganisé et que les
services sont offerts et la façon dont évolue le virus, aujourd'hui, on n'est plus du tout, puis ça, c'est un fait
bien simple, là, dans une situation comparable au vendredi 13 mars,
date d'entrée en vigueur, le lendemain, samedi 14 mars, de l'état
d'urgence sanitaire.
Là, ce qu'on
nous dit, on exige, l'opposition officielle, que le débat ait lieu. On exige
qu'il y ait fin de l'état d'urgence, mais le gouvernement dépose un projet de
loi pour le prolonger au-delà des élections générales. Donc, au-delà des
élections générales, le gouvernement nous
annonce qu'on sera toujours en état d'urgence. Le gouvernement nous annonce
ça... puis ça, c'est des juristes
éminents qui disent et qui reprennent cette expression-là : Le pouvoir est
concentré d'entre les mains de 24,
25 personnes au Conseil des ministres, M. le Président, dans la mesure où
ils sont tous présents, quand une décision est prise en vertu de l'état
d'urgence. Ça, ce n'est pas normal.
Puis il y a
une affaire qui m'a frappé, moi, M. le Président, puis je veux le souligner à
double trait. Le Québec, on est une
société distincte, le Québec, nous sommes, à l'heure actuelle, on m'informe, la
seule province qui est toujours en état d'urgence sanitaire. On est la seule province au Canada, le Québec, qui
sommes... nous sommes toujours en état d'urgence sanitaire. C'est un autre élément, quand vous le dites, vous
dites : Ah! qu'est-ce que les autres n'ont pas compris puis que nous,
on a compris, ou peut-être, qu'est-ce que
notre gouvernement n'a pas compris? Comment le gouvernement ne peut-il pas
imaginer la suite des choses autrement que
de concentrer tous les pouvoirs entre ses mains? Bien, ça a l'air que ça
fonctionne en Ontario. Ça a l'air que
ça fonctionne en Colombie-Britannique. Ça a l'air que ça fonctionne dans les
Maritimes, dans les Prairies, partout ailleurs au Canada, mais au
Québec, ils ont absolument besoin...
Puis encore
une fois, M. le Président, mon point, il serait bon si, l'état d'urgence, on
disait : On va y mettre fin dans une semaine, on va y mettre fin
dans trois jours. Mon point sera de dire : Bien là, il n'est pas trop tard,
parce que ça a été fait ailleurs. Je ne suis
pas en train de dire que, parce que ça a été fait ailleurs, que de facto, tout
de suite, on ne doit pas se poser...
Non, mais le fardeau de la démonstration doit être fait. Puis, je veux dire, le
premier ministre de l'Ontario, là, Doug Ford, il n'a pas une province plus
simple à gouverner, moins complexe, 13 millions plus d'habitants, que le
premier ministre du Québec a à gouverner, avec sensiblement les mêmes
outils, les mêmes réalités, sensiblement les mêmes.
• (15 h 40) •
Alors, en ce
sens-là, M. le Président, comment peut-il justifier non seulement que ça ne va
pas cesser dans 30 jours, ça ne
va pas cesser d'ici au 31 décembre 2022, d'ici même l'autre bord des
élections? Nous ferons donc une élection dans un contexte d'état
d'urgence sanitaire, alors que ça fera plusieurs mois qu'ailleurs au Canada ça
ne sera plus le cas.
Ça, M. le
Président, qu'est-ce que ça fait? Ça fait en sorte que le gouvernement conserve
l'opportunité... Tantôt, on faisait
l'analogie avec le Centre Vidéotron puis la Ligue nationale. Le gouvernement
conservera, jusqu'au moins à l'élection, là, le 3 octobre prochain, les pleins pouvoirs pour dépenser et
pour octroyer des contrats de gré à gré. Également, les décrets qui sont
en vigueur demeureront jusqu'au... Et les contrats de gré à gré, en passant, M.
le Président, pour ce qui est de l'approvisionnement,
ça ne va pas terminer le 31 décembre 2022. Ils pourront être prolongés
pour encore un autre cinq ans. Je ne
sais pas où est-ce qu'on va être dans cinq ans, M. le Président, mais il y aura
eu une autre élection dans cinq ans. Mais le gouvernement sait déjà que lui,
dans cinq ans... Donc, encore plus loin que la prochaine élection, encore plus
loin que la deuxième prochaine
élection. Le gouvernement nous dit : Rajoutez une autre année l'autre bord
de ça, dans deux élections, puis je
suis convaincu que nous devrons toujours pouvoir prolonger des contrats de gré
à gré, notamment pour l'approvisionnement.
Là, les centres Vidéotron, là, on va pouvoir en mettre partout au Québec,
octroyés en contrats de gré à gré. Ça ne tient pas la route.
Pour revenir,
M. le Président, la juriste Me Martine Valois est venue témoigner lors des
consultations particulières, et, dans
le mémoire qu'elle a présenté le 6 avril dernier, elle disait... et je la
cite, puis je vais vous citer des passages de son mémoire qu'elle nous a
déposé. À la page introductive : «Le projet de loi n° 28 — et je
la cite — a
vocation de prolonger l'état d'urgence
sanitaire au 31 décembre 2022, alors que les conditions posées par
l'article 118 de la Loi sur la santé publique pour justifier la déclaration
d'état d'urgence sanitaire ne sont plus satisfaites.» Et là elle soulève trois
éléments importants. Entre autres,
elle va citer les auteurs Prémont, Couture Ménard et Brisson relativement au
pouvoir de déclarer l'état d'urgence sanitaire, qui est encadré de
manière stricte.
Au Québec,
c'est les articles 118 à 131 de la Loi sur la santé publique. Notre régime, si
vous voulez, constitutionnel québécois,
qui est dans un contexte canadien, bien, notre régime constitutionnel
québécois, par la loi, fait en sorte, en donnant des pouvoirs extrêmes, extraordinaires au gouvernement, vient... est
dirigé par 13 articles de la Loi sur la santé publique. De 118 à 131, c'est 13 articles qui nous
gouvernent depuis deux ans, puis là on nous promet que ça va être encore la
même chose jusqu'au 31 décembre 2018.
