(Neuf heures quarante et une
minutes)
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bon mercredi. Vous pouvez vous asseoir.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Donc, nous
débutons nos travaux aux affaires courantes, à la rubrique de déclarations de
députés. Et nous allons... je vais céder la parole à M. le député de Blainville.
Souligner le travail de l'organisme Service d'aide
Saint-Maurice
M. Mario Laframboise
M. Laframboise : Merci, Mme la Présidente. C'est avec un immense
plaisir que je tiens à souligner aujourd'hui en cette Assemblée le
travail exceptionnel du Service d'aide Saint-Maurice, situé à Bois-des-Filion.
Depuis plus
de 25 ans, le Service d'aide Saint-Maurice offre de l'aide alimentaire à
la population de Bois-des-Filion, Lorraine,
Rosemère et Terrebonne Ouest. La fondatrice, Mme Claudette Éthier, offrait
à l'époque de l'aide alimentaire à 10 familles
à partir de son domicile. Aujourd'hui, de concert avec la paroisse Saint-Luc,
le service vient en aide à environ 92 familles dans le besoin.
Ainsi, depuis
le début de la pandémie, le Service d'aide Saint-Maurice a dû s'adapter
rapidement à la situation avec la mise en place d'un service de
distribution à l'auto, d'une nouvelle structure de préparation des commandes
afin de répondre aux exigences de la santé
publique. Chaque commande regroupe 30 items, incluant des denrées
périssables : viande, légumes,
produits laitiers. En décembre dernier, c'est 220 paniers de Noël
accompagnés d'une boîte de réveillon, le tout d'une valeur de
23 000 $, qui ont été distribués.
Je veux
féliciter la fondatrice, Mme Claudette Éthier, son coordonnateur du
service, qui a su prendre la relève en temps
de pandémie, M. Gilbert Guérette, et tous les bénévoles du Service
d'aide Saint-Maurice. Merci pour tant de bienséance.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée de Hull.
Souligner le
40e anniversaire de l'Université du Québec en Outaouais
Mme Maryse
Gaudreault
Mme Gaudreault : Je vous
remercie, Mme la Présidente. Alors, c'est avec un immense plaisir que je
souligne aujourd'hui le 40e anniversaire de fondation de l'UQO.
C'est arrivé
un 10 mars, une date importante dans l'histoire de l'Outaouais, alors que
le Conseil des ministres de l'époque
approuvait la création de l'Université du Québec à Hull, qui a été renommée
depuis l'Université du Québec en Outaouais.
Le parcours de notre université ne s'est pas
fait sans difficulté, et tous ceux et celles qui ont contribué à son épanouissement ont réussi à en faire une
institution avec une réputation des plus enviables. L'UQO joue un rôle
important dans notre région, elle nous accompagne dans notre développement
économique, social et culturel et dynamise notre communauté. L'UQO a encore plusieurs projets et rêves à réaliser, et je
suis confiante qu'ensemble nous allons ériger notre université à la
hauteur de ses ambitions.
Joyeux
40e anniversaire à tous et toutes! Et longue vie à l'Université du Québec
en Outaouais! Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant,
je suis prête à céder la parole à M. le député de Taillon.
Souligner le 25e anniversaire de l'organisme
Action-services
aux proches aidants de Longueuil
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Merci, Mme la
Présidente. C'est avec un grand plaisir que je souligne le
25e anniversaire d'un organisme de mon
comté qui offre des services qui passent souvent inaperçus mais qui sont
tellement précieux pour nos concitoyens.
Action-services aux proches aidants est un
organisme à but non lucratif qui vise à prévenir l'épuisement des personnes qui
prennent soin d'un proche en perte d'autonomie. Depuis 25 ans, elles
travaillent à regrouper les proches aidants, à développer un réseau d'entraide, à
mettre en place un programme d'aide et de soutien psychologique ainsi qu'une
gamme d'activités et de services correspondant à leurs besoins.
Je tiens à souligner l'immense travail qu'elles
font dans notre communauté. C'est un élément essentiel au bon fonctionnement de notre système de santé. Au fil
des ans, elles ont développé un véritable réseau d'entraide, et, grâce à ce
réseau, elles aident nos concitoyens à aider leurs proches.
Mme la
Présidente, les gestes qu'elles posent au quotidien sont inestimables pour
notre société, et c'est pourquoi je
tiens à les remercier au nom de tous ces gens à qui elles donnent sans compter
et apportent soutien et réconfort sans relâche depuis 25 ans. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à M. le député de Marquette.
Souligner le
50e anniversaire de l'Association
régionale de soccer du Lac Saint-Louis
M. Enrico Ciccone
M. Ciccone : Merci, Mme la Présidente. J'aimerais rendre un
bel hommage à l'association de soccer Lac Saint-Louis, qui fêtent
cette année leur 50e anniversaire. Bravo pour ce remarquable
accomplissement!
D'entrée de
jeu, je dois vous dire que je suis particulièrement heureux de reconnaître
cette association, car j'ai joué pour
les Lakers en 1984, lors de la première édition de l'équipe, et nous avions
remporté le championnat national dans mon comté, à Dorval, devenant
ainsi la meilleure équipe au Canada.
Soccer Lac Saint-Louis
comporte plusieurs ligues compétitives pour les joueurs juvéniles et séniors,
en plus d'offrir de la formation pour
les arbitres, les éducateurs et les bénévoles. L'organisme voit au bon
fonctionnement de la pratique du soccer.
Elle est une des plus grandes associations régionales du Québec, tous sports confondus, et organise plusieurs
tournois intérieurs et extérieurs à chaque année.
Soccer Lac
Saint-Louis promouvoit d'importantes valeurs qui me sont chères, dont le
respect, l'intégrité, l'excellence, l'équité, le leadership,
l'accessibilité, et surtout la promotion et la passion pour le sport.
Encore une
fois, félicitations à tous les membres de l'association de soccer Lac
Saint-Louis. Je vous souhaite une bonne continuation et longue vie.
Merci.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée
de Chicoutimi.
Souligner la carrière de Mme Dominique Jodoin au sein
du
ministère des Affaires municipales et de l'Habitation
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui, merci, Mme la Présidente. Alors, je tiens à
souligner le cheminement de carrière de Mme Dominique Jodoin,
secrétaire générale du ministère des Affaires municipales et de l'Habitation.
Mme Jodoin
détient une grande expérience professionnelle au sein de la fonction publique.
Elle a débuté sa carrière comme
technicienne en cartographie et puis arpenteuse-géomètre. En 2010, elle a joint
les rangs du MAMH à titre de directrice du bureau municipal de la géomatique et de la statistique. Elle se
démarque lors des inondations du Richelieu, en 2011, alors qu'elle
remplace la sous-ministre adjointe aux territoires. Graduellement,
Mme Jodoin gravit les échelons, jusqu'à sa nomination à titre de
secrétaire générale et directrice du bureau du sous-ministre, en 2013.
Son éthique
de travail et sa rigueur en font un exemple d'excellence au sein de la haute
fonction publique québécoise. C'est
un privilège pour moi de vous compter parmi le personnel de mon ministère et de
partager ce succès ici, en Chambre. Cette
grande dame travaille jour, soir et fin de semaine pour vous, chers citoyens,
pour vous, les municipalités, et c'est un exemple pour le cabinet et
pour la fonction publique chez nous. Merci, chère Dominique. Merci, Mme Jodoin.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. M. le député de Laurier-Dorion, la parole est à vous.
Exprimer de la solidarité et du soutien envers le peuple
haïtien
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, Mme la Présidente. Haïti traverse
aujourd'hui une crise. Au nom de Québec
solidaire, je vous dis haut et fort que mon parti politique se
solidarise avec la population haïtienne, avec l'opposition politique et sociale
et, d'abord et avant tout, avec ces dizaines
de milliers de jeunes qui affrontent sans arme la répression chaque jour et qui
réclament leur droit à l'autodétermination.
Je tiens
aussi à condamner fermement la position du gouvernement canadien, qui soutient
la dictature en Haïti. Le Canada, qui
se targue d'aider Haïti, semble plus préoccupé de maintenir l'ordre que de
soutenir la démocratie et la paix dans
ce pays. En tant que membre éminent du Core Group avec les États-Unis,
le Canada perpétue sa politique d'interférer dans le mauvais sens en Haïti. Cette politique est indigne de la
diplomatie canadienne. Ces puissances appuient des gangsters au pouvoir de crainte de
voir le peuple reprendre ses droits comme cela était survenu en 1986 avec la
chute de la dictature de Duvalier.
Résistantes et résistants d'Haïti, je vous
salue. Nous sommes à vos côtés. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, je
cède la parole à Mme la députée de Huntingdon.
Féliciter Mme Nelleke Nieuwenhof pour son initiative
pour la promotion
du français à l'école secondaire Châteauguay Valley Regional
Mme Claire IsaBelle
Mme IsaBelle :
Merci, Mme la Présidente. En ce dernier jour du Mois de la Francophonie, je
désire féliciter l'initiative de Nelleke Nieuwenhof, une élève de
10e année de l'école secondaire anglophone CVR, d'Ormstown.
Préoccupée
par le peu de choix de livres et de romans en français dans la bibliothèque de
son école, Nelleke décide, avec la directrice d'école, Mme Barrette, de
lancer une campagne de financement pour mieux garnir leur bibliothèque
de livres de langue française.
Rapidement,
nous avons appuyé cette initiative des plus remarquables et nous avons
sollicité la participation de nos
collègues, qui ont répondu avec enthousiasme à ce projet. Alors, merci au ministre de l'Éducation, au ministre
responsable de la Langue française, à l'adjoint parlementaire responsable du premier ministre pour les relations avec les Québécoises et les Québécois
d'expression anglaise et à l'organisme le Grenier aux trouvailles, de Lacolle.
Félicitations,
Nelleke, pour ta détermination et de faire rayonner la langue française dans
ton école et dans ton milieu! Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de Gaspé.
Rendre hommage à
M. Guy Lelièvre,
ex-député de l'Assemblée nationale
Mme Méganne Perry
Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la Présidente. Ce lundi, un fier Gaspésien s'est éteint. C'est avec tristesse que
j'ai appris le décès de M. Guy Lelièvre, député péquiste du comté de Gaspé
de 1994 à 2008.
M. Lelièvre
vouait un amour sincère à sa région, et les engagements qu'il a pris tout au
cours de sa vie en sont la preuve. Après
avoir occupé divers postes au sein d'organismes, il a occupé fièrement la
fonction de député de Gaspé pendant 14 ans.
Tout au long de son mandat, il a fait du développement régional le coeur de ses
préoccupations. C'est d'ailleurs grâce à lui et au gouvernement alors en place que s'est développée la filière
éolienne en Gaspésie, une réalisation dont il était particulièrement
fier.
Guy Lelièvre était un indépendantiste
convaincu, et je tiens à souligner ses nombreuses années d'implication au sein du Parti québécois dans le comté
de Gaspé. Il croyait fermement à la pertinence de faire du
Québec un pays, une conviction que je partage avec lui.
Depuis hier,
les marques de sympathie à son égard se multiplient, et cet homme de coeur
laissera derrière lui un souvenir
impérissable. En mon nom personnel et au nom de ma formation politique, j'offre
à la famille et aux proches de M. Lelièvre mes plus sincères
condoléances. Merci, Mme la Présidente.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Maintenant, je cède la parole à M. le député de Gatineau.
Rendre hommage aux instigateurs du projet de gyrophares
verts pour les pompiers volontaires
M. Robert Bussière
M. Bussière : Je vous remercie,
Mme la Présidente. Je désire rendre hommage aujourd'hui aux artisans de la nouvelle mesure pour identifier les pompiers lors
de leurs déplacements en situation d'urgence, et je nomme : Michel B. Gauthier,
Bruno Couture, Jason Prévost, Michel Desjardins, Jean-Guy Poulin et Michel
Ménard.
Dès demain,
le 1er avril 2021, le Code de
sécurité routière du Québec
permettra à un pompier répondant à un appel de sécurité incendie de doter son véhicule d'un feu vert clignotant,
dans le but de réduire le temps de déplacement et de bien identifier son
véhicule aux autres usagers de la route.
En temps
d'urgence, chaque minute est cruciale, et cette nouvelle mesure est importante,
car, au Québec, plusieurs municipalités ont recours à des
pompiers volontaires ou des pompiers à temps partiel.
Mais tout
ceci n'est pas arrivé tout seul. Ces six pompiers ont travaillé des heures afin
de faire des recherches pour améliorer leurs interventions, des heures à
expliquer le bien-fondé de cette mesure, des heures de rencontres afin de
convaincre les décideurs d'aller de l'avant avec ce projet.
Le 13...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : M. le
député, merci. Je vous remercie, M. le député, le temps de parole est terminé. Donc, nous allons passer au
prochain intervenant. M. le député de Bourget, la parole est à vous.
Rendre hommage à M. Bruno
Lachance, ex-directeur
du Service de sécurité incendie de Montréal
M. Richard Campeau
M. Campeau :
Merci, Mme la Présidente. Montréal a perdu un de ses grands ambassadeurs.
M. Bruno Lachance,
natif de Bourget, était un pompier d'exception. Pendant près de
40 ans, il a été membre du service
des incendies de Montréal, jusqu'à en être nommé directeur, en avril 2017.
C'était un spécialiste en combat d'incendie, un pédagogue qui savait former des nouvelles générations de combattants
du feu. En 2015, il s'était vu remettre la médaille du gouverneur
général du Canada pour souligner ses années de service distinguées.
Malheureusement,
jeudi dernier, M. Lachance a perdu le plus important combat de sa vie,
celui contre le cancer. En mon nom,
au nom des gens de Bourget, je voudrais offrir mes sympathies aux parents de
M. Lachance, qui résident dans le comté, à son épouse Sylvie et à
ses enfants. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le député.
Nous avons une demande pour une 11e déclaration de député.
J'aimerais avoir le consentement.
Alors, Mme la députée
de Marie-Victorin, la parole est à vous.
Rendre hommage à l'ex-députée
fédérale Carole Lavallée
Mme Catherine Fournier
Mme Fournier :
Merci, Mme la Présidente. Je tiens aujourd'hui à rendre hommage à
Mme Carole Lavallée, décédée le 26 mars dernier à la suite d'un long
combat contre la maladie.
Passionnée de
politique et d'éducation, Mme Lavallée a occupé les fonctions de députée
de Saint-Bruno—Saint-Hubert
à la Chambre des communes de 2004 à 2011 avant d'être élue présidente de la
commission scolaire Marie-Victorin, en 2014,
fonction qu'elle a occupée jusqu'à l'an dernier. Les citoyens ont également pu
entendre sa voix durant plusieurs années
comme chroniqueuse sur les ondes de notre radio locale, le FM 103,3, où
elle commentait l'actualité.
Longueuilloise,
grande souverainiste, femme de coeur
et de convictions, organisatrice hors pair, elle a mené plusieurs des combats de notre communauté. J'ai eu la chance
de travailler avec elle ces dernières années pour nos écoles de quartier.
Elle était particulièrement soucieuse d'offrir un cadre inclusif aux élèves
issus de l'immigration.
Carole, tu resteras
toujours un monument chez nous. Tu nous manqueras à tous. Nous honorerons ta
mémoire.
En
mon nom et en celui de mes concitoyens, je tiens à transmettre mes plus
sincères condoléances à son conjoint Jean-Marc, à ses enfants ainsi qu'à
l'ensemble de ses proches et ses très nombreux amis. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie. Ceci met fin à la rubrique de
déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 54)
(Reprise à 10 h 4)
Le Président :
Mmes, MM. les députés, bonne journée. Prenons quelques instants pour nous
recueillir.
Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Dépôt
de la lettre informant que le député de Rousseau, M. Louis-Charles
Thouin,
n'est plus membre du caucus du groupe parlementaire formant le gouvernement
Avant
de poursuivre les affaires courantes, je dépose une lettre que m'a adressée le
whip en chef du gouvernement m'informant que M. Louis-Charles
Thouin, député de Rousseau, n'est plus membre du caucus du groupe parlementaire
formant le gouvernement depuis le 30 mars 2021.
Sur ce, nous
poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a
pas de déclarations ministérielles ni présentation de projets de loi.
Dépôt
de documents
Prévisions budgétaires et rapport
financier préliminaire du Directeur général
des élections et de la Commission de la représentation électorale
À la
rubrique Dépôt de documents, d'abord, je dépose les prévisions
budgétaires 2021-2022 et le
rapport financier préliminaire 2020-2021 du Directeur général des
élections du Québec et de la Commission de la représentation électorale du
Québec.
Rapport du Directeur général des
élections intitulé
Financement politique : bilan et perspectives
Je dépose
également le rapport sur l'application des règles de financement du Directeur
général des élections du Québec intitulé Financement politique :
bilan et perspectives 2020.
Rapport du DGE sur la mise en application de l'article 90.5
de la Loi sur
les élections et les référendums dans les municipalités dans le cadre
des élections partielles des 21 et 28 février 2021
Et finalement
je dépose le rapport du Directeur général des élections du Québec sur la mise
en place de l'article 90.5 de la
Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, et ce, dans le
cadre des élections partielles municipales des 21 et
28 février 2021 dans la municipalité de Saint-Calixte et dans la
ville de Beauharnois.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Il n'y a pas de dépôt de pétitions.
Il n'y a pas de réponses orales aux pétitions ni
d'interventions portant sur une violation de droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous en
sommes à la période de questions et de réponses orales, et je cède la parole à
Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mesures pour contrer la pénurie
de main-d'oeuvre
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. La semaine dernière, donc, le gouvernement a déposé son
budget, et ce qu'on avait souhaité voir dans le budget, c'était une vision à
long terme du Québec, une vision digne du XXIe siècle. On souhaitait voir une relance qui soit à la fois
égalitaire et durable, et c'est un test de vision que n'a pas réussi le
gouvernement.
Mais un des points les plus alarmants que l'on
retrouve au budget... ou plutôt qu'on ne retrouve pas au budget, c'est l'absence de reconnaissance du problème
fondamental qu'est la pénurie de main-d'oeuvre. Il n'y avait aucune réponse concrète pour combler les postes vacants dans les
services publics, alors que la relance économique est essentiellement basée
sur l'intensification des services que l'on va donner à la population.
Les dernières
statistiques sont éloquentes, M. le
Président. Juste dans le réseau de la santé, on parle de 31 000 postes vacants à combler. Ça, c'est une différence de 8 400 postes entre
2019 et maintenant. Le problème s'est aggravé de manière
considérable.
La pénurie de
main-d'oeuvre, M. le
Président, c'est l'éléphant blanc
dans la pièce. On n'arrivera pas à obtenir des résultats si on n'est pas
à même de régler cet enjeu de pénurie de main-d'oeuvre.
Ma question : Quelles sont les mesures
spécifiques qui vont être mises de l'avant par le gouvernement?
Le Président : M. le ministre
de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : M. le
Président, effectivement, nous
confirmons que la pénurie de main-d'oeuvre est un enjeu que le gouvernement se préoccupe beaucoup. Le budget déposé la semaine dernière,
évidemment, était un élément, mais il
ne faut pas oublier non plus la mise à jour économique qui a été déposée au
mois de novembre 2020 et les budgets antérieurs pour lesquels nous
avons encore des crédits.
Premièrement, je peux rassurer la population que
le ministère des Finances, de concert avec tous les ministères économiques, a une vision économique très solide.
On va relancer les secteurs stratégiques. On a une offensive de numérisation,
qui est très requise pour le Québec. On a une balance commerciale déficitaire depuis
des années qu'on veut corriger. Et on s'occupe de l'économie des
régions.
Maintenant,
au niveau de la main-d'oeuvre, clairement mes collègues ministre du Travail et Solidarité sociale, ministre
de l'Immigration et ministre de l'Enseignement supérieur travaillent étroitement ensemble avec le bureau du premier ministre pour adresser l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre, qui va se faire de la façon suivante. Premièrement, M. le ministre du Travail travaille sur un plan
très concret de requalification de la main‑d'oeuvre, qui va porter fruit, qui
porte déjà fruit. Deuxièmement, la ministre de l'Enseignement supérieur
travaille pour améliorer le cursus universitaire, collégial, pour arrimer...
Le Président : En terminant.
M. Fitzgibbon : ...avec les
besoins des entreprises.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : M. le
Président, dans la réponse du
ministre, je n'ai pas entendu la vision qui transcendait, j'ai entendu différents points qui ont été nommés. Et
ce qu'il nous dit, par rapport à la pénurie de main-d'oeuvre, c'est qu'il y a
des actions sur la requalification. J'ai
assisté à combien de dépôts de budget de mon collègue de Robert‑Baldwin pour vous dire à quel point cet enjeu-là était prioritaire à
chacun des budgets?
Ma
question très spécifique : Quelles sont les mesures qui vont être mises en
place pour régler le problème de pénurie
de main-d'oeuvre?
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon : Je vais finir la réponse. Malheureusement, on n'a
pas assez de temps... Mais, premièrement, comme j'ai dit, je pense que
la requalification, ce n'est pas juste un texte d'une page, mon collègue est
activement impliqué là-dedans, et on veut
requalifier, d'une part, les 140 000 personnes qui ne sont pas
revenues au travail, qui est important, et aussi voir comment qu'on va
migrer notre base d'employés québécois pour les postes de valeur ajoutée.
Deuxièmement,
la ministre de l'Enseignement
supérieur travaille étroitement avec
les recteurs des universités pour faire cette adéquation qu'on a besoin
entre les besoins de main-d'oeuvre et les diplômés universitaires, un système
que l'Allemagne a bien défini, le système dual. On travaille ça depuis six mois,
on a une très grande vision.
Et, dernièrement,
notre ministre à l'Immigration travaille aussi...
• (10 h 10) •
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
...pour identifier les besoins, faire... avec l'immigration économique temporaire.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade : À l'époque où il était dans l'opposition et en campagne électorale, le premier
ministre allait même jusqu'à
nier l'importance de la pénurie
de main-d'oeuvre. Aujourd'hui, lorsqu'on entend «la pénurie de main-d'oeuvre»,
on constate que ce dont parle le ministre, c'est un élément, un des éléments
parmi plusieurs éléments qui devraient être considérés pour la pénurie de
main-d'oeuvre.
Quand est-ce qu'il va
y avoir une approche intégrée qui va parler de conciliation famille-travail,
qui va parler, justement, de l'adéquation
pour les systèmes universitaires avec le marché dans les régions? Parce que ce
n'est pas ça qu'on a vu à l'intérieur du...
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
La cheffe de l'opposition redit ce que je viens de dire. Nous sommes en action.
La ministre de l'Enseignement supérieur, qui a été nommée en poste il y
a plusieurs mois, ne travaille que sur ça, avec les recteurs universitaires.
Donc, je pense que l'adéquation qui n'existait pas va exister, je pense qu'il y
a des progrès qui vont se faire.
Pendant ce temps-là, on a la liste des pénuries de
main-d'oeuvre qu'on veut combler par les entreprises. On travaille avec eux
autres. M. le ministre du Travail travaille avec toutes les entreprises. Et on
va profiter de l'immigration économique temporaire pour combler ça, tout en
travaillant sur la base. La vision du gouvernement, elle est, à mon avis, très
claire.
Le Président :
Troisième complémentaire, Mme la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique
Anglade
Mme Anglade :
M. le Président, le gouvernement est tellement en action, il est tellement en
action qu'on est rendu à
148 000 emplois non comblés. Ça, c'est l'action du gouvernement.
Cette hausse, c'est la plus grande hausse qu'on ait vue dans les cinq dernières
années, et ça ne cesse pas de s'aggraver. Alors, lorsque le ministre de
l'Économie nous dit qu'il y a un plan et qu'il fonctionne, on n'en a pas
encore vu les résultats.
Ce
que je demande au ministre, c'est de voir de quelle manière il va véritablement
y avoir une action concertée, ce qu'on n'a pas vu dans le budget.
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, on ne peut pas corriger le passé en quelques mois. Alors, je
répète ce que j'ai dit, le travail de la ministre de l'Enseignement supérieur
est vraiment très performant, de regarder les besoins, l'immigration pour
compenser, la requalification.
Et la cheffe de
l'opposition réfère à 148 000. Elle a raison, il y a
148 000 postes qui ne sont pas comblés. Puis il y a 140 000 personnes qui ne travaillent pas, présentement,
qui ne sont pas revenues au travail. Ce n'est quand même pas si pire, on
est 3 % de moins qu'en février 2020. Donc, c'est sûr que ces
140 000 là ne comblent pas les 148 000 postes. Et c'est justement là où le ministre du Travail a
un rôle à jouer pour comment on peut requalifier des gens, qui, peut-être,
ne retrouveront pas leurs emplois originaux, pour les déployer où il y a des
besoins.
Alors, on travaille
sur ça sur trois paliers.
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
Notre vision est claire, et l'action va venir prochainement.
Le Président :
Question principale, M. le député de La Pinière.
Respect
du code d'éthique par le ministre de l'Économie et de l'Innovation
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette :
M. le Président, quand le ministre de l'Économie est entré en politique, il
savait qu'il y avait un code d'éthique,
il savait que les conflits d'intérêts devaient être absolument évités et il
savait que, pour les éviter, il avait des mesures à prendre. Il le savait, il ne l'a pas fait. La Commissaire à
l'éthique et à la déontologie lui a dit : Vous n'avez pas pris
acte, vous devez prendre acte. Il ne le fait pas.
Ce
qui nous amène à la photo dans le journal aujourd'hui. Et ce n'est pas la
photo, le problème, M. le Président. Le problème, c'est que le ministre de
l'Économie, aujourd'hui, nous dit : J'ai travaillé dans l'intérêt des
Québécois, mais en même temps j'ai,
sans aucun doute, mis le premier ministre dans l'embarras en mettant avec lui à
la même la table les compagnies dans
lesquelles j'ai des investissements et des investisseurs qui pourraient
investir et, par le biais, me faire profiter.
M.
le Président, là, en plus de nuire au premier ministre, là, est-ce que le
ministre de l'Économie peut nous expliquer si ça, c'était, oui ou non,
une apparence de...
Le Président :
M. le ministre de l'Économie.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, juste pour corriger les faits, c'est une très belle photo,
d'ailleurs, parce que la photo a été prise pour montrer que madame...
Des voix :
...
M. Fitzgibbon :
Il y a un peu de bruit, j'ai de la misère à m'entendre, là.
Le Président :
...ministre. S'il vous plaît, on est attentifs.
M. Fitzgibbon :
La photo faisait référence à Mme Patricia Barbizet, qui est une femme
d'affaires connue en Europe, une femme avec qui je voulais établir un
contact pour augmenter mon réseau de communication. Et d'ailleurs elle est impliquée avec le président de la République pour
toute la question stratégique d'investissement. Alors, la rencontre a été
organisée pour que je puisse connecter avec Mme Barbizet et offrir le
contact avec ces gens-là.
Deuxièmement,
White Star en question, les gens qui étaient dans la réunion n'avaient rien à
faire avec White Star comme investisseurs, c'étaient des gens qui étaient
reliés à Mme Barbizet. Donc, je pense, la rencontre a été très
fortuite, elle a donné des bonnes retombées,
des bons contacts, que j'utilise encore régulièrement dans mes fonctions. Alors,
je pense, c'était une occasion
adéquate pour que nous connections la province de Québec avec des gens
d'affaires français reconnus.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette :
Il aurait pu continuer : Et pour que je puisse en bénéficier. M. le
Président, le ministre de l'Économie nous a dit...
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M.
Caire :
Si ça, ça ne s'appelle pas prêter des intentions, M. le Président, là,
sérieusement, là, j'ai vraiment besoin qu'on me dise qu'est-ce que
c'est, prêter des intentions, parce qu'en aucun temps, en aucun temps il n'y a
quelque démonstration que ce soit — puis c'est même le contraire qui est prouvé
actuellement — que
le ministre de l'Économie et de l'Innovation a bénéficié de ses
fonctions à son intérêt personnel.
M. le Président, je
lui demande de retirer ses propos... je vous demande de lui demander de retirer
ses propos.
Le
Président : On est toujours sur le sujet de la question, on
traite de potentiel conflit, il n'y a pas d'accusation. Je vais vous
demander d'être prudents, à la lumière de ce qu'on vient de dire. Et je vais
vous demander de continuer votre question, il vous reste encore un peu de
temps.
M. Barrette :
Et le ministre de l'Économie de nous dire : «Je vais me départir de mes
intérêts dans White Star lorsque ce
sera liquidé», au même moment que White Star est inscrit au registre des
lobbys pour avoir des investissements du Québec. Le ministre de
l'Économie se sert du temps pour continuer à profiter.
Est-ce que ce n'est
pas un conflit d'intérêts, M. le Président?
Le
Président : Je vais vous demander encore une fois d'être...
attention dans les termes employés. Pas d'accusation. C'est un sujet délicat. C'est légitime d'en parler,
mais, encore une fois, je vous demande votre collaboration et votre prudence.
M. le ministre de
l'Économie, à vous la parole.
M. Pierre
Fitzgibbon
M. Fitzgibbon :
M. le Président, écoutez, le député dit des faussetés, et je vais les corriger.
Premièrement,
le fonds d'investissement White Star, qui, en passant, a été annoncé par
le Parti québécois en 2014, M. Daoust avait même continué
après, c'est un fonds qui a eu accès au gouvernement depuis 2014, sous tous les
gouvernements, premier point.
Deuxième point, le
fonds White Star...
Des voix : ...
M. Fitzgibbon :
Je n'aime pas entendre...
Des voix : ...
Le Président :
M. le ministre.
M. Fitzgibbon :
Le fonds... White Star a eu plusieurs fonds. Le fonds dans lequel je suis
investisseur est le premier fonds,
qui a été créé en 2014. Qu'est-ce qui s'est passé, c'est qu'en 2018, quand je
suis arrivé en politique, ce fonds-là était en maturité, donc en
liquidation. Il faut comprendre comment les fonds fonctionnent. Donc, il n'y a
eu aucun...
Le Président :
En terminant.
M. Fitzgibbon :
...intérêt du fonds White Star dans lequel j'ai investi avec le
gouvernement, comme ministre.
Le Président :
Deuxième complémentaire, M. le député de La Pinière.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette :
J'écoute le ministre de l'Économie, puis c'est assez dur, quand
même, d'être juge et partie, M. le Président.
Mais on va aller directement au point. Le ministre de
l'Économie a dit à répétition que, lorsqu'il
serait une nuisance pour le gouvernement, il partirait. Dans les médias,
ce matin, on le considère comme un boulet, et ils ont raison.
Est-ce que
le ministre de l'Économie pourrait nous donner sa définition claire, nette
et précise de ce qu'est, pour lui, une nuisance pour le gouvernement?
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric
Caire
M. Caire : Oui, M.
le Président, je peux vous en donner,
des exemples très clairs : David Whissell, ministre des Transports, qui a une
compagnie d'asphalte dont le chiffre d'affaires augmente; Tony Tomassi...
Tony Tomassi, ministre de
la Famille, qui reçoit une petite carte de crédit, qui dépense un petit peu sur
le bras comme ça; le bénévole Bartlett, voulez-vous que je vous parle du
bénévole Bartlett, qui n'avait de bénévole que le nom...
Des voix :
...
Le Président :
Je vais vous demander, s'il vous plaît... Écoutez, je suis très conscient qu'on
est...
Des
voix : ...
Le
Président : Deux secondes! On est attentifs aux questions, je
vous demande de l'être. Je vais vous demander d'être attentifs aux réponses. Une question suppose une réponse
également. Alors, s'il vous plaît, votre collaboration et l'attention à
ce qui est échangé ici.
M. le leader de
l'opposition officielle.
M. Fortin : Oui, M. le Président. Sur l'article 79, je crois que le ministre
de l'Économie est bien placé pour répondre, à savoir s'il se considère, oui ou non, un boulet pour le gouvernement.
Cependant, si le ministre délégué à la Transformation numérique veut embarquer
dans les énumérations, il pourrait regarder certains députés qui font des
actions auprès de leurs maires, il pourrait regarder certains députés
qui faussent leurs C.V., il pourrait regarder toutes sortes d'autres exemples,
M. le Président.
Des voix :
...
Le
Président : S'il vous plaît! Je pense que... Non, mais je pense
que... Non, là, un instant, là! On est dans une période de questions, on est dans un processus. Je vous
demande votre attention. Je vous ai dit d'être prudents, je le demande à tout
le monde. Vous avez votre temps à compléter, M. le leader.
M.
Caire : ...une définition de ce que c'est, des conflits
d'intérêts. Je vais leur en donner, des définitions de ce que c'est, un conflit
d'intérêts, M. le Président. Des conflits d'intérêts à ce point importants que
l'actuelle cheffe de l'opposition officielle,
alors présidente de la Coalition avenir Québec, avait parlé de certaines odeurs
qui flottaient au-dessus du Parti libéral, que je ne qualifierai pas.
Comme quoi on s'habitue à tout, hein?
Le
Président : Question principale, M. le député de LaFontaine.
Encore une fois, je vous rappelle, ton, prudence, propos. Il est légitime de poser des questions,
mais c'est un sujet délicat, je vous demande votre collaboration. M. le député.
Participation
du ministre de l'Économie et de l'Innovation à un fonds
d'investissement de la firme White Star Capital
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
M. le Président, ce matin, encore une fois, c'est une histoire toute simple.
C'est l'histoire d'un homme d'affaires qui est devenu ministre de
l'Économie, mais qui n'a pas cessé, depuis trois ans, de faire des affaires. Ça
fait trois ans qu'on lui dit, à l'Assemblée
nationale, et ça fait maintenant... ce sera le quatrième rapport que la Commissaire à l'éthique va lui dire,
il est en conflit d'intérêts.
En
2015, son intérêt, c'était 900 000 $ dans White Star. Il ne veut pas
vendre, tantôt il a dit, en début de mandat parce qu'il veut faire plus
d'argent, plus de profits, c'est clairement établi, M. le Président.
Le
ministre a dit ce matin qu'il ne démissionnerait pas à moins que le premier
ministre lui demande de démissionner.
La
question au leader adjoint du gouvernement : Le premier ministre va-t-il
prendre ses responsabilités, contrairement à ce qu'il a fait depuis trois ans puis contrairement à ce qu'il a fait
dans le dossier du collègue de Rousseau, et dire à son ministre homme
d'affaires d'aller faire des affaires hors du gouvernement?
• (10 h 20) •
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Bien oui, le premier ministre va prendre ses
responsabilités et va permettre au ministre de l'Économie et de l'Innovation d'aider le Québec à se sortir
de la crise avec une des meilleures performances en relance économique au
Canada, un des taux de chômage les plus
bas... non, excusez, le taux de chômage le plus bas au Canada. Ça, on le doit
au ministre de l'Économie et de l'Innovation, M. le Président.
M.
le Président, il y a deux, trois petites choses qu'on va régler aussi. Le
ministre de l'Économie et de l'Innovation ne s'est pas défilé, il a expliqué exactement ce qu'il en était du fonds
d'investissement de White Star. Il vient de dire que le fonds était en
liquidation. Donc, expliquez-moi, là, comment on peut être en conflit
d'intérêts avec un fonds qui est en liquidation, à travers un fonds
d'investissement sur lequel on n'a aucun droit de regard.
Alors,
M. le Président, la beauté de la chose, du côté de nos amis libéraux, c'est
qu'on fait des procès d'intention sans
qu'il y ait d'éléments factuels, puis, pendant ce temps-là, quand on leur rappelle les éléments factuels qui ont conduit,
M. le Président, le Québec dans un, je ne
dirai pas... bourbier, voilà, dans un bourbier éthique
épouvantable, ah! bien, ça, il ne faut pas en parler...
Le Président :
En terminant.
M.
Caire :
...il ne faut pas en parler, par exemple.
Le Président : Première
complémentaire, M. le député de LaFontaine.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Factuel, dans Le Journal de Montréal, ce
matin, la citation du ministre : «Le fonds d'investissement ne fait pas de
marché avec l'État.» Ça, c'est factuel, il l'a déclaré aux journalistes. White
Star a comme commanditaire Investissement
Québec. White Star a fait du lobbyisme
auprès de deux entités : le ministère du ministre puis Investissement Québec. Le ministre, en
2015, il avait 900 000 $ dans ses poches, valeur 2015, dans
White Star.
Alors, M. le
Président, quand le ministre va arrêter de profiter de la situation et démissionner?
Le Président :
S'il vous plaît, encore une fois, prudence. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Profiter
de la situation? M. le Président, y a-t-il quelqu'un qui pense que le ministre de l'Économie et de l'Innovation, actuellement, s'en met plein les poches? Voyons donc! M. le Président,
c'est épouvantable d'entendre des insignifiances semblables.
M.
le Président, la vérité, là, c'est qu'il y a quatre fonds d'investissement. Le
premier fonds d'investissement, dans lequel,
effectivement, le ministre de
l'Économie a des participations, est
en liquidation, on est en train de le liquider, dans une entreprise pour laquelle il n'a aucun droit de
regard. Là, là, on n'est pas en train de parler des nombreux exemples de
conflits d'intérêts dont nous avons été les
témoins, M. le Président, de la part de cette formation politique, qui
aujourd'hui essaie de se donner patte blanche...
Le Président :
En terminant.
M.
Caire : ...essaie
de se donner une éthique pour faire des leçons de morale, alors que, M. le
Président, un examen de conscience les inciterait à...
Le
Président : Deuxième
complémentaire. Encore une fois, je vais vous demander de remettre vos masques
aussi, s'il vous plaît, c'est la règle, je suis obligé de vous faire le signe,
M. le ministre de l'Économie aussi, seulement remettre votre masque.
M. le député de LaFontaine,
à vous la parole. Toujours prudence dans les mots utilisés.
M. Marc
Tanguay
M.
Tanguay : M. le
Président, pour rassurer la collectivité, le ministre fait dire que c'est en
son nom personnel que l'investissement
est fait, puis il nous rassure : Je vais payer de l'impôt sur mon
investissement au Québec, inquiétez-vous pas. Ça fait qu'il est là, le
profit. Profit sur l'impôt... Impôt sur le profit qui est réalisé.
En
ce moment, M. le Président, on ne questionne pas le ministre de l'Économie du Québec sur l'économie du Québec, mais on le questionne sur son économie à lui. Il a
dit que, le jour où il allait être un boulet, il allait démissionner. N'est-il
pas temps de reconnaître qu'il est un boulet pour le gouvernement et le
Québec?
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Moi, je
pense qu'il est temps de reconnaître que le ministre de l'Économie et de l'Innovation, c'est un actif pour le
Québec, présentement. Dans la situation qu'on connaît, là, on est contents
d'avoir le ministre de l'Économie
et de l'Innovation, on est contents de voir la performance de relance
économique du Québec, on est contents de voir le faible taux de chômage du Québec, malgré la situation. M. le Président,
on fait mieux en temps de pandémie que les libéraux en temps de
croissance économique. Ça fait que ça, là, je pense qu'on lui doit à lui, puis
on le remercie pour ça.
M.
le Président, là ce que je comprends, c'est que ce n'est plus le fait d'un
conflit d'intérêts qui dérange mon collègue, c'est le fait que le ministre de l'Économie et de l'Innovation, c'est un
homme d'affaires à succès qui a fait des bons placements qui lui
rapportent des sous, c'est ça qui le dérange, c'est ça qui le dérange...
Le Président :
En terminant. En terminant.
M.
Caire :
...alors qu'on a fait la démonstration qu'il n'y avait aucun conflit d'intérêts...
Des voix :
...
Le
Président : O.K. Je
vais vous demander, s'il vous plaît, encore une fois, juste avant de donner la parole
au leader du deuxième groupe d'opposition, qui sera le seul à avoir la parole, d'éviter...
d'être attentifs. Le sujet est légitime, et je vous demande votre
collaboration, autant d'attention sur les questions que sur les réponses.
M. le leader du
deuxième groupe d'opposition, à vous la parole.
Bilan éthique du gouvernement
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Un parti qui brise sa promesse de mettre fin au
privilège des députés qui se votent leur propre salaire, un député sous enquête
par l'UPAC, un ministre blâmé sévèrement par la Commissaire à l'éthique, un premier
ministre prêt à tout pour défendre son ami personnel malgré les scandales, un premier ministre qui nomme des hauts placés de
son parti aux postes au sommet de l'État québécois. De quel gouvernement est-ce que je parle, M. le Président? Celui
de Jean Charest ou celui de la CAQ? C'est à s'y méprendre.
M. le Président, les Québécois et les Québécoises ont congédié les libéraux en 2018
pour mettre fin à une décennie sombre
de notre vie politique. Aujourd'hui, ils ont l'impression que rien n'a changé. Un
chum, c'est encore un chum. Les amis du parti passent encore avant les
intérêts du peuple québécois.
Qu'est-ce que le gouvernement
a à répondre aux dizaines de milliers de Québécois et de Québécoises dont le
cynisme est renouvelé à chaque grand titre sur l'éthique élastique de la Coalition
avenir Québec?
Le
Président : ...faire
attention de ne pas prêter de motifs indignes, bien sûr, et être prudents
dans les propos, bien sûr,
encore une fois, je le rappelle, c'est la troisième fois. M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire :
Mais ça va me faire plaisir de répondre à la question du leader du deuxième
groupe d'opposition. D'abord, M. le Président, je suis très confiant que les Québécois sont capables de faire la différence entre le gouvernement de la Coalition avenir Québec, qui n'est pas du tout dans le même fuseau
horaire que ce qu'on a connu avec les libéraux... M. le Président, prenons l'exemple du ministre
de l'Économie et de l'Innovation.
Qu'est-ce que c'est, la définition d'un conflit d'intérêts, dans son cas
à lui? Voici un ministre, responsable d'Investissement Québec, qui est
intervenu auprès d'Investissement Québec pour demander expressément de ne pas investir
dans ses entreprises. Ça fait un petit peu changement par rapport à ce
qui se passait de l'autre bord. Ça, c'est déjà une première grosse différence, M.
le Président.
M. le Président, la seule motivation du ministre
de l'Économie et de l'Innovation,
c'est de s'assurer que le Québec prospère, que les investissements qui sont faits
par le gouvernement du Québec le sont au bénéfice de tout le monde. Et je mets au défi mon
collègue de trouver une occasion, un élément factuel où le ministre de l'Économie et de l'Innovation a fait du profit sur le dos des Québécois.
Je lui souhaite bonne chance...
Le Président :
En terminant.
M.
Caire :
...parce qu'il n'en trouvera pas.
Le Président :
Première complémentaire, M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Gabriel
Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois :
M. le Président, je n'ai pas accès aux relevés bancaires du ministre, donc je
ne suis pas en mesure de répondre à
la question du leader adjoint du gouvernement. Mais les rapports de la Commissaire à l'éthique, là, ce
n'est pas Québec solidaire qui les a rédigés, c'est l'institution que ce
Parlement s'est donnée pour faire respecter les règles éthiques
fondamentales qui doivent gouverner notre vie politique.
Qu'est-ce que le leader adjoint du
gouvernement répond aux centaines de
milliers de Québécois et Québécoises qui désespèrent d'avoir enfin un gouvernement
qui met le bien commun avant les intérêts partisans?
Le Président :
Deuxième... M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Bien, je leur réponds qu'ils ont voté pour ce gouvernement-là en 2018, M. le Président, c'est ça que je leur réponds. Parce que... Le
collègue dit : Je n'ai pas accès au compte bancaire du ministre de l'Économie et de l'Innovation. C'est vrai. Ceci étant dit, ceci étant dit, qu'est-ce que les institutions nous ont dit? Qu'est-ce que la Commissaire à l'éthique nous a dit? Deux rapports. Le premier, on l'a
appuyé, effectivement le ministre a fait preuve d'imprudence. Il a corrigé la situation. Le deuxième a parlé de conflit d'intérêts, mais la définition du conflit
d'intérêts, c'est un ministre
qui intervient auprès d'une institution dont il a la responsabilité pour
lui demander expressément, expressément de ne pas investir...
Le Président :
En terminant.
M.
Caire :
...dans ses entreprises. Est-ce que le leader du deuxième groupe d'opposition
ne voit pas une bonne différence avec...
Le
Président : Deuxième complémentaire. Je ne veux entendre que vous dans votre question
et, évidemment, la réponse par la suite.
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : La différence entre le gouvernement de la Coalition avenir Québec et le régime libéral, elle s'amenuise de
jour en jour. Chaque jour qui passe, l'actuel premier ministre du Québec
ressemble de plus en plus aux deux précédents premiers ministres sous l'ère
triste des gouvernements libéraux.
Comment il trouve ça,
le député de La Peltrie, de lire à la une des journaux exactement les mêmes
titres que ceux à partir desquels il se déchirait la chemise quand il était
dans l'opposition?
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Bien,
au-delà des titres, M. le Président, je vois des différences factuelles
fondamentales. Premièrement, je vais
juste rappeler un événement à mon collègue : la vente des édifices, par le gouvernement libéral, à George Gantcheff, qui ont
transité par toutes sortes de pays bizarres, avec une éthique douteuse, avec
comme chef d'orchestre Franco Fava, avec
comme chef d'orchestre le bénévole Bartlett, William Bartlett, qu'on a qualifié
de potentiel plus grande fraude de l'histoire du Canada. M. le Président, je ne sais pas où est-ce que mon collègue de la deuxième
opposition, pour qui j'ai énormément d'estime, voit un parallèle avec ce qui
se passe ici. M. le Président, on est loin de la commission Charbonneau...
Le Président :
En terminant.
M.
Caire :
...on est loin de Mme Post-it, on est loin des baux à Bibeau. M. le Président,
ça n'a rien à voir.
• (10 h 30) •
Le Président :
Question principale, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
Respect
des règles en matière d'éthique par le
ministre de l'Économie et de l'Innovation
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Merci, M. le Président. On apprend ce matin que le ministre de
l'Économie a présenté au premier ministre le cofondateur d'un fonds dans lequel il est lui-même investisseur,
photo de famille à l'appui. Tous les observateurs vous confirmeront
qu'il s'agit d'un conflit d'intérêts flagrant.
Le
ministre de l'Économie a déjà été visé par deux rapports accablants de la Commissaire à l'éthique. Il a même reçu un blâme de l'Assemblée
nationale, une première pour un ministre. Il a même... Il s'accroche aussi à la
fois à la business et à son poste, et le code est clair, il doit choisir entre un ou l'autre. La
commissaire lui a dit, mais lui, il pense qu'il est au-dessus du code.
Malgré
trois prises, le premier ministre a choisi son homme et l'a maintenu en poste
jusqu'à maintenant. Il avait promis qu'avec lui ce serait tolérance
zéro.
Ma question aux
ministres de la CAQ : Comment faites-vous pour tolérer un collègue avec le
code d'éthique aussi élastique? Avez-vous un malaise, au Conseil des ministres,
de discuter?
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric
Caire
M.
Caire : Pas du tout. Au contraire, M. le Président, je peux
vous dire que, pour moi, c'est un privilège et un sujet de fierté, de travailler avec le ministre de
l'Économie et de l'Innovation. J'en apprends de lui tous les jours. Puis je
suis convaincu que, M. le Président,
il y a d'autres formations politiques qui auraient intérêt à avoir des
personnalités de ce calibre-là dans leurs rangs et qui sont probablement
un peu jaloux.
M. le Président, ceci
étant dit, ceci étant dit, M. le Président, là c'est rendu que de prendre une
photo avec quelqu'un, c'est rendu un conflit
d'intérêts manifeste. Ça fait que ce serait le fun, là, M. le Président, que le
leader du troisième groupe
d'opposition se garde une petite gêne sur ce que c'est, un conflit d'intérêts
manifeste, parce que je pourrai peut-être lui rappeler à lui aussi
quelques exemples de conflits d'intérêts manifestes.
Ceci étant dit, M. le
Président, le fait de créer un réseau de contacts dont le gouvernement du
Québec, dont les Québécois vont bénéficier,
pas le ministre de l'Économie, pas le premier ministre... M. le Président, le
ministre de l'Économie et de l'Innovation n'a pas besoin de son poste pour se
faire un réseau de contacts. Par contre, nous, on a besoin de lui pour que le Québec se fasse le même réseau
de contacts. Et, à travers ces réseaux d'investissement là, M. le
Président, là, bien, ça donne...
