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(Quatorze heures treize minutes)
Le Président: Alors, Mmes et MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Nous allons procéder aux affaires courantes.
Affaires courantes
II n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi. M. le leader du gouvernement.
Présentation de projets de loi
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
vous demanderais d'appeler l'article a du feuilleton.
Projet de loi 97
Le Président: Donc, à l'article a du feuilleton,
Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources présente le projet
de loi 97, Loi modifiant la Loi sur HydroQuébec.
Alors, je vais reconnaître M. le leader du gouvernement, au nom de
Mme la ministre de l'Énergie et des Ressources.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, ce
projet de loi modifie la Loi sur Hydro-Québec afin de permettre à
cette société d'avoir recours à de nouvelles formules de
financement, avec l'autorisation du gouvernement ou dans le cadre d'un
régime d'emprunt ou de financement autorisé par le gouvernement.
À cette fin, Hydro-Québec pourra acquérir des biens et
également louer, céder, aliéner ou grever ceux qui ne sont
pas destinés à la production, au transport ou à la
distribution d'énergie.
Ce projet précise également les pouvoirs
d'Hydro-Québec en matière d'acquisition, de location ou
d'aliénation de biens meubles. Enfin, ce projet de loi permet aux
membres du conseil d'administration d'Hydro-Québec de participer
à une assemblée à l'aide de moyens de
télécommunication.
Mise aux voix
Le Président: Alors, en requérant l'attention de
tous les collègues, s'il vous plaît. Est-ce que l'Assemblée
accepte d'être saisie de ce projet de loi?
Adopté? Adopté.
M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, l'article b du feuilleton, M.
le Président.
Projet de loi 92
Le Président: Donc, à l'article b du feuilleton, M.
le ministre des Affaires municipales présente le projet de loi 92, Loi
modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et d'autres dispositions
législatives.
M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, ce projet de loi modifie la Loi
sur la fiscalité municipale, la Loi sur les cités et villes et le
Code municipal du Québec quant à divers aspects du régime
fiscal municipal applicable aux entreprises ferroviaires.
D'abord, le projet précise de façon rétroactive la
portée de certaines dispositions déjà existantes. Il
confirme que la règle selon laquelle une voie ferrée n'est pas
inscrite au rôle d'évaluation vise autant les voies situées
dans une cour ou une gare que les autres voies et que le non-assujettissement
à la surtaxe sur les terrains vagues profite à l'assiette de
toutes ces voies, sans exception.
De la même façon, le projet de loi clarifie la règle
selon laquelle la valeur foncière de l'assiette d'une voie ferrée
est établie au moyen de la valeur moyenne au mètre carré
des autres terrains du territoire municipal local, en confirmant que cette
règle ne s'applique pas à l'assiette d'une voie ferrée
située dans une cour ou une gare.
Il tranche également, dans le cas des passages à niveau,
le problème de la coexistence du régime fiscal applicable
à l'assiette d'une voie ferrée et du régime qui est
applicable à l'assiette d'une voie publique, en prévoyant que
c'est le second régime qui a préséance. Le projet
reconduit aussi l'effet de la jurisprudence en décrétant que
l'assiette d'une voie ferrée située ailleurs que dans une cour ou
une gare ne constitue pas un lieu d'affaires, ce qui dispense l'entreprise
ferroviaire de payer une taxe d'affaires à son égard.
Le projet de loi édicté, en outre, de nouvelles
règles concernant les entreprises ferroviaires, lesquelles auront effet
dès 1993 sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, et ailleurs à compter de 1994. D'une part, il exempte
de la surtaxe sur les immeubles non résidentiels l'assiette d'une voie
ferrée située ailleurs que dans une cour ou une gare et, d'autre
part, il prévoit que, pour calculer le montant de la taxe d'affaires ou
de la surtaxe payable à l'égard de l'assiette d'une voie
ferrée située dans une cour de triage, on applique
40 % du taux de la taxe ou de la surtaxe décrété
par la municipalité.
Le projet de loi modifie également la Loi sur la fiscalité
municipale en ce qui touche l'établissement de la proportion
médiane du rôle d'évaluation et autres choses
particulières.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article c du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 96
Le Président: À l'article c du feuilleton, M. le
ministre de l'Environnement présente le projet de loi 96, Loi sur les
réserves écologiques. M. le ministre.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, ce projet
de loi a pour objet de remplacer la Loi sur les réserves
écologiques. Ce projet de loi attribue notamment au ministre de
l'Environnement le pouvoir de prendre les mesures nécessaires pour
protéger les terres du domaine public, sur lesquelles il entend proposer
la constitution de réserves écologiques ainsi que les terrains
privés qu'il acquiert aux mêmes fins. Il prévoit, en outre,
les activités prohibées sur ces terres.
Ce projet prévoit un nouveau mode de constitution des
réserves écologiques et définit les conditions de
modification et d'abrogation de ces réserves. Il confirme
l'autorité du ministre sur les terres publiques comprises dans les
réserves écologiques. Ce projet prescrit des sanctions
administratives et pénales applicables en cas de violation de la loi et
des règlements. Enfin, ce projet de loi contient des dispositions de
nature transitoire.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous deman- derais, M. le
Président, d'appeler l'article d du feuilleton.
Projet de loi 102
Le Président: À l'article d du feuilleton, M. le
ministre délégué à l'Administration et à la
Fonction publique, président du Conseil du trésor,
présente le projet de loi 102, Loi concernant les conditions de travail
dans le secteur public et le secteur municipal. M. le ministre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président, ce projet de loi a pour
objet de prolonger de deux ans la durée des conventions collectives des
organismes publics et de maintenir, durant cette période, les taux et
échelles de salaires, ainsi que les primes qui sont en vigueur lors de
leur expiration. Il prévoit, par ailleurs, à compter du 1er
octobre 1993 une réduction de 1 % des dépenses reliées
à l'application de ces conventions collectives par l'octroi d'au plus
trois jours de congé sans solde aux salariés concernés ou
par une autre mesure équivalente. Les parties à une convention
collective pourront cependant convenir d'autres moyens afin d'en arriver
à un plafonnement ou à une réduction comparables. (14 h
20)
Le projet de loi prévoit, en outre, l'application de mesures
analogues aux administrateurs d'État, aux dirigeants et aux membres des
organismes publics, ainsi qu'aux cadres et autres membres de leur personnel non
visés par une convention collective. Il fait de même à
l'égard des députés et des professionnels de la
santé.
Enfin, le projet de loi rend applicable ce plafonnement de la
rémunération et cette réduction des dépenses aux
organismes municipaux. Toutefois, ces organismes pourront, par
résolution, se soustraire à son application.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Première question: Est-ce qu'il y a des
consultations de prévues au projet de loi?
Le Président: Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous aviserons, s'il y a lieu, M.
le Président.
M. Chevrette: Je demande le vote enregistré, M. le
Président.
Le Président: Donc, vote enregistré. Qu'on appelle
les députés. (14 h 21 - 14 h 26)
Mise aux voix
Le Président: Alors, Mmes et MM. les
députés, veuillez prendre place, s'il vous plaît.
Alors, je mets maintenant aux voix la motion de la présentation
du projet de loi 102, Loi concernant les conditions de travail dans le secteur
public et le secteur municipal, présenté par M. le ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique, président du Conseil du trésor. Que les
députés en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Paradis (Brome-Missis-quoi), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Rémillard (Jean-Talon), M.
Levesque (Bonaventure), M. Ryan (Argenteuil), M. Côté
(Charlesbourg), M. Bour-beau (Laporte), M. Dutil (Beauce-Sud), M.
Côté (Ri-vière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M.
Vallières (Richmond), M. Vallerand (Crémazie), M. Elkas
(Robert-Baldwin), M. Savoie (Abitibi-Est), M. Middlemiss (Pontiac), Mme Frulla
(Marguerite-Bourgeoys), M. Cherry (Sainte-Anne), M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), Mme Robillard
(Chambly), M. Blackburn (Roberval), Mme Bleau (Groulx), M. Houde (Berthier), M.
Maltais (Saguenay), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Hamel (Sherbrooke), M. Doyon
(Louis-Hébert), Mme Bégin (Belle-chasse), Mme Pelchat (Vachon),
M. Paradis (Matapé-dia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Lemire
(Saint-Maurice), M. Tremblay (Rimouski), M. Dauphin (Marquette), M. Farrah
(îles-de-la-Madeleine) M. Fra-det (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M.
Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Gauvin
(Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Hun-tingdon), M. Gautrin (Verdun),
M. Gobé (LaFontaine), M. Joly (Fabre), M. Lafrenière (Gatineau),
M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher Bacon
(Bourget), Mme Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden
(Lotbinière), M. Brouillette (Champlain), M. Audet (Beauce-Nord), Mme
Cardinal (Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Khelfa (Richelieu), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan
(Papïneau).
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier), M. Atkinson
(Notre-Dame-de-Grâce).
Le Président: Alors, que les députés qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), M. Perron
(Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M. Biais (Masson), M. Jolivet
(Laviolette), M. Baril (Arthabaska), M. Godin (Mercier), Mme Juneau (Johnson),
Mme Caron (Terrebonne), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), M. Paré
(Shefford),
M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), M. Hol-den (Westmount), M.
Boisclair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), Mme Carrier-Perreault (Les
Chutes-de-la-Chaudière), M. Bélanger (Anjou). M. St-Roch
(Drummond).
Le Président: Est-ce qu'il y a des abstentions? le
secrétaire: pour: 66 contre: 22 abstentions: 0
(14 h 30)
Le Président: En conséquence, la motion est donc
adoptée. M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vous
demanderais d'appeler l'article e de notre feuilleton.
Projet de loi 87
Le Président: À l'article e du feuilleton, M. le
ministre de la Justice présente le projet de loi 87, Loi modifiant la
loi sur l'aide juridique. M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, ce projet de loi
modifie la Loi sur l'aide juridique afin de prévoir que la Commission
des services juridiques assume le coût des déboursés de
cour exigibles par le gouvernement du Québec et des droits qu'un
registrateur aurait autrement perçus, et dont les
bénéficiaires sont dispensés du paiement en vertu de cette
loi. Ces coûts seraient ainsi assumés depuis le 1er janvier 1992
et, en vertu de l'accord intervenu dans le cadre du Régime d'assistance
publique du Canada, deviendraient partageables entre le gouvernement du Canada
et le gouvernement du Québec.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Donc, adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article f du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 88
Le Président: À l'article f du feuilleton, M. le
ministre de la Justice présente le projet de loi 88, Loi modifiant la
Loi sur les substituts du procureur général. M. le ministre.
M. Gil Rémillard M. Rémillard: M. le
Président, ce projet de loi
modifie la Loi sur les substituts du procureur général. En
premier lieu, il introduit dans cette loi des dispositions de nature à
assouplir le mode de nomination des substituts occasionnels et confère
au gouvernement le pouvoir de régir, par voie réglementaire, leur
nomination, leur rémunération, leurs avantages sociaux et leurs
autres conditions de travail.
En deuxième lieu, ce projet de loi étend aux substituts
occasionnels l'obligation qui est actuellement faite aux substituts permanents
de s'occuper exclusivement du travail et des devoirs de leurs fonctions. Par
ailleurs, il change l'appellation des procureurs-chefs et des procureurs-chefs
adjoints par celle de substituts en chef et substituts en chef adjoints.
Enfin, le projet de loi édicté des dispositions relatives
à l'exercice de certaines activités politiques par les substituts
permanents du procureur général.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Oui.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article g du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi 93
Le Président: À l'article g du feuilleton, M. le
ministre de la Justice présente le projet de loi 93, Loi modifiant le
Code de procédure civile et la Charte des droits et libertés de
la personne. M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: M. le Président, ce projet de loi
modifie le Code de procédure civile et, par concordance, la Charte des
droits et libertés de la personne en vue de permettre aux journalistes
d'assister aux audiences qui, en matière familiale, se tiennent à
huis clos en première instance.
Par ailleurs, M. le Président, le projet de loi modifie le Code
de procédure civile afin d'établir en matière civile
certaines règles relatives aux délibérés. À
cette fin, il prévoit notamment que le délai pour rendre jugement
est fixé à six mois, lequel peut, dans des circonstances
exceptionnelles, être prolongé par le juge en chef
personnellement. Le projet de loi prévoit en outre, lorsqu'un juge fait
défaut de rendre jugement dans les délais requis, que le juge en
chef peut personnellement dessaisir ce juge et ordonner que l'affaire soit
confiée à un autre juge ou qu'elle soit remise au rôle. Ce
projet prévoit, de plus, certaines règles relatives à la
preuve applicables dans une telle situation. De plus, M. le Président,
le projet de loi porte d'un à cinq jours francs le délai de
signification et de présentation de certaines requêtes en Cour
d'appel.
Enfin, ce projet de loi modifie ce Code en vue d'apporter un
contrôle plus rigoureux de l'exercice du droit d'appel, d'enrayer le
dépôt tardif des documents et d'accroître
l'efficacité du traitement des dossiers devant la Cour d'appel du
Québec. À cette fin, M. le Président, le projet de loi
prévoit, notamment, une hausse du seuil pécuniaire de l'appel de
plein droit. Il prévoit également que des jugements qui
prononcent la requête en annulation d'une saisie avant jugement et les
jugements ou ordonnances rendus dans les matières non contentieuses,
à l'exception des matières qui touchent à l'état et
à la capacité des personnes, ne feront dorénavant l'objet
d'un appel que sur permission d'un juge de la Cour d'appel.
Le projet de loi prévoit en outre certaines mesures relatives
à la production des mémoires et au défaut de les produire
dans les délais requis. Les pouvoirs du greffier de la Cour d'appel sont
valorisés afin d'améliorer le fonctionnement et
l'efficacité du tribunal. En certains cas, M. le Président, il
pourra délivrer un certificat attestant que l'appel est
déserté, avec dépens.
Finalement, le projet de loi modifie les règles applicables
à l'exécution provisoire, notamment lorsqu'il s'agit d'une
demande d'aliments ou de garde d'enfants.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Une voix: Ça va.
Le Président: Adopté? Adopté. M. le leader
du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
vous demanderais d'appeler l'article h de notre feuilleton.
Projet de loi 94
Le Président: À l'article h du feuilleton, M. le
ministre de la Justice présente le projet de loi 94, Loi modifiant la
Loi sur les tribunaux judiciaires. M. le ministre.
M. Gil Rémillard
M. Rémillard: Oui, M. le Président. Ce projet de
loi, en résumé, modifie la Loi sur les tribunaux judiciaires afin
de permettre au gouvernement de prévoir, dans un tarif en matière
civile, des frais judiciaires et des droits de greffe différents selon
qu'ils sont exigibles d'une personne physique ou d'une personne morale.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Article j du feuilleton, M.
le Président.
Projet de loi 91
Le Président: À l'article j du feuilleton, M. le
ministre des Transports présente le projet de loi 91, Loi modifiant le
Code de la sécurité routière. M. le ministre.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: M. le Président, ce projet de loi propose
diverses modifications au Code de la sécurité routière
afin d'en faciliter l'administration. Ces modifications concernent notamment
l'obligation de munir les autobus d'écoliers d'un signal d'arrêt
obligatoire, l'identification des points routiers qui sont critiques pour les
camions et l'obligation de les munir d'un système de freinage
supplémentaire.
Ce projet de loi introduit des nouvelles mesures concernant la
vérification mécanique et l'expertise technique des
véhicules. Il propose également des modifications permettant
d'uniformiser les montants des amendes prévues pour les infractions dans
les voies réservées et permet à la Société
de l'assurance automobile du Québec d'exiger des frais pour
l'échange électronique de données.
Ce projet de loi modifie, par ailleurs, les règles applicables en
matière de transmission des avis de suspension et de révocation
des permis de conduire. Il permet en outre à la Société de
conclure avec tout ministère ou organisme désigné par le
gouvernement une entente en vue de l'application de la Loi sur la
transformation des produits marins et de la Loi sur l'utilisation des produits
pétroliers.
Enfin, ce projet contient des modifications de nature technique et des
dispositions de concordance.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président,
l'article k de notre feuilleton.
Projet de loi 90
Le Président: À l'article k du feuilleton, M. le
ministre du Revenu présente le projet de loi 90, Loi modifiant la Loi
concernant l'impôt sur le tabac, la Loi sur le ministère du Revenu
et d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal. M. le
ministre.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Merci, M. le Président. Alors, ce projet de loi
donne suite à diverses mesures relatives à l'application des lois
fiscales et à la luttre contre la fraude en matière d'impôt
sur le tabac. Ces mesures ont été annoncées par le
ministre des Finances du Québec principalement dans le bulletin
d'information 93-1, publié le 23 avril 1993.
Il modifie, d'abord, la Loi concernant l'impôt sur le tabac afin
d'assujettir à l'impôt sur le tabac le tabac brut en feuilles et
afin de prévoir certaines mesures pour freiner la fraude en
matière de tabac, dont, notamment, l'augmentation de l'amende maximale;
la création d'une nouvelle infraction; le renforcement des pouvoirs en
matière de perquisition.
Il modifie également la Loi sur le ministère du Revenu
afin de solutionner différents problèmes liés à
l'interprétation et à l'application de cette loi et d'autres lois
fiscales. Merci.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Sur ledit projet de loi, étant donné
que le ministre des Finances déclarait, il y a à peine
trois ou quatre jours, en cette Chambre... Plus précisément, le 6
mai, à une période de questions, il déclarait que
ça faisait un large consensus dans la société. Est-ce que
je pourrais savoir si on pourrait inviter ce large consensus à venir
nous donner leur avis sur le projet de loi?
Une voix: On verra.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, en temps
et lieu, et compte tenu des réactions, nous aviserons en
conséquence.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que... S'il vous plaît!
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de
loi?
Une voix: Sur division.
Le Président: Adopté sur division. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, je
vous demanderais d'appeler l'article 1 de notre feuilleton.
Projet de loi 95
Le Président: À l'article 1 du feuilleton, Mme la
ministre déléguée aux Finances présente le projet
de loi 95, Loi sur la publicité légale des entreprises
individuelles, des sociétés et des personnes morales. Alors, au
nom de Mme la ministre déléguée aux Finances, M. le leader
du gouvernement.
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Ce
projet de loi propose de modifier les règles relatives à la
publicité légale des entreprises individuelles, des
sociétés et des personnes morales. Ainsi, il assujettit à
ses dispositions les personnes physiques qui exploitent une entreprise au
Québec, qu'elle soit ou non à caractère commercial, sous
un nom ne comprenant pas leur nom de famille et leur prénom.
Il assujettit également les sociétés en nom
collectif et les sociétés en commandite constituées au
Québec, ainsi que les sociétés étrangères
qui y exercent une activité. Enfin, il assujettit les personnes morales
de droit privé constituées au Québec ainsi que les
personnes morales étrangères qui y ont leur domicile et y
exercent leur activité. (14 h 40)
Ce projet de loi impose aux personnes et aux groupements assujettis
l'obligation d'immatriculation. Il permet également aux personnes et aux
groupements non assujettis de s'immatriculer volontairement. Par ailleurs, ce
projet indique les principales informations qui doivent être
déclarées lors de l'immatriculation et détermine certaines
règles relatives à l'utilisation des noms déclarés.
Il impose l'obligation de mettre à jour les informations
déclarées lors de l'immatriculation au moyen de
déclarations à cette fin.
Ce projet de loi prévoit que la radiation de l'immatriculation
d'une personne ou d'un groupement a lieu lorsque cesse l'obligation
d'immatriculation ou lorsque certaines autres obligations n'ont pas
été remplies. Il prévoit également la
révocation de la radiation, dans certains cas, permettant ainsi aux
personnes morales constituées au Québec de reprendre leur
existence.
Ce projet prévoit en outre l'établissement d'un registre
des entreprises individuelles, des sociétés et des personnes
morales et détermine les règles relatives à son
administration. Il précise aussi que toute personne peut consulter le
registre, mais que certaines informations qui y sont contenues sont opposables
aux tiers à compter du moment où elles apparaissent à
l'état des informations. Il détermine les pouvoirs de
réglementation du gouvernement et prévoit des dispositions
pénales.
Ce projet modifie les lois publiques qui ont pour objet de constituer
des personnes morales en prévoyant, notamment, que ces dernières
seront désormais immatriculées au registre. Il remplace la Loi
sur les déclarations des compagnies et sociétés, ainsi que
la Loi concernant les renseignements sur les compagnies et abroge la Loi sur
les compagnies étrangères. Enfin, ce projet de loi prévoit
des dispositions transitoires et finales nécessaires à
l'application de la loi et à la mise en place du registre.
Mise aux voix
Le Président: Alors, est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Je
vous demanderais d'appeler l'article i de notre feuilleton.
Projet de loi 99
Le Président: À l'article i du feuilleton, M. le
ministre du Tourisme présente le projet de loi 99, Loi sur la
Société du Centre des congrès de Québec. M. le
ministre.
M. André Vallerand
M. Vallerand: M. le Président, ce projet de loi a pour
objet d'instituer la Société du Centre des congrès de
Québec. Il prévoit que la Société sera un
mandataire du gouvernement et qu'elle sera administrée par un conseil
d'administration dont les membres seront nommés par le gouvernement.
La Société aura pour objet d'administrer et d'exploiter le
Centre des congrès de Québec. En plus d'élaborer des
projets de développement du Centre des congrès, la
Société pourra exercer des commerces et autres activités
de nature à contribuer au développement du Centre des
congrès.
Le projet de loi prévoit également que la
Société pourra se substituer à la Société
immobilière du Québec pour l'aménagement et
l'amélioration du Centre des congrès. Il modifie enfin la Loi
modifiant la Charte de la ville de Québec afin de permettre l'addition
d'une superficie additionnelle au complexe immobilier connu sous le nom de
Place Québec, malgré la réglementation municipale
adoptée après le 12 juin 1984.
Mise aux voix
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi? Adopté. Maintenant,
dépôt de documents.
Dépôt de rapports de commissions
Dépôt de rapports de commissions. M. le prési-
dent de la commission du budget et de l'administration et
député de Vanier.
Consultation générale sur le document
intitulé
«L'appui au secteur financier: des
dividendes
pour le Québec ? Propositions de
politiques
pour le secteur financier du
Québec»
M. Lemieux: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé les 4, 5 et 6 mai 1993 afin de procéder à
une consultation générale et de tenir des auditions publiques sur
le document intitulé «L'appui au secteur financier: des dividendes
pour le Québec ? Propositions de politiques pour le secteur
financier du Québec» et, à cette fin, d'examiner les
principes et mesures mis de l'avant par le gouvernement du Québec pour
le secteur financier québécois.
Le Président: Alors, merci, M. le député de
Vanier. Votre rapport est déposé.
Maintenant, dépôt de pétitions.
Alors, maintenant, interventions portant sur une violation de droit ou
de privilège ou sur un fait personnel.
Décision du président sur
la question de privilège
du député de Labelle
Je vais maintenant rendre ma décision sur la question de
privilège du député de Labelle, que j'ai prise en
délibéré à la séance de mardi dernier.
Le député de Labelle allègue que le
président du Conseil du trésor et les fonctionnaires
impliqués au dossier auraient porté une atteinte
délibérée aux droits et privilèges de
l'Assemblée prévus au paragraphe 4° de l'article 55 de la Loi
sur l'Assemblée nationale en rendant public un document intitulé:
«Résultats de la commission parlementaire sur le financement des
services publics».
Pour ce faire, le président du Conseil du trésor aurait
fait fabriquer et diffuser un document concernant un mandat dévolu
à une commission parlementaire, usurpant ainsi les fonctions et
attributs de la commission du budget et de l'administration.
À cet égard, le député de Labelle soutient
qu'il s'agit d'un détournement du processus réglementaire
officiel de l'Assemblée nationale et, d'autre part, que le
procédé employé par le ministre véhicule de fausses
impressions constituant un outrage et du mépris envers
l'Assemblée. Selon le député de Labelle, le
président du Conseil du trésor et député de
Vaudreuil ne peut prétendre parler pour et au nom de l'Assemblée
ou de l'une de ses commissions puisque ce privilège n'appartient
qu'à l'Assemblée.
Il est de la connaissance de tous les membres de l'Assemblée
nationale et des citoyens que la commission du budget et de l'administration
s'est vu confier par l'Assemblée nationale, le 2 décembre 1992,
le mandat de tenir des consultations générales sur le financement
des services publics au Québec et d'examiner les orientations à
privilégier à court et à moyen terme en ce qui a trait
à l'évolution des dépenses gouvernementales, de la
fiscalité, du déficit, des besoins financiers et de la dette.
Le député de Labelle de même que le ministre
responsable du Conseil du trésor étaient membres de cette
commission pour la durée de ce mandat. La commission du budget et de
l'administration a complété l'exécution de ce mandat,
comme l'indique le rapport de cette commission déposé le 9 mars
1993. Voilà pour les faits.
Le député de Labelle prétend que le
président du Conseil du trésor et les fonctionnaires
impliqués au dossier auraient contrevenu au paragraphe 4° de
l'article 55 de la Loi sur l'Assemblée nationale. Cette disposition
énonce ce qui suit, et je cite: «Nul ne peut porter atteinte aux
droits de l'Assemblée. Constitue notamment une atteinte aux droits de
l'Assemblée le fait de: 4° contrefaire, falsifier ou altérer,
dans le dessein de tromper, un document de l'Assemblée, d'une commission
ou d'une sous-commission ou un document présenté ou produit
devant elles.»
Selon l'ouvrage intituté «Vocabulaire juridique» de
Gérard Cornu, les termes «contrefaire» et
«falsifier» ou «altérer» signifient
respectivement une imitation frauduleuse ou fabrication d'une chose au
préjudice de celui qui avait seul le droit de la fabriquer ou de la
reproduire et la présentation d'un document ou d'une chose qui ne
correspond pas à son état originaire. Dans quelle circonstance
pourrait-on prétendre qu'il y a contravention au paragraphe 4° de
l'article 55 de la Loi sur l'Assemblée nationale?
Maingot, à la page 236 de son traité portant sur le
privilège parlementaire, illustre une situation qui constituerait un tel
délit, et je cite: «De même, si une personne présente
à un comité de la Chambre des communes des documents faux,
falsifiés ou altérés avec l'intention de tromper ce
comité ou la Chambre, ou en étant au courant de la falsification
ou de l'altération, elle se rend coupable d'outrage au Parlement parce
que le fait de présenter de tels documents constitue une insulte
évidente à la Chambre des communes. Celle-ci a non seulement
droit au plus grand respect, mais exige qu'on l'observe à son
égard lorsqu'on lui présente des documents pour examen,
enquête ou étude.» Fin de la citation.
Après avoir analysé les documents transmis avec son avis
par le député de Labelle, je constate que le document
préparé et diffusé par le ministre ne correspond d'aucune
manière aux actes mentionnés à l'article 55, paragraphe
4°, de la Loi sur l'Assemblée nationale. En effet, le document en
cause est un document gouvernemental, identifié comme tel, et dont la
présentation et le contenu ne viennent d'aucune façon
usurper les fonctions d'une commission parlementaire. Il ne peut
prétendre se substituer au rapport de la commission.
En effet, le contenu du rapport d'une commission parlementaire est
régi, notamment, par les articles 176 et 177 du règlement de
l'Assemblée nationale. D'une part, l'article 176 stipule ce qui suit, et
je cite: «Au terme de l'examen d'une affaire qui lui a été
confiée par l'Assemblée, toute commission dispose d'un jour franc
pour déterminer en séance de travail les observations,
conclusions et recommandations qu'elle entend déposer à
l'Assemblée.» Fin de la citation. D'au-trepart, l'article 177
précise que, et je cite: «Le rapport de la commission est
constitué du procès-verbal de ses travaux et, le cas
échéant, de ses observations, conclusions et
recommandations.» Fin de la citation.
La commission du budget et de l'administration a produit et
déposé son rapport à l'Assemblée le 9 mars 1993. Il
est identifié comme document de la session 620. Ce rapport est
constitué uniquement du procès-verbal de ses travaux, ladite
commission s'étant abstenue de déterminer des observations,
conclusions et recommandations conformément à l'article 176 de
notre règlement. Cette décision de la CBA de ne pas
présenter de recommandations n'a pas pour effet d'empêcher le
gouvernement ou tout autre intéressé de tirer ses conclusions,
d'émettre son point de vue ou de dresser un bilan des conclusions
menées par la commission parlementaire.
Les travaux d'une commission parlementaire siégeant en public
relèvent du domaine public. Le gouvernement, l'Opposition parlementaire
et tous les citoyens peuvent exprimer des avis, opinions ou observations sur
les travaux qui s'y déroulent. Ils le font en leur nom. On ne doit donc
pas se surprendre qu'il y ait des divergences dans l'appréciation des
débats parlementaires. C'est dans l'ordre des choses.
Donc, à première vue, il me semble évident que le
ministre ne s'est pas immiscé dans les fonctions et attributs de la
commission. Le gouvernement, comme tout autre intervenant ou observateur, peut
bien faire sa propre analyse de la consultation et en tirer ses propres
conclusions. Le document rendu public par le ministre ne constitue donc pas,
prima facie, une atteinte aux privilèges de l'Assemblée. En
conséquence, je déclare cette question de privilège
irrecevable. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, question de directive ou
une nouvelle question de règlement ? je ne sais pas. Vous
l'interpréterez et vous me le direz. Le document est intitulé
«Résultats de la commission parlementaire sur le financement des
services publics». Vous avez même dit, dans votre plaidoirie, que
la commission a refusé de donner des résultats. Est-ce que vous
pourriez me dire, à ce moment-là, comment on peut publier des
résultats, si la commission elle-même s'est refusé d'en
faire, des résultats? Ça n'empêche pas le gouvernement,
effectivement, de publier ce qu'il veut, mais il aurait pu marquer
«Résultats tels que vus par le ministre», mais pas par la
commission. Je vous demanderais de me donner une directive sur la façon
dont un ministre, à l'intérieur de ses fonctions, peut tirer des
résultats que seule une commission elle-même peut tirer en tant
qu'organisme. Il peut tirer des conclusions personnelles, mais il ne peut pas
tirer des résultats au nom d'une commission qui ? vous-même,
vous le dites ? a refusé d'en donner. Ça m'apparaît
tellement incohérent, à sa face même. Je vous demanderais
une directive, au moins, là-dessus. Si vous voulez virer ça en
demande de décision additionnelle, virez-le. (14 h 50)
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, sur la
question soit de règlement, soit de directive, et sans remettre en
question la sagesse, la justesse ou le fondement de la décision que vous
venez de rendre, je pense que le leader de l'Opposition est en train de faire,
présentement, ce que vous ne nous permettez pas de faire. Et je veux
plaider pour le leader de l'Opposition, cette fois-ci, M. le Président.
Je vous soumets respectueusement que la façon de procéder
habituelle, le député, comme c'a été le cas du
député de Labelle, soumet une question de privilège
à la présidence. Il argumente dans sa question de
privilège. Nous n'avons pas, de ce côté-ci de la Chambre,
accès à l'argumentation du député de Labelle. Une
seule partie se fait entendre. Vous consultez vos conseillers en matière
parlementaire. Vous rendez une décision, et on n'a pas eu la chance, de
part et d'autre, d'argumenter sur le fondement comme tel. Et j'éprouve
la même frustration que mon vis-à-vis, M. le Président.
Le Président: Alors, sur la question soulevée,
évidemment, je ne prends pas ça comme un appel de la
décision rendue. Simplement, le document qui avait été
déposé est un document identifié au nom du gouvernement.
On l'a intitulé «Résultats». Je n'ai pas à
examiner tel quel...
M. Chevrette: Vous plaidez, puis...
Le Président: Je n'ai pas plaidé, j'ai rendu une
décision. J'ai dit simplement que...
M. Chevrette: Vous rendez un jugement. C'est encore pire.
Le Président: J'ai simplement rendu la décision
suivante: le document n'est pas un document de la commission, c'est un document
identifié au nom du gouvernement. Qu'on puisse donner les conclusions
qu'on veut à ce qu'on tire de la consultation, c'est le choix du
gouvernement. Qu'on l'intitule comme on
voudra, c'est le choix de celui qui produit le document. Ce que j'ai
mentionné, c'est que la commission a produit un rapport, mais n'a
produit aucune conclusion, recommandation ou quoi que ce soit, tel que le
règlement aurait pu le prévoir. Donc, en ce sens-là, c'est
un document du gouvernement et non pas un document de l'Assemblée, et je
dis que, prima facie, ça ne constitue pas une question de droit ou de
privilège.
Nous allons maintenant procéder à la période de
questions et réponses orales, et je vais reconnaître, en
première question principale, M. le député de
Lac-Saint-Jean et whip de l'Opposition.
Questions et réponses orales
Enseignement de l'anglais par le Blais de classes
d'immersion
M. Brassard: M. le Président, le gouvernement entend
accroître la place de l'anglais à l'école. Le projet de loi
86 permettra à la ministre de l'Éducation de modifier le
régime pédagogique afin d'augmenter l'enseignement de l'anglais
dès le primaire sur des périodes concentrées. Hier, dans
son discours sur la motion de l'Opposition, le ministre responsable de la
Charte de la langue française a évoqué les bains
linguistiques ou classes d'immersion par lesquels le gouvernement entend
soumettre un enfant à un enseignement exclusivement en anglais, pendant
une période de trois à cinq mois. Du même souffle, il
ajoutait que sa collègue de l'Éducation définira plus tard
la nature et l'étendue des modifications que le gouvernement veut
apporter au régime pédagogique. Le projet de loi 86 introduit le
principe des classes d'immersion, mais l'on remet à plus tard les
modalités d'application. C'est ce qu'on appelle un véritable
chèque en blanc.
Ma question à la ministre de l'Éducation: Est-ce que la
ministre de l'Éducation peut nous indiquer qui, quelle personne, quel
organisme, quel groupe lui ont demandé formellement un changement aussi
important à la loi 101 et à la loi de l'instruction publique
visant à accroître l'enseignement de l'anglais par le biais de
classes d'immersion dès le niveau primaire? Peut-elle nous identifier le
lobby qui revendique de tels changements?
Le Président: Mme la ministre de l'Éducation.
Mme Robillard: D'abord, M. le Président, le
député de Lac-Saint-Jean oublie de dire que, dans le projet de
loi de mon collègue, nous réaffirmons qu'il n'y a aucun
changement au niveau de l'article 72 de la Charte, qui réaffirme que
l'enseignement doit se faire en français, premièrement.
Deuxièmement, il y a un ajout qui est fait pour faciliter
l'apprentissage d'une langue seconde. Est-ce que le député de
Lac-Saint-Jean serait contre l'enseignement de la langue seconde, autant chez
les francophones que chez les anglophones, aux niveaux primaire et secondaire?
Et troisièmement, M. le Président, sait-il qu'à l'heure
où on se parle, il y a des échanges qui se font entre des
élèves du Québec et des élèves d'autres
provinces, justement dans le but d'un apprentissage d'une langue seconde, et
que ces échanges ont commencé en 1978 au Québec? Sait-il
ça?
Une voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, en question complémentaire, M.
le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, puisqu'il est question de
bains linguistiques ou de classes d'immersion, j'ai l'impression qu'on patauge.
Ma question, j'y reviens. Puisque le gouvernement a décidé
d'apporter des changements majeurs, non seulement à la loi 101, mais
à la loi de l'instruction publique, est-ce que la ministre pourrait nous
indiquer si c'est une initiative pure et simple du gouvernement ou si c'est
à la suite de demandes, et de demandes par qui? Qui veut cela? Qui a
demandé ces changements-là?
Le Président: Alors, Mme la ministre.
Mme Robillard: Nous avons quelques problèmes, M. le
Président, si le député de Lac-Saint-Jean n'a jamais
été en contact avec des parents dans son propre
comté...
Une voix: C'est ça.
Mme Robillard: ...ou s'il n'a jamais entendu des demandes de
parents d'autres comtés, dont celui de Terrebonne, ou d'autres
comtés du Québec, où des parents francophones demandent
que leurs enfants aient un bon apprentissage de la langue seconde. Il s'agit de
moyens pédagogiques. Est-ce que le député de
Lac-Saint-Jean est contre le fait qu'on apprenne une langue seconde au
Québec?