Ça, c'est exorbitant de notre démocratie, où les décisions majeures doivent
être prises ici, après débat. Et les
décisions majeures doivent s'exprimer comment? Doivent s'exprimer par des
budgets adoptés, doivent s'exprimer
par des lois, discutées, et adoptées, et amendées, et doivent être exprimées
également par des règlements qui vont découler d'une loi qui aura été
discutée et amendée par tout le monde autour de la table. C'est ça, notre
démocratie.
Les pouvoirs sont tellement exorbitants qu'ils
peuvent réécrire la loi, peuvent donner des contrats, évidemment, de gré à gré, contrairement à l'esprit et à la
lettre de la loi sur les contrats publics, Loi sur les contrats des organismes publics. Contrairement
à la lettre et l'esprit de cette loi-là, des contrats sont donnés de gré à gré.
Ça, c'est une chose, mais également
plein de décisions sont prises qui viennent
changer les rapports individuels et collectifs, notamment relativement aux
relations que le gouvernement
entretient avec les syndicats. C'est exorbitant et ce n'est pas justifié.
Évidemment, vous avez compris que,
dans ce contexte-là, on ne peut que le déplorer, que de réaffirmer encore haut
et fort qu'on va voter contre la loi n° 21.
Et, pour poursuivre, là,
la citation de Me Valois disait donc... Tantôt, j'ai dit, elle citait les
auteurs Prémont, Couture Ménard et Brisson, qui disaient ce qui suit :
«Sous la Loi sur la santé publique — la LSP — trois
conditions essentielles doivent être réunies
pour justifier la déclaration de l'état d'urgence sanitaire. Il doit y avoir
menace grave à la santé de la population, cette menace doit être réelle
et imminente, et [trois] elle doit exiger l'application immédiate de mesures de protection prévues à l'article 123...»
Elle dira plus loin, je la cite, Me Martine Valois : «Depuis la
déclaration de l'état d'urgence
sanitaire du 13 mars 2020, le pouvoir exceptionnel prévu à l'alinéa 8° de
la Loi sur la santé publique est devenu
la source principale des décisions du gouvernement et du ministre de la Santé
et des Services sociaux. La lecture des décrets et des arrêtés
ministériels démontre de plus qu'il a été utilisé d'une manière parfois
excessive et selon une formulation qui ouvre toute grande la porte à des
interprétations abusives.
«Or, depuis
le 13 mars 2020, l'état d'urgence a été renouvelé à plus de 100 reprises — on
le sait, c'est 107 reprises, au
moment où on se parle — alors
que l'évolution de la pandémie a connu plusieurs mois d'accalmie,
sans compter le fait que plus de 82 % de la population a reçu à ce jour
au moins deux doses de vaccins contre la COVID-19.
«Considérant
ce qui précède, la poursuite de l'état d'urgence sanitaire n'est plus justifiée
et le gouvernement doit y mettre fin dès maintenant.» Fin de la
citation.
M. le Président,
c'est une avocate émérite, professeure agrégée, Faculté de droit de
l'Université de Montréal. Très rarement,
vous allez voir, dans une opinion juridique, une avocate ou un avocat,
lorsqu'il rend une opinion juridique, être de façon aussi catégorique, aussi claire quand il s'agit d'appliquer les
faits à la loi. En ce sens-là, la Pre Valois, Me Valois, qui est une autorité en la matière, vient
carrément affirmer : «Considérant ce qui précède, la poursuite de l'état
d'urgence sanitaire n'est plus justifiée et le gouvernement doit y
mettre fin dès maintenant.»
Quand elle
dit ça, M. le Président, c'est sans équivoque et, encore une fois, c'est
prenant en compte qu'il y a toujours une
réserve. Il faut toujours y aller avec l'interprétation. Mais les faits sont
tellement clairs, et limpides, et évidents pour elle, contrairement au gouvernement, qu'il n'y a aucune place à
l'interprétation. L'état d'urgence devrait être levé parce qu'il n'est pas justifié en vertu de la Loi sur la
santé publique. Alors, ça, c'est une affirmation très forte, qui aurait dû
faire réfléchir bien davantage,
notamment, le ministre de la Justice, qui, lui, connaît bien ces approches, ces
analyses, et qui ressort cette déclaration-là de façon on ne peut plus
limpide.
Également, autre élément, autre écueil soulevé
par Me Valois, le respect de la primauté du pouvoir législatif et de l'Assemblée des élus. À ce chapitre, on
souligne que «le rôle du législatif est de prendre des décisions et d'énoncer
des politiques; le rôle de l'exécutif est d'administrer et d'appliquer
ces politiques». Fin de la citation. Là, M. le Président, il revient non
seulement à l'exécutif, au gouvernement caquiste, d'administrer et d'appliquer
ces politiques, mais il lui revient lui-même
d'écrire en amont lesdites politiques, de prendre les décisions et d'énoncer
lesdites politiques. Alors, on peut
voir que le rôle ici de l'Assemblée nationale, débattre, adopter la loi qui va
évidemment encadrer le pouvoir réglementaire et, par la suite, les directives qui vont en découler, bien, nous sommes
pieds et poings liés et nous ne pouvons pas faire notre travail.