Le Président :
En terminant.
M.
Caire : ...des annonces comme on a faites cette semaine,
avec AppDirect, avec Lion, et compagnie, au bénéfice du Québec.
Le
Président : Première complémentaire, M. le leader du troisième
groupe d'opposition. Encore une fois, votre attention.
M. Martin
Ouellet
M. Ouellet : Le Bonhomme Carnaval aurait pu être sur la photo,
ça ne change rien, on a le cofondateur de White Star. Lorsque le
ministre s'est fait demander, ce matin, si le premier ministre était au courant
de ses investissements dans White Star, le
ministre de l'Économie a d'abord indiqué qu'il ne s'en rappelait plus. Quelques
minutes plus tard, ça lui est revenu : le premier ministre est au courant.
Le bureau du premier ministre a indiqué l'inverse aux journalistes. Qui dit
vrai?
Le
Président : Soyez prudents dans la façon de poser les
questions, bien sûr. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M.
Caire : Oui, M. le
Président. Bien, moi, la question que j'ai envie de poser à mon collègue de la
troisième opposition : Qu'est-ce qu'il
juge, là, problématique dans le fait que le collègue ait des investissements
depuis 2014 dans un fonds qui est en
liquidation depuis 2017, si ma mémoire est bonne, dans une entreprise pour
laquelle le ministre n'a aucun droit de regard, aucun droit de
participation? Par quelle magie ça, ça peut faire en sorte qu'il est en conflit
d'intérêts? Comment on peut être en conflit
d'intérêts quand on n'a rien à dire sur un fonds qu'on est en train de
liquider? Ça, M. le Président, c'est le genre de question...
Le Président : En terminant.
M.
Caire : ...que je
n'entends pas, de l'autre côté. Ça semble... Factuellement, ça ne semble pas
les intéresser.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le leader du troisième groupe d'opposition.
M. Martin Ouellet
M. Ouellet : M. le
Président, il y a
trois ministres ici qui ont perdu leur poste pour des raisons de communication, je parle bien de la députée
de Châteauguay, la députée de Sanguinet et la députée de Mirabel, mais, pour
des problèmes d'éthique, le premier ministre vous aurait gardées en poste.
Qu'en pensent
les députés de la CAQ? Avez-vous hâte d'être ministre? Est-ce que
ça va prendre un bon C.V. de communication et une éthique élastique?
Le Président : M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Éric Caire
M.
Caire : M. le
Président, je vais commencer par une question
de règlement, si vous me le permettez, parce que, la morale élastique, je ne peux pas croire que vous allez laisser passer
ça, parce qu'en termes de prêter des
intentions puis de décorum c'est assez conflictuel, vous en conviendrez.
Le Président : Je vais vous
demander, là, d'être, encore une fois, puis, je pense, c'est très clair...
Des voix : ...
Le
Président : Non, mais je vais vous demander d'être tous, tous
très prudents dans les propos qui sont tenus, dans les termes utilisés. Il faut bien mesurer ce qu'on
dit sur un sujet légitime mais délicat. Je vous demande votre collaboration.
Je vous demande de continuer, M. le leader
adjoint.
M.
Caire :
Oui, M. le Président. Alors, sur le fond de la question... Puis, quand je dis «le
fond de la question», là je pense
effectivement qu'on touche le fond, M. le Président. Parce que,
factuellement, factuellement, de quoi on parle? On parle du ministre de l'Économie et de
l'Innovation, qui a demandé à Investissement Québec de ne pas investir dans ses
entreprises. On parle du ministre de l'Économie et de l'Innovation, qui a
participé à un fonds qui est en liquidation à travers
un fonds d'investissement, pour lesquels il n'a pas un mot à dire. Et là tout
ce que j'entends de la part des collègues, là, fait complètement abstraction du
fait qu'il n'y a rien là-dedans qui est le début du commencement d'un conflit
d'intérêts, à savoir poser des gestes pour son bénéfice personnel. Mais
ça, on dirait que ça ne les intéresse pas.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Maurice-Richard.
Accès au test de
dépistage du coronavirus
Mme Marie Montpetit
Mme Montpetit :
Je vous remercie, M. le Président. Au cours des derniers jours, on a entendu à
plusieurs reprises le premier ministre puis le ministre de la Santé nous
dire qu'ils s'attendaient à la hausse des cas qu'on voit, là, depuis quelques jours, que
c'était prévu, que c'était prévisible. Une chose que je m'explique mal, c'est comment
ça se fait, si c'était prévu et
prévisible, qu'on se retrouve encore dans une situation où on a des centres de
dépistage qui débordent. On a encore des
situations, comme durant la première vague, comme durant la deuxième vague, où
les gens doivent attendre dans des délais
complètement inacceptables, irresponsables. Dans la Capitale-Nationale, deux à
trois heures d'attente. Dans la région de
l'Outaouais, région qui est sous haute surveillance depuis une semaine, ça peut
aller jusqu'à, justement, six à sept jours avant d'avoir un résultat, six à sept jours, dans une région qui est
sous haute surveillance, où les cas sont en augmentation.
Quelles mesures va
prendre le gouvernement pour s'assurer que les gens puissent avoir un
rendez-vous et un résultat dans les 24 heures?
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant :
Oui, merci, M. le Président. Je remercie la députée de Maurice-Richard pour sa question, qui va encore une fois nous permettre de
mettre en évidence le défi de gérer cette pandémie au quotidien.
Encore
une fois, il faut avoir un équilibre entre les mesures sanitaires et les
problèmes de santé mentale. Et, comme je vous dis, on a fait beaucoup
de choses jusqu'à présent pour garder le plus d'activités ouvertes, incluant
nos écoles.
Maintenant,
quant à l'offre de services au niveau des centres de dépistage et des
résultats, il faut voir que plusieurs des activités ont repris. Le
délestage a beaucoup diminué, beaucoup des activités sont revenues à des
niveaux de 85 %, particulièrement au
niveau des activités chirurgicales. Donc, on doit de façon régulière mobiliser
nos employés d'une activité vers l'autre.
On
surveille ces régions qui sont particulièrement à risque très près, on va les
accompagner, on va les aider à être plus efficaces, mais, M. le Président,
c'est des choses qui doivent se baliser tous les jours.
Le Président :
Première complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit :
Je ne sais pas si je dois être inquiète de la réponse qu'est en train de me
faire le ministre délégué à la Santé. On
parle de pandémie, troisième vague, tests de dépistage pour savoir si on est
positif ou pas à la COVID. C'est ça, l'enjeu, à l'heure actuelle.
Si
vous avez suivi, puis je vous invite à le suivre, je le répète, dans la région
de l'Outaouais, à l'heure actuelle, qui est sous haute surveillance, qui inquiète le premier ministre : 36
à 48 heures pour avoir un rendez-vous, quatre à cinq jours pour
avoir un résultat. On parle d'une semaine.
De quelle façon vous
allez régler ce problème-là? Pourquoi vous ne l'avez pas anticipé, encore une
fois?
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant :
M. le Président, tout récemment les régions ont changé du rouge au orange. Les
activités sont attribuées selon les niveaux d'activité. On fait des efforts
incroyables, M. le Président, pour tenter de reprendre les activités
régulières, diminuer les listes d'attente, donner des services à tout le monde.
Donc,
effectivement, il y a des délais qui se sont installés au niveau des prises de
rendez-vous et des résultats. On est en train de faire les ajustements requis
au niveau du personnel dans le réseau de la santé pour répondre à ces besoins
beaucoup plus rapidement. On a eu des demandes de dépistage beaucoup plus
élevées que ce que...
Le Président :
En terminant.
M. Carmant :
...qu'au cours des jours précédents, on ajuste les effectifs en conséquence, M.
le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Maurice-Richard.
Mme Marie
Montpetit
Mme Montpetit :
M. le Président, depuis le début de cette pandémie, depuis un an,
l'anticipation, c'est le talon d'Achille
du gouvernement. On l'a dit pendant la première vague, on l'a dit pendant la
deuxième vague : Toujours deux
trains en retard, toujours deux coups en retard. Si la hausse des cas était
prévue, puis là les experts nous annoncent une hausse fulgurante des cas
au cours des prochaines semaines, l'anticipation, elle est nécessaire. Si ça
flambe, il va falloir qu'il y ait de l'eau dans les tuyaux, M. le Président.
Qu'est-ce
que le ministre va faire pour s'assurer qu'on ait des résultats rapidement pour
tout le monde au Québec?
Le Président :
M. le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux.
M. Lionel Carmant
M. Carmant :
Bien, M. le Président, on y travaille. Il faut qu'on ajuste les choses de façon
quotidienne très rapidement. On ne peut pas
décider du jour au lendemain d'annuler des procédures, d'annuler des activités,
de déplacer du personnel comme ça
aussi facilement. On a des gens à qui il faut prendre soin, et, si on ne prend
pas soin de ces gens-là, on sait qui va s'en plaindre très rapidement,
M. le Président.
Nous,
ce qu'on veut, c'est vraiment moduler les activités, déplacer les activités.
Les résultats prennent du temps, le dépistage est difficile. Certaines
régions ont été plus affectées que d'autres, on déplace les effectifs en
conséquence. M. le Président, on travaille là-dessus et on va s'en occuper.
• (10 h 40) •
Le Président :
Question principale, M. le député de Laurier-Dorion.
État
de situation des demandeurs d'asile au Québec
M. Andrés
Fontecilla
M. Fontecilla :
Merci, M. le Président. Des centaines de demandeurs d'asile ont risqué leur vie
pour servir le Québec pendant la
pandémie. Les Québécoises et les Québécois ont vu ce que ces demandeurs d'asile
ont fait pour nous, ils ont demandé au gouvernement de les accueillir au
Québec, et le premier ministre s'est engagé à le faire.
La ministre de
l'Immigration est en train de briser cette promesse, M. le Président. D'abord,
la CAQ a créé un programme dans le but
d'exclure le plus de gens possible. Maintenant, on apprend que même ceux qui
sont éligibles attendent encore dans la précarité et l'incertitude. En
quatre mois, avec 10 employés à temps plein, le ministère a traité
seulement 33 demandes sur 700. Ça fait moins d'une demande par mois par
employé.
Au moment où le
réseau de la santé manque du monde partout, alors que la ministre recrute à
l'international, il y a des gens qui vivent ici, au Québec, qui travaillent
ici, qui sont intégrés et qu'on laisse sur le bord de...
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Nadine
Girault
Mme Girault :
Merci, M. le Président. M. le Président, merci pour la question, cher collègue.
Je vais revenir sur ce dossier-là
qu'on a... ce programme-là qu'on a créé pour remercier effectivement les
demandeurs d'asile, ceux qui ont été en première ligne pour aider nos aînés, pour prendre soin de nos malades.
C'est vraiment ceux-là dont on voulait... on voulait faire un geste
particulier pour les remercier.
Le programme a été
mis en place en décembre, M. le Président, et, ce programme-là, on s'est fait
appuyer par trois organismes de la
communauté qui connaissent bien ces populations de demandeurs d'asile et qui
les aident à passer à travers le processus pour présenter les papiers,
parce que, oui, ça prend des documents, M. le Président.
Dans
ce cadre-ci, je ne sais pas où le député a pris ses chiffres, mais, dans ce
cadre-ci, actuellement, en date du 19 mars,
on a reçu 389 demandes; pas trois, pas 30, 389. Ça veut dire que le
programme fonctionne, M. le Président. Il y a plus de 115 demandes qui ont été finalisées. Et pourquoi un nombre
plus petit? Parce que, plusieurs de ces demandes-là, c'est plusieurs
personnes que ça comporte.
Donc, oui, le
programme fonctionne. Effectivement, on est en cours, le programme est
encore...
Le Président :
En terminant.
Mme Girault :
...est encore en marche, et on attend d'autres demandes, M. le Président.
Le Président :
Première complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés
Fontecilla
M. Fontecilla :
Justement, les mêmes organismes soulignent
que le programme prend énormément de temps, là, et la liste des papiers à fournir est interminable,
plus que partout ailleurs, là : tous les talons de paie, toutes les
pages du passeport, une attestation de
travail, une lettre originale de l'employeur, les heures travaillées par mois,
la rémunération, la liste des tâches,
l'identité du superviseur, M. le
Président, là. Du jamais-vu. Même les
CIUSSS refusent de donner tous ces papiers-là.
Est-ce que
c'est de l'incompétence ou du sabotage? Pourquoi le gouvernement est-il si dur avec ces personnes‑là?
Le Président :
Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Nadine
Girault
Mme Girault :
Merci, M. le Président. M. le Président, je répète encore une fois que ce
programme-là est en fonction, il fonctionne bien. À date, on a des demandes qui
rentrent régulièrement. Elles sont traitées à l'intérieur d'un délai de 21 jours, en moyenne, donc c'est un
délai qui est normal. On ne demande pas plus de papiers, M. le Président, que d'autres programmes ailleurs au Canada. On demande ces
papiers-là, c'est normal, c'est un programme.
Et je vais réitérer, M. le
Président, que ce programme-là ne remplace pas le processus normal ou n'élimine
pas le processus normal de demandeur d'asile, ce processus normal, fédéral,
demeure. Ce qu'on a fait, c'est d'aider les demandeurs d'asile, dans ces
circonstances-là particulières, à avoir un accès rapide au CSQ.
Le Président : En terminant.
Mme Girault : Merci, M. le
Président.
Le Président : Deuxième
complémentaire, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : La ministre aurait intérêt à aller voir comment ça se passe
dans les autres provinces du Canada, là. Parmi
les demandeurs d'asile qui se sont sacrifiés, il y avait Marcelin François, préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD. M. François est décédé de la COVID, contractée dans le CHSLD où il travaillait, là. Sa veuve, Oséna
Charles, demande à être reçue avec
ses trois enfants au Québec, elle est admissible, elle attend toujours, mais
tout ce qu'on lui a envoyé, c'est un accusé de réception au nom du
défunt à son ancienne adresse.
Où est l'humanité, M. le Président?
Le Président : M. le ministre
de l'Immigration... Mme la ministre de l'Immigration.
Mme Nadine Girault
Mme Girault :
Merci, M. le Président. M. le Président, je ne ferai pas de cas particulier
parce que je ne pense pas que c'est
un endroit de faire des cas particuliers, de politiser des cas particuliers. Ce
n'est pas notre style de faire ça. Par contre, je vous dis que ce programme est en fonction, ce programme est couvert
par plusieurs de nos employés et fait en sorte que, oui, les dossiers
cheminent à travers le programme, et actuellement il y a des CSQ qui sont
délivrés. Merci.
Le Président : Question
principale, Mme la députée de Fabre.
Soutien
aux proches aidants
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : M. le
Président, trois vagues de pandémie
et trois injures pour les proches aidants. La première, on s'en souvient tous :
une porte fermée à double tour aux proches aidants durant la première vague. Encore aujourd'hui, alors que le Dr Arruda nous avait confirmé
que ce n'était pas sa recommandation, on ignore comment s'est prise cette décision
crève-coeur.
Deuxième vague, deuxième injure : l'annonce de la vaccination et les groupes
prioritaires. Oups! La ministre a oublié
les proches aidants. Elle corrige le tir pour les proches aidants ayant
70 ans et plus. Pourtant, au Québec, la moyenne d'âge d'un proche aidant est
de 48 ans.
Troisième
injure, le budget de la semaine dernière. Je lis : «Abolir le Fonds de
soutien aux proches aidants», un fonds de 200 millions sur
10 ans qui donnait une aide directe, directe aux proches aidants.
Ça, M. le Président, ça, c'est la plus récente
injure aux proches aidants.
Le Président : Mme la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : M. le Président, non seulement nous n'allons pas abolir le
Fonds soutien aux proches aidants, il
va faire partie de la politique et du plan d'action aux personnes proches
aidantes. C'est un fonds extrêmement important, et nous allons l'élargir, parce que le Fonds de soutien aux proches
aidants de 2009 touchait les personnes proches aidantes qui s'occupaient
d'une personne aînée. Étant donné que la politique s'adresse à toutes les
personnes proches aidantes, quel que soit
leur âge, on va donc faire en sorte que le Fonds de soutien aux proches aidants
soit élargi à l'ensemble. Donc, je ne suis pas du tout d'accord avec ce
qu'elle vient de me dire, la députée de Fabre.
Et,
concernant les personnes proches aidantes, pourquoi, la vaccination, c'est
parce qu'on y allait par âge prioritaire. Nous sommes la seule juridiction au Canada à avoir permis aux personnes
proches aidantes de 70 ans et plus qui visitaient régulièrement une
personne dans un CHSLD de se faire vacciner en même temps.
Le Président : Première
complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci, M. le Président. C'est écrit noir sur
blanc dans le budget du gouvernement : «Abolir le Fonds de soutien aux proches aidants.» M. le
Président, ce fonds, c'est elle qui l'avait mis en place, et l'automne dernier,
dans le projet
de loi, l'opposition officielle a demandé de s'assurer que le fonds puisse
rester en place. Elle a refusé, elle a dit non. Elle a voté contre un
fonds qu'elle a mis en place.
Comme ministre
responsable des Proches aidants, comment elle peut accepter ça? C'était dans le
budget.
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite
Blais
Mme Blais
(Prévost) : C'est la première fois, M. le Président, qu'un
gouvernement s'intéresse réellement aux personnes
proches aidantes. Je suis revenue en politique pour les personnes proches
aidantes et pour faire une politique et un plan d'action. Nous sommes allés beaucoup plus loin, puisque nous
avons voté pour une loi pour faire en sorte que, les personnes proches aidantes, on puisse s'occuper de
leur santé et de leur bien-être. Ce n'est certainement pas moi, ici, qui vais abolir le fonds de soutien aux personnes
proches aidantes, que j'ai mis sur pied avec d'autres personnes, entre autres
avec la fiducie familiale Chagnon, en 2009. Au contraire, ce fonds de soutien
aux personnes proches aidantes...
Le Président :
En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...va se poursuivre dans le temps, M. le Président.
Le Président :
Deuxième complémentaire, Mme la députée de Fabre.
Mme Monique
Sauvé
Mme Sauvé : M. le Président, je répète, c'est écrit noir sur blanc au budget du gouvernement. Le 7 octobre dernier, en
commission parlementaire, alors que nous la questionnions sur la reconduction
du fonds, elle a dit, et je la cite : «Écoutez, [...]c'est mon bébé, alors c'est sûr que je ne
vais pas aller détruire mon bébé.» Vous savez quoi, M. le Président? Écrit noir
sur blanc dans le budget, son bébé, elle l'a aboli la semaine dernière dans le
budget.
Si la ministre se vante
de l'avoir créé, l'histoire se souviendra d'elle, qui l'aura aboli.
Le Président :
Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Marguerite
Blais
Mme Blais
(Prévost) : Le Fonds de
soutien aux proches aidants, passer par une loi comme telle, oui, peut-être
qu'il va disparaître, mais pas les
sommes d'argent qui seront versées à l'appui aux proches aidants. Il y aura
toujours les sommes. Le gouvernement s'est engagé, en campagne
électorale, à verser 150 millions de dollars, M. le Président, et il y
aura 150 millions de dollars au moins
pour l'appui aux personnes proches aidantes, puisque le fonds ne visait que les
personnes qui étaient âgées, les proches aidants des personnes âgées.
Et, comme nous voulons élargir le financement, l'appui aux personnes proches
aidantes va continuer...
Le Président :
En terminant.
Mme Blais
(Prévost) : ...de recevoir
le 150 millions de dollars qui était versé au fonds de soutien aux
personnes...
• (10 h 50) •
Le Président :
Question principale, M. le député de LaFontaine.
Pénurie de places en service de garde
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : M. le Président, à la place de la ministre des Aînés,
je ne parlerais pas d'engagements électoraux. La CAQ avait promis, en campagne électorale, d'éliminer la liste
d'attente des places en garderie, elle est maintenant à un sommet
historique. Plus de 51 000 enfants, M. le Président, de partout au
Québec sont inscrits sur des listes d'entente. Il y a une crise présentement, au Québec, des places en service de
garde, et ça, c'est un sommet historique. On n'avait jamais vu ça, plus de 51 000 enfants inscrits
sur la liste. On n'avait jamais vu 24 000 places, partout en région,
en service de garde, milieu familial, qui sont non offertes, puis on
n'avait pas vu le manque criant de milliers d'éducatrices formées.
Lundi, cette semaine,
le regroupement Ma place au travail, dont je porte l'effigie aujourd'hui, M. le
Président, a lancé un mouvement pour que le
gouvernement se réveille, pour que le gouvernement ait un véritable plan
d'action, ce qu'ils n'ont pas vu dans le budget, et c'est important, M.
le Président, de le souligner.
Ça
fait trois budgets que la CAQ manque sa cible. Pourquoi ne répondent-ils pas à
la crise avec un plan complet et cohérent, M. le Président?
Le Président :
Mme la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Oui, M. le Président. Bien, il y a un plan,
certainement, d'accélération de création de places en garderie et en CPE, M. le Président, qui est
présent depuis le début du mandat, qui est porté par le ministre de la Famille. Et il
y a des mesures qui sont prises, qui sont importantes, d'ailleurs, qui ont...
certaines ont été annoncées dans le dernier budget, pensons au
64 millions, là, qui a été annoncé pour former de la main-d'oeuvre, mais
aussi des allègements administratifs qui ont
été faits par le ministre de la Famille. La moitié des étapes administratives
sont éliminées, M. le Président.
Donc,
d'autres mesures vont être annoncées,
et on va arriver, à terme, avec la création de 10 600 places, M. le Président, en mars 2022. Ça, c'est différent
des 11 000 places qui ont été tablettées par le gouvernement libéral,
M. le Président.
Le Président :
Cela met fin à la période de questions et de réponses orales.
Motions
sans préavis
Nous
passons maintenant à la rubrique Motions sans préavis, et je reconnais, à ce
moment-ci, M. le chef du troisième groupe d'opposition. M. le chef du
troisième groupe d'opposition, à vous la parole.
M. Bérubé :
Oui. M. le Président, je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement
avec la députée d'Acadie, la députée de Taschereau, la députée de
Marie-Victorin et le député de Rimouski, la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle le caractère patrimonial exceptionnel de la
bibliothèque Saint-Sulpice, classée monument historique en 1988;
«Qu'elle
prenne acte de l'état de dégradation catastrophique dans lequel des années
d'abandon l'ont plongée et du fait qu'elle n'est pas assurée depuis le
mois décembre 2020;
«Qu'elle souligne que
le budget déposé le 25 mars 2021 ne prévoit pas de sommes pour
remédier à la situation;
«Qu'elle affirme
d'une seule voix qu'il est urgent d'agir pour stopper la détérioration de
l'édifice, afin d'éviter, à terme, de priver le Québec entier d'un joyau
patrimonial inestimable;
«En
conséquence, qu'elle demande au gouvernement de débloquer sur-le-champ les
sommes, estimées à environ 8,9 millions de dollars, nécessaires à
la réalisation des travaux qui permettront de sauver la bibliothèque Saint‑Sulpice.
«Par
ailleurs, qu'elle demande au gouvernement de rapatrier la gestion de l'édifice
au sein du ministère de la Culture et des Communications.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M. Caire :
Pas de consentement, M. le Président.
Le Président :
Pas de consentement. Je reconnais M. le ministre de...
Une voix :
...
Le Président :
Je m'excuse, j'ai...
M. Caire :
Question de règlement. Au moment des motions sans préavis, M. le Président,
vous le savez, on lit les motions,
vous constatez s'il y a consentement ou non, et il n'y a aucun autre
commentaire qui est toléré. Je vous demanderais de le rappeler au chef
du troisième groupe d'opposition, s'il vous plaît.
Le
Président : C'est exact et c'est un rappel pour tous, bien sûr.
Alors, pas de commentaire par la suite. Vous le savez fort bien. Alors,
qu'on s'y conforme.
M. le ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
Réitérer
l'importance de soumettre les projets ayant des répercussions
environnementales à la procédure d'évaluation et
d'examen des impacts sur l'environnement
M. Charette :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec la
députée de Verdun :
«Que
l'Assemblée nationale rappelle l'adoption, en mars 2017, du projet de loi
n° 102 qui a doté le Québec d'un régime d'autorisation
environnementale clair, prévisible, optimisé et conforme aux plus hauts
standards en matière de protection de l'environnement;
«Qu'elle
réitère l'importance de soumettre les projets ayant des répercussions
environnementales — tel que
ceux de la cimenterie McInnis ou
d'Énergie Saguenay — à la procédure d'évaluation
et d'examen des impacts sur l'environnement, comprenant l'analyse du BAPE, mais également l'étude d'impact et
l'analyse environnementale du ministère de l'Environnement[...];
«Qu'elle
souligne l'importance de la transparence dans l'ensemble des processus établis
afin de favoriser l'acceptabilité de la société quant aux décisions gouvernementales
à venir;
«Qu'enfin, elle rappelle les
dispositions prévues dans la Loi sur
la qualité de l'environnement voulant
que le ministre attende un dossier d'analyse environnementale complet avant de
formuler une recommandation au gouvernement.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Consentement, sans débat, M. le Président.
Mise
aux voix
Le
Président :
Consentement, sans débat. En vertu de l'ordre spécial, je vous invite
maintenant à m'indiquer vos votes respectifs. M. le leader adjoint du
gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. Mme la députée de Verdun, à vous la parole.
Demander
au gouvernement de faire toutes les représentations nécessaires auprès du
gouvernement fédéral afin d'initier un processus législatif visant à renforcer
et à
ajouter certaines dispositions et infractions au Code criminel, notamment de
manière à couvrir le plus largement possible les cas de harcèlement
sexuel, de violence sexuelle et de violence conjugale
Mme Melançon : Merci, M.
le Président. Alors, je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec la députée de Sherbrooke et la députée de Marie-Victorin :
«Considérant que la
lutte aux violences sexuelles et conjugales nécessite une approche globale qui
inclut notamment une nécessaire modernisation des actes criminels tels que
définis et sanctionnés par le Code criminel;
«Considérant
que la Commission des institutions étudie actuellement le projet de loi
n° 84, Loi visant à aider les
personnes victimes d'infractions criminelles et à favoriser leur
rétablissement, qui vise à aider les personnes victimes directes et
indirectes, telles que définies dans le projet de loi n° 84, d'infractions
criminelles prévues au Code criminel;
«Que l'Assemblée nationale
demande au gouvernement du Québec de faire toutes les représentations
nécessaires auprès du
gouvernement fédéral afin d'initier, dans les meilleurs délais, un processus
législatif visant à renforcer et à ajouter certaines dispositions et infractions au Code criminel, notamment de
manière à couvrir le plus largement possible les cas de harcèlement
sexuel, de violence sexuelle et de violence conjugale.»
Merci, M. le Président.
Le Président : Y a-t-il consentement
pour débattre de cette motion ?
M.
Caire : Il y a consentement,
sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le Président :
Consentement, sans débat. Je vous demande donc de m'indiquer vos votes
respectifs. M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin : Pour.
Le Président : M. le leader adjoint du
gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader du troisième
groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : Mme la députée de
Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Le Président : Cette motion est donc
adoptée. M. le leader de l'opposition officielle.
M. Fortin :
Oui, merci, M. le Président. Je vous demanderais de vous assurer que cette
motion et le résultat du vote est envoyé au gouvernement
fédéral et au premier ministre du Canada.
Le Président : Et ce sera fait. Je
reconnais maintenant le député de Rosemont.
Prendre acte que les conventions
collectives dans le secteur public sont échues
depuis un an et appeler à un règlement rapide et satisfaisant permettant
une augmentation générale des conditions de travail
M. Marissal : Merci,
M. le Président. Je demande le consentement de cette Assemblée pour
débattre de la motion suivante
conjointement avec la présidente du Conseil du trésor, le député de
La Pinière, le député de Jonquière, la députée de Marie-Victorin et
le député de Rimouski :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte que les conventions collectives dans le
secteur public sont échues depuis un an;
«Qu'elle
reconnaisse que les négociations entre le gouvernement et les organisations
syndicales n'avancent pas à un rythme satisfaisant;
«Qu'elle
reconnaisse que la crise sanitaire de la dernière année a démontré à nouveau
l'importance fondamentale des
services publics pour la société québécoise, et plus particulièrement le
caractère essentiel des femmes et des hommes qui y travaillent;
«Que
l'Assemblée nationale appelle à un règlement rapide et satisfaisant, permettant
une augmentation générale des conditions de travail dans le secteur
public.»
Le Président :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
M.
Caire :
Il y a consentement, sans débat, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, sans débat. Je vous demande à nouveau
vos votes respectifs. M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet :
Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier :
Pour.
Le Président :
Cette motion est donc adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Nadeau-Dubois :
Oui. Je vais vous demander de faire parvenir des copies de cette motion à
l'ensemble des organisations syndicales qui
sont actuellement impliquées dans la négociation avec le gouvernement du Québec
ainsi qu'à la présidente du Conseil du trésor.
Le Président : Ce sera fait.
Je reconnais maintenant M. le whip en chef du gouvernement.
Modifier la composition de certaines commissions
parlementaires
M. Lefebvre : Merci, M. le
Président. Conformément à l'article 129 de notre règlement, je fais motion
afin :
«Que le député de Sainte-Rose soit nommé membre
permanent de la Commission des finances publiques; et
«Que le
député de Beauce-Nord soit nommé membre permanent de la Commission de
l'aménagement du territoire; et
«Que ces changements prennent effet
immédiatement.»
Mise aux voix
Le
Président : Et j'invite évidemment les leaders parlementaires à
m'indiquer le vote de leurs groupes sur cette motion, suivi des députés
indépendants. M. le leader adjoint du gouvernement?
M.
Caire : Pour.
Le Président : M. le leader
de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président : M. le leader
du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois : Pour.
Le Président : M. le leader
du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président : Mme la députée
de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
• (11 heures) •
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Une motion
sans préavis ayant déjà été présentée par le groupe parlementaire formant le
gouvernement, je demande s'il y a consentement pour permettre la lecture
d'une autre motion sans préavis. Consentement. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Motion proposant la
constitution d'une commission spéciale en vue d'étudier
les enjeux reliés à l'élargissement de l'aide médicale à mourir pour les
personnes en situation d'inaptitude et les personnes
souffrant de problèmes de santé mentale
M.
Caire : Merci, M.
le Président. Il s'agit d'une motion pour la constitution d'une commission
spéciale qui a été, évidemment, négociée avec les groupes d'opposition, M. le
Président :
«Que, conformément
à l'article 178 du règlement de l'Assemblée nationale, soit constituée une
commission spéciale sur les enjeux
reliés à l'élargissement de l'aide médicale à mourir pour les personnes en
situation d'inaptitude et les personnes souffrant de problèmes de santé
mentale;
«Que la
dénomination de cette commission soit Commission spéciale sur l'évolution de la
Loi concernant les soins de fin de vie;
«Que la
commission soit constituée de onze membres ainsi répartis : six
députés du groupe parlementaire formant le gouvernement, incluant la présidence
de la commission; trois députés de l'opposition officielle, incluant la
vice-présidence de la commission; un député du deuxième groupe
d'opposition; un député du troisième groupe d'opposition;
«Que chaque groupe
parlementaire transmette à la directrice des commissions parlementaires la
liste de ses membres de la
commission, y compris le nom de la présidence et de la vice-présidence, dans
les sept jours suivant l'adoption de la présente motion;
«Que la commission permette à tout député
indépendant de participer à ses travaux selon les modalités prévues à
l'article 132 du règlement de l'Assemblée nationale;
«Que le
comité directeur de la commission soit constitué de la présidence, de la
vice-présidence, du membre du deuxième groupe d'opposition, du membre du
troisième groupe d'opposition et du secrétaire;
«Que la commission puisse tenir des séances de
travail à compter de l'adoption de la présente motion;
«Que
la commission puisse tenir des consultations en ligne conformément à l'article 173.1
du règlement de l'Assemblée nationale;
«Que la commission
puisse procéder à des consultations particulières et auditions publiques
pendant une durée maximale de quinze jours, incluant les consultations
particulières auprès [des] experts;
«Que la commission
tienne une première phase de consultations particulières et d'auditions
publiques et que l'objectif de ces
consultations particulières soit d'entendre des experts afin de dresser un
portrait de la situation de l'aide médicale
à mourir pour les personnes en situation d'inaptitude et pour les personnes
souffrant d'un problème de santé mentale;
«Qu'à la suite de ces
premières journées de consultations particulières, la commission produise un
document de consultation qui sera accessible
au public, et ce, préalablement au début de la deuxième phase des consultations
particulières;
«Que
suivant la production dudit document de consultation, la commission tienne une
seconde phase de consultations particulières et d'auditions publiques et
qu'elle entende toute personne dont le comité directeur estimera le témoignage
pertinent;
«Que
la commission puisse, de plus, procéder à des auditions en séance de travail ou
à huis clos à la demande d'un témoin;
«Que la commission puisse
recourir à l'utilisation de la visioconférence dans le cadre des auditions;
«Que
la commission puisse tenir des auditions et des séances de travail virtuelles
pourvu que les décisions se prennent à l'unanimité;
«Que la commission
puisse se déplacer et se réunir à l'extérieur des édifices de l'Assemblée
nationale;
«Que le comité
directeur détermine les personnes et les organismes qu'elle souhaite entendre;
«Que
le comité directeur puisse déterminer la durée totale de chaque audition ainsi
que la durée de l'exposé et des échanges avec les membres de la
commission;
«Que
l'organisation des travaux soit confiée au comité directeur, notamment
l'aménagement de l'horaire selon les éventuelles demandes de changement
des personnes et des organismes;
«Que
la commission soit convoquée par son président conformément à
l'article 148 du règlement de l'Assemblée nationale, même s'il
s'agit d'un mandat confié par l'Assemblée;
«Que
lorsque la commission tient séance lors des périodes de travaux réguliers de
l'Assemblée, les séances soient majoritairement
les lundis et les vendredis et que lorsque la commission tient séance lors des
périodes de travaux intensifs, les séances soient majoritairement les
lundis;
«Que
la commission ne soit pas limitée à trois jours francs, après la fin des
consultations particulières, pour déterminer en séance de travail les observations, conclusions et recommandations,
le cas échéant, qu'elle entend formuler dans son rapport;
«Que la commission
dépose son rapport au plus tard le 19 novembre 2021;
«Que
les règles de procédure relatives aux commissions permanentes s'appliquent à la
commission dans la mesure où elles sont compatibles avec les
dispositions de la présente motion;
«Que la Direction des
commissions parlementaires assure le soutien nécessaire au bon fonctionnement
de cette commission;
«Que la commission dispose des ressources nécessaires à la réalisation de son mandat, notamment en
matière de soutien à la recherche et de publicité;
«Que le soutien à la
recherche pour la commission soit assumé par l'Assemblée nationale;
«Que le ministère
de la Santé et des Services sociaux
appuie les agents de recherche de la commission à la demande de cette dernière.»
Merci, M. le
Président.
Le Président :
Et je me dois de vous demander s'il y a consentement pour débattre de cette
motion.
M.
Caire :
Consentement, M. le Président.
Mise aux voix
Le
Président : Consentement, donc, sans débat. Je procède maintenant à la portion vote. M. le leader adjoint du gouvernement?
M. Caire :
Pour.
Le Président :
M. le leader de l'opposition officielle?
M. Fortin :
Pour.
Le Président :
M. le leader du deuxième groupe d'opposition?
M. Nadeau-Dubois :
Pour.
Le Président :
M. le leader du troisième groupe d'opposition?
M. Ouellet : Pour.
Le Président :
Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Fournier : Pour.
Le Président : Cette motion
est donc adoptée.
Avis touchant les travaux des commissions
Nous en
sommes à la rubrique Avis touchant
les travaux des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Caire : Merci,
M. le Président. J'avise cette
Assemblée que la Commission des
institutions poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi n° 64, Loi modernisant des dispositions
législatives en matière de protection des renseignements personnels, aujourd'hui, à compter de 14 h 30 ou immédiatement après les discours prévus au quatrième paragraphe de l'article 87
du règlement de l'Assemblée nationale jusqu'à 18 h 30, à la salle du
Conseil législatif;
La Commission de l'économie et du travail poursuivra l'étude détaillée du projet de loi n° 59, Loi modernisant le régime de santé et de sécurité du travail, aujourd'hui, à compter de 14 h 30 ou immédiatement après les discours prévus au quatrième paragraphe de l'article 87
du règlement de l'Assemblée nationale jusqu'à 18 h 30, à la salle
Pauline-Marois.
Le Président : Merci. Nous en
sommes à la rubrique Renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
Affaires du jour
La période des affaires courantes étant
terminée, nous allons maintenant passer aux affaires du jour.
Et je suspends nos travaux pour quelques
instants. Merci à toutes et à tous.
(Suspension de la séance à 11 h 5)
(Reprise à 11 h 15)
Affaires prioritaires
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Nous sommes aux affaires prioritaires.
Débat sur la motion du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée
approuve la politique budgétaire du gouvernement
À l'article 1
du feuilleton — vous pouvez vous asseoir — l'Assemblée reprend le débat sur la motion de
M. le ministre des Finances
proposant que l'Assemblée approuve la politique budgétaire du gouvernement.
Conformément
à l'article du 273 du règlement,
je cède la parole au représentant de l'opposition
officielle, en lui rappelant que son temps de parole
est d'une durée maximale de deux heures. M. le député de Pontiac,
la parole est à vous.
M. André Fortin
M. Fortin : Deux heures, Mme la Présidente? Vous êtes généreuse,
aujourd'hui. Si c'était comme ça tous les jours, ce
serait le fun... non, ce serait plaisant, M. le député. Mais, bien, je vous
rassure tout de suite, je ne prendrai pas le deux
heures. Mais quand même, Mme la
Présidente, je vais prendre un certain
temps, parce que, d'abord, c'est important,
les répliques sur le discours du budget, c'est un moment important dans la vie parlementaire, dans l'année parlementaire, le budget
étant le moment clé, là, qui nous permet de définir... ou qui permet au gouvernement de définir l'action gouvernementale pour
l'année à venir, les années à venir. Et le gouvernement nous a donné beaucoup
de pistes, beaucoup d'orientations sur ce qui s'en venait, ce qui était à prévoir
et ce qui ne s'en viendra pas, malheureusement. Je suis content de voir le député de Gatineau avec nous aujourd'hui, on va parler de l'Outaouais un peu, un peu beaucoup, et j'espère qu'il
pourra m'appuyer peut-être dans certaines des demandes que je ferai pour
notre belle région commune.
Mais, avant d'arriver
là, Mme la Présidente, le budget, je
pense que c'était dans l'air du
temps, les dernières semaines, il y a beaucoup de gens qui se demandaient où le gouvernement irait avec cet exercice-là, quelles priorités il mettrait de l'avant, comment il penserait à notre économie,
à nos services, à l'action gouvernementale de
façon différente parce qu'on se devait d'avoir une vision différente pour un Québec
qui est rendu différent. Le Québec du budget de mars 2020, ce n'est pas le Québec du budget de mars 2021. La société a changé, et donc la
vision pour le Québec doit nécessairement évoluer. On aurait souhaité, réellement souhaité... et je pense que tout le monde s'y attendait, à une vision pour un Québec changé, un Québec marqué par ce qu'il a vécu dans la dernière
année, mais qui a hâte de pouvoir mettre la pandémie derrière nous et de réellement
changer la façon qu'on fait les choses, au Québec, parce que nos habitudes, nos
attentes, notre façon de vivre, notre façon de consommer a énormément évolué
au cours de la dernière année.
Bien sûr, Mme
la Présidente, comme à tous les budgets, il y a des éléments ponctuels qu'on
aurait souhaité voir mis de l'avant
par le gouvernement. Il y a des enjeux, comme à tous les budgets, pour lesquels
il est nécessaire d'investir. Et, dans une année
où les Québécois ont vécu des situations particulièrement difficiles, ont vécu des épreuves particulièrement difficiles, ce n'était pas un caprice de
demander au gouvernement d'investir de façon importante dans les besoins des Québécois,
dans les services à la population. Et c'est pour ça que nous, de notre côté, on
avait fait des demandes très spécifiques par rapport à la santé
mentale, par rapport à la santé de façon générale, mais notamment
en matière de rattrapage pour les chirurgies. Il y a des milliers et des
milliers de Québécois qui ont vu leurs chirurgies reportées. À quand?
On ne sait pas. Ce que je sais, Mme la Présidente, c'est que ces Québécois-là se posent ces questions-là parce qu'ils souffrent, en ce moment, et ces
chirurgies-là continuent d'être reportées, et en fait le délestage a augmenté
au cours des dernières semaines. Même chose
au niveau de la réussite scolaire. Quand on regarde les taux
de réussite de nos élèves, Mme la
Présidente, on est en droit de se dire : Bien, le gouvernement doit en faire davantage. La santé mentale, la santé physique, la réussite
de nos élèves, ce sont des milieux...
ce sont des secteurs d'activité gouvernementale névralgiques, mais surtout ce sont des
secteurs où les besoins ont explosé
au cours de la dernière année et où le gouvernement se devait de penser à son approche de façon
un petit peu différente.
• (11 h 20) •
Je veux revenir, par exemple, à une chose avant
d'entrer dans le détail de chacun des enjeux. Je vous le soumets et je pose la question
à l'ensemble des députés gouvernementaux qui sont ici, les députés de la
Coalition avenir Québec. Qu'est-ce que vous
voyez de différent dans ce budget-là par rapport à celui de l'année passée?
Voyez-vous un début d'un iota d'une
solution différente? C'est la même vieille approche. C'est comme si la COVID
n'existait pas, Mme la Présidente. Mais,
oui, il y a de l'argent, là, pour dire : Ah! on a dû investir de façon
supplémentaire pour des masques, des blouses, des équipements, des trucs très liés à la gestion
quotidienne de la COVID, mais, dans la grande réflexion, dans la grande vision
du gouvernement, la grande vision de ce
qu'est le Québec puis ce qu'on voudra que le Québec soit au sortir de cette
crise-là, il n'y a rien là-dedans.
Ça, ici, là, c'est la même vieille recette utilisée par tous les gouvernements,
et là j'inclus tous les gouvernements
là-dedans, là, mais c'est la même approche qui a été utilisée au fil des ans.
Il n'y a absolument rien qui change, qui
reflète les nouvelles attentes des Québécois, cette nouvelle vision là qu'eux
ont pour le Québec, de la façon qu'ils veulent vivre, de la façon qu'ils veulent que leurs
enfants vivent.
Moi, ma
fille, Mme la Présidente, elle a quatre ans, ma plus petite. Ça veut dire
qu'elle a vécu le quart de sa vie en mode COVID. Elle a vécu le quart de sa vie sans pouvoir embrasser ses
grands-parents, elle a vécu le quart de sa vie sans pouvoir avoir une fête, sans pouvoir célébrer avec ses proches,
sans pouvoir vivre la vie que nous, on a tous connue avant. Puis à quatre ans, bien, c'est l'entièreté
de ses souvenirs, tout ce qu'elle connaît, tout ce qu'elle se souvient, c'est
le Québec COVID. Elle ne se souvient
pas du Québec pré-COVID. Et moi, Mme la Présidente, j'aimerais ça que ce
qu'elle vive après la COVID, ce n'est
pas juste le même Québec qu'on connaissait avant. Oui, on a tous hâte de
retrouver certains trucs, mais on a
une opportunité pour redéfinir ce qu'on est, de la façon qu'on vit, de la façon
qu'on consomme, de la façon qu'on
réfléchit, de la façon qu'on élabore nos programmes, de la façon qu'on donne
des services aux Québécois, et ça, c'est une opportunité ratée.
Un
Québec résilient et confiant. On peut lire ce document-là puis se dire :
Ah! bien, on investit ici et là, puis ça va nous permettre de faire certaines avancées,
d'offrir certains services de plus, mais, au niveau de la vision, il n'y en a
pas, Mme la Présidente, il n'y a rien de cohérent. On peut dire «un
Québec résilient et confiant», on ne peut pas dire «un Québec cohérent», on ne peut pas dire «un Québec moderne», on ne peut
pas dire «un Québec égalitaire», on ne peut pas dire «un Québec vert». Mais le gouvernement a choisi
les bons mots, parce que c'est les seuls qui s'appliquent, Mme la Présidente.
Je
vais commencer avec les finances publiques, si vous le permettez, parce que,
l'an dernier, le gouvernement nous a présenté un budget au début mars, et on sait un petit peu tous ce qui
s'est passé, Mme la Présidente. Dans ce budget-là il y avait un encadré qui parlait de la COVID, un
encadré sur un document de... je ne peux même pas vous dire, des centaines
et des centaines de pages, Mme la
Présidente. Donc, le porte-parole en matière de finances, à l'époque, qui est
ici aujourd'hui, le député de
Robert-Baldwin, nous a dit : Bien, c'est un budget qui est périmé, on ne
peut pas vraiment... toutes les prévisions de croissance économique, les prévisions de dépenses, les prévisions de revenus
de l'État, ça ne vaut pas grand-chose parce que tout a changé comme ça du jour au lendemain. Et le gouvernement
n'avait pas prévu. Vous allez me dire : C'était difficile à faire.
Peut-être, mais est-ce qu'on pouvait prévoir quelque chose de plus qu'un
encadré? Certainement.
La
mise à jour économique, Mme la Présidente, le gouvernement n'a pas prévu...
Dans la mise à jour économique, le gouvernement avait prévu une croissance du PIB réel d'environ 6 %
pour l'année en cours. Là, il se ravise, aujourd'hui, avec une croissance du PIB réel de 4,2 %.
Mais l'enjeu principal, et on parlait d'anticipation un peu plus tôt, l'enjeu
principal, c'est que le gouvernement ne semble pas intéressé à voir ce
qui peut s'en venir.
Lors des consultations pour la mise à jour
économique du mois de novembre, on a demandé au ministre des Finances : Peux-tu faire comme l'Ontario? Ça
te tente-tu de faire comme l'Ontario puis de nous donner trois scénarios de
prévisions économiques? Parce que le
scénario que le gouvernement met de l'avant, là, on ne le sait pas si ça va
être le bon scénario. On ne le sait
pas si l'économie va pouvoir reprendre comme il le prévoit ou pas. Donc,
l'Ontario, ce qu'ils ont fait, c'est
qu'ils ont donné leurs prévisions à eux selon le meilleur de leurs
connaissances, puis ils ont donné un scénario optimiste puis un scénario pessimiste, puis, à partir de ça, bien, les
Ontariens ont pu savoir à quoi s'en tenir selon les différents
scénarios, selon l'évolution de la situation épidémiologique.
Le gouvernement
avait choisi une approche différente, ils nous ont dit : Voilà, ça va être
6 %, ça, ça va être l'augmentation
en 2021. Aujourd'hui, ils prennent la même approche. Ils nous disent : On
s'est trompés, ce n'était pas 6 %, finalement, ça va être 4,2 %, parce que la reprise économique n'a
pas été aussi bonne qu'on pensait, parce qu'on est presque le
1er avril puis les restrictions sont encore en place. Ça, le gouvernement
ne l'avait pas prévu dans sa mise à jour de novembre.
Il nous avait dit : En janvier, tout va être normal, inquiétez-vous pas,
l'économie va reprendre comme elle se doit. Mais ce n'est pas ça qui s'est
passé, alors la mise à jour économique de novembre, elle aussi est périmée,
elle aussi, elle vaut à peine le
papier sur lequel elle a été imprimée. Puis le risque, Mme la Présidente, de ce
document-là, c'est que lui aussi devienne périmé, parce
qu'encore une fois l'Ontario a fait le choix de dire : Bien, voici trois
scénarios, voici notre prévision à
nous, elle est peut-être bonne, elle n'est peut-être pas bonne, on ne le sait
pas, on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve.
La semaine
passée, là, quand ce document-là a été mis de l'avant, il n'y avait pas
1 000 cas par jour. Aujourd'hui, on est à 1 025. Ça va être quoi la semaine prochaine? Ça va être
quoi l'autre d'après? Est-ce qu'il va y avoir des restrictions additionnelles? On ne parlait pas de ça la semaine
dernière. Là, le premier ministre a une annonce ce soir, annonce à
17 heures, ce n'est pas bon
signe pour les restrictions. Alors, qu'est-ce que ça va avoir, ça, comme impact
sur le PIB? Qu'est-ce que ça va avoir comme impact sur les revenus
gouvernementaux? Qu'est-ce que ça va avoir comme impact sur les dépenses?