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Brassard: Ce n'est pas ça que je lui demande, M. le
Président...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît. À
l'ordre, s'il vous plaît! MM. les députés. Alors, pour une
question complémentaire.
M. Brassard: Est-ce que la ministre pourrait nous indiquer quels
groupes, quels organismes, dans le monde de l'éducation ou ailleurs, ont
formellement demandé au gouvernement de modifier, pas un détail,
de modifier de façon substantielle la Charte de la langue
française et sa propre loi de l'instruction publique? C'est ça
que je veux savoir. C'est ça que je veux savoir, pas les parents,
quelque part...
Le Président: MM. les députés, À
l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît! Oui, il y a un ministre qui est en interrogation, en
interpellation avec un autre député de l'Opposition. Oui, je
réprime effectivement ces choses-là et je vais les nommer
à l'avenir, carrément, du premier coup. Il n'y aura personne qui
va me dire: Écoutez, d'un côté ou de l'autre. Je vous
demande de respecter le règlement purement et simplement. Alors,
terminez votre question rapidement.
M. Brassard: Quelles sont les demandes formelles que la ministre
a reçues et pourrait-elle les déposer, les demandes formelles
d'organismes et de groupes qui ont revendiqué les changements qu'on
retrouve à la fois dans la loi 101 et dans la loi de l'instruction
publique?
Le Président: Alors, Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, je me demande dans quelle
sorte de monde vit le député de Lac-Saint-Jean, où il est
très clair que la population nous demande de façon insistante que
la maîtrise des langues soit améliorée chez nos jeunes,
autant l'enseignement de la langue maternelle que de la langue seconde. Ces
demandes-là sont fréquentes et, au niveau de l'enseignement de la
langue seconde, on nous demande que les enseignants soient mieux formés;
on nous demande que les temps soient respectés dans les régimes
pédagogiques; on nous demande de reconnaître l'enseignement
intensif et on nous demande, via des commissions scolaires et des
comités d'école, qu'on permette des échanges linguistiques
entre des écoles francophones et des écoles anglophones sur le
territoire du Québec.
Où vit-il, M. le Président? Est-ce que je devrais faire
comme le leader de l'Opposition et être encore plus drastique pour exiger
que tout le monde soit bilingue au Québec? Ce n'est pas l'approche qui a
été retenue par le gouvernement...
Une voix: Le chef de l'Opposition. (15 heures)
Mme Robillard: ...le chef de l'Opposition. Excusez-moi, M. le
Président. On se souvient de ses déclarations au niveau de
l'apprentissage de l'anglais au Québec. Ce qu'on a choisi, c'est d'avoir
des bons moyens pédagogiques pour l'enseignement d'une langue seconde au
Québec. Qui peut être contre ça?
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Brassard: Comment la ministre de l'Éducation peut-elle
ne pas faire la différence entre le désir et le goût
d'améliorer l'apprentissage de l'anglais langue seconde dans les
écoles françaises et la mise en place de moyens
pédagogiques qui vont nous conduire directement à l'instauration
d'écoles bilingues? Comment peut- elle ne pas faire la
différence, elle qui est ministre de l'Éducation?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robillard: C'est assez incroyable, M. le Président,
que dès que nous abordons la question de la langue avec l'Opposition,
ils deviennent très émotifs et soulèvent des peurs.
Il n'est nullement question d'écoles bilingues. Il est question
de choisir des bons moyens pédagogiques pour apprendre une langue. C'est
clair. Que ce soit l'anglais, que ce soit l'espagnol ou l'allemand, quels sont
les meilleurs moyens pédagogiques pour apprendre une langue? Ça
peut être l'enseignement intensif, ça peut être des
échanges linguistiques, comme ça peut être aussi certaines
formules d'immersion. Et le député d'Argenteuil a eu la sagesse,
dans son projet de loi, d'inscrire que ce sera contrôlé par le
régime pédagogique du primaire et du secondaire. Alors, je pense
que là on a toutes les garanties que ce soit strictement des
finalités éducatives qui nous guident dans le choix des moyens
pour apprendre cette langue.
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Brassard: La ministre de l'Éducation sait-elle que le
ministre responsable de la Charte de la langue française nous a
avoué aussi hier que vous ne saviez pas comment serait modifié le
régime pédagogique, que vous ne saviez pas comment cette
mesure-là, cette disposition-là serait encadrée et mise en
oeuvre? Vous ne savez pas dans quelle direction vous allez...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! S'il vous
plaît, M. le député.
Pour une question de règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, à l'intérieur
de notre processus éducatif réglementaire, je rappellerais au
député de Lac-Saint-Jean les dispositions du quatrième
alinéa de l'article 35 de notre règlement qui stipule que le
député qui a la parole ne peut s'adresser directement à un
autre député.
Le Président: Alors, si vous voulez reformuler votre
question, M. le député.
M. Brassard: M. le Président, comment ça s'appelle,
un comportement d'un ministre qui introduit des amendements à des lois
aussi importants que ceux-là et qui ne sait pas comment ça va
être mis en oeuvre? Comment ça s'appelle, sinon un comportement
irresponsable?
Le Président: Pour un rappel au règlement, M.
le
leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
J'aurais dû poursuivre la lecture de l'article 35 de notre
règlement pour le bénéfice du député de
Lac-Saint-Jean, qui, après avoir violé les dispositions du
quatrième alinéa, s'attaque maintenant aux dispositions des
alinéas 5, 6, 7, 8 du même article, M. le Président.
Dans les circonstances, je vous demanderais de l'inviter à
reformuler sa question suivant les dispositions de notre règlement, s'il
en est capable.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, vous comprendrez qu'il
devrait y avoir un article du règlement spécifique pour le leader
du gouvernement: l'art de faire perdre du temps durant les périodes de
questions.
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Je juge la question acceptable.
Mme la ministre, pour la réponse.
Mme Robillard: M. le Président, le choix de ce
gouvernement est d'accorder la priorité de la maîtrise des langues
pour les jeunes du Québec, priorité no 1 pour nos jeunes au
Québec. Et c'est dans ce contexte-là que les choix ont
été faits.
Ce à quoi réfère le député de
Lac-Saint-Jean concernant la référence au régime
pédagogique dans l'introduction de la modification apportée nous
révèle très bien que le député d'Argenteuil
est respectueux de toutes les responsabilités ministérielles au
sein de ce gouvernement, ce que vous ne semblez pas réaliser
vous-même.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci. M. le Président, why does the Minister,
who said recently that she would like to see all Quebeckers bilingual by the
year 2000, why does she not consider changing the «régime
pédagogique» to allow francophone students to learn English as a
second language as early as grade 1 instead of waiting till grade 4 when they
are already 9 years old?
Le Président: Alors, Mme la ministre de
l'Éducation.
Une voix: ...
Le Président: S'il vous plaît, M. le
député!
Mme Robillard: M. le Président, nous avons fait des choix
au Québec, et je pense que le député de D'Ar-cy-McGee les
connaît très bien, où l'enseignement doit se faire d'abord
en français. Tous nos choix au niveau de la langue ont été
articulés autour de ce choix de base qui ne nous empêche pas du
tout d'apprendre une langue seconde. Et quant à l'enseignement de la
langue seconde, il est très clair que, pour nos élèves
francophones, ça se fait à partir du quatrième du
primaire.
Le Président: Alors, en question principale maintenant,
Mme la députée de Chicoutimi.
Étendue des pouvoirs de l'Office de la langue
française
Mme Blackburn: Oui, M. le Président.
Je voudrais d'abord rappeler que l'Opposition estimait qu'il
n'était pas le temps d'ouvrir un débat sur la langue, mais bien
que c'était le travail et l'emploi qui étaient la
priorité. Mais comme le gouvernement a ouvert ce débat en
affaiblissant lourdement la loi 101, nous croyons qu'il aurait dû, au
moins, renforcer certaines dispositions de la loi, particulièrement au
chapitre du travail. Et une analyse du projet de loi 86 permet de constater que
le ministre responsable de l'application de la Charte de la langue
française a choisi d'écarter la quasi-totalité des
recommandations du Conseil de la langue française dans l'avis qu'il
avait lui-même sollicité le 11 décembre dernier. De plus,
le ministre a choisi de passer outre aux résolutions de son propre parti
sur la question de la francisation des entreprises, alors que les
progrès demeurent extrêmement fragiles et que seulement SI % des
travailleurs francophones dans la grande région de Montréal
travaillent en français. Évidemment, la situation à
Montréal même est sans doute beaucoup plus déplorable.
Ma question au ministre responsable de la Charte: Pourquoi le ministre
n'a-t-il pas jugé opportun de donner suite à la recommandation du
Conseil visant à accorder à l'Office de la langue
française un pouvoir réglementaire lui permettant d'intervenir de
sa propre initiative et d'exiger qu'une entreprise de moins de 50
employés s'engage à appliquer un programme de francisation?
Le Président: M. le ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française.
M. Ryan: Tout d'abord, je voudrais signaler, M. le
Président, contrairement à ce que nous avons entendu de l'autre
côté de la Chambre à maintes reprises depuis le
début du débat, qu'il y a des dispositions très
importantes dans le projet de loi pour le renforcement de la langue
française dans les milieux d'entreprises, et je vais en donner un
exemple pour que cessent ces affirmations fausses que l'on répète
de manière irresponsable et sans écouter les réponses.
Je vais donner lecture d'un article. «Toute entreprise...
Une voix: ...
Le Président: Écoutez, si vous avez une question de
règlement, je vais écouter, là-dessus, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, le seul
député en cette Chambre qui se permet constamment,
régulièrement d'insulter, de prêter des intentions...
Des voix: ...
M. Chevrette: Je peux terminer?
Le Président: À l'ordre! À l'ordre, s'il
vous plaît! S'il vous plaît! Un instant! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...le choeur de l'Armée rouge s'excite, M.
le Président.
M. le Président, le ministre n'a pas le droit de juger, de porter
des jugements sur la façon dont on fait notre travail. Lui, qui se
permet de la prédication même sur la tolérance, pourrait-il
garder son mépris pour lui, l'homme de l'action catholique
imperturbable?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Alors, sur la même question de règlement, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui...
Le Président: Un instant! À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai été très
attentif aux propos tenus par le ministre responsable de l'application de la
Charte de la langue française, et ses propos étaient conformes
aux dispositions de notre règlement, plus particulièrement aux
dispositions de l'article 35. Et si on les compare aux propos tenus
tantôt par le député de Lac-Saint-Jean ou par le leader de
l'Opposition officielle, il s'agit de propos dignes. (15 h 10)
Le Président: Alors, j'invite... S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît, là! S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Alors, M. le ministre, si vous voulez poursuivre, s'il vous
plaît.
Une voix: ...
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît! J'ai une question de règlement qui m'a été
soulevée. Jusqu'à ce moment-ci, je ne considère pas les
propos comme étant antiparlementaires. Même, d'une certaine
façon, on se lève sur un propos qui a été
énoncé tantôt, même en question principale, et que
vous jugiez acceptable. Je pense que, en réponse, le même propos
peut être acceptable. Je demande simplement aux parlementaires... C'est
évident que, d'un côté à l'autre, certains propos
peuvent être sévères, mais chacun a la
responsabilité de ses propos et en porte le poids. Alors, M. le
ministre.
M. Ryan: Parfois, le poids est très léger, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: J'ai remarqué que le député, dans
ses...
Le Président: Un instant, s'il vous plaît! Un
instant! Alors, s'il vous plaît! S'il vous plaît! Alors, M. le
ministre, je vous invite à répondre à la question, s'il
vous plaît.
M. Ryan: O.K. Dans le projet de loi, là, pour ceux qui
l'ont lu...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: II y a une disposition... Est-ce que je peux continuer,
M. le Président?
Le Président: Oui, allez-y, s'il vous plaît.
S'il vous plaît! Bon... J'ai avisé, tantôt...
là, j'ai, encore une fois, des réactions. Je prierais chacun des
députés de respecter le règlement, l'article 32. Le leader
de l'Opposition l'a énoncé, le leader du gouvernement
également. Alors, M. le député, je vous prierais de
respecter le règlement, également.
Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Alors, j'allais lire une disposition du projet de loi
qui contient des éléments importants de réponse à
la question de la députée de Chicoutimi. Toute entreprise qui
possède un certificat de francisation délivré par l'Office
a l'obligation de s'assurer que l'utilisation du français y demeure
généralisée à tous les niveaux, selon les termes de
l'article 141, et elle doit remettre à l'Office, à tous les trois
ans, un rapport sur l'évolution de l'utilisation du français dans
l'entreprise.
Je défie quelque critique que ce soit, dans cette Chambre et
à l'extérieur, de trouver dans le texte actuel de la Charte de la
langue française une disposition de cette nature. À l'heure
actuelle, la Charte dit qu'une entreprise doit se procurer un certificat de
francisation et, après, sur tout ce qui doit suivre, elle est
complètement silencieuse. Il n'y a aucune obligation ni pour
l'entreprise, pour pour l'Office de continuer le travail.
Nous l'avons commencé, ce travail de suivi, depuis trois ans.
Depuis trois ans, il s'est fait des milliers de visites dans les entreprises
afin de s'assurer que
le travail se poursuivait et, avec cet article-ci, le travail de
francisation ne sera pas seulement un travail d'obtention de certificat que
l'entreprise viendra afficher dans le hall d'entrée de son siège
social, mais ce sera une obligation quotidienne dont elle devra rendre compte
à la société québécoise. Et, de l'autre
côté, on ose appeler ça recul. Je ne comprends plus le
français!
Des voix: Bravo!
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire.
Mme Blackburn: m. le président, le ministre ne
reconnaît-il pas que la disposition qu'il invoque apparaissait dans les
règlements, qu'il y a encore 30 % des grandes entreprises qui n'ont pas
de certificat de francisation? pourquoi n'a-t-il pas retenu la recommandation
du conseil de la langue française et de son parti? c'était la
seule recommandation qui avait un peu de consistance. serait-il le seul
à avoir la vérité et le pas?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: Non. Je vous dirai une chose qui vous étonnera
peut-être, M. le Président, mais j'avais moi-même, dans des
séances de travail consacrées à la préparation du
projet de loi, esquissé une idée comme celle qu'a proposée
le Conseil de la langue française. Les conseillers juridiques du
gouvernement m'ont fait comprendre que c'eût été une
disposition exorbitante qui eût donné trop de pouvoirs à un
organisme.
Et vous remarquez que, dans la loi actuelle, c'est écrit que
l'Office peut le faire avec l'autorisation expresse du ministre. On ne peut pas
donner un pouvoir... C'est vous autres qui l'avez fait, ça, puis
ça reste là, d'ailleurs; ça reste là. Mais donner
un pouvoir aussi exorbitant d'action et de contrôle sur la vie d'une
petite entreprise à un organisme de l'État est absolument
exorbitant, et toute personne qui regardera sérieusement de quoi elle
parle se rendra compte qu'on ne peut pas adopter une chose comme
celle-là.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
Mme Blackburn: Le ministre ne reconnaît-il pas qu'en
reconnaissant le droit sans limites aux individus d'afficher dans leur langue,
ce droit pourrait être justifié ou réclamé par les
employeurs pour s'adresser, soit par écrit ou verbalement, à ces
employés dans la langue de leur choix, ce qui compromettrait de
façon radicale tous les progrès ? faibles, faut-il le dire
? qu'on a réalisés dans ce domaine?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: On ne reconnaît pas cela. Et si ça devait
être le résultat logique de quelque disposition que ce soit du
projet de loi, la députée aura l'occasion d'en faire la
démonstration en commission parlementaire, puis nous nous pencherons
volontiers sur le problème.
C'est absolument contraire à l'intention du gouvernement. Je ne
peux pas souscrire à l'interprétation que propose la
députée de Chicoutimi, pas du tout.
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
Mme Blackburn: Le ministre, qui accuse tout le monde de ne pas
écouter, n'a peut-être pas bien compris la question.
Le ministre réalise-t-il qu'en reconnaissant sans limites aux
individus le droit d'afficher dans leur langue, sur la base de ce même
principe, les employeurs, demain matin, pourraient exiger de s'adresser
à leurs employés dans la langue de leur choix, que ce soit
verbalement ou par écrit?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Je pense que nous ne discutons pas du même projet
de loi.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Et ça me confirme mon impression que la
députée l'a lu trop vite, puis s'est trop pressée d'aller
faire une conférence de presse, après en avoir pris connaissance,
sans l'avoir étudié... empreint de négativisme. Des
déclarations empeintes de négativisme comme toutes celles qu'on a
entendues, de l'autre côté de la Chambre. La
première...
Oui, puis c'est mon droit le plus strict. Et je ne vous demanderai
jamais de permission.
Le Président: S'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre, à la question.
M. Ryan: En matière d'affichage, la première
règle inscrite dans le projet de loi, c'est que tout affichage doit
obligatoirement être en français.
Taxes sur le tabac et le tabac en feuilles
Le Président: En question principale, M. le
député de Montmorency.
M. Filion: M. le Président, la semaine dernière,
les médias relataient la perte de centaines d'emplois au Québec,
suite à l'application de la nouvelle taxe sur le tabac en feuilles,
comme si l'industrie du tabac n'était pas assez taxée.
J'aimerais souligner, M. le Président, et saluer la
présence dans nos galeries d'une vingtaine de producteurs de
tabac en feuilles qui sont ici parce qu'ils ont à coeur leur emploi.
Par ailleurs, cette semaine, un quotidien citait l'Association des
détaillants en alimentation du Québec qui dénonçait
avec vigueur la perte de milliers d'emplois légitimes, légaux. En
effet, des constatations récentes nous indiquent la faillite de 1
propriétaire de dépanneur sur 4, parce qu'ils respectent nos lois
en matière du tabac.
M. le Président, ma question s'adresse au ministre des Finances.
Est-ce que le ministre des Finances peut nous indiquer comment le maintien des
taxes sur le tabac au niveau actuel et l'ajout de la taxe sur le tabac en
feuilles pourront stimuler l'emploi dans le secteur de la production du tabac
en feuilles et de la vente au détail?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
répondre à la question du député, il n'y a pas
longtemps, en cette Chambre, mais je comprends qu'étant donné que
nous avons de la visite aujourd'hui... j'aime à m'associer à
l'honorable député de Montmorency pour saluer tous ceux et celles
qui nous honorent de leur présence aujourd'hui. (15 h 20)
Je vais vous dire en deux mots, même si je me
répète... C'est que j'ai toujours résisté à
taxer le tabac en feuilles. Pour moi, le tabac en feuilles, c'était le
tabac utilisé par les moins bien nantis et ceux qui fument la pipe,
comme je l'ai déjà fumée longtemps, et j'étais
très sensible à tous ceux et celles qui avaient pris cette
habitude, malgré qu'on sache fort bien qu'il y a un fort lobby antitabac
qui nous demande de taxer, de toujours taxer davantage afin de faire en sorte
que les gens fument moins et qu'il y ait moins de coûts du
côté de la santé, et que nous protégions ainsi la
santé de nos concitoyens.
Mais, ceci étant dit, je comprends fort bien les problèmes
que subissent ceux qui sont dans ce domaine, et je sais qu'ils ont
rencontré plusieurs personnes, même dans mon ministère,
aujourd'hui. J'espère qu'ils ont eu l'occasion de faire certains
progrès du côté de ce qui pourrait être des
éléments nouveaux qui pourraient être ajoutés au
dossier.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Filion: Toujours dans l'intérêt, M. le
Président, bien sûr, des gens qui sont ici, qui sont venus
assister à la période de questions, et de la population en
général, le ministre peut-il expliquer pourquoi il a
sacrifié des emplois au Québec pour s'harmoniser avec le reste du
Canada? Pourquoi exactement, quand on sait pertinemment très bien que le
taux qu'il a utilisé, de 2,92 $ des 100 kg, ne représente
même pas une harmonisation avec le reste du Canada, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: En effet, M. le Président, le
député de Montmorency veut simplement me donner un coup de main
dans ma réponse lorsqu'il dit qu'il veut faire des comparaisons avec les
autres provinces du Canada. Nous étions la seule province au pays
à ne pas taxer le tabac en feuilles et, même en le taxant, nous le
taxons deux ou trois fois moins qu'ailleurs. Je remercie le
député de Montmorency de faire cette mise au point.
Ceci étant dit, je tiendrais à rappeler brièvement,
M. le Président, que, lorsque nous avons eu une commission parlementaire
du budget et de l'administration, nous avons invité les gens à
venir nous faire part des problèmes qu'ils pouvaient avoir en
fiscalité. Voici que toutes les associations de tabac ? et j'en ai
nommé ici, en cette Chambre, je ne sais combien; et, même, il y a
ici des gens qui sont justement présidents de l'une de ces associations
? sont toutes venues nous dire qu'il y avait un trou béant parce
que nous ne taxions pas. Oui! nous ne taxions pas le tabac en feuilles.
Et vu que le leader de l'Opposition met cela en doute par ses gestes, je
vais... Et, lui, évidemment, qui est très près du milieu,
je tiendrais à lui rappeler que l'Association nationale des
distributeurs de tabac et de la confiserie disait ceci: Dans la
fiscalité sur les produits du tabac, il y a un trou béant au
sujet de la taxation du tabac en feuilles. Et, lorsque les autres sont venus,
la coalition qui regroupe l'Office des producteurs de tabac jaune du
Québec, que j'ai reçue, d'ailleurs, à mon bureau,
l'Association des détaillants en alimentation du Québec, le
Conseil canadien de la distribution alimentaire, l'Association nationale des
distributeurs de tabac et de la confiserie, le syndicat...
Je pourrais en nommer plusieurs. Ce que je veux dire, c'est que nous
avons été à l'écoute de ces gens-là et que
nous avons procédé d'une façon très
démocratique. Et je suis encore à l'écoute de ces gens
pour voir si on ne peut pas améliorer leur sort.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Filion: M. le Président, le ministre des Finances
est-il conscient qu'avec une taxe additionnelle il contribue à la
contrebande du tabac en territoire québécois? Et est-il
également conscient, M. le Président, que le livre au
Québec, aussi, n'est pas taxé et que, s'il mettait une taxe sur
le livre, bien, ce qui arriverait, c'est qu'il sacrifierait des emplois dans le
monde du livre, comme il l'a fait dans le monde du tabac en feuilles, M. le
Président? Il a sacrifié des emplois sur le territoire
québécois, M. le Président.
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Levesque: Parlant des emplois, je suggère au
député de Montmorency qu'il consulte son chef qui a en main
toutes les statistiques imaginables, et il lui dira simplement que le nombre
d'emplois dans ce domaine n'a pas diminué. Ce qui est arrivé,
cependant, c'est qu'il y a eu des emplois de perdus à un endroit pour
ceux qui ont été gagnés ailleurs.
Il faut bien comprendre qu'il y a deux ans, il y a deux ans il y avait
huit paqueteurs de tabac en feuilles ? et je le dis devant des
connaisseurs. Je dis qu'il y avait 8 paqueteurs ? qu'on appelle les
paqueteurs ? et aujourd'hui il y en a 22. Pourquoi ça s'est
multiplié comme ça? Alors que, moi, j'essayais de ne pas taxer
pour protéger ceux qui sont les moins biens nantis, il y en a d'autres
qui sont arrivés dans le marché à la faveur du fait que le
Québec était la seule province à ne pas taxer le tabac en
feuilles et que les autres produits du tabac étaient fort taxés.
Il y a eu cette réaction, et je ne blâme personne, mais je dis une
chose, c'est qu'on a profité de cette situation-là pour se lancer
dans ce domaine-là, ce qui m'a forcé à prendre les mesures
que j'ai dû prendre.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le ministre des
Finances pourrait continuer à se forcer, et non seulement
écouter, mais comprendre que ce qu'il a fait... Est-ce qu'il
reconnaît que la taxe qu'il a imposée a eu pour objet d'enlever un
marché officiel pour encourager le marché noir? Est-ce qu'il
reconnaît cela? Et est-ce qu'il reconnaît que ce marché qui
n'avait pas de taxes se faisait au grand jour, dans nos dépanneurs, dans
nos épiceries, un peu partout, et qu'il a contribué, par sa
décision, à augmenter le marché noir qui fait
déjà des ravages dans ce secteur-là?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: Oui, M. le Président. Je n'ai pas
insisté pour qu'on m'applaudisse dans les galeries. Tout ce que je puis
faire pour le député de Joliette, mon bon ami, le leader de
l'Opposition, c'est de le référer au mémoire de la
commission parlementaire qui explique si bien... Les gens sont venus ici
expliquer ce qui s'était produit. Et là on le dit... Si j'avais
le temps, M. le Président, je vous lirais cette page qui explique
exactement comment la situation a évolué, et où on nous
demande, on nous demande de taxer le tabac en feuilles. On nous le demande. Il
n'y a personne qui nous a dit de ne pas le faire; tout le monde nous a
demandé de le faire. Maintenant, je vais réexaminer, encore une
fois, parce que c'est mon habitude de ne jamais arriver d'une façon
doctrinaire. Vous savez, moi, ce n'est pas: La souveraineté ou rien!
J'arrive et j'examine la situation d'une façon très objective. Si
j'ai pu errer, je vais essayer de corriger, et si c'est comme je crois que
c'est, bien, je vivrai avec ce que j'ai fait.
M. Chevrette: M. le Président, je m'aperçois que le
ministre des Finances a des tendances, lui aussi, vers les encycliques. Je
voudrais être influencé de son côté. Je voudrais
avoir... Est-ce qu'il se rappelle que le 6 mai dernier il avait dit ceci:
D'abord, c'est suite à un consensus unanime ou quasi unanime que j'ai
dû taxer la feuille de tabac? Est-ce qu'il considère que les
consommateurs qui sont contre, que les détaillants qui sont contre, que
les producteurs qui sont contre, constituent une unanimité, au
Québec, sur sa décision?
Le Président: M. le ministre.
M. Levesque: M. le Président, lorsque j'ai dit qu'il y
avait un consensus, le consensus, il est apparu à la commission
parlementaire. C'est ce que j'ai dit. Et je prierais le député de
Joliette, qui n'était pas présent ? il ne devait pas
l'être, d'ailleurs, à cette commission ? je lui demanderais
de relire les mémoires qui ont été déposés,
d'entendre et de relire les épreuves des débats, et il verra
qu'il y avait là un consensus. (15 h 30)
Maintenant, il y a sûrement un problème dans le domaine du
tabac, et je ne le nie pas. Au contraire, j'ai fait plusieurs démarches
auprès du gouvernement fédéral afin de le sensibiliser au
fait que je ne pouvais pas seul, comme ministre des Finances du Québec,
essayer de lutter contre la contrebande si je n'avais pas un appui égal
du côté du gouvernement fédéral. Parce qu'il ne faut
pas oublier... N'essayez pas de sauter sur la souveraineté, là,
un instant! Je disais justement au gouvernement fédéral qu'il
faut qu'on s'attaque à la contrebande ensemble. Il y a évidemment
des moyens que nous avons pris du côté des amendes, du
côté... Nous allons en prendre encore, du côté de
l'implantation de forces qui sont nécessaires au maintien de l'ordre,
etc. Mais il y avait aussi cette autre voie qui aurait pu être
explorée, de diminuer ensemble, parce que, même si je
diminuais...
Le Président: Alors, en conclusion, M. le ministre.
M. Levesque: ...complètement les taxes sur le tabac,
ça ne ferait absolument rien. Nous perdrions le revenu et nous n'aurions
pas atteint le but que nous recherchons.
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre des Finances pourrait faire
preuve d'un peu d'initiative dans le dossier et démontrer, M. le
Président, qu'on n'est pas toujours obligé de se fier sur les
autres et d'attendre que les autres fassent de quoi? De par sa réponse,
n'est-il pas en train de nous dire que, si le fédéral et
l'Ontario ne font rien, il ne fera rien? Est-ce qu'il n'a pas le
droit, comme gouvernant, de prendre l'initiative d'acculer les autres
à en prendre, des décisions, en étant les instigateurs?
Ça pourrait peut-être être une forme de
fédéralisme, au moins un tantinet acceptable.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Levesque: M. le Président, j'aime le regard, une fois
qu'il a fait cette déclaration, du leader de l'Opposition vers la
galerie. Et il doit être heureux, M. le Président, de
lui-même. Mais je demanderais au député et au leader de
l'Opposition de bien comprendre que même après cette
envolée, le député n'a pas trouvé la solution, et
la solution qu'il a, il doit la garder pour lui parce qu'il ne l'a pas
communiquée à cette Chambre.
Il n'y a pas une solution que nous n'envisagerons pas, et j'invite le
député de Joliette, s'il a une solution à nous proposer,
et nous sommes en voie de mettre en place plusieurs éléments de
solution, mais s'il a un élément additionnel à nous
suggérer, soyez assurés qu'en toute humilité je recevrai
ces suggestions-là dans l'intérêt du public et, plus
particulièrement, de l'intérêt de ceux et celles qui nous
font l'honneur de nous visiter aujourd'hui.
Le Président: En question principale, M. le leader adjoint
de l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest.
Réaction de l'UMRCQ au sujet de l'application
du projet de loi 102 aux employés municipaux
M. Gendron: Oui. M. le Président, depuis au moins les deux
dernières années, l'Union des municipalités du
Québec, qu'on appelle communément l'UMQ, demande au gouvernement
du Québec qu'il gèle le salaire des employés municipaux
à l'instar des employés de la fonction publique
québécoise. Pourtant, ce gouvernement a la prétention
d'avoir un discours qui répète constamment, est très
axé sur la responsabilisation des élus municipaux. Il a
même le réflexe très facile et constamment ouvert de
pelleter dans la cour des municipalités plusieurs responsabilités
comme la police, les routes, la qualité de l'eau, etc., et, bien
sûr, toujours sans les ressources financières requises.
Le ministre des Affaires municipales peut-il nous indiquer à quel
moment précis l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec, qui représente 1100 municipalités,
à quel moment l'UMRCQ aurait demandé à votre gouvernement
d'exercer leur responsabilité à leur place envers les
employés municipaux? Quand est-ce qu'ils vous ont demandé
ça?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Le député d'Abitibi-Ouest, étant
placé de ce côté de la Chambre où il siège,
n'a probablement pas noté, cet après-midi, la présence
dans les galeries du président de l'Union des municipalités du
Québec, M. Ulric Blackburn, de Chicoutimi, qui était
accompagné du directeur général de l'UMQ. Et le
député pourra constater que l'UMQ, qui représente la
très grande majorité de la population du Québec au plan
municipal, non seulement approuve le projet de loi déposé par le
président du Conseil du trésor, mais en a fortement
demandé l'adoption à plusieurs reprises, au cours des deux
dernières années.
Ça, le député doit le savoir, et je le rappelle en
cette Chambre parce que c'est fondamental. Il est vrai, d'autre part, que
l'Union des municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec n'a pas adressé une
semblable demande au gouvernement. Nous le comprenons facilement parce que les
municipalités que regroupent l'UMRCQ sont des municipalités de
taille petite, de manière très générale, ou
moyenne. Et une municipalité qui compte 5 ou 10 employés, ou 3 ou
4, puis, des fois, seulement 1, 2 ou 3 employés n'a pas les mêmes
problèmes avec son personnel que des municipalités solidement
constituées. Il peut arriver qu'elle ait fait son ménage en
matière de rémunération ou d'organisation du travail, l'an
dernier ou l'année précédente, qu'elle ne soit pas
intéressée à aller chercher l'appui du gouvernement. Mais
quand des municipalités doivent transiger sous l'empire de nos lois qui
régissent les relations de travail, par exemple, on comprend davantage
qu'elles ressentent le besoin d'une discipline plus efficace dans ces temps
difficiles. Je souligne que, dans le projet de loi qui a été
déposé cet après-midi, toute municipalité qui
voudra en prendre l'initiative pourra se retirer de la politique
gouvernementale et choisir sa propre politique, si elle estime être
capable de s'en donner une meilleure.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Gendron: Est-ce que le ministre se rend compte qu'il applique
la même médecine, dans le projet de loi, à 1100
municipalités du Québec, qui n'ont jamais demandé une
telle disposition dans un projet de loi? En conséquence, est-ce qu'il ne
convient pas que, par rapport à votre discours, ça fait ridicule
d'appliquer une même politique, alors que le problème n'est pas de
même nature, tel que vous venez vous-même de le constater?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: La formule du droit de retrait, de «1'opting
out», inscrite dans le projet de loi 102, permet à toute
municipalité du Québec de se retirer de cette politique,
d'adopter sa propre politique, ses propres décisions. C'est ce que le
Québec a demandé combien de fois, au plan fédéral.
Nous disions au gouvernement fédéral: Vous pouvez avoir vos
politiques, mais donnez-nous, reconnaissez-nous le droit de retrait qui
convient à notre caractère particulier. Nous disons la même
chose
aux municipalités, et nous laisserons parler les
municipalités par elles-mêmes. Je pense qu'elles auront une
réaction beaucoup plus équilibrée que celle qu'on voudrait
leur prêter sans même les avoir entendues. Je ne viole pas ici de
conversation privée, que j'ai pu avoir avec des porte-parole
également de l'UMRCQ, et qui m'ont permis de constater qu'il n'y a pas
beaucoup d'opposition, au fond, à la politique que nous épousons
aujourd'hui, même si, peut-être, on ne le dira pas sur la place
publique.
Le Président: Alors, en question principale, maintenant,
M. le député d'Anjou.
Accessibilité de la justice et disparition du
magazine «Justice»
M. Bélanger (Anjou): Merci, M. le Président.
Alors qu'en février 1992, lors du Sommet de la justice, le
ministre de la Justice multipliait les belles déclarations en faveur
d'une plus grande accessibilité de la justice, et qu'il s'engageait
formellement à agir dans ce sens, on apprenait hier que le ministre de
la Justice allait fermer le magazine Justice, le seul magazine de
vulgarisation juridique au Québec, et cela, alors qu'à la veille
même de l'entrée en vigueur du nouveau Code civi, la demande en
informations juridiques n'a jamais été aussi grande. Comment le
ministre explique-t-il que, d'une main, il a cru nécessaire de
créer un fonds d'aide aux organismes communautaires, de 500 000 $, pour
notamment diffuser l'information juridique en vue d'améliorer
l'accès à la justice, et que, de l'autre main, pour sauver 40 000
$, il ferme le seul magazine de vulgarisation juridique au Québec?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: Oui, M. le Président.
En effet, lors du Sommet de la justice, il y a un peu plus d'un an, j'ai
pris un ensemble d'engagements pour rendre la justice encore plus accessible,
et je pense que les projets de loi que j'ai présentés en cette
Chambre, aujourd'hui, témoignent de cette volonté que j'ai de
pouvoir rendre la justice plus humaine et plus accessible au Québec, M.
le Président. D'ailleurs, on aura l'occasion d'en discuter, lorsque nous
discuterons ces projets de loi importants que j'ai présentés en
première lecture, aujourd'hui.
En ce qui regarde le magazine Justice, il y a un effort
gouvernemental, M. le Président, qui s'impose au niveau de l'ensemble
des ministères. Et pour le ministère de la Justice, comme pour
les autres ministères, il faut participer à cet effort
gouvernemental qui s'impose. Au niveau du ministère de la Justice, j'ai
pris les moyens, comme gestionnaire, pour que l'information puisse se faire
adéquatement. Nous avons des projets de loi importants, nous avons la
réforme du Code civil, que nous avons complétée, et nous
savons que le nouveau
Code civil sera en application au mois de janvier prochain. Nous avons
donc un effort à faire pour informer la population. Cet effort sera
fait, mais malheureusement, en ce qui regarde le magazine Justice ?
et je veux rendre hommage à ceux et celles qui, pendant les 15
dernières années, ont offert le meilleur d'eux-mêmes pour
que cette revue soit une bonne revue ? elle ne pouvait pas faire ses
frais, M. le Président, et il faut procéder d'une autre
façon.
Le Président: S'il vous plaît!
M. Rémillard: C'est ce que je vais faire, comme ministre
de la Justice.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
Il n'y a pas de votes reportés.
Maintenant, motions sans préavis.
Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, il y a consentement
avec l'Opposition pour donner les avis...