13 mars
2020, ça tient la route. Ça fait plusieurs mois que ça ne tient plus la route,
et là on dépose un projet de loi voulant
mettre fin, mais on prolonge jusqu'au 31 décembre 2022. Non seulement ça
ne tient plus la route, M. le Président, mais c'est un abus de pouvoir, un abus de pouvoir en vertu de la Loi sur
la santé publique, et ça, il faut le dénoncer. C'est notre rôle de le dénoncer. Évidemment, le
gouvernement va utiliser sa majorité, probablement, pour faire adopter la loi,
indépendamment de ce qu'on pourrait dire. Mais ça, M. le Président, on ne peut
pas... on ne pourra pas dire... Puis je crois que l'histoire sera quand même
assez sévère, puis on saura noter la date aujourd'hui, à l'endroit du
gouvernement, d'avoir conservé pendant tout
ce temps, deux ans et demi, à ce moment-là, au 31 décembre 2022, tous ces
pouvoirs qui ne sont pas justifiés et
qui fait du Québec, même au moment où on se parle, la seule province au Canada
qui est encore sous un régime d'état d'urgence sanitaire.
Toujours Me
Valois, et je la cite : «Depuis la déclaration d'état d'urgence le 13 mars
2020, un groupe réduit de membres du Conseil exécutif, y compris le ministre de
la Santé et des Services sociaux, agissant parfois seul, a pris des mesures
exceptionnelles qui n'ont jamais obtenu l'assentiment de l'Assemblée nationale
ni même été débattues devant cette Assemblée.
Ce faisant, le gouvernement a permis que soit renversée la hiérarchie des
normes qui gouvernent notre démocratie.»
Quand vous en
êtes rendu, M. le Président, à dire que vous avez renversé, durant tout ce
temps, la hiérarchie des normes de notre système démocratique, je veux dire,
une fois que vous avez dit ça, là, ça ne peut qu'être non seulement un immense drapeau rouge, ça,
c'est clair, mais c'est un péril qui fait en sorte que les
décisions qui sont prises ne sont pas débattues, ne sont pas analysées.
• (15 h 50) •
On ne peut même pas, après coup des décisions,
M. le Président, faire une reddition de comptes complète et questionner l'à-propos. 13 milliards de
contrats de gré à gré, les droits et libertés de tout un chacun, notamment en
matière du travail, sont impactés par ça de façon plus ou moins directe ou
indirecte, et, en ce sens-là, on ne peut que déplorer ça, ce qui faisait
dire... Encore une fois, ici, j'ai un texte du 15 mars, Journal de
Montréal, Antoine Robitaille, sous le titre État d'urgence sanitaire : assez d'exagérations. «L'état d'urgence sanitaire a fait son temps.» On
pouvait y lire : «Je ne nie pas que cette loi pose problème et
mérite un examen lucide. Quand elle fut adoptée, personne n'avait prévu qu'un
état d'urgence "puisse durer aussi longtemps que ce que nous vivons
actuellement", dixit la Cour d'appel dans un jugement, fin janvier.
«Le
gouvernement a aussi donné l'impression que sa bureaucratie et lui avaient pris
goût à ces mesures exceptionnelles.
«Les réponses du premier ministre justifiant
l'état d'urgence, récemment, étaient peu convaincantes. A-t-on vraiment [...] besoin, en 2022, de la version
absolue de l'état d'urgence pour "payer des primes" dans le système
de santé, embaucher des vaccinateurs? Douteux.» C'est ce qu'écrivait
notamment Antoine Robitaille le 15 mars dernier.
Alors, je
pense que le gouvernement doit se rendre à l'évidence, il ne peut plus
gouverner, deux ans après, comme il l'a fait, puis c'était justifié à
l'époque, mais ça ne l'est plus maintenant, le 13 mars. Il ne peut plus
gouverner de cette façon-là.
La démocratie l'exige. Le pouvoir qui lui a été remis, suite aux élections,
l'exige. C'est un fondement essentiel de notre démocratie. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le député de LaFontaine. D'autres interventions? Je cède la parole à M. le
député de Mont-Royal—Outremont.
M. Pierre Arcand
M.
Arcand : Merci beaucoup, M. le Président. À mon tour de
prendre la parole sur le projet de loi n° 28 qui est devant
nous. Et évidemment c'est un projet de loi qui est un peu particulier dans la
mesure où ce projet de loi, évidemment, est particulièrement électoraliste, entre guillemets. C'est un projet de
loi qui... on se pose, encore une fois, beaucoup de questions sur le projet de loi. Et cette fois-ci,
ce qu'il est très important de mentionner, c'est que je ne pense pas qu'on va
devoir accuser les oppositions, dans ce dossier-là, de quoi que ce soit.
Je vous
rappelle, le 12 mars, avant qu'on arrête l'Assemblée nationale, il y avait
une période de questions à l'Assemblée nationale, et je posais les
questions au premier ministre, à ce moment-là. Et essentiellement ce que je lui
demandais, c'était de nous dire... de faire
le point sur la situation qui prévalait à ce moment-là, le 12 mars, et je
lui offrais toute la collaboration de
l'opposition. La réponse du premier ministre, à ce moment-là, il a dit
essentiellement la chose suivante, il
a dit : Écoutez, je veux remercier le chef de l'opposition officielle pour
sa collaboration et pour le ton de sa question. Je pense, c'est très
important que les 125 élus travaillent ensemble.
Et, comme
vous le savez, immédiatement après la période de questions, à ce moment-là, il
avait fait une conférence de presse
pour nous dire : Écoutez, la situation est particulièrement sérieuse au
Québec. C'est une situation qui mérite qu'on travaille tous ensemble. Et, si vous vous rappelez bien, M. le
Président, l'Assemblée nationale n'avait pas siégé avant le mois d'avril, mai, même, je pense, pour permettre
au gouvernement de faire face à cette situation-là, parce qu'on n'avait pas de vaccin, parce qu'évidemment la situation
était critique. On le sait, ce qui s'est passé dans les CHSLD un peu partout.