On ne le sait pas parce qu'il n'y a pas de
scénario pessimiste. Tout ce qu'on sait, c'est qu'en date du 25 mars, la
semaine dernière, bien, c'était le
scénario qui était envisagé. Il est-u encore bon? Pas sûr. Est-ce qu'il y a un
autre scénario qui aurait pu être mis
sur la table qui serait peut-être plus adapté, sachant ce qu'on sait déjà six
jours plus tard puis sachant où on s'en va? Peut-être, Mme la
Présidente.
Mais je vais
quand même prendre le temps d'élaborer un peu sur ce qu'ils ont mis de l'avant.
Le 4,2 %, Mme la Présidente,
la consommation... ce 4,2 % là, il est basé sur quoi? Une hausse de
5 % de la consommation des ménages. Très possible, très possible, Mme la Présidente. Des investissements
résidentiels en hausse de 5,5 %, ça, c'est plus que la normale. Si vous regardez les années après, là, juste dans
les prévisions du gouvernement, après ça, ça monte d'environ 1 % par
année. Et c'est probablement vrai pourquoi? Parce que le prix des
maisons est complètement démesuré en ce moment.
Avez-vous
regardé pour une maison dernièrement? Avez-vous essayé d'acheter un condo, une
maison, un chalet, un investissement
résidentiel dernièrement? Les prix sont à la hausse. Les jeunes familles du
Québec qui achètent pour la première
fois... Parce que quelqu'un dans ma situation, là, qui veut changer de maison,
ce n'est pas la fin du monde, je vais
faire un gros profit sur ma maison, je vais en acheter une autre, ça va être
correct. Mais quelqu'un qui achète pour la première fois, en ce moment, ça va être difficile. Soit ils vont prendre
des risques aberrants en ne faisant pas d'inspection, en ne prenant pas toutes les précautions qu'on
prend habituellement quand on achète une résidence ou encore, ou encore,
ce qu'ils font faire, c'est qu'ils vont
s'endetter pendant des années et des années. La banque vous donne toujours un
petit peu plus que ce que vous êtes
vraiment capable de payer ou ce que vous devriez payer. Là, il y a des gens qui
se disent : Bien, je n'ai pas le choix, c'est ce type de résidence
là dans ce quartier-là que je veux. Je prévoyais, dans mon plan, que cette maison-là, elle vaudrait 300 000 $,
bien, aujourd'hui elle en coûte 400 000 $, 450 000 $. Mais
ils vont-u l'acheter pareil? Fort probablement, Mme la Présidente. Ils
vont-u essayer de l'acheter? Fort probablement, et il y a des gens qui vont s'endetter pendant des années et des années.
Alors, est-ce que c'est réaliste de penser qu'on va augmenter les
investissements résidentiels? C'est bien possible, Mme la Présidente, mais il y
a quelque chose qui se cache derrière ça, il y a quelque chose qui est loin d'être positif qui se cache derrière
ça pour les jeunes familles du Québec. Et pourtant il n'y a aucune mesure de
mitigation. Il n'y a aucune solution qui est mise de l'avant. Et est-ce qu'il y
a une raison pour ça? Pas nécessairement. On en a parlé ici, à
l'Assemblée, pendant longtemps.
• (11 h 30) •
Est-ce qu'on fait quelque chose pour les
investissements étrangers? Non. Est-ce qu'on fait quelque chose pour le logement abordable? Absolument pas. Est-ce
qu'on fait quelque chose, je ne sais pas, moi, Mme la Présidente, pour des
incitatifs financiers pour les gens qui se
retrouvent dans cette situation-là? Non plus. Alors, pour les jeunes familles, là, qui sont en processus d'achat de maison ou qui
rêvent ou qui veulent, ou qui pensent, ou qui pensaient pouvoir s'acheter une
maison cette année, malheureusement, ici, là-dedans, il n'y a rien. Puis ça, c'est une situation qu'il y a
un an, là, on n'aurait pas pensé nécessaire, mais qui aujourd'hui est nécessaire
et pour laquelle il n'y a pas cette vision-là.
Un bon point
pour le gouvernement, tiens, je vais me payer une traite en partant :
le Fonds des générations. Je le sais, qu'il y a eu de l'hésitation du gouvernement. Je le sais, que ce n'était pas clair. Qu'est-ce qu'on fait avec le Fonds des
générations? Est-ce qu'on prend de l'argent dedans? Est-ce
qu'on investit moins cette année? Le gouvernement s'est posé ces questions-là, Mme la Présidente, mais a choisi la bonne approche, une approche que, probablement, le collègue de Québec solidaire n'aurait pas
prise, mais, bon, ce ne serait pas la première fois que Québec solidaire se trompe de façon éhontée ou...
non, de façon, disons... Je le sais, il y a trop de qualificatifs, Mme la Présidente. Disons que Québec solidaire prend le
chemin le plus nocif pour l'économie québécoise. Mais le Fonds des générations, il est
important pour une raison puis une
raison toute simple, c'est qu'il est là par principe d'équité
intergénérationnelle. Vous le savez, Mme
la Présidente, on est à peu près
du même âge, donc dans la même génération. Et c'est bien triste, mais il y a beaucoup
de gens de notre génération qui regardent la génération qui nous a
précédés puis qui trouvent qu'ils n'ont pas laissé le Québec dans un superétat, hein, qu'ils nous ont endettés beaucoup.
Puis je ne voudrais pas, Mme la
Présidente, qu'on fasse la même chose
à mes enfants. Sentez-vous pas visé
personnellement, M. le député, mais je ne voudrais pas qu'on fasse à mes
enfants ce que certains reprochent à une génération un peu plus âgée.
Alors, le principe d'équité intergénérationnelle, il est important.
Du côté des
dépenses, Mme la Présidente, et je pense que c'est le point primordial, si
vous avez une chose à retenir du budget, là, regardez les colonnes des dépenses
gouvernementales, mais pas nécessairement cette année,
celles des années à venir. En 2022‑2023, ça, c'est l'année où il y aura une élection, en 2022‑2023,
le gouvernement de la Coalition
avenir Québec annonce qu'il va
investir, s'il est réélu, 4 % en
santé. 4 % en santé, c'est maintien. 4 %, en santé, c'est : pas
de rattrape de quoi que ce soit. On ne rattrape pas des chirurgies avec
4 % en santé, on ne donne pas des soins supplémentaires en santé mentale avec 4 % en santé, on s'en tient à peu près à ce qu'on dépense
aujourd'hui. Mais, pour tout le reste — je
mets l'éducation de côté, là — pour
tout le reste, Mme la Présidente, c'est moins 0,2 % d'augmentation de dépenses, moins 0,2 %. Ça, c'est une diminution des dépenses.
Ce n'est pas une diminution du taux de croissance. Une diminution de taux
de croissance, là, c'est quand les budgets augmentent, mais pas assez ou un peu
moins que l'année précédente. Hein, l'année
précédente, on avait augmenté un budget de 1 million, on l'augmente de
500 000 $, ça, c'est une augmentation plus basse du taux de croissance. Mais, quand on a un
taux de croissance négatif, ça veut dire qu'on investit moins que l'année d'avant, ça veut dire qu'on n'est pas capables d'investir au
même niveau, ça veut dire qu'on n'est pas capables de donner les mêmes
services, ça veut dire qu'il y a quelque chose qu'il faut couper. Là, je fais
fi de l'inflation, là, mais il faut couper quelque chose.
On est
125 députés ici. Si on diminue le budget de l'Assemblée nationale, bien,
en théorie, là, on serait 124. C'est ça qui va se passer dans tous les autres
ministères, tous les autres ministères qui ne sont pas la Santé et l'Éducation.
Ça, c'est la Famille, garderies. Ça, c'est
l'environnement, ça, c'est l'Agriculture, la Forêt, la Justice, tout le
Transport. Tous les autres secteurs
d'activité, Mme la Présidente, moins 0,2 %, diminution des budgets. C'est
le fun à entendre? Pas vraiment, mais
c'est important à retenir, parce que la Coalition avenir Québec vous promet
que, si vous votez pour eux, il va y avoir une diminution des budgets
dans tous ces secteurs-là. Et il y a du monde qui aime ça, Mme la Présidente,
il y a du monde qui vote pour ça, moins
d'État, moins de services. Laissez-moi faire mes propres affaires, je vais m'en
occuper, moi. Il y a du monde qui
vote pour ça. Si c'est l'électorat que courtise la Coalition avenir Québec,
bonne chance. Si la Coalition avenir Québec nous dit : Inquiétez-vous pas,
on ne coupera pas dans les services, on va couper dans le gras. Bien, il
n'y en a plus, il n'y en a plus d'endroits où aller chercher ces économies-là,
Mme la Présidente. Alors, c'est important de s'en souvenir, c'est important de savoir que ce ne serait pas une surprise si
le gouvernement de la CAQ est réélu, si son premier ministre est réélu,
il va couper dans tous ces budgets-là.
Et, de la façon que le ministre des Finances
l'exprime, c'est intéressant, Mme la Présidente. Il nous dit : On ne se rendra pas là avant qu'il y ait le plein-emploi,
on ne coupera pas avant qu'il y ait le plein-emploi. Parce qu'il prévoit, selon
sa vision un peu bizarre de ce qu'est le plein-emploi... il prévoit qu'en 2022‑2023
il va pouvoir couper. Le problème, c'est
qu'il nous dit, lui aussi, il nous
dit lui-même qu'il va être à 6 %, le taux de chômage. 6 % de taux de chômage, ce
n'est pas le plein-emploi. Le plein-emploi, dans sa définition qui lui sert
bien, Mme la Présidente, cette définition qu'il lui donne lui-même, mais qui
fait bien son affaire, c'est le même niveau d'emploi avant la pandémie, le même
nombre de Québécois qui travaillent qu'avant
la pandémie. Ce n'est pas le plein-emploi, ça. On va être plus. Il va y avoir
plus de Québécois, il va y avoir plus
de monde au Québec. Donc, qu'il y en ait le même nombre qui travaille qu'avant,
ce n'est pas le plein-emploi. Il va y avoir 6 % de taux de chômage, puis
le ministre des Finances nous dit : Moi, je vais couper dans les
programmes. Ça, c'est le plan électoral de la Coalition avenir Québec :
6 % de taux de chômage, je coupe dans les programmes. Nous, on va s'en souvenir, Mme la Présidente. J'espère que
les Québécois vont s'en souvenir. Mais ce sera, sans contredit... Et
j'espère, j'espère qu'ils vont avoir l'honnêteté de le répéter aux Québécois en
campagne électorale, l'honnêteté de regarder
les Québécois dans les yeux, de ressortir ce document-là puis de leur dire :
Oui, c'est ça. Nous, notre façon d'aller de l'avant, c'est de couper,
même s'il y a 6 % de taux de chômage.
Dans les
enjeux, Mme la Présidente, en santé, qui prend une grande part des documents
budgétaires, et ça, c'est une bonne
chose, la santé, c'est l'exemple flagrant, le plus flagrant exemple qu'on a pu
trouver de faire les choses exactement comme on les faisait avant.
Qu'est-ce qui a changé depuis le début de la pandémie, Mme la Présidente? Santé
mentale. C'est-u moi ou c'est un peu moins
tabou que ça l'était avant la pandémie? C'est-u moi ou il y a un petit peu plus
de gens qui en parlent, qui osent en parler? Il y a un petit peu plus de
gens qui se disent : Moi, j'aurais besoin de consulter. Il y a un petit peu plus de gens qui sont honnêtes
par rapport à comment ils se sentent, qui n'hésitent pas à le dire. Et ça,
c'est une bonne chose, qu'on soit
capable d'en parler. Mais ce n'est pas une bonne chose si on ne va pas bien. Ce
n'est pas une bonne chose, qu'il y en
ait davantage, entre nous, qu'il y ait davantage de Québécois qui se disent :
J'ai besoin d'aller consulter. J'ai besoin de voir quelqu'un.
Et, dans ce budget-là, Mme la Présidente, il n'y
a pas ce service-là pour tout le monde. Il n'y a pas le programme universel d'accès à un professionnel en santé
mentale qu'on demande depuis des mois, qu'on demande depuis le début de la
pandémie, en fait. Et là le gouvernement ne peut pas dire : Oui, mais les
gouvernements précédents ne s'en sont pas occupés.
Mme la Présidente, ça, ça fait partie du Québec qui a changé depuis le début de
la pandémie. Oui, il y avait des gens
qui avaient des besoins en santé mentale, mais le besoin est tellement plus
grand, le besoin est tellement plus important, l'impact sur nos quotidiens, sur nos vies est tellement plus important.
Nos enfants, Mme la Présidente, ont besoin d'aide en santé mentale. Nos parents ont besoin d'aide en santé mentale. Quand tu as
70 ans puis que tu n'as pas vu ton petit gars ou ta petite-fille
depuis des mois puis des mois, ça se peut que tu n'ailles pas bien.
Ma
grand-mère, moi, elle a 80... je ne veux pas le dire, je vais être poli avec
elle, je ne le dirai pas, mais elle n'a pas vu ses petites-filles depuis un an
puis elle ne va pas bien, elle vit pour eux autres, là. C'est ça,
sa raison de vivre, c'est de passer
des soirées avec ses arrières-petits-enfants. Est-ce qu'elle a besoin de voir quelqu'un? Est-ce qu'elle va me le
dire? Je ne le sais pas. Est-ce que ça lui
ferait du bien de savoir où se tourner puis d'avoir accès à un professionnel
rapidement? Sûrement. Moi, ça me ferait du bien, Mme la Présidente. Je
pense que ça ferait du bien à tout le monde.
• (11 h 40) •
Alors, de
savoir que la santé mentale n'est pas traitée sur le même pied d'égalité que la
santé physique, c'est une immense déception pour nous. Puis je le dis
tout de suite aux gens de la Coalition avenir Québec, mais je le dis tout de suite aux Québécois : On va continuer de
pousser de ce dossier-là. On va l'amener. On va en parler dans les prochains
mois, les prochaines années. Si le gouvernement n'est pas partant pour faire
quelque chose de significatif sur la santé mentale, bien, ce n'est pas grave, on va continuer d'en parler, on va
continuer de le dire, on va continuer de militer pour ça, puis ça va être dans notre programme électoral. On
va en parler parce qu'il faut en parler, parce que c'est un besoin. C'est
un besoin presque primaire, à ce moment-ci.
Le rattrapage
des chirurgies, Mme la Présidente, 130 000 Québécois,
130 000 Québécois qui attendaient, c'est du monde, là. On est 8 point quelques millions...
8 virgule, pour utiliser du bon français, 8 virgule quelques
millions. C'est 130 000 Québécois qui ont vu leurs chirurgies
reportées, des gens qui souffrent, des gens qui ont mal. Des fois, là, des fois,
c'est des choses qui peuvent attendre un
peu. Des fois, c'est des choses pour lesquelles nous, on est prêts à dire :
Je sais ce qui se passe dans le réseau de la santé, je le sais, que ce
n'est pas facile pour personne, je suis prêt à attendre, il n'y a pas de trouble, il y a
d'autre monde qui souffre, il y a d'autre monde qui ont mal en ce moment, il y
a d'autre monde qui ne savent pas où
se tourner puis qui ne savent pas quand ils vont pouvoir avoir cette
chirurgie-là. Et, des fois, là, des fois, ça a un impact dévastateur
dans notre vie, dans notre habileté à faire les choses au quotidien. Des fois,
ça a un impact dévastateur dans la vie d'une
famille de voir un membre de la famille qui souffre comme ça. Et, pour tous ces
gens-là, le gouvernement a choisi de dire : Non, on ne mettra pas
un fonds dédié pour le rattrapage des chirurgies.
Pourquoi on demande un fonds dédié? Ce n'est pas
compliqué, Mme la Présidente. Si vous faites juste mettre de l'argent
dans le réseau de la santé, là, des fois c'est utilisé pour la bonne affaire,
des fois c'est utilisé pour autre chose : Ah! il y a une fenêtre qui coule, on va prendre cet argent-là puis on va
mettre là. Mettez un fonds dédié, on va s'assurer que ça va être utilisé pour le rattrapage en
chirurgie. Je ne suis pas en train de dire qu'ils n'auront pas un plan.
J'imagine, j'espère, j'ose croire
qu'il va y en avoir un. Mais, pour que tous les établissements de santé se
disent : Cet argent-là, c'est de l'argent pour la chirurgie puis la reprise de la chirurgie pour les
130 000 Québécois qui ne savent quand ils vont avoir la leur, je
pense que c'est, pour eux, mais pour nous,
une immense déception, que ce ne soit pas là-dedans. Puis c'est ça, le Québec
post-COVID, c'est ça, avoir une vision
différente, de ne pas faire les choses comme elles ont toujours été faites, de
dire : Ça, c'est important, il faut investir là-dedans, puis cet
argent-là ne s'en va pas ailleurs.
Mais
je sais ce que le gouvernement va nous dire, Mme la Présidente. Ils vont nous
dire : On a 526 millions pour l'accès en première ligne. Bon, dans le détail des chiffres, là, dans
l'accès à la première ligne, moi, quand j'entends «accès en première
ligne», je pense urgence, médecins de famille, CLSC, accès de première ligne,
psychologues, peu importe, accès de première
ligne. Mais, quand on décortique ce qui est là-dedans, l'accès de première
ligne, c'est le rehaussement du PSOC, le Programme de soutien aux
organismes communautaires, excellent programme, bonne affaire d'investir là-dedans. On a tous des groupes dans nos
communautés qui font des bonnes choses avec cet argent‑là. Est-ce que c'est
toujours de la première ligne en santé? Non. Moi, dans le PSOC, là, il y a des
maisons des jeunes dans mon comté, superinitiative,
extrêmement importante. Ils font un travail phénoménal. Je les salue, la maison
des jeunes du Pontiac, la Maison de
la famille de Quyon. Des gens dédiés, mais c'est-u de la première ligne en
santé? Pas nécessairement, Mme la Présidente.
Première
ligne en santé, 112 des 526 millions, 112, à peu près, un petit peu moins
que le quart, Mme la Présidente, 112 millions
pour la transformation numérique du réseau de la santé. En fait, ce n'est même
pas juste de la transformation numérique.
Quand on regarde les documents budgétaires, on se rend compte que c'est
112 millions pour des embauches en TI, embaucher des ressources en technologies de l'information pour le
ministère de la Santé. 526 millions en première ligne, 112 pour l'embauche de ressources en TI. Le grand
gagnant de ce budget-là? Le ministre de la Transformation numérique.
Là,
je veux vous citer un passage, Mme la Présidente. Dans ce 526 millions là,
il y a de l'argent pour faciliter l'accès aux services médicaux de première
ligne, 300 millions. Écoutez bien ça. Le gouvernement se préoccupe des
gens qui n'ont pas de médecin de famille, bonne affaire, il y en a
plusieurs. Il y en a de plus en plus en Outaouais, d'ailleurs, M. le député. Pour ces gens-là... «...des guichets
d'accès de première ligne seront créés pour les personnes qui sont toujours
en attente d'un médecin de famille. De plus,
des ressources additionnelles seront embauchées pour soutenir les guichets
d'accès pour la clientèle orpheline.»
Un guichet d'accès pour le guichet d'accès. Il y en a déjà, un guichet d'accès.
Le guichet d'accès pour les médecins de famille, là, vous allez sur
Internet, vous vous inscrivez, vous donnez votre numéro d'assurance maladie, vous dites : Mon médecin vient de
prendre sa retraite, j'en ai besoin d'un nouveau, vous vous inscrivez, ça va
vous dire : Dans votre région, vous
allez avoir un médecin en 426 jours. Vous checkez quelques semaines plus
tard, c'est rendu 480 jours, mais ce n'est pas grave. Il y en a un,
guichet d'accès pour un médecin de famille. Là, on va créer un guichet d'accès pour les gens qui sont déjà sur le
guichet d'accès. Ça, là, ça ne va pas réduire la taille de la liste d'attente,
Mme la Présidente. Ça, c'est comme distraire les gens pendant qu'ils attendent
pour un médecin de famille. Ça, c'est comme si vous êtes en ligne pour aller au
cirque, là, puis vous n'êtes pas capable de rentrer dans la tente encore parce qu'il y a trop de monde à l'intérieur, mais on
vous envoie un clown dans la ligne d'attente pour vous divertir un petit peu
pendant que vous attendez. Ça ne prendra pas moins de temps, mais vous pensez
que ça va prendre moins de temps parce qu'on
vous divertit. C'est une distraction, Mme la Présidente. Un guichet d'accès
pour le monde qui sont déjà sur le guichet d'accès. «Come on!»
Le
gouvernement va nous dire : Ah oui! mais j'ai 287 millions en santé
mentale, 50 millions par année, là. Mais je n'accepte pas ça, Mme la
Présidente. Je n'accepte pas que c'est suffisant, 50 millions par année,
les besoins sont trop grands. La
COVID a exacerbé les besoins en santé mentale. On n'est pas, je le répète, on
n'est pas dans le même monde qu'on était avant la COVID. On ne peut pas
faire un «reprint» du budget de 2020 puis s'attendre à ce que ça marche. On va nous dire, Mme la Présidente, qu'il y a
255 millions pour des personnes vulnérables, dont 22 millions pour
les femmes. Le gouvernement s'en
vante sur toutes les tribunes, là, je ne comprends pas, je ne comprends pas
comment il fait pour s'en vanter sur toutes les tribunes, pour nous dire que
c'est la meilleure affaire depuis l'invention de la roue. 22 millions.
Et puis le ministre
des Finances qui nous dit : Bien, s'il y a des besoins supplémentaires, on
y répondra. Le premier ministre qui nous dit : S'il y a des besoins
supplémentaires, on y répondra. Si. Il y a quelqu'un qui n'a pas fait sa job en quelque
part, Mme la Présidente. La ministre
de la Condition féminine, sa job,
c'est d'aller informer le ministre des
Finances avant l'impression du budget puis de lui dire : Il y a des
besoins pour les maisons qui hébergent les femmes en situation de violence conjugale, il y a des
besoins, puis j'ai besoin que tu investisses, comme ministre, j'ai besoin que
tu investisses là-dedans, voici les besoins.
Le ministre des Finances ne devrait jamais, au grand jamais, dire : S'il y
a des besoins. Si, un jour, Mme la
Présidente, il y a quelqu'un en face qui utilise la phrase : S'il y a des
besoins dans Pontiac, on va y
répondre, bien, je n'aurai pas fait ma job, parce que ma job, c'est qu'ils
sachent tout, que tout le monde, là, qui est en position de faire quelque chose, comme le ministre des Finances, sache
exactement ce dont j'ai besoin, ce dont les gens chez nous ont besoin. La
ministre de la Condition féminine n'a pas fait sa job.
Puis, quand
elle nous dit 22 millions, 22 millions, Mme la Présidente, écoutez
bien ça, puis vous pourrez le regarder, page B.49, ce n'est même pas 22 millions pour des
maisons d'hébergement : «Cette somme aidera notamment un plus grand
nombre de victimes de
violence conjugale à accéder aux ressources d'hébergement d'urgence — très bien — et permettra de consolider les services de consultation externe.» Deux choses
nécessaires. Mais qu'ils ne viennent pas nous dire que c'est 22 millions de plus pour les maisons
d'hébergement, ce n'est pas ce qui est écrit dans les documents budgétaires.
Puis moi, j'ai tendance à me fier à ce qui est écrit noir sur blanc ici.
• (11 h 50) •
Alors, on réitère notre demande. Devancez les
sommes qui sont promises pour l'an prochain, pour les maisons d'hébergements.
Elles en ont besoin aujourd'hui. N'attendez pas à l'an prochain pour les
distribuer, c'est aujourd'hui qu'elles en ont besoin.
Alors, le gouvernement va nous dire : En santé, inquiétez-vous pas, M. le député, on a
526 millions en première ligne, on
a 287 millions en santé mentale, on a 255 millions pour les personnes
vulnérables, on a 252 millions pour les jeunes en difficulté. Ça, c'est ce que le gouvernement va dire. Je veux entendre leur discours sur le budget, mais je le sais
déjà, c'est ça qu'ils vont
nous dire, Mme la Présidente. Le problème, c'est qu'il manque 30 000 professionnels
en santé. Il manque 10 000 infirmières.
10 000! 500 dans la région de la Montérégie-Ouest, ça, c'est Vaudreuil,
Châteauguay, Valleyfield puis les
environs, là, il manque 500 infirmières. Combien il en manque en
Outaouais? Il en manque des centaines. Combien il en manque à Québec? Il en manque des centaines. Il
manque 10 000 infirmières. Alors, vous avez beau me dire : On va
investir 526 millions en première
ligne, 287 millions en santé mentale, vous n'avez pas, nous n'avons pas le
personnel pour donner ces
services-là. Cet argent-là, il va être retourné au Conseil du trésor. Il ne
sera pas dépensé ou il ne sera pas dépensé aux bonnes places parce qu'on
n'a pas le personnel pour donner les soins nécessaires.
Et qu'est-ce
qui était la réponse du gouvernement à ce problème-là? Manque d'infirmières? On
va mettre 7 millions, 7 millions
pour former des infirmières. On leur a demandé, Mme la Présidente, on est allés
les voir. Pendant le huis clos du budget, avec le député de
Robert-Baldwin, on est allés les voir puis on leur a dit : Pouvez-vous
nous dire combien d'infirmières vous allez
former avec ce 7 millions-là? Réponse : On ne sait pas. Mot pour mot,
textuellement, je vais vous signer un
affidavit, Mme la Présidente, c'est ça qu'on nous a dit. On ne sait pas. On
sait combien il en manque, on ne sait pas
combien on est capable d'en former. Il me semble qu'on est parti de la mauvaise
place. Il me semble qu'on devrait se dire :
Combien on a besoin d'en former? Et donc combien d'argent on a besoin? Là on a
dit : Bien, on a 7 millions dans un fond de tiroir, oui,
mettez ça là-dedans, formez les infirmières.
Je ne le sais pas, Mme la présidente, mais j'ai
l'impression, j'ai l'impression que, sans professionnel, sans les
30 000 personnes qui manquent dans le réseau de la santé, on ne sera
pas capable de dépenser tout cet argent-là. Le gouvernement aurait pu dire :
On investit la moitié, la moitié du budget de l'État, c'est à peu près ce
qu'ils font à chaque année, mais on va
investir la moitié du budget de l'État pour augmenter les dépenses en santé,
hein, on va aller dans un déficit de
50 milliards, tout pour mettre cet argent-là en santé. Ce n'est pas grave,
ça ne change rien, Mme la Présidente, ils
ne seront pas capables d'embaucher du monde pour donner ces services-là. Alors,
526 millions, là ça veut dire zéro puis une barre, ça ne veut rien
dire.
Si vous
n'avez pas les ressources nécessaires pour donner les services, on ne sera pas
capable de le faire. On ne sera pas
capable d'aller voir le Québécois qui est en attente d'une chirurgie puis de
dire : Voilà la date à laquelle tu vas avoir ta chirurgie, on a tout le monde dont on a besoin
pour donner les services. Ils ne seront pas capables d'aller voir quelqu'un qui
attend pour une consultation en santé mentale puis dire : Oui, oui, tu
peux aller voir un professionnel parce qu'on en a un de disponible maintenant. Le gouvernement
investi à la mauvaise place, Mme la Présidente, puis ce qui va se passer, c'est
que tout son château de cartes va s'écrouler. Il ne sera pas en mesure de
donner ces services-là. Mais il pouvait le faire, il pouvait le faire,
c'est un choix que le gouvernement fait. On choisit d'investir 7 millions
en santé puis on choisit d'investir
25 millions en technologies de l'information, 7 millions pour former
des infirmières, 25 millions pour former du monde en technologies
de l'information. Je l'ai dit tantôt, je le redis, grand gagnant de ce
budget-là : le ministre de la Transformation numérique.
Est-ce que
c'est mauvais d'investir en technologies de l'information? Bien non. Est-ce
qu'on a besoin de former du monde
dans ce secteur-là? Bien oui. Est-ce que 7 millions, pour les infirmières,
c'est assez? Est-ce qu'avec ça, on va être capables de donner des
services supplémentaires? Non, Mme la Présidente. Non. Le ministre de la
Transformation numérique, il est crampé, Mme
la Présidente. Mais, de dire sur toutes les tribunes que c'est un budget qui
est bon pour les aînés quand c'est
eux qui ont besoin des services en santé d'abord et avant tout, ça, Mme la
Présidente, je n'y crois pas. Ce n'est pas un budget... Quand ils disent
sur toutes les tribunes : Ah! ce budget-là est bon pour les aînés... Mon
oeil!
O.K. Le gouvernement
nous fait, en santé encore... Puis je vais continuer pendant un bout. Ça va
bien, mon affaire, Mme la Présidente.
On ne sait jamais quand ça n'ira plus bien. Parlons de nationalisme. Le leader
adjoint n'a pas aimé ça en parler,
tantôt, n'a pas aimé ça que le chef du PQ, le chef parlementaire du PQ lui
parle de nationalisme, lui dise essentiellement que ce n'est pas vraiment un parti nationaliste, en face. Depuis le
début de la crise, le gouvernement nous dit : Nous, on a investi plus dans la relance économique que
n'importe quel autre gouvernement au Canada. Il nous répète tout le temps ça,
Mme la Présidente. Dans leur document budgétaire, dans la mise à jour qu'ils
nous ont donnée au mois de novembre, il y avait à peu près le quart de
leur relance économique, de l'argent investi en relance économique. C'était
pour acheter des blouses, des équipements de protection médicale, c'est des
dépenses du gouvernement. Oui, c'est des dépenses du gouvernement. Est-ce que c'est de la relance économique? Non. C'est des
dépenses nécessaires de la part du gouvernement. Alors, déjà, de nous dire que c'est une mesure de relance économique,
ouais, O.K. Mais, quand on lit les documents budgétaires...
Et puis là,
je pense que c'était l'année passée, Mme la Présidente, je pense que c'était
dans le même discours, je vous avais raconté, je pense que c'était vous qui
étiez sur le trône en plus, l'histoire de mon père quand j'ai acheté un char
pour la première fois. Avec mon père, on était partis de l'Outaouais, on était
allés jusqu'à Beauport. Puis là, moi, j'étais bien
content d'acheter mon premier char. Là, mon père, il m'enferme dans... il dit
au vendeur : Viens avec moi; nous autres, on sort. Il m'enferme dans la pièce puis il dit : «Kid», tu vas
lire tout le «fine print», hein, tu vas lire tous les petits détails de ce contrat-là. Alors,
je fais honneur à mon père encore une
fois, je suis allé lire tous les
petits détails du budget : «Le gouvernement vise à ce que 25 %
des équipements de protection individuelle soient fabriqués au Québec.»
25 %. Ils mettent ça dans leur plan de
relance économique, là, comme la meilleure affaire depuis le pain tranché. Ils
nous disent : Ah oui! Ça, là,
ça, ça fait partie de notre plan de relance. Oui, le plan de relance du
Mexique, de la Corée puis de n'importe où d'autre où est-ce qu'ils achètent des équipements de protection
individuelle... Mais ce n'est pas de la relance d'économie du Québec, c'est de l'argent qui sort du Québec. On en
a-tu besoin, de ces équipements-là? Oui. Y a-tu des fabricants, des manufacturiers au Québec qui pourraient en faire
davantage? Assurément. Y en a-tu, des articles de journaux qui disent :
Nous, on n'est pas capables d'avoir accès
aux contrats du gouvernement? On en a. On est capables de faire cet
équipement-là, on n'est pas capables d'avoir accès aux contrats du
gouvernement. Il y en a un puis un autre. Mais le gouvernement vise 25 %. Alors, tenez-le pour dit, de ce
2 780 000 000 $ qu'il reste à dépenser pour de l'équipement
de protection individuelle, il y en a
les trois quarts que c'est de l'argent qui sort du Québec. Dites-moi pas que
c'est un plan de relance de l'économie québécoise.
J'ai une
bonne nouvelle pour vous, Mme la Présidente. Le 31 août 2021, la pandémie
est terminée. Saviez‑vous ça? Moi, je
ne savais pas ça. J'ai appris ça en lisant les... En lisant quoi? En lisant les
petits caractères au bas de chaque tableau. 31 août 2021. À partir du 31 août 2021, on n'a plus besoin
d'investir dans les équipements de protection individuelle pour les travailleurs de la santé. À partir du
31 août 2021, on n'accorde plus les primes aux travailleurs de la santé
qui travaillent avec les gens qui sont atteints de COVID. C'est assez simple,
c'est écrit noir sur blanc : «Ces montants prévoient le maintien
des primes et la prolongation du soutien spécifique jusqu'au 31 août
2021.» «Ces montants prévoient les équipements de protection individuelle nécessaires jusqu'au 31 août 2021.» Il
n'y a plus personne dans le système de la santé qui va avoir besoin d'une blouse, d'un masque ou de
n'importe quoi d'autre après le 31 août 2021, la pandémie va être terminée,
parole du ministre des Finances. C'est le
fun, je suis content, bonne affaire, ça va être fini. Franchement, Mme la
Présidente, franchement, ne venez pas
me dire qu'on n'aura plus besoin de masques. Déjà qu'ils n'avaient pas prévu la
première vague. Déjà qu'ils se sont dit : La deuxième vague, ah! ça va
être fini au mois de janvier. Déjà que, la troisième vague, la semaine dernière, le premier ministre nous disait :
Nous, on résiste à la troisième vague, là ils nous disent qu'il n'y en aura
pas, de quatrième. Pas un bon signe, d'après moi.
•(12 heures) •
Mais, Mme la
Présidente, après avoir dit aux employés du réseau de la santé, les employés de
l'État, que leurs primes à eux se terminaient le 31 août 2021,
page B.27, vous pourrez aller voir, retrait graduel des subventions
accordées aux RPA pour leur personnel
soignant sur cinq ans, pour le personnel soignant en résidence de personnes
aînées, pour le personnel soignant en
résidence de personnes aînées, le gouvernement prévoit des bonifications
pendant cinq ans. Pour son personnel à
lui, le personnel du réseau de la santé, c'est fini le 31 août 2021.
Belle marque de respect, belle marque de respect pour les employés qui se dévouent corps et âme. Ça, je
le sais, que vous êtes d'accord avec moi. Je le sais, qu'individuellement
tous les députés ici sont d'accord avec moi, qu'ils se dévouent corps et âme
depuis des mois.
Le
gouvernement investit 500 places en hébergement, Mme la Présidente,
500 nouvelles places en matière d'hébergement. Où sont ces
500 places là? Dans les maisons des aînés? Mais, non, elles ne sont pas
prêtes. Dans les CHSLD de l'État? Mais, non,
ils sont complets, ils sont pleins, ils débordent. Les listes d'attente sont
dans chacune des régions. Le
gouvernement nous dit : 500 places dans les CHSLD privés. Ils ne
l'écrivent pas dans les documents budgétaires. Mais, quand on leur demande, c'est à peu près la seule place où ils
peuvent ajouter des places supplémentaires. Donc, il y a 500 Québécois qui, au cours de la prochaine
année, vont avoir un avis du ministère de la Santé qui va dire : On vous a
trouvé une place, on vous a trouvé
une place en soins de longue durée, CHSLD privé, les mêmes CHSLD que le
gouvernement voulait nationaliser il
y a quelques mois. Il n'en parle plus bien, bien, de ça, mais il va appeler
500 Québécois pour leur dire :
On vous a créé une nouvelle place dans les CHSLD privés. Là, on parle des
conventionnés, on va en faire quelques-uns d'ici l'élection. Mais, nationaliser, on n'en parle plus, puis on
octroie des places dans ces CHSLD là, qui étaient source de
consternation pour tout le monde au gouvernement.
Savez-vous
quoi, Mme la Présidente? Je suis un peu à court de temps, donc je vais laisser
tout le volet éducation à ma collègue
de Saint-Laurent, qui en aura très certainement long à dire. Mais il y a une
chose sur laquelle je veux revenir, l'infrastructure sportive. C'était
tellement important pour le gouvernement que c'est la mesure qu'ils ont coulée
avant le budget, la mesure qu'ils ont coulée
avant le budget. Ils se sont dit : Oui, on met 125 millions
là-dessus. Je salue mon père, Mme la Présidente. 125 millions,
d'accord. Note : « Les crédits de 20 millions en 2022‑2023 et de
20 millions en 2023‑2024 seront versés au ministère de l'Éducation.
L'enveloppe d'investissements de 125 millions — écoutez bien celle-là — comprend un report d'investissements de 54,6
et des investissements additionnels de 70,4...» Là, ils viennent de nous
dire : Bon, bien, finalement, dans le 125, il y en a juste 70,4 que
c'est du nouvel argent.
Je n'ai pas
terminé. «L'impact financier de ces investissements additionnels est de
40 millions puisqu'un montant de 30,4 [...] provient de réallocations de
priorités.» Donc, même dans le 70 qui est du nouvel argent, ils en prennent
juste... ils en prennent 30 d'ailleurs pour le mettre dans l'infrastructure
sportive.
125 millions, c'était la grande priorité,
le ministre des Finances l'a annoncé en même temps qu'il s'achetait des souliers, qui n'étaient pas vraiment bons pour
ce qu'il voulait faire, mais, quand même, c'est la mesure qu'ils ont annoncée avant le budget, ils nous ont dit : 125
millions pour les infrastructures sportives. C'est 30 millions. Bonne
affaire, quand même, infrastructures sportives, c'est bon, c'est
toujours des investissements qui sont très prisés, c'est toujours des investissements qui sont très courus, hein? On a
fait un appel d'offres, dernièrement, les municipalités ont appliqué, il y
avait, je pense... c'était huit fois
plus de demandes qu'il y avait d'argent. Mais là 125 millions,
125 millions, là, dans ce budget-là, ça nous permet de faire
quelques projets puis ça permet de décevoir un paquet de monde.
Avant
de terminer, Mme la Présidente, je veux parler d'économie, une petite affaire.
Je veux parler du fait que ce budget-là,
il n'est nullement, mais nullement, comme je vous l'ai dit au début, en lien
avec les priorités qui ont été identifiées par les Québécois au cours de la pandémie. Qui a
souffert de la pandémie, Mme la Présidente? Les gens malades, évidemment,
leurs familles, les gens qui ont perdu un
proche, bien sûr. Économiquement, les femmes. De façon disproportionnée, les
femmes ont perdu au change. Alors, plutôt que de dire comment on fait pour que
les femmes reprennent toute leur place, comment on fait pour s'assurer
qu'elles ne reculent pas, le gouvernement s'est dit : Ah! bien, en
économie, je le sais, on va investir dans
les secteurs à majorité masculine, où la majorité des emplois sont occupés par
les hommes : les TI, grands gagnants,
le ministre de la Transformation numérique, la construction, 95 % d'hommes,
en construction, les infrastructures. Mme la Présidente, ils se sont dit :
Le problème, c'est les secteurs où travaillent les femmes, commerces de détail,
restauration, services, Mme la Présidente. Tous ces secteurs-là ont souffert immensément, et leurs employées, les
femmes, en ont souffert
majoritairement. Alors, ils se sont dit : Comment on pourrait bien régler
ce problème-là? Ah! bien, je le sais, on va investir dans des secteurs comme la
construction puis on va espérer, on va se croiser les doigts qu'avec un petit peu
de formation, bien, les femmes vont aller travailler en construction, vont
aller travailler dans les TI.
Individuellement,
ça peut arriver, Mme la Présidente, mais ce n'est pas vrai que toutes les femmes qui
travaillent dans les commerces de
détail, elles vont se dire : Moi, je vais aller travailler en
construction. C'est une solution inadaptée aux problèmes d'aujourd'hui. C'est la même vieille solution que tous les gouvernements ont appliquée lors des récessions passées. Il y avait une récession? Ah! bien, le gouvernement va dépenser : on va faire des routes. Ça, c'était Duplessis. Hein,
on va faire des routes, nous autres. Après
ça, c'est devenu : Ah! bien, on va investir dans le transport en commun.
Ah! bien, on va investir dans de l'infrastructure gouvernementale. On va
bâtir des universités, on va bâtir des écoles.
Ça ne marche pas pour
cette récession-ci. Ça ne marche pas en 2021. Ce n'est pas ça, les besoins. Est-ce
qu'on a besoin d'en faire? Oui, Mme la Présidente. Avant qu'ils me disent :
Ah! on a besoin d'investir... Oui, oui, on a besoin d'investir dans les écoles,
mais ce n'est pas la mesure de relance économique qui correspond aux besoins
aujourd'hui. On a des femmes qui ont
souffert davantage puis on va investir pour donner des jobs davantage à des
hommes. Ça ne peut pas être ça, là. Ça ne peut pas être ça, l'unique
solution économique qui est mise sur la table.
Alors,
quand on demandait un budget qui a des mesures égalitaires, des mesures vertes,
on s'attendait, au minimum, à ce que
le gouvernement rétablisse les choses, qu'il établisse cet équilibre-là. Ça n'a
pas été fait. Ça n'a pas été fait au niveau de l'égalité, ça n'a pas été
fait au niveau de faire une relance qui est différente au niveau
environnemental. Le gouvernement a mis 137 millions sur l'environnement et
zéro de ça sur les changements climatiques. 137 millions sur l'environnement,
zéro puis une barre sur les changements climatiques.
Mais,
si au moins, Mme la Présidente, ils s'étaient dit : Dans les secteurs où
on veut investir, on va le faire pour le bénéfice public... Qu'est-ce
que tous les maires, maire de Gatineau y compris... qu'est-ce que tous les
maires ont décrié depuis le dépôt du budget?
Que, même quand on investit en infrastructures, même quand on choisit des
secteurs, là, qui ne sont probablement
pas les secteurs prioritaires, on n'investit pas aux bonnes places. On n'a pas
investi en logement. Le maire de Gatineau nous a dit : Aïe! 500 logements
abordables de plus dans le budget, super! Ils ont besoin de ça juste à
Gatineau. Ça, c'est la quatrième plus grande ville du Québec. Donc, je présume
qu'à Laval ils en ont besoin d'encore plus que 500, qu'à Québec ils en ont besoin d'encore plus que 500 et qu'à
Montréal ils en ont besoin de plus que 500. 500 pour tout le Québec,
alors qu'une seule ville nous dit : Bien, moi, j'avais besoin de ça juste
pour moi.
• (12 h 10) •
Dernière
chose, Mme la Présidente. J'avais promis d'en parler, je veux parler de
l'Outaouais un petit peu. Il y a deux ans, moi, j'étais ici avec le
député de Gatineau, avec le ministre de la Famille, le député de Chapleau, on a
tous voté... — pas la collègue de Hull parce qu'elle ne vote pas
ici, en cette Chambre — on
a tous voté pour un statut particulier pour l'Outaouais. Et, dès que ça
a été fait, les acteurs de la région nous ont dit : O.K., mais il faut que
ça vienne avec quelque chose, là, il faut
que ça vienne avec des sommes, il faut que ça vienne avec de l'argent, il faut
que ça vienne avec une façon de faire des investissements de façon
différente en Outaouais.
L'année
passée, je m'attendais, Mme la Présidente, dans le budget, à ce qu'on me dise :
Ah! bien oui, c'est sûr, il va y
avoir quelque chose de différent pour l'Outaouais, on va faire des choses, on
va nommer des programmes spécifiques pour
l'université, on va nommer des... on va identifier une façon de retenir nos
professionnels de la santé dans la région pour ne pas qu'ils aillent travailler en Ontario, on va identifier les
problèmes de l'Outaouais puis on va leur trouver une solution adaptée. Je m'attendais à ça l'année passée. Ce
n'est pas arrivé. Je me suis dit : O.K., on va donner un petit peu de
temps. Pas plus là cette année. Pas plus là cette année.
Alors,
le statut particulier de l'Outaouais, pour l'instant, il n'est que paroles, ce
n'est que des mots, puis c'est de valeur,
c'est de valeur. On a voté pour parce qu'on pensait que c'était la chose à
faire, parce qu'on pense toujours que c'est la chose à faire. Mais il faut que ça vienne avec quelque chose de plus,
il faut que ce soit tangible, il faut que ce soit réel, il faut que ça
amène à des améliorations nettes pour la région.
Sinon, c'est comme
tout le reste, ça démontre le manque de vision, ça démontre le manque de
volonté de penser à un Québec différent. Ça démontre
le fait, Mme la Présidente, qu'à l'aube — je me croise les doigts — à l'aube d'un Québec postpandémique on pense encore comme le Québec des
années 50, 60, 70, qu'on continue d'appliquer des bonnes vieilles
solutions, des bonnes vieilles méthodes, que la Coalition avenir Québec reste
dans son conservatisme qui lui est naturel, Mme
la Présidente, qu'ils ne sont pas en mesure d'avoir une vision d'avenir, une
vision égalitaire, une vision verte, une vision pour le Québec qu'on veut laisser à nos enfants, une vision pour
le Québec qui tient compte de la réalité qu'on a tous vécue au cours de la dernière année, une vision
pour le Québec dont a on a désespérément besoin après une période qui a
été difficile pour tout le monde.
Mme
la Présidente, j'aurais souhaité, j'aurais aimé plus qu'un Québec résilient.
J'aurais aimé, j'aurais souhaité... On
aurait eu besoin d'un Québec vert, un Québec égalitaire, un Québec des régions,
un Québec qui approche l'avenir de façon différente. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je vous remercie, M. le
député. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Rosemont, porte-parole du deuxième groupe
d'opposition en matière de finances. Je vous rappelle, M.
le député, que vous avez un temps
de parole d'une durée maximale d'une heure.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci, Mme la
Présidente. Je ne prendrai pas une heure, parce que nous sommes nombreux,
nombreuses ici, à Québec solidaire, à vouloir discourir de ce budget, qui est,
je l'ai dit, je le redis, décevant.
Si j'avais
plus de cheveux, je serais, à ce
moment-ci, totalement
ébouriffé par tout ce que je viens d'entendre du porte-parole de l'opposition officielle du Parti
libéral du Québec. Ce n'est pas l'objet, puis je prends 15 minutes, ça
fait que je ne prendrai pas trois
heures pour parler du bilan libéral, mais, franchement, il y a, des fois, des
affaires que j'entends qui me
défrisent le tympan. Quand j'entends le collègue de Pontiac dire qu'il aurait
voulu une économie verte, mais, que diable,
pourquoi ne l'ont-ils pas fait pendant qu'ils étaient là? L'équité pour les
femmes, le programme d'infrastructures, allo? 2009, ça dit quelque chose à quelqu'un? C'était le syndrome de la
pépine aussi, à l'époque, là, il n'y en avait que pour les hommes dans
la construction, apparemment. Alors, que diable, pourquoi ils ne l'ont-ils pas
fait?
Assurer les
services en santé, celle-là est bonne, celle-là est bonne. Après la fameuse
réforme qui porte le nom du député de
La Pinière, là, celle-là, quand même, c'est assez fort de café. S'il
manque, aujourd'hui, 10 000 infirmières au Québec, et, de fait, il en manque au moins
10 000, là, le député de Rosemont, dans laquelle circonscription se trouve
l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, peut
vous en parler, de la pénurie d'infirmières. Mais, que diable, pourquoi ne
l'ont-ils pas fait? C'est quand même
assez hallucinant. Des fois, je comprends que changer de bord du salon bleu,
parfois, peut avoir un effet apparemment
curieux sur les deux hémisphères du
cerveau, mais il ne faut quand même pas réécrire l'histoire, là, c'est quand même assez hallucinant.
Cela dit, je
suis heureux d'entendre les libéraux parler d'équité, et de justice, puis d'économie
verte, ça fait du bien de les entendre parler de ça. Mais, s'il vous
plaît, méfiez-vous des imitations.
Alors, arrivons à nos moutons, le budget qui a
été déposé la semaine dernière. J'ai eu le plaisir d'avoir une interpellation, la semaine dernière, avec le
ministre délégué à la Transformation numérique. On a parlé pendant deux heures
du budget. Nos discussions étaient tellement
électriques, Mme la Présidente, qu'à un moment donné les lumières se sont
éteintes, ici, dans un grand court-circuit,
parce que nous étions probablement trop échauffés. Mais, cela dit, sans blague,
nous avons eu de bonnes discussions.