M. Chevrette: On n'est pas à l'étude des
crédits, là. (15 h 40)
Le Président: Non. Je comprends donc qu'il y a, à
ce moment-ci, une demande pour procéder aux avis touchant les travaux
des commissions immédiatement. Il y a consentement?
Une voix: II y a consentement.
Le Président: II y a consentement. Donc, M. le leader
adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: Merci, M. le Président.
Alors, concernant les avis touchant les travaux des commissions, j'avise
cette Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La-Fontaine, la commission de la culture poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi 68, Loi sur la
protection des renseignements personnels dans le secteur privé.
De 15 heures à 18 heures et de 20 heures à 22 heures,
ainsi que demain, M. le Président, le vendredi 14 mai 1993, de 10 heures
à 11 heures, à la salle du Conseil législatif, la
commission de l'éducation complétera ses auditions publiques dans
le cadre des consultations particulières sur le projet de loi 82, Loi
modifiant la Loi sur les collèges d'enseignement général
et professionnel et d'autres dispositions législatives.
Enfin, M. le Président, j'avise également cette
Assemblée que le mardi 18 mai 1993, de 10 heures à 12 heures,
à la salle du Conseil législatif, la commission
de la culture procédera à des auditions publiques dans le
cadre des consultations particulières sur le projet de loi 86, Loi
modifiant la Charte de la langue française. Et je dépose les
avis, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader du
gouvernement.
Est-ce qu'il y a consentement pour qu'on procède également
à l'étape des renseignements sur les travaux de
l'Assemblée? Non? Alors, plus tard, M. le député de
Drummond. On n'en est pas rendu à cette étape-là.
Motions sans préavis
Motions sans préavis. M. le député d'Iberville.
M. Chevrette: M. le Président, avant...
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Chevrette: M. le Président, sur les motions sans
préavis, on en a trois: II y en a une sur le général
Dextraze, il y en a une sur les garderies, et il y en a une sur la Semaine de
la police. Moi, je n'ai pas l'intention de me faire jouer un tour, là,
comme leader, en disant: On accepte une première et on refuse la
deuxième. Je suis prêt, de consentement, à ce qu'il y ait
un intervenant de chaque côté pour les trois thèmes. J'ai
accepté, dans le cas, par exemple, de la police que ce soit le ministre
qui la fasse et non moi, et je répondrai au ministre, à sa
motion. Mme Carrier-Perreault, députée des
Chutes-de-la-Chaudière, fera celle de la Semaine nationale des
garderies, parce que c'est elle qui l'a enregistrée en bonne et due
forme avant la période de questions, et que le député
d'Iberville fasse également sa motion à cause du
décès, et que M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, NDG, puisse parler également sur la motion,
à moins qu'il y en ait d'autres. Mais que ce soit limité, au
moins, à un par formation, et pas essayer d'en accepter une et la
deuxième dire non au consentement.
On a fait des motions, et c'est ça que je propose. Qu'on
s'entende au moins... Qu'il y ait une intervention de non prévue d'un
indépendant qu'on n'a pas consulté, ça, ça ne me
dérange pas, mais au niveau des deux formations, c'est un de chaque
côté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: Compte tenu de l'ensemble des
paramètres établis par le leader de l'Opposition, ça nous
semble correct. Et s'il y avait un député
indépendant qui voulait intervenir ? je ne sais pas si c'est son
intention d'intervenir ? il n'y aurait pas de problème. Il faudrait
quand même limiter les débats. Alors, une personne de chaque
côté, de la formation ministérielle et... C'est surtout
quant au contenu des motions, qui est plus important que de savoir qui
présente la motion le premier.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous comprendrez
que, au fur et à mesure que les motions seront annoncées, je
devrai vérifier s'il y a, dans un premier temps, consentement pour qu'on
puisse débattre des motions en question. Je comprends que ce que vous
venez de m'indiquer, c'est une espèce d'entente entre les parties dont
je prends note.
Alors, M. le député de Drummond, ça va?
Première motion sans préavis, M. le député
d'Iberville.
Une voix: Monsieur...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre? Alors, M.
le ministre des Affaires municipales. Allez-y, M. le ministre.
Souligner la Semaine de la police M. Claude
Ryan
M. Ryan: M. le Président, je vous remercie de votre
obligeance. Ce n'est pas du tout parce que je veux avoir la priorité
dans ce genre de motion, mais parce que je dois quitter pour la
métropole, où nous avons ce soir une réunion de la Table
Québec-municipalités.
Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée afin
de présenter la motion suivante: «Que cette Assemblée
souligne la tenue de la Semaine de la police, qui se tient cette année
du 9 au 15 mai sous le thème "Mieux se connaître pour mieux
s'entraider".»
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a
consentement pour que l'on puisse débattre de cette motion?
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Consentement. Allez-y, M.
le ministre des Affaires municipales.
M. Ryan: Nous soulignons chaque année, à travers le
Québec, le travail qu'accomplit la police au service de la
communauté. Cette initiative, qui se répète depuis de
nombreuses années, est tout à fait opportune. Elle nous permet de
réfléchir ensemble pendant quelques jours sur cette
présence parmi nous d'un corps de personnes qui veillent jour et nuit
à la sécurité de la population, en assumant souvent, pour
exercer leurs fonctions, des risques considérables.
Lors de l'inauguration de la Semaine, qui a eu lieu à l'Institut
de police de Nicolet vendredi dernier, nous avons décerné des
décorations à plusieurs policiers qui se sont illustrés
par leurs actes de bravoure au cours
de la dernière année. Je prenais connaissance des actes
que l'on a voulu ainsi honorer, et ces actes illustrent les risques continus
que doivent courir les policiers dans l'exercice de leur devoir.
On a, par exemple, accordé une Croix de bravoure au sergent
Gaston Lafleur, du Service de police de la ville de Québec. Le sergent
Lafleur s'est distingué en mettant fin à une tentative de vol
à main armée avec échange de coups de feu dans une
institution bancaire. On a souligné le travail du sergent Jean
Bissonnette, de la Sûreté du Québec. Celui-ci a
été décoré pour le sang-froid et le
professionnalisme dont il a fait preuve lors d'une tentative de meurtre,
accompagnée de blessures graves, survenue en 1991. L'agent Denis
Larochelle s'est vu décerner une médaille pour action
méritoire parce qu'avec l'aide de l'agent Marc F. Lauzon ? ils sont
tous les deux du Service de police de la ville de Hull ? il a
empêché une personne désespérée, qui habitait
au huitième étage d'un immeuble à logements, de mettre le
feu à ses biens et de se suicider en se jetant du haut de son balcon. On
a de même honoré les agents Danie Tremblay et Martin Groulx, du
Service de police de la Communauté urbaine de Montréal, pour
l'action qu'ils ont posée lors d'un incendie majeur survenu dans un
édifice de trois étages qui abritait 15 locataires. On a
souligné également le travail des agents Michel Bujold, Yves
Francoeur, Robert Giroux, Robert Potvin et autres, qui se sont
distingués à l'occasion d'un grave incendie survenu dans une
résidence pour personnes âgées non autonomes comptant 116
bénéficiaires. Des citoyens, également, se sont vu
reconnaître des actes de bravoure qu'ils ont posés en étant
témoins de scènes qui requéraient la présence de
policiers et qui requéraient également la collaboration de
civils.
C'est bon, à l'occasion d'une semaine comme celle-ci, de
souligner cette présence irremplaçable et absolument
indispensable dans nos rangs. Nos policiers s'acquittent de leurs tâches
maintenant avec un sens professionnel, munis d'une formation technique beaucoup
plus poussée qu'autrefois. Ils le font avec distinction et ordre.
J'ai eu l'occasion, depuis que je suis ministre de la
Sécurité publique, M. le Président, de travailler en
étroite collaboration avec la Sûreté du Québec, qui
est notre grand corps national de sécurité publique au
Québec, avec le service de police de la CUM, avec les services de police
de toutes les grandes villes, de toutes les régions du Québec,
avec les syndicats qui réunissent ces policiers, avec le personnel de
direction de ces corps de police, et je voudrais vous assurer que j'ai
observé dans ces milieux un esprit d'engagement, un amour du travail,
une loyauté envers l'autorité civile, une capacité, une
volonté de collaboration et un empressement à servir la
population qui sont vraiment beaucoup plus élevés que la
moyenne.
Nous avons eu, encore ce printemps, une série d'inondations
à travers le Québec. Allez vous informer, dans tous les endroits
où sont survenues des inondations, qui arrive le premier sur les lieux,
qui est présent, en premier lieu, pour venir en aide aux populations
concernées. Bien, c'est, très généralement, la
Sûreté du Québec. Et j'ai reçu, des autorités
municipales des endroits qui ont été affectés cette
année, des témoignages renouvelés à cette fin pour
reconnaître... Je pense que le député de Joliette, qui a
été témoin des inondations qui ont eu lieu dans son
comté, à Notre-Dame-des-Prairies et à
Saint-Charles-Borromée, est au courant, comme moi, du témoignage
que des autorités municipales ont rendu à la Sûreté
du Québec pour l'excellent travail qu'elle a accompli. (15 h 50)
Le député de Nicolet était avec moi, il
était présent à l'inauguration de la Semaine de la police
à Nicolet. Je pense qu'il peut témoigner, dans sa
circonscription, des liens de collaboration qui existent, autant entre la
Sûreté du Québec et les autorités civiles qu'entre
les corps municipaux qui existent chez lui et l'autorité politique. Je
pense que nous sommes très fortunés d'avoir, au Québec,
des services de police responsables.
À l'occasion du dépôt du projet de loi 102, nous
causons une peine réelle à nos policiers regroupés dans
des syndicats ou employés au service de municipalités ou de
l'État du Québec. Certains d'entre eux étaient
présents dans les galeries, cet après-midi, pour le
dépôt du projet de loi. J'ai eu l'occasion de les rencontrer. Nous
devons demander un sacrifice à tout le monde, à tous ceux qui
travaillent dans le secteur public; nous avons même joint le monde
municipal, cette année, à cette démarche qu'institue le
gouvernement. Je veux les assurer que nous avons procédé à
partir d'un principe de fond qui nous apparaît absolument inviolable,
c'est le principe de l'égalité de tous, autant devant les
privilèges que la loi reconnaît, devant les droits que la loi doit
respecter que devant les responsabilités que nous sommes, de temps
à autre, appelés à assumer pour assurer une meilleure
santé de la société politique.
Alors, nous devons éviter de faire des exceptions. Ça a
été fait autrefois, et je pense que certains
députés en cette Chambre s'en souviendront. On se disait: II ne
faut pas toucher à la police, parce que c'est trop dangereux. Nous avons
fait plutôt le pari, au gouvernement, d'inviter la police à
accepter d'être traitée sur un pied d'égalité avec
les autres. Mais je l'assure, en retour, qu'elle sera traitée sur un
véritable pied d'égalité. Elle aura la chance de donner
son point de vue.
J'espère qu'à l'occasion de l'examen du projet de loi nous
pourrons entendre les points de vue des principaux organismes concernés,
autant du côté des employeurs que du côté des
syndiqués. Je suis sûr que les membres de nos corps policiers
seront appelés à partager ces sacrifices ? avec nous aussi;
le sacrifice sera le même pour les ministres et les
députés, je tiens à le souligner. Il n'y aura pas de
distinction de classe là-dedans. C'est une mesure qui s'applique
à travers tout le secteur public et parapublic québécois.
Et je suis sûr que les policiers donneront l'exemple d'une
participation
responsable à cet exercice. Je veux les assurer...
J'ai eu l'occasion de discuter avec eux ces derniers jours. J'ai
vivement apprécié la grande dignité, en même temps
que la fermeté, évidemment, mais la grande dignité, la
courtoisie impeccable avec laquelle ils sont venus présenter leur point
de vue et défendre leurs intérêts légitimes.
À l'occasion de cette Semaine de la police, nous sommes
invités à resserrer les liens qui rattachent la police aux
communautés au service desquelles elle est placée. On a trop
souvent vu la police comme une force qui intervient quand ça va mal
quelque part. La police est surtout là quand ça va bien. Elle est
là pour servir la tranquillité publique, pour faire en sorte
qu'elle soit maintenue, protégée, conservée. Elle
accomplit un travail formidable de ce côté, mais elle a besoin de
plus en plus, dans une société où la criminalité
est en augmentation constante, de la collaboration de la population. Et dans
les sociétés, M. le Président, où il existe une
étroite collaboration de la population au travail de la police, dans le
meilleur sens du terme, on constate que la criminalité diminue, que la
violence recule et que la paix sociale est mieux assurée.
Alors, j'adresse mes hommages sincères à nos concitoyens
et concitoyennes qui assument la tâche de servir leurs concitoyens dans
le rôle difficile, exigeant mais très noble en même temps,
de membres d'un corps policier organisé au Québec. Je souhaite
que cette Semaine de la police soit pour nous tous et nous toutes l'occasion de
réfléchir, de mieux comprendre le rôle de la police et de
mieux percevoir les liens de collaboration, je dirais même
d'amitié civique, qui devraient unir la population à la police
qui la sert nuit et jour. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre de
la Sécurité publique.
Sur cette même motion de M. le ministre de la
Sécurité publique, je cède la parole à M. le
député de Joliette et leader de l'Opposition officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Nous avions précisément voulu cette Semaine, et ce n'est
qu'à la dernière minute que le ministre a souligné son
intention de la présenter et que nous avons accepté qu'il la
présente, puisqu'il était de notre intention de le faire.
Je pense que la réflexion qui se fait cette année et qui
s'est amorcée depuis une couple d'années, d'ailleurs, dans
plusieurs milieux, est fort intéressante.
Mardi soir dernier, nous, à Joliette, on avait la chance,
également, de vivre avec nos policiers ce qu'on appelle un forum des
citoyens où les policiers se sont assis avec des gens, des jeunes, des
étudiants, des personnes de l'âge d'or, des professionnels, des
élus municipaux. Et, ensemble, on a échangé sur ce qu'on
attendait, sur nos perceptions de la police, sur ce qu'on attendait, nos
attentes de la police et ce qui manquait entre ces perceptions et ces attentes
pour faire en sorte qu'on puisse faire quelque chose d'un peu mieux.
Il est bien évident que chaque clientèle pense ou a des
perceptions différentes. C'est évident, puis les attentes ne sont
pas les mêmes, qu'on soit de l'âge d'or, qu'on soit des jeunes
à l'école ou qu'on soit des marchands du centre-ville qui veulent
de la protection. Ça, c'est évident. Mais, au-delà de tout
ça, moi, j'ai senti qu'il y avait une volonté profonde de
plusieurs corps policiers de faire en sorte qu'ils soient perçus
différemment, parce qu'il est facile, à partir d'un incident x ou
y, de charrier et de noircir tout l'ensemble d'un corps policier, à
partir d'un événement, d'un événement qui, soit dit
en passant, peut être complètement dicté soit par
l'émotion, soit par le danger, puis qui est charrié, par la
suite, sous toutes sortes de formes.
Combien d'individus, maintenant, jouent sur leurs différences,
même face à la police, les plaçant dans une situation
d'intervention difficile? Et je le dis comme je le pense, moi: difficile. Et
ça, on n'y pense pas comment ça peut être difficile pour un
corps policier, dépendant des tendances ou des tangentes que prennent
certaines discussions dans notre société, comment agir.
On leur demande d'être très perspicaces, d'être des
diplomates au bout, d'être d'un doigté absolu, total, d'être
raffinés, d'être courtois, d'être polis, d'avoir à
peu près toutes les qualités. Mais on vit dans une conjoncture,
ne l'oublions pas, extrêmement difficile, M. le Président, avec un
taux de chômage de 12 %, avec un nombre sur l'aide sociale de 600 000,
700 000. On sait que la criminalité augmente dans ce temps-là,
à part de ça. Moins tu as de travail dans une
société, plus tu as des difficultés budgétaires,
moins tu as de ressources financières pour encadrer.
On demande à des groupes du corps policier, dont on diminue les
budgets, de faire plus avec moins, comme partout. C'est une expression: Fais
donc plus avec moins. Puis la criminalité augmente. Moi, je voudrais
leur dire tout le respect que j'éprouve. Oui, je pense qu'on est servis
passablement bien. Il y a toujours place pour la perfection, ça, dans
n'importe quel groupe, mais on est bien servis, M. le Président. Il
faudrait faire un effort de compréhension vis-à-vis de ces gens
dans la conjoncture, en particulier, que nous traversons.
Nous traversons une conjoncture très difficile sur le plan de
notre société. Et ces gens-là sont encore dans une
situation beaucoup plus difficile qu'on puisse le croire parce que, avec moins
d'effectifs, avec moins de ressources financières, ils sont
obligés de faire face à un taux de criminalité encore plus
fort. On leur demande de faire de la prévention, on leur demande
d'être moins répressifs, puis de faire de l'éducation. On
leur demande à peu près tout ce qu'il faut et, bien souvent, sans
le dire, on leur demande de se substituer au manque au niveau de la famille, au
niveau de l'école, au niveau de notre société. C'est
ça. Et, dans certains milieux, on leur demande d'être très
répressifs puis, dans d'autres,
on dit: aucune répression. Ils sont toujours placés entre
deux feux.
Donc, M. le Président, je voudrais leur dire, en tout cas, de la
part de l'Opposition officielle, qu'il y a une compréhension. Et, si on
a responsabilisé les corps policiers, au cours des dernières
années, M. le Président, j'ose espérer que les discours
qui font appel à la responsabilisation, on les fera également au
monde municipal. On ne peut pas leur pelleter des taxes dans leur cour, puis
leur dire: Je fais ça pour vous responsabiliser. Et, au moment où
ils doivent être en responsabilité, justement, puis de prendre
leurs décisions, le gouvernement se substitue par un projet de loi qu'il
dépose cet après-midi. (16 heures)
Franchement, là! La cohérence ne touche pas cette
équipe-là, M. le Président. Nous, on va faire appel
à la responsabilisation, mais totale. Responsabiliser les gens, c'est
leur laisser prendre leurs décisions quand elles sont statutaires,
à part de ça, dans des lois. Ce n'est pas de se substituer.
L'État n'est là que pour y aller dans les cas d'extrêmes
problèmes graves de notre société, mais n'est pas
là pour se substituer aux pouvoirs qui sont dévolus aux
élus municipaux face à leurs corps de police, face à leurs
employés.
On va en parler longuement de cette loi, M. le Président,
très longuement. On va s'expliquer les principes qui sont en cause. On
va discuter du fond des choses, des principes qui sont en cause. Je vous
garantis, M. le Président, qu'on va collaborer, mais on va collaborer
à ouvrir les yeux à ceux qui ont des discours vides ou bien
contradictoires par rapport aux objectifs qu'ils poursuivent.
Donc, M. le Président, à tous les corps policiers du
Québec, nous leur disons: Ne lâchez pas. Continuons la
réflexion ensemble pour mieux nous connaître, et j'ai l'impression
que plus on se connaîtra, plus on s'appréciera, et ça, au
niveau de tous les groupes de notre société. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Joliette.
Sur la motion de M. le ministre de la Sécurité publique,
M. le député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président.
Permettez-moi de joindre ma voix en pensant aux policiers et
policières de la ville de Drummondville et aussi aux policiers et
policières de la Sûreté du Québec qui sont
basés à Drummondville, qui, jour après jour, semaine
après semaine, sont le digne reflet des représentants de l'ordre,
de leur fonction qui les appelle à évoluer dans notre
collectivité. Souvent, on oublie toujours...
Vous savez, lorsqu'on regarde nos corps policiers, on pense toujours au
côté répression. Moi, j'aime mieux me rappeller, M. le
Président, ce qu'on désigne souvent à nos policiers et
à nos policières: des agents ou des agentes de la paix. Ces
hommes et ces femmes qui, comme a été souligné des deux
côtés par M. le ministre et par M. le leader de l'Opposition...
Bien souvent, M. le Président, on met nos policiers et nos
policières, en 1993, dans des situations qui sont pratiquement
intenables.
Mondialisation, oui, ça veut dire ouverture vers le monde, mais
ça veut dire aussi des réalignements au niveau économique
qui font en sorte, lorsqu'on regarde les derniers indices indicateurs au niveau
économique, qu'on a plus de chômage, qu'on a plus d'aide sociale,
qui placent aussi de nos citoyens et de nos citoyennes avec les
responsabilités familiales dans des cas de désespoir, qui souvent
demanderont à ces hommes et ces femmes qui sont les gardiens de nos lois
et de nos règlements d'avoir à intervenir, M. le
Président. Souvent, on oublie que, ces hommes et ces femmes, M. le
Président, contrairement à nous, les hommes et les femmes
politiques qui avons des dépôts de projet de loi, qui avons des
documents, qui allons en commission parlementaire et qui revenons,
échelonnés sur des jours, pour être capables d'approfondir
le sens de nos décisions et transférer ça dans des actes,
on leur demande, dans l'espace de quelques instants, de faire face à des
situations qui sont les plus dramatiques et qui demandent continuellement un
sang-froid.
Alors, c'est en pensant à ces hommes et ces femmes, M. le
Président, que je joins ma voix pour souligner cette Semaine de la
police, qui est sous le thème «Mieux se connaître pour mieux
s'entraider». Et je n'ai pas l'intention, M. le Président, de
prendre plus de temps qu'il faut, mais simplement vous rappeler et souligner
que lorsqu'on a étudié le projet de loi 74, M. le
Président... Et M. le ministre faisait référence, cet
après-midi, au projet de loi 102 qui a été
déposé, où on abolit carrément pratiquement le
droit aux négociations des différents intervenants au niveau de
ce grand appareil gouvernemental, incluant maintenant le monde municipal.
Alors, je rappellerais à tous mes collègues d'aller jeter
un coup d'oeil sur le projet de loi 74, M. le Président, qu'on avait
adopté. Allez voir ce que nos corps policiers et pompiers nous ont
déposé devant les six mémoires que nous avons entendus. Je
pense qu'il y avait une réflexion, M. le Président, comme M. le
ministre l'a souligné, d'ailleurs, dans ses propos où on a
dénoté un sérieux de la part de nos policiers, où
des solutions ont été mises sur table.
Alors, j'ose espérer que, en cette semaine, les recommandations
qui nous ont été faites par ces intervenants et intervenantes
lors de l'étude du projet de loi 74 ne demeureront pas lettre morte et
que nos dirigeants municipaux et aussi les différents dirigeants des
unions des corps policiers pourront, à partir de la législation
qu'on avait votée avec la loi 74, mettre à profit, M. le
Président, ce que le législateur avait voulu. Mais je dois
vous avouer que lorsque je regarde la législation qui est
déposée aujourd'hui avec le 102 et lorsque je regarde ce que j'ai
eu à faire en commission parlementaire comme travail avec mes
collègues lors de l'adoption du projet de loi 74, souvent on se demande
si le législateur n'est pas en contradiction.
Ceci étant dit, je n'irai pas plus loin devant cet état de
faits. Nous aurons l'occasion d'y revenir, M. le Président. Alors,
à tous nos policiers et nos policières de ma région de
Drummondville, merci de vous impliquer, les hommes et les femmes de la
Sûreté du Québec, à la maison La Rose des vents, qui
est une maison pour les femmes violentées. Merci aux policiers et aux
policières de la ville de Drummondville, à même les
programmes d'éducation, à même de toutes leurs
interventions auprès de la jeunesse de chez nous, d'apporter ce message
de paix et, aussi, cette lueur d'espoir devant les misères de la vie, M.
le Président.
Alors, tous ceux et celles qui, comme dans ma région, comme dans
mon patelin, travaillent à travers les différentes
collectivités du Québec, vous avez tout notre respect, parce que
votre tâche n'est pas facile en 1993. Et osons espérer que les
législateurs que nous sommes sauront, dans un avenir rapproché,
vous donner les outils ? pas simplement le coffre mais les outils ?
pour vous permettre d'accomplir, comme vous l'avez toujours si bien fait, avec
professionnalisme votre tâche.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Drummond.
Mise aux voix
Alors, est-ce que la motion de M. le ministre de la
Sécurité publique, qui se lit comme suit: «Que cette
Assemblée souligne la tenue de la Semaine de la police, qui se tient
cette année du 9 au 15 mai sous le thème "Mieux se
connaître pour mieux s'entraider"», est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous sommes toujours
à l'étape des motions sans préavis.
Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière, je vous
écoute.
Souligner la Semaine nationale des garderies
Mme Carrier-Perreault: Oui, je vous remercie, M. le
Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour
déposer la motion suivante: «Que cette Assemblée souligne
la Semaine nationale des garderies, qui se déroule du 10 au 16 mai 1993
sous le thème "L'important, ça se mesure"».
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre cette motion? Consentement.
Allez-y, Mme la députée.
Mme Denise Carrier-Perreault
Mme Carrier-Perreault: Alors, je vous remercie, M. le
Président.
Effectivement, nous en sommes à la septième édition
de la Semaine des garderies. Bien que la semaine soit déjà
largement entamée, je pense qu'on ne peut quand même pas manquer
l'occasion de souhaiter une agréable semaine à tous les gens qui
s'impliquent dans le milieu des services de garde. «L'important,
ça se mesure»; c'est le thème qui a été
retenu pour démontrer, évidemment, l'importance des garderies
pour les tout petits et pour leur famille aussi, mais aussi, M. le
Président, pour nous rappeler qu'il est nécessaire de faire des
choix sociaux et économiques en fonction de l'importance qu'on accorde
à ce dossier. C'est un thème, je pense, qui est
particulièrement bien choisi, qui rejoint les préoccupations des
gens du milieu et de plusieurs autres milieux en cette période où
les choix sont plus difficiles et, par conséquent, où les
priorités aussi deviennent plus évidentes.
À chaque année, en cette Chambre, lors de ce moment de la
Semaine des garderies, on vient, à toutes fins pratiques, parler de
l'importance des services de garde. On vient nous expliquer à quel point
? et on en parle des deux côtés de la Chambre ? il est
essentiel, ce service-là, pour les parents, pour les familles au
Québec. On vient aussi parler de l'importance de cet outil, parce
qu'à toutes fins pratiques cet outil, les services de garde, est
essentiel si on veut en arriver à concilier la famille et le
travail.
Dans un autre ordre d'idées aussi, lors de cette semaine, on
vient aussi, en cette Chambre, reconnaître le travail
particulièrement professionnel et important ? toujours important,
M. le Président ? des éducateurs et des éducatrices
en garderie. À chaque année, c'est la même chose, et je
pourrais vous citer des textes qui ont été faits année
après année, où on répète toujours des
compliments et des félicitations à l'endroit de ces gens qui sont
impliqués, qui prennent soin de nos enfants, qui les éduquent. Je
vois encore les propos de la ministre, l'an dernier, M. le Président: Le
professionnalisme et le travail remarquable et combien complexe des
éducatrices et des éducateurs font qu'ils sont bien plus que des
gardiens, comme certains seraient tentés de les qualifier. Ils sont au
coeur de l'action éducative auprès des enfants. Leur rôle
exige d'eux, notamment, beaucoup de jugement, de psychologie, de
perspicacité et de patience. L'évolution des services de garde au
cours de la dernière décennie est en soi un vibrant hommage aux
femmes et aux hommes qui ont bâti les services de garde tels que nous les
connaissons aujourd'hui. On pense notamment aux éducateurs, au personnel
de
direction, aux différents coordonnateurs, aux associations de
parents, etc., M. le Président.
Cependant, il faut quand même constater que la reconnaissance de
ce travail-là passe aussi par la reconnaissance au niveau des salaires.
Il faudrait qu'on pense à donner des salaires décents aux
éducatrices et éducateurs en garderie. Ça, c'est plus
difficile, il semble, à faire passer. La reconnaissance des services de
garde passe aussi par des modes de fonctionnement, par des modes de financement
appropriés. Et on sait que, particulièrement cette année,
M. le Président, les services de garde, les garderies sont tout à
fait pénalisées et demandent, ont des revendications, je pense,
tout à fait justifiées, tant au point de vue des salaires des
éducatrices qu'au point de vue des subventions de fonctionnement. On
déplore, effectivement, que les subventions qui sont allouées au
fonctionnement... (16 h 10)
Le plan qui a été mis sur pied par le gouvernement
libéral en 1989 cause de grandes iniquités à travers les
garderies au Québec. On sait comment ça fonctionne, ce
plan-là, M. le Président: toutes les garderies, peu importe le
nombre de places qu'elles ont ? qu'on ait 30 places ou 60 places ?
ont exactement le même montant de base. Par après, pour que les
subventions soient plus élevées, il faut que les parents paient
plus cher. Alors, le résultat que l'on connaît
présentement, c'est que depuis 1985, par rapport aux tarifs moyens qui
sont chargés aux parents, au Québec, on dépasse de 12 % la
courbe de l'inflation. Autrement dit, les parents paient de plus en plus cher
parce que les services de garde, pour avoir plus de subventions, doivent
charger de plus en plus cher. C'est un mode de financement qui est tout
à fait inéquitable, dont les effets avaient été
prévus, en 1988, lors de la commission parlementaire. On avait vraiment
mis en garde le gouvernement pour qu'il ne mette pas sur pied ce genre de
programme de financement et on avait prévu ces iniquités qui
arrivent aujourd'hui.
Il y a des demandes sur la table, M. le Président. Je le disais
tout à l'heure, je pense qu'il faut le répéter. La
ministre, d'ailleurs, convient qu'il y a des problèmes et elle nous dit,
elle aussi, que les éducatrices en garderie sont, effectivement,
pénalisées, qu'elles ne gagnent peut-être pas le salaire
qu'elles devraient et qu'effectivement leur mode de financement, par rapport
à l'ensemble des garderies, crée des problèmes. Alors, il
y a des demandes qui sont sur la table. J'espère que la ministre va les
prendre en considération, j'espère qu'on va reconnaître
plus que dans les mots, mais aussi au niveau de l'action, dans les gestes, dans
les décisions que le gouvernement va poser, où sont
réellement les priorités gouvernementales.
Oui, M. le Président, je pense que l'important, ça se
mesure. Je pense que les services de garde ont des besoins, les
éducatrices aussi. Les éducateurs et éducatrices en ont.
Ça a été démontré. On verra, dans les
semaines qui viennent, dans les mois qui viennent, j'espère, que les
services de garde sont sûrement importants, autant, au moins, que le
gouvernement se plaît, que la ministre se plaît à nous le
répéter à quel point ils sont une priorité.
En terminant, M. le Président, bien que la semaine soit
déjà avancée, je voudrais souhaiter à tous les
éducateurs, les éducatrices, à tous les parents qui sont
sur les conseils d'administration, à tous les gens, les intervenants
impliqués au niveau des garderies une excellente fin de Semaine des
garderies.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, sur cette
même motion, je cède la parole à Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine et
responsable de la Famille.
Mme Violette Trépanier
Mme Trépanier: Merci, M. le Président.
Je suis très heureuse de souligner aujourd'hui la Semaine
nationale des garderies parce que c'est, certes, un moment idéal pour
sensibiliser la population au dynamisme et au rôle de premier plan que
sont appelés à jouer les services de garde dans une
société qui s'est engagée à relever le défi
de l'égalité, de sorte que les femmes, comme les hommes, tirent
des avantages équivalents de notre croissance collective.
La Semaine des garderies, c'est aussi et surtout la réaffirmation
d'une solidarité et d'une volonté d'agir du milieu et des
partenaires pour offrir aux parents comme aux enfants des services de garde de
qualité, diversifiés et sécuritaires, dans un
environnement propice au développement social et culturel de la
relève.
Les multiples activités qui se tiennent cette semaine, M. le
Président, visent, bien sûr, la mise en valeur du travail et des
réalisations des intervenants du milieu: les éducatrices, les
parents, les partenaires sociaux et économiques. Mais c'est d'abord et
avant tout vers les enfants que se tournent nos pensées et nos gestes.
«L'important, ça se mesure» est le thème choisi,
cette année, pour alimenter la réflexion et les échanges
entourant cette semaine spéciale.
Ce leitmotiv peut évoquer plusieurs éléments de
réflexion. D'abord, sur l'importance des garderies comme outil
favorisant la conciliation des responsabilités familiales et
professionnelles et comme un lieu de développement et de socialisation
de l'enfant. La volonté et le droit des parents de se réaliser
professionnellement tout en maintenant une vie familiale harmonieuse, le
désir des Québécoises d'assurer leur autonomie
financière et l'augmentation du nombre de familles monoparentales sont
quelques-unes des situations qui entraînent de nouveaux besoins et qui
contribuent à la croissance de la demande en matière de services
de garde. Ce dossier, M. le Président, est sans contredit un dossier de
société et nous devons, tous et chacun, être
concernés par son évolution qui se présente, aujourd'hui
plus que
jamais, comme primordiale à l'évolution des enfants, des
femmes et des familles. En plus d'être un soutien essentiel pour les
parents travailleurs et étudiants, les services de garde sont des
ressources précieuses pour la connaissance, le développement et
la stimulation de l'enfant.
Quand on parle de développement et d'épanouissement de
l'enfant, ça commence tôt, dans la vie. Le développement du
langage, de la sociabilité et de l'autonomie cognitive, pendant la
tendre enfance et la petite enfance, est à la base de l'apprentissage
qui se poursuit tout au long de la vie. Les garderies régies et de
qualité permettent donc aux enfants qui les fréquentent de
réaliser leur plein potentiel dans un milieu sain et enrichissant.
Bien entendu, les parents seront toujours les premiers responsables de
la protection et de l'éducation des enfants. Ils ont cependant besoin de
support pour bien jouer leur rôle. En ce sens, les garderies sont en
mesure de les seconder grâce à leur solide expérience
d'interaction quotidienne avec les enfants.
J'aimerais, en cette Semaine des garderies, souligner également
le travail remarquable des parents gestionnaires de ces services. Le
gouvernement, dans sa politique sur les services de garde, a choisi de
privilégier le développement de services dont les parents
assument le contrôle et ce, pour différentes raisons. Mais c'est
principalement parce qu'il est important de maintenir le lien entre la famille,
ses valeurs et le milieu de garde.
La mise en oeuvre d'un réseau de services de garde adéquat
est étroitement liée à toute stratégie de
développement économique et de main-d'oeuvre. Je suis convaincue
qu'il est illusoire de croire à une économie efficace,
axée sur la productivité et la compétitivité,
à l'utilisation maximale d'une main-d'oeuvre de qualité
composée à 45 % de femmes, à un plan de lutte à la
pauvreté chez les enfants, les femmes et les familles si on ne place pas
les services de garde parmi les composantes incontournables de toute
stratégie destinée à créer un avenir prometteur
à la société québécoise.
Cela, M. le Président, notre gouvernement l'a compris depuis
longtemps. Qu'il suffise d'effectuer un bref retour en arrière pour
constater l'ampleur du chemin parcouru depuis les premières garderies
mises sur pied par des organismes religieux et de bienfaisance afin de venir en
aide aux familles défavorisées et à celles dont la
mère devait obligatoirement contribuer au revenu familial en
accédant au marché du travail.
Oui, M. le Président, «l'important, ça se
mesure», et le gouvernement a su mesurer et reconnaître
l'importance des services de garde au Québec. Nos efforts et nos actions
depuis plusieurs années en témoignent. À titre d'exemple,
depuis l'adoption de la politique gouvernementale sur les services de garde
à l'enfance, le budget global alloué à l'Office est
passé de 99 000 000 $, en 1987, à près de 188 000 000 $,
cette année.
Au plan du développement, il est significatif de souligner
qu'avant l'instauration de notre politique, les parents pouvaient
bénéficier de 64 700 places en services de garde et ce, au 31
mars 1988, alors qu'aujourd'hui, en date du 28 avril précisément,
le nombre de places disponibles est de 94 796. On compte actuellement, à
l'échelle de la province, 901 garderies, 114 agences en milieu familial,
761 services de garde en milieu scolaire, pour un total de 1776 services. Ce
sont des garderies qui offrent le plus de places, soit 46 464.
M. le Président, «l'important, ça se mesure»
aussi au quotidien dans les garderies. On ne dira jamais assez l'importance du
respect de la réglementation sur les services de garde en garderie qui
détermine les règles minimales quant à
l'aménagement des locaux, la formation du personnel et les normes de
sécurité à appliquer. Un environnement sain, des
éducatrices et éducateurs aimants et compétents,
voilà autant d'éléments qui sont mesurables et qui sont
importants.