Alors,
évidemment, on se retrouve, M. le Président, aujourd'hui avec une situation
complètement différente. C'est une
situation qui a évolué au cours des dernières années. Je vous dirais aussi que,
tout à l'heure, le député de LaFontaine disait : Écoutez, faire des mesures
d'urgence, à ce stade-ci, on est le seul État au Canada qui fait des mesures
d'urgence, qui décrète des lois dans
lesquelles il y a des mesures d'urgence. Alors, M. le Président, ce n'est pas
seulement au Canada. Moi, j'ai fait une vérification, et, à moins de me
tromper, c'est en Amérique du Nord. Ce n'est pas juste au Canada, c'est... il
n'existe pas de telles choses actuellement aux États-Unis.
Et ce qui est
particulièrement déplorable, dans la loi qui est devant nous aujourd'hui, c'est
qu'en fait on sait que les Québécois veulent la fin de l'urgence sanitaire. Ça,
là-dessus, personne n'est en désaccord, mais, malgré ça, on dit qu'on veut mettre fin à l'état d'urgence. Mais il
faut être honnête et transparent avec les Québécois. En fait, ce qui se passe,
c'est que ce projet de loi veut prolonger
l'état d'urgence jusqu'au 31 décembre 2020. Et, quand ce projet de loi...
Et, si on veut voir si un projet de
loi est bon ou un projet de loi a de la difficulté, bien, il faut regarder un
petit peu autour puis il faut voir les premiers commentaires que l'on
entend sur un projet de loi.
Alors là,
c'est un projet de loi qui dit qu'on veut mettre fin à l'état d'urgence.
Puis là nous, on se lève puis on dit : Non, ça ne met pas fin à l'état d'urgence, au contraire, ça continue de
donner des pouvoirs au gouvernement, des pouvoirs extrêmement importants encore. Et là, à ce
moment-là, le ministre de la Santé dit : Écoutez, mon projet de loi va
instaurer, et là je le mets entre guillemets, des mécanismes opérationnels pour
pouvoir permettre au gouvernement de réagir rapidement en cas de nouvelle vague. Il ne précise pas
exactement c'est quoi, les mécanismes opérationnels, mais il nous dit ça. Et,
quand on sait que le gouvernement...
Ce projet de
loi peut être éminemment contestable. Très souvent, le chef de cabinet
intervient, le chef de cabinet du premier ministre qui dit : Oh!
vous savez, nous voulons garder à notre disposition un minimum de pouvoirs sans
être obligés de déclarer l'urgence
sanitaire. Essentiellement, c'est ce qu'il nous dit aujourd'hui. Mais tout ça
est fait dans un contexte, M. le
Président, où on n'a pas vraiment de précision. C'est quoi, les pouvoirs qu'ils
veulent avoir, exactement? C'est
quoi, les contrats gré à gré qu'ils veulent renouveler d'ici le
31 décembre? Qu'est-ce qui doit se passer? Heureusement, il va y avoir bientôt les crédits. J'aurai
l'occasion de poser des questions à la présidente du Conseil du trésor pour
essayer de savoir un peu quel genre de contrats dont on parle.
On comprend
parfaitement, on est quand même pragmatiques face à ces choses. On comprend très
bien qu'au cours de l'année 2020
le gouvernement a donné des centaines de millions de dollars de contrats gré à
gré parce qu'il y avait une situation d'urgence. J'ai un peu plus de difficulté
à comprendre pourquoi, à partir de 2021 jusqu'à 2022, on devait agir
avec autant de célérité au niveau des
contrats d'urgence. Et le raisonnement ou les réponses que nous avons eus
jusqu'ici, de la part du premier
ministre en particulier et du ministre de la Santé, ne nous convainquent pas
véritablement, dans la mesure où ce
qu'ils disent, essentiellement : Bien, vous savez, on a besoin de ça parce
que... Par exemple, pour faire vacciner des dentistes, bien, ça prenait une loi d'urgence. Les syndicats... on avait
de la difficulté à négocier certaines choses avec les syndicats.
Or, quand il y a eu les... quand on a eu les
consultations particulières sur le projet de loi n° 28, que ce soit la CSN ou la FTQ, qui sont intervenues, ils nous ont
tous dit : Écoutez, nous, on comprend très bien que, quand il y a une
situation qui nécessite vraiment... où
l'intérêt public, en fait, est en cause, nous allons être ouverts à négocier un
certain nombre de choses. On n'a pas besoin, d'une part, de l'état
d'urgence.
• (16 heures) •
Et, en plus
de ça, comme l'ont mentionné plusieurs de mes collègues depuis le début, bien,
pour parler comme tel d'état
d'urgence... On comprend que, si on veut mettre fin à l'état d'urgence, on n'a
même pas besoin de faire une loi. Alors, c'est véritablement là où le bât blesse, à mon
avis. C'est que... Comment peut-on justifier une telle loi, alors que tout
le monde reconnaît ici, à l'Assemblée
nationale, tous les partis d'opposition ont reconnu qu'on ne peut pas mettre,
en fait, fin à l'état d'urgence par
une loi? On peut très bien décréter qu'on met fin comme tel à l'état d'urgence.
Donc, si on présente une loi de cette nature, c'est parce qu'on veut
prolonger l'état d'urgence. Je pense que ça va de soi de ce côté-là.
Alors, M. le
Président, il est clair que le gouvernement, actuellement, va devoir nous
justifier, justement, dans les articles
par articles, comment il peut en arriver à cette conclusion. Et depuis le
début, depuis qu'on a discuté de ces différentes consultations, je dirais que le gouvernement, en fait, n'a pas réussi à
répondre de façon correcte à ce qu'on a vu. Et tout le monde, ici, on n'est pas dupe, à l'Assemblée
nationale... le gouvernement, clairement, pour avoir choisi le 31 décembre
2022, alors qu'on sait très bien que, vers la fin du mois de décembre,
s'il y avait un moment où ils ont besoin, justement, où ils auraient peut-être besoin d'évoquer l'état d'urgence, parce que,
comme vous le savez, au cours des dernières années, les crises se sont
faites à partir... Autour de Noël, en général, c'est là que, s'il y a une
recrudescence, ça se produit, autour de
Noël. Pourquoi ils ont mis le 31 décembre 2022? La réponse, M. le
Président, on ne peut pas faire autrement que de penser la chose suivante,
ils veulent avoir la paix pendant la période électorale et être en mesure de
bouger rapidement durant cette période-là, alors que nous, on pense
fondamentalement que ce n'est absolument pas nécessaire.