Je persiste à
croire que ce budget est davantage une carte routière vers les prochaines
élections qu'un budget, pour plein de
raisons qui sont transparentes, d'abord les prévisions de croissance économique
du ministre des Finances, qui sont volontairement
très, très basses. Ça, c'est le plus vieux truc, dans tous les livres de tous
les ministres des Finances. J'aurais envie de dire : Paul Martin, sors de
ce corps, parce qu'évidemment... Et le ministre des Finances le sait, là, c'est
un banquier, c'est un économiste, là.
Alors, tous ses collègues banquiers ont dit : Au moins 5,5 %,
6 % de croissance. Le ministre arrive avec 4 %, autour de. Devinez quoi? Ça risque d'être plus : Il
y aura plus d'argent. Il y a plus d'argent quand? Ah! dans un an, 15 mois.
Ça tombe vraiment bien, parce que les élections sont dans 18 mois à peu
près. Alors, ça, c'est un bon vieux truc.
Rajoutez à ça
tous les projets d'infrastructure que le gouvernement lancera en vertu du
projet de loi n° 66. J'ai hâte de
voir. Et, qu'on ne s'y trompe pas, nous suivons très, très, très attentivement
la carte des travaux. Il y a beaucoup de maisons des aînés. Il y a beaucoup de réfections d'écoles. Il y a beaucoup de
constructions de routes. On verra la distribution de tous ces projets sur la carte et notamment la
carte électorale, mais personne n'est dupe, là, tout le monde l'a vu, ce
film-là aussi, là. Ça aussi, c'est un
vieux truc, là. Les bouts de route ou les maisons des aînés, et je ne dis pas
qu'il n'y en a pas besoin, mais il faudrait que ce soit réparti de façon
équitable à travers le Québec.
On a parlé,
tout à l'heure, et là encore mon collègue de Pontiac en a parlé, du Fonds des
générations. Bien oui, au risque
d'être nocif pour l'économie, comme il semble le croire, nous pensions
judicieux d'aller se chercher une petite marge de manoeuvre pour investir dans les fonds... dans les services publics.
Alors, si investir dans les services publics, c'est nocif pour l'économie du Québec, bien, je comprends pourquoi
on en est là où on en est après un si long règne libéral. Je comprends. Si c'est nocif d'aller chercher une marge de
manoeuvre pour investir notamment dans la santé et dans l'éducation, bien,
regardez, il n'y a pas de secret, là, «the
proof is in the pudding», comme on
dit en anglais. On a bien vu ce que ça a donné. Et on nous ressort l'argument de l'équité intergénérationnelle. Dans mes
nombreux débats avec le ministre des
Finances, à un moment donné, on badinait, puis je philosophais, puis, de fil
en aiguille, il a fini par me dire qu'il préférait le football à la
philosophie, soit, mais moi, j'aime au moins autant la philosophie que le
football.
Alors,
philosophons un peu sur ce fameux principe d'équité intergénérationnelle. Le
principe est qu'il ne faut pas laisser
une trop grosse dette à ceux et celles qui nous suivront. Bon, sur le principe,
j'en suis, là, j'ai des enfants, qui auront peut-être des enfants. Je ne
suis pas éternel, un jour je ne serai plus là, je mangerai les pissenlits par
la racine, puis effectivement,
idéalement, je ne laisserai pas une dette incommensurable à ceux et celles qui
me suivront.
Deux choses là-dessus.
D'abord, qu'est-ce qu'on dit aux survivants des milliers, des milliers de personnes âgées qui sont mortes de façon indigne dans des endroits glauques parce que,
justement, au nom du paiement de la dette et du déficit zéro à tous crins, là, on n'a pas investi correctement dans le
secteur de la santé? Elle est où, l'équité intergénérationnelle, pour ces gens-là qui sont morts tout seuls,
parfois affamés? Ils ne sont pas morts de COVID, là, on le voit, là, on
l'entend ces jours-ci, là, ils sont
morts affamés, assoiffés. On en fait quoi, pour ces gens-là, de l'équité
intergénérationnelle? Pourtant, ils ont bien payé des impôts toute leur vie, ce
monde-là. On les a parqués dans des mouroirs, on n'était même pas
capable de les soigner, on n'était même pas
capable de leur mettre un peu d'eau dans la bouche pour qu'ils survivent.
Alors, l'équité intergénérationnelle, elle a le dos vraiment large.
• (12 h 20) •
Puis l'autre affaire, parlons d'équité
intergénérationnelle, la dette environnementale, on en fait quoi? Ça aussi, c'est
un sacré poids qu'on va laisser sur mes
enfants, les vôtres, les nôtres. Mais ça, comme on m'a dit, l'autre fois, ici
même, en cette Chambre : Oui,
bien, tu sais, regarde, on ne peut pas empiler, empiler puis empiler de
l'argent pour lutter contre les
changements climatiques. Mais non, laissons faire, laissons faire, de toute
façon, ce que les gouvernements ont fait depuis des années ici. Et moi, je vous dis : À quoi bon, à quoi bon
l'équité intergénérationnelle? Dans des colonnes comptables, si on continue de leur bousiller la planète puis
qu'on leur laisse un champ de ruines, elle est où, l'équité
intergénérationnelle là-dedans?
En
tout cas, parlons de philosophie. Moi, j'ai des conversations notamment avec ma
fille qui est au cégep, là. C'est intéressant,
il faudrait les écouter, ces jeunes-là. Il faudrait leur donner la parole sur,
eux, qu'est-ce qu'ils pensent de l'équité intergénérationnelle qu'on dit, de façon paternaliste, vouloir leur
laisser en payant la dette aujourd'hui. On ne demandait pas de mettre la maison
en feu, là, on demandait d'aller chercher 1 milliard, 1,5 milliard,
même pas d'annuler complètement le
paiement des fonds des générations, 1 milliard, 1,5 milliard pour se
donner plus d'oxygène. La réponse a été non, sans équivoque, au même titre que nos propositions
d'aller chercher des revenus ailleurs où il y en a. Et je n'ai pas besoin de
faire la démonstration qu'on en a besoin, de nouveaux revenus, ici.
Au
lieu d'aller chercher des nouveaux revenus, le gouvernement a fait ce qu'il
fait de mieux, il a, encore une fois, diminué
les impôts des PME. Là, là, qu'on ne se trompe pas, en ce moment, les PME,
elles ont besoin d'aide, là. S'il y a bien
quelqu'un qui s'est levé ici, dans cette Chambre, là, depuis un an pour le dire,
là, je pense que c'est moi. Je ne suis pas seul, mais j'ai la conscience tranquille, j'ai porté ce message-là. Là,
on leur baisse les impôts. À quoi bon baisser les impôts s'ils ne sont pas capables de finir l'année ou
s'ils se ramassent avec des dettes incommensurables malgré les beaux prêts
pardon, qui ne se rendent pas, en passant.
Alors, à quoi bon? C'est quoi, le message? Bien, si tu as été «tough» pour
passer, vu que je ne t'ai pas vraiment aidé, bien, tu vas payer moins
d'impôt.
Les
entreprises, quand elles sont rentables, c'est de leur devoir, comme les
autres, de payer les impôts. Si ça continue, on va être en impôt négatif pour les entreprises au Québec, ça n'a pas
de sens, ça n'a pas de sens dans la pérennité de la fiscalité puis de
nos services publics.
Il
me reste peu de temps, j'accélère. Il y a des déceptions majeures dans ce
budget. Si on voulait vraiment lancer des
programmes d'infrastructure, il me semble que nous aurions dû privilégier, oui,
la santé, oui, c'est sûr, puis, là encore, c'est le député de Rosemont qui
parle, là, je peux vous reparler de l'Hôpital Maisonneuve‑Rosemont, puis je
vais en parler à chaque fois que je
vais me lever ici, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas creusé la première
pelletée de terre pour reconstruire
cet hôpital-là qui tombe en ruine, mais on aurait pu assurément faire enfin une
priorité du logement social au Québec. Bien oui, mais oui, parce que ça
fait 40 ans qu'on repousse ça en avant.
Alors,
moi, honnêtement, j'ai eu un sourire narquois quand j'ai vu les chiffres
annoncés dans le budget de 5 000 logements
à terme, 500, là, dans les deux prochaines années, 5 000 à terme, qui
sont, en fait, l'arrérage que les libéraux n'ont pas été capables de livrer. Ils
sont bien épouvantables, les libéraux, de dire la CAQ — moi aussi, de le dire, là, mais la CAQ aussi
dit qu'ils bien épouvantables — mais ils reprennent les mêmes travers. Les
logements qui sont dans ce budget-là,
d'ailleurs, ils ne sont pas construits, là, c'est l'arrérage des libéraux. Il
en manque 20 000... il faudrait en faire 20 000 par année. On
est très, très, très loin du compte, là.
Alors,
pourquoi, encore une fois, c'est ces gens-là qui souffrent des décisions
budgétaires? Pas un luxe, là, se loger au
Québec, là. Là, on le voit, là. On le voit, là, la crise du logement, c'est
impossible ou à peu près de se trouver un logement dans les grandes
villes, en particulier Montréal. N'essayez même pas d'acheter, là, c'est
absolument impossible.
Dans ma
circonscription, là, en ce moment, là, Mme la Présidente, là, on a une
quinzaine de cas de rénovictions. Juste sur
la rue Saint-Zotique, on en a un cas, puis vous allez en entendre parler ici
parce qu'on va revenir avec ça, on va les défendre, ces gens-là, 12 familles qui viennent de recevoir un avis :
Out! Vous sortez. Vous sortez puis vous sortez avant le 1er juillet. 12 familles. Ils vont faire
quoi, en pleine pandémie, dans une crise du logement, à essayer de se retrouver
une place?
Si
quelqu'un a une réponse ici, je serais intéressé à l'entendre, parce que
j'aimerais ça la relayer à ces pauvres gens, là, qui viennent de se ramasser...
Par un huissier, en plus. Ça, c'est toujours sympathique, hein, un huissier qui
vient dire : Fais tes boîtes, out! Parce que les lois sont ainsi
faites puis favorisent ce genre d'abus.
On
a parlé aussi beaucoup du financement pour les programmes de lutte à la
violence faite aux femmes. Je pense que
les colonnes du temple ont été un peu ébranlées, là, parce que, depuis le dépôt
du budget, il y a quand même eu du mouvement, là, qu'on a salué,
notamment la création d'un comité, et tout ça.
Mais
moi, je n'en suis toujours pas revenu, d'entendre le ministre des Finances nous
dire : S'il manque d'argent, on va en remettre. S'il manque d'argent, on
va en remettre. Je vais le prendre par la main, le ministre des Finances, je
vais l'inviter dans ma circonscription, là.
On va aller visiter La Maison grise. Qu'il ait le guts de regarder ces
femmes-là dans les yeux puis de dire :
Si vous avez besoin d'argent, on va vous en remettre. D'abord, c'est
hyperpaternaliste, là, puis, de deux, c'est complètement à côté de la
plaque. Ce n'est pas si, c'est combien. Puis ce n'est pas quand, c'est
maintenant. Malheureusement, avec la CAQ, le
si, c'est devenu le complément d'objet direct du «on verra». Avant, il y avait
«on verra»...
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : M. le leader.
M. Schneeberger :
Je ne peux accepter le terme «paternaliste» quand il s'agit de dossier fiscal.
Il n'y a aucun lien avec les hommes ou les femmes dans ce... au niveau
du budget. Merci.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Écoutez, je vous demanderais de
faire attention à vos propos. Mais vous pouvez continuer, M. le député
de Rosemont.
M. Marissal :
«Condescendant», ça passe-tu? Alors, «condescendant». Malgré les distractions
sémantiques, le problème reste le
même. Il y a des problèmes lourds dans le financement des programmes de
violence faite aux femmes, et ce budget ne répond absolument pas à ces problèmes-là.
Il
y a des groupes communautaires aussi, d'ailleurs, qui commencent à répliquer à
ce budget. Une longue lettre dans La Presse aujourd'hui. Je vous invite à
aller lire ça, c'est intéressant. Eux aussi, on les a laissés tomber. Eux et
elles, on les a laissés tomber. Ah! mais on augmente, encore une fois,
le SAB, pour la troisième fois, le SAB, le soutien à l'action bénévole. Pour les gens qui nous écoutent et qui
ne savent pas ce que c'est, ça, c'est ce qu'on appelait autrefois la petite
caisse du député, terme à proscrire, d'après
moi. Mais il reste que c'est un budget discrétionnaire qui est connu, là. Chez
nous, dans Rosemont, c'est à peu près 82 000 $ par année.
Là, c'est à peu près
la troisième fois, là, qu'on remet encore un autre montant, qu'on... ce n'est
pas une politique communautaire, ça. C'est... on ne remplacera pas une réelle
politique de développement de l'action communautaire en doublant ou en triplant le SAB des députés. Bien non, bien non. Puis ces
gens-là nous le disent. Ils réagissent. Ils ont fini de l'étudier, le budget, puis ils sont déçus, ils
sont frustrés, ils sont en colère, ce sont leurs termes, parce qu'on les a laissés tomber. Après
leur avoir refilé un paquet de responsabilités, on vient de les laisser tomber
encore une fois.
Je
vais terminer là-dessus, Mme la Présidente, parce que, je l'ai dit, je voulais
laisser du temps. Deux petits points : la lutte aux changements climatiques, une déception permanente,
développement du transport collectif, encore là, il y a des papiers
aujourd'hui dans les journaux. De plus en plus, ce qui ressort de la politique
gouvernementale en matière de transport
collectif, c'est un passage apparemment obligatoire par un CDPQ Infra, donc, la
Caisse de dépôt et placement du Québec, et nous sommes quelques-uns à
noter, de plus en plus fréquemment, des problèmes de transparence dans cette
approche. On aura assurément l'occasion de continuer d'en parler.
Et à tout seigneur
tout honneur, j'en profite, en terminant, pour parler des gens qui étaient
devant l'Assemblée nationale aujourd'hui, les fonctionnaires, pour demander, et
je seconde, une réelle négociation, un réel règlement, une réelle volonté de régler avec ces gens-là. Il ne
s'agit pas de dire que ce sont des anges gardiens puis de dire que c'est donc
bien émouvant, ce qu'ils font, puis que
c'est donc bien extraordinaire ou il ne s'agit pas de deux lignes dans le
budget pour les remercier. C'est
gentil, là, je pense qu'ils vont le prendre, bien sûr, mais ils vont surtout
prendre une nouvelle convention collective digne de ce nom, avec des
conditions de travail à la hauteur de ce que ces gens-là font pour le Québec.
Mes collègues
assureront la suite pour les autres dossiers chauds de ce budget. Merci, Mme la
Présidente.
• (12 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, M. le député.
Avant
de poursuivre le présent débat, je vous rappelle que le discours sur budget et
le débat qui s'ensuit durent au plus
25 heures et se déroulent en trois étapes : une première étape de
13 h 30 min à l'Assemblée, une deuxième étape de 10 heures à la Commission des finances
publiques et une troisième étape de
1 h 30 min à l'Assemblée. Cette dernière étape comprend une intervention de
30 minutes du représentant de l'opposition
officielle et une réplique d'une
heure du ministre des Finances.
Je
vous avise de la répartition du temps de parole pour la durée de cette première
étape : 6 h 30 min sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement,
incluant le discours sur le budget; 3 h 57 min 23 s
sont allouées au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle,
incluant les commentaires de son porte-parole qui ont eu lieu jeudi le 25 mars dernier et son discours d'aujourd'hui; 1 h 24 min 47 s sont allouées au deuxième groupe d'opposition, incluant les commentaires de son porte-parole
qui ont eu lieu jeudi le 25 mars dernier et son discours d'aujourd'hui; une
enveloppe de 30 minutes est allouée au
groupe... une enveloppe, pardon, de 30 minutes est allouée aux députés indépendants, sous réserve d'un maximum de 7 min 30 s
chacun. Dans le cadre de ces débats, le temps non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes parlementaires sera redistribué
entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment. Mis à part ces consignes, les
interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle
aux députés indépendants, s'ils souhaitent
intervenir au cours du débat, qu'ils ont 10 minutes à partir de maintenant
pour en aviser la présidence.
Maintenant, je cède
la parole à M. le député de Beauce-Sud.
M. Samuel Poulin
M. Poulin :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est un plaisir de vous retrouver ce midi,
évidemment, pour parler du budget qui fut présenté par notre gouvernement la
semaine dernière, un budget qui se fait dans un contexte, on le sait,
extrêmement difficile, dans le contexte mondial dans lequel nous vivons, où
tous les gouvernements dans le monde doivent faire face à des défis plus
qu'importants, une crise jamais vue, hein, et c'est important de pouvoir le
rappeler.
Vous
savez, on ne s'est pas engagés en politique, Mme la Présidente, en pensant
vivre une pandémie comme celle-là, aucun
des 125 élus de l'Assemblée nationale, encore moins notre gouvernement,
qui, on le sait, a des décisions extrêmement difficiles à prendre, et, oui, au Québec, mais, on regarde ce qui se
passe en Ontario, aux États-Unis, on a des choix difficiles à faire pour
la santé des Québécois, de nos populations, mais également des choix
budgétaires qui, on le sait, sont aussi extrêmement difficiles.
Malgré
tout, je crois que nous avons, Mme la Présidente, dans tout ce contexte-là,
réussi notre exercice avec le dépôt de ce budget présenté par le ministre des
Finances. Parce que l'un des premiers éléments qui est très important, on
investit massivement en santé, qui est le sujet, évidemment, de l'heure, mais
qui est un sujet que nous aurons, dans les prochaines années, encore une fois,
à se préoccuper, ne serait-ce que les coûts de système, ne serait-ce que
l'importance d'appuyer nos préposés aux
bénéficiaires, ne serait-ce que l'importance également de s'assurer d'une
capacité hospitalière dans toutes les
régions du Québec. On sait que la santé est extrêmement importante, le
vieillissement de la population, la rénovation de nos CHSLD, les maisons
des aînés. Ce sont des enjeux sur lesquels on ne peut pas échapper.
Et
j'entendais nos collègues des oppositions, un peu plus tôt aujourd'hui, qui
nous parlaient de l'importance d'appuyer les femmes qui oeuvrent dans les différents domaines. Bien, vous n'êtes
pas sans savoir, Mme la Présidente, que, dans le domaine de la santé, énormément de femmes s'y retrouvent, que ce soit
dans la profession de préposée, d'infirmière, de médecin et tout ce qui englobe les différentes professions dans le
milieu de la santé. En éducation aussi, deuxième dépense de l'État, Mme la Présidente, énormément de femmes,
entre autres dans la profession enseignante, et j'inclus les orthopédagogues.
Et troisième dépense, également, budgétaire de l'État, on le sait, le ministère de la Famille, avec, entre autres, le réseau des services de garde, où là, encore une fois, on
trouve énormément de femmes. Et, pour nous, bien, pour notre
gouvernement, c'est important de maintenir ces investissements-là.
On aura la
chance d'y revenir, dans les prochaines minutes, des choix budgétaires que nous
avons faits, mais je veux vous parler d'un autre sujet qui me tient énormément
à coeur, et mes collègues le savent très bien, c'est l'importance de protéger le portefeuille des contribuables,
malgré la pandémie, malgré le contexte budgétaire actuel. On a fait le choix,
Mme la Présidente, et c'est un choix que je
considère responsable, de résorber le déficit sur un horizon de sept ans pour
pouvoir protéger, entre autres, le portefeuille des familles. Et je vous invite
et j'invite les gens qui nous écoutent non seulement à parcourir le budget du
gouvernement du Québec, mais à retrouver la page E.5. Et je vous le dis,
Mme la Présidente, c'est presque ma page
préférée, avec la E.4, la E.4 et la E.5, où on parle de l'impact financier des
actions des Québécois depuis
l'automne 2018, comment on a réussi, comme gouvernement, à maintenir nos
engagements pour protéger le
portefeuille des familles. On pense... Et là je vous donne une liste en résumé,
parce qu'on a tellement fait pour réduire le fardeau fiscal des familles, mais,
entre autres, le crédit d'impôt remboursable pour le maintien à domicile des
aînés — petite
parenthèse ici, quand on parle des familles,
Mme la Présidente, ça inclut nos aînés également — le montant de soutien pour les aînés, tous les
crédits d'impôt qu'on a donnés, entre autres, pour la qualité de vie des
personnes proches aidantes et le
crédit d'impôt remboursable pour les proches aidants. On parle en plusieurs
centaines de millions de dollars. On a également donné des incitatifs
pour le prolongement de carrière, pour la déduction relative aux dépenses de
télétravail. C'est un 44 millions. Les allocations famille, Mme la
Présidente, qui bénéficient à de nombreuses familles à travers le Québec, nous
les avons augmentées lors de notre arrivée en fonction.
Le taux unique de taxe scolaire, souvenez-vous,
en août dernier, lorsque les familles de nos circonscriptions recevaient leurs comptes de taxe scolaire puis
nous disaient : Merci, parce
qu'avec cet argent-là je vais pouvoir faire autre chose. Le taux unique en garde subventionnée. Pas
besoin de vous rappeler la modulation des tarifs de garderie qui avait été faite par le gouvernement libéral peu de temps
après son arrivée et qui avait été un choc tarifaire important pour les familles,
des familles qui se voyaient passer de 8,30 $ à 20 $ par jour par
enfant. Alors, comme gouvernement, on s'est assurés évidemment de ramener ce tarif unique là. Et ça n'a pas pris de
temps, on l'a fait dès notre entrée en fonction, et ça porte notre
signature.
Un autre
sujet qui était réclamé et que nous avons maintenu pour les prochaines années :
le soutien pour les enfants handicapés. L'exemption des pensions
alimentaires pour enfants à charge.
Mieux voir
pour réussir. Vous n'êtes pas sans savoir, Mme la Présidente, et j'en suis, que
très tôt, par moments, on a des lunettes, dans nos vies. Et on sait que ça
coûte cher pour les familles. Et nous, bien, comme gouvernement, on a
créé un tout nouveau programme, et on n'en
parle pas suffisamment, mais je vous invite à aller cliquer Mieux voir pour
réussir. C'est 36 millions par année d'ici 2026 que notre
gouvernement a mis.
Et une autre
belle promesse qu'on a tenue — on a tellement tenu de promesses, je n'en
reviens pas — le tarif
réduit dans les stationnements pour
les hôpitaux. Et ça, je me souviens de ça, Mme la Présidente, dans
l'opposition, à quel point que la
Coalition avenir Québec se levait en Chambre et disait : Ça n'a pas de bon
sens, payer 35 $ par jour. Imaginez aller voir un proche malade
pour des traitements. Eh bien, nous, on est revenus à un tarif unique qui est
de 7 $, 8 $, 9 $, tout dépendant
où vous vous trouvez à la grandeur du Québec. Bien, ça, c'est des sous, hein?
Ça ne se fait pas par baguette magique. D'ici 2036, c'est... 2026,
pardon, c'est 836 millions que nous allons mettre.
Alors, je vous dis, là, vous me croyez quand je
vous dis que c'était ma page préférée, la E.5. On retrouve tout ça à l'intérieur, Mme la Présidente. C'est plus de
2,3 milliards par année qui est retourné aux Québécois depuis notre
arrivée. Ça s'en va évidemment dans
le portefeuille des familles dans toutes les régions du Québec, dans le
portefeuille également de nos aînés.
Et il y a un message derrière ça, Mme la Présidente, qui, je pense, porte notre
signature, comparativement au précédent
gouvernement, c'est de dire : On fait confiance aux Québécois pour gérer
leur propre argent. On fait confiance aux
Québécois pour prendre l'argent qui est dans leur portefeuille pour relancer
l'économie dans ce qu'ils souhaitent, ne serait-ce que pour encourager
nos commerçants locaux dans cette relance économique qui, on sait, est
extrêmement importante. Et ça, bien, je suis
fier que, dans ce budget-là, on ait réussi à faire ça, réussi à maintenir
toutes ces aides qui sont évidemment
pour le portefeuille de la classe moyenne. Alors, pages E.4 et E.5 du budget,
Mme la Présidente, c'est extrêmement important de pouvoir s'y référer.
Je vous
parlais, il y a quelques minutes, de
l'importance de notre réseau de la santé. Vous savez, quand on a débuté cette
crise sanitaire là, il manquait du monde dans nos hôpitaux. Il manquait des gens dans nos CHSLD, il
manquait aussi des gens, par la
bande, dans nos RPA également, parce que, dans les dernières années, on n'avait
pas suffisamment formé de personnel,
on n'avait pas suffisamment investi dans le fait qu'on avait besoin de gens
pour prendre soin, oui, de nos aînés, mais également de nos personnes
les plus vulnérables. Et sous l'impulsion du premier ministre du Québec, Mme la
Présidente, on a investi 1,8 milliard de dollars pour assurer la
rémunération de 10 000 préposés aux bénéficiaires.
• (12 h 40) •
Puis vous le
savez, lorsqu'on parle du budget il y a beaucoup de chiffres, hein, des
millions par ci, des milliards par là, mais il est important d'entendre
et d'écouter la portée parfois des montants qui sont investis dans des missions
comme celles-là, 1,8 milliard. Et ça
prenait énormément de détermination, Mme la Présidente, et même, moi, je vous
le confie, au début, lorsque le
premier ministre a dit : 10 000 préposés aux bénéficiaires, j'étais
là : Mon Dieu, c'est ambitieux, ça fait des années
qu'on en manque. Eh bien, on a réussi à avoir les inscriptions nécessaires.
Évidemment, ça se poursuit parce qu'il
y a des défis dans la diplomation, les stages et le fait que les gens veulent
demeurer dans la profession. Mais, d'ores et déjà, je pense, c'est plus de 7 000 préposés qui sont
directement dans les CHSLD. On est en train de former une autre cohorte,
donc on va dépasser évidemment le 10 000 préposés aux bénéficiaires
dans nos CHSLD, dans nos RPA.
Ce sont des
gens, entre autres, Mme la Présidente, qui travailleront aussi dans les futures
maisons des aînés. Et je sais qu'il y
a un malin plaisir des oppositions à diaboliser le projet de maisons des aînés,
et pourtant, pourtant, Mme la Présidente,
on en a besoin. Ce sont des familles qui, présentement, sont sur des listes
d'attente pour avoir une place dans les futures maisons des aînés. Ce sont des
lieux également... et on me dit que c'est du luxe. Bien, écoutez, oui, ce
seront des beaux endroits, parce qu'on pense que nos aînés méritent ça, mais,
en fait, c'est une unité avec une chambre de bain. Alors, c'est vraiment ce qu'on peut donner à nos
aînés partout au Québec, et je pense que c'est important de pouvoir le faire
dans toutes les régions, et ce sont des familles qui seront rassurées également
de voir leurs proches se retrouver dans ces maisons des aînés là.
Alors, oui,
on investit des sommes importantes, mais on en a besoin, en termes de prévisibilité, parce que ce sont des bâtiments qu'on ne construit pas
pour cinq ans, on les construit pour les 50 prochaines années, Mme la Présidente. Et c'est cette prévisibilité-là
qui a trop manqué souvent au Québec, de dire : Qu'est-ce qu'on aura besoin
dans 10 ans, dans 20 ans,
dans 30 ans? Moi, je me souviens d'un député ici, qui a été longtemps
député de Rivière-du-Loup, chef de l'ADQ, qui nous parlait du
vieillissement de la population, puis on ne l'écoutait pas trop. C'est quoi,
ça, le vieillissement de la population? À
quoi ça va ressembler? Eh bien, aujourd'hui, on vit les conséquences de ce
vieillissement de la population, ne serait-ce qu'en matière de rareté de
main-d'oeuvre ou de l'importance d'avoir des lieux pour nos aînés.
Alors, ces investissements-là, Mme la Présidente, ils vont profiter pour les 50 prochaines
années minimum à nos aînés à travers le Québec. Alors, je pense
qu'on devrait... au lieu de diaboliser cet investissement-là, on devrait
le saluer, dire qu'il est bon et
qu'il va profiter au maximum de Québécois, ce qu'on n'a pas réussi à faire au cours des
dernières années.
Mais, en même temps, Mme la Présidente, on rénove aussi les CHSLD existants. On rénove
ces lieux qui ont besoin d'amour et
pour lesquels il faut apporter l'aide nécessaire. Et je vois des
collègues ici, de l'Assemblée
nationale, qui ont des CHSLD dans
leurs comtés et qui croient très fort à l'importance de les rénover
puis à leur donner un souffle nouveau. Bien, il y a aussi des sommes
dans le budget, Mme la Présidente, qui accompagnent le tout.
Là, je vous
ai parlé, là, de besoins en termes de ressources humaines, de besoins en termes d'espace, mais on a aussi besoin
de patrons. On a aussi besoin de gestionnaires. Et, depuis notre arrivée en
fonction, et la pandémie nous l'a prouvé...
On a nommé des patrons dans tous les CHSLD à la grandeur du Québec. C'est
534 millions de dollars pour embaucher des gestionnaires dans
chacun des CHSLD du Québec, pour avoir, oui, une imputabilité, mais pour savoir
exactement ce qui se passe sur le terrain. Encore une fois, ça n'avait pas été
fait par le précédent gouvernement.
Je veux vous
parler aussi, Mme la Présidente, parce que je le sais, que, par moments, ils
nous écoutent beaucoup... C'est le cas, entre autres, dans ma circonscription,
des aînés qui se retrouvent en résidence privée pour aînés, dans les RPA.
Puis ils me disent souvent : Tu sais,
il n'y a pas juste les CHSLD, nous aussi, on vit en RPA. Bien, moi, j'étais
plus que satisfait de voir dans le budget qu'on a accordé une place
importance, entre autres, pour la mise aux normes des RPA à travers le Québec. Afin d'améliorer à plus long
terme l'assurabilité des RPA, le gouvernement met en place un programme d'aide à la réalisation des travaux de mise aux
normes de certaines RPA, en vue duquel une aide financière sera offerte aux
RPA en fonction de leur taille.
On aide
également... l'aide financière temporaire aux résidences privées pour aînés
pour réduire l'impact des hausses de primes d'assurance. Une aide, également,
financière de 52 millions pour la réalisation de travaux permettant
d'assurer la sécurité des résidents.
Et on sait, et je sais, Mme la Présidente, vous êtes d'un comté rural, on a des
petites RPA dans nos municipalités qui
ont aussi besoin d'être aidées, d'accompagner pour la mise à jour de leurs
infrastructures. Donc, à ce niveau-là, nous aidons et nous appuyons le
tout.
Également, le maintien à domicile, parce que ce
n'est pas tout le monde qui veut aller en CHSLD ou en RPA, donc on a bonifié le crédit d'impôt remboursable
pour maintien à domicile, et ça, c'était réclamé depuis longtemps. Il y a des
choses qui n'avaient pas bougé à ce niveau-là, alors on l'a fait également. Et
ça s'ajoute, on le sait, aux investissements que notre gouvernement a
faits en matière de soutien à domicile pour que les aînés qui souhaitent
demeurer à la maison, Mme la Présidente, puissent avoir l'aide nécessaire pour
le faire.
Les proches aidants aussi, un sujet qui tient énormément à coeur à notre collègue, la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants qui, depuis son arrivée en
politique, a fait beaucoup non seulement pour les aînés, mais aussi pour
les proches aidants. On est en train de développer... il y a des sommes, dans
le budget, tout un réseau de maisons Gilles-Carle à travers le Québec.
Et moi, Mme la Présidente, j'ai le privilège d'avoir une maison Gilles-Carle dans ma circonscription,
sur laquelle on a travaillé très fort, qui permet, à ce jour, d'avoir du répit.
Une personne atteinte de l'alzheimer, qui est toujours à la maison, mais
dont le proche aidant souhaite avoir une ou deux journées de libres, eh
bien, est en mesure de pouvoir avoir le soutien nécessaire à la maison
Gilles-Carle. Ça, là, ça change des vies au quotidien.
Et encore une fois, on avait commencé dans les
dernières années, mais il n'y avait pas d'impulsion politique, il n'y en avait pas de volonté. Eh bien, on met
les sommes financières nécessaires : 95 millions de dollars d'ici 2025‑2026 pour
améliorer la qualité de vie des proches
aidants. Et je pourrais continuer.
Lorsqu'on parle de santé, je pourrais vous parler de santé mentale, des ressources que nous avons ajoutées, des
sommes financières qu'on a mises en place. Alors, je pense qu'encore une fois,
on fait la différence, Mme la
Présidente, à ce niveau-là.
Je souhaite
vous parler également du prochain Plan d'action jeunesse de notre gouvernement. J'ai le privilège d'être l'adjoint parlementaire au premier ministre responsable du volet jeunesse depuis deux ans. Vous savez, on dit
souvent : Les jeunes, c'est l'avenir, c'est important. Mais moi, je
répète à toutes celles et ceux qui nous disent ça : Les jeunes, c'est le présent, là. Ils sont
là, là. À tous les jours, on travaille avec les jeunes du Québec.
Même nous, là, on est 125 députés, mais on est aussi les députés de nos jeunes à travers le Québec.
On ne commence pas à les représenter quand ils ont 18 ans. Et, quand on travaille pour nos écoles primaires,
quand on travaille pour nos services
de garde, pour nos écoles secondaires,
mais aussi pour nos maisons des jeunes, qui font des miracles au quotidien pour
appuyer nos jeunes...
D'ailleurs, on a lancé un programme pour rénover
nos maisons de jeunes, nos Auberges du coeur à travers le Québec. Et ça, je
dois le dire, c'est grâce à la députée d'Abitibi-Ouest, Mme la Présidente, parce
qu'à Amos, dans sa circonscription, une
maison des jeunes avait passé au feu et on n'avait pas de programme, on n'avait
pas d'outils pour aider, pour rebâtir
ces lieux-là. On a été en mesure de l'appuyer via le Fonds Mille et UN qu'on a
aussi créé pour appuyer les initiatives
jeunesse à travers le Québec, avec une campagne de sociofinancement où notre
gouvernement mettait 1 $ pour 1 $ de la communauté.
Donc, on a
réussi à appuyer la députée d'Abitibi-Ouest qui, je vous le dis, Mme la
Présidente, était très, très, très insistante pour appuyer sa
population, pour la maison des jeunes d'Amos, aussi insistante que vous, mais
je ne veux pas vous inclure dans le débat,
mais qui a certainement travaillé très fort pour aider sa communauté. Et là,
bien, ce qu'on a fait, on a mis
5 millions de dollars sur cinq ans pour appuyer ces lieux-là où se
retrouvent les jeunes du Québec. Et je veux saluer la députée d'Abitibi-Ouest qui nous a sensibilisés à l'importance
d'appuyer les infrastructures jeunesse à travers le Québec.
Et plus
profond que ça, dans notre prochain plan, un plan qui sera de 300 millions
de dollars, Mme la Présidente, sur
trois ans, on va développer des initiatives pour mieux cibler les jeunes qui
feront partie du Québec inc. de demain. On n'aura jamais autant parlé
d'entrepreneuriat dans les écoles du Québec.
J'ai ajouté
un volet, Mme la Présidente, sur la culture aussi pour que nos jeunes
délaissent peut-être un petit peu YouTube
et la culture américaine puis qu'on puisse avoir accès non seulement à notre
musique, à nos films, à nos séries québécoises
plus facilement. C'est ça, aimer la langue française, c'est ça, la protéger,
c'est aussi ça la promouvoir lorsqu'on donne accès à nos jeunes à la
culture québécoise. Donc, on aura la chance d'annoncer de bonnes nouvelles dans
la prochaine année à ce niveau-là.
Également,
dans le plan sur la jeunesse, on ajoute un volet en environnement. On ne peut
pas élaborer des mesures pour la jeunesse, ne par parler d'environnement. On va
s'assurer encore une fois que, dans nos écoles secondaires, primaires et peut-être, oui, beaucoup, cégeps, universités,
on puisse avoir des comités environnementaux avec des outils pour développer
des projets en environnement. Évidemment, la
santé, je pense à nos Auberges du coeur, à travers le Québec, qui voit un
travail exceptionnel.
En matière de citoyenneté aussi, avec l'Institut
du Nouveau Monde, on travaille actuellement avec l'UMQ, la FQM pour stimuler
les candidatures jeunesse aux prochaines élections municipales. Je ne sais pas
si vous le savez, Mme la Présidente, mais
les jeunes au Québec, 18-35 ans, c'est à peu près 25 % de la
population et, chez les élus municipaux, ils représentent 8 %. Alors, on a du travail à faire pour que, dans
les prochaines semaines, on puisse avoir un renouvellement de
candidatures aux élections municipales partout à travers le Québec, et on va
travailler là-dessus.
• (12 h 50) •
Je veux vous
parler aussi des carrefours jeunesse-emploi, Mme la Présidente. Ils sont 110 à
travers le Québec. Sous le précédent gouvernement, on faisait en sorte qu'ils
ne puissent plus accueillir tous les jeunes du Québec, peu importe leur
situation. Ils étaient devenus un guichet d'Emploi-Québec où on devait être sur
l'aide sociale pour pouvoir accès aux services.
Alors, je peux vous dire que je travaille en étroite collaboration avec mon
collègue le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale pour trouver la meilleure des solutions possible pour
faire en sorte que tous les CJE, que vous avez dans vos circonscriptions, et que vous aimez, et que
vous savez qui font la différence, puissent retrouver les services auxquels
ils avaient droit et puissent retrouver le financement pour pouvoir aider le
maximum de jeunes.
Les jeunes,
on a besoin d'eux pour la relance économique, Mme la Présidente. On a besoin
d'eux dans nos entreprises, dans la nouvelle économie, dans nos
organismes. On a besoin d'eux pour qu'ils puissent réaliser leurs rêves au
Québec. Mais il faut leur envoyer un signal.
Il faut leur dire oui dans les prochaines semaines parce qu'on sait qu'ils vont
débuter bientôt les examens dans les cégeps, les universités, les écoles
secondaires. Nous avons besoin de vous pour pouvoir prendre votre place dans la société. Et vous pouvez avoir à accès des
emplois, comme dirait le premier ministre, bien payés et la possibilité
aussi d'avoir accès à des fonctions très rapidement, parce qu'on a besoin de
nos jeunes un peu partout à travers le Québec et dans différents domaines.
Alors, en
gros, Mme la Présidente, je pourrais vous en parler très, très longtemps, c'est
500 000 jeunes que nous allons rejoindre dans le plan pour la
jeunesse. C'est beaucoup plus que ce qui avait été fait avant. Encore une fois,
le ministre des Finances nous a donné les
moyens de pouvoir atteindre nos ambitions et nos cibles, que, je souhaite,
j'aurai la chance de présenter au cours des prochaines semaines.
Un autre sujet dont... Nous élaborons souvent
des stratégies, des plans. Tous les partis politiques ici se sont dit : On est le gouvernement des régions,
hein? Bien, il y a les gestes aussi qui sont importants, Mme la Présidente,
pour juger qu'est-ce qu'un
gouvernement des régions et qu'est-ce qu'on fait pour les régions du Québec. Je
pense que l'annonce que nous avons faite pour Internet haute vitesse au
cours des dernières semaines est l'un des meilleurs symboles qu'un gouvernement
ne peut pas faire pour brancher tous les Québécois dans toutes les régions du
Québec. Ce sont quand même près de
2,2 milliards additionnels sur six ans, mais on souhaite évidemment
réaliser le tout très rapidement. Et je veux encore une fois saluer le travail de notre collègue le député
d'Orford, qui a fait un travail exceptionnel, avec le premier ministre, évidemment, pour s'assurer que cette
annonce puisse se faire, d'attacher les fils pour que nos entreprises puissent
brancher le Québec. Et ça, je pense, c'est superimportant.
Puis je mets
ça en parallèle, Mme la Présidente, au réseau Accès entreprise que notre
gouvernement a créé aussi dans toutes
les régions du Québec. Le précédent gouvernement avait aboli les CLD, on se
souviendra. Puis je me souviens aussi de la nouvelle
cheffe de l'opposition officielle qui avait même reconnu que c'était une erreur
d'avoir aboli les CLD sous le
précédent gouvernement. Alors, on a réussi, Mme la Présidente, à créer ce
nouveau programme d'Accès Entreprise pour faire en sorte d'avoir un guichet
unique pour nos petites, moyennes entreprises et même nos grandes entreprises
en région afin qu'ils puissent exactement
savoir à quels programmes se référer, à quels enjeux se référer pour amener
leurs entreprises encore plus loin. Alors, je tiens à saluer encore une
fois le travail de la ministre déléguée au développement régional et du ministre de l'Économie pour la création
de ce nouveau réseau là qui est sur cinq ans et qui va faire en sorte
qu'on puisse avoir un lieu pour nos entrepreneurs dans toutes nos MRC.
Je veux vous
parler aussi, Mme la Présidente, des investissements que nous avons faits en
matière de tourisme. Ça, je pense que personne ne peut être contre ça. Tous et
toutes, à notre façon, on a redécouvert le Québec au cours de l'été dernier.
Et on a de méchantes belles régions à travers le Québec, Mme la Présidente,
mais il faut leur donner les moyens de se
développer, d'aller encore plus loin, d'avancer. Et notre gouvernement investit
massivement, que ce soit pour le tourisme nature, d'aventure, pour nos parcs régionaux aussi, qu'on a redécouverts,
pour les escapades de 24 heures
ou d'une fin de semaine.
Et aussi on
appuie beaucoup nos SEPAQ, Mme la Présidente, qui, au
cours des dernières années, encore
une fois, les Québécois ont redécouvertes. Et on prévoit des
investissements additionnels de 37,1 millions
de dollars, principalement pour mettre en valeur les installations,
développer les produits touristiques à fort potentiel, bonifier l'offre
d'hébergement, réduire la consommation
des combustibles fossiles de la société. Et plus précisément, le projet mis de
l'avant inclura notamment l'aménagement de 33 nouvelles unités de
prêt-à-camper, réfection de chalets, adaptation de l'offre pour la clientèle à mobilité réduite, mise à niveau des
installations sanitaires, implantation d'une flotte de vélos à assistance
électrique en mode libre-service.
Alors, on
vient donner, comme gouvernement, un nouveau souffle aux parcs de la SEPAQ, qui
vont, Mme la Présidente, aussi, avec les années, devenir une carte postale
pour le Québec et pour l'ensemble des Québécois,
puisqu'on se les est appropriés davantage. Alors, très content de ces
investissements-là qui sont faits à la fois par le ministère du Tourisme, également par le ministère de la Forêt et la
SEPAQ. Et j'invite évidemment les Québécois à s'approprier au maximum le réseau de la SEPAQ au cours de l'été qui s'en
vient, qui est assez exceptionnel et pour lequel nous investissons également
des sommes très importantes.
Mme la Présidente, il y a tellement de choses à dire et à raconter. J'aimerais vous
parler aussi de tout ce que l'on fait présentement en matière
d'enseignement supérieur. Je parlais de la jeunesse tout à l'heure, mais notre collègue
la ministre de l'Enseignement supérieur a fait un travail formidable depuis son entrée en
fonction et a travaillé très fort également auprès du ministre des
Finances pour avoir les sommes
financières nécessaires pour développer le maximum d'initiatives
pour les jeunes du cégep et de l'université.
Évidemment,
le milieu enseignement supérieur va participer à la relance économique. C'est près de 45 millions
qui seront investis dans formation dans des domaines porteurs, qui sont
en pénurie, des technologies de l'information, informatique, sciences et santé. 15 millions qui aideront à aider
la santé mentale des étudiants et du personnel. Les établissements
pourront aussi offrir plus d'information, de formation, de services directs en
matière de santé mentale. On ne doit pas attendre,
Mme la Présidente, des semaines et des semaines lorsqu'on a des besoins
également. 40 millions qui vont être investis pour améliorer la réussite des étudiants, surtout, on le sait,
dans cette période difficile. 155 millions en aide directe aux étudiants. Vous avez vu, dans le dernier
budget, on a même annoncé que notre gouvernement allait donner 100 $ pour
la session de l'automne, 100 $ pour la session de l'hiver pour aider les
étudiants, également qu'on allait enlever de l'intérêt sur les prêts qui avaient été faits pendant cette
période-là. Alors, ça vient donner un coup de pouce important pour nos
étudiants à travers le Québec.
Et j'étais heureux, Mme la Présidente, j'étais
dans ma circonscription dans les derniers jours, et on est venu m'en parler de cette bonne nouvelle là et de cette
reconnaissance-là également qui avait été faite auprès des étudiants. Donc,
1er avril 2021 au 31 mars 2022 pour l'élimination des intérêts sur
les prêts. Ça représente, là, 72 millions de dollars d'intérêts que les
anciens étudiants n'auront pas à rembourser pendant un an. Alors, je pense
qu'on peut en être fiers.
Puis encore
une fois, tout à l'heure, j'aurais dû le mettre dans ma fameuse page E.5,
c'est encore de l'argent qu'on vient donner dans le portefeuille des
familles, dans le portefeuille des Québécois, parce que... Pourquoi? On leur
fait confiance pour participer à la relance
économique, et ça, c'est extrêmement important de pouvoir le rappeler et le
signifier.
Il y a des sujets aussi, Mme la Présidente, qui
sont plus sensibles, je vais le dire comme cela, mais qui ne sont pas pour le moins extrêmement importants. Vous
savez, au cours des dernières semaines, on a abondamment abordé le sujet de la violence conjugale, de l'importance
d'appuyer les organismes communautaires qui oeuvrent dans le domaine. Le
premier ministre a annoncé, au cours des derniers jours, que la vice-première ministre
allait chapeauter un comité, auquel se
retrouve d'ailleurs le député de Vanier-Les Rivières, qui est un homme
d'une grande, grande, grande expérience, Mme la Présidente, auprès des organismes oeuvrant auprès des hommes. Et
je sais que sa contribution est très importante pour pouvoir arriver à des solutions rapidement, parce que c'est un
homme dévoué mais impatient aussi de pouvoir trouver des solutions...
Une voix : ...
M. Poulin : Chauveau,
excusez-moi. Vanier-Les Rivières, c'était l'ancien comté pour lequel il s'est
présenté, mais il était député, en fait...
mais le député de Chauveau. Également la députée de Lotbinière-Frontenac qui
participe à ce comité-là, qui effectivement a vécu des choses extrêmement
difficiles dans sa vie, Mme la Présidente. Et on a besoin de ces bagages-là pour pouvoir enrichir la discussion,
évidemment, avec la ministre de la Condition féminine, le ministre délégué
à la Santé et aux Services sociaux, la vice-première ministre, le ministre de
la Justice.
Et
soyons clairs, là, le gouvernement était et sera aux côtés des femmes victimes
de violence conjugale. Nous allons tout
faire, au cours des prochains jours, des prochaines semaines, pour trouver des
solutions rapides. Vous savez, des fois, on peut mettre les sommes financières là. Maintenant, il faut qu'elles
descendent, on le sait, dans les services. Mais on aura beau mettre l'argent
qu'on veut, mais ça prend des solutions rapides, et on doit être capables de
pouvoir mettre les mesures en place. Alors,
je pense que les Québécoises et les Québécois seront en mesure d'apprécier les
actions que notre gouvernement va prendre en ce sens-là.
Est-ce que je peux vous demander le temps qu'il
me reste, Mme la Présidente?
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Alors, ça tombe bien, M. le député,
puisqu'il ne vous en reste plus, dans le sens que... Il vous en reste
pour votre intervention, mais je dois, évidemment, suspendre les travaux.
Par
contre, je vous demande... Est-ce que vous avez terminé votre intervention ou
vous allez revenir, vous allez reprendre?
M. Poulin : ...à
14 h 30.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Génial!
Alors, compte tenu de l'heure, les travaux de l'Assemblée
sont suspendus jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 14 h 30)
Le Vice-Président (M. Picard) :
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît.
Aux affaires
prioritaires, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée poursuit le débat
sur la motion de M. le ministre des Finances proposant que l'Assemblée
approuve la politique budgétaire du gouvernement.
Avant de donner la parole au prochain
intervenant, je vous informe qu'il y a 3 h 10 min 53 s
d'écoulées à la première étape du débat. Il reste donc à faire redistribution
du temps au total de 11 h 49 min 7 s, réparti comme
suit : 5 h 17 min 44 s
au groupe parlementaire formant le gouvernement,
2 h 59 min 9 s au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 1 h 1 min 35 s au
deuxième groupe d'opposition et 1 h 39 s au troisième groupe
d'opposition.