Il est aussi possible de mesurer l'importance qu'une
société accorde à ses enfants, les travailleurs, les
consommateurs et les citoyens de demain. Cette responsabilité sociale
prend tout son sens lorsqu'on considère les grands bouleversements que
connaît notre société: éclatement du couple,
apparition de nouveaux types de familles, déclin démographique,
accroissement de la pauvreté, pressions économiques dans un
contexte de crise et de récession, augmentation du nombre de familles
monoparentales, isolement social, etc. Autant de situations qui font qu'il
n'est pas facile d'être parents en 1993 ni d'être un enfant. (16 h
20)
Les réalités modernes des familles
québécoises nous forcent à nous adapter. Les
gouvernements, les municipalités, les entreprises, les écoles,
les médias et les groupes doivent unir leurs efforts pour offrir aux
familles un soutien constant, afin qu'elles puissent évoluer dans le
respect des individus qui les composent. Dans ce contexte, notre gouvernement
est pleinement conscient du rôle important qu'il joue dans le
développement d'un réseau de garderies adéquat, efficace
et sécuritaire, de même que dans le soutien financier aux parents
comme aux services.
J'ai, d'ailleurs, à maintes reprises,
réitéré notre engagement dans ce domaine. Outre
l'augmentation constante de l'enveloppe budgétaire de l'Office des
services de garde à l'enfance, cette année encore, d'importants
travaux ont été effectués, particulièrement en
matière de réglementation et de planification du
développement, et ce, afin d'améliorer la qualité des
services offerts et la sécurité des enfants. Je pense notamment
à l'élaboration de deux projets de règlement modifiant le
Règlement sur les services de garde en garderie, qui viennent
d'être adoptés au Conseil des ministres, et qui visent
principalement des aménagements concernant l'administration des
médicaments et les espaces de jeu extérieurs pour les
enfants.
M. le Président, notre gouvernement est égale-
ment conscient qu'il doit exercer son leadership au ; niveau de
l'information et de l'évolution des mentalités, : pour faire en
sorte que les enfants et leurs parents puis- : sent compter de plus en plus sur
la collaboration de tous et, surtout, sur une action concertée du
gouvernement avec les milieux des services de garde et avec les partenaires
socio-économiques. La volonté de l'État de contribuer de
façon significative au bien-être des enfants est sans
équivoque. Chaque année, nous pouvons constater une nette
progression du dossier des services de garde. Elle ne s'effectue
peut-être pas toujours au rythme souhaité, mais avec une constance
et une force qui ne permettent aucun recul.
La qualité de vie des familles québécoises et le
bien-être de nos enfants ne doivent laisser personne indifférent.
C'est pourquoi, en terminant, M. le Président, j'invite les membres de
cette Assemblée, de même que les Québécoises et les
Québécois, à participer aux activités quotidiennes
qui se déroulent cette semaine dans les diverses régions du
Québec. Ils pourront ainsi constater et apprécier les
réalisations et le travail remarquables de tous ceux et celles qui
oeuvrent dans les garderies. Ils pourront, surtout, mesurer l'important, soit
l'irremplaçable richesse que les enfants représentent pour notre
société.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, sur cette
même motion, M. le député de Drummond, je vous
écoute.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Oui, merci, M. le Président.
C'est avec plaisir que je joins ma voix à celles de Mme la
députée des Chutes-de-la-Chaudière et de Mme la
députée de Dorion et ministre déléguée
à la Condition féminine.
M. le Président, j'ai eu le plaisir, au début des
années 1980, de contribuer à établir la première
garderie en mileu industriel au Québec. Cet après-midi, si je me
lève aussi, en tant que député, c'est pour avoir
contribué, encore en milieu de travail, dans le milieu scolaire et dans
le milieu hospitalier, avoir contribué bien humblement, M. le
Président, à créer trois garderies. Alors, je me suis
toujours permis, en boutade, de dire que le député de Drummond
était père de trois enfants et aussi père de trois
garderies.
Mais, cet après-midi, M. le Président, comme j'ai
d'ailleurs eu la chance de le souligner, voilà quelques semaines
passées, dans différentes interventions, c'est avec des
sentiments partagés que je prends la parole pour souligner l'importance
de cette Semaine nationale des garderies. M. le Président,
j'écoutais attentivement les paroles de Mme la ministre, et lorsque je
regarde, dans un premier temps, en pensant à ces femmes majoritairement
éducatrices dans nos garderies, M. le Président, en pensant
à la qualification qu'elles ont acquise au travers de ces années,
en pensant aussi, lorsque je regarde la rémunération de ces
travailleuses dans un secteur primordial de la collectivité, quand je
regarde, M. le Président, la manière qu'on rémunère
ces éducatrices et les quelques éducateurs qui font oeuvre
maintenant dans ce secteur, c'est un peu avec, je dirais ? je n'emploierai
pas le mot, M. le Président, vous me le défendriez...
Je veux simplement dire qu'en regardant les budgets de 1992-1993, les
177 000 000 $ qui étaient prévus au budget... Lorsque je regarde
les crédits qu'on a déposés, M. le Président,
lorsque je regarde les dépenses probables, et qu'il y a 10 000 000 $ qui
ne seront pas dépensés, M. le Président, je tends la main
à Mme la ministre, pour lui dire qu'elle pourra toujours compter sur le
député de Drummond pour avoir un défenseur acharné
pour convaincre le ministre des Finances et le président du Conseil du
trésor, au lieu de périmer des crédits dans un domaine si
important de notre collectivité, présentement et
«futurement», eh bien, qu'elle aura toujours mon appui, parce que
je pense qu'il est inconcevable, en pensant au travail de ces travailleuses et
travailleurs de nos secteurs d'activité... Parce que je crois que, les
moyens financiers, on les a, mais il va falloir un jour réaliser
l'importance, M. le Président...
Et ceci m'amène au deuxième point, parce que j'ai
été à même de traiter ou de constater, M. le
Président, lorsque je regarde, moi, tous nos services de garderie, que
c'est la première porte d'introduction d'un jeune garçon ou d'une
jeune fille de chez moi à la collectivité dans laquelle ils
auront à «performer». C'est la première fois qu'il
est en contact avec des garçons et des filles de son âge. C'est la
première fois qu'il aura à «comporter», M. le
Président, son tempérament, ses habitudes de vie, ses
convictions. Et ce dont je m'aperçois, M. le Président, de plus
en plus: il va falloir évoluer, il va falloir regarder tout notre
système d'éducation avec une vision intégrée de la
problématique humaine. Parce qu'en m'asseyant, M. le Président,
comme je le fais régulièrement avec tous les responsables des
garderies de chez moi ? et, aujourd'hui, la plus vieille garderie de mon
milieu a 20 ans ? qu'est-ce qu'on me dit, M. le Président?
Qu'aujourd'hui il y a quatre personnes ? je ne mettrai pas de sexe, M. le
Président ? chez qui, dès leur entrée à leur
garderie, on a prévu des troubles de comportement. Et on a dit: Un jour,
on retrouvera ces quatre personnes-là en difficulté devant la
DPJ. Aujourd'hui, M. le Président, quelques années après,
on retrouve les travailleurs sociaux qui étaient impliqués
dès le début, qui nous disent: Oui, c'est vrai, c'est
arrivé.
Alors, c'est en pensant, M. le Président, à cette gestion
intégrée qu'il va peut-être être le temps, chez nous,
de penser à mettre de l'aide au niveau des garderies pour être
capable de détecter les cas problématiques et faire en sorte, M.
le Président, qu'on puisse apporter l'aide à ces jeunes citoyens
et citoyennes. Et au lieu d'attendre d'investir des sommes en mesures de
préven-
tion ou de correction au niveau des DPJ, au niveau des centres de
détention, peut-être qu'il y aurait lieu, M. le Président,
d'économiser à long terme, lorsqu'on regarde une vision
élaborée, une vision de l'an 2000, pour corriger ces
problèmes dès ce moment-là.
Aussi, M. le Président, j'aimerais me faire le porte-parole,
aujourd'hui, parce que mes lectures m'ont amené à lire «Un
Mal invisible: l'R des centres de femmes du Québec». Et, comme je
l'ai toujours dit, peut-être à cause de ma position
privilégiée aujourd'hui en tant que député de
Drummond, j'aimerais, M. le Président, mettre une voix à
Francine, aujourd'hui, dans cette Assemblée, et vous dire ce que
Francine disait: En plus de toutes ces responsabilités non
partagées, le manque de services essentiels comme des garderies
empêche les mères d'avoir un peu de répit sans les enfants.
Les mères au foyer aimeraient disposer de haltes-garderies accessibles
à toute heure du jour, sur la base d'un ou de quelques jours de la
semaine.
J'aimerais aussi, M. le Président, cet après-midi,
être la voix d'Evelyne qui disait: Le système devrait être
fait de telle manière qu'une femme puisse élever ses enfants, se
véhiculer facilement pour retourner aux études à temps
partiel, revenir chez elle, avoir des contacts avec les autres, évoluer,
avoir un but à longue échéance, retourner graduellement au
travail et élever ses enfants à travers tout ça sans se
préoccuper de savoir où elle va les faire garder.
J'aimerais aussi être la voix, M. le Président, de Fernande
qui disait: S'il y avait des services organisés pour les familles
monoparentales, un système de gardiennage, par exemple, pour que le
parent, père ou mère, puisse prendre des vacances seul sans
assumer tout le temps la responsabilité des enfants; il n'y a rien.
Alors, aujourd'hui, M. le Président, si j'ai pu mettre
humblement, dans le peu de temps qui m'est alloué, des voix à ces
trois femmes de chez nous, c'est simplement pour rappeler que, oui, des
progrès ont été faits au Québec au niveau des
services de garde, mais il reste encore beaucoup à faire. Et je ne crois
pas, M. le Président, qu'on ait les moyens, dans les
intérêts à court, moyen et long terme de notre
collectivité, de périmer des crédits au niveau des
services de garde.
En conclusion, M. le Président, à tous ceux et celles qui
ont à oeuvrer dans ce domaine merveilleux qui aide des jeunes de chez
nous à faire leurs premiers pas dans la collectivité locale et
québécoise, et aussi à tous ces parents qui, par leur
bénévolat, contribuent à l'administration, à donner
un sens aussi à leur mission de parents ? qui n'est pas simplement
de mettre les enfants au monde mais de les faire cheminer jusqu'à
l'âge adulte ? et aussi à nous, les législateurs, qui,
par nos moyens, faisons les lois qui essaient de mieux encadrer et de mieux
engendrer, M. le Président, le bien-être pour les
collectivités futures, à tous ceux et celles qui, de près
ou de loin, travaillent dans ce milieu, vous avez mon admiration, et bravo!
Et je conclurai en vous disant, Mme la ministre, que vous pourrez
toujours compter sur le député de Drummond pouur aller
défendre des crédits et que, si on est capable d'investir plus
que 185 000 000 $, je suis convaincu que, lorsqu'on regardera sur une
période de 10 ans, les sommes qu'on pense une dépense
supplémentaire aujourd'hui dans nos budgets, on s'apercevra, sur un
échéancier de 10 ans, qu'elles ont été une
économie et que, surtout, on a donné un sens, on a donné
une vision d'avenir à ces jeunes de chez nous. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Drummond.
Mise aux voix
Est-ce que la motion de Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière, qui se lit comme suit: «Que cette
Assemblée souligne la Semaine nationale des garderies, qui se
déroule du 10 mai au 16 mai 1993 sous le thème "L'important,
ça se mesure"», est adoptée?
Des voix: Adopté. (16 h 30)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté.
Nous sommes toujours à l'étape des motions sans
préavis. Je reconnais M. le député d'Iberville.
Allez-y, M. le député.
Motion proposant que l'Assemblée
nationale
exprime ses condoléances à la
famille
du général Jacques Dextraze
M. Lafrance: M. le Président, je sollicite le consentement
des membres de cette Assemblée afin de présenter la motion
suivante: «Que l'Assemblée nationale exprime ses
condoléances à la famille du général Jacques
Dextraze, ancien chef d'état-major des Forces armées candiennes,
héros de guerre québécois et membre du Royal 22e
Régiment, régiment canadien-français.»
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Consentement. Allez-y, M.
le député d'Iberville. On vous écoute.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Merci, M. le Président.
Dimanche dernier, le 9 mai 1993, le général Jacques
Dextraze, ancien chef d'état-major de la Défense nationale,
héros de guerre québécois et membre du Royal 22e
Régiment, nous quittait, à l'âge de 73 ans.
Originaire de Montréal, la carrière militaire du
général Dextraze débute en 1939, alors qu'il
s'enrôle comme simple soldat afin de participer volontairement à
la Seconde Guerre mondiale. Il est, par la suite, breveté officier et
combat dans le nord-ouest de l'Europe. Il termine la guerre au rang de
lieutenant-colonel, en 1944, et est nommé commandant de bataillon. En
reconnaissance de services exceptionnels, on lui décerne l'Ordre du
Service distingué, auquel, en 1945, on ajoutera la palme. La guerre
terminée, il retourne dans le secteur privé, en plus de
poursuivre des études universitaires. En 1950, éclate la guerre
de Corée. Le lieutenant-colonel Dextraze se porte, encore une fois,
volontaire et est nommé à la tête du 2e bataillon Royal 22e
Régiment, unité désignée pour servir en
Corée. Encore là, il se distingue et, en reconnaissance de la
qualité de son commandement, on lui décerne l'Ordre de l'Empire
britannique. De retour au pays après le conflit en Corée, en
1952, la carrière du lieutenant-colonel Dextraze est remplie de
fonctions importantes et de promotions rapides, preuve de sa grande
efficacité: colonel commandant le camp de Valcartier, brigadier
général commandant le secteur est de la région militaire
du Québec, chef d'État-major général pour les
opérations des Nations unies au Congo, commandant de la 2e brigade
d'infanterie canadienne, major général responsable des
opérations au quartier général de la force mobile,
lieutenant général chef du personnel au quartier
général des Forces canadiennes. En septembre 1972, le
général Dextraze est nommé chef d'État-major de la
Défense et des Forces armées canadiennes, devenant ainsi le
deuxième militaire du Royal 22e Régiment, régiment qui
aura bientôt 80 années d'existence, régiment
canadien-français, donc le deuxième à accéder au
plus haut poste de la hiérarchie militaire canadienne.
En plus de ses très nombreuses décorations militaires,
dont celle de commandeur de l'Ordre du Mérite militaire, le
général Dextraze était compagnon de l'Ordre du Canada. Le
général Dextraze avait pris sa retraite en 1977, après 33
années de loyaux services pour son pays. Canadien français de
souche, il s'est distingué partout au pays et à l'étranger
tout au long de sa carrière, contribuant ainsi à notre
fierté nationale. Il a participé activement à
l'implantation des politiques nationales de bilinguisme au sein des Forces
armées canadiennes durant les années soixante-dix. C'est
d'ailleurs à cette époque que j'ai eu le privilège de le
connaître et de servir indirectement sous ses ordres. Membre du Royal 22e
Régiment, il fut, par la suite, colonel honoraire de ce glorieux
régiment canadien-français, dont la maison mère est la
Citadelle de Québec. Ayant servi lui-même avec les casques bleus,
je m'en voudrais, en cet instant, de ne pas avoir une pensée
spéciale à l'égard des centaines de membres du Royal 22e
Régiment servant présentement avec les Nations unies, partout
dans le monde et tout particulièrement dans l'enfer qu'est devenue la
Yougoslavie, ceci afin de maintenir la paix. Que Dieu leur vienne en aide!
M. le Président, la perte du général Dextraze nous
sensibilise tous, en nous rappelant l'apport des milliers de
Québécois qui ont combattu dans les guerres mondiales. Ces jeunes
qui n'ont pas hésité, à l'époque, à mettre
leur vie en péril afin de sauvegarder les valeurs de liberté dont
nous bénéficions encore de nos jours. Avec le
général Dextraze s'éteint un autre des personnages ayant
beaucoup contribué à façonner notre patrimoine militaire
canadien-français et nos valeurs fondamentales comme
société canadienne et québécoise.
M. le Président, au nom du gouvernement libéral que j'ai
l'honneur de représenter en cette Chambre, par le dépôt de
cette motion, j'aimerais exprimer nos plus vives condoléances à
la famille du général Jacques Dextraze, ancien chef
d'état-major de la défense, commandeur de l'Ordre du Canada,
titulaire de l'Ordre de l'Empire britannique, Commandeur du Mérite
militaire du Canada, titulaire de l'Ordre du Service distingué et de la
décoration des Forces canadiennes pour loyaux services.
Nous exprimons également nos condoléances à la
grande famille du Royal 22e Régiment dont la devise est celle de la
province de Québec, soit: «Je me souviens». Au
général Jacques Dextraze, qui a porté fièrement
cette devise, ainsi que les fleurs de lis sur son uniforme, partout dans le
monde, nous disons merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, sur cette
même motion de M. le député d'Iberville, je cède la
parole à M. le député de Joliette, leader de l'Opposition
officielle.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, au nom de notre formation
politique, je voudrais nous déclarer en faveur de cette motion, vous
dire que nous nous associons à tous les propos prononcés par le
député d'Iberville au nom de sa formation politique. Je voudrais
réitérer nos plus sincères condoléances aux
parents, aux amis et à tous ceux qui ont connu le
général.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Joliette. Sur la même motion, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Gordon Atkinson
M. Atkinson: M. le Président, certains ont de la grandeur
sans la rechercher. Certains, malgré eux, deviennent des héros de
guerre. Cela a été le cas pour le général Jacques
Alfred Dextraze qui est décédé, dimanche, à
l'âge de 73 ans.
General Dextraze was, of course, not always a general. He rose in the
ranks of the famed Montréal Regiment, les Fusilliers Mont-Royal. At the
outset of World War II, he was a lowly corporal working in the administration
section of his regiment. But there is an old adage in the British army that
says: In the backpack
of every private soldier rests the «bâton> of a field
marshal 1. No one exemplified that statement greater than General Dextraze.
Comme je suis de sa génération, je crois comprendre les
facteurs qui l'ont conduit à une carrière militaire pour ensuite
l'amener aux plus hauts sommets de sa profession, de simple soldat au
général en charge de toute la force armée du Canada. Le
cas de Jacques Dextraze est typique de l'adage dont je faisais mention.
General Dextraze would have succeeded in any profession he might have
chosen, but he chose to serve our nation in war and in peace... places him in a
special category of canadianism. (16 h 40)
J'ai rencontré le général Dextraze pour la
première fois pendant la Deuxième Guerre mondiale. Lui comme moi
étions au premier échelon des officiers, c'est-à-dire
lieutenants, dans nos régiments respectifs. Il était au service
de la division canadienne qui a fait l'assaut des plages de Dieppe et qui a
subi de lourdes pertes lorsque les alliés étaient à la
recherche de l'invasion massive qui devait finalement avoir lieu deux ans plus
tard sur les plages de la Normandie.
For a moment, like my colleague who spoke on the motion, let me relate
his vast array of medals that honoured this man of Canada, this man of
Québec. He was awarded the Distinguished Service Order, was made a
Commander of the British Empire for his service not only to Canada, but to the
entire allied and Commonwealth cause. He was named a Companion of the Order of
Canada, a Commander of Military Merit as well as a Knight of the Order of St.
John of Jerusalem and a Knight of both the Order of Malta and of St. Lazarus. A
truly distinguished man.
Notre collègue, le député d'Iberville, qui propose
cette motion, lui-même un ancien colonel du célèbre
régiment Royal 22e, a servi dans le même régiment que le
général Dextraze. Je sais que le député
d'Iberville, avec tous les hommes du régiment Royal 22e ainsi que ceux
qui ont servi avec Jacques Dextraze pendant la Deuxième Guerre mondiale
et la guerre de Corée, lui rendent hommage aujourd'hui.
The song from the First World War sums it up: Old soldiers never die,
they only fade away. And I might add, Mr. Speaker, their heroism and dedication
will forever be remembered.
Général Jacques Alfred Dextraze, vous pouvez reposer en
paix. La nation vous rend hommage pour un travail bien fait par un bon et
fidèle serviteur.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Sur cette motion de M. le député d'Iberville, M. le
député de Taschereau, je vous cède la parole.
M. Leclerc: Non, M. le Président, ce n'est pas
là-dessus.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous ne parlez pas sur
cette motion-là? Je comprends qu'il n'y a pas d'autres
interventions.
Mise aux voix
Est-ce que la motion de M. le député d'Iberville, qui se
lit comme suit: «Que l'Assemblée nationale exprime ses
condoléances à la famille du général Jacques
Dextraze, ancien chef d'état-major des Forces armées canadiennes,
héros de guerre québécois et membre du Royal 22e
régiment, régiment canadien-français», est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Est-ce
qu'il y a d'autres motions sans préavis?
M. Bélisle: II n'y en a pas d'autres.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Renseignements sur les
travaux de l'Assemblée. M. le député de Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président.
Hier, j'avais le plaisir de demander au leader adjoint du gouvernement
des questions bien précises concernant le projet de loi 73, et sa
réponse fut celle-ci: M. le Président, je vais m'informer de la
situation et je ferai rapport à la Chambre dans les plus brefs
délais. Alors, je suis prêt à écouter les
réponses de M. le leader adjoint du gouvernement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: Je n'ai pas encore l'information, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): D'autres
renseignements?
Affaires du jour Affaires prioritaires
Alors, ceci met fin aux travaux quant à la séance des
affaires courantes, et nous continuons à l'étape des affaires du
jour, aux affaires prioritaires.
Débat restreint sur les rapports des
commissions
qui ont étudié les crédits
budgétaires pour
l'année Financière 1993-1994
L'Assemblée entreprend le débat restreint
? alors, il faut comprendre qu'il s'agit d'un débat de deux
heures ? sur les rapports des commissions qui ont étudié les
crédits budgétaires pour l'année financière
1993-1994.
Suite à une discussion avec les leaders, le partage du temps pour
ce débat a été établi de la façon suivante:
10 minutes seront accordées à l'ensemble des
députés indépendants, et le reste du temps sera
partagé également entre le parti ministériel et celui de
l'Opposition officielle, une intervention principale pour chaque groupe
parlementaire ne pouvant dépasser 30 minutes.
Alors, je suis prêt à entendre le premier intervenant. M.
le député de Taschereau, maintenant je vous reconnais.
Allez-y.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président.
Je voudrais m'excuser pour tout à l'heure. En préparant
l'intervention que je vais vous livrer, je vous ai peut-être donner
l'impression que je voulais prendre la parole sur la motion de mon
collègue, mais, comme vous voyez, ce n'était pas le cas. Je m'en
excuse.
M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excuse, M. le
député de Taschereau. J'ai omis de donner l'avis suivant, tout
à l'heure, à l'étape des renseignements sur les
travaux.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Alors, je vous rappelle que l'interpellation de demain, le vendredi 14
mai 1993, portera sur le sujet suivant: La politique de gestion des
déchets solides. Mme la députée de Taillon s'adressera
alors à M. le ministre de l'Environnement.
Je vous avise, également, que l'interpellation prévue pour
le vendredi 21 mai portera sur le sujet suivant: La réorganisation
administrative du ministère des Transports. M. le député
de Lévis s'adressera alors à M. le ministre des Transports.
Alors, M. le député de Taschereau, en m'excusant de
nouveau, allez-y, s'il vous plaît.
Reprise du débat restreint M. Jean Leclerc
(suite)
M. Leclerc: Pas de faute, M. le Président.
Je suis heureux de prendre la parole pendant ce débat restreint
qui constitue, en quelque sorte, la prise en considération des travaux
qui ont été effectués en commission parlementaire, depuis
trois semaines, sur les crédits budgétaires du Québec.
Pour bien situer, pour ceux qui nous écoutent, le contexte dans
lequel nous étudions les crédits gouvernementaux, je vais prendre
quelques secondes pour expli- quer comment nous procédons. Ça me
paraît plein de sens, parce que les payeurs de taxes du Québec ont
le droit de savoir comment, nous, les parlementaires, dont c'est un des mandats
de contrôler les dépenses publiques... Ils ont le droit de savoir
comment, nous, les parlementaires, nous nous acquittons d'une des tâches
les plus complexes qu'il nous soit donné d'avoir à faire, compte
tenu du fait que nous avons à étudier 41 000 000 000 $ de
dépenses. Alors, s'il est une tâche, parmi toutes celles que nous
avons pendant une année parlementaire, qui est complexe, c'est bien
celle d'étudier les dépenses gouvernementales, qui
s'élèvent, cette année à...
M. Léonard: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
député de Labelle. Question de règlement, oui.
M. Léonard: On entreprend un débat restreint sur 41
000 000 000 $ de dépenses, justement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous soulevez le
quorum.
M. Léonard: Je vous demanderais d'appeler le quorum.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Qu'on appelle les
députés! (16 h 50 - 16 h 52)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le
député de Taschereau. Nous avons quorum, Mmes et MM. les
députés, et nous reprenons les travaux avec l'intervention de M.
le député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci, M. le Président.
Je suis heureux de voir le député de Labelle revenir en
Chambre, parce qu'il demande le quorum et il sort! M. le Président, j'en
étais à vous dire... M. le Président, si c'est important
pour les députés ministériels, le débat, il est
aussi important pour les députés de l'Opposition. Si les
députés ministériels se doivent d'être
présents minimalement, celui du côté de l'Opposition qui
demande le quorum devrait rester ici pendant qu'on le vérifie.
M. le Président, j'en étais à dire que ceux et
celles qui nous écoutent ont le droit de savoir comment nous
procédons, comme Assemblée nationale, pour vérifier les
crédits du Québec. D'abord, ce qu'il faut mentionner, c'est
qu'avant même que le président du Conseil du trésor ne
dépose son livre des crédits, un grand nombre de fonctionnaires
dans tout l'appareil gouvernemental se penchent sur les données, se
penchent sur les besoins qu'ils auront au cours de l'année suivante pour
mener à bien les différentes missions qui sont dévolues
à leur ministère ou à leur organisme, de sorte que, M. le
Président, plusieurs mois avant que le
président du Conseil du trésor ne dépose son
document, des gens dans la fonction publique s'y affairent, tant et si bien
qu'on peut dire que c'est une démarche qui ne se termine pratiquement
jamais puisque, alors que nous terminons l'étude des crédits de
l'année en cours, déjà des gens dans l'appareil
gouvernemental s'affairent à préparer les crédits de
l'année suivante.
Par conséquent, M. le Président, le président du
Conseil du trésor dépose, quelque part au mois d'avril, les
crédits budgétaires du gouvernement du Québec. Dès
lors, l'Assemblée nationale fait un débat pour accepter 25 % de
ces crédits-là. Pourquoi? Parce que le gouvernement du
Québec a besoin, pour opérer, dès le premier jour d'avril,
d'un certain nombre de dollars pour continuer l'opération de
l'État.
M. le Président, ce n'est pas parce que, le 3 avril, les
crédits complets et entiers du gouvernement du Québec ne sont pas
encore étudiés par l'Assemblée nationale que le
gouvernement n'a pas de chèques à faire, de sorte que nous
acceptons en bloc 25 % des crédits déposés pour permettre
au gouvernement de continuer à opérer, et nous procédons
ensuite à l'étude complète et détaillée du
manuel des crédits.
Vous comprendrez bien, M. le Président, que pour
décortiquer un tant soit peu toute la bible d'information de ce
cahier-là ? évidemment, il y a des annexes que je n'ai pas
apportées avec moi ? ça ne peut pas se faire au salon bleu.
Ça ne peut pas se faire au salon bleu, parce qu'il faut que ce soit
chacune des commissions parlementaires qui entre en jeu, à ce
moment-là, pour procéder à un examen approfondi des
budgets des différents ministères.
Donc, M. le Président, c'est important de vous donner un ordre de
grandeur de l'étude qui est effectuée en commission
parlementaire. M. le Président, l'Assemblée nationale a
procédé à 188 h 22 min d'étude des crédits.
On peut donc penser, et je vais vous donner quelques exemples, M. le
Président, que les députés des deux formations politiques,
mais à plus forte raison les députés de l'Opposition, ont
un nombre d'heures, un nombre de minutes assez considérable pour
demander au gouvernement de rendre des comptes, d'expliquer comment il entend
gérer le Québec au cours de la prochaine année
financière du gouvernement.
Je vous donnerai des exemples, M. le Président. À la
commission des affaires sociales, pour Santé et Services Sociaux, et la
Régie de l'assurance-maladie du Québec, nous avons discuté
de leurs crédits pendant 7 h 26 min, M. le Président; Agriculture
et Alimentation, 6 h 5 min. Et j'ai la liste de tous les ministères du
gouvernement qui ont mis un nombre considérable d'heures à
étudier leurs crédits. Sécurité publique, par
exemple: 5 heures. Industrie, Commerce et Technologie: 8 h 1 min.
Par conséquent, M. le Président, l'Opposition a tout le
loisir d'interroger le gouvernement sur la façon dont nous entendons
dépenser l'argent des contribuables au cours de la prochaine
année financière. Tant et plus, M. le Président, qu'il y a
une tradition en cette Cham- bre, qui fait que, pendant les débats sur
les crédits, il y a un préjugé favorable envers les
membres de l'Opposition qui, bien qu'ils soient en nombre inférieur,
comme membres d'une commission parlementaire, ont toujours la majorité
du temps, M. le Président, pour poser leurs questions.
M. Léonard: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui.
M. Léonard: Le député de Taschereau lit un
texte fort important. Je vous demanderais de vérifier le quorum.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Qu'on appelle les
députés! (17 h - 17 h 2)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, Mmes et MM. les
députés, nous reprenons les débats de l'Assemblée
avec l'intervention de M. le député de Taschereau.
Allez-y, M. le député.
M. Leclerc: Merci, M. le Président.
J'en étais à vous dire que l'étude des
crédits était une occasion privilégiée pour les
membres de cette Chambre, à plus forte raison pour les membres de
l'Opposition, pour faire leur travail de députés. Le volet,
notamment, de contrôle des dépenses publiques, c'est le volet le
plus important, l'occasion la plus importante de l'année puisqu'il
s'agit de 41 000 000 000 $ de dépenses publiques.
M. le Président, les gens qui nous écoutent peuvent se
demander: Comment l'Opposition peut-elle, dans ce contexte-là, faire son
travail? Comment les membres de l'Assemblée nationale peuvent-ils faire
leur travail? M. le Président, avant même que les commissions
parlementaires ne commencent à siéger, chacun des membres des
commissions parlementaires reçoit une pochette avec une foule de
documents qui lui permettent d'évaluer comment l'argent sera
dépensé dans le ministère ou l'organisme qu'il va
étudier. Tant et si bien que l'Opposition a loisir, dans les questions
préalables qu'elle demande au ministre, avant même de
siéger, de connaître un très grand nombre de faits, un
très grand nombre de données supplémentaires aux
données et aux chiffres qui sont officiellement publiés dans le
livre des crédits. Tant et si bien qu'au cours des années, M. le
Président, le volume de travail demandé pour préparer ces
documents-là, à la demande de l'Opposition et au
bénéfice de tous les parlementaires, est de plus en plus
important. Et il me semble qu'il faut rappeler, à ce moment-ci, à
l'Opposition que tout cela n'est pas gratuit, et il faut leur demander de ne
pas abuser de ce privilège, ce droit qu'ils ont, finalement, d'avoir de
l'information du gouvernement.
M. le Président, à partir de ces documents-là qui
leur sont remis, à partir du livre des crédits, l'Opposition
procède pendant plusieurs heures, de même que les
députés ministériels, à l'examen des crédits
des ministères. M. le Président, c'est de façon
très détaillée que l'on peut le faire. Et on n'a
qu'à feuilleter quelques secondes le cahier des crédits du
gouvernement pour voir combien c'est clairement indiqué, la
répartition des dépenses gouvernementales. De sorte que nous
avons d'abord un sommaire général des dépenses, qui
indique exactement combien sera dépensé au Québec: 41 000
000 000 $. Ensuite, nous avons des tableaux par mission, par domaine, par
secteur ? et voici, par exemple, la mission éducative et
culturelle, 10 000 000 000 $, etc. ? pour en arriver à des tableaux
extrêmement détaillés lorsqu'on arrive ministère par
ministère, alors que nous avons les dépenses par programme.
Prenons, par exemple, Agriculture, Pêcheries et Alimentation,
programme 4, Assurances agricoles, élément par
élément: Assurance-récolte, Assurance-stabilisation,
Gestion interne, Programmes nationaux tripartites, etc.
Par conséquent, M. le Président, les citoyens et
citoyennes du Québec peuvent prendre pour acquis que l'étude qui
est faite du budget des dépenses du Québec peut être faite
très sérieusement, parce que les parlementaires de cette Chambre
ont en main les outils pour bien faire leur travail.
Ceci dit, M. le Président, au-delà des outils qui nous
sont donnés, regardons les résultats. M. le Président, le
livre des crédits, c'est l'estimé des dépenses du
gouvernement. C'est un des éléments importants de la politique
budgétaire du gouvernement du Québec. Parce qu'il n'y a pas 56
façons de préparer le budget du Québec, qu'est-ce qu'on
peut faire, M. le Président? C'est un peu comme dans chacune des
familles au Québec. On peut emprunter davantage, on peut taxer
davantage, on peut dépenser plus, dépenser moins, mais on sait
qu'il y a une certaine unanimité au Québec autour des faits
suivants, qu'il nous faut cesser d'emprunter, il nous faut cesser de
dépenser aujourd'hui et de faire payer les générations
futures, il faut cesser d'emprunter au rythme où nous le faisons parce
que nous créons un service de dette tellement considérable que
chaque année une plus grande partie des taxes et des impôts sert
non pas à donner des services aux citoyens et aux citoyennes, mais
à payer des intérêts sur des services ou des biens qu'ils
ont déjà eus dans le passé.
Considérant, M. le Président, qu'il y a une certaine
unanimité là-dessus, considérant qu'il y a une
unanimité également au Québec pour dire que les
Québécois ne veulent plus être taxés davantage, eh
bien, M. le Président, les exercices comptables, c'est à partir
du livre des crédits qu'ils peuvent s'opérer. Pourquoi? Parce
que, à partir du moment où on ne veut plus emprunter davantage,
à partir du moment où on ne veut plus taxer davantage, la seule
façon d'équilibrer les dépenses publiques, c'est de
dépenser moins. Or, M. le Président, tout est là-dedans.
C'est en scrutant à la loupe comme gouvernement les dépenses que
nous entendons faire au cours de la prochaine année financière
que nous allons pouvoir balancer le budget du Québec.
M. le Président, quand on étudie 41 000 000 000 $, il faut
bien réaliser qu'il y a un certain nombre de dépenses qui sont
à peu près incompressibles. On donnait l'exemple, tout à
l'heure, de la dette. Tout le monde sait, M. le Président, que, à
partir du moment où vous avez un bon taux d'intérêt sur
votre dette, c'est à peu près incompressible. On ne peut se
dérober au fait de payer des intérêts de façon
régulière sur les emprunts du Québec, M. le
Président. On ne peut se dérober, non plus, lorsqu'il s'agit de
programmes ouverts, de programmes gouvernementaux ouverts, qui s'adressent
à l'ensemble de la population, et que l'on ne peut contingenter. Le plus
bel exemple, M. le Président, l'aide sociale. Quand un
Québécois ou une Québécoise est dans une situation
difficile, quand il ou elle a droit à l'aide sociale, le gouvernement ne
peut se demander: Est-ce qu'il me reste du budget? Non. Lorsqu'un
Québécois ou une Québécoise a droit à l'aide
sociale, il reçoit ou elle reçoit de l'aide sociale. Par
conséquent, c'est un budget ouvert, et ce n'est pas compressible non
plus, M. le Président, quel que soit le gouvernement. De la même
façon, les prêts et bourses. Lorsqu'un étudiant ou une
étudiante, au Québec, a droit aux prêts et bourses, c'est
un budget ouvert et, de façon automatique, cette personne-là peut
recevoir les bénéfices du programme. (17 h 10) par
conséquent, m. le président, lorsqu'on additionne à
ça qu'au-delà de 50 % des dépenses inscrites dans le livre
des crédits relèvent directement ou indirectement de l'aspect
salarial, que ce soit directement comme salaire ou indirectement comme
avantages sociaux, vous comprendrez, m. le président, que la marge de
manoeuvre de l'état n'est plus ce qu'elle était. et, m. le
président, ce qui est toujours intéressant lorsqu'on
étudie les crédits, et c'est quand même, pour certains
d'entre nous, notre huitième année, pour d'autres ? je
regarde mon collègue de marquette ? depuis encore plus longtemps,
c'est que nos amis de l'opposition, individuellement, en commission
parlementaire, reprochent aux différents ministres de ne pas
dépenser assez. on voit, dans toutes les commissions, des reproches, des
critiques de l'opposition sur nos crédits, disant: vous devriez
dépenser plus ici, plus là, ça n'a pas de bons sens de
couper ici, ça n'a pas de bon sens de couper là. et donc,
individuellement, commission par commission, ministère par
ministère, ils nous critiquent de ne pas dépenser assez. et
lorsque le député de labelle, puisque c'est, d'habitude, lui
à qui incombe ce travail-là, fait une critique globale des
budgets du québec, du budget des dépenses du québec, de
façon générale, et on va l'entendre encore ce soir, il
nous critique en
disant que nous avons perdu le contrôle sur les dépenses
publiques et que nous dépensons trop. Et je le vois, il me fait signe,
M. le Président, dans l'affirmative. Il nous dit que nous
dépensons trop et que nous avons perdu le contrôle sur les
dépenses publiques.