Et on sait,
en fait, que, depuis le début, la façon, pour le gouvernement, de véritablement
être en mesure de pouvoir gérer la santé, c'est véritablement par des contrôles
qui sont extraordinaires, par exemple contrôle total du ministère. Vous le savez, le gouvernement n'arrête pas de tenter
de présenter des lois pour essayer de contrôler un peu le travail des médecins
de ce côté-là, de présenter des lois pour une grande réorganisation de la santé
dans laquelle le gouvernement va exercer évidemment
de plus grands contrôles. C'est ça qu'on voit, M. le Président, dans ce projet
de loi qui m'apparaît extrêmement important.
Et, comme
vous le savez, le contrôle que le ministre a mentionné qu'il voulait faire
était... Tant qu'il s'agissait d'avoir un contrôle plus sérieux au
niveau des données, nous pouvions aller de l'avant avec ça. On pouvait
comprendre que le ministère de la Santé
voulait avoir plus d'information, être en mesure d'orienter de meilleure façon
le ministère de la Santé à ce
niveau-là. Mais ce n'est pas ce qu'on retrouve dans ce projet de loi. Il le
fait, d'ailleurs, dans un autre projet de loi. Et, M. le Président, on
se demande finalement, en bout de ligne, de quelle façon les choses vont être
capables d'évoluer.
Et il y a un phénomène encore plus important, je
pense, qui a été mentionné par quelques collègues, mais qui m'apparaît aussi
fondamental. On sait que depuis le début, quand on demande une enquête
publique, on dit : Bon, ce n'est pas
nécessaire, il y a déjà un coroner, et puis on n'a pas besoin... Lorsqu'on
demande d'avoir plus de débats, c'est toujours particulièrement difficile. On sent que le premier ministre n'aime pas
cette espèce d'état de compte de... les comptes rendus qu'il doit faire sur un certain nombre de choses.
Lorsqu'on a négocié, par exemple, avec le leader parlementaire, il voulait,
évidemment, même si, maintenant, je pense qu'on est passablement revenus à la
normale à l'Assemblée nationale, il voulait, au niveau des crédits,
diminuer le nombre d'heures au maximum, il voulait négocier toujours à la
baisse.
Et la question qui se pose maintenant dans ce
contexte-là, et dans un contexte où, déjà, on a un gouvernement majoritaire qui est devant nous, la question est
la suivante : C'est quoi, le rôle d'un député de l'opposition? Les gens,
la population, ont donné un mandat à
ce gouvernement-là et, en même temps qu'ils ont donné le mandat au
gouvernement, ils ont dit : Vous
allez gouverner dans le meilleur intérêt public. Mais la deuxième chose qu'ils
ont dite au gouvernement : Nous voulons avoir aussi une opposition
officielle qui va jouer son rôle au Parlement. Le rôle, c'est quoi? C'est de contrôler les actions du gouvernement. Comment on
contrôle les actions de ce gouvernement? Bien, on les contrôle par le fait qu'on puisse utiliser nos institutions de la
meilleure façon possible, de faire en sorte que le gouvernement réponde aux
questions, que le gouvernement suive le plus possible les règles qui sont
devant nous.
On l'a vu, ces tentatives, par exemple, dans le
projet de loi sur Hydro-Québec, où on a mis de côté la Régie de l'énergie, où on a dit : Bien là, un
organisme indépendant, ça ne nous intéresse pas tellement avant 2025.
Hydro-Québec peut faire à peu près ce qu'il veut, et on a vu qu'est-ce
qui s'est passé de ce côté-là. Ça a été la même chose dans d'autres domaines, M. le Président. Combien de
fois on a demandé des débats publics? Combien de fois on a demandé de faire
en sorte qu'il y ait des débats d'urgence sur des situations particulières.
Dans à peu près 90 % des cas, ça a été refusé par le gouvernement. Et donc,
en ce sens là, on est un peu inquiets pour la démocratie, parce que le salon
bleu est perçu actuellement comme un endroit
où : Bien, écoutez, c'est-u bien nécessaire qu'on fasse des débats comme
ça? On gouverne et puis on fait ce
que vous devez faire à l'Assemblée nationale. Vous faites des débats, mais
finalement sans beaucoup de conviction.
Alors, la
question, c'est : Pourquoi le gouvernement a choisi, depuis le début, de
contrôler... en fait, de gouverner, c'est-à-dire, par décret depuis le début?
Bien, vous allez comprendre qu'ils ont trouvé des façons assez particulières,
depuis le début, de renouveler, de semaine
en semaine, les décrets. On est maintenant rendus au 108e décret. Et là on
dépose un projet de loi pour ne pas
avoir, particulièrement au mois d'août puis au mois de septembre... pour ne pas
être obligé de se soustraire à la
campagne électorale puis d'être obligé de refaire un décret à chaque semaine.
C'est pour ça que ce projet de loi là a été déposé, M le Président.
En décrétant,
en fait, l'état d'urgence à 107 reprises depuis le 13 mars 2020, le
gouvernement s'est donné tous les pouvoirs. Et, en fait, on peut dire que le
gouvernement s'est assuré justement de pouvoir utiliser ces pouvoirs-là pour
gouverner sans nécessairement rendre des comptes de la façon dont ça doit se
faire. Et ce n'est pas moi seulement qui le
dis. Les syndicats sont venus, pendant les périodes de consultations, nous dire
que ça n'avait pas de bon sens. Les syndicats sont venus nous dire que,
par exemple, plusieurs des primes, encore, qui avaient été discutées... qu'on
avait décrété un certain nombre de primes pour les employés, que plusieurs de
ces primes-là n'avaient pas encore été versées.