M. le député de Beauce-Sud, je vous cède la
parole maintenant pour compléter votre intervention.
M. Poulin :
Merci, M. le Président. Effectivement, j'ai eu la chance de pouvoir m'exprimer
cet avant-midi sur le budget et d'apporter plusieurs éléments qui
concernent, entre autres, la santé, l'éducation, les investissements massifs
que l'on fait, la protection du portefeuille des contribuables, qui porte la
signature de notre gouvernement.
Mais on
s'était laissés sur un sujet extrêmement important et extrêmement sensible,
mais qui vient tous nous toucher comme
parlementaires, c'est l'enjeu de la violence conjugale qui sévit présentement,
qui sévissait depuis plusieurs années, qui sévit présentement au Québec,
à quel point notre gouvernement, mais l'ensemble des parlementaires ici, porte
ce dossier-là avec énormément de détermination pour que les choses changent. Un
comité est en place avec différents intervenants
pour arriver à des solutions concrètes. On l'a dit, l'argent ne sera pas un
problème. On veut appuyer les maisons, mais on veut également
sensibiliser le maximum de notre population à cet enjeu-là qui est très
important. Et on souhaite tous évidemment
arriver à des résultats le plus rapidement possible, faire en sorte que les
femmes puissent se sentir en sécurité partout
où elles se trouvent sur le territoire québécois. Alors, je tenais à terminer
cette parenthèse que nous avions élaborée un peu plus tôt cet
avant-midi.
Alors, en
terminant, M. le Président, on est dans un contexte mondial extrêmement
difficile. Encore une fois, personne, ici, ne pensait vivre cette
situation. Comme gouvernement, on fait face à des défis extrêmement importants
de relance économique, sur lesquels nous travaillons toujours, et je pense que
les statistiques préliminaires que nous avons nous démontrent que ça
fonctionne. Mais en même temps il faut protéger le portefeuille des contribuables.
Il faut investir massivement dans les missions de l'État et offrir des services
à notre population.
Alors, j'appuierai évidemment ce budget, M. le
Président, ce n'est pas une surprise, et je souhaite... Oui, effectivement, peut-être d'autres collègues
l'appuieront, de l'autre côté, on verra. On aura ce suspens-là dans quelques
jours. Mais, sans blague, M. le
Président, c'est un bon budget. C'est un budget qui est responsable, ce mot-là
est important, et qui, surtout,
respecte les contribuables québécois. Merci.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Beauce-Sud.
Je reconnais maintenant la cheffe de l'opposition officielle.
Mme Dominique Anglade
Mme Anglade :
Merci, M. le Président. Alors, on va commencer là où le député de Beauce-Sud a
fini, en disant : Budget responsable. Budget conservateur, budget
conservateur, budget qui manquait un peu, quand même, de créativité. Revenir aussi sur les propos que j'ai entendus
tout à l'heure, lorsque les gens disaient : La question de la
main-d'oeuvre, on est rentrés au
gouvernement en 2018, puis il y avait une pénurie de main-d'oeuvre, mais elle
n'est pas venue toute seule, cette
pénurie de main-d'oeuvre là. Bien non, elle n'est pas venue toute seule. Mais
la réalité, c'est que, pendant des années, jusqu'au mois d'août 2018, on avait l'actuel premier ministre du
Québec qui disait : Ce n'est pas l'enjeu essentiel; l'enjeu essentiel, c'est les emplois payants. D'ailleurs, c'est le même enjeu essentiel qu'il retient encore aujourd'hui : C'est les emplois payants. La question de la pénurie de main-d'oeuvre a été niée par le premier
ministre pendant des années, alors qu'on
s'époumonait pour dire qu'il fallait mettre cet enjeu-là de l'avant. Puis ça me
fait quand même sourire, même si ce n'est pas drôle, M. le Président, ça me fait quand même sourire d'avoir
aujourd'hui la Coalition avenir Québec qui dit : Bien, on le savait
depuis des années. Bien, en tout cas, si vous le saviez, vous ne l'avez pas dit
puis vous l'avez nié.
Le gouvernent
a déposé son budget, M. le Président, alors que le Québec est encore pris sous
les effets de la crise sanitaire. Et ce qu'on a souhaité, au départ,
c'est que le gouvernement de la CAQ propose une véritable vision pour le
XXIe siècle. On l'a dit dès le départ, c'est un test de vision. Je sais
que mon collègue et député d'Orford va être d'accord
avec moi sur cet élément-là. Le budget devait paver la voie pour le progrès du
Québec. C'était l'engagement du premier
ministre. Et on a eu espoir quand même qu'on allait comprendre qu'on n'était
pas dans une période de statu quo, qu'on ne voulait pas revenir nécessairement
à 2019, mais qu'on voulait se projeter sur 2030, sur 2040, sur 2050. Ce
n'est pas ce à quoi nous avons eu droit.
La crise a accéléré des transformations
capitales pour le progrès du Québec, mais ces transformations-là avaient déjà
été entamées sous le gouvernement précédent. La crise a aussi mis en relief des
profondes inégalités qui existent dans nos sociétés entre les individus mais également
entre les communautés. Au Parti libéral du Québec, nous croyons qu'il est
maintenant temps pour le Québec de prendre une voie, une nouvelle vision
économique qui émerge ici et beaucoup ailleurs également. Nous croyons que le
progrès économique ne doit plus seulement se confiner à des dimensions purement comptables et purement
financières. Je comprends très
bien lorsque l'on dit : C'est important
d'un point de vue comptable, on a fait tous les chiffres, on a
mesuré, on a calculé, mais, au-delà de ça, on a de véritables enjeux de société
et de véritables questions à se poser. On doit donc repenser dans un cadre
plus large qui place le progrès social, le progrès économique, le progrès technologique, le progrès environnemental au cours de notre... en fait,
au coeur même de notre projet collectif.
Et, lorsque
j'entends la CAQ nous dire... lorsque j'entends le député de Beauce-Sud nous
dire : Puis c'est important, quand on parle de la jeunesse, on doit
parler d'environnement. Bien oui, quand tu parles de jeunesse, tu dois parler
de l'environnement. Mais, au-delà de parler,
au-delà des paroles, paroles, hein, c'est les actions, puis des gestes, et une
véritable volonté de transformer ce qui se fait, pas simplement de dire
que c'est important parce que c'est des jeunes puis c'est le bon mot à dire, là. Ça, tout le monde est
capable de le faire. C'est pourquoi il est temps maintenant que le Québec se
dote d'une vision de progrès économique qui crée un meilleur équilibre entre
les valeurs du marché, mais également une société qui soit plus humaine
et plus durable.
On avait
souhaité que le budget déposé par le gouvernement soit donc un véritable
vecteur de progrès économique, environnemental,
technologique, social, mais là nous avons un rendez-vous qui a été manqué.
C'était une occasion que le gouvernement aurait pu saisir.
Le budget de
la Coalition avenir Québec est à l'image du gouvernement : il est
conservateur, il est comptable, pas grand vision et, surtout, projet. Si
les Québécois souhaitaient découvrir quel est le Québec que le premier ministre
veut bâtir pour la prochaine génération, je pense qu'ils sont définitivement
restés sur leur faim.
On n'a jamais senti la réelle vision pour la
nation québécoise, et surtout on a vu des changements de priorités. Il n'y a pas si longtemps, le premier ministre
nous disait qu'il voulait parler de la vraie réingénierie de l'État. Ensuite,
il nous a parlé de la volonté de
faire l'indépendance énergétique, notamment en allant forer au large d'Anticosti.
On avait le premier ministre qui promettait des ventes astronomiques
d'électricité à nos voisins ontariens. On a eu aussi le premier ministre qui voulait la construction de nouveaux
barrages et une nouvelle révolution tranquille, rien de moins. On avait,
il ne faut pas l'oublier, la mise en place
du plan Saint-Laurent, la construction du troisième lien dès son premier
mandat. Il voulait libérer la force
des entrepreneurs du Québec. À un moment donné, ça a été l'éducation, la
priorité, et, honnêtement, s'il y a
une chose que l'on n'a pas vue, pas sentie dans ce mandat-ci jusqu'à présent,
c'est bien que l'éducation était une priorité. Améliorer la production
forestière. On a eu bâtir des alliances énergétiques. On a eu droit à donner une vraie voix aux régions, faire la
ligne bleue. Mais de tout cela on n'a pas vu grand-chose. Et surtout ce qu'on a
vu, surtout ce qu'on a vu, c'est que ça changeait constamment, il n'y avait pas
de ligne directrice.
• (14 h 40) •
Mais j'ai
quand même souri lorsque le premier ministre est sorti, il n'y a pas si
longtemps, il y a quelques mois, pour nous dire qu'il avait trois piliers
importants pour son développement économique : l'entrepreneuriat, le
manufacturier innovant, les exportations, les investissements privés.
Tout ça, M. le Président, ajouté avec l'intelligence artificielle, M. le Président, ce sont toutes là des idées qui
ont été énoncées par le précédent gouvernement. Quand on me parle
d'intelligence artificielle, quand on me parle de manufacturier innovant, c'est
tout ce qui a été lancé en 2016, alors qu'on était au gouvernement, qui est repris. Il n'y a pas de créativité là. Et
ça, c'était il y a cinq ans. On est quand même cinq ans plus tard, post, entre guillemets, d'une pandémie,
en termes de vision, parce qu'il va falloir qu'on se projette. Alors, cet
appétit-là de la part du gouvernement de faire quelque chose de fort et de
transformateur, on ne l'a pas vu.
Le premier
ministre a également fait la promotion du REM, mais vous vous souvenez, le REM,
c'est quand même le précédent
gouvernement. Et j'aimerais rappeler quand même au gouvernement de la CAQ que
le REM, lorsque nous sommes rentrés
au gouvernement, n'existait pas, puis, au sortir du gouvernement, les premières
pelletées de terre avaient été
faites, là, c'était parti. J'aimerais savoir qu'est-ce qu'ils auront été
capables de livrer à l'intérieur même d'un seul mandat. Ils ont de la
misère avec le tramway, alors qu'on en parle depuis des années.
Alors, ce
qu'on demande au gouvernement, c'est beaucoup plus de créativité. Et ce que
l'on constate, c'est que, dans ce budget-là, il n'y a pas de direction pour
l'avenir et que le premier ministre, à bien des égards, est toujours intéressé
par une perspective des lignes comptables,
par le «bottom line». Je comprends que le premier ministre se considère comme
un politicien pratique et pragmatique, ce
qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose, mais là on pourrait appeler ça
presque
utilitariste. La logique comptable l'empêche de considérer les choses autrement
que par des rendements de court terme. D'ailleurs, les commentaires qu'il a
formulés sur Anticosti, la volte-face qu'on a vue sur le projet Apuiat en
sont des exemples éloquents.
Et, toujours suivant cette perspective, le
premier ministre avait décidé de proposer des changements avec Hydro-Québec, mais je pense que, s'il s'était
projeté puis il s'était mis en 1944, on aurait pu l'imaginer en train de nous
dire que le gouvernement libéral était
antiéconomique, que ça allait être un puits sans fond, que la nationalisation
n'allait pas être une bonne chose. Je
pense qu'on aurait pu même l'imaginer dans un autre temps, avec une logique qui
n'était pas une logique d'avenir.
Je pense que
le gouvernement actuel cultive l'idée d'un Québec
d'autrefois. Puis d'ailleurs le ministre
de l'Économie nous l'a passablement répété : Nous, on va
revenir rapidement où on était en 2019, on va revenir au temps de 2019. Le
problème, c'est que le monde change, le
monde change, et que la responsabilité du gouvernement est de s'adapter
par rapport à ces changements-là. Et c'est ça qu'on aurait aimé voir.
On a... Au-delà
du budget qui a été présenté, le ministre
des Finances a parlé des prévisions
de croissance à la baisse par rapport
au mois de novembre dernier. Lors de la dernière mise à jour budgétaire, le ministre des Finances nous a dit qu'il n'y avait qu'un seul scénario, il n'a présenté qu'un seul scénario,
la croissance réelle de l'économie s'établissait alors à 5 % pour 2021-2022. On avait, à l'époque,
qualifié ça de jovialiste. Cette fois-ci, le ministre des Finances projette
une croissance réelle du PIB de 4,2 %. Ce qui est surprenant, M. le
Président, mais pas totalement étonnant, c'est qu'en aucun cas on ne fasse référence à la troisième vague. On est en train de
répéter la même chose qu'en mars de l'année passée, quand on est arrivé avec le budget puis qu'il y
avait une espèce de feuille qui avait été rajoutée à la dernière minute dans le
budget pour nous parler d'un soi-disant virus qui allait arriver, on est en
train de vivre la même chose avec le budget qui a été déposé, sans scénario
par rapport à la troisième vague. J'imagine qu'il va y avoir un réalisme qui va
apparaître cet après-midi, un peu plus tard.
Pour ce qui
est des revenus autonomes, M. le
Président, les impacts négatifs
attendus de la crise se sont amoindris par
rapport aux prévisions de novembre dernier, et les revenus générés par l'État
étaient alors prévus à la baisse, à 3,9 %, pour l'ensemble de l'année financière 2020-2021.
Mais, finalement, lors du budget, on peut constater que la baisse réelle
a été de 1,9 %. Cette baisse est
notamment venue par la diminution des revenus qui provenaient des entreprises
du gouvernement mais aussi par
la diminution des revenus fiscaux d'environ 1 %.
Si je regarde l'ensemble des missions de l'État,
puis si vous me permettez de passer quelques minutes sur le Fonds des générations, le gouvernement a réitéré sa confiance envers la nécessité de
maintenir ce fonds ainsi que de maintenir son entièreté par rapport aux versements qui y sont liés. Mais le
ministre prévoit aussi un retour à l'équilibre budgétaire sur une
période de sept ans, ce qui nécessitera certainement des modifications
législatives, mais surtout on n'a pas d'idée de
la manière dont on va retrouver cet équilibre budgétaire, tout est laissé pour
l'après-élection 2022. Alors,
les vraies décisions qu'ils
souhaiteraient prendre, ils ne veulent surtout pas les prendre avant la
prochaine élection générale. Je pense que le message a été très clair.
On investit également beaucoup dans le béton, beaucoup
dans des infrastructures. Mon collègue le député de Pontiac nous a dit tout à l'heure à quel point c'était une méthode qui avait été éprouvée il y a
50 ans, c'est vrai, mais on ne peut
plus penser en termes
d'investissement simplement dans les infrastructures, simplement dans les
maisons pour les aînés, simplement dans le béton. On est rendu ailleurs.
Et l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre, pour lequel il y a eu très peu de propositions faites, fait en sorte qu'on continue à creuser le fossé des problèmes que nous avons dans toutes
les régions du Québec
puis pour assurer la vitalité dans toutes les régions du Québec.
Ça, c'est véritablement l'enjeu
auquel nous faisons face.
Lorsqu'on
regarde, maintenant, la question des femmes, il vient d'y avoir un article,
moi, j'inviterais le gouvernement à aller lire cet article, on parle d'un recul
pour les femmes, dans notre société, équivalent à une génération de
recul, une génération de recul. C'est considérable, ce qu'on est en train de vivre. Et je pense que le gouvernement ne prend pas la pleine mesure de ce qui est en train de se produire. Quand on parle de changements sociaux importants,
comprendre ce qu'est l'environnement, comprendre ce que c'est que la transformation d'un point de vue économique, le rôle que les femmes jouent de
manière fondamentale dans notre économie, mais que ça a l'air de passer
complètement au-dessus de la tête du gouvernement
actuel, ça, c'est véritablement un enjeu, parce qu'en termes de potentiel et de
croissance économique, si le premier
ministre souhaite en parler, c'est d'abord et avant tout par l'implication des
femmes dans le milieu de travail que ça va se faire, et je pense qu'il
est grand temps que le gouvernement en soit conscient.
Alors, ce que l'on souhaite, c'est vraiment un
gouvernement qui ait cette vision, et c'est ce que nous n'avons pas ici. Et
conséquemment, M. le Président, j'aurais une motion de grief à déposer. Est-ce
que je vous la lis maintenant?
Le Vice-Président (M. Picard) :
Oui, vous pouvez la lire.
Motion formulant un grief
Mme
Anglade : «Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement
caquiste pour sa négation de la pénurie
de main-d'oeuvre et pour ne pas avoir présenté les solutions concrètes
auxquelles il a accès pour résorber ce défi dès maintenant.»
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la cheffe de l'opposition
officielle. Votre motion est déposée sous réserve de sa recevabilité. Et
je cède maintenant la parole à Mme la ministre des Aînés et des Proches
aidants.
Mme Marguerite Blais
Mme Blais
(Prévost) : Merci, M. le Président. Je suis très heureuse de prendre
la parole sur le troisième budget du ministre des Finances, qui est, en
fait, depuis trois ans, le ministre, un budget extrêmement aînés, où il y a des
sommes importantes qui ont été affectées aux aînés dans ce budget.
J'aimerais
tout d'abord, M. le Président, si vous le permettez, parler de quelque chose
qui est comme... On nous reproche parfois de manquer de places en CHSLD...
Le
Vice-Président (M. Picard) : Excusez, Mme la ministre. Je tiens à
rappeler qu'ici c'est des masques de procédure. S'il y a des gens qui n'ont pas des masques de procédure, je vous
demanderais d'aller les modifier. C'est une règle que nous nous sommes
donnée et que nous devons respecter.
Je
m'excuse, Mme la ministre, vous pouvez continuer. Mais je dois appliquer
l'entente qui est intervenue entre les groupes parlementaires. Allez-y,
Mme la ministre. Et je m'en excuse à nouveau.
• (14 h 50) •
Mme Blais
(Prévost) : Tout d'abord, M. le Président, souvent on me pose comme
question : Est-ce que vous allez combler
les lits en CHSLD, la liste d'attente est très longue?, et par ailleurs on me
demande le plan pour le personnel que nous allons attribuer dans nos
maisons des aînés. C'est un peu une chose et son contraire.
Parlons-en, du
personnel. M. le Président, il manque de personnel depuis plus de 20 ans.
Ça a commencé quand M. Bouchard a
décidé de demander aux infirmières et aux infirmiers de prendre leur retraite.
À partir de ce moment-là, on a
commencé à manquer de personnel dans nos établissements, que ce soit dans les
hôpitaux, que ce soit dans les CHSLD, et
la dégringolade s'est continuée. Avant la pandémie, il manquait de personnel
dans les CHSLD. J'ai été témoin, j'ai vu qu'il manquait beaucoup de préposés, d'infirmières, d'infirmiers. Nous
en avons parlé en caucus, nous en avons parlé au premier ministre, qui
avait l'intention d'augmenter le salaire des préposés aux bénéficiaires.
Arrive
la COVID-19. Il manquait déjà 10 000 employés, il en a manqué autant
parce que les gens étaient malades. Et
nous avons fait quelque chose de quand même assez exceptionnel, c'est-à-dire
que nous avons été capables de former plus
de 8 000 préposés aux bénéficiaires, qui sont actuellement embauchés
dans nos CHSLD. Il y a 1 000 préposés qui sont en train de se
faire former.
On
s'est rendu compte... Puis moi, je le voyais. Je visitais des CHSLD, M. le
Président, j'arrivais à l'improviste, ça faisait 40, 45 minutes que j'étais là, et là un gestionnaire
arrivait parce qu'il me cherchait. Cette même personne s'occupait de plusieurs CHSLD à la fois. Alors, on a embauché
280 gestionnaires dans nos CHSLD pour faire en sorte que, dans chaque
établissement, il puisse y avoir un patron qui prend des décisions.
On
s'est rendu compte que le député de La Pinière avait coupé
43 millions en santé publique, 50 % des cliniciens en prévention et contrôle des infections. Nous
avons formé plus de 18 000 champions en prévention et contrôle des
infections, M. le Président. C'est écrit dans le budget. C'est
750 millions récurrents pour du personnel que nous avons embauché.
750 millions récurrents, c'est énorme, et nous allons continuer
d'embaucher des personnes.
Et,
oui, nous aurons un plan aussi pour l'embauche de personnel dans nos maisons
des aînés et nos maisons alternatives.
Les inscriptions, actuellement, en sciences infirmières ont augmenté dans nos
établissements. Alors, il faut prendre
ça en considération et il faut rendre aussi les professions... De prendre soin
des plus vulnérables, il faut prendre... il faut que ce soit attractif. Il faut
que les gens aient envie de venir travailler. Il faut que nous soyons en mesure
d'offrir une rétention à ces
personnes-là. D'ailleurs, j'aurai l'honneur de dévoiler la première politique
d'hébergement, de services et de soins de longue durée. Donc, j'étais
avec nos 750 millions de dollars que nous avons investis.
Tout
d'abord, avant de parler des maisons des aînés, M. le Président, permettez-moi
de parler du maintien à domicile. On
nous dit tout le temps : Vous allez focaliser davantage sur les maisons
des aînés, les maisons alternatives, mais qu'est-ce que vous faites du
maintien à domicile? Les gens veulent vivre à la maison le plus longtemps
possible.
Le premier budget du
ministre des Finances, c'était une augmentation de 280 millions
récurrents. Le deuxième budget, il a ajouté
un 100 millions récurrent. Dans le troisième budget, c'est
750 millions sur cinq ans avec l'indexation, M. le Président. On
est partis, 2018-2019, à 1 116 000 000 $, et, dans le
budget 2021-2022, c'est 1 870 000 000 $, une augmentation, pour le maintien à domicile, de
67 % en trois ans, 67 %. Alors, nous allons favoriser le maintien à
domicile, parce que la grande
majorité des aînés sont en forme, en santé, veulent vivre dans leurs
communautés, dans leurs villages, dans leurs villes, dans leurs
municipalités régionales de comté, être actifs. Ces gens-là paient des taxes,
des impôts, consomment des biens de culture, de loisir. Ces gens-là font du
bénévolat, ce sont des grands-parents.
Et
nous allons aussi devoir travailler avec les élus de ces municipalités-là.
Saviez-vous, M. le Président, qu'on a mis en place des politiques Municipalités
amies des aînés et qu'actuellement 96 % du territoire au Québec est
couvert par une politique Municipalités amies des aînés? Alors, nous allons
aussi travailler avec les élus pour faire en sorte que les aînés
puissent rester dans leurs municipalités.
Les
soins et les services à domicile, c'est une chose, mais ça prend du transport,
ça prend de la gériatrie sociale pour faire
en sorte que nos plus vulnérables, nos plus isolés soient en mesure de recevoir
aussi des services et des soins de qualité. Ça prend aussi des centres de jour. Il y a énormément de centres de jour
qui ont été coupés par le passé. Il faut les faire revivre. Pourquoi? Parce que ça aide aussi les personnes
proches aidantes, le fait que les personnes aidées puissent aller dans un
centre de jour. Donc, nous allons faire revivre ces centres de jour.
Maintenant,
parlons des maisons des aînés, parlons de ces maisons des aînés, de ces
fameuses maisons des aînés. Vous
savez, dans les années 60, on a fait rêver avec l'hydroélectricité. Vous
savez que Lucien Bouchard a fait rêver avec ses centres de la petite
enfance. Nous avons rêvé aussi avec le régime d'assurance parentale. Non
seulement le régime d'assurance parentale a
fait du bien aux mamans, mais ça fait du bien aux papas, et ce régime a évolué.
Les maisons des aînés, les maisons alternatives, c'est un projet de
société.
Pourquoi?
Parce qu'actuellement, dans nos CHSLD, c'est entre 80 % et 85 % des
personnes hébergées qui vivent avec
des troubles neurocognitifs majeurs. Donc, les établissements doivent s'adapter
à cette réalité. Nous avons aussi entre 10 % et 15 % de nos résidents en centre d'hébergement qui sont
âgés de 65 ans et moins et qui vivent avec des personnes atteintes
de maladie d'Alzheimer. C'est très difficile au niveau de la communication et
au niveau des loisirs.
Donc, dans
nos maisons dans aînés, au lieu d'avoir comme 16 places de façon
traditionnelle dans un CHSLD, ce sont
des unités de 12. Nous sommes partis avec un engagement de 2 600 places pour 30 maisons des
aînés et nous avons, au fil du temps, bifurqué vers 46 maisons des aînés
plus petites. C'est sûr que ça coûte un peu plus cher, on a acheté
16 terrains supplémentaires,
alors c'est normal, mais on les veut, ces maisons des aînés et ces maisons
alternatives dans la communauté. On veut que les gens soient en mesure de
sortir et on veut que la communauté s'accapare de ces milieux de vie. On prend
un pari que, si c'est agréable pour les
personnes hébergées, ce sera également agréable pour les personnes qui y
travaillent.
La COVID-19
nous a fait prendre conscience que nous devions faire des ajouts dans ces
maisons des aînés : plus de
ventilation mécanique, des sas pour permettre au personnel de se changer entre chaque
unité de vie, unité petite maisonnée de
12, plus de lavabos pour se laver les mains, plus de toilettes personnelles
pour les employés, un plus grand salon et une plus grande cuisine pour les employés. Dans les cuisines, nous allons
aussi mettre un mécanisme pour séparer le souillé du propre. Nous aurons des casiers, un appartement
pour les proches aidants. Nous aurons aussi des matériaux moins poreux.
La COVID-19 nous apprend à faire mieux dans la construction. Donc, on va tenir
ça en considération.
On est donc partis de 2 600 places à
3 044 places. On ajoute aussi 432 places qui devaient être
construites en CHSLD, qu'on va mettre dans les maisons des aînés. Donc, on a
évolué avec ça. Certaines maisons des aînés, je vous l'apprends, là, auront un centre à la petite enfance. D'autres, un
centre communautaire. Et il y aura aussi des salles pour que les gens puissent tenir des réunions. Donc, on
s'adapte aux régions, à la réalité des régions, et, oui, nous allons atteindre notre but.
• (15 heures) •
Le but, ce
n'est pas uniquement de remplacer les CHSLD par des maisons des aînés, c'est
aussi de reconstruire des CHSLD, qui
auraient dû être reconstruits depuis plusieurs années, qui n'ont pas été
reconstruits. C'est un énorme chantier. Mais, si on n'a pas de rêves en
politique, M. le Président, on ne vient pas en politique. La politique, c'est
l'art de sortir du cadre de temps à
autre pour être en mesure d'innover. Et nous allons réussir à la fois en
parallèle à pouvoir donner à 2,8 % de la population hébergée des endroits de qualité à la fois dans les
maisons des aînées, mais aussi dans les CHSLD, et nous allons être en
mesure d'investir massivement, parce qu'on le fait, hein, ce n'est pas rien,
là, 1 870 000 000 $ dans le budget 2021‑2022 pour le
maintien à domicile, ce n'est pas rien. Nous allons faire ça en parallèle.
Je suis
parfois tellement stupéfaite quand on remet en question les maisons des aînés,
quand on dit : Bien non, vous investissez dans le béton. On
n'investit pas dans le béton, on investit dans le prendre soin de la personne.
Les CHSLD, M. le Président, ne sont plus uniquement des milieux de vie, ce sont
des milieux de soins. On doit s'adapter à cette réalité. Ici, les collègues le savent, tous les députés ici vont dans
leur circonscription visiter des CHSLD. Il y en a qui sont plus récents, mais il y en a qui sont très
anciens, comme à Montréal. On va reconstruire Jeanne-Le Ber. Il faut
reconstruire certains de nos CHSLD.
Maintenant, M. le Président, dans le budget, il
n'y a pas que les maisons des aînés puis le maintien à domicile. Il y a autre chose. Justement, on me faisait
part... Il n'y a pas si longtemps, la députée de Fabre me posait des questions
sur le crédit d'impôt pour maintien à domicile. Elle mentionnait : Aux
crédits, vous en aviez parlé, mais qu'est-ce que vous avez fait? Quand on veut transformer un crédit de
cette ampleur, il faut se parler entre ministères. On fait des travaux. Tout
le monde sait qu'on doit faire des travaux, que ça ne s'écrit pas sur le coin
de la table.
Alors, c'est
une bonne nouvelle, parce que nous aurons un investissement de
394 millions de dollars pour bonifier le crédit d'impôt pour maintien à
domicile. Ça va s'échelonner sur cinq ans, 1 % par année, et ça va faire
en sorte que les personnes auront un
peu plus d'argent pour être en mesure de se payer des soins, des services dans
les résidences privées pour aînés.
Et ce que
nous faisons aussi, M. le Président, pour la première fois, parce qu'il y avait
un crédit fiscal qui n'a pas été revu
depuis 2008, pour les personnes qui vivaient dans un logement, pour les
personnes âgées, qui était de 600 $, il va passer à
1 200 $, M. le Président. Ça fait que ça aussi, ça va faire du bien à
nos personnes aînées.
Nous aurons
un programme aussi pour faire de la mise aux normes, j'écoutais le député de
Beauce, tantôt, qui nous en parlait,
justement pour les RPA. Pourquoi? Parce que c'est difficile parfois pour les
petites résidences privées pour aînés, et pour d'autres aussi, parfois
un peu plus grosses, de faire des travaux, d'aller chercher un emprunt dans une
institution financière pour être en mesure
de mettre au niveau. On a exigé beaucoup depuis le tragique incident de
L'Isle-Verte. Alors, aujourd'hui, il faut soutenir aussi ces petits
propriétaires, parce que les gens veulent vivre dans leur ville, dans leur petite ville le plus longtemps possible. Donc,
c'est un programme de 388 millions de dollars pour les aider aussi, parce
que, depuis la COVID, ils ont de la
difficulté à se faire assurer. Alors, les assurances, c'est fondamental au
niveau de la certification.
Alors, on a
travaillé à ces programmes avec le ministère de l'Habitation, des
Municipalités, le ministère des Finances. Et je remercie mes collègues,
parce qu'on a été capables, les trois ministères, de travailler très bien
ensemble.
Ce matin, je
me suis fait poser une question par rapport au Fonds de soutien aux proches
aidants. Pour moi, le fonds, c'étaient
les sommes d'argent qui seraient disponibles. M. le Président, on avait, en
2009, un fonds. Je ne sais pas comment j'avais
réussi ça à l'époque, mais toujours est-il que je tiens à remercier la fiducie
familiale Chagnon, parce que M. Chagnon, avec sa famille, a quand même investi 50 millions de dollars sur
10 ans pour faire en sorte que les proches aidants de personnes aînées puissent obtenir un soutien. Le fonds
s'était traduit par l'appui, l'appui aux proches aidants, et ça fonctionne très
bien maintenant, après plusieurs années.
Avec notre
approche, avec le fait que je coiffe le titre aussi de ministre responsable des
personnes proches aidantes, il faut ouvrir à l'ensemble des personnes
proches aidantes. On ne peut plus seulement soutenir les personnes proches aidantes d'une personne
aînée, il faut soutenir, entre autres, les familles qui ont des enfants
autistes, des enfants en situation de
handicap, les parents qui ont des enfants en situation de handicap devenus
adultes qu'ils gardent à la maison. Alors, il faut ouvrir à cette
diversité de proche aidance.
Donc, l'appui
aux personnes proches aidantes va continuer de recevoir le 15 millions annuellement que le gouvernement a investi au cours des années, cette somme qui
provenait à l'époque de la taxe du tabac. L'important, c'est de savoir
que l'appui aux personnes proches aidantes...
On s'est
engagés, d'ailleurs, en commission
parlementaire pendant que nous étions
en train d'étudier la loi sur les personnes proches aidantes. On est l'une des
seules juridictions au monde à avoir
une loi de cette nature. C'est la première loi au Québec sur la proche aidance. Et cette loi va changer les choses.
Pourquoi elle va changer les choses? Parce qu'on vient enchâsser une
politique. On vient enchâsser un plan d'action. On vient enchâsser un
observatoire scientifique. On vient
enchâsser aussi un comité des partenaires. On vient enchâsser la semaine
nationale des personnes proches aidantes. Et, nonobstant le parti politique qui sera au pouvoir, les personnes
proches aidantes seront toujours soutenues parce que la loi est forte et la loi va permettre, à tous
les cinq ans, de renouveler le plan d'action. Et le plan d'action est vraiment
concentré autour de la santé et du bien-être de la personne proche
aidante.
Alors, d'ici
quelques semaines, j'aurai encore une fois le privilège de déposer la première
politique. Et je remercie la députée
de Fabre parce que, durant la commission parlementaire sur le projet de loi...
Écoutez, ça a très bien été. On a très
bien travaillé ensemble avec le parti de Québec solidaire, le Parti québécois.
Ça s'est très bien débrouillé. Il n'y a personne qui peut être contre
les proches aidantes. Tout le monde veut soutenir les personnes proches
aidantes. Et, quand on les soutient, les personnes proches aidantes, on aide
aussi au maintien à domicile. Ça va de pair, ça va de soi.
Vous savez, M. le Président, quand je suis
revenue en politique, je me suis engagée pour des maisons de répit Gilles-Carle. Mais vous savez qu'après quatre ans
on va avoir dépassé notre objectif de huit maisons Gilles-Carle. On s'est
engagés à faire des projets en gériatrie
sociale. Tout le monde se disait : Bien, la gériatrie sociale... Mais,
écoutez, il y a cinq projets
actuellement. On veut en déployer dans toutes les régions du Québec. Alors,
c'est merveilleux, parce que ce sont
des projets qui émanent des communautés. Et, quand ça émane des communautés, en
général, ça fonctionne très bien.
Alors, dans
le budget, on a eu, encore une fois, 19 millions pour les proches aidants.
Il y aura toujours un 15 millions de dollars aussi pour L'Appui aux
proches aidants, des sommes d'argent qui vont faire en sorte que nous allons
pouvoir respecter nos engagements à la fois
pour des maisons de répit, mais aussi pour des coordonnateurs à la proche
aidance, pour être en mesure de
soutenir aussi l'observatoire à la proche aidance. Dans le budget de l'année
passée, c'était le crédit d'impôt pour les personnes proches aidantes
qui a été bonifié.
Donc, nous
sommes sur la voie du respect de nos
engagements politiques. Et je ne veux pas prendre trop de temps parce que
je veux laisser parler mes collègues aussi, mais, pour moi, ça s'avère très
important de dire que nous avons des sommes d'argent pour améliorer les soins
et les services à domicile, pour améliorer aussi nos CHSLD. J'entendais tout à l'heure le leader de la première
opposition, le député de Pontiac fait un très beau travail dans sa
circonscription, et qui mentionnait :
Bien là, bien là, ils voulaient nationaliser les CHSLD, on n'en entend plus
parler, ils veulent les conventionner.
• (15 h 10) •
Bien oui, on
va les conventionner, imaginez-vous. Ça fait presque deux ans qu'on travaille
là-dessus. Et, à tous les ans dans le
budget, on a les sommes nécessaires pour être en mesure de le faire. Mais ce
n'est pas simple. C'est depuis les années 1980 qu'on n'a pas
conventionné de CHSLD, sauf celui que nous avons fait à Waterloo. Pourquoi on
va les conventionner? Pour être plus près de
nos CHSLD, pour être en mesure aussi de pouvoir éventuellement avoir un levier
légal. S'il y a quelque chose qui se passe mal dans un CHSLD privé, le CISSS ou
le CIUSSS peut entrer et peut s'occuper du CHSLD, peut prendre la
responsabilité du CHSLD.
Donc, oui,
nous allons conventionner nos CHLSD. Et, s'il y a des CHSLD qu'on ne peut pas
conventionner, on va les nationaliser.
Puis, s'il y en a d'autres qu'on doit fermer, nous allons les fermer. Mais nous
allons offrir des soins de qualité à nos personnes vulnérables,
nonobstant l'endroit où cette personne est placée.
Et aussi peut-être
revenir sur les maisons des aînés. On nous critique, bien, on... il ne faudrait
pas nous critiquer, là. Québec
solidaire, qui disait : Bien là,
nationalisez les CHSLD puis, en même temps, ça coûte trop cher, les maisons des
aînés. On ne peut pas dire une chose et son contraire. On fait public. On a
décidé, avec les maisons des aînés puis les maisons alternatives, de faire public, de ne pas aller dans le privé.
Et, en conventionnant les CHSLD, on s'en va de plus en plus vers une
approche publique.
Alors, on ne
peut pas nous reprocher de s'en aller vers une approche publique. On ne peut
pas nous reprocher de vouloir
développer plus de 3 000 places en maisons des aînés, alors que le
député de La Pinière a développé 285 places en quatre ans
dans le privé. On ne peut pas nous reprocher ça.
Mais, M. le Président, en terminant, moi,
j'invite tous mes collègues ici, à l'Assemblée, à me parler. Si on peut améliorer des choses, que ce soit dans les CHSLD,
que ce soit dans le maintien à domicile, que ce soit pour les proches aidants, ça va toujours
me faire plaisir, toujours plaisir, de parler, de m'entretenir, et de
prendre les bonnes idées, et de donner le crédit à la personne. Ma carrière est derrière moi. La seule chose qui
me plaît, maintenant, en faisant de la politique, c'est d'essayer de faire du bien. Et en général les gens
qui sont ici veulent tous la même chose : faire du bien pour leur
communauté, faire du bien dans leur circonscription.
Alors, nos
personnes vulnérables ont tellement souffert pendant la première crise, je leur
tends la main. Et, si vous avez des idées, on va les mettre ensemble pour
bonifier ce que nous sommes en train de faire pour nos aînés, pour nos
personnes en situation de handicap et pour nos personnes proches aidantes.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Merci. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci, M. le Président. Le budget déposé par le
gouvernement de la CAQ est publié à un moment crucial pour l'habitation au Québec. En effet, l'an dernier, le
gouvernement s'est croisé les bras, alors que le ciel s'assombrissait et le vent se levait dans
le secteur de l'immobilier, et ça ne s'est pas arrêté. Aujourd'hui, la tempête
a commencé, le gouvernement ne fait toujours
rien. Les ministres de la Coalition
avenir Québec sont bien à l'abri dans
leurs bunkers, mais, dans les villes
de partout au Québec, les gens n'arrivent plus à se trouver un logement décent
à prix décent.
La Société canadienne d'hypothèques et de logement parle maintenant de surchauffe immobilière dans
les villes canadiennes, en
particulier à Montréal. Ce n'est pas Québec
solidaire qui le dit, c'est les
experts en habitation qui l'affirment. En
février, il y a un mois, les prix des maisons avaient augmenté de
100 000 $ dans une seule année dans le Grand Montréal. Ça
coûte 460 000 $ en moyenne pour acheter une maison dans la région de
Montréal, et ça, bien sûr, loin, en banlieue.
Qu'est-ce que le gouvernement attend avant de réagir
devant ces nouvelles? Que le prix de maison atteigne un demi-million, 750 000 $ par année... par maison, qu'on
atteigne la situation de Toronto, pire encore, de Vancouver? Est-ce que le gouvernement regarde un peu les prix des
logements? Est-ce qu'ils voient la pénurie autant de maisons à vendre que
de logements à louer? Les prix des loyers,
en plus, n'ont jamais augmenté aussi vite que maintenant. Il y a pénurie de
logements partout au Québec. Regardez
ce qui se passe à Montréal en fin
de semaine, les logements sont tellement
rares qu'il y a des files d'attente pour les visiter, et
ça, c'est un peu partout au Québec.
Bien sûr, les
députés de la CAQ, dans cette Chambre, vont dire : Bon, comme d'habitude,
ça se passe à Montréal, ça nous
concerne moins. Mais, non, justement ils ne peuvent pas ignorer que la crise du
logement affecte l'ensemble des villes
du Québec : Sherbrooke, Rouyn, Saguenay, Gatineau, Saint-Hyacinthe, même
une petite ville comme Gaspé. Rien pour un premier propriétaire à se
loger. Rien pour contrer la spéculation des grands promoteurs ou pour taxer les
fonds d'investissement étrangers. Pas d'action ambitieuse non plus du côté du
logement social. L'inertie de ce gouvernement à
affronter la tempête immobilière est effarante. Il n'y a, dans ce budget,
aucune mesure forte pour faire face à la crise du logement.
La CAQ vient
de nous dire, dans le budget présenté cette semaine, qu'il abandonne carrément
les programmes de logements sociaux. Le gouvernement de la CAQ avait
promis de construire les logements promis par le gouvernement libéral, mais qui sont bloqués dans la machine. On
parle de 15 000 logements approuvés, mais qui sont bloqués, mais dont
la construction est réaliste si on met les
efforts nécessaires. Ça fait des années que ces projets-là sont attribués à
groupes dans différentes villes du Québec, mais qui ne peuvent pas se
construire par manque de financement.
Le
gouvernement nous a annoncé dans ce budget qu'il ne va pas remplir cette
promesse-là. Mais, pire encore, une fois
qu'il va avoir fini de construire les logements promis par l'ancien
gouvernement, ils vont à toutes fins pratiques ne plus rien construire ou à peine, seulement
500 nouveaux logements annoncés dans le dernier budget, une goutte dans
une mer de besoins. Ce n'est pas du
tout la nouvelle programmation que demandaient les villes ou les comités
logement du Québec. Réduction des initiatives de logement social comme
peau de chagrin.
Normalement, même pendant la période de
l'austérité libérale, c'était une planification de 3 000 logements
par année. On est à 500 unités pour les
trois prochains budgets du gouvernement de la Coalition avenir Québec mis
ensemble. Les groupes de ressources
techniques qui s'occupent de réaliser ces projets vont se partager une
enveloppe minuscule. C'est une perte
d'expertise annoncée dans un secteur crucial pour l'habitation. C'est une perte
pour le Québec. On peut même se demander si le gouvernement n'est pas en
train d'annoncer la mort du logement social au Québec.
La CAQ s'est
vantée d'avoir signé une entente avec le gouvernement fédéral pour
l'habitation, pour la construction de
logements sociaux. Il aurait fallu que l'argent de l'entente Canada-Québec
soit investi dans des nouvelles unités et non pas pour financer des
promesses déjà faites.
Il y a une
situation de désarroi chez les groupes logement, aucune planification possible
à venir pour construire des logements
sociaux, les sommes sont insuffisantes en logement social dans le contexte
actuel de crise du logement. La crise, il faut la régler maintenant, pas
en 2027. Il faut des logements d'urgence, même en temps de pandémie.
Je veux vous
donner un exemple, M. le
Président. Par exemple, les logements pour les personnes destinés... les personnes à risque de
tomber dans l'itinérance, itinérance qui se retrouve autant à Montréal
que dans une ville comme à Québec. Les personnes qui tombent dans l'itinérance ne
tombent pas du ciel du jour au lendemain, là. Ils suivent un parcours régressif qui les amène petit à petit vers la rue,
et la dernière étape, c'est la perte du logement. Ils déboulent tranquillement
les marches de l'échelle sociale.
Souvent, ces
personnes ont besoin de logements vraiment pas chers pour éviter le pire. Le
plus souvent, c'est ce qu'on appelle
les maisons de chambre... que ces personnes trouvent logement, très petit, bien sûr,
mais avec un loyer assez modique pour
y rester. Or, les maisons de chambre disparaissent dans les centres de Montréal,
Québec et ailleurs, et celles qui restent tombent en ruine. Les maisons privées sont rénovées pour des
résidents plus fortunés, et les gens qui y vivaient, mais, voilà, ils se retrouvent à la rue. Il n'y a
plus de place pour les plus démunis ni au centre-ville ni au centre-ville de
Montréal, ni au centre-ville de Québec et dans plusieurs villes du Québec.
• (15 h 20) •
Mais le monde
sur le terrain a des solutions à offrir pour les plus démunis. Hier, la ville
de Québec dévoilait un plan pour
rénover 800 chambres destinées aux personnes pauvres vivant seules.
Malheureusement, le budget annoncé cette semaine ne prévoit rien pour concrétiser ce genre de plan. Sans aide
gouvernementale, ces logements ne verront jamais le jour. Québec, la ville de Québec, demandait
800 logements, le gouvernement leur offre 500 logements pour les
trois prochaines années.
L'été
dernier, des campements d'itinérants ont poussé à Montréal. Combien de
campements ça va prendre pour que le gouvernement Legault se préoccupe
de cette situation-là?
Un
autre exemple, c'est les logements dédiés aux autochtones vivant en milieu
urbain. Il n'y a pas, encore une fois, de
volet spécifique dans AccèsLogis, le programme
qui réalise les logements sociaux, pour la construction de ce type de logement. Pourtant, les besoins sont énormes. Il y a
une surreprésentation des populations autochtone et inuite dans le milieu de l'itinérance
au Québec. Mais, encore une fois, ces personnes-là sont les grands oubliés de
ce budget.
Je dois aussi
parler des annonces faites dans la lutte au racisme et à la discrimination. La pandémie est un cruel rappel pour de nombreux Québécois et Québécoises racisés que nous ne sommes pas tous et toutes
égaux devant les crises. Le budget présenté la semaine dernière nie ces égalités en
refusant de s'y attaquer. Le gouvernement laisse ainsi de côté de nombreux citoyens et citoyennes
qui ont pourtant été au front pendant la dernière année dans les CHSLD, les
résidences pour personnes âgées, les
épiceries, les champs, et j'en passe. Ils et elles sont essentiels, mais seulement
dans les conférences de presse, pas pour le budget.
Un grand
nombre de personnes racisées, évidemment, se retrouve dans le secteur où il a fallu
continuer à se déplacer, aller dans
un lieu de travail pour faire fonctionner l'économie. Ils n'ont pas eu
la chance des personnes diplômées, avec un bon emploi, qui avaient accès
au télétravail. Les personnes racisées, pour la plupart, se retrouvent justement
dans les milieux qui sont favorables à l'éclosion de la COVID-19.
Faut-il
rappeler au premier ministre et au ministre Charette que la lutte au racisme doit se faire de
manière... Je m'excuse.
Le
Vice-Président (M. Picard) : ...député, ça... à deux reprises, là... Tantôt, vous avez parlé du budget
du premier ministre,
vous avez dit son nom de famille. Là, vous parlez du ministre de l'Environnement. Donc, je vous rappelle tout simplement
d'appliquer le règlement. Vous pouvez continuer.
M. Fontecilla : Je vous
remercie, monsieur. Je dois rappeler
au gouvernement du Québec que la lutte au racisme doit se faire de manière systématique, et
systémique, et de façon transversale, et ça passe nécessairement par une réduction des
inégalités économiques, parce
que, vous savez, M. le Président, la lutte au racisme, ce n'est pas seulement lutter contre
les manifestations évidentes de racisme,
mais aussi favoriser l'égalité des chances. Et ce que nous a présenté le gouvernement est nettement insuffisant pour
y arriver. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député de Laurier-Dorion. Je
cède maintenant la parole à M. le député d'Orford.
M. Gilles Bélanger
M. Bélanger : Merci,
M. le Président. Je suis vraiment
content d'être ici aujourd'hui pour parler d'Internet haute vitesse et
connectivité. Je suis content parce que j'arrive devant vous avez du concret.
Lundi
dernier, lundi de la semaine dernière, notre premier ministre a annoncé,
aux côtés du premier ministre Trudeau, le lancement de l'Opération haute
vitesse, un programme développé par le Québec, M. le Président. Ça représente
des investissements de 826 millions de
dollars pour brancher 148 000 foyers. On parle de près d'un
demi-million de citoyens au Québec branchés à Internet haute vitesse
partout au Québec.
Cet
investissement se divise en deux volets : le volet Éclair, qui totalise
733,3 millions de dollars, et le volet Régions branchées pour près de 93 millions de
dollars. C'est un investissement énorme. C'est la première fois qu'un gouvernement du Québec investit autant pour déployer les services d'Internet haute vitesse. Je précise «du Québec» parce que
le gouvernement américain vient, aujourd'hui, d'annoncer
100 milliards d'investissement pour Internet, pour brancher tous les
Américains. Donc, c'est une priorité pas
uniquement pour le Québec. C'est certain que la pandémie a changé des
choses. Avec autant de citoyens en
télétravail, des jeunes qui font l'école à distance et même des rendez-vous médicaux qui sont sur Zoom, on n'a plus le choix.