Et vous avez vu là, M. le Président, j'en suis
persuadé, un problème mathématique assez simple. Comment
pourrions-nous ne pas dépenser assez dans chacun des ministères
tout en dépensant trop dans l'ensemble gouvernemental? Comme si la somme
des dépenses des ministères ne donnait pas la somme de toutes les
dépenses du gouvernement. M. le Président, il y a une
contradiction manifeste de la part de l'Opposition, qui revient année
après année, M. le Président... Et je vous invite à
écouter attentivement la critique du député de Labelle
tout à l'heure, vous allez l'entendre, et on relèvera ensemble,
si vous voulez, les critiques des différents critiques sectoriels du
Parti québécois, qui, ministère par ministère, nous
reprochent de ne pas dépenser assez dans tel ministère, dans tel
service, dans tel programme de subvention ou dans telle clientèle.
M. le Président, on ne peut pas prêcher une chose et son
contraire. Et, du côté de l'Opposition, on ne peut pas en
même temps, dans les mêmes trois semaines qui sont dévolues
à l'Assemblée nationale pour étudier les crédits,
dire que le gouvernement dépense trop et dire, en même temps, que
le gouvernement ne dépense pas assez. M. le Président, il
faudrait que l'Opposition se mette au diapason. Ou elle nous dit de
façon unanime et claire que nous ne dépensons pas assez et elle
nous dit où prendre l'argent, ou elle nous dit de façon unanime
et claire que nous dépensons trop, mais au moins, M. le
Président, nous pourrions demander d'eux, exiger d'eux qu'ils nous
disent toujours la même chose.
Ceci dit, M. le Président, le livre des crédits est un
exercice qui a permis de résorber la croissance habituelle des
dépenses de l'État et de la ramener bien en deçà de
l'inflation, tout le monde en conviendra. Évidemment, dépendant
de qui commente cette situation-là, ou de qui étudie cette
situation-là, M. le Président, nous pouvons avoir toutes sortes
d'interprétations. Je vais vous citer, par exemple, un editorial du
journal Les Affaires, qui dit: «Compressions 1993-1994, ce n'est
pas assez.» Par contre, je peux vous citer La Presse, qui dit:
«Outragée par les compressions, la CEQ suspend sa
participation.»
Alors, M. le Président, tout ça pour vous dire que
dépendant de quel organisme ou de quel individu va se pencher sur le
livre des crédits, il est bien évident, clair, que tout le monde
ne peut pas y trouver son compte en même temps. Et l'exercice du
gouvernement, c'est d'arbitrer les besoins de la population pour tenir compte
des priorités, bien sûr, mais aussi de la capacité de payer
de ceux et celles qui, à tous les paliers de gouvernement, payent des
taxes, M. le Président. Mais ce qui est intéressant, c'est que
des observateurs, plus neutres ceux-là, se rendent compte que le
gouvernement a posé des gestes sensés.
Et je lisais M. Brunet, dans Le Nouvelliste, qui disait:
«Le gouvernement propose une fois de plus à ses employés de
s'associer à lui et à la population pour sortir ensemble
d'impasses. C'est un geste responsable en accord avec les faits. Les
sociétés ont perdu des milliards, ces dernières
années. Des emplois ont été perdus par centaines. Les
sources fiscales ont été taries au moment où des
dépenses comme l'aide sociale grimpent.
M. le Président, nous ne vivons pas sur une île. Nous ne
sommes pas seuls, M. le Président. Il y a un contexte mondial qui fait
en sorte que les rentrées fiscales du gouvernement ne sont plus ce
qu'elles étaient. C'est se comporter en gouvernement responsable que de
tenir compte de ce facteur.
Il y a un autre facteur, également, dont il faut tenir compte.
Comme nous vivons dans un ensemble nord-américain, dans une
économie qui se mondialise de plus en plus, on ne peut administrer une
province comme le Québec sans tenir compte des organismes
internationaux, souvent, qui donnent des cotes de crédit. Et tout le
monde sait, M. le Président, le coût d'une décote.
M. le Président, si le Québec, sur le marché
new-yorkais, par exemple, voit son indice de crédit être
diminué, être décoté, ça veut dire, à
chaque année, pour les Québécoises et les
Québécois, des millions de dollars supplémentaires en
frais d'intérêt. Et ça, c'est grave, parce que, si on paie
des millions supplémentaires en frais d'intérêt, parce
qu'un petit pourcent, M. le Président, ou 0,5 % d'intérêt
de plus, parce que le Québec aurait été
décoté, sur des milliards d'emprunt, bien, ça donne des
millions en intérêts, des dizaines de millions en
intérêts.
Et, si on paie des dizaines de millions de plus en
intérêts, compte tenu que le gouvernement ne peut plus aller
chercher plus d'argent dans les poches des contribuables, ça veut dire
concrètement des dizaines de millions de services en moins, M. le
Président. Et ça, c'est grave. Et ça, c'est grave parce
qu'on sait tous qu'il y a des besoins dans l'éducation, qu'il y a des
besoins dans les services de santé, qu'il y a des besoins dans le
réseau routier.
C'est donc important, et c'est ce que disait Le Devoir du
vendredi 19 mars, en titrant: «Des coupes pour garder la cote».
Oui, M. le Président, la cote de crédit du Québec, c'est
important. C'est important parce que toute décote se traduit
inmanquablement par une augmentation du taux d'intérêt que doit
payer le Québec sur les marchés étrangers et, par
conséquent, une augmentation de la part du budget de la province qui
sert à rembourser, chaque année, les intérêts sur
nos emprunts.
M. le Président, j'estime donc que, dans un contexte pas facile,
l'exercice auquel nous a convié le président du Conseil du
trésor a été un exercice qui a été bien
tenu, qui a permis aux députés des deux formations politiques,
pendant 188 h 22 min, d'interroger les
différents ministres, non seulement sur la gestion de leur
ministère, mais également sur la gestion des
sociétés d'État et des organismes dont ils ont la tutelle.
C'est un exercice annuel. C'est un exercice jamais facile, mais c'est un
exercice fondamental dans notre régime démocratique, dans notre
régime parlementaire. Et je suis heureux qu'il en soit ainsi.
Par conséquent, M. le Président, j'estime que nous avons
devant nous un exercice de dépôt des crédits qui est
logique, qui est responsable, dans les circonstances, et qui va permettre, je
crois, au ministre des Finances de présenter un budget...
Parce qu'il ne faut pas se le cacher, cet exercice d'étude des
crédits prépare, en quelque sorte, le budget du Québec qui
sera déposé très bientôt par le ministre des
Finances.
Et, en ayant des crédits responsables, raisonnables, avec un taux
d'augmentation inférieur à 1 %, il est évident que cela
facilite un petit peu la tâche du ministre des Finances lorsqu'il aura la
douloureuse responsabilité de prendre des décisions quant
à la taxation. On peut croire qu'avec ce livre des crédits les
Québécoises et les Québécois pourront, je
l'espère, respirer à l'aise, le soir du budget, de sorte que le
gouvernement n'aura pas, je l'espère, à imposer de nouvelles
taxes et de nouveaux impôts.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Taschereau. (17 h 20)
Je vais maintenant céder la parole à M. le
député de Drummond. Je vous rappelle, M. le député
de Drum-mond, tel que je l'ai indiqué tout à l'heure, que vous
avez droit, à titre de député indépendant, à
une intervention maximale de 10 minutes. Allez-y.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Je vous remercie, M. le Président. C'est
très peu, mais je vais essayer de l'utiliser au maximum.
M. le Président, d'entrée de jeu, je vous dirai que
j'avais une grande anxiété, une grande hâte à voir
le dépôt des crédits et à procéder à
l'étude détaillée, commission par commission, parce qu'on
se le rappellera, un soir de l'automne dernier, on avait dit que la
priorité des priorités était maintenant l'économie,
au Québec. Alors, comme je suis membre de la commission de
l'économie et du travail, M. le Président, je me suis dit: On va
avoir une commission qui va être mouvementée, qui va être
chargée. On va être à l'avant-garde, dans le premier
siège, pour voir tous les nouveaux programmes, au niveau de la
recherche, du développement, de la formation de la main-d'oeuvre, de la
capitalisation de l'entreprise. Alors, j'avais appréhendé une
étude des crédits, M. le Président, des plus
mouvementées.
Comme mon collègue l'a fait, d'ailleurs, tout à l'heure,
mon collègue de Taschereau, qui a campé ce que sont les
crédits et la manière dont on fait les crédits, ici, pour
ceux et celles qui ne connaissent pas notre jargon, je vais continuer dans la
même foulée, M. le Président, et vous dire que, lorsqu'on
fait les crédits, à l'Assemblée nationale, ici ? et
il est important de le réaliser ? pour la transcription des
débats, on assigne des priorités. Or, le salon bleu, ici, c'est
la première priorité, pour la transcription des débats,
pour nous donner les notes manuscrites. Le salon rouge est la deuxième
priorité, M. le Président; la salle Papineau, la
troisième; LaFontaine, la quatrième; et la salle 1.38 est la
cinquième.
C'est un secret de Polichinelle, M. le Président, lorsqu'on
demandera à chacun des parlementaires dans cette salle, des deux
côtés, comme en avant de moi, mes collègues du Parti
Égalité, on va vous dire que la salle 1.38, M. le
Président, c'est les catacombes de l'Assemblée nationale, parce
que, comme je viens de le mentionner, c'est toujours la dernière
commission où on va rendre les notes publiques.
Aussi, M. le Président, ce qui est bon de se rappeler, lorsqu'on
regarde l'étude des crédits, c'est que nos amis de la presse
vont, naturellement, surveiller le salon bleu, le salon rouge, Papineau,
LaFontaine et, s'il reste du temps, le 1.38. Or, ça m'avait
étonné, lorsqu'on a fait les premières commissions. Je me
suis dit: Coudon, on commence avec le Tourisme. Avec la RIO, il y a des
problèmes de toit, c'est peut-être pour ça qu'on nous
envoie dans les catacombes, M. le Président. Mais plus on
avançait, plus on réalisait qu'on était là.
Lorsqu'on est arrivés, après quatre ministères, M.
le Président, et que j'ai soulevé la question, en commission
parlementaire, au président, qui était le député de
LaFontaine, m'étonnant qu'on enfouisse la commission de
l'économie et du travail dans les catacombes de l'Assemblée
nationale, on vous en a imputé la responsabilité, M. le
Président. Une chance qu'on avait notre collègue de
Saint-Maurice, qui a eu l'honnêteté ? et je le
félicite ? de dire non. J'ai vérifié, M. le
Président, et c'est notre leader qui nous envoie à la salle
1.38.
Alors, M. le Président, au moment où je vous parle
aujourd'hui, je suis intervenu dans chacune de ces commissions-là. Je
n'ai même pas la transcription des débats, parce qu'on finit les
transcriptions du salon bleu, du salon rouge et de 1.38. Dans deux semaines,
probablement qu'on aura eu l'ensemble de l'étude des crédits.
Alors, M. le Président, je ne veux pas induire la Chambre en
erreur. La commission de l'économie et du travail s'est réunie
pendant 1815 minutes, au-delà de 30 heures. Sur les 30 heures, M. le
Président, les deux tiers de notre temps ont été
consacrés à la salle 1.38. Alors, je me suis interrogé et
je me suis dit: Si l'économie est tellement importante, si on a la
priorité des priorités, et qu'on se ramasse dans les catacombes
de l'Assemblée nationale, il doit y avoir une raison, M. le
Président. Alors, je me suis mis à regarder les cinq
ministères qui relèvent de la commission de l'économie
et du travail. On trouve: Industrie, Commerce et Technologie, Tourisme,
Travail, Forêts et Énergie et Ressources.
M. le Président, lorsqu'on regarde le budget de 1992-1993, comme
point de comparaison, les crédits de 1992-1993, on avait un grand total
de 1 196 000 000 $, et je vous fais grâce des poussières. Lorsque
je regarde les crédits qu'on a eus à étudier, budget
1993-1994 ? et je vous rappelle, M. le Président, qu'on est la
priorité des priorités au niveau de l'économie?j'ai
retrouvé 948 000 000 $ seulement, soit un manque, comparé
à 1992-1993, de 248 000 000 $. J'ai commencé à comprendre,
M. le Président, pourquoi on était dans les catacombes.
Vous allez me dire que le député de Drummond en met
peut-être un peu cet après-midi. On est à la fin d'une
semaine, qu'il est fatigué. M. le Président, j'ai
été estomaqué, de même que ma collègue de
Maisonneuve, lorsqu'on a fait les premiers crédits, qui étaient
ceux de l'Industrie et du Commerce. Lorsque le ministre de l'Industrie et du
Commerce nous est arrivé, dans les remarques préliminaires, quand
on sait qu'il est de tradition, où chacun des ministres fait le bilan de
l'année qui est écoulée, et nous donne une perspective
d'avenir. M. le Président, vous regarderez dans les galées, dans
deux semaines d'ici, lorsqu'on les aura, ce que le ministre de l'Industrie et
du Commerce nous a dit: Je n'ai aucun commentaire! Alors, je dois vous avouer,
M. le Président, que ça a été un choc. On a eu de
la difficulté, moi et ma collègue de Maisonneuve, à s'en
remettre.
M. le Président, on a regardé chacun des
ministères. On a essayé de dégager des perspectives, on a
essayé de comprendre. Mais, lorsqu'on a fait les crédits de
l'Industrie et du Commerce, j'ai rappelé au ministre de l'Industrie et
du Commerce qu'une des catastrophes, à l'heure actuelle, une chose qui
est en train de tuer l'initiative de nos jeunes entrepreneurs, de nos
entreprises, c'est la bureaucratie qui nous inondait. M. le Président,
j'ai déjà eu l'occasion de le faire ici, dans cette Chambre.
Lorsqu'on regarde au niveau de la législation, on se rappellera que,
dans les années soixante, c'étaient 264 pages; dans les
années soixante-dix, c'est 509 pages de législation qu'on a fait;
et, finalement ? je vous ferai grâce des années quatre-vingt
? dans les années quatre-vingt-dix, 1700 pages, M. le
Président.
Je me suis amusé à regarder ce que c'était, les
petits industriels de chez moi, les hommes et les femmes qui partent un
commerce comme on a tous dans chacun de nos comtés. Je me suis
étonné, j'ai été estomaqué, parce que
lorsque je me suis adressé au principal ministère, qui est le
ministère du Revenu, où on a à voir, aujourd'hui, avec la
TPS, la TVQ et nommez-les, toutes les licences, on a juste à regarder
les législations et les réglementations... M. le
Président, aujourd'hui, au moment où on se parle, il y a 4304
formulaires actifs au ministère du Revenu. C'est ça qu'on appelle
la bureaucratie. Il faut croire que je n'exagérais pas parce que le
ministre de l'Industrie et du Commerce m'a dit: Oui, M. le
député, vous avez raison, il va falloir atténuer.
M. le Président, je me suis étonné aussi, si on
fait la priorité des priorités, lorsque j'ai questionné le
ministre de l'Industrie et du Commerce. Où est-ce qu'elle est, la
véritable politique, maintenant, de couper toute cette paperasserie qui
fait qu'une petite entreprise passe des heures, aujourd'hui, et qu'elle a de la
difficulté à trouver du capital? On me dit: Oui, ça
viendra. On m'avait dit ça aux engagements financiers. Le ministre m'a
dit: Oui, c'est vrai, il va falloir faire quelque chose pour avoir une vraie
société de capital de risques.
Je pourrais les prendre ministère après ministère,
c'étaient les mêmes réponses. Lorsqu'on a fait le
ministère du Travail, j'ai dit au ministre que j'avais
énormément de sympathie, parce que, qu'est-ce que vous voulez, le
ministre, aujourd'hui, pour faire de la politique moderne, ça prend une
équipe, ça prend aussi un programme. Mais on s'aperçoit
que, aujourd'hui, au moment où on se parle, on a des difficultés
au niveau de la fonction publique. J'ai eu l'occasion de le rappeler lorsqu'on
a fait le 1er mai. Je l'ai rappelé à la commission parlementaire,
on a un système où on handicape le ministre de toute la fonction
publique, où il n'est même pas capable d'intervenir parce que
ça regarde un autre ministère. Aujourd'hui, M. le
Président, vous réalisez, vous, comme moi, qui venez d'un
comté aussi de région, l'importance de harnacher tout ce travail
de nos fonctionnaires avec l'entreprise privée, où on a besoin de
mettre ensemble tous nos outils et nos efforts pour être capable de faire
progresser, accélérer devant la mondialisation.
Il y a un autre domaine aussi. J'ai été participer
à la commission de l'aménagement et des équipements pour
regarder les crédits aussi du ministère des Transports. On se
rappellera que, le 2 décembre, on devait avoir une annonce ici qui nous
donnait la réorganisation du ministère des Transports. C'est avec
regret que j'ai à vous dire, cet après-midi... Lorsque j'ai
regardé les crédits du ministère des Transports, lorsque
j'ai regardé la réorganisation, lorsque j'ai interrogé le
ministre délégué aux Transports du pourquoi de la
cancellation de l'annonce du 2 décembre au soir, lorsqu'on a
demandé des questions, de comparer quelles étaient les
économies d'échelle au niveau des ressources humaines, au niveau
des budgets, au niveau de rapprocher les services, le 2 février versus
l'annonce, en catimini, le 8 avril, le jeudi saint, quelle était la
différence? Qu'est-ce qu'on va sauver, nous, ici, en tant que
parlementaires? Comme le député de Taschereau le disait, avec
justesse, on est dans une période où il faut sauver chacun de nos
sous pour être capable de donner l'excellence et le service, M. le
Président, et j'attends encore après les réponses. Mais
lorsque je regarde les cartes et les documents que j'ai, du 2 décembre,
ce qu'on était en train d'annoncer, qu'on a engagé une firme
d'experts-conseils pour faire des recommandations au gouvernement, et
lorsque je regarde l'annonce du 8 avril, bien, j'aurai l'occasion, le 21
mai, lorsqu'on aura l'interpellation, d'aller chercher les réponses.
Alors, comme vous voyez, dans le peu de temps qui m'est imparti, je suis
énormément déçu. Lorsqu'on fait la priorité
des priorités, lorsqu'on est transparent au niveau d'un gouvernement, on
ne va pas enfouir la commission de l'économie et du travail, dans
l'étude importante des crédits, dans les catacombes de
l'Assemblée nationale, mais on le fait au grand jour, dans le salon
rouge ou, tout au moins, M. le Président, dans la salle Papineau. Sur
ceci, je suis déçu, et j'espère que, lorsqu'on aura le
dépôt du budget, le ministre responsable du budget, le ministre
des Finances, apportera les correctifs nécessaires et recomblera les 248
000 000 $ de manque à gagner que nous retrouvons dans les crédits
des S ministères qui relèvent de la commission de
l'économie et du travail.
Je vous remercie, M. le Président.
M. Leclerc: M. le Président, en vertu de l'article
213...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Drummond.
Alors, en vertu de l'article 213, vous souhaitez poser une question
à M. le député de Drummond, si celui-ci consent.
M. St-Roch: Avec plaisir, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, allez-y. Une
courte question, une courte réponse.
M. Leclerc: M. le Président, je vous remercie.
Est-ce que le député de Drummond est au courant, dans les
remarques qu'il nous fait quant à la diminution des crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce, que l'an passé, de
façon exceptionnelle et non récurrente, il y a près de 75
000 000 $ de subventions qui ont été donnés à
Sidbec-Dosco et à la MIL Davie? Est-ce qu'il est au courant de ça
ou est-ce qu'il préférerait qu'on leur donne, à chaque
année, 75 000 000 $?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la question est
posée. Réponse, M. le député de Drummond. (17 h
30)
M. St-Roch: Oui, M. le Président, aussi
brève. Il y a 75 000 000 $, mais il y a beaucoup d'autres domaines
aussi, au niveau de la recherche et développement, où on ne
retrouve pas les mêmes crédits.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Drummond.
Alors, je suis prêt à reconnaître le prochain
intervenant, M. le député de Lotbinière. Je vous
écoute, M. le député de Lotbinière.
M. Lewis Camden
M. Camden: Je vous remercie, M. le Président.
M. le Président, nous arrivons au terme d'une étape
importante dans l'année parlementaire, soit la fin de l'étude des
crédits. Au cours du temps qui m'est imparti pour m'adresser à
mes collègues, j'aimerais faire valoir la singularité des
crédits qu'a présentés notre gouvernement cette
année.
Ceci, comme on l'a évoqué à plusieurs reprises et,
plus particulièrement, c'a été souligné par le
président du Conseil du trésor, réside dans le fait que le
gouvernement entend, au cours de l'année 1993-1994, dépenser
quelque 41 087 000 000 $. Et ça, si on le compare à
l'année 1992-1993, c'était 40 000 000 000$. Donc, l'augmentation
des dépenses de l'État est relativement faible. La hausse se
situe à 0,9 %, bref, 0,9 % par rapport à l'année
précédente. C'est une augmentation qui est relativement faible et
qui est, on doit le reconnaître, très nettement inférieure
à l'inflation, dont on prévoit qu'elle se situera autour de 2,5 %
en 1993.
On aura compris, M. le Président, qu'il s'agit d'un
réalignement majeur des dépenses...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
député de Lotbinière.
M. le député de Labelle.
M. Léonard: ...vérifier le quorum.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II y a quorum. Allez-y.
Continuez votre intervention, M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: Merci, M. le Président.
Alors, je disais donc qu'on aura compris qu'il s'agit d'un
réalignement majeur des dépenses publiques, puisque la hausse des
dépenses sera la plus faible des 20 dernières années, en
faisant exception, bien sûr, de l'année 1982-1983. Pourquoi un tel
réalignement des dépenses publiques? La réponse à
cette question est connue, pour l'essentiel, mais il n'est pas inutile de le
rappeler dans la mesure où il est très important de saisir
chacune des occasions qui nous est offerte pour faire comprendre à la
population la réalité extrêmement exigeante de nos finances
publiques.
En effet, il importe plus que toute autre chose de faire comprendre
à ceux et celles qui nous ont élus que le Québec est plus
que jamais à l'heure des choix en matière des finances publiques.
Nous sommes obligés de voir le contrat social qui existe entre le
gouvernement, d'une part, et la société, de l'autre part, et ce,
depuis trois décennies. Notre société, comme tant
d'autres, s'est donnée, au cours des décennies qui ont
précédé, des services publics dont le coût
dépasse sa capacité de payer, comme le prouvent les emprunts
énormes qu'il nous faut faire annuellement pour défrayer le
coût de ces services, et ce, malgré des impôts
relativement
élevés.
M. le Président, vous n'êtes pas sans savoir que les
progrès réalisés à la fin de la décennie
quatre-vingt ont pu laisser croire à certains qu'il serait possible de
préserver ce contrat social, mais la récession survenue en 1990
et la mutation industrielle que connaît actuellement notre
économie sont, comme vous le savez sans doute, venues modifier les
tendances à long terme des revenus et dépenses et, par la
même occasion, ont rendu inévitable la révision du contrat
social liant le gouvernement et la société en matière de
services publics.
En effet, si rien n'est fait pour corriger le déséquilibre
actuel entre les revenus et les dépenses, le déficit atteindra,
comme vous le savez sans doute, M. le Président, un niveau inacceptable
et intolérable. Il ne pourra être rectifié sans remettre en
cause les services de base que nous nous sommes donnés.
Ce contexte nous place donc devant la nécessité
d'opérer une réduction du déficit et de cesser d'emprunter
pour payer les dépenses courantes de façon à sortir le
plus rapidement possible du piège de l'endettement dans lequel nous nous
sommes enfermés petit à petit depuis une vingtaine
d'années.
Pour sortir, évidemment, de ce piège de l'endettement, il
n'y a pas d'autre voie que celle d'une croissance zéro des
dépenses publiques, dans la mesure, comme vous le savez, M. le
Président, où le fardeau fiscal des Québécois et
des Québécoises pèse déjà très lourd
sur leurs épaules.
L'État est donc aujourd'hui confronté au défi de
cesser d'augmenter ses dépenses, et éventuellement de les
diminuer afin que nous puissions un jour sortir du cercle vicieux de
l'endettement. Pourquoi en est-il ainsi? Pourquoi sommes-nous aujourd'hui
confrontés à une telle réalité? La réponse
est simple et complexe à la fois, M. le Président. Notre
économie n'a plus la force, en raison de la mutation industrielle que
nous connaissons, de supporter un appareil étatique aussi
considérable que celui que nous nous sommes donné au cours des 30
dernières années.
M. le Président, les difficultés que nous connaissons ne
sont pas seulement dues à la récession ? qui prive, comme
vous le savez, le gouvernement de revenus ? mais également à
une mutation industrielle profonde qui est loin d'être
négligeable. Elle est assez profonde et se traduit par le
déplacement de secteurs d'activité économique au profit
d'autres. On assiste, d'un côté, à la marginalisation des
secteurs d'activité économique tels que ceux liés aux
ressources naturelles au profit des secteurs d'activité dits de haute et
de grande connaissance telles les technologies de l'information, l'industrie
pharmaceutique, l'aéronautique et autres domaines dits de pointe.
À cet égard, M. le Président, notre
société, notre population se rend compte que la difficile
période que nous traversons n'est pas seulement le résultat d'une
simple récession mais également celui d'un changement profond
dans la nature de notre économie, et surtout des défis que posent
les transformations à ceux et celles qui désirent maintenir le
niveau de vie appréciable qu'ils ont connu au cours des dernières
décennies. Ces défis, ce sont évidemment ceux du passage
réussi vers une économie de valeur ajoutée.
En effet, M. le Président, il nous faut réussir ce
passage, cette entrée dans l'ère de la valeur ajoutée qui
dominera au moins la prochaine décennie en matière
économique. Si nous ne réussissons pas à relever ce
défi, notre société sera incapable de sortir du
piège de l'endettement dans lequel elle s'est enfermée depuis une
vingtaine d'années. Du même coup, M. le Président, elle
sera incapable de sortir de celui de l'appauvrissement progressif de notre
population, ce qui la guette dans la mesure où nous tarderons à
faire les choix qui s'imposent en matière de services publics. Oui, M.
le Président, c'est bien de cela qu'il s'agit. Nous sommes à
l'heure des choix en matière de services publics, des choix que nous
devrons faire et qui commanderont sans doute un repli sur des services de base
à la population, et donc l'élimination progressive de certains
services considérés comme non essentiels. M. le Président,
les crédits qu'a présentés notre gouvernement
reflètent cette situation inédite depuis la Révolution
tranquille.
Le temps avance, et il importe de conclure, M. le Président. Je
me propose de le faire en tentant de démontrer le bien-fondé de
l'orientation du gouvernement relativement à cette politique salariale.
Nous avons annoncé, évidemment, notre intention de
procéder à un gel de salaire dans les secteurs public et
parapublic. Cette option a été retenue avec beaucoup de
difficultés. Cependant, considérant les circonstances et le
contexte budgétaire, nous avons donc pris ces mesures, et,
évidemment, elles impliquent beaucoup de discipline de notre part et
sont également fort exigeantes.
Cependant, M. le Président, je crois que le bien-fondé de
la démarche du gouvernement se caractérise, d'une part, par une
démarche responsable vis-à-vis de ses employés, et surtout
vis-à-vis des contribuables qui, comme vous le savez, se trouvent
déjà suffisamment taxés. Le mérite et le
bien-fondé de l'orientation gouvernementale en cette matière
deviennent évidents. Et si l'on regarde ce qui se passe dans les autres
provinces canadiennes, et en particulier du côté de l'Ontario qui
se dirige vers un déficit record non enviable de 17 000 000 000 $, nous
ne souhaitons nullement, M. le Président, nous retrouver dans cette
même situation que nos voisins.
Dans mon esprit, M. le Président, en procédant comme nous
le faisons, nous assumons une gouverne responsable de la destinée des
Québécois et des Québécoises et, pour ma part, je
suis convaincu qu'il s'agit là d'une orientation éclairée
et clairvoyante, eu égard aux défis que notre
société aura à relever au cours de la prochaine
décennie.
Je vous remercie, M. le Président. (17 h 40)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je suis
prêt à entendre le prochain intervenant.
M. le député de Lévis, je vous écoute.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'entends les
députés qui disent que les gens sont fatigués d'être
taxés. Ça veut dire, au fond, que le message commence à
entrer, puisque depuis plusieurs années nous disons à
l'Assemblée nationale que les gens en ont soupe d'être
taxés alors que le gouvernement a augmenté les taxes
considérablement dans à peu près tous les domaines. Et
là je suis content de voir que le député de
Lotbinière commence à dire que les gens sont fatigués
d'être taxés, sauf qu'il aurait fallu que le message soit compris
il y a quelques années, avant qu'on ne les taxe urbi et orbi.
On les a taxés d'une façon incroyable: le permis de
conduire qui a triplé; les immatriculations qui ont plus que
triplé; des 30 $ qu'on charge aux automobilistes sur leur plaque
d'automobile pour un transport en commun qu'ils n'ont même pas, comme
à l'île d'Orléans ou dans plusieurs municipalités du
Québec puisque, sur les quelque 200 municipalités qui ont
été taxées, il y en a à peine 70 qui ont du
transport en commun.
Taxes! On a vu récemment que le ministre des Transports veut
réinstaller le péage sur les autoroutes. On a vu que l'essence,
qui était de 0,133 $ en 1985 est rendue à 0,194 $, alors qu'on
paie plus de taxes sur l'essence au litre que n'importe quel État
américain n'en paie au gallon. on a beau faire des discours pour dire
que les gens sont tannés d'être taxés, mais où
étaient-ils, ces députés, lorsqu'ils votaient toutes ces
taxes? je vais vous dire, m. le président, que je n'ai pas voté
pour une seule de ces taxes. j'ai voté contre toutes ces
taxes-là, m. le président. quand j'entends un
député libéral qui me dit: les gens sont fatigués
d'être taxés, il devrait dire mea culpa, mea culpa, mea maxima
culpa pour être bien compris du ministre des affaires municipales qui a
été le plus grand taxeux! il a passé des charges aux
municipalités quand il a eu les municipalités; il a passé
des charges aux commissions scolaires quand il a été en charge
des commissions scolaires, et il ne s'est même pas rendu compte, comme
ministre de l'éducation, que c'était le décrochage
à 40 %, que les cégeps ne marchaient pas, que les
universités... quand on a vu les arpenteurs-géomètres, 12
% seulement des finissants de l'université laval ont passé leurs
examens de la corporation; 88 % ont bloqué. je vais vous dire que, comme
clairvoyance, là, comme ministre de l'éducation, il ne voyait pas
loin devant lui. il ne voyait rien, m. le président; une taupe, une
taupe.
Les citoyens, on leur dit maintenant: II ne faut pas taxer, il faut
faire attention à nos budgets. Et, en même temps, on gaspille
à tour de bras! Les citoyens canadiens ont vu en première page du
journal, récemment, qu'ils avaient payé un voyage au premier
ministre du
Canada pour aller chasser, la nuit, le sanglier, en Russie; sans doute
au «spot» ? la nuit, c'est difficile de chasser un sanglier si
tu ne le vois pas ? alors que c'est interdit chez nous. Je vous dis qu'il
n'y a pas grand monde qui a été édifié.
Quand on voit, actuellement, des dépenses... Le
député de Drummond a commencé à faire allusion
à la réorganisation, qu'on appelle, du ministère des
Transports. Rappelez-vous, quand le gouvernement a loué un satellite
soviétique pour annoncer en grande pompe, au Grand Théâtre
de Québec, après avoir loué un satellite
soviétique, après avoir fait monter... Us voulaient faire
monter... je ne sais pas si c'est 1500 fonctionnaires au Grand
Théâtre de Québec; ils trouvaient la salle assez grande
? elle contient à peu près 1500 personnes ? pour leur
annoncer qu'ils claireraient 1250 employés occasionnels et 500
permanents. M. le Président, c'étaient des dépenses
somptuaires. Combien ça a coûté, canceller le satellite
soviétique? On me dit que ça aurait coûté quelque
chose autour de 200 000 $. Je ne le sais pas, on n'a pas eu le compte. On n'a
pas pu le savoir. Sauf que, pensez-vous que les gens sont
édifiés, au point de vue des dépenses gouvernementales,
quand on loue des satellites soviétiques dont on n'a même pas
besoin? Et, après ça, il faut payer pour le canceller parce qu'on
l'avait réservé. Quand on voit, au ministère des
Transports, qu'on ferme des bureaux dans une place et qu'on en ouvre dans
l'autre... Et on va déplacer les fonctionnaires, on va donner des
paiements pour les déménagements, on va faire toutes sortes
d'allocations de dépenses pour déménager des
fonctionnaires d'un bureau à l'autre alors que les bureaux
étaient là et on fait de la chaise musicale.
Les CL-215. Il y a une piste d'aéroport actuellement. Tous les
journaux nous ont indiqué que le gouvernement voulait déplacer la
piste dans le comté de Rober-val. Croyez-le ou non! On pourrait la
déplacer jusque dans le comté de Roberval, M. le
Président, alors qu'il y a déjà un aéroport. Ce
n'est pas gratis, des aéroports, M. le Président. Ce n'est pas
gratis, des aéroports. On a un aéroport, il est là, et
là on dit: On ne prendra plus celui-là, on va en faire un autre.
Là, on apprend, après ça, par les journaux, par
après, on apprend quoi, M. le Président? On apprend qu'on a
même truqué les cartes, qu'on a fait croire qu'il y avait telle et
telle distance alors qu'on s'est trompé ? je ne me souviens pas si
c'est 70 ou 90 kilomètres ? pour essayer de justifier un gaspillage
de fonds publics pour faire un aéroport, pour déplacer un
aéroport ? pour faire du patronage politique, disons le mot.
Comment ça se fait que les dépenses gouvernementales ne
sont pas bonnes quand c'est des salaires aux petits employés, qu'il faut
congédier les 1250 occasionnels du ministère des Transports? Et
ce n'est pas des gens qui gagnaient des salaires faramineux; tu travaillais
quelques mois par année. On les claire. Là, on économise.
Et quand on arrive dans les firmes d'ingénieurs, M. le Président,
là, l'économie n'est plus nécessaire. On a
passé des contrats de 30 000 000 $ à 93 000 000 $, M. le
Président. Là, l'argent ne manque pas. Évidemment, il faut
aller les collecter. Pour les collecter, il faut leur donner des contrats.
Là, l'économie, on n'entend plus parler de ça autant que
ça. Là, pour le gaspillage, l'argent, il y en a.
Quand on regarde les aéroports... L'aéroport des CL-215,
actuellement, il est là, je ne sais plus depuis combien d'années;
depuis qu'on a des avions qu'on utilise cet aéroport-là. En
période de récession, on dit: Non, on n'en a plus besoin, on va
en prendre un autre. Comme par hasard, c'est dans le comté de Roberval
où le ministre, député de Roberval, est en danger
électoral ? tout le monde le sait. Il dit: Si je faisais un petit
aéroport, peut-être bien que ça m'aiderait à me
faire élire. Comprenez-vous? Ça, c'est du gaspillage de fonds...