Et, lorsqu'on
invoque comme ça l'état d'urgence, c'est beaucoup plus difficile, pour une
opposition, de faire son juste travail, M. le Président. De ce côté-là, on voit
aujourd'hui, de façon très claire... Moi, j'ai eu des discussions avec
les gens du CIUSSS sur une base particulièrement régulière. Et dans mon comté,
juste à côté de mon comté, en fait, j'ai l'Hôpital général juif, j'ai St. Mary's. J'ai
également l'Hôpital Sainte-Justine qui est dans mon comté. J'ai donc trois
hôpitaux, là, qui sont vraiment très près de moi.
Et même, je
vous dirais que plusieurs des experts qui étaient là, qui disent :
Écoutez, la quatrième dose, c'est bon, c'est sûr que ça ne peut pas être
mauvais, mais les résultats... Jusqu'ici autant on disait que la troisième dose
était fondamentalement importante pour nous
protéger du virus... Les gens disent : La quatrième dose, ça ne peut pas
être mauvais. On ne peut pas être
contre ça. C'est bon, mais les effets encore positifs ne sont pas aussi
évidents qu'ils l'ont été pour la troisième
dose. Et donc ça veut dire que, dans les circonstances dans lesquelles on vit
actuellement, le vaccin, tel qu'il existe, ne nous protège pas nécessairement contre le fait d'attraper le virus,
mais nous protège contre le fait d'avoir des symptômes graves du virus.
Je pense que tout le monde a reconnu ces éléments-là.
• (16 h 10) •
En d'autres
termes, puis le gouvernement, en fait, l'a répété à plusieurs reprises, le
directeur de la santé publique l'a répété à plusieurs reprises, écoutez,
il faut apprendre à vivre avec le virus. Il faut apprendre à avoir ces mesures
qui sont les plus saines possible dans les
circonstances. Il faut travailler pour qu'on puisse vivre le plus normalement
possible, d'où ma question, M. le
Président. Après avoir regardé tout ça, après avoir vu ce qui est devant nous
aujourd'hui, la question demeure
fondamentalement la même : Pourquoi? Pourquoi il est nécessaire d'avoir
une telle loi qui ne fait que prolonger l'état d'urgence?
Alors, M. le
Président, nous allons continuer à poser ces questions-là au ministre de la
Santé. Je pense qu'il va devoir y répondre, parce que, jusqu'ici, les arguments
qu'il a invoqués ne sont pas très convaincants et pas seulement de sa part, mais également des autres intervenants dans
le milieu de la santé. Il n'y a pas vraiment de justification actuellement.
Alors, je termine là-dessus, M. le Président, en
vous disant que notre formation politique va s'opposer à cette loi parce que le
titre même de ce projet de loi ne reflète absolument pas le contenu de cette
loi-là. C'est une loi qui dit, essentiellement :
Nous allons mettre fin à l'état d'urgence sanitaire, et, quand on lit
paragraphe par paragraphe, on s'aperçoit que, finalement, une grande partie des pouvoirs d'urgence sont maintenus
d'ici le 31 décembre 2022. Alors, M. le Président, nous allons nous
opposer à ce projet de loi. Et, encore une fois, je vous remercie. Merci.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Gregory Kelley
M. Kelley : Merci,
M. le Président. Merci à mon collègue le député de Mont-Royal pour son
discours. C'était bien intéressant.
M. le
Président, au début de la pandémie, aucune personne n'a critiqué le
gouvernement du Québec quand ils ont imposé l'état d'urgence sanitaire. Tout le
monde était d'accord que c'était nécessaire. Pas mal toutes les juridictions
partout dans la planète ont pris des
actions de suspendre certains droits de leurs citoyens pour attaquer une
situation grave, une vraie urgence.
Dans une
démocratie, M. le Président, les citoyens sont, de temps en temps, prêts à
céder leurs droits pour le bien-être de l'État, mais il y a une raison pourquoi
des gens, des fois... quand même si c'est une urgence aussi grave qu'une
pandémie ou, quand même, une guerre, que les gens disent : Est-ce que
c'est une bonne idée de céder certains de mes droits, de suspendre certains règlements et lois
parlementaires de notre démocratie pour faire ça? Parce qu'il y a toujours
cette pensée que peut-être le
gouvernement ne va jamais retourner ces droits-là aux citoyens et au Parlement.
Et c'est légitime, c'est une bonne question de posée.
La deuxième
fois qu'on a eu une vague, je pense, la plupart des gens étaient d'accord. Il
faut continuer, il faut avoir des mesures pour protéger notre système de santé,
pour protéger nos grands-parents, c'est important. Quand même pour la troisième, pour la quatrième. Mais, après un
certain moment, je vois que ma collègue la députée d'Iberville est présente, à
un certain moment, là, les gens commencent à dire : Est-ce que je
vais toujours être obligé de céder mes droits?
Et le
gouvernement arrive, après d'être talonné par les oppositions sur la durée de
cet état d'urgence : Pourquoi c'est nécessaire de toujours garder le
Québec dans un état d'urgence quand on regarde les autres juridictions puis
c'était terminé? Mon collègue de
LaFontaine a bien expliqué : Bien, en Ontario, là, avec une population
plus grande que nous, avec un système de
santé qui est pas mal dans la même situation que le nôtre, eux autres n'étaient
jamais obligés de garder un état d'urgence pour gérer la pandémie. Et on peut faire le débat qu'Ontario a mieux
géré la pandémie que nous sans mettre en place certaines mesures très
strictes envers leur population.