En parlant de
rendez-vous médicaux, ceux qui ont écouté, hier, avec
M. Fillion, à RDI, l'entreprise Dialogue, qui est passée publique sur le
TSX, on leur a demandé, on leur a posé la question quel était le plus
gros impact en termes de croissance
de leur chiffre d'affaires économie. Leur réponse, c'était de brancher justement
tous les citoyens du Québec à cause de la télémédecine.
C'est essentiel, tous les Québécois doivent
avoir accès à des services fiables, performants et abordables. Il faut combler
le fossé numérique qui s'est creusé entre les villes et les régions. Et ça ne
date pas d'hier que le gouvernement souhaite
contribuer au déploiement des services en région. Il y a
20 ans, le gouvernement du
Québec a lancé un très bon programme,
Villages branchés du Québec, avec une enveloppe de 150 millions de dollars. L'objectif était de construire des infrastructures pour déployer Internet vers les bâtiments municipaux
et les commissions scolaires. Ça a donné de très bons résultats. Ce programme a permis de brancher
2 100 écoles et bâtiments de 60 commissions scolaires,
2 100 bâtiments dans 800 municipalités, plus de 550 bibliothèques
publiques.
En 2009, le programme
Communautés rurales branchées a été lancé avec une
enveloppe de 24 millions de
dollars. Cinq ans plus tard, le gouvernement libéral lance le programme Québec branché et Brancher pour innover avec la collaboration du fédéral, avec une
enveloppe de plus de 100 millions pour chaque gouvernement. Donc, on parle
d'un investissement de 200 millions. Puis vous ne me verrez pas
aujourd'hui critiquer le gouvernement
libéral pour ce programme-là,
parce qu'il faut comprendre que le fédéral fournit l'expertise
technologique. Donc, le Canada est
cartographié en multiples... C'est des hexagones
de 25 kilomètres carrés. Donc, le programme consistait à brancher les
hexagones, donc 25 kilomètres carrés, où il n'y avait aucune connexion Internet haute vitesse. Et, le fédéral, on
considérait des hexagones desservis lorsqu'il y avait un seul branchement. Ça fait qu'imaginez-vous le
fameux gruyère qui en est résulté. Cinq ans plus tard... Excusez-moi. Des millions qui
s'additionnent, mais le fossé numérique entre les milieux urbains et ruraux a
continué de se creuser. Quand François Legault m'a confié ce dossier, je
savais qu'il fallait complètement...
Le Vice-Président
(M. Picard) : ...lorsque le premier ministre vous a confié le
dossier.
M. Bélanger :
Je m'excuse, M. le Président. Quand le premier ministre... Je vais taper sur
les doigts de ceux qui ont rédigé. Quand le premier ministre m'a confié
ce dossier, je savais qu'il fallait complètement revoir l'approche du gouvernement, mais j'y ai contribué, à ça. Nous
devions focusser sur les résultats, un énorme défi. Mais je suis un gars qui
aime ça, relever les défis. Une nouvelle
équipe a été montée au ministère du Conseil exécutif, et c'est avec la
collaboration de tous les ministères, de tous les ministères, qu'on est
arrivé à lancer l'Opération Haute vitesse.
Il
faut bien comprendre que le Québec a pris le leadership de ce programme-là. Et
le fédéral a trouvé le programme tellement bon qu'il est venu y
contribuer 413 millions de dollars. Ce n'est pas rien, c'est énorme comme
somme. Avec l'annonce du 22 mars 2021,
nous nous assurons de couvrir 99 % des foyers du Québec. Ce sont
148 000 nouveaux foyers. Ça, c'est près d'un demi-million de
citoyens. Puis il faut comprendre que, pour chaque citoyen qui a de la
difficulté à communiquer avec un proche qui peut être à Montréal, c'est qu'on
double, on double la mise.
• (15 h 30) •
Pourquoi
je pense que cette fois-ci sera la bonne? Parce que nous investissons des
sommes sans précédent, parce que nous
avons travaillé en collaboration avec les fournisseurs de services et préparé
des contrats basés sur des devis de performance.
C'est très différent. Ça prenait au gouvernement précédent et même à notre
gouvernement avec les premiers projets,
mais Régions branchées, par exemple, ça nous prenait des mois uniquement pour
l'énoncé des travaux pour finaliser et
signer les contrats. Parce que ces fournisseurs-là ont l'obligation, la
responsabilité de couvrir 100 % des foyers. Sur les programmes
précédents, on donnait des sommes, parfois c'était 66 %, parfois c'était
90 %, le fournisseur avait toujours à
faire le calcul de rentabilité. Donc, s'il y avait un foyer, par exemple, qui
coûtait plus que 5 000 $ à brancher, qu'on avait une contribution, je ne sais pas, de 90 %, on
se retrouve avec un investissement de 500 $, donc le fournisseur, lorsque
ça dépassait un certain montant, il ne branchait pas, il ne branchait
pas les foyers. Dans le cas de ce programme-ci, nous obligeons une couverture à 100 %, et il y a des pénalités, parce
qu'en cas de retard ces pénalités sont inscrites au contrat. Les sommes
sont retenues, pas à la fin, on n'aura pas à courir après les sommes, mais les
sommes retenues au début. Il y a aussi une
reddition de comptes qui va se faire, pas une reddition de comptes à la fin des
projets, mais une reddition de comptes
mensuelle, parce que, s'il y a des délais, s'il y a un fournisseur qui est en
retard sur l'échéancier, nous avons la possibilité de le remplacer par
un autre.
Pour
donner un ordre de grandeur, dans les dernières années, environ
10 000 foyers par année étaient branchés via des programmes du gouvernement. Dans ce cas-ci, on
vise 10 000 foyers branchés par mois d'ici les 18 prochains
mois. Il faut dérouler 70 000 kilomètres
de fibre en 18 mois. C'est deux fois le tour de la terre. Avec l'annonce
que les Américains ont faite
aujourd'hui sur 100 milliards d'investissements, il faut comprendre que la
centaine de jours d'avance qu'on a au niveau
de la signature des contrats, elle était extrêmement importante. Et je regarde
de très près la chaîne d'approvisionnement pour s'assurer que,
justement, tout le matériel arrive à temps.
Si
on considère tous les projets qui recevront du financement gouvernemental et
les engagements privés, on estime qu'il
reste à peu près 36 000 foyers toujours non couverts. Les sommes
résiduelles prévues au budget, parce qu'on a quand même annoncé 1,3 milliard, serviront à
financer le déploiement des services vers ces foyers qui sont situés de plus en
plus loin. Pour les foyers vraiment isolés, des technologies sans fil
pourraient être utilisées. Nous allons identifier les projets pour
couvrir le 1 % des foyers restants. Notre objectif reste le même :
brancher 100 % des foyers au Québec.
Nous
voulons que le Québec devienne un chef de file en matière de connectivité. Le
Québec constitue 24 % de la population
canadienne, mais nous arrivons au deuxième rang ex aequo avec la
Colombie-Britannique. On estime qu'il y a environ 96 % des foyers québécois branchés à Internet haute vitesse
à ce jour. Même si le Québec représente environ le quart de la
population canadienne, nous avons seulement 9 % des foyers qui ne sont pas
branchés, donc on est déjà en avance sur les
voisins. Et avec l'Opération Haute vitesse, on a déjà identifié les projets
pour desservir 99 % des foyers du Québec.
Et notre objectif est toujours
d'atteindre 100 %. C'est extrêmement ambitieux, mais je crois sincèrement qu'on peut devenir le leader en matière de connectivité, pas seulement
au Canada, mais dans le monde.
Chaque
province au Canada a une approche différente. Certaines font leurs
propres appels de projets, d'autres n'offrent pas de subvention gouvernementale. Par
exemple, le Nouveau-Brunswick a choisi une approche similaire à la nôtre en confiant le mandat de brancher 73 000 foyers en
milieu rural à l'entreprise Xplornet. Partout au Québec,
mais aussi ailleurs dans le monde, la
faible densité de population en milieu rural représente aussi un enjeu majeur
pour la rentabilité des entreprises. Malgré
tout, des pays ont choisi de faire un virage numérique important
misant sur la connectivité pour soutenir le développement économique et social de leur pays.
J'ai
un pays favori, je dois vous l'avouer, ça fait quand même plus qu'un an que
j'analyse, que j'étudie ce pays-là, et
c'est l'Estonie, petit pays sorti de l'ex-URSS. Dès la fin des années 90,
ce petit pays nordique a décidé de miser sur le développement des technologies
numériques pour contribuer à l'essor de sa population. L'accès à près de 600 services
gouvernementaux en ligne est lancé dès 1997. En 2002, une carte d'identité est
lancée, laquelle sert à identifier chacun des
Estoniens pour lui permettre d'accéder aux services gouvernementaux. En 2005, en 2005, le vote en ligne est mis en place pour
l'élection nationale. En 2008, les données médicales des patients sont mises en
ligne. À partir de 2009, le projet EstWin
est lancé par le ministère de
l'Économie avec pour but le
déploiement de l'Internet par fibre optique pour toute la population. Ce projet a nécessité l'installation de plusieurs milliers de kilomètres de câbles de fibre
optique pour être capable d'avoir une connexion à 100 mégabits.
Pourquoi on parle de 50 mégabits,
ici, au Québec ou au Canada? C'est la norme définie par le CRTC. Mais vous comprenez qu'avec l'investissement qu'on fait de plus de 1 milliard, avec beaucoup de fibre
optique, nous allons avoir des vitesses et des débits qui dépasseront le
100 mégabits.
Des
voix : ...
M. Bélanger :
Merci pour la pause. Dès 2014, un service de résidence transnationale, e-Residency,
est créé, toujours en Estonie, pour
permettre la gestion d'entreprises situées en Estonie depuis l'étranger. La numérisation
des services gouvernementaux aura permis à ce pays d'importants allègements
administratifs, des leçons à suivre. Par exemple les rapports d'impôt sont effectués en ligne. Les avantages économiques de
cette stratégie sont nombreux, notamment à travers l'augmentation des
possibilités d'affaires innovantes et en haute technologie.
La stratégie d'autres
pays face à ce défi plus près du Québec sur le plan démographique peuvent aussi
servir d'inspiration. Je pense à un autre
pays avec lequel nous avons déjà des démarches et des discussions, je pense à
la Norvège, où l'installation
d'infrastructures de fibre à la maison est effectuée en combinant deux
approches. Comme pour le Québec, le
vaste territoire et la faible densité de population ont limité le déploiement
des services. En 2015, 97 % de la population norvégienne avait
accès à Internet à sa résidence, mais seulement 22 % avait une connexion
de plus de 15 mégabits. Il faut se
rappeler qu'en 2015, au Canada, la haute vitesse était 5 mégabits, considérée
haute vitesse. Pour pallier à ces difficultés, le gouvernement norvégien a choisi d'investir pour développer les
infrastructures Internet dans les régions moins profitables. Telenor, la plus grande entreprise de
télécommunications de Norvège a concentré ses efforts financiers sur
l'amélioration des connexions disponibles dans les régions hautement peuplées
en investissant dans une technologie moins rapide que la fibre optique, mais beaucoup plus facile à
déployer. Parallèlement, des petites entreprises de télécommunications ont
choisi de se regrouper pour développer le
réseau de fibre optique, qui permet d'offrir les connexions les plus rapides au
pays. Grâce à cette approche novatrice, le marché Internet de la Norvège
peut désormais être qualifié d'écosystème mature.
Les
grandes compagnies de télécommunications cherchent désormais à accélérer la
vitesse de connexion offerte à leur
clientèle, ce qui les incite à effectuer des partenariats avec les plus petites
entreprises propriétaires de réseaux de fibre optique. Les plus petites entreprises profitent d'un marché beaucoup
plus vaste que normalement à leur portée. La couverture des régions
moins populeuses a donc pu être développée par la construction
d'infrastructures qui profitent aujourd'hui à
tout un écosystème de petits et de grands fournisseurs. La Norvège compte sur
des infrastructures solides et performantes. Je peux vous confirmer, nous
sommes actuellement à discuter avec la Norvège sur la gestion des données de
l'Europe à l'Amérique en passant par
le Québec. Donc, notre infrastructure de fibre peut être un avantage au niveau
de la gestion des données entre les continents.
La Norvège compte,
comme je le disais, sur des infrastructures solides et performantes. Plusieurs
services à la population sont offerts en ligne, et l'économie compte de plus en
plus sur des services Internet de qualité. La maturation du réseau a été rendue possible par le déploiement
du 4G à grande échelle, mais c'est maintenant la fibre à la maison qui crée la compétitivité nécessaire à l'amélioration
naturelle du marché. Mon gouvernement s'apprête donc à investir plus de 1 milliard de dollars pour doter le Québec
d'infrastructures Internet haute vitesse fiables et performantes. Ces
investissements sont majeurs, mais les retombées seront tout aussi
importantes.
• (15 h 40) •
Je
me suis posé la question : Qu'est-ce que ça représente pour nos régions?
Au cours des dernières semaines, j'ai fouillé,
j'ai commencé à analyser, comparé avec les données d'autres pays. Avec la
pandémie, plusieurs personnes ont dû se mettre au télétravail. Plus
besoin de rester à Montréal à temps plein, on peut travailler du chalet si on a
une connexion assez rapide, évidemment. Les
documents peuvent être partagés rapidement entre collègues et clients. On peut
tenir des rencontres en
visioconférence. On peut accéder à des programmes et fichiers sur les serveurs
du bureau. Ces gens-là qui passent
plus de temps au chalet contribuent à l'économie locale. Ils font leurs courses
à l'épicerie, mangent au resto, mais évidemment quand c'est en zone
orange. Plusieurs vont même choisir de devenir des résidents permanents.
Et
plus il y a de gens qui sont en télétravail, moins il y a d'automobiles sur nos
routes. Au Québec, 43 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des transports et 33 % de ces
émissions sont liées au transport automobile. Selon un sondage, 45 % des Canadiens seraient prêts à
effectuer trois journées de travail par semaine. Si on fait un calcul, on peut
estimer une possibilité de réduction des gaz
à effet de serre de 0,62 tonne par personne par année en faisant trois
jours de télétravail par semaine. Ce
sont des exemples de retombées positives pour nos régions, pour
l'environnement, pour tout le Québec.
À
notre époque, il est inconcevable que certaines familles n'aient toujours pas
accès à Internet haute vitesse. Il y a réellement
un fossé inacceptable entre les régions et les centres urbains. C'est un frein
majeur pour le développement social et
économique de nos régions. Et moi, je crois profondément au rôle que les
régions peuvent jouer pour la relance économique du Québec. Choisir d'investir dans le déploiement des services Internet
haute vitesse est un choix intelligent. Je pense ici à l'accroissement du PIB en région, à la vitalité
des PME et à l'augmentation du bassin de main-d'oeuvre par l'attraction et la
rétention de nouveaux résidents. Ces retombées vont valoir l'investissement,
qu'on parle d'augmentations de salaire en région, qui est un des objectifs de
notre gouvernement et de notre premier ministre, d'être capable d'augmenter la moyenne des salaires comparativement au reste du Canada. Il y a aussi les impacts de
l'arrivée du 4.0 sur les entreprises, je pense par exemple à l'utilisation de l'intelligence artificielle dans le
secteur manufacturier, des petites start-up fondées par de jeunes
informaticiens travaillent avec de grandes entreprises manufacturières pour
créer des écosystèmes 4.0 dignes du XXIe siècle. L'arrivée d'Internet haute vitesse fera progresser les
gains en efficacité des entreprises québécoises. C'est un gage de
succès.
Internet est devenu un service essentiel. Tout
le monde qui reste en région doit pouvoir trouver facilement un service
abordable ayant une connexion rapide et fiable. En temps de pandémie, on
réalise aussi comment Internet haute vitesse nous permet
de briser l'isolement au quotidien. On peut naviguer rapidement et efficacement
sur le Web, rester informé, on peut envoyer
des messages, des courriels, faire des appels FaceTime avec nos proches, on
peut regarder des films, jouer en
ligne. Parce qu'en 2021, c'est inacceptable que les résidents de 250 000 foyers
soient limités dans leurs activités sociales,
personnelles, académiques, professionnelles parce que les services disponibles
dans leur région sont médiocres ou inexistants.
L'Opération Haute vitesse est un chantier
majeur. Je voudrais aussi prendre le temps de remercier tous les fournisseurs
de service, petits et grands, sans quoi ce chantier serait impossible. Je compare
souvent les sélections de fournisseurs qu'on
a faits, les choix qu'on a faits à bâtir une équipe de hockey. On a une partie
qui va durer 18 mois, on a une
attaque à cinq avec un gardien, donc on a six joueurs qui vont être là pour
vraiment être capables de compter des buts, mais on parle de beaucoup d'entreprises en région, des petits joueurs,
des organismes à but non lucratif, des coopératives qui vont être impliquées dans ce projet-là. Mais,
en termes de gros joueurs, je parle de Vidéotron, Bell, Cogeco, Sogetel,
Xplornet, Telus pour le volet éclair,
auxquels s'ajoutent également les Targo Communications, qui font un travail
excellent, Coop-CSUR, Digicom, Groupe
Maskatel, Connexion Fibre Picanoc, Cooptel et plusieurs OBNL de MRC dans le
cadre du programme Régions branchées.
Pour réussir,
on aura aussi besoin de la collaboration de tout le monde : les
gouvernements, les municipalités, près d'un millier de mairesses et
maires, les MRC et leurs préfets, la Fédération québécoise des municipalités,
l'UMQ, les fournisseurs de service Internet
petits ou grands, les organisations locales, les géomaticiens, les ingénieurs
et, bien entendu, les monteurs de
ligne. Ça fait que cet été, quand vous allez vous promener
en régions du Québec quand vous allez prendre vos vacances ou
aller voir vos proches, quand vous allez voir un camion qui est sur le bord de
la route avec une nacelle après installer de la fibre, petit coup de klaxon, un
petit pouce en l'air parce qu'ils vont avoir besoin d'encouragement parce qu'il
y a énormément de travail à faire.
À sa mesure, tout le monde a un rôle à jouer dans l'Opération Haute vitesse. Pour accélérer le déploiement des
projets, nous avons aussi dû
solliciter Bell et Hydro-Québec, les
deux principaux propriétaires de poteaux et torons au Québec. On parle de délais en années. Nous sommes passés de
délais en année à des délais en jours.
Pour déployer 70 000 kilomètres
de fibre en 18 mois, on estime qu'il
faudra plus de 7 000 permis, plus ou moins 15 000 poteaux à
remplacer. Grâce aux travaux de la
table de coordination mise sur pied par mon gouvernement en mai dernier, Bell
et Hydro-Québec ont accepté de
suspendre la norme commune qui était utilisée depuis des décennies et d'adopter
la norme de l'Association canadienne de
normalisation. Concrètement, ça va, par exemple, permettre d'installer des
structures temporaires le temps que les poteaux soient changés par
Hydro-Québec. On a aussi travaillé avec le ministère des Transports du Québec
afin d'obtenir des assouplissements quand il
faut déployer la fibre dans les emprises routières ou même pour enfouir la
fibre. On travaille avec la Fédération
québécoise des municipalités pour que les municipalités et MRC puissent
partager leurs connaissances de territoires pour n'oublier aucun foyer.
On a donc travaillé fort pour trouver des solutions concrètes qui vont
permettre d'avancer plus rapidement tout en assurant la sécurité des
travailleurs et des citoyens.
Plusieurs
personnes se demandent pourquoi on n'a pas plutôt décidé de nationaliser l'Internet,
comme l'électricité. Ce n'est pas une
mauvaise idée, mais c'est impossible. Les télécommunications sont une
compétence fédérale, et c'est un secteur
hautement réglementé au niveau fédéral, mais aussi au niveau international. En
prenant une approche de nationalisation, le gouvernement aurait dû faire
face à des litiges majeurs et interminables devant les tribunaux, les coûts
sociaux auraient été astronomiques, et toujours aucun service déployé. Grâce à
notre approche collaborative avec les fournisseurs de l'industrie, nous avons
pu fournir une réponse adéquate à l'urgence criante de brancher tout le monde le plus rapidement possible et sans attendre
davantage. On finance la construction d'infrastructures de fibre optique à
travers tout le Québec. Même si c'est une entreprise x qui reçoit le
financement pour construire l'infrastructure, une entreprise y pourra en bénéficier en louant une partie de la bande passante. C'est
des règles qui sont définies par le CRTC. Certains pensent qu'avec notre
approche on élimine la concurrence et on favorise les grosses entreprises de
télécommunications. C'est encore faux, parce que plusieurs petits
telcos vont pouvoir utiliser la bande passante des infrastructures déployées et
financées par le gouvernement.
La plupart
des fournisseurs d'Internet haut débit au Québec offrent une utilisation
Internet illimitée. Avec notre plan, les fournisseurs de service devront offrir des
services fiables, d'excellents prix comparatifs avec les grands centres et une
tarification concurrentielle. Notre gouvernement a choisi une approche collaborative avec les fournisseurs de service
pour doter le Québec
d'infrastructures performantes et évolutives. La fibre est le moyen le plus
efficace d'être capable de passer à des vitesses de 100 mégabits à
du gigabit.
Notre gouvernement... Ce chantier va créer des emplois en région, pas juste en lien avec
le déploiement de la fibre, mais aussi dans le secteur de l'énergie, du
transport, du tourisme, des technologies de l'information. L'accès à Internet est un outil précieux pour stimuler l'emploi et
promouvoir l'économie en général. La création d'industries
dans les régions contribuera à soutenir la croissance de l'économie dans
plusieurs autres aspects. Une connexion fiable et performante va aider tous les
niveaux de gouvernement à développer et à maintenir des services qui profitent
à tous.
• (15 h 50) •
Comme vous pouvez le constater, plusieurs
raisons expliquent notre choix d'investir massivement dans le déploiement des services Internet haute vitesse. Le gouvernement
du Québec a été très cohérent pour
communiquer qu'il souhaitait faire
avancer ce dossier alors qu'il constituait, tout au long de la dernière
campagne électorale, un engagement majeur
de notre premier ministre. Cette fois-ci, c'est la bonne, c'est
notre gouvernement, car notre gouvernement a la volonté
d'agir. Nous sortons du cadre usuel et des programmes
existants qui ne fonctionnaient pas pour arriver avec une solution sans précédent.
Nous nous donnons les moyens de nos ambitions.
Avec la
pandémie, c'est devenu évident que notre société
fera désormais une grande place à l'éducation à distance, la vente en ligne, le télétravail et la télémédecine. Le virage
numérique est là pour rester, il ne faut que nos régions soient désavantagées. Au
contraire, on veut que la construction d'infrastructures fiables et
performantes leur permette d'atteindre leur
plein potentiel de développement
économique. Les mesures contenues
dans le budget continueront à augmenter les emplois, la croissance des entreprises et le PIB en région. Plus l'investissement dans la recherche et le développement des services est significatif, plus les services
deviennent efficaces, et plus la croissance du Québec sera grande. Nos investissements vont contribuer à renforcer massivement l'économie de nos
régions, et j'en suis très fier. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Picard) :
Merci, M. le député. Je reconnais maintenant M. le député de Jonquière.
M. Sylvain Gaudreault
M. Gaudreault : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Ça me fait plaisir de prendre la parole sur ce budget, ce budget qui a été qualifié par de nombreux
observateurs, dont de notre côté de cette Chambre, comme étant un budget de facture assez classique, au fond, un budget qui
reprend les fondamentaux, là, de ce type de budget, donc, avec des investissements dans les infrastructures, du saupoudrage ici et là dans différents
domaines et qui, également, vient en aide à des grandes missions de l'État, comme la santé et l'éducation, ce qui est important
de le faire, nous en convenons tous.
Cependant,
nous sommes dans une période tout à
fait exceptionnelle. Nous vivons une
crise exceptionnelle que seuls nos
grands-parents ou nos arrière-grands-parents ont connue de façon comparable,
quoique toute chose est différente aujourd'hui, c'est la grippe espagnole de 1918‑1920.
Alors, on est dans une situation comparable en termes de pandémie mondiale. Alors, il n'y a personne
ici, il n'y a personne
qui a connu cette période-là et qui est encore vivant au Québec. Donc, pour nous, pour notre génération, pour tous ceux
et celles qui ont des responsabilités importantes comme celles que nous
avons en étant à l'Assemblée nationale, c'est une première, c'est une première
dans un contexte particulier.
Donc, moi,
j'ai comme règle : À situation exceptionnelle solution exceptionnelle.
Mais là ce n'est pas ça qu'on a ici avec ce budget. Ce gouvernement avait une
occasion en or, avait une occasion unique pour faire les choses différemment.
Personne n'a souhaité la crise dans laquelle
nous sommes, mais maintenant que nous sommes plongés dans cette situation,
saisissons la fenêtre, comme on dit, cette opportunité pour faire les choses
différemment, faire une relance verte, une relance juste, une relance qui va nous permettre
d'anticiper la prochaine crise pour laquelle il n'y aura pas de vaccin, c'est
la crise climatique. Je vais vous proposer trois pistes qui répondent à une
situation exceptionnelle, pour solutionner une crise exceptionnelle,
trois pistes vers lesquelles le gouvernement aurait dû, aurait pu aller et
qu'il n'a pas fait.
Premièrement,
le Fonds des générations. Au 31 mars de cette année, la dette brute
s'établit à 219 milliards de dollars, soit 49,5 % du PIB. On est bien loin des niveaux qui avaient été
atteints à la suite de la récession de 2008‑2009 et qui prévalaient en 2017
encore, qui étaient 51 % du PIB. Juste pour vous donner une idée, en 2014‑2015,
le poids de la dette s'établissait à 54,1 % du PIB. Maintenant, la
situation, malgré la crise, est sous contrôle parce qu'on a le Fonds des générations. C'est une situation qui est sous
contrôle. Et sur les marchés étrangers, il y a présentement des taux d'intérêt
qui sont intéressants, qui sont plus bas, entre autres parce que notre
situation est sous contrôle au Québec.
Des
spécialistes estiment que la valeur du Fonds des générations s'établit autour
de 8,9 milliards de dollars. Donc, première solution que nous proposons, et nous ne sommes pas les seuls à
la proposer, c'est de faire une ponction jusqu'à 1 milliard de dollars par année dans les versements au Fonds des
générations pour l'investir dans des infrastructures vertes, dans une relance juste. Et je veux vous citer un
article qui est paru dans Options politiques le 22 juin 2020 sous
la plume de Sarah-Maude Belleville-Chenard
et François Delorme, bien connu, professeur à l'Université de Sherbrooke en
économie écologique, l'article Le
Fonds des générations au service de l'équité fiscale et écologique, et qui
plaide exactement dans ce sens-là,
donc se servir d'une ponction du Fonds des générations. Le Fonds des
générations vise à permettre aux générations futures de souffler sur le
plan fiscal, sur le plan financier. Mais, quand on pense aux générations
futures, il faut aussi y penser sous l'angle
du climat, sous l'angle de l'environnement, parce que les générations futures
auront aussi à agir, mais surtout à
subir les conséquences de notre inaction et de l'inaction des gouvernements
précédents en matière climatique puis en matière d'adaptation aux
changements climatiques.
Donc,
cette ponction, pour servir à quoi? À préparer une transition juste. La FTQ évalue qu'autour de 700 000 travailleurs, travailleuses seront
potentiellement touchés par les changements dans la main-d'oeuvre quant aux
changements climatiques et à la
transition écologique, transition économique et à l'adaptation aux changements
climatiques, 700 000 travailleurs, travailleuses, par exemple, des secteurs de la construction, des
transports, de la pétrochimie, tous des secteurs extrêmement importants, extrêmement actifs au Québec. Alors,
il faut préparer ça par une concertation, être capables d'anticiper ce qui s'en vient, quels seront les secteurs
principalement touchés, ensuite préparer un plan d'action pour requalifier,
mobiliser, former cette main-d'oeuvre
et le financer par notamment le Fonds des générations, une ponction, ce que
nous proposons, jusqu'à
1 milliard par année, mais aussi par des fonds mixtes, par la Caisse de
dépôt et placement, par une participation des fonds privés. Donc, ça,
c'est la première solution.
Deuxième
solution que je vous propose, c'est d'investir 1 % du PQI en verdissement
des villes et de nos régions. Le Plan
québécois des infrastructures 2021‑2031 prévoit 135 milliards. Alors,
ça veut dire, encore là, 1,3 milliard sur 10 ans qu'on peut mettre
dans la réduction des îlots de chaleur, dans la construction de parcs, de
pistes cyclables, d'adaptation aux changements
climatiques. Deuxième solution pour laquelle le gouvernement n'a pas fait de
proposition alors qu'il avait l'occasion.
Et troisième solution, c'est d'accélérer les
mesures d'assainissement des eaux. Dans le PQI, on apprend que le gouvernement
prévoit investir plus de 7,5 milliards de dollars au cours des 10 prochaines
années dans le secteur des municipalités
pour améliorer... pour le maintien des actifs en assainissement des eaux.
Alors, il faut pousser la machine au maximum
pour accélérer les chantiers d'assainissement d'eaux usées, d'eau potable,
améliorer l'accès à l'eau potable au Québec.
Le gouvernement prévoit, sur 10 ans, 7,5 milliards de dollars. On
pourrait accélérer ça. Je sais que la présidente du Conseil du trésor a fait adopter la loi n° 66, il n'y avait rien pour l'assainissement des eaux. L'argent est là,
il y a moyen de l'accélérer.
Motion formulant un grief
Donc,
le temps file. Je voudrais terminer, M. le Président, avec une motion de grief,
que je dépose. Je présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour le manque
de vision de ce budget vers une transition verte et juste.» Merci.
• (16 heures) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Votre motion
est déposée sous réserve de sa recevabilité. Et je reconnais maintenant Mme
la ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Danielle McCann
Mme McCann : Alors, merci,
M. le Président. Alors, je veux
saluer évidemment les députés
du gouvernement et les députés des oppositions.
Avec
ce dernier budget, nous démontrons clairement que, malgré le contexte
difficile, malgré la pandémie qui s'étire depuis plus de 12 mois,
malgré l'incertitude qu'elle apporte pour tous, l'éducation est et restera une
priorité pour notre gouvernement.
L'éducation, à tous les niveaux de l'enseignement, est essentielle pour notre
gouvernement, pour notre société, pour notre culture, pour notre
développement et pour notre richesse collective.
Et, comme ministre de
l'Enseignement supérieur, laissez-moi vous dire avec fierté que ce budget
permettra de positionner l'enseignement supérieur comme un vecteur important de
la relance économique. Investir en enseignement supérieur est incontournable pour améliorer la qualité et le niveau de
vie des Québécoises et des Québécois. Le gouvernement posera aussi des gestes concrets pour venir en
aide aux étudiantes et aux étudiants qui ont été particulièrement éprouvés au
cours de la dernière année, notamment pour s'ajuster à la formation à distance.
Nous débloquons avec ce budget des investissements
pour les soutenir en argent mais aussi en ressources. La santé mentale et la
réussite des étudiants et des étudiantes sont deux chantiers
incontournables en enseignement supérieur.
De manière plus
détaillée, nous avons identifié cinq priorités qui ont été établies dans le
budget 2021‑2022 en enseignement
supérieur. Déclinées en 12 mesures, elles représentent un investissement
global de près de 350 millions de dollars. C'est une somme qui a
été accueillie très favorablement par le milieu.
La
première priorité, favoriser la persévérance des étudiants et des étudiantes,
35 millions de dollars. Les mesures : déployer plus de solutions numériques dans les établissements, améliorer
la santé et le bien-être des étudiants et du personnel, et d'autres mesures de soutien.
La
priorité deux, accroître la diplomation à l'enseignement supérieur,
88 millions. Les mesures : favoriser l'accès à l'enseignement supérieur, la persévérance et la
réussite, former davantage en sciences infirmières, renforcer la présence
des établissements d'enseignement supérieur
en région, octroyer des bourses au collégial en technologie de l'information,
favoriser l'attraction et la diplomation en technologie de l'information.
Troisième
priorité, le marché du travail. Une mesure importante, faciliter l'accès à la
formation continue et soutenir une gestion de l'offre collégiale
concertée.
Quatrième
priorité, la jeunesse, 154 millions
de dollars. Les mesures : un
montant forfaitaire de 100 $
pour chacune des sessions
d'automne 2020 et d'hiver 2021 versé aux étudiants à temps plein de
niveau collégial ou universitaire. Dans le cadre de l'aide financière
aux études, une deuxième mesure, le congé d'intérêts sur les prêts étudiants.
La
cinquième priorité, nous voulons mieux reconnaître les compétences des
immigrants. Nous allons exempter des droits
de scolarité des professionnels formés à l'étranger pour leur formation
d'appoint. Toutes ces mesures nous permettront d'agir sur deux fronts
que nous jugeons fondamentaux pour les prochaines années en enseignement
supérieur. D'abord, améliorer l'accès à
l'enseignement supérieur et la réussite éducative, et, deuxièmement, participer
à la relance de l'emploi et au développement économique du Québec.
Comme
je le disais, la santé et le bien-être des étudiantes et des étudiants et du
personnel représentent la première de
nos priorités. Nous avons vu les effets de la pandémie, nous avons écouté les
demandes. Les sessions d'études à distance ont eu leur part d'impact
chez les étudiantes et les étudiants. Une charge de travail augmenté, la
difficulté d'accès aux ressources, une
concentration difficile, des difficultés d'organisation, de persévérance et
d'assiduité, l'anxiété, le stress et la fatigue, ces effets non désirés, mais réels se font également sentir
chez les membres du personnel. Nous croyons que le budget apportera son lot de bonnes nouvelles et
surtout des mesures concrètes pour aider toutes ces personnes qui vivent
des difficultés sérieuses.
Par ailleurs, malgré
les progrès, le Québec se situe sous la moyenne canadienne quant à la
proportion de sa population ayant un niveau
de scolarité collégial ou universitaire. Nous avons donc là un défi important.
Il était essentiel de travailler en gardant ces besoins en tête.
Une
partie de la solution se trouvait dans le soutien au déploiement d'initiatives
numériques. Le retour en classe est évidemment très attendu et tout le monde va
s'en réjouir. La vie sur le campus est aussi essentielle, mais il serait
illusoire de penser que les cours à
distance vont entièrement disparaître. Les mesures de nature technologiques et
numériques sont donc incontournables.
Nous verrons dans le futur, mais il est fort probable que la pandémie aura
changé nos habitudes, et ça, à bien des égards. Elle n'aura pas eu que
des effets négatifs, elle aura été le coup de pouce nécessaire à l'implantation
rapide de nouvelles façons de faire modernes qui étaient déjà dans les plans.
Nous devons donc nous assurer d'outiller convenablement
les étudiantes, les étudiants et les membres du personnel de nos établissements d'enseignement supérieur.
Pour
ce qui est de la relance économique, le rôle des collèges et des universités
n'est plus à démontrer. Ils sont tous, particulièrement en région, des
carrefours incontournables où se côtoie une riche diversité de talents et
d'acteurs de changement. Les collèges et les
universités contribuent de manière variée à la santé économique
de nos collectivités. Ils font aussi rayonner notre expertise et ils
sont à la source de grandes avancées qui nous rendent fiers. Ensemble, les établissements d'enseignement supérieur constituent une force d'attraction, de
formation et de recherche. En ce sens, ils participent activement au développement
de notre richesse collective.
Pour leur
permettre de jouer ce rôle encore plus efficacement, plusieurs
mesures du budget viendront les appuyer. Alors que la pénurie de main-d'oeuvre est
un enjeu constant depuis plusieurs années, je pense notamment à l'adéquation
entre les formations et les besoins du
marché du travail, à l'importance du développement de la formation
continue, à la diversification
de l'offre, au virage nécessaire vers des moyens de production moins exigeants
en main-d'oeuvre, aux besoins de main-d'oeuvre, notamment dans le domaine de la santé et des technologies de l'information que nous avons
identifié et pour lesquels des
mesures concrètes sont mises sur pied, à la redynamisation des régions,
notamment par l'attraction et la rétention des étudiants en région,
notamment aussi les étudiants internationaux.
Ce budget
nous permettra aussi de donner un peu de répit financier aux jeunes en leur
accordant un congé d'intérêt sur leur prêt étudiant. La pandémie a affecté
plusieurs secteurs de l'économie. Plusieurs d'entre eux accueillent des
étudiants dans leurs rangs comme
l'hôtellerie et la restauration. Nous pourrons également les aider en offrant
une compensation sous forme d'un montant forfaitaire pour les coûts
assumés afin d'assurer la transition rapide vers la formation à distance.
Toutes ces mesures permettront, je le crois
vraiment, aux étudiantes et aux étudiants ainsi qu'aux membres du personnel et aux établissements d'enseignement
supérieur eux-mêmes de sortir de la pandémie avec force pour jouer un rôle accru dans la marche vers l'avenir de notre
collectivité. Je le répète, les étudiantes et les étudiants représentent notre
futur. Leur réussite éducative et leur bien-être
sont des éléments incontournables pour notre retour à la normale. Je fais le
même constat pour les membres du personnel
et pour les établissements eux-mêmes. Avec ce budget, nos intentions sont
évidentes, l'éducation est une priorité pour
notre gouvernement, et nous le démontrons de manière très concrète avec des mesures importantes et bien
financées.
Le réseau de l'enseignement supérieur va jouer un rôle extrêmement important
dans les prochaines années. Nous nous
donnons les moyens de permettre aux collèges, aux universités
et à toutes les personnes qui y étudient et y travaillent de contribuer
à la relance tant éducative qu'économique. Je vous remercie. Merci, M. le
Président.
• (16 h 10) •
Le
Vice-Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Je reconnais maintenant M. le député de Robert‑Baldwin.
M. Carlos J. Leitão
M. Leitão : Merci
beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour aussi de prendre la parole dans ce débat sur le
budget. Je vais essayer de couvrir
trois points, trois thèmes, mais je ne suis pas sûr que je vais y arriver. Je
ne veux pas prendre tout le temps qui nous reste non plus, parce qu'il y
a d'autres collègues qui veulent prendre la parole.
Je
commencerais par là où le député de Beauce-Sud avait terminé ce matin, quand il avait dit que sa
page favorite du budget était la page E.5. Moi aussi, j'ai une page
favorite, on ira après, mais sa page étant la E.5... Et je pense que
c'est... Et je le trouve très sincère, je
pense qu'il le croyait vraiment, comme d'ailleurs beaucoup de ses collègues. Et, à la page E.5, ce qu'on trouve, ce sont, donc, toutes les mesures
d'allègement fiscal, donc de protéger le portefeuille des Québécois, comme cela avait été mentionné.
Et je vous dis même, M. le Président, que c'est des mesures qui sont très
populaires, mais «populaires», ça ne veut pas dire que ça fait de la bonne
politique publique.
85 % des
mesures indiquées à la page E.5 concernent les familles, concernent les
familles. Encore une fois, très populaires,
l'allocation famille, la réduction des taxes scolaires, le tarif unique en
service de garde, tout ça, ce sont des mesures extrêmement populaires. Mais, encore une fois, est-ce que c'est de la
bonne politique publique? Moi, je pense que ça reflète le fait que mon collègue, ce matin, le député de
Pontiac, avait décrit le budget comme étant, bon, conservateur, comme étant
«old school», comme étant de la vieille école, et c'est un bon reflet de cela.
Par exemple,
en termes du soutien aux familles, et c'est très bien, et comme j'ai dit, c'est
très populaire, mais c'est quand même
des montants considérables. Ça aurait été plus efficace, à mon avis, de prendre
ces montants-là, par exemple, et
alors là d'aider toutes les familles. Parce que, là, ce que le gouvernement a
fait, c'est qu'il a aidé un groupe de familles très particulier, les familles avec enfants, enfants à l'école ou
enfants à la garderie, et qui habitent dans des maisons, surtout des
maisons de banlieue. Mais ça ne représente
pas toutes les familles au Québec. Au Québec, il y a bien d'autres familles.
Il y a beaucoup de personnes qui habitent
seules. Donc, moi, j'aurais pris... nous aurions pris ces montants
substantiels, on parle de plusieurs
milliards de dollars sur cinq ans, pour alléger le fardeau fiscal de tout le
monde, en commençant par les plus vulnérables, en commençant par ceux
qui ont vraiment, vraiment besoin.
D'ailleurs,
c'est très symptomatique de l'action gouvernementale que la toute première
action en éducation, en 2018, c'était
la baisse de la taxe scolaire. Bon, encore une fois, moi, j'aurais choisi un
autre moyen de parler d'éducation que de baisser la taxe scolaire. Très
populaire, cela étant dit, mais est-ce que c'est la bonne politique publique?
Maintenant,
j'aimerais aussi mentionner que, le gouvernement l'a dit, les ministres l'ont
répété plusieurs fois, le Québec est
la province qui aide le plus la population, qui soutient les entreprises le
plus au Canada. M. le Président, d'une façon
globale, on peut mesurer l'action gouvernementale, enfin, on devrait mesurer
l'ampleur de l'action gouvernementale en
termes de soutien à l'économie par la taille de son déficit. Alors, quand on
examine cela, quand on voit le déficit du Québec avant versement au Fonds des générations, donc le déficit
opérationnel du Québec 2021‑2022, l'année qui commence demain, on voit que c'est un déficit de l'ordre de
2 % du PIB. C'est significatif, mais c'est 2 % du PIB. Nos voisins en
Ontario sont à 5 % du PIB.
L'année 2022‑2023, le déficit opérationnel du Québec, c'est 1 % du
PIB, pendant qu'en Ontario, juste à côté, ils sont aussi
encore dans les 4 % à 5 % du PIB. Donc, une intervention beaucoup
plus musclée, beaucoup plus agressive
en soutien à l'économie. Donc, c'est une raison de plus que nous disons depuis
le début que ce budget est conservateur et que ce budget est vraiment
«old school».
Comme notre
cheffe a dit, le monde a changé avec la pandémie. Est-ce que cela veut dire que...
Alors, M. le député de
Robert-Baldwin, vous êtes en train de nous dire que le déficit, ça n'a plus
d'importance? Non, non, non, ça a toujours une importance, mais il faut prendre en considération le point de départ, il
faut prendre en considération l'état réel des finances publiques et de
l'économie.
En entrée de
jeu, donc, le gouvernement fait face à cette grande crise avec quatre facteurs
qui l'ont beaucoup
aidé à faire face à cette crise, et donc, à mon avis, qui aurait
justifié une intervention gouvernementale encore plus musclée. Quels sont ces quatre facteurs, M. le Président? Je pense qu'il
faut le dire, il faut
le redire, le premier de ces facteurs, c'est que le gouvernement précédent avait laissé les finances publiques saines, avait
laissé une réserve importante, ce qui a permis à ce gouvernement d'absorber le choc de la pandémie en bien
meilleure position que le gouvernement voisin du Canada ou même les gouvernements des États américains. Donc, les finances publiques, grâce
à l'action du gouvernement précédent,
étaient saines, étaient en ordre, des réserves substantielles dans les coffres
de l'État.
Deuxième
facteur, la faiblesse des taux
d'intérêt. Les taux d'intérêt sont très faibles, très bas. Grâce à la politique monétaire de la
Banque du Canada, les taux sont très bas, donc cela aide aussi. Il aurait pu
justifier une intervention gouvernementale beaucoup plus musclée que ce
que nous avons vu.
Troisièmement, les mesures, les mesures de soutien très, très agressives du gouvernement fédéral : les transferts fédéraux,
les transferts fédéraux aux citoyens, la PCU et d'autres mesures, des centaines de
milliards pancanadiens, des dizaines
de milliards pour les Québécois. M. le
Président, c'est quand même
un soutien majeur qui a contribué à soutenir l'économie québécoise et
qui, donc, aurait permis une action beaucoup plus musclée.
Et puis le dernier facteur, qui est non
négligeable, le fait qu'au sud de la frontière il y a aussi une nouvelle administration, un nouveau gouvernement qui vient aussi de mettre en place, d'annoncer un
programme de stimuli économique pour les années qui
viennent, un billion de dollars, c'est vraiment quelque
chose de majeur. Donc, l'économie
de nos voisins va croître à un rythme très rapide. Cela aussi aurait permis
qu'ici on prenne un peu plus de risques et qu'on mette en place une politique
publique plus agressive que ce que cela a été le cas. Donc, budget conservateur
qui n'a pas saisi les occasions qui se présentaient.
Qu'est-ce que ça a, comme résultat? Là, on vient à ma page favorite du budget, M. le Président, et ce n'est pas un grand scoop, je pense que je l'ai déjà dit
ici, même à plusieurs reprises, c'est la page A.21. Alors, à la page A.21,
qu'est-ce qu'on
voit, M. le Président? On voit un graphique, un graphique qui est très intéressant. C'est un graphique qui nous montre la croissance du PIB du Québec tel que prévu par le ministère des Finances vis-à-vis la croissance du PIB du Québec
qui aurait eu lieu s'il n'y avait
pas eu de pandémie. S'il y a une utilité au budget de mars 2020, de
l'année passée, c'est le fait que ce budget-là, qui était périmé dès sa
première journée... mais, au moins, il nous avait présenté une trajectoire pour
l'économie québécoise prépandémique. Donc, on avait vraiment fait un bon état
de l'évolution de la situation pour les cinq prochaines années s'il n'y avait
pas eu de pandémie.
Ce que le
graphique à la page A.21 nous indique, c'est que cet écart-là ne se ferme
pas. On ne revient pas, même pas en
2025. On ne revient jamais là où on aurait dû être s'il n'y avait pas eu de pandémie. Et ça, c'est très important. Ça veut dire que ça nous laisse un écart — il
nous manque du PIB, si on peut ainsi dire — un écart entre notre performance réelle et
notre performance qui aurait eu lieu s'il n'y avait pas eu de pandémie.
Qu'est-ce que ça a comme conséquence, M. le
Président, cet écart non comblé? Ça a
des conséquences très directes sur, par exemple, l'évolution des revenus de l'État. Les revenus de l'État...
revenus autonomes, je veux dire, ne reviendront jamais, selon les prévisions du ministère des Finances. En tout
cas, jamais, c'est très loin, mais,
disons, au cours des cinq prochaines années, les revenus ne reviendront jamais
là où ils auraient dû être selon la prévision de 2020.
• (16 h 20) •
Et le problème,
c'est que, dès 2020, le gouvernement s'était engagé à des augmentations de dépenses récurrentes substantielles
basées sur ces revenus qu'il pensait aller récolter. Là, on fait face maintenant
à la situation où les dépenses sont même plus élevées, parce
qu'on a rajouté par-dessus des
nouvelles initiatives dues à la COVID, mais les revenus, eux, ils sont plus bas. Donc, même si les déficits sont
relativement modestes et que le gouvernement n'a pas été aussi
loin qu'il aurait dû aller, même dans
cet environnement-là, ces déficits qui restent sont relativement modestes, mais ils sont structurels. On n'arrivera pas à s'en sortir parce
que la croissance économique
n'est pas assez forte pour nous sortir de cette impasse-là. Et le gouvernement, le ministre
des Finances, très transparent, a très bien
indiqué dans ces documents qu'il
y aura un écart à résorber de
6,5 milliards. Et la façon dont cet écart sera résorbé, ce sera annoncé,
discuté après 2022. Mais, sachant d'ores et déjà que la croissance ne sera pas au
rendez-vous, donc, comment cet écart-là va être comblé? À vous de juger, M. le
Président. Ce n'est quand même pas de la
physique nucléaire très complexe, c'est de l'arithmétique très simple :
revenus moins dépenses égale solde. Alors, si les revenus ne sont pas là...
Maintenant, pourquoi est-ce que je dis, et je
redis, et nous redisons que la croissance économique ne sera pas au rendez-vous? Parce que non seulement le gouvernement n'a pas pris les mesures nécessaires pour le
faire, pour aider, mais nous faisons
face aussi à un facteur structurel extrêmement important.
Et je prends un petit peu d'eau, M. le Président. Quand on parle de facteur structurel, tout d'un
coup, ma gorge devient sèche. Et ce facteur structurel là, qui nous empêche
de vraiment atteindre notre potentiel de
croissance économique, c'est ce que, moi, j'appellerais la transition
démographique. En fin de compte, il
nous manque du monde, aussi simple que ça, là, il y a des pénuries massives de
main-d'oeuvre. Ces pénuries massives de main-d'oeuvre proviennent en
grande partie d'une question démographique. La population du Québec non seulement vieillit, mais la population
active, au cours des prochaines années, va carrément diminuer, M. le Président. C'est extrêmement préoccupant, c'est
extrêmement pénalisant pour notre activité économique future. Il n'y a pas
de solution simple. On
ne peut pas soudainement inventer des personnes et créer des êtres humains. Les
robots, on y viendra un jour, là, mais on n'est pas encore rendu là.