électoraux. Et, après ça, on dit: On va donner l'exemple.
Voyons donc, M. le Président!
Dans la région de Québec, regardons un autre dossier dans
la région de Québec. Incroyable: le centre d'ophtalmologie du
CHUL, on veut le déplacer. Il est au CHUL. Vous avez comme
administrateur au CHUL, imaginez-vous, le Dr Brunet, spécialiste de
l'administration hospitalière. À tel point ? je le sais, moi
? que les deux grands experts qu'on envoyait dans les hôpitaux pour
les remettre sur le piton, c'était le directeur général de
l'Hôtel-Dieu de Lévis puis le directeur général du
CHUL. On disait que c'étaient ceux qui contrôlaient le mieux leurs
coûts. J'ai vu, à l'Hôtel-Dieu de Lévis, ce que
ça nous a donné. On a été pénalisé
pour avoir envoyé un bon administrateur. Quand le gouvernement a
changé, on s'est rendu compte que ça ne nous avait pas
aidés, au contraire: on avait les plus petites augmentations de per diem
alors qu'on était considéré comme un hôpital
très bien administré. C'était notre directeur
général qu'on envoyait un peu partout au Québec, pour ceux
qui ne savaient pas s'administrer. Après ça, c'est nous autres
qui avons été les plus coupés dans le per diem. C'est
quoi, la rationalité, là-dedans?
Là, on nous dit quoi? On veut déplacer le centre
d'ophtalmologie du CHUL alors qu'il n'est pas assez grand. Il y a 400 personnes
sur la liste d'attente. Pourquoi? Parce que le ministre de la Santé,
député de Char-lesbourg, aimerait mieux le voir à
FEnfant-Jésus. Il va falloir défaire les bureaux, défaire
les installations et faire de la chaise musicale et envoyer ça à
l'Enfant-Jésus alors qu'on sait ? et tout le monde s'entend ?
qu'au point de vue de l'accessibilité il est mieux localisé au
CHUL que n'importe où ailleurs dans la région. On me dit que
c'est de l'économie, ça?
Où sont-ils, les députés, quand on parle de ces
économies-là? Ils ne sont plus là. Là, le
gouvernement peut y aller. Il n'y a pas de danger. Il y a de l'argent en masse.
Il n'y a pas besoin de compter, il en a, de l'argent, quand il s'agit de faire
des remue-ménage, des transferts de bureaux, des relocalisations de
bureaux, de fermer des bureaux, même s'il y a des pénalités
à payer, pour en louer d'autres. Voyons donc! M. le Président, on
ne peut pas parler des deux côtés de la bouche en même
temps. Ou bien on économise parce qu'on manque d'argent, ou bien on en a
en masse. Mais si on en a! On en manque.
Il me semble que, par exemple, dans la région de Québec,
pour le centre d'ophtalmologie, ce serait bien mieux d'agrandir celui qu'il y a
là, pas d'essayer de le déplacer. Pas essayer de faire venir un
tuteur, qui est supposé être tuteur, M. Desjardins, grand tuteur
de Montréal. Moi, j'ai dit: S'il est si bon tuteur que ça, je
l'enverrais tuteur au Stade olympique. Si c'est un gars qui est bon dans le
contrôle des coûts, là, je ne lui paierais pas de
dépenses pour venir à Québec, je ne lui paierais pas de
dépenses de séjour à Québec, je l'enverrais
à Montréal. Pas besoin de lui faire de séjour, pas besoin
de déplacement pour dire: Vous allez nous régler l'affaire du
Stade olympique. (17 h 50)
Là, c'est drôle, apparemment, ils vont avoir besoin d'un
toit nouveau, un toit fixe. On change toute la patente. On parle de 50 000 000
$. Il y en a qui disent, et ma collègue de Verchères va avoir des
surprises pour certains d'entre eux bientôt, parce qu'elle en parlait
avec moi ce midi, et il y en a qui disent que ça va coûter bien
plus cher que ça. C'est drôle, pour le toit du Stade olympique,
là, qui a entendu parler qu'on manquait d'argent? Il y a de l'argent en
masse, semble-t-il, pour le toit du Stade olympique. Mais quand arrivent les
citoyens, les gens qui ne gagnent pas cher, quand il s'agit de besoins de soins
de santé à la population, pour les besoins du centre
d'ophtalmologie du CHUL, là, on n'a plus d'argent, d'un coup sec. Le
gouvernement ne peut pas parler des deux côtés de la bouche en
même temps et penser que les gens vont le croire.
Et le résultat, bien, on voit de plus en plus des gens dans la
rue. On revient ? 1974, 1975, 1976 ? avec le même premier
ministre dont le secret est de mécontenter tout le monde. Pourquoi?
Parce qu'il n'est pas cohérent dans sa démarche. S'il veut
économiser, il dit: Pas de problème, on va économiser.
Mais, à ce moment-là, on va agrandir le centre d'ophtalmologie du
CHUL au lieu d'essayer de le déplacer. L'argent qu'on prendrait pour le
déplacer, agrandissons celui-là, de sorte qu'on n'aura plus
besoin d'envoyer le monde à Montréal pour se faire traiter. Ils
n'auront pas besoin de se déplacer, ils n'auront pas besoin de gaspiller
de l'argent, ils n'auront pas besoin de prendre des moyens de communication,
aller prendre des chambres d'hôtel ailleurs pour se faire soigner.
Ça, ça fait partie de l'économie. Ça fait partie de
l'économie, ça aussi.
Et ce qui me frappe, moi, quand le gouvernement nous parle, il y a deux
genres d'économies: il y a l'économie des petits et
l'économie des gros. L'économie des petits, c'est qu'ils en ont
trop, d'après le gouvernement, et l'économie des gros, c'est
qu'ils n'en ont pas assez; il faut leur en donner davantage. Je pense que le
gouvernement serait bien plus avisé s'il donnait l'exemple. S'il
arrêtait de louer des satellites soviétiques pour faire des
annonces où il va clairer 1250 occasionnels au ministère
des Transports, et après ça être obligé de le
canceller et payer des pénalités; arrêter de faire des
aéroports inutiles, plutôt utiliser ceux qu'il y a là et
agrandir ceux qui sont existants plutôt que d'en bâtir des neufs
plus loin alors qu'il y en a déjà un, et en payer deux par
après en frais d'opération, et qui vont être des charges
pour la population; arrêter de faire de la chaise musicale au
ministère des Transports comme on le fait actuellement.
Je vais vous en donner un autre: la Commission des transports. Au cours
de l'étude des crédits, on s'est rendu compte qu'on avait
nommé deux personnes à Québec, M. Mercier et un autre.
Mais, depuis qu'ils sont nommés à Québec, ils n'ont pas
siégé à Québec, ils ont toujours
siégé à Montréal. Alors, il faut leur payer des
frais de déplacement à Montréal et 150 $ par jour pour
rester à Montréal, alors qu'on les a nommés à
Québec. Et depuis qu'ils sont nommés, depuis un an, six mois, un
an, on leur paye des frais de séjour et de déplacement alors
qu'on les a nommés à Québec, et ils n'ont jamais
siégé à Québec. C'est quoi, l'affaire? On va nous
dire que c'est ça, de l'économie? C'est ça, de
l'économie?
Combien de sous-ministres, actuellement, qu'on nomme à
Québec et qui passent leur semaine à Montréal? Combien il
y en a? Quand on nous parle d'une capitale nationale, c'est quoi, une capitale
nationale aujourd'hui quand, dans les Affaires internationales, toute la
division de l'Asie, toute la division de l'Europe sauf la France, toute la
division de l'Afrique sauf l'Afrique du Nord est rendue à
Montréal? On nous dit qu'on est une capitale! Capitale paroissiale,
capitale paroissiale ou capitale de carton. Et, après ça, il faut
payer des déplacements. Les gens qui veulent s'adresser au gouvernement,
à ce moment-là, ou les fonctionnaires qui ont affaire doivent
aller les rencontrer ailleurs. Les sous-ministres sont de moins en moins
à Québec, vous le savez. C'est facile de s'en rendre compte, vous
n'avez qu'à appeler. Vous allez voir, on va vous dire qu'ils ne sont pas
là, ils sont ailleurs.
On voit encore des fonctionnaires tablettes. On a vu le cas de M.
Saint-Jean qui l'a été, quoi, trois ans et demi à
près de 100 000 $ par année. Lui, il voulait travailler, mais on
ne voulait pas l'affecter; on l'avait tassé. On n'a jamais nié sa
compétence parce que, si on avait nié sa compétence, on
l'aurait mis dehors. Qu'est-ce qu'on fait? On le laisse chez lui à ne
rien faire parce qu'il y a des vengeances ou il y a des chicanes. Plutôt
que d'affecter quelqu'un qui est compétent à du travail, on le
paye 100 000 $ par année et on dit: Reste chez vous. Puis on nous dit
qu'on économise? On nous dit qu'on économise, M. le
Président? Voyons donc, c'est du gaspillage!
Et du gaspillage comme ça, il y en a beaucoup au gouvernement. Ne
nous contons pas d'histoire, il y en a beaucoup, de ça, du gaspillage
comme ça, au gouvernement. Pourquoi? Parce que la main droite ignore ce
que fait la main gauche. On ne veut pas faire ces allocations de ressources
efficaces, et on multiplie...
Le meilleur exemple, c'est le ministère des Transports. Au
ministère des Transports, M. le Président, on a deux ministres.
On a enlevé la moitié des routes, plus que la moitié des
routes. Le ministère des Transports administrait 60 000
kilomètres de routes; maintenant, c'est baissé à 27 000
kilomètres de routes. On en a passé 33 000 aux
municipalités, et on garde deux ministres. Si on claire 33 000
kilomètres de routes qu'on donne aux municipalités,
peut-être qu'un ministre, ça suffirait. On dit qu'on va
décentraliser. Alors, pourquoi deux ministres des Transports, M. le
Président, alors qu'on a transféré aux
municipalités plus de la moitié des routes.
C'est ça qu'il faut regarder, M. le Président. Les gens
vont réaliser que le gouvernement est sérieux, quand il
n'arrivera pas des choses comme ça qu'on voit à tous les jours
dans les journaux. À tous les jours, on apprend des nouvelles de
gaspillage du gouvernement. Je ne fournis pas, moi, à rencontrer des
gens qui demandent de me rencontrer pour me donner des exemples de gaspillage.
Je ne fournis pas. Je le dis bien franchement, des appels
téléphoniques de part et d'autre pour donner des exemples de
gaspillage.
C'est ça qu'il faut changer. Il faut changer, au fond, de faire
une meilleure allocation des ressources. Puis, actuellement, les gens se
rendent compte... J'écoutais les nouvelles, tout à l'heure, les
nouvelles de l'heure du midi, puis je voyais des employés qui disaient:
Le gouvernement, s'il veut économiser, qu'il n'économise pas
toujours sur le dos des employés. Il y a d'autres façons, une
meilleure organisation administrative.
Je vais vous donner un exemple. À l'Agriculture, quand je suis
arrivé au ministère de l'Agriculture... je vais vous donner un
exemple. Pour administrer une piastre à l'assurance récolte,
savez-vous combien ça coûtait, en 1976, quand je suis
arrivé au gouvernement, M. le Président? 0,70 $ pour administrer
1 $. Quand je suis parti, ça coûtait 0,07 $, 0,07 $ pour
administrer 1 $. Quand je suis arrivé, en 1976, ça coûtait
0,70 $ pour administrer 1 $. Pourquoi? Parce que c'était du gaspillage,
de la mauvaise organisation administrative.
Regardons aujourd'hui à l'Éducation. Regardons. On taxe de
plus en plus les citoyens. On transfère des responsabilités aux
commissions scolaires, mais, en même temps, on a toujours 2300 personnes
à la tête du ministère de l'Éducation. Vous savez
qu'en Suède, M. le Président, pour 9 000 000 de population, au
lieu d'avoir 2300 fonctionnaires à la tête de leur
ministère, ils en ont 150. Et nous, qu'est-ce qu'on a? On ne peut pas
bouger au Québec sans demander la permission à quelqu'un dans
l'Éducation. Puis on dit qu'on n'a pas d'argent pour faire de
l'éducation. Mais, par ailleurs, on en a en masse pour faire de la
bureaucratie. Ne pensez-vous pas que ces gens-là seraient mieux
affectés à faire de l'éducation, justement, hein?
C'est ça, M. le Président, il faut faire une
réorga-
nisation administrative qui va rendre davantage efficaces les ressources
qu'on utilise actuellement. Et les citoyens sont mal pris face à
ça. Les fonctionnaires sont mal pris face à ça. Parce que
le cas de M. Saint-Jean n'est peut-être pas le seul cas.
Je vais vous donner un autre exemple de gaspillage, M. le
Président: M. Gilbert qui, lui, passe d'arbitrage en arbitrage. Il a
gagné toutes ses causes à date. Bien, le ministère, qui
est en arbitrage avec lui ou en procès avec lui depuis sept ans, on a
entendu dire qu'il irait en appel. Combien de temps quelqu'un doit gagner ses
procès pour ne pas être coupable? Ça aussi, c'est du
gaspillage, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, il manque encore une minute,
mais je vais terminer là-dessus...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ou presque.
M. Garon: ...en disant, essentiellement, ce que les gens veulent,
c'est que le gouvernement administre mieux l'argent, utilise mieux son
personnel. Et, pour ça, il va falloir arrêter tout le gaspillage
qui se fait dans le gouvernement, avec des mauvaises décisions qui sont
des décisions politiques beaucoup plus pour favoriser les gens qu'on
veut favoriser que de l'efficacité administrative, M. le
Président.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, merci, M. le
député de Lévis.
Il est 18 heures. Je suspends les travaux jusqu'à 20 heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 3)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Veuillez vous asseoir,
s'il vous plaît, MM. et Mmes les députés. Nous continuons
les travaux de l'Assemblée nationale. Nous sommes toujours à
débattre des différents rapports des commissions qui ont
étudié les crédits budgétaires pour l'année
financière 1993-1994. Étant donné qu'il s'agit d'un
débat restreint, il s'agit d'un débat d'une durée maximale
de deux heures. Je vous rappelle que le parti ministériel dispose encore
d'une période de 21 minutes, et l'Opposition officielle, de 36
minutes.
Je suis prêt à reconnaître le premier intervenant, M.
le député d'Iberville.
M. Yvon Lafrance M. Lafrance: Merci, M. le Président.
Il me fait plaisir, M. le Président, ce soir, de me joindre
à mes collègues, le député de Taschereau et le
député de Lotbinière, qui, cet après-midi, nous ont
entretenus sur ce débat touchant la question des crédits
budgétaires. Cette discussion, M. le Président, sur la motion
d'adoption des crédits nous donne une dernière chance d'aborder
une approche globale en matière de finances publiques
québécoises. Si je vous rappelle le titre d'un document, M. le
Président, que nous connaissons tous, c'est-à-dire «Vivre
selon nos moyens», cela nous ramènera nécessairement
à une série de questions et de remises en cause d'un ordre des
choses qui nous semblait établi en matière de finances publiques.
Cet état de fait a, d'ailleurs, été évoqué
pendant la commission parlementaire sur le financement des services publiques
québécois, laquelle commission parlementaire, comme nous le
savons, s'est tenue au cours du mois de février 1993.
En effet, donc, il y a quelques mois, une commission parlementaire s'est
déroulée en vue de déterminer les voies et les moyens pour
trouver des solutions réalistes et conformes aux réalités
budgétaires que nous connaissons, réalités
budgétaires et aussi économiques. Cette commission parlementaire
a permis à plusieurs intervenants, comme nous l'avons vu,
d'établir des diagnostics précis et d'aider notre gouvernement
à trouver ses voies et ses moyens de solution à cette question
très difficile.
Vous aurez également compris que l'adoption de ces
crédits, pour l'année 1993-1994, a nécessité de
très longues discussions à l'interne, au sein du gouvernement,
pour en arriver à un consensus le plus large possible ? quoiqu'il
est toujours difficile d'avoir l'unanimité ? afin de
privilégier des priorités qui n'altèrent en rien le mandat
confié à l'État québécois d'assurer des
services de qualité à notre population. Et je dis ceci, M. le
Président, ayant participé moi-même à deux
commissions parlementaires dont je suis membre, c'est-à-dire la
commission des institutions et, aussi, la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation.
Lorsqu'on parle, M. le Président, d'un budget qui dépasse
les 40 000 000 000 $, on doit également parler de rigueur
administrative, c'est-à-dire que les contribuables
québécois doivent avoir accès à des programmes de
qualité, mais le tout en conformité avec, il va de soi, leur
capacité de payer. C'est exactement ce à quoi s'attend,
d'ailleurs, la population. Elle nous a confié, à nous, les hommes
et les femmes de cette Assemblée nationale, le soin de les
représenter ici, et d'assurer une saine gestion des fonds publics, en
maximisant les ressources financières qui sont mises à notre
disposition. En retour, les administrateurs de l'État doivent faire face
à de nombreux défis, dont celui d'assurer une plus grande
responsabilité à l'égard de l'administration publique. Les
crédits, donc, pour la prochaine année financière,
dénotent également un souci d'assainissement des finances
publiques. Le gouvernement libéral a clairement laissé entendre,
depuis 1985, l'urgence d'un re-
dressement de nos finances ? et je redis ceci, l'urgence d'un
redressement de nos finances.
Le principe de base, M. le Président, est toujours le même:
il faut cesser de remettre les déficits accumulés sur le dos des
générations à venir. Certes, nous ne pouvons nous
débarrasser, aussi bien collectivement qu'individuellement, des dettes
accumulées au cours des années en un seul coup de baguette, mais
nous pouvons au moins en ralentir la croissance ? c'est ce que nous
faisons ? sinon en diminuer également le fardeau, afin que le
Québec retrouve cette marque de confiance qui l'a naguère
caractérisé.
De plus, M. le Président, il faut expliquer que l'actuelle
situation ne s'est pas développée de façon
spontanée. C'est le fruit de l'évolution, grosso modo, d'une
quarantaine d'années, d'une évolution récemment
fulgurante, une période pendant laquelle les Québécoises
et les Québécois se sont payé des services, en faisant en
sorte que soient instaurés des programmes accessibles et universels
? mentionnons celui de l'assurance-maladie ? ou encore, dans le
domaine économique, la création d'un certain nombre de
sociétés d'État qui ont contribué à rendre
le Québec plus dynamique que jamais, afin de faire face aux défis
de la concurrence et de la performance. D'ailleurs, n'eût
été l'intervention de l'État dans plusieurs secteurs
d'activité économique, plusieurs régions du Québec
se seraient retrouvées en difficulté. C'est grâce à
l'intervention de l'État québécois que nous avons pu
connaître ce développement aussi rapide et parfois aussi fulgurant
durant certaines années, ce qui nous a permis un rattrapage certain par
rapport à d'autres provinces canadiennes, en particulier, l'Ontario,
dans des domaines où nous accusions des retards importants.
Vous aurez compris que je fais allusion ici, par exemple, M. le
Président, au réseau d'autoroutes, lequel nous a permis
d'établir un système de communications de plus en plus moderne et
rapide à travers le Québec. La situation n'est pas
évidemment parfaite. Nous avons eu, d'ailleurs, ce matin même, une
importante réunion à ce sujet. Beaucoup reste à faire,
mais beaucoup, il faut le reconnaître, a été fait depuis
1985. (20 h 10)
M. le Président, le document, donc, intitulé «Les
finances publiques: vivre selon nos moyens» comporte une philosophie
d'ensemble qui doit se comprendre à la lumière de la
problématique des finances publiques totales du Québec. Comme je
viens de le dire, la société québécoise s'est
développée à un rythme fulgurant et s'est
caractérisée par une évolution rapide de ses
manières et aussi de ses comportements, spécialement,
récemment, en matière d'administration publique.
La société québécoise s'est offert des
services de qualité, il faut le reconnaître. Et je puis vous
affirmer, sans craindre de me tromper, que, généralement, je dis
bien généralement, les hommes et les femmes qui en administrent
les budgets le font avec compétence et rigueur administrative. Le
problème ne vient pas du fait que l'appareil étatique est
incompétent, généralement parlant. Il vient plutôt
du fait que notre capacité de payer n'est plus ce qu'elle était,
il y a 10, 15 ou 20 ans. C'est normal, M. le Président, parce que,
à cette époque, tout était à construire.
Aujourd'hui, nous devons consolider nos acquis. Nous devons procéder
à des altérations de nos infrastructures économiques,
sociales, culturelles et éducatives. Et il ne nous reste guère
d'argent, évidemment, du moins, pour les prochaines années
à venir.
M. le Président, la population est à même de
comprendre, je pense, ce problème fondamental, car c'est elle qui, en
bout de piste, paie les impôts et les taxes pour pouvoir assurer la
gestion continue de cette machine administrative. La population est
tolérante dans la mesure où elle a confiance et accepte de
confier ses ressources afin d'agir en son nom et d'administrer des programmes
avec soin. Mais cette population, M. le Président, devient, selon moi,
de plus en plus intolérante face à la dette. La population
réalise que la gestion des fonds publics est en difficulté. Elle
voit bien que la dette est énorme, que le déficit est toujours
trop élevé, mais a confiance en un gouvernement qui fait des
efforts extraordinaires présentement pour corriger la situation sans
créer des réactions incontrôlables. Le message du
gouvernement libéral est clair, M. le Président, il faut vivre
selon ses moyens. Et c'est exactement la voie que nous avons tracée
depuis 1985 et qui nous conduira aux prochaines élections, où
nous n'aurons pas honte, je pense, de dresser un bilan complet de l'état
des finances publiques du Québec. Et, dans ce sens, M. le
Président, j'attends avec impatience le prochain budget qui doit
être annoncé, comme on le sait, dans les prochains jours.
Mais, en même temps, M. le Président, nous devrons dresser
un bilan de la qualité de vie des citoyennes et des citoyens du
Québec. Nous pourrons leur dire que la plupart des programmes ont
été reconduits, sauf que certains ont subi des modifications,
soit parce qu'ils étaient inadéquats, soit parce qu'ils
étaient devenus trop coûteux, et que nous avons dû
procéder à des fusions, à des rationalisations ou des
regroupements d'organismes, tout ceci afin de minimiser les impacts et les
réactions incontrôlables, comme je l'ai dit un peu plus
tôt.
Lorsque le gouvernement libéral véhicule une nouvelle
philosophie, celle de la qualité totale, qui a été
l'objet, principalement, du discours du ministre de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie, M. Gérald Tremblay, nous ne faisons pas uniquement
référence à l'apport du secteur privé dans notre
économie; nous parlons aussi d'une administration publique plus moderne,
mieux gérée et mieux regroupée autour d'objectifs
précis à court terme, et aussi à moyen et à long
terme, qui devront tenir compte de cette capacité de payer des citoyens.
Récemment, vous vous souviendrez, M. le Président, qu'un groupe
de députés ministériels a étudié de
très près les programmes gouvernementaux et
formulé des recommandations précises pour une
rationalisation des dépenses publiques. Ce groupe, présidé
par le député de Chauveau, ici présent ce soir, en est
arrivé à la conclusion qu'il fallait procéder, à ce
stade-ci de notre évolution économique, à des fusions ou
des regroupements d'organismes, à la disparition de directions qui
n'étaient plus pleinement efficaces à la bonne marche de certains
ministères. D'autres solutions ont été mises de l'avant,
comme les privatisations, lesquelles ont déjà fait l'objet de
décisions et d'annonces du gouvernement. mais ce qu'il importe de
retenir, m. le président, c'est avant tout l'esprit qui anime le
gouvernement libéral dans cette gestion des fonds publics. nous sommes
persuadés, de ce côté-ci de la chambre, que la population
est prête à accepter certains sacrifices. et, à cet
égard, permettez-moi de rappeler les statistiques d'un récent
sondage à l'effet qu'au niveau national 91 % des canadiens partout au
canada ont dit que la situation financière de l'état canadien
était grave ou très grave. au québec, 85 % des citoyens et
citoyennes du québec ont dit également que la situation des
finances publiques était grave ou très grave. et 52 % de ces
citoyens-là, autant au québec qu'au canada, se sont dit
prêts à accepter la coupure de certains services de l'état.
alors, je pense, m. le président, que c'est révélateur,
ces sacrifices, dans la mesure où la population sentira que ceux et
celles qui administrent les ressources qui leur sont confiées sont
soucieux de maximiser les ressources disponibles pour des services, donc, de
qualité.
Oui, M. le Président, nous en sommes rendus à un point
où des remises en question sont devenues nécessaires. Oui, nous
en sommes rendus à un point où nous réalisons que des
sacrifices sont nécessaires par une participation plus grande des
citoyens et aussi du secteur privé. Oui, nous en sommes bien conscients
que le fardeau de la dette et du déficit ont atteint des points que nous
ne pourrons tolérer plus longtemps et, surtout, qu'il ne faut pas
transférer à des générations futures. M. le
Président, l'adoption des crédits pour l'année 1993-1994
est donc marquée au coin de la rigueur administrative.
Le président du Conseil du trésor a déjà
passé un message très clair sur cette volonté qui doit
naître de la fonction publique d'innover en matière de gestion des
affaires publiques. Nous devons collectivement et aussi individuellement
trouver des moyens de mieux administrer les fonds publics et surtout de
s'assurer que chaque dollar investi dans l'appareil d'État servira,
d'abord et avant tout, l'intérêt des contribuables
québécois. M. le Président, c'est un véritable
enjeu de société, car, en bout de piste, c'est chacun de nous qui
paiera la facture. Il en va de la qualité de vie de l'ensemble des
Québécoises et des Québécois. Et les crédits
1993-1994 reflètent cette volonté du gouvernement libéral
d'assurer des services de qualité dans toutes les régions du
Québec et dans tous les secteurs d'activité, qu'ils soient
économique, culturel, éducatif ou social.
Le gouvernement libéral, M. le Président, est
également bien conscient des nouvelles tendances qui se profilent dans
une société aussi moderne que la nôtre. Les besoins en
matière sociale ne sont plus ce qu'ils étaient il y a 15, 20 ou
30 ans. Les besoins en matière économique ont également
évolué vers une modernisation de notre infrastructure
industrielle. Les besoins éducatifs également sont marqués
par cette nécessité d'une meilleure formation de notre
main-d'oeuvre.
Voilà des défis considérables, M. le
Président. C'est là un vaste programme à accomplir pour
les années à venir, et nous y parviendrons dans la mesure
où, nous tous, on percevra cette volonté de se préparer
à l'aube des années 2000. Je vous remercie, M. le
Président. (20 h 20)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Iberville.
Je vais maintenant céder la parole à M. le
député de Labelle. Je vous rappelle, M. le député,
que votre formation dispose encore d'une période de 36 minutes.
Cependant, votre intervention ne peut dépasser 30 minutes.
Allez-y, M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Merci, M. le Président.
Nous en sommes au terme de cette opération d'étude des
crédits du gouvernement, qui ont été déposés
le 25 mars dernier. M. le Président, il y aurait beaucoup de choses
à dire. C'est plutôt le choix qui est difficile à faire
entre tout ce qu'il y a à dire par rapport à ces crédits.
Mais je devrais revenir d'abord sur une question de forme, et puis, par la
suite, sur le contenu.
Premièrement, sur des questions de forme, je voudrais faire
remarquer quand même que le responsable des crédits de
l'administration gouvernementale, qui est le président du Conseil du
trésor, n'est pas ici. Et, bien qu'il ne soit pas de coutume de noter
l'absence d'un député dans cette Chambre, il reste que, lorsqu'un
ministre présente un projet de loi aussi important que celui des
crédits, qui porte, en particulier, sur une somme de 41 000 000 000 $;
il m'apparaît essentiel qu'il aurait dû être ici au cours de
l'étude, de la conclusion de ce débat restreint portant sur
l'étude des crédits. D'autant plus que le gouvernement, devant
les problèmes économiques auxquels nous sommes acculés,
depuis cette récession qui date d'avril 1990, ce gouvernement, avant
Noël, avait décidé, disait-il, de s'occuper
d'économie, après avoir perdu son référendum.
Alors, on nous a annoncé, au début du mois de décembre, la
tenue d'une commission publique sur les finances de l'État, sur la
fiscalité et les finances de l'État.
Dès le départ, M. le Président, il y a eu des
ratés parce que le gouvernement avait promis la publication d'un
document, vers la fin décembre, début janvier, sur les finances
publiques, document qu'il n'a rendu public,
à toutes fins pratiques, que le jour de la date limite de
dépôt des mémoires de ceux qui voulaient se
présenter en commission parlementaire, le 19 janvier. Le jour
même, il a rendu public un document sur l'orientation des finances
publiques au cours des années subséquentes, alors que les
personnes qui avaient eu à rédiger un mémoire n'avaient
pas en main ces renseignements. Cela a coloré la tenue de la commission
sur les finances publiques parce que, à chaque fois que des groupes se
présentaient, ils soulignaient qu'ils n'avaient pas eu ce document en
main, parce que leur mémoire aurait pu être différent et
même l'aurait été très sûrement dans un
certain nombre de cas.
Je voudrais aussi souligner, M. le Président, comme je l'avais
fait au début de cette commission parlementaire, qu'elle s'est tenue
à la veille, pratiquement comme maintenant, du discours sur le budget,
qui pourrait être le dernier avant les prochaines élections
générales ? je dirais probablement le dernier avant les
prochaines élections générales ? et qu'elle s'est
tenue aussi à la veille de la reprise des négociations en vue de
renouveler les conventions collectives qui lient le gouvernement à ses
employés et qui viendront à échéance le 30 juin.
J'ai dit cela au tout début de la commission, au début du mois de
février, sans savoir exactement ce qui surviendrait au cours du
printemps, mais, quand même, en pensant qu'il y avait quelque relation
entre ces deux événements qui se produiraient et la tenue de
cette commission parlementaire.
Je l'ai donc qualifiée de vaste opération de
conditionnement politique. Nous avons pu, au cours de ces travaux, constater
qu'il se produisait là un dialogue de sourds, parce que le
président du Conseil du trésor, qui était, je dois le
dire, le principal acteur, parce que le ministre des Finances n'y a pas
toujours été ? nous avons appris, par la suite, qu'il avait
quelques problèmes de santé... Donc, revenons au président
du Conseil du trésor. Il ne cherchait qu'à trouver des coupures
à droite et à gauche. C'était son seul objectif, sans
plus. Il voulait des recettes pour essayer d'équilibrer son budget,
alors que ceux qui présentaient des mémoires voulaient apporter
des solutions beaucoup plus larges et, je dois dire aussi, beaucoup plus
durables aux problèmes qui nous confrontaient tous.
S'il y a eu un consensus, M. le Président, c'est sur la
gravité de la situation. Effectivement, les déficits du
gouvernement du Québec sont importants, majeurs. Ils se sont
accumulés au cours des dernières années, depuis huit ans.
Même avec un gouvernement qui prêchait l'équilibre
budgétaire, nous avons accumulé des déficits
considérables, et cela, même en période de
prospérité économique sans précédent, qui a
duré sept ans, de 1983-1984 jusqu'au printemps 1990. Sans
précédent! Pourtant, durant toutes ces années, nous avons
accumulé des déficits, sauf en 1989 où c'était
pratiquement l'équilibre. C'est le seul moment, mais on n'a jamais
racheté les déficits antérieurs. Problème majeur de
déséquilibre structurel dans les budgets du Québec, c'en
est un signe évident.
M. le Président, il est évident aussi que l'état
lamentable des finances fédérales ajoute encore davantage
à la gravité de la situation. Nous aurions voulu, lors de cette
commission parlementaire sur les finances publiques, aborder les impacts, les
conséquences des déficits fédéraux sur les finances
du Québec, et quelles étaient les perspectives aussi, à
terme, de ce qui découlait, de ce qui va découler
nécessairement de l'accumulation encore plus grave des déficits
fédéraux au cours des années dernières. Nous
n'avons pas pu aborder cette question ni celle de la politique
monétaire, mais je dirai davantage. Celle du déséquilibre
des finances fédérales, nous n'avons pas pu l'aborder, le
gouvernement refusant de l'aborder, même à travers des questions.
Parce que, sur cette question de forme, M. le Président, je dois
souligner que ce que l'on voulait tirer, c'était une espèce de
consensus sur la gravité de la situation. Gravité des
déficits, nous en sommes, mais, comme image, on voulait mettre tout le
monde dans le bain pour arriver à faire consensus sur la gravité
de la situation et à présenter par la suite des
éléments de solution dont nous aurions aimé discuter.
Mais, dans cette commission, M. le Président, tout ce que nous
avons eu, ça a été, évidemment, d'entendre les
intervenants qui ont présenté des mémoires. Très
bien. Il y en a eu de parfaits, il y en a eu de profonds, qui allaient au coeur
de la question, mais il n'y a jamais eu de réunion de travail pour la
préparer, cette commission, entre l'Opposition et le gouvernement, de
sorte qu'on s'est limité, en termes d'élus, à
présenter des notes d'ouverture ? d'une part, le gouvernement;
d'autre part, l'Opposition ? et ça a été tout ce que
nous avons connu comme débat. Tout le reste a consisté à
entendre les mémoires et les intervenants qui y venaient. Et il n'y a
pas eu de débat sur les conclusions de la commission parce qu'il n'y a
jamais eu de projet de conclusion de rédigé.
M. le Président, je mentionne ces faits parce qu'ils ont fait
l'objet d'une question de privilège à l'Assemblée. Parce
que la commission n'a pas produit autre chose qu'un procès-verbal des
délibérations, il n'y a pas eu, donc, de rapport, mais le
président du Conseil du trésor s'est permis, lui, de transmettre
un mémoire, un rapport qu'il intitule comme ceci: «J'ai le plaisir
de vous transmettre une copie du rapport sur les résultats de la
commission sur le financement des services publics.» Et je donnerai
quelques éléments: le rapport présente les principales
conclusions qui se dégagent de cette consultation; il est
constitué de trois parties; on rappelle le mandat de la commission, on
présente les résultats d'une analyse quantitative et, par la
suite, on y relève les principaux points qui en ressortent et les points
de convergence. (20 h 30)
M. le Président, il s'agit d'un rapport du gouvernement, mais
aussi, en même temps, partisan. Je ne nie pas le droit à un parti
politique de faire un rapport pour
présenter son point de vue, mais que cela soit fait de la part du
président du Conseil du trésor de façon à donner
l'impression qu'il s'agit du rapport de la commission et qu'il y a eu,
effectivement, débat à l'intérieur de la commission, qu'on
a établi des consensus comme des divergences, ceci est absolument faux.
Faux! Et il faut le dire. Et il faut voir là l'intérêt que
le président du Conseil du trésor avait à cette
commission, que j'avais qualifiée, dès le début de
février, de vaste opération de conditionnement politique.
Effectivement, nous en avons la preuve.
M. le Président, par exemple aux pages 18 et 19 de ce rapport, on
dit qu'il y a eu de nombreux points de convergence qui se sont
dégagés sur des sujets très importants, par exemple
concernant le déficit et la dette, concernant la fiscalité,
concernant la situation économique, où l'on dit, par exemple,
«pour certains, y compris les membres de la commission appartenant
à l'Opposition officielle ainsi que certaines associations syndicales,
la cause des problèmes des finances publiques doit être
attribuée au taux élevé de chômage». M. le
Président, je dénie à quiconque, même si c'est un
fonctionnaire chevronné, de parler au nom de l'Opposition officielle. Je
regrette. Je n'ai jamais signé ce rapport et, malgré tout le
respect que je peux devoir à ses auteurs, il n'est pas le rapport de la
commission parlementaire. Il ne représente en aucun cas le point de vue
de l'Opposition officielle. Mais cela indique bien l'intention qu'on avait
derrière la commission sur les finances publiques qu'on a
instituée.