Alors, on
arrive ici avec une loi. Et je sais que le gouvernement aime des fois, de temps
en temps, d'attaquer, bien, des
complotistes, mais je trouve ça très intéressant d'avoir une loi qui dit :
On va mettre fin de l'urgence sanitaire, mais ce n'est pas là, ça va être en
décembre 2022. Puis je pense que la population a raison d'avoir un petit doute
qu'un gouvernement peut quand même
retourner pour changer toutes les choses qu'il présente aujourd'hui. C'est
toujours possible. Je pense qu'on arrive à ce stade, ici, que le gouvernement
dit : On va enlever ça, on va enlever ça. Mais ils ont poussé la date, ils
ont poussé la date. Ils ont renouvelé ça sans débat, sans respecter les
règles dans la... même la loi qui existe. Je comprends pourquoi il y a un doute dans la population québécoise présentement,
parce que ce projet n'est quand même pas nécessaire d'enlever l'état d'urgence.
J'ai vu que, sur Twitter, mon collègue le député de Sainte-Rose a dit que les oppositions sont contre
le projet de loi d'enlever l'état d'urgence sanitaire. Mais nous avons des
experts, quand même, le professeur Taillon, de l'Université Laval, qui a
dit : Ce n'est pas nécessaire d'avoir ce projet de loi pour sortir
juridiquement le Québec de l'état d'urgence.
Alors, qu'est-ce qu'il a dit sur Twitter, est-ce que c'est vrai? Selon les
experts, je ne pense pas que mon collègue
est un expert constitutionnaliste, moi non plus, mais, selon un des meilleurs
au Québec, il dit : Ce n'est pas nécessaire.
Alors,
on peut faire le spin, on peut faire les... mettre les choses pour convaincre
des chroniqueurs du Québec que ce projet de loi, il faut le faire, il
n'y a pas d'autre option, mais, selon les experts qui ont témoigné devant la
commission parlementaire, non, il y a
d'autres options d'enlever ça. Et il y a quand même des gens qui disent c'est
nécessaire de faire ça maintenant.
On sait que peut-être, M. le Président, si on
enlève, demain, l'état d'urgence, on retourne à notre système normal de gestion des contrats, les arrêtés
ministériels, etc., on retourne à la normale. Mais on sait, M. le Président,
que peut-être dans un an on va avoir
une autre vague qui est la plus sévère de toutes les vagues qu'on a vues, qu'à
un certain moment... à un certain
moment, peut-être, on va voir une vague avec une... excusez-moi, un variant de
virus qui peut dépasser nos défenses
de vaccin, puis on va être dans une situation très, très grave. Là, peut-être,
les citoyens vont dire : Bien, écoute, là, il faut restreindre notre interaction entre nous, limiter nos
déplacements, etc., peut-être ça veut dire c'est nécessaire de retourner avec l'état d'urgence. On a une recette
au minimum de combattre un virus quand on ne sait pas trop comment gérer
ça. Je pense qu'on a vécu ça. Les gens sont
intelligents, ils sont capables de dire : Je comprends pourquoi c'est
nécessaire maintenant. Mais là, maintenant, on arrive pour dire pourquoi
on est toujours dans cet état-là quand, quand même, le premier ministre dit que, si vous êtes vacciné, bien, c'est juste comme
un rhume, c'est correct, ce n'est pas aussi pire que ça.
I understand why there could be some
doubts in people's minds about why this bill is even necessary, because in parliamentary studies... sorry, in parliamentary hearings, when we
had experts come here, they mentioned that, to get ourselves out of this emergency power situation, we don't necessarily
need to pass this bill, we could do it right now, if we wanted to. And, if I look through all the
different groups who presented before the House... excuse me, before the
parliamentary committee, plenty of
them said that there is a lot of issues with this bill and there is a lot of
reasons why we should be concerned.
• (16 h 20) •
As
I mentioned before, Mr. Speaker, when the pandemic hit, everyone was ready
to cede some of their rights and suspend certain parliamentary powers within our
democracy for the greater good of the State, of the entire population. People,
in times of crisis, are willing to do that,
but people are always concerned when they do pass those rights back to the
State because there is no guarantee
the State will ever give those rights back. Once the State takes certain powers
from a parliamentary system, from our
governing system, they will probably more likely be hesitant to return those
powers to just keep governing how they were without any checks or
balances.
But that's not how democracy is
supposed to work, that is not why people were willing to pass over something which is so fundamental of theirs to the
Government, because, at the end of the day, we can say people have rights, we
can say people and governments have
to play by certain norms and certain rules, but, if that is suspended and never
returns to the people, it's extremely hard for the people to get it
back.
So, that's why I can understand
why people doubt, doubt when they do let governments take certain rights from them, when they are suspended in situations
of crisis. And we've seen that throughout the past. I've heard it from citizens,
in my riding, who were concerned, saying, «I'm willing to do my part», but be
very cautious and vigilant about how much power the Government does take.
I'm
just going to go over, Mr. Speaker, a few of the things I kind of found that
were interesting in the, you know, articles in the press about the bill that was coming
out here. That it
is a bazooka in democratic matters was one of the headlines that came out of the news, and that it is pretty
hard, again, supporting what I've been saying here... Prof. Louis-Philippe
Lampron, who said, «It's
understandable to justify the need for powers at the beginning of the crisis,
but, two years later, it's becoming more difficult to justify the need
to have exceptional powers and to continue those exceptional powers into the
future.»
Contracts
has been something that has been addressed and spoken about again and again,
that many contracts were offered without tender. The Government has granted $4.1 billion of contracts under
the health emergency decrees to this point. My colleague from LaFontaine suggested that
we buy the Blackhawks and maybe the Pittsburgh Penguins. I would prefer
to have an NFL team. So, maybe we could look into purchasing one of the NFL
teams at that type of rate. But just the
point he was making about the money that has been spent out there without any
checks and balances is quite extreme, it's
quite large. There has also been the execution of 2,688 contracts for over
$25,000 since the beginning of the pandemic. Those numbers, obviously,
will continue to climb as we get more and more information.