Donc, comment
on va régler ça? Encore là, il n'y a pas 3 000 façons de le faire, il
y a essentiellement deux façons de le
faire, M. le Président, d'adresser ces questions de pénurie de main-d'oeuvre
au-delà de la formation, bien sûr. Formation, requalification, tout ça
est très important, il faut le faire. Mais quelles sont les deux façons?
Première,
l'immigration. Ah! Parlons d'immigration, parce que depuis 2018 qu'on n'en
parle plus. Je pense que le
gouvernement a pris vraiment une décision qui était très mal avisée, en tous
les cas. Mais, avec l'évolution des choses, la réduction des seuils d'immigration, aujourd'hui, a l'air encore plus
mal avisée que c'était le cas en 2018. C'est un énorme problème. Le ministre de l'Économie, ce matin,
nous disait : Ah! on va aller augmenter le nombre de travailleurs étrangers
temporaires. Ah oui, temporaires? Et c'est
comme ça qu'on va favoriser l'intégration? On va vous dire : Oui, venez,
venez chez nous, mais vous allez
rester juste deux ou trois ans, pas plus, après ça vous rentrez chez vous. Et
là, vous allez vous intégrer et
participer pleinement à la société? Je ne pense pas, je ne pense pas que c'est
comme ça qu'on va y arriver. Donc, immigration,
il faut vraiment, vraiment qu'on regarde ça de façon éclairée et de façon
honnête et qu'on le place dans ce contexte de transition démographique.
Et le
deuxième facteur, c'est d'augmenter du mieux qu'on peut notre population active, parce
qu'il y a des personnes, surtout après la pandémie, qui se sont retirées du
marché du travail, beaucoup de femmes, beaucoup de jeunes femmes et
d'autres groupes qui ne participent pas au marché du travail. Et ce n'est pas
seulement une question de requalification. Il y a ça
aussi, question de formation, il y a ça aussi, mais c'est
plus vaste, plus loin que ça. Il y a tout un groupe populationnel dont... on n'arrive pas à vraiment
ramener au marché du travail la population autochtone. La population autochtone est
massivement jeune, plus jeune que la population
en général. Si on peut regarder ça d'une façon très technocratique, il y a là du monde à aller chercher.
Deuxièmement,
il y a aussi, comme j'ai dit tantôt, beaucoup de femmes qui se sont retirées de la population
active. Notre cheffe a dit : Un
recul de presque une génération. Une des raisons, c'est le manque d'espaces en garderie,
par exemple.
Donc, il y a beaucoup
de choses, M. le Président, qu'on peut faire, qu'on doit faire pour
augmenter la population active, pour qu'on puisse avoir une croissance
économique plus rapide, pour qu'on puisse avoir des revenus de l'État plus
abondants, pour qu'on puisse financer nos
programmes publics, M. le Président. Parce
qu'au Québec, ce que nous avons maintenant, nous avons un problème, nous
avons une question, nous avons un manque de revenus. Il nous manque des revenus pour pouvoir soutenir le niveau de
services publics que nous voulons avoir. Et, pour avoir les revenus nécessaires
à soutenir les services publics dont nous avons besoin, il faut une croissance
économique plus vigoureuse, qui demande une main-d'oeuvre plus abondante
et qui demande les changements dont j'ai fait état tantôt.
M. le
Président, je crois que je devrais maintenant m'arrêter, parce que sinon mes
collègues vont être très fâchés avec
moi, parce que je suis déjà en train de prendre du temps qui... Ils aimeraient
aussi, eux, s'exprimer sur cette question. Donc, un budget conservateur, Mme la Présidente, un budget «old school»
et un budget qui n'adresse pas une des grandes lacunes de notre société
aujourd'hui, qui est le manque profond de mandat. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, M. le député
de Robert-Baldwin. Et maintenant je suis prête à reconnaître la
prochaine intervenante, qui sera Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Émilie Foster
Mme Foster : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Salutations, cet après-midi, aux collègues de la banquette ministérielle, également aux collègues de
l'opposition. Toujours un plaisir d'être ici pour m'exprimer sur le débat sur
notre budget, un budget déposé par
notre ministre des Finances. Et j'en profite au passage pour faire des remerciements spéciaux à toute cette équipe au ministère des Finances, parce
que vous savez que le budget est un
exercice très, très, très élaboré, très méticuleux, très long également, précédé par des consultations, et tout ça. C'est
tout un processus. Donc, un grand remerciement, un grand bravo à tous les gens, tous les fonctionnaires également,
l'équipe du cabinet qui travaille au ministère
des Finances pour produire ce budget.
Tout d'abord, Mme la Présidente, je voudrais vous entretenir sur quelques
implications concrètes de ce budget cette année dans ma circonscription,
dans ma magnifique circonscription, la plus belle, de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Premièrement, il y a des bonnes nouvelles, côté maritime. Et, vous
savez, il y a une tradition maritime qui est extrêmement forte dans ma circonscription,
nous avons plusieurs
traversiers, nous avons des chantiers maritimes, donc, il y a
une tradition qui est très, très
forte. On vit beaucoup au rythme du fleuve dans cette circonscription qui contient et qui inclut également
deux îles, l'île d'Orléans, l'île aux Coudres. Alors, cette tradition maritime là, notre gouvernement, à la CAQ, la comprend très
bien. Et c'est d'ailleurs
pourquoi il y avait déjà un dossier d'opportunité pour la traversée
Saint-Siméon—Rivière-du-Loup, et nous avions fait l'annonce l'an
dernier. Et maintenant nous ajoutons, avec ce budget, la confirmation d'un
dossier d'opportunité pour la traversée L'Isle-aux-Coudres—Saint-Joseph-de-la-Rive.
Alors, on
parle ici d'une excellente nouvelle parce que ce sera un immense chantier pour
Charlevoix. Ça a été ajouté officiellement
au Plan québécois des infrastructures, au PQI, vous savez, ce plan qui
détermine l'ensemble des infrastructures qu'un gouvernement veut mettre de l'avant. Donc, il est inscrit
officiellement, ce projet, un immense projet de refonte des deux quais. On parle d'investissements de plus de
100 millions de dollars, une annonce qui a été fort bien accueillie chez
nous. J'en suis extrêmement fière.
Vous savez, on parle de gares multifonctions et des gares nouvelle génération
de la STQ, donc rien à voir avec ce
qu'on a présentement à nos deux quais, des gares beaucoup plus grandes,
lumineuses, avec une expérience client vraiment meilleure pour les gens
qui attendent les traversiers.
• (16 h 30) •
Également,
une refonte, qui est inscrite dans le budget, une refonte complète du bateau,
du traversier lui-même, le N.M. Joseph-Savard,
ce traversier qui en est maintenant à plusieurs dizaines d'années d'âge. Il
aura une refonte de mi-vie. Alors,
c'est au-delà de 4 millions qui sont annoncés, seulement pour 2021‑2022,
là, pour cette refonte majeure. Le bateau aura des nouveaux moteurs, sera doté de nouveaux moteurs également. Le
bateau verra ses espaces pour les gens sur le bateau, là, complètement, complètement refaits, remaniés. Alors, ce sera
complètement un bateau, si on peut dire, qui restera le même, mais qui sera à la fois tout nouveau.
Alors, ce sont des investissements supplémentaires. On pourra dire qu'on
aura vraiment
un immense chantier dans Charlevoix. Ça signifie quoi? Des quais neufs, des
quais plus grands, des embarcadères
nouveaux, des aires d'attente agrandies, des stationnements. Et également on
s'attaquera à des problèmes, là, connus
de longue date, de longues files d'attente, en particulier dans la saison
estivale. C'est très connu chez nous, mais la STQ, la Société des
traversiers va en profiter en même temps pour évaluer comment on peut mieux
gérer et régler ces problèmes-là, en lien avec les nouveaux quais.
C'est une excellente nouvelle pour la région,
j'en suis extrêmement fière, parce que, comme je vous le disais, nous avons une histoire maritime qui est très,
très forte dans Charlevoix, et le gouvernement de la CAQ le comprend très
bien. Il y aura d'immenses chantiers
maritimes chez nous dans les prochaines années. On parle de nouveaux quais pour
2025‑2026. Donc, ça vient bientôt, il y aura
d'immenses chantiers, et qui dit chantiers dit effervescence, emploi, création
d'activités économiques. Donc, j'en suis extrêmement fière, de cette belle
annonce dans notre budget.
Également,
une autre belle annonce chez nous, une maison des aînés. Vous savez, Mme la
Présidente, pour moi, personnellement,
ça remonte à avant la campagne électorale, où est-ce qu'on se demandait comment
on pourrait, au Québec, à la CAQ,
proposer quelque chose qui allait faire complètement un changement de
génération au niveau de l'hébergement de
nos aînés, parce qu'ils méritent, ils méritent qu'on leur accorde le meilleur
parce qu'ils ont bâti notre Québec. Vous savez, il y aura une maison des aînés dans Charlevoix, une annonce qui est
également extrêmement bien accueillie chez nous. Et maintenant c'est budgété officiellement, et la
construction, pour nous, débute cet été. Déjà, là, en mai, juin, on débute
cette construction, ce magnifique chantier qui sera situé à
Saint-Hilarion. Les gens en sont bien fiers.
Les maisons
des aînés, c'est une toute nouvelle génération. On parle de chambres
individuelles. On parle d'aires de
vie beaucoup plus lumineuses, des aires communes, des espaces dédiés aux
proches aidants. On parle également de salles de bain privées pour chaque chambre avec des douches adaptées. On parle
vraiment d'aires extérieures également, très bien aménagées pour que les gens puissent avoir une vie
plus active, les résidents. Alors, on parle vraiment d'une toute, toute nouvelle génération. J'en suis extrêmement fière
parce que c'est une idée de campagne électorale qu'on réalise concrètement.
Et maintenant on en verra, là, des vraies
maisons des aînés, pousser un peu partout dans nos régions du Québec. Et je
suis extrêmement fière de pouvoir
dire que nous en aurons une dans Charlevoix et que la construction débute, à
Saint-Hilarion, dès cet été.
Quelques
mots, bien sûr, Mme la Présidente, étant adjointe de la ministre à
l'Enseignement supérieur... Elle est venue
discuter, tout à l'heure, un peu, bien sûr, des investissements majeurs de
notre gouvernement dans ce budget-là en termes d'enseignement supérieur. Un budget dont je suis fière, parce
qu'on l'augmente, on augmente les sous donnés à l'enseignement supérieur. J'ai toujours dit : L'enseignement
supérieur, c'est la force créatrice de richesse d'une société en termes de plus-value sur les emplois, sur les
salaires, également tout ce qui concerne l'innovation, la science et tout l'avancement que ça peut créer dans une société.
Alors, je suis extrêmement fière de ce budget-là en enseignement supérieur.
Mais, vous
savez, bien sûr, je ne peux pas passer sous silence le fait que la pandémie,
elle n'a pas épargné les étudiants en
enseignement supérieur. Fermeture des établissements, enseignement à distance,
ça a contribué à l'isolement des étudiants. Ça n'a pas été évident. Cet isolement-là a été combiné au stress
collectif. Ça a pu mettre en péril le bon déroulement des projets
d'études de certains étudiants. C'est triste, ce qui s'est produit, Mme la
Présidente, c'est inquiétant, bien sûr. Le
contexte pandémique a pu être dévastateur sur la santé mentale de nos jeunes,
particulièrement ceux et celles qui étaient aux prises avec des défis
pour leur diplomation, ceux qui réussissent un peu moins bien, ceux qui ont des
troubles d'apprentissage et ceux dont la
motivation s'est éteinte avec la persistance du virus qui a changé nos vies,
qui a chamboulé nos vies depuis un an.
Toutefois, le
gouvernement, notre gouvernement considère que la jeunesse est remplie
d'espoir. Il l'a associée avec raison
au développement économique et à la relance qui se pointent à l'horizon. Le
gouvernement va supporter les étudiants à hauteur de près de
670 millions de dollars d'ici 2025‑2026 pour favoriser leur cheminement
scolaire, une somme qui répond au cri du
coeur qui a été entendu par notre gouvernement. Depuis trois ans, on a écouté
les acteurs du milieu. Depuis trois
ans, nous avons investi des sommes pour confirmer et démontrer concrètement nos
priorités nationales. Et, cette année, le
gouvernement du Québec démontre que l'enseignement supérieur est une de ses
priorités, réellement, là, en augmentant le budget. Parce que c'est dans nos racines, à la Coalition avenir
Québec; tous les députés ici présents savent à quel point l'avenir est un enjeu important, c'est pour ça
qu'on se bat en politique, c'est pour ça qu'on fait de la politique, pour avoir
un avenir meilleur.
Si on veut
des emplois payants, un levier économique fort, il faut impérativement donner
aux jeunes les moyens de réussir.
C'est absolument, absolument nécessaire. C'est la vision que nous avons, c'est
l'objectif que chaque jeune qui a l'envie
de poursuivre des études postsecondaires soit en mesure de le faire, favoriser
la réussite de chaque jeune qui a envie de se lancer dans le défi professionnel
des secteurs de l'avenir, que ce soit l'aérospatial, les technologies de
l'information et de la communication,
les sciences de la vie, les technologies de la santé, les technologies propres,
la logistique de transport. Plusieurs
dizaines de millions de dollars sont investis dès maintenant pour de la
formation dans des domaines porteurs qui sont en pénurie ou en forte demande,
dont la formation de médecins en région pour les infirmières qui ont prêté
main-forte au réseau de la santé, des services sociaux, qu'on remercie,
bien sûr.
Et je vous
dirais que ça a créé, ce budget en enseignement supérieur, des réactions très
positives dans le milieu. J'en cite quelques-uns parce que ça me fait
toujours plaisir. Ce sont des collaborateurs qui apprécient ce qu'on a fait
dans le budget cette année. Il y a M. François
Gagnon, directeur général de l'ETS, qui dit que «les solutions annoncées en enseignement supérieur dans le budget déposé hier
par le ministre des Finances [...] sont importantes et nécessaires. Nous
sommes heureux de voir la grande importance
accordée aux institutions d'enseignement supérieur dont l'apport à la formation
de la relève est primordial pour soutenir les ambitieux projets de relance.»
Il
y a également M. Bernard Tremblay, P.D.G. de la Fédération des cégeps, qui
dit que «le gouvernement a entendu les
priorités à financer pour soutenir les cégeps qui sont au coeur de la relance
du Québec». Il nous dit également : «Il y aura des investissements dans les trois cibles qui
avaient été identifiées par les cégeps : la réussite éducative [...]
l'accessibilité, la formation et la
requalification des travailleurs ainsi que le soutien à la santé mentale de nos
étudiantes et [...] nos étudiants.» Donc, c'est donc signe que nous
avons écouté les demandes du milieu.
Également,
l'ACFAS, dans le domaine scientifique, un incontournable, qui nous dit qu'elle
est heureuse que des financements
supplémentaires soient accordés à l'enseignement supérieur, à la recherche, à
l'innovation, au soutien des étudiants. Elle salue la position du ministre, qui
reconnaît que le niveau d'éducation des Québécoises et des Québécois est
le levier essentiel pour le développement économique et social à long terme du
Québec.
Alors,
comme vous pouvez le voir, Mme la Présidente, notre budget fait quand même des
heureux dans le milieu de
l'enseignement supérieur, un budget qui a été très bien accueilli. Personne
n'aurait pu prédire à quel changement nous aurions à faire face en 2018
lors de notre élection. Cette pandémie-là a pris tout le monde par surprise. Le
changement, c'était déjà dans les cahiers, mais la pandémie en aura accéléré
certains, comme la télémédecine, l'enseignement à distance. Mais le changement ne nous fait pas peur, on a envie
d'insuffler à la communauté étudiante un renouveau favorisant un système d'éducation qui est plus équitable,
plus performant, qui amène nos jeunes vers une voie citoyenne plus engagée.
Concrètement,
ce que ça signifie, aujourd'hui, dans le budget, c'est plusieurs dizaines de
millions de dollars sur cinq ans, qui
va permettre notamment de bonifier les services visant à améliorer leur santé,
leur bien-être, en aide directe aux
étudiants. De l'aide directe aux étudiants, ça signifie aussi alléger leur
fardeau financier, parce que le contexte actuel de la COVID a pu créer de l'incertitude quant à leurs revenus. Certains
jeunes ont perdu des heures de travail, certains ont perdu leur travail, carrément, d'autres ont dû
emprunter, etc. Donc, ça a créé beaucoup de conséquences financières pour
nos jeunes.
Le gouvernement a
donc, dès le début de la pandémie, agi à minimiser les impacts en suspendant
d'office le remboursement des prêts et en
augmentant l'aide financière aux études, d'avril 2020 à septembre 2020.
Rembourser une dette d'études, c'est stressant. C'est d'autant plus stressant
quand le début du remboursement concorde avec un marché de l'emploi qui est plutôt fermé, confiné, incertain
de l'avenir. Considérant que certains ne pourraient commencer leur entrée
sur le marché du travail dans le domaine, et
compte tenu du contexte actuel, le gouvernement ajoute des mesures
d'assouplissement, comme celle de
prendre en charge pour un an les intérêts sur les frais de remboursement de
l'aide financière aux études. À terme, donc, les jeunes travailleurs
pourront rembourser plus rapidement leurs dettes d'études.
Et,
pour continuer à soutenir nos étudiants au niveau collégial, au niveau
universitaire, il y a un montant forfaitaire de 100 $ par session qui leur sera octroyé pour chacun des
trimestres d'études réalisés par les étudiants qui sont inscrits à temps
plein durant l'automne 2020 et à l'hiver 2021. Donc, c'est un montant
maximal de 200 $ qui est offert pour les étudiants qui sont présents aux
deux sessions. C'est plus de 400 000 étudiants qui vont y avoir droit.
Ils pourront ainsi s'adapter à leur nouveau
mode de fonctionnement, plus souvent à distance, et un nouveau mode de vie où
le télétravail semble vouloir rester.
Alors,
finalement, M. le Président, très fière... Mme la Présidente, très fière — désolée — très fière de ce budget de notre
gouvernement 2021‑2022. C'est un budget qui démontre bien nos priorités.
S'il en est une, pour la CAQ, c'est l'éducation
et l'enseignement supérieur. Alors, voir ici le portefeuille de
8,2 milliards, une hausse de 7,9 %, dans le budget de 2021‑2022,
pour notre éducation, c'est un réel investissement pour notre avenir. Merci,
Mme la Présidente. Merci.
• (16 h 40) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Et maintenant je vais céder la parole à Mme la députée de Sherbrooke.
Mme Christine Labrie
Mme Labrie :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vais commencer par rappeler un fait que
tout le monde a entendu régulièrement
ici, mais qui est le quotidien de beaucoup de familles, donc, je le répète :
il y a 51 000 enfants en attente
d'une place en ce moment au Québec. C'est un sommet historique. Et il y a des
milliers de parents, en ce moment, qui
doivent, donc, prendre un congé sans solde dans l'attente de trouver une place,
et, très souvent, ce sont des femmes qui se précarisent financièrement par
manque de places. C'est évident qu'il y avait un grand coup à donner pour
compléter le réseau de services de
garde éducatifs subventionnés. C'était important pour la relance économique,
mais c'était aussi important pour ne
pas perdre les progrès accomplis par le Québec dans le chemin vers l'égalité
entre les hommes et les femmes, qu'on n'a pas fini de franchir.
Donc,
la volonté de développer des places, elle est très, très présente sur le
terrain, on l'a vu, beaucoup plus qu'à la CAQ, d'ailleurs, parce qu'avec l'appel de projets qui a été lancé
l'automne dernier, qui visait 4 300 places, on en a reçu, des projets, qui totalisent
17 800 places. L'ambition est là sur le terrain, la volonté de
développer aussi, et ça, c'est sans compter qu'il y avait plusieurs
régions qui étaient exclues et qui ne pouvaient même pas déposer de projet.
Dès
qu'on a vu ça, en janvier, moi, j'avais demandé au ministre de faire preuve de
plus d'ambition, d'autoriser plus de projets que prévu, surtout que l'appel de
projets avait été fait avec une évaluation des besoins qui ne tenait pas compte
des milliers de places fermées dans les
milieux familiaux dans la dernière année. Malheureusement, on constate dans le
budget que la CAQ a refusé d'autoriser
davantage de projets. Son budget montre qu'ils veulent miser essentiellement
sur les milieux familiaux pour répondre à la demande de places.
Savez-vous
pourquoi, Mme la Présidente, ils veulent miser sur les milieux familiaux? C'est
parce que ça leur coûte deux fois
moins cher. Ça coûte littéralement deux fois moins cher. Dans un rapport de la
Vérificatrice générale de l'automne dernier, on voit que ça coûte au
gouvernement 63,52 $ par jour pour une place en CPE et 30,78 $ par
jour pour une place en milieu
familial. Moi, je n'ai rien contre ça, que le gouvernement veuille faire des
économies, je n'ai rien contre l'idée d'offrir plus de places en milieu
familial subventionnées, ce sont des places de qualité qu'on peut développer
plus vite, d'ailleurs, qu'en construisant
des CPE, mais le problème, c'est que les places en milieu familial, si elles
coûtent deux fois moins cher, c'est parce que les éducatrices, elles ne sont
pas bien payées en milieu familial. Et elles sont si mal payées que ça fait des années qu'il y a des permis qui
dorment sur des tablettes, des dizaines de milliers de permis, parce que
personne ne lève la main pour les prendre, là.
Donc, le
modèle, il est brisé. Visiblement, ce n'est pas quelque chose qui fonctionne,
là, dans l'état des choses actuel, de
miser sur le milieu familial malgré tout l'intérêt que ce modèle-là peut
représenter. Les subventions qu'on donne aux éducatrices en milieu familial ne sont pas suffisantes pour miser
là-dessus en ce moment pour offrir des places. Et donc il n'y a personne
qui lève la main pour prendre les places, puis, en plus, depuis quelques
années, il y a des fermetures. Il y en avait bien avant la pandémie,
évidemment, ça s'est accentué.
On a parlé
tellement de fois de ça en Chambre, ici, je ne répéterai pas toutes les
données, mais c'est clair que, tant qu'on
ne financera pas adéquatement les éducatrices en milieu familial pour le
travail qu'elles font, on ne peut pas miser sur le milieu familial pour répondre à la pénurie de places. Et la
mesure qui est prévue dans le budget pour créer des places, c'est essentiellement un incitatif pour que les
éducatrices qui n'ont pas encore quitté le bateau, parce qu'il en reste, hein,
il en reste quand même, des courageuses... pour
qu'elles passent de six à neuf enfants. Et on ne connaît pas les détails, c'est
juste écrit : Les détails de cette
mesure seront annoncés ultérieurement. Bien là, ultérieurement quand? Je ne le
sais pas, Mme la Présidente, là. Je
ne sais pas ce qu'on attend au juste. Ça fait quand même assez longtemps qu'on
parle de cette situation-là. Les
parents manifestaient en poussette devant l'Assemblée nationale. On ne sait
plus comment le dire, à quel point
qu'on se prive de travailleuses essentielles à cause de la pénurie de place.
Donc, ultérieurement quand? Je pense que ça presse, là, je pensais que la démonstration avait été faite. Je me
demande à quel point ce n'est pas urgent pour la CAQ, là, pour qu'on
dise : Ah! bien, ça va être plus tard, on va vous dire ça plus tard, là,
ça va être quoi, cette mesure-là.
Donc, franchement, j'ai bien hâte de voir si
cette mesure-là va suffire, parce que les éducatrices qui ont déjà neuf enfants en ce moment, j'ai discuté avec
plusieurs d'entre elles, et elles sont nombreuses à dire qu'elles rentrent à
peine dans leur argent en engageant une assistante en ce moment pour pouvoir
avoir trois enfants de plus, parce que, normalement, c'est six. Donc, la
bonification, elle est mieux d'être substantielle si on veut les motiver en
plus grand nombre à offrir neuf places. Et
j'ajouterais que, même avec une bonification qui serait adéquate, ce ne sont
pas tous les milieux familiaux qui
vont avoir l'espace d'accueillir trois enfants supplémentaires et une
assistante de plus. On ne peut pas recevoir quatre personnes de plus
comme ça, dont trois enfants, dans son appartement, là, ou dans n'importe quel
espace.
Moi, pas plus tard que ce matin, je recevais le
message d'une femme qui souhaite, elle, ouvrir un milieu familial depuis même un bon moment, mais qui voit le prix
des maisons monter à vue d'oeil. Et elle attend d'avoir une maison pour pouvoir ouvrir son milieu familial. Et, comme vous
le savez, c'est en effervescence, le marché immobilier en ce moment, ça monte à vue d'oeil. Et, évidemment, cette
femme-là sait que ce n'est pas avec le salaire d'une éducatrice en milieu
familial qu'elle va être capable de
s'acheter une maison en ce moment. Donc, elle doit reporter son projet parce
qu'elle n'est pas capable d'acheter
une maison. Mais elle veut en ouvrir un, milieu familial. Pouvez-vous imaginer
ça? Donc, moi, j'espère que le ministre va tenir compte de ça dans sa
mesure, puis pas seulement du salaire que représente l'assistante, là.
Quand je
regarde les fonds investis dans programme de formation pour les éducatrices, je
m'inquiète aussi parce que, même si
ce sont des bonnes nouvelles, je pense, par exemple, à la rémunération des
stages, ce que j'avais d'ailleurs déjà proposé
moi-même, là, il y a presque un an, il faut quand même reconnaître que la
profession, à terme, là, après la formation, elle n'offre pas, en ce
moment, un salaire qui est intéressant.
Donc, si on
veut attirer du monde pour la formation, on est loin du compte, là, en ce
moment, là. Même en CPE, où les
conditions salariales sont les moins pires, je dirais, là, des différents
services, là, ils ont de la misère à recruter. Puis, en ce moment, une personne qui compare, là, les
différents programmes techniques pour travailler auprès d'enfants, par exemple, elle se rend compte assez vite qu'en
choisissant une autre formation, par exemple, technique d'éducation
spécialisée, le salaire, il va rapidement être beaucoup plus élevé
qu'avec la technique d'éducation à l'enfance.
Donc, même en
rémunérant les stages, moi, je crains que ce ne soit pas suffisant, là. Ces
personnes-là, ces femmes-là sont
intelligentes. Elles font le calcul, là, puis elles vont se rendre compte qu'à
l'intérieur de trois, quatre, cinq ans elles ne seront pas rentrées dans leur argent, là, d'avoir pris le programme
avec plus de stages payés. Donc, il va falloir franchir un pas, aussi,
important au niveau du salaire.
Le ministre,
lui, il semble assez confiant de ces mesures, je l'ai vu tout rayonnant, mais
moi, comme vous voyez, je suis
beaucoup moins confiante que lui, là. J'aimerais ça qu'il fasse preuve de
transparence sur l'état de la situation. Donc, je vais lui réitérer
aujourd'hui, puis je le fais aussi auprès de ses collègues, là, ils sont
soucieux de la transparence autant que
moi, je l'espère... j'aimerais ça qu'à chaque mois on nous fournisse
l'évolution des données dans chaque région sur le nombre d'enfants en
attente d'une place, sur le nombre de places fermées et sur le nombre de places
créées. Comme ça, on va tous pouvoir voir
ici... les parents vont pouvoir voir si les mesures mises en place par la CAQ
fonctionnent, si ça donne des
résultats. Si ça en donne, tant mieux, on se réjouira de voir baisser la liste
d'attente à vue d'oeil, de voir les places se créer à vue d'oeil, mais, tant qu'on n'a pas accès à ces données-là, malheureusement, on ne peut pas savoir si ça fonctionne.
J'invite
aussi le ministre à publier les données nationales sur l'évolution des inscriptions dans les programmes de formation technique, parce qu'on a besoin de pouvoir mesurer aussi si ça fonctionne, les mesures de
recrutement au collégial.
Maintenant,
je veux dire quelques mots sur une autre pénurie qui m'inquiète beaucoup,
c'est la pénurie en éducation. C'est reconnu par le ministre lui-même
comme le plus grand défi du réseau. Et c'est à ce point critique qu'il a fallu aller chercher des
centaines de retraités cette année pour y arriver, et il manquait quand même
des centaines de titulaires devant nos classes cette année.
Donc, tant mieux
si on a réussi à convaincre des retraités de revenir, mais je pense
que c'est assez clair que ce ne sera
pas une solution à long
terme, mais, quand je regarde ce qu'il y a
dans le budget, je me demande vraiment elle est où, la solution à long terme, là. Pour valoriser,
attirer et mobiliser le personnel du réseau scolaire, on prévoit 10 millions cette année. On ne valorisera
pas grand-chose avec ça, là. Si on considère que, juste pour les effectifs
enseignants, ça représente plus de 100 000 personnes, là, on
n'ira pas loin avec 10 millions, là.
Puis,
d'ailleurs, je me permets de le dire au passage, là, dans les rapports annuels
du ministère, ce serait bien aussi de
reconnaître qu'il y a d'autres membres du personnel que les enseignants, là. On
dresse un portrait des effectifs du réseau puis on nomme seulement les enseignants, comme s'il n'y avait pas de
personnel de soutien, comme s'il n'y avait pas de professionnel dans le réseau. Ces gens-là
existent, puis ça vous montre à quel point on part de loin pour les valoriser,
là, quand ils ne sont même pas mentionnés dans le rapport.
Donc, avec
10 millions cette année pour la valorisation, le recrutement du personnel
en éducation, moi, je trouve que ce
n'est pas proportionnel à l'ampleur de la pénurie. Et j'aimerais ça rappeler à
la CAQ que l'éducation, c'était leur priorité. Puis je viens d'entendre
ma collègue de Charlevoix le répéter, d'ailleurs.
Donc, le
problème prioritaire dans leur dossier prioritaire, c'est le manque de personnel,
c'est la pénurie. Là, ils annoncent 10 millions. On ne peut même
pas payer un café par semaine à chaque membre du personnel du réseau de l'éducation avec ça, là. Ça fait qu'on ne va pas
très loin dans la valorisation, là. Évidemment, ce n'est pas du café qu'ils
demandent, ces gens-là. Mais vous comprendrez qu'on est loin du compte, là,
pour y arriver.
• (16 h 50) •
Donc, je
trouve ça important de rappeler à la CAQ qu'on est vraiment au bord du gouffre
actuellement. En ce moment, dans les
CPE, ils sont en train de mettre en place des procédures en cas de bris de
service tellement il manque de personnel. Ils sont obligés de planifier comment ils vont procéder pour choisir les
enfants qui vont devoir rester à la maison si on manque d'éducatrices.
Je vous cite
un exemple qu'on m'a envoyé de ce qu'on va faire s'il n'y a pas assez de
parents volontaires pour garder leurs
enfants à la maison, parce qu'il va falloir choisir, là, à qui on enlève le
service, donc : «La méthode pour identifier ces enfants se fera par
ordre alphabétique de A à Z. Les directions vont tenir un registre afin de
consigner les enfants qui subissent un bris
de service. Ainsi, si la situation se reproduit, l'ordre alphabétique se
poursuivra avec les enfants qui suivent, dans un souci d'équité.»
Ça, c'est là
qu'on est rendu, en petite enfance,
avec la pénurie de personnel. En éducation, c'est critique aussi, c'est vraiment
un précipice qu'il y a devant nous. Donc, j'espère que ça va
être entendu aujourd'hui puis qu'on fera preuve de plus d'ambition.
C'est vraiment des dossiers prioritaires, l'Agir tôt, la petite enfance, l'éducation.
Motion formulant un grief
Donc, je termine, Mme la Présidente, en déposant
une motion de grief, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale blâme le gouvernement
caquiste pour son budget 2021-2022 qui perpétue le sous‑investissement dans les secteurs de l'éducation et de la petite
enfance, contribuant à maintenir les inégalités, notamment celle entre
les hommes et les femmes.»
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Sherbrooke.
Et je vous rappelle que votre motion de grief est déposée sous réserve
de sa recevabilité.
Pour la prochaine intervention, je vais céder la
parole à Mme la ministre du Tourisme.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx
(Berthier) : Merci, Mme la Présidente. Bon après-midi, chers collègues. Quel bonheur de vous voir en chair et en
os, amis députés ici, dans cette Chambre, membres de l'opposition officielle également,
les membres du deuxième groupe d'opposition.
Grand plaisir, aujourd'hui, de pouvoir démontrer
comment le gouvernement du Québec agit en soutien à son industrie touristique, et ce, depuis le début de la pandémie, Mme la Présidente, et avec les
sommes prévues au budget de 2021‑2022 qui s'inscrivent clairement dans une volonté de
nous mener dans cette relance, qui doit être vigoureuse, de notre industrie
touristique.
C'est un des
leviers économiques majeurs du Québec, l'industrie touristique, et ce, pour l'ensemble de nos régions.
Et je
pense que, si on reconnaît tous quelque chose, c'est que la crise sanitaire, la pandémie, la COVID-19
a frappé, de façon extrêmement violente, l'industrie
touristique, et ce n'est pas le propre du Québec, c'est vraiment à l'échelle
planétaire.
Ici, du côté
de la nation québécoise, évidemment, des fermetures de frontières, des mesures
sanitaires qui ont été mises en place très évidemment pour protéger les
travailleurs de la santé, mais également les citoyens du Québec, ça a eu un
impact majeur, évidemment, sur les activités touristiques, qui a été ressenti
particulièrement dans les grands centres.
Donc, Mme la
Présidente, notre gouvernement a été plus que sensible, évidemment, à la
situation vécue par nos entreprises
touristiques, non seulement très sensible, mais on devait surtout être très
proactif. Donc, dès le départ, on a rencontré...
j'ai rencontré des dizaines, et des dizaines, et des centaines d'entrepreneurs
issus de tous les secteurs de l'industrie touristique pour développer
des mesures d'aide qui allaient correspondre aux besoins de cette industrie qui
est très particulière, qui est basée sur des
déplacements — en temps
de pandémie, c'est évidemment une industrie qui est violemment frappée — avec l'objectif partagé, tant des gens de l'industrie que du gouvernement du Québec,
de jouer sur deux axes. Premièrement, c'est de préserver la capacité d'accueil, parce
qu'un jour les frontières vont ouvrir et il faut que la structure, l'offre, au Québec, soit maintenue et bien
vivante et de maintenir, évidemment, l'attractivité de notre destination. C'est donc
l'objectif qu'on vise parce qu'on veut s'assurer d'une relance touristique qui va
être très rigoureuse au sortir de la crise sanitaire.
Avril
2020, on a déjà une première action donnée, promise et retournée
aux promoteurs de festivals et d'événements.
C'est dans l'ADN des Québécois de participer
à nos festivals et à nos événements. Et, même en cas d'annulation, donc, le
ministère du Tourisme a décidé de retourner
les sommes consenties aux festivals et aux événements des subventions qu'on
leur avait promises. Juin 2020, c'est une
deuxième étape où on a annoncé des mesures d'aide très diversifiées de l'ordre
de 753 millions de dollars, parce qu'entre autres on voulait
répondre rapidement aux besoins de liquidités de l'industrie touristique, des entrepreneurs via des programmes
qu'on souhaite et qu'on a conçus pour être adaptés aux besoins spécifiques
de l'industrie.
On
se souviendra également de mesures incitatives où, nous, comme gouvernement, on
s'est dit : O.K. On va voyager au
Québec. On souhaite, d'une part, générer de l'activité touristique et
économique partout sur le territoire du Québec, mais également de mettre de l'argent dans la poche des
Québécois pour leur permettre de découvrir ou de redécouvrir le Québec, et ne serait-ce que l'édition spéciale de la carte
de la SEPAQ, Bonjour Québec, à 50 % de rabais, c'est près de 150 000 Québécois
qui ont mis la main sur cette carte-là,
Explore Québec — évidemment — sur la route, et les Passeport Attraits où
on consentait des rabais de 20 %, 30 % ou 40 % selon le
nombre de passeports et d'attraits que vous aviez consommés.
Donc,
des mesures directes qui ont contribué à la vitalité de plusieurs régions
touristiques au Québec et qui, comme je
le mentionnais, ont permis à certains Québécois de découvrir des régions comme
la vôtre, Mme la Présidente, mais qui n'étaient peut-être pas suffisamment
appréciées des Québécois ou découvertes de la part des Québécois.
Ne serait-ce qu'avec les Passeport
Attraits vendus depuis le lancement, ça représente des économies, pour les
Québécois, de 6,5 millions
de dollars et des revenus, pour nos entrepreneurs, de 17 millions de
dollars. Et puis, on le sait, la crise a malheureusement perduré à l'automne
dernier, et, face à cette réalité-là, on a encore levé la main pour dire que nous allions être présents. Avec une mise
à jour économique, c'est 65 millions de dollars additionnels qui ont été
consentis au ministère du Tourisme,
dont 17 millions de dollars uniquement — et ça, ça va vous toucher — pour les trois portes d'entrée principales au Québec, évidemment Montréal,
Québec, et le gouvernement du Québec a reconnu l'Outaouais comme porte d'entrée officielle, parce que,
vous le savez mieux que quiconque, Mme
la Présidente, le marché principal
hors Québec est évidemment l'Ontario et passe par chez vous. Donc, c'est 17 millions de dollars pour préserver les actifs stratégiques dans
chacune de ces portes d'entrée là et 38 millions de dollars issus de la taxe sur l'hébergement pour nos hôtels et nos motels partout au Québec.
Donc,
le PACTE Tourisme a également été
bonifié. C'est un programme qui a décidé d'inclure davantage d'entreprises
et un pardon encore plus grand. Donc, on parle, depuis le début de la crise
sanitaire, de 830 millions de dollars qui continuent de contribuer à
maintenir la capacité d'accueil, l'attractivité du Québec. Donc, nous sommes
déjà à déployer des actions pour l'après-pandémie, planifier les prochaines
années et nous garantir, surtout, d'un retour en puissance.
Il
faut se rappeler qu'en 2019 le Québec avait un record de touristes
internationaux qui avaient choisi la destination du Québec, les trois
principales portes d'entrée. La majorité des régions du Québec étaient prisées
par les clientèles du reste du
Canada, des États-Unis, de l'Europe, des Français qui en étaient à leur
deuxième, troisième, quatrième visite au Québec. Donc, on était sur une exceptionnelle lancée. La pandémie a freiné, les
sommes sont là, et on va continuer, donc, à injecter des sommes pour
s'assurer que ces clientèles-là reviennent en force lors de la réouverture des
frontières.
9 mars dernier,
Cadre d'intervention touristique 2021-2025. Pourquoi pas une stratégie?
Bien, une stratégie, c'est très... Ne sachant pas trop ce que demain va nous
réserver, on a décidé d'aller avec un cadre d'intervention sur quatre ans, qui va donner au ministère du Tourisme
toute l'agilité dont il aura besoin, ce ministère-là, pour évoluer dans son plan au fur et à mesure qu'on sortira de cette
crise-là, donc, agile, mobile pour répondre aux besoins de nos entrepreneurs
au fur et à mesure qu'on va sortir de cette crise-là.
Autre
réalisation que je ne peux pas passer sous silence, c'est le premier plan
d'action en tourisme responsable et durable.
Puis je regarde les collègues comme la députée de Côte-de-Beaupré, une région
fortement touristique, où on doit préserver,
préserver, dans l'exploitation touristique de cette région-là... qu'elle demeure
responsable et durable. Donc, un plan
responsable et durable en tourisme, une première dans l'histoire du ministère
du Tourisme, donc, des actions qui vont nous permettre, collectivement,
de se tourner vers un tourisme plus vert.
• (17 heures) •
Les
jeunes se tournent et choisissent davantage des destinations qui ont ce sens de
la responsabilité d'un tourisme responsable et durable, d'avoir, donc, une
empreinte écologique qui soit la plus petite possible. Donc, avec ces 30 millions
de dollars là dans cinq axes, on va accompagner nos entreprises. Plus
elles seront vertes, plus on va les financer, plus on va les subventionner. Plus elles seront
écoresponsables, plus on va les aider. Et, avec la pandémie, ça permet aux
entreprises touristiques de se tourner,
donc, vers cette durabilité et responsabilité là, si vous me passez
l'expression, et, à terme, quand les
frontières internationales seront rouvertes, qu'on pourra accueillir à nouveau
les croisiéristes, le Québec pourra fièrement se positionner comme étant
une destination touristique qui est responsable et durable.
Notre
travail continue. Aussi, on a redoublé nos efforts dans le budget 2021‑2022 avec 200 millions de dollars sur
six ans pour le secteur touristique. On a
29 millions de dollars pour la promotion, commercialisation du Québec cet
été, pour les Québécois au Québec,
mais évidemment avec le ROC et les États-Unis par la suite. On a un autre 5 millions
de dollars dans le budget cette
année, évidemment, pour une autre édition de la carte de la SEPAQ, Bonjour
Québec, un soutien additionnel
aux deux prochaines années pour nos festivals et nos événements qu'on aime
tant. Donc, des crédits de 225 millions de dollars qui viennent s'ajouter
à notre cadre d'intervention.
Ce que je
tiens à dire, Mme la Présidente, c'est qu'on a été là depuis avril, on a été là
en juin, on a été là en septembre, on
a été là en novembre, on a été là en février, on a été là au dernier budget et
tout au long de cette crise, le gouvernement du
Québec, le ministère du Tourisme du Québec, et je veux dire haut et fort que
nous continuerons d'accompagner nos entreprises touristiques. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la ministre
du Tourisme. Et maintenant je vais
céder la parole à Mme la députée de Gaspé.
Mme Méganne Perry Mélançon
Mme Perry
Mélançon : Merci, Mme la
Présidente. Alors, comme nos attentes budgétaires avaient été, je pense,
clairement exprimées, définies, là, dans les jours qui ont précédé le dépôt du
budget du ministre des Finances pour 2021‑2022,
je veux revenir sur ce qui concerne, là, vraiment spécifiquement ma région,
parce qu'on est plusieurs à vouloir s'exprimer, là, dans les prochains
jours, sur le dépôt du budget. Alors, je vais y aller brièvement, mais surtout
je vais concentrer, les thèmes qui
reviennent le plus souvent, réellement, là, dans mon travail de
circonscription, les demandes qu'on reçoit le plus souvent au bureau.
Vous savez,
quand on parle aux Gaspésiens et aux Gaspésiennes, les citoyens de mon comté,
ce qu'ils nous disent vraiment, les principaux freins au développement
économique et social de la région, c'est deux choses très simples, c'est
la pénurie de places en garderie et c'est la pénurie de logements.
On est en
crise du logement depuis plusieurs années déjà parce qu'on est populaire. C'est
un mal pour un bien, là, notre région
accueille plus de nouveaux arrivants qu'elle en voit en quitter. Alors, il y a
vraiment un développement qui se
crée, un boom économique, mais il y a vraiment un rattrapage à faire, et ça, on
se serait attendu à ce qu'on puisse enfin pouvoir respirer, enfin donner
un peu d'espoir à nos parents, à nos jeunes professionnels qui sont pris à la
maison.
Vous savez,
pour nous, c'est absolument inacceptable qu'encore en 2021 des femmes soient
prises au foyer faute de places pour
envoyer leurs petits. Puis là je dis des femmes parce que c'est en majorité des
femmes, mais il y a aussi des hommes
qui se sacrifient pour rester à la maison et pouvoir garder, finalement, leurs
enfants alors qu'on a des éducatrices qui
seraient prêtes à le faire, mais avec des conditions, des conditions salariales
notamment, une nouvelle convention collective qui tarde.
Alors, tout
ça, on se serait attendus à ce qu'il y ait des rehaussements pour créer des
places mais aussi pour créer des meilleures conditions pour les
éducatrices parce qu'on sait que ce n'est pas seulement un problème, c'est
plusieurs, et il faut avoir des solutions
complémentaires. Et là on a, dans ce budget-là, un très gros manque de vision
pour résorber une crise qui frappe partout au Québec, et chez nous, bien, ça a
un effet énorme, et la chambre de commerce de Gaspé est là-dessus, tout le monde travaille dans le même
sens pour vraiment trouver des solutions. On dirait que le seul morceau du
casse-tête qui manque, c'est l'appui et la volonté du gouvernement à procéder.
Deuxième
point important, bien, le logement social. Je ne peux passer sous silence ma
grande déception et celle des
organismes en habitation chez nous. Moi, j'avais d'ailleurs eu des
conversations avec le Groupe ressource en logements collectifs, et, bien, on attend encore les unités
qui avaient déjà été annoncées. On ne sait toujours pas où sont les sommes,
où sont les annonces de ces logements-là. Et
qu'est-ce qu'on apprend? Dans le budget, pour les cinq prochaines années, ce
sont seulement 500 nouvelles unités
dans tout le Québec, Mme la Présidente. Alors que le gouvernement, lui, dit que
la relance économique passe par des
projets d'infrastructures, bien, on n'a clairement pas choisi les bons
secteurs, parce que, chez nous, les
deux principaux freins que je viens de vous nommer, bien, ils sont laissés pour
compte dans ce budget-là. Alors, je suis clairement déçue à ce
niveau-là, c'est clair.
Et ça m'amène
à parler des maisons d'hébergement parce que c'est dans le genre de logement
qu'on aurait besoin de construire,
des maisons de deuxième étape notamment, mais surtout aussi des créations de
places supplémentaires dans les maisons d'hébergement déjà existantes.
Plusieurs sont déjà à full capacité, comme on dit, Mme la Présidente. Chez nous, c'est, des fois, des taux de 147 %
d'occupation. Alors, ils prennent déjà plus de femmes que ce qu'ils reçoivent
en termes de financement, mais là ils
sont vraiment pris à la gorge, là, il n'y a plus de ressource, ils ne peuvent
pas en prendre plus, et les demandes ne font qu'augmenter, alors,
L'Aid'elle, le Centre Louise-Amélie, chez nous.
J'ai déposé
une motion cette semaine et malheureusement je n'ai même pas été capable de
recevoir de la CAQ une confirmation
qu'on allait avoir seulement un échéancier avec des actions, qu'est-ce qui s'en
vient, où est-ce qu'on investit les
sommes jusqu'à maintenant, dans quelle mesure et où est-ce que les nouvelles
sommes seront consenties. Donc, c'était tout simple, là, cette
motion-là, et malheureusement la CAQ a rejeté la motion.
Alors, je
veux le mentionner présentement parce que, les maisons d'hébergement, ce
qu'elles demandaient, c'est 70 millions
pour le rehaussement de leur mission, le rehaussement du financement, là,
régulier, et c'était maintenant, et là on
a un 24,5, si je ne me trompe pas... 22,5 millions pour les cinq
prochaines années, 4,5 millions par année, et je vois la CAQ sortir en grande pompe dans les médias pour
annoncer des comités, pour dire qu'on est très tristes. Et je suis certaine
qu'on est tous attristés au même niveau et
qu'on veut tous pouvoir collectivement changer les mentalités et que la société
se sente unie derrière cette cause-là, de protéger nos femmes, mais là,
malheureusement, les sommes ne sont pas au rendez-vous, ni dans mon comté ni
ailleurs au Québec.
Alors, pour moi, c'est les points que je veux
absolument, disons, traiter, là, en priorité aujourd'hui. Mais il y a certainement... Vous savez, là, dans le plan,
c'était assez clair. Quand je disais qu'on avait des attentes très bien
définies, on a un plan ici, et il y
avait également des sommes pour les organismes communautaires. Vous savez, chez
nous comme ailleurs, tout le monde nous parle de ce fameux
460 millions qui manque dans le réseau présentement, dans le milieu communautaire, pour pouvoir seulement rattraper,
finalement, tout le retard qu'on a accumulé en termes de financement. Et là,
ça, c'était déjà bien avant les effets de la pandémie sur les organismes
communautaires qui ont encore plus de demandes, dont les gens sont
encore plus vulnérables. Il y a des personnes qui n'avaient pas besoin
d'accompagnement auparavant
qui maintenant cognent à des portes d'organismes communautaires. Alors, il faut
être là, il faut être là pour eux puis
il faut avoir plus de considération pour tout le travail qui est fait par nos
intervenants du milieu communautaire. Et malheureusement, ce qu'on annonce, c'est 27 millions sur cinq ans
et un 50 millions, là, pour les organismes en santé. Là, j'ai cherché, j'ai fouillé dans les autres pages,
c'était tout, Mme la Présidente, alors qu'il manque 460 millions
présentement, et c'est ce que nous, on demandait.