M. le Président, donc, après cette commission au cours de
laquelle on n'a pas eu de délibérations pour tirer des
conclusions ? loin de là, elle s'est terminée avec la
comparution des derniers intervenants, point, sans aucune discussion sur aucune
espèce de recommandation ou même de divergence ? nous
attendions donc le dépôt des crédits. Nous l'avons eu, le
dépôt des crédits. J'ai dit, de façon
générale, que le président du Conseil du trésor
n'avait pas livré la marchandise, et je pense que cela est vrai. S'il y
avait un consensus, c'est bien celui qui portait sur la gravité de la
situation, sur la gravité de cette situation qui comportait
l'accumulation de déficits année après année, tant
au gouvernement du Québec qu'au gouvernement fédéral,
lesquels avaient aussi des impacts sur la situation économique ici, et
financière et budgétaire.
M. le Président, le président du Conseil du trésor
a présenté des crédits qui comportaient d'abord des
artifices comptables: 300 000 000 $ qui portaient sur les régimes de
retraite, qui n'étaient qu'un artifice comptable, une écriture
aux livres, sans plus. Le président du Conseil du trésor a aussi
utilisé un autre artifice comptable, de sorte que, dans ses livres, il
diminuait son déficit ou ses dépenses de 243 000 000 $ simplement
en finançant de façon un peu différente ou en calculant de
façon différente l'année financière des commissions
scolaires, sans que cela ne change rien, quoi que ce soit à la
subvention que le gouvernement versait aux commissions scolaires.
M. le Président, ce fut de la poudre aux yeux, et ce fut une
immense déception de la part de tous les observateurs financiers de
l'administration gouvernementale quant au dépôt de ces
crédits. Une déception, il faut le dire. Je pourrais citer des
éditoriaux, que j'ai déjà cités, d'ailleurs; c'est
pour ça que je ne voudrais pas les reprendre. Mais, qu'il s'agisse de M.
Robert Sansfaçon dans Le Devoir, de M. Alain Dubuc dans La Presse
et de Mme Martine Corriveau dans Le Soleil, M. le Président, tout
le monde a été déçu de ces crédits parce
que, devant les travaux de cette commission parlementaire, devant les efforts
que les intervenants de la société québécoise sont
venus démontrer en commission parlementaire, au fond, il y a eu une
frustration: c'est que le président du Conseil du trésor n'a pas
livré la marchandise. En fait, il a visé un point qui a
été celui du gel des salaires des fonctionnaires de la fonction
publique ou parapublique. C'est ça. C'était un point et,
effectivement, là, il y a quelque 500 000 000 $.
Et, M. le Président, cela nous ramène à une
première remarque que j'avais faite dès le départ: que
nous nous trouvions à la veille de la reprise des négociations.
On a donc proposé un gel de deux ans des salaires. À mon sens
? je le répète encore parce que je l'avais dit à
l'époque ? il s'agit d'un geste qui vise à
désolidariser la société québécoise. Oui. Un
geste facile, trop facile, beaucoup trop facile de geler tout le monde. Et je
vous en donnerai, des conséquences, M. le Président, parce que,
devant, par exemple, les centrales syndicales qui demandent la
réorganisation du travail, la seule chose qu'on a faite en faisant le
gel des salaires, c'est qu'on a pris une décision qui s'appliquait
généralement sans discernement. je voudrais vous
référer tout simplement au journal les affaires de cette
semaine qui publie une étude du centre de recherche et de statistiques
sur le marché du travail où l'on dit, où l'on titre:
«les employés du secteur public ont 12,5 % de plus que ceux du
privé». m. le président, cela peut être exact, mais
dans la réalité, lorsque le président du conseil du
trésor gèle les salaires, il le fait indistinctement. je voudrais
vous dire que, dans le tableau de la page 4 du journal les affaires de
cette semaine, lorsque l'on compare l'écart du public et du privé
et que l'on regarde chacune des fonctions, on trouve justement que ce sont les
personnes, les fonctionnaires qui gagnent peu qui vont être les plus
durement touchés par ce gel. exemple: les conducteurs de
véhicules légers, il y en a 211 au gouvernement; les conducteurs
de véhicules lourds, il y en a 317. leur salaire actuel est de 22 % plus
bas que ceux du privé. les véhicules lourds, 11% en bas du
privé. vous prenez les journaliers. alors, les journaliers,
sûrement un des salaires les plus bas dans la société; au
gouvernement, ils sont payés 21 % en bas du privé. et je peux en
citer un certain nombre. tous les mécaniciens, 10 %, 15 %, 11 %, 11 % en
bas du privé. les peintres, 18,8 %. les plombiers, 16,7 % en bas du
privé.
Le public paie les gagne-petit ou une bonne partie de ces gagne-petit
plus bas que le privé. Lorsque l'on gèle les salaires, M. le
Président, on va accentuer cette tendance. C'est là où je
dirais qu'il s'agit d'un gel bête et méchant parce que, justement,
on n'a rien modulé. Au lieu de prendre des décisions ad hoc de
négocier et de remonter, effectivement, ce n'est pas ce qu'on a fait; on
a gelé à la grandeur.
Je sais qu'en face on va nous rappeler certains événements
de 1982. Je dirai que ceux qui gagnaient en bas de 18 000 $, à
l'époque, n'étaient pas touchés. Et ceux qui gagnaient
entre 18 000 $ et 35 000 $ n'avaient que la moitié de la coupure, et ce
n'est qu'en haut de 35 000 $, à l'époque, qu'ils étaient
complètement touchés, et pour 4,5 % du salaire seulement.
M. le Président, au lieu de prendre des décisions qui
touchaient à la réorganisation de l'État, on a pris
simplement une décision facile qui a été le gel, point. On
n'a pas, justement, recentré l'action de l'État, comme l'avait
promis ou comme l'avait suggéré le président du Conseil du
trésor. C'est là où le bât blesse parce que c'est
là où il y a beaucoup d'argent. (20 h 40)
Je voudrais, dans les 10 dernières minutes qui restent, M. le
Président, amener un certain nombre d'éléments parce que
c'est vrai que la situation est grave, mais il y a beaucoup de choses à
faire. Juste au plan de l'État, de la fonction publique, je rappellerai
que le Vérificateur général du Québec a
commencé une étude de la gestion des ressources humaines au
gouvernement du Québec, qu'il terminera l'an prochain. Mais la
première moitié de son travail a déjà
été publiée, déposée ici, en cette Chambre,
et les constatations ne sont pas à l'avantage du président du
Conseil du trésor et de l'administration publique ici, au Québec.
Et qu'on n'accuse pas le passé. Ça fera huit ans que ce
gouvernement est au pouvoir; cela fera huit ans.
Qu'est-ce que dit le Vérificateur général?
«Il y a peu de planification structurée de la main-d'oeuvre dans
les ministères et organismes»; c'est écrit, page 21 de son
rapport. «Le processus de dotation en matière d'emplois
occasionnels nous apparaît non efficient et non économique,
principalement à cause de la multiplication des fichiers de candidats
dans la fonction publique.» Or, on sait que le président du
Conseil du trésor vient de régler en partie la question. Tout
simplement, il ne les réengage pas, pour une grande partie d'entre eux;
1200 juste au ministère des Transports. Oui, M. le Président,
ceux-là sont vite touchés. Us gagnent peu, mais on les touche
d'abord. «De plus, dit-on, certaines pratiques administratives sont
même inquiétantes sur les plans de l'équité, de
l'impartialité et de la transparence des gestes posés dans la
dotation des emplois occasionnels.» Ce sont des constatations du
Vérificateur général. «Douloureuse épine au
pied du fait que plus de 60 % des emplois comblés le sont par des gens
qui ont déjà une expérience dans la fonction publique. Le
gouvernement a instauré une infrastructure administrative qui favorise
la concertation de différents intervenants, mais, en ce qui concerne la
réalisation concrète de ses orientations, le partage et la mise
en commun des ressources manquent de cohérence.» Et tout le reste
est à l'avenant. En réalité, il y a de grandes
déclarations, mais la réalité ne suit pas. Dans la
réalité, il n'y a rien qui se passe. «La reddition de
comptes des gestionnaires sur la composante la plus imposante de l'appareil
gouvernemental, soit la ressource humaine, est à toutes fins utiles
inexistante.» Page 22 du rapport. Cela veut dire que les gestionnaires ne
rendent pas compte de la gestion des ressources humaines.
M. le Président, je tenais à dire cela, parce que c'est
fondamental. C'est une décision facile de geler les salaires, mais, si
on ne réorganise pas l'État, il n'y a rien qui va se passer, il
n'y aura pas de conséquences au bout de la ligne, et le gaspillage que
mon collègue de Lévis a dénoncé ce soir, vers 17 h
45 ou 18 heures, va continuer. M. le Président, le président du
Conseil du trésor n'a pas livré la marchandise. Il n'a pas, comme
il avait dit qu'il le ferait, recentré l'action de l'État, loin
de là. Non, il ne l'a pas fait. Et, surtout, on ne s'est pas posé
des questions fondamentales sur les ressources de l'État, sur la
façon de les utiliser, sur l'impact de l'environnement même de
l'État. Aucune discussion là-dessus.
M. le Président, je pense que, quant à nous, nous sommes
d'accord qu'il ne doit pas y avoir d'augmentation du fardeau fiscal durant les
prochaines années. Oui, quant à moi, je suis aussi d'accord avec
cet énoncé. Mais cela ne veut pas dire qu'on ne doit pas se poser
des questions sur les abris fiscaux. Non, cela ne veut pas dire qu'on doit
laisser faire la contrebande comme elle se fait présentement,
spécialement dans le domaine du tabac, de l'essence, des alcools. Cela
ne veut pas dire qu'on doit laisser continuer l'évasion fiscale qui se
fait en ce qui concerne la perception des taxes, taxes de vente, TPS. Il faut
que, selon le principe de l'équité, chacun paye les taxes qu'il
doit à l'État. Et je pense que, si l'on ne faisait que ce bout de
chemin, déjà les ressources de l'État augmenteraient de
façon significative.
M. le Président, on est venu aussi nous parler du travail au
noir, qui est une forme, aussi, d'évasion fiscale considérable.
Je pense que, là aussi, sans toucher au fardeau fiscal
général, juridique, technique que nous connaissons, les
rentrées de l'État peuvent augmenter. Je rappellerai, pour simple
mémoire, qu'au cours de la dernière année le
déficit fédéral, qui devait être de 27 500 000 000
$, a été de 34 500 000 000 $, 7 000 000 000 $ de plus. Et la
principale composante de l'augmentation de ce déficit, ce sont les
ressources qui ne sont pas rentrées, les impôts et les taxes qui
ne sont pas rentrés. M. le Président, sans augmenter le fardeau
fiscal, il faut avoir le courage de régler les questions
d'évasion fiscale, d'abris fiscaux, etc.
M. le Président, il faut aussi, sur le plan des
dépenses, puisque c'est cela surtout qui nous concerne ici,
réorganiser l'État. Il y a des dédoublements, des
chevauchements à l'intérieur même de l'appareil
québécois, à l'heure actuelle. Il y en a de
considérables. Tout le monde connaît l'exemple typique des deux
ministres des Transports alors que plus de la moitié du réseau
routier a été transférée aux municipalités.
Majeur, mais c'est un exemple de ce qui se passe là aux Transports.
Prenons chacun des ministères, chacun des organismes d'État, il y
a des questions à se poser là-dessus, ce qui n'a pas
été fait au moment où nous nous parlons. Non, ça ne
se fait pas.
M. le Président, il y a aussi des chevauchements et
dédoublements entre l'appareil gouvernemental et les réseaux
parapublics ? pour ne pas parler du péripu-blic ? entre le
ministère de l'Éducation et les réseaux des commissions
scolaires, des universités et des cégeps, entre le
ministère de la Santé et des Services sociaux et les
réseaux des hôpitaux, des CLSC, des centres d'accueil. Prenez tous
les organismes du système de la santé et des services sociaux au
Québec. Il y a aussi duplication entre les responsabilités
municipales très identifiées au plan local et beaucoup de
responsabilités qui sont exercées ici au niveau de l'État.
Déboublements, chevauchements.
M. le Président, en mentionnant tout cela, les citoyens sont
conscients que cela existe. Et je n'ai pas encore parlé des
chevauchements et dédoublements entre le fédéral et le
Québec, qui sont considérables, qui sont la source
d'inefficacité majeure. La commission Bélan-ger-Campeau a
estimé que, sur le budget 1990, ces dédoublements et
chevauchements pouvaient être d'au moins 2000000000$, 3000000000$, sans
compter l'inefficacité dans l'action gouvernementale. Aucune question
là-dessus. Et, M. le Président, aucune question, aucune
discussion et rien dans ces crédits qui évoque quoi que ce soit
en ce qui concerne le service de la dette que l'on considère comme
intouchable, inattaquable. Or, M. le Président, le taux
d'intérêt réel fait problème, pose des questions
à ceux qui regardent la scène économique et
budgétaire de l'administration publique, parce que c'est une charge
considérable et que ce taux d'intérêt réel est
très largement supérieur à tous les autres pays du G 7,
à tous les autres pays de l'OCDE. Et ceci est une cause du
déséquilibre des finances publiques, ici au Québec comme
au fédéral, puisque nous en subissons les
conséquences.
M. le Président, je pense que la constatation
générale des commentateurs en a été une de
déception devant le peu d'ampleur et le fait, surtout, que, finalement,
le président du Conseil du trésor s'en soit pris uniquement
à ses employés. Et j'espère que ce gouvernement, qui s'en
va en élection bientôt, ne fera pas comme M. Clyde Wells qui veut
gagner ses élections sur le dos de ses fonctionnaires, parce que ce
serait une mauvaise solution en ce qui concerne l'État
québécois. Je vous remercie, M. le Président. (20 h
50)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle.
Je vous rappelle, M. le député de Labelle, qu'il reste
à votre formation exactement six minutes.
M. le député de Saguenay, vous pouvez intervenir pour cinq
minutes. C'est ce qui reste comme temps à votre formation. Allez-y, M.
le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Je me suis
infligé le sacrifice d'entendre les deux porte-parole de l'Opposition en
matière de fiscalité, cet après-midi et ce soir, et je ne
peux m'empêcher, dans un premier temps, de qualifier ces gens-là
d'urubus politiques, M. le Président. Ceux qui ont fait leurs
humanités, au classique, vont s'en rappeler.
M. le Président, il faut avoir un certain culot et,
d'emblée, mes collègues et moi allons constater une chose, c'est
que les critiques financiers du Parti québécois sont en faillite.
Lorsqu'on a le député de Lévis et le député
de Labelle pour critiquer un gouvernement sur le plan financier, dans ses
crédits, c'est qu'on vient de s'apercevoir que, malgré leurs
titres de comptable agréable et d'économiste de basse-cour, M. le
Président, ces gens-là ont manqué le train. Quel culot de
venir à l'Assemblée nationale, particulièrement le
député de Labelle, M. le Président ? et j'en profite
pour lui rappeler certaines choses: son vécu ? qui vient nous
reprocher de geler certains fonctionnaires, alors que les travailleurs et les
travailleuses du secteur privé doivent se serrer la ceinture à
double trou et que lui-même a voté en cette Chambre ? et je
m'en rappelle fort bien, M. le Président ? de son siège, des
deux mains... Et je lui ferai relire ses discours lorsqu'il a coupé
lui-même les fonctionnaires de 20 %. Quelle hypocrisie, M. le
Président! Quelle lâcheté de venir en Chambre, ici,
aujourd'hui, et de reprocher à un gouvernement de ne pas partager avec
l'ensemble des citoyens et des citoyennes la crise économique! Il faut
avoir un certain culot, M. le Président, et c'est inadmissible de mentir
à la population comme ça, M. le Président. C'est
inacceptable, pour un parlementaire, d'agir de cette façon.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Saguenay, je vous demande de retirer la dernière
phrase que vous venez d'utiliser.
M. Maltais: Avec plaisir, M. le Président: de tromper la
population comme ça. C'est inacceptable, pour un parlementaire qui a mis
la main sur l'Évangile, de venir ici, à l'Assemblée
nationale, et de conter ce qui est contraire à la vérité,
M. le Président. C'est inacceptable, pour quelqu'un qui se targue
d'être un professeur d'université en économie.
J'appellerais ça un comptable agréable, dans son cas. M. le
Président, il doit avoir enseigné la nuit seulement. Heureusement
qu'il a les coupures de presse, qu'il a la revue de presse, parce
qu'il n'aurait pas été capable de faire un discours.
Vivre selon nos moyens, M. le député de Labelle, c'est
vivre avec l'argent qu'on a dans nos poches, pas emprunter sur l'avenir de nos
enfants. Vous qui avez le père de l'endettement public comme chef de
parti, vous avez le culot de venir nous faire la leçon, ici? Vous vous
trompez d'adresse. M. le Président, le député de Labelle
se trompe d'endroit, et j'ai hâte à la prochaine campagne
électorale. J'ai hâte de démasquer ces gens qu'on appelle,
particulièrement chez nous, des «black birds», des oiseaux
de malheur, qui annoncent des cataclysmes ? les lucioles de sphinx, qu'on
appelle par chez nous, également ? alors qu'il n'en existe pas.
Vivre selon nos moyens, c'est vivre avec ce qu'on a dans nos poches.
Lorsque le président du Conseil du trésor et le ministre des
Finances ont émis le document, la population du Québec a compris.
Lorsque vous pensez que des gens qui gagnent 50 000 $ par année, on doit
les comparer à ceux et celles qui gagnent le salaire minimum, qui ne
sont pas assurés d'avoir du travail de lundi en lundi, vous allez faire
pleurer qui? Les riches, les bien nantis, des gens comme vous. Vous ne ferez
pas pleurer un gars du peuple, par exemple, M. le Président. Ce n'est
pas de même que ça marche au Québec. Lorsque l'assiette de
gâteau est de plus en plus petite, on doit la partager selon le nombre
d'enfants, M. le Président. L'ensemble du travail que fait le Conseil du
trésor dans ses crédits, c'est de partager équitable-ment,
entre les 7 000 000 de Québécois et Québécoises,
l'assiette qui reste. Tant et aussi longtemps que vous n'aurez pas compris
ça, vous n'aurez pas d'affaire en politique, M. le député
de Labelle. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le
député de Saguenay, je... Alors, il reste encore à la
formation de l'Opposition officielle une période de six minutes. Si vous
n'utilisez pas les six minutes, je l'offre aux ministériels. Vous
pouvez...
Une voix: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...continuer votre
intervention. Étant donné que vous n'utilisez pas les six
minutes, ce qui vous est encore possible, M. le député de
Labelle, c'est le parti d'en face qui peut les utiliser.
M. Maltais: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, M. le
député de Saguenay, vous pouvez continuer pour six minutes
encore.
M. Maltais: M. le Président, ça indique exactement
ce que j'avais dit dans mon argumentation, c'est qu'ils n'en ont pas,
d'argumentation. Lorsqu'on n'a pas le courage de se lever en cette Chambre et
de prendre le temps qui nous est alloué, c'est qu'on est pauvre en
idées. Parce que ce n'est pas facile de défendre sur la place
publique ce qu'ils avancent en Chambre, ici. D'aller défendre, M. le
Président, quelqu'un qui gagne 50 000 $ et qui est gelé pour un
an, deux ans, contre quelqu'un qui en gagne 14 000 $ sans savoir si du lundi au
lundi il aura un emploi, ce n'est pas défendable sur la place publique.
Ils peuvent le faire ici, à l'Assemblée nationale, parce que les
manifestants ne peuvent pas entrer d'une porte à l'autre. Mais venez
donc le défendre dans le trafic! Venez donc le défendre dans le
trafic!
Quand on a entendu des choses aussi ridicules que le
député d'Abitibi-Ouest, M. le Président! On a
étudié tous les crédits du ministère des
Transports; il n'a pas assisté deux secondes ? deux secondes ?
aux huit heures qui étaient allouées aux crédits des
Transports et il est venu voter contre. Il était gêné. Je
lui ai dit: M. le député d'Abitibi, ça n'a pas de bon
sens! Vous n'avez pas assisté et vous votez contre. Oui, il a dit, par
solidarité. Mais il était gêné; il se cachait un peu
en dessous de la table. Et il pose des questions au ministre des Transports
pendant la période de questions. Je voudrais bien m'appeler le ministre
des Transports, moi. Je vous jure une chose, il n'en poserait pas deux. Il n'en
poserait pas deux. Quand on n'a pas plus de courage que ça...
Le député de Lévis n'endure personne en commission
parlementaire, de son parti, avec lui. C'est connu. Il n'y a personne qui veut
y aller avec lui parce qu'il n'est pas gardable. C'est connu. Mais, M. le
Président, quand on vient voter contre une chose qu'on n'a pas
étudiée, qu'on pose des questions, comment voulez-vous qu'on vous
prenne au sérieux? Comment voulez-vous qu'on vous prenne au
sérieux? Vous avez beau parler pendant des heures et des heures à
l'Assemblée nationale, M. le député de Labelle, il n'y a
personne qui vous prendra au sérieux. Tous les critiques du Parti
québécois ont demandé à chacun des
ministères de dépenser plus d'argent. Vous, vous arrivez ici:
Pourquoi ils dépensent plus d'argent? Pourquoi vous devriez
dépenser plus d'argent? Vous devriez couper. Mais, mon Dieu, faites-vous
un caucus, ayez une unanimité quelque part! Parlez-vous! Vous ne vous
parlez pas. Le député de Lévis ne vous parle pas, le
député de Lévis ne parle pas à sa voisine la
députée, parce qu'elle demandait des crédits additionnels
au ministère de l'Environnement et on était juste rendu à
une heure d'étude. Elle ne savait même pas ce qu'il y avait dans
les 14 pages suivantes et elle demandait des crédits additionnels. Ce
n'est pas de même qu'on fonctionne au Québec. Il faut être
plus sérieux que ça. Quand on se concerte, on est capable de
faire un travail d'opposition. La seule chose pour laquelle votre nom va rester
marqué dans l'Assemblée nationale, c'est la fusion de
Baie-Comeau?Hauterive. Et je vous jure... J'aimerais donc ça. Vous
devriez venir faire un petit tour chez nous. On aurait encore des choses
à vous dire. Vos promesses que vous avez laissées en blanc...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adressez-vous à la
présidence.
M. Maltais: M. le Président, avec plaisir. D'ailleurs,
vous avez un visage beaucoup plus reposant. Mais, M. le Président, le
député de Labelle ? parce qu'à une commission
parlementaire, avant les fêtes j'avais malheureusement eu la maladie du
député de Lévis, j'avais perdu la voix ? je lui avais
dit: Un jour, je te reverrai. Le jour est arrivé, mon cher ami.
Lorsqu'on a ta crédibilité ? M. le Président, en
parlant toujours du député de Labelle ? on ne se lève
pas dignement à l'Assemblée nationale.
J'ai d'autres choses à lui dire aussi, M. le Président.
Lorsqu'il vient parler de sa souveraineté, lui qui a trahi son chef,
ici, à l'Assemblée nationale... On a été
obligé de le retenir pour ne pas que le sang coule. Il est venu pleurer,
M. le Président, à ma place, qui était située
là, dans le temps que j'étais dans l'Opposition. Et, à
chaque printemps, il va mettre des fleurs sur la tombe de René
Lévesque. Quelle hypocrisie, M. le Président, et quelle
lâcheté! C'est inadmissible pour un parlementaire, inadmissible!
Ces mêmes gens-là qui ont trahi leur chef, aujourd'hui voudraient,
encore une fois, prendre le pouvoir pour trahir la population. Mais la
population n'est pas dupe, M. le Président, et particulièrement
dans le cas du député de Labelle. Quand on a trahi, il y a un
vieux proverbe qui dit: Trahissez, trahissez toujours, il restera toujours un
Brutus au bout de la corde. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, merci, M. le
député de Saguenay.
Cette intervention met fin au débat sur les rapports des
commissions qui ont étudié les crédits budgétaires
pour l'année financière 1993-1994. Conformément à
l'article 288 de notre règlement, ces rapports seront mis aux voix
après que l'Assemblée aura statué sur la motion qui sera
présentée par M. le ministre des Finances à l'occasion du
discours sur le budget.
Alors, nous continuons les travaux de l'Assemblée, M. le leader
adjoint du gouvernement...
M. Bélisle: Assurément.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): ...avec quel article du
feuilleton, s'il vous plaît?
M. Bélisle: Assurément, M. le Président.
L'article 5, M. le Président.
Projet de loi 80 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 5 de
notre feuilleton, M. le ministre des Approvisionnements et Services propose
l'adoption du principe du projet de loi 80, Loi modifiant la Loi sur
l'administration financière, la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services et d'autres dispositions législatives.
(21 heures)
M. le ministre, vous avez droit, en votre qualité de parrain du
projet de loi, à une intervention de 60 minutes.
M. Robert Dutil
M. Dutil: Merci, M. le Président.
Alors, effectivement, le projet de loi 80 vient modifier la Loi sur
l'administration financière, la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services et quelques autres dispositions
législatives. C'est un projet de loi qui vient faire certains
ajustements aux projets de loi que nous avons adoptés il y a maintenant
un an et demi, les projets de loi, à ce moment-là, 180 et 181, et
également un projet de loi qui a été adopté cet
automne, qui portait le numéro 45, et qui vient compléter notre
travail en vue de mettre en vigueur certaines recommandations du rapport
Bernard.
Si vous permettez, M. le Président, je vais faire un bref
historique du rapport Bernard dans les éléments qui nous
concernent plus particulièrement ce soir, et en vous rappelant que le
rapport Bernard avait d'abord pour titre «Rapport du groupe de travail
sur les processus d'octroi de contrats du gouvernement». Et ce
rapport-là a été remis, il y a quelque temps
déjà, sous le nom de «L'efficacité dans la
transparence».
Le comité avait reçu pour mandat d'analyser les
législations, réglementations et directives en vigueur en ce qui
a trait au processus d'octroi de contrats d'approvisionnement, de contrats de
service et de contrats de location ou de construction de biens immeubles, que
ces processus soient utilisés par le gouvernement du Québec ou
approuvés par le gouvernement à l'égard d'organismes qu'il
finance. Il avait également reçu pour mandat d'analyser le
fonctionnement de ces processus d'octroi de contrats afin d'évaluer
s'ils répondent aux critères d'efficacité,
d'équité, d'accessibilité et de transparence, tels
qu'exprimé dans la législation, les règlements et les
directives en vigueur. Et il avait, finalement, un troisième mandat, qui
était de proposer au gouvernement les moyens pour améliorer les
processus d'octroi de contrats, les processus existants, ou proposer tout
nouveau processus afin de respecter les critères élevés
d'efficacité, d'équité, d'accessibilité et de
transparence, et également de préciser la liste des organismes ou
des catégories d'organisme dont le gouvernement devrait
déterminer ou approuver les processus d'octroi de contrats.
Alors, c'est un mandat qui avait été donné à
ce groupe de travail le 7 novembre 1989. On se rappellera que le
président en était Louis Bernard, d'où le nom du rapport
Bernard que nous lui donnons. Je rappellerai que les autres membres du groupe
étaient Denis Bédard, alors secrétaire du Conseil du
trésor, M. Claude Cham-
berland, qui est un vice-président d'Alcan, M. Claude
Séguin, sous-ministre aux Finances, et M. Raymond Sirois, qui, à
ce moment-là, était le président de
Québec-Téléphone.
Le comité Bernard s'était donné, des l'abord, trois
objectifs suite au mandat qui lui avait été remis: le premier, de
jeter un regard d'ensemble sur le processus d'octroi des contrats
gouvernementaux; le second, d'identifier des améliorations à
apporter au processus actuel; et le troisième, de proposer des voies de
solution et, si possible, décrire les correctifs à apporter. Le
rapport a été remis en mai 1990. Il comprenait 45
recommandations, et la plupart de ces recommandations-là ont
actuellement été appliquées par le gouvernement. Nous
avons mentionné que, sur les 45 recommandations, il y en avait seulement
2 que nous ne retenions pas. Nous avons expliqué, à ce
moment-là, les raisons pour lesquelles nous ne retenions pas ces deux
recommandations-là. Quant aux 43 autres, nous les avons graduellement
mises en vigueur, et, finalement, on peut dire que notre travail est à
peu près complété sur le plan de la réglementation.
Il nous restait certains aspects, que nous compléterons avec ce projet
de loi, que j'expliquerai un petit peu plus en détail tout à
l'heure.
Avant de ce faire, permettez-moi de vous lire la recommandation no 1,
qui était une recommandation d'ordre général, qui permet
de situer à peu près le contexte dans lequel les autres
recommandations ont été faites. Alors, je cite: «Que le
gouvernement maintienne l'essentiel du système en matière
d'octroi de contrats, mais qu'il apporte les ajustements nécessaires
pour améliorer la cohérence de la réglementation, la
précision du champ d'application de la réglementation,
l'efficacité et la transparence des processus d'octroi de contrats, le
suivi et l'évaluation de la performance des fournisseurs, le partage des
responsabilités et l'imputabilité des divers intervenants
gouvernementaux.»
Alors, c'était la recommandation no 1. Suite à ça,
il y a eu des règlements, il y a eu des directives, comme je le
mentionnais tout à l'heure, qui ont été adoptés et
également des lois qui portaient les nos 180, 181 et 45, comme je l'ai
mentionné tout à l'heure. Il y avait plus
particulièrement, dans le rapport, trois autres recommandations que je
vais vous lire parce qu'elles ont un rapport direct avec l'adoption de principe
du projet de loi que nous avons ici, ce soir, devant nous.
Alors, ce sont les recommandations suivantes, les recommandations 4, 5
et 6 qui se lisent comme suit: «Que la réglementation
gouvernementale soit rédigée de telle façon qu'elle
s'applique automatiquement à tous les organismes du gouvernement,
à l'exception de ceux qui seraient expressément
désignés soit comme organismes partiellement assujettis, soit
comme organismes exempts. «Que les organismes de la catégorie des
organismes partiellement assujettis soient assujettis à la
réglementation générale à moins qu'ils aient
adopté et fait approuver par le gouvernement une réglementation
particulière.»
Et recommandation 6, sur laquelle j'attire particulièrement votre
attention puisque, dans notre projet de loi, nous éclaircissons cette
question-là, recommandation 6: «Que les organismes de la
catégorie des organismes exempts soient tenus de se doter d'une
politique en matière d'octroi de contrats pour l'acquisition de biens et
de services et que cette politique, une fois adoptée par le conseil
d'administration, soit rendue publique.»
Alors, M. le Président, effectivement, dans le projet de loi que
nous apportons ce soir et pour lequel nous demandons l'adoption de principe de
l'Assemblée nationale, il est particulièrement question de
modifier le terme «règle», que nous avions initialement
prévu, par le terme «politique».
Et je pense que ce point-là exige une explication assez
substantielle qui est importante. On retrouve, dans le libellé de
l'article 2 de notre projet de loi, le texte suivant: «Le gouvernement
peut, aux conditions qu'il détermine, exempter un organisme public par
le paragraphe 1° de l'article 5 de la Loi sur le Vérificateur
général de l'application de l'ensemble des règlements pris
en vertu de l'article 49.» Et l'on ajoute: «L'organisme doit
adopter une politique portant sur les conditions de ses contrats et la rendre
publique.»
Nous avions un texte, dans le projet de loi 180 ou 181, puisque l'un
touche la Loi sur l'administration financière et l'autre touche la Loi
sur le ministère des Approvisionnements et Services. Nous avions un
texte qui disait que l'organisme doit avoir adopté par règlement
des règles particulières. Et c'est justement le point qui faisait
ici difficulté et qui portait à diverses interprétations
pour la raison suivante.
Dans la formulation actuelle de l'article 49.4, dans un cas, celui de la
Loi sur l'administration financière, dans le cas de l'article 7.5, si
l'on parle de la Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services, alors, dans sa formulation, il prévoit que l'organisme public
doit avoir adopté par règlement des règles
particulières portant sur les conditions de ces contrats et les rendre
publiques afin de pouvoir bénéficier de l'exemption qui pourrait
être décrétée par le gouvernement.
À l'origine, un tel règlement ne devait pas être
assujetti aux formalités d'adoption et de mise en vigueur prescrites par
la loi sur les règlements. Il devait également assurer à
ces organismes une latitude administrative pour répondre à des
cas particuliers. Il appert toutefois que, tel que formulé, l'article
49.4 actuel confère aux règlements édictés par ces
organismes publics la nature d'un règlement au sens de la Loi sur les
règlements, privant ainsi ces organismes de la latitude administrative
nécessaire pour assurer la bonne marche de leurs activités
financières ou commerciales.
Dans un tel contexte, il s'ensuit, en effet, que les règlements
adoptés par ces organismes seraient soumis au processus uniforme
d'adoption et d'entrée en vigueur défini par la Loi sur les
règlements et qu'ils lieraient les
organismes de telle sorte qu'il leur serait impossible d'y
déroger autrement qu'en les modifiant.
En transformant l'obligation de se doter d'un règlement portant
sur les conditions de ces contrats en une obligation de se doter plutôt
d'une politique telle que proposée par le nouvel article, soit 49.4,
dans le cas de la Loi sur l'administration financière, soit l'article
7.5, dans le cas de la Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services, les difficultés juridiques inhérentes à la
nature réglementaire des règles particulières, soit
l'application des formalités prescrites par la Loi sur les
règlements, le fait que l'organisme est lié par ses règles
et qu'il ne peut y déroger, et les exigences rédactionnelles
propres à la nature d'un règlement seront à toutes fins
utiles écartées, nous permettant de régler cette
difficulté qui avait été soulevée par plusieurs
organismes. (21 h 10)
M. le Président, nous avons également mis que cette
disposition-là regrouperait les organismes qui se retrouvent dans le
paragraphe 1° de l'article 5 de la Loi sur le vérificateur
général, et j'attire également l'attention de
l'Assemblée là-dessus. Nous encadrons, nous définissons
très bien quels sont les organismes qui peuvent être
touchés par cette disposition-là et d'une façon qui n'est
pas subjective, mais bien objective. Les organismes qui sont touchés par
le paragraphe que je viens de mentionner, sur la Loi sur le vérificateur
général, sont très clairement définis. Cette
idée nous est venue du projet de loi 45 où nous avions
encadré les organismes qui pouvaient être exemptés
totalement. Ces organismes qui pouvaient être exemptés totalement,
nous les avions définis comme étant les organismes définis
dans le paragraphe 2° du même article, l'article 5 de la Loi sur le
vérificateur général. Et je pense que c'est à la
satisfaction générale que nous avions apporté cet
encadrement-là, suite à des discussions et des arguments qui nous
avaient été apportés lors de la commission parlementaire
de la loi 45, où on trouvait que la latitude de classer un organisme
dans un statut exempté ou dans un statut partiellement exempté ou
dans un statut non exempté n'était pas très claire et
laissait une latitude que l'on jugeait inadéquate dans ce cas-là.
Alors, cette question-là serait réglée par le projet de
loi 80.
Nous avons également regardé une clause de
prépondérance pour la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services. Alors, c'est un article qui vise à
introduire, dans la Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services, une clause de prépondérance des dispositions des
articles 7.1 à 7.7 de la loi sur toute disposition d'une loi
générale ou spéciale antérieure qui leur serait
incompatible ou sur toute disposition d'une loi générale ou
spéciale postérieure qui leur serait incompatible. L'absence
d'une disposition de prépondérance dans la Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services risque, en effet, de
soulever des problèmes d'interprétation, en raison même de
la préséance d'une disposition de prépondérance,
qui, elle, existe dans la Loi sur l'administration financière, soit
à l'article 49.5. Je tiens à faire noter que cet article de
prépondérance est exactement le même que celui que l'on
retrouve à l'article 49.5 de la Loi sur l'administration
financière. L'insertion, donc, de cette disposition, aura le double
avantage d'assurer une meilleure sécurité juridique et de
résoudre à l'avance les conflits d'interprétation qui
pourraient surgir en cas d'incompatibilité entre les articles 7.1
à 7.7 et les dispositions d'autres lois susceptibles de venir en
contredire la teneur. Nous soulignons, enfin, que l'article 7.8,
évidemment, tient compte, dans sa rédaction, de la disposition de
prépondérance prévue à la Loi sur l'administration
financière, les deux articles ne pouvant pas être
prépondérants l'un par rapport à l'autre.