The
high volume of contracts awarded under the health emergency has raised, you
know, some concerns amongst us that there are certain groups or companies that, perhaps, had taken
advantage of the situation or have benefitted from favoritism. Our leader and the MNA for Saint-Henri—Sainte-Anne, Dominique Anglade, reminded everyone, just saying that there's a reason
why we do have a process of tendering, it's to make sure that there is, you know, a bit of
competition out
there, and, again, we have to make sure that we're vigilant, that, if we're
using exceptional powers towards contracts, there is no favoritism. There is, at some point, obviously, going to be
a very large review of everything that was spent on, and, again, it's
going to be interesting to see.
To
come back to the issue of, you know, rights and liberties, la Ligue des droits
et libertés had, you know, many things to say about this bill, one of them being that the declaration...
the maintenance of the state of health emergency since March 2020 has
interrupted the democratic debate, both on substantive issues affecting Québec society and on the
relevant impact of pandemic management
measures. That's why, in 2021, they launched a campaign to end the state of
emergency in Québec. So far, there's 128 different organizations
across Québec who have supported the league at least
attempts to convince parliamentarians to remove this act as quickly as
possible. They did state that... believes the Québec Government has found too much comfort with
the state of the health emergency act, that... the distinction between the
State, and the health emergency, and the measures necessary for the
management of the health crisis. For the League of Rights and Freedoms, the Government does not need this bill, which only continues the
state of emergency. On many occasions, when they were here, before parliamentary commission, they used the word that it's antidemocratic, and
we really need to lift the emergency act right away,
and not wait until 2022, in December.
They're obviously... You know, whenever you're looking to
see how much support a bill has and does not have, you can go to the different groups of
consultations and see what the people say. I found it to be interesting to see
the fors and againsts. For the
bill that was tabled, we have Daniel Paré, «sous-ministre associé», ministère
de Santé et des Services sociaux,
Dr Luc Beaulieu, Mme Julie Labbé, la P.D.G. du CIUSSS du Saguenay—Lac-Saint-Jean, Guy Thibodeau, P.D.G. du CIUSSS de la Capitale-Nationale,
Jean-François Fortin Verreault, P.D.G. du CIUSSS de l'Est-de-l'Île-de-Montréal.
La dernière fois que j'ai vérifié, M. le
Président, ces personnes-là travaillent pour le gouvernement et pour le
ministre de la Santé. Alors, ce n'est
jamais une bonne idée d'aller publiquement critiquer votre patron, M. le
Président. Juste une règle en général.
Quand même, nous, comme des élus, on sait ça très, très bon, jamais une bonne
idée d'aller contre le chef ou la cheffe,
un ou l'autre. Et les personnes qui étaient contre, et ça, c'est aussi, je
pense, une façon de dire qu'il y a une contrebalance à qu'est-ce que le
gouvernement veut contre qu'est-ce que la société veut, on a eu l'Alliance du
personnel professionnel et technique de la santé
et des services sociaux qui était contre, la Fédération interprofessionnelle de
la santé du Québec, la FIQ qui était
contre, Louis-Philippe Lampron, professeur de droit à l'Université Laval, qui
était contre, Me Martine Valois, professeure de droit à l'Université de Montréal, contre, la Ligue des
droits et des libertés était contre, la Confédération des syndicats
nationaux était contre, et la
Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec était contre. Alors,
j'ai le gouvernement puis j'ai les autres groupes qui ont des opinions
qui sont très, très différentes.
Je sais que, M. le Président, ce débat est
maintenant passé. Nous avons passé à la phase de l'étude détaillée. Mais, quand même, dans les consultations
publiques, le ministre est arrivé avec des amendements qu'il va proposer.
Alors, quand même, c'est tout ce
processus-là, pour les élus, de bien comprendre c'est quoi, l'intention du
gouvernement. Pas facile. Demandez à des différents groupes, quand même, des
professeurs, d'analysent le projet de loi, puis tu commences l'analyse, tu as deux semaines avant les audiences
publiques, puis le ministre arrive, il dit qu'il va y avoir un paquet
d'amendements, je ne sais pas, mais pas nécessairement la meilleure
façon, selon moi, de gérer les choses.
This is also a bill, Mr.
Speaker, that has come up in my riding. There are lots of people who do follow
what is going on, who have become
increasingly interested about the state of emergency powers that we have here,
in Québec, and why they are not being
lifted. So, there were a few people, I won't name them because I've not asked
for their permission, but they sort
of reiterated the points that I've raised here today, trying to understand why
prolonging this act is necessary. I
mean, they've seen the news, too, and there's different groups that say, «You
could take these powers away tomorrow, you don't need to prolong them
any further, you don't need a special bill.»
Also,
people, obviously, in the health care system have reached out to me to say that,
in terms of managing human resources, they're concerned,
too, that the Government will just continue to have unlimited powers in that
area or large amounts of power in that area,
and they are concerned about that because they're tired of working from one
place to the other over... all that.
So, they are obviously concerned, and were willing to reach out to their MNA to
talk about it. Of course, I forward
those on to our health critic, the MNA from Nelligan, who has been working very
hard in keeping his colleagues informed,
of course, on the updates of this bill, and what is going on, and what whether
the debates are going on in commission. So, I will continue to follow his advice and guidance and listen to what
he has to say as this bill carries on through the House. There's not a
lot of time left in this, of course, parliamentary life in terms of this...
Le Vice-Président (M. Picard) : M.
le député, je vais vous demander...
M. Kelley : ...
Le Vice-Président (M. Picard) : Vous
allez continuer à la reprise des...
M. Kelley : ...joyeuses Pâques,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) : Merci.
À vous aussi.
Des voix : ...
Le Vice-Président (M. Picard) :
S'il vous plaît!
Ajournement
Compte tenu de l'heure, les travaux de
l'Assemblée sont ajournés au mardi 26 avril 2022, à 13 h 40.
(Fin de la séance à 16 h 30)