Alors, je vois le temps qui file, je veux être
sûre de ne pas empiéter sur le temps de mes collègues. Alors, bien, rapidement, aussi, pour parler de la transition
écologique, qui était un point important aussi de nos attentes budgétaires, les
Gaspésiens auraient pu en bénéficier grandement
de ce virage vert là, mais la CAQ l'a remis à plus tard. Clairement, ce n'est pas dans le budget de 2021‑2022.
Alors que les États-Unis, eux, ils financent ou ils parlent d'engager des
fonds de 2 000 milliards pour lutter contre les changements climatiques
et emprunter le virage vert, au Québec, on injecte, bien, des sommes... bien, des
pinottes, finalement.
• (17 h 10) •
Qu'adviendra-t-il
de nos filières d'énergie renouvelable, le renouvellement des parcs éoliens
dans mon comté, le développement de la biomasse, l'énergie solaire? On
est capables d'aller chercher de l'expertise en cette matière-là.
Qu'est-ce
qu'on va faire avec les enjeux d'érosion des berges? Mes résidents de partout,
les résidents de tout le comté sont aux prises avec l'érosion des berges chez
nous. Il n'y a toujours rien qui est annoncé. C'est toujours
en cas de situation imminente. Si la
maison est en train de tomber dans le cap, là, peut-être qu'on va réaliser
qu'on a besoin de les aider, mais,
avant ça, il n'y a rien qui est fait, Mme
la Présidente. Puis ça, c'est un réel
problème, et j'ai hâte qu'on s'y attaque.
Rapidement,
pour terminer sur une bonne note, j'ai envie quand même d'aborder quelque chose de joyeux. Je veux saluer les
investissements dans ce nouveau budget pour maintenir les liaisons régionales
en transport aérien et par autocar. Ça va donner un coup de pouce, ça,
c'est certain.
Motion formulant un grief
Je vois que j'ai passé mon temps alors je vais
m'arrêter là, mais, Mme la Présidente, je veux présenter la motion suivante,
une motion de grief :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour l'absence de financement adéquat
pour le réseau des maisons d'hébergement pour femmes violentées.»
Pour moi, c'est clair, c'est important que ce
soit fait. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Gaspé. Et
je vous indique que votre motion de grief sera déposée sous réserve de
sa recevabilité.
La prochaine
intervention sera celle de Mme la
députée... pardon, Mme la ministre des Affaires municipales et de
l'Habitation.
Mme Andrée Laforest
Mme Laforest : Oui. Alors, merci. Merci, Mme la Présidente. Évidemment, je suis très heureuse d'être ici pour présenter le
budget, le budget dernier pour 2021‑2022.
Alors, c'est
un grand honneur pour moi d'être ici avec vous aujourd'hui, surtout pour
parler du budget présenté par mon
collègue le ministre des Finances. C'est un bon budget, et, comme le ministre des Finances l'a dit, le ministre Girard, ce budget,
c'est le budget de la résilience, c'est celui de la relance. En tant que ministre
des Affaires municipales et de l'Habitation, je qualifierais également ce budget d'humain parce que,
dans ce budget, c'est près d'un demi-million de dollars qui sont
accordés à l'habitation. C'est majeur, on peut en être fiers.
Le
26 mars dernier, c'est donc un budget historique en matière d'habitation
que notre gouvernement a présenté afin de soutenir les Québécoises
et Québécois, afin de soutenir les familles, afin de soutenir les citoyens des
grands centres comme les régions. Notre gouvernement, Mme la Présidente, a vraiment le dossier de l'habitation à coeur,
et le budget de mon collègue n'y fait
pas exception. Toutes les municipalités nous demandaient de bonnes mesures en
habitation, et je les ai entendues.
Aujourd'hui,
Mme la Présidente, je rappelle que ce sont plus de 458 millions qui seront
investis dans diverses mesures en
habitation. C'était d'ailleurs essentiel pour moi d'être présente aujourd'hui
pour en faire part. On parle de 250 millions qui permettront de construire 5 500 logements
sociaux et abordables pour les familles, 5 000 unités annoncées dans
le passé, mais jamais construites,
pour lesquelles les gouvernements précédents n'avaient jamais prévu les fonds
suffisants pour les réaliser. On ne
fait pas que les annoncer, on va les construire. Grâce à notre gouvernement,
l'action était là, grâce à l'écoute de mon collègue aux Finances, les
fonds aussi. Alors, nous les construirons.
Alors, je
remercie, évidemment, le gouvernement, mon collègue aux Finances. Je le
remercie également de nous permettre ainsi de financer également
500 nouvelles unités pour des nouveaux projets. De ce montant, ce sont
près de 108 millions de dollars qui
seront spécifiquement attribués à la ville de Montréal. Ça s'ajoute également
aux 380 millions que la
métropole a reçus dans le cadre du Réflexe Montréal depuis 2018. Montréal a son
autonomie en habitation, alors elle peut encore une fois rénover et
construire avec ces montants du budget 2021 et 2022.
Le budget 2021, ce sont aussi 8,3 millions
de dollars, Mme la Présidente, qui sont disponibles pour permettre
exclusivement aux locataires des 500 nouveaux logements qui verront le
jour de n'avoir que 25 % de leurs revenus à débourser pour leur loyer, ça, grâce aux suppléments au loyer, les PSL.
On réduit ainsi le fardeau que représente parfois le fait de loger pour
ceux dont les revenus sont plus modestes.
Maintenant,
comme vous savez, c'est également essentiel pour notre gouvernement, pour mes
collègues, également pour moi, de
soutenir les personnes qui se situent dans une situation vulnérable. Ce sont
donc 7,1 millions de dollars qui serviront à soutenir
financièrement des femmes, des jeunes victimes de violence ainsi que des
personnes en situation d'itinérance. On parle de plus de 400 PSL,
400 programmes supplément au loyer.
À présent, je
pense que les Québécois le savent bien, maintenant, les régions sont
importantes pour notre gouvernement.
L'investissement d'une vie, pour certains, soit le fait d'avoir une maison, une
habitation, l'est tout autant. D'ailleurs,
dans les dernières années, nous avons annoncé des sommes importantes dans les
programmes qui visent à soutenir directement
les propriétaires d'une maison. Les municipalités m'avaient demandé aussi
d'améliorer le programme RénoRégion et Réno Québec. Je les ai entendues. Le 25 mars dernier, nous avons donc renfloué
les coffres des programmes qui offrent un soutien financier aux
propriétaires. Ce sont donc 20 millions de dollars qui s'ajoutent aux
sommes déjà annoncées pour le programme Rénovation Québec.
Un autre 20 millions pour le programme
RénoRégion, un programme qui, je le rappelle, est important pour les municipalités, pour les régions du Québec qui
comptent moins de 15 000 habitants ou qui sont situées dans la belle
région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Un autre élément-phare
du budget, ce sont les 20 millions que nous ajoutons au Programme
d'adaptation à domicile, le PAD, pour les personnes en situation de
handicap. On a toujours eu une grande sensibilité pour les personnes en situation de handicap qui souhaitent demeurer à
domicile. Je suis donc très fière car ces personnes pourront ainsi faire des
travaux pour adapter leur résidence à leur réalité.
Dans le cadre de mes fonctions, certains enjeux
majeurs se sont présentés, dans les deux dernières années, en habitation, des
dossiers qui auraient pu être travaillés, évidemment, dans le passé, des
dossiers avec lesquels on avait beaucoup de retard, mais on les a réglés
immédiatement.
Des annonces
en bonne et due forme seront faites bientôt, les personnes concernées seront
informées, mais c'est agréable de
pouvoir dire que notre gouvernement répond présent pour soutenir également les
victimes de la pyrrhotite puis celles
aux prises également avec le mérule pleureuse. Ce sont des dossiers humains, ce
sont des dossiers que je travaillais fort. Oui, le côté humain, je dois
le travailler très, très fort avec tous ces organismes.
Nous avons
aussi plusieurs autres mesures budgétaires qui pourront faire l'objet de très
belles annonces, Mme la Présidente.
Je pense notamment à la Jamésie ou encore aux investissements qui sont prévus
au Nunavik pour maintenir la qualité
des logements sur place et les améliorer. Les grands centres sont importants,
mais les régions sont... et les régions éloignées le sont également pour
notre gouvernement.
Aujourd'hui,
Mme la Présidente, s'il y a une chose à retenir, c'est qu'il ne faut pas se
contenter de toujours critiquer. C'est
bien parfois de reconnaître les bons coups, et là, oui, il y en a un.
L'habitation a longtemps été négligée, par le passé, mais enfin on en fait plus en habitation. Enfin,
notre gouvernement investit beaucoup plus. Enfin, un gouvernement investit
beaucoup mieux, également, l'argent des
contribuables. Il reste du travail à faire, évidemment, il n'y a rien de parfait,
c'est certain, mais le chemin que nous avons parcouru se mérite d'être
souligné.
Maintenant,
je vais encore parler des municipalités, évidemment, et des régions. Vous le
savez, je suis ministre de l'Habitation,
mais je suis aussi ministre des Affaires municipales, puis les deux sont très,
très, très bien liés. L'habitation et les demandes des municipalités
sont au coeur de mes priorités, tout comme le développement des régions. D'ailleurs,
Mme la Présidente, je profite de cette tribune pour remercier les
élus municipaux, les mairesses, les maires, les employés municipaux pour
leur résilience depuis le début de cette pandémie et pour la capacité
d'adaptation. Comme je le disais tout à
l'heure, c'est important
de reconnaître les bons coups puis les efforts et la ténacité des municipalités, des MRC, des régions depuis
le début de cette pandémie. C'est un bel exemple qu'on a eu dans le
budget et c'est un très, très bon coup.
Pour les MRC,
notre gouvernement tenait donc à reconnaître ses partenaires exemplaires,
dont les MRC des régions du Québec,
à la hauteur des efforts déployés. C'est pourquoi j'ai eu l'immense privilège
d'annoncer, en marge du budget la semaine
dernière, un soutien financier de 80 millions
de dollars à celles-ci. Cette aide
pourra pallier aux coûts supplémentaires occasionnés par la pandémie tout en
leur permettant de se munir de technologies de pointe pour, par exemple, faciliter la diffusion de
leurs conseils, grâce aux montants que mon collègue a donnés, avec Internet, et
notre gouvernement, évidemment.
En somme, les
diverses mesures annoncées au budget nous permettront de mieux préparer
l'avenir dans le domaine de
l'habitation, et ce, pour toutes les régions du Québec, tout en permettant aux
familles d'habiter un logement abordable, adéquat et conforme à leurs
besoins. Alors, merci, Mme la Présidente. Merci, chers collègues. Merci à vous
tous.
• (17 h 20) •
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Alors, je vous remercie, Mme la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation. Et maintenant
je vais céder la parole à Mme la députée de Fabre.
Mme Monique Sauvé
Mme Sauvé : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, à mon tour d'être heureuse de pouvoir
intervenir pour cette réaction face au budget. Écoutez, beaucoup
de chiffres, bien sûr, qu'on a pris le temps d'analyser, mais, en même
temps, j'aimerais vous dire que mon souhait
le plus grand, c'est de pouvoir parler de ce budget avec l'impact que ça a sur
les gens, sur les aînés, sur les
familles, sur, bien sûr, les femmes, les femmes qui ont été les grandes
oubliées de ce budget. Parce que, bien
sûr, les millions et les chiffres qui
sont tout au long de ce budget, qui sont des investissements importants,
bien sûr, ils ne trouvent pas de sens s'ils ne peuvent pas s'incarner dans, par exemple, des services directs à la population.
Alors,
clairement, je vais reprendre un peu les propos de mon collègue de Pontiac,
porte-parole, qui parlait de ce discours comme étant un peu un exercice de copier-coller de l'ancien
budget, sans nouveauté, sans élan vers la relance, sans innovation. Mais la grande différence, Mme la
Présidente, c'est que ce budget, c'est la suite de trois vagues de pandémie. C'est un an où la
population du Québec vient de vivre des situations dramatiques, des drames
humains. Et c'est pour ça que je ne
peux pas parler de ce budget sans vous dire : Où est la réalité que l'on
vit depuis un an? Où est la réalité de ces aînés et de ces familles? Où est la
réalité de ces infirmières qui portent à bout de bras le réseau de la santé
depuis le début de la crise? Où est, bien sûr, la réalité de toutes ces femmes,
ces femmes qui sont en soins aux aînés dans les CHSLD, dans les
résidences, ces éducatrices, ces enseignantes, bref, ces femmes?
Vous savez,
Mme la Présidente, j'aime beaucoup le cinéma, et, ces grandes réalités, de
faire oublier, dans le budget, j'appellerais
ça l'effet Rosebud. Vous connaissez tous le film Citizen Kane. Et à la
fin, la scène finale du film, on a cette grande pièce où il y a toutes ces caisses, et il faut vraiment aller
très, très loin pour découvrir ce petit traîneau, Rosebud, ce petit traîneau dans le fond de la pièce, qu'on ne
voit pas au premier regard et qui, pourtant, est le centre de l'histoire.
L'effet Rosebud, ce sont les femmes, oubliées dans ce budget.
Mme la
Présidente, bien sûr que je vais vous parler des aînés, bien sûr que je vais
vous parler des infirmières, parce que,
bien évidemment... Et, quand j'entends la ministre des Aînés et des Proches
aidants, plus tôt, dans cette Chambre, dire : Écoutez, moi, à la fin de ma journée, je suis
heureuse si j'ai fait du bien, j'inviterais la ministre, en tout respect, Mme
la Présidente, à tasser quelques
nuages et à descendre sur le terrain, très honnêtement, très honnêtement, parce
qu'il faut faire davantage que de
faire du bien. Dans la description de tâches de la responsabilité
ministérielle, il faut clairement, clairement régler les situations problématiques et prendre soin des aînés, dont on
est, bien sûr, la porte-parole et la ministre responsable.
Et je vois dans ce budget... Puis je vais vous
donner des exemples très, très, très concrets. Par exemple, quand on dit qu'on veut investir dans les soins de
santé, on veut investir pour donner des soins aux aînés, il y a des millions,
entre autres, pour les services dans
les RPA. Il y a évidemment aussi, au niveau des nouvelles maisons des aînés, il
y a des sous de plus qui s'ajoutent.
Tous les millions qu'on retrouve dans ce budget, s'ils ne s'incarnent pas dans
une embauche concrète de personnel de
la santé, on ne règle rien. Présentement, au Québec, le dernier rapport de l'Institut du Québec
nous rappelle que nous sommes dans un
record historique avec 148 000 postes
vacants, un record historique depuis 2015, et, parmi ces 148 000 postes vacants, 75 %, ce
sont des postes dans le réseau de la santé. 8 975 personnes, infirmières,
personnel de soins infirmiers, manquent à l'appel.
Et qu'est-ce qu'on retrouve dans le budget pour
trouver des solutions à ces postes, ces postes d'infirmière, ces infirmières qui offrent les soins aux citoyens,
qui offrent les soins aux aînés? 7 millions. Alors, je ne sais pas si vous
avez une calculatrice pas très loin,
là, mais 7 millions, là, pour combler 9 000 postes d'infirmière
au Québec... Toutes les régions du
Québec, ce sont des centaines d'infirmières qui manquent à l'appel. Depuis le
mois de mars dernier, ce n'est pas compliqué, il y a des milliers
d'infirmières, en plus, qui ont démissionné.
Alors, clairement, le chiffre de 9 000 infirmières
qui manquent, c'est aussi non seulement des infirmières qui manquent, mais il faut compter aussi les
infirmières qui continuent de démissionner. 7 millions. Plus de
20 millions pour des secteurs,
oui, qui sont des secteurs d'importance dans l'économie du Québec, comme les
TI, mais 7 millions pour les infirmières,
Mme la Présidente, ça n'a aucun sens. Et, comme je dois être dans un langage
très contrôlé en cette Chambre, je
vais garder pour moi les qualificatifs, mais clairement, ça n'a aucun bon sens.
Alors, quand j'entends la ministre des Aînés dire : On s'occupe des aînés,
on en prend soin, je veux faire du bien, si on n'est pas capable, comme
gouvernement, de prendre acte de
cette pandémie et de faire en sorte qu'on réalise à quel point l'urgence
d'agir, c'est en termes d'embauche, en termes de réponse concrète à la
pénurie de main-d'oeuvre et dans le réseau de la santé...
Quand on voit
les chiffres... Je vais vous parler d'autres chiffres. Quand on met des
investissements pour ajouter des lits,
bien, l'hôpital de Joliette, ils ont été obligés de fermer des lits parce
qu'ils n'avaient pas d'infirmières pour donner les soins aux patients sur ces lits. Alors, à un moment donné, là, je
veux bien, là, puis on est dans le déploiement, puis c'est le jour du budget, puis on regarde tous les
chiffres, mais, dans le concret, sur le terrain, quand on tasse un peu les
nuages, puis qu'on descend, puis
qu'on écoute la population depuis un an, avec des problématiques de santé
mentale, avec des soins aux aînés
qu'on doit réviser, avec un personnel qui manque de façon criante, il faut
qu'on arrête de simplement étaler ces chiffres de millions et ces investissements, si ces investissements ne s'incarnent pas dans des gestes concrets d'embauche pour
régler la pénurie de main-d'oeuvre.
Et je vous en
parle avec émotion parce que, clairement, là, j'écoute le budget, puis on n'a absolument
rien de réglé. C'est comme si on n'avait pas appris de tout ce que les Québécois
vivent depuis un an. Et moi, je n'accepte pas ça.
À travers
tout ça... Puis je vais parler d'une bonne nouvelle quand même
parce que ça va me calmer un peu dans mon émotion, ça fait que ça va amener un certain équilibre. Je veux vous parler du crédit d'impôt de soutien à domicile. C'est une bonne nouvelle, je vais le
dire, c'est une bonne nouvelle. C'est un pas dans la bonne direction.
Ça fait deux
ans que je travaille sur ce dossier-là, j'ai été... sans relâche. J'ai
travaillé avec mes résidents de mon OBNL
d'habitation, que je veux saluer, du Manoir du Ruisseau. J'ai travaillé avec
mon cher collègue de Robert‑Baldwin
là-dessus, évidemment, et on a porté le message. On a porté le message pourquoi?
Parce que le crédit
d'impôt de soutien à domicile,
tel qu'il est dans son calcul actuel, il pénalise les aînés à faibles revenus.
Ça n'a juste pas de bon sens. Alors, il
fallait réviser ça. C'est 300 000 aînés
à faibles revenus chaque année qui demandent du crédit d'impôt puis qui gagnent
moins, qui ont un revenu plus faible que 50 000 $. Alors, il fallait
régler ça.
Et non
seulement on a travaillé ça avec la population, avec les aînés, avec mon
collègue, mais aussi avec le réseau des
OBNL d'habitation, qu'aussi je souhaite saluer, parce qu'ils ont été depuis le
début avec nous dans cette bataille, et là le gouvernement nous a
entendus.
Mais,
attention, j'ai dit : C'est un pas dans la bonne direction. Nous, on a
fait une proposition, l'année dernière, et ce qu'on avait demandé, là, si je
mettais ça très, très concret pour que les gens comprennent, parce que c'est un
dossier très technique, là, mais concrètement la proposition qu'on
faisait, ça faisait en sorte qu'une Mme Tremblay, qui a peut-être 20 000 $, 25 000 $ de revenus
par année, bien, avec notre proposition, là, elle avait 1 000 $ de
plus dans ses poches à la fin de
l'année. C'était ça, notre proposition, puis on l'avait chiffrée puis on était
très rigoureux. Le gouvernement, avec le pas dans
la bonne direction pour rejoindre la proposition qu'on a faite l'an dernier, il
va falloir attendre 2025‑2026. Ça fait qu'il
va falloir qu'on soit très, très, très patients. Donc, oui, on chemine, oui, on
a été entendus, mais on est encore très, très, très loin du compte. Je
regarde, le temps file. On pourrait parler pendant bien longtemps, et
14 minutes, c'est très peu.
• (17 h 30) •
Je veux vous
parler aussi des soins à domicile, les soins à domicile, encore là, qui sont
bonifiés. Je reviens à la même, même,
même case départ. On a beau ajouter des heures additionnelles, il faut du monde pour offrir ces services-là. C'est ça,
le problème. Tous les dossiers qu'on regarde, il faut avoir la lunette de
services à la population, à nos citoyens. Alors, moi, clairement, le
soutien à domicile...
Et il y a une
chose, en passant, le soutien à domicile — puis je
vois mon collègue de La Pinière — quand on était au gouvernement, le soutien à domicile, l'argent qui
était envoyé dans les CISSS et les CIUSSS du Québec, il y avait un montant
qui était octroyé, qui était prévu, un
pourcentage de 15 %, qui allait vers les organismes communautaires. Le
gouvernement a aboli ça et n'a jamais remis cela. Alors, ça, c'est un
élément aussi que je veux souligner.
Non
seulement, le soutien à domicile, il faut avoir les bras pour l'offrir, mais,
en plus, l'argent du soutien à domicile s'arrête beaucoup et toujours de façon institutionnelle, jamais à
descendre jusque vers les organismes communautaires, qui, pourtant, font un immense travail, immense travail
de soutien à domicile. Et je le sais, j'ai vérifié avec les gens de mon
terrain. Alors donc, il faut essayer d'avoir une vue un peu plus... Tantôt,
j'entendais la ministre, pour qui j'ai beaucoup de respect, des Affaires municipales, qui parlait d'humanité, mais
l'humanité, c'est aussi de descendre sur le terrain et de regarder cet
aspect-là, le service à la population.
Ce matin,
j'ai questionné la ministre des Aînés sur le fonds, le Fonds de soutien aux
proches aidants. Il est... Je vais vous
le dire exactement, c'est la page D.5 du fascicule des renseignements additionnels. Donc, c'est noir sur blanc, c'est écrit : «Abolir le Fonds de soutien aux proches aidants.» C'est là. Alors, clairement, je
comprends bien la ministre, elle dit :
L'argent est là, mais, l'argent, s'il n'est plus dans le fonds... Le fonds est
aboli, donc clairement... L'argent va être dédié peut-être aux proches aidants, mais clairement l'argent va aller vers
des programmes, la multitude de programmes, va être dilué à travers le ministère de la Santé et
Services sociaux, donc une lourdeur administrative, des dédales administratifs,
et on n'est plus en train de protéger
l'action très précise de répit, de formation, de soutien et d'accompagnement
aux proches aidants de façon directe, agile et collée sur les besoins.
Alors, on
verra la suite des choses, mais, quand la ministre dit : Il y a quelque chose d'autre qui s'en vient, le quelque
chose d'autre qui s'en vient, là, patience, patience, patience, parce que
ça va être après la politique sur les proches
aidants, dans quelques semaines; après ça, six mois plus tard, le plan d'action. Puis, si elle veut recréer un fonds, le fonds qu'elle-même, elle avait créé et qu'elle a aboli dans le
budget, bien, il faudra attendre une nouvelle loi. On est très, très, très
loin avant de retrouver cette protection des argents pour les proches aidants.
Le temps
file, Mme la Présidente. Je ne me suis pas vraiment calmée, parce que,
quand on parle des aînés, des gens... et
des femmes, et des infirmières, des gens qu'on entend depuis un an nous dire
leur réalité criante et qu'on n'adresse pas leur réalité dans ce budget,
j'aurais le goût de continuer bien au-delà du temps qui m'est alloué.
Motion formulant un grief
Mais, en
terminant, je vais vous dire que je souhaiterais, de façon électronique, vous
transmettre une motion de grief, que je vais lire comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste d'avoir aboli dans le budget le Fonds de soutien pour
les proches aidants.»
Merci beaucoup, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Fabre.
Et je vous rappelle que votre motion de grief sera déposée sous réserve
de sa recevabilité.
Pour la prochaine intervention, je vais céder la
parole à Mme la députée de Saint-François.
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Merci, Mme
la Présidente. Alors, j'aimerais tout
d'abord manifester ma reconnaissance devant la possibilité de me lever au salon bleu. Vous savez, en tant que whip
adjointe, je fais beaucoup de temps au bleu, mais je n'ai pas toujours
la chance de pouvoir parler et de prendre la parole. Donc, prendre la parole
dans le cadre du discours sur le budget du Québec, bien, ça me touche particulièrement.
C'est un
budget très important qui vient d'être déposé par le ministre des Finances, Mme la
Présidente. C'est un budget qui assure une relance économique importante afin d'équilibrer... Notre budget, on va l'équilibrer sur
sept ans, dans un contexte, on sait,
de postpandémie, une pandémie qui a durement touché de nombreux secteurs de la société
québécoise.
On le sait,
le secteur des soins de la santé a été particulièrement éprouvé par la COVID-19. Que ce soit au
niveau des soignants en première
ligne, des usagers qui ont dû faire preuve de patience devant ces circonstances exceptionnelles, notre système de santé a dû traverser une tempête,
une tempête qui continue de nous guetter de près, toutefois. C'est pourquoi
que le gouvernement fait de la santé une
priorité en attribuant des sommes importantes pour maintenir et améliorer
l'accès aux soins de santé. Le
gouvernement s'est engagé à ce que les Québécois puissent avoir accès
rapidement à des soins et à des services en santé, et de qualité.
Mme la
Présidente, au Québec, c'est près de 650 000 personnes qui sont en
attente pour avoir accès à un médecin de
famille. La période d'attente est en moyenne d'un an et demi. Dans le cadre du
budget, le gouvernement prévoit plus de 300 millions
de dollars sur cinq ans afin de faciliter l'accès aux services médicaux de
première ligne. C'est un investissement majeur qui permettra de s'approcher de l'objectif de notre gouvernement,
soit que chaque Québécois ait accès à un médecin de famille, un engagement fort de notre formation politique, Mme la
Présidente, qui s'accompagne d'investissements majeurs. Notre
gouvernement, il est dans l'action.
L'accès aux services spécialisés est aussi un
enjeu très important pour un nombre de Québécois aux prises avec des conditions de santé particulières, Mme la
Présidente. Afin de faciliter l'accès à ces soins pour les Québécois,
26 spécialités médicales ont été
intégrées à un système d'accès prioritaire pour les patients du Québec, par
exemple en cardiologie, en hématologie,
la gériatrie et la médecine interne. C'est un excellent départ, Mme la
Présidente, mais il faut que davantage de
services spécialisés et prioritaires soient accessibles pour tous les
Québécois. C'est pourquoi notre gouvernement fait le choix d'investir
plus de 60 millions de dollars sur cinq ans afin de bonifier ce programme
d'accès.
Il
ne faut pas oublier les organismes qui travaillent
sur le terrain, directement avec les communautés, afin d'offrir des services à
la population. En effet, c'est plus de 3 000 organismes
communautaires en santé et en services sociaux qui, à travers leurs missions, oeuvrent auprès des
Québécois de cette façon. Depuis 2019, c'est déjà 150 millions de dollars
qui ont été alloués au Programme de
soutien aux organismes communautaires. Ce n'est pas rien. C'est le gouvernement
qui reconnaît l'apport essentiel de
ces organismes au maintien et à l'amélioration de la santé et du bien-être de
la population québécoise. C'est
50 millions de dollars de plus qui seront versés à ces organismes
communautaires afin de bonifier leurs activités d'ici 2025-2026.
50 millions!
Un autre facteur très
important afin d'améliorer l'accessibilité aux soins pour les Québécois, c'est
de s'assurer que notre système de santé
prenne pied de manière définitive dans le XXIe siècle. On l'a vu durant la
pandémie, Mme la Présidente, au
niveau de la numérisation et de l'informatisation, notre système, il est en
retard. On a encore des dossiers qui sont
faxés à la main — ça, ce
n'était vraiment pas drôle pendant qu'on était confinés, au printemps — de bureau en bureau, et ça, en 2021,
c'est un frein important à l'efficacité de nos services de santé.
Le
gouvernement a déjà entrepris un travail important à ce sujet. On l'a vu au
cours des derniers mois. Mais enfin on
va poursuivre la transformation numérique au sein des établissements de santé
et des services sociaux. Le gouvernement va allouer des ressources
supplémentaires en technologies de l'information. C'est ainsi
112,5 millions sur cinq ans qui seront
octroyés afin d'embaucher des ressources additionnelles en technologies de
l'information dans le secteur de la santé et des services sociaux. De plus, le gouvernement mettra en place des
systèmes facilitant la prise de rendez-vous afin que la population
puisse avoir accès via Internet à l'accès de l'offre des rendez-vous
disponibles en première ligne. Cet engagement,
ce virage vers un système de plain-pied au XXIe siècle permettra
d'améliorer la performance et l'efficience des établissements de santé
et des services sociaux.
Maintenant, je vais
vous parler de santé mentale. Vous savez, la pandémie a souligné vraiment ce problème
que vit notre société, puis je pense
que ce n'est pas juste au Québec, hein? On a déjà conversé, vous et moi, Mme la Présidente, sur un autre comité, puis on le voit, que ça se vit mondialement présentement, la santé mentale. Donc,
il est vrai que la pandémie a mis en évidence l'importance de
l'accessibilité des soins de la santé mentale au Québec, comme plusieurs personnes ont vécu différentes formes de détresse
au cours des derniers mois, que ce soit pour des raisons financières, de
la solitude ou toute autre raison.
Il est vrai qu'aucune
couverture universelle n'existe pour la psychothérapie de façon spécifique,
mais il existe toutefois une forme de couverture universelle et gratuite pour
les soins en santé mentale de manière plus générale, soit le Programme québécois pour les troubles mentaux.
On peut prendre l'acronyme, là, PQPTM, si vous voulez. Donc, le Programme québécois pour les troubles mentaux
tente d'organiser l'offre des soins et des services par étapes. Puis il est
faux de dire que la santé mentale, c'est seulement avoir accès à un
psychologue. Différents spécialistes de la santé mentale disposent d'expertises et d'approches différentes.
Donc, le PQPTM se donne donc comme mission d'identifier quelles ressources
particulières pourraient le mieux venir en
aide aux individus qui leur font appel, pour ensuite les rediriger vers la
ressource à privilégier.
• (17 h 40) •
Pour
faire appel à ce programme, il suffit d'effectuer une demande d'aide en se
présentant à l'accueil d'un CLSC, en
consultant un intervenant d'un organisme communautaire, par exemple un centre
de crise, en demandant une rencontre avec son médecin de famille, en
communiquant avec un intervenant scolaire d'une école primaire ou secondaire,
d'un cégep, de l'université, d'un centre
d'études professionnelles, ou même en se présentant à l'urgence d'un hôpital si
la situation vécue est grave puis
nécessite une intervention immédiate. Bref, le PQPTM, c'est le filet qu'on essaie
de déployer pour couvrir tous les Québécois qui demandent de l'aide, peu
importe où ils le demandent.
À
ces différents points de chute, les individus seront dirigés vers un
intervenant qui fait une analyse de leur situation. Lors de la première rencontre, bien, il pose des
questions sur la situation vécue et sa récurrence, les habitudes de vie de
la personne, son réseau familial et
social, ses occupations, travail, études, son état de santé, ses conditions de
vie. À la fin de son analyse,
l'intervenant oriente l'individu vers les services offerts par le PQPTM ou vers
d'autres services qui correspondent à
ses besoins dans une optique de soins par étapes. Ce modèle fait référence à
une organisation de soins où les personnes reçoivent le traitement
qui offre le plus grand potentiel d'amélioration, tout en étant le moins intensif possible. Les traitements incluent, par exemple, les autosoins dirigés, l'éducation psychologique, l'intervention de groupe,
l'intervention familiale,
l'intervention individuelle utilisant des techniques issues de thérapies
cognitives comportementales, la psychothérapie, la réadaptation, la
prise d'une médication, les traitements offerts en unité d'hospitalisation.
On
comprend donc que, dans ce programme, la psychothérapie est offerte, mais ce n'est pas
un service... c'est juste un service parmi plusieurs autres, ce n'est pas
le seul service. C'est un service important, qu'on veut rendre le plus accessible, mais ce n'est pas toujours le traitement
privilégié pour supporter un individu qui demande de l'aide. On peut donc dire
qu'on dispose d'un programme
public, universel et gratuit pour couvrir les soins en santé mentale et que la
psychothérapie fait partie intégrante de cette offre de service.
Le système, il n'est pas parfait. Nous
avons d'ailleurs exprimé la volonté d'augmenter le nombre de
psychologues qui travaillent dans le
système public. C'est une direction qui est privilégiée pour le moment, soit de
bâtir sur ce système, qu'on croit
bien pensé, afin d'offrir les meilleurs soins en santé mentale possible aux Québécois.
Il faut savoir profiter de la variété
professionnelle de la santé mentale dont nous disposons dans
notre système public. Le tri des besoins des individus doit donc être fait en fonction de cette offre.
Ces professionnels ont des approches différentes, qui peuvent
être plus adaptées à certains problèmes particuliers.
Au
gouvernement, on continue de croire qu'on doit bâtir nos programmes
publics intelligemment et pas en mettant toutes nos ressources dans le même service professionnel.
C'est exactement cette orientation qui a guidé les investissements importants
contenus dans le budget. Depuis mars 2019, c'est déjà plus de 360 millions de dollars qui ont été investis afin de rehausser les services en santé mentale. On
parle de plus de 260 millions pour accroître les services de proximité adaptés
aux multiples clientèles et pour augmenter
les services spécialisés pour les jeunes ayant un premier épisode psychotique,
ainsi que 100 millions de dollars pour
aider les jeunes qui éprouvent des troubles mentaux, de dépendance ou
d'adaptation sociale en ajoutant 10 points de service Aire ouverte,
un programme qui a fait ses preuves, Mme la Présidente, et j'en ai même un dans mon comté... bien, à côté, parce que,
moi, Sherbrooke, ça fait partie aussi de Saint-François. Mais on l'a
vu durant la pandémie, Mme la Présidente, les besoins en santé mentale ont augmenté drastiquement. La vulnérabilité a été multipliée pour de nombreux Québécois et Québécoises. Le gouvernement
a entendu cet appel à l'aide et reconnaît l'urgence
de la situation. C'est pourquoi une somme additionnelle de 262,5 millions de dollars a été prévue au budget pour la mise en oeuvre du plan d'action interministériel en santé mentale, une somme considérable qui démontre que ce gouvernement est en action et qu'il prend l'enjeu de la santé mentale très au sérieux, puis le mieux-être des Québécois puis des Québécoises.
Mais parfois, pour
certaines personnes, ces programmes puis ces services, bien, ce n'est pas
suffisant, Mme la Présidente. Pour certaines personnes, la détresse est si
grande que la seule option qui semble demeurer, puis ça, ça me bouleverse, c'est de s'enlever la vie, une
décision tragique qui démontre l'étendue de la douleur qui anime certaines
personnes. Lors du dernier Forum
Adultes et santé mentale, le gouvernement a annoncé son intention de doter le
Québec d'une stratégie nationale en
prévention du suicide. L'arrivée de la pandémie de la COVID-19 a mis d'autant plus
en évidence l'importance d'agir en
amont et de mettre en place des initiatives visant à prévenir le suicide. Le
gouvernement prend la situation très au sérieux, et c'est pourquoi des
sommes additionnelles de 25 millions seront mises afin de prévenir le
suicide.
J'ai
présenté ici de nombreuses mesures, de nombreux investissements qui prouvent
que le gouvernement prend très au
sérieux la décision de l'accès aux soins en santé, très au sérieux la question
de la santé mentale et très au sérieux le fait que tous les Québécois et les
Québécoises soient servis de manière optimale et selon leurs besoins par leur
système de santé et de services sociaux, des investissements majeurs
déterminants, qui feront une différence réelle dans la vie des Québécois et des Québécoises et qui bonifieront de
manière importante l'accès aux services des soins de santé et de services
sociaux. Je suis très fière de faire partie
d'un gouvernement à l'écoute des Québécoises et des Québécois, qui prend autant
au sérieux leur besoin d'avoir un système de
santé et de services sociaux accessible et efficace. Merci, Mme la Présidente,
de m'écouter là-dessus.
Puis
là je voudrais répondre aux questions pour des personnes qui sont vulnérables.
Donc, dans le cadre du budget 2021-2022,
le gouvernement souhaite également mettre en place des mesures visant à
répondre aux besoins particuliers de
certaines personnes. Donc, je vais relater certains faits. À cet égard, il y a
255 millions qui sont prévus sur cinq ans pour la mise en place de mesures
visant notamment à bonifier le soutien offert aux personnes ayant des besoins
particuliers et aux personnes
vulnérables. Puis ce montant, ça inclut 102 millions de dollars pour
renforcer les activités et les services de la trajectoire mère-enfant,
entre autres permettre aux Québécoises et aux Québécois d'avoir recours aux
ressources dont ils ont besoin pour
concevoir un enfant, ça, c'est un engagement fort de notre dernière campagne
électorale; 65 millions de dollars
pour amorcer la mise en oeuvre du prochain
plan d'action interministériel en itinérance; 50 millions de dollars pour le
programme de soutien à la famille des personnes ayant une
déficience ou un trouble du spectre de l'autisme; 22,5 millions de dollars notamment pour
augmenter les ressources offertes aux femmes victimes de violence conjugale.
Mme la Présidente, quand je me suis lancée en politique, moi, c'est pour servir les citoyens.
Vous savez, j'ai une devise puis j'aime la dire à tout le monde, c'est :
Connaître, aimer et servir. Quand on apprend à connaître les besoins de notre société... Je vous dirais que plus on
apprend à la connaître, plus on l'apprécie. Puis les personnes vulnérables
n'ont souvent pas une voix. Donc,
moi, mon rôle à moi, en tant que députée, que je sois au gouvernement ou que, je pense, mes collègues
sont dans l'opposition, c'est de porter ces voix-là. Puis, dans le budget,
je vois clairement qu'il y a des sommes qui sont engagées pour les
personnes vulnérables. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Je vous remercie, Mme la
députée de Saint-François. Et maintenant je vais céder la parole à M. le député de La Pinière.
M. Gaétan
Barrette
M. Barrette :
Est-ce que vous ajournez à 18 heures, Mme la Présidente?
• (17 h 50) •
La Vice-Présidente
(Mme Gaudreault) : Oui.
M. Barrette : Bon, écoutez, ce n'est pas de ça que j'allais
parler, mais là, devant l'enthousiasme débordant de la députée de Saint-François, je vais être
obligé de prendre quelques minutes, Mme
la Présidente, pour remettre les
pendules de la CAQ à l'heure, O.K.? Alors, c'est très intéressant.
Bon, Mme la Présidente, devant les
commentaires dithyrambiques que je viens d'entendre... Et je ne le reproche
pas à la députée de Saint-François. Manifestement, les informations qu'elle nous a exprimées, là, étalées, étaient
écrites par des gens intéressés à
eux-mêmes. Puis elle l'a très bien rendu, je la félicite. C'était vraiment très
bien, c'était une très belle présentation. Puis c'est vrai, là, je le
dis sincèrement. Ceci dit, on va remettre les pendules à l'heure.
Le
PQPTM, Mme la Présidente, ça a été mis en place par nous, par moi. C'est
un programme importé d'Angleterre. Il y a trois pays dans le monde qui le font. Il
est normé, il est sous contrat, il a été mis en place au Québec
par nous, et il avait besoin, pour se
mettre en place, d'une traduction, et ainsi de suite. Et, quand la CAQ est
arrivée, elle a changé une lettre, évidemment,
pour que ce soit à eux, mais la réalité, c'est que c'est notre programme,
qui, pour être mis en place, avait besoin
d'une certaine séquence, pour être déployé, ce qui a été fait. Mais je peux
dire aujourd'hui, Mme la
Présidente, que la CAQ est en retard. Parce que de tout ce que la
députée de Saint-François a parlé, bien, il y a un fil conducteur, c'est :
On est en retard. Alors, le programme québécois en santé mentale, on
l'avait mis en place, il s'est déployé. Il est en retard. Il n'y a pas de quoi
se vanter.
Deuxièmement, Mme la Présidente, pour ce qui est du
programme Aire ouverte, même chose, ça vient de nous. C'est un programme australien, il existe à une autre
place seulement, c'est en Angleterre. On l'a amené au Québec, on l'a mis en
place. On a fait un programme de déploiement. Là aussi, retard. Vous savez, le
programme Aire ouverte, là, c'est un programme
d'accès de soins et santé mentale dirigé vers les jeunes, sans limitation
d'accès, dans des environnements qui sont les leurs. D'ailleurs, en 2018, quand
nous avons quitté, nous avions déjà commencé à faire des rencontres avec les
jeunes pour que les jeunes choisissent leurs places, parce qu'ils ne se
comportent pas en la matière de la même manière. Alors, bravo, vous le
continuez, là, mais zéro mérite, là. Il vient de chez nous, le mérite.
Mme la Présidente,
Premier épisode psychotique, autre programme qui a été mis en place par nous.
Alors, aujourd'hui, il devrait être
complètement déployé. Il ne l'est pas encore. Vous êtes en retard. Le mérite de
ça nous revient. Puis je ne cherche
aucun mérite, mais, dans l'espèce d'orgie d'autocongratulations dont j'ai
entendu aujourd'hui, là, à un moment donné, là, on peut-u rendre à César
ce qui lui appartient? Bien là, je le fais, Mme la Présidente.
Alors,
Mme la Présidente, la députée de Saint-François nous a parlé du programme
Mère-enfant. Bravo! Même chose. Je lui rappellerai que c'est son
gouvernement qui a arrêté la construction du centre mère-enfant dans son comté,
alors qu'il était en construction, pour
aller en appel d'offres pour le refaire, quelques années plus tard, au double
du prix, ce qui est essentiellement
d'avoir berné la population, puisque la population a donné là-dedans, Mme la
Présidente. Et on a juste, encore une fois, retardé les choses.
Prise
de rendez-vous, Mme la Présidente, au Québec, on l'a fait. Et aujourd'hui ce
que l'on voit, c'est la CAQ qui arrête
le déploiement de ce que nous avons mis en place, pour donner des contrats
lucratifs, avec des redevances, à d'autres fournisseurs. C'est ça qui se
passe, Mme la Présidente.
Numérisation,
nous avions commencé la numérisation du réseau. On l'a commencée, hein?
Mettez-vous à l'heure de la réalité.
Vous l'avez arrêtée. Une des premières actions qui a été posée par la
présidente... pardon, la ministre de la Santé, la précédente, a été d'arrêter la numérisation du réseau. Si,
aujourd'hui, ça avait été continué, on le serait probablement partout. Ce sont des projets qui prennent du
temps, et ce que l'on a fait dans ce secteur-là, c'est essentiellement de
prendre du retard.
Aujourd'hui, Mme la
Présidente, combien de fois ce gouvernement s'est vanté... encore aujourd'hui je l'ai entendu de la part de la ministre des Aînés, combien de fois ils se sont
vantés d'avoir engagé 10 000 préposés? C'était l'essence
des projets ratios, qui ont été mis en place
par nous, que vous n'avez pas appliqués en 2018, quand vous avez été élus. Et
les projets, ils étaient terminés.
Et, s'ils avaient été mis en application, il y aurait eu embauche de ce
personnel. Malheureusement, il aura
fallu une crise pour que ça bouge. Et aujourd'hui vous transformez un drame en
victoire quasi morale, alors que, alors que le vrai tort est de ne pas
avoir agi en 2018. Il est là, le vrai tort.
Que le premier
ministre dise de temps en temps : Ah! j'ai l'humilité de dire que j'aurais
pu le faire avant, bien, certainement! Un
des grands problèmes qu'on a vécus dans la pandémie, c'est le manque de
personnel, et l'essence des projets ratio était de revoir la quantité de
personnel précisément en CHSLD. Alors, ne pas avoir numérisé, ne pas avoir
embauché, ne pas avoir ceci, cela en 2018 a eu des conséquences.
Alors,
aujourd'hui, là, moi, là, moi-même, de vous entendre que, wow! nous avons fait
ceci, cela, une minute, là, un
instant, là. La réalité est celle que je vous dis : tout ce qui a été
mentionné aujourd'hui était en place et commencé, tout a été arrêté en
2018, sans exception. Aujourd'hui, vous rattrapez un retard et vous le faites
en retard.
La prise de position la meilleure que j'ai entendue
aujourd'hui, je vous ai tous écoutés, c'est celle d'il y a quelques minutes de
la part de ma collègue de Fabre : L'argent ne descend pas. Vous avez beau
décliner les centaines de millions de dollars dans ce qui est, cette année, un
exercice de relations publiques, le budget, ça n'empêche pas que vous ne savez
pas si l'argent descend.
En santé, là, si on
était numérisés aujourd'hui comme je l'avais commencé, on le saurait. Et je
vais vous donner un exemple bien simple, là,
sur la question des maisons d'hébergement... pas d'hébergement... oui,
d'hébergement. Pour le problème des
femmes victimes de diverses violences, puis je dis «diverses» parce qu'il y en
a tellement, bien, on l'aurait su, si l'argent était descendu, mais il n'est
pas descendu. Et, quand ma collègue
de Fabre dit : Les organismes communautaires ne l'ont pas, l'argent, bien, vous ne
le savez pas, puis vous ne regardez pas, puis c'est la réalité.
Alors,
quand j'entends, comme je l'ai entendu il
y a quelques instants : On va
investir 50 millions de dollars sur cinq
ans dans les organismes
communautaires, les organismes communautaires se sont réunis avec nous, dans mon mandat,
pour faire l'état de situation,
pour nous dire et conclure — et ils ont raison — que, pour être mis à niveau, parce qu'ils ne sont jamais à niveau, il leur faudrait une injection
additionnelle, récurrente, indexée de 450 millions de dollars. C'était-u
dans le budget, ça? Non, ce n'était
pas dans le budget. Alors, lâchez-moi, là, l'autocongratulation, là.
La réalité, là, c'est que vous êtes
loin du compte. Mais vous êtes à 100 %
dans les possibilités et vous ne les avez pas exercées. Le vrai drame de ce budget-là,
là, est que vous ne les avez pas exercées, vos possibilités, particulièrement
tout ce qui touche le social.
Alors,
moi, je vais vous dire une chose, puis je vais reprendre l'exemple des femmes
victimes de diverses violences, je ne reprocherai jamais à un ministre
des Finances de ne pas avoir tout prévu dans un budget, surtout, surtout quand l'actualité va plus vite que l'impression. Mais il
y a une chose qui est certaine, par exemple. Oui, le budget était écrit il y a
plusieurs jours, semaines avant qu'il soit
lu ici, en Chambre. Pour montrer l'insensibilité du gouvernement, là, je vous
pose une question : Qu'est-ce
qui aurait empêché le ministre des Finances, quand il a lu son texte, devant le
drame des femmes battues, de faire
une pause, et de regarder la caméra, et dire : Regardez, là, il en manque
un, élément, parce que le document, il
était sous impression, c'est celui de la problématique des maisons
d'hébergement, et solennellement je vous annonce que nous allons
investir x millions de dollars? Non. Il a fallu attendre les critiques
pour que ça arrive.
Arrêtez de
vous congratuler, là, parce que ça, ça aurait pu être fait sur-le-champ.
D'ailleurs, je vous le dis, ça aurait été
spectaculaire, là, vous auriez surfé sur la vague médiatique. Mais non. On a lu
un texte comme un robot, puis je ne le dis pas méchamment, mais il n'y a
pas eu la sensibilité de faire ça.
Alors, ne
venez pas me dire que vous faites ceci et que vous êtes préoccupés de cela.
Vous êtes, dans le social et en santé, Mme la Présidente, en retard.
Et, oui, je vais revenir avec plaisir, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Gaudreault) : Voilà. Alors, voilà, je vais... Alors, vous pourrez
poursuivre votre intervention, M. le député de La Pinière, lors de
la reprise de ce débat.
Ajournement
Et, en conséquence, et compte tenu de l'heure,
j'ajourne nos travaux au jeudi 1er avril, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 18 heures)