Alors, c'était une troisième disposition du projet de loi
80 que nous présentons. Il y a également une disposition qui est
importante, à mon sens, au niveau de la Corporation d'hébergement
du Québec. Nous avons, effectivement, une disposition qui permet de
soustraire la Corporation d'hébergement, comme nous le recommandait,
d'ailleurs, le rapport Bernard... Je vais lire, tout à l'heure, ce que
nous recommandait exactement le rapport Bernard, mais permettez-moi d'abord de
vous préciser les raisons qui nous ont amené à faire cette
soustraction.
Alors, c'est l'article 488.1 qui aura pour effet de traiter la
Corporation d'hébergement du Québec de la même façon
que les établissements du réseau de la santé en ce qui
concerne les projets de construction d'immeubles. Dans les faits, une seule
réglementation sera donc applicable à cette corporation, dans ce
domaine, soit celle qui découle des articles 485 à 488 de la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, en modifiant diverses
dispositions législatives. Tel qu'il appert de ces articles, la
réglementation concernée est adoptée par le
ministère de la Santé et des Services sociaux avec l'approbation
du Conseil du trésor, et je pense qu'il est important de le souligner.
Donc c'est un processus similaire à celui qui est suivi, sauf
l'approbation du Conseil du trésor et l'approbation gouvernementale.
C'est le même processus qui est suivi, sauf qu'on veut éviter
qu'il y ait double emploi, double réglementation dans le même
ministère.
Et ça m'amène à vous lire exactement le texte, qui
n'est pas une recommandation mais qui était un texte d'introduction dans
le rapport Bernard, et qui concernait spécifiquement la Corporation
d'hébergement du Québec. Ce texte-là, on le retrouve
à la page 13, en bas, et à la page 14 du rapport que je citais
tout à l'heure, le rapport Bernard.
Alors, je vous le lis: «La Corporation d'hébergement du
Québec est une société d'un type bien particulier. Son
conseil d'administration est composé uniquement de fonctionnaires, et
ses fonds proviennent principalement du Trésor public. Elle devrait
donc, logiquement, être assujettie à la réglementation
gouvernementale. Toutefois, l'objet de cette corporation est de voir à
la
réparation des projets de construction d'institutions dans le
domaine de la santé et des services sociaux. Elle agit, en quelque
sorte, pour le compte de ces établissements. Ainsi, nous croyons qu'il
est préférable que cette corporation soit assujettie à la
réglementation qui s'applique dans ce secteur plutôt qu'à
la réglementation qui s'applique aux organismes gouvernementaux. C'est
pourquoi nous suggérons que la Corporation d'hébergement du
Québec soit exempte de la réglementation gouvernementale, pourvu
qu'elle soit assujettie à la réglementation adoptée en
vertu de la Loi sur la santé et les services sociaux.»
Alors, c'est exactement ce que nous faisons. La Corporation
d'hébergement du Québec est assujettie à la
réglementation adoptée en vertu de la Loi sur la santé et
les services sociaux, ce qui fait que nous sommes justifiés, ici, de les
exempter de la réglementation générale de façon
à éviter qu'il y ait une double réglementation qui vienne
régir le domaine de la construction à la Corporation
d'hébergement par rapport au ministère de la Santé et des
Services sociaux.
Évidemment, M. le Président, ces dispositions-là,
ces discussions ont eu lieu au cours de l'hiver, entre autres sur la notion de
règlement versus politique. Les discussions se sont faites avec
plusieurs organismes, qui seront dans le statut 2, et nous ont soulevé
ce problème d'interprétation entre règle, règlement
et politique. Elles nous ont souligné que le terme spécifiquement
employé dans le rapport Bernard était «politique», en
vue d'éviter des conflits, entre autres avec des tiers, entre autres
avec des compagnies qui auraient pu se servir du libellé de la loi, tel
qu'il était, pour exiger certaines choses alors que ce n'était
pas dans l'esprit de la loi, à ce moment-là, que ces
règles-là soient prises pour des règlements au sens de la
Loi sur les règlements.
Après ces discussions-là, et après bien des
bavardages entre nos amis les avocats, de part et d'autre, qui ont
regardé le pour et le contre, les avantages et les inconvénients,
nous en sommes effectivement arrivés à la conclusion que nous
devions nous en tenir à la lettre du rapport Bernard et modifier le
terme «règlement», le terme «règle» par
le terme «politique». Toutefois, ces discussions-là ont eu
pour effet de retarder la mise en vigueur de la loi. On sait que nous avions
prévu que tous les organismes devaient être assujettis à la
réglementation gouvernementale. À moins d'avoir adopté des
règles particulières s'ils étaient exemptés
partiellement, ou à moins d'avoir adopté des règles
d'octroi de contrats lorsqu'ils étaient exemptés
complètement et de les avoir rendues publiques, ils étaient
assujettis automatiquement à la règle gouvernementale à
partir du 1er avril 1993.
Les discussions nous ont amenés au 1er avril 1993, et nous avons
déposé ce projet de loi là. D'ailleurs, le 30 mars 1993,
il est évident que l'application de cette loi-là, l'application
que nous prévoyons, l'adoption des règles particulières
? ou plutôt des politiques particulières maintenant, puisque
ce sont des politi- ques ? ne pouvait pas se faire avant l'adoption de
notre projet de loi et que ça ne se ferait qu'après. Donc, il
faut se donner un délai, un délai que nous avons estimé
raisonnable en le fixant au 1er novembre 1993. (21 h 20)
Donc, nous nous sommes donné quelques mois de plus pour
l'application. Je rappelle à la Chambre qu'il ne s'agit pas d'une date
obligatoire, c'est-à-dire que les organismes qui seront prêts
avant le 1er avril 1993 pourront être assujettis, pourront nous avoir
fourni leurs règles particulières, pourront avoir écrit,
adopté leur politique et pourront l'avoir rendue publique avant cette
date-là, du 1er novembre 1993, mais le 1er novembre 1993 est une date
ultime. C'est la date définitive. Et je pense qu'il est important,
toutefois, de mettre une date définitive pour s'assurer que tous les
organismes, d'ici cette période-là, auront fait leurs devoirs et
se seront adaptés à cette nouvelle situation. Je rappelle que le
rapport Bernard avait également comme objectif d'obtenir une certaine
uniformité, lorsque cela était possible, des diverses politiques
d'octroi de contrats. C'est la raison pour laquelle il nous avait
suggéré d'assujettir l'ensemble des organismes, et de
décider qui nous devions désassujettir par la suite, de
façon à poser cas par cas la question de ceux qui devaient
être désassujettis complètement, de ceux qui devaient
l'être avec des conditions, de ceux qui devaient être assujettis
partiellement, et de ceux qui devaient être assujettis
complètement.
Ce n'est pas un exercice simple, ça concerne près de 200
organismes et ministères, et il y a des particularités dans
chacun de ces organismes-là ou ministères. Alors, à titre
d'exemple, il est évident qu'un musée ne peut pas avoir un
processus d'octroi de contrats qui est le même pour l'achat de ses
tableaux que lorsqu'on décide, au ministère des
Approvisionnements et Services, d'acquérir des biens meubles qui sont
redistribués dans les divers ministères. On ne peut pas, par
exemple, aller en soumissions publiques pour l'achat de tableaux, tout le monde
le comprend parfaitement. On comprend parfaitement, également, que des
organismes, qui sont plutôt commerciaux, ne peuvent pas non plus
être assujettis de la même façon qu'un ministère est
assujetti à cette règle d'octroi de contrats.
J'ai eu l'occasion, dans le passé, de parler d'un exemple
typique. Un centre d'achats, qui serait une filiale de la Caisse de
dépôt, ne peut pas avoir des politiques de location de locaux et
les rendre publiques, alors qu'il est en concurrence ? et ça nous
apparaît évident ? avec l'ensemble des autres locateurs de
locaux, un peu partout à travers la province. Alors, il y a une
série, donc, d'organismes qui ont des particularités. Je
mentionnerai également Hydro-Québec. Ils ont des
particularités, ils donnent beaucoup de contrats, mais ils sont dans un
marché concurrentiel et commercial, avec des contraintes dont il nous
fallait tenir compte.
Ces organismes-là, ces sociétés d'État, si
je puis l'exprimer ainsi, qui, eux, seraient dans ce qu'on ap-
pelle maintenant le statut 2 ? c'est-à-dire les organismes
exemptés avec conditions; ces conditions étant d'avoir une
politique et de la rendre publique ? devront faire cet exercice-là.
Ce sera à eux, par la suite, s'il y a des débats à y
avoir, à justifier les raisons qui les ont amenés à
adopter cette politique-là. Ce sera à ces organismes-là de
justifier son application face à ceux qui sont responsables des deniers
publics.
Alors, ça fait un tour d'horizon, je pense, de ce projet de loi,
qui est relativement bref, mais qui nous permet de compléter le travail
que nous avons amorcé, maintenant, depuis à peu près deux
ans, c'est-à-dire depuis le dépôt du rapport Bernard. Je
rappelle que ce rapport-là a été déposé au
printemps 1990, que le gouvernement, dès l'automne 1990, s'est
engagé à le mettre en vigueur, dans la plupart des cas ?
j'ai mentionné tout à l'heure que c'était dans 43 cas sur
45, 43 recommandations sur 45. C'est ce que nous nous sommes efforcés de
faire depuis l'automne 1990, et ce projet de loi nous permettra de
compléter définitivement notre travail sur l'ensemble du rapport
Bernard. Ça nous permettra de dire que nous avons atteint l'objectif que
nous visions dans la réforme du processus d'octroi de contrats, et de
garder un processus efficace dans la transparence.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Approvisionnements et Services.
Sur la même motion, je cède la parole à Mme la
députée de Verchères.
Mme Luce Dupuis
Mme Dupuis: Merci, M. le Président.
Je constate que le ministre, en proposant l'adoption du pricipe du
projet de loi 80, fait largement référence au rapport Bernard.
Effectivement, on ne peut parler du projet de loi 80 sans se
référer au rapport Bernard. Depuis la publication de ce fameux
rapport, au mois de juin 1990, le 4 juin 1990, on en est maintenant rendu, M.
le Président, à la cinquième loi visant à mettre en
oeuvre, directement on indirectement, ses principales recommandations, ou tout
simplement, en ce qui concerne les lois précédentes, à
réparer les erreurs, les imprécisions, ainsi qu'à bonifier
ces lois. Il nous reste à espérer qu'il s'agit là de la
dernière étape législative d'un long cheminement,
malheureusement pas toujours très cohérent, dont l'objectif final
visera à rendre entièrement transparent et réellement
efficace le processus d'octroi de contrats dans la fonction publique.
Afin de bien situer, je pense qu'il serait pertinent et
nécessaire de faire un bref historique. Rappelons que ce sont les
révélations-chocs de l'ingénieur Real Deschênes qui,
au cours de la dernière campagne électorale, avaient finalement
forcé le gouvernement à réagir par l'instauration du
comité Bernard. Par la suite, il y a eu l'affaire Vincent Rochette qui
révéla l'existence d'un réseau de favoritisme dans
l'attribution des contrats avec les architectes, les ingénieurs, dans
les cas...
Et on sait que l'affaire Rochette constitue, à son tour,
l'élément déclencheur qui provoqua, à l'automne
1989, l'adoption du premier projet de loi dans ce secteur, qui est la loi 103,
qui venait modifier la Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services. Puis, au mois de décembre 1991, ce fut au tour de l'adoption
des lois 180 et 181. On se rappellera que la première, venant remplacer
l'article 7 et modifier l'article 8 de la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services, tandis que la seconde, substituant l'article 49
de la Loi sur l'administration financière par des ajouts des articles 49
à 49.6. Ces deux lois venaient, en fait, circonscrire le rôle de
chacun des ministères responsables dans le processus de clarification de
la réglementation gouvernementale sur les politiques d'octroi de
contrats, tel que le préconise le rapport Bernard.
Ces lois prévoyaient également que le gouvernement
pourrait soustraire, totalement ou partiellement de la réglementation
sur les octrois de contrats, certains organismes publics. Cependant, un
organisme exempté de la réglementation générale
devait, en contrepartie, adopter des règles spécifiques sur son
processus d'octroi de contrats. En plus, ces règles devaient être
entérinées par le Conseil du trésor ou le ministère
des Approvisionnements et Services, dans le cas des organismes qui
étaient partiellement assujettis. Enfin, l'organisme exempté
devait rendre publique sa politique de réglementation en matière
d'octroi de contrats.
On peut dire, M. le Président, qu'à ce moment le niveau de
progression de la réforme semblait avoir atteint un niveau qu'on peut
dire fort acceptable. Car la règle de base, qui était devenue
telle que tout organisme devait être assujetti, à moins d'avoir
été spécifiquement exclu par décret, ça
semblait passablement satisfaisant.
Pourtant, en décembre 1992, le ministre des Approvisionnements et
Services revenait à la charge pour légiférer à
nouveau dans ce secteur, par le biais du projet de loi 45. Ce projet de loi, on
s'en rappellera, fort simple en apparence, qui visait à modifier une
nouvelle fois les lois qu'on a énumérées
précédemment de façon à donner au gouvernement le
pouvoir d'exempter tout organisme, sans aucune condition particulière,
de la réglementation générale établie afin
d'encadrer les processus d'octrois de contrats. (21 h 30)
Un petit peu d'historique encore. Le ministre se rappellera certainement
que nous avions eu de sérieux doutes, au départ, quant à
la pertinence de cette réforme, parce que nous croyions que l'ouverture
qui était préconisée dans ce projet de loi 45 était
un peu large, peut-être trop large, et que ça permettait à
un organisme, par exemple, tel que la RIO ou Hydro-Québec, de ne plus
avoir aucune condition à respecter ni de comptes à rendre
à personne, suite à son exemption à l'application des
règles générales. Le ministre, tantôt, faisait
référence largement et amplement au rapport Bernard.
Effectivement, jamais le rapport Bernard n'avait préconisé
l'instauration d'une telle pratique, on s'en souviendra, puis les
recommandations 4, S et 6 sont claires, à cet égard. Cependant,
après étude du projet de loi et tout, nous nous étions
rendus aux arguments du ministre lorsqu'il fut précisément
établi que les articles 49.3 et 49.1 de la Loi sur l'administration
financière et l'article 7.6 de la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services ne visaient qu'à exempter les entreprises
à caractère commercial découlant de l'application du
deuxième paragraphe de l'article 5 de la loi du Vérificateur
général.
La pratique avait démontré que ces entreprises, qui sont,
en fait, des filiales de nos principales sociétés d'État,
étaient en sorte prises à l'intérieur d'une sorte de
carcan qui les rendait peut-être un peu inefficaces que vu qu'elles
devaient se donner des règles, puis ces règles-là devaient
être rendues publiques, ensuite, alors... Puis ça, ça avait
été prévu par la loi 180 et la loi 181. Les obligations se
trouvaient à être un petit peu incompatibles avec la nature et la
vocation du bon fonctionnement de ces entreprises. On n'a qu'à
considérer, par exemple, l'état dans lequel se retrouvaient
certains centres d'achats, comme le ministre le mentionnait tantôt, et la
Caisse de dépôt et placement pour être convaincu que
c'était nécessaire d'instaurer ces mesures. Il n'en demeure pas
moins, M. le Président, que c'est grâce à la
perspicacité de l'Opposition ? et le ministre en conviendra, nous
avons réussi à faire adopter le même type d'amendements aux
deux principaux articles de loi ? si, aujourd'hui, le gouvernement se
retrouve au moins avec l'obligation de considérer l'opportunité
de mettre certaines conditions avant d'exempter de l'application un organisme
susceptible de l'être.
Et, en ce sens, je peux vous dire, M. le Président, que nous
resterons vigilants. Et, si jamais le gouvernement tente de
désassujettir, partiellement ou sans condition, un organisme qui n'a
pas, à proprement parler, une vocation commerciale, comme la RIO, par
exemple, ou encore une société d'État majeure comme
HydroQuébec, ou une de ses filiales, le gouvernement aura besoin d'avoir
d'excellentes raisons et de nous proposer d'excellentes justifications pour
procéder, car nous avons encore l'intention de jouer un rôle de
chien de garde à cet effet.
Pour en venir au projet de loi 80, maintenant, où donc se
situe-t-il dans toute cette dynamique, si vous voulez, qui se veut, je pense,
honnêtement, un suivi ou qui va dans l'esprit de ce que recommandait le
rapport Bernard? En tout premier lieu, croyez-le ou non, le projet de loi tente
d'abord de réparer certaines erreurs d'inattention qui s'étaient
glissées dans le projet de loi 45, à l'article 49.3.2 de la Loi
sur l'administration financière, ainsi que dans celui de l'article 7.7
de la Loi sur le ministère des Approvisionnements et Services, qui avait
pour effet d'en fausser un petit peu les prémisses de départ.
Des divergences d'appréciation sur la question portant sur la
prétention, de la part de certains spécialistes, qu'un bout de
phrase, par exemple, et je le cite, «le pouvoir d'adopter les
règles particulières qui y sont visées», aurait
comme principal impact de faire passer involontairement certains organismes qui
étaient reconnus comme faisant partie de la catégorie des
organismes partiellement assujettis, établie en vertu du rapport
Bernard, à celle d'organismes assujettis. Et c'est là qu'il y a
eu un petit peu confusion au niveau de l'interprétation de la
formulation de l'article du projet de loi 45. Les conséquences de cette
interprétation directe, de ce transfert involontaire étant que
certains organismes qui, normalement, n'auraient eu qu'à établir
une politique et à la rendre publique, devaient maintenant adopter une
réglementation avec, en plus, l'autorisation gouvernementale, ce qui,
évidemment, aurait pour effet d'alourdir et de complexifier le
système, tout en réduisant la marge de manoeuvre dont
bénéficient certains de ces organismes. Comme on le disait, ce
sont des organismes, surtout, de location qui seraient un petit peu
embêtés avec toutes ces procédures.
Les quatre premiers articles du projet de loi 80 visent essentiellement
à mettre en oeuvre ce qu'on a discuté précédemment.
Par ailleurs, il faut prendre note que les articles 2 et 3 viennent modifier
substantiellement les articles 49.4 de la Loi sur l'administration
financière et 7.5 de la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services, en indiquant qu'un organisme visé par le
paragraphe 1° de l'article 5 de la Loi sur le Vérificateur
général peut maintenant être exempté en lieu et
place d'un organisme public ? à moins que j'en fasse une mauvaise
lecture, du projet de loi, là ? autre qu'une personne que
l'Assemblée nationale a désignée pour exercer une fonction
qui en relève, et autre que la Commission de la représentation.
Sur cet aspect, il nous faudrait découvrir, M. le Président, si
les organismes visés par le paragraphe 1° ne sont, en fait, que des
sociétés d'État, entreprises qui sont des entreprises du
gouvernement, étant considérées comme les maisons
mères de certaines filiales, ou si ce dernier réfère aussi
à certains autres organismes du gouvernement.
En deuxième lieu, le projet de loi, par le biais de son article
5, insère un nouvel élément, qui est l'article 7.8, dans
la Loi sur le ministère des Approvisionnements et Services. Cet article
vise à établir une clause de prépondérance à
l'égard de certaines des dispositions relatives à l'acquisition
et à la fourniture de biens et services par des organismes publics,
cette clause s'avé-rant nécessaire, par mesure de
sécurité, afin d'éviter tout conflit provenant d'une
incompatibilité imprévue entre certaines dispositions des deux
lois. Car, contrairement à la Loi sur l'administration
financière, qui possédait déjà une telle clause en
vertu de l'article 49.5, celle-ci, c'est-à-dire la Loi sur le
ministère des Approvisionnements et Services, elle, n'en avait
prévu aucune.
En troisième lieu, l'article 6 vise à exempter la
Corporation d'hébergement du Québec des effets de l'application
de la Loi sur le ministère des Approvision-
nements et Services ? et le ministre y a fait
référence, tantôt ? et de celle sur l'administration
financière, lorsqu'elle agit en vue de la réalisation d'un projet
de construction d'immeuble, parce que la Corporation d'hébergement du
Québec possède déjà des règles de conduite
en ce sens, en vertu des dispositions qui sont dans son propre
règlement, dans sa propre réglementation.
Dans ce cas présent, M. le Président, il y a une question,
je pense, qu'on est en droit de se poser. Pourquoi cherche-t-on à
exempter, à ce moment-ci, la Corporation des effets des deux lois qu'on
a énumérées tantôt, par le biais d'une modification
à la Loi sur les services de santé et les services sociaux?
L'explication qu'on pourrait donner, qui serait la plus plausible, ce serait
peut-être qu'il y a eu une erreur ? je pense qu'il n'y a pas d'autre
explication; en tout cas, selon moi, ça serait la plus plausible ?
qui semble découler, peut-être, de l'inconsistance du gouvernement
en place. Car, si cette modification est pertinente, elle aurait pu être
faite en premier lieu, lors de l'adoption des projets de loi 180 et 181, qui a
eu lieu en novembre 1991, puis mise à jour, lors de l'adoption du projet
de loi 45, à laquelle nous avons procédé en
décembre dernier.
En dernier lieu, M. le Président, les articles 7 et 8 du projet
de loi 80 ne font que reporter, du 1er avril au 1er novembre 1993, la date
ultime de l'application, à l'ensemble des organismes publics, de
certaines dispositions de la Loi sur l'administration financière et de
celle sur le ministère des Approvisionnements et Services. (21 h 40)
Si on trace un bilan de ce processus sinueux, on peut commencer par dire
que nous espérons sincèrement qu'il s'agit là du dernier
projet de loi dans ce secteur, et que le gouvernement libéral doit
mettre enfin de l'ordre dans sa cabane, lui qui, par la voix de son ministre
responsable, se targue souvent, et très souvent même, d'aller
au-delà des normes d'efficacité et de transparence qui sont
soutenues dans le rapport Bernard.
Sérieusement, cependant, je dois dire que l'Opposition a
l'intention d'appuyer ce projet de loi, mais seulement ? et je le
répète ? seulement si chacun des points que nous avons
soulevés précédemment sont pris en considération et
de façon satisfaisante.
J'ouvre ici, M. le Président, une parenthèse, rapidement.
Je tiens à rappeler au ministre que nous ne sommes pas tout à
fait dupes des pressions qu'il a dû subir de la part de certaines gens
ayant des liens d'affaires avec Hydro-Québec, afin que cette
dernière ne soit pas soumise à l'obligation d'adopter un
règlement autorisé par décret dans ce secteur, de peur,
bien sûr, que son efficacité commerciale ne s'en trouve
réduite. Je comprends très bien que ce soit nécessaire
d'adopter des règles souples puis réalistes, surtout en cette
période de globalisation des marchés. Cependant, nous mettrons
à nouveau le ministre en garde contre toute tentative d'incartade
à l'égard d'Hydro-Québec ou une de ses filiales, dans ce
dossier. A cet égard, la récente décision, de la part
d'Hydro-Québec International, d'oc- troyer un contrat de gré
à gré à la compagnie privée du président de
son conseil d'administration, M. Paul Gobeil, tend à confirmer certaines
de nos appréhensions, que j'ai signalées tantôt, quant aux
conséquences envisageables du non-respect éventuel de l'esprit de
cette réforme.
Sur un autre aspect, M. le Président, j'apprécierais
fortement que le ministre nous indique en quoi, comme il l'a rappelé
à satiété lors de l'étude du projet de loi 45, la
réforme va plus loin que ce qu'exigeait le rapport Bernard, en ce qui
concerne, entre autres, la RIO et Hydro-Québec. En effet, même si
le ministre relève le fait que ces deux organismes sont maintenant
considérés comme étant partiellement assujettis et non
plus exempts, comme le suggérait le rapport Bernard, du moins pour ce
qui est d'Hydro, la conséquence de ces changements n'est que
sémantique, car les deux organismes doivent quand même adopter une
politique et la rendre publique. Par ailleurs, la comparaison entre les quatre
catégorisations établies en vertu des articles 3 et 5 de la Loi
sur le Vérificateur général et les trois catégories
du rapport Bernard fait ressortir une source de confusion évidente qui
mériterait d'être signalée. Comment expliquer autrement, en
effet, que le ministre semble maintenant considérer que les organismes
exempts n'ont plus à adopter de politique et à la rendre
publique, et que cette obligation reviendrait plutôt aux organismes
partiellement assujettis, alors que seuls les organismes assujettis devraient,
quant à eux, adopter une réglementation ayant reçu
l'approbation gouvernementale?
Dans ce sens-là, effectivement, ce n'est pas très clair,
et il faudra qu'on ait quelques explications en commission parlementaire et
qu'on arrive à clarifier peut-être les termes. Parce que, sous
l'apparence de même aller un peu plus loin que le rapport Bernard ?
parce qu'il semblerait que les organismes partiellement assujettis passent dans
la catégorie des organismes assujettis et que les organismes exempts
passent dans la catégorie des partiellement assujettis, mais les
partiellement assujettis, eux, comme l'indique... Bon, ce n'est qu'une
recommandation, mais, dans le rapport Bernard, ils nous disent qu'ils se
doivent d'adopter une réglementation, tandis que les exempts, ils se
doivent d'avoir une politique. Alors, ce qu'on fait, dans les faits, M. le
Président, on prend les recommandations qui étaient faites pour
les organismes exempts et on les applique aux organismes que l'on dit
partiellement assujettis. Alors, il y aurait lieu, là, de clarifier, je
pense, les termes et qu'on s'entende pour que les mots veuillent dire la
même chose pour tout le monde.
En terminant, M. le Président, permettez-moi de souhaiter bonne
chance au ministre dans sa volonté de soumettre chacun des 226
organismes et sociétés d'État à l'application des
règles applicables dans ce secteur d'ici l'automne 1993. Cependant, je
tiens à assurer le ministre de toute ma collaboration pour
l'étape suivante qui sera celle de la commission parlementaire. Je
vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Verchères. Sur cette même motion, je
cède immédiatement la parole à M. le député
de LaFon-taine.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. Étant
donné l'heure tardive et le nombre important d'intervenants qu'il reste,
mon discours sera assez bref. J'aurais aimé pouvoir prendre, moi aussi,
15, 20 minutes afin de parler de ce projet de loi très important, mais,
dans le respect des droits des parlementaires, je ferai en sorte qu'au moins un
autre de mes collègues puisse intervenir d'ici la clôture. Alors,
je résumerai rapidement, M. le Président, l'essentiel de ma
position sur ce projet de loi.
Tout le monde le sait, ce projet de loi est issu directement du rapport
Bernard, rapport qui a été réalisé par un groupe de
travail formé à la demande du premier ministre, M. Robert
Bourassa, afin de voir à ce que les procédures d'octroi de
contrats gouvernementaux et de services gouvernementaux soient empreintes d'une
grande limpidité, d'une grande transparence, mais aussi d'une certaine
efficacité, car, M. le Président, vous conviendrez avec moi,
étant donné le volume important d'achats que notre gouvernement
réalise, qu'on se doit d'agir de manière très
professionnelle, non pas seulement dans le but de l'équité ?
et ça, c'est tout à fait normal, il faut que les soumissions
publiques puissent se faire en toute impartialité ? mais aussi en
termes de qualité. Car, qu'en serait-il si, sous prétexte
d'égalité ou d'équité, nous nous retrouvions
à prendre ou à faire des marchés, où l'État
se retrouvait à faire des marchés d'approvisionnement ou de
services qui n'auraient pas les qualités ou les nonnes
nécessaires à une bonne gestion ou une bonne utilisation des
produits? Et cela peut être aussi bien, M. le Président, pour une
ligne électrique d'Hydro-Québec que pour un pont. Ça peut
être pour la construction d'un hôpital. Alors, il est donc
très important qu'il y ait des normes de transparence, des normes
d'appels d'offres, mais aussi, M. le Président, qu'il y ait des
distinctions qui se fassent en ce qui concerne certains types d'action, car les
besoins ne sont pas toujours les mêmes, et les services à rendre
n'ont pas toujours- comment dirais-je, le même but. Alors, on ne peut pas
comparer, les mettre tous là, sur le même pied. Et c'est pourquoi
le rapport Bernard disait ? et je vais en faire lecture pour les
téléspectateurs qui auraient survécu à
l'exposé de la députée de Verchères ?
«de notre point de vue, l'ensemble des organismes du gouvernement
devraient être classés, en ce qui concerne le processus d'octroi
de contrats, dans trois catégories ? et la députée de
Verchères l'a dit, M. le ministre l'a dit, et d'autres collègues
le diront certainement ? et ces organismes sont: les organismes assujettis
? ça, c'est la catégorie qui regrouperait les organismes
gouvernemen- taux qui ne sont pas spécifiquement et nommément
classés dans les deux autres catégories ? les organismes
partiellement assujettis et les organismes exempts [...] et il y aurait aussi
Corporation d'hébergement du Québec, sociétés
d'État et, en particulier, Hydro-Québec.»
Et, M. le Président, tout le monde comprendra que c'est
très important, ces catégories, et que ce n'est pas pour des
motifs frivoles que le rapport Bernard ? et on se rappellera que M.
Bernard fut quand même un personnage important dans le Parti
québécois, et c'est pour ça que, justement, nous pouvons
aujourd'hui, invoquer son indépendance d'esprit lorsque ce rapport et
ces recommandations furent faites, parce que je ne vois pas un ancien baron du
«péquisme» aller faire un rapport à notre
gouvernement, qui dirait que nos procédures d'achat sont bonnes mais
qu'elles demandent à être un peu améliorées, ou un
peu, comment dirais-je, modernisées. (21 h 50)
Et je lirai peut-être ces recommandations. «Que le
gouvernement maintienne l'essentiel du système en matière
d'octroi de contrats, actuel, mais qu'il apporte les ajustements
nécessaires pour améliorer la cohérence de la
réglementation.» Et c'est là un bon point, M. le
Président. Il ne peut pas, non plus, en effet, y avoir toutes sortes de
réglementations. Ensuite, il disait: «La précision du champ
d'application de la réglementation». Cela, aussi, est important,
et ça revient à ce que je disais précédemment,
parce qu'on ne peut pas, non plus, M. le Président, agir un peu de la
même façon pour tous les organismes, ou sociétés
d'État, ou comités ministériels, ou sociétés
parapubliques qui ont à faire des achats ou des appel d'offres.
Troisièmement, il disait: «L'efficacité et la transparence
des processus d'octroi de contrats.» Et là, c'est évident,
M. le Président, il est très important ? et c'est toujours
la priorité que le premier ministre du Québec, M. Robert
Bourassa, a fait valoir ? il est très important que la transparence
du processus d'octroi de contrats, de biens et de services soit
conservée. Il faut même la renforcer. Et c'est là une des
marques fondamentales et premières de notre gouvernement et du
gouvernement de Robert Bourassa, M. le Président.
Aussi, le projet de loi 80 vient dans ce sens-là et donne suite
à ces recommandations du rapport Bernard dans l'esprit du premier
ministre du Québec et de notre gouvernement. Et je trouve cela
très bien, M. le Président, car c'est là la base de la
crédibilité de toute administration publique, à savoir que
l'intégrité soit respectée. Il y a aussi des
recommandations comme le suivi et l'évaluation de la performance des
fournisseurs. C'est très important, M. le Président. On ne peut
pas retourner acheter un produit, même si on l'avait acquis au plus bas
prix, s'il n'a pas la qualité ou s'il n'a pas donné les services
auxquels on s'attendait. C'est très important, donc, de faire le suivi
et l'évaluation car, sans cela, on risquerait de s'engager dans des
achats qui nous amèneraient peut-être, à l'occasion,
à faire des
erreurs importantes.
Et, M. le Président, je vais terminer parce que je sais que j'ai
un collègue qui veut parler avant 22 heures, et je douterais d'avoir
à cette heure-ci l'accord de l'Opposition pour continuer, mais les
députés du gouvernement sont là en grand nombre et on
pourrait parler longtemps.
Ensuite, M. le Président, il terminait en disant: «Le
partage des responsabilités et Pimputabilité des intervenants
gouvernementaux.» Et là, M. le Président, on rejoint,
encore une fois, dans ce projet de loi, grâce à ce rapport, la
préoccupation des députés gouvernementaux. On sait
actuellement qu'un certain nombre de députés, que ce soit le
député de Mille-Îles, que ce soit le député
de Verdun, que ce soit le député Rémy Poulin, travaillent
sur des projets d'imputabilité pour faire en sorte de responsabiliser
l'appareil gouvernemental, en particulier sur les achats. Eh bien, M. le
Président, c'est encore une des marques du gouvernement Bourassa: une
marque de transparence et de responsabilité.
Aussi, M. le Président, je devrai malheureusement couper,
j'aurais beaucoup de choses à dire, mais j'aurai l'occasion, en
deuxième ou en troisième lecture, de revenir et de continuer
à préciser ma pensée. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de LaFontaine. Sur le même sujet, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Maurice Richard
M. Richard: Merci, M. le Président. Le projet de loi 80
prévoit que le gouvernement pourra exempter, aux conditions qu'il
détermine, certains organismes publics de l'application de l'ensemble de
la réglementation gouvernementale portant sur les conditions des
contrats faits par les organismes publics et sur l'acquisition et la fourniture
des biens et services de ces organismes. Par ailleurs, un organisme ainsi
exempté devra apporter et adopter une politique sur ces sujets et la
rendre publique.
Le projet de loi introduit donc dans la Loi sur le ministère des
Approvisionnements et Services une clause de prépondérance, et
cette clause de prépondérance est à l'égard de
certaines des dispositions relatives à l'acquisition et à la
fourniture de biens et services par les organismes publics. Il introduit
également, M. le Président, dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux une disposition spécifique
applicable à la Corporation d'hébergement du Québec.
M. le Président, le projet de loi 80 reporte du 1er avril au 1er
novembre 1993 la date ultime d'application à l'ensemble des organismes
publics de certaines dispositions de la Loi sur l'administration
financière et de la Loi sur le ministère des Approvisionnements
et Services.
Bien qu'il soit de nature très technique, ce projet de loi
revêt une grande importance. D'une part, parce qu'il se situe dans le
sillon des engagements pris par le gouvernement, mais également parce
qu'il prône la transparence dans le processus d'octroi des contrats
gouvernementaux. En termes clairs, cela signifie qu'on devra rendre des
politiques claires et transparentes et qu'il devra être vigilant dans ses
activités, parce que, en bout de piste, cet organisme sera lié
par des règles et ne pourra y déroger. Le projet de loi 80, vous
l'aurez compris, M. le Président, fera en sorte que soit maintenue la
transparence dans l'octroi des contrats gouvernementaux. Il s'agit là
d'un principe auquel le gouvernement est profondément
attaché.
Je suis donc fier de l'attention particulière que porte le
gouvernement aux questions de limpidité et de transparence dans
l'attribution de l'ensemble des contrats gouvernementaux. Cette attitude
démontre notre volonté de rendre perméable l'ensemble des
gestes que nous posons.
M. le Président, il est évident que je voterai en faveur
de ce projet de loi qui est porté à notre attention aujourd'hui,
parce que, je tiens à le mentionner, il vient renforcer le rapport
Bernard. En terminant, je tiens à souligner que le projet de loi 80 est
un exemple de la bonne gestion du gouvernement, un gouvernement, est-il
nécessaire de le rappeler, qui a jugé essentiel de resserrer des
règles d'attribution des contrats. Nous avons dénoncé, et
ce, dès 1985, un système qui, selon nous, manquait de rigueur. En
terminant, je tiens à souligner que le projet de loi 80 est un exemple
de bonne gestion. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Une voix: Pas pour le moment, M. le Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II y a une
réplique, M. le ministre? Pas de réplique. Est-ce que la motion
proposant l'adoption du principe du projet de loi 197, Loi modifiant la Loi sur
les services... Je m'excuse. Est-ce que la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 80, Loi modifiant la Loi sur l'administration
financière, la Loi sur le ministère des Approvisionnements et
Services et d'autres dispositions législatives, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
:
M. Bélisle: oui, m. le président, je fais
motion
pour que ledit projet de loi 80 soit déféré
à la commission du budget et de l'administration pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Je fais motion, M. le Président, pour
ajourner nos travaux au mardi 18 mai 1993, à 14 heures.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que cette motion
d'ajournement est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Alors, les
travaux de l'Assemblée nationale sont ajournés à mardi, le
18 mai, à 14 heures.
(Fin de la séance à 21 h 58)